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Full text of "Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences"

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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE   L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES, 


PARIS.    —    IMPRIMERIE   GAUTHIER-VILLARS,    QDAI    DES   GHANDS-AliGUSTlNS,    55. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

EN  DATE  DU   13  JUILLET  1835, 

PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  CENT- CINQUANTIEME. 

JANVIER  -  JUIN  1010. 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS.  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCE-, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

[910 


S^--'i7> 


ÉTAT  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

Al  1"  JANVIER  1910. 


SCIENCES  MATHEMATIQUES 

Section  I".    —    Géométrie. 

Messieurs: 

Jordan  (Marie-Ennemond-Camille)  (o.  s).  • 

PoiNCARÉ  (Jules-Henri)  (c.  »). 

Picard  (,Charles-Émile)  (o.  »). 

Appell  (Paul-Émile)(c.  *). 

Painlevé  (Paul)  *. 

HuMBERT  (Marie-Georges)  *. 

Section  II.    —  Mécanique. 

Levy  (Maurice)  (c.  *). 

BoussiNESQ  (Valentin-Joseph)  (o.  ft). 

Deprez  (Marcel)  (o.  *). 

LéAUTÉ  (Henry)  (o.  ft). 

Sebert  (Hippolyte)  (c.  *). 

Vieille  (Paul-Marie-Kugène)  (o.  *). 

Section  III.  —  Astronomie. 

WoLF  (Charles-Joseph-Etienne)  (O.  «). 
Radau  (Jean-Charles-Rodolphe)  *. 
Deslandres  (Henri-Alexandre)  *. 
BiGOURDAN  (Guillaume)  *. 
Baillaud  (Edouard-Benjamin)  (o.  *). 
Hamy  (Maurice-Théodore-Adolphe). 

Section  IV.  —  Géographie  et  Navigation. 

Grandidier  (Alfred)  (o.  *). 
Bassot  (Jean-Léon-Antoine)  (c.  «). 
GuYOU  (Emile)  (c.  *). 
Hatt  (Philippe-Eugène)  (o.  *). 
Bertin  (Louis-Emile)  (c.  #). 
N 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 
Section  V.  —  Physique  générale. 

Messieurs  : 

LippMANN  (Gabriel)  (c.  «). 
ViOLLE  (Louis-Jules-Gabriel)  (o.  *). 
Amagat  (  Éiïiile-Hilaire )  (o.  «). 
Gernez  (Désiré-Jean-Baptiste)  (o.  *). 
BouïY  (Ediiiond-Marie-Léopold)  (o.  *). 
YiLLARD  (Paul). 


SCIENCES  PHYSIQUES. 

Section  VI.  —  Chimie. 

Troost  (Louis-Joseph)  (c.  *). 

Gautier  (Émile-Justin-Armand)  (c.  ft). 

Lemoine  (Georges)  (o.  *). 

Haller  (Albin)  (o.  *). 

Le  Ghatelier  (Henry-Louis)  (O.  «). 

JuNGFLEisCH  (Emile-Clément)  (o.  *). 

Section  VII.  —  Minéralogie. 

LÉVY  (Auguste-Michel)  (o.  *). 
Lacroix  (François- Antoine-Alfred)  ;*. 
Barrois  (Charles-Eugène)  (o.  *). 
DouviLLÉ  (Joseph-Henri-Ferdinand)  (o.  *). 
Wallerant  (Frédéric). 
Termier  (Pierre-Marie)  (o.  *). 

Section  VIII.  —   Botanique. 

BORNET  (Jean-Baptiste-Édouard)  (o.  «). 
GuiGNARD  (Jean-Louis-Léon)  (o.  *). 
BONNIER  (Gaston-Eugène-Marie)  (*). 
Prillieux  (Édouard-Ernest)  (o.  *). 
Zeiller  (Charles-René)  (o.  *). 
Mangin  (Louis-Alexandre)  (o.  *). 


ETAT  DE  L  ACADÉMIE  AU  l"  JANVIER  1910. 


Section  IX.  —  Économie  rurale. 

Messieurs  : 

SCHLŒSING  (Jean-Jacques-Théopliile)  (c.  «). 
Chauveau  (Jean-Baptiste-Auguste)  (g.  o.  *). 
MiJNTZ  (Charles-Achille;  (o.  *). 
Roux  (Pierre-Paul-Émile)  (c.  *). 
ScHLŒSiNG  (Alphonse-Théophile)  *. 
Maquenne  (Léon-Gervais-Marie)  *.     . 


Section  X.  —  Anatomie  el  Zoologie. 

Ranvier  (Louis-Antoine)  (o.  *■). 
Perrier  (Jean-Octave-Edmond)  (c.  *). 
Chatin  (Joannès-Chaiies-Melchior)  (o.  «). 
Delage  (Marie-Yves)  (o.  *). 
Bouvier  (Louis-Eugène)  *. 
Henneguy  (Louis-Félix)  (o.  *). 


Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie. 

Bouchard  (Charles-Jacques)  (g.  o.  »). 
GuYON  (Jean-Casimir-Félix)  (c.  *). 
Arsonval  (Arsène  d')  (c.  ft). 
Lannelongue  (Odilon-Marc)  (c.  ft). 
Laveran  (Charles-Louis-Alphonse)  (o.  *). 
Dastre  (Albert-Jules-Frank)  (o.  «). 


SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 

Darboux  (Jean-Gaston)  (c.  *),  pour  les  Sciences  mathéma- 
tiques. 

Van  Tieghem  (Philippe-Édouard-Léon)  (c.  *;,  pour  les  Sciences 
physiques. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ACADEMICIENS  LIBRES. 

sieurs  : 

Freycinet  (Charles-Louis  DE  Saulses  de)  (o.  *). 

Hatonde  la  Goupillière  (Julien-Napoléon)  (g.  o.  *). 

Cailletet  (Louis-Paul)  (o.  «). 

Carnot  (Marie-Adolphe)  (c.  *). 

RouCHÉ  (Eugène)  (o.  «). 

Picard  (Alfred-Maurice)  (g.  C.  *). 

Labbé  (Léon)  (c.  *). 

Bonaparte  (Le  prince  Roland). 

Tannery  (Jules)  (o.  *). 

Carpentier  (Jules- Adrien)  (c.  *). 


ASSOCIÉS  ÉTRANGERS  ('). 

Lister  (Lord),  à  Londres. 

SUESS  (Edouard),  à  Vienne. 

HooKER  (Sir  Joseph-Dalton),  à  Kew. 

ScHiAPARELLi  ( Jean-Virginius).  à  Milan. 

KoCH  (Robert),  à  Berlin. 

Agassiz  (Alexandre)  (o.  *),  à  Cambridge  (Massachusetts). 

Monaco  (S.  A.  S.  Albert  P*',  Prince  souverain  de)  (g.  c.  ^). 

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N 

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(')  Un   décret,  en   date  du    i"  décembre    1909,   a  porté  le   nombre  des   Associés 
étrangers  de  8  à  12. 


ÉTAT    UE    l'académie    AU    l"'   JANVIER    1910. 


CORRESPOI\DANTS. 

SCIENCES  MATHÉMATIQUES. 

Sectiox  I".    —    Géométrie  (10). 

Messieurs  : 

ScHWARZ  (Hermann-Amandus),  à  Grûnewald,  près  Berlin. 

Klein  (Félix),  à  Gœtlingue. 

MéRAY  (Hugues-Charles- Robert)  (o.  *),  à  Dijon. 

Zeuthen  (Hieronymus-Georg),  à  Copenhague. 

Mittag-Leffler  (Magnus-Gustaf)  (o.  «),  à  Stockholm. 

Dedekind  (Julius-Wilhclm-Richard),  à  Briins\vick. 

NŒTHER(Max),  à  Erlangen. 

Volterra  (Vite),  à  Rome. 

GuiCHARD  (Claude),  à  Clermont-Ferrand. 

GORDAN  (Paul),  à  Erlangen. 

Section  II.  —  Mécanique  (lo). 

Considère  (Armand-Gabriel)  (o.  *),  à  Quimper. 

Amsler  (Jacob),  à  Schafîhouse. 

Vallier  (Frédéric-Marie-Emmanuel)  (o.  «),  à  Versailles. 

Dwelshauvers-Dery  (Victor-Auguste-Ernest)  *,  à  Liège. 

Bazin  (Henry-Émile)  (o.  *),  à  Chenôve  (  Côte-d'Or). 

DuHEM  (Pierre),  à  Bordeaux. 

HoFF  (Jacobus-Henricus  Van't)  ft,  à  Berlin. 

WiTZ  (Marie-Joseph-Aimé),  à  Lille. 

N 

N 

Section  III.  —  Astronomie  (16). 

LOCKYER  (Sir  Joseph-Norman),  à  Londres. 
HUGGINS  (Sir  William),  à  Londres. 
Stephan  (Jean-Marie-Édouard)  (o.  *),  à  Marseille. 
AuwERS  (Arthur),  à  Berlin. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  1Û0,  N"  1.)  ' 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Messieurs  : 

Backlund  (Oskar),  à  Poulkova. 

GiLL  (Sir  David)  (o.  ^'),  à  Londres. 

Bakhuyzen  (Van  de  Sande)  (g.  *),  à  Leyde. 

Christie  (William-Henry),  à  Greenwich  (Angleterre). 

André  (Charles-Louis-François)  (o.  *  ),  à  l'Observatoire  de  Lyon. 

Weiss  (Edmund)  (o.  »),  à  l'Observatoire  de  Vienne. 

PiCKERiNG  (Edward-Charles),  à  Cambridge  (Massachusetts). 

Gaillot  (Jean-Baptiste-Aimable)  (*  ). 

Turner  (Herbert-Hall). 

Hale  (George-EUery). 

Kapteyn  (Jacobus-Cornelius)  (o.  *),  à  Groningue. 

Section  IW  —  Géographie  et  Navigation  (lo). 

TeffÉ  (le  baron  de),  à  Rio-de-Janeiro. 

Nansen  (Fridtjof)  (c.  «;),  à  Bergen  (Norvège). 

Helmerï  (Frédéric-Robert),  à  Potsdam. 

Colin  (le  R.  P.  Édouard-Élie),  à  Tananarive. 

Gallieni  (Joseph-Simon)  (g.  o.  *),  à  Saint-Raphaël  (Var). 

Davidson  (George),  à  San-Francisco. 

Darwin  (Sir  George),  à  Cambridge. 

Brassey  (Thomas,  Lord)  (c.  «;),  à  Londres. 

N 

N 


Section  V.   —   Physique  générale  (lo). 

Rayleigh  (John-William  Sïrutt,  Lord)  (o.  *),  à  Essex. 

Blondlot  (René-Prosper)  *,  à  Nancy. 

HiTTORF  (Wilhem),  à  Munster  (Prusse). 

Van  der  Waals  (Johannes-Diderik),  à  Amsterdam. 

Michelson  (Albert-A.),  à  Chicago. 

GOUY  (Georges-Louis)  (o.  *  ),  à  Lyon. 

Benoit  (Justin-Miranda-René)  (o.  *),  à  Sèvres. 

Lorentz  (Hendrik-Antoon),  à  Leyde. 

Crookes  (Sir  William),  à  Londres. 

N 


ÉTAT   DE    l'académie    AU    l*""   JANVIER    1910.  li 

SCIENCES    PHYSIQUES. 

Section  VI.  —  Chimie  (10). 

Messieurs  : 

Lecoq  de  BoiSBAUDRAN  (Paul-Émile  dit  François)  *,  à  Cognac. 
Baeyer  (Adolf  von),  à  Munich. 
ROSCOE  (Sir  Henry-Enfield)  (o.  *),  à  Londres. 
Cannizzaro  (Stanislas)  (o.  *),  à  Rome. 
Ramsay  (Sir  William)  (o.  «),  à  Londres. 
Fischer  (Emil),  à  Berlin. 
Sabatier  (Paul)  (o.  *),  à  Toulouse. 

FORCRAND  de  Coiselet  (Hippolyte-Robert  de)   (o.  s.  ),  à   Mont- 
pellier. 
Henry  (Louis),  à  Louvain. 
Ladenburg  (Albert),  à  Breslau. 

Sectiox  VII.    ~  Minéralogie  (^10). 

Gosselet  (Jules-Auguste-Alexandre)  (o.  «),  à  Lille. 

Geikie  (Sir  Archibald),  à  Londres. 

TSCHERMAK  (Gustav),  à  Vienne. 

DepéreT  (Charles-Jean-Julien)  *,  à  Lyon. 

RoSENBUSCH  (Harry),  à  Heidelberg. 

OEhlert  (Daniel)  «,  à  Laval. 

Brôgger  (Wlademar-Christofer;,  à  Christiania. 

Heim  (Albert),  à  Zurich. 

ZiRKEL  (Ferdinand),  à  I^eipzig. 

KiLiAN  (Charles-Constant-Wilfrid)  (o.  iï),  à  Grenoble. 

Section  VIII.  —   Botanique  (10). 

Grand'Eury  (François-Cyrille)  *,  à  Saint-Étienne. 

Treub  (Melchior)  *,  au  Caire. 

SCHWENDENER  (Simon),  à  Berlin. 

Pfeffer  (V^ilhelm-Friedrich-Philipp).  h  Leipzig. 

Strasburger  (Edouard),  à  Bonn. 

Warming  (Johannes-Eugcnius-Beilow),  à  Copenhague. 

Flahault  (Charles-Henri-Marie)  (ô.  «),  à  Montpellier. 

Bertrand  (Charles-Eugène)  «,  à  Lille. 

B0UDIER  (Jean-Louis-Eniile),  à  Montmorency. 

W^iESNER  (Julius),  à  Vienne. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 
Section  IX.  —  Économie  rurale  (lo). 

Messieurs  : 

HOUZEAU  (Auguste)  (O.  «),  à  Rouen. 

Arloing  (Saturnin)  (c.  ft),  à  Lyon. 

l'AGNOUL  (Aimé)  (o.  »),  à  Arras. 

Gayon  (Léonard-Ulysse)  (o.  *  ),  à  Bordeaux. 

KuEHN  (Julius),  à  Halle. 

Winogkadski  (Serge),  à  Saint-Pétersbourg-. 

Yermoloff  (Alexis)  (c.  *),  à  Saint-Pétersbourg. 

Tisserand  (Louis-Eugène)  (g.  o.  »),  à  Vaucresson. 

Heckel  (Edouard-Marie)  (c.  *),  à  Marseille. 

N -. 

Section  X.  —  Anatomie  et  Zoologie  (lo). 

Fabre  (Jean-Henri)  *,  à  Sérignan  (\  aucluse). 
Sabatier  (Armand)  (o.  *),  à  Montpellier. 
Retzius  (Gustave),  à  Stockholm. 
Lankester  (Edwin-Ray),  à  Londres. 
Maupas  (Emile-François),  à  Alger. 
Van  Beneden  (Edouard),  à  Liège. 
Metchnikoff  (Élie)  (o.  «),  à  Sèvres. 
Waldeyer  (Henri-Guillaume-Godefroi),  à  Berlin. 
Simon  (Eugène-Louis),  à  Lyons-la-Forêt  (Eure). 
N 

Section  XI.  —  Médecine  et  Chirurgie  (lo). 

Lépine  (Jacques-Raphaël)  (o.  sX  à  Lyon. 

Leyden  (F>nst  YOn),  à  Berlin. 

Mosso  (Angelo),  à  Turin. 

Zambaco  (Démélrius-Alexandre)  (O.  *),  à  Constanlinople. 

Czerny  (Vincent-Joseph),  à  Hcidelberg. 

Baccelli  (Guido),  à  Rome. 

Calmette  (Léon-Charles-Albert~)  (o.  »),à  Lille. 

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COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  5  JANVIER  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


M.  Bouchard,  Président  sortant,  fait  connaître  à  l'Académie  l'état  où  se 
trouve  l'impression  des  Recueils  qu'elle  publie  et  les  changements  survenus 
parmi  les  Membres  et  les  Correspondants  pendant  le  cours  de  l'année  1909. 

EUttde  L'impression  (les  Recueils  de  l'  /Icadém.ie  au  i"  Janvier  1910 

Volumes  publiés. 

Comptes  rendus  des  séances  de  l' Acadénne.  —  Le  Tome  CXLVII  (2'^  se- 
mestre de  l'année  1908)  a  paru  avec  ses  tables. 

Les  numéros  des  i''''  et  1^  semestres  de  l'année  1909  ont  été  mis  en  distri- 
bution, chaque  semaine,  avec  la  régularité  habituelle. 

Mémoires  des  Savants  étrangers.  —  Le  Tome  XXXIII  a  été  mis  en 
distribution  le  14  avril.  Ce  volume  comprend  les  Mémoires  suivants  : 
I"  Mémoire  sur  les  déplacements  à  trajectoires  sphériques,  par  M.  Emile 
Borel;  2°  Essai  sur  le  calcul  du  nom,bre  des  classes  de  formes  quadratiques 
binaires  aux  coefficients  entiers,  par  M.  Mathias  Lerch;  3°  Mémoire  sur 
r ellipticité  du  géoide  dans  le  tunnel  du  Simplon,  par  M.  Marcel  Ijrillouin; 
!\°  Mémoire  sur  le  problème  d'Analyse  relatif  à  l'équilibre  des  plaques  élastiques 
encastrées,  par  M.  Jacques  Hadamard.  Ee  Tome  XXXI\  a  été  mis  en 
distribution  le  7  juin.  Ce  volume  comprend  les  deux  Mémoires  suivants  qui 
ont  remporté  le   Grand  Prix  des  Sciences   mathématiques  en   1908  :  Le 


l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mémoire  n"  1,  ayant  pour  auteur  M.  Luigi  Blanchi,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Pise,  est  intitulé  :  Théorie  des  transformations  des  sur-faces  appli- 
cables sur  les  quadriques  générales.  —  Le  Mémoire  n"  2,  dont  l'auteur  est 
M.  C  Guichard,  Correspondant  de  l'Académie,  est  intitulé  :  Sur  la  défor- 
mation des  quadriques. 

Volumes  en  cours  de  puhlicalion. 

Mémoires  de  l'Académie  ('^.  —  Tome  LI.  Ce  Tome  comprendra  : 
1°  Deux  Mémoires  de  M.  Gaston  Darboux,  le  premier  portant  pour  titre  : 
Détermination  des  systèmes  triples  orthogojiaux  qui  comprennent  une  famille 
de  cyclides  de  Dupin  et  plus  généralement  une  famille  de  surfaces  à  lignes  de 
courbure  plane  dans  les  deux  systèmes;  le  second  intitulé  :  Second  Mémoire 
sur  la  détermination  des  systèmes  triples  orthogonaux  qui  comprennent  une 
famille  de  cyclides  de  Dupin  ;  l'impression  de  ces  deux  Mémoires  est  achevée  ; 
2"  Une  réimpression  des  études  faites,  à  la  fin  du  xviii^  siècle,  sur  les  aéro- 
stats, par  le  général  Meusnier  ;  3"  Une  Notice  historique  sur  le  général  Meus- 
mer,  par  M.  Gaston  Darboux;  4"  Une  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  de 
Pierre  Duchartre,  par  M.  Ph.  van  Tieghem. 

Changements  siirvemis  parmi  les  Membres 
depuis  le  \"  jamder  1909. 

Membres  décédés. 

Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  Rouquet  de  la  Grye,  le  21  dé- 
cembre. 

Associé  étranger  :  M.  Simon  JVewcomb,  à  Washington,  le  1 1  juilli.'t. 

Membres  élus. 

Section  de  Chimie  :  M.  Jungfleiscii,  le  i5  février,  en  remplacement  de 
M.  Dilte,  décédé. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Termiek,  le  22  mars,  en  remplacement  de 
M.  Gaudry,  décédé. 

Section  de  Botanique  :  M.  Maxgix,  le  23  janvier,  en  remplacement  de 
M.  Ph.  van  Tieghem,  élu  Secrétaire  perpétuel. 

Associé  étranger  :  S.  A.  S.  Albert  1'^'',  Prince  souverain  de  Monaco, 
le  29  mars,  en  remplacement  de  Lord  Kelvin,  décédé. 

(')   Comptes  rendus.,  l.  (^XLVlll,  p.  i.'i,  llyiie  1"),  lire  Tome  L  au  lieu  de  Tome  LI. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    1910.  l5 

Membres  à  remplacer. 

Section  de  Géographù'  et  Navigation  :  M.  Bouquet  de  la  Ghye,  décédé 
le  21  décembre  Tgog. 

Associé  étranger  :  M.  Simon  Newcomb,  décédé  à  >\ashinglon,  le  11  juil- 
let 1909. 

Nouvelles  places  créées. 

Associés  étrangers.  —  Un  décret,  en  date  du  i'"''  décembre  1909,  a  porté 
le  nombre  des  Associés  étrangers  de  8  à  12.  Ces  quatre  nouvelles  places  ne 
sont  pas  encore  pourvues  de  titulaires. 

Changements   survenus  parmi   Les  Correspondants 
depuis  le    i"  janvier    1909. 

Correspondant  élu  Associé  étranger. 

Section  de  Géographie  et  Navigation.  —  S.  A.  S.  Albert  T''',  Prince 
souverain  de  Monaco,  a  été  élu  Associé  étranger  le  29  mars. 

Correspondants  décédés. 

Section  d'Anatomie  et  Zoologie  :  M.  Brrgu,  à  Copeniiaguc,  le  io  juin; 
M.  LoRTET,  à  Lyon,  le  20  décembre. 

Section  de  Médecine  et  Chirurgie.  —  M.  Engelmaxx,  à  Berlin,  le  20  mai. 

Correspondan Is  élus. 

Section  d' Astronomie  :  M.  Kapteyx,  à  Groningue,  le  5  juillet,  en  rempla- 
cement de  M.  Baillaud,  élu  Membie  titulaire. 

Section  de  Chimie  :  M.  Ladenbiuc;,  à  Breslau,  le  t3  décembre,  en  rem- 
placement de  M.  Mendeléef,  décédé. 

Section  de  Minéralogie  :  M.  Zirkel,  à  Leipzig,  le  4  janvier,  en  remplace- 
ment de  M.  Cari  Klein,  décédé;  M.  Kiliax,  à  Grenoble,  le  18  janvier,  en 
remplacement  de  M.  Peron,  décédé. 

Section  de  Botanique  :  M.  Iîoudier,  à  Montmorency,  le  29  mars,  en  rem- 
placement de  M.  Tylden  Masters,  décédé;  M.  Julus  Wiesner,  à  Vienne,  le 
5  avril,  en  remplacement  de  M.  Clos,  décédé. 

Section  d'Anatomie  et  Zoologie  :  M.  Eugène  Simox,  à  Lyons-la-Forèt 
(Eure),  en  remplacement  de  M.  Bergb,  décédé. 


ib  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Correspondants  à   remplacer. 


Section  de  Mécanique  :  M.  Sire,  à  Besançon,  décédé  le  12  septembre  190G; 
M.  Zeuner,  à  Dresde,  décédé  le  17  octobre  1907. 

Section  de  Géographie  et  Navigation  :  M.  Augustin  Normand,  au  Havre^ 
décédé  le  21  décembre  1906;  S.  A.  S.  Alrert  \'\  Prince  souverain  de 
Monaco,  élu  Associé  étranger  le  29  mars  1909. 

Section  de  Physique  générale  :  M.  Crova,  à  Montpellier,  décédé  le 
21  juin  1907. 

Section  d'Ècononûe  rurale  :  M.  Fliche,  à  INancy,  décédé  le  29  no- 
vembre 1908. 

Section  d' Anatomie  et  Zoologie  :  M.  Lortet,  à  Lyon,  décédé  le  26  dé- 
cembre 1909. 

Section  de  Médecine  et  Chirurgie  :  Sir  J.-S.  Burdon  Sanderson,  à  Oxford, 
décédé  en  1905 ;  M.  Herrgott,  à  ÎNancy,  décédé  le  4  mars  1907;  M.  Engei.- 
MANN,  à  Berlin,  décédé  le  20  mai  1909. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

Kn  prenant  place  au  fauteuil  de  la  Présidence,  M.  Emile  Picard  s'exprime 
comme  il  suit  : 

Mes  chers   Confriîres, 

Je  suis  sûr  tout  d'abord  d'être  votre  interprète,  en  adressant  à  M.  Bou- 
chard tous  nos  remercîments  pour  le  zèle  et  l'autorité  avec  lesquels  il  a  pré- 
sidé à  nos  travaux  ;  la  durée  de  sa  présidence  a  dépassé  les  limites  ordinaires, 
et  il  a  eu  en  outre  la  charge  de  la  présidence  de  l'Institut.  Kn  prenant  place 
à  ce  fauteuil,  je  vous  dois  tous  mes  remercîments  pour  l'honneur  que  vous 
m'avez  fait  en  m'appelanl  au  Bureau  il  y  a  dix-huit  mois.  C'est  un  grand 
honneur,  qui  ne  va  pas  sans  mélancolie,  puisqu'il  témoigne  de  quelque 
vieillesse  au  moins  académique;  mais  nous  devons  nous  souvenir  ici  que, 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I9IO.  17 

travaillant  à  une  œuvre  sans  fin,  la  Science,  sinon  le  savant,  reste  toujours 
jeune. 

Plusieurs  de  nos  anciens  présidents,  si  je  me  rappelle  bien,  ont  vu  une 
preuve  de  cette  jeunesse  dans  l'ardeur  avec  laquelle  nous  causons  pendant 
les  séances,  et  j'ai  déjà  pu  vérifier  de  cette  place  que  le  bruit  dépassait, 
à  certains  moments,  les  limites  permises.  Un  de  nos  correspondants  étran- 
gers, membre  d'une  illustre  Société  scientifique,  me  disait  un  jour  que  dans 
cette  Compagnie  régnait  un  silence  parfait,  mais  qu'à  coté  de  la  salle  des 
séances  se  trouvait  une  autre  salle  où  l'on  prenait  le  thé.  .le  n'ose  pas  pro- 
poser cette  solution  à  nos  secrétaires  perpétuels,  qui  répondraient  peut- 
être  que  l'Académie  ne  dispose  pas  de  fonds  pour  cet  objet;  mais,  si  nous 
n'avons  pas  le  thé,  nous  avons  à  droite  et  à  gauche  des  salles  disponibles. 
Celle  de  droite  en  particulier,  la  salie  de  l'Académie  française,  est  regardée 
comme  le  lieu  de  conversation  le  plus  distingué  qui  soit  en  France;  je  vous 
la  recommande  donc  tout  particulièrement  pour  vos  causeries. 

A  ce  désir  d'un  silence  relatif,  je  vous  demande  la  permission  de  joindre 
un  souhait  de  plus  haute  importance  pour  l'Académie.  Il  est  fort  regret- 
table qu'une  ancienne  tradition  soit  suivie  d'une  manière  si  intermittente, 
je  veux  parler  des  Notices  que  chacun  de  nous  devrait  consacrer  à  son  pré- 
décesseur. Rien  n'est  plus  difficile  à  écrire  que  l'histoire  des  Sciences;  on 
y  rencontre  tant  de  légendes,  de  fausses  attributions,  de  silences  parfois 
intentionnels.  Des  Notices  mûrement  élaborées,  écrites  dans  les  années  qui 
suivent  la  mort  d'un  savant  sans  autre  souci  que  celui  de  la  vérité,  peuvent 
empêcher  l'éclosion  ou  la  propagation  d'erreurs  difficiles  plus  tard  à  cor- 
riger. Bien  souvent,  on  nous  distribue  des  Notices  sur  d'anciens  confrères 
des  Académies  des  Inscriptions,  des  Sciences  morales  et  des  Beaux- Arts, 
qui  toutes  trois  respectent  fidèlement  la  tradition.  Ne  pourrions-nous  pas 
les  imiter?  il  ne  semble  pas  qu'un  astronome  doive  avoir  plus  de  mal  à 
parler  d'un  astronome,  et  un  chimiste  d'un  chimiste,  qu'un  helléniste  d'un 
assyriologue.  En  remplissant  un  pieux  devoir  envers  nos  confrères  disparus, 
nous  préparerions  des  documents  de  grande  importance  pour  l'histoire  de 
la  Science  française  et  de  l'Académie.  Nos  secrétaires  perpétuels  ne 
peuvent,  malgré  leur  zèle  et  leur  talent,  dans  une  unique  Notice  annuelle, 
suffire  à  cette  tâche  si  vaste,  à  laquelle  chacun  de  nous  devrait  au  moins 
une  fois  collaborer.  Je  souhaite,  mes  chers  confrères,  que  plusieurs  d'entre 
vous  veuillent  bien  se  rappeler  que  l'histoire  des  Sciences  est  de  notre  do- 
maine, et  que  c'est  à  nous  qu'il  appartient  de  rappeler  la  grandeur  du 
patrimoine  scientifique  de  la  France. 

0.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  1.)  3 


l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  l' existence  à  la  Cote  d' Ivoire  d'une  série  pélro graphique 
comparable  à  celle  de  la  charnockile.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

M.  Auguste  Chevalier  m'a  confié  l'étude  des  nombreux  matériaux  pétro- 
graphiques,  recueillis  au  cours  du  long  voyage  qu'il  vient  de  faire  de  la 
Guinée  à  la  Côte  d'Ivoire,  en  passant  par  les  sources  du  Niger.  Ces  roches 
apportent  de  précieux  renseignements  sur  la  constitution  géologique  d'une 
vaste  région,  jusqu'ici  inconnue  à  ce  point  de  vue. 

Les  formations  sédimentaires  anciennes  ne  sont  représentées  que  par  un 
très  petit  nombre  d'échantillons  de  schistes  ardoisiers  et  de  quartzites  à 
magnétite,  constituant  les  crêtes  escarpées  du  massif  du  mont  Nimba  (no- 
tamment aux  environs  de  Nzo(')  qui  se  développe  à  la  frontière  delà  Guinée, 
de  la  Cote  d'Ivoire  et  de  Libéria.  Presque  toute  la  région  parcourue  par 
M.  Chevalier  est  constituée  par  des  granités  à  biotite,  souvent  riches  en  mi- 
crocline  (notamment  aux  sources  du  Niger),  par  des  pegmatites,  par  des 
gneiss  (pour  la  plupart  des  orthogneiss),  traversés  par  des  liions  de  diabase, 
souvent  en  voie  de  transformation  en  schistes  amphiboliques,  là  où  les 
actions  dynamiques  ont  été  puissantes. 

Ces  différentes  roches  sont  en  moyenne  assez  banales  et  fort  analogues  à 
celles  du  Fouta-Djalon  et  delà  basse  Côte  d'Ivoire,  il  faut  en  excepter  cepen- 
dant les  roches  remarquables  qui  font  l'objet  de  cette  Note  ;  elles  constituent 
une  vaste  surface,  comprise  an  sud  et  à  l'est  du  massif  schisteux  du  mont 
Nimba,  dans  les  hautes  vallées  du  Nuon  (Cestos),  du  Cavally  et  du  Sas- 
sandra.  La  portion  de  celte  région  située  à  l'est  du  Nuon  et  comprenant  les 
bassins  du  Cavally  et  de  deux  allluents  du  Sassandra,  le  Zô  et  le  Koué,  est 
habitée  par  les  Dans  (Dyolas),  alors  que  plus  au  Nord  se  trouve  le  pays  des 
Touras  (bassin  du  Baling,  afnu(.'nt  du  Sassandra). 

Cette  région  est  granitique;  elle  présente  une  topographie  tout  à  fait 
caractéristique  que  M.  Qievalier  a  décrite  ainsi  (^)  : 

Entre  ces  deu\  profoudes  vallées  (celles  du  Cavally  el  du  Sassandra)  s'étendent, 
d'une  manière  presque  ininterrompue,  des  pâtés  de  montagnes,  dont  les  pics,  en  nombre 
incalculaisle,  se  dressent  de  800'"  à  i4oo"  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  sur  un 
ruban  large  de  plus  de  So"""  (allant  du  7"  20' au  7° 00'  de  latitude  Nord)  et  couvrant  une 
superficie  de  6000''"'..  ..  Toutes  ces  montagnes  sont  constituées  par  des  dômes  plus  ou 
moins  abrupts,  isolés  nu  souvent  soudés  les  uns  aux  antres. 

(')  Ces  quartzites  reposent  à  Nzô  sur  un  granité  gneissique  à  biotite. 
(*)  La  Géographie,  t.  X\,  1909,  p.  2 10. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  19 

Les  principaux  points  OÙ  les  échantillons  ont  été  recueillis  sont  dans  le 
pays  des  Dans,  les  environs  de  Danané  (entre  le  Nuon  et  le  ('avally),  les 
mont  Momy  et  mont  Dou  (au  sud-est  de  Droupolé),  les  environs  de  Man 
(dans  le  bassin  du  Zô),  Zoanlé,  enfin  dans  le  pays  des  Touras,  les  monts 
Gouékouma  et  Gouréni  et  le  mont  Soulou  ou  Doulou  plus  près  du  confluent 
du  Sassandra  et  du  Bafing  ('). 

Toutes  ces  roches  constituent  une  série  continue  très  compréhensive, 
allant  d'un  granité  à  hyperslhène  presque  uniquement  constitué  par  du  quartz 
et  des  feldspaths,  jusqu'à  une  norile  dépourvue  de  quartz  et  renfermant  au 
moins  5o  pour  100  d'hyperslhène.  Parmi  les  échantillons  recueillis  dans 
une  même  localité,  il  existe  souvent  plusieurs  types  (environs  de  Man, 
Zoanlé,  mont  ÎNIomv,  etc.).  Aussi  paraît-il  assez  vraisemblable  que  ces  der- 
niers ne  soient  pour  la  plupart  que  des  faciès  de  variation  d'un  même  massif, 
bien  qu'il  soit  possible  que  certains  d'enti-e  eux  constituent  aussi  des  indivi- 
dualités géologiques  distinctes,  des  filons  par  exemple  ( ^). 

A  l'état  frais,  toutes  ces  roches  sont  grises,  mais  le  plus  souA'ent  elles  sont 
colorées  en  jaune  ou  en  chamois  par  des  infiltrations  ferrugineuses. 

Le  granité  est  à  gros  grains,  il  est  parfois  pegmatique.  Il  est  essentielle- 
ment constitué  par  de  l'orthose,  de  l'oligoclase  et  du  quartz,  avec  fort  peu 
d'hypersthène  et  de  biotite.  En  général,  quand  l'iiypersthène  devient  plus 
abondant,  la  biotite  et  l'orthose  diminuent,  le  plagioclase  augmente,  et  la 
roche  passe  ainsi  progressivement  à  des  norites  quartzifères,  puis  à  des 
norites  sans  quartz,  dans  lesquelles  le  plagioclase  ne  dépasse  pas  l'andésine 
basique;  il  existe  cependant  quelques  variétés  de  norites  assez  riches  en 
biotite.  Dans  les  norilcs  franches,  l'hypersthène  est  associé  à  un  pyroxène 
monoclinique,  incolore  comme  lui  en  lames  minces  (mont  Momy).  Enfin, 
dans  certains  types,  l'hypersthène  prédomine  sur  le  feldspath  (Zoanlé)  et 
il  me  semble  probable,  étant  donnée  l'irrégularité  de  la  distribution  de 
l'hypersthène  dans  les  échantillons  étudiés,  que  des  recherches  sur  le  terrain 
y  feraient  découvrir  des  hypersthénites  dépourvues  de  feldspaths.  Dans  ces 
roches  mésocrates,  le  pyroxène  monoclinique  est  quelquefois  associé  à  l'hy- 


(')  Un  échantillon  provenant  de  l^angiiira  montre  qne  cette  série  pélrogiapliique 
existe  aussi  pins  à  l'Est,  dans  le  nord  du  Baoulé;  mais  la  plupart  des  autres  roches 
recueillies  par  M.  Chevalier,  dans  cette  région,  se  rapportent  à  des  types  granitiques 
normaux. 

(^)  M.  Chevalier  signale,  en  elTel,  l'existence  dans  le  granité  de  filons  de  diabase, 
«  dont  le  trajet  est  jalonné  à  la  surface  par  d'énormes  blocs  de  cette  roche  arrondis  et 
souvent  entassés  les  uns  sur  les  autres  ».  Il  s'agit  là  de  norites. 


20  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

persthène  sous  forme  de  fines  bandelettes  ;  on  rencontre  en  outre  un  peu 
de  hornblende  d'un  brun  verdâtre  et  de  biotite. 

Notons  enfin  que,  dans  toute  la  série,  il  existe  une  quantité  variable 
d'apalile  et  de  titanomagnétite.  Les  plagioclases  varient,  comme  on  vient 
de  le  voir,  entre  rolij^oclase-albite  et  l'andésine  basique,  mais  les  macles 
suivant  la  loi  de  l'albite  sont  toujours  très  fines  et  fréquemment  associées 
à  celle  de  la  péricline,  elle-même  li'ès  polysynthétique.  Dans  tous  les  types 
quartzifères,  l'orthose  et  les  plagioclases  renferment  en  très  grande  abon- 
dance ces  inclusions  incolores,  fusiformes,  disposées  parallèlement,  qui 
sont  si  abondantes  dans  les  roches  granitiques  de  l'Inde,  dont  il  va  être 
question  plus  loin.  Enfin,  les  plages  d'orthose  sont  souvent  associées  à  des 
groupements  de  quartz  vermiculé  et  de  plagioclase  {myrmékite). 

La  structure  de  toutes  ces  roches  est  granulitique  :  quelques-unes  d'entre 
elles  (les  norites  quartzifères  en  particulier)  sont  un  peu  rubanées  (mon- 
tagne de  Oua,  près  Danané;  environs  de  Zoanlé)  par  concentration  des 
éléments  colorés  dans  des  lits  distincts.  Des  actions  mécaniques  puissantes 
ont  imprimé  leur  marque  dans  beaucoup  d'échantillons  ;  celle-ci  varie 
depuis  de  simples  extinctions  roulantes  dans  le  quartz  jusqu'à  la  structure 
cataclastique  (avec  orientation  des  débris),  ne  laissant  aucun  élément  intact. 

J'ai  prié  M.  Pisani  de  faire  les  analyses  de  quatre  échantillons  représen- 
tant les  termes  les  plus  caractéristiques  de  la  série  :  ils  proviennent  tous  du 
pays  des  Dans  : 

a,  granité  pauvre  en hypersthène  (mont  Gbon);- 

h,  granité  à  hypersthène,  sans  biotite  (pied  du  mont  Zan,  près  Zagoué); 

c,  norite  à  pyroxène  monoclinique  (entrée  de  la  grotte  du  mont  Momy; 

d,  norite  très  riche  en  hypersthène  (village  de  Zoanlé). 

Je  fais  suivre  ces  données  de  quelques-uns  des  paramètres  magmatiques 
correspondants  : 

a.  b.  c.  il. 

SiO' 71,80  'igiSo  53, 5o  54,33 

Al-O^ l'iiyo  18,71  i5,2o  '1,43 

Fe^O' 1,10  2,82  5,40  6,10 

l'^eO 1,08  3,96  6,93  7,47 

MgO 0,39  3,49  4,95  11,70 

CaO .'.,20  5,10  5,60  4,25 

Na^O 4,17  3,82  4,35  3,52 

K^O 4,1)  1,18  0,95  0,59 

TiO- 0,26  1,68  2,25  o,i3 

P^O' ))  0,07  0,09  0,06 

Perle  au  feu 0,60  0,60  o,5o  o,Go 

100,61  100,43  99,72  100,18 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    I910.  21 

a.  b.  c.  d. 

.c 4i2  i5,3  82,6  49)9 

<I) 3,1  3,2  2,8  3,2 

r I  0,3  0,2  0,17 

y 5,6  1,8  2,3  1,2 

U 1,0  1,2  2,2  3,2 

An.  total  pour  100.  i3  38  3i  27 

An.  du  plagioclase.  21  43  32  82 

Dans  la  classification  chimico-ininéralogique,  ces  roches  correspondent  : 
a,  à  la  toscanose  (I.  \.  2.  3);  />,  à  la  lonalose  (II.  4-  2.  3);  c  et  rf,  à  la  heer- 
bachose  (III.  5.  3.  5). 

La  caractéristique  de  la  série  réside  dans  la  teneur  en  fer  et  en  magnésie 
élevée  pour  des  roches  relativement  riches  en  silice  et  variant  en  sens 
inverse  de  celle-ci  ;  dans  le  peu  de  variation  de  la  soude,  alors  que  la  potasse 
diminue  très  rapidement,  en  même  temps  que  la  silice,  ce  qui  explique  la 
prédominance  des  plagioclases  sur  l'orthose,  même  dans  des  types  encore 
relativement  très  quartzifères;  enfin  dans  des  variations  relativement  peu 
considérables  de  la  teneur  en  chaux;  celle-ci  est  presque  toujours  entière- 
ment feldspathisée,  ce  qui,  grâce  à  la  richesse  en  fer  et  en  magnésie,  entraîne 
la  constance  de  l'hyperslhène.  Le  calcul  de  la  composition  du  plagioclase 
théorique  fournit  comme  extrêmes  21  et  43  pour  100  d'anorthite,  nombres 
qui  sont  conformes  aux  résultats  de  l'examen  optique. 

f^e  très  grand  intérêt  de  cette  série  pétrographique  réside  dans  ce  qu'elle 
appartient  à  une  famille  jusqu'ici  assez  rare  et  sur  laquelle  tout  récemment 
M.  Rosenbusch  a  appelé  l'attention,  en  émettant  l'hypothèse  qu'elle  cons- 
titue peut-être  un  groupement  parallèle  à  ceux  des  roches  alcalines  et  des 
roches  alcalinocalciques,  auxquels  est  rapporté  aujourd'hui  l'ensemble  des 
roches  éruptives.  Les  trois  principales  régions  dans  lesquelles  ces  roches  sont 
actuellement  connues  sont  l'Inde,  oi'i  elles  ont  été  décrites  par  M.  HoUand 
sous  la  dénomination  compréhensive  de  charnockite,  puis  le  sud  de  la  Nor- 
vège (série  :  granité  à  hypersthène-adamellite-mangérite-anorthosite,  dé- 
crite par  ^IM.  Vogt  et  Kolderup),  enfin  le  Canada  et  les  monts  Adiron- 
dacks. 

C'est  de  la  série  de  la  charnockite  que  les  roches  de  la  Côte  d'Ivoire 
doivent  être  rapprochées  d'une  façon  plus  particulière.  II  sera  intéressant  de 
rechercher  ultérieurement  les  relations  magmatiques  pouvant  exister  entre 
cette  série  el  les  harzburgites,  norites  et  diabases  souvent  hypersthéniques, 
que  j'ai  signalées  antérieurement  dans  de  nombreux  points  de  la  Guinée  et 
sur  la  côte  de  Sierra  Leone. 


22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Kii  Lenuinanl  cette  Note,  je  signalerai,  dans  le  Haut-Baoulé,  entre  Dia- 
lacora  et  Buandougou,  une  autre  roche  remarquable  d'une  tout  autre  na- 
ture, il  s'agit  en  effet  d'un  granité  rose  essentiellement  constitué  par  du 
microcline,  de  l'albite,  une  amphibole  sodique  spéciale  et  quelques  autres 
minéraux  ([ue  j'étudie  actuellement.  L'existence  d'un  petit  îlot  de  granité 
alcalin,  au  milieu  de  granités  de  composition  très  différente,  est  à  comparer 
à  celle  qui  a  été  signalée  par  M.  H.  Hubert  à  Fi  ta,  dans  le  Dahomey. 


M.  BoRNEï  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  Collection  de  dessins  publiés 
ou  inédits,  exécutés  entre  i85/J  et  18^3  par  Alfred  Riocreux,  sous  la  direction 
de  Gustave  Thuret,  et  d'un  Ouvrage  intitulé  : 

Recherches  sur  les  zoospores  des  Algues  et  les  anthéridies  des  Cryptogames, 
par  Gustave  Thuret. 

On  lit  sur  la  page  de  garde  de  ce  Volume  : 

Exemplaire  unique,  renfermant  deux  stries  de  figures,  les  unes  en  noir  avant  la 
lettre,  les  autres  colorées  par  Riocreux  d'après  les  dessins  originaux. 

Gustave  Thuret. 

M.  le  Président  exprime  à  M.  Bornel  la  gratitude  de  l'Académie  à  l'oc- 
casion de  ce  nouveau  don.  jLes  Ouvrages  seront  déposés  à  la  Bibliothèque 
de  l'Institut. 

MÉMOIRES   PRÉSE.XTÉS. 

Sur  les  courbes  conjuguées  dans  le  déplacement  relatif  le  plus  général 
de  deux  corps,  par  M.  G.  Kœxkjs.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Commissaires  :  MM.  G.  Darboux,  H.  Poiucaré,  G.  Humbert.) 

Dans  le  Tome  CXLIV  des  Cojnptes  rendus  'f  ai  ti\Tité,  en  plusieurs  Notes, 
la  question  des  courbes  (e)  solidaires  d'un  corps  solide  S,  qui,  au  cours  d'un 
mouvement  de  ce  corps  par  rapport  à  un  second  S',  restent  tangentes  à  une 
courbe  (c')  solidaire  de  S'.  Je  suis  revenu  depuis  sur  cette  question  et,  dans 
un  travail  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  j'ai  développé 
l'étude  des  questions  géométriques  que  ces  premières  recherches  avaient 
soulevées. 

V.n  premier  lieu,  l'élude  détaillée  de  la  correspondance  cubique,  biration- 
nelle  et  réciproque  qui  lie  un  point  et  son  associé. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  23 

En  second  lieu,  rinlroduction  d'un  trièdre  de  référence  mobile  T  consti- 
tué par  l'axe  Os  du  mouvement  hélicoïdal,  la  normale  Or  au  point  central  O 
commun  aux  deux  surfaces  réglées  (*I>),  (<ï>' )  qui  luirent  Tune  sur  l'autre  et 
l'axe  Ox  normal  à  Oy  et  à  0=,  suggère  de  traiter  le  problème  des  courbes 
douées  d'enveloppe  en  considérant  un  point  M  mobile  par  rapport  au 
trièdre  T  et  tel  que  ses  lieux  dans  les  corps  S  et  S'  soient  les  deux  courbes 
conjuguées  (e),  (e).  Le  lieu  de  ce  point  par  rapport  au  trièdre  T  est  une 
courbe  (e)  que,  par  extension  d'une  locution  usitée  dans  la  pratique  des 
engrenages,  j'appelle  la  courbe  d'engrénement.  Je  montre  que  la  détermi- 
nation des  courbes  d'engrénement  n'exige  que  des  quadratures. 

Dans  certains  cas  même,  comme  dans  celui  qui  est  réalisé  par  l'engrenage 
de  Bélanger,  ces  quadratures  elles-mêmes  disparaissent. 

Les  équations  différentielles  des  courbes  d'engrénement  contiennent  une 
fonction  arbitraire  a.  Je  fais  voir  que,  si  l'on  prend  tous  les  points  mobiles  M 
qui  correspondent  à  une  même  détermination  de  a,  ces  points  constituent 
un  solide  S,j.  dont  tous  les  points  décrivent  dans  S  et  S'  des  couples  de 
courbes  conjuguées  (e),  («').  Il  y  a  même  plus.  De  même  qu'il  y  a  des 
courbes  douées  d'enveloppe,  il  y  a  aussi  des  développable^^  qui  ont  pour 
profils  conjugués  des  développables  ^'  qu'elles  touchent  à  chaque  instant 
suivant  une  génératrice.  Ces  couples  de  développables  conjuguées  s'en- 
gendrent de  même  en  déplaçant  dans  S  et  dans  S'  un  plan  II  solidaire  d'un 
des  corps  auxiliaires  désignés  par  S^. 

On  conçoit  qu'il  me  soit  difficile,  dans  les  limites  qui  me  sont  imposées, 
de  rendre  compte  de  la  multiplicité  des  relations  que  font  naître  les  notions 
précédentes.  J'insisterai  ici  sur  les  plus  importantes. 

Dans  mes  Notes  antérieures,  j'ai  défini  dans  le  corps  S  le  cône  des 
vitesses  Fp,  lieu  des  droites  qui  portent,  au  cours  du  mouvement,  les 
vitesses  d'un  point  P  de  ce  corps.  Il  y  a  lieu  d'introduire  aussi  la  courbe  (C„) 
située  dans  un  plan  II  et  qui  est  l'enveloppe  des  caractéristiques  d'entraî- 
nement de  ce  plan.  Ce  cône  et  cette  courbe  sont  ceux  qu'on  rencontrerait 
dans  les  définitions  des  surfaces  intégrales  I  tangentes  en  tous  leurs  points 
au  cône  des  vitesses  :  le  cône  intervenant  pour  définir  ces  surfaces  par  une 
propriété  de  leurs  plans  tangents  et,  suivant  une  notion  introduite  par 
M.  Darboux  dans  son  Mémoire  Sur  les  soliuions  singulières,  la  courbe  inter- 
venant pour  définir  les  surfaces  par  une  propriété  de  leur  point  de  contact. 
Les  courbes  (e)  douées  d'enveloppe  sont  les  courbes  intégi^ales  ;  les  déve- 
loppables douées  d'enveloppe  sont  les  développables  intégrales. 


24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cependant  un  fait  curieux  se  produit  ici.  A  titre  exceptionnel  est  courbe 
intégrale  toute  hélice  qui  a  pour  axe  et  pas  l'axe  et  le  pas  d'un  mouvement 
hélicoïdal  tangent;  et  de  même  les  hélicoïdes  qui  ont  ces  hélices  pour  arêtes 
sont  des  développables  intégrales  exceptionnelles. 

Sur  toute  surface  (F)  il  y  a  en  général  deux  familles  remarquables  de 
courbes  :  i"  les  courbes  (y)  de  contact  avec  le  profil  conjugué  (F);  2°  les 
lignes  (e)  douées  d'enveloppe  ou  lignes  de  glissement.  Il  y  a  des  surfaces  pour 
lesquelles  les  lignes  de  glissement  coïncident  avec  les  courbes  (y)  de  contact; 
seulement  les  premières  ne  sont  pas  alors  à  proprement  parler  des  courbes 
douées  d'enveloppe,  ce  sont  des  hélices  exceptionnelles. 

Si  en  effet  à  toute  époque  t  du  mouvement  on  construit  une  hélice  I)  ayant 
pour  axe  et  pas  l'axe  et  le  pas  du  mouvement  hélicoïdal  tangent,  les  lieux 
de  cette  hélice  dans  le  corps  S  et  dans  le  corpsS'  sontdeux  surfaces  (F),  (F) 
qui  se  raccordent  à  chaque  instant  le  long  de  l'hélice  commune. 

Je  me  suis  naturellement  préoccupé  aussi  de  la  nature  des  surfaces  inté- 
grales I  du  cône  de  vitesses. 

En  premier  lieu  les  normales  à  ces  surfaces  appartiennent  au  complexe 
qui  est  le  lieu  dans  le  corps  S  des  normales  stalionnaires.  Leurs  profils  con- 
jugués sont  les  surfaces  V  intégrales  du  cône  des  vitesses  dans  le  corps  S'. 

Si  l'on  considère  la  courbe  de  contact  (y)  de  la  surface  T  avec  la  sur- 
face r,  on  constate  par  une  application  d'un  théorème  de  Lie,  comme  aussi 
par  un  raisonnement  direct,  que,  tout  du  long  de  (y),  la  surface  I  a  un  con- 
tact du  second  ordre  avec  l'hélicoïde  qu'engendrerait  (y)  au  cours  du  mou- 
vement hélicoïdal  tangent. 

Ce  raisonnement  s'appliquant  aussi  bien  à  la  surface  L.  on  arrive  à  cette 
conséquence  : 

Toute  surface  intégrale  I  du  cône  des  vitesses  a  un  contact  du  second  ordre 
tout  du  long  de  la  courbe  de  contact  (y)  avec  son  profil  conjugué  V  dans  le 
corps  S',  et  cela  à  chaque  époque  du  mouvement . 

CORRESPONDAIVCE . 

M.  Blaserna,  président  de  l'Académie  Royale  des  Lincei,  adresse  à 
l'Académie  une  dépêche  dans  laquelle  il  exprime  les  regrets  qu'inspire  aux 
membres  de  la  Conférence  internationale  des  Poids  et  Mesures  la  mort  de 
M.  Bouquet  de  la  Grye,  qui  présida  ses  séances  au  titre  de  Président  de 
l'Académie  des  Sciences. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  25 

M.   le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  l'Ouvrage  suivant  : 

SternJiimde  und  Sterndienst  in  Babel,  von  Franz  Xaver  Kugler,  S.  .T., 
II.  Buch,  I.  Teil.  (Présenté  par  M.  G.  Bigourdan.) 


MM.  Marbec,  E.  ]\icolle  adressent  des  remercîments  pour  les  distinc- 
tions que  l'Académie  a  accordées  à  leurs  travaux. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.   —  Sur  la  transformation  de  Rihaucour. 
Note  de  M.  A.  Demoulix. 


Nous  rappellerons  d'abord,  en  les  complétant,  divers  résultats  que  nous 
avons  indiqués  dans  notre  Note  du  3i  juillet  igoS  (t.  CXLI,  p.  3o2). 

Soit  (Mo)  une  surface  rapportée  au  réseau  («,  c)  de  ses  lignes  de  courbure.  Par  un 
point  variable  M„  de  (M„),  faisons  passer  une  sphère  (S3)  tangente  à  (M„)en  ce  point. 
L'enveloppe  de  la  sphère  (S,)  se  compose  de  la  surface  (Mq)  et  d'une  surface  (Mi) 
qu'elle  touche  en  un  point  M,.  Supposons  la  sphère  (S3)  choisie  de  manière  que  les 
lignes  de  courbure  se  correspondent  sur  les  surfaces  (Mo)  et  (Mj)  ;  nous  dirons  alors 
que  ces  surfaces  se  correspondent  dans  une  transformation  de  Ribaucour.  Par  les 
points  Mo  et  M,,  faisons  passer  deux  sphères  (S,),  (Sj)  respectivement  normales,  en 
Mo  et  M,,  aux  lignes  de  courbure  c  =  const.,  u  =  const.  Soient  enfin  (S4)  et  (S^)  deux 
sphères  orthogonales  entre  elles  et  aux  précédentes.  L'ensemble  des  cinq  sphères 
(S,),  ....  (S;)  sera  pris  comme  figure  de  référence  mobile  et  admettra  vingt  rota- 
tions p,  q,  /■,  ....  /.,,  p.,,  V,,  (7|.  Dix  de  ces  rotations  sont  nulles;  on  peut  en  outre 
annuler  a-  et  n^  en  choisissant  la  sphère  (Si)  de  manière  que  ses  points  caractéristiques 
appartiennent  au  cercle  d'intersection  des  sphères  (Sj)  et  (S.2)  ;  les  huit  rotations  non 
généralement  nulles  satisfont  au  système  (A)  de  notre  Note  du  3i  juillet  igoS.  Si 
l'on  pose 


A,  0,4-  //Jti  =  C,  \  —  «/.  =  A,,  Y),  —  «f;.,=:C,, 


ce  système  s  écrit 


(A) 


(;a 

dA, 

^C          dC, 

(Je 

_        '■^<' 

du    ■        du 

G 

~         G    ' 

'1  = 

A     ~     A,    ' 

dp.  _ 

ôr 

du   " 

-  —  (n>\  +  -y AGj -(-  A, G ) 

emestre.  (' 

T.   150,  N°  1.) 

4 

26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  éléments  linéaires  des  surfaces  (M,,)  et  (M,)  ont  pour  expressions 
dsl  =  ( «4  +  ««5 )-2 (A^-c/u'^-h  C-  dc^ ) ,         d.s]  ={a,,—  ia-, )-^(\ ]  du"-  +  C J  d^- ) , 

a,-  désignant  l'inverse  du  rayon  de  la  sphère  (S/). 

Soit  d'^  l'angle  de  la  sphère  (S3)  et  de  la  sphère  analogue  qui  correspond  aux  valeurs 

(m  +  du ^  V  H-  cfr)  des  paramètres  u,  r.  On  a 

(/y-  =  y'  dii-  +  p\  dv-. 
Les  R  des  sphères  principales  des  surfaces  (Mp)  et  (M,)  ont  pour  valeurs 


H--^, 
9 

-^^ 

H 

'■-'r    '■- 

;enaat' compte  du  système  (A),  on  déi 

lui 

l  de  ces  relations  les 

suivantes  : 

à     1 

()      . 

<^logA 

(Jv  H' 

d  logC           On  K" 

dr 

1           1 
d      r 

Ou             1            1   ' 

îv  ~  îr 

à     I 

Ologfi, 

(Jv  h; 

^;iog(:,       On  u, 

Or 

I         1 

On               1             1 

dW 

()i\\ 

Ol\" 

Oh] 

à  log(/  ai' 

<ji' 

0  log/)i    _       dn 

Ou 

Oy.        .,,  0^ 

-, h  IV  -r^    —  0, 

^^r4 

On             On 

Ov             Of 

(Jv         R  — K"       R,  — R';  Ou       R  — R"     R',  — r; 

Soil  (a,  p)  une  solution  du  sysLème 
(') 

L'enveloppe  de  la  sphère  (^0)  définie  par  l'équation 

a  j"3  —  j3  (  a^4  +  j'j~5  )  =  o 

se  coin[)Ose  de  la  surface  (M„)  qu'elle  touche  en  M„  et  d'une  surface  (Ma) 
qu'elle  touche  en  M^.  Sur  les  surfaces  (M^)  et  (  Mo  ),  les  lignes  de  courbure  se 
correspondent.  On  obtient  ainsi  toutes  les  surfaces  qui  correspondent  à  (  M„) 
dans  des  transformations  de  Ribaucour.  Les  coordonnées  (j?,,  ...,  x^)  du 
point  Mo  ont  pour  valeiirs 


a^3=j3,  .i\-\- ix-,^=:  (X,  Xi, —  i.v-z=fj^ 


Oa. 

Oor. 

Ou 
A    ' 

œ,^ 

Ov 

""  c 

SÉANCE    DU    3    JANVIER    igtO.  27 

6  étant  délinie  par  l'égalité 


()x  \ 

- 

f  ày. 

Ou 
A    / 

)4 

4- 3-+ 3(5  =  0     (M. 
L'élément  linéaire  de  la  surface  (M3)  est  donné  par  la  relation 

rf..^-=(   A,_A-^i   r/n^-^{c,^C^\.h-K 


Ou   '  \  0^' 

Si  l'on  élimine  successivement  a  et  [3  entre  les  équations  (i),  on  trouve 


(2) 


(i-|3    _  dlogr/  0^        à\os:p,  ai  à'- y.    __  JlogA  Oy.        t'IosC  ôy. 

Ou  Ov  Oi-      Ou  Oi'       Ov  Ou  Or  Ov       Ou  Ou      Oc 


On  peut  définir  pareillement  les  surfaces  qui  correspondent  à  (M,  )  dans 
des  transformations  de  Ribaucour.  Soit  (a',  (30  une  solution  du  système 

,0,  Oy'  Op'  Ox'         „  d'fi' 

Ou  '  Ou  ov  Ov 

L'enveloppe  de  la  sphère  (ïi,  )  définie  par  ré(]ualion 

y.' x-i —  |3'{.r; —  ix^  )  =  o 

se  compose  de  la  surface  (M,)  qu'elle  touche  en  M,  et  d'une  surface  (M,) 
qu'elle  touche  en  M3.  Sur  les  surfaces  (M,  J  et  (xM^),  les  lignes  de  courbure  se 
correspondent.  Les  coordonnées  (x\,  . ..,  ,r'.)  du  point  M3  ont  pour  valeurs 


.i-j  -f-  ICC.  : 


('1  On  peut  encore  définir  comme  il  suit  les  coordonnées   (.f,,  ...,./;,).   ./'i   et  .r.2 

,     .  ,  ,  Or,  Ox., 

consliLuent    une    solution    du    système    ^ — ;=:/■,  a-.,,    ^  r= — rx,.    Les    deux    sys- 

Ov  'du  •' 

0x3  Ox_s  Ox        y  àx       ^        , 

ternes   -; — :=qx,,  — -^  =  —  p.x.,:    -— ^A,?,,    -— ^  Cr.,   donnent  ensuUe   x-^   et   x 
Ou  Ov  I        -      jii  j,. 

par  des  (juadratures.  Si  l'on  détermine  enfin  0  par  l'égalilé  x'^-h  .t'I-i-  x'^-h  xd  ^o, 
on  aura 

X!,-\- ix-^z  X,  .("4 — ix-^^z'). 


dx' 

dx' 

Ou 

, 

dv 

A,   '  . 

'  c, 

28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

6  étant  définie  par  l'égalité 


.'d=.'\ 

2 

/  da! 

du 

\ 

<h- 

1     -+- 

\  A.  y 

v<-, 

L'élément  linéaire  de  la  surface  (  M,  )  est  donné  par  la  relation 


(4) 


du  /  \  ô\' 

En  éliminant  successivement  tx'  et  P'  entre  les  équations  (3),  on  trouve 
<J-{3'   d\o^q  (1^'        ô\ogpi  d^'  à- a.'    dIogA,  âx'        t^log-C,  d(x' 


Ou  ûf  Ou      Oh  Ou       Of  Ou  Oi'  Oi'        Ou    '        Ou        Ov 


Ces  formules  sont  susceptibles  de  diverses  applications.  Elles  se  prêtent 
notamment  à  l'étude  de  la  transformation  des  surfaces  isothermiques  due 
à  M.  Darboux.  Elles  vont  nous  permettre  d'établir  et  de  compléter  le  théo- 
rème suivant  que  M.  Blanchi  a  obtenu  en  appliquant  la  transformation  de 
Lie  à  un  théorème  relatif  aux  congruences  W  : 

Si  (M,)  el  (Mo)  sont  deux  surfaces  déduites  d'une  surface  (M„)  par  l'ap- 
plication de  transformations  de  Ribaucour,  il  existe  une  infinité  simple  de  sur- 
faces [M. j)  gui  correspondent  à  (M,  )  et  à  (M^)  dans  des  transformations  de 
Ribaucour. 

D'après  les  développements  qui  précèdent,  il  suffira  de  démontrer  que 
l'on  peut  choisir  la  surface  (M.,)  de  manière  que  cette  surface  corresponde 
à  (Ma)  dans  une  transformation  de  Ribaucour.  Nous  assujettirons  le 
couple  (a',  p),  qui  définit  (Mj),  à  satisfaire  aux  égalités 


dx' 

âx 

0<x' 

Ox 

Ou 

Ou 

dv 

Oi' 

A,    ~ 

^    A    ' 

c,   " 

~   c 

(5)  -â:-^'      c7=-cr'     P-P- 

Cela  est  toujours  possible;  en  effet,  la  première  équation  (2)  et  la  pre- 
mière équation  (4)  étant  identiques,  on  peut  poser  ^'  =  [3;  ensuite,  la  com- 
paraison des  systèmes  (i)  et  (3)  fournit  les  deux  premières  équations  (5). 
Les  équations  (5)  peuvent  s'écrire  .r\^x,,  x'^^^x.,,  x'^^x^;  par  suite, 
les  points  M„,  M,,  M.,,  M,  sont  concycliques.  Or,  on  démontre  aisément  le 
théorème  suivant  : 

Deux  sphères  ( U ,  )  e<  (  U^  )  touc/iant  une  troisième  sp/ière  (  l  .,  )  en  A ,  et  A.,, 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  29 

si  un  cei-cle  passant  par  A,  et  A.  coupe  (U,)  et  (U^)  en  B,  et  Bo,  //  existe 
une  sphère  qui  touche  (U,  )  f/  (  U^)  e/t  B,  e/  B^. 

Dès  lors,  il  existe  une  sphère  tangente  aux  sphères  (2„)  et  (2,)  en  M., 
et  Ms,  et  les  surfaces  (M^),  (M,,)  se  correspondent  dans  une  transformation 
de  Ribaucour. 

Comme  la  fonction  a'  est  définie  par  la  quadrature 

,        /■'A,  dy.    ,  C,  t'a    , 

oc'  =  /   -^  -r-  du  +  7^  -p  di\ 

il  Y  a  une  infinité  de  surfaces  (H3  )  jouissant  de  la  propriété  indiquée,  et  le 
théorème  de  M.  Bianchi  est  démontré. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Un  problême  sur  les  systèmes  triples 
orthogonaux.  Note  de  M.  G.  Tsitzéica. 

On  doit  à  Ribaucour  le  théorème  suivant  :  Lorsqu  on  connaît  un  système 
triple  orthogonal,  les  cercles  osculateurs  aux  courbes  d' intersection  des  surfaces 
appartenant  à  deux  des  familles  du  système,,  aux  points  où  ces  courbes  ren- 
contrent une  sur/ace  quelconque  de  la  troisième  famille,  forment  un  système 
cyclique.  (Voirpar  exemple  Dauboux,  Thèoriedes  surfaces,  4'  partie,  p.  i65.) 
On  connaît  d'autre  part  le  lien  qui  existe  entre  un  système  cyclique  et  la 
déformation  de  la  surface  enveloppée  par  les  plans  des  cercles,  à  savoir  :  il 
Y  a  sur  cette  surface  un  réseau  conjui^ué,  déterminé  parle  système  cyclique, 
et  qui  reste  conjugué  dans  une  seule  ou  dans  x'  déformations  de  la  surface. 
Cela  étant,  il  est' tout  naturel  de  chercher  tous  les  systèmes  orthogonaux 
dont  les  systèmes  cycliques  donnés  par  le  théorème  de  Ribaucour  conduisent 
tous  à  des  réseaux  persistant  dans  ao'  déformations. 

J'ai  complètement  résolu  le  problème  et  je  vais  indiejuer  ici  la  marche 
générale  de  la  solution  et  les  résultats  obtenus. 

L'hypothèse  géométriqueque  nous  venons  de  faire  se  traduit  par  les  rela- 
tions suivantes  : 

(0  T 7-log^  =  o-  -, ï— log!ï^  =  o, —  log^  — o, 

ou^^Oa^         Ps,  oii:sdai         Pn  uu,()u^         P23 


OÙ  les  [ii^  sont  les  quantités 


[3,7,^  i-^  {irz£/c;  /,/.=i,2,  3); 

H,-   àiii 


3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

rélénienl  linéaire  de  Tespace  étant 

ds'=ll\du]-i-  MU/iiï-^Hldtil, 

à  l'aide  des  coordonnées  curvilignes  définies  par  le  système  orthogonal  con- 
sidéré. 

Tout  d'abord  les  égalités  (i)  prouvent  que  les  systèmes  orthogonaux 
que  nous  cherchons  et  que  je  désignerai  par  il  jouissent  de  la  propriété  de 
rester  des  systèmes  Cl  après  une  transformation  de  Combescure. 

Cela  étant,  il  s'agit  d'abord  de  déterminer  les  p,/^  à  l'aide  deS  équations  (i) 
et  des  neuf  équations  connues  que  vérifient  les  p,vt  pour  tout  système 
orthogonal.  .Te  transcris  ici  deux  de  ces  équations  : 

(B)  —^. „..,,. 

(B')  ^  +  ^+,3„,3,3=o; 

il  y  a  six  équations  du  type  (B)  et  trois  équations  du  type  (B').  Pour  inté- 
grer les  douze  équations  (i),  (B)  et  (B'),  je  donne  à  (i)  à  l'aide  de  (B)  la 
forme 


(2) 


à 

)=?. 

â 

.-•l 

'  <)'h 

\  S:,., 

TT    '  H3r 


3.    —i^-A, 


où  il  n'y  a  que  trois  dérivées  essentiellement  différentes.  Je  suppose  que  les 
^,7.  sont  toutes  différentes  de  zéro.  Je  suis  conduit  alors  à  considérer  deux 
cas,  suivant  que  les  dérivées  précédentes  sont  nulles  ou  différentes  de  zéro. 
I.  Dans  le  premier  cas,  un  calcul  simple  montre  qu'on  peut  poser 

^  ,3„=//P,,         S,:,=  AH,.         33,  = /(P3; 
^■"^  '  ,3i.=  /'Q„         !3,,=  /,Q,,        P3,=  /iQ3; 

h,  P,,  Q,  étant  des  fonctions  inconnues,  la  première  pouvant  dépendre 
des  trois  variables  u,,  u.,,  Wj,  les  autres  ne  dépendant  pas  de  ?//,  et  il  faudra 
déterminer  ces  fonctions  de  manière  que  les  (B)  et  (B')  soient  vérifiées. 
L'étude  des  équations  obtenues  montre  qu'il  faut  décomposer  ce  cas  I  de 
notre  problème  en  deux  autres,  suivant  que  P,  PoPa  —  Qi  Q2Q:!  =  o  ou  :^  o. 
a.  Dans  le  cas  PiPoP^  —  QiQoQ:,  =  o  on  trouve,  après  des  calculs 
assez  longs,  pour  /?,  P,,  Q,  les  valeurs  suivantes: 


m\c,c,C3 


'       '"  to\  (•/  "'       '«  i\\ 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  3l 

OÙ  m  est  une  constante,  c,-  une  fonction  de  «,  seulement  et  c .  la  dérivée 
de  c,.  En  formant  les  ^,^  à  Taide  de  f '3  ),  on  constate  qu'elles  sont  vérifiées  si 
l'on  prend 


H,=  -=^ 


v'c/(f,  -H  C2  +  Cj) 


Le  système  orthogonal  correspondant  est  composé,  dans  cha(jue  famille, 
de  sphères  passant  par  un  point  fixe.  Le  système  Ci  le  plus  général  e^t,  dans 
ce  cas,  le  transformé  de  celui-ci  par  une  transformation  de  Combescnrc 

h.   Le  cas  P,P^P,,  —  (\S\S\i  7^  «^  est  plus  difficile  à  étudier.  On  trouve 

k 


7.(e"'  +  e-">), 


les  autres  j3  se  déduisant  de  celles-ci  par  des  permutations  circulaii'es  sur  les 
indices,  h  étant  donné  par 

/.  =  (e"i-i-e-".)(t-".-i-6'-"0  i,e">H-e-"0  +  (e".—  e-''.j  (e"^— e-"0  (Ct  — t--".). 
(  )n  vérifie  aisément  qu'on  peut  prendre 

et  que  le  système  correspondant  se  compose,  pour  la  famille  //.,  ^  consl., 
de  sphères  ayant  toutes  le  même  rayon. 

IL  En  supposant  maintenant  cpic  les  dérivées  figurant  dans  {-i)  sont 
toutes  différentes  de  zéro  et  en  multipliant  ces  équations  membre  à 
membre,  on  obtient 

■-■       o       ,0       '^t    '  '^      ^ 

yi2i-'-23pJl |-'l3H32p»l- 

On  déduit  de  là,  des  étiuations  (i)  et  des  équations  (B),  qu'on  peut  poser 

les  Q,  et  R,  étant  des  fonctions  ne   dépendant  pas  de  «, ,  les   autres  ^  se 

déduisant  des  précédentes  par  des  permutations  circulaires  sur  les  indices. 

En  écrivant  que  ces  valeurs  des  ^^  vérifient  le  système  (B),  on  lrou\e 

et  des  expressions  analogues  pour  Q.^  et  {)\ .  Si  l'on  exprime  que  ers  valeurs 
de  Q:  ne  dépendent  pas  de  m,  ,  on  trouve 


J2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

('•qualions  renconlrées  aussi  par  M.  Darboux  dans  un  problème  difféivnt 
{Leçons  sur  les  systèmes  orthogonaux,  t.  I,  p.  228).  En  utilisant  la  méthode 
donnée  par  M.  Darboux,  j'ai  trouvé,  dans  le  cas  actuel,  les  résultats 
suivants  :  En  faisant  abstraction  d'une  transformation  de  Conibescure,  il 
n'y  a  comme  système  O  dans  ce  cas  que  le  système  orthogonal  imaginaire  de 
Combescure  (voir  Darboux,  Sysl.  orth.,  p.  272)  et  le  système  formé  par  les 
quadriques  homofocales. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  analytiques  uniformes  à 
singularités  discontinues  non  isolées.  Note  (  ')  de  M.  Arxaud  De.v.ioy,  pré- 
sentée par  M.  Painlevé. 

Dans  la  séance  du  6  décembre  dernier,  M.  Pompéiu  a  communicpK' 
divers  résultats  relatifs  aux  fonctions  uniformes  possédant  un  ensemljle 
parfait  discontinu  de  singularités,  l'osons 

l:zz  fl^{z)clz,  i=lv(u)fl,>.  F_,{z)=  f  F(z)dz. 

C  désigne  un  contour  quelconque  évitant  les  points  singuliers  C;  F  désigne 
un  contour  absolument  arbitraire  pouvant  contenir  des  points  "l.  Knfin,  en 
Z|,  et  z,  V{z)  est  supposée  holomorphe. 

\I.  Pompéiu  envisage  celles  de  ces  fonctions  F  telles  que  toutes  les  inté- 
grales 1  sont  nulles.  Ceci  équivaut  évidemment  à  supposer  l'uniformité  de 
F_,(z).  Car  le  prolongement  analytique  de  F_,  se  fait  en  prenant  tous  les 
chemins  d'intégration  possibles  évitant  les  points  'Ç.  Donc,  dire  que  I  e^t 
toujours  nul  si  le  contour  C  évite  '(,  c'est  dire  que  F„,  est  uniforme.  Doue, 
les  fonctions  étudiées  par  M.  Pompéiu  sont  simplement  des  déiwées  de  fonc- 
tions uniformes  possédant  un  ensemble  parfait  discontinu  de  singularités, 
l'ensemble  E  des  points  '(.  Les  propriétés  de  ces  dérivées  ont  été  énoncées 
déjà,  en  particulier  dans  mes  Notes  des  26  juillet  et  9  août  derniers.  Si 
l'ensemble  E  a  une  longueur  finie,  non  nulle,  F  ne  peut  pas  être  bornée 
(c  étant  la  distance  de  s  à  l'ensemble  E,  il  serait  peut-être  possible  de  mon- 
trer que  Fo  ne  peut  pas  être  infiniment  petit  au  voisinage  de  E).  Si  E  a  une 
aire  nulle  et  une  longueur  infinie,  j'admets  volontiers  (  ])arce  que  je  crois  que 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  ■y.'j  décembre  1909. 


SÉANCE  DU  ')    JANVIER  1910.  33 

la  sinuosité  d'un  ensemble  d'aire  nulle  est  nulle)  que  F  ne  peut  pas  èlre 
bornée  (ni,  sans  doute,  partout  infiniment  petite  relativement  à  logâ~'  ). 

Mais,  où  je  ne  juge  plus  possible  d'accepter  sans  réserves  l'opinion  de 
M.  Pompéiu,  qui  fut  celle  de  tous  les  auteurs,  et  la  mienne  (quand  je 
croyais  que  deux  points,  infiniment  voisins  à  vol  d'oiseau,  l'étaient  aussi,  et 
au  même  ordre  près,  par  un  chemin  extérieur  à  l'ensemble),  c'est  dans  le 
cas  où  l'aire  de  E  n'est  pas  nulle.  Cette  opinion  s'exprime  ainsi  : 

Si  F(^)est  une  fonction  partout  continue,  partout  analytique,  sauf  sur  E, 
il  est  impossible  que  F  soil,  eu  deliors  de  E,  la  dérivée  d'une  fonction  uni- 
forme. 

II  est  d'abord  indiscutable  que  si  la  nullité  de  toutes  les  intégrales  I  en- 
traine celle  des  intégrales  .1.  prises  le  long  d'un  contour  F  pouvant  contenir 
des  points  "C,  comme  l'intégrale  qui  donne  F_,(-)  se  trouve  être  indé- 
pendante du  chemin  d'intégration,  absolument  arbitraire,  comme  le 
nombre  F_, (::)est  une  fonction  admettant  en  tout  point  pour  dérivée  F(  c  ) 
(à  cause  de  la  continuité  de  l''  ),  alors,  cette  fonction  de  z  admet  dans  tout 
le  plan  une  dérivée  (continue,  par  surcroit).  Elle  est  holomorphe  partout. 
Il  y  a  contradiction. 

Mais  je  ne  crois  pas,  malgré  l'affirmation  de  M.  Pompéiu,  qu'il  soil 
possible  de  montrer  que  la  nullité  de  tous  les  I  entraîne  celle  de  tous  les  J, 
quel  que  soit  l'ensemble  E,  même  si  la  sinuosité  est  infinie.  Au  contraire,  si 
la  sinuosité  de  E  est  nulle,  il  est  possible  de  trouver  une  famille  de  contours  C 
tendant  vers  F,  et  tels  que  la  longueur  de  C  tende  vers  celle  de  Y.  Alors, 
1  =  0  entraîne  J  =  o;  F  ne  peut  pas  être  continue.  Pareillement,  si  la  si- 
nuosité est  finie.  On  peut  alors  supposer  que  la  longueur  de  C  reste  finie, 
quand  C  tend  vers  F.  F  ne  jieut  pas  être  continue.  Il  serait  intéressant  de 
connaître  le  raisonnement  par  lequel  M.  Pompéiu  a  pu  s'affranchir  de  la 
considération  de  la  sinuosité.  Tant  que  la  discontinuité  nécessaire  de  F 
n'aura  pas  été  démontrée,  les  résultats  suivants  que  j'ai  établis  garderont 
leur  intérêt. 

Supposons  que  nous  entourions  les  points  de  E  par  une  famille  ç„  d'un 
certain  nombre  n  de  contours  c„.  Soient  /„,  r,,  la  longueur  et  la  plus  grande 
dimension  de  l'un  des  contours  r„.  Supposons  que,  n  croissant  indéfiniment, 
la  famille  o„  tende  vers  E.  Soit  S"  la  somme  des  produits  /„  r'I  relatifs  à  une 
même  famille  -p^.  Le  développement  en  fractions  rationnelles  d'une  fonction 
F|=tl»,  singulière  sur  E,  uniforme,  et  de  ses  dérivées,  montre  que,  les  ç;„ 
étant  convenablement  choisis  : 

1°  Si  S"  reste  borné,   quand  n  croit  indéfiniment   (  il  y  aurait  lieu  de 

c.   I!.,  1910,   i"  Semestre.  (T.   |.",0,  .N  '  1.)  5 


34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chercher  si  ceci  n'équivaut  pas  a  priori  à  une  sinuosité  bornée),  la  fonction  F 
qui  coïncidé  avec  $'  en  dehors  de  E  nerpeut  pas  être  partout  continue. 

2°  Si  S','  reste  bornée,  la  fonction  F,  qui  coïncide  avec  <I>"  hors  de  E  ne 
peut  pas  être  continue,  etc. 

Mais  les  procédés  que  j'ai  donnés  dans  ma  Note  du  6  décembre  permettent 
d'obtenir  des  ensembles  pour  lesquels  S"  est  non  borné  pour  n  infini,  quel 
que  soit  p  fixe.  Pour  de  tels  ensembles,  est-il  possible  d'admettre  qu'il 
existe  une  famille  de  fonctions  F,,  F,,,  ...,  F„(:;),  ....  telles  que  :  i"  F„(c)est 
une  fonction  de  z  partout  continue;  2°  en  tout  point  extérieur  à  E,  F„  est 
analytique  et  est  la  dérivée  de  F„^,  ;  3°  F„  admet  tous  les  points  de  E 
pour  points  singuliers?  Je  n'ose  l'affirmer,  mai';  je  crois  que  le  contraire  est 
encore  à  prouver. 

D'ailleurs,  comme  je  l'ai  fait  remarquer  dans  ma  dernière  Note,  rien  ne 
prouve  que  F_,  soit  bornée,  ni  a fortioii.  F^.,  ...,  F_,,.  Peut-on  affirmer  que 
ces  fonctions  cessent,  à  partir  d'une  certaine  valeur  de/?,  d'êlrcs  uniformes? 
Je  ne  saurais  répondre. 

On  voit  quel  intérêt  il  y  aurait  à  démontrer  un  théorème  tel  que  le  suivant  : 
Les  si/igidari/és  d'une  fonction  uniforme  intégrale  d'une  équation  différen- 
lielle  algébrique  ne  peuvent  former  un  ensemble  discontinu  de  sinuosité  infinie. 

.l'ai  dénîontré  au  sujet  des  ensembles  parfaits  le  théorème  général  suivant  : 
Si  ta  distance  à  \\  de  tous  les  points  des  contours  c„  est  comprise  entre  Iv  î„  et  K'  £„ 
(K  et  Iv'  positifs  fixes),  la  longueur  totale  1^,,  des  contours  c„  peut  être 
supposée  telle  que  I^„  £„  tende  lyers  zéro  avec  i„ . 

Ceci  permet  de  démontrer  cpie  toute  fonction  continue  dans  tout  le  plan, 
holomorphe  hors  d'un  ensemble  1%  est  développable  en  série  de  fraction  ration- 
nelle à  pôles  simples  choisis  sur  1'^  indépendamment  de  la  fonction. 


PHYSIQUE  APPLIQUÉ::.  —  De  la  compression  d'air  adiabatique  appliquée  à  un 
réhicide  ma  par  un  moteur  à  explosion  pour  remplacer  les  transmissions  mé- 
caniques. Notc('  )  de  M.  Camille  Hautier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Si  l'on  comprime  adiabatiqucment  un  certain  poids  d'air,  i''«  par  exemple, 
à  la  pression  de  loo"'"',  et  qu'on  fasse  détendre  aussitôt  cet  iiir  jusqu'à  la 
pression  atmosphérique  sans  perte  de  chaleur  extérieure  {fig.  i  ),  il  rendra 
exactement  le  travail  qu'il  aura  coûté,  sauf  celui  absorbé   par  les  trolle- 


('  )  l'rùseiiloc  (liins  la  séance  ilii  ■>.-  déceniljie  1909. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  35 

ments  dans  les  appareils  de  compression  el  d'ulilisalion.  Le  rendement 
théorique  sera  donc  égal  à  Funité  et  il  en  sera  de  même  pour  toute  autre 
pression  de  compression. 


Compression 


0  0 


Fig.   I.  —  Diagrammes  de  cumpressiou  cl  de  délcnte  adiabatiqiie. 

Le  travail  de  i''?  d'air  sera  mesuré  comme  celui  de  la  délenle  par  la  formule  comme  : 
T  =  42.5X0, 17  {l  —  t')oi\.  test  la  température  absolue  de  l'air  à  la  fin  de  la  compression 
et  t'  la  température  absolue  à  l'aspiration  comme  à  la  fin  de  la  détente,  le  terme  entre 
parenthèses  représentant  ainsi  la  chaleur  produite  ou  utilisée  dont  on  sait  tjue  chaque 
unité  ou  calorie  équivaut  à  423''S™.  Que  l'on  comprime  l'air  adiabatiquement  ou  iso- 
thermiquement,  la  compression  dégage  toujours  une  quantité  de  chaleur  proportion- 
nelle au  travail  de  compression. 

Jusqu'ici,  cette  chaleur  était  entièrement  perdue,  de  sorte  qu'on  s'elTorçait  de  se 
rapprocher  d'une  compression  entièrement  isothermif|ue  pour  réduire  le  tia\ail  à  dé- 
penser. 

Or,  si  Ton  comprime  isothermiquemenl  i™' d'air,  à  100"'"',  on  obtient uii 
volume  de  10',  tandis  que  si  la  compression  est  adiabatique  le  volume 
d'air  produit  est  de  38',  soit  3,8  fois  plus  élevé.  Les  travaux  dépensés  sont, 
d'autre  part,  dans  le  rapport  de  0,371  cheval-heure  (compression  adia- 
batique) à  0,176  cheval-heure  (compression  isothermique),  rapport  égal 
à  2,1. 


r=/ 

U      ''='^'^^ 

I                             / 

II           1 

Fig.  a  el  3.  —  Compression  isothermique  et  adiabatique  :  V,  V  volumes;  /,  V  travaux. 

Les  diagrammes  I  et  II  des  figures  2  et  3  représentent  ces  deux  méthodes. 
On  voit  que  le  fonctionnement  adiabatique  est  de  beaucoup  le  plus  avanta- 
geux, ce  qui  pouvait  se  concevoir,  a  priori^  puisque  dans  cette  méthode  la 


36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chaleur  produite  esl  utilisée,  tandis  qu'elle  est  totalement  perdue  dans  la 
compression  isolliermique.  En  ramenant  dans  les  deux  cas  le  travail  dépensé 
à  I,  on  trouve  que  le  travail  utilisé  dans  le  fonctionnement  adiabatique  est 
égal  à  î,8i  fois  celui  utilisé  dans  le  fonctionnement  isothermique,  soit  une 
augmentation  de  8i  pour  loo  par  rapport  à  ce  dernier. 

Il  faut  voir  dans  la  méthode  isothermique  les  raisons  qui  ont  limité  l'ap- 
plication de  l'air  comprimé  à  la  traction,  aussi  avons-nous  appliqué  l'air 
comprimé  de  la  manière  adiabatique,  mais  à  basses  pressions,  à  seule  fin 
d'éviter  les  températures  excessives  telles  qu'elles  résulteraient  d'une  com- 
pression adiabatique  à  100"''°  et  qui  atteindrait  830"  (]. 

Nous  avons  donc  limité  la  pression  maxima,  dans  notre  application, 
à  iS"*",  soit  363°;  cet  air  arrive  à  l'appareil  récepteur  à  cette  même  tem- 
pérature, sauf  la  perte  peu  appréciable,  due  à  la  conductibilité  des  organes 
de  production  et  d'utilisation  pendant  les  quelques  secondes  qui  s'écoulent 
entre  sa  compression  et  sa  détente. 

L'application  de  ce  principe  a  été  réalisée  sur  un  véhicule  automobile  à 
pétrole,  en  vue  de  donner  au  couple  moteur,  sur  la  transmission,  sans  avoir 
recours  aux  appareils  d'embrayage  et  de  changement  de  vitesse  générale- 
ment employés,  une  valeur  égale  à  celle  d'un  moteur  à  vapeur. 

On  peut  représenter  la  fonction  de  chacun  de  ces  organes  par  les  dia- 
grammes de  la  figure  4. 

Couple  moteur  è  pétrole  (  sur  arbre  du  moleiir  ) 

V.      M  au  moteur  à  air  (suriesrmes).   

-/' "  >-/ .         pêtpo/e  t  sur  les  roues). 

.  «. résultant  (su,  ' 


Déinarraj;c  normal  d'un  \L'liiciiIe  aornihcriiiique. 


Le  moteur  à  pétrole  attaque  dilTérenliellement  par  l'ioterniédiaire  d'un  Irain  épicv- 
cloïdal  la  transmission  et  un  compresseur  d'air.  Le  compresseur  freine  progressive- 
ment la  couronne  extérieure  et  force  les  satellites  montés  sur  Tarbre  de  transmission 
à  actionner  cette  dernière.  L'air  fourni  par  le  compresseur  est  utilisé  aussitôt  sa  pro- 
duction sur  un  moteur. 

Le  couple  moteur  sur  le  ti-ain  épicycloïdal  est  presque  constant  ;  au  démarratie  le 
couple  sur  la   transmission   provenant  des   satellites  est    proportionnel  à   l'eftorl  de 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  19IO.  37 

freinage  sur  la  couronne,  tandis  que  celui  fourni  par  le  moteur  à  air  vient  finalement 
contrebalancer  le  couple  résistant. 

Puis,  à  mesure  que  la  vitesse  s'accélère,  le  rôle  de  l'air  devient  de  moins 
en  moins  important  pour,  enfin,  devenir  nul.  Le  véhicule  n'est  plus  alors 
propulsé  qu'en  prise  directe  après  être  passé  progressivement  par  toutes 
les  vitesses  intermédiaires  entre  le  moment  du  démarrage  et  celte  position 
dite  prise  directe. 

Par  l'adjonction  d'une  bouteille  de  réserve  d'air  ou  accumulateur,  un  tel 
dispositif  permet  d'obtenir  : 

La  mise  en  marche  automatique  ;  la  douceur  de  démarrage  et  la  progres- 
sivité de  la  vapeur;  une  augmentation  momentanée  du  couple  moteur  dans 
les  démarrages  et  dans  les  rampes  ;- la  marche  arrière;  l'application  du 
moteur  à  explosions,  sur  rails,  quelle  que  soit  la  valeur  du  couple  résistant. 


ANALYSE  SPECTRALE.  —  Sur  la  réparti/ion  des  raies  ultimes  dans  le  spectre 
des  diverses  régions  du  Soleil.  Note  de  M.  A.  de  Gramont,  présentée  par 
M.  H.  Deslandres. 

Le  spectre  solaire  et  les  spectres  stellaires  sont  ordinairement  assimilés 
ou  comparés  à  des  spectres  d'arc,  parfois  même  à  des  spectres  de  flammes 
très  chaudes.  Mais  l'existence,  dans  les  différentes  régions  du  Soleil,  des 
spectres  de  lignes  de  l'hydrogène  et  de  l'hélium,  exclusivement  obtenus 
avec  l'étincelle,  montre  bien  que  le  spectre  solaire  comporte  l'intervention 
de  phénomènes  électriques.  Les  études  récentes  des  taches  et  la  découverte 
par  M.  Haie  du  phénomène  de  Zeeman  dans  celles-ci  confirment  encore 
celte  manière  de  voir.  Je  me  permettrai  de  proposer  ici,  à  titre  d'hypo- 
thèse, une  interprétation  de  ce  fait  que  le  spectre  des  éléments  présents 
dans  le  Soleil  parait  voisin  d'un  spectre  d'arc,  bien  que  sa  production  soit 
vraisemblablement  due  à  des  décharges  électriques  ou  accompagnée  de 
celles-ci.  Si,  dans  le  spectre  de  dissociation  (  ')  d'un  composé  métallique 
ou  d'un  alliage,  nous  considérons  l'ensemble  des  lignes  d'un  des  consti- 
tuants, et  si  nous  constatons  la  présence  de  toutes  les  raies  de  son  spectre 
d'étincelle,  comprenant  aussi  celles  de  l'arc,  nous  dirons  que  sa  limite  d'ap- 


is) Comptes  rendus,  t.  CXXI,  8  juillet  iSgS;  Ann.  de  Chim.  et  de  Phvs.,  8"  série, 
l.  XMI,  1909. 


38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

patitiun  totale  est  atteinte  ou  dépassée.  Si,  au  contraire,  nous  faisons 
décroître  sa  teneur  au-dessous  de  cette  limite,  les  raies  spéciales  à  l'étin- 
celle disparaîtront  les  premières,  successivement.  La  quantité  de  l'éléraenl 
considéré  continuant  à  diminuer,  on  arrivera  à  une  teneur  où  il  ne  sera  plus 
représenté  que  par  des  raies  de  l'arc,  puis  seulement  par  les  plus  persis- 
tantes de  celui-ci,  et  finalement  par  les  raies  de  la  flamme  du  chalumeau. 
J'ai  observé  cette  décroissance  régulière,  avec  un  grand  nombre  d'alliages 
ou  de  minéraux,  aussi  bien  que  pour  les  raies  des  métaux  que  pour  celles 
de  certains  métalloïdes,  la  teneur  du  corps  décroissant  ayant  été  parfois 
réduite  jusqu'au  millionième.  Les  raies  les  plus  persistantes,  les  dernières 
à  disparaître,  sont  donc  communes  aux  différentes  sources  de  spectres; 
ces  raies  ultimes  (')  subsistent  avec  l'emploi  d'une  forte  self-induction 
(o,  I  henry).  Si  maintejiant,  à  titre  d'hypothèse,  nous  appliquons  au 
Soleil  les  résultats  précédemment  énoncés,  nous  pourrons  nous  expliquer 
ainsi,  d'une  part,  que  les  raies  ultimes  se  trouvent  dans  toutes  les  régions 
solaires,  depuis  les  taches  jusqu'aux  parties  très  élevées  de  la  chromo- 
sphère; d'autre  part,  que  les  raies  de  l'étincelle  accompagnent  celles  de 
l'arc  dans  le  spectre  des  taches,  régions  basses  et  présumées  correspondre 
à  une  abondance  de  vapeurs  métalliques  denses  où  Ton  se  rappi'ocherait  de 
la  limite  d'apparition  totale. 

Mais  dans  les  régions  les  plus  hautes  de  la  chromosphère,  aux  quelques 
raies  ultimes  (jui  s'y  manifestent,  viennent  s'ajouter  un  très  petit  nombre 
de  raies  de  l'étincelle,  les  enhanced  Unes  ou  raies  renforcées  que  Sir  Norman 
Lockyer  attribue  aux  proto-éléments  résultant  de  la  dissociation  des  corps 
simples.  Nous  pourrons  leur  donner  cette  signification  chaque  fois  que 
nous  les  rencontrerons  séparées  de  l'ensemble  du  spectre  auquel  elles 
appartiennent.  Elles  correspondraient,  au  contraire,  à  une  forte  teneur  de 
l'élément  ordinaire  non  dissocié,  lorsqu'elles  se  trouveraient  comprises  dans 
le  spectre  complet  de  celui-ci,  où  leur  présence  indiquerait  que  la  limite 
d'apparition  totale  a  été  atteinte.  On  trouverait  donc,  dans  les  zones  élevées 
de  la  chromosphère,  à  la  fois  des  vapeurs  très  raréfiées  de  l'élément  inté- 
gral, et  les  produits  de  décomposition  commençante  de  celui-ci.  Kn  résumé, 
cette  hypothèse  revient  à  supposer  que  les  spectres  des  diverses  régions  du 
Soleil  sont  des  spectres  de  dissociation  et  que  leurs  différences  sont  dues 
principalement  à  la  variation  des  proportions  des  éléments  en  présence.  On 
pourrait  même  espérer  en  tirer  des  indications  quantitatives,  portant,  tout- 

(')   Comptes  rendus^  t.  CXL1\  ,  21  mai  1907;  l.  C\L\  .  .',2  juillet  1907. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  3c) 

au  moins,  sur  l'ordre  de  grandeur  des  teneurs  relatives  des  substances  qui 
constituent  les  parties  extérieures  du  Soleil. 

Hauteur. 

Lockyer.        Mitchell. 

Potassium 40^7 1 4 

4044,4 

Rubidium  (?) ^202,0 

Magnésium  (A) 5i83,8*  3,2 

3838,5  4,4 

Calcium  (11) 3968,6 

»        (  K) 3933,8*  i3 

Slrontiuui 421 5, 7  6  4 

»        4077,9"*  6  4 

Barvutn 5.535,3 

>>        4>54,3*  2,5 

Scandium  (  '  ) :|247  ,0  4  2,5 

Il  36i3,9* 

Aluminium 3g6i  ,7*  3,2 

»  3944 .2  3,3 

Silicium 3900  ,  7 

Titane 376  r,  5  3,6 

Plomb 4o58,o* 

«       3683,6 

\  anadium 44o8,5 

Clirome ■J2o8,7 

»         4254,5*  2,5 

Mangam-^e '1033  .  2 

»  4o3o,9  2,4 

Fer 4383,7 

»  4045,9  2,4 

Nickel 3858,5 

),       3807,3 

)i       36  [9, 5* 

Cobalt 4  '  2 1 , 5 

»       4  '  I  •'^ ,  9 

Quant  aux  spectres  des  métalloïdes  qui  n'ont  pas  été  reconnus  dans  le 
Soleil,  et  ne  donnent  pas  de  spectre  d'arc,  du  moins  dans  la  partie  accessible 
aux  observations  astronomiques,  il  n'y  a  lieu  d'en  conclure,  ni  que  ces  élé- 
ments sont  étrangers  au  Soleil,  ni  que  le  spectre  de  celui-ci  doive  être  assi- 
milé à  un  spectre  d'arc.  J'ai,  en  effet,  montré  récemment  (°)  que  les  raies 
de  grande  sensibilité  et  les  raies  ultimes  de  plusieurs  de  ces  métalloïdes, 

(')  D'après  les  travauN.  de  Crookes,  et  sans  véiifîcalion  de  ma  part. 
(-)  Comptes  rendus,  l.  CXLVI,i8juin  1908. 


4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tellure,  phosphore,  arsenic,  anlimoine,  bore,  sont  situées  dans  la  partie  de 
l'ultra-violet  absorbée  par  l'atmosphère  terrestre,  c'est-à-dire  plus  réfran- 
gible  que  X2920  environ.  C'est  dans  cette  région  que  se  trouvent  aussi  les 
raies  sensibles  de  l'or  et  notamment  ses  ultimes  :  2676,0-,  2428,1;  c'est  pour- 
quoi il  a  été  considéré  comme  étranger  au  Soleil. 

Les  raies  ultimes  que  j'ai  déjà  antérieurement  données  ici  pour  un  certain 
nombre  d'éléments  avaient  été  établies  par  rapport  à  l'ensemble  du  spectre 
visible  et  ultra-violet.  Mais  le  champ  de  la  spectroscopie  astronomique  est 
lestreint  non  seulement  par  l'absorption  atmosphérique,  mais  aussi  le  plus 
souvent,  d'une  part,  par  la  matière  des  instruments  employés,  télescopes  k 
miroir  argenté,  ou  lunettes  et  spectrographes  à  partie  optique  en  flint,  et, 
d'autre  part,  par  la  sensibilité  des  plaques  photographiques  courantes.  J'ai 
donc  été  amené  à  dresser,  à  peu  près  dans  ces  limites  et  avec  un  spectro- 
graphe  en  flint,  le  Tableau  (voir  p.  89)  des  raies  les  plus  persistantes  et  les 
plus  sensibles;  il  pourra  servir  pour  les  recherches  chimiques  dans  les  labo- 
ratoires ne  possédant  pas  de  spectrographes  de  quartz.  On  y  trouvera  d'ail- 
leurs pour  les  métaux  alcalins  et  alcalino-terreux,  le  plomb  et  l'aluminium, 
les  raies  ultimes  vraies  pour  tout  le  spectre.  Lorsqu'une  raie  est  notablement 
plus  persistante  que  les  autres  pour  un  élément  donné,  sa  longueur  donde 
y  est  accompagnée  du  signe  *. 

Les  secondes  d'arc  mesurent  le  maximum  de  hauteur  des  raies  dans  le 
spectre  éclair  d'après  Lockyer  (éclipses  de  1898  et  de  1900)  et  de  Mitchell 
(éclipse  de  1901).  Sauf  celles  du  potassium  et  du  rubidium,  toutes  les  raies 
du  Tableau  appartiennent  à  la  chromosphère  |  Kvershed,  Eclipses  de  1900 
{Phil.  Irans.,  t.  (.-Cl);  Dyson,  Eclipses  de  1900,  1901,  r9o5  (PliiL  trans., 
t.  CCV1)J.  Je  signalerai  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  rechercher,  avec  un  matériel 
peu  absorbant,  les  doublets  ultimes  de  l'argent  3  j8'3,o;  3280,8  et  du  cuivre 
'i-2.'](\,o\  3207,6,  ce  dernier  déjà  identifié  dans  la  lumière  totale  du  Soleil 
par  Rowland. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  la  production  de  petites  quantités  d' aldenyde  for- 
mique  dans  l'oxydation  de  l'alcool  éthylique  par  roie  chimique,  physique 
ou  biologique.  Note  (')  de  M.  E.  Voisenet,  présentée  par  M.  A.  Gautier. 

L'aldéhyde  formique  prend  naissance  sous  l'influence  de  réactions  très 
variées.  Celles  (pii  le  produisent  en  petites  quantités  ou  sinq)lement  à  la 


(')  I^résenlée  dans  la  séance  du  >-  décemijre  1909. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  1910.  4l 

dose  de  traces,  sont  fort  intéressantes;  en  particulier,  celles  dans  lesquelles" 
l'aldéhyde  formique  est  le  produit  d'une  réaction  secondaire,  parasite  de  la 
réaction  principale. 

J'ai  constaté  la  production  de  formaldéhyde  à  des  doses  souvent  très 
minimes,  i^râce  à  une  réaction  distincte  de  celles  que  donnent  les  autres 
aldéhydes  grasses,  notamment  l'aldéhyde  acétique  :  cette  réaction  (') 
consiste  dans  l'obtention  d'une  matière  colorante  violette  lorsqu'on  traite 
une  substance  albuminoïde  par  les  acides  sulfurique  ou  mieux  chlorhy- 
drique  lég^èrement  nitreux,  en  présence  de  traces  d'aldéhyde  formique. 
Par  sa  spécificité  et  sa  sensibilité  (,^,,„'^„^^),  cette  réaction  colorée  peut 
rendre  de  précieux  services. 

J'ai  reconnu  la  formation  constante  de  cette  aldéhyde  dans  Toxydalion 
ménagée  de  l'alcool  éthylique,  pur  de  toute  trace  de  composés  méthyliques; 
cette  oxydation  étant  le  résultat  soit  d'une  action  purement  chimique, 
directe  ou  mise  en  jeu  par  un  phénomène  physique,  ou  encore  par  l'inter- 
vention d'un  être  vivant.  En  appliquant  ma  méthode  de  détermination  de 
l'alcool  méthylique  (-)  à  la  recherche  de  cette  substance  dans  l'alcool  du 
vin,  j'ai  remarqué  que  tous  les  échantillons  d'alcool  éthylique  les  plus 
purs  du  commerce  donnaient  eux-mêmes,  après  oxydation  et  élimination 
de  l'acétaldéhyde  par  distillation  fractionnée,  une  légère  coloration  violette 
sous  l'influence  du  réactif  albumine-acide  chlorhydrique  nitreux  sur  les 
premiers  centimètres  cubes  du  fractionnement  subséquent,  comme  si  ce 
fractionnement  eût  contenu  des  traces  de  formaldéhyde  ou  de  ses  acélals. 
Les  propriétés  de  la  matière  colorante  et  les  caractères  spectroscopiques 
sont  identiijues. 

J'ai  recontiu  depuis  que  si,  pour  certains  alcools,  notamment  ceux  de 
maïs,  cette  réaction  doit  être  attribuée  à  la  présence  de  traces  d'alcool 
méthylique,  elle  est  due,  le  plus  souvent  pour  la  majeure  part,  à  la  for- 
mation d'aldéhyde  formique  qui  se  forme  dans  l'oxydation  ménagée  de 
l'alcool  éthylique  lui-même. 

I.  Oxydation  de  l'alcool  éthyliqle  pak  voie  chimiquk.  —  i"  Oxydation  au  moven 
du  mélange  chromique.  —  Gomme  les  alcools  du  commerce  pouvaient  contenir  de 
l'alcool  méthylique  dont  il  n'eût  pas  été  possible  de  séparer  les  dernières  traces  par 
distillation  fractionnée  ou  congélation,  j'ai  dû  préparer  de  l'alcool  éthylique  chimi- 
quement exempt  de  composés  méthyliques.   Tout  d'abord,  employant   une   méthode 

(')  Bull.  Soc.  citini..  i.  \\\1I1,  1905,  p.  1198. 
(-)  Bull.  Soc.  chim..  t.  XXW  ,  1906,  p.  748. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   IMl,  N°  1.)  (j    , 


42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rapide,  sinon  parfaite,  j'ai  préparé  de  l'alcool  par  feniienlalion  de  plusieurs  saccha- 
roses ou  glucose  :  les  divers  échantillons  d'alcool  obtenus,  traités  après  rectification, 
par  le  réactif  albumine-acide  chlorhydrique  nitreux,  sont  restés  incolores.  Cette  véri- 
fication était  indispensable,  notamment  pour  l'alcool  de  sucre  de  canne  ou  de  bette- 
rave, attendu  que  ces  variétés  de  saccharose  contiennent  fréquemment  de  la  formal- 
déhyde  originaire  de  la  cuite.  Chacun  de  ces  échantillons  d'alcool,  soumis  à  l'oxydation 
ménagée  par  mélange  chromique,  donna,  après  séparation  de  l'acétaldéliyde,  un  frac- 
tionnement se  colorant  légèrement  en  violet  par  le  réactif  albumine-acide  chlor- 
hydrique nitreux,  accusant  ainsi  la  présence  du  méthanal  formé  par  oxydation. 

Incomplètement  satisfait  de  ce  résultat,  je  me  décidai  à  préparer  de  l'alcool  pur  par 
d'autres  procédés  :  i"  hydrogénation  de  l'acétaldéhyde  pure  régénérée  de  la  métaldéhyde 
ou  de  la  paraldéhyde  pures;  2°  synthèse  de  Berlhelot  par  l'éthylène  ;  3°  action  de  l'acide 
sulfurique  pur  sur  l'éther  pur  et  décomposition  ultérieure  par  l'eau  de  Tacide  éthyl- 
sulfurique  formé. 

Je  me  borne  à  indiquer  que  par  l'application  de  chacune  de  ces  méthodes  j'ai  obtenu 
quelques  centimètres  cubes  d'un  liquide  alcoolique  bouillant  entre  78°-79°,  dont 
chaque  échantillon  a  été  vérifié  exempt  de  toute  trace  de  formaldéhyde.  En  soumettant 
ensuite  chacun  d'eux  à  l'oxydation  ménagée  par  le  mélange  chromique.  j'ai  toujfiurs 
constaté  la  présence  de  l'aldéhyde  formique. 

.l'ajoute  que  la  comparaison  colorimétrique  des  teintes  violettes  fournies  par  les 
échantillons  d'alcool  précédents  et  ceux  de  fermentation  m'a  permis  de  conclure  à 
l'absence  de  tout  composé  méthylique  chez  plusieurs  de  ces  derniers;  aussi  est-ce 
avec  de  tels  produits  que  j"ai  effectué  les  recherches  suivantes. 

2°  Oxydation  de  l'alcool  éthyliqae  par  divers  agents  chiniicjiics  oxydants  usuels  : 
ozone,  eau  oxygénée  ou  composés  générateurs  de  ce  corps,  oxydes  de  l'azote,  chlore  et 
hypochlorites,  mélange  manganique,  etc. 

J'ai  reconnu  que  tous  ces  agents  engendrent  également  des  traces  d'aldéhyde  for- 
mique avec  l'alcool  élhylique  pur  :  en  particulier,  le  réactif  albumine-acide  chlorhy- 
drique nitreux  permet  de  reconnaître  cette  aldéhyde  dans  le  distillatum  aqueux  résul- 
tant de  la  préparation  du  chloroforme  par  la  méthode  de  Soubeiran,el  aussi  parmi 
les  produits  de  l'action  de  l'acide  azotique  dilué  sur  l'alcool. 

II.  Oxydation  de  l'auiool  éthyliqie  par  voie  physiquk.  —  i"  Oxydation  par  catalyse. 
—  L'aldéhyde  formique  figure  parmi  les  produits  d'oxydation  de  l'alcool  par  action 
de  contact.  On  peut  s'en  rendre  compte  en  répétant  avec  cette  substance  l'expérience 
dite  de  la  lampe  sans  flamme;  après  quelques  minutes  de  réaction,  on  peut  recon- 
naître la  présence  de  formaldéhyde,  soit  directement,  soit  après  distillation.  L'oxy- 
dation de  l'alcool  par  les  métaux  pulvérulents  conduit  à  la  même  formation. 

2°  Oxydation  par  électrolyse.  —  La  présence  d'aldéhyde  formique|parnii  les  produits 
nés  au  cours  de  cette  action  n'a  pas  été  encore  signalée.  Or,  la  formation  de  ce  corps 
en  pareille  circonstance  est  constante,  qu'il  s'agisse  d'alcool  concentré  ou  dilué;  en 
particulier,  si  l'on  soumet  un  mélange  de  5o'^"''  d'alcool  à  90°  ou  à  3o°et  de  5'°'*  d'acide 
sulfurique  au  quart,  à  l'action  éleclroly tique  du  courant  de  quatre  éléments  Bunsen, 
durant  2'(  heures,  le  liquide  soumis  à  la  distillation  fractionnée  lentement  conduite 
donnera  d'abord  une  coloration  jaune  par  le  réactif  (coloration  due  à  l'aldéhyde  acé- 
tique), puis  une  coloration  violette  due  à  la  présence  de  formaldéhyde. 


SÉANCE  DU  H  JANVIER  1910.  43 

III.  Oxydation  ue  l'alcool  ÉnivLiyiii  I'ak  voie  iiiologiqle.  —  La  fixalion  d'oxygène 
sur  l'alcool  par  l'inlermédiaire  des  mycodenna  vint  ou  aceli  donne  une  trace  d'al- 
déhyde formique.  En  particulier,  si  l'on  réalise  une  préparation  de  vinaigre  d'alcool, 
et  si  l'on  soumet  le  liquide  acide  à  une  distillation  fractionnée  lente  que  l'on  suit  à 
l'aide  du  réactif,  on  obtient  d'abord  une  coloration  jaune  due  à  de  l'acétaldéliyde,  et 
bientôt,  avec  le  fractionnement  ultérieur,  une  coloration  violette  bien  nette  accusant 
la  présence  de  formaldéhvde.  La  même  expérience  répétée  avec  du  vrai  vinaigre  de  vin 
conduit  à  un  résultat  semblable  :  l'oxydation  de  l'alcool  du  vin  par  le  inycoderma 
vint  donne  lieu  à  une  semblable  observation. 

La  quanlitc  d'aldéhyde  formicjtie  qui  prend  ainsi  naissance  varie  avec 
chacun  des  modes  précités;  elle  est  variable  suivant  les  conditions  expéri- 
mentales; elle  est  surtout  faible  dans  Toxydation  par  voie  biolojiique. 

Malgré  ces  doses  inlinitésimales,  ce  cas  particulier  de  production  de 
l'aldéhyde  formique  est  très  intéressant  :  en  effet,  il  resserre  le  lien  d'ana- 
logie entre  les  résultats  des  phénomènes  physiques  ou  chimiques  et  ceux 
d'origine  biologique,  dette  analogie  se  double  ici  d'un  fait,  paradoxal  en 
apparence,  celui  de  l'élaboration  d'un  corps  toxique  par  des  êtres  vivants 
dans  le  milieu  oti  ils  fonctionnent  et  se  multiplient.  Le  chimiste  devra  tenir 
compte  de  cette  formation  parasite  dans  la  recherche  fondée  sur  la  trans- 
foniialion  en  aldéhyde  de  l'alcool  méthylitjue  dans  l'alcool  du  vin,  au 
moins  quand  cette  impureté  n'y  figurera  qu'à  l'état  de  traces.  A  un  autre 
point  de  vue,  ce  mode  de  production  invite  le  législateur  à  se  mettie  en 
garde  contre  les  dangers  de  la  prohibition  absolue  de  la  formaidéhyde, 
puisque  cet  antiseptique  fait  partie,  au  moins  en  proportion  infinitésimale, 
d'une  matière  alimentaire,  le  vinaigre. 


CHLVIIE.  ^  Nouvelle  méthode  permettant  de  déceler  des  traces  d'alcools. 
Note  de  M.  E.  de  Stœckhx,  présentée  par  M.  Roux. 

.l'ai  montré  dernièrement  (')  comment  on  peut,  à  l'aide  de  systèmes 
peroxydasiques  très  simples,  transformer  instantanément  la  plupart  des 
alcools  en  aldéhydes  correspondantes.  On  peut  fonder  sur  cette  réaction 
une  méthode  permettant  de  rechercher  des  traces  d'alcools. 

A  cet  effet  on  ajoute  au  liquide  à  étudier  de  l'eau  oxygénée  et  tel 
composé  organique    du   fer  approprié  réagissant  catalytiquement  sur  le 

(')  E.  DE  Stokcklin.   Comi)les  rendus,   28  décembre  lyoS. 


44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peroxyde  pour  former  avec  lui  un  système  peroxydasique  susceptible 
d'attaquer  l'alcool.  La  plus  grande  partie  de  l'alcool  oxydé  passe,  ainsi  que 
je  l'ai  montré  (' j,  à  l'état  d'aldéhyde  que  l'on  met  en  évidence  par  le  réactif 
bien  connu  de  cette  famille  de  corps  :  la  solution  de  fuchsine  décolorée  par 
l'anhydride  sulfureux. 

Cette  réaction  est  d'une  sensibilité  telle  qu'il  m'a  suffi  de  quatre  gouttes 
d'une  solution  alcoolique  au  dix-millième  pour  y  retrouver  nettement  la 
présence  du  corps  cherché  ;  encore  n'ai-je  pas  atteint,  ici,  la  limite  de  sen- 
sibilité de  la  réaction. 

Les  manipulations  qui   interviennent  au  cours  de  cette  recherche  sont 
d'une  grande  simplicité.  On  prépare  d'abord  les  quatre  solutions  suivantes 
■qui  se  conservent  assez  longtemps,  surtout  les  trois  premières  : 

1°  Quiiihydrale  de  fer.  —  Elle  contient  r™s  de  fer  par  centimètre  cube.  On  la 
prépare  en  ajoutant  un  sel  ferricjue  à  une  solution  saturée  vers  80°  de  quinhydrone 
fraîchement  préparée. 

3°  Tannate  de  fer.  —  Elle  contient  également  !'"<-'  de  fer  par  centimètre  cube.  On 
la  prépare  en  ajoutant  un  sel  ferrique  à  une  solution  aqueuse  de  tannin  à  3  pour  100. 

3°  Eau  oxygénée  à  5  pour  100.  Préparée  à  partir  du  perhydrol  de  Merck. 

4"  Bisulfite  de  rosaniline.  —  On  la  prépare  selon  les  indications  données  dans  la 
méthode  d'analyse  officielle  des  alcools. 

Lorsqu'on  est  en  possession  de  ces  quatre  liqueurs,  voici  comment  l'on  procède. 

On  prélève,  si  possible,  environ  i*^"'  du  liquide  à  essayer  (si  le  liquide  est  précieux, 
4  ou  5  gouttes  suffisent)  qu'on  introduit  dans  un  tube  à  essai;  dans  le  cas  où  le  liquide 
est  alcalin,  on  l'acidifie  très  légèrement  par  l'acide  acétique;  dans  le  cas  contraire,  si 
l'acidité  est  notable,  on  la  ramène  vers  la  neutralité  à  la  phtaléine  sans  y  atteindre  tout 
à  fait.  Ce  point  acquis,  on  ajoute  alors  deux  gouttes  de  quinhydrate  de  fer  au  liquide 
contenu  dans  le  tube,  suivies  aussitôt  de  trois  à  quatre  gouttes  d'eau  oxygénée.  On 
agite  le  tube  pendant  quelques  secondes,  après  quoi  l'on  additionne  le  tout  de  i""'  à  2"^'"' 
de  bisulfite  de  rosaniline;  on  agite  de  nouveau  et  on  laisse  reposer.  Si  le  liquide 
contient  de  l'alcool,  on  constate  au  bout  de  quelques  minutes  l'apparition  d'une 
coloration  violacée  plus  ou  moins  intense  suivant  la  quantité  d'aldéhyde  respectivement 
d'alcool  contenue  dans  la  liqueur  soumise  à  l'oxydation. 

De  l'opération  conduite  comme  je  viens  de  l'indiquer,  on  ne  peut 
conclure  qu'à  la  présence  ou  l'absence  d'un  alcool,  cet  alcool  fùt-il  la  gly- 
cérine (-).  Pour  obtenir  plus  de  précision,  il  faudra  répéter  l'opération  en 
remplaçant  le  quinhydrate  de  fer  par  le  tannate;  une  réaction  positive  indi- 
quera qu'on  est  eu  présence  dun  mono-alcool  normal  appartenant  à  l'tin 

(')   E.  DE  Stokcklix,   Comptes  rendus,  iT)  février  1909. 

(-)  E.  DE  Stoecklin  et  E.  VuLQurn,  Comptes  rendus,  mai  1909. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    1910.  45 

des  quatre   premiers    termes   de    la    série    grasse    (voir    Comptes   rendus, 
i5  février  1909). 

Cette  méthode  combinée  à  celle  de  Denigès  (')  pour  la  recherche  de  la 
glycérine  donne  pour  ce  corps  en  particulier  des  renseignements  très  sûrs. 
Il  suffit,  en  effet,  de  faire  bouillir  au  préalable  le  liquide  pour  en  chasser 
les  alcools  volatils  qu'il  pourrait  contenir,  le  séparer  en  deux  portions;  sur 
Tune  on  fera  réagir  le  bisulfite  qui  indiquera  la  présence  d'aldéhyde  glycé- 
rique,  sur  l'autre  la  codéine  suivant  les  prescriptions  de  Denigès,  sans  qu'il 
soit  nécessaire  d'avoir  recours  au  préalable  à  l'acide  iodhydrique. 

Cette  seconde  réaction  est  caractéristique  de  la  dioxyacétone.  Si  les  deux 
réactions  sont  positives,  on  pourra  conclure  à  la  présence  de  glycérine  avec 
quelque  certitude. 

Cette  méthode,  ainsi  qu'on  le  voit,  possède  des  avantages  appréciables 
sur  les  méthodes  similaires:  elle  est  d'un  emploi  excessivement  simple  et 
facile,  d'une  sensibilité  plus  grande  qu'aucune  autre,  d'une  netteté  parfaite, 
et  elle  n'exige  aucun  tour  de  main  spécial.  De  plus,  elle  peut  s'appliquer  di- 
recterrient  aux  liquides  les  plus  divers  sans  que,  la  plupart  du  temps,  il  soit 
nécessaire  d'avoir  recours  à  une  distillation  préalable.  C'est  ainsi  que  j'ai 
obtenu  des  résultats  très  nets  en  agissant  directement  sur  des  liquides  tels 
que  des  préparations  pharmaceutiques  variées,  parfums,  macérations 
d'organes  animaux,  extraits  microbiens,  sérums,  liquides  physiologiques,  etc. 
Il  est  cependant  toujours  préférable  d'avoir  recours  à  la  distillation,  si 
l'on  n'a  pas  obtenu  de  résultat  positif  sur  le  liquide  primitif.  Quelques 
gouttes  de  distillât  suffisent. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la   séparation  du  saccharose  et  du  lactose 
par  le  ferment  bulgare.  Note  de  M.  L.  Margaillan,  présentée  par 
•    M.  Roux. 

Parmi  les  ferments  lactiques  vrais,  le  ferment  bulgare  qui  a  fait,  ces 
dernières  années,  l'objet  d'un  certain  nombre  de  recherches  d'ordre  chi- 
mique (^)  ou  physiologique  (')  mérite  une  attention  toute  spéciale  par  sa 

(•)  Denigès,  Comptes  rendus,  18  janvier  1909. 

(^)  G.  Bertrand  et  G.  Weisveiller,  Annales  de  l Institut  Pasteur,  t.  XX,  p.  977. 
—  G.  Bertrand  et  F.  Duchaiiek,  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  XXIII,  p.  /Joa. 

(')  M.  CoHENDY.  Comptes  rendus  Soc.  Biol.  Paris,  t.  I,  1906,  p.  558.  —  E.  Metc.h- 
NIKOFF,  Essais  optimistes,  4°  Partie,  V. 


.'|0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

puissance  de  feniieiiLalion  de  certains  liydrales  de  carbone  qu'il  Iransfoniio 
presque  exclusivement  en  acide  lactique  avec  un  rendement,  supérieur  à 
97  pour  loo. 

MM.  (j.  l>erlrand  et  F.  Duchacek  ont  montré  {loc.  cit.)  que,  cultivé  dans 
des  conditions  identiques  dans  des  milieux  contenant  soit  du  lactose,  soit  du 
saccharose,  ce  microbe  détruit  le  lactose,  mais  ne  touche  pas  au  saccharose. 
Certains  auteurs  (')  avaient,  d'autre  part,  sij^nalé  l'attaque  du  sucre  de 
canne.  .\os  expériences  ont  pleinement  confirmé  la  conclusion  de  MM.  Ber- 
trand et  Duchacek. 

Par  analogie  avec  le  fait  observé  par  M.  Bourquelot  (*),  que  la  fermen- 
tation alcoolique  du  galactose  peut  être  obtenue  par  une  sorte  d'entraîne- 
ment à  l'aide  de  dextrose,  mannose  ou  maltose,  nous  nous  sommes  demandé 
s'il  ne  serait  pas  possible  d'obtenir  l'attaque  du  saccharose  par  un  entraîne- 
ment de  ce  genre  à  Faide  de  lactose  ou  de  glucose,  ce  qui  explicjuerait  la 
contradiction  signalée. 

A  cel  effet,  clans  le  niilieu  de  culture  composé  de  lo'"''  d'eau  de  touraillons  à  i  pour 
100  de  peptone  Gtiapoteaut,  3oo'">'  de  caibonate  de  calcium  précipité,  nous  avons 
introduit  un  mélange  à  proportions  variables  de  lactose  pur  et  de  saccharose  pur  de 
façon  à  avoir  un  poids  total  de  sucres  égal  à  4oo'"*-'. 

La  marche  de  la  l'ermentalion  était  suivie  par  le  pouvoir  réducteur  suivant  la 
méthode  de  M.  G.  Bertrand  (').  Lorsque  tout  pouvoir  réducteur  avait  disparu,  le 
lactose  était  détruit,  nous  procédions  à  l'hvdrolyse  chiorhjdrique  du  saccharose  et 
nous  dosions  le  sucre  interverti. 

En  opérant  ainsi,  nous  avons  toujours  retrouvé  intégralement  la  quantité  de  saccha- 
rose introduite.  Il  n'v  avait  pas  d'entraînement.  Nous  n'avons  pas  eu  plus  d'action  en 
forçant  la  dose  de  pepfone  qui  est  au  plus  haut  point  favorable  au  développement  du 
bacille,  tandis  que  MM.  ïollens  et  Stone  (*)  avaient  pu,  dans  des  conditions  analogues, 
])roduire  la  fermentation  du  galactose.  Nous  n'avons  pas  eu  plus  de  résultats  en  rem- 
plaçant le  lactose  par  le  glucose. 

Nous  avons  pu  dans  ce  milieu  artificiel  caractériser  encore  le  dédoil- 
blement  du  lactose  par  une  lactase  que  nous  n'avons  pas  encore  réussi  à 
isoler  (').  Ceci  montre  l'absence  totale  de  sucrase  et  la  spécificité  très  nette 
de  la  lactase. 

{  ')   M.  CoiiE.xDKY,  loc.  cit.   —  Iv  Meich.mkoff,  loc.  cil. 
C-)  lioi'ityi  Ei.OT,  Comptes  rendus,  t   CVl,  p.  283. 

(')  G.  Behtiiand,  BkII.  .Soc.  cliim.  Paris,  3°  série,  t.  \X\\  ,  i()o(J,  p.  laS.T. 
(')  ToLLE.vs  et  Sto.ne,  D.  client.  G.,  t.  XXI,  p.  ih-i. 

(')  MM.  Bertrand  et  Weisweiller  (/oc.  c«7.  )  ont  été  les  premiers  à  mettre  en  évidence 
le  dédoublement  piéalable  du  lactose  par  la  lactase  du  ferment  bulgare  dans  le  lait. 


SÉANCE  DU  '^  JANVIER  1910.  4? 

Kn  conséquence,  il  nous  a  paru  y  avoir  là  le  principe  d'une  mélhode  de 
recherche  qualitative  et  quanlilalive  du  saccharose  en  présence  du  lactose 
ou  du  glucose  ('),  par  exemple,  dans  les  milieux  naturels;  il  sut'Iirait  de 
cultiver  le  bacille  bulgare  sur  ces  milieux  :  celui-ci  détruira  le  lactose  et 
l'on  dosera  le  saccharose  par  son  pouvoir  réducteur  après  interversion. 
Cette  méthode  s'applique  directement  aux  laits  condensés  avec  addition  de 
saccharose  ou  aux  laits  inaternisés  suivant  la  méthode  de  Budin  et  Michel. 


BOTANIQUE.   —  Sur  les  types  sauvages  de  la  Pomme  de  terre  cultivée.  INote 
de  M.  Pierre  Iîerthault,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

I^es  Solanum  sauvages  que  les  botanistes  et  les  horticulteurs  ont  à  dillé- 
rentes  reprises  rapprochés  de  la  Pomme  de  terre  cultivée  sont  assez  nom- 
breux. Parmi  eux,  les  Solanum  Maglia  Sclilecht.,  Commersonii  Dun., 
eluberosnm  Lindl.,  et  aussi  certains  Solanum  sauvages  rapportés  au 
.s',  tuberosum  L.  ont  été  particulièrement  remarqués  des  praticiens  qui  ont 
espéré  en  obtenir  par  la  culture  des  races  nouvelles  de  Pommes  de  terre  (-). 

Si  les  Solanum  Commersonii  Dun.,  et  Maglia  Schlecht.  sont  des  plantes 
dont  les  caractères  sont  bien  connus  et  pour  lesquelles  aucune  confusion  n'est 
faite  avec  les  espèces  voisines,  il  n'en  est  pas  de  même  du  5.  etuberosurn 
Lindl.  et  du  S.  tuberosum  L.  Récemment  M.  VVittmack  (')  montrait  que  la 
plante  décrite  par  M.  Sutton  (  '  ),  sous  le  nom  de  .S.  etuberosurti,  ne  corres- 
pondait pas  à  l'échantillon  de  Lindley  et  qu'on  était  en  présence  de  deux 
plantes  distinctes.  Mes  observations  confirment  l'opinion  émise  parle  savant 
professeur  allemand;  en  outre,  j'ai  constaté  qu'une  confusion  analogue 
existe  pour  le  5.  tuberosum.  Sous  cette  même  dénomination  on  rencontre 
en  effet  des  plantes  bien  différentes  : 


(')  Le  lactose  et  le  glucose  sont  les  deuv  seuls  sucres  en  présence  desquels  nous 
ayons  appliqué  cette  méthode  séparative.  Mais  d'après  les  recherches  de  M.  G.  r5er- 
trand  et  DucliaceU  (toc.  cit.),  on  doit  pouvoir  y  ajouter  d'autres  sucres,  notamment  le 
lévulose  et  le  galactose. 

(')  J.  Heckkl,  Comptes  rendus,  21  no\embre  1904;  26  décembre  igoa;  24  dé- 
cembre 1906;  3  juin  1907;  5  octobre  1908;  i5  novembre  1909.  — J.  Labergerie,  i5«//. 
Soc.  nat.  Agr.  France,  décembre  igo5;  novembre-décembre  1906;  janvier  1907.  — 
I'l.inchon,  Bull.  Soc.  nat.  Agr.  France,  novembre  1909. 

(')  WiTTMACK,  Die  Stampjlanze  unserer  Kartoffel  (Landtvirt.  Jahrh.,  1909). 

(')  Sutton,  Jouvn.  of  the  lÂnn.  Soc,  1909,  p.  448- 


48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

1"  L'ensemble  de  nos  variétés  cullivées;  jai  examiné  à  Grignon  368  d'entre  elles; 
sur  toutes  les  fleurs  étudiées  le  calice  était  à  dents  longuement  niucronées,  la  corolle  en 
roue,  le  stigmate  globuleux. 

2°  La  plante  sauvage  mexicaine  que  de  Candolle,  dans  le  Prodromus  ('),  réunit  à  la 
Pomme  de  terre,  ainsi  qu'à  l'échantillon  bolivien  qui  figure  sous  le  n°  lit'i- à  l'herbier 
du  Muséum  et  qu'a  récollé  d'Orbigny.  On  aurait,  d'après  de  Candolle,  dans  ces  deux 
plantes  sauvages,  le  véritable  .Ç.  luberosum  de  Linné,  c'est-à-dire  une  plante  dont  le 
calice  esta  muerons  réduits,  la  corolle  en  roue,  le  stvie  mince,  le  stigmate  globuleux, 
les  feuilles  à  nombreuses  folioles. 

3°  l-  ne  plante  que  j'ai  cultivée  à  Grignon  sous  le  nom  de  5.  luberosum  et  qui  provient 
des  collections  de  M.  Sutton.  Ce  Solanum  originaire  du  Mexique  où  l'a  récollé 
M.  Poingle,  difl'éie  des  échantillons  précédents  par  son  calice  pointu,  sa  corolle 
violette,  ses  feuilles  à  5-7  folioles  légèrement  gaufrées  où  la  foliole  terminale  domine. 
J'en  ai  obtenu,  à  partir  des  graines,  cinq  pieds  tous  semblables. 

4°  Uq  échantillon  figurant  à  l'herbier  Diake,  sous  le  n°  333  de  lleller.  ([ui  a  tous  les 
caractères  de  la  Pomme  de  lerre  cultivée.  Celle  plante  mexicaine,  indiquée  par  le  col- 
lecteur comme  S.  luberosum  sponlaneum  in  Cocuslence,  difl'ère  totalement  des  autres 
types  sauvages  et  a  toutes  les  apparences  de  nos  plantes  agricoles. 

5°  Le  5.  luberosum  déjà  distingué  par  Asa  Gray  sous  le  nom  de  5.  luberosum 
boréale  ou  5.  Fendieri  A.  Gray. 

A  coté  de  ces  types,  les  Solanées  tiibérifèfcs  voisines  de  la  Pomme  de  terre 
peuvent  être  comparées  et  groupées  comme  l'indifjuait  de  Candolle  (^),  et 
plus  récemment  M.  Wittmack  (  ''  )  d'après  les  caractères  combinés  de  la  corolle 
et  du  calice.  J'ai  repris  l'étude  de  ces  caractères,  et,  la  complétant  parcelle 
de  la  taille  des  muerons  du  calice,  j'ai  obtenu  la  classification  suivante  pour 
les  plantes  que  j'ai  examinées  vivantes  dans  les  cultures  de  Grignon  et  dans 
celles  de  M.  de  ^ilmorin  à  ^  errières,  ou  sèches  dans  les  grands  herbiers 
parisiens. 

En  résumé  : 

1°  Toutes  les  variétés  de  la  Pomme  de  terre  cultivée  forment,  au  point 
de  vue  des  caractères  lloraux,  un  groupe  très  homogène,  distinct  de  l'en- 
semble des  Solanum  tubérifères  sauvages. 

2°  Sous  le  nom  de  5.  luberosum,  on  a  réuni  jusqu'ici,  avec  les  variétés 
cultivées,  des  plantes  différentes  parmi  lesquelles  j'ai  pu  distinguer  quatre 
types  :  celui  de  Poingle,  ceux  de  de  Candolle,  de  Heller  et  d'A.  Gray.  Cette 
confusion   est  analogue  à   celle  signalée   par  M.  Wittmack  à  propos  de 


I  ')   IJe  Candoi.i.k,  Prodromus,  \ol.  XIII,  p.  3i. 

(-)  Dk  CAM)or.Ln,  Arcli.  Se.  phys.  cl  nul.  de  Génère.  i'>  uiiii  iSSti. 

{'■' )  W'mywi.K.  lier.  il.  deut.  bot.  licsel/s.,   ij  octobre  lyoïj. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    1910.  49 


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Ô   i2 


C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N°  1.) 


5o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

.*>.  etiiberosum  qui  comprend  bien,  ainsi  que  je  l'ai  vérifié,  deux  types 
distincts,  celui  de  Lindley  et  celui  de  Sutton. 

3"  Deux  plantes  récoltées  comme  spontanées,  le  S.  tuherosum  de  Heller 
el  le  Papa  d'Amarilla,  sont  très  voisines  de  nos  variétés  agricoles  et  l'on 
pourrait  être  tenté  de  les  envisager  comme  leurs  types  ancestraux.  Mais  ces 
échantillons,  d'ailleurs  peu  nombreux,  sont  peut-être  ceux  de  plantes  sub- 
spontanées échappées  aux  cultures  depuis  un  temps  plus  ou  moins  long. 
On  ne  peut  donc  tirer  de  leur  ressemblance  avec  la  Pomme  de  terre  aucune 
conclusion  ferme.  Même  observation  pour  le  S.  tuberosum  de  Sutton,  qui 
apparaît  plutôt  comme  un  hybride,  ainsi  cjue  le  pense  avec  laison 
M.  Wittmack. 

4°  Tous  les  Solanum  tubérifères  dont  la  nature  spontanée  paraît  bien 
établie  sont  nettement  difTcrents  de  nos  plantes  agricoles,  notamment  par 
les  caractères  de  la  fleur.  Ceux  qui  s'en  écartent  le  moins  sont  les  S.  tube- 
rosum que  nous  avons  désignés  :  L.,  Pringle  non  L.,  Boréale  A.  Gray  et  le 
S.  Maglia  Schlecht.  Quant  au  S.  verrucosum^  rapproché  du  S.  tuberosum 
par  M.  ^Yittmack,  il  s'en  éloigne  par  son  calice  à  dents  régulières,  ses 
folioles  poilues  et  pointues  cjui  en  font  une  plante  bien  spéciale.  L'examen 
des  seuls  caractères  botaniques  place  encore  plus  loin  de  nos  types  cultivés 
les  5.  CommersoniiTinn.,  O/irondii  Carr.  et  Polyadenium  Greenm. 

Bref,  l'élude  de  ces  espèces  ne  montre  pas  que  nous  puissions  trouver  en 
elles  avec  évidence  le  type  sauvage  de  la  Pomme  de  terre.  Il  convient,  pour 
résoudre  la  question  de  l'origine  de  notre  plante  agricole,  de  cultiver  ces 
formes  sauvages,  de  noter  les  changements  que  peut  leur  imprimer  la 
culture  ou  de  renouveler,  en  précisant  les  conditions  dans  lesquelles  se 
produisent  les  mutations  gemmaires indiquées  par  MM.  Heckel,  Labergerie 
et  Planchon.  Les  S.  Commersonii^  Maglia  et  tuberosum  sont,  en  effet, 
d'après  ces  auteurs,  des  souches  d'où  sont  sorties  par  mutations  nos  variétés 
agricoles.  J'ai  personnellement  réalisé  les  conditions  de  milieu  favorables  à 
la  mutation,  d'après  .AL  Heckel,  et  suivi  dans  les  cultures,  à  Grignon  et 
dans  le  Cher,  un  grand  nombre  de  pieds  de  S.  Commersonii,  mais  je  n'ai 
constaté  jusqu'ici  aucune  modification  spécifique. 

AGRONOMIE.    —   Sur  l'emploi  du  cyanure  de  potassium  comme  insecticide 
souterrain.  Note  de  M.  Th.  Mamelle,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Actuellement,  on  détruit  les  insectes  phytophages  à  vie  souterraine  en 
injectant  dans  le  sol  des  insecticides  volatils  ou  décomposables  qui  y  dif- 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I910.  5l 

fusenl  des  gaz  toxiques.  Le  plus  employé  de  ces  insecticides  est  le  sulfure 
de  carbone  :  il  agit,  en  effet,  très  énergiquement,  mais  il  pi'ésente  les  in- 
convénients suivants  : 

1°  Son  odeur  fait  fuir  les  animauN.  et  permet  à  ceux  qui  gagnent  la  surface  du  sol 
d'échapper  à  la  destruction  ; 

2°  Il  est  très  toxique  pour  les  végétaux  et  détruit  souvent  la  plante  qu'on  voulait 
protéger; 

3"  Il  arrête  les  fermentations  du  sol  et  par  ceJa  même  peut  nuire  à  sa  fertilisation 
ou  supprimer  les  effets  calorifiques  qu'on  recherche  dans  celte  fermentation,  comme 
ceux  qu'on  observe  dans  les  couches  des  horticulteurs. 

Le  cyanure  de  potassium,  utilisé  de  la  même  façon,  a  une  action  tout 
aussi  énergique  et  ne  présente  pas  les  inconvénients  du  sulfure  de  carbone. 

Le  cyanure  de  potassium  injecté  dans  le  sol,  en  solution  aqueuse,  y  subit 
une  décomposition  provenant,  soit  de  Faction  de  l'anhydride  carbonique, 
soit  de  celle  du  bicarbonate  calcique  qui,  par  des  réactions  d'équilibre, 
déplacent  peu  à  peu  l'acide  cyanhydrique  de  son  sel.  Le  gaz  ainsi  libéré  se 
diffuse  dans  le  sol  et  sa  présence  se  traduit  pratiquement  par  la  destruction 
de  tous  les  animaux  qui  s'y  trouvent. 

L'application  du  C3'anure  de  potassium  est  faite  au  moyen  d'un  pal  injecleur  du 
modèle  couramment  employé  en  agriculture.  Le  sol  reçoit  une  série  de  coups  de  pal 
(de  6  à  i5  par  mètre  carré),  suivant  la  perméabilité  du  sol,  en  injectant,  cliaque  fois, 
S""'  à  to""'  d'une  solution  de  cyanure  de  potassium  à  200''  par  litre  d'eau,  soit  donc 
environ  |8,5  à  20  de  sel  pour  chaque  coup  de  pal  et  de  los  à  20s  en  moyenne  par  mètre 
carré. 

>L«s  injections  sont  faites  de  10'"  à  ao''""  de  profondeur. 

A  cette  dose,  le  sol,  suivant  sa  composition  et  sa  perméabilité,  se  charge 
plus  ou  moins  vile  d'acide  cyanhydrique,  et  l'on  peut  constater,  à  la  fois, 
la  puissance  de  destruction  de  cet  acide  et  les  avantages  qu'il  présente  sur 
le  sulfure  de  carbone. 

1"  L'action  du  cyanure  de  potassium  est  plus  lente  à  se  produire  mais 
elle  est  plus  complète.  Elle  ne  se  manifeste  bien  qu'au  bout  de  quelques 
jours,  tandis  qu'avec  le  sulfure  de  carbone  l'action  est  rapide  et  brutale,  et 
dans  les  sols  très  perméables  s'observe  même  au  bout  de  quelques  heures. 
De  plus,  les  animaux  ne  paraissent  pas  s'apercevoir  de  la  présence  du  cyanure 
de  potassium,  ils  ne  fuient  pas  et  en  subissent  d'autant  mieux  les  effets;  on 
les  retrouve  toujours  morts  à  la  même  place  qu'ils  occupaient  alors  qu'ils 
étaient  vivants,  tandis  que  ceci  ne  s'observe  pas  avec  le  sulfure  de  carbone. 


52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2"  Les  plantes  en  pleine  végétation  ne  souffrent  pas  de  ce  traitement, 
même  en  l'employant  à  de  très  fortes  doses. 

Des  pélargoniums  attaqués  par  des  termites,  et  plantés  dans  des  pots 
de  i'  de  capacité,  supportent,  sans  inconvénients,  lo"™'  d'une  solution  de 
cyanure  de  potassium  au  |,  tandis  qu'ils  sont  grillés  avec  i^  de  sulfure  de 
carbone. 

3°  Les  fermentations  du  sol  ne  semblent  pas  arrêtées  ;  dans  tous  les  essais 
et  traitements  appliqués  on  n'a  pas  observé  d'arrêt  de  végétation,  qui 
serait  la  conséquence  d'un  arrêt  de  fermentation. 


PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  lïtude  de  l'action  des  rayons  ultraviolets  sur 
les  microbes.  Note  (')  de  M"*^  P.  CEnsovoDEAisu  et  M.  Victor  Henri,  pré- 
sentée par  M.  Roux. 

Depuis  les  premières  recherclies  expérimentales  de  Downes  el  Blunt  (1877)  sur 
l'aclion  de  la  lumière  sur  les  microbes,  un  1res  grand  nombre  d'auteurs  se  sont  occupés 
de  celte  question  ;  les  travaux  principaux  sont  ceux  de  Duclaux  (  1 885  ),  Arloing  (  i885), 
Koux  (1887),  Buchner  (1892),  Marshall  Ward  (iSgS),  Ledoux-Lebard  (1898), 
Richardson  (1898),  Dieudonné  (1894),  Finsen  el  ses  élèves  Bie,  S.  Bang,  Dreyer, 
Jansen  (1899  à  191)7),  Tappeiner,  Jodlbauer  et  leurs  élèves  (1905  a  1909),  etc. 

Nous  nous  sommes  proposé  d'analyser  les  différents  facteurs  physiques 
et  chimiques  qui  interviennent  dans  cette  action. 

Teclinii/ue.  —  Nous  nous  sommes  servis  de  quatre  lampes  en  quartz  aux  vapeurs  de 
mercure  :  lleraeus  de  110  volts,  4  à  5  ampères;  la  lampe  de  la  Quarzlampengesellschaft 
de  Hanau  de  1 10  volts;  la  lampe  de  W'estinghouse  Cooper  Hewitt  à  Paris  de  iio  volts 
el  la  même  lampe  \^  .  G.  II.  de  220  volts,  3  ampères. 

L'émulsion  parfaitement  homogène  était  placée  dans  des  vases  cylindriques  ou  évasés, 
sous  la  lampe  à  une  distance  plus  ou  moins  grande.  On  prélevait  à  des  intervalles  de 
temps  déterminés,  toujours  du  fond  du  vase,  i""'  à  2''"'"  de  liquide,  qu'on  répartissait 
dans  deux  tubes  de  bouillon  frais. 

L'influence  de  la  teneur  en  microbes  étant  faible,  nous  avons  pris  dans  la  plupart  des 
cas  des  émulsions  contenant  en  mo\enne  de  loooo  à  100000  microbes  par  centimètre 
cube. 

Les  expériences  oui  élé  faites  avec  les  microbes  suivants  :  B.  coli,  B.  typhique.  Sta- 
phylocoque doré,  Pneumobacilie  de  Kriedliinder,  B.   dvsentérique,  V.   cholérique,  B. 


{')  Présentée  dans  la  séance  du  27  décembre  1909. 


SÉANCE  DU  3  JANVIER  I910.  53 

charbonneux  (asporogène  el  sporogène),  Sarcine  orange  et  lilanche,   B.   pliléole,   B* 
tétanique,  B.  suhtilis,  B.  megalherUiin. 

Résultats.  —  1"  Influence  de  la  dislance  et  comparaison  des  lampes.  — 
L'action  bactéricide  des  rayons  ultraviolets  décroît  plus  vite  que  le  carré 
de  la  distance.  La  lampe  à  220  volts  est  pour  les  faibles  distances  cinq  fois 
plus  active  que  la  lampe  à  1 10  volts  et  pour  les  grandes  distances  la  difl'é- 
rence  entre  les  deux  lampes  est  encore  plus  forte. 

Voici  les  durées  de  destruction  à\i  B.  coli  par  ces  deux  lampes  : 

Lampe  W.  C.  H. 
Distances.  iio  volts.  220  volts. 

60 3oo  3o 

40 180  l5 

20 20  4 

10 4  <    ' 

2"  Influence  de  l'épaisseur  de  la  couche  liquide.  —  L'action  bactéricide  est 
un  peu  plus  forte  lorsque  l'émulsion  est  en  couche  épaisse  de  aS*^"  que  lors- 
qu'elle est  en  couche  mince  de  2*"  ou  o*^™,5. 

3"  Influence  de  la  température.  —  L'action  bactéricide  se  produit  avec  la 
même  vitesse  aux  températures  de  o",  18°,  2.5°,  35°,  45°  et  55".  Elle  se  pro- 
duit aussi  bien  pour  une  émulsion  congelée. 

4°  Action  en  V absence  d'oxygène.  —  L'action  des  rayons  ultraviolets  se 
produit  à  peu  près  avec  la  même  vitesse,  en  l'absence  d'oxygène,  que  dans 
l'air.  Nous  avons  obtenu  ce  résultat  pour  le  B.  coli,  B.  charbonneux,  B.  sub- 
filis,  B.  du  tétanos  et  les  microbes  de  l'eau  de  source. 

5°  Irradiation  du  milieu.  Râle  de  l'eau  oxygénée.  —  Une  émulsion  faite 
dans  de  l'eau  irradiée  pendant  plusieurs  heures  n'est  pas  plus  sensible  aux 
rayons  ultraviolets  que  l'émulsion  faite  dans  de  l'eau  ordinaire.  On  sait  que 
les  rayons  ultraviolets  produisent  la  formation  d'un  peu  d'eau  oxygénée  ;  nous 
trouvons  que  la  quantité  de  H-0^  formée  dans  l'eau  distillée  en  3o  minutes 
par  la  lampe  ^V.  C.  H.  de  220  volts  à  20*""  de  distance  correspond  environ 
à  une  solution  o,ooooo5  normale,  c'est-à-dire  contenant  J  de  milligramme 
de  H-O-  par  litre,  or,  l'eau  oxygénée  exerce  une  action  stérilisante  sur  le 
B.  coli  seulement  à  une  concentration  4oo  fois  plus  forte.  De  plus,  si  l'on  fait 
l'émulsion  du  B.  coli  dans  une  solution  diluée  de  H^O^  (o,oo()o5  normale) 
et  qu'on  l'expose  aux  rayons,  l'action  bactéricide  n'est  pas  accélérée.  Par 
conséquent  on  ne  peut  pas  attribuer  cette  action  à  la  formation  d'eau  oxy- 
génée. 


54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

6"  Influence  de  la  nature  des  microbes.  —  Les  difFérents  microbes  n'ont 
pas  tous  la  même  sensibilité  aux  rayons  ultraviolets.  Ce  n'est  ni  la  résistance 
à  la  chaleur,  ni  la  forme,  ni  la  taille,  ni  la  pigmentation  qui  paraissent  inter- 
venir d'une  façon  prédominante  dans  ces  différences.  Voici  les  durées  com- 
parables : 

Staphylocoque  doré,  5  à  lo  secondes;  vibrion  cholérique,  lo  à  i5;  Bacillus  coli, 
i5  à  20  ;  bacille  lyphique,  lo  à  20;  bacille  dysentérique  (Shiga,  Dopter),  10  à  20; 
pneumobacille  de  Friedlander,  20  à  3o  ;  sarcine  blanche,  20  à  3o  ;  sarcine  orange,  4o 
à  60  ;  bacille  phléole,  3o  à  60  ;  bacille  charbonneux  (sporogéne),  20  à  3o  ;  Bacillus 
subtilis,  3o  à  60  ;  bacille  du  tétanos,  20  à  60  ;  Bacillus  megatheriuni,  3o  à  (3o. 

7"  Nature  des  rayons  actifs.  —  Le  spectre  de  la  lampe  à  mercure  contient 
un  très  grand  nombre  de  radiations  ultraviolettes  qui  s'étendent  jusqu'à  la 
longueur  d'onde  2224.  Les  raies  fortes  que  nous  avons  repérées  par  com- 
paraison avec  le  spectre  de  l'arc  du  fer  sur  des  photographies  que  nous  avons 
faites  avec  le  spectrographe  de  M.  Lrbain  sont  les  suivantes  :  3908;  3663, 
3654,  365o;  334i  ;  3i3i,  3i26;  3027,  3026,  3o23,  3o22;  2967,  2925, 
2894;  2857;  2820;  2804,  2803  ;  2709,  2702;  26995  2673;  2655,  2654, 
2652;  2640;  2071;  2535,  2534;  2483,  2482,  2481;  2400;  2379;  2346; 
23oi;  2276;  2262;  2224. 

En  interposant  une  plaque  de  verre  blanc  de  1'"'",  on  arrête  tout  le  spectre 
ultraviolet  après  les  raies  3o27-3o22;  ces  dernières  ne  traversent  le  verre 
que  très  affaiblies.  Dans  ce  cas  l'action  bactéricide  est  extrêmement  ralentie  ; 
il  faut  une  exposition  de  3  à  5  heures  au  lieu  de  i5  à  20  secondes  pour  stéri- 
liser une  émulsion  de  B.  coli. 

Une  plaque  de  mica,  deo'"",2  d'épaisseur,  qui  arrête  les  rayons  ultra- 
violets à  partir  de  la  raie  2739  et  qui  laisse  encore  passer  2804  et  28o3  affai- 
blies, a,  pour  la  lampe  à  1 1  o  volts,  presque  le  même  effet  que  l'écran  de  verre. 

Une  plaque  de  viscose  de  o"'"',2  d'épaisseur,  qui  arrête  les  rayons 
extrêmes  à  partir  de  la  raie  2483,  retarde  un  peu  la  stérilisation  ;  on  l'obtient 
en  60  secondes. 

Des  traces  de  bouillon  ajouté  à  l'émulsion  retardent  très  fortement  la 
stérilisation;  le  bouillon  arrête  tous  les  rayons  ultraviolets  à  partir  de  2925. 

Par  conséquent,  les  rayons  ultraviolets,  de  beaucoup  les  plus  bactéricides, 
sont  ceux  qui  ont  une  longueur  d'onde  au-dessous  de  2800  unités  Angstrôm. 
Remarquons  que  le  protoplasme  (albumine,  gélatine,  sérum,  etc.)  absorbe 
les  rayons  ultraviolets  au-dessous  de  2900  unités.  Ce  sont  donc  les 
rayons  al)sorbés  par  le  protoplasma  des  cellules  qui  exercent  une  action 
alnoti(iue. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    I910.  55 

MÉDECINE  EXPÉRIMENTALE.  —  La  paralysie  infantile  expérimentale.  Note 
de  MM.  C.  Levaditi  et  K.  Landsteiner,  présentée  par  M.  Roux. 

Dans  deux  Notes  publiées  antérieurement  (')  nous  avons  démontré  la 
transmissibilité  de  la  poliomyélite  aiguë  de  l'homme  au  Chimpanzé  et  la 
possibilité  d'inoculer  la  inaladie  en  série  aux  Simiens  inférieurs.  Nous  avons 
insisté  également  sur  les  propriétés  du  virus  de  cette  maladie  :  sa  filtrabiiité  à 
travers  les  bougies  Berkefeld  et  Chamberland,  sa  résistance  à  la  dessiccation, 
ses  voies  de  pénétration  et  d'envahissement.  Voici  les  nouveaux  faits  enre- 
gistrés depuis  : 

1.  Résistance  à  la  dessiccation.  —  Dans  les  expériences  dé^jà  publiées, 
nous  nous  sommes  servis  de  virus  desséché  suivant  le  procédé  de  Pasteur, 
appliqué  aux  moelles  rabiques.  Depuis,  nous  avons  constaté  que  la  moelle 
sim,plement  desséchée  dans  le  ride,  sur  de  l'acide  sulfurique,  conserve  an  moins 
pendant  quinze  jours  sa  virulence.  Ainsi,  une  émulsion  de  moelle  dans  de 
l'eau  salée  est  desséchée  dans  ces  conditions  et  gardée  i5  jours  à  la  tempé- 
rature de  la  chambre.  Triturée  dans  un  mortier  et  suspendue  dans  de  l'eau 
salée,  elle  est  injectée  dans  le  cerveau  et  le  péritoine  du  Cynomolgus  n°  55. 
L'animal  se  paralyse  après  une  incubation  de  9  jours  et  succombe  le 
dixième,  avec  des  lésions  typiques. 

2.  Filtration.  —  Les  filtralions,  dont  les  résultats  ont  été  publiés  antérieu- 
rement, ont  été  faites  à  travers  des  bougies  Berkefeld  12"  et  Chamberland. 
Nous  les  avons  répétées  en  nous  servant  du  filtre  Reichel  à  bougies  Berke- 
feld-Nordtmeyer.  Contrairement  aux  affirmations  de  Leiner  et  Wiesner  (-), 
nous   avons  constaté  que  le  rirus  traverse  ces  filtres  Reichel  avec  autant  de 

facilité  que  dans  nos  expériences  antérieures. 

Un  fragment  de  moelle  du  Sinicus  n"  28  {infecté  avec  la  moelle  d'un  singe  ayant 
reçu  du  virus  filtré)  est  trituré  dans  de  l'eau  salée  et  Témulsion  est  additionnée  d'une 
culture  de  Prodigiosus  sur  gélose.  On  (illre  à  travers  deux  filtres  Reichel  A  et  B,  sous 
un  vide  de  40"'".  Les  filtrats,  ainsi  que  l'émulsion  témoin,  sont  injectés  dans  le  cerveau 
(o, 5)  et  le  péritoine  (4°'"')  de  trois  singes.  Des  portions  de  ces  filtrats,  gardées  à  38° 
ou  ensemencées  sur  bouillon  et  gélose,  sont  restées  indéfiniment  stériles. 


(')  Lakustkiner  et  Levaditi.  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  t.  LXVII, 
séances  du  27  novembre  et  du  i8  décembre  1909. 

{')  Leiner  et  Wiesseii.  }]  iener  klin.  M'oc/t.,  n°  4-9,  1909.  p.  1698. 


.^f)  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Singes.  Bougies.  Inciibnlion.  Odractéres  de  la  maladie. 

Rhésus  23 Reicliel   V  i  i  juins  Paralysie  généralisée,  mort  le  4'"  jour 

Cynoniolgus  m .  .  .      Reicliel  b  8  jours  Paralysie  généralisée,      »      le  2'^  jour 

Mandril  m Témoin  4  jours  Tiluhation,  parésie,         »      le  2"  jour 

Conformément  à  ce  que  nous  avions  vu  avant,  Cincuhalion  est.,  chez  les 
animaux  ayant  reçu  les  filtrats.,  plus  longue  que  chez  les  témoins. 

Ces  résultats  permettent  d'écarter  Vhypothèse  d'après  laquelle  les  accidents 
obsen'és  chez  les  singes  inoculés  avec  les  m^oelles  filtrées  seraient  dus  à  une  toxine 
et  non  pas  au  virus.  En  effet,  dans  l'expérience  citée  plus  haut,  le  virus 
provenait  d'un  Sinicus  inoculé  lui-même  avec  une  émulsion  virulente  filtrée; 
d'un  autre  coté,  la  moelle  du  Cynomolgus  m  (fdtrat  Reichel  B),  inoculée 
à  un  cynocéphale,  lui  transmit  la  poliomyélite  après  une  incubation  de 
4  jours.  ' 

L'examen  histologique  des  moelles  des  animaux  inoculés  avec  les  filtrats 
a  révélé  l'existence  des  lésions  typiques  de  poliomyélite. 

3.  Immunité  des  animaux  ayant  survécu  à  l'infection.  —  Trois  singes 
ayant  survécu  à  l'infection  et  présentant  des  signes  de  paralysie  (')  ont  été 
réinoculés  avec  du  virus  actif,  en  même  temps  qu'un  témoin  (^Cynomol- 
gus 54).  Les  deux  premiers  étaient  paralysés  depuis  11  jours  (Rhésus  3.3 
et  35),  le  dernier  depuis  23  Jours  (Cynomolgus  19).  Le  témoin,  paralysé 
le  cinquième  jour,  était  mourant  le  lendemain.  Les  animaux  ayant  con- 
tracté une  première  infection  se  sont  montrés  insensibles  à  l'inoculation 
d'épreuve;  leur  état  n'a  pas  changé  jusqu'à  présent. 

Une  première  infection  paraît  donc  conférer  l'immunité. 

4.  Sensibilité  du  lapin.  —  Parmi  les  nombreux  lapins  que  nous  avons 
inoculés  en  même  temps  que  les  singes,  dans  le  cerveau  et  le  péritoine, 
quelques-uns  sont  morts  sans  paralysie,  mais  la  grande  majorité  a  résisté  à 
l'infection.  L'examen  des  moelles  des  lapins  morts,  fait  on  collaboration 
avec  M.  Stanesco,  n'a  révélé  aucun  signe  de  poliomyélite,  sauf  dans  un  seul 
cas,  dont  voici  l'histoire  :  Lapin  9-57,  inoculé  le  29  novembre  avec  la 
moelle  du  Cynomolgus  16,  meurt  le  23  décembre  (^incubation  de  if\  jours), 
sans  que  nous  ayons  pu  observer  chez  lui  des  signes  nets  de  paralysie.  Or, 
l'examen  histologique  montra  des  lésions  typiques  de  poliomyélite,  plus 
intenses  même  que  chez  le  singe.  Il  en  résulte  ({ue  le  lapin.,  tout  en  étant  le 

(')  Chez  un  crenlre  euK  (Cynoiiio/ffiis  10,  lillrat  )  les  troubles  évoluaient  vers  la 
"uérison. 


SÉANCE  UU  >  JANVIER  IQIO.  ^7 

plus  soment  insensible,  peut  parfois  réagir  vis-à-vis  du  virus  de  la  poliomyélite 
aiguë.  Krause  et  Meinicke  ('),  ainsi  que  Dalim  (-),  ont  d'ailleurs  soutenu 
la  transmissibilité  de  cette  infection  au  lapin. 


G.ÉOLOGIE.  —  Le  \ii/nmuliti</ue  de  la  zone  du  Flysch  à  l'est  et  au  sud-est 
du  Mercantour.  iNole  Ç  )  de  M.  Jean  Boussac,  présentée  par  M.  H. 
Douvillé. 

On  sait  que  la  zone  du  Flysch,  ou  zone  des  Aiguilles  d'Atve,  se  poursuit 
vers  le  Sud-Est,  en  passant  derrière  le  massif  de  Mercantour,  pour  aller 
rejoindre  la  large  zone  synclinalc,  grossièrement  triangulaire,  comprise 
entre  le  col  de  Tende,  \  intimille  et  Albenga.  La  Carie  géologique  à 
I  :  400000  des  Alpes  occidentales,  publiée  par  le  Service  géologique  ita- 
lien, montre  que  la  bande  nunimulitique,  en  arrière  du  Mercantour,  est  un 
pays  de  nappes,  comme  dans  ri']mbrunais  et  dans  TUbaye,  mais  ici  très 
étroitement  resserré  entre  le  massif  hercynien  et  la  zone  du  Piémont. 
L'étude  sur  le  terrain  conlirme  pleinement  cette  impression.  Il  était  donc 
utile  d'étudier  comparativement  le  Nummulitique  autochtone,  transgressif 
sur  le  bord  nord  et  est  du  Mercantour,  et  le  iNummulili(|ue  de  la  nappe 
charriée,  pour  se  rendre  compte  de  la  distribution  des  niveaux  et  des  faciès, 
et  des  conditions  paléogéographiques  de  l'époque. 

.]'ai  été  amené  à  distinguer,  à  ce  point  de  vue.  les  trois  zones  sui- 
vantes (yig.  i)  : 

1°  Une  zone  où  le  F'riabonien  est  transgressif.  Cette  zone  comprend  le  Nnnnnn- 
lilique  autochtone  de  tonte  la  bordnre  nord-orientale  du  Mercantour;  on  peut  l'étudier 
à  Bersezio,  à  Démonte,  à  Naldieri,  dans  la  Valle-Grande  ;  d'une  manière  générale,  le 
Nummulitique  y  est  constitué,  ;i  la  base,  par  des  calcaires  dépassant  rarement  une 
cinquantaine  de  mètres,  et  renfermant  des  Nummulites  voisines  de  IS.  contortits- 
striatus  et  de  N.  Rosai,  et  au-dessus  par  plusieurs  centaines  de  mètres  de  schistes  et 
de  grès  très  feldspathiques,  passant  à  de  véritables  arkoses;  c'est  le  macigno  des 
auteurs  italiens  équivalent  certain  de  nos  grès  d'Annol. 

2"  Une  zone  oit  le  Lutétien  est  transgressif,  mais  peu  épais,  constitué  par  irî™ 
à  20™  de  calcaires  gréseux  à  Nummulites  complanatus.  aturicus,  lirongniarti.  Or- 
thophraginina  diseiis:  l'Auversien  et   le   l'i-iabonien  sont  fondus  dans  une  puissante 


l')  KuAisE  et  Meimcke,  Deutsche  med.   IVoc/i.,  U)oç).  n°  W,  p.  iSaS. 
('•')  Dahm,  Miinchen.  med.  Wocli.,  1909,  n"  4-9,  p.  2.553. 
(  ')   Pré-sentée  dans  la  séance  du  27  décembre  H)0(). 
C.  R.,  1910.   !••  Semestre.  (T.  l.i  I,  N»  1.) 


58  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

série  de  scliisles  micacés,  plus  ou  moins  gi'éseu\.  Ce  faciès  se  reuconlre  dans  les 
nappes  de  la  zone  du  Flysch,  depuis  le  Val  Gesso  jusqu'au  col  de  Tende;  à  partir  de 
là  il  passe  dans  l'autochtone  (RioFreddo)  et  constitue  tous  les  affleurements  nummu- 
litiques  qui  dominent  à  l'Est  la  vallée  de  la  Hoja;  c'est  encore  le  même  faciès  àSospel, 
à  Menton,  etc. 

3°  Une  zone  où  le  Liitétien  eut  transgressif^  mais  em'ahi  par  le  faciès  schisteux. 
Ce  faciès  est  bien  développé  dans  la  nappe  de  la  haute  vallée  du  Rio  Freddo,  où  le  Luté- 
lien  présente  à  la  base  i5o"'  de  calcaires  à  N.  aluricus  et  à  .\ .  Brongniarti,  puis  200™ 
de  schistes  gréseux,  et  enfin  So"  de  calcaires  à  Litholhamniuni  avec  N.  aluricus  et 
N.  Brongniarti;  au-dessus  viennent  encore  au  moins  200™  de  schistes  gréseux  repré- 
sentant l'Auversien  et  le  Priabonien,  et  recouverts  parles  bancs  puissants  des  grès  du 
macigno:=grès  d'Annot.  Ce  faciès  du  Nummulitique  se  retrouve  dans  l'autochtone  de 
la  région  de  ïriora,  où  le  Lutétien  a  une  constitution  analogue;  dans  les  schistes  au- 
versiens  ou  priaboniens  on  trouve  des  lentilles  calcaires  a  .\iiinmulites,  Orthophrag- 
mina,  Lilliothamniuni  el  nombreuse;  Glohigci  tua. 


';iux  et  de*  faciès  du  Mrsoruininiulilitiue  ii  l'o-t  el  au  sud-csl 
du  Mcicmlour.  Scliémali(|ue. 


'  Conclusions.  —  i"  Les  zones  sédinienlaires  sont  obliques  par  rapport  aux 
zones  tecioni<iues.  ]-]lles  coïncident  avec  ces  dernièfes  depuis  Bersezio 
jus'jti'aux  environs  du  col  de  Tende,  mais  à  partir  de  là  elles  s'inllécliissent 
rapidement  vers  le  Sud  et  le  Sud-Ouest  poia-  contourner  le  massif  du  Mer- 
cniilour,  (pii  jouait  un  r(Me  essentiel  dans  1  Océanoiziapliic  des  temps  num- 


bÉANCE  DU  3  JANVIER  I910.  5g 

mulitiques,  comme  M.  L.  Bertrand  l'avait  déjà  montré  pour  les  terrains 
situés  au  sud-ouest  de  ce  même  massif. 

2°  Au  fur  et  à  mesure  qu'on  a  affaire  à  des  zones  plus  internes,  on  trouve 
des  niveaux  plus  anciens,  des  faciès  plus  schisteux,  des  épaisseurs  plus 
grandes;  les  transgressions  se  sont  faites  du  centre  vers  l'extérieur  du  géo- 
synclinal. En  outre  la  dépression  synclinale  actuelle  de  la  Riviera  italienne 
existait  déjà  en  tant  que  dépression  à  l'époque  nummulitique,  puisque 
dans  cette  région  le  faciès  schisteux  a  envahi  les  sédiments  dès  le  Lutétien, 
alors  que  plus  au  Nord,  dans  toute  la  zone  du  Flysch,  cet  étage  n'est  formé 
que  de  grès  grossiers  ou  de  calcaires  très  peu  épais.  Il  faut  aller  jusque 
dans  la  Suisse  centrale  et  orientale  pour  retrouver  le  faciès  schisteux  du 
Lutétien. 


GÉOLOGIE.    —   Sur  le  forage  du  puils  artésien  de  Maisons- Laf fit  le. 
Note  de  M.  E.  Péuoux,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

Ce  forage  a  été  entrepris  en  août  1907,  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine, 
à  la  cote  26,  dans  un  ancien  puits  de  o",  70,  foré  à  /40'"  dans  le  Sparnacien. 
Envahi  par  les  sables,  ce  puits  avait  été  comblé  jusqu'à  3()'".  Deux  tubes 
de  retenue  de  o,65o  et  de  0,600  durent  être  descendus  jusqu'à  42'", i5 
pour  permettre  le  passage  d'un  tube  de  o,55o  en  tôle  de  o,ooG,  qui  devait 
pénèti'er  en  pleine  craie  sénonienne  et,  cimenté  à  sa  périphérie  sur  toute 
sa  hauteur,  était  destiné  à  préserver  le  forage  des  nappes  d'eau  supérieun.'s. 

Après  déblaiement  de  cet  avaiit-puils,  les  soupapes  ont  remonté  successivement 
les  terrains  suivants  qui,  malgré  les  éboulements,  ont  mis  en  évidence  :  de  4o"'  «  5o'" 
des  sables  gris,  des  lignites,  des  argiles  grises  et  bigarrées.  Entre  So"'  et  56'"  de  la 
marne  blanche,  à  Sg"'  de  largile  et  vers  62"'  dn  calcaire  jaune  pisolithique.  A  la 
profondeur  de  63'", 87  on  entre  dans  la  craie  blanche.  Ouelques  débris  de  coquilles 
appartenant  au  Magas  Pumilus  permettent  de  classer  celte  assise  dans  \t  Sénoniea 
supérieur  avec  silex  blond.  Celte  craie  s'est  poursuivie,  plus  ou  moins  blanche  et 
plus  ou  moins  tendre  avec  lits  de  silex  noirs,  jusque  vers  336'",  sans  que  la  nature  de 
la  roche  ou  les  débris  fossilifères  aient  permis  de  tracer  de  subdivision  dans  celle 
partie  moyenne  et  inférieure  du  Sénonien.  A  336'°  le  sondage  est  entré  dans  une  craie 
blanche,  un  peu  grise,  avec  diminution  progressive  de  silex,  appartenant  au  Turonien. 
A  4oi"°,5o  le  silex  a  entièrement  disparu,  et  à  405'"  un  débris  de  TeiebraluUna 
gracilis  a  confirmé  cette  attribution.  Veis  425'"  la  craie  est  devenue  plus  grise, 
même  marneuse,  toujours  sans  silex,  et  celte  couche  a  pu  être  considérée  comme 
la  base  du  Turonien  ou  le  sommet  du  Cénomanien.  Feu  à  peu,  vers  455"",  475"" 
et  5oo™  la  craie  est  devenue  marneuse  et  franchement  grise.  Entre  497"'  ^'  5oo'"  a  eu 


6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lieu  la  première  rencontre  de  la  gaize.  A  âoj'".  c'est  une  marne  grise  à  Ostracées; 
à  524'",  une  argile  noirâtre  avec  sable  très  fin,  noir,  micacé  et  pyrites;  et  à  Sag",  elle 
se  chargeait  de  grains  fins  de  glauconie  avec  un  aspect  franchement  cénomanien. 
A  cette  profondeur,  la  marne  grise  est  sableuse,  très  ébouleuse,  se  détachant  en  cas- 
sures conchoïdes.  A  SSS'".  un  banc  fossilifère  donnait  entre  autres  :  Pecteri  Beavery 
Sowerby,  P.  orhicuLaris  Sowerby,  espèces  caractéristiques  de  la  gaize,  étage 
Vraconien^  intermédiaire  entre  le  Cénomanien  et  l'Albien,  et  que  nous  classons  de 
préférence  avec  le  Cénomanien.  Le  Pectiii  orbicularis  avait  été  trouvé  déjà  dans  les 
mêmes  couches  ébouleuses,  gaize  siliceuse,  dans  les  forages  précédents,  à  Paris  et  à 
Garrières-sous-Poissy  ;  l'assise  est  bien  connue  dans  le  pays  de  Bray,  la  Normandie 
et  dans  tout  le  sud  de  l'Angleterre.  Plus  bas,  à  540'",  la  sonde  est  entrée  dans  une 
argile  noire,  compacte,  micacée,  plastique,  nettement  diflFérente  de  la  gaize.  A 
566"", 5o,  elle  traverse  une  mince  couche  de  sable  ocreux,  riche  en  carbonate  de 
chaux  et  de  fer,  qui  pourrait  passer  inaperçue,  mais  que  je  crois  devoir  signaler 
comme  l'indice  de  la  proximité  des  nappes  aquifères.  I<"nfin,  à  569",  75  l'assise 
argileuse  se  termine  brusquement  par  la  rencontre  de  sables  verts,  glauconieux  et 
pyriteux,  d'où  l'eau  jaillit  faiblement  (20'"'  à  So""  a  l'heure).  De  570™  à  571™,  le  sable 
remonté  est  blanc  gris,  formé  de  grains  un  peu  plus  gros  de  quartz,  silex  et  moins 
glauconieux.  A  573",  le  sable  est  encore  plus  gros  (o,oo3  en  moyenne)  et  encore  moins 
glauconieux.  L'eau  jaillit  abondamment  et  fournit  environ  170™'  à  l'heure.  A 
574"*,  4o  rencontre  d'un  conglomérat  gréseux,  constitué  de  pyrites,  de  sables  et  de 
graviers  cimentés,  excessivement  dur,  ayant  l'aspect  du  mâchefer,  d'une  épaisseur  de 
i'°  à  I™,  3o.  C'est  sous  cette  table  gréseuse  que  le  forage  de  Passy  a  trouvé  son  débit 
maximum.  Confiant  dans  cette  expérience,  cette  couche  fut  traversée  et,  le  12  avril 
1909,  à  576'",  jaillit  impétueusement  une  colonne  d'eau  formant  un  paraboloïde  de  0,73 
de  hauteur,  chargée  d'argile,  de  sables  verts  très  (ins  et  de  morceaux  du  terrain 
traversé.  Le  débit,  évalué  à  16000'"',  s'est  maintenu  depuis  à  14  000'""  par  jour.  La 
température  est  de  26°,  5. 

Les  sables  de  l'argile  noire  ont  fourni  les  fossiles  suivants,  appartenant  au  Gault 
{Âlbien)  le  mieux  caractérisé  : 

Ammonites  [Hoplites)  inlerruptus  Bruguière  (');  Ammonites  {Hoplites)  Be- 
netliœ  Sowerby  ;  Panopea  Beaumonti  Goldfuss  ;  Cardiuni  Raulini  d'Orbigny  ; 
Nucula  Arduenitensis  d'Orbigny. 

Ils  ont  donné,  en  outre,  des  pyrites,  des  nodules  phosphatés,  des  cailloux  noirs,  des 
lignites,  des  fragments  de  bois  injectés  de  pyrite  ;  enfin  un  morceau  de  succin  du  poids 
de9S,655;  V^S'^^'"'.  Le  niveau  du  sol  étant  à  la  cote  4-26,  la  cote  négative  atteinte 
est  de  —  576  -h  26  =:  —  55o. 

Le  forage  de  Maisons-Laffitte  a  permis  de  constater  qu'à  la  partie  supé- 
rieure des  sables  du  Gault,  les  eaux  circulaient  dans  des  couches  peu 
épaisses  de  sable  fin  vert,  glauconieux,  ou  blanc  gris,  siliceux  et  plus  gros, 
d'un  faible  débit  d'abord,  pouvant  progressivement  atteindre  35oo™"à  4000""' 

(' )  Je  dois  à  l'obligeance  de  M,  G.  Dollfus  ridunlificalion  de  ces  fossiles. 


SÉANCE  DU  j  JANVIER  1910.  61 

au  plus  en  24  heures.  Ces  différentes  superpositions  de  sables  a({uifères 
séparés  par  des  lits  d'argile  reposent  sur  un  fond  dur,  agrégat  cimenté, 
imperméable,  de  i"  à  i™,3o.  C'est  une  cloison  résistante,  maintenant  sous 
pression  la  nappe  peut-être  la  plus  importante  de  l'Albien.  Elle  a  fourni 
les  plus  forts  débits  et  circule  dans  un  sable  très  iin  et  très  glauconieux. 
La  minéralisation  des  deux  eaux  est  sensiblement  la  même.  Ces  nappes 
sont-elles  séparées  sur  tout  leur  parcours  ou,  mélangées,  s'est-il  produit  une 
sédimentation  des  sables  en  raison  de  leur  gravité?  Les  sables  les  plus  fins 
et  les  plus  ferrugineux  occupent  la  partie  supérieure  de  chaque  nappe  et, 
d'autre  part  les  couches,  même  les  plus  minces,  se  différencient  les  unes  des 
autres  par  la  grosseur  des  grains,  leur  coloration  et  leur  teneur  en  minéraux 
autres  que  la  silice. 

C'est  après  avoir  pris  connaissance  des  travaux  des  savants  qui  ont 
coopéré  aux  forages  de  Grenelle  et  de  Passy,  que  j'ai  décidé  de  n'arrêter  le 
forage  du  puits  de  Maisons  qu'après  avoir  traversé  cette  table  gréseuse 
rencontrée  à  574"'7  4o.  Pour  avoir  profité  de  leur  expérience  dans  la  mesure 
de  mes  moyens  et  aussi  pour  avoir  écouté  les  sages  avis  de  M.  G.  DoUfus, 
j'ai  été  largement  récompensé  par  le  succès  de  l'œuvre  entreprise  et  la 
situation  nouvelle  d'hygiène  publique  réalisée  à  Maisons-Laffitte. 

Le  forage  commencé  en  septembre  1907  et  terminé  le  12  avril  1909  a  été 
exécuté  par  MM.  Lefebvre  frères  de  Quiévrechain  (Nord). 


BOTANIQUE  FOSSILE.  —  Recherches  sur  les  Diatomées  des  travertins  déposés 
par  les  eaux  minérales  de  Sainte- Marguerite  (^Puy-de-Dôme).  Note  de 
M.  Hëribaud- Joseph,  présentée  par  M.  R.  Zeiller. 

Comme  complément  à  mes  études  sur  les  dépôts  diatomifères  du  Massif 
Central,  j'ai  entrepris  de  rechercher  les  Diatomées  fossiles  des  travertins 
déposés  par  les  sources  minérales  de  cette  région  ;  ces  sources  sont  au 
nombre  de  plusieurs  centaines,  mais  il  n'y  en  a  guère  plus  de  80  qui  aient 
déposé  des  travertins  calcaires  ;  elles  appartiennent  surtout  au  Puy-de- 
Dôme  ;  les  départements  limitrophes  en  comptent  à  peine  une  quinzaine, 
et  d'importance  très  inégale. 

J'ai  recueilli  les  travertins  de  plusieurs  sources  des  environs  de  Clermonl, 
parmi  lesquelles  se  trouvent  celles  de  Sainte-Marguerite,  situées  sur  la  rive 
droite  de  l'Allier,  près  la  gare  de  Vic-le-Comte,  à  34o™  d'altitude,  et  dont 


02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  eaux  étaient  déjà  connues  à  l'époque  t;allo-romaine  ;  elles  comprennent 
plusieurs  sources,  qui  présentent  une  grande  similitude  de  composition;  la 
principale  est  celle  de  la  Grotte  ;  d'après  une  analyse  qu'en  a  donnée  le  pro- 
fesseur Truchot  en  1878,  elle  renferme  par  litre  7^,629  de  sels  fixes,  com- 
prenant principalement  des  bicarbonates  de  sodium,  de  potassium,  de 
calcium  et  de  magnésium  et  ■2^,:i~}Q  de  chlorure  de  sodium.  Sa  tempé- 
rature est  de  26°. 

Les  travertins  déposés  par  cette  source  peuvent  se  diviser  en  trois  zones, 
inférieure^  moyenne  et  supérieure ^  qui  se  distinguent  facilement  les  unes  des 
autres  par  leur  faciès  lithologique,  et  surtout  par  les  florules  diatomiques 
qu'elles  renferment.  Ces  florules  comprennent,  comme  on  va  le  voir,  un 
mélange  très  remarquable  de  Diatomées  marines,  saumàtres  et  d'eau  douce. 

Floiiile  de  la  zone  inférieure. 

Diatomées  niAitiNES  :  Amphora  /i/ien/ata  FJir.,  A.  sa/ina  W.  Sm.;  Campylodiscus 
Clypeiis  Ehr.  ;  CyinbeUa  liungarica  Panl.  ;  Epitliemia  gibberula  Klz.  ;  iSavicula 
bohemica  Ehr.,  J\av.  Cari  Elu-.,  A'ac.  cincla  Ehr.,  Nai\  elliplica  Ktz.,  Nav. 
hyalina  Ktz.,  Nav.  nnveanaGx'un..,  J\av.  sculpta  Ehr.  ;  A'ilsschia  bilobata  VV.  Sra., 
N.  conunutala  Griin.,  /V.  Frusluluin  Grun.,  A'.  Iiungarica  Grun.,  1\.  Triblionella 
Ilanlz.,  yV.  vilrea  Norm.  ;  Scoliopleura  gallica  sp.  nov.  ;  Stauroneis  GregoriW.».\k\ 
SurirelLa  elegans  Ehr.,  .S',  ovalis  Bréb.  ;  Synedra  affinis  var.  tabulata  W.  Sm., 
5.  delicatissima  W.  Sm. 

Diatomées  saumàtres  :  Aniphora  lineala  Grég.  ;  Cynibella  lanceolala  Elir., 
C.  pusilla  Grun.  ;  Epitliemia  gibba  Ktz.  ;  Denticula  valida  Grun.  ;  Fragilaria 
capucina  Desm.  ;  Mastogloia  Dansei  Thiw.  ;  Naxicula  ambigua  Ehr.,  jVav.  Bre- 
bisso/iii  Klz.  ;  Nav.  gracillima  Frilch.,  i\av.  Bacillum  Ehr.  var.  therinalis  Grun., 
Nav.  Heujleri  \y.  C,  A'ac.  inacra  Grun,,  Nav.  lenella  Bréb.;  Nitzschia  aniphibia 
Grun.,  yV.  co/Hm«««  Rab.,  N.  Kiltlii  Grun. 

Diatomées  u'kau  dobce  :  Amphora  l'ediciilus  Ktz.  ;  Cynibella  cymbiformis  Bréb.  ; 
Diatoma  vulgare  Bory  ;  Encyonenia  venLricosuni  Grun.  ;  Fragilaria  virescens 
Ralfs  ;  Navicula  biceps  Grég.,  Nav.  limosa  Ktz.,  Nav.  gracilis  Ehr.,  Nav.  venlricosa 
Ktz.,  Nav.  subcapitala  Grég. 

La  zone  inférieure  m'a  en  outre  livré  une  dizaine  de  Diato:Diées  nouvelles  pour  ta 
flore  générale  et  qui,  à  l'exception  du  Scoliopleura  gallica,  ne  ligurenl  pas  dans  cette 
liste:  elles  appartiennent  aux  genres:  Achnantlies,  Navicula,  Nitzsckia,  Surirella  et 
Synedra;  je  me  propose  de  les  publier  plus  tard. 

Four  les  florules  des  zones  moyenne  et  supérieure,  trop  encombrantes  pour  le  cadre 
restreint  de  cette  Note,  je  vais  donner  le  résumé  des  résultats  acquis. 


SÉANCE    DU    3    JANVIER    1910.  63 

Floride  (If   la   zone   moyenne. 

La  lloiule  de  la  zone  moyenne  diflere  très  notahlemenl  de  celle  de  la  zone  inférieure: 
les  deux  tiers  environ  des  Diatomées  marines  ont  disparu,  et  ce  sont  surtout  les  plus 
caractéristiques,  comme  Amphorn  salina^  Navicula  hohemica,  yVrtc.  Cari,  yVac. 
hyalina,  I\itzschia  hilohata,  Nitz.  Iiungarica,  ScoUopleura  gaUica,  Slaiironeis 
Gregori;  le  Campylopus  Clypeus,  qui  est  fréquent  dans  la  zone  inférieure,  se 
retrouve  dans  la  zone  moyenne,  mais  extrêmement  rare,  et  ne  peut  tarder  à  dispa- 
raître sans  retour.  Les  Diatomées  saumâtres  sont  encore  nombreuses,  et  leur  ensemble 
est  à  peu  près  analogue  à  celui  de  la  florule  précédente.  Les  Diatomées  d'eau  douce 
sont  en  plus  grand  nombre.  Les  espèces  observées  à  ce  niveau  et  que  je  n'avais  pas 
constatées  dans  la  zone  inférieure  sont:  Aclinanthes  antiqua,  Ceratoneis  Arcus^ 
Cocconeis  Placentula,  Encyonema  paradoxiini,  Gomphonema  constriclum^ 
Hanlzschia  amphioxys^  /yaviciila  viridala,  Surirella  ovula,  Epithemia  gibberula 
var.  prnducta.  et  une  variété  inédile  de  VEpithemia  musculus. 

La  totalité  des  espèces  ou  variétés,  observées  dans  les  échantillons  de  la  zone 
moyenne,  est  d'Bnviron  une  soixantaine. 

Florule  de  la  zone  supérieure. 

La  (lorule  de  cette  zone  est  à  peu  prés  identique  à  celle  des  eaux  actuelles;  les  Dia- 
tomées saumâtres  sont  assez  nombreuses,  mais  les  espèces  marines  ont  disparu,  excepté 
Nilzschia  vitrea  el  A'avicula  cincta;ï\  est  intéressant  de  constater  que  ces  deux 
espèces  existent  à  Saijite-Marguerite  depuis  la  zone  inférieure  jusque  dans  les  eaux 
actuelles  ;  les  espèces  d'eau  douce,  beaucoup  plus  nombreuses  que  les  Diatomées  sau- 
mâtres, appartiennent  surtout  à  la  catégorie  des  Diatomées  indifférentes  à  la  nature 
des  eaux.  Les  espèces  de  la  zone  supérieure  qui  n'ont  pas  été  observées  dans  les  deux 
zones  précédentes,  sont  :  Aclinanthes  lanceotata,  Cocconeis  Pediculus.,  Cvclotella 
conita,  Cynibella  Cis/ula,  Epithemia  Zébra,  Gomphonema  parvulum,  Melosira 
tenais  et  M.  varians,  Meridion  circulare.,  Navicula  major,  Pleurosigma  acumina- 
tum,  Nitzschia  signioidea,  Rhoicosphenia  curvata,  Surirella  minuta  et  Synedra 
Vlna  var.  œqualis. 

Le  nombre  des  espèces  ou  variétés  de  la  zone  supérieure  est  d'une  cinquantaine 
environ. 

En  totalisant  les  Diatomées  de  ces  llorules  et  en  négligeant  les  formes 
communes  aux  trois  listes,  on  obtient  près  de  80  espèces  ou  variétés  très 
distinctes,  parmi  lesquelles  une  vingtaine  sont  nouvelles  pour  le  Massif 
Central  et  une  dizaine  de  formes  inédites. 

L'examen  de  ces  llorules  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 
1°  De  la  présence  de  nombreuses  Diatomées  marines  dans  le  travertin  de 
la  zone  inférieure,  et  de  l'absence  à  peu  près  complète  de  ces  espèces  dans  les 


64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

eaux  actuelles,  il  résulte  que  les  eaux  de  Sainte-Marguerite  devaient  être 
autrefois  bien  plus  fortement  minéralisées  qu'elles  ne  le  sont  aujourd'hui  ; 
leur  salinité  a  été  constamment  en  décroissant  de  la  zone  inférieure  à  la 
zone  supérieure. 

2°  De  l'absence  de  Diatomées  marines  dans  les  eaux  actuelles,  et  de  la 
présence,  au  voisinage  immédiat  des  sources  minérales,  d'un  assez  grand 
nombre  de  plantes  appartenant  à  la  llore  maritime  exclusive,  comme:  Glaux 
maritima,  Trifolium  marilimum,  Plantago  maritima^  Spergiilaria  marina, 
(Uyceria  ilistans,  Pottia  Heimii,  Chara  crinita,  etc.,  il  ressort  que  les  Diato- 
mées sont  plus  exigeantes,  sous  le  rapport  de  la  minéralisation  des  eaux,  que 
ne  le  sont  les  plantes  supérieures. 

3"  L'examen  d'échantillons  pris  à  des  niveaux  différents  permet  de  suivre 
très  exactement  les  modifications  successives  de  la  florule  diatomique,  et, 
comme  ces  variations  doivent  correspondre  à  celles  de  la  salinité  des  eaux, 
il  s'ensuit  que  l'étude  méthodique  des  travertins  peut  fournir  sur  l'histoire 
des  sources  minérales  de  précieuses  indications. 

Je  tiens  en  terminant  à  adresser  à  M.  Maurice  Peragallo,  le  savant  diato- 
miste  bien  connu,  mes  meilleurs  remercunents  poui"  l'amabilité  qu'il  a  eue 
de  m'aider  dans  l'examen  laborieux  des  matériaux  utilisés. 


La  séance  est  levée  à  4  heures. 

(i.  D. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI   10  JANVIER  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMCJIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Orage  magnétique  du  aS  septembre  igog  et 
phénomènes  solaires  connexes.  Vérification  des  théories  proposées.  Noie 
de  M.  H.  Deslaxdres. 

Le  grand  orage  magnétique  du  25  septembre  dernier,  qui  a  troublé 
pendant  plusieurs  beures  les  lignes  télégraphiques  et  les  aimants  de  toute 
la  Terre,  retient  toujours  l'attention  du  monde  savant.  De  nombreux 
Mémoires (')  ont  déjà  décrit,  soit  la  perturbation  terrestre,  soit  la  pertur- 
bation solaire  qui  est  censée  lui  correspondre,  soit  la  nature  du  lien  précis 
qui  est  supposé  les  réunir.  La  Note  actuelle  les  complète  utilement,  car  elle 
expose  les  observations  de  l'atmosphère  solaire  supérieure,  révélée  à 
Mcudon  en  1908,  et  étudiée  jusqu'ici  seulement  dans  cet  Observatoire. 

Les  orages  magnétiques  et  les  taches  considérés  dans  leur  ensemble  ont, 
comme  on  sait,  les  mêmes  variations,  avec  la  même  période  undécennale  ; 
mais  la  connexion  n'est  plus  aussi  nette  lorsqu'on  examine  isolément  chaque 
orage  et  chaque  tache. 

En  général,  il  est  vrai,  un  grand  orage  coïncide  avec  la  présence  d'une 
tache,  au  moins  assez  forte,  près  du  centre  de  l'astre  ;  de  plus,  l'orage 
éclate  45  heures  en  moyenne  après  le  passage  de  la  tache  au  méridien  cen- 
tral, d'après   les  derniers  calculs  de  Ricco.   Mais  la  grandeur  de  la  tache 

(')  Je  citerai  en  particulier  les  Notes  d'Angot,  Marchand,  Cirera  {Comptes  rendus, 
t.  CXLIX.  p.  357,  616  et  io3.5);  de  Chree,  Fowler,  Sidgreaves,  Oliver  Lodge,  Ricco 
dans  la  A'alure  anglaise;  de  Buss,  Corlie,  Fowler  dans  The  Obseri-atorj;  de  A\illiam 
Lockyer,  Cortie,  Michie  Srailh  dans  les  Monlhly  Notices,  etc. 

C.  U.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  2.)  9 


0(3  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

n'est  pas  proportionnelle  à  la  grandeur  de  l'orage,  et  souvent  une  grosse 
tache  passe  au  centi'e,  sans  être  accompagnée  d'un  trouble  terrestre. 

Le  désaccord  est  encore  plus  grand  avec  un  petit  orage  et  une  petite  tache, 
et  Cortie  a  signalé  des  orages  survenus  à  une  époque  où  le  Soleil  n'avait 
aucune  tache  et  même  aucune  facule  notable. 

De  tous  ces  faits  on  ne  peut  conclure  que  le  Soleil  n'a  pas  une  action 
directe  sur  le  magnétisme  terrestre.  Car  la  tache  qui  est  la  seule  partie 
étudiée  sérieusement  jusqu'ici  n'est  pas  le  seul  élément  du  Soleil  soumis  à 
la  variation  undécennale.  Tous  les  autres  éléments  de  l'astre  subissent 
aussi,. plus  ou  moins  étroitement,  la  même  période,  et  en  particulier  les 
protubérances  auxquelles  Norman  Lockyer  rapporte  l'action  exercée  sur  la 
Terre. 

Il  convient  donc  de  relever  d'une  manière  continue  tous  les  éléments 
variables  du  Soleil  et  de  rechercher  l'élément  dont  les  variations  soient  en 
rapport  avec  la  perturbation  terrestre.  J'ai  déjà  proposé  ce  programme  en 
1893  et  aussi  après  le  grand  orage  du  3i  octobre  iQoS;  mais  il  est  plus 
facile  à  tracer  qu'à  exécuter,  car  il  exige  un  effort  considérable. 

Les  Notes  précédentes  sur  l'état  du  Soleil,  avant  et  pendant  l'orage  magné- 
tique de  septembre,  se  rapportent  surtout  à  la  surface.  Les  observateurs  ont 
signalé  la  tache  habituellement  associée  à  chaque  grand  orage,  qui,  dans  le 
cas  présent,  a  traversé  le  méridien  central  le  23  septembre,  environ 
45  heures  avant  le  milieu  de  l'orage  qui  a  duré  le  25  de  midi  à  8''3o"  du 
soir.  C'est  la  tache  A  des  figures  i  et  2  ci-après  (latitude  4"  Sud,  longi- 
tude 3o5°).  Elle  est  seulement  moyenne  ainsi  que  la  facule  qui  l'entoure,  et 
elle  est  notée  comme  active  en  ce  sens  que  l'ombre  et  la  pénombre  ont  des 
variations  fréquentes,  la  pénombre  offrant  parfois  avec  netteté  des  spires 
d'aspect  lourbillonnaire.  Fowler  et  Buss  ont  aussi  signalé  sur  la  tache  et 
autour  d'elle  des  i-enversements  des  raies  de  l'hydrogène  et  de  l'hélium. 
Mais  tous  ces  phénomènes  sont  ordinaires,  alors  que  l'orage  terrestre  est 
exceptionnel;  des  taches  notablement  jjlus  larges  et  plus  actives  ont  souvent 
traversé  le  Soleil  sans  être  accompagnées  d'une  agitation  des  aimants 
terrestres. 

L'élude  de  l'atmosphère  solaire  peut  être  plus  fructueuse,  car  la  plupart 
des  théories  proposées  placent  le  siège  de  l'action  solaire  dans  l'atmosphère 
et  même  dans  l'atmosphère  supérieure.  Dans  cet  ordre  de  recherches  une 
première  publication  a  été  faite  par  William  Lockyer,  qui  décrit  les  images 
de  la  chromosphère  moyenne,  obtenues  avec  le  spectrohéliographe  de  South 
Kensinglon  et  la  raie  H^  du  calcium,  du  18  au  2/1  septembre.  Les  épreuves 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  6j 

du  24,  faites  à  io''6'",  10'' 11'",  11'' 11'"  et  11'' i5™,  sont  reproduites;  elles 
montrent  la  tache  A  successivement  couverte  et  découverte  en  partie  par  les 
nuages  brillants  du  calcium  ;  elles  décèlent  une  protubérance  variable  et 
active  qui  est  présentée  par  l'auteur  comme  une  cause  possible  de  l'orage 
terrestre. 

Ces  observations  sont  trop  peu  nombreuses  pour  permettre  une  conclu- 
sion, et  je  suis  conduit  à  présenter  celles  de  Meudon,  plus  complètes  en  ce 
sens  qu'elles  s'étendent  aux  couches  supérieures  de  la  chromosphère. 

Nous  avons  utilisé  quatre  appareils  :  un  photohéliographe  confié  à 
Coroyer;  un  petit  spectrohéliographe,  confié  à  Charpentier,  qui  donne  les 
couches  moyenne  et  basse  avec  les  raies  Ko  et  K,  du  calcium;  un  grand 
spectrohéliographe  de  1/4™,  confié  à  d'Azambuja,  qui  donne  les  couches 
supérieure,  moyenne  et  basse  avec  la  raie  K  du  calcium  et  la  raie  H^  de 
l'hydrogène,  et  un  spectro-enregistreur  des  vitesses  radiales  confié  à  Burson. 
Le  temps  a  été  couvert  le  23  et  variable  le  24  et  le  25;  aussi  n'a-t-on  pu 
enregistrer  la  couche  supérieure  qu'avec  l'hydrogène. 

Les  épreuves  principales  sont  classées  dans  le  Tableau  ci-contre  et  les 
plus  intéressantes  sont  reproduites  dans  les  figures  annexées. 


'élit  spectrohél 

iograplie 

Grand 

spectrohéliogr 

aphe 

Spe 

:ctro-enregistreur 

avec  K. 

avec  diverses  parties  de  H„. 

des  vitesses. 

Le  24,  K,à 

Il       m 
8.12 

Couche 

liante 

à 

Il        m 
9.20 

Kà 

Il        m 

10.    .5 

»       K2  à 

8.24 

» 

liante 

à 

16.35 

K  à 

10.  t5 

1)       Kg  à 

16.42 

Le  25,  Kjà 

8.17 

» 

basse 

à 

8.18 

Ha  à 

8.   2 

..       K,  à 

8.35 

» 

moyenne 

à 

8.40 

Ha  à 

8.53 

rt       K,  à 

8.45 

» 

haute 

9.03 

Ha  à 

9-27 

La  figure  i  représente  la  couche  supérieure  de  l'hydrugène  le  24  sep- 
tembre à  4''35°Mu  soir.  Klle  montre  le  caractère  habituel  de  ces  couches 
supérieures  dans  le  calcium  ou  l'hydrogène,  c'est-à-dire  la  présence  des 
lignes  noires,  appelées  /î/aments,  qui  remplacent  les  taches  absentes  ou 
diminuées,  et  ont  une  aire  noire  totale  en  général  supérieure  à  celle  des 
taches  de  la  surface.  C'est  ainsi  que  la  tache  B  n'est  plus  visible  et  la 
tache  A  est  réduite  à  un  point.  Par  contre,  on  aperçoit  deux  magnifiques 
filaments  C  et  D  reliés  quelque  peu  à  la  tache  A.  Ces  filaments  étaient 
présents  à  la  même  place  les  jours  précédents,  et  aussi,  plus  ou  moins 
développés,  pendant  les  deux  rotations  précédentes  de  l'astre..  Or  le  len- 
demain 25,  dans  la  matinée,  à  9'' 3™,  lors  de  la  traversée  du  méridien 
central,  ces  filaments  avaient  disparu  presque  complètement,  ne  laissant 


68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'une  vague  trace,  là  où  existait  une  ligne  noire  bien  tranchée.  J'ai  déjà 
signalé  dans  une  Note  précédente  les  filaments  comme  susceptibles  d'avoir 
une  action  directe  sur  le  magnétisme  terrestre;  ils  sont  toujours  plus  ou 
moins  accompagnés  de  protubérances;  de  plus,  la  matière  qui  les  constitue 
s'élève  par  rapport  aux  parties  voisines  et  a,  en  général,  des  mouvements 
plus  notables.  Les  changements  qui  les  affectent  sont  favorables  à  l'émis- 
sion des  rayonnements  spéciaux  et  des  particules  électrisées,  qui  sont  sup- 
posés donner  naissance  à  l'action  solaire. 

De  toute  façon,  la  modification  profonde  du  filament,  un  peu  avant 
l'orage  magnétique,  est  à  noter.  Elle  a  commencé,  semble-t-il,  dès  le  i[\  ;  car, 
le  matin,  le  filament  D  était  continu,  et,  le  soir,  divisé  en  no'uds  qui  sont  le 
prélude  de  la  dissolution  (').  Il  faut  regretter  seulement  de  ne  pas  avoir 
d'épreuves  similaires  de  la  couche  supérieure  K.,  qui  montre  en  général  les 
filaments  plus  développés  et  les  amorces  de  filaments  reliées  par  des  aligne- 
ments. 

Sur  cette  épreuve  de  l'hydrogène,  les  alentours  de  la  tache  offrent  aussi 
un  filament  courbe  et  de  petites  lignes  noires  fines,  non  représentés;  mais, 
dans  leur  ensemble,  ils  n'ont  pas  l'aspect  d'un  tourbillon,  ainsi  que  dans  la 
plupart  des  taches  relevées  à  Meudon;  ce  qui  est  contraire  aux  résultats 
publiés  par  Haie.  En  fait,  le  seul  tourbillon  net  de  la  tache  se  trouve  sur 
l'image  de  la  surface,  obtenue  au  même  moment,  et  dans  la  pénombre  qui 
montre  des  spires  bien  distinctes,  presque  circulaires. 

Celte  même  tache  A  et  ses  alentours  (représentés  agrandis  dans  la 
figure  2)  sont  également  curieux  sur  l'image  Kj  du  même  jour,  qui  cor- 
respond à  une  couche  moyenne.  Du  côté  Ouest,  la  tache  est  entourée  de 
filaments  concentriques  alternativement  brillants  et  noirs,  dont  la  dispo- 
sition spéciale  a  été  observée  rarement.  Ces  filaments  ont  une  forme 
nettement  polygonale  et,  de  plus,  ils  sont  réunis  à  la  tache  B  par  une  série 
de  llocculi  qui  ont  aussi  la  même  forme,  ('ette  structure  spéciale,  assez 
fréquente  dans  ce  que  j'ai  appelé  le  réseau  chromosphérique ,  a  été  signalée 
par  moi  en  i8()9  et  1909,  et  le  dessin  ci-conlre  en  donne  un  exemple 
frappant.  Cet  assemblage  de  polygones  a  absolument  l'aspect  du  réseau 
polygonal  des  cellules  tourbillons  dans  les  liquides;  et  si,  comme  il  est 
probable  d'après  des  mesures  récentes  de  vitesse  radiale,  le  gaz  solaire  est 

(')  J'ai  rapproclié  déjà  les  lilaments  solaires  des  lignes  noires  appelées  canaux  de 
Mars.  Or,  ces  derniers  ont  été  signalés  parfois  aussi  comme  formés  de  nœuds  alignés. 
Dans  le  Soleil,  celle  disposilion  n'esl  que  transitoire. 


Fig.  I.  —  Image  de  la  oouclie  supérieure  de  l'iiydroyéne,  le  ->4  septembre  de  i6'',i.S»  à  16'' 43",  avec 
un  grand  speclrohéliograplie  à  réseau  de  l 'i™.  La  seconde  fente,  large  de  o*,i/(,  isole  le  centre  de 
la  raie  H„,  large  de  i^.iii. 


Les  parties  avec  hachures  correspondent  aux  plages  hrillantes  de  la  couche  au-dc-^sus  des  facules. 
Les  lignes  et  les  points  noirs  correspondent  aux  filaments  noirs  et  amorces  de  filaments,  et  aussi 
aux  taches  dont  une  seule  est  visible  en  A  et  diminuée. 

Fig.  2.  —  Portion  agrandie  de  l'image  de  la  couche  moyenne  du  calcium,  le  24  septembre  de  8''33" 
à  8''25",  avec  un  petit  spectrohéliographe.  La  seconde  fente,  large  de  u*,90,  isole  la  raie  K,  du 
calcium. 


Les  détails  sont  représentés  schémaliquement  et  autrement  que  dans  la  figure  i.  Les  parties  avec 
hachures  correspondent  aux  portions  visibles  des  taches,  les  lignes  pointillées  aux  filaments  noirs, 
et  les  lignes  niiires  aux  lignes  brillantes  de  l'image  ou  aux  tlocculi. 


■yo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

descendant  au-dessus  du  llocculus  brillant  et  ascendant  dans  les  intervalles, 
la  similitude  avec  les  tourbillons  liquides  serait  complète,  le  sens  des  mou- 
vements intérieurs  étant  aussi  le  même  (').  Cette  division  en  tourbillons 
de  contour  polygonal  n'est  pas  indiquée  par  les  calculs  théoriques  de 
Helmhollz  et  d'Emden;  elle  est,  dans  les  deux  cas,  pour  le  Soleil  comme 
pour  le  liquide,  révélée  par  l'expérience. 

Cependant  cette  division  en  cellules,  qui  était  encore  nette  le  24  au  soir, 
implique  un  certain  calme  dans  la  région  Ouest,  autour  de  la  tache;  par 
contre,  dans  la  région  Est,  les  flocculi  sont  très  irréguliers  ;  c'est  de  ce  côté, 
du  côté  des  filaments,  qu'est  la  perturbation. 

D'autre  part,  les  épreuves  de  vitesse  radiale  du  même  jour  n'ont  pas 
donné  le  résultat  qu'on  en  pouvait  attendre;  elles  ont  été  faites  à  un 
moment  où  les  images  étaient  devenues  mauvaises,  et  elles  sont  trop  faibles. 
Elles  montrent  la  vapeur  brillante  au-dessus  de  la  tache  A,  signalée  par 
W.  Lockyer,  et  sans  vitesse  radiale  notable. 

Le  25,  dans  la  couche  moyenne,  les  filaments  successifs  concentriques  à 
la  tache  A  ont  disparu,  et  les  polygones  entre  A  et  B  sont  devenus  moins 
nets. 

Tels  sont  les  principaux  faits  recueillis  sur  les  épreuves  solaires  de  Meu- 
don,  avant  l'orage  magnétique.  Ils  ne  conduisent  à  aucune  conclusion 
ferme  sur  le  phénomène  solaire  vraiment  actif;  les  observations  étant  encore, 
malgré  tout,  trop  peu  nombreuses  et  séparées  par  de  trop  longs  intervalles, 
ainsi  que  dans  tous  les  cas  similaires  précédents.  Mais  l'influence  du  fila- 
ment et  de  ses  variations  apparaît  clairement  comme  probable  ou  possible. 
D'ailleurs,  les  autres  orages  magnétiques,  plus  faibles,  d'août,  septembre 
et  octobre  1909,  relevés  par  Marchand  et  Cortie,  ont  pu  être  rattachés 
aussi  plutôt  à  un  filament  qu'à  une  tache. 

Il  convient  donc  de  suivre  à  ce  point  de  vue  et  continûment  ces  lignes 
noires  nouvelles  des  couches  supérieures,  au  moins  aussi  importantes  que 
les  taches,  et  de  multiplier  les  grands  spectrohéliographes  et  les  enregis- 
treurs des  vitesses  qui  relèvent  leurs  formes  et  leurs  mouvements. 

Je  terminerai  par  quelques  remarques  sur  les  théories  diverses  qui  expli- 


(')  J'ai  signalé  aussi  déjà  la  disposition  inverse  {Comptes  remlits,  t.  CXLIX,  1909, 
p.  493).  I-'fi  flocculus  brillant  est  au  centre  de  la  cellule  dont  le  périmètre  est  formé 
par  les  intervalles  noirs  entre  les  flocculi.  On  aurait  ainsi  deux  types  de  cellules  tour- 
billons dont  les  fdels  tournent  en  sens  opposé.  Tous  ces  points  seront  élucidés  par  les 
épreuves  de  vitesse  radiale,  malheureusement  très  longues  k  mesurer 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  71 

quent  l'influence  du  Soleil  sur  la  Terre.  On  peut  les  diviser  en  deux  groupes, 
d'après  la  nature  de  l'action  solaire  supposée  qui  se  propage  dans  toutes  les 
directions  de  l'espace  ou  seulement  dans  un  cône  aigu  dirigé  vers  la  Terre. 
Au  premier  groupe  se  rattachent  le  rayonnement  ultraviolet  de  Shuster, 
le  rayonnement  hertzien  de  Nordmann,  le  champ  magnétique  protubéran- 
tiel  de  Bosler;  au  second  groupe,  le  rayonnement  cathodique  de  Birkeland 
et  Deslandres,  et  l'émission  d'ions  négatifs  d'Arrhenius,  par  la  pression  de 
radiation.  Toutes  ces  théories  sont  admissibles  ;  or,  on  peut  faire  un 
départ  entre  les  deux  groupes,  en  suivant  les  comètes  qui  sont  visibles 
lorsque  la  Terre  subit  un  orage  magnétique.  D'après  les  théories,  la  comète 
doit  être  aussi  modifiée,  et  dans  les  théoi'ies  du  premier  groupe  au  même 
moment  que  sur  la  Terre. 

En  ce  qui  me  concerne,  je  ne  rejette  aucune  théorie  et  j'admets  même 
que  toutes  les  actions  supposées  peuvent  être  simultanées.  Mais  j'ai  consi- 
déré surtout  le  rayonnement  cathodique,  qui  est  le  phénomène  principal 
des  tubes  à  vide  auxquels  l'espace  interplanétaire  est  assimilable  en  remar- 
quant qu'il  suffit  à  tout  expliquer  ('  ). 

Il  explique  le  retard  de  45  heures  de  l'orage  terrestre  par  rapport  au  pas- 
sage de  la  tache  active  au  méridien  central.  Le  rayon  qui  part  de  la  tache, 
d'abord  normal  au  Soleil,  est  courbé  dans  le  champ  magnétique  extérieur 
que  forment  les  corpuscules  circulant  autour  du  Soleil  à  grande  vitesse, 
surtout  dans  le  sens  direct,  et  chargés  positivement  par  la  lumière  ultra- 
violette (-).  Le  sens  et  la  grandeur  du  champ  peuvent  être  tels  que  la 
déviation  produite  impose  un  retard  moyen  de  45  heures  ('). 

Le  rayon  cathodique  solaire  est  alors  comparable  à  la  spire  d'une 
nébuleuse,  et  j'ai  été  conduit  ainsi  à  une  théorie  des  nébuleuses  (Comptes 
rendus^  t.  CXLIV,  1902,  p.  ii34  et  1285  )  qui  comporte  un  champ 
magnétique  analogue  et  deux  rayons  cathodiques  courbés.  Mais  alors  la 
lumière  des  deux  spires  de  la  nébuleuse  doit  être  polarisée,  ce  qu'il  est 

(')  J';idniets  aussi  tous  les  autres  rayons  des  tubes  à  vide,  rayons  secondaires,  X, 
anodiques,  et  ceux  des  corps  radioactifs. 

(^)  Dans  cette  hj'pothèse,  l'arrivée  du  rayon  à  la  Terre  dépendrait  de  causes  mul- 
tiples et  variables;  elle  serait  accidentelle.  D'où  l'allure  capricieuse  du  phénomène, 
qui  n'aurait  pas,  en  fait,  de  loi  accessible  pour  nous. 

(')  J'ai  calculé  jadis  qu'un  courant  circulaire  équatorial  de  3oo  unités  C.G.S.  d'in- 
tensité, et  de  même  sens  que  la  rotation  solaire,  produirait  l'inflexion  voulue  du 
rayon  cathodique,  de  vitesse  égale  à  10'".  Le  rayon  n'est  pas  dévié  par  le  champ 
magnétique  dû  à  la  rotation  des  ions  solaires,  puisqu'il  tourne  avec  eux. 


72  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

possible  de  vérifier,  en  particulier  sur  les  nébuleuses  qui  se  présentent  par 
la  trancbe.  t  ne  théorie  est  utile  lorsqu'elle  suggère  des  expériences  nou- 
velles. 

Enfin,  dans  cet  ordre  d'idées,  la  tache  solaire  peut  offrir  un  phénomène 
analogue.  Le  champ  magnétique  reconnu  par  Haie  doit  courber  les  filets 
gazeux  ionisés  qui,  d'après  Evershed,  se  rapprochent  du  centre  de  la  tache; 
d'où  peut-être  les  spires  qui  sont  observées  dans  la  chromosphère  moyenne 
et  supérieure  autour  de  certaines  taches  et  seraient  alors  un  efi'et  et  non  la 
cause  du  champ  magnétique  (').  De  plus,  chaque  ion  solaire  mobile  subit 
le  champ  électrostatique  et  électromagnétique  de  tous  les  autres.  Comme 
l'effet  n'est  pas  le  même  pour  les  atomes  de  masse  différente,  on  aurait  là 
une  explication  des  différences  que  présentent  les  images  du  calcium  et  de 
l'hydrogène  dans  l'atmosphère  solaire. 


M.  J.  Caiipentihk  présente  à  l'Académie,  et  fait  fonctionner  en  séance, 
un  Fréquencemètre  qu'il  a  réalisé  sur  les  indications  du  Commandant 
Ferrie,  à  qui  notre  armée  est,  pour  une  bonne  part,  redevable  de  l'orga- 
nisation de  ses  services  de  télégraphie  sans  fil. 

Ce  qui  mérite  d'attirer  l'attention  sur  l'appareil  dont  il  s'agit,  c'est  que 
c'est  un  spécimen  d'une  nouvelle  famille  d'instruments  de  mesure.  La 
particularité  qu'il  offre  s'aperçoit  à  première  vue.  Bien  que  de  forme 
semblable  aux  ampèremètres  et  voltmètres  que  tout  le  monde  connaît,  pour 
les  avoir  vus  sur  les  tableaux  de  distribution,  il  comporte  sur  son  cadran, 
non  pas  une,  mais  deux  aiguilles  rectilignes  mobiles  autour  de  centres 
éloignés  l'un  de  l'autre.  Ces  deux  aiguilles  se  meuvent  dans  deux  plans 
parallèles  extrêmement  voisins,  mais  elles  ne  peuvent  se  toucher.  Cepen- 
dant, leur  point  de  croisement  est  facile  à  observer,  et  c'est  en  relevant  la 
position  de  ce  point  sur  le  plan  du  cadran  qu'on  lit  l'indication  que 
l'appareil  est  destiné  à  donner.  Pour  faciliter  la  lecture  et  ne  point 
surcharger  de  chiffres  le  cadran,  celui-ci  a  reçu  le  tracé  d'une  série  de 
courbes  d'équifréquence,  rappelant  les  courbes  de  niveau  des  cartes  géo- 
graphiques; chacune  de  ces  courbes  porte  un  nombre  qui  la  repère  :  c'est 

(')  Ces  spires  (attribuables  aussi  à  la  rolalion  de  l'aslre)  ont,  en  fait,  une  faible 
inflexion;  aussi  le  champ  magnétique  qu'elles  subissent  ou  qu'elles  produisent  doit 
être  également  failde.  On  en  conclut  que  le  champ  magnétique  intense,  de  3ooo  unités, 
annoncé  par  Haie,  doit  avoir  son  origine  plus  bas,  près  de  la  surface,  ou  peut-être  au- 
dessous. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  7^ 

précisément  ce  nombre  que  Ton  doit  lire  quand  le  point  de  croisement  des 
aiguilles  tombe  sur  la  courbe  correspondante.  Telle  est  la  disposition  qui 
caractérise  la  nouvelle  famille  des  instruments  à  deux  aiguilles. 

Un  instrument  à  deux  aiguilles  n'est,  en  fait,  que  la  réunion,  dans  un 
même  boisseau,  de  deux  instruments  indépendants  portant  cbacun  son 
aiguille.  Chacun  de  ces  deux  instruments  est  approprié  à  la  mesure  d'une 
grandeur  d'où  dépend  la  grandeur  à  déterminer,  véritable  fonction  à  deux 
variables,  et  le  tracé  que  porte  le  cadran  joue  le  rôle  d'un  abaque 
permettant  de  déterminer  cette  fonction  sans  calcul. 

La  fréquence  d'un  courant  alternatif,  ou  le  nombre  de  fois  qu'il  change 
de  sens  en  une  seconde,  peut  être  déterminée  par  divers  procédés.  11  n'en 
est  guère  qui  soit  plus  simple,  plus  rapide,  plus  étendu  que  l'emploi  du 
nouveau  Fréquencemètre  Ferrie. 

Le  pelit  appaieillage  qu'il  exige  comporte  deux  circuits  disposés  pour  être,  l'un  et 
l'autre,  reliés  en  dérivation  sur  les  pôles  de  la  source  alternative  dont  la  fréquence 
est  à  déterminer. 

L'un  des  circuits,  sensiblement  dépourvu  de  self,  présente  une  résistance  ohmique  /■; 
l'autre  circuit,  de  résistance  ohmique  négligeable,  possède  une  self  dont  le  coefficient  / 
est  supposé  constant  dans  les  limites  des  mesures  auxquelles  est  destiné  l'appareil. 

Eeif.  étant  la  tension  entre  les  pôles  de  la  source,  les  intensités  qui  traversent  les 
deux  circuits  sont  respectivement 

.  Eçlf.  .  ISrir.  . 

'          /■  '         l'j)  ' 
d'où 

'1  '■        /  '1 

^2  /              I, 

La  fréquence  est  fonction  seulement  des  deux  intensités.  Pour  la  déter- 
miner, il  suffit  donc  de  déterminer  i,  et;.,.  C'est  à  quoi  sert  le  Fréquence- 
mètre Ferrie,  composé  simplement  de  la  réunion  de  deux  galvanomètres 
thermiques,  de  résistance  et  de  self  négligeables.  L'un  des  galvanomètres 
s'insère  dans  le  premier  circuit,  l'autre  dans  le  deuxième,  et  leurs  deux 
aiguilles,  par  leur  point  de  croisement,  fournissent  la  mesure  cherchée, 
comme  il  a  été  dit  plus  haut. 

Dans  le  cas  particulier  qui  vient  d'être  examiné,  où  la  fonction  est  un  simple 
rapport,  les  courbes  se  présentent  sous  la  forme  d'un  éventail.  Pour  compléter  le 
réseau  et  étendre  les  ressources  qu'oflVe  l'appareil,  on  peut  repérer  empiriquement 
sur  chaque  branche  de  courbe,  c'est-à-dire  pour  chaque  fréquence,  des  points  corres- 
pondant aux  différentes  tensions.  En  joignant  les  points  d'égale  tension  par  de 
nouvelles  lignes  d'une  couleur  spéciale,  on  superpose  un  deuxième  réseau  au  premier, 
C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  15U,  N°  2.)  l 'J 


7/|  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  l'on  acquiert  le  moyen  de  connaître  simiiltanément  la  fréquence  et  la  tension  de  la 
source  étudiée. 

Il  va  sans  dire  qu'en  modifiaiil  convenablement  les  circuits  auxiliaires, 
et  déplaçant  les  positions  zéro  des  aiguilles,  on  peut  réaliser  des  Fréquence- 
mètres d'échelles  variées.  C'est  ainsi  que,  moyennant  en  outre  certaines 
précautions  dans  la  constitution  de  ces  circuits  et  des  galvanomètres,  le 
Fréquencemètre  s'applique  aux  courants  de  haute  fréquence  et  devient  un 
Ondemètre. 

La  mesure  des  résistances,  la  mesure  des  inductances,  la  mesure  des 
capacités  peuvent  se  faire  au  moyen  d'un  appareillage  semblable,  en  rem- 
plaçant l'un  au  moins  des  circuits  auxiliaires  par  l'élément  à  mesurer  ou 
des  grandeurs  de  comparaison.  Les  fonctions  correspondant  à  ces  grandeurs 
se  réduisent  encore  à  des  rapports  et  se  traduisent  par  des  réseaux  en 
éventail.  Tous  ces  instruments  et  d'autres  encore  ont  été  réalisés. 

On  peut  également  mesurer  des  fonctions  se  ramenant  à  un  produit, 
telles  que  la  puissance  dépensée  dans  un  circuit.  Le  réseau  dans  ce  cas 
change  d'allure 

Mais  il  est  facile  de  comprendre  que  ce  procédé  s'appliquerait  encore, 
alors  que  la  fonction  ne  pourrait  recevoir  d'expression  algébrique  ;  c'est 
même  dans  ce  cas  que  s'affirmerait  sa  supériorité. 

Enfin,  on  conçoit  qu'il  serait  applicable  à  la  mesure  de  grandeurs  non 
électriques,  mais  quelconques,  et  cela,  par  l'emploi  de  deux  instruments 
dont  les  index  n'auraient  même  pas  besoin  d'être  des  aiguilles. 


M.  J.  Cakpektier  présente  à  l'Académie  une  petite  balance  de  précision 
qui  a  été  combinée  et  construite  par  M.  CoLLOT,dansle  but  d'abréger  consi- 
dérablement les  pesées.  Le  modèle  présenté  a  une  portée  de  loo^. 

(Je  qui  frappe  à  première  vue  quand  on  assiste  à  une  pesée  faite  avec  celte 
balance,  c'est  que  l'opérateur  n'y  emploie  aucun  des  poids  communément 
en  usage.  Après  avoir  ouvert,  une  seule  fois^  la  cage  de  l'instrument, 
pour  introduire  le  corps  à  peser,  il  se  contente  de  manœuvrer  un  certain 
nombre  de  boutons  disposés  extérieurement,  tout  en  suivant  de  l'œil  les 
mouvements  du  lléau,  mouvements  fort  réduits  par  un  très  bon  amortis- 
seur. Quand  l'équilibre  est  établi,  la  pesée  est  terminée. 

L'opérateur  lit  alors  sur  les  boutons  de  manonivre  les  nombres  que  leur 
déplacement  a  mis  en  évidence  et  il  en  fait  la  somme  :  le  total  trouvé  ex- 
prime le  poids  du  corps  à  un  décigramme  près.  Veut-il  connaître  ce  poids 


SÉANCE  UU  lo  JANVIER  lyio.  ^5 

avec  une  approximation  plus  grande?  Il  vise,  au  travers  cFun  microscope, 
disposé  au  centre  de  la  cage,  un  micromètre  posté  sur  Taiguille  du  lléau  et 
lit  un  nombre  indiquant  ce  qu'il  faut  ajouter  de  dixièmes  de  milligramme  à 
la  fraction  principale  déjà  connue.  L'o[)ération  a  duré  an  total  un  temps 
très  court. 

Cette  opération  exige,  cela  va  sans  dire,  Tintervention  de  poids  étalonnés. 
Mais,  dans  la  balance  de  M.  CoUot,  ces  poids  font,  pour  ainsi  dire,  comme 
ii  va  être  expliqué,  partie  intégrante  de  l'instrument. 

A  l'extrémité  droite  du  fléau,  par  rinlermédiaire  de  deux  étriers  indé- 
pendants, s'enveloppant,  sont  suspendus  deux  plateaux  fort  rapprochés  l'un 
de  l'autre.  Le  plateau  supérieur  est  destiné  à  recevoir  le  corps  à  peser;  sur 
le  plateau  inférieur,  très  ajouré,  repose  une  série  de  huit  poids  de  valeurs 
respectivement  égales  à  : 

grammes  :  5o,  20,  10,  10,  5,  2,  1  et  1. 

Les  cinq  premiers  ont  la  forme  d'anneaux  plats,  de  diamètre  décrois- 
sant, logés  concentriquement  les  uns  dans  les  antres;  les  trois  derniers  se 
réduisent  à  de  petits  cylindres  bas  et  sont  disposés  à  l'intérieur  du  plus 
petit  anneau.  Au  moyen  de  broches  verticales  que  l'on  fait,  quand  on  veut, 
saillir  du  socle  de  la  balance  au  moyen  des  boutons  de  manœuvre  dont  il  a 
été  question  plus  haut,  chacun  de  ces  poids  peut  être  individuellement  sou- 
levé, et  le  plateau  porto-poids  peut  être  soulagé  d'un  nombre  quelconque 
de  grammes  compris  entre  i  et  99. 

D'autre  part,  sur  une  barrette  fixée  à  la  partie  supérieure  de  l'étrier 
du  plateau  porte-poids  sont  achevalés  quatre  cavaliers  en  fil  métal- 
lique pesant  respectivement  : 

décigrammes  :  5,  2,  2  el  i. 

Ces  cavaliers,  eux  aussi,  peuvent  être  soulevés  au  moyen  de  crochets  com- 
mandés par  des  boutons  extérieurs,  et  former  un  appoint  variable  s'ajou- 
tant  à  la  combinaison  des  poids  reposant  sur  le  plateau. 

Quant  au  micromètre  porté  par  l'aiguille  et  observé  par  le  microscope, 
ce  qu'il  fait  connaître,  cela  va  de  soi,  c'est  l'inclinaison  sous  laquelle  le  fléau 
a  pris  son  équilibre  ;  mais  cette  inclinaison,  grâce  à  un  tarage  préalable,  se 
traduit  immédiatement  en  un  nombre  de  dixièmes  de  milligramme. 

Pour  .effectuer  une  pesée  avec  la  balance  CoUot,  on  pi'ocède  de  la  manière 
suivante  : 

On  met  en  charge  complète  le  plateau  porte-poids  (qui  pend  à  droite  du 


nU  ACADEMIE    DES    SCIENCES 

lléau  )  cl  dans  le  plateau  de  gauche  on  place  une  tare  équilibrant  exactenicnl 
les  loo  grammes  engagés. 

Si  le  corps  à  peser  était  alors  placé  dans  sou  plateau,  il  formerait  sur- 
charge. La  manœuvre  des  boulons  a  précisément  pour  but  d'enlever  une 
combinaison  de  poids  équivalente  à  celle  surcharge,  et  leur  chiffraison  doit 
on  indiquer  la  valeur.  Aussi,  avant  Tintroduction  delà  surcharge,  tous  les 
boutons  marcjuent-ils  zéro;  après  l'introduction,  tous  les  boutons  amenés 
dans  la  position  correspondant  à  l'enlèvement  d'un  poids  présentent,  à  la 
vue,  la  valeur  de  ce  poids. 

Sans  qu'il  soit  nécessaire  d'entrer  plus  avant  dans  le  détail  des  opérations, 
dont  il  sul'fit  ici  de  saisir  le  sens,  on  conçoit  quelles  commodités  présente  la 
balance  Collot. 

Mais  les  mérites  réels  de  cet  instrument  sont  plus  profonds  que  ne  le 
font  apercevoir  ces  premières  apparences.  Ils  portent  sur  trois  points  ca- 
pitaux : 

I"  La  pesée  est  faite  à  l'abri  des  agitations  de  Fair  et  soustraite  aux 
troubles  qui  en  seraient  la  conséquence. 

2°  La  pesée  est  faite  par  la  méthode  de  la  double  pesée.  Eu  efTct,  elle  ré- 
sulte bien  de  la  substitution,  du  même  côté  de  la  balance^  de  poids  marqués 
au  corps  à  peser.  Elle  est  donc  à  l'abri  des  erreurs  à  provenir  de  l'inégalité 
des  deux  bras  du  fléau. 

3"  La  pesée  est  faite  sous  charge  constante.  En  efîet,  le  fléau  porte  tou- 
jours à  ses  deux  extrémités  des  poids  équivalant  à  loo'''.  La  pesée  est  donc 
indépendante  de  la  déformation  du  fléau,  laquelle  demeurant  constante 
n'intervient  cpie  dans  le  tarage  initial  de  sa  sensibilité. 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  surfaces  à  courbure  fatale  constante  qui  correspondent 
à  des  systèmes  singuliers  d'ordre  quelconque.  iNote  de  M.  C  Guiciiard. 

Soit  q„  une  solution  de  l'équation 

(l)  •  - — '——f/cosw. 

Ou  ôr 

on  :p  satisfait;!  l'équation 

Ou  di' 


,    .  O-o  . 

(2)  - — y-  =  sincp. 


SÉANCE    DU    lO   JANVIER    1910.  77 

Je  détermine  /•„  et/?,,  par  les  équations 


(3) 

l'n 

(4) 

du 

'In 

sin  9. 

On 

vérifie  facilem 

ent  que 

(5) 

'In 

+  1  -—  1 

"   Or' 

dp,.   _ 

à(f        dr„ 

ôv  '^  ~d^ 

est  une  solution  de  l'équation  (i  ).  On  a  ainsi  une  transformation  de  l'équa- 
tion (i)  que  j'ai  étudiée  [Sur  les  surfaces  à  courbure  totale  constante,  etc. 
{A.E.N.,  1890)]. 

Je  vais  montrer  d'abord  que,  si  l'on  prend 

d'-a 
on  peut  former  explicitement  tous  les  termes p„,  q„,  r„.  On  a  d'abord 

Je  pose  ensuite 

i   ^'■'  ~  a  ^'^^  ~^  '"'■  ^'  ^'''^'  ~  '''^'''  "*"  ''  '"'" 

(6) 

En  diflérentiant  par  rapport  à  u  et  par  rapport  à  t^  on  trouve 

dS/j  dqi+, 

du  du 

dS,,  _  d(/, 

dv  -  '^'^'  di-  ' 
/_>               ',  àS,j,  dq,,+:  d'/,+i  t)S,./,  d<jA     ,  d</, 

du  au  <;«  oc  oc  oc 

()T,.,  _      (k/^  dT^  _      dfu 

du         ''  du  '  '       Je    ^       £>c  ' 

du              du  du  dv  oc         '     dv 

Cela  posé,  si  l'on  remarque  que  les  équations  (4)  s'écrivent  aussi 
dp,,  d'il  dp,,  __       dq,, 


78  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

on  vé'iifie  qu'on  a 

(8)  /'„  =  T,,„  -  S,,,  _,  +  T,,,_,  -  S,.„__,  +  .  . . , 

où  Ton  poursuit  la  série  jusqu'à  ce  que  le  premier  indice  ne  surpasse  pas  le 
second;  on  peut  donc  calculer  de  proche  en  proche/?,,,  </„,  r„.  Ces  expres- 
sions ne  renferment  que  les  dérivées  de  ^  par  rapport  à  t^;  q^  jusqu'à 
l'ordre  2//  —  i;  /„  jusqu'à  l'ordre  in. 

De  ré(|uation  (2)  et  de  celles  qui  s'en  déduisent  par  des  dillerentiations 
par  rapport  à  v,  on  obtient  les  valeurs  suivantes  des  dérivées  de  o  prises  une 
fois  par  rapport  à  u  et  un  nombre  quelconque  de  fois  par  i'a|)port  à  (^  : 

,    ,  ,)    ,hj         .  ô    d^o  do 

(9)  '\ 7^=  5111  œ, — r-    ^   COSCO  -T-^!  •••• 

^•"  âii  Or  ■  du  dv^  '  de 

Si  maintenant  j'ai  une  expression  (jui  ne  contient  que  les  dérivées  de  a» 
par  rapport  à  v,  la  dérivée  de  cette  expression  par  rapport  à  u  sera,  en 
tenant  compte  des  équations  (9),  de  la  forme 


A  coscû  -I-  B  si  11 


A  et  B  ne  contenant  que  les  dérivées  de  f  par  rapport  à  v. 
Je  dis  que  si  l'on  opère  sur/j„  et  c/„  on  aura  identiquement 

,      ,  dp,,  .  dr„ 

(10)  —, —  =^/„sinai,  — —  =r(7„cos7. 

du  du         '  '  :  .   . 

En  elfet,  les  deux  membres  d'une  équation  (10)  deviennent  égaux  si  0 
est  solution  de  l'équation  (2);  si  les  deux  membres  n'étaient  pas  iden- 
tiques, on  en  conclurait  que  toute  solution  de  l'équation  (2)  est  solution 
d'une  équation  de  la  forme  (10),  ce  qui  est  évidemment  impossible. 

(îela  posé,  j'arrive  au  théorème  fondamental  de  celle  Aote. 

Thkouéme.  —  Si  a,,  a.^,  ...,  a„  sont  des  constantes  arbitraires,  il  existe  des 
fonctions  cp  qui  satisfont  aux  deux  équations 


i  sino  =  rt, r,  +  rto/ ,  +  ...  + rt„/'„, 
(11)    •  •  fjl^ 

f  du 


■  a^rji  +  (i.,t/..-h  .  .  .+  a„y„. 


On  volt  loul  de  suite  que  ces  fonctions  ç  sont  solulionsde  l'équation  (2). 
La  première  de  ces  équations  ne  contient  pas  u;  elle  est  d'ordre  2».  Pour 
montrer  (|ue  le  système  (1 1)  a  des  solutions,  j'opère  ainsi  :  je  prends  la 
seconde  équation  et  celles  qui  s'en  déduisent  par  des  dérivations  successives 


SÉANCE  DU  lo  JANVIER  I910.  79 

par  rapport  à  v^  en  tenant  compte  de  la  première,  je  puis  exprimer  toutes 

les  dérivées  prises  une  seule  fois  par  rapport  à  11  à  l'aide  de  ç,  -t^>  •••> 

^; 't;  je  porte  les  valeurs  ainsi  obtenues  dans  la  dérivée  delà  première 

équation  prise  par  rapport  à  ii]  je  dis  (\\\q  j'obtiens  une  identité. 
Kn  effet,  le  premier  membre  devient 

D'autre  |)art,  si  Ton  fait  le  calcul  que  je  viens  d'indi([uer.  on  trouve  tout 
de  suite 

ou  fjf 

donc  les  dérivées  prises  une  seule  fois  par  rapport  à  //,  ou  les  valeurs  (9); 

le  second  membre 

Oi\  dr,  ôr„ 

fi  —, h  a,-^  +.  .  .+  a„  -^— 

ou  ou  au 

est  donc  égal  (équations  10)  à 

cos9(rt,yi  ■+-(!,(/,  +  ..  .  +  u „>/„). 

On  voit  facilement  (juel  est  le  degré  de  généralité  du  système  (11);  on 

pourra  pour  u  =  i>  =  o  prendre  arbitrairement  les  valeurs  de  ç,  y;)  •••> 

'-—; — ï;  on  pourra  calculer  alors  les  valeurs  initiales  de  toutes  les   autres 

or'-"~'  '- 

dérivées  de  tp.  Il  entre  donc,  en  dehors  des  a,  in  constantes  dans  la  solu- 
tion générale  du  système  (  1 1). 

Multiplions  la  première  des  équations  (11)  par  -y/^^i    '*    seconde    par 
sinç></»;  on  aura,  en  ajoutant  et  intégrant, 

(12  )  (i\lh+  a,p.,-h.  .  .-h  c „/}„-+-  01  =  —  coscp, 

co  étant  une  constante  qui  peut  prendre  une  valeur  arbitraire. 

Prenons  la  dérivée  de  la  première  des  équations  (11),  ajoutons  au  résultat 

l'équation  (  i  2)  multipliée  par  ^;   on  aura,   en  tenant  compte  de  la   for- 
mule (5), 
(i3)  «,(/o+  i7o73  +  .  .  .  +  a „(}„+,  +  (0(/,=  o. 

Les  solutions  du  système  (11)  sont  donc  telles  qu'il  existe  une  relation 
linéaire  entre  y,,  q^,  . . .,  (/„+,.  On  démontre  facilement  l'inverse. 


8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(^ette  propriété  rattache  ces  solutions  aux  systèmes  singuliers.  On  dé- 
montre facilement,  en  partant  de  là,  l'existence  de  systèmes  singuliers 
d'ordre  quelconque  et  dont  les  racines  de  l'équation  caractéristique  peuvent 
avoir  des  valeurs  arbitraires. 

On  peut  obtenir  ainsi  de  nouvelles  surfaces  ù  courbure  totale  constante 
qui,  non  seulement,  sont  bien  distinctes  de  celles  qui  sont  connues,  mais 
qui,  de  plus,  ne  peuvent  pas  s'en  déduire  par  l'application  de  la  transforma- 
lion  Bianchi-Bucklund. 


M.  W.  KiLiAx  fait  hommage  à  l'Académie  de  divers  travaux  relatifs  à  la 
géologie  et  à  la  paléontologie  du  sud-ouest  de  la  France  et  des  Iles  Seymour 
et  Snow-Hill  (Expédition  du  D''  Otto  Nordenskjold  au  pôle  Sud,  1901- 
1903).  Plusieurs  de  ces  travaux  ont  été  publiés  en  collaboration  avec 
MM.Termier,  m.  Boule,  Ch.  Dei'éret,  Em.  H.vug,  Jules  L.vmbeht,  P.  Reboul. 


ELECTIONS. 

M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  invite  l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses 
Membres  qui  remplacera,  dans  le  Conseil  d'admijiistralion  de  la  fondation 
Carnegie,  iNI.  Bouquet  de  la  (jrye,  décédé. 

Il  est  procédé  au  vote. 

M.  G.  Darboux,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  sera  désigné 
à  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur. 


COUHESI»OM)AI\CE. 

M"""  V""  Kaphael  Rit/,  adresse  à  l'Académie  des  remercîments  pour  la 
distinction  qui  a  été  accordée  aux  travaux  de  son  fils,  M.  Walter  Hitz, 
récemment  décédé. 


M.   le  Secrétaire  peri'f.ti'ei,  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
(  !orrespondance  : 

i"  Souvenir  de  l excursion  des  touristes  français  venus  en  ]{oumanie  à  l'oc- 
casion de  la  croisière  de  1" Ile-de-France  du  23  au  29  septembre  1909. 


SÉANCE    DU    lO    JANVIER    IpfO.  Si 

2°  ]jes  Tomes  I  (année  1903)  et  II  (année  1907  )  des  Annales  du  Ihireau 
central  météorologique  de  France,  publiés  par  A.  Angot. 

3°  Compte  rendu  des  Irai'uwr  du  IX"  Congrès  international  de  Géographie, 
Genève,  27  juillet-G  aovit  1908,  t.  I;  par  Ahthur  de  Claparède. 

4°  Collectio  nominum  Brotherianorurn  et  indicis  bryologici,  auctore 
E.-G.  Paris.  (Pour  le  concours  du  prix  Montagne.  ) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Le  théorème  de  M .  11'.  Stckloff  {théorème  géné- 
ralisé de  Jacobi)  et  les  formules  généralisées  de  la  transformation  de 
contact.  Note  (')  de  M.  C.  Russvax. 

Je  vais  présenter  une  généralisation  du  théorème  de  M.  W.  SteklofT, 
àèmonivè  à?in?,\Q?,  Comptes  rendus,  18  janvier  1909. 

Les  formules  obtenues  représentent  la  généralisation  de  celles  de  la  trans- 
formation de  contact. 

Le  théorème  de  M.  W.  Stekloff  s'exprime  comme  il  suit  : 

Si,  en  i^erlu  de  o.n  —  q(q'Sn)  équations 

/,(x,.   ...,  jr,r,  Pu   .  .  .,/}„)  —  a,  ('  =  1,  2,   ...,  211  —  q), 

l 'expression  différentielle 

/>,  dxi  +  yo,  dx.,  -+- .  .  .-h  p„  dx„ 

devient  la  différentielle  exacte  dU,  les  in  —  q  fonctions 

F(j:,,  ...,  x„;/),,  ...,  /J„), 
déterminées  par  les  équations 

F,=    -r >    S  p,  ——  (j  =  I  ,   2,    .  .  .,111  —  7), 

satisfont  aux  relations 

(  1  )     (/„„  F,.  )  =  2^  '^"(/""  /^  )  +  ^"''     ('^""■=  °'  "'  ^  '■  ;  ^""-^  ■  '  '«  =  '■)' 


(')  Keçue  dans  la  séance  du  i3  décembre  1909. 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  2.) 


82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  {/„„  F/),  {/,u,  fs  )  désignent  les  parenthèses  de  Poisson,  prises  par  rapport 
aux  variables  .r,  /^  (  '  ). 

On  peut  énoncer  ce  théorème  de  la  manière  suivante  :  .SV  l'expression 
différentielle 

se  réduit  à  la  forme  canonique 

Pi  dj^  + . . .  +  /j„  dj-,^, 

on  a  toujours  les  relations  (i)  (^ ). 

On  peut  généraliser  ce  théorème  et  le  compléter  de  la  manière  suivante  : 

Si  r expression  différentielle 

dX,  -  P,  ,/X ,  —  ...—  P„,  d\,„ , 

où  \„,  \,(i^  I,  2,  .  .  .,  m)  sont  indépendants,  se  réduit  à  la  forme  cano- 
nique 

rj{dz  —  /',  f/.t'i  —  .  .  .  —  /'„  dx,,)         (  //(  \i  n), 

les  variables  X^,  X,,  P,(i'^::;  1,2,...,  m),  exprimées  en  fonction  des  ;,, 


(')  A  savoir 


(■-)  s.  Lie  a  démontré  {Math.  An/i.,  B.  XI,  §  1,  p.  46",  Salz  2)  que  si 

dV  H-  F,  f//|  +  . .  .  +  F,,  df,.  =  pi  du-,  +.  .  .-h  pn  dx„, 
et  si 

(/■•/')  =  0  («  =  2,3,  ...,/•), 

on  a  entre  autres  relations 

(/„F,)  =  ,,  (/,,F,,)=o  (A- =  2,  ...,«), 


(/ 


■'>-Zd\dx,  ûps       dp  s  d-isJ' 


On  voit  que  ce  dernier  théorème  n'est  pas  identique  avec  celui  de  M.  \V .  Slekloff, 
contrairement  à  l'affirmation  de  M.  N,  SaL\ly]\oiY  (Comptes  rendus,  3o  août  1909). 


SÉANCE    DU    lO    JANVIER    1910.  83 

.r,  p,  satisfont  aux  équations 

(Xo.  P,)=:V-,    A),(X„,X).)+pP,  («•=:,., m), 

1 

(P^.,  p,)  =:V>,;j,A):;,.(X-,,  x„)  (/.-,  1  =  1. 2, . . .,  m), 


A),,=  -T^  +  P'-W*'  ^>!J  =  A),/,  Apt,—  Ap./,A).,         («,  À,  //  —  I,  2,  . . .,  w) 


et 


Si  les  variables  P,(«'=i,  2,  ...,  w),  exprimées  en  fonction  des  X„, 
X,(«"=  1,2,  .  .  . ,  m)  dépendent  encore  de  in  —  m  des  variables  x,  p^  que 
nous  appelons  a-,,  yj,,  on  a  encore 

2'(Xa,X,)^^=o,  2'(^'.->''')j7;=o         (A- =  0,1,2,...,  m). 

On  voit  aisément  que  ces  formules  représentent  la  généralisation  de 
celles  de  la  transformation  de  contact,  qui  s'obtiennent  dan.s  la  supposi- 
tion m=^  n. 

On  démontre  ces  relations  par  la  méthode  connue  de  M.  G.  Darboux, 
employée  dans  la  théorie  de  la  transformation  de  contact,  en  parlant  des 
relations 

rfX„—  P,  rfX,  —  .  .  .  —  P„,  dX,„=p{dz—pi  dx,-~..  .  —  p„  dx„), 

ôXo —  P,  ôX|  —  .  . . —  P„,  oX,„=  p{oz  — yj,  ôj-,  — . . .  —  „ pèx„), 

où  ùz,  o.r,,   ùpi,  dz,  dx,,  dpj(i=  1,2,   .  .  . ,  n)  sont  deu.x  systèmes  quel- 
conques des  accroissements  des  valeurs  des  variables  z,  x,^  p,.  Il  s'ensuit  que 

2' (o'P/ ^X, -  dPi oX, )  —  dp  i  ô;  -^jfj  dxj  \  +  opl  dz  -^jpj  dx,  \ 
=  p  7  /  (  o/jy  dxj  —  dpj  oxj  ) . 


84  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

En  supposant  que  dz  =  ^ j pj(/.ij,  oz  =  '^j/)jixj  et  en  égalant  lescoef- 

lîcients   des  accroissements  arbitraires   oXj,  opj(J=i^  2,  ...,  n),    nous 
obtenons 


p''''=2:'(S^-^--i;''-'). 

,.        ^    /ÔX,  dX,\    ,  ^    dX/  , 


dxj       '^'  dz  j       '      ^   di>j 

1  t 

(  /  =  1 .  2 ,  .  .  . ,  m). 
Si  «(r,  a-, /y)  est  une  fonction  quelconque  des  ;,  >r,  /?,  et  si 


il  résulte  des  formules  précédentes  que 

pdu  =^'{u,  P,)  rfX,— V,(„,  X,)  dPf. 
1  1 

Les  fonctions  X^,  X,  (i  ^  i,  '-^i  •  •  •.  "0  sont  indépendantes  par  rapport 
à  r/i  -i-  I  des  variables  s,  a?,  />,  parmi  lesquelles  il  y  a,  nous  pouvons  tou- 
jours le  supposer,  la  variable  z. 

Si  nous  introduisons  au  lieu  de  ces  dernières  les  variables  nouvelles  X„, 
X,(j  ^  1,2,  .  .  . ,  ni),  du  et  <'/P,(/  =  1,  -2,  .  .  . ,  m)  auront  la  forme 


SÉANCE    DU    lO   JANVIER    HJIO.  85 

car,  en  vertu  de  la  relation 

dz  ^y  j  Pj  djc j, 
1 

on  a 

1 

En  supposant  u  =  Xa.(^  =  i  ,  2,  .  .  . ,  m)  et  en  égalant  les  coefficients  des 
accroissements  arbitraires  r/X,,  dx^^  dp^,  on  obtient 

(rt)  (X/„  P,)  =  V-,(X,,,  Xx)A).,H-  p£,„         (£/,-/=  o,  k^i;  ei,r=i,A  =  i), 

1 

{b)     ^H^>^>^l)^^  =  o,  ^'iy^'.>^')'^^  =  o  (/,A-==.,2,  ...,m), 

1  1 

OÙ 

A>,=  ^+P,^^. 

En  posant  u  =  X„,  il  résulte  de  la  même  manière  que 

(c)  (X„,  P,)  ^V).{X„\).)  A-,,+  pP„ 

1  1 

Si  enfin  u  =  P/,,  on  a 

(P,,P,)=^>,(P,\),)A),,  +  pA,-,-, 
1 

La  première  de  ces  dernières  relations  devient,  en  vertu  de  («), 

(e)  (P,,P,)=.V>,,.(X-,X|,)A-;;;, 

1 
où 

A^;^  =  Au  A|j.,  — Aji/,A),,-        (i,  k,  1,  i^  =  i,  2,  .  . .,  m). 

Les  deux  dernières  sont  les  conséquences  des  relations  (b),  de  sorte  que 
les  relations  indépendantes  sont  («),  (b),  (c),  (d),  (e). 

c.  Q.  V.  D. 


36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  iinlègrale  de  Stieltjes  et  sur  (es  opérations 
fonctionnelles  linéaires.  Note  de  M.  Henri  Lkbesgue,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

On  désigne  sous  le  nom  ^'intégrale  de  Stieltjes.,  et  l'on  représente  par  le 

symbole   /     f[iv)  do(.{oc),  l'opération  fonctionnelle  faisant  correspondre  à 

/(x)  un  nombre  défini  de  la  façon  suivante.  Divisons  l'intervalle  (a,  h)  en 
un  nombre  fini  d'intervalles  partiels  (j?,,  it',+  i),  dans  chacun  d'eux  prenons 

un  nombre  ^,,  formons  la  somme  ^ /(^,)  [a(a7,vi)  —  <^(^i)]i  puis  passons 

à  la  limite  en  faisant  tendre  vers  zéro  le  maximum  des  longueurs  Xi+i  —  Xi. 

Pour  qu'il  y  ait  intégrale  de  Stieltjes  il  faut  que  ce  passage  à  la  limite 
ait  un  sens;  il  en  est  ainsi  comme  l'a  prouvé  Stieltjes(')dans  le  cas  où, /(a?) 
étant  continue,  a(.'r)  est  une  fonction  croissante  et  par  suite  aussi  lorsque, 
f{x)  étant  continue,  a  (x)  est  à  variation  bornée. .D'ailleurs,  cette  condition 
que  «(a*)  soit  à  variation  bornée  est  indispensable  si  l'on  veut  que /(a;) 
puisse  être  continue  dans  (r/,  b)  mais  non  soumise  à  d'autres  conditions;  on 
le  voit  en  faisant/(.r)  se;  i  . 

Je  me  bornerai  à  la  considération  de  ce  cas;  y  continue,  a  à  variation 
bornée.  C'est  le  seul  qui  a  été,  je  crois,  utilisé  jusqu'ici. 

A  l'occasion  d'un  résullat  très  intéressant  donné  récemment  par 
M.  F.  Riesz  (-),  je  voudrais  indiquer  les  liens  étroits  qu'il  y  a  entre  les 
intégrales  de  Stieltjes  et  les  intégrales  de  fonctions  sommables. 

Soit  i'(a?)  la  variation  totale  de  «(a?)  dans  (a,  x).  Faisons  l'inversion  de 
cette  fonction  en  convenant,  si  v{x)  est  constante  et  de  valeur  v^  dans  tout 
un  intervalle  ( /,  //?),  de  désigner  para?(('„)  l'une  seulement  des  valeurs  de 
(/,  m);  la  plus  petite  /,  par  exemple. 

Si  i'(x')  est  discontinue  pour  x  ^  x^,  -r(i')  n'est  pas  définie  dans 
l'intervalle  [t'(a-|,  —  o),  t'(.r'oH- o)J,  sauf  pour  la  valeur  ('(.r„);  convenons 
que  dans  tout  cet  intervalle  on  aura  x(i')  =  x^. 

Alors  a|.r(f)|  a  une  valeur  constante  oi.(Xf,)  dans  \v(x„--  o),  ('(a"o  +  o)] 
et  tend  vers  des  valeurs  déterminées  a(j7„  —  o),  «.(x^-h  o),  quand  i>  tend 
vers  les  extrémités  de  cet  inlervalle  par  valeurs  extérieures  à  cet  intervalle. 

(')  Reclierclies  sur  les  fractions  continues  {Annales  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  Toulouse,  iSg/J). 

(')  Sur  les  opérations  fonctionnelles  linéaires  (  Comptes  rendus,  29  novenil)re  1909). 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  19IO.  87 

Modilions  a[a7  (»>)]  dans  l'intervalle  considéré,  de  façon  qu'elle  devienne 
linéaire  dans  chacun  des  intervalles  [i>(x„  —  o  ),  ç(a\)\,  \v(x„-+-  g),  ('(a^'o  )]; 
nous  obtenons  ainsi  une  fonction  ^^(v)  continue  et  à  variation  totale  égale 
à  i'  dans  (o,  t').  Or,  il  est  évident  qu'on  a 

HA-^)]=f  A^r)d^(x)=J      /[^U')]^.3(r); 

seulement  celte  fois  /|^((')|  n'est  plus  nécessairement  continue,  mais 
peut  avoir  des  points  de  discontinuité  de  première  espèce;  par  contre,  p(r) 
est  continue  et  l'intégrale  de  Stieltjes  existe. 

Or,  i3(»')  est  l'intégrale  indélinie  d'une  fonction  somniablc  6((')  ne 
prenant  que  les  valeurs  +  i  et  —  i,  et  l'on  voit  de  suite  que  A[/(ic)]  est 
égale  à 

l'intégrale  étant  une  intégrale  de  fonction  sommahle.  D'ailleurs,  quand 
a(j7)  est  donnée,  -v^v)  et  6(r)  sont  entièrement  déterminées,  sauf  au  plus 
pour  un  ensemble  de  valeurs  de  r  de  mesure  nulle. 

La  transformation  d'une  intégrale  de  Stieltjes  en  intégrale  de  fonction 
sommable  peut  se  faire  de  bien  d'autres  manières,  parfois  très  simplement, 
par  exemple,  quand  cil{x)  est  une  intégrale  indéfinie.  Pour  le  cas  général,  en 
considérant  y.(x)  comme  la  différence  de  deux  fonctions  partout  croissantes, 
on  voit  (\yi  étant  donnée  ly.ix)  à  variation  bornée,  on  peut  trouver  des  nombres 
K,,  Ko  e/  des  fonctions  continues  non  décroissantes  Xf(^t),  x.,(^t)  telles  que  l'on 
ait 

A[/(^)]=y/(^)^«(-^)=j['   \K,/[x,{l)]-K,f[x,(t)]\dt; 

on  arrive  cette  fois  à  une  intégrale  ordinaire  de  fonction  continue.  On  a  de 
plus 

Xt{o) --=  x,{o)  =  a,         .^,(1)  =  cToli)  =  *• 

L'intérêt  que  peuvent  présenter  ces  transformations  apparaîtra  bien  si 
nous  nous  en  servons  pour  traduire  l'énoncé  donné  par  M.  Riesz. 

M.  F.  Riesz  a  prouvé  que  les  intégrales  de  Stieltjes  qui  viennent  d'être 
considérées  sont  les  seules  opérations  fonctionnelles  qui  fassent  correspondre 
un  nombre  A  [/(^r)]  à  toute  fonction  f{x)  continue  dans  (a,  b)  et  qui 
soient  linéaires;  c'est-à-dire  telles  que  l'égalité/ =  ^J],  dans  laquelle  le 


88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

second  inciiihrc  est  une  série  uniformément  convergente,  entraine  Féga- 
lité  A  (/)  =  I  A  (/;■).  (  )n  a  donc 

HA^^n  =  f  /{■<■)  da(x)=j  /[a-(l)]l(l)^ll  =  f  ]KJlr,(t)]-KJ[.v,(t)]\de. 

Le  second  membre  exprime  le  résultat  de  M.  Riesz  ;  a  (x)  est  une  fonc- 
tion à  variation  bornée  presque  entièrement  déterminée  par  A  [y"(^)]- 
Dans  le  troisième  membre,  ar  (/)  est  une  fonction  non  décroissante  variant 
de  a  à  b  quand  t  varie  de  o  à  M,  X  (t)  est  une  fonction  sommable  ;  si  l'on 
prend  A  (/)  =  zh  i,  M  est  déterminé;  x(t)  et  A(/)le  sont  presque  par- 
tout. Les  notations  du  quatrième  membre  sont  précisées  plus  liant. 

Parmi  les  'avantages  des  deux  dernières  formes  on  peut  noter,  outre  les 
énoncés  à  vérifier  qu'elles  suggèrent  pour  le  cas  des  fonctions  / h  ]ilusieurs 
variables,  le  fait  de  permettre  le  prolongement  de  l'opération  A  (/),  sup- 
posée connue  pour  les  fonctions  continues,  à  tout  le  champ  des  fonctions 
sommables  bornées.  On  définit,  en  somme,  ainsi  l'intégrale  de  Stieltjespoury 
sommablo  bornée,  a  à  variation  bornée;  ce  qu'il  parait  difficile  de  faire  sans 
changement  de  variable,  (^uant  au  prolongement  obtenu,  qui  est  évidem- 
ment unique,  on  peut  le  caractériser  en  disant  que  c'est  le  seul  avec  lequel 
on  a  le  droit  d'appliquer  l'opération  A  terme  à  terme  aux  deux  membres  de 
l'égalitéy"^  Sy,-,  la  série  du  second  membre  étant  uniformément  conver- 
gente ou  convergente  et  à  termes  positifs. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  formes  quadratiques  définies  à 
une  infinité  de  i^ariahles.  Note  de  M.  J.  Le  Roux,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

I.  Soit /(a;)  une  fonction  d'un  nombre  fini  ou  infini  de  variables.  Con- 
sidérons pour  les  valeurs  de  ces  variables  une  suite  indéfinie  d'ensembles 
E,,  Ej,  ...,  dont  chacun  contienne  le  précédent;  supposons  que  la  fonction/ 
soit  définie  dans  tous  les  ensembles  considérés  et  admette  dans  chacun 
d'eux,  \\„.  un  minimum  m,,.  On  a  alors  nécessairement 


Par  conséquent,  si  la  fonction  est  bornée  intérieurement,  les  nombres /«„ 
tendent  vers  une  limite  déterminée  quand  n  croit  indéfiniment. 

(Jlelle  remar(jue  évidente,  et  la  proposition  corrélative  pour  le  maximum. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  89 

sont  susceptibles  d'applications  nombreuses  et  intéressantes  dans  la  théorie 
des  fonctions  d'une  infinité  de  variables,  où  l'on  a  souvent  à  considérer  des 
ensembles  de  plus  en  plus  étendus  et  dont  chacun  contient  tous  les  pré- 
cédents. 

Elles  s'appliquent,  par  exemple,  à  quelques-unes  des  propositions  de 
M.  Hilbert,  relatives  aux  formes  quadratiques  infinies,  et  permettent  d'ap- 
porter aux  démonstrations  des  simplifications  notables,  tout  en  complétant 
les  résultats  par  la  suppression  de  restrictions  inutiles. 

L'application  que  nous  allons  en  donner  conduit  à  des  résultats  remar- 
quables par  leur  grande  généralité. 

2.  Considérons  une  forme  quadratique  réelle  à  une  infinité  de  va- 
riables  a-,,  .v.,,  .  • . , 

/(.f)  =  laa--r,-r/,.  (a,/,  —  a,,,). 

Si  l'on  attribue  la  valeur  zéru  à  toutes  les  variables  dont  l'indice  sur- 
passe 71,  il  reste  une  forme  quadratique  à  n  variables  que  nous  désignons 
pary„(a-).  Notre  seule  hypothèse  sera  quey„(a7)  soit  toujours  définie  positive 
quel  que  soit  n.  Si  nous  faisons  a;,  =  1,  les  autres  variables  restant  arbi- 
traires, la  formey„  admet  un  minimum  positif  m,„. 

D'après  ce  qui  précède  les  nombres  positifs  non  croissants  m,„  tendent 
vers  une  limite  [jt.,,  positive  ou  nulle,  cjuand  n  croît  indéfiniment.  Nous 
appellerons  [jl,  le  module  de  la  forme/(;c)  relativement  à  la  variable  .r,. 
A  chaque  variable  a:,  correspond  de  même  un  module  [Ji,.  Si  tous  les  mo- 
dules sont  différents  de  zéro,  on  peut  dire  que  la  forme  proposée /"(.r)  est 
elle-même  dey/nie.  Il  n'est  pas  nécessaire,  pour  cela,  qu'il  existe  pour  les 
modules  une  limite  inférieure  différente  de  zéro. 

Un  calcul  très  simple  donne  l'expression  de  la  différence  positive 


Soit  A  le  discriminant  do  la  formey], ;  nous  représenterons  les  mineurs 
de  A  par  la  notation  A^;^.;  ,  les  indices  inférieurs  correspondant  aux  lignes, 
les  supérieurs  aux  colonnes  supprimées. 

On  a 

A  A« 

'"'■"=  A;'         '"'■"-  =  A[^' 
d'où 


(') 


AA|.',;^AJA',;  __  (a;')2 


a:  A!-;;  ai  a; 


C.  a.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  100,  N°  2.) 


Ç)6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  scrie  ayant  pour  terme  général  ^i  J;.„  est  donc  toujours,  dans  notre  hypo- 
tli.ése,  une  série  positive  convergente. 
Nous  poserons 

3.  Lorsque  la  forme  f{x)  est  définie,  les  luileurs  des  variables  qui  corres- 
pondent au  minimum  de  /„,  dans  l'hypothèse  a;,  =  i,  tendent  également 
vers  des  limites  déterminées  pour  n  infini. 

Gétle  proposition  qui  a  une  grande  importance  pour  la  théorie  des  équa- 
tions linéaires  à  une  infinité  d'inconnues,  résulte  de  la  remarque  précédente. 

En  effe.t,  soit  iCo  „  la  valeur  de  la  variable  x.,  qui  correspond  au  minimum 
dey,,,  pour  ^r,  =  i. 

On  a 


De  l'identité 
nous  lirons 

(2) 

Faisons  croître  n  indéfiniment,  et  désignons  par  |j.o.,  le  module  relatif 
à  a;,,  de  la  forme  définie  positive  qu'on  déduit  à.&fi^x')  en  y  faisant  x^  =  o. 
-  L'équation  (2)  donne  alors 


x^_ 

,»  =  - 

A? 
Al' 

^1^2- 

-(Aï)' 

=  A1 

ri  A, 

A?\'- 

A^ 

Ali 

A 

ÂÎ)- 

"Al 

'    Al 

'  Al 

(^)  \  A'  /    "~  fi  u 

Donc  (a'j,,,)-  tend  vers  une  limite  déterminée.  Pour  démontrer  qu'il  en 
est  de  même  de  ifo.n,  il  suffira  de  faire  voir  que  la  différence  x.,n-\  —  ^2,n 
tend  vers  zéro  pour  n  infini.  Par  des  réductions  faciles,  cette  différence 
prend  la  forme 

•  /     /ÂfÂ!^    A; ,  y 

A«(AJA?- A^A',')       "•"V''"V  AlAl;'        Aj '"7- 


(4) 


ailaia;;-(A^)^]  _a;^ 

A1-" 


Les  rapports  de  déterminants,  qui  figurent  dans  l'expression  ainsi 
obtenue,  ont  des  limites  exprimables  à  l'aide  des  modules,  tandis  que  les  £ 
tendent  vers  zéro.  La  valeur  x.,^,^  tend  donc  aussi  vers  une  limite  déter- 
minée, .r^.  Ce  qui  fait  la  nouveauté  et  l'importance  de  ce  dernier  résultat. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  "       91 

c'est  que  nous  n'avons  imposé  a  priori  aux  formes  considérées  aucune  des 
conditions  relatives  à  la  convergence  ou  à  la  limitation  des  valeurs  des 
coefficients,  qui  figurent  dans  les  travaux  de  MM.  Hilhert,  Tœplitz  ou 
Schmidt  sur  les  équations  linéaires  à  une  infinité  de  variables. 


,  ■  iMÉCANlQUE.   —   Impossibilité  de  certaines  ondes  de  choc  et  combustion. 
Note  (')  de  M.  E.  Jou<iUET,  présentée  par  M.  Vieille. 

f .  Considérons  les  ondes  de  choc  et  combustion  se  propageant  dans  un 
mélange  constitué  par  des  gaz  parfaits  dont  les  chaleurs  spécifiques  croissent 
avec  la  température. 

Reportons-nous  aux  notations  et  aux  formules  de  notre  précédente 
Noie  (^).  La  loi  d'Hugoniot,  si  l'on  y  considère  l'état  initial  comme  donné, 
définit />o  en  fonction  de  <j.,.  On  peut,  avec  M.  Crussard,  la  représenter  par 
une  courbe  (H)  avec  n.,  en  abscisse  ai  p.,  en  ordonnée.  Plaçons  en  A  le  point 
de  coordonnées  a-,,  /;,.  La  courbe  passe  par  les  points  B  et  G  représentant 
respectivement  les  états  auxquels  on  parvient  par  une  combustion  à  volume 
constant  ou  à  pression  constante.  FJle  est  asymptote  à  Oyjou  à  une  parallèle 
à  cet  axe  (pour  T^  =  y^)  et  rencontre  (Jcr  en  un  point  G  (pour  T^  =^  o). 

Une  onde  quelconque  se  propageant  dans  l'état  a,,/»,  est  représentée  par 
un  point  de  la  courbe  (H).  Mais  tous  les  points  de  (H)  ne  correspondent 
pas  à  des  ondes  réellement  observables.  On  doit  d'abord  se  borner  aux 
parties  de  la  courbe  où  p.>  est  positif.  D'autre  part,  au  voisinage  de  G,  la 
température  T^  est  très  petite  et  les  flammes  ne  se  propagent  pas  ainsi. 
Enfin,  pour  les  points  de  l'arc  BG,  la  vitesse  de  propagation  serait  ima- 
ginaire. 

2.  Pour  mieux  déterminer  l'allure  de  la  courbe,  on  peut  supposer  faibles 
la  dissociation  et  la  combustion  résiduelle.  Cette  hypothèse  n'introduit  pas 
d'erreur  grave  pour  les  aixs  de  la  courbe  correspondant  à  des  ondes  réelle-' 

ment  observables.  Le  coefficient  angulaire  -p-  [formule  (2)  de  notre  précé- 
dente Note]  peut  alors  s'écrire 

djH  _  —i{'i■l+^)|'■l+{^/■l—l)P^^  _ 
duï  (7-2+ O^^s  — (72— i)«^i 


(')    i'réseiitée  dans  la  séance  du  3  janvier  ujio. 
{^)  Comptes  rendus,  1-  décembre  1909. 


92  ■  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  numéialciir  est  toujours  négatif.  On  peut  démontrer,  en  se  servant  de  la 
loi  d'Hugoniot,  que  le  dénominateur  est  toujours  positif.  Le  coefficient  an- 
gulaire est  donc  toujours  négatif. 

3.  Traçons  les  tangentes  AP,  AQ  issues  de  A.  On  sait  que  les  points  P 
et  Q  correspondent  à  des  ondes  de  choc  et  combustion  dont  la  vitesse  D 
est  égale  à  la  vitesse  du  son  Ko  en  arrière;  c'est  le  point  P  qui,  dans  les 
mouvements  reclilignes,  donne  Vonde  exploske.  iNous  admettrons  qu'il  n'y 
a  que  deux  tangentes.  Dès  lors,  moyennant  les  hypothèses  du  paragraphe  2, 
on  a,  sur  les  arcs  FP  et  CQ,  D  <  K^  et,  sur  les  arcs  PB  cl  (  H  i,  1)  >  \\,. 


On  peut  montrer  également,  par  des  raisonnements  du  même  ordre  de 
généralité  que  ceux  qui  précèdent,  qu'on  a,  sur  l'arc  FB,  D  >  E,  et  sur 
l'arc  CG,  D  «<  E,,  en  désignant  par  E,  la  vitesse  du  son  dans  le  milieu  en 
avant. 

4.  Appliquons  maintenant  le  postulat  qui  a  fait  l'objet  de  notre  pi-écé- 
dente  Note.  C'est  seulement  sur  l'arc  FP  qu'on  a  Eo>  D  >■  E,.  Les  seules 
ondes  de  choc  et  combustion  possibles  correspondraient  donc  aux  points 
de  cet  arc  et  seraient  par  suite  plus  condensées  que  Tonde  explosive. 

Cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  nepeutpasy  avoir  d'explosions  propageant  des 
différences  de  pression  inférieures  à  celle  qui  caractérise  l'onde  explosive. 
Cela  veut  dire  simplement  que  les  explosions  de  cette  espèce  ne  suivent  pas 
les  lois  simples  des  ondes  de  choc  et  combustion.  I^es  lois  des  ondes  de  choc 
et  combustion  supposent  que  la  zone  où  se  font  successivement  réchauffe- 
ment jusqu'à  la  température  d'inflammation,  puis  la  combustion,  est  et  reste 
assez  étroite  pour  que  son  épaisseur  puisse  être  regardée  comme  inliniincnt 
petite.  Cette  condition  n'est  sans  doute  pas  remplie  dans  les  explosions  dont 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  98 

nous  venons  de  parler.  Pour  les  étudier,  il  doit  être  nécessaire  de  considérer 
comme  finie  l'épaisseur  de  la  zone  d'échauffement  et  de  combustion,  et  de 
poser  des  équations  tenanlcompte  delà  viscosité  des  gaz  et  desphénomènes 
de  conductibilité  dont  cette  zone  est  le  siège.  Par  cette  intervention  de  la 
conductibilité,  on  se  rapproche  du  régime  de  la  déjlagration  ('),  et  il  paraît 
opportun  de  réserver  le  nom  de  délonalion  aux  explosions  se  faisant  par 
ondes  de  choc  et  combustion  proprement  dites. 

5.  Considérons  une  onde  de  choc  et  combustion  sphërique,  représentée 
par  un  point  M  de  l'arc  FP  et  imaginons  que  le  fluide,  en  arrière  du  front, 
se  détende,  comme  cela  a  probablement  lieu,  au  bout  d'un  certain  parcours, 
dans  une  onde  produite  par  une  impulsion  brève.  Les  formules  données 
dans  une  Note  antérieure  {"^ )  montrent  que  l'onde  se  modifie  au  cours  de  la 
propagation;  le  point  M  se  rapproche  de  P;  quand  il  arrive  en  P,  il  fend 
encore  à  descendre,  mais  il  pénètre  alors  dans  l'arc  PB  et,  si  les  considéra- 
tions ci-dessus  sont  exactes,  les  lois  des  ondes  de  choc  et  combustion  cessent 
d'être  applicables.  Ainsi  donc,  si  l'on  admet  le  point  de  vue  adopté  dans  ce 
qui  précède,  les  détonations  se  propageant  par  ondes  sphériques  tendraient 
spontanément  à  s'atténuer  et  à  se  rapprocher  du  régime  des  déflagrations. 


OPTIQUE.  —  Images  changeantes  à  deux  et  trois  aspects  sur  p/at/ue 
autostéréoscopique.  Note  de  M.  E.  Estaxave,  présentée  par 
M.  G.  Lippmann. 

J'ai  déjà  signalé  ici  (')  qu'on  pouvait  obtenir  en  projection  sur  un  écran 
spécial  que  j'ai  appelé  Vécran  stéréoscope,  deux  images  changeant  d'aspect 
suivant  le  point  de  vue  de  l'observateur.  Ces  images  étaient  fugitives 
comme  toute  projection,  et  je  me  suis  proposé  d'en  fixer  le  caractère  sur  une 
plaque  photographique,  de  telle  manière  qu'en  observant  celle-ci  par 
transparence,  l'une  ou  l'autre  des  images  apparaisse  exclusivement.  J'ai 
ensuite  généralisé  la  méthode  et  ai  cherché  à  obtenir  sur  la  même  plaque 
trois  images  différentes  visibles  chacune  individuellement  et  exclusivement. 


(')  Sur  les  équations  de  la  déflagralion,  voir  une   Note  insérée  au\  Comptes  rendus 
du  4  mai  1908. 

(^)  Comptes  rendus,  18  mars  1907. 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXLVII,  1908,  p.  Sgi. 


;94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Après  avoir  obtenu  ces  résultats  sur  une  plaque  photographique  ordinaire, 
armée  d'un  réseau  ligné,  je  les  ai  enregistrés  sur  la  plaque  spéciale  que  j'ai 
fait  connaître  ici  même  (  '  )  et  que  j'ai  appelée  la  plaque  autostéréoscopique . 

Pour  exposer  la  marche  quej'ai  suivie  pour  obtenir  ces  résultats  nouveaux,  considérons 
trois  sources  lumineuses  R,  V,  J  (fig.  i  ),  que  nous  supposerons  de  couleurs  différentes  : 
rouge,  verte  et  jaune,  uniquement  pour  les  distinguer  l'une  de  l'autre.  Ces  sources  sont 
disposées  verticalement  au-dessous  l'une  de  l'autre  devant  une  glace  dépolie  MN  au- 
devant  de  laquelle  on  a  disposé  un  réseau  ligné  PQ  à  une  distance  convenable 
calculée  d'après  le  caractère  du  réseau  utilisé,  l'écârtement  respectif  des  sources  et  la 
distance  de  ces  sources  à  la  glace  MN. 


On  obtient  sur  la  glace  dépolie  des  lignes  horizontales  rouge,  verte  et  jaune  adja- 
cente», provenant  respectivement  des  sources  R,  V  et  J.  La  figuré ci-dess\is  montre  clai- 
rement le  mécanisme  de  l'obtention  de  ces  bandes  colorées.  Les  bandes  marquées  /•  sont 
en  ell'el  données  par  la  source  R,  el,  en  raison  de  l'opacité  des  traits  du  réseau,  cette 
source  ne  peut  apporter  de  trouble  dans  les  bandes  c  et  /'.  De  même  les  bandes  c  et  / 
sont  exclusivement  produites  par  les  sources  V  el  J. 

Si  maintenant,  à  la  place  de  la  glace  dépolie  MN.  on  disposait  une  plaque  autochrome 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  1909,  p.  225. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  g5 

ou  similaire,  après  développemenl  el  inversion  on  aurait  des  bandes  liorizonlales 
adjacentes  rouge,  verte  et  jaune.  Et  en  disposant  au-devant  de  cette  plaque  le  réseau  PQ 
à  la  distance  et  dans  la  position  qu'il  occupait  dans  le  tirage,  on  pourra  observer,  en 
plaçant  les  yeux  sur  l'horizontale  passant  par  R,  toutes  les  bandes  rouges  de  la  plaqne 
el  uniquement  celles-là;  en  sorte  que  la  plaque  paraîtra  rouge.  En  plaçant  les  yeux  sur 
riioi  izontale  passant  par  V  ou  J,  on  observerait  exclusivement  soit  les  bandes  vertes, 
soit  les  bandes  jaunes.  Ainsi  celle  même  plaque  présentera  trois  aspects  différenls  el 
paraîtra  rouge,  verte  ou  jaune,  suivant  le  point  de  vue  de  l'observateur. 

Ceci  posé,  uniquement  pour  fixer  les  idées,  posons  un  objectif  percé  de  trois 
ouvertures  R,  V  et  J  disposées  >erticalement  et  fermons  les  deux  ouvertures  V  et  J.  En 
laissant  travailler  l'ouverlure  R,  nous  obtiendrons  sur  une  plaque  photographique  MN 
une  image  de  l'objet  placé  devant  l'objectif,  mais  cette  image  sera  incomplète  et 
formée  d'éléments  filiformes  horizontaux  r,  /•,  /•,  ....  En  faisant  travailler  successi- 
vement les  ouvertures  V  et  J  nous  obtiendrons  des  images  incomplètes  de  l'objet  situé 
devant  l'objectif,  formées  chacune  d'éléments  fdiformes  horizontaux  c  el  7.  Mais  si 
dans  ces  trois  opérations  successives  nous  disposons  devant  l'objectif  trois  sujets  diffé- 
rents, ou  un  même  sujet  qui  prend  des  aspects  différents,  nous  aurons  finalement 
enregistré  sur  la  plaque  trois  images  différentes,  incomplètes  i\  c  et  y. 

El  en  disposant  au-devant  de  celle  plaque  développée  el  inversée  du  noir  au  blanc, 
le  réseau  qui  a  servi  dans  le  tirage,  on  verra  par  transparence,  du  côté  du  réseau,  l'une 
ou  l'autre  de  ces  trois  images,  suivant  (ju'on  placera  les  yeux  sur  l'une  des  horizontales 
passant  par  R,  V  el  J. 

La  plaque  présentera  trois  aspects  différents.  Par  exemple,  dans  la  position  R  on 
verra  seulement  les  éléments  filiformes  r,  /•,  /•,  ...  constiluanl  l'une  des  images  c  et  y', 
les  autres  éléments  c  et  j  étant  cachés  par  l'opacité  des  iraits  du  réseau. 

Grâce  au  voisinage  des  éléments  /■,  /•,  r,  ...,  l'image  incomplète  paraîtra  continue. 

Théoriquement,  il  est  possible  d'obtenir  un  plus  grand  nombre  d'images 
difTérentes  sur  la  même  plaque,  mais  il  est  à  remarquer  que  la  généralisation 
semble  pratiquement  limitée,  car  les  images  sont  de  plus  en  plus  incomplètes, 
puisque  les  bandes  filiformes  qui  constituent  la  même  image  sont  de  plus  en 
plus  éloignées.  Dans  le  cas  de  deux  aspects  les  éléments  d'une  des  images 
sont  adjacents  à  ceux  de  l'autre.  Quand  il  y  a  trois  aspects  les  éléments  con- 
sécutifs d'une  des  images  sont  séparés  par  deux  éléments  appartenant  chacun 
aux  deux  autres  images. 

Le  caractère  du  réseau  dans  le  cas  de  trois  images  doit  présenter  des  traits 
opaques  doubles  des  espaces  clairs,  si  les  deux  ouvertures  R  et  J  sont  équi- 
distantes  de  l'ouverture  centrale  Y.  Cette  condition  résulte  de  la  similitude 
des  triangles,  comme  le  montre  la  figure. 


96  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  production  d'ozone  sous  l'influence  de  la 
lumière  ultranolette .  Note  de  M.  Edm.  van  Aubel,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

Lenard  (  '  )  a  le  premier  observé,  en  1900,  que  la  lumière  ultraviolette 
ozonisait  l'air.  Goldstein  (-),  Regener  ('),  Franz  Fischer  et  F.  Braeh- 
mer  (M  ont  confirmé  ce  résultat. 

Franz  l*'ischer  el  F.  Braelimer  ont  étudié  riniluence  des  divers  facteurs  sui-  la  pro- 
duction de  l'ozone,  notamment  l'importance  de  la  température  du  gaz,  tandis  que 
Regener  a  montré  que  la  lumière  ultraviolette  n'agit  pas  seulement  sur  l'oxygène  pour 
l'ozoniser,  mais  désozonise  aussi  l'ozone  formé,  de  façon  qu'il  se  produit  un  équilibre 
entre  l'oxygène  et  l'ozone  dans  la  lumière  ultraviolette. 

Il  semblait  donc  que  la  production  d'ozone,  sous  l'influence  de  la  lumière  ultravio- 
lette, pouvait  être  considérée  comme  un  phénomène  bien  établi,  lorsque  parurent 
deux  Mémoires  de  H.  Hordier  et  T.  .Nogier  (^),  sur  la  cause  de  l'odeur  prise  par  l'air 
soumis  aux  radiations  ultraviolettes  émises  par  la  lampe  à  vapeur  de  mercure.  Ayant 
soumis  à  des  analyses  l'eau  de  lavage  de  l'air  irradié,  Bordier  et  Nogier  n'ont  pu  cons- 
tater la  moindre  trace  d'ozone  malgré  la  sensibilité  des  réactifs  employés,  et  ont  donné 
alors  une  explication  de  l'odeur  purement  subjective  d'un  gaz  irradié  par  la  lampe  à 
vapeur  de  mercure. 

Franz  Fischer  ("la  critiqué  récemment  les  expériences  de  Bordier  et  Nogier. 

J'ai  eu  l'occasion  de  faire  sur  cette  question  quelques  expériences,  qui 
me  paraissent  décisives  et  que  je  crois  utile  de  signaler. 

Une  lampe  à  vapeur  de  mercure  en  quartz,  fournie  par  TAllgemeine 
Elektricilâts-Gesellschaft  à  Berlin  et  du  modèle  employé  pour  l'éclairage, 
a  servi  à  mes  essais.  Cette  lampe  est  munie  d'un  grand  globe  protecteur  en 
verre.  J'ai  cherché  à  déceler  la  présence  de  l'ozone  dans  un  liquide  qui 
avait  été  irradié  sous  le  brûleur  de  la  lampe. 

On  sait  que  l'ozone  ne  se  dissout  pas  dans  l'eau,  mais  agit  sur  ce  liquide 
pour  donner  de  l'eau  oxygénée.  A  cause  des  résultats  des  deux  savants 

{')  Eder,  P/to<oc/;e//H'e,  S'^  édition,  1906,  p.  1 10  et  1 1  1 . 

("^)  Ber.  der  deulscli.  client.  Gesellschaft,  vol.  3(>,  igoS,  p.  3o42. 

(•')  Sitzungsber.  der  Konigl.  pretiss.  Akademic  der  Wissenscliaflen,^e\\ïn,  1904, 
p.  1228. 

(')  Physiludische  Zeilsclirift,  vol.  (i,  1905.  p.  5^6;  vol.  7,  1906,  p.  3i2. 

(")  Comptes  rendus,  t.  CXLVII,  1908,  p.  354.  et  Arcfiifes  d'électricité  médicale, 
Bordeaux,  16''  année,  1908,  p.  799. 

(^)  Physihalisclie  Zeitsclirift.,  10'' année,  !"■  juillet  1909,  p.  4^3. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  97 

français,  il  m'a  semblé  indispensable  d'employer  un  liquide  dissolvant  de 
grandes  quantités  d'ozone. 

Une  capsule  en  porcelaine  contenant  de  l'huile  d'olive,  qui  dissout  faci- 
lement l'ozone  ('  ),  a  été  placée  à  l'intérieur  du  globe  en  verre  de  la  lampe 
à  vapeur  de  mercure,  à  aS""  environ  du  brûleur  en  quartz.  Au  bout 
de  7.  heures  ro  minutes,  cette  huile  était  devenue  totalement  incolore. 
On  l'a  retirée  alors  du  globe  et,  après  refroidissement,  on  a  agité  une  prise 
d'essai  avec  une  dissolution  d'iodure  de  potassium  amidonnée.  Le  réactif 
est  devenu  très  nettement  bleu,  après  /{S  minutes.  L'huile  d'olive,  non 
irradiée,  n'a  donné  aucune  coloration  bleue  dans. ces  conditions,  même 
après  plusieurs  jours. 

La  même  expérience  a  été  faite,  en  soumettant  du  pétrole  du  commerce  au\  rayons 
ultraviolets.  Après  5  heures,  ce  liquide  est  devenu  jaune  et,  traité  par  la  dissolution 
d'iodure  de  potassium  amidonnée,  il  a  donné  une  coloration  bleue  fort  nette  après 
5  minutes.  Un  tube  témoin,  contenant  du  pétrole  non  irradié,  n"a  donné  aucune  colo- 
ration bleue  avec  le  même  réactif  (-  ). 

L'essence  de  térébenthine  ne  peut  guère  convenir  pour  celte  e\|iérience,  parce  ([uellc 
est  presque  toujours  ozonisée. 

Ayant  réussi  avec  l'huile  d'olive  et  le  pétrole,  j"ai  placé  une  capsule  en 
porcelaine  contenant  de  l'eau  distillée  à  l'intérieur  du  globe  en  verre  de  la 
lampe  à  vapeur  de  mercure,  à  la  même  distance  du  bn'tleur  en  quartz  que 
précédemment.  L'eau  a  été  soumise  aux  radiations  ultraviolettes  pendant 
i4  heures.  On  l'a  laissée  refroidir  ensuite  et,  afin  d'y  déceler  la  présence 
d'eau  oxygénée,  on  a  utilisé  l'action  de  cette  substance  sur  la  plaque  photo- 
graphicjue.  Les  recherches  de  Precht  et  Otsuki  (')ont  établi  l'extraordinaire 
sensibilité  de  cette  action.  Dans  deux  cristallisoirs  identiques,  on  a  donc 
placé,  d'une  part  l'eau  irradiée,  et  d'autre  part  de  l'eau  prise  dans  le 
laboratoire.  Les  cristallisoirs  ont  été  recouverts  par  la  même  plaque  photo- 
graphique et  le  tout  a  été  placé  à  l'abri  de  la  lumière.  Après  2  jours,  la 
plaque  photographique  a  été  développée  :  l'eau  irradiée  seule  avait  agi 
sur  elle. 

Il  convient  de  rappeler  que  Miroslaw  Kernbaum  (^),  en  employant  des 

(')  Dam.mer,  Handbuch  dt^ranorganischen  Cheniie^  t.  IV,  p.  12S. 
(-)  Nous  nous  sommes  occupé  également  de  l'action  exercée  sur  la  plaque  photogra- 
phique par  le  pétrole  du  commerce  qui  a  été  exposé  à  la  lumière  solaire. 
(')  Zeitschrift  fur  physikalische  Chenue,  t.  LU,  p.  286. 
(')   Comptes  rendus^  t.  CXLIX,  juillet  1909,   p.  2-3. 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  lôO,  N°  2.) 


i3 


go  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

mélhodes  susceptibles  d'une  sensibilité  moindre  que  la  précédente,  a  prouvé 
que  les  rayons  ultraviolets  décomposent  l'eau,  avec  formation  d'eau  oxy- 
génée. Enfin,  nous  avons  encore  fait  une  dernière  expérience.  Sur  le  fond 
d'une  petite  cuvette  plate  en  porcelaine,  on  dépose  un  moi'ceau  de  papier  à 
filtrer  imbibé  de  la  solution  d'iodure  de  potassium  amidonnée.  Parallèle- 
ment à  la  feuille  de  papier  à  filtrer  et  à  une  distance  de  i""",2,  on  place 
une  plaque  de  quartz  de  4™'"  d'épaisseur.  La  cuvette  est  mise  au  fond  du 
globe  en  verre  de  la  lampe  à  vapeur  de  mercure  et  le  papier  à  filtrer 
est  exposé  aux  rayons  ultraviolets.  Ceux-ci  traversent  le  quartz;  mais  l'air, 
qui  est  contenu  dans  le  globe  et  s'ozonise,  ne  peut  circuler  facilement  sous 
la  plaque  de  quartz,  tandis  qu'il  peut  agir  librement  sur  le  papier  à  liltrer 
aux  endroits  qui  ne  se  trouvent  pas  sous  cette  plaque.  Aussi,  au  bout  de 
2  minutes,  on  constate  que  le  papier  à  filtrer  a  fortement  bleui,  seule- 
ment aux  endroits  qui  ne  sont  pas  sous  la  plaque  de  quartz.  La  mise  en 
liberté  d'iode  est  donc  produite,  dans  cette  expérience,  par  l'air  ozonisé  et 
non  par  la  vive  insolation. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Élude  de  quelques  alliages  de  cobalt  d'après  leurs 
forces  éleclromotrices.  Note  de  i\L  F.  Ditcelliez,  présentée  par 
"m.  a.  Hallor. 

Les  résultats  obtenus  par  l'observation   des  forces  électromotrices  des 
systèmes 

(I)  Co  -  SU' GoN  —  GoM-^^ 

et 

(II)  M  —  SO'GoN  —  GoM-S 

où  M  représente   l'étain,  l'aulimoine,    le   bisinulli,    le    plomb,    le   cuivre, 
appuient  en  général  les  conclusions  de  nos  études  antérieures  ('). 

Concurremment  à   nos   études   chimiques,   l'analyse    thermique   de   ces 
alliages  a  été  effectuée  par  divers  auteurs  (-);  les  forces  électromotrices  des 


(')  F.  DicELLiiîz,  Pr.-\'erb.  Soc.  Se.  Bordeaux,  1907-1909. 

(-)  KrRN.iKow  el  Podkapajew,  Journ.  rass. pliys,  clieni.  GeselL,  1906.  —  Ko.nsta.n- 
TiJiOw,  Revue  (le  Méltilliirgie,  1907.  —  Sahmi;.n,  Zeil.  an.  C/œ/iiic,  1908.  —  Lewko.nja. 
Zeil.  an.  (Jhcinic.  19118. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  99 

alliages  de  cobalt  et  d'étain  ont  été  prises  par  Pouschine  ('),  l'électrolyte 
étant  constitué  par  une  solution  de  soude  ou  d'acide  sulfuricjue. 

Nos  éléments,  correspondant  à  un  système  déterminé,  sont  montés  d'une 
façon  identique;  les  valeurs  relatives  de  leurs  forces  électromotrices  sont 
obtenues  par  la  méthode  d'opposition,  au  moyen  d'un  dispositif  spécial, 
permettant  de  les  obtenir  successivement  dans  un  laps  de  temps  relative- 
ment court.  Ces  forces  électromotrices  se  modilient  avec  le  temps,  d'une 
façon  spéciale  pour  chaque  élément;  aussi  sont-ils  maintenus  en  observa- 
tion, juscju'à  l'obtention  de  résultats  sensiblement  constants. 

Les  systèmes  (!)  et  (II)  conduisent  à  des  courbes,  dont  les  ordonnées 
diffèrent  approximativement  de  la  valeur  de  la  force  électromotrice  de 
l'élément  monté  avec  les  métaux  purs  Co  et  M;  aussi  ne  donnons-nous  que 
celles  se  rapportant  au  premier  système. 

a.  Dans  le  cas  des  alliages  de  cobalt  et  d'élain  {fig.  i),  un  point  de  rebroussement 
très  net  met  en  évidence  la  combinaison  CoSn  qui  exige  66,76  pour  100  d'étain. 


Vblts 


0,3 


02 


01 


10        20        30        40        50        Ç.0        70 


90        100 


Sji  pour  cent 


h.  Les  alliages  de  cobalt  et  d'antimoine  {Jig-  r>.)  présentent  des  forces  électro- 
motrices  croissantes  jusqu'à  une  teneur  de  67, o^  pour  100  d'antimoine,  correspondant 
à  la  combinaison  CoSb;  ensuite  elles  décroissent  et  une  inflexion  de  la  courbe  paraît 
déceler  CoSb^  qui  exige  80,27  pour  100  d'antimoine. 

c.  Les  alliages  de  cobalt  et  de  bismuth  comprennent  deux  phases,  l'une  riche  en 
cobalt,  l'autre,  plus  dense,  riche  en  bismuth.  La  présence  du  bismuth  abaisse  le  point 


(')  Pouschine,  Journ.  russ.  phys.  chem.  GeselL,  1907 


lOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  fusion  lIu  cobalt  qui.  à  Télal  liquide,  est  donc  susceptible  de  dissoudie  du  bisniulii. 


0        10      20       30       40       50       60       70       80      90       100 
SL  pour  cent 

T^a  courbe  (  fi^.  3)  indique,  pour  la  plupart  di'  ces  alliages,  des  forces  électromotiices 
faibles:  son  d«''lail  montre  que  le  cobalt  se  sé|iare  sensiblement  à  l'étal  de  pureté  peu- 


un. 


0,4 


0.3 


0.2 


0,] 


]0         20         30    ^  i>0         30        60        70 

Bi  pour  cenl 


so       -100 


lant  b;  refroidissement  ;  d'autre  part,  elle  donne  ap[)ro\imativemenl  la  limite  de  solu- 
jllité  lin  collait  dans  le  bismutli. 


SÉANCE    DU    lo    JANVIER    I910.  lOI 

(I.   Le  plomi)  coiuliiil  à  ile'^  résultats  analogues  à  ceux  obtenus  a\ec  le  bisnuitli  (  /ig.if). 

Kig.  /,. 

Volts 
0,2 
0,1 


10         20        30         40         50        M         70 

Pl?  pour  cent 


90 


90 


}W 


e.  Pour  les  alliages  de  cobalt  et  de  cuivre,  la  forme  continue  de  la  courbe  {Jig.  5) 
prouve  l'absence  de  combinaisons;  les  deux  extrémités  OA  et  BD  indiquent  l'existence 
de  solutions  et  les  limites  A  et  B  de  saturation.  La  portion  CB  correspond  vraisem- 
blablement à  un  mélange  liomogène,  en  proportions  variables,  de  ces  deux  solutions 


10 


20 


30        40         30         60         70 

Cil  pour  ^ent 


solides.  Il  n'en  est  probablement  pas  de  même  pour  les  alliages  ayant  fourni  la 
partie  AC,  presque  horizontale  de  la  courbe;  la  force  électromotrice  de  la  solution  A 
y  prédomine,  riche  en  cobalt;  elle  peut  se  trouver  à  l'état  libre  dans  ces  alliages,  sa 
cristallisation  se  produisant  dans  un  liquide  de  composition  C,  susceptible  de  se  soli- 
difier ensuite  de  la  même  façon  que  les  alliages  compris  dans  la  partie  CB  de  la  courbe. 


I02  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE   MINÉRALE.    —   Sur  un    nouveau  chlorure  de  phosphore.  IN'ote 
de  MM.  A.  Bessox  et  L.  Fournier,  présentée  par  M.  Troost. 

Dans  une  précédente  Communication  ('),  nous  avons  montré  que  Ion 
pouvait  obtenir  la  série  des  clilorures  saturés  du  silicium,  en  faisant  agir 
l'effluve  électrique  sur  des  vapeurs  de  Si  Cl*  entraînées  par  de  l'hydrogène; 
il  faut  remarquer  que  cela  constitue  un  véritable  phénomène  de  réduction, 
caries  termes  successifs  prennent  naissance  suivant  les  équations 

2SiCI'+2H=Si=Cl«+2HCl,        3SiCl*+4H  =  Si3Cl»+/iHCI, 

Dès  lors,  il  nous  a  semblé  que  l'effluve  pouvait  être  considérée  comme 
une  source  importante  d'énergie  chimique,  capable  de  produire  des  corps 
relativement  instables  sous  l'action  de  la  chaleur,  tels  que  ceux  que  nous 
venons  de  mentionner;  cela  tient  à  ce  que  les  réagents  se  trouvent  soumis 
pendant  un  temps  très  court,  sur  le  trajet  de  l'effluve,  à  une  température 
élevée  pei'mettant  à  la  réaction  de  prendre  naissance,  mais  aussitôt,  et  sur- 
tout dans  le  cas  de  faible  volatilité  des  produits  de  la  réaction,  ceux-ci  se 
trouvent  rapidement  refroidis  par  l'atmosphère  ambiante.  Ce  sont  ces  con- 
sidérations qui  nous  ont  amenés  à  étendre  le  champ  de  nos  investigations 
dans  le  domaine  des  réactions  déterminées  sous  l'action  de  l'effluve,  et  nous 
avons  obtenu  déjà  quelques  résultats  intéressants. 

On  sait  que  l'on  connaît  le  biiodure  de  phosphore  P-P  ainsi  que  l'hydrure 
liquide  P^H%  mais  qu'on  ne  connaît  ni  fluorure,  ni  chlorure,  ni  bromure 
correspondants.  Nous  avons  obtenu  le  bichlorure  P-(^l'  en  soumettant  à  l'ac- 
tion de  l'effluve  un  mélange  d'hydrogène  et  de  vapeurs  PCP. 

Si  l'on  entraîne  à  travers  des  appareils  à  effluves  munis  de  réservoirs  appropriés, 
des  vapeurs  de  Irichlorure  de  phosphore  par  de  l'hydrogène,  on  ne  larde  pas  à  voir  se 
former  sur  les  armatures  un  dépôt  rouge  écarlale  en  même  temps  qu'il  se  condense 
un  liquide  incolore,  tenant  en  suspension  un  corps  solide  jaune;  après  filtration  sur 
l'amiante  pour  séparer  celui-ci  (qui  est  un  produit  de  décomposition  du  bichlorure), 
on  soumet  le  liquide  à  la  distillation  dans  un  gaz  inerte  ou  de  préférence  sous  pression 
réduite.  Après  éliminalion  de  l'excès  de  trichlorure,  il  reste  une  faible  fraclion  d'un 
corps  liquide  qui  distille  à  son  tour  à  température  plus  élevée  :  c'est  le  bichlorure  de 
phosphore  P-GI*. 

Le  bichlorure  de  phosphore  est  un  liquide  incolore,  oléagineux,   ayant 
(')   Comptes  rendus,  5  juillet  1909. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  Io3 

une  forte  odeur  pliosphoreuse  ;  il  se  solidifie  sous  l'action  du  froid  et  le 
corps  solide  blanc  obtenu  fonda — 28";  il  répand  d'abondantes  fumées  à 
l'air,  non  seulement  parce  qu'il  est  décomposé  par  l'humidité,  mais  surtout 
parce  que  ses  vapeurs  s'oxydent  énergiijuemenl,  au  point  que  ce  corps 
s'enflamme  parfois  spontanément  à  l'air;  par  exemple,  si  l'on  en  imbibe 
une  mèche  d'amiante  ou  si  l'on  fait  écouler  le  liquide  par  un  tube  effdé,  il 
prend  spontanément  feu  à  l'air  en  répandant  d'abondantes  fumées  blanches. 
Il  est  décomposable  par  l'eau,  et  les  produits  qu'il  donne  sont  analogues  à 
ceux  que  donne  dans  les  mêmes  circonstances  le  biiodure;  il  y  a  formation 
de  HCI,  d'acide  phosphoreux  et  d'un  corps  solide  jaune  à  composition  mal 
définie. 

Le  bichlorure  est  un  cor[js  instable;  néanmoins,  ou  peut  le  distiller  dans 
un  gaz  inerte  à  la  pression  athmosphériquc  sans  qu'il  éprouve  une  trop  forle 
décomposition;  dans  ces  conditions,  il  passe  à  la  distillation  vers  180", 
mais  il  est  préférable  de  le  distiller  sous  pression  réduite  où  il  n'éprouve  pas 
de  décomposition  sensible  à  9')°-9G"  sous  lio'"'". 

Le  bichlorure  de  phosphore  se  décompose  lentement  à  la  température 
ordinaire  et  à  l'obscurité  en  tube  scellé  vide  d'air;  il  se  forme  un  précipité 
jaune  clair  d'aspect  homogène  qui  répond  à  la  composition  P'CP  ;  cette 
décomposition  est  activée  par  la  lumière  et  la  chaleur  (100°),  mais  le  pro- 
duit solide  alors  formé,  dont  la  couleur  varie  du  jaune  orangé  au  rouge  clair, 
ainsi  que  les  dépôts  formés  sur  les  armatures  des  tubes  à  effluves,  ne  parais- 
sent pas  homogènes  et  donnent  à  l'analyse  des  teneurs  en  chloi'e  moindres 
que  celles  qui  correspondent  au  corps  précédent;  en  poussant  à  fond  la 
décomposition  à  100°  en  tube  scellé  vide  d'air,  le  liquide  résiduel  renferme 
une  forte  proportion  de  trichlorure  de  phosphore.  On  peut  en  conclure  que 
le  bichlorure  de  phosphore  se  décompose  en  PCP  et  en  chlorures  plus  chlo- 
rés ou  mélange  de  phosphore  amorphe  et  de  chlorures  condensés. 

Nous  avons  tenté  d'obtenir  le  bibromure  de  phosphore  par  deux  pro- 
cédés : 

I"  Action  de  HBr  sec  sur  P'CI*  en  dissolution  chlorocarbonique  refroidie  au  moyen 
d'un  mélange  de  glace  et  de  sel.  Après  réaction  et  élimination  du  dissolvant,  il  est  resté 
un  corps  solide  jaune  amorphe. 

a"  Action  des  effluves  sur  PBr'+  H,  soit  sous  pression  réduite  pour  faciliter  l'en- 
trainemenl  de  PBr^  (qui  bout  à  1  7.5°  sous  la  pression  normale),  soit  à  la  pression  atmo- 
sphérique. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  les  armatures  du  tube  à  effluves  se  sont  recouvertes  d'un 
dépôt  rouge  écarlate  semblable  à  celui  obtenu  dans  le  cas  de  PCF;  le  liquide  condensé 
lient  en  suspension  un  corps  solide  jaune  qu'on  élimine  par  filtralion  sur  de  l'amiante  ; 


lo/i  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

le  liquide  fillré  est  coloré  eu  jauue  clair  (PBr'  est  un  liquide  iiicoloie);  après  distilla- 
lion  dans  le  vide  pour  éliminer  PBr^,  il  reste  un  corps  solide  jaune  amorphe,  semblable 
il  celui  obtenu  dans  l'action  de  lIBr  sur  P-CI';  ces  corps,  ainsi  que  le  dépôt  formé  sur 
les  armatures  de  l'appareil  à  effluves,  renferment  du  brome  et  du  phosphore,  mais  l'ana- 
lyse ne  conduit  pas  à  leur  attribuer  une  composition  définie. 

Nous  pensons  que  ce  corps  solide  jaune  est  un  produit  de  décomposition 
du  bibromure  de  phospbore  qui  serait  un  corps  particulièrement  instable. 


CHIMIE  MliNÉKALE.  —  Sur  la  dissoluliun  du  platine  /jar  I  acide  suljurique  cl 
sur  les  jjroduits  de  celle  réaction.  Note  de  M.  Marcel  Dei.ëpine,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

Peu  de  temps  après  mon  élude  (')  sur  la  dissolution  du  platine  par 
l'acide  sulfurique,  M.  Quennessen  (-)  constatait  à  son  tour  la  réalité  de 
celte  dissolution  auparavant  controversée,  mais  il  opéra  dans  des  condi- 
tions très  différentes  el  obtint  des  résultais  dont  la  discussion  s'imposait; 
au  cours  des  nouvelles  recherches  entreprises  dans  ce  but,  j'ai  pu  établir  la 
nature  des  produits  formés,  de  sorte  que  la  question  doit  être  considérée 
comme  résolue  en  ses  points  essentiels. 

M.  (Quennessen  a  constaté  qu'en  tube  scellé  chauflé  à  4oo'\  l'attaque  du 
platine  était  beaucoup  moins  forte  dans  le  vide  que  dans  une  atmosphère 
d'oxygène,  et  il  a  cru  pouvoir  conclure  que  l'oxygène  ou  l'air  inter- 
viennent comme  agent  oxydant  dans  l'attaque  avec  des  acides  de  con- 
centration commerciale;  il  a  aussi  montré  que  l'atlaque  était  d'autant  plus 
énergique  que  l'acide  était  moins  hydraté.  Comme  j'avais,  sans  l'avoir  rap- 
porté, fait  certaines  de  mes  expériences  hors  de  la  présence  de  l'oxygène, 
j'avais  la  conviction,  a  priori,  que  ce  gaz  n'était  pas  nécessaire  et  que  les 
résultats  obtenus  par  M.  (Quennessen  s'expliquaient  parf;iitement  en  consi- 
dérant comme  réversible  la  réaction  de  l'acide  sulfurique  sur  le  platine, 
réaction  que  la  nature  des  produits  formés,  tout  au  moins  au  commence- 
ment, doit  s'écrire 

■i  Ht  -(-  7  SO*  W'-^^  ;. m  (  OH  ) (  SO''  H )^  -h  3 SO'^  ■+■  4  H'^ O. 

Doit  cette  première  conclusion  que  la  présence  d'eau  dans  lacide  doit 
nuire,  et  cette  seconde,  que  si  l'on  opère  en  tube  scellé,  l'eau  et  l'anhydride 

(')  M.  Dkléi'ine,  Comptes  rendus,  t.  CXLl,  igoô,  p.  866  et  ioi3. 
(*)  L.  QuENNKssiiN,  Comptes  rendus,  l.  CXLll,  1906,  p.  i34i. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  I()5 

sulfureux  enfermés  doivent  contrarier  la  dissolution;  mais,  s'il  y  a  de 
l'oxygène  dans  le  tube,  ce  gaz,  surtout  à  \oa"  en  présence  de  platine, 
s'unira  au  gaz  sulfureux  pour  former  de  l'anhydride  sulfuric|ue  qui  fera 
disparaître  presque  toute  l'eau  accompagnant  le  gaz  sulfureux. 

Ces  inductions,  qui  ne  font  jouer  à  l'oxygène  qu'un  rôle  secondaire 
postérieur  à  la  réaction,  s'accordent  donc  bien  avec  les  observations  de 
M.  Quennessen;  mais  il  m'a  semblé  utile  de  les  étayer  par  quelques  nou- 
velles expériences  faites  comme  les  anciennes  sous  la  pression  atmosphé- 
rique, au  point  d'ébullition  de  l'acide  sulfurique. 

A  cet  effet,  j'ai  fait  bouillir  pendant  une  heure,  dans  un  ballon  convenablement  dis- 
posé, de  la  mousse  de  platine  avec,  chaque  fois,  So"^"'  d'acide  sulfurique  pur  et  con- 
centré, successivement  dans  un  courant  de  gaz  carbonique,  d'air,  d'oxygène,  de  gaz 
carbonique  encore,  puis  de  gaz  carbonique  chargé  d'un  peu  de  gaz  sulfureux.  Dans  le  gaz 
carbonique,  l'attaque  a  parfaitement  eu  lieu  avec  un  dégagement  de  gaz  sulfureux  en 
rapport  avec  l'équation  ci-dessus,  un  peu  plus  fort  cependant.  Dans  l'air,  la  quantité  de 
platine  doubla,  bien  que  la  dose  de  gaz  sulfureux  dégagé  fût  inférieure  à  ce  qu'elle 
était  dans  le  gaz  carbonique;  dans  l'oxygène,  la  dissolution  devint  piès  de  4  fois  plus 
active  que  dans  le  gaz  caibonique,  la  dose  de  gaz  sulfureux  étant  encore  plus  faible 
que  précédemment.  En  restituant  le  gaz  carbonique,  augmentation  de  gaz  sulfureux 
et  retour  du  taux  de  la  dissolution  à  la  première  valeur;  enfin,  dans  le  gaz  carbonique 
sulfureux,  dissolution  nulle  et  même  précipitation  du  platine  quand  l'acide  sulfurique  en 
contenait.  J'ai,  en  outre,  constaté  que  l'oxygène  ne  s'unissait  pas  de  façon  appréciable 
au  platine  en  mousse  au  point  d'ébullition  de  l'acide  sulfurique,  tandis  qu'à  cette 
même  température  il  se  combine,  lentement  il  est  vrai,  au  gaz  sulfureux  dissous 
dans  de  l'acide  sulfurique  tenant  de  la  mousse  de  platine  en  suspension. 

Ces  résultats  confirment  de  point  en  point  les  inductions  et  montrent 
qu'à  défaut  d'oxygène  un  courant  de  gaz  inerte  suffit  pour  assurer  la  conti- 
nuation régulière  de  la  réaction  par  l'entraînement  des  facteurs  antago- 
nistes. Par  contre,  une  expérience  en  tube  scellé  ne  peut  indiquer  que 
la  diflerence  des  deux  réactions  inverses.  Rien  n'autorise  à  attribuer  à 
l'oxygène  un  rôle  oxydant  direct  par  formation  d'un  oxyde  de  platine  que 
l'acide  n'aurait  plus  qu'à  dissoudre.  M.  L.  "S^  ôhler  (')  a  trouvé,  il  est  vrai, 
que  le  platine  fixe  l'oxygène  à  420''-/|ï<)''  pour  former  de  l'oxyde  platineuv,  à 
raison  de  0^,0004  d'oxyde  à  l'heure  pour  i»  de  mousse;  mais  ici,  c'est  par 
centigrammes  à  l'heure  que  la  mousse  se  dissout,  à  près  de  100  degrés  plus 
bas. 

Les  solutions  contiennent,  d'aillctirs,  non  un  composé  platincux,  mais 

(')  L.  WuHLER.  D.  c/i.  G.,  t.  \\\VI,  1903.  p.  3'i75. 

Ç,  R.,  1910,  1"  Semestre.  iT.  lôO,  N"  2,)  '4 


Io6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

deu\  combinaisons  cristallisées  à  acide  sulfurique  dissimulé,  dérivées 
du  platine  trivalent  :  l'une,  jaune,  est  l'acide  sesquioxyplatisulfurique 
Pt(On)(SO'H)-,  Aq  de  M.  Blondel  (');  l'autre,  rouge  brun,  est  une 
combinaison  nouvelle,  répondant  à  une  composition  que  j'écris  provisoi- 
rement Pt(OH)'-SO''H,H-0  pour  la  comparer  à  celle  du  corps  acide. 

Au  début  de  l'allaque,  l'acide  sesquioxjplatisulfurique  est  aisé  à  mettre  en  évidence  : 
il  suffit  de  faire  bouillir  So*^"'  d'acide  sulfurique  pendant  une  demi-heure  à  une  heure 
avec  5p  à  lo»  de  mousse  de  platine,  de  laisser  refroidir,  de  décanter  le  liquide  jaune 
orangé  obtenu,  de  le  mêler  avec  2'^°'  d'une  solution  étendue  d'un  sel  de  potassium 
pour  obtenir  le  composé  Pt(OH)(  SO*H)  (SO*K).  Il  est  bon  de  ne  pas  se  servir  de 
"chlorure  de  potassium,  ce  sel  transformant  assez  facilement  l'acide  sesquioxyplatisul- 
furique en  chloroplalinate  et  chloroplatinite. 

Si  Ton  poursuit  l'ébullilion,  le  liquide  devient  brun,  presque  noir  et  peut  contenir 
plus  de  20?  de  métal  par  litre  après  3o  heures,  mais  il  est  moins  riche  qu'on  ne  s'y 
attendrait  en  l'acide  précédent,  car  l'ébullition  transforme  peu  à  peu  cet  acide  en 
composé  brun.  Ce  dernier  se  sépare  parfois  directement  en  petites  aiguilles  dans 
l'acide  froid,  mais  on  ne  l'obtient  en  quantité  appréciable  qu'en  diluant  l'acide  de 
2^°'  d'eau  et  laissant  refroidir.  Après  avoir  déposé  le  produit  brun,  les  eaux  mères, 
rapprochées  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique,  abandonnent  un  peu  d'acide  sesqui- 
oxyplatisulfurique en  cristaux  orangés.  On  peut  aussi  avoir  le  composé  brun  en  éva- 
porant la  solution  sulfurique  à  sec,  dissolvant  la  masse  dans  un  peu  d'eau  et  préci- 
pitant par  un  demi-volume  d'acide  sulfurique  concentré;  dans  ce  cas,  l'évaporation 
détruit  complètement  l'acide  sesquioxyplatisulfurique. 

Le  nouveau  composé  se  sépare  dans  les  liqueurs  très  acides  en  petites  lames  losan- 
giques  qui  recrislallisent  dans  l'eau  en  prismes  rectangulaires  bruns,  noirs  s'ils  ont 
quelque  dimension,  excessivement  solubles  dans  l'eau,  l'acide  sulfurique  concentré, 
l'acide  acétique,  l'alcool,  l'acétone  en  donnant  des  liqueurs  très  colorées.  Au  contact 
de  l'élher,  il  se  liquéfie  en  donnant  un  liquide  insoluble  dans  l'éther,  pour  recristalliser 
dès  que  l'éther  est  parti.  A  100°,  il  perd  i  ,5H^0. 

L'oxydation  nitrique  du  bisulfure  de  platine  permet  plus  aisément  de  se  procurer 
ces  combinaisons  sulfuriques. 

CHI.MIE  .MiNÉRALr>.   —  Sur  deux  nouveaux  phosphures  de  nickel.  Note 
de  M.  Pierre  Jolibois,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Dans  une  Note  précédcnte('-)  j'ai  décrit  l'action  du  phosphore  sur  l'élain 
qui  donne  avec  ce  métalloïde  les  deux  combinaisons  Sn^P^  et  SnP'.  Comme 

(')  M.  Blondel,  Ann.  de  Chim.  et  de  Pkys.,  8^  série,  t.  VI,  1905,  p.  126;  M.  Blondel 
écrit  les  formules  de  constitution  : 

Pt''(OH)*(SO')'{OH)''        ou        Pt'0%  3S0^  SO*Fn,  2H2O. 
{')  Jolibois,  Comptes  rendus,  t.  GXLVIII,  p.  636. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I91O.  IO7 

je  lai  montré,  ces  deux  composés  perdent  du  phosphore  avec  la  plus  grande 
facilité  sous  Faction  de  la  chaleur.  Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  leur 
action  phosphurante  en  suivant  une  voie  analogue  à  celle  qui  a  été  décrite 
par  Lebeau  (')  pour  obtenir  des  siliciures  par  déplacement  du  silicium,  du 
siliciure  de  cuivre. 

Mes  essais  ont  porté  sur  le  nickel.  Pour  effectuer  la  réaction  je  suis  parti 
d'un  alliage  de  nickel  et  d'étain  à  5  pour  100  de  nickel.  J'ai  vérifié  que  l'on 
pouvait  isoler  de  ce  dernier  le  composé  NiSn  déjà  décrit  par  Yigouroux(^) 
et  par  Guillet  (^  ).  En  enfermant  dans  des  tubes  en  verre  d'Iéna  vides  d'air 
21S  d'alliage  avec  des  quantités  de  phosphore  variant  de  i^  à  Zj*"'  après  avoir 
chauffé  le  tube  à  700°,  j'ai  isolé  au  moyen  de  l'acide  chlorbydrique  concentré 
et  chaud  de  petits  cristaux  prismatiques  très  bien  formés.  Leur  composition 
est  voisine  de  NiP-. 


p. 

Ni. 

52,2 

5i,6 

46,9 

47.2 

48,4 

Culot  à  38,5  de  phosphore 
Culot  à  I»  de  phosphore 
Théorie  pour  NiP^. 

l'our  elTectuer  la  séparation  du  nickel  et  du  phosphore  j'ai  précipité  par  la  mixture 
nnagnésienne  le  phosphore  en  présence  du  nickel  en  solution  ammoniacale.  Celte  mé- 
thode, qui  paraît  paradoxale,  m'a  pourtant  donné  un  précipité  de  phosphate  animouiaco- 
magnésien  totalement  exempt  de  nickel. 

Dans  la  préparation  précédente,  il  convient  de  ne  prendre  que  la  partie  inférieure 
des  culots  pour  la  dissoudre  et  isoler  le  composé.  En  effet,  au  moment  de  la  cristallisa- 
tion, le  composé  qui  se  dépose  vient  flotter  à  la  surface  de  l'étain  liquide,  et,  comme  sa 
tension  de  dissocialion  est  inférieure  à  celle  du  phosphure  d'étain,  il  absorbe  du  phos- 
phore. Ainsi,  en  dissolvant  sans  cette  précaution  un  culot  à  4°  de  phosphore,  j'ai  isolé 
un  produit  donnant  à  l'analyse  58,  5  pour  100  P,  4' ,'  pour  100  Ni,  qu'il  était  facile  au 
microscope  de  reconnaître  pour  un  mélange. 

Le  composé  NiP-  présente  l'aspect  métallique.  Il  est  soluble  dans  l'acide 
azotique.  La  soude  fondue  l'attaque.  Sa  densité  est  D,g  =  l{,6-2.  11  perd  son 
phosphore  à  65o°. 

Dès  que  dans  le  culot  considéré  par  suite  de  l'augmentation  de  la  propor- 
tion de  phosphore  le  composé  SuP'  apparaît,  on  isole  par  l'acide  chlorby- 
drique un  mélange  de  ce  phosphure  et  d'un  phosphure  de  nickel.  Afin  de 

(')  Lebf.au,  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys..  -"  série,  t.  X\\  1,  1902,  p,  2;  t.  XXVII, 
1902,  p.  27  I. 

{^)  ViGOUROLX,  Comptes  rendus,  t.  CXLIV,  p.  63g  et  712. 
(')  Guillet,  Comptes  rendus,  t.  CXLIV,  p.  752. 


K^ 


Ni. 

P. 

38, o 

6i.6 

38.3 

6o,9 

38.4 

6i.6 

Io8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  séparer,  j'ai  dissocié  dans  io  vide  de  la  trompe  à  mercure  le  phosphure 
SnP'  en  chauffant  le  mélange  à  3Go°.  Ce  dernier  composé  se  transformant 
en  Sn^P',  il  devient  facile  par  l'action  de  Tacide  chlorhydrique  d'isoler  le 
piiosphurc  de  nickel.  Sa  composition  peut  être  représentée  par  la  formule 
Ni  F'. 

Ni.  P. 

Culot  avec  je  de  pliosphore 
Culot  avec  los  de  pliosjjhore 
Théorie  pour  NiP-*. 

C'est  un  composé  à  aspect  métallique  se  présentant  en  petits  cristaux  mi- 
croscopicjues,  mais  très  bien  formés. 

Il  est  soluble  dans  l'acide  azotique  et  attaquable  avec  incandescence 
par  la  soude  fondue.  Sa  densité  est  D,j,^.'i?i9-  Tl  perd  son  phosphore 
à  58()°. 

b>n  résumé,  par  dissolution  du  nickel  dans  le  mélange-d'étain  et  de  phos- 
phure d'étain  Sn'P',  on  peut  isoler  le  composé  NiP-;  par  dissolution  du 
nickel  dans  le  mélange  Sn'P^,  Sn  P',  on  peut  isoler  le  phosphure  NiP^ 
Ces  deux  phogphures,  d'après  leur  mode  même  de  préparation,  ont  le  carac- 
tère de  composés  définis.  (^)uoique  à  très  haute  teneur  de  phosphore,  ils  ont 
l'aspect  métallique  ;  ils  sont  en  outre  très  bien  cristallisés. 


CHIMIE.  —  Sur  la  formule  de  l'acide  hypophospliorique.   Note 
de  M.  E.  CoRXFX,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

I)aiis  les  Ti'allés  classiques,  depuis  les  travaux  de  Salzer  et  de  Joly.  on  adopte  liabi- 
luellement  pour  l'acide  hypopliospliorique  la  formule  double  P^C'H'.  Plus  récemment 
Rosenheim,  Sladier  et  Jacobson  ('),  puis  Rosenheiiii  et  Max  Pritze  (-)  ont  proposé  la 
formule  simple  PO^II-. 

Le  nombre  des  sels  alcalins,  Taclion  de  la  chaleur  sur  l'acide  et  ses  sels  (Sal/er  et 
Joly).  pas  plus  que  la  non-obtention  d'acide  hypophosphoriquc  par  fusion  des  acides 
phosphoreux  et  phospliorique  (Rosenheim,  Stadier  et  Jacobson  ).  ne  permettent  de  dé- 
cider entre  les  deux  formules  avec  certitude. 

La  préparation  et  l'étude  des  éthers  ont  fait  l'objet  d'un  lra\ail  de  Siinger  (^),  mais 
ces  corps  étant  décomposables  à  haute  température  il  n'a  pas  été  possible  d'en  prendre 
la  densité  de  \npeur.  Rosenheim,  Stadier  et  Jacobson,  puis  Rosenheim  et  Max  Pritze 

(')  RosK.MiiiiM,  Stadi.eu  et  JACOBiON,  BericlUc.  1906,  j).  2857. 

(^)  Rosi:niii:im,  Max  l'itnzi;.  licrichle.  1908,  p.  2708. 

(')  S.vNiiEit,  Aniialeiidei'  Cliemie.  Liehig,  l.  CCXXXIl,  i8S(3,  p.  i. 


SEANCE    UU    lO   JANVIER    I-QIO.  109 

onl  repris  récemment  Télude  de  ces  composés.  L'ébullioscopie  a  coiuliiit  à  la  foinmle 

L'étude  do  la  conduclibilité  éleclriqiie  de  Tacide  et  de  ses  sels  a  fait 
l'objet  de  travaux  de  Rosenlieim,  Stadler  et  Jacobson  et  de  Parravano  cl 
Marini  (').  Leurs  conclusions  sont  contradictoires  :  pour  les  premiers  la 
formule  est  simple;  pour  les  seconds,  elle  est  double.  Il  n'y  a  toutefois  là 
qu'une  différence  d'interprétation  et  les  résultats  expérimentaux  sont  con- 
cordants; il  suffit  pour  le  voir  de  les  exprimer  tous  avec  la  même  formule 
et  de  les  rapporter  à  la  même  concentration. 

La  comparaison  des  valeurs  de  la  conductibilité  équivalente  et  du  coef- 
ficient d'accroissement  de  conductibilité  (valeurs  qui  sont  les  mêmes,  que  la 
formule  soit  simple  ou  double),  avec  celles  du  pyropbosphate  neutre  de 
sodium  (*),  montre  entre  les  deux  sels  une  analogie  certaine.  Elle  doit  cor- 
respondre à  une  analogie  de  formules.  Celle  du  pyrophosphate  étant  connue 
sans  ambiguïté  :  P-0'i\a',  nous  verrons  dans  cette  analogie  un  argument 
en  faveur  de  la  formule  P-O^Na'  pour  l'hypophosphate  neutre. 

Nous  nous  sommes  demandé  si  l'étude  cryoscopique  n'apporterait  pas  un 
argument  décisif.  Dans  ce  but,  nous  avons  déterminé  les  abaissements  du 
point  de  congélation  de  l'acide  hypopliosphorique  en  solution  aqueuse  pour 
différents  degrés  de  concentration. 


Formule 

doiihle 

Foi-mult 

;  simple 

P-  0( 

•11'. 

PO 

>H=. 

. — -^_  - 

■ 

^ ■! 

- — . 

T. 

i. 

■'',„• 

A,„. 

T,„- 

A„,. 

1  ,224 

1.9^7 

0,612 

3i,8 

I  ,224 

i5,9 

0,734 

'.'79 

0,36- 

32  ,  I 

0,734 

16,0 

0,459 

0,764 

0, 229 

33,4 

0,459 

'6,7 

0 ,  3o6 

0,537 

0, 153 

35, 1 

o,3o6 

,7,5 

0,262 

0,47' 

0, 1 3i 

35,9 

0,263 

'7'9 

\  est  l'abaissement  lu  ;  T,,  le  nombre  d'atomes  de  pliosplioie  au  litre;  T„,  le  nombre  de 
molécules  et  A,„  l'abaissement  moléculaire;  A„,  =  p  X  M;  M  étant  le  poids  molécu- 
laire, P  le  poids  de  substance  contenue  dan-s  100™'  de  la  dissolution.-'!',,,  et  A,„  ont 
été  calculés  dans  les  deux  hypotlièses  :  formule  simple  et  formule  douille. 

L'acide  est  certainement  dissocié;  nous  le  savons  par  Tétude  des  chaleurs 
de  neutralisation  et  l'action  des  réactifs  colorés.  Sans  faire  aucune  hypo- 
thèse sur  le  schéma  ou  sur  le  degré  de  la  dissociation,  nous  pouvons  affirmer 

(')  PAnRAV.\NO  et  Marini,  Atli  Ac.  Lincei,  rgoô,  2=  sem.,  p.  2o3  et  3o5. 
('-)  ^^  ALDEN.  Zèitscli.  fiir  pliysiL.  C/ieinie,  t.  I,  1887,  p.  529. 


IIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

que  rabaissement  moléculaire  doit  être  notablement  supérieur  à  rabaisse- 
ment des  non-élcctrolytes,  c'est-à-dire  à  i8,5. 

Or  on  constate  que,  avec  la  formule  simple,  l'abaissement  moléculaire 
serait  inférieur  à  i8,5.  Cela  constituerait  un  fait  unique  dans  l'étude  cryo- 
scopique  des  électrolytes.  Nous  devons  donc  y  voir  un  argument  très  fort 
en  faveur  de  la  formule  double.  L'étude  cryoscopique  des  sels  de  potassium 
conduit  à  la  même  conclusion. 

Nous  avons  enfin  suivi  la  variation  du  point  do  congélation  au  cours  de  la  neutrali- 
sation de  l'acide  par  une  solution  de  potasse  de  même  titre  (o""'',5  par  litre).  L'abais- 
sement ne  varie  pas  d'une  façon  résulière  entre  l'acide  et  la  base;  il  décroît  jusqu'à  la 
solution  contenant  i="°'  d'acide  P-0°II*  pour  4"'"'  de  potasse,  puis  croît  ensuite  jusqu'à 
la  potasse.  La  courbe  représentative  du  phénomène  accuse  un  minimum  très  net  cor- 
respondant au  remplacement  du  dernier  hvdrogène,  et  une  brisure  relative  au  rempla- 
cement du  premier. 

Avec  la  soude  ou  l'ammoniaque  nous  ne  pouvons  opérer,  sous  peine  d'avoir  des 
précipitations,  qu'avec  des  liqueurs  plus  étendues.  Les  phénomènes  sont  donc  néces- 
sairement beaucoup  moins  nets.  Nous  nous  sommes  assuré  toutefois  qu'ils  présentaient 
bien  la  même  allure. 

La  cryoscopie  nous  apparaît  donc  comme  un  indicateur  de  la  dernière  acidité  de 
l'acide  hypophosphorique.  acidité  que  les  réactifs  colorés  ne  mettent  point  en  évidence. 
On  sait,  en  effet,  qiie  le  virage  au  mélhjlorange  se  produit  quand  on  a  ajouté  2KOH 
à  1'""'  d'acide.  Le  virage  à  la  phtaléine  n'est  pas  brusque  ;  il  commence  toutefois  nette- 
ment à  3  KOH.  Il  a  été  indiqué  comme  se  terminant  à  \  KOH.  mais  il  nous  a  toujours 
été  impossible  de  saisir  ce  terme. 

Un  travail  analogue  a  été  effectué  par  Parravano  et  Marini  en  suivant  la  neutralisa- 
lion  par  la  soude  à  l'aide  de  la  conductibilité  électrique.  Les  résultats  sont  diflerenls  : 
ces  deux  auteurs  observent  en  effet  un  minimum  de  conductibilité  pour  P-0'''H-Na-, 
puis  un  changement  de  direction  dans  la  partie  ascendante  de  la  courbe  au  point  cor- 
respondant à  P-O'^Na*. 

Il  n'v  a  ])oinl  là  une  contradiction.  Nous  avons  eu  en  effet  l'occasion  de  signaler,  dans 
une  Note  précédente  ('),  pour  une  série  d'autres  acides  minéraux  et  oiganiques,  de 
semblables  divergences  entre  les  deux  phénomènes. 

La  cryoscopie  de  l'acide  ainsi  que  celle  de  ses  sels  de  potassium,  la  com- 
paraison de  la  conductibilité  du  sel  neutre  de  sodium  avec  le  pyropbospliate 
de  soude  nous  conduisent  à  adopter,  pour  l'acide  hypophospborique,  la  for- 
mule double. 

De  l'exaiTien  critique  des  divers  arguments  en  faveur  de  la  formule  simple, 
un  seul,  la  tonométrie  des  éthers,  nous  a  semblé  devoir  être  retenu. 

Avant  d'admettre  que  l'acide  P'-O^H'  donne  des  éthers  de  formule  P()-'R-, 
nous  nous  proposons  de  reprendre  l'étude  de  ces  corps. 

(  ')  E.  ConNKC,  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  26  octobre  1909,  p.  6-6, 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  III 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Préparation  calalydque  des  cétones  aromatir/ues. 
Note  de  M.  .Ï.-B.  Sexderexs,  présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

Je  me  suis  tout  d'aboi'd  adressé  au  plus  simple  des  acides  aromatiques, 
l'acide  benzoïque,  me  réservant  d'appliquer  ensuite  mon  procédé  (*  )  aux 
homologues  de  cet  acide  comme  aussi  de  l'étendre  aux  acides  incomplets 
gras  et  aromatiques  et  aux  acides  polybasiques. 

Il  semblait  d'après  les  résultats  obtenus  avec  les  acides  gras  (^),  que  l'acide 
benzoïque  employé  seul  fournirait,  avec  la  thorine,  la  célone  symétrique, 
la  benzopliénone.  Je  n'ai  pu  réussir  à  préparer  cette  cétone  ni  avec  l'acide 
benzoïque,  ni  avec  son  anhydride.  Dans  les  deux  cas,  les  vapeurs  acides  ne 
paraissaient  pas  sensiblement  altérées  en  passant  sur  la  thorine,  à  des 
températures  qui  ont  varié  de  38o°  à  4t)o°. 

Ces  premières  expériences  permettaient  de  prévoir  que  si  la  thorine 
réagissait  sur  le  mélange  de  l'acide  benzoïque  avec  un  acide  gras,  il  en 
résulterait  simplement  une  cétone  mixte  aromatique  et  une  cétone  grasse 
symétrique,  à  l'exclusion  de  la  benzophénone.  On  aurait  donc,  en  supposant 
la  formation,  à  proportions  moléculaires  égales,  de  ces  deux  cétones  : 
C«H'CO.OH  +  3RCO.OH=G'^H5COR  +  RCOR-h2CO«+2HM). 

En  parlant  de  celte  é(|iiation,  j'ai  employé  un  niélange  de  i'""'  d'acide  benzoïtjue 
et  de  3"'°'  d'acide  gras.  Ce  niélange  est  solide  à  la  température  ordinaire,  mais 
bien  plus  fusible  que  l'acide  benzoïi|ue,  en  sorte  qu'il  est  facile  de  la  maintenir 
liquide  dans  le  réservoir  et  la  conduite  capillaire  qui  l'amène  dans  le  tube  ren- 
fermant la  thorine,  où  il  se  tiansforme  en  vapeur.  J'opérais  à  une  température 
moj'enne  de  43o°,  qui  a  pu  s'élever  sans  inconvénient  jusqu'à  f\6o°. 

Dans  ces  conditions,  je  recueillais  un  liquide  qui,  agité  d'abord  avec  de  la  soude 
diluée  pour  le  débarrasser  de  toute  trace  d'acide  et  soumis  ensuite  à  la  distillation,  se 
partageait,  très  nettement  en  deux,  fractions  contenant  :  l'une,  la  cétone  grasse  symé- 
trique, et  l'autre  la  célone  mixte  aromatique.  Dans  aucun  cas,  je  n'ai  rencontré  la 
benzophénone.  Par  exemple,  avec  un  mélange  de  i""»'  d'acide  benzoïque  et  de 
3111,11  d'acide  propionique,  le  liquide  recueilli  a  donné  à  la  première  dislillalion  : 

Fractions  distillées 
Températures.  pour  100. 

<  I  io"> 44  (  propione) 

1 1  o°-2 10° 6 

2io°-2i4° 48  (propiophénone) 

Résidu 2 

(')  Comptes  rendus,  29  novembre  1909,  p.  995. 

(^)  Comptes  rendus,  5  avril  1909,  p.  927,  et  19  juillet  1909,  p.   2i3. 


112  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

(  )n  se  trouve  ainsi  en  possession  d'une  méthode  qui  permet  de  préparer, 
aisément  et  dans  un  grand  état  de  pureté,  des  célones  (jui  ne  s'obtenaient 
jusqu'ici  qu'avec  beaucoup  de  difficulté. 

J'ai  préparé  de  la  sorte  : 

La  méthjlphény Icélone (y  W"  —  CO  —  Cil'  (acétopliénone),  avec  un  mélange  d'acides 
benzoïque  et  acétique; 

XJ'étltylphénylcétone  CfiW"  —  CO  —  Cil- — CIP  (propiophénone),  avec  un  mélange 
d'acides  benzoïque  et  propionique; 

La  propylphénylcélone  C"H^ — CO  —  CVV- —  CIP —  CIP,  avec  un  mélange  d'acides 
benzoïque  et  butyrique  normal; 

/CH' 
h'isopropylp/iéiiylcétone  C"  H^ — CO  —  CH^  _„jj  avec  un  mélange  d'acides  ben- 
zoïque et  isobutyrique; 

/CH' 
L'isobiity/p/iénylcétone  C'H" — CO  —  CIl^ —  CH\  p. .3'  avec  un  mélange  d'acides 

benzoïque  et  isovalérique. 

En  décrivant  la  préparation  des  cétones  mixtes  de  la  série  grasse,  j'avais 
fait  remarquer  que  celles-ci  se  formaient  en  plus  grande  quantité  que  les 
deux  cétones  symétriques  qui  les  accompagnent.  J'ai  constaté  également 
que  la  cétone  aromatique  mixte  a  une  tendance  à  prédominer,  et  qu'elle  se 
forme  même  à  peu  près  exclusivement  lorsque,  à  une  molécule  d'acide  ben- 
zoïque, on  oppose  une  seule  molécule  d'acide  gras.  On  a  alors 

C« H=CO . OH  -!-  RCO . OH  :=  C« H^CO R  +  CO^  +  W-O. 

Mais  le  mélange  de  molécules  égales  des  deux  acides  doit  être  porté 
à  5oo"  et  au-dessus,  sans  quoi  une  partie  de  l'acide  benzoïque  échappe  à  la 
réaction.  Or,  à  ces  hautes  tempéi\itures,  la  thorine  se  charbonne,  et  les 
célones  sont  plus  ou  moins  décomposées.  De  plus,  ce  mélange  se  maintient 
difficilement  à  l'état  liquide,  ce  qui  rend  son  maniement  peu  commode.  J'ai 
été  amené  à  reconnaître  que,  pratiquement,  pour  1™°'  d'acide  benzoïque,  il 
fallait  employer  une  quantité  d'acide  gras  comprise  entre  2™°'  et  3'""'. 

On  peut  remplacer  l'acide  benzoïque  par  son  anhydride  qui  donne 
d'aussi  bons  résultats,  tout  en  ayant  l'avantage  de  fournir,  avec '^"'°'  dacides 
gras,  des  mélanges  qui  sont  liquides  à  la  température  ordinaire.  11  convient 
toutefois  d'ajouter  cpie  son  prix  est  très  supérieur  à  celui  de  l'acide  ben- 
zoï(}ue  industriel  tiré  du  toluène,  et  qu'avec  ce  dernier  j'ai  obtenu  les 
mêmes  rendements  qu'avec  l'acide  benzoïque  chimiquement  pur. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  I l3 

ClllMiK  ORGANIQUE.  —  Si/r  le  mélhylacélénylcarbinol.  Noie  de  M.  Lespieau, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

On  ne  connaît  actuellement  que  deux  alcools  acétyléniques  vrais  appar- 
tenant à  la  série  grasse  :  l'alcool  proparofylique  de  M.  Henry  et  le  propar- 
gylcarbinol  que  nous  avons  décrit  M.  Pariselle  et  moi  {Comptes  rendus^ 
t.  CXLVI,  p.  io3.t). 

Voici  un  procédé  qui,  permettant  d'atteindre  les  alcools  correspondant  à 

la  formule  générale 

CH2=CBr-CH0H  — R, 

fournit  une  matière  première  susceptible  de  donner,  quand  on  la  traite  par 
la  potasse,  les  alcools  acétyléniques  vrais  du  type 

CH  =  C  — CHOH-R. 

On  arrive  aux  alcools  éthyléniques  bromes  en  ^  en  faisant  réagir  l'acro- 
léine  monobromée  sur  les  composés  magnésiens  de  M.  Grignard;  les  ren- 
dements sont  bons  si  Ton  a  soin  d'opérer  à  froid  avec  des  matières  très 
diluées.  Le  seul  inconvénient  de  la  méthode,  c'est  que  l'acroléine  mono- 
bromée ne  s'obtient  qu'à  la  suite  de  manipulations  assez  longues  et  que  de 
plus  ce  corps  pique  les  yeux  d'une  façon  extrêmement  violente  et  persis- 
tante. 

Le  passage  de  l'alcool  brome  à  l'alcool  acétylénique  sous  l'action  de  la 
potasse  est  assez  délicat;  il  faut  une  grande  douceur  et,  quelles  que  soient 
les  précautions  prises,  on  obtient  toujours  une  notable  quantité  d'acétylène; 
si  même  on  utilise  la  potasse  alcoolique,  le  rendement  en  acétylène  est 
presque  quantitatif. 

Voici  les  résultats  obtenus  à  partir  du  dérivé  magnésien  le  plus  simple, 
l'iodure  de  méthylmagnésium. 

L'alcool  CH-  =  CBr  —  CHOH  —  CH'  est  un  liquide  incolore  bouillant 
à  59°,5-6o°  sous  i4""";  sous  la  pression  de  ^32"""  il  commence  à  bouillir 
vers  i5i°,  mais  en  subissant  alors  un  commencement  de  décomposition 
(.4na(>'^e;  C  3i,  70  ;  H  4,72;  Br  53,oi;  cryoscopie  136). 

Sa  phényluréthane  s'obtient  directement  cristallisée  par  l'action  du  carba- 
nile  à  160";  purifiée  par  cristallisation  dans  un  mélange  d'eau  et  d'alcool, 
elle  fond  à  62°,  5-63°,  5  {Analyse  :  Wv  29,64). 

L'attaque  très  ménagée  de  ce  corps  par  la  potasse  en  solution  aqueuse  fournit  des 
résultats  assez  complexes  :   1»  il  paraît  se  faire  plusieurs  sels  de  potassium,  j"ai  pu 

Ç,  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  2.)  'p 


Il/,  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

extraire  de  ceux-ci  un  acide  bouillant  à  i4i°  et  fournissant  un  anilide  fondant  à  io8"; 
il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  c'est  l'acide  propionique;  3°  il  se  dégage  des  gaz;  ceux-ci 
précipitent  le  chlorure  cuivreux  ammoniacal  en  rouge,  ils  sont  absorbés  en  grande 
partie  par  le  brome  fournissant  alors  un  bromure  qui  doit  être  le  tétrabromure  d'acé- 
lylène,  car  il  est  isomorphe  de  ce  dernier,  bout  au  même  point  et  donne  le  même 
abaissement  cryoscopique;  3"  il  se  fait  ua  liquide  qu'on  isole  par  disliilaliou  dans  un 
courant  de  vapeur  d'eau  et  de  gaz  carbonique,  suivie  de  saturation  du  liquide  distillé 
par  le  carbonate  de  potassium  sec.  Ce  liquide  est  formé,  en  majeure  partie,  d'un 
mélange  d'eau  et  d'alcool  acétylénique.  On  sèche  par  un  long  séjour  sur  le  sulfate  de 
cuivre  blanc  et  l'on  redistiile.  On  obtient  ainsi  l'alcool  suivant  : 

L'alcool  CHs^C  —  CHOH  —  GH',  pas  absolument  exempt  d'eau  (^na- 
lyse  :  G  67,89;  H  8,80;  cryoscopie  71),  bout  de  107°  à  109°  sous  7G0™'". 
Il  précipite  le  chlorure  cuivreux  en  jaune. 

La  production  d'un  dérivé  triiodé 

CP=CI  — CHOH  — GIF, 

ell'ectuée  à  partir  de  ce  dérivé  cuivreux  comme  il  a  été  indiqué  à  propos  du 
propargylcarhinol  {loc.  «/.),peut  servir  à  caractériser  l'alcool  acétylénique; 
elle  réussit  même  avec  de  petites  quantités  d'alcool  dilué.  Ge  dérivé  iodé 
fond  à  96"  {Analyse  :  I  84,66). 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  présence  rie  la  gentiopicrine  dans  la  Chlore  per- 
folièe  {Chlora  per/oliata  L).  Note  de  MM.  Em.  Bourquelot  et  M.  Bkidei,, 
présentée  par  M.  Jungfleisch. 

La  Chlore  perfoliée  est  une  petite  plante  de  la  famille  des  Gentianées, 
caractérisée  par  ses  fleurs  jaunes  et  par  ses  feuilles  opposées  et  soudées 
autour  de  la  tige. 

Sa  saveur  est  très  amère.  Elle  a  été  employée  comme  tonique  et  fébrifuge.  C'est 
pourquoi  nous  avons  pensé  qu'elle  pouvait  contenir  un  principe  glucosidi(|ue  analogue 
sinon  identique  à  celui  de  la  Gentiane  jaune.  Nous  l'avons,  en  conséquejice,  essayée 
par  la  méthode  habituelle  à  l'invertine  et  à  l'émulsine  ('  ). 

^'oici  l(>s  résultats  que  nous  a  donnés  l'essai  sur  un  extrait  licjuidc,  aqueux, 
dont  loo''™'  correspondaient  à  100'''  de  plantes  fraîches  (les  plantes  traitées 

(')  l'.M.  liouRQLEi.OT,  Recliefclie,  dans  les  végclati.r,  du  sucre  de  canne  à  l'aide  de 
l'invertine  et  des  glucosides  à  l'aide  de  l'émulsine  (Comptes  rendus,  t.  CXXXIH, 
1901,  p.  690). 


SÉANCE    DU    lO    JANVIER    I910.  Il5 

avaicnl  été  cueillies  aux  environs  de  Paris,  le  6  août,  en  pleine  floraison)  : 

Rolalion  initiale  (/=:  2) — 5°^6' 

Sucre  réducleui-  Initial os,5r6 

Rotation  après  action  de  l'invertine — 6° 26' 

Sucre  réducteur  après  action  de  l'invertine is,  ^aS 

Rotation  après  action  de  Témulsine -1-5' 

Sucre  réducteur  après  action  de  l'émulsine 2",  178 

Sous  linlluence  de  l'invertine,  il  s'est  produit  un  changement  de  déviation  de  4o', 
avec  formation  de  oS,  90^  de  sucre  réducteur.  Si  le  sucre  réducteur  produit  avait  eu, 
tout  entier,  pour  origine,  du  sucre  de  canne,  on  aurait  dû  observer  un  cliangemenl  de 
déviation  veisia  gauche  de  90' ;  comme  on  a  observé  un  changement  de  4o'  seulement, 
on  peut  en  conclure  que  la  Chlore  perfoliée  renferme  un  sucre  livdrolysable  par  l'in- 
vertine, qui  n'est  pas  du  saccharose. 

Sous  l'influence  de  l'émulsine,  on  a  observé  un  retour  de  la  déviation  vers  la  droite 
de  6°3i',  avec  formation  de  ob',755  de  sucre  léducteur.  Si  nous  calculons  combien 
nous  obtenons  de  sucre  réducteur  pour  i"  de  retour,  nous  trouvons  ob,  116.  Or  la 
gentiopicrine  fournit,  sous  l'action  de  l'émulsine,  os,  1 1 1  de  sucre  réducteur  pour  un 
retour  de  la  déviation  vers  la  droite  de  1°  ('). 

Ici  les  résultats  sont  donc  tels  qu'on  était  fondé  à  supposer  l'existence  de 
la  gentiopicrine  dans  la  Chlore  perfoliée;  ils  nous  ont  amenés  à  cherchera 
isoler  ce  glucoside. 

Ce  n'est  toutefois  qu'à  la  fin  du  mois  de  scpteinbre  que  nous  avons  pu 
reprendre  nos  recherches,  n'ayant  réussi  à  retrouver  la  plante  qu'à  cette 
époque  (aux  environs  de  Richelieu,  en  Indre-et-Loire  ).  Elle  était  alors  très 
avancée  :  les  fruits  étaient  arrivés  à  maturité  et  les  tiges  commençaient  à  se 
dessécher.  Malgré  ces  mauvaises  conditions,  nous  avons  réussi  à  en  extraire 
un  produit  que  nous  avons  identifié  avec  la  gentiopicrine,  glucoside  de  la 
Gentiane  jaune. 

On  a  é|Hiisé  la  plante,  préalablement  desséchée  roinplétement  et  réduite  en  poudre, 
par  l'alcool  à  80" bouillant.  Ou  a  distillé  l'alcool  au  baiu-marie;  on  a  précipité  les  matières 
résineuses  que  contenait  encore  le  liquide  résiduel  par  addition  d'eau;  on  a  filtré,  puis 
on  a  concentré  le  liquide  clair  jusqu'à  consistance  sirupeuse;  on  a  précipité  ce  sirop 
par  l'alcool  à  gj";  on  a  filtré  et  évaporé  à  sec.  On  a  épuisé  l'extrait  par  l'élher  acé- 
tique hydraté;  on  a  distillé  Téther  acétique,  repris  l'extrait  par  l'eau  et  évaporé  de 
nouveau  à  siccité.   On  a  ensuite  épuisé  l'extrait,  ainsi  purifié,  par  l'éther  acétique:  la 


(  ')  Kn.  BouRQUELOT,  Sur  la  recherche^  dans  les  végétaux^  des  glucosides  hydro- 
lysahles  par  l'émulsine  (Joiirn.  de  Pliarm.  cL  de  ClUin.,  G"  série,  l.  XXIII,  1906, 
p.  369). 


I  l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SeiUiopicriiie   ;t   ciislallisé.    On  l'a  purifiée  en  la  faisant  ciislailisor  du  noii\eau  ilans 
l'étlier  acétique.  <_)n  a  séché  à  Tair  les  cristaux  obtenus. 

Pou\oir  rotatoire «11  =  —  igë^gS 

(/*  =  0^,091 -1  ;    t';=i5'^"'';  l-=2;   a  =: — '2°'îl\'). 

Sous  l'action  de  l'éniulsine,  une  solution,  accusant  une  rotationde  —  2°  24'  (/:=2), 
avait,  après  24  heures,  une  rotation  de  +  17'.  Il  s'était  formé  os,3o6de  sucre  réducteur, 
ce  qui  donne,  pour  un  retour  de  la  déviation  de  1"  vers  la  droite,  ob,  i  r3  de  sucre  réduc- 
teur (  théorie:  os,  1 1 1)  ;  de  plus,  le  liquide  limpide  et  incolore  s'était  légèrement  coloré 
en  jaune  sous  l'action  de  l'émulsine;  et  il  s'était  formé  un  précipité  cristallin  de  gen- 
tiogénine.  On  a  recueilli  ce  précipité  cristallin  qui  a  donné  nettement  la  réaction  de  la 
gentiogénine  signalée  par  G.  Tanret  ('). 

En  résumé,  ainsi  que  nous  l'avait  fait  prévoir  l'essai  préliminaire  à  l'inver- 
tinc  et  à  l'émulsine,  la  Chlore  perfoliée  renferme  de  la  gentiopicrine,  gluco- 
side  de  la  Gentiane  jaune,  dont  nous  avons  déjà  signalé  la  présence  dans  la 
Gentiane  P-neumonanthe  (Gentiana  Pneumonanthe  L.).  L'essai  nous  montre 
encoiT  que  ce  glucoside  y  existe  seul  et  en  quantité  assez  forte  :  environ  1 5''' 
par  kilogramme  de  plante  fraîche,  récoltée  au  mois  d'août. 

On  pourrait  donc  utiliser  la  Chlore  perfoliée  pour  le  dosage  de  la  gentio- 
picrine aux  difl'érents  stades  de  la  végétation,  ce  qu'on  ne  pourrait  faire 
aussi  facilement  avec  la  Gentiane  jaune,  dans  laquelle  ce  glucosidese  trouve 
mélangé  à  d'autres  glucosides  également  dédouhlables  par  l'émulsine. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.   —   Recherches  sur  la  digeslion  de  l'inuUne. 
Note  de  M.  H.  Hikhry,  présentée  par  M.  Dastrc. 

Lu  r(Jle  alimentaire  de  l'inuliuc  n'est  pas  douteux.  On  sait  que  les  topinam- 
bours, à  une  certaine  époque  de  l'année,  dans  quelques  régions  de  l'ouest 
de  la  France,  constituent  la  base  même  de  l'alimentation  du  bétail.  D'autre 
part,  les  travaux  de  Cl.  Bernard,  de  A.  Dastre  et  E.  Bourquclot  nous  ont 
appris  que  les  polysaccharides  ne  sont  pas  directement  assimilables.  Pour 
servir  à  la  nutrition  de  l'animal,  ils  ne  doivent  pas  être  absorbés  en  nature 
par  l'intestin;  il  faut  qu'ils  aient  été  préalablement  digérés,  c'est-à-dire 
transformés  en  leurs  monoses  constituants  par  une  série  d'hydrolyses.  On  doit 


(')   G.  Tamii;!'.  Conliilniliim  à  l  ctiidc  de  i<i  GciUiaiic  {Thrsc,  Paris,  igoô,  p.  40). 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  II7 

donc  se  demander  où  et  comment  se  fail  la  digestion  de  l'inulinc?  La  ijnes- 
lion  est  à  la  fois  physiologique  et  médicale,  puisqu'à  rinlérct  de  connaître 
la  valeur  alimentaire  de  l'inulinc  chez  l'individu  normal  ou  chez  l'animal 
s'ajoute  celui  de  son  emploi  (à  la  suite  des  travaux  de  Kiilz.  Haykraft, 
B.  Naunyn,  etc.)  chez  les  diabétiques. 

p]xiste-t-il  cliez  les  animaux  un  fermenl  spécilique,  analogue  à  l'inulase  (')  des  végé- 
taux, et  capable  de  saccharifier  l'inuline?  Personne  n'a  dénaonlré  l'existence  d'un 
pareil  ferment  dans  les  divers  sucs  digestifs  des  animaux.  En  collaboration  avec 
M.  P.  Portier,  j'ai  cherclié  vainement  à  mettre  en  évidence  chez  les  chiens  et  les  lapins 
normaux  ou  nourris  pendant  un  certain  temps  a\ec  des  topinambours,  l'existence  d'une 
diastase  capable  de  transformer  l'inuline  en  lévulose.  M.  A.  Richaud  ne  fut  pas  plus 
heureux  dans  des  recherches  semblables  chez  le  bœuf,  le  porc,  le  cobaye  et  le  canard. 
Ces  "deux  séries  de  recherches  indépendantes  ont  été  publiées  en  même  temps  C); 
elles  se  confirment  mutuellement.  Nos  conclusions  étaient  celles-ci  :  jamais  le  foie  ou 
l'appareil  digestif  des  animaux  supérieurs  ne  sécrètent  d'inulase.  La  digestion  de 
l'inuline  se  fait  dans  l'estomac.  Cette  transformation  n'est  pas  due  à  un  ferment  soluble, 
mais  à  l'acide  du  suc  gastrique. 

Ces  expériences  avaient  élé  faites  avec  des  macérations  d'organes  broyés  (pancréas, 
intestin,  etc.).  On  pourrait  penser  que  les  résultats  négatifs  relalifs  à  la  mise  eu 
évidence  du  ferment  tenaient  à  l'emploi  de  liquides  de  macérations  peu  actifs.  J'ai 
donc  repris  ces  expériences  en  opérant  sur  le  suc  pancréatique  lui-même,  si  actif  sur 
l'amidon  et  le  maltose. 

Le  suc  pancréatique  était  obtenu  par  fistule  temporaire  du  canal  de  Wirsung,  chez 
le  chien,  et  après  injection  de  sécréline. 

L'inuline  employée  a  été  extraite  des  tubercules  du  topinambour  et  préparée  suivant 
la  mélliode  indiquée  par  C.  Tanret  (' ). 

J'ai  fait  agir  sur  l'inuline,  à  l'étuve  à  38",  le  suc  pancréatique  fraîchement  recueilli, 
pur  ou  dilué  en  milieu  alcalin,  neutre  ou  très  légèrement  acide.  Je  n'ai  jamais  observé 
la  transformation  de  l'inuline  en  lé\  irlose. 

Par  analogie  avec  l'amidon,  on  pouvait  supposer  que  l'inuline  passait  par  des  pro- 
duits intermédiaires  comparables  an  maltose,  et  que  la  transformation  commencée  par 
le  suc  pancréatique  s'achevait  au  contact  de  la  muqueuse  intestinale.  La  solution 
d'inuline,  après  avoir  été  soumise  à  l'action  du  suc  pancréatique  de  chien,  fut  addi- 
tionnée de  macérations  intestinales  de  lapin  ou  de  chien.  Diverses  expériences  furent 
faites  en  utilisant  des  milieux  difl'érents  :  légèrement  alcalins,  neutres  on  très  légère- 
ment acides,  tous  les  résultats  furent  encore  négatifs. 

Ces  faits  viennent  confirmer  et  compléter  nos  premières  expériences.  Il  semble  bien 
aussi  que  l'inulase  doive  être  distinguée  de  l'amylase,  de  la  tréhalase,  de  la  sucrase  et 


(')  J.-R.  Grken,   Àniials  of  Dolany,  t.  1,  1888. 

(-)   Comptes  rendus  de  ta  Société  de  Biologie,  5  mai  1900. 

(')  C.  Tanret,  Comptes  rendus^  t.  CXM,  1890,  p.  5i4. 


Il8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

lie  la  maltase,  ainsi  qu'il  ressortait  déjà  des  reclierclies  de  lkiur(|uelot,  Clievaslelon  el 
A.  Richaud  (•). 

J'ai  alors  pensé  à  essayer  sur  l'iiniline  le  suc  liépato-pancrcalique  d'/Ze//./- /)o/»rt//a. 
Celle  fois  le  résultat  fut  positif.  1-e  suc  digestif  d'//c//j-  renferme  un  ferment  soluble 
capable  d'hydrater  l'inuline;  mais  comparativement  à  ce  qui  se  passe  pour  ce  suc  vis- 
à-vis  des  autres  hydrates  de  carjjone,  l'attaque  de  l'inuline  est  assez  lente.  Le  pouvoir 
réducteur  des  digestions,  faible  au  bout  de  24  heures,  va  progressivement  avec  une 
grande  netteté  jusqu'à  marquer  au  bout  de  3  jours  une  hydrolyse  de  20  pour  100 
de  l'inuline  soumise  à  la  digestion.  Il  s'agit  bien  d'une  diastase,  car. le  suc  perd  son 
pouvoir  digestif  vis-à-vis  de  l'inuline  après  un  chauffage  de  10  minutes  à  So". 
Les  digestions  ont  été  faites  en  présence  d'antiseptiques  variés  (loluol  et  campliie, 
llivmol  et  toluol,  fluorure  de  sodium). 

Nous  faisions  constamment,  après  l'avoir  dilué,  trois  parts  du  suc  recueilli  par  iso- 
lement du  tube  digestif  d'//e/^'a^.  La  première  était  additionnée  d'une  solution  d'inuline  ; 
la  seconde,  piéalablement  portée  10  minutes  à  80°,  était  après  refroidiseeuient  addi- 
tionnée d'une  même  quantité  de  la  solution  d'inuline;  la  troisième,  mise  avec  de  l'eau 
distillée,  était  destinée  à  éviter  les  erreurs  dues  aux  apj)orts  el  aux  transformations 
possibles  du  suc  digestif  lui-même. 

Pour  se  débarrasser  des  albuminoïdes,  étant  donnée  la  facilité  avec  laquelle  l'inuline 
s'hydrolyse,  on  ne  chaufl'ait  jamais  à  feu  nu  les  îligeslions  préalablement  diluées,  mais 
toujours  au  bain-marie  à  70°.  Les  dernières  traces  d'albuminoïdes  étaient  enlevées, 
en  additionnant  à  froid  les  liquides  d'acétate  de  soude,  perchlorure  de  fer,  neutrali- 
sant et  portant  au  bain-marie  à  70". 

On  peut  plus  simplement  opérer  ainsi  :  les  liquides  de  digestion,  préalablement 
dilués  8  ou  10  fois  avec  de  l'eau  distillée,  sont  additionnés  de  nitrate  mercurique, 
neutralisés  avec  de  la  soude  el  filtrés.  L'excès  de  mercure  est  éliminé  par  la  poudre  de 
zinc  ou  par  l'hydrogène  sulfuré.  On  se  débarrasse  de  II-S,  à  froid,  au  moyen  d'une  so- 
in lion  de  sulfate  de  cuivre  (-). 

Les  dosages  ont  été  faits  par  la  méthode  de  G.  Bertrand. 

On  voit  (]u<^  les  divers  animaux  sont  capables  de  digérer  l'inuline,  seule- 
ment ils  utilisent  pour  cette  digestion  des  agents  physiologiques  différents  : 
chez  les  animaux  supérieurs,  la  transformation  de  l'inuline  se  fait  dans 
l'estomac  et  cette  transformation  est  due  à  l'acide  chlorhydrique  du  suc 
gastrique;  les  Mollusques,  au  contraire,  sont  capables  de  sécréter  un 
ferment  soluble  (jui  pousse  l'hydrolyse  de  l'inuline  jusqu'au  lévulose.  C'est 
ainsi  qu'on  rencontre  l'inulase  à  coté  des  autres  ferments  digestifs  des  sucres 
les  plus  divers,  dans  le  suc  gastro-intestinal  d^Ifdix,  qui  constitue  la  source 
la  plus  riche  en  ferments  hydratants  des  hydrates  de  carbone. 

(')  A.  RiciiAUD,  T/iPse  de  Doctorat  es  sciences,  Paris,  igoo. 

(-)  Aders  Pi.iMMKit,  Journal  nf  Pliysiology,  t,  XXXIV,  n°^  1  et  2.  —  \  oli-  aussi 
M"''  lÎKi.i.rox,  7 /lèse  de  Doctorat  es  sciences,  Ly(jn,  1909. 


SEANCE  UU  lO  JANVIER  ipio.  I  I C) 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  préscnre  dans  le  lait  de  vache  d  une 
anaéroxydase  el  d'une  calalase.  Note  de  M.  J.  Sakthou,  présenlre 
par  M.  Dastre. 

D'après  MM.  Bordas  el  Touplain,  la  caséine  insoluble  du  lail  a  la  pro- 
priété de  décomposer  H-0-  et,  par  suite,  de  produire  l'oxydation  de  la 
paraphénylènediaminc  ('). 

Dans  les  Comptes  rendus  du  8  novembre,  je  n'ai  pas  relevé  cette  action 
catalytique  de  la  caséine. 

La  propriété  de  décomposer  li-O"  que  les  auteurs  attribuent  à  la  caséine 
n'appartient  pas  à  ce  corps,  mais  à  un  mélange  de  catalase  physiologique  et 
de  catalase  bactérienne;  cette  dernière  sécrétée  parles  bacilles  lacli(jues  qui 
sont  ensemencés  dans  tout  lait  laissé  quelques  instants  au  contact  des 
germes  de  l'air. 

On  le  démontre  facilement. 


(')  Dans  les  Comptes  tendus  du  29  novembre  dernier,  MM.  Bordas  el  Toii|)lain 
écrivent  : 

«  M.  Saillioii,  tout  en  reconnaissant,  comme  nous  l'avions  démontré,  que  la  caséine 
ou,  plus  vraisemblablement,  le  caséinate  de  chaux,  décomposait  H-0-,  et  non  oxydait 
la  paraphénylènediamine,  comme  nous  le  fait  dire  l'auteur  de  la  Note....  » 

Il  y  a  là  une  confusion  facile  à  dissiper. 

J'ai  écrit,  en  effet  {Comptes  rendus,  S  nov.)  :  «  Il  ne  reste  plus  sur  le  filtre  que  la 
caséine  et  la  catalase;  cette  caséine  insoluble,  en  suspension,  etc.  » 

Elle  décompose  l'eau  oxygénée.  C'est  du  mélange  de  caséine  el  de  calalase  que  je 
parle.  Je  ne  décris,  en  effet,  aucun  procédé  de  sépaialion  des  deux  principes  qui 
permette  de  penser  autrement. 

MM.  Bordas  el  Touplain  protestent  paice  que  je  leur  fais  dire  que  la  caséine  oxyde 
la  paraphénylène  diamine.  Je  n'avais  pas  cru  indispensable  de  mentionner  la  décom- 
position de  ll-O'.  Toutes  les  réactions  qui  nous  occupent  ne  se  font  qu'en  sa  j^résence 
et  grâce  à  sa  décomposition  visible  ou  invisible;  elles  sont  tellement  classiques  que  je 
ne  pouvais  pas  penser  qu'il  pût  y  avoir  un  doute.  D'ailleurs,  MM.  Bordas  et  Touplain 
eux-mêmes,  dans  leur  Note  des  Annales  des  falsifications  du  7  mai  (dernières  lignes 
de  la  page  iq'\),  qui  n'est  que  la  répétition  des  Comptes  rendus,  n'écrivent-ils  pas  : 
«  Broyé  dans  quelques  centimètres  cubes  d'eau,  chaude  de  préférence,  de  manière  à 
gonfler  la  caséine,  le  produit  donne  une  réaction  positive  à  la  paraphénylène- 
diamine, el,  de  plus,  nous  avons  constaté  une  décomposition  très  vive  de  H-0-  par 
le  dégagement  d'oxygène  formant  de  nombreuses  bulles  à  la  surface  du  produit 
«ssayé.  » 


I20  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  catalase  physiologitjue  existe  : 

Si  Ton  met  dans  un  iiréomètre  ^o*^'"'  de  lail  liait  au  moment  nit'me  et  lo''™"  de  H'^0^ 
que  l'on  agile  à  plusieurs  reprises,  on  constate  après  20  minutes  un  dégag_ement 
d'owgène  variant  de  o''"''  à  n'""'. 

La  calalase  Laclérienne  existe  également  : 

Stérilisons  dii  lait  pai-  la  chaleur;  il  perd  la  propriété  de  décomposer  H'O-.  Si  l'on 
ensemence  ce  lail  avec  du  bacille  lactique,  en  prenant  toutes  les  précautions  usitées 
en  bactériologie,  on  constate  qu'il  se  coagule  el  qu'il  acquiert  des  piopriétés  cata- 
ly tiques  qui  peuvent  être  considérables;  tout  dépend  de  la  race  du  bacille  lactique 
ensemencé. 

Cultivé  sur  lactosérum  stérilisé,  ce  bacille  sy  développe  en  cultures  très  épaisses 
qui  décomposent  tumultueusement  H-0-. 

Ce  n'est  donc  pas  la  caséine  insoluble  ou  le  caséinale  de  chaux  qui,  dans 
les  expériences  de  MM.  Bordas  etTouplain,  décomposent  H-Q-,  mais  bien 
les  bacilles  lactiques  ensemencés  dans  le  lait  cru  qui  résistent  au  traitement 
de  la  caséine  par  l'alcool  et  l'étlier.  ,1e  ne  fais  pas  entrer  en  ligne  la  calalase 
physiologique,  qui  est  toujours  en  très  petite  qijantité. 

Une  autre  preuve  de  la  présence  de  la  catalase  bactérienne  réside  dans  le 
fait  stiivant  : 

Qu'on  laisse  48  lieures  au  contact  de  l'air,  à  une  température  de  26°  par  exemple, 
du  lait  nouvellement  trait  dont  on  aura  dosé  la  catalase  physiologique.  Qu'on  titre 
après  ce  laps  de  temps  le  pouvoir  catalytique  du  lait;  il  sera  devenu  considérable,  les 
bactéries  lactiques  ayant  considérablement  pullulé  sous  l'influence  de  la  température. 
La  caséine  n'a  cependant  pas  augmenté. 

Si,  dans  leurs  expériences,  les  auteurs  retrouvent  dans  les  laits  cuits  celte 
même  propriété  décomposante  vis-à-vis  de  H'-O'-',  c'esl  que  ces  laits  s'ense- 
mencent de  nouveau  à  l'air.  Dans  ce  cas,  le  pouvoir  catalylique  est  exclusi- 
vement dît  à  la  catalase  bactérienne. 

En  second  lieu,  l'oxygène  dégagé  dans  ces  conditions  est  sans  action  sur 
la  paraphénylènediamine  :  c'est  de  l'oxygène  inactif,  contrairement  à  l'oxy- 
gène actif  <{ui  provient  de  la  décomposition  sans  dégagement  visible  de  l'eau 
oxygénée  par  les  enzymes  oxydants,  en  l'espèce  par  l'anaéroxydase. 

Prenons  du  lait  cuit  ensemencé  par  du  bacille  lactique.  Il  décompose 
abondamment  H-Q-,  mais  ne  colore  ni  la  paraphénylènediamine  (' ),  ni 
le  gaïacol. 

(')  J'entends  la  coloration  instantanée,  comme  celle  qui  se  produit  dans  les  laits 
crus.  La  caséine  sous  certains  états  physiques  peut,  en  effet,  colorer  la  paraphénylène 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  IQIO.  121 

Des  cultures  sur  laclosérum  stérilisé  par  la  chaleur  décomposent  de 
même  H-O^,  mais  n'oxydent  en  aucune  l'aeon  les  réactifs. 

L'oxygène  visible  se  dégageant  en  bulles  dans  l'expérience  de  MM.  Bordas 
et  Touplain  n'a  donc  aucune  action  oxydante. 

Nous  croyons,  en  résumé,  avoir  suffisamment  démontré  que  : 

1°  La  caséine  insoluble  ne  jouit  d'aucune  propriété  calalylique; 

2°  L'action  catalytique  mentionnée  par  MM.  Bordas  et  Touplain  est  due 
à  des  ferments  lactiques; 

3"  L'oxydation  des  réactifs  facilement  oxydables  n'est  pas  sous  la  dépen- 
dance de  l'oxygène  visible  provenant  de  la  décomposition  de  H-0'-  par  les 
bactéries. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  slructure  des  protubérances  èpidermiques  de  certains 
Aniphibiens  urodèles  et  sur  leurs  affinités  morphologiques  avec  tes  poils. 
Note  de  M.  Loins  Roui.e,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

J'ai  fait  allusion,  dans  une  (Communication  précédente  (séance  du  6  dé- 
cembre 1909),  consacrée  à  la  distribution  géographique  des  Amphibiens 
urodèles  du  genre  Euproctus  (iéné,  aux  papilles  èpidermiques  de  ces  der- 
niers. La  structure  de  ces  protubérances  a  été  étudiée  par  plusieurs  auteurs, 
notamment  par  Wiedersheim  et  par  Lessona.  Ces  recherches,  incomplètes 
sur  plusieurs  particularités  intéressantes,  n'en  font  point  ressortir  le  côté 
important,  à  savoir  une  remarquable  ressemblance  avec  les  poils  des  Mam- 
mifères quant  à  la  disposition  générale  et  à  la  composition  histologique. 

Ces  proluliéraiices  recouvrent  le  corps  entier;  elles  sont  pourlanl  plus  nombreuses 
sur  les  régions  dorsales  et  latérales  que  sur  les  autres.  Leur  distribution  ne  montre 
aucune  obligation  particulière  de  dessin  ni  d'ornement  ;  elle  est  totale.  Ces  excrois- 
sances mesurent  un  quart  à  un  demi-millimètre  de  hauteur;  leurs  intervalles  comptent 
jmm  à  3'ui>i^  rarement  davantage.  Chacune  a  l'aspect  d'un  cône,  dont  la  large  base  s'at- 
tache aux  téguments,  dont  le  sommet,  pointu  et  solide,  tranche  sur  l'ensemble  par 
sa  teinte  noire  ou  brun  foncé. 

Toutes  ont  une  structure  identique.  Chaque  protubérance  olîre  deux  couches,  l'une 

diamine  sous  l'influence  de  II-O^.  Que  l'on  mette  sur  du  papier  à  filtrer,  sur  de  la 
ponce,  comme  l'ont  fait  MM.  Bordas  et  Touplain,  une  goutte  de  H-0^  puis  une  goutte 
de  réactif  de  Storch,  et  il  se  développe  à  peu  près  instantanément  la  coloration  bleu 
indigo,  caractéristique  de  l'oxydation.  La  paraphénylène  ne  doit  donc  être  employée 
dans  la  recherche  des  ferments  qu'avec  beaucoup  de  circonspection. 

C.  R.,  1910,  1"    Semestre.  (T.   lôO,  N-Z.)  16 


122  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

siiperlicielle  el  enveloppante,  l'iiulre  centrale;  les  seuls  noms  qui  conviennent  pour 
désigner  ces  assises  sont,  comme  à  l'égard  des  poils,  ceux  d'écorce  el  de  moelle. 
L'écorce  consiste  en  une  lame  de  cellules  aplaties,  dont  le  noyau  a  disparu  ou  est  en 
voie  de  disparition,  dont  le  cytoplasme  est  fortement  pigmenté;  elle  se  continue,  vers 
la  base  de  l'éminence,  avec  la  couche  cornée,  plus  mince  encore,  de  l'épiderme  nor- 
mal. La  moelle  se  compose  de  cellules  polyédriques,  non  ])igmenlées,  semblables  à 
celles  de  l'épiderme  ordinaire,  et  ne  dilTérant  de  ces  dernières  que  par  leur  assem- 
blage en  plus  grand  nombre,  comme  par  leur  groupement  en  un  organe  surtout  étiré 
en  hauteur. 

Toutes  proportions  gardées,  la  ressemblance  de  ces  appareils  aux  poils 
est  fra})pantc  cpanl  à  la  structure  histologique.  La  seule  difi'érence  qualita- 
tive concerne  les  follicules  d'implantation,  présents  chez  ceux-ci,  absents 
chez  ceux-là.  Ce  n'est  point  le  lieu  de  discuter  en  détail  ces  concordances 
ou  ces  dissemblances,  d'évaluer  leur  portée,  en  se  demandant  si  elles 
résultent  d'une  convergence  secondaire,  ou  si  elles  sont  essentielles  et  pri- 
mitives, l'absence  de  complication  dans  le  cas  le  plus  simple  tenant  aux 
conditions  mécaniques  liées  à  la  petitesse  de  l'appareil.  Les  relations  avec 
les  glandes  tégumentaires  mériteraient,  en  outre,  de  s'examiner.  Sans  aller 
aussi  loin,  je  terminerai  en  exposant  les  conclusions  qui  découlent  de  mes 
observations. 

On  a  l'habitude  de  décrii*e  les  Amphibiens  comme  privés,  sauf  les 
écailles  des  Gy"iiiophiones,  d'appendices  tégumentaires  du  type  des 
phanères.  On  fait  même  de  cette  privation  un  caractère  de  la  classe,  en 
l'opposant  à  la  richesse  du  système  glandulaire  de  la  peau.  Ceci  n'est  point 
exact.  Les  papilles  el  verrues  de  nombreux  Amphibiens  ne  méritent  guère, 
il  est  vrai,  le  titre  de  phanères,  car  elles  n'ont  aucune  individualité,  et  cor- 
respondent seulement  à  des  saillies  intéressant  à  la  fois  toutes  les  couches 
tégumentaires;  mais  non  les  protubérances  épideriniques  mises  ici  en  cause, 
nettement  individualisées  et  spécialisées.  Du  reste,  ces  dernières  existent 
aussi  chez  d'autres  genres  voisins  à''Euproctus,  tels  que  Pleurodeles. 

Les  théories  proposées  au  sujet  de  la  phylogénie  des  poils  sont  nom- 
breuses. On  a  rapproché  successivement  ces  organes:  i"  des  écailles  pla- 
coïdes  des  Sélaciens  et,  par  là,  des  dents;  2"  des  écailles  cornées  des  Rep- 
tiles el,  par  là,  des  plumes;  3°  d'excroissances  cutanées  semblables  à  celles 
que  portent  divers  Poissons;  4"  des  corpuscules  sensilifs  tégumentaires  de 
la  ligne  latérale  des  larves  d'Amphibiens. 

A  mon  avis,  ces  diverses  opinions  sont  pou  acceptables.  Les  véritables 
affinités  naturelles  des  poils  paraissent  plutôt  lournées  vers  des  phanères 
strictement  épidermlques,  implantés  sur  les  téguments  au  lieu  d'être  inclus, 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  123 

de  distribulion  générale  et  non  localisés,  c'est-à-dire  vers  des  appareils 
comparables  aux  protubérances  dont  il  est  ici  question.  La  rareté  de  ces 
dernières  ne  saurait  créer  une  objection;  les  organes  représentatifs  ne  sont 
pas  forcément  fréquents;  et,  du  reste,  les  Amphibiens  ainsi  pourvus  mon- 
trent, par  leur  distribution  géographique,  qu'ils  sont  d'une  grande  an- 
cienneté. 

Les  hypothèses  relatives  à  la  phylogénie  des  Mammifères  ne  sont  guère 
envisagées  qu'à  l'aide  déconsidérations  ostéologiques  :  les  relations  les  plus 
directes  de  la  classe  semblent  dirigées  vers  les  Reptiles  primitifs  du  groupe 
des  Théromorphes.  Les  considérations,  tirées  du  revêtement  pileux  si  carac- 
téristique, peuvent  désormais  entrer  en  compte,  grâce  à  cette  notion  des 
protubérances  épidermiqucs  d'Amphibiens.  Certains  groupes  importants 
des  Reptiles  anciens,  les  Ichthyosauriens  par  exemple,  avaient  la  peau  nue. 
n  est  permis  d'en  conclure,  considérant  à  la  fois  les  Amphibiens  actuels  et 
ces  êtres  disparus,  que,  en  l'absence  d'écaillés  et  de  squelette  dermique,  de 
telles  protubérances  pouvaient  recouvrir  les  téguments  de  certains  des  pre- 
miers Vertébrés  adaptés  à  la  respiration  aérienne,  et  donner  ainsi  la  base 
organique  d'oi'i  les  poils  sont  issus. 


HISTOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  formation  de  la  gaine  de  myéline  :  le  double 
bracelet  épineux  de  Vélranglenu'nl  annulaire.  Note  de  M.  J.  Nageotte, 
présentée  par  M.  Henneguy. 

L'étude  des  fibres  à  myéline,  poursuivie  au  point  de  vue  de  la  recherche 
histologique  des  composants  lipoides,  m'a  permis  d'observer  quelques  faits, 
dont  les  uns  sont  nouveaux  et  dont  les  autres  viennent  compléter  les  notions 
classiques. 

La  présente  Note  est  consacrée  à  la  description  d'une  formation  périaxile, 
située  au  niveau  des  étranglements  annulaires  dans  le  système  nerveux  cen- 
tral et  dans  les  nerfs  périphériques,  à  laquelle  je  propose  de  donner  le 
nom  de  double  bracelet  épineux. 

Cette  structure  se  colore  sans  difficulté  par  la  technique  d'Altmann,  après 
fixation  au  bichromate  de  potasse.  Elle  est  formée  d'une  grande  quantité 
d'épines  qui  entourent  le  cylindraxe  sur  une  certaine  étendue  au-dessus  et 
au-dessous  de  l'étranglement  annulaire.  La  portion  de  cylindraxe  embrassée 
est  rètrécie  et  régulièrement  calibrée;  au  delà,  on  observe  habituellement  un 
léger  renflement  et  l'axone  prend  l'aspect  irrégulier  qu'il  doit  aux  fixateurs. 


124  ACADÉMIK    DES    SCIENCES. 

Les  épines  sont  régulièrement  disposées  en  cercles  parallèles;  leurs  pointes 
se  recourbent  dans  la  direction  du  segment  interannulaire  auquel  elles 
appartiennent;  leur  longueur  est  à  peu  près  uniforme,  pourtant  on  en  voit 
souvent  deux  ou  trois  qui  dépassent  le  rang  et  s'allongent  pour  se  terminer 
dans  l'épaisseur  de  la  myéline,  soit  par  une  pointe  effilée,  soit  par  une  petite 
nodosité.  En  plusieurs  points  il  m'a  semblé  voir  un  filament  incolore  pro- 
longer ces  épines,  qui  ne  sont  peut-être  que  les  pièces  basales  d'une  structure 
filamenteuse  plus  étendue.  La  trace  de  l'étranglement  est  marquée  par  un 
espace  clair  qui  partage  en  deux  moitiés  égales  le  cylindre  épineux  ainsi 
formé.  Dans  les  nerfs  périphériques  et  dans  les  gros  tubes  de  la  substance 
blanche  de  la  moelle,  cet  espace  est  très  étroit;  dans  les  petites  fibres  des 
centres  il  peut  s'agrandir  beaucoup.  Le  point  de  départ  des  collatérales  dans 
la  moelle  qui,  comme  on  le  sait,  se  trouve  au  niveau  d'un  étranglement,  est 
indiqué  par  la  rencontre  de  trois  bracelets  simples. 


2r/^ 


Tubes  nerveux  du  Cobaye  :  a,  Ij,  fibres  ilu  sciatique,  fixées  au  bichromate  de  potasse  et  colorées 
par  la  technique  d'AlLuuinn;  c,  </,  fibres  des  cordons  latéraux  de  la  moelle,  fixées  et  colorées  de 
même;  e,  fibre  du  sciatique  observée  à  l'état  vivant,  au  niveau  d'un  étranglement  annulaire; 
/',  libre  semblable,  observée  de  même,  au  niveau  d'une  incisurc  de  .Schmidt-Lanlermann  (obj. 
apoclir.  Zeiss,  :>.""";  ouv.  i,'i";  oc.  comp.  S). 

Cyl.  axe,  cvlindraxe:  nty.,  i^aine  de  myéline:  et.,  étriiii^iciMcnt  iiiiniilairc;  inc,  incisure  de  Sclimiilt- 
Laiitermann. 


La  ligure  ci-dessus  représente  des  tubes  nerveux  de  (Cobaye  dessinés  à  la 
chambre  claire,  à  un  grossissement  de  1200  diamètres  :  en  a,  on  voit  un  gros 
tube  du  sciatique,  dessiné  en  mettant  au  point  seulement  le  plan  axial;  dans 
la  fibre  6,  le  double  bracelet  a  été  dessiné  dans  son  ensemble,  en  mettant  au 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I910.  123 

point  tous  les  plans  successivement;  c  et  d  sont  deux  fibres,  grosse  et  fine, 
des  cordons  latéraux  de  la  moelle.  On  remarquera  que  la  hauteur  de  chaque 
portion  du  double  bracelet  est  sensiblement  égale  à  l'épaisseur  qu'a  prise  la 
gaine  de  myéline  sous  l'influence  des  réactifs  ;  c'est  là  un  point  à  noter. 

Pour  comprendre  exactement  la  signification  de  cette  structure,  il  faut  se  reporter, 
d'une  part,  à  l'image  fournie  par  le  tube  nerveux,  vivant  et,  d'autre  part,  à  la  notion  de 
la  structure  lamelleuse  de  la  myéline. 

A  l'état  vivant  on  sait  que  le  cylindraxe,  dans  toute  l'étendue  du  segment  inleran- 
nulaire,  est  régulièrement  calibré  et  beaucoup  plus  volumineux  qu'après  fixation  au 
bichromate.  On  sait  aussi  qu'il  présente  un  rétrécissement  sur  une  certaine  hauteur,  au 
niveau  de  l'étranglement  annulaire  (fibre  e  de  la  ligure).  Un  examen  attentif  m'a  montré 
que  la  hauteur  du  rétrécissement,  de  part  et  d'autre  de  l'étranglement,  est  rigoureu- 
sement égale  à  l'épaisseur  de  la  gaine  de  myéline.  Vue  en  coupe  optique  suivant  un  plan 
axial,  la  couche  de  myéline,  au  voisinage  de  l'étranglement,  se  recourbe,  comme  sous 
l'influence  d'un  emboutissage  ;  elle  décrit  un  quart  de  cercle  pour  venir  tomber  nor- 
malement sur  le  cylindraxe  au  niveau  de  sa  portion  rétrécie.  Il  s'ensuit  que  les  rapports 
de  l'axone  avec  la  gaine  de  myéline  ne  sont  pas  les  mêmes  dans  le  segment  interan- 
nulaire et  dans  la  portion  rétrécie;  dans  le  premier,  l'axone  est  en  contact  avec  la 
face  interne  de  la  gaine;  dans  la  seconde,  il  adhère  à  une  section  transversale  de  cette 
gaine.  Cette  différence  se  traduit  à  l'œil  par  le  contraste  qui  existe  entre  la  netteté  de 
la  ligne  de  séparation,  au  niveau  du  segment  interannulaire,  et  la  difficulté  qu'on 
éprouve  à  distinguer  l'axone  de  sa  gaine,  au  niveau  du  point  rétréci.  Par  l'eflel  des 
réactifs  le  cylindraxe  se  rétracte  beaucoup  dans  sa  portion  interannulaire,  tandis  qu'il 
change  peu  au  niveau  de  son  rétrécissement  ;  la  gaine  de  myéline  se  gonlle  notablement 
et  l'on  voit  la  hauteur  de  la  portion  rétrécie  du  cylindraxe's'allonger  d'autant,  si  bien 
qu'elle  reste  toujours  égale  à  l'épaisseur  acquise  par  la  gaine  de  myéline. 

De  ce  qui  précède  je  crois  pouvoir  conclure  que  le  double  bracelet 
épineux  siège  au  point  de  contact  entre  la  portion  rétrécie  du  cylindraxe  et 
une  surface  de  la  gaine  de  myéline  qui  répond  à  une  section  normale 
devenue,  par  suite  d'une  inflexion,  parallèle  à  l'axe  de  la  fibre.  L'ensemble 
de  cette  disposition  ne  se  comprendrait  pas  si  la  myéline  était  une  substance 
amorphe.  En  réalité  sa  structure  est  fort  complexe  ;  elle  contient  des  forma- 
tions radiées,  découvertes  par  Stilling,  Lantermann  et  étudiées  par  les  auteurs 
récents,  dans  lesquelles  j'ai  démontré  l'existence  de  nombreuses  mitochon- 
dries  transversales;  mais  d'autre  part  elle  se  décompose  souvent,  après 
fixation,  en  lamelles  concentriques.  Or  l'examen  attentif,  pratiqué  à  l'état 
vivant,  permet  d'aflirmer  que  cette  structure  feuilletée  préexiste  à  l'action 
des  réactifs. 

En  elTet,  si  l'on  examine  les  fibres  en  des  points  où  elles  ont  été  légèrement  tiraillées, 
sans  avoir  subi  d'autre  défoimation  de  leur  myéline  ou  de  leur  cylindraxe,  on  constate 


126  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

qu'au  niveau  des  incisurês  de  Sclimidt-Lanlermann  les  lamelles  se  sont  disjointes, 
comme  s'il  s'était  produit  un  léger  glissement  au  niveau  de  leur  insertion  sur  la  mem- 
brane des  incisurês;  cet  aspect,  connu  après  fixation  par  divers  réactifs,  et  attribué 
généralement  à  un  pur  artifice,  s'observe  très  nettement  dans  les  fibres  vivantes 
(fibre  /■  de  la  figure). 

D'autre  part  il  se  produit  souvent,  dans  les  mêmes  conditions  et  par  le  même 
mécanisme,  au  niveau  des  portions  rétrécies  de  l'axone,  de  petites  fissures  parallèles 
qui  partent  de  l'axone  perpendiculairement  pour  s'étendre  plus  ou  moins  loin  dans 
l'épaisseur  de  la  couche  de  myéline,  en  suivant  ses  inflexions  ;  cet  aspect  est  figuré 
dans  la  fibre  e,  au  degré  le  moins  accusé  qu'il  puisse  présenter;  il  résulte  de  l'écarte- 
nient  des  lamelles  tiraillées  au  niveau  de  leur  insertion  sur  le  cylindraxe  et  exclut 
toute  supposition  de  précipité  périodique,  puisqu'en  ce  point  le  clivage  se  montre 
perpendiculaire  à  une  surface  de  la  mjéline.  • 

En  dernière  analyse,  je  me  trouve  amené  à  considérer  les  rangées  d'épines 
des  doubles  bracelets  périaxiles  comme  étant  en  rapport  avec  la  disposition 
feuilletée  de  la  myéline,  sans  qu'il  me  soit  permis  de  préciser  davantage 
pour  l'instant. 

HISTOLOGIE.  —  Sur  la  structure  des  cellules  nerveuses  ganglionnaires  de  la 
moelle  amyélinique  des  Gycloslomes.  Note  de  M.  J.  Mawas,  présentée  par 
M.  Henneguy. 

Mes  recherches  ont  porté  sur  des  moelles  de  Petromyzon  marinus  Lin.  et 
ai  Ammoeeies  hranchialis  Bloch.  fixées  et  colorées  par  différentes  méthodes. 
J'ai  spécialement  en  vue  dans  cette  Note  l'étude  des  fragments  fixés  par  le 
bichromate-formol,  suivi  d'un  long  mordançage  dans  le  bichromate  de  po- 
tasse, avec  coloration  successive  par  l'hématoxyline  au  fer  et  le  picropon- 
ceau.  Ce  procédé,  qu'a  fait  connaître  mon  maître,  M.  Regaud  (1908-1909), 
fixe  admirablement  le  cytoplasma  des  cellules  nerveuses  de  la  grande  Lam- 
proie {Petroniyzon  mar.),  et  il  permet  la  mise  en  évidence  de  nombreux 
détails  et  d'inclusions  protoplasmiques,  du  plus  haut  intérêt. 

Les  cellules  ganglionnaires  de  la  moelle  de  l'animal  adulte  peuvent  être 
divisées  en  deux  groupes  :  les  grosses  cellules  nerveuses  et  les  petites.  Je 
décrirai,  pour  chacun  de  ces  deux  groupes,  d'abord  le  noyau,  puis  le  proto- 
plasma. 

a.  Petites  cellules  nerveuses.  —  Le  noyau  de  ces  cellules  n'offre  rien  de  particulier 
à  signaler,  sinon  un  ou  deux  gros  nucléoles  se  colorant  intensément  en  noir  par  l'hé- 
matoxyline. Leur  position  est  très  variable  dans  le  noyau;  le  nucléole  peut  soulever 
la  membrane  nucléaire  et  faire  hernie  dans  le  cytoplasma.  Le  protoplasme  dans  sa 
majeure  partie  est  rempli  par  une  série  de  formations  filamento-granuleuses,  à  direc- 


SEANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  I27 

lion  géuérale  concentrique  par  rapport  au  noyau.  Les  granulations  sont  très  fines, 
rondes  et  paraissant  liomogènes.  Les  filaments,  comme  les  granulations,  sont  élecli- 
vement  coloérs  en  noir  par  riiémaloxyline. 

b.  Grosses  cellules  nerveuses.  —  Les  grosses  cellules  nerveuses  ont  un  noyau  qui 
ressemble  de  tout  point  à  celui  des  petites  cellules.  Il  n'en  est  pas  de  même  de  la 
structure  du  protoplasma. 

Déjà  à  un  faible  grossissement,  le  jJ'Otoplasma  de  ces  cellules  apparaît  comme 
moins  dense,  moins  coloré  que  le  précédent.  En  eft'et,  ici  point  de  formations  fila- 
mento-granuleuses,  denses  et  serrées,  occupant  la  majeure  partie  du  protoplasma  : 
mais  des  vésicules,  dont  le  centre  est  gris  clair  et  l'écorce  très  colorée  en  noir.  Ces 
vésicules  sont  de  beaucoup  plus  considérables  que  les  fines  granulations  qu'on 
voit  dans  les  autres  cellules.  Elles  sont  le  plus  souvent  arrondies. 

C'est  autour  et  dans. le  voisinage  du  noyau  qu'elles  sont  le  plus  nombreuses.  Les 
prolon;;emenls  dendritiques  en  contiennent  aussi,  mais  peut-être  en  moindre  quantité. 
Cela  varie  d'ailleurs  suivant  l'élément  qu'on  considère.  Quoi  qu'il  en  soit,  leur  position 
est  à  ce  niveau  caractéristique;  elle  est  ordonnée  par  rapport  au  grand  axe  du 
prolongement  dendritique.  Bien  plus,  les  vésicules  s'allongent  et  s'étirent  de  façon  à 
simuler  un  bâtonnet  plus  ou  moins  trapu,  sanspour  cela  perdre  leur  aspect  vésiculaire. 
Leur  distribution  n'est  pas  indillérente,  ni  partout  égale  :  certains  points  du  prolon- 
gement dendritique  en  sont  plus  richement  pourvus  que  d'autres.  Après  une  première 
dicliotomie  du  dendrite,  et  même  à  la  périphérie  de  la  moelle,  loin  de  toute  cellule 
ganglionnaire,  les  prolongements  protoplasmiques  contiennent  de  ces  mêmes  forma- 
tions vésiculeuses.  Cependant,  là,  leur  nombre  commence  à  diminuer.  Far  endroits, 
elles  ont  complètement  disparu.  En  leurs  lieu  et  place,  et  présentant  la  même  orien- 
tation, apparaissent  des  formations  filamenteuses  et  de  très  fines  granulations,  colorées 
également  en  noir  par  l'hèmato\\  iiiie  au  fer. 

Quelle  est  la  signitication  et  l'iniportauce  de  ces  formations  ? 

En  ce  qui  concerne  les  rilanient.«i  et  les  grains  des  petites  cellules  nerveuses, 
je  crois  qu'il  s'agit  bien  ici  de  formations  mitochondriales,  comparables  à 
celles  décrites  par  Allmann,  Held,  Levi,  Meves,  Nageotle  dans  d'autres 
cellules  nerveuses.  Chez  les  Gyclostomes,  elles  sontexclusivementcanlonnées 
dans  les  petites  cellules.  Quant  aux  autres  inclusions  que  je  viens  de  décrire, 
les  vésicules,  leur  présence  n'a  pas  encore  été  signalée,  Ces  formations 
vésiculeuses  sont  extrêmement  solubles  dans  les  réactifs  ;  un  niordançage 
prolongé  dans  le  bichromate  est  nécessaire  pour  les  insolubiliser  et  permettre 
leur  coloration  sur  coupe.  Ces  vésicules  se  colorent  comme  les  mitochondries, 
elles  sont  imprégnées  de  la  même  substance  labile  ;  ce  sont  des  enclaves,  des 
vésicules  lipoïdes,  comparables  à  celles  découvertes  et  décrites  par  mon 
maître,  M.  Regaud,  dans  le  testicule,  et  qu'on  trouve  dans  d'autres  organes. 
Leur  présence  dans  la  cellule  nerveuse,  et  en  nombre  plus  grand  que  partout 
ailleurs,  est  très  importante  à  noter,  à  cause  précisément  du  rôle  que  jouent 
les  lipoïdes  dans  la  physiologie  et  la  pathologie  de  la  cellule  nerveuse. 


128  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  linmitnisalion  contre  le  cancer  de  la  souris 
inoculée  avec  des  tumeurs  modifiées  par  les  rayons  X.  Note  (')  de 
M.  A.  CoxTAJiix,  présentée  par  M.  Bouchard. 

Nous  avons  vu,  après  de  nombreux  autres  expérimentateurs,  qu'une 
souris,  qui  a  résorbé  spontanément  sa  tumeur,  est  immunisée  vis-à-vis 
d'une  seconde  inoculation  (de  la  même  tumeur). 

Des  expériences  personnelles  nous  ont  montré  que  la  résorption,  arlili- 
ciellement  provoquée  par  les  rayons  X  (-),  entraîne  la  même  immuni- 
sation. 

Nous  avons  employé  :  soit  la  tumeur  en  voie  de  résorption  sur  la  souris, 
après  irradiation  de  celle-ci,  soit  les  cellules  cancéreuses  irradiées  après 
ablation  de  la  tumeur. 

Quand  nous  avons  utilisé  une  tumeur  en  voie  de  résorption  sur  la  souris, 
nous  avons  eu  des  résultats  inconstants;  parfois,  il  y  avait  développement 
de  tumeur  presque  aussi  prolifique  qu'après  inoculation  de  cellules 
intactes. 

Il  est  préférable  d'utiliser  des  tumeurs  irradiées  après  ablation,  l'irradia- 
tion étant  ainsi  plus  facilement  obtenue  de  façon  uniforme. 

Exemple  : 

Nous  prenons  les  i5  souris  du  premier  lot  de  l'expérience  précédem- 
ment relatée,  pesant  240^.  Nous  les  inoculons,  ainsi  que  ij  souris  témoins 
pesant  227^.  21  jours  api'ès,  les  souris  du  premier  lot  pèsent  270^,  avec 
trois  succès  seulement  sur  i^  ;  les  souris  témoins  pèsent  36o^  avec  12  succès 
sur  i5.  Le  premier  lot  était  donc  en  jurande  partie  immunisé. 

Lorsque  les  tumeurs  étaient  étalées  sur  lame  de  plomb  ou  placées  dans 
un  mortier  de  porcelaine,  pour  l'irradiation,  leur  inoculation  n'a  produit  ni 
développement  de  tumeur,  ni  plastron,  ni  immunité  (probablement  par 
excès  d'action  dû  aux  rayons  secondaires). 

Dans  un  lot,  nous  avons  même  obtenu  une  hypersensibilité  à  l'inoculation 
ultérieure. 

En  résumé  : 

i"  Une  souris  cancéreuse,  dont  la  tumeur  s'est  résorbée  sous  l'influence 
des  rayons  X,  est  immunisée. 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  27  décembre  1909. 

(')  A.  CoNTAMiN,  Hayons  A!  et  souris  cancéreuses  {Comptes  rendus.  27  dé- 
cembre 1909). 


SÉANCE    UU    lO    JANVlKli    I<)Io.  l  ..(j 

2°  L'iiioculalion  d'une  lumen f  en  voie  de  ivsorplion  sur  ranimai,  ou 
mieux  d'une  lumeur  irradiée  après  ablation,  peut  également  provoquer 
l'immunilé. 

3°  Le  mode  et  la  puissance  de*  l'irradiation  ont  une  grande  imporlance, 
puisqu'une  irradiation  trop  intense  peut  neutraliser  le  pouvoir  imnuuiisant, 
ou  même  le  transformer  en  pouvoir  favorisant. 

MÉCANIQUE  ANIMALE.  —   Sur  les  inclinaisons  du  voile  de  l'aile  de  l'insecte 
pendant  le  roi.  Note  de  M.  L.  Bull,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

J'ai  montré  dans  une  Note  antérieure  (')  la  trajectoiredécrilepar  laile  de 
l'insecte  et  les  difïérentes  inclinaisons  du  voile  pendant  les  premiers  instants 
du  vol.  Dans  la  présente  Note  je  chercherai  à  mettre  en  lumière  la  cause  à 
laquelle  il  faut  attribuer  ces  changements  d'inclinaison. 

Ces  changements  ne  sont  certainement  pas  dus,  comme  le  pensait 
Marey  (^),  à  la  résistance  de  l'air  seule  agissant  sur  une  surface  à  bord  pos- 
térieur flexible  animée  d'un  simple  mouvement  de  va-el-vient.  Cette  hypo- 
thèse se  trouverait  vérifiée  si  le  voile  présentait  une  forme  convexe  dans  le 
sens  du  mouvement.  Or  il  n'en  est  rien  ;  les  photographies  montrent  au 
contraire  que  le  voile  est  concave.  L'aile  est  d'une  très  grande  rigidité  pen- 
dant tout  son  mouvement;  ce  n'est  qu'à  un  seul  moment  de  sa  révolution, 
celui  où  elle  commence  son  mouvement  de  retour  en  arrière  et  où  elle  parait 
éprouver  une  résistance  considérable,  qu'on  observe  une  certaine  flexion. 

De  plus,  le  moment  le  plus  efficace  du  coup  d'aile  n'est  pas  au  milieu  de 
chacune  de  ses  phases,  où  il  se  trouverait  évidemment  dans  le  cas  d'une  incli- 
naison passive  du  voile  de  l'aile.  Les  mesures  efléctuées  sur  les  images 
photographiques  montrent  que,  dans  une  révolution  complète,  le  maximum 
de  vitesse  ascensionnelle  du  corps  de  l'insecte,  ainsi  qu'un  accroissement 
notable  de  sa  vitesse  horizontale,  s'observent  toujours,  du  moins  chez 
l'Agrion,  à  la  fin  de  la  phase  d'abaissement  des  ailes,  lorsqu'elles  contournent 
la  boucle  inférieure  de  leur  trajectoire.  C'est  alors  que  le  voile  de  l'aile  montre 
la  flexion  et  l'aspect  tordu  dont  j'ai  déjà  parlé. 
-    Ces  divers  effets  ne  peuvent  résulter  que  d'une  action  à  ce  moment  plus 

('  )   Bull,  Recherches  sur  le  vol  de  l'insecte  {Comptes  rendus,  22  novemlne  1909). 

(')  Maruv,  Reproduction  mécanique  du  vol  des  insectes  {Comptes  rendus, 
i5  mars  1869). 

G.  R.,  1910,  I"  Semestre.  {T.  150,  N"  2.)  ^7 


i3o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


énergique  de  la  pai't  de  riusecte,  car  à  rcxlrémité  supérieure  deleur  trajec- 
toire les  ailes  renversent  leur  mouvement  sans  montrer  aucun  effet  analogue  ; 
le  voile  paraît  tout  à  fait  plan  pendant  qu'il  change  d'inclinaison  en  ce  point. 
Pourni'assurer  que  Tinsecle  était  capable  de  donner  aux  plans  de  ses  ailes, 
en  dehors  de  toute  action  de  l'air,  ces  différentes  inclinaisons,  j'ai  fait  l'ex- 
périence suivante  : 

J'ai  coupé  à  une  Tipule,  fixée  devant  l'apjiareil  clironopliologiapliique.  les  sept 
liuitièmes  environ  de  la  longueur  de  chaque  aile.  En  excitant  riusecte,  j'ai  provoqué 
le  battement  de  ses  moignons  et  j'ai  constaté  sur  les  photographies  prises  pendant  le 
mouvement  que,  malgré  cette  suppression  presque  totale  du  voile,  les  inclinaisons  de  la 
petite  portion  qui  restait,  au  lieu  de  diminuer,  s'accentuaient  davantage. 

J'ai  eu  d'ailleurs  l'occasion  d'obseiver,  sur  une  série  d'images  d'un  Agrion  volant  en 
arrière  et  vers  le  haut,  la  part  active  que  prend  l'insecte  en  liberté  aux  changements 
d'inclinaison  du  voile  de  ses  ailes  (voir  la  figure).  On  voit  d'abord  (pic  l'animal  incline 


l'axe  de  son  corps  de  lai-oii  à  rendre  liorizonlalo  la  li  aject<iiie  de  ses  ailes.  S'il  n'appor- 
tait aucune  part  active  aux  changements  d'inclinaison  du  voile,  celui-ci  serait  incliné 
pendant  chaque  phase  du  baltomciU  comme  il   l'est   pendant    le    \ol   horizontal  en 


SÉANCE    DU    lO    JAîfVIEB    IQIO.  l3l 

avant  ('),  c'est-à-dire  à  4'^''  environ  sur  la  direction  de  la  trajectoire.  L'action  de  la 
résistance  de  l'air  sur  des  surfaces  inclinées  de  celte  façon  a  pour  effet  probable  de  dirii;er 
le  vol  verticalement  vers  le  haut.  Mais  l'examen  attentif  des  épreuves  montre  que  pendant 
le  mouvement  d'arrière  en  avant  de  l'aile,  son  plan  se  rapproche  beaucoup  plus  de  la 
verticale  que  pendant  son  retour  d'avant  en  arrière.  Grâce  à  cette  modification  l'insecte, 
tout  en  conservant  un  mouvement  ascensionnel,  se  déplace  vers  l'arrière. 

Quand  l'insecte  vole  en  arrière  sans  déplacer  sensiblement  l'axe  de  son  corps,  ce 
qu'on  voit  souvent  chez  les  Hyménoptères  et  chez  les  Libellules,  ces  modificalions  de 
l'inclinaison  du  plan  doivent  certainement  s'accentuer  davantage. 

Ces  expériences  m'ont  convaincu  que  c'est  l'insecle  lui-même  qui  déter- 
mine l'inclinaison  du  plan  de  ses  ailes  et  qu'il  la  modifie  à  volonté  selon  ses 
besoins.  C'est  ainsi  qu'il  règle  en  majeure  partie  la  direction  de  son  vol,  sa 
stalnlité  et  aussi  sa  vitesse;  car,  à  l'état  normal  l'insecte  ne  varie  que  dans 
de  faibles  limites  la  fréquence  de  ses  battements  d'aile. 


MÈDTXINE.    —    Reclierclies  sur  la  paralysie  infantile  expérimentale.    Note 
do  MM.  C.  Levaditi  et  K.  Laxdstei.ver,  présentée  par  M.  E.  l{oux. 

Nous  résumons  dans  la  présente  Note  quelques  nouveaux  faits  concer- 
nant l'étude  expérimenlale  de  la  paralysie  infantile  (-). 

1°  Conservalion  du  finis  dans  la  glycérine.  —  Dans  des  recherches  antérieures, 
nous  a\ûns  montré  que  le  virus  (fragments  de  moelle)  conservé  dans  de  la  glycérine 
(i  partie  poui'  2  parties  d'eau  salée)  garde  son  activité  au  moins  pendant  7  jours 
(température  de  la  glacière).  J\ous  ayons  constaté  depuis  que  cette  conservation  peut 
durer  20  et  17.  jours  auinoins  {Rhésus  45,  reçoit  en  injection  cérébrale  et  périlonéale 
la  moelle  de  Rhésus  L.  gardée  dans  de  la  glycérine  pendant  20  jours;  il  se  paralyse  après 
10  jours  d'incubation;  Rhésus  34,  reçoit  la  moelle  du  Mandril  1,  conservée  pendant 
22  jours  ;  paralysie  le  onzième  jour). 

2"  Vaccination  préventive.  —  Des  moelles  conservées  d'après  le  procédé  de  Pasteur, 
appliqué  à  la  rage,  sont  triturées,  additionnées  d'eau  salée  et  injectées  sous  la  peau  à  la 
dose  de  2"^"'°,  journellement.  Les  Rhésus  37  et  36  reçoivent  du  3  au  10  décembre  : 
moelles  de  9  jours,  9  jours,  (5  jouis,  6  jours,  5  jours,  5  jours,  /J  jours,  3  jours. 
Le  Rliesus  37  est  infecté  en  même  temps  que  le  témoin  Cercopith.  51  (injection 
dans  le  cei'veau  et  le  péritoine)  10  jours  après  la  dernière  injection  vaccinante. 
Le   témoin  est  paralysé   le  douzième  jour  et  est   mourant  3  jours  après;  le  vacciné  a 

(')  Une  mauvaise  orientation  de  la  figure  insérée  dans  ma  Note  du  22  novembre 
représente  la  direction  du  vol  comme  ascendante,  tandis  qu'elle  doit  être  horizontale. 

(')  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  tgog,  séances  du  27  novembre  et  du 
18  décembre;  Comptes  rendus,  3  janvier  1910. 


1.12  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

supporté  sans  troubles  apparents  rinoculation  d'épreuve.  —  Le  li/iesi/s  'Mi  e^l  infecté  en 
même  temps  que  le  témoin  Cynoinolg.  39,  19  jours  nprès  la  dernière  inoculation 
vaccinante.  Le  témoin  est  paralysé  après  une  inculiation  de  '\  jours  el  est  mourant  le 
lendemain  ;  le  \  acciné  ne  montrejusquà  présent  aucun  signe  morbide. 

//  en  résulte  que  la  raccination  préventive  des  animaux-,  au  mi»c/i  des  moelles 
desséchées,  est  possible.  Ajoutons  que  ces  moelles  sont  virulentes  en  Injertion 
intra-céréhrale;  la  plus  ancienne  d'entre  elles,  celle  de  neuf  Jours,  a  conféré 
la  maladie  à  un  singe,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  antérieurement  (' j. 

Nous  avons  tenté  de  vacciner  deux  animaux  en  leur  injeclant  sous  la 
peau  des  émulsions  de  moelles  d'animaux  infeetés,  préalablement  chauffées 
à  5(.)"  pendant  Jo  minutes.  Celle  tentative  a  complèlemenl  ('clioué  (  -). 

l'ATHOLOGllî.   —  Sur  un  nouveau  spirille  du  Cercopilliecus  patas.  Note  de 
MM.  A.  TuiRoux  et  W.  Oufouoerk,  présentée  par  M.  I.averan. 

On  a  décrit  jusqu'à  ce  jour  de  très  nomlireuses  spirilloses  sanguines  : 
spirilloses  de  l'homme  (fièvre  récurrente,  tick  fever),  du  surmulot,  du 
bandicot  (Indes  anglaises),  delà  souris,  de  la  chauve-souris,  du  bœuf,  du 
mouton,  du  cheval,  ainsi  que  d'oiseaux  divers  (oies,  poules,  etc.)  et  d'un 

(')  L.vxnSTEi-NEii  et  Lf.vaditi,  Comptes  letulus  de  la  Société  de  Bioloi;ie,  séance  du 
18  décembre  1909. 

(-)  Une  Note  de  NLVf.  Flyxner  et  Lewis  (7V(e  Joiirn.  of  amerie.  .l.ssoc,  i'''jan- 
\ier  1910).  concerjianl  des  tentatives  de  culture  du  microbe  liltrant  de  la  poliomvélite 
aigué,  me  détermine  à  rapporter  les  essais  que  j'ai  faits  dans  la  même  direction,  l'n 
filtrat  sur  Beikefeld,  ayant  conféré  la  maladie  à  un  Callitrich..  a  été  additionné  de 
bouillon  el  conservé  i5  jours  à  38°.  A  ce  moment  il  paraît  légèrement  louche. 
Une  portion  est  ensemencée  dans  un  mélange  de  bouillon  et  de  séium  de  singe 
et  placée  à  l'étuve;  une  autre  partie  estinnoculée  au  Sinicus  12.  L'animal  est  paralysé 
le  vingtième  jour  et  sa  moelle  montre  des  lésions  typiques.  Le  virus  s'est  donc  conservé 
jjendanl  i5  jours  à  la  température  du  thermostat.  Quant  ;\u  tube  jiouiilon-sérum  de 
deuxième  ensemencement,  ils'esl  troublé  le  di.i  ièinejour.  |)eu\  passages  ultérieurs  sur 
le  même  milieu  (sérum  de  singe  ou  de  lapin)  ont  également  provoqué  un  trouble,  mais 
moins  apparent  que  la  première  fols.  L'examen  microscopique,  fait  d'après  les  pro- 
cédés ordinaires,  ne  révèle  la  présence  d'aucun  microorganisme  bien  défini  et  l'ense- 
mencement sur  gélose  ou  bouillon  est  resté  stérile.  Toutefois,  eu  me  servant  de  la 
méthode  de  Liifller,  appliquée  suivant  les  indications  de  Boire),  j'ai  pu  déceler  des 
corpuscules  très  petits,  difficilement  colorables,  ayant  une  forme  ovalaire.  En  colo- 
rant par  la  fuchsine  diluée,  ces  corpuscules  apparaissent  comme  de  toutes  petites 
formations  ovalaires,  claires,  entourées  d'une  zone  rougeàtre  et  disposées  parfois 
en  ama-.  Lev.vditi. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  l33 

requin.  Les  spirilloses  se  retroiivenl  dans  la  série  animale  à  peu  près  en 
aussi  grand  nombre  (jue  les  trypanosomiases. 

(Hiez  nn  Cercopiilieriis palas  pro\enantde  Kaycs  (  Soudan  français)  nons 
a\()ns  reneonlri!'  un  spirille  (|ui  se  rapproche  lieaucoiip,  par  ses  caractères 
morphologiques,  du  s[)irille  de  la  lick  fever  de  l'homme,  Spiiillum  Ikiiloni. 
Il  mesure  i  ^i^  à  20^*  do  long  sur  o'',  2,5  de  large.  Il  comprend  d'habitude  >  à 
6  tours  de  spire  lâches.  On  rencontre  quelquefois  des  parasites  complète- 
ment enroulés  sur  eux-mêmes  ayant  l'aspect  de  cercles  fermés,  comme  cela 
s'observe  souvenl  pour  le  sj)irille  des  Rovidi''s  ('). 

ï^a  spirillose  du  C.  palax  provoque,  chez  cet  animal,  une  maladie  assez  grave,  carac- 
térisée par  des  accès  fébriles  irrégnliers,  sans  que  ces  accès  correspondent  à  la  présence 
dans  le  sang  de  parasites  visibles  à  l'examen  microscopique  direct.  Dans  les  intervalles 
pendant  lesquels  les  spirilles  disparaissent  de  la  circulation,  le  sang  du  singe  reste 
infectant  pour  les  animaux  sensibles,  souris  et  rats.  L'animal  que  nous  avons  eu  entre 
les  mains  était  atteint  d'alrophie  du  globe  oculaire  droit  avec  opacité  légère  de  la 
cornée,  lésions  qui  nous  avaient  fait  d'abord  penser  à  l'examiner  au  point  de  vue  de  la 
trypanosomiase.  Enfin  il  a  présenté,  peu  de  temps  après  la  disparition  définitive  des 
spirilles  de  son  sang,  des  crises  épilepliformes  très  curieuses,  qui  nous  ont  amenés  ;i 
soupçonner  une  localisation  des  parasites  dans  les  méninges,  analogue  à  celle  qu'on 
observe  cliez  les  malades  du  sommeil.  \ous  avons  en  effet  retrouvé  chez  l'animal 
sacrifié  des  spirilles  dans  le  liquide  d'un  assez  volumineux  épanchement  de  liquide 
céphalo-rachidien  (10'"'' envii'on)  qui  rciiiipi  imait  |i!us  spécinlemeiit  la  face  postérieure 
de  l'hémisphère  gauche,  épanchenienl  qui  \\\a\\  pin\of|ur  raliophie  de  Td'il  du  coté 
opposé  (<[  les  crises  épileploides. 

Les  plissages  en  si'iie  du  s[)irille  tlu  singe  se  l'ont  facilement  che/ les  souris. 
Le  parasite  apparaît  2  à  G  jours  après  l'inoculation.  Pendant  la  période 
d'infection,  il  est  presque  constamment  présent  dans  le  sang;  il  en  disparait 
souvenl  quelques  jours  avant  la  mort,  qui  se  produit  au  bout  de  :<'»  à 
26  jours. 

Les  rats,  MusdecuinanitsaV  Mas  rattits^  dont  nous  nous  sommes  servis  vi\enl 
mal  en  captivité  cl  il  est  plus  difficile  de  sui\re  l'infection  chez  eux.  ils  sem- 
blent moins  sen>il)les  à  l'iuoculalion  t\\\  spirille  que  les  souris,  quelques-uns 
sont  réfraclaires;  nous  n'avons  pas  encore  réussi  à  pratiquer  chez  eux  des 
injections  en  série. 

L'inoculation  aux  oiseaux  et  aux  animaux  à  sang  froid  (varans,  seiqoents) 
est  restée  négative. 

Nous  proposons  de  nommer  ce  nouveau  spirille  Spinllum pitheci. 

(')  A.  Laverax,  Comptes  rendus,  20  avrij  1908, 


r3/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

GÉOLOGIE.  —  Prolongement  des  minerais  de  fer  oolithiqite  siluriens  de  la 
presqu'île  armoricaine  sous  le  Bassin  de  Paris.  Note  de  M.  L.  Caveux, 
présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

Il  est  démontré  qu'à  l'époque  silurienne,  la  mer  qui  couvrait  une  grande 
partie  de  l'Europe  était  limitée  à  l'Ouest  par  un  continent,  situé  sur  l'em- 
placement de  l'Atlantique  Nord. 

Pour  la  presqu'île  armoricaine,  en  particulier,  celte  notion  ressort  avec  évidence 
des  transformations  subies  par  les  sédiments  siluriens,  quand  on  les  suit  de  l'Est  à 
l'Ouest.  L'accroissement  d'épaisseur,  parfois  considérable,  de  plusieurs  formations 
détritiques  cambriennes  et  ordoviciennes,  le  grand  développement  des  poiidingues  de 
la  base  du  Gambrien  et  la  disparition  progressive  des  calcaires  de  la  vallée  de  la  Laize, 
dans  la  direction  de  l'Ouest,  sont  autant  de  faits  témoignant  de  l'existence  d'un  rivage 
du  côté  de  l'Atlantique. 

Si  l'on  figure  sur  une  Carte  de  France,  au  millionième,  les  gîtes  exploi- 
tables ou  exploités  de  minerais  de  fer  oolithique  siluriens  de  la  presqu'île 
armoricaine,  on  constate  qu'ils  se  groupent  tous  en  bordure  du  Bassin 
parisien.  Il  en  résulte  que  les  conditions  favorables  à  la  genèse  des  dépôts 
qui  sont  devenus,  avec  le  temps,  les  minerais  de  fer  que  j'ai  caractérisés 
dans  deux  Notes  récentes,  n'ont  été  réalisées  qu'à  une  grande  distance  de  la 
terre  ferme.  A  cet  égard,  les  minerais  siluriens  se  comportent  exactement 
comme  les  calcaires  de  la  vallée  de  la  Laize  :  les  uns  et  les  autres  se  déve- 
loppent dans  la  presqu'île  armoricaine,  en  fonction  de  l'éloignement  des 
rivages. 

Les  sédiments,  transformés  en  minerais  de  fer,  correspondent,  au  même 
titre  que  les  marbres  cambriens,  à  des  conditions  de  sédimentation  excep- 
tionnelles pour  la  région  considérée.  Deux  faits  indiscutables  découlent,  en 
effet,  des  recherches  auxquelles  je  me  suis  livré.  Ces  dépôts  étaient  ooli- 
thiques  à  l'origine,  et  les  matériaux  détritiques  sont  restés  en  moyenne 
presque  totalement  étrangers  à  leur  genèse,  alors  que  tout  le  Silurien  armo- 
ricain est  d'origine  élastique.  Ces  conditions  particulièix^s  de  sédimentation 
ont  donné  naissance  à  des  calcaires  oolithiques  à  l'époque  ordovicienne,  à  une 
grande  distance  de  la  côle,  comme  elles  ont  engendré  des  calcaires  durant 
le  Cambrien.  Ce  sont  ces  mêmes  calcaires  oolithiques  qui,  après  de  multiples 
métamorphoses,  sont  devenus  des  minerais  oolithiques  de  composition  très 
variée. 

Il  est  acquis,  en  toute  hypothèse,  que  les  minerais  siluriens  en  question 
sont  étroitement  cantonnés  à  l'Est  de  l'Armoriqueet  que  certains  gîtes  sont 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  19IO.  l35 

exploités,  ou  simplement  explorés,  sous  le  bord  occidental  de  la  couverlnre 
de  terrains  secondaires  du  Bassin  de  Paris. 

Où  s'arrête  le  minerai  de  fer  oolithique  dans  la  direction  de  l'Est  ?  Il  doit 
s'étendre  bien  loin  sous  le  Bassin  parisien,  si  l'opinion  que  j'ai  exprimée 
sur  la  nature  première  des  dépôts  ferrugineux  est  conforme  à  la  vérité.  Il  y 
a  même  une  raison  de  supposer  que  son  épaisseur  est  susceptible  d'augmen- 
ter graduellement,  mais  jusqu'à  une  distance  inconnue.  Je  suis  guidé  en 
cela  par  l'idée  théorique  suivante  :  Les  minerais  dérivent  de  calcaires.  Or 
il  esl  inlînimenl  [)rohable  que  la  formation  calcaire  s'épanouissait  vers  le 
large,  el  partant  que  les  minerais  qui  en  occupent  la  place  se  développent 
pareillement  dans  la  même  direction.  Mon  hypothèse  est-elle  fondée,  les 
gisements  connus  ne  sont,  dans  leur  ensemble,  que  l'extrémité  de  gites  qui 
ont  leur  principal  développement  sous  le  Bassin  de  Paris. 

Il  semble  résulter,  d'observations  que  j'ai  faites  dans  la  concession  de 
La  Ferrière-aux-Étangs  (Orne),  que  l'enfouissement  des  minerais,  sous  une 
grande  épaisseur  de  terrains  secondaires,  n'aui'ait  qu'une  faible  répercussion 
sur  leur  composition.  La  seule  modification  notable  porterait  sur  les 
substances  introduites  dans  le  dépôt  par  l'intermédiaire  des  eaux  météo- 
riques. La  quartzification,  en  particulier,  serait  faible  ou  nulle. 

Certaines  réserves  s'imposent,  lorsqu'on  envisage  la  question  au  point  de 
vue  pratique.  Il  convient  de  ne  chercher  le  minerai  qu'en  s'aidanl  de  toutes 
les  lumières  de  la  Géologie.  Le  suivre  de  pi'oche  en  proche,  dès  qu'il 
disparait  sous  les  terrains  secondaires,  est  assurément  la  méthode  la  moins 
faillible.  Il  faut  compter  en  profondeur  avec  toutes  les  dislocations  qui 
accidentent  les  bassins  de  Normandie  et  avec  le  relèvement  et  l'interruption 
possibles  des  synclinaux.  L'épaisseur  des  terrains  secondaires  à  franchir,  la 
difficulté  de  déterminer  l'emplacement  des  sondages,  etc.,  doivent  égale- 
ment entrer  en  ligne  de  compte.  En  formulant  ces  réserves,  mon  dessein 
n'est  point  de  décourager  les  velléités  de  recherches  dans  le  domaine  à 
explorer,  mais  d'inviter  à  la  prudence  ceux  qui  seront  tentés  de  s'engager 
dans  cette  voie. 


GÉOLOGIE.    -      Sur  la  théorie  mécanique  de  l'érosion  glaciaire.   iNote 
de  M.  E.  DE  Martonne,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

On  ne  peut  douter  que  le  travail  fourni  par  un  glacier  alpin  ne  soit  consi- 
ilérable,  [)uisqu"il  est  produit  par  la  force  nécessaire  à  l'élévation  de  sa  masse 
à  l'altitude  moyenne  du  névé. 


l36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  a\ons  iiionlré  précédenimenl  t;Complcs  lendiis,  27  décembre  1909)  par  des 
observations  faites  à  rexli'éiiiité  de  glaciers  en  voie  de  recul,  que  la  part  qui  revient 
dans  ce  travail  à  l'usure  du  lit  n'est  pas  nulle,  même  sous  la  lanjjue  terminale  où  elle  est 
très  faible,  et  que  la  répartition  des  traces  d'érosion  semble  obéir  à  une  loi  indiquant 
un  rapport  entre  les  possibilités  d'usure  et  la  forme  du  lit.  Si  nous  pouvons  démontrer 
que  cette  loi  répond  aux  conditions  mécanii[ues  du  mouvement  des  glaciers,  nous 
aurons  trouvé  le  véritable  principe  de  l'érosion  glaciaire  et  déterminé  les  limites  dans 
lesquelles  elle  peut  agir  comme  facteur  du  modelé  terrestre. 

Le  problème  revient  à  peu  près  entièrement  à  déterminer  la  pari  du  frottement 
contre  le  lit  dans  le  travail  fourni  par  le  glacier  et  ses  variations  en  fonction  des  iné- 
galités du  lit. 

Dans  le  cas  d'un  solide  glissant  sous  rinlluence  de  la  pesanteur,  le  frotte- 
ment interne  est  nul  ou  très  réduit  par  rapport  au  frottement  externe  qui  est 
considérable.  Il  y  a  production  de  chaleur.  Il  peut  y  avoir  des  dislocations 
dans  le  cas  de  variations  de  vitesse  trop  brusques  en  rapport  avec  des  varia- 
tions de  pente. 

Un  lluide  parfait  s^écoii/ant  a  un  frottement  interne  considérable,  le 
frottement  externe  est  très  réduit.  La  production  de  chaleur  est  en 
raison  directe  du  frottement  interne.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  parler  de  dislo- 
cations. 

Nous  savons  qu'un  glacier  n'est  ni  un  solide  glissant,  ni  un  fluide  parfait 
s  écoulant,  mais  un  Jhiide  visqueux,  comme  les  métaux  soumis  à  des  pres- 
sions très  grandes  et  très  prolongées,  et  que  la  plasticité  de  la  glace  a  des 
limites,  souvent  dépassées,  comme  le  prouvent  les  fentes  superficielles  et 
profondes.  Il  y  a  donc  dans  un  glacier  un  frottement  interne  considérable; 
il  y  a  production  de  chaleur,  qui  maintient  toute  la  masse  à  une  tempéra- 
ture voisine  du  point  de  fusion;  il  y  a  des  dislocations;  il  y  a  enfin  frotte- 
ment contre  le  lit.  On  ne  peut  nier  le  frottement  contre  le  lit;  ce  serait  un 
paradoxe  mécanique.  D'autre  part,  on  ne  saurait  admettre  que  ce  frotte- 
ment ait  une  valeur  en  rapport  avec  l'énormité  des  forces  mises  en  jeu,  car 
il  est  limité  par  le  frottement  interne,  la  production  de  chaleur  et  les  dislo- 
cations. Il  est  donc  prudent  de  se  défier  de  toute  théorie  géologique  qui 
accorde  aux  glaciers  un  pouvoir  d'érosion  considérable. 

En  réalité,  l'usure  du  lit  est  probablement  très  lente,  mais  elle  varie  très 
notablement,  comme  le  frollemcnt  qui  en  esl  le  principe,  suivant  la  forme 
du  lit  glaciaire  lui-même. 

Le  frottement  dépend  de  la  vitesse  (ç)  et  de  la  pression  de  la  glace,  qui, 
assimilée  à  une  pression  hydrostatique,  varie  comme  le  cosinus  de  la  pente 
superficielle  (cosa),  le  périmètre  du  lit  (P)  et  la  profondeur  (/i).  On  doit 
aussi  tenir  conq)le  de  l'adhérence  au  lit  (A)  qui  dépend  des  cassures  et  de 


SÉANCE    DU    lo    JANVIER    1910.  1^7 

l'épaisseur  de  la  moraine  de  fond 

F  =1  gv  cosaP/iA. 

Les  observations  faites  sur  les  glaciers  alpins  permettent  de  fixer  quelques 
limites  de  ces  variables  et  de  déterminer  l'allure  de  la  courbe  exprimant  par 
suite  les  variations  du  frottement. 

On  ne  peut,  comme  on  le  fait  pour  les  cours  d'eau,  négliger  la  pente  superficielle, 
qui  varie  liés  notablement  suivant  les  ruptures  de  pente  du  profil  longitudinal  du  lit. 
Un  grand  nombre  de  profils  établis  d'après  les  Cartes  suisses  nous  ont  donné  comme 
valeurs  extrêmes  moj'ennes  de  la  pente  superficielle  5  pour  100  et  00  pour  100. 

A  l'inverse  des  cours  d'eau,  la  vitesse  varie  par  contre  très  peu.  Une  statistique  des 
observations  faites  sur  les  glaciers  alpins  nous  a  donné  comme  valeurs  extrêmes 
moyennes  10™  et  80'"  par  an. 

La  vitesse  varie  en  raison  directe  de  la  pente  superficielle,  sauf  aux  environs  de  lu 
rimaje  et  à  l'exlrémité  de  la  langue,  où  l'épaisseur  diminue  rapidement.  En  dehors  de 
ces  deux  endroits,  les  variations  de  c  et  cosst  sont  de  signe  contraire;  les  lieux  d'éro- 
sion maximum  ne  peuvent  donc  coïncider  oi'ec  les  plus  grandes  penles. 

Les  variations  de  l'épaisseur  ne  nous  sont  pas  encore  bien  connues.  Nous  savons 
cependant  qu'elle  diminue  rapidement  jusqu'à  devenir  nulle  aux  deux  exlrémités  du 
glacier.  Il  en  est  de  même  du  périmètre  du  lit.  Nous  sommes  donc  conduit  à  laisser 
hors  de  considération,  comme  des  lieux  de  frottement  minimum,  la  langue  terminale 
et  le  haut  névé.  Or,  dans  ces  limites,  les  variations  de  la  vitesse  sont  encoie  réduites, 
sa  valeur  moyenne  ne  s'abaissant  pas  au-dessous  de  4o'"  i  ''  "'en  est  pas  de  même  des 
variations  de  la  pente  superficielle.  On  doit  en  outre  noter  que  l'augmenlalion  de  la 
vitesse  se  fait  sentir  en  amont  des  ruptures  de  pente. 

Une  construction  graphique  très  simple  montrait  que,  dans  ces  conditions,  les  lieux 
de  frottement  maximum  doivent  être  en  amont  et  en  aval  des  ruptures  de  pente. 

La  considération  de  l'adhérence  ne  saurait  modifier  cette  conclusion.  Si  nous  ne 
pouvons  fixer  exactement  les  limites  de  ses  variations,  nous  savons  qu'elle  varie  en 
raison  inverse  de  la  pente,  tant  à  cause  des  cassures  qu'à  cause  de  la  distribution  pro- 
Ijable  de  la  moraine  de  fond,  et  que  les  deux  extrémités  du  glacier  (riniave  et  langue 
terminale)  se  signalent  ])ar  un  manque  d'adhérence  très  fiappani. 

Les  variations  du  profil  transversal  du  lit  sont  aussi  importantes  à  considérer  que 
celles  du  profil  longitudinal.  L'étude  d'un  certain  nombre  de  grands  glaciers,  soit  sur 
le  terrain,  soit  à  l'aide  des  Cartes  suisses,  nous  a  montré  que  les  étranglements  ont  les 
mêmes  efiets  que  les  gradins  sur  le  mouvement  du  glacier  :  la  pente  superficielle 
diminue  à  l'amont,  augmente  à  l'aval,  les  variations  de  la  vitesse  s'en  déduisent.  En 
appliquant  la  formule  disculée,  on  trouve  que  le  frottement  atteint  sa  \aleur  maximum 
à  Tamont  et  à  l'aval  des  étranglements. 

Pour  avoir  une  idée  exacte  du   mécanisme  de  l'usure  du  lit,    il  faut   encore   tenir 

compte,  outre  le  frottement,  de  la  décomposition  des  roches  du  lit  glaciaire.  Il  a  été 

démontré  expérimentalement  (jue  la  chaleur  produite  par  le  frottement  détermine  une 

fusion  temporaire,  suivie  de  regel  sur  le  fond  du  glacier,  et  que  les  variations  de  tem- 

C.  a.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  lôO.  N-  2.)  18 


l38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pcTiUuie  ijnl  l'ii  résulleiil  pour  les  roches  en  conlacl  avec  la  glace  délermineiil  une 
désagrégation  mécanique.  Or,  la  production  de  clialeur  varie  comme  le  frottement 
interne,  ((ui  est,  de  même  que  le  frottement  externe,  fonction  des  inégalités  du  lit. 

•  En  n'sumé,  les  lois  de  l'érosion  glaciaire  peuvent  être  ainsi  formulées  : 
ïf  au  delà  (F une  certaine  pente ^  l'érosion  diminue  quand  la  pente  augmente  ; 
i"  les  lieux  d'érosion  maximum  sont  à  l'amont  et  à  l'aval  des  gradins  et  des 
étj-anglements  :  3°  les  parties  supérieures  du  névé  et  l'extrémité  de  la  langue 
sont  des  lieux  d'érosion  à  peu  prés  nulle. 

On  pourrait  donner  des  deux  premières  lois  une  expression  plus  simple 
en  disant  :  L'érosion  est  proportionnelle  au  retard  apporté  à  la  progression  du 
glacier  par  les  inégalités  du  lit . 

Pour  appliquer  ces  principes  aux  glaciers  alpins,  on  doit  s'imaginer  des 
vallées  modelées  par  les  eaux  courantes  avec  un  profil  longitudinal  irrégulier 
et  un  profil  transversal  assez  variable.  Devenue  le  lit  d'un  glacier,  une 
pareille  vallée  subira  forcément  une  transformation,  qui  aboutira  à  l'élabo- 
ration de  bassins  avec  contre-pente  de  part  et  d'autre  des  étranglements  et 
des  brisures  du  prolil  longitudinal.  On  peut  tirer  de  ces  considérations  une 
explication  logique  de  la  genèse  de  toutes  les  formes  caractéristiques  des 
vallées  glaciaires  alpines. 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  valeur  des  éléments  magnélujues  à  l' Observa- 
toire du  Val-Joyeux  au  i""^' janvier  1910.  Note  de  M.  Alfukd  Axgot. 

Les  observations  magnétiques  organisées  en  1901  au  Yal-Joyeux  et  qui 
continuent  celles  du  Parc  Saint-Maur,  ont  été  faites  en  1909  par  M.  .1.  Ilié 
avec  les  mêmes  appareils  et  réduites  d'après  les  mêmes  métbodes  que  celles 
des  années  précédentes. 

Les  valeurs  des  éléments  magnétiques  au  i^''  janvier  1910  résultent  de 
la  moyenne  des  valeurs  horaires  relevées  au  magnétographe  le  3i  dé- 
cembre et  le  i*""  janvier  et  rapportées  à  des  mesures  absolues.  La  variation 
séculaire  des  divers  éléments  est  déduite  de  la  comparaison  entre  les  valeurs 
actuelles  et  celles  qui  ont  été  données  pour  le  i*'' janvier  1909  ('). 

Il  faut  remonter  jusqu'en  1 883  pour  trouver  une  variation  aussi  rapide 
de  la  déclinaison,  et  dans  toute  la  série  on  ne  rencontre  aucun  groupe  de 
deux  années  consécutives  qui  donne  une  variation  totale  aussi  grande  que 
les  années  1908  et  1909  (i3',(i5). 

{')  (^nDiplcs  reii'liis.  t.  CXIjVIII,  1909.  p.  a"»).  ■ 


SÉANCE    l)V    lo   JANVIER    I()IO.  l'ig 

]  aleiirs  absolues  el  vurialion  séculaire  des  éléments  inagnéluiues 
à  l' Obsen'atoire  du    Val- Joyeux. 

Valeurs  absolues  Variations 

pour  l'époque  1910,0.  séculaires. 

Déclinaison  (occidentale) i4°2g','55  — 7'. 06 

Inclinaison 64°  43',  7  — o',  i 

Composante  horizontale 0,19728  — ^o,oooo5 

»             verticale 0,41788  — o,oooi5 

»             nord 0,19101  +0,00006 

»             ouest 0,04935  ^o,  ooo4i 

Force  totale 0,462 1 1  — 0,00016 

La    station   chi  Yal-Joyeux  est    située    à    Villepreux  (  Seine-et-Oise), 
par  o°i9'25"  de  longitude  ouest  et  4H"l9'i6"  de  latitude. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Sur  i iiUcnsitc  de  la  pesanteur  et  ses  anomalies  à 
Bordeaux  et  dans  la  région.  Note  de  M.  E.  Esclangon. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  résumé  des  observations  faites 
sur  l'intensité  de  la  pesanteur  dans  la  Gironde,  au  cours  de  l'été  1909. 

Quelques  observations  anciennes  avaient  fait  soupçonner  dans  la  région 
de  Bordeaux  des  anomalies  iiuportantes  et  singulières.  M.  Picart,  directeur 
de  l'Observatoire  de  Bordeaux,  après  avoir  consulté  M.  le  colonel  Bour- 
geois, directeur  du  Service  géodésiquc  de  l'Armée,  ayant  décidé,  d'accord 
avec  lui,  de  faire  procéder  à  de  nouvelles  recherches  par  les  soins  de 
l'Observatoire,  voulut  bien  me  confier  la  direction  de  ces  nouvelles  déter- 
minations qui  devaient  comprendre  le  plus  grand  nombre  possible  de 
stations  convenablement  réparties  dans  le  département  de  la  Gironde.  Il 
m'adjoignit,  pour  me  seconder  dans  cette  besogne,  pénible  et  délicate, 
M.  Stapfer,  assistant  à  l'Observatoire  de  Bordeaux. 

Les  expériences,  commencées  en  juillet  dernier,  ont  été  poursuivies  jusqu'à 
fin  novembre,  époque  à  laquelle  le  mauvais  temps  ne  permettait  plus  que 
de  rares  observations  méridiennes;  nous  avons  di'i  les  interrompre  défini- 
tivement. 

Les  instruments  et  appareils  d'observation  ont  été  mis  obligeamment  â  notre  dispo- 
sition par  le  Service  géodésique  de  l'Armée.  Les  méthodes  employées  sent  celles 
adoptées  dans  ce  Service,  d'après  les  indications  du  général  Defforges,  avec  un  pendule 
symétrique  à  deux  couteaux,  réversible  et  inversable. 

Toutes  les  intensités  observées  sont  des  intensités  relati\es   par  rapport  à  l'intensité 


l4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

absolue  mesurée  à  Paris  (').  Toutefois  la  station  de  Floirac-Observatoire  nous  a  servi 
de  poste  de  comparaison  intermédiaire,  en  sorte  qu'on  peut  diviser  en  deux  séries 
l'ensemble  des  observations  : 

i"  Celles  qui  ont  concouru  à  la  détermination  aussi  précise  que  possible  de  l'inten- 
sité à  l'Observatoire  de  Floirac  devenant  secondairement  poste  fondamental  de  com- 
paraison ;  2°  celles  qui  ont  concouru  à  la  détermination  de  l'intensité  en  chaque 
station  par  rapport  à  celle  obtenue  à  Floirac.  Cette  dernière  a  été  déduite  de  24  séries 
d'expériences  faites  à  l'Observatoire  de  F'ioirac,  et  16  faites  à  l'Observatoire  de  Paris, 
poste  principal  de  comparaison. 

La  détermination  de  l'heure,  et  par  suite  de  la  durée  de  cha({ue  expérience,  a  été 
faite  avec  le  plus  grand  soin  :  d'une  part,  par  des  observations  méridiennes  continues; 
ensuite  par  la  comparaison  aussi  précise  que  possible  de  l'horloije  des  coïncidences  avec 
rhorloi;e  méridienne,  au  commencement  et  à  la  fin  de  clia(|ue  expérience.  La  durée 
d'une  expérience  se  trouve  ainsi  déterminée  à  y|^  de  seconde  près. 

Dans  les  stations  éloignées  de  l'Observatoire,  la  comparaison  entre  l'horloge  des 
coïncidences  et  l'horloge  méridienne  de  l'Observatoire  était  faite  par  téléphone  au 
cominencemenl  et  à  la  fin  de  chaque  expérience.  Les  difficultés  que  présentait  cette 
manière  d'opérer  ont  été  vaincues  aisément  grâce  à  l'extrême  obligeance  de  l'Admi- 
nistration des  Postes  qui  nous  a  donné  toutes  facilités  à  cet  égard. 

Dans  clia((iie  station  le  pendule  reposait,  par  l'intermédiaire  de  son  support,  sur  un 
fort  pilier  en  béton  établi  d'avance  sur  une  fondation  profonde.  Le  pendule  oscillait 
dans  une  cloche,  sous  un  vide  uniforme  de  ii"""  de  mercure.  Le  local  choisi  était 
généralement  une  cave,  par  conséquent  à  température  peu  variable. 

A  Floirac  l'intensité  observé  a  été  trouvée  égale  à  ^^:9,8o633,  en  adoptant  pour 
e  g  de  Paris-Observatoire  la  valeur  g  =  9,81000. 

Voici  le  Tableau  des  résultats  obtenus  dans  les  diverses  stations  : 

Dates  (1909) 
moyennes  g  réduit 

Lieii\  des  époques  .\lli-  à  o"' 

d  observation,      d'oliservalion.  Latitude.       tude.      n'observé,     d'altitude,     "'calculé.     Obs.  —  Cale. 

9,81 000     9,81012  »    '  O , 00000 

9, 8060 3     9,8o65o     9,8o65o         0,00000 

8,80624  9,80645  9,80645  0,00000 

9, 8061 5  9,80620  9,89634  — 0,0001 4 

9,80097  9,80602  9,80624  — 0,00022 

9,8o63n  9,80640  9,80669  —0,00029 

9,8o635  9,80644  9.8o(>75  — o,ooo3i 


Paris 

19-21  nov. 
\     24juill., 

48 
) 

5o.2 

6î 

Floirac.  .    . 

22  sept., 
(       4  nov. 

44 

OO,  1 

71 

Créon 

2  sept. 

44 

46,6 

102 

A.rcachon.  . 

i5  sept. 

44 

39,6 

24 

Langon. . .  . 

20  août 

44 

32,7 

23 

(Jouiras  .  .  . 

i3  août 

45 

2,5 

l3 

Cavignac.  . 

6  août 

45. 

6,7 

42 

(')  On  sait  que  si  r  et  -'  sont  les  durées  d'oscillations  théoriques  d'un  même  pen- 
dule en  des  lieux  A  et  A',  on  a  entre  les  intensités  correspondantes  la  relation 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  l4l 

La  réduction  à  o'"  d'altitude  a  été  faite  d'après  la  formule  de  Bouguer,  la 
densité  des  couches  superficielles  étant  prise  égal  à  2,4-  L'intensité  normale 
est  calculée  d'après  la  formule  de  Helmert 

^Ç=^y+    0,02.597      (COS   2    9     COS29'). 

Comparativement  à  Paris  la  pesanteur  est  donc  normale  aux  stations  de 
Floirac  et  Créon  qui  sont  les  stations  de  plus  haute  altitude  et  appartiennent  à 
la  région  des  plateaux  assez  élevés  comprise  entre  la  Gironde  et  la  Dordogne, 
région  appelée  VEntre-Deux-Mers,  et  dans  laquelle  la  gravité  est  la  plus 
grande.  Partout  ailleurs  oii  l'altitude  est  beaucoup  plus  faible  la  pesanteur 
est  en  défaut,  l'anomalie  étant  la  plus  grande  dans  la  région  située  au  nord- 
ouest  de  Bordeaux,  sur  les  rives  droites  de  la  Gironde  et  de  la  Dordogne,  et 
paraissant  se  combler  légèrement,  au  contraire,  vers  l'Ouest  lorsqu'on  se 
rapproche  de  l'Océan,  tout  en  restant  encore  en  défaut. 

Mais  la  valeur  de  g  observée  à  Paris  est  déjà  anormale  par  défaut  si  on 
la  compare  à  celle  de  Greenwich  et  plus  généralement  aux  valeurs  remar- 
quablement concordantes  observées  au  voisinage  de  la  mer  du  Nord. 

En  partant  de  ces  valeurs  regardées  comme  fondamentales  on  obtient 
ainsi  : 

Lieux  g  observé 

d'observations.  réduit  ii  o'"  d'altitude.         g  calculé.  Obs.  —  Cale. 

Paris 9,81012  9,8io3i  — 0,00019 

Floirac 9,8o6.5o  9,80669  — 0,000:9 

Créon 9,80645  9,80664  — 0,00019 

Arcachon 9,80620  9,8o653  — o,ooo33 

Langon 9,80602  9,80643  — o,ooo4i 

Coutras 9,80640  9,80688  — 0.00048 

Cavignac 9,8o644  9180694  — 0,00000 

Ce  Tableau  montre  que  la  région  de  Bordeaux  est  le  siège  d'une  anomalie 
d'ensemble  par  défaut,  malgré  le  voisinage  de  l'Océan.  Des  expériences 
anciennes  de  Biot  et  Mathieu  faites  en  1808,  d'autres  plus  récentes  de 
M.  Collet  avaient  déjà  révélé  cette  anomalie.  Toutefois  l'accord  n'est  pas 
parfait  entre  ces  diverses  observations.  Les  observations  de  Biot  et  Mathieu 
limitées  à  Bordeaux  avaient  donné  g  =  9,80607  (réduit  à  o'"  d'altitude), 
celles  de  M.  Collet  faites  en  1895  à  l'Observatoire  de  Bordeaux(')  donnent 
au  niveau  de  la  mer  g  =  9, 80G28  ;  enfin  nos  propres  observations  don- 
nent ^  r=  9, 8o65o  ;  de  sorte  que  d'après  nos  observations  le  défaut  de 

(M  Comptes  rendus,  1896,  1"  semestre,  p.  1260. 


'l4-i  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

gravité  serait  beaucoup  moins  considérable  que  celui  qu'on  déduit  des 
observations  antérieures. 

Pi'ès  d'Arcachon  la  discordance  est  beaucoup  plus  grande  et  mérite  une 
attention  particulière.  A  Arcachon  même,  pbservant  dans  les  caves  du 
Casino  de  la  Forêt,  mises  gracieusement  à  notre  disposition  par  la  munici- 
palité de  cette  ville,  nos  observations  donnent  pour  g  réduit  à  o'"  d'altitude 
g  =  9,  B0620  ;  quantité  toujours  en  défaut  de  3  5  unités  du  cinquième 
ordre.  Au  cap  Féret,  à  H'""  d'Arcachon,  M.  Collet  (')  avait  obtenu 
g  —  9,8o6()3,  soit  un  excès  sur  la  valeur  normale  g  =  9,806^0  de  43  unités 
du  cinquième  ordre.  La  faible  distance  de  ces  deux  stations  permet  diffi- 
cilement d'expliquer  la  différence  observée  de  76  unités  du  cinquième 
ordre. 

l^n  résumé  nos  observations  accusent  un  défaut  généra/  de  la  gravité  dans 
la  région  de  liordeaux.  Par  rapport  à  la  normale,  la  pesanteur  paraît  la  plus 
grande,  non  au  voisinage  immédiat  de  l'Océan,  mais  sur  les  plateaux  élevés 
de  l'Entre-Detix-Mers,  la  plus  faible  dans  la  région  située  au  nord-ouest  de 
Boi'deaux,  aux  environs  de  Cavignac  et  Coulras.  11  serait  du  plus  haut 
intérêt  de  faire  de  nouvelles  observations  en  vue  :  i"  de  délimiter  au  Nord- 
Ouest  l'anomalie  maximum  qui  se  présente  dans  cette  direction;  2°  de 
trancher  définitivement  la  question  de  savoir  si,  sur  les  côtes  de  la  Gascogne, 
la  pesanteur  est  franchement  en  défaut,  ou  réellement  en  excès  et  appré- 
cier, de  cette  manière,  l'influence  rélévatrice  du  voisinage  immédiat  de 
l'Océan,  qui  semblerait  assez  faible  d'après  nos  observations. 


HYDROLOGIE.  —  Sw  la  minéralisation  et  l'analyse  chimique  de  l'eau  de 
puits  artésien  de  Maisons-Laffitte.  Note  de  M.  E.  Péroux,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

1.  I>'eal'.  —  Leau  de  ce  puits  jaillit  à  une  température  de  26",')  ;  elle  est 
limpide  après  repos;  sa  saveur  est  douce,  légèrement  alcaline.  Du  griffon  se 
dégage  une  odeur  fade,  d'origine  sulfureuse  ;  mais  les  réactifs  les  plus  sen- 
sibles n'ont  pas  dontié  trace  de  II- S,  soit  dans  les  gaz,  soit  dans  leau. 

Les  analyses  ayant  porté  sur  six  mois  depuis  le  jaillissement,  le  pour  cent 
des  éléments  en  a  été  un  peu  variable,  principalement  en  fer,  mais  dans  des 
limites  étroites,  dont  la  moyenne  est  représentée  par  le  résultat  indiqué  au 

(')   Complet  rciutiis,   i!^9<).    ]"  semestre,   p.  r<(j-. 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  1910.  l/l^-J 

Tableau  suivant  : 

Analyse  chimique- 

Extrait  sec  à  iSo" 164, 4° 


AzH' 0,76 

SiO^ 12, 5o 

AP  0' 2 , 9.0 

Fe-0^ 2,28 

CaO 36, i5 

MgO ■. 11,64 

KO 6,3o 

NaO 22,22 

SO^ 7,76 

CO'  combiné 4'  >  '7 

AzO= 0,53 

HCI 8,o3 

Chlorures  exprimés  en  NaCl '2,87 

i5i,54 

Matières  organiques  en  oxy-  l  En  milieu  acide. . .  0.8 

gène  du  permanganate.        (  En  milieu  alcalin..         0,7 

Degré  hydrolimétriqiie  total 10° 

»  permanent 6° 

A Icalinité  enCaOCO' i So"'? 

Oxygène  dissous 3"s 

Gaz  pour  1000'"'°  :  Oxygène 2™', 5 

C6-- 7'="'' 

))  Azole  et  Argon  ? 18'^"'' 

ftadioactiiité  sur  10'  en  milligrammes  par  mi- 
nute (électroscope  lie  MM.  Cliéneveau  et  La- 
borde  ) : o">s,  0377 

Bactériolosrie  :  Gélatine  1  r^     r   .  1      ■  ui  1  1 

.  .    ''  .   ,         /  De  5  a  17  colonies  semblables; 

nutritive  peptonisee  ;  .  ,  ... 

,  '^    ,  i        microcoques  très  nuibiles. 

■?.8  jours  de  culture.       ' 

Matières  en  suspension  par  litre. 

3o  avril i,2ir2  10  novembre 0,1090 

iq  mai 0,4866  26  novembre .     0,0292 

3  septembre 0,2567  1 5  décembre o,oi55 

Les  parties  en  suspension  dans  l'eau  ont  été  traitées  par  HCI  à  chaud. 
Elles  ontdonné  89, 18  pour  100  insoluble  dans  HCI  (sables,  silice,  silicates) 


l44  ACiDÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  10,82  pour  100  d'éléments  solubles,  en  grande  partie  des  carbonates, 
dans  lesquels  Fe  entre  pour  36,  i  pour  100  et  les  oxydes  alcalins  et  alcalino- 
terreux  pour  63, ()  pour  100. 

Gaz.  —  Recueillis  sur  le  mercure  au  moyen  du  vide  et  de  l'ébullition  après  élimi- 
nation de  CO-  et  de  O;  le  vide  a  été  fait  sur  le  gaz  restant  à  la  pression  de  2"""  en 
tube  de  Plucker  à  partie  capillaire  et  soumis  au  spectroscope.  Résultat  :  spectre  de 
l'azote  et  deux  raies  qui  correspondent  aux  XX  434,83  et  425,1)5  de  l'argon  (?),  mais 
moins  intenses  que  dans  le  tube  d'argon  employé  pour  le  contrôle.  Ne  disposant  que 
d'un  prisme  à  faible  dispersion  dans  le  louge,' je  ne  puis  que  signaler  le  fait,  d'autant 
plus  que  le  spectre  de  l'azote  dominait.  Je  continuerai  cette  étude. 

La  présence  des  oxydes  alcalins  dans  les  proportions  résultant  de  l'analyse  ma 
incité  à  en  rechercher  l'origine.  L'examen  détaillé  delà  Carte  géologique  fait  ressortir 
que  tous  les  affleurements  argileux  de  l'Albien,  silicates  feldspathiques  et  sables  verts 
recouverts  en  partie  par  une  terrasse  argilo-sableuse  (P),  constituent  le  sol  forestier 
de  la  région  formant  le  bassin  hydrologique  de  ces  eaux.  Les  sables  dans  lesquels  elles 
circulent  n'oft'rent  que  la  glauconie,  silicate  de  fer  complexe  dans  lequel  KO  entre 
dans  la  proportion  de  7,97  pour  100  (Pisani).  Mais  d'une  part  l'argile  du  Gault  m'a 
donné  à  l'analyse  0,787  pour  100  en  KO  et  2,81  pour  100  en  NaO.  De  l'autre,  les 
matières  extraclives  de  l'eau  ont  donné  .1,75  pour  100  en  KO  et  i3,24  pour  100 
en  NaO. 

Or,  chose  digne  de  remarque,  le  rapport  _^  est  exactement  le  même  dans  l'ar- 
gile et  dans  l'eau,  3,5.  Il  est  admissible  de  voir  là  l'origine  de  ces  métaux  alcalins 
dont  la  mise  en  liberté,  en  même  temps  que  celle  du  fer  (2,28  pour  100)  peut  n'être 
due  qu'à  la  désagrégation  des  roches  par  voie  organique  (acide  carbonique  compris). 
La  disproportion  du  chlore  et  de  la  soude  (8  HCI,  22NaO)  viendrait  confirmer  cette 
hypothèse.  Quant  à  la  faible  quantité  de  AzH',  je  rappelle  que  les  eaux  de  pluie 
peuvent  en  contenir  jusqu'à  3™s  et  4"'*"'  P<""  litre;  en  second  lieu,  qu'un  azotate  dans 
un  liquide  alcalin  au  milieu  duquel  se  forme  de  l'hydrogène  naissant,  se  transforme 
en  AzlF.  Ni  les  uns,  ni  les  autres  ne  font  défaut,  et  les  eaux  de  pluie  qui,  après  avoir 
imprégné  le  sol  superficiel,  doivent  pénétrer  dans  les  sables,  chargées  de  nitrates,  n'en 
présentent  presque  plus  à  leur  émergence.  De  l'acide' azotique  et  de  l'ammoniaque, 
il  ne  subsiste  plus  que  de  l'azote  en  proportion  assez  élevée,  18'"''  par  litre. 

11  est  donc  vraisemblable  de  supposer  que  ces  eaux  d'origine  directement  météo 
rique  ne  doivent  leur  minéralisation  (ju'à  la  désagrégation  des  argiles  du  Gault. 
Ainsi  s'expliquerait  leur  faible  minéralisation,  leur  richesse  relative  en  carbonates  et 
leur  pureté  bactériologique. 

La  radioactivité  du  gaz  de  l'eau  a  augmenté  après  24  heures.  De  deux  expériences 
exécutées  à  3  mois  d'intervalle,  la  seconde  a  donné  un  résultat  plus  faible  que  la 
première.  Les  sables  ont  été  négatifs. 

Bactériologie.  —  Prélèvement  eu  tubes  scellés  et  ensemencement  sur  gélatine 
nutritive  peptonisée  en  boites  de  Pelri  et  fioles  de  Gayon.  Colonies  punctiformes  et 
rares,  développement  lent.  Après  22  jours,  les  plus  larges  mesuraient  de  3"'"  à  4™'"  "is 


SÉANCE  DU  lO  JANVIER  I9IO.  t/J.') 

diamètre.    Coloration     lilanc    crème   ou    rosé.     Microcoques    très    mobiles    à    l'ultra- 
inicroicope. 

Conclusion.  —  Légèrement  alcaline,  coUe  eau  est  donc  d'une  rare  pureté. 

If.  Ex\MEN  soMMAiiiE  Df  SABLE  VERT.  —  Densité  apparente,  i,,')2.  Densité 
réelle,  2,32.  Porté  au  rouge  faible  après  dessiccation,  il  devient  jaune 
rouge  et  perd  p,73  pour  100  de  son  .poids.  Traité  par  HC^l,  il  abandonne 
1,01  pour  100  de  minéraux  solubles,  dans  lesquels  le  fer  entre  pour 
33,6  pour  100.  Le  sable  vert  lavé  laisse  de  la  silice  transparente,  incolore, 
rose  et  jaune,  en  petits  grains  arrondis  (o,0()o3  à  4),  de  mica,  de  petites 
masses  amorphes  blanches  ou  jaunes.  L'eau  de  lévigation  donne  des  sels  de 
fer  au  minimum;  très  lentement  se  forme  un  dépôt  très  ténu  de  consistance 
argileuse,  composé  de  grains,  verts  de  glàuconie,  noirs  très  petits  et  d'oxyde 
de  fer  magnétique.  Ce  dépôt  lavé  donne  encore  une  solution  louche  qui, 
évaporée  à  siccité,  laisse  un  extrait  vert  qui  devient  rapidement  rouge, 
soluble  dans  SO'H  étendu  (oxyde  et  bicarbonate  ferreux).  Le  dépôt  resté 
sur  le  filtre  n'est  qu'en  partie  attaqué  par  l'eau  régale  (silicates?). 

Ambre  fossile  ou  succin  trouvé  dans  les  sables.  —  Couleur  jaune  ambre 
foncé,  avec  interstices  résineux.  Très  friable.  ChaufTé,  émet  les  vapeurs 
odorantes  du  benjoin  d'abord  et  de  la  résine  ensuite.  Se  dissout  dans  le 
xylène  à  chaud,  après  refroidissement  donne  un  précipité  blanc.  Dans 
l'essence  de  térébenthine  se  dissout  entièrement  et  dégage  une  odeur  de 
camphre  j^rononcée. 


llvi)ROl>OG[E.  —  Nouvelles  déterminations  de  la  radinaciivité  des  eaux 
tliermales  de  Plombières.  Note  de  M.  Andrk  Brochet,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

Dans  un  travail  publié  précédemment  ( ')  nous  avons  donné  un  certain 
nombre  de  résultats  relatifs  à  la  mesure  de  la  radioactivité  de  quelques  gaz  et 
eaux  provenant  des  sources  de  Plombières.  Ces  déterminations  avaient  été 
faites  sur  place  en  !907  ;  depuis  nous  avons  eu  l'occasion  d'achever  l'étude 
de  cette  question.  Pour  ces  nouvelles  recherches,  nous  avons  utilisé  le 
mode  opératoire  que  nous  avons  décrit  il  y  a  deux  ans.  En  ce  qui  concerne 
les  eaux,  la  méthode  consiste  à  agiter  l'échantillon  (SSS*^""')  avec  un  égal 

(')  .\ndré  Brochet,  Comptes  rendus,  t.  C.XI^VI.  1908,  p.  673. 

G.  R.,   iqio,  I"  Semestre.  (T.  150.  N"  2.)  ^9 


(/it)  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

volume  clair,  puis  à   traiter  Tair,  ainsi  radioactive,   comme  un  i;'az  dans 
l'appareil  Cliéneveau-Laborde  (  '  ). 

Nos  résultats  sont  réunis  dans  le  Tableau  ci-contre,  pour  lequel  nous  avons 
conservé  la  classification  de  Jutier  et  Lefort  (-  );  il  donne  pour  cliaque 
source  : 

I"   l.'alliUide  (lu  giiilon  ; 

2°  Le  débit  par  24  heures  ; 

3°  Une  série  de  délerminalions  de  leui|)éralure  au  grifloji  ;  niaxima,  niiniiiia  et 
moyenne  des  observations  faites  en  1 809-1 861  par  Jutier  el  l^efoil  ;  déterminations  faites 
en  septembre  1908  el  août  1909; 

4"   La  radioactivité  des  gaz  spontanés  en  milligrammes-minutes  pour  10  litres  d'eau  ; 

5"  La  radioactivité  de  l'eau  en  milligrammes-minutes  pour  10  litres; 

6°  La  radioactivité  totale  par  24  heures,  obtenue  en  multipliant  la  radioactix  ité  par 
le  débit  de  la  source. 

Les  mesures  de  température  nous  conduisent  aux  remarques  suivantes  : 

La  température  des  sources  très  chaudes  n'a  sensiblement  pas  variédepuis 
5oaris;  celle  des  sources  chaudes  s'est  sensiblement  élevée.  La  dilTérence 
est  considérable  en  ce  qui  concerne  les  sources  7  et  8  de  la  Galerie  du  ihal- 
^l'eg.  Ces  deux  sources  placées  au  fond  de  la  galerie  ont  été  découvertes  lors 
des  travaux  exécutés  en  1859-1861.  Leur  température,  assez  basse  dès  le 
début,  s'éleva  d'une  façon  constante  pendant  les  deux  années  d'observation. 
L'équilibre  thermique  n'étant  pas  atteint  à  la  fin  de  cette  époque,  la  tempé- 
rature a  continué  à  s'élever  depuis.  Les  sources  4  qI  5  de  la  Galerie  des 
Savonneuses  présentetit  une  augmentation  analogue. 

Des  mesures  de  radioactivité  nous  lirons  les  conclusions  suivantes  : 

I"  Les  eaux  thermales  de  Plombières  sont  fortement  radioactives; 

2°  Leur  radioactivité  est  due  à  l'émanation  du  radium  ; 

3"  La  radioactivité  totale  de  l'ensemble  des  22  sources  thermales  que 
nous  avons  examinées  est  de  'jliÔio  milligrammes-minutes  pour  un  débit 
moyen  de  67  2/|4"''  d'eau  par  24  heures  (soit  approximativement,  pour 
l'ensemble  des  sources  thermales  qui  débitent  en  moyenne  ^io"'  par  jour, 
80  à  85  grammes-minutes). 

4"  D'après  ces  chiffres,  la  radioactivité  moyenne  peut  être  représentée  par 


(')  Par  suite  d'une  erreur  dans  l'étalonnage  de  l'appareil,  les  cliidres  de  notre  pre- 
mière Note  doivent  être  multipliés  par  0,79,  ils  sont  rectifiés  dans  le  présent  Tableau. 

(^)  Jutier  et  Lbfoht,  Annales  de  la  Société  d'Hydrologie  médicale  de  l'aris. 
1.  Vil,  1862. 


SÉANCK  IJi:  lo  JANVIER  I910.  1 47 


9.1)8. 

S.  09. 

pour  lo'. 

Késidu  sec 

— ■ — 

pour 

par  litre. 

Gaz.       Eau. 

7!,\ 

Kadioaclivité 
'l'empiialure.  en  tiiilligrammes-inin. 

18.59-1. SGI. 

.\Ultuilp.      p;n- .•V'-       M.'ix-       Min-         Mo,\. 

Sources  très  chauiles. 

Rohlnel  romain !\->.'^^o()       'io^'i'j       70,4     67,2     69, .53  69,4     68,7       0,00000       00,0     i,or         3o6o 

Vauqueliii !\ii,y2         9,71        70,0     68,4     69,35  67,9     68,5       OjSgaSa        11,8     0,66  64o 

Sources  chaudes. 

Galeile<lii  ilialueg,  n"  1.      l'^o.So       67,20       55,3     52,6     53, 91  58, i      56, 1       0,25907 

))  II" -2.  n  -28,99       57,2     54,0     55,81  58, o     58, o       

»  ii'lt.  »  57,43       59,6     58, o     59,10  60,9-  61,3       10.8 

))  11"  4.  »  "3,49       *'"''     ^^'4     59,23  62,8     63,2       

>i  n"».  11         i53,i4       66,4     63,6     65,2 1  66,3     66,5       o,33o48 

M  11°  G.  ))  26,67       ■^'^''     47i7     5o.5i  55,0     54,0       

»  M"  7.  »  24,77       56, o     5o,6     52,55  67,9     68,2       

..  11-8.  »  14,67       4o,8o  64,6     64,2       

Filets  divers «  8,32        47,65  

Mougeoi 421, 3o        6,70       60,1     53,5     58, 5o  55,9     

Capucins. 420,88       63,17       52,4     49)8     5 1,00  o,2325o 

Dames 427,54       29,65       52, o     5o,8     5i,4o  53,2     52,3       0,28718 

Crucifix. 4'6,47         7,68       45,'      4')*^     43, 21  46,6     46,5       o,34o5o 

Sources  tempérées. 

Savonneuse,  11" -i 425,57        i4.92       3i,i      29,6     29,91  27,9     27,6       o,i32io         4,8 

»  n"  :3 425,77       11,85       23,6     21,8     22,38  27,1     26,1       0,08120 

»  n°  ^. 425,83         3,64       27,8     26,1     27,13  38,1     37,9        

»  n"  o 425,90         8,57       4')'     39,5     4oi46  48,5     48,4       0,18654 

n  11°  5  rt 49,2     49,3        :. 

Puisard 420,70       24,08       39,0     32,3     34,70  

Lannbinet 433,25       24, 3i        26,5     26,2     26,36  26,3     26,8       0.10091  2,18        53oo 

Trottoir 432, 00       '4,27       26.1      24,8     25, 5o  

Fournie 426,26         4,62       38,6     35,8     35,27  

Mulier 436,80         7,20        28,00  24,5      o,4i  3oo 

Simon 


m3 

7600 

0,92 

258o 

1 ,01 

58oo 

0,88 

1220 

1,01 

i55oo 

0,9' 

2420 

0,25 

620 

0,20 

290 

1 ,60 

10  100 

i,47 

4280 

1,01 

775 

1,02 

1490 

1,46 

1730 

0,37 

i35 

0,35 

3oo 

Sources  très  tempérées. 

Savonneuse,  II"  l 425,53       11,87        '9>6  '4,6     i5,6       21,6  21,6  o,.59  700 

Hizot  A 422,60       52,43       12,8  8,7      11,44      ....  i3,i    )              ,      i               1,57  825o 

o                                                                                                                        o  ,                   /                                    00?  0,02730      {                               ,  - 

»      ts „           10,71        i3,o  9,4     i',49     •    ••  '3,3  \                   \              1,42  '520 


1 


l/j.S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  teneur  de  i,it  inilligranime-minute  crénianation  pour  lo  lilres  d'eau. 
La  source  Lambine!  étant  la  plus  radioactive  (2, 1  S). 

5"  Il  est  possible  de  se  rendre  compte,  hypothéliquement ,  de  la  quantité 
de  bromure  de  radium  qu'il  faudrait  mettre  en  jeu  pour  radioactiver  la 
totalité  des  eaux.  Kn  co  (jui  concerne  Plombières,  dont  le  débit  aqueux  est 
de  507'  par  minute,  si  i™''',ii  de  bromure  de  radium  produit  en  i  mi- 
nute la  quantité  démanation  nécessaire  pour  radioactiver  10'  d'eau,  il 
faudra  approximativement,  pour  la  totalité,  de  55"^  à  6o"'s  de  bromure  de 
radium.  On  se  rend  aisément  compte  combien  cette  quantité  est  miniiue, 
d'autant  plus  que  Plombières,  qui  se  fait  remarquer  par  l'abondance  de  ses 
eaux,  est  probablement  la  station  française  dont  la  radioactivité  moyenne  est 
la  plus  élevée.  Nous  proposons,  d'une  façon  générale,  de  considérer  cette 
([uantité  de  bronmre  de  radium  comme  \^  puissance  radioactive  A^\?i's,\.dXvM\. 

La  radioactivité  moyenne  et  \a  puissance  radioactive  sont  les  deux  valeurs 
caractéristiques  de  la  radioactivité  d'une  station.  Elles  seraient  intéressantes 
à  déterminer  d'une  façon  générale.  Pour  les  sources  riches  en  gaz,  il  faudra 
naturellement  faire  intervenir,  dans  le  calcul,  la  radioactivité  et  le  débit 
o'azeux. 


La  séance  est. levée  à  'i  lieures  et  demie. 

Pu.  V.  T 


1 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI    17   .1  ANViEU  1910. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  Émiliî  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUrVICiVTIO.\S 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ÉLECTRICITÉ.    —    La  cohésion   diélectrique  du  néon. 
Note  de  M.  E.  Boutv. 

J'ai  prouvé  anlérieurenient  que  les  gaz  monoatomiques  :  hélium,  argon, 
vapeur  de  mercure,  possèdent  des  cohésions  diélectriques  beaucoup  plus 
faibles  que  n'en  présentent,  à  poids  moléculaire  comparable,  les  gaz  polya- 
tomiques.  De  simples  traces  d'impuretés  augmentent,  dans  une  proportion 
considérable,  la  cohésion  diélectrique  de  ces  gaz. 

M.  Claude  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition  environ  3'  d'un  mélange 
gazeux  particulièrement  riche  en  néon,  mais  contenant  aussi  de  l'hélium 
et,  dans  l'état  où  il  m'est  parvenu,  encore  un  peu  d'air.  J'ai  soumis  ce  gaz 
à  deux  distillations  fractionnées  en  présence  de  charbon  de  noix  de  coco 
refroidi  dans  l'air  liquide.  Les  premières  éprouvettes  doivent  être  riches 
en  hélium,  les  dernières  souillées  d'air.  Le  néon,  à  peu  près  pur,  doit  se 
retrouver  dans  les  éprouvettes  moyennes,  qui  donnent  en  elVet  un  très  beau 
spectre  de  ce  gaz. 

Le  poids  moléculaire  du  néon  se  trouvant  compris  entre  ceux  de  l'hélium 
et  de  l'argon,  je  devais  m'attendre  à  ce  que  sa  cohésion  fût  aussi  intermé- 
diaire à  celles  de  ces  deux  gaz.  Il  se  trouve  au  contraire  qu'elle  est  très 
inférieure  à  celle  de  l'hélium.  T^e  néon  est  donc  actuellement,  de  tous  les 
gaz  expérimentés,  celui  qui  possède  la  plus  faible  cohésion  diélectrique.  Le 
Tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus. 

A,  B,  C  sont  les  trois  parts  du  gaz  [)roveiiant  de  la  jjremière  distillation; 
«,  />,  cont  le  même  sens  pour  le  deuxième  fractionnement. 

c.   1!.,  igio,   1-  Semestre.  (T.   150.  N°  3.)  20 


l5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Gaz  Cohésion  diélectrique. 

1 1  !■  I  i u  m 1 8  ,  3 

Air P5 

Mélange  piimilif ^9,7 

^     l^" '"'•'^ 

^  ^  A// 11,0 

l  Éprouvette  1 7i6) 

Ba.  -' Éprouvetle  2 8,  ?w  Moyenne   7,6 

B  .  /  '  ÉproiiveUe  3 7,0' 

Eprouvette  1 12,0 

Éprouvette  2 i5,o 


Bh. 


Il  y  a  donc  un  minimum  li'ès  net,  7,6  en  moyenne,  pour  les  éprou- 
vettes  Ba.  Celte  valeur  doit  peu  différer  de  la  cohésion  diélectrique  du 
néon  dont  elle  fixe  au  moins  un  maximum.  Il  n'est  que  les  ■—  de  la  cohé- 
sion diélectrique  de  Thélium,  ou  le  jz  de  celle  de  l'air.  Ainsi  une  couche 
de  néon  de  5']""  d'épaisseur  équivaut  à  une  couche  d'air  de  1''"  au  plus,  au 
point  de  vue  de  l'obstacle  opposé  à  la  décharge. 

Quand  on  fait  le  vide  sur  du  néon  pur,  le  gaz,  dès  la  pression  atmo- 
sphérique, s'illumine  d'une  couleur  de  feu.  On  voit  un  anneau  lumineux 
suivre  le  mouvement  du  mercure  dans  la  pompe,  et,  à  chaque  bulle  d'air  qui 
rentre,  c'est  un  vrai  feu  d'artifice.  Il  suffit  même  de  transvaser  du  néon 
d'une  éprouvette  dans  une  autre  pour  apercevoir,  dans  l'obscurité,  des 
lueurs  distinctes.  La  dillérence  de  potentiel  créée  par  le  frottement  du 
mercure  sur  le  verre  est  suflisaute  [)our  provoquer  des  décharges  dans  le 
gaz. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  que,  dans  le  dernier  Tableau  des  poids  atomiques 
de  Meudéléeff  (' ),  le  néon  n'est  pas  considéré  comme  appartenant  au 
même  groupe  que  Ihélium,  l'argon,  le  cryplon  el  le  xénon.  Il  lorme  à  lui 
seul  une  classe  dont  on  ne  connaît  pas  d'autre  terme. 

PALÉONTOLOGIE.  —  Un  nouvel  exemple  (le  j)hén()mènes  (le  cowvcv'^cncG  chez 
(les  Aminonitidès  ;  sur  les  origines  du  groupe  de  /'Ammonites  biciu'vatus 
Mieh.  (^sous-genre  Saynella  Kil.).  Note  de  M.  'VV.  Kii.ia.v. 

Une  espèce  d'Ammonites  assez  répandue  dans  les  dépôts  de  l'Aptien 
supérieur  de  l'Eui^ope  septentrionale,  V Ammonites  bicurva/iis  Micli.  doni 
M.  Ch.  Sarasin  a  fait  connaître,  il  y  a  (juehpies  années,  les  caractères  et  les 

(')  Sv.  Aruiikniiss,  Tlieoricn  rler  Chcntie,  Leipzig,  lyoi),  p.  104. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  I910.  l5l 

détails  de  la  ligne  sulurale,  a  été  placée  tour  à  tour  dans  les  genres  Desmo- 
ceras,  Cleoniceras  et  Sortneratia.  L'étude  attentive  des  Ammonitidés  du  Cré- 
tacé inférieur,  d'après  d'abondants  matériaux  recueillis  dans  des  fouilles 
récentes  effectuées  dans  le  Barrémien  de  Comps  (Var)  avec  le  concours  de 
M.  Paul  Reboul,  m'a  permis,  entre  autres  résultats  intéressants,  de  reconsti- 
tuer l'origine  probable  de  cette  espèce. 

J'ai  pu  établir,  en  remontant  la  série  des  étages,  une  série phylogénètique 
très  nette,  allant  de  THauterivien  à  l'Albien  et  rattachant  le  sous-genre /-eo- 
poldia  et  plus  spécialement  Leop.  castellanensis  d'Orb.  sp.,  au  groupe  de 
VAm.  Incurvalus  Micli. 

Cet  ensemble  de  formes,  auquel  je  propose  de  donner  le  nom  de  Saynella 
et  qui  contitue  un  sous-genre  bien  caractérisé  par  la  forme  tranchante  de  sa 
région  siphonale,  par  ses  côtes  falculiformes  et  par  sa  ligne  suturale  (à  lobe 
siphonal  peu  [irofond,  premier  lobe  latéral  très  large  et  très  dissymétrique 
et  selles  peu  ramiliées  ),  comprend  les  espèces  suivantes  : 

1.  Saynella  clypelforniis  d'Orb.  sp.,  île  rKauteiivien  de  Valdrôme  (Diùnie)  et  de 
Saint-Martin  près  Escragnolles  (  Alpes-Maritimes  ).  Grande  espèce  à  peu  près  lisse, 
rappelant  fortement  les  LeopolJia  par  sa  forme  et  par  sa  ligne  cloisonnaire  (notam- 
ment par  la  largeur  et  la  dissymélrie  accentuée  du  premier  lobe  latéral). 

2.  Saynella  Suearii  Pict.  et  C.  [yim.  Ixion  Pict.  et  C.  (non  d'Orb.  )].  (>ette  espèce, 
dont  l'Université  de  Grenoble  possède  des  exemplaires  pourvus  de  leur  ligne  suluiale, 
se  rencontre  dans  l'Haulerivien  de  Sainte-Croix  (Suisse),  de  Trigance  (  Var)  et  de  Val- 
drôme (Drôme).  La  ligne  cloisonnaire  se  lapproclie  de  celle  de  l'espèce  précédente. 

3.  Saynella  nov.  sp.  Espèce  voisine  de  la  précédente,  mais  à  côtes  plus  espacées; 
de  l'Haulerivien  des  Basses-Alpes. 

4.  Saynella  Grossouvrei  Nickl.  sp.  (=  Cleoniceras  Suessi  Simionescu).  Cette 
forme,  dont  M.  Nicklès  a  étudié  les  tours  internes  el  les  cloisons,  a  été  décrite  dans  sa 
forme  adulte  tous  le  nom  de  Cleon.  Suessi  par  M.  Simionescu.  Elle  esl  commune 
dans  le  Barrémien  de  Comps  (Var)  ;  on  la  connaît  aussi  du  Barrémien  de  Roumanie 
et  du  sud-est,  de  l'Espagne. 

5.  Saynella  FabreiTorcapel  sp.  Espèce  à  tours  moins  embrassants  que  la  précédente 
et  à  côtes  plus  fines.  Barrémien  inférieur  des  environs  d'Euget  (Gard),  de  Combe-Petite 
(Monlagne-de-Lure),  de  Cobonne  (Drôme),  etc. 

6.  Saynella  Davydovi  Karakascli  sp.  (').  Forme  figurée  par  M.  Karakasch  du 
Barrémien  de  Sably  (Crimée)  et  très  voisine  de  .S.  Grossouvrei  Nicklès. 

7.  Saynella  Nicklesi  Karnkaich  sp.  (sub  Pulcliellia).  Barrémien  de  Sablj  (Crimée) 
et  de  Comps  (Var).  L'examen  d'un  grand  nombre  d'échantillons  de  celte  espèce,  qu'il 
serait  désirable  d'étudier  plus  complètement  que  ne  l'a  fait  M.  Karakasch  (qui  l'a 
attribuée  par  erreur  au  genre  Pulchellia),  nous  a  révélé  l'existence  d'un  diniorphisnie 

(')  N.  Karakasch,  Le  Crétacé  inférieur  de  la  Crimée  el  sa  faune.  Saint-Péters- 
bourg, 1907.  PI.  ll,flg.  12. 


102  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

intéressant.  Sur  un  certain  nombre  d'individus  de  petite  taille,  les  côtes  passent  en  effet 
sur  la  région  siplionale  en  y  décrivant  un  bourrelet  en  chevron  ogival  accentué  ; 
d'autres,  atteignant  une  plus  grande  taille,  off'rent  une  région  sipbonale  arrondie 
devenant  moins  tranchante  dans  le  dernier  tour,  les  autres  caractères  restant  les 
mêmes. 

8.  Saynella  nov.  sp.  de  l'Aptien  inférieur  (Bedoulien)  de  l'Homme  d'Armes,  près 
Montélimar  (Drôme). 

9.  Enfin  Sayn.  bicurvala  Micli.  sp.,  5.  Heinii  Sar.  sp.,  S.  iindulata  Sar.  sp., 
S.  raresiilcata  Leym.  sp.,  de  l'Aplien  supérieur,  dont  M.  Sarasin  a  fait  connaître  la 
ligne  cloisonnaire  et  qui  semblent  localisées  dans  le  nord  de  l'Europe. 

La  série  qui  vient  d'être  étudiée  constitue,  à  côté  des  faits  analogues 
signalés  par  M.  C^li.  Jacob  (')  pour  les  Ammonites  du  Crétacé  moyen  et 
par  moi-même  (")  pour  les  Kossinaliceras  du  Néocrétacé  des  régions  antarc- 
tiques, un  nouvel  et  remarquable  exemple  de  phénomènes  de  com'ergence 
qui  se  montrent  dans  les  Anunonitidés  et  se  manifestent  par  le  retour 
périodique,  dans  des  familles  d'origines  différentes,  des  mêmes  types 
d'ornementation,  de  forme  générale  et  de  lignes  suturales.  Elle  nous 
montre  avec  évidence  l'acquisition  progressive,  chez  des  formes  dérivant 
nettement  des  Hoplitidés  (Leopoldid),  de  caractères  attribués  jusqu'ici  aux 
Desmocératidés  (allure  clypéiforme,  asymétrie  profonde  du  premier  lobe 
latéral,  forme  générale  de  la  coquille,  côtes  falculiformes  passant  sur  une 
crête  siphonale)  jusqu'à  la  réalisation  d'une  analogie  telle  cjue  la  plupart 
des  espèces  en  question  ont  été  par  divers  auteurs  rattachées  au  genre 
Desmoceras. 

Nous  voyons  en  outre,  dans  cette  même  série  phylogénétique  des  Say- 
nella^ la  ligne  cloisonnaire  prendre  tour  a  tour  le  type  de  celle  des  Cwlopo- 
rera^  (Hyatt)  du  Crétacé  supérieur  (dans  S.  clypeiformis  d'Orb.)  et  celui 
des  Sonneralia  (Bayle)  dans  Sayn.  bicur^'ata  Mich.  sp.  dont  les  cloisons 
arrivent  à  avoir  un  tracé  très  analogue  à  celles  de  Sonneralia  Dutempleana 
d'Orb.  sp.  et  de  Sonn.  Cleon(^)  d'Orb.  sp.,  formes  dont  M.  Ch.  Jacob  a 
cependant  récemment  démontré  (")  l'origine  distincte  en  les  faisant  dériver 
de  Paralwplites  Puzoscanus  d'Orb.  sp. 

(')  Cii.  Jacob,  Eludes  paléonlolo g iques  et  slraligraphiques sur  la  partie  moyenne 
des  terrains  crétacés,  etc.  {Thèse  de  l'Univ.  de  Paris  et  Trav.  du  Labor.  de  Géol. 
Univ.  de  Grenoble  1907).  —  Id.,  Etude  sur  quelques  Ammonites  du  Crétacé  moyen 
{Mém.  Soc.  géol.  de  France  :  Paléont.,  t.  XV,  1907). 

(*)  W.  KiLUN  et  I*.  Reboul,  Les  Céphalopodes  neocrétacés  des  lies  Scymour  et 
Snow-Hlll.  Stockholm,  1909. 

(')  Voir  les  ligures  (Jonnées  par  MM.  Sarasin  et  Jacob. 

(*)  Loc.  cit.  {Mém.  Soc.  géol.  de  France  :  Paléont.,  t.  W,  n"  38,  p.  57). 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1910.  l53 

Ue  semblables  convergences  ne  peuvent  s'expliquer,  comme  a  tenté  de  le 
faire  récemment  le  professeur  Steinmann,  par  des  «  persistances  de  race  » 
{Rassenpersislenz).  Ces  analogies  trompeuses  ont  conduit  à  réunir,  sous  le 
nom  de  Desmocéralidés,  en  un  groupe  essentiellement  polyphylélique,  au 
moins  trois  séries  de  formes  barrémiennes  d'origines  très  différentes.  Je 
pense  qu'il  convient  d'attacher  désormais,  dans  la  recherche  des  lois  de 
l'évolution  paléontologique  des  animaux,  une  plus  grande  importance  à 
ces  phénomènes  de  convergence  dont  le  rôle  a  peut-être  été  trop  négligé 
jusqu'à  présent  dans  les  éludes  de  phylogénie  et  a  conduit  fiécpiemment  à 
établir  prématurément  des  fdialions  erronées. 

PLIS  CACHETÉS. 

M.  Pierre  Rosexthvi.  demande  l'ouverture  d'un  pli  cacheté  reçu  dans  la 
séance  du  27  décembre  1909  et  inscrit  sous  le  n"  7573. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  iM.  le  Président,  contient  une  Note  intitulée  : 
De  l'emploi  de  la  lumière  bleue  artificielle  pour  le  blanchiment  des  dents. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  A.  (jautier  et  Lavcran.) 


CORRESPOND ANCE . 

M.  Hubert  Latiiam  adresse  des  remercîments  pour  la  distinction  que 
l'Académie  a  accordée  à  ses  travaux. 


M.  le  Seciiétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Atlas  photographique  de  la  Lunp,  publié  par  l'Observatoire  de  Paris, 
exécuté  par  M.  Lœwy  et  P.  Puiseux  (i  i^  fascicule). 

2°  Exploration  archéologique  de  Délos  faite  par  l' Ecole  française  d' Athènes. 
Introduction.  Carte  de  l'Ile  de  Délos  au  -j-j^  avec  un  commentaire  explicatif, 
par  André  Bellot.  (Présenté  par  M.  H.  Poincaré.) 

3°  liadiumthèrapie .,  par  le  D'"  Louis  Wickiiam  et  le  D''  Degrais.  Préface 
de  M.  le  Professeur  Fournier.  (Présenté  par  M.  Labbé.) 

4°  Gaston  Darboux  :  Biographie,  Bibliographie  analytique  des  écrits,  par 
M.  Ernest  Lebon.  (Présenté  par  M.  Ph.  van  Tieghem.) 


l54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  réparti/ion  des  raies  ultimes  dans  les 
spectres  stellaires.  Note  de  M.  A.  de  Gr.vmont,  présentée  par 
M.  H.  Deslandres. 

Ayant  examiné  récemment  {Comptes  rendus,  3  janvier  191  o)  le  rôle  des 
raies  ultimes  dans  le  spectre  du  Soleil,  je  me  suis  proposé  de  rechercher  ici 
leur  répartition  dans  les  spectres  des  étoiles  et  les  conclusions  qu'on  en 
pourrait  tirer.  J'ai  eu  recours,  pour  ce  travail,  à  trois  sources  principales  : 
1°  les  Mémoires  publiés  sous  la  direction  de  M.  E.-C.  Pickerint;-  dans  les 
Annales  de  F  Observatoire  de  Harvard,  t.  XVIII  (T*^  Partie:  Miss  Maury, 
Speclra  of  hright  stars;  i>"  Partie  :  Miss  Cannon,  Spectra  of  hright  soutliern 
sturs)\  1°  les  nombreux  travaux  de  Sir  Norman  Lockyer,  spécialement 
son  Inorganic  évolution  ;  3°  le  bel  Atlas  o/stellar  spectra  de  Sir  William  et 
Lady  Huggins.  J'ai  suivi  la  classification  d'étoiles  du  Mémoire  de  Miss 
Cannon  ;  c'est  celle  du  Draper  catalogue,  modifiée  et  complétée  ('  ). 

J'ai  reconnu  ainsi  qu'abstraction  faite  de  [H]  et  [K]  du  calcium, 
presque  partout  présentes,  les  raies  ultimes  ne  se  rencontrent  pas  dans  les 
spectres  des  étoiles  considérées  comme  les  plus  chaudes,  c'est-à-dire  dans 
les  étoiles  nébuleuses  ou  du  type  de  Wolff  et  Rayet  (groupes  O),  et  dans 
les  étoiles  dites  d'Orion  (groupes  B  et  B5  A  inclus).  Les  raies  ultimes  font 
leur  apparition  dans  Algol  (B8A),  type  de  passage  aux  étoiles  à  hydro- 
gène (groupe  A),  telles  que  Sirius  ou  Castor,  où  les  raies  ultimes  nom- 
breuses précèdent  notablement  le  stage  solaire  (groupe  G),  qu'annonce 
Procyon  (F5G),  et  dont  Capella  (G)  est  le  type,  caractérisé  surtout  par 
la  prédominance  des  raies  métalliques  dont  les  raies  ultimes  se  montrent 
ainsi  la  première  expression.  Elles  sont  encore  présentes  dans  le  groupe  K, 
qu'Arcturus  représente,  et  où  la  partie  violette  commence  à  s'airail)lir,  type 
de  transition  aux  étoiles  à  bandes  sombres  cannelées,  d'origine  métallique, 
dont  Bételgeuse  (M^)  est  la  plus  brillante,  et  qui  montrent,  elles  aussi,  les 
raies  ultimes  dans  la  partie  non  obscurcie  de  leur  spectre.  Tout  ce  que  nous 
venons  de  dire  s'applique  à  la  très  grande  majorité  des  spectres  stellaires, 
c'est-à-dire  à  ceux  que  Miss  Maury  range  sous  la  désignation  de  divisions  a 
et  b.  Sa  division  c,  environ  16  fois  moins  nombreuse,  comprend  des  étoiles 
ne  dépassant  pas  le  groupe  G,  et  dont  les  raies  de  l'hydrogène  sont  étroites, 
tandis  que  les  lignes  d'origine  métallique  sont  plutôt  épaisses  et  présentent 

(')    Annuaire  'lu  llincriii  (/es  Ia>ii pituites    190g,  p.  228,  208;   ii)ii>,  p.  •?-'i6)  ^^g- 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1910.  iS") 

des  intensités  relatives  tout  à  fait  différentes  de  celles  du  spectre  solaire  ; 
un  certain  nombre  d'entre  elles  sont  même  étrangères  à  celui-ci.  Les  raies 
renforcées,  enhanced  Unes  de  Sir  N.  Lockyer,  y  sont  particulièrement  in- 
tenses et  indiqueraient  la  dissociation  de  nos  corps  simples  en  proto- 
éléments. Dans  le  Tableau  ci-dessous,  la  colonne  du  milieu  contient  les 
longueurs  d'ondes,  corrigées  d'après  Exner  et  Haschek,  des  raies  ultimes  et 
de  quelques  raies  de  grande  sensibilité.  La  division  a  et  la  division  c  ont  été 
réparties  à  droite  et  à  gauche,  afin  que  le  contraste  apparaisse  mieux  entre 
les  groupes  d'étoiles  se  correspondant  dans  chaque  division.  Les  lettres 
désignant  chaque  groupe  sont  celles  adoptées  par  Miss  Cannon.  Les  chiffres 
de  chaque  colonne  donnent  l'intensité  des  raies  ultimes  correspondantes 
pour  le  spectre  de  l'étoile  type  du  groupe;  ces  intensités  ont  été  prises 
dans  les  Tables  V  et  YII  du  Mémoire  de  Miss  Maury. 


p             J3  5  JJ,  Kaics   iilliincs  .2           i          ^          !Éi  c 

S                   ir  ï  ■'S                                    .,  ,  .i''             "a              —               m              U  O 

—             ;j  <•  :s  Ires  seusililcs.  ^           ^_           ._-          Cl            ,g  ,0 

F5i'..         G.  I\.  M,,.                  >,.  BS\.    B.|A.      A.       A2F.   F5G.  I'8G 

3     5  386o,  I  l'^e  3  ?  3 

3    4  •'  3900,7  Si „  '.'  r    T    '( 

3    3  3  3941,2X1 

3                 D  6  0961  ,7  AI,,  ■  3              2  3 

2  3  5  8  -'io3o,9Mii„  i         3  5 

2234  4o33,3  Mil  323 

?           1  I  I  4034 , 3  Iv„ 

5         10  i3  -  4046,0  Fe„  24^ 

I  I  4047,3  k 

3  2  2  3  405S,o  t'l>„ 

3-45  4077,9  Sr„  ?          2          4  8 

3           3  3  3  4'ï8j9Co„  I         1  4 

1  I  3  3  4>2i  ,5  (lo 

3           3  3  I  4202 ,0  Rt)„  I         I  3 

3           5  7  9  421 5 ,7  Si-  1         4  j 

3           I  I  4  4247.0  Se  334 

13  3  5  4254, 5  Ci„  ■                   ?         I  2 

2  3  5  6  4275  ,0  Cr 

3  II  10  i3  4383,7  l'V,,  I  4  'î 
2247  4408,7  \'a  2 
I            I  I  3  4554,2  B;i,, 


l56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  voil  que  dans  la  division  c  les  raies  ultimes  apparaissent  à  un  stade 
notablement  plus  tardif  que  dans  la  division  a  et  en  moins  grand  nombre, 
tandis  que  la  prédominance  des  raies  renforcées  nous  annonce  un  état  de  la 
matière  diJlérent  de  celui  qui  existe  dans  le  Soleil  ou  dans  les  sources  élec- 
triques ordinaires  de  nos  laboratoires;  cet  aspect  particulier  des  spectres 
est  bien  visible  dans  l'atlas  de  Huggins,  spécialement  pour  Rigel  et  pour 
Deneb  (a  Cygne).  Ces  deux  étoiles  sont  aussi  les  types  les  plus  caractéris- 
tiques (groupes  Rigelian  et  Cygnian)  de  la  série  à  température  ascendante 
dans  la  classification  de  Lockyer,  série  qui  correspond  bien  à  la  division  c 
et  comprend  des  étoiles  à  un  moindre  degré  de  condensation,  où  prédo- 
mine le  tesl  spectrum,  spectre  témoin,  formé  de  raies  renforcées  (Jriorganic 
évolution,  Ch.  Y  et  VU),  tandis  que  l'apparition  des  raies  ultimes  ne  se  fait 
pas  ou  subit  un  retard  dans  la  série  des  groupes.  Les  raies  ultimes  du 
calcium  [H|  et  |K],  que  j'ai  supprimées  du  Tableau  parce  qu'elles  figuraient 
dans  toutes  les  colonnes,  et  les  raies  ultimes  du  strontium  42i5, 7  et  4077,9 
sont  considérées  par  Lockyer  comme  des  raies  renforcées,  la  dissociation 
des  métaux  alcalino-terreux  en  proto-éléments  étant  d'ailleurs  supposée 
s'opérer  à  une  température  relativement  basse. 

Les  clichés  de  spectres  d'étincelle  dans  des  mélanges  de  gaz  m'ont  tou- 
jours permis  de  reconnaître,  en  faibles  quantités,  l'oxygène  par  le  triplet 
4076,1  ;  4072,4;  4070,0,  et  l'azote  par  les  raies  4680,7,  et  surtout  3995,3. 
C'est  bien  par  ces  mêmes  raies  que  la  présence  de  l'oxygène  et  de  l'azote 
a  été  découverte  par  Mac  Clean  dans  les  étoiles  à  hélium.  Les  raies  les  plus 
sensibles  des  gaz  n'ont  d'ailleurs  aucun  des  caractères  des  raies  ultimes 
des  métaux  ou  de  certains  métalloïdes,  et  ne  sont  pas,  comme  celles-ci,  com- 
munes à  l'étincelle,  à  l'arc  ou  aux  llammes  très  chaudes  ;  elles  indiquent  donc 
exclusivement  dans  les  étoiles  l'action  de  puissantes  décharges  électriques. 

On  voit  (|ue  la  présence  ou  l'absence  des  raies  ultimes  dans  les  spectres 
stellaires  est  susceptible  de  fournir  des  indications  sur  les  températures 
relatives  ou  le  stage  d'évolution  d'une  étoile.  C^ette  nouvelle  sorte  de  lignes 
trouve  aussi  bien  sa  place  dans  les  classifications  de  Harvard  que  dans  les 
si  intéressantes  conceptions  de  Sir  Norman  Lockyer. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  les  systèmes  et  les  congruences  K. 
Note  de  M.  A.  Demoumn. 

Dans  notre  Noie  du  3  janvier  1910  nous  avons  démontré  et  complété  un 
théorème  dû  à  M.  lîianchi.   Les  surfaces  (M3)  dont  il  est  question  dans 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1910.  l57 

l'énoncé  de  ce  théorème  dépendent  d'une  fonction  a'  qui  n'est  définie  qu'à 
une  constante  additive  près.  Pour  plus  de  netteté,  nous  désignerons  par  (M,) 
celle  des  surfaces  considérées  qui  correspond  à  une  valeur  arbitraire,  mais 
déterminée,  a'j  de  a'  et  par  (M')  la  surface  qui  correspond  à  la  valeur  d'^-hw 
de  a';  la  variation  du  paramètre  «'  donnera  toutes  les  surfaces  analogues 
à  (M,).  Désignons  par  M'  le  point  d'intersection  de  la  surface  (M')  avec  le 
cercle  (F)  qui  passe  par  les  points  M^,  M,,  Mj.  Le  rapport  anliarmonique 

des  points  M^,  M',  Mo,  M,  a  pour  valeur  -^ Par  suite,  quatre  sur- 
faces (M')  coupent  le  cercle  (F)  en  quatre  points  dont  le  rapport  anharmo- 
nique  est  constant. 

Les  surfaces  (Mo)  et  (  M3)  correspondent  à  (M,  )  dans  des  transformations 
de  Ribaucour;  donc,  en  vertu  du  théorème  de  M.  Blanchi,  il  existe  une  Infi- 
nité simple  de  surfaces  qui  correspondent  à  (M„)  et  à  (M,)  dans  des  trans- 
formations de  Ribaucour.  On  les  obtient  comme  il  suit.  Envisageons  la 
surface  (M)  décrite  par  un  point  M  situé  sur  (F)  et  dont  les  coordonnées 
(r,,  . . .,  r-)  ont  pour  valeurs 

0  "  étant  délinie  par  l'égalité 

jr\  +  .i-'\  4-  jrl  +  (.r  +  iv)  9"=  o 

dans  laquelle  (f  désigne  une  constante  arbitraire  (').  Lorsque  tv  varie,  la 
surface  (M)  engendre  la  famille  en  question  (^).  Cette  surface  correspond 
évidemment  à  (M^)  dans  une  transformation  de  Ribaucour.  Elle  corres- 
pond aussi,  dans  une  transformation  de  Ribaucour,  à  une  quelconque  des 
surfaces  (M');  on  l'établit  en  utilisant  le  lemme  invoqué  dans  notre  précé- 
dente Communication. 

n  est  clair  que  les  surfaces  (M)  jouissent  de  la  même  propriété  que  les 
surfaces  (  M)  :  quatre  sur/aces  (M)  coupent  le  cercle  (F)  en  quatre  points  dont 
le  rapport  anharmonique  est  constant. 

Nous  appellerons  système  K  toute  congruence  de  cercles  tels  que  les 

(  ')   La  surface  (Mj)  correspond  à  la  valeur  zéro  de  te. 

(/')  Soient  R',  R"  les  rayons  de  courbure  principaux  de  (Mj).  On  sait  que  chaque 

1    . •        / 1        ^    j  .  ■         à}^         ,,,<^y-  à\        r,,,  au  1      1  ■  /■    • 

solution  (A,  u)  du  système  -; h  n  -r-  =  0, 1-  H   — ^  =  o  permet  de  définir   une 

'  •'  du  du  ai'  ai' 

surface   qui   correspond   à   (Mo)  dans    une  transformation   de    Ribaucour.  Si  les  sur- 
faces (M,)  et  (M2)  correspondent  aux  solutions  (X,,  pi),  (/.o,  fXj))  'a  surface   (M) 
correspondra  à  la  solution  (/.,  +  C>.2,  fx,  +  Cfjt,),  C  désignant  une  constante  arbitraire. 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  3.)  -I 


100  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

cercles  (F)  et  congntence  K  la  congruence  rectilignc  formée  par  les  axes  de 
ces  cercles  ('). 

Les  propriétés  établies  plus  liaul  montrent  déjà  l'analogie  qui  existe  entre 
les  systèmes  K  et  les  systèmes  cycliques,  les  surfaces  (VI)  et  les  surfaces  (M') 
qu'il  convient  d'adjoindre  à  tout  système  K  remplaçant  les  trajectoires 
orthogonales  des  cercles  d'un  système  cyclique.  Cette  analogie  se  mani- 
festera encore  à  maintes  reprises  dans  les  développements  (jui  vont  suivre. 

Envisageons  les  normales  aux  surfaces  (M)  et  les  normales  aux  sur- 
faces (M)  aux  différents  points  d'un  cercle  (T).  La  normale  à  une  sur- 
face (M)  et  la  normale  à  une  surface  (M')  se  coupent  toujours,  et,  si  l'on 
désigne  par  I  leur  point  d'intersection,  on  a  MI  =  MI. 

Deux  cas  peuvent  se  présenter  :  i".  si  une  des  normales  considérées  est 
située  dans  le  plan  oj  de  (F),  toutes  le  sont  et  l'égalité  ci-dessus  montre 
qu'elles  sont  de  plus  tangentes  à  une  seule  (F')  concentrique  à  (F);  ce  cercle 
engendre  un  système  cyclique  et  les  surfaces  (M),  (M')  sont  parallèles  aux  tra- 
jectoires orthogonales  des  cercles  (F');  2°  lorsqu'une  des  normales  considérées 
est  extérieure  au  plan  co,  toutes  le  sont;  alors  les  normales  aux  surfaces  (M) 
et  les  normales  aux  surfaces  (^M  )  engendrent  deux  dcmi-quadriqucs  com- 
plémentaires ;  la  quadrigue(()  )  qui  les  porte  est  de  révolution  autour  de  l'axe  a 
du  cercle  (T). 

{')  Des  syslètnei  K  particuliers  ont  été  reiiconU-és  dans  plusieurs  reclierclies  de 
Géométrie  infinitésimale.  Nous  citerons  les  systèmes  engendrés  : 

1°  Par  les  cercles  décrits  dans  les  plans  tangents  d'une  surface  à  courbure  totale 
constante,  des  points  de  contact  comme  centres  avec  un  ravon  constant  arbitraire; 

2°  Par  les  cercles  que  M.  Eisenharl  a  attachés  à  toute  surface  ayant  même  repré- 
sentation de  ses  lignes  de  courbure  qu'une  surface  à  courbure  constante  ; 

3°  Par  les  cercles  de  rayon  nul  formés  par  les  tangentes  isotropes  en  un  point 
variable  d'une  surface  de  M.  Guichard  (Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  iSi)). 

On  doit  à  M.  Blanchi  une  remarquable  prO|îriété  des  surfaces  isolhermiques  : 

Si  (M|),  (Mo)  sont  deux  surfaces  isot/iermiqucs  déduites  d'une  sur/ace  isother- 
niit/ue  (Mu)  nu  moyen  de  deux  transformations  D,„,,  D,„^  de  M.  Darboux,  il  existe 
une  quatrième  surface  isolhermique  (M3)  qui  correspond  aux  surfaces  (M,),  (Mj) 
dans  des  transformations  D,„.,  D,„  de  M.  Darboux.  Ce  théorème  peut  être  complété 
comme  il  suit  :  Soient  Mo,  M,,  Mj,  M3  des  points  correspondants  des  surfaces  (Mo), 
(M,),   (M2),   (M3).    Ces  points  sont  concycliques  et  leur   rapport    anharmonique 

(MoMjMiMj)  est  égal  à  ■ — '-•  On  établit  aisément  ces  propriétés  en  s'appuyant  sur  les 

formules  de  M.  Hianchi  et  en  soumettant  la  figure  à  une  inversion  de  pôle  Mo',  nous 
les  avons  d'abord  obtenues  par  l'applicalion  de  certaines  des  formules  indiquées  dans 
notre  précédente  Communication.  Le  cercle  qui  renferme  les  points  Mo.  Mi,  Mj,  M3 
engendre  un  système  K. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1910.  169 

Cette  discussion  conduit  naturellement  à  une  classification  des  sys- 
tèmes K.  Au  premier  des  cas  envisagés  correspondront  les  systèmes  Iv  de 
première  espèce  et  au  second,  les  systèmes  K  de  seconde  espèce. 

La  Géométrie  va  nous  fournir  de  nouvelles  propriétés  des  systèmes  K. 
Désignons  par  (M,,)  et(M3)  deux  quelconques  des  surfaces  (M')  et  par  (M,) 
et  (^l-i)  deux  quelconques  des  surfaces  (M).  Soient  C„,,  G02,  G, 3,  C,^  les 
centres  des  sphères  qui  ont  pour  enveloppes  les  couples  (M,,),  (M,);  (M„), 
(Ma);  (M,),  (M3);  (Mj),  (M3).  Les  plans  tangents  aux  surfaces  (Go,),  (G02), 
(Go),  (G23)  sont  respectivement  perpendiculaires  aux  cordes  M„  M,,  M^INL, 
MilVr,,  M^Mj  du  cercle  (F)  en  leurs  milieux,  donc  elles  ont  en  commun 
Taxe  a  de  ce  cercle. 

Désignons  par  a,„  et  a,v  les  plans  principaux  de  la  surface  (M,) 
(i  =  G,  1,2,  3)  respectivement  tangents  aux  lignes  (M,„)  et  (M,„)  (').  Les 
tangentes  aux  courbes  (G„,„),  (G„.,„),  (G. ;,,„),  (G,j,„)  sont  respectivement 
les  intersections  des  plans  «„„  et  a,„,  a„„  et  a^,,,  a,,,  et  y.^,„  a,„  et  y..,„\  comme 
elles  rencontrent  «,  elles  concourent  en  un  point  F'  de  a  et  les  plans  a,„  passent 
par  ce  point.  Pareillement,  les  tangentes  aux-  courbes  (C„t_t.),  (Ggo,,,),  (Gas,,.), 
(G,3  „)  concourent  en  un  point  F  de  a  et  les  plans  a,^  passent  par  ce  point. 

Sur  les  surfaces  (G,,),  (G^o),  (G23),  (G13),  le  réseau  («,  v)  est  conjugué 
(Dupin);  donc,  en  vertu  d'un  théorème  de  M.  Darboux  {Leçons,  IP  Partie, 
p.  2'3o),  u  et  ('  sont  les  paramètres  des  développables  engendrées  par  la 
droite  a  et  celle-ci  est  tangente  aux  courbes  (F„),  (F^). 

Les  surfaces  (M„)  et  (M,)  étant  fixées,  on  peut  faire  coïncider  les  surfaces 
(INIj)  et  (M3)  respectivement  avec  une  quelconque  des  surfaces  (M)  et  une 
quelconque  des  surfaces  (M').  Dès  lors,  les  résultats  que  nous  venons  d'éta- 
blir peuvent  être  énoncés  comme  il  suit  : 

Soient  F,  F'  les  foyers  de  l'axe  a  du  cercle  (F),  F  correspondant  à  la  dé- 
veloppable  v  :=  const.,  et  F'  à  la  dé<,'eloppable  u  =^  const. 

Les  plans  principaux  des  surfaces  (M)  e/  des  surfaces  (M'),  tangents  aux 
lignes  V  =  const.,  passe/it  par  le  point  F'. 

Les  plans  principaux  des  mêmes  surfaces,  tangents  aux  lignes  u  =  const., 
passent  par  le  point  F. 

On  déduit  facilement  de  là  que,  dans  le  cas  d'un  système  K  de  seconde 
espèce,  les  foyers  «ï>,  $'  des  sections  méridiennes  de  la  quadrique  (Q)  sont 
conjugués  harmoniques  par  rapport  aux  foyers  F,  F'  de  la  droite  a. 

(')  Lorsque  les  coordonnées  d'un  point  V  d'une  surface  dépendant  de  deux  para- 
mètres u.  (',  nous  désignons  respecli\ement  par  (F„|  et  (P,,)  les  lignes  i' =  const.  et 
u  =  const.  qui  passent  par  ce  point. 


l6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —    Sur  une  application  de  la  méthode  de  Jacnhi 
Note  de  M.  U.  Cisotti,  présentée  par  M.  Poincaré. 

Dans  une  Note  récente,  M.  Poincaré  généralise  (')  la  méthode  de  Jacobi 
pour  l'intégration  des  systèmes  d'équations  canoniques.  En  effet,  le  théo- 
rème de  M.  Poincaré  se  présente  comme  une  généralisation  du  théorème 
de  Jacobi  relatif  à  un  nombre  de  variables  assigné  d'avance.  Mais,  en  aug- 
mentant ce  nombre  d'une  manière  convenable,  on  reconnaît  aisément  que 
le  résultat  de  M.  Poincaré  peut  être,  à  son  tour,  déduit  du  théorème  de 
Jacobi. 

Soient  .r,,  y,  (;  ^  i,  2,  . . . ,  «)  un  système  de  in  variables,  qui  doivent 
satisfaire  aux  équations  canoniques  de  Hamilton 

dxi        dV  dyi  t/F 

^'^  lÛ^d^i''  'dT~dFi' 

OÙ  F(a:|j')  est  la  fonction  caractéristique. 

Faisons  un  ciiangement  de  variables,  en  exprimant  les  x  et  les  y  en  fonc- 
tion de  2N>2n  variables  nouvelles  /;,,  p.,,  ...,  />,,;  q^,  q^,  ...,  q^,  et 
posons 

(■'-)  a'i-Xi(i>\fi),  j,  =  y,(/)|r/). 

Introduisons  encore  /■£2(N— «)  relations  indépendantes  entre  les 
variables yo  et  q  : 

(3)  fiÀp\'l)^o         (A- =  1,2,  ...,/■). 

Les  relations  (2)  et  (3)  doivent  être  choisies  de  façon  que  l'expression 
{[^)  N  y  d.r —  7  p  dq  ^^  une  dilieienlielle  e\acle  i'i  2  N  —  /•  variables. 

On  peut  observer  qu'il  y  a  une  inlinilé  de  changements  de  variables,  qui 
rentrent  dans  les  conditions  précédentes. 


On  y  salisfail,   par  exemple,   en    prenant   une   fonction  S  des  vaiiables  v  et  </  I  dont 

,        d''-'èi  ,  ,  •  1        ■  \ 

la    matrice,   oui   a    iiour   cléments  les-; — —^    "«   s  annule   iws  laentiiiuenieiit    ,  et  eu 

'  ^ly^iq  ) 

(')  Sur  une  généralisation  de  la  méthode  de  Jacobi  [Comptes  rendus,  l.  CAI.IX, 
i3  décembre  190g). 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1910.  161 

posant 

dS  dS 


à  ces  relations  on  peut  ajouter  un  certain  nombre  55  N  —  n  de  relations  (3). 
Le  changement  de  variables,  dont  se  sert  M.  Poincaré,  rentre  dans  ce  type. 

Supposons  que  les  /•  relations  (3)  soient  résolubles  par  rapport  à  r  des  q  : 
nous  les  appellerons  les  Çi,:  en  indiquant  les  autres  N  —  /■  par  q„,  et  distin- 
guant de  même  les  variables  conjuguées  en  deux  groupes,  les  Ç/,  seront  des 
fonctions  des  q^,  des^„  et  desp/,.  Cela  nous  permet  d'exprimer  la  fonction 
caractéristique  F  en  fonction  des  p^,  des  p/,  et  des  q^]  nous  appellerons 
^(Pa\Pb\Ça)  ce  que  devient  la  F(x\y)  après  cette  substitution. 

Soit  V((7„|(/4|a„|  a,,),  oiilesa„  et  les  a^  sont  des  constantes,  une  intégrale 
complète  de  l'équation  aux  dérivées  partielles 

/■d\  IdW  \     \  ,,        .      j 

(jTa  I  =  const.  (tonclinn  des  a), 


"( 


dÇa  I  df/o  i 


et  posons 
(6) 


dV  d\ 

dqa  d<ji, 

dtXa  dct.1, 


où  les  p„  et  les  (3^  sont  aussi  des  constantes. 

Le  théorème  de  Jacobi  nous  assure  que  les  (6)  rendent  l'expression 

(7)  ^  pd<i  —  >  (Z  rf,3  =:  une  difFérentielle  exacte, 

si  l'on  regarde  les  ^  et  les  a  comme  des  variables  indépendantes,  eX,  a  fortiori, 
si  les  qi,  sont  liées  aux  autres  variables  par  les  relations  (3),  et  si  nous  posons 
aussi  a4=  o,  en  choisissant  (ce  qui  est  toujours  possible)  de  tels  ocj  que  le 

déterminant    -; T?r-    ne  s'annule  pas. 

Il  rt^a  "Pa  II 

Pour  plus  de  clarté,  nous  indiquerons  par  W(^„|g'4|  a„)  ce  que  devient  la 
fonction  ^  lorsqu'on  y  pose  a^,  =  o. 

Il  va  sans  dire  que  toute  intégrale  de  H  =  const.,  dépendant  de  N  —  r 

constantes,  pourrait  être  envisagée  comme  une  telle  ^^  ,  pourvu  seulement 

1     j,  .  Il    rf-W    II  ,  , 

que  le  déterminant     5 — :; —    ne  s  annule  pas. 

do  a  ^^-n    I 

On  a,  d'après  (6), 

"'/a  d(]i,  '  dy.„ 


iGa  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

quant  au  dernier  groupe  [i^  =  (  ^ —  j        ,  on  peut  l'envisager  comme  la  défi- 
nition des  [3a,  et  nous  n'aurons  pas  à  le  considérer  davantage. 
Le  (^7)  devient  après  cela 

(9)  /   /""''/ —  X    ^»  i^Pa  =  une  différentielle  exacte  à  2(N  —  /•)  variables. 

Les  (8)  et  les  (3),  qui  sont  au  nombre  de  2N,  nous  donnent  tout  p  et 
tout  q  en  fonction  des  2(N  —  r)  constantes  a^  et  |3„.  Enfin,  une  substitution 
dans  les  (2)  nous  donnera  les  £c,(a„|  [3„)  el  lesj)/-,(a„|  [3^),  tels  que,  grâce  aux 
relations  (4)  et  (3),  l'expression 

est  une  différentielle  exacte  à  2(N  —  r)  variables. 

Si  l'on  prend,  en  particulier,  /  =  N  —  n  [ce  qui  vérifie  bien  l'inégalité 
/•52(N  —  n)],  et  si  l'on  suppose  que  les  expressions  des  x-,  y  soient  réso- 
lubles par  rapport  aux  a^  et  aux  [3„  (ce  qui  arrivera  en  général,  en  exigeant 
seulement  des  restrictions  qualitatives  que  j'omets  de  préciser),  on  a  entre 
les  X,  y  et  les  a„,  p„  un  cbangenient  de  variables  canonique. 

c.  0-  F.  D- 

Remarque.  —  Ayant  fixé  pour  /■  la  valeur  N  +  n,  pour  retrouver  les  résultats  de 
M.  Poincaré,  il  suffit  : 

1°  D'indiquer  par  p'  et  q'  les  variables  qu'il  désigne  par  p  et  y; 
2"  De  poser  dans  ce  qui  précède 

Pa^p'.n       '/«='/'«,      Pb=—q'i„       qi.  —  p'h\       '^a  —  y.o       P=^^«; 

3"  D'avoir  recours  aux  relations  (5)  [en  remplacement  des  (2)  et  (3)]  a\ec 

Les  fonctions  x(^q'^\q'i,)  sont  les  expressions  paramétriques,  d'où  |)arl  M.  Poincaré, 
pour  élever  le  degré  de  liberté  du  système. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les   ensembles  de  points.   Noie 
de  M.  Ludovic  Zoretti,  présentée  par  M.  Appcll. 

I .  Je  me  propose  de  développer  dans  cette  Note  certaines  définitions  qu'on 
peut  donner  relalivcuient  à  un  ensemble  de  points  {ii  deux  dimensions,  par 
exemple)  dans  un  ordre  d'idées  analogue  à  celui  dont  M.  Denjoy  s'est  occupé 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  igio.  l6'i 

dans  deux  Notes  récentes.  La  définition  de  ce  qu'il  appelle  la  sinuosité  d'un 
ensemble  s'était  présentée  naturellement  à  moi,  il  y  a  déjà  longtemps,  avec 
une  légère  différence  que  j'indique  tout  d'abord;  tandis  que,  parmi  les 
chemins  qui  évitent  les  points  de  l'ensemble  et  joignent  A  et  B,  il  considère 
tous  ceux  qui  sont  dans  un  cercle  de  rayon  r  autour  du  point  qu'on  veut  étu- 
dier, je  considère  uniquement  ceux  dont  l'écart  AB  est  plus  petit  qu'un 
nombre  t  que  je  fais  tendre  vers  zéro  en  laissant  r  fixe.  La  limite  inférieure 
des  rapports  des  longueurs  de  ces  chemins  à  la  longueur  AB  augmente 
quand  £  diminue  et  tend  vers  une  limite.  La  limite  supérieure  de  toutes  ces 
limites  pour  les  différents  couples  A,  B  diminue  avecr.  Si  sa  limite  pourr  =  o 
est  I  -t-  À,  X  sera  la  sinuosité. 

On  voit  tout  de  suite  que  la  définition  ci-dessus  fournit  une  valeur  supé- 
rieure (ou  égale)  à  celle  de  M.  Deujoy.  On  conçoit  que  les  deux  valeurs 
puissent  être  différentes,  car  il  peut  être  plus  court  pour  aller  de  A  à  B  de 
s'écarter  notablement  de  AU  que  d'en  rester  constamment  très  près. 

IL  Les  applications  actuelles  de  la  théorie  des  ensembles  à  la  théorie  des 
fonctions  analytiques  semblant  nécessiter  une  étude  de  plus  en  plus  appro- 
fondie de  la  disposition  dans  le  plan  des  points  d'un  ensemble,  je  crois  utile 
d'indiquer  les  points  de  vue  suivants  auxquels  on  peut  encore  se  placer  pour 
une  telle  étude. 

Entourons  chaque  point  d'un  ensemble  borné  d'un  cercle  de  rayon  /•, 
L'ensemble  de  ces  cercles  couvre  un  nombre  fini  de  domaines.  Soit  n  ce 
nombre.  Quand  r  diminue,  n  croît.  S'il  reste  borné,  il  atteint  et  conserve 
une  valeur  fixe.  S'il  grandit  indéfiniment,  il  aura  un  ordre  d'infinitude  par 

rapport  à  -;;  ce  nombre  ou  cet  ordre  pourront  s'appeler  V ordre  de  morcelle- 
ment de  l'ensemble. 

Il  est  facile  de  voir  qu'on  peut  considérer  au  lieu  de  cercles  une  succes- 
sion E,;  d'ensembles  jouissant  des  propriétés  suivantes  :  i"  chacun  est  une 
somme  de  continus  superficiels  ;  2"  chacun  est  portion  du  précédent;  3"  ils 
contiennent  l'ensemble  E  donné;  4"  chaque  portion  de  E„  est  à  une  dislance 
de  E  inférieure  à  r,  et  tout  point  de  E„  est  à  une  distance  de  E  inférieure 
à  2  r.  Le  nombre  des  portions  de  E„  est  une  fonction  croissante  de  r,  qui  a 
la  même  limite  que  dans  le  cas  précédent,  pourvu  que  E  soit  fermé. 

III.  Le  point  de  vue  suivant  se  rapproche  davantage  de  celui  de 
M.  Denjoy.  Soit  a  un  point  d'un  ensemble  à  deux  dimensions.  Menons  par  a 
une  droite  qui  fait  avec  une  droite  fixe  l'angle  cp.  Les  points  de  l'ensemble 


164  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

situés  sur  la  droite  et  intérieurs  à  un  cercle  de  rayon  /•  forment  un  ensemble 
de  mesure  m  (o) .  Calculons  l'intégrale  (au  sens  de  Lebesgue)  : 


1     r"-'^ 

•    /       in{  o  )  (j?ca. 

•iT.r,  / 


Cette  intégrale  tend,  en  général,  (|uand  r  tend  vers  zéro,  vers  une  limite 
que  j'appellerai  ramification  de  l ensemble  au  point  a. 

Ce  nombre  est  compris  entre  o  et  i.  Il  est  égal  à  i  pour  un  ensemble 
superficiel  lorsque  a  est  un  point  intérieur.  Il  peut  prendre  une  valeur  quel- 
conque pour  un  point  frontière  d'un  ensemble  superficiel.  Il  est  facile  de 
donner  des  exemples  d'ensembles  non  continus  pour  lesquels  il  prend  une 
valeur  non  nulle.  Il  est  vraisemblablement  nul  pour  un  ensemble  d'aire 
nulle.  Enfin  il  n'y  a  certainement  pas  identité  entre  cette  définition  et  celle 
de  M.  Denjoy.  D'ailleurs  elle  a  l'avantage  de  s'appliquer  au  cas  d'un 
ensemble  continu,  ce  qui  n'est  pas  le  cas  de  la  première.  Il  me  semble 
naturel  de  lui  faire  jouer  un  rôle  dans  l'étude  des  singularités  d'une  fonction 
continue,  de  variable  complexe. 

IV.  Je  signale  en  dernier  lieu  la  définition  suivante  :  Entourons  un 
point  a  d'un  ensemble  d'un  cercle  de  rayon  r.  Considérons  l'ensemble  des 
points  qu'on  peut  joindre  à  a  par  un  cliemin  évitant  l'ensemble  et  de  lon- 
gueur inférieure  ou  égale  à  r.  Ces  points  forment  un  domaine.  Considérons 
le  rapport  de  son  aire  à  ~r- .  La  plus  grande  limite  de  ce  rapport,  quand 
/•  tend  vers  zéro,  est  un  nombre  qui  caractérise  aussi  l'enchevêtrement  des 
points  de  l'ensemble. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  iéliminalion  des  couples  directeurs  électriques  et  des 
effets  dus  à  la  dissymétne^  à  l'absence  de  réglage  et  au-r  forces  électromo- 
trices de  contact  dans  les  électromètres  à  quadrants.  Note  de  M.  L. 
Dëcombe,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

La  méthode  suivante  permet  d'obtenir,  avec  un  électromètre  dissymé- 
trique et  dépourvu  de  moyens  de  réglage,  des  résultats  entièrement  rigou- 
reux; d'accroître  en  même  temps  la  sensibilité  de  l'appareil  et  d'en  sup- 
primer l'étalonnage.  Nous  supposerons  seulement  que  les  déplacements 
sensibles  de  l'aiguille  se  réduisent  à  une  rotation. 

Supportons  le  fil  de  suspension  par  un  tambour  dont  la  rotation  puisse 
être  exactement  mesurée.  Soient  0  l'anele  d'écart  de  l'aiguille  relativement 


SÉANCE  DU  I-  JANVIER  1910.  lG5 

à  une  position  initiale  quelconque^  a  l'anyle  de  torsion  du  lil,  C  son  coeffi- 
cient de  torsion,  W  l'énergie  potentielle  du  système  formé  par  l'aiguille  et 
les  quadrants.  On  a,  pour  l'équilibre, 

(0  '-■-'■^im- 

Or  w  est  une  fonction  quadratique  et  homogène  des  potentiels  V,,  V, 
et  V  des  secteurs  et  de  l'aiguille;  les  coefficients  qui  y  figurent  sont  eux- 
mêmes  des  fonctions  continues  de  6  développables  suivant  les  puissances 
de  ô.  L'équation  (i)  est  donc  de  la  forme 

(2)  Cs!  =  F(V„  V,,  V) -h5P(9); 

F  désignant  une  fonction  quadratique  et  homogène  à  coefficients  constants 
et  P  (0)  un  développement  en  0. 

Si,  par  rotation  du  tambour  de  suspension,  on  ramène  constamment 
l'aiguille  dans  sa  position  initiale,  on  a  0  =  o  et  l'équation  (2)  se  réduit  à 

(3)  Ca  =  F(V,,  V„V). 

Ainsi  se  trouve  éliminé  le  terme  en  P,  c'est-à-dire  l'ensemble  de  tous  les 
couples  directeurs  d'origine  électrique,  aussi  bien  ceux  mis  en  évidence 
par  Hopkinson,  M.  Gouy,  etc.,  et  qui  proviennent  des  termes  constants 
de  P,  que  ceux  résultant  des  autres  termes  de  ce  développement. 

Ceci  posé,  il  est  possible,  en  combinant  par  différence  deux  lectures 
convenables  a  et  oc',  d'obtenir  des  relations  de  la  forme 

(4)  C(a- a')  =:Kx  ■(?%''', 

■v?  et  <}'  désignant  deux  potentiels  donnés,  de  telle  sorte  que  la  sensibilité 
dans  la  mesure  de  <^'  soit  rigoureusement  proportionnelle  à  \'),  et  récipro- 
quement. Dans  les  deux  cas  l'étalonnage  est  supprimé. 

l.  Inlercliaiigeons  les  potentiels  des  secteurs  et  ramenons  l'aiguille  rlans  sa  position 
initiale.  Soit  a'  la  nouvelle  torsion  du  fil.  Nous  aurons 

(5)  Ca'=F(V,.V„V). 
En  relranclianl  (3)  de  (5),  on  obtient 

C(a'-  a)  m  A  (^  ,  -  V,  )  (  V,  +  V, -i-  A-V). 

Si  1  on  fait  V  ,  +  \  „  r^^o  {montage  symétrique),  on  obtient 

C(a'—  a)  =  2AAV,V, 
relation  de  la  forme  (4). 

C.  R.,   1910,  I"  Semestre.  (T.  15u,  N°  3.)  22 


i66 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


II.  Au  lieu  d'iiilerclianger  les  potentiels  des  secteurs,  remplanoiis  cliacun  d'eux  par 
un  potentiel  égal  et  contraire.  Nous  obtenons 


(6) 


G«'=F(— V,,  —V,,  V), 


et,  par  soustraction  avec  (3)  : 

C(a'-a)  =  Â'(V,+  A-'V,)V. 
Pour  ¥2=:  o  {montage  hélérostadquc),  on  obtient  encore  une  relation  de  la  forme  (4). 

D'autres  combinaisons  sont  également  possibles.  Nous  n'y  insisterons  pas. 

Les  formules  précédentes  supposent  négligeables  les  forces  électro- 
motrices de  contact  entre  les  secteurs,  l'aiguille  et  le  sol.  Autrement,  il 
faudrait  poser 


On  obtiendrait  alors  des  relations  de  la  forme 


(7) 


C(a'— a)  =  K(U  +  fji)0'. 


Si  besoin  était,  on  éliminerait  a  au  moyen  de  deux  lectures  correspondant 
à  i3  =  o.  Mais  cela  n'est  généralement  pas  nécessaire.  En  particulier,  la 
formule  (7)  se  prête  directement  à  la  mesure  relative  des  jiotentiels  i)'. 

La  méthode  actuelle  est  facilement  applicable  à  la  mesure  des  charges. 
Supposons,  par  exemple,  qu'on  emploie  la  méthode  hétérostatique  (V„  =  o). 
La  charge  q  des  secteurs  isolés  a  pour  expression  q^mN  -\-  nV,,  m  et  n 
désignant  des  fonctions  de  0  qui  se  réduisent  ici  aux  termes  constants  de 
leurs  développements  (puisqu'on  fait  toujours  6  =  o). 

Posons  V,  =  U,  +  £,,  £|  désignant  une  force  électromotrice  de  contact. 

L'aiguille  étant  au  potentiel  Y,  relions  les  secteurs  i  au  sol  (U,  ^  o); 
faisons  tourner  la  suspension  jusqu'à  ce  que^^o,  puis  supprimons  la  com- 
munication avec  le  sol  :  les  secteurs  i  gardent  une  charge  y,  =mV-l-  «£,. 
Si  nous  leur  communiquons  alors  la  charge  inconnue  x  et  si  nous  faisons 
0  =;  o  au  moyen  d'une  torsion  a,  ils  prendront  un  certain  potentiel 
V,  =  U,-l-£,  et  leur  charge  actuelle  s'exprimera  par  /w  V-t- «  (^U,  4- £,)• 
D'où  l'on  déduit  a;=  «U,. 

Pour  mesurer  U,  on  l'elie  les  secteurs  i  à  l'une  des  extrémités  d'un  poten- 
tiomètre sur  lequel  on  agit,  sans  loucher  à  la  suspension,  jusqu'à  réta- 
Idir  0  =  o.  La  torsion  reprend  la  même  valeur  a  et  les  secteurs  i  le  même 
potentiel  V,  =  L,-l-£,.  Remplaçons  U,  par  —  U,,  rétablissons  0  =  o  et 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1910.  167 

mesurons  la  torsion  a'.  On  trouve  : 

C(a'-a)  =  B(V  +  ,;L)U,=  B'(V  +  ;jt).r. 

La  mesure  de  x  peut  donc  s'effectuer  sans  étalonnage  et  avec  une  sensi- 
bilité proportionnelle  à  V  +  a. 

Le  dispositif  expérimental  et  les  vérifications  seront  publics  ailleurs. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  cnnsfanfe  de  In  loi  de  Stefan  et  le  rayonnement  du 
platine.  Note  de  MM.  Edmond  Baiter  et  Maroei,  Moimn,  présentée 
par  M.  Villard. 

L  Dans  une  récente  Note(')  nous  avons  décrit  une  méthode  qui  nous 
a  permis  de  déterminer  la  constante  1  de  la  loi  de  Stefan  : 

E  =  aT\ 

Nous  comparions  le  rayonnement  d'un  corps  noir  à  1064°  au  rayon- 
nement d'une  lame  de  platine,  connu,  en  valeur  absolue,  par  des  expé- 
riences dans  le  vide. 

Nous  admettions  que  le  rayonnement  du  platine  suit  très  suffisamment 
la  loi  de  Lambert  jusqu'à  des  angles  d'émission  très  grands. 

C'est  ce  que  semblaient  démontrer  les  expériences  de  MoJler  ('^  )  sur  le  rayonnement 
rouge  du  platine  et  les  expériences  de  Knoblauch  (^)  sur  le  pouvoir  réflecteur  d'autres 
mélau.x  pour  les  rayons  infra-rouges.  Nous  avions  d'ailleurs  vérifié  que  le  pouvoir 
émissif  de  notre  lame  de  platine  était  le  même  dans  la  direction  normale  et  dans  une 
direction  voisine  de  4o°  ;  niais  nous  n'avions  pas  pu  dépasser  cet  angle  avec  les 
appareils  dont  nous  disposions. 

Dans  celte  hypothèse  qui  nous  semblait  alors  très  probable,  nous  avons  trouvé 

ff^rôiO.io"'-         (watt.cm"^  degré   *). 

IL  M.  Féry  nous  a  signalé  depuis  qu'il  avait  essayé  de  faire  vérifier, 
comme  manipulation,  la  loi  de  Lambert  sur  le  rayonnement  total  du 
platine  et  que  le  pouvoir  émissif  semblait  augmenter  beaucoup  avec 
l'incidence.  Nous  avons  alors  entrepris  une  série  d'expériences,  d'abord 


(•)  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  p.  988. 

(")  Môu.ER,  Wied.  Ann.,  t.  XXIV,  i885,  p.  266. 

(')  Knoblauch,  Wied.  Ann.,  t.  I,  1877,  p.  i. 


i(j8  [académie  des  sciences. 

avec  une  lame  de  plaline  neuve  (polie),  iniis  sur  Tune  de  celles  qui  avaient 
servi  à  nos  expériences  el  dont  la  surface  avait  pris  un  aspect  cristallin. 

Nous  avons  trouvé  que  le  pouvoir  émissif,  constant  pour  des  angles 
d'émission  inférieurs  à  4o",  augmente  notaljlement  pour  des  angles  plus 
grands,  comme  on  le  verra  dans  le  Tableau  ci-dessous. 

Nous  nous  sommes  aperçu  depuis  que  ce  résultai  avait  été  prévu,  pour  le  ravou- 
nement  rouge,  par  M.  Oulianine  (')  à  partir  des  formules  de  la  réflexion  mélallique  et 
des  constantes  optiques  du  platine  déterminées  par  Drude. 

Le  Tableau  ci-dessous  donne,  dans  la  première  colonne,  les  valeurs  rela- 
tives du  pouvoir  émissif  calculé  pour  le  rouge  et,  dans  la  deuxième,  les  résul- 
tats de  MôUer.  On  voit  qu'il  y  a  un  désaccord  entre  la  théorie  et  l'expé- 
rience. M.  Oulianine  attribue  ce  désaccord  à  l'état  de  la  surface.  Nous  avons 
vérifié  rapidement  que,  pour  une  surface  polie,  le  pouvoir  émisssif,  pour  le 
rouge,  augmente  bien,  comme  le  veut  la  théorie  (colonne  3),  alors  que, 
pour  une  surface  rugueuse,  le  pouvoir  émissif  reste  constant  (colonne  4). 
Enfin  la  dernière  colonne  donne  la  moyenne  des  résultats  que  nous  avons 
obtenus  pour  la  radiation  totale.  On  voit  que  l'augmentation  du  pouvoir 
émissif  avec  l'angle  d'émission  est  beaucoup  plus  grande  pour  la  radiation 
totale  que  pour  le  rouge  seul. 

I.  2.  3.  i.  5. 

Angle.  CaIcLilo.  iMiiller.  PdII.  liuguoux.       liniissiMn  totale. 

O I,000  I,0OO  I  1,00  1,00 

lo 0)999  0'99'^  "  "  o,ç)S 

20 i,ooo  0,998  »  »  0,97 

aS )>  »  0,97  1 ,00  » 

3o i,oo5  0,999  "  "  0,97 

(40 1  ,oi5  1  ,oo4  1,02  1,00  0,985 

5o i,o46  1,008  1,00  1,00  j,o3 

60 ijogo  1,008  1,07  1,00  1,1 4 

70 i,'67  i,oi5  1,10  1,00  1,35 

80 •)ià9  'j029  1,1 3  1,00  1,77 

85 »  »  »  »  1 ,90 

Les  résultats  de  la  colonne  5  s'appliquent  à  la  lame  de  platine  rugueuse 
qui  avait  servi  à  nos  expériences  antérieures.  La  lame  polie  a  fourni  les 
mêmes  nombres  (-)  qui  semblent,  de  plus,  indépendants  de  la  temperaUire. 


(')  Oiii.iANiNK,  Uii'd.  .4nri.,(i-2,  1897,  p.  536. 

(-)   Il  faut  remarquer  qu'il  s'agit  ici  de  grandes  longueurs  d'onde. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    I910.  l6r) 

III.  A  partir  de  ces  données,  nous  avons  pu  facilement  corriger  Terreur 
systématique  qui  s'introduisait  dans  notre  résultat,  en  tenant  compte  de  ce 
que  le  télescope  visait  la  lame  sous  un  angle  de  i3°  environ.  Cette  correction 
variait  entre  1 1,  5  et  12, 1  pour  100,  ce  qui  permet  de  connaître  à  i  pour  100 
près  la  valeur  de  cr  corrigée. 

Nous  obtenons  ainsi  : 

(7  .— =  5,  3  .  io~'-         (walt.cni"-  degré~^), 
valeur  qui  est  en  bon  accord  avec  le  résultat  de  M.  Ivurlbaum  (  "),3-2  .  10'-). 

CHIMIE.    —  Sur  les  dijficallês  de  la  bibliographie  chimique. 
Note  de  M.  A.  Colson. 

Dans  le  dernier  \olume  dos  Comptes  rendus  {^.  1378),  M.  Baubigny  tient 
absolument  à  me  convaincre  d'avoir  grossi  une  erreur  en  généralisant  sans 
preuve  une  réaction  que  je  n'ai  pas  faite.  Il  affirme  que,  en  compulsant 
cinc|  traités  étrangers,  qui  sont,  à  son  avis,  les  Ouvrages  les  plus  autorisés 
en  Chimie  minérale,  il  n'a  pas  trouvé  le  fait  que  j'ai  relaté  dans  le  Traité  de 
Moissan.  Il  est  vrai  que  je  n'ai  pas  aussi  souvent  cité  ces  œuvres  que  Y Rn- 
cyclopédie  Frémy  où  se  trouve  une  excellente  monographie  de  V Argent 
écrite  par  M.  de  Forcrand,  Correspondant  de  l'Institut.  C'est  là,  et  à  propos 
du  sujet  cju'il  incrimine,  que  M.  Baubigny  aurait  trouvé  sans  peine  (p.  36-2, 
lignes  i5  et  16)  l'affirmation  qu'il  persiste  à  m'attribuer. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —   Action  de  la  chaleur  sur  Valuminium  dans  le  ride. 
Note  de  M.  E.  Koiix-Abrest,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

Au  cours  d'une  étude  faite  pour  extraire  les  gaz  de  l'aluminium,  j'ai  pu 
observer  quelques  propriétés  intéressantes  de  ce  métal. 

Quand  on  chauft'ede  laluminium  praticjuement  pur  (99,2  pour  100),  ou 
de  la  poudre  d'aluminium  dégraissée  et  séchée  dans  le  vide,  on  constate  un 
dégagement  très  lent  de  gaz.  Lorsqu'au  bout  de  plusieurs  heures  après 
refroidissement,  on  retire  le  métal  ou  la  poudre  du  milieu,  on  s'aperçoit 
que  le  résidu  de  l'opération  possède  un  aspect  très  différent  de  la  ma- 
tière première,  la  poudre  en  particulier  s'est  agglomérée  en  globules  ou  en 
amas  fondus  d'aspect  brillant,  et  s'est  séparée  de  l'oxyde  préexistant  dont 
j'ai  déjà  signalé  l'existence. 


170  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

On  constate  en  outre  une  perte  de  poids  qui  est  due  à  une  volalilisalion 
de  l'aluminium.  Cette  volatilisation  est  suivie  d'effets  qui  varient  avec  les 
conditions  de  l'expérience. 

Le  dispositif  que  j'ai  employé  comprend  un  tulse  de  porcelaine  de  Berlin  de  2<^"'  de 
diamètre  et  de  o">,8o  de  longueur,  chauiré  électriquement;  ce  tube  est  relié  à  la 
trompe  à  mercure  d'Ogier,  les  deu\  extrémités  du  tube  s'engageant  dans  des  tubes  en 
verre  garnis  d'anhydride  pliospliorique;  l'une  de  ces  extrémités  comprend  un  tube  de 
Pliicker.  Les  températures  sont  mesurées,  au  fur  et  à  mesure  des  expériences,  au 
pyromètre  Le  Ghatelier. 

Lorsque,  avec  ce  dispositif,  on  cliaulTe  de  l'aluraiiiium  en  morceaux  ou  en  poudre 
vers  1 100°  dans  des  nacelles  en  porcelaine  pendant  2  heures  environ,  on  constate  qu'au 
cours  de  la  volatilisation  la  nacelle  est  devenue  brun  foncé  avec  de  beaux  reflets  iri- 
sés (').  Avec  un  chauffage  plus  prolongé,  on  remarque  que  le  métal  a  attaqué  les  na- 
celles au  fond  desquelles  adhèrent  des  amas  d'un  produit  cristallisé  en  longues  aiguilles 
que  l'analyse  démontre  être  formé  par  un  alliage  d'aluminium  et  de  silicium.  J'ar 
attaque  dans  l'acide  chlorhydrique,  le  silicium  est  isolé  en  paillettes  noires  cristalli- 
sées; selon  la  durée  du  chauffage,  on  obtient  des  siliciures  diftérents.  J'ai  trouvé  ainsi 
un  siliciure  dont  la  formule  serait  AI- Si. 

Dans  le  but  d'éviter  l'attaque  de  la  nacelle  et  la  présence  du  silicium,  j'ai  poursuivi 
l'étude  de  la  volatilisation  de  l'aluminium  dans  des  nacelles  en  graphite  ne  renfer- 
mant guère  plus  de  i  pour  100  de  cendres.  On  constate,  dans  ces  conditions,  que  les 
jiacelles  absorbent  une  partie  notable  des  vapeurs  de  l'aluminium,  l'autre  se  perd 
dans  l'enceinte  chaude,  le  reste  est  aggloméré  en  globules  recouverts  d'un  enduit 
jaune  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique. 

J'ai  étudié  systématiquement  la  volatilisation  de  l'aluminium;  les  résul- 
tats peuvent  se  résumer  dans  le  Tableau  ci-après  : 


Durée  Poiils 

Tempe-  du  de  la 

ratures.     ciliaufTaae.     matière. 


770 
8.5o 


9.50 

I  100 


,0IC 
,OIÎ 


1 ,01'; 
1 ,01: 


Expérience  1. 

Gain  Pei-Le 

Inerte       de  la  nacelle       lotale 
totale.  seule.         pour  100. 

G , 0000    O , 0000 
o.ooSo   0.0000 


0,0000   0,0020 

0,0720    0,0870 


Observations. 

Métal  en  morceaux  allongés 

Id. 
Aux    trois  quarts   fondu    en 

globules  brillants 
Globules 
Globules 


(')  L'emploi  des  vapeurs  d'aluminium  me  semble  susceptible  d'une  application  en 
céramique. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    IQIO.  17I 

Expérience  II. 

Durée  Poids  Gain  Perle 

Tempe-  Ju  delà  Perte       de  la  nacelle      totale 

ratures,     cliaulîage.     matière.  totale.  seule.         pour  100.  Observations. 

o  II  g 

iioo  8  i,3.56o       0,28.50       0,2880       21,01     Globules  affaissés  et  rétrécis 

1100  20  1,0710       0,4280       o,3o5o       31,59  Id. 

I  Séparation  en  petits  glo- 
1100  44  0,9280       0,5340       o,4i8o       3g, 33  j      bules   et  cristaux;   l'aug- 

iioo  52  o,go8o       0,5364       o,43io       4Iî09  t       mentation  du  poids  delà 

iioo  60  »  o,56o4       0,4460       42,85  J       nacelle  est  due  en  partie 

1       à  ces  globules 

On  voit  que  la  volatilisation  du  métal  ne  se  produit  qu'à  partir  de  1 100°; 
elle  n'est  pas  proportionnelle  à  la  durée  du  chauffage;  très  rapide  au  bout 
des  huit  premières  heures  de  ciiaulïage,  elle  se  ralentit  considérablement 
ensuite  au  bout  de  44  heures  de  chaullage,elle  est  négligeable.  Ce  ralentis- 
sement n'est  pas  dû  à  l'influence  des  surfaces,  car  en  introduisant  dans  la 
nacelle  des  fragments  d'aluminium  de  la  même  taille  que  ceux  qui  ont  été 
réduits  par  le  chauffage,  la  volatilisation  se  fait  dans  les  mêmes  conditions. 

Si  l'on  cherche  à  s'expliquer  ce  résultat  singulier,  on  peut  être  conduit 
tout  d'abord  à  supposer  qu'il  existe  dans  le  métal  mis  en  expérience  deux 
parties,  l'une  plus  volatile  que  l'autre. 

J'ai  cherché  à  vérifier  cette  hypothèse;  dans  ce  but,  j'ai  examiné  entre 
autres  expériences  les  globules  restant  dans  la  nacelle  et  constaté  qu'ils 
renferment  par  gramme  o,  22G0  d'un  corps  en  paillettes  noires  insolubles 
dans  les  acides  nitrique,  sulfurique  et  chlorhydrique;  ce  corps  répond  à  un 
carbure  de  silicium  C'SP.  La  quantité  de  ce  carijure  correspond  à  i5 
pour  100  de  la  matière  première. 

Malgré  qu'il  fût  peu  vraisemblable  d'attribuer  la  quantité  considérable 
de  sihciuin  qui  a  été  trouvée,  à  celui  qui  existe  dans  les  cendres  des  nacelles 
en  graphite,  j'ai  écarté  cette  cause  d'erreur  en  employant  des  nacelles  en 
alumine  pure,  que  j'ai  préparées  en  suivant  les  indications  de  M.  le  pro- 
fesseur Yerneuil- 

Les  expériences  reprises  dans  les  nacelles  complètement  exemptes  de 
silice  m'ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Perte 
Température.  Durée.  pour  100. 

u  II 

1 1 00 8  4o 

1 100 24  5,33 

1100 4o  3,3o 


173  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

De  même  qu'avec  les  nacelles  en  porcelaine  ou  en  graphite,  on  constate 
que  les  globules  résiduaires  sont  recouverts  d'un  enduit  jaune,  que  leur 
texture  est  cristalline  et  laissent  après  attaque  aux  acides  un  résidu  constitué 
aux  Y^  par  du  silicium  (')  en  paillettes  cristallines  noires  et  brillantes.  La 
quantité  de  silicium  trouvée  correspond  à  1 3,  g  pour  100  de  la  matière  pre- 
mière. En  mettant  à  coté  deux  nacelles,  l'une  en  alumine  ouverte,  l'autre 
en  alumine,  mais  fermée  par  un  couvercle  de  même  substance,  on  constate 
au  bout  de  20  heures  de  chauffage  que  la  nacelle  fermée  ne  change  pas  de 
poids  et  ne  contient  pas  de  silicium;  la  nacelle  ouverte,  par  contre,  a 
perdu  23,8  pour  100  de  son  poids;  ses  globules  résiduaires  renferment 
i3,7  pour  100  de  silicium  par  rapport  à  la  quantité  d'aluminium  mis  en 
œuvre. 

Dans  ces  dernières  expériences,  la  présence  du  silicium  ne  peut  plus  être 
attribuée  au  corps  immédiatement  en  contact  avec  raluminium.  Pour 
éclairer  l'origine  de  ce  silicium,  j'ai  opéré  finalement  dans  un  système  com- 
prenant extérieurement  le  tube  de  porcelaine;  intérieurement,  un  tube  en 
fer  doux  et,  dans  le  tube  en  fer  doux,  la  nacelle  en  alumine  renfei-mant 
l'aluminium.  Dans  ces  conditions,  avec  une  perte  de  poids  de  22  pour  100, 
au  bout  de  20  heures  de  chauffage  à  1100°,  on  ne  trouve  plus  de  silicium 
dans  le  métal  résiduel. 

En  résumé,  ces  expériences  montrent  qu'au  cours  d'un  chauffage 
à  iioo",  l'aluminium  se  volatilise;  durant  sa  volatilisation  et  à  la  longue 
seulement,  tout  se  passe  comme  si  l'aluminium  réagissait  sur  les  parois  de 
l'enceinte  et  mettait  à  nu  du  silicium.  Celui-ci  paraît  subir  une  volatilisation 
partielle  très  lente;  au  fur  et  à  mesure  de  leur  volatilisation,  les  vapeurs 
de  silicium  seraient  absorbées  par  l'aluminium  liquide  ;  au  cours  du  refroi- 
dissement, ce  silicium  cristallise  au  sein  de  la  partie  non  volatilisée  de 
l'aluminium. 

Tj'intérieur  du  tube  en  porcelaine  est  uniformément  enduit  d'une  couche 
grise  qui,  par  places,  se  soulève  en  feuilles.  Nulle  part,  on  ne  remarque  de 
globules  métalliques,  ce  qui  tend  à  faire  croire  que  le  silicium  rais  à  nu 
serait  du  silicium  amorphe.  On  ne  saurait  s'expliquer  autrement  le  phéno- 
mène intéressant  que  j'ai  pu  suivre. 

Je  poursuis  donc  l'étude  de  la  volatilisation  de  l'aluminium  en  milieu 


(')  Le  ix'sitlu  coinpi'L'iui  imi  outre  m,  'ipoui-  100  d'un  o\N(le  1res  tliflicile  11  jnécipiler 
par  rammoniaqiie.  Je  publierai  iillérieurenienl  l'analyse  complète  de  tous  les  produits 
obtenus. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    KJIO.  17,3 

exempt  de  silicium.  J'ai  voulu  seulement,  dans  cette  Note,  indiquer  les 
modifications  très  inattendues  que  subit  Faluminium  dans  les  conditions 
que  j'ai  exposées,  modifications  utiles  à  connaître  même  dans  la  pratique 
industrielle. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  cémentation  du  fer  par  te  carbone 
solide.  Note  de  MM.  (i.  Ciiarpy  et  S.  Bonnerot,  présentée  par 
M.  H.  Le  Chatelier. 

Dans  une  publication  antérieure,  l'un  de  nous  a  fait  ressortir  l'incertitude 
qui  subsiste  au  sujet  de  la  possibilité  de  cémenter  le  fer  par  le  carbone 
solide,  et  montré  que  les  résultats  contradictoires  obtenus  dans  les  essais 
effectués  jusqu'ici  pouvaient  être  attribués  à  ce  qu'on  n'avait  pas  pris  assez 
de  soin  pour  éliminer  les  gaz  carburants  dans  les  expériences  positives,  ni 
pour  assurer  le  contact  du  carbone  et  du  métal  dans  les  expériences  néga- 
tives. Nous  avons  donc  repris  de  nouvelles  expériences  et  en  résumons  ici 
les  résultats,  qui  pourront  être  utilement  ajoutés  à  ceux  récemment  publiés 
sur  le  même  sujet  par  MM.  Guillet  et  Griffilhs. 

La  suppression  complète  des  gaz  occlus  dans  lacier  est  des  plus  délicates 
à  réaliser;  les  récentes  observations  de  M.  Belloc  ont  fait  ressortir  cette  dif- 
ficulté qui  nous  a  conduits  à  recommencer  plusieurs  séries  d'expériences 
en  augmentant  graduellement  la  durée  du  chauffage  préalable  dans  le  vide. 
D'autre  part,  le  métal,  après  épuisement  dans  le  vide,  absorbe  de  nouvelles 
quantités  de  gaz  dès  qu'il  est  manipulé  au  contact  de  l'air.  Le  charbon,  enfin, 
se  comporte  de  même,  surtout  quand  il  est  à  l'état  amorphe,  et  c'est  pour- 
quoi, sans  laisser  complètement  de  côté  le  charbon  de  sucre  purifié  qui  a  été 
généralement  employé  jusqu'ici  dans  les  essais  de  ce  genre,  nous  avons 
utilisé  aussi,  dans  de  nombreuses  expériences,  le  graphite  et  le  diamant. 

Nous  avons  donc  été  conduits  à  adopter  la  technique  suivante  : 

ChaufVer  préalablement  dans  le  vide  à  1000°  et  dans  des  tubes  séparés,  le  métal, 
(acier  doux  Martin  ne  contenant  que  des  traces  d'éléments  autres  que  le  carbone  et  le 
manganèse)  et  le  carbone  (charbon  de  sucre  purifié,  graphite  purifié  ou  diamant  blanc 
transparent)  jusqu'à  ce  que  le  dégagement  de  gaz,  produit  par  un  fonctionnement  con- 
tinu de  la  trompe  à  mercure,  soit  pratiquement  nul  (moins  de  o""',;  à  l'heure).  Mettre 
le  fer  et  le  carbone  en  contact  en  les  laissant  le  moins  longtemps  possible  à  l'air,  et 
les  chaulïer  dans  le  vide  jusqu'à  cessation  du  dégagement  gazeux,  à  une  température 
de  700"  environ,  nettement  inférieure  à  la  température  de  cémentation  rapide;  chaufl^er 
ensuite  jusqu'à  1000"  et  maintenir  plusieurs  heures  cette  température  tout  en  faisant 
C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  3.)  23 


17^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fontionner  contiiuiellemenl  la  trompe  pour  éliminer  les  traces  de  sa'  qui  pourraient 
encore  se  produire. 

Toutes  les  fois  que  nous  avons  opéré  en  suivant  strictement  ces  précautions,  l'ex- 
périence a  été  nettement  négative. 

L'examen  microscopique  des  surfaces  de  métal  en  contact  avec  le  carbone  n'a  pas 
fait  constater  l'absorption  de  la  moindre  trace  de  carbone  ;  au  contraire,  il  a  suffi  de 
laisser  dans  l'appareil  des  quantités  de  gaz  très  petites,  en  arrêtant  le  fonctionnement 
de  la  trompe  ou  en  employant  du  métal  soumis  à  un  vide  imparfait  avant  l'expérience, 
pourvoir  apparaître  la  cémentation.  Ceci  se  produit  aussi  bien  avec  le  diamant  qu'avec 
le  graphite  ou  le  charbon  de  sucre,  et  nous  croyons  devoir  le  noter,  car  dans  les  essais 
effeclués  jusqu'ici  avec  le  diamant,  on  avait  généralement  obtenu  la  formation  d'une 
fonte  (par  fusion),  ruais  pas  la  cémentation  proprement  dite. 

On  peut  donc,  ci'oyons-nous,  considérer  comme  établi  que  le  car- 
bone solide  ne  cémente  pas  le  fer  à  looo"  en  l'absence  d'un  véliicule 
gazeux  qui  paraît  être,  dans  la  plupart  de  nos  expériences,  l'oxyde  de  car- 
bone. Mais  on  ne  peut  en  déduire  que  le  carbone  ne  se  diffuse  pas  dans  le 
fer,  comme  paraissent  l'indiquer  les  changements  de  structure  observés 
dans  les  fontes  et  aciers  chauffés  au-dessus  des  points  critiques.  Si,  d'une 
part,  il  est  bien  difficile  de  dire  quel  peut  être  le  rôle  joué  dans  cette  diffu- 
sion par  les  gaz  occlus,  car  on  n'a  jamais  étudié  jusqu'ici  de  métaux  réelle- 
ment privés  de  gaz,  il  faut  remarquer  aussi,  d'autre  part,  c}ue  le  contact 
n'est  pas  établi  dans  les  mêmes  conditions  quand  on  considère  du  carbone 
comprimé  entre  deux  fragments  d'acier  ou  bien  une  parcelle  de  graphite 
ou  de  cémentite,  englobé  dans  l'intérieur  d'une  fonte  ou  d'un  acier.  Diverses 
observations  et,  en  particulier,  celles  récemment  présentées  à  l'Académie 
par  M.  Carpentier  (")  et  par  M.  llosenstiehl  (-),  portent  à  admettre  que 
l'adhérence  enti^e  deux  corps  peut  varier  dans  des  limites  très  étendues  sui- 
vant que  le  contact  est  plus  ou  moins  parfait;  or  nous  n'avons  pu,  même  en 
les  comprimant  très  fortement,  produire  entre  le  carbone  et  l'acier  une 
adhérence  comparable  à  celle  qui  existe  entre  le  graphite  et  la  ferrite  de  la 
fonte.  Dans  nos  derniers  essais,  le  carbone  était  serré  avec  une  presse 
entre  un  cylindre  et  un  piston  d'acier  autant  que  le  permettait  la  limite 
élastique  de  ce  métal  (environ  Sooo"''"),  et  le  piston  était  bloqué  sous 
pression  par  iincontre-écrou  ;  le  carbone  était  donc  fortement  pressé  contre 
le  métal  à  froid,  mais  il  est  bien  certain  que  cette  pression  tombait  rapide- 
ment dès  qu'on  élevait  la  température,  d'abord  par  le  jeu  des  dilalalions 


(')  Gakpentier,  Comptes  rendus,  avril  1909,  p.  896. 
(-)  HosENSTiEiiL,  Comptes  rendus,  août  1909,  p.  897. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  19IO.  I75 

et  aussi  parce  que  la  limite  élastique  du  métal  s'abaisse  ;  en  fait,  radhérence 
obtenue  entre  carbone  et  métal  a  toujours  été  assez  faible.  Peut-être  pour- 
rait-on l'augmenter  en  maintenant  la  pression  à  chaud  ;  mais,  comme  la 
limite  élastique  de  l'acier  est  pratiquement  nulle  à  1000°,  il  ne  paraît  pas 
possible  de  réaliser  une  pression  notable  dans  un  récipient  chauffé  à  cette 
température.  Il  faut,  pour  opérer  sous  pression  à  chaud,  avoir  recours  à  un 
dispositif  analogue  à  celui  employé  récemment  par  l'un  do  nous  pour  étu- 
dier la  séparation  du  graphite  sous  pression  (').  Mais  ce  dispositif  ne  per- 
met pas  d'opérer  dans  un  espace  vide  de  gaz. 

Si  donc  on  peut  admettre  que  le  carbone  solide  extérieur  à  un  fragment 
d'acier  ne  peut  y  pénétrer  sans  l'intervention  d'un  véhicule  gazeux,  de  nou- 
velles expériences  sont  nécessaires  pour  décider  si  la  diffusion  du  carbone 
à  l'intérieur  des  fontes  et  aciers  se  fait  avec  ou  sans  l'intervention  des  gaz 
occlus. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Aclioii  des  vapeurs  de  tétrachlorure  de  carbone  sur  les 
anhydrides  et  les  oxydes.  Note  de  M.  Pierre  Cambouhves,  présentée 
par  M.  H.  Le  Chatelier. 

L'action  réductrice  et  chlorurante  du  tétrachlorure  de  carbone  vis-à-vis 
des  composés  oxygénés  des  métalloïdes  et  des  métaux  a  déjà  été  signalée 
par  de  nombreux  auteurs. 

Meyer  (°),  Demarçay  (')  et  Quantin  (  ')  ont  seuls  donné  un  assez  grand 
nombre  d'indications,  sans  toutefois  fournir  une  étude  complète.  Les  autres 
expérimentateurs  ont  eu  surtout  en  vue  une  opération  isolée  telle  que  la  pré- 
paration d'un  chlorure  ou  une  tentative  de  séparation  analytique  [C*)  à  (")]. 

(')  Charpy,  Comptes  rendus,  juin  1909,  p.  1767. 

(^)  Meyer,  BericlUe  der  deutschen  cheinischen  Gesellscliaft,  t.  XX,  1887,  p.  261. 

(')  Demarçay,  Comptes  rendus,  l.  CIV,  1887,  p.  iii. 

(')  Quantin,  Comptes  rendus,  l.  CIV,  1887,  p.  228;  l.  CVI,  1888,  p.  1074. 

{')  Delafontaink  el  Li.nebarger,  Journal  0/  the  american  chemical  Society,  18, 
i8g6,  p.  235. 

C)  Roy  D.  Hall  et  Edgar  Smith,  Chemisches  Central  Blat,  18,  t.  11,  igoS,  p.  1162. 

C)  Matignon  el  Delépine,  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  1907,  p.  87. 

(')  Rosenhelm,  Samteu,  Davidshorn,  Zeitschrift  fur  anorg.  Chemie,  t.  XXXV, 
1907,  p.  448. 

C)  p.  Jannasch  et  JiLKE,  Berichte  der  deutschen  chemisehen  Gesellschaft,  l.  XL, 
1907,  p.  36o,5  el  36o8. 


176  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ÎNous  avons  pensé  qu'il  était  intéressant  de  généraliser  cette  étude  qui 
pouvait  ainsi  conduire  à  une  méthode  pratique  de  préparation  des  chlorures 
métalliques. 

Le  produit  oxygéné  placé  dans  une  nacelle  était  disposé  dans  un  tube  en 
verre  de  Bohème  sur  une  grille  à  analyse.  Un  générateur  de  vapeurs  de 
tétrachlorure  de  carbone  était  relié  à  ce  tube.  Après  avoir  déplacé  entiè- 
rement l'air  de  l'appareil  par  les  vapeurs  chlorurantes,  on  élevait  pro- 
gressivement la  température  en  continuant  d'envoyer  le  tétrachlorure  de 
carbone. 

Pour  chaque  corps  nous  avons  déterminé  la  température  à  laquelle  se 
produisait  l'attaque. 

A  cet  eflel,  dans  le  tujje  de  Bohème,  aussi  près  que  possiljle  de  la  nacelle,  nous 
avons  disposé  une  pince  thermo-électrique  de  M.  Le  Chatelier. 

Pour  avoir  des  résultats  cornparal)les  entre  eux,  nous  avons  opéré  avec  des  poudres 
de  même  ténuité;  cependant  ces  déterminations  ne  sont  pas  susceptibles  d'une  inter- 
prétation rigoureuse  et  il  ne  faut  y  chercher  qu'une  indication.  En  ertet,  deux  corps 
pulvérisés  ayant  des  grains  de  même  grosseur  n'ont  pas  la  même  porosité.  Il  est  certain 
que  l'alumine  provenant  de  la  calcination  de  l'alun  d'ammoniaque  est  plus  poreuse  à 
grain  égal  qu'un  oxyde  fondu  ou  cristallisé  pulvérisé. 

Le  début  de  l'attaque  était  révélé  : 

1°  Soit  par  une  incandescence; 

2°  Soit  par  un  dégagement  abondant  d'oxychlorure  de  carbone; 

3°  Soit  par  un  changement  d'aspect  du  produit; 

4"  Soit  enfin  par  l'apparition  de  vapeurs  de  chlorure  volatil. 

Les  températures  d'attaque  sont  génét^alcmenl  basses  cl  comprises  entre 
2i5°et  58o°. 

Nous  avons  consigné  les  résultats  obtenus  dans  le  Tableau  suivant  : 

NaLmc  de  l'nxMlc.  ui-c  tl'aLUi)ue.  ^allir(■  du  piodiiiL  loiiiic. 

Anhydride  arsénious. 365  Trichloruru 

»            antimonieux 090  Trichlorure 

»            antimonique ^20  l'enlaclilorure 

»           vanadique 490  Tétrachlorure 

»  niobique 3i5  Oxychlorure  -H  chlorure 

X           tantalique a.io  Chlorure 

»  silicique l'as  d'attaque 

Zircoiie 4oo  (Jilorure 

Anhydride  borique l'as  d'attaque 

IJioxyde  d'éliiiii SgS  Télracliiorure 


SEANCE  DU  17  JANVIER  19IO.  177 

Nature  de  l'oxjile.  Teinpcraliirc  il'aUiMiii.;.  Naliiie  du  pnnliiil  Inj  iiir. 

\rilivdiicla  lilariique 43o  Clilorure 

0\ycle  de  baryum 33o  » 

»           strontium 3io  » 

»          calcium 3 10  » 

»          cérium 35o  » 

»          lantliane 33o  » 

»          néodyme 320  » 

n          praséodyme t'to  » 

»           samariutn 230  » 

))  thorium ^20  Chlorure  +  o\)  chlorure 

»          glucinium 4oo  Chlorure 

»          magnésium 390  » 

»          zinc 4oo                          -  » 

»          cadmium 080  » 

1)          aluminium 390  » 

)>          cobalt 53o  » 

»           nickel 55o  » 

n           fer 245  » 

»           manganèse 4oo  » 

»          chrome 58o  » 

Anhydride  molybdique 5io  Pentachlorure 

;)            tungslique 56o  (Jxychlorure 

Owde  d'uranium 36o  Tetra — h  pentachloruie 

On  voit  que  presque  toujours  le  produit  est  un  chlorure  et  que  la  forma- 
tion d'un  oxychlorure  est  en  quelque  sorte  exceptionnelle.  C'est  mieux 
qu'un  mode  de  formation,  c'est  un  véritable  moyen  de  préparation  des 
chlorures,  notamment  pour  les  chlorures  de  terres  rares,  pour  ceux  de 
chrome,  de  nickel,  de  vanadium  et  titane,  de  zirconium,  de  gluci- 
nium, etc. 

On  peut  comparer  celle  méthode  à  celles  de  M.  Matignon  et  de  M.  Bou- 
rion  qui  utilisent  le  chlorure  de  soufre  et  le  chlore  ou  le  chlorure  de  soufre 
seul. 

Dans  toutes  ces  réactions,  il  se  produit  de  l'anhydride  cai^bonique,  de 
l'oxychlorurc  de  carbone  et,  si  la  température  est  élevée,  du  chlore  et  du 
chlorure  de  Julin. 

Nous  avons  également  appliqué  cette  action  chlorurante  du  tétrachlorure 
de  carbone  à  l'étude  de  quelques  produits  minéraux. 


178 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Traiisfonnation  de  quelques  alcools  aromatiques  en 
acides  phosphineux  par  l'acide  hypophospJioreux .  Note  de  M.  R.  Fo.sse, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

Nous  avons  précédemment  établi  que  les  anhydrides  d'acides  de  la  série 
grasse  se  combinent  à  deux  alcools  de  la  série  aromatique  (dinaphlo-  et 
dipliénopyranol)  d'une  manière  surprenante  ('). 

Au  lieu  de  former  des  éthers-sels 


)CH  — O  — G-G1I3 

/  Il 

O 

engendrés  par  soudure  oxygénée 

> 


> 


ils  donnent  naissance  à  de  nouveaux  acides 


CH  — CU'^COOM 


résultant  de  la  soudure  carbonée  des  deux  radicaux,  pyryl  et  alkyloique 

^CH  -  011  +  H  -  CIP—  COOH    >  ^CH  -  Cll^-  COOll. 

Non  moins  curieuse  et  anormale  est  l'action  exercée  par  l'acide  nuito- 
nique(-)  sur  un  assez  grand  nombre  d'alcools  de  la  série  du  di-  et  du  tri- 
phénylméthane.  Cet  acide  transforme  ces  alcools  lum  en  élhers  mais  en  acides 
résultant  de  l'union,  carbone  à  carbone,  d'un  radical  d'alcool  aux  restes 

CO^H 
monovalents,  propvldiuique  —  (W(^  ou  élhYloi(jue  —  (  ;rPC(3  '  H  : 

\C0-H 

^cii  -  OH  + 11  -  ch/[:JJ^]^  =  ir^o  +  );CH  -  cii<^];'J^':|[, 

^CH  -  011  +  M  —  Gll<^çJ^["  =  H^O  +  CO^-H  ^CH  -  GlP  -  COMi. 


(')  R.  FossK,  Comptes  rendus,  t.  CXLllI,p.  59-61. 

(^)  R.  Fosse,  Dut.  Soc.  chini.,  l.  XXXV,  1906,  p.  1006;   />'///.,  4"  série,  t.  111,  1908, 
p.  1078.  —  L.  Bâillon,  Thèse,  Lille,  1909. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  191O.  179 

De  nouveaux  exemples  de  cette  singulière  transformation  d'alcools  en 
acides^  sous  l'influence  des  acides^  nous  sont  encore  offerts  par  la  réaction  de 
l'acide  hypophosphoreux  sur  le  tryphénylcarhinol^  le  dinaphtopyranol  et 
Yhydrol  de  Michler. 

L'oxhydryle  mobile  de  ces  alcools  s'unit  à  l'un  des  2"""  d'hydroEjène, 
non  moins  mobiles,  directement  liés  au  phosphore,  de  l'acide  hypophos- 
phoreux. I™"'  d'eau  prend  naissance  et  les  deux  radicaux  résultants  s'en- 
chaînent, phosphore  à  carbone  : 

>cH-oii^ii-p<;;„=H-^o+>cii-p<;;„. 

o  o 

Nous  avons  ainsi  préparé  les  acides  : 
Triphénylméthylphosplïineux 


G"  H 
Dinaph  tojiyrylph  osph  in  eux 


\  /H 

O 


/C"'H«\  /H     . 

O 
Bydrylph  osphin  eux 

(CH3)'N<^       ^-ClI— <(       >N(CH^ 
\0H 


o  =  l>/" 


A  cette  réaction  s'en  superpose  une  autre,  ayant  pour  résultat  la  réduc- 
tion d'une  partie  de  l'alcool  en  carbure  correspondant 

R_0H  +  H2=ii-0  +  R  — H. 

Le  triphénylméthane,  le  dinaphtopyrane  et  le  téiramêthyldiaminodiphe- 
nylméthane  se  forment  ainsi  d'après  un  nouveau  procédé. 

Tandis  que  les  alcools  déjà  signalés  donnent  avec  l'acide  hypophospho- 
reux des  produits  de  substitution,  les  aldéhydes  et  les  acétones,  au  contraire, 
engendrent  avec  cet  acide  des  produits  d'addition  (Ville-Marie) 

c/"  +  H^P^O  V  CHOH       p/" 


l8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(]ette  discordance  entre  alcools  et  aldéhydes  est  d'autant  plus  intéres- 
sante que  ces  deux  classes  de  corps  se  conduisent,  au  point  de  vue  du  ré- 
sultat, final,  d'après  une  analogie  frappante,  à  l'égard  soit  des  anhydrides 
d'acides,  soit  de  l'acide  malonique,  pour  ne  citer  que  des  réactifs  condui- 
sant à  des  synthèses  d'acides.  Les  égalités  qui  suivent  mettent  ce  paral- 
lélisme en  évidence. 

Condensation  des  anhydrides  d'acides.  —  \"  Avec  les  aldéhydes  (Réaction 
de  Perkin)  : 

II  H 

—  C  =  Oh-|Î^CH  — COOCOCH^    -^    -C==CH  — COOH  +  CH'CO'H; 

2°  Avec  les  alcools  pyranoliques  : 

II  H 

^C-OH  +  II  — CH^-C00C0CH3     ->     ^C  — CHS- COOH -+- CIPCO-H. 

Condensation  malonique.  —  i°  Des  aldéhydes  (Réaction  de  Claisen)  : 

H  H 

(A)         _L_04-,^/L^^^^,j^      ->     HO  +_c_0^^^jj, 

II  H 

(B^         -C  =  0  +  "^C;^^^'"      -y     H=()  +  CO=  +  — C=:CH-CO-H. 
^  H/     XCO^H 

2°  Des  alcools  de  la  série  du  di-  et  du  triphénylmélhane  : 
H  11 

(A)  \c_oii  +  ii-gh/^JïJ;[J  ^v  iiM.        +)c-cii([:J-J;[J; 

H  H 

\  I  /COMl  \ 

(H)       pC- OH-1- 11  —  Gll(    ,;'/       ->     Hn )  H- C02-(-)C-CH'— en- H. 
/  ^  CO"  H  / 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Le  vicianose,  nom'eau  sucre  réducteur  en  C". 
Note  de  MM.  Gabriel  Bertiiand  et  G.  Wf.isweim.er,  présentée  par 
M.  Maquenne. 

Nous  avons  établi  antérieurement  (')   que   le   glucoside  cyanhydrique 
découvert  par  l'un  de  nous  dans  les  graines  d'une  vesce  sauvage  et  appelé 

(')   Comptes  rendus,  l.  (]\LV11,  1908,  p.  2.52. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1910.  181 

pour  cela  incianine  (  '  ),  était,  comme  l'amygdaline.  un  clérivc  du  nitrilc 
phénylglycolique  gauche.  Nous  avons  ajouté  que  la  vicianine  différait  du 
glucoside  des  amandes  amères  par  la  nature  du  sucre  qui  est  engagé  dans 
sa  molécule.  Depuis,  nous  sommes  parvenus  à  séparer  ce  sucre  à  l'état  pur 
et  cristallisé.  C'est  un  biose  réducteur,  d'un  type  nouveau,  auquel  nous 
donnerons  le  nom  de  ricianose.  Voici  comment  nous  avons  opéré  et  quels 
sont  les  principaux  caractères  du  nouveau  sucre. 

Dans  3",  5  d'eau  distillée,  on  a  dissous  6os  de  vicianine  et  aSs  d'une  préparation 
diastasique  extraite  des  graines  de  Vicia  angustifolia.  Après  avoir  bouché  le 
flacon,  on  a  abandonné  le  tout  dans  une  étuve  à  SS^-S^",  pendant  6  jours. 

Le  liquide  a  été  distillé  alors  dans  le  vide,  jusqu'au  volume  de  aSo'^"''  environ,  auquel 
on  a  ajouté  i'  d'alcool  à  90°.  Après  un  repos  de  i  à  2  jours,  on  a  filtré  pour  séparer  la 
diaslase  et  le  glucoside  inattaqué,  puis  on  a  concentré  la  solution  dans  le  vide,  à  con- 
sistance de  sirop  épais,  pesant  47^- 

Ce  sirop  a  été  épuisé,  en  plusieurs  fois,  par  7'  à  8'  d'alcool  à  ,'/d-  Chaque  fois,  on 
fluidifiait  le  sirop  sur  le  bain-raarie,  par  addition  de  quelques  centimètres  cubes 
d'eau,  on  précipitait  par  l'alcool  (i',  5  à  2')  versé  bouillant,  on  laissait  reposer  ■i!\  heures, 
enfin  on  décantait  le  liquide  clair  surnageant  et  on  le  distillait  dans  le  vide. 

On  a  obtenu  ainsi  plusieurs  fractions,  dont  celles  de  tète  et  de  queue  ont  été  frac- 
tionnées à  leur  tour  d'une  manière  analogue.  Par  un  repos  de  plusieurs  mois,  une  des 
fractions  de  têle  a  donné  des  cristaux  qui  ont  servi  pour  amorcer  toutes  les  autres, 
amenées  à  sirop.  La  cristallisation  a  élé  très  lente.  Enfin,  les  sirops  se  sont  pris,  les 
uns  en  masses  dures  (les  premières),  les  autres  en  pâle  de  consistance  mielleuse.  On 
a  réuni  le  tout  ensemble,  au  mortier,  puis  on  a  soumis  la  masse  totale  à  une  pression 
lente  et  progressive,  entre  des  lits  absorbants  de  papier  à  filtres.  La  masse,  à  peu  près 
sèche,  a  été  broyée  avec  quelques  centimètres  cubes  d'alcool  légèrement  étendu, 
pressée  de  nouveau  et  traitée  encore  deux  fois  de  la  même  manière.  Elle  était  devenue 
alors  blanche,  friable  et  de  saveur  douce.  Son  poids  était  de  98,6. 

Pour  purifier  ce  vicianose  brut,  on  l'a  redissous  à  chaud  dans  l'alcool  à  ff^.  On  a 
obtenu,  par  repos  du  liquide  sursaturé  et  décanté,  une  belle  cristallisation  qui,  re- 
cueillie après  plusieurs  semaines  et  desséchée,  pesait  5e,.'). 

Le  vicianose  ainsi  obtenu  est  en  petites  aiguilles  incolores,  de  plusieurs  millimètres 
de  longueur,  groupées  en  sphères  ou  réunies  en  croûtes  légères,  dont  l'aspect  rappelle 
assez  bien  celui   de  la  mannite. 

Il  est  extrêmement  soluble  dans  l'eau,  très  peu,  au  contraire,  dans  laicool  foit,  même 
à  chaud. 

En  solution  aqueuse,  il  possède  la  n^ultirotation.  Ainsi,  à  la  concentralion  de 
8  pour  100,  il  a  donné,  sous  une  épaisseur  de  3o'"''\  à  la  température  de  +20°  à  -1-22°, 


(')  Gabriel  Bektrand,   Comptes  rendus,   t.  CXLIll,  1906,  p.  83a.  Dans  celte  Noie, 

p.  83^,    ligne   i/|,  au   lieu  de  0,12    à   o,i3    pour   100,  lire   1,2  à    i,3  et  ligne   18,  ciU 
lieu  de  -t-  160°,  lire  +  i[\~-i[\^°. 

C.  R.,   1910,   1"  Semestre.  (T.  1011,  N»  3.)  ^4 


l82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

une  déviation  de 

i5  minutes  après  la  mise  en  dissolution +i5.    8 

3o  »  ..  -I-14.    4 

2  heures         >i  »  -t- 10.40 

4  »  »  -1-  9-44 

6  »  »  -1-9.35 

22  1)  11  -t-  9.32 

A  ce  moment,  le  pouvoir  rolatoire,  de\enu  invariable,  était  donc 
[a]i,  =  +  39",  72  (pour  / -^ -t- 20°). 

Le  vicianose  fond,  au  bloc  Maquenne,  dune  façon  peu  précise,  vers  -+-  210°. 
D'après  l'analyse  élémentaire,  il  répond  à  la  formule  C"  IP"0'<'  : 

Trou\é. 

Carbone.. 42,  i5  4?->07  42)3i 

Hydrogène 6 ,  67  6 ,  58  6 , 4 1 

La  détermination  du  point  de  congélation,  pris  comparativement  avec  des  solutions 
de  vicianose  et  de  sucre  ordinaire  ayant  à  très  peu  près  la  même  concentration 
(6  pour  100  environ),  indique  assez  bien,  d'ailleurs,  qu'on  est  en  présence  d'un  biose 
de  poids  moléculaire  correspondante  la  formule  ci-dessus.  On  a  trouvé,  avec  le  vicia- 
nose :  PM  =^  279,5  et  avec  le  sucre  ordinaiie  :  PM  =  300,9.  ^'es  chiftVes  sont  notable- 
ment inférieurs  aux  cliiflfres  théoriques,  mais  on  sait  que  les  saccharoses  donnent  des 
abaissements  anormaux  conduisant,  parle  calcul,  à  des  poids  moléculaires  trop  faibles. 

Le  pouvoir  réducteur,  déterminé  en  suivant  la  technique  exposée  par  l'un  de  nous  (  '  ), 
montre  que  le  vicianose  précipite  un  peu  plus  de  cuivre  que  le  maitose.  Ainsi  : 

nig  _     _  _     _  nif.- 

20    de  vicianose  piécipitent 23,8  de  ciiivie 

40  »  46,8 

5o  1)  60 , 4         » 

60  »  70, 1  » 

70  »  81,4         " 

80  «  95 , 1         » 

l^e  vicianose  possède  une  saveur  légèrement  sucrée.  11  n'est  pas  attaqué  par  la  levure 
de  boulan£;erie  après  2  jours  de  contact. 

Le  vicianose  est  le  premier  biose  défini  qu'on  ait  réussi  à  préparer  par 
hydrolyse  diastasique  d'un  glucoside. 

{')  Gaii.  I'krtra.M),  /litl/.  Soc.  c/ii/ii.,  3'' série,  t.  \'XX\',  1906,  p.  i285. 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1910.  l83 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  de  l'alcool  hnlyliquc  secondaire 
avec  son  dérivé  sodé.  Note  de  M.  Marcel  Guerbet,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

Les  alcools  isopropylique  C'H*0  et  caprylique  C'H"^0,  chauffés  vers 
200°  avec  leurs  dérivés  sodés,  donnent  naissance,  ainsi  que  je  l'ai  montré 
(^Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  p.  129),  à  des  alcools  deux  et  trois  fois  plus 
condensés  :  les  alcools  diisopropylique  C^H'''0,  triisopropylique  C°H^"*0 
pour  le  premier,  dicaprylique  CH'^O,  tricaprylique  C^'H"0  pour  le 
second.  Je  viens  montrer  aujourd'hui  que  cette  réaction  parait  générale 
pour  les  alcools  secondaires  en  l'appliquant  à  la  condensation  de  l'alcool 
butylique  secondaire  avec  son  dérivé  sodé. 

Elle  se  réalise  suivant  l'écpialion 

C'-tP^-'OH  -+-C"'H2"'+'0Na  =  NaOH  +  C"'+«H^'("'+")+'OH. 

La  soude  ainsi  formée  oxyde  ensuite  une  petite  partie  des  alcools  présents 
dans  le  mélange  en  scindant  chacun  d'eux  en  deux  acides. 

L'alcool  butylique  secondaire  C'H"'0  fournit  les  alcools  dibutylique 
C*H'*0  et  tributylique  C'-H-'O,  en  même  temps  qu'un  peu  d'acides  for- 
mique  et  propionique. 

L'étude  de  la  constitution  des  alcools  ainsi  produits  nous  montrera  de 
quelle  manière  se  réalise  l'enchainement  des  deux  molécules  réagissantes. 

Ij'alcool  but\liqiie  secondaire,  préparé  par  la  mélliode  de  Grignaid,  au  moyen  de 
réllianal  et  du  bromure  d'étlivlemagnésium,  a  été  desséché  en  le  distillant  deuv  fois 
sur  la  baryte  caustique.  11  bouillait  à  98°- 101°.  Pour  le  faire  réagir  sur  son  dérivé 
sodé,  il  a  été  préparé  une  série  de  tubes  scellés  renfermant  chacun  le  produit  de  la 
réaction  de  is,5o  de  sodium  sur  208  d'alcool  ;  puis  on  a  chauffé  ces  tubes  durant 
24  heures  entre  200°  et  220".  A  leur  ouverture,  on  a  constaté  une  assez  forte 
pression  due  à  de  l'hydrogène.  Leur  contenu  a  été  traité  comme  il  a  été  dit  déjà  {loc. 
cit.)  à  propos  de  la  préparation  de  l'alcool  diisopropylique  et  l'on  a  obtenu  d'une 
part  une  solution  aqueuse  contenant  les  sels  de  potasse  des  acides  formés,  d'autre  part 
un  mélange  d'alcools  que  l'on  a  séparés  par  distillation  fractionnée.  On  a  d'abord 
recueilli  de  l'alcool  butylique  secondaire  inaltéré,  qui  forme  la  plus  grande  partie 
de  ce  mélange,  puis  deux  autres  alcools  bouillant  l'un  à  i67°-i69°  (corr.),  l'autre  entre 
9.50°  et  255"  (corr.  ).  Nous  verrons  plus  loin  que  le  premier  est  l'alcool  dibutylique 
secondaire  et  le  second  l'alcool  tribulylicpie  secondaire. 

La  solution  aqueuse,  renfermant  les  sels  des  acides  formés,  a  été  acidulée  par  l'acide 
suifurique,  puis  soumise  à  la  distillation.  I^e  distillât,  saturé  par  le  carbonate  de 
baryte,  a  donné  les  réactions  de  l'acide  formique.  Après  destruction  de  cet  acide  par 


l84  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

le  mélange  cliromique  el  aj)iès  éliniiiialioii  ihi  tliioiiie,  ce  mèiiie  dislillat  a  élé  salure 
par  le  carbonate  de  baryle  el  Ion  a  oblenu  nn  sel  présenlanl  les  caiaclères  el  la 
teneur  en  baryum  du  propionate  de  baryte. 

Alcool  dibntylique  secondaire  ou  mélhyl-^-heptanol-S .  —  L'alcool  bouillaot 
à  i67°-iG9"  (corr.)  répond  à  la  formule  C*H'*(_)  el  nous  verrons  plus  loin 
qu'il  doit  être  considéré  comme  le  méthyI-3-heptanol-5 

CIF-Cir^— CH(CH')  — CH°-^CH2— CIIOH  — CH^ 

qui  n'avait  pas  encore  été  obtenu  jusqu'ici. 

Cet  alcool  est  un  liquide  incolore,  d'odeur  forte  rappelant  la  menthe;  sa 
densité  à  o°  est  0,8493.  Il  est  à  peine  soluble  dans  l'eau. 

Son  éther  acétique  C^H'0-C*H''  est  un  liquide  incolore,  d'odeur 
agréable,  bouillant  à  iB^^-iSS"  (corr.). 

Acétone  dihulylique  ou  méthyl-'i-heplanone-^.  —  L'alcool  dibutylique 
secondaire,  oxydé  par  le  mélange  chromique,  donne  l'acétone  correspondante 
de  formule  CH^O.  C'est  un  liquide  incolore,  bouillant  à  tôi"  (corr.), 
dont  l'odeur  rappelle  un  peu  la  menthe.  Elle  est  à  peu  près  insoluble  dans 
l'eau  et  ne  se  combine  pas  au  bisulfite  de  soude. 

Sa  semicarbazone  C^H'"  =  Az  — AzH  — CO  —  AzH^  cristallise  dans 
l'alcool  en  fines  aiguilles  incolores,  fusibles  à  96",  presque  insolubles  dans 
l'eau,  solubles  dans  l'alcool  et  l'éther. 

Alcool  tri.bulylique  secondaire.  —  L'alcool  bouillant  à  25o''-255'' (corr.  ) 
répond  à  la  formule  C'-H-"0.  C'est  un  liquide  incolore,  huileux,  d'odeur 
forte  et  agréable.  Oxydé  par  le   mélange  chromique,  il  se  transforme  en 
acétone  correspondante,  l'acétone  tributylique  C'-H-^O,  liquide  incolore,- 
huileux,  d'odeur  forte  rappelant  la  menthe,  bouillant  à  247''-248°  (corr.). 

La  semicarbazone  de  celte  acétone  cristallise  dans  l'alcool  en  aiguilles 
incolores  fusibles  à  i6i°-i62°;  elle  répond  à  la  formule 

C'^ H-'  =  Az  —  Az  H  -  CO  —  Az  H^ 

Conslttulion  de  l'alcool  dibutylique  secondaire.  —  Pour  connaître  la  cons- 
titution de  l'alcool  dibutylique  secondaire  el  de  l'acétone  correspondante, 
on  a  oxydé  celte  dernière  par  le  mélange  chromi(|ue  en  employant  une  pro- 
portion de  ce  mélange  un  peu  plus  grande  qu'il  n'est  nécessaire  pour 
dégager  3"'  d'oxygène  pour  1'"°'  d'acétone.  Les  acides  formés  ont  été 
séparés  en  mettant  à  profit  le  fait  que,  dans  la  distillation  d'une  solution 
aqueuse  d'acides  gras  volatils,  ces  acides  passent  d'autant  plus  lot  qu'ils 
sonl  plus  élevés  dans  la  série  (  Firz,  lierichte  der  deulsch.  chem.  Ges.,  t.  XI, 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    1910.  IiS5 

p.  '[6,  et  Heciit,  Liebig's  Ann.  der  Chemit'^  l.  C(_1IX,  p.  -^iS))-  Les  acides, 
séparés  ainsi  par  plusieurs  distillations  fraclioiuiées,  ont  été  transformés  en 
sels  de  baryum  et  identifiés  par  le  dosage  du  métal  qu'ils  renferment.  On  a 
pu  voir  ainsi  que  l'oxydation  de  l'acétone  dihulylique  a  fourni  surtout  de 
l'acide  acétique  et  un  acide  hcxylique,  en  même  temps  qu'un  peu  d'acide 
propionique  et  d'un  acide  valérianique.  On  peut  en  déduire  que  l'acétone 
dihutylique  possède  la  constitution  de  la  méthyl-3-heptanone-5 

CIP—  GIP—  CII(CH^)  -  CH^  —  GO  -  CH-—  GIF. 

La  constitution  de  l'alcool  dihulylique  peut  donc  être  représentée  par  la 
formule 

GH'-GH^-GH(CII')-GH-  — GHOII— GH2— GIF. 

et  Ton  peut  conclure  que  l'enchaînement  des  2'""'  d'alcool  butylique  secon- 
daire CH' —  CH^  —  CHOH—  CH%  qui  l'ont  engendré,  s'est  faite  par  le 
groupe  méthyle  voisin  du  groupement  fonctionnel. 

Un  fait  analogue  avait  déjà  été  observé  dans  la  formation  de  l'alcool 
triisopropylique(CH^')-  =  CH  -  CH=  -  CH(CH')  -  CH"- CHOH  — CH^ 
aux  dépens  des  alcools  isopropylique  (CH^y-  =  CHOH  et  diisopropylique 
CH'  -  CH(  CH')-CH-  -  CHOH  -  CH^  {lac.  cit.). 


MlMiRALOGlE.  -    Sur  la  reproduction  synthétique  du  saphir  par  la  méthode 
de  fusion.  Note  de  M.  A.  Ver.xklhl,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

11  est  admis,  depuis  les  résultats  obtenus  par  Sainte-Claire  Deville  et 
Caron  (  '),  que  le  saphir  oriental  doit  sa  belle  couleur  bleue  à  la  présence 
d'une  petite  quantité  d'oxyde  de  chrome  à  un  degré  d'oxydation  inférieur 
à  celui  du  sesquioxyde. 

La  production  simultanée,  dans  quelques-unes  de  leurs  expériences,  de 
cristaux  de  rubis  et  de  corindon  coloré  en  bleu,  a  amené  ces  savants  à 
conclure,  d'une  manière  du  reste  très  dubitative,  que  la  différence  qui  existe 
entre  la  coloration  du  rubis  et  celle  du  saphir  réside  soit  dans  les  propor- 
tions de  l'oxyde  de  chrome,  soit  peut-être  aussi  dans  l'état  d'oxydation  du 
chrome. 

Depuis  lors  les  essais  synthétiques  n'ont  pas  permis  de  réaliser  cette  colo- 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  P/nsiqiie,  4'  série,  t.  \  ,  i865,  p.  108,  et  Comptes 
rendus,  l.  XLVi,  i858,  p.  765. 


ï8fî  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ration  bleue  à  l'aide  de  l'oxyde  de  chrome  et  des  réducteurs.  La  inélhode  de 
Fremy  et  Verneuil  qui  se  prête  particulièrement  bien  à  ces  expériences,  n'a 
jamais  donné  de  cristaux  de  saphir,  lorsqu'on  a  ajouté,  au  noyau  ou  à  la 
brasque,  des  doses  variables  de  carbone,  pour  créer  une  atmosphère  réduc- 
trice, et,  au  cours  des  nombreux  essais  entrepris  dans  cette  voie,  on  n'a 
jamais  obtenu  que  du  rubis  plus  ou  moins  pâle,  ou  du  corindon  incolore, 
suivant  que  la  réduction  a  été  plus  ou  moins  totale. 

Au  contraire,  des  essais  analogues  dans  lesquels  le  peroxyde  de  fer 
remplaçait  le  sesquioxyde  de  chrome,  ont  fourni,  en  milieu  réducteur,  des 
cristaux  colorés  en  bleu  sombre  prenant  une  teinte  noire  foncée  à  la  lumière 
artificielle.  Cette  coloration  par  un  oxyde  inférieur  du  fer  paraît  répondre 
à  celle  des  saphirs  de  faible  valeur  commerciale,  tels  que  ceux  qu'on 
trouve  dans  certaines  parties  de  l'Australie. 

Bien  que  le  colonel  Caron  ait  montré  que  la  flamme  du  chalumeau  oxhy- 
drique présente  des  propriétés  réductrices,  elles  ne  sont  pas  suffisantes  pour 
réduire  notablement  le  sesquioxyde  de  fer;  c'est  dire  que  l'alumine  fondue 
avec  quelques  centièmes  de  cet  oxyde  ne  présente  qu'une  faible  coloration 
jaune,  la  majeure  partie  de  ce  colorant  étant  rejelée  à  la  surface  de  la  masse 
fondue  sous  la  forme  d'une  couche  ocreuse. 

Les  résultats  obtenus  en  employant  l'oxyde  de  fer  magnétique  sont  à  peu 
près  identiques,  bien  qu'une  coloration  grisâtre  indique  que  l'oxydation  n'a 
pas  été  rigoureusement  complète  dans  la  flamme  du  chalumeau.  On  ne  peut 
donc  pas  obtenir,  par  la  inélhode  de  fusion  au  chalumeau  oxhydrique,  un 
saphir  coloré  par  l'oxyde  de  fer  au  minimum. 

Mais  si  l'on  fait  intervenir  une  petite  quantité  d'acide  titanique,  en  même 
temps  que  l'oxyde  salin  de  fer,  la  réduction  de  cet  acide  à  l'état  d'oxyde  de 
titane  peut  devenir  suffisante  et  demeurer  telle,  dans  la  flamme  du  chalu- 
meau, pour  permettre  la  fusion,  ainsi  que  l'affinage  et  développer  une  belle 
coloration  bleue  identique  à  celle  du  saphir. 

Les  proportions  du  colorant  doivent  évidemment  varier  dans  certaines 
limites,  en  raison  du  temps  pendant  lequel  le  mélange  est  soumis  à  l'action 
de  la  flamme,  pour  obtenir  sa  fusion;  elles  doivent  donc  être  fixées  d'après 
ces  conditions  de  fusion. 

Les  ovoïdes  fondus,  d'une  belle  couleur  de  saphir,  que  je  présente  aujour- 
d'hui à  l'Académie,  ont  été  obtenus  avec  de  l'alumine  additionnée  de 
1,5  pour  loo  d'oxyde  magnétique  de  fer  et  j^  d'acide  titanique. 

Ce  saphir  de  fusion,  dont  la  fabrication  présente  encore  de  grandes  diffi- 
cultés, renferme  donc  98  pour  100  d'alumine.  M.  Wyroubotf,  qui  a  bien 


SÉANCE  DU  17  JANVIER  1910.  187 

voulu  examiner  ces  niasses  au  point  de  vue  cristallographique,  leur  a  trouvé 
les  mêmes  propriétés  que  celles  qu'il  a  constatées  autrefois  dans  le  rubis  de 
fusion.  Ellcssontconstituéespar  un  cristal  unique,  uniaxe,  négatif,  peu  biré- 
fringent; ayant,. par  conséquent,  les  propriétés  optiques  du  saphir  naturel. 

Leur  composition  et  leur  constitution  cristalline  entraînent  évidemment 
l'identité  de  leurs  autres  propriétés  avec  celles  que  possède  le  saphir. 

La  coloration  du  saphir  par  l'oxyde  de  titane,  mise  déjà  en  évidence  par 
Gintl  (')  dans  ses  essais  industriels  sur  le  traitement  de  la  bauxite  au  four 
électrique  parait,  après  cette  réalisation  par  fusion  au  chalumeau  oxhy- 
drique, aussi  conforme  aux  faits  établis  que  l'attribution  qui  en  a  été  faite 
exclusivement  à  l'oxyde  inférieur  du  chrome. 

Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  sur  ce  sujet,  il  me  paraît  donc 
très  vraisemblable  d'admettre  à  côté  du  saphir  coloré  par  l'oxyde  de  chrome, 
suivant  l'opinion  de  Deville  et  (laron,  un  saphir  coloré  par  les  oxydes  de  fer 
et  de  titane. 

La  répétition  des  expériences  de  Deville  et  Caron  ainsi  que  les  recherches 
analytiques  que  je  poursuis  actuellement,  viendront  bientôt,  je  l'espère, 
confirmer  cette  manière  de  voir. 


ZOOLOGIE.   —   Anomalies  et  varialions  spontanées  chez  des  oiseaux  domes- 
tiques. Note  de  M.  A.  Conte,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

On  a  constaté  chez  un  certain  nombre  d'animaux  des  anomalies  qui  sont 
les  reproductions  de  caractères  ethniques  présents  d'une  façon  constante 
chez  des  individus  d'espèces  voisines  ou  éloignées.  Tel  est  le  cas  des  mésan- 
ges à  becs  croisés  qui  reproduisent  par  cette  variation  accidentelle  le  carac- 
tère si  particulier  du  Loxia  curvirostra. 

Ce  dernier  caractère  se  rencontre  également  quelquefois  dans  les  races 
de  poules;  j'en  ai  observé  deux  cas. 

Les  poussins  à  becs  croisés  ne  sont  pas  viables  dans  les  conditions  habituelles  d'éle- 
vage :  ils  sont  incapables  de  prendie  leur  nourriture;  pour  les  conserver  il  faut  les 
nourrir  à  la  main,  c'est  ce  que  j"ai  fait  pour  l'un  d'eux.  C'était  un  coq,  hybride  de 
races  Padoue  et  Houdan  ;  à  l'âge  de  8  mois  il  ne  montrait  encore  aucun  attribut  sexuel 
par  suite,  sans  doute,  des  conditions  très  défavorables  de  son  alimentation  ;  à  la  dissec- 
tion j'ai  constaté  que  ses  testicules  étaient  tout  à  fait  rudimenlaires. 

(')  Zeilschrift  fur  angewandle  Clietnie,  1901,  p.  i  178. 


l88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D'une  en(|uête  que  j'ai  faite  il  résulte  que  le  croisement  du  bec  n'est  pas 
une  anomalie  très  rare  chez  les  poussins  à  l'éclosion.  Aucune  race  de  poules 
à  bec  croisé  ne  s'est  encore  constituée  :  la  nature  même  de  ce  caractère 
empêchant  l'alimentation  est  un  premier  obstacle;  néanmoins  la  fréquence 
de  l'anomalie  est  en  faveur  d'une  semblable  création.  C'est  ainsi  que  dans 
d'autres  groupes  on  voit  une  race  de  chiens  braques  et  une  race  de  chats 
sans  queue  résulter  de  la  fixation  récente  d'un  caractère  qui  apparaît  assez 
souvent  à  l'état  isolé  dans  les  difl'érentes  races. 

Les  anomalies  de  même  que  les  variations  spontanées  ont  en  générai  une 
origine  que  nous  ignorons.  J'ai  eu  l'occasion  d'étudier  dernièrement  une 
poule  présentant  une  anomalie  qui  permet  d'interpréter  une  variation  spon- 
tanée bien  connue  :  le  fanon  sous-œsophagien  de  l'oie  toulousaine.  (_)n  sait 
que  cette  race  d'oie  présente  un  fanon  sous-abdominal  et,  d'une  façon  moins 
régulière  d'ailleurs,  un  fanon  sous  oesophagien. 

La  poule  étudiée,  parfaitement  adulte  et  pondant  des  œufs,  piéseulait  sous  le  lliorax 
un  énorme  repli  cutané  intéressant  près  des  deux  tiers  de  la  longueur  du  corps;  en 
arrière,  sous  l'abdomen,  un  autre  repli  plus  petit.  L'oiseau  venant  de  manger,  le  repli 
sous-thoracique  est  entièrement  occupé  par  le  jabot  dilaté  et  a  l'aspect  d'une  grosse 
tumeur.  Les  téguments  de  ce  repli,  au  lieu  d'offrir  la  minceur  caractéristique  des 
téguments  d'oiseaux,  sont  fortement  épaissis  :  le  derme  a  piis  un  développement 
inaccoutumé  et  s'est  cliaigé  de  giaisse:  structure  qui  lappelle  bien  celle  ac(|uife  |)ar  le 
fanon  de  l'oie  de  Toulouse. 

Cette  observation  montre  qu'une  hypertrophie  du  jabot  a  entraîné,  chez 
cette  poule,  le  développement  exagéré  des  téguments  sous-jacents  et  la 
formation  d'un  fanon  dont  la  paroi  s'est  épaissie  pour  résister  au  poids 
de  ce  jabot  qui,  à  l'état  de  pléthore,  pesait  338^.  Le  fanon,  caractère 
accidentel  chez  cette  poule,  est  très  nettement  lié  à  un  développement 
exagéré  de  la  portion  antérieure  du  tube  digestif.  Si  l'on  rapproche  ces  faits 
de  ce  qu'on  sait  de  l'oie  toulousaine  on  voit  que  cette  race,  d'abord  sans 
fanon,  a  été  longtemps  sélectionnée  au  point  de  vue  de  l'engraissement  et 
soumise  par  suite  à  une  alimentation  intensive;  de  là  une  gymnastique 
fonctionnelle  de  l'appareil  digestif  qui  a  nécessairement  retenti  sur  ses 
dimensions.  Ce  retentissement  a  eu  pour  conséquence  une  pesée  plus  grande 
de  la  masse  intestinale  sur  la  paroi  ventrale  du  corps  ;  celle-ci,  soutenue  sur 
sa  plus  grande  partie  par  les  côtes,  n'a  pu  céder  qu'en  deux  régions  :  la 
région  préthoracique  correspondant  au  jabot  et  la  région  sous-abdominale 
correspondant  à  l'intestin.  De  là,  comme  dans  la  poule  observée,  la  forma- 
tion de  replis  tégumentaires  ou  fanons  dans  les  régions  de  moindre  résis- 


SÉANCE    DU    17    JANVIEK     1910.  1 89 

lance.  L'hori)oloj,ne  de  ces  formations,  dans  les  deux  cas,  est  encore  accrue 
dn  fait  de  l'hypertrophie  du  derme  qui,  chez  l'oie  de  Toulouse,  devient  un 
centre  de  dépôts  adipeux  comme  il  l'est  à  un  degré  moindre  dans  la  poule 
que  j'ai  décrite. 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Sur  l' accoutumance  des  bactéries  aux  anliseptiques. 
Note  de  M.  Louis  3Iassox,  présentée  j)ar  M.  Guignard. 

On  sait  que  les  bactéries,  soumises  à  l'action  de  quantités  croissantes 
d'une  substance  antiseptique,  peuvent  acquérir  la  faculté  de  supporter  des 
doses  qui  se  montrent  nocives  pour  les  mêmes  espèces  non  acclimatées. 

On  pouvait  se  demander  si  les  races  ainsi  adaptées  présentent  un  certain 
degré  de  fixité  :  une  longue  série  d'expériences  entreprises  sur  un  petit 
nombre  d'espèces  à  l'aide  de  quelques  substances  antiseptiques  nous  permet 
de  donner  une  réponse  à  cette  question. 

Quatre  substances  chimiques,  la  résorcine.  Tiicide  salicylique,  le  sulfate  de  cuivre 
et  le  bictilorure  de  mercure,  qui  présentent,  à  des  degrés  divers,  des  propriétés  anti- 
septiques vis-à-vis  des  bactéries,  ont  été  essayées  sur  le  Bacillus  pyocyaneiis,  le  Bacil- 
lus'sublilis  et  le  Bacillus  anthracis. 

Pour  chaque  espèce,  on  a  déterminé  la  dose  iiif'erlilisante  de  chaque  substance  à  la 
fin  d'une  série  de  repiquages  en  milieu  nutritif  additionné  de  quantités  croissantes 
d'antise|)tiques. 

La  première  semence  d'une  seconde  série  de  repiquages  était  empruntée  à  la  der- 
nière culture  fertile  delà  série  précédente  et  devenait  ainsi,  après  un  passage  en  milieu 
normal,  l'oiigine  d'un  essai  en  tout  semblable  au  précédent.  On  déterminait  de  la 
sorte  une  nouvelle  dose  infertilisante  correspondant  à  cette  semence  déjà  plus  résis- 
tante que  la  semence  initiale. 

Les  chifties  du  Tableau  suivant  expriment  les  résultats  obtenus.  Chacune  des  lignes 
liorizontales  comprend,  en  grammes  par  litre,  les  doses  infertilisantes  successives 
obleitues  au  cours  de  l'adaptation  ;  les  semences  ou  races,  qui  diffèrent  entre  elles  par 
les  doses  infertilisantes  qui  leur  correspondent,  sont  représentées  par  les  lettres  N,  A, 
B,  C,  etc.,  la  lettre  N  désignant  la  semence  initiale  ou  race  normale. 

L'examen  de  ces  chiffres  (qu'on  pourrait  avantageusement  tiaduire  en 
graphiques  d'une  lecture  plus  facile)  montre  que  la  dose  inferlilisante, 
mesure  de  l'accoutumance  de  la  bactérie  à  la  substance  antiseptique  consi- 
dérée, passe  par  des  variations  qui  sont  connparabies  entre  elles  pour  chaque 
espèce  et  chaque  antiseptique.  La  bactérie,  en  s'adaptant  progressivement  à 
des  doses  nocives  de  plus  en  plus  élevées,  atteint  un  degré  de  résistance 

c.  R.,  1910,  I"    Semestre.  (T.    lOO,  N"  3.)  2t) 


igo  ^ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qireliene  peut  dépasser  el  qui  est  suivi  d'iiiie  cliute  assez  rapide;  elle  perd  la 
faculté  de  résistance  acquise  tout  d'abord  el  peut  môme,  dans  certains 
cas,  prendre  une  sensibilité  plus  grande  que  celle  qui  caractérise  son  état 
iiiilial.  En  d'autres  termes,  raccoutumance  des  bactéries  à  des  doses  crois- 
santes d'anliseplique  est  un  phénomène  temporaire.  La  propriété  acquise 
est  toujours  suivie  d'un  retour  à  la  résistance  initiale  el  normale.  C'est  un 
exemple  de  résistance  de  l'espèce  à  la  variation. 

Il  est  important  de  noter  que  l'accoutumance  se  fait  par  étapes  qui  ne 
sont  franchies  qu'à  la  condition  de  laisser  la  bactérie  reprendre,  pour  un 
temps,  sa  vie  eu  milieu  normal  avant  de  subir  de  nouveau  l'action  nocive  à 
laquelle  elle  s'adaplera  plus  avant. 

Bacillus  siibtilis. 
N.  A.  B.  C.  D.  E.  F.  r..  W. 

Résorciiie 4.03  4,92  :"),fi'  S.'io  6,4i  5,93  5,'|0  8,97 

Acide  salicvllquo 0,68  1,04  1,30  1,71  3,o5  [,44  i,ii  i,4i  I1O4 

Sulfale  de  cuivre o,53  o,63  0,60  0,42  o,53  0,74  0,74  0,74  0,74 

F>iciii(>iiire  de  mercure. .  0,07  0,11  0,23  o,3o  o,44  0,98  0,90  0,59  o,o5 

Dcicilliis  (iiilliracis. 

Hésorcine o, '|5  o,")^  o,3i  o,5o  0,74  0,79  o,63  o,63     o,53 

Acide  salicjlique o,)4  i,o>  0,74  0,74  1,00  1,00  1,00  r,oo 

Sulfate  de  cuivre o,44  o,ô3  o,63  o,63  o,63  0,79  0,79  0,26     o,o5 

Hiclilorure  de  mercure. .  o,o3  o,o3  o,o3  o,o3  o,o3  o,o3  o,o3 

Hacilltis  jiyocyaneiis. 

Résorcine 3, 00  3,45  3,97  3,97  4i98  2,98  2,98  2,98 

Acide  salicylique i,<i2  1  ,  20  i,4i  '.44  i)44  i>7'  0,69  0,69  o.Gg 

Sulfate  de  cuivre 1,71  2,01  2,27  2,27  2,27  2,ot  i,48  1,48  'i48 

liichlorure'de  mercure. .  0,28  o,36  0,64  0,64  o.gS  o,5i  0,18  0,18  0,18 

Les  ensemencements  pratiqués  en  séries  dans  des  milieux  progressivement  enrichis 
eu  substance  antiseptique  se  montrent  régulièrement  fertiles  quand  la  semence  est  pré- 
levée, dès  l'apparition  du  développement,  dans  les  milieux  peu  nocifs  au  début;  à 
mesure  que  la  dose  nocive  augmente,  il  faut  un  plus  long  contact  avec  l'antiseptique 
pour  que  la  semence  prélevée  devienne  capable  de  se  développer  en  s'adaptant  aux 
doses  supérieures.  Le  retard  dans  la  fertilité  des  semences  peut  atteindre  ainsi  5  ou 
6  jouis.  Pour  les  bactéries  sporifères  comme  le  Bacillus  subtitis  et  le  B.  anihracis, 
c;  délai  correspond  ii  la  sporulation;  |)our  le  II.  pyocyaneiis,  il  correspond  à  l'appa- 
liilon  des  formes  coccoïiles  plus  résistantes  (ju'on  [leut  considérer  comme  des  arthro- 
!^  pores. 


SÉANCE    DU    17    JANVIER    IftlO.  191 

I.a  spore,  ou  la  forme  tlurablc  qui  en  tient  lieu,  semble  donc  jouer  un 
rôle  important  dans  la  transmission  des  propriétés  acquises  et,  en  particulier, 
des  variations  de  résistance  aux  antiseptiques.  On  sait  depuis  longtemps 
que  l'atténuation  de  virulence,  chez  la  Bactéridie  charbonneuse,  peut  se 
transmettre  de  la  même  façon. 


M.  H.  Tramk  adresse  un  Traité  technique  et proliqiie  des  irrigations. 
(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Boussinesq  et  Léauté.) 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


BUI.I.I  l'l\     ItlIlMOnKAPIIIOl'E- 


OlIVRAOES    IIFÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    3    JANVIIR     KJIO. 

Collection  de  dessins  publiés  nu  inédits,  exécutés  entre  t854  et  1878  /ja'/' Alfred 
liiocREUX,  sous  la  direction  de  Gustave  Tihjrkt;  i3o  planches  contenues  dans  trois 
cartons  in-f°  :  i"'' carton,  pi.  1  à  'i3;  2^  carton,  pi.  kï  ;i  96;  S'^caiton,  pi.  97  à  130. 
(Don  de  M.  E.  Bornet.) 

Recherches  sur  les  zoospores  des  Algues  et  les  anthéridies  des  Cryptogames,  par 
Gustave  Thuret,  Paris,  imprimerie  de  L.  Martinet,  i85(;  1  vol.  in-S".  [On  lit  sur  la 
page  de  garde  de  ce  Volume  :  «  Exemplaire  iinif|ue,  renfermant  deux  séries  de  figures, 
les  unes  en  noir  avant  la  lettre,  les  autres  coloriées,  par  Riocreux,  d'après  les  dessins 
originaux.  Gustave  Thuret.  »  (Don  de  M.  E.  Bornet.) 

Sternkunde  nnd  Slerndienst  in  Babel.  Assyriologische,  astronoraisclie  und  aslral- 
mythologische  Unlersuchungen,  von  Franz  Xaver  Kuglek  S.  J.  Buch  I  :  IVatur,  My - 
tlnis  und  Gescliichte  als  Grundlagen  babylonischer  Zeitordnung  nebst  eingehenden 
Unlersuchungen  der  âlleren  Sternkunde  und  Météorologie:  Tell  I,  mit  2  Figuren- 
Tat'eln.  Munster,  1909;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Bigourdaii.) 

Missions  scientifiques  pour  la  mesure  d'un  arc  de  méridien  au  Spitzberg,  entre- 
prises en  1899-1901,  sous  les  auspices  des  Gouvernements  russes  et  suédois  :  Mission 
russe;  Tome  I  :  Géodésie.   2'  section  :  Travaux  aux  diverses  stations.  B  :  Observa- 


1<)2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

tions  de  A. -S.  Wassiliew.  —  1.  Cap  Lee.  Saint-Pétersbourg,  Imprimerie  de  l'Aca- 
démie impériale  des  Sciences,  1909;  i  vol.  in-4°. 

Klirtiatographie  von  Osterreich.  IV  :  KUmatographie  von  Tirol  and  Vornrlbeig, 
von  D''  H.  V.  Fickkr;  mil  zoo-  und  phytobiologischen  Beitragen,  von  Prof.  K.-W.  vON 
Dalla  ToHRE.  N'ienne,  1909;  1  vol.  in-4°. 

Jaarboek  van  het  Department  van  Landbouw  irt  iXedeilandscIt-Indië,  1908. 
Batavia,  1909;  i  vol.  in-4°. 

Catalogue  of  Canadian  Birds,  by  John  Macoun  and  James-M.  Macoin.  (Canada 
Department  of  Mines.  Geological  Siirvey  Brandi,  n"  973.)  Ottawa,  1909;  i  vol.  in-S°. 

Anuario  del  Observatorio  astronomico  nacional  de  Tacubaya,  para  el  ano  de 
1910,  foimado  bajo  la  direccion  del  Ingeniero  Felipe  Valle;  ano  XXX.  Mexico,  1909; 
I   vol.  in-i2. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   10  janviek   191  o. 

M.  W.  KiLiAN  fait  hommage  à  l'Académie  de  divers  travaux  relatifs  à  la  géologie  et 
à  la  paléontologie  du  sud-ouest  de  la  France  et  des  Iles  Seymour  et  Snow-Hill  (Expé- 
dition du  D'Otto  Nordenskjold  au  pôle  Sud,  igoi-igoS).  l^lusieurs  de  ces  travaux 
ont  été  publiés  en  collaboration  avec  MM.  Termier,  M.  Boule,  Ch.  Depérei  ,  Êm.  Haig, 
JuLBS  Lambert,  P.  Reboul.  igoS-rgog;  i  fasc.  in-4°  et  8  fasc.  in-S". 

Annales  du  Bureau  central  météorologique  de  France,  publiées  par  M.  A.  Angot  : 
Année  igoS,  I  :  Mémoires  ;  année  1907,  II  :  Observations.  Paris,  Gautliier-Villars, 
1909;  2  vol.  in-4°. 

Neuvième  Congrès  international  de  Géographie.  Genève,  27  juiliet-6  août  1908. 
Compte  rendu  du  Congrès.,  publié  par  Arthur  Claparède;  t.  I,  avec  5  planches  hors 
texte  et  i5  figures  dans  le  texte  :  1.  Organisation  du  Congrès;  2.  Travaux  scieiili- 
Jiques.  Genève,  1909;  i  vol.  in-8°. 

Souvenir  de  l'excursion  des  touristes  français  venus  en  Roumanie  à  l'occasion 
de  la  croisière  de  l'Ile-de-France  du  28  au  29  septembre  1909;  Compte  rendu  fait 
par  le  Secrétariat  de  l'Association  roumaine  pour  l'avancement  des  Sciences.  Bu- 
carest, Socec  et  C'",  1909;  1  fasc.  in-f".  (Offert  par  M.  G.-J.  Istrati.) 

Colleclio  nominum  Brotlierianorum  et  indicis  bryologici,  auctore  li.-G.  l^Aiiis. 
I  fasc.  in-8°.  (Pour  le  Concours  du  prix  Montagne.) 

Influence  de  l'intensité  maximum  du  courant  sur  le  spectre  de  la  décharge 
oscillante,  par  Paul  Joye.  Fribourg  (Suisse),  imp.  Frugnière  frères,  1909;  1  vol.  in-8". 
(Tr.insmis  par  M.  de  Kowalski.  Hommage  de  l'auteur.) 

.Alternating-current  spark  potentials  and  their  relation  to  Ihe  radius  of  llie  cur- 
vattire  of  électrodes,  by  Joseph  de  Kowalski.  (Exlr.  de  Philosophical  Magazine,  no- 
vembre 1909.)  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Uemoirs  and  proceedings  of  the  Manchester  litterary  and  philosophical  Society, 
i909-i9io;  I.  LI\',  |i;irt  1.  Manriiester,   1909;  1   fasc.  in-8°. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  24  JANVIER  1910. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIIIES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.    -^  Sur  la  comète  de  Johannesburg. 
Note  de  M.  Ch.  André. 

Dans  la  soirée  du  21  janvier  (5'' 20™),  et  par  une  courte  éclaircie, 
M.  Guillaume  a  pu  voir  la  comète  de  Johannesburg.  Elle  était  très 
brillante,  son  noyau  ayant  un  éclat  un  peu  supérieur  à  celui  d'Arcturus. 
Entourant  d'abord  le  noyau  en  lignes  paraboliques  concentriques,  les 
rayons  formant  la  queue  se  développaient  bientôt  en  droites  sensiblement 
parallèles  s'étendant  sur  une  longueur  de  6''  à  7°. 

M.  11.  Zeii.ler  fait  liommage  à  l'Académie  d'une  Notice  sur  M.  P.  Fliclte, 
sa  vie  et  ses  travaux. 

RAPPORTS. 

La  Carte  internationale  de  la  Terre  à  ,  imomm, 
par  M.  Alfred  Cra.vdiiiier. 

La  diversité  des  échelles  et  des  mesures  adoptées  dans  les  Cartes  que 
publient  les  divers  pays  présente  de  grands  inconvénients  pour  les  savants 
comme  pour  le  public,  et  il  est  vraiment  fâcheux  de  voir  tant  de  travail  et  de 
dépenses  consacrés  à  des  œuvres  sans  coliésion  et  qui  font  double  emploi. 
L'utilité  d'une  uniformité  aussi  complète  que  possible,  surtout  en  ce  qui 
regarde  l'échelle,  la  projection  et  les  unités  géographiques,  est  évidente,  et 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  4.) 


2b 


194  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

il  n'est  pas  doulcux  qu'une  Cai-Le  de  la  Terre  à  grande  échelle  exécutée  dans 
ces  conditions  serait  non  seulement  un  précieux  instrument,  aussi  utile  à  la 
Science  qu'au  commerce  et  à  la  civilisation,  mais  contribuerait,  ce  qui  est 
fort  désirable,  à  l'admission  générale  d'un  méridien  initial  et  de  mesures,  de 
signes  conventionnels  et  d'une  orthographe  de  noms  de  lieux  uniformes. 

Au  Congrès  de  Géographie  qui  s'est  tenu  à  Vienne  en  1891,  M.  le  pro- 
fesseur Penck,  frappé  de  l'intérêt  que  présente  une  œuvre  semblable,  a  émis 
le  vœu  que  tous  les  gouvernements  s'entendissent  pour  établir  une  Carte  de 
la  Terre  à  l'échelle  de  ,„f,'„^„o  et  suivant  le  même  système  de  projection,  de 
sorte  que  les  feuilles,  de  quelque  source  qu'elles  proviennent,  puissent  se 
juxtaposer,  et  que  les  déformations  que  subit  toute  surface  sphérique  pro- 
jetée sur  un  plan  soient  réduites  à  un  minimum  négligeable  dans  la  pratique, 
minimum  résultant  de  la  grandeur  même  de  l'échelle.  Sur  la  sphère  ou 
ellipsoïde  terrestre  dont  il  s'agirait  de  développer  la  surface  et  qui  a  une 
circonférence  de  40'"  et  un  diamètre  moyen  de  ia'",73.'),  des  sections  res- 
treintes paraissent  plates,  de  sorte  que  le  partage  de  la  surface  terrestre  en 
sections  ou  facettes  se  rapproche  plus  d'un  développement  que  d'une  pro- 
jection proprement  dite. 

Ce  projet  a  peu  à  peu  reçu  l'approbation  de  tous  les  géographes  qui,  tous, 
ont  admis  le  grand  intérêt  d'une  coopération  internationale  uniforme  pour 
l'établissement  et  la  confection  d'une  Carte  de  la  Terre  à  TTnrjTïïi'  ^^  ^"  '  ^9^' 
au  Congrès  de  Géographie  de  Londres,  il  a  été  émis  le  vœu  que  les  Etats 
patronnassent  cette  œuvre  et  qu'on  adoptât  le  système  métrique  et  le  méri- 
dien de  Greenwich,  ainsi  que  la  projection  polyconiquc,  chaque  feuille 
devant  être  construite  indépendamment  sur  son  méridien  central  :  en  se 
prêtant  à  cet  accord  international,  les  délégués  français,  dont  j'avais  l'hon- 
neur de  faire  partie,  ont  cru  agir  conformément  à  l'intéiél  scientifique 
général  et,  en  même  temps,  bien  servir  la  cause  de  la  Science  française. 

Toutefois,  pendant  plusieurs  années,  ces  vœux  sont  restés  à  l'état  plato- 
nique, et  l'on  pouvait  désespérer  de  voir  ce  projet  aboutir,  lorsqu'on  1897 
la  France  a  ouvert  la  voie.  En  efl'et,  lorsque  la  guerre  de  Cuba,  lorsque  les 
troubles  survenus  en  Perse  et  la  révolte  des  Boxers  en  Chine  appelèrent 
l'attention  des  militaires  sur  ces  pays  lointains,  le  Service  géographique  de 
notre  armée,  qui  depuis  plusieurs  années  étudiait  la  question  dont  elle  avait 
reconnu  toute  l'importance,  se  mit  à  l'œuvre  et  commença  de  suite  la 
publication  d'une  série  de  Caries  de  ces  divers  pays,  à  l'échelle  uniforme 
de  ,^^1,^^^,  et  en  feuilles  de  4"  de  latitude  sur  6"  de  longitude,  limitées  par 
des  parallèles  et  des  méiidiens,  conformément  à  la  proposition  de  M.  Penck: 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  igS 

celles  de  l'Asie  orientale  (Empire  chinois,  Asie  russe,  Corée,  Japon,  etc.) 
et  de  l'Asie  centrale  (Perse,  Afghanistan,  frontières  anglo-russes,  etc.), 
commencées  en  1897,  ont  été  très  utiles  au  cours  des  événements  qui  se 
sont  passés  en  Extrême-Orient  pendant  ces  dernières  années  :  lors  de  la 
révolte  des  Boxers,  toutes  les  nations  durent,  en  effet,  recourir  à  la  Carte 
française,  et  cette  même  (]arte  a  servi  aux  Russes  pendant  leur  guerre  avec 
le  Japon.  Notre  Service  géographique  a  publié  en  même  temps,  en  1898,  les 
premières  feuilles  d'une  Carte  de  l'Europe,  toujours  à  773-^77^,  feuilles 
consacrées  à  la  frontière  austro-russe,  ainsi  que  onze  représentant  Cuba  et 
les  Antilles. 

Au  lendemain  de  la  guerre  des  Boxers,  en  190 1 ,  le  Service  géographique 
prussien  s'est  mis  à  son  tour  à  l'œuvre  et,  en  1904,  époque  à  laquelle  nous 
avions  déjà  fait  120  feuilles  de  la  Carte  à  ,,,  J^^,^ ,  a  commencé  à  publier  les 
premières  feuilles  de  la  Chine  orientale,  conçues  et  exécutées  comme  les 
nôtres,  de  manière  à  pouvoir  servir  à  la  confection  d'une  Carte  générale  de 
la  Terre.  L'Angleterre  a,  de  son  côté,  entrepris  la  publication  d'une  Carte 
partielle  d'Afrique  à  la  même  échelle  de  ,„  J^„o  ^  "l*^'^  ^°'^  comprendre 
i32  feuilles,  limitées  également  par  des  parallèles  et  des  méridiens. 
L'Autriche-Ilongrie  et  l'Italie  ont  aussi  suivi  notre  exemple. 

Ces  diverses  publications  constituent  un  progrès  considérable  au  point 
de  vue  géographique;  malheureusement,  l'uniformité  n'est  pas  complète, 
car,  si  elle  existe  au  point  de  vue  de  l'échelle  et  à  peu  près  au  point  de  vue 
de  la  limitation  des  feuilles,  les  Anglais  et  les  Français  ne  comptent  pas  les 
latitudes  comme  les  Allemands,  et  une  grande  variété  règne  en  ce  qui 
concerne  les  méridiens,  de  sorte  que  leurs  feuilles  ne  peuvent  se  joindre  ;  il 
y  a  aussi  des  différences  dans  les  signes  conventionnels,  dans  les  mesures 
d'altitudes,  le  mode  d'écriture,  l'orthographe  des  noms.  Ces  inconvénients, 
très  réels,  ont  amené  le  Cortgrès  de  Géographie  tenu  à  Genève  en  1908  à 
exprimer  le  vœu  qu'un  Comité  international  se  réunît  à  Londres  en  1909, 
pour  y  discuter  la  motion  suivante  :  «  Il  est  désirable  qu'une  série  uniforme 
de  symboles  et  de  signes  conventionnels  soit  adoptée  par  toutes  les  nations 
pour  être  employée  sur  la  Carte  de  la  Terre  à  ,  ^  J ^ ^ ^  et  que  les  limites  des 
feuilles  soient  uniformes.  » 

Onze  Etats  ont  répondu  à  cet  appel,  et  envoyé  des  délégués  à  ce 
Comité  qui  a  tenu  ses  séances  au  Foreign  Office,  à  Londres,  en  novembre 
dernier  :  les  délégués  français  étaient  MM.  Vidal  delà  Blaclie,  de  l'Institut, 
Ch.  Lallemand,  directeur  du  Nivellement  général  de  la  France,  le  comman- 
dant Pollachi,  du  Service  géographique   de  l'armée,  et  Beurdeley,  sous- 


igfi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chef  du  Service  géographique  au  Ministère  des  Colonies.  Les  résolutions 
prises  et  votées  par  ce  Comité  n'ayant  pas  encore  été  officiellement  pu- 
bliées ('),  j'en  dois  la  connaissance  à  M.  le  commandant  Pollachi  qui  a  bien 
voulu  me  communiquer  les  Notes  qu'il  a  prises  au  cours  du  Congrès,  ce  dont 
je  le  remercie. 

Le  vœu  du  Congrès  de  Genève  a  été,  dès  le  début,  adopté  à  l'unani- 
mité, et  une  Sous-Commission  a  arrêté  la  série  uniforme  des  signes  conven- 
tionnels qui  devront  être  employés  sur  la  Carte  à  , „^,',^^^. 

La  limite  des  feuilles  a  été  fixée,  comme  celles  des  feuilles  déjà  publiées 
parla  France,  à  une  superficie  de  /i"  en  latitude  et  de  6°  en  longitude,  comptes 
à  partir  du  méridien  de  Greenwich,  ce  qui  donnerait  un  total  de  2700  feuilles, 
couvrant  une  surface  de  191""',  mais  ce  nombre  sera  sensiblement  réduit, 
car,  au-dessus  de  60"  de  latitude,  on  réunira  ensemble  deux  ou  plusieurs 
feuilles  de  la  même  zone,  la  feuille  unique  embrassant  12°,  18"  ou  a/j"  de 
longitude. 

A  l'échelle  dont  il  s'agit,  les  divers  modes  de  projection  sont  à  peu  près 
équivalents;  comme  il  est  important,  avant  tout,  d'en  avoir  un  qui  facilite 
la  construction  de  la  Carte  et  permette  d'assembler  exactement  les  feuilles 
contiguës,  on  a  adopté  la  projection  polyconique  modifiée  avec  des  méri- 
diens rectilignes,  qui  satisfait  à  cette  double  condition.  Chaque  feuille  sera 
donc  établie  indépendamment  sur  son  méridien  central.  C'est  M.  Lallemand 
qui  a  présidé,  avec  une  grande  autorité,  la  Sous-Commission  qui  a  élaboré 
ce  programme. 

Les  zones  d'altitudes  comme  les  fonds  sous-marins  sont  indiqués  par  un 
système  de  teintes  variées;  les  courbes  de  niveau  normales  seront  tracées 
à  l'équidistance  verticale  de  100'"  dans  les  régions  montagneuses  :  elles 
pourront  être  tracées  à  de  plus  larges  intervalles  pourvu  qu'elles  soient  espa- 
cées à  200",  5oo™  ou  1000™  d'intervalle;  dans  les  contrées  très  plates,  au 
contraire,  des  courbes  intermédiaires  pourront  être  insérées,  pourvu  qu'elles 
soient  tracées  à  des  intervalles  de  10'",  20™  ou  5o".  Pour  les  régions  insuffi- 
samment connues,  le  relief  approximatif  sera  indiqué  par  des  courbes  en 
traits  discontinus  et  par  la  série  des  teintes  correspondant  aux  altitudes. 

Les  altitudes  seront  cotées  en  mètres  (mais  on  pourra  y  ajouter  les  hauteurs 
en  pieds  ou  toute  autre  unité  de  mesure  nationale).  Le  niveau  initial  des 


(')  Le  numéro  de  f.a  Géographie  du  i5  décembre  1909.  qui  a  été  distribué  dans  la 
journée  du  a/i  janvier  I910,  et  que  j'ai  trouvé  en  rentrant  de  Tlnslitut,  contient  ces 
résolu  lionSi 


SÉANCE  UU  24  JANVIER  IQIO.  I97 

altitudes  et  des  profondeurs  de  la  mer  sera  le  niveau  moyen  déterminé  dans 
chaque  pays  au  moyen  d'observations  faites  par  lui  sur  ses  côtes. 

Les  écritures  seront  établies  en  caractères  latins.  Dans  tout  pays  faisant 
usage  de  l'alphabet  latin,  l'orthographe  usitée  dans  ce  pays  sera  adoptée  pour 
tout  nom  de  lieu,  et,  pour  les  colonies,  on  prendra  le  mode  de  transcription 
en  caractères  latins  usité  dans  le  pays  dont  elles  relèvent.  Une  légende 
explicative  indiquera,  à  propos  des  noms  contenus  dans  la  feuille,  les  lettres 
latines  dont  l'emploi  est  nécessaire  pour  exprimer  les  sons  de  la  langue  usitée 
dans  cette  feuille.  Il  est  désirable  que  les  gouvernements  européens  et  extra- 
européens,  qui  n'usent  pas  de  l'alphabet  latin,  publient  un  système  autorisé 
de  transcription.  Pour  les  noms  chinois,  japonais,  turcs,  persans,  etc.,  la 
transcription  adoptée  sera  celle  en  usage  dans  le  service  des  postes  et  des 
douanes. 

Pour  les  signes  conventionnels  et  les  écritures,  c'est  le  Tableau  de  notre 
service  géographique  qui  a  été  adopté  avec  quelques  additions;  les  noms  se 
rapportant  à  l'hydrographie  et  ceux  des  voies  de  communication  seront 
écrits  en  lettres  penchées;  les  autres  noms  seront  en  lettres  droites;  les  alti- 
tudes seront  indiquées  par  des  chiffres  droits  et  les  profondeurs  par  des 
chiffres  penchés. 

En  résumé,  le  Comité  a  arrêté  toutes  les  indications  nécessaires  à  l'éta- 
blissement de  la  Carte  internationale  de  la  Terre,  à  looôoooi  ceuvre  colos- 
sale qui  exigera  le  travail  de  nombreux  collaborateurs  et  coûtera  cher  :  il  a 
été  calculé  en  effet  qu'elle  reviendra  à  5  millions  de  francs  environ  (le 
centimètre  carré  étant  estimé,  tous  frais  compris,  à  2'^'',5o);  mais,  comme 
c'est  une  reuvre  internationale,  que  chaque  Etat  civilisé  aura  à  sa  charge  le 
travail  qui  concerne  son  propre  territoire  et  celui  de  ses  colonies,  et  que  le 
reste  du  monde,  soit  une  partie  de  l'Asie,  l'Empire  chinois,  certaines  con- 
trées de  l'Afrique  et  les  mers  seront  partagés  entre  les  divers  États,  la 
dépense  qui  incombera  à  chacun  d'eux  et  qui  se  répartira  sur  un  assez 
grand  nombre  d'années,  sera  en  réalité  assez  faible. 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'exposé  succinct  que  je  viens  de  faire  suffit  pour 
montrer  la  grande  importance  et  la  grande  utilité  qu'aura  cette  Carte,  et  je 
demande  à  l'Académie  de  bien  vouloir  nommer  une  Commission  pour 
étudier  le  vœu  qu'il  me  semble  opportun  de  présenter  aux  Pouvoirs  publics 
afin  qu'ils  ne  se  désintéressent  pas  de  cette  question  et  accordent  les  moyens 
de  participer  à  la  confection  de  cette  Carte  au  Service  géographique  de 
l'Armée,  qui,  depuis  une  quinzaine  d'années,  a  du  reste,  comme  nous  l'avons 
déjà  dit,  commencé  une  œuvre  analogue,  dont  les  feuilles,  présentées  par  le 


igS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

comiiiandanl  Pollacclii  au  Comité  international,  ont  été  très  appréciées 
par  tous  ses  membres.  11  y  va  de  l'honneur  scientifique  de  la  France,  qui  a 
été  si  longtemps  à  la  tête  du  mouvement  géographique  dans  le  monde,  de 
ne  pas  se  désintéresser  d'une  question  si  importante  et  de  ne  pas  rester  en 
arrière  des  autres  nations  civihsées,  d'autant  qu'à  l'intérêt  scientifique  s'en 
joint  un  pratique  de  tout  premier  ordre. 

Le  vœu  que  je  proposerais  à  l'Académie  d'adopter  est  le  suivant,  déjà 
approuvé  du  reste  par  la  Section  de  Géographie  du  Comité  des  travaux 
historiques  et  scientifiques  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  par  la 
Société  de  Géographie  de  Paris  : 

«  Que  la  France  prenne  une  part  effective  à  rexécution  de  la  Carte  inter- 
nationale de  la  Terre  à  l'échelle  du  millionième  et  que  cette  exécution  soit 
confiée  au  Service  géographique  de  l'Armée  qui,  seul,  est  en  mesure  de 
mener  à  bien  ce  travail.  » 

L'Académie  décide  de  renvoyer  l'examen  du  vœu  émis  par  M.  Gran- 
uiDiER  à  une  Commission  composée  de  MM.  les  Membres  de  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation,  auxquels  s'adjoindront  le  Bureau  de  l'Académie, 
M.  Michel  Lévy  et  M.  //.  Deslandres. 


ELECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Associé 
étranger,  en  remplacement  de  M.  Simon  Neivcomh,  décédé. 

A  ce  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  5o, 
Lord  Kayleigh  réunit  l'unanimité  des  suffrages. 

Lord  lÏAYLEiGii,  ayant  réuni  l'unanimité  des  suffrages,  est  proclamé 
élu.  Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
Uépublique. 

CORRESPONDAIVCE. 

M.  le  Recteur  et  le  Séxat  de  l'IÎxiversité  de  Berlin  invitent  l'Académie 
à  se  faire  représenter  aux  fêtes  jubilaires  de  son  premier  centenaire,  du 
lo  au  12  octobre  if)io. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  199 

M.  le  Secrétaire  PERPÉrrEL  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Les  systèmes  d' équations  aux  dérivées  partielles,  par  Charles  Riquier. 

2°  Les  Tomes  III  à  \  II  (1906-1909)  du  Repertorium  novarum  specieruni 
regnivegetabilis,  publié  à  Berlin  par  M.  Friedrich  Fedde. 

3°  La  malattia  dei  niinatori,  par  M.  E.  Perro^jcito.  (Présenté  par 
M.  Chauveau.) 

4"  Onoranze  al  Prof.  Luigi  Cremona. 


M.  G.-B.  deToni,  de  Modène,  adresse  des  remerciments  pour  la  distinc- 
tion que  l'Académie  a  accordée  à  ses  travaux. 


ASTRONOMIE.  —  Obsenation  de  la  comète  Drake. 
Note  de  M.  E.  I^sclanuon. 

Une  éclaircie  qui  s'est  produite  à  Bordeaux  le  22  janvier  m'a  permis 
d'observer  dans  le  crépuscule  et  au  grand  équatorial  de  l'Observatoire  de 
Bordeaux  la  comète  Drake  récemment  découverte  à  Jobannesburg.  Son 
noyau  est  brillant  et  d'un  diamètre  apparent  de  12"  à  i5".  La  nébulosité 
voisine  du  noyau  présente  une  analogie  remarquable  d'aspect  avec  la 
comète  Daniel  (1907  d).  La  nébulosité  semble  émaner  du  noyau  suivant 
deux  directions  opposées  perpendiculaires  à  la  direction  générale  de  la 
queue,  formant  en  quelque  sorte  deux  courants  de  matière  nébuleuse  s'in- 
flécliissant  rapidement  à  mesure  qu'ils  s'éloignent  du  noyau,  pour  former 
ensuite  la  queue  proprement  dite.  Pendant  les  cours  instants  où  j'ai  pu 
l'observer  avant  sou  coucher,  je  n'ai  pu,  en  l'absence  de  toute  étoile  de 
comparaison  voisine  et  visible,  obtenir  ses  coordonnées  par  la  méthode 
différentielle  des  passages.  Je  n'ai  donc  pu  noter  que  la  position  approchée 
suivante,  donnée  directement  par  l'instrument  et  corrigée  de  la  réfraction  : 

Tuinps  moyen 
de  Paris 

a.  S.  (33  janvier), 

2o*'59"'5o°  — 8''44'  6''o™24'* 

La  marche  diurne  moyenne  qu'on  en  déduit  par  comparaison  avec 
l'observation  faite  à  Johannesburg  le  16  janvier  est  de  -i-i2"'4^^en  ascen- 
sion droite  et  de  -+-3°  i'  en  déclinaison. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Par  l'intermédiaire  de  M.  KiGoiiiiiiAx-,  M.  Hiiisaux,  de  Metlaoïii  (Tunisie), 
signale  l'apparition  d'une  brillante  comète  qui  a  été  aperçue  là  le  20  jan- 
vier 19 10  :  cet  astre,  visible  à  l'Ouest,  après  le  coucher  du  Soleil,  à  10"  au- 
dessus  de  l'horizon,  était  alors  accompagné  d'une  queue  de  6"  de  long. 


ASTRONOMIE.  —  Observations,  faites  à  l'Observatoire  de  Marseil/e, 
de  la  comète  Drake  1910^.  Note  de  M.  H.  Bockcet,  présentée  par 
M.  B.  BaiUaud. 

La  nouvelle  comète  1910a  a  été  observée  à  l'Observatoire  de  Marseille 
au  chercheur  de  comètes,  les  19,  20  et  21  janvier.  Sa  faible  hauteur  et  des 
arbres  ont  empêché  de  pouvoir  l'observer  à  Féquatorial  Eichens. 

Voici  le  détail  des  observations,  les  positions  données  étant  simplement 
des  positions  instrumentales,  car  on  n'a  pu  apercevoir  dans  le  voisinage 
aucune  étoile  pouvant  servir  à  une  comparaison  : 

Temps  moyen  Ascension                    Distance 

Dates.                        de  Marseille.  droite.                        polaire.  Observateur. 

Il      m      s  h       Cl       s                        o       ,       „ 

1910.  Janvier  19...      5.   4- '9  20.80.58,7  '°7-   4-20  Borrelly 

»             »        20...      5.   3.    4  20.42.32,3  108.47.46                 » 

»             »       21  ...     5.35.41  20. 58.    I  100.52.25                » 

Le  19,  M.  Borrelly  Toliserve  après  le  coucher  du  Soleil.  Elle  est  très  près  de  l'horizon, 
superbe  et  d'un  éclat  supérieur  à  Mercure.  Le  noyau  paraît  ovoïde.  La  queue  mesure  5°, 
mais  le  crépuscule  et  l'éclat  de  la  Lune  en  masquent  certainement  une  grande  partie. 
Elle  est  très  aisément  visible  à  l'œil  nu. 

Le  20,  MM.  Borrelly  et  Bourget  la  cherchent,  sans  succès,  vers  9'' du  matin.  M.  Bor- 
relly l'observe  après  le  coucher  du  Soleil.  Elle  est  toujours  très  belle.  Son  noyau  paraît 
complètement  rond  et  mesure  12".  La  queue  est  aussi  longue  que  la  veille,  séparée 
longitudinalement  en  deu\  parties  par  une  bande  sombre,  oITrant  l'aspect  classique 
d'une  comète  au  voisinage  du  Soleil. 

Le  21,  MM.  Stephan,  Bourget  et  Borrelly  la  retrouvent  après  le  coucher  du  Soleil. 
Elle  est  splendide  et  s'olTre  comme  une  des  plus  belles  comètes  qui  aient  apparu.  Le 
noyau  paraît  allongé  parallèlement  à  l'horizon,  deux  aigrettes  s'en  échappant  à  l'Est 
et  à  l'Ouest,  l^a  queue  paraît  avoir  i5".  La  bande  longitudinale  de  la  veille  existe 
toujours,  moins  accusée  peut-être.  Malgré  un  violent  mistral  qui  fait  \ibrer  le 
chercheur,  la  position  en  angle  horaire  paraît  bonne.  Dans  une  junielle  à  prisme,  elle 
présente  un  magnifique  développement. 


M.   lî.viM.AUD,  en  présentant  la  Note  précédente,  signale  que  la  comète 
Drake  a  été  observée  soinmaironient  à  Paris,  lésai  et  22,  par  MM.  Bigour- 


SÉANCE    DU    24   JANVIER    I9IO.  20I 

dan,  Fayet  et  Giacobini.  Elle  a  été  vue  et  bien  décrite  le  20,  à  Fécamp,  par 
M.  Gontier,  professeur  de  dessin  au  lycée;  le  21,  à  Ucel  (Ardèche),  par 
M.  Guabrot-Brousse,  maire  de  celle  commune;  le  22,  à  Pienne,  par 
M.  A.  Voisin.  Depuis  le  16  janvier,  jour  de  sa  découverte  à  Johannes- 
burg, jusqu'au  22,  elle  s'était  déplacée  de  -(-i''8™  en  ascension  droite  et 
de  +  16°, 5  en  déclinaison.  M.  Giacobini  signale  que  la  queue  offre  deux 
branches  ayant  chacune  trois  divisions  distinctes. 


ASTRONOMIE.   —  Éléments  de  la  comète  Tempel.^.  Note  de  M.  E.  Maubaxt, 
présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Les  éléments  qui  m'ont  servi  de  point  de  départ  sont  ceux  de  1904 
publiés  dans  le  n°  3962  des  Astronomische  Nachrichten  par  M.  Schulhof. 
J'ai  calculé  les  perturbations  par  Jupiter  et  par  Saturne  de  [\o  jours  en 
4o  jours;  il  a  été  nécessaire,  au  cours  du  travail,  de  modifier  trois  fois  les 
éléments  osculateurs.  Voici  le  Tableau  des  résultais  principaux  : 

Éléments  de  1904.                                  Sommes                      Nouveaux  éléments  osculateurs. 
Époque  1905,  oct.  30,  t.  m.  Paris.             des  perturbations            Époque  1910,  févr.  21,  t.  m.  Paris. 
de  Jupiter  et  Saturne.      


M... 

n  . .  ■ 
SI--- 


357.51 .49,2 

AM-H 

1 .58.02 ,5 

M 

2 .  4  •  2 1 , 2 

306.49.32 , 1  i 

Alt  + 

27.  9,5 

T.    .  .  .  . 

307 . i6.4' )6 

121.  4-43,1   1910,0   AtQ. — 

26.44,4 

0 

120.37.58,7 

12.38.52,8  ' 

li    + 

6.23,9 

i 

12 .45 . 16,7 

32. 5o.  3,7 

Ao  -+- 

■  4-l7'2 

0  .  . .  . 

33.54.20,9 

672",  175 

Afx  -h 

3",  706 

IX.... 

68.5",  881 

o,48i683 

1 0  g  « . . 

0, 47583g 

1910,0 


fi... 

\os,a. 

L'orbite  de  la  comète  TempeU  se  trouve  entièrement  à  l'intérieur  de  celle 
de  Jupiter.  Le  moyen  mouvement  diurne  augmente  et  la  durée  de  révolu- 
tion, un  peu  plus  de  5  ans,  se  rapproche  de  celle  de  la  comète  d'Encke. 

La  comète  sera  difficilement  observable,  car,  à  l'époque  du  passage  au 
périhélie,  avancé  de  10  jours  par  suite  des  perturbations,  sa  position  se 
trouvera  voisine  de  celle  du  Soleil.  Lorsqu'elle  s'éloignera  de  cet  astre,  son 
éclat  sera  faible  et  la  valeur  de  i  :  r-A^  un  peu  inférieure  à  celle  de  la  der- 
nière observation  de  1904. 

J'ai  cependant  calculé  une  éphéméride  qui  paraîtra  prochainement. 

C.  R.,  1910,  I  '  Semestre.  (T.  150,  N°  4.)  27 


202  ACADEMIE    DES    SCIENCESir< 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  ks  conditio/i^s  rie  maicùnum 'OU  de mimmurn 
d'une  fonction  analytique  d'une  infinité  d&,  variables ;.lSiOlQ  de  M.  J. 
Îje  Roux,  présentée  par  M^  Emile.  Picard.   . 

Pour  une  fonction  de  pLiasieuirs  vaciables^  donl-la.variaiiou  premièrc'.fest 
nulle  en  un  point,  l'étude  de  la  variation  seconde; fournit  eB.,g«Q'épal  :iîn 
critérium  pour  reconnaître  si  la  fonction  présente  au  point  considéré  un 
maximum  ou  un  minimum  relatif.  Les  propriétés  que  j'ai  établies  dans  une 
précédente  Note  sur  les  formes  quadratiques  permettent  d'étendre  le  même 
critérium  aux  fonctions  d'une  infinité  de  variables. 

Soit  f{cc)  =y(a7,,  X.,,  . . .')  une  fonction  analytique  réelle  des  variables 
X,,  ,T„,  ...  s'annulantau  point 


et  uniformément  convergente  dans  un  domaine  (D),  défini,  par  des  inéga- 
lités de  la  forme 

(I)  \^n\ia„. 

Cette  fonction  est  alors  développable  en  série  de  Taylor  généralisée, 
comme  je  l'ai  montré  ailleurs.  On  peut  écrire 

(9.)  /(.r)rr:V  (s„  (>■,,, r„  ...^, 

(fj,  désignant  une  fonction  homogène  d'ordre  p  des  variables  considérées. 
Toutes  les  fonctions  homogènes  ç^,,  ainsi  que  la  série  Zcp^,  sont  uniformément 
convergentes  dans  le  domaine  (D).  (Dans  les  travaux  de  M.  H.  von  Koch 
et  de  M.  Hilbert,  c'est  le  développement  considéré  qui  sert  de  définition  à 
la  fonction.) 

Supposons  maintenant  que  le  développement  commenee«ux' termes  du 
second  ordre,  et  que  la  fonction  <^.;  soit  une  forme  qn«dpalique  détiniiei 

Je  disque,  dans  ces  conditions,  on  peut  déterminer  un  d0maine.[D'),  entou- 
rant l'origine,  et  dans  lequel  la  fonction  /(  x)  est  différente  de  zéro,  sauf  à 
l'origine,  et  constamment  du  même  signe  que  la  forme  quadratique  ^.,. 

Soit  par  exemple  92^0.  Nous  avons  établi  qu'à  chaque  variable '.r„ 
correspond  un  module  positif  u,,;  si  l'on  donne  à  a;,,  une  valeur  déterminée^,,, 
on  a  constamment 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I910.  2o3 

.'La  série  (2)  étant' convergente  dans  le  domalae  (  D),  frontière  comprise, 
chacun  des- termes  ç,,  9.,  ...-reste,  en  valeur  absolue,  inférieur  à  un 
norabr^M, dans  tout  le  domaine  considéré. 

-  '  Soit  t  un  nombre  positif ,  les  inégalités 


définissent  un  domaine  D„'honlothéliqué  à  D.  Dans  le  domaine  D,  la  valeur 
absolue  de  la  fonction  liom-ogène  «pp  reste  inférieure  à  }Al'' . 

Cela.posé,'Oonsiiidérons  un  système ide  valeurs  des  variables  x-,,  x-^,  . . .,  et 
formons  la  suite  des  rapports 

I  «1    I  I  «2    I  I  "«    I 

Nous  supposerons  que  cette  suite  admette  une  limite  supérieure  f,  inférieure 
à  I  :  aucun  des  rapports  considérés  n'est  supérieur  à  /,  mais  il  en  existe  qui 
sont  supérieurs  à  tout  nombre  t  <[  /. 

Si  l'on  a,  en  particulier,    —   -/\  il  en  résulte 

I    "n  I  " 

La  fonction  coTisidérée /(a?)  aura  donc  alors  une  valeur  supérieure  à 

M'' 

f;L„  rt,^,  /'-  —  iVI  (/'-+-/•  +  ...)  =  ;ji„ a;,  l • 

Elle  sera  donc  positive  si  les  nombres  t  et  l' satisfont  à  l'inégalité 

,   ,,        M/' 

(4)  \>-na:,f^—    j—-^   >0. 

Pour' que  la  condition  (4)  puisse  être  vérifiée   par  des  valeurs   de  t' 
inférieures  à  ^,  il  faut  et  ibsuffit  que  l'oniait 


t< 


fJL„(7- 


et,  par  suite, 

(5)  I  x„  I  <-j^|!^'"|'^2    ■      (égalité  exclue). 

Les  inégalités  (5)  définissent  un-nouveau  dcmaaine;  (D'). intérieur  à  (D) 
et  dans  lequel  la  fonction  f{x)  est  toujours  positive,  sauf  à  l'origine  où 
elle  est  nulle.  Elle  admet  donc  en  ce  point  un  minimum  relatif,  et  notre 
proposition  est  par  conséquent  démontrée, 


2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  le  domaine  (D)  chaque  variable  se  meut  dans  un  intervalle  fini, 
mais  il  peut  arriver  que  la  suite  de  ces  intervalles  n'admette  pas  une  limite 
inférieure  non  nulle.  La  considération  de  domaines  de  cette  nature  que  j'ai 
appelés  évanouisscinls  s'impose  dans  l'étude  de  la  plupart  des  questions 
relatives  aux  fonctions  d'une  infinité  de  variables:  pour  la  convergence, 
la  continuité,  pour  l'existence  même  des  fonctions,  comme  pour  les 
conditions  de  maximum  ou  de  minimum.  Il  est  d'ailleurs  facile,  par  une 
transformation  simple  effectuée  sur  les  variables,  de  passer  des  domaines 
évanouissants  aux  domaines  non  évanouissants,  et  réciproquement. 

Dans  l'exemple  suivant  que  j'emprunte  à  M.  Hilbert  {Rendiconti  di 
Palermo,  t.  XXVII,   1909), 

la  fonction  y^( a:;)  est  nulle  à  l'origine,  et  positive  en  dehors  de  ce  point, 
dims  tout  le  domaine  évanouissant  défini  par  les  inégalités 

(6)  l-'^-Kr 

On  peut  donc  dire,  contrairement  à  l'opinion  exprimée  par  M.  Hilbert, 
que  la  fonction  considérée  admet  à  l'origine  un  minimum  relatif. 
La  transformation 

//  .z-„  =  )■„ 

remplacerait  le   domaine    évanouissant  (6)    par   un    domaine  non    éva- 
nouissant. 


THÉORIE    DES   NOMBRES.    —    Sur  le  dernier  théorème   de  Fermât. 
Note  de  M.  D.  Mirimanoff,  présentée  par  M.  Appell. 

M.  A.  Wiefricli  (')  a  démontré  récemment  le   théorème  suivant  :  Si 
l'équation  x^  -\-  y''  -\-  z^  -=^  o  est  possible  en  nombres  entiers  premiers  à  p,  le 

quotient  de  Fermât  q  (2)  = est  divisible  par  p.  Je  ferai  voir  qu'il  en 

3p-i  _  , 
est  de  même  du  quotient  q  Ç5)  =z 


('  )  Journal  fiir  reine  u.  anf(eiv.  Math.,  t.  136,  p.  298-302. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I910.  2o5 

Désignons  par  o,  (  /  )  le  polynôme 

<  — 2'-'r--^  3'-'/'  —  . . .—  (/j  — !)'-'</'-', 

et  posons  ^,(0  =  ?/(  ~  '  —  '  }■ 

Il  résulte  des  recherches  de  Kummer  que  chacun  des  six  rapports  ->  -> 

->->-)-  vérifie  les^ coneruences 

z     .r     z      y  2  '^ 

B,  J/,,_2/(0  ^  o  (modp)  (  «' =:  I,  2,  .  .  . , -i \i 


(i)  9p_,(0  =  o, 

B,-  étant  le  ?"■"*  nombre  de  Bernoulli. 

Or  les  polynômes  .p,(/)  sont  liés  par  une  relation  qu'on  déduit  très  sim- 
plement de  la  formule 

;  =  1  (  r-  1 

où  a,,  a.,,  ....  a„,_,  sont  les  racines  de  ^^ =  o  et  m  un  nombre  entier 

.  —  j 

quelconque  que,  pour  plus  de  simplicité,  nous  supposons  premier. 

Posons  e'  =1  +  /,  d'où  x  =  log(n-/),  et  développons  les  deux  membres 
de  (2)  suivant  les  puissances  croissantes  de  /  jusqu'aux  termes  en  IP~'  inclu- 
sivement. Il  est  aisé  de  montrer  que  la  série  log*(i  -ht)  arrêtée  au  terme 
en  f''  donne,  pour  tout  k<ip  —  i,  un  polynôme  congru  à  k\  '^p-k{i) 
(mod/?)  (cf.  Journal  f.  reine  11.  angew.  Math.,  t.  128,  p.  60).  Nous  aurons 
ainsi,  après  une  transformation  facile,  la  formule 

(  =-  //i  _  1  (  =  m  —  I 

(3)    o,-(0  2  T^rj;^^^'"-'  1  (t^^-7^^.J  =  --^=?-^') 
1=1  /  =  1 

/  =  V  —  1 
/  =  1 

en  posant 


■  tp- 


(—  I  +  C(,)''-'  (I  —  et,)''-'  2 

Cette   formule   est   une   identité  (modyo).   Multiplions-la  par  le   pro- 
duit  JjTJ  (i  —  cti-ht).  En  faisant  /  =:  —  i,  tous  les  termes  en  ?/,-,,  ']'p--2i 


266  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

s'annulent  (mod/?)  et  il  vient 

(5)  (_.)''-'('»"-'-.)— ^  =  7('«)=  y  -^. 

p  —  I  !  ^^     I  —  a, 

formule  qui  fournit  une  expression  générale  du  quotient  de  Fermât  (/(m). 
Si  maintenant  on  substitue  à  /  l'un  ides  rapports  -,  -•  •  •  •  >  les  termes 

II  y  j- 

en  9/,-i,  4'/'-2(  tombent  en  vertu  de  (i).  En  remplaçant  alors  (  par  —  i  —  /, 
ce  qui  est  permis,  nous  aurons 

(6)  Yl   ('  +  «')    2    T^,^''  (modp). 

(=1  ;=1 

On  peut  donc  énoncer  le  tbéorème  suivant  : 

Si  l'équation  xf-hY''-\-  :■'' =  o  admet  une  solution  x,  y,  s  première  à  p, 
chacun  des  rapports—,  •—■,■■■  vérifie  la  congruence  (6). 

En  faisant  dans  (G)  w  =  2,  on  retrouve  le  critérium  de  M.  A.  Wieferich. 
Pour  m  =  3,  la  congruence  (6)  s'écrit 

< (R,  -h  R.,)  +  a.  R,  -h  a,  Rs  =  o, 

et  comme  le  nombre  des  rapports  -,  —,  ••■  distincts  (  mod^)  est  au  moins 

égal  à  2,  on  doit  avoir  R,  h- Ho ^o,  a^R,  +  a,  R^^^so,  d'où,  en  vertu 
de  (5),  y(3)^o  (modjo).  c.  o.  f.  d. 

On  voit  que  l'impossibilité  de  l'équation  de  F'erniat  en  nombres  entiers 
premiers  h.p  est  établie  pour  tous  les  exposants  premiers/?,  tels  que  l'un  au 
moins  des  quotients  de  Fermât  q{i),  y (3)  ne  soit  pas  divisible  par  p.  Elle 
est  établie,  en  particulier,  pour  tous  les  exposants  premiers  de  la  forme 
2°3*dL  I  et  de  la  forme  ±  2"^:  3*. 

D'autres  critères  peuvent  être  déduits  de  (6)  en  donnant  à  m  des  valeurs 
supérieures  à  3. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  représentation  des  solutions  d'une  équa- 
tion aux  différences  finies  linéaire  pour  les  grandes  valeurs  de  la  variable. 
Note  de  M.  GaliBbu>,  présentée  par  M.  Painlevé. 

On  sait  que  4a  rechcrcbe  des  solutions  de  l'équation  aux  différences  finies 

(,)  A„/(.r  +  A)  +  A,/(,r  +  Â-  -  I)  -.  .  .+  A;,/(.r)  =  o, 


SÉANCE    DU    24    JANVIER    1910.  207 

OÙ  A,  est  un  polynôme  en  x  de  degré  p,  se  ramène  au  moyen  de  la  transfor- 


mation 


/{j,)^fr(z)z-'-'dz, 


à  la  résolution  de  l'équation  différentielle 

(2)  =/'H„^-;+G/'->H, 


\hr     '    '  'dz'--'     -.,'-"• 

où  R,-  est  un  polynôme  en  :  de  degré  égal  ou  inférieur  à^.  Dans  la  pressente 
Note,  j'étudierai  le  cas  où  le  polynôme  Ro  étant  de  degré  inférieur rà  X-, 
toutes  les  solutions  de  l'équation' (2)  peuvent  être  représentées  asymptoti- 
quement  à  l'infini  par  des  séries  normales  du  premier  ordre  de  la  forme 

l-",  =  e-p'  3H-i  /  oj,  -1-  _l  -+- .  .  .  -i-  —-  4-  _  I  . 

Il  existe  une  solution  u,-  de  l'équation  (2)  qui,  quand  :;  s'éloigne  à  l'infini 
avec  l'argument  de  [î,-  changé  de  signe,  est  représentée  asymptotiquement 
par  P,;  je  forme  alors 

..inoiXfU-. 
a  étant  un  point  de  la  droite -O'-^  p,-  situé  entre  O  et  x  et  l'intégrale  étant 
prise  sur  cette  droite  depuis  a  jusqu'à  i'inlîni. 

D'autre  part,  au  voisinage  de  l'infini,  l'équation  (2)  admet  \es p  solutions 
indépendantes 

Au  moyen  de  ces  fonctions  on  peut  former  p  solutions  W  de  (2)  telles  que 
la  fonction/",  (.r)  définie  par 

/,  (  j-)  =  ï{i,,  )  +  f  z^-'  (  c,  w,  +  c,w.,+ . . .  -h  c,A\,,rciz. 
■  i.„ 

d'où  solution  de  l'équation  (i);  le  contour  L„  iyânt  pour  origine  et  extré- 
mité le  point  a,  comprend  à  son  intérieur  l'origine  et  tous  les  points  rapines 
du  polynôme  R„  ;  les  constantes  csont  les  coefficients  des  fonctions  (^  dans 
l'expression  de  m,-  en  fonction  de  t',,  c^,  .  .  . ,  c^  au  voisinage  du  point  a.  La 
fonction /)  (a;)  est  méromorphe  et  admet  pour  pôles  les  racines  des  équations 

ro  e-"^"-' —  1  =  0,-  ;■ 

où  CD  est  racine  de   l'équation   fondamentale  relative  au  point  à  l'infini. 


2o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Quand  le  polynôme  R,,  est  de  degré  k  —  :;,  il  existe  :;  séries  P,  où  [3,  est 
différent  de  O  ;  au  moyen  de  ces  z  séries,  on  forme  z  expressions  Q, 


H- 

qui  représentent  asymplotiquement  les  fonctions  fi{jc).  Quand  le  point  x 
s'éloigne  à  l'infini  dans  le  demi-plan  situé  à  droite  de  l'axe  des  ordonnées, 
suivant  une  direction  différente  de  celle  de  l'axe  des  abscisses,  la  fonc- 
tion y,  (j;')  est  représentée  asymptoliquemeiit  parQ,(j;).  Le  demi-plan  situé 
à  gauche  de  l'axe  des  ordonnées  est  divisé  par  des  rayons  S  issus  de  l'ori- 
gine en  plusieurs,  angles  on  J\{x)  est  représentée  asymptotiquement  par 
des  développements  C,Q,-  différents,  C,  étant  une  constante.  Ces  rayons 
sont,  d'une  part,  la  direction  négative  de  l'axe  des  abscisses,  d'autre  part, 
les  perpendiculaires  aux  côtés  de  la  ligne  polygonale  convexe  ayant 
pour  sommets  ou  comprenant  à  son  intérieur  les  points  |5^  des  coordon- 
nées (Ls,,  —  cî,),  /•;•  et  d,  étant  le  module  et  l'argument  de  ^,  de  module 
égal  ou  supérieur  à  p,. 

D'une  façon  analogue,  on  peut  former  des  solutions  de  l'équation  (i)  cor- 
respondant aux  racines  nulles  du  polynôme  R,,  si  les  solutions  de  la  trans- 
formée en  -  de  (2)  sont  représentées  à  l'infini  par  des  séries  normales  du 

premier  ordre;  les  solutions  de  (i)  sont  alors  représentées  asymptotique- 
ment par  des  expressions  de  la  forme 


GÉODÉSIE.  — .  Sw  les  jonctions  de  la  chaîne  mérù/ienne  de  Savoie  avec  la 
triangulation  fondamentale  italienne  et  suisse.  Note  de  M.  Paul 
Helbro.vner,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

Nos  observations  de  1907  et  de  1908  pour  l'exécution  d'une  Chaîne  géo- 
désique  de  précision,  dite  Méridienne  de  Savoie,  dont  nous  avons  présenté 
le  résumé  dans  nos  communications  des  7  octobre  1907  et  28  sep- 
tembre 1908,  ont  donné  lieu  à  de  longs  calculs  consécutifs,  qui  sont 
aujourd'hui  terminés.  Ces  calculs  qui  avaient  été  établis,  en  premier  lieu, 
d'une  façon  provisoire,  sur  la  méthode  des  compensations  graphiques 
successives  par  points  isolés,  l'ont  été  d'une  façon  définitive,  sur  la  méthode 


SÉANCE  DU  2.\   JANVIER  1910.  209 

des  compensations  analytiques,  dite  des  moindres  carrés,  par  figures  coni- 
prenantde  six  à  neuf  points  ;  chacune  de  celles-ci  déterminant  simultanément 
de  trois  à  cinq  points  nouveaux.  Pour  cette  compensation  définitive,  la 
triangulation  a  été  décomposée  en  huit  figures  accolées,  dont  l'enchainement 
s'est  effectué  du  Sud  vers  le  Nord. 

Nous  ne  voulons  pas  attendre  la  publication  du  premier  Volume  de  notre 
Description  géomclrique  détaillée  des  Alpes  françaises,  qui  sera  consacré 
exclusivement  aux  observations,  calculs  et  tours  d'horizon  photographiques 
de  notre  chaîne  méridienne  de  Savoie,  mais  dont  l'impression,  qui  com- 
mence seulement,  demandera  vraisemblablement  plusieurs  mois,  pour 
présenter  à  l'Académie  le  résumé  de  quelques  résultats  caractéristiques 
concernant,  parmi  les  différentes  jonctions  de  notre  chaîne  méridienne 
avec  les  triangulations  fondamentales  préexistantes  qu'elle  rencontre,  celles 
notamment  qui  se  produisent  avec  le  réseau  primordial  italien,  dans  la 
partie  centrale,  et  avec  le  réseau  primordial  suisse,  dans  la  partie  septen- 
trionale de  notre  enchaînement. 

Triangulations  fonda-  Ciiaine  méridienne 

Noms  des  côtés  (').  mentales  suisses.  de  Savoie. 

Coi'nettes  de  Bise-Dent  d'Oche.  .. .  468'. '3  [^&'$,\,!\[^  -i-o,3i 

La  Dôle-Ripaille 29987,27  29986,69  -1-0, 58 

Dent  d'Oche-Ripaille 19860,16  19360,75  +0,09 

Mont  Tendre-Kipaille 26o5o,  iS  26o5i  ,35  +1,17 

La  Dôle-Dent  d'Oche 49234,76  49234,82  -1-0,06 

Mont  Tendre-Dent  d'Oclie 42o65,o5  42066,89  -i-i,34 

Mont  Tendre-La  Dôle 24804,40  24804, 53  -i-o,i3 

Trélod-Colloney 49353, o5  49^54,28  -+-1,23 

Trélod-La  Dôle 81780,48  81781,33  -1-0, 85 

Trélod-Les  \  oirons 61024, 3o  61024,82  H-o,52 

La  Dole-Les  Voirons 29270,50  29270,77  -1-0,27 

La  Dôle-Golloney 68o38,i8  68088,09  — 0,09 

Collonej-Les  Voirons 387617,68  38767,82  — o,36 

Avec  le  réseau  du  premier   ordre  italien    établi  de    1879  à   1881,  par 

(')  Nous  devons  la  connaissance  des  côtés  de  la  triangulation  du  canton  de  Vaud  à 
une  obligeante  Communication  de  M.  le  colonel  Held,  directeur  du  Bureau  topogra- 
phique fédéral  suisse.  Quant  aux  côtés  de  la  grande  triangulation  suisse,  ils  ont  été 
publiés  dans  le  Tome  X  de  Das  scluveizerisclie  Dreiecknetz  {Astronomisch-geodà- 
tisclie  Arbeilen  in  der  Schweiz,  etc.),  p.  219  et  suivantes.  Zurich,  chez  Fasi  et  Béer, 
1907. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  4.)  28 


2IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Flnstitut  géographique  militaire  de  Florence,  nous  avons  opéré  notre 
jonction  par  le  côté  Tête.  Nord  des  Fours  —  Contrefort  Nord  de  l'Aiguille- 
Rouge  du  mont  Pourri.  (Ce  dernier  point  que  nous  avons  occupé,  uniquement 
en  vue  de  cette  soudure,  ne  se  trouve  qu'à  i"""  au  nord  de  notre  station 
Sommet  de  l' Aiguille- Ronge,  où  passe  l'enchaînement  proprement  dit  de 
notre  chaîne).  La  comparaison  des  valeurs  de  ce  côté  dans  la  triangulation 
italienne  et  dans  la  chaîne  méridienne  de  Savoie  s'établit  ainsi  : 

Avec  le  réseau  fondamental  suisse,  le  nombre  des  points  communs  est 
assez  élevé  pour  permettre  l'identification  de  treize  côtés  :  sept  d'entre  eux 
appartiennent  à  la  triangulation  de  précision  du  canton  de  Vaud,  datant 
de  i883  ;  six  autres  appartiennent  à  la  nouvelle  triangulation  fondamentale 
suisse  qui  débuta  en  1867.  Cette  seconde  série  est  formée  de  côtés  faisant 
partie  de  grands  triangles  que  nous  n'avons  pas  mesurés  directement  dans 
notre  chaîne,  mais  qui  ont  pour  sommets  des  points  de  celle-ci  dont  les 
distances  ont  résulté  des  positions  dues  à  notre  compensation  définitive 
et  que  nous  avons  obtenues  par  le  calcul  de  triangles  auxiliaires. 

Parmi  les  nombreux  angles  communs  dont  la  comparaison  complète  ne 
présente  que  peu  d'intérêt,  nous  donnerons,  à  titre  d'exemple,  l'angle  à 
Deint  d'Oche  entre  Mont  Tendre  et  La  Dole,  et  les  angles  du  grand  triangle 
du  premier  ordre  suisse  Trélod-Les  Voirons-La  Dole. 

Triangulation  suisse 

— ^^^^^_-~— _^ Chaîne 

publiés                      transformés  méridienne 

en  degrés.                   en  grades.  de  Savoie. 

Angle    sphérique    à   Dent   d'Oche  ^ 

entre  Mont  Tendre  et  La  Dôle..       3o.i3..54,37           33. 5908,55  33.59io,3i 

^.       ,       1  Trélod 16.47.56,07            18.6657,32  18. 6656, o5 

,,   .  {  Les  Voirons 126.    8.57,16         i4o.i657,qo  140.1662,61 

sphenque.       ,rw.,  ,„.  ,        r  c      i^  r        a        ko 

^  '         (  La  Dole 37.    3.oq,.j2  41-1096, o5  4i-'692,58 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  relation  de  Pulfrich  entre  la  contraction  du  volume  et 
le  pouvoir  réfringent  dès  mélanges  liquides.  Note  de  M.  Edm.  van  Avbel, 
présentée  par  M.  Lippmann. 

Considérons  un  mélange  de  deux  liquides.  Désignons  par  : 

/?,  la  quantité  en  poids  d'un  des  liquides  qui  entre  dans  le  mélange, 

/>2  celle  de  l'autre  liquide, 

D|  la  densité  du  premier  liquide. 


SÉANCE    DU    24    JANVIER    1910.  211 

Do  celle  du  second, 
ç',  =  ^  le  volume  qu'occuperait  le  premier  liquide  s'il  était  seul, 

ç'j  =  ^  le  volume  correspondant  au  poids  du  second  liquide, 

D  la  densité  observée  du  mélange  (résultat  de  la  contraction  ou  de  la  dila- 
tation des  volumes), 

D,,  la  densité  qu'aurait  le  mélange  s'il  se  formait  sans  changement  de 
volume. 

On    a  les   relations  suivantes,   dans   lesquelles  G  représente  la  variation  totale  du 
volume  et  c  la  contraction  ou  la  dilatation  rapportée  à  l'unité  de  volume  : 

(i)  D,=rD,+  (D,-D,)— ^1-, 


(2) 


L=r(P',  +  f,)(  l--g- 

C  D  — D 


D 


Soit,  d'autre  part,  R  =  «  —  i  le  pouvoir  réfringent,  n  étant  l'indice  de  réfraction, 
et  alTectons  des  indices  1  ou  2  les  lettres  R  et  «,  qui  se  rapportent  à  l'un  ou  l'autre 
des  liquides  qui  constituent  le  mélange. 

Nous  aurons  pour  les  pouvoirs  réfringents  la  relation  suivante,  analogue  à  l'équa- 
tion (1)  : 

(3)  H„z^K,  +  (H,— H|)       ''-  _  - 


R^  représentera  le  pouvoir  réfringent  que  l'on  obtiendrait  pour  le  mélange  si  celui-ci 
se  produisait  sans  variation  du  volume. 

Ces  notations  étant  admises,  appelons  contraction  du  poin'oir  réfringent  l'expres- 
sion — jr — -,  analogue  à  la  quantité  c  de  l'équation  (2). 

Pulfricli  (')  a  montré  qu'on  peut  écrire  la  relation 

R  _  l>,,.  D  —  D„ 

(4)  — i^=./^_=r/c. 

Le  facteur  de  proportionnalité  '/  est  pratiquement  comlanlel  toujours  positif,  pour 
les  mélanges  en  diverses  proportions  de  deux  liquides  déterminés.  Cette  relation  de 
Pulfrich  a  fait  l'objet  des  recherches  de  Buchkremer,  SchCilt,  Chéneveau  et  surtout 
V.-F.  Hess  (■-).  Ce  dernier  physicien  a  prouvé  que  la  formule  (4)  se  vérifiait,  quelle  que 


(')  Zeitschrift  fiir  physikalische  C  hernie,  t.  W,  i88g,  p.  56r. 
(^)  Annalen  der  Physik,  4'  série,  t.  XXVII,  1908,  p.  SSg. 


i2I2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

soil  l'expression  choisie  pour  le  pouvoir  réfringent  R  : 

R  =  «— I,  R=  ""~  '.  R  =  «2— I. 

Il-  +  2 

el  que  le  facteur  de  proportionnalité  (]  variait  peu  avec  la  température  el  la  longueur 
d'onde,  q  serait  donc  une  constante,  caractéristique  des  mélanges  de  deux  liquides 
donnés. 

Pour  sa  Thèse  de  doctorat,  intitulée  Ueberden  Einjhtss  der  Komplexbildung 
auf  Raumerfidiun g  und  Lichtbrechiing  iii  wâssrigen  Lôsimgen  von  Sahen 
und Sâurén,  Université  de  Bonn,  juillet  1908,  Robert  Wintgen  a  exécuté 
un  grand  nombre  de  mesures  très  précises,  dans  un  but  différent  de  celui 
qui  nous  occupe.  Je  me  suis  proposé  d'utiliser  ces  résultats  pour  vérifier  si 
le  facteur  de  proportionnalité  q  était  toujours  positif,  el  j'ai  obtenu  une 
valeur  négative  de  q,  dans  le  cas  d'un  mélange  à  volumes  égaux  d'une  solution 
d'heptamolybdate  d'ammonium  avec  une  solution  d'acide  tartrique  (Disser- 
tation de  Robert  Wintgen,  p.  5o). 

Tfinpéraline  :  25°. o. 

a.  Solution  l  :  hcptamolybdate  d'ammonium  dans  l'eau. 

P,  =  nombre  de  grammes  de  substance  dissous  dans  ç>,  centimètres  cubes  de 

la  solution  1  =  200,00; 
(',  =  1000™'  de  la  solution  1  ; 
D,  =  I,  i356o  =  densité  de  la  solution  1  ; 
n,  =  i,365i9  ('),  d'où 

R,  rr=  /(,  —  I  =:  o  ,36019. 

b.  Solution  2  :  acide  tartrique  dans  l'eau. 

Pj  =  nombre  de  grammes  de  substance  dissous  dans  Co  centimètres  cubes 

de  la  solution  2  =  200; 
{>.,  =  1000""'  de  la  solution  2; 
D.^-—  1,08440; 
n.,  =  1,35626,  d'oii 

Rjiir  «2  —  I  =:  0,35626. 

c.  On  mélange  les  solutions  1  et  2  et  l'on  trouve  les  résultats  suivants  : 

D,,=  1 ,11000  calculée  par  la  formule  (1); 
D=:  1,10927,  valeur  déduite  des  mesures; 

(')   Poui-  la  laie  I)  du  sodium. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  19IO.  .  2l3 

R^=  0,36072,  calculé  au  moyen  de  la  formule  (3); 
R  =  0,36229,  valeur  déduite  des  mesures. 

On  a  donc 

D<D,         et         R>R..; 

la  quantité  q  est  négatue. 

Les  écarts  observés  dépassent  de  beaucoup  les  erreurs  possibles  dans  les 
mesures  effectuées  par  Robert  Wintgen  (voir  p.  26  et  28  de  sa  Dissertation). 
C'est  le  seul  cas  qui  ait  été  signalé  jusqu'ici,  pour  lequel  le  facteur  q  est 
négatif.  11  devient  intéressant  d'étudier  des  mélanges  des  mêmes  solutions 
en  d'autres  proportions. 

Remarquons  qu'il  se  forme,  dans  le  mélange  considéré,  un  composé  com- 
plexe, ainsi  que  M .  Gernez  l'a  montré  par  des  recherches  polarimétriques  (  '  ), 
mais  je  n'ai  pas  trouvé  la  particularité  que  je  viens  de  signaler,  avec  d'autres 
mélanges  étudiés  par  Robert  Wintgen  et  donnant  également  lieu  à  des 
composés  complexes  :  un  mélange  d'une  solution  de  chlorure  mercuriquc 
et  d'une  solution  d'iodure  de  potassium,  par  exemple,  donne 

0  =  1,02469,        0^=1,02439, 
R  =  0,33733,        R^=  0,33682, 

c'est-à-dire  une  valeur  positive  de  q. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  lois  de  l'évaporation.  Note  de  M.  P.  Vaillant, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

La  plus  grande  difficulté  des  mesures  de  vitesse  d'évaporation  est  la 
détermination  de  la  surface  liquide  qui  s'évapore.  Cette  surface  dépend  non 
seulement  de  la  tension  superficielle,  mais  de  l'état  de  la  paroi  en  chaque 
point  et  pour  les  liquides  à  faible  tension  superficielle,  comme  l'éther  ou  la 
benzine,  elle  croît  avec  le  temps. 

Pour  des  mesures  comparatives  on  peut  tourner  la  difficulté  en  employant 
un  vase  fermé  dont  le  couvercle,  placé  à  une  certaine  distance  delà  surface 
d'évaporation,  présente  une  ouverture  circulaire  à  bords  nettement  définis. 

Si,  comme  a  semblé  le  montrer  l'étude  des  solutions  aqueuses  (°),  la  vitesse 

(')  Journal  de  Physique,   2«  série,   l.  VI,   1887,    p.   383.    —    \'oir  aussi  Qlinet, 
Journal  de  Physique,  4"  série,  l.  VIII,  1909,  p.  278. 
C^)   Comptes  rendus,  26  avril  1909. 


21 4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'évaporalion  est  uniquement  réglée  par  la  vitesse  de  diffusion  de  la  vapeur, 
la  quantité  q  de  liquide  évaporé  par  seconde  doit  dépendre  uniquement  de 
Faire  s  de  l'ouverture.  J'ai  en  effet  constaté  que  q  n'est  pas  proportionnel 
à  *,  mais  cjue  c'est  une  fonction  de  s  indépendante  de  la  nature  du  liquide. 
Pour-une  même  valeur  de  *,  j'ai  trouvé  : 

H^O.  CII'OH.        CMPOH.        CHCl'.       (C=H-)=0.        C«H'.  C'H». 

% ',936         1,9^7         1.9^7         •.934         i,942         1,912         1,983 

Les  écarts  sont  de  l'ordre  des  erreurs  d'expérience. 

Cela  posé,  pour  étudier  l'influence  delà  tension  de  vapeur  F  et  du  poids  moléculaire  M 
sur  la  quantité  q,  je  me  suis  servi  d'un  petit  crislallisoir  de  3o°"''  environ  fermé  à 
la  seccotine  par  une  plaque  métallique,  percée  au  centre  d'une  ouverture  circulaire 
de  i"^""  de  rayon.  Ce  cristallisoir,  dans  lequel  on  avait  mis  lo"^"'  du  liquide  expérimenté, 
était  disposé  sur  l'un  des  plateaux  d'une  balance  Curie  et  l'on  déterminait  le  temps  t  qu'il 
mettait  à  perdre  un  poids/)  (variable  de  g'"^',  5  à  l'i  suivant  la  nature  du  liquide).  On 
en  déduisait 

Pour  les  liquides  miscibles,  à  l'eau  tels  que  les  alcools,  il  fallait  tenir  compte  du 
poids  de  vapeur  d'eau  absorbé  par  le  liquide  pendant  l'expérience.  A  cet  effet,  après 
avoir  déterminé  q  comme  il  vient  d'être  dit,  on  remplaçait  le  liquide  par  un  volume 
égal  d'acide  sulfurique  dont  on  mesurait  l'augmentation  de  poids  q'  par  seconde.  En 
admettant  (ce  que  j'ai  vérifié  pour  l'acide  phosphorique  et  la  glycérine)  (')  que,  dans 
les  mêmes  conditions  de  température  et  d'état  hygrométrique,  la  vitesse  d'absorption 
est  la  même  pour  tous  les  liquides  miscibles  à  l'eau,  on  devait  augmenter  q  de  la 
quantité  q' . 

Entre  deux  mesures,  la  cage  de  la  balance  était  ventilée  avec  soin  de  façon  à  éli- 
miner toute   trace  de  vapeur. 

La  valeur  de  F  correspondant  à  chaque  mesure  se  déduisait  de  la  température  du 
liquide  prise  avant  et  après  l'évaporation  à  l'aide  de  deux  soudures  Fe-Cu  en 
opposition,  l'une  plongeant  d'environ  1""°  au  sein  du  liquide,  l'autre  entourant  le 
réservoir  d'un  thermomètre  à  mercure  immergé  dans  un  tliermoslat.  Les  températures 
ainsi  déterminées  étaient  comprises  entre  18°  et  aS".  Chaque  mesure  était  rapportée 
à  la  pression  de  760™""  en  considérant  q  comme  inversement  proportionnel  à  la 
pression. 

Le  Tableau  qui  suit  résume  les  résultats  obtenus  :  chaque  nombre  fourni 
est  d'ailleurs  la  moyenne  d'au  moins  di.\.  mesures. 


(')   Comptes  rendus,  26  aviil   1909. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  2l5 

Liquides.  F,„.  9  x  io«.      7  x  F-'  ^  10' x  M-'.     7  x  F~' x  lo'x  M"' =0. 

H'0 14,1  11,2  3,4o  1,290^8x0,^30 

CS^ 398  680  3,02  0,452 

CCI* 91  33i  2,08  0,444 

C'H'2  (iso) 573  i45o  3,73  0,449 

CH"  (normal  ) 120  i-;i  2,01  o,4o8 

G"  H' 75  io5  1,87  0,443 

C'H' 22  27,6  1,37  0,469 

CH=OH 95  82  2,37  0,498 

C^H^OH 44  39,7  1,81  0,499 

C'H'OH i5,2  12,2  1,39  0,529' 

C'H'OII  (normal)...  4,2  2,80  0,79  0,467 

C'H'OH  (iso) 8,6  5,93  o,85  o,4o4 

CHCP 160  476  2,19  o,4o3 

C^H^Br 387  1678  3,75  o,5o5 

C^H^I 110  45o  2,37  0,478 

{CJR^fO 433  1160  3,28  o,43i 

(CH=')-CO 180  298  2,56  0,453 

C^H'Cl 8,8  11,2  0,99  0,478 

La  colonne  Foo  contient,  à  titre  d'indication,  les  tensions  maxinia  à  20" 
des  divers  liquides  expérimentés  :  elles  varient  de  ^""^  à  près  de  600°"" 
de  mercure.  La  colonne  suivante  donne,  en  millionièmes  de  gramme,  les 
poids  de  chaque  liquide  évaporés  par  seconde;  ce  sont  des  poids  moyens, 
ils  varient  évidemment  avec  la  température.  La  troisième  colonne  repré- 
sente les  nombres  de  molécules  qui  passeraient  par  seconde  à  travers 
l'ouverture  si  F  était  égal  à  i  et  la  vitesse  d'évaporation  proportionnelle 
à  F;  les  poids  des  molécules  sont  évalués  en  cent  millionièmes  de  gramme. 
Ces  nombres  varient  avec  la  nature  du  liquide  dans  le  même  sens  que  F, 
mais  beaucoup  moins  vite  que  F.  Il  est  assez  remarquable  que  leur  quotient 

par  F'  est  sensiblement  le  même  pour  tous  les  liquides  expérimentés 
(quatrième  colonne).  Pour  l'eau  cependant,  le  quotient  est  triple  de  ce  qu'il 
est  pour  les  autres  liquides.  Mais  ce  résultat  peut,  comme  pour  d'autres 
phénomènes,  s'interpréter  par  l'existence  de  la  molécule  triple  (H-0)'. 

En  résumé,  dans  le  cas  particulier  envisagé,  celui  d'un  vase  incomplète- 
ment rempli  ne  communiquant  avec  l'extérieur  que  par  une  ouverture  pra- 
tiquée dans  la  paroi  supérieure  et  relativement  étroite,  la  vitesse  d'évapo- 
ration est  donnée  par  la  formule 

9  =  aMF*, 
a  paraissant  ne  dépendre  qu'en  faible  proportion  de  la  nature  des  liquides. 


2l6 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


(Les  écarts  entre  les  diverses  valeurs  de  a  peuvent  d'ailleurs  s'interpréter, 
en  dehors  de  toute  hypothèse,  soit  par  l'impureté  des  liquides  expérimentés, 
soit  par  ce  fait  que  les  valeurs  de  F  étaient  obtenues  par  une  interpolation 
assez  grossière.) 


OPTIQUE.    —    Prisme  à  faces   courbes  applicable  à  la  Spectroscopie .    Note 
de  M.  C.  Férv,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Le  but  poursuivi  dans  la  construction  de  ce  prisme  est  de  supprimer  tout 
dispositif  de  concentration  étranger  au  prisme,  entre  la  fente  et  l'oculaire 
du  spectroscope,  ou  entre  la  fente  et  la  plaque  photographique  du  spectro- 
graphe. 

11  en  résulte  une  simplification  de  construction  et  de  réglage  de  ces  appa- 
reils, ainsi  qu'une  diminution  des  pertes  de  lumière  et  aussi  des  aberrations 
provenant  des  surfaces  multiples  rencontrées  par  le  faisceau  dans  les  appa- 
reils actuels.  Enfin  les  reflets  parasites,  qui  prennent  naissance  entre  les  sur- 
faces des  lentilles,  sont  ici  complètement  supprimés. 


Construction  et  propriétés  du  nouveau  prisme.  —  Soil  A  le  centre  de  courbure 
de  la  surface  d'incidence  PQ  du  prisme;  le  lieu  des  points  tels  que  C,  et  par  lesquels 
on  peut  mener  des  rayons  CP  et  CQ  faisant  des  angles  égaux  avec  les  normales  aux 
points  P  et  Q,  est  un  cercle  qui  passe  également  par  ces  deux  points. 

Plaçons  par  exemple  une  fente  au  point  C;  les  rayons  incidents,  faisant  en  Q  et  P 
des  angles  d'incidence  /'égaux  avec  les  normales  en  ces  points,  donneront  aussi   nais- 


SÉANCE    DU    24    JANVIER    1910.  217 

sance  à  des  angles  de  réfraction  égaux  /'.  Ces  rayons  PM  et  QN  prolongés  se  coupent 
en  B;  ce  point  est  le  centre  de  courbure  de  la  seconde  surface  courbe  MN. 

On  voit  donc  que,  si  la  fente  est  éclairée  par  une  radiation  monochromatique  de 
longueur  d'onde  X,  on  aura  réllexion  normale  sur  toute  la  surface  MN  si  la  condition 
sin  i=ni  sin  /"  est  satisfaite.  L'angle  /•  constitue  aussi  l'angle  du  prisme  mesuré  par 
les  tangentes  à  ses  surfaces  en  M  et  P,  ainsi  qu'en  N  et  Q. 

Après  réflexion  normale  sur  la  face  MN,  qui  est  argentée  pour  augmenter 
son  pouvoir  réflecteur,  les  rayons  se  réfractent  à  nouveau  en  P  etQ,  et  l'on 
obtient,  sur  la  fente  même,  un  foyer  exact. 

Si  au  contraire  le  faisceau  issu  de  C  n'est  pas  monochromatique,  on  obtient 
un  spectre  pur  dans  le  voisinage  de  C. 

Une  autre  position  intéressante  de  la  fente  serait  celle  qui  donnerait  des 
angles  de  réflexion  tels,  sur  MN,  qu'après  cette  réflexion,  les  rayons  ren- 
contrent norma/ement  la  surface  d'émergence  PQ. 

Le  calcul  des  rayons  R'  et  R"  est  très  simple.  Si  la  distance  PQ  est  négli- 
geable vis-à-vis  de  R  on  a 

R'  =  R  cosr, 
rV  --  R  cos  /, 

ce  qui  permet  de  calculer  le  rayon  de  la  seconde  surface  et  le  foyer  du  sys- 
tème, connaissant  l'indice  du  milieu  réfringent  et  se  donnant  R  et  l'angle 
du  prisme. 

En  remplaçant  la  fente  C  par  un  petit  trou,  les  lignes  spectrales  ne  sont 
pas  des  points,  mais  de  petites  droites  parallèles  à  l'arête  du  prisme,  à  cause 
de  l'astigmatisme. 

On  obtiendra  donc  un  spectre  stellaire  sans  adjonction  d'aucune  lentille 
cylindrique  donnant  l'astigmatisme  nécessaire,  en  se  servant  de  l'image  fo- 
cale d'une  lunette  astronomique  au  lieu  et  place  de  fente,  dette  propriété, 
qu'on  rencontre  aussi  dans  le  réseau  concave,  s'oppose  à  la  formation  des 
lignes  longitudinales  dans  le  spectre  et  qui  sont  dues  aux  poussières  de  la 
fente. 

PHYSICO-CHIMIE.  —  Obsenatiun  d'une  dissymétrie  dans  la  l'itesse  de  dissolu- 
tion des  cristaux  de  sucre  suivant  leurs  différentes  faces.  Note  de  M.  Gastox 
Gaillard,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

Les  recherches  que  j'ai  faites  sur  le  temps  que  la  dissolution  met  à  se 
produire  (')  m'ont  conduit  à  essayer  d'en  préciser  les  conditions  et  à  en 

(')   Comptes  rendus,  18  mai  1908. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  4.)  -9 


21 8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

faire  une  élude  plus  complète.  Dans  ce  but  je  me  suis  proposé  d'examiner 
s'il  existait  une  différence  dans  le  temps  nécessaire  à  la  dissolution  d'un 
cristal  suivant  ses  différentes  faces  et  quelle  valeur  elle  pouvait  prendre. 

Du  reste,  dans  des  expériences  inachevées  de  Pierre  Curie  sur  la  crois- 
sance des  cristaux,  d'après  M™*  P.  Curie,  «  la  vitesse  d'accroissement 
s'est  montrée  diflérente  pour  différentes  faces,  tandis  cjue  la  solubilité  était 
la  même  »  (  '  ). 

Afin  de  rechercher  s'il  existait  inversement  une  variation  dans  la  dissolu- 
tion au  point  de  vue  du  temps  selon  la  face,  j'ai  cru  devoir  m'adresser  à  des 
substances  douées  de  pouvoir  rotatoirc  et  tout  d'abord  au  sucre;  d'une  part 
l'érosion  des  surfaces  rendant  difficile  toute  mesure  directe  d'une  variation 
qui  ne  saurait  être  d'un  ordre  très  élevé,  et  d'autre  part  les  faibles  écarts 
fournis  par  la  méthode  hydrostatique  pour  des  cristaux  de  sulfate  de  cuivre 
ayant  conduit  M.  J.  Schurr  à  admettre  que  «  la  vitesse  de  dissolution  est  la 
même  pour  toutes  les  faces  d'un  cristal  »  (-). 

En  Taisant  successivement  rattaf[ue  des  différentes  faces  de  cristaux  de  sucre  candi 
pendant  des  temps  variant  de  3  à  lo  minutes  par  exemple,  à  une  même  température 
et  sur  un  volume  d'eau  de  20''°''',  d'après  la  déviation  obtenue  au  polarimètre  par 
rapport  à  la  surface  de  chacune  des  faces  successivement  attaquées,  j'ai  observé 
constamment  des  différences  que  montrent  les  quelques  exemples  réunis  dans  le  Tableau 
ci-dessous,  et  qui  sont  surtout  sensibles  pour  la  face  m  par  rapport  à  Ai  et  /?,  car  les 
différences  observées  sont  moins  nettes  pour  les  faces  p  et  ai  par  rapport  à  /;,  et  m. 


T, 

smps  de 

la  dissolu 

lion  r=  5 

minutes.          Volume 

d'eau  ^  20'^°' 

t  : 

=  i5°  environ. 

Déviations  relatives 

■ 

Suifa 
m. 

ces  de 

à  la  dissolution  de 

ces  faces. 

S„, 

/(, 

P- 

a,. 

^hr       ^,n-        ■ip- 

A,,,. 

XT, 

53<r 

m' 

23l 

„ 

„ 

l?3o'    52'       » 

„ 

5,98 

4,44 

„ 

236, 

■i5 

194-1 

'79 

» 

39'    29'     34' 

» 

6,o5 

4,27 

5,26 

» 

333 

i/,8 

» 

85,5 

58'    36'      » 

(20')  (') 

5,74 

4,.. 

» 

(4,27) 

216 

i48,68 

» 

85,28 

4i'  37'     » 

16' 

5 ,  26 

4,01 

>) 

5,33 

248 

108,8 

» 

76,65 

40'   24'      » 

i5' 

6,2 

4,53 

» 

5,1! 

272 

133,25 

338,20 

» 

54'    42'    i^S' 

» 

5,o3 

3,17 

5,20 

» 

De  même  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  tenir  compte  de  la  modification  très 
petite  de  la  valeur  de  la  surface  par  suite  du  peu  de  durée  de  l'attaque,  les 

(')   OEin-res  de  Pierre  Curie,  içioS,  Préface,  p.  xviii. 

(^)  J.  ScnLRR,  Reclierclies  sur  la  vitesse  de  dissolution  des  sels  dans  leurs  solutions 
aqueuses  (Journal  de  Chimie  physi(/ue,  t.  II,  1904,  p-  269). 
(•')   Valeiii-  trop  forte  duo  à  une  inlillralion. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  219 

différences  de  concentration  peuvent  également  être  négligées  et  l'erreur 
qui  en  provient  est  certainement  inférieure  à  celle  des  mesures,  étant 
données  les  très  basses  concentrations  et  les  faibles  différences  de  concen- 
tration auxquelles  on  opère  dans  ces  expériences. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  radioactivité  des  composés  halogènes  et  oxyhalo- 
génés  du  thorium.  Note  de  MM.  J.  Chaudiek  et  Ed.  Chauvenet,  pré- 
sentée par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Les  propriétés  radioactives  du  thorium  et  de  ses  composés  ont  été  étudiées 
par  de  nombreux  physiciens  (')  qui  ont  utilisé  dans  leurs  recherches  soit 
les  minerais  de  thorium  de  constitution  complexe,  soit  des  sulfates  et  des 
azotates  de  thorium,  soit  enfin  l'oxyde  ThO-. 

L'un  de  nous  (')  ayant  obtenu  à  l'état  de  pureté  les  composés  halogènes 
et  oxyhalogénés  du  thorium,  il  nous  a  paru  intéressant,  en  partant  de  corps 
récemment  préparés  et  de  composition  chimique  connue,  de  faire  une  étude 
comparative  de  leur  radioctivilé,  afin  de  mettre  en  évidence  le  rôle  des 
éléments  associés  au  thorium  et  de  vérifier  que  la  radioactivité  thorique 
je  présente  bien  comme  une  propriété  atomique. 

Dispositif  expérimental.  —  Nous  avons  mesuré  l'intensité  du  ravonuement  émis 
par  ces  diverses  substances,  en  employant  un  électroscope  de  Curie.  Le  champ  élec- 
trique était  produit  entre  un  plateau  électrisé  en  relation  avec  la  feuille  d'or  de 
l'éleclroscope  et  un  plateau  parallèle,  en  communication  avec  le  sol,  sur  lequel  on 
plaçait  la  substance  radioactive:  sous  l'action  de  l'ionisation  de  l'air,  l'électroscope  se 
décharge  et  la  durée  du  déplacement  de  la  feuille  d'oi  entre  deux,  divisions  fixes  peut 
servir  de  mesure  à  l'intensité  du  rayonnement.  '•)&  dispositif  simple  nous  a  donné  des 
résultats  très  concordants  avec  les  diverses  substances  étudiées. 

Le  corps  radioactif,  préalablement  pulvérisé,  était  répandu  (')  en  couches  uniformes 

(')  M™°  GuiiiE,  Comptes  rendus,  t.  GXXVI,  1898,  p.  iioi.  —  Schmidt,  Wied.  Ann.^ 
t.  XVI,  p.  i46.  —  Owens,  Phil.  Mag.,  octobre  1899.  —  Rutherford,  Pliil.  Mai;.^ 
janvier  1900.  —  B.  Boltwood,  A. -M.  Dadourian,  AL  Coy  et  W.-H.  Ross,  Am.  Jour. 
ofS.   V.,  XXI,  n°  126,  juin  1906. 

('-)  Ed.  Chauvenet,  Comptes  rendus,  t.  CXL\"I,  1908,  p.  978;  Comptes  rendus, 
t.  CXLVII,  1908,  p.  io46;  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  289. 

(')  Nous  avons  obtenu  des  couches  minces  et  uniformes  en  agitant  d'un  mouvement 
régulier,  au-dessus  de  la  lame  d'aluminium,  la  substance  pulvérisée  placée  dans  un 
tamis  à  mailles  très  étroites;  pour  les  substances  oxydables  et  avides  d'eau  (chlorure 
et  bromure  de  thorium,  oxychlorure,  oxybromure  et  oxyiodure  de  thorium)  les  couches 
minces  étaient  préparées  dans  le  gaz  carbonique  sec.  Avec  ces  dernières  substances,  il 
était  nécessaire  d'opérer  le  plus  rapidement  possible. 


220 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


très  minces,  loujours  inférieures  à  o'""',!,  sur  un  disque  en  aluminium  de  4™  de  dia- 
mètre qu'on  disposait  sur  le  plateau  de  l'éleclroscope  en  relation  avec  le  sol.  Grâce  à 
la  faible  épaisseur  de  la  couche,  les  effets  dus  à  l'émanation  du  thorium  pouvaient  être 
considérés  comme  négligeables. 

Nous  avons  étudié  simultanément  la  radioactivité  du  thorium  métallique  et  celle  de 
l'oxyde  de  thorium  de  préparation  récente,  afin  de  les  comparer  à  la  radioactivité  des 
composés  halogènes  et  oxyhalogénés  du  thorium. 


200     250      300     350     itOO      i.50     500        650 

Foids  en  wgr.  de  thorium 
HadioHCtivilé  des  composés  lialogéiiés  et  uxylialogénés  du  thorium. 


Les  résultats  obtenus  dans  ces  recherches  sont  représentés  par  les  courbes  ci-dessus, 
dont  les  ordonnées  indiquent  les  durées  en  secondes  du  déplacement  de  la  feuille  d'or 
de  l'éleclroscope  devant  loo  divisions  du  micromètre  du  microscope,  et  dont  les 
abscisses  indiquent  en  milligrammes  la  masse  de  thorium  contenue  dans  la  quantité  de 
substance  employée  dans  chaque  expérience. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  221 

Résultais.  —  De  l'examen  de  ces  courbes,  on  peut  déduire  les  propriétés 
suivantes  : 

1°  La  radioactivité  des  composés  halogènes  et  oxyhalogénésdu  thorium, 
pour  des  quantités  de  substance  contenant  plus  de  io"6  environ  de  thorium, 
varie  avec  la  nature  des  éléments  associés  :  Vintensité  du  rayonnement 
diminue  lorsque  le  poids  atomique  de  ces  éléments  augmente. 

Cette  variation  paraît  due  à  l'absorption  du  rayonnement  radioactif  au 
sein  même  de  la  couche  de  substance  par  les  éléments  qui  entrent  dans  la 
constitution  de  la  molécule. 

Cette  absorption,  dans  les  conditions  où  nous  avons  fait  nos  expériences, 
tend  vers  une  limite,  pour  chacune  des  substances  étudiées,  lorsque  l'épais- 
seur de  la  couche  croit.  On  peut  penser  que  cette  absorption  des  rayons 
thoriques  par  la  matière  qui  les  émet  est  considéi^able,  puisque  les  rayons 
provenant  des  couches  les  plus  basses  ne  produisent  que  peu  d'effet. 

2°  Les  courbes  de  radioactivité  des  divers  composés  du  thorium  tendent 
vers  celle  du  thorium  et  se  raccordent  avec  elle  pour  des  quantités  de  ma- 
tière suffisamment  faibles.  Au-dessous  de  10""^  de  thorium,  dans  les  condi- 
tions expérimentales  où  nous  nous  sommes  placés,  toutes  ces  courbes 
viennent  se  confondre  en  une  seule;  d'où  il  résulte  que  la  radioactivité  tho- 
rique  est  une  propriété  atomique,  comme  l'avait  énoncé  M"""  Curie. 

Ces  résultats  ont  été  obtenus  en  partant  de  substances  définies  et  récem- 
ment préparées;  nous  nous  proposons  de  continuer  nos  recherches  en  faisant 
une  étude  comparée  de  la  radioactivité  des  composés  du  thorium  de  prépa- 
ration ancienne  et  de  minerais  de  ce  métal. 


CHIMIE  MINÉRALE.  — •  Action  des  vapeurs  de  tétrachlorure  de  carbone  sur 
quelques  minéraux.  Note  de  M.  Pierre  Camboumves,  présentée  par 
M.  H.  Le  Chatelier. 

Nous  avons  montré  récemment  que  le  plus  grand  nombre  des  composés 
oxygénés  des  métalloïdes  et  des  métaux  subissaient  à  température  relative- 
ment basse  l'action  réductrice  et  chlorurante  des  vapeurs  de  tétrachlorure 
de  carbone.  Nous  résumerons  dans  la  présente  Note  nos  observations  con- 
cernant quelques  composés  oxygénés  naturels. 

La  plupart  des  composés  binaires  oxygénés  naturels  sont  attaqués  par  la 


222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

vapeur  de  télrachlorure  de  carbone  tout  aussi  facilement  que  les  produits 
de  laboratoire.  Il  y  a  cependant  quelques  exceptions.  L'alumine  provenant 
de  la  calcina tion  de  Falun  d'ammoniaque  se  transforme  complètement  à 
390°.  Le  corindon,  dans  les  mêmes  conditions,  n'est  attaqué  dans  une  pre- 
mière chauffe  que  dans  la  proportion  de  11, 3  pour  100,  et  une  nouvelle 
action  de  la  vapeur  de  tétrachlorure  de  carbone  ne  produit  qu'une  dimi- 
nution de  poids  très  faible,  à  peine  i,G  pour  100. 

Cette  différence  est-elle  due  à  une  polymérisation  du  produit  naturel  ou  à 
une  autre  cause  telle  qu'une  porosité  moindre  ?  Dans  cette  dernière  hypo- 
thèse, il  devait  être  possible  de  produire  une  attaque  de  même  ordre  que  la 
première  après  une  nouvelle  pulvérisation.  L'expérience  nous  a  permis  de 
constater  en  effet  dans  ces  conditions  une  perte  de  poids  tout  à  fait  com- 
parable, soit  de  i5  pour  100. 

On  pouvait  dès  lors  penser  que  les  produits  artificiels  cristallisés  ou  fondus 
se  comporteraient  de  même.  C'est  ce  que  nous  avons  reconnu  pour  le  rubis 
artificiel  (procédé  Fremy  et  Verneuil),  pour  le  rubis  fondu  (procédé  \ev- 
neuil)  et  la  glucine  fondue. 

Parmi  les  oxydes  complexes  naturels,  nous  avons  particulièrement  étudié 
l'action  des  vapeurs  de  tétrachlorure  de  carbone  sur  le  cymophane,  le  fer 
chromé,  la  columbite,  le  vs'olfram,la  scheelite,  l'émeri  et  le  spinelle. 

Lorsque  dans  les  chlorures  formés  on  a  des  produits  volatils,  on  peut 
obtenir  parfois  des  applications  d'ordre  analytique.  Nous  citerons  comme 
exemple  l'attaque  du  wolfram. 

Ce  tungstate  de  fer  et  do  manganèse  est  totalement  transformé  par  les 
vapeurs  de  tétrachlorure  de  carbone  ;  le  fer  et  le  tungstène  passent  à  l'état  de 
composés  chlorés  volatils.  Dans  la  nacelle  restent  les  chlorures  fixes  de  cal- 
cium, de  manganèse  et  la  silice.  I^'analyse  de  ce  minéral  est  dès  lors  rendue 
très  facile. 

La  silice  n'étant  pas  attaquée  par  les  vapeurs  de  tétrachlorure,  il  élait  à 
prévoir  que  l'on  pouvait  trouver,  par  l'emploi  de  ce  réactif,  un  mode  de 
séparation  et  même  un  dosage  de  la  silice  libre  dans  certains  minerais. 
Cette  étude  nous  a  conduit  à  envisager  l'action  du  tétrachlorure  sur  les 
silicates. 

Les  silicates  anhydres  s'attaquent  d'autant  plus  facilement  qu'ils  sont  plus 
pauvres  en  silice.  En  effet,  l'atbite,  l'émeraude,  l'orthose,  Toligoclase,  le 
labrador  et  l'anorthite,  composés  qui  sont  ici  énumérés  dans  l'ordre  décrois- 
sant de  leur  richesse  en  siUce,  ont  subi,  après  pulvérisations  comparables 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  22.3 

et  des  temps  de  chauffe  égaux,  des  pertes  inversement  proportionnelles  à 
ces  teneurs  en  silice. 

Les  silicates  hydratés,  eux,  sont  totalement  transformés  par  les  vapeurs 
de  tétrachlorure  de  carbone. 

Ces  propriétés  étant  connues,  la  silice  libre  pouvait  donc  être  isolée  dans 
un  très  grand  nombre  de  cas. 

Nous  avons  pu  la  doser  dans  les  oxydes  de  fer  et  dans  les  bauxites.  Voici  à 

titre  d'exemple  les  résultats  fournis  par  une  bauxite  titrant  3  pour  100  de 

silice  totale  : 

I.  II.  III. 

Poids  de  bauxite  traitée 3,287  2,9-  0,4736 

Poids  du  résidu  siliceux o,o3  0,028  o,oo45 

SiO^  pour  100 0,92  0,92  0,94 

La  concordance  des  résultats  est  ici  parfaite.  La  silice  libre  trouvée  est 
bien  inférieure  à  la  silice  totale.  Ceci  confirme  l'opinion  de  M.  Arsandaux  ('), 
qui  considère  que  la  silice  de  la  bauxite  est  en  partie  combinée  à  l'étal  de 
silicate  d'alumine. 

On  détermine  aussi  aisément  la  quantité  de  silice  libre  dans  les  argiles  ou 
dans  un  mélange  de  sable  et  d'argile,  car  le  silicate  d'alumine  passe  à  l'état 
de  chlorure  de  silicium  et  de  chlorure  d'aluminium. 

L'action  sur  les  composés  non  oxygénés  ne  se  différencie  pas  de  celle  du 
chlore,  le  tétrachlorure  de  carbone  n'intervenant  qu'après  sa  décomposition 
pyrogénée.  Cependant,  dans  ce  cas,  la  vapeur  de  tétrachlorure  non  décom- 
posée, sans  action  sur  le  minéral  considéré,  peut  servir  à  rechercher  et  à 
doser  les  produits  d'oxydation  qui  peuvent  l'accompagner.  Nous  avons 
ainsi  reconnu  la  présence  d'oxyde  de  molybdène  dans  une  molybdénite. 

En  résumé,  on  voit  que  la  vapeur  de  tétrachlorure  de  carbone  agit  sur 
les  oxydes  métaUiques  naturels,  pour  les  transformer  en  chlorures,  comme 
sur  les  oxydes  artificiels,  pourvu  que  leur  état  de  division  soit  suffisant.  On 
peut,  au  moyen  de  ce  réactif,  faire  des  séparations  analytiques.  La  silice 
étant  inatlaquée,  il  est  aisé  d'en  effectuer  le  dosage  lorsqu'elle  est  à  l'état 
libre  dans  beaucoup  de  minéraux. 

Les  exemples  que  nous  avons  signalés  dans  ce  travail  nous  permettent  de 
dire  que  l'emploi  du  tétrachlorure  de  carbone  est  susceptible  d'applications 
intéressantes  dans  l'analyse  des  minéraux. 

(')   .^RSANDEAIX,    CouipteS  /-f/ll/dS,    l.    CVL^'llI,    1909,  p.    II-  i5. 


224  'académie  des  sciences. 

MINÉRALOGIE.  —  Note  SUT  un  filon  aurifère  situé  à  Besié  (^Loire-Inférieure). 
Note  de  M.  F.  Kerforne,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

En  1900,  M.  J.-B.  Lehagre,  expert  agricole  à  Rennes,  m'ayant  com- 
muniqué des  échantillons  de  quartz  micacé,  minéralisé  en  pyrite  et  en 
mispickel,  provenant  d'excavations  qu'il  avait  découvertes  à  Beslé  (Loire- 
Inférieure)  et  qu'il  pensait  être  d'anciennes  exploitations,  je  me  rendis  sur 
les  lieux  et  je  reconnus  la  présence  d'anciennes  galeries  de  mine  remblayées, 
établies  sur  un  fdon  quartzeux  dont  il  ne  restait  que  quelques  débris; 
l'exploitation  paraissait  remonter  à  une  époque  très  reculée,  et  de  l'examen 
du  quartz  je  tirais  la  conclusion  que  le  minerai  exploité  avait  dû  être 
de  l'or  ou  de  l'étain. 

Des  recherches,  que  j'ai  dirigées  l'année  dernière  à  Beslé,  m'ont  permis 
de  faire  les  observations  scientifiques  suivantes  : 

L'ancienne  exploitation  remonte  très  probablement  à  l'époque  gallo- 
l'omaine,  d'après  des  poteries  et  des  briques  trouvées  dans  les  remblais;  elle 
ne  s'est  pas  étendue  à  une  grande  profondeur  par  suite  d'une  venue  aquifère 
considérable,  mais  elle  a  existé  sur  une  longueur  de  plus  de  -i  kilomètres. 

Des  travaux  poussés  au-dessous  du  niveau  hydrostatique  m'ont  permis  de 
reconnaître  la  présence  d'un  filon  quartzeux  minéralisé  en  or  libre,  pyrite 
et  mispickel.  Le  filon  présente  toutes  les  apparences  d'un  filon  couche 
encaissé  dans  les  schistes  ordoviciens,  quoique  en  certains  points,  localisés 
il  est  vrai,  il  les  recoupe  nettement;  il  envoie  souvent,  assez  loin  dans  les 
épontes,  des  apophyses  sous  forme  de  filonnets. 

Le  quartz  est  accompagné  de  larges  salbandes  argileuses  minéralisées;  le 
tout  contient  abondamment  de  la  muscovite,  le  plus  souvent  en  masses  tes- 
tacées,  colorées  en  vert  clair  un  peu  jaunâtre,  mais  pas  de  tourmaline.  Les 
paillettes  de  mica  isolées  sont  blanc  d'argent  et  un  peu  onctueuses  au  tou- 
cher; dans  les  parties  superficielles  du  gîte,  le  mica  est  au  contraire  jaune 
doré  et  perd  son  onctuosité.  Le  filon  et  les  salbandes  sont  richement  miné- 
ralisés en  pyrite,  se  présentant  en  cristaux  p,  généralement  déformés,  en 
petites  masses  amorphes  et  en  croûtes  cristallines  avec  a';  en  mispickel 
sous  forme  de  jolis  cristaux  Ane%  souvent  maclés,  de  petites  tramées  ou  de 
masses  amorphes  occupant  des  cellules  quartzeuses  cloisonnées  finement. 

L'or  natif  se  présente  sous  la  forme  de  paillettes  minces  ou  de  fils  con- 
tournés; j'en  ai  trouvé  dans  le  quartz  massif,  dans  les  masses  de  mica, 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  225 

dans  les  cellules  quartzeuses  cloisonnées  vides  de  leur  mispickel,  dans  du 
mispickel  en  voie  d'altération  et  même  dans  un  cristal  de  pyrite  p  altéré.  11 
est  abondant  et  l'on  trouve  quelquefois  des  pelotons  de  paillettes  chiffonnées 
atteignant  jusqu'à  la  grosseur  d'un  pois.  '^'-!^^ 

Les  épontes  du  filon  présentent,  outre  une  minéralisation  intense  en 
pyrite  et  même  en  mispickel,  un  métamorphisme  comparable  à  celui 
qu'aurait  pu  produire  une  roche  éruplive. 

Ce  lllon  aurifère  me  paraît  présenter  un  grand  intérêt  tant  scientifique 
qu'industriel  et  appartenir  à  un  type  apparenté  avec  les  pegmatites. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Sous-azolure  de  carbone  C*N^  Note  de  MM.  Cii. 
MouREU  et  J.-Ch.  Bongrand,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

En  dehors  du  cyanogène,  dont  la  découverte  par  Gay-Lussac  remonte  à 
l'année  i8i5,  on  n'a  pas  encore,  à  notre  connaissance,  obtenu  d'autre 
composé  bien  défini  qui  soit  exclusivement  formé  de  carbone  et  d'azote. 
Nous  venons  d'isoler  un  corps  de  cette  nature,  qui  répond  à  la  formule 
C*N^.  Le  cyanogène  C^N^  étant  Vazolure  de  carbone,  nous  appellerons  la 
nouvelle  substance  sous-azoture  de  carbone. 

Nous  l'avons  préparée  en  soustrayant  2"°'  d'eau  à  la  butine-dia- 
mide  CONH^  — CssC — CONH".  Sa  structure  et  sa  fonction  chi- 
miques découlent  de  ce  mode  d'obtention  :  c'est  le  butine-dinitrile 
N^G  — C^C  —  G^N  ou  dicyanacétylène;  on  peut  l'envisager  aussi 
comme  étant  un  cyanure  de  carbone  G^  (GN"). 

Propriétés.  —  Le  sous-azolure  de  carbone  se  présente  en  fines  aiguilles  blanches, 
fusibles  à  20°,  5-2 1°  ;  il  bout  à  76"  sous  la  piession  de  753""".  Par  son  odeur,  ainsi  que 
par  les  propriétés  violemment  irritantes  de  sa  vapeur,  il  rappelle  le  cyanogène. 

Très  aisément  combustible,  le  contact  d'un  corps  en  ignition  l'allume  instantané- 
ment. Sa  vapeur  prend  même  feu  spontanément  à  l'air  vers  la  température  de  i3o°, 
propriété  analogue  à  celle  bien  connue  du  sulfure  de  carbone  CS',  dont  le  point 
d'inflammation  à  l'air  est  voisin  de  i5o°.  La  flamme  que  le  sous-azolure  de  carbone 
présente  à  la  combustion  est  pourprée,  rappelant  par  là  encore  le  cyanogène. 

Sa  densité  d}^°  est  0,9708.  Nous  avons  déterminé,  pour  la  raie  D  du  sodium  et  les 
trois  raies  «,  (3  et  y  du  spectre  de  l'hydrogène,  son  indice  de  réfraction  à  la  même 
température  (25°),  sa  réfraction  moléculaire  et  sa  dispersion  moléculaire.  Réfraction 
et  dispersion  sont  notablement  supérieures  à  celles  que  l'on  calcule  pour  la  formule 
N  ^  C  —  Ci  ^  C  —  G  ^  N,  en  attribuant  à  l'incrément  de  la  liaison  acétylénique  les 
C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N°  4.)  3o 


226  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

valeurs  (|ue  l'un  de  nous  a  réceinmenl  indiquées  (').  Les  exaltations,  analogues  à  celles 
que  présentent  d'autres  composés  acélyléniques  (2),  sont  dues  évidemment  à  la  struc- 
ture très  spéciale  de  la  molécule,  où  l'on  voit  trois  triples  liaisons  :  N^G,  C^C 
et  G  ^  N,  se  succéder  sans  discontinuité.    N'oici   ces  différentes  données  : 

Réfraction  moléculaire. 
Indice.  Observée.  Calculée.  Exaltation. 

Nf=  1,46021 Ma=  21,461  Ga- 18,299  Ma-Ga=3,l62 

Nf=:  1,46471 Mr,=:2i,64i         G„=  18,435         Mo— Gu=  3,206 

Ny"=  1,47610 Mp=  22,095 

N2^^'=  1,48593 My=:  22,484        Gy=:i8,79i         My-Gy=  3,693 

Dispersion  moléculaire. 
Observée.  Calculée.  Exaltation. 

My— Ma=i,o23         Gy-Ga=o,492         (M.^— Ma)  — (Gy--G5c)  =  o,53i 

Analyse  élémentaire.  —  De  réelles  difficultés  ont  du  être  vaincues.  D'une 
part,  en  elTet,  le  corps  possède,  dès  la  température  ambiante,  une  forte 
tension  de  vapeur,  et  il  fallait,  d'autre  part,  prouver  cpi'il  ne  contient  pas 
d'hydrogène. 

Nous  avons,  pour  le  carbone  et  l'azote,  employé  les  procédés  classiijues 
(combustion  par  l'oxyde  de  cuivre),  en  observant  certaines  précautions,  que 
nous  indiquerons  dans  un  autre  Recueil,  et,  d'un  autre  côté,  MM.  Breteau 
et  Leroux  ont  bien  voulu  doser  eux-mêmes  le  carbone  dans  notre  produit 
suivant  la  méthode  si  élégante  qu'ils  ont  instituée  récemment  (combustion 
par  l'oxygène,  en  présence  de  platine).  Voici  ces  analyses  : 

c  11  N 

Substance.        CO-.         p.  100.  H=0.        p.  100.  N  liUniicle.  p.  tOO. 

I  (Breteau  et 

Leroux)...  o,22o3  0,5129  63,49  o,oo52  0,26 

II  (oxyde  de 

Cuivre)...  o,3oo5  0,6954  63,  ii  0,01 5a  o,56 

m 0,1407  45'^°'',o6  (ig''--58"")  36,5.j 

IV.. 0,0905  28'^™', 4  (i7°-76i'°'")  36, 3i 

Calculé 
pour  (C'N)". 

C  pour  100 63, 1 5 

N  pour  100 36,84 

(')  Gh.  MoUrki',  Béfi  action  moléculaire  et  dispersion  moléculaire  des  composés  à 
fonction  ncétyléniijiic  {Annales  de  (J  himie  et  de  Physique.  8'' série,  t.  \\\,  avril  1906). 
C^)    Loc.cit. 


SÉANCE    DU    l/i    JANVIER    1910.  l'J.'J 

Les  résultats,  comme  on  voit,  sont  très  satisfaisants.  Les  petites  quantités 
d'eau  pesées  sont  manifestement  imputables  aux  erreurs  d'expériences. 

Densité  de  vapeur.  —  La  méthode  de  V.  Meyer  nous  a  donné,  dans  la 
vapeur  de  toluène  (i  10°),  les  chiffres  2,89  et  2,78,  dépassant  sensiblement 
la  valeur  2,629  exigée  par  la  formule  C^N-.  Nous  avons  pensé  que  la 
distance  des  points  d'ébullition  du  toluène  et  du  sous-azoture  de  carbone 
(iio"—  76°=  34°)  était  insuffisante. 

D'un  autre  côté,  le  fait  que  le  corps  prend  feu  à  l'air  vers  iSo"  nous 
interdisait  d'opérer  à  une  température  notablement  supérieure  à  1 10".  Nous 
avons  eu  recours,  en  conséquence,  à  la  méthode  d'Hofmann.  Six  expériences, 
exécutées  à  des  températures  allant  de  56°  à  184°,  nous  ont  donné  les 
résultats  suivants  : 

TenipéraUire.  Densité. 

56  {  vapeur  d'acélone) 2,6o4 

80   (        »       de  benzène) 2,53i 

1 00  (       i>       d'eau) 2  , 5 1 6 

I  lo  (        »        de  toluène) 2,. 54 3 

I  35   (        »       de  xylène) 2,56o 

184   (        M        d'aniline) 2,5y4 

Densité  calculée  pour  C*N- 21629 

Remarque.  —  Le  sous-azoture  de  carbone,  en  raison  de  sa  nature  si  simple 
et  si  spéciale  à  la  fois,  mérite  une  étude  approfondie  au  double  point  de  vue 
physique  et  chimique.  Notre  intention  est  de  la  poursuivre  méthodiquement, 
tout  en  cherchant  à  préparer  d'autres  corps  analogues. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  les  effets  chimiques  et  biologiques  des 
rayons  ultraviolets.  Note  de  M.  Maurice  Lombard,  présentée  par 
M.  A.  Haller, 

Au  cours  d'une  série  de  déterminations  j'ai  cherché  à  élucider  quelques- 
uns  des  problèmes  qui  se  posent  actuellement  sur  le  mécanisme  d'action  et 
sur  les  effets  chimiques  des  lampes  en  quartz  à  vapeur  de  mercure. 

Une  série  de  Communications,  du  reste  contradictoires,  ont  été  faites,  ici  même, 
sur  les  propriétés  des  lampes  de  Kromayer.  Les  uns  admettent  que  leur  action  sur 


228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'air,  nu  sur  l'eau,  ne  donne  pas  lieu  à  la  formation  d'ozone  ou  d'eau  oxygénée  ('); 
d'autres  affirment  le  contraire  (').  On  admet  aussi  tour  à  tour  que  la  présence  de  l'air 
est  indispensable  pour  que  les  rayons  ultraviolets  manifestent  leurs  propriétés  anti- 
septiques ('),  puis  que  l'oxygène  est  inutile  (*).  Enfin  MM.  Courmont,  Nogier  et 
Rochaix,  expérimentant  l'action  de  ces  radiations  sur  divers  composés  ('),  disent  qu'il 
n'y  a  pas  d'action  sur  les  nitrates  et  peu  sur  les  matières  organiques  et  les  nitrites. 
Les  nitrites  seraient  même  plutôt  détruits. 

Les  expériences  qui  suivent  ont  été  faites  avec  une  lampe  en  quartz, 
de  l^o'""  de  longueur.  Elle  fonctionnait  immergée  dans  une  cuve  en  laiton, 
argentée  intérieurement,  ayant  comme  dimensions  :  o'°,5i  de  long,  sur 
o",  12  de  large  eto"',i25  de  hauteur.  On  y  mettait  environ  G' de  liquide. 
La  lampe  a  fonctionné  sous  5  ampères  et  iio  volts. 

Je  me  suis  d'abord  proposé  de  rechercher  s'il  se  formait  de  l'eau  oxygénée 
et  si,  dans  l'aftirmalion,  elle  était  la  cause  des  propriétés  stérilisantes  de  la 
lampe.  L'eau  traitée  agissait  très  bien  sur  l'iodure  de  potassium  en  liqueur 
acétique.  J'ai  cherché  à  suivre  avec  ce  réactif  commode  la  formation  de 
l'eau  oxygénée,  dont  la  présence  me  semblait  démontrée,  en  essayant  de 
faire  varier  sa  production.  Espérant  augmenter  le  rendement,  j'ai  substitué 
à  l'eau  de  Vanne  alcaline,  employée  tout  d'abord,  de  l'eau  légèrement  aci- 
dulée. Le  rendement  a  diminué.  L'eau  distillée  essayée  ensuite  ne  donnait 
presque  plus  rien,  mais  celle-ci  donne  des  résultats  comparables  à  ceux  de 
l'eau  de  Vanne  si  on  lui  ajoute  des  nitrates. 

La  mise  en  liberté  de  l'iode  n'était  donc  pas  due,  au  moins  pour  la  plus 
grande  part,  à  l'eau  oxygénée,  mais  aux  nitrites  formés  par  réduction  des 
nitrates.  J'ai  caractérisé  leur  présence  par  divers  réactifs  basés  sur  la  for- 
mation de  colorants  azoiques;  il  ne  peut  donc  y  avoir  aucun  doute. 

De  l'eau  distillée,  additionnée  de  20™s  de  NO'K  au  litre,  donne,  au  bout  de  temps 
variant  de  5  à  lo  secondes,  des  traces  de  nitrites  (moins  de  C^s,  i  au  litre),  mais  par- 
faitement nettes  au  réactif  à  l'acide  sulfanilique  et  la  naphlylamine.  Ils  seraient  dosables 
par  ce  réactif. 

D'autre  part,  le  procédé  de  Grandval  et  Lajoux,  relalivemenl  bien  moins  sensible, 
accuse  une  diminulion  très  nette  des  nitrates  au  bout  de  20  minutes. 

(')  Courmont,  Nogier  et  Rochaix,  Comptes  rendus,  12  juillet  1909,  p.  160,  et 
RoRDiER  et  NoGiKR,  Comptes  rendus,  10  août  1908,  p.  354. 

(-)  MiROSLAW  Kernbaum,  Comptes  rendus^  26  juillet  1909,  p.  270,  et  Van  Aubel, 
Comptes  rendus,  29  novembre  1909,  p.  988. 

(■'')  Victor  Hb.xri  <U  Schnitzlkr,  Comptes  rendus,  26  juillet  1909,  p.  3i2. 

(')  M""  Cernovodeani  et  Victor  Henri,  Comptes  rendus,  3  janvier  1910,  p.  52. 

(■')  Loc.  cit. 


SÉANCE    DU    24    JANVIER    19IO.  229 

NO=K  au  litre. 

Au  bout  de   i    minute   on   trouve o,3 

»            5  minute^           I)          0,5 

»          1 5        »                 »          1,5 

»          20        n                 »          2,5 

Celte  formation  des  nitrites  est  tellement  nette,  qu'elle  pourrait  certai- 
nement servir  à  mesurer  l'intensité  d'action  des  lampes  de  Kromayer,  en 
les  dosant  avec  le  réactif  de  Griess. 

Cette  propriété  des  rayons  ultraviolets  est  remarquable,  surtout  si  l'on 
admet  qu'ils  puissent  aussi  donner  de  l'eau  oxygénée.  Or  je  crois  que  les 
conclusions  de  M.  Miroslaw  Kernbaum  sont  parfaitement  acceptables.  De 
l'eau  traitée,  ne  contenant  pas  de  nitrites,  m'a  donné  une  décoloration  du 
permanganate  de  potassium  en  liqueur  acide  et  une  coloration  de  Kl.  Ces 
réactions  dans  ce  cas  sont  faibles,  mais  suffisamment  nettes.  Pour  ces 
temps  brefs  d'action,  l'acide  titanique  ne  m'a  rien  donné.  M.  Kernbaum 
ayant  montré  qu'il  se  dégageait  de  l'bydrogène  qui  se  formerait  en  vertu  de 
la  formule 

2W0  =  HHy-{-H\ 

il  y  a  peut-être  là  une  cause  de  la  réduction  des  nitrates. 

L'instabilité  de  l'acide  nitreux  explique  les  faibles  résultats  en  liqueur 
acide. 

Dans  ces  différentes  expériences,  je  suivais  en  même  temps  l'action  bac- 
téricide en  ensemençant  du  hacillus  coli.  Je  n'ai  pas  constaté  de  changement 
dans  la  vitesse  de  stérilisation,  avec  la  plus  ou  moins  abondante  formation 
des  corps  considérés.  J'ai  fait  les  mêmes  essais  avec  de  l'eau  bouillie,  aérée 
ou  non,  ou  encore  refroidie  dans  un  courant  de  CO".  Il  n'y  a  pas  non  plus 
de  différences. 

On  doit  donc  admettre  que  le  pouvoir  stérilisant  des  lampes  en  quartz  à 
vapeur  de  mercure  est  bien  dû  à  une  action  abiotique  propre  aux  rayons 
ultraviolets  qu'elles  émettent  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  intervenir 
ozone  ou  eau  oxygénée.  Ces  corps,  une  fois  formés,  ont  sans  doute  leur 
action,  mais  elle  est  incomparablement  plus  faible,  étant  donnée  leur  minime 
quantité. 

J'ai  pu  constater  que  les  tubes  de  Geissier  en  quartz  ont  la  même  action 
sur  les  nitrates.  Elle  est  seulement  plus  faible. 


23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Nouvelles  observa/ions  sur  l'individualité  de  la 
ccllase.  JNote  de  MM.  Gabrip.i,  nF.KTR.wi)  el  M.  Hoi.derer,  présentée 
par  M.  E.  Houx. 

Les  expériences  que  nous  avons  publiées  l'année  dernière  (')  ont  établi 
la  présence,  dans  le  mycélium  àWspergillus  niger  et  dans  les  graines  de 
plusieurs  plantes,  d'une  diastase  pouvant  séparer  le  cellose  en  deu\  molé- 
cules de  glucose.  Mais,  comme  les  préparations  diastasiques  utilisées  au 
cours  de  ces  expériences  renfermaient  plusieurs  espèces  de  diastases,  nous 
avons  dû  chercher  si  le  dédoublement  du  cellose  était  provoqué  par  une 
diastase  déjà  connue  ou  bien  s'il  y  avait  lieu  d'admettre  l'existence  d'une 
diastase  nouvelle,  d'une  cellase. 

Nous  avons  montré  dans  notre  première  Note  que  ni  la  mailase,  ni  la 
sucrase  n'agissent  sur  le  cellose.  E.  Fischer  et  G.  Zemplén  ont  publié, 
d'autre  part,  une  expérience  d'après  laquelle  la  lactase  du  kéfir  est  aussi 
sans  action  sur  le  même  sucre  (-).  11  ne  restait  donc  plus  qu'îi  examiner  si 
la  cellase  est  différente  de  l'émulsine  et  de  la  tréhalase. 

E.  Fischer  et  G.  Zemplén  pensent  que  l'émulsine  dédouble  le  cellose,  mais 
ils  ont  opéré^avec  une  préparation  commerciale,  tirée  des  amandes,  qui 
renfermait  certainement  plusieurs  diastases.  Nos  expériences,  basées  sur  la 
lillrabilité  différente  des  diastases  et  sur  l'influence,  signalée  la  première 
fois  par  l'un  de  nous  ('),  qu'exerce  la  réaction  du  milieu  sur  cette  filtrabi- 
lité,  montrent,  au  contraire,  que  la  ccllase  et  l'émulsine  se  comportent 
coinriK^  deux  diastases  distinctes. 

De  la  inacéiciLiOii  A' Aspcrgilliishxl  ilivisée  en  tiois  poilions  :  la  jjremièie  fui  adili- 
lioiinée  de  soude  jusqu'à  légère  alcalinilé  à  la  piilaléiiie;  la  seconde  fut  laissée  à  l'étal, 
naturel;  la  troisième,  enfin,  recul  de  l'acide  clrlorliydrique  jusqu'à  presque  neutrali- 
sation à  riiéliantiiine.  Les  trois  portions  furent  alors  filtrées  à  la  bougie  :  on  rejeta  le 
pieinier  tiers  de  chaque  liquide,  destiné  au  lavage  et  à  la  saturation  des  bougies,  puis, 
sur  le  reste,  on  préleva  ase[)tiquement  5o'^"'°. 

Le  liquide  alcalinisé  reçut  juste  assez  d'acide  cliloi  liylrique  titré  el  stérilisé  pour 
rétablir  la  réaction  naturelle.  Celui  qui  avait  été,  au  contraire,  additionné  d'acide 
chlorli ydriqiio    rerul    de    la   soude  aussi   titrée  et  stérilisée.   Quant   au   liquide   de  la 


(')  Comptes  rendus,   t.  GXLIX,  1909,  p.  i385. 

(^)   .1/1/1.  der  Chein,,  t.  CCGLW,  1909,  p.  1. 

(')   NL  lloLi)i;ni;n,  Conijilcs  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  ii.jo. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  19IO.  23l 

seconde  portion,  il  Cul  mél;inf;é  à  i:i  fols  d'aoiile  et  d'alcali  de  manière  à  rendre  son 
volume  égal  à  celui  des  deux  précédenls,  sans  toutefois  en  changer  la  réaction. 

Ceci  étant  préparé,  on  fit  agir  séparément  les  trois  solutions  sur  des  (juaiitilés  é<(ui- 
nioléculaires  de  cellose  el  d'aniygdaline  placées  dans  des  lubes  bouchés  avec  de  l'ouate 
et  préalablement  stérilisées  à  +113°  pendant  i5  minutes.  On  s'était  assuré,  par  une 
série  d'expériences  préliminaires,  qu'une  telle  stérilisation  ne  transformait  pas 
l'amjgdaline  (le  pouvoir  rotatoire  reste  absolument  le  même)  et  qu'elle  n'hydrolysait 
pas  le  cellose. 

Les  quantités  mises  en  expériences  ont  été  :  avec  le  cellose,  de  os,o5o  dans  V"'  des 
liquides  diastasiques;  avec  l'amygdaline,  de  08,873  dans  20'''""  de  ces  mêmes  liquides. 

Les  tubes  qui  contenaient  les  mélanges  sucrés  ont  été  mis  au  thermostat,  simple- 
ment bouchés  avec  leur  tampon  d'ouate;  mais  ceux  qui  renfermaient  le  glucoside  ont 
été,  au  contraire,  scellés  à  la  lampe  pour  éviter  les  pertes  ultérieures  d'acide  cyan- 
hydrique.  Après  4o  heures  à  -+-  87°,  l'analyse  a  donné  les  résultats  que  voici  : 

I"  Pour  le  cellose  : 

Cuivre        Sucre  dédciuljlé 
réduit.       |iijur  ll)l)  oiivirou. 

Avec  la  macéialion  (illrée  alcaline 9.5  y^,~> 

n  filtrée  à  l'étal  naturel 96  8!,o 

»  filtrée  ajirès  addition  d'acide  chlorhvdii(|ue.     77  :!  1  ,  j 

2°   l'our  l'amviîdaiine  ; 

Aeidc  Ciliroside  dédni.l.lé 

cv-inhydriquc.  poiir  100. 

Avec  la  macération  filtrée  alcaline i3  6(3 

»  à  l'état  naturel 16, 5  S4 

»  après  addition  de  IICI 7,6  3S,.3 

Il  est  l'acilc  dt-  voir,  en  eoiiiparanl  ces  résiillats,  (jue  la  cellase  el  rémiil- 
sine  ont  lilli'é  dune  manière  dilléfente  et,  de  plus,  qu'elles  ont  été  inilucncées 
inégalement  par  la  réaction  du  milieu.  Tandis,  par  exemple,  que  la  neutrali'- 
sation  presque  complète  de  la  macération  cVAspergi/lus  niger  à  Tliélian- 
tliine  a  réduit  à  peu  près  au  quart  le  passage  de  la  cellase  à  travers  la  bougie 
de  porcelaine,  elle  a  réduit  seulement  à  la  moitié  environ  celui  de  Témul- 
sine.  L'action  légèrement  destructrice  de  la  soude  s'est  fait  sentir,  dautre 
part,  beaucoup  plus  sur  l'émulsine  que  sur  la  cellase. 

Ce  sont  là  autant  de  différences  qui  tendent  à  faire  considérer  la  cellase 
comme  distincte  de  l'émulsine. 

Nous  avons  réussi  enliu  à  différencier  la  nouvelle  diastase  de  celle  qui 
attaque  le  trébalose  en  nous  servant  d'une  préparation  diastasique  extraite 
des  amandes  d'abricot.  Tandis  que  cette  préparation  hydrolyse  nettement 
le  cellose,  ainsi  que  nous  l'avons  mentionné  antérieurement,  elle  est  tout 
à  fait  inactive  vis-à-vis  du  tréhalose. 


232  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

En  résumé  il  existe  donc  une  diaslase  spécifique  du  cellose.  Cette  dias- 
tase,  que  nous  proposons  d'appeler  cellase,  se  trouve,  plus  ou  moins 
mélangée  avec  d'autres  espèces  diastasiques,  dans  des  organes  appartenant 
à  des  végétaux  divers  :  amandes  de  l'abricotier  et  de  l'amandier,  graines  de 
l'orge,  mycélium  de  VAspergillus  niger,  etc.  (').  Nous  n'en  avons  pas 
trouvé  dans  le  sérum  de  cheval,  du  moins  en  proportion  appréciable,  ni 
dans  la  levure  haute,  ni,  enfin,  dans  la  macération  glycérinée  de  Russula 
quelelii. 


ACOUSTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.   —  La  photographie  de  la  voix  dans  la  pra- 
tique médicale.  Note  de  M.  Marage,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Si,  au  cours  d'un  traitement,  il  est  indispensable  de  mesurer  d'une  façon 
précise  les  variations  de  l'acuité  auditive  (^),  il  est  tout  aussi  important, 
dans  les  mêmes  conditions,  d'inscrire  les  notes  que  peut  chanter  un  larynx 
malade. 

Dans  un  travail  présenté  à  l'Académie  des  Sciences  le  23  mars  1908,  j'ai 
décrit  un  appareil  qui  permet  de  photographier,  sans  aucune  manipulation 
spéciale,  les  vibrations  de  la  voix  sur  une  bande  de  papier  de  25"  de  lon- 
gueur {fig.  i).  Chaque  ligne  dure  à  volonté-  de  seconde,  n  étant  égal  à 
1,  2,  3,  4,  5,  G,  7. 

J'ai  pensé  que  cette  méthode  pouvait  être  utile  aux  médecins  en  leur  per- 
mettant de  constater  et  de  faire  constater  aux  malades  l'état  de  leur  voix 
avant  et  après  un  traitement. 

Technique.  —  Je  fais  chanter  une  ou  deux  gammes  sur  une  voyelle.  A, 
par  exemple;  les  différentes  notes  (piquées)  sont  séparées  les  unes  des  autres 
par  un  intervalle  de  repos  (représenté  sur  le  tracé  par  une  ligne  droite);  des 
épreuves  sont  prises  au  commencement,  à  la  fin  et  au  cours  du  traitement 
si  on  le  juge  nécessaire. 


(')  Des  expériences  récentes  de  H.  Pringsheim  et  G.  Zemplén,  sur  l'action  hydro- 
lysante  du  suc  extrait  à  la  presse  de  i3  espèces  de  moisissures  vis-à-vis  de  plusieurs 
sucres,  parmi  lesquels  le  cellose,  conduisent  à  faire  admettre  la  présence  de  la  cellase 
dans  4  de  ces  espèces  {Zeilsch.  pliysiol.  Clieni.,  t.  LXII,  1909,  p.  067). 

(  '  )  Mesure  et  déieloppement  de  l'audition  par  la  sirène  à  voyelles  :  travail  couronné 
par  l'Académie  de  Médecine  (1902). 


SÉANCE    DU    2/4    JANVIER    19IO.  233 

En  comparant  les  épreuves  prises  à  différentes  époques,  on  peut  voir  et 
faire  voir  au  sujet  les  étapes  vers  la  guérison. 


i> 


■■■■'.  ■'''Vii'«lf;-,VM;j^,^,^.^,  , 


•WffiRajj 


Tracés  de  deux  noies  en^vraie  grandeur  :  la^  bien  clianto;  si^  nuil  olianlé; 
voix  chevrotante  avec  coup  de  glotte  au  début. 


J'ai  eu  l'occasion  de  photograpliier  un  grand  nombre  de  voix,  je  donne 
aujourd'hui  simplement  deux  exemples  qui  montrent  les  progrès  réalisés 
par  deux  malades  du  D''  (]onta  :  mon  rôle  a  consisté  simplement  à  prendre 
les  tracés,  à  les  interpréter  et  à  guider  le  traitement. 

Premier  cas  :  double  nodule  des  chanteurs  (tessiture  de  mezzo  sol^  à  ml^).  —  La 
place  manquant  ici  pour  faire  voir  les  tracés  complets,  j'ai  choisi  une  seule  note,  le  la^, 
prise  à  dilTéreiites  époques  du  traitement;  la  vitesse  du  papier  n'était  pas  la  niêmf 
dans  tous  les  tracés  ;  chaque  fois  elle  était  chronométrée  et  l'on  savait  exactement  la 
durée  de  chaque  ligne. 

Tracé  1  (début).  —  La  voix  est  presque  nulle  et  c'est  à  peine  si  l'on  distingue  les 
vibrations. 

Tracée  (i5  jours  après).  —  L'amplitude  du  tracé  augmente  un  peu  et  par  consé- 
quent la  voix  a  plus  d'intensité,  mais  elle  chevrote,  ce  que  montre  le  tracé  en  fuseaux. 
C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N-  4.)  3l 


23/1 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


TracéW  ((>  mois  plus  lard).  —  Ij'inlensilé  de  la  voix  auj^nieiile  mais   le  chevrote- 
ment persiste. 


V\%.  2.  —  Echelle  }  :  Pharyngite  calarrhale;  traies  pris  au  début 
et  à  la  fin  du  traitement. 


Tracé  k-  (i8  mois  après  le  début).  —  L'iulensiléde  la  voix  est  normale  et  le  chevro- 
tement qu'on  soupçonne  sur  le  tracé  n'est  plus  perceptible  à  l'oreille. 


SÉANCE    DU   l[\   JANVIER    19ÎO.  235 

Second  cas  :  pharyngite  catarrhale  (tessiture  de  soprano  la,  à  la^).  —  Les  tracés 
représentent  les  notes,  de  nii^  à  ul^\  à  gauche,  au  début;  à  droite,  à  la  fin  du  trai- 
tement {fig.  2). 

Au  début  l'intensité  des  diverses  notes  est  inégale,  ce  qu'on  reconnaît  à  l'amplitude 
variable  des  tracés.  Les  notes  «li'j  el  fa^  sont  chevrotantes;  les  notes  io^^,  la^,  54,  "^4, 
sont  mal  attaquées,  car  au  début  de  chaque  note  on  constate  un  coup  de  glotte  très 
marqué,  caractérisé  par  la  partie  renflée  qui  se  trouve  au  commencement  du  tracé 
de  chacune  de  ces  notes. 

A  la  fin  du  traitement,  l'intensité  est  constante  tiès  sensiblement,  le  chevrotement 
est  à  peine  perceptible  sur  les  deux  premières  notes  et  les  coups  de  glotte  ont  disparu, 
la  voix  a  repris  ses  qualités  antérieures. 

Conclusions.  —  La  photographie  des  viljrations  laryngiennes  permet  de 
faire  voir  d'une  façon  très  nette  l'état  de  la  voix  au  début  et  à  la  fin  d'un 
traitement.  Ce  procédé  est  un  guide  pour  le  praticien  dans  la  marche  des 
soins  à  donner  et,  dans  certains  cas,  ces  tracés  pourraient  ne  pas  être  inu- 
tiles au  malade  et  au  médecin. 

Est-il  possible,  comme  on  le  fait  avec  la  sirène  à  voyelles,  de  diagnos- 
tiquer la  nature  de  la  lésion  d'après  la  forme  du  tt^acé  ?  C'est  une  question 
que  j'étudie  en  ce  moment,  mais  que  je  n'ai  pas  encore  complètement 
résolue.  Cependant  il  semble  bien  que  certaines  lésions  soient  caractérisées 
par  certains  tracés. 


OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Conséquences  de  l' hypothèse  d'Yoïing.  Delà 
sensation  du  blanc  binaire.  Note  de  M.  A.  Roskxstieui.,  présentée  par 
M.  J.  Violle. 

11  existe  un  nombre  indéterminé  de  lumières  blanches  binaires,  ter- 
naires, etc.  Physiologiquement,  la  sensation  est  la  même  pour  tous  ces 
mélanges  ('). 

Mon  but  est  d'appeler  l'attention  sur  la  sensation  du  blanc  qui  résulte 
toujours  du  mélange  de  deux  sensations  colorées,  quand  elles  ne  sont  pas 
complémentaires.  Cette  sensation  est  inséparable  de  celle  d'une  troisième 
couleur,  qui  se  forme  en  même  temps,  et  dont  la  nuance  et  l'intensité  de 
coloration  peuvent  être  déterminées  par  l'expérience  directe  et  par  une 
construction  géométrique. 

(')  Comptes  rendus,  t.  XCII,  p.  244;  t-  XCIII,  p.  207  et  357;  l.  XCV,  p.  1273; 
t.  CXLVIII,  p.  i3.2. 


236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  résulte  de  la  théorie  d'"^  oung  qu'à  la  vue  d'une  surface  blanche,  l'œil 
éprouve,  à  son  insu,  les  trois  sensations  colorées  primaires,  dans  leur  plus 
grande  intensité  pour  un  éclairage  déterminé.  Si  à  cette  donnée  on  ajoute 
la  condition  que  la  sensation  du  blanc  provient  de  l'excitation  égale  des 
trois  sensations  colorées  primaires,  le  blanc  devient  l'unité  de  mesure  pour 
ces  trois  couleurs,  dont  chacune  représente  alors,  en  intensité,  le  tiers  de 
celle  du  blanc. 

Cette  dernière  peut  être  mesurée  avec  précision  à  l'aide  des  disques  tour- 
nants. 

Première  expérience.  —  La  surface  d'un  disque  est  formée  par  trois  secteurs 
colorés  a,  6,  c,  représentant  chacun  l'une  des  couleurs  fondamentales,  dont  l'inten- 
sité de  coloration  est  telle  qu'on  ait  par  rotation  rapide 

(i)  i20rt  +  1206 -t- I  aoc  =  70  blanc. 

Deuxième  expérience.  —  Avec  les  couleurs  «  et  c  on  couvre  un  disque  et  l'on  copie 
avec  des  matières  colorantes  le  résultat  du  mélange.  Soit  d  cette  couleur  : 

1 80  rt  -h  1 80  r  ^  36o  d, 
ou 

(2)  i2oa  +  i2ot' =  a^o'^- 

Troisième  expérience.  —  En  formant  un  disque  avec  la  couleur  d  et  sa  complé- 
mentaire c,  on  trouve 

289 a(  +  12  I  6  :=  70  blanc, 
ou  très  sensiblement 

(3)  24of/ +  120 ft  ^  70  blanc, 
comme  cela  devait  être  d'après  (  i  )  et  (2). 

L'expérience  (3)  indique  que  l'intensité  de  coloration  de  d  est  moitié  àc 
celle  de  6,  mais  que  l'intensité  lumineuse  totale  est  restée  la  même.  Malgré  la 
diminution  considérable  de  la  coloration,  rien  ne  disparaît  comme  sensation 
lumineuse;  ce  qui  est  perdu  comme  intensité  de  coloration  se  retrouve  en 
intensité  lumineuse  totale  ('). 

En  transportant  ces  données  dans  une  figure  géométrique,  le  point  O 
représente  le  noir  absolu;  de  ce  point  partent  trois  lignes  distantes  de  120" 
représentant    les    trois    sensations    fondamentales.   Ces   lignes  auront  des 


(')  Bulletin   de  la  Société  industrielle  de  Rouen,   1882,  p.  887-389,  et  Comptes 
rendus,  t.  \(;iV,  p.  i/jia. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I910.  237 

longueurs  proportionnelles  aux  intensités  de  coloration;  à  leur  extrémité  se 
trouveront  les  trois  couleurs  A,  B,  C,  que  nous  admettrons  égales  entre 
elles.  Une  couleur  binaire  H  aura  sa  place  sur  le  côté  AC  du  triangle  ABC, 
équilatéral.  La  ligne  OH  représente  dès  lors  l'intensité  de  coloration  et  la 
ligne  OFj  son  intensité  lumineuse  totale. 


La  ligne  OH  variera  de  longueur  avec  les  diverses  positions  de  IL  Son 

maximum  sera  A()  =77  et  son  minimum  OD  ^-r- 
6  b 

Ln  ce  point,  situé  à  égale  distance  de  A  et  de  C,  l'intensité  de  la  sensation 
du  blanc  binaire,  représentée  par  DE,  est  égale  à  celle  de  l'intensité  de  colo- 
ration OD,  leur  somme  OE  constituant  l'intensité  lumineuse  totale,  qui 

reste  constante  pour  tous  les  mélanges  de  A  et  de  C  et  égale  à  -:,■  On  voit 

que  si  les  sensations  primaires  peuvent  être  définies  chacune  par  un  seul 
point^  il  en  faut  deux  pour  définir  chaque  couleur  binaire,  l'un  H  situé 
sur  le  périmètre  du  triangle,  l'autre  L  placé  sur  la  circonférence. 

La  table  des  couleurs  ne  doit  donc  pas  être  figurée  par  un  triangle,  ainsi 
(jue  le  pensaient  Maxwell  (  ')  et  Helmholtz  (-),  mais  par  un  triangle  inscrit 
dans  un  cercle. 

On  a  ainsi  des  couleurs  dont  l'intensité  de  coloration  varie  du  simple  au 
double,  et  qui  sont  d'autant  plus  lavées  de  blanc  qu'elles  sont  plus  rappro- 
chées du  milieu  du  côté  du  triangle. 


(')  Maxwell,    Transactions  of   tlie   Hayal  Society  of  Edinbur^h,  l.   XXI,  i855, 
p.  27.5-298. 

('-)    IIelmiioltz,  Optique  physiologique  (liaduclion   E.  Javal  et  Th.  Klein),   p.  373. 


238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  form:Ulon  de  ce  blanc  binaire  porte  à  trois  le  nombre  des  espèces  de 
blanc  dont  il  faut  tenir  compte  dans  les  études  sur  le  mélange  des  couleurs. 
Ce  sont  ;  1°  la  sensation  du  blanc  due  à  la  diffusion  superficielle  de  la  lumière 
blanche  incidente;  i°  le  blanc  binaire  inhérent  à  la  coloration;  3°  le  blanc 
surajouté  pour  faire  le  rabat  des  couleurs. 

En  résumé,  l'expérience  et  la  théorie  sont  d'accord  pour  constater  la  for- 
mation constante  du  blanc  par  le  mélange  de  deux  couleurs.  De  ce  fait,  l'in- 
tensité de  coloration  des  mélanges  binaires  varie  entre  j  et  ^  de  l'intensité 
du  blanc  pour  un  même  éclairage,  mais  leur  intensité  lumineuse  totale  reste 
constante.  Dans  la  construction  géométrique  traduisant  la  théorie  d'Young, 
chaque  couleur  binaire  est  définie  par  deux  points. 


PSYCHOLOGIE  ANIMALE.  —  L'association  des  sensations  chez  les  animaux. 
{La  loi  de  récurrence.)  Note  de  M.  P.  Hachet-Souplet,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

Les  expériences  de  dressage  sont  très  instructives  au  point  de  vue  des 
lois  de  l'association  des  sensations  chez  les  animaux. 

Pour  obtenir,  d'après  la  méthode  des  dresseurs  professionnels,  qu'un 
animal,  à  un  signal  particulier,  n'ayant  sur  ses  pareils  aucun  effet  dynamo- 
gène, exécute  des  mouvements  déterminés,  on  commence  par  faire  ce 
signal  en  présence  du  sujet  (c'est  là  une  excitation  n'éveillant  que  des 
sensations  représentatives),  puis  on  détermine  chez  lui,  aussitôt  après,  au 
moyen  d'excitations  convenables,  des  sensations  affectives  et  provoquant 
naturellement  les  mouvements  qui  constitueront,  plus  ou  moins  grossiè- 
rement, l'exercice  que  l'on  a  en  vue.  Or,  quand  on  a  répété  fréquemment 
le  même  signal,  toujours  avant  les  excitations  provoquant  des  sensations 
affectives  dynamogènes,  on  peut  finalement  supprimer  ces  dernières 
excitations  :  le  signal  est  devenu,  lui  aussi,  dynamogène.  11  détermine  les 
réactions  parce  que  les  sensations  représentatives  auxquelles  il  correspond 
se  sont  associées  aux  sensations  affectives  et  les  rappellent  dans  le  champ  de 
la  mémoire.  Plus  tard,  les  attitudes  que  prend  le  dresseur,  avant  de  faire  le 
signe  déclencheur.^  deviennent  également  des  signaux  dynamogènes  aux- 
quels le  sujet  obéirait  si  l'on  n'y  remédiait,  afin  d'éviter  le  désordre.  Il 
faut  en  conclure  que  des  associations  successives  se  sont  formées  dans  le 
sens  opposé  à  celui  de  la  succession  des  excitations.  Ce  qui,  d'ailleurs, 
n'c'npèclii'  pas  la  chaîne  psychique  de  se  reproduire  invariablement  dans 


SÉANCE  UV    24  JANVIER  1910.  289 

l'ordre  des  excitations.  Le  phénomène  consiste  donc  en  ce  que  cette  chaîne 
est  rattachée  à  des  antécédents  psychiques  de  plus  en  plus  anciens. 

C'est  ainsi  que,  dans  les  exhibitions  coniprenant  plusieurs  animaux  sai'anls,  un 
sujet  A,  devant  travailler  après  un  sujet  B,  finit  par  ne  plus  attendre  l'ordre  du  maître 
et  descend  de  son  escabeau  dès  que  B  a  terminé  ses  exercices.  Ce  sont  alors  les  sen- 
sations représeiitalives  correspondant  à  la  fin  des  exercices  de  B  qui  sont  devenues 
dynamogènes  pour  A.  Plus  tard  encore,  A  n'attendra  même  plus  la  fin  des  exercices 
de  B  pour  venir  au  maître,  il  sera  rois  en  mouvement  parla  vue  de  certains  actes  de  B 
et  il  faudra  que  le  dresseur  rétablisse  l'ordre  par  un  redressage. 

Au  point  de  vue  purement  psychologique,  il  s'agit  ici  de  ce  que  nous 
avons  appelé  la  loi  de  récurrence  (Congrès  de  Psychologie,  août  1909). 

Le  dressage  fait  ressortir  très  clairement  cette  loi;  mais  elle  s'applique 
nécessairement  aux  animaux  vivant  à  l'état  de  nature,  et  elle  explique  des 
prévisions  instinctives  qui  ont  paru  raisonnées  à  certains  auteurs. 

En  effet,  lorsque  des  phénomènes  extérieurs  se  reproduisent  à  époques 
fixes,  si  la  chaîne  psychique  d'abord,  exactement  parallèle  à  certains 
d'entre  eux  et  aboutissant  à  une  réaction,  est  rattachée  successivement  à  des 
souvenirs  de  plus  en  plus  anciens,  qui  deviennent  dynamogènes,  la  réaction 
aura  une  tendance  à  se  produire  trop  tôt,  à  devancer  les  circonstances  exté- 
rieures dans  lesquelles  elle  se  produisait  d'abord.  Il  n'y  a  plus  alors  syn- 
chronisme, mais  prévision  :  ce  qui  peut  être  utile  ou  nuisible  à  l'espèce. 

Dans  le  premier  cas,  la  faculté  de  prévoir  reste  acquise  et  se  développe.  11  est 
permis  de  supposer  que  les  espèces  qui,  à  l'automne,  quittent  le  Nord  pour  un  climat 
plus  chaud,  sont  d'abord  parties  seulement  à  l'époque  où  la  nourriture  leur  manquait, 
puis,  quand  la  diminution  de  la  chaleur  (qui  précède  et  détermine  la  raréfaction  de 
la  pâture)  était  venue;  et  qu'elles  partent  maintenant  quand  certains  signes  précur- 
seurs du  froid  se  produisent,  par  exemple,  la  diminution  de  la  longueur  du  jour. 
Il  est  peut-être  nécessaire  que  plusieurs  signes  soient  donnés  ;  et  leur  manque 
éventuel  de   concordance  pourrait  expliquer  certaines  irrégularités  dans  les  départs. 

Le  second  cas  se  présente  chaque  fois  qu'un  fonctionnement  organique  ne  peut  se 
produire  qu'entre  des  limites  de  temps  étroites,  tracées  par  des  phénomènes  extérieurs. 
Exemple  :  le  rythme  des  marées,  qui  règle  la  vie  des  animaux  marins  littoraux. 
Tout  acte  tendant  à  ce  fonctionnement  et  arrivant  trop  tôt  serait  alors  funeste;  mais, 
de  ce  fait  même  qu'un  i-ythme  physiologique  existe  nécessairement  chez  l'animal,  le 
synchronisme  psychologique  est  maintenu;  les  sensations  présentes,  restant  forcément 
en   relation  constante  avec  le  milieu,   règlent  la  conduite  de  l'animal. 

On  pourrait  objecter  que  si  la  loi  de  récurrence  avait,  à  part  le  cas  de 
synchronisme  imposé,  une  portée  générale,  les  animaux  purement  instinctifs 
ne  s'adapterai-^ml  jamais  à  des  circonstances  extérieures  nouvelles  se  pro- 


24o  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

(luisant  nécessairenienl  à  la  suite  des  impressions  anciennes;  mais  il  se  forme 
de  nouveaux  noyaux  d'association. 

Il  semble  que  le  fait  de  pouvoir  associer  facilement  toutes  leurs  sensations 
dans  les  deux  sens,  aussi  bien  dans  l'ordre  des  excitations  que  dans  l'ordre 
inverse,  constitue,  chez  quelques  animaux  supérieurs  (comme  certaines 
espèces  de  singes,  que  nous  avons  étudiées  à  ce  point  de  vue)  un  immense 
progrès,  lié  à  la  formation  de  rintelligence.  En  effet,  tant  qu'une  association 
est  récurrente,  le  but  d'un  acte  aucpiel  les  sensations  représentives  associées 
sont  liées,  doit  forcément  échapper  à  ranimai,  au  moment  même  où  l'asso- 
ciation se  fait.  11  se  trouve  au  degré  psychologique  d'un  homme  chez  qui 
les  impressions  causées  par  toute  phrase,  écrite  ou  prononcée,  s'associeraient 
les  unes  aux  autres  dans  le  sens  contraire  à  celui  où  la  signilication  de  la 
phrase  se  complète. 


EMBRYOLOGIE.  —  Sur  la  structure  et  la  signijicatioa  de  la  membrane  qui 
enveloppe  la  sphère  vitelline  de  l'œuf  des  Oiseaux.  jNote  de  M.  A. 
Lécaillox,  présentée  par  M.  Henneguy. 

On  sait  que  la  sphère  vitelline,  dans  l'œuf  des  Oiseaux,  est  entouréejiar 
une  enveloppe  assez  résistante  qu'on  regarde  généralement  comme  une 
mendjrane  vitelline,  c'est-à-dire  comme  un  produit  de  l'œuf  lui-même. 
Dans  cette  manière  de  voir,  l'œuf  sécréterait  à  sa  surface,  ou  différencierait 
dans  sa  région  périphérique,  l'enveloppe  dont  il  s'agit.  C'était  l'opinion  de 
Balfour  et  c'est  encore  celle  de  R.  Ilert^vig  et  de  la  plupart  des  embryogé- 
nistes  modernes. 

Mais  une  autre  opinion  a  été  soutenue  par  quelques  auteurs.  Balbiani, 
dans  ses  Leçons  sur  la  génération  des  Vertébrés  (1879),  dit  que  la  membrane 
du  jaune  n'est  pas  homogène,  mais  formée  de  fibrilles  entrecroisées  dans 
tous  les  sens.  Il  ajoute  avoir  vu,  chez  la  Poule,  à  la  surface  et  même  dans 
l'épaisseur  de  cette  uiembrane,  des  cellules  détachées  de  la  paroi  du  follicule 
ovarien,  et  il  en  conclut  que  la  prétendue  membrane  vitelline  doit  être 
regardée  en  réalité  comuie  un  chorion. 

J'ai  repris  l'élude  de  cette  question  en  m'adressant  non  pas  à  la  Poule 
qui,  surtout  si  l'on  examine  l'enveloppe  de  la  sphère  vitelline  dans  l'œuf 
pondu,  paiail  être  un  type  défavorable  à  ce  point  de  vue,  mais  au  Merle 
{Turdus  meruta  L.). 

Dans  l'u'uf  nouvellement  pondu  de  ce  Passereau,  l'enveloppe  de  la  sphère 


SÉANCE    DU    Q'j    JANVIER    19IO.  ll\l 

vitclliiie  comprend  trois  couches  superposées  régulièrement  l'une  à  l'autre 
et  (|ue  je  désignerai  ici,  pour  la  commodité  de  la  description,  par  les  noms  de 
couche  interne  {ceWc  qui  repose  directement  sur  le  vitellus),  couche  moyenne 
et  couche  externe  (celle  sur  laquelle  repose  l'albumen  de  l'œuf). 

L'épaisseur  totale  de  l'enveloppe  parait  être  en  moyenne  de  ï3^  à  20!^, 
mais  susceptible  d'assez  grandes  variations,  ce  qui  s'explique  facilement, 
comme  on  va  le  voir. 

La  couclie  interne  est  ordinairement  la  plus  mince  des  trois  et  a  une  épaisseur 
assez  constante  d'environ  3!^.  On  n'y  distingue  aucune  cellule  ni  aucun  noyau  cellu- 
laire. Elle  peut  être  assimilée  soit  à  une  membrane  vitelline,  si  elle  dérive  de  l'œuf, 
soit  à  un  chorion,  si  elle  dérive  de  l'épithélium  folliculaire.  Actuellement  je  ne  puis 
me  prononcer  sur  ce  point. 

La  couche  moyenne,  environ  2  à  3  fois  plus  épaisse  que  la  couche  interne,  est  le 
reste  à'an  épithélium  formé  d'une  seule  assise  de  cellules.  Mais  ces  cellules  sont 
en  voie  de  dégénérescence  très  avancée.  Leur  noyau  est  encore  cependant  très  recon- 
naissable  pour  un  grand  nombre  d'entre  elles.  Leur  cytoplasma  est  très  vacuole.  En 
conséquence  de  l'état  dégénérescent  de  l'épithélium,  son  épaisseur  est  un  peu  variable 
suivant  les  points  où  on  le  considère. 

La  couche  externe  est  formée  de  tissu  conjonctif  Jibiillaire.  On  y  reconnaît  la 
présence  de  restes  de  petits  noyaux  allongés  dans  le  sens  tat^entiel  par  rapport  à  la 
surfiice  de  la  sphère  vitelline  et  de  fibrilles  orientées  dans  le  même  sens. 

Or,  si  l'on  considère  l'o-uf  ovarien  des  Oiseaux  à  un  stade  avancé  de  son 
évolution,  on  trouve  autour  de  lui  un  follicule  ayant  exactement  les  trois 
couches  que  je  viens  de  décrire  dans  l'œuf  pondu  du  Merle. 

La  couche  interne,  appelée  ordinairement  membrane  vitelline  de  lœuf 
ovarien,  ne  diffère  pas  de  celle  qu'on  observe  dans  Fo-uf  pondu. 

La  couche  moyenne  ou  granulosa  est  un  épithélium  prismatique, 
beaucoup  plus  net,  il  est  vrai,  que  dans  l'tfuf  pondu,  mais  cette  différence 
tient  uniquement  à  ce  que,  dans  l'o'uf  ovarien,  l'épithélium  n'est  encore  que 
peu  ou  pas  en  voie  de  dégénérescence. 

Autour  de  l'épithélium  du  follicule,  la  couche  conjonctive  ou  theca  est 
beaucoup  plus  épaisse  que  la  couche  externe  de  l'enveloppe  de  l'omf  pondu; 
elle  est  en  effet  formée  de  nombreuses  strates  conjonctives  superposées. 
Mais  il  n'y  a  là  qu'une  différence  de  quantité. 

Ces  faits  montrent  que,  en  se  détachant  de  l'ovaire,  la  sphère  vitelline  de 
l'œuf  des  Oiseaux  emporte  autour  d'elle  une  enveloppe  cjui  n'est  ni  une 
simple  membrane  vitelline  ni  même  un  simple  chorion  dépourvu  de  struc- 
ture cellulaire.  Elle  comprend  la  couche  interne,  la  granulosa  et  une  partie 
dIus  ou  moins  épaisse  de  la  theca  du  follicule.  Je  propose  de  désigner  cette 


C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N'  4.) 


32 


2^2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

enveloppe  sous  le  nom  de  capsule  vilelline.  Cette  capsule  protège  la  sphère 
vitelline  pendant  qu'elle  traverse  i'oviducte,  pendant  qu'il  se  dépose  autour 
d'elle  la  couche  aibumineuse,  puis  la  membrane  coquillièreet  la  coquille,  et 
ensuite  pendant  qu'il  s'y  forme  un  embryon.  Mais  la  dégénérescence  des 
cellules  qui  entrent  dans  sa  composition,  déjà  commencée  au  moment  où 
l'œuf  se  détache  de  l'ovaire,  continue  ensuite,  de  sorte  que  généralement, 
dans  l'œuf  pondu,  il  est  difficile  ou  impossible  d'en  retrouver  les  traces. 
C'est  ce  (jui  explique  pourquoi,  jusqu'ici,  les  embryogénistes  se  sont 
trompés  sur  la  vi^aie  nature  de  l'enveloppe  qui  entoure  la  sphère  vitelline 
de  l'o.'uf  des  Oiseaux. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  du  Cenomanien  fossilifère  dans  les  Alpes  cal- 
caires de  la  Haute-Savoie.  Note  de  M.  Lko\-W.  Collet,  présentée  par 
M.  Michel  Lévy. 

La  présence  de  Cenomanien  fossilifère  n'avait  pas  encore  été  signalée 
dans  les  Alpes  calcaires  de  Savoie  où,  suivant  les  auteurs,  les  calcaires 
sublilhographiques  du  Sénonien  reposent  directement  sur  les  grès  noirs 
glauconieux  de  l'Albien. 

En  étudiant  à  nouveau  la  coupe  géologique  détaillée  du  versant  sud  de 
la  montagne  des  Avoudruz,  sur  la  rive  droite  du  GifTre  en  amont  de  Sixt, 
j'ai  eu  la  bonne  fortune  d'y  découvrir  la  présence  de  Cenomanien  à 
Schloenbachia  varians  Sow.  et  Turrilites  costatus  Lam. 

J'ai  relevé  sur  la  face  sud  des  Avoudruz  la  coupe  suivante  des  chalets  de 
Salvadon  au  sommet  :  une  première  série  normale  allant  de  l'Infra- 
valangien  au  Crétacique  supérieur,  supportant  une  nouvelle  série  normale 
qui  comprend  :  Rhodanien,  Aptien,  Gault  et  Crétacique  supérieur.  Ce 
dernier  terme  forme,  un  peu  au  sud-ouest  du  sommet,  un  synclinal  avec 
charnière  visible  tournée  au  sud  et  supporte  sur  le  sommet  même  une 
partie  de  tête  antiolinale  repliée  dans  laquelle  apparaissent  le  Gault, 
l'Aptien  et  enfin,  au  sommet,  le  Rhodanien.  Cette  coupe  est  ncllement 
différente  de  celle  d'Alphonse  Favre,  qui  fut  reproduite  par  tous  les 
auteurs  qui  ont  traité  de  cette  région. 

C'est  au-dessus  du  deuxième  afileurement  de  Gault  de  la  coupe  ci-dessus, 
à  l'altitude  d'environ  25oo™,  ({u'on  voit  le  Cenomanien  fossilifère.  Cette 
couche,  qui  n'a  pas  o"',5o  d'épaisseur,  forme  une  zone  de  transition  entre 
les  grès  noirs  glauconieux  à  Mortoniceras  inflatum  Sow.,  et  les  calcaires 
sublithographiques,  gris  blanc,  du  Sénonien. 


SÉANCE  DU  2'i  JANVIER  1910.  2'i3 

En  coupe  mince,  le  Cénomanien  apparaît  comme  un  calcaire  à  ciment  va- 
seux extrêmement  fin  contenant  des  coquilles  de  foraminifères  et  des  miné- 
raux. Parmi  les  premiers,  nous  citerons  tout  d'abord  les  Orbulines,  puis  les 
Globigérines  et  enfin  de  rares  Pulvinules.  Les  minéraux  sont  représentés 
par  de  la  glauconie  en  grains,  de  la  pyrite  souvent  décomposée  et  du  quartz. 
Ce  dernier  se  rencontre  parfois  à  l'état  roulé  ;  son  diamètre  maximum  ne 
dépasse  pas  o""°,3.  Sous  le  microscope  on  voit  encore  mieux  que  ce  sédi- 
ment marque  bien  un  terme  de  passage  entre  les  grès  noirs  terrigènes  de 
l'Albien,  uniquement  constitués  par  de  la  glauconie  et  du  quartz,  et  les 
calcaires  à  faciès  pélagique  du  Sénonien  à  ciment  vaseux  calcaire  très  fin  ne 
contenant  que  des  foraminifères.  On  suit  ainsi,  dans  cette  région,  l'appro- 
fondissement graduel  du  bord  septentrional  du  géosynclinal  daupliinois. 

Le  Cénomanien  à  Sc/t(.  varians  a  été  signalé  par  Renevier  à  Cheville  dans 
la  nappe  de  Mordes,  sur  la  rive  droite  du  Rhône.  Le  massif  autochtone  du 
Giffre  étant  le  berceau  de  cette  dernière  nappe,  nous  devons  nous  attendre 
à  retrouver  le  Cénomanien  soit  dans  les  Dents  Blanches  de  Champéry,  soit 
dans  les  Dents  du  Midi.  Dans  la  nappe  des  Diablerets,  le  Crétacé  moyen  et 
supérieur,  comme  l'a  montré  Renevier,  manquent  totalement. 

11  faudra  chercher  désormais  le  Cénomanien  plus  au  Sud-Ouest,  de  façon 
à  pouvoir  raccorder  le  Cénomanien  du  Vercors  avec  celui  du  Giffre. 


GÉOLOGIE.   —  Sur  la  genèse  des  formes  glaciaires  alpines.  Note  de  M.  E. 
DE  Mauto.we,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

L'application  des  principes  de  la  Mécanique  physique  à  l'étude  du  frot- 
tement sur  le  lit  des  glaciers  nous  a  permis  (^Comptes  rendus  du  10  jan- 
vier 1910)  de  dégager  les  lois  essentielles  de  l'érosion  glaciaire  :  faible  va- 
leur absolue  de  cette  érosion,  qui  est  presque  nulle  aux  deux  extrémités  du 
glacier;  variation  différentielle  très  grande  en  fonction  des  inégalités  du 
lit  avec  maximum  en  amont  et  en  aval  des  ruptures  de  pente  et  des  étran- 
glements. Toutes  les  formes  principales  des  vallées  alpines  se  déduisent  lo- 
giquement de  ces  lois,  en  supposant  que  la  glaciation  quaternaire  a  trouvé 
dans  les  Alpes  des  vallées  fluviales  relativement  jeunes,  à  profil  longitudinal 
discontinu  et  à  profil  transversal  plus  ou  moins  large. 

Les  bassins  de  surcreusement  séparés  par  des  verrous  sont  des  lieux,  d'érosion 
maximum  séparés  par  des  lieux  de  moindre  érosion,  déterminés  soit  par  une  rupture 
du    profil   longitudinal,    soit   par   un    resserrement    du   profil   transversal.   Un  certain 


2^4  ACADÉMIE    DES    SCIE^fCES. 

nombre  de  bassins,  pour  lesquels  la  théorie  de  Penck  est,  de  l'aveu  même  de  son 
auteur,  sans  explication,  n'ont  pas  d'autre  origine.  Il  est  même  probable  que  c'est  là 
l'explication  la  plus  générale,  à  laquelle  on  peut  ramener  tous  les  cas  précédemment 
invoqués  :  difTérence  de  dureté  des  roches,  confluence  et  diflluence. 

Les  vallées  suspendues  sont  liées  naturellement,  comme  les  verrous,  aux  bassins  de 
surcreusement.  L'explication  qui  invoque  la  vitesse  et  l'épaisseur  plus  grande  du  gla- 
cier principal  pour  rendre  compte  de  l'approfondissement  plus  marqué  de  la  vallée 
maîtresse,  doit  être  complétée,  suivant  notre  théorie,  par  une  autre  considération  : 
dans  le  système  des  vallées  préglaciaires,  il  pouvait  y  avoir  des  ruptures  de  pente  aux 
confluents.  L'érosion  glaciaire  plus  grande  de  part  et  d'autre  de  pareilles  ruptures  de 
pente  peut  seule  expliquer  uo  trait  morphologique  important  des  vallées  alpines  :  les 
bassins  de  surcreusement,  souvent  lacustres,  au-dessus  du  débouché  des  vallées  sus- 
pendues. 

Les  clrijues  glaciaires  sont  des  bassins  de  réception  torrentiels,  dont  la  topogra- 
phie a  été  profondément  modifiée  par  l'érosion  glaciaire  :  l'étranglement  du  canal 
d'écoulement  a  déterminé  un  creusement  et  un  élargissement  à  l'amont.  Les  parois  des 
cirques  sont,  comme  je  l'ai  déjà  indiqué,  la  trace  du  début  de  l'érosion  glaciaire.  Notre 
théorie  est  la  seule  qui  rende  compte  logiquement  des  cliques  étages  (Kartreppe),  en 
les  faisant  dériver  de  vallées  torrentielles  à  ruptures  de  pente  très  accusées. 

Les  bassins  terminaux  (Zungenbecken)  sont  dus  en  partie  à  la  diminution  de  l'éro- 
sion sous  la  langue  terminale  du  glacier,  en  partie  à  l'augmentation  de  l'érosion  que 
devait  déterminer  les  variations  du  profil  longitudinal  et  de  la  section  transversale  du 
lit  au  débouché  des  grands  glaciers  quaternaires  sur  le  Vorland  alpin.  Telle  est  l'ex- 
plication la  plus  générale  des  lacs  subalpins.  L'examen  des  Cartes  de  profondeur 
confirmerait  celte  théorie,  en  montrant  que  les  ombilics  sont  souvent  au  débouché  des 
vallées  alpines. 

Il  est  possible  que  les  mouvements  du  sol  antérieurs  à  la  période  glaciaire  n'aient 
pas  été  étrangers  à  la  formation  de  certains  lacs,  comme  l'a  supposé  Heim.  Une  dépres- 
sion du  bord  subalpin,  comblée  par  des  sédiments,  aurait  donné  une  conlrepente 
virtuelle,  que  l'érosion  glaciaire  aurait  mise  en  évidence  par  un  rapide  déblaiement 
des  sédiments  aux  points  où  débouchaient  les  grands  glaciers,  et  qui  aurait  ensuite 
agi  dans  le  même  sens  et  avec  plus  de  poids  qu'une  atténuation  de  pente.  Une  pareille 
dépression  a  probablement  existé  sur  le  versant  nord  des  Alpes  suisses;  elle  existe 
certainement  sur  le  bord  des  Karpates  méridionales  (dépression  subkaijiatique,  voir 
E.  DE  Martonne,  Comptes  rendus^  [^àècQmhrQ  1899  et  6  mai  1901),  où,  faute  de  grands 
glaciers,  elle  n'a  pas  de  lacs. 

Nous  avons  donc,  dans  la  théorie  mécanique  de  l'érosion  glaciaire,  le 
principe  d'un  groupement  logiquQ  des  principales  formes  alpines,  à  condition 
d'admettre  une  période  d'érosion  fluviale  préglaciaire  ayant  donné  des 
vallées  relativement  jeunes.  Cette  supposition  est  contraire  à  la  théorie  des 
formes  glaciaires  développée  par  Penck  et  Brûckner,  qui  suppose  des  vallées 
préglaciaires  mûres.  Mais  elle  est  d'accord  avec  les  principes  de  la  méca- 
nique du  mouvement  glaciaire,  de  même  qu'avec  un   grand   nombre   de 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  245 

faits  morphologiques,  dont  quelques-uns  n'ont  pas  encore  été  mis  en  lu- 
mière. 

Divers  auteurs  ont  signalé  dans  les  Alpes  suisses  et  françaises  l'existence  d'épaule- 
ments  formant  des  terrasses  rocheuses  plus  ou  moins  continues,  qui  dénotent  des 
creusements  successifs  pendant  la  période  quaternaire  attribués  par  les  uns  aux  gla- 
ciers, par  les  autres  aux  rivières.  Ces  deux  hypothèses  contiennent  une  part  de  vérité. 
Les  creusements  tluviatiles  interglaciaires  réduisent  singulièrement  la  part  de  l'éro- 
sion glaciaire  dans  l'approfondissement  des  vallées  alpines,  ce  qui  est  d'accord  avec 
notre  théorie;  mais  ce  n'est  que  par  l'intervention  de  cette  érosion  qu'on  peut  expli- 
quer les  anomalies  du  modelé  quaternaire  :  bassins,  verrous,  vallées  suspendues, 
cirques  et  bassins  terminaux. 

L'alternance  des  périodes  d'approfondissement  du  thalweg  et  de  modelé  glaciaire 
actif  donne  seule  la  clef  de  traits  morphologiques  plus  complexes  observés  par  nous 
dans  un  grand  nombre  de  vallées  alpines  :  doubles  et  triples  épaulements  sur  les  flancs 
des  bassins,  liés  à  l'existence  de  doubles  et  triples  verrous  emboîtés,  et  de  doubles  et 
triples  vallées  suspendues. 

L'étude  morphologique  détaillée  de  diverses  vallées,  au  moyen  de  profils  transver- 
saux établis  de  kilomètre  en  kilomètre  d'après  des  Cartes  en  courbes  et  vérifiés  sur  le  ter- 
rain, permet  de  reconstituer  le  profil  longitudinal  de  trois  vallées  glaciaires  de  plus  en 
plus  profondes  avec  leurs  verrous,  leurs  bassins  et  leurs  vallées  suspendues.  II  en  résulte 
que  les  ruptures  de  pente  ont  toujours  été  aux  mêmes  places,  et  sont  en  rapport  soit 
avec  la  nature  des  roches,  soit  avec  la  tectonique.  Nous  donnerons  prochainement  à 
ce  sujet  des  détails.  Retenons  seulement  la  conclusion  générale  qui  se  dégage  de  ces 
faits  :  //  est  nécessaire  d'admettre  des  mouvements  du  sol  importants  dans  les 
Alpes  jusqu'à  la  fin  du  Pliocène^  mais  il  n'est  pas  nécessaire  d'admettre  une  série 
de  mouvements  correspondant  à  chaque  phase  de  creusement  interglaciaire.  Il 
suffit  de  supposer  que  le  travail  de  l'érosion  fluviale  n'a  pu  être  poussé  jusqu'à  l'éta- 
blissement du  profit  d'équilibre  avant  la  période  glaciaire,  ni  pendant  les  premières 
périodes  interglaciaires. 

En  résumé,  les  formes  alpines  apparaissent  comme  d'origine  très  com- 
plexe. Pour  les  expliquer,  on  ne  saurait  se  contenter  de  considérer  soit  la 
tectonique,  soit  l'érosion  fluviale,  soit  l'érosion  glaciaire.  Ces  trois  facteurs 
doivent  entrer  en  ligne  de  compte. 

Des  mouvements  du  sol,  poursuivis  jusqu'au  Pliocène  supérieur,  ont 
donné  des  vallées  jeunes  à  profil  longitudinal  tendu  et  irrégulier,  à  profil 
transversal  plus  ou  moins  large  suivant  la  nature  des  roches  et  suivant  les 
éléments  tectoniques  traversés.  L'érosion  glaciaire  a  profité  de  ces  inégalités 
pour  former  des  bassins  et  des  verrous,  des  vallées  suspendues,  des  cirques 
et  des  bassins  terminaux.  L'érosion  interglaciaire  tendait  à  réduire  les  rup- 
tures de  pente  les  plus  fortes,  à  approfondir  les  thalwegs  en  les  rapprochant 
du  profil  d'équilibre  et  à  régulariser  les  pentes  des  versants  suivant  la  nature 


ofC)  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  roches.  Mais  les  périodes  glaciaires  retrouvaient  toujours  un  modelé 
encore  assez  heurté  pour  que  la  formation  des  bassins,  verrous  et  autres 
traits  glaciaires  reprît  nécessairement. 

C'est  seulement  en  partant  de  ces  considérations  qu'on  peut  espérer  arri- 
ver, par  une  étude  minutieuse  de  chaque  vallée,  à  expliquer  toutes  les  formes 
alpines,  en  rapport  avec  les  forces  variées  qui  leur  ont  donné  naissance. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  dévialnUte  magnétique  des  faYons  corpuscu- 
laires provenant  du  Soleil.  Note  de  M.  Kr.  Birkeland. 

Dans  la  deuxième  section  du  Volume  I  de  l'Ouvrage  :  The  Norwegian 
Aurora  Polaris  Expédition  1 902-1903  qui  paraîtra  au  cours  de  cette  année, 
j'ai  traité  la  question  de  la  nature  des  rayons  qui  donnent  naissance  aux 
perturbations  magnétiques  et  aux  aurores  polaires. 

Ce  nouveau  Volume  contient  d'abord  :  des  études  sur  les  perturbations 
polaires  en  1 882- 1 883  ;  puis  une  comparaison  des  résultats  de  mes  recherches 
sur  les  perturbations  magnétiques  positives  et  négatives  avec  les  résultats 
de  nombreuses  expériences  faites  avec  une  terrella  magnétique  dans  un 
tube  de  décharge;  ensuite  des  études  sur  les  courants  telluriques  observés, 
accompagnées  d'une  analyse  basée  sur  les  recherches  de  Lamb(')  et  de 
Hertz  (');  des  études  sur  les  variations  diurnes  et  annuelles  du  magné- 
tisme terrestre;  enfin,  une  hypothèse  sur  l'origine  et  la  conservation  du 
magnétisme  terrestre. 

Dans  mes  expériences,  je  retrouve  maintenant  d'une  manière  tout  à  fait 
satisfaisante  les  phénomènes  qui,  d'après  ma  théorie,  doivent  correspondre 
aux  phénomènes  principaux  des  perturbations  magnétiques  et  des  aurores 
polaires. 

Mais  il  est  toutefois  nécessaire  d'admettre  que  les  rayons  provenant  du 
Soleil  ont  une  déviabilité  magnétique  énormément  moins  grande  que  les 
rayons  du  groupe  p  que  nous  connaissons  jusqu'ici.  Si  j'admets  que  ces 
rayons  sont  constitués  par  des  électrons  et  que  les  formules  de  Lorentz  ('), 
si  bien  vérifiées  par  Bucherer  ( '),  peuvent  s'appliquer  encore  dans  notre  cas 

(')  PInlosophical  Transactions^  t.  GLXXIV,  1884,  p.  019. 

C)  Gesanimclle  ]f'erl,e,  B.  I,  iSgS,  p.  87. 

(')    T/ie  Theory  0/ Electrons,  1909,  p.  3i3. 

(')  Annalen  der  Physik,  l.  XXVIII,  1909,  p.  3i3. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  I910.  247 

très  extrême,  je  trouve  ([ue  la  masse  apparente  m  de  ces  électrons  est  d'un 
ordre  mille  fois  plus  grand  que  la  masse  m,,  d'un  électron  à  petite  vitesse. 
Ces  rayons  corpusculaires  du  Soleil  se  meuvent  donc  avec  une  vitesse  qui 
n'est  que  d'une  centaine  de  mètres  à  peu  près  inférieure  à  celle  de  la 
lumière. 

Ces  résultats  bien  extraordinaires  et  presque  décourageants  au  premier 
coup  d'œil  se  concilient  pourtant  bien  avec  certaines  observations. 

Plusieurs  observateurs  ont  constaté,  dans  les  régions  polaires,  que  l'au- 
rore peut  descendre  quelquefois  très  bas  dans  l'atmospbère  et  même  jus- 
qu'à la  surface  terrestre. 

Il  faut  donc  admettre  que  les  rayons  qui  produisent  ce  phénomène,  et  que 
nous  supposons  venir  du  Soleil,  peuvent  traverser  notre  atmosphère,  ce  qui 
revient  à  pénétrer  une  couche  de  760'"""  de  mercure,  en  admellant  la  loi  de 
pénétrabilité  d'après  les  masses. 

Cela  est  aussi  d'accord  avec  l'idée  que  ces  mêmes  rayons,  avant  d'arriver 
à  la  terre,  ont  dû  pénétrer  l'atmosphère  solaire,  puisqu'ils  proviennent  des 
régions  voisines  des  taches  du  Soleil. 

Nous  connaissons  jusqu'à  présent  des  rayons  ji  qui  traversent  i""™  de 
mercure  environ;  ils  sont  accompagnés  de  rayons  y,  encore  beaucoup  plus 
pénétrants. 

Nous  n'avons  pas  observé  les  rayons  du  groupe  y  venant  du  dehors  qu'on 
pourrait  soupçonner  correspondre  à  de  pareils  rayons  [jl  venant  du  Soleil, 
à  supposer  toutefois  qu'ils  n'existent  pas  dans  la  radiation  lumineuse  du 
Soleil. 

Lenaid  (')  a  fait  des  recherches  pour  trou\er  une  relation  entre  h»  vitesse  d'un 
électron  et  les  coelficients  d'absorption  pour  les  rayons  correspondants  dans  des 
matières  dilTérenies. 

11  est  arrivé  à  ce  résultat,  que  l'absorption  s'accroit  de  plus  d'un  million  de  fois 
quand  on  va  des  rayons  p  de  radium  à  des  rayons  cathodiques  avec  une  vitesse  égale 
à  un  centième  de  celle  de  la  lumière. 

11  paraît  donc  probable  que  la  pénétrabilité  de  nos  rayons  doit  être  beaucoup  plus 
grande  que  celle  des  rayons  p  de  radium  :  mais  on  n'a  pas  encore  trouvé  une  loi  simple 
dont  on  puisse  se  servir  pour  calculer  l'absorption  quand  on  connaît  la  vitesse. 

Plusieurs  physiciens  ont  trouvé  que  les  rayons  (3  sont  absorbés  d'après  une  loi 
exponentielle  et  que  la  vitesse  ne  change  pas  quand  les  rayons  traversent  la  matière. 
Mais  il  paraîtrait  que  ces  résultats  ne  sont  pas  sûrs. 

Il  est  possible  de  donner  une  explication  plausible  d'un  phénomène  étudié 
(')  Annalen  dei  Pliysil;,  t.  XII,  igoS,  p.  714. 


2/48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  Riccô  (  '  )  en  admettant  nos  rayons  énormément  peu  déviables  émanés 
des  régions  des  taches  solaires.  Riccô  a  observé  qu'il  y  a  une  diflérence  de 
temps  de  /jo  à  5o  heures  entre  le  passage  d'une  grande  tache  au  méridien 
central  et  le  maximum  de  perturbation  magnétique  qu'elle  produit  sur  la 
Terre.  Riccô  en  conclut  que  la  vitesse  de  propagation  des  rayons  corres- 
pondants doit  être  entre  900*""  et  1000*""  par  seconde. 

J'ai  calculé,  d'après  des  formules  de  Stôrmer  (^),  que  le  Soleil  doit  avoir 
un  moment  magnétique  100  fois  environ  plus  grand  que  celui  de  la  Terre 
et  inversement  aimanté,  pour  pouvoir  dévier  nos  rayons  d'un  angle  cor- 
respondant à  ce  temps  de  retard  de  4o  à  5o  heures.  D'après  mes  hypo- 
thèses, je  me  suis  aussi  attendu  à  ce  que  le  Soleil  fût  aimanté  en  sens  opposé 
à  celui  des  planètes,  la  rotation  étant  de  même  sens. 

Cette  aimantation  générale  du  Soleil  est  évidemment  indépendante  dans 
une  certaine  mesure  de  la  forte  aimantation  locale  des  taches,  découverte 
par  Haie. 


SISMOLOGIE.    —    Tremblement  de  terre   du   22  janvier   1910. 
Note  de  M.  Alfred  Angoi'. 

Un  tremblement  de  terre  éloigné,  mais  de  grande  violence,  a  été  enregistré 
au  Parc  Saint-Maur  dans  la  matinée  du  22  janvier  1910. 

Les  premières  oscillations  préliminaires  ont  débuté  à  8''53"'5''  (temps  moyen  de 
Greenwich),  les  secondes  à  8''56"'55''  et  les  grandes  oscillations  vers  8''59™7'. 
Le  maximum  absolu,  pour  la  composante  NS,  s'est  produit  entre  9''2™  et  9''4"';  les 
oscillations  présentaient  alors  une  durée  moyenne  de  8  secondes  et  une  amplitude 
totale  qui  a  dépassé  110°""  sur  le  tracé,  ce  qui  correspond  à  un  mouvement  réel  du  sol 
de  l'ordre  du  demi-millimèlre.  Ce  sont  les  oscillations  les  plus  fortes  qui  aient  été 
constatées  jusqu'ici  au  Parc  Saint-Maur,  depuis  l'origine  des  observations.  L'ampli- 
tude des  oscillations  a  diminué  ensuite  d'une  manière  irrégulière,  présentant  de  temps 
en  temps  des  reprises  notables.  Les  mouvements  deviennent  faibles  à  partir  de  9'' 45'", 
mais  on  les  perçoit  encore  après  10'' So"". 

L'examen  des  sismogranimes  indique  que  l'épicentre  se  trouve  à  une 
distance  d'un  peu  moins  de  Booc**",  probablement  dans  le  Sud-Est,  mais 
sans  que  l'on  puisse,  d'après  les  observations  d'une  seule  station,  se  pro- 
noncer avec  certitude  entre  cette  direction  et  la  direction  opposée. 

(')  A'atiire.  4  novembre  1909. 

('-)  /Irc/ih'es  des  Sciences  physiques  el  naturelles,  t.  XX1\  ,  Cliap.  IV,  1907,  p.  121. 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  24g 

Ce  tremblement  de  terre  a  été  également  enregistré  de  la  manière  la  plus 
nette  sur  les  magnétograpnes  du  \al-Joyeux,  ce  qui  montre  bien  l'intensité 
exceptionnelle  des  secousses.  On  en  retrouve  la  trace  même  sur  la  courbe 
de  la  composante  verticale,  qui  n'est  pas  affectée  d'ordinaire  par  des  mou- 
vements de  cette  nature. 


SISMOLOGIE.  —  Enregistrement  d' un  tremblement  de  terre  le  11  janvier  ic^io 
à  l'Observatoire  du  Puyde  Dôme.  Note  de  M.  Bernard  Brunhes,  présentée 
par  M.  E.  Bouty. 

Le  sismographe  Bosch-Mainka,  qui  a  été  installé  au  sommet  du  Puy  de 
Dôme  à  la  lin  d'octobre  1909  (dans  des  conditions  provisoires,  il  est  vrai), 
est  en  fonctionnement  régulier  depuis  le  milieu  de  novembre.  Le  22  jan- 
vier 1910,  après  9''  du  matin,  on  a  enregistré  des  secousses  d'amplitude 
énorme,  présentant  tous  les  caractères  d'un  tremblement  de  terre. 

La  première  phase  préliminaire,  indiquée  par  une  série  d'écarts  de  faible  ampli- 
tude, a  commencé  à  g'^i'^Si^.  La  seconde  phase  &  commencé  à  g*"  5™  57'.  Enfin,  luphase 
principale  a  débuté  à  9''IO™5o^  Les  secousses  sismiques  proprement  dites  ont  pris  lin 
à  loi^S™.  L'appareil  est  resté  agité  toute  la  journée  ('). 

Les  durées  des  intervalles  qui  ont  séparé  les  débuts  des  diverses  phases 
indiquent  une  distance  de  l'épicentre  de  3000*™  à  35oo'^". 

Il  y  a  quelques  réserves  à  faire  sur  les  heures  absolues  indiquées  ici. 
L'heure  nous  est  simplement  donnée,  chaque  matin,  par  le  Bureau  télégra- 
phique de  Clermont,  qui  reçoit  l'heure  de  Paris.  Mais  nos  dispositions  sont 
prises,  depuis  longtemps,  pour  recevoir  à  l'Observatoire,  par  télégraphie 
sans  fil,  l'heure  exacte  de  Paris,  dès  que  la  Station  de  la  Tour  Eiffel  sera  en 
mesure  de  donner  quotidiennement  le  signal  de  minuit.  • 


M.  Albert  Nodon  adresse  une  Note  intitulée  :  L origine  planétaire  des 
perturbations  solaires. 


(•)  On  cite  ici  les  nombres  relevés  sur  le  diagramme  de  la  composante  EW.  L'exa 
men  de  la  composante  NS  conduit  à  des  résultats  très  peu  différents. 

C.  R.,  1910,  I-   Semestre.  (T.   150,  N»  4.)  33 


200  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

M.  Harold  Tarry  adresse  une  Note  intitulée  :  Les  grands  mouvements  de 
l'atmosphère  et  la  production  des  inondations. 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

Ph.  V.  T. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE . 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  janvier  1910. 

Savants  du  jour  :  Gaston  Darboux  :  Biographie,  Bibliograplùe  analytique  des 
écrits,  par  Ernest  Lebon.  Paris,  Gauthier-Villars,   1910;  i  fasc.  in-4°. 

Institut  de  France.  Académie  des  Sciences.  Notice  liistoricjue  sur  le  général  Meus- 
nier.  Membre  de  l'ancienne  Académie  des  Sciences,  par  Gaston  Darboux,  Secrétaire 
perpétuel,  lue  dans  la  séance  publique  annuelle  du  20  décembre  1909.  Paris,  Gauthier- 
Villars,  1909;  I  fasc.  in-4''. 

Atlas  photographique  de  la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de  Paris,  exécuté  par 
M.  Loewv  et  P.  Puiseux;  11'  fascicule,  comprenant  :  1°  Études  sur  la  topographie  et 
la  constitution  de  Vécorce  lunaire  (suite);  1°  Planche  k  :  Image  obtenue  au  foyer 
du  grand  équatorial  coudé;  3°  Planches  LX  à  LXV  :  Héliogravures  d'après  les 
agrandissements  sur  verre  de  quatre  clichés  des  années  1901,  1902,  1904  ei  1907. 
Paris,  Imprimerie  Nationale,  1909;  (planches)  i  fasc.  in-f"  et  (texte)  i  fasc.  in-4°. 

Radiunithérapie  :  Instrumentation,  technique,  traitement  des  cancers,  chéloîdes, 
na'vi,  lupus,  prurits,  névrodermiles,  eczémas,  applications  gynécologiques,  par  le 
D''  Loiis  WicKHAM  et  le  D"'  Degrais;  préface  de  M.  le  professeur  Fournier;  avec 
20  planches  coloriées  et  72  figures.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  1909;  i  vol.  in-S". 
(Présenté  par  M.  Labbé,  pour  le  concours  du  prix  Leçon  le.) 

Exploration  archéologique  de  Délos  faite  par  l'École  française  d'Athènes. 
Introduction  :  (Jarte  de  l'île  de  Délos  au  jôIô^  avec  commentaire  explicatif,  par 
André  Bellot.  Paris,  Fontemoing  et  €'■=,  1909;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Poin- 
caré,  pour  le  concours  du  prix  Binoux.) 

Les  principes  biologiques  de  l'évolution  sociale,  par  René  Worms.  Paris,  V.  Giard 
et  E.  Brière,  1910;  i  fasc.  in-12. 

Annales  del'Institut  agronomique  {Eco\e  supérieure  de  l'Agriculture);  2'' série; 


SÉANCE  DU  24  JANVIER  1910.  25 1 

t.  VIII,  fascicule  2.  Paris,  J.-B.  Baillière  et  fils,  et  Librairie  Agricole,  1909;  i  vol. 
'in-8°. 

Archives  de  Médecine  et  de  Pharmacie  mililaires,  publiées  par  ordre  du  Minisire 
de  la  Guerre,  paraissant  une  fois  par  mois;  t.  LIV.  Paris,  Henri  Charles-Lavauzelle, 
1909;  I  vol.  in-S". 

Bulletin  scientifique  de  la  France  et  de  la  Belgique.  Tomes  I  (1869)  à  IX  et  XI  à 
XLIII  (1909).  (Acquisition.) 

Anuario  del  Observatorio  de   Madrid,  para  1910.  Madrid,  1909;   i  vol.  in-12. 

El  regreso  del  cometa  de  Halley,  por  Luis-G.  Léon.  Mexico,  1909;  1  fasc.  in-12. 

Catalogue  of  the  Hemiptera  {Heteroptera)  with  biological  and  anatomical 
références,  lists  of  foodplants  and  parasites,  etc.  Prefaced  b^'  a  discussion  on  no- 
menclature, and  au  analytical  table  of  familles,  by  G.-W.  Kircaldy;  t.  I  :  Cimicidœ. 
Berlin,  Félix-L.  Dames,  1909;  i  vol.  in-8".  (Hommage  de  l'éditeur.) 

Report  of  the  Commission  of  Education,  for  the  year  ended  june  3o,  1909;  t.  I. 
Washington,  1909;  i  vol.  in-S». 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  1■^  janvier  1910. 

Notice  sur  M.  P.  Fliche,  sa  vie  et  ses  travaux,  par  R.  Zeiller.  (Extr.  du  Bulletin 
de  la  Société  botanique  de  France,  t.  LVI,  p.  480  à  499-)  Coulommiers,  imp.  Paul 
Brodard;  1  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Onoranze  al  Prof ,  Luigi  Cremona.  Ronie,  G.  Bertero  et  C",  1909;  i  fasc.  in-8°. 

Les  systèmes  d'équations  aux  dérivées  partielles,  par  Charles  Riquier.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1910;  i  vol.  in-8°.  (  Présenté  par  M.  Darboux.) 

Guide  géologique  et  paléontologique  de  la  région  parisienne,  dans  un  rayon  de 
100'"",  avec  162  figures  dans  le  texte  et  25  cartes  hors  texte  donnant  remplacement 
des  gîtes  fossilifères,  par  P. -H.  Fritel.  Paris,  les  fils  d'Emile  Deyrolle,  1910;  i  vol. 
in-12.  (Présenté  par  M.  Lacroix.) 

Repertorium  novarum  specieruni  regni  vegetabilis  :  Centralblatt  fur  Sammlung 
und  Verôffentlichung  von  Einzeldiagnosen  neuer  Pflanzen ,  herausgegeben 
von  Fkiedkick  Fedde;  Bd.  Hl-VII.  Berlin,  chez  l'auteur  et  chez  Borntraeger  frères, 
1907-1909;  5  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Pli.  van  Tieghem.  Hommage  de  l'auteur.) 

La  malatlia  dei  minatori  dal  S.  Gottardo  al  Sempione,  per  E.  Perroncito.  Turin, 
Carlo  Pasta,  1909;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Chauveau.  Hommage  de  l'auteur.) 

Etude  géométrique  sur  l'équilibre  et  la  descente  rectiligne  de  l'aéroplane,  par 
M.  L.  Lecornu.  Paris,  H.  Dunod  et  E.  Pinat,  1909;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'au- 
teur.) 

Recherches  géologiques  et  pétrographiques  sur  l'Oural  du  Nord  :  Le  bassin 
de  la  haute  Wichéra,  par  Louis  Duparc,  avec  la  collaboration  de  Francis  Pearce  et  de 
Marguerite  Tikanowitch.  Partie  III,  avec  82  figures  et  4  clichés  dans  le  texte.  Genève, 
imp.  Albert  Kundig,  1909;  i  vol.  in-4''.  (Hommage  de  l'auteur.) 


252  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Yearbook  of  ihe  Vniled  States  department  of  Agriculture,  1908.  Washington, 
1909;  1  vol,  in-S". 

Bulletin  du  département  de  l'Agriculture  aux  Indea  néerlandaises;  n"^  XXVIIl- 
XXX.  Biiilenzorg,  1909;  3  fasc.  in-4°. 


ERRATA. 


(Séance  du  24  août  1908.) 

Note  de  M.  Haag,  Sur  la  viration  de  deux  surfaces  réglées  ; 

Remplacez  partout  le  mot  viriation  par  le  mot  viration. 
Page  4i8.  ligne  20.  au  lieu  de  axes,  lisez  arcs. 
Page  420,  supprimez  les  lignes  3  et  4- 
Même  page,  remplacez  la  ligne  5  par 

,„                                                                     ,  cota'  —  cota 
(6)  »  =  A  i p. 

^    '  ^  cot^J;  — coti]; 

Page  421,  ligne  7,  au  lieu  de 

4Rsin2  Vcos2< 

1+ > 

P 
lisez 

2Rsin2  Vcos2< 


P 

Même  page,  ligne  11,  au  lieu  de 

2COS2i  COS2V  +  3cOS2i 

sin(t — V)sin(i  +  V)  COS2V  — cos2< 

lisez 

ces  2 1  2  ces  2  / 


sin(t — V)sin(/  +  V  C0S2V'  —  cos2; 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  51   JANVIER   lîilO. 


nU'SIDKNCIî:  UI-:  m.  Ejuli;  ncAUl). 


AIEMOIUES  ET  COMMUNICATlOiXS 

DKS    MEMBKES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    f/AGADE.MII':. 

M.  le  PiiKsiDK.XT  donne  icclun'  do  la  dépêche  slli^a^le  : 
Ati  Président  de  l  InstiUil  de  Fiance, 

L'Académie  ro>ale  des  Beau\-Arts  de  Florence,  émue  du  fléau  qui  dévaste  Paris, 

adresse  une  pensée  afleclueuse  au\   artistes  et  à  tous  les  frères  français  en  s'associant 

sincércMienl  à  leur  douleur.  , 

Le  P/esKic/iC, 

lillll.VlU)    -MAZZA!\ri. 


ASTKONOMlE  PHYSIQUE.  —  Premières  obsenations  de  la  comète  Drake  à 
V Observatoire  de  Meiidon.  NOlo  de  MM.  II.  Desl.wdres,  A.  Ber.vakd 
cl  L.  n'Az\>iRiMA. 


La  comèle  Drake,  rccemmeiU  d(''couvei'le  dans  le  voisinage  du  Soleil,  a 
élé  observée  à  Meudon  depuis  le  21  janvier. 

Elle  était  très  brillante  et  bien  visible  à  l'œil  nu  les  1 1  et  i-i  janvier,  dans 
rilluniination  du  Soleil  couchant.  L'observation  a  élé  seulement  gênée  par 
les^nuages;  niais,  le  22,  au  moment  même  où  lu  comèle  allait  disparaître 

C.  R.,  1310,  I"  Semestre.  (T.  lôO,  N"  5.)  34 


2^4  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

à  riiorizon,  le  ciel  s'csl  cclairci  hriisfjuemenl  et  nous  avons  pu  l'observer 
à  la  lunette  et  faire  trois  pli()tOi;i'apliies,  une  de  la  conièle  et  deux  de  son 
spectre. 

L'étude  spectrale  a  êli-  faite  avec  les  chambres  prisnialiipics  déjà  em- 
ployées pour  les  comètes  de  Morehouse  et  de  Halley,  cl  avec  une  chambre 
prismatique  à  miroir  concave,  plus  puissante  et  récemment  organisée,  avec 
un  grand  prisme  à  angle  faible.  I^es  pla(|ues  orlhochronuitiques  employées 
avaient  leur  sensiliilité  nuixima  du  coté  du  rouge. 

L'épreuve  la  meilleure,  obtenue  juste  avant  le  coucher  de  lastre,  avec 
une  pose  de  5  minutes,  a  donné  les  résultats  suivants  :  Le  noyau,  très  bril- 
lant, offre  un  spectre  continu  cjui  s'étend  de  A  700  dans  l'extrême  rouge,  à 
\l\-20  dans  l'indigo,  et  qui  offre  plusieurs  condensations  nettes. 

La  condensation  la  plus  brillante  a  une  longueur  donde  voisine  de  A  "iç^o 
et  est  due  vraisemblablement  à  la  vapeur  de  sodium,  déjà  signalée,  comme 
on  sait,  dans  plusieurs  comètes  antérieures  au  voisinage  du  Soleil.  De  celle 
condensation  part  une  queue  bien  délinie  jusqu'à  20'  d'arc  et  plus  intense 
sur  ses  bords.  Celte  radiation  jaune  offre  ainsi  sur  le  fond  brillant  du  speclrc 
général  une  image  complète  de  la  comète. 

Du  côté  du  violet  on  reconnaît  une  condensation  plus  faible  vers  A  ")(>(>, 
avec  une  queue  encore  assez  nette  et  qui  correspond  à  une  bande  des 
hydrocarbures,  et  aussi  une  condensation  encore  moins  nette  vers  A '170 
et  qui  doit  avoir  la  même  origine. 

Du  côté  de  l'extrême  rouge  le  spectre  continu  montre  un  renforcement 
1res  net  de  A  620  à  A  700,  qui  se  prolonge  aussi  dans  la  queue  jusqu'à  10' 
d'arc,  et  qui  tient  peut-être  à  un  groupe  de  bandes  intenses  communes  au 
noyau  et  à  la  queue,  et  non  signalées  encore  dans  les  comètes. 

Cette  élude  a  été  poursuivie  les  jours  suivants  avec  les  mêmes  appareils, 
en  particulier  les  24,  20,  27,  29  et  3o  janvier. 

Or  les  épreuves  successives  obtenues  révèlent  une  Iransforuuilion 
curieuse  du  spectre  cométaire  : 

La  radiation  du  sodium,  qui  était  de  beaucoup  la  plus  foile,  diminue 
progressivement;  en  même  lemjis  les  bandes  des  hydrocarbures  augmen- 
lenl,  le  spectre  continu  s'étend  jusijuà  Fultraviolet  et  les  bantles  du  cyano- 
gène apparaissent . 

lii'S  -M)  (i  3<>,  le  soilium  ét;iil  invisijjle  el  le  s[)eclie  des  hydrocarbures 
(longueurs  d'onde  appioximatives  "iliS,  ri  17,  f\~])  el  le  spectre  du  cyano- 
gène (Aj88,  '^87,  jiS6j,  complets  et  intenses,  se  développaient  du  rouge 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  I910.  255 

à  Tultraviolet.  Même  le  spectre  des  hydrocnrlnires  a  paru  aussi  s'étendre 
dans  la  queue  et  à  une  grande  distance  (  '  ). 

Ces  transformations  sont  exactement  celles  subies  par  la  grande  comète 
de  1882  et,  d'une  manière  générale,  par  les  comètes  qui  s'approchent  beau- 
coup du  Soleil.  Tout  près  de  l'astre  central,  les  raies  métalliques  prédo- 
minent; puis,  lorsque  la  comète  s'éloigne,  le  spectre  classique  des  hydro- 
carbures et  du  cyanogène  redevient  le  caractère  principal  du  spectre 
cométaire. 

Les  longueurs  d'onde  mesurées  ne  sont  qu'approximatives,  car,  pour  les 
premières  épreuves,  on  n'a  pu  juxtaposer  un  spectre  de  comparaison,  à 
cause  du  crépuscule  (-);  ce  spectre  a  été  ajouté  avec  les  dernières,  mais 
le  noyau  et  surtout  la  tète  de  la  comète  sont  larges,  la  dispersion  est 
faible,  et  il  en  résulte  une  certaine  confusion  dans  les  images  monochro- 
matiques de  l'astre.  En  fait,  la  chambre  prismatique  convient  bien  pour  la 
reconnaissance  générale  du  spectre,  cl  peu  pour  la  mesure  précise  des 
longueurs  d'onde.  A  ce  point  de  vue  le  spectrographe  à  fente  est  supérieur 
et  il  a  été  appliqué  en  même  temps  à  la  comète;  l'Observatoire  publiera 
jjrochainement  les  résultats  donnés  avec  ce  dernier  appareil. 

On  a  fait  en  même  temps  des  photographies  ordinaires  de  la  comète, 
avec  les  chambres  fixées  aux  équatoriaux.  Le  22,  la  comète  offrait  une  belle 
queue  courbe  divisée  en  deux  antennes,  avec  une  ligne  noire  au  centre. 
Le  3.9,  les  épreuves  révèlent  une  cjueue  supplémentaire,  presque  aussi  in- 
tense que  la  première,  et  faisant  avec  elle,  vers  le  Sud,  un  angle  voisin 
de  25°. 

Des  photographies  ont  été  faites  aussi  avec  le  grand  réflecteur  de  i"'.  1  ne 
Note  spéciale  leur  sera  consacrée. 

En  résumé,  cette  comète  est  une  des  plus  intéressantes  étudiées  à  l'Ob- 
servatoire depuis  sa  fondation.  Elle  est  «/j/w/j  remarquable  par  sa  couleur 
rongeàtre  et  par  la  grande  largeur  de  sa  queue,  qui  est  aussi  fort  longue. 

Le  29  janvier,  le  ciel  était  très  pur.  et  nous  avons  eu,  après  le  crépuscule 

(')  Celte  extension  dans  la  queue  est  surtout  nette  avec  la  bande  '/.  ^~j  des  hydro- 
carbures ((ui  correspond  à  un  maximum  de  sensibilité  de  certaines  des  plaques 
employées;  mais  la  queue  cométaire  est  large  et  la  même  apparence  peut  être 
expliquée  aussi  à  la  rigueur  par  un  spectre  continu.  On  peut  signaler  aussi  des  con- 
densations plus  faibles  à  }.^'ii  et  >.  487. 

(^)  Le  spectre  de  comparaison  a  été  fait  sur  une  autre  plaque,  et  les  deux,  spectres 
ont  été  rapprochés  ensuite  avec  les  bords  des  plaques.  Dans  ces  conditions  la  mesure 
ne  peut  être  que  grossière. 


liS')  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

<•!  ;i|irrs  !<■  coiicliiT  i\o  la  Lèle  de  la  comète,  un  spectacle  iiioiiblialiie.  La 
(|iieiie,  tonjoiiis  visible,  se  dressait  presque  verticale  au-dessous  du  carié 
de  Pégase,  et  avec  un  crochet  net  vers  le  Sud,  à  son  extrémité  supérieurr. 
A  droite,  apparaissait  la  voie  lactée,  et  à  gauche  la  lumière  zodiacale,  très 
étendue  et  ce  soir-là  très  lumineuse. 

La  queue  de  la  comète,  ol)servce  à  ce  moment  avec  un  simple  nir()l, 
montrait  tuie  polarisation  forte  et  dans  le  plan  qui  contient  le  Soleil,  la 
comète  cl  la  Terre,  autant  que  l'on  a  ])U  juger  avec  cet  appareil  rudi- 
nienlaiie. 


ASTROXOMIE.  —  Carie  phologrdpliifjiie  (lu  Ciel.  Prcscnlalion  des  procrs- 
rerbaiix  du  dernier  Congrès.  N(Jle  de  M.  I».  i»AiLi,An>. 

J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  le  premier  exemplaire  des  procès- 
verbaux  de  la  réunion  du  Comité  international  permanent  de  la  Carte  pho- 
tographique du  Ciel.  Ces  procès-verbaux  forment  un  Volume  de  272  pages 
et  sont  imprimés  comme  publication  de  l'Académie.  Je  tiens  tout  d'abord  à 
remercier  M.  (îauthier-^  illarsqni,  en  imprimant  en  quelques  jours  les  Rap- 
ports préliminaires  et  un  grand  nombre  de  Mémoires  annexes,  a  gran- 
dement contribué  à  assurer  le  succès  du  Congrès. 

Je  me  fais  un  devoir  de  rappeler  que  la  première  allocution  prononcée  au 
premier  Congrès,  en  1887,  l'a  été  par  notre  illustre  Secrétaire  perpétuel 
Joseph  Bertrand.  Dès  ce  jour  l'Académie  des  Sciences  a  pris  l'entreprise 
sous  ses  auspices.  C'est  dans  le  même  Congrès  que  l'amiral  Mouchez  a 
annoncé  qu'il  croyait  l'Académie  disposée  à  faire  les  frais  de  l'impression 
de  tous  les  procès-verbaux.  Rapports  et  Mémoires  concernant  la  Carte  du 
Ciel.  Depuis  cette  date,  six  réunions  successives  ont  été  tenues  à  Paris,  pré- 
sidées par  les  directeurs  de  l'Observatoire.  Les  six  fascicules  de  procès- 
verbaux  en  donnent  l'histoire  complète;  mais  il  a  été,  en  outre,  imprimé 
cinq  Volumes  de  Mémoires,  et,  si  l'Observatoire  de  Paris,  dans  les  dernières 
années,  a  contribué,  en  quelque  mesure,  auv  frais  d'impression,  l'Académie 
n'en  a  pas  moins  couvert  la  plus  grande  partie.  Ces  six  fascicules  et  ces  cinq 
Volumes,  comme  ceux  qui  vont  très  prochainement  suivre,  constituent  tou- 
jours, essentiellement,  une  publication  de  rVcadémic 

L'examen  des  résolutions  prises  dans  les  six  Congrès  montre  les  progrès 
réalisés  ou  constatés  dans  chacun  d'eux.  Dans  les  deux  derniers,  renlreprise 
s'est  considéraltlemi'Ul  l'Iargie.    Sur  la  pr<i|)i)sili()n   de  Maurice  Lo'w y,  la 


SIUNCIÎ    nu    '^ï    JANVIRR    1910.  9.^*j 

réunion  de  i;)ik)  avail  décide'  ([Lie  \c  ijureau  du  (  louiité  permanent  centrali- 
serait les  travaux  relatifs  aux  observations  d'Kros  et  à  la  détermination  de 
la  parallaxe  du  Soleil.  Au  dernier  Congrès,  cette  œuvre  si  importante  était 
terminée,  grâce  à  l'activité  si  féconde  de  Arthur'  R.  Hinks  qui,  dans  votre 
séance  du  'iG  avril,  vous  apporta  le  r(''sultat  di-finitif  de  ces  tr;i\au\  :  i(''ceni- 
nii'Ut  le  même  astronome  vous  a  l'ail  connaître  la  valeur  comiexe  di'  la  masse 
de  la  T.uue. 

La  réunion  de  1910  a  pris  toutes  les  mesures  qui  [)euvenl  assurer  le 
prompt  achèvement  de  la  Carte  et  du  Catalogue,  et  tout  fait  penser  que, 
dans  une  quinzaine  d'années,  il  y  restera  peu  de  chose  à  faire.  Elle  a  décidé 
la  formation  d'un  nouveau  Catalogue  d'étoiles  fondamentales  qui  pourra 
servir  de  base  auv  réductions  définitives  et  celle  d'un  Catalogue  d'étoiles  in- 
termédiaires entre  les  fondamentales  et  les  étoiles  de  repère  proprement 
dites.  J'^lle  a  chargé  une  (  lommission  permanente  de  tout  ce  qui  concerne 
ces  étoiles,  une  seconde  de  la  préparation  d'une  échelle  de  grandeur  photo- 
graphique et  une  troisième  de  l'é-lude  des  images  photographiques  elles- 
mêmes. 

Nous  avons  le  plus  grand  espoir  que,  selon  le  vo'U  émis  au  ban(piel  de 
clôture,  une  réuuidu  uoiivelli>  pourra  être  tenue  utilement  à  Paris  en  iqi') 
ou  iqi  '1  et  (jii'à  cette  date  les  ([iiestions  encore  |iendantes  seront  résolues. 


ClIlMllî  AGHlCOLi:.  —  L'cnlrdineinc/il  dit  liiuo/i  îles  terres  par  les  eaii.v 
(le  la  Seine.  Note  de  M.  A.  ]>Iitxt/. 

.l'ai  cherehi''  à  me  rendie  conqjle  de  la  ré[)ei'eussion  (pie  peut  avoir, 
sur  la  fertilité  à  venir  des  terres,  l'enlèvement  des  particules  fines  par  les 
pluies  persistantes  qui  déterminent  la  ci'ue  actuelle  de  la  Seine  et  de  ses 
affluents. 

Les  énormes  ipiauliU's  d'eau  ([ue  débile  le  lleuve  enq^ortent  avec  elles 
vers  la  merdes  limons  enlevés  en  giande  majorité  aux  terres  cultivées,  et 
il  y  avait  iutéiêt  à  se  rendre  compte  de  l'appauvrissement  que  celles-ci 
subissent  par  le  fait  de  l'eutrainemeiit  des  éléments  les  plus  utiles  du 
sol. 

Dans  ce  but  j'ai  déterminé  la  proportion  de  limon  contenu  dans  les  eaux 
pour  pouvoir  les  rapporter  au  débit  total.  ( Jies  essais  ont  été  commencés 
le  'iô  janvier  au  matin,  à  un  monienl  où  la  crue  était  déjà  forte,  et  se  sont 
continués  sans  interru[ili()u  jusepTà  ce  jour,  la  crue  s'élanl  accentuée  de 
plus  en  pins. 


258  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 

Limon  contenu 
flans  i"''  d'eau  de  la  Seine. 

I^e  20  janvier iû4,o 

Le  26        1)       1  o4 ,  -^ 

Le  27        )i ^4  >  7 

Le  28       »      78,2 

Le  29       »      55,0 

On  voit  que  la  proportion  de  limon  décroît,  à  mesure  (|uc  la  crue  se  pro- 
longe. Cela  doit  être  attribué  à  ce  fait  que  c'est  surtout  à  Peau  de  ruisselle- 
ment, qui  court  à  la  surface  du  terrain,  qu'est  due  la  crue  actuelle.  Les 
premières  eaux  entraînent  en  plus  forle  proportion  les  éléments  fins;  celles 
qui  suivent,  passant  sur  un  terrain  déjà  lavé,  en  entraînent  moins. 

Pour  déterminer  à  quelle  masse  correspond  le  limon  ainsi  enlevé  au  sol, 
on  peut  établir  le  Tableau  suivant  : 

r)(H)il  d'i'aii   imiinalici- 
l.iiiion  riiiiloiiii  l'valiié  eu  niillinns  l.iiijnn  i'jii|i(iil(- 

(laiis  1'"'.  lie  mètres  cultes.  |iar   i'|  heures. 

25  janvier i3'i,o  i'|0  18801) 

26  >)   io'|,5  i(io  iGdoo 

27  »   ^'\^7  180  i53(_io 

28  »   7^^''-  '■'■'^'^  i5Goi> 

29  »     55,0  200  I  KIOO 

Cet  entraînement  journalier  de  limon  pourrait  paraître  élevé  et  de  nalure  à 
compromettre  la  fertilité  à  venir  des  terres  auxquelles  il  a  été  enlevé.  Otte 
quantité  correspond  à  la  masse  des  éléments  fins  contenus  moyennement 
dans  25''^  à  'io''",  et  Ton  est  ainsi  porté  à  ne  pas  s'exagérer  le  dégât  porté  de 
ce  chef.  En  admettant  que  cette  période  de  crue  dure  20  jours,  il  y  aurait 
im  enlèvement  de  limons  correspondant  à  ceux  cpii  sont  contenus  dans  5oo'''' 
à  doo''''  de  terre  arable.  En  comparaison  de  la  superlicic  de  la  partie  du 
bassin  de  la  Seine  située  en  amont  de  Paris,  soit  plusieurs  millions  dlicc- 
tares,  c'est  insignifiant,  et  l'on  voit  (|ue  cpiclcpies  dix-millièmes  sciilenicnl 
des  éléments  fins  de  ce  bassin  ont  été  enlevés  à  l'agricullure. 

En  présence  de  l'importance  du  phénomène  actuel,  c'est  donc  peu  de 
chose,  et  l'on  peut  affirmer  que,  s'il  y  a  des  dégâts  locaux  dans  les  terres  cul- 
tivées, la  situation  générale  de  l'agriculture  de  la  région  du  bassin  de  la 
Seine  n'est  pas  compromise,  du  chef  de  l'enlèvement  des  éléments  fins,  qui 
sont  les  principaux  agents  de  la  fertilité.  Même  si  cet  enlèvement  était 
décuplé,  la  force  productive  du  sol  n'en  serait  pas  diminuée  daii<  une  jno- 
|)ortiMn  a])]>i(''ciab!c. 


SÉANCE    DU    3l    JANVIER    1910.  aSg 

M.  ËDiMo.N'U  Pekriek  fait  coniiailie  Vé/at  du  Muséum  après  l'inondalion  : 

PeuL-êlre  rAcadémie  scra-l-elle  intéressée  par  les  nouvelles  que  je  puis 
lui  donner  de  l'élat  actuel  du  Muséum,  dont  ou  s'informe  avec  inquiétude 
de  l'étranger. 

L'inondation  a  euninieucé  dès  dimanche  ^3  janvier,  dans  le  sous-sol  des 
i^aleries  d'Analomie  comparée,  où  étaient  déposées  de  précieuses  collections 
d'Invertébrés  fossiles.  La  galerie  a  été  aussitôt  fermée  et  le  sauvetage 
eonmiencé.  Mais  dès  le  lendemain  l'eau  s'était  élevée  jusqu'à  une  hauteur 
inaltendue;  elle  a  successivement  atteint  les  sous-sols  de  la  Ménagerie  des 
lleptiles  dont  les  calorifères  ont  été  éteints,  les  fosses  aux  Ours,  le  labo- 
ratoire de  Pathologie  comparée,  le  carré  creux  en  face  de  l'IJrangerie,  la 
totalité  des  jardins  français,  la  plus  grande  partie  des  parcs  de  la  Ménagerie, 
la  grande  Volière,  le  premier  étage  et  les  sous-sols  des  laboratoires  de 
Physique  végétale  et  d'Analomie  comparée,  enfin  la  rotonde  des  grands 
iicrbivores.  Placé  entre  la  Bièvre  et  la  Seine,  percé  de  canalisations  et 
d'égouls  dont  cpielques-uns  remontent  à  200  ans  et  qui  ont  crevé  presque 
partout,  situé  au-dessus  des  catacombes  également  envahies,  le  Jardin  des 
Plantes  était  un  lieu  d'élection  pour  l'inondation. 

Grâce  au  dévouement  admirable  de  tout  son  personnel,  au  courage  des 
gardiens  et  jardiniers  de  tout  ordre,  à  l'activité  du  Service  d'architecture, 
à  l'aide  vigilante  apportée  parles  pompiers  et  par  la  troupe,  toutes  les  col- 
lections ont  pu  être  sauvées;  des  mesures  ém-rgiques  ont  enqiéché  l'extinc- 
lion  des  calorifères  des  serres  qui  eût  été  un  désastre.  Ces  magnifiques  col- 
Irctions  sont  entièrement  indemnes  et  tout  fait  es])érer  que  nous  n'aurons 
pas  de  retour  offensif. 

La  Ménagerie  a  causé  de  vives  inquiétudes;  le  public  s'est  ému  du  sort 
des  animaux.  Heureusement,  nos  pertes  sont  relativement  faibles. 

Les  ours  bruns  sont  demeurés  quelques  heures  dans  l'eau;  mais  on  a  |)u 
rapidement  épuiser  leurs  fosses,  les  enfermer  dans  leurs  abris  grillés  et 
les  faire  passer  delà  sans  danger  pour  personne  dans  les  caisses  de  transport. 
Les  difficultés  ont  été  plus  grandes  pour  les  ours  blancs;  leur  fosse,  inondée 
par  la  rupture  d'un  égout  et  qu'on  ne  pouvait  vider,  n'a  pas  d'abri  grillé  et 
l'on  ne  pouvait  risquer  un  corps  à  corps  avec  les  hommes;  enfin,  en  prati- 
quant un  trou  dans  un  mur  éloigné,  on  a  pu  les  guider  vers  lui  et  les  sauver 
comme  les  ours  bruns. 

La  rotonde  des  grands  herbivores  a  été  rapidement  assez  envahie 
pour  n'être  abordable  qu'en  bateau.  On  ne  pouvait  songer  à  en  retirer  les 
éléphants,  les   hippopotames,   les  girafes,   les  chameaux.    Ces    animaux 


2f)0  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

élaiciU  fiiiiciix  ou  .sliipélios,  al)¥oluiiiciil  iniiccessil)lfs.  Une  dos  i^iiafos  a 
consenti  cependant  à  sortir;  elle  est  aujourd'liui  à  l'abri  et  probablenieiil 
sauvée.  ]_i'autre  a  résisté  à  toutes  les  sollicitations,  elle  est  morte  bier 
matin,  victime  de  son  agitation  plulnl  ijue  du  froid;  elle  avail  été  donnée 
au  MMs<''um  par  M.  le  gouverneur  général  Merlaud-Ponty.  (^etle  girafe, 
lieux  antilopes  Ciuib  et  un  lièvre  de  Patagonie  représentent  toutes  les  perles 
acluellcs  de  la  Ménagerie. 

I^a  mort  des  antilopes  (iuib  a  été  causée  par  revtincliou  de  laiipareil 
lie  cbanlfage  de  la  retraite  d'biver  où  elles  élaienl  cnienni'es;  I  rxlinetinn 
des  calorifères  des  sous-sols  a  l'ii'  tlailleurs  géni'rale,  mais  des  clocbes  de 
cbaullage  ont  été  immédiatement  inslallces  et  ont  donné  d'excellents  ré- 
sultats. Le  Jardin  est  maintenant  à  peu  près  dégagé;  on  a  pu  cbaullér  de 
nouveau  la  rotonde  des  berbivores,  et  récbaull'cr  par  des  jets  de  vapeur 
Teau  du  bassin  des  bippopolames. 

I>e  lièvre  de  Patagonie  s'est  nové. 

Malbeureusemenl,  lout  le  lorrain  (\-.l  miné;  il  a  fallu  faire  évacuer 
rOi'angerio,  dont  li'lal  osl  depuis  loiiglemps  lamenlable  et  au-dessous  de 
lai|uelle  reaii  onulail  on  vi'i'ilalilo  r'ivièi'e  dans  les  catacombes.  Le  laboratoire 
f\f  PliNsiijuo  végétale  est  presque  luiné  et  loulo  la  macbinerio  installée  dans 
les  s((us-sols  est  gravement  endommagée. 

11  est  remarquable  que  des  animaux  despays  cliauds,  tels  que  les  élépbants, 
les  bippopolames,  les  girafes,  aient  résisté  au  fioid  d'une  manière  aussi 
liourousc. 

GÉOLOGIE.     -  Sur  la  (h'coawile  du  l'rias  marin  à  Madagascar. 
Mole  de  M.  IIkniii  Ihtuvii.i.r.. 

.luMpià  oi's  dernières  années,  le  plus  ancien  niveau  fossilifère  à  Mada- 
gascar l'Iail  re|)rr'seuir'  pai'  les  calcaires  Aw  Lias  supérieur.  Au-flessous  ou 
coii>l.ilail  roxislonoo  d'un  puissant  s\slènio  Av  giès  ol  d'ar'gilos  doul  la 
pai  I  II'  su|)érieure  de\  ait  ropi'ésenter  le  l^ias  niii\  iii  li  lo  Lias  iidi  rnur,  là  go 
ilo  la  parlie  iulV'iieure  restant  encoi-e  incorlaiii. 

Lu  ii)in>,  M.  Houle  signalait  dans  le  sud  de  l'île  (^d'après  les  écbanlillons 
]ecuoillis  pai'  le  capitaine  Colcanap)  la  présence  à  la  base  de  ces  coucbes 
d'un  niveau  pennieu  représenté  par  des  schistes  à  Glossopleris  indica,  avec 
empreintes  de  Reptiles  et  de  Poissons. 

Tout  récemment  la  découverte  de  filous  aurifères,  dans  la  partie  nord  de 
Madagascar,  a  eu  ])Our  résultat  l'explora  lion  approfondie  de  cette  région 
et  la  constatation  d'un  nouvel  horizon  fossilifère  caractérisé  surtout  par  des 


SÉANCE    DU    3l    JANVIKU    t()lo.  2()I 

nodules  avec  empreintes  de  Poissons.  Ces  fossiles  viennent  d'être  étudiés 
par  M.  Smith  Woodvvard  (Ann.  mag.  nal.  hisl.,  n°  25,  janv.  1910)  qui  a 
assimilé  ce  niveau  au  Permien  précédemment  cité  par  M.  Boule  et  y  a 
reconnu  deux  espèces  nouvelles,  Ecrinesomus  Dironi  eX  Cœlacanlhus  rnada- 
gascariensis ;  à  lasuile  de  ce  travail  M.  Bullen  Newton  décrivait  deux  petites 
empreintes  de  Mollusques,  provenant  du  même  gisement,  comme  des 
formes  terrestre  et  d'eau  douce. 

J'ai  moi-même  re(.u  des  envois  de  fossiles  de  la  même  provenance  recueil- 
lis par  deux  de  mes  anciens  élèves,  MM.  Callens  et  Bordeaux,  ingénieurs 
civils  des  Mines.  Le  premier  m'a  communiqué  des  nodules  à  Poissons  et  en 
outre  un  très  grand  nombn-  de  nodules  de  forme  différente  (plus  de  3oo  ), 
beaucoup  plus  arrondis,  qui  sont  de  véritables  Septaria  décalcifiés  :  ils 
proviennent  des  environs  d'Andongazo  et  m'ont  fourni  un  petit  nombre 
d'empreintes  d'Ammonites,  quelques-unes  avec  leurs  cloisons  caracté- 
ristiques. J'ai  pu  l'econnattre  les  espèces  suivantes  : 

Cordillerites  cf.  anguiatus  Hyalt  et  Smitli,  reconnaissable  à  sa  l'orme 
extérieure  et  à  ses  cloisons; 

Ophiceras  Dieiieri  \\.  et  Sm.  ; 

Meekoceras  cf.  gracilitatis  While,  un  peu  [>lus  rcnllé  ipie  le  ly[)e  et  j'i 
ombilic  un  peu  plus  large; 

Flemingites?  cL  RusselHH.  etSm.,  avec  son  ornementa  lion  caraclérisliquc 

Toutes  ces  formes  se  retrouvent  dans  le  Trias  inférieur  de  l'Amérique  du 
Nord;  les  couches  à  nodules  et  à  septaria  sont  donc  des  dépôts  mai-ins  l'I 
dont  l'âge  se  trouve  établi  d'une  manière  précise. 

M.  Bordeaux  m'a  communiqué  également  des  nodules  avec  empreinli-s 
de  Poissons,  et  quelques  Ammonites  parmi  lesquelles  un  Cladiscites  recon- 
naissable à  ses  tours  de  section  rectangulaire  et  à  son  orneinenlalion  formée 
de  fines  côtes  spirales,  et  probablement  un  fragment  de  Joannilcs^  accom- 
pagné d'empreintes  de  Mytiliis  et  autres  Bivalves.  En  outre,  il  a  reconnu 
l'existence  d'une  couche  de  grès  à  Myophories  à  la  base  de  la  formation, 
au  contact  des  terrains  cristallins. 

Le  niveau  fossilifère  principal,  formé  de  schistes  argileux  à  septaria, 
avait  été  très  bien  distingué  par  M.  Lemoine  sous  le  nom  d'argiles  d"  Amba- 
rarata;  il  s'étend  dans  une  direction  N-N-E.,  depuis  Andongazo  sur  le 
Mahavavy,  jusqu'à  Ambararala  sur  le  haut  Loky;  il  est  surmonté  par 
d'épaisses  couches  de  grès  et  de  conglomérats  (grès  d'Antsalava  ),  puis  par 
les  calcaires  jurassiques  avec  Ammonites  et  Spiriferina  (Callens)  qui  cou- 
roiment  la  falaise  d'Andrafiamena. 

C.  R.,   191U,   1"  Semestrt.   (P.   150.  N"  5)  35 


2b-2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

ÉLECTIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  Télection  d'un  Associé 
étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  étant  43, 

M.  Adolf  von  Baeyer  réunit  l'unanimité  des  suffrages. 

M.  Adolf  vox  Baeyer,  ayant  réuni  Tunanimité  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu.  Son  élection  seia  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président 
de  la  République. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  étant  66, 

Sir  Patrick  Manson  obtient 35  suffrages 

M.  Pfliiger  obtient i  suffrage 

Sir  Patrick  Manso.\,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
élu  Correspondant  de  l'Académie  pour  la  Section  de  Médecine  et  Chirurgie. 


COUUKSPOiXDAACi:. 

Lord  Kavlkiuh,  élu  Associé  étranger,  adresse  îles  remerciments  à  l'Aca- 
démie. 


M.  le  comle  vox  Zeppelin  adresse  des  remerciments  personnels  pour  la 
distinction  que  l'Académie  a  accordée  à  ses  travaux. 


MM.  le  contre-amiral  F.  Arauo,  le  colonel  Bourgeois,  Ch.  Laixemand, 

le  lieutenant-colonel  Monteil  prient  l'Académie  de  les  compter  au  nombre 
des  candidats  au  siège  vacant,  dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation, 
par  le  décès  de  M.  liouqiiel  de  la  drye. 


Haie: 

1910 

Janv. 

27 

» 

29 

» 

3o 

SÉANCH    nV     il    JANVIER    I910.  2(33 

ASTKON'OMlE.  —  Observations  de  la  comète  1910a,  faites  à  l'Observatoire 
de  Paris  (équatorial  de  la  Tour  de  l'Est,  o"\38  d'ouverture).  Note  do 
M.  GiAcoBixi,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Nombre 
lempsmoy.  de  Log.  tact.  I.og.  f.n  1. 

de  Paris.  A3\.  A';t\  cnmp.  IR  apparente.        parall.       'i.'  apparente.        parall.       *. 

h        m  11        m       >  ,         „  h        m       •^  ^  o         ,         , 

5.47.46  —0.27.33.00  -)-i.i'2,9  1:1  21.24.13,18  1,570  91.  7.51,5  0,825,,  I 
5.45.36  — i.3o.  9,99  H-i.5o,8  3:i  21.30.29,42  î,565  89.12.42,6  0,81 i„  2 
(i.  5.46     — o.    1.57,45     +5.53,6     8:3     21.33.11,73     1,575     88.22.7,5     0.818,,     3 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison    1910,0. 

Réd.  Réd. 

*  G'.  ai  moyenne.  au  jour.  Ç  mojenne.         au  jour.  Autorités, 

h      m      s  s  o       ,       „  „ 

I....  8,3  21.51.48,02  — 1,84  91.  6.28,0  -Hio,6  Nicolajew  5533 
2....  7,2  23.  0.41,29  — 1,87  89.10.42,5  H-  9,3  Nicolajew  5779 
3....      8.0       21.35.11,08       — 1,90       88.16.   4i2       +  9,7       .\lbany  7567 

Remarques.  —  Les  observations  du  27  el  du  29  ont  été  faites  en  laissant  la  lunette 
calée  jusqu'au  passage  d'une  étoile  de  comparaison. 

D'autre  part,  nous  donnons  ci-dessous  les  lectures  de  cercles  obtenues 
par  MM.  J.  Cliatelu  et  Giacobini,  à  des  dates  antérieures.  Le  mauvais 
temps  n'avait  pas  permis  de  rapporter  la  position  de  la  comète  à  celle 
d'une  étoile  de  comparaison. 

Dates.  Temps  moyen 

1910.  de  Paris.  iR.  T.  Observ. 

b        m       s  h        m       s  o        / 

Janvier  22 5.54.    2  21.   0.28  98.41,5  G. 

»        24 5.48.48  21.11.58  95.3,0  J.  C. 

»  25 5.54.     2  21.     0.28  98.41.5  G. 

.lanvier  22.  —  I.a  comète  peut  être  estimée  de  deuxième  grandeur  et  son  noyau  a 
l'aspect  d'un  disque  de  i5'  à  20"  de  diamètre.  La  queue  s'étend  sur 
une  longueur  de  6"  environ;  elle  comporte  deux  branches  ollrant 
chacune  trois  divisions. 

»        24.  —  La  comète  est  encore  très  brillante  et  la  queue  parait  s'allonger. 

»  25.  —  L'éclat  de  la  comète  a  baissé,  depuis  la  veille,  de  deux  grandeurs 
environ. 

»        29.  — A  l'œil  nu  la  queue  de  la  comète  s'étend  sur  une  longueur  de  plus  de  4-5". 


Nombre 

Tfnips  moyen 

de 

Khiilcs. 

<|p  BpsaiKon. 

MR. 

A'r. 

rompiir. 

a 

Il        m       s  ' 

6.1/,.   8 

—4 

. 3o,33 

-  5:  iA 

3:8 

.      h 

6. 29. 17 

-Hi 

• 'i7'4y 

-  7.i8.-i 

3:4 

264  ACADÉMIR    DES    SCIENCES. 


ASTKONOMIE.  —  Ohsen'nlions  fie  la  rontrlc  de  Joliarini'shurii;,  i()i(>^/,  jivics 
à  i' Observa  foire  de  Besançon  avec  /'equatoriti/  coudé.  INolc  de  M.  I'. 
CiioFARDET,  présenter  pai'  M.  B.  Baillaud. 

Dates. 
1910. 

Janvier  27 a 

29 

Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison  pour   1910,0. 

Ascension  Réiluction  Distance  RcdiictiiMi 

droite  au  polaire                     an 

*               (Ir.                    Catalogues.                        moyenne.  jour.  moyenne.               joui-. 

Il        m       s  *  o         ,         „ 

a....  nébul.     AG.  Nicoiajew,  .5/169       21.28.49,45       — 1,90       91.13.22,8       +10,7 
h....     7,8  «  5468       21.28.45,17       —1,89       89.18.46,3       +10,7 

Positions  apparentes  de  la  comète. 

Ascension  Distance 

Dates.                                       droite  Log.  fact.               polaire               Log.  fact. 

191(1.                                     apparente.  parallaxe.          apparente.           parallaxe. 

h          m       s  0         /         „ 

J.Tiivier  27 21.24.17,22         9,595         91.    8.29,1  o,Si2„ 

11       29 2  1.3o..jo,73         9,600         89.11.38,8         o,8io„ 

/teinar//ues.  —  Le  27  janvier,  la  comèle  nous  apparaîl  avec  un  noyau  bien  défini, 
(le  I"'  grandeur,  de  forme  circulaire  et  mesurant  environ  12"  de  diamètre.  Ce  noyau 
est  entouré  d'une  légère  chevelure.  La  queue,  ou  la  portion  de  queue  qui  se  voit  dans 
la  Itinelte,  est  constituée  par  deux  branches  assez  lumineuses  vers  le  noyau,  qui  en- 
suite s'estompent  et  s'étalent  vers  une  même  direction  Mî.  Les  lueurs  crépusculaires 
donnent  à  ces  images  une  teinte  rose  d'un  très  bel  aspect. 

A  l'oeil  nu,  la  queue,  d'abord  droite  et  mince  sur  une  dizaine  de  degrés,  s'étale  et 
se  courbe  vers  le  Sud  et  mélange  ses  lueurs  à  celles  de  la  lumière  zodiacale.  En  total 
elle  mesure  au  moins  25°. 

Le  29  janvier,  l'observation  est  faite  dans  une  petite  éclaircie  de  cirro-nimbus.  A 
l'œil  nu,  la  queue  semble  être  aussi  longue  et  de  forme  couibée,  comme  le  27  janvier, 
mais  beaucoup  plus  large. 

Déjà,  dans  la  soirée  du  22  janvier,  la  comèle  a  été  vue  à  l'œil  nu  à  rObser\atoire. 
ICIle  s'est  présentée  à  nous  un  peu  plus  brillante  que  le  27,  mince,  recliligne  sur  une 
étendue  voisine  de  7".  l'aile  n'a  pu  être  observée  dans  la  lunette,  avec  rexaclituile 
utile,  en  raison  fie  l'absence  d'étoile  de  comparaison. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIEK  I9IO.  265 

r.ÉouÉsiE.  Sur  une  erreur  syslémnlique  de  la  dêterminalion  du  niveau 
moyen  de  la  mer  à  l'aide  du  mèdniiaré mètre.  Note  do  \l.  Ch.  LAi,i.r:>iA\i>, 
présentée  par  M.  Berlin. 

Le  Mèdimarèniètre  (' ),  imag^iné  par  moi  ponr  la  détermination  du 
niveau  moyen  de  la  mer,  consiste  essentiellement,  on  le  sait,  en  un  tube 
étanche,  fixé  verticalement  à  demeure  dans  la  mer  et  fermé  à  sa  base  par 
un  vase  poreux.  A  travers  ce  vase,  l'eau  filtre  et,  intérieurement,  s'établit  à 
un  niveau  dont  les  oscillations  reproduisent,  mais  très  atténués,  les  mouve- 
ments de  la  nappe  liquide  extérieure.  La  cote  du  niveau  intérieur  s'obtient, 
chaque  jour,  à  l'aide  d'une  sonde  ffraduée  qu'on  descend  à  fond  dans  le 
tube. 

La  théorie  démontre  que  le  niveau  moyen  du  liquide  doit  être  exactement 
le  même  à  l'intérieur  et  à  l'extérieur.  Or,  en  fait,  depuis  de  longues  années, 
pour  tous  les  appareils  en  service  et  sans  cause  connue,  le  niveau  intérieur 
se  montrait  systématiquement  trop  bas  de  quelques  centimètres. 

L'énigme  semblait  indéchiffrable,  lorsqu'une  judicieuse  observation  de 
M.  Prévôt,  ingénieur  du  Service  du  nivellement,  m'a  fait  découvrir  la 
très  simple  explication  du  phénomène.  L'erreur  provient  de  l'entraîne- 
ment de  quelques  gouttes  d'eau,  par  la  sonde,  chaque  fois  qu'on  la  retire  du 
tube. 

A  raison  de  cette  perte,  en  effet,  le  niveau  intérieur  se  trouve  anorma- 
lement déprimé  d'environ  i°"",5;  à  cette  dépression  anormale  correspond 
une  rentrée  supplémentaire  d'eau  par  le  filtre.  Théoriquement,  au  boni 
d'un  temps  infini,  la  dépression  se  trouverait  ainsi  comblée  ;  mais  elle  ne 
l'est  qu'en  partie,  le  lendemain,  lorsqu'on  vient  derechef  plonger  la  sonde 
dans  le  tube  et  en  extraire,  une  seconde  fois,  quelques  gouttes  de  liquide, 
déterminant  de  la  sorte  une  nouvelle  dépression,  qui  s'ajoute  au  reliquat 
de  la  première. 

La  dépression  totale  grandit  ainsi  de  jour  en  jour;  mais,  avec  elle,  croit 
aussi  la  rentrée  d'eau  entre  deux  sondages.  I^'équilibre  est  atteint  lors(jne 
cette  rentrée  compense  exactement  la  perte,  facile  à  mesurer,  faite  dans 
chaque  opération  (-). 

(')  Comptes  rendus,  séances  des  28  mai  et  11  juin  r888. 

(-)  Soient  :  V,  le  volume  d'eau  (environ  o'^'"°,8)  eniraîné  chaque  fois  par  la  sonde; 
oA,  la  valeur  limite  de  la  dépression  correspondante;  p,  le  module  d'amorlissement 
de  l'appareil;  S,  la  section  du  lnl)e,  en  centimètres  carrés:  ç,  la  surface  du   va^e  po- 


266  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Toutes  choses  égalos  d'ailleurs,  la  valeur  limite  de  la  dépression  est  dau- 
tant  plus  grande  que  le  filtre  offre  plus  de  résistance  au  passage  de  l'eau. 

Connaissant  à  peu  près  le  module  d'amortissement  de  chacun  des  appareils 
en  fonction,  M.  Prévôt  a  pu  calculer  approximativement  (^ voir  le  Tableau 
ci-après)  la  correction  correspondante  (ro\.  5  )  à  faire  suhir  au  niveau  ob- 
servé. Elle  varie  de  i'^"^  à  G*"". 

Cotes,  ad    1"''  jarnief   1909,   du  nierait   moyen  de  la  nier,    d'après  tes  niédiinarémèlres 
en    sen'ice    sur    les    cales    françaises,    aranf    et    après    correction    de    l'erreur    systématique. 


Cotes  rationnelles, 

Altitudes  rationnelles, 

rapportées  au  niveau 

moyen 

Nombre 

rapportées  au  zéro 

normal 

du  médiniarémètre 

n"  'l 

d'aonées 

du  nivellement  général. 

à  Marseille. 

Dates 

Ae 

-  -                               "-^—m 

1— ^ 

— 

d'enlrée 

fonclion- 

Altitude 

Altitude 

Cote 

Cote 

en 

nement 

brute       Correction 

corrigée 

brute       Correction 

corrigée 

>^tes  d'observalion 

l'unction. 

noimal. 

A.                              H. 

A -4- s. 

C.                  r- 

C  +  y. 

1. 

■2. 

3. 

.'1.                  5. 

6. 

7.                 8. 

9. 

Ma. 

nche. 

Océan. 

—  3 

+  3 

0 

-1-   I 

+3 

+  4 

—  6 

-l-a 

—  1 

-^  6 

+6 

+  12 

H-"^ 

+4 

+  r8 

+  16 

+3 

-+-19 

Clierbours 1891  18  —12  -(-4  — 


Camaret 1890  19 

Quiberon 1889  20 

l^es  Sables  d'Olonne 1892  i4 

La  Pallice 1891  10  -^  6  -i-6  +12  +7  -H2  -t-  9 

Biarritz 1889  17  +i4  +4  +'8  -hi3  — i  -Hi4 

Saint-Jean-de-Lii7. 1890  19  +16  +3  -+-IQ  +17  — i  -t-16 


Nice 1888  21  —8  +2  —6  —7 

La  Ciotat 1893  iH  -h  2  +2  -t-  4  +4 

Marseille  (Port- Vieux) 1890 

Marseille       l  Médimarémèlre  n°  1.  1883 

(Anse  Calvo).  j  Médimarémèlre  n"  i.  1890 

Marligaes 189V 

Porl-de-Bouc 189V  i  i  —  5  -h4  —   i  —  4  +  •  —  3 

Celle 1888  u  —  4  -t-3  —    i  —  3  — i  —  4 

l'ort-Vendre 1888  !i  —3  +2  —    i  —2  — i  —3 

reiix,   en    millimèlres  cai-rés  ;   s,   son    épaisseur  en  millimèlres:    t,),   le   roefficienl  de 
porosité  de  la  substance  du  filtre,  c'est-à-dire  le  nombre  de  cenlimètres  cubes  d'eau 


Méditerranée. 

21                 -   8 

-1-2 

i(i               -1-2 

+2 

19               -    I 

+3 

24 

4-5 

19               —    1 

-1-3 

1:"»               —   2 

+4 

I  i             —  5 

+4 

-  4 

+3 

-.1             —  3 

4-2 

SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1910.  267 

Toutefois,  cette  erreur  ayant  même  signe  pour  tous  les  appareils,  elle 
s'élimine,  au  moins  partiellement,  dans  la  comparaison  des  niveaux  moyens 
déduits  de  leurs  indications. 

Aussi  la  cote  brute  (col.  7)  et  la  cote  corrigée  (col.  9),  calculées  par 
rapport  au  niveau  moyen  du  médimarémètre  n"  2  à  Marseille,  ne  diffèrenl- 
elles  (col.  8)  que  de  ±  2*^*"  au  maximum.  L'égalité,  autrefois  signalée  par 
moi,  du  niveau  moyen  des  deux  mers  qui  baignent  la  France  ('),  n'en  est 
pas  troublée. 

Au  1^'  janvier  1909,  les  altitudes  du  niveau  moyen  de  la  Méditerranée, 
à  Marseille,  respectivement  fournies,  depuis  leur  entrée  en  fonction  (i885), 
par  le  marégraphe  totalisateur  et  par  les  médimarémètres  installés  dans  le 
même  puils,  étaient  les  suivantes  : 

Obseifatoire  inarégiapldfjue  de  l'anse  Calvo. 

AlUtudfj 
du  niveau  moyen, 

rapportées 
au  zéro  normal. 

1"  Marégraphe  lolalisaleur -(-20 

,.         .     ,  (  Cote  brûle  non  corrigée  de  l'erreur  svslématiqiie.      —  8 

■2"  iMedimaremelres  ,  ^  .    , 

(  Uole  corrigée -J-2.:> 


qui  filtrent,  en  un  jour,  sous  une  charge  de  i"",  à  travers  une  lame  de  celte  substance, 
avant  i°""'  de  surface  et  i°""  d'épaisseur. 

Le  débit  V  étant  proportionnel  à  la  charge  oit,  à  la  surface  c  du  liltre,  à  sa  poro- 
sité w  et,  d'autre  part,  inversement  proportionnel  à  son  épaisseur  s.  on  a 

0»  -  ÔA  =  V, 

£ 

avec 

£S 


do  il 


V  £  _  V 


Si,  par  exemple, 

p  ^  20 

n  a 

oh  =  32»"" 

(')   Comptes  rcnitus,  séance  du  i6  juin  1890. 


2rt8 


ACADÉMIE    bES    SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Sur  un  procédé  de  mesure  du  coefficienl  de  conduvtibdilé 
thermique  des  corps  peu  conducteurs.  Note  (M  de  M.  Biquard,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 

Divers  procédés  de  mesure  des  coefficients  de  coiiducliltililé  lliernii(jiie  des 
corps  très  peu  conducteurs  ont  été  proposés  par  Péclet,  (^oleuian,  Lees- 
Chorllon  et  Desvignes. 

Ils  comportent  l'introduction  d'hypothèses  et  de  corrections  peu  cer- 
taines, et  susceptibles  d'entacher  les  résultats  d'erreurs  systématiques,  pir 
suite  de  la  difficulté  de  déterminer  avec  certitude  les  surfaces  isother- 
miques. 

T^'eniploi  de  corps  ayant  la  forme  de  sphères  creuses,  ainsi  que  Ta  fait 
Niisselt  en  1908,  permet  seul  d'obtenir  des  surfaces  isothermiques  régu- 
lières, mais  ce  procédé  est  inapplicable  pour  des  matières  solides,  telles  que 
le  bois. 

Nous  nous  sommes  proposé  d'établir  une  méthode  permettant  d'obtenir, 
dans  un  corps  peu  conducteur,  de  forme  plane,  une  transmission  de  cha- 
lem-  régulière  à  travers  des  surfaces  isolhermi((ues  de  forme  et  de  position 
bien  connues,  et  de  mesurer  avec  certitude  la  quantité  de  chaleur  trans- 
mise. 

Nous  avons  eu  recours,  pour  assurer  la  transmission  normale  de  chaleur  à 
travers  le  mur  étudié,  au  principe  de  l'anneau  de  garde  déjà  employé  par 
licrget  dans  la  mesure  de  la  conductibilité  thermique  des  métaux.  D'autre 
part,  nous  avons  mesuré  la  quantité  de  chaleur  transmise  en  l'employant  à 
fondre  de  la  glace  dont  on  recueille  l'eau  de  fusion. 

I^'a[)[iareil  que  nous  avons  réalisé  est  représenté  par  la  figure  suivante  : 


Un  le  place  sur  iiiio  cliive  plate,  daus  laquelle  circule  un  cuuianl  ileiiu  luainleuue 


(')  Frésentée  dans  la  séance  du   '.'^  janvier  1910. 


SÉANCK  DU  '^t  JANVIER  I910.  2(19 

à  température  constante  par  un  régulateur,  et  dont  le  plafontl  est  formé  d'une  plai|iie 
de  cuivre  rouge  épaisse  de  /i""'"  et  très  plane. 

Par  dessus  le  mur  on  dispose  deux  cuves  concenliiques  a,  b^  c,  cl  et  f,  /,  g\  A,  di-s- 
tinées  à  être  remplies  de  glace  pilée.  Les  fonds  de  chacune  de  ces  deux  cuves  égale- 
ment en  cuivre  épais  et  plan  sont  séparés  par  une  rainure  /v'  large  de  3""™. 

L'intervalle  entre  les  deux  cuves,  protégé  de  Peau  de  fusion  par  un  couvercle  A"A',  est 
rempli  de  plaques  de  liège.  Des  tubes  t  et  l'  servent  à  recueillir  l'eau  de  fusion  de 
chacune  d'elles. 

Au  moyen  de  couples  cuivre-conslanlan  isolés  et  disposés  liorizontalenienl,  siii'  li!s 
surfaces  AB  et  CD,  et  aussi  dans  la  masse  du  mur  à  des  profondeurs  connue'^,  on 
détermine  la  température  à  diverses  hauteurs  dans  le  mur. 

Enfin,  tout  l'appareil  est  protégé  contre  la  fusion  de  la  glace  extérieure  au  contact  de 
l'ail-  ambiant  par  d'épais  matelas  de  liège  qui  l'entourent  de  toutes  parts. 

Dans  ces  conditions,  et  lorsque  le  régime  est  établi,  ce  que  l'on  peut 
constater  à  ce  que  l'écoulement  de  l'eau  de  fusion  provenant  de  la  cuve  a, 
h,  c,  d  devient  constant,  on  peut  admettre  que  toute  la  chaleur  fournie  à  la 
enlace  de  cette  cuve  provient  uniquement  de  la  face  cd^  par  transmission 
normale  à  travers  la  portion  correspondante  du  mur  A13CD. 

l*our  que  cette  hypothèse  soit  valable  il  faut  que  la  largeur  de  l'anneau 
de  garde  soit  double  de  l'épaisseur  du  mur  étudié,  auquel  cas  la  perturbation 
due  aux  bords  est  absolument  négligeable.  Pratiquement  l'appareil  que  nous 
avons  réalisé  permet  d'étudier  des  épaisseurs  de  ido""™. 

La  durée  d'établissement  du  régime  varie  de  i5  à  100  heures,  suivant  la 
nalurc  et  l'épaisseur  de  la  matière  étudiée  et  l'intervalle  de  température 
dans  lequel  se  fait  l'expérience. 

Connaissant  la  quantité  q  d'eau  de  fusion  écoulée  de  la  cuve  intérieure, 
pendant  l'unité  de  temps,  la  surface  S  de  la  plaque  cd  al  la  différence  des 
températures/,  et  t.,  de  deux  points  de  la  masse  dont  la  distance  normale- 
ment au  mur  est  A,  on  obtient  le  coefficient  moyen  de  conductibilité  de  la 
matière  étudiée,  dans  l'intervalle  de  température  /o,  /,,  par  la  formule 

V.n  réalité,  nous  avons  pris  pour  valeur  de  la  surface  S  la  surface  délimi- 
tée par  le  milieu  de  la  rainure  qui  sépare  les  deuxplaquescr/et^j/t.  h'tant  donni' 
(pie  la  surface  de  cette  rainure  est  seulement  -^'j  de  celle  de  la  plaque  cil, 
cette  correction  ne  paraît  pas  devoir  introduire  d'erreur  appréciable  dans 
des  mesures  qui  ne  prétendent  pas  à  une  exactitude  supérieure  à  r  pour  100 
en  valeur  relative. 

D'autre  part,   en   immergeant   horizontalement  un  certain   nombie  de 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  5.)  ^'*' 


o-o  ACADEMIK    DES    SCIENCES. 

roupli's  (laii-^  l;i  iniisso.  h  différentes  hauteurs,  on  peu!  apprécier'  Ih  variation 
du  coeflîcienl  de  :onduclil)ililé  avec  la  température,  en  évaluant  Tinler- 
valle  correspondant  à  une  même  cliute  de  température  à  difTérentes  hau- 
teurs. Il  est  commode,  pour  bien  déiinir  la  position  des  couples,  de  les  lixer 
à  de  longues  bandes  de  bristol  ipron  insère  dans  des  fentes  étroites,  à  di- 
verses hauteurs. 

('anses  d'erreurs.  —  Nous  avons  admis  que  la  température  restait  uniforme  sui' 
toute  la  surface  AB,  et  aussi  sur  CD,  et  par  conséquent  que  les  plaques  cd  et  g/i  ont 
même  lempéi-ature.  En  réalité,  lorsqu'on  étudie  des  corps  peu  conducteurs  comme  le 
liège,  le  bois  ou  même  la  pier're.  sous  une  épaisseur-  supérieur-e  à  5"",  cette  hypothèse 
est  justifiée,  sensiblement,  par  suite  de  la  valeur  relativement  considérable  des 
modules  de  transmission  de  chaleur-  de  la  glace  humide  au  cuivre  et  à  travers  le  cuivre. 

Le  calcul  montre  également  qu'on  peut  négliger  les  transmissions  de  chaleur,  à 
travers  les  parois  de  liège  latérales  et  le  plafond  de  la  cuve  a,  l>,  c,  d,  pouvant  prove- 
nir de  petites  irrégularités  dans  la  température  de  la  glace  imprrre.  Ces  irrégularités 
atteignent  d'ailleirrs  rarement  o",  i . 

Four  déterminer  des  coefficients  de  conductibilité  dans  des  intervalles 
dépassant  loo",  il  est  nécessaire  de  reinplacer  l'étuve  à  eau  par  une  plaque 
chauffée  électriquement,  surmontée  d'une  plaque  épaisse  de  cuivre  des- 
liiK-e  à  uniformiser  la  température. 


l'IIYSlQl  E.   —  Diffusion   et  théorie  cinétique  des  solutions.   Note 
de  VI.  <i.  TiiovKRT,  présentée  par  M.  ,1.  Violle. 

.l'ai  sigiialé  antérieurement  {Comptes  rendus.,  t.  ("AXXV)  que,  pour  les 
substances  non  électrolytes  en  solution  aqueuse,  le  coefficient  de  diffusion 
varie  en  raison  inverse  de  la  racine  carrée  de  la  masse  moléculaire.  Les 
résultats  de  très  nombreux  essais  que  j'ai  faits  sur  la  diffusion  dans  l'alcool 
niéthylique  s'interprètent  moins  simplement. 

l*our  certaines  catégories  de  substances  caractérisées  par  la  liste  sui- 
vante de  produits  expérimentés  : 

Térébenthène,  toluène,  iiaphlnline,  aiuliracène  ;  alcool  .imvlii]uc,  i;l\céiine,  plicuol, 
livdroquinone,  pvr-ogalhil,  rraphtol,  vanilline,  clilor-al  ;  acides  formique,  acétique,  pro- 
pionli|ue,  lacriqiie,  lartriqirc,  benzoïque,  sahcilique;  ruonobenz\lamine,  dibenzvla- 
iiiine,  :icét\ldiphérivlamiii('.  anilirre,  acélolnluidiiie  ;  acèriirnidi',  acétjldiphénylhx - 
(Irazirji-,  sulf.Uc  d'èr  h\  lainlnc,  chlorhvdiari'  d'iiniline,  ;inl  ip\  rinc,  pvridino.  urèlhaiie. 
|.lirnl.-iiio  ilii  plii-ncil  : 


SÉANCE    UV    il    JANVIER    19IO.  ■2-Jl 

le  coefficient  de  diffusion  satisfait  à  la  relation  l)  y  M  =  1  2  x  10^  environ 
à  la  température  de  18". 

Celles  de  ces  substances  qui  sont  solubles  dans  l'eau  ont  un  coeflicientde 
diffusion  eu  solution  aqueuse  qui  obéit  à  la  même  loi,  le  produit  D\/M 
ayant  alors  pour  valeur  8  X  io~*,  chiffre  qui  est  au  piécédent  comme  la 
viscosité  de  l'alcool  méthylique  est  à  celle  de  l'eau. 

Poui-  un  plus  grand  nombre  de  substances  essayées,  le  coefficient  de  dififusioii 
dépasse  celui  qu  indii]uerait  la  relation  ci-dessus;  le  produit  Dy  M  peut  atteindre  une 
valeur  double. 

La  liste  des  résultats,  trop  longue  pour  être  citée  ici,  ne  comprend  ([ue  des  corps  a 
fonctions  chimiques  différentes  de  celles  qui  existent  dans  la  liste  précédente.  On  trouve 
assez  fréquemment  des  corps  de  même  fonction  chimique  se  groupant  autour  d'une 
même  valeur  du  produit  D^^M.  Par  exemple,  pour  les  dérivés  chlorés  de  la  benzine, 
le  chlorure  d'éthylène,  le  chloroforme,  on  trouve  que  le  produit  DyM  vaut  20  X  I0~*. 
Les  corps,  analogues  à  substitution  bromée  donnent  un  produit  D^M  =:.  32  X  io~^. 
Les  dérivés  iodés  de  la  benzine,  l'iodoforrae,  les  iodures  d'éthylène,  d'amylène,  de 
méthylène  et  d'éthyle  obéissent  à  la  relation  Dy/M  =  24  X  lo""^.  Mais  tous  les  résultai 
ne  peuvent  pas  se  rassembler  aussi  simplement  en  de  tels  groupements. 

La  relation  ])\/M  =:;  const.  n'apparaît  donc  pas  comme  absolument  géné- 
rale. Je  ne  crois  pas  inutile  toutefois  de  rappeler  qu'elle  est  facile  à  inter- 
préter par  les  explications  cinétiques  de  la  diffusion. 

Sous  quelque  forme  qu'on  envisage  le  mouvement  moléculaire,  si  le 
déplacement,  sur  une  longueur  î,  demande  un  temps  moyens,  le  coefficient 

de  diffusion  est  mesuré,  à  un  facteur  numérique  près,  par  —  • 

En  supposant  que  ce  temps,  relatif  à  un  espace  donné,  varie  pour  les  dif- 
férentes molécules  en  raison  inverse  de  la  vitesse  d'agitation,  et  que  ces 
molécules  ont  la  même  énergie  de  translation,  on  justifie  la  relation  trouvée 
expérimentalement. 

Mais  le  raisonnement  cinétique  conduit  relativement  à  la  viscosité  des 
fluides,  à  une  conséquence  plus  contradictoire  que  les  exceptions  relatives 
à  la  diffusion  signalées  ici.  En  effet,  toute  explication  cinétique  de  la  diffu- 
sion peut  se  transposer,  presque  terme  à  terme,  à  la  viscosité  qui  esl  inie 
diffusion  de  quantité  de  inouvemenL;  on  trouve  alors  que  le  coefficient  de 
viscosité/]  est  égal  au  produit  de  la  densité  de  la  substance  par  1<;  cocfficii-nl 
à^iater diffusion  des  molécules  du  licjuide. 

On  ne  connaît  jias  expérinjenlalemenl  cette  interdiffusion  de  la  substance  liquide, 
mais  il  semble  bien  diflicile.  dans  une  coticeptioii  cinélii|ue  de  la  matière,  de  lui  stip- 


27^  ACADÉMI13    DIÎS    SCIENCES. 

poser  un  oïdie  de  grandeur  diflTérenl  de  celui  qui  traduit  la  diflusion  des  molécules 
étrangères  introduites  en  dissolution  dans  le  liquide,  soit  lo"'"  ])our  les  coefficients 
d'inlerdiflusion.  La  disproportion  avec  les  valeurs  de  la  viscosité,  environ  lo^-, 
marque  le  défaut  du   raisonnement  purement  cinétique  dans  la  théorie  des  liquide^. 

()ii  a  envisagé  le  inouveinenl  difl'usif  comme  un  déplacemenL  de  molé- 
cules soumises  au  frottement  du  fluide.  Cela  implique  la  variation  du  coefli- 
cicnt  de  difl'usion  d'une  substance  en  raison  inverse  de  la  viscosité  du 
dissolvant,   relation   dont  j'ai   fourni   déjà    la    vérilication    expérimentale 

{Com/i/es  rendus,  t.  CXXWIH).  Mais  la  formule  1)  =  —  t^— ^  (|ui  a  été 

proposée  pour  la  premièio  fois  par  W.  Sutherland  (Transactions  de  l' Asso- 
ciation austra/asienne  pour  l'avancement  des  Sciences,  Dunedin,  janvier  190/j) 
oii  Ton  suppose  la  molécule  sphérique,  et  la  loi  de  Stokes  applicable  au 
froltcmeuL  (pi'elle  supporte,  est  certainement  trop  particulière  pour  l'in- 
terprétation des  faits.  Pour  les  séries  de  corps  cités  qui  obéissent  à  la  loi 
Dï]  y/M  =  const. ,  il  faudrait  que  le  rayon  moléculaire  a  soit  proportionnel 
à  y/M.  Les  volumes  moléculaires  étant  à  peu  près  additifs,  comme  les  masses, 
il  ne  semble  guère  possible  d'appliquer  la  formule  de  Sutherland  aux 
molécules  mêmes. 

(^ette  i^éserve  ne  limite  en  rien  les  applications  de  la  même  formule 
donnée  par  Einstein  pour  la  diffusion  des  granules  en  suspension  agitées 
par  le  mouvement  brownien. 


l'il VSKJLîli;.  —  L'éclat  inlri/isri/iie  du  ciel  e/oilc.  Noie  de  M.  Cii.  I''abu^, 
présentée  par  M.  H.  iJeslandres. 

Le  nombre  et  la  répartition  dans  le  ciel  des  étoiles  des  diverses  grandeurs 
ont  donné  lieu,  dans  ces  dernières  années,  à  d'importantes  recherches,  aux- 
(juelles  sont  liés  quelques-uns  des  plus  importants  problèmes  de  Cosmogonie 
et  de  Physique  :  l'absorption  de  la  lumière  et  la  répartition  des  étoiles  dans 
l'espace.  Lne  vérilication  des  résultats  de  ces  travaux  difficiles  peut  être 
cherchée  dans  la  mesure  de  la  lumière  totale  envoyée  par  le  ciel  étoile,  ou 
mieux  de  l'éclat  intrinsècpie  du  ciel  (exprimé  en  grandeur  stellaire  par  degré 
carré)  dans  les  diverses  régions  de  la  sphère  céleste.  L'importance  de 
pareilles  déterminations  a  été  bien  mise  en  évidence  par  Newcomb,  tjui 
conclut  que  la  valeur  de  l'éclat  intrinsèque  du  ciel  peut  être  considérée 
eouiuie  une  des  constantes  fondamentales  de  l'Astrophysique. 


SÉANCE    UU    3l    JANVIER    1910.  2']'^ 

INewcomb  (' )  puis  Burns  (-)  ont  fait  des  essais  de  mesure,  tous  deux 
visuellement  et  par  des  procédés  rudimentaires.  Leurs  résultais  peuvent 
èlre  résumés  ainsi  : 

I"  D'une  région  à  une  aulre  du  ciel,  Il  n  y  aurait  pas  de  1res  grandes  dillérences 
d'éclat  intrinsèque.  11  n'y  aurait  aucune  dilléience  entre  les  régions  dont  la  latitude 
galactique  dépasse  25°.  Dans  les  parties  les  plus  brillantes  de  la  voie  lactée,  l'éclat 
serait  seulement  2  à  3  fois  celui  du  ciel  non  galactique. 

2°  Un  degré  carré  de  ciel  non  galactique  équivaudrait,  d'après  Newcomb,  à 
1  ,i5  étoile  de  grandeur  5;  d'après  Bunis  à  2  étoiles  de  grandeur  5.  L'erreur  probable 
du  premier  de  ces  nombres  est  évaluée  à  26  pour  100,  et  le  second  est  la  moyenne  de 
nombres  qui  varient  dans  le  rapport  de  1  à  2. 

I^es  auteurs  d'études  sur  la  répartition  des  étoiles  ne  paraissent  [tas  a\oir 
pris  ces  résultats  en  grande  considération,  peut-être  à  cause  du  résultat 
inattendu  relatif  à  l'éclat  intrinsèque  de  la  voie  lactée.  De  nouvelles  mesures 
n'étaient  donc  pas  inutiles. 

L'éclat  intrinsèque  du  ciel  étant  très  faible,  les  mesures  photographiques 
sont  beaucoup  plus  faciles  que  les  visuelles,  à  cause  de  la  possibilité  de  faire 
tomber  sur  la  plaque  un  cùne  de  rayons  très  ouvert,  ce  qui  n'est  pas  possible 
pour  un  point  de  la  rétine. 

Un  objectif  (/=  48'^'°)  porte,  dans  son  plan  focal,  un  diaphragme 
percé  d'une  ouverture  circulaire  dont  on  peut  faire  varier  le  diamètre. 
La  lumière  qui  a  traversé  cette  oiivertui^e  tombe  sur  un  système  optique  de 
court  foyer  (/=  S*^",  1  î j  et  de  grande  ouverture  angulaire,  ayant  par 
conséquent  des  qualités  analogues  à  celles  d'un  objectif  de  microscope,  (pii 
projette  sur  la  plaque  photographique  une  image  de  l'objectif.  Lorsque 
l'appareil  est  dirigé  vers  le  ciel,  on  a  ainsi,  sur  la  plaque  photographiijue, 
(luellesque  soient  l'ouverture  du  diaphragme  et  la  répartition  des  étoiles,  ini 
petit  cercle  uniformément  éclaiié,  dont  l'éclairement  est  produit  par  la 
lumière  de  tous  les  points  du  ciel  qui  font  leur  image  à  l'intérieur  di- 
l'ouverture  du  diaphragme.  La  mesure  de  l'éclat  intrinsèque  d'une  région 
du  ciel  nécessite  deux  poses  successives  : 

1°  Une  pose  avec  la  seule  lumière  d'une  étoile  (la  Polaire)  choisie  comme  étoile  de 
comparaison,  en  donnant  au  diaphragme  une  très  petite  ouverture; 

2"  Une  pose  sui-  la  région  étudiée  du  ciel,  avec  un  diaphragme  d'ouverture  conve- 
nable. On  fait  varier  cette  ouveituie  jusqu'à  ce  que,  dans  le  même  temps,  on  obtienne 


(')  .4  crude  altempt  to  détermine  the  total  light  of  ail  ths  stars  (Astrophysicat 
Journal,  t.  XIV,  1901,  p.  297). 

O   The  total  light  0/  ail  the  stars  (Astrophysical  Journal,  t.  -Wl,  1900.  p.  i6b) 


274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  inêtuc  iiiipiession  que  dans  la  première  pose.  Un  calcul  très  siuiple  donne  alors  la 
valeur  de  l'éclal  intrinsèque  en  fonction  de  l'intensité  delà  polaire. 

.l'ai  éludié  seulement  deux  régions  du  ciel  : 

1°  Une  région  voisine  du  pôle  céleste,  ayant  3o"  comme  latitude  gaiac- 
lique;  l'intensité  photographique  de  i  degré  carré  y  est  égale  à  celle 
de  o,io'3  polaire,  ou  de  0,92  étoile  de  grandeur  photographique  5;  2"  une 
région  entre  ^  et  y  du  Cygne,  une  des  plus  brillantes  de  la  voie  lactée. 
I  degré  carré  y  équivaut  à  o,  212  polaire,  ou  à  1,90  étoile  de  grandeur 
photographique  5. 

Les  valeurs  trouvées  en  fonction  de  l'étoile  de  grandeur  5  sont  notable- 
ment plus  faibles  que  celles  qui  résultent  des  mesures  visuelles,  t^ela  n'est 
pas  surprenant,  étant  donné  que  l'échelle  adoptée  pour  les  grandeurs  pho- 
tographiques (Polaire  =  2,62)  est  choisie  de  telle  manière  que  les  étoiles 
blanches  (classe  spectroscopique;  A)  aient  la  même  grandeur  photographique 
<'l  visuelle.  Si  l'on  adoptait  pour  la  Polaire  la  grandeur  photographique 
2, 12  égale  à  sa  grandeur  visuelle  dans  l'échelle  de  Pickering,  on  trouverait 
que  I  degré  carré  de  ciel  non  galactique  équivaut  à  1,46  étoile  de  gran- 
deur 5,  nombre  intermédiaire  entre  ceux  de  Newcomb  et  de  Burns.  D'autre 
|)art,  comme  rapport  entre  le  ciel  galactique  et  le  ciel  non  galactique,  mou 
résultat  est  d'accord  avec  celui  des  mesures  visuelles. 

Comparaison  avec  les  résultats  d'études  statistiques  sur  les  nombres  d  étoiles. 
—  Les  remarquables  travaux  de  Kapteyn  conduiraient  à  admettre  une  très 
glande  variation  de  l'éclat  intrinsèque  en  fonction  de  la  latitude  galactique. 
(]e  résultat  ne  parait  pas  facile  à  concilier  avec  celui  des  mesures  directes. 

Les  nombres  de  Pickering  attribuent  tine  importance  beaucoup  moindre 
il  la  voie  lactée,  mais  ils  conduisent  à  des  valeurs  de  l'éclat  intrinsèque  au 
moins  deux  fois  trop  petites. 

Le  désaccord  entre  les  mesures  d'éclat  intrinsèque  et  le  résultat  des  études 
statistiques  peut  d'ailleurs  ne  pas  provenir  uniquement  de  l'imperfection  des 
deux  séries  de  valeurs  numériques.  S'il  était  protivé  que  la  somme  des 
intensités  des  étoiles  observables  est  notablement  inférieure  à  l'intensité 
totale  de  la  lumière  du  ciel,  on  pourrait  faire  deux  hypothèses  :  ou  bien 
qu'il  existe  un  nombre  immense  d'étoiles  si  faibles  qu'elles  échappent  à  nos 
juoyens  d'observation,  ou  bien  qu'il  existe  dans  tout  le  ciel  une  sorte  de 
nébulosité  continue  donnant  un  éclat  uniforme  (').  Si  l'une  de  ces  hypo- 

(')  Il  est  évident  que,  pour  les  mesures  d'éclat  intrinsèque,  il  faut  se  mettre  soigneu- 
sement à  l'abri  de  toute  lumière,  d'origine  terrestre,  diffusée  par  le  ciel.  En  particulier, 
les  mesures  ne  peuvent  être  faites  ((ue  très  loin  des  villes. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1910.  275 

thèses  devenait  nécessaire,  il  serait  intéressant,  et  peut-être  pas  absolument 
impossible,  d'obtenir  le  spectre  de  la  lumière  totale  du  ciel. 

La  méthode  de  photoinétric  photographique  que  j'ai  employée  pourrait 
se  prêter  à  des  applications  variées.  En  choisissant  convenablement  les  deux 
systèmes  optiques,  on  pourrait  mesurer  Téclat  intrinsèque  moyen  du  ciel 
sur  une  très  grande  surface  (par  exemple  sur  un  cercle  de  i5°  ou  ao"  de 
diamètre),  ou  au  contraire  sur  un  cercle  très  petit  (par  exemple  de  i'  de 
diamètre),  ce  qui  permettrait  de  comparer  sans  trop  de  difficultés  l'intensité 
totale  avec  celle  des  étoiles  observables.  Peut-être  pourrait-elle  aussi  rendre 
des  services  dans  la  simple  comparaison  des  étoiles  entre  elles  ;  elle  a  l'avan- 
tage de  faire  porter  la  comparaison  des  impressions  photographiques  sur 
des  cercles  parfaitement  uniformes,  ce  qui  ne  paraît  pas  être  toujours  le 
cas  pour  les  images  d'étoiles  hors  du  foyer,  souvent  employées  en  photo- 
métrie. 


PHYSIQUE.    —    Sur   l'absorption    des    liquides  par   les   substances  poreuses. 
Note  (')  de  M.  J.-H.  EtussENBERUER,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

Mes  recherches  sur  les  substances  dites  colloïdales  (-),  m'ont  conduit  à 
faire  des  expériences  sur  l'absorption  d'eau  par  les  substances  poreuses  en 
général. 

On  sait,  en  elï'et,  que  certaines  de  ces  substances,  mises  en  présence  d'eau, 
absorbent  celle-ci,  se  gonflent,  parfois  s'échauffent  et  même  peuvent  finir 
par  se  dissoudre  entièrement  dans  cette  eau. 

On  peut  donc  comparer  les  substances  poreuses  à  des  machines  élévatoires 
ou  à  des  accumulateurs  d'énergie  (puisque,  en  extrayant  l'eau  qu'elles  con- 
tiennent, on  les  rend  capables  de  fournir  un  nouveau  travail  ). 

11  m'a  paru  intéressant  de  tenter  sur  elles  les  mesures  de  force,  puissance, 
capacité,  rendement  en  énergie,  usure,  etc.,  que  l'on  fait  sur  des  pompes  et 
des  accumulateurs  électriques. 

J'exposerai  dans  cette  Note  les  principaux  résultats  obtenus  dans  l'étude 
de  ia  puissance. 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  9.4  janvier  1910. 

{-)  J'ai  déjà  attiré  l'attention  sur  le  peu  de  précision  de  ce  terme  (Thèse,  Paris, 
1907,  p.  19),  et  tout  récemment  M.  H.  l.e  Chatelier  l'a  également  condamné  pour  de 
nouvelles  raisons. 


276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Suspendons  une  mèche  rie  la  substance  à  étudier  (mèche  de  section  constante  s)  à 
Tune  des  extrémités  d'un  fil  passant  sur  une  poulie  très  mobile;  équilibrons-la  par  un 
contrepoids  convenable  suspendu  à  l'autre  extrémité  du  fil.  Si,  maintenant,  la  mèche 
absorbe  de  l'eau,  elle  fera  de  plus  équilibre  à  une  surcharge />  ajoutée  au  contrepoids. 
Supposons  l'équilibre  réalisé,  l'eau  étant  à  une  hauteur  fi,  telle  qu'on  ait  sensiblement 
h  y<.  s  ^ p  (dans  les  cas  où   le  volume  de  la    substance   absorbante  est    né£;ligeable), 

cette  eau  continuera  à   monter  dans  la  mèche  avec  une  vitesse  — ;— >  mais  l'écniilibre 

étant  rompu,  la  mèche  s'enfoncera,  maintenant  /;  constant,  et  soulevant  le  poids/) 
suspendu  à  l'autre  extrémité  du  fil.  Le  travail  eftèctué  dans  un  temps  rf/ sera  donc /)^//, 
d'où  la  puissance  de  la  mèche  est  exprimée  par 

dh  ,    dh 

p  —j-  ou  encore  par  lu 


dt  ^  dt 


Grâce  au  dispositif  que  nous  venons  de  décrire.  -7-  est  constant;  il   nous  est  donm 


par  -r—  si  l'on  prend  A/(  =:  r'". 

11  y  a  avantage  à  remplacer  ce  système  un  peu  encombrant  par  un  aréomètre  (|ui  ne 
s'enfoncerait  que  sous  une  surcharge  connue.  I.a  vitesse  avec  laquelle  la  mèche,  placée 
dans  un  tube  en  toile  métallique  sur  l'aréomètre,  efléctuera  ce  travail,  nous  donnera 
sa  puissance. 

Les  erreurs  dues  à  la  variation  du  Milunie  du  liquide  déplacé  puniraient  être  évitées 
par  un  système  de  compensation;  je  me  suis  toujours  placé  dans  des  conditions  lelles 
que  ces  erreurs  aient  été  négligeables. 

Les  expériences  ont  donné  les  résullals  siiivanls  : 

i"  La  puissance  d' absorption  varie  avec  la  qualité  de  la  substance  absor- 
bante :  éponge,  sciure  de  bois,  buvard,  coton  de  diverses  provenances,  etc. 

2"  Pour  le  coton  hydropbile,  toutes  clioses  égales  d'ailleurs,  \n  puissance 
est  proportionnelle  à  la  section  droite  de  la  mèche. 

3°  Entre  certaines  limites  que  nous  examinerons  plus  loin,  \n  puissance 

d'absorption  p -7-  des  substances  étudiées  s'est  trouvée  constante,  quelle  que 

soit  la  hauteur  à  laquelle  l'eau  devait  être  portée,  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  quelle  que  soit  la  surcharge)»  que  la  mèche  avait  à  soulever  ('). 

4"  Entre  certaines  limites,  que  nous  examinerons  également  plus  loin,  la 
puissance  d'une  mèche  est  proportionnelle  au  poids  Q  de  substance  absor- 
bante contenue  dans  l'unité  de  volume  de  la  mèche. 

f)"  \jH  puissance  augmente  considérablement  avec  la  température. 


(')  Il  en   résulte  que  l'énergie   mécanique   utilisable  diminue  d'autant  plus  que  le 
travail  est  edectué  plus  rapidement. 


SÉANCE    UU    3l    JANVIER    IQIO.  277 

Il  en  résulte  (juc  Ton  peut  caractériser  la  puissance  spccifique  \  (Vnui' 
substance  absorbante  par  les  expressions 

u    dli 

OU 

h  dli 

constantes  entre  certaines  limites, *et  cela  à  une  température  donnée. 

Coliiii  A. 

Q o,o5o  o,o.'|S  o.oJ-  û,o52  o,o4i  0,0(1")  0,080  o,rii 

s 0,71  0,71  '''•71  '^  t~  ^  "  ■  7  ■  '^  >  7  '  'J  •  7  '  "^  '  7  ' 

/' 0,5  0,-5  1,10  i,5o  I  I  I  I 

Ai  moyen  ...  .         1 '-  18"  ■>.'i"  y.               oc               18"  i3,.V'           11" 

1,20  1,22  1.18  o  o  1  ,  20  I  ,  2.J  1,06 

nsdl 

Colon  A. 
."^uli^laiire.  Sciure.         Kponge.       lîiivaiil.     Coloa  G. ^ — ~ — -^ 

(^ 0,1 4  0,069  o,2()  o,o.58  o.ooa  o,o.54  0,019!  o,u8 

s 0,71  0,71  0,71  0,71  0,71  i,5o  0,71  0,71 

/) 0,2  o .  I  2  I               1  I  0,3               2 

Il  inoveii  .  .  .        4 10"             87"  39"  4'"             2a"  10"              19"            21" 

/'  "'^'  .  ,,  .  .  0  Q  /■  r 
y 0,000.1       o,0'>,.->       o,7-.i       o,.}q          I  ,  20          1,20          1,10          1,14 

On  voit  suffisamment  par  ces  (piel({iies  exemples,  pris  à  20°.  en  particulier 
par  les  deux  derniers,  que  les  résultais  ci-d(*Ssus  sont  vériliés  dans  de  très 
larges  limites,  àcondition  que  la  hauteur  à  la([uelle  l'eau  doit  être  portée  ne 
dépasse  pas  une  certaine  limite,  variable  avec  la  compression. 

Pratiquement  il  y  aura  avantage  à  adopter  une  température,  unccomprcs- 
sion  et  une  liauteiu'  de  comparaison  communes  à  toutes  les  mesures.  Dans 
ces  conditions,  Tinduslrie  du  colon  ii\(lropliile,  comme  celle  du  papier 
buvard,  posséderont  un  moyen  de  mesurer  la  puissance  absorhanlc  de  leurs 
produits,  et  cela  à  moins  de  ^  pour  100  près,  dans  certains  cas. 

Si  nous  intégrons  l'expression  (2),  nous  sommes  conduits  à  une  deuxième 
métiiode;  il  vient,  en  elVel, 

(3)  A2-2QxXx<  +  C. 

Il  suffit  de  placer  la  substance  entre  (juatre  lames  de  verre  et  noter  la  hau- 
teur à  laquelle  le  liquide  se  trouve  à  chaque  instant. 

C.  R.,  1910,  !"  Semestre.  (T.  150,  N»  5.)  ^' 


■X-jH  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  pli  coiislalcr  (|iie  l'expression  [^  )  rlail  vrriliée  dans  de  très  larges 
limites  pour  le  colon  liydropliile,  le  buvard,  le  coton  de  verre,  etc. 

M.  Goppclsrœder  ayant  fait  des  expériences  analogues  avec  du  papier 
buvard  absorbant  un  très  grand  nombre  de  liquides- divers,  j'ai  examiné  ses 
cbiffies  et  constaté  qu'ils  vérifiaient  également  cette  expression,  jusqu'à  une 
hauteur  maxima  variable  aven  les  différents  liquides,  hauteur  à  partir  de 
laquelle  la  puissance  absorbante  ilu  buvard  diminue  graduellement  pour  les 
liquides  volatils  et  assez  bruscpiemenl  pour  les  liquides  peu  volatils. 

i^iilin,  j'ai  également  vérifié  ces  phénomènes  pour  des  substances  absor- 
bâmes (pii  finissent  par  se  dissoudre  dans  le  liquide  absorbé. 


l':r.ECI  RICll'l'^  —  I\e(diprches  effectuées  au  Laboratoire  central  d' Electricité  sur 
l'èquiadent  èlecirochimique  de  l'argent.  Note  (')  de  MM.  V.  Lapobte 
et  P.  ni;  i,A  (iloKCB,  présentée  par  M.  K.  Bouty. 

Pour  comparer  les  valeurs  de  l'équivalent  électrochimicjue  de  l'argent 
obtenues  par  différents  expérimentateurs,  il  iaut  tout  d'abord  s'assurer  qu'ils 
emploient  les  mêmes  unités  et,  dans  le  cas  contraire,  corriger  en  consé- 
quence les  nombres  trouvés. 

I^a  valeur  de  iii  correction  peut  êlre  évaluée  avec  une  a])|)io\inialioii  ^ufll^anle  poul- 
ies tiois  derniers  travaux  publiés  par  Sniitli,  Mallier  et  l^ow  ry  {National  Pliysical 
Laltoralory),  par  .lager  et  Steinwelir  {Pliysii^altscli-Tecltnische  lieichsanslall),  et 
par  1^.  Jnnet,  1'.  I.aporle  t:t  l*.  de  la  Gorce  {Laboratoire  central  d'Electricité). 

Va\  adoptant  les  unités  anglaises,  en  reinar(|uanl  que  les  éléments  \\eston  employés 

(liirèrenl  au  plus  de  quelques  cent-millièmes  et  en  tenant  compte  des  rapports  des  unités 

de  résistance,  les  résultats  de  ces  travaux  deviennent  : 

l'ar  coiiliiiiili 

NPI i"'m827 

PTIi i,iiSt8 

ij:t; t,m86:-; 

l>a  dernière  convention  inlernalioiiale  avant  défini  l'ampère  par  le  dèp('il  dargeiil, 
une  (lilIV'i'pnre  de   \.  ro    '  i''tait  inadmissible. 

(iràci-  aii\  fonds  nus  par  la  (laisse  des  llecherches  scientifiipies  à  la  dis- 
posilion  de  \l.  I'.  .laiiel,  directeur  du  Laboratoire  central,  à  rinsligalion 
et  siu'  li's  conseils  de  (pii  nous  avons  entrepris  ce  travail,  une  nouvelle  série 


(')    Présentée  dans  la   sèanie  du    >'|  janvier  1910. 


SÉAXCli:    DU    3l    JANVIEK    I9I0.  27;) 

de  mesures  a  pu  èlre  exécutée  de  juin  à  décembre  190;);  en  voici  les  ré- 
su  liais  : 

Le  monlage  de  rexpériencc  cl  la  manière  d'opérer  étaient  les  mêmes  que 
dans  notre  précédent  travail  (  '  ).  Cependant  nous  avons  en  général  utilisé 
doux  voltamètres  en  série,  dans  le  bul  <le  facililer  les  comparaisons.  L'inlen- 
silé  du  courant  était  d'environ  |  d'ampère,  la  durée  j  à  G  heures  et  la  masse 
du  dépôt  7"  à  Su.  Pendant  l'essai,  le  courant  était  maintenu  conslanlel  l'ap- 
proximation de  ce  réglage  était  supérieure  à  2.  10'. 

L'anode  élait  placée  dans  une  poclie  formée  avec  une  feuille  de  pa|)ier  a  lillic,  |iiiéc 
régulièrement  pour  empêcher  loul  débris  de  l'anode  de  tomber  dans  la  cathode  pen- 
dant Topéralion.  Le  papier  à  (illre  provenait  de  la  n)aison  Schleicher  et  Schiill  de 
Diirren  (n"  o9o  exempt  de  chlore). 

I^es  expériences  tentées  pour  accroître  l'action  des  impuretés  ou  irréj^ularités  irilro- 
duites  pai'  le  papier  à  filtre  n'ont  pas  donné  de  résultats  bien  nets. 

Un  lavage  prolongé  du  papier  à  filtre  ilans  une  solution  d'azotale  d'argent,  lavage 
eflectué  au  préalable,  ne  pai'aît  pas  diminuer  le  dépôt. 

Nous  avons  emplové  également  un  voltamètre  composé  d'une  coupelle  d'argent  for- 
mant anode,  placée  à  côté  d'une  coupelle  égale  de  platine  formant  cathode,  les  deu\ 
coupelles  étant  réunies  par  un  siphon  en  verre  de  o"',o4  de  diamètre.  Dans  ce  cas,  les 
difficultés  expérimentales  sont  très  grandes  pour  maintenir  avec  précision  la 
constance  du  courant,  par  suite  probablement  de  réchaulTement  de  l'éleclrolyte  (|ui 
produit  ces  variations  de  résistance.  Cependant  la  moyenne  de  trois  expériences  semble 
montrer  qu'avec  ce  montage  la  masse  du  dépôt  serait  augmenlée  de  i.io"*. 

l^iRiFiCATio.x  i)E  i.'azotatk  i)'ARGENr.  —  Nous  avoiis  essavé  successivement  des  èlec- 
Irolytes  obtenus  en  faisant  des  solutions  à  i5  poui-  100  de  nitrates  d'argent  purifiés 
par  différents  procédés.  En  général,  nous  n'avons  traité  à  la  fois  que  la  f|uantité  de  sel 
nécessaire  pour  une  seule  expéiieiice  ;  on  s'assurait  que  la  solution  obtenue  était  neutre. 

I"  Crislallisalion  à  l'abri  de  l'aii\  à  pression  réduite  et  à  température  comprise 
iiilrc  00°  et  'xo".  —  Après  deux  cristallisations,  la  solution,  préparée  immédiatement 
avant  l'expérience,  était  transvasée  dans  le  \ollamètre. 

lui  calculant  nos  mesures  au  moyeu  di>  unités  anglaises,  que  nous  avons  choisies 
pour  rendre  les  résultats  comparables,  on  trouve  pour  la  nio\enne  de  huit  expé- 
riences : 

Equivalent  éleclrochimique  de  l'argent  :  i"'o,  11827  par  coulomb  a\ec  des  écarts 
maxinia  de  —  i3  et  de  +  8. 10^^  avec  cette  valeur  moyenne. 

■2"  Cristallisation  par  éiaporation  au  bain-maric.  —  Ce  procédé  de  purification, 
employé  dans  notre  précédent  travail,  nous  avait  conduit  à  des  résultats  trop  élevés 
de  3  à  4  dix-millièmes,  sans  doute  parce  que  les  précautions  prises  soit  pour  la 
purification  du  sel  lui-même,  soit  pour  la  conservation  de  la  pureté  de  la  solution 
pendant  tout  le  temps  de  l'expérience  avaient  été  insuffisantes.  La  solution  concentrée 

(')  Bulletin  de  la  Société  internalionalc  des  Eleclricicn^,  2"  série,  t.  \  III.  1908, 
p.  jao. 


2H()  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(le  riiliale  (raigeiit  |iai';uL  absorber  facileineiiL  les  impiirelés  île  rair  (' ).  \Lii  pieii.iiiL 
soin  de  recouvrir  la  solulioii,  pour  éviter  tout  contact  prolongé  avec  l'air,  et  en  puri- 
fiant le  sel  par  deux  cristallisations  successives,  en  égoiittant  les  eaux  mères  et  lavant 
les  cristaux,  nous  avons  obtenu  comme  moyenne  de  (Quatre  expériences  : 

]'2(|uivalent  éleclrochimique  de  l'argent:  i"'S.ii83i  par  couîomb,  avec  des  dillerences 
maxiiua  par  rapport  à  la  moyenne  de  — 6  et  +  \!\.  lo    '. 

3"  M.  Giazebrook,  directeur  du  National  l'bvsical  Laboratory,  a  bien  \oulu,  sur 
notre  demande,  nous  envoyer  du  nitrate  d'argent  donnant  à  son  Laboraloire  le  résultat 
normal.  Ce  sel,  employé  dans  six  expériences,  a  donné  : 

l'équivalent  éleclrochimique  de  l'argent  :  i"»,  i  i8  ij  par  coulomb,  et  les  did'érences 
maxima  avec  la  moyenne  sont  — 6  et  -|-8.io~^. 

4"  M.  Etaix,  chef  des  travaux  de  Chimie  à  la  Faculté  des  Sciences,  a  eu  l'amabilité 
de  purifit'i-  pour  nous  de  l'azotate  d'argent  par  cristallisation,  en  évaporant  la  solution 
d;in-i  le  vide  sec  à  la  température  ordinaire.  Le  résultat  de  quatre  expériences  a  été  : 

Équivalent  électrochimique  de  l'argent:  i™».  1 1882  par  coulomb,  avec  des  différences 
niaxima  par  rapport  à  la  moyenne  de  —  11  eH-  7.  io~°. 

5"  lin  nitrate  d'argent  commercial  vendu  comme  pur,  essavé  dans  deux  expériences, 
nous  a  donné  pour  la  constante  de  l'argent  1,1  iSaS. 

Conclusion.  —  Ces  expériences  monlrent  que  les  aiiiélioralioiis  successives 
iiilroduiles  dans  la  technique  1res  minulieuse  de  la  purification  de  Tazotate 
d'argent  ont  fait  disparaître  la  dillérence  de  /|.io~''  qui  subsistait  entre  nos 
expériences  de  1908  et  les  mesures  du  National  Physical  Laboratory. 
L'accord  parait  donc  satisfaisant  atijourd'hiii  entix^  les  nombres  oljtcnus  en 
France,  en  Angleterre  et  en  Allemagne. 

La  moyenne  générale  de  nos  résultats  est,  en  continuanl  à  adopter  les 

unités  indiquées  plus  iiaut, 

i,n89.9. 

CHIMIE   PHYSIQUE.    —    Criskillisalion  spontanée  du  sttere.   Note 
de  M.  G.  FouQUET,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

La  connaissance  des  conditions  de  cristallisation  du  sucre  présente  un 
grand  intérêt  industriel.  J'ai  cherché  tout  d'abord  à  vérifier  si  la  cristalli- 
sation spontanée  du  sucre  dans  les  solutions  .sursaturées,  suivait  la  loi 
indiquée  par  Tatnmann  pour  les  corps  surfondus.  Le  nombre  de  germes 
s[)onlanés  formés  dans  un  corps  surfondu  cioil  d'abord  avec  la  surfusion, 
passe  par  un  maximum  pour  décroître  ensuite. 

Les  essais  ont  été  faits  sur  des  solutions  à  82-83  pour  100  de  sucre  saturées  à  102°, 
refioidies  à  dinférenles  températures  entre  60°  et   lo",   puis   abandonnées  à  60°.   Il  ne 

(')  Vhte  solution  de  nitrate  laissée  pendant  3o  minutes  dans  une  atmosphère  chargée 
de  fumée  de  tabac,  puis  employée  dans  le  voltamètre,  donne  im  dépôt  supérieur 
de  .5.  Il)""'  à  la  valeur  moyenne. 


SEANCE  UU  )I  JANVIER  I9I0.  281 

s'esl  jiiiiKiis  |)rocluil  de  cristallisation  dans  les  solutions  (H(  repos.  l'ciil-clrL'  la  \ilesse 
de  l'oniiatioii  spontanée  des  germes  est-elle  très  petite,  mémo  a   10". 

]^a  cfislallisalion  dans  les  solutions  agitées  se  produit  au  contraire  d'une 
façon  régulière.  Les  Iravauv  de  Miers  et  de  ses  élèves  ont  établi  que  des 
solutions  sursaturées,  agitées  avec  fric/ ion  mécanique,  cristallisent  toujours 
pour  une  concentration  déterminée  à  une  température  parfaitement  définie, 
et  ({ue  la  courbe  ayant  pour  ordouiK'e  la  concentration  de  la  solution  cl 
pour  abscisse  la  température  de  cristallisation  spontanée  est  très  sensible- 
ment i^arallèle  à  la  courbe  de  solubilité.  Miers  appelle  cette  courbe  cowhe 
de  supersolubilité  :  elle  donne  pour  chaque  concentration  la  température  à 
laquelle  la  solution  passe  de  l'état  métastable  à  l'état  labile;  au-dessus  de 
cette  température,  la  cristallisation  n'est  possible  que  par  amorçage  en  pré- 
sence de  germes  déjà  formés. 

Ces  résultats  s'applitpient  aux  solutions  de  sucix^  pur  dans  l'eau.  Les 
expériences  ont  été  faites  un  peu  ditléreniment  de  celles  de  Miers,  avec  des 
tubes  à  essais  munis  intérieurement  d'une  spirale  en  fil  de  laiton  qu<'  Ton 
pouvait  faire  tourner,  la  spirale  frottant  sur  les  parois  du  tube.  I^e  tube, 
rempli  d'une  solution  sucrée  pure,  était  maintenu  pendant  3o  minutes  dans 
un  bain  de  glycéiMue  chauffée  au-dessus  du  point  de  saturation,  puis  refroidi 
progressivement  dans  un  bain  d'eau  chaude  qu'on  laissait  refroidir  natu- 
rellement. On  faisait  tourner  constamment  la  spirale  et  l'on  notait  la 
température  au  moment  de  la  cristallisation  spontanée.  L'observation  est 
très  nette;  on  voit  d'abord  se  former  une  petite  couche  de  cristaux  aux 
points  de  frottement,  puis  presque  instantanément  on  voit  se  développer  au 
centre  du  tube  une  traînée  blanche  de  lins  cristaux.  La  température  de 
cristallisation  parait  bien  définie  pour  une  concentration  donnée. 

l^e  Tableau  ci-dessous  donne  ipielques-unes  des  mesures  : 


(l'eaii. 

78.7  -Wg-^ 

79.8  39.". 
80,8  420.8 

82 , 4  \m ,  7 

83  488, î 

84,8  ô.'>7,y 

8.5 ,  t  571,1 


Sudo 

pour  ions  d'eau 

dans  solution 

Surre 

saturée 

en 

e\eO(le 

Tempélatuie 

à  la 

p,u 

V  I r 

- --- ^ —    ^ 

tenipéralure 

au 

:  ni'Uuei 

Ar                          lie 

dr 

dr   1,1 

^.Tturalion.        rristallisalinn 

.     crislallisaliiin. 

■  ■Hs 

lallisiili 

81",  5                      3l" 

23  1,3 

14s., 

86,5                 44,5 

■^47 

,48 

9'                     54,4 

271 ,6 

.49,2 

97 . 5                 69 , 5 

3,8,7 

'49,4 

100                      7.3 

339,8 

(48,3 

88 , 5 

4o6,9 

i5o,3 

92 

428,8 

142,3 

a82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  courbe  de  supei-solul)ililê  est  ainsi  sensiblement  parallèle  à  la  courbe 
de  solubilité,  l'excédent  de  sucre  restant  à  peu  près  constant. 

Des  essais  en  cours  semblent  indiquer  que  l'adjonction  d'impuretés 
conserve  la  même  allure  à  la  courbe  de  supersolubililé. 

F-a  coimaissance  des  courbes  de  supersolubilité  des  produits  impurs  peut 
présenter  un  j^rand  intérêt  en  sucrerie,  où  l'on  produit  la  cristallisation 
spontanée  dans  le  système  de  la  cuite  en  grains;  elles  permettrontd'explicpier 
pourquoi  on  ne  peut  pas  cuire  en  grains  des  sirops  de  pureté  trop  basse,  et 
pourront  servir  à  conduire  le  travail  des  cristallisoirs. 


CHIMIIÎ    OKiiAMQUE.    —    >iir   la   synthèse    de    l' indigulélracliloré-^.~ .r>' .r' . 
Note  de  M.  Oberkeit.  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  Note  parue  aux.  Cumples  rendus  de  la  séance  du  27  dé- 
cembre 1909,  M.  Danaila  décrit  la  syntbèse  de  l'indigo  télrabromé- kj.j'.^' 
et  de  l'indigo  têtrachlorê-5.7.5'.7'  à  partir  des  isatines  dihalogénées  cor- 
respondantes. M.  Danaila  émet  l'opinion  que  son  tétrachlorindigo  est  pro- 
bablement identique  à  celui  (pii  a  été  préparé  par  Gnehm(')  en  partant  de 
l'aldébyde  o-nitrodicblorobenzoi(}ue,  mais  qui  n'a  pas  été  suflisamment 
caiactérisé.  (Quoique étant  d'ini  autre  avisa  ce  sujet,  je  ne  veux  pas  discuter 
ici  la  constitution  chimique  du  colorant  de  Gnehm,  mais  je  tiens  à  complé- 
ter la  Communication  de  M.  Danaila  en  faisant  remarquer  que  le 
5.7.5'.7'-tétraclilorindigo  a  déjà  été  décrit  au  brevet  français  n"  315180  du 
ig  octobre  1901.  On  le  prépare  selon  ce  brevet  à  partir  de  l'acide  dichloro- 
pliénylglycinccarbonique,  obtenu  lui-même  par  cliloruralion  directe  de 
l'acide  phénylglycine  o-carbonique.  Or,  cet  acide  dicbloropbénylglycine- 
carbonique  étant  identique  à  celui  qu'on  peut  obtenir  à  partir  de  l'acide 
'^.5-dicblorantliranilique  selon  le  procédé  du  brevet  fiançais  n"  'iOI506, 
exemple  i,  et  qui,  vu  son  mode  préparatoire,  ne  peut  répondre  qu'à  la 
formule 

Cl 

/^NH-Cli^— COOH 

cit   Jcooti 

le  tét?-acb!()riiidi,t;o  (pii  en  résulte  ne  peut  avoir  d'autre  constitution  (pie  celle 
(')  Bcricliie  fier  dviil.  c/icin.  Gcs.,  l.  Wil.  i8Si,  |).  7J3. 


SÉANCE    DU    3l    JANVIl'K    Kjlo.  2.H-5 

ilim  iii(lij;n  |i''liiiclilor('-').~.5'.7'  : 

Cl  Cl 

Xp p/ 

,l>  _  L.. 

cAJccy        \coi    jci 

Il  est  donc  néressairement  identique  au  létrachlorindigo  de  M.  Danaila. 

Le  colorant  a  été  décrit  au  brevet  français  n"  .'}  15  180,  susmentionné 
comme  suit  : 

L'indigo  létracliloié  qui  peiil  se  préparer  au  moven  de  illacélvldicliloiindoxvle  esl 
bleu  aussi,  mais  se  rapproche  comme  vivacité  des  couleurs  d'aniline.  Il  résiste  d'une 
façon  extraordinaire  aux  oxydants;  ainsi,  l'acide  azotique  ne  le  décolore  pas.  D'autre 
part,  il  se  réduit  avec  la  plus  grande  facilité  et  forme  en  f|uel(]ue  --inlc  une  cuve  sur  la 
libre  au  moindre  contact  avec  la  soude  caustique.  Il  s'ensuit  qu'on  peut  l'impiimei' 
sans  mordant.  Sa  résistance  l'i  la  lumière  e>l  |iarfiiile. 

]^es  propriétés  typiques  du  ù.j.j'.^'-létraclilorindigo,  qui  motivent  sa 
supériorité  industrielle  relativement  à  Tindigo  lui-même,  savoir  la  vivacité  • 
de  sa  nuance,  sa  résistance  auv  owdanls  et  sa  solidité  à  la  lumière,  étaient 
donc  déjà  connues  en  1901,  et  il  était  à  prévoir  que  ces  qualités  se  re- 
trouveraient dans  l'indigo  létrabrotné  correspondant,  qui  n'a  été  obtenu 
([u'en  1907  par  la  Société  pour  Tlndustrie  chimique  de  Bâie  par  bromu- 
ralion  directe  de  l'indigo.  On  pouvait  seulement  s'attendre  à  ce  que  le 
colorant  brome  présentât  une  luianco  légèrement  plus  verdàtre  que  le  pro- 
duit chloré.  Les  faits  ont  pleinement  confit^mé  ces  prévisions. 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Sur  l'emélù/itc  d'aiiitine.   Note   de   M.   P.  Yvon, 
présentée  par  M.  E.  Houx. 

[^'émétique  d'aniline,  obtenu  par  l'action  du  protoxyde  d'antimoine  sur 
le  tarlrate  acide  d'aniline,  se  présente  sous  forme  de  cristaux  hydratés  ou 
anhydrrs  selon  la  température  à  laquelle  s'est  effectuée  la  cristallisation. 

Sel  HYDUA.TK.  —  Les  cristaux  d'éméticjue  d'aniline  qui  prennent  naissance 
à  la  température  ordinaire,  vers  +  i.V',  sont  hydratés  et  .se  présentent  sous 
forme  de  longs  prismes  pouvant  atteindre  jusqu'à  3""  et  4'"'";  le  plus 
souvent  groupés  en  étoile  et  i\ayonnants  autour  d'un  centre  commun;  leurs 
faces  ne  sont  pas  terminées.  Us  sont  incolores  ou  légèrement  teintés  en 
jaune  paille,  translucides;  mais  deviennent  peu  à  peu  opaques  et  prennent 
un  aspect  nacré  lorsqu'on  les  conserve  à  l'air  libre;  ils  perdent  alors  leur 


284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

oaii  de  crislallisation.  Celle  transformation  s'(>|}'ectiie  d'autant  plus  vile  que 
la  température  est  plus  élevée. 

Ces  cristaux  renferment  pour  loo  parties  : 

Antimoine 3o,  190 

Ea  u 4,4^ 

ce  qui  correspond  à  la  formule 

rMvn'(ShO)C'iv\7..u-o. 

AnlimoiiiL' 3o,3o 

Eau 4  .  à4 

SiîL  ANHVDHE.  —  Lcs  crisUiux  qui  sc  forment  à  +  35"  sont  anhydres.  Leur 
existence  a  été  signalée  par  F. -AV.  (  jlarke  (  '  )  qui  ne  parait  pas  avoir  obtenu 
le  sel  hydraté.  M.  le  professeur  G.  W  yroubolîa  bien  voulu  déterminer  leur 
forme  el  les  caractérise  delà  numière  suivante  : 

Cristaux  hexagonaux   assez  irrégulièrement  développés  avec   les   faces 

/>(000l  ),//{  lUIl  ),^'(20-2l)  el//'(404l).  Les  deux  premières  se  trouvent 
à  létal  de  rliondjoèdrcs.  Il  existe  un  clivage  facile  suivant  la  base  : 

I  :  i,,()o4(. 

Angles.  Caliulés.  Mesui-és. 

/>'/>  [  uni  0001  ) 49"  i4  49" ao' 

/>-/>   (HmOOOl) 66.40  66.  ,0 

//'/' (4.0410001) >.  ■::••">» 

b'' f>' {km  OhM  ) 58. 3a  68.26 


Uniaxe  positif  :  biréfringence  assez  forte. 
Us  sonl  translucides  el  légèrement  colorés  en  jaune  paille. 
La  moyenne  d'un  assez  grand  nombre  de  déterminations  indique  pour  ces 
cristaux  une  proportion  d'antimoine  égale  à   ^2,  12  pour  100. 
(À*  ciiilVre  correspond  à  la  formule 

C'ii^0''(Si)O)(;«irAz 

aulériciireniiul  (loiiiicc  [jar  Clarkeel  dont  la  leneui'  théori(|ue  en  antimoine 
est  de  il,  7  '(()  pour  100. 


(')   F.-\V.   Ci.AnKK,   Berichle   der   deulsclien    chemischen   Gesellschaft,  p.    i54o, 
Berlin.  1882. 


SÉANCE  DU  -)I  JANVIER  1910.  285 

Poi'vom  IIOTATOIRK.  —  L'émélii|ue  (l'iuiiline  agit  sur  la  lumièie  polarisée  et  est  fm- 
temenl  clexlrogyre. 

Le  pouvoir  rolatoire  par  rapport  à  la  liiinière  jaune  a  été  déterminé  sur  des  solu- 
tions aqueuses  renfermant  de  2i>  à  5s  de  sel  pour  100''"'  de  li(|uide. 

Il  a  été  trouvé  égal  à  : 

Sel  hvdrale 1  i5'',6i   à   -i-  17» 

Sel  aiihvdre 121", 28  à   +19° 

Densité.  —  La  densité  a  été  déterminée  par  rapport  à  l'essence  de  térébenthine;  elle 
est  égale  à  : 

Sel  hydraté i  ,669  à   4-20° 

Sel  anhydre 2,1123+18° 

Soi.iiBii-iTÉ.  —  L'émétique  d'aniline  est  très  soluble  dans  l'eau;  les  résultats  obtenus 
sont  les  suivants  : 

Eau  à 

+  15».  -I-20-.  +35°.  +100°. 

I  s  de  sel  hydraté  se  dissout  dans 6s,  07         5s,  06         4^1  '  5         o»,  54  1 

is  de  sel  anhydre  se  dissout  dans 6*-',  36         5*^,82         4^';  35         o(-',  567 

La  solubilité   dans  l'alcool  est   très   faible;  à  la  température  de  +  20°  les  chitlres 

obtenus  sont  les  suivants  : 

^el  liydraté.         Sel  anhydre. 

loot'  d'alcool  à  60"  dissolvent 0^,626  oi-'jOgS 

100"  d'alcool  à  90"  dissolvent o",  lofi  C,  101 


CHIM1I-:  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  rëoclion  du  milieu  sur  la  fdlration 
de  quelques  diastases  du  mail.  Note  de  M.  HÏArRicE  Hoi.dkrkk,  présentëf 
par  M.  E.  Roux. 

Dans  une  [iiécrdeiUe  Nole('  )  j'ai  dénionlré  (jiie,  quand  on  nculi-alise  à 
la  plK'iioljililaléine  la  inacéralion  do  XWsprrgillus  niger,  sa  siicrase  travei\si* 
pfcs((iic  coiiiplètcmenl  les  bougies  de  porcelaine.  Si  au  eoiittaire  on  neu- 
tralise au  niélhylorange,  la  diastase  est  presque  entièrenieiil  retenue  à  la 
tiltration.  Dans  une  autre  Note  ensuite,  en  collaboration  avec  M.  Gabriel 
Bertrand  (  -  )  dans  un  travail  sur  la  cellase,  nous  avons  étendu  ces  mêmes 
résultats  à   réinulsine,   la  cellase  cl  la  maltase  de  la   même   moisissure. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  ii53. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  loO,  19 10,  p.  23o. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre,  (T.  l.jO,  N-  5.)  ^^ 


,>.S(;  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Vujourd  Imi  jr  \(Mi\  iiioiilrci'  que  la  inrrne  règle  sappiicjiii'  égalcriieiil  au\ 
diasLases  du  mail  :  lamylasc,  la  dexliiiiase  et  la  peroxydiastase. 

6os  de  mail  linement  moulu  sont  mis  à  macérer  :i  l;i  température  ordinaire 
avec  600"^'"'  d'eau  distillée,  en  agitant  très  souvent.  Apiès  une  heure  de  contact  on 
filtre  sur  papier  ordinaire.  Le  filtrat  est  divisé  en  trois  jKirtions.  La  première  A  est 
acidifiée  avec  HCl  de  façon  à  être  franchement  rose  au  njothvlorange.  La  seconde  P> 
est  neutralisée  avec  NaOU,  à  la  phtaléine.  La  troisième  N  ne  reçoit  que  de  l'eau 
distillée  pour  l'amener  à  la  même  dilution  que  A  et  B.  On  procède  ensuite  à  la  fillra- 
tion  avec  trois  bougies  en  porcelaine  Chamberland  F.  les  premières  portions  du  filtrat 
sont  rejelées.  Sur  un  volume  connu  de  la  fin  du  filtrat  ainsi  que  des  témoins  non  filtrés 
on  rétablit  la  réaction  naturelle  en  ayant  soin  d'amener  avec  de  l'eau  distillée  et  une 
solution  de  NaCl  les  trois  extraits  diaslasiques  à  la  même  dilution  et  à  la  même 
concentration  en  \a(JI. 

I.  Diaslase  liquc/iu/ile  (amy/asey  —  Comme  l'extfail  de  malt  esl  très  riche 
en  amylase,  il  faut  prendre  très  peu  d'extrait  pour  voir  l'effel  de  la  fdtra- 
lion.  i""  des  diaslases  diluées  au  vingtième  est  mis  dans  des  flacons 
coniques  avec  "io""'  d'empois  de  fécule  à  -2  pour  100.  Les  flacons  sont  placés 
snccessi\ein('iil  une  denii-lieure  au  hain-niaric  réglé  à  /|3".  Il  y  a  ini  llacou 
pour  cliacunc  des  macérations  A,  15,  ?S  non  liitrécs  et  les  mêmes  filtrées.  Ku 
plus  il  y  en  a  un  pour  Textrail  neutre  X  filtré  et  houilli.  Le  pouvoir  liqué- 
liaiit  se  mesure  avec  un  viscosimètre,  genre  Kling,  c'est-à-dire  une  pipette 
nmnic  d'un  tube  de  Mariotle  intérieur  pour  réaliser  un  écoulement  sous 
pression- constante.  Dans  la  colonne  II  du  Tableau  suivant  j'indique  com- 
bien de  secondes  il  faut  pour  l'écoulement  de  23""'  des  empois  liquélii-s 
par  i'"'"  des  diaslases  diluées.  La  colonne  111  donne  les  nombres  oi)tenus  en 
employant  i*^"''  des  diastases  non  diluées,  cesl-à-dire  20  fois  plus. 

AMVI.ASE. 

Durée  d'écoiilcninil  dextrinask. 

fie  3301"' d*emnois  " .   .  , 

avec  1""'  de\lr,nl 
de  ,,  Millii;riiiMine~    Millii;iiininics        |jniii-  um 

reMrait   diasUHii|iii'.  ililiir.  non  ililnù.         deCiidi.').        de  maltuse.  ir.niiuluii, 

i\  neutre io(J  77  09  .53,8  >.i,> 

N  filtré .J750  78  36  32,5  r!,.S 

!\  filtré  houilli GSoo  33oo  o                       ou 

A  d'abord  acidifié.  ..  .  558o  '07(?)              9                       8  o,o3 

X  filtré 65oo  106  traces  traces  traces 

lî  d'abord  alcalinisé. .  .  19a  77  45  4'>>8  16,1 

B  filtré ■!o3  78  4-'i,7  4o,5  16,0 

(")    Déduction  faite  du  |ioinoir  réilucteiii'  dû  à  lexlriill,  c'e<t-à-dire  3'"=  de  CuO. 


SÉANCE  UU  3l  JANVIER  1910.  2S7 

Pour  permettre  récoulcinent  de  25""'  d'eau  distillée,  il  faut  77  secondes. 
<-)n  voit  que  racidilîcaliou  a  fortement  affaibli  l'amylasc,  sans  toutefois  la 
détruire,  car  dans  la  colonne  II!  il  y  a  liijuéfaclion  |ircsque  complèle. 
L'extrait  A  filtré  donne  un  nombre  plus  grand  que  JN  I  ouilli,  (jkjo  au  lieu 
de  ()3oo.  Pourtant  ce  même  extrait  A  filtré  présente  encore  une  certaine 
activité,  qu'on  peut  mettre  en  évidence  dans  la  colonne  III,  où  il  v  a  éga- 
lement liquéfaction  presque  complète.  C'est  que  les  erreurs  d'expérience 
ne  sont  pas  négligeables.  11  suffit  d'une  très  faible  variation  de  température 
pour  avoir  des  écarts  dans  les  résultats  atteignant  2  ponr  100.  Pourtant  les 
chiffres  de  la  colonne  II  sont  très  nets  pour  montrer  que  la  llUration  alca- 
line B  n"a  pas  retenu  la  diastase,  comme  cela  a  lieu  dans  la  liltration  neutre 
et  acide. 

II.  De.vlrimist'  ((liaslase  saccluirijiaiilc).  —  Je  me  suis  inspiré  di' la  mé- 
thode de  Ford  et  riuthrie  (  ')  pour  comparer  l'activité  sacchariliaiile  des 
échantillons  diastasiques. 

V'"'  des  mêmes  extraits  de  malt  dilués  au  Aingtiènic  sont  mis  en  contact 
avec  .My™'  d'une  solution  à  î  pour  100  d'amidon  soluble  préparé  d'après  la 
méthode  de  MM.  .1.  Wolff  et  A.  Fernbach.  On  opère  dans  sept  fioles  jau- 
gées de  100""  ,  placées  au  hain-marie  réglé  à  5i".  Après  i  heure  on  retire  les 
llacons.  On  arrête  l'action  diastasique  par  {  gouttes  de  soude  normale,  on 
amène  à  100''"'  et  sur  20''°''  on  dose  le  maltose  formé  par  la  méthode  de  (_r. 
Bertrand.  Les  résultats  se  trouvent  dans  les  colonnes  IV,  V,  VI  du  Tableau 
précédent. 

Aux  erreurs  d'expérience  près,  il  n'y  a  pas  de  différences  entre  la  dextri- 
nase  de  l'extrait  alcalinisé,  qu'il  soit  filtré  ou  non.  Mais  l'affaiblissement 
par  la  filtration  est  de  moitié  djins  la  tilt  ration  neutre  et  de  -^  environ  dans 
la  filtration  acide. 

III.  Peroxydiaslase.  —  .l'ai  trouvé  des  résultats  analogues  avrc  la  per- 
oxydiastase  du  malt.  J'ai  dû  diluer  au  -^^  mes  exliails  et  ne  [U'euclic  (pi'nne 
goutte  de  ces  diastascs.  La  macération  filtrée  alcaline  colore  pi'es(pii'  aussi 
vile  le  gayacol  en  j)résence  de  11^0-  que  la  macération  non  filtrée,  tandis 
que  les  filtrats  sont  bien  moins  actifs  si  la  filtration  s'est  faite  en  milieu 
normal  et  surtout  (>n  milieu  acide.  Je  donnerai  ailleurs  les  détails  d'expé- 
rience. En  tons  les  cas  il  semble  cpie  des  traces  de  NaCI  favorisent  beaucoup 
cette  oxydation  (  -  ). 


(')  Joiirn.  /lis/,  of  l!rei.vin^.  190.!»,  p.  «06. 

(■-)   Vdir  l^'orAHU.  Comptes  rendus,  l.  (JXLti.  \()nh,  |i,  ■^tjfi 


288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  parait  donc  Irôs  probable  que  hi  rèt;le  que  j'ai  établie  pour  la  sucrase 
à' Aspergillus  niger  est  générale,  car  elle  est  déjà  démontrée  pour  sept 
diaslases  très  diiïérentes.  Une  restriction  doit  être  faite  pour  les  diaslases 
qui,  dans  le  transport  électrique,  vont  à  la  cathode.  L'expérience  seule  peut 
répondre  à  ce  sujet,  .le  compte  étudier  celte  <(uestion  et  iiénéraliscr  encore 
la  règle  que  j'ai  établie. 


CHIMIE  AGRICOLE.    —    Emploi  du  bore   comme  engrais  calalyliqiie. 
Note  de  M.  H.  Aguijiox,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Un  assez  grand  nombre  de  travaux  rendent  vraisemblaljle  la  présence 
constante  du  bore  chez  les  végétaux.  J"ai  moi-même  confirmé  cette  donnée 
par  de  nouvelles  recherches  (')  à  l'aide  de  méthodes  très  sensibles  et  très 
précises  étudiées  en  collaboration  avec  M.  G.  Bertrand  (-).  Le  bore  est-il 
nécessaire  ou  tout  au  moins  utile  au  développement  du  végétal"?  L'emploi 
de  la  méthode  synthétique  est  seul  apte  à  nous  fournir  des  renseignements 
à  ce  sujet. 

<  )n  conçoit  riniportance  à  la  fois  théorique  et  pratique  de  telles  études  : 
leur  ensemble  permet  la  connaissance  exacte  de  la  composition  cliimiqne 
nécessaire  et  suffisante  des  êtres  vivants;  elles  développent  en  agriculture 
la  notion  nouvelle  des  engrais  cataly tiques  dont  le  manganèse  est  le  premier 
exemple  (  ■'). 

Des  expériences  ont  été  faites  d'abord  sur  les  êtres  inférieurs,  levures, 
Aspergillus  niger,  ferment  laclicjue  ;  elles  ne  m'ont  pas  permis  de  trouver 
des  doses  favorables  de  bore  pour  ces  organismes  (le  bore  était  introduit 
dans  les  milieux  sous  forme  d'acide  borique,  comme  d'ailleurs  dans  toutes 
les  expériences  qui  suivent). 

Avec  les  végétaux  supérieurs,  au  contraire,  le  bore  a})parait  comme  un 
élément  très  actif.  J'exposerai  les  résultats  obtenus  en  les  rangeant  d'après 
le  mode  expérimental  employé. 


(')  Voir  pour  ces  reclierclies  et  le  délail  des  expériences  qui  font  l'objet  de  celte 
Note:  M.  AcuLHOX,  lîccherches  sur  la  présence  et  le  râle  du  horc  cJiez  les  rés^élaii.r 
[Thèse,  Paris,  1910). 

(/*)  Cl.  Bkhtrani)  et  H.  âgui.iiox,  Hall.  Soc.  c/u'm.,  ^'  série,  t.  VII,  iç)\o. 

(■')  Ci.  Bertrani),  Comptes  rendus,  t.  C\LI.  igoS,  p.  i255. 


SÉANCE  DU  3l  JANVIER  1910.  289 

1°  CuUures  en  milieu  liquide  synthétique  stérile. 

Les  graines,  stérilisées  par  plusieurs  lavages  au  sublimé  el  à  l'eau  stérile,  sont  ense- 
mencées dans  un  appareil  pailiculier  stérilisable  qui  contient  la  solutiou  nutritive 
additionnée  de  doses  croissantes  de  bore.  Voici  les  résultats  obtenus  dans  ces  condi- 
tions au  printemps  et  à  Tété  1907  avec  du  blé  (le  poids  moyen  porte  toujours  sur  un 
mininium  de  (pialre  plants)  : 

Poids  movtii   Jiin   plant  sco 
Bore  en   niiili^ranmies  •     -o  ■  i         ii      . 

'^  après    18  jonrs  de  culture 

par  litre  __ —  '  

de  solution.  de  la  racine.        de  la  lige.  Total. 

o 0,099  "1657  0,756 

0,1 0,099  0,557  o,656 

0,5 0,114  o,663  0,777 

! 0,099  0,67-'!  0,773 

■^,5 0,1 55  0,742  0,897 

5 o ,  1 5 1  0,845  (j ,  9 1 6 

r  o o , I tio  o , goo  1 , 060 

20 o,o85  o,5j4  0,609 

5o 0,042  0,319  n,.S<ii 

100 0,00 1  o,o55  0,059 

l'our  des  doses  supérieiiics  la  piaule  iiiennl. 

Nous  voyons  nellemenl,  piii-  le  simple  examen  de  ces  cliitlVes,  l'existence 
d'une  courbe  de  l'aclion  du  bore  sur  la  croissance  du  blé;  roptimum  esl  silué 
vers  qs, oo5  à  o''',oio  pour  ;ooo  de  liquide  de  culture.  Pour  les  doses  éle- 
vées, la  germination  esl  retardée,  les  plants  restent  jaunâtres;  les  racines 
semblent  être  toucbées  les  premières  par  l'action  toxique. 

•j.°  Culture  en  milieu  solide  synthétique. 

iJcs  pots  de  terre  paraflinés  sont  remplis  de  ■i'-s  de  sable  siliceu\  particulièrement 
purifié.  On  arrose  avec  une  solution  nutriti\e  additionnée  de  doses  de  bore  croissantes. 
On  maintient  dans  les  pots  préalablement  tarés  une  humidité  de  10  pour  100  environ. 
iJans  ces  conditions  nous  observons  encore  l'existence  de  doses  favorables.  La  dose 
oplima  esl  l'addition  à  la  quantité  de  sable  employée  de  o™s,  o5  de  bore.  Les  augmenta- 
tions du  poids  sec  des  récoltes  varient  entre  diverses  expériences  faites  à  des  époques 
dilTérentes  :  de  8  à  4o  pour  100  pour  le  blé,  de  16  à  Sg  pour  100  pour  l'avoine,  de  10 
39  pour  100  pour  le  radis. 

3°  Cultures  en  terre. 

I.  Des  pots  paraffinés  sont  remplis  d'un  même  poids  de  terre  (i''s.2)  rendue 
aussi  homogène  que  possible  par  passage  au  tamis.  On  ajoute  dans  chaque  pot  des 
quantités  d'acide  borique  correspondant  à  des  doses  de  bore  connues.  Pour  I  addition 


290  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  r)"'b'  de  hore  les  auyriientations  du  poids  sec  de  la  récolte  sont  de  28  poiii-  100  iioui 
la  luzerne,  de  g  pour  100  pour  le  maïs,  de  55  jiour  100  pour  le  pois,  de  9  |)Oiii-  100 
pour  le  radis;  pour  celte  dernière  plante,  rojjliuuim  est  situé  plus  Ijas  et  l'augnien- 
lalidii  allenit  1  .''1  pour  100  avec  la  dose  de  o'"",  5. 

iJans  tous  les  cas  l'action  favorisanto  se  manifeste  poiir  plusieui's  doses, 
établissant  ainsi  l'existence  d'une  courbe  de  l'action  du  boi'e  analogue  à 
celle  de  l'expérience  en  milieu  stérile  li(]uide.  L'application  possible  du 
bore  comme  engrais  catalylique  ressort  de  ces  faits. 

II.  Des  expériences  en  pleine  terre  confirment  cette  prévision.  JJes 
parcelles  d'un  mêine  terrain  de  S'"  de  surface  ont  été  arrosées  de  doses 
vaiùéesde  bore.  Pour  un  certain  nombre  de  piaules  supportant  bien  le  l)ore 
(maïs,  colza,  navet)  l'addition  de  o^,  5  de  bore,  c'est-à-dire  de  3*''  environ 
d'acide  borique  par  mètre  carré  de  terrain,  donne  les  meilleurs  résultats. 
Pour  d'autres  (avoine,  pois)  celte  dose  esl  trop  forte  et  apparaîl  comme 
iudilVérente.  \oici  les  résultats  expérimeulaux  : 

Poids  moyen  d'un  plant  ?(c.  l^oids  de  hi  réeidle. 

tîore  ajouté  i. —    -^^ - — ■— — - — — -^ — 

par  inclre  carré.  M;iV^.  Colza.  Navet.  P(>i<.  Avoine. 

Témoin  o 18, 5  5,75  2,i5  84  618 

»         0S.5 27,9  6,97  2,85  85  625 

»         16 05,8  7,28  2,28  42  520 

Les  augmentations  pour  la  dose  de  0*^,5  par  mètre  carré  sont  de  ."io  pour 
100  pour  le  maïs,  de  21  pour  100  pour  le  colza,  de  32  pour  100  pour  le 
navet. 

Des  dosages  d'acide  borique  faits  sur  les  maïs  ainsi  récoltés  nioutteul  ipu^ 
les  cendres  des  plants  poussés  sur  terrain  additionné  de  la  dose  optima  de 
bore  ne  présentent  pas  une  teneur  en  cet  élément  plus  forte  que  celles  des 
plants  poussés  sur  le  lot  témoin.  Pareil  fait  a  été  observé  par  (1.  iîetlrand 
pour  le  manganèse.  Au  contraire,  pour  la  dose  su[)érieure,  les  ceudres  icii- 
fertuent  une  quantité  de  bore  plus  élexée  ([ue  la  normale  et  l'on  (djserx  <•  une 
augmentation  du  poids  de  cendres  pour  100  de  plante  sèche;  la  piaule  .--ulùl 
tine  surminéralisation  et  par  suite  une  augmentation  de  sa  teneur  eu  cati, 
tpii  donne  pottr  les  poids  de  plante  fraîche  une  dose  de  bore  opiiina  phis 
élevée  que  pour  les  poids  secs  (maïs,  colza,  navet).  Fliche  et  (irandeau  (  '  ) 
ont  observé  le  même  phénomène  d'augmentation  du  taux  des  cendres  sur  le 


(')      t/iii.  lie  Cliim.  ri  (le  l'Iiys..  5''  série.  I.  II.   187'!.  p.  354. 


SÉANCH    DU     ')I    JA.WIER    1910.  ^91 

oliàtaigiiier  pousse  en  sol  trop  calcaire.  Il  semble  qu'il  y  ail  là  une  réaction 
i^énérale  des  plantes  à  rexcès  cruii  élément  utile.  Voici  les  chiffres  obtenus 
avec  le  maïs  : 


Bore 

Con.hu. 

Eiiu 

A 

cide  boiiiiui 

par 

pour    Kjrj 

pour  100 

pour  100 

mcire  cm 

T.-, 

ilr>  inalicire  seclie. 

,1.  pi. 

aille  frai. 

c\w. 

le  cendres. 

0 

]  3 ,  (') 

88, 20 

0,  l/jO 

*     0,5 

1  3,0 
1  ■>  )  7 

88,90 
89,98 

0,  i_',o 

De  cet  ensemble  de  lésullats  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  :  Le 
bore  est  un  élément  utile  aux  végétaux  supérieurs.  L'addition  de  petites 
quantités  de  bore  dans  un  milieu  de  culture  synthétique  ou  dans  un  sol 
naturel  augmente  sensiblement  le  poids  de  matière  sèche  formée.  Il  pourrait 
entrer  facilement  dans  la  pratitjue  agricole  étant  donnés  le  peu  de  prix  des 
quantités  actives  et  l'augmentation  de  récolte  qui  correspond  à  leur  em[)l()i. 
I^a  valeur  culturale  du  bore  parait  approcher  celle  du  manganèse. 


llYDliOLOGli:.   —  Hadioartivilé  de  (juelques  sources  sauvages  des  Vosges. 
Note  de  M.  Andiu':  lîiiociiF/r,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

A  côté  des  sources  thermales  de  Plombières,  Luxeuil,  Bains,  auxcpielles 
on  peut  ajouter  celles  de  Bourbonneet  les  eaux  froides  de  Bussang  (.lacquot 
et  Willm),  il  existe  dans  la  région  des  Vosges  des  sources  thermales  non 
captées  dont  nous  avons  cru  intéressant  de  déterminer  la  radioactivité  des 
eaux  et  des  gaz  (août  1909). 

Sources  de  la  Chaiideaii.  — t^os  sources  sont  nombreuses  et  leur  déi)ilpeut  atteindre, 
d'après  .lulier  et  Leforl  ('),  joo'"'  par  24  heures;  quelques-unes  sorleiil,  de  pou- 
dingues  et  grès  vosgiens,  du  lit  même  de  la  Semouse,'  et  lune  d'elles,  plus  importante, 
émerge  d'une  flaque  d'eau  en  formant  au-dessus  du  niveau  de  celle-ci  une  coupe  de  5^^=^' 
à  6'"'  de  hauteur,  ce  qui  laisse  à  supposer  qu'en  raison  de  sa  force  ascensionnelle 
l'eiiu  ihermale  n'est  que  peu  ou  pas  mélangée  d'eau  de  la  rivière. 

Pour  faire  une  prise  d'eau   dans  ce  griffon,  réduit  à  une  fente  entre  deux  rochers. 


(')  JuTiER  et   IjF.fort,    Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de   /'aris, 
t.  VII,  1862. 


292  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  avons  enfoncé  aussi  profondément  que  possible  (en\iron  20'^°')  un  tube  de 
cuivre  de  1'"'  de  diamètre,  coudé  à  angle  droit,  à  l'autre  extrémité  duquel  était  fixé 
un  tube  de  caoutchouc  de  plusieurs  mètres  de  longueur  dont  rexlréraité  libre  se 
trouvait  dans  une  bouteille  vide.  La  panse  de  celle-ci  était  dans  l'eau  et  le  goulot 
dépassait  seulement  de  2''"'  le  niveau  de  la  rivière.  Les  lubes  avaient  été  remplis 
par  aspiration  et  la  dénivellation  était  suffisante  pour  permettre  de  siphonner  l'eau 
du  grifl"on  dans  la  bouteille  et  de  remplir  celle-ci  complèlemenl.  Le  thermomètre 
enfoncé  au  même  endroit  indiquait  22",  2,  tandis  que  l'eau  de  la  rivière  était 
à  i3»,8. 

11  y  a  lieu  de  remarquer  que  l'eau  du  griffon  était  exempte  de  gaz;  ceux-ci  se  déga- 
geaient de  la  même  fente,  mais  à  20'""  environ  en  aval  de  la  cloche  formée  par  l'arri- 
vée principale  de  l'eau;  nous  avons  pu  en  recueillir  en  utilisant  un  petit  entonnoir 
métallique  légèrement  aplati. 

Dans  la  prairie  située  sur  la  rive  gauche  de  la  Semeuse  se  trouvent  plusieurs 
sources  dont  une  importante  émerge  d'un  trou  de  plus  de  i'"'  placé  à  une  dizaine 
de  mètres  de  la  rivière.  Des  bulles  de  gaz  se  dégagent  en  abondance  de  toute  la 
surface  du  fond  sableux,  nous  avons  pu  facilement  en  faire  une  prise  de  200''"'  en  une 
demi-heure  au  moyen  d'un  collecteur  formé  d'un  disque  de  métal  à  bord  rabattu  de 
32'^'"  de  diamètre  percé  d'un  trou.  Nous  avons  également  recueilli  un  écliantillon  de 
l'eau. 

D'autres  sources  abondantes  furent  aussi  mises  à  jour  au  cours  de  travaux  elVectués 
dans  les  forges  voisines.  Leur  température  élevée  en  rendait  l'aveuglement  fort  dif- 
ficile. 

Source  de  Fontaines-Chaudes,  —  Cette  source  se  trouve  perdue  au  milieu  des  bois, 
à  G''™  à  l'ouest  de  Bains,  au  pied  d'une  falaise  formée  par  une  faille  dont  le  bord 
occidental  fortement  relevé  met  sur  presque  toute  sa  hauteur  le  grès  vosgien  à 
découvert.  Cette  source  estcaptée  dans  un  enchambrement  en  pieiTe  de  plus  de  1™  de 
cùlé;  le  fond  est  formé  de  pierres  et  de  gros  cailloux  roulés  et  les  gaz  se  dégagent  en 
abondance  sous  forme  de  bulles  énormes.  Nous  en  avons  recueilli  200"^'"' en  3o  minutes, 
avec  le  même  dispositif  que  pour  l'eau  de  la  prairie  à  la  Chaudeau. 

Source  de  Chaudes- Fontaines  ou  du  lieherrey.  —  Cette  source  se  trouve  sur  la 
rive  droite  de  la  Moselle  à  8""°  au  sud-est  de  Remiremont.  Elle  est  placée  exac- 
tement à  la  séparation  du  granité  porphyroïde  et  du  granité  commun  de  la  région 
(Jutier  et  Lefort),  celles  de  Plombières  se  trouvant  à  une  petite  dislance  de  la  sépa- 
ration des  deux  granités.  Le  fond  de  la  source  est  rempli  de  salile  et  de  cailloux  roulés. 
Les  gaz  se  dégagent  abondamment  de  toute  la  surface  et  il  nous  a  suffi  de  10  minutes 
pour  en  recueillir  200"^'"'.  Ce  dégagement  gazeux  est  beaucoup  plus  important  que  celui 
de  l'ensemble  des  sources  de  Plombières,  et  cependant  ici  le  débit  aqueux  est  très 
faible. 

Les  sources  de  la  Chaudeau  (prairie)  et  Chaudes-Fontaines  sont  envahies  par  la 
végétation,  plantes  terrestres  ou  aquatiques  et  racines  d'arbres.  Dans  ces  deux  sources, 
et  également  dans  celle  de  Fontaines-Chaudes,  vivent  poissons  et  grenouilles, 


SÉANCE    DU    U    JANVIEK    19IO.  293 

fiCs  valeurs  de  la  radioaclivilc  sonL  données  dans  le  Tableau  ci-dessous  : 

l^cuil.j.iclivilé 

m  inilligiammes-iiiinutes 

|..Mir  10'. 

S..iirri->.  TrMi|i.'r.iliirc.  1..1/  l':.iii. 

,.,        I  \    l!i\i<''i-e -n,!  ."),  \><  (i.8<) 

(Jiaiiileaii       ,,     .   .  -  ., 

(    l'rainu 2f ,  1  '■,',)■'  o,i^'. 

Fonlaines-Cliaiide? '-'T''  '.  1'-'  o,.)8 

Cliaiides-FoMlaiiies  (  lleljei  it'v  ». .  .      22,9  '-'-'To  t>,'>l> 

lyd  radioaclivilé  des  gaz  et  cau\  de  ces  sources  esL  donc  assez  élevée.  Les 
sources  n'étant  pas  captées,  l'eau  lliermale  c{u'elles  émettent  se  trouve 
certainement  mélangée  d'eau  superficielle.  .\ous  ne  connaissons  pas  le 
débit  de  ces  sources,  mais  pour  toutes,  el  en  particulier  pour  celle  du 
llelierrey,  ainsi  que  nous  l'avons  fait  renianpicr,  le  rapport  du  volume  des 
gaz  au  volume  de  l'eau  est  très  important  et  beaucoup  plus  considérable 
cpi'à  Plombières. 

M.  Hi'<iH  ('i.ioMK.vTs  adresse  une  Note  intitulée  :  The  cdiisalioii .  penodi- 
cily  (dul  (lislrilmtion  in  laliliule  nf  siin-spols. 

A  l  lieures  el  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  ^  heures  et  demie. 

G.  \). 


BUl.M'Vn.V    ItlUMOtiRAPIIlOITE. 


<  )UVItA(iES    UEÇLS    DANS    LA    SIUNCK    UIJ    T  I     .IA>VU:i!     l()IO. 

Inslilnl  de  iMance.  Académie  des  Sciences,  licunion  du  ('omilr  inlcnidlional  jic/- 
ma lient  pour  l'exécution  de  la  Carie  pholograpliùjiie  du  Ciel,  tenue  à  rObsei\a- 
toire  de  Paris  en  1909.  Paris,  Gaulhiel■-^'ilial•s.  1909;  1  vol.  iii-4"-  (  l'rt'^enU'  pai' 
M.  Baillaud.) 

Altitude  and  aziniulli  tables  for  facililaliiiy  ihe  détermination  of  Unes  of  posi- 
tion   and  yeoi;rapliieaL  position    al  sea   t/ie  simplvst  and  readiest   in  solution,  hy 
C.  R.,  1910,   1"  Semestre.  (T.  150,  N"  5.)  '>9 


2  9^  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Radlf.b  dk  \qi  ino.  Liindies,  .!.-]>.  l'otter;  Rio  de  Janeiro,  clie/.  raiileui'.  1910;  1  xol. 
in-8". 

Die  Magnetfeldcr  der  Sonnenllecki'n  un'/  die  Kalhodenalrahliing  der  ■'^'uinc, 
von  H.  Rl'DOLpii.  Stuttgart,  Otto  Sautter,  1909;  1  fasc.  in-8". 

Ueber  den  gegenwàrligen  Stand  dcr  Théorie  der  ganzen  Iranszcndenten  Funl,- 
tioncn,  von  G.  \'ivanti.  (Extr.de  .4 rc/i/c  der  Matlicmatic  lutd  P/irsi/.,  III,  Reiiie  \\  . 
llefl  4.)  Leipzig,  B.-G.  Teubner;  i  fasc.  in-8". 

De  l'influence  des  moui'emenls  de  i'écorce  terrestre  et  de  la  pression  atmosphé- 
rifpte  sur  le  dégagement  du  grisou,  par  K.  Gamow.  Saint-Pétersbourg.  i9fo;  i  f:i-i-. 
in-8". 

Unlcrsurliungcn  i'iber  den  Hhcotropismus  der  }]  urzcin,  von  \\.  Hrvmewikcki, 
mit  ?)  Tafein  und  9  Figuren  ini  Te\t.  .Turjew  (  Dorpal),  (1.  Malliesen.  1908;  i  fasc. 
iii-4". 

Tlioiiglils  on  natural  philosnphy  and  llie  origin  of  life.  h\  \.  Bidiu.it.ombr. 
\p\vcastle,  R.  A\  ard  et  fils,  190g;  1  fasc.  in-8". 

Ksposizione  deW  attivi/a  scienti/ica  e'didtillira  di  LroNKimo  Ricciaroi.  Cava  dei 
'l'ireni,  E.  di  Mauro,  1909;  1  fasc.  in-8". 

A  nnual  report  of  the  curator  of  llic  Muséum  of  comparative  Zoôlogy  al  Ihir- 
i'ard  Collège  for  1908-1909.  Cambridge  (Etats-Unis),  1909;  1  fasc.  in-8''. 

Rendiconti  del  Circolo  malematico  di  Palcrmo^  Direltore  :  G.-R.  GirriiA; 
t.  WIX,  anno  tgio,  fasc.  1,  2.  gennajo-aprile.  Palerme;  2  fasc.  in-S". 


ERRATA. 


(Séance  du  6  décembre  1909.) 

Note  de  M.  Cirera.,  Stir  la  pcrturhalion  magnétique  du  13  septembre  1909  : 
l'âge  io35,  ligne  7  en  remonlaiU,  au  lieu  de  vitesse  de  i""",  lisez  vitesse  de  1000'"". 

(Séance  du  9.7  décembre  1909.) 

Note  de  MM.  E.  Rriner  et  A.  \l'roc:-y/isii,  Réactions  chimiques  dans  les 
gaz  soumis  aux  pressions  livs  élevées  :  décomposition  de  l'oxyde  d'azote  ; 
formation  du  chlorure  de  nitrosylc  : 

l'agt>  iSj'i,  ligne  7,  au  lieu  de  r'.8''"',  lisez  280""". 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI   7   FÉVRIER  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUrVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
ampliation  d'un  Décret  portant  approbation  de  l'élection  que  l'Académie  a 
faite  de  Lord  Rayleigh  pour  occuper  le  poste  d'Associé  étranger  vacant  par 
le  décès  de  M.  Simon  Nencomh. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  un  moyen  de  restituer  aux  sulfures  alcalino-terreux 
leurs  propriétés phosphorescenles.  Note  de  M.  D.  Gernez. 

Dans  les  nombreuses  expériences  qu'il  a  effectuées  sur  les  sulfures  alca- 
lino-terreux^ Edmond  Becquerel  a  recherché  les  procédés  les  meilleurs 
pour  obtenir  les  produits  les  plus  phosphorescents,  en  variant  beaucoup 
leurs  modes  de  préparation.  Il  utilisait  soit  l'action  directe  du  soufre  sur  les 
carbonates  ou  les  oxydes  alcalino-terreux,  soit  les  actions  réductrices  sur 
les  sulfates,  en  employant  successivement  comme  matières  premières  les 
composés  naturels  et  les  mêmes  corps  préparés  à  l'état  de  pureté.  Il  fut 
ainsi  amené  à  signaler  l'influence  qu'exerce,  sur  la  phosphorescence  du 
corps  obtenu,  la  présence,  en  petite  quantité,  de  matières  étrangères  qui  en 
font  varier  beaucoup  la  couleur  et  l'intensité. 

M.  A.  Verneuil,  s'inspiranl  de  ce  résultat,  eut  le  mérite  de  préciser  la  nature  de  ces 
matières  étrangères.  L'analyse  complète  d'un  sulfure  de  calcium,  dont  la  phosphores- 
cence était  très  brillante,  lui  montra  qu'il  contenait  quelques  centièmes  de  composés 
du  sodium  (carbonate  et  chlorure)  avec  quelques  dix-millièmes  d'une  substance  dont 
C.  R.,   igio,  I"  Semestre.  (T.   150,  N»  6.)  4» 


296  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

raction  était  prépondérante,  le  sulfure  de  bismuth  (').  Le  sulfure  de  calcium,  préparé 
avec  la  composition  qu'il  a  déterminée,  présente  une  phosphorescence  violette  à  la  fois 
très  intense  et  d'une  remarquable  durée. 

Plus  de  10  ans  après,  M.  Mourelo  (-),  utilisant  les  indications  données  par  M.  A. 
Verneuil  .sur  le  sulfure  de  calcium,  les  appliqua  à  la  préparation  du  sulfure  de  stron- 
tium, en  modifiant  convenablement  les  proportions  des  matières  employées,  et  obtint 
des  produits  phosphorescents  d'une  remarquable  intensité.  Il  varia,  comme  l'avait  fait 
Edmond  Becquerel,  les  modes  de  préparation  du  sulfure  de  strontium  en  ajoutant 
les  matières  dont  M.  A.  Verneuil  avait  signalé  l'importance,  et  fît  une  longue  étude  des 
divers  produits  qu'il  avait  obtenus. 

Dans  le  cout'anl  de  Tannée  1897,  J''^  ^"  '*  curiosité  de  préparer  les 
sulfures  de  calcium  et  de  strontium  phosphorescents.  En  suivant  avec  soin 
les  indications  données  par  M.  A.  Verneuil  et  M.  Mourelo,  j'obtins  faci- 
lement des  produits  comparables  à  ceux  qu'ils  avaient  préparés. 

Comme  le  sulfure  de  baryum  ne  me  parut  pas  avoir  été  l'objet  d'études 
suivies,  il  me  sembla  qu'il  suffisait  de  modifier  les  proportions  de  matière 
recommandées  par  M.  A.  Verneuil,  résultant  de  la  substitution  du  baryum 
au  calcium,  pour  obtenir  un  composé  phosphorescent.  Les  produits  préparés 
étaient  remarquables  par  l'intensité  de  la  phosphorescence,  dont  la  couleur 
variait  du  jaune  d'or  à  l'orangé  et  au  rouge. 

Je  renfermai  ces  divers  sulfures  les  uns  dans  des  tubes  de  verre  scellés  à 
la  lampe,  les  autres  dans  des  vases  mal  bouchés  qui  les  laissaient  en  commu- 
nication avec  l'extérieur. 

Six  ans  après,  en  mai  igoS,  ayant  examiné  ces  produits,  je  constatai  que 
ceux  que  j'avais  mis  en  tubes  scellés  avaient  conservé  leurs  propriétés 
phosphorescentes  ;  il  n'en  était  pas  de  même  des  autres  qui  les  avaient 
perdues,  ou  chez  lesquels  elles  n'étaient  perceptibles,  après  exposition  à 
une  vive  lumière,  qu'à  la  condition  d'être  observées  après  un  séjour 
prolongé  dans  une  chambre  absolument  noire.  L'action  de  l'air  extérieur 
avait  donc  peu  à  peu  enlevé  à  ces  sulfures  leur  propriété. 

M.  Mourelo  avait  en  1897  (')  fait  une  étude  de  la  stabilité  de  la  phosphorescence 
des  diverses  variétés  de  sulfure  de  strontium  qu'il  avait  préparées.  A  cet  efTet  il  les 
exposait,  dans  des  tubes  ouverts  aux  deux  bouts,  pendant  3  heures,  à  l'action  des 
rayons  solaires,  la   température  ambiante  étant  de  45°.   Il  reconnut  que,  pendant  la 


(')  Comptes  rendus,  t.  ClII,  1886,  p.  600,  et  t.  CIV,  1887,  p.  5o6. 
(*)   Comptes  rendus,   t.  CXXI\',   1897,  p.   1024,   1287  et   i544,  et  t.  C\XV,   1897, 
p.  462,  775  et  1098,  etc. 

(')   Comptes  rendus,  t.  GXXV,  p.  462. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  297 

durée  de  cette  expérience,  la  phosphorescence  du  sulfure  de  strontium  perdait  beau- 
coup de  son  intensité,  lorsqu'il  résultait  de  la  réduction  du  sulfate  ;  un  peu  moins  s'il 
provenait  de  l'action  du  soufre  sur  le  carbonate.  Dans  ces  deux  cas,  il  constatait  une 
transformation  du  sulfure  en  sulfate.  Le  produit  obtenu  suivant  les  indications  de 
M.  A.  Verneuil,  dont  les  grains  étaient  comme  vernissés,  paraissait  inaltéré  après 
l'opération.  Mais,  si  on  la  réitérait  plusieurs  fois,  sa  phosphorescence  s'affaiblissait 
graduellement. 

11  résuUait  de  là  que  le  sulfui'e  de  sli'ontium,  quel  que  soit  son  mode  de 
préparation,  peut  subir,  de  la  part  de  l'air,  dans  les  circonstances  indiquées, 
une  altération  qui  en  affaiblit  la  phosphorescence. 

Très  longtemps  avant  ces  recherches,  M.  Abney  (  '  ),  opérant  sur  du  sul- 
fure de  calcium  phosphorescent  en  suspension  dans  l'eau,  avait  montré 
qu'il  perd  lentement  sa  propriété  et  qu'elle  disparaît  complètement  au  bout 
de  4  mois. 

Ces  résultats  établissaient  que  la  phosphorescence  des  sulfures  de  calcium 
et  de  strontium  et,  vraisemblablement  aussi,  celle  du  sulfure  de  baryum 
pouvaient  s'atténuer  lentement,  puis  s'éteindre  sous  l'action  prolongée  de 
l'air  et  de  l'eau.  Si  les  échantillons  de  ces  sulfures,  préparés  en  1^97  et 
conservés  dans  des  vases  incomplètement  fermés,  se  retrouvaient,  en  1903, 
peu  ou  pas  phosphorescents,  tandis  que  ceux  qui  étaient  restés  en  tubes 
scellés  n'avaient  rien  perdu  de  leurs  propriétés,  il  était  naturel  de  supposer 
que  l'air  humide  agissant  sur  les  divers  sulfures,  qui  constituent  chacun 
de  ces  produits  complexes,  pendant  6  années,  les  avait  en  totalité  ou  en 
partie  transformés  en  sulfates  qui  ne  sont  pas  phosphorescents.  Il  résultait 
de  cette  induction  qu'il  y  avait  des  chances  de  restituer  à  ces  produits  mo- 
difiés leurs  propriétés  initiales,  en  ramenant  par  une  action  réductrice  le 
sulfate  formé  à  l'état  de  sulfure.  Pour  en  contrôler  la  valeur,  j'essayai  l'ac- 
tion de  l'hydrogène  à  haute  température.  Voici  la  manière  d'opérer  que 
j'ai  pratiquée  en  1908  : 

Je  plaçais  la  matière  à  revivifier  dans  un  tube  effilé  à  une  extrémité,  formé  d'un 
verre  aussi  peu  fusible  que  possible,  logé  dans  une  gouttière  de  tôle,  garnie  d'une 
mince  couche  d'amiante,  et  disposée  sur  une  grille  à  analyse,  chaufTée  par  une  rampe 
de  becs  de  gaz  plats.  L'autre  extrémité  du  tube  restait  en  relation  avec  une  grande 
éprouvette  à  ponce  sulfurique,  desséchant  au  passage  l'hydrogène  d'un  réservoir. 

Je  chassais  de  l'appareil  l'air  qui  sortait  par  la  pointe  effilée  du  tube,  remplacé  par 
l'hydrogène,  et  je  chauffais  graduellement  le  tube  de  manière  à  l'amener  à  la  tempéra- 
ture de  ramollissement  du  verre,  que  je  maintenais  de  i5  à  20  minutes  pendant  les- 

(')  Philosoplucal  Magazine,  3"  série,  t.  Xlll,  1881,  p.  liia. 


298  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quelles  passait  le  courant  d'hydrogène.  J'arrêtais  alors  le  courant  et  fermais  au  chalu- 
meau la  pointe  du  tube  dont  le  contenu  se  refroidissait  dans  une  atmosphère  d'hydro- 
gène. Pendant  cette  opération,  dès  que  le  tube  était  arrivé  à  la  haute  température,  il 
se  produisait  une  série  de  petites  explosions  qui  indiquaient  évidemment  la  combi- 
naison de  l'hydrogène  avec  l'oxygène  de  la  matière,  et  en  même  temps  il  se  condensait 
des  gouttelettes  d'eau  sur  la  partie  du  tube  qui  n'était  pas  chauffée,  et  souvent  il  se 
déposait  un  peu  de  soufre.  Après  le  refroidissement,  les  produits  de  cette  opération 
étaient  devenus  très  brillamment  phosphorescents. 

J'ai  conservé,  dans  des  tubes  de  verre,  scellés  à  la  lampe,  les  résultats  d'une 
quinzaine  d'expériences  réalisées  en  mai  igoS  sur  des  sulfures  de  baryum, 
de  strontium  et  de  calcium,  et  sur  des  mélanges  de  sulfures  de  baryum  et 
calcium,  ainsi  que  de  sulfures  de  strontium  et  calcium  préparés  en  1897. 
Ils  n'ont,  depuis  cette  revivitication,  rien  perdu  de  leurs  propriétés  phospho- 
rescentes, récupérées  par  l'action  de  l'hydrogène  à  haute  température. 

Détourné  de  cette  étude,  en  igo'i,  par  d'autres  recherches,  je  n'en  ai  pas 
publié  les  résultats.  Mais,  comme  il  n'est  pas  à  ma  connaissance  que  cette 
question  ait  été  traitée  jusqu'aujourd'hui,  j'estime  qu'il  n'est  pas  inutile  de 
les  signaler;  je  vais  indiquer  de  plus  les  expériences  nouvelles  que  j'ai  ré- 
cemment réalisées  pour  en  élucider  le  mécanisme. 

1°  Expériences  sur  le  sulfure  de  baryum  en  petits  fragments.  —  La 
matière  première  préparée  en  1897  et  contenue  dans  un  vase  mal  fermé 
n'était,  en  mars  1903,  que  peu  phosphorescente;  elle  l'était  moins  encore 
en  décembre  1909.  Il  fallait  séjourner  longtemps  dans  la  chambre  noire  pour 
saisir  la  faible  lueur  qu'elle  émettait,  après  exposition  à  une  vive  lumière. 

J'ai  cherché  si  la  revivitication  de  ce  sulfure  de  baryum  ne  pourrait  pas 
être  réalisée  par  l'emploi  de  la  chaleur  sans  hydrogène. 

En  le  soumettant  au  chauffage,  dans  les  conditions  des  expériences  de  igo3,  j'ai 
reconnu  qu'on  ranime  une  très  faible  phosphorescence  en  le  maintenant  pendant 
i5  à  20  minutes  à  la  température  de  ramollissement  du  verre  de  Bohême.  Un  second 
chauffage  pareil  dans  le  même  tube  n'a  pas  produit  d'augmentation  dans  l'intensité  de 
la  phosphorescence.  Mais,  en  chauffant  de  nouveau  la  matière  laissée  dans  le  même 
tube,  pendant  le  même  temps,  et  la  faisant  traverser  par  un  courant  d'hydrogène  sec, 
j'ai  constaté  que  les  petites  explosions  indiquées  plus  haut  se  produisaient,  avec 
dégagement  de  vapeur  d'eau.  Le  produit  obtenu,  examiné  après  refroidissement  dans 
une  atmosphère  d'hydrogène  et,  plus  tard,  après  remplacement  de  l'hydrogène  par 
l'air,  était  doué  d'une  vive  phosphorescence  d'un  jaune  d'or  très  brillant. 

La  même  matière  première,  chauffée  immédiatement,  dans  les  mêmes 
conditions  et  traversée  par  un  courant  d'hydrogène  sec,  donne  le  même 
résultat.  D'où  il  faut  conclure  que  la  chaleur  seule  n'a  qu'une  très  faible 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  299 

influence  pour  ramener  la  phosphorescence  du  sulfure  de  baryum,  tandis 
qu'elle  est  pleinement  rétablie  par  un  courant  d'hydrogène  agissant,  pendant 
le  même  temps,  à  la  même  température. 

2°  Expériences  sur  le  sulfure  de  baryum  pulvérulent .  —  J'ai  effectué  ces 
expériences  parce  qu'il  a  été  affirmé  que  les  sulfures  alcalino-terreux  en 
grains  ont  une  phosphorescence  qui  perd  beaucoup  de  son  intensité  par  la 
pulvérisation. 

La  poudre  que  j'ai  employée  provenait  d'une  opération  faite  aussi 
en  1897,  contenue,  depuis  cette  époque,  dans  un  vase  mal  fermé  et  n'ayant 
qu'une  phosphorescence  extrêmement  faible.  Je  l'ai  chauffée  seule,  pendant 
20  minutes,  dans  un  tube  de  verre  fermé  à  une  de  ses  extrémités  et  effilé,  à 
l'autre,  en  une  pointe  ouverte  pour  la  sortie  de  l'air  provenant  de  la  dila- 
tation et  que  je  fermais  au  chalumeau  à  la  fin  de  l'expérience.  Après 
refroidissement  j'ai  constaté  que  la  phosphorescence  s'était  accentuée 
davantage,  mais  restait  faible. 

Le  tube,  remis  en  place  et  chauffé  pendant  le  même  temps  à  la  même 
température  dans  un  courant  d'hydrogène  sec,  s'est  trouvé,  après  refroidis- 
sement, très  brillamment  phosphorescent. 

3°  Expériences  sur  du  sulfure  de  baryum  altéré  par  l'eau  et  l'air.  —  Enfin, 
j'ai  soumis  aux  mêmes  épreuves  un  sulfure  de  baryum  phosphorescent 
dont  j'avais  modifié  la  propriété  de  manière  à  la  rendre  très  difficilement 
appréciable.  Je  l'avais,  à  cet  effet,  soumis  à  des  séjours  très  nombreux  et 
longtemps  prolongés  dans  l'eau,  à  la  température  d'environ  20°,  alternant 
avec  des  dessiccations  au  contact  de  l'air. 

Soumis  à  l'action  seule  de  la  chaleur,  et  comparé,  après  refroidissement, 
au  produit  non  chauffé,  pris  comme  témoin,  il  s'est  montré  plus  phospho- 
rescent. Chauffé  ensuite  dans  un  courant  d'hydrogène  sec  pendant  le  même 
temps  et  à  la  même  température,  il  brillait,  après  le  refroidissement  ('), 
d'un  vif  éclat,  après  exposition  à  la  lumière  du  jour. 

Les  mêmes  expériences  répétées  sur  d'autres  échantillons  de  sulfure  de 
baryum  m'ont  donné  les  mêmes  résultats. 

Expériences  sur  le  sulfure  de  strontium.  —  J'ai  réalisé  des  séries  d'expé- 
riences semblables  aux  précédentes  et  dans  les  mêmes  conditions  sur  le  sul- 
fure de  strontium. 


(')  J'insiste  sur  celle  condition,  car  j'ai  toujours  constaté  que  le  tube  contenant  ces 
produits,  exposé  en  pleine  lumière  et  observé  encore  chaud,  ne  me  semblait  pas  phos- 
phorescent. 


3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.l'ai  utilisé  des  échantillons  de  sulfure  phosphorescent  préparés  en  1897. 

Depuis  12  ans,  ils  étaient  contenus  dans  des  vases  mal  fermés  et  s'étaient 
modifiés  au  point  que  leurs  propriétés  phosphorescentes  étaient  à  peine 
perceptibles. 

Soit  en  fragments,  soit  en  poudre,  ils  se  sont  comportés  de  la  même 
manière.  Chauffés  seuls,  ils  ont  retrouvé  un  peu  de  leur  propriété  phospho- 
rescente; soumis  pendant  le  même  temps  aux  mêmes  températures  à  l'action 
d'un  courant  d'hydrogène  sec,  ils  ont  dégagé  de  la  vapeur  d'eau  en  produi- 
sant une  série  de  petites  explosions  et  sont  devenus  brillamment  phospho- 
rescents. Il  en  a  été  de  même  des  produits  phospiiorescents  que  j'ai  intention- 
nellement altérés  par  de  nombreux  séjours  alternatifs,  à  la  température 
de  20",  dans  l'eau  et  dans  l'air. 

Je  mentionnerai  enfin  des  expériences  semblables  sur  le  sulfure  de  calcium 
associé  au  sulfure  de  baryum  et  au  sulfure  de  strontium  et  qui,  réalisées 
dans  les  mêmes  conditions,  ont  présenté  les  mêmes  caractères  et  donné  les 
mêmes  résultats. 

NOMINATIONS. 

M.  le  Prince  Roland  Bonaparte  est  désigné  par  l'Académie  pour  faire 
partie  de  la  Commission  chargée  d'examiner  le  vo'U  émis,  dans  la  séance 
du  24  janvier  1910,  par  M.  Grandidikr,  relativement  à  la  Carte  interna- 
tionale de  la  Terre  à  ,,.,.', „^„. 


ELECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Associé 
étranger,  qui  occupera  l'une  des  places  créées  par  1»  Décret  du  10  dé- 
cembre 1909. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nomlirc  de  votants  étant  '\o, 

M.  van  derWaals  obtient 36  suffrages 

M.  Hittorf  »      3 

M.  van  't  Hoff  «      i 

M.  VAN  DER  Waals,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
proclamé  élu.  Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président 
de  la  Képublicpie. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  19I0.  3oi 

CORRESPONDAIVCE . 

M.  le  Secrétaire  de  i.'Aéro-Ci.ur  de  France  adresse  à  l'Académie  en 
double  exemplaire  une  réplique  de  la  médaille  offerte  à  M.  Cailletet  à 
l'occasion  de  son  Jubilé  académique. 

Ces  exemplaires  seront  déposés  dans  le  médaillier  de  l'Académie. 

M.  Adolf  von-  Baeyer,  élu  Associé  étranger,  adresse  des  remerciments  à 
l'Académie. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  l'Ouvrage  suivant  : 

Associazione  internazionale.  délie  Accademie  :  Helazione  dclle  adunanze 
tenute  in  Roma  dal  Comitato  nci  giorni  i-3  giugno  1909  nella  sede  délia 
R.  Accademia  dei  Lincei. 

Le  Recteur  et  le  Sénat  de  l'Université  de  Leipzig  adressent  à  l'Aca- 
démie cinq  Volumes  publiés  à  l'occasion  du  Sco*^  anniversaire  de  la 
fondation  de  cette  L  niversité;  l'un  de  ces  Volumes  est  intitulé  :  Die  Inslitule 
iind  Serninare  der  philosophischen  Facilitât  an  der  Vniversitât  Leipzig.  2. 
Teil  :  Dicmathematisch-naturwissenschaftlicheSektion. 


ASTRONOMIE.    —   Observations  de  la  comète  Innés  (1910  a),  faites 

à  l'Observatoire  de  Lyon.  Note  de  MM.  LrizET  et  J.  Guillaume. 

Observations  de  la  comète. 

Etoiles  »^  —  *  Nombres 

Dates                                       de                            - — — — ^ de  Obser- 

1910.                             comparaison.  Aa.                         a5.  comparaisons.  valeurs. 

Janvier  26 «,  BD — 2,5533  h-o.i4,52       +  5.32,9  (i    :6  J.  G. 

29 6,  L!D4-o,475o  — o.i5,55       -t-i3.52,6  6:6  J.  G. 

3o c,  BD-M,45i7  — 1.46,22       — 12.39,1  16  :  i5  M.  L. 

3a c,  BD-(-i,45i7  —1.44,69       — 12.14, 4  12:  12  J.  G. 

3o rf,  BD-hi  ,45i8  —1.55,46       —5.19,5  12:7  M.  L. 

3i e,  BD-h2,44'4  —6.57,06       +  6.09,4  9:  10  M.  L. 

3i /,  BD-h2,44o4  —4.28,82       —10.44,8  8:8  J.G. 


3o2 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


Positions  des  étoiles  de  comparaison  pour  igio,o. 


Ascensions 

Réduction 

Réduction 

droites 

au 

Déclinaisons 

au 

* 

moyennes. 

jour. 

moyennes. 

jour. 

a. . 

h        m        s 
21 .20.27,37 

— 1,92 

—  2.22.34,3 

—  •o','7 

b.. 

2  1 .30.48,26 

-1,88 

-!-0;34.35,0 

—  10,7 

c . . 

21 .34 . Ô9,3o 

—  1,88 

-hi .5o. 17,9 

-10,6 

d.. 

21 .35. 10,94 

-1,88 

-hl  .43.53,0 

—  10,6 

e . . 

21.42.40,17 

-1,86 

4-2. 16.    9,7 

-10,6 

/•• 

21 .40. i4, 77 

-.,87 

+  2.34.43,5 

—  10,6 

A.  G.  Strasbourg,  7481 
A.G.  Nicolajew,  6473 
A.G.  Albany,  7565 
A.G.  Albany,  7567 
A.G.  Albany,  7601 
A.G.  Albany,        7693 


Positions  apparentes  de  la  comète. 


Dates 

1910. 

anvier 

26 

» 

29 

» 

3o 

» 

3o 

» 

3o 

» 

3i 

„ 

3i 

Temps  moyen      Asc.  droites  Log.  fact.         Déclinaisons  Log.  fact.  Obser- 

de  Paris.  apparentes.  parallaxe.         apparentes.  parallaxe,  vateurs. 

h        m       s  b        m        s                                                    o         ,         „ 

5.52.57  21.20.39,97  -1-9,600  — 2.17.12,1  -(-o,8oi  J.  G. 
6.10.  6  21. 3o. 30,82  +9,607  +0.48.16,9  +0,796  J.  G. 
5.55.  5  21.33.11,20  +9,602  +1.37.28,2  +0,794  M.  L. 
6.  8.34  21.33.12,73  +9,607  +1.37.52,9  +0,795  J.  G. 
6.25.26  21. 33. i3, 60  +9,612  +1.38.22,9  +0,796  M.L. 
5.55.24  21.35.41,25  +9,6o3  +2.22.58,5  +0,793  M.L. 

6.23.58  21.35.44,08  +9,612  +2.23.48,1  +0,795  J.  G. 


Remarques.  —  Les  observations  ont  été  faites  à  réquatorial  coudé,  par  M.  Luizet 
(M.  L.),  et  à  réquatorial  Briinner,  par  M.  Guillaume  (J.  G.). 

Les  21,  22,    25  et  28,   la  comète  a  été  vue,  mais  les  nuages  ou  l'absence  d'étoile 
visible  dans  son  voisinage  ne  nous  ont  pas  permis  d'en  avoir  des  positions  exactes. 

Le  26,  elle  était  moins  brillante  que  les  jours  précédents  ;  sa  queue,  dont  Texlrémité 
était  incurvée  vers  le  Sud,  avait  une  longueur  d'environ  25°. 

.  Les  29  et  3o,  la  queue  avait  une  longueur  de  près  de  3o°  et,  à  i5°  du  noyau,  sa 
largeur  était  d'environ  1°  ;  elle  était  bien  limitée  au  Nord,  moins  bien  au  Sud,  et  son 
extrémité  se  confondait,  comme  éclat  et  comme  teinte,  avec  la  lumière  zodiacale. 

Le  3i,  l'éclat  avait  sensiblement  diminué  et,  i'i  7'' du  soir,  la  queue,  dont  l'extrémité 
était  toujours  recourbée  vers  le  Sud,  cessait  d'être  visible  à  22°  du  noyau. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910. 


3o3 


ASTRONOMIE.   —   Sur   la  comète   ipro  a.    Observations  faites   à  Nice,  par 
MM.  Javelle,  Charlols  et  Schaumasse.  Note  transmise  par  M.  Bassol. 


Dates. 

1910. 


Janv.    2.j. 
.)        26. 


Févr. 


Temps  moyen 
de  Nice. 

.  5".  54"  26' 
5.56.24 

.  6.17.23 
5. 58.. 46 

.     6.   7.17 


Équatnrial  de  o'",76  d'ouverture  (.Tavelle). 


—0.80,17  — o.3o,6 

-+-o.ii,5iS  -1-4.49,0 

—  3.   8,39  —  1 . 20,8 

+  1.   4,54  -M.  10, 9 

-ho.  27, 1 1  — 5.29,0 


Nonil)rc 

de 

Log.  fact. 

Log.  fact. 

compar. 

a.ppur.  «. 

parallaxe. 

ô  appar.  $. 

parallaxe. 

* 

•7:   9 

Il           III          s 

21 . 16.33, 12 

Ï,6l3 

— 3.35.87 

8 

0,79'" 

1 

20:  10 

21 .20.37,08 

T  ,6i3 

—  2 . 1 7 . 56 

0 

0,792,, 

2 

12:  4 

21.24.16,88 

1,628 

-I.     8.20 

9 

0,786,, 

3 

1 5 : 1 0 

2  1 .37.59,56 

T,6i8 

-1-3.   4-23 

8 

0,779,, 

4 

21.40.10,80     1,628     -1-8.48.   8,0 


79« 


Equatorial  de  o'",38  d'ouverture  (Cii.\rlois). 


Janv. 

25.  . 

5. 

46.43 

—  0.81,86 

-0.58,5 

18: 

8 

21 

.16.81,43 

T,Go8 

-3.86. 

•j,  7 

0 

792, 

» 

25.  . 

5 

46.43 

—  1 . 1 2 , 5 1 

-5.   6,6 

18  ; 

8 

2  1 

.16.81 ,4o 

î,6o8 

-3.86 

6,8 

0 

792 

» 

26.. 

5 

54 .  36 

+0.11,88 

-1-4 -40, 2 

20; 

10 

21 

.20.86,83 

T  ,  6 1 3 

-2.18. 

4,8 

0 

790, 

Févr. 

1 .  . 

.     6. 

16.41 

-1-  2 .   6 ,  3o 

-M. 38, 5 

i4: 

10 

21 

.38.    1,32 

1,626 

+3.   4. 

5 1 ,  '1 

0 

780, 

» 

2  .  . 

.      6 

10. 22 

-1-2.  18,28 

+  2.46,0 

18 

8 

2  1 

•  4o- 1 1 ,4 1 

1,624 

-1-3.43 

11,6 

0 

778 

Jan\ 


Fév 


Remar/iucs.  —  Janvier  25. —  La  coniùle  a  un  no\au  rond,  bien  défini,  de  10"  de  dia- 
nièlre;  on  aperçoit  dislinclenienl  deux  aigrettes  symétriques  par  rapport  au  nojau. 
La  queue,  plus  brillante  sur  les  bords,  est  dirigée  dans  l'angle  ae  position  de  36°. 

Février  1.  —  La  comète  a  sensiblement  diminué  d'éclat;  on  ne  voit  plus  les  deux 
aigrettes  signalées  le  26  janvier. 

Février  2.  —  La  comète  est  encore  plus  faible  que  la  veille;  son  nojau  est  main- 
tenant allongé. 

lùiuatorial  coude  de  o'",4o  d'ouverture  (SriiAi'M.\ssE). 

21.16.82,61  î,6o6  — 3.85.46,7 

21.16.86,44  1,628  — 8.34.27,8 

21.20.86,89  T,6ii  — 2.18.11,4 

21.24.17,78  1,625  — 1.  8.1 5,1 

2  1.38.  o,5i  7,625  +8.  4 .40,9 

:>, 1 .40.  i2,o3  1,628  +3.43.36,() 


25 

').     5.53.26 

— 1 . 1 I ,3o 

— 4.4tJ,  J 

12: 

8 

25. 

...     6.16.21 

—0.26,85 

+0.89,4 

16 

8 

26. 

...     5 . 5 1 . 5 1 

+0.10,94 

+4.33,6 

18: 

10 

27. 

...     6.15.23 

-8.   7,54 

—  I  . 20 , 4 

l.J 

10 

1. 

...     6.i3.3o 

— 5. 55 , 20 

—0.58,7 

i5: 

10 

2. 

6.28.25 

+0.28,34 

5 .  0 , 4 

i3 

9 

8 . 

...     6.80.88 

—  1.43,99 

-7.80,2 

i5 

10 

0, 

792 

6 

0, 

7*^9 

I 

0, 

789 

2 

0 

786 

3 

0 

780 

8 

0, 

780 

5 

21  .42 .  15,6.1 


^63o  +4.19.16,9  0,781 


(M  Observation  faite  par  M.  Simonin. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  15U,  N°  6.) 


4i 


3o4 


ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison. 


«  nioyeune 

Uéiluction  . 

■  i  moyenne 

Rédiiclion 

•  • 

Gr. 

1910,0. 

ail  jour. 

1910.0. 

au  jour. 

Aulpi'ités. 

I 

8,() 

Il         m         ^ 
21.17.     5,22 

-1,93 

-3°  34. 56", 4 

—  10",  8 

Strasbourg,  7457 

2 

8,1 

21 . 20.27,87 

—  1,92 

— 2.22.34,3 

—  10,7 

Strasbourg,  7481 

3 

9.2 

21 .27.27,17 

—  1,90 

—  I.   6.44,4 

—  10,7 

Kam,,  5556 

4 

9.0 

21 .35.56,89 

—  ',87 

-1-3.   3.20,6 

— 10,7 

A.lbany,  7072 

ô 

8,9 

21 .30,45,55 

—  1,86 

+3.48. 4-, 7 

— 10,7 

Albanj,  7590 

6 

7,0 

21 , 17,45,84 

—  I  ,93 

--3. 30.49, 4 

-10,8 

Strasbourg,  7464 

; 

9'' 

21.38.   0,07 

—  1,86 

-t-3.4o.36,3 

—  10,7 

Albany,  7588 

8 

9.2 

21 .43.57,57 

—  1,86 

-t-3.   5.5o,2 

—  10,6 

De  Bail,  33- 

9 

8,8 

21.44.      1,49 

-1,85 

-t-4.26.57.7 

—  M. ,6 

Alljany.  761  1 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  1910a,  faites  à  l'Observatoire 
de  Marseille  au  chercheur  de  comètes  de  o",  iG  d'ouverture  libre.  Note  de 
M.  B0RRELI.Y,  présentée  par  M.  11.  Baillaud. 


Dates. 

inio. 

Janv. 23. 

»      26. 

»      27. 

"      29. 

»     3o. 
Févr.    I . 

»       3. 


Temps  muyei 

de  Marseille. 

Il       in      > 

6 . I 7 . 36 
6.16.   7 


—  I.  4,09 
-t-o.  16, 3i 
6.  6.  5  —8.37,20 
6.  5.39    —7.  4 j ■'•  ' 


5.59.35 
6.20.  5 
6. 18.27 


—  1.47,58 
—6.57,79 
— 0.21 ,33 


Ay.\ 


+  3.    7,0 

—  6.   6,8 

—  20. 18,4 
4-  4.46.1 
-(-i3.   0,6 


<le 
comp. 

3:3 


M  apparenle. 


Loy.  fact. 
parall. 


Log.  fact. 
'J.  apparente.  parall. 


2  :  2 
3:3 

5  :  5 


2 I . I 6 . 39 , 96 
21.20.41,74 
21 .24. 17,45 
91 .3o. 32, 24 
21.33.  9,89 


î.63i  98.34.  6,9  — 0,790  a 

î,63i  92.16.39,0  — 0,789  b 

1.626  91.  8.  7,3  — 0,788  (■ 

1.627  89,12.26,2  — 0,784  d 
î,625  88.22.5o,8  —0,782  e 

+  0.20,3     3:3     21.38.    2,53     -+-T,634  86.54.55,2  —0,782  / 

—  20.28,8     6:6     21.43,15,80     -f-ï,635  85,40.29,5  — 0,779  o 


Etoiles  de  comparaison  pour   1910,0, 


G'.         M.  inoyenno.  au  jour.  'i   ino^entie. 

Il       in        9  s  II         >        „ 

7.0  21,17.45,97  —1,92  93.80.49,1 

8.1  21.20,27,35  — 1,92  92.22.35,0 
6,7  21.82.56,54  — '189  90.47,38,3 
6  21,37,88,82  — 1,87  89,  7.29,5 
5,1  21.34.59,35  -1,88  88.  9.39,6 
9,0  21.45.  2,18  —1,86  86.54,34,3 
7,7  21.42.88,51  — 1,85  86.  0.47,6 


•10,8  5387  Warscliau 

-10,8  5401  A\  arscliau 

■10,6  5888  Radclift'e,  cat.  1891) 

-10,6  1640  Radclitle,  cat.  1900 

-10,6  7565  A.  G.  Albany 

-10,6  7619  A-  G.  Albany 

-10,7  7600  A.  G.  AlbaiiN 


liemar<mes.  —  Le  3  février  l'éclal  de  la  comète  a  çoiiaidérableuienl  diiuinué;  le 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  3o.5 

novaii  esl  presque  complèlement  dépourvu  de  clievelure  du  côté  dirigé  vers  le  Soleil. 
La  queue,  moins  large,  est  toujours  longue,  mais  plus  faible  et  uniforme. 

(Les  logarithmes  facteurs  parallaxes  ont  été  calculés  avec  des  Tables  construites 
avec  la  valeur  8", 85  de  la  parallaxe  solaire.) 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  igioa,  faites  à  l'Observatoire 
(le  Marseille  {équatoi-ial  d'Eichens  de  o"",  26  d'ouverture).  Noie  de 
M.  CouGiA,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 


Dates. 

Temps  moyen 

de 

Log.  fact. 

Log.  fact. 

1910. 

de  Marseille. 

AJI. 

Ay:\ 

comp. 

ai  apparente. 

parall. 

^i  apparente. 

parall. 

anv.  25. 

Il        m        s 
5.03.16 

-.".'    9.86 

-H   4-23 

,4 

l5:    5 

h        m       s 

21 .  16.34 ,o3 

-T-T,6l3 

93"  35'.  23",  6 

-0,786 

»      26. 

6.   2.55 

+  0.18.99 

—  5.25 

3 

12:   6 

21 .20.39,44 

+Ï,6l8 

92.I7-I9.7 

—0,783 

»      29. 

6,  5.46 

-0.17.89 

-i3.35 

6 

i4:  8 

21. .30. 28, 24 

+  T,622 

89.12.   0,8 

—^'111 

..      3o. 

5.47. 3o 

-'•47-97 

+  I3.22 

0 

i5: 10 

21.33.   9,5i 

+T,6i3 

88.23. i3, 4 

-0,774 

»      3o. 

G.   8.45 

—  1.57.68 

+  6.27 

4 

i5: 10 

21 .33. 1 1 ,49 

+T,624 

88.22.42,2 

— 0,776 

év.       I. 

6 . 1 5 . 1 0 

—  1.42.78 

-17.    I 

2 

i5: 10 

21.38.    1,72 

+1,628 

86.55.14,0 

—0,774 

)>         3. 

.     6.   5.33 

—0.22.43 

—  19,52 

2 

i4:  7 

21.42.14,29 

-1-1,626 

85. 4i.   6,2 

—  0,770 

1 7,0 

2 8,1 

3 7.4 

4 5,5 

5 8,0 

6 8,6 


Positionx  moyennes  des  étoiles  de  comparaison    1910,0. 
^S  moyen  11 


M  moyenne. 

h       m      8 
21.17.45,82 

2  1 .20.27,36 

21 .30.48,02 

21 .34.59,36 

21 .35. II ,o5 

21.39.46,36 

21.42.38,57 


Réd. 
au  jour 


Kéd. 
;iu  jour. 


-1,93 

—  >,9' 

-•,89 

—  1,88 
-1,88 
-1,86 

—  1,85 


93.30.49,4 
92.22.34,3 
89.25.25,7 
88.  9.40,8 
88.16.  4,2 
87.12.  4,5 
86.   0.47,7 


-10,8 
-10,7 
-10,7 
10,6 
io,6 
-10,7 


7464  AG.,  Strasbourg 

7481 

i63o  Radclill'e,  2"  cat. 

i636         »  » 

7067  AG.,  Albany 

7591  AG.,  Albany 

7600  AG.,  Albany 


1900 


Janvier  25.  —  Ciel  très  pur.  .\.  l'œil  nu,  la  comète  est  brillante,  la  queue  a  en- 
viron 15"  et  se  divise  en  deux  branches,  l'une  recliligne,  l'autre  se  recourbant  en 
panache. 

Dans  la  lunette,  le  no\au  est  rond,  remarquablement  brillant  et  net;  il  donne  l'im- 
pression d'un  objet  sphérique  bien  défini.  Sa  couleur  est  blanche,  légèrement  verdàtre. 
La  queue  est  de  même  nuance  et  se  divise  en  deux  branches,  ne  laissant  entre  elles 
qu'un  espace  obscur  assez  restreint.  Elles  sont  beaucoup  plus  éclaiiées  sur  leurs  bords 
extérieurs.  Celle  dont  l'ascension  droite  est  plus  faible  est  plus  lumineuse  et  paraît  se 
recourber  légèrement  en  avant.  Une  aigrette  d'environ  4'  se  dirige  vers  le  Soleil. 


3oG  ACADÉMIE    DES    SCIENCE^;. 

Janvier  3o.  —  A  l'œil  nu,  la  conièie  est  très  affaiblie;  la  queue  a  environ  3o°,  mais 
elle  est  très  peu  lumineuse. 

Dans  la  lunette,  le  noyau  ne  devient  \isibie  (ju'un  peu  aprè^  l'étoile  25  Verseau 
donnée  gr.  5,i  par  Albany  et  gr.  5,5  par  RadcHfle  2. 

Ce  noyau  est  rond  et  a  environ  5"  de  diamètre;  il  fait  masse  avec  la  chevelure  dont 
l'éclat  diminue  uniformément  jusqu'il  la  périphérie.  La  queue  devient  plus  sombre 
vers  l'intérieur,  mais  ne  présente  pas  de  séparation  dans  le  sens  longitudinal. 


CHRONOMÉTRIE.  —  Comparaison  de  chronomètres  ou  de  pendules  à  distance 
par  la  méthode  des  coïncidences  au  moyen  de  signaux  radiotétégra- 
phiques.  Note  (')  de  MM.  Claude,  Ferkié  et  Drie.vcourt,  présentée 
par  M.  H.  Poincaré. 

Dès  que  la  télégraphie  sans  fil  est  entrée  dans  la  pratique,  on  a  naturel- 
lement songé  à  l'utiliser  pour  comparer  deux  insti^uments  de  mesure  de 
temps  placés  en  deux  lieux  plus  ou  moins  éloignés,  en  vue  d'obtenir  la  diffé- 
rence de  longitude  des  deux  lieux  ou  la  différence  des  états  des  deux  instru- 
ments sur  le  teinps  d'un  même  lieu  suivant  que  la  différence  de  longitude 
est  l'inconnue  ou  ime  donnée. 

Les  expériences  faites  en  1904  et  1903  par  M.  Albrecht,  de  Flnstitut  géo- 
désique  de  Potsdam,  ont  montré  que  la  télégraphie  sans  fil  peut  remplacer 
simplement  la  télégraphie  ordinaire  pour  l'envoi  des  signaux.  Il  nous  a  paru 
(pic,  au  procédé  chrono graphique  employé  par  le  savant  géodésien,  il  y  au- 
rait avantage  à  substituer  celui  des  coïncidences  téléphoniques. 

M.  I'].  Guyou  a  rendu  compte  ici  même  (-)  des  résultats  des  comparaisons 
effectuées  en  1906  entre  Paris  et  Brest  par  ce  dernier  procédé  et  montré 
qu'il  ne  comporte  pas  d'équation  personnelle  et  tju'il  est  susceptible  d'une 
très  haute  précision  (()'',oo3  dans  de  bonnes  conditions). 

D'autre  part,  dans  la  télégraphie  .sans  fil,  on  tend  de  plus  en  plus  à 
renqjlacer  l'appareil  enregistreur  du  récepteur  par  le  téléphone. 

H  paraissait  donc  indi(jiié,  pour  obtenir  le  maximum  de  précision  dans 
les  comparaisons  à  l'aide  de  signaux  de  T.  S.  F.,  d'appliquer  la  méthode  des 
co'incidenccs  téléphoniques;  pour  cela  il  fallait  imaginer  im  système  per- 
mettant d'envoyer  des  sortes  de  battements  radiotélégraphiques  aussi  nets 
que  possible   à   des  intervalles  réguliers   très   légèrement   différents  d'un 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  3i  janvier  1910. 

(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  G\LII,  18  juin  1906,  p.  1879. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  3o7 

multiple  de  ceux  des  battemenls  des  instruments  à  comparer.  Voici  celui 
que  l'un  de  nous  s'était  chargé  de  présenter  à  la  Commission  interministé- 
rielle de  T.  S.  F.  : 

Un  pendille  oïdinaire  OA,  à  snspension  à  ressort,  porte,  fixé  transversalement  sur 
sa  tige,  une  barrette  en  ai'gent  m.  De  part  et  d'antre  de  cette  pièce  sont  disposés  deux 
contacts  circulaires  en  fd  d'argent  c,  c'  pinces  dans  des  glissières  auxquelles  des  vis 
niicromélriques  fixées  aux  supports  v,  c'  permettenl  de  donner  de  légers  déplacements 
dans  le  sens  horizontal.  Les  supports  sont  mis  en  circuit  avec  une  pile  et  un  relais  qui 
commande  le  manipulateur  à  relais  de  la  T.  S.  F.  On  voit  par  les  figures  i  et  2  qu'à 
chaque  passage  par  la  verticale,  le  pendule  ferme  le  circuit  du  relais  pendant  un  temps 
■qu'on  peut  régler  au  moyen  des  vis  micrométriques  de  manière  à  provoquer  la  produc- 
tion certaine  d'un  signal  radiolélégrapliique  à  chaque  battement. 


y 


Le  Bureau  des  Longitudes  nous  ayant  invités  au  mois  de  novembre 
dernier  à  expérimenter  ce  système  avec  le  concours  de  la  station  radiotélé- 
graphique  militaire  de  la  Tour  Eillel  et  les  ressources  de  l'Observatoire 
de  Monlsouris  gracieusement  mises  à  notre  disposition  par  son  directeur 
M.  Guyou,  un  pendule  à  entretien  électromagnétique,  du  modèle  de 
M.  Lippmann,  muni  du  dispositif  spécial  décrit  ci-dessus,  fut  installé 
contre  un  pilier  du  poste  souterrain,  et  les  expériences  dont  le  programme 
avait  été  approuvé  par  le  Bureau  des  Longitudes  commencèrent  aussitôt. 


3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  s'agissait,  en  premier  lieu,  de  voir  si  le  pendule  proposé,  associé  à  un 
manipulateur  convenable,  était  susceptible  de  donner,  dans  le  téléphone  du 
récepteur  à  détecteur  électrolytique,  un  battement  et  un  seul  à  chaque 
passage  du  pendule  par  la  verticale,  autrement  dit  de  provoquer  l'émission 
d'un  train  d'ondes  et  d'un  seul,  et,  en  second  lieu,  de  vérifier  si  ces  batte- 
ments étaient  régulièrement  espacés. 

Divers  essais  furent  elïectués  en  intercalant  plusieurs  espèces  de  relais 
entre  le  pendule  et  le  manipulateur. 

Le  meilleur  fonctionnement  fut  obtenu  en  faisant  commander  directement 
l'électrode  du  manipulateur  par  les  contacts  du  pendule.  Le  manipulateur 
est  du  type  à  turbine.  En  réglant  convenablement  les  divers  organes  et 
appareils  et  en  tenant  compte  de  leurs  inerties  mécaniques  et  électriques, 
on  arrive  assez  aisément  à  ne  produire  qu'une  seule  étincelle  à  chaque  os- 
cillation du  pendule. 

Il  a  été  reconnu  nécessaire  de  donner  aux  oscillations  de  la  barrette  m  une 
amplitude  assez  grande  et  constante.  Ce  résultat  est  obtenu  aisément  au 
moyen  du  dispositif  d'entretien  électromagnétique. 

Des  récepteurs  provisoires  ont  été  établis  en  transformant  des  récepteurs 
électroly tiques  portatifs  de  manière  à  permettre  de  percevoir  dans  les  télé- 
phones les  battements  d'un  chronomètre  placé  à  proximité  en  même  temps 
que  les  battements  radiotélégraphiques  du  pendule. 

On  a  donné  au  pendule  une  avance  sur  le  chronomètre  aussi  faible  que  le 
permettait  sa  longueur,  un  battement  en  88  secondes. 

Des  comparaisons  par  coïncidences  faites  en  local  ont  montré  :  \°  que 
l'erreur  sur  une  coïncidence  ne  dépasse  pas  un  battement  du  pendule; 
2°  qu'il  n'y  a  pas  de  variation  appréciable  dans  le  retard  de  l'étincelle  sur  le 
passage  du  pendule  par  la  verticale;  3°  que  la  méthode  ne  comporte  pas 
d  équation  personnelle;  4"  que  les  moyennes  de  8  comparaisons  faites  si- 
multanément par  deux  observateurs  s'accordent  à  moins  de  i^  de  seconde. 

Des  comparaisons  par  coïncidences  de  deux  chronomètres  (l'un,  temps 
sidéral;  l'autre,  temps  moyen)  ont  été  effectuées  dans  la  soirée  du  1 8  janvier 
entre  l'Observatoire  de  Paris  et  l'Observatoire  de  Montsouris,  où  des  postes 
récepteurs  avaient  été  installés  avec  de  petites  antennes  fie  manière  à  se 
trouver  dans  les  conditions  de  réception  de  signaux  venant  d'un  poste  très 
éloigné,  l^es  comparaisons  radiotélégraphiques  furent  précédées  et  suivies 
de  comparaisons  directes  par  téléphone. 

Les  observateurs  étaient  MM.  Claude  et  Lancelin  à  Montsouris, 
Driencourt  et  Lamotte  à  l'Observatoire. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  809 

Sept  séries  de  180  battements  chacune  furent  envoyées  par  le  poste  de  la 
Tour  Eillél.  Dans  les  quatre  premières,  il  y  eut  plus  ou  moins  de  ratés  dus 
à  un  réglage  insuffisant  du  pendule  et  du  manipulateur.  Les  trois  dernières 
furent  parfaitement  envoyées. 

Le  Tableau  suivant  donne  pour  MM.  Claude  et  Driencourl  les  diilérences 
entre  la  comparaison  téléplioni(|ue  de  9'' 55"" 5o*  et  les  comparaisons  radio- 
télégraphiques  ramenées  à  g^'b^'^Bo^  au  moyen  de  la  marche  relative 
moyenne  des  deux  chronomètres  entre  9''55"'5o*'  et  1 1''24"'39'*  : 

séries.  l'reiiiièro  sorie.         (JualriiMiic  MTic       Cingiiiùiiio  M-rir.  Sixième  sêrir.  Seplièmc  s 

Heures    des   compa-  1^        .^i.,',™       10". j j"3i-         ,0"!,!,"'        i,>''l,b"        in»,,..        ,o''53"  lO-S.S."        io''59-        iii-o' 

raisons.  I 

Comparaison  téléplio-  1 

nique  —  comparai-        _       ^o',oo3     -t-0',003       — o%oi4       — o%o3i     — o',024       — o',q33     — o-,020       — oSo35     — o-,o2.',     — o%o 
sons   radiolélégra-  ( 
phiques.  ' 

L'allure  de  ces  différences  indique  que  la  marche  relative  des  deux  chro- 
nomètres a  dû  varier  entre  9'' j5'"5o''  et  1 1''24'"39'.  Si  l'on  prend  les  compa- 
raisons téléphoniques,  on  voit  qu'elle  a  varié  en  effet  notablement  dans 
le  cours  de  la  soirée.  A  partir  de  )o''i4™,  il  convient  d'adopter  la  marche 
relative  fournie  par  les  comparaisons  radiotélégi^aphiques  elles-mêmes.  Les 
différences  comparaison  téléphonique  —  comparaisons  radiotélégraphiques 
deviennent  ainsi  : 

— o%oo3     -t-o%oo2     — o%ooi      — o\oo9     — o%ooi      -+-o^,oo5     +o%oo;)     ^o%oo2     — o%oio     — o=,oo8 

Une  seule  atteint  o%oi.  L'erreur  moyenne  d'une  comparaison  isolée 
ressort  ainsi  à  ±;  o*,  oooG. 

Les  dernières  séries  observées  par  MM.  Lamotte  et  Lancelin  donneraient 
sensiblement  les  mêmes  résultats.  On  peut  donc  d'ores  et  déjà  affirmer  que 
le  nouveau  procédé  de  comparaison  à  distance,  dont  il  est  inutile  de  signaler 
les  avantages,  donne  des  résultats  exacts  à  moins  de  o%oi . 

Ces  expériences  ont  été  faites  avec  la  collaboration  d'astronomes  de 
l'Observatoire  de  Paris  et  d'un  officier  de  la  Section  de  Géodésie  du  Service 
géographique  de  l'Armée.  M.  le  capitaine  Fracque  secondait  ou  suppléait 
le  commandant  Ferrie  au  poste  de  la  Tour  Eiffel. 

Elles  devaient  continuer  par  des  comparaisons  entre  Paris  et  Brest.  Les 
dommages  causés  à  la  station  radiotélégraphique  nous  obligent  à  les  in- 
terrompre momentanément. 


JIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  les  systèmes  et  les  congruences  K. 
Note  de  M.  A.  Demoulin. 

Reprenons  les  surfaces  (M(,),  (M,),  (Mo),  (M3)  envisagées  dans  notre 
Note  du  17  janvier  1910.  11  est  clair  que  leurs  plans  tangents  passent  par 
un  même  point  O  situé  sur  l'axe  a  du  cercle  (F). 

Désignons  par  ik  une  quelconque  des  combinaisons  01,  02,  23,  i3.  Les 
surfaces  (M,),  (M^.)  se  correspondent  dans  une  transformation  de  Ribau- 
cour.  Soient  r/^  la  droite  d'intersection  des  plans  tangents  aux  surfaces  (M,), 
(Ma),  F,/(  le  point  d'intersection  des  tangentes  aux  courbes  (M,„),  (Ma„)  et 
¥'■1^  le  point  d'intersection  des  tangentes  aux  courbes  (M,-,,),  (M^,,). 

Sur  les  surfaces  (M,),  (M/;.),  le  réseau  (w,  v)  étant  composé  des  lignes  de 
courbure  est  conjugué;  donc,  en  vertu  du  théorème  de  M.  Darboux 
invoqué  dans  notre  précédente  Communication,  la  droite  clj^  est  tangente 
aux  courbes  (F,yi„),  (F^^„).  Comme  les  droites  dj,,  concourent  en  O,  les 
plans  osculateurs  des  courbes  (F^^„),  c'est-à-dire  les  plans  tangents  aux 
surfaces  (F^),  ont  en  commun  la  tangente  /'  à  là  courbe  (0„).  Par  suite, 
les  tangentes  aux  courbes  (F,7,^u)  rencontrent  la  droite  t' .  Or  les  tangentes 
à  deux  courbes  (F^^y)  sont  dans  un  même  plan  lorsqu'un  des  indices  i,  k 
relatifs  à  l'une  d'elles  est  égal  à  un  des  indices  i,  k  relatifs  à  l'autre,  et  ce 
plan  est  le  plan  osculateur  à  la  courbe  (M„,),  s  désignant  l'indice  commun. 
Dès  lors,  les  tangeiiles  aux  courbes  (F,^,  „)  se  coupent  en  un  point  V  de  t'  et 
les  plans  osculateurs  des  courbes  (M,u)  (j  =  o,  1,  2,  [^)  passent  par  ce  point. 
De  même,  les  tangentes  aux  courbes  (F^^. ,,)  se  coupent  en  un  point  P  de 
la  tangente  t  à  (0,,j  et  les  plans  osculateurs  des  lignes  (M,v)  passent  par  ce 
point . 

Il  a  clé  établi  que  les  tangentes  aux  courbes  (F^;,. ,,_)  passent  par  O  et  que 
les  tangentes  aux  courbes  (F;7t,u)  passent  par  P';  or  les  réseaux («,  v)  tracés 
sur  les  surfaces  (F^)  sont- conjugués;  donc,  en  vertu  du  théorème  de 
M.  Darboux,  invoqué  plus  haut,  la  droite  t'  a  pour  foyers  les  points  O  etP' 
etw,  ('sont  les  paramètres  des  développables  qu'elle  engendre.  Dès  lors, 
sur  la  surface  (O),  le  réseau  (w,  v)  est  conjugué. 

Fn  appliquant  le  même  raisonnement  aux  réseaux  (m,  c)  tracés  sur  les 
surfaces  (F^^),  on  retrouve  ce  dernier  résultat,  et  l'on  démontre  en  outre  que 
les  foyers  de  la  droite  /  sont  O  et  P. 

Laissant  de  côté  ce  (jui  concerne  les  surfaces  (F^)  et  les  surfaces  (F^^.), 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  19IO.  3ll 

nous  réunirons  dans  l'énoncé  suivant  les  résultats  que  nous  venons  d'ob- 
tenir : 

Les  développahles  de  la  congruence  engendrée  par  la  droite  a  découpent  sur 
la  surface  ( O  )  un  réseau  conjugué  (u,  v). 

Si  P  et  P'  sont  les  seconds  foyers  des  tangentes  aux  courbes  ((J^)  et  (0„), 
les  plans  osculateurs  dis  lignes  de  courbure  u  =  const.  des  surfaces  (M)  et 
des  surfaces  (M')  passent  par  P  et  les  plans  osculateurs  des  lignes  de  courbure 
V  =  const.  des  mêmes  surfaces  passent  par  P'. 

Supposons  maintenant  qu'il  s'agisse  d'un  système  K  de  seconde  espèce. 
Le  point  O  est  alors  le  centre  d'une  sphère  (  S  )  inscrite  à  la  quadrique  (Q) 
suivant  le  cercle  (F). 

Envisageons  une  quelconque  des  surfaces  (M)  et  une  quelconque  des 
surfaces  (  M').  Le  cercle  (y)  qui  coupe  orthogonalement  ces  surfaces  en  M 
et  M'  engendre  un  système  cyclique.  Comme  il  y  a  ce'  surfaces  (M)  et  -x' 
surfaces  (M'),  il  y  a  co-  cercles  (y);  tous  sont  situés  sur  la  sphère  (S). 
Lorsque  u  (  ou  r)  varie  seul,  chacun  d'eux  admet  une  enveloppe  qu'il  touche 
en  deux  points;  ceux-ci  sont  situés  dans  le  pian  tï,  (ou  u',  )  de  la  caractéris- 
tique de  la  sphère  (S).  Désignons  par  N,,  N',  les  points  caractéristiques  de 
cette  sphère,  et  par  «,  la  droite  qui  les  joint.  Des  développements  qui  pré- 
cèdent, on  déduit  les  résultats  suivants  : 

1°  Les  plans  des  cercles  (y  )  touchent  leurs  enveloppes  (E)  en  des  points  E 
situés  sur  a , . 

2"  u  et  ('  sont  les  paramétres  des  développahles  engendrées  par  a,. 

3"  Sur  la  surface  (O),  le  réseau  (u,  c)  est  conjugué  (résultat  déjà  obtenu) 
et  les  tangentes  t',  t  aux  courbes  (O^),  (O,,)  sont  respectivement  perpendicu- 
laires aux  plans  7z^,  rJ^. 

4°  Soient  F,,  F',  les  points  focaux  de  la  droite  a,,  ces  points  étant 
choisis  de  manière  que  les  courbes  (F,„),  (F',^,)  soient  tangentes  à  «,.  Les 
plans  -,,  -',  sont  les  plans  focaux  de  a,  ;  ",  est  tangent  à{F,)  et  -tî'^,  à  (F',). 

5"  Désignons  par  -,  tt'  les  plans  focaux  de  a,  t:  étant  tangent  à  (F)  et  u', 
à  (F').  D'après  le  3°,  les  plans  focaux  iz,  -'  de  a  sont  respectivement  perpen- 
diculaires aux  plans  focaux  -\,  -,  de  a,. 

Les  coordonnées  d'un  point  quelconque  du  cercle  (F)  ont  pour  expres- 
sions 

Xi,     x.i,     .73,      -{(a  + -]\J(xB,      -(9 )v^<z5, 

ç  désignant  un  paramètre  variable. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  6.)  ^2 


3 1-2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Lorsque  a  varie   seul,   (F)  admet    une  enveloppe   quil  louche   en  deux 
points  1,  T'  dont  les  ^  satisfont  à  l'équation 

,      ..       Ou        ,    Al 


()u 


Lorsque  v  varie  seul,   (T)    admet    une  enveloppe   qu'il  touche   en    deux 
points  H,  H'  dont  les  o  sont  les  racines  de  l'équation 


O^  —  2  Cp  . 


~d7'     .    C, 


-d^^  C  -"• 

(Je 

On  déduit  de  là  les  propriétés  suivantes  : 

1°  u,  V  sont  les  paramètres  des  développahles  engendrées  par  a  (résultat 
déjà  obtenu); 

2°  Les  plans  focaux  ir,  7t'  de  a  sont  perpendiculaires  aux  droites  HH',  H'; 

3°  Le  plan  <o  de  (F)  touche  son  enveloppe  au  point  O,  d'intersection  des 
droites  II',  HH'  ; 

4°  Le  point  O,  est  situé  sur  a,,  car,  le  cercle  (F)  appartenant  à  (S),  les 
droites  H',  HH'  appartiennent  respectivement  aux  plans  u,,  u,,  lesquels  se 
coupent  suivant  a^  ; 

5°  Sur  la  surface  (O,),  le  réseau  (m,  v)  est  conjugué  et  les  tangentes?,,  /, 
aux  courbes  (0,„),  (O,^)  sont  respectivement  HH',  IF; 

6"  Le  point  O,  est  le  centre  d'une  sphère  (S,)  dont  les  points  caractéris- 
tiques sont  les  foyers  N,  N'  du  cercle  (F). 

Nous  aurons  à  nous  appuyer  sur  les  théorèmes  suivants  : 

.SY  une  sphère  passe  par  les  foyers  d'un  cercle  tracé  sur  une  seconde  sphère, 
elle  est  orthogonale  à  cette  sphère. 

Si  deux  sphères  sont  orthogonales,  tout  plan  diamétral  de  l  une  coupe  l'autre 
suivant  un  cercle  dont  les  foyers  appartiennent  à  la  première. 

De  la  première  de  ces  propositions,  on  déduit  que  les  sphères  (S)  et  (S,  ) 
sont  orthogonales.  En  vertu  de  la  seconde,  le  plan  tangent  eu,  de  la  sur- 
face (O)  coupe  (S|)  suivant  un  cercle  (F,)  dont  les  foyers  appartiennent 
à  (S);  comme  le  plan  w,  est  perpendiculaire  à  la  droite  a,,  ces  points  coïn- 
cident nécossaircmenl  avec  les  points  N,,  N, .  Ainsi  les  foyers  du  cercle  (F,  ) 
sont  les  points  caractéristiques  de  la  sphère  (S).  D'autre  part,  m,  v  sont  les 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  3l3 

paramètres  des  développables  engendrées  par  la  corde  des  contacts  a^  de 
celte  sphère.  Par  suite,  lorsque  u  varie  seul,  (F,)  a  une  enveloppe  qu'il  touche 
en  deux  points  1,  I^  et,  lorsque  v  varie  seul,  il  a  une  enveloppe  qu  il  touche  en 
deux  points  H , ,  H, . 

D'après  ce  qu'on  a  vu  plus  haut,  lorsque  u  varie  seul,  la  caractéristique 
de  la  sphère  (S,)  est  située  dans  le  plan  71  et,  lorsque  v  varie  seul,  la  carac- 
téristique de  celte  sphère  est  située  dans  le  plan  rJ .  Comme  le  cercle  (F.) 
appartient  à  la  sphère  (S,),  on  conclut  de  là  que  les  points  I,,  \\  sont  situés 
sur  la  tangente  t  à  la  courbe  (O^)  et  que  les  points  H,,  H',  sont  situés  sur  la 
tangente  t'  à  la  courbe  (O^). 

Reprenons  un  des  cercles  (y)  définis  ci-dessus.  La  sphère  dont  les  points 
caractéristiques  sont  les  foyers  de  (y)  est  orthogonale  à  (S);  comme  son 
centre  est  situé  sur  a,  (au  point  E),  elle  coupe  a,  en  deux  points  conjugués 
harmoniques  par  rapport  aux  points  N,,  jN',  et,  par  suite,  elle  renferme  (F,). 
Donc  les  sphères  dont  les  points  caractéristiques  sont  les  foyers  des  cercles  (y) 
renferment  toutes  le  cercle  (F,). 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Une  remarque  sur  les  équations  intégrales 
de  première  espèce.  Note  de  M.  Johaxnes  Mollerup,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

M.  Picard  (')  a  trouvé  les  conditions  nécessaires  et  suffisantes  pour  que 
l'équation  intégrale  de  première  espèce 

(0  /(^•)^J    K(.r.j)F(7)rfy 

puisse  être  résolue.  Soient  les  deux  équations  conjuguées 

i    o{x):=.l        K{x,y)é(y)dY, 

i>{x)-AJ    K(j,  j:)9{v)£(y. 

Il  existe  une  infinité  de  valeurs  réelles  de  A  (qu'on  peut  supposer  positives). 


(')  Comptes  reni/us,  i4  et  28  juin  1909.  — Rend,  del  Circolo  maleinatico  di  Pa- 
Icrmo.^  t.  \XIX,  lyio, 


3l/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  lesquelles  ces  équations  sont  satisfaites  autrement  que  pour 

(j)  (.r)=  iji  {''f)=^  o. 
Soient,  rangées  par  ordre  de  grandeur, 

K  h,  K  ••-,  y-n,  ..., 

ces  valeurs  de  X  et  les  valeurs  correspondantes  de  cp  et  'j/ 

o,,     Oo,     93,      . . . ,     9„,      . . . , 
4/,,     '^y,,     ']>3,      ...,     d;„,      

Les  s  et  ^  forment  un  système  orthogonal.  On  peut  énoncer  les  condi- 
tions ainsi  : 

I.  La  fonction  donnée  f  {x)  doit  être  située  dans  l'espace  o ,  c  est-à-dire  que 

r''  '   [  r''  T" 

j    f[xydx=^     J    /(j")9„(x)ar     . 

II.  En  désignant  par  a„  les  coefficients  de  Fourier  de  /{■r)  relatifs  aux  cp, 
ta  série  ^  X,',  a'I  doit  être  convergente. 

La  solution  cherchée  V{x)  aura  donc  relativement  aux  9  les  coefficients 
de  Fourier  A„«„.  Cette  solution  ne  sera  pas  en  général  continue.  Je  vais 
démontrer  le  théorème  suivant  : 


Si  ta  série  ^^X,^  (^i  converge.,  ta  série  de  Fourier 

n  —  \ 

r'' 

F(x)  =2  '>-n'^n{^r)j    f{y)On{y)dy 


sera  unifor.nérnent  corner  génie  et  par  suite  F(.3;')  sera  continue. 

On  peut  le  démontrer  ainsi.  On  a,  en  s'inspirant  d'un  calcul  de  M.  E. 
Schmidt, 

y},„'|.,(.r)/   /(y)oAy)dyrr,^lf,  j    K{.r.r)oÀy)dy  I   f{y)'-?Ay)dy. 


l^osons 


J^  .tmd  ^md 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    1910.  3l5 

OÙ  ^  est  la  somme  des  termes  qui,  pour  la  valeur  considérée  de  x,  sont 
positifs.  Alors  on  a,  d'après  l'inégalité  de  M.  Schwarz, 

V>,,^  r  K(xr)9,.(/)^yy /(r)9.(7)<>' 

=  f  K{a-y)  rfjVo„(y)/^^  f  /{y)o,(y)dy 

u/fM^ryY-dyL/     f    \y^o,.{y)\:.Jf{y)o.{y)dy\   dy. 
On  a 

/"' \^'^^'^yy'"l /(/)?^(.>')<M  ''y 


=  V7» 


et,  par  suite, 


^l.'^.U-)j'f(y)o,.{y)dy^^i/j  K(x/)^  </ri    /  V /.;     f  f{y)o.{y)dy\   . 


Donc  la  série  de  Fourier 


r'' 


sera  uniformément  convergente  et  F(^)  sera  continue.  Cette  solulion  sera, 
dans  l'espace  'ji,  la  seule  qui  est  continue. 

L'ensemble  des  solutions  de  l'équation  (i)  consiste  en  la  fonction 
trouvée  V{x)  augmentée  d'une  fonction  de  l'ensemble  des  fonctions  qui 
sont  orlliogonales  au  système  '.j;.  Ce  dernier  ensemble  se  détermine  par  une 
méthode  toute  analogue  à  celle  qu'a  employée  M.  Erhard  Schmidt(')  pour 
un  problème  analogue. 


(')  Palenno  Rend.,  t.  XXV,  190S,  n'"*  10  el  11. 


3i6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

AAALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  développements  procédant  suivant  les 
polynômes  hy per géométriques .  Noie  de  M.  Nicolas  Kryloff,  présentée 
par  M.  Emile  Picard. 

Le  problème  de  la  possibilité  du  développement  d'une  fonction,  dite 
arbitraire,  d'une  variable  réelle  peut  être  posé  comme  il  suit  :  On  forme 
une  série  dont  la  convergence  absolue  et  uniforme  est  d'avance  assurée, 
moyennant  certaines  conditions,  et  puis  on  tâcbe  de  profiter  de  l'arbitraire 
qui  intervient  dans  la  série  pour  l'identifier  terme  à  terme  avec  le  dévelop- 
pement, supposé  possible,  qui  représenterait  la  fonction  qu'il  s'aj^it  de 
développer.  Ce  point  de  vue  paraît  d'autant  plus  légitime  que  le  dévelop- 
pement en  question,  une  fois  possible,  a  toujours  une  forme  unique,  comme 
on  sait,  et  d'autre  part  la  suite  des  polynômes  (les  limites  des  intégrales 
intervenant  étant  finies)  forme  un  système  fermé. 

Parlons  de  la  série  (  '  ) 

absolument  et  uniformément  convergente  aux  conditions  toutefois  que 
(i)       /     ''('ï')/(-^'; -)    cU<M       el         /     r(.r)  <I>,„(.r)<l>„(x)f/a'  =  o       si       m^/i, 

et  envisageons  par  exemple  les  polynômes  de  Jacobi,  vérifiant  l'équation 
difîérentielle 

(i  — a,-2)U';„-t-[a  — |3  — (<z-i-|3).r]U„,  +  /«(w  —  i -t- «  +  ;5)U„,=  o; 
une  combinaison  facile  nous  donne 

^     '  l,n~        pdx       ' 

p  et/>,  étant  des  fonctions  très  simples  de  x.  Intégrons  entre  —  i  et  s; 
remarquons  que  la  constante  d'intégration  se  trouve  égale  à  zéro,  et  posons 

/     p\J,„d.i:—l       /(x,  z)<i>,„{.r)d.r  [on  a  l'ail  eiilrer  r(.z-)  dans  «1>,„  (.<•)]. 

(')  SciiMiDT,  Mallu-inattsche  Annalen,  t.  LXIII. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  817 

Prenons  /(a?,  s)  ^  o  si  a?  >  s  et  /"(.r,  z)  ^=:/(x)  si  a:  <^  ^;  un  calcul  immé- 
diat donne  alors 

/(7)'  =  p(x)  =  (,  +.r)--'(r  -  .r)P-' 

et  la  condition  (i)  est  satisfaisante  si  a  et  ^  sont  >•  o.  D'autre  part,  on  a  (  '  ) 

a.r  ' 

donc  nos  considérations  seront  valables  pour  les  polynômes  de  Jacobi,  dont 
les  paramètres  sont  plus  grands  que  un. 

Pour  l'identification  des  coefficients,  il  faut  s'appuyer  sur  un  théorème  de 
Riesz,  lequel  affirme  l'existence  effective  d'une  fonction  donnée  par  les 
coefficients  de  Fourier  si  la  somme  des  carrés  de  ces  coefficients  forme  une 
série  convergente.  En  se  rapportant  à  notre  cas,  il  faut  affirmer  l'existence 
de  4'(^)?  telle  que 

j        <^(j')*m(.r)rfj7  =  (m-ha-+-(3  — i)  f     F(,T)/;,(.r)U;„_,c?.r  — (w  +  a  +  p  — i)A,„; 

or  l'intégration  par  partie  en  combinaison  avec  (3)  donne,  vu  la   forme 

C  , 

de  p,  (.r),  que  A,„  =  — ^>  ou  C„,  est  le  coefficient  de  Fourier  de  la  fonc- 

tion  — !^- — — ^^ — -;  donc  pour  que  1  L,,„  =  1  A,,  w  forme  une  série  con- 

p  (  J'  )  Cl.V  ri  /"  m 

vergente,  ce  qui  est  notre  but,  les  conditions  restrictives  pour  la  fonc- 
tion F(x)  s'imposent,  et  l'on  peut  énoncer  le  théorème: 

Toute  fonction  continue  intégrable  et  de  carré  intégrable.,  ainsi  que  sa  pre- 
mière dérivée  entre  —  \.  et  -\-  \^  se  développe  en  série  absolument  et  uniformé- 
ment convergente,  procédant  suivant  les  polynômes  de  Jacobi,  dont  les  para- 
mètres a  e/  j3  sont  plus  grands  que  un. 

Un  raisonnement  analogue,  convenablement  modifié,  nous  montre  la 
possibilité  du  développement  suivant  les  polynômes  de  Jacobi  dont  les  pa- 
ramètres a,  j3  sont  compris  entre  o  et  i,  à  la  condition  toutefois  que  ledit 
développement  soit  valable  en  un  certain  point  entre  —  1  et  H- i  ;  les 
conditions  imposées  à  F(x)  seront  ici  moins  restrictives  :  il  suffitque  F(j7) 
soit  intégrable  et  de  carré  intégrable. 

Les  polynômes  de  Jacobi  n'ont  été  choisis  qu'à   titre  d'exemple,  car 


(')  PossÉ,  Recherches  sur  les  /raclions  continues  algébri(jues,  p.  5o. 


3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

loujours  l'équation  différentielle  hypergéométrique  donne  le  moyen  de 
construire  la  combinaison  analogue  à  (2),  et  d'autre  part  on  a,  comme  on 
sait, 

ce  qui  permet  de  refaire  la  démonstration  dans  chaque  cas  particulier;  pour 
les  polynômes  de  Lcgendre,  par  exemple,  tout  cela  se  simplilie  singulièrement 
à  cause  de  ce  qu'on  a  ici  p(x)=^  1.  Il  va  sans  dire  que  la  portée  de  la 
méthode  est  bien  plus  générale,  et  même  la  plupart  des  restrictions,  imposées 
à  la  fonction  qu'il  s'agit  de  développer,  pourront  être  levées  probablement 
dans  une  large  mesure;  on  peut  espérer,  par  exemple,  établir  par  cette  voie 
la  possibilité  du  développement  procédant  suivant  les  fonctions  orthogo- 
nales signalées  pour  la  première  fois  par  M.  Appell  (Comptes  rendus,  1H79). 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  représentation  d'une  fonction  arbitraire 
par  une  intégrale  définie.  Note  de  M.  Michel  Pi,a\cuerel,  présentée 
par  M.  Emile  Picard. 

1 .  A  côté  des  développements  d'une  fonction  en  séries  de  fonctions  ortho- 
gonales, qui  ont  fait  l'objet  de  nombreuses  et  profondes  recherches,  se  placent 
des  représentations  d'une  fonction  par  des  intégrales  définies.  Le  type  le  plus 
simple  de  ces  développements 

(,)  /(•«)  =  /    d^o(s,-^)ff{f)c^it,iJ.)ct( 

donne,  lorsque  A  =  «  =  o,B  =  è  =  oc,(p(i-,  [j.)=::i /-cos^ui,  une  fornmlebicn 

connue  de  Fourier.  Jusqu'à  ces  dernières  années,  notre  connaissance  de  ces 
représentations  intégrales  était  bornée  à  celle  de  quelques  cas  particuliers  tels 
que  les  intégrales  de  Fourier  et  de  Bcssel  ;  les  méthodes  employées  pour  les 
établir  donnaient  essentiellement  des  formules  de  la  forme 


=jim/  /( 


de  ces  formules  on  déduisait  ensuite  les  représentations  intégrales  de  la 
forme  (i\  grâce  à  des  propriétés  très  particulières  des  fonctions  considérées. 
Cette  manière  de  procéder  semble  difficilement  susceptible  de  généralisation  ; 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  3l9 

elle  a,  en  toutcas,rinconvénienlde  masquer  la  structure  de  '^(5,  fji)  et  les  pro- 
priétés essentielles  des  deux  transformations  fonctionnelles  successives  qui 
constituent  le  second  membre  de  (i).  Cette  structure  et  ces  propriétés  ont 
été  pour  la  première  fois  mises  en  évidence  par  la  théorie  des  équations 
intégrales  singulières,  pour  lesquelles  la  méthode  de  Fredholm  n'est  plus 
applicable.  On  peut  d'ailleurs  les  obtenir  sans  avoir  recours  à  cette  théorie, 
comme  nous  allons  le  montrer  sur  le  cas  simple  du  type  (i). 

2.  Soit  ù  l'ensemble  des  fonctions  de  carré  sommable,  détinies  sur  un 
intervalle  fini  ou  infini  (a,  b).  Une  suite  [/„  (s)]  de  l'ensemble  (2  converge 
en  moyenne  si  l'intégrale  de  {fm  —  fn)'  étendue  à  l'intervalle  (a,b),  tend  vers 

zéro  avec  — ;  -;  il  existe  alors  dans  ù  une  fonction _/(*)  unique,  vers  laquelle 
convergent  une  infinité  de  suites  partielles  [/„  ]  extraites  de  la  suite  [f„]  ; 
nous  appellerons  /(^)  la  fonction  limùe  de  la  suite  [/„].  Un  sous-ensemble  e 
de  Q,  est  fermé,  lorsqu'il  contient  les  fonctions  limites  de  toutes  les  suites 
[/„]  de  fonctions  de  e  qui  convergent  en  moyenne.  Nous  définirons  mainte- 
nant une  transformation  fonctionnelle  linéaire  de  e  par  les  propriétés  sui- 
vantes : 

1°  A  toute  fonction  f{s)  de  e  la  transformation  fait  correspondre  une 
fonction  F(pi)  définie  sur  un  intervalle  (A,B),  de  carré  sommable  sur  cet 
intervalle;  2°  à  a,f,(s)-ha.,f.^(s)  correspond  par  la  transformation 
a,  F,([ji.) -1- (:/2F2([a),  F,  et  Fo  étant  les  transformées  de  Z",,/,;  3°  à  toute 
suite  [fp^  convergeant  en  moyenne  vers  /correspond  une  suite  [F^]  con- 
vergeant en  moyenne  vers  la  transformée  F  de  f.  Il  existe  pour  toute 
transformation   fonctionnelle    linéaire    une    fonction   génératrice  <I>(^,  ja), 

continue  en^,  jj.,  possédant  des  dérivées  partielles  -r-,  -j—  de  carré  som- 
mable, la  première  en  s  sur  (a,b),  la  seconde  en  [j.  sur  (A,B),  telle  que  la 
transformée  F(a)  de/(^  )  soit  donnée,  en  général,  par  la  formule 


,,,     ,         d     r''       ^  à>^{t.u.)   , 


dix 

4>(i,a)  n'est  pas  univoquement  déterminé  par  ces  propriétés. 

[?/>(*)]  étant  un  système  orthogonal  de  fonctions  relatif  à  l'intervalle 
(a,ft),  nous  désignerons  par  [/(*}] ç  | section  de  /par  le  système  [;p]j  la 
fonction  limite  de  la  suite/,,  =/,  ^,(5)+  ...  -)-/„9„(5),  où/,  désigne  le 
coefficient  de  Fourier  de/par  rapport  à  çi^.  On  démontre  la  proposition 
suivante  : 

$(5,  a)  étant  la  fonction  génératrice  d'une  transformation  fonctionnelle 


Semestre.  (T.  150,  N»  6.) 


.i3 


320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

linéaire  Irans formant  l'ensemble  Q.  en  un  ensemble  défini  sur  l  intervalle 
(A,  B),  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  l'on  ait,  pour  toute  fonc- 
tion f(  s)  de  Q, 

est  que  $(*,  a)  puisse  se  rnellre  sous  la  forme 

où  ['!/,( [J-)]  est  un  système  orthogonal  de  fonctions,  relatif  à  l'intervalle 
(A,B  j;  rt|,  A,  deuv  valeurs  finies  situées  dans  les  intervalles  (a,  b),  (A,  B); 
h,  (s),  h.fij.)  des  fonctions  continues  quelconques  possédant  des  dérivées  de 
carré  sommable. 

Si<&(*,  jj.)  admet  une  dérivée  ,    ,    =  ^(s,  [/.),  sommable  superficiellement 

dans  toute  portion  finie  de  l'aire  fl!^*>è,  A>u.>B,  telle  que 

/      /     !p(.$,  ,a)a'5rf;j.  =  $(.s /^)  —  <I»(«i,  ,a)  — «I>(a-,  A,) -+- a»(a,,  A,), 

et  si  de  plus  :  i"  il  existe  dans  (a,  b)  une  suite  d'enseml)les  e,,  e.,,  ...,  dont 
chacun  contient  le  précédent,  leur  ensemble  limite  ne  différant  de  l'inter- 
valle {a,b)  qu'aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle,  sur  lesquels  ç(*,  p.) 
est,  en  général,  de  carré  sommable  en  s;  2"  il  existe  de  même  dans  (A,  B) 
une  suite  analogue  d'ensembles  E,,  E^,  . . . ,  sur  lesquels  o(^,  u.)  est  en  gé- 
néral de  cai'ré  sommable  en  [x,  on  obtient  la  proposition  suivante  : 

Pour  toute  fonction  fi^s)  de  12,  il  erisle  deux  suites  d'ensembles  c„  ,  e„  ,  ...; 
E„,_,  E,„  ,  ...,  contenus  dans  les  suites  {e„\,  [E„],  telles  que,  uniformément  en 
général, 

[/(,?)]-=:  Hm    /      d^o{s,iJ.)\'\m   j    /(t  )  o( /,  p.)  dt. 

Si  pour  d'autres  suites  d'ensembles  (e„),  (E„J  les  limites  indiquées  par  la 
formule  précédente  existent,  la  fonction  ainsi  déterminée  est  identique,  en 
général,  à  (./'(* )1-^. 

Ce  résultat  montre  la  véritable  signification  des  représentations  intégrales, 
à  savoir  d'être  l'opération  successive  de  deux  transformations  fonctionnelles 
linéaires,  inverses  l'une  de  l'autre  pour  un  certain  sous-ensemble  de  12. 

3°  Les  méthodes  de  Weyl  relatives  à  la  convergence  des  séries  de  fonc- 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  191O.  321 

lions  orthogonales  s'étendent  à  la  convergence  des  représentations  intégrales. 
Snpposons,  pour  simplifiera  =  o,  />  =  i,  A=  o,  B  =  -jz.  Suro(5,  u.)  faisons 
encore  l'hypothèse  qu'à  tout  nombre  positif  £  <  i  nous  pouvons  faire  cor- 
respondre un  ensemble  A^,  intérieur  à  l'intervalle  (0,1),  de  mesure  1  —  î, 
sur  lequel  |  o{s,  u.)  |  <  Me,  pour  toute  valeur  de  a,  Me  étant  fini  pour  tout 
£  ^  o.  F(ul)  élant  mainlenant  une  fonction  de  carré  sommahle  dans  (  o.  oc), 
telle  que 


soit  Jt nie,  la  limite 


I 


lim    I      F(fj-) 'j(i-,  lU)  c/fx 


converge  unijormément  en  général  sur  (o,  i  )  et  y  représente  une  Joiielion  de 
carré  sommahle . 

Une  application  immédiate  de  ce  théorème  à  l'intégrale  de  Fourier, 
montre  que  pour  toute  fonction  f{s)  de  carré  sommable  monotone  non 
croissante,  telle  que  limy(5  )  =  o,  ou  pour  toute  fonction  différence  de  deux 

telles  fonctions,  l'on  a,  en  général, 

/(i)  =  -  lim    /     f/jji  cos5p.  lim    /    f{l)cosiiJ.dl. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  des  intégrales  irrégulières  des  équations 
différentielles  linéaires.  ?S^ote  de  M.  Richard  Birkelaxd,  présentée  par 
M.  Kmile  Picard. 

1.  Désignons  par  P„.  P,,  . . . ,  P„  des  développements  convergents  suivant 
les  puissances  de  x  et-)  et  par  E„,  E,,  .  . . ,  E„  certaines  fondions  auxi- 
liaires simples  (par  exemple  de  la  forme  e  '',  a  et  y  étant  positifs)  positives 
ou  nulles  lorsque  la  variable  réelle  x  du  côté  positif  tend  vers  zéro  ('),  et 
telles  que  les  produits  P,  ]*>,  =  Q,  tendent  vers  une  limite  finie  lorsque  x  tend 
vers  zéro.  En  particulier,  nous  supposerons  limQ^i^o.  Cela  posé,  consi- 
dérons l'équation  différentielle  linéaire 
(I)  P„j-"'=P,r(«-"+P,_v  "--.'+  ...+  F„r 

(')   Nous  supposerons  toujours  x  positif  et  tendant  vers  zéro  du  côté  posilif. 


322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dont  nous  allons  chercher  les  intégrales  au  voisinage  de  l'origine.  En  intro- 
duisant ?,  =  £,''  Q/  et  en  multipliant  par  x  et  par  le  plus  petit  commun 
multiple  des  E,,  nous  avons,  après  avoir  divisé  par  Qo, 

E^=T,r,+  T,r., -+-...  + T„v,„  ^=->'-  ('  =  2.3 «), 

en  désignant  pour  la  symétrie  v  par  j„.  Le  produit -E  sera  donc  le  plus 
petit  commun  multiple  des  E^  divisé  par  E,,,  et  ce  produit  nous  le  suppose- 
rons tendant  A'ers  zéro  avec  a^,  car,  dans  le  cas  contraire  où  -E  tend  vers  une 

limite  finie  différente  de  zéro,  les  intégrales  de  l'équation  (i)  peuvent  être 
trouvées  par  des  méthodes  classiques,  par  exemple  par  des  approximations 
successives.  Les  T,  sont  des  fonctions  de  x  s'annulant  avec  a;,  et,  pour  x 
suffisamment  petit,  lT,|<M„a;(?'=  1,2,  ...,«))  ^^u  étant  une  constante 
positive. 

En  posant  j,  =  s,e     ''         ,  notre  système  sera 


;^-..=.«(T...+  ...^T„.„),         Eg 


Elili-;,=zo)(T,s^+...^-T„5„),         E^--^,=  f,jE3,_,         (j  =  2,3, 


en  faisant  co  =  i.  Pour  satisfaire  à  ce  système  posons 

et  conqjarons  les  termes  de  même  puissance  de  w.  De  proche  en  proche 
nous  trouverons 

J;^;  e'^  (p=2,  3.  ...,  /i),         ^  —  ~\     IT' 

les  x\  .r,,  ar.,  .. . ,  a-„  étant  des  constantes  arbitraires  positives,  et  ■\p  une 
expression  linéaire  de  9^!,,  s^^!,,  ...,  ç^'j,.  La  fonction  i  tend  vers  zéro 

avec  X,  car,  en  désignant  par  a  (>  i)  une  quantité  positive  telle  que  g  >  ;^ 
pour  x  suffisamment  petit,  l'intégrale 


X 


i"i^j'''=liî(i;T-â»'-'''<»' 


entre  x  et  x   (a;<a;'  et  x'  suffisamment  petit).   Donc   —  l  =        -^  tend 

vers  —  30  lorsque  x  tend  vers  zéro. 
2.   Soit  /(s)  une  fonction  continue  réelle  de  la  variable  réelle  z  s'annulant 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    1910.  323 

avec  j.  D'après  le  théorème  de  la  moyenne,  nous  avons 


I  =  e-'/"V(--)e'Ç=^-'/(;)/^'^=/(i 


)(- 


^  étant  compris  entre  Xj  et  x  (.r  <^  a-,)  et  /,■  la  valeur  de  t  pour  a;  =  a*, ,  et 
pour  a;,  suffisamment  petit, 

|I  1  =  1/(1)1  5  l/(-^<)l?l/(-^o)|, 

en  désignant  par  x^  le  plus  grand  des  a;,-.  En  appliquant  cela  de  proche  en 
proche  aux  intégrales  (s)  nous  trouverons,  en  remplaçant  dans  W^'^  les 
coefficients  complexes  des  coefficients  des  T,  par  leurs  valeurs  absolues 

(2)  |<>|5MoX„,         |o^'M?ll)/'(-^o)|         (/.  =  2.  3,  ...,«). 

Donc  en  calculant  une  suite  de  fonctions  R',",  R',",  ...,  successivement  par 
les  formules 

R'/:r=:MoX„,  R^>  =  J;|/>(Ri'').  ■■•-  Rj;' =  <!>;;' (Ri/i,),  ■•■  (/=I,  2,  ...,«); 

il  suffit  de  démontrer  la  convergence  des  séries 

R',''  fjj  -1-  R 2" co-  + . . .         ( i  =  1 ,  2,  . . . ,  /i ), 

pour  des  valeui's  de  .r,,  suffisamment  petites.  Pour  cela  comparons  ces  séries 
avec  les  développements 

satisfaisant  au  système  : 

Y,:=  oj(M„Xo-l-  M„r„Y,-i-  M„x„Y.H-. . .+  Mo.r„Y„). 

En  comparant  les  termes  de  co''  nous  trouverons  pour  0^"  une  expression 
tout  à  fait  analogue  au  R^"  où  seulement  les  fonctions  T,  seront  remplacées 
parM„j;o>  |T,  |.  Donc6^|'>  |Rp"|  •  Mais  nous  verrons  que  y,  =^3  =  ...  =j'„ 
et  par  conséquent  v,  =  M.roW(i  —  «M.r^w)"'  qui  sera  développé  suivant 
les  puissances  de  co  en  choisissant  n  Ma;,,^  <[  i  ;  c'est  toujours  possible  pour 
des  valeurs  de  .r,  x^,  x.,,  ...,  x„  suffisamment  petites.  Pour  w  =  i  et 
n  Ma7„  <^  I  nos  développements  de  s,  seront  convergents.  Mais  ils  s'annulent 
aussi  lorsque  x  du  côté  positif  tend  vers  zéro.  En  effet,  il  suffit  de  démontrer 
que  l'intégrale  I  tend  vers  zéro,  et  cette  intégrale  sera  de  la  forme  o  .00  pour 
•T  :=  o,  et  comme  nous  avons  prouvé  que  0.00  sera  fini  [|  1 1  <  |./(^o)|  J»  on 
peut  appliquer  la  théorie  des  expressions  de  la  forme  -  et  démontrer  sans 


324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peine  que  I  tend  vers  zéro  ]iarce  que  /'(  z)  tend  vers  zéro.  De  la  même 
manière,  on  peut  démontrer  de  proche  en  proche  que  les  o  tendent  vers 
zéro.  Comme  nous  avons 

Vf,  =  „>■  =  -«  e  '  , 

rintégrale  de  l'équation  (i)  sera 

y  =  e  ■  '         L?i '  +  ?•"'  +  •••+ <?/;"  +  ••■■]' 

où  la  série  convergente  o'"'  4- 9!,"  -f-  .  •  .  contient  n  constantes  arbitraires 
X, ,  X.,,  .  .  .  jc„  et  tend  vers  zéro  lorsque  x  du  côté  positif  tend  vers  zéro. 


AÉRODYNAMIQUE.    —    Sur  l'niilorolalwn.    Note(')de   M.  A.  Etévk, 
présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

Lorsqu'un  disque  immobile  est  placé  dans  un  courant  d'air  dont  la  direc- 
tion est  normale  à  son  plan,  il  se  forme,  en  arrière  et  sur  l'axe,  un  courant 
secondaire  dirigé  en  sens-  inverse  du  courant  principal  ;  ce  courant  secon- 
daire s'épanouit  au  voisinage  de  la  surface  et  se  mêle  au  courant  principal 
lorsqu'il  arrive  aux  environs  des  bords  du  disque.  Le  même  phénomène 
s'observe  dans  le  plan  de  symétrie  des  surfaces  allongées  immobiles. 

Lorsque  la  surface  est  inclinée  par  l'apport  au  courant  d'air,  l'axe  du  cou- 
rant secondaire  est  rejeté  du  côté  du  bord  de  la  sortie  et  les  filets  d'air  déviés 
vers  l'avant  de  la  surface  sont  plus  longtemps  en  contact  avec  celle-ci  que 
les  filets  déviés  en  sens  contraire  ;  au  voisinage  du  bord  d'attaque,  en  par- 
ticulier, la  vitesse  de  ces  lilets  d'air  s'accélère  et  l'action  due  au  frottement 
y  est  plus  importante  que  partout  ailleurs. 

Lorsqu'on  prend  une  surface  plane  formée  de  deux  secteurs  opposés  par 
le  sommet,  mobile  autour  d'un  axe  perpendiculaire  au  plan  de  la  surface  et 
passant  par  le  sommet  des  secteurs,  ^L  Riaboutschinsky  a  montré  (pie  cet 
appareil,  ayant  reçu  une  certaine  impulsion  initiale,  continue  à  tourner 
indéfiniment  dans  un  courant  d'air  normal  au  plan  des  secteurs,  quel  que 
soit  le  sens  de  l'impulsion,  pourvu  que  les  l)ords  de  la  surface  soient  taillés 
en  biseau,  ceux-ci  étant  placés  du  côté  où  va  le  vent.  Ces  phénomènes  d'auto- 

(')   Fiéseutée  dans  la  séance  du  3i  janvitM'  lyto. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  325 

rotation  sont  atlribués  généralement  à  la  forme  du  bord  d'aHaquc  :  il  est 
facile  de  voir  qu'ils  sont  dus  au  frottement  de  l'air  sur  le  dos  des  secteurs. 
On  constate,  dans  l'expérience  de  M.  Riaboutschinsky,  comme  dans  le 
cas  du  disque  plein,  l'existence  d'un  courant  secondaire,  dirigé  en  sens 
contraire  du  courant  principal;  mais  au  voisinage  de  la  surface,  les  filets  ne 
s'éciiappent  plus  suivant  les  rayons  du  disque,  ils  reçoivent  un  mouvement 
de  torsion  dirigé  en  sens  contraire  de  la  rotation. 

La  vitesse  relative  du  courant  d'air  reçu  par  un  élément  d'un  secteur  est  représenté 
en  grandeur  et  en  direction  par  la  résultante  W  de  la  vitesse  V  du  vent  et  de  la 
vitesse  "V,,  opposée  à,la  vitesse  de  l'élément  considéré;  par  suite,  celui-ci  est  frappé 
sous  un  angle  très  faible  quand  V,  est  grande,  et  sous  l'influence  de  la  surface  les  filets 
d'air  sont  déviés  sensiblement  parallèlement  au  plan  de  cette  surface.  L'observateur 
qui  regarde  le  mouvement  du  disque  voit  ces  filets  comme  s'ils  étaient  animés  d'une 
vitesse  égaie,  au  maximum,  à  la  dilïérenoe  W  —  V,  et  dirigée  dans  le  sens  du  courant 
d'air  relatif,  c'est-à-dire  dans  le  sens  contraire  de  la  rotation.  Pour  ne  pas  retarder  le 
mouvement,  le  biseau  du  bord  d'attaque  doit  évidemment  être  très  aigu  et  placé  au 
dos  des  secteurs. 


Surface  immobile  normale 
au  courant  d'air. 


Surface  immobile  inclinée 
sur  le  courant  d'air. 


Surface  se  déplaçant  vers  la 
sauche  dans  un  courant  d'air 
normal  à  son  plan. 


En  arrière  de  la  surface  et  dans  son  voisinage  immédiat  il  existe  des  courants  dirigés 
dans  le  sens  de  la  rotation  que  l'examen  direct  ne  met  pas  en  évidence  à  cause  de  la 
petitesse  des  angles  d'attaque,  mais  si  l'on  augmente  le  coefficient  de  frottement  de  la 
surface  arrière  des  secteurs,  on  constate  que  l'appareil  tourne  anssi  facilemenl  que  si 
la  surface  est  lisse;  au  contraire,  si  l'on  augmente  le  frottement  de  l'air  sur  la  surface 
antérieure,  l'appareil  ne  tarde  pas  à  s'arrêter. 

L'expérience  de  M.  Kiaboutschinsky  n'est,  en  somme,  qu'une  façon 
«légante  de  montrer  que  la  résultante  des  pressions   supportées  par  une 


J^ÎP? 


Lu  L  I  B  R  A  R  Yi 


326  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

surface  plane  est  légèrement  inclinée  vers  le  bord  d'attaque  lorsque  l'angle 
d'attaque  est  très  petit. 

Quand  l'air  frappe  obliquement  un  des  secteurs,  l'autre  étant  soustrait  à 
Faction  du  vent,  on  constate,  en  effet,  que  le  secteur  se  met  en  mouvement 
en  sens  contraire  du  courant  d'air  lorsque  l'angle  d'attaque  devient  inférieur 
à  une  certaine  valeur  (').  M.  Riaboutschinsky  réalise  la  même  expérience 
en  approchant  d'un  des  secteurs  une  plaque  recourbée  en  angle  droit,  l'un 
des  plans  de  la  plaque  étant  dirigé  vers  le  secteur  et  l'autre  dans  la  direction 
du  courant  d'air.  En  résumé,  la  composante  dirigée  dans  le  sens  du  mouve- 
ment paraît  être  la  conséquence  du  frottement  de  l'air  sur  le  dos  de  la  sur- 
face, vers  le  bord  d'attaque  principalement,  frottement  dont  l'importance 
croît  à  mesure  que  l'angle  d'attaque  diminue,  tandis  que  le  frottement 
retardateur  de  l'air  sur  la  face  attaquée  diminue  dans  les  mêmes  conditions. 

Ces  phénomènes  d'autorotation  peuvent  donc  améliorer  le  rendement  des 
hélices  :  le  côté  des  pales  frappé  par  l'air  doit  être  le  plus  lisse  possible,  tandis 
qife  le  côté  opposé  peut  être  rugueux,  principalement  aux  environs  du  bord 
d'attaque  ;  il  y  a  donc  avantage  à  faire  des  stries  longitudinales  peu  profondes 
sur  le  dos  des  hélices  tournant  à  grande  vitesse. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  i^ariation  de  l'inertie  de  l'électron  en  fonction  de  la 
vitesse  dans  les  rayons  cathodiques  et  sur  le  principe  de  relativité.  Note  (^) 
de  MM.  C.-E.  GuYE  et  S.  Ratnovsky,  présentée  par  M.  Lippmann. 

Nos  expériences  ont  été  effectuées  sur  les  rayons  cathodiques  par  la  mé- 
thode de  déviation  électrique  et  magnétique,  qui  a  l'avantage  de  ne  pas 
nécessiter  la  mesure  exacte  d'énormes  différences  de  potentiel  (^). 

Comme  source  de  rayons  cathodiques,  nous  avons  utilisé  le  courant  d'un 
alternateur  haute  fréquence  (looo  à  i  200  périodes  à  la  seconde)  transformé 
par  une  bobine  d'induction  (méthode  indiquée  par  M.  Villard).  Dans  ces 
conditions,  en  plaçant  une  soupape  sur  le  secondaire,  on  obtient  un  fais- 
ceau qui,  sous  l'action  d'un  champ  électrique  ou  magnétique,  est  étalé  en  un 

(  '  )  Le  mouvemenl  est  d'aulaiil  plus  rapide  que  la  surface  arrière  oppose  plus  de  résis- 
tance au  glissement  de  l'air. 

(")  Présentée  dans  la  séance  du  lojanvier  igio. 

(^)  La  méthode  de  M.  Ilupka  (électrons  produits  dans  le  phénomène  de  Hertz) 
nécessite  la  mesure  d'une  différence  de  potentiel  de  plus  de  80000  volts  avec  une 
précision  suj)érieure  à  ]   |)Our  100. 


SÉANCE  UU  7  FÉVRIER  IQIO.  827 

spectre  dont  la  partie  la  moins  déviée  est  en  même  temps  la  pluslumineuse; 
elle  correspond  aux  rayons  de  plus  grande  vitesse  sur  lesquels  on  effectuera 
le  pointé.  Une  diminution  de  la  tension  de  l'alternateur  réduit  d'ailleurs  ce 
spectre  à  une  tache  à  peu  près  circulaire,  mais  cette  condition  n'est  nulle- 
ment indispensable  à  un  pointé  exact. 

Grâce  à  la  régularité  de  l'émission  cathodique,  on  peut  dans  ces  condi- 
tions, par  les  dispositifs  habituels,  effectuer  des  mesures  successives  et  alter- 
nées de  déviation  électrique  et  magnétique,  et,  en  poussant  le  vide  autant 
que  possible,  expérimenter  sur  des  rayons  cathodiques  dont  la  vitesse 
atteint  presque  la  moitié  de  celle  de  la  lumière. 

Méthode  de  trajectoires  identiques.  —  Pour  rendre  les  mesures  aussi  com- 
parables que  possible,  nous  avons  toujours  expérimenté  à  déviation  con- 
stante, nous  assurant  qu'avec  notre  dispositif  les  rayons  doux  et  les  rayons 
durs  qu'il  s'agissait  de  comparer  suivaient  rigoureusement  ou  pratiquement 
des  trajectoires  identiques  ('  ).  Dans  ce  cas,  les  deux  sortes  de  rayons  \.va- 
versent  des  champs  semblables^  et  l'on  peut  sans  inconvénient  expérimenter 
sur  de  plus  grandes  déviations  (2j'  =  4'""  dans  nos  expériences).  Les  dé- 
viations électriques  et  magnétiques  sont  alors  données  par  les  relations 
connues  : 


Tube  mou. 

Tube  dur. 

Déviation  électrique 

(1) 

(3) 

[AIêV 

Dérivation  magnétique..  . 

(2) 

(4) 

D'où  l'on  tire 

(I) 

^ 
F 

—  v'p' 

(II) 

c' 

V'I 

^  VI'  ■ 

Le  rapport  —  se  déduit  des  valeurs  relatives  de  deux  intensités  et  de  deux 

différences  de  potentiel  mesurées  sur  un  même  instrument  dont  la  gra- 
duation a  été  soigneusement  vérifiée. 

Détermination  de  kl  vitesse  v.  —  Pour  comparer  le  résultat  expérimental 
aux  formules  théoriques  proposées,  il  est  nécessaire  de  déterminer  la  valeur 

(')  Dans  ce  but  nous  avons  annulé  le  champ  lerreslre  par  un  dispositif  de  cadres 
parcourus  par  des  courants.  Nous  ne  reproduisons  pas  ici  faute  de  place  la  démonstra- 
tion de  l'identité  des  trajectoires. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  6.)  44 


328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

absolue  de  Tune  des  deux  vitesses.   Cette  détcniiination  revient  à  connaître 
l'une  des  constantes  [A]  ou  [BJ  qui  représentent  les  intégrales  de  champ  et 

le  rapport-  [formules  (i  ),  (2),  (  3),  (/OJ- 

Dans  ce  l)ut  nous  avons  effectué  trois  séries  de  mesures  en  employant 
comme  source  de  rayons  cathodiques  une  machine  électrostatique  et  en 
mesurant  le  potentiel  de  décharge. 

En  combinant  la  relation  \Ji  =  -  ({J.)^-  avec  l'équation  (^  i  ),  on  obtient 


t-^]  =  4(^^»(': 


Les  résullals  uni  été  : 


u  C). 

V. 

[A]- 

g33o  volts 

174  ,0  Vllll^ 

212,6    J 

15444     » 

283,6      » 

214,6    ' 

.    2l3,3 

iSaoo     » 

244,5      » 

213,0    ' 

1 

Il  importe  de  remarquer  qu'une  erreur  de  i  pour  100  sur|  A]  a  pour  conséquence 
une  erreur  de  o,5  pour  100  sur  r  et  sur  c'  [formules  (I)  et  (H)]  et  qu'elle  n'entraîne, 
dans  les  conditions  de  nos  expériences,   qu'une  erreur  d'environ  o,  i    pour  100  sur  la 


valeur     =— 


ur     —      calculée  par  les  formules  de  I^orentz  ou  d'Abraham. 

Ouant  au  rapport  ->  nous  avons  pris  comme   base  la   valeur  — =  i  ,878  X  10'  (  Si- 
^  ,'^  M-» 

mon),  mais  en  Ini  substituant  la  valeur  —  =  1,77  x  10'  (Classen).   La  dillérence  qui 
en  résulterait  sur     —      ne  serait  que  de  0,6   pour  100  environ  dans  nos  expériences. 

Hèsullats.  —  Nous  avons  effectué  jusqu'ici  27  séries  de  mesures.  Afin  de 
les  grouper  en  un  seul  Tableau  qui  réunisse  les  expériences  faites  à  des 
vitesses  voisines,  nous  avons  pour  chaque  série  (y  et  v'  étant  connus),  calculé, 
par  les  formules  de  Lorentz  et  d'Abraham,  les  rapports  —  et  7-  • 
On  en  déduisait  alors 


^  -  if!  liil 


(')  <  )n  sait  que    la  masse  (p.)  dans   la    solution   t.£=-(p.)r-  dilTére  un   peu  delà 

masse  transversale  f/  [formule  (1)]. 

C)  L'électromètre  mesurant  le  potentiel  U  a  été  comparé  à  un  electrométre  absolu. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  J29 

Le   Tableau   suivant   permet  de   comparer  —  à  la  valeur  calculée  | — 

dans  les  deux  hypothèses.  Chaque  chiffre  est  la   moyenne  de  trois  séries 
d'expériences  : 

Hypothèses  de  Lorenlz.  Hypolluses  il'Abraliaiii. 

Vitesse  jj^  \'à-\  '■'-  f''''  1 

des  rayons.  [J.,,  \^[>.„  )  Did'érences.  ;jl„  |  |i„  |  Dilléicnces. 

80845 1,045  i,o38  +0,007  i,o4o  i,o3o  4-0,010 

96875 1,066  i,o5()  4-0, 010  1,060  i,o44  -1-0,016 

III  610 'J072  '1O77  — o,oo5  i,o65  1,061  4-0, oo4 

119050 1,082  'joSg  — 0,007  ')074  I1O71  4-0, oo3 

128940 i,ii5  1,098  4-0,017  I , io5  1,078  4-0,027 

126570 i,ii4  i,io3  -^0,011  1,106  1,082  +0,024 

i35  22o i,i33  1,120  -+-o,oi3  1,123  I  ^094  +0,001 

i4i  180 I ,  i36  I ,  i33  +o,oo3  1 ,  127  I ,  io3  +0,024 

147000 1,160  i,'47  +0,01 3  i,i5i  1,1 13  4o,o38 

Il  résulte  de  ces  chiffres  que  des  deux  formules  proposées,  celle  de  Lorentz 
paraît  seule  donner  des  résultats  compatibles  avec  l'expérience.  Les  diver- 
gences avec  la  formule  d'Abraham  atteignent  presque  4  pour  100,  alors 
qu'avec  la  formule  de  Lorentz  elles  sont  d'environ  i  à  2  pour  100.  En  outre, 
sur  les  ij  séries  d'observations,  l'expérience  donne  iG  écarts  positifs  et 
II  écarts  négatifs  (  formule  de  Lorentz)  pour  26  écarts  positifs  et  i  écart 
négatif  (formule  d'Abraham). 

Comme  dans  les  mesures  de  M.  Buclierer  et  de  M.  Hupka,  le  principe 
de  relativité  se  trouve  en  accord  avec  l'expérience. 


SPECTROSCOPIE.  —  Sur  le  spectre  de  flamme  à  haute  température  du  fer. 
Note  de  MM.  G. -A.  Hemsalech  et  C.  de  Watteville,  présentée  par 
M.  H.  Deslandres. 

Nous  avons  exposé,  dans  ces  Comptes  rendus.,  les  résultats  que  nous  a 
fournis  l'examen  du  spectre  du  fer  émis  par  des  flammes  de  diverses 
natures.  Nous  complétons  aujourd'hui  cette  étude  par  quelques  remarques 
relatives  au  spectre  que  donne  de  ce  métal  la  flamme  du  chalumeau  oxy- 
acétylénique. 

Nous  nous  sommes  servis  de  la  même  méthode  que  pour  les  autres 
flammes,  c'est-à-dire  que  l'oxygène  alimentant  le  chalumeau  traversait  un 
ballon,  au  centre  duquel  éclatait,  entre  des  électrodes  de  fer,  une  étincelle 
de  capacité.  Comme  nous  l'avons  déjà  observé  pour  le  spectre  du  calcium, 


33o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

le  cône  de  la  flamme  oxyacétylénique  n'émet  pas  un  spectre  qui  en  soit 
caractéristique  :  il  ne  donne  même  pas  toutes  les  raies  qui  se  trouvent  dans 
la  flamme,  seules  les  plus  fortes  de  celles-ci  sont  également  visibles  dans  le 
cône. 

Ayant  des  raisons  de  croire  que  toutes  ces  raies  ont  une  origine  ther- 
mique, nous  pourrions  peut-être  expliquer  la  non-présence,  dans  le  cône, 
de  certaines  d'entre  elles,  par  le  fait  que,  à  cause  de  la  forte  pression  des 
gaz  employés  et  de  la  petitesse  de  l'orifice  du  chalumeau,  le  fer,  très  divisé, 
entraîné,  traverse  les  parties  intérieures  de  la  flamme  avec  une  vitesse  assez 
grande  pour  que  la  chaleur  n'ait  pas  le  temps  d'exercer  sur  lui  son  action 
dissociante. 

L'identification  des  raies  a  été  faite  à  la  machine  à  diviser,  à  l'aide  d'un 
spectre  de  comparaison  qui  était  celui  de  l'étincelle  de  self-induction  du 
fer.  Si  l'on  compare  les  spectres  du  fer  que  donnent  les  diverses  flammes  à 
celui  de  la  flamme  oxyacétylénique,  on  trouve  que  ce  dernier  est  à  peu  près 
le  même  que  celui  émis  par  le  chalumeau  oxhydrique  ('),  sauf  qu'avec 
l'emploi  de  l'acétylène,  l'intensité  de  toutes  les  raies  se  trouve  augmentée 
à  tel  point  qu'une  pose  de  lo  minutes  suffit  pour  obtenir  l'image  d'un 
spectre  bien  développé. 

Ce  spectre  présente  une  particularité  intéressante  :  on  y  constate  l'appa- 
rition de  traces  de  quelques-unes  des  raies  qui  sont  caractéristiques  du  cône 
bleu  du  bec  Bunsen,  que  ce  cône  émet  exclusivement,  et  qui  font  partie  de 
ce  que  nous  avons  appelé  le  spectre  supplémentaire  (-).  Dans  le  cône  bleu, 
ces  raies  sont  dues  à  des  actions  autres  que  thermiques.  Il  est  évidemment 
possible  que  les  raies  de  ce  spectre  puissent  être  produites  également  par 
des  actions  purement  calorifiques,  mais  très  énergiques.,  et  qu'alors  la  tem- 
pérature du  chalumeau  oxyacétylénique  soit  voisine  de  celle  qui  est  néces- 
saire à  leur  émission.  Le  Tableau  suivant  donne  les  longueurs  d'onde  de 
ces  raies  particulières  que  nous  avons  observées  : 

latensités  relatives. 


Flamme 
>i  oxyacélylénique.  Cl^ne  du  bec  Bunsen. 

3883,39 0,5  I 

3935,92 00  3  (raie  renforcée) 

4172 ,20 o  o 

(')   Comptes  rendus,  11  mai  1908. 
(-)   Comptes  rendus,  21  avril  1908. 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    I910.  33 1 

Intensités  relatives. 

Flamme 
X  oxyacétylénique.  Cône  du  bec  Bunsen. 

4233,76 00  2 

4447^85 00  0 

4528,78 0,5  I 

î?0'^9 j    ,,  3 

489' '62 ) 

J9'9''i \      o  3 

4920 '63 ) 

4957^43 I  . 

4957-80 i      °  '» 

Toutes  ces  raies  s'obtiennent  aisément  dans  le  cône  du  bec  Bunsen,  mais, 
comme  on  peut  s'en  rendre  compte  d'après  les  intensités  qui  figurent  ci- 
dessus,  elles  ne  sont  émises  qu'avec  difficulté  par  la  flamme  oxyacétylé- 
nique. Il  est  intéressant  de  noter,  parmi  elles,  la  présence  d'une  raie  ren- 
forcée (enhanced  Une  de  Lockyer),  A  :=  3935,92;  toutes  les  autres  raies  de 
notre  spectre  oxyacétylénique  sont,  plus  ou  moins,  des  raies  de  basse  tem- 
pérature, lesquelles  sont  bien  visibles  dans  toute  la  hauteur  des  diverses 
flammes  que  nous  avons  examinées  jusqu'ici.  Grâce  à  une  communication 
particulière  faite  à  l'un  de  nous  par  le  D''  S. -A.  Kinj;',  de  l'Observatoire  du 
mont  Wilson,  nous  avons  été  mis  à  même  de  comparer  nos  résultats  avec 
ceux  qu'il  a  obtenus  dans  le  four  électrique  dont  la  température  est  du 
même  ordre  de  g;randeur  que  celle  de  notre  flamme  : 

Raies  absentes  du  four  électrique  Intensités  relatives 

ou  ne  s'y  présentant  — — ^^^i^^___--^— _^.^^""^  — ~ 

que  sous  forme  dans  la  flamme  dans  le  cône  bleu 

de  faibles  traces.  oxyacétylénique.      de  la  flamme  Bunsen. 

3997'49 »                                    2 

4118,62 »                                    2 

4i8i,85 »                             2 

4187,17 

4187,92 

4191  )37 00                              1 

4198-42 )  (2 

4>99.'9 \  l    2 

4233,76. 00  2 

4235,09 o  4 

4260,64. I  5 

Comme  on  le  voit,  ces  raies  présentent  le  même  caractère  dans  la  flamme 


332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

oxyacétylénique  que  dans  le  four  éleclrique,  celui  d'apparaître,  dans  les 
deux  cas,  seulement  sous  forme  de  traces,  quand  elles  ne  sont  pas  absentes. 
La  troisième  colonne  du  Tableau  montre  que,  grâce  à  des  actions  spéciales, 
ces  raies  sont,  au  contraire,  Facilement  émises  par  le  cône  bleu  du  bec 
Bunsen. 

Le  Tableau  suivant,  non  moins  significatif,  indique  que  les  raies  bien 
visibles  dans  le  four  le  sont  aussi  dans  la  flamme  oxyacétylénique. 


Raies 
de  basse  température 

bien  visibles 
dans  le  four  (  Kiiig  ). 


4i32,i5. 
4i43,5o. 
4143,96. 
4202, i5. 
4271,30. 
4271,93. 
4307,96. 


Intensités 

relatives 
dans  la  flamme 
oxyacétylénique. 

3 
I        ^ 

4 

I   « 

6 


lUies 
de  basse  température 

bien  visibles 
dans  le  four  (  King  ). 

4-^25 -92 

4376,04 

4383,70 

4404,88 

44iô,27 

44''.7,44 


Intensités 

relatives 

dans  la  flamme 

oxyacétylénique. 

6 

4 

8 
6 

3, .5 
4 


Nos  résultats  corroborent  donc  ceux  de  M.  King  en  ce  qui  concerne 
l'origine  thermique  de  la  plupart  de  ces  raies. 


PHYSIQUE.  —  Sur  le  radiochroïsme  des  corps  organiques  iHS-à-vis  des  rayons  x, 
j3  et  Y  du  radium  et  des  rayons  X.  Note  de  M.  Glillesii.vot,  présentée 
par  M.  Villard. 

Quand  on  fait  agir  les  rayons  X  de  diverses  qualités  sur  les  tissus,  les 
effets  biochimiques  produits  paraissent  être  fonction  des  quantités  absorbées 
par  unité  d'épaisseur  ou  de  masse,  quantités  que  j'ai  proposé  d'appeler 
doses  efficaces,  quelle  que  soit  la  qualité  de  ce  rayonnement. 

Je  me  suis  demandé  si  cette  relation  pouvait  s'étendre  aux  rayons  p  du 
radium  et  même  aux  a,  comme  le  faisaient  prévoir  quelques  expériences  do 
physiologie  végétale  que  j'ai  décrites  antérieurement. 

L'expérimentation  est  relativement  simple,  car  il  est  inutile  ici  de  dis- 
socier par  les  champs  magnétiques  les  trois  rayonnements  du  raduim, 
puisqu'il  s'agit  simplement  d'apprécier  la  dose  d'énergie  globale  abs  ibée 
parles  couches  successives  de  tissus. 

D'une  façon  générale,  voici  à  quoi  se  résument  les  données  de  ce  gros 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  333 

problème  de  biologie  :  quand  on  veut  connaître  la  dose  efficace  agissant 
sur  un  élément  plasmique,  par  exemple,  situé  derrière  2'""'  de  peau,  de 
graisse,  de  tissu  conjonctif,  etc.,  il  faut  :  1°  considérer  les  tissus  inter- 
posés comme  des  fdtres  et  étudier  le  rayonnement  lel  qu'il  sort  de  ces 
filtres;  2''  déterminer  la  courbe  d'absorption  de  ce  rayonnement  à  travers 
un  corps  homogène,  semblable  à  la  substance  de  l'élément  plasmique  consi- 
déré; 3°  tirer  de  cette  courbe,  par  graphique,  la  courbe  des  doses  eflicaccs, 

qui  en  est  la  dérivée  :  '-—  (q,  quantité  absorbée,  t,  épaisseur  traversée),  ou 

courbe  du  pouvoir  absorbant. 

Cette  courbe  donne  à  son  origine  le  pouvoir  absorbant  de  l'élément  con- 
sidéré évalué,  dans  mon  système  de  mesure  fluorométrique,  en  unités  M 
par  millimètre. 

Je  vais  indiquer  ici  le  mode  opératoire  que  j'ai  employé  pour  déterminer  le  pouvoir 
absorbant  du  radium  par  les  corps,  par  un  procédé  rapide  utilisable  en  Biologie  expé- 
rimentale. Je  donnerai  en  même  temps  comme  exemples  les  résultats  relatifs  à  l'alumi- 
nium et  à  la  paraffine,  corps  dont  Benoist  a  déjà  étudié  le  radiochroïsme  vis-à-vis  des 
rayons  X. 

Mode  opératoire.  —  Je  place  au  fond  de  mon  fluoromètre  un  écran  de  platino- 
cyanure  de  baryum,  sans  monture,  c'esl-à-dire  fait  de  cristaux  agglutinés  par  le  col- 
lodion,  sans  doublure  de  bristol.  Comme  pour  les  mesures  du  rayonnement  X,  deux 
plages  voisines  sont  irradiées,  l'une  par  l'étalon  de  radium  placé  à  2"^  dans  un  tube  de 
plomb,  l'autre  par  le  tube  à  rajons  X,  maintenu  à  régime  constant  par  une  flamme  de 
chalumeau  permanente  à  l'extrémité  de  son  osmo.  Le  fluoromètre  glisse  sur  des  rails- 
Un  ruban  métrique  donne  les  dislances  à  l'anlicalliode. 

Ici  c'est  le  rayonnement  X  qui  sert  d'étalon.  Devant  le  sel  de  radium  étudié  op  fait 
passer  les  filtres  d'épaisseurs  croissantes  de  la  substance  à  étudier.  On  note  les  dis- 
tances, d,  d ,  d" ,  auxquelles  on  doit  se  placer  du  centre  de  l'anticathode  pour  obtenir 
l'égalité  de  fluorescence  des  plages  quand  le  radium  est  à  nu,  ou  quand  des  filtres  de 
o^^jOS,  o™",  10,  o'"™,  i5.  .  . . ,  de  différentes  substances  sont  interposés  (').  L'inten- 
sité du  rayonnement  est  inversement  proportionnelle  aux  carrés  d-.  d"^,  d"'-,  .  ...  ou 

directement  proportionnelle  à  -^>  — tt,  -tt--  On  pourcente  les  résultats  pour  100  unités 

d-    d  -    d  -  "^  '^ 

initiales  et  l'on  prend  les  moyennes  d'une  série  d'observations. 

Résultats  expérimentaur.  —  Voici  les  résultats  obtenus  pour  l'aluminium 


(')  J'ai  obtenu  ces  filtres  pour  la   paraffine  en  trempant  du   papier  de  soie,   très 
léger,  dans  de  la  paraffine  fondue. 


334  ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

et  la  paraffine  : 

Quantités  transmises. 
Epaisseur  des  filtres.  Aluminium.  Paraffine. 

mm  M  M 

o I  oo  1 00 

o ,  o5 80  86 

0,10 66  77 

o,  i5 54  67,5 

0,20 45  59,5 

0,25 38  53 

o,3o 33  48 

0,35 , . . .  »  42,5 

0,40 26  38 

0,45 »  34 

o,5o 22  3o,5 

0,60.. 18,7  27,5 

0,70 16,1  24,7 

0,80 i3,9  23 

0,90 12  21,5 

i 10,3  20 

1,5 3,7  i3,8 

2 »  9,5 

2,5 »  6,8 

3 »  4,8 

3,5 »  3,5 

Si  j'ai  choisi  ces  deux  corps,  c'est  pour  montrer  leur  profonde  différence  de  radio- 
chroïsme.  Si  l'on  observe  ce  qui  se  passe  de  o™"  à  o^^jSo  d'aluminium  ou  de  0°"° 
à  o"",85  de  paraffine,  on  voit  que  les  épaisseurs  de  ces  deux  corps  capables  d'absorber 
les  mêmes  doses  globales  de  rayonnement  sont  dans  le  rapport  de  5  à  8  environ  : 
5  d'aluminium  équivaut  à  8  de  paraffine.  Or  ce  sont  les  rayons  «  et  (3  qui  sont  absorbés; 
laissons  les  ^  de  côté,  ils  sont  si  peu  pénétrants  qu'ils  comptent  à  peine  sur  le  réactif 
à  la  première  mesure,  mais  ce  sont  les  (3  mous  et  moyens  qui  imposent  leur  loi  à  la 
courbe.  A  partir  de  o""°,5o  d'aluminium  et  o™"',85  de  paraffine,  on  peut  évaluer 
qu'il  reste  i5  à  20  pour  100  de  rayons  (3  et  la  totalité  des  y  :  10  pour  100.  A  partir  de 
ce  momeat,  le  régime  des  (3  s'efface  de  plus  en  plus  devant  celui  des  y,  et  l'on  voit  ce 
rapport  I  diminuer  rapidement,  il  a  déjà  dépassé  ~  à  i'"",5  d'aluminium  (i™™, 5  d'alu- 
minium équivaut  à  peu  près  à  3™", 5  de  paraffine).  Si  l'on  compare  l'aluminium  à  la 
paraffine  dans  la  gamme  X,  on  sait  que  3""°,  5  de  paraffine  équivalent  à  peine  à  o""",  2 
d'aluminium. 

De  ces  considérations  il  résulte  que  la  paraffine,  qui  en  cela  se  rapproche 
des  tissus  organiques,  possède,  comparativement  à  l'aluminium,  une  puis- 
sance absorbante  remarquablement  élevée  pour  les  a  et  les  j3  du  radium,  et  le 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  335 

taux  d'absorption  millimétrique  est  considérable  pour  les  premières  couches 
traversées,  d'où  l'action  si  puissante  du  rayonnement  du  radium,  même  à 
faible  dose,  sur  les  premières  couches  épidermiques  et  les  lésions  superfi- 
cielles quand  il  n'est  pas  filtré.  La  courbe  de  ces  taux  d'absorption  millimé- 
trique apporte  une  confirmation  à  la  loi  que  j'énonçais  au  début  de  cette 
Note. 


PHYSIQUE.   —  Sur  remission  de  charges  ëieclriqnes  par  tes  mélaux  alcalins. 
Note  de  M.  Louis  Dusîoyek,  présenb^e  par  M.  P.  Vil  lard. 

M.  J.-J.  Thomson  a  décrit  une  expérience  (')  dans  laquelle  le  rubidium 
ou  l'alliage  liquide  sodium-potassium  émettaient  des  corpuscules  négatifs 
même  dans  l'obscurité.  Aucune  indication  n'étant  donnée  sur  l'ordre  de 
grandeur  du  phénomène  observé  et  les  détails  de  cette  importante  expé- 
rience, qui  ne  paraît  pas,  à  ma  connaissance,  avoir  été  répétée,  il  n'est  peut- 
être  pas  sans  intérêt  de  communiquer  les  observations  suivantes,  qui  confir- 
ment le  fait  énoncé  et  suggèrent  une  autre  interprétation  du  phénomène: 

L'appareil  se  compose  d'un  tube  de  verre  dans  lequel  pénètrent  deux,  fils  de  platine 
parallèles  à  l'axe  du  lube,  et  à  25""' environ  l'un  de  l'autre.  L'un  de  ces  fils  est  soudé 
directement  à  travers  la  paroi  de  verre;  l'autre  est  soudé,  au  moyen  d'une  perle  de 
cristal,  sur  l'extrémité  d'un  petit  tube  de  platine  qu'il  traverse  axialemenl  et  dont  l'autre 
extrémité  est  soudée  à  la  paroi  du  tube  de  verre.  Cette  électrode  est  reliée  à  une  paire 
de  quadrants  d'un  électromètre  Curie,  dont  l'autre  paire  est  au  sol,  ainsi  que  le  petit 
tube  de  platine,  qui  sert  ainsi  d'anneau  de  i^arde;  on  peut  obtenir,  dans  ces  conditions, 
comme  je  l'ai  montré  précédemment  (-),  un  excellent  isolement.  L'autre  électrode  est 
portée  à  un  potentiel  connu  au  moyen  d'une  batterie  d'accumulateurs  dont  l'autre 
pôle  est  au  sol.  Sur  l'extrémité  du  tube  de  verre  opposée  à  celle  par  où  sortent  les 
électrodes,  est  soudé  un  tube  étroit  terminé  par  une  petite  ampoule  contenant  le  rubi- 
dium. Ce  métal  (^)  y  est  amené  à  l'état  de  pureté  par  distillation  lente  dans  le  vide  de 
Crookes,  et  le  lube  a  été  séparé  de  la  pompe  à  mercure  après  que,  par  chaufTage  et 
passage  de  la  décharge,  le  vide  se  maintînt  assez  complet  pour  que  la  paroi  de  verre 
ne  manifestât  plus  la  fluorescence  verte.  Pendant  le  passage  de  la  décharge,  la  paroi 
interne  du  tube  se  recouvre  par  projection  cathodique  d'une  très  légère  couche  Irans- 

(')  Phil.  Mag.,  t.  X,  190.5,  p.  584. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  1120. 

(')  Le  rubidium  brut  que  j'ai  employé,  déjà  très  pur,  a  été  préparé  par  la  méthode 
de  M.  Hackspill  (réduction  dans  le  vide  du  chlorure  par  le  calcium)  à  qui  j'en  suis 
redevable. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N-  6.)  45 


336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parente  île  plaline.  Il  en  résulte  que  le  potentiel  du  rubidium  est  toujours  de  même 
sif^ne  que  celui  de  rélectrode  non  isolée  et,  à  cause  de  la  symétrie  du  tube,  sensible- 
ment égal  à  la  moitié  de  celui  de  cette  électrode.  Ceci  permet  de  séparer  les  charges 
émises  directement  par  le  métal  et  celles  qui  peuvent  prendre  naissance  dans  le  gaz 
résiduel  sous  l'action  des  premières.  Les  corpuscules  étant  émis,  en  effet,  sous  des 
vitesses  faibles,  comme  on  le  verra,  on  peut  admettre,  en  première  approximation, 
que  l'électrode  isolée  n'en  reçoit  aucun  si  elle  est  négative;  les  charges  qu'elle  reçoit 
sont  alors  uniquement  les  charges  +  q  produites  dans  le  gaz;  quand  elle  est  positive, 
au  contraire,  elle  reçoit  les  charges  négatives  émises  par  le  métal  et,  en  outre,  les 
charges  — q  produites  dans  le  gaz  en  même  quantité  qu'auparavant  à  cause  de  la  dis- 
position symétrique  des  électrodes  par  rapport  au  rubidium.  La  somme  algébrique 
des  courants  recueillis  dans  les  deux  cas  donnera  donc  la  charge  émise  par  le  métal 
et  parvenue  à  l'électrode  isolée. 

Pour  faire  les  mesures,  l'appareil  était  placé  dans  un  tube  de  laiton  noirci  intérieu- 
rement et  extérieurement,  les  connexions  sortant  à  travers  le  couvercle  par  de  très 
petits  trous.  Autour  de  ce  tube  en  était  un  autre.  Aucune  lumière  ne  paraissait  pou- 
voir parvenir  au  rubidium.  D'ailleurs,  la  salle  était  plongée  dans  l'obscurité  complète 
et  le  miroir  de  l'électromètre  était  éclairé  au  moyen  d'une  lampe  électrique  qu'on 
allumait  pendant  (juelques  secondes  seulement  pour  faire  les  lectures.  Par  surcroît 
de  précaution,  cette  lampe  était  enfermée  dans  une  boîle  dont  les  rayons  ne  pouvaient 
sortir  que  par  une  petite  ouverture. 

Voici  ce  qu'on  observe  :  la  sensibilité  de  l'électromètre  étant  telle  qu'un 
déplacement  de  i"""  par  seconde  sur  l'échelle  corresponde  sensiblement  à 
l'arrivée  d'un  courant  de  2.io~'^  ampère  sur  l'électrode  isolée,  on  con- 
state l'arrivée  certaine  de  charges  négatives  sur  cette  électrode,  quand  le 
potentiel  (négatif)  du  rubidium  dépasse  une  vingtaine  de  volts.  Ces  charges 
augmentent  de  plus  en  plus  vite  quand  le  potentiel  du  métal  augmente. 
Voici  quelques  nombres,  à  titre  d'indication  : 

Polentiels  ilu  mùtnl.  Courants. 

volis  ampiTc 

—  5o  0,8.  IQ-'* 

—  60  1,2.  I0~'* 

—  70  3,0.  lO"" 

—  80  ,5,0.  I0~" 

—  90  9.0.  IO~'* 
— 100  17,0.10-" 
— 110  60,4. 10''' 

Cette  croissance  rapide  dans  des  champs  faibles  s'explique  en  supposant 
qtie  les  corpuscules  sont  émis  par  le  métal  dans  toutes  les  directions  et  sous 
des  vitesses  faibles.  Quand  le  champ  électrique  agissant  sur  eux  augmente, 
un  nombre  de  plus  en  plus  grand  atteint  l'électrode  isolée.  On  sait  que 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  IQIO.  337 

M.  Lcnard  (  '  )  a  constaté  lo  même  phénomène  pour  les  corpuscules  émis  par 
le  zinc,  sous  l'influence  de  la  lumière  ultraviolette. 

La  plus  faible  lumière  augmente  le  phénomène  dans  des  proportions 
énormes.  Si  l'on  fait  passer  à  travers  le  tube,  entre  les  électrodes,  un  faisceau 
de  lumière  large  de  2'"™,  haut  de  10™™,  provenant  d'un  arc  au  mercure  et 
filtré  par  G'"""  à  7"""  de  verre,  dirige  de  telle  sorte  qu'aucun  éclairemcnt 
visible  ne  se  produise,  ni  sur  les  électrodes,  ni  sur  le  métal,  éloigné  de  plus 
de  j""",  on  obtient  les  résultats  suivants  (")  : 

Polenliels  du  niélal.  Courants. 

—  10  i4,6.io*'" 

—  20  27  .  io~"' 

—  3o  38. 10-'» 

—  4o  '18,5.10-" 

Le  courant  recueilli  croît  donc  plus  vite  que  le  voltage  du  métal,  mais  à 
peu  près  linéairement.  Il  n'y  a  aucune  trace  de  saturation. 

Lorsque  l'électrode  isolée  est  positive  et  que  son  potentiel  est  inférieur 
à  une  centaine  de  volts,  le  courant  est  nul  au  degré  de  sensibilité  employée. 
Si  l'on  double  ce  potentiel,  l'ionisation  par  les  chocs  commence  à  se  pro- 
duire et  des  charges  positives  à  parvenir  sur  l'électrode  isolée. 

L'actiond'un  champ  magnétique  perpendiculaire  à  la  direction  moyenne 
du  faisceau  diminue  l'arrivée  des  charges  négatives  dans  une  proportion 
décroissante  à  mesure  ([ue  le  champ  clecirique  augmente  (5o  pour  100  à 
10  pour  100  ). 

Dans  cette  opération,  il  semble  certain  qu'une  certaine  quantité  de  lumière, 
très  faible  pourtant,  parvient  au  métal  par  réflexion  diffuse.  L'expérience 
suivante  fait  penser  à  «l'action  possible  des  rayonnements  de  grande  lon- 
gueur d'onde.  Les  petites  ouvertures  de  la  boite  de  laiton  utilisées  dans 
l'expérience  précédente  furent  masquées  par  deux  demi-lubes  de  laiton 
places  extérieurement  et  noircis,  dont  le  haut  était  encore  protégé  par  des 
écrans.  En  revenant  à  l'emploi  de  l'électromètre  sans  capacité  adjointe,  j'ai 
constaté  que  le  fait  d'allumer  un  bec  Auer  à'i^jSo  environ  doublait  à  peu 
près  la  quantité  de  charges  négatives  recueillies.  On  peut  se  demander  si  le 

(')  Ann.  de  Phys,,  l.  II,  1900.  j).  35().  —  Mémoire  Lrailuit  dans /o/ii,  h'ieetroiis, 
Corpuscules^  t.  I,  p.  898. 

(-)  I-'our  elTecUter  les  mesures  il  faut,  dans  ce  cas,  adjoindre  à  la  paire  de  quadrants 
une  capacité  de  0,1  microfarad. 


338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

phénomène  n'est  pas  produit  par  des  ondes  de  longue  période  diffraclées 
à  travers  les  petites  ouvertures  masquées. 

Cela  conduit  aussi  à  considérer  comme  possible  l'explication  du  piiéno- 
mène  observé  dans  l'obscurité  complète  par  i action  sur  le  métal  du  rayonne- 
ment d'équilibre  existant  à  la  température  ordinaire  à  l'intérieur  du  corps  noir 
où  est  placé  le  métal.  Ceci  revient  à  admettre  à  la  température  ordinaire  une 
persistance  suffisante  de  l'effet  Edison,  si  les  électrons  mis  en  jeu  dans  le 
phénomène  photo-électrique  sont  des  électrons  libres  ou  de  conductibilité, 
sans  que  les  faits  expérimentaux  paraissent  rendre  nécessaire  riiypothèse, 
proposée  par  M.  J.-J.  Thomson,  d'une  explosion  spontanée  des  atomes, 
analogue  à  la  destruction  des  atomes  radioactifs.  Il  semble  donc  qu'il  y 
aurait  intérêt  à  répéter  l'expérience  à  très  basse  température.  C'est  ce  que 
je  me  propose  de  faire  prochainement. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  réduclion  des  dérivés  nitrosés  de  l'acétyl-  et 
du  henzoylhydrazobenzéne.  Note  de  M.  Louis  jXomblot,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

La  réduclion  des  nitrosamines  secondaires  fournit,  comme  on  sait,  dans 
certaines  conditions,  des  hydrazines  dissymétriques.  On  pouvait  supposer 
qu'un  processus  analogue  permettrait  d'obtenir  des  dérivés  du  triazane  à 
partir  des  dérivés  nitrosés  des  acidylhydrazo-benzènes  : 

G«H'_  N  -  N  -  C=H'  ->  C«H'—  N  -  N  —  C-W- 
R.CO    NO  U.CO   NH^ 

C'est  dans  ce  but  que  j'ai  soumis  à  l'action  de  divers  réducteurs  les  acétyl- 
et  benzoylnitrosohydrazobenzèncs. 

Avec  l'hydrate  d'hydrazine  en  solution  alcoolique,  il  y  a,  lentement  à 
froid,  plus  rapidement  à  chaud,  départ  d'ammoniaque  et  régénération  de 
l'acidylhydrazobenzènc. 

7\vec  l'amalgame  d'aluminium,  à  froid,  on  obtient,  à  côté  d'une  certaine 
quantité  de  dérivé  acidylé,  de  l'aniline  et  de  l'acétanilide  ou  de  la  benzani- 
lide,  suivant  le  composé  d'où  l'on  est  parti.  Il  en  résulte  que,  dans  une  partie 
du  produit,  la  molécule  du  dérivé  hydrazoïque  est  scindée  entre  les  deux 
atomes  d'azote;  cette  réaction  pourrait  être  utilisée  en  certains  cas  pour 
établir  la  constitution  des  dérivés  hydrazoïques. 

Enfin  la  réduction  de  1  acétylnitrosohydrazobenzènepar  la  poudre  de  zinc 


SÉANCE    DU    7    FÉVRIER    1910.  iiJSg 

et  l'acide  acétique,  efl'ectuée  entre  0°  et  +  5°  dans  les  conditions  indiquées 
par  E.  Fischer  ('),  n'a  fourni  aucun  produit  réducteur. 

En  résumé,  la  réduction  des  dérivés  nitrosoacidylés  de  l'hydrazobenzène 
ne  permet  pas  d'obtenir,  même  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  de 
dérivés  du  triazane. 

Le  nitrosoacélylhydrazobenzène  s'obtient  en  faisant  tomber  à  la  lempéralure  ordi- 
naire une  solution  alcoolique  d'acide  chlorlivdrique  en  quantité  calculée,  dans  une 
éinulsion  d'acélyihydrazobenzène  dans  raicooi,  additionnée  de  la  quantité  théorique 
de  nitrite  d'étliyle.  Après  une  heure  ou  deux  d'agitation,  tout  s'est  dissous.  On  préci- 
pite par  l'eau;  le  dérivé  nitrosé  d'abord  huileux  se  solidifie  peu  à  peu;  on  le  purifie 
par  cristallisation  dans  l'éther,  d'où  il  se  dépose  -in  gros  prismes  jaunes  fusibles  à  65°. 
Modérément  soluble  dans  l'alcool  el  l'éther. 

Le  nUrosobenzoylfiydiazobenzhie  se  prépare  d'une  façon  analogue  à  partir  du 
benzoyihydrazobenzène,  à  cette  différence  prés  que  la  nitrosation  s'efl'eclue  sans  qu'il 
y  ait  dissolution  complète  du  produit.  On  essore  et  l'on  fait  cristalliser  dans  l'alcool; 
il  se  présente  en  paillettes  légèrement  jaunâtres  fondant  à  116",  5.  Peu  soluble  dans 
l'alcool  et  l'éther. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  la  désinfection  pw  la  combustion  incomplète  de 
la  paille.  Note  (  -  )  de  M.  A.  Trillat,  présentée  par  M.  A.  Laveran. 

.l'ai  montré,  dans  un  travail  antérieur  (')  sur  la  composition  des  fumées 
des  divers  combustibles,  que  ceu.v-ci,  selon  leur  nature  et  le  mode  de  com- 
bustion, étaient  susceptibles  de  fournir  des  produits  gazeux  antiseptiques 
en  proportions  assez  notables  pour  permettre  d'obtenir  la  stérilisation  en 
surface  de  quelques  germes  pathogènes.  J'ai  fait  aussi  ressortir  ('),  dans  une 
étude  bibliographique  sur  l'emploi  des  feux  et  des  fumées  dans  l'antiquité, 
que  celte  pratique,  abandonnée  aujourd'hui  depuis  l'avènement  des  mé- 
thodes guytoniennes,  reposait  cependant  sur  un  fondement  scientifique  et 
pouvait  être  utilisée  dans  certains  cas,  notamment  dans  la  désinfection  en 
surface  de  locaux  ne  craignant  pas  la  détérioration. 

Le  principe  de  cette  désinfection  repose  sur  la  présence  en  milieu  acide 
de  dérivés  aldéhydiques  et  polyphénoliques  qui  se  produisent  au  cours  de 
la  combustion  incomplète  de  la  paille. 

(')  E.  FiscHHit,  Alla.  CliL'in.,  t.  CXC,  p.  174. 
(^)  Présentée  dans  la  séance  du  10  janvier  1910. 
(^)  Annales  de  t' tnslitiit  Pasteur,  nov.  igo5. 
(  '  )  Ibid.,  nov.  igoS, 


34o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Leur  formation  est  due  à  l'oxydation  des  gaz  de  la  combustion  sur  le 
charbon  de  paille  porté  à  haute  température  :  ce  charbon,  par  sa  texture 
et  sa  surface,  constitue  en  effet  un  agent  catalytique  très  énergique  qui  pro- 
voque la  production  de  l'aldéhyde  forraique  à  un  état  plus  ou  moins  poly- 
mérisé  ;  le  mécanisme  de  cette  formation  se  trouve  donc  expliqué  par  l'oxy- 
dation des  principaux  produits  de  distillation  de  la  paille,  tels  que  les 
alcools  mélhylique  et  éthylique,  l'acide  acétique,  l'acétate  d'élhyle,  les 
hydrocarbures  et  l'acroléine  elle-même.  Je  me  suis  assuré,  par  des  expé- 
riences publiées  à  part,  que  tous  ces  corps  à  l'état  gazeux,  y  compris  l'acro- 
léine, étaient  oxydés  à  une  température  d'environ  4oo°,  en  donnant  nais- 
sance à  de  l'aldéhyde  formique  ou  plutôt  à  du  trioxyméthylène  (M. 

Le  dosage  des  dérivés  polymérisés  de  l'aldéhyde  formique  a  été  fait  en 
recueillant  les  fumées  dégagées  d'une  quantité  donnée  de  paille  sous  une 
cloche,  dans  un  récipient  contenant  une  solution  aqueuse  de  sulfate  de 
diméthylaniline.  On  a  calculé  le  poids  de  la  formaldéhyde  polymérisée 
d'après  celui  de  la  base  tétraméthylée  obtenue  ; 

CH-^0  +  2C«tPAz(CH')^=  H^O  +  CH='[C«  H'A7.(C1P)]=. 

Les  proportions  d'aldéhyde  obtenues  sont  très  différentes  selon  les 
conditions  dans  lesquelles  on  opère.  Elles  ont  varié  dans  mes  expériences 
de  2oo"'s  à  :i^  par  kilogramme  du  poids  de  la  paille.  A  ces  doses  d'aldé- 
hyde formique  polymérisée,  il  faut  ajouter  les  polyphénols  dont  l'action 
antiseptique  vient  s'additionner  à  celle  des  dérivés  aldéhydiques.  Enfin, 
il  y  a  lieu  de  tenir  compte  de  deux  facteurs  qui  augmentent  considérable- 
ment l'action  antiseptique.  Ce  sont  la  présence  de  l'acide  pyroligneux  et 
l'élévation  de  température.  On  sait  que  les  antiseptiques,  et  c'est  notam- 
ment le  cas  pour  l'aldéhyde  formique,  agissent  d'autant  plus  énergiquement 
que  le  milieu  atmosphérique  est  plus  acide  et  se  trouve  à  une  température 
plus  élevée. 

11  résulte  de  ces  considérations  que,  pour  obtenir  le  maximum  de  rdlet 
antiseptique,  on  devra  observer  certaines  pi'écautions  pour  brûler  la  paille. 
Il  faut,  tout  d'abord,  éviter  une  combustion  trop  complète,  sans  trop 
dépasser  la  carbonisation.  Dans  ce  bul,  on  dispose  la  paille  en  couche 
alternativement  sèche  et  humide,  de  manière  que  les  fumées  traversent 
les  parties  charbonneuses,  à  demi  consumées,  en  s'oxydant  à  leur  contact. 

(')  Ce  cliarbon  jouil  de  propriétés  aiUisepliquea  dues  en  partie  à  la  présence  de 
petites  proportions  de  lrioxyinétli_)lène  qui  y  restent  incorporées. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I9T0.  34 I 

L'élévation  de  température  du  local  à  désinfecter  et  qui  doit  atteindre  au 
moins  3o°  pour  être  efficace,  est  obtenue  par  des  feux  de  paille,  placés  en 
divers  points.  On  doit  autant  que  possible  boucher  les  ouvertures. 

Voici  un  exemple  de  désinfection  d'un  espace  de  140"'°  dans  lequel  il  a 
été  brûlé  i8''6  de  paille;  la  température  de  l'espace  a  atteint  35",  et  les 
objets  contaminés  ont  été  ensemencés  après  12  heures  de  contact  avec  les 
fumées  : 

Témoins  Coli-liacille.  Bacille  typhique.  Charbon  sporulé.               Diphtérie, 

pour  —  —  —                                      — 

cliai|ue  essai.  Olijcls  Objets  Objets                            Objets 

—  contaminés  :  10  contaminés  :  12  contaminés  :  12  contaminés  :  10 

contaminés  :  12  ont  ont  été  ont  ont  été  ont  ont  été  ont  ont  été 

Observations.  ont  cultivé.  cultivé,    stérilisés.         cultivé,    stérilisés.         cultivé,    stérilisés.       cultivé,    stérilisés 

Après  2  jours 12         o      16       o      12       o      12       o      10 

)i   1 4  »  »         o      16       I      II       2      10       o      10 

»   20  »  0         o      16       I      I  i       5      7       o      10 

La  désinfection  par  la  méthode  discontinue,  en  répétant  les  opérations 
de  chauffage,  donne  encore  des  résultats  plus  probants. 

On  constate,  après  chaque  opération,  la  formation  d'un  léger  enduit  jau- 
nâtre sur  les  parois  et  les  objets,  ce  qui  limite  l'application  de  la  méthode  à 
des  cas  particuliers  comme  ceux  de  la  désinfection  des  caves,  des  écuries, 
des  égouts,  des  tunnels,  des  cavernes,  etc.  Le  procédé  ne  peut  donner 
qu'une  désinfection  de  surface  et  A'espace  :  son  efficacité,  très  nette  pour 
des  germes  pathogènes  peu  résistants,  paraît  douteuse  pour  lés  formes  spo- 
l'ulées  à  moins  de  renouveler  plusieurs  fois  l'opération. 

Comme  on  le  voit,  les  anciennes  méthodes  reposaient  sur  un  véritable 
principe  scientifique;  elles  sont  certainement  encore  susceptibles  d'être 
améliorées  en  utilisant  ces  notions  nouvelles. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Contrihiition  à  l'étude  des  réactions  dues  à  Vétal 
colloïdal  du  lait  cru.  Note  de  MM.  F.  Bordas  et  Touplaiîî,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 

Nous  avons  établi  précédemment  que  la  caséine  du  lait  de  vache,  bien  que 
chauffé  à  1 10°,  décomposait  encore  l'eau  oxygénée,  et  que  sous  l'influence 
des  sels  de  chaux  contenus  dans  le  lait,  il  se  produisait,  en  présence  de  la 
paraphénylènediamine,  une  coloration  bleue. 


342  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Comme  on  ne  peiil  admettre  l'existence  d'enzymes  dans  nn  liquide  cliaull'é  à  iio° 
et  que  d'ailleurs  la  réaction  se  produit  en  deliors  de  toute  action  diaslasique,  ainsi  que 
nous  l'avons  précédemment  établi,  il  était  nécessaire  d'étudier  d'un  peu  plus  près  le 
mécanisme  de  toutes  ces  transformations. 

Nous  sommes  donc  conduits  à  reclierclier  les  causes  qui  favorisent  la  décomposition 
de  l'eau  oxygénée  dans  le  lait  :  c'est  ce  point  spécial  qu'il  faut  élucider  tout  d'alxud, 
puisque  la  théorie  des  enzymes  peroxydantes  du  lait  cru  est  basée  exclusivement  sur 
cette  décomposition  spontanée  de  l'eau  oxygénée. 

<  )n  sait  que  l'eau  oxygénée  est  décomposée  par  une  foule  de  corps  poreux  (cellulose, 
tripoli,  pierre  ponce,  etc.)  de  corps  insolubles  finement  pulvérisés  et  secs  (talc,  sable, 
carbonate  de  chaux,  etc.). 

L'exporience  démontre  que  tous  ces  corps  inertes  produisent,  lorsqu'on 
les  ajoute  à  un  lait  préalablenient  chaulTé,  les  réactions  colorées,  caractéris- 
tiques attribuées  jusqu'ici  aux  enzymes  peroxydantes. 

On  sait  aussi  que  les  solutions  métalliques  colloïdales  décomposent  l'eau 
oxygénée  avec  plus  ou  moins  d'intensité,  mais  la  plupart  de  ces  collo'ides 
sont  déjà  colorés  et  nous  ne  pouvions  les  utiliser  dans  les  essais  que  nous 
voulions  entreprendre.  Nous  avons  dt'i  aussi  laisser  de  côté  tous  les  collo'ides 
organiques  puisque  ces  derniei^s  posséderaient  déjà  des  enzymes. 

Nos  recherches  nous  ont  amenés  à  nous  servir  de  l'oxalate  de  fer  et  du 
lactate  de  fer.  Ces  deux  sels  jouissent  de  la  propriété  de  décomposer  non 
seulement  l'eau  oxygénée,  mais  encore  de  donner  toutes  les  réactions  carac- 
téristiques des  enzymes  du  lait  cru. 

Le  lactate  de  fer  décompose  iiiême  l'eau  oxygénée  avec  une  telle  intensité, 
que  ce  sel  devrait,  d'après  les  théories  admises,  posséder  une  catalase  1res 
active.  Nous  nous  réservons  de  revenir  plus  tard  sur  ce  point  spécial. 

(jn  obtient  des  résultats  tout  aussi  concluants  en  employant  de  l'argile 
collo'idale,  laquelle  se  prépare  très  facilement  en  suivant  la  technique 
indiquée  par  Schlo^sing.  L'expérience  prouve  que  ce  liquide  collo'idal 
décompose  l'eau  oxygénée,  et  l'on  obtient  encore  toutes  les  réactions  colorées 
caractéristiques  des  enzymes  peroxydantes  du  lait  cru. 

Nous  devrions  donc  conclure  que  l'oxalate  de  fer,  le  lactate  de  fer, 
l'argile  contiennent  des  anaéroxydases,  des  catalases,  etc.,  et  ces  conclu- 
sions seraient  aussi  légitimes  que  celles  qui  découlent  des  travaux  faits  dans 
ce  sens  sur  le  lait  cru. 

Mais  si,  abandonnant  la  théorie  des  enzymes  peroxydantes  du  lait  cru, 
nous  rattachons  tous  ces  phénomènes  à  un  phénomène  catalytique  provoqué 
par  l'état  colloïdal  du  lait  cru,  nous  aurons  immédiatement  l'explication  de 
toutes  les  réactions. 


SÉANCE  UU  7  FÉVRIER  19IO.  343 

Nous  avons  voulu,  pour  que  la  démonslralion  fut  plus  frappante  encore, 
rétablir  en  partie  Tétat  colloïdal  d'un  lait  après  l'avoir  détruit  par  la  chaleur. 
On  y  arrive  en  faisant  l'expérience  suivante  : 

Prenons  du  lait  cru,  ou  mieux  encore  du  lail  cru  complètement  écrémé,  portons  ce 
lait  à  la  température  de  85°  afin  de  n'avoir  aucune  coloration  avec  les  réactifs  géné- 
lalement  utilisés,  puis  faisons-lui  subir  une  sorte  de  laminage,  de  façon  à  pulvériser 
la  caséine  à  un  degré  de  finesse  telle  qu'elle  reste  en  suspension  dans  le  lactosérum; 
ou  y  arrive  en  employant  le  procédé  dit  de  fixation,  qui  consiste  à  faire  jaillir  un  jet 
très  fin  de  lait  contre  un  plateau  d'agate  sous  une  pression  de  Soc'"'". 

Pour  plus  de  précautions  ce  lait  est  ensuite  stérilisé  à  iio".  Dans  ces  conditions, 
l'expérience  démontre  qu'alors  que  le  lait  initial  chauffé  à  85°  était  sans  action  sur 
les  réactifs,  le  lait  pulvérisé  et  chauffé  à  1 10°  décompose  l'eau  oxygénée  et  se  colore  en 
bleu  avec  le  réactif  de  Storch. 

Nous  pensons  que  ces  résultats  démontrent  suffisamment  l'inutilité  de 
l'intervention  d'anaéroxydases,  de  catalases,  etc.,  pour  expliquer  les  phéno- 
mènes de  décomposition  de  l'eau  oxygénée  dans  le  lait  cru. 

Pour  ceux  qui  admettent  la  présence  dans  le  lait  d'enzymes  variées,  le 
chauffage  à  85"  présente  ce  grave  inconvénient  d'en  modilier  profondément 
les  propriétés  physiologiques. 

L'expérience  précédente  montre,  en  ce  qui  concerne  tout  au  moins  les 
peroxydases,  qu'il  n'en  est  rien,  puisque  l'état  physique  du  lait  est  seul 
modifié  par  ce  traitement  ;  encore  peut-il  être  rétabli  par  la  fixation. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Aclion  des  rayons  ultraviulels  sur  le  vin  en 
fermentation.  Note  de  MM.  Mauraix  et  Warcollier,  présentée 
par  M.  E.  Roux. 

Nous  avons  exposé,  dans  une  Note  du  12  juillet  1909,  les  résultats 
obtenus  en  faisant  agir  le  rayonnement  d'une  lampe  en  quartz  à  vapeur  de 
mercure  sur  le  cidre  en  fermentation. 

Nous  avons  étudié,  avec  un  dispositif  identique  à  celui  décrit  dans  cette 
Note,  l'action  de  ce  rayonnement  sur  un  vin  blanc  mousseux;  nous  avons 
cherché  pendant  combien  de  temps  il  faut  faire  agir  ce  rayonnement  sur 
des  couches  de  vin  de  différentes  épaisseurs  pour  détruire  la  levure  et 
empêcher  ainsi  une  fermentation  nouvelle.  Le  vin  qui  a  servi  aux  essais 
avait  subi  la  prise  de  mousse  et  était  prêt  à  être  dégorgé. 

C.  R.,  19.0,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  6.)  46 


3/)4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Avec  des  couches  de  vin  de  l  de  millimètre  d'épaisseur,  étalées  entre  une  lame  de 
quartz  de  5'"™  d'épaisseur  et  une  lame  de  verre,  et  exposées  au-dessus  de  la  lampe  de 
manière  que  la  lame  de  quartz  fût  à  4""  de  la  lampe,  l'arrêt  de  la  fermentation  a  été 
obtenu  toujours  pour  une  durée  d'exposition  supérieure  à  ro  secondes,  et  jamais  pour 
une  durée  inférieure  à  5  secondes. 

Avec  des  couclies  de  vin  de  i"'™,7  d'épaisseur,  exposées  directement  à  4""  de  la 
lampe,  l'arrêt  de  la  fermentation  a  été  obtenu  toujours  pour  une  durée  d'exposition 
supérieure  à  i  minute  (sauf  cependant,  sans  doute  par  accident,  pour  une  seule  des 
nombreuses  préparations)  et  jamais  pour  une  durée  inférieure  à  3o  secondes. 

Rappelons  que,  pour  le  cidre  pur,  la  stérilisation  nécessite  une  durée 
d'exposition  supérieure  à  2  ou  3  minutes  pour  des  couches  de  \  de  mil- 
limètre, et  qu'elle  n'est  pas  réalisée  après  i5  minutes  d'exposition  pour  des 
couches  d'environ  1'"™. 

Ainsi  la  stérilisation  du  vin  blanc  est  plus  facile  que  celle  du  cidre,  ce  qui 
est  lié  à  la  plus  grande  transparence  du  vin  pour  les  rayons  efficaces. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  la  culture  sur  la  teneur  en  alcaloïdes 
de  quelques  Solanées.  Note  de  M.  J.  Chevameis,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

La  plupart  des  pharmacologucs  admettent  que  les  plantes  médicinales 
recueillies  sur  leurs  stations  naturelles  sont  plus  riches  en  principes 
actifs  et  par  conséquent  plus  actives  que  les  plantes  cultivées  industriel- 
lement. Ce  fait  peut  être  exact  dans  la  pratique  à  l'heure  actuelle,  mais  cette 
diminution  d'activité  provient  unicjuement  de  ce  que  souvent  ces  plantes 
sont  cultivées  sur  un  sol  qui  ne  leur  convient  pas  et  dans  des  conditions 
défavorables. 

Les  recherches  que  nous  poursuivons  depuis  quelques  années  nous  ont 
montré  qu'au  contraire,  sous  l'inlluence  d'une  culture  rationnelle,  avec 
l'emploi  d'engrais  appropriés  pour  chaque  espèce  de  plantes,  on  obtient  des 
drogues  possédant  une  teneur  en  principes  actifs  qui  leur  confère  une 
activité  thérapeutique  au  moins  égale  à  celle  des  plantes  sauvages. 

Les  Solanées  utilisées  en  médecine  proviennent  pres<pie  toujours  de 
plantes  cultivées.  Aussi  bien  en  France  qu'à  l'étranger,  les  quantités 
recueillies  à  l'état  sauvage  tendent  à  diminuer  de  plus  en  plus  et  sont  beau- 
coup trop  faibles  pour  suffire  aux  demandes  toujours  croissantes. 

La  Belladone  de  culture,  d'après  les  dillerents  travaux,  est  toujours  moins 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  3!\S 

active  que  la  Belladone  sauvage.  Le  fait,  signalé  encore  dernièiement  par 
Forrester  et  par  Warin,  est  exact. 

Ce  sont  surtout  les  Belladones  que  nous  recevons  d'Italie  qui  présentent 
une  faible  teneur  en  alcaloïdes  (0,107-0,187  pour  100;  même  o,o58  pour 
100,  Warin). 

Les  lots  de  Belladone,  qui  nous  arrivent  d'Autriche,  sont  d'ordinaire  plus 
riches  (0,2.51-0,372  pour  100).  Les  Belladones  françaises  de  culture  ont 
encore  une  teneur  plus  forte  en  alcaloïdes,  elles  titrent  en  moyenne  o,3oo- 
o,45o  pour  100,  mais  notre  production  est  insuffisante  et  nous  sommes 
obligés  de  recourir  à  l'étranger  pour  plus  de  la  moitié  de  notre  consom- 
mation. 

En  exécution  de  la  mission  qu'a  bien  voulu  me  confier  M.  le  Ministre  de 
l'Agriculture,  j'ai  étudié  systématiquement  la  culture  desSolanées  vireuses 
et  en  particulier  de  la  Belladone,  pour  essayer  de  l'améliorer,  afin  d'obtenir 
un  produit  aussi  actif  que  la  drogue  récoltée  à  l'état  sauvage. 

Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Fouché,  à  Hondan,  j'ai  pu  faire  ces  essais  sur 
des  champs  entiers,  et  les  résultats  obtenus  ont  l'avantage  de  pouvoir  être 
considérés  comme  industriels. 

Les  champs  de  Belladone  utilisés  renferment  environ  Soooo  pieds  à 
l'hectare;  la  récolte  totale  est  en  moyenne  de  i5ooo''k  de  feuilles  fraîches 
qui  perdent  à  la  dessiccation  80  à  90  pour  100  de  leur  poids.  Les  feuilles  de 
printemps  sont  beaucoup  plus  aqueuses  que  celles  de  l'été  ou  de  l'automne; 
c'est  pour  cette  raison  que  la  teneur  en  alcaloïdes  des  feuilles  de  la  pre- 
mière coupe  est  un  peu  plus  considérable  que  celle  des  feuilles  de  la 
seconde. 

Etant  donnée  la  fragilité  de  la  Belladone,  il  ne  nous  a  pas  été  possible  de 
faire  état  de  l'âge  des  plants;  dans  les  champs,  on  est  obligé  de  renouveler 
constamment  les  plants  de  Belladone  détruits  par  les  vers  blancs  et  les 
intempéries.  D'après  les  essais  faits  en  jardin,  seuls  les  plants  de  première 
année  sont  un  peu  moins  riches  en  alcaloïdes  que  les  autres. 

Les  terrains  sur  les([uels  nous  avons  opéré  sont  assez  perméables,  plutôt  riches 
en  chaux  (3,22  à  4i8o  pour  100);  de  richesse  moyenne  en  acide  phosphorique 
(0,07  pour  100);  les  plantes  reçoivent  une  quantité  d'azote  totale  largement  suffi- 
sante (o,  12  à  G,  i5  pour  100  ). 

Nous  avons,  en  1909,  expérimenté  sur  ces  terres  l'influence  des  divers 
engrais  sur  la  teneur  en  alcaloïdes  des  feuilles  de  la  Belladone,  déjà  guidés 
par  des  essais  faits  antérieurement  et  dont  les  résultats  avaient  été  incer- 


346  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lains.  Nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 


Alcaloïdes  totaux 

pour  IOQk 
lie  feuilles  sèches. 


Champs  témoins  :  Travail  et  fumure  liabiluelle \      '    " 

'  (    o,336 

/->!  1 1-  ■        1,     •  1       1         ■      •  \    0,480 

(jhamps  avec  addilion  d  acide  pliosphorique  et  potasse ■ 

'^  I  r  i  i  I    0,490 

Jardin;  essais  avec  addition  d'enijrais  azotés,  sans  (  Plants  de  ?.  ans 0,616 

addition  d'acide  |)lios|}liorique  ui  de  potasse.       \  Plants  jeunes o,4o6 

,-,,  ,  ■•  •       (  Champ  Mallet  (terre  forte) 0,676 

Champs  avec  addition     ,^,  .       ,      ,,.  ,  ,  ■„  ,  ^o 

,,  .  ,  (  Cliamplier  des  Vicnes  (  terre  plus  caillouteuse).  o,oso 

d  eiT^rais  azotés.        J  ^         \  1 

"  "        [  Tenant  du  séchoir  (addition  de  fumier  et  nitrate).  0,756 

Ces  diverses  récoltes  vendues  pour  la  fabrication  de  préparations  galé- 
niques  ont  donné,  d'après  le  rendement  et  le  titrage  de  ces  préparations, 
qs, 5io4  d'alcaloïdes  totaux  pour  100  parties  de  feuilles  sèches  (Boulanger- 
Dausse). 

Ces  quelques  chiffres  montrent  que  l'addition  d'engrais  phosphatiques 
et  potassiques  ne  paraît  pas  influencer  Inen  sensiblement  la  belladone,  mais 
que,  par  contre,  la  teneur  en  alcaloïdes  de  ses  feuilles  est  considérablement 
augmentée  par  l'addition  d'engrais  azotés.  Il  semble  qu'il  y  ait  intérêt  à 
employer  à  la  fois  les  nitrates  et  le  fumier,  c'est-à-dire  à  fournir  de  l'azote 
utilisable  immédiatement  et  aussi  à  échéance  plus  éloignée. 

La  culture  de  la  Jusquiame  et  du  DcUiira  stramoniiim  (variété  à  capsule 
sans  épines)  nous  a  donné  des  résultats  comparatifs.  Nous  avons  pu 
obtenir  un  lot  de  Jusquiame  titrant  06,286  d'alcaloïdes  totaux  pour  100 
de  feuilles  sèches,  aloi^s  que  la  moyenne  est  de  06,070-0^,180  et  un  lot  de 
feuilles  de  Datura  titrant  os,2oo  d'alcaloïdes  totaux  pour  100  de  feuilles 
sèches  au  lieu  de  O",  loo-o^,  i25. 

Chaque  essai  a  porté  sur  .5os  de  feuilles  concassées  (lamis  12,  laiton)  qui  ont  été 
épuisés  par  de  l'alcool  bouillant  acétique  (i  pour  100  d'acide  en  volume)  jusqu'à 
disparition  de  la  coloration  de  l'alcool.  I^es  liqueurs  alcooliques  évaporées  dans  le  \  ide 
jusqu'à  disparition  complète  de  l'alcool  donnent  un  résidu  qui  est  repris  par  iDo'^"'" 
d'eau  bouillante.  On  refroidit  et  l'on  filtre.  Le  liquide  jaunâtre  est  saturé  par  CO'K.- 
et  épuisé  à  i'éther;  l'éther  est  séché  par  filtration  sur  du  sel  Solvay  et  distillé;  le 
résidu  pesé  après  dessiccation  dans  le  vide  à  4o°C.  jusqu'à  poids  constant. 

Ce  résidu  encore  impur  est  dissous  dans  SO'  II-  demi-normal  et  titré  ensuite  avec 
le  réactif  de  Mayer. 

Ce  sont  ces  derniers  chiil'res  que  nous  avons  utilisés,  ils  sont  en  moyenne  3  à  4 
pour  100  plus  faibles  que  le  poids  des  alcaloïdes  totaux  que  l'éther  laisse  comme  résidu. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  347 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.    —    Quelques   observations  sur  le  pied   noir  de  la 
Pomme  de  terre.  \ole  de  M.  Hegyi,  présentée  par  M.  Prillieux. 

Je  me  suis  beaucoup  occupé  pendant  ces  dernièi-es  années  de  la  maladie 
du  pied  noir  de  la  Pomme  de  terre  qui,  tant  en  Hongrie  qu'en  Allemagne,  a 
considérablement  diminué  les  récoltes. 

Les  caractères  principaux  de  cette  maladie  sont  les  suivants  :  en  été,  la 
région  du  collet,  au-dessus  et  au-dessous  du  sol,  devient  noire  et  pourrit; 
les  parties  aériennes  de  la  plante  dépérissent  et  la  formation  des  tubercules 
s'arrête. 

Cette  maladie  est  attribuée  à  des  Bactéries  et  spécialement  au  Bacillus 
pliytophlliorus  Appel  ;  on  admet  qu'elle  se  propage  par  les  tubercules  de 
semence  infectés. 

Il  y  a  environ  3  ans,  j'ai  eu  occasion  d'observer  souvent  en  Hongrie, 
à  la  station  de  Magvarovàr,  des  plants  de  Pomme  de  terre  atteints  du 
pied  noir  et  j'ai  isolé  des  tiges  malades  et  cultivé  plusieurs  espèces  de  Bac- 
téries qui  n'ont  pas  encore  été  déterminées  ;  mais  l'examen  des  cultures  a 
montré  qu'on  pouvait  obtenir  des  tiges  malades  des  espèces  dilïérentos  selon 
les  localités  d'où  elles  provenaient. 

J'ai  été  chargé  par  le  Gouvernement  hongrois,  au  commencement  de  l'année  1909, 
d'acheter  à  l'étranger  une  quantité  considérable  de  tubercules  de  semence  dont  une 
partie  (1000  quintaux)  fut  cultivée  au  domaine  royal  hongrois  des  Haras,  à  Bàbolna. 
Dans  le  courant  de  l'été  on  m'annonça  que  les  tubercules  de  semence  donnaient  des 
plantes  atteintes  ùq pied  noir.  Comme  j'avais  pris  les  plus  grandes  précautions  et  que 
je  n'avais  acheté  que  des  tubercules  complètement  sains,  le  fait  me  parut  inexplicable. 
Dans  les  terrains  lourds  5  à  10  pour  100,  dans  les  terrains  plus  légers  et  même  sablon- 
neux 40  pour  100  des  plants  étaient  atteints  par  la  maladie.  Par  un  examen  attentif, 
je  pus  constater  que  les  parties  de  la  lige  placées  sous  la  terre  étaient  rongées  et  perforées 
par  des  insectes.  Il  ne  fut  pas  difficile  de  déceler  les  auteurs  de  ces  lésions.  C'étaient 
des  larves  de  Taupin  {Agriotes)  ou  vers  Jil  de  fer  qui  se  trouvaient  en  énorme 
quantité  dans  le  sol.  J'examinai  plusieurs  centaines  déplantes  malades,  mais  je  n'en 
trouvai  pas  une  seule  dont  la  tige,  dans  la  partie  située  au-dessous  de  la  surface  du 
sol,  n'eût  été  rongée  et  perforée  en  plusieurs  endroits. 

Cette  observation  me  persuada  que  le  pied  noir,  à  Bàbolna,  n'avait  pas 
son  origine  dans  les  tubercules  de  semence,  mais  bien  dans  les  Bactéries  du 
sol,  qui  pénétraient,  par  les  lésions,  à  l'intérieur  de  la  tige  et  y  provo- 
quaient la  pourriture  des  tissus. 

Depuis,  j'ai  pu  faire  des  constatations  semblables  dans  d'autres  points  de 


348  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  Hongrie,  notamment  à  Magyarovàr,  où  la  maladie  du  pied  noir  sévissait 
avec  intensité  dans  les  champs  d'expérience  de  la  Station  et  dans  ceux  de 
l'Académie  d'Agriculture.  Là,  comme  à  Bàbolna,  je  constatai  que  sans  in- 
sectes il  n'y  avait  pas  la  moindre  trace  de  pied  noir.  Je  me  rendis  éga- 
lement dans  la  Hongrie  septentrionale,  la  patrie  de  la  culture  de  la  Pomme 
de  terre,  et  y  fis  des  recherches  sur  divers  points  (Nord-Ouest,  Nord  et 
Nord-Est).  Il  ne  me  fut  pas  possible  de  trouver  une  seule  plante  atteinte  du 
pied  noir  sans  que  la  partie  du  collet  située  en  terre  n'eût  été  rongée  par 
des  insectes. 

Au  mois  de  novembre  1909,  au  cours  d'une  visite  que  je  fis  au  professeur  Eriksson, 
à  Stockholm,  je  pus  observer  dans  sa  collection  de  Pathologie  végétale  un  échantillon 
de  Pomme  de  terre,  atteint  du  pied  noir  et  conservé  dans  la  formaline,  dont  la  lige 
était  également  perforée  et  rongée  dans  sa  partie  inférieure.  La  maladie  s'était  donc 
propagée  en  Suède  comme  en  Hongrie.  Je  visitai  ensuite  à  Munich  la  collection  du 
professeur  von  Tubeuf  et  j'y  pus  faire  les  mêmes  constatations  qu'en  Suède. 

Toutes  ces  observations  contribuent  à  démontrer  que  la  cause  du  pied  noir,  au 
moins  dans  les  cas  indiqués  ci-dessus,  ne  devrait  pas  être  attribuée  aux  tubercules  de 
semence. 

On  ne  peut  conclure  de  ce  qui  précède  que  le  Bacillus  phytophthoriis 
n'est  pas  un  parasite  capable  d'engendrer  le  pied  noir.  Il  est  bien  certain 
que  les  blessures  de  la  tige  sont  trop  petites  pour  provoquer  la  mort  de  la 
plante,  et  d'un  autre  côté  Appel  a  réussi  à  produire  artificiellement  la  ma- 
ladie avec  sa  Bactérie.  Le  rôle  des  insectes  consiste  donc  à  ouvrir  une  voie 
de  pénétration  aux  microorganismes  du  sol. 

Des  recherches  ultérieures  devront  permettre  de  décider  si  le  Bacillus 
phytopluhorus  seul  est  capable  de  produire  le  pied  noir  ou  si,  dans  certaines 
contrées,  d'autres  Bactéries  ne  peuvent  être  incriminées. 


PHYSIOLOGIE.  —  Formation  dans  le  foie  d'une  substance  anticoagu- 
lante sous  l' influence  d'un  alcaloïde.  Note  de  M.  Doyon,  présentée 
par  M.  Daslre. 

I.  J'ai  démontré  avec  mes  élèves  KarefFet  Claude  Gautier  les  faits  sui- 
vants : 

L'atropine  détermine  chez  le  chien  l'incoagulabililé  du  sang  lorsqu'on 
injecte  le  poison  dans  une  veine  mésaraïque  ou  dans  le  canal  cholédoque. 
Additionnée  au  sang  in  l'itro,  l'atropine  est  sans  effet.  Injectée  dans  une  veine 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  349 

de  la  circulation  générale  l'alropine  est  inactive,  à  moins  que  la  dose  ne 
soit  absolument  massive. 

II.  L'atropine  agit  par  l'intermédiaire  du  foie,  par  un  mécanisme  ana- 
logue sinon  identique  à  celui  mis  en  évidence  par  M.  Dclezenne  pour  la 
peptone. 

La  démonstration  nécessite  l'intervention  de  deux  animaux  : 

Premier  chien .  —  On  place  dans  une  carotide  une  canule  reliée  à  un  tube 
de  caoutchouc.  Ce  tube  servira  à  dériver  le  sang  artériel  vers  la  veine-porte 
d'un  second  chien;  il  porte  une  tubulure  permettant  de  recueillir  du  sang 
artériel  du  premier  chien  avant  le  passage  du  liquide  dans  le  foie  du  second 
sujet. 

Second  chien.  —  L'animal  est  saigné  à  blanc;  pour  anémier  au  maxi- 
mum les  organes,  on  sectionne  le  bulbe  au  cours  même  de  la  saignée. 
Lorsque  le  sang  ne  s'écoule  plus,  on  place  une  canule  dans  la  veine-porte  et 
une  canule  dans  la  veine-cave  au-dessus  de  l'abouchement  des  veines  sus- 
hépatiques;  la  veine-cave  est  liée  au-dessous  du  foie. 

On  relie  la  carotide  du  premier  chien  à  la  veine-porte  du  foie  exsangue. 
On  recueille  une  série  d'échantillons  du  sang  qui  a  traversé  ce  foie.  Puis 
on  injecte  dans  une  jugulaire  du  premier  chien,  avec  brusquerie,  (juchjues 
centimètres  cubes  d'une  solution  concentrée  d'atropine. 

On  continue  à  recueillir  le  sang  qui  s'écoule  du  foie  et  l'on  recueille  en 
plus  des  échantillons  de  sang  carotidien  avant  son  passage  à  travers  cet 
organe. 

Les  échantillons  recueillis  en  aval  du  foie,  avant  l'injection  d'atropine, 
coagulent  tous  normalement.  Le  sang  recueilli  en  aval  du  foie,  après  l'in- 
jection d'atropine,  est  incoagulable;  il  a  acquis  la  propriété  d'empêcher 
in  intro  le  sang  normal  de  coaguler.  Le  sang  recueilli  par  la  tubulure  laté- 
rale, après  l'injection  d'atropine,  mais  en  amont  du  foie,  coagule  normale- 
ment. 

Exemple.  —  Un  aide  recueille  quatre  échanlillons  de  sang,  de  10™'  à  10™'  chacun, 
après  le  passage  à  travers  le  foie.  J'injecle  à  ce  moment  10°""'  d'une  solution  de  sulfate 
neutre  d'atropine  à  !\  pour  4o,  dans  une  jugulaire  du  premier  chien  (20''*).  Immédiate- 
ment après  l'injection,  on  recueille  parallèlement  une  série  d'échantillons  de  sang  au 
sortir  du  foie  et  une  série  avant  le  foie.  24  heures  plus  tard,  tous  les  échantillons  pré- 
levés après  l'injection  et  après  le  passage  à  travers  le  foie  étaient  encore  absolument 
liquides;  seul,  l'échantillon  prélevé  immédiatement  après  l'injection  commençait  à  se 
prendre,  mais  le  caillot,  très  petit,  était  facile  à  dissocier  par  agitation.  Tous  les  échan- 


35o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tilloDs  prélevés  avant  l'injeclion  ont  coagulé  normalement.  Il  en  a  été  de  même  des 
échanlillons  prélevés  après  l'injeclion  mais  avant  le  passage  du  sang  à  travers  le  foie. 
J'ai  ajouté  à  trois  échantillons  de  sang  incoagulable,  respectivement,  o™',5,  r°'  et  a""' 
de  sang  normal  provenant  d'un  troisième  chien.  24  heures  après  le  mélange,  tous  ces 
échantillons  étaient  encore  liquides;  seul  le  tube  contenant  1™'  de  sang  incoagulable 
et  2*°'  de  sang  normal  présentait  un  petit  caillot. 


OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Conséquence  de  la  théorie  d''Young.  De  la 
conslruclion  chromatique  dans  l'espace.  Noie  de  M.  A.  Uosexstiehi,, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

On  sait  que  le  mélange  de  deux  sensations  colorées  non  complémen- 
taires produit  à  la  fois  du  blanc  et  une  troisième  couleur. 

L'examen  quantitatif  de  ce  fait  montre  que  l'intensité  de  coloration  de 
la  couleur  ainsi  produite  est  toujours  inférieure  à  la  moyenne  des  deux 
composantes  et  peut  s'abaisser  à  un  minimum  égal  à  la  moitié  de  cette 
moyenne  (').  Ce  qui  disparaît  comme  sensation  colorée  se  retrouve 
comme  blanc  binaire  mélangé  à  cette  couleur. 

En  conséquence  le  diagramme  des  couleurs  obtenues  par  le  mélange  de 
deux  sensations  primaires  prend  la  forme  d'un  triangle  équilatéral  ABC 
inscrit  dans  un  cercle  {fig-  i).  Si  Ton  fait  intervenir  la  troisième  sensation 
primaire,  le  diagramme  devient  une  conslruclion  dans  l'espace  {^fîg-  2). 

Le  blanc,  étant  la  source  de  toutes  les  sensations  colorées  que  l'œil  peut  éprouver 
pour  un  éclairage  donné,  se  trouvera  à  l'extrémité  d'un  axe  dont  la  longueur  est  limi- 
tée à  trois  rayons  :  00'=:  OA  -1-  OB  -f-  OC.  Son  point  de  départ  est  en  0,  lieu  du  noir 
absolu;  et  sur  la  ligne  00'  se  placent  tous  les  intermédiaires  constituant  l'échelle  des 
gris. 

La  ligne  AO'  est  le  lieu  des  points  qui  représentent  les  couleurs  intermédiaires  entre  A 
sensation  primaire  et  O'  sensation  du  blanc  ternaire.  La  coloration  sera  maximum  au 
point  A,  nulle  au  point  O'. 

L'intensité  lumineuse  totale  ira  en  croissant  depuis  A  où  elle  est  de  J  jusqu'au 
sommet  O'  où  elle  est  égale  à  l'unité. 

\ous  savons  qu'une  couleur  binaire  est  représentée  par  deux  points,  placés  sur  un 
même  rayon  :  l'un  H,  situé  à  l'intersection  du  rayon  et  de  l'un  des  cotés  du  triangle; 
l'autre  L,  placé  sur  la  circonférence.  La  ligne  HO'  sera  la  place  des  intermédiaires 
entre  la  couleur  il  et  le  blanc  en  O'. 

lîlle  fait  partie  de  la  pyramide  O'ABC,  cl  la  lii^ne  LO'  représentant  lintensito 
lumineuse  totale  fait  partie  du  cône  enveIopj)ant. 

(')  Comptes  rendus,  t.  150,  p.  235. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I910.  35l 

Toutes  les  couleurs  qui  peuvent  se  concevoir  pour  un  éclairage  donné 
trouvent  leur  place  dans  cette  construction,  laquelle  se  résume  en  une 
pyramide  triangulaire  à  base  équilatérale  engagée  dans  un  cône,  qui  a 
même  sommet  O'  et  qui  a  pour  base  le  cercle  passant  par  les  trois 
points  A,  B,  C  correspondant  aux  trois  sensations  fondamentales. 

Pour  chaque  couleur  elle  donne  : 

1°  La  distance  angulaire,  c'est-à-dire  la  nuance;  2°  sa  complémentaire; 
3"  l'intensité  relative  de  coloration  ;  4.^  l'intensité  du  blanc  binaire  ; 
5°  l'intensité  du  blanc  ternaire. 


A.r..L 


f   -pM' 


~t""|m 


Elle  les  définit  par  conséquent  d'une  manière  précise. 

Mais  il  y  a  un  chiflre  qu'elle  ne  donne  pas,  et  sur  lequel  il  est  utile 
d'appeler  l'attention  :  c'est  le  blanc  ternaire  provenant  de  la  lumière  blanche 
diffusée  par  la  surface  colorée.  Or,  ce  chiffre  est  compris  dans  la  somme 
qui  est  représentée  par  l'angle  du  secteur  blanc  trouvé  expérimentalement 
[parles  expériences  (i)  et  (3)  de  la  Note  précédente]. 

De  ce  fait,  cette  donnée  numérique  est  un  maximum,  et  la  proportion 
du  blanc  qui  résulte  du  mélange  des  seules  sensations  colorées  reste 
inconnue. 

La  construction  dans  l'espace  est  une  conception  théorique.  Elle  n'a  pas 
besoin  d'être  exécutée  pour  rendre  service. 

c.  K.,  iç)io,  I"  Scnicslri'.  (T.  \:A),  N«  6  )  4^ 


352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  données  que  nous  avons  employées,  savoir  :  le  blanc,  le  noir  el  trois 
types  de  couleurs  équidistantes  à  la  vue,  représentant  en  nuance  et  en 
intensité  de  coloration  les  trois  sensations  fondamentales,  suffisent.  Car  les 
relations  que  nous  avons  trouvées,  pour  un  même  éclairage,  entre  ces  cinq 
données  sont  constantes.  En  effet,  les  types  qui  ont  servi  à  ces  mêmes  expé- 
riences en  1873  à  Mulhouse,  en  i88j  à  Paris,  donnent  encore  aujourd'hui 
les  mêmes  résultais  numériques.  Elles  sont  donc  suffisamment  indépen- 
dantes du  temps  et  du  lieu  pour  acquérir  une  valeur  générale. 

Mais,  sur  ces  cinq  données,  deux  seulement  (le  noir  et  le  blanc)  peuvent 
être  reproduites  partout  et  en  tout  temps  identiques  à  elles-mêmes.  Il  n'en 
est  pas  ainsi  pour  les  trois  couleurs  dont  il  faudrait  fixer  les  types  par 
convention  :  difficulté  qui  serait  aisément  vaincue  si  le  besoin  s'en  faisait 
sérieusement  sentir. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  Poissons  de  la  famille  des  Nèmichlliyidës.  Note 
de  M.  Louis  Roule,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Celle  famille  de  Téléosléens  apodes  contient  des  espèces,  abyssales  le  plus 
souvent,  surtout  répandues  dans  l'Atlantique  inlerlropical,  ou  dans  son 
voisinage.  Un  seul  exemplaire  lui  appartenant  fut  signalé,  à  ma  connaissance, 
et  en  i<)o^,  par  Ariola,  comme  pris  dans  la  Méditerranée,  près  de  Gênes. 
Cet  auteur  s'en  est  servi  pour  créer,  dans  le  genre  Nemic/i/hys,  une  espèce 
nouvelle,  qu'il  a  nommée  N.  mediterraneus  ;  il  semble  plutôt,  d'après  sa  des- 
cription assez  incom[ilète  el  d'après  la  figure,  qu'il  s'agit  d'un  Avoceitina, 
autre  genre  de  la  famille.  Il  devient  important,  en  de  telles  conditions,  de 
signaler  l'existence  dans  la  Méditerranée  d'un  Nemichthys  véritable,  nette- 
ment caractérisé,  faisant  partie  du  cycle  des  formes  d'une  espèce  atlantique 
déjà  connue.  A'.  scolopaceus\\\c\\.  I^'unique  individu  fut  pris,  en  janvier  1908, 
non  loin  de  Toulon  ;  conservé  dans  les  collections  de  la  station  de  Biologie 
marine  de  Tamaris,  j"ai  pu  l'étudier,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur 
R.  Dubois,  directeur  de  cette  station. 

Celle  élude  m'a  permis  de  compléter  les  notions  déjà  acquises  sur  la  struc- 
ture de  Poissons  aussi  remarquables. 

L'un  des  caractères  du  genre  i\emichthys  tient  à  sa  possession  d'une  ligne  latérale 
munie  de  trois  rangées  de  pores  ;  or,  ces  rangées  sont  inégales  :  deux  se  montrant  vrai- 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I9IO.  353 

ment  continues,  et  l'inleimédiaire  s'inleirompanl  de  place  en  place,  par  intervalles, 
pour  faire  avec  les  autres  une  alternance  des  plus  régulières.  En  outre,  la  tète  porte 
aussi  trois  rangées  de  pores  :  Tune  nucale  et  mandibulaire,  inférieure;  la  deuxième 
post-  et  infra-orbitaiie;  la  troisième  inter-  et  pré-orbitaire.  La  nageoire  dorsale  com- 
prend, comme  Brauer  (1906)  l'a  reconnu  le  premier  sur  cette  espèce,  trois  régiops  : 
deux  extrêmes  aux  ravons  filamenteux,  une  moyenne  aux  rayons  courts  et  gros,  en  aci- 
cules  ;  cette  dernière  possède  aussi  quelques  rayons  filamenteux,  joints  aux  précédents. 
Les  dents  diffèrent  de  la  mandibule  inférieure  à  la  supérieure  ;  ceUe-ci  en  a  trois  ran- 
gées, deux  latérales  et  une  médiane  ou  vomérienne  ;  celle-là  ne  porte  que  les  deux 
latérales. 

La  disposition  la  plus  di£;'nc  d'inlérct  est  celle  des  viscères. 

On  sait  que  la  famille  entière  est  caractérisée,  mieux  que  la  plupart  des  autres 
Apodes,  par  le  report  en  avant  de  l'orifice  anal,  Ce  report  est  surtout  accentué  chez 
NemiclUhys ;  l'anus  est  situé  à  proximité  de  la  tète,  au  niveau  de  la  première  moitié 
des  pectorales.  Ceci  entraîne  de  nombreuses  déviations  à  la  structure  ordinaire,  et 
donne  à  ces  Vertébrés,  même  dans  leur  groupe,  une  conformation  peu  commune.  Le 
tube  digestif  se  recourbe  sur  lui-même,  décrivant  une  boucle  complète,  au\  deux 
brandies  parallèles,  comme  celui  d'un  Bryozoaire  ou  d'un  Plioronis.  La  zone  terminale 
du  rectum  se  place  au-dessous  du  cœur,  et  l'anus  se  trouve  percé  au  niveau  du  ven- 
tricule. Le  foie,  le  rein,  à  leur  tour,  s'étirent  et  s'allongent.  La  cavité  abdominale,  qui 
contient  ces  viscères,  est  courte,  du  reste,  car  son  grand  axe  mesure,  de  sa  région 
cardio-anale  à  son  extrémité  postérieure,  le  septième  seulement  de  celui  du  corps. 

L'individu  qui  m'a  servi  dans  celle  étude  a  une  forte  taille,  supérieure  de 
beaucoup  à  celle  des  représentants  déjà  décrits  de  La  même  espèce;  ceux-ci 
n'ont  pas  i'"  de  longueur,  alors  que  celui-là  compte  près  de  i™,5o.  Malgré 
quelques  particularités  distinctives,  je  le  rapporte  à  N.  scolopaceus  Uich. 
déjà  signalé  dans  l'océan  Atlantique.  Il  ne  convient  guère,  ici,  de  cré<^r  une 
espèce  pour  un  seul  exemplaire,  en  raison  de  l'extrême  capacité  de  variation 
que  la  biométrie  dénote  chez  les  Poissons. 

Quelques  données  de  géographie  zoologique  mérilenl ,  enfin,  de  se 
prendre  en  considération.  L'espèce  visée  a  été  recueillie,  à  plusieurs  reprises, 
dans  l'Atlantique,  au  large  des  côtes  d'Afrique.  Le  fait  qu'elle  existe  aussi 
dans  la  Méditerranée  conliibue  à  corroborer  cette  opinion  de  Gûnther,  que 
cette  zone  de  l'Atlantique  pourrait  se  rattacher  à  la  province  méditerra- 
néenne. Il  dénote,  en  outre,  que  cette  dernière  contient  une  faune  bathy- 
pélagique,  dont  les  divers  représentants  ne  sont  pas  tous  connus,  ou  le  sont 
à  peine,  malgré  les  nombreuses  investigations  dont  cette  mer  est  l'objet 
depuis  longtemps. 


354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

HISTOLOGIE.   —   Sur  la  Structure  de  la  tectoria.  Note  de  M.  E.  Vasticar, 
présentée  par  M.  Henneguy. 

La  véritable  structure  de  la  tectoria  est  la  suivante  :  elle  est  composée 
d'une  membrane  fondamentale  d'une  finesse  extrême,  de  l'épaisseur  de  la 
membrane  de  Reissner.  Sur  sa  face  supérieure  est  implanté  verticalement 
un  chevelu  cilié  à  filaments  indépendants,  pointus  et  absolument  libres 
par  leur  extrémité  supérieure.  Quelques-uns  portent  à  leur  extrémité  un 
petit  corps  ovoïde  dénature  cuticulaire.  La  face  inférieure  montre  sur  toute 
son  étendue  des  stries  spirales  qui  sont  formées  par  la  succession  des  points 
d'attache  de  courts  ligaments  cuticulaires  qui  la  réunissent  à  l'épithélium 
pavimenteux  tapissant  la  surface  des  dents  auditives,  aux  interlignes  des 
cellules  du  sillon  spiral  interne,  à  la  surface  des  piliers  internes,  aux  bras 
de  soutien  des  anneaux  ciliés  de  la  deuxième  rangée  qui  appartiennent  aux 
piliers  externes,  aux  anneaux  ciliés,  à  quelques  points  des  phalanges  et 
quelquefois  aux  interstices  cellulaires  du  massif  des  cellules  de  Hensen. 

Les  sillons  de  la  bandelette  sillonnée  sont  remplis  en  totalité  par  des 
cellules  conjonctives  à  un  ou  plusieurs  noyaux.  Le  protoplasma  de  ces  cel- 
lules déborde  plus  ou  moins  en  hauteur  la  plate-forme  des  dents  auditives, 
se  rejoint  pour  constituer  un  matelas  protoplasmatique  continu  qui  sécrète 
la  partie  de  la  tectoria  en  rapport  avec  la  protubérance  de  Huschke.  Les 
ligaments  cuticulaires  qui  s'attachent  sur  les  dents  auditives  s'insinuent 
dans  les  espaces  qui  séparent  plus  ou  moins  les  masses  protoplasmatiques. 

Le  prolongement  de  la  tectoria  sur  les  cellules  de  Hensen  s'observe  sur 
certaines  préparations.  Sur  d'autres,  concernant  exactement  la  même  région, 
il  n'existe  pas.  On  le  trouve  lorsque  le  massif  des  cellules  de  Hensen  ne 
dépasse  pas  la  hauteur  des  cellules  ciliées.  Je  parle  du  point  de  jonction 
seulement  des  cellules  de  Hensen  à  la  surface  ciliée.  La  tectoria  ayant 
besoin  d'un  point  d'attache  externe  qui  devient  plutôt  un  point  de  retenue 
envoie  une  expansion  membraneuse  sur  la  surface  cochléaire  des  cellules  de 
Hensen.- Lorsque  ces  dernières  font  une  saillie  assez  prononcée,  le  bord 
tectorial  prend  sur  elles  un  simple  point  d'appui  et  ne  se  prolonge  pas. 

Le  bord  libre  de  la  tectoria  est  porteur  de  corps  cuticulaires  de  forme  et 
de  volumes  variables,  irrégulièrement  distribués. 

Dans  l'épaisseur  même  du  chevelu  cilié  correspondant  aux  cellules  sensorielles,  on 
trouve  des  formations  lenticulaires  disposées  de  champ  et  qu'on  aperçoit  de  face  sur 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  1910.  355 

des  coupes  frontales,  qui  sont  en  rapport  par  leur  bord  supérieur  avec  des  arborisa- 
tions volumineuses  dépassant  même  le  niveau  supérieur  du  chevelu  cilié.  Elles  se 
juxtaposent  intimement  par  leurs  bords  latéraux.  Leur  bord  inférieur  donne  naissance 
à  des  ligaments  verticaux  qui  se  terminent  par  un  renflement  cuticulaire  situé  sur  le 
bord  inférieur  de  la  membrane  fondamentale  et  en  regard  de  chaque  cellule  ciliée.  Au 
pourtour  de  ce  renflement  s'insèrent  des  ligaments  culiculaires  dont  le  point  d'attache 
inférieur  est  sur  le  pourtour  des  anneaux  ciliés  et  en  tout  petit  nombre,  deux  en 
moj'enne,  sur  les  bras  de  soutien,  ainsi  que  sur  les  phalanges.  Les  cils  de  la  cellule  sen- 
sorielle sont  renfermés  à  l'intérieur  de  cetlecagecuticulaire  et  souvent  fortement  inflé- 
chis dans  le  sens  de  leur  longueur.  Ils  constituent  comme  un  ressort  destiné  à  main- 
tenir constant  l'écartement  de  la  tectoria  et  de  la  surface  papillaire. 

Ces  corps  lenticulaires  paraissent  maintenus  par  le  chevelu  cilié  dont  les  filaments 
s'insèrent  verticalement  sur  la  membrane  fondamentale. 

On  trouve  enfin,  sur  la  surface  libre  des  cellules  du  sillon  spiral  interne, 
des  corps  arrondis  qui  présentent  un  prolongement  inférieur  tronconique 
s'implantant  dans  la  substance  protoplasmatique  de  ces  mêmes  cellules. 
Leur  aspect  général  est  celui  d'un  clou  à  tête  globuleuse.  Ils  font  office  de 
corps  isolateurs.  On  en  retrouve  du  reste  dans  toutes  les  régions  de  l'organe 
de  Corti,  au  niveau  du  paquet  de  cils  de  la  ciliée  interne  et  sur  toute  la 
hauteur  du  bord  interne  de  la  cellule  de  Deiters  de  la  première  rangée  et 
quelquefois  dans  la  partie  supérieure  de  l'interligne  des  cellules  de  Deiters 
des  deux  autres  rangées.  On  les  voit  principalement  lorsque  la  cellule  de 
Deiters  de  la  première  rangée  arrive  presque  au  contact  des  piliers  externes. 

Ces  observations  ont  été  faites  sur  le  limaçon  du  Lapin  fixé  pendant  la  vie 
par  une  solution  d'acide  osmique. 


MÉDECINE.    —    Les  bases  expérimentales   de   la   vaccination   antityphique. 
Note  de  M.  H.  Vince.vt,  présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

Les  travaux  de  Frânkel  et  Simonds,  Sirotinin,  Beumer  et  Peiper,  Chan- 
temesse  et  Widal,  etc.,  ont  démontré  la  possibilité  de  vacciner  activement 
les  animaux  contre  le  bacille  typhique  par  l'inoculation  de  cultures  vivantes 
ou  tuées  de  ce  microbe. 

En  raison  de  l'importance  pratique  de  ce  problème  (Pfeiffer  et  KoUe, 
Wright),  j'ai  recherché  expérimentalement  quel  est  le  procédé  de  vaccina- 
tion qui,  après  vérification  chez  les  animaux,  réalise  le  mode  de  protection 
le  plus  efficace  chez  l'homme. 


356  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

Il  esL  à  remarquer  que  les  animaux  n'oiiL  qu'une  faible  réceptivité  locale 
(intestinale)  et  générale  pour  le  bacille  d'Eberlh.  Dès  lors  il  semble  dif- 
ficile de  conclure,  des  effets  produits  chez  Tanimal  par  la  vaccination  anti- 
typhique,  à  ceux  qu'on  peut  attendre,  chez  l'homme,  de  la  même  vacci- 
nation. Facile  à  immuniser,  l'animal  pourra  d'autant  mieux  résister  ensuite 
à  l'inoculation  d'épreuve.  Le  môme  mode  de  vaccination  aurait-il  déter- 
miné, chez  l'homme,  une  aussi  forte  immunité? 

A  l'aide  d'une  technique  nouvelle,  j'ai  soumis  les  animaux  vaccinés  contre 
le  bacille  d'Eberth  à  un  mode  d'infection  tel  qu'il  amène,  d'une  manière 
constante,  la  mort  des  animaux  témoins,  non  vaccinés.  Ceux-ci  succombent 
à  une  généralisation  parfois  considérable  du  bacille  typhique  dans  leur 
sang  et  leurs  viscères. 

L'animai  d'expérience  a  été  Je  cobaye.  Les  animaux,  divisés  par  lois,  ont  reçu  sous 
la  peau,  et  à  lo  jours  d'intervalle,  de  une  à  trois  ou  quatre  injections  de  l'un  des  vac-' 
oins  antitjpliiques  ci-après.  i5  jours  après  la  dernière  injection,  on  leur  inoculait 
dans  le  péritoine  i'"''  de  culture  typhique  virulente  de  48  heures  en  bouillon,  et,  sous 
la  peau,  2'^°'"  à  4"^"'  de  solution  de  NaCl  à  10  pour  100,  ou  bien  J^  à  J  de  centimètre 
cube  d'huile  d'aniline.  Suivant  (jue  le  cobaye  vacciné  résistait  ou  succombait,  après 
cette  épreuve,  on  concluait  à  l'efficacilé  ou  à  l'insuffisance  du  vaccin. 

Les  vaccins  essayés  ont  été;  culture  typhique  (de  24  heures  ou  de  10  jours)  vivante 
ou  tuée  à  53"-.55°;  bacilles  tués,  sensibilisés  par  un  sérum  anlityphiq.ue;  extraits  bacil- 
laires obtenus  par  aulolyse  dans  l'eau  physiologique  seule,  ou  alcalinisée  par  i  pour  100 
de  ÂzH',  puis  neutralisée  par  (JO-;  bacilles  vivants  ou  tués,  absorbés  à  fortes  doses 
par  la  voie  digeslive. 

Sous  chacune  de  ces  formes,  les  vaccins  ont  déterminé,  à  des  degrés 
variables,  la  production  d'anticorps  bactériolysants,  agglutinants  et  pré- 
cipitants. L'immunité  a  été  très  inégale. 

1.  Kn  cultuie  en  bouillon  de  9,4  heures,  le  bacille  viva/il  a  été  injecté  successive- 
ment aux  doses  de  |,  ^,  1™'.  On  confère  ainsi  au  cobaye. une  protection  complète  et 
durable  pendant  3  à  6  mois.  Le  pouvoir  baetériolylique  devient  très  supérieur  à  la  nor- 
male. Les  taux  d'agglutination  et  de  précipitation  atteignent  y^  et  quelquefois  fjVô- 
Contrairement  à  Pfeillér  et  Friedberger,  j'ai  constaté  une  période  d'exaltation  de  la 
réceptivité  (phase  négative)  d'une  durée  de  2  à  4  jours. 

IL  La  culture  vivante  de  10  jours  inoculée  comme  la  précédente  donne  une  immu- 
nité assez  analogue,  peut-être  un  peu  plus  faible.  Les  symptômes  morbides  causés  jiar 
les  injections  sont  plus  accusés. 

111.  Faite  aux  mêmes  doses,  l'injection  au.x  cobayes  de  bacilles  lues  par  chauffage 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  19IO.  357 

à  SS^-SS"  (Leischmann  )  donne  souvenl  rimniunité  après  la  deuxième  inoculation.  Trois 
injections  sont,  cependant,  nécessaires  pour  assurer  une  protection  sérieuse  contre 
l'infection  d'épreuve. 

Le  pouvoir  bactériolysant  est  un  peu  plus  faible  qu'avec  le  vaccin  I  ou  11;  les  litres 
agglutinant  et  précipitant  sont  à  peu  près  les  mêmes. 

IV.  La  vaccination  pav  bacilles  morts  et  sensibilisés  (  procédé  de  Besredka)  nécessite 
trois  injections.  Le  pouvoir  baclèriolvtiqiie,  presque  égal  aux  précédents,  s'affaiblit 
plus  vite.  Le  taux  d'agglutination  est  le  même.  La  protection  contre  l'infection 
d'épreuve  a  été  moins  durable  qu'avec  les  vaccins  non  sensibilisés.  Quelques  animaux, 
soumis,  2  mois  après,  à  l'épreuve  de  contrôle,  ont  succombé. 

V.  L'aiilolysal  de  bacilles  morts,  proposé  par  Neisser  et  Shiga,  Wassermann, 
assure  une  protection  plus  faible  et  moins  prolongée  que  les  vaccins  I,  II  et  111.  Les 
animaux  ont  montré  un  fort  pouvoir  agi;lutinant  et  précipitant  de  leur  sérum. 

VI.  Uaulolysat  de  bacilles  virants  (culture  sur  gélose  de  24  ou  4'*^  heures,  macérée 
dans  o*^™' d'eau  physiologique,  à  87°,  pendant  2  à  4  jours),  employé  après  centrifu- 
gation  et  stérilisation  par  l'élher  ou  le  chloioforrae,  a  donné,  aux  doses  ci-dessus,  des 
résultats  aussi  bons  que  les  vaccins  I,  II  et  111.  L'immunité  a  persisté  pendant  3  à 
6  mois.  Trois  injections  ont  été  nécessaires.  Les  phénomènes  morbides  (fièvre,  dou- 
leur, réaction  locale)  provoqués  chez  les  animaux  ont  été  insignifiants. 

Vil.  'Jn  a  employé  comme  vaccin  une  culture  en  bouillon  de  34  heures,  additionnée 
de  I  pour  100  d'ammoniaque,  et  aulolysée  pendant  48  heures  à  87°,  en  vase  clos.  Le 
liquide  a  ensuite  été  neutralisé  par  un  courant  de  CO^,  puis  centrifugé.  Ce  milieu  n'a 
pas  immunisé  suffisamment  les  cobaves. 

VUI.  La  vaccination  par  absorption  di^eslive  de  bacilles  vivants,  même  en  très 
forte  quantité,  n'a  amené  aucune  immunité  générale.  L'immunité  intestinale  n'a  pas  été 
appréciée;  peut-être  n'a-t-elle  pas  ici  l'importance  que  Cloetta  a  constatée  pour  certains 
poisons  chimiques. 

En  résumé,  on  peut  conclure  que  c'est  le  bacille  vivant,  en  culture  de 
i!\  heures  ou  même  plus  âgée  (10  jours),  qui  donne  au  cobaye  l'immunité  la 
plus  solide.  La  macération  de  bacilles  vivants,  centrifugée  et  stérilisée  ensuite 
par  l'éther  ou  le  chloroforme,  est  également  très  vaccinante.  L'utilisation, 
comme  antigène,  d'une  culture  de  24  heures,  tuée  par  la  chaleur  à  55°, 
pendant  i  heure,  confère  également  une  bonne  protection  aux  animaux.  Le 
vaccin  sensibilisé  donne  une  immunité  satisfaisante,  mais  moins  prolongée. 
Les  autres  vaccins  expérimentés  ont  été  moins  actifs. 


358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉDECINE  VÉIÉRINAIRE.  —  Étiologie  delà  congestion  intestinale  du  cheval. 
Note  de  M.  H.  Carré,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

On  range  parmi  les  maladies  du  tube  digestif,  chez  le  cheval,  une  entité 
morbide  assez  bien  caractérisée,  cliniquement,  par  l'injection  intense  des 
muqueuses  et  des  coliques  d'une  extrême  violence  survenant  brusquement, 
le  plus  souvent,  sur  des  animaux  surmenés  par  un  travail  excessif.  Les  lésions 
sont  caractéristiques  :  le  caecum  et  le  gros  intestin,  plus  particulièrement 
lésés,  sont  rouge  foncé,  la  muqueuse  désorganisée  est  transformée  en  un 
caillot  rouge  noirâtre;  le  foie  peut  avoir  l'aspect  cuit,  la  rate  grosse,  molle, 
noire  sur  la  coupe.  L'insertion  des  vaisseaux  sur  l'intestin  est  noyée  dans 
un  œdème  parfois  très  abondant,  sanguinolent.  L'estomac  et  l'intestin 
grêle  sont  parfois  seuls  lésés,  ensemble  ou  séparément.  L'urine  peut  être 
plus  ou  moins  foncée  et  même  acquérir  la  teinte  marc  de  café.  Le  cœur  est 
jaune,  friable.  L'endocarde  gauche  est  parsemé  de  nombreuses  hémor- 
ragies sous-séreuses;  les  valvules  présentent  des  végétations  fibrineuses, 
indice  d'une  inflammation  toute  récente  (Petit). 

Actuellement  deux  hypothèses  sont  en  présence,  concernant  l'éliologie  de 
cette  afl'ection. 

I.  La  première  en  date,  émanant  de  Bollinger,  accuse  la  tluombose  des  arlères 
coliques  par  un  caillot  émanant  d'un  anévrisme  vermineux  de  la  grande  mésentérique 
(action  toute  mécanique  et  notoirement  insuffisante  pour  expliquer  les  lésions  d'intoxi- 
cation générale). 

II.  MM.  Petit  et  Ligniéres  reconnaissent  qu'il  est  impossible  d'expliquer  la  genèse 
de  ces  lésions  autrement  que  par  l'action  d'une  toxine  microbienne.  Ligniéres  place 
dans  la  muqueuse  intestinale  l'origine  de  cette  sécrétion  toxique  due  à  un  microbe 
encore  hypothétique. 

Lclairé  par  mes  précédentes  recherches  sur  le  bacille  de  Preisz-PNocard 
dans  certaines  affections  du  mouton  {Revue  générale  de  Médecine  véiéri- 
naire,  i"'  avril  1908  et  i5  janvier  1910),  j'ai  pu  facilement  constater  l'agent 
'spécifique  de  la  congestion  intestinale  du  cheval. 

Il  suffit  de  parcourir  les  relations  d'autopsie  des  moutons  morts  des 
eaux  rousses,  cachexie  aiguë  de  Delafond,  mal  rouge,  etc.,  ou  lues  par 
la  toxine  du  bacille  de  Pi-eisz-Nocard,  pour  constater  l'identité  absolue 
de  ces  lésions  et  celles  qu'on  rencontre  chez  le  cheval  mort  de  congestion 
intestinale. 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  I9IO.  35i) 

Les  moutons  morts  de  la  maladie  naturelle  ne  m'avaient  pas  permis  jus- 
qu'alors de  constater  avec  certitude  le  lieu  de  culture  du  microbe. 

Tout  récemment,  deux  agneaux,  envoyés  d'une  bergerie  infectée,  me 
parvinrent  mourants.  Sacrifiés,  ils  montraient  toutes  les  lésions  des  eauT 
rousses  et  le  sang  du  cœur  me  donna  une  culture  pure  du  bacille  de 
Preisz-Nocard. 

Je  fus  assez  heureux  pour  avoir  de  suite,  à  ma  disposition,  quatre 
chevaux  atteints  de  coliques  violentes. 

(]es  chevaux  furent  saignés  à  la  jugulaire  et  leur  sang  fut  ensemencé  largement  en 
bouillon. 

Deux  chevaux  guérirent;  leur  sang  se  montra  stérile. 

Les  deux  chevaux  qui  moururent  firent  voir  les  lésions  typiques  de  la  congestion 
intestinale  sur  le  tube  digestif  et  sur  le  cœur. 

Le  sang  de  ces  deux  animaux  me  donna  une  culture  du  bacille  de  Preisz- 
Nocard. 

1.  La  congestion  intestinale  du  cheval  n'est  pas  une  affection  du  tube 
digestif;  c'est  une  infection  générale  de  l'organisme  surmené,  par  le  bacille 
de  Preisz-Nocard  et  les  lésions  constatées  sont  dues  au  poison  sécrété  par  ce 
microbe. 

IL  Le  terme  de  congestion  intestinale  'est  inexact  ;  la  lésion  intesti- 
nale peut  être  insignifiante  ou  même  faire  totalement  défaut,  l'action 
tonique  n'étant  plus  traduite  que  sur  l'estomac  et  le  cœur. 


GÉOLOGIE.  —  Les  Algues  calcaires  du  groupe  des  Girvanella  et  la  formation 
des  oolithes.  Note  de  M.  L.  Cavkux,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

En  1878,  H. -A.  Nicholson  et  R.  Etheridge  (')  signalèrent,  dans  le 
Calcaire  silurien  de  Girvan  (Ecosse),  des  tubes  microscopiques  flexueux  ou 
contournés,  à  section  circulaire,  formant  des  masses  compactes  libres, 
auxquelles  ils  donnèrent  le  nom  de  Girvanella  problematica.  Parfois 
répandues  en  grand  nombre  dans  certaines  roches  primaires  et  secondaires. 


(')   ll.-A.  iNiciioLSON  and  K.  Ethëridge  jun.,  A  Monograph  of  tite  silurian  Fossils 
of  the  Girvan  District,  in  Ayrs/iire,  t.  I,  1878,  p.  ?. i  et  2^,  PI-  IA',/ig.  24. 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  iN°  6.) 


/iH 


36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  Girvanella  ont  été  successivement  identifiées  à  des  Rhizopodes,  à  des 
Sironiatopores,  puis  à  des  Spongiaires;  de  nos  jours,  elles  sont  générale- 
ment considérées  comme  des  Algues  calcaires. 

Dès  i885,  leur  présence  était  reconnue  dans  des  oolithes  calcaires  par 
M.  H. -M.  Seely  (').  A  partir  de  1889,  l'attention  fut  souvent  appelée  sur 
ces  singuliers  organismes,  et  notamment  par  M.  Wethered  qui  étudia  dans 
plusieurs  Mémoires  les  rapports  des  Girvanella  avec  les  oolithes  et  les 
pisolithes  calcaires.  La  principale  conclusion  des  belles  recherches  de  ce 
savant  peut  se  résumer  en  ceci  :  les  oolithes  et  les  pisolithes  calcaires  ne 
sont  pas  des  concrétions,  mais  des  corps  résultant  de  la  croissance  et  de 
l'enroulement  des  tubes  de  Girvanella  autour  de  grains  de  nature  organique 
ou  minérale. 

La  découverte  d'une  multitude  de  Girvanella  dans  les  oolithes  ferru- 
gineuses des  minerais  siluriens  de  La  Ferrière-aux-Etangs  (Orne)  et  les 
conditions  d'étude  exceptionnellement  favorables  qu'elles  y  présentent 
m'ont  tout  naturellement  conduit  à  vérifier  la  thèse  de  M.  Wethered. 

Les  Girvanella  des  minerais  de  fer  se  présentent  sous  forme  de  tubes  très 
déliés,  vermiformes,  repliés  sur  eux-mêmes,  pelotonnés  et  sans  exception 
inclus  dans  les  oolithes.  Quelle  que  soit  la  composition  de  celles-ci,  les 
Girvanella  sont  toujours  fossilisées  par  de  la  sidérose  très  pure  ou  faible- 
ment souillée  par  de  l'hématite  rouge.  Les  oolithes  qui  les  englobent  étant 
le  plus  souvent  hématisées,  il  en  résulte  que  les  Algues  se  détachent  en 
clair  sur  un  fond  brun  opaque  et  que  les  relations  entre  les  deux  parties 
en  présence  sont  d'une  netteté  incomparable.  De  pareils  éléments  permet- 
tent de  fixer  avec  la  plus  grande  précision  ce  qui  appartient  en  propre  aux 
corps  oolithiques  et  ce  qui  revient  aux  organismes  qu'ils  emprisonnent. 

D'une  manière  générale,  les  tubes  de  Girvanella  abondent  à  la  périphérie 
des  oolithes;  leur  fréquence  diminue  graduellement  vers  l'intérieur,  et  un 
petit  nombre  seulement  en  atteignent  le  centre.  Tout  une  série  de  faits 
établissent  l'indépendance  absolue  de  la  structure  concentrique  des  oolithes 
de  la  présence  de  ces  tubes  : 

I"  Il  apparaît  évident  au  microscope  (|iie  les  G«/('««e//a  inlerionipent  ou  détiuisent 
complètement  la  structure  des  oolithes.  On  voit,  par  exemple, des  lignes  concentriques 
brunes  très  fines  s'arrêter  net  à  la  rencontre  d'une  large  section  transversale  de  Girva- 

(')  H. -M.  Sekly,  a  new  Geniis  vf  Cluizy  Sjju/i^cs,  Slrep/ioc/iclus  (Ani.  ./uiirn., 
3'-  srrie,  t.  .\X\.  .885,  p.  355-357). 


SÉANCE  DU  7  FÉVRIER  191O.  36l 

nella  ;  on  voit  encore  de  gros  tubes  cheminer  entre  des  couches  concentriques,  puis  se 
replier  brusquement  pour  accomplir  un  long  parcours  radial,  sur  lequel  toutes  les 
zones  sont  invariablement  coupées.  Tel  tube  qui  traverse  une  oolithe,  suivant  une 
ligne  des  plus  capricieusement  ondulées,  ne  se  confond  mille  part  avec  une  des  enve- 
loppes concentriques.  Notons  encore  que,  dans  de  nombreuses  sections  d'oolithes  qui 
se  résolvent  en  un  véritable  feutrage  d'Algues,  il  est  toujours  impossible  de  dévoiler  la 
moindre  trace  de  structure  zonaire.  Bref,  la  structure  concentrique  des  oolithes  ferru- 
gineuses s'efface  d'autant  plus  que  les  Girvanella  se  multiplient. 

2°  Les  noyaux  oolilhiques  envahis  par  les  Girvanella  ne  laissent  jamais  reconnaître 
la  plus  petite  trace  de  structure  zonaire,  et  cependant  les  Algues  y  sont  représentées  à 
tous  les  états  de  fréquence.  Les  tubes  les  traversent  en  tous  sens,  les  détruisent  pour 
en  prendre  la  place  et  parfois  même  ne  pénètrent  pas  du  tout  dans  la  partie  de 
l'oolithe  caractérisée  par  une  structure  concentrique. 

3°  Enfin  le  diamètre  des  tubes  de  Girvanella^  si  réduit  qu'il  puisse  être,  dépasse 
toujours  de  beaucoup  l'épaisseur  des  zones  concentriques  les  inoins  fines  :  c'est  dire 
que  toute  confusion,  entre  les  unes  et  les  autres,  est  impossible. 

De  l'analyse  détaillée  des  oolithes  à  Girvanella  il  ressort  avec  évidence 
qu'on  ne  peut  expliquer  l'orig-ine  des  corps  oolithiques  par  un  enroulement 
de  tubes.  Les  Girvanella  ne  construisent  pas  d'oolithes  et  travaillent  au 
contraire  à  les  détruire.  Toute  oolithe  qui  en  renferme  est  en  quelque  sorte 
parasitée  et  condamnée  à  la  perte  complète  ou  partielle  de  sa  caractéristique 
la  plus  essonlielle,  sa  structure  concentrique.  En  réalité  les  Girvanella  des 
minerais  de  fer  sont  des  Algues  perforantes,  fixées  dans  les  oolithes  à  la 
manière  de  parasites. 

On  s'explique  ainsi  la  prédominance  des  tubes  dans  la  région  périphé- 
rique des  oolithes  et  leur  existence  dans  certains  noyaux  oolithiques, 
c'est-à-dire  dans  des  corps  de  nature  variée  et  dépourvus  de  structure 
concentrique.  Cette  opinion,  seule,  rend  compte  de  la  différence  de  compo- 
sition minérale  des  tubes  et  de  la  grande  majorité  des  oolithes  et  enfin  du 
contraste  si  frappant  entre  l'extrême  finesse  et  la  régularité  des  zones 
concentriques  d'une  part,  la  grosseur,  le  calibre  éminemment  variable  et 
le  dessin  si  irrégulier  des  tubes  d'autre  part. 

.l'ai  étendu  mes  observations  aux  oolithes  calcaires  à  Girvanella,  sans 
noter  le  moindre  fait  qui  en  restreigne  la  portée  générale  ;  elles  sont,  au 
même  titre  que  les  oolithes  ferrugineuses,  des  oolithes  parasitées. 

Il  suffit,  d'ailleurs,  pour  se  convaincre  que  l'ingénieuse  explication  de 
M.  Wethered  n'est  pas  fondée,  de  réfléchir  à  ce  fait  que  l'enroulement  d'un 
tube  sur  lui-même  ne  saurait  jamais  engendrer  une  masse  sphérique,  ovoïde 
ou  ellipsoïdale,  caractérisée  par  une  structure  concentrique. 


362  ACADÉMIE    UES    SC1E^CES. 

Ces  raisons,  et  beaucoup  d'autres  que  je  ne  puis  exposer  dans  celle 
Note,  concourent  à  démontrer  que  les  Girvanella  et  toutes  les  Algues 
calcaires  du  même  type  sont  absolument  étrangères  à  la  genèse  de  la 
structure  oolitbique. 


La  séance  est  levée  à  f\  heures  et  demie. 


Ph.  V.  T. 


ERRATA. 


(Séance  du  24  janvier  1910.) 

Note  de  M.  P.  Helbronner,  Sur  les  jonctions  de  la  chaîne  méridienne  de 
Savoie  avec  la  triangulation  fondamentale  italienne  et  suisse  : 

Page  209,  le  Tableau  doit  être  lepoité  page  210  après  la  16*  ligne. 
Page  210,  après  la  ligne  7,  lises  : 

Triangulalion  italienne  =2i8i8"',3o.  —  (Jliaîne  niéiidienne  de  Savoie  =21818"', 60. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  14   FÉVRIER  1910. 

/ 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  lT.vstrictiox  publique  adresse  ampliation  du  Décret 
en  date  du  5  février  portant  approbation  de  Félfiction  que  l'Académie  a 
faite  de  M.  Adolphe  von  Baeyer  pour  occuper  une  des  places  d'Associé 
étranger  créées  par  le  Décret  du  i"'  décembre  190g. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

M.  le  Président  donne  lecture  de  la  dépôciie  suivante  : 

Au  Présidpiit  de  l'/ns/i/ii/  de  France,  à  Pans, 

L'A.cadémie  royale  des  Liiicei  n'a  pas  ouljlié  la  très  vive  part  prise  l'an  passé  par 
voire  illustre  Institut  au  terrible  désastre  qui  frappa  l'Italie  méiidionale.  Dans  sa 
séance  d'hier,  elle  m'a  chargé  à  l'unanimité  de  vous  transmettre  ses  profondes  condo- 
léances pour  le  grand  fléau  f|ui  a  aflligé  et  désolé  une  grande  partie  de  la  France,  avec 
son  admiration  pour  l'exemple  de  force  d'âme  qui  a  été  donné  en  d'aussi  graves  cir- 
constances. 

Le  Président, 

Blaserna. 


SISMOLOGIE.    —    Sismographe  à  colonne  liquide. 
Noie  de  M.  (».  Lippmaw. 

C'est  un  sismograplie  auquel  on  peut  donner  une  durée  d'oscillation  telle 
que  les  courbes  qu'il  trace  n'aient  plus  besoin  d'être  réduites.  Un  tube  T, 
plein  d'eau,  débouche  à  chaque  extrémité  dans  un  bassin  B  contenant  le 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  7.)  ^9 


364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

même  liquide.  l/é(iiiilil)i'e  hydrostatique  sVHablit  dans  ce  système,  qui  n'est 
autre  qu'un  niveau  d'eau  de  grandes  dimensions. 

L'équilibre  de  la  colonne  li({uide  serait  indifférent  si  la  section  du  bassin  B 
était  infiniment  grande  par  rapport  à  celle  du  tube  T;  et  l'instrument  serait 
alors  théoriquement  parfait.  En  réalité  il  n'en  est  pas  ainsi;  l'équilibre  est 
stable;  et  quand  il  a  été  troublé  par  une  secousse,  il  se  rétablit  par  une 
série  d'oscillations;  l'appareil  constitue  donc  un  pendule  liquide  dont  la 
période  d'oscillation  est  T.  (^ette  période  d'oscillation  propre  joue  ici  le 
même  rôle  que  dans  le  cas  du  pendule  solide;  il  importe  qu'elle  soit  aussi 
grande  que  possible  par  rapport  à  la  durée  des  mouvements  sismiques  ('). 
Cette  condition,  très  difficile  à  réaliser  pratiquement  avec  les  pendules 
solides,  est  au  contraire  réalisable  facilement  et  sans  réglage  avec  l'appareil  à 
colonne  liquide. 

Pour  nous  en  assurer,  calculons  T  en  fonction  des  dimensions  de  l'ap- 
pareil. Soient  s  la  section  du  tube  T,  S  la  section  de  chacun  des  bassins  B. 
Quand  le  liquide  du  tube  T  subit  un  déplacement  égal  à  i,  la  dénivellation 

dans  les  bassins  B  est  égale  à   ?  ;  la  pression  qui  en  résulte  est  égale  à  ^  g. 

Il  s'ensuit  que  l'on  a 


T=:27 


T  ne  dépend  donc  que  des  dimensions  de  l'appareil  :  aucun  réglage  n'est 
nécessaire,  aucun  déréglage  appréciable  ne  peut  se  produire. 

D'ailleurs  on  peut  arriver  à  une  valeur  notable,  avec  un  appareil  de 
dimensions  modérées.  On  obtient,  par  exemple,  les  valeurs  suivantes  de  T  : 

/.  s.  s.  T. 

r. 4""  4"">'  14, 14 

I 4  I'"'  68 

4 4  •"''  i4i  ,4 

La  partie  hydraulique  du  système  peut  être  construite  très  grossièrement 
par  un  plombier.  11  reste  à  examiner  le  mode  d'inscription  du  mouvement 


(')  M.  Lo  Siii<lo  a  proposé  un  accéléromètre  conslilué  par  une  colonne  de  mercure 
et  qui  avait  une  période  d'oscillation  extrêmement  courte,  ^  de  seconde,  et  qui 
obéirait  aux  tremblements  de  terre  très  forts  qui  se  produisent  en  Italie.  Nous  nous 
proposons  ici  d'inscrire  de  très  faibles  déplacements  et  non  de  fortes  accélérations. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  19IO.  365 

du  liquide  :  ici,  il  esl  nécessaire  d'employer  un  petit  équipage  léger  et  déli- 
catement suspendu. 

Un  disque  de  mica  très  mince  forme  piston  à  1'ex.lréniilé  du  tube  :  il  suit  les  raou- 
venients-de  l'eau  et  communique  ses  déplacements  à  un  miroir  mobile  qui  sert  à  l'ins- 
cription photographique. 

Le  disque  de  mica  et  le  miroir  sont  portés  par  un  fil  de  métal  mince,  vertical,  et 
soutenu  par  un  fil  de  quartz;  le  disque  de  mica  est  excentré  de  manière  que  ce  petit 
équipage  forme  balance  de  torsion.  Pour  éviter  tout  frottement,  le  piston  en  mica  ne 
touche  pas  la  paroi  du  tube;  l'obturation  est  donc  incomplète.  Néanmoins,  à  cause  de 
la  faiblesse  de  la  masse  mobile  (poids  total  :  quelques  décigrammes),  et  de  la  faible 
torsion  du  fil  de  ([uarlz,  le  piston  n'oppose  qu'une  très  faible  résistance  au  mouvement, 
et  il  le  suit  sans  qu'aucune  fuite  d'eau  notable  puisse  se  produire. 

Si  Ton  tenait  à  remplacer  rinscriplion  photographique  par  l'inscriplioil 
mécanique,  il  faudrait,  en  raison  du  frottement  du  style  inscripleur  cjui 
intervient  alors,  augmenter  la  masse  liquide  en  augmentant  ensemble  les 
volumes  de  5  et  de  S. 

Les  pendules  sismographiques  solides  ne  permettent  pas,  comme  l'appa- 
reil à  liquide,  d'accroître  à  volonté  la  période  T.  Il  paraît  qu'en  général  on 
se  contente  de  faire  T  égal  à  10  ou  12  secondes.  Sans  doute  on  peut  amener  T, 
par  un  réglage  soigné,  à  valoir  20  et  même  3o  secondes.  Mais  l'appareil 
devient  alors  extraordinairement  sensii)le  à  toute  perturbation,  ther- 
mique ou  autre,  qui  change  la  position  apparente  de  la  verticale  :  le 
déplacement  horaire  du  Soleil,  l'approche  de  l'observateur  changent  la 
sensibilité  et  déplacent  la  position  d'équilibre.  En  appelant  a  l'angle  de  . 

l'axe  de  rotation  avec  la  verticale,  T-  est  proportionnel  à  -  et,  par  consé- 
quent, —. — -  est  proportioimel  à  —  ;  c'est-à-dire  que  ce  coefficient,  qui  mesure 

la  sensibilité  de  l'appareil  aux  variations  de  a,  devient  un  infiniment  grand 
du  second  ordre  quand  on  fait  tendre  a  vers  zéro.  C'est  pour  cette  raison 
que  Hecker,  dans  des  recherches  récentes,  a  dû  installer  son  pendule  hori^ 
zontal  non  dans  une  cave,  mais  dans  une  mine,  à  1000'"  de  profondeur. 

L'appareil  à  liquide  n'aurait  pas  le  même  défaut.  D'abord  sa  période  est 
invariable  :  elle  ne  dépend  que  de  ses  dimensions.  Ensuite  une  variation 
lente  de  la  verticale  ne  s'inscrirait  pas  sur  la  feuille  photographicjue.  En 
effet,  lé  piston  de  mica  n'est  pas  étanche  ;  il  permet  donc  une  fuite  d'eau 
qui  diminue  légèrement  les  indications  de  l'appareil  quand  les  mouvements 
de  la  colonne  liquide  sont  brusques.  Au  contraire,  quand  ces  mouvements 
sont  dus  au  déplacement  horaire  du  Soleil,  la  palette  de  mica  n'est  plus 


366  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sensiblement  entraînée,  car,  la  fuite  durant  maintenant  des  heures  entières, 
elle  suffit  à  maintenir  l'égalité  de  pression  des  deux  côtés  du  mica.  Le 
sismographe  à  colonne  liquide  ne  peut  donc  indiquer  les  changements  lents 
de  la  verticale  ;  il  n'en  est  que  plus  commode  à  employer  pour  mesurer  les 
déplacements  rapides  de  la  croûte  terrestre. 

M.  lî.  lÎAiLi-AUD  présente,  au  nom  de  M.  Cossekat,  le  Tome  \  I  des 
Annales  de  f  Observai oire  de  Toulouse: 

En  présentant  à  l'Académie  le  Tome  VI  des  Annales  de  i Observatoire  de 
Toulouse,  consacré  aux  taches  du  Soleil,  je  tiens  à  signaler  le  travail  consi- 
dérable qu'a  demandé  l'élaboration  de  ce  Volume,  qui  est  essentiellement 
l'œuvre  de  M.  Montangerand. 

Des  5718  positions,  obtenues  par  la  méthode  de  Carrington,  qui  sont 
discutées  dans  ce  Volume,  2803  ont  été  observées,  de  1879  à  1884,  par 
MM.  Bigourdan,Perrotin,  Jean,Rey,  Saint-Blancat;  28^5,  de  i88/(à  1887, 
par  M.  Montangerand,  et  18,  à  la  fin  de  18S7,  par  M.  Cosserat. 

M.  Saint-Blancat  a  revisé  une  partie  des  données;  MM.  Jean,  Bey  et 
Montangerand  ont  fait  une  fois  les  réductions;  M.  Montangerand  les  a  faites 
lui-même  une  seconde  fois.  Les  résultats  de  ces  longs  et  pénibles  calculs 
constituent  la  première  Partie  du  Volume. 

La  seconde  Partie  contient  la  discussion  minutieuse  des  taches,  donnant 
pour  chacune  d'elles  la  valeur  angulaire  de  la  vitesse  de  rotation. 

M.  Montangerand  se  réserve  de  faire  ultérieurement  une  discussion 
d'ensemble  des  résultats  obtenus. 

La  publication  de  ce  Volume  a  été  assurée  en  partie  par  des  subventions 
de  M.  le  vicomte  de  Salignac-Fénelon,  déjà  signalé  à  l'Académie  comme  un 
des  généreux  donateurs  de  l'Observatoire  du  Pic  du  Midi. 

MM.  Baillaud,  Cosserat  et  Montangerand  sont  particulièrement  heureux 
(le  saisir  l'occasion  qui  s'oflre  à  eux  d'exprimer  à  M.  de  Salignac-Fénelon 
leur  profonde  reconnaissance. 

îVO^IltVATIOrVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  de  juger  les  concours  de  l'année  1910. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

MathÉMATIQUIîS  :  Grand  Prix  des  Sciences  mathématiques,  j)riv  Fran- 


SÉANCE    DU    l/f    FÉVRIER    I9IO.  36'J 

cœiii\  prix  Poncelet.    —   MM.   Jordan,    Poincaré,   Emile    Picard,   Appell, 
Painlcvé,  Humbert,  Maurice  J^evy,  Darboux,  Boussinesq. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Alfred  Picard,  Vieille. 

Cette  Commission  est  également  chargée  de  présenter  une  Question  de 
prix  fiordin  pour  l'année  191 3. 

Méganique  :  Pri.v  iMontyon,  Fourneyron.  —  MM.  Maurice  Levy,  Bous- 
sinesq, Deprez,  Léauté,  Sebcrt,  Vieille,  Schlœsing,  Haton  de  la  (ioupil- 
lière,  Poincaré. 

Ont  ensuite  obtenu  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Berlin,  Villard. 

Navigation  :  Prix  extraordinaire  de  la  Marine,  Plumey.  —  MM.  Maurice 
Levy,  Grandidier,  Boussinesq,  Deprez,  J^éauté,  Bassol,  Guyou,  Sebert, 
Hatt,  Berlin,  Vieille. 

Astronomie  :  Prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Vah^Janssen.  —  MM.  Wolf, 
Radau,  Deslandres,  Bigourdan,  Baillaud,  Hamy,  Darboux,  Lippmann, 
Poincaré. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Emile  l'icard,  Appell. 

Géographie  :  Prix  Tcldlialchef,  Guy,  liinoux,  Delalande-Guérineau.  — 
MM.  Grandidier,  Bassot,  Guyou,  Hatt,  Berlin,  Ph.  van  ïieglicm,  Perrier, 
le  prince  Roland  Bonaparte. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Darboux,  Lacroix. 

Celle  Commission  est  également  chargée  de  présenter  une  Question  de 
prix  Gay  \>o\iv  Wnnèe.  191  3. 

Physique  :  Prix  Héhcrl^  Hughes,  lùistner-Boursault,  Victor  Raulin.  — 
MM.  Lippmann,  Violle,  iVmagal,  Gernez,  Bouty,  Villard,  Maurice  Levy, 
Caillelet,  Poincaré. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Emile  Picard,  Boussinesq. 

Chimie  :  Prix  Jecker,  Ca/tours,  Monlyon.  (Arts  insalubres),  Alhumbert.  — 
MM.  Troosl,  Gautier,  Lemoiiie,  Haller,  Le  Chatelier,  Junglleisch,  Schlœ- 
sing, Carnol,  Maquenne. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Miintz,  Roux. 


3()8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.' 

BoTAMQUE  :  Prix  Desmazicres,  Montagne^  De  Vuincy,  De  laFons-Mélicocq, 
Bordin  {Sciences physiques).  —  MM.  lîornet,  Guignard,  Bonnier,  Prillieux, 
Zeiller,  Mangin,  Ph.  van  Tieghein,  Peirier,  Chatin. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Bouvier,  le  prince  Roland 
Bonaparte. 

GORUESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaike  pekpétuel  donne  lecture  du  télégramme  suivant, 
transmis  par  M'"*^  Charcot  : 

Ue  PunUi  Arenas. 

Je  crois  avoir  rempli,  dans  la  mesure  de  mes  moyens,  le  problème  scientifique  que 
nous  avait  donné  l'Académie  des  Sciences.  Après  un  échoiiage  grave,  nous  avons  con- 
linué  vers  le  Sud-Ouesl  le  lever  de  la  côte  des  Terres  Antarctiques,  commencé  lors  de 
notre  expédition  précédente,  jusqu'à  l'ile  Adélaïde,  ile  très  curieuse,  longue  de  i3o''"'. 
Au  Sud,  nous  avons  découvert  un  vaste  golfe  et  relevé  120  milles  de  terres  nouvelles. 

Nous  avons  ensuite  atteint  la  terre  Alexandre  I"",  qui  était  le  but  principal  de  notre 
expédition,  et  autour  de  laquelle  les  glaces  sont  très  abondantes  et  la  côte  accore 
sans  mouillage.  Revenant  alors  dans  le  Nord,  nous  avons  hiverné  à  l'île  Petermaun. 
L'hiver  a  été  relativement  doux,  mais  pénible.  Le  temps  était  affreux,  nous  avons  fait 
des  avaries  et  avons  eu  plusieurs  malades  qui  sont  maintenant  tous  rétablis.  Les  ex- 
cursions ont  été  nombreuses  et  intéressantes,  surtout  sur  les  glaciers. 

La  deuxième  campagne  comprend  des  travaux  aux  Shetlands  du  Sud,  notamment 
aux  Iles  Déception  et  Bridgmau.  Puis  roule  au  Sud,  découvert  île  nouvelle  et  retrouvé 
lie  Pierre  l"''.  Avons  navigué  entre  le  69°  et  le  71"  de  latitude  jusqu'au  laG"  longitude 
Ouest. 

Avions  rê\é  davantage.  Avons  fait  du  mieux  possible. 

Signé  :  Charcot. 


M.  J.-D.  VAN  DER  Waals,  élu  Associé  étranger,  adresse  des  reinerci- 
ments  à  l'Académie. 


Sir  Patrick  Ma\so.\,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Médecine  et 
Chirurgie,  adresse  des  remercîments  à  l'Académie. 


M.  le  MisiSTRE  DE  i.A  (ii'ERRE  Invltc  l'Académie  à  désigner  l'un  de  ses 
Membres  qui  remplacera,  au  Conseil  deperfectionnement  de  l'Ecole  Poly^ 
tecbni(|ue,  M.  Houquel  de  la  Grye^  décédé. 


SÉANCE  UU   l\  1  i:vRiER   1910.  'i6g 

M.  le  SEi:RKTAini-:  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Le  navire  aérien,  par  M.  L.  Marghis. 

2"  Pour  la  race.  Notre  soldat,  sa  caserne,  par  M.  Lachaid.  (Présenté  par 
M.  Lannelongue.) 

3"  L'évolution  économique  de  la  brasserie  française,  par  Jehan  CnARLtE. 
(Présenté  par  M.  A.  Miintz.) 

4°  La  soude  électroly tique  :  théorie,  laboratoire,  industrie,  par  M.  André 
Brochet.  (Présenté  par  M.  A.  Hallcr.) 

M.  Alfred  A.\got,  M.  le  Capitaine  de  vaisseau  Marquis  de  Fraysseix- 
BoNNiiv,  prient  l'Académie  de  les  comprendre  au  nombre  des  candidats  à  la 
place  vacante,  dans  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  par  le  décès  de 
M.  Bouquet  de  la  Grye. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  transformations  de  la  comète  1910a 
dite  comète  Innés.  Note  de  M.  Ernest  Esclaxgos,  présentée  par 
M.  H.  Deslandres. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  observations,  et  quelques 
dessins  que  j'ai  pu  faire  récemment  de  la  comète  1910  a,  découverte  à 
Joliannersburg  le  16  janvier  dernier. 

Le  temps  à  Bordeaux  a  été  particulièrement  défavorable,  et  je  n'ai  pu 
réaliser  au  grand  équatorial  de  l'Observatoire  que  cinq  observations  com- 
plètes et  dans  de  bonnes  conditions:  le  11  et  le  23janvier,  les3oet3i  janvier, 
et  enlin  le  9  février.  Entre  le  22  et  le  3o  janvier  la  comète  a  subi  des  modi- 
fications considérables  de  forme,  indépendamment  de  la  diminution  très 
rapide  d'éclat. 

La  figure  i  représente  la  comète  (région  de  la  tête)  sous  l'aspect  qu'elle  présentait 
le  22  et  le  2.3  janvier."  Le  noyau  est  très  brillant  ;  son  diamètre  est  de  i5"  environ.  De 
chaque  côté  du  noyau  et  normalement  à  la  direction  générale  de  la  queue,  semblent 
s'échapper  deuv  courants  de  matière  nébuleuse  dont  la  trajectoire,  presque  recliligne 
à  la  base,  comme  si  la  matière  était  projetée  avec  force,  s'inlléchit  ensuite  rapidement 
pendant  que  l'éclat  diminue  graduellement.  A  la  base  même,  la  luminosité  de  ces  deux 
courants  est  presque  comparable  à  celle  du  noyau.  L'aspect  de  la  comète  rappelle  for- 
tement celui  de  la  comète  Daniel  (1907  d)  vers  le  26  août  1907  (').  Le  22  janvier  la 

(')   Comptes  rendus,  8  janvier  1908,  el  Bulletin  astronomique,  mars  1908. 


3no 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


comète  igiort  se  Irouvail  :i  la  distance  0,20  environ  liii  Soleil,  la  queue  faisant  avec  la 
direction  Comète-Terre  un  angle  d'environ  96°. 

Kig.  1.  —  22  janvier  1910. 


m 


Le  3o  janvier  l'aspect  de  la  comète  (Jîff.  2)  est  entièrement  changé.  L'éclat  général 
a  considérablement  diminué;  le  no^au  est  très  \if,  d'nspccl  xlcllairc.  c'esl-à-dire  très 
bien  délimité,  son  diamètre  de  3"  à  4"  environ. 


Les  deux  courants  de  matière  nébuleuse  observés  le  22  janviei'  ont   disparu    pour 
faire  place  à   une  sorte  de  nébulosité  circulaire,  evcentriqne  par  rapport  au  noyau  et 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  191O.  371 

(lonl  l'éclat  va  en  se  dégradant  à  partir  de  celui-ci.  A  cette  date  la  comète  se  trouve  à 
la  distance  o,55  du  Soleil  et  la  queue  fait  avec  la  direction  Cométe-Terre  un  angle 
de  i33°.  Observée  à  l'œil  nu,  la  queue,  très  pâle,  parait  très  longue,  atteignant  2.5°  de 
longueur  apparente. 

Le  9  février,  malgré  un  ciel  très  pur,  la  queue  n'était  plus  visible.  Dans  l'instrument, 
la  comète  apparaissait  sous  la  forme  d'une  nébulosité  circulaire  de  faible  éclat;  le 
noyau  avait  perdu  la  si  extraordinaire  netteté  qu'il  présentait  le  3o  et  le  3 1  janvier. 

On  voit  qu'en  quelques  jours  la  comète  a  subi  des  transformations  considérables, 
principalement  du  23  au  3o  janvier;  mais  la  nature  même  de  son  orbite  paraît  y  avoir 
joué  un  rôle. 

Dans  les  transformations  apparentes  que  présentent  les  cotnètes,  deux 
sortes  d'éléments  sont  à  considérer.  En  premier  lieu  ceux  qui  tiennent  aux 
transl'ormations  réelles  se  produisant  au  sein  de  l'astre  même;  en  second 
lieu  ceux  qui  correspondent  aux  manières  diverses  dont  l'astre  se  présente 
successivement  aux  yeux  de  l'observateur.  En  ce  qui  concerne  la  comète 
1910  rt,  les  variations  de  l'angle  de  la  queue  avec  le  rayon  visuel  (Comète- 
Terre)  ont  été  considérables  (gi^"  le  22  janvier,  133°  le  3o  janvier).  Or 
une  telle  variation  entraîne  nécessairement  de  grandes  modifications  d'as- 
pecl,  au  point  que,  ainsi  qu'il  résulterait  d'un  calcul  facile  et  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  une  comète  présentant  primitivement  l'aspect  indiqué  par 
la  figure  i  pourrait  arriver,  par  ce  seul  fait,  à  prendre  l'aspect  de  la  figure  2. 
II  n'est  pas  douteux  que  des  transformations  réelles  et  considérables  se  sont 
produites  au  sein  même  de  la  comète  1910  a  dans  la  période  du  22  au 
3o  janvier;  mais  une  part  importante  des  modifications  observées  (surtout 
(piant  à  la  forme  et  indépendamment  de  la  diminution  d'éclat)  doit  être 
certainement  attribuée  à  la  façon  dont  elle  s'est  diversement  et  successive- 
ment présentée  à  nous  durant  celte  même  période. 

Le  3o  et  le  3i  janvier  j'ai  pu  faite  des  observations  de  position  dans 
d'excellentes  conditions  :  ciel  pur,  temps  calme,  images  stables,  avec  des 
étoiles  de  comparaison  très  voisines  de  la  comète,  en  déclinaison;  de  plus, 
le  noyau  était  très  net.  Le  g  janvier,  le  ciel  présentait  bien  les  mêmes 
qualités,  mais  l'étoile  de  comparaison  était  moins  favorable.  Voici  ces 
observations  : 

Nombre 
Dates.  Temps  moyeu  de 

1010.  Étoiles.       de  Itordcaiix.  AM.  A'i'.  compar. 

h        Ml       s  ui        s  /         >, 

Janvier  3o. ..  .     a           6.i5.:4i,g           — 1.54,53  +5.10,9  i6:4 

»        3i....      /*           6.    3.24,0           — 4-25,72  -4-1.19,3  i6:4 

»        3i....      h           6.37.34,1            — 4-22,35  -1-0.17,9  8:2 

Février    9....      c           6.33.   3,6            h  0.49, 44  — ^-'dt?  3:2 

C.  R.,  igio,  1  '  Semestre.  (T.  150,  N°  7.)  ^^ 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 
Positions  moyennes  des  clniles  de  eoni/Kiraison  pour   iqk 


Ascension 

1 

lislilIlCC 

droite 

licchiction 

polaire 

Kéduilior 

C:\ 

lalogiies. 

moyenne. 

au  jour. 

lojeniie. 

au  jour. 

7567  A. 

G.  Albanv 

h      m       s 

2 I .35. I I ,09 

-1^88 

88 ', 

.'16.'    4^ 

-t-J0,6 

7092  A. 

G.  Albanv 

21 .40. to, 86 

-i,87 

87 

.34.55,6 

+  10,6 

1 1 022  A. 

G.  I.eipzi^ 

II 

21 .5i .5o, 10 

-1,82 

82 

.52. 22,5 

+  '0,9 

Positions  apparentes  de  la  comète. 


Distance 

Lc.g.  fact. 

polaire 

Loj;.  fact. 

parallaxe. 

apparonic. 

parallaxe. 

+T,6l8 

88.21 .25; 

!6 

-o>793 

+  Î,6l4 

87.36.20. 

,5 

-0,792 

+  1,624 

87.35.24. 

,  I 

—0,79'' 

+  7,629 

82.4-. i3, 

<~ 

—0,792 

.\sccn5i0n 
Dates.  droite 

l'JlO.  apparente. 

Il       m       s 

.hinvier  3o 31 .33.  i4  ,68 

»       ji 21 .35 .43, 27 

3i 21.35.46,64 

Im':\  rier    9 2  1  .  52 .  37 ,  72 


ASTRONOMIE.   —  Sur  la  figure  de  la  grande  comète  ic)io«.  Note 
de  M.  J. -Comas  Soi. A,  pn'senlée  par  M.  Bigourdan. 

.Vai  pu  observer  cette  comète  pour  la  première  fois  le  19  janvier,  à  4''? 
partant  en  plein  Soleil.  A  rétjnatorial  on  voyait  le  noyau,  très  brillant,  avec 
deux  brandies  nébuleuses  un  peu  inégales,  qui  en  se  recourbant  formaient 
le  commencement  de  la  queue.  y\près  le  coucher  du  Soleil,  la  comète  fut 
invisible  ta  Ttr-il  nu  comme  à  la  jumelle,  et  je  n'ai  pu  apercevoir  la  queue. 

Le  20,  tout  le  luoude  a  pu  la  voir  ii  l'œil  nu,  après  le  coucher  dû  Soleil.  .l'obtins  ce 
jour-là  une  photographie,  à  l'équalorial  double  Mailhat  de  38''"'  de  l'Observatoire 
l'abra,  avec  6  secondes  de  pose,  suffisante  pour  bien  donner  la  forme  et  les  dimen- 
sions apparentes  de  la  tète. 

La  queue  a  été  toujours  birurquée.  coinme  si  le  noyau  faisait  écran  à  la  réjiid^ioii 
des  gaz.  Quant  à  sa  longueur  elle  a  été  toujours  énorme,  et  je  pense  qu'elle  a  atteint 
plus  de  5o".  Vers  le  25  janvier,  on  croyait  la  voir  traverser  le  carré  de  Pégase,  et  la 
lumière  zodiacale  gênait  l'observation  de  son  extrémité. 

La  comète  a  été  photographiée  tous  les  jours  où  le  temps  l'a  permis,  pendant  la 
période  de  son  plus  grand  éclat  ;  la  durée  utile  de  pose  a  été  jusqu'à  22  minutes  (rap- 
port de  l'ouverture  à  la  distance  focale  :  -^-^).  Dans  ces  circonstances  de  pose  relative- 
ment longue,  et  en  employant  les  excellentes  plaques  Lumière  violettes,  de  sensibilité 
extrême,  j'ai  pu  obtenir  de  belles  images,  très  instructives  par  rapport  aux  nervures, 
aigrettes,  etc.  de  la  queue.  Ces  détails  sont  très  délicats  et  échappent  à  la  reproduc^ 
tion  typographique. 

IjO  but  piliiripal  de  retle  iNdle  esl  d'étudier  la  fig-ure  de  la  comète. 
D'abord,  à  l'ieil  nu,  on  voyait  [lail'ailemenl  la  forme  courbée  de  la  partie 


SÉANClî    DU    I 'i    Fl'Vnil'R    1910.  'in'^ 

principale  de  la  ijiieue,  dont  la  couibure  élail  surtout  accusée  vers  son 
extrémité.  La  convexité  de  cette  partie  principale  était  dirigée,  comme 
d'habitude,  vers  l'avant,  par  rapport  au  mouvement  propre  de  la  comète, 
(blette  partie  principale  a  été  toujours  bifurquée  et  a  présenté  quantité  de 
détails  très  intéressants. 

Mais  je  veux  surtout  appeler  l'attention  sar  la  partie  gauche,  ou  queue 
secondaire,  beaucoup  plus  pâle  que  l'autre,  quoique  beaucoup  plus  large 
près  de  la  tète,  et  qui  se  continuait  au  delà  du  noyau,  c'est-à-dire  vers  le 
Soleil. 

Cette  courbure,  comme  on  le  voit  dans  les  clichés,  est  co«care  par  rapport 
au  sens  du  mouvement. 

Si  nous  admettons,  ce  qui  paraît  très  logique,  que  les  queues  cométaires 
sont  constituées,  au  moins  en  grande  partie,  par  un  déplacement  rapide  des 
substances  émanées  du  noyau,  sous  un  eflort  impulsif  agissant  suivant  le 
rayon  vecteur  du  noyau,  la  queue  secondaire  concave  n'est  pas  compré- 
hensible. 

Pour  expliquer  cette  anomalie,  je  suppose  que  la  force  répulsive  décroît 
à  mesure  que  la  distance  augmente,  mais  plus  rapidement  que  l'attraction 
newlonienne.  Dans  ces  conditions,  une  particule  gazeuse  sera  soumise  au 
moins  à  la  force  attractive  du  Soleil,  à  la  force  attractive  du  noyau  (faible 
sans  doute,  mais  qui  n'est  pas  négligeable  dans  une  grande  comète  comme 
celle-ci)  et  à  la  force  répulsive  du  Soleil.  Je  suppose,  avec  Faye,  que  cette 
force  répulsive,  due  au  Soleil,  dépend  de  la  surface  de  la  particule  repoussée. 
Cette  répulsion  étant  prépondérante  dans  le  noyau,  pour  certains  gaz, 
donnera  lieu  à  la  queue  principale,  convexe  par  rapport  au  sens  du  mouve- 
ment. A  une  certaine  distance  du  noyau,  les  forces  se  feront  équilibre  pour 
les  particules  de  nature  déterminée;  la  vitesse  de  ces  particules  sera  maxima 
en  ce  point  et,  à  partir  de  là,  leur  mouvement  ira  en  se  ralentissant  jusqu'à 
l'extrémité  théorique  de  la  queue  relative  à  ces  mêmes  particules,  où 
celles-ci  commenceront  de  tomber  vers  le  Soleil. 

La  pluparl  de  ces  particules,  les  plus  petites,  celles  dont  la  masse  est  la  plus 
faible,  ne  pourront  tomber  jusqu'au  Soleil  et  seront  disséminées  dans  l'es- 
pace; mais  celles  qui  appartiennent  à  des  gaz  de  poids  atomique  considérable 
seront  projetées  jusqu'à  une  distance  relativement  faible  du  noyau,  et  tom- 
beront, en  passant,  dans  leur  chute,  assez  proche  de  lui  pour  subir  son  attrac- 
tion et  se  précipiter  vers  ce  noyau;  cette  chute  donnerait  lieu  à  des  trajec- 
toires concaves  par  rapport  au  mouvement  de  la  comète  et  à  sa  queue  secon- 
daire. Les  particules  considérées  pourraient  arriver  juste  au  noyau  et  être 
projetées  à  nouveau  vers  la  queue  première;  mais  la  comète,  pendant  ce 


37/1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

voyaj^e  dos  parlicules,  s'est  déplacée,  s'esl  éloignée  du  Soleil;  par  redel  de 
ce  déplaceineiU,  les  particules,  en  arrivant  au  noyau,  porteront  un  excès  de 
force  vive,  qui  les  emportera  plus  loin,  et  telle  serait  la  cause  de  la  protubé- 
rance nébuleuse  qui  s'avance,  obliquement,  du  noyau  vers  le  Soleil.  Dans 
l'autre  partie  de  l'orbite  (avant  le  périhélie),  cette  queue  ne  devrait  pas 
arriver  jusqu'au  noyau.  En  tout  cas,  celte  différence  pourrait  constituer  un 
contrôle  de  mon  hypothèse;  un  autre  contrôle  serait  une  différence  de 
constitution  chimique  entre  la  queue  secondaire  ou  de  chute  et  la  queue 
primaire,  à  de  grandes  distances  du  noyau. 

En  admettant  que  toutes  les  forces  que  j'ai  indiquées  entrent  en  jeu  dans 
la  formation  de  la  queue,  et  en  appelant  r  la  distance  au  Soleil  d'une  parti- 
cule ou  molécule  gazeuse  de  la  queue,  et  r  le  rayon  vecteur  du  noyau  de  la 
comète,  l'accélération  a  de  cette  molécule  le  long  de  la  queue  pourra  se 
représenter  sensiblement,  en  négligeant  le  mouvement  angulaire  de  la 
comète  autour  du  Soleil,  par 

fi"  [x'  jJ. 

"■-■pr,-  (r-i-y  ~7^' 

u.  et  |jl'  étant  des  constantes  dépendant  respectivement  des  masses  du  Soleil 
et  de  la  comète,  et  a"  une  autre  constante  dépendant  de  la  force  répulsive 
et  de  la  relation  de  la  surface  à  la  masse  de  la  molécule;  enfin  m  peut  être 
supposé  constant  et  doit,  je  pense,  être  supérieur  à  2. 

En  mesurant,  sur  des  photographies  et  en  plusieurs  points  de  la  queue, 
l'accélération  approchée  des  bouffées  de  matière  cométaire,  on  pourrait 
évidemment  déterminer  la  valeur  de  ces  inconnues;  malheureusement, 
celte  grande  comète  a  1910  ne  s'est  pas  prêtée  à  de  telles  mesures. 

ASTRONOMIE.  —  Obsenalions  de  la  comêle  1910a,  faites  à  l'Obsen'aloire 
(le  Marseille,  au  chercheur  de  comètes  de  o",  16  d'ouverture  libre.  Note  de 
M.  lîonitEi.LY,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

.\oiiilirr 
l);iles.  Temps  moyen  Ml-  Loi:.  f.H't.  Lug.  fact. 

l'.Ud.  (!.■  Marseille.  Aai.  AÏ.  lomp.  .1\  .np|)aienU-.  parall.         '.l'apparente.         parall.        *. 

Il        m       s  m        s  ,         „  Il        m        5  _  "         ,       j,  ^ 

■Ivr.   4 <i. 12.53  —I.   7,26  —  5.12,0  0:6  21.44-11, '5  -1-1.627  Sa.   7.26,0  —0,771  a 

a       5 0.16.28  +8.19,32  —7.10,2  2:2  21.46.   2,77  +1,629  84.36.49,4  — o,77'  * 

..       5 6.26.  2  —0.11,57  —2.40,1  5:5  21.46.   3,4o  +T,63o  84.36.20,2  —0.772  c 

.)       7 6.18.22  — o.   0,59  +5.25,4  7:7  2i.49.25,53  +ï,632  83.89.13,7  —0,770  d 

8 6.23.3  — o.55,4i  +   i.3i,o  5:5  21.51.3,57  +ï,633  83.12.45,7  —0,771  e 

..      10 0.25.51  —2.34,97  +i3.t9,9  5:5  21.54.   4,46  +ï,634  82.24.   3,o  —0,772  / 

0     II 6.28.10  — i.io.3i  —9.11,0  4:4  21.55.29,11  +î,635  82.    i.3i,2  —0,773  g 


SÉANCIi:    DU    l4    l'KVRlER    1910.  376 

Etoiles  (If  comparaison  pour    r 91 0,0. 

Rédurlion  Héilucliai, 

)f.  G'.         ;r  moyenne.        au  jour.       'A   moyenne.       au  jour.  .autorités. 

Il        m        s  s  o        ,        „  „ 

a 7,6     i\ . !ifl .■?.(> ,10     —1,82     8.5.12.28,3     4-10,7  7624  A-lbany  A.  G. 

h 5,. 5     21  .37.4j,3o     —1,85     84.43.48,7     4-10,9  10886  Albany  A.  G. 

c 8,5     21.46.16,82     —1,85     84.38.49,4     4-10,9  10968  Albany  A.  G. 

d 6,6     2t. 49. 27, 90     — 1,83     83.33.37,5     4-10,8  1 1000  Albany  A.  G. 

e 8,5     21.52.   0,81      —1,83     83.ii.   3,9     4-10,8  1  1023  Albany  A.  G. 

/ 6         21.56.41,24      —1,81      82.10.32,2     4-10,9  1 1071  Albany  A.  G. 

ji,' 6         21.56.41,24     —1,82     82.10.32,2     4-10,9  1 1071  Albany  A.  G. 

Remarques.  —  Le  7  février,  l'éclat  de  la  comète  est  de  plus  en  plus  faible;  on  ne 
la  voit  apparaître  qu'après  les  étoiles  de  8°  grandeur.  Le  10  février,  on  l'estime  8",  5; 

elle  est  presque  ronde  et  son  diamètre  mesure  2',  5.  On  ne  voit  plus  de  queue.  On  a 
adopté  8", 80  pour  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  définition  de  l'intégrale  définie. 
Note  de  M.  Emile  Borel. 

La  lecture  de  l'important  Mémoire  que  vient  de  publier  M.  Lebesgue  ('  ) 
m'a  suggéré  une  nouvelle  définition  de  l'intégrale  définie,  au  sens  de 
Lebesgue;  cette  nouvelle  définition  est,  avec  la  définition  de  M.  Lebesgue, 
à  peu  près  dans  le  même  rapport  que  la  définition  que  j'ai  donnée  de  la 
mesure  des  ensembles  avec  celle  de  M.  Lebesgue  :  les  deux  définitions  sont 
identiques  en  ce  sens  que  (en  négligeant  des  cas  exceptionnels)  elles  s'ap- 
pliquent en  même  temps  et  conduisent  aux  mêmes  nombres;  elles  sont 
différentes,  en  ce  sens  qu'elles  exigent  des  procédés  de  calculs  différents,  de 
sorte  que,  suivant  les  circonstances,  l'une  peut  être  plus  commode  à  utiliser 
que  l'autre. 

Mon  but  est  de  rattacher  le  plus  étroitement  possible  l'intégrale  au  sens 
de  Lebesgue  à  l'intégrale  au  sens  de  Riemann.  On  sait  que  la  définition  de 
Riemann  est  étendue,  par  un  raisonnement  classique,  à  des  fonctions 
admettant  un  point  singulier;  je  modifie  légèrement  la  méthode  classique; 
soient  «è  l'intervalle  d'intégration,  c  le  point  singulier  compris  entre  a  et  è. 
On  enfermera  c  dans  un  petit  intervalle  ap,  et  l'on  considérera  n  points  de 


(')  Sur  les  intégrales  singulières  {Annales  delà  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse, 
'909)- 


376  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

division  o,,  o^,  ...,«„  compris  eiUre  a  et  b  et  non  compris  entre  a  et  [i  ; 
parmi  les  intervalles  ainsi  obtenus,  run  a,fl,+  ,  renferme  a,3  à  son  intérieur; 
dans  le  calcul  de  la  somme  de  Uiemann,  on  considérera  comme  longueur 
de  cet  intervalle  la  différence  entre  le  segment  a,a,+  |  et  le  segment  ap,  et 
l'on  utilisera  la  valeur  de  la  fonction  pour  un  point  H,  intérieur  au  segment 
a,a,v,,  mais  non  intérieur  à  a^.  Si  la  somme  de  Tîiemana  tend  alors  vers 
une  limite,  quel  que  sait  l'intervalle  a^  pourvu  qu'il  satisfasse  à  la  condition, 
essentielle  de  renfermer  c  à  son  intérieur^  et  si  cette  limite  tend  elle-même 
vers  une  limite  quand  a[3  tend  vers  zéro,  la  fonction  est  intégrable  au  sens 
de  Riemann,  malgré  la  présence  du  point  singulier  c.  Tel  est  le  cas  pour  la 

fonction  \x\'^ . 

Considérons  maintenant  une  fonction  admettant  une  infinité  de  discon- 
tinuités entre  a  et  6,  et  supposons  qu'on  puisse  les  enfermer  dans  une 
infinité  d'intervalles  a„^„  tels  que  la  définition  précédente  puisse  être 
appliquée  mulatis  mutandis.  Si,  quels  que  soient  ces  intervalles  d'exclusion, 
les  sommes  de  Hiemann  construites  comme  il  a  été  dit  tendent  vers  une 
limite  lorsque  les  longueurs  des  intervalles  «,«,+,  tendent  vers  zéro,  la 
limite  de  ces  limites,  lorsque  la  somme  des  intervalles  d'exclusion  tend 
vers  zéro,  est  précisément  égale  à  l'intégrale  au  sens  de  Lebesgue,  au  moins 
pour  les  fonctions  bornées.  Pour  les  fonctions  non  bornées,  notre  définition 
est  plus  générale  que  celle  de  M.  Lebesgue. 

La  définition  précédente  est  en  apparence  moins  constructive  que  celle 
de  M.  Lebesgue,  c'est-à-dire  ne  paraît  pas  fournir  une  méthode  de  calcul 
aussi  régulière.  Mais  il  faut  prendre  garde  que  la  méthode  de  calcul  de 
M.  Lebesgue,  dont  l'intérêt  théorique  est  très  considérable,  n'est  pas 
toujours  aisée  à  mettre  en  œuvre  pratiquement.  De  plus  il  y  a  un  certain 
intérêt,  comme  l'a  précisément  montré  M.  Lebesgue  dans  le  Mémoire  cité, 
à  ramener  son  intégrale  à  des  sommes  riemanniennes.  Enfin,  il  y  a  certai- 
nement des  cas  où  le  procédé  de  calcul  par  exclusion  des  intervalles  renfer- 
mant les  singularités  est  de  beaucoup  le  plus  simple  et  le  plus  naturel; 
c'est  ce  qui  a  lieu  pour  bien  des  fonctions  définies  par  des  séries  et  en  parti- 
culier pour  les  séries  de  fonctions  non  bornées,  auxquelles  ne  s'applique 
pas  directement  le  mode  de  calcul  de  NL  Lebesgue.  Désignant  par  a„ 
les  nombres  rationnels  compris  entre  o  et  i,  on  peut  citer  par  exemple  la 
fonclion 

V,--»|.,.  —  rt„f  l 

La  dillerence  entre  le  mode  de  calcul  qui  vient  d'être  indiqué  et  celui  de 


SÉANCE  UU  l4  FÉVRIER  19IO.  877 

M.  Lebes;;ue  apparaît  plus  grande  dans  le  cas  de  l'intervalle  d'intégration 
infini.  La  méthode  de  VI.  Lebesgue  rend  les  intégrales  simples  analogues 
aux  intégrales  doubles,  et  non  plus  aux  séries  simples  où  l'ordre  des  termes 
joue  un  nMe  pour  la  convergence.  (Test  suivant  les  cas  un  avantage  ou  un 
inconvénient. 

Je  serais  heureux  si  les  considérations  précédentes,  en  rapprochant 
l'intégrale  de  Lebesgue  de  l'intégrale  de  Riemann,  contribuaient  à  rendre 
plus  rapidement  classique  son  emploi,  dont  les  avantages  pour  les  recherches 
ne  sont  plus  à  démontrer. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Lcs  formes  (iiiadrali(ji(cs  positives  cl  le 
principe  de  Diricidel .  Noie  de  M.  J.  Le  Roux,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

J'ai  signalé  dans  une  Note  récente  cjuekjues  propriétés  des  systèmes 
d'équations  linéaires  dérivés  des  formes  quadratiques  positives  infinies. 
Dans  les  hypothèses  considérées,  ces  équations  admettent  toujours  des 
solutions  dont  on  peut  calculer  les  valeurs  limites  par  des  suites  d'opéra- 
tions convergentes,  bien  que  les  déterminants  infinis  correspondants  soient 
généralement  divergents.  Il  est  possible  de  généraliser  la  méthode  dans 
diverses  directions  et  de  l'étendre  même  au  cas  où  les  inconnues,  au  lieu 
de  donner  un  ensemble  infini  dénombrable,  correspondent,  élément  par 
élément,  aux  points  d'un  espace  continu.  On  se  trouve  ainsi  conduit  à 
envisager,  à  un  point  de  vue  nouveau,  certains  problèmes  du  calcul  fonc- 
tionnel et  du  calcul  des  variations. 

L'élude  du  principe  de  Dirichlet  fournil  un  remarcjuable  type  d'applica- 
tion et  démontre  par  un  exemple  frappant  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  ces 
théories  dans  diverses  cjuestions  d'analyse. 

Pour  la  netteté  de  l'exposition  nous  envisagerons  d'abord  le  cas  du  con- 
tour polygonal. 

Considérons  dans  le  plan  ■vOy  un  contour  polygonal  fermé  P,  limitant 
une  aire  simplement  connexe  A.  A  chaque  sommet  de  ce  polygone  nous 
faisons  correspondre  une  cote  arbitraire  z,  ce  qui  détermine  dans  l'espace 
une  ligne  polygonale  L.  Nous  nous  proposons  de  faire  passer  par  cette  ligne 
une  surface  pour  laquelle  l'inlégrale  double 


=fim-m]""" 


soil  un  mmimum. 


S-jH  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Au  lieu  de  suivre  la  mélliodc  de  M.  Hilbert,  nous  allons  ra Hacher  ce 
problème  à  la  théorie  des  formes  quadratiques. 

Menons  d'al)ord  par  la  ligne  L  une  aire  polyédralc  à  facettes  triangu- 
laires, qui  soit  coupée  en  un  seul  point  par  toute  parallèle  à  O:;.  Les 
facettes  se  projettent  sur  le  plan  lOy  suivant  un  réseau  de  triangles  R  qui 
couvre  toute  l'aire  A.  Distinguons  par  les  indices  i,  2,  i  les  coordonnées 
des  sommets  de  Tune  quelconcjue  des  facettes  et  posons 


^,z 


Aj.r  et  A.,.^  ayant  des  signilicatious  semblables. 

Si  Tordre  des  sommets  a  été  choisi  de  telle  façon  que  le  déterminant  A/. 
soit  positif,   l'intégrale  de  1  )iiichlel  devient,  pour  notre  surface  polyédralc, 

Considérée  comme  fonction  des  variables  :,  l'intégrale  T  est  une  forme 
quadratique  positive  F  (z). 

Kevenant  au  réseau  R,  désignons  par  a,,  a^,  ...  les  nipuds  intérieurs  à 
l'aire  A;  par  p,,  jS^,  ...  les  sommets  du  polygone  P,  et  respectivement 
parSjj,  Sj,,  ...,  Zp^,  sp^,  ...  les  valeurs  correspondantes  des  cotes  des  sommets 
de  la  surface  polyédralc.  Le  réseau  R  étant  choisi,  et  les  valeurs  des  z^ 
supposées  données,  nous  commencerons  par  chercher  les  valeurs  des  z^  qui 
rendent  minima  la  forme  quadratitpie  F  ( z).  Les  inconnues  doivent  vérifier 
le  système  d'équations 

.  ,  àF  dl' 

Le  déterminant  du  système  (i)  par  rapport  aux  z^  est  le  discriminant  de 
la  forme  quadratique  à  lacpielle  se  réduirait  F(z)  si  Ton  y  annulait  tous 
les  z^.  Or  il  est  facile  de  reconnaître,  d'après  la  définition  de  la  forme  F, 
que,  si  tous  les  z^  sont  nuls,  la  forme  ne  peut  s'annuler  (juand  un  seul  desc, 
est  différent  de  zéro.  Le  déterminant  considéré  est  donc  dilTérent  de  zéro, 
et  le  système  (i)  donne  les  Zrj,  en  fonction  linéaire  et  homogène  des  cp: 

(2)  ^a=  ^C«P  ^3- 

Considérons  maintenant  une  suite  de  réseaux  de  densité  indéiiniment 
croissante,  et  tels  que  les  nœuds  de  chacun  des  réseaux  appartiennent  à 


SÉANCE  DU  l'i  FÉVRIER  1910.  879 

tous  les  roseaux  suivants,  les  sommets  ^  restant  fixes  ainsi  que  les  cp.  La 
suite  décroissante  des  mininia  de  F  tend  vers  un  minimum  minimorum. 

11  reste  à  démonti'er  que  tous  les  coefficients  de  l'équation  (2)  tendent 
également  vers  des  limites  déterminées,  indé{)endantes  des  zi^. 

En  examinant  avec  attention  la  résolution  du  système  (i),  on  reconnaît 
que  la  valeur  de  l'une  quelconque  des  inconnues,  z^^  par  exemple,  pourrait 
s'obtenir  en  clierchant  d'abord  le  minimum  /(:;«,,  -p)  de  la  forme  F(s) 
quand  on  y  suppose  données  les  valeurs  des  sp  et  de  s^,  puis  en  égalant  à 

zéro  la  dérivée  -r^-  On  obtient  ainsi  l'équation  linéaire 

(3)  i -—=«„,.«, ;»,-(- y  "a,. p;i3=^o. 

Or  le  minimum  /(^a,)  ^p)  tend  aussi  vers  un  minimum  minimorum  quand 
on  fait  croUre  indéfiniment  la  densité  du  réseau,  et,  comme  les  coefficients 
sont  indépendants  des  valeurs  numériques  attribuées  aux  variables  s,  il  en 
résulte  que  cbacun  de  ces  coefficients  tend  vers  une  limite  déterminée. 
D'ailleurs  la  forme  /  étant  essentiellement  positive,  le  premier  coefficient 
de  l'équation  (3)  ne  pourrait  tendre  vers  zéro  que  si  tous  les  autres  coefli- 
cients  tendaient  vers  la  même  limite,  ce  qui  conduirait  à  des  résultats 
manifestement  inexacts. 

En  résumé  nous  arrivons  donc  à  la  conclusion  que  cliaque  inconnue  z^est 
à  la  limite,  une  fonction  linéaire  déterminée  des  données  ^p. 

Dans  le  cas  d'un  contour  curviligne  il  est  possible  d'employer  un  procédé 
semblable.  Il  suffit  de  remplacer  les  facettes  planes  cjui  ont  leurs  bases  sur 
le  contour  par  des  éléments  coniques  ayant  pour  sommets  des  points  de 
l'espace  cpii  se  projettent  à  l'intérieur  de  l'aire  A.  Chaque  élément  corres- 
pondant de  l'intégrale  1  est  encore  une  fonction  du  second  degré  de  la  cote 
du  sommet,  de  sorte  cjue  les  calculs  restent  les  mêmes;  mais  l'existence  des 
solutions  est  alors  subordonnée  à  la  convergence  des  résultats  obtenus. 


NOMOGRAPHIE.  —  Sur  ta  disjonction  des  variables  des  équations  nomographi- 
quenient  rationnelles  d'ordre  supérieur.  Note  de  M.  Fakid  Iîoui.ad,  pré- 
sentée par  M.  G.  Humbert. 

Le  problème  de  la  disjonction  des  trois  variables  3,,  -o,  r^  de  l'équation 
F,33  =  o  en  vue  de  la  construction  d'un  nomogramme  à  points  alignés,  tel 
qu'il  a  été  posé  par  M.  d'Ocagne,  dans  le  cas  où  cette  équation  se  présente 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  7.) 


5i 


F, 

G, 

H. 

F2 

G, 

H, 

F, 

G, 

H. 

38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SOUS  la  forme  ('  ) 

(0  F,F,3+G,G,3  4-H,n,3=o, 

;ui  })liis  d'ordre  nomographique  2  par  rapport  à  une  même  variable  ;,,  con- 
sisLe  à  délerminerdeux  systèmes  de  trois  fonctions  (FajGjjHj)  et(F3,G3,H3) 
des  deux  autres  variables  s^  et  :;.,,  tels  que  l'équation  proposée  puisse  se 
mettre  sous  la  forme 

(2) 

qui  conduit  à  un  nomogramme  à  simple  alignement. 

Ce  problème  se  ramène  à  la  résolution  des  deux  identités  suivantes  : 

(3)  F.,Fo3-+-G2G23-+-H2H23=0, 

(4)  F,F,3-t-G3G,3+H3H,3=o, 

lesquelles  avec  l'équation  (  1  )  donnent,  par  élimination,  la  forme  chercliée(2). 

Pour  avoir  l'un  quelconque  des  deux  systèmes  de  fonctions  inconnues 
ci-dessus,  par  exemple  le  système  des  trois  fonctions  F^,  (t^,  H.,  de  la 
variable  z.,  qui  doivent  vérifier  l'identité  (3),  ordonnons  nomographique- 
ment  cette  dernière  par  rapport  aux  fonctions  de  l'autre  variable  ^3. 

Soit 

(5)  /39,  +  ^3J;2-+-A37.2 -+-•■•+   '3^2=0 

la  forme  générale  obtenue,  d'ordre  nomographique  quelconque  n  par  rap- 
port à  S3,  et  dans  laquelle  cp2,  'j^,?  y^i  •  •  •■>  ^2  désignent  des  fonctions  de  z„ 
linéaires  et  homogènes  en  F^,  G2,  H,. 

Pour  exprimer  que  l'équation  (5)  doit  avoir  lieu  quelle  que  soit  la 
variable  ;,,  appliquons  le  principe  de  la  recherche  des  valeurs  critiques, 
adopté  par  M.  d'Ocagne,  en  introduisant  la  notion  de  ces  valeurs  (-);  nous 
aurons  le  système  de  (n  -+-  1)  équations  linéaires  et  homogènes 

(6)  ffi2=:0,  (jj^rzio,  y_.2:=0,  ...,  ôjzrio. 

(')  La  notation  ici  employée  est  celle  de  M.  d'Ocagne,  qui  consiste,  en  faisant  cor- 
respondre un  indice  à  chaque  variable,  à  affecter  chaque  signe  fonctionnel  des  indices 
de  toutes  les  variables  sur  lesquelles  il  porte. 

C^)   Comptes  rendus,  l.  CXLIV,  i'''  semestre  1907,  p.  190. 

M.  d'Ocagne  a  d'ailleurs  fait  voir  que,  grâce  à  la  considération  de  ces  valeurs  cri- 
tiques, la  construction  du  nomogranime,  dans  le  cas  des  équations  d'ordre  nomogra- 
phique 3  et  4i  peut  être  effectuée  sans  disjonction  préalable. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  38l 

Cela  posé,  il  suffit  maintenant  de  vérifier  la  compatibilité  de  ce  système, 
quel  que  soit  z-.,,  et  d'en  résoudre  ensuite  deux  équations  quelconques,  pour 
avoir  le  système  des  trois  fonctions  inconnues  Fj,  Gj,  Hj. 

Si,  en  opérant  de  même  pour  déterminer  les  trois  autres  fonctions  F3, 
Cl  3,  H3,  on  trouve  que  le  système  des  équations  linéaires  et  homogènes 
obtenues 

93=0,  '-p3=0,  X3=°'  ••■!  ('3=0 

est  aussi  compatible,  quel  que  soit  ^3,  la  disjonction  complète  des  variables 
de  l'équation  (1)  est  effectuée  sous  la  forme  voulue.  Sinon,  on  démontre 
aisément  que  cette  équation  ne  peut  être  ramenée  à  celte  forme,  à  moins 
peut-être  d'une  anamorphose  non  liomographique. 

Telle  est  la  méthode  que  nous  proposons  d'appeler  méthode  des  coefficients 
indéterminés. 

Il  convient  de  remarquer  qu'en  l'appliquant  dans  la  pratique,  il  n'est  pas 
nécessaire  d'écrire  les  deux  équations  (3)  et  (4);  on  les  a  immédiatement  en 
substituant  successivement  dans  l'équation  (i),  au  système  F,,  G,,  H,,  les 
deux  systèmes  correspondant  à  z.,  et  :-^. 

Application.  —  Soit  à  effectuer  la  disjonction  des  variables  de  l'équation 
suivante,  d'ordre  nomographiquc  6,  la  plus  générale,  écrite  d'après  la 
notion  d'ordre  de  M.  Soreau  : 

dans  laquelle  on  a,  d'une  manière  générale, 

Aj  =«2/2-1-  *2^2    -+-  Cj. 

L,  =  4/2  -h  Wj^a -H  «21 

^i—Pifi  +  qigi  +'"2; 


'"2= /'LA +92^2    +/-2, 


fn  S-ii  ^^i  désignent  des  fonctions  de  ;„,  et  ffo,  b.^,  . . . ,  y!^,  i\  représentent  des 
constantes  quelconques. 

Appliquons  la  méthode  ci-dessus  d'abord  à  la  recherche  du  système  F,, 
G|,  H,.  Pour  cela,  substituons  cette  lettre  respectivement  à.  f.^,  g^,  A3  dans 
l'équation  proposée,  et  ordonnons  nomographiquemcnt  celle-ci  par  rapport 
à  Sg.  En  y  annulant  Tes  coefficients  de  /.,,  g^,  i,  nous  aurons  un  système  de 
trois  équations  linéaires  et  homogènes  en  F,,  G,,  H,   que  nous  apjjelle- 


382  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rons(i;,).  Soil  aussi  (l^)  le  syslème  de  trois  équations  linéaires  cl  homo- 
gènes correspondant  à  Fo,  (îj,  H,,  qu'on  obtient  par  la  même  marche. 

Posons  d'une  manière  générale 
k-—a.2X+a'^y-i-a\,  B  —  l/,.r  -h  b'.^  y  -h  b\  ...,  R=z  r^.e  -\-  r'„y  -h  ri. 

Je  dis  que  si  le  déterminant    , 


A     B 

C 

L     M 

N 

P     Q 

R 

est  identiquement  nul,  les  deux  systèmes  (il,)  et  (21^)  sont  simultanément 
compatibles. 

En  effet,  substituons,  dans  (H,),  à  F,,  G,,  H,  respectivement  x,  y,  i, 
nous  aurons  un  système  de  trois  équations  à  deux  couples  corrélatifs  (x",  j') 
et  (y, ,  0|).  Or  on  exprime  que  le  système  (^,)  est  compatible  en  rendant 
identiquement  nul  le  déterminant  complet  correspondant  à  l'un  quelconque 
de  ces  deux  susdits  couples.  En  effectuant  l'élimination  du  couple  (/,,  g,), 
on  obtient  précisément  la  condition  ci-dessus  A=~o. 

En  faisant  le  même  raisonnement  sur  le  système  (w,),  on  retrouve  cette 
même  condition  de  compatibilité.  D'où  le  théorème  suivant  : 

Si  le  déterminant  A  est  identiquement  nul,  l'équation  d'ordre  6  la  plus  géné- 
rale est  représentable  en  un  nomogramme  à  points  alignés. 

Si  cette  condition  est  remplie,  les  deux  systèmes  (2,  )  et  (E^)  fournissent 
immédiatement  les  fonctions  inconnues.  Au  moyen  de  celles-ci,  on  forme  les 
équations  des  échelles  (^,)  et  {z.,). 

Quant  aux  équations  en  coordonnées  cartésiennes  des  supports  de  ces 
échelles,  elles  s'obtiennent  en  éliminant  :;,  et  z.,  entre  les  rapports 

A  —  oi  _  J_        p,         ll  —  El  —  l-, 

Aa~A,  ^A,,  A«~A„       A/ 

dans  lesquels  les  A^  sont  les  déterminants  mineurs  figurant  dans  les  deux 
développements  suivants  : 

A  =  A  Aa  +  L  A/  -(-  P  Ap  3=  A  A„  +  B  A/,  4-  G  A^. 


MECANIQUE.   —   Sur  la  résistance  de  l'air.    Note  de    M.  Carlo  Boirlet, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

M.   G.    Eiffel  a  présenté  tout  récemment,  à  la  Société  des  Ingénieurs 
civils,  une  Communication  relative  à  de  nouvelles  expériences  dans  lesquelles 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  383 

il  mesure  non  seulement  la  poussée  totale  d'un  courant  d'air  sur  une  surface 
immobile,  mais  en  outre  les  pressions  normales  aux  divers  points. 

Il  y  a  déjà  longtemps  que  j'ai  acquis  la  conviction  que  la  mesure  de  la 
poussée  totale  était  insuffisante  et  qu'on  ne  parviendrait  à  des  résultats 
utilisables  qu'en  reclierchant  la  loi  de  distribution  de  la  pression  aux  divers 
points  de  la  surface. 

Pour  entreprendre  de  pareilles  expériences  avec  fruit,  et  les  relier  par 
une  formule,  il  est  très  utile  d'être  guidé  par  une  idée  a  priori  sur  la  forme 
de  la  formule  qu'il  convient  d'adopter. 

Je  me  propose,  dans  cette  Mote,  de  montrer  comment,  en  partant  d'un 
résultat  expérimental  fort  simple,  j'ai  été  conduit  à  formuler  une  loi  plau- 
sible de  la  distribution  de  la  pression  sur  une  surface  plane  se  déplaçant 
dans  l'air. 

Considérons,  à  cet  effet,  un  rectangle  de  dimensions  a  et  /  se  déplaçant 
dans  un  air  calme  d'un  mouvement  de  translation  rectiligne  de  façon  que 
les  deux  côtés  parallèles,  de  longueur  commune  a,  soient  rectangulaires 
avec  la  direction  de  la  vitesse  de  translation.  Nous  n'envisagerons,  dans  ce 
qui  va  suivre,  que  la  composante  de  la  poussée  qui  est  normale  au  plan. 

Des  raisons  de  symétrie  conduisent  tout  d'abord  à  admettre  que  la 
pression  normale  est  la  même  en  tous  les  points  d'une  parallèle  au  bord 
d'attaque  a,  sauf  au  voisinage  des  bords  latéraux  /.  Si  donc  on  raisonne  sur 
un  rectangle  de  dimensions  assez  grandes  pour  pouvoir  négliger  les  effets 
perturbateurs  des  bords,  on  est  amené  à  admettre  que,  toutes  choses  égales 
d'ailleurs,  la  pression  normale  j)  en  un  point  est  uniquement  une  fonction 
de  la  distance  x  de  ce  point  au  bord  d'attaque. 

Dans  ces  conditions,  la  poussée  normale  totale  sur  une  bande  de  largeur  r/.r,  à  la 
distance  x  du  bord  d'attaque,  est  égaie  à  ap  dx,  et  son  point  d'application  est  le  milieu 
de  cette  bande. 

La  poussée  normale  totale  F  sur  le  rectangle  entier  est  alors  donnée  par  la  formule 

(  I  )  P  ==  rt  /    p  dx  ; 

et  son  point  d'application  (centre  de  poussée)  se  trouve  sur  la  ligne  médiane  du  rec- 
tangle à  une  distance  â  du  bord  d'attaque  telle  qu'on  ait 

(  2 )  Po  ^  a  I    p.v  dx. 

Four  tirer  parti  des  formules  (1)  et  (2),  posons 


P  = 


384  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

ç  étaiil  une  fonction  inconnue   de  .c  ((ui  conlienl  linéniiement  deux  constantes  arbi- 

do    .  .  . 

traires  dont  on  peut  disposer  de  façon  que  9  et  -j-^  s  annulent  à  la  fois  pour  j;=:o. 

Les  formules  (1)  et  (a)  deviennent  alors 
(3)  I' 


(4)  pa^rt/^_«o(/); 


di: 

d<s 

'di 


on  en  lire 

dL 

La  position  du  centre  de  poussée  a  été  étudiée  expérimentalement  par 
Avanzani,  Joessel,  Langley,  et  plus  réccmnient  par  MM.  Soreau  et  Râteau. 
Or  tous  ceux  de  ces  expérimentateurs  qui  ont  traduit  les  résultats  de  leurs 
expériences  par  une  formule  ont  été  amenés  à  conclure,  qu'au  moins  pour 

les  angles  d'attaque  inférieurs  à  2.0°,  le  rapport  -.  est  indépendant  de  /et  est 

uniquement  une  fonction  de  cet  angle  d'attaque  a.  Il  en  résulte  que  si  cette 
loi  expérimentale  est  exacte,  ce  que  je  suppose  provisoirement,  on  peut 

poser  ^  =  r,  r  étant  une  constante  par  rapport  à  /,  et  l'égalité  (0)  fournit 

une  équation  différentielle  pour  déterminer  9  en  fonction  de  /: 

('-'•)'^-?(0  =  o, 

qui  donne 

/•étant  une  fonction  de  l'angle  d'attaque  a,  et  C  dépendant  uniquement  de 
la  vitesse  \>  et  de  l'angle  a. 
On  en  conclut 


et 


y'  = 


_rfî9  _      C/- 


dx^        (i  —  /■)- 


/■  variant  de  .',  à  {  (environ)  lorsque  a  décroit  de  90°  èi  o,  l'exposant  de  x  est 
négatif.  ?Sous  poserons 


,(«)=!-iili.- 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  385 

D'autre  pari,  en  expiimant  que  pour  a  =  90°,  r=  -,  la  poussée  normale 

totale  est  égale  à  ^ulSc^,  S  étant  la  surface  du  rectangle,  [t.  la  masse  spéci- 

C 
fique  de  l'air  et  X-  un  coeflicient  numérique,  on  conclut  que  — — ;  est  de  la 

forme 

——  =  Ap.c-/(a), 

/(a)  étant  une  fonction  de  a  telle  que  /(o)  =  o,/(()o")  =  i.  L'expression 
finale  de  P  est  alors 

(6)  P  =  /.fxSrV'(a) /"'""*, 

et  la  distribution  de  la  pression  est  donnée  par  la  formule 

(7)  p=AiJ.^'"-/(o':)(i-/i)x-"w. 

Si  l'on  appelle  P  et  P'  les  poussées  normales  totales  sur  le  même  rectangle,  à  la 
vitesse  c  et  sous  le  même  angle  d'attaque  et,  suivant  que  le  bord  d'attaque  est  a  ou  /, 
on  a,  d'après  la  t'ornuile  (6), 

Par  evemple,  d'après  les  expériences  récentes  de  M.  Râteau  (')  pour  x  =  6°,  on  a 

/•  =    y  ,  d  ou  ''   =    TT 

4  i 

Je  suis  en  possession  de  ces  résultats  depuis  environ  G  mois.  Sur  mes 
indications,  mon  ancien  élève  et  ami,  M.  Armand  de  Gramonl  de  Guiche, 
a  entrepris,  en  son  laboratoire,  depuis  3  mois,  une  série  d'expériences 
pour  étudier  expérimentalement  la  distribution  de  la  pression  sur  une 
surface  plane  ou  courbe  et,  en  particulier,  pour  vérifier  l'exactitude  des 
formules  (6)  et  (■7)  et  déterntiiner  les  deux  fonctions  A  (a)  et /(a.)  qui  y 
figurent.  Les  premiers  résultats  obtenus  paraissent  confirmer  les  prévisions 
ci-dessus.  Le  dispositif  expérimental  adopté  par  le  duc  de  Guiche  a  des 
analogies  avec  celui  de  M.  Eiffel;  il  en  diffère  essentiellement  en  ce  que 
dans  ces  expériences  la  surface  étudiée  est  mobile  dans  un  air  calme 
indéfini. 

(')  Comptes j'endus,  21  juin  1909. 


386  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

RADIOACTIVITÉ.  —  Sur  lepolonium.  Noie  de  M'"*"  P.  Curie  et  M.  A.  Debiekne, 
présentée  par  M.  Lippniann. 

On  sait  que  parmi  les  substances  nouvelles  fortement  radioactives  le 
polonium  est  celle  qui  a  été  découverte  en  premier  lieu.  Bien  des  efforts  ont 
déjà  été  faits  en  vue  d'isoler  cette  substance  et  de  la  caractériser  comme 
élément  chimique,  mais  malgré  la  très  grande  activité  des  produits  obtenus 
ce  résultat  n'a  pas  encore  été  atteint.  La  théorie  des  transformations  radio- 
actives prévoit  que  la  quantité  de  polonium  présent  dans  les  minéraux  radio- 
actifs doit  être  très  faible.  D'après  cette  théorie  le  polonium  est  considéré 
comme  un  descendant  du  radium,  et  la  proportion  relative  de  ces  sub- 
stances à  l'état  d'équilibre  radioactif  est  égale  au  rapport  de  leurs  vies 
moyennes.  La  vie  moyenne  du  radium  étant  environ  jjoo  fois  plus  grande 
que  celle  du  polonium,  et  le  radium  pouvant  se  trouver  dans  la  pechblende 
en  proportion  voisine  de  o*"',  2  par  tonne,  on  voit  que  le  même  minerai  ne 
pourrait  contenir  que  o™s^o4  environ  de  polonium  par  tonne.  Plusieurs  pro- 
blèmes de  grande  importance  en  radioactivité  se  rattachent  à  l'isolement  du 
polonium.  Ce  corps  est  unélémentinstablequi  paraît  représenter  le  dernier 
terme  radioactif  dans  la  série  des  dérivés  du  radium;  on  peut  donc  espérer 
mettre  en  évidence  la  formation  d'un  élément  inaclif  à  partir  du  polonium. 
De  plus  le  polonium  donnant  lieu  à  une  émission  de  rayons  a,  doit  produire 
de  l'hélium;  or  celte  production  n'avait  pu  être  observée  jusqu'à  présent, 
et  il  était  important  de  savoir  s'il  y  avait  là  réellement  un  fait  incompatible 
avec  la  théorie. 

Nous  avons  entrepris  récemment  un  traitement  chimique  ayant  en  vue 
la  préparation  de  polonium  à  l'état  très  concentré.  Ce  traitement  était  fait 
sur  quelques  tonnes  de  résidu  de  minerai  d'urane,  dont  nous  pouvions  dis- 
poser pour  cet  usage.  Le  minerai  était  traité  par  une  solution  chaude  d'acide 
chlorhydrique  assez  concentré,  ce  qui  a  pour  effet  de  dissoudre  presque 
complètement  le  polonium.  La  solution  qui  ne  contient  pas  de  radium  a 
été  soumise  dans  une  usine  à  un  traitement  ayant  pour  but  l'extraction  de 
la  matière  active.  Ce  traitement  qui  a  été  fait  sous  notre  direction  et  qui 
sera  décrit  dans  un  Mémoire  plus  étendu,  a  fourni  environ  200^  de  matière 
dont  l'activité  moyenne  était  35oo  fois  plus  grande  que  celle  de  l'ura- 
nium et  qui  contenait  principalement  du  cuivre,  du  bismuth,  de  l'uranium, 
du  plomb,  de  l'arsenic;  l'activité  était  due  au  polonium.  Nous  avons 
cherché  à  purifier  cette  matière  par  un  traitement  effectué  au  laboratoire. 

pour  cela,  la  dissolulidii  clilorlivdii(|iie  a  été  précipitée  par  l'ammoniaque  pour  éli- 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  887 

miner  le  cuivre;  les  liydrates  étaient  soumis  à  l'ébullition  avec  une  solution  de  soude, 
afin  de  dissoudre  le  plomb;  ils  ont  été  traités  ensuite  par  une  dissolution  chaude  de 
carbonate  d'ammoniaque  pour  dissoudre  Turanium.  Tous  ces  traitements  ont  été 
répétés  plusieurs  fois.  Les  carbonates  insolubles,  finalement  obtenus,  ont  été  dissous 
dans  l'acide  chlorhydrique,  et  la  solution  a  été  traitée  par  le  protochlorure  d'élain. 
Les  traitements  dans  leur  ensemble  ont  été  très  efficaces,  l'activité  primitive  se  retrou- 
vant dans  le  précipité  final  d'une  manière  suffisamment  complète,  ce  dont  nous  nous 
sommes  assurés  par  une  méthode  de  dosage  convenable. 

Le  précipité  qui  pesait  environ  iSa  été  redissous,  et  la  solution  chlorhydrique  a  été  pré- 
cipitée par  l'hydrogène  sulfuré;  les  sulfures  ont  été  lavés  au  sulfure  de  sodium  ;  ils  ont 
ensuite  été  redissous,  et  la  solution  a  été  reprécipitée  par  le  chlorure  stanneux;  le 
précipité  obtenu  était  de  quelques  milligrammes.  L'analyse  spectrale,  eflectuée  sur 
cette  matière,  a  mis  en  évidence  la  présence  d'éléments  très  variés  :  mercure,  argent, 
étain,  or,  palladium,  rhodium,  platine,  plomb,  zinc,  baryum,  calcium,  aluminium. 
Quelques-uns  de  ces  éléments  devaient  provenir  de  l'attaque  des  vases  ulilisés.  En 
essayant  de  purifier  la  matière  active,  nous  avons  rencontré  de  grandes  difficultés  et 
nous  avons  reconnu  qu'il  était  très  difficile  d'obtenir  sans  perte  une  matière  de  com- 
position plus  simple.  C'est  ainsi  que,  en  essayant  de  séparer  le  plomb  par  un  traite- 
ment à  la  potasse,  nous  avons  constaté  que  le  polonium  avait  passé  en  grande  partie 
en  dissolution,  alors  que  nous  avions  pu  utiliser  sans  danger  ce  même  traitement  en 
présence  d'éléments  insolubles  dans  ces  conditions;  de  cette  solution  alcaline,  le  polo- 
nium n'a  pu  être  reprécipité  que  par  addition  de  sulfure  alcalin.  Les  réactions  qui  se 
sont  toujours  montrées  sûres  sont  :  la  précipitation  à  l'étal  de  sulfure  en  solution  acide 
ou  alcaline  et  la  précipitation  par  le  protochlorure  d'étain.  Nous  avons  constaté  aussi 
que  le  polonium  se  dépose  très  facilement  par  électrolyse,  et  que  ce  moyen  peut  être 
utilisé  pour  une  séparation  quantitative  quand  on  veut  extraire  le  polonium  d'une  dis- 
solution acide.  Mais  on  dépose  en  même  temps  les  métaux  tels  que  l'or,  le  platine,  le 
mercure,  etc.  Après  de  nombreux  essais,  l'activité  se  trouvait  concentrée  sur  a'^s  de 
matière  environ. 

L'activité  a  été  mesurée  par  la  méthode  électrique.  Pour  cela,  une  frac- 
tion connue  et  très  petite  de  la  dissolution  était  évaporée  sur  une  lamelle 
de  verre  ;  on  déterminait  en  valeur  absolue  le  courant  de  saturation 
obtenu  avec  cette  lamelle  dans  un  appareil  de  mesure  convenable.  Connais- 
sant la  valeur  de  la  charge  d'un  ion  gazeux  (4,  7  .  10^'"  unité  E.  S.)  et  le 
nombre  d'ions  produits  par  une  particule  a  du  polonium  le  long  de  son 
parcours  complet  (environ  1,6.  lo"),  on  peut  calculer  le  nombre  des  parti- 
cules a  émises  par  seconde.  Connaissant  déplus  la  vitesse  de  destruction  du 
polonium  (diminution  de  moitié  en  i4o  jours),  et  le  nombre  des  molécules 
contenues  dans  une  molécule-gramme  (environ  6. 10-'),  on  peut  calculer  la 
quantité  de  polonium,  dont  le  poids  atomique  est  supposé  voisin  de  200. 
On  peut  aussi  calculer  le  volume  dhélium  qui  se  forme  en  un  temps  donné, 
en  admettant  que  chaque  particule  a  est  un  atome  d'hélium. 

G.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  liO,  N"  7.)  ^^ 


388  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  trouvé  ainsi  que  la  quanlilé  de  polonium  obtenue  devait 
monter  à  environ  o'"*^,  i  ;  cette  quantité  est  celle  qui  doit  se  trouver  d'après 
la  théorie  dans  deux  tonnes  environ  d'une  bonne  pechblende.  Notre  matière 
active  pouvait  ainsi  contenir  quelques  pour  loo  de  polonium,  de  sorte  que 
l'analyse  spectrale  pouvait  être  tentée  avec  quelque  chance  de  succès. 
Plusieurs  spectres  d'étincelle  ont  été  obtenus  et  photographiés;  malheureu- 
sement chacune  de  ces  opérations  entraine  une  perte  assez  importante  de 
matière. 

L'aspect  du  spectre  est  compliqué;  plusieurs  éléments  étaient  présents  : 
or,  platine,  mercure,  palladium,  rhodium,  iridium.  Dans  certains  sj^ectres 
on  constatait  aussi  la  présence  de  métaux  alcalino-terreux  qui  provenaient 
probablement  de  l'attaque  des  vases  et  qu'on  éliminait  par  électrolyse. 
Après  examen  attentif  des  différents  spectres  et  identification  aussi  com- 
plète que  possible  des  raies  connues  par  leurs  longueurs  d'onde  (Recueils  de 
Exner  et  Hascheck,  Watts)  ou  par  des  spectres  de  comparaison  obtenus 
avec  le  même  spectrographe,  il  reste  quelques  raies  qui  peuvent  être  attri- 
buées avec  quelque  vraisemblance  au  polonium.  Voici  les  longueurs  d'onde 

de  ces  raies  : 

Faible  . . , 4642 ,  o 

Assez  forte 4 '70, 5 

Faible 3918,6 

Très  faible 3652,  i 

D'autres  raies  ont  une  attribution  douteuse,  ce  sont  les  suivantes  : 

Moyenne,  pourrait  être  une  raie  parasite 4^5 j  ,5 

Moyenne,  peut  être  identique  à  8961  ,7  de  l'aluniinium  .  .  .      8961,5 
Faible,  peut  être  identique  à  8668,6  du  platine 3668,5 

La  précision  des  mesures  est  assez  bonne;  l'erreur  ne  dépasse  probable- 
ment pas  0,3  unité  Angstrôm.  Pour  ridenlilîcalion  des  raies,  ou  se  base 
non  seulement  sur  la  longueur  d'onde,  mais  aussi  sur  l'intensité  relative. 

Nous  comptons  examiner  à  nouveau  le  spectre,  quand  le  polonium  sera 
détruit,  ce  qui  permettra  d'avoir  une  opinion  délinitive  sur  rallribution 
des  raies  indiquées  plus  haut.  On  peut  aussi  espérer  voir  le  spectre  de  l'élé- 
ment formé  aux  dépens  du  polonium.  D'après  la  théorie,  cet  élément  pour- 
rait être  le  plomb;  le  plomb  n'est  pas  totalement  absent  de  notre  produit, 
mais  son  spectre  est  très  faible. 

Nous  avons  constaté  que  la  substance  active  obtenue  ne  donne  lieu  à 
aucune  production  de  radioactivité  induite,  ni  à  aucune  émission  appré- 
ciable de  rayons  pénétrants.  Nous  avons  constaté  un  dégagement  extrême- 
ment minime  d'émanation  du  radiiuu. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  889 

Une  partie  de  la  solution  a  été  utilisée  pour  Fétude  des  gaz  dégagés. 
Cette  solution  était  introduite  dans  un  tube  de  quartz  placé  lui-même  dans 
un  appareil  qui  pouvait  être  complètement  purgé  d'air.  La  solution  dégage 
beaucoup  de  gaz;  il  est  facile  d'observer  la  formation  continue  de  bulles 
gazeuses,  ce  qui  prouve  qu'il  y  a  décomposition  de  l'eau;  cette  décomposi- 
tion doit  être  attribuée  à  l'action  des  rayons  a  du  polonium.  Les  gaz  dégagés 
sont  presque  totalement  absorbables  par  l'action  du  cuivre  et  de  l'oxyde  de 
cuivre  chauffés,  de  la  potasse  et  de  l'anhydride  phospliorique.  Le  faible 
résidu  gazeux  était  recueilli  et  examiné  par  l'un  de  nous  suivant  sa  méthode 
antérieurement  utilisée  pour  l'examen  des  gaz  dégagés  par  l'actinium  et  le 
radium  (').  Ce  résidu  est  de  l'hélium  sensiblement  pur,  dont  le  spectre 
complet  était  observé  et  dont  le  volume  a  pu  être  mesuré.  Ce  volume  était 
égal  à  i°""',3  sous  la  pression  atmosphérique,  l'accumulation  ayant  eu  lieu 
pendant  100  jours.  Ce  volume  est  très  voisin  de  celui  que  prévoit  la  théorie 
et  qui  est  égal  à  r'°'',6.  Le  fait  de  la  production  d'hélium  par  le  polonium 
se  trouve  donc  établi,  avec  l'ordre  de  grandeur  prévu.  Nous  nous  propo- 
sons de  faire  une  détermination  aussi  exacte  que  possible  de  ce  volume 
jointe  à  des  expériences  de  numération  des  particules  a  émises,  de  manière 
à  obtenir  la  valeur  du  nombre  de  molécules  contenues  dans  une  molécule- 
gramme.  Cette  méthode  directe  semble  particulièrement  avantageuse  quand 
on  utilise  une  solution  de  polonium,  les  particules  a  pouvant  être  en  ce  cas 
très  complètement  absorbées  par  le  liquide. 

Au  cours  des  expériences,  un  curieux  eflet  des  rayons  a  été  constaté.  Le 
polonium  étant  conservé  à  sec  dans  une  petite  capsule  de  quartz,  celle-ci 
s'est  trouvée  fendillée  en  im  grand  nombre  d'endioits  en  face  de  la  sub- 
stance; la  production  de  ces  fentes  peut  être  attribuée  à  dos  décharges 
électriques. 

Un  dégagement  aijondant  d'ozone  était  généralement  constaté  au  voisi- 
nage de  la  substance. 

OPTIQUE.  —  Sur  la  mesure  de  l'indice  de  réfraction  des  liquides  au 
moyen  du  microscope.  Note  de  M.  L.  Décombe,  présentée  par 
M.  E.  Bouty. 

La  méthode  suivante  dérive  de  la  méthode  de  Brewster  pour  la  mesure 
de  l'indice  des  liquides,  mais  elle  est  beaucoup  plus  précise. 

L'ne  lame  de  verre  à  faces  parallèles  L  sur  laquelle  repose  une  lentille 

(')  Debierne,  Comptes  rendus,  igoS-igog. 


390  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plan-convexe  C  est  disposée  au-dessus  d'un  point  lumineux  A.  Le  liquide  à 
étudier  a  été  introduit  entre  la  lame  et  la  lentille. 


fA' 


Au  moyen  d'un  microscope  M  on  pointe  successivement  les  images  O'  et  A^ 
que  le  système  donne  : 

1°  Du  point  de  contact  O  de  la  laine  et  de  la  lentille; 

2°  Uu  point  lumineux  A. 

SoienI  A  le  déplacement  du  microscope,  v  l'indice  du  licpiide.  On  trouve 


(0 


=  A 


A  et  B  désignant  deux  constantes  positives  qui,  dans  le  cas  particulier  où  A 
est  à  l'infini,  ont  pour  valeurs  respectives  A  =  N,  B  =  R  ;  N  et  11  désignant 
l'indice  et  le  rayon  de  courbure  de  la  lentille. 

Le  coefficient  A  =  N,  préalablement  déterminé  par  les  mélbodes  gonio- 
métriques,  peut  être  supposé  exactement  connu  ainsi  cpie  l'indice  v,  d'un 
liquide  déterminé  qui  servira  à  calculer  li. 

Des  deux  pointés  d'où  Ton  déduit  A,  le  premier,  celui  snr  O',  indépendant 
à  la  fois  des  imperfections  de  la  lameL,  des  aberrations  de  la  surface  courbe, 
de  la  nature  et  de  l'opacité  du  liquide,  est  susceptible  de  beaucoup  de  per- 
fection ;  on  peut  l'effectuer  une  fois  pour  toutes  au  début  de  chaque  série  de 
mesures.  La  précision  dépend  surtout  du  second  pointé.  La  discussion, 
confirmée  par  mes  essais,  montre  qu'en  lumière  monochromatique  l'erreur 
peut  être  facilement  rendue  inférieure  à  0,001. 

Pour  perfectionner  le  second  pointé  on  pourra  employer  un  ménisque 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  IQIO.  Sgi 

ll({uide  biconcave  (au  lieu  de  plan-concave),  c'est-à-dire  interposer  le  liquide 
entre  deux  verres  convexes  en  contact  par  leur  sommet  et  choisir  les 
rayons  de  courbure  de  manière  à  rendre  minima  les  aberrations  spliériques 
moyennes. 

Dans  les  essais  que  j'ai  efifectués,  une  croix  tracée  très  légèrement  au  diamant  sur 
la  lame  L  servait  de  réticule  pour  le  premier  pointé.  Celle  lame  était  sertie  dans  un 
petit  cadre  circulaire  qu'un  système  de  quatre  vis  permettait  de  déplacer  dans  son  propre 
plan,  à  la  manière  d'un  réticule  de  calhétomètre.  La  lentille  C  restant  immobile,  on 
pouvait  ainsi  amener  exactement  la  croisée  du  réticule  au  centre  des  anneaux  d'in- 
terférences qui  se  forment  autour  du  point  de  contact  0.  Les  déplacements  du  micro- 
scope M  étaient  obtenus  à  l'aide  d'une  crémaillère  et  d'un  pignon,  et  mesurés  au  moyen 
d'un  vernier  au  j-^-  se  déplaçant  le  long  d'une  graduation  en  demi-millimètres. 

Quant  au  deuxième  pointé,  je  l'eUectuais  sur  un  micromètre,  tracé  sur  verre,  disposé 
au  foyer  d'un  collimateur  et  éclairé  latéralement  à  la  manière  des  particules  ultramicro- 
scopiques. Dans  ces  conditions,  les  traits  du  réticule  peuvent  être  r>.'ndus  excessivement 
fins:  ils  apparaissent  néanmoins  avec  une  grande  netteté  dans  le  champ  du  micro- 
scope, alors  qu'éclairés  par  transparence,  ils  seraient  complètement  invisibles.  Un 
écran  Monpillard  m'a  permis  d'opérer  en  lumière  verte  très  sensiblement,  monochro- 
matique. 

Le  réglage  effectué,  un  seul  pointé  suffit  pour  la  mesure  de  Tindice.  La 
méthode  n'exige  d'ailleurs  qu'une  très  petite  goutte  de  li([ui(le  et  la  petitesse 
de  l'épaisseur  traversée  la  rend  applicable  aux  liquides  translucides.  Enfin 
le  faible  volume  de  la  monture  permet  de  communiquer  facilement  au  sys- 
tème optique  une  température  uniforme  et  constante.  , 

La  construction  d'un  réfractomètre  basé  sur  ces  principes  est  en  ce 
moment  à  l'étude. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l'alumine  provenant  de  l'oxydation  à  l'air  de 
l'amalgame  d'aluminium.  Note  de  ÎNL  P.-Rogeu  Jouudaix,  présentée 
par  M.  H.  Le  Chatelier. 

On  sait  depuis  longtemps  que  l'aluminium  amalgamé  s'oxyde  spontané- 
ment au  contact  de  l'air  en  donnant  des  masses  très  légères  d'alumine. 
Zunino  (')  a  décrit  cette  matière  comme  un  hydrate  à  5'"°'  d'eau.  Plus 
récemment,  M.  Robin  (-)  a  reconnu  que  cette  alumine  pouvait  servir  au 


(')   Gazzet.  ch.  ital..  i''=  série,  t.  X\X,  1890,  p.  194. 
(2)  Rev.  Métal.,  t.  V,  1908,  p.  751. 


392  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

polissage  des  métaux  les  plus  durs  (l'acier  trempé)  et  remplacer  Falumine 
calcinée  provenant  de  l'alun  ammoniacal,  propriété  qui  conduirait  plutôt  à 
envisager  cette  matière  comme  un  corps  anhydre,  car  la  dureté  des  hydrates 
est  toujours  relativement  assez  faible. 

Je  me  suis  proposé  de  déterminer  la  composition  chimique  exacte  de  ce 
corps.  Pour  l'obtenir  à  l'état  de  pureté  et  en  (pianlité  un  peu  abondante, 
j'ai  employé  le  dispositif  expérimental  suivant  : 

Une  plaque  d'aluminium  bien  décapée  est  introduite  au  fond  d'une  cuvette  de  por- 
celaine, chargée  d'une  lourde  éprouvelte  pour  la  maintenir  en  place  et  recouverte  de 
3rm  ^  i^cm  jg  mercure.  L'amalgame  formé  se  dissout  dans  le  bain  de  mercure  et  vient 
s'oxyder  à  sa  surface,  en  formant  une  masse  ouatée  blanche,  dont  l'épaisseur  peut 
atteindre  5''"'  à  7*^™  en  4^  heures;  cette  matière  est  extrêmement  légère,  car  elle  pèse 
environ  is,5  au  litre.  Elle  est  encore  transparente  sous  une  épaisseur  de  2'^'"  ou  3'"  avec 
une  coloration  brunâtre;  vue  par  réflexion,  elle  parait,  au  contraire,  bleuâtre.  Elle 
paraît  constituée  par  la  juxtaposition  de  fibres  parallèles  perpendiculaires  à  la  surface 
du  mercure. 

On  peut  très  facilement  la  diviser  en  fragments,  parallèlement  à  la  direction  de  ses 
fibres,  mais  il  est  impossible  de  la  couper  perpendiculairement  sans  la  désagréger 
complètement. 

L'analyse  de  six  échantillons,  provenant  de  préparations  différentes,  ont 

donné  des  résultats  très  voisins,  correspondant,  en  moyenne,  aux  chiflres 

suivants  : 

Eau 46,5 

•  M  erc  u  re 3,5 

Alumine  (par  dillerence) 5o 

Total 100,0 

Le  mercure  paraît  se  trouver  disséminé  dans  la  masse  en  petits  glo- 
bules, visibles  au  microscope.  La  proportion  d'eau  est  exactement  celle  qui 
correspondrait  à  l'hydrate  de  Zunino.  La  formule  APO'',  jH-0  exige,  en 
effet,  46,9  pour  100  d'eau. 

On  ne  connaît  pas  d'hydrate  cristallis''  correspondant  à  celte  formule; 
on  sait,  d'autre  part,  que  les  corps  extrêmement  divisés,  comme  cette  alu- 
mine, exercent  une  condensation  énergique  sur  la  vapeur  d'eau  de  l'atmo- 
sphère. Pour  rechercher  si  tout  ou  partie  de  cette  eau  n'était  pas  simple- 
ment de  l'eau  hygrométrique  condensée,  on  a  placé  cette  alumine  dans  des 
atmosphères  à  des  degrés  hygrométriques  différents;  Tune  saturée  de 
vapeur  d'eau  par  la  présence  d'une  masse  d'eau  liquide,  une  autre  des- 
séchée par  l'acide  sulfurique.  Une  combinaison  définie  n'aurait  pas  dû 
changer  de  poids. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I9IO.  SgS 

Or  on  a  observé  au  contraire,  dans  cliaque  cas,  une  variation  de  poids  correspon- 
dant à  une  absorption  ou  à  un  départ  d'eau  : 

ÉchanliLlon  en  présence  de  SO'  H*. 

Perte  en  17  heures 9,  to5  pour  100 

I.         ô8       »      i3,52  » 

»       70     i>     i4)5  » 

Echantillon  en  présence  de  WO, 

Gain  en  17  heures n  1O9  po"''  '0° 

»        58       ).       1 8 ,  26 

»        70        »        23,  g3  » 

Une  seconde  série  d'expériences  a  été  faite  en  chauffant  l'alumine  à  différentes  lem- 
péralures,  pendant  des  temps  plus  ou  moins  considérables,  avec  l'espoir  d'enlever 
l'eau  hygrométrique.  On  aurait  dû  alors  arriver  à  un  poids  constant,  restant  tel  dans 
un  certain  intervalle  de  température. 

Cette  condition  n'a  jjii  être  réalisée,  car  si  les  pertes  d'eau,  à  une  tempé- 
rature donnée,  sont  rapides  au  début,  elles  décroissent  progressivement 
et  continuent  à  se  produire  pendant  des  temps  extrêmement  longs;  elles  se 
remettent  à  croître  rapidement,  dès  qu'on  élève  la  température. 

Les  pertes  de  poids  sur  un  échantillon  donné,  maintenues  à  100"  dans 
l'air,  ont  été  les  suivantes  : 

Heures. 

4.  7.  22.  31.  4(j.  55. 

Pertes  pour  100 '^j'G     i5,83     22,07     22,61     20,68     23,70 

Au  bout  de  S  jours,  on  n'était  donc  pas  encore  arrivé  à  un  poids  inva- 
riable. Un  autre  échantillon  chauffé  pendant  10  jours  avait  perdu  un  peu 
plus,  23,9  pour  100,  sans  que  rien  autorise  à  supposer  que  la  limite  défini- 
tive fiit  atteinte. 

En  présence  de  cette  impossibilité  d'artnver  à  un  poids  constant  à  100° 
dans  l'air,  de  nouvelles  expériences  furent  faites  à  la  même  température  en 
présence  de  chaux  vive  dans  le  vide;  on  arrive  ainsi  assez  rapidement  à 
une  perte  limite  sensiblement  constante  de  24  pour  100,  à  peu  près  la  même 
que  dans  l'air.  Mais  en  élevant  la  température,  la  perte  limite  devient  toute 
différente  (à  200"  dans  le  vide  en  présence  d'anhydride  phosphorique). 
Voici,  en  résumé,  les  teneurs  finales  en  eau  des  matières  obtenues  dans 


394  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

différentes  coiidilions  de  dessiccation  : 

1  jour,  1 5"  dans  l'air 46  pour  loo 

8  jours,  60°  dans  l'air 35         » 

10  jours,  1 10°  dans  le  vide 32         » 

i/i  heures,  200°  dans  le  vide 9         » 

Ces  proportions  d'eau  ne  peuvent  se  rattaclier  à  aucun  des  différents 
hydrates  possibles  d'alumine  : 

Eau  pour  100. 

APO^  511^0 46,87 

A1=0^  4H^0 39,  i3 

Al^OS  SH^O 34,61 

APO',  2H2O 26,08 

Al=0%  tPO i5 

L'absence  de  combinaison  définie  entre  Feau  el  l'alumine  est  encore  con- 
firmée par  ce  fait  que  la  matière  calcinée  reprend  peu  à  peu  de  l'eau  à  l'air 
ordinaire,  environ  10  pour  100  de  son  poids  en  24  heures. 

Les  matières  simplement  desséchées  à  100"  ou  200"  reprennent  plus 
rapidement  que  celles  calcinées  une  partie  de  l'eau  qu'elles  ont  perdue. 

L'ensemble  de  ces  mesures  semble  donc  bien  prouver  que  l'alumine, 
obtenue  par  l'oxydation  à  l'air  de  l'amalgame  d'aluminium,  n'est  pas, 
malgré  sa  forte  teneur  en  eau,  constituée  par  un  hydrate  défini. 

Celte  matière,  extrêmement  divisée,  possède  des  propriétés  optiques  et 
un  pouvoir  absorbant  pour  les  gaz  donnant  lieu  à  quelques  particularités 
intéressantes.  Nous  nous  proposons  de  les  étudier. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'aldéhyde  dimère  de  i aldéhyde  crotoniqae 
et  l'acide  correspondant.  Note  de  M.  Makcei.  Delépine,  présentée  par 
M.  A.  Hallcr. 

Dans  la  préparation  de  laldéhyde  crotonique  que  j'ai  indiquée,  ^iu 
moyen  de  l'acide  sulfurique  et  de  l'aldéhyde  ou  du  paraldéhydc  ('),  il  se 
forme  toujours  un  peu  d'un  composé  CH'-O'-,  dimère  de  l'aldéhyde  cro- 
tonique.  Ce  point  est   intéressant,  car  en  188']   W  urlz  (-)  entreprit  sans 

(')  M.  Delépine,  Comjjles  rendus,  t.  CXLVIl,  1908,  p.  i3i6.  —  Ann.  de  Cltim.  el 
de  Phys.,  8"^  série,  l.  XVI,  1909,  p.  i36. 

C)  Ad.  Wlrtz,  Comptes  rendus,  t.  XCVII,  i883,  p.  1169. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I9IO.  SgS 

succès  des  expériences  spéciales  pour  obtenir  l'aldol  de  l'aldéhyde  croto- 
nique  qui  aurait  eu  précisément  la  formule  CVH'^O*,  et  l'on  n'a  jamais 
signalé  de  produit  de  cette  composition  dans  les  réactions  les  plus  propices 
à  sa  formation. 

Comme  la  nouvelle  substance  forme  aisément  des  composés  bien  définis, 
je  me  suis  attaché  à  son  étude  en  vue  d'en  élucider  la  constitution,  et  tout 
d'abord  j'ai  cherché  à  me  la  procurer  un  peu  plus  abondamment,  car 
i''"  de  paraldéliyde  n'en  fournit  guère  que  20^  à  25'''  après  beaucoup  de 
peine.  Guidé  par  cette  idée  qu'elle  prend  naissance  dans  l'action  de 
l'acide  sulfurique  dilué  sur  l'aldéhyde  crotonique  préalablement  issu  d'une 
première  réaction,  j'ai  entrepris  un  nombre  considérable  d'essais  métho- 
diques, plus  de  3o  portant  chaque  fois  sur  10^'  à  So^  d'aldéhyde  croto- 
ni(jue,  où  j'ai  fait  varier  la  nature  de  l'acide,  sa  concentration,  les  rapports 
entre  l'aldéhyde  et  l'acide,  la  durée  de  contact,  la  température,  etc.,  essais 
d'ailleurs  assez  pénibles  avec  un  liquide  acre  comme  l'aldéhyde  crotonique. 

J'ai  reconnu  tout  de  suite  que  W  urtz  avait  employé  dans  ses  expériences  un  acide 
cliiorhydrique  trop  concentré  ;  il  ne  pouvait  obtenir  de  dimère;  à  sa  place  prennent 
naissance  des  produits  de  condensation  de  l'aldol.  I^es  proportions  les  plus  avantageuses 
sont  :  aldéhyde  crotonique,  i  partie;  eau,  5  parties;  acide  chlorliydrique  (ri=  1,18), 
I  partie.  Ce  mélange  donne  le  meilleur  rendement,  20-22  pour  100,  .'i  on  le  distille 
après  5  jours  de  repos  à  la  température  ordinaire;  si  on  le  distille  tout  de  suite,  il  ne 
donne  presque  rien;  si  au  bout  des  5  jours  on  l'extrait  par  l'étlier,  l'élher  ne  contient 
pas  de  dimère. 

Ces  constatations  curieuses  démontrent  que  le  dimère  se  fait  au  moment  où  l'on 
cliauH'e,  à  partir  d'un  produit  qui  se  forme  progressivement  à  froid  dans  les  conditions 
de  l'expérience,  et  les  plus  grandes  vraisemblances  indiquent  qu'il  doit  naître  par  réac- 
tion de  l'aldol  (issu  de  l'hydratation  lente  de  l'aldéhyde  crotonique)  sur  une  autre 
portion  d'aldéhyde  crotonique;  en  effet,  si  l'on  distille  tout  de  suite  un  mélange  où  l'on 
a  substitué  moitié  d'aldol  à  l'aldéhyde  crotonique,  on  a  20  pour  100  de  dimère.  On  eo  a 
aussi,  mais  moins,  si  l'on  opère  avec  de  l'aldol  seul;  il  se  forme  en  même  temps  de 
l'aldéhyde  crotonique,  de  sorte  qu'on  retrouve  encore  les  conditions  de  formation  du 
dimère,  mais  sans  pouvoir  affirmer  absolument  si  c'est  l'aldol  seul,  l'aldéhyde  croto- 
nique seul  ou  le  mélange  des  deux  qui  concourt  à  former  le  composé  C*H'-0-. 

Quoi  qu'il  en  soit,  j'ai  pensé  qu'un  chauffage  de  courte  durée  pourrait  remplacer 
les  5  jours  de  repos  à  la  température  ordinaire  et,  en  effet,  en  distillant  le  mélange 
signalé  plus  haut  après  une  demi-heure  d'ébullition  à  reflux,  j'ai  obtenu  de  bons  ré- 
sultats. 600S  d'aldéhyde  crotonique,  traités  par  fractions  de  oos,  ont  fourni  loos  de 
dinièie  passant  à  Sô^-Sj"  sous  ]8™™,  en  même  temps  que  200s  d'aldéhyde  crotonique 
étaient  récupérés.  Ce  Iota  présenté rf^  ^11,0216  (j'avais  indiqué  1,0191)  et  «u'^:  i,4844i- 

L'acide  sulfurique  donne  de  moins  bons  résultats  en  raison  des  fortes  résinifications 
qu'il  provoque,  mais  l'acide  phosphorique  peut  remplacer  l'acide  cliiorhydrique,  à- 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  7.)  ■^^ 


396  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  concenliation  moléculaire  beaucoup  plus  élevée  toutefois;  par  contre,  racide 
oxalique  et  le  chlorure  de  zinc  sont  tout  à  fait  inefficaces. 

Le  composé  C'H'^0^  est  un  liquide  presque  incolore,  d'odeur  spéciale; 
c'est  un  monoaldéliyde:  outre  l'oxime  et  la  seinicarbazone  déjà  signalées, 
il  fournit  une  aldazine  (C*H'^0:N.)'  qui  cristallise  en  beaux  prismes 
transparents,  couleur  de  soufre,  fusibles  nettement  à  168°,  insolubles  dans 
l'eau,  solubles  dans  l'alcool,  moins  dans  Féther. 

Traité  par  la  potasse  alcoolique,  il  ne  fournit  que  des  quantités  insignifiantes  d'un 
acide  cristallisé,  dans  les  conditions  classiques  où  le  furfurol  et  l'aldéhyde  benzoïque 
sont  transformés  régulièrement  en  alcool  et  acide;  mais  en  appliquant  le  procédé  d'oxy- 
dation que  j'ai  indiqué  avec  M.  Bonnet  (  '  ),  on  arrive  aisément  à  transformer  l'aldéhyde 
en  acide. 

L'acide,  par  évaporation  de  sa  solution  étliérée,  cristallise  avec  la  com- 
position C*  H'' O';  mais  c'est  un  hydrate  C'H^'O'+H-O  comme  le  montre 
la  cryoscopie  en  milieu  acétique  (trouvé  P.  M.,  iHg-igS;  calculé,  174); 
il  perd  vite  son  eau  à  60"  ou  sur  l'acide  sulfurique  dans  le  vide;  très  lente- 
ment, s'il  n'y  a  pas  de  vide.  Il  est  soluble  dans  i33  parties  d'eau  à  18*^,  très 
soluble  dans  l'alcool,  moins  dans  l'éther,  peu  dans  le  benzène.  Hydraté,  il 
fonda  68"-7i°,  suivant  la  vitesse  avec  laquelle  on  le  chauffe;  anhydre,  il 
fond  à  85°-87°  et  distille  sans  décomposition  à  262°-264°.  Ses  sels  sont  très 
solubles;  je  n'ai  préparé  que  le  sel  d'argent  et  le  sel  de  baryum  à  l'état  cris- 
tallisé. 

Sonéther  éthylique  C'H"  O  .CO^.C^H'^  est  un  liquide  incolore,  d'odeur 
agréable,  fruitée,  distillant  à  107°-! 09°  sous  iS""™; 

^»  =  i,o323;         dl"  — 1,01^0;         N,','  =  i, 46102. 

Saponifié,  il  régénère  l'acide. 

L'acide  en  solution  aqueuse  est  transformé  quantitativement  par  l'eau  de 
brome  selon  l'équation 

C*H'20'-i-H*0-hBr»=C«H'^0'Br-+-  HBr, 

en  un  acide  C'H'^O'Br  très  soluble  dans  l'eau  et  l'éther,  cristallisable  en 
beaux  prismes  monocliniques,  transparents,  incolores,  qui  est  bien  un  com- 
posé hydroxybromé  et  non  l'hydrate  de  l'acide  brome  C  H"  O'  Br  -t-  H  ^O  ; 
il  ne  se  déshydrate  ni  dans  le  vide,  ni  à  roo'',  et  la  cryoscopie  en  solution 
acétique  lui  assigne  bien  un  poids  moléculaire  (trouvé,  267;  calculé,  253) 
qui  correspond  à  l'acide  primitif  dont  une  double  liaison  a  fixé  HOBr. 

(')  iM.  Delépime  et  P.  Bonnet,  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  Sg. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I910.  897 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  Vacide  hypoiodeux  naissant  sur  les  acides 
non  saturés.  Acide  %-cyclogéranique.  Note  de  M .  J .  Bougault,  pré- 
sentée par  M.  A.  Haller. 

J'ai  déjà  exposé  dans  plusieurs  JNoles  (  '  )  les  résultats  de  mes  recherches 
sur  l'action  de  l'acide  hypoiodeux  naissant  (produit  par  I  -t-HgO  en  pré- 
sence d'éther  aqueux  ou  par  I  +  CO'Na'-  en  solution  aqueuse)  sur  de  nom- 
breux acides  éthyléniques.  Tous  les  acides  étudiés  jusqu'ici  possédaient 
leur  liaison  éthylénique  dans  une  chaîne  aliphatique.  Jai  commencé  l'étude 
de  la  même  réaction  appliquée  aux  acides  éthyléniques  dont  la  double 
liaison  fait  partie  d'une  chaîne  fermée. 

Un  des  premiers  acides  étudiés  dans  cette  série,  l'acide  a-cyclogéranique, 
m'a  conduit  à  des  résultats  tout  à  fait  inattendus. 

I.  D'après  les  plus  récentes  recherches  de  F.  Tiemann,  on  considère 
l'acide  a-cyclogéranique  (point  de  fusion  :  io(Y')  comme  un  acide  éthylé- 
nique ^y,  ayant  la  constitution  ci-après  : 

CH'      CH 

{cwyc       CHCOui 

Cet  acide,  dissous  dans  l'éther  saturé  d'eau,  puis  additionné  d'iode  et 
d'oxyde  jaune  de  mercure,  se  décompose  lapidement  en  perdant  du  gaz 
carbonique  et  fixant  d'autre  part  i^'  d'oxygène.  Le  composé  qui  en  résulte 
est  un  liquide  à  odeur  camphrée,  de  formule  CH'^O,  que  j'ai  caractérisé 
comme  alcool  cyclique  non  saturé,  un  triméthylcyclohexénol,  sans  doute  le 
i.S.S-triméthyl-Ae-cyclohexénol-a.  Outre  cet  alcool  on  trouve,  parmi  les 
produits  de  la  réaction,  la  cétone  correspondante  CH'^O  et  plusieurs 
autres  composés  à  point  d'ébullition  plus  élevé  que  je  n'ai  pas  caractérisés. 

La  cétone  C''H"0  s'est  trouvée  identique  à  la  triméthylcyclohexénone 
obtenue  par  Wallach  et  dont  l'oxime  dérive  du  nitrosatc  de  cyclogéra- 
niolène  sous  l'action  du  méthylate  de  sodium  en  solution  dans  l'alcool 
méthylique  (^). 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIX,  p.  864;  l-  CXLIII,  p.  398;  t.  CXLM,  p.  i4o  et 
4ii.  Pour  plus  de  détails,  voir  Ann.  de  Cliim.  et  de  Phys.,  8"  série,  t.  XIV',  p.  i^à, 
et  t.  XV  .  p.  296. 

(')   Liebig's  Annalen,  t.  CCCXX1\  ,  1902,  p.  97. 


C\P 

co 

cw(^ 

^CGH^ 

{CH'yc 

CH 

(D- 

398  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  vérifier  ridentité  des  deux  cétones,  j'ai  repris  la  préparation  de  la 
cétone  de  Wallach  en  suivant  rigoureusement  la  longue  série  des  opérations 
qu'il  indique  :  citral,  citraloxime,  nitrile  géramique,  acide  géranique,  géra- 
niolène,  cyclogéraniolène,  nitrosate  de  cyclogéraniolène,  oximedela  cétone 
cherchée.  Cette  oxime  fond  à  i29°-i3o°  comme  celle  de  la  triméthylcyclo- 
hexénone  que  j'ai  obtenue  avec  l'acide  cyclogêranique,  et  après  leur 
mélange  intime  le  point  de  fusion  ne  change  pas.  Même  vérification  avec 
les  semicarbazones  (point  de  fusion  :  160°). 

Wallach  ayant  attribué  à  sa  triméthylcyclohexénone  la  constitution  (1), 
j'en  déduis  pour  mon  triméthylcyclohexénol  la  formule  (II) 

CH^     CHOH 

(CH3)2C  CH 

(II). 

J'ai  vérifié,  en  effet,  que  mon  triniéthylcyclohexénol  est  bien  l'alcool 
correspondant  à  la  cétone,  car  il  fournit  cette  dernière  par  oxydation  au 
moyen  du  mélange  sulfo-chromique. 

Si  l'on  essaie  de  repasser  de  la  cétone  à  l'alcool  au  moyen  du  sodium,  on 
obtient,  non  pas  l'hexénol,  mais  l'hexanol  correspondant,  la  liaison  éthylé- 
nique  étant  hydrogénée  en  même  temps  que  le  groupement  cétonique. 

II.  L'action  de  l'iode  sur  l'acide  a-cyclogéranique  dissous  dans  une 
solution  aqueuse  de  carbonate  de  sodium  conduit  au  même  résultat,  mais 
beaucoup  plus  lentement. 

On  n'observe  pas  la  précipitation  immédiate  d'une  lactone  iodée  comme 
on  pourrait  s'y  attendre  ;  au  bout  de  quelques  minutes  se  produit  un  trouble, 
en  même  temps  qu'on  observe  l'odeur  camphrée  du  triméthylcyclohexénol. 
La  réaction  est  très  lente  et,  même  en  maintenant  constamment  un  excès 
d'iode,  elle  n'est  complète  qu'au  bout  de  plusieurs  semaines  avec  5^  d'acide 
mis  en  expérience. 

III.  Tandis  que  la  triméthylcyclohexénone  se  caractérise  facilement 
à  l'aide  de  son  oxime  dans  le  mélange  huileux  fourni  par  les  deux  réactions 
précédentes,  le  triméthylcyclohexénol  s'isole  avec  plus  de  peine.  On  ne 
peut  songer  à  l'obtenir  pur  par  distillation  à  cause  de  la  presque  identité  des 
points  d'ébuUition  de  l'hexénol  et  de  l'hexénone. 

Après  avoir  séparé  par  dislillation  les  produits  bouillaiU  de  190°  à  196",  on  les  traite 
par  l'anhydride  phlalique  suivant  la  méthode  de  M.  lialler,  et  l'on  régénère  ensuite 
l'hexénol  de  son  élher  phtalique  acide. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  899 

Ce  Irimélhylcyclohexénol,  liquide  incolore,  peu  fluide,  à  odeur  camphrée,  bout  à 
à  193°  sous  760°"°.  Sa  densité  est  D"' ==  0,9810.  Il  est  insoluble  dans  l'eau  el  miscible 
à  tous  les  solvants  organiques  usuels.  Il  est  facilement  entraîné  par  la  vapeur  d'eau. 

Par  oxydation  au  moyen  du  mélange  sulfochromique  il  fournit  la  célone  correspon- 
dante :  le  point  d'ébullition  que  j'ai  trouvé  pour  cette  cétone  est  un  peu  inférieur  à 
celui  indiqué  par  Wallach  :  192»  au  lieu  de  196°. 

Une  oxydation  prolongée  le  convertit  avec  un  rendement  presque  théorique  en  acide 
acétique  et  acide  ««-diméthylglutarique  de  BéhalCO^  H— GH^-CH2C(CH')'C0'H('), 
ce  qui  s'accorde  bien  avec  la  formule  de  constitution. 

L'éther  acétique  n'a  pas  l'odeur  camphrée  de  l'alcool,  il  est  un  peu  plus  fluide; 
il  bout  à  2o6°-207''. 

IV.  En  résumé,  en  faisant  abstraction  des  réactions  intermédiaires,  l'acide 
hypoiodeux  naissant  agit  comme  oxydant  sur  l'acide  a-cyclogéranique.  Il  le 
transforme  avec  perte  de  CO^  en  i.5.5-triméthyl-A6-cyclohexénol-2.  C'est  là 
la  réaction  principale.  En  outre  une  partie  de  l'alcool  est  oxydée  en  cétone 
correspondante  et  il  se  forme,  de  plus,  des  produits  à  point  d'ébullition  élevé 
que  je  n'ai  pas  étudiés,  produits  qui  doivent  résulter  vraisemblablement  de 
réactions  entre  la  cétone  et  l'alcool  préalablement  formés. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'acide  sidfurique  concentré  sur  quelques 
nitramines  aromatiques .  Note  de  M.  Frédéric  Reverdix,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 


J'ai  déjà  eu  l'occasion  de  constater  que  certaines  nitramines  peuvent  être 
réduites  en  nitrosamines  correspondantes,  sous  l'influence  de  l'acide  sulfu- 
rique  concentré  (");  tel  est  le  cas  de  Véther  méthylique  de  l'acide  dinitro- 
"i.S-méthylnitramino-^-benzoïque  et  de  la  triniiro-méthylnitraniline  : 


COOCH^ 


N0= 


N 


'NO' 
/CH' 


NO- 


NO- 


.NO^  \N0- 

Dans  le  premier  cas,  la  nitrosâmine  formée  a  été  isolée;  dans  le  second 


(')  Cet  acide  a  été  identifié  par  comparaison  avec  un  échantillon  d'acide  ota-dimé 
thylglutarique  synthétique  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Biaise. 
(')  Archives  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Genève^  t.  XXVI,  1908,  p.  342 


4oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cas  j'ai  obtenu,  en  partant  d'un  produit  ne  donnant  aucune  trace  de  la  réac- 
tion caractéristique  de  Liebermann  pour  les  nitrosamines  (acide  sulfurique 
concentré  +  phénol),  un  composé  donnant  cette  réaction  d'une  manière 
très  nette,  mais  qui  n'a  pas  encore  été  analysé. 

La  réaction  signalée  n'avait  pris  naissance  que  sous  l'influence  d'une  tem- 
pérature supérieure  à  la  température  ordinaire  ou  d'une  durée  de  quelques 
heures  et  même  de  quelques  jours,  suivant  les  conditions  de  la  température; 
le  phénomène  observé  n'incriminait  pas,  par  conséquent,  l'interprétation 
de  la  réaction  des  nitrosamines,  puisque  celle-ci  ne  pouvait  apparaître  que 
lorsque  les  substances  à  examiner  étaient  soumises  à  des  conditions  anor- 
males pour  ladite  réaction. 

J'ai  trouvé  depuis  un  autre  cas  dans  lequel  la  transformation  se  fait  dans 
des  conditions  telles  que  l'interprétation  à  donner  à  la  réaction  des  nitrosa- 
mines en  est  troublée. 

Lorsqu'on  nitre  la  diméthyl-o-anisidine  d'après  les  indications  données 
autrefois  par  Grimaux  et  Lefèvre  ('),  il  se  forme  suivant  les  conditions 
divers  produits  parmi  lesquels  un  composé  de  F  =  i35°  que  van  Romburgh 
a  caractérisé  comme  étant  la  nitrosarnine  de  la  diniiro-'i.^-monomélhylani- 
sidine  et  un  autre  de  F=  1 18"  qui  est  la  nitramiiie  correspondante  (-)  : 

OCH3  OCH» 


NO- 


\no 


NO^  NO-^ 


Nnc^ 


NO^ 


F=)35''.  K  =  11S". 

La  nitrosarnine  se  transforme  facilement  et  quantitativement  en  nitra- 
mine  par  l'action,  à  froid,  de  l'acide  nitrique  fumant;  mais,  chose  curieuse 
à  première  vue,  cette  nitramine,  malgré  des  cristallisations  répétées  qui  n'en 
modifient  aucunement  le  point  de  fusion,  donne  toujours  et  d'une  manière 
très  nette  la  réaction  de  Liebermann. 

Ce  phénomène  s'explique  par  le  fait  (jue  la  nitramine  en  question  se 
transforme  instantanément  et  même  à  basse  température,  tout  au  moins 
partiellement,  en  nitrosamine  correspondante. 

L'expérience  a  montré  que  cette  transformation  s'accomplit  à  —  lo"  au 


(')   Comptes  rendus,  l.  GXII.  p.  727-730. 
(')  M(V/.,  t.  CXIIl,  p.  5o5. 


SÉANCE  DU  14  FÉVRIER  1910.  4oi 

fur  et  à  mesure  que  Ton  inlroduil  la  nitramine  dans  l'acide  sulfurique 
concentré,  maintenu  à  celle  température. 

Cette  réduction  du  groupe  nitro  en  groupe  nilroso  est  accompagnée 
de  la  formation  de  produits  accessoires  d'oxydation  avec  laquelle  elle  est, 
cela  va  sans  dire,  en  relation;  il  sera  intéressant  d'en  déterminer  la  nature. 

Une  observation  analogue  a  été  faite  autrefois  par  Galtermann  (  '  )  avec 
la  dinilro-p-crésyl-élhylamine 

c«hm:.if  (0  NOMS)  No-^  (5)  N\5o"'  ^^' 

dans  des  conditions  qui  étaient  différentes  au  point  de  vue  de  la  tempé- 
rature. 

Cet  auteur  cite  entre  autres,  comme  preuve  de  la  constitution  de  ce 
produit,  qu'il  donne  la  réaction  de  Liebermann  pour  les  dérivés  nilrosés, 
«  ce  qui  s'explique  facilement,  dit-il,  parce  qu'il  élimine  de  l'oxyde  d'azote 
par  échauffement  avec  l'acide  sulfurique,  fait  qui  prouve  une  position  parti- 
culière d'un  groupe  nitro  ». 

L'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  nitramines  de  la  série  grasse  et  de 
la  série  aromatique  a  déjà  fait  l'objet  de  nombreuses  recherches,  mais  la 
formation  directe  d'une  nitrosamine  dans  les  conditions  dont  je  viens  de 
parler  n'avait,  je  crois,  pas  encore  été  signalée. 

Je  me  propose  de  rechercher  d'autres  composés  susceptibles  de  présenter 
la  même  propriété  et  de  déterminer,  si  possible,  quelles  sont  les  conditions 
qu'ils  doivent  remplir  au  point  de  vue  de  leur  constitution,  pour  se  prêter 
à  la  réaction  observée. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Action  de  l'acide  sidfosalicylique  sur  le  phosphate 
trisodique.  Note  de  M.  L.  Bartue,  présentée  par  M.  Haller. 

Dans  une  Note  antérieure  (^)  j'ai  fait  connaître  l'action  de  l'acide  sulfo- 
salicylique  sur  le  borate  de  soude;  il  m'a  paru  intéressant  de  faire  agir  ce 
même  acide  sur  le  phosphate  trisodicjue. 

A  une  solution  aqueuse  bouillante  de  26^^80  de  phosphate  alcalin  pré- 
paré au  Laboratoire,  on  ajoute  une  solution  hydro-alcoolique  de  43^, 60 


(')  BuUetin  Soc.   chim.  de  Paris,  2"  série,  t.  XLV,  p.  794;  voir  aussi  t.   XLIV, 
p.  545. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXLVI,  p.  4o8. 


4o2  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

d'acide  siilfosalicylique.  On  fait  bouillir  quelques  instants  et  l'on  filtre.  La 
solution  est  abandonnée  sous  cloche  au-dessus  de  l'acide  sulfurique.  Il  se 
dépose  par  refroidissement  des  aiguilles  ténues  d'acide  sulfosalicylique, 
parfois  du  sulfosalicylate  de  soude  en  très  longues  aiguilles  atteignant  jus- 
qu'à o"\o5  à  o^jOÔ  de  longueur,  et  enfin  un  composé  cristallisant  en  fins 
cristaux  prismatiques,  brillants,  renfermant  du  phosphore,  du  soufre  et 
brûlant  sur  la  lame  de  platine  en  laissant  un  résidu  minéral  fusible. 

La  solution  aqueuse  de  ce  composé  fournit  avec  le  perchlorure  de  fer  une 
coloration  bleu  violacé,  disparaissant  par  addition  d'acide  chlorhydrique. 
Additionnée  de  réactif  de  Millon  elle  se  colore  en  rouge  à  l'ébuUition. 

L'équation  qui  rend  compte  de  la  formation  et  de  la  constitution  du  com- 
posé est  la  suivante  : 

/OH  /ONa      /SO'H 

(1)  P0'Na'+2C«H^-S0='H  =  P0-0C«H'— COONa-i-aH^O. 

^COOH  ^OCMl^/SO'H 

\COONa 

Le  dosage  de  l'eau  de  cristallisation  a  montré  que  la  molécule  cristallise 
avec  2H^0. 

Le  dosage  de  l'acidité,  en  présence  des  indicateurs  phtaléine  et  acide 
rosolique,  implique  deux  fonctions  acides. 

L'estimation  du  soufre  et  du  phosphore  dans  cette  combinaison,  après 
oxydation  par  le  mélange  de  carbonate  et  d'azotate  de  potasse,  montre  que 
la  constitution  du  produit  obtenu  s'accorde  avec  le  schéma  de  l'équation  (  i). 
C'est  un  phosphate  sodo-disulfone-salicytate  de  soude. 

Toutefois  l'équation  suivante  montre  qu'on  aurait  pu  aussi  bien  obtenir 
le  phospho-trisulfone-salicylate  de  soude  : 

^U(.  H  \cOONa 
/OH  /  SO^H 

(2)  PO»Na'-H3C«H3-SOM4=PO-OC/-H»c^^^^^j^^H-3H20. 

\GOOH  \^ 

^^  "  \C00Na 

Mais  la  saturation  de  cette  nouvelle  molécule  eût  exigé  un  volume  de 
liqueur  alcaline  supérieur  à  celui  que  nous  avons  dépensé  ;  de  plus,  dans  ce 
dernier  cas,  la  proportion  de  soufre  est  plus  considérable  et  celle  de  phos- 
phore moindre  que  les  quantités  de  ces  mêmes  éléments  prévues  par  l'équa- 
tion (i)  et  que  celles  obtenues  par  l'analyse. 

Ce  qui  nous  laisse  à  penser  que  dans  certaines  conditions  de   concentra- 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  I9IO.  4o3 

lion,  de  dilution  et  de  température,  on  peut  aussi  bien  obtenir  la  molécule 
ci-dessus  [équation  (^  2)],  c'est  qu'en  faisant  agir  à  peu  près  delà  même 
façon  l'acide  sulfosalicyliquc  sur  l'arséniate  trisodique,  nous  avons  obtenu 
une  combinaison  arsenicale  dont  les  dosages  de  l'acidité  et  du  soufre  corres- 
pondent exactement  à  la  composition 

\LOONa 

Malheureusement,  il  nous  a  été  impossible,  quelles  que  soient  les  méthodes 
employées,  d'obtenir  des  dosages  convenables  d'arsenic,  la  molécule  se 
décomposant  toujours  avec  violence  à  l'oxydation,  ce  qui  donne  lieu  à  des 
pertes  considérables  d'arsenic. 

En  résumé,  l'action  de  l'acide  sulfosalicyliquc  et  probablement  aussi  de 
nombreux  acides  organiques,  sur  des  sels  minéraux  alcalins  et  neutres, 
permet  de  concevoir  l'échange,  dans  certaines  conditions,  d^un  ou  plu- 
sieurs cations  (identiques  d'ailleurs)  du  sel  minéral  support  avec  un  même 
nombre  d'anions  sulfosalicyliques.  Il  en  résulte,  dans  le  cas  particulier,  une 
nouvelle  combinaison  qui  n'est  pas  un  sel  double. 

On  peut  prévoir  une  inlinité  de  molécules  semblables  minéro-organiques 
susceptibles  de  prendre  naissance  en  vertu  du  même  mécanisme. 


BOTANIQUE.  —  Les  ressources  forestières  de  la  Gâte  d'Ivoire  (^résultats  de  la 
Mission  scientifique  de  i Afrique  occidentale^  :  Bois,  Caoutchouc  et  Oléagi- 
neux. Note  de  M.  Aug.  Guevalier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Nos  études  sur  la  composition  de  la  forêt  vierge  de  la  Côte  d'Ivoire  ont 
commencé  en  igoS.  Jusqu'à  cette  époque  aucun  renseignement  précis 
n'avait  été  publié  sur  la  llore  de  cette  immense  forêt  tropicale  qui  couvre 
plus  de  1 20000'""'  d'étendue.  Au  cours  de  nos  recherches  poursuivies  en 
190J,  puis  en  1907  et  pendant  toute  l'année  1909  sous  les  auspices  du 
Ministère  de  l'Instruction  publique  et  du  Gouvernement  général  de 
l'Afrique  occidentale,  puis  de  l'Académie  des  Sciences  (Fondation  Roland 
Bonaparte)  depuis  l'an  dernier,  nous  avons  cherché  à  inventorier  les  espèces 
végétales  de  la  forêt. 

C.  R.,  19:0,  I'  Semestre.  (T.  15U,  M'  7.)  ^^ 


'io4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Depuis  les  débuts  de  celle  prospection  jusqu'à  la  (in  de  1909  nous  avons  séjourné 
environ  600  journées  au  milieu  de  la  forêt  vierge  en  eilectuanl  des  abattages  d'arbres 
en  vue  de  l'élude  poursuivie  dans  les  principales  régions  de  ce  territoire.  En  outre, 
nous  avons  parcouru  environ  4000"^™  d'itinéraires  à  travers  les  régions  où  la  forêt  est 
très  dense  ainsi  que  sur  sa  lisière  nord  et  sa  bordure  sud.  Nos  recherches  permettront 
de  dresser  bientôt  un  inventaire  assez  complet  de  la  végétation.  Le  nombre  des  espèces 
ne  paraît  pas  dépasser  iSoo  à  2000.  Sur  ce  nombre  il  existe  environ  5o  espèces  d'arbres 
dont  la  taille  peut  atteindre  el  parfois  dépasser  .5o™  de  hauteur  avec  un  tronc  de 
|in  g  ■2"',ôo  de  diamètre.  Les  arbres  s'élevant  de  25™  à  40™  de  hauteur  sont  au  nombre 
de  i5o  à  200  espèces.  Il  existe  aussi  environ  i5o  espèces  ligneuses  atteignant  de  lo"" 
à  20™  de  hauteur.  Le  reste  de  la  végétation  comprend  des  arbustes  de  sous-bois,  des 
lianes  ligneuses  herbacées  grimpantes,  de  nombreux  épiphytes  (orchidées,  quelques 
bégonias  et  quelques  mélaslomacées,  divers  ficus),  enfin  un  nombre  restreint  de 
|ilantes  herbacées  vivant  sous  l'ombrage  des  arbres. 

Les  indigènes  de  la  forèl  de  l'Afrique  occidentale  n'en  tirent  qu'un  parti 
restreint,  mais  notre  industrie  européenne  sera  nécessairement  amenée  à 
exploiter  les  nombreuses  ressources  qui  y  existent. 

L'exploitation  du  caoutchouc,  de  l'huile  fournie  par  le  palmier  Elaeis, 
enfin  du  bois  d'acajou  provenant  du  Khaya  nurensis  A.  Chev.  est  com- 
mencée depuis  longtemps. 

Mais  ces  matières  premières  ne  représentent  qu'une  partie  restreinte  des 
produits  utilisables  ainsi  que  le  montre  le  Tableau  suivant. 

Bois.  —  A  la  suite  de  la  mission  de  190",  plus  de  170  espèces  arbores- 
centes furent  examinées  au  point  de  vue  botanique  et  industriel.  Les  résul- 
tats de  ces  études  ont  été  publiés  récemment.  En  1909  nous  avons  précisé 
Taire  de  chaque  espèce  et  déterminé  son  degré  de  fréquence.  Nous  avons 
en  outre  étudié  une  cinquantaine  d'espèces  qui  n'avaient  pas  encore  été 
observées. 

Les  espèces  fournissant  les  plus  beaux  bois  appartiennenl  aux  familles 
suivantes  : 

Méliacées  (Khava,  lintandrophragma.Trichilia,  Bingeria);  Lé^juniineuses  (Lonclio- 
carpub,  Berlinia,  Maorolobiuni,  Delarium);  Conibretacées  (Terminalia  )  ;  Gulliféres 
(Ochrocarpus,  Symphouia);  Sapolacées  (Dumoria,  Chrysopliyllum)  ;  Apocynées  (Als- 
tonia);  Artocarpées  (Chlorophora,  Antiaris);  Stercuiiacées  (Cola  proteiformis)  ;  Man- 
soniées  (Triplochilon,  Achanlia);  Euphorbiacées  (Uapaca,  Oldfieldia,  Hasskarlia). 

Les  bois  les  plus  remarquables  se  rapportent  aux  catégories  dénommées 
dans  l'industrie,  acajou,  paHssandre,  gaïac,  teck,  chêne,  bois  blanc,  okoumé, 
buis,  cèdre.  On  sait  que  chacune  de  ces  appellations  désigne  souvent  des 


SÉANCE  DU  I  1  FÉVRIER  1910.  4o5 

bois  d'origines  botaniques  très  différentes,  mais  ayant  des  propriétés  ana- 
logues. 

Caoutchouc.  —  T^'espèce  productrice  par  excellence  du  caoutchouc  de  la 
forètdela  Côte  d'Ivoire  est  le  Funtumia  elastica  Stapf  sur  lequel  nous  avons 
recueilli  des  documents  nombreux  qui  seront  publiés  ultérieurement.  En 
second  lieu  viennent  les  lianes  Landolphia  owariensis  P.  B.,  puis  Clitandra 
elastica  A.  Chev.  et  Clitandra  micranlha  A.  Cliev. ,  ces  deux  dernières  n'étant 
que  des  formes  du  Clitandra  orienlalis  K.  Schum. 

En  dernier  lieu  il  faut  énumérer  un  assez  grand  nombre  d'arbres  et  de 
lianes  dont  le  latex  fournit  un  coagulum  de  qualité  inférieure  n'ayant  qu'une 
faible  teneur  en  caoutchouc,  mais  cjue  les  indigènes  de  quelques  régions  mé- 
langent aujourd'hui  au  coagulum  de  Funtumia  pour  en  obtenir  un  produit 
commercial  nommé  lump.  Ces  végétaux  sont  : 

Trois  ou  quatre  espèces  de  Ficus  et  en  particulier  F.  Vogelii  Mi(].;  quatre 
autres  urticacées  :  C/ilorop/iora  excelsaV^elw  . ,  Anliaris  toricaria  Lesch.  rar. 
af ricana  Scolt-Elliot,  l'ontya  excelsa  A.  Chev.,  Morus  mesozygia  Stapf; 
des  apocinées  :  Alstonia  congetisis  Engler,  Funtumia  africana  Stapf,  Car- 
podinus  dulcis  Hua  ;  une  euphorbiacée,  Ela'ophorl>ia  drupacea  Stapf;  une 
sapotacée,  Malacanlha  robusta  A.  Chev. 

Depuis  peu  de  temps  les  indigènes  coagulent  ces  mélanges  de  latex  soit 
avec  une  solution  de  savon,  soit  par  l'adjonction  en  très  faibles  proportions 
des  latex  d'apocynées  des  genres  Stropkanthus  et  Alafia.  L'arbre  à  caout- 
chouc de  Para  (^Hevca  brnsiliensis),  introduit  en  i8()7  dans  la  région  côtière, 
réussit  dans  les  points  où  on  l'a  planté,  et  sa  culture  doit  être  encouragée 
jusqu'au  septième  degré  de  latitude. 

Oléagineux.  —  Le palmierà  huile  (Elœis guinéensis )esl  une  plante  domes- 
tiquée plutôt  que  spontanée,  mais  il  se  multiplie  seul  partout  où  l'homme  l'a 
planté  une  première  fois  et  il  persiste  sur  l'emplacement  des  anciennes  cul- 
tures, de  sorte  qu'on  le  rencontre  parfois  loin  des  villages  actuels  et  en 
pleine  forêt.  Il  présente  cinq  ou  six  variétés  dont  une  particulièrement  pré- 
cieuse, le  Cérédi,  donnant  des  fruits  à  péricarpe  épais  et  à  graines  la  plupart 
avortées,  de  sorte  que  le  noyau  est  remplacé  par  une  masse  fibro-pulpeuse 
gorgée  d'huile. 

D'autres  essences  de  la  forêt  contiennent  des  substances  grasses  en  fortes 
proportions  dans  leurs  graines.  Nous  avons  déjà  signalé  à  ce  point  de  vue  le 
Dumoria  Heckeli  A.  Chev.,  sapotacée  géante  voisine  des  Mimusops  (  '  ).  Dans 

(')    Comptes  rendus,  1907. 


4o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  même  famille,  les  Chrysophyllum.  les  Pachystela  et  les  Omphalocarpum^ 
dont  il  existe  des  représentants  à  la  Côte  d'Ivoire,  ont  des  amandes  utilisables. 
Enfin,  parmi  les  arbres  à  graines  oléagineuses  communs  dans  la  forêt,  nous 
devons  encore  citer  :  deux  Carapa  (méliacées),  deux  Penladesma  et  un 
Allamhlackia  (guttifères),  un  /V/?/ac/<^;/^ra  (légumineuse),  XftLophira  procera 
A.  Cliev.  (lophiracée),  un  Irvingia  et  un  Balanites,  le  Coula  edulis  Bâillon 
et  VOngokea  Klaineana  Pierre  (olacinées),  le.Treculia  af ricana  Dcne.  (arto- 
carpée),  le  Bicinodendron a/ricana  Bn.  (euphorbiacée),  le  Pycnanlhus  Komho 
(myristicacée),  enfin  une  liane  de  la  famille  des  Cucurbitacées  de  très 
grande  taille  :  le  Telfairia  occidentalis  Hook.  f. 


BOTANIQUE.  —  Sur  une  forme  nouvelle  de  Nigelle,  Nigella  damascena 
polycephala,  obtenue  a/irés  une  inutdation.  Note  de  M.  L.  Blaringuen, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

L'espèce  Nigella  damascena  L.  est  souvent  cultivée  dans  les  jardins  à 
cause  de  ses  fleurs  d'un  bleu  pâle  et  de  son  feuillage  très  découpé.  On  en 
connaît  des  variétés  à  fleurs  blancbes,  d'autres  à  fleurs  doubles,  qui  souvent 
se  multiplient  spontanément  par  graines  dans  les  jardins.  La  plante  qui 
me  servit  de  point  de  départ  pour  ces  essais  fut  observée  en  190(3  dans  un 
jardin  potager  où  l'on  n'avait  d'ailleurs  pas  fait  de  semis  de  celte  espèce 
depuis  plusieurs  années.  F>lle  était  seule  de  son  espèce  et  j'en  récoltai  les 
graines  pour  cette  raison,  parce  qu'elles  devaient  provenir  d'une  autofécon- 
dation. Les  fleurs  d'xm  bleu  pâle  étaient  simples;  aucune  particularité  autre 
que  le  nombre  élevé  des  carpelles  (7  au  lieu  de  "i)  de  la  fleur  portée  par  la 
tige  principale  ne  put  être  reconnue. 

Les  graines  semées  en  1907  à  Bourg-la-Reine,  dans  le  champ  d'expériences, 
donnèrent  des  plantules  peu  étudiées  à  la  germination,  si  bien  qu'il  m"est 
impossible  de  dire  s'il  ne  se  trouvait  point  parmi  les  plantules  à  2  cotylédons 
quelques-unes  à  3  cotylédons.  En  juin,  les  tiges  déjà  fortes  furent  coupées 
au  ras  du  sol  avant  l'épanouissement  des  boutons  floraux  des  tiges  terminales 
et,  sur  les  rejets,  il  se  développa  des  fleurs  monstrueuses  à  sépales  et  à  pétales 
surnunu'raireS;  surtout  à  carpelles  très  nombreux.  Sur  un  fruit,  on  pouvait 
compter  11  carpelles  groupés  en  deux  verticilles  compacts,  emboîtés  l'un 
dans  l'autre;  une  autre  fleur  avait  9  carpelles  distribués  en  deux  fruits  et 
donnait  l'impression  qu'elle  résultait  de  l'accolement  de  deux  fleurs  nor- 
males à  ,1  cl  à  '\  carpelles.  Dans  plusieurs  cas  aussi,  en  plus  du  fruit  médian, 
(li'S  carpelles  isolés  et  fermés  sur  eux-mêmes,  i>\iiMt  l'aspect  du  fruit  mono- 


SEANCE    DU    ï4    FÉVRIER    I910.  ^07 

carpellaire  de  Delphinium  ou  tordus  en  spirale,  pouvaient  faire  croire  à  une 
déviation  plus  irrégulière  encore. 

Ces  anomalies  ont  déjà  été  signalées  par  plusieurs  auteurs.  Penzig  (')  les  classe 
selon  les  descriptions  plus  ou  moins  complètes  données  par  les  observateurs,  soit  sous 
le  titre  de  métamorphose  d'étnmines  en  carpelles  libres  (Jaeger),  soit  sous  celui  de 
mulUplicntion  anormale  du  nombre  des  carpelles  (F.-L.  von  Schlechtendal),  soit 
même  de  prolifération  centrale,  sans  que  le  mot  soit  écrit,  car  d'après  Ducliartre  (-), 
les  carpelles  du  N.  damascena  qu'il  a  observé  «  laissaient  entre  eux  une  cavité  où 
était  logé  un  second  verlicille  carpellaire  ».  La  désignation  exacte  de  ces  anomalies  a 
un  certain  intérêt,  en  ce  sens  qu'il  y  a  lieu  de  chercher  si,  sous  l'influence  de  la  seclion, 
il  V  a  eu  métamorphoses  d'étamines  en  carpelles  comme  dans  les  expériences  de 
Klebs  (')  sur  le  Sempervirum  ou  si  seulement  le  nombre  des  carpelles  a  élé  augmenté 
par  la  surnutrition  des  bourgeons  floraux  portés  par  les  rejets.  L'hypothèse  de  la  méta- 
morphose se  soutient  principalement  dans  les  cas  où  les  carpelles  surnuméraires  sont 
isolés,  mais  dans  aucun  des  exemples  suivis  depuis  1907  je  n'ai  pu  observer  une 
étamine  partiellement  transformée  en  carpelle,  ou  même  en  lobe  foliacé.  Or  ces  cas 
transitoires  sont  fréquents  et  accompagnent  généralement  les  véritables  métamorphoses. 
L'anomalie  doit  donc  être,  à  mon  avis,  distinguée  de  la  variation  stable  et  complète- 
ment héréditaire  présentée  par  le  Papaver  somniferum  polycephalum.  où  la  méta- 
morphose est  évidente,  mais  rapprochée  des  dissociations  incomplètes,  avec  quelcpies 
cas  de  soudures  propres  aux  fascies  ('). 

L'étude  de  la  transmission  héréditaire,  incomplète  malgré  l'autofécondatioii  et  irre- 
gulière  selon  les  lignées,  confirme  celte  interprétation.  Les  cultures  de  1908  étaient 
réparties  en  quatre  lots  désignés  dans  les  livres  de  cultures  sous  les  lettres  A,,  .\.2  et  B,,  B,. 
Dans  chacun  d'eux,  après  le  semis,  j'ai  compté  les  plantules  tricotylées,  d'ordinaire 
très  rares  dans  celte  espèce  (')  el  les  résultats  sont  tout  à  fait  concluants. 

l-ot.  Plantules  levées.        Tricotylées.  Pourcentage. 

Al 85  4  4,7 

•'^5 72  7  9.7 

B, 42  3  7,1 

Bj 37  I  2,7 

(')  O.  Penzig.  Pflanzenteratologie,  t.  L  Genua,  1890. 

(^)  DucHARTRE,  Bulletin  Soc.  botanique  de  France,  t.  VI,  18.59,  P-  27 •  • 

(')  G.  Klebs,  Ueber  Variationen  der  Bliiten,  igoo.  Dans  ce  Mémoire,  j'ai  fait 
remarquer  (C.  /?.  Société  de  Biologie  Paris,  t.  LIX,  p.  454)  'es  variations  qu'on  pou- 
vait attribuer  à  une  mutilation  el  G.  Klebs,  dans  un  Mémoire  publié  en  1906:  L'eber 
kiinstliche  Metamorphosen  {Abh.  der  naturf.  Gesell.  su  Italie,  t.  XXV).  accepte 
celte  iulerprétation. 

(')   L.  Bl\ri.\ghem,  Mutation  et  trauniatismes,   1907,  p.  88-92. 

{')  IL  de  Vries,  pour  loooo  plantules  de  Nigella  hispanica  alba,  a  trouvé  i5  cas 
de  tricotylie;  il  n'en  observa  aucun  dans  les  semis  qu'il  fit  de  Nigella  damascena. 
{Mutationstheorie,  l.  Il,  Leipzig,  1908,  p.  aSg  ), 


4o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Or  les  reclierches  de  M.  H.  de  \  ries  (')  sur  la  Iraiisoiission  héréditaire  des  fascies 
et  des  torsions  ont  montré  une  liaison  nette  entre  ces  anomalies  et  les  déviations  des 
planlules,  en  particulier  en  ce  qui  concerne  le  nombre  des  cotylédons. 

L'hérédité  du  caractère  anormal  lui-même  est  assez  difficile  à  évaluer.  Il 
faudrait  la  déterminer,  soit  par  le  nombre  des  carpelles  surnuméraires,  soit 
par  leur  mode  de  groupement  en  un  ou  plusieurs  fruits,  ou  encore  par  le 
nouîbre  de  rameaux  pour  une  plante  portant  des  tleurs  ou  des  fruits  anor- 
maux. Toutes  ces  catégories  donnent  des  pourcentages  de  plantes  anormales 
différentes  et  doivent  être  décrites  dans  des  Tableaux  détaillés. 

La  moyenne  du  nombre  des  carpelles  des  lleurs  portées  par  les  tiges  prin- 
cipales (celle  des  rameaux  latéraux  est  moins  élevée)  fut,  pour  les  quatre  lots 
cultivés  en  1908,  7  avec  les  chiffres  extrêmes  4  et  14.  La  fleur  qui  offrait 
i4  carpelles  montrait  deux  verticilles  emboîtés  de  7  carpelles  extérieurs  très 
développés  remplis  de  graines  et  de  7  carpelles  intérieurs  dont^  assez  déve- 
loppés pour  renfermer  plusieurs  graines  fertiles;  3  tleurs  à  i3  carpelles  ont  été 
observées  dans  la  même  culture,  l'une  ayant  les  caractères  de  la  précédente 
et  correspondant  à  une  prolifération,  les  deux  autres  offrant  une  dissociation 
en  trois  groupes  (6,  4  et  3  carpelles  dans  un  cas;  5,  5  et  3  dans  l'autre  cas ). 

En  1909,  dix  lots  types  provenant  de  plantes  à  fruits  prolifères  ou  disso- 
ciés dont  six  avec  tricotylie  montrèrent  une  transmission  du  caractère  plus 
accentuée  encore  qu'en  1908.  Ce  qui  prouve  l'obtention,  à  la  suite  de  muti- 
lation, d'une  race  instable  de  NigeAla  damascena  polycephala  caractérisée 
par  la  multiplication  extrême  du  nombre  des  carpelles  et  la  dissociation 
des  fruits  en  groupes  verticilles  superposés  (prolifération  apparente)  ou  en 
groupes  disjoints  (soudure  apparente  caractéristique  des  fascies). 

Une  autre  déviation,  apparue  dans  cette  lignée  en  1907  et  non  signalée 
jusqu'ici,  à  ma  connaissance,  caractérise  la  forme  Nigella  damascena  cristata. 

BOTANIQUE.  —  Sur  (' exploitation  agricole,  dans  les  /iouches-du-Iihàne,  d'une 
espèce  de  Typha  spontanée,  non  signalée  en  France  (T.  angustata).  Note 
de  M.  J.-B.  Gèze,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

On  exploite  dans  les  marais  de  Fos  (Bouches-du-T»hône),  des  Massclles 
( Typ/ia)  donl  on   distingue  sept  variétés  :    trois  Panes  (blanche,    rousse, 

(')  II.  UE  Vries^  Eine  Méthode  Z^vangsdreluingen  aufzusucUen  {lier.  d.  dent, 
bol.  Gesellscli.,  l.  XII,  1892,  p.  25)  et  Sur  la  culture  des  nionstruosilés  (Paris, 
(Jdinptes  rendus,  t.  C\X\'II1.  p.  i25). 


SÉANCE  DU  r4  FÉVRIER  1910.  ^O^ 

noire),  dont  les  feuilles  servent  à  l'empaillage  des  chaises  communes;  trois 
Houtarch  {blanc,  roux,  noir),  dont  les  feuilles  et  les  tiges  sont  utilisées  pour 
garnir  les  joints  des  douves  de  tonneaux,  et  enfin  le  Pavel,  qu'on  emploie 
pour  des  engins  de  pêche.  Les  variétés  les  plus  appréciées  sont  la  Pane 
hUmche  (  1 8'''  à  20''  les  1 00"^^  secs )  et  le  Jioutard  blanc  (  1 5''  à  1 8*"'" )  ;  la  Pavie 
/•o«we  vaut  seulement  io'''à  \b^',  elle  Boutard  roux,  8'''  à  10''''.  (^uant  à  la 
Pane  noire  et  au  BouUtrd  noir,  on  ne  les  récolte  que  les  années  où  les 
variétés  précédentes  font  défaut.  Celte  exploitation  n'a  jamais  été  étudiée 
jusqu'ici. 

Grâce  au  concours  dévoué  de  MM.  JNussbaum,  ingénieur,  et  Icardenl, 
chef  mécanicien,  à  Fos,  j'ai  pu  cultiver  depuis  2  ans,  près  de  Toulouse, 
ces  sept  variétés  de  Typha  et  en  examiner  de  nombreux  exemplaires,  en- 
voyés à  diverses  époques.  L'observation  suivie  des  phases  de  la  végétation 
et  l'étude  anatomique  de  plusieurs  centaines  d'échantillons  m'ont  amené 
aux  conclusions  suivantes  : 

1°  La  Pa\ie  blanche  est  le  Typha  angiistata  Bory  et  Chaubaid  (=:  T.  œ/jualis 
Schnizlein),  espèce  répandue  dans  la  région  orientale  de  la  Méditerranée  (Grèce,  Asie 
Mineure,  Egypte,  etc.)  et  de  là  vers  l'Est  jusqu'au  Japon  ;  la  Grèce  est,  jusqu'ici,  le 
pays  le  plus  j-approché  où  on  l'ait  trouvée. 

1°  Le  Boutard  blanc  est  aussi  ufl  Typha  angustala,  probablement  la  variété 
abyssiiiica  (Graebner,  1900),  signalée  seulement  en  Abyssinie. 

3°  La  Pavie  noire^  le  Pa^-el  et  le  Boutard  noir  sont  des  formes  plus  ou  moins 
développées,  suivant  la  nature  et  la  profondeur  de  l'eau  et  peut-être  du  sol.  du  Typha 
anguslifoUa  L.,  commun  en  France.  Le  T.  latifolia  L.,  plus  rare  dans  les  marais  de 
Fos,  y  est  appelé  aussi  Boutard  noir. 

4°  Enfin  la  Pavie  rousse  et  \e  -Boutard  roux  semblent  être  des  formes  dérivées  de 
la  Pairie  blanche  et  du  Boutard  blanc,  dont  on  les  dislingue  difficilement,  plutôtque 
des  hybrides,  T.  angustata  x  angustifolia. 

Le  D''  Kronfeld,  auteur  de  la  monographie  la  plus  complète  du  genre 
Typha  (Vienne,  1889),  a  bien  voulu  contrôler  ma  détermination  de  la  Pane 
Manche,  et  l'a  confirmée  avec  une  absolue  certitude. 

Je  signalerai  seulement,  au  sujet  du  Typha  angustata,  quelques  détails 
inédits,  que  j'ai  observés  sur  la  l'avie  blanche,  pour  compléter  les  Mono- 
graphies des  D"'^  Kronfeld  (  1889)  et  Graebner  (1900). 

Espace  vide  entre  les  épis  mâle  et  femelle  :  6"'™-22'"™,  moy.  i3""".  Grains  de  pollen 
isolés,  de  i3!^-32l^,  moy.  iSl'-^Si^  de  diamètre. 

Epi  femelle  brun  pâle,  «  couleur  cuir  saupoudré  de  blanc  »  (Schnizlein);  teinte 
plus  claire  au  début  de  la  saison,  correspondant  aux  n"^  128,  142.  du  code  des 
coiileui-s  de  Klincsieck  (1908)  (série  du  3'^  orangé   de  Chevreul,   c'est-à-dire  tirant  sur 


4lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  jaune);  plus  lard,  n"'*  103,  108,  le  plus  souvent  io3  (série  de  l'orangé).  Fleur 
femelle  toujours  accompagnée  d'une  hracléole  aplatie,  à  tète  o\  ale-spatulée  aiguë  bru- 
nâtre, large  de  o""",  06-0'"™,  i4  (  —  o""",  18),  nettement  distincte  du  pédicule,  et  souvent 
brusquement  rétrécie  en  une  longue  pointe  terminaley?///'o/7ne  plus  ou  moins  flexueuse 
atteignant  o'""',5  de  long  sur  i^V-.'ioV-  de  large  seulement.  Poils  du  gynophore  larges 
de  &v--\Zv-,  blancs  ou  roussàlre  clair,  à  extrémité  aiguë  ou  quelquefois  légèrement 
renflée  (  i5l'--3ol'')  sur  o"'™,2-o™™,5  de  long,  parfois  colorée  en  jaune  orangé  clair;  plus 
courts  que  la  bractéole  qui  les  dépasse  quelquefois  de  toute  la  tète  (o"'",2-o""",6). 
Stigmate  linéaire,  de  teinte  rouille,  large  de  o'""', 04-0™™, 08  (  — o™'",io),  souvent  courbé 
en  faucille,  plus  ou  moins  nettement  crénelé  sur  le  dos;  dépassant  peu  [o>""',2-i™™,o 
(moy.  o'"'",5)]  les  poils,  guère  plus  que  la  bractéole.  Dimensions  des  protubérances  de 
l'axe  femelle  (sur  lesquelles  sont  insérées  les  fleurs)  :  hauteur  o""", 60-0°"", 80 
(  —  i'"'",o4);  largeur  à  la  base  o™"',  20-0""°,  4o  ( — o""'',56)  ;  au  sommet,  o""",  i5-o""",32. 
^eujV/e.v  des  tiges  florifères  larges  de  4'"™-io'°"',  convexes  à  l'extérieur,  planes  ou  par- 
fois faiblement  concaves  à  l'intérieur,  couvent  demi-cylindriques  vers  le  bas  du  limbe; 
dépassant  peu  (lô'^""  en  moyenne),  ou  même  pas,  le  sommet  de  l'épi  mâle;  glauques 
(vert  gris  pruiné);  devenant  fauve  clair  blanchâtre  en  séchant  sur  pied  (d'où  proba- 
blement le  nom  de  Pavie  blanche,  Boutard  blanc).  Floraison  :  juin-juillet  (en  Grèce), 
i5  juillet-fin  août  (Fos,  Toulouse,  où  les  fruits  n'arrivent  pas  toujours  à  parfaite 
maturité). 

Le  Typha  angustifolia  L.,  espèce  la  plus  voisine  du  T.  angiislata,  s'en 
distingue  :  1°  de  loin,  par  ses  feuilles  vertes,  non  glauques,  devenant  brun 
noirâtre  en  séchant  (d'où  le  nom  de  Pavie  noire.,  Boutard  noir)  ;  par  la  teinte 
plus  foncée  de  ses  épis  femelles,  tirant  sur  le  rouge  :  n"*  53,  58  (série  du 
rouge  orangé),  78,  79  (série  du  3*  rouge  orangé),  du  code  des  couleurs; 
2"  de  près,  par  ses  protubérances,  dont  la  hauteur  n'atteint  presque  jamais 
jyniD  (3.  par  ses  stigmates,  dépassant  longuement  (i "'"'-3""")  les  poils;  par  ses 
bractéoles,  dont  la  tète  arrondie,  ou  aiguë,  mais  jamais  brusquement  rétrécie 
en  longue  pointe  filiforme,  ne  dépasse  ordinairement  pas  les  poils;  3°  par  sa 
iloraison  plus  précoce  (de  5  à  6  semaines,  à  Toulouse). 

Le  Boutard  blanc  diffère  de  la  Pavie  blanche  par  un  plus  grand  développe- 
ment de  toutes  ses  parties,  et  surtout  par  ses  feuilles  obtuséinent  triquctres 
vers  la  base,  caractère  du  T.  angustala  var.  y  abyssinica  Gracbner  (^1900  ); 
le  caractère  essentiel  de  cette  variété  y  ^st  d'avoir  les  fruits  seulement 
2  à  3  fois  plus  longs  que  larges  (dans  le  type,  ce  rapport  va  de  3  à  5  ).  Je 
n'ai  pas  observé  des  fruits  de  Boutard  blanc  complètement  nuns,  et  n'en  ai 
trouvé  que  très  peu  dont  les  dimensions  répondent  à  celles  de  la  variété  y; 
mais  comme,  en  se  rapprochant  de  la  n)aturilé,  la  largeur  des  fruits 
augmente  seule,  je  crois  pouvoir  attribuer  le  Boutard  blanc  au  T.  angustala 
var.  y  abyssinica.  Cette  variété  n'a  été  signalée  que  dans  les  marais  des 


SÉANCE    DU    l4    FÉVRIER    1910.  4ll 

sources  du  Nil  (Nil  blanc  et  Nil  bleu)  et  en  divers  points  de  l'Abyssinie,  où 
il  est  fréquent. 

La  Pavie  blanche  et  le  Boulard  blanc  sont  localisés  dans  les  marais  de  Fos 
alimentés  uniquement  par  de  l'eau  douce  (eau  limoneuse  du  Rhône) 
(étangs  de  Landres,  de  Ligagneau,  de  l'Etourneau)  et  dans  les  canaux  en 
relation  avec  eux.  Ces  deux  plantes  sont  beaucoup  plus  sensibles  que  les 
autres  espèces  au  froid,  qui  rend  certaines  années  leur  production  presque 
nulle;  elles  craignent  l'eau  salée,  aussi  ne  les  trouve-t-on  pas  dans  l'étang  de 
Galéjon,  où  pénètre  un  peu  d'eau  de  mer,  et  où  les  autres  Typha  (surtout 
T.  angustifolia)  existent  seuls. 

La  présence  du  Typha  anguslata  dans  une  station  restreinte  comme  les 
marais  de  Fos,  où  il  n'est  même  pas  certain  qu'il  se  reproduise  par  le  semis, 
peut  être  due  au  transport  des  graines  par  l'eau,  les  oiseaux,  les  poissons,  le 
vent  surtout,  qui  emporte  au  loin  les  fruits  minuscules  à  grandes  aigrettes 
des  Typha,  mais  il  ne  semble  pas  impossible  d'attribuer  cet  apport  aux 
navires  qui,  venant  de  la  Méditerranée  orientale,  se  rendaient  en  grand 
nombre,  pendant  plus  de  six  siècles,  à  Arles,  la  Rome  gauloise,  par  le  canal 
maritime  (Fossœ  Marianœ),  creusé  l'an  io3  avant  J.-C,  à  travers  les 
marais  de  Fos.  D'Alexandrie  a  pu  venir  ainsi  la  variété  abyssmica.  Les 
fruits  à  longs  poils  des  Typha  donnent  un  duvet  encore  utilisé,  dans  cer- 
tains pays,  pour  rembourrer  des  coussins,  d'un  usage  beaucoup  plus  fré- 
quent autrefois  qu'aujourd'hui;  le  Typha  an gustata  est  peut-être  arrivé  à 
Fos  sous  cette  forme. 

La  Note  qui  précède  a  une  conséquence  pratique  importante  ;  il  sera  inu- 
tile d'essayer,  en  dehors  des  marais  de  Fos,  d'obtenir,  par  des  soins  spé- 
ciaux dans  l'exploitation  des  Typha:ççinv  l'industrie,  les  qualités  qui  font  la 
supériorité  de  la  Pavie  blanche  et  du  Uoulard  blanc,  si  l'on  ne  plante  pas 
l'espèce  Typha  anguslata,  et  l'on  n'aura  des  chances  de  réussir  que  dans  un 
pays  relativement  chaud  ;  on  échouerait  probablement  sous  un  climat  plus 
froid  que  celui  de  Fos. 


PARASITOLOGIE.    —    Cnidosporidies  des  larves  d'Éphémères. 
Note  de  MM.  L.  Léger  et  Ed.  Hesse. 

Nous  avons  rencontré  dans  les  larves  à^Epheme.ra  vulgata  L.,  trois  genres 
difîérents  de  Cnidosporidies  :  l'un  vit  exclusivement  dans  les  cellules 
épithéliales  de  l'intestin,  c'est  un  Nosema  typique  qui  paraît  déjà  avoir  été 

C.  R.,  igio,  I"  Semestrt.  (T.  150,  N»  7.)  ^^ 


4 1*2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

observé  par  Schneider,  nous  le  désignerons  sous  le  nom  de  N.  Schneideri. 
Le  deuxième,  localisé  dans  les  corps  graisseux,  rentre  également  dans  les 
Microsporidies.  Le  type  singulier  de  sa  sporulation  nous  engage  à  créer 
pour  lui  un  genre  nouveau  ;  nous  l'appellerons  Stempellia  miitabilis.  Le 
troisième  lial)ite  comme  le  précédent  le  tissu  adipeux  ;  il  présente  à  la  fois 
des  caractères  de  Micro-  el  de  Myxospoi'idie,  nous  le  nommerons  Telomyxa 
glugeifonnis,  et  nous  discuterons  plus  loin  sa  position  systématique. 

Nosema  Schneideri  peut  coexister  avec  lune  ou  l'autre  des  deux  autres 
formes,  mais  ces  deux  dernières,  habitant  le  tissu  graisseux,  s'excluent 
mutuellement. 

Nosema  Schneideri  ('  )  n.  sp.  —  \^^  Nosema  Schneideri  se  développe  dans  les  cellules 
épitliéliales  de  Finleslin  au  moyen  de  la  larve  d'Ephémère  qu'il  envahit  parfois  en 
lotaiilé  el  où  il  évolue  selon  le  type  monosporé  qui  caractérise  ce  genre.  Les  schiz- 
onles  sphériques,  de  2^  de  diamètre,  se  multiplient  activement  par  division  binaire 
el,  finalement,  la  cellule  est  remplie  de  sporonles  monosporés  et  de  spores  qui  la 
distendent.  Fuis  les  spores  mûres  tombent  pai-  paquets  dans  Ja  cavilè  inlestinale. 
Ces  sfjores  sont  ovoïdes,  de  4'^sur  2V-,  avec  un  long  filament  de  got"-.  Le  jiôle  par  lequel 
s'échappe  le  filament  montre  une  petite  calotte  chromatique.  Le  parasite  ne  semble 
pas  provoquer  une  hypertrophie  notable  de  la  cellule  hôte  dont  il  respecte  le  noyau. 

Stemhellia  MiTABiLis  n.  g.,  n.  sp.  —  Stempellia  mutabilis  se  développe  exclusivement 
dans  le  corps  graisseux  et  se  présente,  au  terme  de  son  évolution,  saus  forme  de  kystes 
sphériques  ou  ovoïdes  disséminés  dans  le  tissu  adipeux  et  autour  desquels  les  cellules 
épargnées  réagissent  en  formant  une  enveloppe  conjonctive  assez  épaisse.  Dans  chacun 
de  ces  kystes  de  dimensions  variées,  mais  souvent  de  grande  taille  (jusqu'à  laoS^),  se 
voient  de  nombreux  parasites,  la  plupart  au  stade  de  sporontes  aux  divers  états  de  leur 
développement.  Ces  sporonles  présentent  cette  particularité  extrêmement  reman|uable 
d'évoluer,  les  uns  vers  le  type  octosporé  (Theloha/iia),  les  autres  (en  nombre  à  peu 
près  égal  aux  précédents)  vers  le  type  tétrasporé  (Gtirleya),  d'autres  enfin,  plus  rares, 
vers  le  type  disporé  (Perezia),  ou  monosporé  {Nosema). 

La  distinction  entre  tous  ces  genres  de  Microsporidies  étant,  comme  on  le  sait,  basée 
sur  le  nombre  des  spores  produites  par  chaque  sporonte,  il  n'y  a  aucune  raison  pour 
faire  rentrer  noire  parasite  plutôt  dans  l'un  que  dans  l'autre,  el  nous  créerons  pour  lui 
le  gtinre  Stempellia  (dédié  au  protistologue  Stempell). 

La  taille  des  spores  varie  de  2!^  à  6!'';  ce  sont  les  spores  isolées  qui  sont  le  plus  volu- 
mineuses; celles  qui  sont  groupées  suivant  le  tvpe  Gurleya  sont  piriformes,  les  autres 
sont  en  général  ovoïdes. 

Au  terme  de  leur  développement,  les  kystes  peuvent  tomber  dans  la  cavité  générale, 

(')  Lutz  el  Splendore  en  1908  ont  signalé  dans  l'intestin  de  larves  à^Ephémêrides 
du  Brésil,  deux  variétés  de  Microsporidies  qu'ils  rapportent  au  genre  Nosema.  La 
diagnose  qu'ils  en  donnent  est  insuffisante  el  la  détermination  de  l'hôte  trop  imprécise 
pour  qu'il  soit  possible  d'en  tenir  compte. 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  4l3 

el,  à  un  examen  superficiel,  on  pourrait  les  prendre  pour  de  grosses  Glugea  dans 
lesquelles  les  spores  seraient  groupées  suivant  les  types  les  plus  divers;  mais  une  ob- 
servation plus  attentive  montre,  parmi  les  sporontes  avec  leurs  groupements  variés  de 
spores,  des  stades  végétatifs  à  contour  à  peine  visible  et  de  nombreux  noyaux  dégé- 
nérés de  cellules  adipeuses  détruites  par  le  parasite. 

Tblomyxa  GLCGEiFOKifis  n.  g.,  n.  sp.  —  De  même  que  l'espèce  précédente,  Telomyxa 
glugeiforinis  se  rencontre  dans  le  corps  graisseux  des  larves  d'Ephémère.  Au  terme 
de  son  développement,  le  parasite  se  substitue  complètement  à  ce  tissu,  sans  que 
celui-ci  réagisse  contre  l'envahisseinenl.  Tous  les  autres  organes  sont  respeclés.  Les 
larves  fortement  infestées  sont  d'un  blanc  crayeux;  leurs  mouvements  sont  1res  indo- 
lents, et  el'I-es  finissent  par  périr.  Le  parasite  se  montre  alors  sous  forme  de  spores 
innombrables,  remplissant  1«  tissu  envahi,  tantôt  libres,  tantôt  groupées  en  sphérules 
de  8,  16  ou  «  éléments,  dont  chacune  représente  le  terme  de  l'évolution  d'un 
sporonte. 

Les  spores  mûres  examinées  in  vh'o  sont  ovoïdes,  brillantes,  réfringentes  et  ne 
montrent  aucun  détail  de  structure.  Elles  ont  l'aspect  des  spores  de  Microsporidies, 
avec  une  taille  toutefois  un  peu  plus  grande  (61^, 5o  sur  ti^)  et,  pour  la  plupart,  leurs 
deuàc  pôles  semblables  et  arrondis,  ce  qui  leur  donne  un  contour  elliptique. 

Après  fixation  el  coloration,  on  constate  que  la  spore  présente  deux  capsules  polaires 
volumineuses,  placées  bout  à  bout  el  la  remplissant  presque  complètement,  laissant 
seulement  dans  la  zone  équatoriale,  autour  de  leur  point  de  contact,  un  étroit  espace 
annulaire  retenant  fortement  la  couleur  et  dans  lequel  se  trouve  le  germe  décelé  par 
deux  noyaux,  punctiformes.  On  distingue  en  outre,  mais  plus  difficilement,  deux  miniis- 
eules  noyaux  valvaires  et  deux  noyaux  capsulaires.  Dans  chaque  capsule  se  trouve  un 
long  el  grêle  iilameTit  de  got"-  environ.  Les  filaments  s'échappent  par  les  pôles  opposés, 
parfois  laléralemenl. 

Par  la  taille,  la  forme  et  l'aspect  général  de  ses  spores,  la  petitesse  des 
noyaux  du  germe  et  des  noyaux  accessoires,  l'invisibilité  des  capsules  à 
l'état  frais,  la  longueur  des  filaments,  le  mode  de  sporulation  (trophozoïte 
se  transformant  complètement  en  8  ou  n  spores  à  la  fin  de  son  évolution), 
le  caractère  de  son  parasitisme  infiltrant  puis  généralisé  dans  la  totalité  d'un 
même  tissu,  enfin  son  siège  dans  un  Insecte,  le  Telomyxa  est  une  Micro- 
sporidie  ou  Cryptocyste.  Mais  d'autre  part  ses  spores  à  deux  capsules  le 
classent  dans  les  Myxosporidies  s.  str.  (Phénocystes). 

Telomyxa  présente  donc  à  la  fois  des  caractères  de  Micro-  et  de  Myxo- 
sporidie;  à  ce  titre  il  mérite  de  constituer  une  famille  transitionnelle  (la 
famille  des  Telomyxidœ  que  l'on  rattachera  à  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux 
ordres,  selon  que  l'on  donnera  la  prépondérance  au  nombre  des  capsules 
(class.  artificielle)  ou  à  l'ensemble  des  caractères  évolutifs  (class.  naturelle). 
Nous  discuterons  plus  longuement  cette  question  en  donnant  les  figures  de 
cette  importante  espèce.  Pour  le  moment  nous  ferons  seulement  remarquer 


4i4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

combien  est  fragile  la  barrière  établie  par  les  classiques  actuels  entre  les 
Phéno-  et  les  Cryptocystes(Myxo-et  Microsporidies).  Elle  est  aujourd'hui, 
en  eiï'et,  franchissable  par  deux  voies  différentes  :  par  Telomyxa  d'une  part, 
avec  ses  spores  dicapsulées  et  ses  caractères  microsporidiens  ;  par 
Coccomyxa  d'autre  part,  avec  ses  spores  monocapsulées  et  ses  caractères 
myxosporidiens. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  une  jeune  Spirule.  Note  de  M.  L.  Jovbin, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Au  cours  d'une  des  dernières  croisières  du  prince  de  Monaco  une  jeune 
Spirule  fut  prise  dans  le  filet  bathypélagique,  descendu  à  3ooo"',  au  sud- 
ouest  des  îles  Canaries. 

On  sait  que  quelques  exemplaires  adultes  seulement  de  cet  animal  sont 
connus  et  que  j  usqu'à  présent  personne  n'a  vu  ni  les  œufs  ni  les  jeunes  de  ce 
Céphalopode.  Cette  lacune  est  d'autant  plus  regrettable  que  cet  animal  est 
d'un  grand  intérêt,  représentant  le  seul  actuellement  survivant  des  Cépha- 
lopodes à  coquille  cloisonnée  interne. 

D'après  ce  qu'on  sait  de  la  dimension  du  follicule  ovulaire  de  l'adulte, 
l'œnfdoit  être  assez  gros,  et  comme  la  Spirule  que  j'ai  étudiée  a  un  peu 
plus  de  .)'"'"  de  long  elle  peut  être  considérée  comme  naissante. 

Les  points  suivants  ont  pu  être  constatés  sans  détériorer  l'unique 
échantillon  : 

La  coquille  qui  n'a  que  six  loges,  formant  presque  un  lour,  est  complètement  recou- 
verte par  le  manteau,  et  nulle  part  elle  n'apparaît  à  nu  à  l'extérieur,  contrairement  à 
ce  qui  existe  chez  l'adulte.  Les  cliromatopliores  sont  disséminés  sur  cette  surface 
palléale  qui  recouvre  la  coquille  comme  sur  tout  le  reste  du  manteau. 

Pelsener  avait  supposé  que  la  coquille  devait  se  former  extérieurement  en  arrière 
du  corps  et  être  ensuite  recouverte  par  deux  prolongements  latéraux  du  manteau, 
se  soudant  finalement  en  arrière,  en  laissant  ouvertes  deux  fentes,  l'une  dorsale,  l'autre 
ventiale,  par  lesquelles  les  loges  calcaires  de  la  coquille  apparaissent  à  l'extérieur  chez 
l'adulte.  11  n'en  est  rien  puisque  chez  la  jeune  Spirule  la  coquille  est  entièrement  sous- 
cutanée;  les  fentes  ne  se  produisent  donc  que  secondairement  et  l'invagination  pré- 
coquillère,  très  tôt  fermée,  est  immédiatement  sous-palléale. 

Chez  l'adulte  lacoquille  est  masquée  latéralement  par  deux  gros  diverticules  latéraux 
de  la  cavité  générale,  contenant  les  viscères,  descendant  jusqu'en  arrière  du  corps  et 
déterminant  par  refoulement  la  position  terminale  des  nageoires.  Chez  le  jeune  ces 
deux  poches  manquent  complètement,  ce  qui  permet  de  distinguer  par  transparence 
la  spire  entière  de  la  coquille  ;    ces  deux  poches,  diverticules  de    la   cavité  générale 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  4*5 

viscérale,  ne  se  forment  donc  que  plus  lard.  probahlemeiU  à  l'époque  de  la  raaturilé 
sevuelle. 

11  en  résulte  que  chez  le  jeune  les  nageoiies  ne  sont  pas  terminales,  mais  latérales, 
et  insérées  de  part  et  d'autre  du  corps  sur  le  centre  de  la  coquille. 

Cette  position  des  nageoires  est  donc  acquise  secondairement  chez  l'adulte  où  elles 
ne  sont  séparées  l'une  de  l'autre,  tout  à  fait  à  l'arrière  du  corps,  que  par  une  ventouse 
impaire,  médiane  et  postérieure  qui  n'a  d'homologue  dans  aucun  autre  Céphalopode. 
Or  chez  la  jeune  Spirule  cette  ventouse  manque  totalement  ;  il  n'y  en  a  aucune  ap- 
parence sur  le  manteau  qui,  à  cette  place,  est  lisse,  mince,  transparent.  Celte  ventouse 
ne  se  forme  donc  que  beaucoup  plus  lard. 

Le  bord  du  manteau  qui  chez  l'adulte  est  pourvu  de  trois  pointes  fortement  saillantes, 
deux  ventrales  et  une  dorsale,  est  complètement  lisse  chez  le  jeune. 

Les  tentacules  de  l'adulte  sont  plus  longs  que  tout  le  corps  ;  chez  le  jeune  ils  ne  dé- 
passent pas  les  autres  bras  et  contribuent  à  former  avec  eux.  une  couronne  à  peu  près 
régulière  de  dix  petits  bourgeons  autour  de  la  bouche;  celle-ci,  pourvue  d'une  forte 
paire  de  mandibules  cornées,  est  très  saillante  et  enveloppée  d'une  forte  lèvre. 

Les  yeux,  chez  l'adulte,  d'après  le  dessin  fait  par  Cliun  de  la  seule 
Spirule  qui  ait  été  vue  vivante,  ont  tout  à  fait  l'aspect  dit  télescopique,  carac- 
téristique de  beaucoup  d'animaux  abyssaux  ;  chez  le  jeune,  les  yeux  sont 
plus  aplatis.  La  disposition  télescopique  ne  s'acquiert  donc  que  plus  tard, 
ce  qui  concorde  avec  les  observations  que  Brauer  a  faites  récemment  sur 
déjeunes  Poissons  de  grande  profondeur. 


ZOOLOGIE.  —  Action  physiologique  du  mucus  des  Batraciens  sur  ces 
animaux  eux-mêmes  et  sur  les  Serpents  ;  cette  action  est  la  même  que 
celle  du  venin  de  Vipère.  Note  (')  de  M""  Phisalix,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

L  Action  du  mucus  de  la  Grenouille  verte  sur  elle-même.  —  L'expérience 
directe  montre  qu'on  peut  envenimer  un  Batracien  déterminé  avec  son 
mucus,  comme  on  peut  empoisonner  un  animal  venimeux  quelconque  avec 
son  propre  venin. 

Paul  Berl  avait  déjà  vu  que  le  produit  du  raclage  de  la  peau  dorsale  du 
cou  d'une  dizaine  de  Grenouilles  vertes,  introduit  sous  la  peau,  détermine 
une  action  convulsivante  sur  les  muscles  et  sur  le  cœur,  et  entraîne  la  mort 
aussi  bien  de  la  Grenouille  verte  elle-même  que  du  Chardonneret. 

Mais  le  produit  du  raclage,  en  raison  du  lieu  où  il  a  été  prélevé,  était 
sans  doute  un  mélange  des  deux  sécrétions  cutanées;  car  si  l'on  répète  la 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  -  février  iqio. 


4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

même  expérience  en  employant  soit  l'eau  de  lavage  des  animaux  en  suda- 
tion, soit  l'eau  de  macération  de  peau  du  ventre,  on  n'observe  plus,  sur  la 
Grenouille  et  le  Moineau,  que  les  effets  stupéfiants  et  paralysants  du 
mucus,  et  pas  de  convulsions.  Le  mucus  correspondant  à  cinq  Grenouilles 
tue  l'une  d'entre  elles  en  i  heure,  par  inoculation  dans  le  péritoine. 

II.  Action  réciproque  du  mucus  sur  les  Batraciens.  —  La  Grenouille  verte, 
qui  succombe  à  une  forte  dose  de  son  propre  mucus,  est  semblablement 
envenimée  par  celui  delà  plupart  des  autres  Batraciens  (Salamandre  du 
Japon,  Salamandre  terrestre.  Triton,  Alyte,  Crapaud,  Discoglosse,  Rai- 
nette verte,  Crapaud  sonneur);  j'ai  constaté  en  outre  qu'il  suffit  du  mucus 
correspondant  à  la  peau  ventrale  d'un  yVxolotl  pour  la  faire  mourir  en 
9  heures,  avec  arrêt  du  cœur  en  systole. 

Celle  action  syslolique,  quoique  incomplète,  est  constante  chez  la  Gre- 
nouille verte  et  la  Salamandre  terrestre;  c'est  un  épiphénomène  dû,  comme 
les  nausées,  à  la  sensibilité  individuelle  de  ces  animaux,  au  venin  dorsal  de 
l'Axolotl,  dont  il  existe  inévitablement  des  traces  dans  les  préparations 
fraîches  de  mucus. 

Ce  qui  le  montre,  c'est  que  le  cœur  de  la  (îrenouille  est  arrêté  en  diastole 
par  le  mucus  de  la  plupart  des  autres  Batraciens,  et  que  les  mêmes  prépa- 
rations de  mucus  d'Axolotl  manifestent  des  propriétés  diastoliques  vis-à-vis 
des  autres  animaux  réactifs. 

"6°  Action  du  mucus  des  Batraciens  sur  les  Serpents.  —  Ce  sont  les  venins 
muqueux  de  Triton  et  d' Alyte  qui  se  montrent  les  plus  nocifs  vis-à-vis  des 
Serpents,  car  il  suffit  de  l'eau  de  lavage  d'un  seul  Triton  crête,  ou  d'un  tout 
jeune  Alyte  qui  vient  de  se  transformer,  pour  tuer  en  moins  d'une  heure 
une  Vipère  aspic  pesant  de  5o«  à  Go^.  Les  mucus  de  Salamandre  terrestre  et 
de  Discoglosse  peint  se  montrent  les  moins  toxiques;  et,  entre  ces  extrêmes, 
se  placent  les  mucus  de  Grenouille  verte,  de  Pélobate  Cultripède  et  d'Axo- 
lotl qui  tuent  la  Vipère  en  i  à  5  jours. 

Les  quantités  de  mucus  correspondant  à  trois  Grenouilles,  à  trois  Pélo- 
bates  et  à  une  peau  de  ventre  d'Axolotl,  qui  tuent  la  Vipère  aspic,  n'ont 
aucun  effet  appréciable  sur  la  (Couleuvre  vipérine. 

Les  symptômes  déterminés  par  le  mucus  des  Batraciens  sont  identiques 
sur  ces  animaux  eux-mêmes  et  sur  les  Serpents.  Le  Tableau  suivant 
résume  son  action  et  les  conditions  de  Tenvenimation  pour  les  venins 
d'Alyle,  de  Triton  et  de  Salaman^lre,  et  dans  ce  Tableau,  on  voit  que  les 
chiffres  qui  expriment  la  résistance  de  i"**-' d'animal  réactif  sont  quelquefois 
plus  élevés  pour  les  Serpents  que  pour  les  Batraciens. 


i.5o 

1 

0.  i5 

1 ,45 

2.  l5 

1 ,5i 

I  .01) 

ô,  i5 

en  systole 

2       » 

i 

» 

I  .45 

3,5 

en  diastole 

0.53 

5,1 

» 

0.57 

11,6 

» 

0.55 

12 

SÉANCE    DU    l/|    FÉVRIER    1910.  I17 

Action  comparée  du   mucus  d^Alyle,   de    Triton  et   de  Salamandre  sur  les   Batraciens 

et   les  Serpents. 

Mode  d'arrcL 

lloses  Lieu  du  ccrur.  Durée  Résist. 

Poids  de  de  —  de  la  puiii-  1''= 

en  gr.  mucus  frais.  linocuialion.  \entricule.  suivie.         d'animal. 

1"  Mucus  de  Triton  cristatus  : 

Biifobufo 58  Eau  lav.  f  de  Triton  Sac  iymp.  dorsal  en  systole 

Rana  esculenia 22  Macér.  i  de  peau  Abdomen  endiaslole 

Vipera  aspis 9<)  Eau  lav.  1  Triton  \  Sous  la  peau  » 

Pélobates  cultripes..  .  28  »  Sac  dorsal  en  systole 

2°  Mucus  d' A  If  tes  obstelricans  : 

Salamandra  maculosa.  23  Eau  lav.  ,Vj  Alyte  Sous  la  peau 

Bufo  bufo 34  »         I       .. 

Mpera  aspis 49  >'         '       »  » 

Rana  esculenia 10  »         {       >■  Sac  dorsal 

Tropidonotus  natrix.  19  »  1       »  Sous  la  peau 

3°  Mucus  de  Salamandra  maculosa  : 

Vipera  aspis 5o     Eau  lav.  3  Sal.  Abdomen  en  diastole     2  jours         1 

Tropidonotus   natrix.      5o  »       6     »  »  guérison 

Rana  esculenia 25  »      i5     »  Sac  dorsal  »  ic 

Résumé  des  sympiémes  ■et  des  lésions.  — ■  Agitation  pendant  quel(|ues  minutes  avec 
les  doses  moyennes  ;  stupeur  immédiate  avec  les  fortes  doses.  Ralentissement  respi- 
ratoire avec  intermittences  jusqu'à  l'arrêt  complet  qui  entraîne  la  mort.  Mydriase, 
paralysie  ascendante,  précoce  et  progressive.  Affaiblissement,  puis  extinction  de  l'exci- 
taliilité  réflexe.  Affaiblissemenl  des  battements  cardiaques.  Arrêt  du  cœur,  ventricule 
en  diastole. 

Exception  :  nausées,  arrêt  du  cœur  en  systole,  symptômes  surajoulés  du  venin 
granuleux  ;   mais  pas  de  convulsions. 

Lésions  hémorragiques  dans  les  muscles,  le  myocarde  ventriculaire,  le  tissu 
conjonctif,  le  tube  digestif,  le  foie,  les  reins,  moins  intenses  qu'avecle  venin  de  vipère. 

Dissolution  du  stroma  des  hématies. 

Si  l'on  compare  en  ouli'e  les  effets  du  mucus  sur  les  Batraciens  et  les 
Serpents  d'une  part,  les  Mammifères  et  les  Oiseaux  d'autre  part,  on  constate 
qu'ils  sont  tout  à  fait  superposables,  avec  cette  seule  remai^que  que,  chez  les 
\  ertébrés  supérieurs,  on  observe  une  hypothermie  croissante  qui  révèle  les 


4l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

progrès  de  renvenimation  comme  avec  le  venin  d'Abeille  ou  de  Vipère,  et 
qui  ne  saurait  se  manifester  chez  les  Vertébrés  à  température  variable. 

Par  ses  eflets  sur  les  divers  animaux,  le  mucus  des  Batraciens  se  rapproche 
beaucoup  du  sérum  d'Anguille,  ainsi  que  l'avait  remarqué  C.  Phisalix,  à 
propos  du  venin  de  la  Salamandre  du  .lapon  ;  il  est  voisin  aussi,  à  ce  point 
de  vue,  du  venin  d'Abeille.  Les  expériences  précédentes  montrent  de  plus 
(pie,  vis-à-vis  des  Reptiles  et  des  Batraciens  (il  en  est  de  même  vis-à-vis  des 
Vertébrés  supérieurs),  il  se  comporte  tout  à  fait  comme  le  venin  de  la 
Vipère,  déterminant  aussi  les  mêmes  lésions.  La  toxicité  en  est  plus  variable  ; 
mais  elle  est  parfois  tout  aussi  grande,  si  l'on  considère  qu'il  suffit  d'une 
seule  goutte  de  mucus  de  Discoglosse  dans  la  veine  de  l'oreille  d'un  Lapin 
pour  le  foudroyer,  et  que  la  Vipère  elle-même,  qui  résiste  à  So^s  de  son 
venin,  est  tuée,  ainsi  que  la  Grenouille  verte  et  la  Couleuvre  à  collier,  en 
moins  d'une  heure,  par  l'eau  de  lavage  d'un  très  petit  Alyte  ou  d'un  seul 
Triton  crête. 

En  résumé,  le  mucus  de  la  plupart  des  Batraciens  est  un  véritable  venin, 
parfois  aussi  toxique  que  leur  venin  spécifique  dorsal. 

Il  possède  les  mêmes  propriétés  chez  tous  ceux  où  il  a  été  étudié  jusqu'ici, 
et  exerce  sur  tous  les  animaux  les  mêmes  effets  stupéfiants,  paralysants  et 
généralement  diastoliques,  qu'on  peut  rapprocher  très  intimement  de  ceux 
du  venin  de  Vipère. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'adaptation  des  Nématodes  parasites  à  la  température 
des  hôtes.  Note  de  MM.  L.  Jammes  et  A.  Marti.n,  présentée  par 
M.  Dastre. 

La  recherche  des  températures  les  plus  favorables  au  développement  des 
œufs  de  nombreuses  espèces  de  ÏNématodes  parasites  nous  a  conduits  à 
répartir  ces  dernières  en  trois  grands  groupes,  d'après  l'élévation  plus  ou 
moins  grande  du  degré  exigé. 

1.  Nématodes  dont  les  embryons  ne  peinent  se  former  quW  une  température  plus 
basse  que  celle  de  l'hôte.  —  Ascaris  vilulorum,  .1  suis,  Heterakis  columbœ,  rentrent 
dans  cette  catégorie.  Les  œufs  A' Ascaris  suis,  par  exemple,  placés  dans  la  solution 
chlorhydrique  à  i  pour  i  ooo  et  portés  aux.  températures  de  33°  et  de  38°,  réagissent 
dirtéremment.  A  33°,  tous  les  œufs  sont  embrvonnés  en  lo  jours.  A  38°,  l'évolution 
ne  va  pas,  dans  le  même  temps,  au  delà  de  trois  blastoméres. 

Si,  au  huitième  jour  de  l'expérience,  on  prélève  sur  chacun  des  deux  lots  une  partie 
qu'on   porte   à   la  température  du  lot    opposé,  on  obtient  les  résultats  suivants  :  les 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  4l9 

œufs  passés  de  33°  à  38"  s'arrêtent  dans  leur  évolution  et  ne  tardent  pas  à  dégénérer. 
Au  contraire,  les  œufs  passés  de  38°  à  33°  se  segmentent  aussitôt  régulièrement.  La 
température  de  33°  est  donc  seule  favorable  au  développement  de  cette  espèce.  Il  en 
est  de  même  pour  les  autres  parasites  cités.  Tous  ces  Vers  se  développent  aussi  à  des 
températures  encore  plus  basses,  celle  du  laboratoire  notamment,  mais  l'évolution  est 
plus  lente. 

II.  /Véniatodes  dont  les  embryons  se  foiinent  aussi  bien  à  la  lenipéralure  de  l'hôte 
qu'à  des  températures  plus  basses.  —  Ces  \ers  sont  nombreux.  Nos  expériences  ont 
porté  i\i\-  Ascaris  ecjuorum,  A.  canis,  Sclerostomum  equinum,  Sel.  vulgare,  Tricho- 
ceplialus  depressiusculus.  Dans  tous  ces  cas,  aux  températures  de  33°  et  de  38°,  les 
évolutions  restent  superposables.  Les  embryons  se  forment  aussi  à  la  température  du 
laboratoire,  mais  plus  lentement.  Des  constatations  analogues  ont  été  faites  par 
divers  observateurs  sur  Ojcyuris  vermicu/aris,  Ankylostomum  duodeaale,  Synga- 
nius  trachealis,  Syn.  bronchialis,  etc.  Ce  deuxième  groupe  se  distingue  du  précédent 
en  ce  que  révolution  embi-yonnaire  devient  possible  à  des  degrés  plus  élevés. 

m.  /Yématodes  dont  les  embryons  se  forment  normalement  à  la  température  de 
l'itôle.  —  Ici  prennent  place  tous  les  parasites  qui  pondent  des  œufs  embryonnés  ou 
des  e'mljryons  déjà  éclos.  Ce  sont  les  Spirojttêres,  les  Pilaires,  la  Tricliine,  etc. 

Ces  résultats  nous  paraissent  susceptibles  de  généralisation.  Par  eux,  on 
comprend  les  étapes  de  l'adaptation  des  Nématodes  parasites  aux  hôtes  à 
sang'  chaud.  Avant  de  se  fixer  sur  ces  derniers,  les  ancêtres  des  parasites 
actuels  ont  dû  évoluer  à  la  température  du  milieu  extérieur.  La  nécessité 
actuelle  pour  certains  Vers  d'accomplir  le  développement  embryonnaire  à 
des  températures  relativement  basses  apparaît  ainsi  comme  une  persistance 
d'attaches  aux  conditions  premières. 

L'élévation  du  degré  limite  est  la  première  étape  vers  l'adapta tiondéfinitive 
au  parasitisme  sur  les  animaux  supérieurs.  Celte  plasticité  constituerait  l'un 
des  rouages  du  mécanisme  complexe  et  encore  obscur  par  lequel  le  parasité 
s'est  accommodé  aux  conditions  physicochimiques  imposées  par  l'hôte. 

Cet  état  se  trouve  détinilivement  réalisé  quand  les  embryons  arrivent  à 
évoluer  dans  les  voies  maternelles  sans  quitter  l'animal  habité  par  leur  géné- 
rateur. L'adaptation  la  plus  étroite  a  lieu  lorsque  l'embryon  naît  dans  le 
corps  de  la  mère.  La  viviparité  semble  donc  ici  pouvoir  se  déduire  d'une 
question  de  température. 

\\n  résumé,  nécessité  d'une  température  relativement  basse,  indifférence 
à  l'augmentation  progressive  de  celle-ci,  subordination  à  la  température  de 
l'hùle,  étal  vivipare,  se  présentent  comme  les  phases  successives  de  la  lente 
évolution  par  laquelle  le  parasite  s'est  adapté  à  la  température  élevée  des 
animaux  supérieurs. 

C.  B.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N»  7.)  56 


420  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

HlSTOLOGTli.    —   Sur  le  muscle  tenseur  de  la  choroïde  des  Téléostéens. 
Note  de  M.  E.  Gryxfki/it,  présentée  par  M.  Henneguy. 

La  tunique  moyenne  du  gloire  oculaire,  chez  la  plupart  des  Yertélirés, 
est  rattachée  à  la  tunique  externe  par  un  ensemble  de  fibres  formant  un 
système  plus  ou  moins  complexe,  qui  irradie  du  limbe  scléro-cornéen  sur  la 
zone  ciliaire  de  l'uvée. 

Les  recherches  anciennes  deWallace,  de  Cramplon,  de  Briicke,  de  llouget.  de  Mill- 
ier, etc.  ont  montré  ([lie,  chez  les  Vertébrés  stipéiieurs,  il  s'agissait  là  de  fibres  mus- 
culaires, et  que  le  prétendu  ligainenl  ciliaire  de  leurs  devanciers  était  en  léalité  un 
muscle  ciliaire  dont  les  contractions,  par  nn  mécanisme  encore  fort  discuté,  modi- 
fient la  forme  du  cristallin  et  servent  à  l'accommodation. 

On  connaît  aussi,  depuis  longtemps,  chez  les  Poissons  osseux,  une  formation  ana- 
logue. Mais  les  auteurs  (|ui  ont  étudié  l'œil  de  ces  animaux,  Leydig,  Lee,  Leuckart, 
Berger,  Steinach,  Herzog,  ont  tous  affirmé  la  nature  conjonctive  de  ses  fibres.  Lauber 
cependant  a  émis  quelques  doutes  à  cet  égard,  sans  se  prononcer  sur  sa  vraie  signifi- 
cation. Aussi  les  classiques  admettent-ils  encore  à  l'heure  actuelle,  chez  les  Téléos- 
téens, un  ligament,  ciliaire,  qui  représenterait  le  muscle  ciliiiire  des  Vertébrés  supé- 
rieurs. Interprétation  d'autant  plus  rationnelle,  semblerait-il,  que,  dans  l'œil  de  ces 
Poissons,  toute  dillerenciation  contractile  de  lia  zone  ciliaire,  analogue  à  celle  des 
Mammifères,  n'aurait  guère  de  raison  d'être:  on  sait  en  efi'et  que  cette  zone  ne  joue 
aucun  rôle  actif  dans  les  phénomènes  de  l'accommodation  chez  ces  animaux.  Les  belles 
expériences  de  Th.  Béer  ont  démontré  que  celle-ci  est  sous  la  dépendance  exclusive 
d'un  muscle  ailleurs  situé,  le  muscle  de  la  campanule  de  Haller,  auquel,  en  raison  de 
son  mode  d'action  sur  le  cristallin,  il  a  donné  le  nom  de  mtisculiis  retraclor  lenlis. 

Des  éludes  tjue  je  poursuis  depuis  longtemps  sur  liris  des  Vertébrés 
m'ont  amené  à  examiner  le  segment  antérieur  de  l'œil  d'un  certain  nombre 
de  Téléostéens  appartenant  à  une  vingtaine  de  genres  difl'érents.  Chez  tous, 
à  rencontre  de  l'opinion  actuellement  classique,  j'ai  trouvé  (|ue  le  ligament 
ciliaire  des  auteurs  n'était  autre  chose  (ju'un  faisceau  musculaire.  Les 
réactions  histochimiques  courantes,  qui  permetlenl  de  bien  dillerencier 
les  fibres  musculaires  des  élémi'uts  conjonctifs  (la  picro-fuchsine,  la  lri[)le 
coloration  de  Prenant,  celle  de  Mann,  le  picro-|)ouceau  de  (Jurtis,  etc.  ), 
ne  laissent  aucun  doute  à  cet  égard. 

Sur  les  coupes  méridiennes  de  ro-il,  ci'  muscle  aH'ccli'  chez  les  Téléostéens 
la  forme  d'un  mince  faisceau  appliipié  contre  la  lace  |)roibnde  de  la  scléro- 
tique. Par  son  extrémité  antérieure,  un  [)eu  plus  laige,  il  s'insère  sur  la 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  ^21 

membrane  fibreuse,  en  général  sur  le  bord  de  la  cornée.  Son  exlrémité 
postérieure,  effilée,  se  perd  sur  les  couches  les  plus  superficielles  de  la 
zone  ciliaire  ou  de  la  partie  antérieure  de  la  choroïde,  en  regard  de  Vora 
terminalis  relinœ. 

Comme  chez  les  Mammifères,  ce  muscle  est  constitué  par  des  fibres 
lisses.  Mais,  chez  les  l'oissons  osseux,  il  s'agit  le  plus  souvent  d'éléments 
peu  différenciés  au  point  de  vue  morphologique.  C'est  là  vraisemblablement 
la  cause  pi'incipale  de  la  coufusion  commise  par  les  auteurs  qui  ont  pris  ce 
muscle  pour  un  faisceau  de  fibres  conjonctives,  en  l'absence  de  réactions 
histochimiques  suffisantes  poiu'  le  caractériser  d'une  façon  exacte. 

Suivant  les  espèces,  ce  muscle  ciliaire  des  ïéléostéens  présente  des  varia- 
tions notables,  sur  lesquelles  je  ne  saurais  insister  ici.  Chez  la  plupart,  eu 
égard  à  sa  disposition  générale  et  surtout  à  l'orientation  de  ses  fibres,  ainsi 
(ju'à  leur  situation  toute  superficielle  dans  la  tunique  moyenne,  il  offre  des 
analogies  intéressantes  avec  certains  faisceaux  homologues  de  l'œil  des 
Amphibiens,  les  tenseurs  de  la  choroïde  dorsal  et  ventral,  que  Tretjakofî  a 
ijien  distingués,  sous  ce  nom,  d'un  autre  muscle  qui  parait,  chez  ces  animaux, 
plus  spécialement  aflécté  à  l'accommodation,  le  musculus  prolractor  lenlis. 

En  raison  de  ces  analogies  le  terme  de  tenseur  de  la  choroïde  m'a  paru 
pouvoir  servir  à  désigner,  provisoirement  tout  au  moins,  le  muscle  que  je 
signale  ici  dans  le  segment  antérieur  de  I'omI  desTéléosléens  et  qu'on  a  pris 
jusqu'à  présent  pour  un  ligament  ciliaire.  Ce  terme  me  semble  préférable  à 
celui  de  muscle  ciliaire^  qui  parait  s'imposer  tout  d'abord,  parce  que,  chez 
les  Vertébrés  supérieurs,  on  désigne  sous  ce  nom  le  muscle  de  l'accommo- 
dation, dans  laquelle  les  faisceaux  en  question  ne  jouent  très  vraisembla- 
blement aucun  rôle  chez  les  Téléostéens,  d'après  les  expériences  si  démons- 
tratives de  Th.  Béer. 


OCÉANOGRAPHIE.   —  De  la  genèse  des  roches  sous-marines  co/uiues  sous  le 
nom  de  mattes.  Note  de  M.  J.  Thoulet. 

Les  marins  et  les  hydrographes  français  désignent  sous  le  nom  de  mattes 
des  l'oches  sous-marines  demi-dures,  quoique  résistant  au  plomb  de  sonde, 
gréseuses  ou  d'une  pâle  plus  ou  moins  compacte,  souvent  bourrées  de  co- 
quilles entières  ou  brisées  et  riches  en  déljris  végétaux. 

Elles  sont  assez  communes  sur  les  côtes  de  Languedoc  el  de  Provence,  jusque  vers 


422  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Hyères,  ainsi  que  dans  certaines  régions  du  lil.toral  atlantique,  aux  environs  des  em- 
bouchures de  la  Gironde  et  de  la  Charente.  Lorsqu'elles  ne  sont  recouvertes  que  par 
i^ne  faible  épaisseur  d'eau  et  à  peu  de  distance  de  terre,  elles  sont  fréquemment  arra- 
chées de  leur  gisement  par  les  \agues  et  rejelées  sur  la  plage  sous  forme  de  blocs 
sableux  ou  compacts,  gris  ou  noirâtres  et  aussi  percés  de  cavités  dont  beaucoup  sont 
occupées  par  des  coquilles  qui  y  demeurent  emprisonnées,  bien  que  détachées  des  pa- 
rois de  leur  prison  et  isolées  parce  que  l'ouverture  au  moyen  de  laquelle  la  cavité 
communique  avec  l'extérieur  est  plus  petite  que  la  coquille.  D'autres  fois  ces  roches 
offrent  l'aspect  d'un  conglomérat  coquillier  dont  les  éléments  sont  cimentés  entre  eux 
par  du  calcaire.  Enfin  on  remarque  que,  quelle  que  soit  leur  texture,  les  fragments, 
assez  mous,  tant  qu'ils  sont  mouillés,  durcissent  au  contact  de  l'air. 

En  171 1  et  17 12,  Réaumur  avait,  dans  plusieurs  Mémoires  insérés  dans  V Histoire  de 
l' Académie  des  Sciences,  attiré  l'attention  sur  ces  formations  dont  la  présence  avait  été 
signalée  le  long  des  côtes  de  la  Saintonge,  où  elles  sont  connues  sous  le  nom  de  bancke, 
et  il  avait  attribué  leur  formation  à  l'action  d'êtres  vivants  en  suite  de  la  sécrétion  par 
ceux-ci  «  d'une  glu  animale  qui  se  transforme  en  coquille  et  se  colle  en  s'unissanl  aux 
pierres  ».  La  hanche  était,  d'après  Réaumur,  «  une  glaise  pétrifiée  par  ce  qu'il  y  a  de 
visqueux  dans  l'eau  de  mer  ». 

J'ai  recueilli  des  échantillons  de  ces  roches  sur  le  plateau  sous-inarin  qui 
s'étend  par  une  profondeur  de  6'"  à  iS"",  à  faihle  distance  du  rivage,  entre 
Celte  et  Maguelonne,  dans  la  Méditerranée,  et  mon  collègue,  le  professeur 
Flahault,  m'en  a  remis  plusieurs  autres  trouvés  par  lui  sur  la  plage,  vers 
l'embouchure  du  Lez,  où  ils  sont  particulièrement  abondants  lorsque  la 
mer  a  été  agitée. 

Ces  échantillons,  traités  par  lacide  cblorhydrique  étendu,  donnent  lieu  à 
une  vive  ellérvescence  et  se  désagrègent;  le  résidu,  sableux  ou  vaseux,  est 
absolument  identique  aux  fonds  meubles  recouvrant  le  sol  sous-marin  dans 
leur  voisinage. 

Ces  formations  sont  dues,  en  effet,  à  des  organismes.  Quand  un  sol  sous- 
marin  est,  par  sa  nature  même,  en  général  à  cause  des  herbes  qui  s'y 
développent,  particulièrement  adapté  à  servir  d'habitat  à  des  coquillages,  à 
des  animaux  marins  herbivores  et  carnivores,  tous  attirés  par  la  nourriture 
abondante  qu'ils  y  trouvent,  ces  êtres,  après  leur  mort,  y  laissent  leur 
dépouille.  La  matière  organique,  en  se  putréfiant,  produit  du  carbonate 
d'ammoniaque.  Celui-ci,  réagissant  sur  le  sulfate  de  chaux  dissous  dans 
l'eau  de  mer,  donne  par  double  décomposition  du  sulfate  d'ammoniaque 
soluble  dans  l'eau  ambiante  et  du  carbonate  de  chaux  qui  cimente  le  fond 
meuble  environnant  en  le  transformant  en  matte. 

Un  échantillon  particulièrement  caractéristique  m'a  été  envoyé  par  le 


SÉANCE  DU  l4  FÉVRIER  1910.  4^3 

professeur  Flahault.  C'est  une  valve  de  Venus  dont  re\térieur  est  empâté 
dans  une  matle  gréseuse  de  sable  noir  composé  de  grains  de  basalte,  de 
quartz  et  d'autres  minéraux  communs  dans  la  région  maritime  de  Cette, 
cimentés  par  du  carbonate  de  chaux  parfaitement  cristallisé  en  rhomboèdres 
inverses  de  couleur  jaunâtre.  La  coquille  était  enfouie  dans  le  sol  avec  sa 
concavité  tournée  en  dessous.  Cet  espace  étant  ainsi  rempli  d'eau  de  mer 
sensiblement  limpide,  la  double  décomposition  s'y  est  effectuée,  mais  le 
carbonate  de  chaux  privé  de  son  support  de  grains  étrangers  s'est  déposé 
en  cristaux  sur  le  fond  même  de  la  coquille. 

Pareille  action  s'est  effectuée  à  l'extérieur  et,  comme  elle  avait  lieu  au 
sein  de  la  masse  sableuse,  elle  a  cimenté  celle-ci  et  l'a  consolidée  en  la 
transformant  en  grès. 

II  est  probable  que,  soustraites  à  l'action  destructrice  des  vagues,  les 
mattes  ne  peuvent  manquer  de  s'exhausser  lentement  et  de  dépasser  de  plus 
en  plus  le  niveau  du  sol  environnant.  La  remarque  importe  à  la  fois  aux 
hydrographes,  aux  marins  et  aux  géologues. 


HYDROLOGIE.  —  Relation  entre  la  radioactk'ilè  et  la  richesse  en  extrait  sec, 
des  eaux  thermales  de  Plombières .  Note  de  M.  André  Brochet,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

Jutier  et  Lefort  ont  établi  que  les  eaux  thermales  de  l'iombières  sont 
formées  d'un  mélange  d'eau  de  profondeur,  dont  la  température  est  très 
élevée  et  l'extrait  sec  très  important  et  d'eaux  froides  à  faible  extrait  sec;  de 
sorte  que  d'après  la  température  de  l'eau,  au  griffon  d'une  de  ces  sources, 
on  peut  déterminer  l'ordre  de  grandeur  de  son  extrait  sec  et  récipro- 
quement. 

La  source  du  Cruciiix  échappe  à  cette  règle;  mais  cette  exception  est 
apparente,  le  griffon  véritable  étant  inconnu,  de  sorte  que  la  tempé- 
rature observée  est  plus  basse  que  la  température  réelle. 

L'émanation  du  radium,  dont  sont  chargées  les  eaux  de  Plombières, 
vient,  comme  les  sels,  de  la  profondeur;  il  semble  donc  a  priori  que  cette 
émanation  doit  subir  la  même  loi  et  se  trouver  diluée  de  la  même  façon  par 
le  mélange  avec  les  eaux  froides.  Dans  ces  conditions,  le  rapport  de  la 
richesse  en  émanation  d'une  source,  à  sa  richesse  en  extrait  sec,  devrait  être 
un  nombre  constant. 


/|24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mais  il  n'en  est  rien.  Nous  avons,  en  eli'et,  déterminé  ce  rapport  pour  onze 
sources  dont  l'extrait  a  été  déterminé.  On  voit  d'après  le  Tableau  ci-après 
que,  loin  d'être  constant,  ce  rapport  croit  d'une  façon  régulière  et  très 
accentuée  des  sources  chaudes  aux  sources  froides,  ou  du  moins,  des  sources 
à  fort  extrait  sec,  aux  sources  à  faible  extrait  sec. 

La  source  du  Crucifix,  qui  échappe  à  la  règle  de  Jutier  et  Lefort,  rentre 
dans  celle  que  nous  venons  d'énoncer,  si  nous  la  classons,  non  d'après 
sa  température,  mais  d'après  son  résidu  sec. 

Kmanalion  lÎMrail  sec. 

cil  niilligiaiiiiiio-  — 

iiiiiuite  Gviiiuuic             Kinuiialiun 

Sources.                 Tc[i)péiature.          par  litre.  par  lilre.             lixtrail  sec 

Vauquelin 68,5  0,066  0,892  0,17 

Crucilix 4'ii5  o,  101  o,34o  o,3o 

Thalweg  n"  o 66,5  0,101  o,3.3o  o,3i 

Dames 52,3  o,i47  0,287  o,5i 

Thalweg  n°  1 56,  i  0,1 13  0,259  o,44 

Capucins 5i,o  0,160  0,282  0,69 

Savonneuse  n°  .0 48,4  o,o4i  0,18-  0,22 

Sa\onneuse  n°  "1 '.7,6  0,102  0,182  0,77 

Lauihinel 26,8  0,218  0,101  ^.iS 

Savonneuse  n°  3 26,  i  o,  i46  0,081  i  ,80 

Bizol 18,1  0,157  0,027  5,80 

Babel  (non  minérale).  9,2  »  0,028  n 

Le  rapport  de  l'émanation  à  l'extrait  sec,  facteur  qui,  à  première  vue,  ne 
semble  pas  avoir  de  signification  bien  nette,  correspond,  dans  une  certaine 
mesure,  à  la  quantité  d'émanation  du  radium  apportée  par  l'eau  de  profon- 
deur et  conservée  par  l'eau  thermale.  A  Plombières  il  y  a  donc,  semble-t-il, 
tout  au  moins  pour  les  sources  les  plus  cliaudes,  perte  de  la  majeure  partie 
de  l'émanation. 

Pour  cpie  l'émanation  s'échappe  il  lui  faut  un  support,  celui-ci,  dans  le 
sol,  ne  peut  être  constitué  que  par  les  gaz.  Ils  s'échappent  d'autant  plus 
radioactifs  que  la  richesse  en  émanation  est  plus  grande  et  la  température 
de  l'eau  plus  élevée.  On  est  donc  en  droit  de  se  demander  s'il  n'y  a  pas  de 
relation  entre  cette  pez'te  d'émanation  et  la  rareté  des  gaz  spontanés. 

L'eau  arrive  latéralement  dans  le  bassin  thermal,  celte  remarque  a  con- 
duit Jutier  à  creuser  les  galeries  vers  l'Est,  ce  qui  a  amené  la  découverte  de 
sources  dont  la  température  était  plus  élevée  et  notamment,  la  source  Vau- 


SÉANCE  DU  I  'i  FÉVRIER  1910.  4^5 

qiielin.  11  faul  voir  là  la  cause  de  la  perle  de  la  majeure  partie  de  rémana- 
tion  des  sources  chaudes,  les  ynz  ayant  pu  s'échapper  soit  par  les  diaclases  du 
granité  compact,  soit  par  les  pores  de  la  masse  arénacée  de  première  dé- 
composition. Seules  de  petites  quantités  de  gaz  se  trouvent  entraînées  par 
les  eaux. 

Celte  remarque  est  corroborée  par  ce  fait  que  dans  d'autres  points  de  la  i-é;;ion 
vosgienne  le  dégagement  gazeux,  est  iDP.aucoup  plus  important.  Au  Reherrey  (')  notam- 
ment où  ce  fait  est  bien  caractérisé,  la  source  se  trouve  exactement  à  la  séparation  du 
granité  porpliyroïde  et  du  granité  ronimun  de  la  région.  On  peut  donc  admettre  (|u'eau 
et  gaz  oni  suivi  le  plan  de  séparation  des  deux  roches. 

A  IMombières  les  eaux  s'écliappenl  à  une  petite  distance  de  la  séparation  des  deux 
granités.  Eau  et  gaz  suivent  encore  ie  plan  de  séparation  pour  se  quittera  une  certaine 
dislance  du  sol,  les  eaux  venant  sourdre  en  contrebas,  les  gaz  se  dégageant  à  la  partie 
supérieure. 

Ces  gaz  rencontrant  des  eauK  froides  leur  abandonnent  une  certaine  partie  de  leur 
émanation  et  ces  eaux  ainsi  radioactivées  viennent  se  mélanger  aux  eaux  chaudes  ap- 
pauvries. 

Celte  interprétation  permet  de  comprendre  pourquoi  la  source  Bizot, 
par  exemple,  formée  d'après  ses  constantes  d'une  petite  quantité  d'eau  de 
profondeur  et  de  beaucoup  d'eau  froide  (voir  le  Tableau  )  est  cependant  très 
radioactive. 

Il  résulte  du  mécanisme  que  nous  venons  d'étudier  qu'il  y  a  un  transport 
de  l'émanation  des  eaux  de  profondeur,  chaudes  et  riches  en  extrait  sec,  sur 
les  eaux  froides,  pauvres  eu  extrait  ;  la  perte  de  l'émanation  est  donc  beau- 
coup plus  faible  que  la  comparaison  des  rapports  entre  émanation  et  extrait 
permettait  de  le  prévoir. 

Jusqu'à  présent  une  seule  station  thermale  a  fait  rol>jet  de  recherches 
complètes  sur  la  radioactivité,  celle  de  Bagnères-de-Luchon  dont  les  eaux 
ont  été  étudiées  par  MM.  C.  Moureu  et  A.  Lepape  (^).  Il  n'existe  aucune 
relation  entïe  la  radioactivité  et  l'extrait  sec  des  différentes  sources. 

Le  mélange  des  eaux  de  profondeur  avec  l'eau  des  nappes  superlicielles 
doit  se  produire  dans  beaucoup  de  stations  thermales,  ce  qui  explique  les 
différences  de  température  entre  sources  très  voisines.  L'étude  systématicjuc 
de  la  température,  de  l'extrait  sec  et  de  la  radioactivité  permettra,  dans 
certains  cas,  de  tirer  des  conclusions  intéressantes. 

(')  André  Brochet,  Comptes  rendus,  t.  150,  p.  291. 

(-)  C.  MouKEU  et  A.  Lepapk,  Comptes  rendus,  t.  CXLVIll,  p.  834. 


/|26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉTÉOROLOGIE.    —   Sur  une  sorte  d' arc -en-ciel  blanc,  observé  à  Paris. 
Note  de  M.  Loris  Bessox,  présentée  par  M.  K.  Bouty. 

Dans  l'après-midi  du  5  février  1910,  nn  arc  presque  incolore,  occupant 
sensiblement  la  place  de  Tarc-en-ciel,  a  été  visible  à  l'Observatoire  de 
Montsouris. 

Je  l'ai  remarqué  pour  la  première  fois  à  2'' lo™.  D'abord  réduit  à  sa  partie  supérieure, 
il  s'est  dessiné  à  gauche  jusqu'à  l'horizon  vers  2''/40'",  puis  s'est  elTacé  presque  entière- 
ment vers  2''55™.  Il  a  reparu  à  3''  i5'"eta  atteint  vers  3''25"'  son  maximum  d'intensité 
lumineuse  ainsi  que  son  plus  complet  développement.  Peu  apiès  3''3o'",  il  a  disparu 
définitivement. 

Cet  arc  avait  une  largeur  de  3"  environ.  Il  n'était  pas  d'un  hlanc  pur,  mais  légère- 
ment teinté  de  rose  au  bord  externe  et  de  violet  au  bord  interne.  Vers  2''4o"'  et  3'' 25™, 
alors  que  sa  lumière  était  la  plus  vive,  il  était  bordé  intérieurement  d'une  bande 
sijmbre,  peut-être  un  peu  violacée,  de  2°3o'  de  largeur  environ. 

A  l'aide  d'un  niveau  à  mercure  donnant  le  demi-degré,  j'ai  fait  sept  me- 
sures de  la  bauteur  angulaire  du  sommet  de  l'arc.  Les  valeurs  qui  en  résul- 
lent  pour  le  rayon  du  milieu  de  l'arc  varient  entre  39"  et  [\\°.  La  moyenne 
est  de  /(0°8'. 

On  a  fréquemment  observé,  dans  les  montagnes  ou  dans  les  régions  po- 
laires, des  arcs-en-ciel  blancs  sur  les  brouillards  ou  sur  les  nuages  composés 
de  gouttelettes  liquides.  L'explication  de  ce  pbénomène,  connu  aussi  sous 
le  nom  de  cercle  d' Ulloa,  a  été  indiquée  par  Mascart.  Ce  n'est  qu'un  cas  par- 
ticulier de  la  ibéorie  générale  de  l'arc-en-ciel  donnée  par  Airy,  laquelle 
permet  de  prévoir  un  mélange  des  couleurs  et  un  achromatisme  de  plus  en 
[)lus  parfait,  en  même  temps  qu'un  élargissement  de  l'arc  et  une  diminu- 
tion de  son  rayon,  lorsque  le  diamètre  des  gouttes  diminue  et  s'ap|Koche 
d'une  valeur  optimum  de  41*^- 

Mais  le  phénomène  du  .")  lévrier  s'est  montré  dans  des  conditions  bien 
diU'érenles  de  celles  oit  l'on  voit  d'ordinaire  le  cercle  d'Ulloa. 

Le  ciel  était  en  majeure  partie  couvert  d'une  nappe  nuageuse  élevée,  fibreuse,  peu 
dense  (alto-stratus),  généralement  divisée  en  pommelures  pins  ou  moins  fines  (allo- 
cuniuliis  et  cirio-cumuhis).  Du  côté  du  Nord,  on  y  distinguait  parfois  deux  couches 
superposées,  paraissant  d'ailleurs  fort  voisines  l'une  de  l'autre.  La  plus  basse,  Ciirac- 
lérisée  ])ar  sa  couleur  grise,  cachait  l'arc  blanc  lorsqu'elle  se  ])iojetail  sur  lui.  Il  pre- 
nait donc  manifestement  naissance  dans  la  couche  la  plus  élevée.  Celle-ci  avait,  dans 


SEANCK    UU     ï/|    FÉVRIER     IQIO.  4^7 

3es  régions  les  plus  claires,  l'aspect  d'un  cirro-slralus.  On  voyait  aussi,  vers  3*",  plu- 
sieurs toufTes  de  cirrus  denses  parfaitement  typiques,  dont  la  direction  et  la  vitesse 
angulaire  étaient  sensiblement  les  mêmes  que  celles  de  l'allo-slratus. 

D'après  la  grande  hauteur  et  la  forme  des  nuages  producteurs,  leurs  éléments  de- 
vaient être  plutôt  glacés  que  liquides.  Il  en  résulterait  que  le  phénomène  observé  ne 
serait  pas  un  arc-en-ciel  mais  une  forme  de  halo.  Pernter  a  précisément  établi  une 
distinction  entre  le  véritable  arc-en-ciel  blanc  et  un  halo  incolore  qui  se  montrerait  à 
peu  près  à  la  même  jjlace  dans  le  ciel  et  qu'il  a  nommé  halo  de  Bouguer. 

Toutefois,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  il  faut  noter  l'absence  complète  de  toute 
trace  du  halo  ordinaire  de  22°,  circonstance  peu  favorable  à  l'hypothèse  d'un  halo,  car 
cette  forme  fondamentale  accompagne  ou  suit  presque  toujours  les  autres. 

Au  contraire,  l'hypothèse  d'un  arc-en-ciel  blanc  rendrait  bien  compte  des  dimen- 
sions de  l'arc  et  de  la  coloration  de  ses  bords. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  s'agit  là  d'un  phénomène  fort  rare.  Je  ne  connais 
qu'une  seule  observation  analogue,  celle  d'un  arc  blanc  qui  a  été  vu  en  An- 
gleterre le  2  février  1908,  également  par  temps  clair  et  dans  des  nuages 
cirriformes  (  '  ). 


•    M.  E.   FoxTA\EAii  adresse  un  Mémoire  Sur  V intégration  générale  des 
équations  de  l' Hydrodynamique . 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  P.  Appell.) 


MM.  J.  PouGET  et  D.  CiioucDAK  adressent  une  Note  Sur  l' absorption  de 
l'acide  phosphorique  par  les  plantes. 


A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart. 


G.  D. 


(')  Symons's  meteorological  Magazine,  february  1908. 

C.  R.,  igio,'!"  Semestre.  (T.  150,  N'  7.)  5^ 


428  ACAUEMIK    DES    SCIENCES. 


Bn.l.KTIX     llllil.KXilt  VPIIKjrE. 


Ou\BAGi:S     REÇUS     DANS     LA     SÉANCE     DU     7    FÉVRIER     igiO. 

Associazione  itUeriialioiiale  délie  Accadeniie  :  Relazione  délie  adunanze  lenule  in 
Roma  dal  Cornitato  nei  giorni  t-3  giugno  1909  nella  sede  délia  R.  Accademia  dei 
Lincei.  Rome,  1909;  i  fasc.  in-4''-  ('o  exemplaires,  adressés  par  M.  le  Président  de 
l'Association  internationale  des  Académies.) 

Icônes  Mycologicœ,  par  Boudikr;  6°  série,  livraison  27.  Paris,  Paul  Klincksieck, 
1910;  I  fasc.  in-^". 

Le  tremblement  de  terre  de  Provence^  1 1  juin  rgog,  par  MM.  J.  Repelin  et  L.  Lau- 
rent. (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  de  Marseille.)  Marseille,  1910; 
I  fasc.  in-8».  (Présenté  par  M.  Michel  Lévj.) 

Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  M.  Ch.  Lallemand.  Paris,  Gauthier- Villars, 
igoS  ;  I  fasc.  in-4''. 

Supplément  à  la  Notice  de  M.  Ca.  Lallemand.  Paris,  Gaulhier-Villars,  1910;  i  fasc. 
in-4°. 

Notice  sur  les  titres  et  travaux  scientifiques  du  Lieutenant-Colonel  Monter. 
Paris,  R.  Chapelot  et  C'"^,  1910;  i  fasc.  in-4°. 

Les  états  physiques  de  la  matière.,  par  Ch.  Maurain.  Paris,  Félix  Alcan,  1910; 
I  vol.  in-i2. 

Scientific papers,  by  Sir  George  Howard  Darwin.  Vol.  III  :  Figures  of  equilibrium 
of  rotating  liquid  and  geophysical  investigations.  Cambridge,  1910;  i  vol.  in-4°. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

Feslschrift  zur  Feier  des  5oo-jdhrigen  Bestehens  der  Universilàt  Leipzig.,  he- 
rausgegeben  von  Rektor  und  Sénat;  Bd.  I-IV,  1409-1909.  Leipzig,  S.  Hirzel,  1909; 
5  vol.  in-4°.  (OlTert  par  le  Recteur  et  le  Sénat  de  l'Université  de  Leipzig.) 

Journal  and  Proceedings  of  Ihe  Royal  Society  of  New  South  Wales  :  for  1908, 
t.  XLIl,  and  for  1909,  t.  XLIII,  part  1.  Sydney,  1908-1909;  i  vol.  et  t  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  V  Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg  ;  6"  série, 
n"  1,  1 5 janvier  1910,  Saint-Pétersbourg;  i  fasc.  in-4°. 

Transactions  of  the  American  malhematical  Society;  t.  XI,  number  1,  ja- 
nuarv  1910.  Lancasler,  Pa.,  et  New-York,  1910;  i  vol.  in-4°. 


SÉANCE    DU    l4    FÉVRIER    I910.  4^9 


Ouvrages  keçus  dans  la  séance  du   14  févrikr  1910. 

Annales  de  l'Observatoire  astronomique,  magnétique  et  météorologique  de 
Toulouse;  t.  VI,  renfermant  une  partie  des  travaux  exécutés  de  1879  à  1907,  sous  la 
direction  de  M.  B.  Baillaud,  Membre  de  l'Institut,  publié  par  M.  E.  Gosserat;  fasci- 
cule 1.  Paris,  Gauthier-Villars;  Toulouse,  Edouard  Privât,  1910;  i  vol.  in-4°.  (Pré- 
senté par  M.  Baillaud.) 

Le  Navire  aérien  :  architecture,  équilibre,  stabilité  :  Leçons  faites  en  1908-1909  à 
la  Faculté  des  Sciences  de  l'Université  de  Bordeaux,  par  L.  Marchis.  Paris,  H.  Dunod 
et  E.  Pinat,  1909;  i  vol.  autograpiiié,  in-4°.  (Présenté  par  M.  Darboux.) 

Pour  la  race.  Notre  soldat,  sa  caserne,  par  M.  Lachaud.  Paris,  Henri  Charles- 
Lavauzelle,  1909;  i  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Lannelongue.) 

L'évolution  économique  de  la  Brasserie  française,  par  Jehan  Charlie.  Saint- 
Amand  (Cher),  imp.  Bussière,  s.  d.;  1  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Miintz.) 

La  soude  électroly tique  :  théorie,  laboratoire,  industrie,  par  Andué  Brochkt. 
Paris,  Bernard  Tignol,  s.  d.;  1  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  A.  Haller.) 

L'hygiène  publique  à  Reims  en  191  o  :  A  propos -d'un  projet  d'établissement 
insalubre  de  i"'"  classe  à  Saint-Léonard,  en  amont  de  la  nappe  aquifère,  par  H. 
Henrot.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Das  Daseins  und  Denkens  Mechanik  und  Metamechanik,  von  Erich  Ruckhaber. 
Hirschberg,  H.  Springer,  1910;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

The  University  of  Colorado  Studies;  t.  VII,  number  1.  Boulder,  Golo.,  1909; 
I  vol.  in-8°. 


43o  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(Séance  du  3  janvier  1910.) 

Note  de  M.  A.  de  Gramont,  Sur  la  répartition  des  raies  ultimes  dans  le 
spectre  des  diverses  régions  du  Soleil  : 

Page  38,  ligne  8,  au  lieu  de  aussi  bien  que  pour  les  raies,  lire  aussi  bien  pour  les 


(Séance  du  24  janvier  1910.) 
Rapport  de  M.  Alfred  Grandidier^  Sur  la  Carte  internationale  de  la  Terre 


1 000  000 


Page  194,  ligne  6,  au  lieu  de  Vienne,  lisez  Berne. 

Page  195,  ligne  1 3,  a«  lieu  de  120  feuilles,  lisez  45  feuilles  (il  y  en  a  aujourd'hui  76  ). 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  21    FÉVRIER  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICAKD. 


MEiMOlltES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 
M.  le  Président  donne  Icclnre  de  la  Lettre  suivante  : 

Monaco,  le  13  février  1910. 

MoNsiEiin  LE  Président, 

Le  Musée  océanographique  de  Monaco  sera  inauguré  le  29  mars  prochain.  Voudriez- 
vous  bien  communiquer  à  l'Académie  des  Sciences  l'invitation  que  je  lui  adresse  pour 
qu'elle  veuille  bien  se  faire  représenter  à  la  cérémonie? 

Cet  établissement,  qui  fait  partie  de  l'Institut  océanographique  dont  j'ai  placé  Je 
centre  à  Paris,  contient  les  matériaux  récollés  par  moi,  depuis  25  ans,  à  tous  les 
niveaux  de  l'Atlantique  Nord  et  de  la  Méditerranée;  il  possède  aussi  les  laboratoires 
nécessaires  pour  toutes  les  études  océanographiques. 

L'Académie  des  Sciences  mettrait  le  comble  à  la  reconnaissance  que  je  lui  dois  déjà 
si  elle  voulait  bien  participer  officiellement  à  une  cérémonie  aussi  importante  pour 
les  sciences  de  la  mer. 

Veuillez.  . . . 

Albert,  Prince  de  Monaco, 
Membre  Associé  de  l'Académie. 

L'Académie  décide  qu'elle  sera  représentée  à  celle  inanguralion  par 
son  Bureau. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sw  les  minima  des  classes  de  formes  quadra- 
tiques binaires  et positii'es.  Note  de  M.  G.  Humbert. 

Dans  des  Notes  antérieures  (Comptes  rendus,  21  octobre  1907  et  4  mal 
1908)  j'ai  montré  que  la  méthode  indiquée  par  Hermile  dans  sa  célèbre 
Lettre  à  LiouiUle  permettait  d'introduire,  à  côté  du  nombre  des  classes  de 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  8.) 


58 


4^2  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

discriniinaiil  donné,  les  trois  minima  de  ces  classes.  Dans  cet  ordre  d'idées, 
j'ai  obtenu  des  relations  arithmétiques  nouvelles  où  figurent  encore  les 
minima,  et  qui  contiennent  en  outre  un  paramétre  arbitraire,  dont  la 
présence  permet  de  varier  les  résultats  et  en  outre,  comme  on  va  le  voir, 
d'introduire  dans  les  formules  nnc  fonction  numérique  arbitraire. 

Les  notations  ci-après  sont  celles  de  mes  Communications  des  i''  juillet 
et  21  octobre  1907. 

I.  Je  pars  du  développement  suivant,  qu'il  est  facile  d'obtenir  : 


0(x)0(«)  ^^  '  \  —  rf- 

m  =  <S 

»          2».  )   I                            _ 
l   >     fl  C~"' 


écrivant  ensuite  la  formule  d'Ilermite 

(2  )        ^A  ^  =  7  2  '/~^(  ■  +  27-'  +  •  •  ■  +  27-'"")  [e<^'"  +  »-..  _  e-.a:«  +  .),xj, 
0 

je  nuiltiplie  ces  deux  équations  membre  à  membre,  et  je  cherche,  dans  le 
second  membre  développé  en  série  de  Fourier  (par  rapporta  la  variable  a;), 
le  terme  indépendant  de  x.  Si  c^u  est  ce  terme,  on  trouve 

(3)  ,to=42^^       2d*=°*^ — "■ 

V -0 

La  seconde  somme  s'étend  aux  classes  de  formes  quadratiques  (binaires 
et  positives)  de  l'ordre  propre  et  de  discriminant  4  v  +  3  ;  ,•«,  et  m.^  désignent 
les  deux  minima  impairs  {tn^'Sm.^)  d'une  quelconque  de  ces  classes;  la 
première  somme  porte  sur  les  valeurs  entières  de  v,  de  o  à  -f-  =0. 

D'autre  part,  si  l'on  multiplie  membre  à  membre  les  équations  classiques 
(pii  donnent  les  développements  trigonométriques  (en  x)  des  fondions 

...  H(.r)0,(x)  ,,, 

(4)  '"'^'^-Vôi)  '''  H(a-  +  «), 

le  terme  indépendant  de  x,  dans  le  développement  du  second  membre,  sera 
'!„(■)(«),  et  Fou  arrive  ainsi  à  la  formule 

(5)  .\.„%{c^^^^q"\-i?^<lco^'la. 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    191O.  433 

Laseconde  somme  s'étend  aux  décompositions  4 ^î +  3  =  r/c/,,  où  deld, 
sont  entiers,  positifs,  avec  d<^d^. 

Si  Ton  remplace  maintenant  cig  par  sa  valeur  (3)  et  si  Ton  égale  les 

coefficients  de  q     *  dans  les  deux  membres  de  (  j),  on  a 

(6)  y^      (-i)''cos2/,a      V      cos  "^'-'"^  a—.{-  i)^^d  cosda. 

/,=ii,±l....  '.N+3  — 4*" 

Au  premier  membre,  la  seconde  somme  s'étend  aux  classes  de  l'ordre 
et  de  discriminant  4N  +  3  — 4^',  avec  les  significations  ci-dessus  pour 
m,  et  m.,'^  la  première  s'étend  aux  valeurs  entières  de  k,  positives,  nulles 
ou  négatives,  telles  toutefois  que  4^  +  3  —  4^"'  soit  positif;  au  second 
membre,  la  somme  porte  sur  les  décompositions  ci-dessus  de  4  JM  +3. 

L'bypothèse  f/  =  o,  introduite  dans  (6),  conduit  à  une  formule  d'Hermite 
sur  les  nombres  de  classes  {^Lettre  à  Lioiwi/le),  qui  est  une  combinaison 
de  deux  des  formules  classiques  de  Kronecker. 

L'bypotbèse  «  =  7  donne  la  formule 


t7>  1        (-0"       2      (^-^^\=(-)«V.   î    , 

où  les  notations  s'expliquent  comme  celles  de  (G),  et  où  (  -  )  est  le  symbole 
de  Jacoiji  pour  /)  impair. 

11  est  à  observer  que  (7),  dans  le  cas  de  N  impair,  coïncide  avec  la  for- 
mule (VII)  de  Kronecker  ;  car  les  symboles  de  Jacobi  qui  figurent  au 
premier  membre  ont  tous  la  valeur  (  —  1)^,  ainsi  qu'on  le  reconnaît  aisé- 
ment; an  contraire,  pour  N  pair,  la  formule  est  nouvelle  et  ne  semble  pas 
susceptible  d'une  simplification  analogue. 

On  peut  donner  à  (6)  une  autre  forme,  en  remplaçant,  au  premier 
membre,  le  produit  do  deux  cosinus  par  une  somme  de  cosinus,  et  désignant 
par  o(./')  provisoirement  la  fonction  cosx: 

Celle  formule,  étant  vérifiée  pour  ç  (a;),  l'est  également,  à  cause  de  la 
présence  du  paramètre  a,  quand  on  remplace  ç( j?)  par  toute  puissance 
paire  et  positive  de  r,  et,  dès  lors,  par  une  fonction  paire  que/conque;  car 
M.  Borel  a  établi  qu'il  existe  une  fonction  entière  de  x  prenant  pour  les 


Y')\  ACAOlhlIK    DES    SCIENCES, 

valeurs  entières  de  la  vanahie  les  mêmes  valeurs  qu'une  fonction  donnée 
([uclconque. 

On  peut  donc  écrire 

(S)      V  V  (_  ,  )'■  [9(4  /,■  +  nu- m,)  +  o(4  A-  -+-  m,  -  /«.,)]  =  2(-  i  ^  V  (h{2d), 

(p(m)  étant  une  fonction  paire  quelconque  de  m,  et  qui  n'a  besoin  d'ailleurs 
d'être  définie  que  pour  les  valeurs  entières  de  la  variable. 

La  formule  (8)  donne  de  nombreuses  conséquences,  dont  nous  n'indique- 
rons ici  que  deux  : 

i"  Les  quantités  qui  y  figurent  sous  le  signe  f  sont  des  entiers  de  la 

forme  4A  +  2  ;  dès  lors,  on  peut  prendre  pour  '^(n)  la  fonction  u(—  i)  *  ,  cjui 
est  manifestement  paire;  on  trouve  ainsi  la  relation 


(9)  !E    ('"■2-'".)(-')     *     =2(-.)^V(--,)  ■'  riy 


iN+3-U-' 


que  j'ai  obtenue  autrement  dans  ma  Note  du  21  octobre  1907. 

2"  Si  l'on  prend  cp(M)  =  u^,  et  si  l'on  exprime  P  à  l'aide  de  la  relation 
qui  donne  le  discriminant  d'une  forme  en  fonction  des  trois  minima  m,,  m.,^ 
m  de  cette  forme  (m  est  le  minimum  pair;  m,  et  m.,,  avec  m,  '^  m.,,  sont  les 
deux  minima  impairs),  on  a  : 


La  somme  au  premier  membre  porte  sur  les  minima  des  classes  de  l'ordre 
propre  de  discriminant  4N  +  3  —  4^'^i  ^  prend  ensuite  les  valeurs  o, 
±1,  ...,  mais  de  telle  sorte  que  4N  +  3  — 4'^"'  soit  positif;  au  second 
membre,  elle  s'étend  aux  décompositions  en  facteurs  f\?\  +  3  =  dd^, 
où  d  <^d,. 

Les  formules  (())  et  (10)  sont  analogues  à  celles  de  Kronecker  ;  il  y  figure, 
au  lieu  du  nond)re  des  classes,  certaines  combinaisons  des  minima  d'une 
classe,  et,  aux  seconds  membres,  des  sommes  de  carrés  ou  de  cubes  de 
diviseurs. 

IL  Des  calculs  analogues  conduiraient  à  la  relation 

Nesl         kK  ■■  Mal 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1910.  f\^i^^ 

vraie  quel  que  soil  a.  La  somme  y  s'étend  aux  classes  (ordre  propre)  de 

discriminant  4N,  et  m,,  m.,  sont  (m,  Srn^)  les  niinima  impairs  d'une  quel- 
conque de  ces  classes;  au  second  membre,  la  seconde  somme  porte  sur  les 
décompositions  en  facteurs  N  =  rW, ,  avec  d<d,  et  r/,  r/,  étant  de  même 
parité.  Passant  des  classes  4N  aux  classes  N,  on  obtient,  en  égalant,  dans 
les  deux  membres  de  (i  i),  les  coefficients  de  7'*,  la  relation 

^       (—  i)''cos2/>a   7   [cos(»j  +  /«2—  "'il  a  +  cos(m  -!-//;,  —  /«,)  «] 


rl  +  d. 


=r2^( — 1)     ^         d cos  2  da, 

qu'on  transformerait  en  y  introduisant  une  fonction  arbitraire.  Il  faut  ob- 
server que,  si  N  est  carré,  le  terme  du  second  membre  qui  répond  à  la  dé- 
composition N  =  (/.d  doit  être  divisé  par  2  ;  au  premier  membre,  quand 
N  —  >{-  est  un  carré,  soit  A",  la  classe  /ix'--hhy-  ne  compte  que  pour  !,, 
c'est-à-dire  que  les  cosinus  correspondants  doivent  être  divisés  par  2. 
On  déduirait  de  là,  entre  autres  conséquences,  la  formule 

(12)       V  (_  ,)A[,„^_ /»(,/,, 4- /H,,)  +  (wfo  — /«,)-]  =  2V  (— ,)     -     d'-id^  —  d). 

III.  Sans  insister  ici  sur  les  relations  analogues  à  (4)  et  (i  i)  ([u'on  peut 
encore  obtenir,  nous  indiquerons  des  formules  du  même  type  que  (10) 
et  (12  ),  et  que  nous  avons  tirées  des  développements  des  fonctions 

^,,,HH,0,0;  ,.,    HH,0,H' 


0, 

qui  ne  contiennent  que  la  variable  x,  à  l'exclusion  du  paramètre  a. 
Ce  sont  les  suivantes.  D'abord, 

(i3)  V       ,n^l^m,--m,)^[y^y^{èi,-Oi)  +  i^n\ 

8N  — |2Â-  +  1)' 

OÙ  k  prend  les  valeurs  posithes  o,  i ,  . .  .,  de  manière  que  8N  +  (2^  -H  i)- 
soit  positif;  m,  et  m.,  sont  les  deux  minima  impairs  {m,  <im„)  d'une  classe 
(ordre  propre)  de  discriminant  8  N  —  (2^ -4- i)- ;  au  second  membre,  S; 
Pt  Sfl  8QPt  deiij^  diviseurs  conjugués  de  2N,  c'est-à-diro  (|ue  2lV  =  §,i$o, 


436  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  0,  ■<  Oj„  et  o,  impair,  8^  pair;  quant  à  o,  c'est  un  diviseur  quelconque 
de  2  N  inférieur  à  son  conjugué  et  de  parilé  conlrairo  à  cellede  ce  conjugué. 
Ensuite, 

(i4)  V  [2ni'-  -  m{m^+  nu)  —  (>»,—  ,11^)-]  =  \'^d^; 

la  signification  du  premier  membre  est  évidente  avec  les  notations  habi- 
tuelles, A  prend  les  valeurs  o,  ±  i ,  ...  ;  au  second  membre,  la  somme  porte 
sur  tout  diviseur  r/,  de  N,  inférieur  ou  égal  à  son  conjugué  et  de  même 
parité  que  celui-ci  ;  enfin  les  modifications  indiquées  plus  haut  pour  les  cas 
de  N  ou  N  —  k-  carrés,  s'appliquent  encore. 

Les  formules  (i3)  et  (i4)  sont  intéressantes  en  ce  qu'il  n'y  figure  pas, 
comme  dans  (lo)  et  (12),  l'unité  positive  ou  négative  ( —  i)*. 

Si  i\  est  de  la  forme  4M  +  2,  il  n'y  a  aucun  diviseur  tel  que  d  et  le 
second  membre  de  (i4)  est  nul. 


HYDROLOGIE.  —  Caractères  diffèrenlieb  des  eaux  de  source  d'origine  super- 
ficielle ou  météorique  et  des  eaux  d'origine  centrale  ou  ignée.  Note 
de  M.  AuMAXD  Cjautier. 

Depuis  qu'il  a  paru  définitivement  établi  par  les  expériences  de 
Daubrée  (1861)  que  l'eau  peut  pénétrer  par  capillarité  à  travers  les  roches 
poreuses  malgré  une  contrepression  supérieure  de  vapeurs  ou  de  gaz  ('), 
presque  tous  les  géologues  ont  admis  que  les  sources,  froides  ou  chaudes, 
qui  viennent  couler  à  la  surface  du  sol  terrestre  sont  alimentées  par  la 
résurgence  des  eaux  superficielles,  météoriques  ou  marines.  Après  avoir 
pénétré,  en  vertu  de  la  pesanteur  ou  de  la  capillarité,  à  travers  les  failles  ou 
les  pores  des  couches  rocheuses,  ces  infiltrations  reviendraient  ensuite  à  la 
surface,  en  vertu  des  pressions  internes  ou  des  difl'érences  de  niveau,  sous 
forme  d'eaux  potables  ou  minérales,  froides  ou  chaudes. 

(')  Voir  Comptes  rendus,  t.  LII,  p.  laS.  Ces  expériences  de  Daubrée  montrent 
seulement  que  Veau  à  l'état  liquide  peul  pénétrer  les  roches  sous  une  faible  épaisseur 
en  raison  de  la  force  capillaire  et  malgré  une  contrepression  inverse  de  2"'"'  à  3""". 
Mais  ces  expériences  faites  avec  l'eau  liquide  ne  sauiaient  établir  qu'à  la  profondeur 
de  1 1000'"  et  plus,  où  l'eau  arrive  à  la  température  critique  de  365°  et  ne  peut  plus 
être  liquéfiée  quelle  que  soit  la  pression,  sa  vapeur  puisse  traverser  les  roches  po- 
reuses et  pénétrer  par  capillarité  jusque  dans  les  profondeurs  malgré  une  pression 
gazeuse  plus  forte  et  de  sens  contraire. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  I910.  437 

Telle  est  la  lliéoric  soutenue  par  Daubrée  et  par  le  célèbre  ingénieur 
hydrologue  Jac(|uot  pour  les  eaux  thermales  en  particulier.  C'est  celle 
qu'admettent  encore  aujourd'hui  la  plupart  des  géologues  ('). 

Je  pense,  au  contraire,  qu'un  grand  nombre  d'eaux  minérales,  froides  ou 
chaudes,  sont  des  eaux  de  nouvelle  formation,  des  eaux  vierges,  sortant 
pour  la  première  fois  des  profondeurs  du  globe.  J'ai  développé  ailleurs  les 
raisons  de  cette  thèse  ('),  dont  je  rappelle  seulement  ici  les  deux  points 
fondamentaux. 

D'une  part,  de  Thydrogène  se  dégage  sans  cesse  du  noyau  terrestre  et  en 
traversant  les  régions  chaudes  du  globe  y  rencontre  des  composés,  fixes  ou 
gazeux,  qui  lui  cèdent  de  l'oxygène  dont  il  s'empare  pour  former  de  l'eau. 
D'autre  part,  del'eau  de  constitution,  de  l'eau  combinée  (ou  ses  éléments)  fait 
partie  intégrante  de  presque  toutes  les  roches  cristalliniennes  profondes  ( '). 
En  raison  de  la  pression  des  laves,  et  des  effondrements  ou  fractures  sur- 
venues dans  les  couches  rocheuses  inférieures,  celles-ci  se  réchauffant 
perdent  une  partie  de  cette  eau  de  constitution,  qui,  transformée  dès  lors  en 
vapeur,  tend  à  s'échapper  à  travers  les  failles  et  arrive  jusqu'à  la  surface 
terrestre  après  s'être  condensée  sous  forme  d'eaux  minérales  froides  ou 
chaudes. 

Telle  est  la  double  origine  de  ces  eaux  nouvelles. 

En  fait,  soit  qu'elles  se  dégagent  d'une  sorte  de  distillation  des  couches 
rocheuses  les  plus  profondes,  soit  qu'elles  résultent  de  l'oxydation  de  l'Ii}- 


(')  «  L'appareil  souterrain  qui  donne  naissance  aux  eaux  thermominéraies,  dit 
3»c<[i\ol  { Les  eaux  minérales  de  la  France,  Paris,  1894,  p.  3/|),  est  comparable  à 
un  siphon  renversé  dans  une  des  branches  duquel  les  précipilalions  atmosphériques 
descendent...;  après  s'être  minéralisées,  elles  remontent  dans  la  branche  opposée  en 
raison  de  la  diminution  de  la  pesanteur  spécifique  due  à  leur  ihermalité  et  de  la  diffé- 
rence d'altitude  d'entrée  et  de  sortie.  »  De  son  côté  M.  de  Launay  s'exprime  ainsi 
dans  un  récent  Mémoire  (Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  décembre  1909,  p.  ii5o)  :  «  Les 
sources  thermales,  quand  on  laisse  de  côté  le  petit  nombre  d'entre  elles  qui  peut  avoir 
des  relations  avec  les  phénomènes  volcaniques,  me  paraissent  être  la  réapparition  au 
jour  d'eaux  infiltrées  descendues  à  une  profondeur  suffisante  pour  se  thermaliser,... 
et  remontées  au  jour,  sous  pression,  après  un  circuit  souterrain  prolongé.  Elles  sont 
l'exagération  des  sources  dites  vauclusiennes. 

(^)   Voir  Annales  des  Mines^  mars  1906,  p.  3iG  et  suiv. 

(')  J'ai  établi  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  60)  que  1  mètre  cube  de  granit 
parfaitement  desséché  à  25o°  dégage  encore  au  rouge  26  kilogrammes  d'eau,  et  la  même 
quantité  de  porphyre,  jo  kilogrammes  d'eau  environ.  Voir  à  ce  sujet  Annales  des 
Mines  (loc.  cit.)  el  Congrès  d' Hydrologie  de  Venise,  octobre   i9o5). 


'|38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

drogène  issu  du  noyau  lerrestre,  les  eaux  ainsi  formées  ou  libérées  ont  tou- 
jours une  origine  ignée  ('). 

On  ne  saurait  admettre  (et  l'on  m'a  quelquefois  attribué  bien  gratuite- 
ment cette  opinion)  que  toutes  les  eaux  thermales  sont  d'origine  ignée, 
que  toutes  les  eaux  froides  sont  météoriques.  On  sait  que  la  température 
des  couches  terrestres  s'accroît  en  moyenne  de  i"  par  3i™  d'approfondisse- 
ment. La  température  des  roches  doit  donc  être  supérieure  à  loo"  à  partir 
de  3ooo™  environ  de  profondeur.  Si  donc,  en  suivant  le  trajet  des  failles 
terrestres  ou  sous-marines,  les  eaux  superficielles  descendent  à  ces  niveaux 
inférieurs,  elles  s'y  réchaufTcnt  grâce  à  la  chaleur  des  roches  ambiantes  et 
peuvent  revenir  ensuite  au  jour  sous  forme  d'eaux  thermales  après  s'être 
chargées  de  matériaux  salins  empruntés,  plus  ou  moins,  aux  roches  encais- 
santes. y\insi  se  forment  certainement  beaucoup  d'eaux  minérales.  La  ther- 
malité  de  ces  eaux  ne  saurait  donc  caractériser  leur  origine. 

Il  en  est  de  même  de  la  radioactivité.  Froides  ou  chaudes,  les  eaux 
terrestres  peuvent,  en  effet,  transporter  Vctnanalion  (Curie,  igo3),  et 
M.  Laborde  et  d'autres  observateurs  ont  montré  que  cette  émanation 
s'échappe  lentement  des  eaux  d'origine  profonde  et  peut,  comme  les  gaz, 
se  transmettre  aux  eaux  météoriques  qui  parcourent  le  sol. 

Il  faut  donc  essayer  de  distinguer  à  d'autres  signes  que  la  ihermalilé  ou 
la  radioactivité  les  eaux  appartenant  à  chacun  des  deux  grands  groupes 
dans  lesquels  doivent  être  partagées,  suivant  moi,  les  eau\  terrestres. 

C'est  la  différenciation  de  ces  deux  sortes  d'eaux  qui  fait  l'objet  princiijal 
de  ce  Mémoire. 

"Voici  les  caractères  auxquels  elles  répondent,  suivant  moi,  dans  chacun 
de  ces  deux  groupes  : 

Eaux  d'infiltralion  nu  météoriques.  —  a.  I^es  eaux  d'oiigine  superficielle 
sortent  presque  toujours  de  failles  qui  n'ont  aucun  rapport  de  direction  ou 
de  continuité  avec  les  filons  métalliques  de  la  région,  quand  ces  filons 
existent,  ou  avec  celles  qui  se  rattachent  à  l'arrivée  de  matériaux  ou  des 
roches  éruptives.  Ces  eaux  peuvent  se  rencontrer  en  tous  pays,  volcaniques 
ou  non.  Elles  peuvent  être  froides  ou  chaudes. 

(')  Le  grand  géologue  allemand  Iv  Suess  pense,  comme  moi,  que  l'hydrogène  libre 
issu  du  feu  central  donne  naissance  à  de  l'eau  nouvelle,  de  l'eau  jincnile  suivant  son 
expression;  mais  il  admet  que  c'est  dans  les  couches  supérieures  de  i'écorce  terrestre, 
et  en  particulier  dans  les  couches  et  les  cônes  volcaniques,  que  cet  hydrogène  trouve 
l'oxygène  libre,  l'oxygène  aérien,  qui  lui  permet  de  former  de  l'eau  nouvelle  ou 
juvénile  qui  s'écoule  par  les  failles  d'origine  éruplive  ou  par  les  cratères  volcaniques. 


SÉANCE    UV    -2  1    l'ÉVKIER    1910.  /i'3() 

h.  Le  débit  des  sources  d'origine  superficielle  est  généralement  variable. 
Il  augmente  après  les  pluies  ou  par  la  fonte  des  neiges;  peut  varier  d'une 
saison  à  l'autre  et  d'une  année  à  l'autre. 

c.  r^a  composition  de  ces  eaux,  fraîches  ou  non,  suit  la  variation  de  leur 
débit.  Leur  minéralisation  s'appauvrit  sensiblement  si  le  débit  augmente, 
et  vice  veisa,  sans  cjue  toutefois  les  variations  des  matériaux  dissous  soient 
proportionnelles  entre  elles  ni  au  débit  de  la  source. 

d.  Si  la  température  de  ces  eaux  est  supérieure  à  i5°  ou  2o'\  elle  peut 
varier  avec  les  saisons  et  le  débit. 

e.  Ce  qui  caractérise  tout  particulièrement  les  eaux  d'infiltration,  c'est 
qu'on  n'y  trouve  pas,  soit  séparément,  soit  réunis,  même  à  faible  dose,  les 
éléments  des  émanations  mélalloïdique  ou  métallique  généralement  pr(''sents 
dans  les  déjections  volcaniques  et  originaires  des  grandes  profondeurs  :  le 
bore,  le  phosphore,  l'arsenic,  le  brome,  l'iode,  le  lluor,  le  cuivre,  les  sels 
sodiques  et  particulièrement  les  sulfures  et  carbonates,  l'ammoniaque, 
l'azote  libre  et  ses  compagnons  (argon,  néon,  etc.),  l'Iiélium,  l'hydrogène 
libre,  etc.  Au  contraire,  d'origine  météorique  et  ayant  nécessairement  lavé 
les  couches  et  roches  superficielles  le  plus  souvent  calcaires  ou  alumineuses, 
ces  eaux  sont  presque  toujours  minéralisées  par  des  carbonates  et  sulfates 
terreux,  et  contiennent  des  azotates  ou  de  l'oxygène  libre. 

Tous  ces  signes  distinguent  les  sources  et  les  eaux  d'origine  météorique 
ou  superficielle  de  celles  de  la  classe  suivante  : 

Eaux  vierges  ou  nouvelles,  d'origine  ignée.  —  Ces  eaux  se  séparent  des 
précédentes  par  une  série  de  caractères  que  nous  opposons  point  pour  point 
aux  précédents. 

a.  Les  eauœ  vierges  sortent  le  plus  généralement  de  failles  éruptives  ou 
en  l'elation  avec  les  filons  métalliques  de  la  région  quand  il  en  existe.  On 
les  rencontre  surtout  dans  les  pays  volcaniques  ou  riches  en  minerais,  très 
rarement,  ou  pas,  dans  les  régions  même  montagneuses,  mais  non  volca- 
niques ou  parcourues  par  des  failles  de  direction  discordante  avec  celles  qui 
ont  été  provoquées  par  la  venue  au  jour  des  roches  primitives  ou  ignées. 

b.  Le  débit  de  ces  soui'ces  est,  dans  une  large  mesure,  indépendant  des 
saisons  et  des  phénomènes  météorologiques  (pluies,  fonlc  de  neiges,  sai- 
sons), à  moins  qu'elles  ne  reçoivent  dans  leur  trajet  souterrain  une  certaine 
proportion  d'eaux  superficielles,  dans  ce  cas  presque  toujours  calcaires. 

Mais  le  débit  de  ces  sources  a  un  caractère  spécial,  particulièrement 
signalé  par  E.  Suess  pour  les  sources  de  Carisbad,  les  geysers  de  l'Islande 
et  généralisé  par  ce  savant.  Ce  débit  est  rythme,  à  pulsations  plus  ou  moins 

c.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  8.)  ^9 


44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

régulières,  pouvant,  d'une  source  à  l'autre,  varier  do  quelques  minules  à 
une  heure  et  plus,  rappelant  ainsi  le  caractère  strombolien  de  l'activilé 
réduite,  mais  continue,  de  certains  volcans,  tels  que  le  Stromboli,  le 
Semeroë,  le  Kilauea,  etc.  Cette  émission  rythmique  est  le  plus  souvent 
ti'ès  sensible  dans  le  dégagement  discontinu  des  gaz. 

c.  La  composition  des  eaux  vierges  ou  éruptives  reste  à  peu  près  cons- 
tante comme  leur  débit,  aux  diverses  époques  de  l'année,  et  mieux  encore 
au  cours  d'une  série  d'années,  sauf  les  circonstances  assez  rares  de  cata- 
clysmes venant  modifier  le  tréfond  et  les  failles  de  la  région. 

d.  La  température  de  ces  eaux  peut  être  froide  ;  mais  elle  est  plus  souvent 
chaude  et,  dans  ce  cas,  elle  peut  dépasser  80°.  Lorsque  cette  température  est 
élevée,  elle  varie  peu  avec  les  saisons.  Si  ces  eaux  sont  froides,  au  contraire, 
ou  très  peu  thermales,  leur  température  subit  quelquefois  des  variations  en 
raison  des  mélanges  possibles,  au-dessous  de  la  surface,  avec  des  filets  d'eaux 
météoriques.  Ce  sont  là  des  eaux  mixtes. 

e.  Ce  qui  caractérise  principalement  les  eaux  vierges,  c'est  (pion  y 
trouve,  le  plus  souvent  en  petites  proportions,  réunis  ou  non,  les  éléments 
caractéristiques  des  émanations  filoniennes  ou  volcaniques  :  le  lluor,  le 
bore,  Tarsenic,  le  phosphore,  le  brome,  l'iode,  le  soufre  à  l'état  de  sulfure 
sodique,  le  bicarbonate  sodique,  la  silice  et  les  silicates  alcalins,  le  fer,  le 
cuivre,  etc.,  l'ammoniaque,  l'azote  libre,  l'argon,  le  néon,  l'hélium,  quelque- 
fois un  peu  d'hydrogène  et  même  de  méthane,  enfin  l'émanation  radio- 
active. La  plupart  de  ces  corps  caractérisent  une  origine  ignée  et  d'autant 
plus  qu'ils  sont  associés  à  un  plus  grand  nombre  des  autres  principes  que 
nous  venons  de  nommer. 

/.  Les  carbonates  terreux,  tels  que  ceux  de  chaux  ou  de  magnésie, 
n'existent  pas  dans  les  eaux  vierges,  et  les  autres  sels  (chlorures,  sul- 
fates, etc.)  de  ces  mêmes  bases  n'y  sont  que  fort  accessoires,  aussi  bien  que 
les  azotates  et  l'oxygène  libre  (pii  indiqueraient  des  mélanges  avec  les  eaux 
superficielles  (  '  ). 

Chacun  des  caractères  que  je  viens  de  signaler  successivement  pour  ces 
deux  classes  de  sources  ou  d'eaux  minérales  est  indicatif.de  leur  origine 
superficielle  ou  éruptive,  mais  la  détermination  de  cette  origine  est  d'autant 


(')  L'existence  clans  les  eaux  de  mer  de  la  pluparl  des  éléments  ci-dessus  nommés 
en  ferait  des  eaux  d'origine  primilivernent  ignée,  mais  la  présence  simultanée  des  sels 
terreux,  parliculicrement  des  bicarbonates  de  chaux,  montre  bien  que  ce  sont  là  des 
eaux  de  l^pe  et  d'origine  mixte. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1910.  44l 

plus  complète  que  ces  divers  caractères  se  confirment,  s'accentuent  et  se 
réunissent  dans  une  même  eau.  Il  ne  saurait  y  avoir  de  doute  ([ue  lorscjue 
plusieurs  de  ces  signes  font  défaut  ou  se  contredisent,  auxcjuels  cas  il 
faut  songer  à  une  eau  d'origine  éruptive  mélangée  plus  iiaut  à  des  eaux 
météoriques. 

L'apparition  de  ces  caractères  mixtes,  ou  leur  disparition  plus  ou  moins 
complète,  suivant  que  sont  choisis  et  aménagés  les  divers  griffons  qui  sou- 
vent concourent  à  former  une  même  source,  peut  donner  d'excellents  ren- 
seignements lorsqu'il  s'agit  de  poursuivre  le  captage  rationnel  de  ces  eaux. 

M.  Edouard  Heckel  fait  hommage  à  l'Académie  du  Tome  VU  (2''  série, 
1909)  des  Annales  du  Musée  colonial  de  Marseille,  publiées  sous  sa  direction. 


RAPPORTS. 

Rapport  sur  le  Mémoire  sur  les  courbes  conjuguées  dans  le  mouvement  relatif 
le  plus  généralde  deux:  corps  solides,  présenté  par  M.  Gabriel  Kœnigs  dans 
la  séance  du  3  janvier  1910. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Humbert;  Darboux,  rapporteur.) 

Dans  différentes  Communications,  présentées  à  l'Académie  au  cours  de 
ces  dernières  années,  M.  Gabriel  Kœnigs,  professeur  de  Mécanicjuc  pliy- 
sique  à  la  Sorbonne,  s'est  occupé  d'une  question  des  plus  intéressantes  con- 
cernant le  mouvement  relatif  de  deux  systèmes  invariables.  Si  l'on  consi- 
dère, par  exemple,  une  courbe  quelconque  liée  au  premier  système,  il  n'ar- 
rive pas  en  général  que  cette  courbe  demeure,  au  cours  du  mouvement, 
tangente  à  une  courbe  invariablement  liée  au  second  système.  Quand  cela 
a  lieu,  il  existe  un  ensemble  de  deux  courbes  conjuguées,  liées  respective- 
ment aux  deux  solides  invariables  et  qui  ne  cessent  pas  d'être  tangentes 
l'une  à  l'autre  au  cours  du  mouvement  relatif.  C'est  à  l'étude,  très  impor- 
tante à  la  fois  pour  la  théorie  et  la  pratique,  de  ces  couples  de  courbes  con- 
juguées qu'est  consacré  le  travail  développé  soumis  par  M.  Kœnigs  au 
jugement  de  l'Académie.  On  s'était  borné  jusqu'ici  à  l'étude  de  deux  cas 
particuliers  qui  se  rencontrent  fréquemment  dans  la  pratique  :  celui  où  un 
plan  lîxe  glisse  sur  un  plan  fixe,  et  celui  où  une  sphère  fixe,  solidaire  du 
premier  système,  glisse  sur  une  sphère  égale  solidaire  du  second.  Les  re- 


/|/|'.  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

clicrclies  rehilives  àces  cas  spéciaux  avaient  conduità  des  résultais  de  i^iaiid 
intérêt  :  la  l'orniule  d'Euler  par  exemple,  les  constructions  de  Savary  et 
de  lîobillier  ;  mais  l'étude  du  cas  le  plus  général,  celui  où  le  mouvement  re- 
latif des  deux  solides  est  quelconc|ue,  n'a  été  abordée  pour  la  première  fois 
que  dans  les  Notes  antérieures  de  M.  Kœnigs  et  dans  le  travail  actuel,  qui 
est  très  développé.  Ce  travail  marque  un  proférés  décisif  dans  l'étude  do 
cette  belle  question  de  Cinématique. 

11  serait  trop  long  de  faire  ici  l'analyse  du  Mémoire  de  M.  Kœnigs.  Bor- 
nons-nous à  caractériser  la  méthode  qu'il  y  emploie.  Désignons  par  S  et  S' 
les  deux  corps  qui  se  meuvent  l'un  par  l'apport  à  l'autre.  Si  l'on  considère 
un  point  P  du  corps  S,  sa  vitesse  d'entraînement  décrit  dans  le  corps  S, 
au  cours  du  mouvement,  un  cône  F,,  auquel  M.  Kcenigs  donne  le  nom 
de  cône  des  intesses.  De  même,  si  l'on  considère  un  plan  H  solidaire  du  même 
corps  S,  la  caractéristique  de  ce  plan  dans  le  mouvement,  droite  que  l'au- 
teur appelle  la  caraclérisliqae  d'entraînement^  enveloppe  dans  le  plan  H  une 
courbe  (Cn)  qui  se  trouve  être/dans  le  plan  II,  le  lieu  des  sommets  des  cônes 
r,.  qui  sont  tangents  à  ce  plan;  en  sorte  que  cette  courbe  (Cn)  et  ce  cône 
(  r,,)  sont  précisément  les  deux  éléments  que  votre  rapporteur  a  introduits 
simultanément,  dans  l'étude  géométrique  qu'il  a  faite  des  équations  aux  dé- 
rivées partielles  du  premier  ordre  au  début  de  son  Mémoire  sur  les  suintions 
si/i^ulières  (t.  XXVII  des  Savants  étrangers). 

Au  moyen  de  ces  éléments,  les  courbes  (e)  du  système  (|ui  sont  douées 
d'enveloppe  se  définissent  très  simplement  :  ce  sont  les  courbes  intégrales 
du  cône  \\,  c'est-à-dire  celles  dont  les  tangentes  sont  des  génératrices  de  ces 
cônes.  [1  faut  toutefois  écarter  parmi  ces  courbes  intégrales  les  hélices  qui 
glissent,  chacune  sur  elle-même,  au  cours  des  différents  mouvements  héli- 
coïdaux auxquels  se  réduit,  à  un  instant  donné,  le  mouvement  considéré. 

De  mêtue,  si  Fou  considère  l(\s  développables  dont  cluupie  généralrice 
touche  la  courbe  (Cn)  contenue  dans  le  plan  il,  chacune  de  ces  dévelop- 
])ables  a  une  enveloppe,  c'est-à-dire  (ju'cllc  touche  constamment  suivant  une 
généralrice  une  autre  développahle  solidaire  du  corps  S',  à  une  exception 
près,  présentée  par  les  développables  qui  ont  pour  arêtes  de  rebroussement 
les  hélices  exceptionnelles  que  nous  venons  de  signaler. 

l'our  entreprendre  son  étude,  M.  Kœnigs  a  adopté  la  méthode  du  trièdre 
mobile  ;  mais  il  a  eu  l'heureuse  idée  d'employer  un  système  d'axes  mobiles 
placé  en  quelque  sorte  symétriquement  par  rapport  aux  deux  corps  S  et  S'. 
On  sait  que,  si  l'on  considère  à  un  instant  donné  l'axe  du  mouvement 
instaulané,  il  décrit  dans  les  deux  corps  S  cl  S'  deux  surfaces  réglées  ($), 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  19IO.  443 

(•!>')  qui  se  raccordent  conslainmenl  suivant  une  génératrice.  Le  trièdre 
mobile  choisi  par  l'auleur  est  celui  qui  a  pour  axe  des  z  la  génératrice  recti- 
lignc  commune  à  (<I>)  et  à  (<!>'),  pour  origine  O  le  point  central  commun  de 
(«l>)  et  de  ($')sur  cette  génératrice,  et  pour  axe  des  y  la  normale  commune 
en  ce  point  à  ces  deux  surfaces.  Le  choix  d'un  tel  trièdre  permet  de  réduire 
au  strict  minimum  le  nombre  des  paramètres  qui  suffisent  à  définir  les 
mouvements.  Il  permet  aussi  à  l'auteur  de  donner  la  solution  complète  du 
problème  qu'il  s'est  posé  et  la  signification  cinématique  des  différentes 
équations. 

Parmi  les  résultats  qu'il  a  obtenus,  je  signalerai  seulement  les  suivants  : 

A  chaque  courbe  (e)  douée  d'enveloppe,  on  peut  faire  correspondre  une 
fonction  a  dont  dépend  la  vitesse  avec  laquelle  cette  courbe  est  parcourue 
par  son  point  de  contact  avec  la  courbe  (e)  qu'elle  enveloppe.  Tous  les 
points  M  qui  décrivent  leurs  courbes  (e),  (e')  avec  la  même  détermination 
de  la  fonction  a,  tous  ces  points  constituent  un  solide  invariable  S|j.. 

L'ensemble  des  solides  S^,  comprend  comme  cas  particulier  les  corps 
S  cl  S';  il  jouit  de  nombreuses  propriétés,  qui  ont  été  très  complètement  et 
très  finement  analysées  par  l'auteur. 

Un  des  Chapitres  les  plus  intéressants  du  Mémoire  est  celui  qui  concerne 
la  courbure  de  deux  courbes  conjuguées  (e),  (e).  Si  l'on  considère  deux  de 
ces  courbes,  se  croisant  en  un  point  M  et  y  admettant  une  tangente  fixe  /,, 
du  cône  F,,,  leurs  axes  de  ccnirbure  forment,  dans  le  plan  normal  commun,  un 
faisceau  plan  dont  le  sommet  P,  a  de  nombreuses  propriétés.  M.  Kœnigs 
l'appelle  Vassocié  du  point  P. 

I^a  correspondance  enti-e  P  et  I^,  est  soigneusement  étudiée  par  l'auteur. 
Elle  est  biralionnelle,  involulivc  et  cubique. 

M.  Kœnigs  étudie  aussi  avec  grand  détail  la  correspondance  entre  les 
axes  (le  courbure  des  courbes  conjuguées  (e),  (e' ).  Pour  toutes  ces  pro- 
priétés, je  ne  puis  que  rcmvoyer  à  son  travail,  mais  j'insisterai  au  contraire 
sur  une  belle  généralisation  que  l'auteur  donne  à  l'un  de  ses  théorèmes  les 
plus  essentiels. 

Envisageons,  d'une  manièi'e  géuéi'ale,  des  coui'bes  assujetties  à  vérifier 
une  seule  équation  de  la  forme 


/(-.•••=-^''^)=»- 


Quand  cette  fonction  /a  une  forme  particulière,  on  retrouve  les  courbes  (e), 
(e')  définies  plus  haut.  Considérons  l'équation  sans  rien  spécifier  sur  la  fonc- 
tion y.  M.  K.œnigs  montre  qu'on  peut  étendre  à  ses  courbes  intégrales  lé\ 


444  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

propriété  ('tiihlie  dans  un  cas  particulier.  Si  l'on  considère  toutes  celles  de 
CCS  courbes  qui,  passant  en  un  point  P,  y  admettent  la  même  tangente,  tous 
leurs  axes  de  courbure  t^ont  passer  par  un  même  point  P,  ;  de  sorte  que  le  lieu  de 
leurs  centres  de  courbure  est  un  cercle  décrit  dans  le  plan  normal  et  admettant 
PP,  comme  diamètre. 

(]e  beau  théorème  rappelle  et  comprend  celui  (pi'on  doit  à  Meusnier. 

Nous  ne  poursuivrons  pas  plus  loin  cette  analyse.  iXous  en  avons  dit 
assez  pour  prouver  que,  dans  ce  nouveau  travail,  M.  G.  Kœnigs  a  donné 
de  nouvelles  et  éclatantes  preuves  de  ce  sens  profond  des  choses  de  la  Méca- 
nique qui  caractérise  ses  travaux  antérieurs. 

C'est  donc  sans  aucune  hésitation  que  nous  concluons  en  demandant  à 
l'Académie  de  vouloir  bien  ordonner  l'insertion  du  Mémoire  dans  le  Itecued 
des  Savants  étrangers. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ELECTIOIVS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  Com- 
mission qui  devra  proposer  des  listes  de  candidats  à  deux  places  d'Associés 
étrangers. 

Cette  Commission,  qui  se  réunira  sous  la  présidence  du  Président  de 
l'Académie,  doit  comprendre  trois  Membres  choisis  dans  les  Sections  de 
Sciences  mathématiques  et  trois  Membres  choisis  dans  les  Sections  de 
Sciences  physiques. 

MM.  JoisDAX,  Darijoux,  Lippmaxx;  Pu.  va\  Tie(;iikm,  Aumax»  Gautier, 
Roux  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

1^'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  désignation  de  Tun  de 
ses  Membres  qui  devra  faire  partie  du  Conseil  de  perfectionnement  de 
l'École  Polytechnique,  en  remplacement  de  M.  Bouquet  de  la  Grye^  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  j\G  : 

M.  Léauté  obtient ^(J  suffrages 

M.  Le  Chatelier        »        20        » 

M.  LiiAvri:,  ayant  réuni  la  majorité  des  suIVrages,  est  désigné  pour  faire 
partie  du  Conseil  de  pjîrfectionnement  de  F.Ecole  Polytechnique,  au  litre 
de  représentant  de  l'Académie  des  Sciences, 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    1910.  44^ 

i\03IIÎVATI0AS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Commis- 
sions de  prix,  cliargécs  déjuger  les  Concours  de  l'année  1910. 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Zoologie  :  Prix  Sangny,  Thore.  —  MM.  Ranvier,  Peri'ier,  Cliatin, 
Delage,  Bouvier,  Ilcnneguy,  Crandidier,  Launelongue,  le  prince  Roland 
Bonaparte. 

Ont  obtenu  eusuile  le  plus  de  suflVag(\s  :  MM.  Miintz,  Dt)uvillé. 

Médecine  et  (^HIKURGIE  :  Piiv  Monlyoït,  llarhier,  Bréanl,  Godard,  du 
baron  Larrey^  Bellion,  Mcgc,  Dusgale.  —  MM.  Rouchard,Guyon,  d'Arsonval, 
Lannelongue,  Laverati,  Daslre,  Cliaiivcau,  IVrrier,  Houx,  Lal)l)é,  Hcn- 
neguy. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  sutlVaijes  :  MM.  (iuiguard,  Delage. 

Physiologie  :  Prix  Monlyon  (Physiologie  expérimculale  ),  P/iilipeaux, 
Lallemand,  Martin-DainoureUe^  Poural.  —  MM.  Chauveau,  ijouchard, 
d'Ai'sonval,  Roux,  Laveran,  Dastre,  Henneguy. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Perrier,  Cuignard. 

(^ette  Commission  est  également  chargée  de  présenter  une  qucslion  de 
jjrix  Poura/  pour  Vannée  191 3. 

Prix  Monlyon.  Statistique.  —  MM.  de  Freycinet,  Hatonde  ladoupillière, 
Carnot,  Rouché,  Alfred  Picard,  le  prince  Roland  Bonaparte,  Tannery. 
Ont  obtenu  eusuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Darboux,  Poincaré. 

Prix  Binouv.  Histoire  des  Sciences.  —  MM.  Darboux,  Crandidier, 
Poincaré,  Emile  Picard,  Guyou,  Bouvier,  Tannery. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  sull'rages  :  MM.  Ph.  van  Tieghem, 
Bigourdan. 

Médaille  Arago,  Médaille  Lavoisier,  Médaille  Berthelot.  —  M\L  J'>niile 
Picard,  Armand  (îautier,  Darboux,  Ph.  van  Tieghem. 

Prix  Gegner,  La/inelongue,  Trémont.  —  MM.  Emile  Picard,  Armand 
Gautier,  Darboux,  Ph.  van  Tieghem,  Maurice  Levy,  Bornet. 

Prix  ]\  ilde.  —  MM.  Maurice  Levy,  Darboux,  Troost,  Lippmann, 
Poincaré,  lùnile  Picard,  VioUc. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  suffrages  :  MM.  Ph.  van  Tieghem, 
Baillaud. 


4'Î6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Prix  Lonchampl .    —  MM.  Boiicliard,  (iiiignard,  Roux,  l'tillieiiv,   La- 
vcran,  Dastre,  Mangin. 

Oui  obtenu  ensuite  le  plus  de  sull'rages  :  MM.  Chauveau,  Perrier. 


PLIS  CACHETES. 

ÉLECnuciTÉ  ET  OPTIQUE.  —  Sur  une  soluliuii  du  problème  de  la  vision  à 
dislance,  par  M.  H.-C.  Saixt-Rejjk.  [IMi  cacheté  reçu  le  8  juillet  1895  et 
ouvert,  sur  la  demande  de  l'auteur,  le  27  décembre  1909  (  Extrait  ).| 

L'appareil  que  je  vais  décrire  permet  d'obtenir,  à  une  distance  indéter- 
minée, l'image  d'un  objet  placé  devant  le  transmetteur,  ainsi  que  ses  mouve- 
ments s'il  est  animé,  mais  non  ses  couleurs. 

Il  comprend  :  1°  un  transmetteur,  devant  lequel  se  trouve  l'objet;  2°  une 
ligne  formée  de  fils  métalliques  où  circule  un  courant;  3°  un  récepteur  où 
se  forme  l'image. 

Transmelleur.  —  Je  m'appuie  pour  le  construire  sur  deux  faits  : 

I.  La  conductibilité  du  sélénium  pour  l'électricité  est  beaucoup  [)lus 
grande  à  la  lumière  que  dans  l'obscurité  et  croit  proportionnellement  à  Fin- 
tensité  de  l'éclairement  (cf.  Graham  Bell,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique, 
5*  série,  t.  XXI,  p.  399). 

n.  Pour  avoir  l'impression  de  la  forme  et  des  détails  d'un  objet,  il  n'est 
pas  nécessaire  que  l'œil  reçoive  les  rayons  émanés  de  tous  les  points,  mais 
seulement  ceux  qui  proviennent  d'un  certain  nombre  de  points  et  dont  l'en- 
semble donnera  une  image  d'autant  plus  parfaite  que  ces  points  seront  plus 
nombreux. 

D'après  cela,  le  transmetteur  se  conqiose  en  principe  d'une  chambre 
noire  avec  objectif.  Le  fond  de  la  chambre,  cpii  reçoit  l'image  de  l'objet,  est 
constitué  par  une  lame  de  gutta-percha,  portant  un  très  grand  nombre  de 
petites  cavités  à  fond  plat.  Chacune  d'elles  reçoit  un  point  de  l'image;  à 
travers  la  gutta-percha  viennent  déboucher  dans  chaque  cavité  deux  lils  de 
laiton  isolés  l'un  de  l'autre,  qu'on  contourne  à  plat  sans  qu'ils  se  touchent. 
Le  tout  est  recouvert  d'une  gouttelette  de  sélénium  cristallisé. 

Ciuupie  élément  est  intercalé  dans  le  circuit  d'une  pile.  Suivant  que  le 
point  de  l'objet  dont  il  reçoit  l'image  sera  plus  «lu  moins  éclairé,  Tinlensité 
sera  plus  ou  moins  grande. 

Il  s'agit  maintenant  d'obtenir  au  récepteur  un  point  lumineux  correspon- 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1910.  44? 

dant  au  point  de  l'objet  dont  l'image  se  forme  surnotre  élément  au  sélénium, 
la  lumière  devant  éprouver  aux  deux  points  correspondants  les  mêmes 
variations  d'intensité. 

Récepteur.  —  Je  fais  arriver  sur  le  point  considéré  du  récepteur  la  lumière 
d'une  source  quelconque  (  de  préférence  la  lumière  solaire),  en  utilisant  le 
courant  de  la  ligne  pour  régler  l'éclairement  de  ce  point,  suivant  l'intensité 
du  courant. 

Divers  dispositifs  peuvent  être  employés.  On  n'en  indiquera  qu'un. 

Une  baguette  de  verre  recourbée  et  coupée  à  ses  deux  extrémités  perpen- 
diculairement à  son  axe  reçoit  sur  sa  section  inférieure,  verticale,  la  lumière 
qu'elle  conduit  (en  agissant  à  la  façon  de  la  veine  liquide  dans  les  fontaines 
lumineuses)  à  sa  section  supérieure,  horizontale,  où  l'oeil  la  perçoit.  Devant 
la  section  inférieure  se  trouve  une  plaque  de  verre  pouvant  glisser  de  haut 
en  bas  et  graduellement  noircie  depuis  le  haut,  qui  est  tout  noir,  jusqu'au 
bas,  qui  est  complètement  transparent.  Au  repos,  un  ressort  maintient  la 
partie  noircie  de  la  plaque  devant  la  baguette  et  aucun  rayon  n'y  pénètre. 
Lorsque  le  courant  passe,  la  plaque,  sollicitée  par  un  électro-aimant  actionné 
parle  courant,  se  relève  proportionnellement  à  l'intensité  du  courant  reçu 
et  l'œil  perçoit  une  quantité  de  lumière  également  proportionnelle.  Ce  dis- 
positif a  l'avantage  de  donner  pour  la  construction  les  espaces  nécessaires, 
les  diflerentes  baguettes  de  verre  pouvant  être  contournées  à  volonté,  leurs 
extrémités  supérieures  serrées  les  unes  contre  les  autres. 

La  méthode  que  je  viens  d'exposer  schématiquement  exigerait  un  fil  par 
chaque  pointde  l'objetainsi  transmis.  Mais  il  serait  possible  de  réduire  consi- 
dérablement le  nombre  des  (ils,  ainsi  que  celui  des  éléments  au  sélénium, 
en  faisant  passer  par  un  mécanisme  convenable  un  même  élément  devant  un 
grand  nombre  de  points,  de  telle  sorte  qu'il  revienne  au  même  endroit  à  des 
intervalles  de  7^  de  seconde  au  maximum. 


CORUESPOI\DA\CE. 

M.  le  Ministre  de  i.'lNSTntxrio.v  ptBLKiiE  et  des  Iîeaix-Arts  adresse 
ampliation  du  Décret  qui  autorise  notamment  l'Académie  des  Sciences 
à  accepter  le  legs  fait  à  son  profit  par  M.  Claude-JJon  Dejnolomhe, 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Ç,  R,,  1910,  j"  Semestre,  (T.  t50,  N'  8.)  ^P 


448  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Le  premier  fascicule  du  Tome  IV  du  Traité  de  Physique^  de 
O.-D.  Chwolson,  traduit  par  E.  Davaux,  avec  des  Notes  de  MM.  E.  et  F. 
CossERAT.  (Présenté  par  M.  G.  Darboux.) 

2°  Inventions  relatives  au  graissage  des  machines  marines,  par  M.  Ch.  Beu- 
TR\ND.  (Présenté  par  M.  L.-E.  Berlin.) 

ASTKONOMIK    PHYSIQUE.    —    Nouveaux  canaux   de  la  planète  Mars.    Note 
de  M.  Fercivai,  Lowem,,  présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

Le  3()  septembre  1909,  deux  grands  canaux  furent  remarqués  à  FlagstafT 
sur  Mars  à  l'est  du  Syrtis  Major,  à  un  endroit  où  Ton  n'en  avait  jamais 
observé  auparavant. 

L'e\amen  des  Annales  de  l'Observatoire  a  monlré  qu'ils  n'avaient  pas  été  observés 
en  juillet  dernier  et  qu'ils  manquaient  sur  toutes  les  Cartes  dressées  à  l'Observatoire 
depuis  1894.  Les  photographies  prises  en  igoS  et   1907  ne  les  montrent  pas  non  plus. 

Les  archives  de  l'Observatoire  qui  contiennent  plusieurs  milliers  de  dessins  et  de 
photographies  ont  permis  de  constater  ce  qui  suit  : 

L'invisibilité  des  deux  canaux  précités  avant  septembre  1909  ne  peut 
être  due  à  aucune  cause  inhérente  à  l'instrument,  à  l'observateur  ou  à  l'état 
du  ciel.  Elle  ne  peut  être  due  non  plus  à  la  petitesse  des  images,  à  la  dis- 
tance de  Mars  ou  à  la  grandeur  de  la  phase.  Un  changement  régulier  occa- 
sionné par  les  saisons  ne  peut  également  être  invoqué. 

Il  ne  reste  donc  qu'une  seule  explication  :  ces  canaux  ne  sont  pas  simple- 
ment nouveaux  pour  nous  (nous  en  avons  découvert  plus  de  l\oo  à  Flag- 
slaff);  ils  sont  aussi  nouveaux  sur  Mars.  Le  fait  n'a  pu  être  révélé  que  par 
une  période  de  i5  années  d'observation  assidue  à  FlagstafT. 

Ces  canaux  nouveaux  ont  tous  les  caractères  des  autres  canaux,  c'est- 
à-dire  l'aspect  d'une  ligne  uniforme  d'apparence  géoinétrique.  Une  plaque 
prise  par  moi  et  qui  accompagne  celte  Note  les  montre  à  la  place  indiquée  ; 
à  cause  de  la  petitesse  des  images,  ils  sont  confondus  en  un  seul. 

ASTRONOMIE.   —  Sur  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil.  Note  de  M.  Charles 
IVoRDMA.vN,  présentée  par  M.  Maurice  Hamy. 

I.  Je  me  propose  de  déterminer  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil,  en  partant 
de  sa  température  effective  qui,  mesurée  avec  mon  pyromètre  stellaire  hétéro- 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    I910.  449 

chrome,  a  été  Irouvce  égale  à  532o°  absolus,  et  correspond  à  une  valeur  de 
log -p  égale  à  —  0,(390  (  Comptes  rendus,  (i  décembre  1909). 

On  sait  que  l'éclat  d'un  corps  incandescent,  qui  émet  de  la  lumière  blanche, 
varie  sensiblement  en  fonction  de  la  température,  comme  l'intensité  de  la 
radiation  correspondant  au  maximum  de  luminosité  (A  =  oi^, 54).  Celte  loi 
a  été  vérifiée  avec  les  diverses  sources  lumineuses  que  nous  pouvons  réaliser 
sur  la  Terre,  et  notamment  par  M.  Féry  sur  les  lampes  à  incandescence.  Or 
en  mesurant  à  travers  l'écran  vert  de  mon  appareil  (dont  la  longueur  d'onde 
efficace  est  précisément  égale  à  oi^,  j4)  les  rapports  des  éclats  d'un  grand 
nombre  d'étoiles  correspondant  à  des  températures  effectives  comprises  entre 
2800°  et  plus  de  i5ooo°,  j'ai  trouvé  que  ces  rapports  sont  en  général  iden- 
tiques, dans  les  limites  des  erreurs  d'observation,  à  ceux  qu'indiquent  pour 
les  éclats  globaux  de  ces  étoiles  les  grands  Catalogues  photométriques  de 
Harvard  et  de  Potsdam.  //  s'ensuit  que  la  loi  précédente  qu'on  n'avait  pu 
Jusqu'ici  vérifier  que  pour  des  températures  inférieures  à  4 000°,  est  valable 
jusqu'à  plus  de  loooo". 

II.  Donc,  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil  serait,  d'après  sa  température 
effective,  et  en  appliquant  la  loi  de  Planck,  inversement  proportionnel  à 


(0  ^,fl,5Vx5320_   ,_ 

Mais  le  Soleil  n'est  pas  rigoureusement  assimilable  à  uncorpsnoir,  puisque 
sa  photosphère  est  entourée  d'une  atmosphère  absorbante.  On  connaît  par 
les  recherches  de  Vogel-Seeliger  la  valeur  des  coefficients  de  transmission 
de  cette  atmosphère  pourles  diverses  longueurs  d'onde  et  notamment  de  ceux 
Pu  ^^  Pli  4*'i  sont  relatifs  aux  longueurs  d'onde  efficaces  de  mes  écrans  rouge 
et  bleu  (loc.  cit.).  On  trouve  ainsi  que  l'atmosphère  solaire  a  pour  elfet  de 

diminuer  de  0,093  la  valeur  absolue  de  log  77  qui  correspondrait  au  rayonne- 
ment de  la  photosphère.  Cette  valeur  serait  donc  égale  à 

^(0,690  4- 0,93)  =  —  0,783. 

On  en  déduit,  d'après  ma  courbe  d'étalonnage,  que  la  température  effective 
de  la  photosphère  solaire  est  égale  à  645o°  absolus. 

L'éclat  intrinsèque  de  la  photosphère  est  donc  inversement  propor- 
tionnel à 


(2)  .  eO,3*X6450_,_ 

Mais,  d'autre  part,  les  résultais  de  \  ogcl-Seeliger  montrent  que  le  coeffi- 


45o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cienl  de  transmission  global  do  l'alniosplière  solaire  pour  la  lumière  blanciic 
est  très  voisin  de  celui  qui  correspond  à  la  longueur  d'onde  o^,  5^|,  et  sensi- 
blement égal  à  o,()l).  Il  s'ensuit  donc  finalement  que  l'éclat  intrinsèque  du 
Soleil  est  inversement  proportionnel  à 


(3) 


0,66 


De  la  discussion  des  expressions  (i),  {2)  et  (3),  on  déduit  ce  qui  suit  : 

1  °  Le  Soleil  émet  1 ,  G2  fois  plus  de  lumière  qu'on  ne  le  calculerait  d'api  es  sa 
température  effective  de  5320°.  Son  éclat  apparent  correspond  à  une  tempéra- 
ture intermédiaire  entre  celle  température  effective  et  celle  de  sa  photosphère,  et 
voisine  de  ,0870". 

2°  //  s'ensuit  que  l'on  ne  trouvera  pas,  en  général,  la  iw-me  râleur  pour 
la  température  effective  du  Soleil  suivant  qu'on  la  mesurera  au  moyen  de  la 
v>aleur  absolue  de  telle  ou  telle  partie  de  son  rayonnement,  ou  au  moyen  du 
rapport  des  intensités  relatives  à  diverses  longueurs  d'onde.  Le  Soleil,  dans  son 
ensemble,  n'est  donc  pas,  à  ce  point  de  vue,  assimilable  à  un  corps  noir. 

D'autre  part,  on  sait  que  l'étalon  VioUe  est  égal  à  20  bougies  décimales, 
et  sa  température  absolue  voisine  de  2043°.  Son  éclat,  d'après  la  loi  em- 
ployée ci-dessus,  est  proportionnel  inversement  à 

y.cm  \ 

En  outre,  les  expériences  deHolborn  et  Henning  ont  établi  que  le  rayon- 
nement visible  du  platine  en  fusion  est  trois  fois  plus  petit  que  celui  d'un 
corps  noir  de  même  température.  On  calcule  alors,  en  tenant  compte  de  ce 
qui  précède  et  des  expressions  (3)  et  (4),  que  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil  est 
égal  à  3 1 9000  bougies  décimales  par  centimètre  carré. 

III.  De  la  discussion  de  toutes  les  observations  faites  depuis  Bouguer,  de 
l'éclairement  produit  par  le  Soleil  au  zénith,  Midler  a  conclu  (')  qu'il 
équivaut  sensiblement  à  celui  de  60000  candies  anglaises  placés  à  i™.  En 
admettant  avec  Millier  et  d'après  les  résultats  de  divers  observateurs  que  la 
transmission  zénithale  moyenne  de  l'atmosphère  terrestre  est  à  très  peu  près 
de  0,80  pour  la  lumière  blanche,  et  que  la  surface  agissante  de  la  candie 
est  environ  3""'  ('),  on  en  déduirait  facilement,  en  tenant  compte  de  la 
valeur  de  la  candie  et  des  dimensions  et  de  la  distance  du  Soleil,  que  chaque 
centimètre  carré  de  celui-ci   a  un   éclat  égal  à   celui   de  3oi5oo  bougies 

(')  MiJi.i.ER,  Photometrie  der  Gestirne,  p.  3ii  el passim. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  1910.  4^1 

décimales.  Ce  nombre  et  celui  que  nous  avons  trouvé  ci-dessus  d'une 
manière  complètement  indépendante  ne  diffèrent  de  leur  moyenne  que 
de  ±  3  pour  100. 

On  en  peut  conclure  finalement  ce  qui  suit  : 

i"  Celte  remarquable  concordance  tend  à  prouver  que  la  photosphère  du 
Soleil  se  comporte  très  sensiblement  comme  un  corps  noir  et  que  son  pouvoir 
émissif  doit  être  voisin  de  r unité; 

2°  La  simple  mesure  de  l'éclairement  produit  par  le  Soleil  fournit,  en  suivant 
la  marche  inverse  de  celle  que  nous  avons  indiquée  dans  cette  Note,  un  procède 
très  simple  pour  déterminer  la  température  effective  de  cet  astre. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  igioa,  faites  à  l'Observatoire 
de  Marseille  {èquatorial  d'Eichens  de  o™,  26  d'ouverture).  Note  de 
M.  CoGGiA,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 


Dales. 

1910. 


Fé\ 


Temps  moyen 
de  Marseille. 

h       m       s 
.        6.     3.TI 

.  6. 26. II 
6.29.42 

.  6.t5.47 
6.41.25 

,     6.i8.5o 

.  6.29.43 
6.26.57 
6.22.   9 


-0.17 
+8.19 

-)-0.    o 

+0.37 
— 0.56 
—3.43 

—  2.l5 


-  4-19^2 

-  o.   9,3 

-  8.   6,4 

-  5.20,9 

-  o.   4,6 

-  1.38,0 
-12.47,9 

-I0.44JO 


de 
comp. 


i5: 10 
i5:  i3 


M  apparente. 


.44.10,18 
.44.12,47 

•46.  2,95 
i5: 10  21 .49.26,90 
i5:io  21.49.28,89 
1 5 : 1 o  2 1 . 5 1 .  2 , 93 
12:   8     21.52.37,06 

i5:io    21.54.  4)62 


Log.  fact. 
parall. 


f  apparente. 


Log.  fact. 
parall. 


+1,624  85.   7.48,8  — 0,769 

+1,637  85.   7.15, 5  — 0,773 

+T,632  84.35.54,0  —0,778 

+î,63i  83.39.   9>2  — 0,770 

+T,634  83.38.35,4  —0,776 

+T,632  83.12.52,7  — 0,771 

+T,634  82.47.46,7  —0,773 

+T,635  82.24.i4i9  — 0,773 


9.19,8     i5:io     21.55.29,52      +1,635     82.    1.23,5     — 0,773 


Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison    1910,0. 


Réduction 

Réduction 

* 

G'. 

M. 

moyenne. 

au  jour. 

$  moyenne. 

au  jour. 

Autorités 

1 . 

7-6 

21 

b       m      s 
.45.20,26 

— 1',85 

85°  12'.  27"  3 

-+-10,7 

AG. 

Albany, 

7624 

2  . 

8,8 

21 

.44.32,07 

—  1,85 

85.   7.14,1 

+  10,7 

AG. 

,  Albany, 

7614 

3. 

5,2 

21 

.37.45,30 

—  1 ,85 

84.43^49,5 

+  10,9 

AG. 

Albany, 

7582 

4- 

6,6 

21 

■49-27,95 

—  1,83 

83.33.37,5 

+  10,8 

AG. 

Leipzig 

I,  1 1000 

5. 

8,9 

21 

•48.52,77 

-1,83 

83.38.20,0 

+  10,8 

AG. 

Leipzig 

I,  10996 

6. 

8,5 

21 

52.    0,9! 

-1,83 

83.11.   3,9 

+  10,8 

AG. 

Leipzig 

I,   11023 

7. 

8,4 

21 

.56. 22, 3o 

—  1,82 

82.34.48,0 

+  10,8 

AG. 

Leipzig 

I,  11065 

8. 

8,4 

21 

.56.22,30 

—  1,81 

82.34.48,0 

+  10,9 

AG. 

Leipzig 

I,  iio65 

9- 

6,0 

21 

.56.41,24 

-1,81 

82.10.32,3 

+  1 1 ,0 

AG. 

Leipzig 

I,   I  lo-i 

452  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

Lu  4  février,  la  comète  se  montre  dans  l'instrument  presque  en  même  temps  que 
l'étoile  7624  A.lbaiiy.  Elle  s'est  beaucoup  alTaiblie  depuis  le  3o  janvier.  On  voit  encore 
des  Iraces'de  la  queue  dans  le  voisinage  du  noyau. 

Le  II,  la  comète  apparaît  dans  l'instrumenl  peu  après  Tétoile  i  io65  Leipzig  IL  Elle 
se  présente  comme  une  nébulosité  brillante  dont  les  bords  se  fondent  dans  les  lueurs 
crépusculaires. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  théorème  général  d'existence  ries  fonc- 
tions fondamentales  correspondant  à  une  équation  différentielle  linéaire  du 
second  ordre.  Note  de  M.  W.  Stkkloff,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Dans  un  Article,  inséré  en  1896  dans  les  Communications  de  la  Société  ma- 
thématique de  Kharkow,  ainsi  que  dans  mon  Mémoire  :  Problème  de  refroi- 
dissement, etc.  {Annales  de  Toulouse,  1901)  j'ai  indiqué  une  extension  de  la 
méthode  de  Schwarz-Poincaré,  qui  permet  non  seulement  de  démontrer 
l'existence  des  fonctions  fondamentales  Y^.  (ic)(/f  =  i,2,3,  ...)  satisfaisant 
à  l'équation 

(i)  \l{x)  +  [li,p{x)  -  q{x)-\\i,{a-)  =  O, 

mais  encore  conduit  à  certaines  égalités  imjiorlantcs  résolvant,  en  outre,  le 
problème  du  développement  d'une  fonction  arl)ilrairc  en  séries  procédant 
suivant  les  fonctions  \j,{x). 

Je  me  suis  borné,  dans  les  travauv  mentionnés,  au  cas  le  phis  simple,  où 
les  fonctions  p{-Tc)  eiq{œ)  restent  positives  dans  l'inloivalle  donné  (a,  />), 
et  les  conditions  aux  limites  ont  la  forme  suivante  : 

(2)  Vl.(a)-/(V/,(rt)  =  o,         V;,.(/>)  +  HV/,(i)  =  o         (h>o.,   H>o); 

j'ai  remarqué  ensuite  que  la  même  méthode,  convenald^Miient  modifiée, 
s'applique  aussi  au  cas  où  la  fonction  p{r)  satisfait  à  la  seule  condition 
d'être  continue  dans  l'inlervalle  donné,  et  je  l'ai  montré  dans  un  Mémoire 
qui  paraîtra  dans  les  Memorie  deW Accademia  dei  Lincei. 

Je  nie  suis  borné,  dans  ces  dernières  recherches,  à  la  supposition  que  les 
fonctions  Y^(x)  satisfassent  aux  conditions  de  la  forme  (2V  MainlenauL  je 
me  suis  assuré  que  la  même  méthode  s'étend  aussi  au  cas  où  les  fonc- 
tions V/, (a*)  vérifient  les  conditions  aux  limites  de  cette  forme  générale 

\  at\i,(fi) -h  a,\',,(a)  +  a:i\/.(/>) -^  ai\/.{l>)—o, 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    rgio.  /|53 

L'élude  plus  profonde  des  principes  de  cette  méthode  et  des  conditions 
nécessaires  et  suffisantes  pour  qu'elle  s'applique  au  cas  général  que  je  viens 
d'indiquer,  m'a  conduit  à  un  théorème  général  que  je  vais  signaler  dans 
celte  Note. 

TiiÉOKÉMi:.  —  Quelles  que  soienl  la  fonclion  p{cc)  continue  dans  l'inter- 
valle («,  b)  et  la  fonction  q(x),  positive  dans  cet  intervalle^  d  existe  une  in- 
finité de  nombres  X/^  et  de  fonctions  correspondantes  Y^,  vérifiant  les  équa- 
tions (i)  et  (3),  pourvu  que  les  constantes  ai,  b^  satisfassent  à  l'un  de  ces 
trois  types  de  con  filions  rfont  eh  iciin  contient  deux  cas,  en  général  différents. 

l'iiiîMiEii  TVPE.  —  Les  constantes  «,,  è,  satisfont  à  l'équation 

a-J);   (1;   ll:t^=    Cil   1), rtoA,. 

Ce  premier  type  contient  les  dcu.r  cas  suivants  : 

l'ilFMII'li    CAS. 

A,  —  (7,  /'■,  —  CI;  A,  '  (),         (fii  Aj —  a^tj,  )  Ai'io,         {a-.t'i —  «2  A-,  )-^i  -  o- 
Df.ixiIîmk  cas. 

^2=  «,^3— «a^icO,  {(t:ii>i  —  «,63)^2^0,  {a,l);—  a:J),)\,io. 

Deuxié.me  type.  —  Les  constantes  cii,  h^  satisfont  à  la  condihon 

( «, b,,  —  a,^  t), )  {a3t)^  — ■  a,b^)  ^  o. 
Ce  deuxième  type  contient  les  deux  cas  suivants  : 

I^REMIKR    CAS. 

A:,  t=  rt,  62  —  a,  bi  '-'  o, 

(flj^:, —  ''3^0)  (a;/y,  —  «1  AJ  =  Aj, 

.{(tibi^a-ib,_)  {a^bi  —  «,/>3)  1:0,         («,64  —  a!,b,)  (a.,b,-~  a^b^)t  o. 

Deuxième  cas. 

At  =  0-364  — «463^0, 

{aJ>3—  a.ib.,){aibi  —  a,bi)  —  AJ, 

(iijji  —  ciibi)  {ciib-i—  a-ibx  )io,  {a.^bi—  a^b,^)  {a,b^—  a^b^)lo. 

Troisième  type.  —  Les  constantes  «,,  />,  satisfont  aux  conditions 
a,bi  —  «i62=:o,         a3  64 — «463=0. 


454  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ce  troisième  type  contient  les  deux  cas  suivants  :  • 

Premier  cas. 

A5  :=  (7,  ^3  —  a,  è,  ^  o, 

((7,1)!, —  a;A,)^o,         a^b, —  «363^0. 

DElXlfcME    CAS. 

{a^b,  —  a, 64)^0,         a,b3 — a^b^-O. 

Remarquons  que  ces  derniers  cas  peuvent  être  ramenés  à  un  seul  de  la 
forme  (2),  si  nous  supposons  que  les  constantes  h  et  H  puissent  atteindre 
leurs  valeurs  limites 

li  —  H  =  o        et        /(  =  H  =  +  00. 

Si  la  fonction p  (x)  reste  positive  dans  (a,  b)  (ou  négative),  les  nombres  X/^ 
sont  aussi  positifs  (ou  négatifs)-^  si  p(x)  change  son  signe,  les  nombres  k^ 
se  décomposent  en  deux  groupes  dont  l'un  contient  une  infinité  de  nombres 
caractéristiques  négatifs,  l' autre  uneinfinité  de  nombres  positif  s .  Les  nombres'ki^ 
satisfont  toujours  aux  conditions  |  A^|  ^  aÂ". 


ANALYSK   MATHÉMATIQUE.   —  Sur  les  singularités  des  fonctions  analytiques 
uniformes.  Note  de  M.  D.  Pompéiu,  présentée  par  M.  Painlevé. 

Dans  une  Note  récente  (Comptes rendus,  3  janvier  1910),  M.  Denjoy  a  fait, 
au  sujet  de  ma  Communication  du  6  décembre  190;),  des  observations  aux- 
quelles je  demande  la  permission  d'ajouter  quelques  éclaircissements. 

I.  En  gardant  les  notations  de  M.  Denjoy,  je  vais  montrer  d'abord  com- 
ment, dans  des  cas  très  généraux,  la  nullité  des  I  entraîne  celle  des  J,  quel 
que  soit  l'ensemble  E  (quant  à  la  sinuosité). 

Pour  cela  je  prends  un  ensemble  E  borné,  parfait,  partout  non  dense 
(sans  points  intérieurs),  d'aire  partout  non  nulle  et  tel  que  son  ensemble 
complémentaire  soil  d'un  seul  tenant. 

Sur  cet  ensemble  E  (ses  points  seront  désignés  par  '(  =  ^  -f-  iy]),  je  définis 
une  fonction  fi'C),  continue  sur  E  et  nulle  en  dehors  de  E,  et  je  forme  l'in- 
t.égrale  double 


SÉANCE  DU  2  1  FÉVRIER  1910.  455 

C'est  la  même  intégrale  double  avec  laquelle  j'ai  construit  (Comptes 
rendus,  28  novembre  if)o4)  le  premier  exemple  d'une  fonction  analytique 
partout  continue. 

Je  dis  maintenant  que  si  E  est  partout  discontinu  (d'après  les  propriétés 
que  je  lui  ai  d'abord  supposé,  il  peut  aussi  èlre  d'un  seul  tenant),  les  inté- 
grales I  ne  peuvent  pas  être  toutes  nulles. 

En  effet,  autour  d'un  point  'C,  où  Ç'(î^)  7^  o,  on  peut  tracer  un  contour  C 
(évitant  les  points  "()  et  tel  que  les  parties  réelle  et  imaginaire  f  gardent  le 
même  signe  pour  tout  point  t  contenu  dans  C. 

Cela  posé,  calculons  [  :  on  obtient 


.[t)dM 


en  commençant  dans  le  second  membre  l'intégration  par  la  variable  s,  et 
désignant  par  (C)  la  région  du  plan  contenue  dans  C. 

Ce  résultat  montre  évidemment  que  les  I  ne  peuvent  pas  être  tous  nuls, 
et  l'on  voit  que  la  sinuosité  de  l'ensemble  E  n'intervient  point  dans  la  dé- 
monstration. 

Supposons  maintenant  que  la  fonction  oÇC)  soit  discontinue  sur  E  et 
même  qu'elle  possède  des  zéros  denses  sur  E.  Dans  ce  cas,  on  peut  avoir 
recours  à  la  sinuosité  et  prouver,  comme  l'a  montré  M.  Denjoy  lui-même, 
que,  lorsque  la  sinuosité  est  finie,  la  nullité  des  I  entraîne  celle  des  J. 

Mais  ce  cas  et  l'autre,  plus  délicat,  où  o  est  discontinue  et  la  sinuosité  de 
E  infinie,  demandent  un  examen  détaillé  que  je  ne  peux  pas  résumer  ici. 

J'ai  voulu  seulement,  par  lexeinple  donné,  appuyer  la  conclusion  sui- 
vante : 

Si  le  cas  d'exception,  signalé  par  M.  Denjoy,  existe  réellement,  il  est  dû 
non  seulement  à  la  nature  (sinuosité)  de  l'ensemble  E  des  points  singuliers, 
mais  aussi  à  la  nature  même  de  la  fonction  analytique  F(:;)  qui  admet  ces 
points  de  E  comme  points  singuliers. 

II.  D'ailleurs,  dans  ma  Note  du  G  décembre  1909,  je  n'avais  introduit 
les  intégrales  I  que  pour  le  cas  où  les  intégrales  plus  générales  J  n'avaient 
pas  toutes  un  sens.  Pour  une  fonction  analytique  partout  continue,  cette 
difficulté  ne  se  présente  pas  et  alors  ce  sont  les  intégrales  J  que  je  consi- 
dère, surtout  parce  que  l'ensemble  E  peut  être  d'un  seul  tenant. 

La  propriété  des  J  me  sert  dans  la  représentation  des  fonctions  F(::), 
avec  F'(:;)  bornée,  par  des  intégrales  doubles. 

c.  R.,  1910,   1"  Semestre.  (T.  150,  N°  8.)  OI 


456  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  — Sur  les  équalions  différentielles  dont  l'intégrale 
générale,  possède  une  coupure  essentielle  mobile.  Note  de  M.  Jean  Cuazy, 
présentée  par  M.  Painlevé. 

(Joinnie  je  l'ai  montré  dans  des  Communications  antérieures,  Tintégrale 
générale  de  cliacune  des  équations (*) 

(i)  y'"  =  1  yy"  —  'i  y" , 

(2)  y"=27j"— 3/-+  ^g-^--^(6j'— y2)2         («  enlier>6), 

est  uniforme  dans  une  région  limitée  par  une  coupure  rectiligne  ou  circu- 
laire, variable  avec  les  constantes  d'intégration.  Elle  peut  s'exprimer 
comme  suit. 

Soient  l'équation  hypergéométrique  de  Gauss 

'('  — 0-777+r-irT77  —  7-37T  — TiP  =  o         ("  entier  >  6  ou   n=x). 


di-         \2         i^y  j  dt        4  \3(i 

et  deux  intégrales  distinctes  de  cette  équation  :;et:r,;  l'équation  j?  =  -i(/)!  z{i) 
définit  une  fonction  de  Schwarz  /(ic),  dont  le  triangle  fondamental   a 

comme  angles  ->  -k-,  -■>  et  cjui  existe  dans  une  région  limitée  par  une  cou- 
pure rectiligne  ou  circulaire  :  l'intégrale  générale  de  l'équation  (2)  ou  (i) 
est  r  (ic)  =  -  -^;  elle  est  définie  et  uniforme  dans  la  même  région.  L'équa- 
tion (  I  )  admet  l'intégrale  particulière 

6  C 

y  — 1 • 

.3- -H  A       (.c-i-A)-' 

son  intégrale  générale  est  holomorphe  dans  la  région  dans  laquelle  elle  est 
dcfitiie.  L'équation  (2)  admet  les  intégrales  particulières 

—  6  II  —  6  /(  +  6 


(J--+-A)        2(,.r-|-B)' 

sou  intégrale  générale  est  méromorphe  dans  la  région  dans  laquelle  elle 

est  définie  :  elle  admet  les  pôles  de  la  fonction  ^(r)  comme  pôles  simples  de 

,  .  ,     Il  —  6 
résidu 


(')  Comptes  rendus.,  4  octobre  1909. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  IQIO.  4^7 

Posons  dans  l'équation  (i) y  =  "  ~     —  :  la  fonclion  u  satisfait  à  l'équa- 
tion différentielle 

,    ,„       3n(n  —  2)    „„ 

(3)  ««'^—  (n  —  2)  iiu  a    -h  -TT, ^^"    =0 

^    '  ^  '  3  {«+6) 

12 

dont  l'intégrale  générale  est  par  suite  u(x)  =  s""**;  cette  intégrale  générale  est 

définie  de  même  d'un  côté  d'une  droite,  à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur  d'une 

circonférence.  Elle  est  holomorpheen  tout  point  de  la  région  dans  laquelle 

elle  est  définie,  sauf  en  général  au  point  x  =  cc.  Les  intégrales  délinies  à 

rintérieur   de  leur  coupure,  ou  celles  qui  admettent  une   coupure  recti- 

ligne,  sont  uniformes.  Les  intégrales  définies  à  l'extérieur  de  leur  coupure 

admettent  en  général  le  point  a;  =  00  comme  point  critique,  et  la  coupure 

comme  ligne  critique  :  une  détermination  de  ces  intégrales,  suivie  le  long 

d'un  chemin  qui  tourne  une  fois  autour  de  la  coupure  dans  le  sens  direct, 

12 
est  multipliée  par  e      '"";  elles  ont  un  nombre  de  branches  égal  au  déno- 
minateur de  la  fraction  irréductible  é"ale  à  — ^;  comme  les  intégrales  par- 

ticulières  «  =  a?"'"",  ;r'*""(a; -f- C),  auxquelles  elles  se  réduisent  quand  leur 
coupure  circulaire  se  réduit  à  un  point. 

De  même,  l'intégrale  générale  de  l'équation  transformée  de  l'équation  (i) 

en   /r</;r  =  Y, 

Y"'=2Y'Y"'— 3Y"« 

est  uniforme,  si  elle  est  définie  à  l'intérieur  de  sa  coupure;  si  elle  est  définie 
à  l'extérieur,  elle  admet  une  infinité  de  déterminations,  permutables  autour 
du  point  .c  =  oc  et  de  la  coupure,  et  différant  d'un  multiple  de  i2':ti',  comme 

G 
les  déterminations  de  l'intégrale  particulière  Y  ^  —  61og.r  +  -• 

La  fonction  u,  rendue  homogène  de  degré  „  _"    ;  satisfait  à  l'équation  aux 
dérivés  partielles  remarquable 
,  d'il  à' Il        I      d'il         à^  Il  .-,  /     d'' u      Y 

x^  désignant  une  variable  d'homogénéité  pour  n  =  2,  3,  4i  5;  les  intégrales 
de  l'équation  (3)  sont  des  polynômes  connus. 
Si  dans  l'équation  (2)  on  pose 

/i  +  6  c' 


458  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  fonction  v  satisfait  à  l'équation  différentielle 

(5)  t'C"  +  («    +   2)  l''l'" ; p—  l'"-=0. 

L'intégrale  générale  de  l'équation  (5)  est  donc 

(•(,r)  =  ;    "  +  '■=1  lâ*  ". 

Elle  admet  comme  points  critiques  les  zéros  de  m,  c'est-à-dire  les  pôles 
de  t{x).  Autour  de  chacun  de  ces  points  critiques,  et,  si  elle  est  définie  à 
l'extérieur  de  sa  coupure,  autour  du  point  .r  =  oc  et  de  la  coupure,  elle 
acquiert  un  nombre  de  déterminations  égal  au  dénominateur  de  la  fraction 

irréductible  égale  à  — ^;  si  D  désigne  ce  dénominateur,  la  fonction  i'"  est 

"  /i  -I-  6  ^ 

uniforme  dans  tous  les  cas. 

La  fonction  v,  rendue  homogène  de  degré — ^,  satisfait  à  la  même  équa- 
tion aux  dérivées  partielles  que  la  fonction  a.  Nous  obtenons  donc  l'inté- 
grale générale  homogène  de  degré  ^  _'.,  de  l'équation  aux  dérivées  par- 
tielles (4),  pour  les  valeurs  entières  de  N,  sauf  les  suivantes  :  o,  q=  i,  ±:  6. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  transformation  des  fonctions  abéliennes . 
Note  de  M.  G.  Cotty,  présentée  par  M.  G.  Humbert. 

Dans  le  Journal  de  Liouville  (t.  I,  iSSS),  M.  Picard  a  établi  l'existence 
d'un  groupe  hyperabélien  particulier  déduit  de  l'étude  des  transformations 
d'Hermile  du  premier  ordre,  laissant  invariante  la  relation  singulière 

entre  les  périodes 


d'un  système  de  fonctions  abéliennes.  C'est  ce  groupe  qu'a  étudié  M.  Bourget 
dans  sa  Thèse  (Thèses  delà  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  iiSgS). 

Nous  avons  trouvé  un  groupe  analogue  en  recherchant  les  transfor- 
mations du  premier  ordre  d'Hcrmite  laissant  invariante  une  relation  singu- 
lière 


où  l'invariant 


SÉANCE    DU    21    FEVRIER    I910. 
A  =  B-— 4AC  — 4DE 


459 


est  un  nombre  impair  (non  carré  parfait),  nécessairement  alors  de  la  forme 
4  n  -I-  I,  «  étant  un  entier  positif. 

M.  Humbert  ayant  montré  {Journal  de  Liowille,  t.  VI,  1900)  que  toute 
relation  singulière  est  équivalente  à  une  relation  singulière  de  même  inva- 
riant dans  une  transformation  du  premier  ordre  ordinaire,  et  ayant  indiqué 
comment  on  trouvait  la  transformation  liant  les  deux  i^elations,  il  nous 
suffit  de  chercher  les  transformations d'IIermite  d'ordre  égal  à  ±  r,  laissant 
inaltérée  la  relation 

d'invariant  A  =  4  «  +  i  • 
Soit 


h,     h, 


d„     d,     d-i     d^ 


le  déterminant,  égal  à  +  i,  des  coefficients  de  la  transformation. 
Posons 

ff  =  \/A  —  I  ;         p  =  \/A  +  I  ; 

^c7^ — Y)p^  . £i7  +  -pp  ,  _  t,  —  -n 


g  = 


les  substitutions  sur  g,  h,  g'  peuvent  se  ramener  aux  substitutions  sur  ^,  y] 
que  nous  indicjuons  ci-dessous.  Bien  que  la  méthode  et  les  calculs  soient 
considérablement  simplifiés  par  une  interprétation  géométrique  de  la  trans- 
formation d'Hermite  due  à  M.  Humbert,  nous  ne  pouvons  les  exposer  dans 
cette  Note  où  nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  résultats  fondamentaux. 
Les  substitutions  (S)  sur  (^,  -q)  sont  de  la  forme 


(S) 
(T) 


,;.         /a^-t-  a     a'-q  +  b 
^'''  '^'  \ci-+-d'  c'-n-hd' 


a,  -n) 


c  -n  -+-  d    c'  'E^-h  d' 


Les  a,  b,...  désignent  des  nombres  de  la  forme 

(i)  M  +  Ny/Â, 


46o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

M  et  N  étant  des  entiers,  ou  de  la  forme 


(2) 


M  M       r-K 

1 — V^, 


M  et  N  étant  deux  entiers  impairs;  d  est  le  conjugué  du  nombre  a, 
obtenu  en  changeant  y  A  en  —  y  A  et  les  déterminants  ad —  hc  sont  égaux 
à  ±1. 

Ces  substitutions  (S)  et  (T)  forment  un  groupe  dont  les  (S)  sont  un 
sous-groupe  invariant  d'indice  i. 

On  voit  que  ce  groupe  renferme  le  groupe  Picard-Bourget  dans  le  cas  où 
le  radical,  dans  celui-ci,  porte  sur  un  nombre  de  la  forme  \n  -\-  i  ;  il  a  des 
propriétés  analogues.  Si  l'on  pose 


çi+';5, 


r,,  +  in-i. 


on  a  les  conditions  H^^o,  V]2<Co,  qu'on  déduit  des  inégalités  fondamen- 
tales entre  les  parties  imaginaires  des  périodes  g^  A,  g .  Les  substitutions 
fondamentales  du  groupe  sont 


(t,  ï)),     (ri,  ^);         (t, -fl),     (-^, -n);         (£,r,),     (£-,,-/)-.) 
(ï,r,),      (-',  -i);  (£,r,), 


V^,,,_x.i_Vj^ 


(2,^0, 


VA 


y/A 


y/A 


dans  cette  dernière,  a  et  c  désignent  la  plus  petite  solution  positive  de 
["équation  de  Pell, 

a- —  C-A  rr:  !\. 

Si  les  substitutions  sur  (E,  yj)  sont  1res  voisines  des  substitutions  obte- 
nues dans  le  cas  étudié  par  M.  Picard,  l'analogie  ne  se  poursuit  pas  pour 
les  transformations  d'Hermite  laissant  invariante  la  relation  singulière 
considérée.  Ces  transformations  sont  des  deux  types  suivants  : 


«0—  '"^1 


(•■>  — •  nCi        —  Cj 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    1910.  4^1 

OÙ  les  «,,  c,  sont  liés  par  les  relations 

(«c)o3+  («£■),,=:  O, 
(rtc)„2+  ('''c)i2+  "("f)n  =  ±i> 

{ac)ik  désignant  la  quantité  aiCi,  —  «/,f  ,• 

Les  transformations  considérées  forment  un  groupe  dont  les  opérations 
fondamentales  sont  les  suivantes  et  leurs  inverses  : 


I 

0 

0 

0 

II 

1 

0 

0 

0 

0 

-  I 

0 

0 

0 

0 

—  I 

o 


O  I 
o  I 
Il      o 


où  a'-  —  Ac-  =:  4,  en  désignant  toujours  par  a  et  c  la  plus  petite  solution 
positive  de  cette  équation.  On  voit  aisément  que  a  et  c  sont  de  même  parité 
et  que  les  coefficients  de  cette  dernière  transformation  sont  bien  entiers. 
La  recherche  des  transformations  d'ordre  ±  i  laissant  invariante  une  rela- 
tion singulière  donnée  se  trouve  ainsi  complètement  effectuée. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Des  fondions  données  par  leur  valeur  sur  une 
partie  de  la  frontière^  et  celle  de  leur  dérivée  normale  sur  le  reste  dé  la 
frontière.  Développements  correspondants.  Note  de  M.  Marcel  Brilloui.v, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

I.  Dans  un  grand  nombre  de  questions  de  Physique  mathématique  on 
est  conduit  à  déterminer  une  fonction  par  sa  valeur  sur  une  partie  d'une 
frontière  simple  (plan,  cylindre,  sphère,  etc.)  et  par  la  valeur  de  sa  dérivée 
normale  sur  le  reste  de  cette  frontière.  C'est  sous  cette  forme  que  se  pré- 
sentent naturellement,  lorsqu'on  les  pose  correctement,  les  problèmes  de 


462  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diffraction  dont  je  m'occupe  cette  année  dans  mes  leçons  du  Collège  de 
France. 

La  solution  générale  de  tous  les  problèmes  de  ce  genre  s'obtient  facile- 
ment par  la  méthode  dont  je  vais  donner  un  exemple,  quel  que  soit  le 
nombre  des  fonctions  à  déterminer,  quel  que  soit  le  nombre  de  conditions 
distinctes  que  l'on  peut,  d'après  la  nature  de  la  question  (membranes, 
plaques,  etc.),  s'imposera  la  frontière. 

'i.  Dans  un  espace  u^  v  dont  la  frontière  est  délinie  par  v  =  o^  a^u^b, 
je  suppose  que  les  propriétés  générales  du  milieu  et  la  forme  de  la  frontière 
fassent  connaître  une  suite  fermée  de  fonctions  ^| ,  cpj,  ...,©„,  . . . ,  permet- 
tant de  représenter  sans  ambiguïté  une  fonction  arbitraire  ./("),  donnée 
sur  la  frontière,  par  une  série  convergente  des  fonctions  9„(m,  o). 

La  suite  des  dérivées 

d 


Ov 


cp„  (  Ll,  (')  z=  à,i{u,  l') 


jouit  de  la  même  propriété. 

On  sait  alors  résoudre  par  des  développements  convergents  en  série  de 
fonctions  cp„  les  deux  principaux  problèmes  simples  : 

a.  Trouver  une  fonction  ç(«,  v)  satisfaisant  aux  propriétés  générales  du 
milieu^  et  qui  devienne,  sur  la  frontière,  égale  à  f(u). 

h.  Trouver  une  fonction  oi^u,  r)  .  .  . ,  dont  la  dérivée  -f-  devienne  sur  la 
frontière  égale  à  gi^u'). 

3.  Le  problème  complexe  est  de  déterminer  une  fonction  cp .  .  . ,  qui 
devienne  égale  à  f(u)  sur  une  partie  D,  delà  frontière,  et  dont  la  dérivée 
normale  devic/ine  égale  à  g(u)  sur  le  reste  D.,  de  la  frontière. 

La  solution  la  plus  simple  s'obtient  de  la  manière  suivante  : 

Au  moyen  des  fonctions  o,,,  'j/,,,  on  forme  de  nouvelles  fonctions 

«!»„((/,  (■)  et  •I'„(m,  (■)=: --<1»„(;/,  i') 

av 

ort/iogonalisécs  pour  la  répartition  considérée  des  domaines  D,,  D^,  sur  la 
frontière  (  formés  d'un  nombre //>»'  de  tenants  distincts) 

/  a>,il)^  (///  -+-  I  ^',Wj  du  —  Q        (v  —  o,  i^J). 

Il  est  facile  de  construire  ces  fonctions  de  proche  en  proche  en  posant 

<!>/,(»,  <')  =ici.a>, («,(•)  -4-...  +  ci:-'<i>i._,(",  !•)  -H <?A-( «,«'), 


SÉANCE    UU    2  1    FÉVRIER    19 lo.  /|63 

et  déterminant  les  coefiicients  constants  c  par  les  formules 

(r  =  o,  /</,). 


I  <i>;  du  4-  /  1^? 


du 


Les  fonctions  $„  ainsi  définies  dépendent  de  la  répartition  des  domaines 
D|,  Do  sur  la  frontière,  mais  non  des  fonctions/ (a),  g(u). 

Cela  posé,  les  conditions  particulières  au  contour  sont  satisfaites  en 
prenant 

9  =  iA,a»,.(", '•), 


A,.== 


ff{ii)<^,,{(i,o)du  +  f  ff(ii)W,,(ti,o)du 
/  <I>/.  {11,0)- du  -H  /   W].  {u,o)  du 


4.  Les  conditions  générales  de  convergence  du  développement  sont  mani- 
festement les  mêmes  que  pour  les  deux  problèmes  simples.  Il  reste  à  discuter 
les  valeurs  relatives  aux  points  de  passage  d'un  domaine  D,  à  l'autre  Dj; 
mais  dans  les  problèmes  d'origine  physique,  les  fonctionsy(M),  g(u)  seront 
naturellement  associées  de  manière  à  éviter  toute  difficulté. 

Il  n'y  a  aucune  difficulté  à  appliquer  la  même  méthode  à  des  problèmes 
beaucoup  plus  complexes,  soit  par  la  nature  des  propriétés  du  milieu,  soit 
par  la  forme  ou  le  nombre  des  diverses  conditions  données  à  la  fron- 
tière. On  peut  aussi  former  la  fonction  de  Green  pour  le  problème  com- 
plexe. 

T^e  cas  où  la  frontière  s'étend  à  l'infini,  et  où  les  séries  sont  remplacées 
par  des  intégrales,  mérite  un  examen  particulier. 

.1.  (Jn  peut  même  se  poser  les  problèmes  de  dévetoppeme/its  coiijuinls  de 
deux  fonctions  'i(u)  et  '\i(ii),  indépendantes  Tune  de  l'autre  sur  les  diverses 
parties  D,,  D.,  d'un  segment  [connaissant  les  deux  suites  cp„(^/),  ']^,^(ii), 
qui  convieiment  à  chacun  des  problèmes  simples  (^D,  ==  o,  ou  D,  =  o  )J  tels 
que,  avec  les  mêmes  coefficients  a^, 

satisfassent  à 

ixi^=f(u)  (domaine  iJi  ), 

<\i=zif(u)         (domaine  D,). 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N-  8.)  t)2 


464  -  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  formules  de  résolution  sont  les  mêmes  qu'au  n"  3,  lorsque  le  pro- 
blème est  possible;  mais  la  discussion  des  conditions  nécessaires  et  suffi- 
santes, relatives  aux  suites  cp„,  <]/„,  aux  fonctions  données  /(w),  g(u),  et  à  la 
distribution  des  domaines  D,,  Dj,  pour  la  validité  de  la  solution  parait 
devoir  être  très  difficile. 

Les  questions  d'origine  physique  abordables  par  la  méthode  indiquée 
dans  cette  Note  sont  très  nombreuses;  j'en  traiterai  queUjues-unes  ailleurs 
avec  les  développements  nécessaires. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  réaction  de  l'hydrogène  naissant  à  Vètal  sec. 
Noie  de  M.  A.-C.  Vournasos,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

L'action  de  la  chaleur  sur  le  formiate  de  sodium  sec  donne  de  l'hydro- 
gène à  l'état  naissant;  il  m'a  semblé  intéressant  de  rechercher  si  cet 
hydrogène  ne  pourrait  pas  se  combiner  directement  à  un  certain  nombre  de 
corps  simples  qui  ne  réagissent  pas  sur  l'hydrogène  libre,  mais  donnent 
cependant  des  composés  hydrogénés,  obtenus  généralement  par  réactions 
indirectes. 

Phosphore.  —  D'après  les  expériences  de  MM.  Tichtchenkt  et  Zavo- 
rico  ('),  il  semble  bien  démontré  que,  contrairement  à  l'opinion  de  Roet- 
gers  (^),  le  phosphore  pur  et  l'hydrogène  sec  ne  peuvent  pas  se  combiner 
directement.  J'ai  cherché  à  obtenir  cette  combinaison  avec  l'hydrogène 
naissant  du  formiate. 

Du  formiate  de  sodium  fondu  à  200"  et  soumis,  après  balayage  par 
l'hydrogène  de  l'air  des  appareils,  à  l'action  de  vapeurs  de  phosphore 
obtenues  en  portant  ce  corps  à  des  températures  comprises  entre  400° 
et  430°,  donne  immédiatement  de  l'hydrogène  phosphore,  mêlé  de  vapeurs 
de  phosphore.  Après  purification  dans  une  série  de  flacons  laveurs,  on 
obtient  de  l'hydrogène  phosphore,  spontanément  inflammable. 

On  peut  répéter  l'expérience  plus  simplement,  en  préparant  un  mélange 
intime  de  i  partie  de  phosphore  rouge  avec  5  parties  de  formiate  de 
sodium  anhydre  Ce  mélange  est  introduit  dans  une  cornue  lubulée  dont  on 
chasse  l'air  par  un  courant  d'hydrogène  sec  et  l'on  chauiTe  rapidement  à  4oo"  ; 
le  gaz  lavé,  pour  le  débarrasser  des  vapeurs  de  phosphore,  est  formé  d'hydro- 
gène phosphore  gazeux,  renfermant  de  petites  quantités  dé  phosphure 
spontanément  inflammable. 


(')  y.  Soc.  c/u'/ii.  /iJiv.s.  rtisxe,  l.  \XVJI,  p.  iSj. 
(-)  Zeùsc/tr.  aiiorg.  CItein.,  l.  Vil,  p.  265. 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    19IO.  465 

Le  formiate  anhydre  se  décompose  à  4oo°  en  oxalate  et  hydrogène, 
2  HCOO  Na  =  ÎVa'  C^ O'  +  FP  ; 

avec  le  phosphore  on  a  la  réaction 

6HC00Na  +  aP  =  3i\a^C^0'-f- 2PIP. 

Si,  vers  la  fin  de  l'opération,  on  pousse  la  température  au  delà  de  400°?  'a 
décomposition  de  l'oxalate  fournit  de  l'oxyde  de  carbone  qui  reste  mêlé  au 
phosphure  gazeux.  On  doit,  d'autre  part,  éviter  l'emploi  d'un  excès  de  for- 
miate qui  donnerait  de  l'hydrogène  libre  en  excès. 

Des  résultats  semblables  ont  été  obtenus  en  chauffant  des  mélanges  équi- 
moléculaircs  de  formiate  et  de  phosphite  neutre  de  sodium  ou  de  phosphate 
disodique  anhydre. 

Pour  les  expériences  de  cours,  au  lieu  de  formiate  seul,  il  est  préférable 
d'employer  un  mélange  équimoléculaire  de  formiate  et  d'hydrate  de  sodium 
avec  du  phosphore  rouge  ;  il  se  produit  dans  ce  cas  du  carbonate  de  sodium 
au  lieu  d'oxalate. 

Soufre.  —  La  vapeur  de  soufre  décompose  de  la  même  façon  le  formiate  de  sodium 
et  se  combine  à  l'hydrogène  naissant  en  formant  de  l'hydrogène  sulfuré.  Il  suffit  de 
chauffer  à  4oo°  un  mélange  intime  de  i  partie  de  fleur  de  soufre  avec  4  parties  de 
formiate.  La  réduction  du  sulfite  de  sodium  par  le  formiate  donne  également  de  l'hy- 
drogène sulfuré.  Enfin,  avec  les  sulfures  métalliques  de  mercure,  plomb,  étain,  le 
métal  est  mis  en  liberté  avec  dégagement  d'hydrogène  sulfuré. 

En  remplaçant  le  formiate  de  sodium  par  un  mélange  équimoléculaire  avec  l'hydrate, 
on  obtient  facilement  du  gaz  sulfhydrique  parfaitement  sec  et  ]nir,  à  un  état  très 
convenable  pour  l'analyse  chimique. 

Arsenic.  —  Ce  métalloïde  libre  ou  combiné  réagit  facilement  sur  le  formiate  de 
sodium  en  donnant  de  l'hydrogène  arsénié.  La  réaction  est  particulièrement  facile  avec 
l'arsénite  de  sodium,  que  l'on  obtient  très  pur  en  traitant  l'anhydride  arsénieux  par 
une  solution  alcoolique  de  soude. 

On  obtient  de  petites  quantités  d'hydrogène  antimonié  en  traitant  delà  même  façon 
un  mélange  d'anlimonile  et  de  formiate  de  sodium. 

Silicium.  —  Le  silicium  ne  réagit  pas  sur  l'hydrogène  naissant  du  formiate.  Les 
chlorure  et  sulfure  de  ce  métalloïde  donnent,  au  contraire,  un  peu  d'hydrogène  silicié. 

L'anhydride  borique,  chauffé  dans  un  tube  de  fer  en  présence  de  sodium  métallique 
et  de  formiate  anhydre  de  sodium,  donnerait  de  petites  quantités  d'un  gaz  noircissant 
le  nitrate  d'argent,  qui  paraît  être  le  borure  d'hydrogène. 

Les  autres  métalloïdes  et  leurs  composés  donnent  des  réactions  analogues 
faciles  à  prévoir:  les  azoLures  donnent  de  l'ammoniac;  les  cyanures,  de 
l'acide  cyanhydrique;  les  carbures  alcalins,  de  l'acétylène;  etc. 


466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Séparctlion  el  purification  des  dithionales  produits 
dans  la  décomposition  du  sulfite  d'argent  ou  de  ses  sels  doubles.  Note 
de  M.  H.  Baubic.nt,  présenlée  par  M.  Troost. 

Il  m'a  paru  intéressant  d'isoler  à  l'état  de  sels  alcalins  l'acide  dithioniqiie 
formé  lors  de  cette  décomposition.  En  parlant  du  sulfite  d'argent,  c'est  le 
dithionate  de  potassium  qui  se  prépare  le  plus  aisément;  c'est  au  contraire 
le  sel  de  sodium,  si  l'on  opère  avec  le  sulfite  double  de  ce  métal.  Tout 
dépend  des  conditions  de  purification  auxquelles  on  est  astreint. 

Avec  le  sulfite  d'argent,  on  met  ce  sel  en  suspension  dans  l'eau  chaude  (65  à  8s  pour 
2QQcm'  ^  250""')  et,  dans  le  ballon  qui  contient  le  mélange,  on  porte  le  liquide  à  une 
douce  ébullition.  En  i  heure  au  plus,  la  réaction  est  terminée.  De  la  solution  froide, 
additionnée  d'un  peu  de  phialéine,  on  sépare  d'abord  l'oxyde  d'argent,  resté  en  solu- 
tion, par  un  léger  excès  de  potasse,  puis  les  petites  quantités  d'acides  sulfurique  et 
sulfureux  par  de  l'eau  de  baryte,  dont  on  élimine  l'excédent  par  le  gaz  carbonique,  en 
ayant  soin  de  chauffer  à  la  fin  pour  détruire  le  bicarbonate  alcalino-terreux  soluble  à 
la  faveur  de  l'acide  carbonique.  Le  liquide  filtré  ne  contient  plus  que  du  dithionate  de 
potassium  avec  un  peu  de  carbonate.  , 

Grâce  à  la  déliquescence  de  ce  carbonate  et  à  la  différence  de  solubilité 
du  dithionate  à  chaud  et  à  froid  (lo  fois  plus  soluble  à  ioo°  qu'à  iG"),  la 
purification  est  alors  facile,  surtout  si  l'on  procède  aux  lavages  avec  de  l'eau 
alcoolisée  où  la  solubilité  du  dithionate  est  encore  moindre. 

On  évapore  donc  la  solution  au  bain-marie  dans  une  capsule  jusqu'à  commencement 
de  cristallisation  à  chaud;  on  laisse  refroidir  el  l'on  décante  la  liqueur  sirupeuse  qui 
renferme  le  carbonate  alcalin.  Le  sel  essoré,  soumis  à  une  recristallisalion  dans  l'eau 
bouillante  et  à  un  lavage  final  à  l'eau  alcoolisé,  donne  du  dithionate  neutre  aux  réactifs 
colorés.  En  concentrant  les  eaux  mères  et  y  ajoutant  leur  volume  d'alcool,  on  en  sépare 
encore  du  sel  qui,  par  lavage  à  l'eau  alcoolisée  et  essorage,  fournit  une  nouvelle  quantité 
de  dithionate  pur  et  en  présentant,  comme  la  première  cristallisation,  tous  les 
caractères. 

A  chaud,  ce  sel  se  scinde  en  sulfate  et  gaz  sulfureux;  chauffé  progressi- 
vement jusqu'à  450°  dans  un  creuset  taré,  après  dessiccation  à  l'air,  il  donne 
très  sensiblement  comme  résidu,  lorsque  l'odeur  du  gaz  sulfuretix  a  disparu, 
le  poids  de  sulfate  indiqué  par  la  théorie  :  o^',3435  de  K-S'-'O'''  préparé  par 
ce  procédé  ont  donné  0^,2491  de  K-SO'. 

Si  pour  précipiter  l'argent,  on  substituait  la  baryte  à  la  potasse,  séparant 
ainsi  du  même  coup  l'argentetles  acides  sulfurique  et  sulfureux,  laliqueur, 
filtrée  à  chaud  après  l'action  du  gaz  carbonique,  ne  renfermant  plus  que  le 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  I9I0.  467 

dithionate  de  baryum,  donnerait  ce  sel  pur  par  évaporation  et  cristalli- 
sation. 

Avec  le  sulfite  double  d'argent  et  de  sodium,  on  met  à  profit  pour  isoler 
le  dithionate  de  soude,  la  grande  solubilité  du  nitrate  de  ce  métal  alcalin 
dans  l'eau  alcoolisée  où  le  dithionate  est  fort  peu  soluble.  A  18",  en  effet, 
100™'  d'un  mélange  à  volumes  égaux  d'eau  et  d'alcool  â  96  pour  100  dis- 
solvent encore  20*^  de  nitrate. 

Le  sulfite  double  ayanl  été  préparé  en  inélangeanl  les  solutions  de  nitrate  d'ar- 
gent (98)  et  de  sulfite  alcalin  Na^SO' -f  7H*0  (208)  ('),  on  porte  le  tout  à  100°, 
solution  et  sel  déposé.  La  transformation  achevée  (en  une  demi-heure  au  plus),  on 
décante  le  liquide  de  l'argent  déposé.  Par  une  addition  ménagée  de  nitrate  de  baryum 
on  précipite  le  reste  du  sulfite  et  la  petite  quantité  d'acide  sulfurique  en  présence,  puis 
on  alcanise  légèrement  par  le  carbonate  de  soude  de  façon  à  séparer  le  petit  excès 
de  baryum  qu'on  a  pu  employer.  Si  l'on  filtre  et  lave,  la  liqueur  ne  conlienl  plus 
que  du  nitrate  et  du  dithionate  de  sodium  avec  une  trace  de  carbouate  qu'on  détruit 
en  neutralisant  exactement  avec  l'aide  de  l'hélianline  par  l'acide  nitrique. 

On  évapore  alors  les  eaux  au  bain-marie  dans  une  capsule  jus(|u'à  apparition  de 
cristaux.  On  laisse  refroidir,  on  décante  et  on  lave  la  masse  cristalline  avec  de  l'eau 
alcoolisée  préparée  à  volumes  égaux.  Des  eaux  mères  on  sépare  encore  du  dithionate 
en  les  mélangeant  avec  cette  eau  de  lavage  alcoolisée.  Tous  les  cristaux  réunis  et 
essorés,  sont  alors  purifiés  en  les  resoumeltant  au  même  traitement  après  redissolu- 
lion  dans  un  petit  volume  d'eau.  En  répétant  deux  fois  celte  opération,  on  a  finalement 
le  dithionate  de  soude  cristallisé  Na^S-O*  H- aH'O  parfaitement  exempt  de  nitrate 
(l'éaction  à  la  diphénjlamine). 

Comme  le  sel  de  potassium,  ce  composé  dégage,  par  l'action  de  la  chaleur, 
du  gaz  sulfureux  en  laissant  dans  le  creuset  taré  du  sulfate  de  sodium, 
o^,  56o  de  sel  anhydre  après  dessiccation  dans  le  vide  ont  laissé  0^,8842  de 
sulfate,  le  poids  théorique  calculé  étant  oe,386o. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  dérivés  bromes  du  dimercuriartunonium.  Note  (-  ) 
de  M.  H.  Gaudeciiox,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

L'existence  des  composés  AzHg'Br.  AzH'Br  et  AzHg-Br.3AzH'Br  ne 
paraît  pas  douteuse  pour  les  auteurs  qui  se  sont  occupés  des  produits  de  la 
réaction  2HgBr-  +  4AzH'  en  présence  de  l'eau;  le  désaccord  ne  porte  que 

(')  Pour  former  le  complexe  Ag-SO' -i- Na'SO' -H  Aq  isolé  par  Svensson,  celle 
proportion  de  sulfite  alcalin  (soit  5o  pour  100  en  excès)  suffit  largement,  car  il  y  a  lieu, 
pour  la  facilité  des  purifications  ultérieures,  d'éviter  un  trop  grand  excès  de  ce  sel. 

(-)  Présentée  dans  la  séance  du  i4  février  1910. 


468  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

sur  la  façon  d'écrire  les  formules.  Cependant,  Pesci  n'a  pu  isoler  le  com- 
posé AzHg^Br.  AzH'Br;  il  signale  un  composé  4AzHg-Br.5AzH'Br  et 
reconnaît  l'existence  du  AzHg-Br.3AzH'Br. 

Je  me  suis  proposé  d'étudier  d'une  manière  plus  approfondie  la  réaction 
(i)  2HgBr"-4-4AzH'  —  AzHg''Br.xAzIl*Br-H(3  —  a;)AzH»Br. 

Dans  ce  but,  j'ai  mis  en  présence  d'eau,  à  des  concentrations  variables,  le  système 
2HgBr^+  4'^zH^,  opérant  en  vase  clos,  à  l'obscurité,  et  à  une  température  comprise 
entre  -h8''C.  et  -i-io''C.,  et,  après  un  intervalle  de  temps  de  21  à  45  jours,  nécessité 
pour  atteindre  l'équilibre,  pendant  lequel  les  flacons  étaient  fréquemment  agités,  j'ai 
déterminé  :  1°  la  composition  du  précipité  formé;  a°  la  concentration  des  solutions  en 
éléments  Hg,  Br  et  Az. 

Dans  tous  les  cas,  on  constate  l'existence  de  AzIP  libre  en  solution  indice  d'une 
réaction  limitée. 

Chacun  des  systèmes  étudiés  comporte  trois  composants  indépendants  répartis  en 
une  phase  vapeur,  une  solution  et  une  ou  deux  phases  solides;  suivant  le  nombre  des 
phases  solides  présentes  à  l'équilibre,  ces  systèmes,  considérés  comme  isothermes, 
seront  bivarianis  ou  monovariants  ;  par  suite,  les  courbes  de  concentration  de  la  solution 
seront  continues  ou  présenteront  des  discontinuités  suivant  le  nombre  des  phases 
solides  coexistant  à  l'équilibre  :  telles  sont  les  prévisions  de  la  règle  des  phases. 

Pratiquement,  une  difficulté  se  présente  dans  la  réalisation  des  concentrations 
variables  :  le  ligBr'^  est  peu  soluble  dans  l'eau;  par  suite,  le  champ  des  variations  est 
très  limité.  Pour  l'étendre,  j'ai  dû  recourir  à  l'emploi,  dans  l'état  initial,  d'un  des 
constituants  du  système  qui  se  forme  dans  la  réaction  :  le  AzIl'Br;  ce  qui,  dans 
certaines  limites,  ne  doit  pas  modifier  l'état  du  système  à  l'équilibre;  dans  ces  con- 
ditions, j'ai  pu  solubiliser  une  [)liis  grande  quantité  de  HgBr-. 

Les  systèmes  étudiés  comportent  trois  séries  :  A,  B  et  C. 

Dans  le  cas  où  la  composition  du  précipité  ne  répondait  pas  à  celle  de  l'une  des 
phases  cherchées,  j'ai  admis  que  c'était  un  mélange  de  la  phase  x  qui  le  précède 
immédiatement  et  de  celle  de  y  qui  le  suit  dans  la  série  des  concentrations  étudiées; 
pour  vérifier  celte  hypothèse,  connaissant  la  teneur  en  Hg,  Br  et  Az  du  mélange,  j'ai 
déterminé  a;  et  y  à  l'aide  de  deux  équations  relatives  à  deux  de  ces  éléments,  et  il 
restait  comme  contrôle  deux  équations  conditionnelles  qui  devaient  devenir  des  iden- 
tités pour  les  valeurs  de  x  et  j'  ainsi  calculées;  l'une  est  relative  au  troisième  élément, 
l'autre  est  la  condition  X -h  J  =  I.  Or,  dans  tous  les  cas,  ces  vérifications  se  faisaient 
aux  limites  des  erreurs  expérimentales  près,  c'est-à-dire  à  0,01  près. 

Toutes  les  phases  solides  analysées  ont  été  séparées  de  la  solution  mère  sur  des 
plaques  de  porcelaine  poreuse,  puis  séchées  vers  15"^  sur  BaO. 

^  oici  le  Tableau  des  résultats  obtenus  : 

Composition  centésimale  calculée  des  phases  solides  cherchées, 
{a)         (Az[lg2Br)iIlgBr2,  Hg  =  77,o,  Br=2o,5,  Az=:2,4, 

{h)  AzUg^BrAzIPBr,  Hg=i  67,56,  Br=:  27,01,  Az  =  4,74, 

(c)         AzlIg^Br.SAzlPBr,         Hg  =  5Q,7G,         Br  =40,59,         Az  =  7,i2. 


A, 
A, 

A3 
Ai 
B, 
B., 


B5 
Bc 

C, 

c, 

C. 


("oncentiations  iniliales 

cil  molécules-grammes 

par  litre. 

HgBr-,         AzlF.       AzH'15r. 

0,0  125     o,o25o     0,0000 

0,0166     o,o332       » 

0,023  0,o5o  » 

o ,  o5o       o ,  1 00         1) 
0,0 125     0,025       0,0875 
0,025       o,o5o       0,075 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    I910. 

Solutions  à  l'équilibre. 

Concentrations 
en  atomes-grammes  par  litre. 


Phases  solides  à  l'équililjre. 

Composition 
centésimale. 


Ilg.  lir.  Az.  Couleur.       Hg.  lir.  Az.     Nombre. 

Traces   o,oi54  o,oi85   Jaune  76,0  20,8  2,6    i 
o,ooo32  0,0172  0,0202     »    71,0  24,6  3,9    2   I 


0,00078  0,0241  0,025 1 

0,0019  o,o52  5  o,o5i4 

0,00178  o,o497  Oj0497 

o ,oo4i  o, io3  o, I 08 


0,0828  o,o656  0,0984   0,0061   o,i33   o,i33 
o,o365  0,073   0,1 og5   0,0060   0,182   0,1 33 


Blanc  67,8  27,3  4i7 

»  67,5  27,1  4i7 

»  68,0  27,2  4i8 

»  67,5  27, 1  4)68 

»  66,2  27,9  4,82 

«  57,0  35,9  5,70 


0,030  O, 100 

O, 100  0,200 

0,0180  o,o36 

o,o5o  o, 100 

o,o5o  o. 100 

o, 100  0,200 

o, 120  0,25o 


0 

i5o 

0,0070 

0 

170 

0 

169 

0 

3oo 

0,0124 

0 

333 

0 

388 

0 

01875 

0,001 

0 

o3i5 

0 

08  lî 

0 

006 

0,0057 

0 

1172 

0 

-'7 

0 

100 

0,0071 

0 

169 

0 

168 

0 

160 

o,ooS3 

0 

,84 

0 

187 

0 

3o6 

0 , 0 1 60 

0 

393 

53,0 

38,6 

6,7 

52,6 

39,8 

6,9 

67,6 

27,0 

4,74 

67,6 

27,5 

4,62 

58,4 

39,8 

6,9- 

53 , 0 

38,9 

)) 

02 ,4 

39,6 

6,82 

En  ce  qui  concerne  les  phases  solides,  on  constate  la  formation  successive 
de  trois  phases  distinctes.  Celle  qui  se  forme  en  présence  des  solutions  les 
plus  concentrties  désignées  par  C  ne  répond  jamais  exactement  à  la  formule 
AzHij;-Br.  3AzH'' Br,  les  résultats  correspondant  plutôt  à  la  formule 
AzHg-Br.  2,8  AzH'Br.  Il  faut  donc  admettre,  ou  que  l'équilibre  n'était  pas 
atteint,  ou  que  dans  l'essorage  sur  porcelaine  il  y  a  un  entrauiement  de 
AzH^Br;  en  faisant  des  préparations  de  ce  corps  en  présence  d'un  grand 
excès  de  AzH'Br  en  solution  concentrée,  je  suis  arrivé  à  la  composition 
Hg  =  5i,9;  Br  =  4o,  i  ;  Az  =  6,9. 

Pour  les  solutions,  en  examinant  les  courbes  de  concentrations  en  élé- 
ments, rapportant  les  quantités  de  Hg  à  Br  ou  à  Az,  on  constate  une 
discontinuité  entre  A^  et  A,  qui  correspond  à  la  coe.\istence  de  deux  phases 
solides,  a  et  è;  dans  la  série  B,  une  discontinuité  entre  B,  et  B,,  deux  phases 
solides  coexistent  également  dans  cet  intervalle. 

En  présence  des  phases  b  etc,  c'est  la  réaction  (i)  qui  paraît  intervenir 
en  présence  de  a  ei  b;  c'est  évidemment  une  réaction  différente. 

Inversement,  si  le  composé  AzHg'Br.AzH^Br  est  mis  en  présence  de 
l'eau  à  8"-io"  en  quantité  telle  qu'une  fois  l'équilibre  atteint  ce  corps  existe 


(7^0,36 
6=0,64 

b 

h 

b 

b 
c  =;o,o6 
6^0,98 
c  =0,64 
6  =  o,36 


470  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

encore  dans  la  phase  solide  en  présence  du  composé  (AzHi;-Br)''HgBr-,  on 
constate  que  la  solution  est  voisine  de  celle  du  système  Ag  ;  elle  contient 
AztP  libre. 

Le  même  AzHg^Br.  AzH'Br,  mis  en  présence  d'une  solution  de  AzH^Br 
à  8"-!  o"  a  fourni  à  l'équilibre  une  solution  décomposition  voisine  de  Bg  avec 
une  phase  solide  répondant  à  peu  près  à  AzHg-'Br.  3  AzH^Br;  la  solution 
contenait  encore  de  l'AzH'  libre.  Il  s'agit  donc  bien  d'une  réaction 
réversible. 

A  3o°  la  réaction  2HgBr*  +  4AzH''  fournit  une  solution  plus  concentrée 
en  HgBr  et  Az,  preuve  d'une  décomposition  plus  avancée,  ce  qui  est  en 
accord  avec  les  mesures  therraochimiques  et  avec  le  principe  du  déplace- 
ment de  l'équilibre. 

Il  résulte  des  données  précédentes  que  je  crois  pouvoir  conclure  à  l'exis- 
tence des  trois  composés  définis  (AzHg-Br)*HgBr^,  AzHg-Br.  AzH^Br  et 
AzUg-Br.  3AzH'Br  sous  les  réserves  faites  en  ce  qui  concerne  ce  dernier 
composé. 


CHIMIE   MINÉRALE.   —  Sur  les  mangani-manganatcs  alcalins. 
Note  de  M.  V.  Auger,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

La  décomposition  du  permanganate  de  potassium  par  la  chaleur  fournit, 
comme  l'a  montré  Rousseau,  des  manganites  acides  du  lypc«  MnO^.MM); 
mais  lorsqu'on  opère  en  présence  d'un  excès  d'alcali,  le  départ  d'oxygène 
est  moins  complet,  et  j'ai  montré  (')  qu'en  présence  des  bases  alcalino- 
terreuses,  on  obtient  des  mangani-manganates  de  la  forme 

Mn=0^2M"0.M"(01I)^ 

J'ai  poursuivi  cette  étude  en  employant  les  hydrates  alcalins,  et  bien  que 
mes  expériences  ne  soient  pas  encore  terminées,  je  uie  vois  forcé  de  les 
publier  à  la  suite  d'un  travail  de  M.  O.  Sackur  sur  le  même  sujet  (-). 

(  !e  chimiste  a  monlré  que  le  bioxyde  de  manganèse,  chaiiilé  en  [iré- 
sence  de  l'air  avec  des  alcalis  ou  des  carbonates  alcalins,  J'oiiruit  des 
sels  Mn'O".  5K-0  et  Mn-O''.  2Na-0.  Il  n'a  pas  isolé  ces  sels,  mais  en  a 
démontré  l'existence  par  l'analyse. 

(')   AiMiER,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIII,  p.  5oo. 

{-)  O.  Sackur,  D.  c/iein.  Gcsellsc/i.,  i.  XLIM,  p.  3<Si  el  'i^S. 


SEANCE    DU    21    FEVRIER    I91O.  /17I 

De  mon  côté,  en  partant  du  composé  suroxygéné,  le  permanganate,  je 
suis  arrivé  aux  mêmes  résultats,  tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  le  sel  de 
sodium  et,  de  plus,  j'ai  réussi  à  isoler  celui-ci. 

Action  de  NaOIl  sur  MnO'K.  —  En  laissant  en  contact  le  peinianganate  avec  la 
soude  pulvérisée  humeclée  d'eau,  la  décomposition  a  lieu  à  froid  et,  bien  que  lent,  le 
dégagement  d'owgène  se  continue  jusqu'à  la  formation  du  nianganale.  A  chaud,  et 
dans  le  vide,  le  départ  d'ox3'gène  est  très  rapide  et,  à  220°-26o",  il  correspond  à  la  for- 
mation d'un  mangani-manganale  Mn-0"'.  h  Na-0.  A  partir  de  cette  température  et 
au  delà  de  36o",  le  produit  obtenu  reste  stable,  os,36o  de  KMnO'  ont  fourni  48""' 
d'oxygène  à  18"  sous  -60""°  ;  calculé  pour  Mn-0%  48'""'', 3. 

Pour  obtenir  ce  sel  en  plus  grande  quantité,  j'ai  fondu  au  creuset  d'argent 

108  KMnO'+  loos  NaOU  4-  20'^'»'  d'eau. 

Lorsque  l'oxygène  a  cessé  de  se  dégager,  on  laisse  la  masse  cristalliser  lentement  et 
l'on  peut  constater,  après  détacliement  du  culot  fondu,  que  le  mangani-manganale 
s'est  déposé  presque  totalement  au  fond.  La  séparation  du  produit  pur  est  très  déli- 
cate :  au  début,  renonçant  à  l'eflectuer,  j'ai  constaté  la  présence  de  ce  sel  en  le  trans- 
formant en  mangani-manganate  de  baryum.  Il  suffit  pour  cela  de  le  broyer  avec  de 
l'hydrate  de  baryum,  et  l'on  obtient  facilement  le  sel  cherclié  qu'on  peut  isoler  par 
suite  de  son  insolubilité  dans  l'eau. 

Plus  tard,  j'ai  constaté  que  le  sel  de  sodium,  bien  qu'immédiatement  hydrolyse  par 
l'eau  qui  le  transforme  en  MnO-  hydraté  et  MnO'Na-,  est  stable  en  présence  de  soude 
concentrée.  En  traitant  la  masse  pulvérisée,  à  froid,  avec  la  soude  à  4o°  B'',  on  enlève 
l'excès  d'alcali  et  le  sel  reste  en  grande  partie  insoluble  sous  forme  d'une  poudre 
micro-cristalline  bleu  vert,  qu'on  essore  sur  plaque  poreuse  dans  un  dessiccateur  à 
soude.  A  l'analyse,  j'ai  obtenu  de  bons  résultats  pour  le  rapport  Mn  :  O  actif; 
théorie  2:3;  trouvé  2  :  3, 02.  Mais  le  dosage  du  sodium  a  donné  des  chiffres  très 
variables.  De  plus,  la  substance  contient  une  forte  proportion  d'eau  de  cristallisation, 
la  moyenne  de  deux  analyses  sur  un  produit  contenant  certainement  un  excès  de 
soude  conduit  à  Mn-0'.  3,5  NaMJ.  SIL'O.  Il  faudra  évidemment  les  recommencer 
avec  un  produit  mieux  essoré. 

Le  mangani-manganate  de  sodium  se  présente  au  microscope  sous  forme 
de  petits  prismes  aplatis  d'un  beau  bleu  vert;  il  est  altérable  à  l'air  qui  le 
brunit  en  le  décomposant.  L'eau  en  provoque  l'hydrolyse  immédiate.  Dans 
la  soude  à  3o  pour  100  environ,  il  se  dissout  avec  une  belle  couleur  vert 
bleu;  par  dilution  avec  de  l'eau,  la  liqueur  loucliit,  verdit,  puis  laisse 
déposer  de  l'hydrate  de  bioxyde. 

Par  fusion  d'un  oxyde  de  manganèse  avec  un  nitrate  ou  un  chlorate  et 
de  la  soude  en  excès,  on  n'obtient  pas  de  masse  fondue  contenant  un  oxyde 
supérieur  à  Mn-0';  les  oxydants  ajoutés  sont  naturellement  sans  eftét 
puisque  le  manganate  formé  n'est  pas  stable  à  la  température  à  laquelle 

C.  1!.,  iijio,  1"  Semestre.  (T.  100,  ^^  S.)  "~^ 


472  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

on  opère;  ils  ne  servent  qu'à  amener  plus  rapidement  Foxyde  à  Télat  de 
mangani-manganate. 

J'étudie  actuellement  raction  de  la  chaleur  sur  le  permanganate  en  pré- 
sence de  potasse,  en  vue  d'obtenir  le  sel  de  potassium  analogue  à  celui  de 
sodium,  mais  étant  données  les  expériences  de  M.  O.  Sackur,  il  est  pro- 
bable que  ce  résultat  sera  difficile  à  obtenir  et  que  la  décomposition  du 
permanganate  s'arrêtera  à  l'oxyde  Mn'0'\  Je  ferai  remarquer,  à  ce  sujet, 
que  ces  résultats  conlirment  les  analogies  observées  entre  Li  et  Na.  Le 
mangani-manganate  de  lithium  se  forme  très  facilement  et  n'est  que  très 
lentement  hydrolyse  par  l'eau;  celui  de  sodium  peut  être  obtenu  dans  les 
mêmes  conditions,  et  le  potassium  se  sépare  nettement  du  sodium  et  du 
lithium  en  fournissant  un  sel  de  composition  dilTérentc;  il  est  vraisemblable 
([u'il  en  sera  de  même  avec  le  rubidium  et  le  c;esium  qui  se  rattachent 
étroitement  au  potassium.  En  ce  qui  concerne  la  découverte  de  sels  mixtes 
manganeux-manganiques,  c'est  évidemment  par  suite  d'une  étude  biblio- 
graphicjue  incomplète  que  M.  O.  Sackur  a  cru  les  avoir  obtenus  pour  la 
première  fois,  puisque  j'en  ai  obtenu  quatre  et  étudié  complètement  un 
dans  la  Note  citée  au  début. 


CHIMIIî   GliNÉKALli:.    —    Textiles  el   rnalièrcs  colorantes  insolubles. 
Note  de  M.  Léo  Vig.xox,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

J'ai  \\u)n\.vi^  (Comptes  rendus,  17  mai  i()()(j)que  le  cluomatc  de  plomb, 
précipité,  insoluble,  teignait  également  bien  la  soie,  la  laine  el  le  coton. 

Cette  propriété  n'est  pas  particulière  au  chromate  de  plomb,  elle  se  re- 
trouve dans  toutes  les  substances,  colorées  ou  non,  insolubles  dans  le  liquide 
constituant  le  bain  de  teinture,  à  la  condition  qu'elles  soient  à  un  grand  état 
de  division. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  expériences  qui  justifient 
cette  proposition. 

Le  bleu  de  /'russe,  buv  lequel  j'iii  (ipéié  il'iilxiid,  a  élé  ijrépaié  par  préci|>italion  à 
froid,  (l'une  solution  (a)  de  clilorure  l'errique  (ào"-',  i  dans  5oo'"''  d'eau)  el  d'une  so- 
lution de  feiTocyanure  de  potassium  (  loo"  dans  Soo""'  d'eau)  ;  le  chlorure  fcrrique  doit 
cire  en  léger  excès;  on  obtient  un  précipité  l)l.eu  foncé  très  volumineux,  qui  a  été 
complèlement  lavé,  sous  pression,  à  l'eau  distillée  froide. 

Des  essais  de  leintiiie  ont  été  faits,  avec  ce  bleu  de  l'russe  humide,  sur  d-es  (lottes  de 
soie,  de  laioe  et  de  colon,  en  employant  des  proportions  de  bleu,  calculé  sec,  par  rap- 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  19IO.  /\']'^ 

port  aux  tex.liles,  de  i  pour  '(Ooo,  a  pour  100,  5  pour  100,  à  la  lempéraUire  ordinaire, 
et  à  gCC.  après  3o  minutes,  les  lloltes  ont  été  complètement  lavées  à  l'eau  froide,  pour 
entraîner  le  bleu  non  fixé. Il  n'a  pas  fallu  moins  de  12  lavages  successifs  pour  les  essais 
à  2  et  à  5  pour  100. 

Les  trois  textiles  se  teignent  à  peu  près  également,  sans  que  leur  naiure  cliimitiue  ré- 
vèle une  diflférence  :  la  proportion  4  pour  1000  donne  des  teintes  bleu  clair,  les  propor- 
tions 2  et  5  pour  100  des  teintes  plus  foncées  sensiblement  égales. 

Le  sulfure  de  ciiivie  piccipilc,  obtenu  par  mélange  de  solutions  aqueuses  de  sulfure 
d'ammonium  et  de  sulfate  de  cuivre,  teint  la  soie,  la  laine  et  le  colon  en  gris  foncé 
verdàtre  :  l'intensité  des  nuances  varie  avec  les  proportions  de  sulfure  employé  :  les 
teintes  sont  sensiblement  égales  pour  les  trois  te\tiles,  à  iS  et  à  90". 

L'aiséiiile  de  cuivre,  précipité,  fournit  des  résultats  analogues;  il  en  est  de  même 
du  vermillon  d'aniiinoine  préparé  par  l'action  d'une  solution  d'IiyposuHile  de  sodium 
en  excès  sur  le  chlorure  d'antimoine  dissous. 

Les  propriétés  colorantes  de  ces  substances  fraîcliement  prépaiées  diminuent  avec 
le  temps  :  une  élévation  de  température  accélère  cette  diminution. 

Le  noir  de  fumée  léger  (10-  ont  un  volume  de  ii'i""')  possède  des  propriétés 
tinctoriales  très  nettes  :  2», 5  de  noir  ont  été  ajoutés  à  5oo'"'°  d'eau  distillée;  le 
mélange,  secoué  mécaniquement  pendant  3o  minutes,  donne  un  liquide  noir  liomogène 
qui  teint  facilement  la  soie,  la  laine  et  le  coton;  on  obtient,  après  lavage  complet  des 
éclieveaux,  des  gris  assez  foncés. 

Les  matières  colorantes  artificielles,  sohibles  dans  l'alcool el  insolubles  dans  l'eau, 
permettent  de  préparer  des  précipités  colorés  à  un  très  grand  état  de  division  :  il  suffît 
de  verser  la  solution  alcoolique  de  la  matière  colorante  (os,o.j  de  couleur,  20""' d'alcool 
dans  5oo''"''  d'eau)  pour  obtenir  la  matière  colorante  en  suspension,  à  l'état  insoluble 
dans  le  liquide,  en  granules  très  petits;  sous  cette  forme,  étant  fraîcliement  précipi- 
tées, ces  matières  colorantes  se  prêtent  très  bien  à  la  teinture.  H  faut  noter  que  le 
temps  et  la  chaleur  amènent  une  sorte  de  coagulation  de  la  matière  colorante,  qui  se 
sépare  de  l'eau,  se  dépose  el  devient  moins  tinctoriale. 

La  soie,  la  laine  et  le  coton  se  teignent  à  peu  près  également  avec  ces  substances; 
lavées  à  l'eau  jusqu'à  ce  qu'elles  ne  dégorgent  plus,  les  flottes  feintes,  une  fois  sèches, 
conservent  des  nuances  foncées.  Les  teintes  obtenues  sont  beaucoup  plus  intenses  que 
celles  qu'on  peut  obtenir  avec  les  précipités  minéraux;  la  division  plus  giande  des 
matières  colorantes  explique  ces  diflerences. 

l'our  étudier  rinfluence  de  l'elal  de  division  des  matières  colorantes 
insoltililes  employées,  stir  l'intensité  des  nuances  obtenues,  j'ai  fait  inter- 
venir sur  les  textiles  des  matières  colorantes  au  moment  même  de  leur 
formation.  Le  chlorure  de  diazobenzène  (1"'°')  réagissant,  dans  les  condi- 
tions convenables,  sur  le  fl-naplitolate  de  sodiutii  (.V"°'  pour  éviter  la 
t'orinatton  de  goudrons),  donne,  par  copulation,   une  matière  colorante, 


/)^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rouge  orangé,  insoluble  dans  l'eau  :  roxynaphtoazobenzène 
G«H'N^C'"H«.0I1((5). 

Si  Ton  loitil delà  laine,  de  la  soie  ou  du  colon,  avec  celte  malière  coloranle, 
au  niouicnl  même  de  sa  formalion  (tempcralure  o"  à  2"),  3o  minules  (A), 
ou,  toutes  choses  égales,  4  jours  après  (B),  après  lavage  à  l'eau,  les 
échanlillons  (A)  sont  beaucoup  plus  foncés  que  les  échantillons  (B). 

Les  couleurs  insolubles  teignent  donc  les  textiles  d'autant  mieux  qu'ils 
sont  plus  près  du  moment  de  leur  formation,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  plus 
divisés  et  qu'ils  existent  dans  le  liquide  formant  le  bain  en  granules  plus 
petits. 

Uexamen  microscopique  des  échantillons  teints,  obtenus  avec  ces  ma- 
tières colorantes  insolubles,  révèle  des  particularités  intéressantes  :  les 
matières  minérales  préparées  au  préalable,  par  précipitation,  le  noir  de 
fumée,  sont  visibles  sur  les  textiles  teints,  en  granules  superficiels,  très  dis- 
tincts et  adhérents;  par  contre,  les  matières  colorantes  organiques  solubles 
dans  l'alcool,  obtenues  par  précipitation  dans  l'eau,  et  utilisées  immédia- 
tement pour  la  teinture,  ne  montrent  pas,  avec  les  plus  forts  grossissements, 
des  granules  isolés;  le  textile  semble  uniformément  teint.  Les  couleurs 
organiques  employées  étaient  :  bleues  (bleu  de  Lyon,  induline,  bleu  gras), 
rouges  (écarlates,  rhodamine,  autols,  soudan,  cérès). 

Si  l'on  compare  deux  textiles  teints  avec  la  même  malière  colorante 
au  moment  de  sa  formation  (A),  ou  quelques  jours  après  (B),  le  textile  A 
est  plus  foncé  que  B,  et  ne  laisse  pas  voir  au  microscope,  comme  B,  de 
granules  visibles. 

En  résumé,  les  couleurs  insolubles,  très  divisées,  se  fixent  indiflerem- 
menl  sur  tous  les  lexliles,  quelle  que  soit  la  nature  chimique  de  ces- textiles; 
deux  circonstances  inlluent  :  la  division  des  couleurs  insolubles  et  l'état  de 
la  surface  du  textile. 

Cette  fixation  des  couleurs  insolubles  n'est  du  reste  qu'un  cas  parti- 
culier de  la  fixation  de  toutes  les  matières  solides,  très  divisées,  insolubles 
dans  le  liquide  servant  de  bain. 

Elle  doit  être  attribuée,  évidemment,  à  l'attraction  moléculaire  (au  sens 
|)hysi(pic).  Par  suite  de  l'étal  de  division  des  textiles,  les  granules  de  ma- 
tières colorantes,  insolubles,  quand  ils  sont  suffisamment  petits,  peuvent, 
au  sein  du  li(piide  formant  le  bain,  présenter  au  textile  des  surfaces  de 
contact  suffisantes,  à  des  distances  comprises  dans  le  champ  de  l'attraction 
moléculaire. 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    I910.  (75 

crusTALLOGKAPHlE.  —  Siu'  l' inégalilé  de  propriétés  des  deux  formes,  droite 
et  gauche,  du  silicotungstate  de  potassium  et^  en  général,  des  cristauœ 
doués  du  pouvoir  rotatoire.  Note  de  M.  H.  Copaux,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

On  admet  généralement  que  les  deux  formes,  droite  et  gauche,  d'un 
corps  doué  du  pouvoir  rolatoire  cristallin  sont  rigoureusement  identiques, 
au  signe  de  la  rotation  près.  Dès  lors,  il  n'y  a  pas  de  raison  pour  que  Tune 
des  formes  se  produise  mieux  que  l'autre  et,  dans  une  cristallisation,  il 
doit  se  déposer  autant  de  cristaux  droits  que  de  ci'istaux  gauches. 

Il  existe  pourtant  des  cas  où  cette  manière  de  voir  se  trouve  en  défaut  et 
le  silicotungstate  de  potassium  en  est  l'exemple  le  plus  frappant. 

M.  Wyrouboff  a  montré  que  les  cristaux  de  ce  sel, 

Si=0^34Tu0^4K••0  + 36IPO, 

autrefois  décrits  par  Marignac,  sont  doués  du  pouvoir  rotatoire  et  qu'ils 
se  déposent  de  leurs  dissolutions  sous  une  seule  variété,  la  variété  dex- 
irogyre('). 

De  mon  C(Mé,  j'ai  trouvé,  en  reprenant  l'étude  de  cette  anomalie,  une 
variété  lévogyre  du  silicotungstate  de  potassium. 

l'aile  s'oljiieiit  accidenlellemenl,  el  toujours  accompagnée  de  crislaiix  droits,  dans  la 
cristallisation  spontanée  dn  sel  non  purifié,  venant  de  la  saturation  de  l'acide  silico- 
tungstique  brut  par  le  carbonate  de  potasse,  quelquefois  aussi,  mais  par  une  exception 
très  rare,  dans  la  cristallisation  spontanée  des  solutions  pures. 

Une  fois  en  possession  de  cristaux  lévogyres,  il  m'a  été  très  facile  de  les  reproduire, 
en  amorçant  avec  leurs  fragments  une  solution  saturée  du  sel  ordinaire,  évaporée 
lentement  à  température  constante.  La  liqueur  obéit  fidèlement  à  l'amorçage  et  rien  ne 
s'oppose  il  ce  qu'on  isole  ainsi  à  l'état  lévogyre  la  totalité  du  silicotungstate  de  potas- 
sium contenu  dans  une  dissolution.  D'ailleurs,  la  forme  gauche,  dissoute  dans  l'eau  et 
recrislallisée,  repasse  complètement  à  l'état  dexlrogyre. 

Il  est  donc  clair  que  les  deux  formes  ont  des  stabilités  inégales  et  très 
|)rnl)able  qu'elles  diffèrent  par  d'autres  propriétés. 

I']st-ce  par  la  forme  géométrique,  ou  par  quelque  autre  propiiété  jjhysique'M  )'est 
ce  qu'il  s'agit  d'examiner. 

Géométriquement,  la  diUérence  est  douteuse. 


(')   WviiouBOFF,  bail.  Soc.    t/inéràl.,  t.  XIX,  1896,  p.  21g. 


[\']C-,  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Les  deux  espèces  cristallisenl  en  prismes  incolores,  très  réfringents,  dont  l'aspect  est 
celui  du  quartz,  mais  qui  jamais  ne  portent  de  facettes  liémiédriques;  ces  prismes  sont 
hexagonaux  et  terminés  par  des  pyramides  liexagonales.  L'angle  bi  6,  des  faces  pyra- 
midales étant  le  meilleur,  et  suffisant  d'ailleurs  pour  fixer  la  forme,  je  l'ai  mesuré 
soigneusement,  mais  les  observations  varient  dun  cristal  à  l'autre.  11  est,  pour  les 
cristaux  gauches,  de  35°2'  à  35°23',  pour  les  cristaux  droits  de  34"4o'  à  35"5o',  les 
meilleurs  cliiflres  étant  voisins  de35°25'. 

Il  n'y  a  pas  de  conclusion  certaine  à  tirer  de  ces  mesures. 

Par  conli'e,  les  deux  variétés  se  distinguent  de  la  façon  la  plus  nette  par 
la  solubilité. 

(^uand  on  dépose  des  germes  droits  et  des  germes  gauclies  dans  un  même  cristal- 
lisoir  contenant  une  solution  saturée  froide,  les  germes  droits  s'accroissent  progressi- 
vement, avec  la  durée  de  l'expérience  et  la  concentration  du  li(|uide  par  évaporation, 
tandis  que  les  germes  gauches  restent  à  peu  près  slalionnaires. 

La  même  expéi  ience  peut  être  répétée  sous  une  forme  un  peu  diflTérenle,  en  évaporant 
lentement  le  litjuide  avec  des  couples  de  germes  déposés  l'un  sur  l'autre,  l'un  gauche 
et  l'autre  droit.  Ouelles  que  soient  les  dimensions  relali\es  des  deux  germes,  toujours 
le  droit  se  développe  beaucoup  plus  que  le  gauche  sans  le  faire  disparaître  néanmoins, 
ni  même  l'empêcher  de  s'accroître  un  peu. 

A  température  plus  élevée,  vers  35°  par  exemple,  la  difléience  est  encore  appré- 
ciable, mais  elle  diminue. 

L'espèce  droite,  cristallisant  plus  vile,  doit  réciproquement  se  dissoudre 
plus  lentement  et  c'est  bien  ce  que  l'expérience  vérifie. 

Deux  lubes  pouvant  contenir  environ  i5''°''  de  liquide  sont  plongés  côte  à  côte  dans 
un  même  bain  à  température  constante.  L'un  reçoit  des  cristaux  gauches,  l'autre  des 
cristaux  droits,  pulvérisés  en  quantités  égales,  plus  une  même  quantité  d'eau.  Le 
contenu  des  deux  tubes  est  agile  mécaniquement  et  l'on  prélève  de  temps  en  temps  un 
échantillon  pour  en  déterminer  la  richesse. 

\  oici  les  résultats  exprimés  en  grammes  de  Si^(->'.  24TuO^.  4  K-0  pour  loos  il'eau 
totale. 

A  la  température  de  o'. 


Duiée  d'agitation  en  heures 3,5       ai            3i            45           55           6g  79  g3 

Concentration    (  Cristaux  gauches .        1,07       2,23       4,82      11, 58     12,02      12, oG  12, o5  12,08 

de    la    solution.    (  Cristaux  droits...        0,69        r,54        3,o3        5,o4        5,74        7,11  7.90  10,22 

A  la  température  de  .>4°>2- 


Première  expérience.  Iieuxiéme  expérience. 


Durée    d'agitation  en    heures i5  22 

Concentration    j  (jistaiix  gauches.      35, 16       35,23 
de    la   solution.    \  th-istaux  droits. .  .      32,58       34,09 


39 

60 

18 

27 

43 

35,44 

35,47 

35,22 

35,22 

35 ,  29 

3^.97 

35,18 

30,26 

34,34 

35, 17 

SÉANCE   DU    21    FÉVRIER    19IO.  477 

JJnns  les  deu\  expériences  faites  à  24°,  2  les  cristaux  oui  cté  mis  tlès  le  début  en 
contact  avec  une  solution  préalablement  saturée  à  froid,   pour  abréger  les  opérations. 

L'examen  de  ces  nombres  montre  que  les  deux  espèces  lendenl  vers  une 
même  solubilité,  mais  que  la  variété  dexli'ogyre  est  plus  lentement  soluble 
et  l'est  d'autant  plus  que  la  température  est  plus  basse. 

En  somme,  les  deux  formes  du  silicotungstate  potassi<|ue  se  comportent 
comme  deux  variétés  dimorphicjues,  avec  cette  particularité  curieuse  qu'elles 
sont  voisines  au  point  de  ne  pouvoir  être  distinguées  géoinétriqucment. 
Cette  assimilation  au  dimorphisme  des  deux  inverses  optiques  d'une  rnéine 
substance  active  a  été  proposée  jadis  par  M.  Lecocj  de  Boisbaudran  poul- 
ies tartrates  (  '),  plus  tard  par  M.  Wallerant  dans  le  cas  du  quartz  (-  ),  et 
c'est  elle  qui  explique  le  mieux  les  phénomènes  cjue  je  viens  de  décrire. 

Les  mêmes  phénomènes  se  retiouvent  d'ailleurs,  un  peu  moins  accusés, 
dans  les  isomorphes  du  silicotungstate,  borotungstate,  mélatungstate  de 
potassium,  plus  atténués  encore  dans  le  silicoinolybdate  potassique  et  je 
montrerai  même,  dans  une  publication  plus  étendue,  ([u'on  trouve  des 
indices  d'inégalité  entre  les  deux  formes  du  chlorate  de  soude,  le  type  des 
corps  à  pouvoir  rotatoirc  cristallin. 


CHIMIE    lilOLOGlQUE.    —    Action   des   phnsplnilcs   alcalins   bihasiqucs  sur  la 
lyrosinase.  Note  de  M.  J.  Woi-fk,  présentée  par  M.  l'J.  lioux. 

Dans  une  Note  antérieure  (M  j'ai  indiqué  incidemment,  sans  donner  de 
délails  expérimentaux,  (|ue  la  réaction  du  suc  de  Hiissiila  delica,  la  pltis 
favorable  à  l'oxydation  de  la  tyrosine,  correspond  au  voisinage  de  la  neu- 
tralité à  la  phtaléine. 

Une  publication  récente  de  M.  Agulhon  (')  m'oblige  à  revenir  sur  cette  question  en 
apportant  la  preuve  ex|)érinientale  des  faits  (|ue  j'ai  avancés.  M.  Agulhon  conteste,  en 
ellel,  mes  résultats,  et  assure  que  les  phosphates  bibasiques  empêchent  à  toute  dose 
l'action  de  la  lyrosinase  sur  la  tyrosine;  il  insiste,  d'autre  part,  sur  l'inlluence  nette- 
ment favorisante  du  citrate  Iribasique  au  point  de  vue  de  la  coagulation  des  mélanines. 


(')  Liicoy  UE  BoisBAiDiiAX,  liiill.  Soc.  c/iini.,  t.  Wlll,  1872,  p.  167. 

(-)  Wallkrasï,  Crislallogiojjhie,  1909,  p.  300. 

{')  Sur  quelques  propriétés  nouvelles  des  oxydases  de  Russula  delica  (Co/n/iles 
rendus,  t.  CXLVIII,  p.  5oo). 

(')  II.  Agulhon,  Recherches  sur  la  présence  et  le  rote  du  bore  chez  les  végétaux 
(Thèse,  février  1910,  p.  i44)- 


47^  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

J'avais  égalemenl  indiqué  le  rôle  favorisant  de  ce  dernier  sel  pour  un  grand  nombre 
d'actions  oxydantes  (').  Gomme  le  citrate  tribasique  est  neutre  à  la  plilaléine,  ainsi 
que  le  phosphate  bibasique,  il  y  avait  lieu  de  faire  quelques  réserves  au  sujet  de 
riniluence  empêchante  du  phosphate  bibasique. 

Kn  ce  qui  concerne  l'action  du  phosphate  bibasique,  je  prétends  qu'elle 
est  nettement  favorisante  à  faible  dose,  et  je  conteste,  à  mon  tour,  les 
affirmations  de  M.  Agulhon.  Les  expériences  suivantes  fourniront  la  preuve 
de  ce  que  j'avance. 

Dans  une  série  de  tubes  renfermant  chacun  2'-'"'  d'une  solution  saturée  de  tvrosine, 
on  ajoute  successivement  des  doses  croissantes  de  phosphate  disodicjue  et  l'on  complète 
avec  de  l'eau  pour  avoir  partout  2'"'",  5.  On  additionne  alors  le  liquide  de  chacun  des 
tubes  de  4  gouttes  d'une  macération  aqueuse  fraîchement  préparée  de  Riissula  delica 
(4  gouttes  de  cette  macération  n'abandonnent  après  calcination  que  o"s,  i  de  cendres). 

Tubes. 

1.            2.             3.             h.     ~'     .5.  0.              7. 

l)ipliosphate  ajouté o"'S     i"",4     2™s,  8      v>'^"^Ç>     8"S,  4  11"'^, 2  i4"'^ 

Apparition  de  la  coloration  après.      6™       7"           9"'         12™          i5'"  20™  24"' 

Il  semble,  à  ne  considérer  que  ces  chiffres,  que  le  phosphate  disodique 
soit  gênant  pour  la  réaction  ;  mais  si  l'on  veut  se  faire  une  idée  exacte  de  la 
marche  du  phénomène,  il  faut  observer  ce  qui  va  se  passer  ultérieurement. 

Si  donc  nous  comparons  dans  la  suite  la  coloration  des  tubes  à  celle  du 
tube  témoin,  nous  constatons  qu'elle  égale  bientôt  celle-ci  dans  les  tubes  2, 
;{  et  4  et  que  les  tubes  5,  6  et  7  se  colorent  différemment  eu  prenant  une 
teinte  violacée  de  plus  en  plus  accentuée  par  suite  de  la  formation  des  mé- 
lanines. Enlin,  à  partir  de  /|j",  la  coloration  du  tube  témoin  reste  sensible- 
ment stationnaire,  alors  que  les  teintes  de  tous  les  autres  tubes  s'accentuent 
rapidement.  Si,  après  18  heures,  on  ajoute  quelques  gouttes  de  CaCP, 
comme  le  recommande  M.  Agulhon,  on  précipite  de  la  mélanine  dans  tous 
les  tubes,  sauf  dans  le  témoin.  Une  goutte  de  HCI  concentré  permet  de  re- 
dissoudrc  le  ph()s[)iialc  de  chaux  (jui  précipite  en  même  temps  que  les  mé- 
lanines. 

/'>////?,  (les  expériences  où  j'ai  dosé  les  mélanines  formées  ne  laissent  aucun 
doute  sur  la  propriété  activante  du  di phosphate. 


Mélanines  formées  après  24  heures 


Sans 

Avec  pliospliUle 

phospliale. 

(à  0'',ô6  pour  UKIO), 

.,          i  27-^5 

4l"'B 

46-^.2 

(')  J.  Wiii.KK,  Cimplt-s  reiuliis,  I.  (.ALN  III,  p.  (/((j. 


SÉANCE    DU    21    FÉVRIER    1910.  479 

L''S  mélanines  ohlenues  sans  phosphate  ont  une  teinte  grisâtre;  celles  qui 
sont  obtenues  en  présence  de  phosphate  sont  d'un  beau  noir. 

Ces  faits  monlrenl  bien  que  raclioii  de  l'enzyme  a  été  grandement  favo- 
risée par  la  présence  de  phosphate  disodique.  Il  est  vrai  que,  tout  à  fait  au 
début,  le  phosphate  relarde  la  réaction,  mais,  comme  on  Ta  vu,  il  la  favo- 
rise iioaucoup  par  la  suite  en  donnant  aussi  des  produits  d'ovydation  diffé- 
rents, probablement  plus  avances. 

J'ai  eu  l'occasion  de  constater,  au  cours  des  expériences  mentionnées  ci- 
dessus,  que  la  présence  de  glycérine  n'est  pas  indifférente  dans  la  produc- 
tion de  ces  phénomènes  d'oxydation,  bien  qu'elle  n'apporte  aucun  change- 
ment dans  la  réaction  du  liquide.  Elle  hâte  le  départ  de  la  réaction  et, 
lorsqu'elle  est  présente,  on  n'observe  plus,  dans  les  limites  de  mes  expé- 
riences, le  retard  au  délnit  que  l'on  constate  avec  le  phosphate  disodique 
seul. 

()n  trouve  là  un  nouvel  exemple  de  l'inlluence  de  la  superposition  de 
divers  facteurs  dans  les  phénomènes  oxydasiques. 


HYGIÈNE  ET  SALUBRITÉ.  —  Stérilisation  des  liquides  par  les  radia- 
tions de  très  courte  longueur  d'onde.  Résultats  obtenus.  Note  de 
M.  Bili.ox-Daguerre. 

Le  <S  novembre  dernier  ('  )  j'ai  décrit  un  nouveau  mode  de  stérilisation 
intégrale  des  liquides  par  les  radiations  do  longueur  d'onde  inférieure 
à  2G00  unités  Angstrôm,  nombre  correspondant  à  l'ultraviolet.  La  région 
invisible  du  spectre,  entre  io3o  et  1100  unités,  est  le  siège  de  radiations 
possédant  une  action  chimique  environ  25  fois  plus  grande  que  celle  des 
rayons  ultraviolets  produits  par  les  lampes  à  vapeur  de  mercure  ou  autre- 
ment (chiOres  vérifiés  et  publiés  par  Lyman  de  Harvard  University  ). 

Voici  les  résultats  abiotiques,  ou  bactéricides,  obtenus  avec  un  appareil 
stérilisateur  construit  pour  utiliser  ces  radiations. 

11  se  compose  d'un  lube  en  quartz,  de  aô'™  de  longueur  et  de  20™'°  de  diamètre, 
renfermant  de  l'hydrogène  raréfié  traversé  par  le  courant  induit  d'une  petite  bobine 
de  RuhmkorlT  donnant  i5"'"'  détincelle  avec  2  ampères  et  6  volts,  fournis  par  trois 
accumulateurs  ou  pris  en  dérivation  sur  un  secteur,  soit  12  watts. 

(')  Comptes  rendus,  t.  C\L1\,  p.  810. 

C.  K.,  191U,   i"  Semestre.  (T.   150,  N-  8.)  t)4 


48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  liquide  circule  daus  un  lube  en  crislal,  de  3""  de  diamètre,  au  centre  duquel  est 
plongé  concenliiqucinent  le  tube  à  gaz  en  quartz  éuieltanl  les  radiations. 

I.  Kau  de  Seine  additionnée  par  lo'  de  20  gouttes  de  culture  de  coli- 
liacille  datant  de  /(8  heures.  Le  nombre  de  colonies  par  centimètre  cube 
dépasse  29  000. 

II.  Cette  même  eau,  soumise  aux  radiations  du  tube  à  gaz  raréfié,  avec 
un  débit  de  V  à  la  minute,  ne  cultive  pas  daus  un  bouillon  de  gélatine 
[jcptoni'e,  et  sur  les  plaques  ou  ne  retrouve  aucune  colonie. 


Stéi'ilisalinn  c:luniesli(iiic. 


La  stérilisation  est  intégrale  et  sans  éli''\alioii  de  température. 

(>s  résultais  s'evplirpient  par  ce  l'ail  (prune  lampe  à  vapeur  de  mercure 
consommant '<  ampères  et  iiovolls,  ou  i'io  watts,  n'utilise  au  maximum 
que  -M)  pour  100  (()()  watts)  de  Ténergie  [xnir  [U'oduirc  des  radiations 
ultraviolettes  cl  (pu-  afi'i  watts  seivent  à  produire  inutilement  des  rayons 
luniinenx  visibles  non  abiotiques. 

Au  contraire  les  i-.>.  watts  consotnmés  par  la  |)('tilc  l)obine  d'induction, 


SÉANCE    DV    21    FÉVIUER    KJIO.  l\Sï 

(iiii  illumine  les  liihes  à  i^az  laréfiés,  donnent  un  courant  imluit  de  liante 
tension  transformé  ensuite,  pr'escjue  complètement,  en  ladidlions  invisibles 
de  très  courte  longueur  d'onde,  dont  l'action  chimicjue  est  au  moins 
20  fois  plus  grande  que  celle  des  lani[)cs  et  arcs  à  vapeur  de  mercure. 


ZOOLOGIE.  —  Enkvsliinirit  de  prolcclion  d'une  Némerle  d'eau  douée  (Pros- 
toma  lundjricoideum  Dit^ès).  Note  de  M.  1*aul  IIai.i.kz,  transmise  par 
M.  Yves  Delagc. 

.l'ai  trouvé,  vivant  eu  abondance  dans  le  vivier  de  rinslilut  zoologi(|ue 
de  Lille,  le  Prosloma  hunbrieoideiim  Dtigès^  dont  je  ferai  connaître  Torga- 
nisation  dans  un  travail  spécial. 

Les  Némertes  tlcnii  Joiico  sont  ;iujijui  d  liiii  connues  dans  toutes  les  parties  du 
monde,  à  l'exception  do  rAusliiilie.  Si  l'on  a  décrit  d'assez  nombreuses  espèces,  sous 
des  noms  dillérents  cl  i'ani,'ées  dans  les  genres  Prosloma,  Tetraslemma,  Polia, 
.Vt'merlcs,  Eniea  et  Scibhoslemma,  leur  conipaiaison  peiinel  de  croire  que  plusieuis 
des  noms,  donnés  aux  formes  décrites,  ne  sont  en  réalité  que  des  synonymies  et  que 
toutes,  sauf  le  Nemeiies  polyhopla  Sclimarda,  doivent  rentrer  dans  le  genre  Prosloma 
Dugés.  La  grande  dispersion  de  ces  espèces  peut  s'expliquer  par  nue  propagation  de 
proche  en  proclie  et  aussi,  d'après  l'observation  de  Mràzek,  par  leur  transport,  d'une 
rivière  à  une  autre,  par  l'intermédiaire  des  Oiseaux.  Mràzek  a  eu  eiVel  constaté,  en 
1902,  que  Prosloma  [Sliclioslcmma)  gra'cense  Bôhmig  peut  s'enrouler  et  s'entourer 
d'une  couclie  muqueuse  gluante,  formant  un  kyste  facilement  transporlable. 

.lai  |)U,  sur  /'/'.  Uindiiieoideiiin,  oliscrver  les  circonstances  de  cet  enkys- 
temeut.  Lorsque  cette  iNémerte  se  trouve  dans  de  mauvaises  conditions,  soit 
(ju'on  ait  négligé  de  renouveler  l'eau,  soit  ({u'on  l'ait  soumise  à  un  jcîine 
prolongé  ou  à  une  basse  température,  elle  s'enkyste  en  alteudant  des 
temps  meilleurs. 

La  Némerle  se  plie  d'abord  en  deux  et  reste  ainsi,  immobile,  pendant 
plusieurs  jours.  Si  à  ce  moment  on  la  fait  sortir  de  sa  torpeur,  en  lui 
donnant,  par  exetnplc,  de  l'eau  nouvelle,  elle  se  remet  à  ramper.  Mais  dès 
que  les  conditions  devictincuL  les  mêmes  qu'auparavant,  elle  se  replie  de 
nouveau  et  se  fixe  sur  le  fond  du  vase,  à  l'aide  du  mucus  qu'elle  sécrète, 
puis  elle  s'enroule  d'une  façon  d'abord  assez  làclie.  L'cnkystement  coin- 
mcnce  alors.  L'animal  se  met  à  tourner  en  sécrétant  des  fds  de  mucus  cpii 
se  durcissent  au  contact  de  l'eau.  A  mesure  que  le  travail  se  poursuit,  les 


/|8'i  ACADÉMIE    bËS    SCIENCÉâ. 

replis  enroulés  de  l'animal  se  resserrent  de  plus  en  plus,  la  sécrétion  et  la 
rotation  lente  continuant  toujours.  Ainsi  se  forment  les  couches  concen- 
triques du  feutrage  dense  qui  constitue  le  kyste.  Celui-ci  peut  atteindre  une 
épaisseur  de  laoi^,  tandis  que  l'animal  est  réduit  à  une  sphère  d'un  dia- 
mètre de  i"",  -23. 

Dès  que  le  kyste  est  suffisamment  épais,  la  Némerte  reste  absolument 
immobile.  En  mettant  ces  Némertes  enkystées  dans  l'eau  courante  avec  un 
peu  de  vase,  elles  abandonnent  parfois  leur  kyste  au  bout  d'un  jour  ou  deux. 
Des  Némertes  enkystées  le  9  janvier  sont  sorties  spontanément  de  leur 
kyste  le  8  février. 

Cet  enkystement  de  protection  n'est  pas  propre  aux  Némertes  d'eau 
douce.  Au  Portel,  sur  les  rochers  de  l'Heurt  qui  découvrent  à  toutes  les 
marées,  les  Tubularia  indivisa  Linné  portent  souvent,  le  long-  de  leur  tige, 
un  tube  feuilleté  et  résistant,  abritant  un  Tetrastemina  dorsale  Abildg.  Va- 
riété marmnraUan.  Ces  tubes,  longs  d'environ  20""",  adhèrent  fortement 
sur  toute  leur  longueur  au  Tiibidaria.  Ils  présentent  la  même  structure  que 
les  kystes  de  Prosloma  et  sont  fermés  aux  deux  bouts.  La  Némerte  qui  l'a 
construit  et  dont  la  réclusion  n'est  que  momentanée,  y  est  assez  à  l'aise 
pour  pouvoir  se  retourner  à  l'intérieur,  grâce  à  la  grande  conliaclilitè  de 
son  corps. 


MÉDECINE.  —  Sur  l'immunisation  active  de  iliomme  contre  la  fièvre 
typhoïde.  Nouveau  vaccin  antityphique.  Note  (')  de  M.  H.  Vincent, 
présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

J'ai  précédemment  fait  connaître  les  résultats  d'expériences  faites  en 
vue  de  déterminer  le  procédé  de  vaccination  antityphique  le  plus  efficace 
chez  l'animal  (-).  Une  épreuve  sévère  de  contrôle  a  permis  de  vérifier  avec 
précision  le  degré  d'immunisation  obtenue.  Il  y  a  lieu  de  se  demander 
quelles  en  sont  les  conclusions  applicables  à  l'homme. 

Trois  antigènes  ont  été  plus  particulièrement  actifs  :  (  1  )  les  bacilles 
vivants;  (I I)  les  bacilles  tués  par  chauffage  à  53"-55"  ;  (111)  l'autolysal  en 


(')   l'résenlée  dans  la  séance  du  i^  février  1910. 

(,  ■-' )  II.  ViNi^KNT,  Les  bases  expérimentales  de  la  vaceinalion  anlity[)lii<itie  (Comptes 
rendus,  -février  1910). 


SÉANCE  bu  21  FÉVRIER  ipto.  483 

eau  nliysiologlqiie,  à  ']-",  de  bacilles  vivants,  prélevés  sur  gélose  en  culture 
de  2]  heures.  Cet  autolysal  est  cenlrifugé,  puis  stérilisé  par  l'éllier;  il  doit 
rester  un  peu  louche. 

Pour  chacun  de  ces  antigènes,  trois  inoculations  à  8  ou  10  jours  d'inter- 
valle sont  nécessaires. 

Le  vaccin  I  s'est  montré  le  plus  actif.  Les  vaccins  II  et  II!  ont  un  pouvoir 
protecteur  à  peu  près  équivalent. 

Le  vaccin  I  {bacilles  vivants),  utilisé  par  Caslellani,  de  Colombo,  était  atténué  par 
cliauffage  à  5o°.  Ce  procédé  d'iinnuinisalion  ne  me  semble  pas  sans  danger.  Il  provoque 
une  douleur  locale  très  vive  et  une  réaction  générale  pénible.  Il  ne  supprime  pas  la 
«  phase  négative  »  de  prédisposition  à  la  (ièvre  typhoïde.  Enfin,  il  peut  transformer  le 
sujet  vacciné  en  un  porteur  de  bacilles. 

Constitué  par  des  bacilles  tués  par  ta  chaleur,  le  vaccin  II  (PfeifTer  et  Kolle, 
Wright,  Leischmann),  qui,  chez  l'animal,  s'est  montré  très  protecteur,  est  celui  qui, 
jusqu'ici,  a  été  presque  exclusivement  employé  chez  l'homme.  Inoculé  à  un  très  giand 
nombre  d'individus  dans  les  colonies  allemandes  et  anglaises,  ce  vaccin  a  diminué  de 
moitié  environ  le  nombre  des  cas,  et  réduit  beaucoup  la  mortalité  des  vaccinés  qui 
ont  pris  la  fièvre  typhoïde. 

Mais  ce  mode  d'immunisation  n'échappj  pas  aux  inconvénients  très  sérieux  déjà 
signalés  pour  le  vaccin  1.  La  douleur  locale,  1res  vive  et  prolongée  avec  œdème  et 
pseudo-lymphangite,  la  fièNre  qu'il  détermine  ,  ont  empêché  l'extension  de  son 
emploi  ('  )  . 

C'est  pourquoi  il  nie  pai\iit  préférable  de  recourir  à  l'antigène  III  qui 
n'a  pas  été  jusqu'ici  utilisé,  et  qui,  d'après  nies  expériences,  assure  un  haut 
pouvoir  protecteur  :  c'est  Vautolysal  centrifugé  de  bacilles  vivants.  Uenler- 
luant  les  extraits  des  bacilles  vivants,  c'est-ii-dire  pourvus  de  leurs  qualités 
biologiques  normales;  non  atténué  par  la  chaleur,  ce  vaccin  se  rapproche 
donc  par  ses  propriétés  du  vaccin  I  (bacilles  vivants)  qui  est  le  plus  aclil, 
iiuiis  qui  ne  peut  être  recommandé  chez  l'homme.  Dans  mes  expériences, 
l'autolysat  a  déterminé  une  forte  production  d'anticorps  bactériolytiques 
et  assuré  une  immunité  durable.  Ne  renfermant  (pie  très  peu  de  corps  micro- 
biens, isotonique  avec  le  sérum  humain,  ne  contenant  aucun  antiseptique, 
il  ne  provoque  pas  les  douleurs  pénibles  qui  constituent  l'un  des  incon- 
vénients les  plus  grands  des  vaccins  bacillaires  (-). 

(')  D'après  Netter,  le  vaccin  sensibilisé  (Besredka)  donnerait  lieu  aux  mêmes 
symptômes  douloureux  et  ne  supprime  pas  la  phase  négative. 

('-)  Neisser  et  Sliiga,  qui  ont  injecté  des  autolysats  de  bacilles  morls,  chatij/'és  à  60°, 
signalent,  en  elFel,  l'indolence  de  cette  inoculation  chez  l'homme,  mais  il  va  sans  dire 


/iS'i  ACAUÉMIli;    DIÎS    SCIENCIÎS. 

Imi  outre,  racliori  moins  brutale  des  produits  dautolvsc  ne  salure  {)as, 
comme  l(î  font  les  corps  microbiens,  les  arilicor|)s  préexislanls  et,  par  con- 
sé(pietit,  ne  sollicite  pas,  an  même  degré,  la  [n'oduclion  de  la  pluise  néga- 
tive, si  dangereuse  en  temps  d'épidémie;  celte  phase  étant,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  d'autant  plus  accusée  que  la  (juanlilé  d'antigène  inoculée 
a  été  plus  grande. 

.le  conclus  donc  cjne  la  méthode  immunisante  la  pilus  rccommandablc, 
pour  riiomme,  contre  la  lièvre  typhoïde^  consiste  dans  l'emploi  des  anlo- 
lysals  de  bacilles  \ivanls.  11  y  a  heu  de  se  servir  d'un  vaccin  ])oly\alent 
formé  du  mélange  de  bacilles  d'origines  diverses.  Trois  injections  sont  né- 
cessaires, à  doses  progressivement  croissantes. 


CiÉOLOGlE.    —   Sitr  les  muLivemeiils  prc/icrcynie/is  dti  Massif  brclon. 
Note  de  M.  V.  KiîBi'OnxK,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

La  tectonitjue  de  la  Bretagne  est  considérée  comme  le  résultat  des  plisse- 
ments énergirjues  (pii,  à  l'époque  carboniférienne,  ont  édifié  la  chaîne 
hercynienne.  Des  mouvements  antérieurs  à  celle  é[)oque  ont  éli'-  cependant 
signalés  à  plusieur's  reprises:  M.  Bigot  a  «''ludié  et  ap[)uy(''  j>ai-  de  nondjreux 
exemples  nue  discordance  très  inqxirlanle  existant  en  Noiinandie  entre 
l'Algonkien  et  le  (landjrien;  une  discordance  analogue  a  été  signalée  au  cap 
Fréhel  ;  j'ai  moi-même  montré  (pi'elle  existe  aussi  au  sud  de  Tiennes  cl 
MM.  .louidy  et  Azéma  l'ont  constaté  récemment  à  l'extrémité  du  Finistèie 
entre  l'Algonkien  et  l'Ordovicien.  Mais  ces  mouvements  [iréhercyniens 
sont  difliciles  à  étudier  en  Bretagne,  surtout  dans  la  fosse  se[)tenlrionale, 
paic(!  (jue  les  mouvements  hercyniens  les  masquent.  11  existe  une  région, 
véritable  Houclier  hrelon,  on  ces  derniers  mouvements  se  sont  faits  peu  ou 
pas  sentir,  c'est  celle  dont  le  centre  est  occupe  par  la  forêt  de  Paimpont  et 
('oëltpiidon,  entre  Ploërmcl,  Montforl  et  Rennes.  On  y  voit  les  couches 
cand)riennes  et  siluriennes  pies([ne  hoiizonlales  ou  décrivant  des  ondula- 
tions à  très  grand  rayon  de  courbure,  reposer  en  discordance  absolue  sur 


(|ci('  le  cliiiull'ii;;»!  fiilt  [leiili'o  à  raiiliijrTic  uiielios  iioliible  j)iirlie  de  son  pdinoir  o\ril;i- 
leiii-  do  la  funualioii  des  aiilicoi|)S.  La  lilli-ation,  mii'  bougie,  des  iiiacéi  aliims  de 
bacilles  vivants  (Basseiigo  et.  l-iim))aii)  ralléiiiie  encore,  (l-lle  iiiéLliode  c^l  donc  infé- 
rieure à  celle  que  je  recommande. 


SÉANCE  DU  21  FÉVRIER  19IO.  485 

les  assises  algonkieniics  redressées  presque  jusqu'à  la  verticale  et  al)rasées. 
Vers  rOuest  elle  parait  s'étendre  jusqu'à  Pontivy,  mais  elle  y  est  moins 
intéressante  parce  que  l'érosion  a  fait  disparaiti'e  les  formations  siluro-cam- 
briennes  ;  en  allant  vers  l'Kst  les  plissements  hercyniens  se  fout  hientùt 
sentir,  mais  graduellement;  c'est  la  région  du  sud  de  Rennes,  si  remar- 
quable par  la  régularité  de  ses  plis.  Il  est  intéressant  de  constater  qu'au  sud 
et  au  nord  de  ce  bouclier  les  deux  fosses  bretonnes  sont  plus  éloignées  (pie 
partout  ailleurs. 

Après  les  dépôts  de  l'Algonkien,  représentant  une  période  dont  nous  ne 
connaissons  pas  l'origine  en  Bretagne,  mais  qui  a  dû  avoir  une  durée  extrê- 
mement longue  et  a  présenté  des  faciès  variés  :  schistes  prédominants, 
poudingues,  grès,  arkoses,  grauvvackes,  phtanites,  ampélites,  calcaires, 
tufs,  etc.,  il  y  a  donc  eu  dans  tout  le  Massif  breton  des  plissements  très 
énergiques,  aussi  énergiques  sans  doute  que  les  plissements  hercyniens  eux- 
mêmes;  puis  il  y  a  eu  une  période  d'abrasion  et  c'est  sur  le  Massif  déjà 
transformé  une  première  fois  en  pénéplaine  (juc  sont  venus  se  déposer  les 
premiers  sédiments  cambriens,  en  respectant  toutefois,  comme  l'a  montré 
M.  Bigot,  un  relief  central  ipie  la  mer  ordovicieune  est  venue  ensuite 
recouvrir  transgressivcment. 

Avant  ces  mouvements  de  la  llu  de  TAlgonkien,  il  y  avait  déjà  eu  du  reste 
des  mouvements  [)récurseurs,  amenant  la  mise  au  jour,  par  érosion  subsé- 
quente, de  roches  granitiqties  et  de  leurs  auréoles  mélamor|ilii(pies,  ainsi 
que  le  montrent  les  poudingues  à  éléments  variés,  intercalés  à  la  partie 
supérieure  de  l'étage. 

Depuis  ces  importants  moiivciiienls,  antérieurs  au  Cambiien,  jusipiaux 
mouvements  iiercyniens  ])roprement  dits,  la  Bretagne  n'a  pas  subi  de  plis- 
sements généi'aux;  vers  son  extrémité  Sud-Est  seulement  des  discordances 
ont  pu  être  signalées  par  M.  Bureau.  Partout  ailleurs  l'étude  détaillée  des 
terrains  a  montré  que  les  contacts  anormaux, -{jrisautiefois  pour  des  discor- 
dances, sont  dus  à  des  failles  et  que  du  Cambrien  au  Dévonien  supérieur 
existe  une  concordance  si  absolue  que  quelquefois  on  éprouve  des  diflicultés 
à  lixcr.avec  précision  la  limite  des  étages.  On  constate  seulement,  pendant 
ri'lte  longue  durée,  des  successions  de  faciès  variés,  témoins  de  variations 
en  (pielque  sorte  périodiques  des  courants  on  de  la  profondeur  du  géosyn- 
clinal, [.es  nomljreuses  formalions  (létrili(pies  qui  s'intercalent  paraissent 
iiuli(pier  une  plus  grande  [jroxiinité  d'un  continent  qu'au  inomcnl  de  la 
mer  aliionkienne. 


/j86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SISMOLOGIE.   —  Sur  Ir  haro <^ra plie  considéré  comme  sismoscope  enregistreur. 
Noie  de  M.  DE  MoNTESsus  DE  lÎAi.i.oKE,  piéscnlée  par  \F.  Barrois. 

On  sait  (|iie  frcqiiemincnl  des  treinlilenienls  de  terre  ont  été  enregistrés 
sur  les  papiers  quadrillés  des  harographes  et  l'exemple  le  plus  remarquable 
serait,  en  raison  de  la  distance  et  s'il  était  dûment  démontré,  celui  du 
désastre  de  Messine  du  28  décembre  1908,  soi-disant  enregistré  en  Indo- 
(]hine,  cas  auqucU'apparcil  aurait  fonctionné  comme  lélésismoscope.  A  un 
double  point  de  vue  la  question  mérite  examen  puisqu'il  serait  intéressant 
de  savoir  si,  dans  une  région  sismiquement  instable,  un  barographe  pour- 
rait suppléer  à  un  sismoscope  enregistreur  et  si,  d'autre  part,  certains 
tremblements  de  terre  sont  ou  non  accompagnés  de  brusques  et  notables 
variations  de  pression  atmosphérique,  dernier  proI)lème  qui  dans  l'opinion 
de  beaucoup  reste  encore  ouvert  en  déj)it  de  nondjreuses  statistiques  néga- 
tives quant  à  la  démonstration  de  relalions  directes  entre  les  deux  ordres 
de  phénomènes,  sismiques  et  météorologiques.  L'étude  des  barogrammes 
obtenus  pendant  /)  années,  de  U)oG  à  igoç),  à  l'I^cole  normale  d'Agricul- 
ture de  Santiago  du  Cliili,  ])crmet  de  se  faire  une  opinion. 

Les  liarogranimes  présentent  de  temps  en  temps  de  l^rusques  oscillations,  toujours 
uniques  et  faciles  à  distinguer  des  oscillations  ordinaires  de  la  plume  de  l'appareil. 
Leur  amplitude  généralement  faible,  dixièmes  de  millimètre  ou  quelques  millimètres, 
n'atteint  pas  moins  parfois  j5"""  el,  pendant  les  deux  journées  qui  ont  suivi  la  catas- 
trophe sismique  de  Valparaiso  du  16  août  1906,  le  barographe  en  question  n'a  pour 
ainsi  dire  pas  cessé  de  se  mouvoir,  comme  le  sol  lui-même  agité  par  d'innombrables 
secousses  consécutives. 

Rompu  au  tremblement  de  terre,  le  barographe  a\ail  été  iniiiiédialement  réparé  cl 
il  faut  noter  qu'aux  environs  ne  se  présente  aucune  cause  possible  de  mouvements  arti- 
ficiels du  sol.  Malheui-eusement  les  feuilles  correspondantes  à  ces  deux  journées  ont 
été  perdues.  Quoi  qu'il  en  soit,  et  sauf  celte  lacune,  on  a  relevé  durant  ces  quatre 
années  a3i  tracés  anormaux  du  barographe  el  67  pour  100  correspondent  à  des 
macroséismes  de  Santiago  ou  des  environs.  D'une  façon  générale  la  correspondance 
avec  des  tremblements  de  terre  est  d'autarU  plus  fréquente  qu'il  s'agit  de  secousses 
plus  intenses  et  par  suite  de  tracés  anormaux  de  plus  grande  amplitude.  Cette  ixigle  ne 
soullre  pus  moins  de  notables  exceptions  et  l'on  p'^ul  citer  de  grandes  amplitudes. 
jusqu'à  20""",  en  dehors  de  tout  séisme  d'origine  locale  ou  simplement  rapprochée. 

Le  barographe  fonctionne  soit  parce  que  la  pression  barométrique  varie  brusque- 
ment, soit  parce  que  la  colonne  mercnrielle  est  mécaniquement  mise  en  mouvement 
par  le  phénomène  sismi(|ue.  De  la  proportion  plus  haut  indiquée  des  coïncidences 
résulte  que  les  deux  cas  se  présentent  avec  une  égale  fréquence,  si  l'on  admet  que  des 


SÉANCE     DU    21     FÉVKIEK     ir)IO.  487 

tracés  sans  tremblements  de  terre  sont  dus  aux  variations  de  pression.  Que  si  l'on 
rejette  cette  hypothèse,  il  resterait  à  en  chercher  la  cause  ailleurs  que  dans  des  mou- 
vements sismiques  non  sensibles  à  rbomme,  ces  tracés  né  coïncidant  pas  non  plus  avec 
des  mouvements  mlcro-iismiques  enregistrés  à  l'Observatoire  sismologique.  On  a  pu 
lire  aussi  sur  les  barogranimes  que  les  tracés  anormaux  correspoident  à  tous  les  cas 
possibles  de  variations  de  pression  pendant  les  quelques  heures  antérieures  ou  posté- 
rieures et  qu'il  y  ait  eu  ou  non  tremblement  de  terre. 

En  résumé  le  barogfaphe  ne  peut  être  considéré  que  comme  un  très 
infidèle  sismoscope  enregistreur  et,  à  Santiago  du  Chili,  la  statistique 
comparée  des  phénomènes  sismiques  et  barométriques  ne  décèle  aucune 
relation.  Si  l'on  emploie  le  uiot  sismoscope  et  non  sismographe,  c'est  que 
l'oscillation  du  barographe  est  toujours  unique  en  raison,  sans  doute,  de  la 
faible  vitesse  du  papier  de  l'appareil. 

On  s'est  enfin  demandé  s'il  n'y  avait  pas  quelque  circonstance  propre  au 
tremblement  de  terre  qui  fût  plus  ou  moins  favorable  au  fonctionnement  du 
barographe.  Il  était  naturel  de  penser  à  la  plus  grande  valeur  relative  de  la 
composante  verticale  ou  de  la  période  des  longues  ondes.  La  confrontation 
avec  les  sismogrammes  obtenus  à  l'Observatoire  sismologique  du  Ccrro 
Santa  f^ucia,  aux  pendules  Wiecherl  horizontal  et  vertical,  n'a  donné,  dans 
ces  deux  sens,,  que  des  résultats  purement  négatifs  et  aussi  quant  à  la  dis- 
tance de  l'origine  du  tremblement  de  terre,  locale,  voisine,  ou  plus  éloignée. 

On  notera  que  des  conclusions  tout  à  fait  analogues  ont  été  relevées  dans 
mon  Ouvrage  :  La  science  sismologique,  quant  aux  enregistrements  sur  les 
magné  tographes. 


hydroloijIE.  —  De  la  recherche  des  substances  fluorescentes  dans  le  contrôle 
de  la  stérilisation  des  eaux.  Note  de  M.  F.  Dienert,  présentée  par 
M.  E.  Roux. 

Dans  une  précédente  Note  [Comptes  rendus,  23  mai  1908)  nous  avons 
montré  qu'il  existait  dans  les  eaux  superficielles  des  substances  fluorescentes 
d'origine  organique.  Depuis  cette  époque,  nous  avons  retrouvé  en  assez 
grande  quantité  ces  substances  dans  toutes  les  eaux  superficielles  ainsi  que 
dans  les  eaux  de  la  nappe  phréatique  peu  profonde.  Dans  les  alluvions  des 
fleuves  et  des  rivières  les  eaux  souterraines  renferment  une  quantité  de 
matières  fluorescentes  bien  plus  élevée  que  dans  les  terrains  sablonneux 
d'origine  marine,  comme  les  sables  de  Cuise   ou   de    Fontainebleau.  Ces 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  8.)  ^^ 


488  ACADÉMIE    DES    SCIKNCES. 

substances  disparaissent  en  grande  partie  dans  le  sol,  car  elles  sont  destruc- 
tibles par  oxydation.  Aussi  n'existent-elles  qu'en  quantité  infinitésimale 
dans  les  eaux  minérales  bien  captées  et  en  proportion  d'autant  plus  faible 
que  l'eau  est  plus  chaude,  c'est-à-dire  d'origine  plus  profonde. 

La  recherche  de  ces  substances  s'effectue  très  simplement  et  très  rapide- 
ment (voir  Bulletin  Société  chimique,  t.  V,  1909,  p.  326)  en  dirigeant  un 
faisceau  lumineux  rouge  bleu  puissant  dans  la  cuve  contenant  l'eau,  et  en 
regardant  l'image  fluorescente  de  ce  faisceau  perpendiculairement  à  la  direc- 
tion de  ce  dernier.  Nous  avons  pensé  que  ce  moyen  d'investigation  pouvait 
être  précieux  quand  on  se  propose  de  rechercher  si  une  eau  a  réellement 
subi  l'influence  de  l'ozone  ou  des  rayons  ultraviolets,  même  plusieurs  heures 
après  sa  sortie  des  appareils  de  stérilisation.  Nous  avons  en  effet  constaté 
que  les  (jaux  réellement  traitées  par  l'ozone  et  les  rayons  ultraviolets  ren- 
fermaient une  quantité  de  substances  fluorescentes  nettement  plus  faible 
qu'avant  la  stérilisation. 

Ainsi  : 

Quantité 

de  (luorescéine 

par  litre 

donnant 

la  même  fluorescence 

(en  milligr.) 

Procédé  Marmier       \  Eau  de  Chartres  avant  stérilisation 286  X  io~' 

AbrahanQ.  /  Eau  de  Chartres  après  stérilisation ^o,8xio~' 

^        ,  , ,    ,     T-,  .  (  Eau  de  Marne  avant  stérilisation 25q  X  io~' 

Procède  de  brise.       1  ,^        ,     ,,  .,.,..  „ 

(  L.au  de  Marne  après  stérilisation 07  X  io~* 

!Eau  de  Lyon  avant  action  des  rayons  ultra- 
violets   147  X  10"' 
Eau  de  Lyon  après  l'action  pendant  60  se- 
condes des  rayons  ultraviolets  . .  . 4o  X  '0~' 

Si  l'on  se  rappelle  que  l'analyse  chimique  ne  permet  aucune  différenciation 
facile  entre  ces  eaux,  avant  et  après  traitement,  et  que  l'analyse  bactériolo- 
gique demande  un  temps  assez  long,  on  peut  se  rendre  compte  de  l'utilité 
que  peuvent  avoir  les  recherches  des  substances  fluorescentes  dans  ces  eaux 
(méthode  donnant  des  résultats  au  bout  de  5  minutes)  quand  il  s'agit  de 
surveiller  la  marche  des  installations  de  stérilisation. 


La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

Ph.  V.  T. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUiNDI  28   FÉVRIER  li)10. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pvbi.ique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
ampliation  du  Décret  portant  approbation  de  réleclion  que  rAcadémic  a 
faite  de  M.  .f.-D.  van  der  ^^'AALs  pour  occuper  une  des  places  d'Associé 
étranger  créées  par  le  Décret  du  i"  décembre  190g. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —   Un  théorème  général  sur  certaines  équations 
intégrales  de  troisième  espèce.  ISote  de  M.  Emile  Picard. 

1.  M.  Hilbert  appelle,  comme  on  sait,  équations  intégrales  de  troisième 
espèce  les  équations  fonctionnelles  de  Fredholm,  susceptibles  de  la  forme 


(0 


/'(■0/(^)+^r   K(.r,  .0/(.r)£/x  =  cp( 


y  étant  la  fonction  inconnue,  pour  lesquelles  la  fonction  h{s)  change  de 
signe  en  a  et  b.  L'éminent  géomètre  a  étudié  avec  ses  méthodes  4e  cas 
où  h(^s)  prend  seulement  les  valeurs  -(-  1  et  —  i ,  K  étant  symétrique  en  x 
ci  s  (équation  intégrale  polaire).  Dans  la  dernière  séance  (' j,  M.  Marty  a 
examiné  le  cas  de  l'équation 

(2)  _/•(,) +  >,y    k{x)K{x,s)f{x)dx^o{s), 

où  A(a;),   en  général   continue,   peut  avoir  un  nombre  limité  de  sauts 

(')  La  Note  de  M.  Marty  est  insérée  dans  le  présent  numéro  des  Comptes  reiirlits. 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  9.)  ^^ 


490  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

brusques  finis.  Cette  équation  comprend  les  équations  polaires  et  peut 
d'ailleurs  être  résolue  par  la  méthode  de  Fredholm.  M.  Marly  a  étendu  très 
heureusement  à  l'équation  (2)  certaines  recherches  de  M.  Schmidt,  et  a 
montré  notamment  qu'à  l'équation  (2)  correspond  au  moins  une  valeur 
singulière  de  X,  sous  une  condition  très  générale  relative  à  la  fonction  K. 

2.  Je  voudrais  énoncer  ici  un  théorème  général  relatif  à  certaines  équa- 
tions intégrales  de  troisième  espèce,  d'une  autre  nature  cjuc  la  précédente. 
Quand  la  fonction  h{s)  s'annule  dans  Tintervalle  {a,  è),  une  difficulté  peut 
se  présenter  quant  à  la  nature  de  la  solution  de  f{x),  et  des  conventions 
doivent  être  faites  sur  le  sens  même  à  attacher  à  l'équation  fonctionnelle. 

Nous  allons  supposer  que  A(i')  ait  un  certain  nombre  de  racines  simples 
entre  a  et  é  5  on  pourra  se  borner  ici  au  cas  d'une  seule  racine,  le  cas  d'un 
nombre  quelconque  de  lacincs  se  traitant  de  la  même  façon.  Posons 

V{s)-h(s)f(s) 

et  envisageons  l'équation 

en  représentant  par  L  le  champ  d'intégration  formé  des  segments  (_a,  c  —  t\) 
et  (c  +  £,  />),  en  désignant  par  t  et  y)  des  quantités  positives. 

Cette  équation  (3)  peut  être  résolue  par  la  méthode  de  Fredholm,  et 
tout  naturellement  on  doit  se  demander  ce  qu'il  advient  de  la  solution 
trouvée  quand  e  et  Y]  tendent  vers  zéro.  Or,  l'étude  de  cette  solution  conduit 
au  théorème  suivant  : 

Sous  des  conditions  1res  générales  relatives  auv  données,  la  solution  de  l'équa- 
tion (3)  tend  vers  une  valeur  limite  quand  t  et  yj  tendent  vers  zéro  ;  cette  valeur 
dépend  de  la  limite  du  rapport  —  • 

Au  point  de  vue  où  je  viens  de  me  placer,  la  résolution  de  l'équation 
intégrale  de  troisième  espèce  se  présente  dans  des  circonstances  tout  autres 
que  celle  de  l'équation  de  première  espèce.  Il  n'est  pas  possible  de  parler  de 
sa  solution  sans  faire  certaines  conventions.  On  pourra  appeler  solution 
principale  celle  qui  correspond  à  t^=r\. 

3.  Donnons  comme  exemple  l'équation  extrêmement  sinqile, 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I910.  4qi 

En  posant 

,r  —  c 

on  a,  comme  solution  principale  de  l'équation  précédente, 


•'  ^    '        s  —  c 


I     cp,(^)  rt'a- +  co{c)  log 

J  '  '■  —  ''' 


A  loff 

'  c  —  a 


4.   Il  y  a  des  cas  plus  faciles  que  celui  examiné  au  n"  2.  Ainsi,  si  la  fonc- 
tion h  (5)  s'annule,  pour  s  =^  c,  comme 

I  s  —  c  )«, 

a  étant  plus  petit  que  un,  on  rentre  immédiatement  dans  les  conditions 
haliituelles. 

Je  développerai  ailleurs  les  remarques  énoncées  dans  cette  Note. 


HYDRODYNAMIQUE.   —  Sur  la  manière  dont  le  potentiel  des  vitesses,  dans  le 
problème   des    ondes   par  èmersion,    dépend  de   l'état   initial.   Note    de 

M.  J.  lîoUSSlXESQ. 

I.  Le  résultat  le  plus  intéressant  des  solutions  originales  que  Poisson  et 
Cauchy  ont  simultanément  données,  vers  i8i5,  pour  les  problèmes  des 
ondes  infiniment  petites  yoar  èmersion  ou  par  impulsion  superficielle  produites 
au  sein  d'une  masse  liquide  profonde,  a  consisté  dans  les  séries  conver- 
gentes qu'ils  ont  obtenues  pour  y  exprimer,  en  fonction  des  coordonnées  x, 
y,  z  et  du  temps  t,  le  potentiel  5  des  vitesses  et  la  dénivellation  h,  dans 
l'hypothèse  d'une  surface  d' èmersion  ou  d'impulsion  infiniment  petite  et 
d'un  bassin  indéfini  latéralement  comme  en  profondeur. 

Or  leurs  démonstrations  de  ces  séries  sont  fort  complexes;  et  comme 
l'emploi  de  celles-ci  reste  à  peu  près  indispensable,  même  dans  la  solution 
plus  récente  que  m'a  donnée,  vers  1880,  une  tout  autre  méthode  ('),  il 
était  bien  à  désirer  qu'une  voie  beaucoup  plus  courte,  pour  arriver  aux 
séries  en  question,  fût  découverte.  C'est  précisément  ce  que  vient  de  faire, 


(  ')  \  oir,  par  exemple,  mon  Cours  d  Analyse  infinitésimale  pour  la  Mécanique  et 
la  PItysique,  t.  II,  fasc.  Il,  p.  496*  à  5i5*. 


/j92  académie  des  sciences. 

dans  sa  Thèse,  un  jeune  doclcui-  es  sciences  mathématiques,  M.  Vergne('), 
ingénieur  des  Arts  et  Manufactures. 

Je  me  propose  ici  de  réduire  à  sa  plus  simple  expression  cette  démonstra- 
tion de  M.  Vergne,  en  l'étendant  pour  cela,  dans  son  esprit,  au  cas  d'un 
bassin  limité  quelconque.  .le  pourrai  me  borner  aux  ondes  par  émersion,  au 
calcul  desquelles  celui  des  ondes  par  impulsion  se  ramène,  dans  tous  les 
cas,  en  remplaçant  simplement  la  fonction  ç  par  sa  dérivée  relative  au 
temps  t. 

II.  Commençons  par  rappeler  les  équations  fondamentales  des  ondes 
dont  il  s'agit,  produites  au  sein  de  la  masse  d'eau  que  limitent,  supérieure- 
ment, à  l'élat  de  repos,  le  plan  horizontal  des  cç^,  et,  inférieurement  ou 
latéralement,  des  parois  fixes,  rencontrées  en  un  point  (que  nous  supposerons 
d'abord  unique)  par  toute  verticale  descendante  émanée  de  la  surface 
libre  3  =  0. 

L'axe  des  z  étant  dirigé  vers  le  bas,  le  petit  potentiel  ç  des  vitesses,  qu'il 
faut  déterminer,  sur  chacune  de  ces  verticales,  pour  les  valeurs  de  z  com- 
prises entre  zéro  (à  très  peu  près)  et  l'ordonnée  positive  du  point  cor- 
respondant du  fond,  est  une  fonction  astreinte  à  vérifier  l'équation  de 
Laplace  A,  a-  =  o  (ou  à  être  harmonique),  et  à  avoir,  de  plus,  contre  toute 

paroi  fixe,  sa  dérivée  -^  dans  le  sens  normal,  nulle,  mais,  sur  chaque  élé- 
ment de  la  surface  libre  ^  =  0,  sa  dérivée  analogue -j^  égale ,  en  tous  les 
instants  /  positifs,  à  sa  dérivée  seconde  par  rapport  au  temps,  -j^'  si  l'on 

admet,  comme  nous  le  ferons  pour  simplifier,  un  choix  d'unités  de  longueur 
ou  de  temps  qui  fasse  égale  à  i  la  gravilé  g.  A  cette  même  surface  libre  ;  =  o, 

la  dérivée  -j-  exprime  d'ailleurs  la  \)eùlQ  dénivellation  h ,  abaissement  actuel, 

sur  la  verticale  (r,  y),  des  molécules  superficielles  au-dessous  de  leur  situa- 
tion d'équilibre. 

Enfin,  les  conditions  d'état  initial  sont,  d'une  part,  que,  pour  /  =  o,  les 
vitesses  s'aïuiulant  partout,  leur  potentiel  (p  s'annule,  tandis  que,  d'autre 

part,  la  surface  d' émersion  hg  =  /(a?,  j)  étant  connue,  la  dérivée  -jj  reçoit 

alors,  pour  ;  =  o,  des  valeurs  données  f(x,  y),  nulles  (ou  se  réduisant,  du 


(')  Conlribalioii  à  la  théorie  des  ondes  liquides  (Paris,  Gaulliier-\  illars,   1909), 
p.  47  à  5o, 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  49,3 

moins,  à  une  constante)  liors  de  cette  surface  d'émersion,  c'est-à-dire  hors 
de  la  région  du  plan  des  xy  occupée  primitivement  par  le  solide  émergé. 

III.  Les  équations  ci-dessus,  dilïérenliées  un  nombre  quelconque  ni  de 
fois  en/,  entraînent  évidemment,  pour  toute  dérivée  de  !p  par  rapport  au 

temps,  la  relation  A^  -j-—  =  o,  avec  les  conditions  -j-  -7-^  =  o  (aux  parois) 

et 

(i)  — J- = -; r-^  (pour  5  =  0). 

Autrement  dit,  en  premier  lieu,  la  fonction  -7—^  est  harmonique,  comme 
le  potentiel  s,  et  vérifie  aux  parois  la  même  relation  monôme  que  ce  poten- 
tiel. Or  il  suit  de  là,  comme  on  sait,  que  les  valeurs  de  -7-^  à  tous  les  ni- 
veaux z  seront  entièrement  déterminées  par  ses  valeurs  à  la  surface  libre  -  =  o 
et  que,  par  suite,  leur  dérivée  en  -,  au  niveau  ^  =  o  ou  à  tout  autre,  en  résul- 
tera. Donc,  en  particulier,  pour  m=  i,  les  valeurs  initiales  de  la  dérivée 

première -7^  r/«nî  toiil  le  fluide,  ainsi  que  leur  dérivée  en  z  pour  ;  =  o, 
dépendront  des  seules  valeurs  données  /  (x,y)  de  cette  dérivée  première, 
relatives  aussi  à  la  surface  z  ^  o. 

En  deuxième  lieu,  la  condition  (i)  montre,  si  Ton  y  fait  m  =  i,  que  celte 

connaissance  des  valeurs  initiales  de  -77  au  niveau  ;  =  o  v  entraîne  finale- 
ment  celle  des  valeurs  initiales  de  -j^;  d'où  l'on  déduira  de  même,  en  faisant 

successivement  w  =  3,  =  5,  =  7, . . .,  les  valeurs  analogues,  pour  :;  =  o  et 
ensuite  pour  les  divers  niveaux  z,  de  toutes  les  dérivées  de  zi  en  /,  d'ordre 
impair. 

Quant  aux  dérivées  d'ordre  pair,  elles  sont  initialement  nulles.  En  effet, 
les  valeurs  initiales  de  ç  étant  données  égales  à  zéro  à  la  surface  libre  et, 
par  suite,  dans  tout  le  lluide,  la  dérivée  de  o  en  :;  est  alors  nulle  pour  :;  =  o  ; 
et  l'équation  (i),  prise  avec  fii  =  o,  montre  que  la  dérivée  seconde  de  o  en  / 
se  trouve,  dans  le  même  cas,  nulle  aussi  à  la  surface  et,  par  suite,  à  tous  les 
niveaux  :;.D'où  Ton  déduit,  en  faisant  successivement  m  =  2,  =  4)  =  6?  •  •  •» 
que  toutes  les  dérivées  paires  de  çp  en  /  ont,  pareillement,  zéro  comme  valeur 
initiale  dans  tout  le  fluide. 

En  résumé,  le  potentiel  ^  des  vitesses,  considéré  au  point  fixe  quelconque 
{x,y,  z)  du  champ  qu'occupe  le  fluide,  a  initialement  loules  ses  dérivées  par 
rapport  au  temps  t  ou  nulles,  ou  calculables  à  partir  des  seules  valeurs  qui 


494  ACADÉMIE    DRS    SCIENCES. 

soient  données,  f{oc,y'),    de   la  dérivée   première  -^  à  la  surface  s  =  o, 

pourvu  qu'on  sache,  pour  tout  le  rhajnp,  à  ordonnées  ;  positives,  qu'occupe 
le  fluide,  et  qui  est  constamment  le  même  (^à  des  écarts  près  négligeables, 
infiniment  petits,  au  voisinage  du  niveau  z  =  o),  intégrer  l'équation 
^2  =  0  des  fonctions  harmoniques,  sous  la  condition  d'obtenir,  pour  la 
fonction  chcrcbée,  des  valeurs  arbitraires  à  la  surface  -  =  o,  avec  une  dérivée 
première  partout  nulle  aux  parois  suivant  le  sens  qui  leur  est  normal. 

Si  donc  nous  appelons  cp^,  ç'J,  a- ,,,.,.  les  valeurs  initiales,  en  (.r,  y,  a), 

de  -j-,  -TTi  y^>  •  •  •  >  ainsi  calculées  à  pai  tir  de* /(a?,  j),  ces  valeurs  régleront 

la  manière  dont  y  naîtra  la  fonction  cp;  car,  pour  t  assez  petit,  elles  donne- 
ront, en  vertu  de  la  formule  de  Mac-Laurin, 


avec  une  approximation  indéfinie  pourvu  que  9^,,  '^'„',  '^'„, . . .  soient  finies  et 
ne  s'annulent  pas  identiquement.  Et  si  cette  série  converge  quel  que  soit  /, 
elle  constituera  évidemment  l'intégrale  générale  du  problème  ('). 


(•)   Il   peut  être   bon   d'observer  que,  le  plus  souvent,  les   équations  aux    dérivées 

partielles  déterminant  dans  l'état  initial,  comme  il  vient  d'être  dit,  les  dérivées  — r— 7) 

d'ordre  impair,  en  fonction  de  leurs  valeurs  à  la  surface  5  zn  o,  s'intégreront  par  des 
sortes  d'intégrales  définies  du  genre  des  potentiels  d'atlraction,  qui  exprimeront  ainsi 
chacune  de  ces  dérivées  et  aussi,  par  suite  (en  les  diflérentiant),  sa  propre  dérivée 
première  en  z  pour  ^  =;  o,  à  partir  de  laquelle  se  fera  de  même  le  calcul  analogue  de  la 
dérivée  impaire  suivante.  Or  il  résulte  de  là  que  les  valeurs  initiales  des  dérivées 
impaires  successives  de  9  contiendront,  dans  leur  expression,  des  nombres  de  plus  en 
plus  grands  de  signes/,  ou  qu'elles  constitueront  des  intégrales  définies  ayant  leur 
degré  de  multiplicité  de  plus  en  plus  élevé.  Donc  le  calcul  elfectif  des  termes  de  la 
série  (2)  obtenue  pour  représenter  le  potentiel  9  des  vitesses  exigera,  généralement, 
de  plus  en  plus  d'intégrations  à  mesure  que  s'élèvera  leur  rang:  ce  sera  une  série  dans  le 
genre  de  celles  qu'Emile  Mathieu,  le  premier  ou  l'un  des  premiers,  a  données  pour 
exprimer  l'équilibre  d'élasticité  du  parallélépipède  rectangle,  et  avec  lesquelles  se 
familiarisent  actuellement  les  géomètres,  à  la  suite  de  Fredholm  et  de  M.  Vollerra, 
mais  sans  avoir  pu  encore,  ce  semble,  aboutir  au  calcul  e^'ecij/ d'aucun  résultat  (numé- 
rique) nouveau,  ni  même,  d'une  manière  générale,  à  l'élucidation  purement  théorique 
du  cas  fréquent  où  se  présente,  à  la  frontière  du  corps  étudié,  une  discontinuité  soit 
géoméliique,  telle  qu'un  sommet  ou  une  arête,  soit  seulement  physique,  dans  le  genre 
par  exemple  d'une  annulation  de  vitesse  avec  changement  de  direction.   El  il  conti- 


SÉANCE    DU   28    FÉVRIER    I910.  l^g5 

IV.  Les  expressions  de  a>J,,  ç*,  9),,  ...  se  simplifient  notablement  quand, 
le  bassin  étant  assez  profond  et  la  fonction  (p  s'évanouissant,  avec  le  mouve- 
ment, pour  les  grandes  valeurs  de  z,  les  seules  parois  qu'il  reste  à  considérer 
sont  des  bords  verticaux,  à  normales  dn  parallèles  en  tous  les  points  (x,  y) 
de  chacune  de  leurs  ordonnées  z;  de  sorte  qu'on  puisse,  le  long  d'une  même 

ordonnée,  différentier  par  rapport  à  s  la  relation'^  =  o,  ou  y  écrire  -r- -7^  =  o. 

Alors,  si  l'on  appelle  1  la  fonction,  évidemment  harmonique,  -p;  —  -7^1  non 

seulement  sa  valeur  pour  z  infini,  c'est-à-diic  au  fond,  se  trouve  nulle,  mais, 
de  plus,  sa  dérivée,  suivant  les  normales  horizontales  dn  aux  parois,  le  sera; 
et  comme,  en  vertu  de  (i),  ses  valeurs  à  la  surface  3=0  sont  aussi  nulles, 
cette  fonction  harmonique  s'annulera  identiquement.  La  condition  (i) 
deviendra  donc,  pour  régir  cp,  la  nouvelle  équation  indéfinie 

(3)  tl-Ù.. 

C'est  ce  qu'avait  remarqué  déjà,  au  moins  pour  les  bassins  indéfinis  laté- 
ralement, Poisson,  qui  avait  d'ailleurs   reconnu    que  cette   équation  (3) 

exprime  la  constance  de  la  pression  ^  —  -?:  exercée  durant  tout  le  mou- 
vement autour  de  chaque  molécule  fluide.  Appelons  Z  l'ordonnée  verticale 
mesurant  hydrostatiquement  celte  pression  invariable,  ordonnée  nulle 
pour  les  molécules  superficielles;  et  nous  pourrons  (ce  qu'on  démontre 
aisément)  regarder  l'abaissement  actuel  s  —  Z  de  la  molécule  au-dessous 

nuera  probablement  à  en  être  ainsi,  jusqu'à  ce  que  celle  belle  théorie  ail  reçu  quelque 
complément  capital  susceptible  d'en  simplifier  et  d'en  étendre  l'application. 

Toutefois,  deux  ailicles  récents  de  M.  Léon  Lichtenstein,  insérés  dans  les  Comptes 
rendus  des  séances  des  i8  octobre  et  ag  novembre  1909  de  l'Académie  des  Sciences 
(t.  GXLIX,  p.  624  et  977),  permettent  d'espérer  que  la  difficulté  relative  aux  dis- 
continuités pourra  être  levée  ;  car  le  second  article,  du  39  novembre  1909,  la  lève 
déjà  pour  un  contour  anguleux,  sous  les  deux  conditions  restrictives  que  les  angles  y 
dillérenl  de  zéro  et  que  la  fonction  dite  noyau  n'y  devienne  infinie  que  de  certaines 
manières.  Mais  une  extrême  complication,  presque  décourageante  pratiquement,  sub- 
siste encore  dans  les  calculs. 

Pour  revenir  à  la  question  de  nos  ondes,  on  verra  ci-après  (n"  k)  comment  l'hypo- 
thèse d'une  profondeur  infinie  réduit  aux  dérivées  successives  en  z  d'une  fonction 
unique  /;„  les  résultais  des  intégrations  de  plus  en  plus  multipliées  destinées  à  donner 
9o,  9'ôi  9J,  •••:  heureuse  circonstance,  sans  laquelle  le  calcul  des  ondes  d'éniersion 
sérail  probablement,  jusqu'à  ce  jour,  resté  inextricable. 


49^  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

du  niveau  hydroslatique  de  sa  pression  efTeclive  comme  étant  sa  dènnella- 
//on  présente  /t,  par  rapport  à  son  niveau  tant  primitif  que  final  de  repos. 
Nous  aurons  donc,  d'une  manière  générale, 

(4.  /,  =  1^. 

Or,  si  nous  différentions  des  nombres  pairs  de  fois  l'équation  (3)  par 
rapport  au  temps,  il  vient  successivement,  vu,  finalement,  cette  équation  (3) 
elle-même, 

(V'  9 d   d^Q  d^w  d^"  df        d'^  <o 

7F  ^  dz  'dF  ~  dl^'  '"'  TF"  ~  dz^' 

puis,  en  différcntiant  une  fois  de  plus  par  rapport  au  temps  /, 

d"'+^<f  ^   d^  d(f  _  d"k 
dt^"^  ^   ^  TIF'  'dT~  dz''  ' 

Faisons  /  =  o  dans  cette  équation  et  désignons  par  h^  la  valeur  initiale, 
au  point  quelconque  {x,  j,  z),  de  /?,  déduite  comme  on  a  vu  de  ses  valeurs 
données /(a;,  j)  relatives  à  la  surface  libre.  La  formule  (2)  deviendra 

(d)     9  =  tho-i 3 -7- H 3-7-^ -r^ -I- •  •  •  H 5 ; ^+ 

1.6    dz         2.d.4.o    dz-  2.3...(2«  +  i)    dz" 

Ainsi  se  trouvera  exprimée  directement,  en  fonction  des  dénivellations 
initiales  de  toute  la  masse  Jluide,  la  suite  de  ses  états  ultérieurs. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Oxydation  du  ricinoléate  de  mèthyle  par  l'ozone. 
Note  de  MM.  A.  Hai.i.er  et  A.  Brochet. 

Des  recherches  nombreuses  ont  été  faites  sur  l'action  de  l'ozone  sur  les 
matières  organiques  depuis  l'époque  de  la  découverte,  par  Schœnbeiin,  de 
cette  variété  allotropique  de  l'oxygène  (  '  ). 

L'étude  de  cette  action  a  été  reprise  dans  ces  dernières  années  par 
M.  Harries  d'une  part,  et  M.  Molinari  de  l'autre. 

Dans  une  série  de  recherches  du  plus  haut  intérêt,  M.  Harries  a  réussi  à 
montrer  que  l'ozone,  en  agissant  entre  autres  sur  des  corps  non  saturés, 
s'y  fixait  en  raison  de  1'"°'  O^  par  chaque  double  liaison. 

(')  A.  HalLëR,  Comptes  rendus,  l.  CXLIII,  p.  657;  l.  CXLIV,  p.  465. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  497 

En  présence  de  molécules  aldéhydiques,  cétoniques  ou  acides,  l'ozone 
fournit  des  composés  renfermant  i"'  d'oxygène  de  plus  que  la  molécule 
primitive. 

Etendant  son  étude  à  d'autres  substances,  M.  Harries  est  arrivé  à  codi- 
fier en  quelque  sorte  l'action  de  l'ozone  sur  la  plupart  des  groupes  de 
molécules,  de  telle  sorte  qu'on  sait  actuellement  comment  se  comporte  ce 
corps  vis-à-vis  des  principales  fonctions. 

I.  La  facilité  relative  avec  laquelle  on  réussit  actuellement  à  obtenir  les 
éthers  des  acides  gras  en  soumettant  à  ialcoolyse  (')  les  matières  grasses 
nous  a  suggéré  l'idée  de  faire  agir  de  l'ozone  sur  l'un  de  ses  éthers-sels,  le 
ricinoléate  de  methyle,  pour  nous  rendre  compte  de  ia  nature  des  corps  que 
l'on  obtient  par  le  dédoublement  de  cette  molécule. 

On  sait  que  l'acide  ricinoléique  est  un  acide-alcool  non  saturé  répondant 
à  la  formule  C'H^'O^  Il  fixe  en  effet  2"'  de  brome  et  se  combine  à 
jinoi  (l'acide  acétique  pour  former  de  l'acide  acétoricinoléique  quand  on 
le  chauffe  à  100°  avec  de  l'anhydride  acétique. 

On  sait  d'autre  part  que  l'acide  C'^H^'O''  est  à  chahie  normale  et  qu'on 
peut  le  convertir  au  moyen  de  l'iode  et  du  phospliore  en  acide  iodosléa- 
l'ique  et  partant  en  acide  sléarique. 

Les  positions  respectives  du  complexe  non  saturé  et  de  la  fonction 
alcoolique  sont  fixées  par  un  ensemble  de  réactions,  fort  délicates,  dont 
nous  ne  citerons  que  les  plus  importantes. 

Oxydé  par  rinlcrinediaire  de  l'acide  azotique  étendu,  l'acide  ricinoléique 
donne  naissance  à  de  l'acide  œnanthylique  ou  hepLanoïque  C'H'''0^, 
de  l'acide  oxalique  C-O'H-  et  de  l'acide  azélaïque  C''H"'0\ 

L'agent  oxydant  s'altaquant  aux  points  de  faible  résistance  de  la  mole' 
eu  le,  il  semblait  légitime  d  admettre  que  l'acide  eût  la  constitution  suivante  : 
(I)  CH^(CH-)»-CHUH.CH2.CiJ  =  CH(CH-j-.C0UH. 

Mais  l'acide  ricinoléique  subit  d'autres  dédoublements. 

Soumis  à  la  distillation  sèche  dans  le  vide,  il  donne  naissance  à  de  l'acide 
undécylénique  et  à  de  l'aldéhyde  œnaulhylique  (' j.  D'autre  part,  chauffé 
avec  de  la  soude  caustique  en  excès,  li  louriut  de  l'alcool  ocLylique  (-),  de 

(')  Krafft,  Ber.  d.  delilsch.  cliein.  GeselLsch.f  l.  X,  1877,  P'  3o34.  En  réalité, 
M.  Ivrafl't  a  opéré  sur  de  l'huile  de  ricin.  L'un  de  nous  a  nionlre  que  les  élhers  ricino- 
léiques,  notaiumenl  les  ricinoieates  de  mélhjle  et  d'élhjle,  subissaient  le  même 
dédoublement  (A.  Haller,  Comptes  rendus,  I.  GXLIV,  p.  465). 

(")  GoLDSOBEL,  Ber.  d.  deutsch.  cliem.  Gesellsch.,  t.  XXVII,  p.  3j2i. 

C.  R.,  igio,  I"  Semestre,  (T.   150,  N°  9.)  67 


49^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  mélhylhexylcétone  et  de  l'acide  sébacirjiie,  toutes  réactions  qui,  si  elles  con- 
firment nettement  la  position  de  la  fonction  alcool  dans  la  molécule,  semblent 
ne  point  corroborer  Tliypothèse  suivant  laquelle  la  double  liaison  se  trouve 
située  en  9-10  dans  l'acide  ricinoléique.  Une  formule  où  cette  double  liaison 
serait  en  10- 1 1  serait  plus  en  harmonie  avec  les  deux  dernières  réactions  citées  : 

(II)     CH' (CHOUCHOU. Cil  =  CH{CIP)«.CO  OH 

=  CH'(CIP)'.GIIO-t-CH^=CH(Cir^)".COOII, 

CIP ( CH-)^ CH  OH . CH  =  CH ( CH-)» . GO^ H  h-  3  J\a  HO 

=  CH3(CH^)\GH0H.CH'-f-C0=Na(CH'')».C0-Na-+-H  =  . 

Nous  devons  toutefois  ajouter  qu'un  ensemble  derecherches  fort  délicates 
dues  à  Goldsobel  ('),  Behrend  (^)  et  Kasanski  (')  confirment  entièrement 
la  constitution  (î)  attribuée  à  l'acide  ricinoléique.  La  contradiction  qui  semble 
exister  entre  les  réactions  d'oxydation  et  celles  de  dédoublement,  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur  et  de  la  soude,  n'est  qu'apparente  et  trouve  son  expli- 
cation dans  le  fait  du  déplacement  de  la  double  liaison. 

Le  but  de  la  présente  étude  a  été  de  rechercher  si,  en  oxydant  l'éther 
ricinoléique  au  moyen  de  l'ozone,  il  était  possible  de  trouver,  dans  leur  inté- 
gralité, les  deux  moitiés  en  C  provenant  du  dédoublement,  sous  la  forme 
d'aldéhyde-alcool  ou  d'acide-alcool  pour  la  première  moitié,  et  sous  celle 
d'aldéhyde-éther-sel  ou  d'acide-éther-sel  pour  la  seconde  moitié. 

Ajoutons  que  cette  tentative  a  déjà  été  faite  par  MM.  Harries  etThieme('')  ; 
mais  ces  savants,  en  oxydant  l'acide  ricinoléique  par  l'ozone,  ont  obtenu  un 
ozonide  dont  la  composition  se  rapproche  de  la  formule  C^*H"0*,  ozonide 
qui  par  dédoublement  ne  leur  a  fourni,  comme  produit  bien  déGni,  que  de 
l'acide  azélaïque  à  côté  d'une  huile  non  étudiée. 

L'appareil  que  nous  avons  fait  établir  pour  la  production  de  l'ozone 
ressemble,  à  quelques  modifications  près,  à  celui  imaginé  par  M.  Berlhelot. 
Nous  en  donnerons  la  description  détaillée  dans  un  autre  recueil.  Il  nous 
permet  d'obtenir  un  oxygène  renfermant  environ  i5o'"^  d'ozone  par  litre. 

On  a  fait  barboter  le  gaz  dans  du  ricinoléate  de  méthyle  distillant  de 
i'25°  à  227°  sous  i5"""  auquel  on  a  ajouté  10  pour  100  d'eau. 

Au  commencement  de  l'opération  on  a  soin  d'entourer  le  flacon,  dans 

(')  GoLusOBEL,  Ber.  ci.  deiilsc/i.  c/iem.  Gesellsch.,  l.  XXVII,  p.  3i2j. 

(-)  Bemuknd.  Ihid.,  t.  XXIX,  p.  806. 

(^)  Kasanski.  Ibid.,  t.  XXXIl,  p.  149- 

(*)  Thieme.  Diss.  inaug.  Kiel,  1906,  p.  20. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  499 

lequel  se  fait  la  réaction,  d'eau  mélangée  de  glace.  Au  bout  de  quelque 
temps  le  liquide  s'épaissit  peu  à  peu,  devient  laiteux  et  mousse  passable- 
ment. Quand  le  gaz  a  de  la  peine  à  passer,  on  cesse  de  refroidir  pour  augmen- 
ter la  fluidité,  et  l'on  arrête  le  passage  du  courant  gazeux  quand  la  mousse 
est  abondante  et  épaisse. 

Par  refroidissement,  l'ozonide  devient  presque  solide.  On  l'étcnd  sur  des 
assiettes  poreuses  et  on  le  sèche  dans  le  vide.  Le  produit  ainsi  obtenu  est 
lavé  à  l'éther  anhydre  et  de  nouveau  séché.  Il  constitue  une  poudre  blanche 
fondant  entre  80°  et  85°  et  qui  se  conserve  très  bien  à  l'abri  de  l'humidité. 
Sa  composition,  déterminée  par  l'analyse  élémentaire,  répond  à  la  formule 
C"'H'°0'.  L'éther  ricinoléique  a  donc  fixé  /("'  d'oxygène  et,  en  se  basant 
sur  la  théorie  émise  par  M.  Harries,  on  peut  attribuer  à  cet  ozonide  la 
formule  suivante  : 

CH'(CIP)^C110H.CH^CH  — CH— (CH^)\CO  — OGll'. 

I  I  II 

0        0  o 

\o-^ 

bécomposilion  de  l'ozonide.  —  Une  série  d'essais  nous  ayant  démontré 
que  les  produits  de  dédoublement  de  l'ozonide  pur  sont  les  mêmes  que  ceux 
obtenus  avec  l'ozonide  brut,  nous  exposerons  ici  le  traitement  réalisé  sur 
le  produit  de  l'action  de  l'ozone  sur  2JOf^  de  ricinoléale  de  méthyle  et 
2 5'''  d'eau. 

Etant  donnée  la  nature  aldéhydi([ue  et  acide  des  composés  (jui  se  forment 
lors  de  la  rupture  de  l'ozonide,  on  peut  concevoir  un  traitement  au  bisul- 
fite suivi  d'un  autre  au  carbonate  de  soude  ou  la  réciproque  (  ' }.  Remarquons 
que  la  décomposition  de  l'ozonide  au  moyen  du  bisulfite  est  souvent  très 
violente,  tandis  qu'avec  le  carbonate  de  soude  elle  est  beaucoup  plus  mo- 
dérée. 

Pour  opérer  la  décomposition  au  moyen  du  carbonate  on  délaie  l'ozonide 
dans  l'eau  et  l'on  chauffe  au  bain-marie,  en  ajoutant  peu  à  peu  une  solution 
du  sel  alcalin.  Après  refroidissement  on  sépare  les  deux  couches,  et  l'on 
traite  l'huile  surnageante  par  une  solution  concentrée  de  bisulfite  de  soude 
qui  se  combine  aux  corps  aldéhydiques. 

Partie  soluble  dans  le  carbonate  de  soude.  —  On  acidulé  la  solution  au 
moyen  de  l'acide  sulfurique  et  l'on  sépare  la  couche  huileuse  qui  est  consti- 

(')  MM.  Molinari  el  Soncini  ont  soumis  au  même  traitement  l'ozonide  de  l'acide 
oléique  (fier  deiit.  chem.  Ges.,  t.  XXXIX,  1906,  p.  2785). 


5oo  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

tuée  par  un  mélange  d'acides,  d'aldéhyde  acide  et  d'acide-éther-sel.  Le  pro- 
duit est  en  effet  réducteur.  On  le  dissout  dans  Télher  et  l'on  agite  la  solution 
avec  du  bisulfite  de  soude  qui' se  combine  à  l'acide  aldéhyde. 

La  solution  éthérée  fournit,  après  évaporation,  environ  62*^  d'un  mélange 
d'acides  de  consistance  butyreuse  qui  est  formé  par  les  trois  composés  : 

CHMCH'')5  — CHOH.CH^CO''H        COOH(CH*yCOOH       COOH(CH»)'CO^CHs 

Acide  p-oxypélargonique.  Acide  azélaïque.  Azélaïate  acide  de  méthyle. 

Comme  il  n'a  pas  été  possible  de  séparer  ces  trois  substances  l'une  de 
l'autre,  on  a  saponifié  le  tout  par  de  la  potasse  alcoolique  et  évaporé  la 
solution  pour  chasser  l'alcool.  Le  résidu  est  acidulé  et  agité  avec  de  l'éther. 
On  recueille  la  liipieur  éthérée,  on  l'évaporé,  et  la  masse  résiduelle  est  épui- 
sée avec  de  l'éther  de  pétrole  bouillant.  La  solution,  après  avoir  été  filtrée, 
abandonne  par  refroidissement  des  paillettes  cristallines  de  l'acide  [3-oxy- 
pélargonique. 

Quant  à  la  partie  insoluble  dans  l'étlier  de  pétrole,  elle  est  constituée  par 
de  l'acide  azélaïque  qui,  purifié  par  cristallisation  dans  l'eau,  fond  à  106°. 

\J acide  ^-ovypélargonique  ou  nonanol-'i-oïque  C'H'^O'  se  présente  sous 
la  forme  de  grandes  lamelles  blanches  et  brillantes,  grasses  au  toucher  et 
fondant  à  l\']°-l\'è°.  Insoluble  dans  l'eau,  il  se  dissout  à  froid  dans  l'alcool  et 
l'éther,  et  à  chaud  dans  l'éther  de  pétrole  bouillant.  Ses  solutions  dans  l'al- 
cool absolu  dévient  la  lumière  polarisée  à  droite,  [a],,  =  -\-  2"26'. 

Son  sel  d'argent  CH'^O-'Ag  est  une  poudre  blanche  qui  cristallise  par 
refroidissement  de  sa  solution  aqueuse. 

La  synthèse  de  cet  acide  a  été  faite  en  collaboration  avec  le  regretté 
C.  Martine  en  faisant  agir  le  dérivi;  organoniagnésien  de  l'éther  bromacé- 
tique  sur  l'œnanlhol.  Toutefois  le  produit  obtenu  dans  ces  conditions,  tout 
en  ayant  la  même  constitution  que  l'acide  dérivé  de  l'acide  ricinoléique,  ne 
peut  être  qu'un  acide  inaclit'  par  conq:)ensation.  Son  point  de  fusion  est  en 
etfet  différent  et  est  situé  à  Gi".  Des  tentatives  faites  pour  le  dédoubler  n'ont 
pas  réussi  jusqu'à  présent. 

L'opération  décrite  a  fourni  environ  3ob  des  deux  acides  j3-oxypélargo- 
nique  actif  et  azélaïque. 

Dans  le  but  de  séparer  les  trois  acides  ji-oxypélargonique,  azélaïate  acide 
de  méthyle  et  azélaïque,  nous  avons  soumis  une  autre  portion  du  mélange 
à  la  distillation  fractionnée  dans  le  vide  de  i5""". 

La  fraction  passant  de  i5o°  à  180°  renfeimait  un  acide  non  saturé, 
difficile  à  obtenir  pur,  mais  (jui,  oxydé  par  le  permanganate  de  potasse, 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  5oi 

fournit  de  Vacide  heptanoique  distillant  de  220"  à  225"  sous  la  pression 
ordinaire. 

On  a  préparé  et  analysé  son  sel  d'argent  C'H"0-Agqui  se  dépose  en 
paillettes  cristallines  de  sa  solution  aqueuse. 

L'acide  non  saturé  ne  peut  être  que  Vacide  nonènoïqiie-i  formé  aux  dépens 
de  l'acide  ^-oxypélargonique  au  cours  de  la  distillation  : 

CH3(C1P)^CH0H.GH^C0U1  =  CH3(CH2)'— CH:=CH.CO^H, 

lequel  doit  fournir  par  oxydation  de  l'acide  heptanouiueet  de  l'acide  oxalique 
CHnGH-^)\CHzrCII  COHi  -i- 0'=CH»(Cn^)'— GOOII  +  C^O'H^ 

Des  analyses  faites  sur  les  portions  d'acides  passant  au-dessus  de  180'^ 
montrent  bien  qu'elles  renferment  de  l'azélaïate  de  méthyle  acide,  mais  il 
n'a  pas  été  possible  d'isoler  le  produit  à  l'état  de  pureté. 

Partie  insoluble  dans  le  carbonate  de  soude.  —  Cette  portion  (204^)  est 
agitée  avec  du  bisulfite  de  soude  concentré  et  abandonnée  à  elle-même 
pendant  i'\  heures.  La  masse  étendue  d'eau  tiède  est  ensuite  traitée  par  de 
l'éther  qui  dissout  environ  23^  d'un  produit  qui  n'est  ni  aldéliydique  ni  acide. 

La  solution  aqueuse,  séparée  de  la  liqueur  éthérée,  abandonne,  après 
concentration  préalable,  un  corps  blanc  et  parfaitement  cristallisé  en 
aiguilles  dont  l'analyse  conduit  à  la  formule 

CH'.O'CfCH-)'— CH<f^^"., 

XSO^iNa 

qui  est  celle  de  la  combinaison  bisullitique  de  l'éther-sel  de  la  semi-aldéhyde 
azélaïque  ou  nonanal-i-oate  de  méthyle-i)  CH'O'C  (  CH- )'CHO. 

Cette  combinaison  chauffée  avec  de  l'acide  sulfurique  étendu  se  dissocie 
en  donnant  un  mélange  des  deux  aldéhydes 

CH'.COHGH=)'.CHO  H0»G.(CH2)'CH0 

Noiianal-i-oale  de  méthyle-g.  Acide  nonanal-i-oïque-g. 

ce  dernier  provenant  de  la  saponification  du  premier. 

On  sépare  les  deux  aldéhydes  par  le  carbonate  de  soude  et  la  partie 
insoluble  est  fractionnée  dans  le  vide.  L'aldéhyde  éther-sel  est  un  liquide 
qui  bout  à  i4o°-i45''  sous  iS™"". 

Quanta  l'aldéhyde  acide  HO-C(  CH-)'CHO,  mis  en  liberté  de  son  sel 
de  soude,  il  constitue  une  masse  solide  fusible  vers  'yO°  et  bouillant  à  i8i°- 
182°  sous  i5'""\  Ces  deux  produits,  dont  le  second  a  déjà  été  obtenu  par 


5o2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

M.  Harrieset  ses  rlèves  MM.  Tliieme  ('  )  et  Tiirck  (■'),  et  par  MM.  Moli- 
nari  et  Soncini  (')  en  partant  de  Tacide  oléique,  s'oxydent  tous  deux  très 
facilement  au  contact  de  l'air. 

On  a  tenté  de  préparer  la  semicarbazone  des  deux  semi-aldéhydes,  mais 
seule  la  semi-aldéhyde  acide  a  fourni  la  semicarbazone 

C0=H(CH=)-'CHN2H.C0^NHS 

déjà  préparée  par  MM.  Harries  cl  Thieme  (")  en  partant  des  produits  de 
dédoublement  de  Tozonide  de  Tacide  oléique. 

Cette  semicarbazone  constitue  une  poudre  blanche  fondant  à  i62°-iG3°. 

Oxydées  par  le  permanganate  de  potasse,  ces  aldéhydes  ont  fourni  toutes 
deux  de  l'acide  azélaïque. 

Les  eaux  mères  provenant  de  la  cristallisation  de  la  coipbinaison  bisul- 

filique    CH^O-C(CH^)' CH  :;    -,.,  »      fournissent    un    liquide    brunâtre 

quand  on  les  chauffe  avec  de  l'acide  sulfurique  étendu.  Ce  liquide,  oxydé 
par  le  permanganate  de  potasse,  donne  naissance  à  des  acides  parmi  les- 
quels nous  avons  réussi  à  isoler,  par  distillation  fractionnée,  de  l'acide 
heptanoïque  passant  de  222°  à  220"  et  dont  nous  avons  préparé  et  analysé 
le  sel  d'argent. 

Cet  acide  ne  peut  provenir  que  de  la  combinaison  bisulfitique  de  l'al- 
déhyde alcool  CH»(CH=)»-CHOH.CH^CHO. 

Produit  résiduel.  —  Les  25^  de  substance  laissée  par  le  carbonate  sodique 
et  le  l)isultite  de  soude  sont  constitués  par  des  produits  huileux  non  déter- 
minés et  par  un  mélange  de  palmitate  et  de  stéarate  de  méthyle  fondant 
à  32°. 

En  résumé,  l'ensemble  des  recherches  auxquelles  a  donné  lieu  le  ricino- 
léate  de  méthyle  montre  : 

1°  Que  cet  éther  donne  naissance  à  un  ozonide  C"*  11"^  O'  à  côté  de  pro- 
duits huileux,  quand,  mis  en  présence  de  10  pour  100  d'eau,  on  le  soumet  à 
l'action  de  l'ozone  à  iSo'"*''  par  litre  dans  les  conditions  où  nous  avons 
opéré  ; 

2°  Qu' ozonide  et  produits  huileux,  soumis  à  l'action  successive  du  car- 
bonate de  soude  et  du  bisulfite  de  soude,  fournissent  : 


(')  Harries  et  Thieme,  Liebig's  Ann.  der  Cliemie,  l.  CCCXLIII,  p.  354. 
(»)  Harries  et  Ti  hdk,  Deut.  chem.  Ges.,  t.  XXXIX,  1906,  p.  8732. 
(')  MoLiNARi  et  Soncini,  Deut.  chem.  Ges.,  t.  XXXIX,  p.  2735. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  5o3 

a.  De  l'acide  [3-oxypélargonique  CH'(CiI■-)^CHOH.COOH  actif  iso- 
mère avec  un  acide  j3-oxypélargonique  inaclif  préparé  synthétiquement; 

b.  De  l'acide  azélaïque  et  son  éther  méthylique  acide  ; 

c.  La  semi-aldéhyde  de  l'acide  azélaïque  et  son  éther  méthylique;  la 
première  de  ces  semi-aldéhydes  a  été  caractérisée  par  sa  semicarbazone; 

3°  (^ue,  lorsqu'on  soumet  à  la  distillation  le  mélange  d'acides  provenant 
du  traitement  au  carbonate  de  sodium,  on  réalise  la  formation,  aux  dépens 
de  l'acide  j3-ovypélargonique,  d'un  acide  non  saturé  qui  par  oxydation 
fournit  de  l'acide  heptanoïque; 

4°  Que  ce  même  acide  heptanoïque  prend  naissance  en  oxydant  les  com- 
posés huileux  provenant  de  l'hydrolyse,  au  moyen  de  l'acide  sulfurique 
étendu,  des  eaux  mères  bisulliliques.  De  ce  fait  on  est  autorisé  à  admettre, 
dans  ces  eaux  mères,  l'existence  d'une  combinaison  bisulfitique  de  l'al- 
déhyde CIl^CH^f  -  CH  OH .  CH^  CH  O. 

Tous  ces  résultats,  obtenus  dans  des  conditions  où  il  est  impossible 
d'admettre  un  changement  dans  l'acide  ricinoléique  par  suite  d'un  dépla- 
cement de  la  double  liaison,  confirment  la  constitution  qui  est  actuelle- 
ment attribuée  à  cet  acide.  Sous  linlluence  de  l'ozone  la  molécule  donne 
un  ozonide  qui  se  rompt  suivant  l'équation  : 

CH^(CH-)5.CH0H.CH^GH  —  HC(CH'•)^COOH  +  H'^O 

i         I 

o     o 
\o/ 

=  CH^(CH')^CHOII.CH^CHO  +  OHC(CH-^)'.COOH  +  li^O', 

chacun  des  tronçons  aldéhydiques  subissant  ultérieurement,  plus  ou 
moins,  l'atteinte  de  l'oxygène  pour  donner  naissance  à  la  série  de  corps 
énumérés  au  cours  de  notre  travail. 


ANATOMIE.  —  Une  fonction  supplémentaire  du  pied  dans  la  race  jaune. 
Note  de  M.  Lanneloxgue. 

Le  pied  de  l'homme,  partie  essentielle  de  son  appareil  de  locomotion,  est 
le  soutien  du  poids  du  corps  durant  la  marche  ;  sa  surface  plantaire  est  admi- 
rablement configurée  pour  s'adapter  aux  inégalités  du  sol.  Dans  les  attitu- 
des couchées  et  assises  la  fonction  du  pied  a  un  rôle  tout  à  fait  accessoire. 
Telles  sont  esquissées  en  trois  lignes  les  fonctions  du  pied  dans  la  race 
blanche  et  les  exemples  où  le  pied  sert  à  la  préhension  des  objets  sont  tout 
à  fait  exceptionnels.  On  cite  cependant  quelques  faits  de  peintres  peignant 


5o4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

avec  le  pied,  Ducournet,  par  exemple.  Le  pied  du  montagnard  a  une 
conformation  spéciale  pour  agripper  les  roches  qui  assurent  son  aplomb 
dans  la  montée  ou  dans  la  descente,  comme  le  pied  des  gens  du  déserta, 
inversement,  une  forme  particulière. 

Mais  si,  dans  la  race  blanche,  le  corps  de  Thomme  ne  quitte  guère  la  ver- 
ticale que  pour  se  coucher  plus  ou  moins  horizontalement  ou  pour  s'asseoir 
sur  des  sièges  plus  ou  moins  élevés  au-dessus  du  sol,  il  en  est  tout  autrement 
dans  d'autres  races  humaines,  la  race  jaune  par  exemple. 

Ici,  d'une  part,  l'homme  passe  une  partie  de  son  temps  dans  une  position 
accroupie. 

D'autre  part,  certaines  populations  vivent  entièrement  sur  l'eau.  Les 
fleuves  et  tous  leurs  affluents,  lesarroyos,  constituent,  dans  certaines  contrées 
de  l'Extrême-Orient,  des  surfaces  d'eaux  d'une  étendue  dont  nous  ne  nous 
faisons  pas  l'idée.  L'homme  y  jette  des  bateaux  en  nombre  considérable  sur 
lesquels  il  fait  un  établissement  pour  sa  famille.  La  famille  vit  sur  le 
sampan  ou  la  barque  de  transport  et  de  pêche  durant  toute  l'année,  et  la 
femme  est  un  habile  batelier;  les  enfants  sont  en  général  nombreux. 

Le  point  de  départ  des  transformations  fonctionnelles  du  pied  se  trouve 
dans  son  adaptation  séculaire  à  des  usages  spéciaux.  Pour  mieux  répondre  à 
l'emploi  qu'on  lui  demande,  le  pied  n'est  jamais  enfermé  dans  une  chaus- 
sure plus  ou  moins  rigide  et  plus  ou  moins  étroite  qui  lui  impose  mécani- 
quement une  forme  propre  empêchant  son  développement  fonctionnel.  On 
n'y  voit  pas,  par  exemple,  l'avant-pied  s'effiler  en  pointe  et  les  orteils  serrés 
les  uns  contre  les  autres  s'infléchir  dans  une  position  qui  déforme  la  pulpe 
et  la  force  à  s'appliquer  comme  un  bourrelet  ou  un  marteau  sur  la  semelle 
de  la  chaussure. 

En  Extrême-Orient,  au  contraire,  le  pied  est  tantôt,  et  le  plus  souvent,  nu 
(Indiens  el  Malais,  Cliinois  des  champs  et  des  villes  du  Sud),  tantôt  recou- 
vert seulement  par  un  bas  en  fourche  peimettanl  l'introduction  d'une  cour- 
roie entre  le  premier  et  le  second  orteil  (Japonais),  tantôt  recouvert  d'un 
bas  dans  un  soulier,  pauloufle  large,  en  étoile,  velours,  etc.  (Chinois). 

Dans  tous  les  cas,  le  pied  repose  soit  directement  sur  le  sol,  soit  sur  une 
plaquette  en  bois  (gella)  ou  une  semelle  de  cuir  qui  ne  lui  impose  aucune 
contrainte  el  le  laisse  se  développer  naturellement. 

Examinons,  d'après  cela,  les  modifications  fonctionnelles  que  prend  le  pied 
par  le  fait  des  circonstances  précédentes  dans  les  deux  altitudes  principales 
que  prend  le  corps  de  l'homme  durant  l'étal  de  veille  :  Vatlitude  accroupie 
et  Vattilude  verticale. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  5o5 

Attitude  accroupie.  —  Elle  est  très  fréquente  dans  l'Inde,  au  Japon,  en 
Malaisie  et  même  en  Chine  quoiqu'elle  y  soit  plus  rare.  Elle  oflVe  trois  posi- 
tions différentes.  Dans  l'une,  la  plus  ordinaire,  le  corps  s'asseoit  sur  les 
talons,  ostéologiquemcnt  sur  les  calcanéums  (altitude  tahnnière  ou  calca- 
néenne)\  dans  l'autre  le  corps  repose  sur  le  sol  par  les  fesses,  ostéologique- 
ment  par  l'intermédiaire  des  ischions  {altitude  terrienne):,  dans  la  troisième, 
enfin,  les  ischions  ne  reposent  sur  rien  et  le  corps  reste  en  l'air  (allilude 
aérienne) . 

Dans  chacune  de  ces  attitudes  le  pied  est  employé  différemment.  Prenons 
l'accroupissement  sur  te  sol  ou  terrien.  Les  membres  inférieurs,  fortement 
fléchis  en  général,  se  placent  en  avant  du  corps;  les  genoux  forment  une 
saillie  angulaire  et  donnent  un  point  d'appui  aux  membres  supérieurs. 
C'est  la  position  favorite  des  Indiens,  qui  quelquefois  dorment  ainsi 
accroupis,  des  Malais  et  aussi  celle  de  beaucoup  de  nègres  ou  d'indigènes 
Africains.  Cette  position  se  rapproche  beaucoup  de  celle  que  prennent 
habituellement  les  singes. 

J'ai  vu  à  Tokyo,  dans  une  loge  de  théâtre,  un  adolescent  de  iGà  17  ans  se 
tenir  accroupi  avec  ses  pieds  agrippés  en  manière  de  mains  sur  la  rampe 
d'une  loge  et  ensuite  se  servir  de  son  pied  droit  pour  gratter  sa  cuisse  et  son 
genou  gauche  ;  c'était  le  gros  orteil  doué  de  mouvement  de  latéralité  et 
d'une  légère  rotation  qui  accomplissait  cette  besogne. 

Dans  l'accroupissement  talonnien  le  tronc  repose  directement  sur  les 
talons;  c'est  l'attitude  familière  aux  Japonais  qui  s'asseoient  couramment 
sur  leurs  pieds  durant  les  repas  et  chez  eux,  dans  toutes  les  habitudes  de  la 
maison,  comme  nous  prenons  une  position  assise  sur  une  chaise,  sur  un  fau- 
teuil, sur  un  divan,  etc. 

Les  diverses  articulations  de  la  hanche,  du  genou,  du  cou-de-pied,  mises  à 
contribution  dans  les  sens  les  plus  extrêmes,  y  gagnent  en  souplesse  et  en 
étendue.  Le  déplacement  du  centre  de  gravilé  oblige  le  corps  à  se  porter  en 
avant  et  souvent  à  faire  un  usage  des  mains  quand  surtout  on  n'a  pas  l'habi- 
tude de  ces  positions.  Le  pied  acquiert,  par  suite,  une  souplesse  et  une  agilité 
des  plus  grandes  qui  lui  permettent  d'endurer  très  longtemps  ces  attitudes; 
de  plus,  l'extrême  mobilité  des  orteils,  du  gros  en  particulier,  font  que  ces 
organes  sont  accommodés  à  de  nombreuses  fonctions,  depuis  celles  qui  as- 
surent l'équilibre,  jusqu'à  celles  qui  consistent  à  prendre  et  à  tenir  les  objets 
qui  sont  à  leur  portée. 

Accroupissement  aérien.  —  Dans  cette  altitude  le  plan  inférieurdu  corps  ne 
repose  plus  sur  les  talons;  il  en  est  séparé  par  un  intervalle  plus  ou  moins 

C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.   150,  N'  9.)  "" 


5o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

grand  ;  les  ischions,  en  un  mot,  ne  portent  sur  rien.  Les  pieds  appuient  sur  le 
sol  à  plat  ou  plus  ou  moins  relevés  en  arrière,  les  membres  inférieurs  sont 
fléchis  et  la  face  postérieure  des  cuisses  s'applique  sur  le  mollet.  C'est  l'atti- 
tude que  l'on  prend  quand  on  va  à  la  garde-robe. 

L'accroupissenient  aérien  est  beaucoup  plus  rare  que  les  deux  autres  ;  il 
semble  être  un  délassement,  bien  qu'àpremièrevueil  paraisse  fatigant.  Dans 
cette  attitude  le  pied  est  encore  employé.  J'ai  vu  un  enfant,  posé  dans  cette 
attitude  sur  le  bord  d'un  sampan,  se  servir  de  son  pied  pour  accomplir  un 
acte  que  Rabelais  eût  compris  dans  les  moyens  dont  il  fait  l'énumération  en 
certain  Chapitre. 

Durant  la  marche,  l'ensemble  du  pied  tend  à  se  porter  en  dedans,  vers  la 
ligne  médiane  du  corps,  et  repose  davantage  sur  le  bord  externe;  la  partie 
antérieure  du  pied  appelle  l'attention,  elle  s'applique  sur  le  sol  en  s'y  éta- 
lant, en  s'élargissant  comme  un  éventail  dont  les  orteils  seraient  les  lames; 
on  voit  un  vide  entre  les  doigts  du  pied  et  surtout  entre  le  gros  orteil  et  le 
second  doigt. 

Les  orteils  n'apparaissent  plus  infléchis,  raccourcis  comme  chez  les  Euro- 
péens; ils  sont  droits  et  bien  développés. 

Pour  mieux  favoriser  l'isolement  et  l'indépendance  du  gros  orteil,  on 
place  souvent  un  corps  étranger  permanent,  un  anneau  entre  cet  orteil  et  le 
second  doigt,  sans  parler  des  ornements  particuliers  dont  sont  parés  les  pieds 
des  Indiens. 

J'ai  dit  que  le  gros  orteil  s'écarte  des  autres;  mais,  en  outre,  cet  organe 
peut  exécuter  un  faible  mouvement  de  rotation  de  manière  que  sa  face 
dorsale  ou  onguéale  se  porte  un  peu  en  dedans.  Ce  dernier  mouvement 
m'a  paru  se  produire  dans  l'articulation  métatarso-phalangienne. 

Le  gros  orteil  devient  alors,  comme  le  pouce  de  la  main,  un  organe  ser- 
vant à  la  préhension  des  objets.  Le  petit  orteil,  lui-même,  peut  exécuter  iso- 
lément un  certain  degré  d'abduction  et  une  faible  rotation  qui  porte  en 
dehors  sa  face  dorsale;  j'ai  remarqué  ce  fait  chez  les  femmes  qui  manient  la 
pagaie  sur  les  sampans. 

Tout  en  marchant,  les  indigènes  se  servent  de  leurs  pieds  pour  ramasser 
à  terre,  avec  dextérité  et  précision,  un  objet  quelconque  :  des  feuilles 
d'arbres,  des  fruits;  ils  poursuivent  et  prennent  des  souris  vivantes;  mais 
c'est  surtout  dans  certaines  professions  que  l'usage  du  pied  est  important  et 
rend  l'ouvrier  plus  habile. 

Je  fais  surtout  allusion  à  la  profession  des  bateliers.  Dans  les  fleuves,  les 
rivières,  ou  les  canaux,  les  transports,  comme  la  poste,  se  font  à  l'aide  des 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I910.  5o7 

sampans.  Les  femmes  aussi  bien  que  les  hommes  les  manœuvrent  toute  la 
journée  et  le  pied  prenant  leur  rend  la  tâche  beaucoup  plus  aisée.  Chaque 
Chinois  postier,  étendu  sur  son  bateau  effilé,  gouverne  avec  les  mains  et 
rame  avec  les  pieds;  il  tient  la  rame  avec  énergie  entre  le  gros  orteil  et  les 
autres  doigts  et  imprime  un  vigoureux  mouvement  au  bateau  par  l'action 
puissante  des  muscles  du  membre  inférieur. 

En  appelant  l'attention  sur  les  faits  précédents,  j'ai  voulu  mettre  en  relief 
le  fait  de  populations  nombreuses,  possédant  des  membres  inférieurs  doués 
d'une  grande  souplesse  et  d'une  grande  agilité. 

Le  pied  n'est  plus  chez  elles  un  organe  exclusif  servant  à  porter  le  corps. 
Il  peut,  selon  le  genre  de  vie  des  gens,  s'accommoder  à  d'autres  fonctions  et 
devenir  un  organe  de  préhension  au  même  titre  que  la  main  et  la  bouche  de 
l'homme,  que  la  trompe  de  lélépliant,  que  la  queue  du  singe  d'Amérique; 
il  est  toutefois  infiniment  moins  préhensile  que  ces  derniers  organes. 

En  tant  qu'organe  de  locomotion,  le  pied  rend  la  marche  plus  sûre,  plus 
aisée  et,  dans  les  circonstances  difficiles,  moins  exposée.  En  tant  qa  organe 
prenant,  il  donne  à  celui  qui  le  possède,  à  cette  population  considérable  de 
pêcheurs,  bateliers,  par  exemple,  de  sérieux  avantages  pour  les  besoins 
journaliers  de  l'existence. 

M.  A.  Laveras  fait  hommage  à  l'Académie  du  Tome  II  du  Bulletin  de  la 
Société  de  Pathologie  exotique. 


XOMIIVATIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  Com- 
missions de  prix,  chargées  déjuger  les  concours  de  l'année  1910  : 
Le  dépouillement  du  scrutin  donne  les  résultats  suivants  : 

Prix  Saintour.   —  MM.  Ph.  van  Tieghem,   Troost,   Armand  Gautier, 
Guignard,  Mûntz,  Roux,  Maquenne. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  voix  :  MM.  Schlœsing  père,  Michel  Lévy. 

Prix  Caméré.   —  MM.  Léaulé,  Michel  Lévy,  Humbert,  Alfred  Picard, 
\'ieille,  Le  Chatelier,  Carpentier. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  voix  :  MM.  Poincaré,  Carnot. 


5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Prix  Jérôme  Ponli.  —  MM.  Maurice  Levy,  Darboux,  Chauvcau,  Bornel, 
Poincaré,  Perrier,  Bouvier. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  voix  :  MM.  Ph.  vauTieghem,  Lacroix. 

Prix  Houllevigue.  —  MM.  Darboux,  Lippniann,  Poincaré,  Emile  Picard, 
Perrier,  Violle,  Deslandres. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  voix  :  MM.  Maurice  Levy,  Armand  Gautier. 

L'Académie  procède  également,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination 
des  Commissions  suivantes  : 

Commission  cbargée  de  présenter  une  Question  de  Prix  Vaillant^  pour 
l'année  1918  :  MM.  .fordan,  Darboux,  Lippniann,  Poincaré,  Emile  Picard, 
Appell,  Humbert. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  voix  :  MM.  Boussinesq,  Painlevé. 

Commission  cbargée  de  présenter  une  Question  de  Grand  Prix  des  Sciences 
physiques,  pour  l'année  1913  :  MM.  Troost,  Bornet,  Perrier,  Guignard, 
Micbel  Lévy,  Bouvier,  Henneguy. 

Ont  obtenu  ensuite  le  plus  de  voix  :  MM.  Scblœsing  père,  Bouchard. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  PERPÉTt'Ki.  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
CoiTcspondance,  l'Ouvrage  suivant  : 

The  Carnegie  Institution  of  Washington,  founded  by  Andrew  Carnegie. 
Scope  and  organization. 

Traité  de  Physique,  par  O.-D.  Chwolson,  Tome  IV,  i"'  fascicule  :  Champ 
électrique  constant. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  condition   générale  d'intégrabilité. 
Note  (  '  )  de  M.  Emile  Borei.. 

l'^n  indi(|uant  dans  une  JNole  récente  (-  )  un  point  de  vue  nouveau  pour  la 
définition  de  l'intégrale,  j'ai  insisté  particulièrement  sur  les  analogies  avec 

(')  Reçue  dans  la  séance  du  ai  février  1910. 
C)   Comptes  rendus  du  i4  février  1910. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  Sop 

les  ti'avaux  et  les  idées  de  M.  Lebesgue;  je  voudrais  montrer  aujourd'hui 
comment  on  peut  rattacher  simplement  cette  définition  à  mes  premières 
recherches  sur  la  mesure  des  ensembles;  j'en  profiterai  pour  préciser 
quelques  points  dans  la  construction  des  intetralles  d'exclusion  gIt^ouv  en 
déduire  une  condition  très  générale  d'intégrahilité  des  fonctions  non  bornées. 
Je  ne  m'occuperai  aujourd'hui  que  des  fonctions  d'une  seule  variable. 

Je  rappelle  d'abord,  sous  la  forme  primitive  que  je  lui  avais  donnée  dans 
ma  Thèse  (1894),  le  théorème  fondamental  sur  lequel  est  basée  la  théorie  : 
Si  l'on  a  sur  une  droite  une  m///»Ve  (dénombrable)  d'intervalles  partiels,  tels 
que  tout  point  de  la  droite  soit  intérieur  à  l'un  au  moins  des  intervalles,  on 
peut  déterminer  effectivement  un  nombue  limité  d'intervalles  choisis  parmi  les 
intervalles  donnés  et  ayant  la  même  propriété.  De  ce  théorème  on  déduit  la 
consiruction  générale  des  ensembles  que  j'ai  appelés  mesurables  et  la  défi- 
nition de  la  mesure  pour  ces  ensembles  (').  En  particulier,  un  ensemble  qui 
peut  être  enfermé  dans  une  infinité  (dénombrable)  d'intervalles  de  lon- 
gueur totale  aussi  petite  que  l'on  veut  de  mesure  mille.  De  ces  définitions 
et  du  théorème  fondamental  on  déduit  aisément  le  théorème  suivant  : 

Etant  donnés,  dans  un  domaine  limité,  une  infinité  (dénombrable) 
d' ensembles  mesurables  tels  que  la  mesure  de  chacun  d'eux  ne  soit  pas  inférieure 
à  T,  les  points  communs  à  une  infinité  d'entre  eux  forment  un  ensemble  dont 
la  mesure  n'est  pas  inférieure  à  o-  (-);  théorème  dont  la  conséquence  immé- 
diate est  que  :  la  propriété  pour  une  fonction  d'être  continue  en  excluant  des 
ensembles  de  mesure  aussi  petite  que  l'on  l'eut  se  conserve  à  la  limite  (').  En 
d'autres  termes,  étant  donnée  une  série  convergente  de  fonctions  continues 
(non  uniformément  convergente),  on  peut  déterminer  des  intervalles  d'exclu- 
sion d'étendue  totale  aussi  petite  que  l'on  veut  et  tels  que  la  fonction  définie 
par  la  série  soit  continue  lorsqu'on  néglige  ces  intervalles.  On  en  conclut 


(')  La  mesure  d'un  intervalle  esl  sa  longueur;  la  mesure  d'un  ensemble  formé  par 
la  réunion  d'ensembles  sans  partie  commune  (en  nombre  fini  ou  infini)  esl  la  somme 
des  mesures;  la  mesure  de  la  diflerence  de  deux  ensembles,  dont  l'un  est  entièrement 
intérieur  à  l'autre,  est  la  difTérence  des  mesures;  si  un  ensemble  quelconque  esl  inté- 
rieur à  UQ  ensemble  mesurable,  sa  mesure  esl  inférieure  ou  égale  à  celle  de  l'en- 
semble mesurable  ;  la  mesure  n'est  jamais  négative.  L'utilité  du  ihéorème  fondamental 
est  de  prouver  que  ces  définitions  ne  peuvent  pas  entraîner  de  contradiction  {Leçons 
sur  la  théorie  des  fonctions,  Cliap.  III,  tSgS). 

(^)  Un  théorème  sur  tes  ensembles  mesurables  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVII, 
17  décembre  igoS,  p.  966). 

{')  Ibid.,  p.  967. 


5lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  celle  fonction  est  inlégrable,  avec  la  définition  de  ma  précédente  Note, 
dans  le  domaine  ol)tenu  en  faisant  abstraction  de  ces  intervalles  d'exclusion. 
Si  la  fonction  est  bornée,  l'intégrale  tend  évidemment  vers  une  limite  lorsque 
la  somme  des  intervalles  d'exclusion  tend  vers  zéro.  Il  en  résulte  (jue  toute 
fonction  bornée  limite  de  fonctions  continues  est  intégrable  et  ce  résultat 
s'étend  sans  peine  aux  fonctions  bornées  limites  des  fonctions  précédentes, 
et  ainsi  de  suite,  c'est-à-dire  à  toutes  les  fonctions  bornées  qui  peuventêtre 
définies  analytiquement.  Les  résultats  précédents  équivalent  à  des  résultats 
obtenus  par  M.  Lebesgue;  ceux  cjui  suivent  me  paraissent  nouveaux. 

Si  la  fonction  limite  de  fonctions  continues  n'est  pas  bornée,  il  est  des  cas 
où  elle  n'est  pas  intégrable;  citons  comme  exemple  la  fonction 

/(.r)  --=1 


„  =  »  I  H-  n-r" 

Il  faut  donc  ajouter  une  condition  supplémentaire;  nous  l'énoncerons 
brièvement  en  disant  que  les pà/es  doivent  être  d'ordre  inférieur  à  l  unité,  ce 
qui  nous  permettra  de  considérer  aussi  des  séries  de  fonctions  discontinues 
intégrables,  pourvu  que  ces  séries  soient  convergentes  e/i  gênera/,  c'est-à-dire 
que  l'ensemble  des  points  de  divergence  soit  de  mesure  nulle. 

La  seule  précaution  à  prendre  est  la  suivante  :  il  ne  suffit  pas  que  la 
somme  des  intervalles  d'exclusion  tende  vers  zéro  lorsqu'on  fait  varier 
l'ensemble  de  ces  intervalles;  il  faut  encore  avoir  soin,  dans  chaque  choix 
particulier  que  l'on  fait  de  ces  intervalles,  d'assujettir  leur  décroissance 
asymptotique  à  ne  pas  être  trop  rapide.  Précisons  ce  point.  On  dit,  en  gé- 
néral, qu'un  poinl  a  est  un  pôle  d'ordre  au  plus  égal  à  a  pour  une  fonction 
f{x)  lorsque,  en  excluant  un  intervalle  d'étendue  £,  la  fonction  est  infé- 
rieure en  valeur  absolue  à  Aï""",  A  étant  un  nombre  fixe.  On  dira  de  même 
qu'un  ensemble  dénomhrable  de  pôles  est  d'ordre  au  plus  égal  à  a  lorsquon 
pourra  //.ter  une  loi  de  décroissance  asymptotique  des  intervalles  d'e.velusion(') 
telle  que,  si  l'on  multiplie  tous  ces  intervalles  par  un  nombre  arbitrairement 
petit  £,  la  fonction  soit  inférieure  en  valeur  absolue  à  Kt'" .  Tel  est  le  cas 
pour  la  fonction  que  je  citais  dans  ma  dernière  Note  : 

L'ordre  a  est  ici -;  l'intervalle  d'exclusion  correspondant  à  a„  peut  être 
pris  égal  à  —^  • 

(')   hien  entendu,  les  longueurs  de  ces  intervalles  forment  une  série  convergente. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  5ll 

On  arrive  dès  lors  à  la  conclusion  générale  suivante  :  toute  fonction  d'une 
variable  réelle  définissable  analyliquement  estintégrable  lorsque  l'ordre  maxi- 
mum de  ses  pôles  est  un  nombre  inférieur  à  un.  Le  cas  où  l'intervalle  d'inté- 
gration s'étend  à  l'infini  se  ramène  au  cas  de  l'intervalle  fini  par  un  change- 
ment de  variable.  On  sait  que,  si  l'ordre  d'un  pôle  est  égal  ou  supérieur  à  i 
et  si  la  fonction  ne  change  pas  de  signe  une  infinité  de  fois  dans  le  voisinage 
de  ce  pôle,  elle  n'est  pas  intégrable.  Le  seul  cas  douteux  nouveau  qui  reste- 
rait à  étudier  est  celui  d'une  infinité  dénombrable  de  pôles  dont  les  ordres 
seraient  tous  inférieurs  à  i,  mais  ne  seraient  inférieurs  à  aucun  nombre 
plus  petit  que  i. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  solutions  asymptotiques  des  équations 
dij^érenlielles .  Note  de  M.  Emile  Coxpon,  présentée  par  M.  Emile 
Picard. 

Les  lignes  suivantes  contiennent  une  démonstration  nouvelle  du  théorème 
d'existence  des  solutions  asymptotiques  ('),  basée  sur  des  hypothèses  moins 
restrictives  que  celles  faites  habituellement.  La  méthode  suivie  est  celle  des 
approximations  successives  de  M.  Picard,  mais  elle  est  appliquée  après 
transformation  des  équations  différentielles  en  des  équations  intégrales  conve- 
nablement choisies.  Cet  artifice  augmente  beaucoup  la  puissance  de  la 
méthode  et  peut  être  avantageusement  employé  dans  d'autres  parties  de  la 
théorie  des  équations  différentielles  (-). 

i.  Soit  S  une  solution  d'un  système  2  d'équations  différentielles,  qui 
reste  régulière  lorsque  la  variable  indépendante  t  croit  de  zéro  à  -l-  ce 
(nous  nous  limitons  aux  éléments  réels).  Supposons  que  le  système  d'équa- 
tions aux  variations  relatif  à  S  et  S  appartienne  à  la  classe  des  systèmes 
réductibles  de  M.  Liapounoff  (Mémoire  cité  n°  10  et  Note  du  n°  18).  On 
peut  alors,  par  un  choix  convenable  des  fonctions  inconnues  a;,,  .Tj,  . . .,  .r„, 
ramener  S  k  x^  =  x.,=  . .  .  =  ,t„  =  o,  et  les  équations  aux  variations  à  des 

(')  Voir  :  PoiNCARÉ,  Les  mélliodes  nouvelles  de  la  Mécanique  céleste,  l.  I, 
Chap.  VII;  Picard,  Traité  d'Analyse^  t.  III,  Chap.  VIII;  le  Mémoire  de  Liapounoff, 
Sur  la  stabilité  du  mouvement,  traduit  par  M.  Davaux,  Annales  de  Toulouse,  1908. 

('•')  On  peut,  par  exemple,  interpréter  de  celte  façon  la  méthode  d'approximations 
employée  par  M.  Bendixon  dans  l'étude  des  points  singuliers.  Pour  le  cas  élémentaire, 
où  l'arc  de  caractéristique  cherché  est  fini  et  régulier,  voir  un  article  du  B  illetin  de 
la  Société  mathématique  de  France. 


-<^\6j~  f 


'ox"/. 


TIl'.BRARVj: 


-9- 


5 1-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

équations  linéaires  à  coeflicicnls  réels  et  constants  de  la  forme  suivante  : 

Nous  voulons  démontrer  que,  s'il  y  a  p  nombres  p  négatifs,  H  admet  une 
famille  de  solutions  dépendant  de  p  constantes  arbitraires  asymptotiques  à  S 
pour  /  =  +  30. 

2.  Pour  abréger  l'écriture,  nous  supposerons  ici  /i  =  2  et  /j  =  i .  Ecrivons 
alors  les  équations  de  "L, 

(i)  '-±^-',,.r-^'P{x.y,t),  -£  =  ^y  +  Qijr,y,t). 

Nous  supposons  A>o,  a^o,  et  nous  faisons  les  hypothèses  suivantes  : 
Pour  toute  valeur  positive  de/,  et  pour  |£c|5^,  |  j|£^,  PetQ  sont  fonctions 
bien  définies  et  continues  de  x,yelt,  s'annulent  pour  x  =  y  =^  o,  admettent 
par  rapport  à  x  e[  h  y  des  dérivées  premières  continues,  (jui  s'annulent  aussi 
pour  X  ==  }'  .=  o.  Alors,  £  étant  un  nombre  positif  arbitrairement  choisi,  on 
peut  lui  faire  correspondre  un  nombre  g  tel  que  pour  \x\';;^(j,  y'Sa  les  valeurs 
absolues  des  dérivées  soient  inférieures  à  i. 

3.  Un  procédé  d'intégration  des  équations  linéaires  non  honiQgènes,  dû 
à  Cauchy,  amène  à  rattacher  l'étude  des  solutions  de  (i)  asymptotiques  à  zéro 
à  celle  des  équations  intégrales 


(2) 


I  y(t)  =-  /     e'\''''-'>Q[x(x),y{o'.),y.]du. 


Nous  monlrerons  qu'elles  admettent  des  solutions  en  établissant  la  légi- 
timité et  la  convergence  des  approximations  successives  de  M.  Picard, 

i   x„{t)       =ae-'-',         y„{()  =  o, 

I  J•,„^^(t)  =  ae  ■''''+  I     e'(«-"  P[ar„,(a),,r,„l  «),  a]  f/«, 

(3)  {  " 

Iy,„^,(t)  —  —  I      e-i't»   ')Q[.r„,(a),_v,„(3c),  alr/3! 
{m  ^=0,  1,9.,  .  .  .). 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    19IO.  5l3 

4.  Nous  étudierons  d'abord  les  équations  intégrales  linéaires  de  compa- 
raison 

(4)  X(0  =  Ae-"+c/    e':«-"[X(a)  +  Y(a)]f/3!,     \  {t)  -  i  f    [\  (a) +¥(=<)]  6^a. 

On  suppose  o</<A,  A>|a|.  Formons,  par  la  méthode  du  n"  .'{,  les 
approximations  successives  X,„(<),  Y,„(/).  On  voit  facilement  qu'elles  sont 
bien  déterminées,  et  que  les  différences  X,„  —  X,„_,,  Y^  —  Y,„.,  sont  égales 
aux  produits  de  As'"  f"  par  des  polynômes  en  /,  de  degrés  non  supérieurs 
à  /«,  à  coefficients  positifs  et  indépendants  de  e.  Donc,  pour  /  >  o  et  fixe, 
X,„(<)  et  Y„(^)  croissent  avec  m. 

D'autre  part,  on  démontre  de  proche  en  proche  que  ces  fonctions  restent 
inférieures  à 

(5)  |(0  =  Ae-P',         ■/)(0=  — ^Ae-P', 


|(0  =  Ae- 

-P' 

■fli 

[0 

p- 

;me 

i  linéaire 

dt 

=  -/c  +  i 

Ki 

:  +  ro, 

d-n 
dt 

(6)  -^=-li+^^i  +  r,).         -=-a(>  +  ^) 

correspondant  à  la  plus  petite  des  deux  racines  de  l'équation  caractéris- 
tique :  —  p  (ces  racines  sont  réelles  si  |£|  est  assez  petite).  Les  fonctions  (5) 
vérifient  aussi  les  équations  intégrales  (4)- 

Les  séries  entières  en  £,  formées  par  2(X,„  —  X,„_,),  S(Y„,  —  Y„,_,)  sont 
donc  uniformément  convergentes  pour  1 1  \  assez  petite;  leurs  sommes  restent 
inférieures  à  6  Ae''",  où  o  <  A  </ et  ô>  o,  A  et  9  étant  indépendants  de  £. 
On  en  conclut  que  ces  sommes  X(t)  etY  (l)  vérifient  les  équations  (l\)  et  (G) 
et  sont  identiques  aux  fonctions  (5). 

5.  Laissons  à  i  une  valeur  positive  fixe  suffisamment  petite,  détermi- 
nons (7  (n"  2),  prenons  A  <|  et  |  «|  <  A.  Comparons  x'„,e[.y„,  à  X,„  et  Y,„, 

puis  x„,  —  j;,„_i,  Xm  —  J';«-i  à  X„,  —  X,„_,  et  Y„,  —  Y,„_,,  en  utilisant  des 
inégalités  de  Lipschitz  convenables.  On  voit  alors  que  x„,  et y,„  sont  bien 
définies,  restent  inférieures  en  valeurs  absolues  à  X  e^  à  Y,  et  convergent  uni- 
formément vers  des  limites  x  et  y  vérifiant  les  équations  (i)  et  (2).  Comme  x 
et  j  dépendent  de  la  constante  arbitraire  a  et  restent  inférieures  en  valeur 
absolue  à  0  Ae  '^',  la  proposition  énoncée  est  bien  établie. 

C.  H.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  9.)  ^9 


5l4  ACAUÉMIE    UKS    SCIENCES. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Conditions  nécessaires  el  suffisantes  pour  la 
possibilité  du  problème  de  Dirichlet.  Note  de  M.  Serge  Ber\stei.\, 
présentée  par  M.  Emile  Ficard. 

Dans  un  Mémoire  que  je  viens  de  publier  (')  je  me  suis  occupé  de 
rechercher  des  conditions  suffisantes  pour  la  possibilité  du  problème  de 
Dirichlet.  Je  me  propose  de  compléter  ici  ces  recherches  en  indiquant  des 
conditions  nécessaires. 

Posons-nous,  en  particulier,  le  problème  suivant  : 

Déterminer  parmi  les  équations  de  la  forme 
(i)  A;-4-2B.s-+-C<  =  D         (AC  — B^'>o), 

toutes  celles  jiour  lesquelles  le  problème  de  Dirichlet  est  toujours  (^  )  pos- 
sible. 

Bornons-nous  au  cas  où  A,  B,  C,  D  sont  des  fonctions  analytiques  de  .r, 
r,  z,p,  q  régulières  pour  toute  valeur  réelle  finie  de  ces  variables  et  telles 
que,  pour/?,  q  infinis,  elles  croissent  comme  des  puissances  entières  de  /), 
q.  Dans  la  présente  Note  je  supposerai,  en  outre,  A^  =  B^  =  C^  =  o  et 
D^  >  G,  en  me  réservant  de  revenir  prochainement  au  cas  général. 

Ceci  posé,  considérons  l'expression 

E  =  \/>= -1- 2  B/>(/ -^  Ce/- ; 

il  est  évident  que  l'ensemble  des  termes  du  plus  haut  degré  en/7,  q  ne  peut 
changer  de  signe;  il  arrivera  très  souvent  qu'il  ne  pourra  même  pas  s'an- 
nuler pour/?,  q  différents  do  zéro.  Si  cette  dernière  circonstance  se  présente, 
la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  le  problème  de  Dirichlet  soit  tou- 
jours possible  est  que  la  croissance  de  E  soit  supérieure  ou  égale  à  la  crois- 
sance de  D. 

Ainsi,  par  exemple,  le  problème  de  Dirichlet  pour  l'équation 


(9)  (\  +  'f-)r—-ip>is^{x-^p-)t^z\,l{\+p'-+q^y\ 

sera   toujours  possible   pour  nii.,  il  deviendra,  en   général,    inqjossible 


(')  Matheinatischc  A/m.,  t.  lAVlII. 

(-)  Pour  fixer  les  idées  on   peut  préciser  ainsi  le    mol   lou jours  :  avec  des  données 
analytiques  sur  un  contour  coinexe  analytique  quelconque. 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    1910.  5l5 

pour  A?  >  2  (ici  F,  =  p-  +  c/').  Au  contraire,  pour  réquatinn 

(3)  (I  +/->-)'•  +  ■^■Pl^  +  (1  +  <i-)t  =  :\\^  +p-+q-)", 

le  problème  sera  possible  tant  que  n'S^^^ei  sera,  en  général,  impossible 
pour  n>4  [ici  E  =p-  +  </-  +  (p-  -^(f)-\- 

Dans  le  cas    où  pour   certaines  valeurs  du  rapport   -  l'ensemble  des 

termes  du  plus  haut  degré  dans  E  s'annulle,  on  peut  encore  affirmer  que  le 
problème  de  Dirichlet  est  toujours  possible,  si  la  croissance  de  E  est,  pour 

toute  valeur  de  ->  supérieure  ou  égale  à  la  croissance  de  D,  et  impossible  dans 
le  cas  contrcdre,  c'est-à-dire,  lorsque  pour  toute  valeur  de  -  la  croissance  de 

E  est  inférieure  à  celle  de  D.  Mais  la  question  reste  en  suspens,  si  la  crois- 
sance de  E  ne  devient  inférieure  à  celle  de  D  que  pour  des  valeurs  excep- 
tionnelles du  rapport  -• 

Je  remarquerai  en  terminant  que  le  cas  où  D^  peut  s'annuler  ou  reste  nul 
identiquement,  se  distingue  peu  du  précédent;  il  faut  ajouter  seulement 
aux  conditions  indiquées  plus  haut  pour  la  possibilité  du  problème  de  Diri- 
chlet l'existence  d'une  solution  particulière  de  réquation(  i  )  régulière  dans 
une  région  du  plan  aussi  grande  qu'on  le  veut.  Ainsi,  on  vérifie  facilement 
que  pour  l'équation 


(2')  {i-^rf-)r-'2p,is  -4-  (,  +/j5)<  =  v(i  4-/J^+  'fY , 

le  problème  de  Dirichlel  n'est  toujours  possible  que  lorsque  /i5  2,  et  |)0ur 
l'équation 


(3')  (n-//-)/-+  ip,JS  +  {l  -\-,f-)t  =  \!(i+p-+q'-Y', 

lorsque  «  =  3,  et  devient,  en  général,  impossible  dans  le  cas  contraire. 

ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —  Sur  une  équation  intégrale.    Note  (') 
de  M.  Joseph  Marty,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Je  considérerai  dans  celte  Note  l'équation 

(,)  o{^x)-lf  k{x)K{x,y)'^{y)cly  =f{x); 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  21  février  1910. 


5l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  (a-)  est  continue  dans  Tinlervalle  o,i  sauf  peut-être  en  un  nombre  fini 
de  points  où  elle  possède  une  discontinuité  finie;  son  signe  est  d'ailleurs 
cjuciconque;  K(a;,  y)  est  une  fonction  symétrique,  continue  et  définie^ 
c'est-à-dire  que 

K(r,7)  u{x)  u{y)  d{j;,y)lo 


//' 


pour  une  fonction  u  (a-)  analogue  à  A  (a?).  Cette  équation  intégrale  du  type 
équalion  de  troisième  espèce  (Hilbert)  peut  se  résoudre  par  la  méthode  de 
Fredliokn  ;  je  me  propose  de  retrouver,  simplement,  les  propriétés  princi- 
pales des  valeurs  singulières  de  cette  équation. 

Pour  la  théorie  des  équations  de  seconde  espèce  (E.  Schmidt),  l'ortho- 
gonalité  de  deux  solutions  singulières  appartenant  à  deux  valeurs  singu- 
lières ditTérentes  joue  un  rôle  essentiel.  Dans  le  cas  actuel,  ce  sera  le  fait 
pour  ces  solutions  d'être  conjuguées  relativement  au  noyau,   c'est-à-dire 

telles  que 

r  r 


//' 


Il  résulte  de  la  théorie  de  Schmidt  (on  peut  d'ailleurs  le  démontrer  direc- 
tement) qu'une  fonction  !p  conjuguée  à  elle-même  est  telle  que 


/ 


K-(-»,  7)9(7) '</  =  o- 

Une  telle  fonction  ne  peut  donc  être  solution  singulière  de  (i).   On  en 
conclut  immédiatement  : 

1°  Les  valeurs  singulières  de  (^i)  sont  réelles  ; 
2°  Les  pôles  d' une  solution  de  (i)  sont  simples  ; 

3"  Si  I    K  (j',  /)  A  (/)  K  (/,  r)  dl  ^  o,  l'équation  (i) possède  au  moins  une 

"  0 

valeur  singulière.  —  l'our  démontrer  l'existence  de  cette  valeur,  j'emploierai 
la  méthode  de  Schwarz,  en  m  appuyant  sur  une  inégalité  fondamentale 


[//^ 


K(,r,j)9(.r)  J;(7)</(.r,  j) 
■r.J j'Kix,y)r^{x)<,{y)d{.r,y)  j' JK{.v,y)'^{.v)'L{y)d{.v,  y), 
inégalité  (jui  s'obtient  en  écrivant  simplement  que 

J'jK{x,y)  [o{x)  +  /4(.r)]  [o{j)  -4-  my)]  d(a;y)lo, 
quel  (juc  soit  A. 


SÉANCt:    DU    28    FÉVHIER    19IO.  617 

Les  noyaux  itérés  seront  les  fondions 

K„{x,  y)::iz  Ck^x,  l)  K(l)\^p.,{l,y)  dt, 

toute  solution  singulière  de  (i)  est  solution  de  l'équation 

(2)  <if{a-)  -II'  f  k{x)Kp{a\  y)  ^{y)  dy  =  o, 

et  réciproquement  à  toute  valeur  singulière  positive  de  l'équation  (2)  corres- 
pond au  moins  une  valeur  singulière  pour  (1).  Il  existe  une  valeur  singu- 
lière positive  pour  le  noyau  '}^.,(^x,y). 
En  remarquant  que 

^■2P+^{-i--y)=j  j  K(,/,r)A(«)K,,(«,.r)A(r)Kp(..,  j)f/{«,  .■), 

on  vérifie  : 

1°  Les  noyaux  itérés  ne  peuvent  être  identiquement  nuls  à  partir  d'un 
certain  rang  que  si  le  noyau 

K,(.r,  r)=  /K(,r,  OA(OK-(/.j)r// 

est  identiquement  nul.   Ko^^,  (ic,  a;),   en  effet,    ne   peut  être   nul   que  si 
K^^i  (x,y)  est  identiquement  nul  ; 

2°  Les  noyaux  d'indice  impair,  pour  j;=jk,  c'est-à-dire 

sont  positifs,  quel  que  soit  ^c,  et  non  identiquement  nuls.  Parmi  les  constantes 
U„=  I  K„{.r,j)dx, 

celles  d'indice  impair  sont  donc  positives  cl  non  nulles. 
Ln  posant  g,„  =  y^ >  on  trouve 

(3)  o°„,^^„,+,. 
D'autre  part, 

(    f  f\K,,„^,(x,y)\d(x,y)<l]„„^„ 

(4)  r/, 

j  I  j\K^^,(x,y)\d(.r,y)  <hs/ij;;t;, 

H  étant  une  constante. 


Ol8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

Les  relations  (4  )  permettent  d'établir  que 

u,„,+3<cu,„,_„ 

C  et  L  étant  des  constantes,  et  d'obtenir  des  limites  supérieures  du  module 
de  Ko/,+,(.T,  r)  en  fonction  des  nombres  l  .  La  démonstration  s'achève 

aisément;  g,,,  tend  vers  une  limite   g  et      ""'^|.,„   '        tend   uniformément 

vers    une    fonction    \{{x,y);    A{x)l\(x,y)   est    une  solution   singulière 

pour  le  noyau  K^ijv^y)  correspondant  à  la  valeur  singulière-- 

o 

Dans  le  cas  où  Ko(^,j')  serait  identiquement  nul,  on  a  immédiatement 

et  il  est  visii)le  qu'il  n'y  a  pas  de  valeurs  singulières. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  paire  de  séries  de  Fourier  conjuguées. 
Note  de  M.  Lkopoi.b  Fe.iér,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

(Considérons  le  groupe  des  2.n  nombres 

III  I  I 

Il       II  —  I  1        '  '         ■?.  Il 

n  étant  un  nombre  entier  positif.  Formons  successivement  ce  groupe  pour 
les  valeurs  suivantes  de  n  : 

Il  :=  2*',    2-',    2''',    2*',    .  .  .  ,    2''",    .  .  .  , 

et  écrivons  ces  groupes  de  nombres,  l'un  après  l'autre,  dans  une  seule  ligne, 
mais  après  avoir  divisé  les  nombres  du  v'""'""  groupe  par  v-.  Nous  obtenons 
ainsi  une  suite  inlinic  bien  déterminée 

«,,       «2,      «3,       ...,       «/, 

Ses  premiers  termes  sont 

I  I 

X,^  -,  at,=:  t ,  «3  =  — I,  «»  = ' 

I  I 

''  4(2* —  l)  IO20 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    19IO.  Sig 

J'ai  démontré  anlérieuremenl  ('),  d'une  manière  simple  et  élémentaire  : 
La  série 

(1)  "^0!/,  cosA^/ 

k  _  1 

représente  la  série  de  Fourier  d'une  fonction  cp(^0)  partout  continue  et  de  pé- 
riode 2-,'  cette  série  est  divergente  pour  0  =  o  (-). 

La  série  (i)  est  donc  un  exemple  très  simple  d'une  série  de  Fourier,  qui 
montre  pour  Ô  =:  o  la  singularité  de  P.  du  Bois-Reymond. 

Ensuite  j'ai  remarqué  que  la  série  conjuguèe'^aAsinX-O  représente  aussi 

la  série  de  Fourier  d'une  fonction  '-p(O)  partout  continue  et  de  période  2-. 

Cela  me  permettait  (en  considérant  la  série  de  puissance^aA  s*  delà  va- 


riable complexe  ::)  de  répondre  à  une  question  posée  par  M.  Pringsheim  (■'). 

Depuis,   en   examinant  de  plus  près  la  série  T^a^sin^O,  j'ai  trouvé  le 

résultat  suivant  : 
La  série 

(■1)  Va^^.sinA-f; 

représente  la  série  de  Fourier  d' une  fonction  1(0)  partout  continue  et  de  pé- 
riode 2-;  cette  série  est  partout  convergente,  mais  sa  convergence  est  non  uni- 
forme dans  chaque  intervalle  contenant  la  valeur  6  =  o  ('). 

La  série  (2)  est  donc  un  exemple  très  simple  d'une  série  de  Fourier,  qui 
montre  pour  le  voisinage  de  0  =  o  la  singularité  de  M.  Lebesgue. 


(  '  )  Voir  le  paragraphe  3  de  mon  Mémoire  Lebesgue'sclie  Koiislanten  and  dUergcnlr 
Fourierreihen  dans  le  Tome  138  du  Journal  de  Crelle. 

(-)  Pour  un  intervalle  si  6*1271 —  £  (où  £  >o),  la  série  (i)  est  uniforménienl  con- 
vergente. 

(')  Voir  ma  Note  Ueber  die  Polenzreilie  an  der  Kom-ergenzgrenzc,  dans  les 
Silsungsberichte  der  bayer.  Akad. 

(*)  Pour  un  intervalle  i'iQll%  —  t,  (où  £>o),  la  série  (2)  est  uniformément 
convergente. 


520  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  est  intéressant  à  reraarqnerqiie  les  singularités  do  P.  du  Bois-Reymond 
et  de  M.  Lebesguc  se  présentent  respectivement  pour  la  partie  réelle  et  la 
partie  imaginaire  d'une  même  série  de  puissance  à  loi  de  coefficient  simple 

série   (jiii  définit  un  élément  d'une  fonction  analytique,  partout  continue 
pour  I z I  =  I  • 

La  démonstration  des  propriétés  indiquées  de  la  série  (2)  est  très  simple. 
Elle  repose  sur  les  remarques  suivantes  : 

1°  On  a 


sin(r+i)j"    ^    siD(r+2)a; 

c  I  r»  I    »■       I        f  1    _1_     1  \    >•  C I  n  /    /■    _1_    O  /J  ^    »^   I 

<    26, 


i\n{r -\- ii)x        sin(/- +  «  +  i).r  sin  ( /■  +  2/O-1' 


pour  n  =  entier  positif  quelconque,  /•=  entier  non  négatif  quelconque, 
X  =  quantité  réelle  quelconque. 

2"  On  a 

I  >.,  sin(/-  +  i)j"  4-  )>2sin    /•  +  2).r  +  .  .  .  +  X„,  sin(/-  +  m)x  |1 

pour 

eSx'ilTl  —  £  (£  >  o), 

où  m  =  entier  positif  quelconque,  r  =  entier  non  négatif  quelconque,  et  A,, 
A,,  . . .,  X,„  désignent  des  nombres  quelconques  plus  petits  en  valeur  absolue 
que  L,  mais  de  signes  égaux  et  toujours  croissants  ou  toujours  décroissants. 

3"  Pour 


2  (  /■  +  /() 
on  a 

sin(/- 4- 1)»^        sin(/+2).r  sin  (/•  + /i)-^ -~,  V''^  .       ["«T 

n  II  —i  1  2  L  2  J 

où  «=cnlier    positif  quelconque,   /=  entier  non    négatif  quelconque, 
-    =  le  plus  grand  entier  contenu  en  -• 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  5-21 

PHYSIQUE  APPLlQUÉii.  —  Sur  la  façon  d'évaluer  la  lempéralure  de 
ta  vapeur  surchauffée.  Note  de  M.  J.-B.  Foursier,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

Au  point  de  vue  thermique,  il  existe  une  grande  différence  entre  les  pro- 
priétés de  la  vapeur  saturée  employée  exclusivement  comme  force  motrice 
dans  les  moteurs  à  vapeur  jusqu'à  ces  dernières  années  et  la  vapeur  sur- 
chauffée employée  depuis  quelques  années  seulement. 

En  effet,  dans  une  chaudière,  ne  produisant  que  de  la  vapeur  saturée,  la  tempéra- 
ture est  rigoureusement  la  même  en  tous  les  points  de  la  masse  gazeuse,  le  refroidisse- 
ment contre  les  parois  métalliques  ou  en  tout  autre  point  étant  constamment  compensé 
par  la  chaleur  de  condensation  que  ce  refroidissement  provoque  en  ce  point. 

Si,  au  contraire,  on  suppose  que  celte  même  chaudière  soit  remplie  d'une  vapeur 
surchauffée,  c'est-à-dire  d"uiie  vapeur  au-dessus  de  son  point  de  saturation,  on  doit 
as^imile^  complètement  ce  fluide  à  un  gaz  comprimé  dans  les  mêmes  conditions  de 
température  et  de  pression. 

En  effet  la  vapeur  surchauffée  se  comporte  comme  un  gaz  proprement  dit,  une  masse 
d'air,  par  exemple.  Or  on  sait  que  l'air  ainsi  que  les  autres  gaz,  sauf  l'hydrogène,  sont 
très  mauvais  conducteurs  de  la  chaleur  et,  comme  tels,  peuvent  être  considérés  comme 
des  isolants  thermiques. 

La  température  ne  peut  donc  pas  être  la  même  aux  divers  points  d'une 
enceinte  contenant  de  la  vapeur  surchauffée,  à  moins  que  cette  vapeur  ne 
soit  agitée  constamment  en  tous  les  points  de  sa  masse;  la  tempéiature  de 
la  vapeur,  en  contact  avec  la  paroi,  sera  plus  grande  ou  plus  petite  qu'au 
centre  de  l'enceinte,  suivant  que  cette  paroi  sera  chauffée  ou  exposée  au 
refroidissement  extérieur.  C'est  là  un  point  très  important,  digne  de  la  plus 
grande  attention  des  personnes  qui  s'occupent  de  la  surchauffe  en  général 
et  en  particulier  du  rendement  des  machines  à  vapeur  munies  d'un  sur- 
chauffeur, car  on  peut  dire  que  les  dispositifs  employés  jusqu'ici  pour  éva- 
luer la  température  de  la  vapeur  surchauffée  prouvent  surabondamment  que 
ce  dernier  fluide  a  été  trop  assimilé  à  la  vapeur  saturée. 

Ainsi,  dans  les  locomotives  à  surchauffe,  le  réservoir  tlti  thermomètre 
est  contenu  dans  une  niche  A  {Jîg-  i)  ou  A,  {Jig-  2),  pratiquée  dans  un 
bossage  placé,  soit  sur  la  conduite  d'adduction  de  la  vapeur  au  cylindre 
distributeur,  soit  sur  ce  distributeur  lui-même.  Or,  il  est  facile  de  voir  que, 
dans  ces  positions,  une  partie  seulement  du  réservoir  sensible  (y  de  ce 
réservoir)  plonge  dans  la  vapeur  en  mouvement  et  que  la  vapeur  contenue 
dans  la  niche,  dans  laquelle  elle  séjourne  et  oii  elle  est  refroidie  par  les 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  9.)  7" 


ACADEMIE    UES    SCIENCES. 


parois  du  bossage,  esta  une  température  très  difl'érentc  de  la  température 
dans  l'axe  de  la  conduite  d'adduction. 


Dans  celte  position  défectueuse  de  son  réservoir,  le  thermomètre  indique 
une  température  inférieure  à  la  température  réelle  moyenne  de  la  vapeur, 
la  différence  de  ces  températures  pouvant  atteindre  ^S"  comme  cela  a 
été  constaté  sur  les  locomotives  de  l'Etat  italien,  groupe  640.  Cette  diffé- 
rence n'a  pas  seulement  pour  eiTet  d'exposer  le  mécanicien  à  manœuvrer 
d'une  façon  intempestive  les  organes  de  sa  machine,  le  thermomètre  étant 
son  seul  g^uide,  mais  aussi  de  donner  une  appréciation  inexacte  du  ren- 
dement. 

[^a  formule  de  (larnot 

T' 


R  =  l 


dans  la(|uelle  z  désigne  celle  dillV'rence,  T  et  T'  les  lem[)éraLures  absolues 
réelles  de  la  vapeur  dans  le  surchaufl'eur  et  à  l'échappement,  montre,  en 
ellet,  que  le  rendement  varie  en  l'aison  inverse  de  £,  c'est-à-dire  de  la  dif- 
férence entre  la  température  réelle  de  la  vapeur  et  de  la  température  lue 
au  thermomèlre. 

On  est  donc  conduit  à  calculer  iin  reiulenieut  tro[)  petit. 

l'ositioii  noriitdle  du  réservoir  sensible  du  thermomètre.    —   (^uel  (jue  soit 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    19IO.  52^ 

le  système  du  iheruiomètre  employé,  qu'il  soit  à  dilatation  ou  à  tension  de 
vapeur  saturée,  il  est  de  toute  rigueur  que  son  réservoir  plonge  entièrement 
dans  la  vapeur  en  mouvement,  de  façon  que  celle-ci  en  lèche  entièrement 
les  parois. 

Le  réservoir  du  thermomètre  devra  donc  avoir  des  dimensions  assez 
petites  pour  qu'il  soit  entièrement  immergé  dans  le  tourbillon  de  vapeur  et 
qu'aucun  de  ses  points  ne  soit  placé  en  dehors  de  la  paroi  de  la  surface 
cylindrique  formée  par  la  paroi  interne  de  la  conduite  de  vapeur. 


On  évitera  également,  autant  que  possible,  le  contact  des  parois  de  la 
conduite  avec  le  réservoir. 

En  suivant  ces  prescriptions,  on  pourra  adopter  l'un  ou  l'autre  des  dispo- 
sitifs suivants  : 

i"  On  pourra  placer  le  réservoir  dans  la  vapeur  même,  sans  aucune  enveloppe 
proleclrice;  mais,  dans  ce  cas,  il  est  utile  de  renforcer  convenablement  le  réservoir 
pour  lui  permettre  de  résistera  l'action  corrosive  bien  cojinue  de  la  vajieur  sur- 
chauffée. 

2°  On  pourra  aussi,  comme  le  représente  le  dessiii  figure  i,  placer  le  réservoir  sen- 
sible dans  une  gaine  métallique  (acier  de  préférence)  le  protégeant  contre  la  corrosion, 
et  disposé  comme   le    représente   en   G   la   figure  1.  Cette  gaine,   fermée   par   un  joint 


524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

hermétique,  poiirra  être  ajourée  (dispositif  adopté  réceminenl  par  les  chemins  de  fer 
de  l'Etat  italien  )  ou  bien  non  ajourée  et  remplie  d'huile  bouillant  à  haute  tempéra- 
ture, comme  la  valvoline,  jusqu'à  un  niveau  H,  de  façon  à  baigner  constamment  le 
réservoir  sensible  R  (dispositif  adopté  par  les  chemins  de  fer  français,  suisses,  brfges, 
russes,  etc.  ). 

Il  est  évident,  d'ailleurs,  que  l'évaluation  de  la  température  ne  sera 
rigoureuse  qu'autant  que  la  partie  sensible  du  thermomètre  sera  entiè- 
rement localisée  dans  le  réservoir  :  il  n'y  a,  jusqu'à  présent,  que  les  thermo- 
mètres à  tension  de  vapeur  saturée  qui  réalisent  cet  avantage  important. 


PHYSIQUE.    —   Hobine  symétrique  pour  galvanomètre  à  cadre  mobile. 
Note  de  M.  Ch.  Férv,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

M.  Lippmann  a  autrefois  appelé  l'attention  sur  les  inconvénients  pré- 
sentés par  le  magnétisme  du  cuivre  pour  la  construction  des  galvanomètres 
très  sensibles  à  bobine  mobile. 

Le  cuivre  chimiquement  pur  est  dinmagnétique,  mais  l'étirage  de  ce  métal  dans  des 
filières  en  acier  lui  communique  un  magnétisme  variable  avec  la  fabrication,  et  qui 
|ieut  être  suf(i>ant  pour  donner  à  la  l)ol)ine  suspendue  dans  le  champ  un  couple  direc- 
teur [)lus  grand  que  celui  du  fil  de  torsion. 

IjB  remède  préconisé  par  M.  Lippmann  est  d'employer  des  champs  aussi  uniformes 
que  possible,  et  de  recouvrir  d'autre  part  la  bobine  d'un  vernis  renfermant  un  corps 
fortement  diamagnétique,  le  bismuth  par  exemple,  annulant  1res  sensiblement  le  couple 
présenté  par  la  bobine. 

La  solution  rjue  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui,  peut-être  plus 
facile  à  employer  par  les  constructeurs,  consiste  à  obtenir  la  symétrie  magné- 
tique du  système  suspendu  par  la  symétrie  d'enroulement  du  fil  magnétique 
autour  de  l'axe. 

L'axe  de  la  bobine  est  constituée  par  une  lige  légère  en  aluminium  portant  deux 
petits  plateaux /J  et  yo'  en  aluminium  ou  en  mica. 

Le  fil  e=t  alors  bobiné  sur  ce  système  à  la  fnçon  d'un  induit  en  tambour  de  dynamo, 
et  la  bobine  terminée  se  présente  comme  un  cylindre,  dont  les  deux  bases  sont  consti- 
tuées par  les  petit*  plateaux  p  et  p' ,  et  dont  les  génératrices  sont  le  fil  lui-même. 

On  conçoit  que  dans  ces  conditions  le  système  ne  soit  soumis  à  aucun  couple  direc- 
J,eur  dans  un  champ  magnétique,  puisqu'il  est  com])lètfment  svmétrique  par  rapport  à 
son  axe  de  rotation. 

Le  gain  de  sensibilité  ainsi  obtenu  compense  largement  l'augmentation 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I9I0.  SaS 

de  poids  et  de  résislaiic.e  de  la  bobine,  dus  à  la  présence  de  spires  dont  le 
plan  est  perpendiculaire  aux  lignes  de  force. 


Le  couple  moteur  du  galvanomètre  se  trouve  diminué  par  cette  disposi- 
tion ;  il  est  facile  de  voir,  en  intégrant  l'action  des  diverses  spires  rangées 

sur  une  surface  cylindrique,  que  le  couple  est  dans  le  rapport  -  =  0,61 ,  avec 

ce  qu'il  serait  si  ces  mêmes  spires  étaient  toutes  parallèles  auv  lignes  de 
force. 

Ce  petit  inconvénient  est  largement  compensé  par  les  avantages  indiqués 
au  cours  de  cette  Note. 


TÉLÉMÉCANIQUE  SANS  I"IL.  —  Sur  les  résultats  obtenus  dans  la  torpille  radio- 
automatique  par  un  nouveau  télècomnuitatew  et  radio-combinateur.  Note 
de  M.  G.  Gabet,  transmise  par  M.  L.  Cailletet. 

Dans  une  Communication  présentée  à  l'Académie  le  7  janvier  1907, 
j'exposai  le  principe  général  sur  lequel  reposent  les  appareils  téléméca- 
niques actuels  :  principe  du  retard  au  contact  permettant  la  sélection  des 
commandes. 

Les  résultats  pratiques  que  j'ai  obtenus  dans  des  nouveaux  appareils 
basés  sur  ce  même  principe  ont  été  pleinement  vérifiés  par  une  expérience 
prolongée  dans  la  torpille  radio-automatique .  Cet  engin  sous-marin  a  eilectué, 
dans  le  cours  de  l'été  1909,  de  nombreuses  sorties  en  Seine,  opérant  des 


52fi  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

virages  variés  et  franchissant  les  arches  des  ponts  malgré  l'exiguïté  du 
fleuve  sillonné  de  trains  de  bateaux. 

Le  radio-combinateur,  employé  à  la  station  d'émission,  a  pour  but 
d'alTrancliir  complètement  l'opérateur  du  soin  matériel  de  la  manipulation 
hertzienne.  Il  porte  lo  touches  numérotées  correspondant  aux  commandes 
à  efl'ectuer.  Il  suffit  d'appuyer  sur  la  touche  choisie  pour  que  la  torpille 
opère,  à  distance,  la  manœuvre  désignée. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle,  méthode  (Vanalyse  par  les 
courbes  de  rniscihililé ;  application  aux  essences  de  térébenthine.  Note 
de  M.  E.  Louise. 

La  méthode  d'analyse  par  les  courbes  de  miscibilité  que  j'ai  fait  connaître 
précédemment  (')  et  dont  j'ai  indiqué  les  détails  d'exécution  dans  un 
Recueil  spécial  (^),  permet  de  caractériser  avec  la  plus  grande  facilité  les 
essences  de  térèbentine,  ainsi  que  les  produits  servant  ordinairement  à  leur 
falsification  :  les  éthers  de  pétrole  connus  sous  le  nom  de  VVhite  Spirit  et 
les  huiles  de  résine.  Pour  cette  nouvelle  application,  le  principe  de  la 
méthode  reste  le  même,  ainsi  que  les  définitions  de  points  et  de  courbes  de 
miscibilité;  toutefois,  au  lieu  de  prendre  l'acétone  comme  nous  l'avions  fait 
pour  les  huiles,  nous  avons  dû  rechercher  un  autre  liquide  capable  de 
donner  un  mélange  double  avec  l'essence  de  térébenthine,  mélange  qui  lui- 
même  permettrait  d'obtenir  des  points  et  des  courbes  de  miscibilité  dans 
des  limites  de  température  où  les  déterminations  sont  pratiquement  faciles 
à  réaliser.  Nous  avons  reconnu  que  l'acétone  spécialement  préparée,  l'alcool 
absolu,  l'aniline,  donnaient,  avec  l'essence  de  térébenthine,  des  mélanges 
doubles;  mais  que  l'aniline  devait  être  préférée  aux  autres,  en  raison  de  la 
netteté  parfaite  des  phénomènes  permettant  la  détermination  des  différents 
points  de  miscibilité. 

Les  courbes  représentées  sont  obtenues  avec  lo™'  d'aniline  et  des 
volumes  variables  d'essence,  de  White  Spirit  ou  d'huiles  de  résine,  bien 
mesurés  avec  une  pipette  graduée. 

L'aniline  employée  avait  pour  point  d'ébullition  182°  et  avait  été  identifiée  au 
moyen  de  notre  pétrole  type,  avec  lequel  elle  donne  un  mélange  double.  Les  traces 

(')  Compte'!  rendus,  t.  CXF^V,  1907,  |).  i8i;  t.  CXLIX,  kjo;).  j).  284. 
(-)  Annales  des  ftilsi/ica lions,  janvit^i-  1910. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I910.  027 

fi'eai),  qu'il  faut  éviter  dans  toute  détermination  de  ce  genre  pour  obtenir  des  courbes 
identiques  avec  les  mêmes  produits,  avaient  été  rechercliées  dans  les  difTérents  corps 
étudiés  avec  de  l'alcooiale  de  barvum. 


Nous  avons  opéré  exclusivement  sur  les  essences  des  Landes,  de  beaucoup 
les  plus  iuiporlantes  au  point  de  vue  de  la  production  française.  Douze 
échantillons  aulhenti(|ues  provenant  de  crus  difTérents  ont  été  soumis  à  l'ex- 
périence. Nous  avons  pu  constater  que  si  les  courbes  de  miscibilité  qu'ils 
donnent  respectivement  ne  sont  pas  identiques,  elles  sont  très  rapprochées 
les  unes  des  autres,  parallèles  entre  elles  et  viennent  se  grouper  au-dessus 
et  au-dessous  de  l'essence  de  Mont-de-Marsan  en  s'en  écartant  de  un  degré 
au  plus. 

Ouant  au  Wbite  Spirit,  sa  courbe  est  de  forme  différente  et  se  trouve  si 
éloiii-née  de  celle  des  essences  qu'elle  ne  peut  être  représentée  dans  les  limites 


^•^H  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  figure  sans  faire  dans  le  plan  du  dessin  une  coupure  perniellanl  de 
diminuer  les  longueurs  des  ordonnées  qui  correspondent  aux  degrés  de  lein- 
péralure. 

Enfin  les  huiles  de  résine  ont  également  une  courbe  de  niiscibilité  toute 
spéciale  située  au-dessous  de  celles  des  essences  et  s'en  écartant  beaucoup. 

La  falsification  au  moyen  de  20  pour  100  de  White  Spiril  donne  une 
courbe  très  éloignée  de  la  courbe  de  l'essence  pure,  et  le  mélange  avec  5 
pour  100  se  reconnaît  encore  fort  aisément.  La  falsification  par  l'huile  de 
résine  donne  également  des  courbes  intermédiaires  entre  celles  des  deux 
produits  mélangés. 

Nous  avons  appliqué  également  cette  méthode  aux  pétroles,  alcools  purs 
ou  dénaturés,  essences  à  parfum,  corps  gras  bulyreux  ou  solides,  produits 
de  graissage,  huiles  et  baumes  employés  en  piiarmacie,  etc.,  et  aussi  à  la 
détermination  des  poids  moléculaires  dont  nous  avons  commencé  l'étude. 

CHIMIE   PHYSIQUE.    —   Crvoscopie  en  solutions  concentrées.  Note 
de  M.  E.  Baud,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

La  détermination  des  poids  moléculaires  par  la  cryoscopie  est  appli- 
cable aux  solutions  concentrées,  si  l'on  a  soin  de  faire  usage  d'un  dissolvant 
non  polyniérisé  et  de  prendre,  comme  concentration,  le  poids  de  corps 
dissous  dans  un  volume  constant  (r 00""')  de  solution,  comme  dans  les 
calculs  relatifs  à  la  pression  osinotique.  L'équation  devient  alors 

P,„  est  le  poids  moléculaire  du  corps  dissous;  /)  le  poids  du  corps  dissous  exislanl 
dans  100'"''  de  solution  ;  A  rabaissement  du  point  de  congélation  ;  K'  une  constante  qui 
est  égale  à  la  constante  <lonnée  par  Haoult,  divisée  pai'  la  den^ilé  du  sohanl  pur 

l^irmi  les  dissolvants  cryoscopiques  usuels,  le  i)ihromiire  d'éthylène  et 
le  benzène  ne  sont  pas  sensiblement  polymérisés  à  l'étal  liquide,  et  le  nilro- 
benzène  ne  l'est  que  faiblement. 

Je  n'ai  étudié,  jusqu'à  présent,  que  des  solutions  de  liquides  dans  ces 
divers  dissolvants.  (Je  considère  comme  dissolvant  celui  des  deux  liquides 
qui  cristallise  au  début,  par  refroidissement.  ) 

i"  Cryoscopie  dans  C-H'Br-.  —  Une  solution  de  (J'H"  à  39s,  (12  dans  100"""  de 
solution  coiuluil  au  |)oids  moléculaire  yj  (théorie  :  78).  Une  suhitinn  deC"H''  à^i",/© 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  191O.  529 

dans  100^"''  donne  P„,  =  76,  tandis  que  le  procédé  de  calcul  employé  oïdinaiiement 
donnerait  io3  dans  ce  dernier  cas.  Le  tétrachloiiii  e  de  caibone  donne  P,„^i53 
à  i56  pour  des  concentrations  variant  de  7s  à  loS»  pour  loo"^""'  de  solution.  Le  sulfure 
de  carbone  donne  P,„  =:  78,7  à  84,  2  (concentration  :  7  à  22,5  )  au  lieu  de  ô.'j.  Ce  corps 
est  légèrement  polymérisé,  car  on  obtient  des  nombres  analogues  dans  le  benzène. 

Le  nilrobenzène  est  également  un  peu  polymérisé  et  conduit  aux  poids  moléculaires 
i3^,9  et  i36  pour  les  concentrations  47°, 55  et  6gK,42. 

Le  chloroforme  a  un  poids  moléculaire  normal  pour  des  concentrations  allant 
jusqu'à  40,70. 

Cryoscopiedans  le  benzène.  —  Le  bibromure  d'étliylène  donne  P„,  =  180  à  181 
(théorie  :  188)  pour  des  concentrations  de  6^,07  à  72K. 

Le  sulfure  de  carbone  (005,89  dans  100'^"'')  donne  P„,  ^=.  87. 

Le  bromure  d'éthyle  (29^,24  dans  100''"")  donne  ?,„  =  'o4  (théorie  :  109). 

Cryoscopie  dans  le  nilrobenzène.  —  Le  bibromure  d'éthylène  (44  à  3i  pour  100) 
donne  P,„  =  190  à  191  (théorie  :  188). 

Lorsque  leliqtiide  cryoscopiqueest  formé  de  molécules  associées,  comme 
c'est  le  cas  pour  l'acide  acétique,  il  se  dépolymérise  plus  ou  moins,  en  se 
mélangeanl  avec  l'autre  liquide,  de  sorte  que  le  coefficient  K'  varie  conti- 
nuellement. 

Dans  ce  cas,  le  coefficient  établi  pour  les  solutions  étendues  ne  convient 
plus  aux  solutions  concentrées. 

C'est  ainsi  que  la  cryoscopie  du  benzène  dans  l'acide  acétique  donne  des 
nombres  trop  forts.  Il  en  est  de  même  pour  le  tétrachlorure  de  carbone. 

Il  est  à  remarcjuer  que  le  coefficient  K'  =  -7  varie  peu  pour  les  trois  sol- 
vants faiblement  polymérisés. 
Ce  rapport  est  : 

PourC^H'Br^ 54,5 

»     CH^ 56,5 

»     C«H»N02 07,9 

Je  poursuis  ces  recliercbes. 

CHIMIE  ANALYTIQUE.   —  [{echeixhe  (h'  traces  de  mélhanal  en  présence 
d'étharial  par  la  fuchsine  bisulftlée.  ÎNote  de  M.  G.  Dk.mgès. 

La  fuchsine  décolorée  par  l'acide  sulfureu.x:,  préconisée  par  SchifF(') 
puis  Caro  (-),  il  y  a  plus  de  l\o  ans,  comme  réactif  des  aldéhydes,  qui  la 

(')  Zeilscltri/l  flir  Chentie,  1867,  p.  173. 
('^)  Bericlile  der  detitsch.  clieni.  Gesellschaft.  t.  XIIL  p.  2342. 

C.  R.,  Kjn,,  I"  Semestre.  (T.   lôO,  i\»  9-)  7^ 


5;^n  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

colorent  en  ronge,  est  généralement  considérée  comme  incapable  de  dif- 
férencier les  divers  termes  de  cette  famille  avec  lesquels  elle  fournit, 
lorsqu'on  emploie  la  technique  ordinaire,  des  réactions  trop  voisines  pour 
pouvoir  être  distinguées. 

Dans  le  cours  de  recherches  sur  les  alcools  polyvalents  (' ),  nous  avons 
trouvé  au  contraire  qu'en  faisant  varier  les  conditions  opératoires  dans  la 
mise  en  oeuvre  du  réactif,  ou  simplement  en  tenant  compte  de  la  durée  de 
son  action,  on  pouvait,  pour  quelques  composés  aldéhydiques  importants 
et  particulièrement  pour  le  méthanal  et  l'éthanal,  constater  des  différences 
très  caractéristi(jues. 

C'est  ainsi  que  la  coloration  que  donne  le  dernier  de  ces  corps  avec  la 
fuchsine  bisulfîtée  (volumes  égaux  de  réactif  et  de  solution  aldéhydique 
suffisamment  diluée)  s'atténue  assez  vite  et  tend  à  disparaître  après  un 
certain  nombre  d'heures,  tandis  que  celle  qui  est  fournie  par  le  méthanal 
croît  d'intensité  avec  le  temps  et  reste  très  stable. 

Mais  c'est  surtout  en  milieu  fortement  acidifié  par  l'acide  sulfurique  que 
les  différences  s'accentuent  et  peuvent  être  utilisées  pour  rechercher  des 
traces  de  formol  (^),  notamment  en  présence  de  quantités  relativement  très 
grandes  d'aldéhyde  éthylique. 

Si  l'on  met  en  effet,  dans  un  tube  à  essai,  S*""'  d'une  solution  aqueuse 
d'éthanal  ne  renfermant  pas  plus  de  2  pour  100  de  ce  produit  par  litre,  si 
l'on  ajoute  i''"',2  d'acide  sulfurique  pur  (D  =  i  ,66)  et  5""'  de  fuchsine  bisul- 
fîtée ('),  on  constate,  après  mélange  et  un  contact  prolongé,  que  le  liquide 
n'a  pas  pris  de  coloration  sensible  (').  En  substituant  le  formol  à  l'éthanal 
•on  observe,  au  contraire,  la  production  d'une  coloration  violette  d'autant 
plus  intense  et  plus  rapidement  obtenue  que  ce  composé  est  plus  abondant. 


(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  novembre  1909,  p.  i49- 

(')  Nous  avons  fait,  autrefois,  une  application  de  cette  propriété  à  la  reclierche 
du  formol  dans  le  lait  {Journ.  de  Phann.  et  de  Chimie^  année  i8g6). 

(')  On  a  donné  un  grand  nombre  de  formules  du  réactif  de  ScliifT;  celles  de  Gayon 
et  de  Leys  sont  parmi  les  plus  recommandables.  La  formule  que  nous  avons  adoptée 
est  une  variante  de  celle  de  ces  auteurs;  elle  consiste  à  ajouter  à  i' d'une  solution 
de  fuclisine  au  millième,  30'^°'"  de  bisulfite  de  soude  à  36''-4o°  Baume  et,  après  5  à 
10  minutes  de  contact,  à  verser  dans  le  mélange  20'^'"'  d'acide  chlorhydrique  pur 
(Diz:  1,18).  En  une  heure  ou  deux,  le  réactif  est  suffisamment  décoloré  pour  l'usage. 

(*)  L'aldéhyde  du  commerce,  même  réputée  pure,  renferme  environ  jj^jq-û  de  son 
poids  de  formol  et  fournit  une  teinte  bleutée  extrêmement  faible  quand  on  la  traite 
comme  il  est  dit  plus  haut. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  I910.  53l 

Après  un  contact  de  5  à  10  minutes,  on  peut  le  déceler  à  la  dose  de  -^  de 
milligramme  et  même  moins,  dans  la  prise  d'essai,  par  une  teinte  vio- 
lette et  une  bande  d'absorption  dans  l'orangé,  l'une  et  l'autre  très  visibles 
en  faisant  les  observations  suivant  l'axe  du  tube.  Il  en  est  de  même  en  pré- 
sence de  t'éthanal  dans  lequel  on  peut,  en  se  conformant  au  mode  opé- 
ratoire précédemment  indiqué,  retrouver  j^^  de  son  poids  de  niétbanal. 

Applications.  —  I.  Tous  les  dérivés  du  formol  (ses  acélals,  tels  que  le  mélhylal, 
agissent  comme  lui)  susceptibles  de  régénérer  aisément  ce  produit  sous  l'influence  de 
l'acide  sulfurique  peuvent  être  recherchés  par  celte  méthode.  Tel  est,  par  exemple, 
l'urotropine  ajoutée  depuis  quelque  temps  aux  vins  comme  antiseptique  et  qu'on 
pourra  reconnaître  soit,  suivant  la  méthode  officielle,  par  l'essai  des  vapeurs  de  formol 
qu'elle  dégage,  mais  accompagnées  d'aldéhyde  ordinaire,  par  distillation  en  milieu 
acide,  avec  ce  très  grand  avantage  sur  le  procédé  ordinaire  que  l'éthanal  ne  nuit  en 
rien  à  l'essai;  soit  directement,  dans  le  vin,  comme  nous  l'indiquerons  ailleurs. 

II.  Les  différents  composés  organiques  qui,  par  un  traitement  approprié,  donnent 
plus  ou  moins  aisément  du  mélhanal,  sont  justiciables  de  cette  méthode.  Tel  est  parti- 
culièrement l'alcool  méthyiique  qui,  par  oxydation  permanganique  dans  des  conditions 
détei  minées,  peut  être  décelé  directement,  en  présence  de  mille  fois  son  poids  d'alcool 
éthylique  et  à  une  dilution  encore  plus  grande  si  l'on  opère  après  distillation  frac- 
tionnée, laquelle  s'impose  quand  les  produits  alcooliques  sont  accompagnés  de 
polyalcools  comme  la  glycérine,  la  mannite,  etc.,  dont  les  dérivés  d'attaque  par  les  per- 
manganates, en  milieu  acide,  agissent  sur  la  fuchsine  bisulfitée,  même  fortemeiU  acidulée. 

Des  essais  comparatifs,  avec  des  étalons,  permetleut  même  de  faire  des  essais  quan- 
titatifs très  rapides  des  méthylènes  commerciaux  et  des  alcools  dénaturés. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   --  Synl/iéses  effecluées  acec  le  cyanure  de  hent,yle.  Note 
de  MM.  F.  BoDHoux  et  F.  Taboury,  présentée  par  M.  Troost. 

L'amidure  de  sodium  a  été  employé  dans  ces  dernières  années,  par  un 
certain  nombre  desavants  (Franklin  et  Stafford,  Titherley,  Haller,  Claisen, 
Haller  et  Bauer,  Meunier  et  Desparmet,  etc.),  pour  l'obtention  des  dérivés 
sodés  de  différents  composés  organiques  et  comme  agent  de  condensation. 

Nous  avons  constaté  que  cette  substance  attaque  très  facilement,  en  pré- 
sence d'étber  anhydre,  les  nilriles  de  formule 

R-CH'-CN         et         i^^CH  — CN: 

il  y  a  dégagement  d'ammoniac  et  formation  de  dérivés  sodés  de  ces  nitriles, 
lesquels  réagissent  aisément  sur  un  grand  nombre  de  composés  appartenant 


532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  des  fonctions  dilTérenles,  et  sont,  par  suite'  de  commodes  agents  de  syn- 
thèse. 

La  présente  Note  a  pour  but  de  faire  connaître  les  résultats  que  nous 
avons  obtenus  en  traitant  par  différents  éthers  simples  de  la  séiie  ejrasse  le 
dérivé  monosodé  du  cyanure  de  benzyle 

R  _  CH  Xa  -  CN  +  R'X  =  NaX  +  ^/CH  -  CN. 

Mode  opératoire.  —  Dans  un  ballon  surmonté  d'un  réfrigérant  ascendant,  on  place 
iis  d'amidure  de  sodium  finement  pulvérisé  et  ioob  d'éther  anhydre,  puis,  au  moyen 
d'un  entonnoir  à  robinet,  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  dans  le  liquide  3oS  de  cyanure 
de  benzyle.  La  réaction  commence  au  bout  de  quelques  instants;  le  liquide  entre  en 
ébuUition  et  de  l'ammoniac  se  dégage.  Lorsque  l'introduction  du  réactif  est  terminée, 
on  chaufle  pendant  i5  minutes  au  bain-marie,  puis  on  laisse  refroidir.  Le  ballon  con- 
tient alors  une  li(|ueur  brune  ou  rougeàlre  recouvrant  un  dépôt  solide,  qui  est  constitué 
par  les  impuretés  de  l'amidure  et  par  une  partie  du  dérivé  sodé,  facilement  altérable  à 
l'air,  qui  a  pris  naissance.  On  fait  tomber,  goutte  à  goutte,  dans  le  mélange  |  de 
molécule-gramme  de  l'éther  simple  choisi;  une  réaction  extrêmement  vive,  accom- 
pagnée d'un  dégagement  d'ammoniac,  se  déclare;  lorsqu'elle  est  terminée  on  chaulTe 
i5  minutes  au  bain-maiie,  puis  on  traite  la  masse  pâteuse  obtenue  par  l'eau.  La  couche 
élhérée  qui  surnage  ayant  été  décantée,  on  la  lave,  puis,  après  l'avoir  desséchée  sur 
CaCI^,  on  chasse  l'oxyde  d'éthyle  par  distillation  à  la  pression  ordinaire  et  l'on  rectifie 
ce  produit  de  l'opération  sous  pression  réduite. 

Le  dérivé  cherché  est  ensuite  purifié  par  distillation  à  la  pression  ordinaire;  on  l'ob- 
tient avec  un  rendement  qui  varie  de  70  à  80  pour  100. 

Nous  avons  ainsi  préparé  : 

1°  Avec  l'iodure  d'éthyle,  le phényl-i-hiitanenitrile 

CH3_CH'-CH-CN 

liquide  incolore,  passant  entre  238''-24o°  sous  735'""\  d^^  =  0,977. 
2°  Avec  le  bromure  de  propyle,  \o, phényl--î-pentanenitnle 

CtP  — CH^—  CII-—  CH  —  CN 

liquide  Incolore  passant  entre  254"-^  j8"  sous  ylJo'"™.  d^r,  —  0,960. 
3°  Avec  le  bromure  d'isopropyle,  le  phényl-i-mèlhyl-Z-bulanenilvile 

CH'-CH-CH— CN 
Cil'     C«H' 

liquide   incolore  bouillanl  entre  H/i5°-2Zi»9°  sous  7(J5""".  r/,^,,  =  0,967. 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    1910.  533 

4"  Avec  le  bromure  d'isobulyle,  le  phènyl--i-mélhyl-[\-penlanenitrUe 

CH'—  CH  -  CH-  -  en  -  CN 
I  I 

CH'  C«H' 

liquide  incolore  bouillant  entre  '263"-26G°  sous  765""".  </,r,  —  0,942. 

Ces  quatre  nitriles  chauffés  avec  une  dissolution  bouillante  de  potasse 
(25s)  dans  l'alcool  à  q'î"  (5ok),  pendant  7  heures,  nous  ont  fourni  les  com- 
posés suivants  : 

Phènyl-i-bulanoïque 

CH'-CH^-CH-COOH 

1 
C«H^ 

gros  prismes,  fusibles  à  42°- 

Phényl-  i-penlanoique 

CH'-CH^  — CH^— CH--  COOH 
I 
C«H5 

prismes,  fusibles  à  Si". 

Phényl-i-inéthyl-^-bulanamide 

CIP-GH-CII-CONH^ 
I  I 

CH'     C«H» 

aiguilles  soyeuses,  fusibles  à  iii*'-ii2''. 

Phényl-i-mélhyl-[\-penlanoïque 

CIP— CH  -  CH'- Cil  -  COOH 
CH'  C»H5 

prismes,  fusibles  à  78"-79''. 

Le  phényl-2-butancnitrilc  et  le  phL'nyl-2-pentanenitrile  ont  été  anté- 
rieurement obtenus  par  MM.  JNeure  (Lje/>«'g-',v  Annalen,  t.  CCL,  p.  i54)  et 
Rossolymo  {Berichte,  t.  XXII,  p.  i235)  en  chauffant  les  iodurcs  d'éthyle  et 
de  propyle  avec  le  cyanure  de  benzyle  en  présence  de  la  soude  solide. 

L'hydrolyse  de  ces  nitriles  par  l'acide  sulfurique  a  fourni  à  ces  savants 
les  acides  correspondants. 


534  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  l'acide  y.-cyclogéranicjue.  TSote  (') 
de  M.  J.  BouGAii.T,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  Note  d'un  précédent  numéro  des  Comptes  rendus  (  '  )  j'ai  montré 
que  l'acide  liypoiodeux  naissant  oxyde  l'acide  a-cyclogéranique  en  donnant  : 
le  i.5.5-lriméthyl-A„-cyclohexénol-2,  la  cétone  correspondante  et  divers 
autres  composés  à  point  d'ébullition  plus  élevé. 

J'ai  pu  aussi  préparer  le  même  triméthylcyclohexénoi  par  une  méthode 
plus  avantageuse,  qui  éclaire  en  même  temps  le  processus  des  réactions 
précédentes  et  montre  que,  comme  je  l'avais  supposé,  le  triméthylcyclo- 
hexénoi est  le  pi-emier  terme  d'oxydation  de  l'acide  a-cyclogéranique  :  la 
triméthylcyclohexénone  et  les  autres  produits  dérivant  ensuite  du  triméthyl- 
cyclohexénoi primitivement  formé. 

I.  J'ai  observé  tout  d'abord  que  ra-cyclogéranate  mercurique  formé 
par  double  décomposition,  en  solution  aqueuse,  est  très  instable  :  il  y  a 
dégagement  de  C0%  dépôt  de  mercure  métallique  et  formation  d'un 
liquide  camphré  complexe,  identique  à  celui  fourni  par  l'action  de  1  -h  HgO 
en  solution  étliérée,  ou  l-i-  CO'Na-  en  solution  aqueuse.  En  présence  de 
ces  résultats,  j'ai  pensé  que  si  je  pouvais  préserver,  par  éthérification  par 
exemple,  la  fonction  alcool  du  triméthylcyclohexénoi,  j'éviterais  sa 
transformation  en  cétone  et  sans  doute  aussi  la  formation  des  autres 
produits  à  point  d'ébullition  plus  élevé. 

Je  suis  arrivé  aisément  à  ce  résultat  par  l'emploi  d'une  solution  d'acétate  mercu- 
rique dans  l'acide  acétique.  Lorsqu'à  une  telle  solution,  cliaufTée  au  bain-marie  bouil- 
lant, on  ajoute  peu  à  peu  de  l'acide  ot-cyclogéranique,  on  observe  à  chaque  addition 
un  rapide  dégagement  d'anhydride  carbonique  et  une  réduction  du  sel  mercuriiiue, 
qui  se  manifeste  d'abord  par  un  précipité  miroitant  d'acétate  mercureux,  puis,  suivant 
la  proportion  du  sel  mercurique,  par  un  dépôt  de  mercure  métallique.  Avec  i™"' d'acé- 
tate mercurique  pour  1™°'  d'acide  ot-cyclogéranique,  il  reste,  à  la  fin  de  la  réaction, 
un  défjôt  de  meicure  et  une  solution  acétique  de  l'acétate  du  triméthylcycloliexéiiol 
cherché.  Après  filtralion,  on  précipite  par  l'eau. 

L'acétate  obtenu  est  très  pur  et  fournit  par  saponification  et  avec  de  très  bons  ren- 
dements le  triméthylcyclohexénoi. 

II.  Tandis  que,  comme  on  vient  de  le  voir,  l'acétate  du  triméthylcyclo- 
hexénoi n'est  pas  modifié  par  la  solution  acétique  d'acétate  mercurique,  le 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  21  février  1910. 
(')  Comptes  rendus,  t.  150.  14  février  1910,  p.  897. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  535 

triméthylcyclohexénol  lui-même  est  rapidement  oxydé  à  la  température  du 
bain-marie  bouillant  et  converti  en  triméthylcyclohexénone  correspondante. 
On  a  là  un  moyen  excellent  pour  la  préparation  de  cette  cétone  :  l'oxyda- 
tion s'arrêtant  à  ce  terme,  la  réaction  est  plus  facile  à  régler  que  lorscju'on 
emploie  le  mélange  sulfo-chromique. 

Cette  oxydation  du  triméthylcyclohexénol  par  les  sels  mercuriques  ex- 
plique la  présence  de  la  triméthylcyclohexénone  dans  les  expériences  faites 
en  milieu  autre  que  l'acide  acétique. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  conslitution  de  l'aldéhyde  dimère  de 
l'aldéhyde  crolonique.  Note  de  M.  Marcel  Delëpi.ve,  présentée 
par  M.  A.  Haller, 

Le  caractère  aldéhydique  du  composé  C^H'-O'^  dimère  de  l'aldéhyde 
crotonique  étant  établi  ('),  j'ai  essayé  de  déterminer  la  structure  du 
reste  C'H"0.  Entre  autres,  se  posait  le  problème  de  la  fonction  du 
deuxième  atonie  d'oxygène.  Je  vais  résumer  ces  recherches. 

L'oxydation  de  l'acide  par  un  excès  de  mélange  chroniique  a  lieu  presque  quantita- 
tivement selon  l'équation 

C»H'^0^+-5,50'-=r2GH'.CO=H  +  4CO-^-t-?.FFO. 

Celte  réaction  indique  donc  deux  métliyles  dans  l'acide  et,  partant,  dans  l'aldéhvde  ; 
elle  permet  de  rejeter  toute  formule  normale,  telle  que 

CIF.CH:  CH.CH  OH.CH^CH  :  CH.CHO, 

ou  toute  autre  ((ui  en  différerait  par  la  position  des  doubles  liaisons  et  de  l'oxhydrile. 
Mais  la  production  de  l'aldéhyde  dimère  par  2™°'  en  G*,  aldéhyde  crotonique 
ou  aldol,  laisse  place,  d'après  les  travaux  de  M.  Lieben  et  de  ses  élèves  (^),  à  trois 
autres  schémas  (I),  (II),  (IH),  sans  que  la  synthèse  autorise  un  choix  catégorique  : 

(I)    CIP.Cn:CFI.CH.0H.C^^|j^^3  (II)    GH^CH:GII.GH:C(^^|Jq 


Xghoh.gh^ 


(III)  GH^GHOH.GH:GH.G 


/GllO 
-^GII.GH' 


Ces  schémas  s'accordent  peu  avec  la  stabilité  de  l'acide  correspondant  G'H'-O^  qui 
distille  sans  altération;  d'autre  part,  les  tentatives  de  caractérisation  d'un  oxhydrile 
dans  l'aldéhyde  ou  l'acide  ayant  échoué,  j'ai  pensé  que  le  deuxième  atome  d'oxygène 
était  oxydique. 

(')  M.  Delépine,  Comptes  rendus,  t.  150,  1910,  p.  Sg/J- 
(')  Ad.  Lieben,  Monatsh.  f.  Chemie,  t.  XXII,  1901,  p.  289. 


536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Quatre  schémas  cycliques  (IV),  (V),  (VI),  (Vil)  sont  alors  possibles,  qui  dérivent 
aisément  des  schémas  (  II  )  et  (lll)  par  le  jeu  de  l'hjdroxyle  comblant  une  double  liaison 
en  1-4  ;  ce  sont  : 

CH^-CHzi;  C.CHO  Cil  C.CHQ 

(IV)  I  I  (V)  I  I 

CH^CH O  —  CH.CH^  CH^CH^CH-0-CH.GH' 

CH  =  CH-CH.CIIO  CH  CH 

/< 
\GIP.C11» 


(VI)  I  I  (VII)  I  i/CHO 

CIP.CH  —  O  —  CH.GH^  ClP.CH-0-G^ 


On  noiera  que  le  schéma  (IV)  résulte  encore  de  l'élimination  d'eau  dans  le  produit  de 
crotonisation  de  l'aldol  GH'.CHOll.Gir^CH  :  G  (GIIO.GHOIl.CIF,  qui  est  dihy- 
dioxylé  en  i-5. 

De  ces  formules,  je  m'aulorise  à  rejeter  lespenlagonales(\jel  (Vil),  parce 
que  Toxydalion  fouiniit  de  l'acide  acétique  sans  acide  propionique.  La  for- 
mule (IV)  semble,  à  son  tour,  préférable  à  la  formule  (VI),  parce  que  l'acide 
correspondant  ne  donne  pas  de  lactone  iodée  si  on  le  soumet  aux  réactions 
indiquées  par  M.  Bougault  (')  et  que  la  formation  des  lactones  iodées  est 
caractéristique  des  acides  étbyléniques  en  [îi-y,  comme  dans  le  schéma  (VI). 
La  fixation  de  Br.OH  sur  une  liaison  a-p,  comme  en  (IV),  est  au  contraire 
très  plausible;  et  la  mobilité  du  brome  constatée  dans  l'acide  hydroxybromé 
obtenu  se  comprend  parfaitement  si  ce  brome  est  en  a  sur  un  carbone 
tertiaire. 

J'ai  alors  essayé  de  démontrer  indirectement  cjue  l'oxygène  du  résidu 
C'H"0  était  indifférent,  en  transformant  la  fonction  aldéhydique  en 
fonction  alcool  par  l'intermédiaire  des  composés  organomagnésiens. 

L'aldéhyde  même,  traité  par  G^HMMgl,  a  fourni  un  alcool  G"H"O.GHOH.GH^CIF 
à  odeur  menthée  grossière,  dont  l'éther  acétique  s'est  montré  monoacétylé;  si  le 
second  atome  d'oxygène  eût  été  alcoolique,  ou  aui-ait  dû  avoir  une  diacétine.  De  plus, 
j'ai  obtenu  l'oxycarbure  GMi"  O.GH  :  GH.GIP  et  il  s'est  montré  réfractaire  à  l'acétyla- 
lion  ;  c'est  un  liqutde  incolore,  mobile,  d'odeui-  menthée  et  anisée,  de  saveur  sucrée 
comme  celle  de  l'essence  d'anis;  f/J  =  o, 92061;  (/,|"  —  0,90669;  N^^  =;  1  ,'18567  ; 
éb.  :  82°-84°  sous  18""". 

L'étlier  éthylique  de  l'acide  a  conduit  par  l'action  de  G'^IPiVIgl  à  un  composé 
G'^H^MD^  correspondant  bien  à  la  formule  attendue  G''II"O.C(0H)  (G^P)^  mais  ce 
composé  n'a  pu  être  ni  acélylé,  ni  déshydraté;  il  possède  une  odeur  d'acétal  de  pina>- 
cône,  une  saveur  bi  ùlante  et  amêre  d'abord,  puis  fraîche  et  menthée  ;  d"  ^  0,9731  ; 
(fJ'rrrOjgSgS;  Ng"  :=  1,46291  ;  éb.  :  260°  sous  760"""  ;  1  Ji"-i  54'' sous  19""». 

(')  J.  Bougault,  Comptes  rendus,  t.  GXXXIX,  1904,  p.  864;  Ann.  de  Chini.  et  de 
Phys.,  8»  série,  t.  XIV.  1908,  p.  i45. 


SÉANCE    DU    28    FÉVRIER    I9Î0.  ^3'] 

La  réfractométrie  de  l'aldéliyde,  de  l'éllier  élliylique,  de  l'acide,  de  l'owcarbiire  et 
du  présumé  alcool  lerliaire  a  fourni  les  résultais  suivants  pour  ia  raie  D  : 

Calculée  pour  les  formules 

Substance.  rtMn  observé.  cycliques.  acycliques. 

C-H"O.GHO 4o,io  38, 3o  39,8^ 

OW'O.COKOti' 49,78  49,19  50,73 

G'H"O.CH  :  CH.CH^ 48,27  46,92  48,47 

C''H"0= 56,93  .58, o5  59, .59 

Au  premier  abord,  en  ce  qui  concerne  l'aldéhyde,  il  semble  que  la  déter- 
mination réfractométriquesoit  en  faveur  des  formules  acycliques.  Mais  c'est 
une  apparence  insoutenable;  en  effet,  l'attention  a  été  attirée  déjà  sur  les 
anomalies  que  présentent  les  composés  à  doubles  liaisons  conjuguées,  y  com- 
pris celles  des  systèmes  =  C  :  CH  .  CH  :  O,  et  l'on  sait  qu'elles  apportent  un 
excès  notable  de  réfraction  (  '  )  :  o ,  7  à  i  ,  9  pour  C  :  CH .  CH  :  C  ;  o,  44  (acro- 
léine)  à  4,  i3  (ald.  cinnamique)  pour  =  C  :  CH.CH  :  O.  J'ai  trouvé  pour 
la  réfraction  non  encore  mesurée  de  l'aldéhyde  crolonique  :  Nù*  =  i ,  4436i , 
d'où  RMb=  21,55,  alors  que  le  calcul  indique  20, 3o,  soitune\cès  de  i  ,25. 
Donc,  pour  les  schémas  acycliques,  ce  n'est  pas  89,84  qu'il  faut  prendre, 
mais  des  nombres  fort  supérieurs,  puisqu'il  faudrait  y  comprendre  à  la  fois 
deux  causes  d'exaltation  de  la  réfraction.  Il  est  infiniment  plus  simple  d'ad- 
mettre le  schéma  cyclique  (IV)  résultant  des  recherches  chimiques,  en  disant 
que  la  double  liaison  en  a-[i  de  la  fonction  aldéhydiqtie  apporte  un  supplé- 
ment de  réfraction  de  1,8. 

L'excès  0,59,  observé  pour  l'éther  avec  formule  cyclique,  est  du  même 
ordre  que  pour  le  crotonate  d'éthyle  (excès  de  0,75),  alors  que  les  for- 
mules acycliques  pèchent  déjà  par  excès  sur  l'observation,  avant  qu'on 
fasse  entrer  en  ligne  de  compte  les  doubles  liaisons  conjuguées;  ces  for- 
mules acycliques  sont  alors  franchement  inadmissibles.  11  en  serait  de 
même  pour  l'oxycarbure  C'^H'^O. 

Le  présumé  alcool  tertiaire  n'est  probablement  qu'un  double  éthcr-oxyde 
résultant  de  la  disparition  de  la  dernière  double  liaison  par  action  de 
l'oxhydrile  tertiaire;  d'où  son  indiiférence  et  sa  stabilité.  On  aurait  alors 
RM„^  5(i,jo. 

Ces  déductions,  conformes  aux  dernières  règles  de  la  réfractométrie, 
appuient  donc,  elles  aussi,  les  formules  cycliques,  notamment  la  formule  (IV). 

C)  Voir  notamment  J.-W.  Brijhl,  D.  chem.  G.,  t.  Xl>,  1907,  \>.  878. 

C.  R.,  1910,1"  Semestre.  (T.  150,  N°  9.)  7~ 


^38  ACADÉMIE    DES   SCIÈNCkô. 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Sur  les  méthoxybenzoylacètates  de  mèlhyle.  Note 
de  MM.  A.  Wahi,  et  C.  Silberzweig,  présentée  par  M.  y\.  Haller. 

Tandis  que  l'élher  benzoylacétique  a  fait  Tobjet  de  très  nombreuses  re- 
cberches  et  peut  être  compté  parmi  les  composés  organiques  les  mieux 
connus,  ses  dérivés  de  substitution  dans  le  noyau  pbénylique  sont  beaucoup 
moins  jjien  étudiés. 

En  parliculiei',  on  n'a  décrit  jusqu'ici  que  deux  métliovybenzoylacélales  d'étlivle 
L'un  obtenu  par  Taliara  (Z>.  cJiem.  Gesell.,  t.  XXV,  p.  1807  )  en  condensant,  d'après 
Claisen,  l'orlhométlioxybenzoale  el  i'acélate  d'élli)  le  sous  l'influence  du  sodium,  est  un 
liquide  que  la  distilialioii  dans  le  vide  décompose;  son  isomère  para  a  été  préparé  en 
traitant,  par  l'ammoniaque,  l'anisoylacétylacétate  d'étliyle,  il  est  décrit  comme  bouillant 
à  i4o''-i42''  sous  lo'"""  (ScHOONJANS,  I^ec.  Trcn'atix  c/i.  des  Pays-Bas,  I.  XVII,  p.  238). 

L'un  de  nous  a  déjà  eu  l'occasion  de  remarquer  que  le  véritable  anisojlacétate 
d'jsthyle  bout  vers  igo°  sous  io'"'"-i2™™,  en  se  décomposant  en  majeure  partie  (Wahl, 
Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  p.  352)  et  que,  par  suite,  le  pioduit  de  M.  Schoonjans 
devait  être  surtout  constitué  par  de  l'anisate  d'éthyle  dont  il  possède  le  point  d'ébul- 
lition  ('). 

Désirant  reprendre  l'étude  de  ces  étbers  [Si-cétoniques,  nous  nous  sommes 
adressés,  non  plus  aux  étbers  éthyliques  que  la  distillation  dans  le  vide 
décompose,  mais  aux  étbers  métbyliques,  pensant  qu'ils  pourraient  être  plus 
facilement  purifiés.  Ku  cfl'et,  les  mélboxybenzoylacétates  de  méthyle  distil- 
lent parfaitement  sons  pression  réduite,  et  l'anisoylacétate  cristallise. 

Préparation.  —  Nous  avons  préparé  ces  composés  par  Ja  métbode  de 
Claisen  (condensation  de  l'acétate  de  métbyle  avec  les  métboxybenzoates 
par  le  sodium), 

(GIPO)C«H*— COOCH'-hCtP-COOCH^ 

=  (CHM3).C0H*-C0-  en-— COOCH^  +  CHK) 

en  adoptant  le  mode  opératoire  indiqué  par  l'un  de  nous  dans  le  cas  des 
étbers  benzoylacétiques  (^Comptes  rendus,  t.  CXLVII,  p.  72).  Lorsque  la 
réaction  est  terminée  on  décompose  comme  babituellement  par  H  Cl, 
reprend  par  l'étber,  lave  au  carbonate  de  sodium,  sècbe  et  cbasse  l'étber  au 
bain-marie.  Suivant  l'étber  [':J-cétonique  dont  il  s'agit,  nous  avons  trouvé 
(ju'il  est  préférable  de  modifier  la  suite  des  traitements  ultérieurs. 

(')  M.  Schoonjans  n'a  analysé  aucun  des  produits  qu'il  a  préparés;  il  indique 
comme  densité  de  l'anisovlacélate  d'étlivle  (^/„.r=i,o3.  Nous  avons  trouvé  (/,5.=ri,iGo. 


SÉANCE    UU    28    FÉVRIER    19IO.  53c) 

Dans  le  cas  des  étheis  mêla-  et  paraméllioxjlés,  on  élimine  l'excès  de  niéllioxyhen- 
zoate  qui  n'a  pas  réagi,  par  di>tillation  dans  le  vide  en  ne  dépassant  pas  i4o''-i5o''  sous 
10"""  et  l'on  transforme  le  résidu  en  sel  de  cuivre.  Pour  cela,  on  l'agile  dans  un  grand 
llacon  avec  une  solution  aqueuse  d'acétate  de  cuivre,  en  ajoutant  peu  à  peu  une  solution 
concentrée  de  cnrbonate  de  potassium  pour  neutraliser  l'acide  acétique  mis  en  liberlé, 
puis  de  l'alcool  méthylique  jusqu'à  ce  que  le  li(|uide  soit  homogène.  Les  sels  de  cuivre 
à  peu  près  insolubles  dans  ce  milieu  se  précipilenl  à  l'étal  cristallisé;  ils  sont  essorés 
et  lavés  à  l'alcool  bouillant.  Leur  décomposition,  par  un  acide  minéral  étendu,  fournil 
les  élhers  céloniques  qui  peuvent  encore  être  purifiés  par  distillation  dans  le  vide. 
Dans  le  cas  de  l'éther  orthomélhox vlé,  la  formation  du  sel  de  cuivre  est  moins  facile, 
sans  doute  par  suite  de  la  transformation  qu'il  subit  et  dont  il  sera  question  plus  loin  ; 
on  isole  l'éllier  fi-cétonique  en  agitant  le  produit  avec  de  la  soude  étendue  (5  pour  100) 
et  acidifiant  la  solution  alcaline. 

Oilhoinéllioxybinzoylacélale  de  métliyle.  —  C'est  un  liquide  légèrement  ambré, 
bouillant  à  179°- 180°  sous  iS™™,  en  se  décomposant  très  faiblement  avec  formation 
d'acide  o-inéthoxybenzoyldéhydracéliqtte  en  cristaux  jaunes  fondant  à  2i4"-ai5°. 
Son  sel  de  citn're  forme  des  cristaux  verts  de  composition  Cu(C"'H"0')  fondant 
à  i70°-i72°.  Ce  sel  normal  subit  une  curieuse  transformation  quand  on  le  fait 
bouillir  avec  de  l'alcool  méthylique;  il  se  dépose  des  cristaux  bleus  dont  la  compo- 
sition e-t  très  difi'érente  et  répond  à  la  formule  Cu  OCII' (C"1I"  O')  d'un  sel  basique. 

Une  réaction  tout  à  fait  analogue  a  déjà  été  constatée  par  M.  Wislicenus 
dans  le  cas  de  l'acétylacétale  et  du  benzoylacétate  d'éthyle  (D.  chem.  Gesell. , 
t.  XXXI,  p.  3107).  En  adoptant  l'explication  qu'il  en  a  donnée,  celte 
transfor.mation  est  représentée  par  l'équation 

{CII'0)C''11>— C=:C11  -COOGH' 
(CIl'O)CMl'-C=ClI-CO0CH^ 

Sel  vert. 

=  (CH'O)  -  CH*- C  =  Cil  -  COOGH'-i- C'H'^O'. 
0  -CuOCH' 

Sel  bleu. 

Il  est  remarquable  que  les  sels  de  cuivre  des  deux  isomères  meta  et  para 
ne  nous  aient  pas  donné  de  réaction  semblable. 

Nous  avons  de  plus  caractérisé  l'élber  ^-cétonique  par  les  dérivés  suivants  : 
le  dérivé  nilrosé^  cristaux  blancs  fondant  à  i4j"-i47'';  o-mèthoxyphényl- 
phénylpyrazolone  fondant  à  i33"-i34";  o-mélhoxyphényl-p-nitrophénylpyra- 
zolone  fondant  à  2i7°-2i8'';  henzéneazométhoxyhenzoylacétate  de  méthyle 
fondant  à  i38"-i39'\ 


54o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Métamèlho.rybenzoylacétate  de  méthyle.  —  Liquide  ambré  bouillant  à  i8o" 
sous  i/j'"'"  avec  une  légère  décomposition  qui  fournil  l'acide  mèlamélhoxy- 
henzoyldèliydracélique  en  cristaux  jaunes  fondant  à  185°.  Son  sel  de  cuivre 
forme  des  cristaux  verts  fondant  à  172°- 173°;  son  dérivé  nilrosè  fond  à  i  iS"^- 
116".  \yA  ntélaméthoxyphénylphénylpyrazolone  ionà  k  124°-  Le  henzèneazo- 
mélamétlwayhenzoylacétate  de  méthyle  fond  à  72''-73". 

Anisoylucétate  de  méthyle  forme  des  cristaux  légèrement  jaunes  fonçlant 
à  27"-28",  bouillant  à  igo"-i92''  sous  10"'",  en  laissant  un  faible  résidu 
d'acide  anisoy/déhydracétique  tondanl  k  190".  Son  sel  de  cuivre  ïond  k  2/(8"- 
250".  Le  dérivé  nilrosé  fonda  i5/|''-  \jA  paraméthoxyphènylphénylpyrazolune 
fond  à  i3()"-i37".  Le  benzéneazoanisoylacétale  de  méthyle  fond  à  i2i°-i22''. 
Ce  composé  fournit  un  dérivé  acétylé  en  cristaux  blancs  fondant  à  1 1  i"-ii3° 
dont  la  réduction  ménagée  donne  de  Tacétanilide.  11  semble  donc  bien  pos- 
séder la  constitution 

Cli'O  — C«H'  — CO  — C  — COOCH» 

Il  /C'H^ 

N     _  1\^ 

\COCH' 

d'une  acétylhydrazonc. 

Les  trois  éthers  p-cétoniques  se  dédoublent  sous  l'influence  des  acides 

étendus  et  bouillants  en  donnant  les  mélhoxyacétophénones  corx-espon- 

dantes. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sur  un  nouveau  composé  contenu  dans  les  produits 
alimentaires.  Note  ('")  de  M.  A.  Iîackr,  présentée  par  M.  L.  Maquenne. 

Au  mois  de  novembre  dernier  la  douane  de  Uio  de  Janeiro  signalait  la 
présence  de  l'acide  salicylique  dans  une  farine  lactée  qui  certainement  en 
était  exempte.  Recherchant  la  cause  de  cette  erreur,  j'ai  montré  qu'il  se 
forme  dans  la  cuisson  des  différentes  sortes  de  pains  ou  biscuits  un  corps 
qui  donne  des  réactions  très  voisines  de  celles  de  l'acide  salicyli(jue  (^). 
Cette  étude,  qui  intéresse  hautement  la  recherche  des  fraudes,  a  été  conti- 
nuée à  Rio  de  Janeiro  avec  la  collaboration  du  D''  Henninger. 

Les  principales  différences  entre  l'acide  salicylique  et  le  nouveau  corps 
sont  les  suivantes  :  la  coloration  que  donne  le  perchlorure  de  fer  avec 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  21  février  1910. 
('-)  Annales  dea  falsifications^  novembre  1909. 


SÉANCE    UU    28    FÉVRIER     1910.  5^1 

l'acide  salicylique  est  violet  pur;  avec  le  nouveau  corps  elle  est  rouge  si  l'on 
emploie  seulement  très  peu  de  réactif  et  ne  devient  violette  que  si  l'on  en 
ajoute  davantage. 

Avec  l'acide  salicylique  la  réaction  n'a  lieu  qu'en  liqueur  neutre;  au  cas 
du  nouveau  corps  elle  se  produit  même  en  milieu  fortement  acide.  La 
réaction  de  Jorrisen,  très  sensible  pour  l'acide  salicylique,  est  négative  avec 
le  nouveau  corps;  la  réaction  de  Zipper  est  difïérenle;  enfin  le  nouveau 
corps  est  détruit  par  une  cuisson  prolongée  avec  une  solution  de  soude,  qui 
n'altère  pas  l'acide  salicylique. 

Il  ne  se  présente  donc  aucune  difficulté  sérieuse  pour  faire  la  distinction 
certaine  des  deux  substances  ;  il  faut  d'ailleurs  reconnaître  que  les  cas  où 
l'on  peut  commettre  une  semblable  confusion  étaient  jusqu'ici  fort  rares  :  le 
maltol,  signalé  par  Brandi  dans  la  bière,  était  une  exception.  Nous  venons 
d'en  faire  connaître  une  autre  bien  plus  importante,  puisqu'elle  touche  à 
un  grand  nombre  de  produits  alimentaires. 

J'ai  reconnu  la  présence  de  ce  composé  dans  différentes  sortes  de  biscuits 
fabriqués  par  simple  cuisson  de  farine  de  blé  en  pâte,  puis  sur  la  croûte  de 
pain.  Plusieurs  chimistes  de  Uio  qui,  à  la  suite  de  mes  Communications,  se 
sont  occupés  de  cette  affaire,  l'ont  ensuite  trouvé  dans  le  café,  le  cacao 
torréfiés,  etc. 

Pour  déceler  ce  corps,  on  peut  l'extraire  par  le  chloroforme  ou  l'éther, 
puis  faire  la  réaction  du  perchlorure  sur  l'extrait;  mais,  comme  il  n'existe 
jamais  qu'en  quantités  minimes,  il  est  plus  sûr  de  distiller  la  substance 
dans  un  courant  de  vapeur  d'eau,  après  l'avoir  acidulée  par  l'acide  sulfu- 
rique  ou  l'acide  phosphorique  ;  on  épuise  ensuite  le  distillât  par  l'éther  ou 
le  chloroforme.  Dans  tous  les  cas,  nous  ne  parlerons,  dans  ce  qui  suit,  (jue 
de  la  réaction  au  perchlorure  de  fer. 

La  farine  de  blé  chaufl'ée  sans  eau,  à  des  températures  de  120",  i3o",  i ^o" 
et  iSo",  ne  donne  rien.  La  même,  travaillée  en  pâte,  puis  chauffée  2  heures 
à  120°:  très  faible  réaction.  A  iSo":  faible  réaction.  A  i  fo"  :  assez  forte 
réaction.  A  iSo":  très  forte  réaction.  Or  c'est  à  la  température  de  iSo" 
(juc  la  croûte  du  pain  ordinaire  devient  brunâtre. 

Pour  éclaircir  le  rôle  que  peut  jouer  l'eau  ici,  nous  avons  chauffé  la 
farine  sèche  à  i5o°,  puis  nous  l'avons  transformée  en  pâte  et  cuite  pendant 
2  heures  à  i5o°,  comme  dans  l'essai  précédent  :  trace  de  réaction  seule- 
ment, due  sans  doute  à  ce  que  la  farine  chauflée  à  sec  renfermait  encore  une 
petite  quantité  d'eau  hygrométrique. 

Ceci  montre  qu'il  s'agit  d'une  action  diastasique  ;  nous  avons  alors  traité 


5^1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  farine  stérilisée  par  une  infusion  de  malt.  La  pâte,  niainlenue  pendant 
2  heures  à  i  jo",  a  donné  une  réaction  (rès  forte.  La  solution  de  malt, 
séchée  seule  avec  une  matière  inerte,  puis  grillée,  ne  donnait  d'ailleurs 
absolument  rien.  La  même  étude  a  été  poursuivie  avec  Tamidon  et  diflcrents 
sucres. 

Amidon  sec  cliaullé  à  i5o"  :  rien.  Amidon  en  pâte,  cliauiré  à  i5o°  :  rien. 
Amidon  traité  par  l'extrait  de  malt  et  chaufîé  à  i5o"  :  très  forte  réaction. 
Amidon  traité  par  une  solution  de  diastase  (de  Merck),  puis  chauffé  à  i5o"  : 
rien. 

(^e  dernier  fait  est  bien  intéressant,  car  il  démontre  que  ce  n'est  pas  la 
diastase  ordinaire  (amylase)  (jui  agit,  mais  bien  un  enzyme  spécial,  présent 
à  la  fois  dans  la  farine  cl  dans  le  malt.  Ajoutons  qu'avec  la  farine  aussi  bien 
qu'avec  l'amidon,  il  ne  se  fait  jamais  rien  sans  grillage,  qu'on  ait  ou  non 
ajouté  du  malt. 

Le  D''  Henninger,  à  Rio,  a  obtenu  la  réaction  avec  le  sucre  de  canne, 
distillé  en  présence  d'un  acide  minéral.  Comme  le  lévulose  agit  de  même, 
mais  non  le  glucose,  il  croyait  à  une  relation  élroite  entre  le  nouveau  corps 
et  les  cétoses;  je  reviendrai  sur  ce  point.  En  fait,  aucun  sucre,  sauf  les  deux 
mentionnés  ci-dessus,  ne  donne  la  réaction  après  distillation  en  liqueur 
acide.  Il  n'en  est  pas  de  même  si  on  les  caramélise;  les  expériences  suivantes 
ont  été  faites  en  chauffant  les  matières  en  vase  clos  avec  de  l'eau  à  i5o°. 

Amidon  :  rien.  Dexliine,  avec  ou  sans  eau  :  réaction  faible  ou  nulle.  Glucose  : 
faible  réaction.  Saccharose  :  forle  réaction.  Mallose  cristallisé  de  Merck  :  forte  réac- 
tion { rien  avant  chaufTage).  Il  est  clair  qu'avec  certains  sucres  la  li'ansfornialion  se  fait 
plus  aisément  qu'avec  d'autres,  et  la  différence  entre  le  glucose  et  le  maltose  peut  tenir 
à  ce  que  ce  dernier,  olUenu  à  l'aide  du  malt,  retient  des  impuretés  dont  on  ne  peut  le 
dégager. 

La  distillation  avec  acide  (  sulfuiicpie  ou  |)lios|ilioriqiie)  produit  le  mêiiie  etl'et  que 
la  caramélisation,  et  cet  ellel  augmente  d'intensité  quand  on  accroît  la  proportion 
d'acide;  cette  méthode,  excellente  pour  préparer  le  nouveau  corps,  ne  peut  donc  servir 
à  l'étude  d'un  produit  alimentaire,  puisqu'elle  le  fait  apparaître  là  où  il  n'existait  pas. 

En  résumé,  ce  corps  se  forme  par  l'action  de  la  chaleur  (caramélisation) 
sur  certains  sucres  et  les  matières  amylacées,  seulement  lorstjue  ces  matières 
ont  au  préalable  subi  l'influence  d'un  enzyme  très  répandu  dans  les 
végétaux  (céréales,  cafés,  etc.),  mais  dilTérent  de  l'amylase. 

(^)u('lle  estsa  nature  ?  On  pourrait  croire  ([u'il  s'agit  du  conqiosé  découvert 
par  iirandt  dans  le  malt  torréfié  et  étudié  ullérieuromenl  par  Kiliaiii  et 
Harlen  sous  le  nom  de  niallol.  Après  en  avoir  péniblement  isolé  environ 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  19IO.  543 

0^,5  à  l'élat  sensiblement  pur  et  cristallisé,  nous  avons  pu  faire  la  com- 
paraison. 

Le  nouveau  corps  ressemble  au  niallol  sans  lui  être  identique;  lesréaclions 
colorées  sont  les  mêmes  et  sans  doute  les  deux  composés  appartiennent  à  la 
même  famille;  tous  les  deux  se  subliment  en  beaux  cristaux  et  possèdent 
une  réaction  acide,  mais  les  formes  cristallines  sont  très  diflérenles,  ainsi 
que  les  points  de  fusion  :  i5g°  pour  le  maltol  et  9:5"  pour  le  corps  extrait  de 
la  poudre  de  biscuit;  celui-ci  est  d'ailleurs  beaucoup  plus  volatil  que  le 
maltol  et  ne  brunit  pas  à  l'air  comme  ce  dernier.  J'ajouterai  que  parfois  les 
cristaux  du  nouveau  coi'ps  en  renferment  quelques-uns  qui  sont  identiques 
à  ceux  du  maltol;  les  deux  composés  peuvent  donc  se  produire  simultané- 
ment. Leur  étude  sera  poursuivie. 

BOTANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  gi-oupe  ne  Cliampignons  pathogènes^ 
agents  des  Sporotrichoses .  \ote  de  AL  Louis  M.itruchot,  présentée 
par  M.  Gaston  Bonnier. 

Le  genre  Spoi-olrichum,  créé  par  Liuk  en  1809,  comprend  tous  les  Fuiigi 
i mper/ecti  donl  les  filaments  sporifères,  cloisonnes  et  ramifiés,  sont  coucliés 
ou  légèrement  ascendants,  et  dont  les  spores,  toutes  semblables  et  non 
cloisonnées,  naissent  solitaires  à  l'extrémité  ou  sur  le  flanc  des  rameaux. 

Un  champignon  pathogène,  isolé,  en  1903,  par  de  Beurmanu  et  Kamnnd 
(le  nodosités  sous-cutanées  chez  l'homme,  présente  tous  les  caractères  géné- 
raux des  Spuroiric/ium  :  je  l'ai  fait  rentrer  dans  ce  genre  et  nous  l'avons 
décrit,  Ramond  et  moi,  sous  le  nom  de  Sporotrichum  Beurmanni  ('). 

Depuis  celle  époque,  de  nombreuses  observalions  cliniques  nouvelles  onl  rnonlié 
la  grande  fréquence  de  ces  mycoses,  diles  aujourd'liui  Sporolriclioses,  donl  i'agenl 
esl  un  Sporolrichinn  idenlique  ou  analogue  au  5.  fieurnianni;  à  l'heure  acluelle, 
plus  d'une  cenlaine  de  cas  onl  élé  observés,  el  il  n'est  pas  douteux  qu'avanl  les  tra- 
vaux, de  De  Beurmann  et  de  ses  élèves,  les  Sporolriclioses  étaient  aussi  fréquentes 
(|u'aujourd'liui,  mais  avaient  élé  méconnues.  On  les  prenait  pour  des  aireciions  tuber- 
culeuses ou  syphilitiques  :  ce  sont,  en  réalité,  des  maladies  bénignes  qu'un  irailemenl 
par  ingestion  d'iodure  de  potassium  guérit  en  quelques  semaines. 

Depuis  igoS,  d'assez  nombreux  échantillons  de  parasites  m'ont  été  communiqués, 
grâce  auxquels  j'ai  pu  étendre  les  notions  botaniques  relatives  à  cet  intéressant  groupe 
de  champignons  palhogènes. 

(')  Maïruchot  et  IIamond,  Un  t\/>e  nou<,'ean  de  champignon  pathogène  chez 
l'homme  (Bail,  de  la  Soc.  de  fiiologie.  l.  Ll\,  4  nov.  igoD.  p.  879 ). 


544  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

D'une  façon  générale,  on  peut  reconnaître,  dans  les  agents  des  Sporo- 
trichoses  actuellement  connus,  trois  types  différents  : 

I.  Le  premier  est  le  type  Sporotric/ium  Beurma/ini.  Sous  ses  modalités  diverses, 
il  présente  toujours  les  mêmes  caractères  botaniques  fondamentaux  que  nous  avons 
déjà  décrits  {loc.  cit.).  La  fructification  se  fait  normalement  sur  les  parties  aériennes 
de  la  culture,  mais  les  filaments  sporifères  sont  couchés,  non  dressés.  Sur  un  mycélium 
incolore,  les  spores,  d'abord  blanches,  puis  brunâtres,  naissent  isolément  et  sans  ordre 
apparent,  en  nombre  variable,  mais  généralement  très  grand  pour  chaque  article  du 
thalle.  Exceptionnellement,  sur  de  courts  et  minces  rameaux  latéraux  qui  semblent 
être  des  stérigmates  plus  développés,  peuvent  naître,  côte  à  côte  et  successivement, 
2-5  spores,  disposées  dès  lors  à  maturité  en  petit  bouquet  ;  mais  celle  exception  appa- 
rente n'infirme  pas  la  règle,  qui  est  que  les  spores  sont  solitaires  et  naissent  isolément. 

La  spore  encore  insérée  sur  le  filament  est  généralement  piriforme.  Tantôt  elle  se 
prolonge  insensiblement  par  un  pédicule  qui  aboutit  à  un  stérigmate  très  fin  :  elle  est 
alors  nettement  pédicellée.  Tantôt,  tout  en  gardant  la  forme  en  poire,  elle  est  fixée 
directement  sur  le  mycélium,  sans  interposition  de  stérigmate.  Tantôt  enfin,  elle  aune 
base  plus  ou  moins  élargie  par  laquelle  elle  s'insère  sur  le  mycélium.  Dans  ces  deux 
derniers  cas,  elle  est  parfaitement  sessile. 

II.  Un  deuxième  type  est  le  Sporotrichuni  Scliencki.  Ce  dernier  parasite  a  été 
observé  en  Amérique.  Isolé  en  1898  d'abcès  sous-cutanés  par  Sclienck,  retrouvé  et 
étudié  en  1900  par  Hekloen  et  Perkins,  il  fut  soumis  au  mycologue  Krwin  F.  Smith 
qui,  après  examen  de  son  identité  possible  avec  des  Bolrytis^  Sporotrichitm  et 
Trichosporium.,  conclut  à  la  parenté  probable  avec  les  Sporolrichum. 

Une  culture  authentique  de  ce  S.  Sclienctd  (')  m'a  permis  de  constater  les  affinités 
réelles  de  ce  champignon  avec  le  .S'.  Beiirnianni,  mais  aussi  les  difl'érences  qui  les 
séparent.  La  culture  était  restée  indéfiniment  incolore;  toutefois,  à  la  suite  de  repi- 
quages, un  pigment  brunâtre  est  apparu  sur  des  portions  aériennes  de  mycélium 
agrégé.  Les  spores,  toujours  incolores  et  semblables  entre  elles,  présentent  une  dispo- 
sition difterente  suivant  les  régions  de  la  culture. 

Dans  les  parties  fertiles  aériennes,  où  la  fructification  se  fait  normalement,  se 
forment  de  petits  bouquets  de  spores  nées  isolément  et  successivement.  En  même 
temps  ou  peu  après,  apparaissent  sur  les  cellules  sous-jacentes  de  nouvelles  spores, 
disposées  en  bouquets  ou  non.  Ce  mode  de  fructification  rentre  tout  à  fait  dans  le 
type  Sporotrichuni. 

Mais  dans  les  parties  profondes  et  humides  de  la  culture,  le  processus  de  formation 
des  bouquets  de  spores  subit  une  modification  singulière  qui  conduit  à  un  type 
aberrant  de  fructification.  L'extrémité  du  filament  sporifère,  au  lieu  de  former  une 
spore  nouvelle  à  côté  de  la  spore  dernier-née,  la  forme  au-dessous  et  sur  le  liane  de 
celle-ci;  ce  processus  se  répétant  plusieurs  fois,  il  en  résulte  que  les  spores  peuvent 
apparaître  disposées  en  files  irrégulières,  à  développement  centripète.  Cette  formation 


(')  Cette  culture  ma  été   obligeamment  communiquée   par  MM.  de  Beurmann  et 
Gougerot. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  5^5 

se  régularisant,  on  peut  même  obsei\er  de  véritables  rhapelets  de  5,  6  et  8  spores 
CD  file  régulière. 

111.  Enfin,  j'ai  reconnu  un  troisième  type  de  Sporolricliinn  dans  un  échantillon  qui 
m'a  été  fourni  par  MM.  de  Heurniann  et  Gougerot.  Il  avait  été  extrait  d'une  gomme 
assez  profonde,  développée  dans  les  muscles  de  la  jambe  d'un  malade. 

Je  le  considère  comme  une  variété  stable  du  S.  Beurmanni  et  le  dénomme  5.  Gou- 
ge roli. 

Les  cultures  poussent  d'emblée  noires;  les  filaments  ont  la  membrane  précocement 
et  fortement  culinisée.  Les  fructifications  aériennes  présentent  ce  grand  intérêt  d'ollVir 
un  intermédiaii'C  entre  celles  du  Sporolrichum  Beurmanni  e\.  celles  du  S.  Schencki. 
Sur  certains  filaments  à  fructification  maigre,  la  disposition  des  spores  est  en  petits 
bouquets  latéraux  de  2-3  spores,  rappelant  ceux  qu'on  trouve  si  fréquemment  dans 
dans  le  .S.  Schencid.  Sur  d'autres  filaments,  on  observe,  au  contraire,  la  fructifica- 
tion en  Sporotrichuni  type,  qui  est  celle  du  5.  Beurmanni. 

En  outre,  le  5.  Gougeroti  présente  une  remarquable  abondance  de  formes  bour- 
geonnantes. Les  spores,  détachées  et  tombées  sur  les  parties  humides  de  la  culture, 
y  germent  en  donnant  un  court  mycélium  sur  lequel  naissent,  soit  latéralement,  soit  à 
l'extrémité,  des  spores  secondaires  ;  il  3'  a  là  une  sorte  de  bourgeonnement  en  conidies- 
levures  qui  nous  paraît  assez  caractéristique  du  S.  Gougeroti. 

Outre  rintérêt  parliciilier  qu'il  présente  par  ses  formes  bourgeonnantes 
et  par  son  type  intermédiaire  entre  les  Sporolrichum  Beurmanni  et 
S.  Schencki,  le  S.  Gougeroti  nous  fait  voir  que  la  pigmentation  du  mycélium 
est  un  caractère  d'importance  très  secondaire  dans  l'étude  des  agents  des 
Sporotrichoses  et  ne  doit  entrer  en  ligne  de  compte  que  bien  après  les  ca- 
ractères morphologiques  tirés  du  mode  de  fructification. 

Ces  derniers  caractères  m'ont  permis  de  reconnaître  et  de  déterminer, 
dans  le  petit  groupe  des  Champignons  qui  produisent  les  Sporotrichoses, 
trois  types  assez  différents  pour  constituer  trois  espèces  distinctes,  dont 
l'une  est  intermédiaire  par  ses  caractères  entre  les  deux  autres.  Notons 
enfin  qu'il  y  a  entre  ces  divers  Cliampignons  des  affinités  morpho- 
logiques réelles,  qui  en  font  un  petit  groupe  naturel,  et  ceci  s'accorde 
bien  avec  ce  qu'on  sait  d'eux  au  point  de  vue  physiologique  et  patholo- 
gique. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  développement  d'une  plante  bulbeuse.  Variations 
du  poids  de  la  matière  sèche.  Noie  de  M.  G.  A\dré,  présentée  par 
M.  Arm.  Gautier. 

On  sait  que  certains  bulbes,  ceux  do   l'oignon   commun  par  exemple, 
lorsqu'ils  ne  sont  pas  arrivés  à  maturité  au  bout  de  la  première  année  de 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre,  (T.   100.  X"  9.)  7^^ 


.ViC)  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

végrlalioii,  cDiiliiuieiil  à  so  dZ-velopper  el  à  grossir  ([iiand  on  los  repique 
en  terre  au  printemps  de  Tannée  suivante.  C'est  là  un  procédé  très  fré- 
(pieniiuenl  employé  pour  obtenir  de  gros  oignons.  Ceux-ci,  à  l'époque  où 
(III  les  enlève  du  sol,  ont  parfois  des  dimensions  considérables  et  ne  portent 
pas  de  tiges  florales,  au  moins  la  plupart  du  temps.  Placés  de  nouveau  dans 
la  terre  au  printemps  suivant,  ils  se  vident  peu  à  peu  en  fournissant  une  tige 
qui  porte  des  fleurs,  puis  des  graines. 

En  poursuivant  les  études  que  j'ai  consacrées  depuis  plusieurs  années 
déjà  aux  phénomènes  généraux  de  la  germjnation,  il  m'est  arrivé  d'observer 
les  faits  suivants  :  des  bulbes  d'oignon,  de  dimension  moyenne,  confiés  au 
mois  d'avril  à  une  bonne  terre  franche,  riche  en  éléments  nutritifs,  non 
seulement  ne  se  sont  pas  épuisés  au  cours  de  leur  développement,  mais  à 
mesure  <ju'ils  grossissaient  et  que  le  poids  de  leur  matière  sèche  augmentait, 
une  lige  apparaissait  bientôt  qui  portait  des  fleurs  et  des  fruits.  En  sorte 
(jue,  le  bulbe  initial,  s'il  diminue  légèrement  de  poids  dans  les  premiers 
temps  de  son  évolution  pour  subvenir,  partiellement,  à  la  nutrition  de  la 
portion  aérienne  du  végétal,  récupère  bientôt,  par  suite  de  l'exercice  de  la 
fonction  d'assimilation  de  cette  portion  aérienne,  les  matières  qu'il  lui  avait 
d'abord  abandonnées.  A  l'époque  de  la  maturité  des  graines,  le  poids  de  ce 
bulbe  (et  parfois  double  bulbe)  avait  presque  quadruplé.  Ainsi,  la  partie 
aérienne  de  la  plante  a  fourni  à  la  fois  des  matériaux  à  la  partie  souterraine, 
c'est-à-dire  au  bulbe,  pendant  que,  d'autre  part,  se  poursuivait  le  travail 
de  formation  et  de  maturation  des  graines. 

C'est  ce  phénomène  particulier  de  nutrition  (jue  j'ai  étudié  au  point  de 
vue  des  variations  de  poids  que  sidnssent  la  matière  sèche,  l'azote,  les 
cendres  totales  et  leurs  éléments,  aussi  bien  chez  la  partie  aérienne  que 
chez  la  partie  souterraine  de  l'oignon.  Ce  phénomène  n'est  pas  absolument 
rare  ;  on  voit  même  parfois,  lorsqu'un  oignon  se  vide  pour  former  une  tige 
florale,  des  bulbes  de  remplacement  se  développer  au  voisinage  du  bulbe 
flétri  et  acquérir  des  dimensions  qui  peuvent  être  supérieures  à  celles  de  ce 
dernier.  Dans  le  cas  qui  fait  l'objet  de  cette  Note,  tous  les  oignons  se  sont 
comportés  de  même  façon  ;  aucun  d'eux  ne  s'est  vidé  ;  ils  ont  continué  à 
grossir  régulièrement,  malgré  l'apparition  des  fleurs  et  des  fruits.  J'estime 
que  l'on  peut  mettre  en  grande  partie  ce  résultat  sur  le  compte  de  la 
qualité  du  sol  dans  lequel  ont  évolué  les  plantes. 

1,  J'ai  opéré  sur  un  loi  de  80  oif^nons  de  mèiiie  espèce,  présentant  cliacnn,  à  très 
peu  près,  le  môme  poids  initial.  1-eur  planlalion  a  en  lieu  le  i3  a\  lil  1909,  et  j'ai 
prélevé  pour  l'analyse,  au\  dates  des  2y  mai,   ■?.'\  juin.    >J)  juillel,  3  septembre,  clia(|ue 


SÉANCE    DU    2H    FÉVRIER    I910.  547 

fdi?  îo  oignons.  Celle  analyse  a  poilé  sur  la  portion  aérienne  et  sur  la  portion  souter- 
raine de  la  plante  séparée  de  la  précédente  au  niveau  supérieur  du  bulbe.  Voici  le 
Tableau  des  résultais  obtenus,  rapportés  à  100  oignons  et  à  100  plantes  complèles  : 

Miiliric  lOiiii  dans 

l'uiils  de  iiiatit-ro                                            déclic  Hld  parties 

I    —          CriHlrc>                moins  de  inaliére 

fraîche,      séclice  à  1 10".         lolalcs.           les  cendres.  Iraklic. 

Illal  initial  (10  avril),  100  oignons 12.JJ  147,086  io,io4S  i36,gSi2  88,28 

(  Partie  aérienne 4808  3i5,5oo  40, 7810  271,7690  93,44 

'-/  '"'"■        I   Partie  souterraine...  .        1750, .j  127, .■)0o  17.4290  110,0710  92,72 

,   .    .           (    Partie  aérienne 12494  860,880  88,6777  777,2028  98,11 

'''"'"'      j    Partie  souterraine...  .        4894  474. 74»  88,4689  44'>27ii  90,80 

III.   26  juillet     1    Partie  aérienne 1 33.")6  1064,490  98,894'!  965.59.j6  92,08 

(doraison).       (  Partie  souterraine.. .  .        5321  576,25  46.4'|6o  529.S040  89,17 

1\  .   8  septembre  (   Partie  aérienne 11189  994-77  108,8022  885,9678  91.11 

(fructification).    /    Partie  souterraine.. .  .        5o4o  517,46  44'i9'2  473'26^'^  89>74 

11.  Je  me  bornerai  à  ])résenler  aujourtl'luii  ([uelques  remarques  générale^  concer- 
nant principalemenl  les  variations  du  poids  de  la  matière  sèclie  et  celles  de  l'eau  aux 
dillërentes  périodes  de  la  végétation. 

Le  26  juillet,  au  moment  de  la  lloraison,  les  poids  de  la  matière  fraiclie  et  de  la 
matière  sèclie  (cendres  déduites)  ont  atteint  leur  maximum,  aussi  bien  dans  la  partie 
aérienne  que  dans  la  partie  souterraine.  Le  3  septembre,  à  l'époque  de  la  fructification, 
ces  deux  poids  ont  légèrement  diminué.  Or  comme  la  fonction  cliiorophjllienne  se 
ralentit  beaucoup  en  fin  de  végétation,  on  ])eut  mettre  cette  perte  de  poids  de  la 
nialiére  sèclie  sur  le  compte  des  phénomènes  respiratoires.  Cependant,  la  proportion 
centésimale  de  Peau  demeure  très  élevée  pendant  toute  la  durée  de  la  végétation,  tant 
chez  les  organes  aériens  que  chez  les  organes  souterrains.  Lorsque  la  tige  porte  des 
fruits  mûrs  (3  septembre  ),  la  proportion  centésimale  de  l'eau  (|u'elle  contient  est 
absolument  comparable  à  celle  que  présente  cette  même  lige  lorsque  la  végétation  est 
à  son  maximum  d'activité.  Il  en  est  de  même  de  la  portion  souterraine  du  végétal, 
ce  qui  indique  qu'il  existe  encore  à  celte  époque  un  échange  continu  de  substances 
enlre  les  deux  parties  de  la  plante.  Le  poids  des  matières  fixes  contenues  dans  la  plante 
totale  s'est  accru  de  5  pour  100  environ,  entre  le  26  juillet  et  le  8  septembre  :  ce 
faible  accroissement  dont  n'a  profité  que  la  partie  aérienne,  porte  sur  lous  les  éléments 
à  la  fois,  sauf  la  magnésie.  La  partie  souterraine,  au  contraire,  n'a  bénéficié  d'aucune 
augmentation.  11  semble  donc  que,  entre  le  26  juillet  et  le  3  septembre,  tout  mou- 
vement de  migration  ait  cessé  peu  à  peu  entre  la  partie  aérienne  du  végétal  el  sa  partie 
souterraine.  La  plante  emploie,  par  conséquent,  pour  la  maturation  de  ses  graines,  les 
réserves  disponibles  qu'elle  possède  dans  sa  tige.  En  effet,  les  cendres  totales  ont 
légèrement  diminué  dans  les  organes  souterrains;  l'azote  total  et  l'acide  phospliorique 
restent  à  peu  près  stationnaires.  Le  poids  de  la  matière  sèche,  cendres  déduites,  a 
diminué  de  10  pour  100  environ,  cette  diminution  étant  imputable,  comme  je  l'ai  dit 
|)lus  haut,  à  une  perte  respiratoire. 


548  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  slèrilisalion  de  l'eau  par  lullraviolel. 
Note  de  MM.  Ed.  Urbain,  Cl.  S^ai,  et  A.  Fem;e,  présentée  par 
M.  E.  Roux. 

A  la  suite  des  très  intéressants  travaux  de  Mlle  ('ernovodeanu  et  de 
M.  \'ictor  Henri  (')  nous  avons  rechèî'clié  si  d'autres  sources  d'ullra-violet 
que  la  lampe  à  mercure  ou  le  tube  de  Geissler  de  M.  Billon-Daguerre  (-) 
ne  pouvaient  pas  être  utilisées  en  vue  de  la  stérilisation  de  l'eau. 

Il  importait  d'abord  de  rechercher  quel  était  l'état  delà  question  au  point 
de  vue  de  l'absorption  de  l'ultraviolet  par  les  différents  milieux,  quartz, 
air,  eau. 

1°  Quarlz.  —  Dans  ses  expériences  sur  le  qiiarlz,  Scluimanii  {')  n'a  pas  élé  au-dessous 
de  1S20  UA,  et  il  ressort  que,  pour  cette  longueur  d'onde,  le  quarlz  absorbe  d'une 
façon  appréciable;  d'autre  part  Pttuger  (*)  trouve  le  quarlz  fondu  moins  transparent 
que  le  quartz  naturel.  C'est  ainsi  qu'une  plaque  de  quartz  fondu  de  2""" ,81  ne  lais.=e 
passer  que  56  pour  100  pour  2100  UA  et  rien  du  tout  au-dessous  de  2000  UA. 

2°  Air.  —  Dans  ses  expériences,  Schumann  montre  que  i"""  d'air  absorbe  tout  au- 
dessous  de  i65o  UA  et  Kreussler  (^)  a  mesuré  la  constante  d'absorption  de  l'air. 
Pour  1860  UA,  une  colonne  de  ao"'™  absorbe  8,8  pour  100  et  pour  igSoUA,  il  n'y  a 
plus  d'absorption. 

3°  Eau.  —  Kreussler  (*),  opérant  sur  de  l'eau  fraîchement  distillée,  a  vu  que 
l'absorption  élait  de  69  pour  100  sur  une  épaisseur  de  i"""  pour  1860  UA. 

Dans  ces  conditions,  on  voit  clairement  qu'il  est  inutile  de  chercher  à 
utiliser  des  longueurs  d'onde  inférieures  à  1860  UA,  le  quartz  et  l'eau  se 
chargeant  d'absorber  la  presque  totalité  des  rayons  de  longueur  d'onde 
inférieure. 

Enfin,  on  voit  aussi  que  l'air  est  un  milieu  d'une  Iransparence  très  suffi- 
sante puisqu'on  utilise  pres(jue  complètement  à  partir  de  1860  UA,  et  en 
totalité  pour  1930  UA. 

La  limite  inférieure  du  spectre  solaire  étant  aux  environs  de  2900,  il  ne 
peut  donc  y  avoir  d'utiles  cjue  les  longueurs  d'onde  comprises  entre  1860UA 
et  2900  UA. 

(')   Comptes  rendus,  l.  CL,  p.  52. 

(')  Comptes  rendus^  I.  CXLIX,  p.  811. 

(')  Pholograpli.  Rundschau^  Heft  11,  1892. 

(')  Pjliïger  Physik  Zs..  t.  V,  1904,  p-  2i5-2i6. 

(•'■)  Drude's  Ami.,  t.  VI.  1901,  p.  Sgo-^aS. 

('')  Drude's  A  II  II.,  I.  \  I.  1901,  p.  412-428. 


sÉANcn:  DU  28  FÉVRIER   1910.  5:^19 

iSous  réalisons  un  arc  tiès  riche  entre  ces  limites,  en  employant,  comme 
mèche  des  charbons,  un  mélange  de  charbon  et  d'alumine  par  parties 
égales. 

L'arc  se  trouve  placé  à  10""  au-dessus  d'une  auge  circulaire  contenant 
l'eau  à  stériliser.  Dans  ces  conditions  avec  un  arc  de  2  ampères  on  stérilise 
définitivement  l'eau  de  la  ville  pour  une  durée  d'illumination  de  i  minute. 


CHIMIE  PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Comparaison  des  aciio-is  plwlochimiques 
cl  abiotiqiirs  des  rayons  ultraviolets.  Note  de  M"*"  Cervovodeaxu  et 
M.  VicTOK  llr.NRi,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

L'action  des  rayons  ultraviolets  sur  les  microbes,  sur  les  difterentes 
cellules  des  tissus  animaux  et  végétaux,  sur  les  ferments  et  sur  les  toxines, 
présente  ce  caractère  remarcjuable  que  ce  sont  les  rayons  ultraviolets 
extrêmes,  dont  la  longueur  d'onde  est  inférieure  à  2900  unités  Angstrom, 
qui  sont  de  beaucoup  les  plus  actifs. 

Nous  avons  entrepris  l'étude  de  l'action  des  différents  rayons  ultra- 
violets sur  toute  une  série  de  réactions  photochimiques,  et  nous  avons  com- 
paré les  résultats  avec  les  actions  bactéricides  des  mêmes  rayons. 

Les  réactions  photochimiques  dont  nous  avons  suivi  les  vitesses  sont  les 
suivantes  : 

1°  Décomposition  de  l'eau  oxygénée; 

1"  Décomposilion  de  Kl  en  présence  d'acide  cliloi'liyc!ii([ue  ou  sulfuii([ue  ; 

3°  Décomposilion  de  Kl  en  présence  d'amidon  : 

4"  Réaction  de  Eder  enlie  le  biclilorure  de  mercure  et  l'oxalale  d'ammoniaque 

llsG12+(NH')-^G'-0*=lIg=CI^+2CO-+  aNH'CI; 

5°  Réaclion  entre  le  perclilorure  de  fer  et  l'acide  oxalique 
k 
l<VCl»+H2C^0'=2FeGI'^-t-2C0^+2HCI; 

6"  Ovydation    des    leucodérivés    de    la    (luorescéine,    de    l'éosine    (tétrahromotluo- 

rescéine)  et  du  rose  bengale  (  tétrachlorlétraiodelluorescéine)  ;  ces  leucodérivés  ont 

été  préparés   en  liqueur  alcaline  par  réduction  avec  la  poudre  de  zinc  ;  les  réactions 

d'oxydation  ont  été  étudiées  soit  sur  des  papiers  filtre  imbibés  des  solutions,  soit  sur  les 

N 
solutions  des  leucodérivés  dans  NaOlI— ; 

7"  Noircissement  du  papier  photographique  au  citrate  d'argent. 
Comme  source  lutïiineuse  nous  nous  somtncs  servis  de  lampes  à  arc  de 


'ï5o  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

uicrcuie  en  quartz  de  la  Société  Weslingliouse  Cooper  lleuill  marcliaiil 

sur  1  lo  volts  et  3  ampères. 

Pour  éliminer  les  différentes  régions  du  spectre  ultraviolet  nous  avons 
employé  des  écrans  divers,  dont  voici  les  effets  : 

Unités 
Ân^sU'oiii. 

Le  spectre  ullraviolel  du  mercure  s'éleiul  de 4ooo  à  323^ 

L'écran  en  viscose  laisse  passer  les  rayons  de 4ooo  à  aSS'i 

L'écran  en  acétate  de  cellulose  laisse  passer  les  rayons  de 4ooo  à  2699 

L'écran  en  mica  de  o™"',o5  »  4ooo  à  aSo't 

Ij'écran  en  verre  blanc  de  i"""  »  4ooo  à  3o23 

L'écr.in  en  verre  eiiplios  de  i™"',3  »  4ooo  à  8908 

Afin  de  rendre  les  conditions  d'aération  et  de  température  comparaljles, 
nous  avons  employé  pour  le  spectre  total  un  écran  formé  d'une  lame  de 
quartz. 

Pour  comparer  entre  elles  les  différentes  réactions  photochimiques,  nous 
désignons  par  10  l'activité  qui  correspond  à  la  partie  du  spectre  qui 
traverse  l'écran  de  verre  de  i"""  d'épaisseur.  Le  Tableau  suivant  donne  les 
activités  des  rayons  qui  traversent  les  différents  écrans  précédents.  Un 
certain  nombre  de  déterminations  de  vitesses  de  réactions  ont  été  faites  par 
nous  en  collaboration  avec  M.  Cazaubou. 

liraclions.  Eiiplic.s.         Nciic.  M  h  ,i .       Ac.  de  ccll. 

}P0==:  11^0  +  0 0,8  10  1(1  4o 

KI  +  HCI ■  »               10  1  I 

Kl  -f-  amidon »                10  »                " 

llg(:P-:-(NlI>)-C-0- .-              10 

Fe'Gl«-i-IP(:-0- "               10 

Leucodérivéde  la  lluorescéinc  4                  "J  '■"             ■'\'^ 

Leucodérivé  de  Téosiiie 4                   "'  '  •'              •'•^ 

Cilrale  d'argent i                   lo  lo              ia 

Action  bactéricide »                lo  r>.               » 

L'examen  des  nombres  de  ce  Talileau  montre  <juc  Faction  Ijacléricide 
des  rayons  ultraviolets  extrêmes  (au-dessous  de  2800)  se  distingue  par 
leur  intensité  des  actions  produites  par  ces  rayons  sur  les  réactions  photo- 
chinii(iues  étudiées  par  nous.  Il  suffit  de  comparer  entre  eux  les  nombres 
des  deux  dernières  colonnes  pour  les  différentes  actions. 

Cette  limite  de  2900  on  2800  unités  Angstrom,  au-dessous  de  laquelle 
les   layons   deviennent  incompatibles  avec  la  vie,  (tbiotiqucs  comme  les  a 


us..'. 

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SÉANCK  DU  28  FÉVRIER  I910.  55l 

cU'-signés  M.  Dastre,  est  précisément  la  limite  à  laquelle  s'arrêtent  les  radia- 
lions  ultraviolettes  qui  arrivent  du  Soleil  à  la  surface  de  la  Terre,  ainsi  que 
l'avait  montr(''  Cornu.  F^es  êtres  vivants  ne  sont  donc  dans  la  nature  jamais 
soumis  à  l'action  des  rayons  ultraviolels  ayant  moins  de  2900  unités. 

Il  semble  donc  qu'il  y  a  dans  ce  fait  une  loi  d' adaptation  des  organismes 
rivants  à  la  lumière  solaire;  le  protoplasme  de  tous  les  êtres  vivants  est  altéré 
par  les  rayons  ultraviolets  extrêmes. 

Cette  altération  du  protoplasme  peut  être  facilement  constatée  par  l'étude 
microsconiciue. 


ANAïOMlE.    —    Station  hipnle  et  muscles  fessiers.   Note  de   M.   I.  Chaîne, 
présentée  par  M.  Edmond  l^errier. 

Un  fait  digne  de  remarque  est  la  disposition  si  spéciale  des  muscles  fes- 
siers de  rilomnie,  surtout  du  fessier  superficiel,  comparativement  à  ce  qui 
existe  chez  les  autres  Mammifères. 

(^Iiez  l'Homme  en  eU'et,  le  fessier  superficiel  est  situé  en  arrière,  tandis 
que  chez  les  autres  Mammifères  ce  muscle  est  placé  sur  X&face  externe  de  la 
cuisse,  et  même  cliez  le  plus  grand  nombre  de  ceux-ci  (Equidés,  Rumi- 
nants, etc.);  eu  arrière  de  lui  se  trouvent  d'autres  muscles  qui  le  bordent 
jwstérieurement  (Aemï-lenàmdus.,  demi-membraneux,  biceps  fémoral,  etc.). 
Un  simple  regard  jeté  sur  les  ligures  des  Traités  d'Anatomie  humaine  et 
vétérinaire  suffit  pour  constater  le  fait. 

Comment  expliquer  ces  variations  dans  la  situation  des  muscles  fessiers? 

Si  l'on  examine  des  squelettes  ii'en  wo///eV,  d'Homme  et  de  Mammifères 
divers,  on  remarque  des  dispositions  bien  différentes  dans  la  région  du 
bassin,  dispositions  qui  ont  un  grand  retentissement  sur  l'anatomie  de  cette 
partie  du  corps  et  qui  toutes  sont  une  conséquence  de  ce  que  l'Homme  a 
une  station  hi\^liàc  parfaite,  tandis  que  celle-ci  n'existe  pas  chez  les  autres 
^  ertébrés,  ou  y  est  simplement  ébauchée, 

Cliez  rilomme,  l'os  coxal  est  nellemeul  vertical  ;  c'est-à-dire  que  l'ilion  occupe 
une  situation  supérieure  par  rapport  à  l'iscliion.  Ciiez  les  autres  Mammifères,  l'os 
coxal  est  plus  ou  moins  oblique,  ou  même  liorizonlai;  l'ilion  est  alors  antérieur  et 
l'ischion  postérieur.  De  plus,  cliez  l'Homme,  l'ilion  est  en  gémirai  plus  large  que  chez 
le  plus  grand  nombre  des  autres  êtres. 

Cliez  l'Homme,  le  plan  géométrique,  qui  renferme  les  fémurs,  contient  aussi  les  deux 
ischions;  autrement  dit,  les  iscliions  sont  situés  sur  la  face  interne  des  fémurs.  Chez 
les  autres  Mammifères  le  plan  renfermant  les  fémurs  ne  contient  plus  les  ischions;  ces 


552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parties  du  squeleUe  sont  donc  alors  dans  deux  plans  ditTéienls  et  les  ischions  s'étendent 
en  arrière  des  fémur  s. 

Chez  l'Homme,  rilion  ne  dépasse  guère  en  avant  le  plan  fémoral,  il  s'étend  sur/ont 
en  arrière  de  celui-ci.  Chez  les  autres  Mammifères,  au  contraire,  l'ilion  s'étend 
uniquement  en  avant  du  plan  fémoral. 

La  direction  des  fémurs  tend  encore  à  augmenter  les  dispositions  que 
nous  venons  d'indiquer. 

Chez  l'Homme,  les  fémurs  sont  vcrticaua:;  chez  les  autres  Mammifères,  ils  sont 
obliques  en  avant.  Il  en  résulte  que  chez  l'Homme  le  fémur  se  rapproche  de  l'ischion 
et  s'éloigne  de  l'ilion,  tandis  qu'au  contraire,  chez  les  Mammifères,  il  s'éloigne  de 
l'ischion  pour  se  rapprocher  de  l'iliaque.  L'obliquité  du  fémur  concourt  donc  à  placer 
l'ilion  en  avant  du  plan  fémoral  et  l'ischion  en  arrière  de  ce  plan;  tandis  que  leur 
verticalité  place  l'ischion  en  dedans  du  fémur  et  l'iliaque  en  arrière. 

Chez  les  êtres  qui  ont  une  tendance  à  se  tenir  sur  les  membres  postérieurs 
(Kanguroo,  Gerbille,  etc.),  les  dispositions  que  nous  venons  de  décrire  chez 
les  Mammifères  autres  que  l'Homme  persistent  encore  ;  on  les  rencontre 
aussi  chez  les  Anthropoïdes,  dans  leur  station  normale,  bien  que  beaucoup 
moins  accentuées  ;  il  n'y  a  chez  eux  qu'ijne  sorte  d'ébauche  de  ce  que  l'on 
rencontre  chez  l'Homme.  Cela  résulte  de  ce  que  ces  Singes  se  tiennent 
penchés  en  avant  et  marchent  en  s'appuyant  sur  leurs  bras,  au  lieu  d'avoir 
une  attitude  verticale  et  franchement  bipède  comme  l'Homme.  Cette  ma- 
nière d'être  retentit  non  seulement  sur  leur  colonne  vertébrale  qui  est 
oblique  et  dont  les  courbures  ne  sont  que  très  faiblement  accusées,  mais 
aussi  sur  leur  bassin  qui  n'est  plus  aussi  vertical  que  chez  l'Homme  et  sur 
leurs  fémurs  qui  sont  légèrement  obliques  en  avant. 

Enfin,  si  l'on  examine  sur  un  squelette  la  région  coxo-fémorale  de 
l'Homme,  par  sa  face  postérieure,  on  voit  qu'il  existe  une  vaste  loge,  très 
largement  ouverte  en  arrière,  à  coupe  transversale  triangulaire.  Cette  loge 
est  limitée  :  i°  en  dedans  par  l'os  coxal  ;  2°  en  avant,  en  haut  par  le  bord 
extérieui  de  l'ilion,  en  bas  par  le  fémur;  3"  en  arrière  et  en  dehors  par  un 
plan  fictif  allant  de  l'épine  iliaque  antéro-supérieure  et  du  fémur  à  la  crête 
sacro-coccygienne.  Cette  loge  ne  renferme  aucune  fortnalion  squeletlicpie; 
nous  lui  donnons  le  nom  de  loge  fessiére.  La  loge  fessière  n'existe  pas  chez 
les  quadrupèdes. 

Des  remarques  cjui  précèdent,  il  résulte  que  : 

1°  La  crête  et  la  fosse  iliaque,  principaux  lieux  d'origine  des  fessiers,  se 
trouvant  en  arrière  des  fémurs  chez  rHomme,  ces  muscles  ne  peuvent,  chez 
lui,   qu'être  situés  postérieurement.  Chez  les  autres  Mammifères,  où  ces 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  553 

mêmes  surfaces  d'insertion  sont  placées  en  avant  des  fémurs,  les  fessiers  ne 
peuvent  pas  être  situés  eu  arrière;  ils  sont  placés  sur  la  face  externe  de  la 
cuisse. 

2°  La  portion  du  fessier  superficiel  qui  s'attache  au  sacrum  comble, 
chez  l'Homme,  la  fosse  fessièrc  et  est,  par  suite,  complètement  postérieure. 
Chez  les  autres  Mammifères,  elle  n'est  plus  postérieure  parce  que  la  fosse 
fessière  n'existe  pas  et  que  sa  place  est  occupée  par  l'ischion  ;  elle  est  alors 
latérale. 

3"  La  masse  des  muscles  qui  naissent  de  la  tubérosité  ischiatique  (l)iceps 
fémoral,  demi-membraneux,  demi-tendineux,  etc.),  par  suite  de  la  situa- 
tion de  l'ischion,  est,  chez  l'Homme,  située  sur  la  face  interne  du  fémur, 
tandis  que  chez  les  autres  Mammifères  elle  est  postérieure  et  souvent  même 
longe,  en  arrière,  le  fessier  superficiel. 

ZOOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  développement  de  l'œuf  de  Ver  à  soie 
unh'oltin.  Note  de  MM.  C.  Vaxey  et  A.  Co.vte,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

Au  cours  de  son  développement,  l'o'uf  de  Ver  à  soie  présente  les  trois 
phases  suivants: 

1°  La  période  de  constitution  de  la  bandelette  germinalive  et  des  éléments  vitel- 
lins.  A  la  fin  de  celle  phase  d'une  durée  de  5  jours  environ,  l'œuf  monlre,  en  dessous 
d'un  chorioD  doublé  par  un  blasloderme  pigmenlé,  une  bandelette  d'épithéliuni 
cylindrique  :  la  bandelelte  {;erminalive,  recouverte  par  l'amnios  et  un  n)assif  de  i;ros 
élémenls  polygonaux,  formant  le  tissu  vitelliu; 

2°  La  période  de  vie  latente,  d'une  durée  d'environ  9  mois,  où  lenibryon  ne 
montre  pas  de  changements  appréciables  ; 

3°  La  période  d'édification  embryonnaire,  pendant  laquelle  les  cellules  de  la  ban- 
delette se  multiplient  activement,  tandis  que  les  éléments  vitellins  se  résorbent.  Il  en 
résulte  une  jeune  chenille  qui  éclol  après  une  douzaine  de  jours. 

Pendant  tout  le  développement  de  l'oeuf  on  constate  une  perte  de  poids 
continue  qui  se  décompose  de  la  façon  suivante  : 

Première  période  (durée  5  jours)  :  2,67  pour  100  du  poids  initial; 

Deuxième  période  (durée  9  mois)  :  4)96  pour  100  du  poids  initial; 

Troisième  période  (durée  10  jours)  :  7,84  pour  100  du  poids  initial. 

Les  œufs  de  Ver  à  soie  contiennent  un  certain  nombre  de  substances  de 
réserve  (matières  albuminoïdes,  glycogène,  graisses).  ISous  avons  étudié  les 
variations  du  glycogène  et  de  la  graisse  au  cours  de  l'évolution  embryonnaire. 

c.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.   150,  N°  9.)  7^ 


5^)'l  ACADÉvllE    DES    SCiENCES. 

Au  poiiil  (le  Mit'  de  lii  Lciieiir  en  glycogène,  nous  cousialons  (ju'uu  |)()i(ls 
initial  de  loo^  dVvufs  de  llomhyx  niori  reuf(M'uie,  au  uionient  de  la  ponte, 
3*^,080  de  cet  hydrale  de  carbone;  à  la  fin  de  la  première  péinode,  1^,221  ; 
à  la  fin  de  la  deuxième  période,  i^^jS'i;  et  à  la  fin  de  la  troisième 
période,  os,4i5. 

On  voit  que,  pendant  les  deux  périodes  d'édification  (constitution  de  la 
bandelette  et  édification  embryonnaire  ),  la  teneur  en  glycogène  va  constam- 
ment en  diminuant. 

La  période  intermédiaire  ou  de  vie  latente  répond  à  une  pliase  d'élabo- 
ration de  ce  composé  de  réserve.  Des  coupes  d'oeufs  à  cette  période  traitées, 
en  vue  de  la  recherche  du  glycoj^ène,  par  les  inéthodes  à  l'iode,  de  Lubarscb 
ou  au  tanin,  nous  ont  montré  la  localisation  de  ce  corps  dans  les  éléments 
vilellins,  où  il  se  trouve  d'ailleurs  avec  d'autres  substances  de  réserve 
{  matières  albuminoïdes  et  graisses).  Ainsi,  au  point  de  vue  glycogénique, 
la  cellule  vitelline  du  Ver  à  soie  se  comporte,  vis-à-vis  de  l'embryon,  comme 
la  cellule  hépatique  chez  les  Vertébrés  :  le  glycogène  s'y  accumule  pour  être 
ensuite  utilisé  an  cours  de  l'édification  du  jeune  Ver.  Le  tissu  vitellin  du  Ver 
à  soie  doit  être  considéré  comme  une  annexe  embryonnaire  tpii,  ainsi  que  les 
annexes  embryonnaires  des  Vertébrés,  sert  de  centre  d'élaboration  du 
glycogène. 

Au  point  de  vue  de  la  teneur  en  graisses,  Tceuf  du  fiombyx  mori  montre  : 

I"  Fendaiil  la  période  de  constitution  de  la  bandelette,  une  teneur  en  graisses  assez 
élevée  el  une  très  faible  consoninialion  de  ces  substances,  leur  pourcentage  oscillant 
entre  7-,  lao  et  6^,68  pour  un  poids  initial  de  1008  d'œufs; 

2"  Pendant  la  période  de  vie  latente,  la  teneur  en  graisses  e?t  graduellement  décrois- 
sante, de  6s,  68  pour  100  elle  s'abaisse  à  4°j88  pour  100  (du  poids  initial)  ; 

3"  Pendant  la  période  d'édification  embryonnaire,  la  teneur  en  graisses  est  assez 
variable  car,  après  une  légère  baisse,  elle  offre,  vers  l'éclosion,  un  relèvement  impor- 
tant où  la  teneur  en  substances  grasses  atteint  5s, 57  pour  100  du  poids  initial. 

I^a  comparaison  des  phénomènes  nutritifs  des  deux  périodes  d'édification 
embryonnaire  (  première  et  troisième  période  de  la  vie  de  l'œuf  du  Ver  à  soie  ) 
nous  révèle,  dans  les  deux  cas,  une  forte  consommation  de  glycogène.  Pon- 
dant la  première  période,  où  Ton  ne  constate  que  des  phénomènes  d'hys- 
logenèse,  celte  consommation  de  glycogène  é(|uivaul  aux  |  de  la  perte 
de  poids  total  des  oîufs.  Dans  la  troisième  période,  quoiqu'il  y  ait  simul- 
lanément  des  processus  d'hystogenèse  et  d'hislolyse,  il  y  a  également  con- 
soivimation  de  cet  hydrale  de  carbone.  Ces  faits  montrent  que  le  glycogène 
a  un  rôle  important  dans  les  phénomènes  de  multiplication  cellulaire. 

L'étude  des  phénomènes  physiologiques  qui  accompagnent  le  développe- 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  )j5 

jueiit  du  Vei'  à  soù?,  rapprochée  des  recherches  que  nous  avons  faites  sur 
révolu  lion  du  vilelUisdc  cet  insecte,  nous  conduit  aux  concUisions  suivantes: 

I"  L'histogenèse  s'accompagne  toujours  d'une  forte  consommation  de 
glycogène. 

C'est  ce  qui  résulte  de  hi  couqjaraison  des  deux  périodes  dédilicaliou 
embryonnaire  (première  et  troisième  période  de  Ja  vie  de  l'œuf).  Fendant 
la  première  période,  on  assiste  aune  histogenèse  rapide  amenant  la  consti- 
tution du  blastoderme,  de  la  bandelette  germinalive  et  du  tissu  vitellin. 
Pendant  la  troisième  période,  il  y  a  histogenèse  (formalion  de  la  chenille), 
et  en  même  temps  hislolyse  (destruction  du  tissu  vitellin).  Uaiis  les  deux 
cas,  la  liaisse  imporlaute  du  pourcentage  en  glycogène  montre  bien  le  rôle 
de  ce  composé  dans  les  pluMiomènes  de  multiplication  cellulaire. 

2°  Le  développement  du  ^  cr  à  soie  dans  l'd'uf  est  en  Ions  points  liomo- 
logue  au  développement  de  l'insecte  hms  de  l'cruf. 

Pour  établir  cette  comparaison  on  peut  négliger  la  période  de  vie  latente 
au  cours  de  laquelle  on  ne  constate  aucune  modification  anatomique  appré- 
ciable. D'ailleurs,  celte  période  manque  dans  l'œuf  polyvoltin  d^  liombyx- 
jnori  Qi  de  plus  elle  peut  être  ictrouvce  chez  les  Lépidoptères  (pii  liivcrnenl 
à  l'étal  de  chenilles  complètement  formées  (Ex.  :  Chélonies  ). 

La  première  période  de  la  vie,  dans  l'd'uf,  est  une  période  d'édilicalion 
embryonnaire,  elle  est  homologue  à  la  [)ériode  de  croissance  de  la  clienille. 

La  troisième  période  de  la  vie  dans  l'œuf,  avec  ses  processus  d'Iiyslol^sc 
et  d'histogenèse,  est  comparable  à  la  nNm[)hose.  La  bandelette  gei'uiinative 
évolue  tout  à  fait  comme  les  (lis(pies  imaginaux,  dont  elle  a  d'ailleurs  la 
structure.  Les  cellules  vitelliues  sont  homologues  aux  cellules  adipeuses  : 
elles  ont  même  structure,  même  composition,  mêmes  fonctions.  Ce  sont  de 
grosses  cellules  à  noyaux  plus  ou  moins  ramifiés,  accumulant  dans  leur 
intérieur  des  substances  de  réserve  (glscogène,  graisses,  matièies  albumi- 
noïdes  ),  puis  les  élaborant  ensuite  eu  composés  servant  à  la  multiplication 
des  cellules. 

Au  point  de  vue  physiologicpie,  la  troisième  période  de  vie  dans  1  u'ul  et 
la  nymphose  montrent  toutes  deux  une  perte  de  poids  total,  une  forte  con- 
sommation de  glycogène,  une  baisse  dans  le  pourcentage  des  graisses  se 
terminant  par  un  relèvement  liés  important  de  leur  teneur. 

3°  La  période  de  vie  ralentie  du  Ver  à  soie  univoltin  montre  des  [)héiio- 
niènes  physiologiques  couqiarables  à  ceux  signalés  dans  riiiberuation  :  perte 
de  poids  total,  forte  consonnnation  de  matières  grasses  et  élaboration  de 

"hco^ènr. 


556  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  —  Pontes  d'efe  et  pontes  d'hiver  d'une  Nénierte  d'eau  douce 
(Prostoma  hiinl)iicoideLim  Diigès).  Noie  (')  de  M.  Paul  Hallez,  pré- 
sentée par  iM.  Yves  Delage. 

l'onles  d'èlè.  —  Des  exemplaires  de  Prosloma  luinhricoideuni  Diigès,  mis 
en  observation  depuis  le  mois  d'octobre,  m'ont  donne,  en  octobre,  novembre 
et  février,  des  pontes  semblables  à  celles  des  espèces  marines.  Les  œufs  sont 
déposés  sur  les  parois  du  vase,  réunis  entre  eux  par  une  substance  muqueuse 
transparente,  et  formant  de  petits  groupes  allongés,  ne  contenant  ordinaire- 
ment que  lo  à  i.5  a?ufs  disposés  sur  deux,  rangs,  et  n'adbérant  que  faible- 
ment au  verre.  Une  même  Némerte  peut  déposer,  en  i  ou  2  jours,  quatre 
ou  cinq  paquets  d'œufs  semblables,  qui  font  en  somme  partie  d'une  seule 
ponte.  Certains  exemplaires,  qui  m'ont  fourni  environ  70  œufs,  sont  morts 
après  la  ponte.  Outre  l'enveloppe  muqueuse  commune,  chaque  œuf  est  en- 
touré d'une  coque  hyaline  d'une  épaisseur  de  5o'^,  l'œuf  lui-même  a  un 
diamètre  de  2  25^ 

Ces  œufs  se  développent  relativement  vite  :  10  ou  12  jours  après  la  ponte, 
à  la  température  du  laboratoire,  il  en  sort  une  jeune  Némerte.  Celle-ci 
mesure  environ  200^  ;  elle  est  ovoïde,  un  peu  amincie  en  arrière,  blanche, 
opaque,  complètement  et  uniformément  ciliée,  pourvue  seulement  de  deux 
yeux  noirs  qui  représentent  la  paire  postérieure  des  individus  plus  âgés  ; 
elle  a  déjà,  dans  ses  téguments,  des  corpuscules  calcaires,  très  nombreux 
et  très  serrés,  mais  notablementplus  petits  que  ceux  de  l'adulte  ;  ils  mesurent 
en  effet  4'^,  tandis  que  les  corpuscules  lenticulaires  de  l'adulte  ont  un  grand 
diamètre  de  iG^^. 

Dans  le  mois  de  janvier,  je  n"ai  pu  obtenir  aucune  ponte,  bien  que  les 
exemplaires  en  observation  fussent  nombreux. 

Pontes  d'hiver.  —  Les  pontes  que  j'ai  obtenues  en  décembre  sont  très  dif- 
férentes des  précédentes.  Voici  le  relevé  de  mon  observation  : 

Le  16  déceinbie  j'isole,  dans  un  verre  de  Bohème,  deux  Prosloma  cliez  lesquels 
j'ai  constalé  la  présence  d'œufs  à  niaUirilé.  Chaque  Némerte  se  replie  presque  aussilôl 
sur  elle-même,  restant  absolument  immobile  et  adhérant  au  fond  du  verre,  grâce  au 
mucus  sécrété. 

I^e  18  décembre,  Irs  Némeitesse  mettent  à  tourner  sur  place  comme  pour  l'enkyste- 


(')    l'|■^■•^5cntéo  iliin-.  la  séunco  du  x\   f.A'iier  1910. 


SÉANCE  DU  jS    rÉVRlEU  1910.  557 

ment  de  prolcclioii,  el  à  fabii((ucr  un  kysle  sphérique  adliéranl  forleinenl  au  verre  el 
d'un  diamèlrc  d'environ  2"'"'.  Le  20  décembre,  mes  Némerles  qiiillent  leur  kysle  qui, 
après  la  sortie  de  la  mère,  prend  un  aspecl  un  peu  piriforme,  la  partie  allongée  et 
amincie  correspondant  au  point  de  sortie.  Ces  kystes  sont  remplis  d'œufs  el  ne  pré- 
sentent aucune  ouverture,  la  Némerte  ayant,  sans  doute,  réparé  l'orifice  de  sortie  à 
mesure  qu'elle  se  retirait  en  déposant  ses  œufs.  Le  24  décembre  un  des  deux  exem- 
plaires s'enroule  de  nouveau  comme  il  l'a  fait  le  16.  Le  aS  au  matin,  je  trouve  un 
deuxième  kj'ste  semblable  au  précédent  et  plein  d'œufs;  le  cadavre  de  la  Némerte  gità 
côté  de  sa  deuxième  ponte. 

Dans  ces  deux  pontes  consécutives,  elle  a  donné  environ  70  œufs.  Ouant  à  l'autre 
individu,  il  ne  donna  plus  de  ponte  durant  l'observation  que  je  prolongeai  jusqu'au 
3i  janvier,  mais  ne  mourut  pas. 

En  examinant  les  coupes  de  ces  pontes,  j'obsei'vai,  à  rintérieur  du  feu- 
tiage  qui  en  constitue  l'enveloppe,  une  substance  granuleuse  d'aspect  coa- 
gulé, se  comportant  comme  le  protoplasme  avec  les  colorants,  et  contenant 
un  grand  nombre  de  granules  vitcllins  qui  se  teignent  comme  la  cliromatine. 
C'est  dans  cette  substance  que  sont  plongés  les  œufs  pourvus  d'une  coque 
byaline,  comme  les  u?ufs  des  pontes  ordinaires,  mais  qui  sont  plus  opaques 
encore  que  ces  derniers.  Le  développement  de  ces  œufs  est  très  lent,  car 
des  coupes,  pratiquées  8  et  10  jours  après  la  ponte,  m'ont  montré  que  la 
segmentation  n'était  pas  commencée.  Grâce  à  la  réserve  nutritive  accumulée 
dans  ces  pontes,  les  petits  doivent  pouvoir  rester  longtemps  à  l'intérieur, 
probablement  plusieurs  mois,  avant  de  s'échapper  au  dehors. 

Les  Prosloma,  qui  ont  les  plus  grandes  affinités  avec  les  Tetraslcmmu  rtia- 
rins  dont  ils  dérivent  très  vraisemblablement,  présentent  donc,  au  point  de 
vue  de  la  ponte,  une  intéressante  adaptation  à  leurs  conditions  de  vie.  En 
outre,  le  transport  possible  de  pareilles  pontes,  d'une  rivière  à  une  autre 
par  les  Oiseaux,  doit  évidemment  assurer  la  dissémination  de  l'espèce  d'une 
façon  plus  efficace  que  le  transport  des  Némertes  enkystées  isolément. 


HISTOLOGIE.  —  Etude  microscopique^  sur  le  vif,  de  l'actii'ilé  de  la 
myéline  au  cours  de  la  dégénéralion  wallérienne  des  nerfs.  Note  (') 
de  M.  J.  IVageotte,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Le  mécanisme  de  la  fragmentation  de  la  myéline  et  du  cylindraxe,  dans 
la  dégénération  wallérienne,  ne  peut  être  compris  que  par  l'étude  des  tubes 


(')    Présentée  dans  h  séance  du  21  févi'iei    1910. 


,558  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

nerveux  |)riiti(|uée  à  l'élat  vivant.  Les  réactifs,  uièine  ceux  (|ui  lixciil  le 
mieux  la  myéline,  amènent  de  telles  modifications  morpliologi(|ucs  que  les 
images  obtenues  ont  perdu  leurs  traits  caractérisliques. 

Par  contre,  si  l'on  place  sous  l'objectif  microscopique  un  fragment  de 
nerf  dégénéré  vivant,  plongé  dans  une  goutte  d'humeur  aqueuse  ou  de 
sérum  sanguin,  on  voit  sans  difficulté  les  moindres  détails  de  la  myéline, 
tels  qu'ils  sont  dans  la  nature;  il  faut  seulement  savoir  distinguer,  lorsqu'on 
les  rencontre,  les  altérations  Irauniatiques  dues  aux  manipulations. 

Cette  technique  permet  non  seulement  de  reconstituer  le  mécanisme  de 
la  fragmentation  de  la  myéline  par  la  mise  en  série  des  images  observées, 
mais  encore  de  voir  directement  le  processus  se  continuer  pendant  toute  la 
durée  de  l'examen;  il  n'est  même  pas  indispensable  pour  cela  de  maintenir 
la  préparation  à  l'étuve,  bien  que  la  chaleur  hâte  l'évolution. 

l'our  éludier  les  preniières  pliases  de  la  seyiiieiilalioii  des  Uibes  nerveux,  on  peiiL 
s'adresser  au  scialique  du  Lapin,  coupé  depuis  j  jours;  il  existe  un  grand  nombre 
de  tubes  dont  le  cylindraxe  est  en  iiécrobiose  et  dont  la  myéline  se  segmente,  alors 
(|ue  les  cellules  de  Schwann  paraissent  encore  au  repos. 

I^es  segments  inlerannulaires  se  sont  décomposés  en  segments  plus  rourls  (|ui  ^oiit 
construits  sur  le  type  des  segments  primitifs,  avec  celte  difl'érence  qu'ils  sont  séparés 
les  uns  des  autres,  au  lieu  d'être  adossés  par  leurs  extrémités,  et  que  la  cavité  de 
chacun  d'eux  est  close,  au  lieu  de  communiquer  avec  ses  \()isiues  par  les  canaux  oii 
passent  les  portions  étroites  du  cylindraxe.  (llia(|ue  segment  contient  un  tronçon  de 
cylindraxe  altéré  ;  la  gaine  de  myéline  a  conservé  son  aspect  normal,  avec  ses  lignes 
pures  et  son  épaisseur  rigoureusement  uniforme.  Les  incisures  de  Sclimidt-l^antermann 
se  présentent  sous  des  aspects  variables;  un  certain  nombre  ont  gardé  leur  forme 
physiologique,  mais  beaucoup  laissent  apercevoir  un  clivage  de  la  myéline. 

Le  mode  de  segmentation  le  plus  fréquent  et  le  plus  intéressant  est  le  suivant  :  un 
étranglement  se  lorn)e,  généralement  au  niveau  d'une  inci^ure,  et  se  resserre  au  point 
(|ue  la  ca\ilé  est  réduite  à  un  petit  trajet  capillaire;  l)icntot  ce  trajet  est  oblitéré  par 
deux  ponts  transversaux  qui  se  forment  à  chacune  des  extrémités  (  < ,  /,  );  il  se  produit 
alors  un  éliiement  et  une  rupture  qui  libère  les  deux  nouveaux  segments  {d,  d^.  ^,  ff,). 
Après  la  séparation  les  extrémités  des  segments  achèvent  de  reprendre  leur 
l'orme  ly|)ique,  (jui  est  celle  d'une  calotte  hémisphéri([ue,  parfaitement  régulière, 
sans  aucun  vestige  de  soudure  (e,  l);  cette  forme  est  exactciuenl  la  même  (|ue  celle 
des  extrémités  des  segments  inlerannulaires  normaux,  sauf  (ju'il  man(|ue  l'orilice 
cylindrique  destiné  au  passage  du  cylindraxe  ;  cette  similitude  est  intéressante,  car 
elle  prouve  c|ue  la  forme  physiologique  des  étranglements  est  gouvernée  non  pas  par 
h"  cylindraxe,  mais  parla  gaine  de  myéline,  cm  \erUi  des  propriétés  physiques  ((ui 
caraclérisenl  les  substances  lipoïdes. 

L'achèvement  des  exliémités  se  fait  tanlùt  par  accolemcnt  îles  lamelles  qui  se  sont 
dissociées  pendant  la  séparation,  tantôt  par  ronlièiM'l  edaccmcnl  pioijre-sif  du  diver- 
licule  clos  (|ui  subsiste  <iim\omI  apiès  rélireincnt  cl  la  ruplui'c  de   la  gaine  de  myi-liiie 


SÉANCE    DU    2S    KFVRIIÏR    If)IO. 

I  II  m 


Dégéiiéraliiin   wallci-ienni"  au  ileiixièrjie  jour  (  sciatique  du  Lapin). 

I/'ilisoivalion  a  dure  ">  heure*.  I-ll,  IIIII.  III-1\  ,  portions  consécutives  d'une  même  fibre. 

avec  une  cellule  Hc  .Seliwanu  et  son  noyau,  N. 

Obj    apoclir.  3'°"',  Zeiss;  oc.  comp.  S:  dessiné  à  i  ïoo  diam.,  réduit  ù  floo. 


,56o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(a,  a,,  a,,  «s,  c,  c,,  c,),  lanlôl  enfin  par  raccolemenl  des  lèvres  d'une  collerelle  ilol- 
lanle.  Ce  dernier  cas  se  produit  lorsque  l'exlrémilé  d'un  segment  est  située  du  côté 
de  i'évaseinent  d'une  incisure  ;  le  biseau  interne  de  l'incisure  s'est  divisé  en  deux  parties, 
dont  chacune  s'est  refermée  par  soudure  au  niveau  de  la  ligne  de  rupture;  le  biseau 
externe  reste  tout  entier  adhérent  au  segment  d'où  il  provient  et  son  extrémité  aban- 
donne le  segment  voisin  après  s'être  étirée  en  tube  effilé;  les  parois  de  ce  tube  revien- 
nent ensuite  sur  elles-mêmes  pour  s'appliquer  contre  le  ménisque  convexe  formé  par 
le  biseau  interne  de  l'incisure,  et  contribue  ainsi  à  reconstituer  l'extrémité  du  nouveau 
segment  (b,  bf,f,/i,  i,  i,,  m);  lorsque  l'extrémité  de  la  collerette  est  trop  mince,  elle 
s'élimine  sous  forme  de  sphéruie  {k,  Ai). 

A  mesure  que  le  processus  avance,  la  myéline  se  fragmente  en  segments  de  plus  en 
plus  petits  qui,  finalement,  comblent  leur  cavité,  prennent  un  aspect  homogène  et  sont 
résorbés  par  les  cellules  de  Sclnvann  proliférées. 

J'étudie  le  même  phénomène  de  sei^-mentation  dans  l'aiitolysc  aseptique 
des  nerfs. 


HISTOLOGIE.  —  Sur  certains  filaments  ayant  probablement  la  signification 
de  mitochondries,  dans  la  couche  génératrice  de  l'épiderme.  Note  de 
MM.  M.  Favre  et  Cl.  Regaud,  pi'ésenl''C  par  M.  Henneguy. 

Kn  traitant  de  petits  morceaux  de  peau  de  la  paume  de  la  main  de 
l'Homine,  par  les  procédés  appropriés  à  la  coloration  des  formations  mito- 
chondrialcs  ('),  nous  avons  observé  les  faits  suivants  : 

La  partie  profonde  du  corps  muqueux  de  Malpighi  (couche  génératrice 
et  cellules  à  filaments  unitifs  de  Ranvier)  est  teinte  en  jaune  clair  par  l'acide 
picrique,  et  tranche  nettement  sur  le  derme,  dont  les  fibres  conjonctives 
sont  colorées  en  rouge  orangé  par  le  ponceau.  La  couche  génératrice  ne 
montre  que  des  limites  cellulaires  peu  distinctes,  tandis  que  les  cellules 
polyédriques  situées  au-dessus  d'elle  sont  (conforme  "ent  à  la  description 
classique)  parfaitement  individualisées  par  des  intervalles  clairs,  que 
traversent  les  filaments  unitifs  ou  fibrilles  épidermiques.  L'hématoxylinc 
ferrique  n'a  coloré  dans  les  noyaux  (juc  leurs  nucléoles. 

Le  protoplasma,  d'aspect  syncytial,  de  la  couche  génératrice  contient  de 


■(')  Fixation  des  pièces  par  le  formol,  ou  un  mélange  tie  for:nol  et  de  bichromate  de 
potasse;  mordancage  par  le  bichromate  de  potasse  ;  coloration  des  coupes  par  l'héma- 
toxyline  au  fer  et  le  picro-ponceau.  Pour  les  détails  de  technique,  \o\\'  Cl.  Hhgaud, 
Arcli.  d'Anal,  microsc,  t.  XI,  1910,  p.  291  et  sui\'. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  56l 

nombreux   filaments    noirs,    flexueux  comme  des  spirilles,   mais  dont  la 
direction  générale  est  perpendiculaire  à  la  surface  de  l'épiderme. 

Ces  filamenls  sonl  parfailemeiil  individualisés  au  sein  du  proloplasnia  et  toujours 
indépendants  les  uns  des  autres.  Leur  grosseur,  uniforme  dans  toute  la  longueur  d'un 
même  filament,  varie  quelque  peu  d'un  filament  à  l'autre.  La  plupart  de  ces  filaments 
naissent  tout  près  de  la  membrane  basale  de  l'épitliélium,  dans  les  denticulations  par 
lesquelles  le  protoplasma  de    la   couche  génératrice  s'engrène  avec  le  tissu  conjonctif. 


\ 


^\ 


;^:;? 


Coupe  de  la  eouclie  profonde  du  coi-ps  muqiieux  de  Malpiglii  ;  la  peau  de  la  paume  de  la  main,  Homme. 
i>,  membrane  basale  ou  viuci;;  A,  couche  génératrice;  B,  première  rangée  des  cellules  polyé- 
driques à  filamenls  unilifs;  c,  lerriloirc  parliculièrement  riclie  en  filaments  milocliondriaux  ; 
cl,  espace  inlercellulaire  traversé  par  des  filaments  unilifs. 

De  là  ils  gagnent  la  zone  des  uo}aux  et  s'accolent  souvent  de  façon  intime  ;i  ceux-ci. 
Tantôt  (et  le  plus  souvent)  ils  se  terminent  à  la  limite  superficielle  de  la  couche  géné- 
raliice;  tantôt  ils  passent  dans  la  première  rangée  des  cellules  polyédriques,  cellules 
qui  sont  souvent  continues  par  leurs  pieds  avec  la  couche  protoplasmique  sous-jacente. 
11  est  rare  de  rencontrer  de  tels  fiLimeiils  dans  la  seconde  et  la  troisième  rangées  des 
cellules  polyédriques. 

C.  R.,   1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N"  9.)  7^ 


562  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  ioj>;ii'tili()n  des  filamenls  dans  la  couclie  généralrice  n'est  pas  régulière.  Certains 
lerriloires  protoplasiniques  périniicléaires  en  coiiliennenl  peu;  dans  d'autres,  au 
contraire,  les  filaments  sont  groupés  en  véritables  faisceaux.  Il  nous  a  semblé  que  ces 
variations  d'abondance  des  tilamenls  corre^^pondeiii  à  certaines  difl'érences  d'aspect  des 
noyaux. 

Deux  li\  [lollièses  se  pi'ésenleiil  pour  e\[)li(|uet'  la  nalute  de  ces  fiUnuenls  : 

a.  D'apfès  l'une,  il  s'agirail  de  formations  mitochondriales,  de  clum- 
driocontes  indépendants  des  fibrilles  épidenniques  ; 

h.  D'après  l'autre,  les  filaments  en  question  représenteraient  la  partie 
initiale  du  système  des  fibrilles  cpidermieptes^  partie  profonde,  caractérisée 
non  seulement  par  une  disposition  particulière,,  mais  encore  par  une  réaction 
tinctoriale  spéciale,,  semblable  à  celle  des  milochondries  en  général.  Deux 
observations  sont  en  faveur  de  cette  hypothèse  :  d'une  part,  dans  certains 
points  des  préparations,  les  parties  intercellulaires  des  fibrilles  épidermiques 
retiennent  assez  fortement  rhématox\linc  (quoique  moins  fortement  cpie 
ne  le  font  les  filaments  que  nous  décrivons  dans  la  couche  génératrice); 
d'autre  part,  nous  avons  vu  quelquefois  un  des  filaments  en  question, 
coloré  en  noir,  passer  d'une  cellule  à  l'autre  en  même  temps  cjue  des  fibrilles 
épidermiques  incolores,  comme  s'il  tenait  la  place  de  l'une  d'elles. 

Nous  espérons  que  desrecherches  actuellement  en  cours  nouspermcltront 
d'étendre  cl  de  préciser  nos  connaissances  relatives  à  ce  nouvel  élément 
de  structure  de  l'épithélium  ectodermique. 

MliDECINE.  —  Etude  médico-légale  de  la  réaction  à  la  benzidine  dans  la 
détermination  des  taches  de  .uing.  Note  de  M.  F.  Hokdas,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 

La  Ijenzidiue  ou  diamidodiphényle  est  la  base  de  loute  une  série  liés 
intéressante  de  couleurs. 

Oskar  et  lludolf  Adier,  en  1904,  ont  été  les  premiers  à  signaler  la 
l'éaclion  caractéristique  que  cette  substance  exerce  par  oxydation  en  pri'- 
scnce  du  sang. 

Macweeney,  professeur  de  Bactériologie  à  I  l'niveisilé  catlioLiquc  de  Dublin,  a  repris 
cette  ap|)Iication  et  l'a  étendue  à  la  leclierche  si  délicate  des  traces  île  sang  sui'  les 
vêlements. 

J^e  procédé  consiste  à  recueillir  des  fragments  de  tissu  par  grattage  par  e\<!mple  et 
à  projeter  la  poudre  dans  une  solution  de  benzidine  dans  l'acide  acéli(|ue,  additionnée 


siUnciî  du  2<S  kévrikr   rcjio.  .563 

d'eau  oxygénée  ;  clia(|ue  parlicule  qui   renferme   du    sajig   se  colore  en  hieii.   D'après 
Macweeney,  la  réaction  est  sensible  à  jôt'oôo- 

Ayant  eu,  à  la  suite  d'une  expertise  médico-légale,  à  déterminer  la  nature  de  taches 
suspectes  de  sang  répandues  sur  différents  objets,  j'ai,  connaissant  par  expérience  le 
peu  de  valeur  des  principaux  réactifs  colorés  préconisés  jusqu'ici,  essayé  le  procédé 
nouveau  indiqué  par  Macweeney. 

('.oiiirne  on  le  verra  dans  la  suite,  le  mécanisme  de  celte  réaction,  si  simple 
en  apparence,  est  des  plus  complexes.  On  est  obligé  de  faire  intervenir  des 
influences  diastasiques,  zymases  peroxydantes,  dont  le  rôle  et  peut-être 
même  l'existence  sont  loin  d'être  parfaitement  démontrés. 

Je  vais  d'abord  montrer,  contrairement  à  l'opinion  émise  par  (  )skar  et 
Uudolf  Adler,  (|ue  la  benzidine  oxydée  n'est  pas  un  réactif  caractéristique 
du  sang. 

11  me  suffira,  pour  le  démontrer,  d'énumérer  un  certain  nombre  de 
substances  qui  fournissent  la  réaction  de  Macweeney;  parmi  les  liquides 
organiques  autres  que  le  sang,  je  citerai  le  pus  et  les  sérosités;  certains  jus 
de  fruits  acides,  pomme.*,  poires,  sont  dans  le  même  cas;  certains  sucs  de 
plantes,  tels  que  épinards,  oseille,  cresson,  carotte,  donnent  une  réaction 
très  nette  en  présence  de  la  benzidine. 

On  conçoit  que  cette  liste  puisse  être  plus  longue  encore,  car  que  faut-il  pour  que 
la  réaction  de  Macweeney  se  produise?  Il  faut  que  l'eau  oxygénée  soit  décomposée, 
qu'il  y  ait  ensuite  oxydation  de  la  diamidodipliényle  en  présence  d'un  sel  de  fer.  Ces 
conditions  se  rencontrent  très  fréquemment  dans  les  liquides  appartenant  au  régne 
animal  ou  végétal.  Il  y  a  plus  encore  :  une  foule  de  liquides  colloïdaux,  l'oxalate 
ferreux,  l'argile  colloïdale,  réagissent  avec  une  égale  intensité;  les  matières  minérales 
finement  pulvérisées  ou  poreuses  comme  le  talc,  le  tripoli,  le  sable,  l'alumine,  la  pierre 
ponce,  les  matières  organiques  telles  que  la  cellulose  donnent  aussi  une  réaction  bleue 
très  vive  avec  la  benzidine. 

On  le  démontre  très  facilement  de  la  façon  suivante  : 

Prenez  de  la  pierre  ponce  ordinaire,  versez  3  ou  3  gouttes  d'eau  oxygénée  sui-  les 
fragments  et  ajoutez  ensuite  quelques  gouttes  d'une  solution  de  benzidine;  au  bout 
de  queU(ues  minutes  les  fragments  de  ponce  se  colorent  en  bleu  d'une  façon  souvent 
inégale,  suivant  la  répartition  du  fer  existant  dans  la  ponce. 

Prenons  niaintenant  de  la  pierre  ponce  préalablement  traitée  par  l'eau  régale  de 
façon  à  lui  enlever  toute  trace  de  fer,  refaisons  l'expérience  et  nous  verrons  qu'il  n'y 
aura  pas  de  coloration. 

Il  résulte  de  ces  faits  que  tous  les  corps  pulvérulents  ou  poreux,  qui 


I 


j61\  académie  des  sciences. 

décomposent  l'eau  oxygénée  et  qui  en  outre  contiennent  du  fer,  seront  sus- 
ceptibles de  produire  la  réaction  bleue  avec  la  benzidine. 

Il  nous  reste  maintenant  à  examiner  ce  qui  se  passe  avec  les  liquides 
coUoïdaux  et  avec  le  sang  en  particulier.  Le  sang  décompose  très  vivement 
l'eau  oxygénée  et  le  dégagement  d'oxygène  est  tellement  actif  que  certains 
auteurs  ont  cru  nécessaire  d'admettre  l'existence,  d'ailleurs  purement  hypo- 
tbélique,  d'une  catalase  ou  diastase  spéciale,  pour  expliquer  le  phénomène. 
Cette  décomposition  de  l'eau  oxygénée  est  due  tout  simplement  à  l'état 
colloïdal,  qui  est  d'ailleurs  détruit  vers  85". 

Il  en  résulte  que  du  sang  qui  aurait  été  chauffé  au-dessus  de  cette  tempé- 
rature ne  donnerait  plus  de  réaction  avec  la  diamidodiphényle.  fia  technique 
indiquée  précédemment  par  Macvveeney  est  donc  en  défaut. 

Mais  étant  donné  ce  que  nous  savons  sur  le  mécanisme  de  cette  réaction 
colorée,  on  conçoit  qu'il  soit  très  facile  de  suppléer  à  ce  manque  de 
sensibilité. 

Il  suffira  de  rélablir  le  catalyseur  détruit  par  la  chaleur  en  faisant  agir  par 
exemple  de  la  cellulose  pure.  Cette  remarque  est  intéressante  au  point  de 
vue  médico-légal,  car  le  sang  peut,  en  effet,  avoir  été  répandu  sur  une  étoffe 
qui  aura  été  lavée  ensuite  avec  de  l'eau  plus  ou  moins  chaude. 

Le  procédé  que  j'indique  est  donc  des  plus  simples  et  s'applique  déjà  à  la 
l'echerche  du  sang  avec  la  teinture  de  gaïac,  etc. 

On  fait  une  empreinte  humide  de  la  tache  suspecte,  en  ayant  la  précaution  de 
n'employer  à  cet  ell'et  que  du  papier  à  filtrer,  Uh-c  aux  acides,  sans  quoi  les  traces  de 
fer  qui  existent  dans  le  papier  ordinaire  suffiraient  à  donner  une  réaction  bleue.  On 
verse  ensuite  sur  cette  empreinte  une  goutte  ou  deux  d'eau  oxygénée,  puis  quelques 
gouttes  d'une  solution  de  diamidodiphényle. 

Dans  ces  conditions,  la  réaction  se  produit  presque  instantanément  avec  du  sang 
porté  même  à   i  lo". 

Que  doit-on  conclure  au  point  de  vue  médico-légal  de  l'ensemble  des  faits 
que  je  viens  d'exposer? 

Je  considère  que  l'expert  doit,  dans  le  cas  d'une  réaction  positive  avec  la 
benzidine,  rechercher  la  nature  des  taches  suspectes  par  des  procédés  plus 
rigoureux  avant  de  conclure.  Au  contraire,  et  c'est  là,  à  mon  avis,  le  prin- 
cipal avantage  de  la  méthode,  lorsque  la  réaction  aura  été  négative,  il  poiura 
se  dispenser  de  poursuivre  ses  investigations  plus  loin. 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIER  1910.  56: 


MÉDECINE.  —  5;//'  les  douleurs  névralgiques  rebelles  qu'on  observe  chez  les 
liypertendus.  Noie  de  MM.  E.  DoumÉr  et  G.  Lemoivk,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

On  rencontre  souvent  des  douleurs  névralgiques,  très  rebelles,  qui  résistent 
aux  tentatives  thérapeutiques  les  plus  variées.  Nous  avons  constaté  que 
souvent  elles  sont  liées  à  un  degré  d'hypertension  plus  ou  moins  marqué  et 
qu'on  les  fait  disparaître  en  ramenant  la  tension  artérielle  à  la  normale. 

Voici  quelques-uns  des  faits  de  cette  nature  que  nous  avons  observés. 

Obsers'atiom  I.  —  Sciatiqiie  chez  un  diabétique.  —  M.  D. . .,  docteur  en  médecine 
de  Madrid,  soLifTre,  depuis  lin  décembre  1908,  d'une  sciatique  exlrêmen)ent  pénible.  A 
essayé  en  vain  toutes  les  médications  d'usage,  y  compris  les  applications  électriques 
classiques  :  courants  continué  intenses,  faradisation  cutanée,  effluvalion  localisée  de 
haute  fréquence  et  de  haute  tension.  Ces  deux  derniers  modes  d'électrisalion 
exagéraient  même  les  douleurs  à  un  point  tel  que  le  malade  a  dû  y  renoncer. 

Le  i5  juin,  la  tension  est  trouvée  de  23"^"  à  la  radiale.  Le  malade  à  cette  date 
élimine  33»  de  sucre  par  24  heures.  On  le  soumet  à  la  médication  hypotensive  de 
M.  Moutier,  avec  champs  magnétiques  oscillants  de  0,3(5  U.M.P.  environ.  Dès  le 
soir  même  de  la  première  application,  très  grande  amélioration. 

Les  séances  quotidiennes  de  5  minutes  furent  continuées  jusqu'au  commencement 
de  juillet  1909.  Les  douleurs  s'atténuèrent  progressivement  et  régulièrement  et  la 
marche  devint  de  plus  en  plus  facile.  La  tension  passa  successivement  de  23  à  22,  22, 
ao,5,  21,  19,5,  19,  19,5,  18,  18  et  16. 

L'élimination  du  sucre  tomba  à  5s, 35  par  24  heures  au  bout  de  la  première  semaine 
du  traitement  et  à  o  au  bout  d'un  mois. 

Le  malade,  de  retour  dans  son  pays,  continua  le  traitement  et  les  douleurs  dispa- 
rurent complètement. 

Observation  IL  —  Névralgie  occipitale. —  M™*  F...,  55  ans,  souffre  par  inter- 
mittence de  névralgie  occipitale  parfois  extrêmement  pénible.  A  essayé  en  vain  une  foule 
de  médications  habituelles.  Tension  à  la  radiale,  36"".  On  la  soumet  le  23  janvier  1909 
à  la  d'Arson validation  avec  champs  de  0,295  à  o,32o  U.M.P.  Trois  séances  de  5  minutes 
par  semaine.  Dès  la  première  séance  les  douleurs  disparaissent,  la  tension  tombe  à  21. 
Après  la  cinquième  séance,  la  tension  étant  tombée  à  i5,5  et  les  douleurs  n'étant  pas 
revenues,  on  cessa  le  traitement. 

En  septembre  1909,  après  7  mois  de  tranquillité,  retoui-  des  douleurs:  la  tension 
était  remontée  à  21, 5.  Une  seule  séance  suffit  pour  les  faire  disparaître  de  nouveau  : 
la  tensicjn  était  tombée  à  i6,5. 

Observation  IIL  —  Douleurs  scinliques.  —  M""=  M...,  48  ans,  souffre  depuis  6  mois 
d'une  sciatique  gauche  très  pénible,  peut  à  peine  marcher,  souffre  même  au  lit.  Le  10  dé- 
cembre 1909,  la  tension  à  In  radiale  est  de  23'"'".  Soumise  à  la  d'Arsonvalisation  avec 
champs  de  o,3oo  L'.  M.  F.  eiiviion  en  séances  de  5  minutes. 


)()()  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dès  la  première  séance,  très  grande  amèliDialidn  :  giièrison,  qui  se  TnaintienI  à  ce 
jour  après  la  qualriènie  séance.  La  tension  a  |)assé  successivement  de  o.'i""  i\  i-"", 
i5''"',5  et  i5''"',5. 

Observation  1\  .  —  Nc^'ralgie  du  trijumeau.  —  M.  P...,  53  ans,  soullVe  depuisaans. 
Devant  l'insuccès  des  diverses  niélliodes  employées,  son  chirurgien  propose  l'ablation 
du  ganglion  deGasser.  En  novembre  1908,  on  lui  fit  sans  succès  quinze  séances  de  galva- 
nisation intense,  suivant  l'excellente  méthode  de  M.  liergonié,  et  huit  tentatives  d'ioni- 
sation salicylique.  Le  3  décembre  on  essaye  l'effluvation  de  la  r'égion  doulouieuse  avec 
les  courants  de  haute  fréquence  et  de  haute  tension.  Les  douleurs  furent  accrues  à  un 
tel  point  que  le  malade  se  refusa  à  une  nouvelle  tentative  du  même  genre.  Le  5  décembre 
1909,  ayant  constaté  une  tension  de  ai,.Ji  'e  malade  fut  soumis  à  la  médication  hypo- 
lensive  de  M.  Moutier  avec  champs  de  o,a8o  II.  M.  P.  environ. 

Les  douleurs  devinrent  moins  aiguës  dès  la  première  séance  et  disparurent  après  la 
quatrième.  I^a  tension  passa  de  21, 5  à  i6,.5,  à  i5.  On  fit  treize  séances  en  tout  el  l'on 
cessa  le  traitement  lorsque  la  tension  fut  abaissée  à  i4°. 

Obseiivation  V.  —  Douleurs  fulgurantes.  —  i\L  S...,  docteur  en  médecine,  !\i  ans; 
labèticpie  dejHiis  18  ans,  souflVe  constamment  depuis  plus  de  a  ans  de  crises  de  douleurs 
fulgurantes  qui  se  renouvellent  plusieurs  fois  par  jour.  Kst  devenu  morpliinomane; 
mais  la  sédation  des  douleurs  produites  par  les  injections  de  morphine  n'est  que 
passagèie.  Tension,  i9'^'",d.  On  commence  le  traitement  par  la  d'Arsonvaiisation  le 
25  novembre  1909,  avec  champs  de  o,33o  U.  M.  P.  environ.  Les  séances  de  5  minutes 
sont  répétées  trois  fois  par  semaine,  au  début,  puis  une  fois  seulement. 

Après  la  troisième  séance,  les  crises  sont  beaucoup  moins  fréquentes,  moins  doulou- 
reuses et  moins  longues.  Après  la  sixième,  elles  disparaissent  complètement. 

La  tension  a  passé  successivement  de  19,5  à   19,   18,  18, 5,  17,   i5,   ir),5,  i5,  \!\. 

Sans  tloulc  tious  lie  pouvons  alTiriner  qtie  Loiiles  les  névralgies  rebelles 
sont  liées  à  l'hypertension  arléricUe  et  causées  par  elle,  cependant  on  ne 
peut  être  que  frappé  du  parallélisme  étroit  qu'on  observe  dans  les  cas  que 
nous  venons  de  rapporter  entre  les  douleurs  et  l'hypertension,  ces  douleurs 
s'atténuanl  à  mesure  que  la  tension  artérielle  diminue  et  disparaissant 
lorsque  celte  tension  est  redevenue  normale.  Il  semble  donc  que  chez  ces 
malades  les  douleurs  névralgiques  étaient  étroitement  liées  à  une  tension 
artérielle  exagérée.  D'après  d'autres  observations  nous  pensons  que  cette 
relation  est  assez  fiécjuente  et  que  les  névralgies  rebelles  n'ont  pas  le  plus 
souvent  d'autre  cause. 

Les  observations  1  et  IV  fournissent  d'ailleurs  un  autre  argument  en  faveur 
de  cette  opinion,  car  chez  ces  deux  malades  les  douleurs  furent  manifeste- 
ment accrues  par  les  applications  d'efiluves  de  haute  fréquence  et  de  haute 
tension.  Or  on  sait  depuis  les  recherches  de  M.  Moutier  et  depuis  l'expé- 
rience de  M.  Oudin  que  de  telles  ap|)licalions  élèvent  la  tension  artérielle 
fil  laisoii  (le  l'énorme  vaso-conshiclloii  iiii't'lles  pi'(nltiis(Mit. 


SÉANCE    DU    28    FÉVHIE»    1910.  567 

GÉOLOGIE.  —  De  la  prédominance  de  l'érosion  sur  la  rive  droite  d'une 
rivière  en  Icmps  de  crue.  Note  de  M.  Jean  Bru.xhes,  présentée  par 
M.  P.  Terinier. 

J^es  loiirbilloiis  des  eaiiv  coiiiantes  manifestent  dans  lliùniisphère  Nord,  comme 
les  louilnllons  atmospliériques,  une  prédominance  du  sens  de  rotation  en  sens  inverse 
des  aiguilles  d'une  montre.  Nous  sommes  partis  de  ce  fait  d'observation,  Bernard 
Brunhes  et  moi,  pour  reprendre  la  discussion  de  la  loi  de  Baer;  mais  cela  ne  peut  se 
comprendre  et  se  soutenir  que  si  l'on  observe  une  prédominance  réelle  et  actuelle  de 
l'érosion  sur  la  rive  droite  des  cours  d'eau.  C  (lalciati  a  étudié  et  analysé  en  détail  ce 
fait  de  prédominance  dans  les  méandres  du  canyon  de  la  Sarine. 

Je  viens  d'être  frappé  d'un  fait  analogue  dans  quelques  vallées  du  haut 
bassin  de  la  Seine.  En  période  de  forte  crue,  un  cours  d'eau  puissant  a  une 
telle  énergie  d'attaque  et  de  destruction  qu'il  tiavaille  /;e«/-(^/7'e  indistincte- 
ment sur  ses  deux  rives.  Mais  les  affluents  secondaires,  qui  n'ont  que  partiel- 
lement débordé  leurs  rives,  ne  manifeslcnt-ils  pas  une  inégalité  dans  la 
répartition  des  faits  d'érosion  à  droite  et  à  gauche"? 

Ayant  noté  cette  inégalité  sur  les  bords  de  l'Armançon  et  de  la  Brenne, 
j'ai  voulu  suivre  le  phénomène  de  ti^ès  près  sur  un  cours  d'eau  répondant  à 
de  bonnes  conditions  d'observation,  et  j'ai  choisi  l'Oze,  cet  affluent  de  la 
Brenne  dont  la  vallée  est  parcourue  dans  la  traversée  du  département  de  la 
Côte-d'Or  par  la  ligne  ferrée  de  Paris  à  Dijon.  [>'()ze  a  un  régime 
particulièrement  torrentiel  à  cause  de  l'imperméabilité  des  terrains  basiques 
sur  lesquels  elle  coule.  Elle  a  une  pente  moyenne  de  3'", 70  par  kilomètre. 
J'ai  suivi  l'Oze,  le  i-i  février  1910,  méandre  par  inéandre,  des  Laumes 
jus(pi'à  Blaisy-Bas,  sur  une  longueur  en  droite  ligne  de  3()'"",  qui  corres- 
pond, à  cause  des  sinuosités  de  la  rivière,  à  un  cours  réel  de  /jo""'". 

L'Oze,  à  Blaisy-Bas,. a  environ  3'"  à  3'", 5o  de  largeur,  et  aux  Laumes 
8'"  à  y"'.  A  peu  près  partout  elle  est  dominée  par  de  petites  berges  qui,  à  la 
date  iudicpiée,  s'étendaient  encore  à  .m'^'-So'^"'  ou  même  en  certains  points 
à  1'"  ou  i"',")o  ou  plus  (surtout  dans  les  parties  concaves  des  méandres) 
au-dessus  du  niveau  de  l'eau.  La  crue  n'a  dans  cette  vallée  recouvert  que  les 
bas-champs  en  bordure  de  la  rivière,  mais  elle  a  déterminé  des  érosions  sur 
les  berges  qui  peuvent  être  exactement  mesurées  et  photographiées  d'après 
la  teinte  toute  fraîche  des  parties  récemment  attaquées. 

J'ai  compté  soigneusement  les  points  d'attaque  caractérisés  dépassant 
2'"  de  longueur  :  j'en  ai  compté  3G  sur  la  rive  droite  et  lo  seulement  sur  la 
rive  gauche.   JMicore  un  des  deux  points  de  plus  forte  attaque  de  la  rive 


568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gauche  se  trouvail-il  correspond ic  au  pédoncule  très  rôlréci  de  la  pres- 
qu'île d'un  méandre,  et  il  avait  été  en  réalité  le  résultat  de  l'érosion  pro- 
duite par  un  chenal  nouveau  ouvert  par  la  rivière  et  coupant  le  pédoncule  ; 
la  partie  érodée  correspondait  à  la  rive  droite  du  chenal,  et,  même  après  le 
retrait  des  eaux,  un  grand  mouvement  tourhillonnaire  en  sens  inverse  des 
aiguilles  d'une  montre  expliquait  clairement  le  mécanisme  de  cette  érosion. 

D'une  manière  générale,  l'érosion  opérée  sur  la  droite,  dans  les  méandres, 
s'était  surtout  attaquée  à  l'aval  de  la  courbe,  soulignant  le  mécanisme  bien 
décrit  par  Calciati  et  qui  tend  à  agrandir  le  méandre  en  le  déplaçant  vers 
l'aval.  Au  contraire,  à  gauche,  c'était  plutôt  la  partie  amont  delà  concavité 
qui  était  le  plus  souyent  visiblement  écorchée^  comme  si  c'était  presque 
exclusivement  le  courant  fortement  rejeté  de  la  rive  droite  du  méandre 
précédent  qui  eût  déterminé  le  point  d'attaque. 

Une  troisième  série  de  faits  pourrait  être  invoquée,  encore  que  ceux-ci 
ne  soient  pas  susceptibles  d'une  observation  aussi  précise  que  les  précé- 
dents. Les  bords  immédiats  de  l'Oze  sont  presque  continûment  plantés 
d'arbres,  lesquels  constituent  une  protection  contre  le  travail  de  l'eau. 
Celte  protection,  bien  entendu,  a  été  parfois  inefficace  ;  en  bien  des  points 
les  arbres  sont  aujourd'hui  déchaussés,  et  le  22  février  ils  apparaissaient, 
sinon  au  milieu  de  la  rivière,  du  moins  en  plein  courant.  (>es  portions  des 
rives  aux  arbres  déchaussés  ne  représentent  pas  uniquement  l'œuvre  de  la 
dernière  crue,  mais  elles  représentent  le  résultat  de  l'effort  cumulé  des 
crues  habituelles.  A  ce  titre  il  est  important  de  constater  encore  l'incontes- 
table prédominance  du  travail  opéré  sur  la  rive  droite. 

En  faisant  donc  aussi  large  que  possible  le  compte  des  érosions  de  la  rive 
gauche,  le  fait  de  la  prédominance  sur  la  rive  droite  me  parait  si  manifeste 
que,  pour  cette  rivière  examinée  de  près,  il  doit  être  exprimé  par  une  pro- 
portion qui  n'est  certes  pas  inférieure  à  70  pour  loo. 

Je  souhaite  que  d'autres  obser\  allons  faites  en  ce  niomenl  dans  le  bassin  de  la  Seine, 
au  lendemain  des  grandes  crues  subies,  viennent  confirnier  (ou  infirmer)  les  conclu- 
sions de  mes  observations  sur  POze. 


MAGNÉTISME  TEKRESTRE.   —  Sur  la  vaiiation  séculaire  des  éléments 
magnétiques  dans  la  région  de  Paris.  Note  de  M.  Alfred  Avgot. 

L'augmentation  constante  de  la  composante  horizontale  H  du  champ 
terrestre  à  Paris,  constatée  depuis  l'origine  des  observations,  avait  paru 


SÉANCE  DU  28  FÉVRIEK  1910.  669 

s'arrêter  en  1907;  mais  on  ne  pouvait  encore  aflîrmer  quon  ne  se  trou- 
vait pas  en  présence  d'une  de  ces  petites  irrégularités  qu'offre  parfois  la 
variation  séculaire.  Le  doute  est  levé  maintenant  et  l'existence  d'un  maxi- 
mum correspondant  aux  années  190G  et  1907  ressort  nettement  du  Tableau 
ci-dessous,  qui  donne  les  valeurs  moyennes  annuelles  des  divers  éléments 
du  magnétisme  terrestre  à  l'Observatoire  du  Val-Joyeux,  de  1901  à  1909. 

]'aleiirs  moyennes  annuellefi  des  élémenls  magnétiques. 
AniKC.  S.  I.  N.  \V.  H.  Z.  T. 


1901... 

i5 

.  13 

,0 

64. 

.58,9 

Oj 

18991 

0 , o5 1 60 

0, 

19680 

0 

,4216^ 

0, 

.46534 

\m±. . 

1.5. 

08, 

,6 

64. 

56,6 

0, 

19016 

o,o5i46 

0, 

19700 

0, 

42139 

0, 

465 17 

1903.  . 

i5 

.04 

.'1 

64 

.  54 , 7 

0, 

19033 

o,o5i26 

0, 

'97" 

0. 

,42102 

0; 

,46488 

l'JO'i-... 

I  ô 

.00 

,0 

64 

,5'2,4 

0) 

'9049 

o,o5io4 

0, 

19721 

0. 

,42048 

0, 

,  '16443 

190.3. .  . 

M 

.5.3 

,7 

64 

.  5o ,  7 

0, 

19062 

o,o5o82 

0, 

19728 

0: 

,42008 

0, 

.464>o 

190t).. . 

•  4 

..3  1 

,3 

64 

•47-9 

0, 

igoSio 

0 , o5o6 1 

0, 

•97  io 

0, 

,41946 

0 

,46359 

1907... 

14 

•  4-5 

.9 

64 

.46,5 

0, 

19088 

o,o5o3i 

0, 

19740 

0 

, 4 ' 900 

O: 

,463 17 

1908... 

14 

.39 

,6 

64. 

.44,6 

Oi 

19093 

0,04995 

0, 

19735 

0 

,4i83i 

0 

,46253 

1909... 

'4 

.32 

'9 

64 

43,9 

0, 

'9094 

0,04955 

0, 

'9727 

0 

.41792 

0 

,46214 

(ô,  déclinaison;  I,  inclinaison;  !\,  composante  Nord;  W,  composante  Unest; 
H.  composante  horizontale;  Z,  composante  verticale;  T,  intensité  totale.) 

Tous  les  éléments,  sauf  H  et  i\,  décroissent  d'un  bout  à  l'autre  de  la 
séi'ie.  La  composante  Nord,  au  contraire,  augmente  constamment,  mais  il 
paraît  vraisemblable  qu'elle  approche  d'un  maximum  en  1909;  dans  ce 
cas,  la  composante  hofizontale  H  (H=  y/iN^  -i-W^)  présentera  une  décrois- 
sance de  plus  en  plus  rapide,  puisque  les  deux  termes  dont  elle  se  compose 
diminueront  simultanément  à  partir  de  1910  ou  de  191 1. 


A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.  D. 


C.  R  .   1910,  I"  Semestre.  (T.  lôO.  N"  9.)  7^ 


570  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 


BUI.I.K'I'I.V     ItlKl.lOGKAIMIKjL'E. 


Ouvrages  ueçus  dans  la  séance  du  21    fêvriek    1910. 

Annales  du  Musée  colonial  de  Marseille,  publiées  sous  la  direclioii  île  M.  Edouard 
Heckei.;  17=  année,  2=  série,  t.  Vil,  1909.  Marseille,  Musée  colonial,  tqog;  i  vol.  iii-S". 
(Hommage  de  M.  E.  Heckei.) 

Traité  de  Physique,  par  O.-D.  Chwolson,  Ouvrage  traduit  sur  les  éditions  russes 
et  allemandes,  par  E.  Davaux  ;  édition  revue  et  considéiablement  augmentée  par  l'au- 
teur, suivie  de  Notes  sur  la  Physique  théorique,  par  E.  Cosserat  et  F.  Cosserat; 
t.  IV,  1"''  fasc.  :  Champ  électrique  constant,  avec  i65  figures  dans  le  texte.  Paris,  A. 
Heiinann  et  fils,  1910;  i  vol.  in-S".  (Présenlé  par  M.  Darboux.) 

Inventions  relatives  au  graissage  des  machines,  par  M.  Ch.  Bertrand.  [Recueil 
factice.]  Paris,  R.  Chapelet  et  C'°,  s.  d.;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Bertin.) 

Travaux  du  laboratoire  de  Géologie  de  la  Faculté  des  Sciences  de  l'Université  de 
Grenoble,  1908-1909;  t.  IX,  fasc.  1.  Grenoble,  Allier  frères,  1909;  1  vol.  in-S". 

Procès-verbaux  des  séances  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de 
Bordeaux,  année  1908-1909.  Paris,  Gaulhier-Villars;  Bordeaux,  Ferel  et  fils,  1909; 
I  vol.  in-8°. 

Contributions  to  the  Ilistory  of  anierican  Geology,hy  GEO\\G^E-l'.  Mmrril.  (N"  135. 
From  the  Report  of  the  United  Slates  National  Muséum  for  1904,  p.  189-784, 
with  87  plates.)  Washington,   1906;   1  vol.  in-8°. 

Results  of  the  Swedish  soological  Expédition  to  Egypt  and  the  White  :\ile  1901, 
under  the  direction  of  L.-A.  Jagerskiôld;  part  III.  Upsal,  C.-J.  Lundstrom,  1909; 
I  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Royal  Society  of  Edinburgh;  session  1909-1910;  t.  X\X, 
parts  1,  2.  Edinburgh,  1909;  2  fasc.  in-8". 

Archives  des  Sciences  biologiques,  publiées  par  l'Institut  impérial  de  Médecine 
■expérimentale  A  Saint-Pétersbourg  ;  l.  XV,  n°  1.  Saint-Pétersbourg,  1910;  i  fasc. 
in-4°. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU  LUNDI  7   MARS  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MËMOilŒS   ET  COMMU.XICATÏO.VS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    I, 'ACADÉMIE. 
M.  Darbodx  donne  lecture  de  la  Lettre  suivante  : 

The  Royal  Society,  Burlington  House,  London,  !\  mars  1910. 
Au  Président  de  l'Inslitul  de  France,   Paris. 

Monsieur  et  cher  Confrère, 

Nous,  ks  soussignés,  Membres  Associés  et  Correspondants  de  l'Institut  de  France, 
avons  l'honneur  d'exprimer  par  votre  entremise  notre  sympathie  profonde  avec  la  nation 
française  à  l'occasion  de  la  catastrophe  épouvantable  qui  vient  de  frapper  la  ville  de 
Paris  et  de  vous  remettre  la  somme  de  Sioo'''  (jE  124)  pour  les  victimes  de  l'inondation. 

Vous  sentirez  bien  que  cette  petite  offrande  n'est  qu'un  faible  témoignage  des 
sentiments  cordiaux  qui  nous  unissent  à  nos  Confrères  français  devant  ce  malheur 
national. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  et  cher  Confrère,  avec  nos  vives  sympathies,  l'assurance 
de  nos  sentiments  les  plus  distingués  et  les  meilleurs. 

Edwin-A.  Abbey,  Corr.  Beaux-Arts;  The  Rt.  Mon.  Arthur-James  Balfour,  Corr.  Se. 
m.  et  p.  ;  J.-E.-G.  Bodley,  Cori-.  Se.  m.  et  p.  ;  Lord  Brassey,  Corr.  Se.  ;  The  Rt.  Hon. 
James  Bryce,  Assoc.  étr.  Se.  m.  et  p.  ;  Sir  William  Christie,  Corr.  Se;  Sir  William 
Crookes,  Corr.  Se.  ;  Sir  George  Darwin,  Corr.  Se.  ;  Arthur  Iîvans,  Ass.  étr.  Belles- 
Lettres;  Rol)ert  Flint,  Corr.  Se.  m.  et  p.;  Slanhope  Forbes,  Corr.  Beaux-Arts;  Sir 
Archibald  Geikie,  Corr.  Se.  ;  Sir  David  Gill,  Corr.  Se.  ;  Sir  F. -Seymour  Haden,  Corr. 
Beaux-Arts;  D''  Barclay  V.  Head,  Assoc.  étr.  Belles-Lettres;  Sir  Hubert  Herkomer, 
Assoc.  étr.  Beaux-Aits;  Sir  Joseph  IIooker,  Assoc.  étr.  Se;  Sir  William  Huggins, 
Corr.  Se.  ;  W.-Goscombe  John,  Corr.  Beaux-Arts;  Sir  E.-Ray  Lankester,  Corr.  Se.  ; 
Lord  Lister,  Assoc.  étr.  Se;  Sir  Norman  Lockyer,  Corr.  Se;  Jolin-H.  Lorrimer, 
Corr.  Beaux- Arts;  Robert-W.  Macbeth,  Corr.  Beaux-Arts;  Sir  Patrick  Manson, 
Corr.  Se;  Alfred  Marshall,  Corr.  Se  m.  et  p.;  Sir  E.  Maunde-Thompson,  Corr. 
Belles-Lettres;  Sir  W.-Q.  Orcharuson,  Assoc.  étr.  Beaux- Arts;  Sir  Frederick  Pol- 

C.  R.,  iqio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  lO.)  77 


572  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

LOCK,  Coir.  Se.  m.  et  p.;  Sir  Edward  Poynter,  Corr.  Beaux-Arts;  Sii'  William 
Ramsay,  Corr.  Se;  Lord  Ravleigh,  Assoc.  étr.  Se;  Lord  Reay,  Assoc.  étr.  Se.  m. 
el  p.;  Sir  Henry  Roscoe,  Corr.  Se.;  John-S.  Sahgent,  Assoc.  étr.  Beaux-Arts; 
R.-Phene  Spiers,  Corr.  Beaux-Arts;  Sir  L.-Alma  Tadkma,  Assoc.  éti-.  Beaux-Aits; 
H. -H.  TuRNER,  Corr.  Se. 

Après  cette  lecture,  M.  le  Piikside.nt  s'exprime  en  ces  termes  : 

Je  n'ai  pas  besoin  de  rappeler  la  sympathie  déjà  témoignée  par  l'An- 
gleterre à  notre  pays  dans  le  désastre  qui  a  frappé  Paris  et  ses  environs. 
Aujourd'hui,  la  pieuse  pensée  de  nos  Associés  et  Correspondants  anglais 
nous  touche  tout  particulièrement,  et  l'Académie  des  Sciences  associe 
ses  remercîments  à  ceux  qui  ont  été  adressés  aux  savants  anglais  par 
M.  le  Président  de  l'Institut  en  réponse  à  leur  don  généreux. 


ASTRONOMIE.   —   L'organisation  de  la  spectroscopie  slellaire  à  l'Obsen'aloire 
de  Paris.  Note  de  M.  Maurice  Hamv. 

Dans  les  dernières  années  de  sa  vie,  Lœwy  était  très  préoccupé  de  faire 
reprendre,  à  l'Observatoire,  les  recherches  de  spectroscopie  stellaire  inter- 
rompues en  1897,  lors  du  départ,  à  Meudon,  de  M.  Deslandres,  avec  le 
matériel  scientifique  lui  appartenant. 

Chargé  par  lui  de  m'occuper  d'organiser  une  installation  nouvelle,  je  me 
propose,  dans  ce  qui  suit,  de  faire  connaître  les  traits  saillants  du  spectro- 
graphe,  spécialement  consacré  à  la  détermination  des  vitesses  radiales,  qui 
a  été  construit,  d'après  mes  indications,  par  notre  habile  et  regretté 
constructeur  P.  (Jautier. 

Cet  instrument,  inachevé  à  la  mort  de  Lœwy,  est  aujourd'hui  en  service 
régulier,  grâce  à  M.  Baillaud  qui  n'a  pas  hésité  à  engager  les  dépenses 
nécessaires,  pour  le  doter  des  accessoires  propres  à  le  mettre  au  niveau  des 
besoins  de  l'Astronomie  moderne. 

Comparé  aux  appareils  analogues  installés  dans  d'autres  Observatoires, 
le  nouveau  spectrographe  est  d'un  type  tout  différent  et  réalise  divers 
perfectionnements  qui  ont  pu  être  apportés  à  cause  de  l'emploi  du  grand 
équatorial  coudé  (ouverture,  o^jGo;  longueur  focale,  18")  comme  généra- 
teur d'images. 

L'équalorial  coudé  jouit,  comme  on  sait,  de  la  précieuse  faculté  de  fournir 
des  images  immobiles  au  centre  du  champ.  Il  y  avait  lieu  de  profiter  de 


5^4  ACADÉMIE    UHS    SCIENCKS. 

cette  circonstance  exceptionnelle,  et  c'est  ce  qui  a  été  fait.  Au  lieu  de  monter, 
comme  à  l'ordinaire,  l'appareil  sur  le  tube  même  de  la  lunette,  il  a  été 
installé  sur  un  support  fixe,  en  regard  du  plan  focal,  afin  de  le  laisser  en 
état  de  repos  complet  pendant  la  pose.  Cette  disposition  supprime  les  effets 
des  flexions,  contre  lesquels  il  est  si  difficile  de  réagir,  en  cas  de  poses 
prolongées,  avec  le  matériel  spectroscopique  habituel  adjoint  aux  équa- 
toriaux  droits,  efîets  qui  se  traduisent  par  l'altération  des  images  enre- 
gistrées sur  la  plaque  pholograpliique.  Pour  le  même  motif,  il  n'a  pas  été 
nécessaire  de  limiter  la  taille  ni  le  poids  de  l'instrument,  comme  on  y  est 
astreint  quand  il  s'agit  d'affecter  un  équatorial  ordinaiie  à  la  spectroscopie. 
En  conséquence,  le  spectrographe  a  reçu  des  dimensions  inusitées.  Son 
poids,  celui  du  support  mis  à  part,  atteint  i3oo''^.  La  longueur  focale 
de  l'objectif  du  collimateur  qui  sert  également,  ainsi  qu'on  le  verra  plus 
loin,  d'objectif  de  chambre,  dans  plusieurs  des  combinaisons  optiques  que 
l'appareil  comporte,  cette  longueur,  dis-je,  a  été  portée  à  s^j.to  et  son 
ouverture  à  o™,09.  Des  dispersions  considérables  ont  été  réalisées  en 
faisant  usage  d'un  petit  nombre  de  prismes  de  grandes  dimensions  (faces 
de  170™""  de  longueur  sur  90"""  de  hauteur). 

Il  eût  été  avantageux,  au  point  de  vue  de  l'utilisation  rationnelle  de  la 
lumière,  de  placer  la  fente  dans  le  plan  même  de  formation  des  images 
stellaires.  Cependant,  ayant  été  astreint  à  ne  pas  immobiliser  l'équatorial, 
en  ce  qui  concerne  son  emploi  à  la  photographie  du  ciel,  j'ai  dû  me  résoudre 
à  projeter  les  images  sur  la  fente,  à  l'aide  d'un  véhicule.  Le  spectrographe 
peut  ainsi  être  amené  dans  la  position  d'utilisation  ou  éloigné  du  plan  focal, 
en  quelques  instants,  par  un  simple  mouvement  de  rotation  autour  de  la 
colonne  qui  le  soutient  et  sans  démonter  les  pièces  du  porte-chàssis  de  la 
lunette.  La  figure  1  représente  une  vue  d'ensemble  de  l'appareil,  tel  qu'il 
est  disposé  pendant  la  pose. 

Les  figures  2,  3,  4;  5  indiquent  les  diverses  combinaisons  optiques 
réalisables,  en  vue  de  modifier  la  dispersion  et  le  pouvoir  lumineux  du 
spectrographe.  La  fente  est  représentée  en  F,  la  plaque  photographique  en  $, 
l'objectif  du  collimateur  en  O,  l'objectif  de  chambre  en  O',  les  prismes  en  P  ; 
enfin  M  est  un  plan  réfléchissant  et  V  le  véhicule  servant  à  projeter,  sur  la 
fente,  les  images  localisées  dans  le  plan  focal  E  de  l'équatorial. 

Suivant  la  combinaison  employée,  la  différence  des  trajets  maximum  et 
minimum  suivis  par  la  lumière,  à  travers  les  prismes,  varie  de  o"',o7  à 
o'",6o. 

A  la  disposition  (2)  correspond  deux  prismes  d'angles  différents  fournis- 


SÉANCE    UV    7    MARS    lf)Io.  373 

sanl  des  spectres  de  40"'"  et  de  1 10"""  de  longueurs  eutre  les  mies  H/5  et  K 

La  disposition  (3)  donne  des  spectres  de  f)5'"™  de  Lmgueur  entre    les 
raies  Hp  et  Hy  (Xiso  et  A„.  ). 


Fig.  3. 


Fig.  3. 


jo.o-      I  Ç)' 


r\-\' 


rn 


Cette  dispersion  est  plus  que  doublée  avec  la  disposition  (4)  qui  donne 
des  raies  quatre  fois  plus  espacées  environ,  entre  T^,,^  et  A^^,  que  les  spec- 
troscopes  stellaires  les  plus  puissants  existant  dans  d'autres  Observatoires. 
La  longueur  du  spectre  compris  entre  ces  limites  atteint  i53'"'"(').  Malheu- 


3Ô  de 


(')  Un  grand  réseau  cojirave  de  Howland  de  56S  traits  par  millimèlre  el  de  6"',  _  ,  -- 
rayon  {instrument  employé  pour  photogiaphier  les  Cartes  du  spectre  solaire)  donne- 
rait, dan^  les  mêmes  conditions,  un  spectre  ayant  pour  longueur  N  X  112'""',  N  étant 
l'ordre  du  siiectre. 


57t>  ACADÉMIE    DES    SCIEKCES. 

reusement,  une  dispersion  aussi  considérable  entraîne  des  durées  d'expo- 
sition de  la  plaque  sensible  d'autant  plus  prolongées  que  beaucoup  de 
lumière  se  trouve  perdue  par  le  fait  de  la  double  réflexion  sur  les  miroirs 
de  l'équatorial  coudé.  On  ne  peut  donc  en  faire  usage  que  pour  quelques 
étoiles  très  brillantes.  Trois  à  quatre  heures  de  pose  paraissent  nécessaires 
pour  Arcturus. 

Enfin,  la  combinaison  (5),  à  laquelle  correspond  un  objectif  de 
chambre  ()',  de  o"',4o  de  foyer,  est  particulièrement  avantageuse,  au 
point  de  vue  lumineux,  avec  les  astres  à  diamètres  sensibles.  Elle  fournit 
des  spectres  de  35™™  de  longueur  entre  les  raies  Hp  et  K  (X.gg  et  Xa^a). 

L'invariabilité  de  température  duspectrographe,  si  importante  à  obtenir, 
a  été  réalisée  avec  un  soin  tout  particulier,  afin  d'éviter  les  variations 
d'indices  des  prismes  pendant  la  pose  et  les  déformations  de  la  partie  méca- 
nique. L'usage  de  grands  prismes,  dont  l'équilibre  thermique  demande 
plusieurs  jours  à  s'établir  dans  une  enceinte  à  température  constante,  aurait, 
du  reste,  été  à  rejeter  si  des  mesures  efficaces  n'avaient  pu  être  prises  sous 
ce  rapport. 

Le  but  a  été  atteint  :  i"  en  installant  à  l'intérieur  du  spectrograplie  un  régulateur  (  ') 
de  température  automatique;  2°  en  l'entourant  d'une  cuirasse  isolante  destinée  à  le 
soustraire  le  plus  possible  aux  influences  extérieures  et  à  répartir  uniformément  la 
chaleur  dans  toutes  ses  parties.  A  cet  effet,  les  pièces  ojjtiques  de  l'appareil  ont  été 
montées  à  l'intérieur  d'une  grande  caisse  en  fonte  de  fer,  à  parois  de  1 5°""'  d'épaisseur, 
longue  de  3"",  large  de  o",5o  et  profonde  de  o™,  aS.  Celte  caisse  renferme  une  boîte  en 
cuivre  feutrée  qui  contient  les  prismes  et  sur  laquelle  s'exerce  directement  la  venti- 
lation produite  par  le  jeu  du  régulateur  de  température.  Elle  est  elle-même  feutrée  à 
l'extérieur  et  placée  à  l'intérieur  d'une  caisse  en  cuivre  rouge,  à  parois  de  3"™  d'épais- 
seur, entourée  extérieurement  de  feutre.  Une  seconde  caisse  en  cuivre  rouge,  égale- 
ment feutrée,  renferme  la  première.  Les  choses  sont  disposées,  du  reste,  de  telle  façon 
que  les  enveloppes  en  cuivre  puisï^enl  se  dilater  et  se  contracter,  sans  exercer  aucun 
effort  sur  la  caisse  en  fonte  qui  forme,  à  proprement  parler,  le  corps  même  du  speclro- 
graphe. 

Grâce  aux  mesures  prises,  la  colonne  thermométrique  se  maintient,  pen- 
dant des  mois,  au  même  point  de  l'échelle,  à  deux  ou  trois  centièmes  de 
degré  près. 

(')  On  sait  que  les  premières  tentatives  faites  pour  maintenir  constante  la  tempé- 
rature d'un  spectrographe  remontent  à  iSgS  et  sont  l'œuvre  de  M.  De>landres,  qui 
faisait  usage,  pour  cet  objet,  d'une  circulation  d'eau  provenant  des  profondeurs  du  sol. 
Le  régulateur  actuel  fonctionne  électriquement,  comme  celui  qui  a  été  généralement 
adopté  dans  les  Observatoires,  depuis  quelques  années. 


SÉANCE    DU    7    MAHS    1910.  077 

De  l'avis  des  astronomes  français  et  étrangers  qui  ont  été  à  même  d'exa- 
miner les  épreuves  stellaires  obtenues  avec  le  nouvel  appai'eil,  les  résultats 
supportent  largement  la  comparaison  avec  ce  quia  été  réalisé  ailleurs,  dans 
cet  ordre  de  recherches.  Je  me  propose  de  les  soumettre  à  l'appréciation  de 
l'Académie. 


HYDRODYNAMIQCE.  —  Intégration  des  équations  des  ondes  d'èmersion^  par 
la  formule  de  Mac-Laurin,  en  séries  toujours  convergentes^  pour  un  canal 
profond  sans  extrémités  et  pour  un  bassin  indéfini  en  tous  sens.  Note 
de  M.  .1.  lîoussi.\KSQ. 

I.  Quand  le  bassin  proposé  (')  est  horizontalement  indéfini  soit  seule- 
ment dans  le  sens  des  ^r  (tant  négatifs  que  positifs),  ave.c  largeur  constante, 
un,  suivant  les  j,  soit  aussi  dans  le  sens  des  y,  et  que,  dans  le  premier  cas, 
le  solide  émergé  étant,  sur  toute  la  largeur,  un  cylindre  à  génératrices 
parallèles  aux  y,  la  variable  x  est  la  seule  coordonnée  horizontale  qui  doive 
figurer,  la  dénivellation  initiale  h^  s'exprime  aisément  par  le  moyen  d'un 
potentiel  ou  logarithmique,  dans  le  premier  cas,  ou  newtonien,  dans  le 
second.  De  plus,  ce  potentiel  est  relatif  à  une  matière  fictive  s'étendant  soit, 
en  file  étroite,  le  long  de  l'axe  des  œ^  soit,  en  couche  mince,  sur  le  plan 
des  icj,  avec  une  densité,  par  unités  ou  de  longueur,  ou  d'aire,  égale  au 
volume  d'émersion  donné,  qui  esty"(a7),  ou  f(^x,  y\  aussi  par  unités  ou  de 
longueur,  ou  d'aire,  de  la  superficie  du  bassin. 

Appelons  d'abord,  d'une  part,  \  l'abscisse,  dans  le  plan  vertical  des  a"s, 
d'un  point  quelconque,  contigu  à  l'axe  des  x,  de  la  région  cylindrique 
d'émersion,  ou,  dans  le  second  cas,  ^,  r\  les  deux  coordonnées  horizontales 
d'un  point  analogue  de  la  région  alors  non  cylindrique  d'émersion;  et, 
d'autre  part,  (ar,  3)  tout  point  du  plan  vertical  des  xz,  sous  l'axe  des  x,  dans 
le  premier  cas,  mais  (a?,  y,  s),  dans  le  second,  tout  point  appartenant  à  la 
masse  fluide,  c'est-à-dire  situé  sous  le  plan  des  xy,  à  une  distance  quelcon- 
que s  de  ce  plan  ;  enfin ,  r  la  distance  \jz^  -H (x — ^)- ,  ou  \]z^  -f-  (x  —  ^)  -f-  (  v — v])^ , 
de  ce  point  intérieur,  à  l'élément  quelconque 

dm=:/{ç,)(it,         ou         dm  ^^  f{i^,  n)  d^dri 
de  l'aire  ou  du  volume  d'émersion. 

(')   Voir  le  précédent  numéro  des  Comptes  rendus,  p.  49'- 


578  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  sait  que  le  potentiel  logarithmique  /  (logr)  dm,  clans  le  cas  du  plan, 
et  le  potentiel  newtonien  /  ^-^  dans  le  cas  de  l'espace,  étendus  à  tous  les 
éléments  l  dm  de  l'aire  ou  du  volume  d'émersion  contigus  au  lieu  :;  ^  o, 

satisfont  respectivement,  hors  de  ce  lieu,  avec  toutes  leurs  dérivées  par- 
tielles, à  l'équation  correspondante,  \.,h^^  =  o,  des  fonctions  harmoniques, 
vérifiée  par  la  dénivellation  A„.  Et  l'on  sait  de  plus  que  leur  dérivée  en  z 
devient,  à  la  limite  ^  ^  o, 

rzdm  ,  rzdm 

J  -p^  =  -^/i-^)-      -J  -pî-  =  -'^r-/i^.y)> 

ce  qui  montre  que  la  fonction  cherchée  h^,   qui  doit  se  réduire  à  ./(a?) 

,    -  /  ,  .  .    I     T-  d'n  1      /'  z  dm 

ou  a/ (a;,  j)  pour  s  ^o,  sera,  respectivement,  -   /  — —  oa —  /       .,    ;  pourvu 

que  ces  expressions  tendent  asymptotiquement  vers  zéro  aux  grandes  dis- 
tances de  l'origine.  Or  il  est  clair  qu'elles  y  tendent  en  effet. 

On  aura  donc 

[        .      I      rzdm 
\  son    -     /    — , 

(•)  /'o=  ^^        , 

i       .      1      r  Z dm 
f  sou  —   /   — —  • 

II.  Appelons  0  l'angle  fait  avec  la  verticale  descendante  par  le  rayon 
vecteur  r  émané  de  l'élément  quelconque  dm  de  Faire  ou  du  volume  d'émer- 
sion; ce  qui  permettra  d'écrire 

cos9  =  -  ^         "  R^  étant  soit  {x  —  ^)',  soit  (  J? -^  ^)"+  ( „>'  —  ''i)'; 

''       ^fz^-h  H- 

et,  devant  évaluer  les  dérivées  successives  en  r  de  hg,  pour  les  porter  dans 
la  série  (5)  obtenue  à  la  fin  de  ma  Note  précédente  comme  expression  du 
potentiel  ç  des  vitesses,  cherchons  à  différentier  n  fois  en  ::  le  facteur  va- 
riable,— ^  ou  — :5— >  des  éléments  que  donne  pour /î„  la  formule  (i)  ci-dessus. 

Or  une  différentiation  en  :=  se  fait  sans  que  varient  .r,  ni  j,  ni,  par  suite,  R; 
d'où  l'on  déduit  aisément  la  formule  symbolique 

(a) 


d 

c  d 

siwO    d              I 

■ /  cos  5  - 

d      .  ,  rf 

• h  sin  &  —7 

^=  C0S7  -;-    - 

dz 

dr 

r      dd  ~       r 

/ 

■     ,1                  dh 
d  - 

III.   Commençons  par  le  cas  des  ondes  cylindriques,  où  l'expression  à 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  J7C) 

difTérentier  n  fois  est  — ^--  En  employant  le  troisième  membre  de  (2),  une 
première  différentiation  donne 

d    C0S5  I     ,  ,  ,  ■      r      ■      r,  .  '  r 

— r= (cos  Vcosy  —  sin  ';  sin  '>)  r= rcosav  ; 

ciz     r  r-  r- 

etil  vient  ensuite,  en  appliquant  de  même  le  troisième  membre  de  (2), 

f/-    cos  5        2  ,         •    û    •       ù  N        '  •  2        2  f, 

-= =  —  (cos5rosa5  —  sin9sin2&)=:  — —coii'J,  .  . ., 

^.2      /■  /-s  r^ 

il"    cos9  ,     1 .2.3.  .  .  /«  .  , 

-; ■  =  (—  1)"  — cos(/i  +  1)^. 

Par  suite,   la  formule  citée  (5)  de  ma  dernière  Note  devient,  presque 
immédiatement, 

ftdin\co^O        cns2^    t' 


=/^[- 


1.3      ^r         I  .  3 .  .5 


~  I  .  3 . .) .  .  .  (  >  /(  -i-  I  )  '.  2  /•./    ^  ■  "  •  J  ■ 


C'était  précisément  la  formule  à  obtenir  de  Poisson,  sous  la  forme  que 
lui  a  donnée  M.  Rousier  dans  sa  Tlièse  ('),  et  dont  la  dérivée  en  /  exprime 
la  dénivellation  h  : 


dm  \        .       COS2  5    t-        cos3  5//- 


,  ,  ,  ,         I  ain  .        C0S9. 9    t-         cos 

4  /(=/   co,(/ \ 

J    T.r  \_  I        2  /•  I  . 


COS(  /(  H-  I  )  5  /    '"     '  " 


1  .  .5 .  3 .  .  .  (  2  /^  —  I  j  \ 


(^r 


Les  séries  placées  sous  le  siyne  /  convergent  visiblement,  quelque  grand 
que  soit  l\  et  l'on  a  ainsi  l'intégrale  générale  du  problème. 


IV.   Passons  au  cas  de  trois  coordonnées  .r,  v,  :;,  où  ce  sont  les  dérivées 
iccessives  ( 
donne  alors 


COi5 

successives  on  :;  de — ;:;- qu'il  faut  prendre.   Le  troisième  membre  de  (^-2) 


(■*) 


dz     r- 


d    cosO  1.2/  I    .      ,\ 

= C0^-  'J  ^  -  SI  119- 

'■'  V  3        ; 

1 . 2  r  I  3       ,     11      I  . 

~"  ~Lî4 


COS2  5  -I i '7<"0S( —  1O) 

■}.    1  2     4 


,     (')   Onrfe* /)«/•  éme/«io/i,  p.  4i  (Pa'''s,  'linitliiei-\  illars,   1908). 

C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  \'  10.)  7^ 


58o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Posons,  en  général, 

(6)  p,,  =  ('l^../dIL:Zl\cos«5+(-U-T---^-^^^)cos(n-2)5 

^  \  2    -4  2  «        /  V  2  ,'    \  2    4  111  —  a    ' 

3\/i3       2«  — 5\        ,  ,,,  / 1  3       2/(  — 1\  , 

47  Va  4       2/i  — 4;  Va4  2/i     y 

L'expression  — ^-  d'où  l'on  est  parti  et  la  relation  (5)  se  trouveront  com- 
prises dans  la  formule  générale 

(7)  ^^=(-)'-^-^;^|^IV 

Il  suffit  donc,  pour  démontrer  celle  ci,  de  faire  voir  que,  si  elle  est  vraie 
pour  une  valeur  de  /î,  elle  sera  vraie  aussi  pour  la  valeur  suivante.  Or,  la 
formule  (2)  de  différentiation,  a[)pliquée  au  second  membre  de  (7),  donne 

rf"    cos^i        ,        ,     I  .2.3.  .  .(« -4- 1)  /,,  ,  sin{/    f/l'„  \ 


de  sorte  cjue  la  relation  à  démontrer  est 

(8)  P„+,  =  P,.  cos 5  +  ^^^ '-^  • 

On  la  vérifie  aisément  en  ell'ecluant  le  calcul  du  second  membre  de  (H  ), 
sur  l'expression  (G)  de  Pn  (  '  )• 

Il  importe  de  remarquer,  dans  (6),  que  chaque  terme  de  P„  atteint  sa 
valeur  absolue  la  plus  grande  quand  ô  ^  o,  ou  quand  le  cosinus  y  vaut  i,  et 
que,  tous  les  termes  étant  alors  positifs,  P„  est  maximum.  Orln  valeur  nulle 
de  G  correspond  k  z  =  r,  et  la  dérivée  («  —  lyime  ç^  _  ^jg  — ^  gg  eonloiid 

alors  avec  la  dérivée  n'™"  en  r  de ;>  c'est-à-dire  avec  (—  i/'~'     '  "  '.„ ,' ,'  '    , 

ce  qui,  d'après  (7),  donne  P„  =  i .  Ainsi,  toutes  les  fonctions  P„  de  0,  (jiii 
sont,  au  fond,  des  polynômes  en  cos6,  se  réduisent  à  l'unité  pour  0  =  o  cl 
acquièrent  alors  leur  valeur  absolue  la. plus  grande. 

V.   T.a  dérivée  n'""''  en  ;  de  la  seconde  expression  (  i  )  de  //„  est  donc 

I  .  2.  3.  .  .  ( /( -4- I  )   i'\',n.idin 
'-"" -. J^^^- 

(')  La  foriiuile  (8  ),  joiiUe  à  l'|=:cos^,  perniul  aiih^i  de  recoiuiaitre  que  les  (|iian- 
lilés  P„,  expi'iinées  eu  fondions  de  cos9,  ne  sont  autre  cliose  que  les  polynorne?  dits 
de  Lesendre. 


SÉANCE    DU    7    MARS    191O.  aSi 

Par  suite,  la  formule  (  .5)  de  ma  XoLe  précédente  donne,  pour  le  poten- 
tiel Zi  des  vitesses,  la  valeur 


(9) 


C      f  dm  r. 


fp,- 


r- 


3 


//*■■ 


(  /(  -I-  2  )  (  /(  H-  o  ) .  .  .  (  2  /(  -f-  I  ) 


..], 


et,  pour  sa  dérivée  en  /,  c'est-à-dire  pour  la  dénivellation  /i,  le  développe- 
ment 


(10)  h  = 


^/^['■' 


o.b  \ 


(rt-t-2)(/<-+-3)...( 


îmIt)'-] 


Considérons,  par  exemple,  dans  cette  dernière  formule,  la  série  placée 
sous  le  signe  /  .  Le  rapport,  au  terme  général  qui  s'y  trouve  écrit,  du  terme 
suivant  où  n  -\-  i  remplacerait  /?,  y  est,  en  valeur  absolue,  abstraction  faite 
des  facteurs  V;....  P„.,,  au  plus  ég-aux  à  i, —-^ >  ou,  sensible- 

"^"         "^-  1  ^  '    (2/i  -f    l)(2«  -H  2)     /■  ' 

ment,  pour  n  très  grand,  -p^,  quantité  tendant  vers  zéro,  quelque  grande 
que   soit  la  valeur  actuelle  de  t.  Donc,  les  séries  sous  le  signe   /  de  (9) 

et  (10)  sont  toujours  convergentes,  et  ces  formules  expriment  la  solution 
générale  du  problème. 

VI.  C'est  sous  cette  forme  que  l'aobtenue  M.  VergnedanssaThèse(p.  4^ 
et  49))  après  avoir  reconnu  que  l'équation  indéfinie  (3)  de  ma  précédente 
Note  indiquait  le  développement  (5)  de  la  même  Note  par  la  formule  de 
Mac-Laurin. 

Déjà  Poisson,  plusieurs  'années  avant  de  faire  son  Mémoire  sur  les  ondes, 
avait  eu  l'occasion  de  voir  que  l'intégrale  générale  de  cette  équation  bi- 
nôme (3)  se  composait  de  deux  parties  comportant,  chacune,  une  fonction 
arbitraire,  et  que  l'une  de  ces  parties  avait  précisément  le  développe- 
ment (5)  par  la  formule  de  Mac-Laurin.  Mais,  lors  de  la  rédaction  de  son 
Mémoire  sur  les  ondes,  et  bien  qu'il  y  ait  remarqué  l'équation  binôme  (3) 
dans  le  cas  d'une  profondeur  infinie,  il  ne  parait  pas  avoir  songé  à  en  faire 
usage.  Cela  aurait,  cependant,  bien  abrégé  sa  démonstration  de  deux  for- 
mules fondamentales  du  n°  34  de  son  travail,  qui,  ensemble,  reviennent  à 


582  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  seconde  {[)  ci-dessus  et  à  la  dernière,  (n),  de  ma  prt'cédente  Noie.  11  n'en 
a,  du  reste,  pas  dégagé  explicitement  l'intégrale  générale  sous  la  forme 
définitive  et  complète  (9)  due  à  M.  Vergne,  s'étant  contenté  de  trouver,  au 
n°  38  de  son  Mémoire,  les  expressions  de  «p  et  de  h  à  la  surface  libre  s  =  o. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Alcoylation  des  cétones  aliphatiques par  V intermédiaire 
de  l'amidure  de  sodium.  Note  de  MM.  A.  Hai.leii  et  Ed.  Bauer. 

Les  cétones  aliphatiques  se  prêtent  aux  mêmes  alcoylations  que  les  cétones 
cycliques  (mélliylcyc)ohexanones,  menthone,  thuyone,  etc.)  (')  et  les 
cétones  mixtes  de  la  série  aromatique  (méthyle,  éthyle,  propyle...phényl- 
cétones)  (-),  quand  on  les  traite  par  de  l'amidure  de  sodium  et  des  iodures 
alcoyliques. 

Avant  d'aborder  l'alcoylation  des  cétones  normales  non  arborescentes, 
nous  avons  opéré  sur  la  pinacoline  qui,  par  la  nature  quaternaire  d'un  de 
ses  atomes  de  carbone  directement  fixé  sur  le  groupement  fonctionnel  céto- 
nique,  présente  quelque  analogie  avec  l'acétophénone 

CH    CH  CH= 

CH<^^G - CO  - CH=  GH'^G.CO.GH^ 

GM    GH  CH'/ 

Méthylation  de  la  pinacoline.  —  Quand  à  i'""'  de  pinacoline,  dissoute  dans 
trois  fois  son  volume  d'éther  anhydre,  on  ajoute  peu  à  peu  1™°'  d'amidurede 
sodium  finement  pulvérisé,  on  constate  qu'il  se  produit  une  réaction  déjà  à 
froid,  avec  un  dégagement  d'ammoniaque.  En  chauffant  à  l'ébullition,  la 
réaction  est  plus  rapide  et,  suivant  la  finesse  de  l'amidure,  on  arrive  à  avoir 
une  solution  complète  du  dérivé  sodé  au  bout  de  i  à  2  heures. 

Quand  toute  l'ammoniaque  est  éliminée,  on  introduit  par  petites  portions, 
à  l'aide  d'un  entonnoir  à  robinet,  un  peu  plus  de  i'"''  d'iodure  de  méthyle. 
L'éther  entre  en  ébuUition,  par  suite  de  la  vivacité  de  la  réaction,  en  même 
temps  qu'il  se  précipite  de  l'iodure  de  sodium.  Après  addition  de  tout 
l'iodure,  on  chauffe  encore  pendant  1  heure  environ,  on  laisse  refroidir  et 
l'on  ajoute  progressivement  de  l'eau  froide.  Les  deux  liquides  sont  séparés, 
et  la  solution  éthérée,  préalablement  lavée  avec  de  Fcaii  acidulée,  cstséchée 


(')  A.  Halleii,  Comptes  rendus,  l.  GXXW'llI,  p.  1  l'ii);  t.  GXL,  p.  i?.-  el  1626. 
(2)  A.  Hali-hr  (H  l'd.  Bauek,  Comptes  rendus,  t.  CALVllI,  p.  70;  l.  GXLIX,  p.  5. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  583 

et  distillée  pour  éliminer  l'étlier.  Le  produit  restant  est  ensuite  soumis  à 
plusieurs  fractionnements  au  moyen  d'une  colonne  Vigreux.  On  arrive  fina- 
lement à  isoler  une  portion  distillant  à  124"- 126"  à  la  pression  ordinaire  et 
qui  est  formée  par  la  monométhylpinacoline  ou  diméthyl-i.-x-penlatwne-'i 

(CH')^C.CO.CrF.CHS 

qui  avait  déjà  été  obtenue  par  Wischnegradsky  (  '  )  en  faisant  agir  du  chlo- 
rure de  pivalyle  sur  le  zinc-éthyle. 

Elle  constitue  un  liquide  incolore  à  odeur  spéciale  rappelant  celle  du 
camphre  et  du  menthol,  et  bouillant  à  12 '["-126°. 

Son  oxime  (CH')'.C  —  G  —  CH-.CH'  cristallise  dans  Falcool  en  magni- 
II 

NOH 
fiques  tables  ayant  la  forme  de  losanges  et  fondant  à  78°-8o°. 

Les  portions  de  tète  et  de  queue  provenant  de  la  préparation  de  la  mono- 
méth}  Ipinacoline  sont  retraitées  en  milieu  éthéré  par  de  l'amidure  de  sodium 
et  de  l'iodure  de  méthyle  en  quantité  moléculaire.  Ce  dernier  doit  être 
ajouté  peu  à  peu,  de  façon  à  transformer  d'abord  la  pinacoline  restante  en 
dérivé  monométhylé,  laquelle,  réagissant  ensuite  sur  l'amidure  restant, 
donne  un  nouveau  dérivé  sodé  qui  subit  à  son  tour  la  double  décomposition 
avec  l'iodure  de  méthyle. 

On  décompose  finalement  le  produit  de  la  réaction  par  de  l'eau  et  on 
rectifie  l'huile  débarrassée  de  l'éther.  On  obtient  de  la  sorte  une  portion 
relativement  faible  de  produit  passant  de  io5°  à  iSo",  tandis  que  la 
majeure  partie  distille  de  i3o"  à  i35°. 

En  reméthylant  les  portions  de  tête  dans  les  mêmes  conditions,  on  peut 
avoir  un  rendement  quantitatif  en  ce  produit  qui  passe  à  i3o"-i35°  et  qui 
n'est  autre  que  \a pentamélliylacétone  ou  triinélhyl-'2..i.[\-pentanone-?> 

(CH3)3.CO.Ch/J^[J;. 

Cette  cétone,  qui  constitue  le  produit  ultime  de  la  méthylation  de  la 
pinacoline  au  sein  de  l'éther,  a  déjà  été  préparée  par  M.  Nef  (^)  en  chauf- 
fant en  tube  scellé  à  i4o°  de  l'acétone  ou  de  la  pinacoline  avec  de  la  potasse 
solide  et  de  l'iodure  de  méthyle. 

Étant  donné  son.  mode  de  formation  au  moyen  de  la  pinacoline,  il  est 

(')  Wischnegradsky,  Liebig's  A/inaten,  l.  CLXWIII,  p.  lo"!. 
(-)  Nef,  Liebig's  Annal.,  t.  CCCX,  p.  323*. 


584  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

facile  de  comprendre  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  l'aire  l'opération  en  plu- 
sieurs fois  et  d'isoler  au  préalable  la  monomélhylpinacoline.  Il  suflit  en 
effet  de  traiter  successivement  la  pinacoline  par  de  l'amidure  et  de  Tiodure 
de  méthyle  en  quantité  insuffisante  pour  réaliser  la  méthylalion  totale,  puis 
d'ajouter  de  nouvelles  portions  d'amidure  et  d'iodure  jusqu'à  refus  de 
réaction.  On  réussit  ainsi  à  transformer  la  presque  totalité  de  la  pinacoline 
en  pentaméthylacétone. 

Cette  cétone  se  présente  sous  la  forme  d'un  liquide  qui  bout  de  i33° 
à  134"  et  dont  la  réfraction  moléculaire  est  normale; 

(/l^  ^=  o,So536,         rtn=i,4o5i3,         HMd^  38,96;  Calculé  =  89,1 1. 

Son  oximc,  déjà  préparée  par  Nef  (/oc.  cil.),  fond  à  i4i°. 
Alcool penùanélhytisopropylique  ou  triméthyl-2.2.4-pentanol-3 

(CH^)\C.CH.OH.CH(CH')^ 

Cet  alcool  se  prépare  en  ajoutant  une  dissolution  de  cétone  dans  trois  ou 
quatre  fois  son  volume  d'alcool  absolu,  à  du  sodium  en  excès.  Quand  tout  le 
métal  a  disparu,  on  étend  d'eau  et  on  reprend  par  de  l'éther  la  couche 
surnageante. 

Après  distillation  et  rectification,  on  obtient  un  liquide  à  forte  odeur  de 
bornéol  qui  bout  entre  i45"  et  i48". 

Sa  phènyluréthane  C'^H--\0-  est  un  corps  blanc,  peu  soluble  dans 
l'éther  et  qui  fond  à  79°. 

Hexamélhylacètone  ou  tétramélhyl--2..-iJ\.'\-pentanone-'i  on pivalone 

CH'\  /CH^ 

CH'— C  —  CO—  G— CH=. 
CH*  C\V 

Au  sein  de  l'éther,  l'amidure  de  sodium  ne  réagit  plus  sur  la  penta- 
mélhylacétone.  On  n'observe,  en  effet,  aucun  dégagement  d'ammoniaque 
quand  on  chauffe  à  l'ébullition  le  mélange  de  ces  trois  corps. 

Lorsqu'on  opère  au  sein  du  benzène  bouillant,  la  pentamélhylacétone 
décompose  au  contraire  l'amidure  pour  donner  naissance  à  un  dérivé  sodé 
insoluble;  la  réaction  est  pour  ainsi  dire  totale  au  bout  de  2  heures  d'ébul- 
lition.  On  ajoute  alors  un  peu  plus  de  la  quantité  théorique  d'iodure  de 
méthyle.  Il  se  produit  une  réaction  très  vive  et  le  précipité  gélatineux  de 
pentamélhylacétone  sodée  se  transforme  peu  à  peu  en  un  précipité  plus 
dense  d'iodure  de  sodium.  Au  bout  d'une  demi-heure  d'ébullition  on  laisse 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  585 

refroidir  et  on  traite  par  de  l'eau.  Le  liquide  surnageant  est  lavé  avec  de 
l'eau  acidulée,  séché  et  rectifié. 

On  obtient  10  à  i5  pour  100  d'un  produit  passant  de  i35"  à  149"  et  le 
reste,  85  pour  100  environ,  distille  intégralement  entre  149"  et  i5i°. 
C'est  l'hexaméthylacétone  qui  constitue  un  liquide  mobile,  à  odeur  cam- 
phrée et  dont  la  densité  rf^' ^0,81992  et  n„=  1,41702.  Sa  réfraction 
moléculaire  UM„  =  43,55  est  bien  celle  d'un  dérivé  répondant  à  la  formule 
(  CH'  )'  C  -  CO  .  C  (CH^ )  '.  Ri\I„  calculé  ^3, 7 1 . 

L'hexaméthylacétone  ne  se  combine  ni  à  l'hydroxylamine,  nia  la  phényl- 
hydrazine,  ni  à  la  semicarbazide,  bien  qu'elle  renferme  le  groupement 
cétonique.  Elle  peut  en  effet  être  réduite  en  alcool  dans  les  mêmes  condi- 
tions que  celles  (|ui  nous  ont  permis  de  convertir  la  pentaméttiylacétone  en 
alcool  pentaméthylisopropylique. 

L'alcool  hexamélhylisopropyUque  ou  tètramélhyl-i  .-i  .'\.!\-pentanol-'\ 
(CFP)'.CCHOHC(CH')'  se  présente  sous  la  forme  d'un  produit  blanc, 
très  volatil,  qui  fond  à  5o°  et  bout  à  i65°-i66''.  Il  possède  une  odeur 
rappelant,  tout  à  la  fois,  celle  du  poivre  et  du  bornéol. 

Sa  phènyluréthanc.  fond  à  i  i8"-i  19°. 

/OCHO 

V èlher formiqm  (CH*).  C.  CH  --  C(CH^)',préparéen  chauffant  l'alcool 
avec  de  l'acide  formiq'ue  en  excès,  constitue  un  liquide  bouillant  à  i85°  qui 
par  saponification  régénère  intégralement  l'alcool. 

Ethyldirnèthylpinacoline.  Tétrainéthyl-i .  •>. .  4  •  ^-hexanone-'i. 

(CH^)'.C.CO.C(CH»)-. 

Eu  faisant  réagir,  sur  la  pentaméthylacétone  sodée  au  sein  du  benzène,  du 
bromure  ou  de  l'iodure  d'éthyle  dans  les  conditions  indiquées  pour  la  prépa- 
ration de  l'hexaméthylacétone,  on  obtient,  après  une  ébullition  de  10  heures 
et  un  traitement  subséquent  approprié,  environ  80  à  90  pour  100  de  la 
théorie  d'un  liquide  passant  entre  172"-! 74°  et  qui  est  constitué  par  la 
cétone  cherchée. 

Comme  son  homologue  inférieur,  cette  cétone  ne  forme  ni  oxime,    ni 
phényliiydrazone,  ni  semicarbazone.   Mais,  réduite  au  sein  de  l'alcool  ab 
solu  par  du  sodium,  elle  fournit  l'alcool  pentaméthylèthylisopropylicjue  ou 
tétraméthyl-2.'x.l\./\-heranol-'5,  liquide  à  forte  odeur  de  bornéol  qui   boni 
à  187°- 188"  à  la  pression  ordinaire. 


l86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sa phényluréthane,  1res  soluble  dans  l'alcool,  cristallise  au  sein  du  pétrole 
en  fines  aiguilles  fondant  à  94°-9^°- 

La  méthode  qui  nous  a  servi  à  préparer  les  dérivés  mélhylés  de  la  pina- 
coline  nous  a  également  permis  de  produire  d'autres  alcoylpinacolines. 

(l'est  ainsi  qu'en  traitant  une  solution  éthérée  de  pinacoline  par  de 
l'amidure  de  sodium,  puis,  après  formation  du  dérivé  sodé,  par  du  bromure 
ou  de  l'iodure  d'éthyle,  on  isole  un  produit  passant  de  io.5°  à  176°  avec  des 
points  fixes  situés  entre  146°  et  i48°  et  i']!f-\'-jij°. 

La  fraction  passant  entre  146°  et  148"  n'est  autre  chose  que  de  la  niono- 
éthylpinacoline  on  trimèthylèthylacétone  ou  diinèlhyl--i.n-hexanone'''>  : 
(CH'  )'.('i.CO.CH-.CH-.CH\  C'est  un  liquide  mobile  à  odeur  camphrée  un 
peu  plus  fraîche  que  celle  de  l'hexaméthylacétone.  Sa  densité  r/"  =  o,8io5'), 
7tj,^  1 ,40952.  Réfraction  moléculaire  observée  pour  la  raie  D  =  89,08; 
calculée  =:  39,1 1 . 

.So/zo.rj'me  cristallise  au  sein  de  l'alcool  en  fines  aiguilles  fusibles  à  ']^°-']''°- 
L'alcool  correspondant  à  cette  cétone,  le  (lirnéthyl-i.-2-hexanol-3,  est  un 
liquide  à  odeur  de  poivre  et  de  bornéol  et  qui  bout  à  i:j5°-i57°.  Sa  phényl- 
urélhane  fond  à  70''-7i°. 

La  portion  distillant  de  174°.  à  17(1'^  est  formée  de  diéthylpinacoliiie  ou 
triméthyldiéthylacétone  ou  diméthyl-i .  i-éthyl-[\-he:]canone-i 

cil -2  PI  13 

(CH';»G.C0.CH;^^',_j,^,j3. 

C'est  un  liquide  mobile  dont  l'odeur  rappelle  celle  de  la  monoéthylpinaco- 
line.  r/!;'^  o,8'-î52r ,  nj,=  1,42227,  d'où  lî.  M.  pour  la  raie  D  =  48,o(); 
calculée  ^  48-3 1. 

I">lle  ne  donne  ni  oxime,  ni  semicarbazoae.  Mais,  réduite  par  du  sodium 
au  sein  de  l'alcool  absolu,  elle  fournit  Valcool  trimèthyldiélhylisopropylifpte 
ou  diméthyl-1 .  i-éthyl-l\-hexa/tol-Z 

liquide  à  odeur  de  bornéol  (|ui  distille  à  i<S7"  et  dont  la  phénylurélhanc 
fond  à  107". 

Comme  dans  le  cas  de  la  penlaméthylacétone,  la  dièlhylpinacoline  ne 
donne  pas  de  dérivé  sodé  quand  on  la  chaulTe  au  sein  de  Téther  avec  d(! 
l'amidure  de  sodium.  Ce  dérivé  prend  au  contraire  naissance  quand  à  l'éther 
on  substitue  de  la  benzine.  Dans  ces  conditions,  la  réaction  est  normale  et 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910,  $87 

s'elTectue  comme  dans  la  préparation  de  l'hexamétlivlacétone.  Elle  dure 
environ  10  heures,  tout  en  n'étant  pas  complète.  On  obtient  de  meilleurs 
rendements  en  employant  le  toluène  comme  dissolvant. 

La  trièthylpinacoline  ou  dimé,thyl-i.n-diéthyl-l\.L\~hexanone-?>^  extraite  du 
produit  de  la  réaction  du  bromure  d'éthyle  sur  la  diéthylpinacoline  sodée 
au  sein  de  la  benzine,  se  présente  sous  la  forme  d'un  liquide  mobile  à  odeur 
fraîche  et  camphrée,  qui  bout  entre  214°  et  iîiG°.  1  )e  même  que  son  analogue 
riiexaméthylacétone,  elle  résiste  à  l'action  de  l'hydroxylamine  et  de  la  semi- 
carbazide.  Réduite  par  le  sodium,  elle  fournit  l'alcool  trimètliyUriélhyliso- 
propyliqiie  o\idiméthyl-i.i-diéthyl-[\.'l\-hexanol-'i,  qui  forme  un  liquide  épais 
distillant  à  226°-228''  et  dont  la  phényluréthane  fond  à  110°. 

Dans  le  but  d'obtenir  un  isomère  de  la  hexaméthylacétone,  nous  avons 
chauffé,  au  sein  de  l'éther,  de  l'éthylpinacoline,  sodée  par  la  quantité  théo- 
rique d'amidure,  avec  de  l'iodure  de  méthyle,  et  nous  avons  séparé  le 
produit  de  la  réaction  par  les  moyens  ordinaires.  Le  liquide  isolé  distille  de 
148"  à  ir)G°  et  contient  par  suite  un  mélange  déthylpinacoline  et  d'éthyl- 
méthylpinacoline  très  difficile  à  séparer  l'une  de  l'autre  par  la  distillation. 
Nous  avons  alors  traité  le  mélange  par  le  chlorhydrate  d'hydroxylamine  en 
solution  dans  l'alcool. 

Dans  ces  conditions  l'éthylpinacoline  seule  donne  une  oxime.  Le  produit 
de  la  réaction  est  traité  par  l'eau  et  le  mélange  de  l'oxime  et  de  méthylélhyl- 
pinacoline  est  extrait  à  l'éther.  On  chasse  ce  dernier  et  le  résidu  abandonne 
par  cristallisation  l'oxime  de  l'éthylpinacoline  qu'on  sépare  par  essora- 
tion. 

Les  eaux  mères  sont  distillées  et  passent  à  i5o°-i6o°.  Le  liquide  étendu 
d'éther  de  pétrole  est  additionné  d'isocyanate  de  phényle  et  abandonné  au 
repos  pendant  quelques  jours,  afin  de  favoriser  la  formation  de  carbanili- 
doxime  avec  le  reste  de  l'oxime  éthylpinacolique.  On  chasse  ensuite  l'éther 
de  pétrole  et  le  résidu  est  distillé  dans  le  vide.  Il  reste  dans  le  ballon  une 
poudre  blanche,  tandis  qu'on  recueille  dans  le  récipient  un  mélange  d'isocya- 
nate non  entré  en  réaction  et  la  méthyléthylpinacoline.  On  agite  avec  de 
l'eau,  qui  convertit  le  carbanile  en  diphénylurée  symétrique,  et  l'on  reprend 
parTélher.  La  liqueur  éthéréefournit  par  évaporation  l'éthylméthylpinaco- 
line  qu'il  suffit  de  rectifier. 

V élhylmélhylpinacoline  ou  Irimélhyl-i .  2.^-/iexanone-3 

(cip)3.c.co.ch/^JJ;^jj, 

C.  I!,,  îom,  I-   Seinesire.  (T.   l.MI,  N"  10.)  79 


;")HH  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

est  isomère  avec  rhexamétliylacélone,  tout  en  ayant  un  point  d"él)ullilion 
(i55''-i50°)  plus  élevé  que  celui  de  ce  dernier  dérivé  qui  bout  à  i5i". 
Réduite,  elle  donne  l'alcool  lètramèlhylétliyUsopropylique  ou  lnmèlhyl-'i.-x.L\- 

hcvanol-'^  (  (IH'  )''.C.(]HOHCH^  ^,2,..,  liquide,  bouilhint  à  iGr)"et  ne  cristal- 
lisant pas. 

La  pliénylurétliane  correspondante  fond  à  78°  tandis  que  celle  de  l'alcool 
hexamélhylisopropylique  fond  à  i  i8"-i  19". 

Nous  avons  encore  préparé  un  second  isomère  de  l'hexamélhylacétone, 
dans  le  but  de  nous  rendre  compte  si,  comme  son  homologue  supérieur, 
riioniopivalonc,  elle  se  refuse  à  former  une  oxime  ou  une  semîcarbozone.  II 
s'agit  de  V isopropylpinacolinc  ou  Iriinéthyl-i.i.j-hexanone-i 

(C^p)^c.co.Cll^c^l^|"jJ'• 

l'réparée  en  faisant  agir  de  Tiodure  d'isopropyle  sur  la  pinacoline  sodée  au 
sein  du  benzène,  cette  cétone  bout  à  i57",5-i58", 5  et  fournit  une  oxime 
fondante  ']']°-']^°-  Nef  signale  également  cette  cétone,  mais  cet  auteur  semble 
ne  pas  l'avoir  obtenue  dans  un  état  de  pureté  suffisant,  car  l'oxime  qu'il  en 
a  préparée  fond  à  G6°-7o°  ('). 

Dans  cette  préparation  d'isopropylpinacoline  il  se  forme  les  dérivés  diiso- 
propylé  et  triisopropylé,  dont  nous  n'avons  pas  fait  l'étude. 

Nous  avons  enfin  cru  devoir  essayer  la  substitution  de  radicaux  allylés  à 
l'hydrogène  du  groupe  CH'  de  la  pinacoline.  En  opérant  comme  avec  les 
radicaux  saturés,  nous  avons  oijtenu  : 

La  monoaUylpinaroline  ou  dimélhyl-2.i-liepléne-(')-one-j 

CH'-C.CO.CiI^CH».CH  =  Cll-, 

liquide  mobile  à  odeur  assez  agréable,  mais  rappelant  toujours  celle  des 
dérivés  allylés.  Il  bout  à  6i"-64''  sous  i/|'"'"- 

La  diallylpinaculine  ou  diniethyl-'2.2-a/lyl-'\-/iep(ène-{')-one-3 

(CAP  y.  c.co.cwQ:,^,- 

C.elte  cétone  constitue  nn  liipiide  moins  mobile  (pie  le  précédent  et  qui 
distille  à  83"-86"  sous  1  f'"'". 

(')  iViiF,  Llelng's  Annalen,  t.  CCCW  111,  p.  1G7. 


SÉANCE    DU    7    MARS    IQIO.  SSp 

(lomnie  nous  le  verrons  clans  une  prochaine  Communication,  d'autres 
cétones  non  arborescentes  se  prêtent  aux  mêmes  substitutions  que  la  pina- 
coline.  (  hielle  que  soit  la  cétone  dont  on  parte,  on  peut  toujours  obtenir, 
comme  terme  final  de  l'alcoylalion,  une  hexaalcoylacétone . 

Les  principaux  résultats  consignés  dans  cette  Note  peuvent  se  résumer  de 
la  façon  suivante  : 

I"  Au  sein  de  Téther  anhydre,  la  pinacoline  fournit  avec  l'amidure  de 
sodium  un  dérivé  sodé  soluhle  qui,  traité  par  des  iodures  alcooliques,  donne 
naissance  à  un  mélange  de  mono-  et  de  dialcoylpinacolines  qu'on  peut  sé- 
parer par  distillation  fractionnée. 

1°  Les  trialcoylpinacolines  ne  peuvent  pas  se  préparer  au  sein  de  l'éther; 
leur  préparation  nécessite  l'intervention  d'un  milieu  qui  bout  à  une  tempé- 
rature plus  élevée,  par  exemple  la  benzine  ou  le  toluène.  Dans  ces  conditions, 
on  peut  obtenir  ces  dérivés  avec  un  rendement  pour  ainsi  dire  quantitatif. 

3"  Tandis  que  la  pinacoline,  les  monoalcoylpinacolines  et  quelques 
dialcoylpinacolines  sont  susceptibles  de  se  combiner  à  l'hydroxylamine  et 
à  la  semicarbazide,  les  trialcoylpinacolines  se  refusent  à  former  des  oximes 
et  des  semicarbazones. 

4"  Toutes  ces  cétones,  sans  exception,  peuvent  être  réduites  en  alcools 
secondaires  correspondants,  (piand  on  les  traite  par  du  sodium  au  sein  de 
l'alcool  absolu. 


M.  Lawei.oxgte  fait  la  Communication  suivante  : 

M.  .1.  Regnauld,  le  i4  décembre  1891,  a  fait  une  Communication  à  l'Aca- 
démie sur  le  pied  des  Hindous,  qui  confirme  ce  que  j'ai  eu  l'honneur  de  dire 
dans  la  dernière  séance  sur  le  pied  en  Extrême-Orient.  Je  suis  heureux  de 
lui  rendre  hommage  et  de  voir  que  d'autres  ont  vu  ce  que  j'ai  constaté. 


M.  PiEitRE  TERMiiiiR  fait  hommagcà  l'Académie  d'une  brochure  intitulée  : 
Deux  conférences  de  Géologie  alpine. 


M.  I*.  DuiiEM  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  deuxième  édition  de  son 
Ouvrage  :  Thermodynamique  et  Chimie.  Levons  élémentaires. 


:k)0  ACADI'MIE    DKS   SCIENCES. 


ELECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  au  choix  de  deux  Membres 
qui  devront  faire  partie  de  la  Commission  du  Fonds  Bonaparte  pour  i<)io 
et  191 1 . 

L'un  de  ces  Membres,  choisi  dans  la  Division  des  Sciences  mathéma- 
tiques, doit  remplacer  M.  liouquet  de  la  (îrye.,  décédé;  l'autre  remplacera 
M.  L.  Caillelet,  Membre  libre  sortant,  mais  non  rééligible. 

MM.  VioLLE  et  Alfred  Picard  réunissent  la  majorité  des  suiïrages. 


L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Associé 
étranger  qui  devra  occuper  un  des  postes  créés  par  le  Décret  du  i'''  dé- 
cembre 1909. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  de  \i  : 

M.  Richard  Dedekind  obtient  ...     l\ï  suffrages 
Sir  Norman  Lockyer  obtient  ....        i  suffrage 

M.  Richard  Dedeki.vd,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé 
élu.  Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
liépublique. 

CORRESPOIVDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Travaitr  du  Conseil  supérieur  (F  Hygiène  publique  de  France,  t.  XXX^  111, 
année  1908.  (Adressé  par  le  Ministère  de  l'Intérieur.) 

•1"  Recherches  histologiques  sur  la  métamorphose  des  Muscides  (J'alliphoru 
erythrocephala  Mg),  par  JNL  (].  Féuez.  (Présenté  par  M.  Dehige.) 


M.  V.  Tatin  adresse  des  remercimenls  pour  la  distinction  que  l'Aca- 
démie a  accordée  à  ses  travaux. 


SÉANCE    \iV    7    MARS    19IO.  'îQI 

ASTRONOMIE.  —  Nouvelles  Tables  trigonométriques  fondamentales. 
Aole  de  M.  H.  Andoyer. 

A  quelques  exceptions  près  qui  ne  correspondent  qu'à  des  Tables 
abrégées  de  très  faible  étendue,  toutes  les  Tables  de  logarithmes  trigono- 
métriques publiées  jusqu'à  ce  jour  ne  sont  que  des  extraits  plus  ou  moins 
perfectionnés  des  trois  (ouvrages  originaux  suivants  : 

1°  La   Trigonomelria  britannica,  de  H.  Biiggs  et  H.  Gellibrand  (Gouda,   i633); 
2°  La  Trigononietria  arlificialis,  d'Adrien  Vlacq  (Gouda,  i633); 
3°  Les  Tables  du  Cadastre,  calculées  en  France  de  1794  à  1799,  sous  la  direction 
de  G.  Riche  de  Prony,  mais  non  publiées. 

La  Trigononietria  britannica  renferme  les  logarithmes  des  lignes  trigo- 
nométriques avec  quatorze  décimales  de  centième  en  centième  de  degré 
sexagésimal,  ce  qui  est  insuffisant  et  incommode;  d'ailleurs  la  dernière 
décimale  est  généralement  en  erreur  de  plusieurs  unités. 

La  Trigononietria  artificialis  donne  les  logarithmes  des  lignes  trigono- 
métriques avec  dix  décimales,  de  10  en  10  secondes  sexagésimales;  mais 
la  dernière  décimale  est  généralement  incorrect?,  Kerreur  pouvant  atteindre 
six  unités. 

Le  célèbre  Thésaurus  logarithmoruni  complétas  de  G.  Vega  (Leipzig,  i  ']Ç)\), 
reproduit  dans  ces  dernières  années  à  l'aide  de  la  photozincographie  par 
rinstilut  géographique  de  Florence,  n'est  qu'une  réédition,  avec  quelques 
améliorations,  de  l'œuvre  de  Vlacq;  la  dernière  décimale  y  reste  très  géné- 
ralement incorrecte.  Les  errata  qu'on  en  a  publiés  sont  très  incomplets. 

Quant  aux  Tables  du  cadastre.^  elles  sont  calculées  de  10  en  10  secondes 
centésimales  avec  quatorze  décimales,  mais  de  façon  à  assurer  seulement 
l'exactitude  de  la  douzième;  leur  étendue  a  été  jusqu'à  ce  jour  un  obstacle 
insurmontable  à  leur  publication  et  le  Service  géographique  de  l'Armée  en 
a  donné  seulement  une  édition  réduite  à  huit  décimales  en  i8'9i,  en  même 
temps  que  M.  de  Mendizabal  Tamborrel  publiait  des  Tables  analogues. 

Les  Tables  trigonométriques  n'ont  donc  bénéficié  que  de  progrès  insi- 
gnifiants depuis  l'invention  des  logarithmes,  et  l'œuvre  même  des  fonda- 
teurs, Briggs  et  Vlacq,  non  surpassée,  demeure  entachée  des  nombreuses 
erreurs  qui  la  déparent,  tandis  que  les  Tables  du  Cadastre  restent  inutiles 
à  l'étal  de  manuscrit. 

D'autre  part,  les  progrès  de  l'Astronomie  de  précision,  dus  en  parti- 
culier à   l'emploi  des   méthodes    photographiques,   ont  déjà   montré,    en 


592  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

plusieurs  occasions,  l'insuffisance  des  Tables  ordinaires  à  sept  décimales;  de 
sorte  qu'il  sera  nécessaire  certainennent,  dans  un  avenir  rapproché,  de 
uieltre  à  la  disposition  des  calculateurs  des  Tables  sexagésimales  à  huit  ou 
plutôt  neuf  décimales;  pour  les  obtenir  correctes,  le  Thésaurus  de  Vega  est 
insuffisant. 

Telles  sont  les  raisons  qui  m'ont  détermine  à  entreprendre  le  calcul 
direct  et  complet  de  Nomelles  Tables  trigonométrùjues  fondamentales  qui 
puissent  servir  en  toute  sécurité  à  toutes  les  recherches  de  haute  précision, 
et  aussi  assurer  une  base  vraiment  solide  à  toutes  les  publications  ulté- 
rieures du  même  genre,  mais  moins  étendues  et  par  suite  plus  appropriées  à 
la  pratique  courante. 

Ces  Tables,  qui  contiennent  comme  partie  principale  les  logarithmes 
des  lignes  Irigonométriques  de  10  en  10  secondes  sexagésimales,  avec 
quatorze  décimales,  et  qui  permettent  même  d'en  obtenir  dix-sept  si  c'est 
nécessaire,  sont  maintenant  complètement  achevées  en  manuscrit  et  leur 
impression  va  commencer,  grâce  à  une  subvention  accordée  par  la  Faculté 
des  Sciences  de  l'Université  de  Paris,  sur  les  arrérages  de  la  fondation  Com- 
mercy. 

Les  calculs  nécessaires  à  leur  établissement  ont  été  faits  entièrement  par 
moi,  sans  emprunter  quoi  que  ce  soit  aux  publications  antérieures,  les  for- 
mules fondamentales  et  les  nombres  initiaux  eux-mêmes  ayant  été  l'objet 
d'une  revision  attentive,  qui  d'ailleurs  ne  s'est  pas  toujours  montrée 
superflue. 

Les  précautions  prises  pour  ell'ectuer  les  calculs,  et  le  soin  que  j'ai  eu 
de  n'admettre  aucun  résultat  qui  ne  se  trouvât  éprouvé,  me  permettent 
d'affirmer  l'exactitude  des  résultats  à  une  demi-unité  près  du  dernier  ordre 
décimal. 

ASTRONOMIE   PHYSIQUE.   —    Observations  du  Soleil  faites  à  l'Observa- 
toire de  Lyon  pendant  le  troisième  trimestre  de  11)09.  Note  de  M.  J. 

GriLI.AUME. 

Il  y  a  eu  ()-]  jours  d'observation  dans  ce  Iriineslre  et  voici  les  principaux 
faits  (jui  en  résultent  : 

Taches.  —  Lv  nombre  des  groupes  el  la  surface  totale  tachée  sont  un  peu  plus  forts 
([ue  dans  le  précédent  trimestre  :  soit,  45  groupes  et  2908  millionièmes  au  lieu  de 
il  groupes  et  2707  millionièmes  de  l'aire  de  riiémisphère  visible. 

On  a  enregistré  deux  jours  sans  taches  (28  août  el  \!\  septembre)  et  le  mois  d'août 


SÉANCE    DU    7    MAliS    I910.  Sg'i 

a   présenté   une  grande  diininulion   dans  l'aire  totale  tachée   par  rapport  à  celle   des 
deux  autres  mois. 

Far  contre,  les  deux  groupes  suivants  du  Tableau  1  ont  été  visibles  à  l'œil  nu  : 

Juillet 23,4  M  +*3°  de  latitude 

Septembre 28,8  (')  à  — 6"  de  latitude 

D'autie  part,  les  groupes  observés  se  répartissent  ainsi  :  aS  au  lieu  de  21  au  Sud  de 
i'équateur  et  20  au  lieu  de  11  au  Nord. 

Régions  d'actùilé.  —  On  a  noté  86  groupes  avec  une  surface  totale  de.  8g,o  mil- 
lièmes au  lieu  de  74  groupes  et  82,0  millièmes  dans  le  précédent  trimestre. 

Le  nombre  des  groupes  a  été  sensiblement  stationnaire  dans  l'hémisphère  ausiral 
(49  au  lieu  de  48)  et  il  a  augmenté  d'environ  J  dans  l'autre  hémisphère  (3j  au  lieu 
de  26).  Remarquons  enfin  qu'un  groupe  de  facules  s'est  montré  à  — 43°  de  latitude, 
en  août. 


Tableau  I. 


Tache 


Dates 

Nombre 

Pass. 

talilnile 

moyennes 

Surfaces 

Dates 

Nombre 

Pass. 

Latitudes  moyennes 

Surfaces 

ex(ri)meft 
d'obserT. 

dobser- 
lalions. 

.lu 

cenira 
iUet  . 

s. 

C\W).    —    l 

N. 

moyennes 
réduites. 

oxti'i^iues 
d'observ 

d'obser- 
vations. 

au  mer. 
central. 

A  où 

^~             N. 
(suite). 

moyennes 
réduites. 

27-1". 

« 

1  .0 

_    1 

12) 

1  2-  1  j 

4 

i3.7 

—  8 

G 

I 

1 
1 

5^5 
ti,o 

—  Kl 

-\-  G 

2 

1  1  -  1  'i 

'9 

, 

i(),7 

■7,  ' 

—  9 

4 

1 

I 

0,7 

-     —19 

7 

i3 

1 

17,2 

■+■   7 

2 

1 

1 

7,2 

2 

i3-iS 

4 

18, i 

+  9 

23 

7-9 

-. 

ij,  3 

—  8 

23 

l5-20 

j 

'9,  "' 

—  '9 

21 

12 

1 

14,3 

1-1(1 

7 

li-24 

9 

20,3 

-+-  7 

5i 

12- t.) 

'i 

1  ),ï< 

+  7 

r(; 

2V>. 

I 

2  1,1 

-H   ■>. 

H 

■y 

1 

17,0 

-.4 

10 

17-27 

4 

22,3 

—  là 

1) 

1  1 

2'  ,7 

-+-  (1 

1  (J2 

3o-3i 

■'- 

28,7 

—    ■' 

10 

U)-22 

3 

23,1 

+  i3 

9 

24  j- 

— 12'',4    -H    5" 

- 

i()-3o 

11 

24,3 

+  6 

480 

^\)'i\ 

6 

-'.4,3 

-+-1 1 

11 

Septembre.    -  i),o5. 

27 

I 

24,5 

—  1 5 

M 

19-26 

7 

25,0 

_  - 

'I9 

3o 

' 

1,8 

—  iG 

G 

22-  3 

1 1 

v8,8 

+  ii 

1 1 1 

3o-  4 

i 

6,0 

-t-  9 

62 

3i-  4 

i 

3 1 , 2 

—  5 

12 

6-1 3 

4-l3 
r  1    I  3 

5 
6 
3 

7,9 
8,0 
14 ,0 

—  2 

il8 

267 

8 

^4j. 

—  9° 

9  +  9", 

1 

-i3 

i5 

1 

20,3 

—  iG 

6 

Aoiil 

—  0,0' 

18 

I 

21,8 

-1-16 

G 

4 

I 

2,5 

—  1 J 

2 

20-27 

[\ 

22,4 

—  18 

41 

'-'-  'J 

7 

5,9 

I- 

7(i 

18-28 

8 

23,8 

-  6 

370 

1 1 

1 

s, 3 

—  1 1 

5 

22-24 

3 

28,0 

+  10 

8 

3-  7 

5 

9,i^ 

-Hlo 

i5 

■i\ 

I 

29,8 

-m4 

8 

11-12 

2 

10,3 

-f-  3 

(1 

28-  2 

3 

3f  ,9 

-1-  \ 

9 

()-  '  5 

(i 

ir,6 

— 13 

33 

'9j- 

—  ii",9  -hio" 

"g 

(')  C'est  1,7  jour  après  le  passage  de  ce  groupe  au  méridien  central  que  s'est  pro 
duite  la  très  forte  perturbation  magnétique  qui  a  fait  l'objet  de  plusieurs  Communi- 
cations insérées  aux  Comptes  1  endus. 


5q4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


1909. 


Tableau  II.  —   Dislribulion  des  laclics  en   latitude. 

Sud.                                                                             Nurd.  .Surrafc 

I                                          ^_        .^ ^ -^ .^ ^-,  Tolaux                   totales 

VO'.      30°.       20°.        10°.     0°.    Somme.           Somme.  0°.      10°.       20°.     30".       40°.     90°.  mensuels.              réduite 


Juillet 

■  :  ' 

»       3 

1)       I 

1)           2 

5 

1 1 
1 1 

.5 
6 

4 

i3 

19 

Septembre 

Totaux. . . . 

1  . 

»       6 

27 

I  j 

49 

Juillet i>        »         »         3        6           9                  8         5       3        »          »       1)  17  iiiâ 

Août ,;       »        ,)         6        3           9                 7         7       »        »         »       »  '•'  '^84 

Septembre «        »         »          5        ■>-           7                  5         3       9.        »          »        »  ii  1  J09 

Totaux »       »        »       i/i      11         25               20       i5       ">        »         »       »  45  2908 

Tableau  111.   —  Distribution  des  facules  en  latitude. 

Sad.  Nord.  Surfaces 

^ .                                    __             ^ . _«^ _  ToUui  totales 

190?.                         90°.    tO°.      30".    20".      10°.      0*.    Somroc.             Somme.           0°.    10°.      20°.      30°.    40°.    90".  mensuels.  reluîtes. 

Il             5       6       »       »       »  2,i  29,7 

i5             8       5       2       »       I)  34  34,5 

M                 3         7         I         »         1)  28  24)8 

37           16     18       3       »       »  86  89,0 


ASTRONOMIE   PHYSIQUE.    —   Sur  le  phénomène  de  Purkinje.    Note 
de  M.  Ch.  Gallissot,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Les  esliiaalions  de  grandeur  d'étoiles,  données  dans  les  principaux  cata- 
logues photométriques  présentent  des  différences  systématiques  qui  \arient 
avec  l'éclat  et  la  couleur  des  étoiles  observées.  L'attribution  de  ces  dilTé- 
rences  à  l'influence  du  phénomène  de  Purkinje  donnant  lieu  à  des  contra- 
dictions, j'ai  entrepris  une  série  de  mesures  de  laboratoire,  dans  le  but  de 
rechercher  si  l'on  pouvait  lever  l'incertitude  qu'il  introduit  dans  la  compa- 
raison de  points  brillants  diversement  colorés. 

Une  première  étude  fut  exécutée  en  comparant  deu.x  points  lumineux, 
rouge  et  bleu;  on  fait  varier  l'éclat  d'une  étoile  artificielle  rouge  dans  un 
rapport  connu,  et  l'on  mesure  la  variation  d'éclat  par  comparaison  avec 
une  étoile  artificielle  bleue  donnée  par  le  photomètre  hétérochrome  de 
M.  Nordmann,  et  inversement.  Comme  dans  chaque  série  de  mesures  l'image 
bleue  donnée  par  le  photomètre  a  été  étalonnée  avec  celle  de  la  Polaire 
donnée  par  l'équatorial  coudé  de  l'Observatoire  de  Lyon,  j'exprime  les 
éclats  en  grandeurs  slellaires;  l'éclat  h  grandeur  signifie  que  le  point  lumi- 
neux considéré  a  l'éclat  que  posséderait  l'image  d'une  étoile  de  grandeur  A 
donnée  par  un  objectif  de  28*^"  de  diamètre. 

La  discussion  de  plus  d.e  2000  mesures  d'éclat  conduit  aux  conclusions 
suivantes  : 

I"  Le  plK'niimène  de  l'iirkinje  ne  paraît  avoir  d'inthience  sensible  ((u'à  partir  de  la 


SÉANCE    OU    7    MARS    1910.  bip 

grandeur  6.  (Les  comparaiï'Oiis  d'éclats  trop  brillants  manquent  de  précision  et  les 
pointés  ne  deviennent  concordants  qu'à  partir  de  la  grandeur  4  environ.) 

2°  La  différence  entre  l'éclat  observé  et  l'éclat  calculé  augmente  au  fur  et  à  mesure 
que  l'éclat  diminue  pour  atteindre  près  d'une  grandeur  slellaire  vers  la  grandeur  11. 

3°  Le  sens  du  phénomène  pour  les  points  lumineux  est  l'inverse  de  celui  constaté 
pour  les  plages,  c'est-à-dire  que,  si  l'on  diminue  dans  le  même  rapport  les  éclats  de 
deux  points  lumineux  rouge  et  bleu  estimés  de  même  éclat,  le  rouge  parait  plus  bril- 
lant. 

4°  Les  mesures  eflectuées  sur  les  éclats  faibles  sembleraient  indiquer  que  le  phéno- 
mène se  passe  alors  pour  les  points  comme  pour  les  plages.  A  la  limite  de  la  visibilité, 
les  teintes  ne  se  diflerencient  pas;  on  est  tenté  d'observer  par  vision  oblique,  el,  dans  ce 
cas,  le  point  bleu  jugé  primitivement  d'éclat  plus  faible  que  le  point  rouge,  paraît 
nettement  plus  brillant. 

J'ai  tenu  à  souinellfc  la  troisième  conclusion  au  contrôle  de  divers  obser- 
vateurs à  l'aide  d'une  expérience  directe. 

Deux  faisceaux  lumineux  issus  de  deux  trous  A  et  B  éclairés  par  la  même  lampe 
électrique,  dont  on  maintient  le  voltage  constant,  donnent  par  rintermédiiiire  d'un  jeu 
de  lentilles  deux  images  voisines,  que  l'on  observe  à  l'aide  d'un  oculaire.  Devant 
A  el  B  on  dispose  les  écrans  colorés.  Le  faisceau  A  traversant  un  système  de  deux 
niçois,  on  peut  faire  varier  l'éclat  de  l'image  de  A  jusqu'à  ce  qu'il  paraisse  être  égal  à 
celui  de  l'image  de  B.  Enfin  les  intensités  des  deux  faisceaux  sont  réduites  dans  le 
même  rapport  par  l'emploi  d'un  disque  tournant. 

Ce  dispositif  permet  de  juger  directement  le  sens  du  phénomène  et  d'eu  mesurer 
quantitativement  l'influence.  DiflTérents  obser\  ateurs,  en  particulier  mes  collègues 
M.  Guillaume  et  M.  Luizet,  ont  eu  l'obligeance  de  faire  quelques  pointés;  leurs  obser- 
vations confirment  le  fait  signalé,  à  savoir  l'inversion  du  phénomène  de  Purkinje, 
quand  on  passe  de  l'observation  de  plages  lumineuses,  cas  où  la  rétine  entière  est 
impressionnée,  à  l'observation  de  points  lumineux  que  l'on  fixe,  c'est-à-dire  i|ui  font 
leur  image  sur  la  tache  centrale. 

La    sensibililé  complètement   difl'érente  du  centre  et  de  la  périphérie  de  la   létiiie 

clE 
entraîne    comme  conséquence  (jue  dans  la  formule  —  =  Ac/S,  qui  traduit  la  loi  de 

Fechner,  le  coefficient  A  dépend  non  seulement  de  la  longueur  d'onde  excitatrice,  mais 
aussi  de  la  région  de  la  rétine  impressionnée. 

Au  point  de  vue  photoniétrie  stellaire,  la  discussion  des  observations 
d'étoiles  montre  que  le  sens  constaté  pour  le  phénomène  de  Purkinje,  dans 
le  cas  où  la  région  centrale  de  la  rétine  est  seule  intéressée;  ne  semble  géné- 
ralement pas  convenir  aux  observations  d'étoiles  variables,  faites  par  la 
méthode  d'Argelander,  mais  paraît  nettement  être  celui  qui  intervient  dans 
les  mesures  effectuées  au  moyen  de  photomètres,  notamment  dans  celles  de 
Pickering  et  de  Pritchaid. 


Semestre.  (!'.   I5ij,  N"   10.; 


80 


Sç)6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  Tableau  suivant  traduit  les  résultats  de  mesures  de  comparaison  par 
rapport  à  une  image  bleue  de  teintes  se  rapprochant  de  celles  d'étoiles,  le 
rouge  excepté. 


Bleu 
(blanc  bleuï 

,tre) 

Estimation 

corres 

pondante  de 

l'ima 

ge- 

^" 

grandeur 

Jaune  verdàlre. 

Jaune  rougeâlre. 

Rouge. 

6,0 

6,0 

6,0 

6,0 

7>5 

7,46 

7,42 

7,36 

9>o 

8,84 

8,81 

8,68 

io,6 

10,  25 

10, j8 

9,95 

11,4 

1 1  ,o3 

10,87 

10, 65 

Ces  valeurs,  malgré  le  caractère  personnel  de  leur  délermination, 
expliquent  d'une  façon  très  satisfaisante  les  écarts  constatés  dans  les  déter- 
minations d'Harvard  Collège,  suivant  l'instrument  employé.  Quant  aux 
observations  de  Potsdam,  elles  sont  en  moyenne  peu  alî'ectées  par  le  phéno- 
mène de  Purkinje;  ceci  résulte  delà  façon  même  dont  sont  conduites  les 
mesures. 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —   Sur  la   mesure  des  ensembles.  Note 
de  M.  An\AUD  1)em.ioy,  présentée  par  M.  .Jordan. 

On  connaît  le  mode  de  mesure  des  ensembles  proposé  par  MM.  Borel  et 
Lebesgue.  Un  ensemble  E  réparti  sur  un  segment  AB  a  pour  mesure  exté- 
rieure B  la  borne  inférieure  de  la  longueur  totale  des  intervalles,  en  nombre 
fini  ou  infini,  où  l'on  peut  enfermer  les  points  de  E.  La  mesure  intérieure  B 
est  l'excès  du  segment  AB  sur  la  mesure  extérieure  B  de  E',  ensemble  formé 
par  les  points  de  AB  qui  n'appartiennent  pas  à  E.  Un  ensemble  est  dit 
mesurable  B  si  sa  mesure  extérieure  et  sa  mesure  intérieure  sont  égales. 
Leur  valeur  commune  est  la  mesure  de  l'ensemble. 

Il  est  utile,  dans  les  applications  si  nombreuses  de  cette  théorie,  d'en 
avoir  présentes  à  l'esprit  les  conséquences  suivantes.  Elles  sont  aisées  à 
établir,  mais,  à  ma  connaissance,  elles  n'ont  pas  été  signalées. 

La  condition  nécessaire  et  sujjisante  pour  qu'un  ensemble  soit  mesurable  B 
est  qu  il  soit  la  somme  d'une  infinité  dénombrable  d'ensembles  parfaits  et  d'un 
ensemble  de  mesure  nulle. 

Va\  d'autres  termes  :  Si  un  ensemble  E  est  mesurable  B,  //  est  /lossible  de 
trouver  un  ensemble  parfait  dont  tous  les  points  appartiennent  à  E,  et  dont  la 
mesure  dijfère  de  moins  de  £  de  celle  de  E,  quel  que  soit  t  supposé  positif . 

Ainsi,  dans  un  ensemble  mesurable,  l'élément  long,  c'est  l'ensemble 
parfait. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  597 

Cantor  avait  proposé  un  mode  de  mesure  des  ensembles  qui,  dans  le  cas 
des  ensembles  fermés,  donne  le  même  nombre  que  la  mesure  de  MM.  Borel 
et  Lebesgue.  Entourons  cliaque  point  de  l'ensemble  d'un  segment  concen- 
trique à  ce  point  et  de  longueur  ip,  la  même  pour  fous.  Les  points  inté- 
rieurs à  l'un  au  jnoins  de  ces  segments  forment  un  domaine  constitué  par 
plusieurs  intervalles.  La  limite  de  la  longueur  totale  de  ces  intervalles 
quand  p  tend  vers  zéro  est  la  mesure  de  l'ensemble  au  sens  de  Cantor.  Nous 
l'appellerons  mesure  C. 

Cette  définition  conduit  à  donner  à  tout  ensemble  la  même  mesure  qu'à 
son  dérivé. 

On  peut  songer  à  perfectionner  la  mesure  C  des  ensembles  en  posant  le 
principe  suivant  :  si  l'on  réunit  une  infinité  dénombrable  d'ensembles  deux 
à  deux  distincts,  la  mesure  de  l'ensemble  total  ne  doit  pas  excéder  la  somme 
des  mes.ures  des  ensembles  constituants;  et  aussi  le  suivant,  plus  précis. 
Décomposons  E  en  une  infinité  dénombrable  d'ensembles;  formons  la 
somme  des  mesures  de  ces  ensembles.  La  borne  inférieure  de  cette  somme, 
quand  la  décomposition  change  arbitrairement,  est  la  mesure  de  E. 

Après  celte  généralisation  très  naturelle,  la  mesure  de  Cantor  coïncide- 
t-elle  avec  celle  de  MM.  Borel  et  Lebesgue  pour  tous  les  ensembles  mesu- 
rables B?  D'après  la  structure  de  ces  ensembles  telle  que  je  la  décris  ci- 
dessus,  il  suffit  de  se  poser  cette  question  pour  des  ensembles  de  mesure 
nulle. 

Appelons,  avec  M.  Baire,  ensembles  de  première  catégorie  sur  un 
ensemble  parfait  P  un  ensemble  constitué  par  la  réunion  d'une  infinité 
dénombrable  d'ensembles  appartenant  à  P  et  non  denses  sur  lui.  Alors  : 

Pour  qu  un  ensemble  de  mesure  B  nulle  ait  aussi  une  mesure  nulle  dans  le 
mode  de  Cantor  généralisé,  il  faut  et  il  suffit  que  cet  ensemble  soit  de  première 
catégorie  sur  tout  ensemble  parfait  de  mesure  non  nulle. 

Donc,  le  progrés  essentiel  et  irréductible  réalisé  par  la  mesure  de  Borel- 
Lebesgue  sur  celle  de  Cantor  réside  dans  la  mesure  des  ensembles  de  mesure 
nulle;  plus  exactement,  de  ceux  qui  sont  de  deuxième  catégorie  sur  au 
moins  un  ensemble  parfait  de  mesure  non  nulle. 

Toutes  les  fois  que  se  présentera  isolément  un  de  ces  derniers  ensembles, 
toute  tentative  de  fusion  des  notions  de  mesure  B  et  de  mesure  C,  tout 
essai  de  conversion  de  l'intégrale  de  Lebesgue  en  une  infinité  dénombrable 
d'intégrales  de  Riemann,  seront  voués  à  un  échec.  (Ceci  n'a  aucun  rapport 
avec  l'extension  obtenue  récemment  par  M.  Borel  de  la  notion  de  somma- 
bililé  due  à  M.  Lebesgue.) 


3()H  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tout  ce  qui  précède  s'étend  sans  cliangement  aux  ensembles  à  plusieurs 
dimensions. 

Dans  un  autre  ordn^  d'idées,  on  sait  qu'une  fonction  de  .r  est  en  général 
(^ sauf  aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle)  la  dérivée  de  son  intégrale 
de  Lebesgue  prise  entre  x^  et  x  (x^  fixe).  Soit  /  la  longueur  de  la  portion 
de  l'ensemble  comprise  entre  A  et  le  point  M  de  AB  dont  l'abscisse  est  x. 
l  est  l'intégrale  de  Lebesgue  d'une  fonction  égale  à  un  sur  l'ensemble  et 
à  zéro  au  dehors.  Donc,  cU  '.  clx  est,  en  général,  égal  à  i,  si  M  est  sur  l'en- 
semi)le  et  nul  si  M  est  hors  de  l'ensemltle.  Donc,  l'élément  d'un  ensemble 
mesurable  B  est  en  général  un  infiniment  petit  équivalent  à  son  support,  si  ce 
dernier  a  son  origine  fixe  sur  l'ensemble  et  tend  vers  zéro.  C'est  un  infiniment 
petit  d'ordre  supérieur  à  celui  de  son  support,  si  celui-ci  a  son  origine  fixe 
hors  de  l' ensemble.  Les  points  oii  ces  énoncés  sont  inexacts  forment  au  plus  un 
ensemble  de  mesure  nulle. 

De  même,  soit  A{x,y)  Taire  de  la  portion  d'un  ensemble  E^  mesurable, 
à  deux  dimensions,  comprise  dans  le  rectangle  limité  par  les  droites  X  ^  o, 
X  =  .r,  Y  ^  o,  Y  ^  y.  Les  points  de  Ej  situés  sur  la  droite  \^  x  entre 
les  ordonnées  o  et  j'  forment  un  ensemble  en  général  mesurable  ayant  une 
cerlaine  longueur  p[x,  y),  q{x,  y)  a  une  signification  analogue,  x  el  y 
élant  échangés,  p  est  continu  relativement  'a  y,  q  relativement  à  x.  On  a, 
sauf  en  un  ensemble  de  points  de  mesure  nulle  A'^.  =  p,  A'. -— y,  et 
ensuite^,.  =  y'^.,  la  valeur  commune  de  ces  deux  derniers  nombres  étant  i 
sur  l'ensemble,  o  en  dehors.  Ces  énoncés  résultent  aussi  des  théorèmes 
de  M.  Monte!  sur  la  condition  d'intégrabilité  de  pdx-hqdy  et  me 
paraissent  en  fournir  une  des  applications  les  plus  simples  et  les  plus 
générales. 

On  montre  encore  que,  p  tendant  veis  zéro,  si  un  domaine  contenu  dans 
un  cercle  de  rayon  p  et  de  centre  fixe  M  a  une  aire  supéiieure  à  A-p-  (k  étant 
fixe),  l'élément  de  Ej  contenu  dans  ce  domaine  lui  est  équivalent  en  mesure, 
si  M  appartient  à  Eo,  est  infiniment  petit  relativement  à  lui,  si  M  n'appartient 
pas  à  Eo.  Cela  peut  être  inexact  en  un  ensemble  de  mesure  nulle. 

De  ceci  résulte  que  le  nombre  appelé  par  M.  Zoretti  dans  une  Note 
récente,  ramification  d' un  ensemble  parfait  en  un  point,  est  partout  égal  à  i 
sauf  aux  points  d'un  ensemble  de  mesure  nulle.  11  est  d'ailleurs  possible 
qu'en  ces  derniers  points  sa  connaissance  rende  des  services.  La  ramifi- 
cation en  tout  point  d'un  ensemble  d'aire  nulle  est  évidemment  nulle, 
puisqu'elle  est  l'intégrale  d'une  fonction  nulle  partout  sauf  aux  points  d'un 
ensemble  de  mesure  nulle. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  099 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  le  groupe  symétrique  et  le  groupe  alterné. 
Note  de  M.  dk  Skouier,  présentée  par  M.  Jordan. 

1.  Considérons  le  système  d'équations 

/   a^=:a,         ^'=(3,         (rtif')'-'=y,         {ab-'aby—è,         {ab^i ab'Y=  Ej. 

\  c,  (3,  y,  0,  £y     sont  permutables  à     a,   b\ 

(S)     '  ieslia;  y  =  i,3,...,T,  Tetantleplusgrandenlierl-; 

si  <  ^  3,"  il  faiil  supprimer  réquatiou  (ab^J  ab^  )-=z  sj] 

si  Z  =:  2,  il  fiuil  encore  supprimer  (ab~' aby^d, 

et  le  système  (A)  obtenu  en  adjoignant  à  (S)  les  équations 

I  c'r^k,         (acy=K,         {cb-''ab"Y—-nA, 

(i)      <  (■     est  permutable  à     a.  [3,  y,  ô,  £y  ;  A,  Ç,  y]/,.     sont  permutables  à     «,  /y,  c; 

'  /i  :=  I ,  .  .  . ,  ^  —  2;  si   <  ;:  3,      il  faut  supprimer     {cb-'^ab'')-z^ri/i. 

Lorsqu'on  réduit  les  seconds  membres  à  i,  (S)  définit  le  symétrique  de 
degré  t,  et  (A)  l'alterné  de  degré  n  =  /  -4-  2  (  '  ). 

2.  Le  système  des  consécjuences  de  (S)  entre  a,  [î,  y,  0,  £,  =£,...,£,. 
équivaut  au  système 

1£yi=£;  £-=!«';  ô  ::=  «•"     si  /  est  impair;  o  =:  «£     si  <  est  pair; 

(3'-'-/'£'a"'=:i; 
,.„.    ,  /=lilZll)      si/  =  2.;  ^^(^+0(r  +  2)      ^;^^^^^ 

'22 

t{l-i)  , 

2 

Le  système  des  conséquences  de  (A)  entre  a,  [3,  y,  0,  £,,  ...,  e^,  x,  'C, 
"11!  •  •  •!  'If-a  équivaut  au  système  (Au)  formé  de  (So)  et  des  équations 


SI   «  =  <  +  2  est 

?^'i, 

^/.^■li, 

■nl  =  ix''x-, 

Ç==a£x^ 

si   n  =:  6, 

■03  — nt, 

Yl^=:r,?  =«'•/% 

Ç-  =  as  ■/.'- 

(')  L'équation  (rtè)'-'=:i  qui  ligure  alors  dans  (S)  et  dans  (A.)  avait  été  omise 
dans  un  travail  précédent  (/.  M.,  1902);  mais  j'ai  reconnu  depuis  qu'elle  était  néces- 
saire. Je  me  servirai  dans  ce  f|ui  suit  de  la  même  terminologie  que  dans  ma  Note  du 
29  juillet  1907  (Comptes  rendus^  t.  CXLV,  p.  3o3;  au  n°  3,  il  faut  lire  \j.^^i  au  lieu 
de  [i.=^i)  et  dans  mes  Eléments  de  la  théorie  des  groupes  abstraits  (Gautliier- 
Villars,  1904)  auxquels  je  renverrai  par  la  lettre  E. 


6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3.  Le  symétrique'  a  deux  figuratifs  distincts  qui  sont  définis  par  le  sys- 
tème (S)  joint  à 

(3)  «==£•'-,  .     p  =  £    '         ,        7  =  13,        ô  =  ï'+'^+',        s-=i, 

/ayant  le  même  sens  que  dans  (S,,);  les  deux  fii^uratifs  répondent  aux  choix 
a?  =  o,i. 

L'alterné  de  degré  «  =;  z  +  2  n'a  qu'un  figuratif  défini  par  le  système  (A) 
joint  à 

//J\      )    si  n^6,         «  =  £,         (3  =  £     '  ,         y  =  |3,         S  =  î',         Ç=rY),z=x^£,        £^:=i; 

(    si  /i:=6,  «  =  (3  ^  y  =  Çr::-0i=03=  X  =  £,  0  =  1,  £^=I,  -fl.^=:£, 

/ayant  le  même  sens  que  dans  (Sj,). 

L'ordre  du  multiplicateur  pour  «  =  6  avait  déjà  été  déterminé  par 
M.  Schur(Crelk,  t.  132,  19*7,  p.  120). 

Dans  le  cas  n  =  6,  le  groupe  K  défini  par  (A)  et  (4)  pour  t  =  i  admet  la 
représentation  imprimitive  de  degré  18 

a  =  ai(32.(3,yj.yi«s.a3«4.p3[34.y3y4, 

Z)  =  «,  a, .  «3  «4  «5  «6 .  (3,  Ps .  p,  Pi  [Ss  [3c .  y,  yj .  y,  '/>,  y&yt,, 

C  =  «iy3y2-[3i5(3«2-yi|33|32.a4y4pi-ai(3ôy»- 

On  en  obtient  une  représentation  linéaire  en  considérant  les  variables  du 
groupe  de  M.  Valentiner  (sous  la  forme  donnée,  par  exemple,  par  M.  Ger- 
baldi,  1{.  C.  M.  P.,  1898,  p.  33;  cf.  Maschke,  M.  A.,  t.  LI,  p.  253)  comme 
non  homogènes  et  en  multipliant  chaque  générateur  par  une  substitution 
de  la  forme  |  [Ji.r,  [/.y,  as  |,  de  manière  à  réduire  son  déterminant  à  i . 

4.  La  spécialité  (E.,  i34)  du  groupe  de  Sylow  G  d'ordre//"  du  synié- 
tri(jue  S  de  degré  //"  est  maxima.  Les  équations  de  G  se  déterminent  par 
récurrence  en  partant  des  équations  suivantes  relatives  au  cas  m  =  1: 

l'l=i,        t,tk—t/J,       (/,  A-  =  o,  ...,/> —  1),       si'=t„,       *-'/,^  =  <,■<;_',        {t_^  —  ^). 
Il  y  a  dans  S  p^(p  —  i)"'0^  ~  '^'"  'P')  substitutions  permutables  à  G  ('). 


(')  M.  l^indlay  a  lUudié  G  à  un  aulie  point  de  vue  [Transaci.  oj  ihc  Am.  Mallt. 
Soc,  iyo4,  p.  263-278). 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  60I 

ANA[.YSlî  MATHÉMATIQI  E.  —  Sur  le  développetnenl  d'une  fonctinn  arbitraire 
en  séries  procédanl  suivant  certaines  fonctions  fondamentales.  Note  de 
M.  W.  SrEKr.oFF,  présentée  par  M.  I^nile  Picard. 

Supposons  que  la  fonction  p(x)  de  l'équation  (i)  de  ma  Note  précé- 
dente (')  reste  positive  dans  l'intervalle  (a,  /)),  et  entendons  par  )^/,  et  V,,  {x) 
les  nombres  caractéristiques  et  les  fonctions  fondamentales  correspondant  à 
l'équation  (i),  jointe  aux  conditions  aux  limites  (3),  où  a,  et  bi  satisfont  à 
l'un  des  trois  types  de  conditions  du  théorème  énoncé  dans  la  Note  que  je 
viens  de  citer. 

La  méthode  développée  dans  mon  Mémoire  :  Problème  de  refroidissement 
d'une  barre  Itétérogéne  (^Annales  de  Toulouse^  190 1,  n"^  15-18,  p.  3oo-3o5  ) 
s'est  montrée  applicable,  presque  sans  changements,  à  toutes  les  fonctions 
fondamentales  tout  à  l'heure  mentionnées. 

En  appliquant  cette  méthode,  on  obtient  tout  d'abord  la  proposition 
suivante  :  Quelle  que  soit  la  fonction  f(^x),  continue  avec  sa  dérivée  première 
dans  l'intervalle  (a,  b)  et  satisfaisant  aux  mêmes  conditions  aux  limites  que 
les  fonctions  considérées  \/,.  (a;)  (voir  les  équations  (3)  de  ma  Note  précé- 
dente), on  a  toujours 

r''  "  r'' 

j    p{x)p{x)dx^^Al,  A,=J    p{x)f{x)\',{.T)dx. 

"  k  =  \  " 

De  cette  proposition  on  tire  ensuite,  moyennant  la  méthode  indiquée 
dans  mes  Mémoires  :  Théorie  générale  des  fonctions  fondamentales  (^Annales 
de  Toulouse,  1905,  p.  [\i  1-419)  et  Sur  certaines  égalités  communes  à  plusieurs 
séries  de  fonctions,  etc.  (^Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences  de  Saint-Péters- 
bourg, 190  j,  n°^  5-9),  ce  théorème  général  : 

Théorème.  —  Quelles  que  soient  les  fonctions  f(x')  et  o  (x),  intégrahles 
dans  l'intervalle  (a,  h),  on  a,  pour  toutes  les  fonctions  fondamentales  V;;  (ii-) 
de  ma  Note  précédente,  le  développement  suivant  : 

r'' 

j    p{x)/{x)cf(j,-)djc=^A,,B,„ 
"  /,  =  i 

A,,-=^    lji.r)f{.c)\,,(.c),l.i-,  n,^-^f    p{.r) '.{.>■)  y, (,i:)dx. 

(*)  Comptes  rendus,  si  février  1910. 


6o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  s'ensuit  immédiatement  le  théorème  suivant  : 

Théorème.  —  T ouïe  suite  de  fondions  fondamenlales  dont  l'existence  est 
établie  dans  ma  Note  précédente  est  fermée,  pourvu  que  la  fonction  p  (^x^  reste 
positive  dans  l'intervalle  donné  (a,  b). 

11  est  évident,  en  effet,  que  toute  suite  de  fonctions  V/,(.r)  orthogonales  et 
normales  satisfaisant  à  l'égalité  (i)  (l'égalité  caractéristique)  est  nécessaire- 
ment fermée  ('  ). 

L'égalité  caractéristique  (i)  conduit  ensuite  à  ce  théorème  : 

Théorème.  —  Soit  V^(.'r)  (A"  =  i,  2,  3,  . . .)  l'une  des  suites  de  fonctions 
fondamentales  satisfaisant  aux  conditions  (3)  de  ma  Note  précédente, 
où  ai,  bj  sont  des  constantes  appartenant  à  l'un  des  trois  types  signalés  dans 
cette  Note  {Comptes  rendus ,  21  février  1910). 

Toute  fonction  fi^x)  continue  admettant  la  dérivée  première  dans  {a,  b) 
et  satisfaisant  aux  mêmes  conditions  aux  limites  que  les  fonctions  Y^  (x)  se 
développe  en  série  uniformément  convergente  de  la  forme 

/  =  1  " 

Pour  établir  ce  théorème,  il  suffit  de  répéter,  avec  des  modifications 
légères,  les  raisonnements  du  n°  22  de  mon  Mémoire  :  Problème  de 
refroidissement,  etc.  (p.  3oy)  ainsi  que  ceux  de  ma  Note  :  Sur  un  problème 
(V Analyse  intimement  lié  avec  celui  de  refroidissement  d'une  barre  hétérogène 
{Comptes  rendus,  le  8  avril  1907). 

Dans  certains  cas  on  peut  s'affranchir  de  la  restriction  que  la  fonction  f  (x) 
satisfasse  aux  mêmes  conditions  aux  limites  que  les  fonctions  Y^  (x),  ce  qui  a 
lieu,  par  exemple,  pour  toutes  les  fonctions  fondamentales  correspondant 
au  troisième  type  de  conditions  aux  limites  de  ma  Note  précédente. 

Les  résultats  généraux  que  je  viens  d'indiquer  dans  ces  Notes  contien- 
nent comme  des  cas  particuliers  plusieurs  résultats  obtenus  récemment  par 
d'autres  auteurs  à  l'aide  de  méthodes  différentes. 

Je  remarquerai,  enfin,  que  la  méthode  adoptée  dans  ces  Notes  s'étend 


(')  11  en  résulte  que  tous  les  systèmes  de  fonctions  d'une,  de  deux  et  de  trois 
variables,  énumérés  dans  mon  Mémoire  déjà  cité  :  Sur  certaines  égalités  géné- 
râtes, etc.,  sonl  fermés. 


SÉANCE    DU    7    MARS    19IO.  ()o3 

aussi  à  certaines  équations  linéaires  aux  dérivées  partielles,  par  exemple  à 
l'équation  connue 

OÙ  />(if,  y,  z)  est   une   fonction  assujettie   à    une  seule   condition  d'être 
continue  dans  un  domaine  donné. 


ANALYSE  MAïHÉMAllQUE.  —  Dc\'eloppemenls  suivant  certaines  solutions  sin- 
gulières. Note  de  M.  Joseph  3Iarty,  présentée  par  M.  Kmile  Picard. 

Conservant  les  notations  de  ma  précédente  Communication  ('),  je  vais 
montrer  comment  il  est  possible  d'obtenir  certains  développements  (-)  sui- 
vant les  solutions  singulières  de  l'équation  intégrale  (i). 

Des  fonctions  '^/fÇx),  •\/.,(x),  ...,  telles  qu'il  n'existe  aucune  de  leur 
combinaison  linéaire,  en  nombre  fini,  non  identiquement  nulle,  qui  soit 
conjuguée  à  elle-même  (c'est  le  cas  pour  les  solutions  singulières)  peuvent 
se  remplacer  par  un  système  linéairement  équivalent  de  fonctions  ^, (a*), 
^2(^),  . .  • ,  conjuguées  deux  à  deux  et  normées,  c'est-à-dire  telles  que 


/■/ 


M^;  y) 9p{-'-)?,,iy)(i {■>;}■) 


o     p^q' 


dans  ce  qui  suit  nous  supposerons  les  solutions  singulières  ainsi  normées. 
On  aura  alors,  pour  une  fonction  /"(a;)  intégrable  et  de  carré  intégrable, 
en  posant 

la  relation 


/(.')-2 A ?/.{,>')  \(i(^;y) 


=ff 


^(■>;y)f{-r)Ay}-2,/l, 


et,  par  suite,  la  somme  V/j'  converge;  l'intégrale  I„  a  une  limite  pour 

•   fi   •  ''=' 

n  innni. 

(')  Comptes  rendus,  28  février  1910. 

(2)  Cf.  HiLBF.RT,  Gi/tl.  JSachrichten,  rgoG,  p."462-472. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N°  10.)  81 


(■)a/|  ACADÉMIR    DES    SCIKNCRS. 

Kn  posant 

/(.r)  =  A(.r)k(.r,  ;), 
OU  ol)lienl  : 

i"  Le  nombre  des  solutions  singulières  linéairement  indépendantes  cor- 
respondant à  une  valeur  singulière  A  est  fini  ; 

2"  La  série   des  inverses  des  cubes  de   toutes  les   valeurs  singulières, 
comptées  chacune  avec  son  ordre  de  multiplicité,  converge  absolument; 

3"  La  série  y  ^^y^-^  converge  uniformément. 

D'autre  part,  si   le  noyau   K(a7,  /)  a  1»  solution  singulière  0|(r),  on 
montre  aisément  que 

?i('^')?i(7) 


G 


{.r,j)=:K(a-,j)  — ^ 


\K{.x)\{y) 


est  défini  et  les  noyaux  G  et  K  ont  les  mêmes  solutions  singulières  pour  les 
mêmes  valeurs  singulières,  sauf  9, (.r)  qui  n'appartient  pas  à  G. 

Comme  application  immédiate,  dans  le  cas  où  le  nombre  des  valeurs  sin- 
gulières est  fini,  on  a 

/■  =  ' 
H(a7,^)  n'ayant  aucune  solution  singulière,  c'est-à-dire 

i\\{.r,l)K(l)\\{t,y)dl  =  o, 

d'où  (  •  ) 

Des  propriétés  indiquées  plus  liaul  on  déduit  la  convergence  pour/)^'i 
des  séries 

et  l'inégalité  fondamentale  jointe  à  l'inégalité  qui  s'en  déduit 


(«)  ff^{-'--.y)  "(■'■)  "i.r)'fi-r,y)i/  I  j  K'-(.r,y),/{x,y) 

'^j  dx\    j  K(.r,y)„{y)(ly\  . 


(')Cf.  /<„:  ci/.,  |..  ',7 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  6o5 

pernicl  de  montrer  que 

De  la  même  manière,  si  la  série  So(.r,y)  converge  unilorniémenl,  elle 
esl  égale  à  K^(a',  y). 

De  ces  développemenls  on  déduit  la  conséquence  qu'une  fonction  /iÇl'), 
conjuguée  à  toutes  les  solutions  singulières  de  (i  ),  esl  telle  ([ue 

I  K.AJ-,y)/i{Y)(/y~o. 

Etant  don.iiée  une  (oucùon  f(x)  par  la  relation 

/(  u-)  =  A(.r)J'K,{.r.  y)A-{y)dy, 

g( y)  étant  continue  comme  A(,v),  la  série 

,v(.r)  rzry,cp,(j;)  -+-/,9,(,l-)  +.  .  . 

converge  uniformément;  cette  série  est  égale  ^/(x)  (  ');  la  démonstration 
se  fait  en  écrivant 

J(^-):=A{x)jh(x,y),/{y)dx, 
puis  en  posant 

'/(-'■)  =  7191  <■*■)  +  '/2?2('«-)  +  •••+  '/«?"(-*■■)  +  '\.{J--); 

tenant  compte  de  la  formule  trouvée  pour  le  développement  de  K.j(x,y), 
on  voit  que 

J  jK{j:.y)r„{.v)r„{y)ci{.i-,y) 

tend  vers  zéro,  propriété  (pii,  jointe  à  la  relation  (a),  iiumlre  (jue 

I  W^x,y)r„{y)dy 

tend  vers  zéro. 

D'une  manière  analogue,  si  une  fonction  /  (  x  )  est  égaie  à 

f{a;)  =  \(,x)JK{j.;y)^'iy)dy, 
on  pourra  écrire 


(  '  )  Cl',  /oc.  cit.,  |).   170. 


6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pourvu  (jue  la  série  du  second  membre  convcrg;e  uuiformémenl,  et  la  fonc- 
tion h(x)  sera  telle  que 

jK(a;,r)/i{Y)dy  =  o. 

En  particulier,  si  le  noyau  K(.r,  y)  csl  ferme,  la  série  sera  égafe  à  la 
fonction /(a). 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Contribution  à  la  géométrie  des  courbes 
planes  générales.  Note  de  M.  Sir>isMO?iD  Janiszewski,  présentée 
par  M.  Appell. 

TuKORKMi:  A.  —  Soil  C  une  courbe  /ilanr,  qui  a  au  plus  un  nombre  limité  de 
points  ou  de  segments  communs  avec  chaque  segment  de  longueur  finie  d'une 
droite  arbitraire  ;  je  dis  que  C  a  au  moins  une  tangente  en  chaque  point. 

Je  nomme  courbe  un  ensemble  de  points  continu  (au  sens  de  G.  Cantor) 
ei  sans  points  intérieurs;  arc,  une  courbe  faisant  partie  d'une  autre  courbe; 
arc  simple  AB,  un  arc  comprenant  les  points  A  et  B  et  tel  qu'on  ne  peut  lui 
enlever  aucun  point  sans  qu'il  cesse  d'être  un  arc  ou  de  contenir  A  et  B. 

Je  nomme  tangente  à  une  courbe  au  point  A  une  droite  /  telle  que  pour 
chaque  angle  S  (aussi  petit  qu'on  veut)  on  puisse  trouver  un  cercle  de 
centre  A  assez  petit  pour  que  la  droite  AM  fasse  avec  /  un  angle  plus  petit 
que  0  pour  chaque  point  M,  situé  sur  un  arc  de  la  courbe  intérieur  au 
cercle  en  question  et  contenant  A,  mais  tel  que  l'arc  simple  réunissant  deux 
de  ces  points  ne  contienne  pas  A. 

Considérons  une  suite  de  cercles  y,,  Yn,  ...  de  centre  A  el  de  rayons  p,, 
p.j,   ...;  soit  limp„=o.   Considérons    encore  sur  C  un  point  P  et  un  arc 

simple  r,  joignant?  à  A.  L'existence  de  F  est  garantie  par  le  théoième 
suivant,  facile  à  démontrer  :  Sur  une  courbe  quelconque  il  existe  toujours 
au  moins  un  arc  simple  joignant  deux  de  ses  points  donnés.  Soit  P„  un 
point  de  V  entre  y,,  et  y„+,  ;  et  soit  c„  un  arc,  composé  de  tous  les  points 
de  C  qui  sont  réunis  avec  P„  par  des  arcs  intérieurs  à  y„  et  ne  contenant 
pas  A.  La  tangente  sera  définie  au  moyen  de  la  suite  des  c„  et  dépendra 
donc  uniquement  du  choix  de  l'arc  F.  Soit  enfin  c^,  la  partie  de  c„  située 
entre  yn  et  y«+i-  Menons  le  diamètre  AP„  el  déterminons  le  plus  grand 
angle  de  sommet  A  qui  renferme  le  rayon  opposé  au  rayon  AP„  et  ne  ren- 
ferme aucun  point  de  c',.  Cet  angle  peut  être  égal  à  zéro,  mais  il  est  toujours 


SÉANCIi:    UU    7    MARS    1910.  607 

cl(''leriiiiné.  Soient  1*),  el  PJ,  les  points  dec,',,  situés  respectivement  sur  l'un 
et  l'autre  côté  de  cet  angle.  Je  dis  que  AP„  et  AP),  tendent  pour  n  inlini- 
nient  grand  vers  une  droite  limite  commune  /,  et  que  l  est  une  tangente 
de  C. 

Supposons  que  la  droite  /  n'existe  pas.  Alors,  ou  AP^,  et  AP^Î  tendent 
vers  des  limites  diil'érentes;  ou  l)ien  l'une  d'elles  au  moins,  AP',",  ne  tend 
vers  aucune  limite.  Dans  ce  second  cas,  l'ensemble  de  demi-droites  AP^"  a 
au  moins  deux  demi-droites  limites  (  '  ).  Un  des  deux  angles  qu'elles  forment 
est  entièrement  couvert  une  infinité  de  fois  par  des  angles  PJ,APJ,  (par 
l'angle  P^AP^  j'entends  celui  qui  contient  P„  à  l'intérieur).  Car  deux  angles 
consécutifs  P^,APJ,  et  P,',^,  AP^^^,  doivent  avoir  une  partie  commune;  sinon 
c,',  et  c^,^,  n'auraient  pas  de  points  communs,  ce  qui  est  évidemment  impos- 
sible. Il  est  donc  clair  que  dans  chaque  cas  il  y  aura  une  droite  g  passant 
par  A  et  contenue  dans  l'angle  P^^APJ,  pour  une  suite  infinie  de  valeurs 
de  «  :  «,,  /?2,  .... 

Il  existe  par  hypothèse  un  arc  c,  réunissant  P„^  et  P), ,  mais  ne  contenant 
pas  A.  Soit  0,  la  plus  courte  distance  de  A  à  c^  et  soit  p*, <C  ^i  ;  ^'x  désignant 
des  nombres  contenus  dans  la  suite  «,,  n.,,  ....  A  p^^  correspondent  P^^  et 
P^' ,  c^  ,  0^,  et  à  Oo  correspond  p;,  .  Continuant  ainsi,  nous  obtiendrons  une 
suite  infinie  d'arcs  c,,  c^  ,  q  >  •••  sans  points  communs  et  dont  chacun  est 
coupé  par  g.  Alors,  il  y  aurait  sur  un  segment  de  longueur  p,  de  ^  un 
nomlire  infini  de  points  de  C  conlre  l'hypothèse.  Donc,  la  droite  /  existe. 

Pour  chaque  £  positif  donné  on  peut  trouver  un  entier  N  tel  que  l'angle 
de  /  avec  AM  soit  plus  petit  que  £,  lorsque  M  est  un  point  de  Cy.  11  suffit  de 
prendre  N  tel  que  tous  les  angles  P^^^;.  Ai  et  Pl^^^  A/  soient  plus  petits  que  z. 
Donc  ^est  une  tangente  à  C  en  A. 

Thkoiiéme  B.  —  Une  courbe  C,  n'ayant,  dans  un  domaine Jlni  quelconque, 
(fu  un  nombre  fini  K  de  points  multiples  et  jamais  plus  de  N  (^entier  positif 
//.le )  points  communs  avec  une  droite  quelconque  parallèle  à  l une  de  deux 
directions  fixes  otet  ^,  est  rectifiable. 

.le  nomme  multiple  un  point  A,  si  l'on  peut  trouver  plus  que  deux  arcs 
simples  se  terminant  en  A  et  n'ayant  pas  d'autres  points  communs. 

Lkmme  1.  —    Une  ligne  polygonale  \j  renfermée  dans  un  losange  de  côtés 


(')  Dans  le  sens  de  la  lliéorie  des  ensembles  {llâufiingxstelle). 


6o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  longueur  d  et  ii'ayanl  jamais  plus  de  N  points  romnmns  aire  une  droite 
parallèle  à  un  des  cotés  du  losange  a  une  longueur  plus  petite  que  \  Nd. 

Divisons  les  segments  de  L  en  deu\  classes  :  la  première,  composée  de 
scgmenls,  qui  font  un  angle  plus  petit  avec  Tun  des  côtés  du  losange  (que 
j'appelle  le  premier)  qu'avec  l'autre;  et  la  seconde  classe,  composée  de  tous 
les  autres.  Nous  projetons  les  segments  de  la  première  classe  sur  le  premier 
côté  par  des  droites  parallèles  au  second  côté;  et  les  segments  de  la 
deuxième  classe  d'une  manière  analogue  sur  le  second  côté.  Soit  a'  la 
projection  d'un  segmenta.  Il  est  évident  cjuc 

a  <  2a'         (îi         V  „'    .,  N'/ 

("parce  <jue  les  a'  d  une  classe  ne  pensent  couvrir  le  côté  correspondant  du 
losange  plus  de  N  fois).  D'où 

Il  est  facile  de  démontrer  le  : 

Lemmk  2.  —  Soient  n  le  nombre  de  points  d  intersection  il  une  droite  a\ec 
une  courbe  quelconque  et  m  le  nombre  correspondant  pour  la  même  droite 
et  une  ligne  polygonale  inscrite,  cest-à-dirc  formée  de  cordes  de  la  courbe, 
de  telle  /ai,on  qu'à  un  point  quelconque  <le  la  courbe  corresponde  une  et 
une  seule  de  ces  cordes,  sauf  pour  les  points  communs  à  la  courbe  et  aux 
cordes.  On  a  ni  i  n. 

Je  reviens  au  théorème  15.  Considérons  un  losange  de  côtés  parallèles  aux 
directions  a  et  j5  et  qui  renferme  C.  Soit  d  la  longueur  de  son  côté.  Je  divise 
ce  losange  en  i-"  losanges  congruents.  La  longueur  totale  des  lignes  poly- 
gonales quelconques  inscrites  aux  arcs  intérieurs  aux  losanges  partiels, 
contenant  les  points  multiples,  est  plus  petite  que  -^-^^  KX^;  elle  tend  donc 

vers  zéro  avec  -•  H  y  a  au  plus  4  N  arcs,  restant  à  l'intérieur  et  ayant  leurs 
extrémités  sur  la  périphérie  de  chacun  des  autres  losanges  partiels.  Chacun 
de  ces  arcs  n'a  que  deux  extrémités.  Enjoignant  les  extrémités  appartenant 
au  même  arc,  j'obtiens  une  ligne  polygonale  inscrite,  dont  chaque  segment 

est  plus  petit  que  -;^,  •  Quand  n  croit,  sa  longueur  totale  L„  ne  décroît 
jamais  cl  reste  toujours  plus  petite  que  'i  N^/.  Donc  lim  L„  existe.  Cette 
limite  est  la  louiiueur  de  C. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  (iop 

Car,   soit   L„  la  loni;ueiir  d'une  lijinp  polygonale   inscrite  quelconque 
n'ayant  qu'un  nombre  fini  de  segments  tous  infiniment  petits  avec  -• 
On  peut  trouver  pour  chaque  s.,  n,  m  les  entiers  «,,  w,  tels  (pi'on  ait 

l;  <  l„,  +  c.    l„,  <  l;„,  +  s. 

Ceci  démontre  que 

lim  L',  =  liiii  L„. 


HYDRODYNAMIQUE.   —  Sur  les  ondes  liquides.  Note  de  M.  Hadamaro, 
présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

Je  désire  reprendre  ici  sommairement  une  indication  qui  figure  dans  un 
Mémoire  présenté  antérieurement  à  l'Académie  ('  )  concernant  la  propaga- 
tion des  petits  mouvements  à  la  surface  d'un  lifjuide  parfait.  Celte  propa- 
gation a  été  étudiée  pour  les  profondeurs  très  petites  par  Lagrange,  pour 
les  profondeurs  indéfinies  ou  constantes  (avec  dimensions  horizontales  in- 
définies), par  Cauchy,  Poisson  et  enfin  par  M.  Boussincsq  (voir  aussi  les 
Thèses  de  MM.  Rousier  et  Vergne).  Dans  ces  différents  cas,  l'équation  qui 
régit  le  phénomène  a  été  formée. 

Pour  un  vase  de  forme  cjuelconrjue  on  a  dû  jusqu'ici,  avec  M.  Poincaré, 
tourner  la  difficulté  en  se  bornant  à  considérer  les  solutions  périodicjues  de 
la  forme /(j7,j')  cosA/. 

Il  y  a  cependant  quelque  intérêt  à  former  l'équation  générale  à  laquelle 
doit  satisfaire  le  mouvement  dans  des  conditions  initiales  quelconques.  Cet 
intérêt  ne  peut  qu'être  augmenté  par  une  circonstance  remarquable  qui 
constitue  une  des  difficultés  du  problème  :  à  savoir  la  différence  profonde, 
de  caractère  analytique  entre  le  mouvement  interne  et  le  mouvement  de 
surface  qu'on  doit  en  déduire. 

Nous  allons  voir  d'ailleurs  qu'une  autre  raison  a  empêché,  non  seule- 
ment d'obtenir  cette  équation,  mais  encore  de  la  reconnaître  comme  telle 
dans  les  cas  même  où  on  l'a  possédée. 

L'équation  dont  il  s'agit  revêt  en  effet  une  forme  différente  de  celle  qui 
se  présente  en  général  dans  les  questions  classicjues  de  Physique  mathéma- 


(')   Mémoires  des  Sarants  étrangers,  t.  WXIH,  n"  V,  p.  'i']  (fin  du  Chapitre  II). 


(ilO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lique.  Ce  n'est  pas  une  équation  aux  dérivées  partielles,  mais  une  équation 
intégro-différentieUe^  suivant  une  loculioii  duo  à  M.  Volteira  ('). 
Pour  l'obtenir,  rappelons  qu'on  a 

O'-z  _  i)'L 

or-  ~~  ôz  ' 
où  'j/  ^  -7y  est  la  dérivée  par  rapport  au  temps  du  potentiel  des  vitesses.  La 
fonction  harmonique  -j;  est  définie  par  les  conditions  aux  limites  suivantes  : 

-r-  =o     sur  la  paroi  mouillée  .1; 
du  ' 

i{/  =:  —  gz     sur  la  surface  libre  S  du  liquide. 

La  détermination  d'une  fonction  harmonique  par  ces  conditions  est  ce 
que  j'ai  appelé  (-)  un  problème  mixte.  On  peut  regarder  un  tel  problème 
comme  résolu  si  l'on  connaît  \a  fonction  de  Green  correspondante  i,'  (M,  V). 

Du  moment  qu'on  se  borne  à  des  mouvements  assez  petits  pour  que  les 
carrés  des  déplacements  et  des  vitesses  soient  considérés  comme  négli- 
geables, on  peut  d'ailleurs  calculer  g  comme  si  le  liquide  était  à  l'étal  de 
repos,  la  surface  libre  étant  réduite  au  plan  z~  a.  La  formule  qui  fait 
connaître  '^  conduit  alors  à 

^    '  dr  4i:'  OzJ  J     du 

où  l'intégrale  double  est  étendue  à  la  surface  libre,  la  valeur  de  z  sous  ce 

signe    /  /  étant  la  dénivellation  à  l'instant  considéré. 

Prenons  le  cas  du  liquide  indéfini  tant  en  profondeur  que  dans  ses  di- 
mensions transversales.  On  a  alors 

en  désignant  par  P'  le  symétrique  de  P  par  rapport  au  plan  ^  ^  o,  par  r  la 

(')  Rendic.  Ace.  dei  Lincei^  2  février  1909.  L'équalion  que  nous  éludions  ici  est 
d'ailleurs  d'un  type  tout  diflTérent  de  celui  qui  a  été  traité  par  M.  N'olterra.  Dans  le 
Mémoire  cité  plus  haut,  j'avais  employé  pour  le  même  objet  la  dénomination  d'équation 
intégrale  mixte. 

(")  Voir  mes  Leçons  siif  la  propagation  des  ondes,  Clhap.  1,  n°  7.  L'étude  des  pro- 
blèmes de  celle  espèce  a  été  notablement  perfectionnée  dans  une  récente  Note  de 
M.  Brillouin. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  611 

dislance  MP  et  par  [/(M,  P)]  (quelle  que  soit  la  fonction/  des  coordon- 
nées de  M  et  de  P)  la  différence  f(M.,p)  —  /'(M,  P').  La  formule  (2) 
donne,  dans  ces  conditions, 

Or  cette  équation  avait  été  déjà  écrite,  sous  une  forme  équivalente  au  fond, 
par  M.  Boussinesq  (').  C'est  elle  qui  constitue,  dans  le  cas  où  nous  venons 
de  nous  placer,  l'équation  cherchée. 

Il  y  a  lieu  de  se  demander  immédiatement  si  cette  équation  (4)  donne 
l'équation  aux  dérivées  partielles  de  Cauchy,  savoir 

d'z  ,d'z       ô'z\ 

La  réponse  est  affirmative.  Mais  si  la  première  de  ces  équations  a  comme 
conséquence  la  seconde,  Vùn-erse  n'a  pas  lien. 

L'équation  (5)  admet  une  foule  de  solutions  étrangères  au  problème. 

Tel  est  évidemment  le  cas,  tout  d'abord,  pour  celles  qu'on  obtient  en 
changeant  ^  en  — g  dans  (j)-  Mais  il  yen  a  une  infinité  d'autres,  puisque 
dans  (5)  on  peut  se  donner  arbitrairement  :;  et  ses  trois  premières  dérivées 

par  rapport  à  /,  pour  /  =  o,  tandis  que,  en  vertu  de  (4),  s  et  j^,  une  fois 

à'-:        à^ - 
donnés,  déterminent  -t-t  et-r-^- 
'  at-       Ot' 


Ot 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Questions  de  Physique  mathématique  compor- 
tant des  conditions  différentes  sur  diverses  parties  d' une  même  frontière. 
Note  de  M.  Marcel  Brii.louik. 

1.  Je  crois  utile  de  préciser  comment  les  principes  que  j'ai  récemment  in- 
diqués s'appliquent  lorsque  le  problème  comporte  plusieurs  fonctions  incon- 
nues et  plusieurs  variables  indépendantes  sur  la  frontière. 

Je  suppose  que  les  équations  aux  dérivées  partielles,  d'ordre  n,  en  nombre 
égal  au  nombre  des  fonctions  inconnues,  sont  linéaires,  et  ont  pour  coef- 
ficients des  fonctions  données  des  variables  indépendantes,  finies  et  continues 
dans  le  domaine  étudié;  de  mémo  les  conditions  à  la  frontière  peuvent  être  de 
divers  types,  linéaires  par  rapport  aux  fonctiolis  inconnues  et  à  leurs  dérivées 


(')   \oir  la  Thèse  citée  de  M.  N'eigne,  p.  3^,  équation  (24). 
G.  K.,  lyi",  I"  Semesire.  (T.   150,   N"  10.) 


82 


6l'2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

langentiellcsou  normales  jusqu'à  Tordre  («  —  i)  ;  on  en  associe  un  nombre 
convenable  dans  chaque  cas. 

Soient  ^,  •/),  t,  T,  les  variables  indépendantes,  et  L,  M,  N,  les  fonctions  à 
déterminer. 

Supposons  que  la  frontière  soit  définie  par  t  =  o,  et  que  les  ^,  y],  t  restent 
compris  entre  des  limites  qui  excluent  toute  singularité. 

Supposons  que  Ton  connaisse  trois  smles/ermées  d'intégrales  simples /^y^, 
niij/,,  njj,,,  à  trois  indices  entiers,  i,j\  k,  s'il  reste  trois  libertés  sur  la  fron- 
tière ;  en  sorte  que  les  développements 

ijk  il  h'  If  fi 

Jouissent  représenter  trois  fonctions  arbitraires  données  sur  la  frontière. 

Il  est  toujours  facile,  dans  chaque  question  particulière,  de  trouver  un 
mode  de  groupement  déterminé  des  indices  i,j,  k,  permettant  de  ranger  les 
fonctions  dans  un  ordre  unique,  défini  à  l'aide  d'un  seul  nombre  entier  p  : 

(I)  Lrr^flp/p,  M='^a^m,„  N=V  «,,«;,. 

2.  Substituons  dans  le  premier  membre  d'une  des  équations  à  la  frontière 
les  fonctions  /^,  nij,,  np,  et  faisons  t  =  o  ;  nous  obtenons  une  fonction  des 
variables  ^,  y),  '(,  que  je  désigne  par  exemple  par  fp.  Je  désigne  par  F  le 
résultat  des  mêmes  opérations  sur  les  fonctions  L,  M,  N.  L'équation  corres- 
pondante à  la  frontière  s'écrira 

(II)  ^c^pf.^V,, 

en  appelant  F„  la  valeur  donnée  à  la  frontière  pour  la  combinaison  F. 

Supposons  que  la  nature  du  problème  comporte  (comme  pour  les  plaques) 
deux  conditions  à  la  frontière  pour  chaque  fonction  inconnue. 

Un  premier  groupe  complet  par  lui-même  (F)  se  composera  de  six  condi- 
tions analogues  à  (II)  pour  lesquelles  j'emploierai  les  lettres  F,  G,  H; 
F',  G',  H.  ' 

Un  second  groupe,  également  complet  par  lui-même  (P),  se  composera 
de  six  autres  conditions,  pour  lesquelles  j'emploierai  les  lettres  P,  Q,  11; 
P',  Q',  K'.  Il  y  en  aura  généralement  d'autres  possibles,  mais  deux  suffisent 
pour  indiquer  la  marche  générale  à  suivre. 

Le  problème  que  je  me  propose  de  résoudre  est  de  trouver  la/orme  de 
développement  de  L ,  M ,  N ,  qui  convient  pour  satisfaire  aux  conditions  du 


SÉANCE    DU    7    MARS    ipiO.  6l3 

premier  groupe  (F)  sur  une  partie  D,  de  la  frontière,  et  à  celles  du  second 
groupe  (P)  sur  le  reste  Y),  de  la  frontière. 

3.  Pour  cela,  je  forme  d'abord,  de  proche  en  proche,  les  fonctions 
orthogonales  convenables  en  posant,  avec  les  mêmes  (^ —  i)  coeffi- 
cients c',,...,  c'I  ',  dans  les  quinze  équations, 

C/' =  Cp  Cl  +  c' j^ -+-... -t- cj;-' -!;p_i  + /p, 


.■fp=  c'p  s\  +  c^f^  + . . .  +  cçr'  rfp-i  -t-  /p, 
A'^—ci,A\  -h  c^,ft;+ . . .  -t-  cj; -'  a;_,  +  /•; 

et  déterminant  ces  coefficients  par  les  conditions  d'orthogonalité  de  proche 
on  proche  {f  <ip) 

-  <'Û  fi^  +  tfv  +  •  ■■+K")dl  à-n  dr  4-  y  (.r,5  +.  .  .-+-  .^;/)  ^^  dn  d{\ 

=    (fp -'v  +  op  ff'/ +...  +  /*;  3e; )  di  dn  f/c  4-  /  ijjp  f , + . . .  +  r;  a;  )  «'ç  dn  dz 

du,  dj,. 

sur  la  frontière,  où  t  ^  o. 

4.  Cela  fait,  on  prendra  les  fonctions  inconnues  sous  la  forme  de 
développements  en  fonction  des  suites  4^^,,  OTL^^,  Sf^^,  fermées  comme  les 
suites  Ij,,  nij,,  n^,,  dont  elles  dérivent  linéairement. 


L=^b„':^p.        M=^b„:)\lp,        N=y^b^dL^. 
Les  coefficients  bj,  sont  donnés,  grâce  à  l'orthogonalité,  par  les  formules 

b,\    I  {SI  -+■  (jj,  +...-(-  K'/  )  di  dri  dl  +  /  t  '^i^^,  +  .  .  .  -^-êi'p- 1  di  dr,  d^ 

=  f{Foip-+- G„(,v  +  . . .  +  h; X],) d\ dr, d; -+-  r(p„'-p„  +  . . . -H h;  a;,) rf« ^yi </;:. 

5.  On  traitera  par  exemple  ainsi  un  problème  dynamique  d'élasticité 
avec  une  frontière  de  forme  simple  (sphère  par  exemple),  sur  une  partie 
de  laquelle  (D,)  on  connaît  les  déplacements  en  fonction  du  temps,  tandis 
que  sur  le  reste  (D,)  ce  sont  les  forces  que  l'on  connaît.  Dans  ce  cas,  le 
temps  est  une  des  variables  qui  subsistent  à  la  frontière.  On  peut  aussi  bien 
traiter  un  problème  d'état  initial  donné;  la  frontière  n'est  autre  que  /  =  o. 

Avec  cette  méthode,  les  problèmes  n'ont  que  la  difficulté  qui  résulte 


6l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  l'ensemble  de  leur  frontière,  tandis  que  jusqu'à  présent  la  difficulté 
semblait  être  colossalement  accrue  par  la  subdivision  de  la  frontière  en 
domaines  où  les  conditions  étaient  difîérentes  (déplacements  donnés,  ou 
tractions  données,  par  exemple). 

Dans  tous  les  cas,  quelle  que  soit  leur  complication,  les  formules  sont 
immédiatement  fournies  par  la  métliodc  des  moindres  carrés,  ainsi  que  les 
éléments  nécessaires  pour  une  première  élude  de  la  convergence  des  déve- 
loppements. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  Iriplels  dissymétriques.  Exemple  d'une  dissymètrie 
de  position  proportionnelle  au  carré  du  champ  magnétique.  Note  de 
M.  A.  Di'FouR,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

J'ai  signalé  précédemment  (')  un  certain  nombre  de  raies  du  chrome  se 
décomposant  dans  le  champ  magnétique  en  plusieurs  composantes  dont  les 
positions  admettent  en  première  approximation,  comme  axe  de  symétrie, 
non  pas  la  raie  initiale,  mais  une  ligne  déplacée  par  rapport  à  celle-ci  vers 
le  violet,  d'une  quantité  très  faible,  le  déplacement  observé  étant  de  l'ordre 
de  quelques  centièmes  de  l'écart  normal  d'un  doublet  magnétique.  Cette 
dissymètrie  de  position  peut  se  comprendre,  dans  le  cas  des  triplels,  à 
l'aide  de  la  théorie  de  Lorentz,  si  l'on  admet  la  possibilité  d'une  modifica- 
tion des  propriétés  de  l'atome  auquel  appartient  l'électron  vil)rant,  sous 
rinilucnce  du  chanqi  magnétique,  à  la  condition  que  cette  modification 
soit  compatible  avec  la  symétrie  propre  du  champ  ('-).  Dans  cette  manière 
de  voir,  des  considérations  de  symétrie  permettent  d'établir  que,  au  moins 
pour  les  Iriplets,  le  déplacement  de  la  ligne  de  symétrie  des  comjjosanles 
par  rapport  à  la  raie  initiale  doit  varier  suivant  une  fonction  du  champ  de 
degré  pair  (jui,  en  première  approximation,  se  réduit  au  carré  du  champ. 

On  sait  que  Gmelin  et  Zeeman  ont  trouvé  antérieurement  que  la  dis- 
symétrie de  position  présentée  par  la  composante  centrale  du  triplet  de  la 
raie  \  =  ^790  du  mercure  obéit  à  la  loi  du  carré  du  champ,  ce  qui  fournit 
une  vérification  des  conclusions  précédentes.  J'apporte  une  nouvelle  véri- 
cation  de  celte  loi. 

J'ai  en  ellet  étudié  à  ce  point  de  vue  l'une  des  raies  du  chrome  dont  jai 

(')  Comptes  re/u/iis.  t.  CXI^VIII,  1909,  p.  i")9'i;  Le  lUidiiiin,  t.  ^  I,  190g,  p.  •'.98. 
(')  Sociélc  française  (le  Physique,  séance  du  3  décembie  1909. 


SÉANCE    UU    7    MARS    1910.  6l5 

parlé  plus  haut  :  la  raie  X  =  3247,56.  L'étude  de  cette  raie  au  réseau  avait 
montré  que  le  triplet  qu'elle  fournit  conserve  un  axe  de  symétrie  qui  est  la 
composante  centrale;  je  me  suis  donc  limité  à  l'étude  du  déplacement  de 
cette  composante  centrale  par  rapport  à  la  raie  initiale  afin  de  voir  s'il  varie 
aussi  proportionnellement  au  carré  du  champ. 

On  a  ulilisé  un  interféromèlre  de  Perot  el  Fabry,  à  lames  semi  argentées,  distantes 
l'une  de  l'autre  de  5™'".  On  forme  à  l'aide  du  réseau  de  Rowland  le  spectre  de  la  lumière 
fournie  par  la  flamme  à  oxyde  de  chrome  afin  d'isoler  la  radiation  étudiée,  qui  sert  à 
éclairer  l'interféromètre.  On  observe  les  anneaux  à  l'aide  d'une  lunette  pointée  sur 
l'infini.  Un  nicol  convenablement  orienté  ne  laisse  passer  que  les  vibrations  parallèles 
aux  lignes  de  force  quand  la  flamme  est  dans  le  champ  magnétique.  On  a  aussi  fait  des 
photographies  des  anneaux  obtenus  dans  ces  conditions  pour  difl'érentes  valeurs  du 
champ  magnétique;  par  exemple  0,20000  et  29000  unités. 

L'observation  visuelle  des  anneaux  et  celle  des  clichés  montrent  que  le 
diamètre  d'un  anneau  d'ordre  d'interférence  donné  croît  quand  le  champ 
augmente;  ceci  indique  que  la  longueur  d'onde  de  la  composante  centrale 
du  triplet  diminue  quand  le  champ  croît,  résultat  conforme  à  celui  fourni 
par  l'étude  de  cette  même  raie  faite  au  réseau. 

Les  mesures  faites  sur  les  clichés  conduisent  au  résultat  suivant  :  l'accrois- 
sement du  carré  du  diamètre  d'un  anneau  d'ordre  d'interférence  donné  est 
proportionnel  au  carré  de  l'accroissement  du  champ.  La  loi  du  carré  du 
champ  est  donc  vérifiée.  Malgré  les  difficultés  expérimentales  et  la  petitesse 
du  déplacement  ('),  la  proportionnalité  de  ce  déplacement  au  carré  du 
champ  se  vérifie  à  10  pour  100  près. 

lui  résumé,  la  raie  0247,56  du  chrome  forme  dans  le  champ  magnétique 
un  triplet  dont  l'axe  de  symétrie  est  déplacé  vers  le  violet;  cette  dissymétrie 
de  position  par  rapport  à  la  raie  initiale  croit  comme  le  carré  du  champ. 


ÉLECTRICITÉ.    —    Décharge   des   inducteurs.   Capacité  des  électrodes.   Note 
de  M.  E.  Caudrelier,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

J'ai  montré  (^)  que  la  présence  de  traits  lumineux  dans  l'étincelle  de  dé- 
charge des  inducteurs  est  due,  non  pas  à  la  capacité  du  circuit  primaire, 

(  '  )  La  variation  maxima  de  l'ordre  d'interférence  au  centre  des  anneaux  est  de 
l'ordre  de  J,  ce  qui  correspond  à  0,09  UA  pour  une  variation  du  champ  de  o  à  82000 
unités. 

C')  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  p.  Sig  el  11  17. 


6l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mais  à  celle  des  électrodes  et  du  circuit  secondaire;  je  vais  décrire  aujour- 
d'hui une  nouvelle  expérience  que  j'ai  réalisée  pour  appuyer  celte  manière 
de  voir. 

Je  me  suis  servi  d'un  petit  transformateur  Rowland,  dont  les  enroule- 
ments sont  formés  de  galettes  juxtaposées  et  dont  par  suite. la  capacité  est 
aussi  réduite  que  possible;  j'ai,  d'autre  part,  constitué  les  électrodes  par 
des  pointes,  de  façon  à  supprimer  aussi  presque  complètement  leur  capacité. 

Dans  ces  conditions  j'ai  pu  vérilier  que,  du  moins  dans  le  cas  des  faibles 
distances  explosives,  l'étincelle  était  dépourvue  de  traits  lumineux. 

Le  schéma  de  montage  était  le  suivant  :  sur  un  réseau  à  voltage  constant  de  i  lo  volts 
était  branclié,  avec  interposition  d'un  rhéostat  R,  le  primaire  du  transformateer  Row- 
land; le  secondaire  était  relié  aux  deux  électrodes  «  et  6  entre  lesquelles  on  dirigeait 
un  courant  d'air  perpendiculaire  à  la  ligne  ab.  On  réglait  la  résistance  R  de  façon  à 
obtenir  au  secondaire  un  potentiel  disruptif,  carrespondant  à  la  distance  ab. 

Pour  compléter  cette  expérience,  j'ai  vérifié  qu'il  suffisait,  pour  faire 
apparaître  les  traits  lumineux  observés  par  Klingelfuss,  de  brancher  entre 
a  et  6,  en  parallèle  avec  la  coupure,  un  condensateur  C  de  très  faible 
capacité. 

J'ai  fait  successivement  usage  de  trois  condensateurs  de  dimensions  différentes  ;  ils 
étaient  formés  de  lames  d'étain  carrées  de  S"™,  iS"^™  et  50"™  de  côté,  séparées  par 
une  plaque  de  verre  ou  de  mica  de  3"""  d'épaisseur.  Les  traits  lumineux  apparaissaient 
même  avec  le  condensateur  de  5"»;  ils  devenaient  de  plus  en  plus  biillants,  de  plus  en 
plus  laiges  et  de  moins  en  moins  nombreux  à  mesure  qu'on  augmentait  la  capacité  C. 

La  cause  essentielle  de  la  production  des  traits  lumineux  est  donc  bien  la 
capacité  du  système  formé  par  les  électrodes  et  les  portions  attenantes  du 
circuit,  c'est-à-dire  Y Electrodenkapacitâl  de  Tôpler  ('). 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Noiuel/e  mélliode  de  dosage  de  l'acide  tartrique  droit. 
Note  de  M.  André  Klikg,  présentée  par  M.  Troost. 

Tous  les  procédés  de  dosage  de  l'acide  tartrique  proposés  jusqu'à  ce  jour 
reposent  sur  la  précipitation  de  cet  acide  à  l'état  de  sel  acide  de  potassium. 
Or,  sauf  le  cas,  purement  théorique,  où  l'on  part  d'une  solution  pure  de 
bitartrate  de  soude  qu'on  précipite  par  un  sel  de  potassium,  la  réaction 
de  précipitation  n'est  jamais  complète,  gênée  qu'elle  est  par  un  certain 
nombre  de  substances  qui  peuvent  se  trouver  dans  la  solution  ou  qui  y 

(')  Ann.  d.  Phru.,  t.  II,  1900,  p.  56o. 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  617 

prennent  naissance  du  fait  même  de  la  réaction  (^acide  minéral  mis  en  liberté 
par  action  de  Facide  tartrique  sur  le  sel  de  potassium,  etc.). 

Kn  outre,  on  évalue  la  quantité  de  bitartrate  de  potassium  formé  à  l'aide 
d'un  titrage  acidimétrique.  Or,  dans  les  liqueurs  tartriquesqui  contiennent 
des  alcalino-terreiix,  il  se  précipite,  en  même  temps  que  le  bitartrate  alcalin, 
des  lartrates  neutres  alcalino-terreux  qui,  par  suite  de  leur  neutralité,  échap- 
pent au  titrage  acidimétrique  et  par  conséquent  au  dosage  d'acide  tar- 
trique. Enfin  d'autres  acides  organiques,  tels  que  l'acide  malique,  dans 
les  conditions  où  l'on  a  précipité  le  bitartrate  de  potassium,  accompagnent 
en  partie  ce  dernier  à  l'état  de  malates,  tartromalates,  etc.,  qui  viennent 
également  compromettre  l'exactitude  du  dosage. 

Pour  ces  diverses  raisons  j'ai  cherché  à  précipiter  l'acide  tartrique  autre- 
ment qu'à  l'état  de  bitartrate  de  potasse  et,  après  divers  essais  infructueux^ 
je  suis  enfin  piarvenu  au  résultat  que  je  poursuivais  en  utilisant  la  formation 
de  racèmale  de  chaux  (C' H*0*)^  Ca-,  8H-0.  Ce  sel  se  forme  chaque 
fois  que,  dans  une  solution  contenant  de  l'acétate  de  chaux  en  excès,  on 
ajoute  à  une  solution  d'acide  tartrique  ou  d'un  tartrate  droits  (')  une  solution 
tartrique  gauche  ou  inversement,  et  celui  des  deux  acides  qui  est  en  excès 
détermine  la  précipitation  totale  de  son  isomère  inverse.  Le  racémate  de 
chaux  est,  comme  on  le  sait,  un  précipité  cristallisé  en  fines  aiguilles,  à  re- 
flets chatoyants,  presque  rigoureusement  insoluble  dans  l'eau  froide,  dans 
l'acide  acétique  étendu,  dans  les  acides  tartriques  ou  leurs  sels,  dans  les 
solutions  d'acétate  de  chaux  ou  de  sels  ammoniacaux  étendues  et  froides, 
mais  aisément  soluble  dans  les  arides  minéraux  même  très  dilués.  Sa 
solution  dans  l'acide  sulfurique  réduit  le  permanganate  de  potasse  à  l'ébul- 
lition  dans  la  proportion  de  l'acide  tartrique  total  qu'il  renferme.  Son 
aspect  et  sa  forme  cristalline  décelée  par  le  microscope  ne  permettent  pas 
de  les  confondre  avec  les  tartrates  actifs  de  chaux. 

En  présence  d'un  excès  de  tartrate  droit  ou  de  tartrate  gauche  de  chaux, 
le  précipité  de  racémate  entraîne  une  petite  quantité  du  tartrate  actif  en 
excès  (ce  qu'on  peutconstater  polarimétriquement  dans  la  solution  du  racé- 
mate en  H  Cl  et  addition  de  molybdate  d'ammonium  qui  exalte  considérable- 
ment le  pouvoir  rotatoire  des  acides  tartriques).  Mais  si  l'on  redissout  le 
racémate  dans  l'acide  chlorhydrique  et  qu'on  le  reprécipite  par  l'acétate  de 
soude  en  excès,  on  obtient  la  totalité  du  racémate  complètement  débarrassé 
de  tartrate  actif. 

(')  On  sait  que  les  produits  naturels  ne  renferment  que  l'acide  droit  ou  ses  dérivés. 


6l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  recherché  quelle  pouvait  être  sur  la  précipitation  du  racémate  Fin- 
fluence  des  diverses  substances  qu'on  rencontre  à  côté  de  l'acide  tartrique 
dans  les  produits  naturels.  Les  phosphates,  sulfates,  bisulfates  alcalins;  les 
sels  de  chaux  solubles,  les  acides  acétique,  rnalique,  succinique,  le  glucose, 
la  glycérine,  le  tannin,  les  matières  colorantes  rouges  sont  sans  action  aux 
doses  auxquelles  on  les  rencontre  dans  les  vins,  cidres,  etc.  Les  sels  d'alu- 
mine, de  fer,  d'antimoine,  etc.,  en  un  mot  les  sels  d'oxydes  susceptibles, 
avec  l'acide  tartrique,  de  donner  des  émétiques  gênent  la  précipitation  du 
racémate,  comme  ils  gênent  également  celle  du  bitartrate  (ce  qui  était  à  pré- 
voir). Les  éthers  tartriques  droits  (éthers  neutres  ou  éthyltartrates)  ne 
précipitent  sensiblement  pas  de  racémate  par  le  tartrate  gauche  de  chaux, 
ni  à  froid,  ni  à  l'ébuliition. 

Technique  du  dosage.  —  25"™'  de  solution  tartrique  droit  à  doser  (à  3s à  4°  par  litre) 
sont  additionnés  de  loo'^'"'  d'e.aii,  de  aS"^"'  d'une  solution  à  i6s  au  litre  de  sel  de  Sei- 
i^nelle  gauche  (exempt  de  droit)  et  de  20'^"'  d'une  solution  d'acétate  de  chaux  pur 
(à  3os  par  litre).  Le  précipité  filtré,  lavé,  est  redissous  en  20'''"'  d'acide  chlorhjdrique 
à  4os  au  litre;  celte  solution  chiorhydrique  étendue  à  iSo''"'  est  additionnée  de  40'''"' 
d'une  solution  d'acétate  de  soude  (10  pour  100)  et  d'acétate  de  chaux  (i  pour  100), 
puis  soumise  à  l'ébuliition.  Après  refroidissement  de  la  liqueur,  on  filtre;  le  racémate 
recueilli  est  lavé  à  l'eau,  redissous  <lans  de  l'acide  sulfurique  à  10  pour  100  bouillant 
et  titré  à  l'ébuliition  par  une  solution  de  permanganate  (à  i6b  par  litre  environ)  dont 
le  titre  exact  a  été  fixé  à  l'aide  de  bitartrate  pur. 

Acide  tartrique  par  lilre. 

Résultais.  Trouvé. 

Solution  d'acide  tartrique 3,68 

Solution  d'acide  laitrique '  iQO 

Solution  de  bitartrate  de  soude 3,3o 

\\n  fabriqué  de  toutes  pièces  au  laboratoire.  .  .  \     '    , 

^  '  (  3 , 04  »  » 

Même  vin  plâtré 2,o5  0  i  ,80 

Une  cinquantaine  de  dosages  ayant  porté  sur  des  vins  naturels  d'origines 
très  diverses,  analysés  par  la  méthode  au  racémate,  ont  donné  des  résultats 
toujours  très  comparables  entre  eux  pour  deux  dosages  successifs  d'un  même 
échantillon  (au  chiffre  de  la  deuxième  décimale  près)  et  toujours  un  peu 
plus  élevés  que  ceux  obtenus  par  les  méthodes  au  bitartrate  qui,  pour  les 
raisons  que  nous  avons  données  plus  haut,  donnent  des  résultats  entachés 
d'erreurs  par  défaut. 

Je  me  propose  de  poursuivre  rap[)iicalion  de  cette  méthode  au  dosage 
d'acide  lartri(pii'  dans  les  divers  produits  alimentaires,  les  tartres  et  les  lies. 


Mélli 

iode  officielle 

Théorie. 

au 

bitartrate. 

3,61 

.. 

'.92 

» 

3,33 

» 

2,025 

» 

SÉANCE    DU    7    MARS    191O.  6l( 


CHIMIE  GÉNÉRALE.   —    Pouvoir  de  diffusion  de  certaines  matières  colorantes 
artificielles.  Note  de  M.  Léo  Vir,ivo\,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Parmi  les  matières  colorantes  artificielles  employées  comme  étant  solubles 
dans  l'eau,  on  peut  supposer  que  les  unes  forment  des  solutions  véritables, 
et  d'autres  de  fausses  solutions  ou  solutions  colloïdales. 

Les  dissolutions  aqueuses  de  ces  matières  paraissent,  du  reste,  également 
limpides  et  se  filtrent  à  peu  près  de  même,  sur  les  papiers  à  filtrer 
usuels. 

L'étude  de  la  diffusion  des  matières  colorantes  m'ayant  révélé  de  très 
grandes  différences  dans  l'état  de  leurs  solutions,  j'ai  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie  les  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  cette  voie. 

Dispositif  employé.  —  i*-'  de  chaque  matière  colorante  a  été  dissous  dans  i' 
environ  d'eau  distillée  chaude  ;  la  solution,  après  avoir  été  abandonnée  au  refroidis- 
sement, a  été  complétée  à  i'  avec  de  l'eau  distillée,  et  filtrée  sur  un  filtre  en  papier. 
Les  solutions  limpides  ainsi  obtenues  ont  été  soumises  à  la  diffusion  :  dans  certains 
cas,  la  proportion  de  i  pour  1000  a  dû  être  diminuée,  par  suite  de  la  solubilité  insuf- 
fisante, à  froid,  de  la  matière  colorante. 

10"="'°  de  chacune  de  ces  solutions  colorées  ont  été  placés  dans  un  tube  de  diffusion, 
cylindrique,  n°  579,  de  Schleicher  et  Scliiill,  mesurant  100"°'  haut,  pour  16"""  diam. 
Ce  tube  de  diffusion  a  été  fixé  par  du  collodion  sur  un  tube  en  verre  de  même  dia- 
mètre. L'appareil  diffuseur  a  été  plongé  dans  un  poudrier  de  verre,  fermé  par  un  bou- 
chon donnant  passage  à  l'appareil  diffuseur,  et  contenant  25o""'  d'eau  distillée  de  ma- 
nière que  l'eau  du  tube  de  diffusion  et  celle  du  vase  extérieur  se  trouvent  au  même 
niveau. 

Le  diffuseur  et  Peau  extérieure  ont  été  laissés  en  contact  pendant  24  heures  à  la 
température  ordinaire,  pour  toutes  les  déterminations.  Dans  certains  cas  la  durée  et 
la  température  ont  été  élevées  beaucoup. 

J'ai  observé,  tout  d'abord,  que  certaines  matières  colorantes  passaient  très  rapi- 
dement dans  l'eau  distillée;  d'autres  passaient  plus  lentement  avec  des  vitesses  varia- 
bles; d'autres,  enfin,  ne  sortaient  pas  du  diffuseur,  même  au  bout  d'un  temps  très 
long,  et  à  une  température  voisine  de  la  température  d'ébullition  de  l'eau. 

La  coloration  de  l'eau  extérieure  a  permis  de  mesurer  les  quantités  de  matières 
colorantes  passées  dans  chaque  cas  dans  l'eau  extérieure  de  manière  à  les  comparer  à 
la  quantité  initiale  placée  dans  le  diffuseur. 

Matières  colorantes  expérimentées.  —  J'ai  choisi  des  matières  colorantes 
appartenant  à  divers  groupes  chimiques,  en  me  guidant  sur  les  formules 

C.  K.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   1.50,  \'  10.)  83 


620  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

moléculaires  :  voici  celles  qui  ont  été  étudiées  : 

Matières  colorantes. 

Nitrées Acide  picriqtte.  hinitro-x-naplitnl,  jaune  naphtol  S. 

^Iolloazoïqlle5 Orangé  II. 

DifazoKHies Rouge  Congo,  noir  diamine  BH,  bleu  diamine  3  U. 

'J'ri«azoïf|ues Rouge  de  Saint-Denis,  vert  diamine. 

DérivéeR  du  Iriphénvlméthane.  Vert  malachite,  fuchsine,  violet  cristallisé,  fuchsine  S. 

bleu  de  dipliénvlaraine,  vert  au  méthyle. 

Pyroniques Rhodamine,  éosine. 

Thiaziniques Bleu  méthylène. 

Safrani(]ues Safranine  G. 

\  oici  les  résultats  obtenus  :  (A)  tube  de  diffusion,  contenant  lo"''  de 
dissolution  aqueuse  de  matière  colorante  à  i  pour  looo;  (B)eau  du  vase 
extérieur,  aao""  d'eau  distillée. 

Diffusion  des  mcUiè/es  colorantes. 

Fraction  dilliisce  un  (  B) 
Quantité  initiale  après  "24  heures 

Matières  rolorantes.  en  (A).  à  la  terapérature  ordinaire. 

Acide  picrique o,oi  09 ,50  pour  100 

Binitro-a-naphlol o,ooi.5  29,64  » 

Jaune  naphtol  S 0,01  So.ôa  » 

Orangé  II 0,01  24,73  » 

Rouge  Congo 0,01  0,00  » 

Noir  diamine  BIl 0,01  0,00  » 

Bleu  diamine  3 R o,oi  0,00  » 

Rouge  de  Saint-Denis 0,01  0,00  » 

Vert  diamine 0,01  0,00  » 

Vert  malachite 0,01  3,  12  » 

Fuchsine 0,01  27,85  » 

Bleu  de  diphénylamine 0,01  0,00  » 

Vert  au  méthyle 0,01  6,65  » 

Rhodamine 0,01  18,86  » 

Eosine 0,01  2,00  » 

Bleu  méthylène o,or  0)99  " 

Safranine  G 0,01  o,5o  » 

L'expérience  a  été  prolongée  pour  les  matières  colorantes  n'ayant  pas 
diffusé  au  bout  de  24  heures  à  la  température  ordinaire.  Aucune  diffusion 
ne  s'est  produite  jusqu'ici,  pour  le  Congo  (5o  jours),  le  noir  diamine 
(20  jours),  le  bleu  diamine,  le  rouge  de  Saint-Denis,  le  vert  diamine  (tous 
les  trois,  io  jours). 


SÉANCE   DU    7    MARS    19IO.  621 

A  la  température  de  90°  maintenue  à  l'étuve,  pour  le  tube  de  diffusion  et 
l'eau  extérieure,  le  rouge  Congo  n'a  laissé  diffuser  aucune  trace  de  matière 
colorante,  au  bout  de  ^S  heures. 

Si  l'on  classe  les  matières  colorantes  d'après  l'ordre  décroissant  de  leur 
])Ouvoir  diffusif,  en  inscrivant,  à  côté  delà  fraction  diffusée  : 

I"  Le  nombre  d'atomes  de  carbone; 

2"  Le  nombre  de  noyaux  benzéniques,  contenus  dans  leur  molécule. 

(.)n  oljtient  le  Tableau  suivant  : 

Nombre 

[■'laclions  -~^ — ^~ — — ^ 

(lifTusées  d'alonies  de  noyaux 

Matières  colorantes.  pour  100.  de  carbone.  benzéniiines. 

Acide  picrique y9)3o  6  i 

Jaune  uaphtol  S 80,62  10  2 

Binilro-a-naphlol 29,64  ">  2 

Fuchsine 27,8.5  20  3 

Orangé  II ^.^jjo  16  3 

Htiodamine 18,86  28  3 

Vert  méthyle 6,65  24  3 

V ert  malacliite 3 , 1 2  23  3 

Fuchsine  S 2 ,  49  20  3 

ICosine 2,00  20  3 

Bleu  méthylène 0,99  18  2 

Safranine  G o,ôo  20  3 

Violet  cristallisé 0,47  25  3 

Rouge  Congo 0,00  32  6 

Bleu  diamine  3R 0,00  34  6 

Vert  diamine 0,00  35  6 

Rouge  de  Saint-Denis." .  .  0,00  36  6 

Bleu  de  diphénylamine. .  0,00  87  6 

Noir  diamine  BU 0.00  82  6 

Le  type  chimique  ne  paraît  pas  avoir  d'inffuence  sur  la  diffusion.  Les 
matières  colorantes,  dont  le  pouvoir  diffusif  est  nul,  se  font  remarquer  par 
uue  forte  condensation  moléculaire;  elles  existent  dans  l'eau,  à  l'état  de 
fausse  solution,  sous  forme  de  granules  solides,  extrêmement  divisés,  n'alté- 
rant pas  la  limpidité  apparente,  à  l'reil  nu,  de  la  solution. 

Les  matières  colorantes  de  ce  groupe  sont  celles  qui  forment  la  catégorie 
des  couleurs  dites  substantives ;  elles  se  fixent  indifféremment  sur  tous 
les  textiles,  en  vertu  de  Fatlraction  moléculaire,  suivant  le  mécanisme  que 
j'ai   indiqué,  k  propos  de  la  lixalion   des  matières  colorantes  insolubles 


(322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

{Comptes  rendus^  21  février  1910)  :  leur  fixation  est  facilitée  par  la  très 
grande  division  des  granules  qui  les  constituent. 

En  résumé,  l'élude  de  la  diffusion  montre  que  les  matières  colorantes  con- 
sidérées comme  étant  solubles  dans  l'eau  forment  deux  groupes  très  nets  : 
les  matières  du  premier  groupe  donnent  de  véritables  solutions  (l'acide 
picrique  en  est  le  type);  celles  du  deuxième  sont,  à  proprement  parler, 
insolubles  et  forment  de  fausses  solutions  (type  rouge  Congo). 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Action  du  I richlorurc  de  phosphore  sur  le  gaïacol. 
Note  ('  )  de  M.  Pierre  Dupuis,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

En  réagissant  sur  le  gaïacol  le  trichlorure  de  phosphore  donne  naissance 
à  trois  composés  : 

Le  chlorure  monogaïacophosphorcux,  CII'OC^H'OPCl-; 

Le  chlorure  digaïacophosphoreux,  (CH'()C°H''0)-PC1; 

Le  phosphite  de  gaïacol,  (CH'OCH' 0)^P. 

Ces  trois  corps  se  forment  toujours,  quelles  que  soient  les  proportions  des 
corps  réagissants,  et  il  n'y  a  pas  de  diméthylation  sensible  au-dessous 
de  180°. 

Les  chlorures  d'acide  obtenus  se  décomposent  instantanément  en  présence 
de  l'eau  en  gaïacol,  acide  phosphoreux  et  HCl  et  en  aucun  cas  je  n'ai  pu 
obtenir  d'acide  phosphoreux  substitué.  Le  phosphite  de  gaïacol  se  décompose 
intégralement  en  acide  phosphoreux  et  gaïacol. 

La  décomposition  lente  de  tous  ces  produits  par  l'air  humide  donne 
toujours  un  peu  de  pfliosphore. 

Diclilorure  Dionogaïacophosphoreux  :  CtPOC''II'OFGl^  —  Je  l'obtiens  en  cliauf- 
fant  <Tu  bain  d'huile,  dans  un  ballon  muni  d'un  réfrigérant  ascendant,  loo»  de  gaïacol 
et  iSo''  de  PGP  entre  ii5''-i2o°  jusqu'à  ce  que  HCl  correspondant  à  la  formule  ci- 
dessous  soit  entièrement  dégagé 

CH'OCFPOH  -H  PCI'   ir  ClI^OCMl'OPCl^  +  HCl 

Après  avoir  chassé  PCF  par  distillation,  le  produit,  fractionné  dans  le  vide  sous  i3™"\ 
diiiine  une  portion  passant  à  135°  qui  constitue  GH'OC^H*OPCI-. 

C'est  un  liquide  incolore,  fumant  à  l'air,  très  réfringent /(j,'°^  1  ,568,  très  soluble 
dans  la  benzine,  l'éther,  le  sulfure  de  carbone. 

Poids  moléculaire  par  cryoscopie  dans  OH":^  2:>7  ;  calculé  -.325. 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  28  février  1910. 


I 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  62^ 

Tétrachlorure  :  GHMDCH'OPCr*.  —  Le  dichlorure,  dissous  dans  l'étlier  anliydre  et 
refroidi  1res  énergiquement,  fixe  a'"  de  Cl  pour  donner  un  corps  solide,  jaune,  ana- 
logue au  PCI%  et  qui  Irailé  par  SO'^  se  transforme  en  CH^OC^H' OPOGI^  {'). 
E\lrêmemenl  hygrométrique,  il  est  très  peu  soluble  dans  les  solvants  organiques. 

Chlorure  digaïacophosphoreujc  :  (CH'0C''H'0)-PC1.  —  On  l'obtient  très  facile- 
ment en  traitant  loo»  de  gaïacol  par  55»  de  PCI'  jusqu'à  dégagement  complet  de  HGl 
vers  i5o°.  Le  produit  fractionné  dans  le  vide  passe  à  235°  sous  i3'""'. 

Huile  incolore,  très  réfringente.  «^'"=i,586  soluble  dans  la  benzine,  l'éther  et  la 
plupart  des  solvants  organiques. 

I^oids  moléculaire  dans  C'H''rr  3oy,  calculé  3i2,5. 

Trichlorure  :  (CH^OCH^O)' PCI'.  —  Obtenu  par  le  même  procédé  que  le  tétra- 
cliiorure. 

Traité  par  SO',  il  donne  le  chorurede  digaïacopliosphoryle  ( ').  Corps  blanc  jaunâtre 
très  hygroscopique,  très  peu  soluble  dans  les  solvants  organiques. 

Phosphile  de  gaïacol  :  (  CH'OCMJ*0)'=  P.  —  On  l'obtient  en  traitant    ioo« 
gaïacol  par  4o»  de   PCI',  jusqu'à  dégagement  complet  de   tout  l'acide  clilorliydri(|ue 
formé,  sans  dépasser  160°. 

Le  produit  fractionné  dans  le  vide  à  ayS^-aSo"  sous  i3""™  donne  une  huile  incolore, 
qui  se  prend  par  refroidissement  en  de  beaux  octaèdres  cubiques  fusibles  à  5q°. 

Ce  corps  ne  présente  aucune  des  propriétés  du  phosphile  de  gaïacol  préparé  par 
Ballard  (-),  par  l'action  du  PCI'  sur  le  gaïacol  sodé  en  présence  d'alcool  absolu.  Le 
produit  obtenu  par  ce  dernier  mode  de  préparation  laisse  à  la  calcinalion  au  rouge  vif 
un  résidu  de  3o  pour  100  de  son  poids  d'un  corps  alcalin,  très  probablement  du  raéta- 
phosphate  de  soude.  En  présence  de  l'eau  ce  produit  n'est  pas  décomposé. 

Le  phosphile  de  gaïacol,  obtenu  en  partant  du  gaïacol  et  du  trichlorure  de  phos- 
phore, est  décomposable  par  l'eau  quantitativement  en  gaïacol  et  acide  phosphoreux. 

C'est  un  corps  blanc,  cristallisant  en  octaèdres  cubiques,  sohibles  dans  l'éther  et  le 
benzène. 


BOTANIQUE.  —  Les  ressources  forestières  de  la  Cale  d'Ivoire  (^résultais  de  la 
mission  scientifique  de  l' Afrique  occidentale)  :  excitants,  gommes  et  résines, 
divers.  Note  de  M.  Aug.  Chevalier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Excitants.  —  Deux  Caféiers  ont  été  rencontrés  à  l'état  sativage  dans  la 
forêt  vierge  :  en  1907,  nous  avons  décrit  le  Coffea  humilis  A.  Chev.  qui 
croît  dans  la  partie  occidentale  de  la  Colonie  (^).  Tout  récemment  un  chef 
de  poste,  M.  de  GandiUac,  nous  a  fait  observer  près  d'Assikasso  un  Caféier 
arborescent  sauvage  tout  à  fait  identique  au  Coffea  excelsa  A.  Chev.  que  la 

(')  AuGEH  et  Dl'puis,  Comptes  rendus,  i^'juin  1908. 

(■')  Ballard,  Cliemisches  Centr.  Blatl,  1897,  H'  49i   '898,  1,  8'i;  R-  l^-  P-  95578. 

(')  Comptes  rendus,  1907. 


62/j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mission  (^liari-Tchîul  découvrit  en  1902  et  igo'j  dans  les  bassins  du  Ilant- 
Chari  et  du  Haut-Oubangui  (').  Ce  précieux  arbre  donnant  un  café  de 
toute  première  qualité  se  rencontre  en  plusieurs  points  de  la  Côte  d'Ivoire 
de  sorte  (jue  son  aire  de  distribution  géographique  est  beaucoup  plus 
étendue  qu'on  ne  l'avait  supposé. 

Les  Kolatiers  doivent  aussi  être  mis  au  rang  des  essences  les  plus  utiles  de 
la  Côte  d'Ivoire.  En  beaucoup  de  points  de  la  forêt  jusqu'au  sixième  paral- 
lèle ils  existent  à  l'état  spontané;  ailleurs  on  les  retrouve  domestiqués 
au  loin-  des  villages  ;  enfin  à  la  lisière  nord  de  la  forêt  ils  sont  l'objet  d'une 
culture  soignée  (haut  Cavally;  pays  des  Bétés,  des  Los,  des  Gouros,  des 
Ngans). 

Nos  études  ont  apporté  quelque  lumière  sur  la  systématique  confuse  des 
espèces  productrices  de  noix  de  Kola.  Dans  le  bas  Cavally,  les  Kroumen 
possèdent  des  représentants  de  l'espèce  Cola  acuminata  P.  B.,  caractérisée 
par  ses  amandes  à  3  ou  5  cotylédons.  Cette  espèce  non  spontanée  à  la  Côte 
d'Ivoire  a  été  certainement  rapportée  du  Dahomey  ou  de  San  Tbomc,  où 
ces  indigènes  vont  parfois  travailler. 

Sa  multiplication  ne  doit  pas  être  encouragée  puisque  les  noix  quelle 
fournit  sont  de  qualité  inférieure. 

Les  noix  à  deux  cotylédons,  les  plus  recherchées,  sont  fournies  par  des 
arbres  tous  d'aspect  semblable  et  impossibles  à  distinguer  dans  les  herbiers 
mais  qu'on  peut  cependant  grouper  en  trois  catégories  sur  le  vif  : 

1°  Le  Kola  rouge  des  Achantis  {Cola  astrophora  Warburg),  caractérisé 
par  ses  noix  toujours  rouges  et  constamment  à  deux  cotylédons.  Très 
répandu  à  la  Gold-Coast,  il  existe  à  la  Côte  d'Ivoire,  surtout  à  l'état  sauvage, 
dans  les  profondeurs  de  la  forêt,  où  quelques  noix  atteignent  le  poids 
exceptionnel  de  &q^  à  go^.  Les  noix  de  commerce  pèsent  de  i5^  à  3o^', 
ce  ([ui  montre  que  la  culture  indigène  n'a  pas  accru  la  dimension  des 
graines. 

2"  Le  Kola  blanc  des  ÎNgans,  que  nous  proposons  de  nommer  Cola  alba 
A.  Cliev.  C'est  une  espèce  jordanienne  caractérisée  par  ses  amandes  d'abord 
blanches,  puis  blanc  jaunâtre  ou  blanc  verdàtre  après  la  cueillette.  Cénéra- 
leraent  les  (leurs  sont  d'un  blanc  pur  sans  stries  pourpres  sur  le  calice,  comme 
cela  existe  dans  les  autres  espèces  affines  et  même  dans  l'hybride  mentionné 
ci-dessous.  C'est  cette  espèce  que  M.  Binger  désigne  sous  l'appellation 
inexacte  de  Kola  blanc  de  l'Anno.  Il  existe  peu  de  Kolatiers  dans  l'Anno, 

(')    Cnmples  rendus,  1905. 


SÉANCE    DU    7    MARS    19IO.  GaS 

mais  les  Soudanais  passent  par  l'Anno  pour  aller  faire  les  achats  fie  Kolas 
chez  les  Ngans.  Nous  avons  rencontré  aussi  quelques  plants  de  cette  espèce 
dans  le  Kissi  (Guinée  française).  Contrairement  aux  assertions  de  diverses 
publications  coloniales,  les  noix  blanches  sont  très  appréciées  et  se  vendent 
aussi  cher  que  les  noix  rouges  sur  les  marchés  du  Soudan. 

3°  La  forme  la  plus  répandue  dans  les  plantations  de  la  Côte  d'Ivoite, 
du  Libéria,  de  Sierra  Leone  et  de  la  Guinée  française  est  sans  aucun  doute 
un  hvbride  qui  a  été  propagé  par  la  culture.  Il  se  caractérise  par  la  présence 
d'amandes  rouges  et  d'amandes  blanches  sur  le  même  arbre  et  très  souvent 
dans  les  mêmes  follicules  ;  enfin  sur  100  noix  on  trouve  environ  75  rouges 
et  23  blanches,  ce  qui  est  une  proportion  conforme  à  celle  qui  est  habituelle 
dans  les  lignées  d'hybridesT  Aux  noix  rouges  et  blanches  sont  parfois  asso- 
ciées quelques  noix  de  teinte  rosée  intermédiaire. 

C'est  certainement,  d'après  la  provenance,  celle  plante  que  K.  Schumann  a  nommée 
Cola  vera,  désinence  que  nous  lui  conserverons,  bien  que  l'auteur  n'ait  point  soupçonné 
l'origine  hybride.  Les  deux  espèces  ci-dessus  n'étaient,  du  reste,  pas  connues,  et  c'est 
seulement  par  l'examen  sur  place  de  milliers  d'exemplaires  vivants  de  Kolatiers  à 
l'époque  de  la  floraison  et  de  la  fruclificalioii,  et  dans  les  régions  les  plus  variées  de 
l'Ouest  africain,  qu'il  nous  a  été  possible  de  préciser  l'origine  botanique  des  noix  de 
Kola. 

La  conclusion  pratique  qui  découle  de  ces  observations  est  qu'il  n'y  a  pas  intérêt, 
selon  nous,  à  cultiver  l'hybride,  mais  il  est  préférable  de  cultiver  les  types  purs  en 
recherchant  les  semences  sur  les  arbres  sauvages  produisant  de  grosses  noix. 

Il  sera  toutefois  nécessaire  d'établir  les  plantations  de  chaque  espèce  loin  d'autres 
kolatiers,  pour  que  la  création  naturelle  d'hybrides  puisse  autant  que  possible  être 
évitée. 

Gommes  et  résines.  —  Une  Légumineuse,  V Albizzia  fastigiata  E.  Meyer, 
répandue  dans  les  clairières  de  la  forêt,  laisse  exsuder  une  gomme  très  ana- 
logue à  la  gomme  arabique  fournie  par  les  quelques  Acacias  du  nord  du 
Soudan. 

Deux  Burséracées  du  genre  Canarium  (C  Che^'alieri  Gu'ûlaum'm  el  C. 
occidentalis  A.  Chev.  )  produisent  un  étémi  employé  par  les  indigènes,  mais 
qu'on  n'exporte  pas  encore.  Il  convient  de  signaler  aussi  un  Bala/iiles  encore 
inédit  qui  fournit  en  grande  quantité  une  résine  brune,  odorante,  connue 
sous  le  nom  de  Korobo  et  que  les  femmes  emploient  comme  cosmétique  après 
l'avoir  broyée  et  mélangée  à  l'huile  de  palme.  Mais  le  produit  le  plus 
intéressant  pour  l'Europe  est  la  gomme  copal  fournie  par  le  Copaijera 
Guibourtiana  Benth.  Ce  produit,  que  la  Guinée  française  et  Sierra  Leone 
exportent  en  grande  quantité,  n'est  pas  encore  exploité  à  la  Côte  d'Ivoire 
et  cette  colonie  peut  en  produire  des  qiuintités  illimitées. 


()26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Divers\  —  Plusieurs  essences  reconnues  dans  la  forôt  vierge  de  l'Ouest 
africain  peuvent  fournir  d'autres  produits  intéressants,  fsous  mentionnerons 
seulement  un  palmier  très  commun  dans  les  dépressions  marécageuses  de  la 
forêt,  le  Raphia  longiflora  Mann  et  WendI,  qui  donne  des  libres  aussi 
longues  que  celles  des  Raphia  de  Madagascar. 

La  même  espèce  de  Palmier  ainsi  que  le  Raphia  Hookeri  Mann  et  Wendl 
renferment  dans  les  pétioles  des  feuilles  des  fibres  rigides  donnant  le  produit 
connu  dans  le  commerce  sous  le  nom  de  piassava.  Enfin  une  Urticacée, 
V Antiaris  toxicaria  Lesch.  var.  africana  Scott.  Elliot,  possède  des  fibres 
entrecroisées  qui  fournissent  aux  indigènes,  après  rouissage  de  l'écorce,  des 
tissus  tout  confectionnés. 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  modes  d'ouverture  des  akènes  et  des  noyaux,  au 
moment  de  leur  germination.  Note  de  M.  Auguste  Joxe,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

Les  akènes  et  les  drupes  appartiennent,  comme  on  sait,  à  la  catégorie 
des  fruits  indéhiscents  et  sont  reliés  par  bien  des  intermédiaires;  akènes  et 
noyaux  sont  le  plus  souvent  uniloculaires  et  uniséminés.  Les  embryons  ren- 
fermés dans  ces  fruits  ne  se  libèrent  du  péricarpe  que  lors  de  la  germina- 
tion. On  s'accorde  généralement  à  dire  que,  sous  les  efforts  de  gonflement 
de  la  graine  germant,  le  péricarpe  se  brise  ou  se  déchire  d'une  façon  quel- 
conque. Et  tandis  que  d'importants  travaux  ont  été  consacrés  à  la  déhis- 
cence  vraie  des  fruits  à  la  maturité,  par  contre  celte  sorte  de  déhiscence 
tardive  qu'est  l'ouverture  du  fruit  à  la  germination  a  été  presque  complète- 
ment négligée:  de  rares  auteurs,  pour  quelques  cas  isolés,  signalent  très 
incidemment  que  l'ouverture  se  fait  avec  une  certaine  régularité. 

J'ai  entrepris  une  étude  d'ensemble  sur  ce  sujet  délaissé  de  la  morpholo- 
gie des  plantes  à  fleurs.  J'ai  borné  mon  travail  aux  familles  et  aux  genres  de 
la  flore  française,  sauf  pour  quelques  observations  portant  sur  des  plantes 
étrangères  presque  toutes  communément  cultivées.  La  présente  Note  a  pour 
objet  l'exposé  des  résultats  généraux  de  cette  étude,  aujourd'hui  en  voie 
d'achèvement. 

Au  point  de  vue  très  spécial  que  j'envisage,  les  fruits  dont  je  m'oc- 
cupe peuvent  être  classés  en  deux  catégories:  ceux  dont  le  péricarpe  reste 
entièrement  ou  presque  entièrement  parenchymateux,  traversé  seulement 
par  les  faisceaux  conducteurs  (akènes  des  Uubiacées  indigènes,  de  cer- 
taines Salsolacées);  et  ceux  dont  le  péricarpe  possède  une  couche  scléreuse 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  627 

plus  OU  moins  développée  (drupes;  akènes  des  Rosacées-Drvadées,  des 
Renoncules,  des  Borraginées,  etc.).  Dans  les  premiers,  une  déchirure  irrégu- 
lière se  fait  à  la  germination;  ils  n'offrent  aucun  intérêt.  Dans  les  seconds, 
à  part  quelques  exceptions,  les  lignes  d'ouverture  sont,  dans  leur  position 
sur  le  fruit,  constantes  pour  une  espèce  déterminée. 

V agent  mécanique  de  l'ouverture  ojiX.  dans  tous  les  cas  la  poussée  interne 
produite  par  la  graine  germant. 

Celte  poussée  est  presque  toujours  progressive,  commençant  par  la  crois- 
sance de  la  radicule  qui  agit  à  la  façon  d'un  coin,  et  se  continuant  par  l'épa- 
nouissement des  cotylédons;  de  sorte  que  les  lignes  d'ouverture  partent 
presque  toujours  du  point  du  péricarpe  contre  lequel  s'appuie  la  pointe  de 
la  racine  :  base  du  fruit  dans  les  composées,  les  Renonculacées-Renonculées, 
les  Labiées  à  style  basai;  sommet  du  fruit  dans  les  Renonculacées-Cléma- 
titées  et  Renonculacées-Anémonées,  dans  les  Borraginées  à  style  basai,  etc. 

n  s'agit  donc  ici,  en  quelque  sorte,  d'une  déhiscence  passive,  comparable 
à  celle  du  fruit  du  Fusain  (à  laquelle  M.  Leclerc  du  Sablon  a  appliqué  ce 
terme). 

Cependant,  quelques  noyaux  ou  akènes  présentent  une  véritable  déhis- 
cence. Les  noyaux  des  Amygdalées,  soumis  à  la  dessiccation,  acquièrent 
une  fente  ventrale  très  nette,  due  au  décollement  des  deux  bords  car- 
pellaires. 

Remarques  sur  la  place  des  lignes  d'ouverture.  — •  La  place  des  lignes 
d'ouverture  est  déterminée  histologiquement  par  des  régions  de  plus  faible 
résistance  :  on  retrouve  pour  les  fruits  indéhiscents  les  dispositions  struc- 
turales des  fruits  déhiscents. 

a.  Lames  de  cellules  peu  ou  point  ligniliées  traversant  la  couche  scléreuse  du  fruit. 
Le  plus  souvent,  ces  lames  sont  longitudinales  :  chez  les  Chicoracées,  où  elles  sont  au 
nombre  de  cinq  dans  le  tiers  inférieur  du  fruit  ;  chez  les  Juglandées,  ou  deux  lames  de 
petites  cellules  aplaties  et  non  lignifiées  correspondent  à  la  nervure  médiane  des  deux 
carpelles  (Juglans,  Carya^  Pterocarya).  Rarement  elles  sont  courbes,  circonscrivant 
un  opercule  qui  sera  repoussé  et  détaché  par  la  radicule  croissante  (Beta,  Biinêcts, 
Erucago,  Polamogelon). 

b.  Lames  de  cellules  lignifiées  ayant  un  diamètre  plus  petit,  des  parois  plus  minces 
et  moins  contournées  que  celles  du  reste  de  la  couche  scléreuse.  Le  plus  souvent  longi- 
tudinales, comme  dans  l'akène  de  Funiaria  qui  s'ouvre  le  long  de  ses  deux  bords,  dans 
ceux  de  certaines  Gupulifères  et  Bélulinées;  elles  sont  parfois  courbes,  circonscrivant 
un  opercule  (noyaux  des  Cornus,  et,  avec  quelque  complication,  akènes  des  Labiées 
à  style  terminal  et  des  Héliotropiées). 

c.  Orientation  différente  des  cellules   ou  fibres  lignifiées  :  Le  noyau  de  l'olive 


C.  P.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N»  10.) 


8^ 


(J28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

souvre  par  deux  fentes  longiludinales.  Le  long  des  lignes  de  fente,  les  fibres  scléieiises. 
qui  dans  toulJe  reste  du  noyau  sont  disposées  à  peu  près  langentiellement,  se  ilisposent 
radialement.  De  même  pour  la  ligne  dorsale  des  noyaux  et  akènes  de  beaucoup  de 
Rosacées  (certains  Prunus,  Potenlilla). 

d.  Simple  décollenienl  d'épidernies  carpellaires  rapprocliés.  Jiguifiés  {Cratœgus 
Pyrucant/ia)  ou  non  (Prunus). 

Influence  de  la  forme  du  fruit.  —  ]  ^a  forme  du  fruit  peut  avoir  une  influence 
sur  la  distribution  des  lignes  de  faible  résistance  :  aux  angles  des  fruits  de 
Labiées  à  style  basai,  de  Polygonées,  les  cellules  scléreuses  de  l'épiderme, 
gênées  dans  leur  développement  transversal,  restent  plus  étroites,  à  parois 
plus  faibles.  Des  observations  analogues  peuvent  être  faites  sur  les  fruits  de 
Cupulifères  (Carpinus^  Ostryo). 

Influence  de  la  marche  de  la  sclérification.  —  Les  (  loniposées-Carduacées 
présentent  une  grande  constance  dans  Ja  structure  de  leurs  fruits,  et  dans 
l'ouverture  à  la  germination.  Celle-ci  se  fait  par  deux  lignes  longitudinales 
correspondant  à  des  angles  souvent  peu  saillants  extérieurement.  La  sclérifi- 
cation ne  les  gagnant  qu'en  dernier  lieu,  elles  en  gardent  une  certaine 
faiblesse.  Remarques  analogues  cbez  des  Cupulifères  (Cai-pinus). 

Applications  à  la  systématique.  —  Les  akènes  ou  les  noyaux  de  certains 
groupes  naturels  présentent  un  mode  d'ouverture  constant,  correspondant 
à  une  constitution  morphologicjue  et  anatoiuiquc  du  fruit  qui  est  constante 
dans  tout  le  groupe  considéré.  Tel  est,  par  exemple,  le  grand  groupe  ancien 
des  Urticacées  (Crticées,  Cannabinées,  LImacées,  Celtidées,  Morées,  etc.). 
Tel  est  encore  le  groupe  des  Composées-Liguliflores. 

Ailleurs,  les  variations  d'ouverture  du  fruit  concordent  av^c  les  subdivi- 
sions de  la  famille  naturelle,  comme  dans  les  Labiées  et  les  Borraginées. 

Les  Labiées  à  style  terminal  ( Ajuga,  Teucrium)  ne  difïèrent  pas  seule- 
ment des  Labiées  à  style  basai  (Lamium,  Stachys ,_Melissa)  par  l'attache  du 
style  et  quelques  autres  caractères  secondaires,  mais,  comme  l'a  montré 
M.  Van  Tieghem,  par  une  disposition  très  différente  des  carpelles.  J'ai  cons- 
taté que  l'ouverture  des  fruits,  operculaire  dans  les  preinières,  longitudi- 
nale dans  les  secondes,  est  en  rapport  avec  l'organisation  carpellairo  et  vient 
s'ajouter  aux  autres  caractères  différentiels. 

Chez  les  Borraginées,  la  même  différence  s'observe  entre  celles  à  style  ter- 
minal (Cynoglossum,  Omplialodes)  et  celles  à  style  basai  (Pulmonaria^ 
fiorrago.,  Lit/wspermum,  Echium). 

Les  Héliotropiées  {Heliotropium,  Tournefortia)  owX,  une  ouverture  oper- 
culaire comme  les  Cynoglosses.  Il  y  a  là  un  véritable  phénomène  de  con- 


SÉANCE    DU    7    MARS    IQIO.  629 

vergence,  car  l'organisalion  carpellaire  des  Cynoglosses,  des  Héliotropes  et 
des  Germandrées  n'est  pas  la  même. 

Enfin,  dans  d'autres  groupes  naturels,  les  variations  déstructure  et  d'ou- 
verture du  fruit  peuvent  venir  s'ajouter  à  d'autres  caractères  pour  la  déter- 
mination des  affinités  entre  les  eenres. 


biologie;  végétale.  —   Sur  la  vanalinn  dans  le  greffage  et  l' hyhridalion 
asexuelle.  Note  de  M.  Ed.  Griffox,  présentée  par  M.  iùl.  Prillieux. 

En  1901,  désirant  me  faire  une  opinion  personnelle  sur  la  cjuestion  à 
l'ordre  du  jour  de  X influence  réciproque  du  sujet  et  du  greffon  dans  ses  rap- 
ports avec  Vhybridation  asexuelle^  j'ai  commencé  des  expériences  en  pre- 
nant comme  espèces  et  variétés  celles  qui  avaient  été  utilisées  par  M.  Da- 
niel au  cours  de  ses  longues  recherches. 

Je  n'ai  rien  piilîlié,  ii  paît,  îles  lésiiilals  ol)l.enus  en  190J,  car  je  désirais  simplement, 
celte  année-là,  me  familiariser  avec  un  genre  de  recherclies  encore  nouveau  pour  moi. 
J'ai  repris,  en  1906,  une  partie  des  essais  de  igoS;  j'en  ai  exécuté  d'autres  et  j'ai 
continué  en  1907,  1968,  1909  et  1910.  Ces  essais  ont  été  efTectués  sur  des  milliers 
d'individus,  dans  le  Jardin  botanique  de  l'Ecole  nationale  d'Agriculture  de  Grignon 
où  de  nombreux  horliculteurs  et  botanistes  ont  pu  les  contrôler.  J'ajoute  qu'ils  ont 
porté  principalement  sur  les  variations  morphologiques  consécutives  au  ^relTage  et 
cela,  avec  des  plantes  herbacées  seulement  ('). 

Dans  ces  conditions,  je  ne  puis  avoir  la  prétention  de  tirer  des  conclusions  délini- 
tives  et  générales  sur  la  variation  dans  la  greiïe.  Il  y  a  bien  d'autres  questions  à  envi- 
sager dans  ce  vaste  domaine;  je  ne  l'ignore  pas,  et  plusieurs  d'entre  elles,  du  reste, 
sont  déjà  à  l'étude.  En  outie,  je  crois  bon  de  faire  observer  qu'il  est  absolument 
nécessaire  de  bien  préciser  la  nature  de  semblables  recherches,  sans  quoi  on  expose 
le  lecteur  non  averti  à  commettre  des  confusions  étranges  et  à  se  faire  une  opinion 
inexacte  des  travaux  entrepiis  et  de  leurs  conséquences  pratiques. 

1"  (^uand  un  greffon  est  implanté  dans  un  sujet  sous  forme  de  rameau 
ou  d'écusson  par  une  greffe  simple,  les  bourgeons  qu'il  possède  vont-ils 
donner  des  pousses  influencées  spécifiquement  par  le  sujet,  c'est-à-dire  pré- 
sentant des  caractères  de  ce  dernier  que  le  greffon  ne  possède  pas  lui-même 
normalement?  La  question  ainsi  posée  est  déjà  fort  complexe.  Il  y  a  lieu,  en 
effet,' de  distinguer,  suivant  les  cas,  des  caractères  morphologiques,  bioloT 


(M   Ed.  Giuffox,  Huit,  de  la  Soc.  bot.  de  France,  1907,  p.  699;  T908.  p.  .597;  1909. 
.  2o3  et  612. 


G3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

giques,  cliimiques  et  pathologiques  et  Ton  n'a  pas  le  droit  de  conclure  de 
Tapparilion  des  uns  dans  le  grelîon,  à  celles  des  autres,  sans  expériences  le 
démontrant  pour  chaque  type  de  plante.  Bien  entendu,  la  même  question 
peut  se  poser  à  propos  des  hourgeons  du  sujet  qui,  en  se  dévelop[)ant 
(greffe  mixte  de  Daniel),  donneraient  des  pousses  hybrides  par  suite  de 
l'influence  spécifique  du  greffon.  C'est  grâce  à  cette  dernière  qu'on  pour- 
rait obtenir,  dit-on,  par  des  greffages  systématiques,  des  variétés  nouvelles 
dont  malheureusement,  en  dépit  de  promesses  bientôt  vieilles  de  vingt  ans 
et  sans  cesse  renouvelées,  nous  attendons  encore  l'apparition. 

2°  D'autre  part,  s'il  y  a  des  variations  dans  les  caractères  des  pousses  du  greflTon  el 
de  celles  du  sujet,  on  peut  se  demander  si  elles  ne  sont  pas  de  même  ordre  que  celles 
qu'on  observe  en  dehors  du  gr-elTage  (accidents  divers)  et  dont  celui-ci  ne  serait 
nullement  la  cause. 

3"  En  outre,  et  surtout,  la  nature  des  sujets  employés  peut  provoquer 
dans  le  grcfl'on  des  modifications  quantitatives  dues  simplement  aux  condi- 
tions nouvelles  dans  lesquelles  ce  dernier  doit  vivre.  Mais  d'abord,  ces 
modifications  n'ont  pas  toujours  lieu;  ensuite,  tjuand  elles  existent,  elles 
sont  tantôt  pour,  tantôt  contre  la  théorie  du  mélange  des  caractères  des 
deux  plantes  associées;  elles  augmentent  ou  amoindrissent  certaines  qualités 
(richesse  en  sucre,  en  acide  par  exemple);  elles  sont  identiques  à  celles  que 
provoquent  des  causes  bien  connues  (milieux  nutritifs,  opérations  cultu- 
rales,  etc.)  et  ne  correspondent  donc  nullement  à  tout  ce  que  produirait 
une  fusion  de  ])lasmas  spécifiques. 

Mais  ces  variations,  dites  de  niitrition,  personne,  au  fond,  ne  les  nie.  Seidenient  il 
ne  s'ensuit  pas  de  ce  qu'on  les  a  constatées  çà  et  là,  pour  affirmer  qu'elles  se  manifes- 
teront souvent,  sinon  touiours,  qu'oji  ne  pourra  pas  les  combattre,  ni  surtout  qu'elles 
seront  assez  importantes  pour  altérer  les  caractères  essentiels  des  variétés  et  de  leurs 
produits;  pour  amener,  par  exemple,  dans  la  Vigne  française  grefl'ée  sur  américaine, 
un  abâtardissement  des  cépages,  une  détérioialion  des  vins  notable.  Sous  ce  dernier 
rapport,  en  effet,  il  est  établi  par  une  expérience  colossale  qui  se  poursuit  depuis 
plus  de  3o  ans  en  divers  points  du  monde,  qu'avec  des  porte-grefles  convenant  bien 
au  sol,  au  climat,  à  la  vaiiété  indigène  propagée,  avec  une  taille  appropriée  et  une 
bonne  culture,  il  n'est  pas  rare  d'observer  le  contraire. 

/}"  A  côté  de  ces  prétendues  variations  speri/iqucs,  de  ces  accidents  ou 
s/)i>ris,  de  ces  variations  de  nutrition,  il  esl  im  cas  fort  intéressant,  qui  se 
réalise  rarement,  il  est  vrai,  et|)ar  conséquent  n'a  qu'un  mince  intérêt  pra- 
tique, c'est  celui  qui  consisterait  peut-être  dans  la  formation,  au  niveau  du 
bourrelet  de  soudure,  d'un  bourgeon  h  vbride,  résultant  de  la  fusion  de  noyaux 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  63l 

des  deux  plantes,  ou  bien  encore  dun  bourgeon  composite  dont  les  cel- 
lules appartiendraient  partie  au  sujet,  partie  au  greffon  (Strasburger,  Le 
Monnier). 

Dans  le  premier  cas,  le  bourgeon  donnerait  un  véritalile  livbride  asexuel  ;  clans  le 
second,  un  pseudo-livbride  de  grelTe  dans  lequel  les  cellules  des  deux  parents  l'esle- 
raient  dislinctes.  chacune  suivant,  plus  ou  moins  exactement,  les  propres  tendances 
héréditaires.  Ces  pseudohybrides  seraient  des  chimères,  comme  on  les  nomme  en 
Allemagne,  si  des  parties  entières  ne  renfermaient  que  des  cellules  provenant  d'un 
seul  composant,  des  liyperchiinères  (Strasburger)  ou  périclinalchiinères  (Baur)  si 
les  cellules  d'origines  dirt'érenles  étaient  soit  intimement  mélangées,  soit  disposées 
par  couches  ou  enveloppes  régulières.  Ce  serait  alors,  en  laissant  de  côté  certaines 
formes  peu  caractéristiques  ou  encore  insuffisamment  étudiées  et  suivies,  le  cas  des 
Cratd'goDiespiliis  (repousses  anomales,  au  niveau  du  bourrelet,  de  greffes  de  Mespiltis 
^\w  Cralœgiis),  des  Solaniiin  de  Winkler  (plantes  obtenues  récemment  par  la  section, 
au  niveau  du  bourrelet  également,  de  greffes  de  .S.  Lycopersicuni  et  S.  nigrum), 
enfin  du  Cy/fstis  Adaini  et  des  Orangers  Bizarria  dont  l'origine,  cette  fois,  est  à  peu 
près  inconnue  et  pourrait  tout  aussi  bien  élre  attribuée  à  l'hybridation  sexuelle. 

Mais  qui  ne  voit  la  différence  considérable  existant  entre  ces  êtres  singuliers  et 
rares  et  les  greffes  ordinaires  où  il  s'agit  de  pousses  dérivant  des  bour-geons  qui  appai- 
tiennent  exclusivement  soit  à  l'un,  soil  à  l'autre  des  deux  individus  associés  (')?  Kn 
ipioi,  par  exemple,  l'existence  du  Cyllsiis  Adami  e[.  àQ%  Cratœgnmespiliis  implique- 
t-elle  celle  de  variations  spécifiques  dans  les  Vignes  dont  les  sarments  proviennent  tous 
du  greffon  seul  ? 

l'our  ma  part,  je  suis  convaincu  que  si  l'on  voulait  bien,  à  propos  de 
chaque  cas,  faire  les  distinctions  qui  viennent  d'être  envisagées  ci-dessus, 
ne  pas  tenir  coin|)te  des  expériences  et  observations  fausses  ou  non  démons- 
tratives (et  il  y  en  a  plus  d'une)  ;  si  l'on  voulait  bien  ne  pas  généraliser  des 
exceptions  et  ne  parler  que  de  plantes  dont  on  connaît  à  fond  les  variations, 
la  culture  et  les  produits,  on  linirait  par  se  mettre  d'accord  sur  cette  ^ques- 
tion si  vivement  controversée  du  greffage. 

(^)uoi  qu'il  en  soit,  je  puis  affirmer  qu'au  cours  de  cincj  aimées  consécu- 
tives de  recherches  sur  les  plantes  herbacées  (Solanées,  Légumineuses, 
(Composées,  Cnicil'ères),  avec  des  milliers  de  greffes  et  de  témoins,  les  va- 
riations morphologiques  et  biologi(pies  ont  été  peu  nombreuses  et  pas  très 
marquées.  En  aucun  cas,  je  n'ai  observé  d'iniluence  spécifique  du  sujet  et  du 
greffon,  d'altération  des  caractères  fondamentaux  d'espèce  ou  de  variété, 
d'hvbridation  asexuelle. 


(')   I..  Daniki.,  (o/iiptcs  reiidiix,  t.  (,\I^I\,  1909,  p.  1008. 


(l'i^'2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Pénétration  et  action  bactéricide  des  rayons 
ultraiioh'ls  par  rapport  à  la  constitution  chimique  des  milieu-v.  Note  de 
M.  Gabriel  Vai.let,  présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

On  sait  que  Teau  pure  se  laisse  facilement  traverser  par  les  rayons  ultra- 
violets. Par  contre,  on  a  rencontré  des  difficultés  considérables  lorsqu'on  a 
voulu  appliquer  l'action  bactéricide  de  ces  radiations  à  certains  autres 
liquides,  dont  on  n'a  pu  obtenir  la  stérilisation  qu'en  les  disposant  en  couche 
exlrèmement  mince  au-dessous  des  lampes  de  quartz.  C'est  ainsi  qu'un 
échantillon  de  moût  de  raisin,  que  j'ai  étudié,  n'a  commencé  à  être  sensible 
à  Faclion  stérilisante  de  rayons  ultraviolets  que  sous  une  épaisseur  d'un  quart 
de  millimètre.  Des  observations  analogues  ont  été  faites  par  divers  expéri- 
mentateurs pour  le  vinaigre,  le  cidre,  le  lait,  la  bière,  etc. 

Les  milieux  précités  étant  de  composition  assez  complexe,  il  serait  intéres- 
sant de  déterminer  le  rôle  que  joue,  dansl'absorptiondesrayonsultraviolets, 
chacune  des  substances  qu'on  y  rencontre.  Les  présentes  recherches,  qui 
ont  eu  pour  but  d'ébaucher  cette  étude,  ont  porté  sur  un  certain  nombre 
de  substances  qui  entrent  presque  toutes  dans  la  composition  des  liquides 
destinés  à  un  usage  alimentaire. 

La  source  lumineuse  élail  constituée  par  une  lampe  en'quartz  à  vapeurs  de  mercure, 
de  220  volts,  du  modèle  du  D'  Nageisclimidt,  fourni  par  la  Quarlzlampen  Gesellscliaft 
(Hanau).  l^'efliet  bactéricide,  obtenu  dans  des  conditions  déterminées,  a  servi  de  cri- 
térium pour  apprécier  le  degré  de  pénéirabilité  des  rayons  ulli-aviolets  à  travers  les 
substances  étudiées.  Celles-ci  étaient  largement  polluées  avant  chaque  essai,  au 
moyen  d'une  émulsion  deBac.coli.  La  pénétration  des  radiations  était  considérée  comme 
complète  lorsque  tous  les  bacilles  élaienldétruits.  Déplus,  commecertains  échantillons 
pouvaient  posséder  une  action  antiseptique  propre,  des  ensemencements  témoins  ont 
toujours  été  pratiqués  après  un  temps  de  contact  suffisant  (à  la  fin  de  l'expérience). 
I^es  substances  liquides  ou  les  dissolutions  des  corps  solides  dans  l'eau  distillée  étaient 
placées  dans  un  récipient  lectangulaire  à  2'^^™  au-dessous  du  brûleur  et  exposées  pen- 
dant I  minute  à  l'action  de  la  lumière  (un  obturateur  permettait  de  régler  cette  exposi- 
tion, la  lampe  restant  en  régime  normal  de  marche).  L'épaisseur  du  liquide  était  de 
i";"',5.  A  part  des  dérogations  dont  il  sera  fait  mention  pour  chaque  cas  particulier,  les 
conditions  de  temps,  de  distance  et  d'épaisseur  ont  été  uniformes  dans  cette  série 
il'expéiiences.  iVlais  chaque  substance  a  été  étudiée  en  faisant  varier  le  tilie  de  sa  di- 
lution, et  le  degréde  pénétrabililédes  rayons  ultraviolets  a  été  déterminé  en  cherchant 
la  limite  de  concentration  à  partir  de  laquelle  l'action  bactéricide  ne  s'exerçait  plus. 

I"  Sucres.  —  Dans  les  conditions  de  temps,  de  dislance  et  d'épaisseur  énoncées 
ci-dessus,  les  solutions  de  glucose  se  laissent  traverser  par  les  rayons  ultraviolets 
jusqu'au  titre  de  20  pour  100.  Les  cou  ce  n  t  rat  ion  «  plus  élevées  ne  sont  pas  stérilisées. 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  633 

Le  lactose  a  une  perméabilité  plus  accenluée,  car  sa  stérllisalioii  est  oompiéle  en 
solution  saturée  (35  pour  100  environ  à  3o°). 

2°  Alcools.  —  La  glycérine  pure,  sans  addition  d'eau,  est  toujours  stérilisée  dans  les 
conditions  habituelles  de  l'expérience;  toutefois,  elle  est  moins  transparente  que  l'eau, 
car,  si  l'on  fait  varier  ie  temps  et  la  distance,  on  voit  qti'en  3o  secondes,  à  17'^'"  du 
brûleur,  elle  cesse  d'être  stérilisée,  alors  que  l'eau  l'est  encore.  Lorsqu'on  étudie  des 
dilutions  successives  cValcool  élltylique  dans  l'eau  distillée,  on  constate  que  la  stéri- 
lisation a  lieu  jusqu'au  moment  où  l'alcool  exerce  son  action  antiseptique  propre.  Mais 
un  dispositif  spécial  permet  de  voir  comment  se  comporte  l'alcool  absolu  employé  pur: 
dans  un  petit  verre,  on  introduit  de  l'eau  cliargée  de  colibacilles  et  à  sa  surface  on 
verse  avec  précaution  de  Talcool  qui  surnage.  En  augmentant  progressivement 
l'épaisseur  de  celle  couche  dans  des  essais  successifs,  on  obseive  que  l'eau  sous-jacente 
est  stérilisée  même  lorsque  la  couche  d'alcool  atteint  i''™  d'épaisseur  (temps,  1  minute; 
distance,  2'"').  L'alcool  éthylique  est  donc  très  perméable. 

3°  Acides.  —  U'acide  acéliijue  et  Vacide  lartrique,  dissous  dans  l'eau,  laissent  agir 
les  rayons  ultraviolets  jusqu'à  ce  que  leur  action  antiseptique  propre  empêche  de 
pousser  plus  loin  l'expérience  (7  pour  100  pour  l'acide  acétique,  12  pour  100  pour 
l'acide  lartrique).  En  ce  qui  concerne  l'acide  acétique  crislallisable,  non  dilué  et  forte- 
ment antiseptique  sous  celle  forme,  un  dispositif  analogue  à  celui  employé  pour 
l'alcool  semblait  indiqué;  mais  comme  l'acide  acétique  ne  se  maintient  pas  en  couche 
sur  l'eau,  il  a  fallu  remplacer  celle-ci  par  la  glycérine.  Dans  ces  conditions,  une  couche 
d'acide  acétique  de  i™™,5  a  suffi  pour  faire  écran  à  l'action  stérilisante. 

4°  Sets  niinératijs.  —  }^e  chlorure  de  sodium  est  perméable  jusque  dans  ses  solutions 
saturées  (3o  pour  100  environ).  En  diminuant  le  temps  d'exposition,  on  constate  qu'il 
cesse  d'èlre  stérilisé  à  partirel  au-dessous  de  a  secondes,  commeaussi  du  reste  le  témoin 
constitué  par  J'eau  distillée.  La  limite  de  pénétrabilité  est  de  19  pour  100  pouvV azotate 
de  chaux  (choisi  comme  exemple  de  sel  de  chaux  à  cause  de  sa  soluLililé)  et  de 
22  pour  100  pour  le  carbonate  de  soude. 

5°  Sels  organiques.  —  Les  tartrates  se  laissent  facilement  pénétrer  :  le  tartrale 
neutre  de  potasse  était  encore  stérilisé  à  35  pour  too;  le  hitartrate  de  potasse,  dont 
on  ne  peut  guère  obtenir  au  maximum  que  des  solutions  à  i  pour  100,  voisines  de  la 
saturation,  a  été  stérilisé  à  ce  taux  en  5  secondes. 

6°  Matières  grasses.  —  Un  échantillon  à^huile  d'olive  a  servi  aux  essais.  En  couche 
mince  à  la  surface  de  l'eau,  elle  a  empêché  la  stérilisation  de  celle-ci. 
■  70  Matières  proléiques.   —  Les  limites  à  partir  desquelles  les  rayons   ultraviolets 

W  n'exercent  plus  leur  action  bactéricide  ont  été  pour  la  gélatine  de  17  pour  100,  pour 

la  peptone  de  3  pour  100,  et  pour  Yaibumine  d«  1  pour  too  environ.  L'albumine 
étudiée  était  de  l'albumine  sèche  provenant  de  l'œuf;  ses  soliUitions  dans  l'eau  pure 
sont  difficiles  à  obtenir  et  leur  titre  exact  ne  peut  être  connu  que  par  des  dosages 
consécutifs.  Unesolution  contenanlo,70  pour  100  a  été  stérilisée,  une  autre  renfermant 
1,10  pour  100  ne  l'a  pas  été.  En  somme,  parmi  les  substances  protéiques,  l'albumine 
et  la  peptone  sont  assez  fortement  opaques  pour  les  rayons  ultraviolets. 

8°  Matières  colorantes.  —  On  peut  avoir  une  idée  de  l'action  des  matières  colo- 
rantes en  procédant  par  différence  :  un  vin  rouge  non  stérilisé,  après  avoir  été  soumis 
en  nature  aux  radiations,  a  pu  être  stérilisé  après  sa  décoloration  par  le  noir  animal. 


634  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mais  un  moùl  de  raisin,  d'ailleurs  peu  coloré  et  qui  avait  montré  une  grande  opacité, 
ne  s'est  pas  modifié  à  ce  point  de  vue  par  la  décoloration. 

Il  existe  donc  entre  les  substances  précédentes  de  notables  différences 
qtiant  à  leur  pénétrabilité  par  les  rayons  ultraviolets.  Les  uns,  comme 
l'alcool  élhylique,  la  glycérine  et  beaucoup  de  solutions  salines,  se  laissent 
facilement  traverser;  les  autres,  comme  l'albumine,  la  peptone  et  l'Iiuile 
sont  fortement  opaques.  De  plus  il  est  probable  que,  rassemblées  dans  un 
milieu  complexe,  elles  y  additionnent  leurs  effets.  C'est  du  moins  ce  qui 
semble  ressortir  de  la  constatation  suivante  :  un  milieu  artificiel,  conte- 
nant iK,  5o  de  peptone,  los  de  glucose,  os,5o  de  bitartrate  de  potasse 
pour  100"°°  d'eau,  n'a  pas  pu  être  stérilisé  dans  les  conditions  ordinaires  de 
l'expérience.  Cbacune  des  substances  entrant  dans  sa  composition  était 
cependant  assez  loin  de  la  limite  à  partir  de  laquelle  elle  confère  l'opacité  à 
son  dissolvant. 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les  try- 
panosomes.  Note  de  MM.  H.  Bordiek  et  R.  Horand,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

Au  cours  d'expériences  sur  l'action  des  rayons  X  et  des  rayons  ultra- 
violets (')  sur  les  bactéries  et  les  protozoaires,  nous  sommes  arrivés  à 
étudier  cette  action  sur  les  trypanosomes  et,  en  particulier,  sur  le  Trypa- 
nosoma  Lewisi. 

Nous  avons  trouvé  que  les  rayons  ultraviolets  tuent  ce  flagellé  même  à 
doses  faibles  :  la  gouttelette  du  sang  d'un  rat  inoculé  avec  ce  trypanosome, 
placée  entre  lame  et  lamelle  lutée  à  la  paraffine,  est  exposée  aux  radiations 
émanant  de  la  lampe  à  vapeur  de  mercure  et  en  quartz,  modèle  de  Kromayer  : 
la  lamelle  est  appliquée  contre  la  fenêtre  refroidie  de  la  lampe  pendant  un 
certain  temps  mesuré  au  chronomètre. 

Nous  avons  déterminé  le  temps  minimum  nécessaire  pour  obtenir  la  mort 
des  trypanosomes  et  nous  avons  pu,  grâce  à  la  méthode  de  dosage  des  rayons 
ultraviolets  de  l'un  de  nous  (^),  mesurer  la  quantité  d'énergie  radiante 
absorbée  par  les  protozoaires  et  correspondant  à  la  dose  mortelle.  Cette 


(  '  )  Société  nationale  de  Médecine  de  Lyon^  février  1910. 

(')   Chromo-aclinomi'lre  {Archi'.-t.    d'Electricité  r?iédicale,  25  iuiUet  1908). 


SÉANCE    DU    7    MABS    1910.  635 

(juaiitilé  est  de  0,7  unité  ('),  en  tenant  compte  de  l'absorption  des  rayons 
par  la  lamelle  de  verre;  avec  noire  lampe,  il  faut  i5  secondes  pour  obtenir 
cette  dose. 

Après  Taction  des  rayons  ultraviolets,  l'examen  à  l'ultramicroscope  de 
la  préparation  montre  que  tout  mouvement  des  trypanosomes  a  cessé;  on 
ne  retrouve  même  pas  leurs  cadavres. 

Leur  forme  s'est  complètement  transformée  pendant  l'irradiation. 

On  constate  en  même  temps  une  altération  des  globules  rouges  qui  appa- 
raissent crénelés,  et  aussi  une  modification  de  leur  couleur,  l'hémoglobine 
ayant  été  réduite  par  les  rayons  ultraviolets,  ainsi  que  cela  avait  déjà  été 
démontré  (- ). 

Nous  avons  aussi  soumis  ces  trypanosomes  à  l'action  des  rayons  \  et  nous 
avons  constaté  que  des  doses  même  très  fortes,  allant  jusqu'à  i5  unités  I  (') 
n'arrêtent  pas  les  mouvements  et  ne  modilient  pas  la  forme  de  ce  proto- 
zoaire (|ui  continue  à  vivre  comme  si  l'irradiation  n'avait  pas  eu  lieu. 


l'IlYSIOl.OGlE.  —  Immunité  nalurelle  des  liatraciens  et  des  Serpents  contre 
le  venin  muqueux  des  premiers;  mécanisme  de  cette  immunité.  Note 
de  M'"*  .Makii!:  1*iiisai.ix,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

S'il  est  possible  d'envenimer  les  Serpents  et  les  Batraciens  avec  le  venin 
muqueux  cutané  de  ces  derniers,  il  faut  du  moins  employer  des  doses  qui 
sont  très  élevées  relativement  à  celles  qui  suffisent  à  tueries  Mammifères  et 
les  ()iseaux. 

C'est  ainsi  que  le  dixième  de  la  dose  de  mucus  de  Discoglosse,  qui  tue  en 
iî4  à  l\è  heures  la  Vipère  aspic  et  la  (j renouille  verte,  suffit  à  foudroyer  le 
l^apin  par  inoculation  inira-veineuse,  et  le  Moineau  par  injection  dans  le 
muscle  pectoral. 

Le  même  eftét  se  produit  également  chez  le  Lapin  avec  le  mucus  fourni 
par  une  seule  petite  Grenouille  verte,  et  chez  le  Moineau  avec  le  (juart  de 
celte  dose,  alors  qu'il  faut  le  mucus  de  trois  sujets  pour  tuer  la  \  ipère  et 


(')  Quanlilomélric  des  rayons  ti/lraviolels;  unité  de  quantité  {Société  de  Radio- 
logie médicale  de  Paris,  février  1910). 

(-)  BoKDiEii  et  N0GIEH,  Archives  d'Électricité  médicale,  1908,  p.  3i6. 

(')  L'unité  I,  nouvelle  unité  de  quantité  des  rayons  A'  {Archives  d'Électricité 
médicale,  1906,  p.  067). 

G.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N"  10.)  85 


()3G  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

celui  de  cinq  pour  envenimer  morlelleraenl  la  Cîrenouille  verte  ellc-mèuie. 

Si  l'on  prend  comme  unité  de  résistance  au  mucus  de  Grenouille  celle  de 
i''*'  de  Lapin,  on  trouve  que  les  résistances  respectives  de  la  Vipère  et 
de  la  Grenouille  sont  exprimées  par  les  nombres  igS  et  58 1,  celle  de  la 
Couleuvre  vipérine  étant  intermédiaire  aux  précédentes.  Vis-à-vis  du 
mucus  d'Axolotl,  dont  l'injection  intraveineuse,  quoique  mortelle,  n'est  pas 
foudroyante,  on  constate  que  la  dose  uiinima  mortelle,  pour  une  Vipère  ou 
une  Grenouille  du  poids  de  30^,  n'est  pas  plus  élevée  que  pour  un  Lapin 
pesant  i3oo^,  et  que  cette  dose  n'a  même  aucun  effet  appréciable  tant  sur 
la  Couleuvre  vipérine  que  sur  la  Salamandre  terrestre. 

La  comparaison  des  doses  minima  mortelles  pour  les  divers  animaux, 
étendue  aux  mucus  d'Alyte,  de  Triton,  de  Pélobate  et  de  Salamandre, 
fournil  des  résultats  qui  concordent  si  bien  avec  les  précédents  qu'il  serait 
superllu  d'en  accumuler  les  détails. 

Mécanisme  de  l'immunité.  —  J'ai  monlré  que  les  Serpents  sont  aussi  résistants 
que  les  Batraciens  eux-mêmes  à  la  salamandrine,  et  que  leur  immunité  est  due  à 
l'iiDlagonisme  physiologique  de  celle  substance  el  de  réchidno-to\ine  contenue  dans 
leur  sang  {Comptes  rendus^  29  juin  1909). 

C'est  par  ce  même  mécanisme  que  les  Batraciens,  et  la  Salamandre  en  particulier, 
sont  protégés  à  la  fois  contre  leurs  sécrétions  cutanées,  Tune  primitivement  paraly- 
sante comme  le  venin  de  Vipère,  l'auti-e  tétanisant  d'abord  le  cœur,  comme  la  salaman- 
drine; et  Ton  comprend  que  la  présence  simultanée  dans  leur  sang  de  ces  venins  à 
elTels  opposés,  maintienne  l'équilibre  physiologique  ciiez  l'animal  normal,  el  que  cet 
éi|uilil)re  puisse  êlre  rétabli  chez  l'animal  inoculé  par  l'apport  immédiat  et  constant 
du  produit  antagoniste. 

Quant  à  l'immunité  naturelle  des  Serpents  contre  le  mucus,  elle  a  la  même  origine 
que  celle  que  possèdent  ces  reptiles  contre  leur  propre  venin  ;  elle  est  due  à  l'antitoxine 
dont  C.  Phisalix  a  montré  l'existence  dans  leur  sang,  et  qu'on  met  en  évidence  en 
détruisant  la  substance  toxique,  soit  par  un  chauffage  approprié,  soit  par  la  précipi- 
tation alcoolique  :  c'est  ainsi  que  le  mélange  in  vitro  du  précipité  de  4'°''  'le  sérum 
avec  la  dose  de  mucus  d'Axolotl,  mortelle  pour  la  Vipère,  inoculé  dans  la  cavité 
générale  de  celle-ci,  ne  produit  plus  qu'une  asthénie  passagère,  alors  que  les  témoins 
meurent  en  un  temps  variant  de  quelques  jours  à  quelques  heures. 

Ce  qui  confirme,  d'ailleurs,  que  rimmunilé  des  Serpents  et  des  Batra- 
ciens est  due  plutôt  à  la  composition  de  leurs  humeurs  qu'à  la  résistance 
propre  de  leurs  cellules  nerveuses  au  mucus,  c'est  qu'on  peut  les  paralyser 
avec  des  doses  minimes  de  ce  dernier,  porté  directement  sur  les  centres 
nerveux;  une  Couleuvre  à  collier  meurt  en  3  heures,  une  Grenouille  verte 
en  i5  heures,  après  avoir  reçu  sur  le  cerveau,  à  travers  la  membrane 
occipilo-atloïdiennc,  la  vingtième  j)arlie  du  mucus  (pi  elles  tolèrent  par  les 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  63^] 

autres  voies.  Et  l'on  constate  qu'il  en  est  de  même  vis-àcvis  de  la  salaman- 
drine;  une  dose  de  0"^=,  ^  de  ce  venin  introduite  dans  le  crâne  convulsive 
aussitôt,  el  lue  en  3o  minutes  une  Couleuvre  à  collier,  qui  en  supporterait 
15""^  par  la  voie  sous-culanée;  la  Salamandre  elle-même  est  tétanisée  par 
une  dose  de  o"s,3o,  et  la  Grenouille  verte  par  une  dose  de  o'"k,  10,  alors 
qu'il  faudrait  des  doses  10  et  6  fois  plus  grandes  pour  produire  le  même 
effet  par  injection  dans  l'abdomen. 

De  plus,  les  animaux  dont  on  a  renforcé  l'immunité  naturelle  par  une  ou 
plusieurs  inoculations  de  venin  se  montrent  aussi  sensibles  que  les  animaux 
neufs  à  l'inoculation  intra-crânienne  de  mucus  ou  de  salamandrine.  C'est 
ainsi  qu'une  (Couleuvre  à  collier,  qui  avait  supporté  l'inoculation  sous- 
cutanée  du  mucus  de  six  Salamandres,  et  une  Couleuvre  vipérine,  qui  avait 
reçu  le  mucus  de  la  peau  ventrale  d'un  Axolotl,  sont  mortes  de  la  même 
façon  et  dans  le  même  temps  que  les  témoins. 

La  sensibilité  des  animaux  à  l'inoculation  intra-crânienne  est  telle  qu'elle 
permet  de  déterminer  expérimentalement  les  doses  exactes  suivant  lesquelles 
doivent  être  mélangés  les  venins  antagonistes  pour  (jue  leurs  effets  s'an- 
nulent :  quelques  gouttes  des  solutions  à  j^  de  salamandrine  et  de  venin 
de  Vipère,  mélangées  dans  les  proportions  de  j  de  la  première  pour  |  de  la 
seconde,  n'ont  pas  plus  d'effet  que  l'eau  salée  physiologique;  et  il  en  est  de 
même  quand  on  substitue  au  venin  de  Vipère  le  mucus  de  la  Salamandre, 
concentré  par  évaporation  ou  ébullition. 

La  résistance  des  cellules  nerveuses  des  Batraciens  et  des  Serpents  ne 
semble  pas  non  plus  augmenter  par  les  inoculations  répétées  de  venin  à  leur 
surface,  car  une  Grenouille  verte  qui  avait  reçu,  à  intervalles  de  quelques 
jours,  de  petites  doses  de  son  propre  mucus,  s'est  montrée  aussi  sensible  à 
la  ([uatrième  inoculation  qu'à  la  première  ;  et  il  en  a  été  de  même  pour  une 
Couleuvre  à  collier  vis-à-vis  d'inoculations  répétées  de  salamandrine. 

('es  résultats,  joints  à  ceux  d'une  précédente  Note,  établissent  les  rapports 
d'immunité  réciproque  des  Batraciens  et  des  Reptiles;  ils  sont  à  rappro- 
cher de  ceux  qui  ont  été  obtenus  par  C.  Phisalix  avec  la  salamandrine  dé- 
posée directement  sur  les  lobes  optiques  de  la  Salamandre  elle-même,  el 
avec  le  venin  de  Vipère  introduit  dans  le  crâne  de  ce  Serpent,  de  ceux  de 
MM.  Roux  et  Borrel  avec  la  morphine,  les  toxines  tétanique  et  diphtérique, 
de  MM.  Lingelsheim,  Borrel  avec  la  toxine  tuberculeuse,  et  de  ceux  de 
M.  Gley  avec  les  sérums  d'Anguille  et  de  Torpille. 

De  leur  ensemble  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

i"  Les  lialraciens  el  les  Serpents,  qui  résistent  au  renin  granuleux  dorsal  des 


638  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

premiers,  et  en  particulier  à  la  salamandrine,  manifestent  une  immunité  natu- 
relle aussi  grande  lis-à-vis  du  second  poison  cutané,  le  venin  muqueux  ; 

2°  Cette  immunité  ne  se  manifeste  que  lorsque  les  venins  (mucus  ou  salaman- 
drine) ne  sont  pas  portés  directement  sur  les  centres  nerveux,  qui  n'acquièrent 
pas  de  résistance  spécifique  par  les  inoculations  répétées  à  leur  surface; 

3"  C'est  donc  une  immunité,  surtout  humorale,  due  pour  les  Batraciens  à  la 
présence  simultanée  dans  leur  sang  des  deux  sécrétions  antagonistes  et  pour  les 
Serpents  au  pouvoir  antitoxique  de  leur  sang,  qui  se  manifeste  aussi  bien  r^is- 
à-vis  du  mucus  que  vis-à-vis  de  leur  propre  renia. 


PHYSIOLOGIE.    —   Propriétés  du  sérum  des  lapins  séro-anaphylactisés. 
Note  de  M.  A.  Briot,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Les  phénomènes  d'anaphyiaxie,  dont  les  exemples  se  sont  multipliés 
depuis  quelques  années,  sont  d'une  explication  difficile. 

Parmi  les  nombreuses  théories  proposées,  il  en  est  une,  formulée  par 
M.  Nicolle,  qui  a  le  mérite  de  la  simplicité  et  l'avantage  de  rattacher  les 
phénomènes  d'anaphyiaxie  à  d'autres  faits  biologiques.  Elle  consiste  à  voir 
dans  l'anaphylaxie  un  phénomène  d'albuminolyse.  Cette  albuminolyse 
détermine,  par  action  sur  l'albuminoïde,  la  mise  en  liberté  d'un  produit 
toxique,  comparable  aux  poisons  vrais  de  Vaughan,  formés  par  l'action  de 
l'alcool  absolu  sodé  sur  des  albumines  ou  des  corps  microbiens. 

Un  premier  pas  a  été  fait,  dans  l'établissement  des  conséquences  de  cette 
hypothèse,  par  la  mise  en  évidence  de  l'anaphylaxie  passive.  Une  deuxième 
conséquence  était  la  possibilité  de  la  production  in  vitro  du  poison  anaphy- 
lactique. 

Kichel  l'avait  entrevue  avec  l'actino-congestine  et  nettement  établie  avec 
la  crépiline. 

Chez  les  lapins  anaphylactisés  avec  le  sérum  de  cheval,  j'ai  mis  en 
évidence,  avec  la  plus  grande  netteté,  ces  deux  phénomènes  d'anaphyiaxie 
passive  et  d'anaphyiaxie  in  vitro. 

Les  lapins  sont  préparés  par  des  injections  intrapéritonéales  presque  quotidiennes 
de  S"^"',  5  de  sérum  de  clieval  non  chauffé  (3i  injections  en  4o  jours).  Après  ce 
traitement,  ils  sont  sensibles,  et  ceux  qu'on  éprouve  par  une  inoculation  intra- 
veineuse de  4*^"'  Je  sérum  meurent  en  quelques  minutes  des  accidents  typiques 
d'anaphyiaxie. 

On  fait  des  prises  de  sang  à  ces  lapins  préparés  :  une  première  fois,  8  jours  après 


SÉANCE    DU    7    MARS    19IO.  63g 

la  dernière  injection   de   sérum;    une   deuxième  fois,   3  semaines  après.  Et,  avec  le 
sérum  obtenu,  on  fait  les  séries  d'essais  suivants  sur  des  lapins  neufs  : 

1.  Phénomène  d'anaphylaxie  passive.  —  Des  lapins  reçoivent  dans  la 
veine  de  l'oreille  des  doses  variant  de  2"'',  5  à  S""'  de  sérum  de  cheval  non 
chauffé. 

Ils  présentent  tous  des  symptômes  très  nets  d'anapliylaxie.  Les  uns  meurent  dans 
un  délai  de  5  à  20  minutes,  les  autres  se  remettent. 

2.  Phénomènes  d' anaphylaxie  in  vitro.  —  On  fait  un  mélange  à  parties 
égales  du  sérum  de  cheval  non  chauffé  et  du  sérum  des  lapins  préparés. 
Puis  on  l'injecte  dans  la  veine  de  l'oreille  à  des  lapins  neufs,  immédiatement 
après  sa  préparation,  à  des  doses  deo"°'  ou  de  10™'. 

Tous  les  lapins  sont  malades  avec  les  symptômes  d'anaphylaxie;  les  uns  meurent  en 
3  à  10  minutes,  d'autres  se  remettent. 

On  fait,  le  lendemain,  une  injection  d'épreuve  de  5"^"'  de  sérum  de  cheval  à  ces  la- 
pins qui  ont  résisté,  et  l'on  constate  qu'ils  ne  manifestent  qu'un  insignifiant  malaise 
passager. 

De  ces  faits  découle  naturellement  la  conclusion  que  dans  le  sérum  des 
animaux  sensibilisés  existe  un  principe  qui,  en  agissant  in  vitro  sur  le  sérum, 
de  cheval,  dégage  le  poison  anaphylactique,  d'une  manière  comparable  à 
l'alcool  sodé. 


ANATOMIE.   —   Les  dimensions  du  cœciim  et  la  typhlectasie.  Note 
de  M.  R.  RoBi\so\,  présentée  par  M.  Lannelongue. 

L'Anatomie  comparée  nous  montre  que  le  cœcum  atteint  le  maximum 
de  ses  dimensions  chez  les  Herbivores,  chez  le  Lapin  par  exemple,  qui  en 
possède  un  très  gros;  chez  les  Fructivores,  les  Phalangistes  et  les  Périsso- 
dactyles  (Rhinocéros,  Cheval),  chez  les  Galéopithèques  et  les  Lémuriens, 
les  Prosimiens.  Il  est  beaucoup  plus  petit  chez  les  Carnassiers,  mais  chez  le 
Chat  et  le  Macaque  Rhésus  il  existe  un  cœcum  assez  développé  avec  un  petit 
vermium  en  plus.  En  rapprochant  et  en  comparant  ces  faits,  on  peut  con- 
clure que  dans  le  cours  du  développement  des  espèces  il  se  produit  une 
adaptation  dont  le  résultat  peut  être  schématisé  de  la  façon  suivante  :  gros 
cœcum,  pas  d'appendice;  ciocum  peu  développé,  petit  appendice;  caecum 
moyen,  appendice  développé  au  maximum. 

Chez  l'Homme,  les  dimensions  du  ca'cum  sont  très  variables  et  comme  dit  Mor- 
gagni  :  «  Pro  varia  nuper  contenloruni  copia  producta,  aut  contracta  reperitur.  » 


64o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sur  5o  rirciiius  que  j'ai  enlevés  avec  leur  appendice,  j'ai  trouvé  trois  fois  un  c.Tcum 
très  petit  à  peine  dirtérencié  du  colon  ascendant  et  d'une  capacité  de  80'"''  à  100'"'' 
d'eau  distillée;  87  étaient  bien  développés  avec  un  verinium  de  calibre  moyen.  Je  n'ai 
trouvé  aucun  cas  comparable  à  celui  de  Lusclika,  qui  a  noté  jusqu'à  28'='"  de  longueui- 
pour  l'appendice  ciecal.  Evidemment,  j'avais  aflaire  aux  sujets  français,  tandis  que 
l'auteur  viennois  a  opéré  chez  les  Autrichiens  ou  Allemands  dont  raliiiientation  est 
notablement  tliil'érente  de  la  nôtre. 

De  mes  jo  cas,  10  présentaient  un  caecum  très  développé  jusqu'à  coiicui- 
rence  de  G""'  à  800™'  de  capacité,  dépassant  non  seulenienl  anguliim  roi/us, 
mais  plongeant  dans  la  cavité  pelvienne. 

Non  content  de  ces  constatations  sur  le  cadavre,  j'ai  eu  le  soin  de  les  con- 
trôler chez  le  vivant,  sur  la  table  d'opération,  bien  entendu.  Nous  avons  vu, 
M.  Mauclaire,  chirurgien  des  hôpitaux  et  moi,  que  souvent  le  cfocum  est 
démesurément  gros  et  pend  dans  le  bassin  par  sa  portion  déclive. 

11  nous  semble  que  cette  /y/jA/ec/a^^e  n'est  pas  un  état  pathologique,  mais 
un  état  d'infériorité,  une  infirmité.  On  l'observe,  en  général,  chez  les  indi- 
vidus, plus  souvent  cliez  les  femmes  de  petite  taille,  à  gros  ventre  qui  souf- 
frent de  stase  stercorale,  de  douleurs  netteiiient  localisées  à  la  fosse  iliatjue 
droite,  et  dont  la  paroi  abdominale  est  dessinée  de  veines  extrêmement 
dilatées. 

Une  hypothèse  sera  peut-être  permise  pour  l'interprétation  de  ces  ly/ih/ec- 
tasies.  L'Homme,  anciennement  herbivore,  est  devenu  plus  tard  omnivore, 
et  le  cfecum  et  son  appendice  se  sont  développés  proportionnellement 
d'après  le  schéma  que  nous  avons  exposé  plus  haut.  Actuellement,  THomme 
est  plutôt  Carnivore,  mais  son  cti3cum  reste  souvent  gros,  contrairement 
aux  prévisions.  La  physiologie  pathologique  nous  montre  à  cet  égard  que 
les  excréta  des  Carnivores  présentent  deux  défauts  :  1°  la  petitesse  du 
volume  qui  ne  sollicite  pas  assez  vigoureusement  la  contraction  des  parois; 
2°  leur  toxicité  plus  grande  qui  irrite  et  dilate  les  mêmes  parois. 

C'est  ainsi  que  se  produit  à  notre  sens  la  lyphleclasie  de  l'Iionime,  qui  ne 
donne  lieu  habituellement  à  aucun  trouble  nosologique,  mais  qui  est  tra- 
duite dans  certain  cas  par  des  accidents  pathologiques  magistralement 
décrits  par  M.  Diculafoy. 


OCÉANC^GHAPHIE.  —  Carte  lithologique  sous-marine  de  la  côte  du  Languedoc. 
Note  de  M.  J.  Thoulet. 

.D'après  des  échantillons  recueillis  sur  le  terrain  en  1908  et  1909,  je  viens 
de  terminer  sur  les  feuilles  5172  et  H(i7  du  Service  hydrographique  de  la 


SÉANCE    DU    7    MARS    I910.  64^ 

Marine,  la  Carte  lithologique  sous-marine  de  la  côte  du  Languedoc  depuis 
Palavas  à  l'Est  jusqu'à  l'embouchure  de  l'Aude  à  l'Ouest  et  atteignant  une 
dizaine  de  milles  en  mer;  128  échantillons  ont  été  analysés  mécaniquement 
et  chimiquement,  97  analysés  microminéralogiquement.  On  a  indiqué, 
comme  sur  une  Carte  géologique  continentale,  par  des  teintes  et  des  signes 
conventionnels,  les  terrains  et  dépôts  suivants  :  roche,  sable,  sable  vaseux, 
vase  très  sableuse,  vase  sableuse,  vase,  gravier,  coquilles  entières,  brisées  et 
moulues,  madrépores,  herbiers.  Les  isobathes  ont  été  tracées  de  10'"  en  10™. 

Du  rivage  en  savanraiU  vers  ia  liante  mer,  la  proportion  du  gravier,  niilie  sur  le 
bord,  augmente  régulièrement  jusque  vers  3o"'  de  profondeur  pour  diminuer  ensuite 
rapidement,  de  telle  sorte  qu'il  n'en  existe  plus  après  5o™.  D'une  manière  générale, 
les  fonds  côtiers  sont  d'autant  plus  sablaux  qu'ils  sont  plus  voisins  de  terre  et 
inversement,  d'autant  plus  vaseux  qu'ils  en  sont  plus  éloignés.  ■ 

Le  golfe  d'Âgde  est  occupé  par  un  delta  sous-marin  commun  à  l'flérault,  à  l'Orb  et 
à  l'-Vude;  il  s'étend  jusque  par  35""  de  profondeur  avec  une  pente  de  (j'.')-"  et  est 
parfaitement  caractérisé  par  ses  sédiments. 

Les  fonds  marins  de  la  région  ont  une  teneur  en  calcaire  uniformément  comprise 
entre  33  et  38  pour  100.  Ils  sont  caractérisés  minéralogiquement  par  la  présence  de  la 
dolomie  provenant  des  calcaires  magnésiens  du  jurassique  supérieur  abondamment 
distribués  en  Languedoc,  dans  la  chaîne  de  la  Gardide  et  dont  le  mont  de  Cette  est 
uniquement  formé,  de  basaltes  et  minéraux  associés  (magma,  plagioclase,  orthose, 
magnélite,  iiménite,  augile,  péridot,  apatite,  hornblende,  zircon,  etc.)  venant  des 
nappes  basaltiques  voisines  du  mont  d'Agde,  des  environs  de  Lodève  et  de  Bédarieux 
amenés  par  l'Hérault  et  de  Monlferrier  amenés  par  le  Lez,  enfin  de  minéraux  verts  ées 
Alpes  charriés  par  le  Rhône  et  portés  ensuite  le  long  de  la  côte  par  le  grand  courant 
méditerranéen. 

La  distribution  des  minéraux  et  leurs  dimensions  en  chaque  localité  ont 
permis  d'établir  les  points  suivants: 

La  proportion  constante  sur  le  fond  des  éléments  minéraux  des  diverses 
grosseurs  est  complète  entre  o'"  et  i5'"  environ  de  profondeur  ce  qui 
s'explique  par  le  brassage  continuel  exécuté  par  la  mer.  Au  delà  de  5o"',  le 
mouvement  des  vagues  cessant  de  se  faire  sentir,  le  fond  demeure  dans  un 
calme  quasi  absolu.  Entre  i5™  et  5o'",  les  sédiments  agités  doucement  mais 
continuellement  par  les  vagues  de  la  surface,  sont  maintenus  en  suspension 
dans  l'eau  et  obéissent  au  courant  méditerranéen.  L'axe  de  plus  grande 
vitesse  contre  le  sol  de  ce  courant  parallèle  à  la  côte,  signalé  sur  le  fond  par 
des  sables  vaseux,  des  vases  très  sableuses  et  des  vases  sableuses,  se  trouve 
par  20'"  à  So"  de  profondeur  et  sa  vitesse,  mesurée  expérimentalement 
d'après  la  dimension  des  plus  gros  grains  transportés  par  lui,  est  de  Sao'"  à 
l'heure  équivalant  à  |  de  nœud  environ. 


642  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  courant  méditerraii(''en  venant  de  l'Est  et  se  dirigeant  au  Sud  par 
rOuesl  accumule  les  vases  sûr  les  faces  des  g;olfes  d'Aigues-Mortes  et 
d'Agde  qui  regardent  l'Ouest  et  les  sables  sur  les  faces  opposées;  il  éprouve 
sur  le  fond  des  remous  irrégulièrement  distribués.  En  avant  du  cap  d'Agde 
et  des  rocbes  sous-marines  qui  le  prolongent,  l'obstacle  en  cul-de-sac  qu'il 
rencontre  l'oblige  à  prendre  un  mouvement  de  tourbillonnement  dans  le 
sens  des  aiguilles  d'une  montre  qui  ramène  en  arrière  les  minéraux.  Plus 
loin,  au-dessus  du  delta  qui  occupe  tout  le  golfe  d'Agde,  il  subit  un  vaste 
tourbillonnement,  toujours  dans  le  sens  des  aiguilles  d'une  montre  et  dont 
le  centre  est  placé  à  l'extrême  pointe  sud  du  delta,  par  une  trentaine  de 
mètres  de  profondeur.  Il  lieurte  ensuite  presque  perpendiculairement  l'em- 
bouchure de  l'Aude,  y  éprouve  un  dernier  remous  de  faible  intefisité  et 
continue  sa  route  vers  le  Sud,  longeant  de  près  la  côte  et  là  seulement  il 
possède  une  force  suffisante  pour  nettoyer  une  étroite  bande  sableuse  des 
vases  qu'il  laisse  se  déposer  à  peu  de  distance  dans  des  eaux  ne  dépassant 
pas  des  profondeurs  de  20™. 

Ces  considérations  appliquées  aux  roches  sédimentaires,  anciens  fonds  de 
mer  actuellement  exondés,  fournissent  de  précieux  renseignements  sur  la 
genèse  de  celles-ci  et  sur  les  caractéristiques  des  courants  susceptibles 
d'avoir  jadis  présidé  à  leur  distribution. 


SISMOLOGIE.  —  Sur  la  détermination  de  iépicenlre  d'un  tremblement  de 
terre  d'après  les  données  d'une  seule  station  sismique.  \ote  de  M.  15. 
Galitzixe,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

On  sait  aujourd'hui  déterminer  la  distance  de  l'épicentre  d'un  tremble- 
ment de  terre,  au  moyen  de  la  difTérence  des  moments  d'arrivée  des  pre- 
miers et  des  seconds  avant-coureurs  des  ondes  sismiques,  lesquels  corres- 
pondent respectivement  à  des  vibrations  longitudinales  et  à  des  vibrations 
transversales.  Par  suite,  trois  stations  sismiques  convenablement  situées 
suffisent  pour  déterminer  le  lieu  approximatif  d'un  épicentre. 

Si,  outre  la  distance,  il  était  possible  de  déterminer  aussi  V azimut  d'où 
viennent  les  ondes  sismiques,  les  données  d'une  seule  station  suffiraient 
pour  atteindre  le  même  but. 

Dans  une  étude  spéciale  que  j'ai  entreprise  pour  celte  détermination  de 
l'azinuit,  j'ai  employé  deux  pendules  très  sensibles  de  mon  système  (sus- 
pension  Zollner),   avec  fort  amortissement    magnétique    poussé    pres(]ue 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  G/i!^ 

jusqu'à  la  limite  de  l'apériodicité;  renregistrement  se  fait  au  moyen  d'un 
galvanomètre  apériodique  excessivement  sensible,  du  type  Deprez-d'Ar- 
sonval.  Un  de  ces  pendules  enregistrait  la  composante  NS  et  l'autre  la 
composante  EW.  Le  cylindre  enregistreur,  recouvert  de  papier  sensible, 
avait  une  vitesse  de  rotation  assez  grande  pour  donner  une  inscription 
de  Si"""  de  long  par  minute. 

Pour  le  but  proposé,  j'ai  choisi  sur  mes  sismogrammes,  obtenus  à  la 
station  sismique  de  Pulkova,  le  premier  écart  y,„  du  point  lumineux  par 
rapport  à  sa  position  d'équilibre  :  cela  correspond  à  la  première  arrivée 
des  ondes  longitudinales,  et  l'on  n'a  pas  à  tenir  compte  d'une  superposition 
éventuelle  d'ondes  sismiques. 

Soient,  pour  ce  premier  instant,  Aj,  et  A^^  les  vraies  amplitudes  des  mouve- 
ments du  sol  respectivement  dans  la  direction  NS  et  dans  la  direction  EW: 
S'il  était  possible  de  déduire  des  amplitudes  y,„,  mesurées  sur  les  sismo- 
grammes, pour  les  deux  composantes,  ces   amplitudes  vraies  Aj,  et  A^,  le 

A  .     .  . 

rapport  -~  donnerait  immédiatement  la  tangente  de  l'azimut  cherché, 

/  ,  Ae 

(i)  langa  =  -—  • 

Apj 

En  tenant  compte,  en  outre,  du  côté  où  s'est  produit  l'écart  y,„  par  rap- 
port à  la  ligne  d'équilibre,  il  n'y  aura  pas  d'indétermination  et  l'on  connaîtra 
le  quadrant  de  a. 

Pour  trouver  le  rapport  entre  j^,„  et  l'amplitude  vraie  du  mouvement  du 
sol  J7„,,  (A[^  ou  Ae),  supposons  qu'une  onde  sismique  longitudinale  vienne 
frapper  notre  station  :  on  a 

(2)  X  =^  jr„,  si» pt  et  T„=:^^, 

p 

T^  est  la  période  totale  de  l'onde  sismique  correspondante. 

Supposons  en  outre  ([ue  le  pendule,  avec  le  galvanomètre  correspon- 
dant, soient  exactement  placés  à  la  limite  de  l'apériodicité  et  que  leurs 
périodes  propres  (sans  amortissement)  soient  égales  entre  elles  et  égales 
à  T. 

Appelons  G  l'angle  d'écart  du  pendule  et  <p  celui  du  galvanomètre,  par 
rapport  à  leurs  positions  normales;  nous  aurons  les  deux  équations  dill'é- 
rentielles  suivantes  : 

(3)  e"+9.ne'  -i-n'9-h~  =  o, 

(4)  ■  o' -H  3  «9' -H  «^9  H- A"9'i=  o; 

G.  K..   iç)in,  I"   Semestre    (T.  1.^0,  N»  10.)  ^^' 


644  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

/est  la  lonijueur  réduite  du  pendule  et  k  un  coefficient  qui  détermine  la 
sensibilité  de  l'enregislrememenl  galvanométrique. 

Soit  encore  A,  la  distance  de  la  surface  du  cylindre  tournant  au  miroir 

du  galvanomètre.  Posons,  en  outre,  u  =  —  et  introduisons  une  nouvelle 

variable  z  ^=  pt. 

En  tenant  compte  de  l'équation  (2),  des  conditions  initiales  et  intégrant 
les  équations  (3)  et  (4),  on  obtient 

(5)  j=..r„/r,^.I.(^), 
où 

(6)  <!>(;)  =e^"~(  i7„-i-  f/,3  -h  «2-"+  "a-'')  -+- &  0  cosc  -*-/((,  >in  s, 

et  les  difîérents  coefficients  de  la  formule  (6)  sont  des  fonctions  de  u  seule-, 
ment  : 

I  —  6m''+«''  ^^(3  —  u"-)  1   w^(3  +  h'')  i       «^      _ 


(i-l-«-)'  "       i,     (I +«'-)-  6   I  +  (/'■' 


Il  s'agit  maintenant  de  trouver  la  valeur  de   z,„  qui  rend  <I>' (:?,„)  =  o ; 
alors 


(7) 


_   ■^^    J- 


A-A,  T„  <!>(.„,) 


Le  problème  se  simplifie  extrêmement  si  les  deux  pendules  ont  la  même 
période  propre,  car  alors  il  n'y  a  plus  lieu  de  rechercher  la  fonction  $(;„), 
et  l'on  a  simplement 


(8) 


x'aJ^^ 


les  différentes  constantes  /,  K  et  A,,  qui  entrent  dans  cette  formule,  se  lais- 
sent facilement  déterminer,  et  les  conditions  théoriques  indiquées  ci-dessus 
ont  été  approximativement  réalisées  pour  les  pendules  que  j'ai  employés  à 
cette  étude. 


M.  Ai.uicitr  Barbk  adresse  un  Projet  de  bulle  de  sain'elage  pour  équipage 
de  sous-marins. 


SÉANCE    DU    7    MARS    1910.  645 

M.  Gandii.lot  adresse  un  Mémoire  sur  l'audition. 

(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Violle  et  Villard.) 


M.  Edward  Meusel  adresse  un  Mémoire,  en  langue  allemande,  sur  la 
Tliermochimie. 


A  4  lieures  et  demie  FAcadémie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  Gèographw  et  Navigation,  par  Forgane  de  son  Doyen, 
présente  la  liste  suivante  de  candidats  à  la  place  vacante  par  le  décès  de 
M .  Bouquet  de  la  Grye  : 

En  première  ligne M.   Lali.emand. 

MM.   Angot. 

F.  Arago. 


En    seconde   ligne,   par    ordre  alphabè-  \ 
tique 


Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 


Bourgeois. 


Ph.  V.  T. 


646  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BUI.IJ'TIN     IIIBMOGRAPHKjUE. 


Ouvrages  kkçus  dans  la  sêancf.  du  28  février   1910. 

Carnegie  InslUntion  of  Washington,  founded  by  Andrew  Carnegie  :  Scope  and 
organization.  Washington,  1909;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Darboux.) 

List  of  publications  of  the  Carnegie  Institution  of  Washington  ;  january  17,  igio. 
Wasliington,  1  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Pathologie  exotique;  t.  II,  1909.  Paris,  Masson  et  G'"; 
I  vol.  in-S".  (Présenté  par  M.  Laveran.) 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnikr,  Membre  de  l'Ins- 
titut; t.  XXII,  livraison  du  r5  janvier  1910.  Paris,  Librairie  générale  de  l'Enseigne- 
ment; I  fasc.  in-S". 

Assemblée  générale  des  actionnaires  de  la  Banque  de  France,  du  27  janvier  1910, 
sous  la  présidence  de  !\1.  Georges  Pallain,  Gouverneur.  Compte  rendu  au  nom  du 
Conseil  général  de  la  Banque  et  Rapport  de  MM.  les  Censeurs.  Paris,  imp.  Paul 
Dupont,  1910;   I  fasc.  in-/4°. 

Le  puits  artésien  de  la  Compagnie  des  eaux  de  M  a  isons-Laffitle ,  1907-1909,  par 
Etienne  Pérou.x.  Paris,  A.  La  Fare  ;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Manière  facile  et  expéditive  de  préparer  le  grand  sympathique,  par  Félix  Cha- 
VERNAC.  Aix,  Makaire,  1910;  1  fasc.  in-8°. 

Bibliothèque  aéronautique  russe,  fondée  par  Jacques  de  Poliakoff.  Traduction  des 
principaux  Ouvrages  français  relatifs  à  la  locomotion  aérienne.  Volume  I  :  Elé- 
ments de  la  locomotion  aérienne,  par  L.  Baudry  de  Saunier;  avec  une  lettre  de  l'au- 
teur à  l'éditeur  russe.  Kiew,  1910;  1  vol.  in-8°  [en  langue  l'usse].  (Hommage  de 
l'éditeur.) 

Fifth  annual  Report  of  Henry  Phipps  Institute,  for  the  study,  treatment  and 
prévention  of  tuberculosis;  february  i,  1907  to  february  1,  1908.  Philadelphie,  1909; 
1  vol.  in-B". 

Tercere  Congreso  medico  latino-amcricano,  Montevideo,  \'-'>.î\  de  niarzo  de  1907  : 
Acfai  y  traba/'os;  t.  I-V.  Montevideo,   1908-1909;  5  vol.  in-8°. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SEANCE  DU  LUNDI  14  MARS  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUi\ICATIO.\S 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  —  Phosphorescence  des  sels  d' uranyle  aux  très  basses  températures. 
Note  de  MM.  Henri  et  Jean  Becquerel  et  H.  Kamerli.vgh  Onnes. 

On  a  vu,  dans  un  travail précédenl('),  que  les  bandes  d'émission  et  d'ab- 
sorption des  sels  d'uranvle,  plus  ou  moins  larges  et  diffuses  à  la  température 
ordinaire,  se  subdivisent  à  la  température  de  l'air  liquide  en  bandes  mul- 
tiples parfois  très  fines. 

Au  laboratoire  cryogène  de  l'Université  de  Leyde,nous  avons  pu  étendre 
les  recherches  jusqu'à  la  température  de  l'hydrogène  solide  (  i4°  K).  L'ap- 
pareil employé  a  été  décrit  antérieurement  en  détail  (-):  nous  rappellerons 
seulement  que  le  spectrographe  comprenait  un  réseau  plan  de  Rowland  et 
une  lentille  de  i"\3o  de  distance  focale  fonctionnant  par  auto-collimation. 
Les  substances  phosphorescentes  étaient  placées  dans  un  tube  de  verre  mince 
et  introduites  dans  un  tube  vacuum  renfermant  soit  de  l'air  ou  de  l'azote 
liquide,  soit  de  l'hydrogène  liquide  convenablement  protégé  ;  elles  étaient 
vivement  éclairées  par  de  la  lumière  violette. 

Déplacement  et  position  limite  des  bandes .  —  Lorsque  la  température  s'a- 
baisse jusqu'au  point  de  solidification  de  l'hydrogène,  les  bandes  de  phos- 
phorescence des  sels  d'uranyle  deviennent  de  plus  en  plus  fines.  L'abaisse- 
ment de  température  déplace  les  maxima  d'émission  vers  les  petites  longueurs 
d'onde:  ce  fait  avait  été  signalé  dans  une  Note  précédente,  mais  il  n'avait 


(')  Henri  Becquerel,  Comptes  rendus,  l.  CXLIV,  1907,  p.  409  et  p.  671. 
(■-)  Jean  Becquerel  et  H.  Kamerli.xgh  Onnes,  Conim.  Leiden,  11°  103;  Le  Radium, 
t.  V,  p.  227. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N°  11.)  87 


6l\S  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

pas  été  démontré  que  le  déplacement  du  maximum  fût  la  conséquence  d'un 
changement  de  période  des  mouvements  lumineux.  L'observation  des 
spectres  aux  températures  où  les  bandes  sont  nettement  séparées,  entre 
80°  K  (azote  liquide)  et  i4°K  (hydrogène  solide),  permet  de  suivre  les  va- 
riations de  chacune  d'elles  et  de  constater  qu'il  s'agit  bien  d'un  déplacement 
sous  l'influence  des  variations  de  température.  Voici,  par  exemple,  les  lon- 
gueurs d'onde  (mesurées  par  compaiaison  avec  le  spectre  du  fer)  des  bandes 
les  plus  intenses  du  sulfate  double  d'uranyle  et  de  potassium  : 

A  80»  K  (azote  liquide) 5iil^|J-,48     534l'l^,24     559!'H-,o9     .586H-H-,3i 

A  20°  K  (hydrogène  liquide)...      Siil'l^.SS     5341^1^,10     5581^(^,89     5861^!^, o5 

Les  déplacements  sont  beaucoup  plus  faibles  que  ceux  qu'on  observe  entre 
la  température  ordinaire  et  80°  K  {'2^^  à  3^^). 

Entre  20°  R  et  i4°K  les  déplacements  sont  à  peine  perceptibles  (ordre  de 
oi^i^,oi).  Il  semble  que  la  position  des  bandes  s'approche  asymptotiqueinent 
d'une  position  limite  quand  la  température  s'abaisse.  Ce  changement  est  de 
même  nature  que  le  changement  du  volume  et  probablement  que  le  chan- 
gement de  la  constante  diélectrique. 

Comparaison  des  divers  groupes  de  bandes  d'un  même  sel.  —  Le  spectre  de 
phosphorescence  d'un  sel  d'uranyle  est  constitué  par  7  ou  8  groupes  qui  se 
reproduisent  de  distance  en  distance  avec  des  aspects,  sinon  identiques,  du 
moins  peu  différents  entre  deux  groupes  consécutifs.  Seuls  les  groupes  les 
plus  réfrangibles  possèdent  souvent  un  aspect  différent  des  autres. 

Nous  appellerons  bandes  homologues  celles  qui,  dans  les  divers  groupes, 
occupent  les  mêmes  positions  relatives.  Les  différences  d'aspect  entre  les 
groupes  proviennent  seulement  de  changements  progressifs  dans  les  intensités 
relatives  des  bandes  de  ces  groupes. 

On  remarque  que  tous  les  sels  d'uranyle  contenant  un  même  acide  et 
d'autres  bases  jointes  au  groupe  uranyle  ont  des  spectres  de  même  aspect 
d'ensemble. 

La  constitution  du  spectre  dépend  donc  principalement  de  la  nature 
de  l'acide  (jui  foiine  le  sel  et  n'est  que  peu  influencée  par  les  autres  bases. 
Ce  fait,  qui  avait  été  signalé  depuis  longtemps  par  Edmond  Becquerel,  est 
maintenant  plus  solidement  établi  parles  observations  à  des  températures 
où  les  bandes  n'empiètent  plus  les  unes  sur  les  autres. 

Loi  de  succession  des  bandes.  —  On  sait  que  les  larges  bandes  observées  à 
la  température  ordinaire  se  succèdent  à  des  intervalles  tels  que  la  difTérence 
des  noml)res  de  vibrations  soit  à  peu  près  constante  d'une  bande  à  la  sni- 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  B^^y 

vante  (').  Mais  ces  bandes  étant  larges  et  complexes,  on  ne  pouvait  fixer  le 
degré  d'approximation  de  la  relation  précédente.- 

Aux  basses  températures,  on  peut  déterminer  avec  une  assez  grande  pré- 
cision les  positions  des  bandes  fines.  Nous  donnons  ailleurs  (-)les  tableaux 
de  mesures  de  plusieurs  séries  de  bandes  homologues  de  diflérents  sels. 

Entre  deux  bandes  homologues  conséculù'es  la  différence  des  fréquences  est 
sensiblement  constante,  non  seulement  pour  une  même  série,  mais  pour  toutes 
les  séries  de  bandes  homologues  d'un  même  sel.  De  plus,  la  constante  qui 
exprime  la  différence  des  fréquences  entre  deux  bandes  homologues  consécu- 
tii'es  est  peu  différente  d'un  sel  à  l'autre. 

Les  écarts  à  celte  loi  sont  très  faibles:  il  est  probable  toutefois  qu'ils  ne 
résultent  pas  entièrement  des  erreurs  de  mesure  et  que  la  dillérence  des 
fréquences  diminue  d'une  quantité  extrêmement  petite  lorsque  les  longueurs 
d'onde  augmentent. 

Nous  avons  indiqué  le  rôle  de  l'acide  dans  la  constitution  du  spectre.  Il 
faut  remarquer  maintenant  que,  bien  que  les  spectres  diffèrent  d'un  sel  à 
l'autre,  l'uranium  leur  imprime  un  caractère  qui  lui  est  propre,  en  imposant 
pour  tous  ses  sels  la  loi  énoncée. 

Il  convient  de  rappeler  que  cette  loi,  la  plus  simple  qui  puisse  régir  la 
succession  des  bandes,  était  depuis  longtemps  considérée  comme  approchée. 
Comme  elle  révélait  une  constitution  moléculaire  particulièrement  remar- 
quable au  point  de  vue  des  phénomènes  lumineux,  elle  a  attiré  l'attention 
sur  les  sels  d'uranyle  et  a  été  l'origine  des  expériences  cjui  ont  amené  la 
découverte  de  la  radioactivité  ('). 

Caractère  des  spectres.  —  Les  groupes  les  plus  intenses,  situés  dans 
le  vert,  sont  formés  de  bandes  nombreuses,  mais  les  groupes  orangés  et 
rouges  sont  plus  simples  et  sont,  pour  beaucoup  de  sels,  constitués  par  une 
succession  de  bandes  rapprochées  qui  affectent  l'aspect  des  groupes  de  bandes 
dans  les  spectres  cannelés  des  gaz.  Ainsi,  avec  le  sulfate  d'uranyle,  les 
groupes  sont  formés  d'une  tète  assez  intense  située  du  côté  des  longueurs 
d'ondes  décroissantes  suivie  de  7  ou  8  bandes  régulièrement  espacées  et  de 
plus  en  plus  faibles.  Chacune  de  ces  bandes  a  un  aspect  légèrement  dis- 
symétrique, le  bord  côté  violet  étant  le  plus  net. 

Les  bandes  ne  sont  ni  assez  fines  ni  assez  nombreuses  pour  qu'on  puisse 


(')  Henri  Becquerel,  Comptes  rendus,  t.  CI,  i885,  p.  1202. 

(^)  Akad.  Amsterdam,  28  avril  1909,  p.  io45;  Comm.  Leiden,  n°  110. 

(^)  Henri  Becquerel,  Comptes  rendus,  l.  CXXII,  34  février  1896,  p.  420. 


65o  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

affirmer  qu'elles  suivent  les  lois  données  par  M.  Deslandres  pour  les  bandes 
des  gaz.  Cependant  la  même  relation  se  vérilie  autant  qu'il  est  possible  de  le 
faire.  Il  nous  semble  donc  que  ces  spectres  sont  des  spectres  cannelés  d'une 
nature  analogue  à  celle  des  spectres  de  bandes  des  gaz. 

Dans  un  champ  magnétique  dépassant  20000  gauss,  nous  n'avons  obtenu 
aucune  action  sensible  sur  les  bandes  fines  observées  à  i4°K.  Récemment  l'un 
de  nous,  avec  le  précieux  concours  de  M.  Pierre  Weiss,  a  soumis  quelques 
sels  d'uranyle,  refroidis  à  — 190°,  aux  champs  intenses  obtenus  avec  le 
puissant  électro-aimant  du  Polytechnicum  de  Zurich;  aucune  influence  ne 
s'est  encore  manifestée  dans  un  champ  de  35 000  gauss.  Ce  résultat  constitue 
une  nouvelle  analogie  avec  les  spectres  de  bandes  des  gaz,  qui  en  général  se 
montrent  insensibles  à  l'action  d'un  champ  magnétique  ('). 

Relation  entre  l'émission  et  l'absorption.  Bandes  renversables .  —  L'expé- 
rience suivante  montre  d'une  façon  frappante  que  certaines  bandes  peuvent 
être  à  volonté  bandes  d'émission  ou  bandes  d'absorption  :  on  fait  passer  un 
faisceau  de  lumière  blanche  au  travers  d'une  lame  à'autunite  (minéral  dont 
on  obtient  par  clivage  des  lamelles  transparentes);  on  observe  le  spectre 
d'absorption,  puis  on  diminue  progressivement  l'intensité  de  la  lumière 
transmise  pendant  qu'on  éclaire  avec  de  la  lumière  violette  de  plus  en 
plus  intense  la  face  tournée  du  côté  du  spectroscope.  Certaines  bandes  se 
renversent  en  se  transformant  sur  place  en  bandes  d'émission.  Celte  expé- 
rience, réalisable  aux  plus  basses  températures,  ressemble  à  l'expérience 
classique  du  renversement  des  raies  du  sodium. 

Dans  tous  les  sels  d'uranyle,  les  bandes  renversables  ne  se  rencontrent  que 
dans  les  deux  groupes  les  plus  réfrangibles  du  spectre  d'émission.  Les  nota- 
bles différences  d'aspect  entre  ces  derniers  groupes  et  les  groupes  moins 
réfrangibles  sont  dues  principalement  aux  bandes  renversables. 

La  série  des  bandes  homologues  non  renversables,  qui  succèdent  aux 
bandes  renversables  dans  les  autres  groupes  d'après  la  loi  de  la  différence 
constante  des  fréquences,  est  liée  tout  entière  par  cette  loi  à  une  bande 
d'absorption. 

11  est  important  de  rappeler  que  les  bandes  d'absorption  des  sels  uraneux, 
cjui  ne  sont  pas  phosphorescents.,  forment  aussi  des  groupes  régulièrement 
distribués  avec  la  même  loi  de  succession. 

Nature  de  la  phosphorescence  des  sels  d'uranyle.    —   Les  sels  d'uranyle 


(')  Il  faul  excepter  toutefois  les  divers  cas  découverts  par  M.  A.  Dul'our. 


SÉANCE  DU  l4  MARS  I9IO  65l 

doivent  être  considérés  comme  formant  une  classe  nettement  à  part  parmi 
les  substances  phosphorescentes. 

On  sait,  en  effet,  d'après  les  travaux  d'Edmond  Becquerel  et  de 
MM.  Verneuii,  Lecoq  de  Boisbaudran,  Lenard  et  Klall,  Urbain,  sur  les 
sulfureux  alcalino-terreux  et  les  terres  rares,  que  les  corps  purs  ne  sont  pas 
phosphorescents.  L'existence  d'un  phosphorogène,  corps  dilué  en  faible 
proportion  dans  la  sui)stancc  principale,  est  nécessaire,  et  il  existe  pour 
chaque  bande  un  optimum  (déterminé  par  une  certaine  proportion  du 
corps  dilué)  auquel  correspond  le  maximum  de  lumière.  Enfin,  le  spectre 
de  phosphorescence  est  caractéristique  des  traces  de  matières  en  état  de  dilution. 

11  en  est  tout  autrement  pour  les  sels  d'uranyle  :  pour  aucune  de  leurs 
bandes  on  n'a  observé  d'optimum,  et  les  spectres  sont  dus  à  l'uranium  lui- 
même,  puisque  leurs  caractères  se  retrouvent  dans  les  speclres  d'absorption 
de  tous  les  sels  d'uranium,  qu'ils  soient  ou  non  phosphorescents. 

Les  sels  d'uranyle  ne  pourraient  rentrer  dans  la  même  catégorie  que  les 
autres  substances  phosphorescentes  que  si  l'uranium  était  toujours  accom- 
pagné d'un  métal  inconnu  auquel  appartiendraient  les  spectres  d'absorption 
et  de  phosphorescence.  11  est  plus  logique  de  penser  que  les  sels  d'uranyle 
émettent  de  la  lumière  par  eux-mêmes,  sans  renfermer  nécessairement  à 
l'état  dilué  une  substance  indépendante  de  l'uranium. 

On  remarquera  toutefois  que,  comme  dans  les  autres  phosphores,  les 
centres  lumineux  doivent  être  très  raréfiés.  L'étude  de  la  dispersion  dans 
les  cristaux  de  terres  rares  a  montré  que  les  centres  produisant  l'absorption 
sélective  sont  en  très  faible  proportion  par  rapport  au  nombre  total  des 
molécules  (Jean  Becquerel).  Avec  les  sels  d'uranyle,  la  liaison  entre 
l'émission  et  l'absorption  lend  probable  la  même  conclusion  pour  les 
bandes  de  phosphorescence. 

L'origine  des  centres  lumineux  dans  les  sels  d'uranyle  reste  encore 
inexpliquée.  Il  n'est  pas  impossible  qu'il  existe  une  relation  entre  les  pro- 
priétés radioactives  et  les  propriétés  lumineuses  de  ces  substances.  L'émis- 
sion des  particules  a  et  p  met  sans  doute  en  mouvement  toutes  les  parties 
constituantes  de  l'atome  d'uranium,  et  peut-être  pendant  cette  phase  d'ins- 
tabilité l'atome  se  trouve-t-il  particulièrement  apte  à  subir,  sous  l'influence 
de  la  lumière  excitatrice,  l'effet  photo-électrique  (').  Des  molécules  conle- 

(')  On  sait  que,  d'après  les  belles  recherclies  expérimentales  et  théoriques  de 
M.  Lenard  sur  les  sulfures  phosphorescents,  la  pliosphorescence  a  pour  cause  pre- 
mière un  effet  photo-électrique. 


652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

liant  un  atome  en  voie  de  transformation  radioactive,  ou  encore  des 
groupements  complexes  renfermant  de  semblables  molécules  pourraient 
êlre  l'origine  des  centres  lumineux.  L'uranium  porterait  ainsi  avec  lui- 
même  la  cause  de  la  phosphorescence  sans  l'intervention  d'aucun  métal 
étranger. 

Cette  hypothèse  offre  l'intérêt  de  rapprocher  Tune  de  l'autre  deux  pro- 
priétés exceptionnelles  de  l'uranium,  mais  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  qu'elle 
entraîne  de  grandes  difficultés,  surtout  en  raison  de  Textrème  rareté  des 
atomes  en  évolution. 

Nous  remarquerons  encore  que  la  quantité  de  lumière  émise  ne  paraît 
pas  diminuer  d'intensité  lorsqu'on  abaisse  la  température  jusqu'à  il\°  K 
(—  259°  C).  L'émission  est  toujours  de  courte  durée,  et,  même  si  l'excita- 
tion est  produite  à  i4°  K,  il  ne  se  manifeste  aucune  thermoluminescence 
pendant  le  réchauffement. 

Toutes  ces  propriétés  sont  bien  particulières  aux  sels  d'uranyle  et  leur 
donnent  une  place  à  part  parmi  les  phosphores. 

La  conclusion  de  cette  étude  est  que  l'explication  de  la  phosphorescence 
des  sels  d'uranyle  doit  être  recherchée  dans  des  mouvements  contenus  dans 
l'atome  de  l'uranium  lui-même,  et  dans  la  structure  des  molécules  qui  ren- 
ferment cet  atome. 

On  peut  imaginer  que  le  mécanisme  de  la  phosphorescence  se  produit, 
soit  dans  des  centres  complexes  où  l'uranium  est  le  seul  métal  actif,  soit 
simplement  dans  l'atome  d'uranium  et  dans  le  groupe  uranyle. 

En  suivant  les  idées  développées  dans  la  belle  théorie  de  M.  Lenard,  on 
peut  admettre  que,  sous  l'influence  photo-électrique  de  la  lumière,  des  élec- 
trons sont  projetés  hors  delà  position  qu'ils  occupaient  dans  certains  atomes 
d'uranium,  puis  s'arrêtent  dans  une  autre  partie  de  l'atome  ou  du  radical 
et  y  restent  temporairement.  Après  un  temps  très  court  ils  reviennent 
aux  positions  primitives  d'équilibre  en  produisant  une  émission  de  lu- 
mière. 

Le  retour  rapide  des  électrons,  presque  immédiat  même  aux  plus  basses 
températures,  montre  que  la  résistance  à  leur  mouvement  est  toujours  très 
faible.  Ce  résultat  est  favorable  à  l'hypothèse  d'une  localisation  des  mouve- 
ments dans  l'atome  d'uranium  ou  dans  l'uranyle. 

Bien  entendu,  ces  mouvements  des  électrons,  et  par  suite  les  bandes  du 
spectre,  sont  variables  d'un  sel  à  l'autre,  car  ils  sont  soumis  à  l'influence 
du  champ  électrique  des  autres  atomes  unis  à  l'uranyle  dans  une  même 
molécule. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    IQIO.  653 


ASTRONOMiK  PHYSiguE.    —   Sur  le  spectre  de  la  comète  if)ioa. 
Noie  de  MM.  H.  Desi.anores  et  P.  Idrac. 

L'Observatoire  de  Meudon  a  déjà  publié  une  Note  sur  la  même  comète, 
sous  le  titre  :  Premières  observations  faites  à  Meudon  sur  la  comète  Drake  ; 
le  nom  de  Drake  étant  d'ailleurs  impropre  comme  on  l'a  su  depuis  ('). 
Cette  première  Note  expose  les  recherches  sur  l'éclat  et  la  forme  de  la 
comète,  faites  avec  l'œil  ou  la  plaque  photographique,  et  aussi  l'étude 
spectrale  poursuivie  avec  des  chambres  prismatiques.  Ces  derniers  appa- 
reils conviennent  en  effet  pour  une  première  reconnaissance;  ils  donnent 
avec  la  pose  minima  les  traits  généraux  du  spectre  et  pour  la  comète 
entière. 

Cependant  l'Observatoire  a  employé  aussi  le  spectrographe  ordinaire  à 
fente,  qui  est  supérieur  pour  la  mesure  précise  des  longueurs  d'onde,  et  nous 
donnons  ici  le  résultat  obtenu. 

L'appareil,  déjà  utilisé  pour  les  comètes  Daniel  et  Morehouse,  est  simple. 
Il  comprend  un  objectif  astronomique  qui  a  seulement  lo""  d'ouverture  et 
8o"='"  de  distance  focale,  et  un  spectrographe  à  deux  prismes  avec  un  collima- 
teur de  o"%3o  et  une  chambre  de  o'",  12.  Toutes  les  parties  sont  de  petite 
dimension  ;  mais  la  chambre  finale  offre  une  grande  concentration  de  lumière, 

le  rapport  d'ouverture  étant  voisin  de  x-   De  plus,- le  spectrographe  entier 

est  mobile  autour  de  l'axe  du  collimateur,  ce  qui  permet  de  placer  la  fente 
sur  la  queue  et  le  noyau  de  la  comète. 

Nous  avons  obtenu  une  seule  épreuve  vraiment  bonne,  et  dans  la  soirée 
du  29  janvier  qui  a  été  très  belle.  La  pose,  qui  a  été  commencée  avant  la  fin 
du  crépuscule,  n'a  pu  être  prolongée  au  delà  de  4">  minutes;  mais  le  spectre 
cométaire,  encadré  entre  deux  spectres  de  l'étincelle  de  fer,  est  suffisam- 
ment intense  et  s'étend  de  \  5oo  à  X  38o. 

Le  noyau  offre  un  spectre  continu  avec  des  condensations  nettes,  dont 
quelques-unes  se  prolongent  un  peu  dans  la  tête  et  dans  la  queue.  La 
mesure  de  ces  condensations  en  longueurs  d'onde  est  résumée  dans  le 
Tableau  ci-après. 


(')   Voir  les  Comptes  rendus  du  3i  janvier  1910,   l.  130,  p.  2d3,  par  H.  Deslandres, 
A.  Bernard  et  G.  d'Azambuja. 


654  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Comcle.  Corps  observés  au  laboratoire. 

Intensités       Longueurs  d'onde        Intensités  Longueurs 

des  radiations         des  radiations  des                        d'onde                                         Corps 

observées.                observées.  radiations.        des  radiations.                         correspondants. 

5 473,75  4                   473,72                  j  Groupe  de  bandes 

6 47  • ,  65  3                   47 1  ,  53                  ,        bleu  des  hydro- 

8 468,65  I                    468, 4o                 )       carbures 

de  438  ^^^^''9                 ^ 
à  435 

Condensation      )     ,„„    „„ 
J    436, 6o 
nette  a, .  .  . 


437,13  >  Hydrocarbures 

436,5  ) 


Cyanogène 


431,7  43i,5  Hydrocarbures  (?) 

430,75  43o,8o  Raie  noire  solaire  G 

6 421,6  5  421,61 

3 419.65  4  4'9.72 

I. 412, 3  ? 

/      O      /  (     408,35  I     II      J  1 

I  ,a 4oo,.'|0  <   7   r,  !  Hydrocarbures 

{  4o8, 17  )      -^ 

2 402,10  402,24  Com.  Moreliouse  ('?) 

9 388, 3o  10                  388,36  j 

00c     K  o  1  387,15  j  Moyenne  ;  Cyanogène 

" ^^^'7-^  ^  \   386,2,  j     386,68  ) 

Le  specti'ographe  à  fente  confirme  donc  les  résultats  antérieurement 
publiés  des  chambres  prismatitjues  pour  la  même  date  :  la  comète  présente 
les  spectres  complets  des  hydrocarbures  et  du  cyanogène  ('). 

De  plus,  la  mesure  exacte  des  longueurs  d'onde  et  la  séparation  plus 
nette  des  radiations,  assurées  par  le  spcctrographe  à  fente,  décèlent  et 
mettent  en  relief  plusieurs  points  curieux. 

Les  bandes  du  groupe  bleu  des  hydrocarbures  ont  des  intensités  relatives 
difléientes  dans  la  comète  et  dans  les  sources  de  laboratoire;  les  bandes  les 
plus  intenses  sont  les  plus  réfrangibles  dans  la  comète,  contrairement  à  ce 
qui  se  passe  avec  l'arc  électrique  ou  le  bri'ileur  Bunsen.  Le  mêine  fait  avait 
été  signalé  déjà  dans  plusieurs  comètes,  dès  le  début  de  l'application  de 
l'analyse  spectrale,  et  pour  les  bandes  jaunes  et  vertes  des  hydrocarbures; 
il  est  très  net  avec  la  bande  bleue  de  la  comète  actuelle. 

Un  a  aussi  rapporté  aux  hydrocarbures  le  groupe  de  condensations  de 
k  438  à  X  435,  et  la  condensation  ï.  4o8  ;  car  elles  sont  très  voisines  de  bandes 

(  '  )  Le  spectre  du  cyanogène  a  les  bandes  les  plus  intenses,  mais  il  n'est  pas  absolu- 
ment complet,  le  groupe  ^460  faisant  défaut  ou  se  détachant  mal  sur  le  spectre  continu. 


SÉANCE    DU    l'i    MAKS    19TO.  (j)f) 

que  Deslandres,  d'après  une  Note  déjà  ancienne  (  1891  ),  a  rallacliées  par  le 
calcul  au  spectre  des  hydrocarbures,  en  partant  de  la  loi  générale  de  distri- 
bution des  bandes  posée  par  lui  en  188  j,  et  des  bandes  déjà  connues  des 
hydrocarbures  ^').  Le  groupe  À 'i38  a  été  retrouvé  dans  l'arc  électrique, 
mais  le  groupe  À  4<^'8  n'a  pas  encore  été  signalé  dans  aucune  source  connue. 
Le  spectre  des  hydrocarbures,  ainsi  que  celui  de  l'hydrogène,  développerait 
ses  harmoniques  plus  aisément  dans  les  astres  que  dans  les  sources  ter- 
restres. 

La  condensation  A  '\o2  a  élé  rapprochée  de  l'une  des  trois  radiations 
nouvelles  et  intenses  qui  ont  été  reconnues  dans  les  comètes  Daniel  et  More- 
bouse;  mais  les  autres  manquent,  et  en  particulier  la  radiation  À/12G,  qui 
est  légèrement  la  plus  intense.  Nous  avions  pensé  que  ces  radiations  pour- 
raient apparaître  pour  une  dislance  déterminée  de  la  comète  au  Soleil;  celte 
épreuve  unique,  de  pose  relativement  courte,  ne  permet  aucune  conclusion. 

Enfin  l'épreuve  montre  un  spectre  continu  avec  les  raies  noires  les  plus 
larges  du  spectre  solaire;  même  la  raie  G  se  détache  noire  dans  le  spectre 
du  noyau.  Comme  la  pose  a  commencé  avant  la  iin  du  crépuscule,  une 
partie  au  moins  de  ce  speclre  continu  est  due  à  notre  atmosphère. 

Le  29  janvier,  la  comète  1910a,  dont  les  varalions  spectrales  ont  été  déjà 
décrites  (voir  la  Note  précédente),  avait  un  spectre  semblable,  dans  ses 
traits  généraux,  à  celui  que  présente  actuellement  la  comète  de  Halley, 
étudiée  aussi  et  suivie  à  Meudon.  L'Observatoire,  qui  a  publié  en  décembre 
dernier  ses  premiers  résultais  sur  la  comète  de  Halley,  lui  consacrera 
prochainement  une  Note  nouvelle. 


HYDRODYNAMIQUE.  —  Propagation  verticale,  aiiv  granch'S  profondeurs,  dit 
moinement  des  ondes  par  émersion  dans  (es  cas  d'un  canal  ou  d'un  bassin 
horizontalement  indéfinis.  Note  de  M.  J.  Iîoussixesq. 

I.  La  méthode  que  j'ai  suivie,  vers  1880,  pour  traiter  le  problème  des 
ondes  par  émersion  dans  un  canal  ou  un  bassin  indéfinis  de  grande  profon- 
deur (^  ),  et  qui  consiste  à  diviser  la  difficulté  en  faisant  intervenir  successi- 

(')  Méthode  no  me  lie  pour  la  reclierclte  des  bandes  faibles  dans  les  spectres  de 
bandes.  Application  au  spectre  des  hydrocarbures  [Comptes  rendus,  t.  CXII,  1S91, 
p.  661). 

(-)  Voir,  par  exemple,  mon  Cours  d' Analyse  infinitésimale  pour  la  Mécanif|ue  el 
la  Physique  (  t.  Il,  fascicule  II.  p.   Î9(i'  à  ."nô"  1. 

C.  1{..  K|i..,  I"  .sv/zics-^e.   I  T.   ir.li,  \'  11.1  88 


Gf^Ci  ACADKMll'    Dl'S    SC1E^'C^S. 

vcmenl  diverses  équations  aux  dérivées  partielles  du  probléjne,  dont  I  une 
est  du  quatrième  ordre,  conduit  à  mettre  le  potentiel  œ  des  vitesses,  dans  les 
deux  cas  du  problème />/«/;  (à  coordonnées  x,  z)  et  du  problème  à  /rois 
coordonnées  J',y,  s,  sous  une  forme  commune 

où  '|(  y)  désigne  la  fonction  particulière,  évaluable  de  diverses  manières, 

(2)  ■l(y)^j        iïn(-/ —  y.-)  r/y..  rloiiiianl  ■V'(y)^/        cos(y  —  jj.-)  rlij., 

>  •  '-Il 

et  où  /,  fonction  paire  de  sa  preniTère  variable,  se  trouve  définie  par  l'une 
des  deux  formules 

,  /(T,  ,r,  :.)=  F (.r  +  ï,  z)  +  F(.r-T,  z). 

(3)  ,    ^f      A  .. 

/ /(T,  r,  j,  ;)  =  - -— ;   /      Tcos^y.r/jj.  /        P(.r^-  l rofiij.cosO,y-^T cosiJ.f.'iu'},  z)(iO, 

de  manière  à  donner  soit 

'LL^'lîl,      soit      tl^'Ul.^  'HZ. 

dT-        ffx^^  HT-        dx-        dy- 

l"]nlin,  la  fonction  F(x",  z)  ou  F(.'',  y,  z),  dont  dépend  l'expression  de  f, 
désigne  la  dénivellation  initiale  h„,  que  représentent  ici,  d'après  les  for- 
mules (i)  de  ma  précédente  Note  {^Comptes  rendus,  p.  J78),  les  deux  inté- 
grales définies 


(.r  -  ;  )■>■ 
(■')  {^.  ,  .        /•  zdm 


¥{x,y.z)^ 


27:    /     1^. 


+  (.r—  i]^^{y~r,\ 


(Ml  pi'Ul  \oir,  à  l'endroit  cité  de  mon  Cours  d  Analyse  injinilesirnale  et 
aussi  dans  un  Mémoire  du  Tome  XIII  (4"  série,  i885)  de  la  Société  des 
Sciences,  de  l' Ag/iculture  et  des  Arts  de  Lille  ('),  que  cette  méthode  facilite 
aijleniiMit  l'étude  des  ondes  visibles,  c'est-à-dire  des  phénomènes  pro- 


not: 


(')  Applications  des  potentiels  à  l'élude  de  VéijHilibic  et  du  mouvement  des 
solides  élastiques,  arec  des  A'oles  étendues  sur  dire/s  foinls  de  Plirsifjue  tnathcnia- 
tiijUf  et  d' Analyse  i  |>.   '>->>  ii  (i,"iil. 


SÙA.XCL    1)1'    14    MARS    l()IO.  i\'\j 

(liiils  à  la  siii'Iace  :  -^  o  (^  '  ).  Mais  elle  parail  moins  axaiilagcuse  pour  le 
talcul  des  pliéiioiuènes  intérieurs.  Je  vais  montrer  néanmoins  qu'elle  fait, 
assez  sinipleinunl,  connaître  les  circonstances  produites,  suus  la  région 
d'émersion^  aux  jurandes  ])rofoiideurs  z,  c'est-à-dire  aux  distances  r-  delà 
surface  considérables  par  rapport  aux  dimensions  de  celte  région,  circon- 
stances (pi'avait  étudiées  déjà  Poisson  aux  paragraphes  l\  et  \  II  de  son 
Mémoire  de  181  "i. 

II.   A  CCS  grandes  ()rofondeurs  j,  le  volume  d'émersion  est  évidemment 
assimilable  à  un  simple  élément  dm,  dont  la  verticale  sera  prise  comme  axe 

des  ;;  en  sorte  que,  dans  (4),  F(a',  z)  et  F(.i-,  >-,  :;)  deviendront  —7^^;— — 77  et 
;  dm 


-j-  Les  valeurs  (  3  )  de  la  fonction  y,  où  .i-  cl  v  pouri'out  (Fai 


leurs  être  annulés   puiscjuoii    se  meut,  ici,   uni(|uenu'nt   le  long  de    l'a.xe 
des  r,  deviendront  respectivement 


./•(T,  o,  --)  = 


!  ;  dm 


T.{-^-- 


■V-) 


.  ,„                ,        ;  dm    d      f  '       T  eus  'j.  du. 
/(  r.  o,  o,  ;)=-—-    /     :, 

.y,      (,  :'  4-  f-  cos-p)' 


Après  avoir  remplacé  dans  la  seconde,  sous  le  signe  /,  T-cos'''a  par 
T-  —  T-  sin-  [j.,  prenons  comme  variable  d'intégration  le  produit  T  sin  a  r=  A  ; 
et  il  viendra,  par  refTectualion  de  l'intégration  indéfinie. 


/(T,  o,  u,  ;): 


-.  d„i  j/ 

~ir~  dT 


/.(;--(- T^-À-)  2 


dm    d 


On  a  donc,  en  délinitive, 

rî  3  dm 


/(T,o,  ;). 


Tt^^^+TM 


ji 


yv,  o,  o,  z) 


dT  z'- 


dm 


T.).' 


et  les  deux  foimules  (  J  ),  di'i  il  reste  à  renqjlacer  T  par— >  réduisent  les  deux 
expressions  (1)  du  [)otenliel  o  des  vitesses  à  celles-ci, 


(5) 


2  V  •-!  dm 


,^^''- 


{')   \  oir  noliiiiiinenl  les  pagci  63')  à  (Jjy  de  ce  Mémoiie,   pages 
ondes  près  du  lieu  d'éuiersiiui. 


soiU  éludiées 


658  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

III.   Cherchons,  par  exemple,  la  dénivellation//,  dérivée  de  o  en  t.  Une 
règle  de  difîérenliation  exposée  au.v  endroits  cités  donnera  inimédiatenienl, 

en  appelant  ,3  le  (juotient  de  /  par  7.  et  posant,  pour  ahréger,  '^^  ;=  y  ("vec 
M.  Uousier  dans  sa  thèse  de  doctorat), 

^^  "     t:^    Jo   l-^i-/?'+')    =^■(y■^P'-^■)^|•V2r'^■ 

Kemplaçons     ',  —  fl  ^  ;  ,'    — ^.■respectivement,  par 


el  par      1  — 


i  +  y-p'        '  i  +  y-?'      {i  +  y-p')- 

De   plus,   rappelons-nous   rpie,  parmi   les   propriétés   de   la  fonction  j^' 

signalées  aux   endroits  cités,   se  trouve   celle-ci,   /     •];'(  — j  ^/p  =^ — -;^;et 
posons  enfin,  pour  abréger. 


Les  deux  formules  respectives  de  k  deviendront  aisément 

l\'.  D'après  l'expression  (2)  de  la  fonction  ];',  Tintégrale  délinie  (•]) 
revient  à 

ou  hien,  en  écri\aut  ,3  :=  \  2v,  à 

(9^  '"-^\/    (TTTywi  -■^(--.-'-/;- 

Remplaçons  [j.  et  v,  assimilés  aux  deux  coordonnées  rectangulaires  d'un 
plan,  par  les  deux  coordonnées  polaires  p  et  co  (pi'indiquent  les  formules  de 
transfornialiiin  v^pcosco,  [^.  =:^psinco.  Il  vient  aisément 

■K 

OS(p-  COS2(,i). p  dp 


,  r   I       I     I      cosip- cos-îdi). a  dp 

1/1  =V''-    /       "'»>   /       —, — ;: — : -r 

.'„        .'„    (iH-'r/'o'cosW,,)" 


SÉANCE    DU    l,i    MAHS    'r)[o.  GSg 

AdupLoiis  au  lifu  de  p,  comme  variable  d'inlégration ,  le  produit 
7.  =  (  i>Ycos-  oj)p-,  et  posons  en  outre,  d'une  pari,  lang  to  =  ■]/,  d'autre  pari, 
pour  abréger, 

cos  i'>)  t  —  'L- 


(>0) 

Nous  aurons  enlii 

(>■) 


•3y( 


■2  y 


■2yV3-'o  ^0 


os(X(z)  f/a 


Or,  ici,  la  valeur  de  l'intégrale  en  t.,  où  le  paramètre  X  est  positif,  se 
déduit  par  n — i  dilîérentiations  en  X  de  la  formule  de  Laplace,  bien 
connue, 


(12) 


i 


'"  cos(Xa)  r/x 


II  du 


l      cos  II  du        r.    _.  ..    , 

ou   IllieUX  (  '  )  /        ^jT^; ;  =r  -e    -^A    '. 

/.        A--i-  U-  1 


Une  seule  ditférentiation  suflit  pour  avoir  L  ;  cl  il  vient 

{'"  cos{\7.)  dx        T.      ..  /■"  cos(Xa)  (/j:        r.      .   i  +  X 

J,,  ; -H  a-  2  J^^        (\-+-y.-)-  i  i 

lien  résulte  immédialeinenl,  vu  la  Naleur  (lo)  de  X,  des.  expressions  de 
I,,  L,  sous  forme  d'intégrales  définies  simples:  et  les  formules  (8)  de  // 
deviennent  enfin 


(.3) 


Il  - 


dm 


dm 


/  •    Il  -  /    •      0  J 


\  .    Les  intégrations  en  ■-};  qui  y  subsistent  peuvent  s'ell'ectuer  en   série 
de  deux  manières,  consistant,  la  première,  à  développer  les  fonctions  sous 

le  signe   /  suivant  les  puissances  ascendantes  de  i  —  '\i'-,  et,  la  seconde,  à 

faire  préalablement  sortir  des  signes   /  le  facteur  e  '-''  de  l'exponentielle, 
puis  à  développer  suivant  les  puissances  de  i|^-  les  fonctions  restées  sous  les 


('l    Voir,  jjjr   evemple,   mon    CoUis  d' Anal \  se  infuiilésimale  pour  la  Mécanique 
il  la  Physique,   t.  II,  fascicule  II,  p.    '.63*. 


G6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

signes   /  >  en  inlégrunl,  trailleurs,   linaleineiil,  terme  à  lei me  dans  chuque 

cas.  La  première  méthode  redonne  les  développements  de  Mac-Laurln  obte- 
nus dans  ma  précédente  Note  [formules  (4)  et  (lo)],  appliqués  au  cas  présent 
où  9  =  o  et  P„  =  I.  La  seconde,  plus  avantageuse,  conduit  aux  séries  sui- 
vantes, où  j'ai  désigné  par  q^  avec  Poisson,  le  quotient  de  /-  par  \z^  c'est- 
à-dire  r inverse  de  '-tv  : 


dm      I                  /          7-            '/' 
h—  ^:rz       '  —  ■' ""'   'I  ^-  -—  -^ 


'I 


(l'i) 


i  .'î .'6 .  .  .  [n  —  \)  [1  II  —  \) 


dm    \  ,         1  if  q'* 

'.- z-  \  \  I  .2..^.  5         I  .0..J.7 


.  (  «  —  3  )  (  //  ~  I  )  (  2  /i  —  3  )  (  2  /(  —  I  ) 


(  )n  eu  déduit  la  vitesse  desceiKlaute  -7-  =  -; des  molécules: 

d/      d,/  3  ; 

■  d/i       '''"',.-,,('  _^       ''  '1' 


dt         -:■         \  31.2.3.5 


(,.•>) 


/t(l/t  —  I)  (2/1  -h  \) 

1+7 '— 


dh         I  dm 

d/  ^   -  z'-'  "     \      '    '    '       2.5        2.3.5 

3./" 


(  2  .  3  .  .  .  /;  )  (  2  /i  —  3  )  (  2  n  —  I  )  (  2  /i  4~  1  ) 


Ces  dernières  formules  avaient  été  obtenues  tout  autrement  par  Poisson, 
aux  n°*  27  et  51  de  son  Mémoire.  Il  en  avait  déduit  que,  sur  la  verticale  du 
lieu  d'émersion,  le  mouvement,  d'abord  ascendant,  ne  s'annule,  pour  deve- 
nir ensuite  descendant,  qu'une  seule  fois  dans  le  cas  des  ondes  cylindriques 
d'un  canal,  tandis  que  dans  celui  d'ondes  propagées  en  longueur  et  en  lar- 
geur, il  redevient  une  fois  encore  ascendant  avant  de  s'éteindre.  El,  en 
effet,  la  parenthèse  des  seconds  membres  de  (i5),  négative  pour  q  —  o, 
mais  sans  cesse  croissante  dans  la  preuiière  formule,  y  devient  définitive- 
ment positive  dès  qu'elle  s'est  annulée,  tandis  que,  dans  la  seconde  formule, 
elle  a  sa  dérivée  d'abord  positive  mais  sans  cesse  décroissante,  en  sorte  que 
cette  parenthèse  redevient  elle-même  délinilivement  négative  après  s'être 
annulée  deux  f(jis. 


SÉANCE    DU    I 'i    .MARS    I910.  6(il 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Atcoylalion  des  rélones  aliphaliques  par  linleriné- 
diaire  de  Tamidure  de  sodium.  Dédoublement  des  hexaalcoylacélones.  Note 
de  MM.  Haller  el  Ed.  Bauer. 

Dans  ses  recherches  sur  h's  cétoncs  cycliques  (  '  ),  l'un  de  nous  a  montré 
qu'il  était  possihlc  de  substituer  quatre  groupes  mélhyle  à  l'hydrof^ène  des 
deux  radicaux  uiélhyléniqurs  avoisinani  la  fonction  cétone  de  la  !3-mélhyl- 
hexanoue. 

Les  cétones  aliphatiques  dr  la  l'orme  R  .  CH^.  CO  .  CH-.K,  y  compris 
l'acétone  la  plus  simple,  (]H'.(]O.CH%  se  prêtent  aux  mêmes  réactions. 

Pour  la  présente  étude,  nous  nous  sommes  adressés  à  la  diélhylcé- 
tone  CH'.CH^COCH^CIP. 

I.  Mélhylation  de  la  diélhylcclone.  —  Four  éviter  une  réaction  trop  vive 
entre  l'amidure  et  la  di'''lhylcélone,  on  a  soin  de  n'introduire  que  progres- 
sivement celte  dernière  dans  un  ballon  contenant  l'amidure  pulvérisé  et 
l'élher  anhydre.  Quand  le  dégagement  d'ammoniaque  a  cessé,  on  fait  réagir 
l'iodure  de  méthyle  et  on  chauffe  à  l'ébuUition.  Au  bout  d'une  heure,  on 
laisse  refroidir,  et  l'on  ajoute  peu  à  peu  au  mélange  une  nouvelle  molécule 
d'amidure,-puis,  lorsqu'il  ne  se  dégage  plus  d'ammoniaque,  une  seconde 
quantité  d'iodure  de  méthyle  équivalente  à  la  première.  Après  avoir  porté 
le  tout  à  Fébullition  pendant  1  heure,  on  soumet  le  mélange  au  trailement 
habituel. 

Une  série  de  fractionnements  a  permis  d'isoler  : 

i"  Un  liquide  passant  de  1 16°  à  119"  et  qui  est  constitué  par  de  Véthyl- 
isopropylcélone  ; 

1"  Un  produit  distillant  de  123"  à  124°,  5  et  qni  est  formé  par  de  la 
diisopropylcétone  ; 

3°  Une  substance  bouillant  à  une  température  beaucoup  plus  élevée 
(i48"-i52°  sous  18""°)  C'^H-^O  et  qui  parait  être  un  produit  de  condensa- 
tion de  la  cétone  sur  elle-même. 

L'étliylisopropylcélone  ,,  .^  ^CH.CO.  CH'-.CH^  est  unliquide  à  odeuragréable  qui, 

nous  le  répétons,  distille  de    1  16"  à   i  ig".   Elle  contient  cependant  encore  un  peu  de 
diisopropylcétone  impossible  à  séparer-  par  distillation. 

(')  A.  IIaijek.  Coinp/es  rendus,  t.  CWXN'III.  p.  i  1  Sy  ;  i.  CXL,  p.  127  et  i6s5. 


6(yi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  diisopropYlciHone   „|,.,yCII  .CO.CIK    ^^^  coiisliliie  la  partie  la  plus   inipor- 

laiile  de  la  réaclioii  et  se  présente  sous  la  forme  d'un  liquide,  à  odeur  légèrement 
camphrée  et  bouillant  i23°-iî>.4°,5à  la  pression  normale.  Obtenue  jadis  par  Folelaje\v('), 
puis  signalée  par  Nef  ("),  elle  a  récemment  été  préparée  par  M.  Senderens,  en  faisant, 
passer  des  vapeurs  d'acide  isobntyrique  sur  de  la  tiiorine  chauITée  entre  3So°  et  f^'io"  (■'). 

Sa  seinicarbazone  fond  à  i^S'-i/îV- 

l^e  compost-  C'^'H-'O  qu'on  recueille  en  soumettant  les  portions  les  moins  volatiles  ù 
la  distillation  fractionnée  dans  le  vide  forme  environ  ij  à  8  pour  loo  de  la  diétliylcétone 
mise  en  œuvre.  C'est  un  liquide  qui  distille  de  i48"  à  i5s"  sous  18'"'".  Il  décolore  le 
brome  et  ne  forme  pas  d'oxime.  La  formule  centésimale  correspondrait  à  une  pliorone 
de  la  diéthylcétone  : 

Cm\  /cm     CIPCFP\  /CH^CH' 

CHV^-^" •'"*''•*"" -*'\CIP     CH^CH^/^'^i  \CH^CH= 

CH'  CH^ 

La  diisopropylcélone  dont  nous  venons  de  donner  la  préparation,  nous 
a  conduit  à  préparer  un  troisième  isomère  de  la  hexaméthylacétone,  la 
tétraraélhyléthylacétone.  Elle  a  été  obtenue  en  faisant  réagir  l'iodure 
d'éthyle  sur  la  diisopropylcélone  sodée,  au  sein  de  l'éther,  au  moyen  de 
Tatuidure  de  sodium  et  isolant  le  produit  suivant  le  mode  accoutumé. 

La  tcIraniclhyU'lliylacétone  ou  lrimiilhyl-3.i.r)-/ie.ranone-^ 

CMi^ 

^;  '')ClI.GO-C— CH 
Cl!./  \^,^, 

est  un  liquide  qui  distille  entre  i58°  et  161°,  point  d'ébullition  qui  est  notablement 
plus  élevé  que  celui  de  la  liexaniéthvlacétone  (r5i").  I<^lle  ne  donne  ni  oxime,  ni  semi- 
carbazone. 

Fiéduite  au  moyen  de  l'alcool  et  du  sodium,  elle  donne  naissance  à  l'alcool  Iclra- 
métlivlélhylisopropyUqite  ou  /rt'méthyl-3 . 3 .  5-hej'anol-^ 

(CH^)-.CHIICOMCH^J^^,^jJ/  , 

liquide  peu  mobile,  passant  de   170°  à   171".  Il  possède  une  odeur  de  bornéol  moins 
poivrée  que  celle  de  son  isomère,  l'hexamétliylisopropanol. 
Sa  phényliiréthane  fond  à  164°. 


(')  PoLETAJKW,  Dciil.  client.  Ges..  t.  X\l\",  p.  i3ot). 

(')   Liehig's  Annaleit,  t.  CCCX,  p.  jî.'i. 

(')  Skndkbens,  t'omples:  rendus,  t.  CXIA'III.jj.  y^y. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  663 

La  tétraméthyldiéthylacélone  ou  tiiniélhyl-3.3 .ô  .ô-hepUmone-^ 

CH'  Cil' 

GH'  —  CH^— G  -  GO .  G— G^  W 
CH'/  \gH' 

prend  naissance  en  éthylant  la  tétramélliylélhylacélone  sodée  au  moyen  de  l'amidure 
au  sein  du  benzène.  On  rectifie  le  produit  et,  en  soumettant  les  fractions  passant 
au-dessous  de  190°  à  une  nouvelle  éthylalion,  on  arrive  à  transformer  la  presque  totalité 
delà  cétone  primitive  en  acétone  hexasubslituée  bouillant  de  196"  à  198"  à  pression 
normale. 

La  tétramélliyl-3.3.5  .5-heptanone-4  est  un  liquide  moijile,  à  odeur  camphrée  assez 
agréable,  ne  donnant  ni  oxirae,  ni  semicarbazone. 

Réduite  par  l'alcool  et  le  sodium,  elle  est  convertie  en  alcool  tétrai)iétJiyldiétlirliso- 
propy ligue  symétrique  ou  tétramét/iyl-3.3.5.r}-hep(ano(-^  : 

(CHT-/^-^"*^"-^\(CIF)=- 

Liquide  moins  mobile  que  la  cétone  dont  il  dérive,  et  qui  possède  toujours  l'odeur  de 
bornéol  caractéristique  de  la  plupart  de  ses  congénères.  Il  bout  à  ?.  io°-2  la"  à  la  pression 
ordinaire. 

Sa  phényluréthane  fond  à  6a"-63°. 

Les  exemples  qui  précèdent  suffisent  pour  monli-er  que  n'importe  quelle 
cétone  aiiphatique,  normale  ou  arborescente,  symétrique  ou  non  symétrique, 
est  susceptible  d'échanger  les  atomes  d'hydrogène  des  radicaux  hydrocar- 
bonés voisins  du  groupement  cétonique,  contre  un  ou  plusieurs  radicaux 
alcooliques,  quand  ou  le  traite  par  de  l'amidure  de  sodium  et  des  carbures 
monohalogènes.  Le  terme  final  de  l'alcoylalion  de  la  cétone  sera  toujours 
derhexaalcoylacétone  symétrique  ou  non  symétrique,  suivantla  constitution 
de  la  cétone  qui  a  servi  de  point  de  départ. 

IL  Les  trialcoylpinacolines,  et,  d'une  façon  générale,  les  hexaalcoyla- 
cétones  qui  ont  fait  l'objet  de  nos  études  se  rapprochent,  dans  une  certaine 
mesure,  des  diarylcétones,  comme  la  benzophénone,  ou  des  trialcoyla- 
cétophénones.  Or,  nous  avons  montré  (M  que  lorsqu'on  chauffe  ces 
combinaisons,  au  sein  d'un  carbure  aromatique,  avec  de  l'amidure  de 
sodium  et  qu'on  traite  ensuite  le  produit  de  la  réaction  par  de  l'eau,  on 
détermine  le  dédoublement  des  cétones  en  amides,  carbures  et  acides,  ces 
derniers  provenant,  sans  aucun  doute,  de  l'action  de  la  soude  caustique  sur 
les  amides. 

(')  A.  Haller  et  Ed.  Bauer,  Ann.  de  Cli.  et  de  Phys.^  8*^  série,  t.  XVI,  p.  i45. 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  11.)  ^9 


6G4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Avec  les  célones  symétriques  comme  la  benzophénone,  on  n'obtient  natu- 
rellement qu'une  amide  et  un  carbure,  tandis  qu'avec  les  cétones  dissymé- 
triques il  se  forme  deux  amides  et  deux  carbures.  Ainsi  avec  la  p-tolyl- 
phénylcétone,  on  produit  un  mélange  d'amides  benzoïque  et/?-toluique. 

Quant  aux  trialcoylacétophénones,  elles  donnent  pour  ainsi  dire  exclusi- 
vement naissance  à  de  la  benzine  et  des  trialcoyiacélamides. 

Nous  avons  soumis  les  hexaalcoylacétones^  étudiées  dans  notre  dernière 
Communication  et  dans  la  première  partie  de  cette  Note,  à  la  même  action 
dédoublante  ('). 

On  dissout  l'acétone  hexasuhstituée  dans  le  benzène,  ou  tout  autre  hydiocarbure 
aromatique  anhydre,  et  l'on  ajoute  à  la  solution  i""'',25  à  2™°'  d'amidure  de  sodium 
finement  pulvérisé.  Le  mélange  est  ensuite  chaulTé  dans  un  ballon  muni  d'un  appareil 
à  reflux,  pendant  4  à  6  heures. 

On  remarque  d'abord  une  dissolution  partielle  de  l'amidure  et  la  liqueur  prend  une 
teinte  brun  jaune.  Il  ne  se  dégage  pas  de  trace  d'ammoniaque  ni  d'aucun  gaz.  Au  bout 
de  6  heures  on  ajoute  alors,  au  moyen  d'un  entonnoir  à  robinet,  de  l'eau  goutte  à  goutte, 
tout  en  maintenant  la  liqueur  en  légère  ébullition.  Il  se  déclare  aussitôt  une  vive 
réaction  avec  dégagement  gazeux,  quand  le  carbure  provenant  du  dédoublement  de  la 
cétone  est  un  gaz.  On  recueille  ce  dernier  sur  la  cuve  à  eau  ou  sur  la  cuve  à  mercure. 
L'ammoniaque  résultant  de  l'action  de  l'eau  sur  l'amidure  non  entré  en  combinaison 
n'apparaît  qu'après  le  dégagement  du  carbure. 

Si  l'on  opérait  sur  de  grandes  quantités  de  matière,  il  faudrait  refroidir  de  façon  :i 
apaiser  la  réaction  tumultueuse  provoquée  par  addition  d'eau  au  mélange. 

Quand  la  réaction  est  terminée,  on  ajoute  encore  de  l'eau  pour  diluer  la  soude  for- 
mée et  l'on  décante,  si  l'amide  n'a  pas  encore  cristallisé,  car  les  amides  trialcoylacé- 
tiques  sont  en  général  peu  solubles  dans  la  benzine  et  les  carbures  benzéniques.  Si 
l'amide  s'est  précipitée,  on  essore  tout  le  liquide  et  l'on  sépare  par  décantation  les  deux 
couches  aqueuse  et'benzénique.  La  première  est  évaporée  et  acidulée  afin  de  recueillir 
une  partie  de  l'amide  soluble  à  la  faveur  de'la  soude  caustique.  Quant  à  la  solution 
benzénique,  on  la  fractionne  dans  le  but  de  rechercher  les  carbures  aliphatiques  dans 
le  cas  où  ils  sont  liquides. 

L'ensemble  des  réactions  peut  se  traduire  de  la  façon  suivante  : 

Rv  /R  R\  NU-      /H 

R'_:C.CO.C— R'         +NH^Na  =  H'-^C.C^ C— R' 

R"/  \k"  R"/         \ui\a     \r" 


.\, 


R  V  /NIP      /R  R  \  R    ^ 

R'— G.C G— R'-t-    ÏV-0   =1V— G.COiMP-t-R'-^CH  +  NaHO. 

R"/        \ONa    \r"  R"^  R'/^ 


(')  A.  H.vLLER  et  Ed.  Baier,  Comptes  rendus,  t.  GXLViU,  p.  127,  et  t.  GXi.lX,  p.  5. 


SÉAXCE    DU    l4    MARS    I910.  665 

Dédoublement  de  la  pwalone  ou  hexaméthylacétone 

(CIF)'.C.CO.C.(CIP)'. 

La  molécule  étant  symétrique,  on  ne  peut  obtenir  par  dédoublement  que 
de  l'amide  pivalique  et  du  trimétliylméthane. 

On  observe  en  eflet  un  dégag^ement  d'un  gaz  brûlant  avec  une  flamme 
éclairante,  quand  on  ajoute  peu  à  peu  de  l'eau  au  produit  de  la  réaction  de 
l'amidure  sur  la  pivalone.  On  a,  de  plus,  constaté  qu'il  se  forme  un  abon- 
dant précipité  d'amide  pivalique  fondant  à  i54°-i55°,  et  que  les  eaux  mères, 
séparées  de  la  benzine,  en  fournissent  une  nouvelle  quantité  quand  on  les 
neutralise  par  de  l'acide  sulfurique.  Ces  eaux  sursaturées  par  l'acide  mani- 
festent d'autre  part  nettement  l'odeur  d'acide  pivalique  provenant  de  la 
saponification  de  l'amide. 

Quant  à  la  liqueur  benzénique,  elle  laisse,  après  distillation,  également 
un  petit  résidu  d'amide  pivalique. 

Dédoublement  de  la  pentaniéthyléthylacétone  (CH')'.C .CO  .CH     ^^aus    • 

—  Cette  cétone  peut  se  scinder  de  deux  façons  différentes  : 

(0  (CH')^C.GO.c(^J.^J]'/     ^     {GWy    CH-+-^^Î|JJ[^G.C0NH% 


(2) 


(CH')\C.CO.C<^^^JJP'     ->     ^^'^jj[^CII  +  (CH')^C-COINlP. 


Dans  le  premier  cas,  il  se  forme  du  trimétliylméthane  et  de  la  diméthyl- 
éthylacétamide,  et  dans  le  second  cas,  du  diméthyléthylméthane  et  de 
l'amide  pivalique. 

Les  deux  réactions  se  produisent  en  réalité. 

Nous  n'avons  pas  recueilli  les  gaz  dégagés  et  nous  nous  sommes  bornés  à 
isoler  les  amides  formées.  On  obtient  naturellement  un  mélange  des  deux 
amides  que  nous  avons  tenté  de  séparer  par  cristallisations  fractionnées  au  sein 
de  l'éther  anhydre.  La  fraction  la  moins  soluble  est  principalement  constituée 
par  de  l'amide  pivalique  légèrement  souillée  d'amide  diméthyléthylacétique, 
car  elle  fondait  à  i5o°-i5i"  alors  que  l'amide  pivalique  pure  fond  à  i54°-i55°. 
Quant  à  la  partie  la  plus  soluble,  au  lieu  de  fondre  à  io3''-io4"  qui  est  le 
point  de  fusion  de  l'amide  diméthyléthylacétique,  elle  montra  le  point  Je 
de  fusion  de  io4"'-io5°. 

Dédoublement  de  la  tétraméthyldiélhylacétonc.  symétrique 


666  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Opérée  au  sein  du  benzène,  la  réaction  a  fourni  un  gaz  brûlant  avec  une 
flamme  éclairante  et  de  l'aniide  diméthyléthylacétique  pur  du  premier  jet 
et  fondant  à  io3°-io/i"- 

Dédoublement  delà  triéthylpinacoline  (CH^)'.C.CO.C  (C^H^)'. 

En  sa  qualité  d'acétone  he\asubstituée  dissymétrique,  cette  pinacoline 
peut  également  donner  lieu  à  la  production  de  deux  carbures  et  de  deux 
amides. 

La  scission  a  été  faite  au  sein  du  métaxylène  bouillant  de  iSg". 

Après  addition  d'eau  au  produit  de  la  réaction  de  l'amidure  sur  le  cétone,  on  a 
observé  le  dégagement  d'un  gaz  brûlant  avec  une  flamme  éclairante. 

D'autre  part,  le  liquide  essoré  a  fourni  de  l'amide  pivalique  qu'une  seule  cristalli- 
sation dans  l'éther  ordinaire  a  permis  d'obtenir  à  l'étal  pur. 

Les  eaux  mères  aqueuses  en  renfermaient  également.  Il  a  suffi  de  les  neutraliser  et 
de  les  concentrer  pour  en  recueillir  une  nouvelle  quantité. 

Le  xyléne  renferme  en  dissolution  un  carbure  qu'on  réussit  à  séparer  par  une  série 
de  fractionnements  et  de  l'amide  triéthylacétique  fondant  à  108°  qu'on  obtient  par 
concentration.  La  proportion  de  cette  dernière  amide  est  d'environ  i  partie  par 
5  parties  d'amide  pivalique. 

Quant  au  carbure  aliphatique  formé,  il  bout  à  91  "-92°,  et  son  analyse  a 
donné  des  nombres  correspondant  à  un  corps  répondant  à  la  formule  C  H'*. 
Ce  ne  peut  être  que  le  triéthylméthane  (C-H^)^CH,  bien  que  dans  la  litté- 
rature on  assigne  à  ce  carbure  le  point  d'ébullition  j^5"-98°. 

La  scission  de  la  triéthylpinacoline  se  fait  donc  principalement  suivant 
l'équation 

(CH^)^C.GO.C(C^H°)^'    ->     (CH3)-'-C.C0NH-  +  (Cqi^)-'-CH. 

En  résumé  ces  recherches  montrent: 

1°  Que  les  cétones  aliphatiques  des  formes 

R.CII^CO.GIIS     R.C1I^C0.G1PR,     R-.CH.CO.CIPR,     R^CH.CO.CHR^ 

peuvent  échanger  l'hydrogène  des  résidus  hydrocarbonés,  voisinant  le 
groupement  CO,  avec  des  radicaux  alcooliques  quand  on  les  traite  par  de 
l'amidure  de  sodium  et  des  carbures  halogènes.  Les  termes  ultimes  de 
l'alcoylation  seront  des  hexaalcoylacétones  de  formule  générale 

R.^  /R 

R'— G.CO.C— R' 

iv'  \R" 

2°  Que,  seules  ces  hexaalcoylacétones  se  dédoublent,  au  sein  du  carbure 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  667 

aromatique,  en  un  carbure  aliphatique  et  en  une  amide  de  la  série  grasse, 
dans  le  cas  d'une  cétone  symétrique,  et  en  deuxamides  et  en  deux  carbures 
quand  il  s'agit  de  cétones  non  symétriques.  Dans  ce  dernier  cas  l'une  des 
réactions  de  dédoublement  est  dominante. 

3°  Si  cette  scission,  à  laquelle  se  prêtent  les  hexaalcoylacétones,  ne  cons- 
titue pas  un  moyen  pratique  d'obtention  des  amides  trialcoylacétiques,  elle 
permet,  danscerlains  cas,  de  préparerassezfacilementdestrialcoylméthanes, 
notamment  quand  on  s'adresse  à  des  trialcoylpinacolines,  celles-ci  fournissant 
dans  les  conditions  de  l'expérience,  à  côté  de  petites  quantités  de  trimétyl- 
méthane,  gazeux  à  la  température  ordinaire,  de  notables  proportions  de 
trialcoylméthanes  de  poids  moléculaire  plus  élevé. 

4°  Que  le  meilleur  mode  de  préparation  des  trialcoylacétamides  et  des 
acides  trialcoylacétiques  consiste  à  partir  des  trialcoylacétophénones, 
ainsi  que  nous  l'avons  montré  dans  une  de  nos  précédentes  Communi- 
cations. 

Nous  continuons  l'application  de  ces  réactions  dans  notre  laboratoire, 
ainsi  que  l'étude  de  certains  dérivés  se  rattachant  aux  trialcoylacétophé- 
nones  et  homologues,  et  aux  hexaalcoylacétones. 

M.  PoixcARÉ  fait  hommage  à  l'Académie  du  Tome  III  de  ses  Leçons  de 
Mécanique  céleste.  Ce  Volume  contient  la  Ihéorie  des  marées  :  après  avoir 
établi  les  questions  différentielles  rigoureuses  du  problème,  l'auteur  montre 
comment  la  méthode  de  Fredholm  permettrait  de  les  intégrer;  il  expose 
ensuite  les  procédés  pratiques  de  l'Analyse  harmonique,  et  consacre 
quelques  Chapitres  à  la  synthèse  générale  des  observations  qui  a  été 
récemment  tentée  par  M.  Harris.  A  la  fin  du  Volume  on  trouvera  la  Théorie 
des  marées  fluviales,  celle  des  marées  du  noyau  solide  du  globe  et  celle  de 
l'influence  des  marées  sur  la  rotation  terrestre.  Ces  Leçons  ont  été  professées 
à  la  Sorbonne  en  1903  et  en  1909;  elles  ont  été  recueillies  par  M.  Fichot, 
ingénieur  hydrographe  de  la  Marine. 


ELECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Membre  de 
la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  remplacement  de  M.  Bouquet  de 
la  Giye,  décédé. 


668  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5(), 

M.  Lallemand  obtient 5i  suffrages 

M.  Angot 7        » 

M.  Lallemand,  ayant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé  élu. 
Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
République. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Associé 
étranger,  qui  devra  occuper  l'un  des  deux  postes  créés  par  le  décret 
du  i'^''  décembre  1909  : 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant"53, 

M.  Hittorf  obtient 43  suffrages 

Sir  William  Ramsay 7         » 

M.  van  't  Hoff i  suffrage 

Sir  William  Huggins i         » 

M.  Lorentz i         » 

M.  Hittorf,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
élu.  Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
République. 

CORRESPOND  AIVCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  invite  l'Académie  à  lui  présenter 
une  liste  de  deux  candidats  au  poste  de  Membre  artiste,  ayant  rang  de 
titulaire,  vacant  au  Bureau  des  Longitudes,  par  le  décès  de  M.  Gautier. 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  de  MM.  les  Membres  des  Sections 
de  Géométrie,  Mécanique,  Astronomie,  Géograpliie  et  Navigation,  Pliy- 
sique.) 

M.  Richard  Dedekind,  élu  Associé  étranger,  adresse  des  remercîments 
à  l'Académie. 

M.  P.  Rlaserna,  Président  de  l'Académie  royale  des  Lincei,  annonce  à 
l'Académie  que  la  procbaine  réunion  de  l'Association  internationale  des 
Académies  se  tiendra  à  Rome  du  q  au  i5  mai. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  669 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  de  la  Correspon- 
dance : 

1°  Une  brochure  intitulée  :  Quelques  lellres  inédites  d' André- Marie 
Ampère,  par  M.  Er>est  Jovy; 

1°  Plusieurs  brochures  relatives  à  diverses  questions  de  Sciences  natu- 
relles, par  M.  C.vRLos-E.  Porter,  et  plusieurs  fascicules  de  la  Revista  Chilerux 
de  Historia  natural  (1908  et  1909),  dirigée  par  le  même  auteur.  (Présenté 
par  M.  Edmond  Perrier); 

3°  La  copie  d'un  manuscrit  de  Lebrun,  frère  du  Consul  et  arcliitrésorier 
de  l'Empire,  intitulé  :  Réponse  d'un  cultivateur  aux  officiers  municipaux  de 
sa  cojnmune,  qui  lui  av'aienl  demandé  un  plan  d'éducation.  (Présentée  par 
M.  Edmond  Perrier,  au  nom  de  M.  Lagorsse,  époux  de  l'arrière-petite-fdle 
de  l'auteur). 


ASTRONOMIE.  —  Sur  les  atmosphères  absorbantes  et  les  éclats  intrinsèques 
de  quelques  étoiles.  Note  de  M.  Charles  Nord.wann,  présentée  par 
M.  Maurice  Hamy. 

L  On  manquait  jusqu'ici  de  données  sur  les  éclats  intrinsèques  des  divers 
types  d'étoiles.  Va\  utilisant  mes  résultats  relatifs  aux  températures  effectives 
des  étoiles,  j'ai  obtenu  sur  ce  sujet  quelques  précisions  nouvelles  que  je  me 
propose  de  résumer  dans  cette  Note. 

Soient  T„  et  T  les  températures  effectives  du  Soleil  et  d'une  étoile,  E„  et  E  les 
éclats  intrinsèques  qu'auraient  respectivement  ces  deux  astres  s'ils  étaient 
rigoureusement  assimilables  à  des  corps  noirs,  et  que  j'appellerai  éclats  intrin- 
sèques effectifs  (par  analogie  avec  l'expression  de  températures  effectives  ).  Je 

poserai 

M 

Or  comme  je  l'ai  montré  récemment,  la  loi  expérimentale  d'après  laquelle 
l'éclat  global  d'un  corps  incandescent  varie  en  général  comme  l'intensité  de 
la  longueur  d'onde  du  maximum  de  luminosité  (o'°,54)  est  applicable  au 
Soleil  et  aux  étoiles  (ce  Volume,  p.  44^)-  On  a  donc,  en  appliquant  la  loi  de 
Planck  : 

UGOO 
gO,5'.XT(, I 

^'«■^^       Tïôôô 


670  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  calculé  à  titre  d'exemple  et  indiqué  dans  le  Tableau  ci-dessous  les  va- 
leurs de  £ç„  pour  quelques-unes  des  étoiles  dont  j'ai  mesuré  les  tempé- 
ratures effectives.  Ces  valeurs  donnent  évidemment  une  première  idée  de 
l'ordre  de  grandeur  des  éclats  intrinsèques  de  ces  étoiles.  Mais,  en  réalité, 
celles-ci,  pas  plus  que  le  Soleil,  comme  je  l'ai  montré  récemment  (/oc.  cit.), 
ne  sont  rigoureusement  assimilables  à  des  corps  noirs  à  cause  des  atmo- 
sphères absorbantes  entourant  leurs  photosphères. 

De  combien  les  valeurs  calculées  de  t,„^  peuvent-elles  différer  des  valeurs 
des  éclats  intrinsèques  vrais  des  étoiles  considérées?  C'est  ce  que  j'exami- 
nerai maintenant. 

II.  Considérons  d'abord  celles  des  étoiles  du  Tableau  suivant  pour 
lesquelles  j'ai  trouvé  des  températures  effectives  plus  petites,  c'est-à-dire 

des  valeurs  de  log-r^plus  grandes  que  pour  le  Soleil,  la  valeur  correspon- 
dante trouvée  pour  celui-ci  étant  log^r^-  Ces  étoiles  appartiennent  à  des 

types  spectraux  compris  entre  les  types  G  et  M  de  Harvard.  Or  les  pho- 
tosphères de  tous  ces  types  intermédiaires  sont  certainement  moins  chaudes 
que  celle  du  Soleil  (type  G);  cela  résulte  nettement  des  faits  suivants  sur 
lesquels  tous  les  auteurs  sont  d'accord  :  à  mesure  ([u'on  passe  du  type  solaire 
aux  types  K  et  M,  les  raies  frauenhofériennes  sont  de  plus  en  plus  intenses 
et  nombreuses,  les  bandes  caractéristiques  des  composétl  apparaissent  avec 
une  netteté  croissante,  les  raies  de  basse  température  des  éléments  sont  de 
plus  en  plus  nombreuses  et  intenses,  au  contraire  des  raies  de  hautes  tem- 
pératures (et  notamment  des  enhanced  Unes)  qui  disparaissent  progrcssi- 

R  R 

vement.  D'autre  part,  et  par  conséquent,  le  fait  que  logîT>  l^o  tr  tient  aux 

trois  causes  suivantes  : 

a.  L'intensité  et  le  nombre  des  raies  frauenhofériennes  (dont  la  fréquence 
moyenne  croit  comme  on  sait  vers  les  petites  longueurs  d'onde)  sont  plus 
considérables  dans  ces  étoiles  que  dans  le  Soleil  ; 

b.  La  température  de  leur  photosphère  est  plus  basse  ; 

c.  L'atmosphère  entourant  cette  photosphère  exerce  une  absorption  gé- 
nérale de  la  lumière.  (Il  s'agit  de  cette  absorption  continue,  due,  comme 
lord  Uayleigh  l'a  établi,  à  la  diffraction  de  la  lumière  sur  les  particules  et  les 
molécules  atmosphériques,  et  qui  croit  vers  les  courtes  longueurs  d'onde.) 

Or   nous  avons  vu  que  cette  atmosphère,  dans  le  cas  du  Soleil,  a  pour 

effet  de  diminuer  la  valeur  absolue  de  log-j^  qui  correspondrait  à  la  photo- 
sphère de  0,093  (ce  Volume,  loc.  cil.). 


:=  (/*  —  l)  X  0,098. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I9IO.  67 1 

Cela  étant,  soit  un  nombre  n  défini  par  la  relation 

Il  est  clair,  d'après  ce  qui  précède,  que  l'absorption  générale  de  l'étoile 
considérée  est  au  plus  équivalente  à  celle  d'un  nombre  d'atmosphères 
solaires  égal  à  n. 

On  peut  donc  calculer  de  celte  manière  une  limite  supérieure  de  la  valeur  de 
l absorption  générale  des  atmosphères  des  étoiles  dont  les  spectres  sont  compris 
entre  les  types  G  et  M  de  Harvard.  La  limite  inférieure  de  cette  valeur  est  évi- 
demment zéro. 

Les  valeurs  de  n  calculées  pour  trois  étoiles  de  ces  types  sont  indiquées 
dans  le  Tableau  ci-dessous.  Or  j'ai  montré  {loc.  cit.)  que  l'effet  de  l'atmo- 
sphère solaire  sur  la  valeur  mesurée  de  log  ^^  (qui  correspond  pour  lui  à  une 

température  de  5320°)  est  tel,  que  Véclal  intrinsèque  effectif  du  Soleil  est 
plus  petit  que  son  éclat  intrinsèque  vrai  (qui  correspond  à  celui  d'un  corps 
noir  de  5870").  Il  s'ensuit  qu'en  posant  successivement  pour  les  étoiles  consi- 
dérées n  =  o  et  71  =  sa  valeur  définie  par  la  relation  ci-dessus,  et  en  suivant 
une  marche  analogue  à  celle  que  j'ai  indiquée  récemment  pour  le  Soleil, 
nous  pouvons  calculer  pour  les  étoiles  considérées  une  limite  supérieure  £„,  et 
une  limite  inférieure  £„,  approchées  de  leur  éclat  intrinsèque  vrai  en  fonction 
de  celui  du  Soleil  (que  j'ai,  je  le  rappelle,  trouvé  égal  à  Sigoo  bougies 
décimales  par  centimètre  carré). 

(^uant  aux  étoiles  pour  lesquelles  j'ai  trouvé  une  température  effective 
supérieure  à  celle  du  Soleil,  si  nous  pouvons  calculer  une  limite  inférieure 
de  leur  éclat  intrinsèque  vrai  en  posant  n  =  o,  en  revanche,  nous  n'avons  pas 
le  moyen  d'évaluer  une  limite  supérieure  de  cette  quantité,  puisqu'on  ne 
peut  connaître  dans  ce  cas  la  valeur  maxima  de  n. 

Les  résultats  de  celte  étude  relatifs  à  6  étoiles  sont  résumés  dans  le 
Tableau  suivant  : 

'rempéralure         Type  spectral. 
Étoile.  B  absolue.        Harvard.       Lockyer.  n.  e,„.  Eerr.  £m. 

pl'ersée...  — 0,200  2870  Mb  Ant.  5,05  0,008  o,oi3  0,127 

a  Taureau.  — 0,(^06  .35oo  K.5M  Aid.  '1,06  0,0:^14  0,071  0,279 

Ç  (lé|ilK'e . .  — o,55i  \i6o  Iv                 »  2,48  0,174  0,281  0,541 

Soleil — 0,690  5.820  G  Arcl.  i  »  r  ,000  » 

y  Cygne.  .  .  — 0,710  6620  FSGpec.  Pol.           »  0,81  1,02  » 

Polaire....  — o,844  8200  F8G  Fol.          »  8,78  6,11  » 

«Lyre....  — 0,946  12200  A  Sir.           >•  12,08  19, 55  » 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N"  11.)  9^ 


672  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Un  saisira  aisément  la  signification  de  ce  Tableau.  Pour  ne  parler  que  des 
deux  étoiles  de  première  grandeur  qu'il  renferme,  on  voit  quWldébaran  a 
une  atmosphère  au  plus  équivalente,  au  point  du  vue  de  son  absorption  générale, 
à  quatre  atmosphères  solaires,  et  que  Véga  émet  par  unité  de  surface  au  moins 
12  fois  plus  de  lumière  que  le  Soleil  et  au  moins  43  fois  plus  qu  Aldébaran . 
Deux  étoiles  de  même  volume  et  de  même  parallaxe,  semblables  respective- 
ment à  Aldébaran  et  à  Véga,  différeront  donc  par  leur  éclat  de  plus  de 
quatre  grandeurs  stellaires. 

Il  sera  nécessaire  dorénavant  de  tenir  compte  de  ces  faits  dans  les  re- 
cherches relatives  à  la  statistique  stellaire  et  à  la  répartition  des  étoiles  en 
fonction  de  leurs  grandeurs  et  de  leurs  types  spectraux;  on  était  jusqu'ici, 
dans  ce  genre  de  recherches,  réduit  à  supposer  égaux  les  éclats  intrinsèques 
du  Soleil  et  des  autres  étoiles. 


ASTRONOMIE.  —  Observation  d'une  petite  planète  à  l'Observatoire  de  Paris. 
Note  de  MM.  Jules  Baillaud,  J.  Cuatelu,  Giacobimi,  présentée  par 
M.  B.  Baillaud. 


Les  traces  de  cette  petite  planète  ont  été  aperçues  par  M.  Jules  Baillaud  sur 
un  cliché  de  la  Carte  internationale  du  Ciel  pris  le  3  mars  1910.  Photo- 
graphiée ensuite  sur  deux  autres  clichés,  elle  a  été  observée  visuellement  à 
l'équatorial  de  la  Tour  de  l'Est  par  MM.  J.  Chatelu  et  Giacobini.  La  plar 
nète  de  la  liste  du  Berliner  J ahrbuch  qui  s'en  rapproche  le  plus  paraît  être 
(m)  Emma.  Cependant  sa  position  calculée  pour  le  7  mars,  d'après  des 
éléments  osculateurs  en  1901,  serait  en  écart  avec  l'observation  de  +21™ 
en  .R  et  de  —  28'  en  u3. 

Les  positions  photographiques  de  la  planète  sont  le  résultat  d'une  réduc- 
tion sommaire  et  provisoire  des  clichés;  elles  sont  rapportées  à  l'équinoxe 
moyen  de  1900,0. 

Sa  grandeur  visuelle  peut  être  estimée  plus  faible  que  i3,5;  elle  est 
presque  à  la  limite  de  visibilité  dans  l'équatorial  de  la  Tour  de  l'Est  de 
38"™  d'ouverture.  Photographiquement,  comparée  aux  mêmes  étoiles,  elle 
paraît  de  près  d'une  grandeur  plus  forte.  Il  est  à  remarquer  que  parmi 
les  sept  planètes  trouvées  à  Paris  dans  les  mêmes  conditions,  toutes  parti- 
culièrement brillantes  photographiquement,   celles  qui  ont  pu  être   iden- 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  6^3 

tifiées  ont  donné  sur  les  photographies  des  traînées  plus  intenses  que  ne 
l'auraient  laissé  supposer  leurs  grandeurs  à  l'opposition. 


Obsen'ations  à  l'équalorial  photographique. 


Temps  moyen 

1910.  de  Paris.  Ascension  droite.  Déclinaison. 

Il  m      s  b        m      9  o        ,         „ 

Mars  3 10.18.49  8.42.33,9  4-17.8.46 

»     5 io.5i..5o  8. 4 1.20,. 5  -1-17.17.10 

»     7 10.25.   2  8.40.14,6  -t- 17. 29. 56 


Observations  à   t'éqtiatorial  de  la   Tour  de  l'Est. 

Nombre 

Haies.              Temps  moyen                                                            de  Log.  fact.  Log.  fact. 

llllO.                    de  Paiis.              AB.                    A(0.            compar.  35  apparente.  parall.           CÔ  apparente.          parall.        -k . 

h        m    s              m        s                           ,        „  I.        m        s  o         ,         „ 

Mars    8....      12.57.0     -1-0.25,82     —  2.67,1      i4:   5  8.4o.i4,48  -1-1,498     4-17.26.47,4     +0,716     i 

»      10...      11.38.2     —2.26,38     —2.   5,1       5:   2  8.39.17,78  -i-î,35o     -H-17.33.38,3     -t-o,686     2 

»      II....      II. 56. 2     — 3.25,3o     ■+-  0.28,5       6:   5  8.38.5i,o3  -i-ï,4oi     -1-17.37.   4,4     -+-0,698     3 


Positions  moyennes  des  étoiles  de  comparaison    1910,0. 

31  moyenne           Réduction               Û)  moyenne  Réduction 

■*.                    Gr.                    1910,0.                au  jour.                    1910,0.  au  jour.                                  Autorités. 

h       ih       s                           s                              o       ,         „  „ 

I 9,0            8.39.47,93          -1-0,71          -(-17.29.43,7  -+-  0,8          Anonyme  rapp.  à  Berlin,  A  3482 

2 9,2            8.4i.43,4'          +0,75          -1-17.35.42,5  -t-0,9         Anonyme  rapp.  à  Berlin,  A  3022 

3 8,9           8.42.15,57         -1-0,76         4-17.36.35,0  ■+-  0,9         Berlin,  A  3522 

Les  observations  des  8  el  10  mars  onl  été  faites  par  M.  Giacobini;  celle  du  11  mars 
par  .M.  .1.  Clialelu.  La  planète  est  estimée  i3,8. 


«74 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  certains  syslètnes  d'équations  fonctiunnelles 
et  V approximation  des  fonctions  continues.  Note  de  M.  Frédéric  Riksz, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

1.  Appelons  classe  [L^]  la  totalité  des  fonctions /(a-),  réelles  ou  non, 
définies  sur  l'intervalle  {a,b),  sommables  et  telles  que  \f\^  est  sommablc. 

Nous  supposons  />>i.  Les  classes  [L^"]  et  [L''~'J  sont  intimement  liées; 
entre  autres,  le  produit  de  deux  fonctions  quelconques  dont  l'une,  /(-r), 

appartient  à  la  classe  [L^"],  l'autre,  g(x),  à  la  classe  [L''"'J,  est  toujours 
sommable,  et  l'on  a 


£  [/(x)]/-./..!'   /  u-(^)i'-'f/.l 


(i)  I     f{a:)g{x)dx 

Envisageons  le  système  d'équg^pns 

(2)  J  f,{œ)i{œ)dx  =  Ck 

les  fonctions  données /;t(^)  appartenant  à  la  classe  [L''],  nous  assujettissons 

la  fonction  cherchée  ^  (ic)  à  être  de  classe  [L''"'J.  Si  le  système  (2)  admet 
une  telle  solution,  et  si  pour  cette  solution  on  a 


{k 


•  ); 


(3) 


/'■ 


\l(x)Y~'  dxlMf-', 


on  en  conclut,  en  se  servant  de  (1),  que  l'inégalité 


(4) 


2  '^*  '^'' 

<M 

\f\ 

k  =  l 

J ,    ! 

2  f^A/A(-r)     du 


a  lieu  quels  que  soient  n  et  les  nombres,  réels  ou  non,  [x^.  Ainsi,  la  validité 
de  l'illégalité  (4)  est  une  condition  nécessaire  de  ce  que  le  système  (2)  admette 
une  solution  telle  que  (.i).  Dans  un  Mémoire  qui  est  sous  presse,  j'ai  montré 
que  la  même  condition  est  aussi  suffisante. 

Dans  celte  iN'ole  je  vais  traiter  un  cas  limite. 

2.  Supposons  les/^(a:;)  continues  et  tentons  d'élargir  les  conditions  por- 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19ÎO.  675 

tant  sur  la  fonction  cherchée.  Les  résultats  concernant  la  représentation 
des  opérations  linéaires  par  des  intégrales  de  Stieltjes  que  j'ai  développées 
il  y  a  quelque  temps  dans  ces  Comptes  rendus  (29  novembre  1909)  nous 
suggèrent  de  substituer  au  système  (2)  le  système 


(5) 


/    //.■{■x)doi.{x)-=Ck  (k 


nous  assujettissons  la  fonction  cherchée  a  (a;)  à  être  à  variation  bornée. 
Maintenant  Vinégalité 


(6) 


2^^*' 


£  M  X  max. 


"SF/^/a^-) 


exprime  une  condition  nécessaire  à  ce  que  le  système  (5)  admette  une  solu- 
tion a.  (a;)  dont  la  variation  totale  ne  surpasse  pas  M  ;  l'inégalité  doit  avoir  heu 
quels  que  soient  le  nombre  entier  n  et  les  nombres  réels  ou  non  M^. 

Nous  allons  voir  que  cette  condition  est  aussi  suffisante. 

3.  Envisageons  d'abord  le  cas  particulier  d'un  nombre  fini  n  d'équations. 
Supposons  la  condition  remplie.  Remarquons  qu'une  fonction  continue/(a;) 

appartient  à  toutes  les  classes  [L^]  et  que,  -  tendant  vers  o,  les  valeurs 

r    >  -.1 

/    !/(*■)  K*^-^  I     tendent  vers  le  maximum  de  [/(■*')](')•  Ajoutons  encore 

que  si  l'on  pose_/(.c)  =  V  \>-kfk{^)  ^^  si  l'on  assujettit  les  [i.;^  à  ne  pas  sur- 

A  =  i 

passer  en  valeur  absolue  une  certaine  borne  finie,  cette  convergence  est 
uniforme.  Tout  cela  se  démontre  d'une  façon  assez  élémentaire.  On  en 
conclut  aisément  que,  quelque  petite  que  soit  la  quantité  positive  e,  on  a 
pour  les  valeurs  de  p  suffisamment  grandes 


i^kCk 


:{M  +t) 


r 


^y-kfk{x) 


dx 


Or  nous  l'avons  vu  pUis  haut,  cette  inégalité  exprime  précisément  la  con- 


{')  Il  me  faut  remercier  M.  E.   Fischer   d'avoir   attiré  mon   attention  sur  ce  fait 
intéressant. 


676  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dition  pour  que  le  système 


/ 


fk{-x)l{.r)dj;  =  Ck  (Â  =  1,2, /;) 


admette  une  solution  ^(x)  telle  que  (3),   M  étant  remplacé  par  M  +  £. 

Posant  a  (a;)  =   /    \{x)dx,    on  a  une  fonction  ix{x)  à  variation    totale 

1 
t(b  —  a)p(M-h  e),  solution  du  système  (5). 

Pour  en  déduire  une  solution,  dont  la  variation  totale  ne  surpasse  pas  M, 
faisons  tendre  i  vers  o.  On  aura  ainsi  une  suite  de  fonctions  ae(^)  à  variation 
bornée,  bornées  dans  leur  ensemble,  dont  chacune  satisfait  au  système  (5); 
et  quelque  petite  que  soit  la  quantité  positive  0,  on  est  sûr  que  pour  e,  suf- 
fisamment petite,  la  variation  totale  de  y.c{x)  ne  surpasse  pas  M  ■+-  S.  On  en 
conclut  l'existence  d'une  solution  a  (a-)  dont  la  variation  totale  ne  surpasse 
pas  M.  Pour  définir  une  telle  fonction,  il  suffit  d'envisager  la  suite  des  fonc- 
tions Ae(a:)  =  /  0L^(x)tlx,  également  continues  et  bornées  dans  leur  en- 
semble; on  en  tire,  à  l'aide  d'un  artifice  bien  connu,  une  suite  partielle 
j  A,(a7)  =  /    a,(it)  dx    qui  tend  uniformément  vers  une  fonction  continue 

A(a;).  On  reconnaît  aisément,  en  appliquant  le  critère  donné  dans  ma  Note 
déjà  citée,  que  A(a7)  est  l'intégrale  d'une  fonction  a  (a?)  à  variation  bornée 
dont  la  variation  totale  ne  surpasse  pas  M.  Des  considérations  analogues  à 
celles  dont  je  me  suis  servi  dans  la  Note  citée,  font  aussi  voir  que  l'intégrale 
de  f(x)da.i(x)  tend  pour  i  =  00  vers  celle  de/(x)  d(x.(x),  quelle  que  soit  la 
fonction  continuey(j;).  On  en  conclut,  en  particulier,  que  a  (x)  satisfait  au 
système  (5). 

4.  Quand  le  système  (5)  se  compose  d'une  infinité  dénombrable  d'équa- 
tions, on  applique  le  résultat  que  nous  venons  d'établir,  aux  systèmes  partiels 
finis  de  (5).  D'après  ce  résultat,  la  condition  (G)  étant  supposée  remplie, 
il  existe  pour  chaque  n  une  solution  a''''(^)  des  n  premières  équations,  dont 
la  variation  totale  ne  surpasse  pas  M.  Par  le  même  procédé  que  nous  venons 
d'employer  pour  les  fonctions  oi^(x),  la  suite  [a'"'(j;)j  conduira  à  une  fonc- 
tion a,'  (x),  satisfaisant  au  système  complet  (5)  et  dont  la  variation  totale  ne 
surpasse  pas  M. 

On  sait  aussi  bien  que  le  cas  d'une  infinité  dénombrable  d'équations  repré- 
sente le  cas  général.  Cela  revient  au  fait  que  chaque  ensemble  non  dénom- 
brable de  fonctions  continues  contient  un  sous-ensemble  dénombrable  tel 
que  chaque  fonction  de  l'ensemble  primaire  en  est  fonction  limite. 


SÉANCE    DU    l/(    MARS    1910.  (177 

5.  En  particulier  notre  résultat  contient  le  tliéorème  portant  sur  la  repré- 
sentation des  opérations  linéaires  par  des  intégrales  de  Stieltjes.  En  voici  un 
autre  corollaire  qui  décidera  définitivement  une  question  classique  remon- 
tant à  Weierstrass,  posée  et  traitée  avec  bien  du  succès  par  M.  E.  Schmidt 
(^Dissertation ^  Gôttingen,  1903)  :  Etant  donné  un  ensemble  de  fonctions  con- 
tinues dji  (x)^  pour  que  la  fonction  continue  /(x)  puisse  être  approchée  uni- 
formément et  indéfiniment  par  les  ^{x)  ou  par  leurs  combinaisons  linéaires, 
il  faut  et  il  suffit  que  toujours  quand  une  fonction  ol(x)  à  mriation  bornée 
a  (a;)  satisfait  à  toutes  les  équations 

(7)  /     <f(j-)dx{a^)  —  o, 

on  ait  aussi 

/{x)(/a{.v)=o. 


f 


En  TparùcuWer  pour  que  l'on  puisse  approcher  toute  fonction  continue,  il  faut 
et  il  suffit  que  toute  fonction  à  l'arialion  bornée  qui  satisfait  au  système  (7) 
soit  constante  sauf  peut-être  pour  un  ensemble  dénombrable  de  valeurs  x  diffé- 
rentes de  a  et  b. 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  surfaces  algébriques  représentables  sur  celle  de  Kummer. 
Note  de  M.  L.  Remy,  présentée  par  M.  G.  Humbert. 

Toute  surface  algébrique  représentable  sur  celle  de  Kummer  est  définie 
paramétriquement  par  des  équations  de  la  forme 

Xa:=  ©aC")  <')  (a=l»2,  3,  4), 

OÙ  0,,  . . . ,  0.i  désignent  quatre  fonctions  thêta,  d'ordre  «,  de  même  parité, 
supposées  sans  facteur  commun  et  admettant  les  demi-périodes  pour  zéros 
communs  aux  ordres  respectifs  de  multiplicité /j,,  yj^j  •■■iPit,-  A  cette 
représentation  paramétrique  est  associé  un  système  de  nombres  entiers 

lesquels  sont  liés  au  degré  d  de  la  surface  par  la  relation 
(i)  2/t-  —  N  yy,-  =  2  (/        (t  =  1 ,  2,  . . . ,  16). 


678  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  une  même  surface  répondent  d'ailleurs  une  infinité  de  systèmes 
d'entiers  [n,  />,]  qui  se  rattachent  aux  transformations  birationnelles 
n'altérant  pas  la  surface  de  Kummer  :  il  convient  tout  d'abord  de  caracté- 
riser ces  systèmes  équivalents. 

Une  telle'  transformation  birationnelle  fait  correspondre  à  la  famille 
linéaire  de  courbes  définie  par  l'cfjuation  0(m,(>)  =  o  une  autre  famille 
d'équations  6'(«,  (')  =  o  :  les  entiers  [/',/^|  et  [/î,/?/]  associés  respecti- 
vement aux  fonctions  (){ii,  r)  et  0'(«,  c)  sont  liés  par  une  substitution 
linéaire  à  coefficients  entiers 

'  P/.  =  ^k  '>  —  «î  /^i  —  •  •  •  —  «*    Pu 

Celte  substitution  laisse  invariante  l'expression  2  n^  —  '^pj  qui  repré- 
sente le  degré  du  système  linéaire  de  courbes  caractérisé  par  les  entiers 

elle  jouit  en  outre  de  la  propriété  de  donner  des  valeurs  n',  p'.,  ...,  p\^ 
positives  pour  tout  système  d'entiers  n,p,,  ..,,  jo,„  attaché  à  une  courbe 
irréductible  d'équation  Ô(m,  v)  =  o. 

Inversement,  étant  donnée  une  substitution  linéaire  T  jouissant  de  ces 
propriétés,  on  peut  démontrer  que  la  surface  dont  les  coordonnées  d'un 
point  sont  proportionnelles  à  quatre  fonctions  thêta  de  u,  »'  caractérisées 
par  les  entiers  2  oJJ  ;  2^7",  ...,  2«",.,  est  du  quatrième  ordre  et  possède 
seize  points  doubles,  et  l'on  déduit  de  là  que  les  difierents  systèmes 
d'entiers  [/?',  p[\  homologues  d'un  même  système  par  les  substitutions  T 
ne  définissent  pas  des  surfaces  distinctes. 

Ceci  posé,  un  système  [«,/>,]  sera  dit  réduclihie  par  une  substitution  T 
si  le  système  homologue  [/î',yj',]  est  tel  que  n  <^  n  :  d'après  ce  qui  précède, 
on  peut  se  borner,  dans  la  recherche  des  surfaces  représentables  sur  celle 
de  Kummer,  à  envisager  les  systèmes  irréductibles. 

Parmi  les  substitutions  T,  nous  en  considérons  trois  particulières  :  la 

substitution  T' 

n  =z  in  —  2/>, 

p\  —  !in  —  ;^/5, 

p'j=-Pj  0  =  2,  3,  ...,  16), 

qui  se  rattache  à  la  transformation  birationnelle  associant  les  couples  de 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I9IO.  (^-JÇ) 

points  en  ligne  droite  avec  un  nœud  de  la  surface  ;  puis  la  substitution  T' 

n' =^  ?>  Il — Pi  —  Pi  —  Pi — p.. 
p\  =  in  -/>:  — /'3— /';. 

p'^=in—p^~-p.i  —  p,. 

p'j—pj  (/•  =  5.  6.   ...,  16), 

qui  correspond  à  la  transformation 

I  ,1  ,       r  .1 

a;  = -5  y'=-.  ;■'=-,  '=":' 

X  •'        y  z  t 

appliquée  au  tétraèdre  formé  par  quatre  nœuds  de  la  surface;  enfin  la 
substitution  T'^ 

«'    =  0« (pi-\-.  .  ■+J'ili), 

«;.  =      «—  -^/"a,  (/=:|,  2.  ..  ..  16), 

OÙ  la  sommation  I^p^.-  s'étend  aux  six  demi-périodes  annulant  une  même 
fonction  du  premier  ordre  S',('/,  t),  substitution  qui  se  rattacbe  à  la  trans- 
formation corrélative  de  la  surface  de  Kummer. 

Pour  qu'un  système  d'entiers  [«,/>,]  soit  irréductible  par  rapport  aux 
substitutions  T',  T*  et  T""',  il  faut  et  il  suffit  que  le  point  de  coordonnées 
p^iPii  ...,/7,6,  dans  l'espace  à  seize  dimensions,  soit  intérieur  au  polyèdre 
défini  par  les  inégalités 

Pl=Pi,  •■  -,  =/'.6=o, 
nlpi, 

211  =pi-\-. .  .4-/J4, 

4«  lpi  +  . .  .^Pit,- 

Or  on  reconnaît  que  ce  polyèdre  est  tout  entier  intérieur  à  la  splrère 
iir —  "^p]  =  <5?  abstraction  faite  de  trois  sommets  situés  sur  celte  splière  ; 

de  plus,  les  points  à  coordonnées  entières  intérieurs  au  polyèdre  satisfont  à 
une  inégalité  de  la  forme 

111-  —  '^ pj  >  A/i  +  B, 
A  étant  une  constante  numérique  positive. 

C.  H.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  11.)  9^ 


68o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  Ton  rapproche  cette  inégalité  de  la  relation  (  i  ),  on  est  conduit  au 
théorème  suivant  : 

l^es  surfaces  algébriques  de  degré  donné  d,  représen tables  sur  la  surface  de 
Kummer^  sont  en  nombre  limité  :  elles  peuvent  se  déduire  de  cette  surface  par 
des  transformations  birationnelles  exprimées  par  des  polynômes  de  degré 
inférieur  à  \Ld,  K  désignant  une  constante  numérique. 

Va\  particulier,  les  surfaces  du  quatrième  ordre  représentables  sur  celle  de 
Kummer  peuvent  s'en  déduire  par  des  transformations  birationnelles  expri- 
mées par  des  polynômes  du  sixième  ordre  au  plus. 


PHYSIQUE   MATHÉMATIQUE.    —    Sur  i  équation  des  télé  graphistes. 
Note  de  M.  H.  Larose,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

Envisageons  pour  une  ligne  télégraphique  indéfinie,  comme  nous  l'avons 
fait,  dans  une  Note  antérieure  (')  pour  un  câble  indéfini,  un  Tableau  de  dis- 
tributions d'électricité,  correspondant  à  l'état  neutre  avant  z  =  o  et  à  une 
perturbation  créée  en  jj  =  o,  en  /  =  o  :  rupture  permanente  soit  de  courant, 
soit  de  potentiel;  ébranlement  élémentaire  soit  de  courant,  soit  de  potentiel, 
ce  cjui  donnera  les  distributions  i,  2,  3,  4-  Q,  V,  C,  D  satisferont  à  l'équa- 
tion des  télégraphistes 


^'^  \ôt'-   '   z  àt       ■    O.v 

A  un  facteur  numérique  près  positif,  D  se  déduira  de  C,  comme  V  de 

Q  par  l'opération  -r^  et  D  de  V  comme  C  de  Q  par  l'opération  — ;  dans  le 

Talileau,  il  y  aura  identité  des  fonctions  sur  la  ligne  oblique  correspondant  à 
la  rupture  et  sur  les  lignes  parallèles  de  deux  en  deux  (^fonctions  impaires 
de.r);  sur  les  lignes  parallèles  intermédiaires,  l'identité  n'aura  plus  lieu 
que  dé  deux  en  deux  (fonctions  paires  de  a;);  toutes  ces  fonctions  seront 

nulles  pour  /'-<  ^  et  successivement  paires  ou  impaires;  on  pourra  s'en 

tenir  aux  .r  positifs  et  se  contenter  d'écrire  les  expressions  analytiques 

pour/>^- 

(')   Comjilcs  rendus,  22  mars  1909. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  681 

En  particulier  Qi  ou  C^  sont  proportionnels  pour  (^  -  a 

expression  bien  connue,  établie  de  manières  diverses;  nous  ne  retiendrons 
ici  qu'une  forme  de  la  solution,  donnée  pour  Q,  par  M.  Poincaré  (' ).  Q, 
est  proportionnel  à 

I      r^"      ,        du- 

pint  -iq.r  ggj  yj-jg  solution  isocbrouc  de  (  T),  c'est-à-dire 

r^(/-= /;[«  -I- 2(/t)""']  et  pour         .r  >  o     A(-J>o; 

la  coupure  (  o,  ■?  —  )  a  été  pratiquée  sui\anl  lave,  imaginaire  des  n\  pour  11  Uè^ 
grand,  on  a  sensiblement  vq  =:  /;  ;  pour  t  ■<_  —  l'intégrale  prise  sur  le  demi-cercle  inlini 
du  demi-plan  inférieur  des  n  est  nulle,  donc  ir)  est  nulle,  le  contour  fermé  complet  ne 
renfermant  pas  de  points  singuliers;  pour  <>—  l'intégrale  prise  sur  le  demi-cercle 

infini  du  demi-plan  supérieur  est  nulle,  donc  (i)  est  égale  à  l'intégrale  prise  dans  le 
sens  direct  sur  un  contour  fermé  entourant  la  coupure;  le  calcul  elîectif,  se  fait  par 
un  changement  de  variable  et  conduit  au  résultat  donné  ci-dessus. 

Le  courant  de  déplacement  dans  2,  de  conduction  dans  3,  le  potcnliol 
dans  /(  sont  proportionnels  à  (2)  ' 

(2)  ^  /        e"''-'î^c?«, 

nuls  pour  /  ■<  ^  et  proportionnels  à 

De  l'expression  (2)  nous  remontons  à  la  solution  de  (T)  correspondante 
à  une  rupture  (-+-1,  —  i)  en  a;  =  (+  o,  —  o),  à  partir  de  /  =  o,  solution 
de  (T)  qui  aura  (2)  pour  dérivée  par  rapport  à  /. 


t')    H.    FoiNCARÉ,    Propagation  du   couranl  en  période  variable  sur  une  ligne 
munie  d'un  récepteur  (Conférences  faites  à  l'I-^cole  supérieure  de  Télégraphie). 


(J82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Celte  solution  est 
(3)  -^   /        e""-"?-^  — , 

intégrale  nulle,  comme  (i)et(2),  pour  /  <-.  en  particulier  nulle  pour  /  =  o 
quelque  soit  .r>o,  égale  quelque  soit/,  pour  x  =  -\-o,  au  résidu  pour  «  =  o 
de  — >  c'est-à-dire  k  +  \,  tmie  et  determuiee  pour  t  >  — 

Le  calcul  effectif  de  (3)  pour  t  >  ^  est  immédiat  à  l'aide  d'une  transfor- 
mation de  M.  H.  Poincaré;  il  suffit  de  poser 

[''+('-)-']'-7^'-==>Y(;^')'-(jy=>'"- 


d'où 


dn        vq  de        I        •  ^      \    ,y 


f  ^ 

I       r"^"    .,    .      dn        e^^-     /*';^(?4-i)/i  ^,        ^„    J!"    \ 

inïj_^  n         2  17:    1  \ç  ■^-^  ç"+'   / 


^t, 


la  seconde  intégrale  étant  à  prendre,  dans  le  sens  direct,  sur  un  cercle  de 
rayon  très  grand  du  plan  des  ^. 

L'intégrale  (3)  nulle  pour  /  <  ^est  donc  égale  pour  ^  >  — >  d'après  la  dé- 
finition même  des  fonctions  de  Bessel,  à 

expression  très  propre  au  calcul  numérique,  par  les  séries  convergentes 
|)our  les  petites  valeurs  de  l'argument  des  J,  parles  expressions  asymplo- 
tiques  pour  les  grandes  valeurs  de  l'argument. 

Pour.»  =  -t-  o,  (4)  doit  se  réduire  à  -i-  i,  c'est-à-dire 

e'  =  J„  (  <V  )  -h  2  V  [-'■  J„  (  ,V  ), 


SÉANCE    DU    l4    MARS    IQIO.  683 

formule  remarquable  qui  se  démontrera  directement  en  ordonnant  le  second 
membre  par  rapport  aux  puissances  croissantes  de  /,  ou  simplement  en  fai- 
sant ^  =  i~'  dans  l'identité  de  définition  des  fonctions  i„{it) 


PHOTOGRAPHIE.  —  Obtention  simultanée  du  relief  stéréoscopiqiie  et  de 
l'aspect  changeant  dans  l'image  photographique.  Note  de  M.  E.  Estanave, 
présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

Dans  une  précédente  Communication  ('),  j'ai  signalé  qu'une  plaque 
photographique  munie,  sur  la  face  qui  ne  porte  pas  l'émulsion,  d'un  réseau 
ligné  à  lignes  horizontales  peut  servir  à  enregistrer  deux  et  même  trois 
images  visibles  chacune  exclusivement.  En  sorte  que  l'image  de  la  plaque 
change  d'aspect  suivant  le  point  de  vision  de  l'observateur.  J'avais  déjà  fait 
connaître  (-)  que,  lorsque  les  lignes  du  réseau  sont  verticales,  on  peut 
enregistrer  deux  images  stéréoscopiquement  conjuguées,  qui  donnent  la 
sensation  du  relief  à  vision  directe. 

La  présente  Note  a  pour  but  de  signaler  comment  on  peut  obtenir  à  la  fois 
sur  une  même  plaque  photographique  des  images  à  aspect  changeant,  mais 
présentant  en  même  temps  le  relief  stéréoscopique. 

On  sait  que  pour  obtenir  la  sensation  de  relief,  on  observe  à  travers  un 
réseau  ligné  verticalement  une  image  composite  forméed'éléments  filiformes 
verticaux,  appartenant  alternativement  à  l'une  ou  à  l'autre  des  images  du 
couple  stéréoscopique.  Or,  si  l'on  observe  cette  image  composite  à  travers 
un  réseau  de  même  caractère,  quadrillé  à  lignes  verticales  et  horizontales, 
la  sensation  du  relief  persiste. 

De  même,  pour  obtenir  des  images  à  aspect  changeant,  on  observe  à 
travers  un  réseau  ligné  horizontalement  une  image  composite  formée  d'élé- 
ments filiformes  horizontaux,  appartenant  alternativement,  s'il  s'agit  de 
deux  aspects,  à  l'une  ou  à  l'autre  des  images.  Or,  si  l'on  observe  cette  image 


(')  Comptes  rendus,  t.  CX'L,  p.  gS. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  p. 


684  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

composite  à  travers  un  réseau  quadrillé  à  lig^nos  liorizontales  et  verticales  de 
même  caractère,  Taspect  chansïeant  a  lieu  lorsque  le  point  de  vision  change. 
C'est  dire  que  les  lignes  horizontales  du  réseau  ne  troublent  pas  la  sensation 
de  relief  et  les  lignes  verticales  n'empêchent  pas  l'aspect  changeant. 

Par  suite,  un  réseau  quadrillé  peut  être  considéré  comme  ligné  horizon- 
talement et  servira  l'obtention  d'images  à  aspect  changeant  et  aussi  comme 
simplement  ligné  verticalement  et  servir  à  l'obtention  d'images  donnant  la 
sensation  du  relief  à  vision  directe. 

J'en  ai  déduit  qu'on  pouvait,  à  l'aide  d'un  réseau  quadrillé  à  lignes  hori- 
zontales et  verticales,  obtenir  à  la  fois  le  relief  sléréoscopique  et  l'aspect 
changeant.  Les  images  enregistrées  ne  sont  plus  ici  composées  d'éléments 
liliformes,  mais  d'éléments  punctiformes  analogues  aux  pointillés  de  la 
gravure  à  pointe  sèche. 

Pour  en  obtenir  la  réalisation,  j'ai  disposé  un  réseau  quadrillé  à  lignes  liorizon- 
tales et  verticales  au-devant  d'une  plaque  photographique  qui  reçoit  la  lumière 
à  travers  un  objectif  percé  de  quatre  ouvertures  Oj,  Oj,  0',,  O'j  placées  aux  quatre 
sommets  d'un  carré  dont  deux,  côtés  0,02  ^^  0\  0,,  sont  horizontaux.  En  fai>aul 
travailler  les  ouvertures  Oi,  0^  tout  d'abord  pendant  que  les  ouvertures  O, ,  O^  sont 
obturées,  on  enregistre  sur  la  plaque  une  image  composite  incomplète  formée  de  points, 
de  l'objet  A  placé  à  ce  moment  devant  l'objectif.  Cette  image  composite  est  formée  de 
deux  images  stéréoscopiquement  conjuguées  de  l'objet  A,  et  serviront  à  l'observation 
de  l'objet  A  avec  son  relief  à  simple  vision  directe. 

Si  maintenant  on  obture  Oi,  Oj  en  laissant  travailler  les  ouvertures  Oj,  0^  et  en 
ayant  soin  de  remplacer  le  sujet  A  par  un  autre  sujet  B,  on  obtiendra  de  même  deux 
images  stéréoscopiques  punctiformes  qui  donneront  à  vision  directe  le  relief  de 
l'objet  B. 

En  résumé,  nous  aurons  ainsi  enregistré  quatre  images  formées  chacune 
d'éléments  punctiformes.  La  plaque  développée  et  inversée  du  noir  au  blanc 
présentera  l'aspect  d'un  damier  dont  les  cases  horizontales  sont  relatives 
alternativement  aux  images  de  A  et  de  B,  et  dont  les  cases  suivant  les  co- 
lonnes sont  relatives  alternativement  à  l'image  de  l'œil  droit  ou  de  l'a.'il 
gauche  dans  la  vision  stéréoscopique.  Le  nombre  de  ces  cases,  et  par  suite 
d'éléments  punctiformes,  constituant  chacune  des  quatres  images  enregis- 
trées, est  considérable,  ce  qui  assure  en  quelque  sorte  la  sensation  de  conti- 
nuité dans  la  vision  de  ces  images  pourtant  incomplètes.  Par  exemple,  dans 
le  cliché  9x12  présenté  à  l'appui  de  ma  démonstration,  j'ai  utilisé  un  ré- 
seau quadrillé  ayant  4°  traits  au  centimètre,  ce  qui  porte  à  172800  le 
nombre  des  cases  du  réseau.  C'est  le  nombre  d'éléments  punctiformes  qui 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19IO.  685 

constituent  chacune  des  quatre  images.  La  plaque  entière  en  contient 
691200. 

Si  au-devant  de  cette  plaque  développée  et  inversée  du  noir  au  blanc  on 
dispose  le  réseau  quadrillé  dans  la  position  relative  par  rapport  à  la  plaque 
qu'il  occupait  dans  le  tirage,  on  pourra  observer  par  transparence  soit  les 
deux  images  stéréoscopiques  provenant  de  Fobjet  A,  soit  celles  provenant 
de  l'objet  B,  suivant  le  point  de  vision  de  l'observateur.  En  sorte  qu'on 
obtiendra  deux  images  d'aspect  diflérent,  chacune  présentant  le  relief  sté- 
réoscopique.  La  théorie  du  mécanisme  de  la  séparation  des  images  a  été 
faite  séparément  pour  la  vision  stéréoscopique  et  pour  les  images  à  aspect 
changeant  ('  ).  Il  suffit  de  synthétiser  ce  qui  se  passe  dans  le  cas  du  réseau 
ligné  verticalement  cl  ensuite  du  réseau  ligné  horizontalement. 

La  plaque  autostéréoscopique,  suivant  le  sens  de  ses  lignes,  donne  le  relief 
stéréoscopique  ou  l'aspect  changeant.  Si  elle  porte  à  sa  surface  non  plus  un 
réseau  ligné,  mais  quadrillé  oupointillé,  elle  pourra  donner  à  la  fois  le  relief 
et  l'aspect  changeant. 

On  a  vu  que  par  l'emploi  des  réseaux  lignés  on  a  pu  enregistrer  trois 
images;  grâce  aux  réseaux  quadrillés  nous  en  avons  enregistré  quatre  et 
l'on  pourrait  aller  jusqu'à  six.  Mais  ces  images  sont  stéréoscopiquement 
conjuguées  deux  à  deux. 

On  peut  varier  l'expérience  et  obtenir  trois  images  correspondant  à  trois 
aspects  dilTérents  dont  un  seul  présentera  en  même  temps  le  relief  stéréosco- 
pique. Il  suffit  pour  cela  de  disposer  les  diagonales  qui  joignent  les  quatre 
ouvertures  de  l'objectif,  l'une  dans  le  sens  vertical,  l'autre  étant  horizontale. 
En  découvrant  successivement  les  ouvertures  placées  sur  la  même  verticale, 
on  obtiendra  deux  aspects  différents  de  deux  sujets  A  et  B  placés  à  ce  mo- 
ment devant  l'objectif,  et  en  découvrant  simultanément  les  deux  ouvertures 
situées  sur  la  diagonale  horizontale,  on  enregistrera  deux  images  stéréosco- 
piquement conjuguées  d'un  troisième  sujet  C  placé  alors  devant  l'objectif. 

L'emploi  des  réseaux  quadrillés,  en  généralisant  de  beaucoup  les  résul- 
tats obtenus  déjà  avec  des  réseaux  lignés,  permettra  d'obtenir  d'une  manière 
plus  aisée  la  projection  stéréoscopique  à  vision  directe.  On  peut  en  effet 
remplacer,  dans  l'écran  stéréoscope  que  j'ai  fait  connaître,  les  réseaux 
lignés  par  des  réseaux  quadrillés,  de  beaucoup  plus  faciles  à  obtenir. 


(')  Comptes  rendim,  t.  CXLVI,  p.  Sgi. 


68G  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

MAGNÉTISME.  —  L'intensité  d'aimantation  à  saturation  aux  très  basses  tem- 
pératures. Note  de  MM.  Pierre  Weiss  et  Kameru\«ii  Onnes,  présentée 
par  M.  J.  Violle. 

Depuis  que  Ton  possède  une  théorie  cinétique  du  ferromagnétisme,  la 
mesure  de  l'intensité  d'aimantation  à  saturation  dans  le  voisinage  du  zéro 
absolu  a  pris  un  intérêt  tout  particulier.  A  cette  température,  en  ell'et, 
l'obstacle  que  l'agitation  thermique  oppose  à  l'alignement  complet  des 
aimants  élémentaires  a  disparu  et  l'on  mesure  directement  la  somme  de 
leurs  moments  magnétiques  contenus  dans  un  centimètre  cube. 

Nous  avons  comparé  les  intensités  d'aimantation  à  saturation  à  la  tem- 
pérature ordinaire  et  à  celle  de  l'hydrogène  liquide  sous  la  pression  atmo- 
sphérique (20°  absolus)  par  la  méthode  du  couple  maximum  exercé  par  un 
champ  magnétique  très  intense  sur  un  ellipsoïde  de  la  même  substance  à 
étudier.  Le  champ  a  atteint  20000  gauss.  Dans  ce  champ,  l'intensité 
d'aimantation  ne  diffère  que  de  quelques  dix-millièmes  de  l'intensité  à 
saturation.  On  a  trouvé  ainsi  pour  l'augmentation  relative  de  l'aiman- 
tation à  basse  température  : 

Nickel  (  17°,  3  ) I ,  o546 

Fer  (  20°  ) 1,0210 

Magnélite  (i5",  5) i  ,0069 

Le  nombre  entre  parenthèses  précise  la  température  ordinaire. 

Pour  le  cobalt,  l'expérience  n'a  pas  été  possible  par  suite  de  l'interven- 
tion de  couples  perturbateurs  ayant  probablement  leur  origine  dans  les 
phénomènes  magnéto-cristallins.  Par  analogie  avec  le  fer  et  le  nickel,  on 
peut  estimer  que  pour  ce  métal  l'accroissement  est  de  i  pour  100  environ. 
Les  saturations  spécifiques  a  rapportées  à  l'unité  de  niasse  des  trois 
métaux  ferromagnétiques  ayant  été  déterminées  avec  précision  (')  à  la 
température  ordinaire,  on  en  déduit,  au  moyen  des  rapports  ci-dessus,  les 
saturations  spécifiques  <jg  a  très  basse  température,  et  par  mulliplicalion 
avec  le  poids  atomique  a,  le  moment  de  l'atome-gramme  : 

a.  ff„.  «.  «  J„. 

Nickel 54,6  57,6  58,7  3  382 

Cobalt 162  i63,6  69  96,10 

Fer 217  221,6  56  12410 

(')  P.  Weiss,  Journ.  de  Pliys.,  4"  série,  l.  IX,  mars  1910. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  687 

Il  n'y  a  pas  de  rapports  simples  entre  les  moments  des  atomes  des  trois 
métaux  ferromagnétiques. 


^""•^ 

^^^^ 

^> 

.* £ 

v\ 

^~~~^ 

^ 

Dans  la  figure,  la  courbe  a  représente  la  variation  tliéorique  de  l'aiman- 
tation spécifique  en  fonction  de  la  température.  On  a  marqué  dans  le  voisi- 
nage les  résultats  de  l'expérience  pour  la  magnétite.  La  courbe  b  repré- 
sente les  mesures  sur  le  nickel  à  une  échelle  telle  que  la  concordance  soit 
bonne  dans  le  voisinage  de  la  température  0  de  perte  du  ferromagnétisme. 
Les  parties  pointillées  des  courbes  sont  nouvelles. 

Tandis  que  pour  la  magnétite  les  courbes  expérimentale  et  théorique  ne 
divergent  qu'à  basse  température,  pour  le  nickel  l'écart  se  manifeste  pro- 
gressivement dans  toute  l'étendue  de  la  courbe. 


MAGNÉTISME.  —  Sur  les  propriétés  magnétiques  du  manganèse,  du  vanadium 
et  du  chrome.  Note  de  MM.  Pierre  Weiss  et  Kaiherli.\gu  O.vnes,  pré- 
sentée par  M.  J.  VioUe. 

On  s'est  souvent  demandé  s'il  y  a  une  différence  irréductible  de  propriétés 
entre  les  métaux  ferromagnétiques  et  paramagnétiques  de  la  famille  du  fer 
ou  s'il  suffirait  d'abaisser  suffisamment  la  température  de  ces  derniers  pour 
faire  apparaître  le  ferromagnétisme.  Kn  amenant  le  manganèse,  le  vanadium 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  11.)  9- 


688 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


et  le  chrome  à  la  température  de  congélation  de  riiydrogène  (i4"  absolus), 
nous  nous  attendions  donc  à  constater  soit  Tapparition  de  phénomènes  ferro- 
magnétiques (non-proportionnalité  de  l'aimantation  au  champ,  saturation, 
hvstércsc),  soit  un  paramagnétisme  considérablement  augmenté  conformé- 
ment à  la  loi  de  Curie.  A  la  température  de  congélation  de  Thydrogène,  la 
susceptibilité  devait  être,  en  effet,  d'après  cette  loi,  environ  20  fois  plus 
forte  cju'à  la  température  ordinaire.  Or  ni  l'une  ni  l'autre  alternative  ne 
s'est  produite.  Les  phénomènes  magnétiques  sont  restés  très  faibles.  Par 
contre,  nous  avons  constaté  à  basse  température  un  accroissement  énorme 
des  propriétés  magnétiques  d'un  petit  cristal  de  sulfate  de  fer. 

Le  ferromagnétisme  n'a  donc  pas  apparu,  et  il  était  nécessaire  de  choisir 
pour  ces  métaux  entre  deux  hypothèses  :  paramagnétisme  d'un  type  nouveau, 
n'obéissant  pas  à  la  loi  de  Curie,  ou  diamagnétisme.  Un  travail  de  Du  Bois 
et  Honda  ('),  publié  depuis,  dans  lequel  ces  trois  métaux  figurent  parmi 
ceux  qui  ont  un  paramagnétisme  constant  ou  croissant  avec  la  température, 
montre  que  c'est  la  première  supposition  qui  est  exacte. 


^^ 

^ 

4 

^ 

« 

î 

M 

-   «^ 

>, 

M           M 

h 

> 

jy 

-"^ 

Dans  la  deuxième  hypothèse,  suggérée  par  Texemple  du  cuivre  diama- 
gnétique  dont  les  sels  sont  paramagnétiques,  le  paramagnétisme  apparent 
du  manganèse  pur  proviendrait  d'impuretés  ou  de  ses  oxydes.  iNons  avons 
préparé  du  manganèse  pur  en  décomposant  l'amalgame  pur  dans  un  courant 


(')  Acad.  Amsterdam,  t.  XVIII,  II,  1910,  p.  666. 


SÉANCE    DU    lf\    MARS    igiO.  689 

d'iiydrogène.  Ce  manganèse  pulvérulent  est  paramagnétique .  Fondu  au 
four  électrique  à  résistance  dans  une  nacellede  magnésie  et  dans  un  courant 
d'hydrogène,  il  à&\'ien\.feiTomagnétiqiie.V.i\.courhe  ci-contre,  dans  laquelle 
on  a  porté  en  abscisses  les  champs  magnétiques  et  en  ordonnées  les  aiman- 
tations spécifiques,  est  un  cycle  d'aimantation  de  cette  singulière  substance, 
cent  fois  moins  magnétique  que  le  fer  et  à  champ  coercitif  dix  fois  supérieur 
à  celui  d'un  acier  à  aimants  permanents. 

Le  manganèse  ferromagnétique  a  déjà  été  observé  par  Seckelson  (  '). 

Les  renseignements  assez  vagues  qu'il  donne  sur  son  aimantation  ne 
semblent  pas  incompatibles  avec  nos  mesures. 


PHYSIQUE.  —  Sur  un  ca.'s particulier  d' cvapuration .  Note  de  M.  l*.  Vaillant, 
présentée  par  M.  J.  \iolle. 

Quand  un  liquide  s'évapore  en  atmosphère  cahne  et  illimitée,  et  que  la 
surface  libre  est  voisine  des  bords  du  vase  d'évaporation,  il  s'établit  assez 
rapidement  un  état  de  régime  caractérisé  par  une  vitesse  d'évaporation 
(quantité  évaporée  par  seconde)  indépendante  du  temps. 

Il  n'en  est  plus  de  même  lorsque  la  surface  libre  est  à  grande  dislance  au- 
dessous  du  bord  du  vase  :  l'état  de  régime  tarde  alors  à  s'établir  et,  pendant 
une  période  assez  longue,  la  vitesse  d'évaporation  diminue  constamment. 

Dans  le  cas  limite  d'un  vase  cylindrique  indéfini,  on  peut,  par  application 
des  équations  de  diffusion,  montrer  que  la  vitesse  d'évaporation  ne  devient 
jamais  constante  et  reste  inversement  proportionnelle  à  la  racine  carrée  du 
temps. 

Soit,  à  l'instant  t,f\a  tension  delà  vapeur  dans  le  tube  à  la  distance  j;  de  la  sur- 
face libre;  soient,  d'autre  pari,  F  la  tension  niavinia  de  la  vapeur  (la  température  est 
supposée  constante  tout  le  long  du  tube)  et  A  le  coefficient  de  dill'usion  de  la  vapeur 
dans  l'air. 

On  a,  '/  étant  le  poids  de  lii[uide  vaporisé  au  temps  t,  en  milli^raninies, 

^  =,  ,  ,393  X  ^^  X  ^  X  M  X  |y"/./,r  =  XMf'/<f.r; 
M  poids  moléculaire  de  la  vapeur,  S  section  du   tube,  T  température  absolue  le  long 

(  ')  Seckelsox,  Wied.    !/(«.,  t.  LWII,  1899,  p.  3-. 


690  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

de  ce  tube.  On  tire  delà 

àt  J„      ât  J^        da:- 

ou,  en  admettant  que  A"  est  indépendant  de/,  ce  qui  est  sensiblement  exact, 


=^-iS 


Mais,  d'après  un  calcul  fait  par  Wiener  pour  la  dill'usion  des  liquides  et  qui  s'ap- 
plique au  cas  actuel,  on  a 

''■^       2(7rAY)-'  2(rA-0' 

d'où  Ton  conclut,  tant  que  t  reste  fini, 

27Ï- 

J'ai  étudié  l'évaporation  d'un  certain  nombre  de  liquides  dans  des  tubes 
cylindriques  de  laiton  de  32'-'°  de  haut  et  de  2''"  de  rayon. 

Ces  tubes,  librement  ouverts  à  la  partie  supérieure,  étaient  fermés  infé- 
rieurement  par  un  boucbon  creux  en  laiton  contenant  le  liquide  à  expéri- 
menter. 

Les  tubes  étaient  immergés  sur  toute  leur  longueur  dans  une  masse  de  So'-s  d'huile 
(|ui  y  maintenait  la  température  très  sensiblement  uniforme.  Je  mesurais  les  quantités 
de  liquide  évaporées  dans  les  temps 

<,,      3<,,     3^,,      4<,,     *'>!,,     9/t,      I2<,, 

t^  représentant  ordinairement  3oo  secondes  el,  pour  les  liquides  peu  volatils,  600  et 
même  900  secondes. 

Les  résultats  obtenus  peuvent,  aux  erreurs  d'expérience  près  (  jL  environ),  s'inter- 
[>réter  par  des  formules  de  la  forme 

q  =  a{MV)(    ' 


'^  zzz  ma  (MF)  (  :^)""'  =  h  {MP)(  ~Y" , 
dt  \  •'"' '  '  \  ■300  / 

b  avant  une  valeur  peu  différente  pour  les  dilTérents  Ii(|uides  expérimentés  et  n  étant 
1111  peu  inférieur  à  -  et  dépendant  d'ailleurs  de  la  nature  du  liquide. 


SÉANCE    DU  l4    MARS  1910.                                              69Ï 

*       Liquides.                        Tcnipéradire.  6  X  io~^.  n. 

(C^H'i^O 2o°7  279  o,4i 

G»H'-(iso) 17,0  298  0,43 

C»H»Br 17,2  274  0,38 

CS^ 18,0  282  0,44 

»    22,0  281  o,4' 

CHCl^ 18,4  270  o,4i 

»       22,4  266  o,4o 

(CH=)2=C0 18,7  279  0,44 

»             22,0  280  0,45 

CH^I i5,o  236  0,44 

»       16,2  241  o,4o 

C"  H"  (normal) 22,8  293  0,49 

C''H'-(hexamétliylène)..        18,7  25i  o,4o 

C«H« 18,0  285  o,4o 

>,      21,6  278  0,42 

CH='OH 21,0  288  0,45 

CCI' 22,4  247  0,39 

C'H« 21,2  299  o,38 

C'H'CI 23,1  283  0,34 

Le  fait  que  n  est  inférieur  à  -  s'explique  aisément  par  le  peu  de  longueur 
des  tubes  (au  bout  de  5  minutes /à  l'orifice  du  tube  est  déjà  supérieur 


On  s'explique  moins  que  n  apparaisse  d'autant  plus  petit  que  le  liquide 


est  moins  volatil.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  que,  même  avec  des  liquides 
aussi  volatils  que  l'isopentane  ou  l'élber,  au  bout  de  i  heure  d'évaporalion, 
la  vitesse  de  formation  de  la  vapeur  diminue  toujours  suivant  la  même  loi 
et  qu'on  est  par  conséquent  encore  très  loin  du  régime  permanent. 

OPTIQUE.  —  Sur  un  nouveau  réjlectornélre.  Note  (')  de  M.  Cn.  Férv, 
présentée  par  M.  E.  Bouty. 

I^es  réfractomètres,  basés  sur  la  mesure  de  l'angle  limite  pour  la  déter- 
mination de  l'indice  de  réfraction,  et  dits  réjlectomêtres^  utilisent  tous  des 
surfaces  réfringentes  planes. 

L'emploi  d'une  surface  spliérique,  facile  à  employer  pour  les  liquides, 
conduit  au  dispositif  très  simple  qui  fait  l'objet  de  celte  Noie. 

(')   I^iésentée  dans  la  séance  du  7  mars  1910. 


692  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Dans  un  bloc  de  verre  d'indice  N,  supérieur  aux  indices'  des  liquides  à 
mesurer,  on  a  creusé  une  cavité  hémisphérique  de  rayon  de  courbure  R. 
Une  demi-sphère  polie,  de  même  rayon  de  courbure  et  de  même  indice, 
peut  remplir  exactement  cette  cavité  {fig.  i). 


M 


Interposons  entre  les  deux  surfaces  courbes  une  goutte  du  liquide  à  mesurer:  la 
réilexion  totale  des  rayons  incidents  parallèles,  tels  que  1,  se  produira  depuis  le  point  m 
où  l'angle  de  réflexion  totale  est  atteint,  jusqu'au  bord  n  de  la  surface  courbe. 


Si  donc  on  vise  le  système  avec  une  lunette,  on  apercevra  une  couronne  complète- 
riient  obscure  limitée  par  deux  cercles  de  rayons  /•  et  H  {Jig-  ^V    ce  dernier  étant 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19IO.  ÔgS 

aussi  le  rayon  de  la  demi-sphère;  le  reste  du   bloc   se  comporte  comme  une  lame  à 
faces  parallèles. 
Or 

/•  =  Rsina     {fig.\) 

et 

X  =rr  N  sin  a, 

x  étant  l'indice  du  liquide  inconnu  et  c.  l'angle  limite. 
On  a  donc  finalement 

En  laissant  une  mince  couche  d'air  entre  les  deux  surfaces,  le  rayon  /■'  observé  donne 
de  suite  l'indice  du  bloc 

(1)  N  =  ^ 

en  prenant  l'indice  de  l'air  pour  unité. 

De  sorle  que,  finalement,  il  suffit  de  connaître  le  rayon  /■'  obtenu  avec  l'air,  et 
celui  7-  donné  par  le  liquide,  pour  avoir  de  suite  l'indice  de  ce  dernier 

(2)  ^=77- 

Les  mesures  ainsi  faites  sur  un  appareil  d'essai  ont  donné  : 

Diamètre  2/'',  air  interposé 28 

Diamètre  2  /■,  eau  interposée 3o,8 

Diamètre  2R 4o,  i 

La  formule  (  i  )  donne N=    „'     =:  i  ,735 

25,  I 

La  formule  (2)  donne x  =z       '     =:  i  ,332 

-^  de  millimètre  d'erreur  sur  la  jnesure  de  2r  donne  donc  o,oo5  sur 
l'indice,  avec  le  rayon  R  choisi. 

Bien  qu'utilisant  l'angle  limite,  ce  procédé  s'applique  même  à  des 
liquides  très  peu  transparents,  étant  donnée  la  faible  épaisseur  de  la  lame 
soumise  à  la  mesure. 

La  température  du  bloc  est  donnée  très  exactement  par  un  thermomètre 
plongeant  dans  une  cavité  percée  dans  le  verre  et  pleine  de  mercure;  c'est 
aussi  celle  de  la  mince  lame  de  liquide  interposée. 


694  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

ÉLECTRICITÉ.    —  Actions  chimiques  et  ionisation  par  harhotage. 
Note  de  M.  L.  Blocii,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

•  I.  On  a  cru  longtemps  que  les  réactions  chimiques,  par  voie  sèche  ou 
par  voie  humide,  sont  accompagnées  d'ionisation.  Nous  avons  montré  sur 
différents  exemples  (oxydations,  dissociations,  combustions  vives)  que  les 
réactions  par  voie  sèche  ne  produisent  aucune  ionisation  (').  Ces  résultats 
sont  en  général  d'accord  avec  ceux  de  MM.  de  Broglie  et  Brizard  (-). 

Il  importait  de  confirmer  ce  point  en  étudiant  une  réaction  susceptible 
de  se  faire  à  la  fois  par  voie  sèche  et  par  voie  humide.  Nous  avons  songé  à 
l'attaque  du  zinc  par  l'acide  chlorhydrique.  On  sait  que  l'hydrogène  pré- 
paré ainsi  par  voie  humide  est  toujours  fortement  conducteur.  Nous  avons 
attaqué  vers  225°  du  zinc  en  poudre  par  le  gaz  chlorhydrique  sec.  Bien 
qu'il  se  forme  dans  ces  conditions  du  chlorure  de  zinc  en  quantité  notable, 
nous  n'avons  jamais  obtenu  aucune  trace  d'ionisation. 

II.  La  question  se  pose  alors  de  savoir  quelle  est  l'origine  des  ions  pro- 
duits par  l'oie  humide. 

Kôslers,  J.-J.  Thomson,  plus  récemment  MM.  de  Broglie  et  Brizard  ont  suggéré 
l'idée  que  ces  ions  sont  dus  au  barbotage.  Le  seul  argument  fourni  par  ces  derniers 
auteurs  est  l'absence  de  centres  chargés  dans  les  fumées  produites  par  l'acide  azotique 
agissant  sur  la  benzine  ou  la  térébenthine  (liquides  inactifs  par  barbotage).  Nous 
verrons  tout  à  l'heure  ce  que  cet  argument  a  d'insuffisant. 

J'ai  étudié  spécialement  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  le  zinc  et 
me  suis  rendu  compte  des  faits  suivants  : 

1°  Si  l'on  étudie,  au  cylindre  de  Faraday,  le  signe  de  la  charge  totale  em- 
portée par  le  gaz,  non  seulement  on  constate  une  ou  deux  inversions  de 
signe  au  cours  de  la  réaction,  mais  le  signe  initial  lui-^jênie,  pour  un 
liquide  déterminé,  dépend  des  conditions  de  l'attaque.  Avec  du  zinc  neuf, 
qui  s'attaque  lentement,  le  signe  est  négatif;  avec  du  zinc  ayant  déjà  servi, 
l'attaque  est  vive  et  le  signe  positif.  Dans  le  premier  cas,  le  dégagement 
d'hydrogène  se  fait  par  bulles  relativement  petites;  dans  le  second,  par 
grosses  bulles.  Lorsque  la  réaction  s'épuise,  les  bulles  diminuent  et  le  signe 
redevient  négatif.  Il  y  a  là  une  différence,  au  moins  apparente,  avec  les  phé- 

(')  L.  Bloch,  Comptes  rendus,  22  mars  1908,  p.  782  et  8  novembre,  p.  770. 
(^)  Cf.  Comptes  rendus,  \!\  juin  1909,  p.  1596  et  22  novembre,  p.  928. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  ÔgS 

nomènes  usuels  du  barbotage,  qui  donnent  lieu,  môme  quand  on  varie  beau- 
coup les  conditions,  à  des  signes  constants.  Ajoutons  que  le  barbotage 
direct  de  l'hydrogène  à  travers  la  liqueur  employée  donne  un  signe  positif, 
c'est-à-dire  contraire  à  celui  que  donne  le  plus  souvent  l'action  chimique  (  '  ). 
1°  Malgré  ce  désaccord,  les  faits  montrent  que  l'ionisation  par  voie 
chimique,  comme  l'ionisation  par  barbotage,  est  un  ejfet  de  surface.  Elle 
n'est  nullement  liée  à  la  quantité  d'hydrogène  dégagé,  les  dégagements  les 
plus  petits  (o""',i  à  la  minute  par  exemple)  peuvent  donner  lieu  à  des  effets 
intenses.  De  plus,  elle  est  supprimée  complètement  lorsqu'on  verse  à  la  surface 
de  l'eau  acidulée  de  petites  quantités  de  liquides  étrangers.  C'est  ce  qui  ressort 
des  expériences  suivantes  : 

La  réaction  étant  disposée  de  façon  à  donner  des  elTets  d'ionisation  intenses  (?.5o  di- 
visions de  l'échelle  en  i5  secondes  par  exemple),  on  verse  au-dessus  du  liquide 
chlorhydrique  quelques  centimètres  cubes  de  benzine,  d'iiuile  de  vaseline  ou  d'huile 
d'olive  {liijuides  inactifs  par  barbotage).  I^es  eftets  sont  immédiatement  réduits  à 
néant.  Quelques  gouttes  suffisent  à  diminuer  beaucoup  la  vitesse  de  déviation  de 
l'électrométre. 

Si,  au-dessus  de  la  couche  de  benzine,  on  verse  une  couche  d'alcool  ou  d'acétone 
(  liquides  actifs  par  barbotage),  les  effets  ne  reparaissent  pas,  bien  que  le  dégagement 
gazeux,  ne  soit  pas  sensiblement  modifié.  Il  en  est  de  même  si  l'on  remplace  la  beEiziit^ 
par  la  benzine  phéniquée  (liquide  actif  par  barbotage). 

Si  l'on  verse  directement,  sur  l'eau  acidulée,  une  mince  couche  d'alcool  ou  d'acétoue 
{liquides  actifs),  les  effets  sont  supprimés  sensiblement  aussi  bien  que  parla  benzine. 
Seulement  comme  il  s'agit  de  liquides  miscibles  à  l'eau,  la  suppression  n'est  que 
temporaire  et  les  effets  reparaissent  en  partie  ((uand  la  couche  superficielle  est  dissoute. 
Si  l'on  rajoute  de  l'alcool  ou  de  l'acétone  en  quantité  un  peu  plus  grande,  les  effets 
s'annulent  et  ne  reparaissent  plus.  L'alcool  amylique  (liquide  très  actif  par  barbo- 
tage), beaucoup  moins  soluble  dans  leau  que  l'alcool  ordinaire,  agit  beaucoup  plus 
énergiquement  que  lui. 

3°  Sans  rien  changer  aux  conditions  de  la  réaction,  on  peut  se  contenter 
de  faire  varier  la  surface  du  liquide  en  la  faisant  affleurer,  par  une  faible 
dénivellation,  d'un  niveau  large  à  un  niveau  étroit.  On  constate  alors  une 
l'éduction  considérable  des  effets.  Il  en  est  de  même  si  l'on  dispose,  dans  le 
lif[uide,  un  obstacle  qui  modifie  la  structure  des  bulles.  Dans  les  deux  cas,  à 
une  diminution  d'effets  correspond  un  grossissement  marqué  du  diamètre 
des  bulles. 

(')  Avec  un  acide  très  dilué,  nous  avons  obtenu  des  ellets  d'ionisation  piesi/ite 
rigoureusement  unipolaires. 

C.  K.,  1910,  i"  Semestre.  (T.   150,  N'  tl.)  9^^ 


696  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  concluons  de  là  que  l'ionisalion  par  voie  chimique  (humide)  est, 
coa>ime  l'ionisation  par  barbotage,  un  phénomène  superficiel.  Les  diver- 
gences observées  entre  les  deux  cas  peuvent  tenir  à  la  différence  de  grandeur 
qui  existe  entre  les  bulles  formées  par  voie  chimique  et  les  bulles  les  plus 
petites  formées  par  barbotage  (  '). 


PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Essai  des  métaux  par  l  élude  de  l  amorlissement 
des  mouvements  vibra/oires.  Note  de  M.  O.  Boudouar»,  présentée 
par  M.  Bertin. 

D'après  M.  A.  Guillet,  l'étude  de  l'amortissement  des  mouvements 
vibratoires  des  fers  et  aciers  doit  permettre  de  caractériser  les  différentes 
espèces  de  métaux  (-);  en  particulier,  dans  les  mêmes  conditions  d'expé- 
riences, l'amortissement  d'un  U  de  fer  doux  est  environ  3  fois  plus  grand 
que  celui  d'un  U  d'acier  doux.  A  la  suite  de  cette  Note,  M.  Henry  Le  Cha- 
telier  appela  l'attention  des  savants  et  des  ingénieurs  sur  le  problème  posé 
par  M.  A.  Guillet  et  insista  sur  l'importance  qu'il  pouvait  avoir  au  point  de 
vue  industriel  (').  .l'ai  entrepris,  sous  les  auspices  de  la  Société  d'encoura- 
gement, une  étude  d'ensemble  de  la  question;  ce  sont  les  premiers  résultats 
obtenus  qui  font  l'objet  de  cette  Note. 

Les  essais  ont  porté  sur  un  acier  commercial  de  très  bonne  qualité,  à  o,3  pour  100 
de  carbone. 

La  barre  métallique  vibre  transversalement  dans  le  sens  horizontal;  elle  est  fixée 
par  une  de  ses  extrémités  dans  une  sorte  d'étau  s'élevant  perpendiculairement  à  un 
banc  muni  d'une  rainure  longitudinale  le  long  de  laquelle  peut  coulisser  l'électro- 
aimant  destiné  à  l'attaque  de  la  barre.  Sur  le  côté  du  banc,  qui  est  indépendant  de 
l'étau,  est  montée  une  tablette  de  laiton  munie  également  de  deux  rainures  longitudi- 
nales le  long  desquelles  peut  se  déplacer  le  contact  d'entretien  commandé  par  la  lige 
vibrante.  L'étau  et  le  banc  sont  fixés  solidement  à  une  table  d'ardoise  à  l'aide  d'écrous 
de  serrage,  et  la  table  fait  corps  avec  les  murs  du  bâtiment.  Il  importe  en  effet  de 
réaliser  dans  ce  geiit-e  d'expériences  une  rigidité  absolue  du  support  de  la  verge  vibrante 
pour  que  le  mouvement  vibratoire    de    la    verge   ne   soit  pas  aflecté  par  des  causes 


(')  Des  mesures  de  mobilité  nous  ont  fait  voir  que  les  ions  des  actions  cliimiques 
ont  des  mobilités  comparables  à  celles  que  donne  le  barbotage.  En  particulier,  à  côté 
des  gros  ions  signalés  par  Townsend  et  E.  Bloch,  on  trouve  des  ions  de  dimensions 
moyennes  dont  les  mobilités  sont,  par  exemple,  o"™,  4-0"",  6. 

C)  Comptes  rendus,  t.  CIXLIX,  p.  55 1. 

(^)  Jieviie  de  Métallurgie,  1909,  p.  888. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  697 

étrangères;  l'installation  que  j'ai  montée  semble  répondre  à  cette  condition.  Le  contact 
d'entretien  électrique  du  mouvement  vibratoire  est  monté  d'après  les  indications 
données  par  M.  A.  Guillet. 

Pour  la  lecture  des  amplitudes,  le  filament  d'une  lampe  à  incandescence  est  placé 
dans  le  plan  focal  d'une  lentille  interposée  entre  la  règle  transparente  graduée  et  un 
petit  miroir  plan  fixé  à  l'extrémité  de  la  lige  vibrante.  Avec  un  chronomètre,  il  ei-l 
possible  de  mesurer  la  durée  totale  de  l'amortissement,  ou  mieux  encore  les  amplitude» 
à  des  temps  difTérents,  mais  l'opération  est  très  délicate.  Pour  avoir  plus  d'exactitude, 
et  surtout  pour  éviter  toute  erreur  personnelle,  il  est  plus  commode  d'enregistrer 
pliolograpliiquement  le  mouvement  vibratoire  normal  et  les  courbes  d'amortissement 
sur  un  cylindre  tournant,  modèle  Richard  par  exemple;  comme  source  lumineuse,  il 
faut  prendre  alors  une  lampe  Nernst.  Une  description  très  détaillée  de  toute  l'installa- 
tion, dont  je  viens  de  donner  rapiilement  le  plan,  paraîtra  ultérieurement  dans  un 
autre  Recueil.  Dans  chaque  série  d'essais,  on  enregistre  la  courbe  d'amorlissefnent  de 
la  barre  avant  de  la  faire  vibrer,  puis  les  courbes  d'amortissement  à  des  intervalles  de 
tenips  variés  jusqu'au  moment  de  la  rupture;  on  compare  ensuite  les  divers  diagrammes. 

J'ai  ainsi  étudié  l'acier  dont  il  a  été  question  précédemment,  brut  de 
laminage,  recuit  et  trempé.  L'élongation  totale  de  l'extrémité  libre  de  la 
verge  vibrante  est  de  'i*^"",  5  à  4""?  ce  qui  correspond  à  un  angle  d'écartement 
de  6°  à  7°  environ  entre  les  positions  extrêmes;  on  compte  3o  vibrations 
doubles  par  seconde.  La  barre  d'acier  brute  de  laminage  s'est  rompue  après 
12  lieures  3o  minutes,  soit  l'iioooo  vibrations;  la  barre  recuite,  après 
4  lieures  3o  minutes,  soit  486000  vibrations;  la  barre  trempée,  après 
3o  minutes,  soit  54 000  vibrations.  La  rupture  se  produit  toujours  près  de 
l'encastrement,  et  elle  est  annoncée  qualitativement  par  un  affaiblissement 
du  mouvement  vibratoire;  au  moment  de  la  rupture  qui  se  produit  dans 
toute  la  section  de  la  barre,  la  partie  libre  ne  tombe  pas  d'elle-même,  et  il 
faut  même  un  certain  effort  pour  séparer  les  deux  morceaux;  l'examen  de 
la  section  à  l'œil  nu  montre  des  zones  parallèles  à  partir  de  la  face  non 
attaquée  par  l'électro-aimant  avec  une  différence  de  grosseur  du  grain;  la 
mètallograpliie  microscopique  ne  permet  pas  d'établir  des  différences  bien 
nettes  au  point  de  vue  de  la  structure  interne  du  métal.  En  chercbant  à 
analyser  le  phénomène  d'une  manière  plus  approfondie,  on  pouvait  espérer 
suivre  l'altération  du  métal  au  fur  et  à  mesure  de  sa  progression,  celte 
altération  devant  se  manifester  par  un  accroissement  rapide  et  très  considé- 
rable de  la  vitesse  d'amortissement  du  mouveoient  vibratoire;  la  compa- 
raison des  courbes  enregistrées  dans  ces  premières  expériences  ne  parait  pas 
très  démonstrative,  sauf  pour  le  métal  trempé,  et  il  semblerait  ainsi  que  le 
métal  ne  subit  pas  de  transformation  moléculaire  notable  avant  la  rupture. 
De  nouveaux  essais  sont  nécessaires  pour  élucider  ce  point. 


(igS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  résumé,  les  résultats  obtenus  dans  cette  étude  préliminaire  m'engagent 
à  continuer  ce  travail,  et  je  me  propose  d'étudier  maintenant,  d'une  manière 
systéiiialique,  l'amortissement  des  mouvements  vibratoires  dans  des  métaux 
de  composition  chimique  différente  ayant  subi  des  traitements  thermiques 
différents,  pour  rechercher  comment  cette  nouvelle  propriété  des  métaux 
varie  avec  les  conditions  qui  jouent  un  rôle  prépondérant  dans  la  détermi- 
nation de  leurs  propriétés  mécaniques. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  l'analyse  de  l'essence  de  térébenthine  par 
les  courbes  de  miscibilité.  Mote  de  M.  M.  Vèzes,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

La  publication  par  M.  Louise,  dans  les  Comptes  rendus  du  28  février 
dernier  (t.  150,  p.  526),  d'une  méthode  d'analyse  des  essences  de  térében- 
thine basée  sur  la  solubilité  réciproque  de  ces  essences  et  de  l'aniline,  me 
fait  un  devoir  de  signaler  les  résultats  obtenus  depuis  quelques  mois  par  mes 
collaborateurs  et  moi-même  sur  le  même  sujet.  Comme  on  va  le  voir,  ces 
résultats  confirment,  d'une  manière  généi-ale,  les  vues  de  M.  Louise  :  nous 
avons,  nous  aussi,  reconnu  depuis  longtemps  que  l'aniline  constitue  un 
réactif  de  choix  pour  l'examen  de  l'essence  de  térébenthine  ;  mais  nous  avons 
constaté  en  même  temps  cjue  son  emploi  comporte  certaines  causes  d'erreur, 
qu'il  est  important  de  ne  pas  négliger. 

]>a  courbe  de  solubilité  réciproque  (ou  courbe  de  miscibililé)  de  l'essence  de  téré- 
benlhine  el  de  l'aniline  a  été  déterminée,  durant  l'année  1908-1909,  par  un  de  mes 
élèves,  M.  Queysaiine,  dans  un  travail  qui  lui  a  valu,  en  juin  1909,1e  diplôme  d'études 
supérieures  de  Sciences  physiques.  L'essence  employée  était  de  l'essence  landaise 
récemment  rectifiée,  d'acidité  nulle,  de  densité  o,8656  à  i5°,  d'indice  1,4676  (à  25" 
pour  la  raie  D  et  par  rapport  au  vide),  donnant  au  polarimètre  une  rotation  de 
—  3i°,2o(à  20"  dans  un  tube  de  100°"°  et  pour  la  raieD).  L'aniline  employée  bouillait 
à  183°,  1  sous  une  pression  de  759""", 3,  et  fondait  à  —  6»,  28;  sa  densité  était  de  i,o256 
à  iS",  el  son  indice,  mesuré  dans  les  mêmes  conditions  que  plus  liaut,  de  i,.5826. 
Rapportée,  comme  il  est  d'usage,  à  la  concentration  définie  par  le  rapport  de  la  niasse 
de  l'un  des  composants  à  la  masse  totale,  la  courbe  obtenue  par  M.  Queysanne  est 
sensiblement  une  parabole  :  son  point  critique  coriespond  à  la  température  de  i8°,o5 
et  à  45,4  pour  100  d'essence.  Rapportée,  comme  le  fait  M.  Louise,  à  la  concentration 
définie  |)ar  le  rapport  des  volumes  des  deux  composants,  cette  courbe  diffère  très  peu 
de  celle  que  donne  cet  auteur  pour  l'essence  qu'il  nomme  Mont-de-Marsan  pure. 

Depuis  lors,  nous  avons  déterminé  la  courbe  de  solubihté  réciproque  de 


SÉANCE    DU     l4    MARS    19IO.  Ô99 

l'aniline  et  d'un  \^llite  spirit  commercial,  d'acidité  nulle,  caractérisé  par 
une  densité  de  0,7615  à  25°  et  un  indice  de  i  ,43o5  (à  2.5"  pour  la  raie  D 
et  par  rapport  au  vide),  ainsi  que  celles  que  fournit  l'aniline  avec  des  mé- 
langes en  diverses  proportions  d'essence  de  térébenthine  et  de  white  spirit. 
La  première  de  ces  courbes,  rapportée  aux  coordonnées  habituelles,  est 
non  seulement  déplacée,  mais  aussi  très  déformée  par  rapport  à  la  para- 
bole précédente:  son  maximum  de  température  correspond  à  plus  de  So"  et 
à  25  pour  100  d'essence.  Cette  déformation  concorde  mal  avec  celle  que 
signale  M.  Louise  pour  la  courbe  fournie  par  le  white  spirit  et  construite 
avec  ses  notations:  le  maximum  de  température  de  cette  dernière  corres- 
pond à  un  mélange  de  7'^'"'  d'essence  avec  10'^^'"'  d'aniline,  soit  à  '5"]  pour  100 
d'essence  en  poids,  et  à  une  température  de  47°  environ.  L'écart  de  ces 
résultats  paraît  dû  à  la  variété  des  produits  désignés  sous  le  nom  de  whùe 
spirit. 

Quant  aux  courbes  que  nous  avons  obtenues  avec  des  mélanges  de  white 
spirit  et  d'essence,  elles  dénotent  la  déformation  graduelle  de  la  parabole 
primitive  à  mesure  que  la  dose  de  white  spirit  augmente.  La  courbe  cor- 
respondant à  un  mélange  à  20  pour  100  de  white  spirit  a  son  maximum 
de  température  vers  20°;  la  courbe  correspondante  de  M.  Louise  a  son 
maximum  au-dessous  de  23°.  On  voit  par  là  que  le  dosage  du  white  spirit 
par  cette  méthode  dépend,  dans  une  certaine  mesure,  de  l'échantillon  de 
white  spirit  employé. 

Nous  avons  étudié,  d'autre  part,  l'influence  exercée  sur  la  courbe  de  niis- 
cibilité  de  l'aniline  et  de  l'essence  parles  produits  de  distillation  sèclie  de  la 
colophane,  huile  de  résine  et  essence  vive  de  résine.  Une  huile  de  résine 
raffinée,  sensiblement  neutre,  ajoutée  à  la  dose  de  5  pour  100  à  de  l'essence 
de  térébenthine,  abaisse  sa  courbe  de  miscibilité  d'environ  1°.  Nous  avons 
observé  un  déplacement  plus  notable  avec  une  essence  vive  de  résine  légè- 
rement acide  (sa  saturation  à  la  phtaléine  exigeait  3'''  de  potasse  pure  KOH 
par  litre),  dont  l'addition,  à  la  dose  de  5  pour  100,  produit  un  abaissement 
d'environ  2°.  Il  est  difficile  de  comparer  ces.résultats  avec  ceux  que  donne 
M.  Louise,  car  les  indications  que  fournil  son  texte  se  rapportent  à  l'huile 
de  résine,  tandis  que  la  figure  qui  l'accompagne  ne  donne  que  la  courbe 
l'elative  à  l'essence  vive;  de  plus,  il  ne  fournit  aucun  renseignement  sur 
l'acidité  des  échantillons  dont  il  a  fait  usage. 

Il  est  à  prévoir  en  effet,  étant  donnée  l'alcalinité  de  l'aniline,  que  l'acidité 
plus  ou  moins  grande  des  essences  qu'on  lui  mélange  exercera  une  influence 
notable  sur  leur  solubilité  réciproque.  Or  c'est  par  leur  teneur  en  matières 


700  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

acides  (  colophane  provenant  de  la  gemme  initiale,  acides  volatils  formés  par 
oxydations  dans  les  essences  vieillies),  en  même  temps  que  par  leur  teneur 
en  carbures  moins  volatils  que  le  pinène,  que  les  essences  des  Landes  se 
difFérencientles  unes  des  autres.  Nous  avons  donc  été  amenés  à  étudier  l'in- 
fluence des  adultérants  normaux  de  l'essence,  et  notamment  de  la  colophane, 
à  qui  elle  doit  toujours  la  majeure  partie  de  son  acidité.  Sans  entrer  ici  dans 
des  détails  qui  trouveront  leur  place  dans  une  publication  ultérieure,  nous 
signalerons  seulement,  comme  un  résultat  important  de  cette  étude,  l'in- 
fluence considérable  exercée  par  la  colophane  sur  le  phénomène  étudié  : 
une  addition  à  l'essence  de  5  pour  100  de  colophane  (de  nuance  M  et  d'aci- 
dité correspondant  à  i63"'**  de  potasse  KO  H  par  gramme)  suffit  pour 
abaisser  d'une  dizaine  de  degrés  la  courbe  de  miscibilité  de  celte  essence, 
c'est-à-dire  pour  réaliser  un  déplacement  comparable  —  bien  que  de  sens 
inverse  —  à  celui  qui  résulterait  de  l'addition  de  /[O  pour  100  du  white  spirit 
employé  par  M.  Louise.  La  teneur  en  colophane  des  essences  des  Landes 
variant  de  0,0  à  0,6  pour  100  dans  les  essences  commercialement  pures,  et 
pouvant  atteindre  jusqu'à  3  pour  100  dans  les  essences  de  qualité  inférieure, 
on  voit  que  cette  colophane  peut  masquer,  dans  l'application  delà  méthode 
dont  il  s'agit,  jusqu'à  près  de  23  pour  100  de  \vliite  spirit. 

Aussi  nous  parait-il  indispensable,  pour  appliipier  la  solubilité  réciproque 
de  l'aniline  et  de  l'essence  de  térébenthine  à  la  recherche  des  falsifications 
de  cette  dernière,  d'opérer  non  sur  l'essence  elle-même,  mais  sur  l'une  des 
fractions  obtenues  au  cours  de  sa  distillation  fractionnée,  et  dont  on  aura  eu 
soin  de  vérifier  la  neutralité.  Ce  fractionnement  préalable  ne  constitue  pas 
pour  l'analyste  un  supplément  de  travail  :  c'est  en  effet,  parmi  les  opéra- 
tions que  comporte  l'analyse  des  essences  de  térébenthine,  l'opération  fon- 
damentale dont  tous  les  spécialistes  s'accordent  à  reconnaître  l'importance  et 
sans  laquelle,  dans  la  plupart  des  cas,  ils  n'oseraient  conclure  avec  certitude. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  une  solution  colloïdale  d' arsenic  mèlalloiditjue pur. 
Note  de  M.  Lecoq,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

M.  Augcr  {Comptes  rendus,  t.  (^XLY,  28  octobre  1907)  a  indiqué  une 
méthode  permettant  de  préparer  un  arsenic  colloïdal  par  réduction,  à  basse 
température  et  en  milieu  alcoolique,  du  trichlorure  d'arsenic  par  l'acide 
hypophosphoreux.  La  variété  d'arsenic  ainsi  obtenue  ne  donne  de  pseudo- 
solution qu'en  présence  d'alcalis  et  retient  des  quantités  variables  de  phos- 
phore et  d'alcalis  dont  il  est  impossible  de  la  débarrasser. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I9IO.  7OI 

On  peut  obtenir,  par  voie  électrique,  une  solution  colloïdale  d'arsenic 
exempt  d'impuretés,  stable  en  milieu  neutre  ou  acide.  Cette  solution  se  pré- 
pare soit  en  électrolysant  une  solution  alcaline  avec  une  anode  d'arsenic, 
soit  par  électroréduction  d'une  solution  alcaline  d'acide  arsénieux. 

I.  Dans  l'éleclrolyse  des  solutions  alcalines,  l'anode  seule  doit  être  en  arsenic.  Diffé- 
rents métaux  peuvent  être  employés  comme  cathode,  parliculièremenl  le  fer  et  le  pla- 
tine. En  opérant  sous  un  potentiel  de  80  à  100  voUs,  avec  une  densité  de  courant  de 
I  ampère  environ,  l'anode  se  pulvérise  lentement  en  donnant  une  solution  colloïdale. 
La  stabilité  de  la  pseudo-solution  ainsi  obtenue  est  très  augmentée  si  l'on  fait  l'élec- 
troljse  en  présence  d'un  colloïde  stable. 

La  concentration  de  la  liqueur  en  alcali,  la  différence  de  potentiel  et  la  distance  de 
deux  électrodes  semblent  être  les  facteurs  dont  dépend  la  grosseur  des  granules  du 
colloïde.  Mais  dans  tous  les  cas,  la  pseudo-solution  ainsi  obtenue,  observée  à  l'ultrami- 
croscope,  se  montre  constituée  par  des  grains  de  grosseur  variable  et,  abandonnée  à 
elle-même  après  neutralisation,  elle  laisse  déposer  une  partie  de  son  métalloïde.  Durant 
la  préparation,  il  y  a  formation  de  petites  quantités  d'acide  arsénieux. 

IL  L'électroréduclion  dé  l'acide  arsénieux  en  liqueur  alcaline  est  susceptible  de 
donner  naissance  à  une  solution  colloïdale  d'arsenic  à  petits  grains,  beaucoup  plus 
stable  que  la  précédente.  Les  meilleurs  résultats  sont  obtenus  dans  les  conditions 
suivantes  : 

L'anode  est  constituée  par  une  lame  de  platine  de  4'"''  à  5''"',  la  cathode  par  une 
surface  de  mercure  couvrant  le  fond  d'un  crislallisoir  de  i'  à  fond  plat  de  18''"  à  20°"' 
de  diamètre.  On  soumet  à  l'éleclrolyse  une  solution  fortement  alcaline  d'acide  arsé- 
nieux très  pur  obtenue,  par  exemple,  en  dissolvant  3»  d'anhydride  arsénieux  dans  i' 
de  soude  à  3  pour  1000.  Le  courant  utilisé  est  réglé  entre  2  et  3  ampères  sous 
100  volts  environ. 

La  solution  s'échauffe  notablement  et  il  est  nécessaire  de  refroidir.  Une  certaine 
quantité  d'acide  arsénieux,  variable  suivant  les  conditions  de  l'expérience,  échappe 
toujours  à  la  réduction.  On  le  sépare  complètement  par  une  dialyse  suffisamment 
prolongée. 

Lorsque  la  solution  d'acide  arsénieux  soumise  à  l'électroréduction  n'est  additionnée 
d'aucun  colloïde  stable,  la  durée  de  la  solution  colloïdale  obtenue  est  éphémère.  Par 
contre,  en  additionnant  cette  solution  de  petites  quantités  d'un  colloïde  stable,  tel  que 
la  gomme,  elle  peut  se  conserver  très  longtemps.  Des  pseudo-solutions  contenant 
oô,ooo8  d'arsenic  et  o",oo5  de  gomme  par  centimètre  cube  n'ont  pas  précipité  au  bout 
de  6  mois,  après  neutralisation  par  un  acide  fort  et  séparation  de  l'acide  arsénieux 
par  dialyse.  L'addition  de  glycérine  augmente  également  la  stabilité  de  la  pseudo- 
solution. 

Propriétés  de  la  solution  colloïdale  d  arsenic.  —  La  solution  colloïdale  d'ar- 
senic est  de  couleur  brun  rouge  très  foncé.  Observée  à  l'ultramicroscope,  elle 
laisse  voir  des  granules  très  fins  et  de  grosseur  très  uniforme  lorsque  le 
colloïde  a  été  obtenu  par  électroréduction  de  l'acide  arsénieux. 


^02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  mouvement  brownien  est  accentué  et  s'amplifie  par  addition  de 
petites  quantités  d'électrolytes. 

La  solution  s'oxyde  rapidement  à  l'air  lorsqu'elle  est  alcaline  :  neutre  ou 
acide,  elle  reste  inaltérée.  En  présence  d'eau  oxygénée,  en  milieu  alcalin, 
l'oxydation  est  immédiate.  Il  y  a,  dans  ces  deux  cas,  formation  exclusive 
d'arséniles.  La  liqueur décinormale d'iode  oxyde  extemporanément  la  solu- 
tion colloïdale  d'arsenic  alcaline  avec  formation  d'arséniates.  La  réaction 
est  quantitative. 

La  solution  colloïdale  d'arsenic  n'oxyde  pas  la  teinture  de  Gaïac. 

La  solution  colloïdale  d'arsenic,  stabilisée  avec  de  faibles  quantités  de 
gomme,  présente,  vis-à-vis  des  électrolytes,  une  stabilité  beaucoup  plus 
grande  que  les  autres  solutions  colloïdales  métalliques.  Les  alcalis  concen- 
trés ne  la  précipitent  pas,  même  en  grand  excès,  avant  de  l'oxyder.  Les 
sels  et  les  acides  faibles  la  précipitent  difficilement.  En  présence  d'un  grand 
excès  d'acide  chlorhydrique  concentré,  la  précipitation  est  rapide  et  totale 
à  chaud.  Cette  propriété  a  été  utilisée  pour  doser  gravimétriquement  l'ar- 
senic en  suspension  et  pour  caractériser,  dans  la  solution  chlorhydrique 
filtrée,  par  la  réaction  de  l'acide  hypophosphoreux,  l'acide  arsénieux  ([ui 
peut  avoir  échappé  à  la  réduction  et  à  la  dialyse. 

Analyse.  —  La  solution  colloïdale  d'arsenic,  préparée  par  électroréduclion 
de  l'acide  arsénieux  et  dialysée  jusqu'à  ce  que  les  liqueurs  chlorhydriques, 
après  précipitation  de  l'arsenic,  ne  présentent  plus  la  réaction  de  l'acide 
arsénieux,  a  été  soumise  à  l'analyse  par  pesée  et  par  l'iodométrie.  Il  a  élé 
trouvé  : 

Par  pesée,  08,0007  d'arsenic  par  centimètre  cube  (moyenne  de  trois 
expériences); 

Par  iodomélrie,  0^,00077  d'arsenic  par  centimètre  cube  (moyenne  de 
trois  expériences). 

On  doit  donc  admettre  que  l'arsenic  se  trouve  dans  cette  solution  ct)lloï- 
dalesous  sa  forme  métalloïdique  pure. 

CHIMIE    ORGANIQUE.    —    Catalyse   des   acides   aromatiques.    Note 
de  M.  J.-B.  Sexdekens,  présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

I.  Catalyseurs.  —  .l'ai  montré  précédemment  (')  qu'en  faisanl  passer 
sur  la  thorine  les  vapeurs  d'acide  benzoïque  et  d'un  acide  gras,  on  obtenait 

(')   Comptes  rciiiliis,  10  janvier  ii)io,  |i.   iir. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19IO.  yo'i 

la  cétone  aromatique  dérivée  de  ces  deux  acides.  Avant  d'étendre  cette  mé- 
thode aux  autres  acides  aromatiques,  j'ai  repris,  avec  divers  catalyseurs,  les 
expériences  déjà  décrites,  afln  de  déterminer,  par  une  étude  comparative,  la 
valeur  de  chacun  d'eux. 

La  chaux,  Voxyde  de  zinc,  Valamine,  Voxyde  chrotnique  se  comportent,  vis-à- 
vis  d'un  mélange  d'acide  benzoïque  et  d'acide  gras,  d'une  façon  à  peu  près  identique 
à  celle  qui  a  été  relatée  pour  les  acides  forméniques  employés  seuls  (').  Avec  ces 
oxydes,  surtout  avec  les  deux  derdiers,  on  arrive  à  préparer  l'acétophénone  à  partir 
d'un  mélange  d'acide  benzoïque  et  d'acide  acétique;  mais,  lorsqu'à  l'acide  acétique  on 
substitue  ses  homologues,  on  constate  qu'à  mesure  que  la  teneur  en  carbone  augmente 
les  rendements  deviennent  de  plus  en  plus  mauvais. 

Dans  la  famille  du  thorium,  Voxyde  cérique  CeO',  [['anhydride  titanique 
amorphe  TiO",  Voxyde  stannique  SnO"  se  sont  montrés  très  inférieurs  à  la  thorine. 
Ils  décomposent  énergiquement  les  acides  organiques;  mais,  au  lieu  de  se  borner  à  la 
formation  des  cétones,  ils  fournissent  en  grande  partie  les  produits  de  leur  destruc- 
tion. 

Avec  la  zircone  ZrO',  les  choses  se  passent  autrement.  Pour  beaucoup  d'acides  for- 
méniques employés  seuls  ou  mêlés  à  l'acide  benzoïque,  les  propriétés  calalytiques  de 
cet  oxyde  sont  tout  à  fait  comparables  à  celles  de  la  thorine,  mais  elles  semblent  fléchir 
avec  certains  acides,  notamment  avec  les  homologues  de  l'acide  benzoïque,  alors  que 
pour  la  thorine  la  production  des  cétones  se  fait,  dans  tous  les  cas,  avec  la  même 
régularité. 

Ij'oxyde  vert  d' uranium  U'O',  dont  j'avais  signalé  l'action  sur  les  acides  formé- 
niques,  un  peu  plus  lente  que  celle  de  la  ihorine,  conserve  cette  même  activité  lorsque 
ces  acides  sont  mêlés  à  l'acide  benzoïque.  Durant  la  réaction,  l'oxyde  vert  est  ramené 
progressivement  à  l'étal  d'uranyle,  UO'',  qui  devient  ainsi  le  véritable  catalyseur. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède,  que  pour  la  préparation  des  cétones  aroma- 
tiques je  disposais  de  trois  catalyseurs  :  la  thorine,  la  zircone  et  Vuranyle, 
et  que  la  thorine  se  recommandait  à  mon  choix  par  son  action  plus  régulière 
que  celle  de  la  zircone  et  plus  rapide  que  celle  de  Turanyle. 

II.  Action  catalytique.  —  Après  avoir  préparé  par  l'action  catalytique 
de  la  thorine,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  les  cétones  aromatiques  déri- 
vées de  l'acide  benzoïque,  j'ai  appliqué  le  même  catalyseur  aux  homologues 
de  cet  acide  tels  que  :  Vacïde  phénylacétique  ou  ct-to/uique 

C'H'-Cm— CO'H; 

l'acide  hydrocinnamique  ou  phényl-?>-propanoïque 

C«H^—  CH^—  Cir—  CO'H; 

(')   Comptes  rendus^  19  juillet  1909,  p.  2i3. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.   150,  N«  11.)  94 


7()4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  acides  toluiques  C''H''(CH')CO^H  ortho,  meta  et  para.  Mes  expériences 
ont  également  porté  sur  les  acides  naphtoiques  a  et  [3  C'H'CO^H. 

De  même  que  pour  l'acide  beQzoïque,  j'ai  fait  passer  sur  la  tliorine  chauffée  vers 
43o°-45o°,  ces  divers  acides,  soil  seuls,  soit  mêlés  à  des  acides  gras.  Ces  derniers 
mélanges  sont  généralement  liquides  à  la  température  ordinaire,  ce  qui  facilite  les 
opérations. 

Le  dédoublement  catalytique  est  tout  aussi  aisé  et  aussi  complet  qu'avec  l'acide 
henzoïque.  J'ai  pu  préparer  de  la  sorte  une  trentaine  de  cétones  aromatiques  mixtes 
dont  je  me  réserve  de  donner,  dans  des  Communications  ultérieures,  les  constantes 
physiques  et  les  combinaisons  caractéristiques.  Parmi  ces  cétones,  plusieurs  n'ont  pas 
été  décrites,  et  pour  quelques-unes  des  cétones  déjà  connues,  les  constantes  varient 
selon  les  auteurs,  ce  qui  s'explique  par  hi  difficulté  qu'on  avait  jusqu'ici  à  préparer  ces 
cétones  et  à  les  obtenir  pures. 

Une  différence  assez  remarquable  que  j'ai  rencontrée  dans  le  cours  de  ces 
recherches,  c'est  celle  qui  existe,  au  point  de  vue  catalytique,  entre  les 
acides  où  le  groupe  carboxyle  est  uni  directement  au  noyau  aromatique,  et 
les  acides  oiice  carboxyle  se  relie  au  noyau  par  l'intermédiaire  d'une  chaîne 
forménique. 

Dans  le  premier  cas,  la  cétone  symétrique  ne  se  forme  pas.  C'est  ainsi 
que  l'acide  benzoïque  passant  en  vapeurs  sur  la  ihorine  ne  fournit  pas  de 
benzophénone,  et  celle-ci  ne  se  retrouve  pas  non  plus  avec  les  cétones 
mixtes  provenant  du  mélange  de  l'acide  benzoïque  avec  un  acide  gras  ('). 
De  même,  il  ne  se  produit  pas  de  dicrésylcétone  avec  les  acides  toluiques, 
ni  de  dinaphtylcétone  avec  les  acides  naphtoiques. 

Dans  le  second  cas,  au  contraire,  la  cétone  symétrique  se  forme  toujours. 
L'acide  phénvlacétique,  par  exemple,  mêlé  aux  acides  forméniques,  donne 
avec  la  thorine,  en  même  temps  que  les  cétones  mixtes,  une  certaine  pro- 
portion de  dibenzyicétone  qu'il  est  facile  de  préparer  à  l'état  de  pureté  par 
la  catalyse  de  l'acide  phénylacétique  seul.  De  même,  l'acide  phényl-3-pro- 
panoïque  catalysé  seul  fournil  la  cétone  symétrique 

C«H=>— ClI^— CIP— CO  — CH--CH2— C''H^ 

la  diphényt-i .^-pentanone-'i ,  laquelle  se  rencontre,  en  plus  ou  moins  grande 
quantité,  dans  les  cétones  mixtes  provenant  du  mélange  de  l'acide  phényl-3- 
propanoïque  avec  les  acides  gras. 


(')   Comptes  rendus,  lo  janvier  1910,  p.  iii. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  7o5 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —   Sur    la    Stabilité    des    ^-céloaldéhydes.    Note 
de  M.  F.  Couturier,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

J'ai  montré  dans  une  Note  précédente  (Comptes  rendus,  t.  CLX,  p.  1695) 
quelles  paraissaient  être  les  conditions  de  stabilité  des  cétoaldéliydes  de 
forme  R  —  CO  —  CH  =  CHOH,  obtenues  au  moyen  de  cétones  saturées 
à  chaîne  arborescente,  et  leur  stabilité  s'est  montrée  d'autant  plus  grande 
que  le  groupement  hydrocarboné  de  substitution  se  trouve  plus  rapproché 
de  la  fonction  cétonique.  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  de  confirmer,  par 
un  exemple  nouveau,  cette  manière  de  voir,  et  d'étudier  les  produits  de 
condensation  obtenus  avec  des  cétones  non  saturées. 

1°  Dans  la  série  des  cétones  saturées,  la  méthylheptanone 

GH'— CH  — CH^  — CH^— CtP-CO  — GH^ 
GIP 

a  été  condensée  avec  Féther  formique  au  moyen  du  sodium  métallique, 
d'après  la  méthode  que  j'ai  employée  précédemment. 

Le  sel  de  cuivre  (C'H"'0*)-Cu  du  mèlhyloctanonal  ainsi  obtenu  se 
présente  sous  la  forme  de  cristaux  bleus  solubles  dans  l'éther,  et  fusibles 
à  112°.  Sa  décomposition  par  l'acide  sulfurique  étendu  à  10  pour  100  donne 
un  liquide  assez  fluide,  fortement  coloré,  mais  qui  ne  peut  distiller  sans 
décomposition,  même  dans  le  vide.  L'analyse  de  son  sel  de  cuivre  a  pu 
seule  donner  des  résultats  rigoureux.  Cette  cétoaldéhyde  manifeste  donc 
une  stabilité  moindre  que  celles  déjà  décrites,  et  il  faut  en  chercher  la 
cause  dans  la  position  de  la  substitution  méthylée,  qui  se  trouve  à  une  dis- 
tance de  la  fonction  cétonique  assez  grande  pour  que  la  cétoaldéhyde  se 
comporte  comme  ayant  une  chaîne  linéaire. 

2°  Les  cétones  non  saturées  de  forme  11  —  CO  —  CH',  dans  lesquelles  le 
radical  hydrocarboné  R  présente  un  groupement  éthylénique,  se  compor- 
tent en  général,  dans  la  condensation  avec  l'éther  formique,  de  façon  à 
donner  des  cétoaldéhydes  instables,  formant  des  sels  de  cuivre  bien  cristal- 
lisés, mais  d'où  la  cétoaldéhyde  ne  peut  pas  être  isolée  sans  décomposition. 
Ces  condensations  se  font  du  reste,  généralement,  avec  une  assez  grande 
difficulté,  et  les  rendements  obtenus  sont  souvent  faibles. 


7o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  ainsi  réalisé  les  condensations  suivantes  : 

CH'X 
hopropylidènecéloaldéhyde  pC  =  CH  —  GO  —  CH  =  CH  OH.  —  Celle  célo- 

aldéhyde  a  élé  préparée  par  condensation  de  l'oxyde  de  mésilyle  avec  Télher  for- 
miqiie.  Son  sel  de  cuivre,  oblenu  par  addilion  d'acélate  neutre  de  cuivre  à  45°)  est 
d'abord  traité  par  l'élher  de  pétrole  à  froid  qui  dissout  les  goudrons  formés  abondam- 
ment à  côlé  du  produit  principal,  puis  par  l'éther  à  chaud  qui  laisse  déposer  des 
cristaux  noirs  très  purs,  fondant  à  i34°.  Ce  sel  de  cuivre  étant  peu  soluble  dans 
l'éther,  il  est  nécessaire  de  faire  plusieurs  épuisements  à  chaml  pour  le  séparer  de 
l'acétale  de  cuivre  auquel  il  était  mélangé. 

Avec  aSs  d'oxyde  de  mésilyle,  on  obtient  5oS  environ  de  sel  de  cuivre  pur,  soit  un 
rendement  de  52  pour  loo. 

La  décomposition  du  sel  de  cuivre  par  l'acide  sulfurique  à  lo  pour  loo  donne  un 
liquide  se  décomposant  en  grande  partie  par  la  distillation  dans  le  vide.  Le  sel  de 
cuivre  seul  a  pu  être  analvsé. 

Normalbiuylènecéloaldéhyde  CH*i=  CH  -  GH^—  GH=—  CO  -  CH  =  GH  OH  pré- 
parée par  condensation  de  l'alhylacétone  avec  l'éther  formique.  Le  sel  de  cuivre  de 
cette  céloaldéhyde  est  bleu  pâle,  peu  soluble  dans  l'éther,  assez  soluble  dans  l'alcool  à 
chaud,  d'où  l'on  relire  par  refroidissement  de  petits  cristaux  bleus,  fondant  à  i36°. 

La  décomposition  du  sel  de  cuivre  par  SO*H^  à  lo  pour  loo  a  permis  d'isoler  un 
liquide  bouillant  à  58°  sous  iS"",  mais  subissant  néanmoins  une  légère  décomposition 
à  la  distillation.  Sa  stabilité  paraît  toutefois  supérieure  à  celle  du  produit  dérivé  de 
l'oxyde  de  mésityle. 

CHK 

hhsornéthylhepténone  „       ^GH — GH'^ — CH  =  CH — GO  —  GH^  n'a  donné  avec 

l'éther  formique  aucun  produit  de  condensation.  La  méthylheplénone  synthétique 
donne,  au  contraire,  une  cétoaldéhyde  stable,  ainsi  que  l'a  montré  M.  Léser,  et 
il  est  probable  que  cette  diflerence  de  résultat  est  due  à  la  position  de  la  liaison 
éthylénique  dans  les  2™°'. 

De  ces  réactions  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 
La  présence  de  la  liaison  éthylénique  dans  une  cétoaldéhyde  de  la  forme 
indiquée  ci-dessus  donne  de  Tinstabilité  au  produit;  en  etîet  Visopropyli- 
dènecétoaldéhyde  correspond  exactement,  comme  condensation  en  carbone 
à  Visovalérylaldéhyde ;  la  première,  à  fonction  éthylénique,  n'est  pas  stable, 
alors  que  la  seconde,  à  chaîne  saturée,  peut  distiller  dans  le  vide  sans 
décomposition. 

En  second  lieu  l'instabilité  paraît  d'autant  plus  grande  que  la  fonction 
éthylénique  est  plus  rapprochée  du  groupement  cétonique,  ainsi  que  le 
montrent  les  propriétés  comparées  de  l'isopropylidènecétoaldéhyde  et  de 
la  butylènccéloaldéhyde. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19IO.  707 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  synthèse  des  célones  non 
saturées.  I\ote  de  M.  G.  Darzexs,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

J'ai  entrepris,  il  y  a  quelque  temps,  des  recherches  afin  d'examiner  si  la 
méthode  de  synthèse  au  chlorure  d'aluminium  de  Friedel  et  Crafts,  était 
applicable  aux  carbures  hydroaromatiques.  Je  me  suis  tout  d'abord  adressé 
à  l'action  des  chlorures  d'acides,  et  j'ai  tenté  de  préparer  l'hexahydroacé- 
lophénone  par  l'action  du  chlorure  d'acétyle  sur  l'hexahydrobenzène. 

L'expérience  n'a  pas  confirmé  ces  espérances,  car  en  traitant  un  mélange 
équimoléculaire  d'hexahydrobenzène  et  de  chlorure  d'acétyle  par  une 
molécule  de  AlCP,  il  ne  se  produit  aucune  réaction  à  froid;  en  élevant  la 
température,  on  n'obtient  que  les  produits  de  la  réaction  de  Al  Cl'  sur 
CH'COCI,  l'hydrocarbure  restant  intact. 

J'ai  alors  tenté  cette  généralisation  sur  le  tétrahydrobenzène  qui  est  un 
carbure  cyclique  hexagonal  présentant  une  double  liaison  comparable  à  l'une 
des  trois  doubles  liaisons  qui  existent  dans  la  benzine.  L'expérience  a 
entièrement  confirmé  mon  induction,  mais  cette  réaction  présente  un  carac- 
tère bien  différent  de  celle  de  Friedel  et  Crafts.  Elle  constitue  une  nouvelle 
réaction  de  synthèse  plus  générale  que  celle  de  ces  deux  savants  qui  n'en 
est  qu'un  cas  particulier. 

Lorsqu'on  ajoute  lentement  i338  de  chlorure  d'aluminium  en  poudre  fine  dans  un 
mélange  bien  refroidi  au-dessous  de  0°,  de  788  de  chlorure  d'acétyle,  de  8'28  de  tétra- 
hydrobenzène et  de  600B  de  CS-,  le  premier  terme  de  la  réaction  est  un  simple  produit 
d'addition  de  chlorure  d'acide  sur  le  carbure 

CH  CHC! 

CH^j^^CH^  CH^^  \c\{  -  CO  -  CIl^ 

-hCI  — G0-CI1^  = 
CH=I       Ici!  CH^I       ICH^ 

CH''  CH- 

Gette  cétone  chlorée  donne  ensuite  avec  Al  CP  une  combinaison  complexe  assez 
stable,  ayant  l'aspect  d'une  huile  brune  insoluble  dans  CS". 

En  reprenant  le  produit  par  l'eau  glacée,  cette  combinaison  se  scinde  et  met  en 
liberté  la  cétone  chlorée  qui  ne  tarde  pas  à  se  décomposer  elle-même  partiellement  en 
se  polymérisant,  surtout  si  l'on  cherche  à  l'isoler  par  dislillation.  En  la  traitant  au  con- 
traire de  suite  par  une  base  tertiaire,  comme  la  diethylaniline,  elle  se  dédouble  nette- 


^o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

menl  en  H  Cl  el  létrahydroacétophénone 


Cl 

-CO  — CH' 

=  HCI 


i^^-CO  — CH'  j^^-CO  — CH3. 


liquide  incolore  à  odeur  forte  d'acétophénone  el  d'acélale  d'amyle.  Elle  bout  à  201°- 
202°;  sa  semi-carbazone  fond  à  220°,  son  oxime  à  99°. 

M.  Wallah  ('),  en  soumettant  le  cyclohexène-élhane,  de  formule 

/  \=CH  — CH% 

à  l'action  du  chlorure  de  nitrosyle,  a  obtenu  un  nitrosochlorure  qui,  traité 
par  l'acétate  de  soude,  a  donné  une  oxime;  cette  oxime,  saponifiée  par 
Facide  sulfurique  dilué,  a  fourni  une  tétrahydroacétophénone  identique  à 
celle  que  je  viens  de  préparer. 

Cette  identité  établit  sans  doute  possible  la  position  de  la  double  liaison. 

Je  ferai  remarquer  que,  malgré  les  bons  rendements  indiqués  par 
M.  Wallah,  la  méthode  de  préparation  que  je  viens  de  donner  est  préfé- 
rable à  cause  de  sa  simplicité  ;  elle  donne,  d'ailleurs,  en  une  seu^e  opération, 
5o^  de  cétone  pure. 

En  présence  de  ce  résultat,  j'ai  été  amené  à  penser  que  la  réaction  de 
condensation  que  je  venais  de  découvrir  ne  dépendait  pas  de  la  forme 
cyclique  de  la  molécule,  mais  uniquement  de  la  double  liaison  éthylénique. 

J'ai  alors  entrepris  une  série  d'expériences  sur  d'autres  carbures  éthylé- 
niques,  tant  dans  la  série  grasse  que  dans  la  série  hydroaromatique. 

J"ai  constaté  que,  dans  tous  les  cas,  il  y  avait  fixation  du  chlorure  d'acide 
pour  donner  naissance  à  une  cétone  chlorée,  qui,  à  son  tour,  perd  H  Cl  sous 
l'action  d'une  base  tertiaire,  pour  donner  naissance  à  une  cétone  non  saturée. 
Il  en  résulte  donc  une  méthode  très  générale  pour  la  préparation  de  ces 
corps. 

Des  idées  théoriques  que  j'exposerai  plus  tard  m'ont  amené  à  supposer 
que  le  chlorure  d'aluminium  n'était  pas  le  seul  chlorure  capable  d'entraîner 
ces  condensations.  J'ai  donc  entrepris  des  recherches  en  ce  sens,  et  j'ai  été 
amené  à  trouver  qu'il  s'agissait  d'une  propriété  très  générale  des  chlorures 
anhydres. 

(')  Jl'STIN,  lAebig's  Annalen  der  Cheinie,  i.  CCCLX,  p.  ^<3. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  709 

Les  chlorures  de  soufre,  de  cuivre,  de  mercure,  le  chlorure  stanneux, 
sont  sans  action;  parmi  les  éléments  trialomiques,  le  chlorure  de  bore, 
le  chlorure  ferrique,  le  trichlorure  d'antimoine,  déterminent  la  réaction, 
mais  avec  de  moins  bons  rendements  que  AlCI'.  Pour  les  éléments  télra- 
lomiques,  le  chlorure  de  silicium  est  sans  action,  le  tétrachlorure  de  titane 
donne  de  bons  rendements,  le  tétrachlorure  d'étain  donne  une  condensation 
tellement  nette  qu'il  paraît  plus  avantageux  que  AlCP,  et  j'ai  été  ainsi 
amené  à  la  préparation  suivante  de  la  tétrahydroacétophénone  : 

Dans  une  solution  bien  refroidie,  de  aSo»  de  SnCI*  et  600?  de  CS^  on  verse  len- 
tement un  mélange  de  78^,5  de  chlorure  d'acétyle,  et  de  82s  de  tétrahjdrobenzène.  Ce 
liquide  ne  tarde  pas  à  se  colorer  en  rouge  foncé,  puis  il  se  dépose  une  huile  qui  occupe 
bientôt  près  de  la  moitié  du  mélange.  Pendant  celle  condensation,  il  ne  se  dégage  pas 
de  HCI.  Au  bout  de  quelques  heures,  on  reprend  le  produit  par  l'eau,  et  il  se 
décolore  par  suite  de  la  décomposition  du  complexe  stannique  coloré.  Après  lavages 
convenables  de  la  solution  sulfocarbonique,  on  ajoute  une  molécule-gramme  de 
diéthylaniline,  on  chasse  le  sulfure,  et  l'on  chauffe  pendant  quelques  heures  à  180°. 
Le  produit  de  la  réaction  est  ensuite  lavé  à  l'eau  acidulée,  séché  sui'  SO'Na-  et 
rectifié. 

On  obtient  ainsi  environ  608  de  célone  pure,  soit  un  rendement  de  5o  pour  100. 

Cette  méthode  générale  de  synthèse  des  cétones  non  saturées  me  paraît 
avoir  un  grand  intérêt.  Les  carbures  élhyléniques  sont,  en  effet,  des  ma- 
tières premières  faciles  à  se  procurer. 

D'autre  part,  les  cétones  non  saturées  se  prêtent  à  un  grand  nombre 
d'autres  réactions  de  synthèse. 

Nous  devons  rappeler  que  M.  KondakolT(  '),  en  condensant  le  chlorure 
d'acétyle  sur  l'isobutylène  et  le  triméthyléthylène,  en  présence  de  ZnCJ-, 
a  déjà  observé  une  addition  du  genre  de  celle  que  nous  venons  d'étudier, 
et  a  obtenu  l'oxyde  de  mésityle,  et  son  homologue  monomélhylé. 

D'autre  part,  M.  Blanc  (-),  en  traitant  l'isolauronolène  par  le  chlorure 
d'acétyle  en  présence  de  Al  CI',  a  réussi  à  préparer  la  cétone  correspon- 
dante. Les  rendements  étaient  médiocres,  sans  doute  à  cause  du  mode  opé- 
ratoire. M.  Blanc  n'a,  pas  expliqué  cette  réaction  par  fixation  du  chlorure 
d'acide  sur  la  double  liaison, 'mais  l'a  considéré  comme  une  application  de 
la  méthode  de  Friedel  et  Crafts. 

Ces  deux  travaux  ne  font  que  confirmer  la  généralité  de  ma  réaction  dont 
ils  sont  des  cas  particuliers. 

(')  BuUelin  de  la  Société  chiniôjue,  3"  série,  t.  VII,  p.  5-6. 
(-)  IbicL,  t.  XIX,  p.  699. 


7IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  me  semble  également  que  la  réaction  de  Friedel  et  Crafts  peut  s'ex- 
pliquer en  admettant  la  formation  des  mêmes  produits  d'addition  chlorés 
qui,  dans  la  série  aromatique,  se  décomposent  spontanément  par  une  simple 
élévation  de  température. 

Une  suite  de  longues  recherches  entreprises  avec  la  collaboration  de 
M.  Rost,  m'ont  permis  de  préparer  à  l'aide  de  cette  réaction  un  grand  nombre 
de  cétones  nouvelles,  tant  dans  la  série  grasse  que  dans  la  série  hydroaro- 
matique. 

Nous  avons  également  réussi  à  condenser  des  halogénures  alcooliques 
sur  un  certain  nombre  de  corps  à  fonction  éthylénique. 

Nous  demandons  qu'on  veuille  nous  accorder  le  temps  nécessaire  pour 
parfaire  cette  découverte. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Su?'  la  coagulation  de  la  matière  amylacée 
par  congélation.  Note  de  M.  (i.  Malfitano  et  M"'  A.  Mosciikoff, 
présentée  par  M.  L.  Maquenne. 

Si  l'on  congèle  en  un  glaçon  compact  une  solution  colloïdale  de  fécule 
de  pomme  de  terre,  après  fusion,  la  plus  grande  partie  de  la  matière  amy- 
lacée forme  un  coagulum  filamenteux  au  sein  d'un  liquide  parfaitement 
limpide,  qui  se  colore  en  bleu  par  l'iode. 

En  opérant  avec  des  liqueurs  qui  ne  contiennent  pas  plus  de  20s  par  litre  et  qui, 
ayant  été  suffisamment  chauffées,  sont  devenues  très  stables  et  tout  à  fait  homogènes 
à  la  lumière,  la  séparation  est  on  ne  peut  plus  nette.  Dans  le  liquide  retiré  par  cen- 
trifugation  ou  par  filtration,  on  trouve  aux  dosages  une  faible  proportion  de  la 
matière  amylacée,  et  presque  en  entier  les  cendres,  apportées  avec  la  fécule. 

Le  coagulum,  séparé  du  liquide  et  divisé  de  nouveau  par  chauffage  dans  de  l'eau 
très  pure,  donne  une  liqueur  où,  après  congélation,  pres{|ue  toute  la  matière  amy- 
lacée est  coagulée,  et  le  liquide  n'en  contient  que  des  traces  accompagnées  des  matières 
minérales  dont  la  quantité  est  nécessairement  très  faible. 

En  repétant  ces  manipulations,  on  élimine  de  plus  en  plus  les  matières  minérales, 
et  la  matière  amylacée  ne  forme  alors  que  des  solutions  colloïdales  fort  hétérogènes, 
même  à  chaud,  et  qui  donnent  un  sédiment  en  se  refroidissant.  Dans  ce  cas,  après 
congélation,  le  liquide  ne  contient  presque  rien,  et  ne  donne  avec  l'iode  qu'une  très 
légère  coloration  rose. 

Il  n'y  a  qu'à  ajouter  alors  des  électrolyte»  quelconques  pour  voir  que  la  quantité  île 
matière,  qui  après  congélation  reste  en  solution  colloïdale,  dépend  étroitement  de  la 
nature  et  de  la  teneur  des  électrolytes  présents. 


SÉANCE    DU    14    MARS    19IO.  7II 

Comme  il  lallail  s'y  attendre,  ladclition  de  petites  doses  d'acides  forts  et 
de  Ijases  fait  réapparaître  dans  le  liquide  la  réaction  bleue  avec  l'iode.  A  des 
doses  plus  grandes,  qui  sont  d'ailleurs  variables  avec  la  teneur  en  fécule,  et 
selon  la  température  à  laquelle  le  mélange  a  été  exposé,  rien  ne  sépare  plus 
par  la  congélation. 

Les  électrolytes  moins  forts,  et  parmi  eux  les  sels  neutres  aussi,  agissent 
plus  faiblement,  mais  dans  le  même  sens. 

Le  fait  de  la  coagulation  de  l'amidon  par  congélation  avait  été  découvert 
par  ^  ogler  (  '),  nous  l'avons  retrouvé  en  répétant  les  expériences  de  M^L  Ma- 
quenne  et  Roux  sur  la  rétrogradation  dans  les  empois,  qui  n'est  en  somme 
qu'une  séparation  analogue. 

Les  faits  que  nous  apportons  concernant  la  distribution  des  matières  orga- 
niques et  des  électrolytes  entre  le  coagulum  et  la  solution  colloïdale  montrent 
que  la  congélation  de  ces  liqueurs  diluées  est  le  procédé  de  choix  pour  puri- 
fier la  matière  amylacée  (");  les  manipulations,  en  effet,  peuvent  être  ainsi 
menées  comme  lorsqu'on  opère  par  cristallisation. 

Ce  procédé  présente  de  plus  un  grand  intérêt  au  point  de  vue  théorique, 
car  il  permet  de  démontrer  ce  que  l'un  de  nous  avait  déjà  avancé  ('),  à  savoir 
qu'on  doit  considérer  la  matière  amylacée  comme  un  corps  insoluble,  qui 
forme  des  solutions  colloïdales  en  s'associant  avec  des  électrolytes. 

Tout  se  passe  comme  si  la  fécule  se  divisait  pendant  le  chaufl'age  grâce  à 
la  dissociation  des  électrolytes  présents,  voire  même  de  l'eau  ;  ensuite, 
lorsque  la  température  baisse,  l'ionisation  diminue  ;  ce  sont  alors  les  micelles 
qui  gardent  la  charge  électrique  qui  peuvent  se  maintenir  dispersées  dans  le 
liquide  d'une  manière  stable  et  réversible  ;  les  micelles  qui'  sont  revenues  à 
létat  électriquement  neutre  devraient  se  déposer,  mais  elles  y  mettraient  un 
temps  d'autant  plus  long  qu'elles  sont  plus  petites,  et  que  le  liquide  est-plus 
visqueux;  pendant  la  formation  de  la  glace,  ces  micelles  inertes  étant  com- 
primées et  collées  les  unes  aux  autres  formeraient  des  coagulums  qui  ne  se 
diviseraient  plus  après  fusion. 


(')  Wagneu,  Die  Stârkefabricalion.  Braiinscliwei'g,  1886. 

(^)  J'entends  par  matière  amylacée  pure  la  matière  organique  de  composition 
C^IfO',  que  nous  savons  depuis  les  belles  reclierclies  de  M.  Miiquenne  se  transformer 
intégralement  en  maltose. 

C  )  Malfitano.  Les  matières  amylacées  étudiées  à  l'aide  de  nos  connaissances  sur 
l'étal  colloïdal  {Comptes  rendus,  3  sept.  1906). 

C.  R.,  1910,  1'  Semestre.  (T.  150,  N°  11.)  9^ 


712  ACADEMIE    UES    SCIENCES. 

BOTANIQUE.  —  liecherches  sur  t'injluence  spècijique  réciproque,  du  sujet 
et  du  greffon  chez  la  Vigne.  ÎSolc  de  M.  L.  Kavaz,  présentée  par 
M.  Prillieux. 

La  recoiislilulioii  du  vignoble  par  le  grelï'age  met  de  plus  en  plus  en  évi- 
dence ce  fait  important  :  que  les  vignes  grelTées  donnent  les  mêmes  produits 
que  les  vignes  non  gretlées.  Les  particularilés  indiquées,  notamment  par 
M.  Daniel,  comme  étant  la  conséquence  de  la  greiï'e,  se  retrouvent  aussi 
fréquemment  chez  les  vignes  franclies  de  pied.  Elles  sont  le  plus  ordinaire- 
ment sous  la  dépend.ance  des  pratiques  culturales,  et  l'expérimentateur  ou 
le  vigneron  peut  les  produire  à  volonté  :  telles  les  modilications  dans 
Tallure  de  la  végétation,  dans  la  couleur  et  la  nervation  des  feuilles,  dans 
la  structure  anatomiquc,  la  couleur,  la  grosseur  et  la  saveur  du  raisin  et  de 
ses  grains;  dans  la  composition  chimique  et  la  tjualité  du  vin. 

.Lai  tenu  cependant  à  m'assurer  si,  en  plaçant  greffon  et  sujet  dans  les 
meilleures  conditionspourqu'ilspuissent  réagir  l'un  sur  l'autre,  on  n'obtien- 
drait pas  des  modifications  imporlanlcs  et  durables. 

A  cette  fui,  j'ai  greflé  : 

1"  t'ii  cépage  à  saveur  foxée  (le  Conconl)  sur  un  céj)ai;e  à  saMuir  iieulre  (Aiamoii  ). 
puis  j'ai  enlevé,  dès  leur  apparilioii,les  feuilles  du  sujet,  ainsi  que  les  grappes  du  grell'on. 
Les  raisins  du  sujet  ont  été  ainsi  evclusivement  alimentés  ])ar  les  feuilles  du  grell'on. 
L'expérience  dure  depuis  -  ans;  et  chaque  année  les  fruits  de  l'Aranion  sujet  sont 
identiques  à  ceux  de  TAramon  franc  de  pied  dans  la  forme,  la  couleur  et  la  saveur. 
La  saveur  fojsée  du  greffon  n'est  point  passée  dans  le  sujet. 

2°  Des  variétés  à  raisins  blancs  :  Melon,  Chardonnay.  sur  des  variétés  de  ganiay  à 
raisins  tx'ès  colorés  :  Teinturiers:  et  comme  dans  l'expérience  précédente,  les  raisins 
teinturiers  sujets  ont  été  exclusivement  alimentés  pai-  les  feuilles  des  variétés  gretl'ons 
à  fruits  blancs.  Ici  encore,  chaque  année,  bien  que  les  feuilles  des  greffons  ne  pro- 
duisent pas  de  matière  colorante,  les  raisins  sujets  se  sont  colorés  et  ont  /iris  les 
caractères  des  teinturiers. 

11  me  parait  difficile  de  réaliser  des  conditions  plus  favorables  à  la  mani- 
festation de  Finnucnce  :ç/;eq//(y«e  réciproque  du  sujet  et  du  greffon;  et  cepen- 
dant les  résultats  que  je  viens  d'indiquer  ne  la  mettent  point  en  évidence. 

Ces  expériences  ont  une  autre  portée.  On  admet  encore  généralement 
(jue  la  matière  colorante  et  les  parfums  prennent  naissance  dans  les  feuilles 
d'où  ils  passent  dans  le  fruit.  11  n'en  est  rien  :  le  fruit,  quelle  que  soit  la 
nature  des  feuilles  qui  le  nourrissent,  élabore  lui-même  la  manière  colorante 
et  les  parfums  cpi'il  reiifei  nie. 


Sl-AN'CE    DU    I 'i    MAliS    I()IO.  7l3 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  devetoppcnienl  d'une  plante  bulbeuse  :  vaiialiuns 
des  poids  de  i  azote  et  des  matières  minérales.  Note  de  M.  (j.  Axnufi, 
présentée  par  M.  Armand  Ciaulior. 

Dans  une  Note  récente  (Comptes  rendus,  t.  150,  p.  54  ))>  j'''i  montré 
quelles  étaient  les  variations  du  poids  de  la  matière  sèche,  tant  de  la  partie 
souterraine  que  de  la  partie  aérienne  d'une  plante  bulbeuse  (oignon 
commun)  au  cours  de  l'évolution  de  laquelle  le  bulbe  augmentait  de  poids. 
Je  donne  dans  la  présente  Note  quelques  indications  complémentaires  à  ce 
sujet  et  je  me  propose  de  suivre  les  variations  de  poids  des  éléments  miné- 
raux en  particulier,  ainsi  que  celles  de  l'azote  total.  ^  oici  le  Tableau  des 
expériences;  j'y  désigne  par  P.  A.  la  partie  aérienne  de  la  plante,  par  P.  S. 
la  pai'tie  souterraine. 


0,970,")  o,î>94o  4i'6i5 

6,8145  1,1670  I 5, 0490 

2,5370  0,4335  4' 4750 

i4,i''.oi  2,4o85  28,4910 

5,84oo  o,8535  11,1072 

3"  prise, -26  juil.    (   P.  A.     965,0956     98,8944     35,3392      i6,8i25      i4,7983  2,7784  3i,93o5 

(lloraison).         \   P.  S.     529,8040     4G,446o     13,0717      "0,0778       6,7439  i,i4o9  i5,3264 

4>prise,  3sepiem.    (   P.  A.     885.9678   108,8033     36,3547     i7,9f47     i7>i496  2,4883  35,i386 

(friiclificalion).      (    P.  S.     473,2688     44,1913      13,8008      10,0887       6,7644  1,1896  i4,9033 

I.  On  voit  qu'tà  la  première  prise  d'échantillon  (li;  mai  1909),  il  y  a  dimi- 
nution du  poids  absolu  de  la  matière  sèche  des  organes  souterrains  ^voir  le 
Tableau  de  ma  Note  précédente),  comme  si  une  certaine  quantité  des  réserves 
organiques  de  l'oignon  s'était  dirigée  vers  la  partie  aérienne  de  la  plante  ou 
avait  disparu  partiellement  par  combustion  respiratoire.  Le  poids  de  la 
matière  organique  seule  des  oignons  primitifs  (i36'',98i2)  s'est  abaissé  à 
iioSjOTio,  soit  une  diminution  de  19,63  pour  100,  alors  que  la  matière 
minérale,  au  contraire,  passe  de  lo^,  ro^H  dans  les  oignons  initiaux  à 
17*5,429.  Mais  cette  dernière  augmentation  ne  porte  que  sur  la  chaux,  la 
magnésie,  la  silice  et  très  peu  sur  la  potasse  :  l'acide  phosphorique  et  l'azote 
ayant  diminué  dans  des  proportions  sensibles,  l'azote  de  39,6  pour  100  du 
taux  initial,  l'acide  phosphorique  de  17,9. 


Ii3ri<  1011  oignons 

MaliiiesiVliL- 

nu   (l;iiis  IIIO  planlcs 

moins 

Cienilr.s 

Azole 

Sri-lics  à    11(1". 

les  cendres 

lolnlcs. 

InUll. 

POMI'. 

iC(al  iiiilial. 

i3  avril,    100  oignons.  . 

1 36 , 98 I 3 

10, io48 

3!''833o 

2"499''' 

.     i  P.  A. 
i'"  prise,   37  mai.    j         „ 

271,7690 
1 10,0710 

40,7310 
17,4390 

1 1 ,6100 
3 , 3070 

5,1110 
a,o535 

,  .   .       \  P. A. 
2'^  prise,    34  ,l«in  •    ]    t)    c 

777,2023 
441  ,2711 

83,6777 
33 , 4689 

33,83i7 
8,4473 

)3,823I 

7 15938 

7l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(a^LIo  première  période  est  une  période  ger/mna(i\'e,  car  les  organes 
aérions  hénélicient  d'une  certaine  (piantilé  des  éléments  organiques  et  nii- 
néi'aux  que  renfermaient  les  organes  souterrains.  Si,  pendant  celte  pre- 
mière période,  la  portion  aérienne  de  la  plante  s'est  accrue  parliellemenl 
aux  dépens  de  la  portion  souterraine,  elle  a  néanmoins  emprunté  la  majeure 
partie  de  ses  éléments  organiques  et  minéraux  à  l'atmosphère  et  au  sol.  En 
eiïet,  la  matière  sèche  de  cette  portion  aérienne,  cendres  déduites,  a  doublé 
de  poids  (i3G'^,98i2  chez  les  oignons  initiaux,  27 1''',  7690  chez  la  partie 
aérienne  au  27  mai).  Dans  cette  augmentation  de  poids,  on  ne  peut  estimer 
exactement  la  quantité  de  matière  que  les  organes  aériens  ont  empruntée  aux 
organes  souterrains  dont  le  poids  a  diminué,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut, 
de  19,63  pour  100,  car  la  respiration  a  fait  disparaître,  dans  une  mesure 
impossible  à  définir,  une  partie  de  la  matière  organique. 

(  hielle  est  la  part  qui  revient  à  l'azote  dans  l'accroissement  du  poids  de 
la  partie  aérienne?  Sur  les  11*^,6100  d'azote  qu'elle  contient,  un  poids  de 
i'', 5i55  provient  de  la  partie  souterraine  (3s,823o  —  2^,8075),  soit  donc 
i3  pour  loo  seulement;  le  reste  lui  a  été  fourni  par  le  sol.  L'acide  phospho- 
rique  cédé  par  les  organes  souterrains  à  la  partie  aérienne  s'élève  à 
2*^,4995  —  26,0025  ^  os,44;0.  Cette  partie  aérienne,  contenant  5^,11 10 
d'<icide  phosphoricjue,  n'a  donc  soustrait  à  la  partie  souterraine  que 
<S,7  pour  100  de  sou  acide  phosphorique,  le  reste  vient  du  sol. 

II.  Au  delà  de  celte  première  période,  la  plante  fonctionne  comme  une 
plante  ordinaire.  L'augmentation  du  poids  porte  sur  tous  les  éléments  à  la 
fois  et  le  système  aérien  envoie  aux  bulbes  des  quantités  croissantes,  tant 
de  matières  minérales  que  de  matières  organicjues.  Il  existe  dans  la  partie 
souterraine  un  rapport  sensiblement  constant  entre  l'emmagasinement  de 
l'azote  et  celui  de  l'acide  phosphorique  d'une  part,  de  la  chaux  et  de  la 
magnésie  d'autre  part. 

Si,  en  elFel,  on  divise  d'un  cùlé  le  poids  d'azote  conleou  dans  100  bulbes  par  28, 
poids  moléculaire  de  Tazole  et  de  l'autre  le  poids  d'acide  phosphorique  contenu 
dans  100  bulbes  par  98,  poids  moléculaire  de  cet  acide,  et  si  l'on  prend  ensuite  le 
rapport  des  deuv  nombres  ainsi  obtenus,  on  trouve  successivement,  aux  quatre 
périodes  d'observation,  les  chiflfres  suivants  :  ^,1;  3,9;  4,2;  4i4-  Ces  chiflVes,  peu 
éloignés  les  uns  des  autres,  montrent,  une  fois  de  plus,  la  corrélation  intime  qui  existe 
entre  l'azote  et  le  phosphore  dans  la  genèse  des  éléments  nucléiques  et  des  phos- 
phatides. 

Qu'on  divise  maintenant  le  poids  de  la  chaux  contenu  dans  100  bulbes  par  56,  poids 
Mioli'culaiie  de  la  riiaux,   et  le  poids  de   magnésie  contenu  de  même  dans  100  bulbes 


SÉANCE    UU    I^j    MARS    IQIO.  7l5 

par  /(O,  poids  moléculaire  de  la  magnésie,  et  qu'on  prenne  le  rapport  des  deux  nombres 
ainsi  obtenus,  on  trouve,  auv  quatre  périodes  d'observation,  les  chiffres  suivants  :  4  i  '  j 
4,9",  4)2  ;  4,1.  Or,  les  proporlions  respectives  de  cliau\  et  de  magnésie  contenues  dans 
le  sol  ont,  vis-à-vis  de  la  végétation,  une  influence  notable,  d'après  les  travaux,  de  Lœw 
et  de  ses  élèves.  On  peut  donc  s'attendre  à  rencontrer  chez  la  plante  une  relation  du 
même  ordre,  au  moins  dans  certains  cas. 

III.  On  voit  donc,  en  résumé,  dans  le  cas  pai^ticulier  de  migration  que 
j'ai  étudié,  le  bulbe  initial  concourir  faiblement  à  la  nutrition  minérale  et 
organique  de  la  partie  aérienne  de  la  plante.  A  l'époque  du  premier  prélè- 
vement (27  mai),  l'azote  et  l'acide  pliosphorique  ont  partiellement  émigré 
du  bulbe  vers  la  partie  aérienne.  Il  est  certain  que  si  ce  premier  prélèvement 
avait  été  effectué  à  une  date  plus  rapprochée  de  celle  de  la  plantation,  on 
aurait  vraisemblablement  constaté  des  pertes  d'azote  et  d'acide  pliosphorique 
plus  grandes  du  côté  des  bulbes.  Le  27  mai,  ces  pertes  étaient  déjà 
compensées  en  partie  par  un  gain  de  matière  venant  du  sol.  Au  delà  de 
cette  première  période,  on  assiste  à  un  accroissement  régulier  de  tous  les 
éléments  salins,  tant  dans  les  organes  aériens  que  dans  les  organes  souterrains 
de  la  plante.  Ces  derniers  reçoivent  directement  du  sol  les  matières  miné- 
rales, mais  celles-ci  montent  en  grande  partie  d'abord  dans  les  organes 
aériens  où  elles  subissent  une  élaboration,  puis  redescendent  dans  le  bulbe. 

Cependant,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  fait  remarquer,  ce  mouvement  de  migra- 
tion de  haut  en  bas  cesse  à  peu  près  complètement  pour  tous  les  éléments 
fixes,  ainsi  que  pour  l'azote,  sitôt  après  la  lloraison.  A  ce  moment  de  l'évo- 
lution du  végétal,  le  mouvement  principal  de  migration  emporte  vers  les 
graines  les  éléments  minéraux  et  organiques  maintenus  en  réserve  dans  la 
tige  :  aussi  la  nutrition  du  bulbe  s'arrète-t-elle  complètement.  Dans  le  cas 
actuel,  cette  augmentation  continue  delà  matière  minérale  dans  les  bulbes 
d'oignon  différencie  la  végétation  de  cette  plante  de  celle  de  la  carotte  porte- 
graine  chez  laquelle  M.  N.-T.  Déléano  (')  a  observé  le  fait  curieux  suivant: 
les  sels  minéraux  venant  du  sol  traversent  la  racine  sans  en  changer  la  con- 
centration saline;  cette  racine,  dans  la  deuxième  période  de  la  végétation, 
ne  semble  servir  que  de  régulateur. 

Je  me  réserve  de  revenir  sur  la  question  de  la  nutrition  des  bulbes  et 
d'examiner,  entre  autres  choses,  la  transformation  des  matières  ternaires  au 
cours  de  leur  évolution. 


('  )   L'nû-ersilé  de  Genève  :  Institut  botanique,  8"  série,  fasc.  II, 


-l6  ACADKMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  AGniCOr.E.    —   Dosage  de  la  potasse  assimilable  dans  les  sols. 
Note(')  de  M.  Bn';i,ER-CHATEi.AN,  présentée  par  M.  Chauveau. 

Comme  de  multiples  expériences  cullurales  l'ont  prouvé,  les  acides  mi- 
néraux, plus  ou  moins  concentrés,  employés  couramment  dans  l'analvse 
des  terres,  dissolvent  des  quantités  de  principes  ferlilisants  liors  de  propor- 
tion avec  les  besoins  réels  des  plantes.  Ce  procédé  d'attaque  n'est  donc 
guère  susceptible  de  mesurer  ce  qui  est  assimilable.  L'emploi  d'acides  très 
dilués  (azotique  ou  citrique)  donne  certainement  de  meilleures  indica- 
tions, néanmoins  pas  loujouis  conformes  aux  résultats  de  l'expérience  agri- 
cole. 

Etant  donné  que  les  racines  puisent,  sinon  la  totalilé,  du  moins  la  plus 
grande  partie  de  leur  nourriture  minérale  dans  les  dissolutions  très  éten- 
dues qui  imprègnent  le  sol,  comme  M.  Schlœsing  fils  l'a  fort  bien  montré 
pour  des  plantes  de  mais,  il  serait  plus  rationnel  de  considérer  comme 
assimilables,  avant  tout,  les  principes  folubles  dans  l'eau  et  d'employer 
celle-ci  comme  dissolvant.  Nous  avons  voulu  nous  rendre  compte  jusqu'à 
quel  point  ce  mode  d'exlraction,  déjà  employé  en  i85i  par  N'erdeil  et 
Hisler  et  préconisé  depuis  successivement  par  M.  Scblo3sing  fils  et  par 
M.  A.  Mitsclierlicb  (Konigsberg),  est  capable  de  renseigner  pratiquement 
sur  les  besoins  du  sol  en  tels  ou  tels  principes  fertilisants.  A  cet  effet  nous 
avons  analysé  les  terres  d'un  certain  nombre  de  prairies  naturelles,  où  la 
Station  agronomique  fédérale  de  Lausanne  (Suisse)  avait  expérimenté 
l'action  des  engrais  phospbatés  et  potassiques. 

D'une  part,  nous  y  avons  dosé  la  potasse  soluble  dans  l'acide  cblorby- 
dri(|ue  concentré  froid  après  'i^^  lieures  de  contact  (procédé  Petermann); 
d'auUe  part,  la  potasse  soluble  dans  l'eau  saturée  de  gaz  carl)oni(pie  aux 
température  et  pression  ordinaires,  soit  par  agitation,  soit  par  déplacement; 
puis  nous  avons  comparé  les  résultats  de  r,analyse  avec  les  chiffres  expri- 
mant l'inlluence  de  l'engrais  potassique  sur  les  rendements  en  fourrage  sec 
à  riieclare. 

i"  Procède  par  agilalion.  —  Lu  poids  de  terre  fine  correspondant  à  So*^ 
de  terre  sèche  était  soumis  à  l'agitation  continue  dans  "loo*^™'  d'eau  carbo- 
nique pendant  lo  heures  consécutives.  Du  liquitle  filtré,  on  prélevait 
4oo™'  =  'il^^  de  terre  qu'on  évaporait  à  sec  dans  une  capsule  de  platine  (la 

(')   l'i'ésenlée  dans  tn  séance  du  -  mais   i()iii. 


SÉANCE    DU    1 '(    MAHS    1910.  717 

porcelaine  (m  le  verre,  cédant  à  leau  des  alcalis,  doivent  être  proscrits). 
Après  calcination  modérée,  extraction  par  Tacide  chlorhydrique,  transfor- 
mation des  sulfates  en  chlorures  et  insolubilisation  de  la  silice,  le  résidu  sec 
pouvait  servir  immédiatement  au  dosage  de  la  potasse  sous  forme  de  noir 
de  platine  (en  réduisant  le  clioroplatinale  par  Facide  formique). 

•.i°  Procédé  par  déplacement  on  lessivage  continu.  —  Plus  conforme  à  ce 
qui  se  passe  en  réalité  dans  le  sol  en  place  après  de  fortes  pluies.  Un  poids 
de  terre  fine  correspondant  à  loo**  de  terre  sèche  était  tassé  dans  une  allonge 
maintenue  verticale  et  bouchée  au  bas  par  un  tampon  de  ouate  bien  pressée 
faisant  l'office  de  filtre.  La  terre  était  maintenue  en  place  par  un  autre 
tampon  de  ouate  placé  dessus,  puis  on  y  versait  l'eau  carbonique  par  petites 
portions  jusqu'à  ce  qu'on  obtint,  dans  le  flacon  placé  sous  l'allonge,  un 
volume  de  solution  claire  égal  à  iiioo""  (  volume  proportionnel  à  la  quan- 
tité d'eau  tombée  à  Lausanne  pendant  la  période  de  végétation  amuielle). 
Pour  le  dosage  de  la  potasse,  on  prélevait  Soo""'  =^  20"  de  terre,  qu'on 
évaporait  et  traitait  comme  ci-dessus. 

Voici  maintenant  les  résultats  de  l'analyse,  comparés  à  l'inlluence  pro- 
duite par  l'engrais  potassique  sur  les  rendements  : 


I.  II. 

Localilés.  INalure  du  sol. 

Hit'ie Argilo-siliceux  liumiffic 

l'alozieiiN Argileux 

Val-d'Illiez Argileux 

Ollon Vigilo-calcaire  hiiniiCL'i  c 

Savigny Silico-argileux 

liaulmes Aigilo-siiiceiix 

Colloiiibey  (')..  Limoneux  siiico-caldiiie 

iNovalles Argilo-siliceux 

Rarogne Limoneux  luimifère 

Allanian Ârgilo-calcaire 

Longeville Argilo-siliceux 

Serix Argilo-siliceux 


(')   Sol  riche  en  uilcas  potassiques  (i5  à  20  pour  100). 

('-)  Les  chilTres  de  la  série  VI,  plus  faibles  que  ceux  de  la  série  V,  s'expliquent  par 
le  fait  que  la  teire,  agitée  dans  Teau  carbonique,  forme  en   premier  lieu  ilu  bicarbo- 


Inllticiicr 

l'oL.lsSC 

— 

l'uLassc 

(le  kl 

S(,lllblc 

l'olassc 

solublc 

pelasse      . 

ilaiis  l'ucidi- 

soliii)lc 

eau  cari). 

sur  les 

clil..,l,v- 

caii  rarb.. 

agita- 

.■iHlctiionls. 

d.„|„e.     . 

Ii'|ilaceiiicnl. 

li„n(  =  ). 

iiuur  u 

Il,        „u,,r  liuo 

[Hiur  ilKlK 

+  3.', 

o,36 

0,090 

0 ,  06 

-h3i 

0,72 

0 , 1 0  .'l 

0 ,  09 

-H2.J 

0,72 

0,110 

0,08 

H- 23 

» 

0,112 

» 

-r20 

0 1 7  J 

0,112 

0 ,  08 

-I-18 

1,1-1 

0, 1.53 

0 ,  09 

-f-Il 

0,73 

0,170 

l),ofJ 

-\-  3 

i,'4 

0,216 

0 ,  I  ,> 

—  2 

2,3 

o,3o9 

0,23 

—  3 

» 

0,216 

)> 

-  3,6 

1 .08 

0, 290 

0,24 

—  6 

2 , 1 

0,400 

0,29 

7l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(]oininc  on  pouvait  s'y  attendre,  il  n'y  a  guère  de  proportionnalité  entre 
les  doses  de  jiotasse  soluble  H  Cl  et  les  chiflVes  qui  expriment  l'efï'et  de  la 
fumure  potassique.  Ainsi  la  terre  de  IJaulmes,  où  l'engrais  potassique  a 
manifestement  agi,  se  trouve  être  plus  riche  en  potasse  soluble  H  Cl 
(i,i4  pour  looo)  que  la  terre  de  Longeville  où  son  effet  est  négatif 
(i  ,08  pour  1000).  En  revanche  les  doses  de  potasse  soluble  dans  Teau  carbo- 
ni([ue  forment  des  séries  croissantes,  V  et  VI,  sensiblement  inverses  de  la 
série  décroissante  111.  Autrement  dit,  plus  la  dose  de  potasse  soluble  dans 
Feau  augmente,  moins  l'effet  de  l'engrais  potassique  est  sensible. 

Au  point  de  vue  de  l'exécution,  c'est  le  procédé  par  agitation  qui  est  le 
plus  expéditif.  Sans  être  aussi  précis  que  l'autre,  il  indiquerait  néammoins 
déjà  suffisamment  si  une  terre  a  besoin  ou  non  d'engrais  potassique.  Le 
procédé  par  déplacement,  plus  lent,  est  en  revanche  plus  précis  et  surtout  il 
imite  mieux  celui  de  la  nature. 

De  ces  recherches,  quant  aux  sols  de  prairies  naturelles,  il  semble  légi- 
time de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

1"  Mieux  que  les  procédés  d'attaque  par  les  acides,  concentrés  ou  dilués, 
en  moins  de  temps  et  avec  moins  de  peine,  l'extraction  des  terres  par  l'eau 
carbonique  donnerait  une  mesure  de  la  potasse  assimilable  du  sol  sensible- 
ment conforme  aux  données  de  l'expérience  cullurale  ('  ). 

2"  Sauf  cas  exceptionnels  ("),  dans  les  terres  de  prairies  naturelles  qui 
dosent  moins  de  0,1 5  pour  1000  K^O  sol.  eau  carbonique  par  agitation  ou 
moins  de  0,20  pour  1000  par  déplacement,  on  peut  s'attendre  à  un  effet 
sensible  de  l'engrais  potassique  répandu  en  plus  de  l'engrais  phosphaté 
nécessaire.  Dans  les  terres  plus  riches,  les  fumures  potassiques  produiraient 
peu  d'effel,  du  moins  tant  qu'on  n'épuise  pas  la  réserve  de  potasse  assimi- 
lable par  des  fumures  incomplètes. 

'■\"  Les  terres  plus  ou  moins  calcaires  livrent  proportionnellemcnl  un  peu 
moins  de  potasse  à  l'eau  carbonique  que  les  sols  non  calcaires. 

4"  Contrairement  à  une  opinion  courante,  ce  ne  sont  pas  toujours  les 

nale  de  c1kui\  qui  établit  bieiilùl  réqiiilil)ie  de  fatuialloii  et  contrarie  ainsi  la  disso- 
lution de  la  potasse.  Il  est  bien  entendu  qu'il  faut  opérer  une  série  d'extractions 
successives  pour  épuiser  le  stock  de  potasse  soluble,  Nous  nous  bornons  à  une  seule 
pour  des  raisons  pratiques. 

(')  Nous  avons  également  obtenu  ainsi  des  dosages  d'acide  plios|ilioi  ique  en  liar- 
inonie  avec  Fedet  des  engrais  phosphatés. 

(-)  Terres  riches  en  micas  potassiques;  terres  fortement  calcaires,  sols  placés  dans 
des  conditions  anormales  d'aération  et  de  drainage. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  71g 

terres  argileuses  qui  sont  le  mieux  pourvues  de  potasse.  Certaines  terres 
légères  se  montrent  parfois  plus  riches.  Ainsi  les  terres  fortes  de  Palézieux, 
Val-d'Illiez,  Savigny  et  Baulmes  se  montrent  reconnaissantes  de  la  fumure 
potassique  qui,  sur  la  terre  légère  de  Rarogne,  n'a  produit  aucun  effet. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Étude  expérimentale  des  coinhuslions  inlra- 
organiques  chez  les  animaux  respirant  de  l'air  progressivement  appauvri 
en  oxygène  et  des  procédés  de  défense  naturels  de  l'organisme  contre 
l anoxyhémie.  Note  de  M.  J.  Tissor,  présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

J'ai  indiqué,  dans  des  Notes  antérieures,  les  résultats  que  j'ai  obtenus  en 
étudiant  les  effets  de  la  diminution  de  tension  de  l'oxygène  de  l'air  sur  l'or- 
ganisme animal,  à  la  pression  barométrique  normale.  J'avais  effectué  mes 
expériences  en  faisant  respirer  à  des  animaux  des  mélanges  d'oxygène  et 
d'azote  comprimés  à  iSo''^'"'  et  contenant  8  à  20,9  pour  loo  d'oxygène. 
N'ayant  pu  me  procurer  ces  mélanges  avec  une  proportion  d'oxygène  con- 
venable et  inférieure  à  8  pour  100,  j'ai  continué  mes  expériences  en  faisant 
respirer  trois  fois  de  suite,  à  mes  animaux,  un  mélange  gazeux  contenant  au 
début  7,9  pour  100  d'oxygène.  Ce  mélange  en  pénétrant  pour  la  deuxième 
fois  dans  le  poumon  ne  contenait  plus  que  5,5  pour  100  environ  d'oxygène, 
et  la  troisième  fois  4  pour  100.  L'acide  carbonique  exhalé  qui  s'accumule 
dans  le  mélange  n'apporte  aucun  trouble  aux  expériences,  car  les  résultats 
numériques  qui  suivent  montrent  que  le  sang  artériel  contient  moins  d'acide 
carbonique  qu'à  l'état  normal,  grâce  à  l'effet  habituel  d'un  accroissement 
notable  de  la  ventilation  pulmonaire. 

Dispositif  expérimental.  —  Le  mélange  gazeux,  à  expérimenter  et  que  Tanimal 
inspire  est  enfermé  dans  un  gazomètre  à  compensation  automatique  d'une  extrême 
sensibilité. 

L'animal  refoule  ce  mélange,  à  l'expiration,  dans  un  deuxième  gazomètre  de  même 
capacité  et  également  sensible.  La  pression  de  l'air  soit  à  l'inspiration,  soit  à  l'expira- 
tion conserve  la  valeur  qu'elle  possède  dans  les  conditions  de  la  respiration  normale. 
Le  passage  des  gaz  du  premier  spiromètre  dans  le  poumon  et  du  poumon  dans  le 
deuxième  spiromètre  s'eftectue  par  l'intermédiaire  d'un  système  de  soupapes  inspira- 
trice et  expiratrice  adapté  à  un  masque  ètanclie  qui  se  fixe  sur  le  museau  de  l'animal 
et  ne  modifie  pas  les  conditions  normales  de  la  respiration.  La  valeur  des  combustions 
intraorganiques  a  été  appréciée  par  une  double  analyse  de  l'air  inspiré  et  de  l'air 
expiré  avec  mesure  du  débit  respiratoire.  Il  a  été  fait  chaque  fois,  au  même  instant,  un 
prélèvement  pour  une  analvse  des  gaz  du  sang  veineux  et  du  sang  artériel.  Voici, 
C.  R.,  1910,  !«■  Semestre.  (T.  150,  N»  11.)  9^> 


720  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

comme   exemple,   les   résultats   obtenus  dans    une   expérience  effectuée  sur  un  chien 
(le  aSi-o-  : 

Mesure  de  la  valeur  des  combustions  respiratoires. 

Coiiiposilion  l'ression  Acide 

du  baro-  Oxygène  carbunique 

mélange  inhalé  inéliiqiie  Altitude  Débit  consommé  exhalé 

(pour  100).  ("J.  (').  respiratoire,      par  minute.  par  minute, 

uim  m  I  cm'  cra" 

.\ir  ordinaire 760  o  4io8  129,4  'o3,9 

Oxygène  7,9;  azoïe  92 ,1 ..  .  291  7(380  8,48  i58  174 
Oxygène  5 ,  .19  ;  azote  91 ,  68  ; 

acide  carbonique  2 ,73 ..  .  204  loSai  '';77  '62  i3o 
Oxygène  4j  1 1  ;  azote  91 ,75; 

acide  carbonique  4i  i4  ••  •  '49  i3o34  i5j95  121  117 

Gaz  contenus  dans   loo*^'"'  de  sang  arlériid  et  de  sang  veineux. 

_^ Mélange  à 

7,9  pour  ion  5, .5!)  pour  100  i.ll  pour  100 

Air  ordinaire  d'oxygène.  d'oxygène.  d'oxygène. 

.Sang  Sang  Sang  Sang  Sang  Sang  Sang  Sang 

artériel,  \eineux.  artériel,  veineux,  arlériel.  veineux,  artériel,  \eineux. 
Volume     total    de 

gaz 76,08  75, a5  58,76  59,55  56,58  55, 21  54, 11  54,65 

,\cide  carbonique.     Sa,  11  56,56  45,22  5o,83  45,94  48,62  44)6o  48,90 

Oxygène 21, 8r  16, 52  11, 85  7,11  8,65  4,58         7,72  3,95 

Azote 2,16  2,17  1,69  1,61  >,99  2,01          ',79  1,80 

Ces  résultats  permettent  de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 
1°  Lorsque  la  proportion  d'oxygène  de  l'air  inspiré  décroît  jusqu'à  4 
pour  100,  la  ventilation  pulmonaire  tend  à  compenser  cette  diminution  par 
un  accroissement  à  peu  près  proportionnel  du  débit  respiratoire.  La  pro- 
portion d'oxygène  contenu  dans  l'air  inspiré  étant  5  fois  moindre  (4  pour  100 
au  lieu  de  20,9  pour  100)  le  débit  respiratoire  devient  à  peu  près  5  fois 
plus  considérable  (17',')  par  minute  au  lieu  de  3',(),  débit  normal  pour  une 
moyenne  de  deux  e.vpériences). 

2"  Lorsque  la  proportion  d'oxygène  de  l'air  inspiré  décroit  jusqu'à  j,  "i 
pour  100  la  quantité  totale  d'oxygène  consommée  pai'  l'organisme  s'accroît 
progressivement  par  suite  d'une  augmentation  du  travail  physiologique  et 
notamment  d'une  augmentation  du  travail  des  muscles  respiialoires.  Dès 
que  la  proportion  d'oxygène  décroît  au  delà  de  5,  >  pour  100,  la  consoinma- 

(')  Altitude  et  pression  barométrique  pour  lesquelles  la  tension  de  l'oxygène  de  l'air 
atmosphérique  est  la  même  que  clans  les  mélanges  gazeux  inhalés. 


SÉANCE   DU    l4    MARS    1910.  72 1 

lion  d'oxyg'ènc  cesse  de  croître,  puis  s'abaisse  rapidement,  les  moyens  de 
défense  naturels  contre  l'anoxyhémie  devenant  impuissants  à  combattre 
l'insuffisance  de  l'apport  d'oxygène  aux  tissus. 

3°  Le  besoin  supplémentaire  d'oxygène,  créé  par  l'augmentation  du  travail 
pliysiologique,  paraît  être  à  peu  près  satisfait  tan  t  que  la  proportion  d'oxygène 
de  Fair  inspiré  ne  s'abaisse  pas  au-dessous  de  8  pour  100  à  9  pour  100  environ, 
c'est-à-dire  tant  que  la  tension  de  ce  gaz  ne  s'abaisse  pas  au-dessous  de  celle 
qu'il  possède  à  l'altitude  de  7000™  ou  7  loo™.  Si  elle  s'abaisse  au-dessous  de 
cette  valeur,  l'accroissement  du  travail  des  muscles  respiratoires  n'est  plus 
accompagné  d'un  accroissement  suffisant  de  la  quantité  totale  d'oxygène 
consommée.  Donc,  dès  ce  moment  l'organisme  est  en  déficit  d'oxygène.  Ce 
déficit  s'accroît  progressivement;  sa  progression  est  très  rapide  dès  que 
la  proportion  d'oxygène  de  l'air  inspiré  tombe  au-dessous  de  5,5  pour  roc 
à  6  pour  100. 

4°  La  comparaison  des  proportions  des  gaz  contenues  dans  le  sang  veineux 
et  le  sang  artériel  montre  que  le  système  circulatoire  intervient  pour  com- 
penser les  elîets  de  la  diminution  de  la  proportion  d'oxygène  dans  le  sang- 
artériel.  L'écart  entre  les  proportions  d'oxygène  du  sang  artériel  et  du  sang 
veineux  qui  est  de  5™°,  6  pour  100"°' de  sang,  par  exemple,  à  l'état  normal, 
diminue  jusqu'à  3™',  8  à  mesure  que  la  proportion  d'oxygène  de  l'air  inspiré 
décroît  jusqu'à  4  pour  100.  L'accroissement  de  la  consommation  totale 
d'oxygène  de  l'organisme,  à  mesure  (jue  la  proportion  d'oxygène  de  l'air 
diminue,  démontre  qu'il  se  produit  une  accélération  corrélative  de  la  circu- 
lation du  sang  résultant  très  probablement  et  au  moins  en  partie,  d'une 
augmentation  du  travail  du  cœur.  Il  y  a  donc  là  un  deuxième  moyen  de 
défense  de  l'organisme  contre  l'anoxyhémie,  entraînant  une  augmentation 
du  travail  physiologique  et  de  la  consommation  d'oxygène. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Influence  des  glandes  génitales 
sur  la  glycogénie.  Note  de  M.  F.  3Iaigxo\,  présentée  par 
M.  A.  Chauveau. 

Dans  des  recherches  antérieures,  effectuées  sur  le  chien,  nous  avons 
montré  que  le  glycogène  musculaire  subit  des  variations  quantitatives 
importantes  aux  différentes  époques  de  l'année.  Les  courbes  de  cinq  années 
consécutives,  donnant  les  variations  mensuelles  du  glycogène  dans  les 
muscles  biceps  fémoraux  du  chien,  ont  toutes  la  même  allure  générale  :  elles 


^22  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

présentent  un  premier  maximum  au  printemps  (mars),  un  second  moins 
important  à  Tautomne  (novembre)  et  un  minimum  au  moment  des  fortes 
chaleurs  (juillet,  août). 

Des  recherches  semblables  effectuées  en  1908  et  1909  sur  des  cobayes, 
des  pigeons  et  des  carpes,  nous  ont  donné  des  résultats  analogues;  chez  tous 
ces  animaux,  il  se  produit  une  poussée  glycogénique  importante  au  printemps. 

Dans  ces  dernières  expériences,  nous  avons  établi  des  courbes  de  varia- 
tions distinctes  pour  les  mâles  et  les  femelles,  et  constaté  que\  chez  le  cobaye  et 
la  carpe,  les  muscles  des  mâles  sont  constamment  plus  riches  en  glycogéne  que 
les  muscles  des  femelles.  L'écart  existant  s'accentue  au  moment  des  poussées 
glycogéniques  du  printemps  et  de  l'automne,  les  mâles  paraissent  donc  plus 
fortement  influencés  par  les  saisons  que  les  femelles. 

Dans  des  recherches  plus  récentes,  nous  nous  sommes  proposé  d'étudier 
le  mécanisme  de  ces  influences  saisonnières.  Il  ne  saurait  être  question  dé 
température,  car  des  cobayes  maintenus  en  hiver  dans  une  couveuse  à  25° 
ou  3o°,  pendant  trois  semaines,  renfermaient  dans  leurs  muscles  autant  de 
glycogéne,  si  ce  n'est  plus,  que  les  animaux  témoins. 

Nous  avons  vu  précédemment  que,  chez  le  cobaye  et  la  carpe,  le  sexe 
influençait  la  glycogénie  ;  nous  savons  d'autre  part  que  l'activité  des  glandes 
génitales  est  très  variable  aux  diverses  époques  de  l'année,  et  il  est  à  remar- 
quer que  c'est  précisément  au  printemps,  au  moment  de  la  suractivité  de 
ces  glandes,  que  l'on  observe  la  poussée  glycogénique  la  plus  importante,  au 
point  que  nous  nous  sommes  demandé  si  l'influence  des  saisons  sur  la  gly- 
cogénie ne  s'exercerait  pas  par  l'intermédiaire  des  testicules  et  des  ovaires. 

Ainsi,  nous  avons  été  amené  à  étudier  de  plus  près  l'influence  des  glandes 
génitales  sur  celte  fonction. 

Dans  ces  expériences,  qui  ont  porté  sur  le  cobaye,  nous  avons  eu  recours 
à  la  castration  et  aux  injections  de  suc  testiculaire. 

a.  Effets  de  la  castration.  —  Nous  donnons  ci-après  les  moyennes  de 
plusieurs  expériences  : 

Glycogéne 

contenu 

clans  20e  de  muscle. 

(   Cobayes  mâles  non  castrés i65 

I.     I  Cobayes  mâles  castrés 142 

(   Cobayes  femelles  castrées i^a 

Cobayes  femelles  non  castrées 1  Sa 

Cobayes  femelles  castrées i3o 

11  résulte  de  ces  expériences  que  la  castration  opérée  sur  des  cohayes  mâles 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  728 

a  pour  effet  d'abaisser,  d'une  manière  très  sensible,  la  teneur  des  muscles  en 
glycogêne,  et  de  niveler  ainsi  l'écart  existant  entre  les  deux  sexes.  Chez  les 
femelles,  le  glycogène  musculaire  ne  semble  pas  sensiblement  influencé  par 
cette  opération. 

b.  Effets  des  injections  de  suc  testiculaire.  —  Ayant  constaté  les  eff'ets  de 
la  castration  sur  la  glycogénie,  nous  nous  sommes  demandé  quels  seraient 
ceux  de  l'opération  inverse  :  l'injection  de  suc  testiculaire. 

Préparation  du  suc  testiculaire.  —  Les  deux  testicules  d'un  cobaye,  prélevés  dans 
des  conditions  aussi  aseptiques  que  possible,  sont  découpés  en  menus  fragments  dans 
10"^'"'  de  glj'cérine  neutre  stérilisée.  Après  24  heures  de  contact  on  décante  et  l'on  étend 
d'un  volume  égal  d'eau  distillée  stérilisée. 

Injection.  —  Nous  avons  injecté,  sous  la  peau  de  la  face  interne  de  chaque  cuisse, 
1*^"''  du  mélange  précédent.  Ces  injections  étaient  faites  deux  jours  consécutifs  vers  S"" 
du  matin  et  l'animal  sacrifié  pour  le  dosage,  le  deuxième  jour  vers  a"". 

Nous  donnons,  dans  le  Tableau  suivant,  les  moyennes  des  diverses  expé- 
riences, portant  chacune  sur  plusieurs  animaux  : 

Glycogène  contenu  dans  ao»  de  muscle. 

III.  IV.  V.  VI. 

Cobayes  mâles  injectés aSô"»  ai4"°  208°°»  igô^s 

Cobayes  mâles  témoins 207™s  laS^s  i87™s  i65"e 

VII.  VIII. 

Cobayes  femelles  injectées iSg™?  124°'^ 

Cobayes  femelles  témoins .  ....      i6i'"s  i32™s 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  les  injections  de  suc  testiculaire  déterminent 
chez  les  cobayes  mâles  une  augmentation  notable  du  glycogène  musculaire, 
tandis  que  les  femelles  ne  sont  pas  influencées. 

La  poussée  glycogcnique  consécutive  aux  injections  est  immédiate,  elle 
se  fait  sentir  dès  le  lendemain,  mais  elle  n'est  pas  persistante;  chez  des 
cobayes  tués  6  jours  après  la  dernière  injection,  le  glycogène  musculaire 
était  déjà  revenu  à  son  taux  normal,  il  n'existait  plus  de  différence  avec  les 
témoins. 

Ces  mêmes  injections  effectuées  sur  des  cobayes  mâles  castrés,  ne  produisent 
aucune  modification  du  glycogène  musculaire  ;  la  poussée  obtenue  chez  les 
non  castrés  est  donc  le  résultat  d'une  stimulation  de  l'activité  testiculaire 
produite  par  l'injection. 

Il  résulte  de  toutes  ces  expériences  que  les  glandes  génitales  influencent 
manifestement  la  glycogénie. 


724  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  faut  nous  demander  maintenant,  si  les  saisons  n'influencent  pas  d'une 
manière  directe,  la  nutrition  des  tissus,  en  dehors  de  l'action  qui  s'exerce 
par  l'intermédiaire  des  glandes  génitales.  Dans  ce  but,  nous  avons  recherché 
si,  chez  les  cobayes  castrés,  la  glycogénie  est  soumise  à  des  variations 
saisonnières. 

Le  Tableau  suivant  nous  donne  les  résultats  de  cette  expérience  : 

Glycogène 
contenu  dans  20E  de  muscle. 

Mâles  non  caslrés.  Mâles  castrés. 

ing  mg 

Mars 1 59  128 

Avril 1 54  121 

Mai 189  173 

Juin 166  i3i 

Septembre ifiS  I42 

Nous  voyons  d'après  ces  résultats  que  les  cobayes  mâles  castrés  subissent 
encore  une  poussée  glycogénique  importante  au  mois  de  mai. 

Les  saisons  exercent  donc  sur  la  glycogénie  une  double  influence  :  une 
influence  indirecte,  par  l'intermédiaire  des  glandes  génitales,  et  une  influence 
directe  sur  la  nutrition  des  tissus.  Le  mécanisme  de  cette  dernière,  encore 
à  déterminer,  est  probablement  en  rapport  avec  des  phénomènes  cosmiques 
sur  la  nature  desquels  il  serait  intéressant  d'être  fixé. 

PHYSIOLOGIE.  —  Contribution  à  l'élude  de  l'audition  et  de  son  développement 
par  les  vibrations  de  la  sirène  à  i^oyelles.  Note  de  M.  Ranjard,  présentée 
par  M.  Yves  Delage. 

L'emploi  de  la  sirène  à  voyelles,  inventée  par  M.  Marage,  ne  constitue  pas 
seulement  la  méthode  la  plus  rapide  et  la  plus  sûre  pour  développer  l'au- 
dition et  mesurer  l'acuité  auditive,  mais  encore  il  permet,  par  l'analyse 
même  de  ses  résultats,  de  déterminer  expérimentalement  un  certain  nombre 
de  points  de  la  physiologie  du  sens  de  l'ouïe. 

Ma  statistique  personnelle,  confirmant  celle  de  M.  Marage,  doime  une 
proportion  moyenne  de  75  succès  sur  100  malades  traités.  Si  nous  élimi- 
nons a  yjn'o/v' les  20  pour  100  d'échecs,  c'est-à-dire  les  cas  où  le  dévelop- 
pement de  l'audition  est  insuffisant  pour  être  constaté  pratiquement,  nous 
pourrons  diviser  les  résultats  positifs  obtenus  de  la  façon  suivante  : 

1"   Un  certain  nombre  des  >ourds  traités  avec   succès  (60  pour  100)  acquièrent  une 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  725 

audilion  normale  bilatérale  (38  pour  100)  ou  unilatérale  (22  pour  100),  c'est-à-dire  une 
audition  sinon  très  fine,  d\\  moins  leur  permettant  de  suivre  sans  effort  une  conver- 
sation générale,  une  conférence,  une  pièce  théâtrale,  un  concert.  Quand  leur  infir- 
mité date  de  quelques  années  et  n'a  pas  été  très  prononcée,  il  est  impossible,  une  fois 
le  résultat  acquis,  de  deviner  qu'ils  ont  été  sourds.  Mais  lorsqu'il  s'agit  d'Iiypoacousie 
très  prononcée  et  ayant  duré  10,  20  ans  au  plus,  les  individus  traités,  bien  que  n'étant 
plus  sourds,  gardent  l'habitude  de  l'être.  Celte  habitude  se  traduit  par  des  troubles  de 
l'attention  sous  ses  deux  formes  :  il  y  a  hypertrophie  de  l'attention  spontanée  mise  en 
éveil  constamment  par  les  sons  que  le  malade  n'entendait  plus  et  dont  il  ne  sait  plus 
évaluer  et  proportionner  l'intensité  et  l'importance;  c'est  une  sorte  rfV'6/o«j.we/wen< 
auditif  parîoh  gênant  au  début. 

Il  y  a  aussi  atrophie  de  l'attention  volontaire,  le  sourd  ayant  pris  l'habitude  de 
faire  abstraction  des  sons  qu'il  entend  mal. 

Ces  troubles  disparaissent  peu  à  peu. 

2°  Certains  sourds  arrivent  à  entendre  bien  la  parole  sans  entendre  beaucoup 
mieux  qu'avant  la  musique  et  les  bruits  :  pratiquement  le  résultat  est  très  satisfaisant; 

3°  J'ai  observé  dans  deux  cas  une  amélioration  de  l'audition  pour  les  voyelles  sen- 
lement,  les  consonnes  ne  pouvant  être  distinguées  ; 

4°  33  pour  100  de  mes  malades  ont  tiré  un  bénéfice  pratique  des  exercices  acous- 
tiques sans  arriver  à  la  normale,  certains  ne  conservant  qu'une  très  légère  dureté 
d'ouïe; 

5°  J'ai  observé  4  sourds  qui  sont  parvenus  à  entendre  bien  la  voix,  la  musique  et 
les  bruits  en  tant  que  sons,  sans  comprendre  le  sens  de  la  parole.  Ces  faits  déjà  décrits 
par  M.  Marage  (')  sont  le  résultat  d'une  lésion  du  centre  de  la  compréhension  des 
mots.  Cette  surdité  peut  être  uni-  ou  bilatérale,  reliquat  méningitique  ou  témoin  d'une 
dégénérescence  nerveuse  à  point  de  départ  clique. 

6°  Enfin  dans  un  cas  de  surdimutité  congénitale,  je  n'ai  pu  développer  que  l'audition 
pour  les  bruits,  à  l'exclusion  des  deux  autres. 

Conclusions.  —  I.  Considéré  dans  son  ensemble,  le  sens  de  Touie  est 
un  phénomène  physio-psycliologique  qu'on  peut  diviser  en  plusieurs  étapes 
ou  phases  : 

1°  Le  son  est  recueilli  par  le  pavillon  et  le  conduit  auditif  externe  (appa- 
reil collecteur). 

1"  La  vibration  sonore  est  transmise  par  le  tympan,  les  osselets,  la 
fenêtre  ovale,  les  milieux  labyrinthiques,  la  membrane  de  Corti  (appareil de 
transmission  mécanique)  jusqu'aux 

3"  Cellules  de  Corti  qui  l'enregistrent  en  tant  que  modifications  de 
pression,  et  dont 

4"  L'impression  est  transmise  par  le  nerf  auditif  (f/'a^^mmion  nerveuse)  aux 

5"  Centres  de  sensation  du  son.  Ces  centres  sont  multiples  et  il  en  existe 

(')  Comptes  rendus,  22  février  1904,  6  et  i3  novembre  1903. 


726  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

probablement  un  pour  chaque  genre  de  son  (voix,  musique,  bruit).  Ce 
fait  n'a  pu  être  révélé  parl'anatomie  normale  ou  pathologique,  mais  semble 
prouvé  par  les  observateurs  précédents,  qui  confirment  celles  de  M.  Ma- 
rage('). 

6"  Ces  centres  sont  en  connexion  avec  d'autres  plus  élevés  qui  président 
à  la  compréhension  de  l'impression  sonore  reçue  (perception  auditive).  Leur 
fonction  est  condition  et  dépendance  de  phénomènes  psychologiques  purs  : 
attention,  mémoire,  etc. 

II.  Les  vibrations  de  la  sirène  à  voyelles  ont  une  action  accessoire  sur 
l'appareil  de  transmission  mécanique  (massage  vibratoire).  Elles  ont  une 
action  prépondérante  sur  la  fonction  des  centres  de  la  sensation  auditive, 
qu'elles  développent  en  totalité  ou  en  partie,  cette  action  étant  prédominante 
sur  l'audition  correspondante  (parole),  ou  sur  l'audition  la  plus  respectée 
en  cas  de  lésions  centrales.  Il  est  impossible  de  déterminer  quant  à  présent 
si  cette  action  est  le  résultat  de  l'hypertrophie  des  cellules  nerveuses 
soumises  à  un  travail  exagéré  et  répété,  ou  à  l'accroissement  numérique  de 
ces  éléments. 


PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  la  radioactivité  persistante  de  i  organisme 
résultant  de  l'injection  intraveineuse  d\in  sel  de  radium  insoluble  et  sur  ses 
applications.  Note  (-)  de  MM.  H.  Dominici,  G.  Petit  et  A.  Jaboiv, 
transmise  par  M.  Bouchard. 

Il  résulte  d'une  Note  du  18  mai  1908  {''),  que  le  sulfate  de  radium,  intro- 
duit dans  l'organisme  des  animaux  ou  de  l'homme,  se  fixe  dans  les  tissus  et 
y  séjourne  très  longtemps,  jusqu'à  i  an  et  demi  et  plus,  d'après  les  consta- 
tations récentes  (^)  qui  sont  venues  élargir  les  premières  conclusions. 

MM.  Jaboin  et  Beaudoin  ont,  d'autre  part,  étudié  le  mode  d'élimination 
du  bromure  de  radium  soluble,  administré  par  la  voie  digestivc  ("),  qui 
met  4  ou  :")  jours  à  disparaître. 


(')  Comptes  rendus,  12  octobre  1908. 
^')  Transmise  dans  la  séance  du  7  mars  1910. 
(')  DoMi.Nici  et  Faurk-Beauliec,  Comptes  rendus,  18  mai  1908. 
(')  DoMiMCi  et  Faure-Beaui.iel',  Société  de  Biologie,  séance  du  8  janvier  1910. 
(°)  .Iaboin  et  Beaudoin,  Société  de  Pharmacie  de  Paris,  séance  du  29 juillet  igt 
Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  i'''"  janvier  1909. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  727 

Pour  conférer  à  l'organisme  une  radioactivité  durable,  il  convient  de 
recourir  de  préférence,  comme  l'ont  fait  expérimentalement,  chez  le  lapin, 
Dominici  et  Faure-Beaulieu,  à  un  sel  de  radium  insoluble,  et  d'utiliser  la 
voie  intraveineuse. 

Nous  nous  sommes  livrés  à  des  expériences  sur  le  cheval.  Le  12  juil- 
let 1909,  nous  avons  injecté  dans  la  veine  jugulaire  droite  d'un  cheval 
âgé,  en  bon  état,  un  milligramme  (mille  micro gramm,es)  desulfate  de  radium 
insoluble  préparé  par  Jaboin  en  application  du  procédé  de  Dominici  et 
Faure-Beaulieu,  et  dilué  dans  environ  aSo""'  de  sérum  physiologique. 

Cette  injection,  dans  le  sang,  d'une  dose  relativement  forte  de  radium  a 
été  supportée  sans  inconvénient  par  le  cheval,  qui  n'a  manifesté  aucun  ma- 
laise pendant  et  après  l'expérience,  ce  qui  est  conforme  à  ce  qu'on  savait 
de  l'innocuité  des  injections  intra-veineuses  des  sels  de  radium  insolubles, 
même  à  des  doses  relativement  importantes.  Bien  plus,  le  radium  semble 
avoir  exercé  une  influence  favorable  sur  la  nutrition  et  l'état  général  de  ce 
cheval,  dont  le  poids  s'est  élevé  du  chifTre  primitif  de  38o'''''  à  4 1  o'^'^'. 

Les  analyses  successives  de  l'urine,  recueillie  avec  un  urinai  spécial,  ne 
nous  ont  montré  que  des  variations  insignifiantes  de  la  teneur  en  urée  qui, 
de  18''', 07  par  litre  au  préalable  s'est  élevée  à  2os,./(  le  1 3  juillet,  pour  se 
maintenir  à  un  chiffre  voisin  les  jours  suivants. 

Mais  le  problème  le  plus  intéressant  était  celui  concernant  la  radioactivité 
des  excréta,  qui  a  été  mesurée  au  moyen  du  quartz  piézo-électrique  de  Curie. 

L'émanation  contenue  dans  l'urine,  mesurée  un  jour  après  les  prises,  a  donné  res- 
pectivement les  résultats  suivants  : 

'déc. 


Datedes  prises. . . 

i3  juin. 

i5  juin, 

,     3 1  juin. 

26  août 

2  sept. 

3  oct. 

Milligr.  minutes. 

3,8 

2 .  T 

',S 

1,6 

0,9 

0,5 

Ces  chitiVes  démontrent  bien  la  présence  d'émanation  dans  l'organisme,  maïs  il 
fallait  connaître  la  quantité  de  radium  qui  a  pu  s'éliminer. 

Le  premier  litre  de  l'urine  du  i5  juillet  a  été  scellé,  puis  ouvert  le  25  janvier  1910; 
l'émanation  produite  était  si  considérable  qu'il  a  été  impossible  de  la  mesurer;  le 
29  janvier  nous  avons  recueilli  l'émanation  produite  en  un  quart  d'heure  par  ce  litre 
d'urine,  elle  correspondait  à  un  poids  de  i5H-ô,i5  de  radium  éliminé.  L'émanation 
contenue  dans  l'urine  du  2  septembre,  scellée  le  n  novembre,  a  été  mesurée  le  26  jan- 
vier; nous  avons  trouvé  environ  ol^s,o33  par  litre,  soit  par  jour  J  de  microgramme  de 
radium  éliminé.  Le  i=''  décembre,  de  l'urine  avait  été  encore  recueillie;  la  recherche 
du  radium  a  été  négative,  même  après  i5  jours  de  présence  dans  un  vase  clos. 

Sang.  —  Le  lendemain  de  l'injection,  le  i3  juillet,  il  a  été  prélevé  i  litre  et  demi 
de  sang.  Le  sérum  a  été  enfermé  en  vase  clos;  au  bout  de  7  jours,  le  20  juillet,  il  a  été 
reconnu  actif. 

C.  R.,  1910,  :•■  Semestre.  (T.  150,  N"  11.)  97 


720  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

\  oici  quelques  mesures  d'émanation  du  sang  prélevé  à  des  dates  diverses  : 

iJales  Temps  écoulé  Milligrammes- 

des  prises  de  la  prise  miiiules 

de  sang.  à  la  mesure.  par    lilre. 

3o  juillet 3  o,o5 

2  septembre 4  o,  lo 

i"  octobre 2  o,o6 

Des  difficultés  de  transport  et  de  manipulation  ont  pu  faire  disparaître  une  partie  de 
Fémanatiou,  de  sorte  que  ces  chiflfres  ne  peuvent  être  donnés  que  comme  démonstra- 
tion de  la  radioactivité  du  sang.  Mais  il  importait  surtout  de  voirai  le  sang  conservait 
encore  sa  radioactivité  plusieurs  mois  après  et,  en  ce  cas,  d'y  déceler  la  présence  du 
radium. 

Le  29  novembre,  i  demi-litre  de  sang  a  été  prélevé;  la  mesure  de  l'émanation  a 
donné  24  heures  après  la  saignée,  au  quartz  de  Curie,  5os  en  i5  secondes,  soit 
o,332  mg  :  minute  par  litre,  correspondant  à  oi^s,28  par  litre.  Ce  même  sang,  après 
avoir  été  enfermé  en  vase  clos,  a  été  mesuré  le  27  décembre:  il  a  donné  5os  en  16  se- 
condes, cliilTre  du  même  ordre  de  grandeur  que  le  précédent.  Le  i4  janvier  1910,  un  e 
nouvelle  prise  d'un  litre  de  sang  n'a  pas  fait  constater  de  radioactivité  au  premier 
examen,  mais,  7  jours  après,  la  mesure  de  l'émanation  a  donné  .jok  en  22  secondes, 
correspondant  à  oW,  17  de  radium. 

Il  résulte  de  ces  expériences  que  l'injection  de  sel  de  radium  insoluble  a 
été  suivie  d'une  décharge  relativement  abondante,  mais  passagère,  de  ce 
sel,  après  laquelle  l'élimination  est  devenue  remarquablement  faible  en 
stiivant  une  progression  décroissante,  laissant  une  partie  du  sel  fixée  dans 
l'organisme.  La  radioactivité  de  cet  organisme  n'est  pas  encore  disparue 
[ilus  de  6  mois  après  l'injection.  C'est  la  démonstration  formelle  de  la 
radioactivité  persistante  du  sang,  partant  de  l'organisme  tout  entier,  con- 
sécutive à  l'injection  intraveineuse  de  sulfate  de  radium  insoluble. 

Conclusion.  —  Une  certaine  quantité  de  sulfate  de  radium  reste  donc  en 
circulation  dans  l'organisme  de  l'animal  ayant  servi  de  sujet  d'expérience. 

Ce  sel  de  radium  en  circulation  dégage  de  l'émanation  qui  difl'use  dans  le 
milieu  sanguin  et  se  laisse  ti^insporter  dans  toute  léconomie.  A  cette  source 
il  convient  d'ajouter  l'éinanation  qui  naît  des  particules  ii.xées  dans  les  dilfé- 
rents  tissus,  poumons,  foie,  etc.,  qui  en  sont  autant  de  foyers  producteurs. 

Il  est  logique  de  supposer  que  cette  diffusion  prolongée  d'émanation  est 
capable  d'agir  sur  la  constitution  intime  des  tissus  et  d'en  changer  la  phy- 
siologie. Ces  transformations  semblent  peu  accusées  chez  l'animal  normal, 
mais  elles  sont  susceptibles  de  modifier  les  tissus  et  liquides  organiques, 
notamment  le  sérum,  au  point  de  conférer  aux  premiers  une  résistance  et 
aux  seconds  des  propriétés  thérapeutiques  spéciales. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19IO.  729 

CHIMIE-PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les 
microorganismes  et  sur  différentes  cellules.  Etude  microchimique.  iSote 
de  M""  Cer.xovodeanu  el  M.  Victor  Henri,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

Les  rayons  ultraviolets  exerçant  une  action  bactéricide  très  intense,  nous 
nous  sommes  demandé  si  par  l'étude  microscopique  et  par  les  réactions 
microchimiques  on  ne  pouvait  pas  déceler  des  modifications  produites  dans 
les  microorganismes  par  ces  rayons. 

Technique.  —  Les  expériences  ont  été  faites  :  1°  sur  des  émulsions 
aqueuses  des  microorganismes;  2"  sur  des  préparations  desséchées  sur 
lame;  3°  sur  des  préparations  desséchées  et  fixées  par  la  chaleur  ou  par 
ralcool. 

On  recouvrait  une  moitié  de  la  lame  avec  un  carton  noir  ou  un  verre  et 
l'autre  moitié  avec  une  lame  en  quartz  et  Ton  exposait  ainsi  aux  rayons 
ultraviolets  émis  par  une  lampe  à  arc  de  mercure.  De  cette  façon  on  rendait 
les  conditions  d'aération,  de  température  et  de  coloration  absolument 
comparables  pour  les  parties  normales  et  celles  qui  avaient  subi  l'action  des 
rayons. 

Résultats.  —  i''  Examen  ultramicroscopique  à  l'état  frais.  —  l^n  faisant 
agir  les  rayons  sur  des  organismes  assez  gros,  tels  que  des  Paramécies  et 
sur  des  globules  blancs,  et  en  étudiant  l'aspect  à  Tultramicroscope  on  voit 
nettement  que  le  protoplasma  après  exposition  aux  rayons  devient  plus 
granuleux,  il  apparaît  bien  plus  brillant  à  Fultramicroscope.  In  changement 
d'aspect  absolument  de  même  genre  s'obtient  sur  l'albumine  d'œuf  el  sur 
les  albuminoïdes  du  plasma  sanguin  exposés  aux  ravons.  Ces  changements 
correspondent  à  un  commencement  de  coagulation. 

2°  Fixation  des  éléments  par  les  rayons  ultraviolets.  Les  microbes  et  les 
éléments  cellulaires  les  plus  différents  sont  fixés  lorsqu'on  les  expose  aux  rayons 
ultraviolets.  —  Nous  avons  observé  cette  fixation  pour  les  microbes  (U.  ty- 
phique,  B.  coli,  staphylocoque  doré,  streptocoque,  B.  charbonneux,  B.  té- 
tanique, B.  subtilis,  B.  de  la  phléole,  B.  tuberculeux),  les  spirilles  (de 
l'eau  et  de  la  syphilis),  les  amibes  (d'une  infusion  de  foin  en  culture  pure 
mixte),  les  trypanosomes  (Tr.  de  l'huître,  Tr.  de  la  souris-surra),  les  infu- 
soires  (Paramécies),  les  levures  (Sacch.  cerevisifo,  Sacch.  saturnus),  les 
globules  rouges  et  blancs  (sang  humain,  de  souris  et  de  grenouille)  et  un 
grand  nombre  de  frottis  d'organes. 


■73o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  fixation  par  les  rayons  ullraviolels  est  produite  seulement  par  les  rayons  qui 
traversent  le  quartz  et  qui  ne  traversent  pas  le  verre,  c'est-à-dire  qui  ont  moins  de 
3o2i  comme  longueur  d'onde.  La  fixation  est  localisée  très  exactement  aux  points  sur 
lesquels  tombent  les  rayons.  On  peut  le  montrer  très  nettement  pour  les  globules 
rouges.  En  elTel,  si  l'on  recouvre  par  un  écran  une  moitié  d'une  préparation  de  sang 
desséchée  qu'on  expose  aux  layous,  et  si  ensuite  on  met  sur  la  lame  une  goutte 
d'eau  distillée  on  voit  au  microscope  que  du  côté  exposé  les  globules  restent  absolu- 
n>ent  intacts,  tandis  que  du  côté  normal  il  y  a  hémolyse  immédiate.  A  la  limite  de 
séparation  on  trouve  des  globules  qui  sont  à  cheval  sur  la  limite  et  dont  seulement 
une  portion  a  été  atteinte  par  les  rayons;  on  voit  alors  que  seulement  cette  tranche  de 
globule  est  fixée;  on  peut  donc  ainsi  obtenir  la  fixation  seulement  d'une  portion  de 
globule, 

3°  Coloration.  Les  microbes  exposés  aux  rayons  ultraviolets  se  colorent 
plus  difficilement  par  toute  une  série  de  colorants.  —  Nous  avons  employé 
le  bleti  azur  II  (i  pour  looo  dans  l'eau),  la  rubine  S  (sattirée  dans  l'eau), 
l'éosine  (i  pour  loo  dans  l'eau),  le  violet  de  gentiane  (i  pour  loo  dans 
l'eau),  le  violet  de  gentiane  phéniqué,  la  thionine  phéniquée  et  le  ZiehI. 

Lorsque  l'action  des  rayons  est  prolongée,  on  n'arrive  plus  du  tout  à 
colorer  les  microbes.  Le  corps  microbien  apparaît  alors  comme  désagrégé, 
on  obtient  des  figures  de  bactériolyse. 

Ces  ciiangements  de  coloration  s'observent  aussi  bien  pour  les  microbes  exposés  en 
émulsion  dans  l'eau,  que  pour  les  préparations  sèches  non  fixées  ou  fixées  par  la 
chaleur. 

Pour  des  éléments  plus  gros,  tels  fine  des  globules  rouges  de  grenouille,  on  observe 
après  exposition  des  changements  de  eolorabilité  du  protoplasme;  ainsi,  par  exemple, 
le  bleu  azur  II,  colorant  très  peu  le  protoplasme  des  globules  normaux,  le  colore 
fortement  en  bleu  après  exposition  de  ces  glo])ules. 

Certains  éléments,  tels  que  des  spores  qui  normalement  ne  se  colorent  pas  par  les 
colorants  précédents,  sans  mordançage  préalable,  prennent  ces  colorants  directement 
après  exposition  aux  rayons. 

4"  Réaction  de  Grarh.  Les  microbes  qui  prennent  le  Gram  ne  le  prennent 
plus  après  l'action  des  rayons  ultraviolets .  —  Nous  avons  obtenu  ce  résultat 
(l'une  façon  absolument  constante  pour  les  microbes  suivants  :  B.  cbarbon- 
neux,  stapbylocoque,streptoco(jue,  B.  subtilis,  B.  tétanique,  B.  tuberculeux 
et  pour  les  levures. 

Le  résultat  est  le  même  lorsque  les  microbes  sont  exposés  en  émulsion 
ou  lorsqu'ils  le  sont  desséchés  sur  lame. 

Cette  perte  de  la  réaction  de  Gram  est  un  nouvel  argument  en  faveur  de 
l'action  directe  des  rayons  sur  les  microbes  ;  en  eilet,  l'eau  oxygénée  même 


SÉANCE   DU    l4   MARS    1910.  ySî 

en  concentration  forte  (-—  normale  pendant  7  heure)  ne  modifie  pas  la 
réaction  de  Gram. 

5°  Acido-résislance.  Les  microbes  de  la  tuberculose  et  de  la  pliléole perdent  la 
réaction  de  l'acido-résistance  après  l'exposition  aux  rayons.  —  Cette  perte  de 
l'acido-résistance  ne  s'obtient  que  si  l'on  expose  ces  microbes  à  l'état  sec.  Si, 
au  contraire,  on  fait  agir  les  rayons  sur  les  émulsions  aqueuses,  la  réaction 
d'acido-résistance  subsiste. 

En  résumé,  les  rayons  ultraviolets  produisent  dans  le  protoplasme  des 
transformations  chimiques  et  physiques  qui  modifient  complètement  toutes  les 
réactions  de  coloration.  Cette  action  des  rayons  est  bien  différente  de  celle  de 
la  chaleur.,  de  celle  de  l'eau  oxygénée  et  des  fixateurs  ordinaires. 


HISTOLOGIE.  —  Activité  de  la  gaine  de  myéline  dans  les  nerfs  en  état  de  survie. 
Note(')  de  M.  J.  IVageotte,  présentée  par  M.  Henneguy. 

Lorsqu'un  fragment  de  tissu  est  séparé  de  l'organisme  et  conservé  asep- 
tiquement  dans  un  milieu  convenable,  les  éléments  survivent  quelque  temps, 
puis  subissent  la  nécrobiose,  avant  que  se  produisent  les  phénomènes 
chimiques  de  l'autolyse  proprement  dite.  Pendant  la  période  de  survie,  qui 
ne  dépasse  guère  2 '4  heures  à  38°,  les  tubes  nerveux  se  segmentent  par  un 
procédé  identique  à  celui  que  j'ai  décrit  dans  la  dégénération  wallérienne; 
mais,  dans  le  nerf  séparé,  la  fragmentation  est  plus  rapide,  elle  commence 
dès  la  cinquième  heure. 

La  dégénéralion  du  nerf  séparé  permet  d'étudier  les  facteurs  qui 
l'influencent  ;  on  peut  constater  ainsi  que  l'activité  de  la  myéline  est  soumise 
aux  lois  qui  régissent  la  vie  en  général. 

La  segmentation  se  produit  dans  l'eau  salée  physiologique  aussi  bien  que  dans  le 
sérum  sanguin;  elle  évolue  à  la  température  ambiante  (Lapin,  Cobaye),  mais  le  séjour 
à  38°  l'active  beaucoup.  Presque  nulle  à  0°,  elle  est  supprimée  par  le  chaud'age  à  45°, 
par  les  solutions  liypotoniques  ou  hypertoniques  de  chlorure  de  sodium,  par  la  pri- 
vation absolue  d'oxygène,  par  l'acidité  ou  l'alcalinité  du  milieu  (acide-  organiques 
^  TûTU"'  soude  à  YôVir)-  Dans  une  solution  isoloriique  de  sulfate  de  soude,  elle  ne  se 
produit  pas;  les  poisons  l'empêchent,  lorsque  leur  concenlration  est  suffisante  :  bile 
à  -jL,  chlorhydrate  de  cocaïne  et  sulfate  de  strychnine  à  ,-L.,  sulfate  de  quinine  basique 
à  saturation,  eau  chloroformée  diluée  à  ^L. 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  7  mars  1910. 


7^2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

D'autre  part,   si  Ton  projette  dans  l'eau  une  solution  alcoolique   de 
myéline  chimique  ('),  on  obtient,  par  l'etlet  de  la  tension  superficielle,  des 


l''ibrcs  iiei'veiiscs  en  éUL  de  suivie,  couseivées  à  l'éluve  dans  l'eau  salée  physiologique  :  I,  liljie 
nerveuse  du  Cobaye,  5  heures  après  la  séparation  d'avec  l'organisme;  N,  noyau  d'une  cellule  de 
Schwann,  entouré  de  granulations  protoplasmiques  colorées  au  rouge  neutre;  II,  fibre  nerveuse  du 
Lapin,  après  une  survie  de  i!\  heures. 

sphères  et  des  cylindres  creux  à  parois  feuilletées,  qui  s'étirent  et  se  divisent 
par  étranglement,  pour  donner  des  figures  (jui  simulent  étonnamment  des 
aspects   observés   dans  la   segmentation   de   la   gaine   des   tubes  nerveux. 


(')  Je  rrtinercie  MM.  A.   Mayer  et  Scliivfrer  qui   m'ont  procuré  un  échaiilillon   de 
myéline  rhlniiquemenl  pure. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  733 

Pourtant  ces  formations  artificielles,  si  compliquées  soient-elles,  diffèrent 
de  la  myéline  vivante;  celle-ci  possède,  en  effet,  une  organisation  qui 
s'accuse  à  l'état  frais  par  la  présence  des  incisures  de  Schmidt-Lanterman, 
se  maintient  pendant  la  segmentation  et  évolue  en  s'adaptant  successivement 
aux  formes  acquises;  les  gouttelettes  de  myéline  chimique,  au  contraire, 
présentent  en  tous  leurs  points  une  texture  feuilletée  uniforme.  En  un  mot 
il  existe,  entre  les  deux  formations  envisagées  ici,  la  différence,  non  pas 
d'essence,  mais  de  complexité  qui  sépare  la  matière  vivante  des  substances 
inanimées. 

De  ce  qui  précède  je  crois  pouvoir  conclure  que  la  gaine  de  myéline  des 
nerfs  n'est  pas  un  isolant  inerte,  mais  une  substance  vivante,  d'une  nature 
spéciale,  caractérisée  par  sa  richesse  exceptionnelle  en  graisse.  Pendant  la 
dégénération  wallérienne  et  au  début  de  l'autolyse,  la  forme  de  son  activité 
est  gouvernée  surtout  par  les  propriétés  physiques  de  son  constituant  prin- 
cipal, la  myéline  chimique.  Lorsque  le  nerf  sectionné  reste  en  place,  la  mort 
de  la  gaine  de  myéline  ne  s'achève  que  dans  une  phase  avancée,  lorsque  le 
cylindraxe  est  complètement  résorbé;  dans  l'autolyse,  au  contraire,  la 
cessation  de  l'activité  de  la  my«?jine  coïncide  avec  la  mort  du  tissu  tout 
entier,  qui  survient  rapidement. 

J'ai  pu  me  convaincre  que  la  segmentation  de  la, myéline  ne  joue  aucun 
rôle  dans  le  morcellement  du  cylindraxe,  qui  est  un  phénomène  primitif;  la 
myéline  ne  fait  qu'envelopper  les  fragments,  lorsqu'ils  se  sont  formés  par 
un  processus  complexe,  qui  mérite  d'être  étudié  séparément. 

Quant  à  la  cause  première  de  la  segmentation  et  de  la  disparition  de  la 
myéline,  après  section  du  nerf,  elle  ne  pourra  être  complètement  élucidée 
que  lorsque  nous  connaîtrons  exactement  l'histogenèse  de  cette  gaine.  Ses 
relations  génétiques  avec  les  cellules  de  Schwann  deviennent  de  plus  en  plus 
improbables,  à  mesure  que  l'étude  de  sa  structure  progresse;  les  consta- 
tations faites  dans  la  dégénération  wallérienne  ne  suffisent  pas,  toutefois,  à 
prouver  que  la  gaine  de  myéline  appartient  en  propre  à  la  substance 
nerveuse.  En  effet,  si  le  début  des  transformations  de  la  gaine  se  fait  bien 
avant  que  les  cellules  de  Schwann  commencent  à  réagir,  par  contre 
l'activité  de  la  myéline  se  prolonge  longtemps  après  la  nécrose  du  cylin- 
draxe; les  relations  entre  les  trois  éléments  en  présence  ne  sont  donc  pas 
élucidées  par  des  considérations  de  synchronisme  dans  la  dégénération. 
Mais,  en  fin  de  compte,  l'activité  de  la  myéline  aboutit  à  la  mort  et,  pen- 
dant toute  la  durée  du  processus,  les  segments  de  myéline  se  comportent 
comme  des  corps  étrangers  à  l'égard  des  cellules  de  Schwann. 


^34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  est  donc  probable  que  la  gaine  de  myéline  n'appartient  pas  aux  cellules 
satellites,  mais  est  constituée  par  une  portion  du  protoplasma  nerveux,  dif- 
férenciée en  vue  de  fonctions  végétatives  ou  accessoires,  tandis  que  l'activité 
spécifique  est  réservée  au  cylindraxe.  Dans  cette  conception,  les  phéno- 
mènes de  segmentation  et  de  destruction  observés  à  la  suite  de  la  section  du 
nerf,  tout  en  étant  influencés  par  la  nécrose  précoce  du  cylindraxe,  recon- 
naîtraient pour  cause  première  la  séparation  effectuée  entre  la  gaine  de 
myéline  et  la  portion  nucléée  de  sa  cellule  d'origine. 


ANATOMIE.  —   Le  ganglion  d' Anâersh  chez  le  Phrynosome  cornu.  Note 
de  M.  H.-E.  Sauvage,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Près  de  l'émergence  du  glosso-pharyngien  et  du  pneumogastrique  on 
voit  chez  cet  Iguanien  un  gros  ganglion  de  forme  grossièrement  cordiforme, 
à  pointe  dirigée  en  dehors,  fusion  du  ganglion  d'Andersh  et  du  ganglion  du 
pneumogastrique  ;  la  partie  antérieure  ô.\\  ganglion  appartient  au  glosso- 
pharyngien,  la  partie  postérieure  au  pneumogastrique. 

De  la  partie  antérieure  du  ganglion  part  une  courte  branche  nerveuse  qui  se  divise 
de  suite  en  deux.  Le  rameau  inférieur  se  rend  dans  les  muscles  slerno-liyoïdien  et 
omo-hyoïdien  ;  l'autre  rameau,  arrivé  au  niveau  de  l'hyoïde,  se  divise  lui-même  en 
deux  branches  ;  l'interne  se  distribue  dans  l'hyoglosse,  donne  des  rameaux  dont  le 
plus  antérieur  va  s'anastomoser  avec  la  branche  externe  ;  celle-ci  se  termine  au  menton 
et  présente  un  petit  ganglion  d'où  partent  deux  rameaux  se  rendant  au  ganglion  de 
Gasser. 

Le  pneumogastrique  part  de  la  partie  postérieure  du  ganglion  commun, 
passe  derrière  le  spinal  et  le  grand  hypoglosse,  présente  un  ganglion  placé 
au  côté  droit,  au  niveau  de  l'avant-dernière  branche  du  plexus  brachial;  du 
côté  gauche,  au  niveau  de  l'antépénultienne  branche  de  ce  plexus.  Ce 
ganglion  reçoit  des  fdets  du  grand  sympathique  qui  forme  un  plexus  ;  une 
branche  se  rend  au  tiers  externe  de  la  branche  courbe  qui  de  l'origine  du 
nerf  intercostal  se  réunit  à  la  dernière  branche  du  plexus  brachial  ;  ce 
ganglion  est  de  forme  ovalaire  ;  de  son  côté  interne  partent  deux  filets  très 
minces  et  longs  qui  se  rendent  au  foie  ;  de  la  partie  postérieure  du  ganglion 
part  un  filet  qui  passe  entre  les  deuxième  et  troisième  branches  du  plexus 
brachial  et  se  rend  au  pouinon. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  735 

ZOOLOGIE.  —  De  l'emploi  du  dressage  comme  moyen  de  recherche  psycho- 
logique. ÏNole  de  M.  P.  Hachet-Souplet,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

Définition.  —  Le  dressage  est  l'éducation  donnée  par  l'homme  aux 
animaux  dans  le  but  de  les  soumettre  à  ses  commandements  verbaux  ou 
mimiques.  • 

Le  phénomène  psychologique  caractéristique  du  dressage  est  la  substi- 
tution d'une  excitation  (geste  ou  ordre  vocal  de  l'homme)  éveillant  des 
sensations  représentatives,  aux  excitations  qui,  à  l'état  de  nature,  font  agir 
les  animaux.  Cette  substitution  peut  être  obtenue  soit  par  simple  association 
de  sensations,  soit  par  la  méthode  de  la  persuasion ^  c'est-à-dire  en  faisant 
appel  à  l'intelligence  du  sujet. 

Il  n'est  pas  exact  de  dire  que  les  expériences  dans  lesquelles  un  animal 
est  forcé  de  parcourir  un  labyrinthe  pour  trouver  sa  nourriture  et  qui 
permettent  de  constater  qu'il  accomplit  ce  parcours  de  plus  en  plus  vite, 
relèvent  du  dressage  proprement  dit.  En  effet,  l'homme  n'intervient  pas 
directement  dans  l'apprentissage  que  fait  ici  l'animal;  et  le  résultat  de  cet 
apprentissage  n'est  pas  l'obéissance  à  un  ordre.  Il  s'agit  donc  d'auto- 
éducation.  Mais  il  y  a  évidemment  grand  intérêt  à  mener  parallèlement,  et 
de  façon  que  les  unes  contrôlent  les  autres,  des  expériences  d'auto-éducation 
et  des  expériences  de  dressage. 

a.  Etude  des  facultés  sensorielles.  Actes-signaux.  —  Après  avoir  appris 
à  un  animal  à  exécuter  un  acte  déterminé  quand  on  lui  donne  un  ordre, 
on  peut  substituer  à  cet  ordre  une  excitation  mesurable  (en  créant  une 
association  par  contiguïté).  Dès  lors,  pour  évaluer  avec  précision  l'acuité 
du  sens  auquel  s'adresse  cette  excitation,  on  n'a  qu'à  provoquer,  à 
plusieurs  reprises,  l'exécution  de  l'acte  en  diminuant  chaque  fois  l'intensité 
de  l'excitation.  On  arrive  ainsi  à  un  minimum  au-dessous  duquel  l'acte- 
sigaal  ne  se  reproduit  plus  ;  ce  qui  indique  le  seuil  de  la  sensation. 

h.  Etude  des  lois  des  associations.  —  La  méthode  de  dressage  permettant 
de  savoir  exactement  quelles  sont  les  excitations  reçues  dans  des  conditions 
données  par  un  animal,  permettant  de  connaître  leur  ordre  de  succession  et 
de  constater  leurs  effets  dynamogènes,  est  particulièrement  précieuse  pour 
l'étude  des  associations.  La  loi  de  récurrence,  qui  a  fait  l'objet  de  notre  Note 
du  il\  janvier  1910,  a  été  déduite  d'expériences  de  dressage.  Un  grand 
nombre  de  questions  peuvent  être  éclairées  d'un  jour  nouveau,  grâce  à  cette 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.   (T.   150,  N"  11.)  9^ 


736  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

méthode.  Nous  croyons,  par  exemple,  avoir  établi,  en  réalisant  au  moyen 
du  dressage,  de  véritables  synlhéses^  d'instincts,  qu'un  animal  peut  se  créer 
une  industrie,  acquérir  des  mœurs  spéciales,  utiles  à  son  espèce,  sans  en 
connaître  le  but,  par  associations  simples  et  sans  aucun  emploi  de  Tintelli- 
gence. 

Entre  autres  expériences  de  ce  genre,  nous  avons  fait  naître  et  développer,  chez  un 
Cacaloès,  l'instinct  du  Mégapode  constructeur  de  Cumulus,  en  décomposant  l'ensemble 
des  mouvements  nécessaires  à  celte  construction,  ce  qui  ne  laissait  aucune  appa- 
rence (l'utililé  à  chacun  d'eux  piis  séparément. 

c.  Étude  de  r intelligence.  —  Pour  étudier  rintelligence  proprement  dite, 
le  dresseur  peut  se  servir  de  la  persuasion.  Ce  procédé  ne  comporte  pas 
d'associations  par  contiguïté,  comme  le  dressage  courant  ;  mais  un  emploi 
raisonné  de  la  mimique  el  de  la  voix,  ayant  pour  le  sujet  la  valeur  d'une 
explication  et  d'une  sollicitation.  L'animal  n'a,  dans  ce  cas,  aucun  moyen 
de  se  soumettre  à  la  volonté  du  maître  s'il  n'a  pas  compris  ce  qu'on  attend 
de  lui.  Il  y  a  donc  là  un  critère  de  l'intelligence. 

Priorité.  —  Nous  croyons  avoir  élaboré,  le  premier,  une  méthode  pra- 
tique de  recherches  basée  sur  le  dressage  el  permettant  d'embrasser  l'en- 
semble (IqS:  facultés  psychiques  des  animaux. 

Les  quelques  pages  consacrées  par  J.  Lubbock  aux  prouesses  de  son  chien  (qui 
aurait  appris  seul  la  lecture  !  ).n'ont  rapport  qu'à  une  sorte  d'auto-éducalion  d'ailleurs 
bien  hypothétique.  L'éminént  biologiste  anglais  n'a  jamais  appliqué  à  son  chien  les 
moyens  du  dressage  ordinaire,  puisqu'il  les  ignorait  complètement  ;  il  a  même  mani- 
festé l'intention  de  s'en  passer  en  écrivant  ([ue,  dans  ses  expériences:  «  On  laissait  le 
chien  agir  à  sa  guise  ».  Il  ne  s'agit  pas  davantage  dans  ces  expériences  de  persuasion, 
puisque  ce  procédé  explicatif  est  un  moyen  d'éducation  et  que  Lubbock  n'en  cher- 
chait pas.  D'ailleurs,  dans  nos  expériences  de  persuasion,  au  lieu  déconsidérer  comme 
lui  ce  que  l'animal,  instruit  par  sa  propre  expérience,  pourra  faire  de  plus  ou  moins 
compliqué,  nous  n'avons  jamais  eu  en  vue  que  l'efficacité  des  moyens  explicatifs  d'édu- 
cation pour  dresser  les  animaux  à  exécuter  des  actes  absolument  quelconques,  mais 
qu'ils  ne  peuvent  réaliser  que  s'ils  ont  compris  l'idée  du  dresseur.  11  y  a  là  une  dis- 
tinction tranchée  qui  a  échappé  à  nombre  de  psychologues. 

Notre  plan  général  d'étude  de  dressage  scientifique  auquel  Ed.  Claparède  fait  allu- 
sion dans  sa  Bévue  des  méthodes  en  psychologie  zoologique  (')  ne  date  pas  de  1900, 
comme  le  dit,  par  erreur,  cet  auteur;  il  se  trouve  dans  notre  Dressage  des  animaux 
(1896),  el  a  paru  deux  ans  avant  la  publication  des  premiers  travaux  de  Thorndike, 
qui  n'ont  d'ailleurs  qu'une  parenté  lointaine  avec  les  nôtres. 


(')   Congrès  de  Francfoil-sur-lc-Meiii,  avril  1908. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    I910.  787 

ENTOMOLOGIE.  —  Considérations  générales  sur  les  tubes  de  Malpighi 
des  larves  de  Lépidoptères.  Note  (')  de  M.  L.  Bordas,  présentée  par 
M.  Edmond  Perrier. 

L.  Dufour  (i843),  de  Leydig  (iSSg),  de  Scliindler  (1878),  de  Cholodkovsky  (1887), 
de  Veneziani  (igoâ),  elc.  se  sont  occupés  des  tubes  de  Malpighi  des  insectes.  En  i8g5, 
dans  un  Mémoire  sur  les  vaisseaux  de  Malpighi  des  Hyménoptères,  nous  avons  cons- 
taté que,  chez  les  larves,  ces  organes  sont  toujours  au  nombre  de  quatre,  qu'ils  sont 
d'origine  ectodermique  et  proviennent  de  diverticules  de  l'intestin  terminal  (").  Cette 
nouvelle  élude  porte  sur  les  familles  suivantes  de  Lépidoptères  :  iS'ymplialidœ,  Spliin- 
gidœ,  Arctiidœ,  Cossidœ,  Liparidœ^  Salurnida\  Crmalophoiida',  Nolodonlidœ, 
Nocluidœ  et  Tortricidœ  (^). 

Les  tubes  de  Malpighi  des  Chenilles  de  Papillons  sont  partout  au  nombre 
de  «.i' (sauf  chez  les  Carpocapsa  pomunelta,  011  il  n'y  en  a  que  quatre),  dis- 
posés en  deux  groupes  de  trois,  de  chaque  côté  de  l'origine  de  l'intestin  ter- 
minal. Les  deux  canaux  collecteurs  latéraux  qui  partent  des  deux  vésicules 
urinaires,  ont  leurs  orifices  terminaux  opposés  et  situés  aux  extrémités  d'un 
même  diamètre.  Chez  la  plupart  des  larves  de  Lépidoptères,  les  tubes  de 
Malpighi  sont  irréguliers  et  variqueux,  rarement  cylindriques;  parfois,  on 
rencontre,  chez  la  même  espèce,  les  deux  dispositions  :  la  première  partie 
du  canal  est  à  peu  près  régulièrement  lubuleuse,  tandis  que  le  reste  de 
l'organe  est  moniliforme. 

Chez  la  larve  de  Vanessa  lo  L.,  les  vaisseaux  de  Malpighi  débutent,  de  chaque  côté 
de  l'extrémité  antérieure  de  l'intestin  terminal,  par  un  tronc  très  court,  qui  se  dilate 
brusquement  et  forme  une  grosse  vésicule  ovoïde,  ayant  à  peu  près  i'"'",5  suivant  son 
grand  axe.  Ses  parois  sont  pourvues  de  quelques  fibrilles  musculaires  entrecoisées  et 
sa  cavité,  à  certains  moments,  est  remplie  d'une  multitude  de  concrétions  cristallines. 
L'extrémité  vésiculaire  dislale  se  continue  par  un  tube  recourbé  en  arc  qui  se  ramifie 
tout  d'abord  et  donne  le  vaisseau  situé  sous  l'intestin  moyen. 

L'autre  branche,  un  peu  plus  large  que  la  précédenle,  ne  tarde  pas  à  se  bifurquer  à 
son  tour  et  à  fournir  les  deux  vaisseaux  malpighiens  qui  cheminent  à  la  face  supérieure 
du  canal  intestinal.  Dans  la  première  partie  de  leur  trajet,  ces  tubes  présentent  une 
forme  à  peu  près  régulièrement  cylindrique,  et  ce  n'est  que  dans   leur  moitié  distale 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  28  février  1910. 

(-)  V.  L.  Bordas,  Les  tubes  de  Malpiglii  des  Hyménoptères  {Bulletin  scientiji<iuc 
de  la  France  et  de  la  Belgique,  t.  XXVl,  [\  pi.,  189.5.  p.  i  à  4o)' 

(^)  Les  quelques  considérations  générales  de  cette  Note  font  l'objet  d'un  travail  plus 
coniplel,  actuellement  en  cours  d'exécution. 


■7.38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qu'ils  deviennent  sinueux,  prennent  des  contours  irréguliers  et  une  appaience  monili- 
forme. 

Chez  les  chenilles  (VAcherontia  atropos  L.  et  de  Sphinx  co/nohtili  L.  on  trouve 
que  les  renllements  latéraux  des  tubes  de  Malpighi  sont  beaucoup  plus  accentués  que 
dans  la  Vfinessa  lo  :  ils  alTeclent  la  forme  soit  de  courts  cœcunis,  soit  de  ramuscules  à 
extrémité  hémisphérique  insérés  perpendiculairement  au  tronc  principal.  Les  vaisseaux 
malpighiens  du  Sphinx  coni.-oli,'iili^  cylindri(]ues  au  début,  ne  tardent  pas  à  devenir 
variqueux:  ce  sont  tout  d'abord  de  petites  éminences  latérales,  des  cœcums  conique» 
es|)acés  de  distance  en  distance;  puis,  peu  à  peu,  les  bourreletsaugmententen  nombre 
et  en  volume,  deviennent  cylindriques,  tantôt  courts,  tantôt  plus  ou  moins  longs,  don- 
nant à  chaque  organe  la  forme  d'une  corde  à  nœuds.  Au  fur  et  à  mesure  qu'on  se  rap- 
proche de  l'extrémité  postérieure  du  corps,  les  tubes  paraissent  hérissés  latéralement 
de  petites  digitalions  cylindriques,  dont  la  hauteur  est  supérieure  au  diamètre  du 
vaisseau  et  placées  perpendiculairement  à  ce  dernier.  Ces  éminences  latérales  sont  dues, 
ainsi  que  l'indiquent  des  coupes  transversales,  à  des  évaginations  digitiformes  de  la 
cavité  interne  des  tubes  urinaires. 

Les  vaisseaux  malpighiens,  dans  leur  première  partie,  cylindrique,  ont 
une  teinte  terne  ou  légèrement  blanchâtre;  tandis  que,  dans  leur  région 
irrégulière,  nioniliforme  et  à  appendices  latéraux,  ils  sont  fortement  colorés 
en  jaune  plus  ou  moins  foncé. 

Chez  les  larves  de  Spilosoma  fuliginosa  L.  et  de  VArcUa  caja  la  vessie  urinaire 
comprend  deux  renflements  ovoïdes  réunis  par  un  pédicule  cylindrique  très  court,  et 
c'est  du  sommet  du  rendement  distal  que  partent  les  tubes  de  Malpighi.  Ceux-ci  sont 
cylindriques  dans  leur  premier  tiers  et  variqueux  dans  leurs  deux  tiers  postérieurs. 
Le  réservoir  collecteur  des  \a\-veiAe  Pleretes  inalrontila  L.  est  simple,  pirifornie,  et  se 
continue,  à  ses  deux  extrémités,  par  deux  appendices  lubuleux,  dont  l'antérieur  se  divise 
en  trois  branches  formant  les  tubes  de  Malpighi.  Ces  derniers  étaient,  chez  les  larves 
que  nous  avons  examinées,  littéralement  remplis  de  concrétions  cristallines.  Les  tubes  de 
Malpighi  larvaires  de  Cnetocampa,  de  Pygœra.  de  Slauropiis.  A'Asphalia.  etc.  sont 
sinueux,  moniliformes,  et  les  cœcums  latéraux  existent  sur  toute  leur  longueur  {Cneto- 
campa. Plialera,  etc.)  ;  le  réservoir  est  généralement  ovoïde  ou  parfois  sphérique. 

Enfin,  cliez  les  larves  de  Carpocapsa  pomonella  Fr.,  qui  ne  possèdent  que 
quatre  luhes  de  Malpighi,  les  deux  vaisseaux  urinairesde  chaque  côté,  avant 
de  déboucher  à  l'origine  de  l'intestin  terminal,  se  fusionnent,  en  un  tronc 
très  court. 

Au  point  de  vue  /listologiqiie,  les  tubes  de  Malpighi  des  larves  de  Lépi- 
doptères comprennent,  de  dehors  en  dedans  : 

1"  Une  membrane  péri/onéale  externe  très  ténue,  pourvue  de  dislance  en  distance 
de  petits  noyaux  aplatis,  et  contenant  quelques  fibrilles  élastiques  à  direction  ol)li(|ue: 
■!°  une  membrane  basitaire,  également  très  mince,  servant  de  support  aux  cellules 
glandulaires  sous-jacentes;  3"  Vépilln-lium  sécrcleur.   Ce  dernier  est  constitué  par 


SÉANCE    DU    l,\    MARS    19IO.  789 

de  grosses  cellules  polygonales,  à  bord  interne  conique  ou  rectiligne  et  limitant  un 
lumen  généralement  irrégulier.  Les  noyaux  sont  ovales  ou  allongés,  mais  généralement 
irréguliers  et  ramifiés;  ils  portent  des  ramuscules  latéraux  courts  et  terminés  par  une 
exirémité  renflée  (Arctia,  Sphinx,  Cnetocampa,  Pleretes,  Spilosoma,  elc).  Ceux 
des  larves  à'Agrostis  sont  très  ramifiés  et  comparables  aux  noyaux  des  glandes  sérici- 
gènes.  Le  prosloplasme  est  finement  granuleux  du  côté  interne  de  la  cellule  et  légè- 
rement slrié  vers  sa  région  externe.  Il  contient  les  produits  de  sécrétion.  Ces  derniers, 
sous  forme  de  productions  cristallines,  sont  très  abondants,  non  seulement  dans  les 
éléments  épitliéliaux,  mais  remplissent  même  parfois  la  cavité  du  vaisseau,  de  façon  à 
donner  à  la  glande  l'apparence  d'un  cordon  rigide.  Enfin,  du  côté  interne,  en  regard 
du  lumen,  l'épithélium  est  recouvert  d'une  bordure  ciliée  en  brosse,  très  caractéris- 
tique, et  existant  dans  tous  les  tubes.  Ces  cils  sont  généralement  plus  longs  au  sommet 
des  cellules  que  dans  les  intervalles  de  ces  dernières. 

Le  réservoir  urinaire  présente  à  peu  pi'ès  la  iiièine  structure  histologique 
que  les  vaisseaux  malpighiens,  avec  cette  diflërence  que  les  cellules  sont 
aplaties,  rectangulaires,  et  les  cils  plus  courts;  de  plus,  sous  la  membrane 
péritonéale  externe  on  trouve  (juelques  fibrilles  musculaires  à  directions 
circulaire  (externes)  et  oblique  (internes).  Tous  les  tubes  de  Malpighi  sont 
parcourus  par  de  nombreux  filaments  trachéens,  dont  les  derniers  ramus- 
cules traversent  la  lunica  externe  et  pénètrent  même  entre  les  cellules. 

Comme  produits  snhdes,  nous  avons  rencontré,  dans  les  tubes  de  Malpi- 
gbi,  des  larves  de  Lépidoptères,  des  cristaux  d'acide  urique,  des  cristaux 
d'urate  de  soude,  d'arnuioniaque,  d'oxalate  de  chaux,  et  surtout,  en  abon- 
dance, des  concrétions  cristallines  de  carlionate  de  chaux. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'existence  et  les  conditions  de  la  parthénogenèse 
chez  Dinophilus.  Note  de  M.  Paul  de  Beauchamp,  présentée  par 
M.  Yves  Delage. 

On  sait  depuis  près  de  trente  ans  que,  tandis  que,  dans  certaines  espèce's 
du  genre  Dinophilus  leS  individus  des  deux  sexes  sont  tout  à  fait  semblables, 
il  existe  dans  d'autres  undimorphisme  extrêmement  accentué,  le  mâle  étant 
aussi  petit  et  aussi  rudiinentaire  que  les  plus  dégradés  des  mâles  de  Rotifères 
(tandis  que  la  femelle  est  beaucoup  plus  grosse  que  les  femelles  correspon- 
dantes). Dans  ce  dernier  groupe,  le  nanisme  des  mâles  est  lié  à  l'existence 
de  la  parthénogenèse;  chez  Dinophilus,  tous  les  auteurs  qui  ont  eflleuré cette 
question  ont  affirmé  l'absence  de  celle-ci,  sans  qu'aucun  semble  avoir  fait 
des  expériences  pour  la  prouver. 


y4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Celle  allégation  repose  sans  (Joule  simplement  sur  la  présence  simullanée,  à  peu  près 
constante,  dans  les  cocons  pondus  par  ces  animaux,  d'œufs  des  deux  sexes,  aisément 
reconnaissables  à  la  difTérence  de  leur  taille;  mais  les  (ihiIs  mâles  sont  presque  toujours 
en  nombre  plus  petit,  parfois  beaucoup  plus  petit.  Ayant  entrepris  dans  un  autre  but 
(détermination  du  sexe)  des  cultures  de  Dinopliilus  Conklini  Nelson,  espèce  que  j'ai 
pu  me  procurer  à  Roscofl',  je  n'ai  jtas  tardé  à  être  frappé  d'un  fait:  malgré  cette  dispro- 
portion et  bien  que  le  mâle  soit  évidemment  trop  petit  pour  suffire  à  plusieurs  coïts, 
toutes  les  femelles  provenant  d'une  même  ponte  isolée  pondent  des  œufs  qui  se  déve- 
loppent à  leur  tour  normalement.  La  taille  et  la  fragilité  des  mâles  rendent  l'accouple- 
ment presque  impossible  à  constater  ;  pour  prouver  la  paitliènogenèse  que  je  considérais 
dès  lors  comme  probable,  il  fallait  doue  détruire  ou  enle>er  ceu\-ci  à  l'éclosion  même 
dans  une  ponte  donnée  (car,  bien  que  les  femelles  mènent  une  dizaine  de  jours  à 
atteindre  la  maturité  sexuelle,  la  possibilité  d'une  fécondation  dans  les  premières 
heures  de  la  vie,  comme  Maupas  l'a  observée  chez  l'Hydaline,  n'était  pas  exclue),  et 
isoler  aussitôt  les  femelles.  Après  quelques  insuccès  j'ai  réussi  cette  opération  et  suivi 
le  développement  jusqu'à  l'éclosion  de  plusieurs  pontes  d'individus  incon/estnblement 
vierges. 

Je  n'ai  pu  encore  répéter  cet  isolement  rigoureux  sur  plusieurs  généralions;  mais 
d'après  mes  cultures  imparfaitement  isolées,  j'affirmerai  déjà  que  la  parthénogenèse 
ne  peut  se  poursuivre  que  pendant  un  nombre  très  restreint  de  généralions,  trois  ou 
quatre,  semble-t-il;  à  la  dernière  apparaissent  une  série  d'anomalies  :  malformations 
somaliques  (surtout  variations  dans  le  nombre  des  yeux),  lenteur  plus  grande  du  déve- 
loppement qui  s'arrête  souvent  à  un  stade  infantile.  Parfois  l'ovaire  ne  se  développe 
pas  chez  des  animaux  ayant  la  taille  adulte,  ou  dégénère  après  s'être  formé;  si  les  œufs 
arrivent  à  être  pondus,  ils  se  segmentent  irrégulièrement,  ou  l'embrvon,  anormal,  suc- 
combe au  plus  tard  à  l'éclosion.  Tous  ces  phénomènes  sont  évidemment  liés  à  l'absence 
d'amphimixie,  et  leur  côté  cytologique  sera  très  intéressant  à  étudier;  il  est  vraisem- 
blabe  que  le  nombre  des  chromosomes  est  très  au-dessous  de  la  normale  dans  celle 
dernière  génération.  Je  puis  déjà  affirmer  que  les  œufs  femelles  vierges  émetlenl,  comme 
les  autres,  deux  globules  polaires  (en  réalité  trois  par  division  du  premier).  Il  m'a  paru 
aussi  qu'une  femelle  d'avant-deruière  génération,  dont  les  œufs  donnaient  des  femelles 
stériles,  pouvait  être  fertilisée  et  faire  souche  à  nouveau  d'individus  féconds. 

En  résumé,  au  dimorphisme  sexuel  esL  lié,  dans  l'espèce  considérée,  lexis- 
tence  de  la  partliénogenèse  naturelle  (il  sera  nécessaire  d'examiner  au  même 
point  de  vue  les  Dinophilus  non  diuiorphes  )  ;  mais  celte  parthénogenèse  qui 
ne  peut  ipie  suppléer  pendant  quelques  généralions  à  l'absence  des  mâles  et 
entraîne  en  se  prolongeant  la  dégénérescence  de  la  lignée,  est  beaucoup 
moins  évoluée  que  chez  certains  animaux  d'eau  douce,  où  elle  représente 
une  adaptation  spéciale  au  miheu  et  où  l'œuf  fécondé  (œuf  d'hiver  ou  de 
résistance)  est  dill'érent  de  l'œuf  parthénogénélique.  Son  intérêt  sera  pré- 
cisément d'aider  à  comprendre  la  naissance  de  celle-ci.  11  est  très  remar- 
(piable  de  l'observerchez  Dinophilus^  qu'on  ne  doit  point  considérer  comme 


SÉANCE    DU    1 'i    MARS    191O.  74l 

l'ancèlre  des  Rotifères  (il  dérive  sans  doute  d'Annélides  déjà  bien  évoluées, 
ce  qui  csl  peu  vraiseniblaljle  pour  ceux-ci,  comme  je  l'ai  dit  ailleurs),  mais 
qui  présente  avec  eux  une  convergence  fort  nette  et  peut  être  regardé  aussi 
au  point  de  vue  purement  morphologique  comme  intermédiaire  entre  eux 
et  les  Annélides. 


MÉDECINE.   —  Sérothérapie  de  la  fièvre  typhoïde;   résultats  cliniques.   Note 
de  MM.  A.  RoDET  et  Lagriffoul,  présentée  par  M.  A.  Cliauveau. 

Depuis  plusieurs  années,  nous  étudions  les  propriétés  du  sérum  des 
animaux  immunisés  à  l'égard  du  bacille  d'Eberth,  nous  proposant  comme 
objectif  la  sérothérapie  de  la  fièvre  typhoïde.  Après  avoir  essayé  divers 
procédés  d'immunisation,  nous  nous  sommes  depuis  longtemps  arrêtés  aux 
injections  intraveineuses  de  bacilles  vivants,  comme  réalisant  la  condition 
la  plus  efficace  à  conférer  rapidement  au  sérum  les  propriétés  spécifiques 
les  plus  multiples  ;  et  notamment  le  sérum  ainsi  préparé  est  susceptible, 
injecté  préventivement,  de  prémunir  le  cobaye  à  l'égard  d'une  dose  plus 
que  mortelle  de  bacilles  typhiques  vivants  injectés  dans  les  veines.  C'est 
surtout  une  action  antitoxique  qui  est  alors  en  jeu;  et  elle  s'exerce  sans 
mélange  d'effets  nuisibles,  si  le  sérum  a  été  préparé  dans  des  conditions  très 
précises  d'immunisation.  Après  avoir  longuement  étudié  notre  sérum  au 
point  de  vue  expérimental,  nous  nous  sommes  cru  autorisés  à  tenter  des 
essais  thérapeutiques.  Nous  ne  viserons  dans  cette  Note  que  les  malades 
dont  le  traitement  par  le  sérum  a  été  précoce,  c'est-à-dire  auxquels  la  pre- 
mière injection  a  été  faite  du  cinquième  au  onzième  jour  de  la  maladie. 

Le  nombre  de  nos  malades  ainsi  traités  précocement  est  actuellement 
de  27.  Les  doses  de  sérum  ont  varié  de  2'"'  à  10'°''  ;  17  malades  n'ont  reçu 
qu'une  injection  ;  9  en  ont  reçu  deux  ;  i  seul  a  reçu  trois  injections. 

Plusieurs  éventualités  ont  été  observées  après  les  injections  de  sérum. 
Relevons  les  plus  favorables. 

Groupe  1  de  malades.  —  Une  baisse  de  température  s'est  brusquement  dessinée,  au 
douzième  jour  de  la  maladie  au  plus  lard,  le  lendemain  ou  le  surlendemain  de  la  pre- 
mière injection  de  sérum.  Ce  groupe  comprend  i3  malades,  soit  48  pour  100.  Chez 
la  plupart  d'entre  eux,  dans  11  cas  (soit  40,7  pour  100  de  l'ensemble  des  malades),  la 
défervescence  s'est  rapidement  accentuée,  atteignant  en  2  à  6  jours  l'apyrexie  ou  un 
chiffre  voisin  de  l'apyrexie;  la  maladie  a  pu  être  dite  avortée  (sous-groupe  la). 

Groupe  II.  —  C'est  encore  une  défervescence  brusque,  mais  notablement  plus  tar- 


742  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dive,  survenant  seulement  après  une  deuxième  injection,  du  seizième  au  dix-neuvième 
jour;  ces  cas  sont  au  nombre  de  5.  Si  l'on  veut  réunir  ces  deux  groupes,  c'est  dans 
18  cas  (soit  66,7  pour  100)  qu'on  a  observé  une  chute  brusque  de  température,  pré- 
cocement après  la  première  injection  de  sérum  ou  au  cours  du  troisième  septénaire 
après  une  seconde  injection. 

Chez  un  certain  nombre  de  malades,  le  séro-diagnoslic  avait  donné  un 
résultat  négatif.  Considérons  les  résultats  limités  aux  cas  où  le  séro-diag- 
nostic  a  été  pratiqué  avant  l'administration  du  sérum  et  a  donné  un 
résultat  positif.  Ils  sont  au  nombre  de  iG.  De  ces  16  cas,  10  (62  pour  100) 
appartiennent  au  groupe  I  défini  ci-dessus,  dont  9  (56  pour  100)  au  sous- 
groupe  I  a.  Par  conséquent,  le  pourcentage  des  éventualités  très  favorables, 
loin  de  s'abaisser,  s'élève  si  nous  nous  limitons  aux  cas  ayant  eu  un  séro- 
diagnostic positif. 

La  proportion  des  éventualités  heureuses  serait  encore  bien  plus  élevée  si 
nous  considérions  à  part  les  malades  traités  par  un  certain  échantillon  de 
sérum  qui  a  donné  des  résultats  jjarliculièremcnt  favorables. 

Les  modifications  observées  dans  la  courbe  thermique  ne  peuvent  pas 
être  mises  sur  le  compte  des  bains;  d'ailleurs,  plusieurs  des  malades  qui  ont 
présenté  l'évolution  la  plus  heureuse  n'ont  pas  été  baignés. 

Les  chutes  de  température  ont  toujours  traduit,  du  moins  lorsqu'elles 
ont  été  soutenues,  une  amélioration  générale,  c'est-à-dire  se  sont  toujours 
accompagnées  d'un  amendement  des  autres  symptômes.  Signalons,  comme 
particularité  digne  d'attention,  la  polyurie,  pouvant  atteindre  par  jour  3'  à  5' 
en  l'absence  de  bains  froids. 

Sur  les  27  malades  de  cette  première  statistique  limitée  au  traitement 
précoce,  nous  avons  eu  2  morts  :  mort  subite  en  pleine  convalescence  chez 
une  malade  qui  avait  présenté  une  évolution  assez  favorable  (groupe  11); 
mort  presque  subite  dans  un  accès  de  collapsus  cardiaque  survenu  au  sortir 
d'un  bain  chez  un  malade  atteint  d'une  giave  lésion  cardiaque  d'ancienne 
date.  Pour  ce  dernier  malade,  la  séro-réaction  avait  été  négative;  pour  le 
premier  elle  n'avait  pas  été  pratiquée. 

Nous  insistons  sur  la  fréquence  des  améliorations  rapides  à  la  suite  des 
injections  de  sérum.  Négligeant  les  cas  où  la  guérison  a  succédé  à  une  évolu- 
tion plus  ou  moins  favorable,  nous  signalons  ce  fait,  que  la  maladie  a  tourné 
court,  au  douzième  jour  au  plus  tard,  dans  une  forte  proportion  de  cas.  Dans 
unlot  de  cas  de  fièvre  typhoïde  pris  au  hasard,  en  deslieux  et  à  des  dates  mul- 
tiples, voit-on  jamais  une  proportion  aussi  élevée  de  formes  abortives?  Il 
nous  paraît  certain  qu'il  y  a  dans  nos  faits  autre  chose  qu'une  simple  coinci- 


SÉANCE   DU    l4    MARS    1910.  743 

(lence,  et  nous  interprétons  nos  résultats  en  disant  que  notre  sérum,  s'il  est 
administré  à  un  malade  atteint  de  fièvre  typhoïde  d'une  façon  suffisamment 
liâlive,  au  onzième  jour  au  plus  tard,  est  susceptible  d'influencer  très  favo- 
rablement la  maladie  et  d'en  abréeer  la  durée. 


PATHOLOGIE.  —  Inflfienee  des  al rnosphères  viciées  sur  la  vitalilé  des  microbes. 
Note  de  MM.  A.  Trillaï  et  Saitox,  présentée  par  M.  A.  Laveran. 

La  présence  dans  l'air  de  certains  gaz  provenant  de  la  putréfaction  ani- 
male ou  végétale  exerce,  sur  la  vitalité  des  germes  pathogènes  qui  y  sont 
exposés,  les  mêmes  influences  protectrices  ou  microbicides  que  dans  le  cas 
de  la  levure  alcoolique  (Comptes  rendus,  i.'i  novembre  1909). 

Poursuivant  ce  travail,  noîis  avons  étudié  sur  quelques  microbes  l'action 
de  l'air  vicié  par  la  présence  de  gaz  d'origines  très  diverses,  provenant  de  la 
décomposition  de  matières  animales  ou  végétales,  de  vases  marécageuses 
d'eaux  d'égout,  etc.  Les  résultats  obtenus,  étant  dans  le  même  sens,  quoique 
d'intensité  différente,  malgré  la  diversité  des  modes  opératoires  suivis,  nous 
nous  bornerons  dans  cette  Note,  à  titre  d'exemple,  à  résumer  nos  essais 
etTectués  sur  quelques  microbes  pathogènes,  dans  un  cas  bien  défini,  dont  le 
principe  consistait  à  exposer  ces  germes  à  l'influence  de  gaz  dégagés  par  un 
bouillon  de  bo'uf,  ensemencé  par  le  H.  vulgans  :  cette  méthode  permet  de 
reproduire  les  mêmes  conditions  d'expérience. 

Nous  ferons  remarquer,  tout  d'abord,  que  cette  influence  protectrice  se 
manifeste  d'autant  plus  nettement,  que  les  microbes  exposés  sont  plus 
atténués  et  plus  privés  de  leur  substratum  nutritif. 

Voici  le  mode  opératoire  suivi  pour  l'étude  du  bacille  diphtérique. 

Ou  fait  une  émulsion  très  étendue  dans  l'eau  physiologique,  ou  même  l'eau  distillée, 
d'un  raclage  de  culture  jeune  du  bacille  diphtérique  sur  sérum.  On  laisse  déposer  pen- 
dant 5  minutes  les  parties  lourdes  et,  au  moyen  d'une  pipette  effilée,  on  aspire  le 
liquide  à  peine  louche;  on  le  répartit  sur  des  bandes  de  papier  que  l'on  %uspend  dans 
des  ballons  stérilisés  de  2',  contenant,  les  uns  (témoins),  de  l'eau  ou  du  bouillon 
stérile,  les  autres  (essais),  le  même  bouillon  que  l'on  ensemence  largement,  à  ce 
moment,  par  le  B.  vulgaris.  Tous  les  ballons  sont  j)lacés  à  l'éluve  à  37°-38''  :  après 
un  certain  nombre  d'heures,  les  bandes  sont  retirées  et  ensemencées  dans  10'"" 
d  un  liquide  nutritif,  selon  la  méthode  habituelle;  on  note  la  différence  de  temps  d^ins 
l'apparition  du  développement  de  la  culture. 

Comme  on  le  voit,  les  témoins  et  les  essais  se  trouvent  dans  des  conditions  rigou- 
C.  K.,  ir,io,  .  ■  Semestre.  (T.  i:,0,  N»  11.)  99 


744  ACADEMIE    DES   SCIENCES, 

leusemeiil  identiques  de  température,  d'humidité  et  de  durée  d'exposition.  Ils  ne 
diiïerent  entre  eux  que  par  la  présence  ou  l'absence,  dans  l'air  des  ballons,  du  gaz 
dégagé  en  faibles  proportions  par  le  liquide  en  décomposition.  Le  dosage  de  l'alcalinité 
de  l'atmosphère  des  ballons,  évaluée  en  ammonia<(ue  quand  on  pouvait  la  constater 
par  le  déplacement  de  plusieurs  litres  dans  une  solution  titrée,  ne  dépassait  pas 
o™B,o2  par  litre.  (L'étude  de  la  composition  de  ces  gaz  fera  l'objet  d'un  travail 
il  part.  ) 

Le  Tableau  ci-dessous  résume  nos  résultats;  ils  ont  comporté  120  obser- 
vations sur  10  séries,  comprenant  chacune  6  témoins  et  6  essais.  Nous  y 
joignons  les  résultats  des  bacilles  typhique  et  pesteux,  pour  Fétude  des- 
cpiels  on  a  suivi  un  mode  opératoire  analogue. 

Bacille  diphtérique. 
(Exposition  variant  de  6  à  36  heures.) 

I.  II. 

Les  essais  cnllivpnt  Essais  dans  lesquels  les  tcmoios 

plus  rapidenierit  que  les  témoins.  très  atténués  ne  cultivent  plus. 


Témoins 

Essais 

Observations 

avant 

ayanl 

après 

cultivé. 

cnilivé 

p.  100. 

p.  100. 

24  heures. 

0 

28 

48  heures. 

10 

5o 

3  jours  .  . 

..     3o 

87 

Témoins 

Essais 

Observations 

ayant 

ayant 

après 

culli\é. 

cultivé. 

p.  100. 

p.  100. 

48  heures. 

0 

35 

J  jours  .  . 

.  .      0 

00 

4  jours  .  . 

.  .        0 

83 

■)  jours  .  . 

.  .       0 

1 00 

III. 

Bacille  typhique. 
(Exposition  variant  de  12  à  36  heures.) 

Les  essais  |ioussciit  plus  rapidement. 

Témoins  Essais 

ObserNations  ayant  ayant 

après  cultivé.  cultivé. 

p.  100.  11.  <oo. 

6  heures 20  65 

18  heures 68  90 

24  heures 85  100 

48  heures 100 


SÉANCE    DU    l4    MARS    19IO.  yZfS 

liaciUf  de  la  peste  ('). 


Témoins 

Kssais 

observations 

ayant 

avant 

après 

cultivé. 

r.  100. 

cultivé. 
|..  100. 

24  heures. , 

0 

63 

48  heures. , 

, .     36 

100 

3  jours  .  .  , 

, .     7a 

Témoins 

Essais 

Observations 

ayant 

ayant 

après 

cultivé, 
p.  \m. 

cultivé, 
p.  100. 

7.4  heures.  . 

0 

.10 

48  heures.  . 

0 

7-5 

3  jours  .  .  . 

G 

88 

8  jours  .  . . 

0 

Une  exposition  trop  prolongée  ou  un  excès  de  gaz  putride  donne  des  effets  nettement 
antiseptiques  (^). 

La  difl'érence  du  développement  de  cullure  est  mise  aussi  eu  évidence,  si 
Ton  procède  par  numération  des  colonies.  Ainsi,  dans  le  Tableau  III,  la 
numération  des  colonies  provenant  des  bouillons  ensemencés  a  donné  : 

Colonies'fournies 

par  une  goutte  de  bouillon 

pro\"enant 

des  microbes  exposés. 

.\prés  2  heures.       Après  4  lieiu'cs. 

Air  vicié o  48o 

Air  normal o  o 

L'inspection  de  ce  Tableau  montre  que  l'exposition  dans  l'atmosphère  des 
ballons  d'essais  a  non  seulement  permis  aux  germes  expérimentés  de  cultiver 
plus  rapidement  (Tableaux  I,  III,  IV),  mais  elle  a  prolongé  leur  longévité 
quand  ils  ont  été  convenablement  atténués  (Tableaux  II,  V). 

L'influence  du  milieu  gazeux  varie  avec  la  nature  du  germe  :  ainsi,  dans 
nos  conditions  d'expérience,  elle  est  moins  nette  pour  le  bacille  typhiquc 
que  pour  le  bacille  diphtérique  ou  la  peste.  Inversement,  d'autres  essais  ont 
montré  que  l'influence  exercée  sur  le  même  germe  variait  selon  la  nature 


(')  Les  expériences  sur  la  peste  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  le  1»'  DtijanJiu- 
Heaumetz,à  l'Institut  Pasteur. 

('-)  Nous  avons  déjà  signalé  le  même  résultat  pour  le  cas  de  la  levure  alcoolique.  Il 
esta  rapprocher  de  celui  de  M.  Fernbach  {Comptes  rendus,  28  août  1909),  qui  a  reconnu 
la  présence  d'un  produit  volatil  antiseptique  dans  la  macération  de  levure  de  bière. 


-j/iCi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

du  gaz.  Toulefois,  cette  action  sciiihle  èlre  très  générale,  puisque,  ménie 
les  produits  gazeux  de  la  respiration  animale  nous  ont  donné  des  résultats 
analogues  quoique  d'intensité  très  différente. 

Ce  qui  fait  le  principal  intérêt  de  ces  observations,  c'est  que  les  gaz,  dont 
nous  avons  étudié  l'influence  favorisante  sur  des  germes  atténués,  sont 
précisément  ceux  qui  sont  susceptibles  de  se  mélanger  communément  avec 
l'air  que  nous  respirons.  Au  point  de  vue  de  l'hygiène  auquel  nous  nous 
plaçons,  ces  premiers  résultats,  qui  demandent  encore  à  être  confirmés  par 
d'autres  expériences,  permettent  de  supposer  que  les  souillures  de  l'air  par 
ces  mêmes  gaz,  provenant  de  la  décomposition  des  matières  organiques  et 
qui  composaient,  pour  une  partie,  ce  qu'on  appelait  autrefois  les  miasmes, 
peuvent,  avec  le  concours  d'autres  circonstances  d'humidité  et  de  tempéra- 
ture, constituer  des  atmosphères  plus  favorables  à  la  protection  et  à  la  lon- 
gévité des  germes  pathogènes  qui  y  sont  véhiculés. 

Nous  avons  précédemment  indiqué  (/oc.  cit.)  que  l'hypothèse  la  plus  simple 
pour  expliquer  cette  influence  était  d'envisager  ces  gaz  comme  étant  des 
aliments  à  très  faibles  doses  :  nous  pensons  que  les  essais  en  cours  nous 
renseigneront  plus  exactement  sur  la  valeur  de  cette  interprétation. 


GÉOLOGIE.  —  Sta-  l'existence  du  Trias  et  du  Mésojurassique  aux  environs 
de  Djoulfa  (Transcaucasie  méridionale).  Note  de  MM.  P.  et  N.  Bonnet, 
présentée  par  M.  Henri  Douvillé. 

I;'Araxe  s'engagea  Ivyzylvank  dans  un  canon  qui  finit  à  Djoulfa,  après 
un  trajet  d'une  trentaine  de  kilomètres.  Nous  avons  pu  parcourir  sa  rive 
gauche  (russe),  déjà  visitée  par  Abich,  puis  par  Frech  et  Arthaber,  et  y 
constater  la  présence  de  formations  Iriasiques  à  Ammonoidés,  ainsi  que  du 
Mésojurassique. 

La  plus  grande  partie  de  la  rive  russe  est  constituée,  dans  la  gorge,  par 
une  puissante  série  de  calcaires,  souvent  marneux,  se  débitant  en  plaques  à 
surface  ondulée,  et  présentant  exaclonient  le  caractère  du  Wellenkalk  de 
l'Europe  centrale,  comme  l'a  déjà  fait  remarquer  Mojsisovics.  Les  couches, 
fortement  inclinées  vers  le  Nord-Est,  sont  recouvertes,  au  sommet  de  la 
falaise,  en  discordance  angulaire,  par  le  grès  rouge  nummulitique  qui  forme 
le  plateau  plongeant  doucement  dans  la  même  direction  sous  les  couches 
plus  récentes. 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  ■y4'7 

Il  semble  que  ce  soit  dans  un  seul  endroit,  d'étendue  assez  restreinte,  que 
les  formations  plus  anciennes  sous-jacentes  apparaissent  au  jour  au-dessous 
de  ces  couches  calcaréo-marneuses.  Celles-ci  émergent  du  sol  dans  la  gorge 
de  l'Araxe  à  3''",  5  environ  à  l'ouest  de  Djoulfa-village,  avec  une  inclinaison 
de  45"  NE,  puis  s'écartent  de  la  rivière  en  se  renversant  au  delà  de  la 
verticale  pour  revenir  après  quelque  distance  border  le  lit  de  la  rivière  en 
reprenant  leur  inclinaison  première. 

Dans  l'espace  lenticulaire,  long  de  quelques  centaines  de  mètres,  ainsi 
ménagé  entre  la  rivière  d'une  part  et  ces  calcaires  marneux  d'autre  part, 
surgit  une  série  de  couches  également  renversées  qui  s'adossent  en  concor- 
dance à  ces  mêmes  calcaires. 

Nous  avons  relevé  avec  détails  en  cet  endroit  une  coupe  de  l'ensemble, 
épais  de  i5oo™  à  2ooo°\  et  c'est  là  que  nous  avons  pu  découvrir,  au-dessus 
des  couches  à  Otoceras  déjà  connues,  une  formation  renfermant  des  Ammo- 
nites triasiques. 

La  coupe  peut  être  résumée  de  la  manière  suivante  : 

1°  La  base  (près  de  la  rivière)  est  constituée  par  des  calcaires  noirs,  dans  lesquels 
nous  avons  trouvé  en  '^wùcnWtr  Fusulinella  sphœrica  Abich  et  F.  lenticularis  Douv. 
nettement  carbonifériennes. 

2°  Les  couches  qui  les  surinonteni,  à  liclie  faune  permienne  déjà  bien  étudiée,  pré- 
sentent une  succession  de  trois  niveaux  difl'érenciés.  Les  Otoceras  apparaissent  ensuite 
et  semblent  être  compris  dans  un  quatrième  niveau  indépendant,  sans  mélange  de 
Productits  <p&vm'\eni,  comme  le  cas  se  présente  dans  l'Himalaya. 

3°  Suit  une  formation  calcaire  rouge,  qui  apparaît  Feulement  à  l'endroit  précis  par 
lequel  passe  notre  coupe.  Nous  y  avons  trouvé  :  <?,  à  la  partie  inférieure  :  des  formes 
identiques  à  celles  décrites  par  Waagen  sous  le  nom  de  Celtites  dimorphus,  C.  armalus, 
C.  acuteplicatus  (UpperCerat.limest.de  la  Sait  Hange);  h,  à  la  partie  supérieure,  une 
forme  nouvelle  que  nous  rapprocherons  provisoirement  de  Danubiles  nivalis  Diener, 
en  raison  de  sa  dernière  loge  courte  et  de  son  ornementation  extérieure  rappelant  celle 
de  Tiroliles,  mais  dont  la  cloison  possède  un  plus  grand  nombre  d'éléments. 

Ces  couches  semblent  devoir  être  placées  dans  le  Werfénien  supérieur  ou 
tout  au  plus  dans  le  Virglorien  inférieur. 

4°  Viennent  enfin,  en  concordance  et  continuité  avec  les  niveaux  précé- 
dents, les  calcaires  en  plaques  recouverts  en  discordance  par  le  grès  rouge 
nummulitique. 

Ces  calcaires  renferment,  avec  de  rares  empreintes  d'Ammonites,  des 
Pseudornonotis  du  groupe  de  Ps.  Clarai  Bronn,  très  semblables  à  celles  des 
Subrobustus-beds  du  Virglorien  indien.  Une  forme  analogue,  Ps.  cf.  Clarai 


j/fS  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

(citée  par  Abich  comme  Pee/en  tortilis  Semen.)  avec  empreinte  douteuse  de 
Tirolifes,  avait  été  déjà  sigrtalée  par  Mojsisovics  dans  ces  calcaires,  mais  près 
de  la  rivière  ;  le  niveau  en  tut  considéré  à  tort  comme  différent  de  la  série 
terminale  de  la  coupe,  alors  qu'il  s'agit  en  réalité  d'uneseuleet  même  forma- 
tion. Toute  cette  puissante  série  est  d'âge  triasique,  non  seulement  en  raison 
des  Lamellibranches  qu'elle  renferme,  mais  encore  en  raison  de  sa  position 
slraligrapliique.  Il  y  a  donc  là  un  ensemble  important  de  dépôls  Iriasiques 
se  poursuivant  dans  la  plus  grande  partie  de  la  gorge. 

Nous  signalerons  encoi'e,  non  loin  de  Negram,  à  une  petite  dislance  de 
l'Araxe,  la  présence  de  calcaires  gris  cendré,  également  fortement  inclinés 
vers  le  Nord-Est,  et  paraissant  de  même  recouverts  en  discordance  angulaire 
par  le  grès  rouge  nummulitiqne.  Nous  y  avons  recueilli  notamment  : 
Oppelia  suhrodiata  Sow.,  Phylloceras  Delon gchampsi  Brazil,  Ph.  Velaini 
Mun.,  Ph.  cf.  dispiitabile  Zitt.,  Cœloceras  lingid fennn  d'Orb.,  Parlinsonia 
Parkinsoni  'èo^s  .^  P.  Sc/ifœnbac/i i  SchUppe. 

La  présence  d^ Oppelia  subradiata  et  de  Phylloceras  Delongchanipsi  permet 
de  reconnaître  en  particulier  la  zone  à  Cosmoc.  subfiircalum  deBayeux  et  des 
Basses-Alpes.  Faute  de  temps  nous  n'avons  pas  encore  pu  étudier  avec 
détail  cette  formation  non  plus  que  ses  relations  avec  les  terrains  avoisinants; 
il  nous  a  paru  néanmoinsinléressant  d'en  signaler  dès  maintenant  Texistence, 
le  Mésojurassique  étant  encore  inconnu  dans  cette  région. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  présence  de  couches  à  Ellipsactinia  aux  monts 
Vardussa  et  sur  la  zone  orientale  du  flysch  d'Étolie  en  Grèce.  Note 
de  MM.  CoNST.-A.  Ktenas  et  Pu.  Négris,  présentée  par  M.  Henri 
Douvillé. 

La  zone  orientale  du  llyscli  d'Elolie  de  Philippson  s'étend,  à  l'Est, 
jusqu'aux  crêtes  calcaires  nord-sud  des  monts  Vardussa,  dont  la  plus  orien- 
tale atteint  au  Prophète-Elie,  245f)™. 

I^e  llysch  en  question  a  été  considéré  par  Philippson  comme  éocène  (Zeit. 
geoi.  des.,  i.  XLII,  1890,  p.  i55);  on  observe  pourtant  au-dessns  de  lui,  à 
l'ouest  des  Vardussa,  des  crêtes  calcaires,  formées,  tantôt  de  blocs  isolés  de 
calcaire  gris,  tantôt  de  calcaire  clair  compact,  recouvrant  très  souvent  une 
formation  rouge  en  forme  de  calotte.  La  calotte,  y  compris  la  formation 
rouge,  est  tantôt  à  allure  tranquille,  tantôt  au  contraire  elle  est  fortement 


SÉANCE    DU    l\    MARS    1910.  7^9 

plissée  au-dessus  du  llysch,  dont  l'allure  tranquille  contraste  avec  celle  des 
formations  superposées  (chemin  de  Pataioxari  à  Arfo/ina). 

La  formation  rouge  se  compose  de  calcaires  en  plaquettes,  souvent  rougeùlres,  avec 
jaspes  et  schistes  rouges  et  bancs  bréclioïdes,  surtout  à  la  partie  inférieure.  Ces  brèches 
contiennent  souvent  des  fragnif-.nls  de  Rudistes,  comme  entre  Palaiokatonna  et  Pen- 
taghi  près  de  Vathyrevma  et  sur  le  sentier  de  Pentaghi  à  Artolina;  on  retrouve  les 
mêmes  brèches  avec  Rudisles  à  Plessia,  plus  au  Sud.  Des  fragments  de  Rudistes  se 
retrouvent  encore  dans  les  blocs  isolés  de  calcaire  gris  foncé,  en  sortant  du  village  de 
Pentaghi,  sur  le  sentier  vers  Artotina. 

Celle  formation  qui  appartient  ainsi  au  Crétacé  se  développe  avec  des  dimensions 
considérables  pour  former  les  sommets  Souphiais  et  Alogorachi  de  la  crête  occidentale 
des  Vardussa. 

D'autre  part,  le  calcaire  des  couches  inférieures  de  la  crête  orientale  des  Vardussa, 
sur  le  versant  ouest  du  Prophèle-I'llie,  contient  des  Ellipaactinia  d'après  la  détermi- 
nation de  M.  H.  Douvillé.  Le  calcaire  en  question  est  gris  ou  jaunâtre  et  quelquefois 
bréchoïde,  reposant  sur  du  grès.  Un  autre  échantillon,  recueilli  près  de  la  source 
Chaliki,  formant  une  masse  sphéroïdale  de  i5'^™  de  diamètre,  environ,  a  permis  à 
M.  Ph.  Skouphos  de  reconnaître  V ElUpsaclinia  ellipsoidea  Steinm.  (PaUeonlogra- 
phica,  t.  XXV^  1878,  p.  ii6). 

Du  col  qui  sépare  la  crête  orientale  des  Vardussa,  de  la  crêle  occidentale, 
on  voit  reparaître  sur  le  calcaire  à  Ellipsactinia  une  formation  rouge  qui 
pourrait  correspondre  à  la  formation  crétacée  mentionnée  plus  haut  et  pour- 
rait ainsi  faire  admettre  pour  le  calcaire  à  Ellipsactinia  un  âge  jurassique 
supérieur.  Cette  question  cependant  reste  indécise,  car  on  constate  l'exis- 
tence de  Rudistes  et  à' Ellipsactinia  dans  le  même  massif  calcaire,  celui  de 
Kontsoros  au  nord  de  ^  ilrinitsa.  Hapj)clons  d'ailleurs  qu'au  col  des  Vardussa 
Neumayr  avait  trouvé  un  fragment  détaché  d6  Rudiste  {Denhc/ir.  Ak.  Wien, 
t.  XL,  1880,  p.  io5  ).  En  ce  qui  concerne  l'observation  de  cet  auteur,  que 
le  calcaire  de  la  crête  occidentale  plonge  sous  la  formation  gréseuse  recou- 
verte par  le  calcaire  de  la  crête  orientale,  elle  ne  peut  être  prise  en  considé- 
ration pour  fixer  làge  relatif  des  deux  calcaires,  parce  que  le  calcaire 
occidental  parait  plutôt  pincé  dans  la  formation  gréseuse,  comme  à  Granilsa. 

Les  faits  que  nous  venons  d'exposer  ne  sont  pas  d'accord  avec  l'âge  l'^ocène 
admis  jusqu'à  présent  pour  le  flysch  de  la  zone  orientale  d'Etolie,  à  moins 
d'admettre  des  phénomènes  tectoniques  de  charriage. 

En  terminant,  nous  devons  signaler  l'existence  d'une  formation  éruptive 
considérable  entre  Pentaghi  et  Artotina;  les  roches  éruptives  appartiennent 
aux  familles  des  gabbro,  des  spilites  et  des  porphyres. 


'^So  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  le  gisement  des  pechsteins  associés  aux  pyromérides 
dans  l'Esterel.  Note  de  M.  Albert  Michel-Lévt,  présentée  par 
M.  Michel  Lévy. 

L'élude  détaillée  que  je  poursuis  actuellementdes  roches  du  massif  permien 
de  l'Eslerel  me  permet  de  préciser  les  conditions  de  gisement  des  pechsteins 
signalés  dès  1877  par  Potier  comme  un  accident  de  la  pyroméride  ;  d'après 
cet  auteur,  ils  forment  desi^eines  dans  la  pyroméride  à  la  colle  (colline)  de 
Grane^  prés  Fréjus  (Notice  de  la  feuille  d'Antihes);  il  y  en  aurait  trois  veines 
principales^  se  ramifiant  à  l'infini,  sans  qu'on  puisse  dire  que  ces  reines 
coupent  cette  roche  ou  que  le  pechstein  lui  soit  postérieur  (^Soc.  géoL,  3*  série, 
t.  Y,  187G-1877,  p.  745). 

Je  n'ai  pas  retrouvé  de  pechstein  dans  la  pyroméride  de  la  colle  de  Grane  ; 
par  contre,  je  puis  indiquer  un  superbe  gisement  de  ces  roches  vitreuses  re- 
marquahles  à  la  colle  de  la  Motte  qui  succède  à  cette  dernière  au  Nord-Ouest 
(crête  dominant  la  rive  droite  du  premier  ravin  au  nord  du  Gargalon,  affluent 
de  la  rive  gauche  du  Reyran).  Les  variétés  entièrement  vitreuses,  noires, 
vertes  et  rouges,  s'y  rencontrent,  formant  un  banc  puissant  de  5'"  à  10'",  que 
l'on  peut  suivre,  sur  Soo'"  à  400'°  de  long,  entre  deux  points  bas  de  la  colle 
de  la  Molle,  sur  son  flanc  nord-ouest,  à  i'""  environ  à  l'est  de  la  vallée  du 
Reyran  ;  ce  banc  puissant  est  à  la  base  de  la  coulée  de  pyroméride  qui  [)araît 
être  descendue  de  plusieurs  kilomèlres  au  Nord-Est,  provenant  de  dykes  avoi- 
sinant  le  mont  Vinaigre  ;  il  repose  directement  sur  des  schistes  verdàlres  et 
desarkoses  fines,  silicifiées  et  se  délitant  au  plaquettes,  riches  en  mica  blanc 
élastique  et  contenant  des  empreintes  de  plantes,  qui  paraissent  appartenir 
au  sommetdu  Permien  inférieur  de  Potier.  Ces  arkoses  reposent  elles-mêmes 
sur  les  puissantes  coulées  de  porphyre  pélrosiliceux  amarante. 

Ce  peclistein  est  un  verre  trempé,  présenlant  une  extrême  abondance  crenroulemenlb 
perlitiques  et  dans  lequel  la  trempe  et  le  relrail  sont  dus  à  un  refroidissement  brusque 
de  son  magma  initial;  l'analyse,  due  à  M.  Pisani,  a  donné  une  perte  au  feu  de 
7,3  pour  100,  qui  indique  un  départ  considéral)le  de  gaz  inclus.  [TiO-  0,1  : 
SiO'72,2;  APO^  10,7;  FeO  +  Fe-0'  1,7;  CaO  o,4;  MgO  0,6;  K^0  3,2;  NaM)':;,y; 
p.  f.  7,3.  Noms  dans  la  classification  américaine  :  l'ersalaiie.  Co/iiiii/iurc,  .v  près 
Alas/xose.  Paramètres  magmatiques  de  M.  Michel  Lévy:  ii>  ^^Z.q  L;ranitoiUoiiliqiie; 
/■  =  0,8  mésopotassique:  *F  =  2,8  magnésien-ferrique  ;  V  =:  4-  2  inicrocalcique.'\ 

.le   crois   pouvoir    conclure    des    faits   constatés   que   la   production  du 


SÉANCE    DU    l4    MARS    1910.  ySl 

pechstein  est  due  ici  à  l'arrivée  de  la  lave  de  la  pyroméride  dans  une  nappe 
d'eau  locale,  probablement  un  lac  de  l'époque.  Cette  hypothèse  s'est 
trouvée  confirmée  par  la  découverte  de  variétés  de  pyromérides  fluidales, 
contenant  de  fins  lits  de  verre  et  passant  au  pechstein,  dans  une  situation 
identique,  à  la  base  de  nombreuses  coulées;  telles  sont  les  pyromérides 
pechsteiniques  des  coulées  au  sud-est  du  sommet  Pelet  (SSV),  de  la 
erête  3oo  au  sud-ouest  de  Théoule,  du  Signal  de  Théoule  (sud  de  la  pointe 
de  l'Aiguille),  du  sommet  170  à  l'ouest  des  Petits-Caous. 

Des  variétés  analogues  paraissent  s'être  formées  à  la  salbande  des  dvkes  de 
pyroméride,  à  faible  profondeur  au-dessous  des  anciennes  bouches  de 
sortie;  je  citerai,  comme  exemple,  la  pyroméride  vitreuse  verte,  contre  les 
conglomérats  de  base  du  Ferinien,  à  la  salbande  d'un  dyke,  dans  le  ravin 
de  Maure-Vieille. 

Les  variétés  de  pyroméride  à  gros  sphéroliles  se  rencontrent,  dans  les 
coulées,  immédiatement  au-dessus  des  pechsteins.  Celles  à  sphérolites  très 
fins  sont  dans  l'épaisseur  des  coulées,  dans  les  parties  supérieures  des  dykes 
ou  dans  les  filons  minces. 

Les  filons  profonds  de  pyroméride  (ceux  que  l'on  rencontre  par  exemple 
dans  le  gneiss  au  nord  de  l'EsLerel)  sont  constitués  par  une  roche  porphy- 
rique,  moins  fluidalc,  généralement  prismée. 

En  résumé,  les  pechsteins  ne  se  présentent  pas  en  veinules  aberrantes 
dans  la  masse  des  pyromérides,  mais  ils  constituent  localement  la  base  des 
coulées  ou  les  salbandes  des  dykes.  Leur  genèse  est  donc  en  rapport  avec 
un  refroidissement  brusque  du  magma  intéressant  de  ces  roches,  si  riches  en 
gaz  inclus  qu'elles  ont  été  appelées  explosives  et  vivantes. 


PHYSiQUi;  DU  GLOBE.  —  Recherches  sur  le  magnétisme  terrestre.  Note 
de  M.  Albert  IVoikkv,  présentée  par  M.  E.  Wolf. 

Dans  une  suite  d'observations  poursuivies  depuis  plusieurs  années,  j'ai 
constaté  qu'il  se  produisait  à  certaines  époques  déterminées  des  variations 
brusques  et  rapides  dans  la  direction  et  dans  l'intensité  du  magnétisme 
terrestre.  Ces  variations  magnétiques  ne  sont  pas  décelées  parles  magné- 
tomètres  habituels,  mais  elles  sont  mises  en  évidence  à  l'aide  d'un 
magnétomètre  d'un  modèle  spécial,  caractérisé  par  un  très  faible  moment 
d'inertie. 

C.  R.,  içiio,  I"  Semestre.  (T.  l.iO,  N"  11.)  'l'C 


^52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'étude  des  variations  brusques  et  rapides  du  maçnélisme  terrestre  parait 
présenter  une  réelle  importance  dans  la  Physique  du  globe  terrestre  et  dans 
la  Météorolof^ie,  car  ces  troubles  précèdent  de  12  à  .'4  heures  l'apparition 
des  grands  mouvements  atmosphériques,  et  ils  se  produisent  aux  mêmes 
époques  que  certaines  perturbations  solaires,  telles  que  l'apparitiou  ou  la 
disparition  de  taches  ou  de  facules  sur  le  bord  du  Soleil,  la  formation 
rapide  de  centres  d'activité,  ou  bien  encore  leur  passage  au  méridien  central. 

Lors  de  ces  perturbations,  les  variations  du  magnétisme  sont  très  imj)or- 
tantes,  car  l'aiguille  du  magnélomètre  est  brusc|uement  projetée  vers  la 
direction  Est-Ouest,  où  elle  stationne  pendant  une  portion  de  seconde. 
L'extrémité  Nord  est  toujours  portée  vers  l'Est  dans  notre  hémisphère. 
L'aiguille  revient  rapidement  à  sa  position  primitive  et  le  nombre  d'oscil- 
lations varie  de  une  à  quatre  par  seconde.  Leur  durée  varie,  suivant  les  cas, 
d'une  heure  à  plusieurs  jours. 

Les  aiguilles  aimantées  et  les  magnétomètres  ordinaires  présentent,  pen- 
dant ces  périodes  de  perturbations  rapides,  un  certain  flottement  dans  leurs 
indications,  mais  leur  masse  et  leur  moment  d'inertie  sont  trop  considé- 
rables pour  permettre  de  les  déceler. 

Ces  perturbations  rapides  paraissent  être  d'origine  électrique,  et  leur 
siège  se  trouve  probablement  dans  les  régions  supérieures  de  l'atmosphère 
terrestre  où  elles  correspondent  à  des  décharges  instantanées  et  successives 
dirigées  de  l'équateur  vers  les  pôles.  Elles  paraissent  également  être  suivies 
d'aurores  polaires. 

Ces  perturbations  magnétiques  sont  accompagnées  de  variations  corres- 
pondantes dans  la  charge  électrique  terrestre,  ainsi  que  j'ai  pu  le  mettre  en 
évidence  dans  un  grand  nombre  d'observations  antérieures. 

La  relation  intime  qui  parait  exister  entre  les  perturbations  électriques 
de  l'atmosphère  et  les  grands  mouvements  cycloniques  semble  indiquer  que 
l'origine  de  ces  derniers  doit  être  surtout  de  nature  électrique. 

Des  observations  suivies  des  perturbations  rapides  du  magnétisme  et  de 
la  charge  terrestre  permettront  d'établir  la  loi  probable  qui  relie  ces  phéno- 
mènes aux  mouvemeuts  cycloniques. 

Je  signalerai,  à  titre  d'eveaiple,  les  dernières  perturbations  (|ui  ont  été 
enregistrées  à  Bordeaux. 

Le  22  février  1910,  de  9''  du  matin  à  midi,  des  perturijations  se  pro- 
duisent au  moment  du  passage  d\\\\  gioupc  île  lâches  sur  le  bord  ouest 
du  Soleil. 


SÉANCE    DU    14    MARS    1910.  738 

Ces  perturl)ations  furent  suivies  de  bourrasques  et  de  mauvais  temps  du 

24  au  27  février. 

Le  7  mars,  des  peilurbalions  analogues  correspondirent  à  la  disparition 

de  taches  sur  le  bord  ouest  du  Soleil,  et  le  9  mars  à  l'apparition  de  taches 

sur  le  bord  est.  Elles  furent  suivies  de  troubles  atmosphériques  et  de  baisse 

barométrique  du  10  au  12  mars. 

J'ai  établi  le  nouveau  magnétomètre  cité  précédemment,  avec  le  concours 

de  M.  Philippot,  constructeur  d'appareils  de  précision  à  Bordeaux. 


MÉTÉOROLOGIE.   —  Sur  les  anomalies  de  la  réparlilion  de  la  pression  atmo- 
sphérique aii^r  Ktals-Vnis.  Note  de  M.  IIr.xryk  Arctowski. 

Les  corrélations  qui  existent  entre  les  variations  climatiques  et  les  récoltes 
nous  permettent  de  croire  que  l'étude  approfondie  de  la  dynamique  des 
climats  mènera  à  des  résultats  d'application  pratique. 

Poursuivant  mes  recherches  dans  cet  ordre  d'idées,  j'ai  abordé  l'examen 
détaillé  des  variations  des  moyennes  annuelles  de  la  pression  atmosphé- 
rique. 

Utilisant  les  données  des  Tables  publiées  par  Sir  Norman  Lockyer,  celles 
du  Mémoire  de  Bigelow  sur  la  pression  atmosphérique  aux  Etats-Unis  ainsi 
que  les  écarts  consignés  dans  les  résumés  annuels  de  Monthly  Weather 
Review^]'A\  formé  des  Cartes  donnant  la  répartition  géographique  des  écarts, 
année  par  année,  pour  1876  à  1908. 

Ces  Cartes,  quoique  enlacliées  d'erreurs  dues  au  défaut  d'Iiomogénéilé  des  séries 
d'observations  d'un  certain  nombre  de  stations,  démontrent  à  l'évidence  l'existence  d'un 
phénomène  excessivement  curieux.  Les  aires  d'écarts  positifs  et  d'écarts  négatifs  sont 
en  efîet  distribuées  par  zones  qui  se  déplacent  d'année  en  année,  tout  comme  s'il 
s'agissait  d'une  propagation  extrêmement  lente  d'immenses  ondes  atmosphériques.  En 
calculant  les  moyennes  consécutives,  pour  un  certain  nombre  de  localités, j'ai  pu  véri- 
fier que,  dans  les  cas  examinés,  il  y  a  vraiment  eu  des  déplacements  progressifs  des 
centres  de  surplus  et  de  déficit  de  pression.  Le  sens  suivant  lequel  les  aires  d'hyper-  et 
d'hypo-pression  se  déplacent  est  généralement  de  l'Iist  vers  l'Ouest,  de  l'Atlantique  vers 
l'océan  Pacifique.  Cependant  le  phénomène  est  très  compliqué  en  réalité.  (^)uelques- 
unes  des  Cartes  annuelles  (donnant  la  distribution  des  écarts  par  rapport  aux  pressions 
normales)  nous  montrent  en  effet,  très  clairement,  l'existence  simultanée  de  deux 
systèmes  d'ondes  entrecroisées,  venant  du  nord-est  et  du  sud-est  des  Etats-Unis. 

Les  moyennes  consécutives  pouvant  être  calculées  jusqu'au  dernier  mois  d'observa- 
tions, il  serait  aisé  de  suivre,  d'une  façon  continue,  les  changements  de  la  ié|)artition 


yS/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  pression  atmosphérique,  et  de  se  servir  évenluellement  de  ces  Cartes  pour  des 
prévisions  à  longue  échéance.  Cependant,  comnne  ce  sont  surtout  les  anomalies  du 
caractère  des  saisons  qu'il  importe  de  connaître,  je  compte  examiner  à  présent  l'in- 
fluence du  passage  des  aires  d'hyper-  et  d'hypo-pression  annuelles  sur  les  valeurs  des 
moyennes  mensuelles  observées. 

Je  n'insiste  pas  sur  les  corrélations  d'opposition  des  écarts  notés  en 
Islande  cl  dans  les  États  du  Nord-Est,  et  je  note  simplement,  pour  finir,  que 
les  sommes  des  plus  grands  écarts,  observés  aux  centres  des  aires  d'hyper-  et 
d'hypo-pression,  semblent  subir  une  variation  dépendant  du  cycle  des 
taches  solaires. 

J'espère  pouvoir  publier  sous  peu  un  compte  rendu  complet  des  résultats 
mentionnés  dans  cette  Note. 


M.  M.  Gandillof  adresse  un  complément  à  son  Mémoire  sur  l'audition. 
(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Violle  et  Villard.) 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  lieures  un  quart. 

G.  D. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  21   MARS  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICiVTIOrVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  à  TAcadémie  qu'en  raison  des  fêtes  de  Pâques 
la  séance  du  lundi  28  mars  est  remise  au  mardi  29. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
ampliation  du  Décret  portant  approbation  de  l'élection  que  l'Académie  a 
faite  de  M.  Charles  Lallemand  pour  occuper  la  place  vacante,  dans  la 
Section  de  Géographie  et  Navigation,  par  le  décès  de  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Ch.  Lallemand  prend  place  parmi 
ses  Confrères. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publioue  et  des  Iîeaux-Arts  adresse 
ampliation  du  Décret  portant  approbation  de  l'élection  que  l'Académie  a 
faite  de  M.  Richard  Dedekind  pour  occuper  l'une  des  places  d'Associé 
étranger,  créées  par  le  Décret  du  i'^''  décembre  1909. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 


MÉDECINE.    —   Fièi'/c  typhoïde  expérimentale. 
Note  de  M.  Metchnikoff. 

Dans  la  période  de   '^o  ans  qui  s'est  écoulée  depuis  la   découverte  du 
bacille  typhique,  la  Science  a  réalisé  de  grands  progrès  dans  l'étude  de  la 

G.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  12.)  If  l 


756  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fièvre  typhoïde.  Mais  elle  a  dû  s'arrêter  devant  l'impossibilité  de  reproduire 
cette  maladie  par  la  voie  expérimentale.  L'introduction  des  bacilles  typhi- 
ques  dans  l'intimité  de  l'organisme  des  animaux  de  laboratoire  amène  bien 
une  infection  mortelle  généralisée,  mais  qui  ne  présente  pas  les  caractères 
essentiels  de  la  fièvre  typhoïde  de  l'homme  avec  ses  lésions  du  lube 
digestif. 

On  a  fait  un  très  grand  nombre  de  tentatives  afin  d'obtenir  cette  maladie 
à  la  suite  de  l'administration  du  virus  typhoïde  par  la  bouche.  Les  résultats 
n'ont  pas  été  suffisants.  M.  Grûnbaum,  àLiverpool,  a  même  essayé  de  re- 
produire la  fièvre  typhoïde  chez  les  singes  anthropoïdes  (chimpanzés),  mais 
sans  beaucoup  de  succès. 

Dans  ces  conditions  on  conçoit  facilemeul  l'embarras  de  la  science  médi- 
cale devant  des  questions  comme  celles-ci  :  Le  bacille  typhique  est-il  seul 
capable  de  provoquer  la  maladie,  ou  bien  exige-t-il  le  concours  de  quelque 
microbe  favorisant?  Les  méthodes  préconisées  pour  la  vaccination  et  la 
guérison  de  la  fièvre  typhoïde  sont-elles  réellement  capables  de  conduire  à 
ce  résultat?  Laquelle  de  ces  méthodes  doit  être  considérée  comme  la  plus 
pratique  et  la  plus  efficace?  La  fièvre  typhoïde  peut-elle  être  traitée 
par  des  sérums?  Ces  sérums  doivent-ils  être  anlibactériens  ou  anti- 
toxiques ? 

Etant  donnée  la  grande  iuq)orlance  du  problème,  nous  nous  sommes 
mis  à  l'étudier,  profitant  des  ressources  de  l'Institut  Pasteur  pour  l'étude 
des  maladies  infectieuses.  Nous  avons  commencé  par  le  commencement 
et  nous  avons  d'abord  essayé  de  reproduire  la  fièvre  typhoïde  chez  un 
animal  des  plus  proches  de  l'homme,  chez  le  chimpanzé,  en  le  soumetlant 
à  l'infection,  non  pas  avec  des  cultures  du  bacille  typhique,  mais  avec  le 
virus  contenu  dans  les  excrétions  de  malades  atteints  de  la  fièvre  typhoïde. 

Dans  cette  intention  il  a  été  administré  à  un  jeune  chimpanzé,  ne  pn-sen- 
tant  aucun  trouble  intestinal' ni  autre,  un  peu  de  matières  fi'cales  d'une 
personne  soignée  à  l'hôpital  Pasteur  pour  une  fièvre  typhoïde  des  plus 
typiques.  Avant  le  début  de  l'expérience  il  a  été  bien  établi  que  ces  matières 
renfermaient  beaucoup  de  bacilles  typhiques  facilement  cultivables.  Pour 
plus  de  sûreté  la  matière  virulente  a  été  donnée  à  notre  chim])aiizé  à  liois 
reprises  différentes. 

Le  septième  jour  après  le  début  de  l'expérience  la  température  du  corps 
a  commencé  à  monter  pour  atteindre  dcuxjours  après  le  maximuin  de  V'"-^- 
Seulement  cet  état  fébrile  n'a  duré  que  peu  de  lenq)s,  car  deux  jours  plus 
lard   la  tenq)érature  est  descendue  aux  environs   de   38°.  Le  chliupiinzé. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  757 

constipé  au  début  de  Texpérience,  a  été  pris  de  diarrhée  pendant  la  période 
fébrile. 

La  maladie  expérimentale,  qui  avait  débuté  d'une  façon  très  semblable  à 
la  fièvre  typhoïde  humaine,  s'est  compliquée  dans  la  suite.  Il  s'est  développé 
sur  elle  un  état  dysentérique  auquel  le  chimpanzé  a  succombé  le  treizième 
jour  après  le  début  de  l'expérience. 

Le  sang  de  l'artère  fémorale,  prélevé  au  moment  de  la  température  la 
plus  élevée,  de  même  que  les  matières  fécales  diarrhéiques,  ont  donné  une 
culture  pure  du  bacille  typhique,  agglutinable  en  très  forte  proportion  (jj^) 
par  le  sérum  antilyphique  préparé  par  M.  Besredka. 

A  l'autopsie  le  gros  intestin  a  montré  des  lésions  caractéristiques  de 
dysenterie  sous  forme  de  petites  érosions  sanguines  de  la  muqueuse.  Mais 
l'iléon  a  manifesté  une  hypertrophie  considérable  des  plaques  de  Peyer, 
correspondant  au  début  de  la  fièvre  typhoïde  de  l'homme.  Il  y  avait  en 
tout  onze  plaques  plus  ou  moins  saillantes  qui  n'étaient  pas  à  comparer  à 
ces  organes  lymphatiques  très  faiblement  développés  dans  l'iléon  normal. 
Les  plaques  de  l'eyer  de  notre  chimpanzé  n'étaient  point  ulcérées  ni  nécro- 
sées, tandis  que  les  ganglions  rétrocœcaux,  très  congestionnés  et  hyper- 
trophiés, renfermaient  des  foyers  de  nécrose  contenant  une  masse  de  globules 
blancs  altérés.  Ensemencés  sur  des  milieux  appropriés,  ces  ganglions,  ainsi 
que  le  sang  du  cœur,  ont  donné  des  cultures  pures  du  bacille  typhique, 
tandis  que  la  rate  et  le  foie  ont  laissé  pousser  plusieurs  microbes,  parmi 
lesquels  beaucoup  de  Prote.us. 

En  résumé  l'expérience  sur  le  chimpanzé  montre  que  l'ingestion  des 
matières  fécales  d'homme,  riches  en  bacilles  typhiques,  est  capable  de  pro- 
duire la  fièvre  typhoïde,  comparable  à  la  maladie  humaine.  Il  devient  donc 
possible  et  urgent  de  rechercher  la  solution  des  questions  que  nous  avons 
énumérées  plus  haut.  Comme  ces  recherches  sont  très  laborieuses,  nous 
nous  sommes  associés  pour  leur  exécution  à  M.  Besredka  qui  a  fait  déjà  des 
travaux  très  importants  sur  l'endotoxine  typhique  et  lesinéthodes  de  vacci- 
nation et  ne  sérothérapie  de  la  fièvre  typhoïde.  Nous  espérons,  grâce  à  cette 
collaboration,  pouvoir  mener  à  bien  notre  projet. 


S.  A.  S.  Albert  de  Mo.\aco  fait  hommage  à  l'Académie  du  n"  162  du 
Bulletin  de  l' Institut  océanographique^  qui  contient  un  Mémoire  intitulé  : 
Les  campagnes  scientifiques  de  S.  A.  S.  le  piince  Albert  I"^  de  Monaco,  par 
J.  Richard. 


y58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ÉLECTIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  rélection  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  en  l'emplacement 
de  31.  Augustin  Normand^  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  36  : 

M.  Albrecht  obtient 23  suffrages 

M.  Hildebrandsson  obtient ii         » 

M.  Penck  »       i  suffrage 

M.  SvenHedin  »       i         » 

M.  Albrecht,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  élu 
Correspondant  de  l'Académie. 

NOMINATIONS. 

M.  le  Président  de  l'OEuvre  du  monument  Horace  Veixs-Paul  Bert 

invite  l'Académie  à  se  faire  représenter  à  l'inauguration,  qui  aura  lieu  le 
27  mars  à  Paris. 

M.  Dastre  est  désigné  pour  représenter  l'Académie  à  cette  cérémonie. 

M.  le  Ministre  de  l'Instriction  publique  et  des  Beaux-Arts  invite 
l'Académie  à  désigner  un  de  ses  Membres  qui  remplacera,  dans  la  Com- 
mission technique  de  la  Caisse  des  recherches  scientifiques,  i'*^  Section, 
M.  Jiornet,  démissionnaire. 

Il  est  procédé  au  vote. 

M.  Prilueux  réunit  l'unanimité  des  suffrages. 

M.  le  Président  du  III'^  Congrès  international  de  Physiothérapie  invile 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à  ce  Congrès,  qui  se  tiendra  à  Paris  du 
29  mars  au  2  avril  1910. 

L'Académie  décide  de  se  faire  représenter  par  M.  A.  Gautier,  Vice- 
Président;  M.  Roux,  MM.  les  Membres  de  la  Section  de  Médecine  et 
Chirureie  et  M.  Labbé. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  769 

RAPPORTS. 

M.  Jean  Charcot  adresse  de  Punta-Arenas  un  résumé  de  son  expédition 
polaire  : 

En  quittant  Déception  nous  nous  sommes  rendus  à  Porl-Lockroy  où 
nous  avons  commencé  nos  travaux.  Pendant  ce  temps  je  partais  en  vedette 
avec  Godfroy  et  Gourdon  pour  Wandel,  afin  de  voir  de  là  les  glaces  et  d'éco- 
nomiser le  charbon  et  le  temps.  C'est  un  petit  voyage  de  4o  milles  qui  a 
été  assez  mouvementé,  mais  dont  le  résultat  final  a  été  satisfaisant.  (Quelques 
jours  après  nous  arrivions  avec  le  Pourquoi  Pas?  à  ^\andel.  De  suite  le 
temps  a  été  mauvais  du  NE.  L'anse  était  un  peu  petite  pour  notre  bateau, 
nous  n'avons  pas  eu  le  temps  d'installer  un  barrage  satisfaisant,  les  petites 
glaces  ne  sont  pas  venues  nous  protéger,  et,  pendant  une  semaine  sans  pou- 
voir en  sortir,  nous  avons  été  en  danger,  assaillis  par  d'énormes  ice-blocs 
qu'il  a  fallu  repousser,  amarrer,  etc.,  nuit  et  jour. 

Le  i*^""  janvier,  avec  Godfroy,  Liouville  et  Gourdon,  nous  allons  en  ve- 
dette chercher  un  meilleur  abri,  et  nous  trouvons  à  l'ile  Petermann  le  port 
que  nous  baptisons,  à  cause  de  la  date,  Port-Circoncision.  Quelques  jours 
après  nous  y  arrivons  avec  le  Pourquoi  Pas?  échappé  de  Wandel  sans  avarie 
importante  en  nous  faufilant  à  travers  les  ice-bergs.  Le  même  jour  je  pars 
avec  Godfroy  et  Gourdon  explorer  le  Sud,  pour  monter  surtout  à  un  som- 
met nous  permettant  de  voir  si  nous  avons  des  chances  de  passer  avec  le 
Pourquoi  Pas?  entre  les  Biscoe  et  la  côte.  Nous  comptions  revenir  le  jour 
même  et  n'avions  emporté  ni  vivres,  ni  rechange  de  vêtements.  Notre  mis- 
sion est  facilement  remplie;  nous  voyous  que  la  côte  est  bloquée,  mais 
quand  nous  voulons  revenir,  nous  nous  trouvons  bloqués  à  notre  tour  par 
les  glaces.  Pendant  /)  jours,  avec  une  neige  continuelle,  nous  cherchons 
à  nous  dégager;  je  passe  sur  les  détails  de  cette  odyssée.  Nous  risquions 
de  mourir  de  faim  et  de  froid.  Le  quatrième  jour,  alors  que  nous  partions 
(nous  avions  nos  sacs  sur  le  dos)  pour  essayer  de  gagner  à  pied  par  la 
falaise  de  glace  un  cap  d'où  à  la  première  éclaircie  on  aurait  pu  voir  nos  si- 
gnaux, le  Pourquoi  Pas?  a  fait  entendre  son  sifflet  dans  la  brume  et  les 
neiges.  Habilement  et  heureusement  conduit  par  Bongrain  secondé  de 
Rouch,  il  est  venu  nous  tirer  d'affaire. 

Malheureusement,  au  retour,  le  bateau  s'est  échoué  avec  une  grande  bru- 
talité sur  un  des  innombrables  récifs  à  fleur  d'eau.  L'arrière  était  dans 
l'eau  à  marée  basse,  il  a  fallu  décharger  le  bateau.  Au  bout  de  trois  jours  et 


■760  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trois  nuils  de  travail  nous  sommes  arrivés  à  le  déséchouer,  mais  nous  avons 
laissé  sur  le  rocher  un  gros  morceau  de  notre  avant,  la  quille  enlevée  jusqu'à 
la  rablure.  C'est  avec  le  bateau  dans  cet  état  que  nous  avons  accompli  toute 
notre  expédition. 

De  Petermann  nous  sommes  partis  vers  le  Sud,  longeant  la  côte,  complé- 
tant la  carte  du  Français.  Nous  avons  retrouvé  Ja  baie  signalée  par  Pendilon 
(baleinier  américain),  puis  découvert  au  nord  de  l'ile  Adélaïde  une  grande 
baie  que  nous  avons  appelée  depuis  baie  Matha.  Nous  avons  fait  l'hydrogra- 
phie de  l'ile  Adélaïde  qui  a  une  coniiguration  bizarre  et  curieuse  ;  au  lieu  de 
8  milles  de  long  commue  on  le  croyait,  elle  en  a  70!  Au  sud  d'Adélaïde,  dans 
une  région  jamais  explorée  ni  vue,  nous  avons  découvert  un  grand  golfe  que 
nous  avons  baptisé  baie  Marguerite,  où,  malgré  les  récifs  et  les  glaces  très 
compactes,  nous  sommes  entrés,  nous  amarrant  à  la  banquise,  près  d'une 
petite  ile  que  j'ai  appelée  l'ile  Jenny  (la  femme  de  Bongrain).  Là  nous  nous 
sommes  mis  au  travail,  mais  sans  mouillage  possible,  en  lutte  perpétuelle 
avec  les  ice-blocs,  risquant  d'être  broyés  par  d'énormes  ice-bergs.  Nous  y 
avons  été  en  perdition,  surtout  pendant  4  jours  de  gros  temps.  C'est  miracle 
que  le  bateau  ait  échappé.  Un  ice-berg  a  chaviré  auprès  de  nous;  seule  une 
manoeuvre  rapide  nous  a  sauvés  (ceci  par  beau  temps)  ;  une  eudjarcation 
a  été  broyée  et  rejetée  sur  la  banquise. 

Pendant  notre  séjour,  Bongrain,  Gain  et  Boland  ont  fait  en  traîneau  une 
excursion  de  deux  jours,  quia  permis  de  faire  l'hydrographie  de  la  cote  qui 
sépare  Adélaïde  de  la  terre  Loubet.  Au  sud  de  la  baie  Marguerite  nous 
sommes  en  lutte  oontinuelle  avec  les  glaces,  les  ice-bergs  et  les  récifs,  mais 
nous  découvrons  et  faisons  l'hydrographie  de  120  milles  de  côte  inconnue. 
Après  deux  essais,  nous  forçons  notre  route  et  atteignons  enfin  la  terre 
Alexandre  P'',  dont  nous  faisons  l'hydrographie,  et  nous  allons  ensuite  rele- 
ver celle  len-e  d'un  autre  point.  Quand  nous  l'avions  quittée,  il  ne  manquait 
-qu'un  petit  coin  pour  l'avoir  complètement,  nous  avons  pu  le  relever  l'été 
suivant;  malgré  tous  nos  efforts  nous  n'avons  pu  hiverner  en  cet  endroit. 
Cela  a  été  mon  plus  grand  désespoir,  mais  il  n'y  a  qu'une  falaise  de  glace  ; 
partant  pas  d'abri,  pas  de  mouillage.  Si  nous  avions  voulu  hiverner  dans  la 
banquise,  ce  qui  eût  été  désastreux  pour  les  observations,  il  aurait  fallu  nous 
éloigner  de  terre  pour  ne  pas  être  broyé;  on  aae  s'imagine  pas  ce  (jue  sont 
les  ice-bergs  et  la  banquise  de  cette  région.  En  vain  nous  avons  cherché  dans 
la  baie  Marguerite,  la  baie  Matha  et  ailleurs;  cependant  nous  nous  serions 
contentés  de  bien  peu.  Alors  il  a  fallu  se  résigner  à  revenir  à  Petermann,  ce 
(jui  nous  permettait,  avec  une  bonne  installation,  de  compléter  et  amplifier 


SÉANCE    DU    2  1    MARS    I9IO.  761 

les  observations  du  Français,  aug'meiitant  ainsi  la  valeur  de  Tune  el  de  lautre 
expédition.  Cette  campagne  d'étil',  malgré  quelque  mauvais  temps,  a  été 
favorisée  par  un  ciel  exceptionnellement  clair,  de  sorte  que  nous  rapportons 
des  photographies,  je  puis  dire  de  toute  la  côte,  y  compris  Alexandre  I'^'',  et 
que  nos  observations  sont  des  plus  exactes.  Partout  où  nous  avons  pu,  il  y 
a  eu  des  travaux  et  des  débarquenaents;  enfin  de  très  nombreux  sondages  et 
dragages  ont  été  faits  pendant  toute  la  durée  de  la  campagne.  La  lutte  avec 
les  glaces  a  été  très  dure,  mais  le  bateau  s'est  admirablement  coi»porté. 

Notre  station  d'hivernage  a  été  organisée  le  plus  confortablement 
possible,  les  observatoires  nombreux  étaient  éclairés  par  la  lumière  élec- 
trique amenée  du  bord.  Avec  la  vedette,  en  ti'ois  jours  j'ai  ramené  la  maisoin 
démontable  du  Français  qui  a  fait  un  observatoire  confoitable  de  plus. 

En  automne,  en  vedette  et  sur  les  glaciers,  nous  avons  fait  de  longues  et 
nombreuses  excursions.  L'hiver  a  été  doux  mais  affreux.  En  somme  un 
formidable  coup  de  vent  de  NE  qui  a  duré  neuf  mois.  Nous  n'avons  vu  le 
Soleil  que  5  jours  et  la  quantité  de  neige  tombée  a  été  formidable.  La 
banquise  se  disloquait  perpétuellement,  le  passage  des  icebergs  était  consi- 
dérable. Malgré  notre  abri,  les  précautions  prises,  les  barrages  ont  été 
cassés  les  uns  après  les  autres;  le  bateau  a  été  souvent  en  danger  et  notre 
gouvernail  a  été  broyé.  Nous  en  avons  fait  un  autre  avec  les  moyens  du 
bord,  en  coupant  une  vergue. 

Cet  hiver  pénible  a  eu  son  retentissement  sur  la  santé;  plusieurs  d'entre 
nous  ont  été  assez  gravement  atteints  de  scorbut,  lun  d'eux  demyocardite. 
Ce  n'est  que  la  viande  de  phoque  cjui  nous  a  tirés  d'affaire,  quand  nous 
avons  pu  nous  en  procurer. 

Un  raid  pour  traverser  la  terre  de  Graham  a  été  préparé  avec  beaucoup 
de  soin,  je  devais  le  commander,  mais  j'ai  été  terrassé  par  le  scorbut; 
Gourdon  m'a  remplacé  avec  (iain,  Senouque  et  les  trois  matelots  Ijosnard, 
Aveline  et  Hervé.  Ils  ont  rapporté  de  très  intéressantes  observations,  mais 
sans  avoir  pu  vaincre  la  vraiment  infranchissable  muraille  à  pic  de  granit  et 
de  glace  qui  part  des  glaciers  et  borde  la  côte  partout  où  nous  avons  cherché 
à  pénétrer.  Nombre  d'autres  excursions  ont  été  faites. 

Avec  beaucoup  de  mal,  lin  novembre,  nous  avons  pu  dégager  le  bateau. 
Les  glaces,  malgré  l'hiver  doux,  probablement  à  cause  de  la  neige,  étaient  en 
abondance  considérable,  et  les  difficultés  de  la  navigation  augmentées  par  le 
nombre  phénoménal  des  ice-borgs.  Enfin,  après  de  grands  efforts,  nous  avons 
pu  gagner  Déception,  où  nous  avons  trourvé  les  baleiniers  gênés  par  les 
glaces  et  le  mauvais  temps.  Nous  y  avons  été  admirablement  reçus,  sur  le 


762  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vapeur  chilien  Gobernador  Bories,  par  M.  Andresen  et  sa  femme.  Avec  une 
grande  générosité,  ils  nous  ont  aidés  dans  la  mesure  de  leurs  moyens  et  nous 
ont  fourni,  d'après  les  ordres  delà  Sociedad  Ballenera  Magellanes,  100' 
de  charbon.  Comme  notre  bateau  fait  2'  d'eau  par  heure,  le  scaphandrier 
qui  chercha  à  renflouer  le  vapeur  Telefon  qui  s'est  échoué  l'an  der- 
nier, a  tenu  à  examiner  notre  coque  ;  il  n'a  pu  que  constater  la  gravité  de 
notre  avarie  de  l'avant  et  quelques  avaries  de  moindre  importance.  Nous 
avons  rapidement  fait  quelques  installations  à  terre  pour  le  sismographe, 
et  des  dragages  en  même  temps  que  l'hydrographie.  Les  naturalistes  et  les 
géologues  ont  pu  faire  du  bon  travail.  Le  temps  a  été  affreux.  De 
Déception  j'ai  voulu  aller  à  la  terre  Joinville  chercher  des  fossiles,  mais 
très  vite  nous  avons  été  arrêtés  par  les  glaces,  et,  ne  voulant  pas  risquer 
de  compromettre  notre  campagne  au  Sud  ou  de  subir  dans  les  mêmes 
parages  le  sort  de  V Antarctique,  après  une  courte  lutte,  je  me  suis  rabattu 
sur  l'île  Bridgeman,  où  nous  avons  débarqué,  puis  sur  Admiralty-Bay 
et  la  côte  Sud  des  Shetlands,  où  nous  avons  fait  un  très  bon  travail. 

De  là  nous  sommes  partis  vers  le  Sud.  Le  temps  tout  de  suite  a  été  mau- 
vais et  sombre,  les  glaces  et  les  ice-bergs  très  abondants;  néanmoins  novis 
avons  pu  dépasser  toutes  les  latitudes  atteintes  au  sud-ouest  de  la  terre 
Alexandre  P''  et  en  terminer  la  Carte  ;  puis  nous  avons  eu  la  chance  de  décou- 
vrir une  suite  de  terres  nouvelles  au  sud  et  à  l'ouest  de  la  terre  Alexandre  I"', 
dans  un  endroit  inattendu,  résolvant  ainsi  un  problème  important.  La  ban- 
quise nous  a  empêchés  d'y  aborder,  en  i  heure  nous  n'avancions  pas  de  io"M 
Nous  avons  continué  notre  route  en  suivant  les  variations  de  la  banquise  et 
avons  retrouvé  bien  à  sa  place  l'ile  Pierre  L"'  qui  n'avait  pas  été  revue  depuis 
que  Bellingshausen  l'avait  découverte.  Une  tempête  nous  y  a  assaillis  avec 
brume  ;  nous  avons  eu  la  chance  de  pouvoir  nous  diriger  parmi  les  ice- 
bergs. A  partir  de  ce  moment  les  ice-bergs  sont  tellement  nombreux  que 
j'évalue  à  plus  de  5ooo  ceux  que  nous  avons  vus  en  moins  d'une  semaine, 
il  faut  tout  le  temps  être  sous  vapeur,  et  sans  cesse  une  brume  épaisse  à  ne 
pas  voir  à  1 5"  devant,  alternée  avec  les  coups  de  vent.  Néanmoins  nous  arri- 
vons jusqu'à  126"  de  longitude,  ayant  navigué  depuis  l'endroit  d'où  la  Bel- 
gica  est  sortie  des  glaces  entre  69°  et  71°  de  latitude,  c'est-à-dire  bien  au 
sud  de  Cook  ou  de  Bellingshausen.  Notre  provision  de  charbon  était  épuisée, 
la  santé  de  plusieurs  devenait  un  peu  alarmante  ;  Godfroy  était  repris  de 
scorbut.  Nous  avons  donc  dû  mettre  le  cap  au  Nord.  Pendant  longtemps  les 
ice-bergs  ont  été  nombreux,  puis  ils  ont  diminué  et  enlin  nous  avons  vu  le 
dernier.  La  traversée  de  l'Antarctique  au  cap  Pillar  a  été  extrêmement  ra- 


SÉANCE    DU    21    MARS    I910.  763 

pide,  grâce  à  une  série  ininterrompue  de  grands  coups  de  vent  variant  de 
SW  au  NN W  ;  la  mer  était  énorme.  En  10  jours  nous  sommes  arrivés  à 
l'entrée  du  détroit  de  Magellan,  mais  nous  y  avons  reçu  un  formidable  coup 
de  vent  de  NNW  accompagné  de  temps  bouché.  Sur  la  côte  nous  avons 
quelques  heures  d'inquiétude,  (jràce  aux  magnifiques  qualités  du  bateau 
et  à  sa  très  bonne  machine  aidée  de  voiles,  nous  avons  pu  cependant 
nous  élever  au  vent  et  mouiller  quelques  heures  après  à  la  baie  Tuesday. 
L'état  de  santé  des  hommes,  la  nécessité  de  faire  de  l'eau  douce  pour  la 
chaudière,  m'ont  décidé  à  séjourner  4  jours  dans  le  détroit.  En  raison  de  la 
mauvaise  situation  dans  la  baie  Tuesday,  nous  nous  sommes  rendus  à  Puorlo- 
Gallanle,  où  nous  avons  pu  nous  procurer  de  la  viande  fraîche,  quehjues 
légumes  et  faire  de  l'eau  ;  les  hommes  ont  pu  se  reposer.  Nous  mouillons  à 
Punta-Arenas,  où  nous  avons  été  admirablement  accueillis,  après  1 4  mois 
d'absence.  Pendant  celte  seconde  campagne  d'été  comme  pendant  la  pre- 
mière, de  nombreux  sondages  et  dragages  ont  été  exécutés. 

Le  bateau  à  tous  points  de  vue,  tant  dans  les  glaces  qu'en  mer,  s'est  mon- 
tré excellent,  et  nous  n'avons  pas  eu  une  seule  avarie  de  machine.  Pour  avoir 
supporté  ce  qu'il  a  supporté,  il  faut  que  ce  bateau  soit  d'une  solidité  remar- 
quable. L'équipage  a  été  parfait.  Quanta  l'Etat-Major,  c'est  à  son  travail 
incessant  que  sont  dus  les  résultats  de  la  mission  ;  le  programme  scientifique 
a  été  scrupuleusement  rempli. 


M.  A.  Lacroix,  à  la  suite  de  la  communication  du  Rapport  de  M.  Charcol^ 
signale  à  l'Académie  qu'il  vient  de  recevoir  une  lettre  de  M.  Gourdon,  le 
géologue  de  l'expédition,  qui  donne  quelques  détails  sur  ses  observations 
géologiques. 

Sans  compter  ce  qui  concerne  les  glaciers,  l'hivernage  à  l'île  Petermann 
a  permis  de  compléter  les  recherches  faites  par  l'expédition  précédente  et 
d'efl'ectuer  un  raid  d'une  quinzaine  de  jours  sur  la  Terre  de  Graham.  Là,  de 
même  que  sur  la  Terre  qui  fait  suite  aux  Terres  de  Graham  et  de  Loubet, 
où  plusieurs  débarquements  ont  pu  être  opérés,  il  n'a  été  rencontré  que  des 
granités  et  des  diorites  quartzifères.  Sur  cette  dernière  Terre,  ces  roches 
grenues  sont  traversées  par  des  filons  minces  et  des  dykes  de  roches  volca- 
niques :  des  brèches  volcaniques  ont  été  observées  dans  plusieurs  îlots.  Nulle 
part  il  n'a  été  trouvé  de  roches  sédimentaires. 

Plus  au  Nord,  l'expédition  a  fait  des  observations  et  des  récoltes  nom- 

C.  R.,  1910,1"  Semestre.  (T.  150,  N»  12.)  I02 


764  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

breuses  dans  les  îles  volcaniques  Déception,  Bridgeman  et  du  roi  (àeorges. 
Les  tufs  basaltiques  de  cette  dernière  île  notamment  renferment  de  grosses 
amygdales  de  zéolites,  de  quartz  et  de  calcédoine. 


COR  RESPOND  Ai\  CE . 

M.  le  Ministre  de  i.'Instkuciiov  publique  et  des  Beaux-Arts  invite 
TAcadémie  à  lui  présenter  une  liste  de  deux  candidats  à  une  place  de 
Membre  du  Bureau  des  Longitudes,  vacante  par  le  décès  de  M.  Bouquet  de 
la  Grye. 

(Renvoi  à  une  Commission  composée  de  MM.  les  Membres  des  Sections 
de  Géométrie,  Mécanique,  Astronomie,  Géographie  et  Navigation, 
Physique  et  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences  lualhé- 
matiques.) 


M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- Arts  in  vile 
l'Académie  à  lui  désigner  ceux  de  ses  Membres  qui  pourraient  se  rendre, 
en  qualité  de  délégués  de  son  Département,  au  III"  Congrès  international 
quinquennal  de  Botanique^  qui  se  tiendra  à  Bruxelles  du  if\  au  22  mai  1910. 

(Renvoi  aux  Sections  de  Botanique  et  d'Lconomie  rurale.) 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  invite 
l'Académie  à  lui  désigner  ceux  de  ses  Membres  qui  pourraient  se  rendre, 
en  qualité  de  délégués  de  son  Département,  au  Congrès  international 
d'Hygiène  alimentaire,  qui  se  réunira  à  Bruxelles  du  [\  au  8  octobre  1910. 

(Renvoi  aux  Sections  de  Médecine  et  d'Economie  rurale.) 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

I  "  Microhiologie  agricole,  par  Edmond  Kayser.  (  Présenté  par  M .  A .  M  iintz.) 

1°  Quelques  lettres  (1873-1910)  de  quelques  collègues.  Membres  de  l'Institut 

de  France,  adressées  au  D""  G.-D.  Hinuicus.  (Présenté  par  M.  A.  (iaulier.) 

3"  Relazione  de  la  Commessione  keale  incaricata  di  designare  le  zone  put 


SÉANCE    DU    21    MARS    I9IO.  766 

adatle  per  la  ricoslruzione  degli  abilati  colpiti  dal  terremoto  del  28  dicemhre 
1908  o  di  altri  precedenti.  (Adressé  par  M.  Blaserna,  président  de  la 
Commission.) 

4°  Le  premier  fascicule,  Tome  II,  de  V Élude  dynamique  dest'oitures  auto- 
mobiles, par  Albert  Petot.  (Présenté  par  M.  Darboux.) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Observa- 
toire de  Lyon  pendant  le  quatrième  trimestre  de  1909.  Note  de  M.  J. 
Guillaume. 

On  coTmple  [\i  jours  d'observation  dans  ce  trimestre,  et  les  principaux 
faits  qu'on  en  déduit  se  résument  ainsi  : 

Taches.  —  Le  nombre  des  groupes  esl  très  jjeu  supérieur  (5o  au  lieu  de  45)  à  celui 
du  troisième  trimestre,  mais  leur  aire  totale  est  presque  double  {55o8  millionièmes 
au  lieu  de  2908). 

Trois  groupes  ont  atteint  la  visibilité  à  l'œil  nu  : 

Octobre ^^^         à   —    i°  de  latitude 

Novembre 27,9         à  — 18°  de  latitude 

Décembre 3i,6         à   — 16°  de  latitude 

D'autre  part,  le  Soleil  s'est  montré  dépourvu  de  taches  dans  deux  des  jours  d'ob- 
servation (11  et  12  décembre). 

En  ce  qui  concerne  leur  répartition  entre  les  deux  hémisphères,  on  a  i  groupe  en 
plus  au  sud  de  l'équateur  (26  au  lieu  de  2»)  et  4  en  plus  au  nord  (24  au  lieu  de  20). 

Régions  d'activité.  —  Malgré  un  nombre  de  groupes  moindre  d'un  quart  (65  au 
lieu  de  86),  la  surface  totale  des  facules  est  peu  inférieure  à  celle  enregistrée  dans  le 
précédent  trimestre  (82,3  millièmes  au  lieu  de  89,0).  Cette  diminution  des  groupes 
de  facules  a  été  un  peu  plus  forte  dans  l'hémisphère  austral  (87  au  lieu  de  49)  que 
dans  l'autre  hémisphère  (  aS  au  lieu  de  87). 

Tableau  I.  —   Taches. 


il'obsen. 

Talions 

centra 

Octobre 

3o-  7 

4 

3,9 

28-   9 

7 

4,2 

28-  9 

7 

4 , 4 

5 

1 

''  1  ' 

■2-1  1 

6 

7,3 

5-iG 

9 

1 1 ,0 

i3-i6 

'1 

11,2 

Surfaces 

Dales 

Nombre 

rass. 

moyennes 

extrêmes  d'obser- 

au  mér. 

rédaites. 

ci'obserT. 

valions. 

central. 

Oclob 

'4 

5 

11,4 

i4: 

7-18 

10 

l3,2 

5o3 

1 4- 1 9 

i3,6 

2 

1 1 

14,0 

ii3 

I  5 

l5,2 

400 

i3-i4 

19,1 

17 

i5 

■',0,0 

147 
116 


7G6 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


Tableau  I. 


Surrac 
moyen 


Octobre  (siiile). 


14-23 

1 1 

20 

7 

21-22 

2 

iC> 

i 

23-30 

3 

28 

6 

23-3o 

3 

29 

6 

2Ï-   6 

4 

3i 

4 

25-  G 

4 

3i 

j 

-+-  6 

•53 

H-  8 

3[ 

-H    2 

107 

125 

Novembre.  —  0,00. 


5-  6 

:>. 

3,5 

5-  6 

2 

3,7 

5-  6 

2 

6,1 

5-  6 

2 

8,3 

5-  G 

2 

9,6 

i4 

1 

11,6 

14 

1 

1  ),  1 

22 

1 

17,1 

l4-22 

2 

17,2 

22-23 

2 

22,8 

22-29 

4 

2G,8 

22-23 

2 

27,5 

—18 


23 

171 

26 

3i 
24 

25 

164 
83 

199 
16 


Taches  (suite), 

I  Dates      ^umb^e 


3-23 

!l-23 

26 

17 
'.1-29 


29-3  I 
23 

23-31 

26 
29-31 
26-3 1 


Novembre  (suite  ). 


27,9 
28,0 


—  1  i",i)  -+-1  i",G 


22, 1 

22,3 

24  ,0 

— 13 

24,9 

—  12 

v.6,5 

—  '4 

28,4 

-  3 

29,0 

3o,G 

—  ij 

3o,8 

3r,6 

—  iG 

24 

200 
220 


86 
142 
'19 

24 

35 

i5<j 

3 

16 
5i4 


16  j. 


—  I  l°,G   H-   9", 4 


Octobre.. . . 

Novembre. . 
Décembie . . 

Tolau\ . 


Tableau  II.  —   Dislribulion  des  taches  en  latitude. 

Sad. 


90*.     lO".        30".        20°. 


Son 


Soi 


Nord. 

Surfaces 

omme.  C 

".          1 

20*.     30-. 

10' 

90". 

mensuels. 

réduites. 

10 

8 

2          » 

1) 

20 

'9Î9 

7 

2 

5 

» 

14 

1835 

7 

4 

3 

» 

iG 

>7i4 

24 

14 

10           » 

, 

.. 

5o 

55o8 

Tableau  III.  —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


190». 

Octobre. . . .  . 
Novembre. .  . 
Décembi  e  . . . 

Totaux. 


•.  10°.     30°.    10".      10°.     0*.  Sooime 

I        »        1      10       3  i5 

»       »        »       6       2  8 

»        »        1        8       5  i4 

1       »       2     24     10  37 


Nord . 

Surface 

0'.       !0'. 

30" 

.  to* 

90-. 

Tolauj 

.m.. 

0*. 

réiluites 

i3 

G 

6 

, 

„ 

„ 

■2  S 

34,5 

G 

3 

3 

» 

» 

» 

'4 

'9,4 

9 

3 

5 

1 

)> 

» 

23 

28,4 





_ — 

— 

_ 

— 

— 

28 

12 

14 

2 

» 

» 

65 

82,3 

SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  767 

GÉOMÉTRIE   INFINITÉSIMALE.  —  Sur  quelques  nouvelles  familles  de  Lamé. 
Note  de  M.  J.  Haag. 

Dans  une  Note  insérée  dans  les  Comptes  rendus  du  22  juin  1891,  M.  Petot 
a  indiqué  comment  la  recherche  des  systèmes  triples  orthogonaux  composés 
de  surfaces  dérivant  de  trois  d'entre  elles  par  une  translation  rectiligne  con- 
■  tinue  se  ramène  à  la  détermination  de  certains  systèmes  sphériques  ortho- 
gonaux ((t),  caractérisés  par  un  élément  linéaire  de  la  forme 

,  ,       à'/.    ,  ,       d't.  ,  , 
ou  âv 

OÙ  les  variables  u  et  t'  sont  convenablement  choisies.  (Nous  leur  donnerons 
le  nom  de  i^ariables  canoniques.) 

Ce  géomètre  signale  comme  système  (tr)  particulier  le  système  des 
ellipses  et  hyperboles  homofocales  et  celui  qui  se  compose  de  deux  familles 
de  cercles  orthogonaux .  Comme  il  n'a  rien  publié  à  ce  sujet,  je  me  suis  pro- 
posé d'étudier  ces  systèmes  particuliers,  tout  en  les  généralisant.  J'ai  été 
conduit  aux  résultats  suivants. 

I.  Systèmes  (a)  comprenant  une  famille  de  petits  cercles.  —  On  trouve 
d'abord  que  les  plans  de  ces  petits  cercles  doivent  être  parallèles  à  une 
même  droite,  O^  par  exemple.  A  part  cela,  ils  peuvent  être  choisis  arbitrai- 
rement, de  sorte  que  si  cosp  et  X  désignent  les  coordonnées  polaires  dans 
xOyàn  centre  d'un  quelconque  des  petits  cercles,  p  es  t  une  fonction  arbitraire 
de  X.  On  sait  qu'à  toute  direction  OT correspond  une  surface  S  et  une  seule 
(à  une  homothétie  près),  qui  admet  (a)  pour  représentation  sphérique  de 
ses  lignes  de  courbure  et  qui  engendre  une  famille  de  Lamé  dans  une  trans- 
lation parallèle  à  OT. 

Pour  que  la  surface  S  soit  un  périsphère,  il  faut  et  suffit  que  la  direc- 
tion OT  soit  perpendiculaire  à  Oz.  La  surface  S,  qui  correspond  à  Ox,  par 
exemple,  a  pour  équations 

-^1=:—  sin-X  cosjut  —  /  (cotp  sin'/  ■+-  tangp  cos*>i)dX, 

ji=:  sin>,  cosÀ  cosp.  -+-  /  cotap  sin2>i  dk, 
5,=:  sin)i  cosf/., 

où  [X  désigne  une  variable  auxiliaire  qui  a  une  signification  géométrique 
très  simple. 


768  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Sur  ces  équations  on  reconnaît  facilement  les  différentes  propriétés  des 
périsphères  signalés  par  M.  Maurice  Lévy  (Journal  de  Liouville,  1892, 
p.  35 1). 

On  a  des  équations  analogues  pour  la  surface  So  qui  correspond  à  (}x. 
(^)uant  à  la  surface  S3  relative  à  Or,  c'est  la  surface  de  Joachinistal  la  plus 
générale  engendrée  par  le  mouvement  de  verrou  d'une  tractrice  autour  de 
sa  base  (on  retrouve  ainsi  un  résultat  de  notre  Note  du  3  août  1908). 

La  surface  S  qui  correspond  à  une  direction  OT  quelconque  se  déduit, 
suivant  une  règle  très  simple,  des  surfaces  S,,  S,,  et  S,  par  composition 
géométrique. 

Enfin  les  variables  canoniques,  qui  permettent  d'avoir  sans  calcul  les 
équations  du  système  triple  orthogonal,  sont  données  par  les  deux  qua- 
dratures 

c    '^'^  1        v-     r      ,-. 

f  ^ —  /  -: 5  u  =lostans^ /  colûrtA. 

J  sin  p  cos  p  °  •î       _  /         ' 

Ln  cas  particulier  intéressant  est  celui  où  les  deux  familles  de  (a-)  sont  des 

petits  cercles,  cas  signalé  par  M.  Petot.  11  suffit  de  supposer  dans  ce   qui 

précède 

cosp  =  KcosX  (K  =  const.). 

On  obtient  des  résultats  élégants,  que  le  manque  de  place  nous  empêche 
de  donner. 

II.  Systèmes  (  ir)  isothermes.  —  Il  y  en  a  de  quatre  espèces  différentes  : 

i"  Système  de  deux  familles  de  cercles.  Il  vient  d'être  étudié; 

2°  Système  orthogonal  de  loxodromies.  Les  systèmes  triples  orthogonaux 
correspondants  coïncident  avec  ceux  obtenus  dans  (I),  dans  le  cas  où  les 
plans  des  petits  cercles  enveloppent  un  cylindre  de  révolution  d'axe  Oz. 

3°  Projection  stéréo  graphique  des  courbes  du  plan  des  xy  qui  ont  pour 
équations  polaires 

p'"cosw(ij=:  coiist.,  p'"  sinwi  w  =:  coiist. 

Les  systèmes  correspondants  coïncident  avec  ceux  de  (I)  dans  le  cas  où 
les  plans  des  petits  cercles  enveloppent  un  cylindre  à  base  épicycloidale  ou 
hypocycloidale. 

4°  Ellipses  et  hyperboles  homo  focales.  —  Parmi  les  familles  de  Lamé  cor- 
respondantes, citons  la  suivante  : 

//  :=  ('-^'(cosij  —  COSCJ), 


SÉANCE    DU    21    MARS    IpIO.  769 

les  constantes  h  et  c  étant  liées  par  la  relation 

1         I 

Le  système  triple  orthogonal  correspondant  à  des  équations  de  la  forme 

suivante  : 

X  rn:  2.t  0  sin  2  0  +  coto  log(sQ^f  —  sn^  Il  ), 

I      ,      dn  (■  —  (In  u 

\  —  -, —  log  -3 3 — , 

SU)  ©         dnc  +  du  M 


«loi 


en  V  —  en  M 


ou  1  on  a  pose 


"  =  pi  —  p>         f  =^  P2  —  pi 
et  où  sin  o  désigne  le  module  de  la  fonction  sn. 

III.  Systèmes  (a)  représentations  sphériqties  de  surfaces  à  courbure  totale 
constante.  —  La  détermination  des  éléments  linéaires  de  ces  systèmes  se 
fait  comme  celle  des  systèmes  isothermes.  Malheureusement,  à  part  un  cas 
particulier  déjà  connu,  nous  n'avons  pu  obtenir  leurs  équations  finies.  Nous 
nous  contenterons  de  citer  le  suivant. 

Si  Ton  pose 

a  =  ?/-  —  c^, 
et  si  (o  satisfait  à  l'équation  différentielle 

d- 'i\        il'ti        sinr.icosoj 
dy'        dy.  [^ 

on  a 

(/t-  =  sln^  Cl)  du"-  -\-  cos'  w  dv-. 


THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Sur  une  transformation  des  fractions 
continues  arithmétiques.  Note  de  M.  A.  Chatelet,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

1.   Etant  donné  le  développement  d'un  nombre  irrationnel  7- en  fraction 

P 
continue,  on  peut,  dans  certains  cas,  en  déduire  par  des  opérations  arith- 
métiques simples  le  développement  du   nombre  rj-^ — ~^,  A,  B,  A',  B' 
étant  des  entiers  et  le  déterminant  K  =  AB'  —  BA'  étant  différent  de  zéro. 


770  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Etant  donnée  une  telle  transformation,  on  peut  d'abord  la  décomposer 
en  un  produit  d'une  transformation  modulaire  (qui  ne  changera  que  les 
premiers  quotients  du  développement)  et  d'une  transformation  définie  par 
le  Tableau  à  coefficients  entiers 

a     —  X 

o       b 

avec  les  conditions 

a6  =  K,         o5a7<6. 

Je  me  contenterai  de  traiter  le  problème  pour  cette  dernière  transforma- 
tion, en  supposant  en  outre  x  tia  premiers  entre  eux  ('). 

2.  Soit  alors  |  le  transformé  de  -j.  ^  étant  supposé  plus  grand  que  i  et 

soit  en  outre  -^  un  quotient  complet  de  -^^  Je  supposerai  essentiellement 
qu'on  peut  trouver  un  tel  quotient  supérieur  à  2K.   On  peut  écrire  la 
relation  entre  -^  et  ^  sous  forme  d'égalité  entre  Tableaux 
«  _  P„      P„-,        a„ 

En  multipliant  à  droite  par  le  Tableau  (  i  )  on  trouve 

y       a     — .r       a.       a      — x       P„      Pn-i        ^n 

ô~o        6^(3^o        b         Q„     Q„_,  ^p,,' 

L'artifice  consiste  alors  à  remplacer  le  premier  produit  du  deuxième 
membre  en  se  servant  de  l'égalité 

a     — X      P„      P„_i       S      S'       a,     — y 
o        6     ^  Q„     Q„_,  ""  T     T'       o        i, 

a,,  i|,  y  seront  déterminés  de  façon  unique  par  la  congruence  et  les  condi- 
tions 

(  (P„«-.rQ„)j-(P„_,«-^Q„_,)«i=o         (K), 
1  «,6.  =  R         (o</<i), 

y  et  rt,  étant  premiers  entre  eux.  Les  nombres  S,  S',  T,  T'  seront  alors  des 
entiers  dont  le  calcul  est  facile  et  sur  lequel  je  n'insiste  pas.  En  posant 

'        =  X 

o,„       O       ^,        3„ 

^  '  )  S'il  n'en  était  pas  ainsi,  on  pourrait  la  décomposer  en  un  produit  de  deux  autres 
vérifiant  chacune  celte  condition. 


SÉANCE    DU    21    MARS    19IO.  77 I 

on  peut  démontrer  sans  difficulté  dans  le  cas  considéré  que  4^  est  un  quo- 
tient complet,  ou  une  fraction  convergente  intermédiaire  de  (-  On  aura 
par  suite  les  premiers  quotients  incomplets  en  décomposant  le  Tableau 

en  un  produit  de  Tableaux     "       .     . 
T    T'  ^  10 

3.  On  peut  appliquer  à  nouveau  le  procédé  au  calcul  de  4^)  il  suffit  de 
trouver  un  nouveau  quotient  complet  -^^  supérieur  à  2K,  et  ainsi  de  suite. 

Pn  +  h 

Le  procédé  sera  indéfiniment  applicable  et  donnera  par  suite  le  développe- 
ment de  X  dans  le  cas  où  -^  a  une  infinité  de  quotients  complets  supérieurs 

à  2lv  ou,  ce  qui  revient  au  un* me,  de  quotients  incomplets  supérieurs 
à  2K  —  I . 

4.  Par  l'application  de  cette  méthode,  j'ai  pu  démontrer  un  certain 
nombre  de  propriétés  et  particulièrement  les  deux  suivantes  : 

a.  Sij  à  partir  d'un   certain   ra/ig,   certains  quotients  incomplets   d  un 

nombre  ^  se  reproduisent  périodiquement  et  si  les  autres,  tout  en  augmentant 

indéfiniment  ont,  relativement  à  tout  module  entier,  des  restes  se  reproduisant 
périodiquement ,  la  même  propriété  est  encore  vraie  pour  toute  transformée 

homographique  de  -,  àcoefficients  entiers  et  de  déterminant  différent  de  zéro  (  '  ) . 

C'est,  en  particulier,  ce  qui  se  produit  pour  toute  fonction  homographique 
1 

de  e'",   n  étant  un  nombre  entier.  Les  quotients  incomplets  se  répartissent 

alors  à  partir  d'un  certain  rang  en  plusieurs  progressions  arithmétiques. 

b.  Etant  donnés  deux  nombres  -^  et  (  liéshomographiquement,  pour  n  suf- 
fisamment grand,  à  tout  quotient  incomplet  a„  de  -x  supérieur  à  2K  —  1  cor- 

r 

respond  un  quotient  incomplet  b,„  de  \  compris  entre  ^  —  2  et  Iv(a„-|-  i), 

.PS 
et  réciproquement.  En  outre,  si  ^y^  et  =r^  sont  les   réduites  précédant  ces 

quotients,  dans  chaque  développement  T,„  est  compris  entre  ~  et  KQ„,  et 
réciproquement. 

(')  Une  propriété  analogue  a  été  énoncée  par  M.  Hurwilz  (  Viertelj.  Nalurf.  Ges., 
Zuricli,  1896),  de  même  qu'une  méthode  de  transformation  différente  de  celle  indiquée 
dans  celte  Note. 

C.  n.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  12.)  ïo3 


77' 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Il  en  l'ésulle  que  :  si  un  nombre  irrationnel  j  est  tel  qu'il  existe  une  infinité 

r 

(le  notnbres  rationnels  -  vérifiant  l'inégalité 

\x       al  I 

I  .V       .^  I      .>''""'  ' 

quel  que  soit  i^  o  et  seulement  un  nombre  fini  vérifiant  l'inégalité 

I  .r         y.  I  I 

quel  que  soit  rj  >  o,  cette  propriété  sera  encore  vraie  pour  toute  transformée 
homographique  de  ^-  L'ordre  de  grandeur  de  l'approximation  est  donc  la 
même  pour  les  deux  nombres. 

HYDRODYNAMIQUE.   —  Sur  les  ondes  liquides.    Note  (')  de  M.  Hadamard, 
présentée  par  M.  H.  Poincarê. 

Conservant  les  notations  de  ma  Communication  précédente,  j'envisage 
maintenant  un  liquide  qui,  au  lieu  d'être  indéfini,  est  limité  par  des  parois 
solides  données  S.  L'existence  et  la  forme  de  ces  parois  interviendront  d'ail- 
leui"s  uniquement  par  l'intermédiaire  de  la  fonction  que  j'ai  précédemment 
appelée  G. 

Mais  la  recherche  de  cette  fonction  et  son  introduction  dans  la  formule  (2) 
de  ma  Note  précédente  sont  notablement  facilitées  par  les  deux  circon- 
stances suivantes,  dont  l'une  a  été  établie  dans  le  travail  précédemment 
cité  (^). 

En  premier  lieu,  grâce  à  la  forme  plane  de  la  surface  libre  S,  la  résolution  du  pro- 
blème mixte  peut  ici  se  ramener  à  celle  d'un  problème  hydrodynamique;  autrement 
dit,  d'un  problème  dans  lequel  les  données  sont  de  même  nature  en  tous  les  points  de 
la  frontière. 

Soient,  en  effet,  Vj  le  volume  obtenu  en  adjoignant  au  volume  occupé  par  le 
liquide  son  symétrique  par  rapport  au  plan  S;  y  (M,  P),  la  fonction  de  lYeiirnann  cor- 
respondanle.  On  aura,  simplement, 

G(M,  P)  =  [y(M,  P)], 
le  crochet  ayant  le  sens  qui  a  été  indiqué  dans  la  Note  précédente. 

C)  Présentée  dans  la  séance  du  i4  mars  1910. 

(-)  Leçons  sur  ta  propaiialion  des  n/tdes,  Cli.  Il,  §  2  (fin). 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  778 

Le  calcul  de  G  pourra  donc  toujours  s'elTecluer  par  la  méthode  de  Neumann.  Si  les 
jjarois  ont  des  directions  quelconques,  la  frontière  de  \\  présente  une  arête  angu- 
leuse (')  le  long  de  la  courbe  C  commune  a  2  et  àS;  mais,  lorsque  les  parois  sont  ver- 
ticales en  chaque  point  de  G,  cette  ligne  anguleuse  disparaît  et  la  méthode  de  Fred- 
holm  est  immédiatement  applicable. 

En  second  lieu,  la  fonction  G  relative  au  liquide  limité  ne  diffère  de  celle  qui  est 
relative  au  liquide  indéfini,  c'est-à-dire  de  la  quantité  définie  par  la  formule  (3)  de 
la  Note  précédente,  que  par  un  ternie  /i  analytique  et  holomorphe  par  rapport  aux 
coordonnés  de  M  et  de  P,  nicnie  lorsque  ceii.r-ci  coïncident,  pourvu  qu'ils  n'appar- 
tiennent pas  à  la  courlje  C. 

Ce  second  fait  (mais  non  le  premier)  s'étend  de  lui-même  au  cas  oi'i  le 
champ  de  forces  n'est  pas  uniforme  (de  sorte  que  S  n'est  plus  un  plan), 
ainsi  qu'il  arriverait  si  l'on  voulait  appliquer  ces  considérations  à  la  théorie 
des  marées. 

Il  est  fondamental  au  point  de  vue  du  calcul  de  -r4-  Il  montre,  en  effet, 

que,  pour  obtenir  la  nouvelle  valeur  de  cette  quantité,  il  suffit  d'ajouter  au 
second  membre  de  la  formule  (4)  (voir  la  Communication  précédente)  le 

terme  —  f   j  z      ■   ■   </S  (  la  dérivée  seconde  de  H  étant  prise  par  rapport 

aux  deux  déplacements  normaux  de  M  et  de  P). 

On  achève  le  calcul  sans  difficulté  dans  le  cas  d'un  liquide  remplissant  un 
récipient  hémisphérique,  puisque  V,  est  alors  une  sphère  pour  laquelle  la 
fonction  de  Neumann  est  connue. 

On  reconnaît,  sur  cet  exemple  particulier,  que  -j^  est  en  général  (loga- 

rithmiquemcnt,  infini  au  voisinage  de  C,  même  lorsque  z  est  fini.  Il  en  résulte 
que  les  solutions  admel/enl,  en  général,  le  long  de  cette  courbe^  des  sini^ttla- 
rités  dont  la  nature  reste  à  étudier. 

Ici  encore  la  question  se  pose  de  savoir  si  z  vérifie  une  écfuation  aux  déri- 
vées partielles  analogue  à  (5).  En  raison  des  singularités  auxquelles  je  viens 
de  faire  allusion,  je  nai  étudié  cette  question  que  pour  une  catégorie  parti- 
culière de  solutions  s,  celles  qui  sont  telles  (à  l'instant  considéré)  que  -t-4 
soit  régulier  le  long  de  C.  On  trouve  dans  cette  hypothèse  (en  dirigeant  le 


.(')  C'est  la  difficulté  qui  a  arrêté  M.  ^erglle  (voir  p.  55,  72  de  la  Thcsc  ciiéu). 
l'.lle  n'est  pas  essentielle  dans  notre  manière  de  procéder,  la  méthode  de  Neumann 
continuant  à  s'appliquer  dans  les  conditions  où  nous  nous  sommes  placés. 


774  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

calcul  avec  les  précautions  nécessaires^ 


di' 


^'(fe-^^)^^»'^^'''^^^'^" 


où  Iv(M,  P)  est  une  certaine  fonction  des  coordonnées  de  M  et  P,  symé- 
trique par  rapport  à  ces  deux  points. 

A  moins  donc  que  cette  fonction  K(M,  P)  ne  soit  identiquement  nulle, 
ce  qui  ne  semble  pas  être  (sans  que  j'aie  pu  jusqu'ici  m'en  assurer  d'une 
manière  rigoureuse,  même  pour  l'hémisphère),  z  ne  vérifie,  pour  le  liquide 
limité,  aucune  équation  aux  dérivées  partielles  analogue  à  celle  de  Cauchy. 

J'ajoute  que  la  même  méthode  permet  |à  l'aide  des  formules  (')  qui  don- 
nent la  variation  de  G  dans  une  déformation  infinitésimale  de  la  fronlièrej 
une  mise  en  équation  relativement  simple  des  mouvements  finis  de  la  surface 
liquide. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  biréfringence  mngnélique  et  électrique  des  liquides 
aromatiques  et  sur  la  théorie  de  l'orientation  moléculaire.  Note  de 
MM.  A.  CoTTON  et  H.  Mouton,  présentée  par  M.  J.  VioUe. 

Nous  indiquerons  dans  cette  Note  quelques  résultats  nouveaux  relatifs  à 
la  biréfringence  magnétique  et  électrique  des  liquides  aromatiques.  Nous 
avons  en  effet  poursuivi  nos  recherches  sur  ces  phénomènes;  d'autre  part, 
Skinner  et  Me  Comb(-)  viennent  de  publier  sur  le  même  sujet  un  ensemble 
important  de  mesures. 

La  biréfringence  magnétique  et  la  biréfringence  électrique  de  la  nilro- 
benzine  varient  suivant  la  même  loi  en  fonction  de  la  longueur  d'onde  : 
nous  avons  signalé  dans  une  Note  antérieure  (')  ce  fait  qui  a  été  confirmé 
par  Skinner  et  Me  Comb.  Ces  physiciens  ont  étendu  cette  règle  à  huit  autres 
liquides  pour  lesquels  ils  ont  pu  étudier  les  deux  biréfringences  dans 
l'étendue  du  spectre  visible.  On  est  donc  fondé  à  rechercher  dans  tous  ces 
cas  une  explication  théorique  commune  aux  deux  phénomènes.  Nous  avons 


(')  Mémoire  cité  des  Savants  étrangers,  t.  XXIil,  Cliap.  I. 

{-)  Skinner,   Pkys.  /fec,   i.  XXIX,  déc.   1909.  p.  S'ii-  —  Me  Comb,  Phys.  Rcw 
I.  XXIX,  déc.  1909,  p.  525. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXLMI,  20  juillet  1908,  p.  198. 


SÉANCE    DU    21    MARS    19IO.  775 

déjà  proposé  de  rechercher  la  cause  de  ces  biréfringences  dans  une  orienta- 
tion (incomplète)  des  molécules  par  les  champs  dans  lesquels  elles  sont 
placées. 

Les  résultats  de  l'élude  que  nous  avons  faite  des  variations  de  ces  phéno- 
mènes en  fonction  de  la  température  viennent  à  leur  tour  appuyer  cette 
hypothèse  de  l'orientation.  Nous  avons  indiqué  antérieurement  que  la  biré- 
fringence magnétique  de  la  nitrobenzine  décroît  quand  la  température 
s'élève  (').  Depuis,  nous  avons  complété  cette  étude  en  mesurant  sur  le 
même  liquide  à  diverses  températures  la  biréfringence  électrique.  La  varia- 
tion thermique  de  ce  phénomène  est  de  même  sens,  du  même  ordre  de 
grandeur,  mais  plus  rapide  que  celle  de  la  biréfringence  magnétique, 
comme  on  le  voit  par  les  nombres  cités  plus  loin.  Or  l'hypothèse  de 
l'orientation  rend  bien  compte  tant  de  l'allure  générale  des  deux  phéno- 
mènes que  de  la  différence  que  l'on  observe  entre  eux.  D'une  part  l'agi- 
tation moléculaire  s'oppose  à  l'orientation;  croissant  avec  la  température, 
elle  fait  décroître  la  grandeur  de  la  biréfringence.  D'autre  part,  si,  dans  un 
même  liquide  soumis  successivement  à  l'action  d'un  champ  magnétique  et 
d'un  champ  électrique,  nous  considérons  une  même  molécule  anisotrope 
semblablement  placée  par  rapport  aux  lignes  de  force,  nous  pourrons  voir 
que  le  couple  directeur  auquel  le  champ  la  soumet  ne  varie  pas  notable- 
ment avec  la  température  dans  le  premier  cas,  tandis  qu'il  diminue  dans  le 
second  lorsque  la  température  s'élève.  C'est  que,  au  contraire  de  la  per- 
méabilité magnétique,  la  constante  diélectrique  du  liquide  diffère  beaucoup 
de  l'unité  et  varie  très  sensiblement  avec  la  température. 

Nous  avons  donc  été  amenés  à  tenir  compte  de  cette  variation  :  en  divi- 
sant les  l'aleurs  observées  pour  hi  biréfringence  électrique  par  les  valeurs  de 
la  constante  diélectrique  relatives  aujc  mêmes  températures,  on  obtient  des 
nombres  sensiblement  proportionnels  aux  biréfringences  magnétiques. 

C'est  ce  que  montre  encore  le  Tableau  que  nous  donnons  ici,  et  où  nous  avons  fait 
figurer  à  la  dernière  ligne  le  rapport  du  quotient  de  la  biréfringence  électrique  par  la 
constance  diélectrique  ii  la  biréfringence  magnétique.  On  voit  que  ce  rapport  varie 
peu  avec  la  température.  Il  faut  noter  que  nous  avons  dû  emprunter  à  un  travail 
d'Abegg  et  Seitz  les  valeurs  de  la  constante  diélectrique  pour  les  diverses  tempé- 
ratures :  or  ces  auteurs  indiquent  que  les  mesures  de  celte  grandeur  sont  difficiles 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLIX.  2  août  1909,  p.  34o. 


^■76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

|)Our  lii  nltrol)enziiie  ;  de  plus,  le  cilcul  des  rapports  de  la  dernière  ligne  du  Tableau 
résulte  de  la  combinaison  des  résultats  de  trois  séries  de  mesures  indépendantes. 

Température 6°  16"  33"  54° 

Constante  diélectrique  (k) 89,38  37,36  3/|,i6  3o,5() 

Biréfringence  électrique  ((jc).  ..  .  68  â7,6  4S>8  87,3 

Biréfringence  magnétique  ([3„,  ).  .  129  119,5  io5,a  90,8 

lO^T^ '72,7  '•>4,2  l3-|,l  \1[,ii 

K 
10'^^ — 02,7  40,2  -(•3j'J  4019 

?,„ 

10''    '  /    i33,9  129,0  127,4  i33,() 

Notons  que  la  considération  de  la  constante  diélectrique  semble  en  même  temps 
jeter  quelque  clarté  sur  la  grandeur  considérable  du  phénomène  de  Kerr  dans  la 
nitrobenziiie  comparée  à  d'autres  substances  aromatiques.  Les  valeurs  de  K  sont  en 
effet  pai  lictilièrement  élevées  pour  ce  liquide. 

L'hy[)otlH''se  de  l'orientation  inoléculaifc  produite  par  une  action  direc- 
trice nous  semble  donc  rendre  compte,  sinon  peut-être  de  tons  les  phéno- 
mènes de  biréfringence  arlificielle,  du  moins  de  ceux  dont  nous  nous  occu- 
pons ici.  La  cjuestion  se  pose  alors  de  savoir  coinment  on  peut,  dans  le  cas 
du  champ  magnétique,  expliquer  l'orientation  moléculaire  elle-inème  en 
partant  des  idées  actuelles  sur  la  nature  du  diamagnétisme.  Les  liquides  aro- 
malifjnos  dont  il  s'ag'it  sont,  en  effet,  diamagnétiques  (').  Or,  dans  la 
théorie  qu'il  a  donnée,  l^angevin  (*)  ne  prévoit  d'orientation  que  pour  les 
molécules  paramagnétiques.  Mais  P.  Weiss  a  attiré  notre  attention  sur  ce 
point  qu'on  peut  prévoir  une  orientation  d'une  molécule  diamagnétique  en 
supposant  ([ue  les  plans  des  orbites  des  divers  électrons  ne  sont  pas  orientés 
dans  la  molécule  de  toutes  les  façons  possibles,  mais  que  leur  ensemble 
possèdi'  une  anisotropie  caractéristique.  L  n  schéma  particulièrement  simple 
est  celui  (!<■  deux  électrons  seuletnent  décrivant  en  sens  inverse  deux  ori)iles 
circulaires  identiques  centrées  sur  une  même  droite. 

Sans  entrer  ici  dans  le  détail  ('),  nous  signalerons  que  la  considéralion 


(V)  l'isa.vi,,  Ann.  de  Chini.  el  de  Pliys..  t.  .\l\,  1910,  p.  5. 

(^)  l>AN(;i!viiN,  Anii.  de  Cltim.  el  de  Phys.^  t.  \ ,  igo5,  p.  78. 

(')  Un  tr:ivail  plus  étendu  est  actuellement  à  l'impression  dans  les  Annales  de 
Chimie  ci  de  Physique  ;  la  première  Partie  a  paru  dans  le  numéro  de  févriei'  (t.  \1X, 
p.  i55  1. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  777 

d'un  diainagnétisme  anisotrope  permet  d'expliquer  d'autres  faits,  par 
exemple  la  décroissance,  observée  par  Faraday,  du  couple  qui  s'exerce  sur 
un  fragment  de  spath  d'Islande  diamagnélique  placé  dans  un  champ  quanti 
la  température  s'élève,  et  aussi  les  variations  constatées  dans  divers  cas  des 
constantes  dia magnétiques  avec  la  température. 

Il  sera  intéressant  d'étudier  à  ce  point  de  vue,  à  de  basses  températures 
notamment,  les  liquides  qui  possèdent  une  biréfringence  magnétique  bien 
marquée. 

MAGNÉTISME.  —  Variation  avec  la  température  des  propriétés  magnétiques 
du  fer  dans  les  champs  magnétiques  faibles.  Note  de  M.  Ch.  3lAt'UAi\-, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

'  Je  me  suis  proposé  de  chercher  comment  se  comporte,  aux  températures 
comprises  entre  la  température  ordinaire  et  la  température  critique,  l'aiman- 
tation qu'on  obtient  en  réduisant  l'hystérésis  pour  chaque  valeur  du  champ 
magnétique  et  que  j'appellerai,  brièvement,  V aimantation  anhystérétiqiœ. 
J'ai  naturellement  étudié  en  même  temps  l'aimantation  ordinaire,  et  l'en- 
semble du  travail  constitue  une  élude  des  propriétés  magnétiques  du  fer, 
et  de  fers  plus  ou  moins  carbures,  à  ces  températures  dans  les  cham{)s  magné- 
tiques faibles. 

Les  expériences  ont  porté  surtout  sur  trois  échantillons  en  forme  d'an- 
neau, aimablement  préparés  par  les  aciéries  et  forges  de  Firminy,  et  conte- 
nant les  proportions  suivantes  (pour  100)  de  carbone,  de  manganèse  et  d-e 
siHcium  : 

C.  Mil.  Si. 

A 0,046       0,012       0,006 

B 0,180       i,o4o       0,228 

C o,8G6        o,  25  (env.)    o,  22  (env.) 

Les  mesures  étaient  faites  au  galvanomètrebalistique;  j'exposerai  ailleurs 
leur  détail  et  la  méthode  particulière  employée  pour  la  mesure  au  galvano- 
mètre balistique  de  l'aimantation  anhystérétique;  j'indiquerai  ici  seulement 
les  résultats  généraux. 

J 'ai  montré  antérieurement  que  les  valeurs  de  l'aimantation  anhystérétique 
obtenues  par  différents  procédés  sont  très  voisines,  mais  cependant  net- 
tement différentes;  j'ai  vérifié  de  nouveau  cette  propriété,  par  une  méthode 
démesure  entièrement  différente,  et  j'ai  constaté  que  les  différences  s'atté- 


7^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nuent  aux  températures  élevées,  mais  sans  disparaître;  par  exemple,  en  ré- 
duisant Fliystérésis  par  Taction  d'oscillations  électriques  de  haute  fréquence, 
on  obtient  des  valeurs  de  l'aimantation  un  peu  supérieures  à  celles  réalisées 
en  réduisant  l'hystérésis  par  l'action  d'un  courant  alternatif  de  fréquence 
ordinaire.  On  ne  peut  donc  pas  définir  ainsi,  même  dans  une  région  limitée 
de  températures,  des  valeurs  de  l'intensité  d'aimantation  représentables  par 
une  fonction  bien  définie  du  champ  magnétique  et  de  la  température.  Loi's- 
qu'on  étudie  la  variation  de  l'aimantation  avec  la  température  pour  des 
champs  intenses,  comme  l'a  fait  P.  Curie  de  i3oo  à  25  gauss,  l'hystérésis 
magnétique  est  sans  influence  sensible,  et  les  courbes  obtenues  sont  bien 
définies  ;  pour  des  champs  plus  faibles,  l'hystérésis  prend  une  importance 
deplusen  plus  grande,  et  les  courbes  qui  paraissent continuerleplus  naturelle- 
ment la  série  des  courbes  correspondant  aux  champs  magnétiques  élevés,  sont 
les  courbes  représentant  l'aimantation  anhystérétique.  A  la  vérité  celle-ci 
n'est  pas  entièrement  définie,  d'après  ce  que  je  viens  de  dire,  mais  les  valeurs 
obtenues  par  divers  procédés  de  réduction  de  l'hystérésis  sont  très  voisines, 
et  les  courbes  relatives  à  un  procédé  de  réduction  quelconque  seraient  très 
peu  difiérentes  de  celles  obtenues  dans  mes  expériences  ;  je  superposais  à 
l'action  d'un  champ  magnétique  constant  celle  d'un  champ  magnétique 
alternatif  d'intensité  décroissant  graduellement  jusqu'à  zéro. 

L'aimantation  ordinaire  (c'est-à-dire  obtenue  quand,  partant  d'une 
aimantation  nulle  en  champ  nul,  on  produit  un  champ  magnétisant  donné) 
correspondant  à  un  champ  magnétique  très  faible  croît  beaucoup  quand  la 
température  s'élève  et  atteint  un  maximum  très  accentué  à  une  température 
voisine  du  point  critique.  L'aimantation  anhystérétique,  très  grande  dès  la 
.  température  ordinaire,  éprouve  des  variations  relatives  beaucoup  plus 
faibles  jusqu'à  une  température  peu  éloignée  de  la  température  critique. 
Voici,  par  exemple,  pour  le  fer  presque  pur  A,  les  valeurs  de  l'intensité 
d'aimantation  ordinaire  I  et  de  l'aimantation  anhystérétique  F  pour  le 
champ  H  =  0,091  ;  on  a  ajouté  les  valeurs  correspondantes  de  la  perméabi- 
lité magnétique  [l. 

t 16°        100°       200°       3oo°       l\oo°       300°       5.50°  600°       680°  700°  750° 

1 10           »             i>             16           >)             21,7       »  43,5       ))  108  166 

u i38o     »     »    2200     »    3ooo     »  6000     »  14900  2'.?9oo 

1' 435    470    523    5o2    465    4 16    396  424    âoo  473  » 

yj 60000  64800  72200  69200  64ioo  57300  54600  585oo  69000  60200  » 

min.  niax. 

Dans  ce  Tableau  se  manifeste  un  minimum  de  l'aimantation  anhystéré- 


SÉANCE    DU    21    MARS    I9IO.  779 

tique  vers  55o°;  cette  particularité  est  manifestée  par  l'aimantation  anhys- 
térélique  correspondant  aux  champs  faibles  ou  moyens,  et  par  l'aimantation 
ordinaire  dans  les  champs  moyens  ;  elle  a  été  signalée  déjà  par  Morris  ;  elle 
semble  se  rapporter  à  une  modification  du  fer  lui-même,  car  elle  n'existe  pas 
du  tout  pour  les  échantillons  B  et  C 

Par  contre,  B  et  C  présentent  des  particularités  intéressantes  à  des  tempé- 
ratures beaucoup  plus  basses.  Les  courbes  représentant  en  fonction  de  la 
température  l'aimantation  ordinaire  de  B  pour  des  champs  supérieurs  aune 
dizaine  de  gauss  sont  très  régulières,  depuis  les  températures  élevées  jusque 
vers  220°  ou  280°;  en  deçà  elles  présentent  un  épaulement  bien  marqué, 
qui  se  retrouve  aussi  sur  les  courbes  représentant  l'aimantation  anhysté- 
rétique  pour  les  champs  plus  faibles.  Il  en  est  à  peu  près  de  même  pour  C, 
mais  l'épaulement  devient  ici  un  maximum  très  accentué  dont  la  pointe  est 
vers  i5o»ou  160°,  et  en  deçà  duquel  l'aimantation  décroit  plus  ou  moins 
rapidement  jusqu'à  la  température  ordinaire.  Je  pense  qu'on  peut  rapporter 
ces  particularités  à  la  variation  des  propriétés  ferromagnétiques  de  la 
cémentite,  dont  M.  Wologdine  a  trouvé  le  point  critique  vers  180". 

On  peut  remarquer  l'intérêt  qu'il  y  a,  pour  déceler  les  transformations 
d'un  noyau  magnétique,  à  étudier  son  aimantation  dans  des  conditions 
variées,  certaines  particularités  n'apparaissant  que  dans  des  conditions 
déterminées. 

On  considère  généralement  les  propriétés  magnétiques  des  fers  et  aciers 
comme  peu  variables  avec  la  température  au  voisinage  de  la  température 
ordinaire.  Ces  variations  peuvent  être  cependant  assez  fortes  dans  certains 
cas.  Par  exemple,  pour  C  l'intensité  d'aimantation  ordinaire  varie  entre  16° 
et  100°  de  4'-i7  à  610  pour  H  =  10,95  et  de  164  à  2G0  pour  H  =  7,3, 
c'est-à-dire  que  dans  ce  dernier  cas  la  variation  relative  de  l'intensité  d'ai- 
mantation est  d'environ  -^^  par  degré  à  la  température  ordinaire. 

J'indiquerai  encore  que  des  mesures  analogues  aux  précédentes,  faites  sur 
un  faisceau  de  fils  de  fer  fortement  carbures  par  cémentation,  ont  révélé  une 
dépression  extrêmement  accentuée  des  propriétés  magnétiques  dans  les 
champs  faibles  autour  de  58o°,  et  seulement  dans  un  intervalle  de  quelques 
dizaines  de  degrés;  les  valeurs  de  l'intensité  d'aimantation  s'abaissant 
jusqu'au  tiers  ou  au  quart,  par  exemple,  des  valeurs  correspondant  aux 
températures  un  peu  plus  basses  ou  un  peu  plus  hautes. 

Vers  la  même  température  l'aimantation  présente  au  contraire  une  suré- 
lévation légère,  mais  très  nette,  pour  des  champs  magnétiques  assez 
intenses. 

c.  R.,  1910,  !"  Semestre.  (T.  150,  N-  12.)  Io4 


^8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  résullats  indiqués  ici  correspondent  tous  à  des  variations  lentes  de  la 
température  (lo  à  1 1  heures  entre  la  température  ordinaire  et  le  point  cri- 
tique pour  A,  B,  C,  un  peu  moins  pour  l'autre  moyen  magnétique),  j'expo- 
serai dans  le  Mémoire  où  je  donnerai  le  détail  des  mesures,  les  différences 
observées  à  la  chauffe  et  au  refroidissement,  difl'érences  peu  importantes 
pour  A,  B,  C,  mais  importantes  pour  l'autre  noyau,  ainsi  que  les  résultats 
d'expériences  relatives  au  rôle  de  la  vitesse  des  variations  de  la  température. 

PHYSIQUE.    —    Phénomène  de  V exlinclion   du  son  dans  le  fer. 
Note  de  M.  Robix,  transmise  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Si  l'on  suspend  une  tige  de  fer  en  un  point  voisin  d'un  nœud  de  vibration, 
on  obtient  en  la  frappant  un  son  musical,  accompagné  dans  les  barres  suffi- 
samment longues  d'un  son  grave,  sourd  et  très  faible. 

Le  son  principal  est  le  plus  pur  en  suspendant  la  tige  en  un  point  situé 
au  quart  ou  au  tiers  de  sa  longueur  environ. 

Cinq  aciers  relativement  très  purs  (montrant  au  microscope  une  quantité 
très  faible  de  scories),  recuits,  de  teneur  variable  en  carbone,  de  teneur  à 
peu  près  égale  en  autres  éléments,  ont  permis  de  faire  les  constatations  sui- 
vantes : 

A  la  température  ambiante,  la  hauteur  du  son  émis  par  des  barres  de 
dimensions  égales  semble  varier  en  sens  inverse  de  la  teneur  en  carbone. 
La  différence  des  sons  étant  faible,  il  est  indispensable  pour  l'apprécier 
d'avoir  une  ouïe  très  sensible.  Toutefois  les  battements  qui  prennent  nais- 
sance par  la  vibration  simultanée  de  deux  tiges  voisines  s'entendent  très 
nettement  et  seraient  un  guide  assez  bon  dans  la  classification  des  aciers  par 
cette  méthode. 

Lorsque  la  température  croît,  à  partir  de  la  température  ambianlev  la  hauteur  du 
son  diminue  d'une  façon  qui  parait  régulière. 

L'intensité  du  son  diminue  rapidement. 

Dans  le  fer  et  les  aciers  peu  caiburés,  le  son  s'éteint  complètement  un  peu  avant 
100°;  on  n'entend  alors  qu'un  bruit. 

Si  la  température  augmente,  le  son  reparaît  vers  i5o°. 

L'intensité  du  soti  pa«se  par  un  maximum,  puis  diminue  pour  s'éteindre  au  rouge 
naissant.  A  cette  température  tous  les  métaux  paraissent  se  comporter  de  la.  même 
manière. 

L'anomalie  constatée  dans  la  variation  du  son  en  fonction  de  la  tempé- 
rature parait  être  spéciale  au  fer  et  peut-être  au  nickel. 


SÉANCE    DU   21    MARS    I9IO.  781 

Les  températures  d'aphonie  de  l'acier  varient  suivant  la  teneur  en  car- 
bone ;  le  début  et  la  fin  du  phénomène  ont  été  appréciés  à  l'oreille.  'Leur 
détermination  exacte  est  difficile,  car  le  phénomène  est  progressif.  On 
peut  considérer  que  l'aphonie  est  complète  entre  95°  et  lijS"  pour  l'acier 
à  0,2  de  carbone,  et  entre  85°  et  120"  pour  l'acier  à  o,  45  de  carbone. 

Ces  points  semblent  se  déplacer  légèrement  vers  les  températures  décrois- 
santes en  fonction  de  la  teneur  en  carbone. 

Dans  un  acier  à  cémenlite  libre,  à  i,3  de  carbone,  le  phénomène  n'a  pas 
été  observé;  le  son  a  présenté  une  intensité  normale  jusqu'au  rouge. 

Ge  qui  a  été  dit  se  rapporte  au  son  principal.  Le  son  grave  des  barres 
assez  longues,  très  faible  et  semblable  à  un  bourdonnement,  s'entend 
encore  quand  le  son  principal  a  disparu. 


CHIMIE  PHYSIQUE.   —   Sur  les  lois  de  la  combustion  à  marche  convergente . 
Note  de  M.  Jean  Meunier,  présentée  par  M.  Troost. 

De  nouvelles  observations  me  permettent  de  préciser  la  nature  de  ce 
mode  de  combustion  que  j'ai  déjà  fait  connaître  dans  diverses  Notes  (Comptes 
rendus,  t.  CXLYIII,  p.  292,  et  t.  CXLIX,  p.  924). 

Ce  phénomène  étant  d'ordre  catalytique,  on  pourrait  penser  que  le  cou- 
rant gazeux  amenant  les  molécules  au  contact  avec  le  fil  de  platine,  ce 
contact  suffit  pour  que  la  combustion  et,  par  suite,  l'incandescence  puissent 
se  maintenir  et  qu'il  est  inutile  d'admettre  l'attraction  des  molécules;  mais 
le  même  phénomène  a  lieu  quand  on  introduit  le  fil  de  platine,  préalable- 
ment chauffé,  dans  une  éprouvette  contenant  un  mélange  de  gaz  comjjus- 
tible  et  d'air,  que  cette  éprouvette  soit  tournée  en  liant  ou  en  bas.  Dans  cette 
éprouvette,  le  courant  gazeux  n'existe  pas;  il  n'y  a  d'autre  mouvement  que 
celui  du  remous  du  gaz  provoqué  parle  phénomène  lui-même. 

En  outre,  si  la  coml)ustion  n'était  due  qu'au  simple  contact,  plus  hi 
surface  du  fil  de  platine  serait  développée,  plus  serait  grande  la  chaleur  et 
plus  vif  serait  l'éclat.  Or,  c'est  précisément  le  contraire  que  l'on  observe. 

L'e\|)éi'ience  se  fait  coniniodément  avec  un  Jjirijeur  Uunseu,  muni  d'un  verre  de 
lampe  terminé  aux  deux  bouls  par  des  feuilles  de  mica  repliées,  qui  résistent  à  la 
chaleur  sans  se  briser.  Le  brûleur  étant  ouvert  et  convenablement  réglé,  j'introduis 
successivement  dans  le  verre  des  fils  de  platine  de  diirérenles  grosseurs  :  chacun  d'eux 
prend  un  éclat  qui  reste  fixe,  si  la  coTnposition  du  courant  gazeux  ne  varie  pas.  Le  fil 
de    I™'"  de  diamètre    est  simplement   rouge,    faiblement  éclairant;   celui    de   o"'"',5 


782  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

devient  rouge  vif,  celui  deo^^ja  devient  blanc  éblouissant  el  celui  de  o""",  i  plus  vif 
encore.  L'intensité  de  la  combustion  par  incandescence  est 'donc  en  raison  inverse 
du  diamètre  des  /ils,  et  ce  phénomène  est  en  tout  semblable  à  celui  d'une  lampe 
électrique  {')  qui,  pour  un  même  courant,  donne  d'autant  plus  d'éclat  que  le  filament 
est  plus  fin. 

J'ai  varié  Ijeaucoup  les  expériences  ;  j'ai  remplacé  les  fils  de  platine  par 
des  plaques  de  platine  contournées  en  cylindre,  et  j'ai  remarqué  que  celles- 
ci  rougissaient  d'autant  plus  que  la  paroi  du  verre  était  à  une  certaine 
distance  de  la  leur,  5'"'"  par  exemple.  La  convergence  serait  donc  sensible 
à  une  distance  de  5™"  pour  la  combustion  convergente  au  rouge  simple.  Je 
ne  puis  rendre  compte  ici  de  toutes  ces  expériences. 

J'ai  déjà  signalé  ce  fait  que  l'éclat  de  l'incandescence  dépend  de  la  compo- 
sition des  mélanges  gazeux  (Comptes rendus,  t.  GXL\  III,  p.  292);  il  n'existe 
pas  seulement  pour  le  gaz  d'éclairage,  mais  aussi  pour  tout  autre  gaz  ou 
vapeur  combustible.  L'analogie  du  phénomène  de  l'incandescence  par 
contbustion  convergente  et  de  l'incandescence  par  courant  électrique  se 
poursuit  donc  entièrement;  de  même  que  l'incandescence  électrique  dépend 
de  la  tension  du  courant  ou  voltage,  de  même  l'incandescence  catalyttque  est 
en  rapport  avec  l'intensité  explosive  du  mélange  gazeux.  Elle  permet  même 
de  mesurer  celle-ci  par  les  variations  de  l'éclat  du  fil  et,  en  tout  cas,  de 
suivre  incessamment  les  variations  de  composition  du  courant  gazeux  où 
elle  a  lieu. 

Enfin  la  combustion  convergente  dépend  de  la  nature  du  filament  qui 
devient  incandescent.  Il  n'est  pas  nécessaire  que  ce  soit  un  fil  de  platine;  la 
plupart  des  substances  inoxydables  la  provoquent  également,  mais  à  des 
tenq^ératures  bien  supérieures  à  celle  où  elle  est  amorcée  par  le  platine.  Ce 
métal  n'a  même  pas  besoin  d'être  cliaufTé  au  rouge  pour  devenir  incandes- 
cent, quand  il  est  plongé  dans  un  mélange  gazeux  explosif;  je  n'ai  pas 
déterminé  la  température  suffisante  pour  l'amorçage,  mais  j'estime  qu'elle 
doit  être  comprise  entre  4oo"  et  5oo°  seulement.  Si  la  température  du  fil 
n'est  pas  spontanément  entretenue  et  si  elle  baisse  au-dessous  de  ce  mini- 
mum, l'incandescence  cesse  aussitôt.  Il  faut  porter  les  autres  substances  au 
rouge  vif  pour  qu'elles  puissent  déterminer  le  phénomène;  le  nickel,  parmi 
les  métaux  communs,  est  peut-être  celui  qui,  après  le  platine,  exige  la  tem- 


(')  J'ai  contourné  un  fil  de  platine  de  o""",2  de  diamètre  en  lui  donnant  la  forme 
d'un  filament  de  lampe  électrique;  je  l'ai  introduit  ensuite  dans  le  verre  du  brûleur; 
il  a  donné  ainsi  l'apparence  dune  lampe  électrique  allumée. 


SÉANCE   DU    21    MARS    I9IO.  783 

pérature  la  moins  élevée.  Il  faut  en  outre  que  les  substances  soient  réfrac- 
taires  à  la  température  où  les  porte  la  combustion  par  incandescence. 

Les  faits  que  je  viens  d'établir  trouvent  leur  application  dans  les  appareils 
d'incandescence  par  le  gaz  ;  en  effet,  le  brûleur  de  ces  appareils  est  réglé  de 
manière  à  donner  spontanément  un  mélange  contenant  i5  à  18  pour  100  de 
gaz,  proportion  du  maximum  d'intensité  explosive,  puis  les  oxydes  qui  com- 
posent les  manchons  sont  extrêmement  réfractaires ;  enfin,  M.  Auer  a 
reconnu,  il  y  a  longtemps,  que  l'intensité  de  l'éclat  dépendait  de  la  finesse 
du  tissu  constituant  le  manchon,  finesse  que  l'on  ne  peut  pousser  trop  loin 
en  raison  de  la  fragilité.  La  combustion  du  gaz  par  le  manchon  Auer  est 
bien  un  phénomène  de  combustion  convergente  et  non  une  combustion  par 
flamme,  car  son  spectre  examiné  au  spectroscope  ne  présente  aucune  raie, 
tout  comme  les  solides  incandescents.  Il  en  est  de  même  des  fils  de  platine 
incandescents  :  leur  spectre  est  continu  tant  que  la  flamme  ne  s'est  pas 
allumée,  mais  quand  l'allumage  a  eu  lieu  les  raies  apparaissent  immédiate- 
ment. C'est,  du  reste,  au  moyen  d'un  fil  de  platine  que  l'on  opère  dans  les 
méthodes  d'observations  spectroscopiques  pour  la  recherche  des  métaux. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'hydrolyse  Jluorhydiique  de  la  cellulose.  Note  de 
MM.  J.  Ville  et  W.  Mestrezat,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

Depuis  les  travaux  de  Braconnot  sur  l'hydrolyse  sulfurique  de  la  cellulose, 
de  nombreuses  recherches  ont  été  entreprises  à  ce  sujet,  en  vue  de  trans- 
former la  cellulose  en  alcool.  Mais  ces  recherches,  effectuées  avec  différents 
acides  minéraux,  n'ont  jamais  donné  plus  de  25  pour  100  de  la  quantité 
théorique  d'alcool. 

Comme  l'acide  fluorhydrique  parait  exercer  une  action  moins  destructive 
que  les  autres  acides  minéraux  sur  certaines  molécules  organiques,  tout  en 
possédant  une  action  hydrolytique  très  énergique,  nous  avons  pensé  qu'il 
pouvait  être  intéressant  d'étudier  l'action  hydrolytique  de  cet  acide  sur  la 
cellulose. 

Nous  avons  employé,  à  cet  effet,  une  marmite  en  plomb  munie  d'un 
réfrigérant  ascendant  de  même  métal,  appareil  analogue  à  celui  utilisé  par 
MM.  Hugounenq  et  Morel  dans  leurs  travaux  récents  sur  l'hydrolyse  fluor- 
hydrique  des  matières  proléiques. 

Dans    ces   premières    recherches,   dont   nous   indiquons   ci-dessous  les 


7^4  ACADÉMIE    DBS    SCIENCES. 

résultais,  nous  avons  fait  agir  l'acide  sur  la  cellulose,  de  préféi-ence  du 
papier  Berzélius,  à  la  température  du  bain-marie  bouillant  et  dans  des  con- 
ditions variables  de  dilution  et  de  durée. 

Nous  avons  ain^i  constaté  que  l'acide  (hiorlijdiique,  à  des  dilutions  variant  de  o,  5 
à  3o  pour  loo,  agit  assez  faiblement  sur  la  cellulose.  C'est  ainsi  que,  dans  l'une  des 
opérations,  2os  de  cellulose,  après  38  heures  de  chaufTe  avec  3oos  d'acide  à  Sopour  loo, 
n'ont  donné  que  3«,  20  de  glucose.  La  détermination  du  glucose  était  faite  à  l'aide  de 
la  liqueur  de  Fehiing,  après  neutralisation  et  décoloration  auinoir  animal. 

Avec  de  l'acide  iluorliydrique  plus  concentré,  acide  à  4o  et  5o  pour  100,  le  rende- 
ment est  bien  plus  élevé.  Mais  à  cet  état  de  concentration,  l'acide  exerce  une  action 
destructive  assez  rapide  sur  le  produit  de  l'iijdrolyse  :  la  préparation  prend  une 
coloration  brune,  qui  va  en  s'accentuant ,  et  l'on  observe  même,  après  un  certain 
temps,  la  formation  de  croûtes  noirâtres.  Nous  avons,  du  reste,  directement  constaté 
cette  action  destructive  secondaire,  en  faisant  agir,  dans  les  mêmes  conditions,  de 
l'acide  fluorliydrique  à  5o  pour  100  sur  du  glucose.  Cette  destruction  du  glucose  est 
très  importante  et  s'accentue  avec  le  leiiaps  de  chauffe.  C'est  ainsi  qu'en  opérant  sur 
20B  de  glucose,  nous  avons  noté,  après  6  heures  de  chauffe,  la  disparition  de 
53,5  poar  100  de  ce  corps,  et  celte  disparition  a  atteint  78  pour  100  après  12  heures. 

On  s'explique  ainsi  les  variations  que  nous  fwons  observées  dans  la 
courbe  de  transformation  de  la  cellulose  en  glucose  ;  cette  courbe,  après 
s'être  élevée  assez  -vite^  s'abaisse  de  plus  en  plus  avec  la  durée  de  l'opération , 
la  transformalioTi  présentant  un  maximum  après  5  ou  G  heures. 

Dans  une  opération  effectuée  avec  de  l'acide  lliiorhydrique  à  5o  pour  100,  nous 
avons  obtenu,  après  6  heures,  un  rendement  de  4'°  de  glucose  pour  loos  de  cellulose 
sèche.  Ce  rendement  est  notablement  supérieur  à  ceux  réalisés  jusqu'ici,  et  nous  pen- 
sons qu'il  pourra  s'élever  encore  en  opérant  dans  des  conditions  de  technique  con- 
venable. 

Nous  cherchons  actuellement  à  établir  ces  conditions  et  en  particulier  à 
éviter  l'action  destiuictive  de  l'acide  lluorhydrique  sur  le  produit  de  l'hydro- 
lyse. Nous  pensons  y  arriver  en  faisant  agir,  par  exemple,  l'acide  lluor- 
hydrique sur  la  cellulose  d'abord  à  l'état  concentré,  puis  à  l'état  dilué,  ou  en 
soumettant  cette  substance  à  l'action  successive  des  deux  acides  lluorhy- 
drique ctsulfurique  à  des  concenti\Ttions  différentes,  autrement  dit  en  nous 
plaçant  dans  des  conditions  de  tel  ordre  que  l'action  hydrolytique  de  l'acide 
lluorhydrifjue  s'exerce  sur  de  la  cellulose  préalablement  désagrégée  dans  sa 
complexité  moléculaire  par  une  action  appropriée. 

C'est  dans  cette  voie  que  nous  dirigeons  actuellement  nos  recherches. 


SÉANCE    DU    2  1    MARS    1910.  7»5 

BOTANIQUE.  —  Sur  une  variélé  instable  de  Nigelle^  Nigella  damascena 
crislata,  obtenue  après  une  mutilation.  Note  de  M.  L.  Blauixghem, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  une  Note  antérieure  ('),  j'ai  décrit  les  caractères  et  le  mode  d'appa- 
rition d'une  forme  nouvelle  de  Nigellc,  Nigella  damascena  polycephala, 
caractérisée  par  la  persistance,  dans  les  semis,  de  fascies  de  fleurs  apparues 
après  une  mutilation.  Dans  le  même  lot  de  plantes  et  par  suite  des 
mêmes  circonstances  est  née  la  forme  Nigella  damascena  cristata  qui  pré- 
sente, à  un  degré  plus  accentué  encore,  la  multiplication  des  carpelles  accom- 
pagnée d'une  dissociation  des  capsules  et,  en  plus,  une  distribution  tout  à 
fait  normale  des  sigmates  qui  se  transmet  par  hérédité. 

Les  Nigelles  cultivées  dans  les  jardins  pour  leurs  lleuis  et  pour  leurs  graines  aroma- 
tiques se  ratlaclient  à  deux  espèces  botaniques,  i\igella  damascena  et  N.  satù'a, 
ayant  toutes  deux  une  capsule  résultant  de  la  suture  des  carpelles  tout  le  long  d'un 
axe  central.  La  N.  arve/isis,  à  fleurs  plus  petites  non  entourées  d'une  collerette  de 
bractées,  a  des  carpelles  libres  sur  la  moitié  de  leur  longueur,  ce  qui  la  distingue  à 
première  vue  des  espèces  précédentes.  Les  fruits  de  N.  damascena  sont  globuleux, 
aussi  larges  que  hauts  et  lisses;  les  fruits  de  A',  satii'a  sont  plus  allongés,  moins  épais; 
leur  surface  exterue  est  couverte  de  mamelons  arrondis,  irrégulièrement  distribués; 
sous  le  nom  de  N.  hispanica,  j'ai  reçu,  en  1909,  un  lot  de  graines  qui  ont  donné  des 
plantes  portant  des  séries  de  mamelons  le  long  des  lignes  de  suture  des  carpelles. 
Dans  tous  les  cas,  les  stigmates  de  ces  espèces  se  distinguent  facilement  des  mame- 
lons par  leur  forme  irrégulière,  en  papilles  couvertes  d'un  liquide  visqueux,  et  aussi 
par  leur  distribution  le  long  de  la  ligne  de  suture  des  carpelles  qui  correspond  aux 
styles  allongés,  dressés  ou  enroulés  en  tire-bouchon  selon  les  espèces. 

Le  lot  de  plantes  que  je  désigne  sous  le  nom  de  TV.  damascena  cristata  diûere  de 
toutes  les  espèces  de  Nigelles  décrites  jusqu'ici,  à  ma  connaissance,  par  la  présence  de 
papilles  stigmatiques,  non  seulement  tout  le  long  de  la  ligne  de  suture  des  carpelles 
correspondant  aux  styles,  mais  encore  le  long  des  nervures  dorsales  des  carpelles,  où 
elles  constituent  des  lignes  régulières,  crénelées,  formant  une  sorte  de  crête.  Par  leur 
constitution  analomique,  par  l'exsudat  qui  les  recouvre  durant  toute  la  période  de 
floraison,  ces  papilles  ne  peuvent  se  distinguer  des  véritables  stigmates.  Durant  l'été 
de  1909,  j'ai  fait  de  nombreux  essais  de  fécondation  par  l'intermédiaire  de  ces  papilles 
surnuméraires,  après  avoir  supprimé,  dans  le  bouton  floral  non  épanoui,  les  styles  des 
très  jeunes  capsules;  soit  que  la  pluie  ail  déterminé  l'avortement  des  ovules  fécondés 
ou  non,  soit  que  les  papilles  ne  puissent  jouer  le  rôle  de  stigmate,  ces  essais  n'ont 
donné  aucune  graine.  Sans  préjuger  des  résultats  des  essais  qui  seront  repris  en  1910, 


(')   Comptes  rendus,  i4  février  1910. 


786  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  forme  N.  damascena  cristata  se  dislingue  donc  des  autres  formes  de  Nigelles  con- 
nues par  les  crêtes  dorsales  des  carpelles  qui  ont  la  morpliologie  des  stigmates,  sans  en 
avoir  le  rôle  physiologique. 

Les  exemples  de  crêtes  sur  les  organes  foliacés  ou  floraux  sont  rares  chez  les  Pha- 
nérogames; les  plus  connus  sont  ceux  de  certains  C^houx  d'ornement,  rangés  dans  la 
catégorie  des  Choux  frisés,  et  qui  consistent  en  pointes,  ou  languettes,  ou  ascidies,  ou 
lames,  résultant  de  la  croissance  désordonnée  et  de  la  ramification  anormale  des  ner- 
vures dans  des  plans  diflerents  de  celui  du  limbe  de  la  feuille;  ces  anomalies  du  (îliou 
ont  été  fixées  par  la  culture  depuis  longtemps,  et  elles  ont  été  maintes  fois  signa- 
lées (').  Dans  cette  catégorie  rentre  aussi  une  anomalie  partiellement  héréditaire  des 
feuilles  de  Zea  mays,  dont  la  transmission  est  suivie  depuis  igoS  et  qui  sera  décrite  à 
une  autre  occasion.  Chez  les  Fougères,  les  variations  anormales,  connues  sous  le  nom 
de  variétés  crêtées,  cristata^  sont  les  plus  répandues  {Nephrodittm,  Polypodium, 
Adianiii/n,  Asplenium,  etc.)  et  elles  se  transmettent  par  le  serais  des  spores.  En  ce 
qui  concerne  les  carpelles,  cette  anomalie  est  extrêmement  rare  et  peut-être  unique,  à 
moins  qu'on  n'y  rattache  les  énations  et  digitations  des  carpelles  de  Ci/rus,  décrits 
sous  le  nom  Bizarria  (^),  ou  celles  de  certains  fruits  de  Solantim  Lycopersicum.  Il 
est  intéressant  de  remarquer  que  ces  dernières  anomalies  correspondent  toujours  à 
des  déformations  d'ovaires  rappelant  les  fascies  ou  les  proliférations. 

Or  les  N.  d.  cristata  présentent  à  un  degré  plus  élevé  peut-être  que  les  N.  d. 
polycephala  la  multiplication  anormale  des  carpelles  avec  groupements  irréguliers, 
montrant  tous  les  passages  entre  les  fascies  et  les  proliféiations.  Sur  128  capsules 
récoltées  au  hasard  en  igo8,  la  répartition  en  classes,  d'après  le  nombre  des  carpelles, 
donne  en  eflet  : 

Nombre  de  carpelles 4       5       6       -       8     9     10     11      12 

Nombre  de  capsules i      12     26     23     30     4       4       2        i 

Pour  un  individu  de  choix  non  compris  dans  ce  lot,  dont  la  capsule  terminale,  dis- 
sociée en  trois  fruits,  offrait  i3  carpelles,  la  répartition  pour  les  fruits  secondaires  et 
tertiaires  était  : 

Nombre  de  carpelles 5     6     7       8     9 

Nombre  de  capsules i      1      5     11     3 

Les  mêmes  lois  régissent  la  transmission  incomplète  de  ce  caractère  par  hérédité, 
comme  il  résulte  des  cultures  faites  en  1908  et  en  1909,  citées  déjà  dans  la  Note  indi- 
quée plus  haut. 

Quant  au  caractère  nouveau  et  spécial  à  ces  plantes  d'avoir  des  crêtes  dorsales  sur 
les  carpelles,  malgré  les  isolements  de  deux  lots  en  1908,  de  six  lots  en  1909,  dérivant 
de  plantes  autofécondées  à  partir  de  1908,  je  n'ai  pu  obtenir  encore  aucune  lignée 
pure.  La  disjonction  en  individus  à  crêtes  et  en  individus  sans  crêtes  peut  faire  croire 

(')  0.  Penzig,  Pflansenteratologie^  t.  I,  p.  260.  —  O.  M  asters.  Vegetable  lerato- 
logy,  p.  3i3,  fig.  166,  et  p.  445, /'^r.  210. 
(■)  O.  Pknzk!,  loc.  cit.,  t.  I,  p.  343. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I9IO.  787 

à  l'existence  d'un  couple  de  caractères  mendéliens  associés  par  hybridation  dans  ces 
lignées,  mais  les  chiffres  fournis  ne  sont  pas  suffisamment  nets  pour  être  démonstratifs. 
Il  nait  d'ailleurs,  des  individus  à  crêtes,  des  plantes  n'ayant  point  de  crêtes,  comme  il 
résulte  des  cultures  de  1908.  Les  lots  A,,  Aj,  provenant  de  plantes  polycephala  sans 
crêtes,  B,  et  Bj,  provenant  de  plantes  polycéphales  à  crêtes  cristata,  ont  donné  en 

effet  : 

Plantufes  Tri-  Adultes  Adultes 

Lots.  levées.  eotylées.       sans  crêtes.        à  crêtes. 

.\, 85  4  32  7 

A2 72  7  28  i3 

B, 42  3  II  24 

B.J 37  I  19  12 

De  la  note  citée  plus  haut  et  des  résultats  décrits  succinctement  ici,  il 
résulte  que  la  mutilation,  consistant  en  la  section  des  tiges  au  ras  du  sol  au 
début  de  la  floraison,  a  fait  apparaître  les  caractères  anormaux  de  fruits 
fasciés  ou  dissociés  de  la  lignée  A'^.  damascena  polycephala,  et  de  crêtes 
stigmatiques  sur  le  dos  des  carpelles  de  N.  d.  cristata,  anomalies  très  rares, 
parfois  réunies,  qui  se  transmettent  partiellement  aux  descendants  par  voie 
de  semis. 


AGRONOMIE.  —  L' arsèniate de plomh  en  viticulture.  Note  de  MM.  L.  Moreau 
et  E.  ViNET,  présentée  par  M.  Schlœsing  fils. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  rechercher,  à  la  Station  œnologique  de 
Maine-et-Loire  :  1°  quelle  quantité  d'arséniate  de  plomb  restait  sur  les 
grappes  après  un  ou  deux  traitements  à  cet  insecticide;  2°  dans  quelle  pro- 
portion cet  arséniate  de  plomb  était  éliminé  au  cours  de  la  végétation  ; 
3"  quelle  quantité  de  ce  produit  pouvait  rester  sur  les  grappes  à  la  ven- 
dange et  quelle  proportion  on  en  retrouvait  dans  les  lies  et  le  vin. 

Dans  un  de  nos  champs  d'expériences,  nous  avons  prélevé,  à  différentes 
époques  et  à  chaque  fois,  de  5  à  10  grappes  de  raisin,  sur  lesquelles,  le 
27  mai  puis  le  6  juin,  on  avait  pulvérisé,  à  raison  de  i'"'  pour  i  000  souches, 
une  bouillie  à  l'arséniate  de  plomb.  Cette  bouillie,  préparée  suivant  la 
méthode  que  nous  avons  indiquée  dans  un  travail  sur  la  Cochylis,  contenait 
environ  600^  d'arséniate  de  plomb  par  hectolitre. 

Les  grappes,  desséchées  et  fragmentées,  ont  été  épuisées,  à  plusieurs 
reprises,  par  macération  avec  de  l'eau  à  i5  pour  100  d'acide  nitrique  pur, 
exempt  d'arsenic.  On  s'est  assuré  que  l'épuisement  avait  été  complet,  en 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  12.)  Io5 


788  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

incinérant  ensuite  les  grappes  et  en  y  recherchant  le  plomh.  Sauf  dans  un 
cas,  et  nous  en  avons  tenu  compte,  l'épuisement  avait  été  complet.  Les 
liquides  d'épuisement,  amenés  à  un  volume  donné,  ont  été,  pour  chaque 
loi,  séparés  en  deux  portions  :  la  première  a  été  évaporée  à  sec,  et  le  résidu 
incinéré  pour  la  recherche  du  plomb;  la  deuxième  a  été  évaporée  presque 
complètement ,  pour  la  recherche  de  Tarsenic. 

Dosage  de  l'arsenic.  —  On  a  employé  la  mélhode  de  Houzeau,  basée  sur  la  réduc- 
tion de  Ag  AzO^  par  As  H-',  d'après  la  formule 

i2AgAzO'+3H-0-Ho.AsH'=  i2HAzO-'+  i2Ag  + As^O^ 

On  a,  d'après  cette  formule,  un  poids  d'argent  métal  égal  à  8,64  fois  le  poids  d'ar- 
senic. Au  lieu  de  doser  voluniétriquement  l'argent  non  précipité  par  une  solution  titrée 
de  NaCl,  nous  avons:  /"  pesé  l'argent  réduit  et  défalqué  de  ce  poids  celui  qu'on  obtient 
dans  une  opération  faite  à  blanc  dans  les  mêmes  conditions,  avec  les  réactifs;  2°  dosé, 
comme  vérification,  l'argent  restant  en  dissolution,  par  l'éleclrolyse.  On  employait  une 

N 

liqueur de  AgAzO''.  On  s'est  rendu  compte,  au  préalable,  par  des  opérations  de 

100  ' 

contrôle,  que  ce  procédé  permettait  de  doser  de   petites  quantités  connues  d'arsenic 

de  l'ordre  de  celles  que   l'on  recherchait  et  de  déceler  nettement,  dans  i5o'^"'"  de  vin, 

o'"8,oi6  de  As.  On  pourrait  déceler  des  quantités  plus  faibles  encore. 

Dosage  du  plomb.  —  N'ous  avons  employé  l'électrolyse  pour  séparer  le  plomb.  On  sait 
qu'en  liqueur  acidulée  par  H  AzO',  le  plomb  se  dépose  sur  l'anode  à  l'élat  de  PbO^. 
^ous  avons  eu  recours  à  l'appareil  de  Riche,  avec  3  éléments  Daniell.  Des  essais  préa- 
lables nous  ont  permis  de  déceler  ainsi  jusqu'à  o"^'<^,o-  de  plomb  ajouté,  à  l'état  d'ar- 
séniate,  à  35o'^'"'  de  vin.  Le  cuivre,  en  proportion  un  peu  forte,  gêne  parfois  le  dépôt  de 
faibles  quantités  de  l'bO'.  Il  ne  nous  a  gênés  que  pour  la  recherche  du  plomb  dans  les 
lies;  aussi  le  chiflVe  que  nous  avons  trouvé  pour  le  plomb,  dans  ce  cas,  doit-il  être  un 
peu  faible;  nous  n'avons  pu  refaire  le  dosage. 

PbO^,  déposé  sur  l'anode,  était  ensuite  transformé  en  sulfate  et  pesé  sous  cette 
forme.  Nos  chiffres  ont  été  calculés  en  partant  du  sulfate.  En  dernier  lieu,  Pb  était 
caractérisé  à  l'aide  de  Kl. 

Voici,  exprimés  en  milligrammes,  les  résultats  obtenus  : 

A.  Un  seul  traitement  à  l'arséniate  de  plomb,  pratiqué  le  27  mai  : 

Prélèvement  du  27  mai. 

Pb^(  AsO')^,  pour  I  o  grappes,  correspondant  à  As )4,o-i 

Pb'(  AsO')-,  pour  10  grappes,  correspondant  à  Pb 14  r^o 

Prélèvement  du  &  juin. 

Pb'(AsO')',  pour  10  grappes,  correspondant  à  As 8,72 

Pi)'(AsO')'-,  pour  10  grappes,  correspondant  à  Pb .'    9,10 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  789 

B.  Deux  traitements,  avec  la  même  formule,  pratiqués  le  27  mai  et  le  6  juin  ; 

'     Au  6  Juin  (  '). 

Pb'(AsO')-,  pour  10  grappes,  correspondant  à  As 23,76 

Pb^(AsO')'',  pour  10  grappes,  correspondant  à  Pb 23,3o 

Prclèscment  du  n-y.  juin. 

Pb'(AsO')^,  pour  10  grappes,  correspondant  à  As 19, 16 

Pb'(AsO'' )■-,  pour  10  grappes,  correspondant  à  Pb 20,47 

Prélèvement  du  1  août. 

Pb^(  AsO')'^,  pour  10  grappes,  correspondant  à  As 4i36 

Pb'(AsO')*,  pour  10  grappes,  correspondant  à  Pb 5,70 

Prélèvement  du   i4  septembre. 
Pb'(AsO')^,  pour  10  grappes,  correspondant  à  Pb 2,78 

C.  Lies.  —  Pour  i658  de  lies  bumides  : 

Arséniale  de  plomb,  correspondant  au  plomb i  ,38 

D.  Vins  correspondants.  —  Arsenic,  pas  trouvé;  plomb,  pas  trouvé  (trois 
recherches) . 

E.  Vins  provenant  de  vignes  traitées  avec  une  bouillie  trois  fois  plus  concentrée 
que  la  précédente  en  arséniate  de  plomb.  —  Arsenic  (i  échantillon),  pas  trouvé; 
plomb  (2  échantillons),  pas  trouvé. 

La  bouillie  contenant  un  excès  de  plomb,  on  trouve  naturellement  plus  d'arséniale 
de  plomb  lorsqu'on  le  calcule  d'après  le  plomb. 

Conclusions.  —  i"  La  quantité  de  Pb'(AsO')-  restant  sur  les  grappes 
après  le  traitemejit,  bien  que  de  l'ordre  des  milligrammes,  est  élevée,  si  on 
la  rapporte  au  poids  moyen  d'une  grappe  qui  à  ce  moment-là  (fin  mai) 
est  très  faible,  de  i^  à  2^  environ; 

2°  Cet  arséniate  de  plomb  s'élimine  en  partie  au  cours  de  la  végétation; 

3°  Trois  semaines  ou  un  mois  avant  la  récolte,  on  trouve  encore  de  ce 
poison  jusqu'à  o°'s^27  par  grappe  dans  notre  expérience,  ce  qui  ferait  par 


(')  A  la  suite  d'un  accident,  l'analyse  correspondant  au  prélèvement  du  6  juin  n'a 
pu  être  faite  ;  les  chifl'res  indiqués  ont  été  obtenus  par  le  calcul  en  se  basant  sur  les 
résultats  fournis,  le  27  mai  et  le  6  juin,  par  un  seul  traitement. 


790  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

kilogramme  de  raisins  i™s,68,  le  poids  moyen  d'une  grappe  de  Chenin 
blanc  pouvant  être  évalué,  à  cette  date,  à  160^  environ; 

4°  Il  doit  en  rester  encore  sur  les  raisins  à  la  récolte,  puisqu'on  en  trouve 
un  peu  dans  les  lies; 

5°  Nous  n'avons  pas  retrouvé  d' arséniate  de  plomb  dans  le  vin  ;  il  est  éliminé 
dans  les  lies  et  vraisemblablement  aussi  dans  les  marcs. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  De  la  filtration  des  diastases.  Note  de  M.  Maurice 
HoLDERER,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

J'ai  établi  précédemment  (')  l'importance  de  la  réaction  du  milieu  sur 
la  filtration  des  diastases.  En  alcalinisant  de  façon  que  la  réaction  soit 
neutre  à  la  phtaléine  les  diastases  de  V Aspergillus  niger  et  du  malt  tra- 
versent les  bougies  de  porcelaine,  tandis  qu'elles  sont  arrêtées  en  réaction 
neutre  au  méthylorange.  Je  viens  aujourd'hui  montrer  que  la  catalase  de 
porc,  la  pepsine  et  l'émulsine  d'amande  précipitée  suivent  la  même  règle. 
Cependant  la  pepsine,  infiltrable  à  la  neutralité  au  méthylorange,  filtre 
très  bien  à  cette  neutralité  en  ajoutant  des  sels  neutres  ou  en  acidifiant  par 
2  pour  1000  de  H  Cl.  De  même  l'émulsine  d'amandes,  mais  non  précipitée, 
filtre  très  bien  quelle  que  soit  la  réaction,  si  l'on  a  eu  soin  d'enlever  les  ca- 
séines en  acidifiant  le  lait  d'amandes  par  l'acide  acétique  jusqu'à  la  neutra- 
lité au  méthylorange. 

I.  Calalasc.  —  i  jos  de  panne  fraîche  de  porc,  passée  au  hache-viande,  sont  triturés 
entre  les  doigts  avec  Soo''"''  d'eau  distillée.  Ce  liquide  est  très  voisin  de  la  neutralité  à 
la  phtaléine.  On  neutralise  une  partie  au  mélliYlorange,  une  autre  à  la  phlaléine.  On 
filtre  et  Ton  ramène  tous  les  échantillons  à  la  réaction  initiale.  On  dose  l'activité  diasta- 
sique  en  ajoutant  à  (roid,  à  i"™'  de  ces  liquides,  à'^"'"  d'une  solution  d'eau  oxygénée  à  2  ,5 
pour  100.  On  laisse  la  réaction  se  faire  pendanlg  minutes,  puis  on  l'arrête  en  acidifiant 
les  mélanges.  On  dose  H^O"  restant  en  ajoutant  une  solution  titrée  de  IvMnO'.  Je 
donnerai  ailleurs  les  nombres  obtenus.  .\  la  neutralité  au  méthylorange,  le  filtrat  ne 
présente  que  o,  2  pour  ioo  de  l'activité  du  même  liquide  non  filtré,  tandis  qu'à  la  neutra- 
lité à  la  phénolphlaléine  67  pour  100  de  la  diastase  a  traversé  la  bougie.  En  alcalini- 
sant un  peu  plus,  il  est  probable  que  la  catalase  aurait  encore  mieux  filtré. 

II.  Pepsine.  —  J'ai  pris  une  pepsine  commerciale  en  paillettes,  titre  100  du  Codex. 
La  dissolution  dans  l'eau  est  presque  neutre  au  méthylorange.  J'ai  filtré  trois  solutions. 
Une  neutre  au  méthylorange,  fortement  opalescente  ;  une  autre  franchement  acide, 
contenant  2  pour  1000  de  HCI,  sensiblement  j)lus  limpide,  et  enfin  une  troisième  neutre 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  ii53,  et  l.  150,  1910,  p.  280  et  285. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  79I 

à  la  plitaléine.  Celle  dernière  était  presque  limpide.  Pour  doser  l'activité  de  ces 
solutions  (elles  étaient  à  i  pour  100  environ),  on  en  fait  agir  S"""' sur  2?  de  fibrine 
desséchée  du  commerce  qu'on  a  fait  gonfler  au  bain-marie  avec  So'^'"'  d'eau  contenant 
une  dose  de  HCI  telle  que  le  tout  présente  une  activité  de  2  pour  1000  de  H  Cl.  On 
laisse  au  bain-marie  réglé  à  5o°  et  l'on  dose  après  4  heures  et  après  17  heures  le  degré 
de  digestion  en  mesurant,  d'après  la  méthode  de  Srirensen  ('),  avec  de  la  soude,  en 
présence  de  formol,  combien  il  y  a  de  groupes  carboxyles  formés.  J'ai  vu  qu'en 
réaction  neutre  au  mélhylorange  le  filtrat  est  presque  complètement  inactif.  Mais  en 
milieu  franchement  acide  la  pepsine  traverse  très  bien  les  bougies.  Il  en  est  de  même 
en  milieu  neutre  à  la  phénolphlaléine,  mais  cette  alcalinisation  a  beaucoup  affaibli  la 
pepsine.  On  peut  cependant  faire  filtrer  la  pepsine  en  réaction  neutre  au  mélhyl- 
orange. Il  suffit,  comme  je  l'ai  vu,  d'ajouter  à  la  solution  i  pour  100  de  sulfate  d'am- 
moniaque par  exemple.  La  solution  s'éclaircit,  et  après  filtration  le  liquide  s'est 
montré  presque  aussi  actif  que  la  portion  non   filtrée. 

III.  Eniulsine.  —  Si  l'on  triture  avec  de  l'eau  de  l'émulsine  précipitée  en  poudre 
provenant  d'amandes  douces,  on  obtient  une  solution  opalescente  qui,  fillrée,  est  presque 
entièrement  retenue  par  la  bougie,  quelle  que  soit  la  réaction,  mais  surtout  en  milieu 
neutre  au  mélhylorange. 

J'ai  alors  mieux  solubilisé  l'émulsine  en  la  triturant  avec  très  peu  d'eau  et  en  y 
ajoutant  deux  fois  et  demie  la  quantité  de  soude  décime  nécessaire  pour  neutraliser  la 
diasiase  à  la  plitaléine.  Aussitôt  la  dissolution  obtenue,  ce  qui  est  très  rapide,  on  étend 
d'eau  pour  obtenir  une  solution  à  i  pour  1000  d'émulsine.  Celte  dilulion  diminue 
l'alcalinité  par  le  fait  de  la  dilution  et  par  l'apport  de  CO'  dissous  dans  l'eau.  Cette 
solution  suit  la  règle  habituelle  :  la  diastase  traverse  les  bougies  en  milieu  alcalin  et 
elle  est  retenue  en  milieu  neutre  au  mélhylorange.  En  tout  cas,  il  ne  faut  pas  prolonger 

le  contact  alcalin,  car  j'ai  vu  qu'une  émulsion  traitée  par  de  la  soude  -^r-  est  rapidement 

détruite.  En  3o  minutes,  elle  perd  les  —^  de  son  activité. 

L'émulsine  d'amandes  douces,  obtenue  en  faisant  un  lait  d'amandes,  sous  précipitation 
par  l'acool,  se  comporte  tout  autremenl.  Ce  lait  contient  beaucoup  de  caséines  végé- 
tales précipitables  par  l'acide  acétique  par  exemple.  La  précipitation  est  à  peu  près 
complète  quand  on  arrive  à  la  neutralité  au  mélhylorange.  Le  liquide  filtre  très  bien 
sur  papier.  L'émulsine  de  ce  filtrat  traverse  les  bougies  quelle  que  soit  ta  réaction  du 
milieu.  Si  l'on  n'ajoute  pas  d'acide  au  lait  d'amandes,  les  caséines  empêcheront  toute 
filtration  des  diaslases.  J'ai  vu  que  le  premier  filtrat  (il  est  vrai  seulement  S"^"'  en 
quelques  heures)  était  complètement  inactif  ('). 

De  tout  ce  qui  précède  nous  voyons  que  ce  n'est  pas  seulement  la  réaction 
du  milieu  cjui  intervient  dans  la  filtration  des  diastases,  mais  aussi,  dans 
certains  cas,  Tétat  de  dissolution  plus  ou  moins  parfait  des  substances  qui 


(')  SôRENSEN,  Comptes  rendus  Laboral.  de  Carlsherg,  t.  VII,  1907,  p.  i. 
(-)  Ces  résultats  sont  analogues  à  ceux  trouvés  tout  récemment  par  Sarthou  avec  la 
peroxydiastase  du  lait  de  vache.  Voir  C.  R.  Soc.  BioL,  t.  LXVIII,  ipio,  p.  !\'i!\. 


'jC)Q.  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

les  accompagnent.  D'une  manière  générale,  en  alcalinisant,  on  favorisera 
la  dissolution  et  la  filtration  des  diastases,  mais  dans  certains  cas  on  aura 
le  même  résultat  par  addition  de  sels  neutres  ou  d'acides.  L'aspect  extérieur 
du  liquide  est  parfois  un  indice  pour  la  filtrabilité  d'une  diastase,  mais  il 
n'est  pas  absolu.  Ainsi  une  macération  de  24  heures  à' Aspergilus  niger, 
acidifiée  par  i  pour  100  d'acide  acétique,  est  très  limpide,  pourtant  elle  ne 
passe  pas  les  filtres  de  porcelaine. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sécrétion  normale  d'une  substance  anticoagulante 
par  le  foie.  Note  de  M.  Doyon,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

I.  Le  foie,  isolé  et  lavé,  puis  soumis  au  passage  du  sang  artériel  normal, 
sécrète  de  l'antithrombine.  En  effet  le  sang  qui  a  passé  à  travei's  le  foie 
dans  ces  conditions  est  incoagulable  ou  ne  coagule  qu'après  de  longs  retards 
et  possède  la  propriété  d'empêcher  in  ritro  le  sang  normal  de  coaguler. 

Expérience.  —  On  pratique  la  saignée  carolidienne  chez  un  jeune  animal  (cliien 
de  i2''6  environ).  Dés  le  début  de  la  saignée  on  sacrifie  l'animal  par  la  section  du  bulbe; 
on  isole  rapidement  le  foie;  on  pose  une  pince  sur  la  veine  cave  inférieure  au-dessous 
du  foie;  puis  on  introduit  deux,  canules,  Tune  dans  la  veine  porte,  l'autre  dans  la 
veine  cave  inférieure  en  aval  du  foie. 

Pendant  que  le  sang  s'écoule  encore  par  la  carotide,  on  fait  passer  rapidement  à  travers 
le  foie  !o'  à  12'  d'une  solution  de  chlorure  de  sodium  à  9  pour  100  chaulléeà  4o°-4i°; 
on  a  soin  de  comprimer  de  temps  en  temps  légèrement  les  lobes  hépatiques  pour  bien 
chasser  le  sang;  on  pose  ensuite  des  pinces  en  aval  et  en  amont  du  foie  qu'on  abandonne, 
en  place,  très  légèrement  distendu,  à  la  température  du  laboratoire. 

35  minutes  après  le  lavage  on  fait  passer  directement  à  travers  le  foie  ainsi 
préparé  le  sang  carotidien  d'un  second  chien.  Le  sang  est  reçu  en  aval  du  foie  dans  des 
tubes  à  essais  par  échantillons  de  20'''"'  à  3o""';  entre  chaque  prise  on  comprime  le  tube 
d'écoulement  pendant  quelques  secondes  de  façon  à  provoquer  une  courte  slase  du 
sang  dans  le  foie.  Les  deux  premiers  tubes  ne  contiennent  guère  que  de  l'eau  salée. 

Résultats.  —  Tous  les  échantillons  sont  restés  liquides  le  premier  jour.  Le  lende- 
main matin,  les  échantillons  4,  5,  6,  7  étaient  pris  en  masse;  les  échantillons  8,  9,  10 
et  1 1  présentaient  quelques  caillots  moue;  le  soir  l'échantillon  8  était  pris  en  masse. 
L'échantillon  9  était  pris  en  bloc  le  surlendemain  malin. 

J'ai  mêlé,  à  volume  égal,  du  sang  normal  et  du  sang  provenant  des  tubes  9  et  10. 
Le  mélange  n'a  coagulé  en  masse  que  le  lendemain.  L'eflet  anticoagulant  n'est  pas  dû 
au  simjile  mélange  du  sang  incoagulable  à  du  sang  normal,  car  si  l'on  mêle  du  sang 
défibriné  (4^"')  à  du  sang  noimal  (1'"'),  la  prise  en  masse  est  instantanée  ou  tout  au 
moins  très  rapide.  L'action  anticoagulante  n'est  pas,  non  plus,  exercée  par  l'eau  salée. 
Si  l'on  mélange,  en  elVel,  1'°'  de  sang  normal  à  r°' d'une  solution  de  chloiure  de  sodium 


SÉANCE    DU    21    MARS    I9IO.  798 

à  9  pour  1000,  la  coagulation  du  mélange  est  plus  rapide  que  la  coagulation  du  sang 
normal  seul.  J'ai  d'ailleurs  constaté  que  le  sang  des  échantillons  8  et  9  contenait  près 
de  6  millions  de  globules  rouges  par  millimètre  cube  et  par  suite  n'était  pas  dilué. 
Le  sang  carotidien  du  second  chien,  prélevé  en  amont  du  foie  lavé,  coagulait  en 
2  minutes.  Après  la  onzième  prise,  au  moment  de  la  cessation  de  l'expérience,  il 
n'existait  aucun  caillot  dans  les  canules  ef  le  tube  de  communication..  Les  prises  10 
et  II  ont  été  faites  alors  que  déjà  une  pince  avait  été  placée  sur  la  carotide  pour 
interrompre  la  circulation. 

II.  Sur  le  vivant,  chez  le  chien,  le  sang  prélevé  directement  dans  les 
veines  sushépatiques  coagule  généralement  comme  le  sang  qui  provient 
des  autres  territoires  vasculaires  ;  toutefois  j'ai  recueilli,  dans  un  cas,  chez 
un  chien  normal,  dans  les  veines  sushépatiques,  du  sang  qui  a  coagulé 
seulement  plusieurs  heures  après  la  récolte.  Cette  observation  est  à  rappro- 
cher des  faits  exposés  dans  la  première  partie  de  cette  Note  et  permet  de 
considérer  la  sécrétion,  par  le  foie,  d'une  substance  anticoagulante  comme 
un  phénomène  normal  dont  le  déterminisme  resïe  à  fixer. 

Je  rappelle  qu'anciennement  Lehmann  a  soutenu  que  la  fibrine  se  détruit 
dans  le  foie.  Je  crois  avoir  démontré,  contrairement  à  cette  assertion,  que 
la  fibrinogène  a  une  origine  hépatique;  j'ai  prouvé  que  cette  substance 
disparaît  du  plasma  lorsque  les  cellules  hépatiques  sont  gravement  lésées 
ou  lorsque  le  foie  est  excisé.  Si  donc,  dans  les  conditions  normales,  le  sang 
sushépatique  coagule  mal  ou  ne  coagule  pas,  le  fait  s'explique,  non  par 
une  destruction  de  la  fibrine  dans  le  foie,  mais  vraisemblablement  par  la 
présence,  dans  le  sang,  d'une  substance  anticoagulante  d'origine  hépa- 
tique ('  ). 


CHIMIE   PHYSIOLOGIQUE.   —   Sur  l'isolement  d'un   sucre  biose   dérivant    de 
ramygdaline.  Note  de  M.  Jean  Giaja,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

Antérieurement  (-)  j'ai  signalé  quelques  particularités  dans  la  marche 
de  l'hydrolyse  diastasique  de  l'amygdaline  par  le  suc  digestif  de  l'Escargot 

(')  On  appréciera  la  diflférence  de  ces  résultats  et  de  ceux  qui  ont  été  obtenus  par 
d'autres  auteurs.  Delezenne  a  obtenu,  par  injection  de  peptone  dans  le  foie  lavé,  un 
plasma  qui  n'a  que  quelques-unes  des  propriétés  du  sang  total  du  second  chien.  De 
même  notre  expérience  étend  et  explique  l'observation  de  P.  Volf.  Ce  physiologiste  a 
montré  la  réaction  du  chien  à  l'injection  intra-veineuse  des  albuminoïdes  isolés  de 
son  sérum  (1904).  Camus  et  Gley  (i 904-1905)  ont  étendu  ce  résultat  au  sérum  lui-raêine. 

(^)    Thèse  de  doctorat  es  sciences,  Paris,  1909. 


794  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

{Hélix  pomatia  L.).  Dans  ce  cas,  de  même  que  sous  l'action  de  l'émulsine 
d'amandes,  l'amygdaline  donne  comme  produits  terminaux  de  son  hydro- 
lyse, du  glucose,  de  l'aldéhyde  benzoïque  et  de  l'acide  cyanhydrique,  dans 
les  proportions  que  donne  la  formule  classique 

C"H"0"N  -1-  2IPO  =  CNH  +  C^Hi^COH  -+-  2C«H'=0«. 

Mais  ce  qu'il  y  a  de  particulier,  c'est  qu'au  cours  de  l'hydrolyse  de  l'amyg- 
daline  par  le  suc  digestif  d'//e/ix-,  on  trouve  toujours  une  quantité  de  sucre 
réducteur  inférieure  à  celle  qu'on  devrait  trouver  par  rapport  à  l'acide 
cyanhydrique  et  à  l'aldéhyde  benzoïque,  en  supposant  que  la  molécule 
d'amygdaline  se  désagrège  simultanément  en  les  produits  de  son  hydrolyse 
complète.  Tandis  que  l'acide  cyanhydrique  et  l'aldéhyde  benzoïque  se 
trouvent  à  n'importe  quel  moment  de  la  réaction  diastasique  dans  la  pro- 
portion qu'exige  la  formule  énoncée  plus  haut,  le  sucre  réducteur  n'appa- 
raît en  proportions  théoriques,  par  rapport  à  ces  deux  corps,  que  lorsque 
la  réaction  diastasique  est  terminée;  tout  le  long  de  la  réaction  on  trouve 
un  déficit  en  sucre  réducteur,  qui  est  relativement  d'autant  plus  important 
qu'on  se  trouve  plus  près  du  début  de  la  réaction;  à  ce  moment  on  peut 
ne  trouver  que  le  tiers  ou  le  quart  environ  de  la  quantité  théorique  de  sucre 
réducteur. 

Dans  le  cas  de  l'hydrolyse  diastasique  de  l'amygdaline  par  rémulsine  d'amandes, 
c'est  par  contre  an  excès  de  sucre  réducteur  qu'on  trouve  au  cours  de  la  réaction,  ainsi 
que  l'ont  démontré  Manson  Auld  (')  et  II.-E.  Armslrong,  E,-F.  Armstronget  Horton  (-). 
Ces  auteurs  ont  trouvé  Ja  cause  de  cet  excès  de  sucre  réducteur.  L'émulsine 
d'amandes  hydrolyse  l'amygdaline  en  deux  temps;  dans  le  premier  temps  il  y  a 
détachement  d'une  seule  molécule  de  glucose,  et  il  en  résulte  de  l'amygdoiiitrile 
glucoside;  dans  le  second  temps,  l'amygdonitrileglucoside  est  attaqué  à  son  tour  par 
le  ferment  et  hydrolyse  en  glucose,  acide  cyanhydrique  et  aldéhyde  benzoïque. 

Pour  interpréter  les  faits  que  j'ai  observés  dans  l'hydrolyse  de  l'ainvgda- 
line  par  le  suc  à'' Hélix,']  ai  émis  l'hypothèse  de  la  mise  en  liberté  d'unbiose 
contenu  dans  la  molécule,  de  l'amygdaline,  au  cours  de  cette  réaction  diasta- 
sique. Dans  ce  cas  aussi,  l'amygdaline  s'hydrolyserail  en  deux  temps  :  dans 
un  premier  temps  il  y  a  mise  en  liberté  d'acide  cyanhydrique,  d'aldéhyde 


(')  Manson  Auld,  Journal  of  llie  Chem.  Society,  t.  XGlll,  1908. 
(-)  H.-E.  Ahmstrong,  E.-F.  Ahmstiiong  and  llonrON,  Proceedings  oj  the  Roy.  Society, 
série  H;  80,  1908. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  790 

benzoïque  et  du  biose  ;  dans  un  second  temps  le  biose  est  attaqué  à  son  tour 
et  hydrolyse  en  glucose. 

Aujourd'hui  il  est  généralement  admis  que  les  deux  molécules  de  glucose, 
contenues  dans  la  molécule  de  Tamygdaline,  se  trouvent  sous  forme  d'un 
biose  réducteur  du  genre  du  maltose,  dont  la  fonction  aldéhydique  serait 
masquée  dans  son  union  avec  le  reste  de  nitrile  phénylglycolique.  On  admet 
cela  surtout  depuis  que  Em.  Fischer  a  montré  queramygdonitrileglucosidc, 
corps  résultant  du  détachement  d'une  seule  molécule  de  glucose  de  la 
molécule  de  l'amygdaline,  n'est  pas  réducteur. 

Le  fait  que  j'ai  signalé,  savoir  que  le  pouvoir  réducteur,  au  début  de 
l'hydrolyse  de  l'amygdaline  par  le  suc  à^Helix,  est  trois  à  quatre  fois 
inférieur  à  celui  qu'on  devrait  trouver  théoriquement,  s'accordait  mal  avec 
l'hypothèse  d'un  biose  réducleur,  les  disaccharides,  tel  que  le  maltose, 
n'ayant  pas  un  pouvoir  réducteur  inférieur  à  la  moitié  de  celui  du  glucose. 
J'ai  pu  m'assurer,  depuis,  que  le  pouvoir  réducteur  qu'on  constate  à  n'im- 
porle  quel  moment  de  la  réaction  est  uniquement  dû  à  du  glucose. 
D'autre  part,  tout  essai  pour  obtenir  une  autre  phénylosazone  que  celle  du 
glucose,  avec  les  produits  d'hydrolyse  incomplète  de  l'amygdaline,  ne  me 
donna  que  des  résultats  négatifs. 

A  présent,  je  puis  affirmer  que  le  biose  de  l'amygdaline,  mis  en  liberté 
sous  l'action  du  suc  d^Helix,  est  un  biose  non  réducteur.  J'ai  réussi  à  l'isoler 
des  autres  produits  qui  l'accompagnent  au  cours  de  l'hydrolyse  de  l'amyg- 
daline. Il  n'a  pas  encore  cristallisé,  et  jusqu'à  présent  je  ne  l'ai  obtenu  qu'à 
l'état  sirupeux  ou  sous  forme  de  poudre  amorphe,  obtenue  en  déshydratant 
le  sirop  par  l'alcool  absolu.  Voici  le  principe  du  procédé  qui  m'a  servi  pour 
l'isoler  :  on  arrête  par  la  chaleur  l'action  du  suc  digestif  d'//e//j7  sur  l'amyg- 
daline à  un  moment  des  plus  avantageux  au  point  de  vue  du  rendement  en 
biose;  on  se  débarrasse  du  sucre  réducteur  par  la  levure  de  bière,  le  biose 
n'étant  pas  fermentescible  ou  ne  l'étant  que  très  lentement.  Ensuite  on 
défèque  le  liquide,  on  le  concentre  dans  le  vide  jusqu'à  consistance  siru- 
peuse. Ce  sirop,  traité  par  de  l'alcool  absolu  bouillant,  donne  un  précipité 
abondant  qui  est  ensuite  épuisé,  à  plusieurs  reprises,  au  réfrigérant  ascen- 
dant par  de  l'alcool  à  93"  et  puis  à  90",  pour  le  débarrasser  complètement 
de  l'amygdaline.  On  obtient  ainsi  une  substance  insoluble  dans  l'alcool  fort, 
très  soluble  dans  l'eau  et  qui  ne  réduit  pas  du  tout  la  liqueur  de  Fehling. 
Chauffée  avec  les  acides  minéraux  dilués,  elle  se  transforme  en  glucose; 
de  même  sous  l'action  du  suc  d'Helù-  elle  fournit  promptement  du  glucose, 
mais  ne  donne  ni  de  l'acide  cyanliydrique  ni  de  l'aldéhyde  benzoïque. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  12.)  lO^' 


796  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ce  n'est  que  lorsque  ce  sucre  aura  cristallisé  qu'on  pourra  être  fixé  sur  sa 
nature  exacte  d'après  ses  constantes  physiques  et  la  façon  de  se  comporter 
envers  les  ferments.  Je  rappellerai  seulement  qu'on  ne  connaît  jusqu'à  pré- 
sent qu'un  biose  non  réducteur  ne  fournissant  que  du  glucose  à  Ihydro- 
1  yse  :  le  trélialose.  On  a  invoqué  l'absence  de  pouvoir  réducteur  chez  l'amyg- 
daline  et  chez  l'amygdonitrileglucoside  pour  faire  admettre  que  le  biose  de 
Tamygdaline  doit  être  rédacteur.  Cependant,  en  attribuant  au  biose  de 
i'amygdaline  une  structure  semblable  à  celle  du  tréhalose 

/CH -(CHOH)^— CH-CHOH  — CH^'OH 


\C11  —  (CHOU  )'—  Cil  —  CHOU  -  GH^Otl 


et  en  supposant  qu'il  soit  uni  au  nilrile  phénylglycolique  CH^  —  CH  —  CN 

OH 

par  l'atome  de  carbone  situé  à  l'extrémité  non  libre  de  l'un  de  ses  deux 
restes  de  glucose,  on  obtient  une  structure  de  I'amygdaline  qui  rend  compte 
à  la  fois  de  l'absence  de  propriétés  réductrices  chez  le  biose,  I'amygdaline 
et  l'amygdonitrileglucoside. 


PHYSIOLOGIE.  —  L'addition  latente  et  ses  rapports  avec  le  paramétre  chrono- 
logique de  l'excitabilité .  Nole(')  de  M.  et  M™*  L.  Lapicque,  présentée 
par  M.  A.  Dastre. 

Ch.  Richet  a  montré,  en  1877,  sur  le  muscle  adducteur  de  la  pince  de 
l'écrevisse,  qu'on  provoque  une  réponse  si  l'on  réitère  assez  rapidement  dés 
excitations  dont  chacune,  prise  isolément,  est  inefficace  ;  il  a  appelé  addition 
latente  ce  phénomène  qui,  antérieurement  étudié  sous  le  nom  de  sommation 
comme  une  fonction  particulière  des  centres  nerveux,  est  général  dans  les 
tissus  irritables  (-  ),  mais  apparaît  tantôt  très  marqué,  tantôt  à  peine  per- 
ceptible. 

Nous  voulons  montrer  que  l'addition  latente  dépend  essentiellement  du 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  1 4  mars  1910. 
(*)  Steinach,  Arc/iii'es  de  PJliiger,  t.  CXXV,  h 


SÉANCE    DU    21    MARS    I910.  797 

rapport  entre  la  durée  de  rcxcitation  et  la  constante  de  temps  ou  clivo- 
naxie  (  '  )  qui  caractérise  Texcilabilité  de  cliaque  tissu. 

>ious  limitons  notre  examen  aux  muscles,  cas  plus  simple  et  plus  direct 
que  le  réflexe,  et  à  l'excitation  électrique,  seul  stimulant  maniable  avec 
une  précision  suffisante. 

L'addition  latente  sur  les  muscles  a  été  étudiée  jusqu'ici  exclusivement 
avec  la  bobine  d'induction;  l'onde  induite  d'ouverture,  seule  en  cause, 
présente,  dans  les  conditions  usuelles,  une  durée  de  Tordre  du  millième  de 
seconde.  Cette  durée  est  déjà  longue  pour  l'excitabilité  du  gaslrocnémien; 
elle  est  brève,  et  parfois  très  brève  pour  d'autres  excitabilités;  c'est  avec 
celles-ci  que  l'addition  latente  s'est  révélée. 

Dans  des  recherches  que  nous  avons  en  cours  avec  M""  \^eill,  nous 
avons  observé,  sur  les  différents  muscles  striés  de  la  grenouille,  que 
l'addition  latente,  pour  les  chocs  d'induction,  augmente  systématiquemenl 
avec  la  chronaxie. 

Réciproquement,  pour  un  muscle  donné,  l'addition  latente  est  fonction 
de  la  brièveté  de  l'excitation. 

Soit  une  série  de  conden5ateiu-s  de  capacités  graduées  entre  i  microfarad  et  1  cen- 
tième de  microfarad.  Une  force  éleclroraotrice  constante  et  réglable  peut  être  appli- 
quée aux.  extrémités  d'une  résistance  R,  sans  self  ni  capacité,  de  5ooo  ohms  environ,  le 
circuit  étant  alternativement  fermé  et  ouvert  par  un  appareil  d'horlogerie.  Aux  deux 
extrémités  de  la  résistance  R  sont  connectées  d'autre  part  les  deux  armatures  du  con- 
densateur; le  muscle,  ainsi  que  ses  électrodes  (d'argent  chloruré),  est  interposé  sur  l'une 
de  ces  connexions  avec  une  résistance  complémentaire,  telle  que  la  somme,  muscle  plus 
résistance,  fasse  .5ooo  ohms  environ.  A  travers  le  muscle  ainsi  placé,  le  condensateur  se 
charge  au  moment  de  la  fermeture  du  circuit,  et  se  décharge  au  moment  de  l'ouver- 


(')  L.  Lapic(jui;,  Définition  expérinicnlale  de  l'excitabililé  {Comptes  rendus  delà 
Société  de  Biologie,  14  juillet  1909).  La  constante  de  temps  peut  être  mise  algébrique- 
ment en  évidence  de  la  façon  suivante,  si  Ton  accepte,  en  première  approximation,  la 
formule  de  l'hyperbole  équilatère  pour  la  loi  de  l'intensité  i  nécessaire  en  fonction  de 
la  durée  t  à  laquelle  est  arbitrairement  limité  le  passage  du  courant  : 

La  valeur  de  r,  ou  chronaxie,  a  varié  dans  nos  expériences  depuis  3  dix-m,llliémes 
de  seconde  (gastrocnémien  de  la  grenouille  verte)  jusqu'à  i  seconde  (fibres  lisses  de 
l'estomac).  B  est  une  constante  particulière  à  chaque  expérience;  elle  est  donnée 
expérimentalement  par  l'intensité  liminaire  du'  courant  brusque  indéfiniment  pro- 
longé. 


79^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lure.  Les  formules  de  ces  deux  ondes,  pour  une  différence  de  potentiel  V,  sont  respec- 
tivement 

R  et  2  H 

Au  voisinage  du  seuil,  la  première  est  seule  efficace,  comme  l'onde  d'ouverture  de 
l'appareil  d'induction.  Si  l'on  admet  qu'elle  est  pratiquement  terminée  pour  <  =  2RC, 
on  voit  que  sa  durée  varie  de  -~  de  seconde  pour  i  microfarad,  à  yôqô«  '^^  seconde 
pour  ï-ij  de  microfarad. 

Un  mécanisme  simple  permet  d'obtenir,  dans  des  conditions  identiques,  la  charge  et 
la  décharge,  tantôt  une  seule  fois,  tantôt  six  fois  de  suite,  au  rythme  de  i5  ou  de  3  par 
seconde.  Nous  cherchions  dans  chacun  de  ces  cas  le  voltage  liminaire;  l'abaissement 
relatif  de  ce  voltage,  en  passant  de  l'excitation  unique  aux  excitations  répétées,  mesure 
l'amplitude  de  l'addition  latente.  Voici  quelques-uns  de  nos  résultats: 

Seuil  pour  excitation  Addition 

Capaeité  ^ - ^ latente 

en  microfarad.  viniquc  .  répétée.  pour  100. 

Pince  d'écrecisse  (rvlhme  :  i5  par  seconde). 

1 4-1  4,0  9 

o,i 8,6  5,7  34. 

Pince  d'écrecissc  (rythme  :  .3  par  seconde). 

1 3,2  3,2  0 

0,1 io,o  9,2  8 

Queue  d'écrevisae  (rythme  :  i5  par  seconde). 

1 2, là  2,i5  0 

0,2 3,7  3,3  12 

o,o5 6.5  5,5  18 

Muscle  columellaire  d'escargot  (rythme  :  3  par  seconde). 

1 2,4  1,9  20 

0,2 5,6  3,1  4-0 

o,oj.. i4,5  7,0  52 

Gastrocnémien  de  grenouille  (rythme  :  t5  par  seconde). 

1 0,3s  o,38  0 

o,o5 0,80  0,80  0 

0,01 2,1 5  ',90  12 


SÉANCE    DU    2r    MARS    19IO.  799 

Droit  intérieur  de  l'abdomen,  grenouille  (rythme  :  i5  par  seconde). 

0,5 o,38  0,38  0 

o,  I o,5o  o,5o  0 

0,02 i,3o  1,00  23 

Les  chronaxies  de  ces  divers  muscles  présentaient  les  valeurs  suivantes  (en  mil- 
lièmes de  seconde,  chiffres  ronds)  : 

Pince  A^Astacus  leptodactylus 3 

Queue  A' Astacus  leptodactylus i 

Muscle  columellaire  à' Helijc  pomatia 20 

Gastrocnémien  de  Rana  csculenta o,4 

Droit  antérieur  de  Tabdomen  de  Rana  esculenta. .  .       0,8 

En  résumé,  l'addiiion  latente  ne  dépend  pas  essentiellement  de  l'aptiîude  parti- 
culière à  tel  ou  tel  muscle  de  sommer  des  excitations  quelconques  plus  ou  moins 
inférieures  au  Seuil.  Dans  tous  les  muscles,  Taddilion  latente  tend  vers  zéro  pour  les 
excitations  suffisamment  durables;  elle  apparaît  quand  les  excitations  sont  brèves  (et 
par  conséquent  intenses)  relativement  à  l'excitabilité  en  jeu;  elle  augmente  avec  la 
brièveté  relative  de  l'excitation  (' ). 


ANATOMlE.   —    La  partie  ihoracique  du  grand  sympathique  chez  les  Sauriens. 
Note  de  M.  H.-E.  Sauvage,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Au  niveau  de  la  seconde  côte,  un  peu  plus  haut  du  côté  droit  que  du  côté 
gauche,  le  grand  sympathique  présente  chez  le  Lézard  ocellé,  contre  Taorte, 
un  gros  ganglion  qui  peutavoir  2'""\5  de  long;  ce  ganglion  se  compose  de 
deux  renflements  de  forme  ovalaire  dont  le  supéineur  est  le  plus  long  et  le 
plus  gros. 

La  partie  postérieure  et  interne  du  ganglion  antérieur  donne  un  filet 
récurrent  qui  pénètre  dans  la  moelle.  Au  niveau  de  la  première  vertèbre 
dorsale,  du  côté  externe  du  ganglion  part  un  filet  qui  accompagne  l'artère 
axillaire  ;  ce  filet  se  divise  lui-même  en  deux  branches  qui  se  jettent  sur  les 
deux  premiers  nerfs  intercostaux. 

Chez  les  Lézard  vcrt^  Seps  c/ialcide,  Gongyle  ocellé,  Uroniastix  sacanthinus, 
ce  ganglion  est  unique,  de  forme  ovalaire,  de  forme  conique  chez  le  Psudope  de  Pallas, 
oblong  chez  le  Zonure  géant,  plat  chez  le  Varan  du  désert. 

(')  Les  muscles  d'Invertébrés,  toute  chose  égaie  d'ailleurs,  présentent  peut-être  une 
sommation  plus  accusée  ([ue  les  muscles  striés  de  N'ertébrés. 


8oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Après  le  ganglion  le  grand  sympathique  ne  larde  pas  à  se  diviser  en  deux  jjraiiches; 
la  plus  grosse,  continuation  du  ganglion,  donne  un  filet  pour  le  nerf  intercostal; 
l'autre  bianclie  se  rend  à  un  petit  ganglion  situé  au  niveau  du  quatrième  espace 
intercostal;  c'est  ce  ganglion  qui  commence  la  chaîne  ganglionnaire. 

Au  niveau  de  la  sixième  paire  nerveuse  du  plexus  branchial  chez  le  Zoniire  géant 
se  trouve  le  ganglion  cervical  inférieur,  la  cinquième  paire  étant  obliquement  croisée 
par  le  pneumogastrique,  la  carotide,  la  jugulaire  et  le  rameau  cervical  du  grand  sym- 
pathique; cette  sixième  paire  reçoit  quelques  minces  filets  du  ganglion  cervical;  de  la 
partie  inférieure  et  externe  de  ce  même  ganglion  part  un  filet  qui  se  rend  à  la  troisième 
paire  cervicale;  un  peu  au-de>sus  de  cette  paire,  le  grand  sympathique  présente  un 
faible  rendement  d'où  part  un  rameau  oblique  qui  se  rend  à  la  branche  que  la  neu- 
vième paire  nerveuse  envoie  à  la  huitième. 

Le  plexus  situé  entre  la  tranchée  artère,  le  cœur,  les  gros  vaisseaux,  est  bien  déve- 
loppt'  chez  V Amphisbœna  alba ;  les  ganglions  qui  reçoivent  des  rameaux  du  pneu- 
mogastrique et  du  grand  sympathique  donnent  des  filets  à  la  trachée-artère,  au 
poumon  dans  lequel  ils  pénètrent,  à  l'aorte,  à  l'œsophage;  ce  plexus  est  formé  d'une 
dizaine  de  ganglions.  Un  petit  plexus  se  voit  vers  la  moitié  de  la  longueur  du  poumon 
et  se  rend  à  l'estomac.  Chez  Salvator  Merianœ  les  filets  du  médiastin,  du  bulbe 
aorlique,  viennent  d'un  plexus  situé  sur  la  tranchée  artère  et  l'œsophage. 

Chez  le  Varan  du  désert  on  voit  quinze  ganglions  sur  l'aorte,  dont  trois  à  trois 
forment  fleux  petits  plexus.  Chez  le  Plalydactylus  guttatiis  les  filets  du  pneumogas- 
trique et  du  grand  sympathique  forment  un  plexus  en  mailles  sur  les  vaisseaux  qui  se 
rendent  au  cœur  ou  qui  en  partent. 


MÉDECINE.  —   La  Jièvre  de  Malle  en  France.  Noie  de  MM.  LAr.RiFFOui. 
et  Roger,  présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

La  fièvre  de  Malle,  il  y  a  quelques  mois  à  peine,  était  à  peu  près  totale- 
ment inconnue  en  France.  Quelques  cas  isolés,  la  plupart  de  provenance 
étrant^ère,  avaient  bien  été  signalés  depuis  décembre  1908,  mais  il  fallut 
que  la  maladie  éclatât  sous  formes  de  véritables  épidémies  pour  que  l'atten- 
tion fût  sérieusement  attirée  sur  elle. 

A  la  suite  des  épidémies  de  Saint-Martial  (Gard)  et  de  Sainl-Bauzillc  de 
Montmel  (Hérault)  nous  avons  entrepris  une  enquête  sur  la  fréquence  de  la 
fièvre  di'  Malte  en  France.  La  maladie  sévissait-elle  seulement  sous  forme 
de  petits  foyers  épidémiques,  d'importation  récente,  localisés  à  ces  deux 
départements?  A  côté  de  ces  foyers  épidémiques  n'existait-elle  pas,  et  depuis 
longtemps  déjà,  à  l'état  cndémitjue,  en  des  régions  diverses  etplus  ou  moins 
éloignées. 

Nos  premières  constatations  nous  permettent  d'affirmer  <pie  la  fièvre  de 


SÉANCE    DU    21    MARS    I910.  Soi 

Malte  s'observe  fréquenimenl  dans  l'Hérault  et  le  Gard.  EWq  y  existe  non 
seulement  aux  environs  immédiats  des  deux  foyers  épidémiques  cités  plus 
haut,  mais  encore  dans  de  nombreuses  communes  situées  dans  les  points  les 
plus  divers  de  ces  deux  départements.  Dans  les  hôpitaux  de  Montpellier,  la 
fièvre  de  Malte,  inconnue  il  y  a  trois  mois,  est  observée  maintenant  avec 
plus  de  fréquence  que  la  fièvre  typhoïde  chez  des  sujets  provenant  soit  de  la 
ville  même,  soit  de  localités  plus  ou  moins  éloignées. 

Bien  que  notre  enquête  soit  loin  d'avoir  pu  encore  s'exercer  d'une  façon 
aussi  complète  en  dehors  de  l'Hérault  et  du  Gard,  nous  sommes  à  même 
d'affirmer  l'existence  de  la  fièvre  de  Malte  dans  la  plupart  des  départements 
du  Midi,  en  particulier  l'Aude,  les  Bouches-du-Rhône,  le  Vaucluse. 

La  fièvre  méditerranéenne,  en  raison  de  certaines  conditions  de  climat, 
serait-elle  donc  localisée  aux  départements  du  Midi?  Nous  ne  le  pensons  pas. 
A  l'appui  de  cette  assertion,  nous  dirons  que  nous  venons  avec  M.  Rodet 
d'en  constater  plusieurs  cas  à  Lyon,  où  elle  n'avait  pas  encore  été  signalée. 
Divers  auteurs  en  ont  cité  quelques  cas  isolés  à  Paris  et  dans  ses  environs. 
La  fièvre  de  Malte  peut  donc  évoluer  en  dehors  du  climat  méditerranéen. 
Maintenant  que  l'attention  a  été  appelée  sur  elle,  il  y  a  tout  lieu  de  croire 
que  son  existence  sera  constatée  dans  un  grand  nombre  de  régions  de  la 
France,  voire  même  dans  d'autres  pays. 

Le  diagnostic  de  la  plupart  de  nos  cas  a  été  établi  à  l'aide  de  la  séro- 
réaction  de  Wright. 

Tous  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la  question  sont  unanimes  à  reconnaitie  que  cette 
réaction  est  spécifique  et  possède  une  grande  valeur  diagnostique;  c'est  aussi  la  con- 
viction que  nous  ont  imposée  nos  observations  })ersonnelles.  Nous  ajouterons  que  nous 
avons  pu  dans  quelques  cas  pratiquer  Ihémoculture  et  que  nous  avons  eu  l'occasion 
avec  M.  Bousquet  de  faire  l'autopsie  d'un  malade  ayant  succombé  à  une  fièvre  de  Malte, 
à  forme  atypique,  où  seule  la  séro-réaction  avait  permis  de  porter  le  diagnostic.  Nous 
avons  trouvé  les  lésions  décrites  par  les  auteui's  et  isolé  le  micrococcus  melitensis  de 
la  raie  et  du  foie. 

La  persistance  du  pouvoir  agglutinatif  dans  le  sérum  des  malades  ayant 
été  atteints  de  fièvre  de  Malte  nous  a  permis  en  outre  d'établir  l'existence, 
dans  nos  régions,  de  cette  maladie  à  l'état  endémique  depuis  plusieurs 
années. 

Dans  beaucoup  de  cas,  nous  avons  pu  retrouver  i'étiologie  habituelle  par 
l'ingestion  de  lait  de  chèvres  contaminées.  Les  brebis,  tout  autant  que  les 
chèvres,  peuvent  jouer  le  rôle  d'agents  infectants.  Dans  les  troupeaux  con- 
taminés, les  avortements  sont  fréquents.  Nous  avons  pu  observer  des  réac- 


8o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lions  de  Wright  nettement  positives  chez  un  certain  nombre  d'autres 
animaux  domestiques,  en  particulier  les  poules,  les  lapins  et  les  chiens. 
Dans  un  assez  grand  nombre  de  cas,  il  nous  a  été  impossible  de  savoir 
comment  la  contamination  s'était  produite. 

Il  faut  donc  désormais  compter  avec  la  fièvre  de  Malte  en  Finance.  Si  elle 
y  a  été  jusqu'ici  méconnue,  c'est  sans  doute  à  cause  de  la  diversité  des 
formes  cliniques  qu'elle  peut  revêtir  et  (jui  la  faisaient  confondre  surtout 
avec  la  fièvre  typhoïde,  la  grippe  et  la  bacillose. 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Sur  le  rôle  de  la  levure  en  boulangerie.  Noie  de  M .  L.  Lindet, 
présentée  par  M.  Schlœsing  père. 

Le  boulanger  obtient  la  levée  de  la  pâte  en  y  introduisant  soit  du  levain, 
soit  de  la  levure;  une  technique  délicate  fixéepar  une  série  non  interrompue 
d'observations  bien  faites  lui  permet  de  diriger  le  développement  de  la 
levure,  de  modérer  ou  d'exciter  tantôt  sa  fonction  reproductrice,  tantôt  sa 
fonction  zymasique.  Il  m'a  semblé  qu'il  serait  intéressant  de  contrôler  son 
travail  par  des  méthodes  scientifiques. 

1.  Mode  opératoire.  ■ —  Pour  mesurer  la  multiplication  de  la  levure,  j'ai  eu  recours 
à  la  numération  des  colonies  cultivées  sur  gélatine,  à  20°,  pendant  4  jours,  et  j'ai  rap- 
porté le  chiflVe  obtenu  à  l'unité  de  poids  de  levure  ensemencée.  Pour  estimer  la  quan- 
tité de  zymase  contenue  dans  les  globules  en  expérience,  je  n'ai  pas  fait  agir  ceux-ci 
directement  sur  le  sucre,  puisqu'ils  se  seraient  multipliés  pendant  l'opération  ;  je  les  ai 
tués  préalablement  par  l'acétone  et  l'éther,  et  j'ai  exposé,  dans  des  matras  scellés, 
24  heures  à  3o°,  la  farine  qui  les  contenait  au  contact  d'une  solution  de  glucose;  puis, 
j'ai  extrait  l'acide  carbonique,  et  j'ai  rapporté  le  volume  de  celui-ci  à  os.oi  de  levure 
fraîche. 

J'ai  d'abord  constaté  que  la  quantité  de  globules  contenus  dans  oe,ooi  de  levure 
pressée  est  en  moyenne  de  5oooooo  ;  j'ai  constaté,  d'autre  part,  que  des  pâtes  prélevées 
au  pétrin,  non  encore  fermentées,  renferment  à  peu  près  cette  quantité  par  gramme, 
soit  YWâ»  '^^  leur  jioids. 

II.  Altéralions  et  rajeunissement  des  levains.  —  Ou  sait  que  le  boulanger 
prélève  vers  le  milieu  de  la  nuit  un  fragment  de  pâle,  qu'il  rafraîchit  avec 
des  quantités  croissantes  de  farine  et  d'eau,  à  deux  reprises  dansla  journée. 
J'ai  reconnu  que  ce  rajeunissement  a  pour  but  moins  de  fournir  à  la  levure 
de  nouvelles  (juantilés  de  matières  alimentaires  (l'amidon  se  saccharifie  au 
cours  de  la  fermenlalion  ),  que  de  lui  permettre  de  lutter  contre  la  fernien- 


SÉANCE    DU    2  1    MARS    I910.  8o'^ 

talion  bactérienne  ou  acide,  et  de  diluer  une  substance  toxique  que  Haydack 
a  reconnu  se  former  aux  dépens  des  proléides  de  la  farine. 

Lorsque  la  levure  épuisée  est  envahie  par  des  bactéries,  elle  perd  ses 
propriétés  gerininatives.  Alors  que  des  levains  normaux  ont  fourni  de 
12000000  à  1 5 000 000  de  globules  par  gramme  de  pâte,  colonisant  après 
4  jours  à  20°,  des  levains  acides  en  ont  donné  à  peine  1000 000;  puis, 
lentement;  des  globules  retardataires  ont  apparu,  et,  après  (S  jours,  on  en 
a  pu  compter  de  !■- 000000  à  21  000000.  Mais  ces  globules  affaiblis  n'avaient 
pas  perdu  leur  zymase,  et  si  Ton  rapporte  le  volume  d'acide  carbonique 
dégagé  au  poids  que  les  globules  représentent  le  quatrième  jour,  on 
constate  qu'il  est  9  fois  supérieur  à  celui  que  fournit  le  même  poids  de 
levure  pressée  :  2""', 9  au  lieu  deo™',  3  pour  0*5,01  de  levure.  Or  on  sait 
qu'un  levain  très  poussé  assure  la  levée  rapide  de  la  pâte  à  laquelle  on  le 
mélange,  mais  qu'il  n'a  pas  de  fondation^  c'est-à-dire  ne  maintient  pas 
la  fermentation  dans  les  pâtes  consécutives;  il  épuise  en  effet  son  excès  de 
zymase  à  la  première  pétrissée  et  il  n'apporte  pour  les  suivantes  qu'une 
levure  affaiblie;  il  convient  alors  de  le  rajeunir  en  l'aérant  fortement. 

Il  faut  le  rajeunir  également  pour  diluer  la  substance  toxique  dont  j'ai 
parlé  plus  haut;  j'ai  constaté  que  l'eau  de  macération  des  levains  empoisonne 
de  27  à  77  pour  100  des  globules  que  l'on  y  a  ensemencés. 

m.  Condilions  (h  conservation  (les  levains.  —  Pour  éviter  que  la  levure, 
sous  l'inlluence  d'une  fermentation  trop  active,  ne  soit  exposée  aux  incon- 
vénients ci-dessus  signalés,  le  boulanger  modifie  l'hydratation  de  ses  levains, 
règle  leur  température,  les  soustrait  au  contact  de  l'air. 

Influence  de  la  compacité.  —  J'ai  préparé  trois  pàtons  ( ,  ^ „ „  de  levure)  avec  des 
quantités  d'eau  croissarUes  33,  /40,  4-^  pour  100;  au  bout  de  18  heures  à  20°,  les  globules 
ensemencés  y  ont  multiplié  dans  les  proportions  respectives  de  6, 5  ;  12,8;  19,9.  D'autre 
part,  les  volumes  d'acide  carbonique  dégagés  par  la  zymase  se  sont  montrés  d'autant 
plus  faibles  que  la  multiplication  a  été  plus  abondante  :  2'^"'',2  ;  i""',6;  o""',6  pour  os,oi 
de  levure;  or  les  boulangers  ont  remarqué  que  Vapprêt  des  levains  fermes  est  lent  à  se 
produire,  que  ceux-ci  développent  bien  les  pâles  (à  cause  de  leur  excès  de  zymase)  et 
peuvent  fournir  une  longue  carrière.  La  pâte  des  levains  doit  toujours  être  raide. 

Influence  de  la  température.  —  Trois  échantillons  d'une  même  pâte  (-pjjVô  de  levure) 
ont  été  soumis  18  heures  à  20°,  25",  3o°  ;  les  globules  y  ont  multiplié  dans  les 
proportions  respectives  de  3,5;  11,8;  21,2.  Mais,  là  encore,  la  zymase  a  été  sécrétée 
avec  d'autant  moins  d'abondance  que  la  levure  avait  proliféré  davantage  :  acide  car- 
bonique :  I  ,5;  o°'"',9;  o"""',  7  pour  oê,oi  de  levure.  Or  les  boulangers  maintiennent 
leurs  levains  vers  20°-22°  pour  éviter  une  multiplication  trop  rapide,  et  pour  accumuler 
de  la  zymase. 

Influence  de  l'aération. — •  L'aération  des  levains  au  moment  de  leur  fabrication  est 
C.  R.,  igio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  12.)  IO7 


8o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ulile  pour  assurer  la  prolifération  de  la  levure,  mais  elle  n'est  pas  indispensable,  car 
les  cellules  de  la  levure  contiennent  de  l'air.  En  faisant  fermenter  un  pàton  pétri  ù  l'eau 
de  seltz  et  recouvert  d'eau  de  seitz,  j'ai  constaté  que  la  levure  y  avait  nuilli[)lié  après 
i8  heures  à  20°  dans  la  proportion  de  5,4-  alors  que  le  témoin  placé  sous  une  couche 
d'eau  ordinaire,  donnait  le  chiftVe  de  8,7.  Une  fois  le  levain  pétri,  l'air  ne  pénètre 
guère  et  ne  favorise  que  peu  la  reproduction.  La  levure  contenue  dans  un  pàton  placé 
18  heures  à  20°,  en  présence  d'un  courant  d'air  humide,  a  multiplié  dans  la  proportion 
de  4,4-1  tandis  que  le  témoin,  enfermé  dans  un  vase  à  couvercle,  a  fourni  le  chilTre  de  3,  5. 
Néanmoins,  pour  ralentir  la  prolifération  des  globules  et  éviter  de  rajeunir  le  levain 
dans  la  journée,  beaucoup  de  boulangers  enferment  leur  levain  c/ie/dans  un  éloufToir 
à  fermeture  hydraulique. 

IV.  Travail  sur  levure.  —  Ce  travail  esl  beaucoup  plus  simple,  puisqu'il 
consiste  à  pétrir  la  farine  soit  avec  de  l'eau  dans  laquelle  on  a  délayé  de  la 
levure  pressée,  soit  avec  une  pâte  claire  additionnée  de  levure,  dite  pou- 
liche, qu'on  a  préalablement  laissé  fermenter.  La  quantité  de  levure 
ainsi  ajoutée  représente  de  ^^  à  ^^  de  la  pâte,  et  la  levure  à  cette  dose 
massive  ne  peut  guère  multiplier.  J'ai  constaté  qu'après  un  séjour  de 
18  heures  à  20°,  des  levures  introduites  à  la  dose  de  p^,  f^,  ^^  <2l  j^ 
de  la  pâte  prolifèrent  dans  les  proportions  de  8,4;  6,4;  3,7;  1,8.  S'il  y  a 
trop  de  levure,  non  seulement  les  globules  ne  reproduisent  pas,  mais  ils 
dépérissent,  comme  je  l'ai  vu  plusieurs  fois  dans  des  pouliches  et  des  pâtes 
levées.  Si,  au  contraire-,  il  y  en  a  peu,  ils  multiplient,  et  j'ai  constaté  que  la 
levure  se  répartit  ainsi  d'elle-même  dans  la  pâte. 


GÉOLOGit:.   —  Architecture  de  la  partie  centrale  des  monts  du  Forez. 
Note  de  M.  Ph.  Glakgeaud,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

Si,  dans  leur  ensemble,  les  monts  du  Forez  ont  une  direction  sensible- 
ment NS,  on  doit  les  diviser  géographiquement  et  géologiquement  en  deux 
bandes  montagneuses,  de  direction  générale  NO,  séparées  par  l'importante 
dislocation  qui  s'étend  des  environs  de  Cusset  (Allier)  à  Boën  (Loire). 

Cette  dislocation,  étudiée  récemment  par  M.  AlbertMichel-Lévy,  détache 
au  NK  le  tronçon  des  monts  de  la  Madeleine  et  leur  prolongement  septen- 
trional. Le  reste  du  territoire  qui  domine  la  Limagne,  le  synclinal  de  la  Dore, 
le  bassin  d'Ambert  à  l'Ouest  et  le  bassin  de  Montbrison  à  l'Est,  constitue 
plus  spécialement  les  monts  du  Forez. 

La  partie  centrale  comprise  entre  Thiers,  Ambert  et  MontJjrison  est  la 
portion  la  plus  élevée  de  cette  chaîne  :  c'est  également  la  plus  accidentée  et 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  8o5 

la  moins  connue.  Elle  n'a  s:uère  fait  l'objet,  jusqu'ici,  que  de  Notes  très 
sommaires  de  Griiner  et  de  Le  ^  errier. 

Elle  offre  également  une  disposition  en  bandes  et  chaînons  montagneux 
de  direction  NO-SE,  jusque  vers  Saint- Anthême  où,  sur  l'axe  orographique 
qui  se  prolonge  vers  Monistrol-sur-Loire,  s'en  greffe  un  second  NS,  s'éten- 
dant  vers  Craponne.  Ces  deux  rides  délimitent  le  bassin  hydrographique 
de  l'Ancc. 

La  partie  centrale  des  monts  du  Forez  offre  une  dissymétrie géographique 
el  géologique  dont  une  coupe  menée  des  bords  de  la  Dore  :  de  Job  (Puy- 
de-Dôme)  jusqu'au  bassin  de  Montbrison,  vers  Pralong  (Loire),  à  travers 
les  hauteurs  de  Pierre-sur-Autre,  point  culminant  de  la  région  (1640"^), 
synthétise,  en  quelque  sorte,  les  caractères  généraux. 

Le  Versant  occidental  très  escarpé,  offre  une  série  de  dômes  à  pentes  raidcs 
et  il  est  sillonné  par  des  ruisseaux  torrentiels  encaissés  qui  ont  donné  nais- 
sance à  des  deltas  importants. 


Coupe  à  travers  la  partie  centrale  des  monts  du  Korez. 

Y,  granité,  y,  granulile,  t,  terrain;»  archéens,^^  filons  de  quartz  ancien  jalonnant  des  failles, 

S  sources  minérales,  venues  d'acide  carbonique,  de  pétrole;  ^  cheminées  basaltiques,  01  oligocène. 

Le  Versant  oriental,  en  raison  de  son  étendue  transversale  deux  fois  plus 
considérable,  présente  des  croupes  aux  contours  émoussés,  des  pentes  plus 
douces  et  des  cours  d'eau  d'allure  plus  tranquille,  au  moins  actuellement. 
La  limite  du  versant  occidental  est  d'une  netteté  géométrique.  Elle  s'établit, 
entre  la  Limagne,  le  synclinal  de  la  Dore  et  le  bassin  d'Ambert,  le  long 
d'une  faille  prolongeant  celle  de  Thiers  que  j'ai  pu  suivre,  au  Sud,  vers 
Ambert,  et  reliée  à  celle  qui  a  été  étudiée  par  M.  Termier,  jusqu'à  la  Chaise- 
Dieu  (Haute-Loire).  Cette  fracture  de  80"""  de  long,  au  pied  de  laquelle  se 
sont  effondrés  les  terrains  tertiaires  el  cristallins,  a  amené  la  formation  d'un 
escarpement  de  100™  à  3oo'"  de  haut  qui,  sur  une  portion  de  son  parcours. 


8o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fait  le  pendant  de  Tescarpement  occidental  de  la  Limagne.  Elle  encadre 
extérieurement  le  bassin  oligocène  d'Ambert,  tassé  à  sa  base,  et  elle  est 
jalonnée  par  des  filons  de  quartz  ancien  (perino-triasique),  de  nombreuses 
sources  minérales,  des  dégagements  d'acide  carbonique  et,  en  quelques 
points,  par  de  faibles  venues  de  pétrole. 

Dans  une  notable  portion  de  son  parcours,  celte  faille  provient  manifes- 
tement d'une  fracture  ancienne  ayant  rejoué  au  tertiaire  (mio-pliocène). 

Sur  le  versant  du  bassin  de  Montbrison,  il  n'existe  pas  d'escarpement 
prononcé,  sauf  en  quelques  points,  ni  de  faille  terminale. 

La  faille  limite  occidentale  des  monts  du  Forez  n'est  qu'un  élément  de 
la  tectonique  de  cette  chaîne,  dont  les  divers  chaînons  et  la  plupart  des  dis- 
locations lui  sont  généralement  parallèles  ou  perpendiculaires.  Le  cours  des 
rivières,  comme  la  DuroUe,  l'Auzon,  le  Fayé,  la  Vertolaye,  l'Ance,  etc., 
est  en  grande  partie  sous  la  dépendance  de  ce  double  système  de  fractures 
qui  imprime  à  la  chaîne  son  caractère  le  plus  saillant. 

En  outre,  le  versant  occidental,  des  environs  de  Thiers,  à  Pierre-sur- 
Autre  et  Saint-Martin-des-Olmes,  est  en  grande  partie  constitué  par  des 
dômes  de  graiiulite  qui  s'étagent  en  gradins^  depuis  les  bords  de  la  Dore 
(ooo")  jusqu'au  delà  de  l'arête  de  la  chaîne  (de  iioo"'  à  16^0"').  Il  offre 
aussi  d'importants  liions  de  pegmatite  de  direction  NO  et  des  îlots  notables 
de  terrains  archéens. 

Le  versant  oriental,  par  contre,  sauf  quelques  îlots  de  granulile  et  de  for- 
mations archéennes,  est  entièrement  granitique.  Mais  il  est  criblé  d'a/i- 
ciennes  cheminées  volcaniques  tertiaires,  qui  paraissent  alignées  également 
suivant  une  direction  NO,  ainsi  que  le  pensait  Le  Verrier.  Aucune  érup- 
tion tertiaire  n'avait  été  signalée  sur  le  versant  occidental;  j'y  ai  découvert 
une  dizaine  de  pointements  basaltiques. 

Les  deux  versants  du  Forez  ont  donc  été  volcaniques  dans  des  conditions 
analogues  aux  autres  régions  de  l'Auvergne,  mais  il  y  a  rareté  des  éruptions 
à  l'Ouest  et  abondance  à  l'Est.  Si  les  volcans  du  Forez  sont  aujourd'hui 
réduits  à  des  cheminées  éruptives,  c'est  que  de  puissants  agents  d'érosion 
dont  je  parlerai  prochainement  les  ont  démantelés. 

Tous  les  caractères  desmonts  du  Forez  que  je  viens  d'exposer  s'expliquent 
aisément  si  l'on  envisage  ce  territoire  comme  formé  par  un  anticlinal  dissy- 
métrique de  direction  NO  et  à  grand  rayon  de  courbure,  dont  les  flancs 
seraient  découpés  en  une  série  de  voussoii-s  effondrés  vers  les  régions  syncli- 
nates  de  la  Dore  et  de  la  Loire. 

Cette  architecture  est  semblable  d'ailleurs  à  celle  des  régions  voisines  du 
Massif  Central. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I910.  807 

GÉOLOGIE.    —    Sur   des   lambeaux    de  glace  fossile   en   Nouvelle-Zemble. 
Note  de  M.  V.  Roussanok,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

Des  glaces  fossiles  ont  été  trouvées  pour  la  première  fois  en  18 18  par 
Kotzebue  dans  le  nord  de  l'Alaska,  où  elles  sont  recouvertes  par  du  limon 
et  par  des  tourbières. 

En  1890,  von  ToU  a  observé  en  Nouvelle-Sibérie  une  couche  puissante 
de  glace,  recouverte  par  du  sable  contenant  de  nombreux  ossements  de 
Mammouths. 

Je  désire  faire  connaître  l'existence  de  glaces  fossiles  dans  la  Nouvelle- 
Zemble,  où  elles  n'avaient  pas  encore  été  signalées. 

En  1909,  j'ai  pu  observer  des  aftleurements  de  glace  limpide,  bleuâtre, 
dépourvue  de  stratification.  Cette  glace  se  trouve  dans  la  partie  centrale  de 
la  Nouvelle-Zemble,  sur  la  côte  ouest,  c'est-à-dire  sur  la  côte  de  la  mer  de 
Barentz,  tout  à  fait  en  amont  du  golfe  Krestovaïa.  J'ai  vu  deux  affleure- 
ments bien  nets.  Il  y  en  a  d'autres,  mais  ils  sont  plus  ou  moins  cachés  sous 
le  sol  et  sous  la  boue  glaciaire.  Celte  boue  est  semi-liquide  et  visqueuse  au 
voisinage  de  la  glace.  Elle  devient  de  plus  en  plus  dure  et  fissurée  en  s'éloi- 
gnant  de  la  glace. 

Un  premier  gisement  glaciaire  se  trouve  dans  la  vallée  à  laquelle  mes  camarades  de 
la  Mission  du  commandant  Benard  et  moi  avons  donné  le  nom  de  vallée  du  Nord^  sur 
le  prolongement  du  golfe  Krestovaïa,  à  côté  d'un  lac.  On  peut  poursuivre  les  affleure- 
ments de  glace,  les  éboulements  du  sol,  les  fractures  et  les  écoulements  de  boue  sur 
une  longueur  de  5oo"'. 

Le  second  gisement  se  trouve  dans  la  vallée  de  l'Est,  sur  le  capKrestovy.  Ce  dernier 
gisement  est  particulièrement  intéressant.  On  peut  le  suivre  sur  une  longueur  de  i^"^ 
environ. 

Vers  l'Est,  la  glace  se  trouve  à  l'altitude  de  20"  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  et  à 
la  distance  d'une  centaine  de  mètres  du  rivage.  Vers  l'Ouest,  elle  s'abaisse  très  dou- 
cement et  se  rapproche  du  rivage  pour  disparaître  sous  les  Ilots.  Dans  celle  partie 
basse,  occidentale,  la  glace  n'affleure  pas,  mais  on  peut  se  rendre  compte  de  sa  direction 
d'après  les  fissures,  les  afl"aissemenls  du  sol  et  d'après  les  écoulements  de  boue 
glaciaire. 

Dans  la  partie  moyenne  du  gisement  la  glace  a  été  observée  sur  trois  points. 

C'est  l'affleurement  le  plus  oriental,  qui  est  le  plus  élevé  et  qui  est  aussi 
le  plus  net;  son  épaisseur  est  de  i^jSo.  L'épaisseur  réelle  de  la  glace  fossile 
doit  être  beaucoup  plus  considérable,  mais  son  soubassement  est  caché  par 
une  couche  épaisse  de  bohe.  Celle-ci  provient  de  la  fusion  de  la  glace.et 
des  éboulements  successifs  du  sol  qui  recouvre  la  glace  fossile. 


8o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'épaisseur  de  la  couche  du  sol  au-dessus  de  la  glace  varie  de  i'"  à  3". 
Plu&  loin,  ce  sol  forme  des  collines  dont  la  hauteur  dépasse  une  dizaine 
de  mèlres.  Le  sol  recouvrant  la  glace  est  composé  d'argile  verte,  plastique, 
avec  des  cailloulis  non  calibrés,  souvent  angulaires. 

Sur  quelques  points,  j'ai  pu  observer  le  passage  latéral  en  zigzag  de  celle 
argile  glaciaire  à  un.  sable  fin.  Dans  le  sable  jai  vu  des  couches  nombreuses 
et  très  minces  de  lignite  d'environ  i""  d'épaisseur. 

L'origine  glaciaire  de  l'argile  à  blocaux  est  incontestable;  quant  au  sable, 
son  origine  est  probahlement  marine.  Je  n'ai  pas  vu,  il  est  vrai,,  de  fossiles 
marins  dans  ce  sable,  mais  à  sa  surface  et  sur  les  collines  voisines,  j'ai 
ramassé  des  coquilles  de  Lamellibranches  marins  :  Astarte  borealis  Chcmn., 
A.  sidcala  da  Costa,  A.  ellipiica  Barown.,  Saxicava  arctica  Lin.,  5.  pitoladis 
Lin.,  Mya  Iruncata  Lin.,  Macoma  calcaria  Chemn. 

Ces  coquilles  sont  si  bien  conservées  qu'on  ne  peut  guère  douter  qu'elles 
n'aient  vécu  sur  place,  et  qu'elles  n'ont  pas  été  transportées  par  les  glaciers. 

La  présence  de  lignite  dans  ce  sable  ne  contredit  pas  l'origine  marine  du 
sable.  Il  n'y  a  aucune  preuve  de  l'existence  de  forêts  quaternaires  en 
\ouvelle-Zemble.  Les  végétaux  qui  ont  formé  ce  lignite  n'ont  pas  dû  croître 
sur  place;  ce  sont  des  bois  flottants  et  des  algues,  que  les  vagues  rejetaient 
autrefois  sur  les  côtes;  actuellement  encore  les  rivages  de  la  INouvelle- 
Zemble  sont  recouverts  par  des  bois  flottants  en  très  grande  abondance  et 
par  les  couches  d'algues  disposées  en  longues  bandes. 

La  glaee  fossile  n'a  aucune  relation  avec  les  glaciers  actuels.  Son  exis- 
tence prouve  que  dans  la  Nouvelle-Zemble  la  glaciation  générale  a  été  suivie 
par  le  retrait  plus  ou  moins  considérable  des  glaciers. 

Les  preuves  d'une  grande  et  ancienne  extension  glaciaire  sont  innom- 
brables; pour  ne  mentionner  qu'un  seul  fait,  je  signalerai  à  l'extrémité  sud- 
ouest  du  cap  Krestovy  des  schistes  paléozoïques  redressés  avec  surfaces  po- 
lies et  striées  par  ces  anciens  glaciers. 

L'interprétation  des  faits  observés  ne  parait  donc  pas  difficile. 

Au  momerU  d'une  grande  extension  des  glaciers,  une  partie  de  la  glace  a 
été  recouverte  par  ses  moraines.  La  glace  cachée  sous  ces  dépôts  n'a  pas 
fondu  après  le  retrait  général  des  glaciers,  la  couverture  protectrice  ayant 
été  perpétuellement  gelée  comme  tout  le  sol  circumpolaire  à  partir  de  o'",  20 
à  o'",3o  de  profondeur. 

Puis  une  transgression  marine  est  survenu  sur  les  côtes  de  la  ÎNouvelle- 
Zemble  et  la  mer  a  recouvert  la  glace  fossile  en  la  dotant  de  nouveaux  dé- 
pôts protecteurs. 

Imi  été  l'air  peut  s'échauffer  cansidéira'blenïent;  par  exemple,  en  juil- 


SÉANCE    DU    21    MABS    191O.  809 

let  1909,  le  thermomètre  a  monté  à  +  'iS^C.  En  même  temps  la  tempéra- 
ture de  la  mer  n'a  jamais  dépassé  4-  7°  à  la  surface.  Quant  à  la  température 
du  fond,  elle  est  constante  et  voisine  de  —  2". 

Après  la  régression  marine,  les  glaciei's  fossiles  ont  été  mis  à  jour. 

Actuellement  ils  sont  cachés  en  partie  sous  les  eaux,  en  partie  sous  les 
formations  glaciaires  et  marines. 

Il  ne  me  reste  plus  qu'à  préciser  l'âge  de  la  glace  fossile.  Je  dois  dire  que 
j'ai  cherché  en  vain  les  preuves  directes  de  plusieurs  extensions  glaciaires 
en  Nouvelle-Zemble;  la  cause  de  ces  résultats  négatifs  est  due  peut-être  à 
.  ce  que  les  retraits  intergiaciaires  ne  sont  pas  arrivés  jusque-là. 

On  ne  peut  donc  attribuer  la  glace  fossile  qu'à  des  lambeaux  des  glaciers 
pléistocènes. 


GÉOLOGIE.  —  Rôle  des  dislocations  les  plus  récentes  (post-tortoniennes)  lors 
du  séisme  du  11  juin  1909.  Note  (')  de  M.  J.  Repelix,  présentée  par 
M.  Pierre  Termier. 

La  publication  dans  divers  Recueils,  par  M.  Angot,  des  courbes  sismiques 
relatives  au  tremblement  de  terre  du  11  juin  1909  m'a  permis  de  pour- 
suivre dans  toute  la  contrée  ébranlée  les  observations  que  j'avais  faites 
pour  la  région  épicentrale  (  ^).  J'ai  pu  reporter  sur  une  carte,  que  je  joins  à 
cette  Note,  le  tracé  des  isosistes,  celui  des  principales  dislocations  post- 
miocènes et  les  limites  d'extension  de  la  mer  vers  la  fin  du  Miocène  moyen. 
L'examen  de  cette  carte  présente  un  grand  intérêt.  On  constate  en  effet 
une  coïncidence  remarquable  entre  les  directions  des  failles  et  celles  des 
courbes. 

Si  l'on  s'éloigne  de  la  région  épicentrale  où  le  fait  est  évident,  on  observe,  à  l'est  et 
l'ouest  du  Ventoux,  une  déviation  remarquable.  Ce  massif,  ainsi  que  les  dômes  de 
toute  la  rive  gauche  du  Rhône,  avait  acquis  sa  forme  définitive  avant  la  fin  du  Miocène; 
il  paraît  avoir  mis  obstacle  à  la  propagation  du  mouvement  vers  le  Nord. 

Vers  l'Ouest,  les  failles  de  Mormoiron,  celles  que  l'on  observe  à  l'est  de  Chabeuil, 
toutes  celles  qui  bordent  les  massifs  crétacés,  celles  dont  le  Miocène  et  le  Pliocène 
mènae  sont  affectés,  aux.  environs  de  Montélimar,  ont  dû  faciliter  la  propagation  du 
mouvement.  Sur  la  rive  droite,  d'autres  accidents  à  peu  près  parallèles,  entre  Livron 
et  \  iviers,  agissaient  dans  le  même  sens.  Sur  celte  rive,  les  dernières  courbes  sis- 
miques présentent  dans  leur  ensemble  un  parallélisme   remarquable   avec  les   failles 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  i4  mars  19 10. 
(^)  Comptes  rendus,  U  CXLIX,  p.  1028. 


8io 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


nombreuses  qui  bordent  le  Plateau  central  et  qui  sont  postérieures  au  Miocène  ou,  du 
moins,  ont  rejoué  au  moment  du  grand  mouvement  de  bascule  qui,  vers  la  fin  des 
plissements  alpins,  a  relevé  le  Plateau  central  dans  sa  partie  sud-orientale.  Ces  failles 
sont  les  suivantes  : 

La  faille  de  Privas,  accompagnée  des  cassures  miocènes  qui  ont  amené  les  épanche- 
ments  basaltiques  des  Coirons  et  des  failles  de  tassement  des  rivages  pliocènes;  les 
dislocations  delà  région  d'Aubenas  et  des  Plateaux  des  Gras;  les  failles  limites  du 
bassin  tertiaire  d'Alais,  grand  synclinal  où  s'arrête  la  zone  des  plissements  alpins; 
celles  des  environs  du  champ  de  fracture  d'Anduze  qui  se  continuent  jusqu'aux 
Matelles  avec  une  direction  NNE-SSO,  parallèle  aux  courbes  sismiques;  la  grande 
fracture  de  la  Séranne;  les  accidents  post-mollassiques  NNE-SSO  qui  se  montrent  au 
nord-ouest  de  Montpellier  et  jusqu'aux  environs  de  Narbonne.  Tout  se  passe  comme 
si  le  mouvement  vers  l'Ouest  avait  été  arrêté  assez  brusquement  au  contact  des  plis 
paléozoïques  et  dévié  vers  le  Sud-Ouest  à  la  faveur  de  toutes  ces  fractures.  Il  n'y  a 
d'exception  que  pour  certaines  vallées  privilégiées,  hautes  vallées  du  Tarn,  de  la 
Loire,  de  l'Agout,  qui  toutes  ont  subi  le  contre-coup  des  derniers  mouvements  alpins. 


Si  l'on  revient  maintenant  au  point  de  départ  et  qu'on  se  dirige  à  l'est  du  Ventoax, 
on  trouve,  autour  du  bassin  de  la  Durance,  la  série  des  failles  NNE-SSO  de  la  région 
de  Banon  qui  datent  du  Pliocène  et  dont  le  régime  se  poursuit  jusqu'aux  environs  de 
Mallemort  et  de  Cabrières;  puis  celles  qui  passent  par  Moustiers-Sainte-Marie  et  sont 
dirigées  vers  le  Nord  à  la  limite  du  Miocène  supérieur  et  du  Jurassique;  et  enfin  celles 
des  environs  de  Digne,  d'Astoin  à  Barles  et  d'Enlraix  à  Auribeau,  véritables  failles 


é 


SÉANCE    DU    21    MARS    IQIO.  8ll 

d'etTondremenl  de  la  région  miocène  au  contact  du  Jurassique,  et  dont  la  direction  est 
parallèle  à  l'axe  du  bassin  de  la  Durance.  Il  semble  évident  que  ce  sont  ces  failles  qui 
ont  déterminé  la  déviation  des  courbes  dans' la  dépression  miocène  de  la  Duiance, 
où  le  mouvement  s'est  propagé  très  loin  jusque  dans  l'Embrunais  et  le  Gapeneais. 

Vers  l'est  de  la  région  épicentrale,  les  failles  qui,  le  long  de  l'ancienne  vallée  oligo- 
cène de  l'Huveaune,  jusqu'à  Barjols  et  au  delà,  ont  rejoué  à  l'époque  des  mouvements 
alpins,  présentent  aussi  un  parallélisme  incontestable  avec  les  courbes  VII  à  VIII  et 
VI  et  VII  et  semblent  avoir  joué  un  rôle  directeur.  Enfin,  il  faut  noter  la  grande 
déviation  vers  l'Est  des  courbes  et,  en  particulier,  de  la  courbe  V  à  VI,  le  long  d'une 
de  ces  grandes  dépressions  qui,  selon  Marcel  Bertrand,  ont  joué  un  rôle  important 
dans  la  géologie  provençale,  la  dépression  permienne  de  Cuers.  La  présence  des  failles 
qui  limitent  les  plis  de  cette  région  au  contact  du  Permien  peut  expliquer  cette  allure 
spéciale.  Ces  cassures  sont,  en  effet,  des  sortes  de  décrochements  parallèles  à  la  dépres- 
sion et  qui  certainement  se  sont  produits  lors  des  poussées  alpines,  au  moment  où 
s'est  constituée,  sur  les  plateaux  triasiques,  entre  la  dépression  de  Cuers  et  celle  de 
Barjols,  la  structure  dite  puslaleiise,  produite  par  l'entre-croisement  des  plis  proven- 
çaux et  des  plis  alpins.  La  propagation  dans  ce  sens  a  été  facilitée  encore  par  la  cas- 
sure qui,  entre  Vence  et  Escragnolles,  a  abaissé  le  Miocène  supérieur  aux  pieds  d'une 
falaise  formée  par  les  sédiments  jurassiques. 

Le  tracé,  sur  noire  Carie,  des  liiniles  d'extension  de  la  mer  vers  la  lin  du 
Miocène  moyen,  nous  permet  en  outre  de  constater  que  la  région  ébranlée 
coïncide,  dans  l'ensemble,  avec  l'effondrement  de  la  région  du  Sud-Est  qui 
a  livré  passage  aux  eaux  miocènes. 

Il  est  naturel  de  chercher  à  rapprocher  tous  ces  faits  des  mouvements  du 
sol  dans  notre  région  provençale.  Depuis  longtemps  un  mouvement 
d'affaissement  du  delta  du  Rhône  se  révèle  par  l'invasion  de  la  mer  dans 
une  région  où,  normalement,  la  terre  devrait  gagner  sur  le  domaine  mari- 
time. Ce  mouvement  est  sensible  aux  Saintes-Mariés,  au  Grau-du-Roy,  sut 
la  plage  du  Galéjon  et  même  aux  environs  de  Fos.  Aux  abords  même  des 
embouchures,  les  atterrissements  diminuent  d'importance.  Par  contre,  à 
Marseille,  le  niveau  de  la  mer  s'est  abaissé  brusquement  d'une  manière 
notable,  et  il  n'est  pas  certain  qu'il  ait  repris  sa  position  primitive. 

En  présence  de  ces  constatations,  on  peut  se  demander  si  le  récent  trem- 
blement de  terre  de  Provence  n'est  pas  en  relation  avec  ces  phénotnènes 
actuels,  s'il  ne  pourrait  pas  être  considéré  comme  un  épisode  violent  de  ce 
mouvement  général  d'affaissement  de  la  région  miocène  du  sud-est  de  la 
France. 

Dans  cette  hypothèse,  la  résistance  opposée  à  l'affaissement  par  le  Ven- 
teux et  les  dômes  crétacés  environnants  aurait  occasionné  un  mouvement 
de  bascule  du  littoral  entre  Montpellier  et  la  région  marseillaise,  et  lasitua- 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N°  12.)  108 


8 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lion  de  la  rés^ion  épicentrale  s'expliquerait  assez  nalurellemenl,  puisqu'elle 
se  trouve  à  l'intersection  de  la  ligne  d'ellondrement  de  la  Durance  et  de 
celle  de  la  vallée  du  Rhône,  dans  le  prolongement  souterrain  de  la  masse 
stable  du  Ventoux. 


PAT.ÉONTOLOGIE.    —   St/r  quelijues    Vertébrés  fossiles  du  sud  de  la  Tunisie. 
Note  de  M.  Makcellix  Boulk,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

L'éminent  géologue  dont  la  Science  déplore  la  mort  récente,  Philippe 
Thomas,  m'avait  prié  de  déterminer  quelques  ossements  fossiles  du  Dràa- 
ei-Djérid,  au  sud  de  la  Tunisie.  Ces  ossements  lui  avaient  été  envoyés  par 
M.  Bour>'aux,  qui  les  tenait  lui-même  de  l'auteur  de  leur  découverte,  M.  le 
D'  Gober  t. 

Ces  documents  offrent  un  double  intérêt;  ils  permettent  de  fixer  lâge 
d'une  formation  géologique  importante  et  sur  le  degré  d'antiquité  de 
laquelle  les  géologues  ne  sont  pas  d'accord;  ils  témoignent,  en  outre,  dune 
curieuse  association  de  types  africains  et  de  types  asiatiques. 

La  masse  principale  de  l'isthme,  à  ossature  crétacique,  qui  sépare  le 
Chott-el-Djérid  et  le  Chott  Rharsa,  est  formée  par  des  sables  siliceux, 
blancs,  parfois  argileux  et  gypsifères,  que  surmontent  des  grès  ferrugineux, 
facilement  désagrégés  par  les  agfents  atmosphériques  et  riches  en  bois  sili- 
ciiîés.  Ce  puissant  atterrissement  recouvre  de  vastes  espaces  dans  le  Sud 
tunisien  et  le  Sud-Est  algérien.  Tissot  en  faisait  du  Pliocène;  Pomel  et 
Ficheur  l'ont  placé  dans  leur  Oligocène  continental.  Ph.  Thomas  lui  avail 
assigné  un  âge  mio-pliocène  et  cette  vue  est  confirmée  par  les  fossiles  que 
j'ai  examinés. 

Les  plus  intéressants  sont  quelques  dents  de  Merycopolamus ,  curieux 
Artiodactyle  de  certains  dépôts  des  Siwaliks,  où  il  était  jusqu'ici  étroite- 
ment localisé.  J'ai  trois  arrière-mollaires  supérieures  qui  ressemblent  extra- 
ordinairement  aux  arrière-molaires  du  Merycopotamus  dissimilis  Falc.  et 
Cautl.  J'ai  aussi  quelques  prémolaires  qui  paraissent  assez  différentes  de 
celles  de  cette  dernière  espèce,  de  sorte  que  le  Merycopotamus  tunisien  devra 
probablement  recevoir  un  nom  nouveau  :  Merycopotamus  afncanus. 

Une  cheville  osseuse  de  corne  de  Ruminant  formée  dun  tissu  compact  ressemble 
beaucoup,  soit  à  une  corne  de  Tragocerus  amaltheiis,  soit  à  une  corne  de  Vllemi- 
Iragus  Perimensis  trouvée  dans  l'île  de  Perini  avec  Dinotheriiim  et  Acerolherium 
ol  décrite  par  Lvdekker. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  8l3 

Le  même  lot  comprend  divers  ossements  d'Antilopes  de  quatre  tailles  et  probable- 
ment de  quatre  espèces  dift'érentes.  La  plus  grande  atteignait  presque  la  taille  ihi 
Palœotragus  lioueni  de  Pikermi;  la  plus  petite  avait  les  dimensions  d'une  gazelle. 

Enfin,  une  portion  de  mandibule  d'un  Crocodile  peut  être  rapportée  à  Tune  des  deux 
espèces  des  Siwaliks  :  Crocodilus  palœiiidicus  Falc.  ou  Crocodilus  SU'alensis  Lydek. 

Malgré  leur  petit  nombre,  ces  documents  sont  des  plus  précieux.  Ils 
révèlent  d'abord,  dans  une  région  jusqu'ici  peu  explorée  scientifiquement, 
l'existence  de  gisements  de  Vertébrés  fossiles;  gisements  qui  pourront 
fournir,  un  jour  ou  l'autre,  de  précieux  matériaux  d'études  paléontolo- 
giques.  Ensuite,  ils  permettent  d'assigner  à  une  vaste  formation  géologique 
de  l'Afrique  du  Nord  une  date  plus  certaine  que  celles  jusqu'ici  entrevues 
et  de  la  considérer  comme  à  peu  près  synchronique  des  diverses  formations 
continentales  que  jalonnent,  sur  une  étendue  immense,  les  gisenients  des 
Siwaliks,  de  Maragha,  de  Pikermi,  deSamos,  duLéberon,  du  Puy-Courn y, 
de  diverses  localités  espagnoles,  etc. 

Enfin,  l'existence,  dans  l'Afrique  du  Nord,  de  types  mammifères  fossiles 
essentielleinent  asiatiques,  comme  les  Merycopotamus  elles Hemitragus,  mé- 
langés avec  de  nombreux  Ruininants  de  la  faune  éthiopienne,  comme  les 
Antilopes,  est  un  fait  nouveau  très  digne  de  remarque.  Ce  fait  est  de  nature 
à  nous  fortifier  dans  l'idée  qu'à  l'époque  de  la  formation  des  sables  à  végétaux 
silicifiés  (aussi  bien  en  Afriijue  que  dans  l'Inde,  oii  le  Merycopotamus  dissi- 
milis se  trouve  dans  des  fossil  nood  sands),  l'Asie  et  l'Afrique  étaient 
réunies  par  de  vastes  étendues  continentales.  Nous  savons  d'ailleurs  que 
des  relations,  peut-être  encore  plus  étroites,  existaient,  en  même  temps, 
non  seulement  entre  l'Asie  et  l'Europe,  ce  qui  n'a  rien  de  surprenant,  mais 
encore  entre  l'Europe  el  l'Afrique;  la  faune  de  Pikermi  étant  une  faune  de 
caractère  essentiellement  africain. 


HYDROLOGIE.  —  Sur  les  crues  de  la  Seine  en  janvier- février  1910. 
Note  de  MM.  jVoiailhac-Pioch  et  Edmond  Maillet,  présentée  par 
M.  Georges  Lemoine. 

La  Seine  vient  d'avoir  à  Paris  une  crue  absolument  exceptionnelle,  dont 
le  maximum,  8'",42,  réalisé  au  pont  de  la  Tournelle  le  vendredi  28  janvier, 
de  midi  à  minuit,  est  le  plus  élevé  depuis  celui  de  i658  (8'",  81  d'après 
Belgrand),  et  dont  la  croissance  a  été  très  rapide. 

Nous  indi({uons  ci-contre,  pour  l'échelle  du  pont  d'Austerlitz,  dont  les 


8,d 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


cotes  sont  supérieures  de  o™,  i5  à  o"\  20  à  celles  de  la  Tournelle,  à  la  fois  le 
graphique  des  hauteurs  d'eau  et,  approximativement,  celui  des  annonces 
faites  (')  pendant  cette  crue  exceplionncllc  et  la  longue  période  de  crues 
élevées  qui  a  suivi.  On  sait  que  cette  échelle  est  malheureusement,  dans  le 
bassin  de  la  Seine,  une  de  celles  où  les  prévisions,  au  moins  2  à  3  jours 
d'avance,  offrent  le  plus  de  difficultés  au  point  de  vue  de  la  précision,  même 
dans  les  limites  des  crues  qui  ont  servi  à  établir  les  formules  de  Belgrand  et 
de  M.  G.  Lemoine  et  qui  ne  dépassent  pas  G'",5o  (cote  de  1876  à  la  Tour- 
nelle). 


Seine  >i  Paris.     Pont  d'Aiistcrlilz. 


Seine 

à  Bezons. 

Ici-TWvtl.    1910 
.5       io,       25          il 

s        -,       .i       2j       !.S 

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Sauf  peut-être  en  certains  points  de  la  partie  amont  de  la  Marne  et  de  la 
haute  Seine,  où  les  renseignements  anciens  nous  manquent,  la  crue  n'a  été 
réellement  très  supérieure  aux  crues  des  80  dernières  années  que  sur  la 
Seine  entre  les  confluents  de  la  Marne  et  de  l'Oise,  à  savoir  de  1'"  à 
Bezons  (cote  7"',9i)  et  de  2'°  environ  dans  la  partie  amont  de  Paris 
(cote  8'", 42).   Vers  l'aval,   la  crue  a  été  atténuée  grâce  à  la    faiblesse 


(')  Les  traits  liorizontaux  indiquent  les  niveaux  à  8''  du  malin,  ou  les  annonces 
de  crue  (traits  pleins  supérieurs),  ou  les  annonces  de  décrue  (traits  pointillés 
inférieurs).  Ainsi  le  21  janvier,  pour  Bezons,  la  cote  étant  ^^iQO  à  8^  du  matin,  on  a 
annoncé  6'",3o  pour  une  date  ultérieure. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  8l5 

relative  des  flots  de  l'Oise  et  de  l'Eure,  aux  marées  de  morte  eau  et  aux 
travaux  d'amélioration  du  lit;  la  crue  de  187G  n'a  été  dépassée  à  Mantes, 
après  le  confluent  de  l'Oise,  que  de  o"\liG,  et  à  Rouen,  dans  la  partie  mari- 
time, que  de  o",  10. 

La  Marne  à  Chaliferl  (en  i844)  et  Ifi  Seine  à  Melun  (en  i836)  ont  déjà 
eu,  au  cours  du  siècle  dernier,  des  crues  aussi  élevées  à  très  peu  près.  Les 
maxima  corrélatifs  de  la  Seine,  G™,  ^o  en  i836,  5"\89  en  i844,  au  pont  de 
la  Tournelle,  ont  pourtant  été  relativement  modérés,  et  même  inférieurs  à 
celui  de  1876  (G^iSo).  Il  a  fallu,  en  janvier  1910,  l'arrivée  presque  simul- 
tanée des  maxima  principaux  à  Clialifert  et  Melun  pour  déterminer  l'impor- 
tance colossale  de  la  crue,  du  confluent  de  la  Marne  au  confluent  de  l'Oise. 
Il  est  intéressant  de  noter  que,  si  la  crue  de  la  Marne  avait  été  aussi  forte 
que  celle  de  1784  (5™,  90  à  Chalifert),  le  niveau  atteint  à  la  Tournelle  aurait 
été  à  peu  près  celui  de  la  crue  de  i658,  la  plus  forte  connue  avec  assez  de 
certitude  pour  cette  échelle. 

Le  maximum  a  été  dû  nettement  à  la  coïncidence  de  l'arrivée  des  maxima 
de  la  Marne  et  de  la  haute  Seine  et  d'une  seconde  crue  du  Loing,  soutenus 
par  un  mouvement  modéré  de  la  haute  Yonne  qui  a  retardé  la  décrue  de 
l'Yonne  à  Sens. 

Il  semble  qu'au  point  de  vue  météorologique  la  crue  extraordinaire  soit 
duc  :  i"  à  une  saison  chaude  (i"'  mai  -  i'^''  novembre)  pluvieuse,  où  le 
total  moyen  des  pluies  pour  120  stations  environ  dans  le  bassin  de  la  Seine 
est  de  4^5'"™,  la  moyenne  des  totaux  analogues  de  29  ans  n'étant  que  de 
3^jmm.  o"  à  des  pluies  abondantes  en  décembre,  ayant  produit  déjà  des 
crues  ordinaires  atteignant  au  pont  d'Austerlitz  les  cotes  3",  1  o  le  7  et  3'",  45 
le  3i  :  3"  à  une  période  de  pluies  ou  neiges  considérables  du9au  27  janvier, 
comprenant  le  phénomène  capital,  à  savoir,  du  18  an  21  janvier  inclus,  des 
chutes  de  pluie  exceptionnelles,  assez  comparables  pourtant,  dans  l'ensemble, 
à  celles  qui  ont  occasionné  la  crue  de  septembre  1866;  4"  à  un  dernier 
événement  accessoire  :  conformément  aux  règles  de  Belgrand('  )  sur  l'écoule- 
ment des  crues  de  la  Seine,  le  maximum  à  Paris  a  correspondu  à  une  crue 
modérée  de  l'Yonne,  du  Loing  et  du  Grand-Morin  ;  mais  la  surélévation 
finale  que  celle-ci  a  causée  n'a  guère  dû  dépasser  o"',6o. 

Notons  à  cette  occasion  que,  pour  les  crues  d'au  moins  5"'  au  pont  d'Aus- 
terlitz depuis  1872,  le  plus  fort  maximum  a  eu  lieu  généralement,  à  un  jour 
près  environ,  en  même  temps  qu'un  maximum  et  de  la  Seine  à  Montereau, 

(')   La  Seine,  Etudes  hjdrologiqaes,  p.  287,  énoncé  n*  15.  l^aris,  Dunod,  1872. 


8l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  de  la  Marne  à  (^halifert,  ce  dernier  pouvant  n'être  que  secondaire  et  dû 
au  Grand-Morin.  En  septembre  1866,  au  contraire,  le  maximum  qui, 
à  Paris,  correspond  au  maximum  de  Chalifert,  n'est  que  secondaire. 

Pour  plusieurs  stations  d'annonces  de  crues,  les  niveaux  des  crues  anté- 
rieures connues  en  détail  se  sont  trouvés  sérieusement  dépassés,  et  les  pré- 
visions numériques  sont  alors  devenues  fort  délicates,  parce  qu'elles  ne 
pouvaient  plus  se  faire  que  par  extrapolation,  alors  f[ue  les  annonces 
usuelles  sont,  au  fond,  basées  sur  l'interpolation.  Désormais  nous  pouvons, 
à  Paris,  jusqu'aux  niveaux  atteints  par  la  crue  de  janvier  1910,  faire,  avec 
une  exactitude  plus  ou  moins  grande,  des  prévisions,  d'abord  24  et  48  heures 
d'avance,  presque  toujours  pour  la  crue,  et  souvent  pour  la  décrue,  puis, 
dans  certains  cas,  3  jours  d'avance  ou  plus  (').  Conformément  à  un  prin- 
cipe qui  semble  pouvoir  être  énoncé  d'une  manière  générale  pour  chaque 
station,  on  a  d'autant  plus  de  précision  et  d'autant  moins  de  causes  de  per- 
turbations (barrages  mobiles,  crues  imprévues  du  Loing,  du  Grand- 
Morin,  etc.)  cjue  la  prévision  est  à  pljis  courte  échéance.  Mais  il  ne  faut  pas 
se  dissimuler  que  les  annonces  continueront  à  être  difficiles  pour  les  grandes 
crues  à  croissance  rapide. 


SISMOLOGIE.  —  Sur  la  détermination  de  l'épicentre  d'un  tremblement  de  terre, 
d'après  les  données  d'une  seule  station  sismique.  Note  de  M.  B.  Galitzixe, 
présentée  par  M.  Bigourdan. 

Dans  une  Note  précédente  (^)  j'ai  indiqué  le  principe  de  ma  méthode  et 
les  conditions  théoriques  réalisées  par  les  pendules  que  j'emploie. 

Afin  de  vérifier  celte  méthode,  je  l'ai  appliquée  à  12  tremblements 
de  terre  de  1909  pour  lesquels  on  connaissait  l'épicentre,  qui  d'ailleurs  ne 
peut  aucunement  être  considéré  comme  un  point;  et  les  résultats  de  cette 
comparaison  sont  résumés  dans  le  Tableau  suivant,  où  l'azimut  vrai  est  rap- 


(')  D'après  une  formule  île  A.  IJabinel,  du  type  de  M.  Breuillé,  el  dont  M.  Nouailliac 
Pioch  fail  varier  chaque  jour  le  coefficient,  diverses  formules  ou  graphiques  de  M.  Ed. 
Maillet,  une  formule  de  Belgrand,  une  de  M.  G.  Lemoine,  une  de  Belgrand  et  M.  G. 
Lenioine,  etc.  (G.  Lemoike  et  de  I^réavdeai',  Manuel  hydrologique,  1884,  avec  Sttp- 
plcment  de  1909). 

(^)  Voir  p.  fi!\2  de  ce  Volume. 


SÉANCE    DU    21    MARS    I910.  817 

porté  à  Poulkova  et  Taziniut  calculé  déduit  de  la  formule  (8  )  : 

Coordonnées 

de  répicenlre  Azimut 

1909.  9.  À.  Lieu  de  l'épicentre.  \iai.  calculé. 

9II 4o,2N  38, oE  .Vsie-Mineure  SE,  lô"  SE,  i5° 

10 II 4o,2N  38, oE  »  SE,  16  SE,  19 

22II 4o,2N  38, oE  >,  SE,  16  SE,  16 

12  m 38,0  N  i46,oE  Est  du  .Japon  NE,  5o  NE,  5o 

i3  1II 39,0  N  i48,oE  »  NE,  48  NE,  48 

II  IV 5o,3N  154,9!::  Kanilschatka,  sud  NE,  3;  NE,  35 

14IV 28,8  N  123,5  E  Sud  du  Japon  NE,  72  NE,  72 

17V 16, 5S  68, oW  La  Paz  (Bolivie)  SW,  89  SW,  84 

3oV 38,7  N  20,2  E  Grèce  SW,  21  SW,  17 

3  VI I  ,5  S  loi  ,4  Ë  Rorintji  (Sumatra  )  SE,  73  SE,  79 

II  VI 43,6  N  5,3  E  Sud  de  la  France  SW,  54  SW,  59 

i5VI 38,3  N  22,5  E  Grèce  SW,  16  SW,  18 

L'accord  peut,  en  général,  être  considéré  comme  très  satisfaisant.  En 
outre,  le  Tableau  précédent  montre  que  les  ondes  sismiques  sont  parvenues 
à  la  station  de  Poulkova  de  trois  quadrants  différents;  et  chaque  fois  la 
direction  de  l'épicentre  a  été  nettement  indiquée  par  les  sisraogrammes. 

J'ai  appliqué  la  même  méthode  à  la  seconde  phase  des  sismogrammes  et 
j'ai  pu  démontrer  que,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  le  plan  des  vibra- 
tions transversales  de  la  seconde  phase  diffère  très  peu  du  plan  du  grand 
cercle  mené  par  l'épicentre  et  par  le  lieu  d'observation. 

Cette  étude  démontre  ainsi  que  si  l'on  dispose  d'appareils  convenables 
(pendules  séparés  et  apériodiques  pour  chaque  composante,  et  enregistre- 
ment galvanométrique,  qui  admet  une  très  grande  sensibilité  ),  il  est  possible 
de  déterminer  l'azimut  de  l'épicentre  et  par  conséquent  de  trouver  le  lieu 
d'un  tremblement  de  terre  d'après  les  données  d'une  seule  station  sismique. 

En  outre,  on  peut  considérer  celte  étude  comme  une  démonstration 
directe  du  fait  que  les  ondes  de  la  première  phase  correspondent  véritable- 
ment à  des  vibrations  longitudinales. 

J'avais  lu  mon  Rapport  sur  ce  sujet  à  la  dernière  réunion  des  sismolo- 
gues à  Zennatt,  en  septembre  1909.  Depuis,  j'ai  eu  l'occasion  d'appliquer 
cette  méthode  à  la  recherche  des  épicentres  de  deux  grands  tremblements 
de  lerie,  (pii  ont  eu  lieu  dans  ces  derniers  temps. 

Dans  la  nuit  du  20  au  21  octobre  1909  les  sismographes  de  Poulkova  ont  accusé  un 
fort  tremblement  de  terre  dans  la  direction  SE.  Les  données  correspondantes  pour  la 


8l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

dislance  ^  jusqu'à  l'épicentre  et  l'aziniul  a  élaienl 

i  =  455o'"",         a=SE  — 63°, 
ce  qui  donne,  pour  les  coordonnées  géographiques  de  l'épicentre, 
o  =  3o°N,         /  1:=  jS"  E  de  Greenwich. 

Après  la  délerniinalion  de  ce  point  géograpliit|ue,  j'ai  reçu  les  données  des  stations 
sismiques  de  Tiflis  et  Irkoutsk,  qui  perniellaienl  d'évaluer  la  dislance  s  de  l'épicentre 
à  ces  stations.  En  combinant  les  valeurs  de  i  pour  Poulkova,  Tiflis  et  Irkoulsk,  j'ai 
obtenu  en  moyenne  les  valeurs  suivantes  pour  les  coordonnées  de  l'épicentre  : 

(i)  =  3o°N,         X=r74°E, 

ce  qui  est  en  excellent  accord  avec  les  valeurs  indiquées  ci-dessus. 

Les  nouvelles  directes,  parvenues  plus  tard,  ont  en  efl^et  confirmé  qu'au  jour  indiqué 
un  violent  tremblement  de  terre  a  sévi  non  loin  de  la  frontière  entie  l'Inde  septen- 
trionale et  le  Beloutcliislan. 

L'autre  exemple  se  rapporte  au  grand  tremblement  de  terre  du  22  janvier  de  celte 
année. 

Les  sismogrammes  de  Poulkova  ont  donné 

5  =  2400'^"',  tx  =r  NW  —  49°>4- 

Par  suite,  on  obtient,  pour  les  coordonnées  de  l'épicentre  correspondant, 
cp=;68°N         et         X  =  17°  W  de  Green«  icii. 
Ce  point  se  trouve  dans  l'océan  Glacial,  un  peu  au  nord  de  l'Islande. 

Ce  résultat  m'a  paru  crabord  assez  inattendu,  vu  qu'il  est  très  rare 
d'observer  à  Poulkova  des  ondes  sismiques  provenant  du  quartier  NW  de 
l'horizon.  En  outre,  les  premières  nouvelles  insérées  dans  les  journaux  indi- 
quaient que  difTérenles  stations  sismiques  de  l'étranger  plaçaient  l'épicentre 
ou  au  Caucase,  ou  en  Arménie.  Mais  les  sismogrammes  de  notre  station 
sismiqueéta-ient  à  tel  point  clairs  et  précis  que,  sans  aucun  doute,  l'épicentre 
n'était  pas  à  chercher  au  sud,  mais  au  nord  de  l'Islande.  Les  nouvelles  télé- 
graphiques, survenues  plus  lard  de  Tiflis,  d'Irkoulsk  et  d'Islande  même, 
ont  complètement  confirmé  l'exactitude  des  résultats  obtenus  d'après  les 
données  de  la  station  de  Poulkova  seule. 

Depuis  lors,  nous  possédons  les  valeurs  de  la  dislance  de  l'épicentre  de 
difléreiites  stations  sismiques,  insérées  dans  leurs  Bulletins. 

Il  est  intéressant  de  confronter  la  distance  s  du  point  cjue  j'ai  trouvé 
(!p  =  6(S°N,   X=i'^°W)   aux  diflërentes   stations  sismiques,  avec  les  va- 


SÉANCE    DU    21    MARS    I910.  819 

leurs  s'  données  par  les  stations  elles-mêmes  : 

Hambourg.      Aix-la-Cliapelle.         Vienne.       Otlawa  (Canada). 

S 2i4o  2290  2870  4'4o 

s' 2  100  2800  2900  4  '  00 

S  —  s' +40  — 10  — 3o  -(-4o 

L'accord  entre  les  valeurs  de  s  et  /  peut  être  considéré  comme  des  plus 
satisfaisants. 

Ces  exemples  démontrent  clairement  qu'avec  ces  instruments  convena- 
blement choisis  et  ajustés,  on  peut  en  effet  trouver  le  lieu  approximatif  de 
l'épicentre  d'un  tremblement  de  terre  d'après  les  données  d'une  seule,  sta- 
tion sismique. 

M.  Em.m.  Pozzi-Escot  adresse  une  Note  sur  un  Oiseau  particulier  aux 
Andes  péruviennes. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Edmond  Perrier.) 

M.  J.  Tavam  adresse  un  Mémoire  Sur  la  théorie  des  séries  à  termes 
positifs  et  des  fonctions  entières. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Jordan.) 

M.  Re\é  Picard  du  Chambon  adresse  un  Mémoire  sur  l'électricité  dans  les 
végétaux. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Bonnier.  ) 

M.  Georges  Bo.v.vai,  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  La  réaction  de  densité. 
(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Violle.) 


La  séance  est  levée  à  4  beures  et  demie. 

Ph.  V.  T. 


C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N°  12.)  IO9 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BIIIJ.KTI.X     KIBI.IOGKAPIIKjUE. 


Ouvrages  iieçls  dans  la  séance  du  7  mars   1910. 

Recueil  des  actes  officiels  et  documents  intéressant  l'Hygiène  publique  :  Travaux 
du  Conseil  supérieur  d'Hygiène  publique  de  France;  t.  XXXVllI,  année  1908. 
Melun,  Imprimerie  administrative,  1909.  (Adressé  par  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur.) 

Deux  conférences  de  Géologie  alpine^  par  Pierre  Tehmie'h,  Membre  de  rinstitul  : 
Les  Schistes  cristallins  des  Alpes  occidentales.  (Conférence  faite  à  Vienne,  le 
22  août  1908,  devant  le  9'=  Congrès  géologique  international.)  La  synthèse  géologique 
des  Alpes.  (Conférence  faite  à  Liège,  le  26  janvier  1906,  aux  élèves  des  écoles  spéciales.) 
Paris,  Ch.  Béranger,  1910;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Thermodynamique  et  Chimie,  Leçons  élémentaires  par  Pierre  Duhem,  Correspon- 
dant de  l'Institut  de  France;  2'  édition,  entièrement  refondue  et  considérablement 
augmentée,  avec  178  figures  dans  le  texte.  Paris,  A.  Hermann  et  fils,  1910;  i  vol.  in-8°. 
(H<immage  de  l'auteur.) 

Détermination  de  la  puissance  des  moteurs  d'automobiles,  par  Ch.  Faroux.  Paris, 
H.  Dunod  et  E.  Pinat,  1910;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Recherches  spéléologiques  et  hydrologiques  dans  la  chaîne  du  Jura,  par  M.  E. 
FouRNiER  (1 1"  Campagne  :  1908- 1909),  avec  i4  figures.  (Spelunca.  t.  VII,  n°  38.)  Paris, 
1909;  I  fasc.  in-S". 

La  letragonometria  plana  nelle  scuole  secondarie,  per  Giuseppe  Delitala.  (Extr. 
i\es  Atti  del  IV  Congresso  dei  Malematici,  Roma,  6-11  aprile  1908,  t.  III.)  Rome, 
1909;  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Di  letragonometrischen  Problème  in  der  Mittelschule,  von  Al.  Lanker.  (Extr.  de 
Zeitschr.  f.  mathem.  u.  naturw.  Unterr.,  t.  XL,  fasc.  3.)  Leipzig,  B.-G.  Teubner, 
1909;  I  fasc.  in-8°.  (Adressé  par  M.  G.  Delitala.) 

Les  Mathématiques  en  Portugal  :  deuxième  défense  des  travau.v  de  Antonio  Ca- 
breira.  Lisbonne,  chez  l'auteur,  1910;  i  fasc.  in-8°. 

The  fourtli  dimension  simply  explaned  a  collection  of  essays  selected  froni  those 
submilled  in  the  scienlific  american's  prize  compétition,  wilh  an  introduction  and 
éditerai  Notes,  by  Henry-P.  Manning.  New  York,  Munn  et  C'",  1910;  i  vol.  in-S". 

Sulla  costruzione  dei  mûri  di  approdo  su  fondo  fangoso,  par  C.  Barberis  ;  teste  e 
lavole.  (Ministère  délia  Guerra.)  Rome,  1910;  i  vol.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Die  Winde  in  Deutschland,  ira  Auftrage  der  MotorluftschifT-StudiengeselIschaft  in 
Berlin,  bearbeitet  von  Richard  Assmann,  mit  i3  Tafeln  enthaltend  Windrosen,  und 
einer  Stalionskarle.  Brunswick,  Friedrich  Vieweg  et  fils,  1910;  i  fasc.  in-^". 

Annaes  scientificos  da  Academia  polytechnica  do  Porto,  pub.  seb.  direcçâo  de 
F.  GoMES  Teixeira;  t.  V,  n°  1.  Ceïmbre,  1909;  1  fasc.  in-8°. 


SÉANCE    DU    21    MARS    1910.  «21 

Ou\RAGHS     REÇUS     DANS     LA     SÉANCE     DU     l4    MARS     IÇIO. 

Leçons  ds  Mécanique  céleste,  professées  à  la  Sorbonne  par  H.  Poincaré,  Membre 
de  l'Institut.  Tome  III  :  Théorie  des  marées,  rédigée  par  E.  Fichot.  Paris,  Gaulhier- 
Villars,  1910;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Quelques  lettres  inédites  d' André-Marie  Ampère,  par  Ernf.st  Jovy.  Vitry-le-Fran- 
çois,  1910;  I  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  M.  E.  Jovy.) 

Arcliii'es  de  Zoologie  expérimentale  et  générale  :  Histoire  naturelle,  Morpho- 
logie, Histologie,  Evolution  des  animaux,  fondées  par  Henri  de  Lacaze-Duthiers, 
publiées  sous  la  direction  de  G.  Pruvot  et  E.-G.  Racovitza;  5'=  série,  t.  IV,  n"  1  : 
Recherches  histologiques  sur  la  métamorphose  des  Muscidés  (  Calliphora  erythro- 
cephala  Mg.),  par  C.  Pérkz.  Paris,  Albert  Scinilz,  1910;  [  vol.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Delage.) 

Plusieurs  brochures  relatives  à  diverses  questions  de  Sciences  naturelles,  par 
M.  Caklos-E.  Porter,  et  plusieurs  fascicules  de  la  Revista  Chilena  de  Historia 
natural  (1908  et  1909),  dirigée  par  le  même  auteur.  (Présenté  par  M.  Edmond 
Perrier.) 

On  the  qualernion  expression  for  the  co-ordinates  of  a  screi^'  1  eciprocal  to  Jive 
given  screivs;  a  paper  read  before  the  «  Australian  Association  for  the  advancenient 
of  Science  »,  by  Sir  Robert  Ball.  Brisbane,  1909;  i  fasc.  in-8°. 

Essay  for  solution  0/ Euclid's  tivelfth  axiom,  by  Arthur  Paul.  Melbourne,  Mel- 
ville  et  Mullen,  1910;  i  fasc.  in-S". 

Solar  Obsen'atorr  of  the  Carnegie  Institution  of  Washington.  Annual  report  of 
llie  director  George-E.  Hale,  1909.  (  E\tr.  du  Vear  Book,  n°  8,  p.  iSq-iSo.)  i  fasc. 
in-8<>. 

Jahresbericht  der  Hamburger  Sternwarle  fiir  das  Jahr  1907,  erstattet  von  dera 
Direktor  Prof.  D''  R.  Schorr.  Hambourg,  1908;  i  fasc.  in-8°. 

On  the  Galaclic  System  wilh  regard  to  ils  structure,  origin,  and  relations  in 
space,  by  Karl  Bohlln,  wilh  4  figures  in  the  text  and  6  plates.  {Kungl.  Svenska 
Vetenskapsakademiens  Handlingar,  Bd.  XLIII,  n"  10.)  Upsal  et  Stockholm,  Almqvist 
et  Wiksells,  1909;  i  fasc.  in-^".  (Hommage  de  l'auteur.) 

On  a  new  hinary  progression  of  the  planetary  distances,  and  on  the  mutability 
of  the  Solar  System,  by  Henry  Wilde.  Manchester,  1909;  i  fasc.  in-8°. 

Sur  le  dernier  maximum  des  taches  solaires,  par  A.  Wolfer.  (Extr.  des  Memorie 
délia  Societa  degli  Spettroscopisti  italiani,  t.  XXXVIII,  1909.)  Catane,  i  fasc.  in-4''. 

Nuefo  metodo  para  determinar  el  didmetro  del  planeta  Venus,  por  D.  Vincente 
Ventosa.  Madrid,  1908;    1  fasc.  in-8°. 

Observations  of  southern  double-stars,  by  R.-T.-A.  Innés.  (Transvaal  Observa- 
tory  :  Circular  n°  1,  i^'*"  december  1909.)  Pretoria;  i  fasc.  '\n-[^°. 

The  future  of  Astronomy,  by  Edward-C.  Pickeiu.\g.  (Extr.  de  Popular  Science 
Monthlv,  août  1909.)  i  fasc.  in-S". 


822  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

ERRATA. 


(Séance  du   lo  janvier  1910.) 

Note  de  M.  Russyan,  Le  théorème  de  M.  W.  Stekloff  (théorème  géné- 
ralisé de  Jacobi)  et  les  formules  généralisées  de  la  transformation  de 
contact  : 

Page  85,  ligne  2  en  remonlanl,  au  lieu  de  des  relations  {b),  lisez  des  rela- 
tions (a)  et  {b). 

Page  85,  ligne  7  en  remontant  au  lieu  de 


Usez 


2x(P.xo°-n=.,     2»<>'.x.)2n=„ 


7    /  (Fi-\>J  -r Tr: p  -; )  7    A   (  F/,.Xx)   -; ^ p  -; 

^     ^  dx,  ^  dxs  Ji^     ^         ^'  dp,  ^  dp, 


(Séance  du  7  mars   1910.) 
TNote  de  M.  de  Séguier,  Sur  le  groupe  symétrique  et  le  groupe  alterné  : 

Page  59g,  ligne  10,  au  lieu  de  =  A',  lisez  =r:x. 
Page  599,  ligne  1 1 ,  aw  lieu  de  k,  Ç,  lisez  x,  Ç. 
Page  600,  ligne  28,  au  lieu  de  p'",  lisez  pi^. 

Note  de  M.  Briot^  Propriété  du  sérum  des  lapins  séro-anaphylactisés  : 

Page  689,  ligne  3  lisez  :  Phénomène  d'anaphylaxie  passive.  —  Des  lapins  neufs 
reçoivent  dans  la  veine  de  l'oreille  de  2'^'°',5  à  5'="|'  de  sérum  de  lapins  préparés.  Le  len- 
demain ils  reçoivent  de  2'="'', 5  à  5'^°''  de  sérum  de  cheval.  . .. 

(Séance  du   i4  mars   1910.) 

Page  668,  ligne  6  en  remontant,  ajoutez  et  du  Secrétaire  perpétuel  pour  les  Sciences 
malliématiques. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU  MARDI  29  MARS  1910. 

PRÉSIDEXCE  DE  AI.  11.  POINCARÉ. 


MEMOIRES  ET  COMMUrVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- Arts  adresse 
anipliiition  du  Déercl  portant  approlialion  de  rélection  que  TAcadémie  a 
faite  de  M.  Hùtorf  pour  occuper  l'une  des  places  d'Associé  éti-anger  créées 
par  le  Décret  du  i"  décembre  1909. 

11  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  mécanisme  de  déshydratation  des  alcools  par 
catalyse  au  moyen  de  dive?-s  oxydes  métalliques.  Note  de  MM.  Paul 
Sabatier  et  A.  3Iailhe. 

Nos  recherches  antérieures  relatives  à  l'action  des  oxydes  métalliques  sur 
les  alcools  primaires  ont  établi  que  plusieurs  oxydes,  thorine,  alumine, 
oxyde  bleu  de  tungstène,  etc.,  exercent  sur  les  alcools,  entre  3oo"  et  35o°, 
une  catalyse  à  peu  près  exclusive  de  déshydratation  avec  séparation  de  car- 
bure élhylénique  ('). 

Dans  quelques  cas,  en  opérant  à  température  assez  basse,  la  déshydrata- 
tion est  incomplète  et  peut  se  borner  à  la  production  de  l'éther-oxyde. 

La  réaction  accomplie  au  contact  des  oxydes  est  tout  à  fait  comparable 
à  celle  qui  est  réalisée  au  contact  d'acide  sulfurique  concentré.  Dans  ce 
dernier  cas,  le  mécanisme  est  bien  connu,  parce  qu'il  est  facile  de  mettre  en 
évidence  les  étapes  successives  de  la  transformation. 

(')  I'aiil  Sauatikr  et  A.  Mailhe,  Comptes  rendus,  l.  CXLVI,  1908,  p.  1376; 
t.  CXLVII,  1908,  p.  16  et  106;  i.  CXLVIII,  1909,  p.  1734. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  13.)  I  lO 


824  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  opérant  à  iVoid  sur  un  alcool  primaire,  on  a  1res  rapidement 

(i)  C"H^'"+'.0H  +  S0'H'=rll=0-4-S0»H.C''H-«+'.    . 

Acide 
sulfofoiméniqiie. 

Le  produit  obtenu,  nommé  acide  sulfofonnénique  ou  étiier  sulfurique 
acide,  est  stable  à  froid  avec  la  plupart  des  alcools  primaires.  Mais  si  Ton 
élève  suffisamment  la  température  (à  i4o°  pour  l'alcool  éthylique), 
on  a 

(  2  )  SO'  H .  C"  H2'>+'  +  G"  H"'+' .  OH  =  (  C"  H"'+'  )^  0  +  SO»  H^ 

Klher  oxyde. 

A  température  plus  haute  (170°  pour  l'alcool  éthylique),  on  a 

(3)  S0'H.C"H=''+'=G''H5''  +  S0»1P. 

Carbiifd. 

Dans  les  deux  cas,  l'acide  sulfurique  est  régénéré;  il  pourrait  répéter 
indéfiniment  le  cycle  de  réactions,  et  serait  un  vrai  catalyseur,  s'il  ne  rete- 
nait pas  l'eau  issue  de  la  réaction  (i),  et  ne  devenait  ainsi  après  quelque 
temps  incapable  d'accomplir  cette  première  réaction. 

Le  mécanisme  paraît  être  le  môme  dans  le  cas  dos  oxydes  métalliques, 
qui  agissent  à  leur  surface  Sur  les  alcools  en  vertu  d'une  fonction  acide,  et 
donnent  tout  d'abord  un  éther-sel  analogue  à  l'acide  sulfoforménique. 

Ainsi,  avec  la  thorine,  on  pourra  avoir 

2(C''H^n+'.0H)4-Th0-^=H«0  -(-T1.0(0C"IP"+')-, 

riioriiuitc. 

puis  à  température  suflisamment  ménagée  : 

TliO(OG"H2''+i)2z:=ThO'i+(C"H-«  +  ')H), 
Élller  oxyde. 

OU  à  température  plus  haute,  supérieure  à  Soo"  : 

TliO(UG"H*"+')=  =  TtiO'-H  IIHJ  +  2G''ll-^". 


Cette    dernière    réaction    étant   d'ailleurs,    avec    la    thorine,    presque 
exclusive. 


SÉANCE    DU    29    MARS    HJTO.  SaS 

La  thorine  est  régénérée  semblable  à  la  thorine  primitive,  parce  qu'elle 
ne  relient  pas  l'eau,  qui  est  éliminée  en  môme  temps  que  le  carbure  éthylé- 
nique.  Par  conséquent,  elle  constitue  un  vrai  catalyseur  capable  de  recom- 
mencer indéfiniment  la  même  réaction. 

La  cause  fondamentale  de  la  catalyse  par  les  oxydes  nous  parait  donc  être 
la  production  rapide  d'un  composé  intermédiaire  instable,  qui  est  l'éther- 
sel  fourni  par  l'alcool  avec  l'acide  dont  l'oxyde  est  l'anhydride.  S'il  en  est 
ainsi,  on  peut  prévoir  des  conséquences  importantes  de  cette  formation 
initiale,  el  la  réalisation  des  prévisions  formulées  sera  un  argument  puissant 
en  faveur  de  la  théorie  qui  les  suggère. 

1°  L'a^yde  sulfurique  mis  en  présence  du  mélange  d'un  alcool  et  d'un 
acide  organique  accélère  beaucoup  la  formation  de  l'éther-sel  correspon- 
dant, à  cause  de  la  production  rapide  du  sulfate  acide  forménique,  échelon 
intermédiaire  de  la  réaction  :  on  dit  que  l'acide  sulfurique  est  un  catalysent 
d'èlhêrification . 

Nous  pouvons  de  même  prévoir  que  les  oxydes  catalyseurs  de  déshydra- 
tation seront  aussi,  vers  3oo°-35o",  des  catalyseurs  d'éthérification  des 
alcools  vis-à-vis  des  acides  organiques. 

C'est  ce  qui  a  lieu  réellement,  à  condition  que  l'acide  organique  ne  soit 
pas  lui-même  catalysé  par  l'oxyde.  Cette  condition  exclut  la  thorine  et 
l'alumine,  qui  dédoublent  rapidement  les  acides  forméniques  en  célones  et 
anhydride  carbonique  (Senderens).  Mais  on  peut  employer  \ oxyde  tila- 
niqiie,  TiO". 

En  dirigeant  sur  une  colonne  d'oxyde  titanique  à  3oo°  les  vapeurs  d'un 
mélange  à  molécules  égales  d'alcool  éthylique  et  d'acide  acétique,  on  con- 
state que  la  dose  élhérifiée  surpasse  la  moitié,  tandis  que,  en  l'absence  du 
catalyseur,  le  passage  des  vapeurs  dans  le  même  tube  à  la  même  tempéra- 
ture ne  procure  qu'une  éthérification  sensiblement  nulle. 

2°  L'ammoniaque  réagit  sur  les  éthers-sels  des  acides  minéraux  pour 
donner  naissance  à  des  aminés.  Il  devait  sans  doute  en  être  de  même  avec 
les  éthers-sels  issus  de  la  fonction  acide  des  oxydes  catalyseurs,  et  l'on  pou- 
vait espérer  que,  tout  au  moins  pour  quelqu'un  de  ces  oxydes,  la  réaction 
de  l'ammoniaque  sur  l'éther-sel  temporaire  serait  plus  rapide  que  la  dé- 
composition de  cet  éther-sel  en  carbure  éthylénique. 

L'expérience  a  pleinement  vérifié  celte  prévision,  ainsi  que  nous  l'avons 
fait  connaître  antérieurement  (').    Particulièrement  avec   la  thorine,  en 

(')  Paul  Sabatier  et  G.  Mailhe,  Comptes  rendus,  l.  CXLVIH,  1909,  p.  898. 


lS^4(i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

présence  du  gaz  auunoniac,  la  rcaclion  doiiilnaiile  des  alcools  est,  de  beau- 
coup, la  formation  des  aminés,  le  dédoublement  étbylénique  étant  relati- 
vement peu  important.  On  a  vu  que  nous  avions  pu  en  déduire  une  nouvelle 
méthode  générale  de  synthèse  directe  des  aminés  à  partir  des  alcools. 

3°  La  fonction  acide  des  hydrates  métalliques  dont  les  oxydes  cataly- 
seurs sont  les  anhydrides,  étant  faible,  nous  avons  pensé  que  les  éthers-sels 
instables  qui  en  résultent  pourraient  être  décomposés  par  l'acide  sulfh}-- 
driquc  en  donnant  des  t/iiols.  Nos  prévisions  à  ce  sujet  ont  été  pleinement 
vérifiées  et  nous  avons  pu  instituer  de  la  sorte  une  préparation  directe  des 
thiols  par  catalyse  à  partir  des  alcools-  Nous  aurons  l'honneur  de  l'exposer 
dans  une  prochaine  Communication. 


M.  Carpestier  présente  à  l'Académie  un  instrument  de  mesure  électrique 
dénommé  logométre  qui  a  été  récemment  réalisé  dans  ses  ateliers  et  dont  la 
conception  et  l'étude  sont  dues  à  son  collaborateur  M.  L.  Joly. 

Cet  instrument,  qui  a  extérieurement  l'aspect  classique  d'un  ampèremètre 
ou  d'un  voltmètre,  possède  deux  circuits  et  donne  des  indications  qui  ne 
dépendent  que  du  rapport  des  deux  courants  qui  le  traversent.  Il  appartient 
ainsi  à  une  classe  dans  laquelle  on  connaît  déjà  plusieurs  modèles  remplis- 
sant la  même  fonction,  et  s'approprie  comme  eux  à  un  certain  nombre  d'in- 
téressantes applications. 

Le  nouvel  instrument  a  pour  caractéristiques  sa  grande  simplicité,  ainsi 
que  l'allure  tout  à  fait  favorable  de  sa  graduation  (les  déviations  de  l'aiguille 
sont  sensiblement  proportionnelles  au  rapport  des  courants  actifs).  lia  reçu 
le  nom  de  logométre  pour  indiquer,  autant  que  le  permet  la  formation 
étymologique,  qu'il  mesure  une  proportion,  un  rapport. 

Le  logométre,  comme  le  galvanomètre  Deprez-d'Arsonval,  comporte 
deux  organes  essentiels  : 

i"  Un  équipage  mobile  dans  lequel  circulent  les  courants  actifs  ; 

2"  Un  champ  magnétique  fourni  par  un  aimant,  entre  les  pôles  duquel 
est  disposé  un  noyau  cylindrique  en  fer,  dont  le  rôle  est  de  répartir  conve- 
nablement les  lignes  de  forces. 

L'équipage  mobile  est  constitué  par  deux  cadres  égaux  en  fd  conducteur, 
accolés  côte  à  côte  et  dans  le  même  plan  sur  un  même  axe,  comme  le  montre 
la  figure  i.  L'ensemble  peut  tourner  autour  de  cet  axe  qui  est  monté  entre 
pivots  dans  le  bâti  de  l'appareil.  Des  rubans  d'argent,  extrêmement  ténus, 


SÉANCE    DU    29   MARS    19IO.  827 

permeltent  de  faire  circuler  des  courants  dans  les  deux  cadres,  en  n'exerçant 
sur  l'équipage  qu'une  force  directrice  à  peu  près  négligeable. 


JL 

V 

Les  pièces  polaires  de  l'aimant  de  champ  sont  façonnées  de  manière  à 
laisser  entre  elles  un  vide  cylindrique.  Le  noyau  répartiteur  est  placé  dans 
ce  vide,  excentriqiiement  comme  on  le  voit  sur  la  figure  2.  Par  suite  de  cette 


disposition,  la  densité  du  champ,  de  part  et  d'autre  du  noyau,  va  en  décrois- 
sant régulièrement  de  A  en  B. 

L'axe  de  l'équipage  occupe  le  centre  du  noyau  répartiteur;  les  côtés 
extérieurs  des  cadres  se  déplacent  donc  suivant  un  cylindre  concentrique  à 
ce  noyau  et  sont  plongés  dans  des  régions  de  densité  magnétique  variable 
suivant  la  position  de  l'équipage. 

Lançons  dans  les  cadres  des  courants  d'intensités  i^  et  i^  et  désignons 
par  A,  et /<2  les  densités  magnétiques  le  long  des  branches  extérieures  de 
l'équipage.  Les  forces  qui  solliciteront  ces  deux  branches  (supposées  réduites 
chacune  à  un  fil  unique)  auront  respectivement  pour  expressions  i, /«,  et 
/o/io.  Le  sens  des  couraftts  ayant  été  choisi  de  manière  que  ces  forces  soient 
en  opposition  et  dirigées  vers  les  plages  faibles  du  champ,  on  verra  l'équi- 


828  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

page  tourner  jusqu'à  venir  occuper  une  position  pour  laquelle  on  aura 

on 

^  =  ii. 
A,     4 

Cette  position  ne  dépendra  donc  nullement  des  intensités  absolues  des 
courants,  mais  seulement  de  leur  rapport.  Une  analyse  très  simple  montre 
que,  sous  les  conditions  énoncées  précédemment,  cette  position  est  stable. 
Il  est  donc  possible  de  tracer  sur  le  cadran  de  l'appareil  une  graduation 
devant  laquelle  se  déplacera  son  aiguille  et  dont  les  divisions  correspon- 
dront aux  diverses  valeurs  du  rapport  -^• 

La  comparaison  des  courants  ne  présente  guère  d'intérêt  direct.  Mais, 
comme  on  peut  y  ramener  la  comparaison  des  résistances  et  que  celle-ci 
donne  lieu  à  de  nombreuses  applications,  les  instruments  qui  permettent  de 
l'effectuer  d'une  manière  pratique  sont  d'une  incontestable  utilité.  A  ce 
titre,  le  logomètre  peut  rendre  d'appréciables  services. 

Supposons  deux  conducteurs  dont  on  veuille  comparer  les  résistances. 
Mettons-les  en  dérivation  sur  les  pôles  d'une  même  source.  Il  s'y  établira 
des  courants  dont  les  intensités  absolues  dépendront  évidemment  du  voltage 
de  la  source;  mais  le  rapport  de  ces  intensités  sera  toujours  l'inverse  du 
rapport  des  résistances;  il  sera  invariable  et  indépendant  du  voltage.  Qu'on 
dirige  donc  les  deux  courants  dans  les  circuits  d'un  logomètre,  l'aiguille  de 
l'instrument  déviera  d'un  angle  fixe,  quelle  que  soit  la  source  empruntée, 
quelques  variations  même  que  subisse  le  voltage  au  cours  de  l'observation. 
L'instrument,  pouvant  être  gradué  pour  indiquer  l'inverse  du  rapport  des 
courants  qui  le  traversent,  donnera  directement  le  rapport  des  résistances  à 
comparer. 

Que  l'une  des  résistances  soit  connue  et  toujours  la  même,  l'instrument 
pourra  donner  directement  la  valeur  absolue  de  toute  autre  résistance  à 
déterminer.  Il  deviendra  un  ohmmètre,  et  un  ohmmètre  d'autant  plus  com- 
mode qu'il  suffira  pour  en  faire  usage  de  disposer  d'une  source  quelconque, 
constante  ou  non.  L'accessoire  indiqué  d'un  pareil  ohmmètre  est  une  petite 
magnéto  à  manivelle,  les  variations  de  sa  vitesse  n'ayant  aucune  influence 
sur  la  mesure. 

Au  lieu  d'utiliser  la  déviation  de  l'aiguille  du  logomètre  à  l'évaluation 
d'une  résistance  intercalée  dans  l'un  de  ses  circuils,  on  peut,  d'un  poste 
éloigné,  par  l'intercalationde  résistances  appropriées,  commander  la  dévia- 


SÉANCE    DU    2g    MARS    I910  829 

tion  de  Taiguille  et  faire  de  l'appareil  un  répétiteur  de  mouvement  à  distance, 
un  transmetteur  d'ordres,  etc. 

Le  logomèlre  est  de  construction  particulièrement  simple  quand  on  con- 
stitue son  champ  magnétique  par  un  aimant  permanent.  Mais  l'aimant 
permanent  peut  être  remplacé  par  un  électro-aimant,  au  besoin  feuilleté,  et 
linstruuienl  devient  susceptible  de  fonctionner  sur  courants  alternatifs. 

Lue  particularité  intéressante  du  logomètre  consiste  en  ce  que  l'allure  de 
sa  graduation  peut  être,  pour  ainsi  dire,  modelée  par  un  façonnage  conve- 
nable de  l'entrefer  dans  lequel  se  meuvent  les  cadres  de  son  équipage.  Dans 
le  modèle  présenté  en  séance,  l'entrefer  est  compris  entre  deux  cylindres 
circulaires  excentrés  l'un  par  rapport  à  l'autre.  Un  simple  changement 
dans  les  diamètres  respectifs  de  ces  cylindres  ou  dans  leur  excentricité  est 
de  nature  à  influer  grandement  sur  la  sensibilité  de  l'instrument,  c'est-à-dire 
sur  l'écart  des  valeurs  extrêmes  (ju'il  embrasse,  l  ne  déformation  plus  pro- 
fonde des  pièces  polaires  agirait  sur  les  régions  intermédiaires  de  la  fonction 
de  sensibilité. 


M.  Carpe.ntiek  présente  à  l'Académie  un  stabilisateur  automatique  pour 
aéroplane,  conçu  et  réalisé  par  M.  Regn\rd,  ingénieur  des  Arts  et  Manu- 
factures. 

L'organe  essentiel  de  l'appareil  est  un  gyroscope  qu'on  installe  en  un 
point  convenable  de  l'aéroplane  par  l'intermédiaire  d'un  équipage  à  la 
cardan,  de  manière  à  lui  laisser  une  indépendance  complète  en  direction 
par  rapport  aux  supports.  La  masse  tournante  de  ce  gyroscope  se  compose 
d'un  lourd  volant  parfaitement  centré  et  de  l'induit  annulaire  d'une  petite 
dynamo  qui  lui  est  accolé.  L'inducteur  fixe  de  la  dynamo  est  de  forme  éga- 
lement annulaire  ;  il  est  placé  dans  le  même  plan  que  l'induit  et  l'enveloppe. 
Au  moyen  d'un  courant  emprunté  à  une  batterie  d'accumulateurs,  le  tore 
mobile  est  mis  en  rotation  et  il  est  entretenu  à  une  vitesse  de  plus  de  10 000 
tours  par  minute.  Adoptant  sous  rinfluence  de  celte  rotation,  ainsi  que 
l'expliquent  les  lois  connues  de  la  Mécanique,  une  direction  invariable,  pa- 
rallèle au  plan  de  l'espace  dans  lequel  il  a  été  lancé,  ce  tore,  grâce  à  sa 
suspension,  prend,  par  rapport  à  l'aéroplane,  toutes  les  positions  relatives 
correspondant  aux  inclinaisons  propres  de  ce  dernier  et,  suivant  que  l'aéro- 
plane pique  du  nez  ou  se  cabre,  suivant  qu'il  s'incline  à  droite  ou  à  gauche, 
il  provoque  l'établissement  de  divers  contacts  électriques.  Ces  contacts 
électriques  font  entrer  en  mouvement  des  moteurs  commandant  les  palettes 
du  gouvernail  de  profondeur,  soit  pour  les  relever,  soit  pour  les  abaisser. 


83o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ainsi  que  les  ailerons  de  redressement  placés  aux  extrémités  droite  et 
gauche  des  ailes  de  l'aéroplane.  Ainsi  ce  gyroscope,  suppléant  par  le  fait 
l'aviateur,  donne  à  l'aéroplane  une  sorte  d'instinct  artificiel,  tout  à  fait 
comparable  à  celui  qui  gouverne  les  réflexes  du  cerveau  chez  l'oiseau  et 
chez  l'insecte.  * 

Dans  l'appareil  de  démonstration  présenté  en  séance,  le  système  gyro- 
scopique,  réalisé  en  grandeur,  est  placé  dans  un  caisson  parallélépipédique 
vitré  dans  lequel  sont  contenus,  en  outre,  les  accumulateurs  fournissant  la 
force  motrice.  Ce  caisson,  dont  la  position  normale  est  droite,  est  installé 
sur  un  socle  de  manière  à  pouvoir  être  incliné  à  la  main  dans  toutes  les 
directions. 

Au-dessus  du  caisson,  en  haut  d'une  colonnette,  est  fixé  un  modèle  extrê- 
mement réduit  de  monoplan,  fort  joliment  exécuté  et  portant  les  organes 
mobiles  de  stabilisation.  A  l'intérieur  du  fuselage  sont  disposés  les  moteurs 
destinés  à  commander  ces  organes,  moteurs  réduits  dans  cet  appareil  à  de 
simples  pistons  plongés  dans  des  solénoïdes. 

Quand  l'appareil  est  droit,  les  organes  de  stabilisation  demeurent  dans  la 
position  neutre;  mais,  après  le  lancement  du  gyroscope,  dont  la  position 
d'équilibre  a  été  choisie  horizontale,  vient-on  à  incliner  l'appareil,  des  con- 
tacts s'établissent  et  l'on  voit  les  organes  de  stabilisation  entrer  en  jeu  soit 
isolément,  soit  simultanément.  Des  dispositifs  de  réglage  permettent  d'ail- 
leurs de  faire  varier  les  limites  de  leur  intervention,  c'est-à-dire  la  sensibilité 
même  de  l'instrument. 

M.  Regnard,  qui  a  été  président  de  la  Société  de  Navigation  aérienne  et 
qui  est  familiarisé  avec  les  problèmes  de  l'aéronautique,  n'a  pas  la  préten- 
tion d'avoir  inventé  l'application  du  gyroscope  à  la  stabilisation  des  aéronefs, 
mais,  en  combinant  les  dispositions  qu'il  a  réalisées,  il  a  eu  en  vue  de  rendre 
pratique  l'utilisation  d'un  principe  dont  la  fécondité  nepaïaîtpas  douteuse. 

M.  A.  Lacroix  s'exprime  en  ces  termes  : 

J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  la  deuxième  partie  du  Tome  111  do 
ma  Minéralogie  de  la  France  et  de  ses  colonies. 

Ce  Volume  de  4i5  pages  est  consacré  à  l'élude  des  minéraux  appartenant 
aux  classes  des  azotates  et  des  carbonates;  près  de  la  moitié  (i7(J  pages  et 
■AM\  figures)  est  occu[)(''e  jiar  la  description  de  la  calcite.  Je  pense  que  la 
lecture  de  cet  Ouvrage,  plus  encore  peut-être  que  celle  des  Volumes  précé- 
dents, montrera  combien  notre  sol  national  renferme  de  richesses  minéra- 
logi(|n('S  eu  partie  inconnues  jusqu'ici. 


SÉANCE    DU    29    MARS    1910.  83 1 

Le  P.  E.Coi.ix  fail  hommage  à  TAcadémie  d'un  Volume  intitulé  :  Obser- 
vatoire de  Madagascar.  Obsen^ations  météorologiques  faites  à  Tananarive  par 
le  R.  P.  E.  Colin.  XX"'  Volume,  1908. 


CORRESPONDANCE. 

M.  HiTTORF,  élu  Associé  étranger,  adresse  des  rcmeicimenls  à  F  Aca- 
démie. 


M.  le  Secrétaire  perpétuei,  de  i.a  Sociedad  cientikica  Antoxio  Alzate 

adresse  à  l'Académie  l'expression   de  ses  sentiments  de  profonde  condo- 
léance à  roccasion  du  décès  de  M.  Bouquet  de  la  Grve. 


ASTRONOMIE   PHYSIQUE.    —  Remarque  sur  une  Communication  précédente. 
Note  de  M.  Charles  Nordmann,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

J'ai  récemment  indiqué  (ce  Volume,  p.  44^)  une  méthode  nouvelle  cpii 
donne  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil  sans  faire  intervenir  les  dimensions  et  la 
distance  de  cet  astre.  Ces  quantités  interviennent  au  contraire  dans  la 
méthode  hahiluelle  de  mesure  de  cet  éclat,  basée  sur  l'eslimation  de  l'éclaire- 
ment  solaire.  .le  dois  à  ce  propos  rectifier  le  résultat  que  j'ai  cité  d'après 
Midler  et  cpii,  par  suite  dune  ambiguïté  dans  le  texte  de  cet  auteur,  est  trop 
grand  :  c'est  en  réalité  looSoo  bougies  décimales  par  centimètre  carré,  qui 
résulterait  pour  la  valeur  de  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil,  de  l'estimation 
de  l'éclairement  solaire  indiquée  par  Millier. 

Par  contre,  des  mesures  plus  récentes  de  l'éclairement  solaire  faites  par 
M.  Charles  Fabry  (')  et  M.  W.  Pickering  (^),  on  déduirait  respectivement 
pour  cet  éclat  intrinsèque  les  valeurs  184000  bougies  et  352 000  bougies 
environ.  Les  grandes  divergences  existant  entre  ces  différents  nombres 
prouvent  que  la  mesure  de  la  valeur  absolue  de  l'éclairement  solaire  com- 
porte encore  une  assez  grande  imprécision.  Il  y  a  lieu  d'ailleurs  de  remarquer 

(')  Association  française  pour  l'Avancement  des  Sciences,  igoS, 
(^)  Annales  oj  llie  Observatory  of  Harvard  Collège,  l.   LXI,  1908. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N«  13.)  m 


83-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  k"  iKtiiilini  que  j'iii  obtenu  par  ma  inélhodc  dinértMiliclle  ('3h)ooo  bougies 
décimales  par  centimètre  carré),  bien  que  complètement  indépendant  de  la 
mesure  de  réclairemenl  solaire,  est  précisément  compris  entre  ceux  qui  ré- 
sultent des  mesures  de  cet  éclairement  par  M.  Charles  Fabry  et  M.  Pickering. 


CHBIIE  ANALYTIQUE.    —    Recherche   de   l'alcool   méthylique  en    générai  et 
spécialement  en  présence  de  V alcool  éthylique.  Note  de  M.  G.  Denicès. 

i.  La  recherche  de  l'alcool  méthylique  en  présence  de  grandes  quantités 
d'alcool  éthylique  est  généralement  considérée  comme  offrant  de  sérieuses 
difficultés  pratiques.  Diverses  solutions  ont  été  proposées  pour  résoudre 
cette  question  :  celle  de  Trillat  est  une  des  plus  ingénieuses  et  des  plus 
élégantes,  mais  elle  est  un  peu  longue  et  laborieuse.  La  suivante,  extrê- 
mement facile  à  mettre  en  œuvre,  est  très  sensible  et  convient  pour  des 
essais  rapides. 

Elle  est  basée  :  i°  sur  la  propriété  qu'a  le  permanganate  de  potassium, 
employé  dans  des  conditions  déterminées,  de  ne  donner  que  de  l'éthanal 
avec  l'alcool  éthylique  et  du  méthanal  avec  l'alcool  méthylique;  2°  sur  la 
possibilité  de  déceler,  à  Taide  de  la  fuchsine  bisulfilée,  des  traces  de  métha- 
nal, même  en  présence  de  très  fortes  quantités  d'autres  produits  aldéhy- 
diques,  notamment  d'éthanal,  à  condition  d'opérer  en  milieu  fortement 
acide,  ainsi  que  nous  l'avons  précisé  récemment  (')  et  comme  nous  l'avons 
appliqué  pour  la  première  fois,  en  1896,  à  la  recherche  directe  du  formol 
dans  le  lait. 

Le  mode  opératoire  esl  le  suivant  :  dans  un  tube  à  essai  d'assez  fort  calibre  pour 
pouvoir  mélanger  facilement,  à  l'aide  de  quelques  secousses,  les  liquides  qu'on  y 
introduira,  on  met  o'''"',  1  de  l'alcool  à  essayer,  on  ajoute  5'"''  de  MnO'K  à  i  pour  100, 
qciii'  2  (2)  d'acide  sulfiirique  pur  et  l'on  mélange.  Après  2  ou  3  minutes  de  contact, 
on  verse  i''"''  d'une  solution  à  8  pour  100  environ  d'acide  oxalique  (solution  saturée 
à  froid  des  laboratoires)  et  l'on  agite.  Le  mélange  tend  à  se  décolorer  rapidement.  Dès 
(ju'il  a  pris  une  teinte  jaune  madère,  on  ajoute  i'"'"  d'acide  sulfurique  pur  et  l'on 
agile  :  la  décoloration  devient  alors  complète.  Aussitôt  après,  on  verse  5''"'  de  fuchsine 
bisulfilée,  on   mélange  et   l'on   abandonne  au   re|io>;   au   bout  de  quelques   minutes 


(')  Comptes  rendus^  t.  130,  28  février  rgio,  p.  025. 

('^)  En  portant  la  dose  d'acide  sulfurique  à  o"'™",  5  et  a  fortiori  à  un  cliift're  plus 
élevé,  il  se  produit  toujours  une  certaine  quantité  de  méthanal,  même  avec  de  l'alcool 
éllivlique  pur.  Il  est  donc  nécessaire  de  s'en  tenir  au  rliillVe  prescrit, 


SÉANCE    DU    29    MARS    I9I0.  833 

apparait  une  coloralitm  violelle  d'aulaiU  plus  intense  que  la  teneur  ilu  produit  essayé, 
en  alcool  mélliylique,  est  plus  considérable.  Après  i5  minutes,  sauf  pour  les  grandes 
dilutions,  cette  teinte  a  généralement  pris  son  maximum  d'intensité.  Elle  est  extrê- 
mement intense  avec  10  pour  100  d'alcool  niétliylique,  très  forte  encore  avec 
I  pour  100  et  appréciable  à  une  dilution  au  millième. 

En  distillant  10'"''  d'alcool  à  essayer  dans  un  petit  et  très  simple  déplileg- 
niateur,  formé  d'un  gros  tube  à  essai  surmonté  d'un  tube  courbé  à  angle 
aigu  dont  la  branche  ascendante,  d'assez  large  diamètre,  aurait  une 
longueur  de  45'^'"  à  So*^'";  en  recueillant  1  ""'  à  2""'  de  produit  et  opérant, 
comme  plus  haut,  avec  o™',  i  de  distillât,  on  peut  reconnaître  jusqu'à 
I  à  2  dix-millièmes  d'alcool  méthylique.  Il  est  même  possible  de  porter  la 
limite  de  sensibilité  au  cent-aiillième  et  plus,  en  distillant,  en  fractionnant 
une  plus  grande  quantité  de  liquide  à  l'aide  d'un  déphlegmateur  plus  per- 
fectionné. 

Bien  entendu,  avec  l'alcool  éthylitjue  pur,  traité  dans  les  mêmes  cohdi- 
tions,  il  ne  se  produit  pas  de  coloration  sensible,  même  après  plusieurs 
heures.  Il  est  d'ailleurs  toujours  utile  de  faire  un  essai  comparatif  avec  un 
tel  alcool,  surtout  quand  on  veut  déterminer  des  traces  d'alcool  méthylique 
dans  un  alcool  donné. 

En  opérant  par  comparaison  avec  des  solutions  connues  d'alcool  méthy- 
lique dans  l'alcool  éthyli(pie,  ou  peut  exéctiter,  très  vite,  des  déterminations 
quantitatives  suffisamment  précises. 

Ce  mode  de  recherche  se  prête  fort  bien  à  la  recherche  et  au  dosage  de 
l'alcool  méthylique  dans  les  alcools  dénatuix's. 

II.  Nous  avons  remarqué  que,  loin  d'être  une  gêne  pour  la  caractéri- 
sation  de  l'alcool  méthylique,  la  présence  d'alcool  éthylique  est  avantageuse, 
car  elle  permet  la  production  transitoire  d  acétal  du  formol  qui  est  particu- 
lièrement apte  à  agir  sur  la  fuchsine  bisuKitée.  C'est  pour  cette  raison 
qu'on  opérera  comme  suit,  dans  la  recherche  de  l'alcool  méthylique,  en 
solution  aqueuse  a^/ec  ou  sans  distillation  préalable,  suivant  la  composition 
du  milieu  et  après  recherche  préliminaire  directe  du  formol. 

On  met  dans  un  gi'os  tube  à  essai  3'"''  de  solution  d'alcool  méthylique,  ne  devant 
pas  titrer  plus  de  3  à  4  pour  100  de  cet  alcool,  o"^'"',!  d'alcool  éthylique  pur  à  90''-95° 
et  2™' de  MnO*Iv  à  2,5  pour  100.  On  agite,  on  ajoute  o""'',2  d'acide  sulfurique  pur, 
on  agite  encore,  on  laisse  au  p^jos  pendant  2  ou  3  minutes  et  l'on  termine  comme 
dans  le  cas  précédent  (action  successive  d'acide  oxalique,  d'acide  sulfurique  et  de 
fuchsine  bisulfitée). 

On  peut  ainsi  déceler  quelques  milligrammes  de  méthanol  dans  100""' 


83/4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'eau  et  pousser  la  limite  bien  plus  loin  si  Ton  fractionne  la  solution  par 
distillation. 

III.  Quand  il  s'agit  d'éthers  inéthyliques,  on  les  saponifie  par  un 
alcali;  de  glucosides  méthylés,  on  les  hydrolyse  par  les  acides  dilués  ou  des 
diastases  appropriées;  de  méthyldérivés  azotés,  comme  les  méthylxantliines, 
on  les  déméthyle  puis  on  les  saponifie,  etc.  Dans  tous  les  cas,  une  fois  ces 
opérations  préliminaires  faites,  on  distille,  on  fractionne  el,  avec  le  distillât, 
on  caractérise,  comme  en  II,  l'alcool  méthyliquc  formé. 

CHIMIE    ORGANIQUE.    —   Sur  rcmefùjue  d'arsenic  el  d'aniline. 
Note  de  M.  P.  Yvox,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

On  prépare  ce  corps  en  faisant  réagir  sur  une  molécule  de  lartrale  acide 
d'aniline,  en  solution  aqueuse,  une  demi-moIécuIe  d'acide  arsénieux;  on 
évapore  en  consistance  sirupeuse  et,  par  refroidissement,  il  se  dépose  de 
volumineux  cristaux,  rarement  incolores,  le  plus  souvent  teintés  en  jaune 
verdàtre  plus  ou  moins  foncé,  parfois  en  rose. 

Ces  cristaux  sont  anhydres,  même  lorsqu'on  les  obtient  à  la  température 
de  o",  el  se  présentent  sous  forme  de  tables  hexagonales,  isomorphes  avec 
ceux  de  l'émétiquc  d'aniline  anhydre,  cristallisé  à  +35°;  ils  renferment 
2i>,a2  pour  loo  d'arsenic.  Si  on  les  maintient  à  une  température  de  +100°, 
ils  perdent  très  rapidement  i""''  d'eau  de  constitution  et  se  transforment  en 
dérivé  anilidé. 

L'émétique  arsenical  d'aniline  répond  à  la  formule 
C'H»0«,AsO,C«H-Az. 

Il  agit  sur  la  lumière  polarisée;  mais  son  action,  également  dextrogyre, 
est  moins  énergique  que  celle  de  l'émétique  d'aniline,  et  présente  des 
particularités  remarquables.  Le  pouvoir  rotatoire,  par  rapport  à  la  lumière 
jaune,  déterminé  sur  des  solutions  renfermant  respectivement  2^,  S**  el  10^' 
de  sel  par  100™',  présenlc  des  écarts  considérables  et,  contrairement  à  ce 
qu'on  observe  avec  l'acide  tartrique  ou  avec  l'émétique  d'aniline,  ce  pouvoir 
est  d'autant  plus  élevé  que  les  solutions  sont  plus  concentrées. 

Comme  moyenne  d'un  grand  nombre  de  déterminations,  j'ai  obtenu  les 
chiffres  suivants,  à  la  température  de  18"  : 

[a]„. 

Solution  à  2  pour  loo""' H-'-*4j  '2 

»  5  »  +45,89 

»        10  »  -t-58,.")o 


SÉANCE    DU    29    MARS    1910.  835 

Cette  variation  considérable  du  pouvoir  rotatoire  me  parait  due  à  des 
phénomènes  de  dissociation  qui  ne  peuvent  être  mis  en  évidence  par  la 
formation  d'un  précipité,  l'acide  arsénieux  étant  soluble  dans  l'eau. 

En  déterminanl  le  pouvoir  rotaloire  de  rémétique  arsenical  d'aniline  sur  des 
solutions  dont  j'ai  fait  varier  le  titre  de  leà  3ob  pour  loo"^"'',  j'ai  obtenu  pour  la  pre- 
mière dilution  à  i  pour  100  lecliilTrede  -+-  i4'',oo,  sensiblement  égal  à  celui  de  l'acide 
lartrique  (-1- i4''î93),  ou  à  celui  du  tarlrale  neutre  d'aniline  (+i4°,66)  pour  des 
dilutions  égales  ;  il  y  aurait  donc  dissociation  complète. 

A  mesure  que  la  concentration  des  solutions  d'émétique  arsenical  d'aniline  s'accioît, 
le  pouvoir  rotaloire  augmente  d'abord  très  rapidement  jusqu'à  la  concentration 
de  los  pour  100'^"'';  l'accroissement  devient  de  plus  en  plus  faible  lorsque  le  poids  de 
sel  dissous  s'élève  de  loS  à  5*6  pour  100'^'°'  ;  à  partir  de  ce  dernier  chift're  et  jusqu'à  3os, 
les  variations  du  pouvoir  rotatoire  semblent  ne  plus  se  produire  :  il  n'y  aurait  plus  de 
dissociation.  Le  pouvoir  rotatoire  maximum  que  l'on  observe  dans  ces  conditions  et 
(|ui  est  celui  de  l'émétique  arsenical  d'aniline  en  solution  aqueuse  stable  est  égal 
à  +68°,77. 

La  densité  de  l'émétique  arsenical  d'aniline  est  de  1,808.  La  solubilité 
dans  l'eau  est  considérable  et  s'accroît  rapidement  avec  la  température. 
ioqs  d'eau  dissolvent  : 

A  +    1 5 4  ',  84  de  sel 

A  -H   20 4/ 1 66      » 

A  -F   35 1 89 ,  60      >- 

A  -t- 1 00 7  56 ,  00      » 

L'émétique  arsenical  d'aniline  est  notablement  soluble  dans  l'alcool  : 
A  la  température  de  18", 

loos  d'alcool  à  60°  dissolvent 6^,42  de  sel 

ioqs  d'alcool  à  90°  dissolvent 2", 21  de  sel 


BOTANIQUE.  —  Nouvelles  obseivalions  sur  la  cytologie  des  levures.  Noie  (') 
de  M.  A.  GuiLLiERMOND,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  un  Mémoire  paru  en  i8g8,  Wager  avait  soutenu  que  les  levures 
offrent  un  noyau  d'organisation  rudimentaire,  constitué  par  une  vacuole 
nucléaire  et  par  un  nucléole  situé  en  dehors  de  cette  vacuole,  mais  toujours 
accolé  à  elle. 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  21  mars  1910. 


836  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Dès  190 1,  nous  avons  coiuballu  celle  opinion  cl  montré  que  la  structure 
des  levures  ne  difière  en  rien  de  celle  des  autres  champignons.  La  vacuole 
nucléaire  n'est,  en  effet,  selon  nous,  qu'une  vacuole  sécrétrice,  et  les  granules 
colorables  qu'elle  renferme  sont  des  grains  de  sécrétion  (matières  de  réserve) 
identiques  aux  corpuscules  métachromaliques  décrits  autrefois  par  Bahès 
dans  les  bactéries.  Quant  au  nucléole  de  Wagcr,  nous  avons  montré  qu'il 
présente  la  structure  bien  caractérisée  d'un  noyau. 

Depuis  cette  époque,  notre  manière  de  voir  s'est  trouvée  conlirmée  par 
les  observations  d'un  grand  nombre  d'auteurs. 

Cependant,  ^^ag■er  et  Penislon  ont  repris  tout  dernièrement  la  question 
de  la  cytologie  des  levures  et  reviennent  à  l'ancienne  conception  de  la 
vacuole  nucléaire,  lis  admettent  l'existence  d'im  noyau  formé  d'une  vacuole 
nucléaire  et  d'un  nucléole.  Les  corpuscules  métachromaliques,  selon  eux, 
seraient  surtout  localisés  dans  le  cytoplasme,  et  ce  n'est  qu'exceptionnelle- 
ment qu'on  en  rencontrerait  dans  la  vacuole  nucléaire.  Enfin,  lachromatine 
pourrait  à  certains  stades  se  diffuser  dans  le  cytoplasme. 

En  pré.sence  de  cette  divergence  de  vue,  nous  nous  sommes  donc  cru 
obligé  à  reprendre  nos  observations  sur  la  cytologie  des  levures.  Ces  nou- 
velles observations,  qui  ont  surtout  porté  sur  le  5.  cerevisicHj  nous  ont 
amené  à  confirmer  entièrement  nos  premiers  résultats.  L'opinion  soutenue 
avec  tant  d'instance  par  Wagcr  et  Penislon  est  absolument  insoutenable  et 
cela  pour  deux  raisons. 

La  première  est  que  la  vacuole  nucléaire  de  Wager  fi\e  les  coloranls  vitaux.  Si  l'on 
place  des  cellules  vivantes  de  levures,  prélevées  au  début  de  la  fermentation,  dans  une 
solution  de  jâuoTï  ^^  l'ouge  neutre,  on  constale  que  le  cytoplasme  et  le  noyau  restent 
absolument  incolores.  Le  colorant  se  localise  uniquement  dans  la  vacuole  i|u'il  colore 
d'une  manière  difl'use  et  se  fixe  électivement  sur  les  corpuscules  mélachromatiques 
contenus  dans  ces  vacuoles;  ces  corpuscules  prennent  alors  une  coloration  d"un  beau 
rouge. 

Contrairement  à  l'opinion  de  Wager  et  Peniston,  ces  corps  sont  donc  à  peu  près 
exclusivemeot  localisés  dans  la  vacuole.  Le  nojau  et  le  cytoplasme  ne  se  colorent 
qu'après  la  mort  de  la  cellule.  Or  il  est  actuellement  admis  que  les  vacuoles  sécré- 
trices  et  les  grains  de  sécrétion  sont  seuls  susceptibles  de  prendre  les  colorants  pen- 
dant la  .vie  cellulaire.  Voilà  donc  là,  selon  nous,  un  argument  très  précis  montrant 
que  la  vacuole  n'a  aucun  caractère  nucléaire. 

La  seconde  raison  est  que  le  nucléole  de  Wager  présente,  comme  nous  l'avons  déjà 
dit,  s'il  est  convenaijlement  fixé  et  coloré,  une  structure  très  différenciée  avec  char- 
pente chromatique,  nucléole  et  membrane  colorable.  C'est  donc  la  pieuve  définitive 
que  ce  corps  n'est  pas  un  nucléole  comme  le  pensent  Wager  et  Peniston,  mais  repré- 
sente bien  un  noyau  typique. 


SÉANCE    DU    29    MARS    1910.  S3-] 

D'iillleiirs,  la  ^ll'uclul■e  que  nous  avons  décrite  dans  les  levures  ne  dillère  pas  de 
celle  qu'on  observe  dans  Inules  les  moisissures  et  dans  les  Ascomycèles  supéricui'S. 
Dans  ces  derniers,  les  liyphes  ascogènes  et  les  cellules  mères  des  asques,  à  leur  origine, 
offrent  de  petits  noyaux  ne  prenant  pas  le  rouge  neutre,  absolument  analogues  à  celui 
des  levures,  et  un  cytoplasme  parsemé  de  vacuoles  renfermant  des  corpuscules  méta- 
cliromatiques  qui  seuls  se  colorent  par  le  rouge  neutre  à  l'étal  vivant.  Après  la  fusion 
nucléaire  de  l'asque,  le  noyau  qui  en  résulte  oflfre  des  dimensions  considérables  et  sa 
structure  est  pailiculiérement  nette.  Enfin,  il  subit  une  série  de  mitoses  nécessaires  à 
la  formation  des  spores.  Peut-on  dire  que  ce  noyau  n'est  qu'un  nucléole? 

La  valeur  nucléaire  du  nucléole  de  Wager  ne  laisse  donc  pas  le  moindre  doute  et 
il  serait  superflu  d'insister  davantage. 

Mais  ce  qui  complique  beaucoup  l'élude  cylologique  des  levures,  c'est  que  ce  sont 
des  cellules  douées  d'une  fonction  sécrétoire  très  active.  Comme  toutes  les  cellules 
sécrétrices,  elles  présentent  donc  une  série  de  phénomènes  cytologiques  en  rapport 
avec  la  sécrétion.  Observons  donc  les  modifications  qui  se  produisent  dans  les  cellules 
du  S.  cerevisiœ  au  cours  de  la  fermentation. 

Après  24  heures  de  fermentation,  la  cellule,  qui  au  début  présentait  la  structure 
que  nous  venons  de  décrire,  subit  des  modifications  très  importantes.  Le  cytoplasme 
se  creuse  d'un  certain  nombre  de  vacuoles  remplies  de  glycogène  et  distinctes  de 
la  vacuole  qui  renferme  les  corpuscules  métachromaliques.  Le  cytoplasme  prend  ainsi 
une  stiucture  alvéolaire.  Le  noyau  se  place  toujours  au  centre;  il  semble  se  gonfler 
et  ortVe  parfois  un  contour  un  peu  amiboïde. 

On  observe  à  ce  moment,  dans  tout  le  cytoplasme  et  surtout  autour  du  noyau  et  le 
long  de  la  paroi  cellulaire,  l'apparition  d'un  grand  nombre  de  grains  de  formes  très 
irrégulières,  fixant  très  fortement  l'hématoxyline  ferrique  et  faiblement  colorables  au 
contraire  par  les  autres  teintures  nucléaires.  Ces  grains,  qui  n'avaient  pas  jusqu'ici 
attiré  noire  attention,  sont  surtout  abondants  dans  la  période  active  de  la  fermen- 
tation. Cependant,  ils  ne  paraissent  pas  en  relation  directe  avec  ce  phénomène,  car  on 
les  observe  même  dans  les  conditions  de  vie  aérobie  de  la  levure.  Ce  sont  en  tous 
cas  des  produits  de  nutrition  (grains  de  zymogène  ou  de  réserve).  Les  grains  baso- 
pliiles,  c'est  ainsi  que  nous  les  désignerons,  sont  visibles  sur  le  vivant  sous  forme  de 
granules  brillants  et  se  distinguent  des  corpuscules  niétacliromatiques  par  le  lait  qu'ils 
ne  prennent  pas  le  rouge  neutre. 

Après  48  heures  de  fermentation,  les  vacuoles  glycogéniques  se  fusionnent  en 
une  énorme  vacuole  qui  occupe  presque  tout  le  volume  de  la  cellule  et  refoule  le 
noyau,  le  cytoplasme  et  la  vacuole  à  corpuscules  métachromaliques,  à  l'un  des  pôles. 
La  cellule  est  alors  transformée  en  une  sorte  de  glande  à  glycogène.  Les  grains  baso- 
philes  disparaissent  complètement,  mais  on  voit  apparaître  dans  la  vacuole  glyco- 
génique  une  quantité  considérable  de  petits  grains  qui  ne  diffèrent  des  grains  basophiles 
que  par  leurs  plus  petites  dimensions  et  leur  moindre  chromaticité,  et  qui  paraissent 
résulter  de  la  transformation  des  premiers.  A  ce  stade,  le  noyau  subit  une  variation 
de  chromaticité  très  nette,  il  se  colore  intensivement  et  prend  un  aspect  homogène.  A 
la  fin  de  la  fermentation,  les  cellules  reprennent  la  structure  qu'elles  offraient  au 
début. 

Ainsi  le  noyau  persiste  pendant  tout  le  cours  de  la  fermentation,  et  à  aucun  stade, 


838  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

on  ne  peut  obser\cr  de  diflFusion  de  la  cliromatine  dans  le  cytoplasme,  contrairement 
aux.  affirmations  liàtives  de  Wager  et  Peniston.  Il  est  probable  qu'il  s'opère  des 
échanges  osmotiques  entre  le  noyau  et  le  cytoplasme,  comme  dans  toute  cellule 
sécrétrice,  mais  il  est  impossible  de  constater  le  moindre  passage  de  la  cliromatine 
nucléaire  dans  le  cytoplasme;  quant  aux  modifications  de  structure  que  nous  avons 
constatées  au  cours  de  la  fermentation,  changement  de  structure  du  cytoplasme,  appa- 
rition de  grains  de  sécrétion,  variation  de  chromaticité  du  noyau,  ce  sont  des  phéno- 
mènes bien  connus  dans  les  cellules  sécrétrices. 

Les  nouvelles  observations  que  nous  venons  de  faire  sur  la  cytologie  des 
levures  ont  donc  entièrement  confirmé  nos  premiers  résultats. 


AGRONOMIE.    —  Sur  la  présence  du  bore  dans  les  inns  d'Algérie. 
Note  de  M.  Dugast,  présentée  par  M.  A.  Miintz. 

L'acide  borique  est  très  répandu  dans  la  nature.  On  le  trouve  dans  les 
cendres  de  beaucoup  de  graines  ou  de  fruits. 

En  1889,  Crampton  a  signalé  sa  présence  dans  les  vins  de  Californie  ('). 

Plus  récemment,  Azarelli  a  examiné  84  échantillons  de  vins  de  Sicile  et 
a  trouvé  de  l'acide  borique  dans  tous.  Le  dosage  de  l'acide  borique  effectué 
sur  6  échantillons  a  donné  des  quantités  variant  entre  19™^  et  41™''  par  litre 
de  vin  (-). 

L'application  de  la  loi  du  i"''  aoiit  190J  sur  la  répression  des  fraudes  nous 
a  amené  à  rechercher  l'acide  borique  dans  les  vins  d'Algérie.  L'examen  d'un 
grand  nombre  d'échantillons  d'origine  certaine  et  de  pureté  indiscutable  a 
démontré  la  présence  constante  de  l'acide  borique  dans  ces  vins. 

En  outre,  nous  avons  constaté  la  présence  du  bore  dans  les  divers  organes 
de  la  vigne,  notamment  dans  les  cendres  des  sarments,  des  pellicules  et  des 
pépins.  La  proportion  est  relativement  forte  dans  les  pellicules  et  les  pépins. 
Pour  effectuer  ces  recherches,  nous  nous  sommes  servi  du  procédé  officiel 
français  en  opérant  de  la  manière  suivante  : 

On  évapore  So'"™'  de  vin  dans  une  capsule  de  platine  et  le  résidu  est  incinéré  à  basse 
température,  sans  atteindre  le  rouge  sombre  ;  de  celte  manière  on  obtient  des  cendres 
blanches  à  peu  près  exemples  de  charbon.  Les  cendres  sont  introduites  dans  un  petit 
ballon  d'environ  loo"-'"',  puis  on  ajoute  2"^'  d'acide  siilfurique  qu'on  verse  d'abord  dans 


(')  Champion,  Ber.  cheni.  Gese/L,  1889,  p.  1072. 
(')  AzARKLLi,  Gazetla  chimica  i/aliana,  1906,  p.  âjS. 


SÉANCE  DU  29  MARS  1910.  HSq 

la  capsule  avant  de  les  l'aire  passer  clans  le  ballon.  Knsuile,  on  inlroiluil  8""'  d'alcool 
inétli3'lique  pnr  qu'on  .njoule  en  deux  fois  en  lavanl  la  capsule. 

On  adapte  le  ballon  à  un  petit  réfrigérant  et  l'on  distille  à  feu  nu  jusqu'il  l'aiipai  ilioii 
de  vapeurs  blanches  dans  la  capsule  de  platine  qui  sei  t  à  recueillir  le  produit  distillé. 
Le  bore  est  ainsi  entraîné  à  l'état  d'élher  métliylique. 

On  porte  ensuite  la  capsule  dans  une  pièce  obscuie.  on  enflamme  le  liquide  distillé 
et  l'on  observe  la  coloration  de  la  llamme. 

On  s'assure,  au  préalable,  l)ar  quelques  essais  à  blanc,  que  l'acide  niéll)ylii|ue  et 
l'acide  siilfurique  employés  ne  donnent  aucune  trace  de  coloration. 

Tous  los  échantillons  ainsi  examinés  ouL  pi-éseulé  la  coloration  vei'tc 
caractéi'istiqno,  mais  avec  une  intensité  et  une  durée  très  variables  ('). 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  un  nuiweau  mode  de  traitement  contre  le  mildeiv, 
au  moyen  de  l' oxychlorure  de  cuivre.  \ote  de  M.  E.  Cuuard,  présentée 
par  M.  Ad.  Carnot. 

L'emploi,  actuellement  i;énéralisé,  du  sulfate  de  cuivre  dans  les  traite- 
ments contre  le  mildew  présente  deu.v  inconvénients  sérieux,  que,  jusqu'ici, 
on  n'a  pas  encore  réussi  à  éviter  complètement: 

1°  Obligation  de  dissoudre,  puis  ensuite  de  précipiter  le  sulfate  de  cuivre,  au  moyen 
de  la  chau\  ou  d'un  carbonate  alcalin,  de  façon  ù  obtenir  les  bouillies  cupriques, 
mélanges  d'hydrate  ou  de  carbonate  de  cuivre  et  de  sulfate  de  chaux.  De  là  une 
manipulation  compliquée  pour  le  viticulteur,  ou  tout  au  moins  ennuyeuse,  et  surtout 
une  insécurité  concernant  la  composition  du  produit  ainsi  préparé. 

2"*  Nécessité  d'employer  des  doses  massives  de  cuivre,  puisque  l'on  compte  au 
moins  al*»  de  sulfate  de  cui\re  par  hectolitre  de  bouillie  cuprique  et  que  les  dosages 
à  3  pour  100  sont  encore  très  fréquents  dans  la  pratique.  Sans  parler  de  la  dépense 
ainsi  imposée  à  la  viticulture,  il  faut  attirer  l'attention  sur  la  diOusion  qui  en  résulte 
de  quantités  considérables  de  métal,  désormais  perdu  et  soustrait  définitivement  à  ses 
applications  industrielles. 

Cette  diffusion  du  cuivre  dans  le  sol  des  vignobles  n'est  pas  sans 
préoccuper  ceux  qui  voient  plus  loin  que  l'avenir  immédiat,  surtout  si  l'on 
prend  garde  que  les  traitements  cupriques  sont  devenus  réguliers  et 
s'appliquent  quelles  que  soient  les  circonstances,  leur  rôle  étant  essen- 
tiellement préventif. 

(')  Celte  Note  était  écrite  lorsque  j'ai  eu  connaissance  des  travaux  de  MM.  Gabriel 
Bertrand  et  H.  Agulhon  sur  la  recherche  et  le  dosage  du  bore. 

C.  1"..,  lyiij,  1"  Semestie.  (T.  150,  N"  13.)  I  '^ 


84o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

.lenippclleraiàce  sujet  que  des  recherches  déjà  publiées,  effectuées  en  1907 
sur  des  échantillons  de  terre  prélevés  dans  la  vigne  d'essais  de  la  station 
viticolo  do  Lausanne,  m'ont  permis  de  constater,  après  20  ans  de  traite- 
ments cupriques,  une  proportion  de  cuivre  de  35"'"  par  kilogramme  dans 
la  couche  arable  superficielle,  soit  sur  une  profondeur  de  2o'^°\ 

Connaissant  les  quantités  de  cuivre  dépensées  durant  celte  période  sur  la 
vigne  en  question,  on  calcule  que,  si  la  totalité  avait  été  fixée  dans  la  couche 
analysée  de  20*^'",  celle-ci  aurait  dû  doser  72'"''  de  ce  métal.  L'entraînement 
par  les  eaux  et  renlèvement  par  les  produits  sortis  de  la  vigne  ont  eu  pour 
résultat  de  réduire  ce  dosage  au  chiffre  constaté  de  35'"". 

('c  sont  là  des  quantités  qu'on  peut  considérer  déjà  comme  n'étant  pas 
négligeables.  Mais,  dès  lors,  d'autres  déterminations  ont  été  faites  qui  ont 
révélé  des  dosages  notablement  supérieurs,  surtout  dans  les  terrains  béné- 
ficiant d'un  climat  sec,  où  l'entraînement  par  les  eaux  est  i-éduit  à  un  mi- 
nimum. 

y\insi,  dans  des  terres  de  vignes  do  la  vallée  du  Khône,  en  Valais,  M.  F. 
Porcliet,  de  la  station  viticolc  de  Lausanne,  a  dosé  récemment  des  quantités 
de  cuivre  comprises  entre  5'|'"^  d  112'"^  par  kilogramme  de  terre  de  la 
couche  ai'aijlo  superficielle. 

Si  l'on  songe  que  les  traitements  cu[)ri(juos  do  la  vigne  contre  le  mildew 
ne  se  sont  généralisés  que  depuis  un  quart  de  siècle,  on  ne  peut  s'empêcher  de 
concevoir  ([uelques  inquiétudes,  sinon  pour  la  période  actuelle,  tout  au  moins 
pour  un  avenir  éloigné. 

L  ne  diminution  sérieuse  de  cette  diffusion  du  cuivre  est  donc  souhaitable 
à  tous  les  points  de  vue.  On  a  tout  d'abord  essayé  de  la  réaliser  en  employant 
des  solutions  de  sulfate  de  cuivre  à  faible  concentration;  mais  sans  succès 
réel,  par  suite  des  propriétés  corrosi\es  et  du  manque  d'adhérence  du 
produit.  Puis  on  s'est  adressé  à  l'acétate  de  cuivre,  spécialement  à  racélalc 
neutre,  ou  verdel,  dont  la  production  est  plus  facile.  Une  solution  à  i  pour  100 
de  verdet  réalise  une  économie  notable  de  cuivre  avec  une  efficacité  à  pou 
égale  à  celle  dune  bouillie  à  2  pour  100  de  sulfate  de  cuivre. 

Mais  le  verdet  a  l'inconvénient  d'être,  comme  le  sulfate  de  cuivre,  entiè- 
rement soluble  et  aisément  lessivé  j)ar  une  pluie  survenant  peu  après  son 
application.  ]\n  outre,  il  ne  laisse  presque  [)as  de  Irace  visible  sur  les  feuilles, 
inconvénient  (pii  limite  son  emploi  dans  la  pialicpio. 

li'idéal  serait  do  disposer  d'un  composé  cuprique  défini  susceptible  d'être 
employé  directement,  après  simple  mélange  avec  Feau,  et  présentant  des 
ipialilés  d'adhérence  et  d'action  anticryptogamique  qui  permettent  do 
diminuer  sensiblement  la  quantité  de  cuivre  dépensée. 


SÉANCE    DU    ■}()   MARS    IQIO.  S'il 

Ces  avantages  sont  obtenus  par  l'emploi  de  l'oxydilorurc  de  cuivre,  dont 
j'ai  commencé  l'essai  en  190O  déjà  et  qui,  durant  la  dernière  campagne  de 
lutte  contre  le  mildew,  a  été  employé  avec  succès  en  France  par  de  nombreux 
viticulteurs  de  toutes  les  régions  viticoles  importantes. 

Ce  produil,  acliiellenienl  dans  le  commerce,  est  oJJlenu  direclemenl  du  cuivie,  dans 
la  fabrication  éleclrol\  li(|ue  ele  la  soude  ou  de  la  potasse,  par  le  procédé  Granier,  hase 
sur  remploi  d'anodes  en  cuivre  métallique. 

C'est  une  poudre  veil  clair,  non  cristalline,  insoluble  dans  l'eau,  mais  qui  demeure 
suffisamment  en  suspension  dans  ce  liquide  pour  permettre  une  application  régulière 
et  qui  présente  une  adhérence  remarquable,  propriété  assez  générale  du  reste  des 
oxychlorures. 

Ce  produit  renferme  environ  ."io  pour  100  de  cuivre.  \  la  dose  de  5oos  par  hectolitre, 
il  a  donné  régulièrement  des  résultats  au  moins  équivalents  à  ceux  obtenus  d'une 
bouillie  à  2  pour  100  de  sulfate  de  cuivre.  C'est  une  diminution  de  '>ci  poiii-  roo  <le  la 
<[uanlité  de  cuivre  dépensée. 

Or  la  France  seule  consomme  annuellement  plus  de  12  millions  de  kilo- 
grammes de  cuivre  pour  la  préservation  de  ses  iG2')00o''''  de  vignes  ;  l'i^u- 
rope,  comptant  environ  G  millions  d'bectares  de  vignes,  en  consomme,  en  ad- 
mettant la  même  proportion,  plus  de  4?  millions.  Ces  cbifffes  montrent 
l'importance  cjue  présenterait  la  substitution  de  l'oxyclilorure  de  cuivre  au 
sulfate.  Sans  parler  de  l'économie  de  main-d'œuvre  qui  en  résulte  pour  le 
viticulteur,  cette  substitution  permettrait  de  conserver  annuellement  plus  de 
20  millions  de  kilogrammes  de  cuivre  à  ses  nombreuses  applications. 

Quant  à  l'e.vplication  de  l'efficacité  à  doses  réduites  de  ce  nouveau  produit, 
elle  est  donnée  par  une  observation  sur  lacjuelle  j'aurai  à  revenir:  l'oxy- 
chlorure  de  cuivre  exposé  à  l'air  et  à  l'Iuimidité,  comme  il  l'est  après  son 
application  sur  la  feuille,  subit  une  oxydation  cpii  donne  naissance  progres- 
sivement à  de  petites  quantités  de  chlorure  cuivrique  soluble.  Cette  forma- 
tion, dont  j'étudie  acluellemenl  le  mécanisme,  d'un  composé  très  facilement 
ionisable,  explique  de  la  manière  la  plus  claire  et  la  plus  satisfaisante  la 
supériorité  del'oxychlorure  de  cuivre  sur  l'hydrate  ou  le  carbonate,  formes 
incomparablement  moins  dissociables,  sous  lesquelles  se  trouve  le  cuivre 
dans  les  bouillies  cupriques. 


GÉOLOGIE.    —    Sur  la   classification   du  Pliocène  et   du  Quaternaire 
dans  l'Italie  du  Sud.  \ote  de  M.  j>I.4urice  GiGxotx. 

On  connaît  depuis  longtemps  dans  l'Italie  du  Sud  un  ensemble  de  forma- 
tions marines  fossilifères  plus  récentes  que  le  Pliocène  ancien  (Plaisancien 


.S/|2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  Astien)  cl  appelèas  postpliocénes,  siciliennes,  etc.,  par  les  divers  auteurs. 
Elles  ont  été  caractérisées  :  i"  par  la  disparition  d'espèces  pliocènes  et  l'ap- 
parition d'espèces  actuelles;  2"  par  l'apparition  de  formes  spéciales  aux  mers 
froides,  dites  «  immigrés  du  Nord  ».  Pour  établir  une  classilication  chrono- 
logique dans  cet  ensemble,  on  se  basait  principalement  sur  le  pourcentage 
des  espèces  éteintes,  méthode  donnant  des  résultats  le  plus  souvent  assez 
confus.  En  cherchant  à  préciser  les  rapports  stratigraphicjues  des  diverses 
formations  postpliocènes  entre  cHes  et  avec  le  Pliocène,  j'ai  été  conduit  aux 
résultats  suivants  : 

1.  Le  Pliocène  supérieur.  —  En  partant  du  Pliocène  vrai,  on  voit  d'abord 
s'y  superposer,  en  concordance  et  en  continuité  parfaite,  un  premier  en- 
semble de  ces  formations  dites  pos/pliocènns ;  comme,  d'autre  part,  entre  le 
Plaisancien  et  l'Astien,  il  y  a  également  continuité,  on  a  ainsi  une  puissante 
série  de  remblaiement  dans  laquelle  il  est  impossible  de  faire  des  coupures 
straligraphiques.  11  esl  donc  naturel  d'étendre  le  nom  de  Pliocène  à  toute 
cette  série.  Mais  il  y  a  intérêt  à  distinguer  de  l'Astien  ces  formations  dites 
postpliocènes  qui  le  surmontent  en  continuité;  je  proposerais  pour  elles  le 
nom  de  Calahrien  (').  La  faune  calabriennc  est,  comme  je  l'ai  dit  au  début, 
différente,  dans  l'ensemble,  de  la  faune  astienne;  mais  il  y  a  continuité 
absolue  entre  les  deux  faunes,  ce  qui  n'a  peut-être  pas  été  assez  mis  en  évi- 
dence; car  :  i"  l'apparition  des  immigrés  du  Nord  ne  peut  être  considérée 
comme  propre  au  Postpliocène  (on  trouve  la  Cyprina  islandica  dans  le  Plio- 
cène ancien  de  Castellarquato,  du  Modenais,  d'Algérie);  2"  la  disparition 
des  espèces  pliocènes  est  progressive,  certaines  d'entre  elles,  et  des  plus  ca- 
ractéristiques (/'<?c/e/2y7a/-'e//(/o/7«/>,  Turrilella  tornata),se  trouvant  dans  des 
couches  à  faune  par  ailleurs  nettement  postpliocène. 

Ainsi  une  grande  par/ie  des  formations  dites  poslpliocènes  doit  être  rangée  dans 
un  étage  calabrien  qui  fait  encore  partie  intégrante  de  la  série  pliocène:  et  du 
Plaisancien  an  Calabrien  on  a  des  faciès  de  plus  en  plus  littoraux,  de  sorte  que,  par- 
lant des  argiles  plaisanciennes.  on  arrive  à  des  alluvions  conlinenlales  qui  couronnent 
le  Calabrien  et  marquent  la  fin  du  remblaiement  pliocène.  f]elte  série  est  ])arliculière- 
nient  nette  en  Calabre  où  elle  ofTre  les  gisements  poslpliocènes  célèbres  du  détroit  de 
Calanzarii,  de  Monosterace,  des  environs  de  lieggio;  ici,  en  particulier,  le  «  Quaternaire 
;i  83o™  d'altitude  »,  cité  par  les  auteurs  d'après  Seguenza,  appartient  au  Calabrien,  et  le 
<^uaternoire  supérieur  {(j^)  de  la  Carie  géologi([ue  au  ,„uVoii  (feu'"e  Messine)  est 
formé  par  les  graviers  calabriens,  en  couclies   fortement  plongeantes  vers  la  mer.  De 


(')  Comme  nous  le  verrons  plus  loin,  le  nom  de  Sicilien  ne  peut  leur  être  appliqué, 
;"ar  les  formations  de  I*alerme,  tvpe  du  Sicilien,  sont  d'âge  plus  récent;  quant  au  terme 
le   1  illafi  ancliien.  il  s'applique  à  un  faciès  continental. 


SÉANCE    DU  ,29   MARS    19IO.  84.^ 

même,  les  formation!,  qui  ont  achevé  le  leiiihlaiemenl  de  la  dépression  entre  Apennin 
et  Fouilles  (gisement  de  Gravina.  etc.)  appartiennent  au  Calabrien.  En  Sicile  on  re- 
trouve leCalabrien  à  Gravilelli  prés  Messine,  à  Calane,  Girgenti.  etc. 

Tl.  Le  Quaternaire.  —  En  contre-bas  de  cette  première  série  de  rem- 
blaiement, on  observe  des  formations  phis  jeunes,  qui  reposent  par 
conséquent  en  discontinuité,  et  parfois  en  discordance,  sur  le  Pliocène 
qu'elles  ravinent,  .l'ai  déjà  montré  (Comptes  rendus,  28  décembre  1908) 
que  c'était  précisément  le  cas  pour  le  Postpliocène  de  Palerme,  type  de 
l'étage  sicilien.  Il  est  naturel  de  faire  commencer  avec  elles  le  (^)iiater- 
naire.  On  peut  y  distinguer  deux  faunes  successives  : 

1"  La  plus  ancienne  est  typique  dans  le  F'ostpliocène  de  Falerme  :  c'est  la  faune 
«  sicilienne  »  caractérisée  par  l'abondance  relative  des  «  immigrés  du  Nord  »,  déjà 
apparus  dans  le  Calabrien,  et  même  plus  tôt,  et  par  la  très  grande  rareté  des  espèces 
éteintes;  par  son  faciès  profond  (Palerme,  Hosarno),  cette  faune  difiére  très  peu  de  la 
faune  calabrienne  supérieure;  son  faciès  littoral  est  à  peu  près  identique  à  la  faune 
littorale  actuelle  (Milazzo,  pancliinas  sur  toutes  les  côtes). 

■'.■'  La  plus  récente  est  bien  connue  des  géologues  français  :  c'est  la  faune  des  «  coucher 
à  Strombes  «,  très  nettement  caractérisée  par  l'apparition  de  formes  vivant  aujourd'hui 
dans  TAtlanlique  Sud  (Sferracavallo  prés  Palerme,  Ravagnese  et  Boveto  près  fieggio, 
Postpliocène  de  Tarente,  Gallipoli). 

On  peut  donc  résumer  ainsi  la  classification  des  terrains  ivcents  dans 
l'Italie  du  Sud  : 

i"^  Un  premier  cycle  de  remblaiement  où  le  faciès  et  la  faune  permettent 
de  distinguer  des  étages  plaisancien,  astien  (Pliocène  ancien),  calabrien 
(Pliocène  récent);  2"  une  série  de  terrasses  marines  quaternaires  :  les  plus 
anciennes  renferment  la  faune  sicilienne,  les  plus  récentes  la  faune  des 
coucbes  à  Strombes. 

Les  formations  postpliocènes  des  auteurs  italiens  se  répartissent  ainsi 
entre  le  Calabrien,  le  Sicilien  et  1(!S  coucbes  à  Strombes. 

h2ssayons  d'étendre  celte  classification  plus  au  Nord.  Près  de  Rome,  les  sables  du 
Monte-Mario  se  rangent  naturellement,  par  leur  faune  et  leur  position  slraligraphicpie, 
dans  l'étage  calabrien,  tandis  que  les  pancliinas  de  la  côte  romaine  sont  quaternaires. 
En  Toscane  nous  retrouvons  :  le  Calabrien  typique  dans  les  sables  de  Vallebiaja,  près 
Pise,  concordants  avec  le  Pliocène  ancien;  le  Sicilien  dans  les  couches  à  Cyprina 
islandica  de  LWourne,  et  les  couches  à  Strombes  dans  une  partie  des  panchinas  de 
Livourne  ;  le  Quaternaire  repose  ici  directement  sur  l'Eocène.  Plus  au  Nord,  les 
formations  dites  vit lafranchie unes  (Aslésan)  qui  recouvrent  en  concordance  l'Aslien 
et  terminent  le  remblaiement  pliocène  se  montrent  stratigrapliiquemenl  placées  comme 
le  Calabrien  marin  de  l'Italie  du  Sud,  dont  elles  sont  un  faciès  continental  (d'ailleurs 
dans  l'ensemble,  le  faciès  des  différents  termes  de  la  série  pliocène  devient  toujours  de 
plus  littoral  vers  le  Nord).  Enfin,  dans  la  vallée  du  Rhône,  le  remblaiement  pliocène  se 


H/|/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

termine  par  les  rtlliivinns  des  i>laleaiijc^  en  conlre-bas  desquelles  apparaissent  les 
/>ecAe/isc/iotter,  puis  les  fiantes  et  basses  terrasses;  ainsi  nous  serions  conduits  à 
|)aralléliser  les  alluvions  des  plateaux  avec,  le  Calabrien,  et  à  ranger  dans  le  Quaternaire 
les  Deckensclioller  et  les  liantes  et  basses  terrasses. 

\  a-l-il  dans  les  faunes  de  Mammifères  (très  mal  connues  dans  Fltalie 
du  Sud)  des  raisons  justifiant  ces  paiallélismes? 

Dans  le  Sicilien  de  Pnlerme  existe  VElepkas  aiitiquiis  associé  à  des  coquilles  ma- 
rines. Dans  le  Calabrien  (Sicilien  de  Seguenza)  de  Gravi/elli,  près  Messine,  on  a 
trouvé  un  Klépliant  qui  paraît  être  le  meridionalis.  Celte  même  espèce  se  retrouve  au 
.yfoitte-.tfario  (Calabiien  )  associée  à  des  Oursins.  Le  Quaternaire  de  Li\'our/ie  a  fourni 
de  nombreux  restes  à'E.  anliqiius.  Enfin  la  faune  Villofranchienne,  bien  connue  du 
nord  de  l'Italie,  est  caractéiisée  par  VE.  meridionalis. 

11  semble  donc  que  V E.  metidionalis  persiste  jusqu'à  la  lin  du  Calabrien, 
qui  se  trouve  ainsi  raltacbéau  Pliocène.  Au  contraire,  le  ()uaternaiie  serait 
marqué  par  l'apparition  de  VE.  antiquus.  Ce  sont  précisément  les  conclu- 
sions auxquelles  semljle  conduire  l'étude  du  Pliocène  et  du  Quaternaire  dans 
la  vallée  du  Uliône. 

Dans  un  travail  plus  étendu,  je  me  propose  de  préciser  dans  les  détails 
ces  diverses  conclusions  et  de  me  baser  sur  les  synchronismes  ainsi  établis 
pour  l'étude  des  altitudes  des  anciennes  lignes  de  rivage. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  formation  du  Marais  poitevin  et  la  séparation 
des  des  de  Ré  et  d'Oleron.  Note  de  M.  Jri.Rs  Wfi.scii,  transmise  par 
M.  Mie  bel  Lévy. 

I.  ;\u  milieu  du  Marais,  on  voit  un  certain  nombre  de  mamelons  qui  le 
dominent  (juelquefois  d'assez  liant;  on  les  appelle  des  des;  la  plupart  sont 
formées  de  calcaires  jurassiques,  comme  l'île  Délie  dont  le  sommet  atteint 
l'altitude  27'",  tandis  (|ue  la  surface  du  marais  ne  dépasse  guère  l'alli- 
lude  3'".  Sur  la  partie  cidininante  de  ces  îles,  on  trouve  souvent  des  restes 
d'un  ancien  terrain  de  transport,  composé  de  sable  avec  de  l'argile  terreuse, 
avec  de  nondjreux  galets  roulés  de  quartz  blanc  etdes  débris  siliceux  arracbés 
à  toutes  les  formations  antérieures;  il  ne  renferme  pas  de  calcaire  dans  sa 
masse;  mais,  à  sa  base,  on  retrouve  les  débris  des  formations  antérieures 
plus  ou  moins  décalcifiées.  Ce  terrain  de  transport  se  retrouve  sur  les 
sommets  de  Yix  (ait.  29'"  et  34™),  de  Sansais  (ait.  3i'"),  et  en  beaucoup 
d'autres  points;  on  peut  le  reconnaître  et  le  suivre  à  l'état  de  lambeaux 
jusque  sur  le  Seuil  du  Poitou,  où  il  constitue  un  terrain  de  transport  des 
•dateauT  (ait.   i/io'"  el  ï.\^"^).  et  jusque  vers  le  Limousin  (ait.  220'").   A 


SÉANCE    UU    29    MARS    1910.  845 

rOiiest,  sur  la  côte,  on  le  voit  à  Saint-Michel-en-Lhenn  (ail.  12'°  ),  au  \  ieùx- 
(]lialelaillon,  sur  1«  sommet  des  îles  d'Aix  et  Madame,  dans  l'ile  d'Oleron, 
où  il  est  particulièrement  net  en  haut  des  falaises  de  Cliassiron  (ait.  10"). 
L'épaisseur  de  cette  formation  ne  dépasse  guère  quelques  mètres;  c'est  une 
assise  très  homogène  et  je  l'ai  retrouvée  sur  une  étendue  plus  grande  (juc 
l'ensemble  des  Landes  du  sud-ouest  de  la  France. 

Déjà  avant  le  dépôt  du  terrain  de  ti'ansport  des  plateaux,  la  légion  cons- 
tituait une  immense  plaine  ;  les  dislocations  antérieures  peuvent  être  mises 
en  évidence  par  l'argument  géologique  pur,  mais  elles  appartiennent,  au 
point  de  vue  topographique,  à  quelque  chose  de  très  diflérent  de  l'aspect 
actuel. 

Après  le  dépôt  de  ce  terrain  de  transport,  Tcnsemble  de  la  région  formait 
une  sorte  de  plateau  incliné  vers  l'Ouest  ou  le  Sud-Ouest,  quehpie  chose 
d'analogue  à  la  surface  des  Ijandes  actuelles.  Il  est  difficile  de  dire  jusquoi'i 
s'étendait  le  continent  à  l'ouest  de  Chassiron  ;  peut-être  s'ap})uyail-il  sur  les 
roches  cristallines  de  Rochebonne. 

.T'ai  toujours  considéré,  après  d'autres  géologues,  ce  terrain  comme  plio- 
cène, et  je  l'ai  indiqué  ainsi  sur  diverses  feuilles  de  la  (^arte  géologique 
détaillée  de  la  France,  mais  je  n'y.  ai  jamais  trouvé  de  fossiles. , T'ai  constaté, 
en  divers  points,  sa  superposition  sur  les  falnns  miocènes;  notamment  sur 
les  Cardila  slrialissima,  que  l'on  considère  généralement  comme  représen- 
tant le  Miocène  supérieur;  je  citerai  la  Moiclière,  près  Chassiron,  dans  l'ile 
d'Oleron.  Je  puis  ajouter  le  gisement  de  la  l^resselière  de  Sceaux,  au  nord 
d'Angers,  pour  indiquer  en  passant  l'étendue  que  j'attribue  à  cette  for- 
mation. 

Le  terrain  de  transport  pliocène  est  antérieur  au  principal  creusement  des 
vallées  du  Seuil  du  l%iilou,  à  la  formation  du  Marais  et  à  la  séparation 
des  îles. 

Dans  le  Marais,  sur  l'ile  de  Maillezais,  à  l'altitude  i4"',  M.  Gelin  a  signalé 
un  gisement  marin  isolé.  J'ai  trouvé  là  Cardium  tuherculatum  Linné,  Nassa 
(  Buccinum)  reticulata  Linné,  Cerithiitrn  vii/ga/tim  Brug.,  var.  Ces  espèces 
se  retrouvent  encore  aujourd'hui  dans  la  mer  voisine;  on  cite  la  dernière 
depuis  la  Bretagne  juscju'au  Sénégal  et  à  la  Méditerranée,  elle  est  en  voie 
de  disparaître  sur  la  côte  de  la  Ivoire-Inférieure,  d'après  M.  Louis  Bureau  ; 
la  variété  trouvée  présente  quelques  différences  avec  toutes  les  formes 
actuelles,  d'après  M.  Joly. 

Cette  faune  de  Maillezais,  xjue  je  ra|)portc  au  Pliocène  supérieur,  indique 
une  incursion  de  la  mer  dans  la  région  considérée,  et  un  déplacement  des 
lignes  de  rivage  dépassant  de  i4"'  l'état  actuel  des  choses.  Cette  transgres- 


846  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sion  n'a  été  possible   qu'à  la  suite   d'une  première  série   de  inouvemenls, 
commençant  peut-être  les  dislocations  qui  ont  amené  la  séparation  des  îles. 

III.  Après  le  dépôt  des  couches  de  Maillezais,  on  constate  de  nouvelles 
dislocations  beaucoup  plus  considérables,  qui  ont  déterminé  la  formation 
des  Perluis  et  celle  du  golfe  du  Poitou;  la  faille  de  Benêt,  qui  limite  si  net- 
tement la  plaine  de  Niort  à  Fontenay,  esl  de  cette  époque;  j'ajoute  que  ce 
peut  être  une  ancienne  faille  post-éocéne  qui  a  rejoué.  Os  failles,  avec 
efibndremenls,  ont  amené  la  fragmentation  du  massif  jurassique  qui  existait 
sur  l'emplacement  du  Mai'ais  actuel;  la  mer  a  pénétré  jusque  vers  Coulon, 
formant  le  golfe  du  Poitou.  L'érosion  continentale  et  l'érosion  marine  ont 
pris  un  développement  considérable,  à  ce  moment,  par  suite  des  change- 
ments de  niveau  du  sol;  c'est  l'époque  du  principal  creusement  des  vallées 
de  la  Sèvre  et  de  ses  affluents,  du  Lay,  etc. 

IV.  Dans  le  Seuil  du  Poitou,  les  alluvions  du  fond  des  vallées  renferment 
Elephas  antiqims  et  Elephas  primigenius^  qui  caractérisent  le  Pléistocène; 
l'époque  du  principal  creusement  des  vallées  est  donc  un  peu  antérieure  et 
peut  répondre  à  la  lin  du  Pliocène.  Du  reste  on  trouve  des  terrasses  à  divers 
niveaux  depuis  le  plateau  jusqu'au  fond  des  vallées. 

Les  alluvions  anciennes  des  vallées  se  retrouvent  à  Coulon  et  eu  d'autres 
points  du  Marais  poitevin  ;  elles  se  relient  à  des  cordons  littoraux  de  sables 
et  galets  roulés  laissés  par  la  mer  sur  les  bords  de  l'ancien  golfe  et  autour 
des  lies.  Cette  mer  était  à  la  même  altitude  que  la  mer  actuelle.  J'ai  re- 
cueilli, en  divers  points,  près  de  soixante  espèces  de  coquilles  marines; 
toutes  vivent  encore  dans  l'océan  voisin;  peut-être  y  a-t-il  deux  ou  trois 
variétés  qu'on  pourrait  distinguer.  Il  y  a  une  discordance  de  situation  très 
nette  entre  les  cailloux  roulés  du  Pliocène  des  plateaux  sur  le  sommet  des 
îles  du  Marais  et  le  cordon  littoral  quaternaire  qu'on  voit  souvent  à  la 
base  de  ces  coteaux. 

V.  Un  changement  de  régime  s'est  produit  ensuite;  les  rivières  n'ont 
plus  amené  de  galets  roulés;  l'époque  moderne  des  géologues  a  commencé, 
et  le  golfe  du  Poilou  s'est  comblé  par  des  dépôts  de  vase  marine  et  d'allu- 
vions  lluviatiles,  qui  se  continuent  encore  aujourd'hui. 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  4  AVRIL  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Émii.e  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président,  annonçant  à  rAcadéniie  la  mort  de  M.  Agvssiz,  s'ex- 
prime comme  il  suit  : 

J'ai  le  regret  de  faire  part  à  l'Académie  de  la  mort  de  notre  Associé 
étranger  Alexandre  Ag\ssiz.  Il  y  a  quelques  semaines,  Agassiz,  de  passage 
à  Paris,  assistait  à  une  de  nos  séances;  une  dépêche  annonce  qu'il  vient  de 
mourir  sur  le  bateau  qui  le  ramenait  en  Amérique. 

C'était  pour  la  seconde  fois  que  le  nom  d'Agassiz  figurait  sur  notre  liste 
d'Associés.  Fils  de  Louis  Agassiz,  Alexandre  Agassiz,  né  à  Ncufcliâtel 
en  i835,  a  été  digne  de  son  illustre  père.  Il  fut  un  grand  zoologiste,  et  le 
principal  représentant  en  Amérique  de  la  biologie  marine.  Il  a  donné  une 
\ive  impulsion  aux  recherches  embryogéniques,  et  étudié  surtout  à  fond  les 
formes  larvaires.  Les  Échinodermes  l'ont  particulièrement  attiré,  et  on  lui 
doit  la  connaissance  des  formes  transitoires  des  Etoiles  de  mer,  des  Oursins, 
des  Holothuries.  Agassiz  a  montré  aussi  que  certaines  Annélides  présentent 
des  phénomènes  de  génération  alternante  compliquée,  si  bien  que  les  trois 
formes  neutre,  mâle  et  femelle  d'une  même  espèce  avaient  été  classées  dans 
trois  genres  difl'érenls.  Ces  admirables  travaux  préserveront  son  nom  de 
l'oubli,  ainsi  que  ses  recherches  sur  les  Poissons,  qui  ont  eu  un  grand 
retentissement  parmi  les  paléontologistes.  Agassiz  avait  fondé  à  Newport 
le  premier  laboratoire  de  zoologie  marine;  je  me  rappelle  avoir  eu  jadis 
l'heureuse  fortune  de  l'y  rencontrer  et  avoir  été  le  témoin  de  ses  enthou- 
siasmes scientifiques. 

Agassiz  fut  aussi  un  grand  explorateur  des  mers.  Dès  18G8,  reprenant 
les  explorations  sous-marines  commencées  par  son  père,  il  visita  les  côtes 
de  l'Amérique,  depuis  le  Massachusetts  jusqu'à  la  Floride  et  le  golfe  du 
Mexique.  Il  explora  ensuite  le  Pacifique,  rapportant  quantité  d'échantillons 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  14.) 


ii3 


848  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  d'observations  précieuses  pour  la  biologie  marine.  Quelques-unes  de  ses 
recherches  ont  une  portée  géologique  considérable,  comme  celles  qui 
concernent  les  récifs  de  coraux.  Agassiz  montre  que  les  conclusions  de 
Darwin  à  ce  sujet,  supposant  un  lent  abaissement  du  fond  de  la  mer,  n'ont 
pas  la  généralité  admise  jusque-là. 

La  disparition  d'un  savant,  dont  la  féconde  activité  a  touché  à  tant  de 
sujets,  est  pour  la  Science  une  grande  perte.  L'Académie  s'associe  aux 
regrets  que  cause  aux  Etats-Unis  la  mort  de  l'illustre  naturaliste. 

M.  le  Président  rend  compte,  dans  les  termes  suivants,  des  fêtes  de 
l'inauguration  du  Musée  océanographique  de  Monaco  : 

L'Académie  était  représentée  à  l'inauguration  du  Musée  océanographique 
de  Monaco.  Plusieurs  de  nos  confrères  et  moi  avons  assisté  aux  fêtes  bril- 
lantes données  à  cette  occasion.  Le  Musée  océanographique  est  situé  dans 
une  position  magnifique,  presque  à  la  pointe  sud  du  rocher  de  Monaco, 
dominant  la  mer  de  près  de  soixante  mètres.  Il  i-enferme  les  admirables 
collections  provenant  des  campagnes  effectuées  par  le  Prince  depuis  2 3  ans, 
avec  des  représentants  des  faunes  de  diverses  profondeurs,  qui  vont  jusqu'à 
plus  de  6000'".  On  y  trouvé  aussi  tous  les  instruments  employés,  tels  que 
sondes,  thermomètres  à  retournement,  bouteilles  pour  capter  l'eau,  iilels 
variés  et  dragues.  D'une  façon  générale,  ce  Musée,  unique  au  monde,  doit 
contenir  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  chapitres  des  sciences  physiques  et 
biologi(jues,  qu'on  réunit  aujourd'hui  sous  le  nom  à'' Océanographie^  en  y 
comprenant  aussi  do  nombreuses  applications  pratiques.  Il  possède  en  plus 
des  laboratoires  où  sont  conviés  les  savants  qui  s'intéressent  aux  choses  de 
la  mer. 

De  nombreuses  Académies  et  Sociétés  scientifiques  avaient  envoyé  des 
délégués  à  Monaco.  Ils  ont  fait  à  votre  Président  l'honneur  de  lui  demander 
de  prendre  la  parole  en  leur  nom.  J'ai  donc  joint  leurs  hommages  à 
l'expression  du  haut  intérêt  que  porte  l'Académie  des  Sciences  de  Paris  aux 
recherches  du  Prince  éclairé  dont  le  nom  figure  sur  la  liste  de  ses  Associés 
étrangers. 

NOMINATIONS. 

MM,  Zkiij.er  et  Man»i\  sont  désignés  pour  représenter  l'Académif  an 
111"  Congres  iritcrnaliotial  quinquennal  de  liotaniqtie,  qui  se  tiendra  à 
Uruxcllcs  (hi  i/|  an  ■!■>.  mai  i<)io. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    1910.  S/jQ 

M.  le  Président  de  la  Ligue  maritime  française  invite  l'Académie  à  se 
faire  représenter  à  Y  Assemblée  générale  qui  aura  lieu  le  dimanche  10  aviil  à 
la  Sorbonne. 

M.  L.-E.  Berti.v  est  désigné  pour  représenter  l'Académie. 

COURESPONDAIVCE. 

M.  C.-Th.  Albre«;ht,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation,  adresse  des  remercîments  à  l'Académie. 


Le  Secrétaire  géxf.ral  du  XI*  Congrès  géologique  international  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à  ce  Congrès,  qui  se  tiendra  à  Stockholm 
du  18  au  23  août  prochain. 

(lîenvoi  à  la  Section  de  Minéralogie.) 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Dieu  et  Science.  Essais  de  psychologie  des  sciences .^  par  Klie  de  Cyon. 
(Présenté  par  M.  Ph.  van  Tieghem.) 

2°  Le  Compte  rendu  des  travaux  exécutés  par  le  Service  géographique  de 
l'Armée  en  Indo-Chine,  pendant  l'année  1909. 

3"  Les  planches  LIX  de  la  Carte  photographique  du  Ciel,  dressées  par 

rOeSERVATOIRE    ROYAL  DE  BELGIQUE,  à  Ucclc. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  théorie  de  Fontenelle  relative  à  la  constitution 
des  comètes.  Note  de  M.  Wilfrid  de  Fo.wielle. 

L'idée  de  comparer  les  comètes  à  d'immenses  lentilles  de  verre  concen- 
trant derrière  elles  les  rayons  solaires  et  éclairant  avec  une  vivacité  consi- 
dérable les  objets  matériels  sur  lesquels  elles  tombent,  est  tellement  natu- 
relle qu'on  ignore  en  quelque  sorte  son  origine.  Elle  fut  indiquée  par  le 


85o  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

philosophe  Séiièque  dès  le  commencement  de  l'ère  chrétienne,  dans  un 
chapitre  de  ses  Questions  naturelles.  Mais  elle  fut  abandonnée  à  l'exemple  de 
Kepler  qui  après  l'avoir  propagée  avec  enthousiasme  y  renonça,  après  avoir 
constaté  qu'une  grande  comète  qu'il  eut  l'occasion  d'observer  possédait  une 
queue  courbe.  C'est  l'impossibilité  d'expliquer  celte  disposition  singulière 
qui  modifia  complètement  son  opinion. 

Sans  s'arrêter  à  cette  objection,  l'illustre  Fontenelle,  l'un  des  premiers 
secrétaires  perpétuels  de  l'Académie  des  Sciences,  exposa  avec  une  verve 
admirable  cette  manière  de  voir  dans  sa  Plutalité  des  mondes,  un  des  chefs- 
d'œuvre  de  la  littérature  astronomique. 

On  me  permettra  donc,  je  l'espère,  de  saisir  l'occasion  de  l'apparition  de 
la  comète  de  Halley  et  de  plusieurs  corps  célestes  du  même  genre  pour 
appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  les  arguments  qui  recommandent  en 
ce  moment  l'opinion  d'un  grand  français  à  l'attention  du  monde  savant. 

Actuellement,  sur  toutes  les  côtes  civilisées,  on  rencontre  un  grand 
nombre  de  phares  qui  reproduisent  avec  éclat  des  phénomènes  analogues  à 
ceux  auxquels  Fontenelle  attribue  la  formation  des  queues  de  comète.  Les 
poussières  de  l'air  atmosphérique  et  les  molécules  des  gaz  qui  le  composent 
jouent  dans  notre  océan  aérien  le  rôle  que  Fontenelle  attribue  aux  matières 
solides  qui  gravitent  dans  l'espace. 

Aujourd'hui  qu'on  sait  d'une  façon  incontestable  que  la  substance 
diaphane  qui  constitue  les  comètes  est  bien  un  gaz  doué  de  réfringence,  on 
devrait  se  demander  ce  que  devient  la  lumière  traversant  ces  corps  célestes  et 
s'y  concentrant  forcément,  si  l'on  soutenait  qu'elle  ne  constitue  pas  la  queue. 
L'explication  de  Fontenelle  ne  pourrait  point  être  abandonnée  sans  résis- 
tance, même  dans  le  cas  où  l'on  ne  trouverait  aucun  moyen  pour  répondre 
à  l'objection  qui,  suivant  nous,  devait  dérouler  le  génie  de  Kepler,  mais 
aujourd'hui  ne  possède  plus  aucune  valeur  sérieuse. 

En  effet,  ce  que  l'immortel  auteur  des  lois  sublimes,  représentant  le  mou- 
vement des  planètes  et  des  comètes  autour  du  Soleil,  ignorait  profondément, 
ce  dont  il  ne  pouvait  avoir  aucune  notion,  c'est  que  la  lumière  met  un  temps 
appréciable  à  parcourir  les  espaces  célestes. 

Les  queues  de  comète  ne  se  manifestent,  avec  des  dimensions  considé- 
rables et  des  courbures  appréciables,  que  lorsque  l'astre  d'où  elles  émanent 
est  situé  dans  le  voisinage  du  Soleil;  il  faut  deux  conditions  essentielles.  La 
première,  nécessitée  par  les  lois  de  la  réfraction,  c'est  que  la  source  lumi" 
neuse  soit  rapprochée  de  la  lentille  pour  donner  une  projection  notable.  La 
seconde,  c'est  que  la  vitesse  avec  laipielle  la  lentille  gazeuse  se  déplace  soit 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  85l 

considérable.  Cette  seconde  condition,  on  le  sait,  en  vertu  même  des  lois 
découvertes  par  Kepler,  n'est  remplie  que  lorsque  la  comète  a  un  rayon 
vecteur  de  dimension  relativement  faible.  Mais,  quand  ces  deux  conditions 
sont  remplies,  que  la  comète  possède  un  diamètre  suffisant,  que  sa  trans- 
parence n'est  pas  troublée  par  quelques  conditions  particulières  et  que  la 
Terre  est  placée  dans  une  situation  favorable,  c'est  alors  que  les  courbures 
apparaissent. 

Peut-il  en  être  autrement;  est-ce  que  les  rayons  divergents  auront  le 
pouvoir  de  conserver  leur  rectilignité  pendant  des  millions  de  kilomètres, 
si  l'œil  des  astronomes  et  même  de  tous  les  babitants  de  la  Terre  aperçoit  au 
même  instant,  non  pas  une  seule  image,  mais  la  combinaison  de  plusieurs 
images  successives? 

Comment  ne  comprendrait-on  pas  que  dans  un  éclairage  aussi  grandiose, 
tous  les  rayons  lancés  par  la  queue  d'une  comète  à  un  instant  physique 
déterminé  ne  viennent  point  frapper  au  même  instant  la  rétine.  Il  est  donc 
incontestable  que  nous  ne  voyons  pas  pour  ainsi  dire  une  seule  image,  mais 
bien  la  combinaison  de  plusieurs  images  successives. 

Nous  ne  croyons  pas  qu'il  soit  nécessaire  d'insister  plus  longtemps  sur 
la  signification  réelle  de  ces  beaux  et  grands  phénomènes  dont  la  géné- 
lation  s'explique  si  facilement.  Mais  je  demanderai  la  permission  de 
rappeler  qu'il  y  a  dans  les  observations  faites  dans  ces  derniers  temps, 
surtout  aux  Observatoires  de  Paris  et  de  Greenvvich,  des  points  intéressants 
qui  viennent  confirmer  l'opinion  de  Fontenelle. 

On  a  vu  plusieurs  fois  des  rayons  interrompus,  ce  qui  s'explique  faci- 
lement en  admettant  que  le  nuage  de  matière  cosmique  éprouve  une  inter- 
ruption analogue.  On  a  vu  tout  d'un  coup  surgir  des  points  lumineux 
distincts  rayonnant  d'un  certain  éclat.  N'était-ce  point  quelques  corps 
ayant  des  dimensions  assez  notables;  en  un  mot,  dans  les  apparitions  de 
queues  de  comète,  ne  doit-on  pas  retrouver  successivement  toutes  les  péri- 
péties qu'on  observe  en  étudiant  les  étoiles  filantes? 

Ajoutons,  en  terminant,  que  l'incroyable  multiplicité  des  observations  de 
ce  genre  dans  tous  les  horizons  terrestres  nous  montre  jusqu'à  quel  point 
l'océan  des  mondes  est  peuplé.  Il  nous  prouve  combien  Fontenelle  avait 
raison  en  s'écriant  avec  enthousiasme  à  la  fin  de  son  entretien  avec  son 
aimable  marquise  :  «  que  les  comètes  étaient  comme  une  lanterne  sourde 
dont  l'Eternel  se  servait  pour  faire  admirer  aux  humains  les  merveilles  qui 
complètent  toutes  les  parties  de  son  œuvre   ». 


852  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  la  représentation  sphérique  de  certaines 
familles  de  Lamé.  Note  (')  de  M.  J.  Haac. 

Voici  des  généralisations,  qui  me  semblent  intéressantes,  des  résultats  que 
j'ai  publiés  dans  \cs  Comptes  rendus  au  22  novembre  et  du  27  décembre  1909. 

Proposons-nous  d'abord  la  question  suivante,  qui  est  une  extension  de 
notre  Note  du  3  août  1908  : 

Trouver  toutes  les  familles  de  Lamé,  composées  de  surfaces  ayant  pour  re- 
présentations sphériques  de  leurs  lignes  de  courbure,  des  réseaux  orthogonaux 
égaux. 

En  nous  appuyant  sur  une  proposition  qui  nous  a  été  communiquée  der- 
nièrement par  M.  Pelot,  nous  sommes  arrivé  aux  résultats  suivants  : 

Imaginons  un  trièdre  Oxyz,  pivotant  autour  de  son  soi«met  O  et  entraî- 
nant dans  son  mouvement  un  réseau  sphérique  orthogonal  {s).  Soient  c, 
c',  c"  les  coordonnées,  relatives  à  ce  trièdre,  du  point  m  de  la  sphère  où  se 
coupent  les  deux  lignes  de  paramètre  u  et  c;  et  soient  r  et  r,  les  rotations, 
relatives  à  mZ,  du  trièdre  mXYZ  attaché  à  chaque  point  m  par  le  réseau  (s). 
Soient  enfin  X,  jx,  v  les  projections  sur  O.ryz  du  vecteur  instantané  de  ro- 
tation, relatif  au  mouvement  de  ce  trièdre  par  rapport  à  un  trièdre  fixe 
Ox^y,z,.  Pour  que  les  différentes  positions  du  système  (s)  puissent  servir 
de  représentations  sphériques  aux  lignes  de  courbure  des  surfaces  d'une  fa- 
mille de  Lamé,  il  faut  et  il  suffit  qu'on  puisse  trouver  une  fonction  A  de  u 
et  t  et  une  fonction  B  de  v  e\,  t  (t  désigne  le  temps  dans  le  mouvement  du 
trièdre  Oxyz),  telles  que  l'on  ait 

(i)  c^  4- c'fjn- c"v  = /-A  H- /•,  B. 

Cette  relation  est  très  facile  à  discuter,  si  l'on  remarque  que  c,  c',  r",  r,  r, 
sont  indépendants  de  t.  On  peut  en  déduire  très  facilement  les  conditions 
nécessaires  et  suflisantes  auxquelles  doit  satisfaire  le  système  (s),  ainsi  que 
le  mouvement  du  trièdre  Oxyz  et  les  p^  des  systèmes  triples  orthogonaux 
correspondants,  lorsque  ces  conditions  sont  remplies.  Nous  publierons 
autre  part  les  résultats  auxquels  nous  avons  été  conduit. 

(  '  )  Keçue  dans  la  séance  du  29  mars  1910. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  I9IO.  853 

Posons-nous  maintenant  un  problème  analogue  à  celui  que  nous  avons 
résolu  dans  notre  Note  du  22  novembre  1909  : 

Peut-on  trouver  deux  familles  de  Lamé  composées  de  surfaces  ayant  deux  à 
deux^  pour  représentations  sphériques.,  des  réseaux  sphèriques  super posahles^ 
mais  pas  forcément  superposés? 

En  raisonnant  couime  dans  la  Note  que  nous  venons  de  rappeler,  on 
constate  que  chacun  des  réseauv  sphériques  précédents  doit,  en  tournant 
autour  d'un  ave  convenable,  engendrer  une  famille  de  réseaux  capables  de 
servir  de  représentations  sphériques  aux  surfaces  d'une  famille  de  Lamé. 

Réciproquement,  si  Ton  possède  sur  la  spbère  une  famille  de  réseaux 
jouissant  chacun  de  cette  propriété  relativement  à  un  certain  axe  de  rota- 
tion, et  si  cette  famille  peut  servir  de  représentation  sphérique  à  une 
famille  de  Lamé,  on  peut  en  déduire  une  infinité  de  familles  analos^ues, 
dépendant  d'une  ou  de  deux  fonctions  arbitraires  d'une  variable,  et  com- 
posées chacune  des  mènîes  réseaux  que  la  famille  primitive,  placés  simple- 
ment dans  des  positions  relatives  différentes.  On  peut,  en  partant  de  là, 
généraliser  complètement  la  théorie  que  nous  avons  exposée  sur  certains 
groupes  de  familles  de  Lamé  dans  la  Note  déjà  citée. 

On  peut  imaginer  un  grand  nombre  d'applications  de  celte  théorie. 

Par  exemple,  cherchons  les  familles  de  Lamé  dont  les  représentations 
sphériques  se  composent  pour  chaque  surface  d'u/i  réseau  de  révolution  autour 
d'une  certaine  droite  OX. 

Si  Ton  remarque  qu'en  imprimant  à  chaque  réseau  une  rotation  arbi- 
traire autour  de  la  droite  OX  correspondante,  on  retombe  sur  la  même 
famille  de  réseaux;  on  voit  qu'on  retombe  sur  la  question  précédente.  Il 
sera  facile  d'en  déduire  la  solution  du  problème,  de  même  que  l'on  peut 
déduire  de  notre  première  théorie  des  groupes  de  familles  de  Lamé,  toutes 
les  familles  de  Lamé  composées  dhèlicoïdes  (et  cela  plus  simplement 
encore  que  nous  ne  l'avons  fait  dans  notre  Note  du  6  décembre  1909). 

De  même,  supposons  une  famille  (F)  de  réseaux,  représentations  sphé- 
riques d'une  famille  de  Lamé.  Prenons  le  symétrique  de  chaque  réseau  par 
rapport  à  un  plan  variable  tî.  Nous  obtenons  une  nouvelle  famille  (F'). 
Pour  qu'elle  puisse  servir  de  représentation  sphérique  à  une  famille  de 
Lamé,  il  faut  et  il  suffit  que  chaque  réseau  de  (F)  puisse  engendrer  une 
famille  de  Lamé  (par  abréviation)  en  tournant  autour  de  la  droite  D 
suivant  laquelle  le  plan  -  touche  son  enveloppe  i.  (Comparer  avec  notre 
Note  du  27  décembre  1909.) 


854  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  peut  trouver  un  énoncé  analogue  en  remplaçant  le  plan  iz  par  une 
droite.  Enfin  on  peut  évidemment  appliquer  ceci  à  la  recherche  des 
/ami/les  de  Lamé  dont  les  représentalions  sphériques  sont  des  réseaux  possé- 
dant chacun  un  ou  plusieurs  plans  ou  axes  de  symétrie. 

C'est  ce  que  nous  développerons  dans  un  Mémoire  détaillé. 


AÉRONAUTIQUE.  —  L'équilibre  longitudinal  et  la  courbure  des  surfaces 
portantes  des  aéroplanes.  Note  de  M.  René  Arnoux,  présentée  par 
M.  H.  Deslandres. 

On  sait  que  les  surfaces  portantes  de  tous  les  aéroplanes  actuels  présen- 
tent à  l'action  de  l'air  une  concavité  tournée  vers  le  sol,  à  courbure  dirigée 
d'avant  en  arrière,  d'autant  plus  prononcée  que  le  rapport  desdites  surfaces 
au  poids  de  l'appareil  est  plus  faible.  Cette  courbure  a  évidemment  pour 
avantage  d'augmenter,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  leurs  qualités  susten- 
tatrices.  C'est  ainsi  que  pour  un  angle  d'attaque  de  7°  sous  lequel  fonction- 
nent la  généralité  des  appareils  actuels,  l'expérience  fournit  les  valeurs  sui- 
vantes des  coefficients  de  réaction  de  poussée  K^  et  de  traînée  K^  exercées 
par  l'air  dans  des  directions  respectivement  normale  el  parallèle  k  son  écou- 
lement sous  des  surfaces  planes  ou  ayant  comme  flèche  maxima  de  cour- 
bure 1^,  ^,:i  T7i  .'.,  et  7  de  la  lareeur  ou  profondeur  de  la  surface. 

i  _L  1  1  1  i. 

7».  00  ■  30'  20  ■  16'  Vi'  8' 

K^ 2i4     283     3io     386     890     /i4o 

K.,. 24     22     32     44     45     81  I 

Les  données  de  ce  Tableau  montrent  que  si  la  courbure  ~  augmente  de 
3i  pour  100  le  coefficient  K,.  de  sustentation  des  surfaces  planes,  la  cour- 
bure ^  l'augmente  de  44  pour  i<^0)  celle  de  y^  de  79  pour  100,  celle  de  /^  de 
82  pour  100,  et  enfin  la  courbure  |  double  à  peu  près  la  valeur  de  ce  coeffi- 
cient. Mais  si  la  courbure  ^  double  les  qualités  sustentatrices  des  surfaces 
planes,  par  contre  elle  augmente  dans  le  rapport  de  24  à  81  ou  de  i  à  3,37 
le  coefficient  K^,  de  résistance  à  la  translation,  alors  qu'un  accroissement  de 
vitesse  de  4i  pour  100  donné  à  une  surface  plane,  en  doublant  également  la 
sustentation,  ne  ferait  que  doubler  cette  même  résistance  au  lieu  de  la  tripler. 

Malheureusement  si  les  surfaces  concaves  de  faible  courbure  ont  l'avan- 
tage d'augmenter  la  sustentation  dans  une  proportion  plus  grande  que  la 
résistance  à  la  translation,  cet  avantage  est  amplement  compensé  par  le 


SÉANCE    DU    /î    AVRIL    I910.  855 

grave  défaut  de  rendre  V équilibre  longitudinal  à^s  appareils  actuels  d'autant 
plus  instable  que  la  courbure  des  surfaces  portantes  est  plus  prononcée. 

L'étude  technique  de  l'aéroplane  présente  celte  particularité  qu'elle  peut 
être  faite  à  l'aide  de  simples  planeurs  (en  papier  ou  en  carton  léger),  avec 
lesquels  on  peut  avoir  aisément  toutes  les  formes  désirables  et  vérifier  immé- 
diatement l'influence  de  ces  formes  sur  l'équilibre  de  planement,  aussi  bien 
dans  le  sens  longitudinal  que  dans  le  sens  transversal. 

L'étude  systématique  des  planeurs  nous  a  amené  à  comparer  l'aéroplane 
en  régime  uniforme  à  un  fléau  de  balance  en  équilibre  susceptible  d'osciller 
dans  tous  les  plans,  avec  cette  différence  que,  dans  le  fléau  de  balance,  c'est 
le  centre  de  gravité  qui  se  déplace  par  rapport  au  centre  d'appui,  tandis 
que  dans  l'aéroplane,  c'est  le  centre  d'appui  sur  l'air  ou  centre  de  poussée 
qui  se  déplace  par  rapport  au  centre  de  gravité  de  l'appareil.  Dans  le  cas 
d'un  planeur  qui  est  aussi  celui  d'un  aéroplane  avec  propulseur  arrêté, 
les  surfaces  portantes  prennent,  pendant  la  période  de  planement  et  par 
rapport  à  la  trajectoire,  une  position  angulaire  telle  que  le  centre  de 
sustentation  et  le  centre  de  gravité  soient  sur  la  même  verticale.  Dans  le 
cas  d'un  aéroplane  propulsé,  ses  surfaces  portantes  prennent  une  autre 
position  angulaire  d'équilibre  réglée  par  la  condition  plus  générale  que  là 
somme  des  moments  des  dillérentes  forces  en  jeu  soit  constamment  nulle 
par  rapport  à  un  axe  perpendiculaire  au  plan  de  symétrie  que  possède  tout 
aéroplane,  quel  qu'en  soit  le  système. 

Mais,  comme  cet  équilibre  peut  être  stable,  indifférent  ou  instable,  alors 
même  que  le  centre  de  gravité  se  trouve  placé  au-dessous  du  centre  de 
sustentation,  la  connaissance  de  la  loi  qui  lie  le  déplacement  du  centre  de 
réaction  de  l'air  sur  les  surfaces  portantes  à  leur  angle  d'attaque  est 
nécessaire.  La  méthode  employée  par  nous  pour  cette  recherche  n'est  autre 
que  celle  dont  se  servit  Joëssel  pour  les  plans  minces  immergés  obliquement 
dans  un  courant  d'eau.  Elle  est  basée  sur  l'emploi  comme  girouette  de  la 
surface  rectangulaire  à  étudier  dont  l'axe  vertical  de  rotation  est  susceptible 
d'être  déplacé  parallèlement  au  bord  d'attaque.  Une  alidade  à  fourchette 
permet  d'amener  la  surface  dans  toutes  ses  positions  d^équilibre  instable  et 
de  déterminer  celle-ci  avec  une  précision  aussi  grande  que  les  positions 
d'équilibre  stable. 

C'est  ainsi  qu'ont  été  obtenues  les  courbes  ci-dessus.  La  courbe  ^  est 
celle  d'une  surface />/«// e  rectangulaire,  elles  courbes  x'oi'^  ^^  "h  ^^^  ^'*'*  ^^^' 
cessivement  obtenues  avec  la  même  surface  courbée  cylindriquement.  Enfin 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  14.)  Il4 


a56 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


la  courbe  JJ  est  celle  obtenue  par  Joëssel  pour  les  plans  immergés  dans  un 
courant  d'eau. 


ss 


J 

'i 

/' 

à 

/'    // 

'k\ 

\ 

r// 

ft/Xt 

r> 

\lfH0 

~\i/ 

%0 

/  / 

"    \ 

\ 

X 

2S 


O         0,03     0^0     OJS     OêO     O^S     0^0     O^S     0,40     C^iS     0,S0     0,Sâr    0,60 

L'examen  de  ces  difFérentes  courbes  montre  d'abord  toute  l'importance 
de  la  position  du  centre  de  gravité  de  l'aéroplane,  lequel,  pour  assurer  à 
l'angle  d'attaque  de  ses  surfaces  portantes  une  valeur  suffisante,  doit  être 
porté  d'autant  moins  vers  l'avant  que  la  courbure  est  plus  grande.  Il  est 
bien  évident  que  si  le  centre  de  gravité  qui  règle  en  quelque  sorte  l'angle 
d'attaque,  est  placé  trop  en  avant,  c'est-à-dire  à  moins  de  24  pour  100  de 
la  profondeur  de  la  surface  lorsque  celle-ci  est  plane,  de  29  pour  100  pour 
les  surfaces  ayant  une  courbure  de  jj,  de  3i  pour  100  pour  celles  de  -^  et 
de  35  pour  100  pour  celles  de  ^,  le  centre  de  sustentation  de  l'aéroplane 
ne  pouvant  jamais  atteindre  la  verticale  passant  par  le  centre  de  gravité, 
l'angle  d'attaque  s'annulera  dès  l'arrêt  du  moteur  de  l'appareil  et  celui-ci 
piquera  immédiatement  vers  le  sol  où  il  viendra  se  briser  infailliblement 
si  l'aviateur  ne  réactionne  pas  assez  vite  et  assez  énergiquement  avec  son 
gouvernail  de  profondeur. 

*  Mais  supposons  résolue  la  question  de  la  position  du  centre  de  gravité  et 
examinons  dans  quel  sens  doit  se  déplacer  le  centre  de  sustentation  des  sur- 
faces portantes  pour  assurer  la  stabilité  de  l'équilibre  de  l'aéroplane,  lorsque 
l'angle  d'attaque  vient  à  varier  brusquement.  Il  est  facile  de  voir  que  celle-ci 
sera  réalisée  si  le  centre  de  sustentation  se  porte  en  avant  de  la  verticale 
du  centre  de  gravité,  lorsque  l'angle  d'attaque  diminue,  elenarriére  lorsque 
cet  angle  augmente,  car  la  réaction  sustentalrice  de  l'air  et  le  poids  de  l'ap- 
pareil cessant  d'être  directement  opposés  l'un  à  l'autre  donnent,  dans  les 
deux  cas,  naissance  à  un  couple  tendant  à  ramener  l'aéroplane  dans  sa  posi- 
tion primitive  d'équilibre  angulaire. 


SÉANCE   DU    4   AVRIL    igiO.-  85*/ 

Or  l'examen  des  courbes  précédentes  montre  (dans  la  région  correspon- 
dant aux  faibles  angles  d'allaque  seuls  utilisés  en  aviation)  que  si  les  surfaces 
planes  répondent  à  ce  desideratum  pour  toutes  les  valeurs  de  cet  angle,  il 
n'en  est  pas  de  même  pour  les  surfaces  concaves  dont  le  centre  de  poussée, 
en  se  déplaçant  en  sens  inverse  de  celui  des  surfaces  planes,  donne  lieu  à  une 
instabilité  d'équilibre  obligeant  l'aviateur  à  une  manœuvre  de  son  gouver- 
nail de  profondeur  aussi  attentive  et  incessante  que  celle  du  balancier  par 
l'équilibriste  sur  la  corde  raide. 

C'est  cette  instabilité  de  l'équilibre  longitudinal  des  surfaces  concaves  qui 
rend  si  délicate  et  si  dangereuse  la  conduite  des  aéroplanes  actuels,  et  auto- 
rise à  dire  que  l'Aviation  est  présentement  à  un  tournant  de  son  histoire,  qui 
va  l'obliger  à  sortir  de  ses  errements  actuels  si  elle  veut  réellement  progres- 
ser et  non  se  cantonner  dans  la  construction  d'appareils  dont  la  conduite  est 
restée  jusqu'ici  l'apanage  de  véritables  acrobates,  ou  d'hommes  qui  en  ont 
l'entraînement  et  les  qualités  de  sang-froid  et  d'audace. 

Pour  nous  résumer,  nous  ajouterons  qu'avec  les  surfaces  planes  permettant 
actuellement,  à  défaut  d'autres,  de  réaliser  un  équilibre  stable  pour  tous  les 
angles  d'attaque  et  par  conséquent  d'enlever  à  l'aviateur  toute  préoccupation 
du  rétablissement  incessant  et  délicat  de  cet  équilibre,  la  conduite  d'un  aéro- 
plane sera  plus  facile  que  celle  d'une  automobile  dont  le- conducteur  n'a 
devant  lui  que  la  largeur  de  la  route,  tandis  que  l'aviateur  a  l'espace. 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  relation  de  Havelock  entre  la  biréfringence  et  l'indice 
de  réfraction.  Note  (  ')  de  MM.  A.  Cotton  et  H.  Mouton,  présentée 
par  M.  J.  Violle. 

Dans  un  essai  théorique  où  il  cherche  à  ramener  à  une  même  explica- 
tion les  diverses  sortes  de  biréfringence  connues,  Havelock  (^)  a  prévu  que 
la  variation  do  la  biréfringence  d'un  corps  avec  la  longueur  d'onde  doit 
être  reliée  simplement  à  la  variation  de  l'indice  de  réfraction  du  même 
milieu  à  l'étal  isotrope,  la  densité  étant  supposée  la  même  dans  les  deux 
cas.  La  relation  à  laquelle  il  est  conduit  peut  s'écrire 

(1)  n'—n"—C^-^^~—^, 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  2i  mars  igio. 

(-)  Havelock,  Proc.  Roy.  Soc,  A,  t.  LXXX,  1908,  p.  28;  Phys.  Rev.,  t.  XXVIII, 
1909,  p.  i36. 


858  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

n  étant  l'indice  du  milieu  isotrope,  C  une  constante,  n'  et  n"  les  indices 
principaux  du  milieu  biréfringent  uniaxe.  Havelock  avait  recherché  en 
particulier  si  sa  formule  s'appliquait  à  la  biréfringence  accidentelle  des 
liquides  (dans  ce  cas  n  est  l'indice  de  réfraction  mesuré  en  dehors  du 
champ,  et  la  quantité  n'  —  n"  est  donnée  directement  par  l'expérience),  et 
il  avait  trouvé  qu'elle  s'accordait  pour  le  phénomène  de  Kerr  avec  les 
mesures  faites  sur  le  sulfure  de  carbone.  Il  s'était  demandé  également  si  les 
variations  de  la  biréfringence  magnétique  des  liquides  se  laisseraient  repré- 
senter par  la  même  formule. 

Nous  avons  donc  mesuré  les  indices  de  la  nitrobenzine  qui  nous  avait 
servi  dans  nos  recherches,  pour  les  radiations  mêmes  que  nous  avons  uti- 
lisées. La  formule  (i)  représente  bien  les  résultais  obtenus,  les  écarts  ne 
dépassant  pas  les  erreurs  d'expérience;  elle  fournit  donc  au  moins  une  loi 
approchée.  D'une  façon  indépendante,  Skinner  et  Me  Comb(')  arrivent 
au  même  résultat  et  trouvent  la  relation  de  Havelock  vérifiée  non  seule- 
ment pour  la  nitrobenzine,  mais  pour  les  huit  autres  liquides  qu'ils  ont 
étudiés. 

L'hypothèse  qui  a  conduit  Havelock  à  la  formule  (i  )  consiste  à  admettre 
que  les  molécules  du  liquide  sont  assimilables  à  des  corps  isotropes,  dont 
le  champ  modifie  la  réparlidon.  Elle  est  donc  distincte  de  celle  que  nous 
avons  admise,  que  plusieurs  physiciens  (^)  avaient  envisagée  déjà  à  propos 
de  questions  analogues,  et  qui  consiste  à  admettre  Vorientalion  de  molé- 
cules anisotropes.  Mais,  nous  montrons  dans  un  travail  plus  étendu  que 
la  formule  (i  )  peut  être  déduite  de  l'hypothèse  même  de  l'orientation,  qui 
se  trouve  ainsi  rendre  compte  des  faits  observés  sur  la  dispersion. 

Des  calculs,  à  très  peu  près  les  mêmes  que  ceux  de  Havelock,  nous  con- 
duisent à  la  formule  (i).  En  revanche,  une  autre  relation  que  Havelock  est 
conduit  à  établir  entre  les  indices  (')  ne  résulte  pas  nécessairement  de  notre 


(')  Skinner,  Pliys.  Rev.,  t.  XXIX,  déc.  1909,  p.  54i.  —  Me  Comb,  Pliys.  Bei\, 
t.  XXIX,  déc.  1909,  p.  525. 

(-)  iNolamment  Boussinbsq,  Théorie  analytique  de  la  chaleur,  t.  II,  igoS,  p.  600. 

(■^)  Dans  le  cas  d'un  milieu  uniaxe,  n'  élanl  l'indice  ordinaire,  Havelock  trouve  que 
l'on  doit  avoir  la  relation 

,     V  2«'-t-«" 

(2)  n— 


Nous  avons  trouvé  antérieurement  celle  relation  vérifiée  dans  le  cas  des  colloïdes  de 
Majorana  biréfringents  dans  le  champ  magnétique. 


SÉANCE    DU    [\   AVRIL    1910.  SSq 

hypothèse,  et  nous  pouvf)ns  par  suite  considérer  la  formule  (  1  )  comme 
valable  même  dans  les  cas  où  cette  seconde  relation  ne  serait  pas  satisfaite. 
D'autre  part,  dans  rhypothèse  de  Havelock,  certains  faits  expérimentaux 
s'expliquent  difficilement  :  on  ne  comprend  pas  pourquoi  la  biréfringence 
magnétique  de  liquides,  tous  diamagnétiques,  est  positive  pour  les  uns, 
négative  pour  les  autres.  La  même  difficulté  se  présente  à  propos  du  phéno- 
mène de  Kerr. 

Les  cristallographes  sont  d'ailleurs  conduits  à  admettre  aujourd'hui  que, 
même  dans  le  cas  des  cristaux,  ce  n'est  pas  la  répartition  réticulaire  qui 
joue  le  rôle  prépondérant  dans  l'explication  de  la  biréfringence.  Le  fait  que 
Havelock  a  montré  que  sa  formule  s'applique  à  certains  cristaux,  au  quartz 
notamment  ("),  n'est  pas  un  argument  décisif  en  faveur  de  sa  théorie, 
puisque  les  particules  cristallines  que  l'on  considère  (quelle  que  soit  leur 
nature)  ne  sont  pas  seulement  ordonnées,  mais  orientées.  Enfin  certaines 
propriétés  des  liquides  anisotropes  de  Lehmann  seraient,  comme  on  sait, 
très  difficiles  à  expliquer  si  l'on  devait  les  rapporter  à  une  répartition  et 
non  à  une  orientation  des  particules. 

En  résumé,  de  même  que  les  autres  résultats  sur  la  biréfringence  magné- 
tique ou  électrique  des  liquides  (^),  la  relation  de  Havelock  est  d'accord 
avec  l'hypothèse  de  l'orientation  moléculaire. 


(')  Dans  noire  Mémoire  détaillé,  nous  reviendrons  sur  ces  calculs  de  Havelock  sur 
les  cristaux  :  ils  ont  été  faits  en  utilisant  soit  l'ensemble  des  relations  (i)  et  (2),  soit 

simplement  la  relation  — — =  const.,  à  laquelle  conduit  directement  la 

/(  -  —  \        n  -  —  I 

théorie. 

Il  y  a  encore  une  autre  manière  de  vérifier  la  formule  (1)  dans  le  cas  des  cristaux  : 
elle  consiste  à  mesurer  les  indices  de  la  même  substance  à  l'état  amorphe  et  à  tenir 
compte  du  changement  de  densité.  Les  données  expérimentales  nécessaires  ne  sont  pas 
connues  avec  une  précision  suffisante  pour  la  plupart  des  corps  (tels  que  l'eau  et  la 
glace)  pour  lesquels  la  vérification  pourrait  être  tentée.  Signalons  toutefois  un  résultat 
que  nous  avons  obtenu  eu  comparant  les  indices  du  quartz  cristallisé  avec  les  indices 
du  quartz  amorphe  trouvés  par  Trommsdorf  :  dans  l'énorme  intervalle  de  longueur 
d'onde  compris  entre  656  et  186,  le  rapport  entre  les  valeurs  de  n  — i  pour  le  quartz 
cristallisé  [7^  étant  calculé  par  la  formule  (2)]  et  pour  le  quartz  fondu  demeure  très 
sensiblement  constant.  Il  ne  varie  dans  tout  cet  intervalle  que  de  1,194  à  1,187  et 
parait  bien  être  égal  au  rapport  des  densités  (densité  du  quartz  cristallisé,  2,6-5; 
densité  du  quartz  fondu,  moins  bien  connue,  2,22  environ). 

(■)  Comptes  rendus,  t.  130,  21  mars  1910,  p.  ']~^^ 


86o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SPECTROSCOPIE.  —  Prulongemenl  du  spectre  rie  bandes  de  l'azote  dans  le 
rouge  extrême  et  i infra-rouge.  Note  de  M.  F.  Croze,  présentée  par 
M.  H.  Deslandres. 

Les  renseignements  que  nous  possédons  actuellement  sur  les  spectres  des 
métalloïdes  dans  le  rouge  extrême  et  la  première  région  infra-rouge  sont 
très  incomplets.  La  plupart  des  relevés,  obtenus  au  moyen  du  bolomètre  ou 
du  radiomicromètre  ne  donnent  pas  une  représentation  suffisante  de  la  struc- 
ture du  spectre.  Grâce  à  la  bienveillance  de  M.  Deslandres,  qui  a  misa  ma 
disposition  le  dispositif  spécial  préparépar  lui  pour  l'étude  spectrale  des  gaz, 
j'ai  pu  aborder  l'étude  de  ces  spectres  par  la  métliode  photographique.  Ce 
sont  les  premiers  résultats  de  ces  recheiches  que  j'ai  l'honneur  de  présenter 
à  l'Académie.  Ils  se  rapportent  au  spectre  de  bandes  de  l'azote. 

Ce  spectre  comprend  dans  les  régions  lumineuse  et  ultraviolette  quatre 
groupes  distincts  de  bandes,  dégradées  vers  les  courtes  longueurs  d'onde. 
Le  groupe  le  moins  réfrangible,  appelé  groupe  de  Thalen  onprernier  groupe 
de  Deslandres,  s'étendait,  d'après  le  rele\é  de  Thalen  (iH'yS),  entre  X  687  et 
X5oo.  Il  présentait  quatre  sous-groupes  semblables  (' ),  chaque  bande  étant 
caractérisée  par  trois  maxima  ou  arêtes  successives  dont  les  plus  intenses 
sont  la  troisième  qui  forme  la  tête  et  la  première.  Ensuite  Piazzi-Smilh  et 
A.  Herschel  (1880  et  i885)  reconnurent  l'existence  de  bandes  nouvelles 
comprises  entre  la  bande  A  du  spectre  solaire  et  la  première  bande  de 
Thalen.  Mais,  à  cette  époque,  les  lois  de  distribution  des  bandes  dans  les 
spectres  (Deslandres,  1886  et  1887)  n'étaient  pas  encore  connues,  et,  bien 
que  ces  physiciens  en  aient  eu  une  vague  intuition,  ils  ne  reconnurent  pas  le 
vrai  caractère  de  ces  bandes  et  ne  crurent  pas  devoir  les  rattacher  au  groupe 
de  Thalen.  Récemment,  Langley  (1900),  Drew  (1903)  et  Coblentz  (igoS), 
étudiant  les  spectres  infra-rouges  au  moyen  du  bolomètre  et  du  radiomicro- 
mètre, montrèrent  que  le  spectre  de  bandes  de  l'azote  se  poursuit  d'une 
façon  continue,  jusqu'au  delà  de  i"^.  Leurs  relevés  ne  donnent  pas  la  struc- 
ture du  spectre  et  se  bornent  à  indiquer  des  maxima  d'intensité  croissante 


(')  Il  y  a  un  groupe  du  pôle  négatif,  et  trois  du  pôle  positif  numérotés  du  rouge  au 
violet,  dans  l'ordre  de  leur  reconnaissance.  Mais  M.  Deslandres  estime  qu'il  vaudrait 
mieux  les  numéroter  de  l'ultraviolet  au  rouge  pour  laisser  la  place  aux.  groupes  de 
l'infra-rouge.  Le  premier  groupe  serait  alors  le  troisième. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  86ï 

correspondant  approximativement  aux  longueurs  d'onde  o'*,54'3,  0^^,667, 
0^^,7.5,  0*^,90,  ii^,o6. 

Dans  les  premières  expériences  que  j'ai  faites,  je  me  suis  servi  d'un  tube 
en  bout  du  modèle  ordinaire  contenant  de  l'air  à  la  pression  de  2""™  de  mer- 
cure et  excité  par  une  bobine  de  3.)'''"  d'étincelle.  Le  spectrographe  était 
constitué  par  un  collimateur  de  SS'^"  de  longueur  et  de  rapport  d'ouverture 
égal  à  ~,  deux  prismes  de  flint  moyen  et  une  chambre  photographique  de 
65"™  de  longueur  focale.  J'ai  employé  des  plaques  sensibilisées  d'après  les 
procédés  indiqués  à  Meudon  par  M.  de  Moncetz  (*). 

J'ai  obtenu  tout  d'abord  une  série  de  huit  bandes  en  parfaite  continuité 
avec  le  premier  groupe  de  Deslandres.  Elles  en  ont  la  structure  caractéris- 
tique et  forment  ainsi  un  cinquième  sous-groupe  moins  réfrangible  qui  vient 
s'ajouter  aux  quatre  précédents.  En  prolongeant  pendant  plusieurs  heures 
les  temps  de  pose,  j'ai  obtenu  ensuite  une  nouvelle  série  de  huit  bandes 
encore  moins  réfrangibles  que  les  précédentes,  mais  de  même  structure. 
Les  deux  plus  réfrangibles  de  ces  bandes  nouvelles  appartiennent  au  cin- 
quième sous-groupe,  tandis  que  les  six  autres  constituent  au  moins  la  pre- 
mière partie  d'un  sixième  sous-groupe.  Le  premier  groupe  de  l'azote  com- 
prend ainsi,  dans  la  région  comprise  entre  X910  et  X5oo,  six  sous-groupes 
semblables. 

Dans  cette  recherche  j'ai  été  guidé  constamment  parla  loi  que  Deslandres 
a  posée  pour  la  distribution  des  bandes  dans  les  spectres  et  qui  lui  avait 
permis  de  grouper  les  bandes  de  ce  premier  groupe  en  trois  ou  cinq  séries 
arithmétiques.  En  1902,  Cuthbertson  montra  que  toutes  ces  bandes  pou- 
vaient être  distribuées  suivant  treize  séries  arithmétiques  et  il  publia  un 
Tableau  où  ces  treize  séries  étaient  rangées  suivant  des  colonnes  verticales  (-). 
Peu  de  temps  après  Deslandres  signala  dans  la  distribution  de  ces  bandes 
une  particularité  très  intéressante  et  qui  a  été  retrouvée  depuis  dans  d'autres 
spectres  :  «  Non  seulement  les  intervalles  horizontaux  du  Tableau  de 
Cuthbertson  forment  une  série  arithmétique  de  raison  égale  à  3o,3i9,  mais 
les  intervalles  verticaux  dans  ce  même  Tableau  forment  ainsi  une  progression 
arithmétique  de  raison  égale  à  29,363.  La  combinaison  de  ces  deux  pro- 


(')  Comptes  rendus,  2°  semestre  1909. 

(^)  CvTBtitRTSos.  P/ii/osophical  Magazine,  6"  série,  t.  III,  1902,  p.  348-353.  Son 
Tableau  est  tout  semblable  à  celui  publié  en  1886  par  Deslandres  pour  le  deuxième 
groupe  de  l'azote. 


862  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gressions  fait  que  les  bandes  disposées  sur  les  lignes  diagonales  ou  inclinées 
du  Tableau  forment  ainsi  des  progressions  arithmétiques  de  raisons 
variables,  et  c'est  à  l'une  de  ces  progressions  nombreuses  que  se  rapportent 
les  trois  ou  cinq  séries  annoncées  en  1886.  La  distribution  des  ^2  bandes 
du  premier  groupe  a  donc  une  simplicité  remarquable,  et  il  peut  être  repré- 
senté par  la  formule  suivante  dont  les  deux  paramètres  n  ei  p  prennent  les 
valeurs  des  nombres  entiers  successifs  : 

Les  mesures  faites  sur  les  huit  premières  bandes  du  cinquième  sous-groupe 
ont  donné  des  résultats  qui  s'accordent  bien  avec  les  nombres  calculés  d'après 
la  formule  précédente,  en  donnant  au  paramètre  n  des  valeurs  allant  de  55 
à  48  et  au  paramètre/)  les  valeurs  de  49  à  l\-2.  En  réduisant  ces  nombres  en 
longueurs  d'onde,  on  a  en  effet  le  Tableau  suivant  : 


n. 

P- 

\  calculé. 

>,  observé. 

n. 

P 

\  calculé. 

)v  observé. 

55 

49 

774,7 

774,2 

5l 

45 

727,0 

727,4 

54 

48 

762, 1 

762,8 

5o 

44 

716,  I 

716,8 

53 

47 

749,9 

730,4 

49 

43 

705,5 

7o5,4 

52 

46 

788,3 

738,1 

48 

42 

695,3 

695,2 

Les  diftërences  ne  sont  pas  notablement  supérieures  à  celles  qui  se  ren- 
contrent dans  le  reste  du  groupe;  elles  s'expliquent  d'ailleurs  par  la  précision 
plus  grande  des  mesures  de  Hasselberg  utilisées  par  Cuthhertson  et  Des- 
landres.  Il  est  de  plus  intéressant  de  remarquer  que  grâce  à  l'adjonction  de 
ces  bandes  le  Tableau  de  Cuthbertson  prend  une  forme  plus  symétrique. 

Il  était  donc  naturel  de  pousser  plus  loin  le  calcul  et  de  chercher  la  place 
que  devraient  occuper  dans  le  Tableau,  de  nouvelles  bandes  encore  moins 
réfrangibles  et  situées  cette  fois  dans  l'infra-rouge.  Ce  calcul  fait,  il  était 
nécessaire  de  le  vérifier  par  le  relevé  de  ces  bandes  infra-rouges.  En  prolon- 
geant les  temps  de  pose  à  Meudon  jusqu'à  des  durées  de  6  heures  et  en  uti- 
lisant à  Paris  un  spectrographe  plus  lumineux  mis  à  ma  disposition  par  le 
laboratoire  des  recherches  physiques  de  la  Sorbonne,  j'ai  obtenu  quelques- 
unes  de  ces  bandes  infra-rouges  et  mesuré  leurs  longueurs  d'onde.  La  con- 
cordance entre  le  résultat  des  mesures  et  les  nombres  donnés  par  le  calcul, 

(')  Deslandrks,  Comptes  rendus,  1902. 


n. 

P- 

X  calculé. 

>,  observé. 

57 

5o 

9'o.7 

910,1 

56 

49 

890,8 

890,3 

55 

48 

87', 3 

870,5 

54 

4; 

853,8 

854, 1 

SÉANCE  DU  4  AVRIL  I910.  863 

est  un  peu  moins  satisfaisante  que  pour  les  bandes  précédentes,  à  cause  de 
l'étendue  plus  grande  de  l'extrapolation,  mais  elle  est  encore  suffisante. 

n.  p.         >,  calculé.     X  observé. 

53  46  836,5  836,9 

52  45  820. I  820,4 

5i  44  8o4,2  8o4,3 

5o  43  789, [  788,7 

C'est  la  seconde  fois  que  des  bandes  indiquées  par  le  calcul  ont  pu  être 
retrouvées  par  l'expérience,  le  premier  exemple  de  cette  méthode  de  re- 
cherche ayant  été  donné  par  Deslandres  au  sujet  du  spectre  des  hydrocar- 
bures ('). 

PHYSIQUE.  —  Sur  une  erreur  systématique  qui  limite  la  précision  de  l'expé- 
rience de  Cavendish.  Méthode  nouvelle  pour  l'étude  de  la  gravitation. 
Note  de  M.  V.  Crémieu,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

J'ai  montré  précédemment  (^)  que  :  1°  lorsque  le  fil  d'une  balance  de  tor- 
sion n'est  pas  dépourvu  de  toute  flexion  par  rapport  à  la  verticale,  il  n'y  a 
plus  indépendance  des  oscillations  azimutales  et  pendulaires  que  peut  prendre 
l'appareil.  Par  suite,  tout  changement  de  la  verlicale  se  traduit  par  une  va- 
riation azirautale  de  la  position  d'équilibre,  variation  dont  j'ai  donné  la  loi 
quantitative.  Réciproquement,  toute  oscillation  azinmtale  entraîne  une 
oscillation  pendulaire. 

Le  couple  de  torsion  mis  en  jeu  par  les  variations  pendulaires  est  propor- 
tionnel au  poids  supporté  par  le  fil,  de  sorte  qu'avec  les  fils  très  fins,  utili- 
sant toute  leur  force  portante,  ce  couple  supplémentaire  atteint  facilement 
le  Y^,  du  couple  propre  au  fil. 

2°  Pour  éliminer,  dans  les  mesures  de  gravitation,  l'erreur  résultant  de  la 
flexion  du  fil,  j'ai  proposé  (')  d'opérer,  dans  les  mesures,  un  triage  à  l'aide 
d'observations  simultanées  de  la  balance  de  gravitation  et  d'une  seconde 
balance  de  torsion  servant  de  sismographe  témoin. 

Quatre  mois  d'essais  m'ont  démontré  d'abord  les  grosses  difficultés  de  ce 

(')  Deslandres,  Comptes  rendus,  t.  CXII,  1891,  p.  662. 
{^)   Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  mai  1909,  p.  1161. 
(^)  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  octobre  1909,  p.  700. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N«  14.)  "3 


864  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

triage  qui  exigerait  un  double  enregistrement  photographique  continu.  De 
plus,  au  cours  des  mesures,  je  suis  arrivé  à  la  conclusion  suivante  :  Dans 
une  balance  de  torsion  du  type  Cavendish,  il  est  impossible  de  connaître  à  plus 
du  j-^  la  valeur  du  couple  antagoniste  de  la  force  à  mesurer. 

En  efTel,  on  admet  que  ce  couple  anlagoniste  est  celui  du  fil  de  torsion,  que  Ton  me- 
sure par  une  opération  préliminaire,  en  suspendant  des  masses  de  moment  d'inertie 
calculable.  Or,  en  admettant  même  que,  grâce  à  la  symétrie  de  ces  masses,  on  ait  pu 
opérer  cette  mesure  sur  le  fil  sans  flexion  (et  ce  n'est  pas  en  général  le  cas),  on  intro- 
duit toujours  une  flexion  du  fil  lorsqu'on  substitue  le  levier  de  gravitation. 

De  longs  essais,  qui  seront  décrits  ailleurs,  m'ont  démontré  qu'il  est  pratiquement 
impossible  d'arriver  à  un  réglage  de  la  balance  du  type  Cavendish  dans  lequel  on  n'ait 
pas  une  flexion  entraînant  un  écart  GO,  du  centre  de  gravité  du  système  à  la  verticale 
du  point  d'attache  supérieur  du  fil,  d'un  dixième  de  millimètre. 

Or  cet  écart  suffit  pour  que  le  couple  supplémentaire  W,,  qui  est  de  la  forme 

W,  ^=  P^/sinasin(3sinu, 
soit  de  l'ordre  du  yJ,,^  du  couple  de  torsion  W  du  fil. 


En  résumé  la  balance  de  Cavendish  est  soumise  non  seulement  au  couple 
W  de  torsion  propre  du  fil,  mais  à  un  couple  supplémentaire  W,  résultant 
de  la  flexion  du  til.  lu  l'on  ne  peut  connaître  ni  la  valeur  absolue  de  ^^  ,  ni 
la  position  initiale  correspondant  à  co  =  o. 

L'ensemble  de  ces  constatations  m'a  amené  à  imaginer  une  méthode 
nouvelle  pour  l'étude  de  la  gravitation.  Cette  méthode  utilise  justement  la 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  I910.  865 

ilexion  du  fil  de  torsion  el  se  trouve  ainsi  à  l'abri  des  inconvénients  de  la 
balance  de  Cavendish.  En  voici  le  principe. 

Mélhofle  nouvelle  pour  l'étude  de  la  gravitalion.  —  Soient  deux  cylindres 
creux  ABCD,  A'B'C'D',  dont  les  axes  horizontaux  soient  en  prolongement 
l'un  de  l'autre.  En  remplissant  de  mercure  l'un  puis  l'autre  de  ces  cylindres, 
on  produira  dans  la  région  centrale  O  de  l'intervalle  ABA'B'  un  déplace- 
ment de  la  verticale  calculable.  Pour  ioo''s  de  mercure  passant  de  l'un  à 
l'autre  des  cylindres  et  pour  un  intervalle  entre  eux  égal  à  i™,  le  calcul 
montre  que  la  verticale  varie  de  près  de  -~  de  seconde. 

Disposons  entre  les  deux  cylindres  un  disque  circulaire  FF'  suspendu  à 
un  fil  métallique  fin  SF  de  façon  que  le  centre  du  disque  soit  au  centre  de 
l'intervalle  AA'BB'.  Avec  un  disque  plan  formé  de  deux  disques  minces 
semblables  accolés  l'un  à  l'autre  et  entre  lesquels  on  pince  le  fil  SF,  on  arrive 
facilement  à  ce  que  le  plan  médian  soit  rigoureusement  vertical  et  contienne 
la  direction  SF.  Le  fil  n'a  alors  aucune  flexion  appréciable  par  rapport  à  ce 
plan.  Mais  il  en  a  généralement  une  par  rapport  au  plan  vertical  perpendi- 
culaire à  celui  du  disque. 

Or  cette  flexion  peut  se  mesurer  et  se  régler  par  deux  opérations  très 
simples.  Le  discjue  porte  un  petit  miroir  M  dont  le  plan  est  perpendiculaire 
à  celui  du  disque. 

Première  opération.  —  On  fait  passer  ie  mercure  d'un  cylindre  dans  l'autre.  Le 
disque  tourne  azimulalement  d'un  certain  angle.  A  l'aide  d'un  contrepoids  formé  d'un 
pelit  vernier  se  déplaçant  à  la  périphérie  du  disque,  on  arrive  par  tâtonnement  à 
trouver  une  position  pour  laquelle  on  n'a  plus  aucun  déplacement  azimutal  du  disque 
quand  on  déplace  te  mercure. 

On  est  alors  sûr  qu'il  n'y  a  aucune  flexion  du  fil.  On  repère  la  position  du  vernier 
et,  par  réflexion,  le  plan  du  miroir  M.  D'ailleurs  toutes  les  masses  suspendues  au 
fil  SF  ayant  des  moments  d'inertie  calculables,  une  seule  mesure  de  période  d'oscillation 
du  système  nous  donne  la  valeur  du  couple  W  de  torsion  propre  du  fil. 

Deuxième  opération.  —  Cela  fait,  on  donne  au  vernier  un  déplacement  angulaire 
connu;  ceci  entraine  un  déplacement  connu  du  centre  de  gravité  et  il  en  résulte  sur 
le  fil  un  moment  de  flexion  calculable. 

De  plus  l'image  réfléchie  par  le  miroir  M  se  déplace  et  la  mesure  de  ce  déplacement 
permet  de  contrôler  le  résultat  de  ce  calcul. 

D'autre  part,  la  période  d'oscillation  du  système  varie  et  sa  nouvelle  valeur  permet 
de  calculer  le  couple  supplémentaire  W|  dû  à  la  flexion.  D'ailleurs,  avec  quelques  pré- 
cautions, on  arrive  facilement  à  ce  que  le  plan  dans  lequel  se  fait  la  flexion  soit  très 
exactement  perpendiculaire  à  celui  du  disque,  de  telle  sorte  que  la  valeur  de  l'angle  ti) 
est  connue  pour  chaque  amplitude  d'oscillation. 

On  a  ainsi  réalisé  un  microséismographe,  de  sensibilité  réglable  à  volonté 


866  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

et  permellant  d'ailleurs  d'apprécier  des  variations  de  la  verticale  de  l'ordre 
du  -j-^  de  seconde. 

Pour  mesurer  la  densité  de  la  Terre  il  suffit  alors  de  mesurer  exactement 
la  déviation  provoquée  sur  l'appareil  une  fois  réglé  par  le  passage  du  mer- 
cure d'un  cylindre  à  l'autre. 

Cette  méthode  a  l'avantage  de  nécessiter  la  connaissance  d'un  minimum 
de  constantes. 

De  plus,  l'appareil  étant,  par  construction,  un  séismographe  de  sensibilité 
connue,  les  variations  de  la  position  de  son  zéro  serviront  directement  à 
opérer  le  triage  dont  j'ai  parlé  et  qui,  dans  la  méthode  de  la  balance  de  Ca- 
vendish,  nécessiterait  l'emploi  d'un  séismographe  témoin. 

Enfin  la  méthode  se  prête  beaucoup  plus  simplement  aux  mesures  de  gra- 
vitation au  sein  des  liquides. 


PHYSIQUE.  —  Sur  les  pouvoirs  réfringents  spécifiques  ou  les  constantes 
optiques  des  corps  dissous  dans  des  dissolutions  très  étendues.  Note 
de  M.  C.  CiiKNEVEAU,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Si     l'on     appelle     pouvoir    réfringent     spécifique     d'une     solution     le 

rapport — - — (Gladstone)  ou  le  rapport—^ — — ^  (Lorentz),  «  et  r/ étant 

l'indice  de  réfraction  et  la  densité  de  la  solution,  on  peut  obtenir  directement 
la  valeur  de  ce  pouvoir  réfringent  par  une  simple  mesure  d'indice,  faite  à 
l'aide  d'un  réfractomètre  interférenliel.  On  n'a  pas  besoin  de  déterminer  la 
densité,  ce  qui  est  particulièrement  avantageux  dans  le  cas  de  dissolutions 
très  étendues.  Connaissant  ainsi  le  pouvoir  réfringent  d'une  solution,  et 
admettant  que  l'action  d'une  solution  sur  la  lumière  est  la  somme  des  actions 
du  corps  dissous  et  du  solvant  occupant  le  même  volume  que  la  solution,  on 
peut  en  déduire  le  pouvoir  réfringent  spécifique  ou  la  constante  optique  du 
corps  dissous  ('). 

(')  Dans  le  cas  où  Ton  utilise  la  t'onnule  de  Gladstone,  le  pouvoir  réfringent  spéci- 
fique du  corps  dissous  est  — "— — -,  n^  et  dg  étant  l'indice  et  la  densité  du  corps  dissous. 
La  grandeur  — -p —  (C,  concentration  en  grauini.s  par  litre),  que  j'ai  appelée  constanle 

optique  du  corps  dissous  {Aiin.  de  Chiin.  et  de  Phys.,  8=  série,  l,  XII,  1907,  p.  298). 
e>t  le  ujillièiue  du  pouvoir  réfringent  du  corps  dissous. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    1910.  867 

J'ai  appliqué  celle  méthode  à  un  certain  nombre  de  solutions  aqueuses 
très  étendues  de  KCl,  AzO'AzH^  et  (AzO')^Mg.  A  cet  effet,  les  deux 
cuves  d'un  réfractomètre  interférentiel  étaient  initialement  remplies  d'eau  et 
l'on  ajoutait  à  l'eau  d'une  des  cuves,  centimètre  cube  par  centimètre  cube, 
une  solution  type  du  sel  étudié,  de  composition  chimique  bien  connue. 

Si  l'on  admet  que  la  température  est  la  même  dans  les  deux  cuves,  on 
obtient  le  résultat  suivant  (courbes  I,  111,  IV)  :  le  pouvoir  réfringent  est 
à  peu  près  constant,  sauf  aux  extrêmes  dilutions  où  il  varie  très  rapi- 
dement. 


o,wo.. 


0,250 


0 


AzO'Az//' 


ni    (AzO^Mj 


V 


5  10  J5         C 


Ce  fait  est  bien  celui  observé  par  Dijken  ('>.  Cependant  l'ionisation  des 
solutions  étant  commencée  depuis  longtemps,  cet  effet  ne  peut  lui  être 
attribué;  d'ailleurs  deux  expériences  successives  faites  avec  un  même  sel 
peuvent  aussi  bien  donner  une  courbe  ascendante  qu'une  courbe  descendante 
(courbes  III  et  IV).  Il  ne  paraît  donc  pas  y  avoir  là  d'erreur  systématique. 
Je  vais  montrer  que  l'erreur  est  due  à  l'influence  de  la  température  qui  n'est., 
en  général,  jamais  la  même  dans  les  deux  cuves  (^). 

Appelons  t  et  t'  les  tempéialiires  mesurées,  à  chaque  expérience,  dans  les  deux  cuves 


(')  DijKEK,  Z.  f.ph.  Cil.,  i.  \\l\,  1897,  V-  ^i- 

(-)  Sur  63  expériences,  11   seulement  ont  donné   une  même    température  pour  les 
cuves. 


868  ACADÉMIE    UES   SCIENCES. 

contenant  l'eau  et  la  solution,  à  l'aide  de  thermomètres  très  précis  ;  ces  températures 
diffèrent  en  général  d'une  quantité  ±  B.  La  différence  des  indices  de  la  solution  et  de 
l'eau,  qu'on  croît  être  H/ — «0,1  n'est  en  réalité,  par  l'observation  du  déplacement  ô 
des  franges  ou  du  compensateur,  que  iif —  n^  .  De  celte  didérence  réellement  obser- 
vée, nous  pouvons  déduire  la  différence  d'indices  qui  doit  être  considérée  comme 
exacte.  Admettons  en  première  approximation,  largement  suffisante  pour  de  petites 
limites,  que  l'indice  de  réfraction  de  l'eau  est  une  fonction  linéaire  de  la  température, 
c'est-à-dire  que 

«(.,==  "(!,.['  —  a(l  —  L')]  =  /(„,.(!  ^iciQ); 
on  a  alors 

"( —  "0,,^  "/'  —  "of^  '''^  ^=  ^'ô  z^z  /if,^,aO     (  '  ). 

La  quantité  rtf,  .aO  représente  donc  la  correction  de  température  (^).  En  faisant 
cette  correction,  on  voit  que  l'anomalie  observée  au  début  des  courbes  I,  III  et  IV 
disparaît  presque  complètement;  c'est  ce  que  montrent  les  courbes  II  et  V. 

Les  limites  des  différences  de  température  B  entre  les  deux  cuves  ont  été,  dans  mes 
mesures,  — 00,08  et  +o°,o8;  les  concentrations  ont  varié  de  oï,  5  à  i6b  de  sel  par  litre 
de  dissolution.  On  s'explique  d'ailleurs  très  bien  que  l'erreur  due  à  la  température 
n'ait  plus  d'influence  sensible  sur  des  solutions  de  concentration  suffisamment  élevée 
et  que  les  résultats,  non  corrigés,  puissent  s'inverser,  au  début,  suivant  le  sens  de  la 
différence  de  température. 

Le  Tableau  suivant  donne  une  idée  des  écarts  pour  100  qui  existent  entre 
les  pouvoirs  réfringents  déduits  des  deux  solutions  extrêmes  d'une  même 
série  lorsqu'on  applique  ou  non  la  correction  : 


AzO' 

1. 

AzHV 

(,\zO: 
1. 

■)=Mg. 

4-(i,  1 
4-  1,6 

-1,3 

+  1,3 

-4,6 

-^-4>9 
—  2,8 

Sans  correction...     — 6,7  — 5,1 

Avec  correction...     — 4>6         —  '  >& 

Étant  donnée  la  difficulté  d'obtenir  en  valeur  absolue,  dans  les  conditions 
où  j'opérais,  une  correction  qui  ne  dépend  que  d'tme  différence  de  tempé- 
rature de  quelques  centièmes  de  degré,  on  peut  dire  qu'après  correction  les 
écarts  sont  certainement  de  l'ordre  de  grandeur  des  erreurs  d'expérience  cl 
n'ont  aucun  caractère  systématique. 

Si  l'on  tient  compte  de  cette  action  de  la  température,  on  arrive  alors  aux 
résultats  suivants  pour  les  pouvoirs  réfringents  des  sels  étudiés  qui  sont 

(  "  )  Dans  mes  expériences,  a  =  o,oooo85  ;  /:  =zi  2V-,  356. 

(■•  )  Eu  réalité,  si  l'on  ramène  les  expériences  à  une  même  température,  il  faut 
encore  tenir  compte  de  la  petite  différence  qui  existe  entre  la  variation  de  l'indice  de 
l'eau  et  celle  de  l'indice  de  la  solution  avec  la  température. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    1910.  869 

comparés,  dans  le  Tableau  ci-dessous,  aux  résultats  que  j'avais  obtenus  avec 
le  réfractomètre  de  Féry  : 

K.  K. 

Réfractomètre  Réfractomètre  Différence 

Corps.  interférentiel.  de  Féry.  pour  100. 

KCI 0,2600  (  19  exp.)  0,2544  (10  exp.)  -1-2,2 

AzO^AzH* 0,3309(24'    »    )  o,32i4  (  6     »    )  +2,9 

(AzO^)2Mg 0,2533  (16     «    )  0,2449(12     »    )  -H  3,3 

De  ces  résultats  on  peut  donc  conclure  que  V ionisation  ne  parait  pas 
avoir  d' influence  sensible  sur  le  pouvoir  réfringent  ou  la  constante  optique  d'un 
corps  dissous  dans  des  solutions  dont  les  concentrations  sont  supérieures  à  o^,  5 
par  litre. 

Une  autre  conséquence  sen  dégage  également,  très  importante  au  point 
de  vue  de  la  construction  des  réfractomètres  interfèrent iels.  Il  faut  absolument 
assurer  l'égalité  de  température  des  deux  cuves  et,  par  exemple,  les  enve- 
lopper d'un  manchon  d'eau  courante  ou  les  rendre  concentriques;  sans  cela 
les  expériences  faites  avec  des  dissolutions  extrêmement  diluées  peuvent 
devenir  illusoires. 


PHYSIQUE.   —    Sur  le  parcours  des  projections  radioactives.  Note 
de  M.  Louis  Wertenstein,  présentée  par  M.  P.  Villard. 

La  projection  d'une  matière  radioactive  par  sa  substance  mère  est  un 
phénomène  qui  accompagne  toutes  les  transformations  radioactives  où  les 
particules  a  sont  émises,  ainsi  que  l'ont  montré  Hahn  et  Elise  Meitner  ('). 
Ce  phénomène  résulte  probablement  du  fait  de  l'impulsion  de  recul  subie 
par  l'atome  radioactif  lors  de  l'émission  d'une  particule  a.  Pour  le  cas  par- 
ticulier des  transformations  de  la  série  du  radium,  les  expériences  de  Russ 
et  Makower  (^),  faites  dans  le  vide,  ont  montré  qu'il  s'agit  bien  là  d'une  pro- 
jection, car  le  chemin  des  particules  est  rectiligne. 

On  sait  que  les  particules  a  possèdent  la  propriété  de  se  propager  en  ligne 
droite  sensiblement  jusqu'au  point  où  elles  s'arrêtent  en  parcourant  un 
chemin  bien  déterminé  pour  chaque  espèce  de  particules  a.  Je  me  suis 
proposé  de  chercher,  en  me  bornant  au  cas  de  la  projection  du  radium  B  par 
le  radium  A,  si  la  projection  ne  présente  pas  un  caractère  analogue;  si,  en 

(')   l'erhandhingen  d.  d.  phys.  Ges.,  t.  XI,  p.  55-62. 
(-)  Radium^  ji'i"  '909- 


870  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'autres  termes,  les  particules  projetées  n'auraient  pas   un  parcours  bien 
déterminé. 

Les  expériences  de  Debierne  (')  ont  déjà  montré  que  le  parcours,  s'il  y 
en  avait  un,  était  sûrement  inférieur  à  i'"™,  à  la  pression  atmosphérique. 
En  opérant  sous  des  pressions  plus  basses,  j'ai  pu  me  convaincre  de  l'exis- 
tence d'un  parcours  défini  et  mesurer  sa  grandeur. 

Une  lame  posée  en  face  d'une  autre  lame,  portant  du  radium  A,  reçoit,  pendant  la 
période  de  transformation  de  ce  dernier,  une  certaine  quantité  de  radium  B.  Cette  acti- 
vation  peut  être  due  soit  à  la  projection  directe,  soit  à  la  diffusion  et  à  l'attraction 
électrique  des  particules  émises  et  arrêtées  par  le  gaz.  J'ai  cherché  à  éliminer  ces  der- 
niers effets.  Pour  cela  j'ai  profité  du  fait  que  le  radium  B  projeté  se  comporte  comme 
un  corps  chargé  positivement.  Une  forte  électrisation  de  même  sens  de  la  lame  à  étu- 
dier devrait  donc  en  écarter  toutes  les  particules  qui  n'arrivent  pas  avec  une  vitesse 
suffisante. 

Voici  maintenant  en  quoi  consistaient  mes  expériences. 

Un  disque  de  laiton  de  aS""  de  diamètre  était  activé  pendant  6  minutes  par  l'émana- 
tion du  radium.  On  le  retirait  au  temps  que  j'appelle  zéro.  On  le  chauffait  pendant 
10  secondes  dans  l'air  chaud  de  la  flamme  de  Bunsen.  On  mesurait  son  activité  au  temps 
i™i5*.  Au  temps  2"3o'  le  disque  était  transporté  dans  une  petite  cloche,  où  était  fixé 
un  autre  disque  à  distances  variables  du  premier.  La  communication  avec  un  grand 
réservoir  vide  permettait  d'atteindre  rapidement  des  pressions  voulues.  Un  champ 
électrique  fort  était  établi  entre  deux  disques  dans  le  sens  indiqué  plus  haut.  Au 
temps  8™3o^  on  ouvrait  la  cloche,  on  retirait  avec  précaution  les  deux  disques  et  l'on 
mesurait  leur  activité. 

J'ai  cherché  à  déterminer  comment  variait,  sous  diflérentes  pressions,  l'activité 
reçue  par  le  deuxième  disque,  en  fonction  de  sa  dislance  du  premier  disque. 

Les  courbes  de  cette  activité  peuvent  être  identifiées  avec  celle  du  radium  B.  Dans 
le  Tableau  ci-dessous  sont  représentés  les  rapports  de  l'ordonnée  maximum  de  la 
courbe  à  l'activité  du  premier  disque,  mesurée  au  temps  i^iô*.  On  vérifiait  que 
celte  activité  était  sensiblement  proportionnelle  à  la  quantité  du  radium  A  efTec- 
tivement  présente  sur  le  premier  disque,  en  mesurant  à  nouveau  son  activité  au 
temps  3o  minutes. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 

Pression  iS""". 

Distance  en  millimètres o         2         3         4         5         6  7 

Activité  relative  en  millièmes..      8,7     6,2     !\,i     2,8     1,8     o,i5     très  faible 

Pression  20™°'. 

Distance  en  millimètres o         2         3         4  5 

Activité  relative  en  millièmes. .     8,7     4>7     2,2     0,9     très  faible 

(')  Radium,  mars  1909. 


SÉANCE    DU    4    AVRIL    191O.  871 

Pression  26"'"'. 

Distance  en  millimètres 0284 

Aclivilé  relative 8,7     3,5     i,3     o 

Dislance  constante  2™". 

Pression  en  millimètres o  i3  20  26  36  54 

Activité  relative 8,7  6,2  4i7  3,5  1,8  o 

Les  nombres  indiqués  sont  des  moyennes  d'un  grand  nombre  d'expé- 
riences, qui  pour  chaque  cas  présentent  toutefois,  surtout  à  grande  distance, 
des  écarts  assez  sensibles  que  j'espère  pouvoir  expliquer  bientôt. 

Les  quatre  séries  de  mesures  ont  été  faites  en  employant  des  différences 
de  potentiel  comprises  entre  20  et  i  70  volts.  La  variation  du  potentiel  s'est 
montrée  sans  influence  sur  les  résultats. 

Les  nombres  correspondant  à  la  distance  zéro  ou  à  une  pression  nulle 
représentent  l'activité  relative  totale  pouvant  être  recueillie  par  projection. 
Pour  déterminer  celle-ci  on  renversait  le  champ.  Dans  ces  conditions,  le 
deuxième  disque  recevait  non  seulement  les  particules  venant  le  frapper 
directement,  mais  aussi  les  particules  arrêtées  par  l'air. 

Les  nombres  obtenus  représentés  graphiquement  donnent  des  droites. 
Les  trois  premières  coupent  l'axe  desabscisses  respectivement  aux  distances 
de  6"'"',  2;  4""")  3;  3'"'",  5.  La  quatrième  coupe  l'axe  des  abscisses  à  une 
distance  qui  correspond  à  une  pression  de  45'""^  (les  activités  sont  les 
ordonnées). 

Ces  résuUats  s'interprètent  le  plus  simplement  en  supposant  que  les  par- 
ticules du  radium  B  projeté  ont  un  parcours  bien  déterminé,  et  que  ce 
parcours  est  représenté  pour  chaque  pression  par  la  distance  où  la  droite 
coupe  l'axe  des  abscisses,  et  qu'il  est  égal  à  2""'  sous  la  pression  de  45™"". 

En  effet,  si  nous  décrivons  un  hémisphère  de  rayon  égal  au  parcours 
présumé,  et  si  nous  faisons  l'hypothèse  que  la  projection  par  une  source 
placée  au  centre  est  la  même  dans  tous  les  sens,  une  lame  coupant  la  sphère 
recevra  une  quantité  de  radium  B,  proportionnelle  à  la  surface  et  par  con- 
séquent à  la  hauteur  du  segment. 

On  obtiendrait  ainsi  pour  le  produit  du  parcours  par  la  pression  les 
nombres  81,  88,  90,  go. 

D'où  résulterait  que  le  parcours  est  inversement  proportionnel  à  la 
pression. 

Il  semble  donc  que  pareillement  aux  particules  a,  les  particules  d'activité 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  14.)  H^^ 


872  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

projetée  vont  en  ligne  droite  jusqu'an  point  on  elles  s'arrrtent,  ou  que  tout 
au  moins  la  région,  où  au  régime  ordonné  des  vitesses  de  projection  succède 
le  régime  désordonné  des  vitesses  de  diffusion,  est  relativement  très  peu 
importante. 

Il  résulterait  de  ces  expériences  une  valeur  de  o""",  i  pour  le  parcours  à  la 
pression  normale,  ce  qui  correspond  à  une  pénétrabilité  /|00  fois  plus  faible 
que  celle  des  rayons  a  du  radium  A.  Ainsi  les  feuilles  en  or  battu  de  01^,08 
arrêtent  complètement  les  particules.  Des  essais  sont  en  train  pour  préparer 
des  membranes  solides  pouvant  être  traversées  par  les  particules  et  aussi 
pour  déterminer  le  parcours  avec  une  précision  plus  grande. 

Remarque.  —  Le  rapport  de  l'aclivilé  projetée  à  celle  qui  devrait  être  projetée 
théoriquement,  si  l'on  admettait  que  la  projection  doit  avoir  lieu  pour  chaque  atome 
de  radium  A  transformé,  varie  entre  76  et  80  pour  100.  Pour  déterminer  ce  nombre, 
on  activait  le  premier  disque  pendant  un  temps  très  court  de  i5  à  3o  secondes,  de 
manière  à  n'avoir  que  du  radium  A.  Du  rapport  de  l'activité  projetée  à  celle  qui 
l'esté  sur  le  premier  disque  on  peut  déduire,  par  un  calcul  facile,  le  nombre  cherché. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Réduction  des  chlorures  de  bore  et  d'arsenic  par  l'hy- 
drogène sous  l'injluetice  de  l'ejjluve  électrique.  Note  ('  )  de  MM.  A.  Iîesso.n 
et  L.  FoL'RNiER,  présentée  par  M.  Troost. 

Dans  une  précédente  Communication  (^)  nous  avons  montré  que  le  tri- 
chlorure  de  phosphore,  PCI',  était  réduit  par  l'hydrogène  sous  l'action  de 
l'effluve  électrique  avec  formation  du  bichlorure  P^Cl';  nous  avons  étendu 
cette  étude  à  d'autres  chlorures. 

Chlorure  d'arsenic  AsCl*.  —  Quand  on  entraîne  des  vapeurs  de  As  CI'  par  de 
l'hydrogène  à  travers  un  tube  à  effluves  en  activité,  on  voit  apparaître  aussitôt  sur  les 
armatures  un  dépôt  brun  qui  devient  miroitant  au  bout  d'un  certain  laps  de  temps  et 
ne  tarde  pas  à  revêtir  toutes  les  parois  du  tube,  en  formant  une  couche  continue.  Le 
dépôt,  qui,  au  premier  abord,  paraît  être  de  l'arsenic,  étant  isolé,  lavé  avec  CCI*  sec, 
et  desâéclié  à  100°  dans  le  vide,  se  présente  sous  forme  d'un  mélange  de  lamelles  mi- 
roitantes et  (Je  poudre  noire;  soumis  à  l'analyse,  il  se  montre  formé  en  majeure  partie 
par  de  l'arsenic  (89,8  à  90,7  pour  100),  mais  il  renferme  toujours  une  notable  quan- 
tité de  chlore  (7,8  à  7,9  pour  100),  et  pas  d'hydrogène;  ces  pourcentages  correspon- 
draient sensiblement  à  la  formule  As" Cl,  mais  aucun  caractère  ne  permet  d'affirmer 
qu'on  a  afl'aiie  à  un  composé  défini  ou  à  un  mélange  d'arsenic  et  d'un  chlorui-e  con- 

(')  Frésentée  dans  la  séance  du  21  mars  1910. 
(')  Comptes  rendus,  10  janvier  J910. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  878 

dense.  11  esl  à  remarquer  cependant  que  trois  préparations  successives  nous  ont  donné 
des  produits  de  composition  à  peu  près  identique.  Il  nous  paraît  hors  de  doute,  en 
tous  cas,  que  ce  corps  renferme  un  chlorure  autre  que  AsCF,  car  ce  dernier  esl  très 
soluble  dans  CCI*  et  malgré  un  épuisememt  prolongé  au  Soxhiet,  la  teneur  en  clilore 
n'a  pas  sensiblement  varié;  la  présence  d'un  peu  d'oxj'chlorure  d'arsenic  ne  nous  pa- 
raît pas  probable  non  plus,  car  celui-ci  est  très  soluble  dans  AsCl'^,  et  l'épuisement 
prolongé  du  produit  en  vase  clos  vide  d'air  par  AsCI'  n'a  pas  modifié  sensiblement  sa 
composition.  Si  l'on  chauffe  ce  corps  progressivement  dans  le  vide  jusqu'à  4oo''-5oo°, 
on  voit  bientôt  distiller  quelques  gouttes  liquides  que  nous  avons  pu  caractériser 
comme  étant  As  Cl',  puis  il  se  forme  un  sublimé  d'apparence  métallique  qui  est  de 
l'arsenic  ne  renfermant  plus  que  des  traces  de  Cl.  11  semble  donc  que,  sous  l'action 
de  la  chaleur,  le  sous-chlorure  d'arsenic  présumé  se  décompose  en  As  -H  As  Cl'. 

Chlorure  de  bore  BCl^.  —  Les  vapeurs  de  chlorure  de  bore  pur  ne  semblent  pas 
réduites  par  l'hjdrogène  sous  l'action  de  Wi'^y.wt  proprement  dite  (dislance  des  arma- 
tures 3™"  à  5""™),  mais  le  mélange  de  ce  gaz  et  de  celle  vapeur  paraît  doué  d'une  grande 
conductibilité  électrique,  de  telle  sorte  que,  si  la  disposition  de  l'appareil  le  permet, 
il  éclate  des  étincelles  fulgurantes  de  plusieurs  centimètres  de  longueur  avec  un  bruit 
strident  qui  rappelle  la  grêle  frappant  un  vitrage,  en  même  temps  les  tubes  chaullent 
beaucoup,  et  c'est  à  cette  cause  que  nous  attribuons  la  rupture  fréquente  de  nos 
appareils  dans  cette  expérience.  Dans  la  région  sillonnée  par  les  grandes  étincelles, 
soit,  dans  nos  appareils,  entre  l'extrémité  inférieure  du  tube  central  et  les  parties  plus 
éloignées  du  tube  concentrique,  et  là  exclusivement,  on  voit  se  former  un  dépôt  d'un 
corps  solide.  Dans  nos  premières  expériences,  nous  n'avions  pas  pris  de  précautions 
spéciales  au  point  de  vue  de  la  pureté  des  réactifs;  le  chlorure  de  bore,  préparé  par  nous, 
avait  été  simplement  rectifié,  et  l'hydrogène,  préparé  par' du  zinc  réputé  dépourvu 
d'arsenic  et  de  l'acide  chlorhydrique  pur.  Le  dépôt  de  couleur  jaune  brun  obtenu 
était  très  altérable  à  l'air  et  se  décomposait  partiellement  avec  effervescence  au  con- 
tact de  l'eau  en  donnant  un  gaz  combustible  qui  paraissait  renfermer  de  l'hydrure  de 
bore  (odeur  de  choux  pourris,  coloration  verte  de  la  flamme).  La  solution  aqueuse 
fortement  réductrice  renfeimait,  outre  de  l'acide  borique,  une  notable  quantité 
d'acide  chlorhydrique,  ainsi  que  du  phosphore  et  un  peu  d'arsenic.  N'ayant  pu  fixer 
exactement  la  nature  du  ou  des  corps  ainsi  formés,  nous  avons  recherché  l'origine  des 
impuretés  et  évité  leur  présence;  pour  l'arsenic,  la  cause  était  facile  à  trouver  dans  le 
zinc  employé,  et  nous  pûmes  l'éviter  en  employant  une  autre  qualité  de  ce  métal  et  en 
vérifiant  qu'il  ne  renfermait  pas  pratiquement  d'arsenic.  Quant  au  phosphore,  nous 
reconnûmes  que  c'était  notre  chlorure  de  bore  qui  en  renfermait  de  petites  quantités 
et  nous  l'éloignàmes  par  plusieurs  fractionnements  au  tube  Otlo  à  5  boules.  (Le  bore 
qui  nous  a  servi  avait  été  préparé  par  un  procédé  modificatif  de  celui  de  Moissan,  par 
mag nésium thermie  :  un  mélange  intime  de  4  parties  d'anhydride  borique  pulvérisée 
et  de  3  parties  de  magnésium  en  poudre  est  tassé  dans  un  creuset  de  terre  et  l'on  y 
met  le  feu  au  moyen  d'une  cartouche  de  BaO--l-Mg  en  poudre  et  un  ruban  de 
magnésium;  la  réaction  amorcée  se  produit  paisiblement  et  le  produit  refroidi  est 
mis  à  bouillir  avec  HCI,  jeté  sur  un  filtre  et  lavé  à  l'eau  bouillante;  le  phosphore 
provenait  sans  doute  du  magnésium  employé  ou  de  la  réduction  des  phosphates  dans 
les  parois  du  creuset  de  terre.) 


874  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  ces  conditions,  le  phénomène  présente  la  même  apparence,  mais  les  dépôts 
de  couleur  gris  brun  sont  formés  de  bore  amorphe  à  peu  près  pur;  sans  action  sur 
l'eau,  ils  ne  renferment  plus  de  chlore,  à  peine  une  trace  de  phosphore  et  d'arsenic. 
On  en  conclut  que  BGI^  est  réduit  par  l'hydrogène  sous  l'action  des  étincelles  élec- 
triques, avec  mise  en  liberté  de  bore;  quoiqu'ajant  opéré  sur  i''s  de  BCP  environ, 
nous  n'avons  pas  pu  reconnaître  la  formation  de  sous-chlorure. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Sur  les  élholides  des  Conifères.  Achles  junipérique 
et  sahinique.  Note  de  M.  J.  IJougault,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  un  travail,  publié  en  collaboration  avec  M.  Bourdier  ('),  nous 
avons  montré  que  les  acides  junipérique  et  sabinique,  obtenus  par  saponi- 
fication de  certains  élholides  (-)  retirés  des  cires  de  Conifères,  sont  des 
acides-alcools  de  formule  C'H'^O'  et  C'-H^'O',  isomères  par  conséquent 
des  acides  ovypalmitiques  et  oxylauriques. 

J'ai  réussi  depuis  à  fixer  leur  constitution  d'une  façon  certaine  comme  je 
vais  l'exposer  dans  la  présente  Note. 

Je  me  suis  proposé  tout  d'abord  de  rechercher  s'ils  sont  réellement  des 
acides  oxypalmitique  et  oxylaurique.  Pour  résoudre  cette  question,  j'ai 
transformé  les  acides  junipérique  et  sabinique  en  leurs  éthers  iodliy- 
driques  C'"H"IO-  etC'-H*^IO%  par  l'action  de  l'iode  et  du  phosphore; 
puis  j'ai  réduit  ces  éthers  iodhydriques  par  le  zinc  en  liqueur  acétique.  J'ai 
obtenu  ainsi  des  acides  que  j'ai  pu  identifier,  respectivement,  avec  les  acides 
palmitique  et  lauiique. 

Les  acides  junipérique  et  sabinique  sont  donc  bien  des  acides-alcools 
dérivés  des  acides  palmitique  et  laurique. 

Restait  à  fixer  la  place  de  l'oxhydriledans  la  formule  de  constitution.  Ce 
résultat  a  été  atteint  en  ayant  recours  à  l'oxydation  chromique  en  milieu 
acétique.  J'ai  obtenu,  avec  l'acide  junipérique,  un  acide  bibasique  de 
formule  C"'H"0',  fondant  à  12/1°,  et,  avec  l'acide  sabinique,  un  acide 
bibasique  de  formule  C'-H-^O',  fondant  à  127°. 

On  voit  que,  dans  les  deux  cas,  les  acides  bibasiques  ont  conservé  le 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLVII,  1908,  p.  i3ii.  —  Pour  plus  de  détails,  \o\r  Journ. 
de  Pliarm.  et  de  Cliini.,  6°  série,  t.  XXIX,  p.  J6i,  et  t.  XXX,  1909,  p.  10. 

(^)  Je  rappelle  que  nous  avons  désigné  sous  le  nom  A'étholides  des  principes 
immédiats  naturels,  très  répandus  chez  les  Conifères,  et  qui  sont  formés  par  la  combi- 
naison d'un  certain  nombre  de  molécules  d'acides-alcools  unis  par  élhérificalion. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  19IO.  875 

même  nombre  d'atomes  de  carbone  que  l'acide-alcool  dont  ils  dérivent;  on 
en  conclut  immédiatement  que  la  fonction  alcool  est  primaire  dans  les  deux 
oxyacides  considérés.  Et  comme,  d'autre  part,  ils  ont  une  chaîne  normale, 
fait  démontré  par  leur  transformation  en  acides  palmitique  et  laurique,  ils 
ont  nécessairement  la  constitution  exprimée  par  les  formules  suivantes  : 

Acide  junipérique CH-OH  —  (CH')>*-  COM^ 

Acide  sabinique CH=OH  —  ( CH' )'» -  C0=  H 

Les  acides  bibasiques,  résultant  de  leur  oxydation,  sont  évidemment 

(I)  co-H  — (cn-)"-co'-ri 

et 

(II)  CO^H -(CtP)'"-CO'-H. 

Ces  deux  acides  ont  déjà  été  signalés. 

L'acide  décaméthy.lène-dicarbonique  (II)  a  été  obtenu  par  Nôrdlin- 
ger  (')  par  action  du  cyanure  de  potassium  sur  l'étlier  i  i-bromoundécy- 
lique  CH-Br — (  CH^)"  —  CO-C-H%  et  saponification  du  nitrile  formé. 
Il  fond  à  126", 6-127°  comme  l'acide  bibasique  dérivé  de  l'acide  sabinique. 

Les  acides  des  deux  origines,  ayant  été  préparés  par  des  procédés  qui 
conduisent  nécessairement  à  la  même  formule  de  constitution,  sont  évi- 
demment identiques. 

L'acide  tétradécamélhylène-dicarbonique  (I),  dérivé  de  l'acide  juni- 
périque,  s'est  trouvé  également  identique  à  un  acide  déjà  signalé,  l'acide 
thapsique,  C"*H"'0'',  retiré  par  F.  Canzoneri  delà  résine  extraite  de  la 
racine  du  Thapsia  Gar^anica\j.  (^).  Mais  ici  l'identité  ne  s'imposait  pas, 
car  la  constitution  de  l'acide  tbapsique  n'avait  jamais  été  élucidée. 

Pour  décider  des  relations  entre  ces  deux  acides,  j'ai  été  conduit  à  pré- 
parer de  l'acide  thapsique  avec  la  résine  de  Thapsia  (').  La  comparaison 
de  cet  acide  thapsique  av.ec  l'acide  bibasique  obtenu  de  l'acide  junipérique 
permet  d'affirmer  leur  identité.  Par  là,  se  trouve  établie  la  formule  de  cons- 
titution de  l'acide  thapsique;  c'est  l'acide  tétradécaméthylène-dicar- 
bonique (I). 


(')  Ber.  d.  d.  chein.  GeselL,  t.  XXIII,  1890,  p.  235;. 
(2)  Gaz.  chiin.  ital.,  t.  XIII,  i8S3,  p.  5i4. 

(')  J'adresse  ici  mes    remercîments  à  M.  le  professeur  Bourquelol  qui  m'a  obli- 
geamment offert  cette  résine. 


H76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Je  signale  brièvement  quelques  composés  nouveaux,  préparés  au  cours 
de  ce  travail  : 

Ether  iodhydriqtic  de  l'acide  junipérique  ou  acide  i^-iodopabnilique 

GII-1.(CH2)'*.C0^H. 

^   Cristaux  incolores,  fondant  à  76°.  Peu  soluble  dans  ralcool  froid,  très  soluhle  à 
chaud.  Sels  alcalins  solubles  dans  l'eau  chaude,  peu  solubles  à  froid. 
Ether  iodhydiique  de  l'acide  sabinique  ou  acide  \iiodolaurique 

CIPI.(CH-')'».C02H. 

—   Cristaux  incolores,   fondant  à  63°-64°.   Kn   général,   plus  soluble  que    le  composé 
précédent. 

Elhcr  dièthylique  de  l'acide  thapsiquc  C^  H'0-C.  (CM-)".  CO-C'H^.  —  Cristaux 
incolores,  fusibles  à  89°,  très  solubles  dans  l'éllier  et  l'alcool,  assez  solubles  dans 
l'éther  de  pétrole. 

Conclusions.  —  J'ai  fixé  les  formules  de  constitution  de  l'acide  junipérique 
ou  i6-oxypalmitique  CH-OH.  (CH^)'\  CO^H,  de  l'acide  sabinique  ou 
iii-oxylaurique  CH-OH.(CH-)"'.CO^H  et,  incidemment,  celle  de  l'acide 
thapsiquc  CO^H . ( CIP )' ''.CO^H. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  composés  organiques  sponlanément 
oxydables  avec  phosphorescence.  Note  de  M.  Marcel  Delëpine,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

Lors  de  mes  recherches  sur  les  éthers  ihiosulfocarbamiques  et  imidodi- 
thiocarboniques  ('),  j'avais  eu  l'intention  d'étudier  quelques  éthers  sulfo- 
carbamicpies  (R,  R^)N.  CS.OR,.  J'avais  même  préparé  le  plus  simple 
d'entre  eux  (CH'')^N.CS.OCH%  par  aclion  de  la  diraéthylamine  sur  les 
éthers  thiosulfocarboniqucs  CH'S.CS.OCH^  et  C-H'^S.  CS.OCH'(-).  En 
manipulant  ces  trois  composés  sulfurés,  j'avais  fait  une  observation  bien 
singulière  :  ils  émettaient  dans  l'obscurité  des  vapeurs  très  lumineuses,  avec 
une  odeur  ozonée.  Mais,  circonstance  vraiment  déplorable,  je  constatai  que 
l'iodure  de  méthyle  cjui  avait  servi  à  faire  l'un  des  éthers  thiosulfocar- 
boniques  contenait  du  phosphore  blanc,  ce  qui  me  fit  abandonner  mes 
investigations. 

(')  M.  Deléhine,  Ann.  de  Chini.  et  de  Phys.  ']'  série,  t.  XXIX.  igoS,  p.  go. 

(')  0{.  Dictionnaire  de  ïFm/7^,  à  l'article  Thiocarbamiques,  2'^suppl.,  t.  VII,  p.  786, 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  877 

Avant  eu  dernièi  emenl  riiilenlion  de  compléter  les  essais  suspendus,  il  y  a  7  ans, 
et  a^ant  employé  du  sulfate  de  inélliyle  au  lieu  d'iodure,  je  fus  bien  surpris  de 
constater  que  les  éthers  lliiosulfocarboniques  préparés  à  nouveau  fumaient  à  l'air  et 
que  les  fumées  étaient  lumineuses  dans  robscurilé.  La  présence  du  phosphore  blanc 
dans  un  iodure  de  mélhyle  mal  préparé  n'avait  donc  été  qu'une  coïncidence  fâcheuse. 

Je  rappelle  que  les  élhers  thiosulfocarboniques  se  font  régulièrement  par  les  réac- 
tions successives 

R.0Na  +  CS2=:NaS.CS.0R         et         NaS.CS.OR  +  R'X  =  XNa  +  R'S.CS.OR. 

Or,  pour  faire  par  exemple,  CH^S.  CS.  OCH',  j'ai  pu  prendre  comme  éther  minéral 
CH'I,  (CH')^SO',  CH' NO^;  comme  sulfure  de  carbone,  du  sulfure  pur  du  commerce 
digéré  ou  non  sur  du  mercure,  ou  ce  sulfure  traité  par  un  peu  de  brome,  d'iode,  ou 
régénéré  d'un  xanthate  de  potassium  cristallisé  G^hPO.CS'K;  le  méthylate  a  pu  être 
fait  avec  du  sodium  et  de  l'alcool  méthylique  de  l'oxalate  ou  de  l'alcool  pur  du  com- 
merce, ou  être  remplacé  par  une  solution  méthylique  de  soude  ou  de  potasse.  Dans 
tous  les  cas,  le  composé  fumait  à  l'air  et  luisait  dans  l'obscurité.  Il  en  a  été  de  même 
pour  cet  éther  fait  par  action  de  l'iode  sur  le  méthylxanthate  de  sodium.  D'autres 
élhersj  comme  CH'S  .CS.  OC'Il",  C' H^S.  CS.OCfP  ont  été  pré|)arés  avec  les  alcoo- 
lates  correspondants,  du  sulfure  de  carbone  régénéré  d'un  sulfocarbonate  de  potassium 
et  les  sulfates  de  méthyle  et  d'éthyle.  Ils  luisent  aussi.  Ces  détails  écartent  toute  hypo- 
thèse d'introduction  de  phosphore  blanc;  toutes  mes  tentatives  pour  trouver  du 
phosphore  ont  d'ailleurs  échoué. 

J'ai  constaté  que  les  éthers  (connus  ou  inconnus) 

/OCH^  /OCMl^  /0CH3  /OrjW  /OCni^  /OCH' 

luisaient  à  des  degfés  divers,  dans  l'ordre  décroissant,  en  allant  du  premier 
au  dernier.  La  durée  suit  un  ordre  inverse  pour  une  même  quantité,  ce  que 
l'on  conçoit,  puisqu'elle  est  corrélative  de  l'évaporalion  du  produit  et  que 
les  points  d'ébuUition  sont  respectivement  167°,  i84",  i84'\  iioi°-2o3°, 
200"  et  20i-2o3'^;  la  phosphorescence  dure  tant  qu'il  y  a  de  la  substance; 
réchauffement  des  derniers  composés  la  rend  manifestement  plus  visible. 
De  deux  isomères,  c'est  celui  qui  possède  le  SR  le  plus  petit  qui  luit  le 
mieux;  ainsi  CH^S.CS.OC'H'  luit  incomparablement  plus  fort  que 
C^  H"  S.CS.  OCH'.  Le  premier  terme  CH' S.  CS.  OCH%  sous  l'inlluence 
d'une  active  insufllation,  forme  aisément  des  nuages  lumineux  d'un  demi- 
mètre  de  dimension,  dans  lesquels  on  distingue  nettement  le  contour  des 
objets. 

Voilà  donc  une  famille  de  composés  organiques,  les  éthers  ihiosul/ocar- 
boniques,  dont  les  vapeurs  sont  spontanément  phosphorescentes  dans  l'air. 


878  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Ce  n'est  pas  tout;  les  éthers  sulfocarbamiques 

/N(CH')^  /N{CIP)^  /N(C»H^)'  /^{CHVy- 

bouillant  respectivement  à  193",  206°,  210°  et  224°-225'',  émettent  à  l'air,  à 
la  température  ordinaire,  des  vapeurs  qui  s'opacifient  encore  plus  fortement 
que  celles  des  éthers  thiosulfocarboniques  et  qui  luisent  aussi  dans  l'obscu- 
rité avec  une  intensité  décroissante  par  rapport  à  l'ordre  précédemment 
écrit.  Et  cela  qu'ils  aient  été  préparés  par  l'une  ou  l'autre  des  réactions  : 

RS.CS.OR,+  (R,R3)NH=RSH  +  (R,R3)N.CS.OR,, 
(RjR3)N.CSCI  +  NaOR,=  ClNa  +  {R2R3)N.CS.OR,, 
[(RjR3)N.CS]^S-i-!\aOR,  =  (R,R3)N.CS^Na-(-(R,R3)N.CS.OR,, 

dont  les  dernières  écartent  l'hypothèse  qu'un  peu  déther  thiosulfocarbonique 
soit  resté  indécomposé  si  l'on  a  opéré  suivant  la  première.  D'ailleurs,  le 
composé  (CH^)-N.CS.O('H^,  à  vapeurs  à  peu  près  aussi  lumineuses  que 
celles  de  CH'S.CS.OC^H',  a  pu  être  préparé  avec  la  dimètliylamine  et 
l'éther  C'H'S.CS.OCH'  dont  la  luminosité  n'est  discernable  qu'après  un 
séjour  prolongé  dans  la  chambre  noire. 

Si  l'on  compare  les  formules  RS.CS.OR,  et  (R. R3)N.CS.0R,,  on 
constate  qu'elles  n'ont  de  commun  que  —  CS.OR,  ;  il  était  donc  logique  de 
penser  que  les  éthers  sulfocarhnniques  CS(OR)^  seraient  aussi  phospho- 
rescents. En  fait,  l'éther  CS(OCH')-  préparé  avec  le  thiophosgène  CSCl- 
et  le  méthylate  de  sodium  a  fourni  des  vapeurs  fortement  lumineuses; 
l'homologue  CS(OC^H^)-  n'a  présenté  qu'une  phosphorescence  douteuse. 

Ces  phosphorescences  ont  leur  source  dans  une  oxydation.  Le  nuage  blauc, 
opaque,  formé  par  les  éthers  thiosulfocarboniques,  nuage  qu'il  est  extra- 
ordinairement  difficile  de  condenser,  contient  de  l'acide  sulfurique;  il  ne  se 
forme  pas  dans  l'hydrogène,  le  gaz  carbonique,  mais  se  manifeste  au  moment 
où  ces  gaz  chargés  des  vapeurs  organiques  se  répandent  dans  l'air  ;  un  espace 
vide  d'air,  puis  rempli  de  vapeur  d'éther  CS(SCH')(OCH^),  s'illumine 
au  moment  où  l'air  rentre,  etc.  Je  me  propose  d'examiner  d'un  peu  près 
quelques  circonstances  de  ces  phosphorescences  dont  une  des  conditions  me 
parait  être  un  grand  excès  d'oxygène. 

En  résumé,  j'ai  fait  connaître  dans  cette  Note  onze  cas  de  phosphorescence 
(jiii  offrent  l'intérêt  de  se  rattacher  à  la  présence  dans  une  molécule  organique 

d'un  groupement  atomique  constant  ^  Cx  X_  • 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  19IO.  879 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  recherche  de  V hexamèlhylèiic-télraminc  dans 
les  moûts  et  les  vins.  Noie  de  M.  E.  Voiseset,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

Depuis  quelque  temps  on  signale  l'emploi  de  rhexaiuéthylènc-létramine 
ou  urotropine,  comme  agent  désulfitcur  des  moûts  et  des  vins.  Cet  usage 
est  illicite  d'abord,  parce  que  ce  composé,  considéré  isolément,  devient 
ainsi  une  source  d'aldéhyde  formique;  l'acidité  relativement  faible  du  moût 
ou  du  vin  suffisant  à  provoquer  le  dédoublement  de  l'hexaméthylène- 
tétramine  en  ses  constituants,  formaldéhyde  et  ammoniaque.  D'autre  part, 
l'ingestion  d'urotropinc,  à  doses  même  faibles,  mais  renouvelées,  peut 
occasionner  des  accidents.  Enfin,  l'aldéhyde  formique,  au  fur  et  à  mesure 
de  sa  formation,  se  combine  rapidement  à  l'acide  sulfureux  des  vins  sulfites, 
en  donnant  une  combinaison  suffisamment  stable  pour  masquer  au  dosage 
une  grande  partie  de  cet  antiseptique,  quelle  que  soit  la  méthode  employée. 

Ce  sont  en  général  les  vins  blancs,  contenant  une  notable  quantité  de 
matières  sucrées,  qui,  après  avoir  été  mutés  au  soufre  d'une  façon  souvent 
inconsidérée,  sont  ainsi  désulfités  et  ramenés  en  apparence  à  la  dose  légale 
d'acide  sulfureux,  soit  35o"'s  de  SO"  total  par  litre.  F^e  fait  se  présente  plus 
rarement  pour  les  vins  rouges,  en  raison  de  la  dépréciation  que  subit  leur 
couleur  par  la  pratique  du  mutage  sulfitique.  Cette  désulfitation  s'opère 
aussi  sur  les  moûts,  lesquels  peuvent  alors  entrer  en  fermentation  sans  le 
concours  de  la  chaleur  qui  donne  toujours  un  goût  spécial  aux  vins  mi- 
fermentés  obtenus. 

Les  méthodes  de  recherche  de  l'hexamélhylène-tétramine  sont  fondées 
sur  la  régénération  de  la  formaldéhyde  constituante,  suivie  de  sa  recon- 
naissance. Indépendamment  des  procédés  officiels,  d'autres  moyens  ont  été 
préconisés,  en  particulier  ceux  basés  sur  l'emploi  du  bisulfite  de  rosaniline 
(réactif  des  aldéhydes),  par  essai  direct  sur  le  vin  fortement  acidifié,  ou 
par  essai  après  distillation  du  liquide  acidulé  par  l'acide  sulfurique;  si  le 
vin  a  été  additionné  d'urotropine,  le  réactif  se  colore  en  violet. 

Ces  deux  essais  sont  fondés  sur  une  réaction  qui  n'est  pas  spécifique  pour 
la  formaldéhyde  :  le  bisulfite  de  rosaniline  est  en  effet  un  réactif  de  classe,  et 
toutes  les  aldéhydes  colorent  ses  solutions  acides  en  violet.  Or,  des  aldéhydes 
diverses  existent  dans  tous  les  vins,  notamment  de  l'aldéhyde  acétique, 
surtout  dans  les  vins  vieux,  où  l'on  peut  rencontrer  plusieurs  centaines  de 

C.  R.,  1910,  I"  5emes</e.  (T.  150,  N°  14.)  /  I'7 


88o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

milligrammes  d'éthanal  par  litre,  ainsi  qu'il  résulte  des  récentes  recherches 
de  M.  Trillat  :  en  particulier  les  vins  blancs  du  Sauternois  rentrent  dans 
cette  catégorie.  Il  s'ensuit  qu'on  s'exposerait,  à  l'aide  de  la  coloration 
violette  du  réactif  à  la  rosaline,  à  conclure  à  la  présence  du  formol  ou  de 
l'urotropine. 

Pour  rechercher  et  reconnaître  sûrement  rhexamélhylène-létraraine  dans 
les  moûts  ou  les  vins,  il  n'est  qu'une  méthode  pratique  fondée  sur  la  facile 
décomposition  de  cette  substance  par  les  acides,  même  diluées,  avec  régé- 
nération de  la  formaldéhyde  que  l'on  sépare  par  distillation  et  caractérise 
ensuite  colorimétriquement.  Mais,  pour  appli(]uer  cette  méthode  dans  les 
circonstances  actuelles,  il  est  nécessaire  de  tenir  compte  de  plusieurs  condi- 
tions. En  effet  : 

1°  La  plupart  des  réactions  colorées  employées  pour  caractériser  l'aldéhyde  formique 
sont  basées  sur  sa  facile  condensation  avec  d'autres  substances,  suivie  de  l'oxydation 
du  produit  formé,  ce  qui  fournit  une  matière  colorante  plus  ou  moins  sensible  à 
l'action  des  réducteurs,  en  particulier  de  l'acide  sulfureux  qui,  dans  le  cas  d'un  vin 
muté  au  soufre,  accompagne  toujours  la  formaldéhyde. 

■2°  De  l'aldéhyde  formique  prend  naissance  dans  l'action  des  acides,  même  très 
dilués,  sur  les  solutions  sucrées  chaudes,  et  la  quantité  est  fonction  de  la  température 
et  de  la  richesse  de  la  solution  en  acide  et  en  substance  sucrée. 

Pour  ces  raisons,  il  faut  pouvoir  caractériser  la  formaldéhyde  dans  les 
premiers  fractionnements  en  employant  une  réaction  colorée  qui  ne  soit  pas 
trop  influencée  par  l'acide  sulfureux,  et  ne  pas  aciduler  le  vin  à  l'excès, 
pour  éviter  la  formation  de  formaldéhyde  étrangère,  surtout  dans  le  cas  de 
vins  sucrés.  Enfin  celte  réaction  colorée  devra  être  spécifique. 

Une  telle  réaction,  dont  j'ai  fait  antérieurement  l'étude  ('),  consiste  dans 
l'obtention  d'une  matière  colorante  violette,  lorsqu'on  traite  une  substance 
albuminoïde  par  l'acide  chlorhydrique  légèrement  nitreux  en  présence  de 
traces  d'aldéhyde  formique,  réaction  dont  la  sensibilité  atteint  TTnrsVôïïu"  Dans 
les  mêmes  circonstances,  les  autres  aldéhydes  grasses  donnent  des  réactions 
incolores  ou  de  colorations  distinctes. 

Pour  appliquer  cette  réaction  on  se  procure  les  réactifs  suivants  : 

Réactif  chlorhydrique  nitreux.  —  On  l'obtient  en  ajoutant  à  200""  d'acide 
chlorhydrique  pur  et  concentré  (</=  1,18),  77  de  centimètre  cube  d'une 
solution  d'azotite  de  potasse  pur  à  S^jG  pour  loo. 

(^  '  )  Hidl.  Soc.  cltiin..  1.  XXMll,  1903.  p.  itçiS. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  88i 

Réactif  albumineiix.  —  On  doit  le  préparer  en  prenant  un  hlanc  d'œuf 
qu'on  bat  avec  S'"''  à  7""'  d'eau  distillée  ;  on  filtre  sur  une  toile  en  expri- 
mant; on  obtient  ainsi  une  solution  d'albumine  à  10  pour  100  environ. 

Mode  opératoire.  —  On  acidulé  ■35''"'"  de  vin  avec  2  gouttes  d'acide  sulfurique  et  l'on 
introduit  le  liquide  dans  un  ballon  de  00"^°''  muni  d'un  tube  de  condensation  entouré 
d'un  réfrigérant  sur  une  longueur  de  aC""  ;  la  distillation  doit  être  lente  :  on  reçoit  le 
liquide  distillé  dans  une  éprouvelte  graduée  de  5o"'"'°.  les  cinq  premiers  centimètres 
cubes  sont  rejetés  et  l'on  recueille  seulement  les  5*^™°  qui  suivent,  bien  que  de  la 
formaldéhyde  continue  à  se  dégager  dans  la  suite  de  la  distillation.  Sur  ce  fraction- 
nement, on  fait  l'essai  suivant  :  dans  l'éprouvette  qui  le  contient,  on  ajoute  i"""'  de 
réactif  albumineux,  puis  trois  volumes,  c'est-à-dire  18'''"'  d'acide  chlorhydrique  ni- 
Ireux.-,  on  agite  et  l'on  verse  dans  un  tube  à  essai  que  l'on  place  dans  un  bain-marie 
à  5o°  ;  si  l'aldéhyde  formique  est  présente,  on  obtient  une  coloration  violette  attei- 
gnant son  maximum  d'intensité  en  lO  minutes.  Un  vin  contenant  par  litre  l'^s  d'uro- 
tropine  et  5oo™8  de  SO^  total  fournil  ainsi  une  coloration  violette  intense. 

Par  cette  méthode  on  peut  reconnaître  l'urotropine  dans  un  vin  à  la  dose  de  i™*' 
par  litre,  même  en  présence  de  ^oo™?  de  SO-  total,  c'est-à-dire  du  double  de  la  dose 
légale;  on  obtient  ainsi  une  coloration  violette  bien  nette.  Cette  sensibilité  se  trouve 
encore  augmentée  et  portée  à  -nnrôViJTcr'  ^^  ^I"'  correspond  à  —  de  milligramme  d'uro- 
tropine  par  litre,  pour  un  vin  contenant  la  dose  légale  de  35o'"k  de  SO^  total. 

Ces  limites  ont  été  établies  avec  des  vins  blancs  ou  rouges,  soumis  pendant  plusieurs 
mois  à  l'action  combinée  de  l'acide  sulfureux  et  de  l'urotropine  :  en  pratique,  ces  doses 
infinitésimales  ne  se  présenteront  jamais,  Us  quantités  de  cet  anti-soufre  ajoutées  à 
un  moût  ou  à  un  vin  élant  proportionnées  à  celles  de  l'acide  sulfureux  qu'elles  doivent 
dissimuler. 

Un  vin  fortement  sucré,  à  ioob  ou  même  i5oS  de  sucre  par  litre,  soumis  à  la  distil- 
lation en  présence  de  l'acide  sulfurique  dans  les  conditions  précédentes,  ne  donne  de 
formaldéhyde  décelable  par  le  réactif  albumine-acide  chlorhydrique  nitreux,  que  dans 
les  fractionnements  qui  suivent  les  dix  premiers  centimètres  cubes. 

En  résumé,  cette  méthode  de  recherche  de  l'urotropine  présente  les  qua- 
lités suivantes  :  spécificité,  simplicité,  et  sensibilité.  J'ajoute  qu'elle  peut  se 
prêter  à  un  dosage  colorimétrique  au  moins  approximatif,  à  condition  d'aci- 
duler  suffisamment  le  vin  pour  dégager  toute  l'aldéhyde  combinée  et  d'uti- 
liser pour  la  préparation  de  l'échelle,  iwi  vin  à  teneurs  sulfilique  et  sucrée 
équivalentes  à  celles  du  vin  incriminé;  ce  dosage  sera  avantageusement 
contrôlé  par  celui  de  Tiimmoniaque  existant  dans  le  liquide  non  distillé. 

La  foiMïiation  d'aldéhyde  formique  dans  l'action  des  acides  sur  les  solu- 
tions de  sucres  est  un  fait  que  je  me  propose  de  préciser  ultérieurement  : 
enfin,  si  l'on  envisage  la  genèse  aussi  fréquente  que  variée  de  cette  aldéhyde, 
en  particulier  son  existence  parmi  les   produits  d'oxydation  de  l'alcool 


882  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

élhylique,  cette  question  de  Turotropine  dans  les  vins  présente  à  l'esprit  un 
autre  problème  intéressant,  à  savoir  si  des  traces  de  méthanal  ne  prendraient 
pas  naissance  à  côté  de  l'éthanal,  dans  les  vins  et  les  eaux-de-vie,  en  parti- 
culier pendant  leur  vieillissement, 

CRYPTOGAMIE.  —  Matériaux  pour  une  classification  rationnelle  des  Fungi 
imperfecti.  Note  de  M.  P.  Yuillemi.v,  présentée  par  M.  Guignard. 

Dans  les  systèmes  usuels,  dont  le  caractère  empirique  saute  aux  yeux,  les 
Fungi  imperfecti  ou  Deutéromycètes  sont  répartis  en  trois  classes  :  Sphcero- 
psidales,  Melanconiales  et  Hypliales.  Cette  dernière  est  subdivisée,  d'après 
des  apparences  superficielles,  en  Mucédinées,  Dématiées,  Stilbellacées  et 
Tuberculariacées.  Les  deux  premiers  ordres  réunissent  toutes  les  espèces 
dont  les  spores  sont  portées  sur  des  fdaments  disséminés,  hyalins  (Mucédi- 
nées) ou  fuligineux  (Dématiées).  Les  Stilbellacées  sont  caractérisées  par  des 
sporophores  réunis  en  bouquet  (coremium),  les  Tuberculariacées  par  des 
sporophores  groupés  en  coussinet  (sporodoc/numy  Ces  caractères,  quoique 
très  apparents,  indiquent  mal  les  affinités,  car  une  même  espèce  peut,  selon 
les  circonstances  extérieures,  répondre  successivement  à  la  définition  des 
Mucédinées  (ou  Dématiées),  des  Stilbellacées  et  des  Tuberculariacées.  Il 
faut  chercher  des  caractères  plus  fixes*  auxquels  les  précédents  seront  subor- 
donnés. 

La  conidie  est  l'élément  le  plus  stable  qui  puisse,  à  défaut  d'asque  ou  de 
baside,  servir  de  base  à  la  classification  des  Champignons  à  thalle  primitive- 
ment cloisonné  (^Hyphomyceta'  sensu  latiori). 

La  conidie,  opposée  au  thalle  (mycélium)  dès  son  apparition,  ne  sera 
confondue  ni  avec  les  tliallospores,  éléments  sporiformes  qui  ont  d'abord 
fait  partie  du  thalle  et  se  sont  adaptés  secondairement  à  la  fonction  repro- 
ductrice {arlhrospores  ou  fragments  de  mycélium,  blastospores  ou  globules 
bourgeonnants,  cidamydospores),  ni  avec  les  hémispores  qui,  primitivement 
distinctes  du  thalle  (protoconidies),  continuent  à  végéter  pour  se  fractionner 
en  deutéroconidies  (Hemispora,  Heliconiyces ^  Helicosporium,  etc.).  Les 
conidies  vraies  caractérisent  la  classe  des  Conidiosporés,  mieux  définie  que 
les  Hémisporés  et  les  Thallosporés  avec  lesquels  elle  est  généralement  con- 
fondue. 

Les  complications  de  l'appareil  conidien  permettent  d'établir  une  grada- 
tion parmi  les  Conidiosporés. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  883 

Le  rameau  qui  sert  de  support  immédiat  aux  conidies  a  souvent  la  forme 
d'un  flacon  avec  un  ventre  et  un  col,  rappelant  une  baside  monosporée  et  son 
stérigmate.  Le  nom  de  baside  devant  être  réservé  à  l'organe  caractéristique  des  Basi- 
diomycètes,  le  rameau  conidiophore  en  flacon  prendra  celui  de  phialide  (cptocXT], 
pliiala,  flacon  ).  Abstraction  faite  des  cas  où  elle  se  complique  ou  se  réduit  secondai- 
rement, la  phialide  typique  forme  les  conidies  exclusivement  au  sommet  du  col. 
Tantôt  elle  s'épuise  en  donnant  une  seule  conidie,  tantôt  elle  en  produit  plusieurs  suc- 
cessivement et  en  direction  basipète.  Celles-ci  peuvent  s'isoler  au  fur  et  à  mesure  de 
leur  formation,  rester  agglutinées  ou  former  des  chaînettes  ou  chapelets  plus  ou  moins 
longtemps  cohérents.  L'existence  d'une  phialide  fournit  le  caractère  taxinomique  le 
plus  fixe  après  l'existence  des  conidies;  elle  caractérise  parmi  les  Conidiosporés  la  divi- 
sion des  Phialidés. 

Les  rameaux  qui  portent  les  phialidés  (phialophores)  présentent,  de  leur 
côté,  des  aspects  particuliers  diversement  fixés. 

S'il  ne  faut  pas  s'exagérer  l'importance  des  renflements  en  tête  des  Aspergillus,  des 
vésicules  interposées  entre  la  tête  et  les  phialidés  chez  les  Slerigtnalocystis^  non  plus 
que  des  autres  modifications  liées  directement  à  l'accumulation  de  nombreux  rameaux 
sur  un  espace  restreint,  il  convient  de  tenir  compte  des  branches  spécialisées  telles 
que  les  palettes  qui  portent  ces  phialidés  dans  le  genre  Coemansia  van  Tieghem.  Ces 
phialophores  comprennent  une  portion  de  forme  particulière,  qui,  préparant  la  pro- 
duction des  phialidés,  prendra  le  nom  de  prophialide.  Cet  organe  est  cloisonné  chez 
les  Coémansiées;  nous  en  connaissons  une  forme  simple,  néanmoins  bien  difléreuciée, 
dans  un  nouveau  genre  que  nous  nommerons  UropJnala  et  que  nous  prendrons  pour 
type  des  Prophialidés. 

La  prophialide  des  Urophiala  nait,  comme  celle  des  Coemansia.,  de  l'avant-dernière 
cellule  du  rameau  phialophore  et  porte  les  phialidés  sur  fa  face  concave  ;  elle  en  difleie 
parce  qu'elle  reste  indivise  et  se  cutinise  fortement.  Dans  V Uropltiala  mycopinla  nov. 
sp.,  sa  prophialide,  d'un  brun  sonibie,  ressemble  à  une  palette  brusquement  coudée 
vers  le  tiers  supérieur  et  portant,  sur  le  promontoire  qui  surplombe  la  concavité, 
trois  phialidés  juxtaposées,  hyalines,  en  forme  d'estomac,  terminées  chacune  par  une 
conidie  ovale,  lisse,  incolore,  unicellulaire,  de  51^,5-7!^  X  ^^-riV-.  La  prophialide,  qui 
mesure  en  moyenne  i  i!''  X  7!''  X  4'*.  est  surmontée  d'un  appendice  terminal  cvlindrique 
et  portée  par  un  pédicelle  0-2  septé. 

Dans  un  spécimen  où  la  prophialide  était  avortée,  l'appendice  s'était  allongé  en  un 
phialophore  normal.  Dans  de  rares  exemplaires,  l'appendice  terminal  fait  défaut;  l'un 
d'eux,  en  même  temps  dépourvu  de  phialide  médiane,  rappelait  VUrobasidiuin  rostra- 
/«/«  Giesenliagen.  Ce  dernier  genre  est  déplacé  parmi  les  Basidiomycèles;  l'organe 
décrit  comme  baside  ressemble  à  la  prophialide  d' Urophiala;  celui  qu'on  a  comparé 
aux  slérigmates  est  peut-être  une  phialide  contractée. 

L'ordte  des  Prophialidés  se  range  en  tête  des  Conidiosporés  avec  les 
genres  Urophiala,  dont  le  genre  Urobasidium  est  probablement  voisin,  les 
genres  Coemansia  van  Tieg.,  Coronella  Crouan.  Dans  ce  dernier,  les  phia- 


884  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lides  avortent  ou  fonctionnent  directement  comme  conidies  en  raison  du  pro- 
grès et  de  l'association  des  prophialides. 

L'ordre  des  Phialidés  qui  le  précède  est  très  vaste.  Il  rassemblera  une 
foule  d'espèces  disséminées  jusqu'ici  dans  les  classes,  les  familles  les  plus 
diverses  et  même  dans  des  genres  hétérogènes.  Le  Sporotrichum  roseiwi  Link, 
le  Botrylis  Bassiaim  Bals.,  les  genres  Verlicillium,  Acremonium,  Pénicillium, 
Aspergillus,  etc.,  en  font  partie.  Il  sera  subdivisé  d'après  le  groupement  des 
spores,  leur  structure;  on  fera  intervenir  en  dernier  lieu  les  caractères  em- 
piriques jusqu'ici  employés  exclusivement  ou  placés  au  premier  plan. 

Viennent  ensuite  les  Sporophorés  moins  déterminés  et,  au  rang  inférieur 
des  Conidiosporés,  les  Sporotrichésoù  les  conidies  sont  portées  directement 
par  les  filaments  végétatifs. 

CHIMIE  AGRICOLE.   —   Un  effet  du  drainage.  Note  de  M.  Biëi.er-Ghatelan, 
présentée  par  M.  A.  Chauveau. 

Les  expériences  faites  par  la  Station  agronomique  de  Lausanne  (Suisse) 
pour  déterminer  l'action  des  engrais  potassiques  sur  prairies  naturelles  ont 
révélé  un  fait  intéressant  qu'il  vaut  la  peine  de  rapporter. 

A  Macheiry  et  à  Golovrex  près  Genève,  deux  prairies  voisines,  quoique 
situées  sur  des  sols  presque  identiques  de  marne  glaciaire  (nommée  diot 
dans  la  région)  ont  été  assez  diftéremment  influencées  par  l'engrais  potas- 
sique. Les  excédents  de  récolte  dus  à  la  potasse  étaient  en  moyenne  (four- 
rage sec  à  l'hectare)  : 

A  Macheiry,  de 17  pour  100 

A  Golovrex,  de 6  pour  100 

D'après  ces  chiffres,  on  serait  tenté  de  croire  que  la  terre  de  Macheiry,  où 
les  excédents  sont  trois  fois  plus  forts  qu'à  Golovrex,  est  la  plus  pauvre  en 
potasse.  Or  l'analyse  chimique  montre  justement  le  contraire.  Elle  décèle  : 


Potasse 

sol 

ubie 

dans  l'acide 

dans  l'eau 

chlorhydrique 

rarboniqiie 

concenlré  froid, 

par  déplacement, 

pour  100. 

pour  100. 

A  Maclieiry 

i>9 

0,  108 

A  Golovrex 

1,6 

0,090 

La  terre  de  Macheiry  se  montre  donc  mieux  pourvue  de  potasse  que  celle 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  ipio.  885 

de  Colovrex  et  pourtant  c'est  elle  qui  a  le  plus  bénéficié  de  l'engrais  potas- 
sique. \  oilà  une  contradiction  bien  éniginatique  dont  l'analyse  chimique 
ne  nous  donne  pas  la  clef,  mais  que  des  observations  faites  sur  le  terrain 
permettent  d'expliquer. 

On  remarque  en  effel  que  la  prairie  de  Maclieiry  occupe  une  sorte  de  cuvette,  au  bas 
d'une  pente  où  l'eau  s'accumule  et  s'écoule  difficilement,  faute  de  drainage.  11  en  résulte 
que  cette  terre,  déjà  fort  compacte  de  sa  nature  (plus  qu'à  Colovrex),  souffre  de  l'excès 
d'humidité  et  du  manque  d'aération.  La  nitrificalion  paresseuse,  la  circulation  pénible 
de  l'air  et  de  l'eau  font  que  les  principes  nutritifs  solubles,  notamment  la  potasse, 
s'assimilent  lentement  et  mal.  On  conçoit  dès  lors  qu'il  faille  en  quelque  sorte  suppléer 
à  cette  nutrition  défectueuse  en  donnant  au\  plantes  une  nouirilure  artificielle  sous 
forme  d'engrais  potassique. 

A  Colovrex,  au  contraire,  la  situation  est  plus  favorable.  La  prairie  est  à  ilanc  de 
coteau,  au  bord  d'un  ravin  où  l'eau  trouve  un  écoulement  facilité  par  le  drainage.  De 
plus  elle  succède  à  une  vigne  dont  le  sol  était  fréquemment  ameubli.  Il  en  résulte  que 
la  terre  est  moins  compacte,  plus  perméable  et  plus  saine  qu'à  Macheiry;  elle  est  aussi 
plus  productive.  L'air  et  l'eau  y  circulent  facilement,  favorisant  l'assimilation  de  la 
potasse  soluble  par  les  racines.  Les  plantes  profitent  ainsi  mieux  de  ce  que  le  sol  lui- 
même  contient,  en  sorte  que  le  besoin  dnn  engrais  potassique  s'y  fait  bien  moins  sentir 
qu'à  Maclieiry. 

En  résumé,  il  semble  bien  qu'il  y  ait  là  un  elTel  manifeste  du  drainage. 
Celui-ci,  en  créant  dans  le  sol  une  circulation  d'air  et  d'eau,  active  et 
renouvelle  l'assimilation  des  principes  solubles,  sans  compter  que  les  racines 
s'enfoncent  davantage  et  peuvent  ainsi  utiliser  un  plus  grand  cube  de 
terre. 

Cet  exemple  est  non  seulement  intéressant  en  soi,  mais  encore  il  montre 
que  l'analyse  chimique  à  elle  seule  ne  saurait  résoudre,  dans  tous  les  cas,  le 
problème  de  la  fertilité  du  sol.  L'analyse  donne,  il  est  vrai,  des  indications 
fort  utiles,  mais  elle  n'est  pas  un  critère  infaillible  et  demande  à  être 
contrôlée  par  l'expérience  en  plein  champ.  Pour  l'interpréter  sainement,  il" 
faut  l'étayer  sur  l'examen  des  conditions  topo  graphiques  e\.  physiques  du  sol 
en  place  :  orientation,  pente,  profondeur  du  terrain,  approvisionnement  et 
écoulement  de  l'eau,  texture,  surface  d'attaque,  perméabilité  de  la  terre,  etc. 
Il  est  bien  évident  par  exemple  qu'à  dose  égale  de  principes  assimilables, 
une  terre  profonde,  où  les  racines  peuvent  s'étendre  à  leur  aise,  sera  plus 
productive  qu'un  sol  superficiel,  ou  bien  qu'une  terre  perméable  se  montrera 
plus  fertile  qu'une  terre  trop  compacte,  etc. 

On  remarquera  que,  dans  ces  deux  terres  de  Colovrex  cl  de  Maclieiry,  la 
dose  de  potasse  soluble  dans  l'eau  carbonique  est  notablcmeut  inférieure  au 


886  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chinVe  o,  I  :")  à  0,30  pour  100,  indiqué  dans  une  Note  précédente  (^Comptes 
rendus  du  il\  mars)  comme  limite  en  dessous  de  laquelle  les  engrais  potas- 
siques peuvent  être  efficaces.  A  Macheiry,  ils  ont  produit  de  Teffet,  mais  à 
Colovrex  presque  point.  C'est  un  cas  exceptionnel,  qui  s'explique  à  la  fois 
par  le  drainage  et  par  le  fait  que  cette  teire,  fortement  calcaire  (20 
pour  100),  livre  relativement  peu  de  potasse  à  l'eau  carbonique. 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les  trypa- 
nosomes.  Note  de  MM.  H.  Bokdier  et  R.  Horand,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

Dans  une  première  Note  (  '  )  nous  avons  fait  connaître  l'action  rapidement 
destructive  des  rayons  ultraviolets  sur  le  trypanosome  Lewisi;  nous  disions 
que  la  préparation,  rapportée  sur  la  platine  de  l'ultramicroscope  après 
l'action  des  rayons,  ne  permettait  pas  de  retrouver  les  cadavres  de  ces 
protozoaires.  Nous  nous  sommes  attachés,  depuis,  à  résoudre  le  problème 
suivant  :  Que  deviennent  les  trypanosomes  pendant  et  après  l'irradiation? 

Sa  solution  a  été  possible  grâce  à  l'idée  que  nous  avons  eue  de  faire  agir 
les  rayons  ultraviolets  sur  la  préparation  placée  sur  la  platine  même  de 
l'ultramicroscope;  ce  dispositif  nous  a  permis  d'observer  les  trypanosomes 
pendant  l'action  des  rayons  et  d'assister  à  leur  agonie,  puis  à  leur  mort. 

Nous  avons  obtenu  ce  résultat  en  prenant,  pour  étaler  la  gouttelette  de 
sang,  une  lame  de  quartz  perpendiculaire  à  l'axe,  et  de  o"'",5  d'épaisseur 
seulement;  noire  source  de  rayons  ultraviolets,  la  lampe  de  Kromayer, 
était  placée  en  avant  du  miroir  du  microscope,  à  une  distance  telle  que 
le  faisceau,  d'abord  horizontal,  avait  à  parcourir  10*'"  avant  de  venir 
traverser  la  préparation;  celle-ci  était  sûrement  ainsi  soustraite  à  l'action 
de  la  zone  calorifique  de  la  lampe,  qui  ne  s'étend  qu'à  3""  ou  4'^'°.  L'ab- 
sorption des  rayons  ultraviolets  par  la  substance  formant  le  condensateur 
de  l'ultramicroscope  et  la  modification  ainsi  apportée  dans  la  qualité  des 
rayons  ont  été  compensées  par  la  durée  de  l'irradiation. 

Nous  avons  eu  soin  de  nous  protéger  les  yeux  avec  des  lunettes  de  verre 
opaque  pour  les  rayons,  et  la  figure  avec  une  grande  feuille  de  papier  noir, 
laissant  passer  le  tube  du  microscope;  nos  mains  étaient  recouvertes  par 
des  gants  absorbants. 

(')  Comptes  rendus,  séance  du  7  mars  1910. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  887 

Les  choses  étant  ainsi  disposées,  nous  avons  reconnu  que  les  trypanosomes  éclairés 
par  les  rayons  de  la  lampe  à  vapeur  de  mercure  sont  très  visibles,  plus  visibles  même 
qu'avec  la  lampe  à  arc;  ils  apparaissent  avec  une  couleur  or  vert,  les  globules  rouges 
deviennent  très  rapidement  crénelés  et  mûriformes,  leur  couleur  est  vert  émeraude  : 
nous  avons  déjà  mentionné  la  transformation  de  l'oxyliémoglobine  en  mélhémoglobine 
et  en  hémoglobine  réduite  par  l'action  des  rayons  ultraviolets  ('). 

Avec  cet  éclairage  ultraviolet,  le  contour  des  trypanosomes  est  très  net;  le  proloplasma 
renferme,  à  peu  près  en  son  milieu,  un  noyau  assez  gros;  autour  de  celui-ci  dansent  de 
fines  granulations  colloïdales  qui  forment  le  bioblasle;  vers  l'extrémité  antérieure,  on 
observe  la  volumineuse  vacuole  ou  vésicule  contractile.  En  arrière,  se  trouve  la  petite 
masse  chromatique,  le  centrosome,  d'où  part  le  long  flagelle  ;  ce  centrosome  est  le  siège 
d'une  vive  luminescence;  enfin,  la  membrane  ondulante  se  dessine  1res  bien  sur  le  fond 
franchement  noir. 

Au  bout  de  quelque  temps,  les  mouvements  des  trypanosomes,  d'abord  très  rapides, 
deviennent  plus  lents;  ils  se  fouissent  sous  les  globules  rouges  altérés;  ils  prennent 
des  mouvements  de  contorsion  et  se  laissent  entraîner  par  les  courants  liquides.  Ces 
Flagellés  ne  tardent  pas  à  devenir  granuleux  et  le  nombre  de  granulations  augmente 
avec  la  durée  d'action  des  rayons,  on  assiste  à  la  formation  d'un  grand  nombre  de  ces 
grains  réfringents  pendant  que  les  trypanosomes  deviennent  de  plus  en  plus  immobiles. 
Leur  protoplasma  s'est  alors  décoloré,  l'indice  de  réfraction  de  ce  qui  reste  du  proto- 
zoaire est  devenu  le  même  que  celui  du  sérum  ambiant  et  l'on  ne  peut  plus  distinguer 
les  cadavres  du  reste  de  la  préparation.   Le  centrosome  est  difficilement  perceptible. 

Des  préparations,  fixées  et  colorées  au  Leishmann,  nous  ont  permis  de  préciser  ces 
observations  et  de  retrouver  les  formes  de  dégénérescence  des  trypanosomes. 

Nos  expériences  montrent  donc  que,  sous  Tinlluence  des  rayons  ultra- 
violets, les  trypanosomes  deviennent  rapidement  très  granuleux,  et  leurs 
cadavres  ratatinés,  étant  transparents  et  de  même  indice  que  le  milieu 
ambiant,  sont  impossibles  à  retrouver  quand  on  tait  agir  à  part  les  rayons 
et  qu'on  rapporte  ensuite  la  préparation  sous  l'ultramicroscope  éclairé 
avec  une  lampe  à  arc. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Toxicité  de  l' arsenic  métalloïdique.  Notede  M.  Lecoq, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

L'arsenic  métalloïdique  pur,  non  oxydé,  administré  à  dose  massive,  par 
la  voie  stomacale,  est  peu  toxique. 

La  préparation  d'une  solution  colloïdale  d'arsenic  métalloïdique  a  permis 

(')  Arch.  d'Electr.  médicale,  1908,  p.  3i6  et  323. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.   (T.  lôO,  N»  14.)  I  18 


888  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

d'évaluer  la  toxicité  de  ce  métalloïde  administré  par  voie  sous-cutanée  ou 
intraveineuse  et  de  poursuivre  la  comparaison  avec  la  toxicité  de  ses  com- 
posés oxygénés  solubles. 

La  solution  utilisée  contenait,  par  centimètre  cube,  0*^,00078  d'arsenic 
/jj/r,  complètement  exempt  d'acide  arsénienx.  La  toxicité  a  été  évaluée  suivant 
la  méthode  de  Bouchard  et  nous  appelons  dose  toxique  la  dose  de  poison, 
administrée  en  une  seule  fois,  nécessaire  pour  tuer  i'*«  d'animal  en  moins 
de  24  heures. 

Les  expériences  ont  porté  sur  le  cobaye  et  le  lapin. 

Par  voie  sous-cutanée,  la  dose  toxique  pour  le  cobaye  a  été  de  oS,oi45. 

Par  voie  intraveineuse,  chez  le  lapin  (injection  lente  dans  la  veine 
marginale),  la  dose  toxique  a  été  de  0^,0086. 

Lorsque  la  dose  injectée  est  insuffisante  pour  provoquer  la  mort,  on  observe,  chez 
les  animaux,  de  l'abattement,  de  la  somnolence,  un  amaigrissement  rapide,  puis  le 
retour  à  l'état  normal.  On  n'observe  aucun  des  phénomènes  de  dj'spnée  et  de  convul- 
sions qui  apparaissent  rapidement  avec  les  composés  oxygénés.  Ces  symptômes  appa- 
raissent seulement  quelques  instants  avant  la  mort,  lorsque  l'arsenic  métalloïdique  a  été 
administré  au  lapin  par  voie  intraveineuse  à  dose  mortelle. 

Si  l'on  compare  les  chiffres  obtenus  dans  ces  expériences  aux  doses 
toxiques  d'acide  arsénieux  trouvées,  dans  les  mêmes  conditions  et  pour  les 
mêmes  animaux,  par  Brouardel  {  L'arsénicisme,  p.  i5),  on  voit  que  la 
toxicité  de  l'arsenic  métalloïdique,  administré  par  la  voie  sous-cutanée  ou 
endoveineuse,  est  très  inférieure  à  celle  de  l'acide  arsénieux. 


ZOOLOGIE.  —  Sur  un  Oiseau  de  la  famille  des  Coureurs,  particulier  aux 
hauts  sommets  des  Andes  péruviennes.  Note  de  ÎNL  I>1.-ëmm.  Pozzi-Escot. 
(Extrait  par  M.  Edmond  Perrier.) 

Dans  la  dernière  excursion  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  pendant  les  mois 
de  janvier  et  février  dans  la  région  de  la  Sierra  péruvienne,  mon  attention 
a  été  particulièrement  attirée,  au  milieu  de  la  merveilleuse  faune  ornitho- 
logique  de  cette  région,  par  un  Coureur  particulièrement  intéressant,  qui 
est  probablement  un  Vanneau  armé  {Balanoplerus  chilensis). 

Ce  n'est  qu'à  partir  de  38oo°'  d'altitude  qu'on  rencontre  cet  Oiseau, 
dont  le  cri  est  très  fort  et  ressemble  à  celui  de  la  Crécelle  ;  il  semble  avoir 


SÉANCE  DU  /(  AVRIL  IQIO.  889 

son  lieu  de  prédilection  au  voisinage  des  neiges  éternelles  et  dans  les  grandes 
punas  de  la  Cordillère  à  4ooo™-/j5oo'"  d'altitude;  on  a  l'occasion  d'en 
rencontrer  plusieurs  couples  par  jour;  il  vit  seul  ou  par  couple  seulement 
et  se  plaît  à  s'élever  très  fréquemment  dans  l'air  en  criant  très  fort. 

Dans  mes  précédents  voyages  à  la  Cordillère  je  n'avais  jamais  rencontré 
cet  Oiseau,  et  il  est  probable  que  la  rencontre  que  j'en  ai  faite  cette  fois  est 
due  à  ce  que  mon  voyage  a  coïncidé  avec  la  période  hivernale  et  des  grandes 
pluies  qui  l'ont  obligé  à  descendre  des  hauteurs  peu  accesssibles,  où  il 
m'avait  jusqu'à  présent  échappé,  car,  je  le  répèle,  jamais  je  ne  l'ai  ren- 
contré à  moins  de  38oo"  d'altitude. 


BACTÉRIOLOGIE.  —  Reproduction  expérimentale  du  bouton  d'Orient  chez  le 
chien.  Origine  canine  possible  de  celte  infection.  Note  de  MM.  Charles 
i\icoLLE  et  L.  Manceaux,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Il  est  généralement  admis  que  le  bouton  d'Orient  est  transmis  à  l'homme 
par  la  piqûre  d'un  insecte.  Le  siège  presque  exclusif  des  lésions  sur  les 
régions  découvertes,  la  constatation  faite  par  plusieurs  malades  de  l'animaJ 
piqueur  au  moment  de  l'inoculation,  laissent  peu  de  doutes  à  ce  sujet. 

Il  semble  cependant  que  les  deux  facteurs  homme  et  insecte  ne  soient 
pas  suffisants  pour  expliquer  l'éliologic  de  la  maladie.  Celle-ci,  dans 
l'Afrique  Mineure,  se  montre  toujours  à  la  même  époque  de  l'année  et  ne 
paraît  guère  se  contracter  en  dehors  de  septembre  et  octobre.  Ces  deux 
mois  sont,  sans  doute,  ceux  auxquels  vit  l'insecte  inconnu  qui  transmet  le 
mal. 

Quoique  la  durée  du  bouton  d'Orient  puisse  atteindre  (3  mois  et  plus,  il 
est  difficile  d'admettre  que  l'homme  constitue  l'unique  réservoir  du  virus. 
Les  quelques  lésions  qui  subsistent  d'une  année  à  l'autre  ne  sont  plus,  en 
été,  que  des  plaies  banales  où  l'agent  spécifique  ne  peut  être  rencontré,  et 
il  n'est  point  vraisemblable  que  l'insecte  piqueur  vienne  précisément  s'y 
infecter.  D'autre  part,  s'il  y  a  passage  de  la  Leishmania  dans  le  sang,  ce 
passage  ne  peut  avoir  lieu  que  dans  la  période  de  début. 

Il  faut  donc  admettre,  pour  expliquer  le  retour  saisonnier  de  la  maladie, 
ou  bien  que  chez  l'insecte  la  transmission  est  héréditaire  ou  bien,  ce  qui 
serait  plus  simple,  qu'un  animal  à  côté  de  l'homme  joue  le  rôle  de  réservoir 


890  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  virus.  C'est  vers  la  découverte  de  cet  agent  hypothétique  que  depuis 
deux  ans  nous  avons  dirigé  nos  recherches. 

La  distribution  géographique  du  bouton  d'Orient,  sous  une  même  lati- 
tude (probablement  en  rapport  avec  l'habitat  de  l'insecte  piqueur  ou  les 
conditions  d'évolution  chez  lui  de  la  leishmania)^  mais  dans  des  pays  très 
différents:  Afrique  du  Nord,  Asie  centrale,  Sud  Amérique,  montre  qu'il  ne 
peut  s'agir  dans  notre  hypothèse  que  d'un  commensal  de  l'homme  dont  la 
présence  serait  constante  dans  toutes  ces  régions.  Nos  recherches  ont  donc 
visé  principalement  le  chien,  les  équidés,  le  rat,  la  chauve-souris.  Dans  le 
but  de  les  poursuivre  sur  place,  nous  avons  établi  un  laboratoire  à  Gafsa, 
centre  historique  du  bouton  d'Orient  en  Tunisie.  Le  hasard  a  fait  que  durant 
les  deux  années  (1908  et  1909)  que  le  laboratoire  a  fonctionné  il  ne  s'est 
produit  chez  l'homme  aucun  cas  de  bouton  d'Orient  ;  le  résultat  entièrement 
négatif  de  notre  enquête  sur  le  réservoir  du  virus  n'eut  donc  point  de  quoi 
nous  surprendre. 

Le  seul  foyer  actuel  du  bouton  d'Orient  dans  la  Régence  est  la  ville 
minière  de  Metlaoui  (45'"°  à  l'ouest  de  Gafsa).  Avant  de  commencer  une 
enquête  nouvelle  dans  ce  centre,  nous  avons  eu  l'idée  de  chercher  l'animal 
réservoir  par  une  autre  méthode,  l'inoculation  du  virus  humain.  Grâce  à  la 
complaisance  de  M.  Bursaux,  directeur  de  l'exploitation  des  phosphates  et 
de  notre  très  distingué  confrère  le  D""  Coignerai,  médecin  de  la  Compagnie, 
il  nous  a  été  possible  de  faire  venir  à  Tunis  trois  malades  atteints  de  bouton 
d'Orient.  Le  matériel  de  nos  expériences  a  été  prélevé  sur  eux. 

De  tous  les  animaux  inoculés  :  chiens,  chats,  ânes,  cheval,  moutons, 
chèvres,  rats,  singes,  seuls  les  singes  et  les  chiens  ont  réagi.  Chez  le  chien, 
l'aspect  clinique  est  celui  du  bouton  de  l'homme  et  l'examen  microscopique 
donne  les  mêmes  résultats  que  chez  celui-ci.  Les  observations  suivantes  que 
nous  résumons  brièvement  le  prouvent  : 

Chien  B.  —  Inoculé  le  1'"'  février  au  front  el  sur  le  nez,  dans  la  peau.  Rien  jusqu'au 
10  mars.  A  celte  date  (  incubation  :  87  jours),  induration  légère  et  profonde  aux  deux 
points  inoculés.  Même  état  le  16.  Le  21 ,  les  lésions  ont  progressé  surtout  le  bouton  du 
nez  qui  fait  une  saillie  nette  à  l'œil,  rouge,  dure,  non  douloureuse,  de  iS™""  environ 
sur  7'"™;  la  peau  est  intéressée;  ni  suintement,  ui  desquamation. 

Chien  C.  —  Inoculé  le  1"'  février  au  nez  et  à  la  paupière  supérieure  droite,  dans  la 
peau.  Incubation  ^'^  jours.  Le  10  mars,  induration  nette  des  deux  points  inoculés. 
Le  16,  les  lésions  se  sont  accrues;  le  boulon  de  la  paupière  est  saillant,  de  la  dimension 
d'une  lentille,  il  est  rouge,  dur,  non  douloureux.  On  l'excise;  sur  les  frollis  présence 
de  Leishniania  typiques  exlracellulaires.  Le  21,  même  état  du  boulon  du  nez. 


SÉANCE  DU  4  AVRIL  1910.  891 

Chien  D.  —  Inoculé  le  7  février  sur  le  nez,  dans  la  peau.  Début  du  bouton  vers  le 
i5  mars  (incubation  :  36 Jours).  Le  22,  le  bouton  présente  le  volume  d'un  gros  grain 
de  blé;  il  est  saillant,  dur,  rouge_  non  douloureux.  On  l'excise;  sur  les  frottis  présence 
de  Leis/iniania,  très  nombreuses  extra  et  intracellulaires;  aspect  identique  à  la  prépa- 
ration du  bouton  humain  le  plus  riche  en  parasites.  Ce  bouton  a  été  utilisé  pour  de 
nombreuses  inoculations. 

Chie.\  E.  —  Inoculé  le  7  février  à  la  paupière  supérieure,  dans  la  peau.  Début  vers 
le  i5  mars  {incubation:  36  Jours).  Le  21,  bouton  typique,  du  volume  d'un  petit  pois, 
rouge,  saillant,  dur,  non  douloureux,  non  ulcéré,  non  squameux. 

Le  chien  est  donc,  au  même  titre  que  l'homme  et  le  singe,  sensible  à 
l'inoculation  du  virus.  Cette  réceptivité  rend  très  plausible  l'hypothèse  de 
l'origine  canine  du  bouton  d'Orient.  Pour  la  démontrer,  il  sera  nécessaire 
de  retrouver  la  maladie  spontanée  chez  le  chien  dans  les  pays  à  bouton. 

Plusieurs  observations  semblent  y  prouver  son  existence  ;  mais  il  faut 
avouer  qu'elles  ne  sont  point  très  concluantes.  Le  contrôle  microscopique 
manque  (Depéret  et  Boinet)  ou  a  donné  un  résultat  négatif  (James).  Un 
chien  du  Caucasse  étudié  par  Dschunkowsky  et  Luhs  et  atteint  de  leishma- 
niose naturelle  (Kala  Azar  sans  doute)  présentait  des  ulcérations  dans 
lesquelles  la  présence  de  Leù/irnania  tropica  ne  semble  point  avoir  été  re- 
cherchée. Ajoutons  d'autre  part  que  jusqu'à  présent  les  tentatives  d'inocu- 
lation du  virus  humain  au  chien  avaient  échoué  (Depéret  et  Boinet). 


HYDROLOGIE.   —  De  la  recherche  des  substances  Jluorescentes  dans  quelques 
eaux  minérales .  Note  de  M.  F.  Die.vert,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Dans  nos  précédentes  Notes  ('),  nous  avons  signalé  la  présence  de 
substances  fluorescentes,  d'origine  organique,  dans  les  eaux  superficielles 
et  souterraines.  Nous  nous  proposons,  dans  cette  Note,  d'indiquer  les  résul- 
tats des  recherches  de  ces  substances  dans  quelques  eaux  minérales  des 
régions  de  Vichy,  Clermont-Ferrand,  des  monts  Dore  et  de  Spa  (^). 


(')  Comptes  rendus,  25  mai  1908  et  21  février  1910. 

(^)  Ces  eaux  ont  été  prélevées  par  nous-mêmes  aux  griffons  de  la  source,  toutes  les 
fois  que  ce  fut  possible,  ou  à  la  vasque  de  l'établissement  thermal  quand  le  griffon  était 
inaccessible;  grâce  à  l'iiuiiihililé  du  IJ'  l'orkin,  nous  |iùmes  également  étudier  les  taux 
des  sources  de  Spa. 


892  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  résultais  obtenus  sont  consignés  dans  le  Tableau  ci-dessous  (  ')  : 

Résidu  fixe  Quantité 

Sources.                       Tenipéraluic.                   en  grammes.  de  lluorescéine  ('). 

Vichy  : 

Grande  Grille 43°                              5, 02  5,9x10' 

Hôpital 34°                              5,18  i2,4xio-* 

Mesdames i5°                                »  8,8xio"* 

Célestins Froide                          4i77  5i,9Xio~* 

Lucas '.«8"                            5,02  10,6x10-* 

Saint-Yorré  : 

Jacquin 15"                                »  7,0x10-' 

Larbaud i5°                                »  i3,oxio~' 

Mont-Dore  : 

Margueritte Froide        ]                                    1  4,7x10-* 

Madeleine J_          „„       f                2^  à  3?         1  10,6x10-' 

^.                                          [  Entre  38'^     >                      ■•            <  /                . 

Gesar \            .   ^         i                par  litre        J  4,7X10-* 

Ramond \     '^^  ^'''        1                                  f  8,8x10-* 

Saint-Nectaire  : 

Papin 45"  à  55"             Peu  minéralisée  17,7x10"' 

Morange 10"  à   12°                        Id.  17,7x10-* 

Parc 18"  Minéralisation  moyenne       12,7x10-' 

Coquille 18"  à  24"          Forte  minéralisation  12,7x10-' 

Gros-Bouillon 07"  à  41"                           Id.  6,3xio"' 

Royal  : 

César 28"                              2,857  29, 5 X  îQ— ' 

Sainl-Mart 3i°                              4,47^  23,6xio-'* 

Saint-Victor.... ',0"                             4,782  i3,6xio"' 

Villeda i4",5                           0,274  00,7x10^' 

Sainte-Eugénie 35", 5                             5,623  19,4x10  ' 

Clermonl-Ferrand  : 

Gassion »                                 »  354, ox  lo"' 

Bourboule  : 

Choussy 56°                            4,938  17,1x10"' 

Croizat »                                »  8,2x10-' 

Spa  : 

Position  de  Wellington. .             »                                  »  1,1x10-* 

Position  de  Condé »                                 »  44, 2x10-* 

(')  Toutes  ces  eaux,  sauf  la  source  goudronneuse  Gassion,  de  Clerniont-Ferrand, 
furent,  pour  ces  recherches,  évaporées  au  yô  ^e  leur  volume. 

(-)  Cette  tluorescéine  est  exprimée  en  milligrammes  par  litre  et  donne  la  même  fluo- 
rescence que  les  substances  contenues  dans  les  eaux  ci-dessus  (en  lumière  rouge  bleu). 


SÉANCE   DU   4  AVRIL    I9IO.  893 

On  tire  de  ce  Tableau  les  conclusions  suivantes  : 

A.  Toutes  les  eaux  étudiées  contiennent  des  substances  fluorescentes, 
mais  la  plupart  en  très  faible  quantité; 

B.  Très  souvent,  on  trouve  que  plus  la  température  des  eaux  est  élevée 
moins  il  y  a  de  substances  fluorescentes; 

C.  Les  substances  fluorescentes  sont  d'autant  plus  rares  que  le  résidu  flxe 
des  eaux  est  plus  élevé; 

D.  A  Spa,  la  quantité  de  substances  fluorescentes  est  d'autant  plus  faible 
que  la  source  est  mieux  captée.  Cette  remarque  semble  générale  et  peut  être 
appliquée  aux  autres  sources; 

E.  Parmi  les  eaux  étudiées,  ce  sont  celles  du  mont  Dore  qui  sont  les 
moins  fluorescentes,  et  les  eaux  goudronneuses  (')  sont  les  plus  riches  en 
ces  substances. 

Ces  recherches  peuvent  être  intéressantes,  quand  il  s'agit  de  faire  un 
captage  rationnel  des  eaux  minérales  et  complètent  les  caractères  indiqués 
par  M.  A.  Gautier  dans  sa  Note  du  21  janvier  1910,  pour  différencier  les 
eaux  minérales  des  eaux  d'origine  superficielle. 

Nos  études  actuelles  pour  différencier  les  différentes  substances  fluores- 
centes ne  nous  permettent  pas  encore  de  classer  dans  des  catégories 
nettement  délimitées  celles  provenant  de  la  surface  du  sol  de  celles  d'origine 
profonde  (').  Nous  avons  toutefois  fait  une  remarque  qui  nous  paraît  pré- 
senter le  plus  grand  intérêt.  A  côté  des  substances  organiques  fluorescentes 
les  eaux  possèdent  d'autres  substances  organiques  dont  quelques-unes 
deviennent  fluorescentes  par  chauffage  sous  pression  à  i3o"  pendant  3o  mi- 
nutes, action  qu'on  augmente  encore  en  ajoutant  à  ces  eaux  une  quantité 
assez  grande  d'ammoniaque  (5  pour  100).  Toutes  les  eaux  dites  potables  et 
les  eaux  contaminées  augmentent  de  fluorescence  sous  l'action  de  la  chaleur, 
les  eaux  minérales  bien  captées  que  nous  avons  essayées  ne  changèrent  pas 
de  fluorescence.  Ce  dernier  résultat  s'explique  fort  bien  puisque  les  eaux 
minérales  étudiées  avaient  été  portées  dans  le  sol  à  une  température  au 
moins  égale,  sinon  supérieure  à  i3o",  et  il  était  à  prévoir  qu'un  nouveau 
chauffage  à  iSo"  serait  sans  effet  sur  leur  fluorescence. 


{')  On  devait,  s'attendre  à  ce  résultat,  car  toutes  les  substances  goudronneuses  sont 
en  effet  riches  en  substances  fluorescentes. 

(■'')  M.  A.  Gautier  nous  a  fait  connaître  qu'en  chauffant  à  600°  les  roches,  il  a 
obtenu  avec  l'eau  condensée  de  petites  quantités  de  matières  goudronneuses. 


894  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Bertaixciiand,  à  l'occasion  de  la  Noie  présentée  clans  la  dernière 
séance  par  M.  Dugasl,  annonce  qu'il  a  également  trouvé  de  l'acide  borique 
dans  les  vins  de  Tunisie. 


La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

Ph.   v.   T. 


ERRATA. 


(Séance  du   i4  février  1910.) 

Note  de  M.  Marcel  De/épine,  Sur  l'aldéhyde  dinière  de  l'aldéhyde  crolo- 
nique  et  l'acide  correspondant  : 

Page  396,  ligne  i5,  au  lieu  de  trouvé  P.  M.,  189-193,  lire  89-98. 
(Séance  du   i4  mars   tgio.) 

Note  de  M.  Charles  Nordmann,  Sur  les  atmosphères  absorbantes  et  les 
éclats  intrinsèques  de  quelques  étoiles  : 

Page  671,  ligne  20,  au  lieu  de  Sigoo,  lire  Sigooo. 

Note  de  M.  H.  Larose^  Sur  l'équation  des  télégraphistes  : 
Page  682,  ligne  18,  formule  (4),  ««  Heu  'le 

lisez 

e'^jjo...  +2  2  . 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI   11   AVRIL  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COM3IUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  Carpentier  présente  à  l'Académie  une  dynamo  minuscule  qui  a  été 
exécutée  par  M.  Trevet,  mécanicien  de  précision. 

Il  accompagne  sa  présentation  des  considérations  et  explications  sui- 
vantes : 

«  Ce  modèle  peut  être  assimilé  à  ces  chefs-d'œuvre  ouvriers  dont  s'enor- 
»  gneillissaient  jadis  les  artisans  épris  de  leur  métier  et  qui  témoignaient  de 
»  leur  savoir-faire.  Rares  maintenant  sont  les  hommes  qui,  par  amour  de 
»  l'art,  s'adonnent  aux  travaux  de  patience  et  ne  se  rebutent  pas  aux  diffi- 
»  cultes  des  réalisations  minutieuses.  Les  services  qu'ils  sont  susceptibles  de 
»  rendre  à  la  Science  sont  à  certains  moments  bien  précieux.  Aussi  l'Aca- 
»  demie  fait-elle  œuvre  utile  en  les  encourageant  par  l'attention  qu'elle  veut 
»  bien  accorder  à  leurs  travaux. 

»  La  dynamo  de  M.  Trevet  est  du  modèle  Gramme,  «  type  supérieur  ». 
»  Peut-être  n'est-elle  pas  la  plus  petite  qui  ait  été  faite,  et  sans  doute  ne 
»  serait-il  pas  impossible  de  faire  plus  petit  encore.  Mais,  telle  qu'elle  est, 
»  elle  s'approche  des  limites  qu'il  ne  serait  pas  aisé  de  dépasser. 

»  Son  poids  est  de  7s  environ.  Ses  dimensions  entre  saillies  extrêmes  sont 
»  les  suivantes  :  hauteur,  i5™"^;  longueur,  iS'""";  largeur,  i3°™  environ. 

»  Ses  électros  inducteurs,  bobinés  en  fil  de  0™"*, o5,  isolé  soie,  portent 
u   600  tours. 

»  Son  induit,  calé  sur  un  arbre  dont  les  portées  n'ont  pas  plus  de  ©"""jD, 
»  mesure  lui-même  6""",  2  de  diamètre.  Il  est  du  modèle  à  dents,  avec 
»  12  sections.  Son  enroulement  est  fait  avec  du  fil  de  o™"',  o5  ;  il  en  a  absorbé 
»   une  longueur  de  I™, 67. 

»  Son  collecteur  et  ses  balais  sont  confectionnés  comme  ceux  des  grands 
C.  R.,  1910,  1»  Semestre.  (T.  150,  N»  15.)  1^9 


896  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  modèles  et  sont  composés  de  nombreuses  pièces  détachées.  Le  porte- 
»  balais  est  à  calage  variable. 

»  Toutes  les  pièces  sont  montées  à  vis,  à  l'exclusion  de  toute  soudure  ;  la 
»  machine  est  donc  entièrement  démontable  et  remontable,  comme  les 
»  vraies  machines.   » 

M.  Carpentier,  à  l'aide  d'une  petite  batterie  d'accumulateur  de  poche, 
fait  fonctionner  en  séance  la  dynamo,  comme  moteur.  A  vide,  elle  tourne 
avec  une  vitesse  extrême  et  fait  entendre  un  susurrement  comparable  à  celui 
d'un  gros  insecte.  Elle  absorbe  0,2  ampère,  sous  3,5  volts  :  soit  0,7  watt. 
Son  rendement  doit  être  évidemment  très  faible.  Comme  la  vitesse,  ce  ren- 
dement échappe  à  la  mesure. 

NOMINATIONS. 

M.  le  Président  de  la  Reale  Accademia  dei  Lixcei  invite  l'Académie  à 
lui  faire  connaître  le  nom  de  ceux  de  ses  Membres  qui  seront  délégués  pour 
la  représenter  à  l'Assemblée  générale  que  V Association  internationale  des 
Académies  tiendra  à  Rome  du  g  au  i.5  mai  19 10. 

MM.  Emile  Picard,  B.  Iîaillaud  et  G.  Darroux  sont  désignés  pour 
représenter  l'Académie. 

M.  le  Secrétaire  de  l'Institution  of  Naval  Architects  invite  l'Aca- 
démie à  se  faire  représenter  au  Congrès  international  des  Ingénieurs  des 
constructions  navales  et  du  Génie  mari  tinte  qui  se  tiendra,  à  l'occasion  du 
5o®  anniversaire  de  la  fondation  de  cette  Institution,  à  Londres,  le  j  juillet. 

MM.  L.-E.  lÎRRTiN  et  le  Prince  Roland  Bonaparte  sont  désignés  pour 
représenter  l'Académie. 

CORRESPONDANCE . 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  certaines  équations  intégrales  non  linéaires. 
Note  de  M.  G.  Bratu,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

L   Inspiré  par  les  belles  recherches  de  M.  Picard  (')  sur  l'équation 


d'y 


djc 


i--l-/('î-- j)  =  o. 


(')  Comptes  rendus^  i4  février  1898,  el  Traité  d'Analyse,  t.  111,  Cliap.  Nil. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    I910.  897 

nous  avons  d'abord  étudié  complètement  le  cas  simple 

(i)  -^-hAey=o  (X  =  const.  positive), 

en  recherchant  les  intégrales  s'annulant  en  a  et  b. 

Soit  a  =  o.  En  étudiant  directement  la  solution  de  l'équation  (i^  ([ui 
satisfait  aux  conditions  j(o  1  =  o,  r'(o)  =  m  et  fu  posanl  m'-  -f-  2  A  =  2A/, 
on  trouve  que  cette  solution  passe  par  un  maximum  égal  à  log-/  pour 

et  qu'elle  s'annule  de  nouveau  pour 


(2) 


a-  —  b=  2i/^log(v/7  +  v/«— 1). 


Pour  x'^  b,  y  reste  négatif. 

Soit,  d'autre  part,  t  =  3 ,  27  . . .  la  racine  réelle  unique  de  l'équation 


(3) 


iog(\/^  +  \/'  -  '  )  =  y/Tzri  ' 


et  soit  j3  =  — =  (/<  =  1 ,87  . . .)  la  valeur  de  b  pour  t:=z. 

s/'k 

Pour  X  >  o  on  a  /  >  I  et  l'on  voit  que  b,  nul  pour  /  =  i ,  augmente,  avec  /, 
jusqu'à  la  valeur  p,  où  il  arrive  pour  /  =  t. 

Pour  i  >  T,  6  diminue  et  tend  vers  zéro  lorsque  t  augmente  indéfiniment. 
L'ordonnée  maximum  de  la  solution  j  croît  toujours  avec  /.  On  a  donc  le 
résultat  suivant  :  l'équation  (i)  admet 

2  solutions  pour  6  <  |3. 

1  »  »  b  —  ^, 

o         .,  »  6>j3. 

D'autre  part,  nous  savons  que  les  solutions  de  l'équation  (i),  qui  s'an- 
nulent en  o  et  è,  satisfont  aussi  à  l'équation  intégrale  non  linéaire 

(4)  y(x)  =  lj   G{x.i)eyi^)dl 


G(^x,  ^)  étant  la  fonction  connue  de  Green.  Si  b  est  fixe,  en  posant  X,  =^ 
on  peut  encore  dire  que  l'équation  (i)  admet 

2  solutions         pour         >.<;},,, 

I  »  B  X^?l,,  ^ 

O  »  »  >.>>.,. 


h- 


898  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  le  premier  cas  les  deux  solutions  sont  :  l'une  supérieure  et  l'autre  infé- 
rieure à  la  solution  singulière  unique  correspondant  à  'k=z\^.  Lorsque  A  croit 
à  partir  de  zéro,  la  solution  inférieure  augmente,  la  solution  supérieure 
diminue  et  les  deux  solutions  tendent  en  même  temps  vers  la  solution  singulière. 

2.  Ces  résultats  s'étendent  facilement  à  une  équation  de  la  forme 

(5)  '^+l\(^-)er=o, 

A(.r)  étant  une  fonction  positive.  Il  résulte  des  recherches  générales  de 
M.  Picard  que  cette  équation  admet,  pour  X  négatif,  une  solution  unique 
s'annulant  en  «  et  è;  il  n'en  est  pas  de  même  pour  X  positif.  Nous  prou- 
vons qu'il  existe  un  nombre  positif  A,  tel  que,  pour  o  -<  X  <  X,  les  approxi- 
mations successives  commençant  avec  j„  =  o  convergent  vers  la  solution 
inférieure  de  l'équation  (5),  tand^g  que  pour  X^X,,  ces  approximations  ne 
convergent  plus. 

3.  Considérons  plus  généralement  l'équation  intégrale 


(6) 


cf(x)=lj   K{x,y)F[cf{y)]dy, 


dans  laquelle  F(cp)  est  une  série  à  coefficients  constants 

(7)  F(9)  =  6„4-è,cp +.  ..  +  ^„9" -h.. .. 

Nous  nous  proposons  de   chercher  un  développement  en  série  entière 
ordonnée  suivant  les  puissances  de  X  et  satisfaisant  à  l'équation  (6). 
Posons 

(8)  9(x)  =  «o(-^')  -l-^«i(^)  +••  •  +  ^"  ''«(■*')+••  ■■ 

Les  fonctions  a^ya,,  ...,«„  étant  obtenues  de  proche  en  proche,  on  arrive 
au  développement  (8)  satisfaisant  formellement  à  l'équation  (6).  Voyons 
dans  quelles  conditions  ce  développement  est  convergent. 

Si  nous  remplaçons  F(ç)  par  une  fonction  majorante  F,(cp)  et  K(.r,j) 
par  une  fonction  positive  K,  (x,y),  telle  qu'on  ait 

|K(.r,j)|<K,(.r,j-)- 

pour  X  ely  compris  entre  a  et  h,  et  si  la  solution  de  l'équation 

(9)  9^i^)-'^^f  i"^i(-^.j)iM9.(r)]f/7 


SÉANCe    DU    II    AVRIL    19IO.  899 

est 

(10)  ç,(j.')  =  A„(a.-)-4->.  A,(j?) +.  .  .+ /,"A„(.c)  H-..  ., 

on  démontre  qu'on  a  |  a„  (.i')  |  <^  A„(.i-). 

Si  la  série  (7)  est  holomorphe  pour  |  o  |  <^  p  et  si  N  est  le  maximum  du 
module  de  sa  somme  dans  ce  domaine,  on  peut  prendre  comme  majorante 
de  F((p)  l'expression 

p-cp 

Si  l'on  a  en  outre  |K(j-,j')|  ■<  M  pour  a'Sx^b,  a^ylib,  pour  prouver  la 
convergence  du  développement  (8),  il  suffit  de  prouver  que  l'équation  inté- 
grale 

admet  une  solution  holomorphe  autour  de  A  ^  o. 

$  (x)  étant  indépendant  de  x  en  posant  $  (x)  =  C,  nous  trouvons  comme 
solution  nulle  pour  X  =  o  la  fonction 

(12)  C().)  =  -[p-v/p=-4>'MNp(6  — «)], 

solution  holomorphe  pour 

(.3)  |X|< 


4MN(6  — ff) 


Il  en  résulte  que  pour  ces  mêmes  valeurs  de  A  et  pour  a'^x^b  la  série  (8) 
est  absolument  et  uniformément  convergente. 

Dans  le  cas  particulier  F  (cp)  ^e'',  on  a  e"^  <^  e?  pour  |  ^  |  <[  p  et  l'inégalité 
(i3)  devient 

1^1  </iMeP(6- a)  =  '"'■' 
p'  est  maximum  pour  p  =  x. 

ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les   équations    intégrales   non   linéaires. 
Note  de  M.  Paul  Lêvv,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Les  résultats  de  M.  Schmidt  sur  les  équations  intégrales  non  linéaires 
peuvent  s'obtenir  par  une  voie  difTérente  de  la  sienne.  Proposons-nous  de 
chercher  si  l'équation 


90O  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

admet  des  solutions  de  la  forme 

(2)  (f,{a-)  =  (f,„{a")  -\-l(f,,{a::)+..  .  +  l"<D„{.r)  +.  .  ., 

(prêtant  une  solution  donnée  de  l'équation  (i)  pour  X  =  o.  F  est  supposé 
développable  suivant  les  puissances  de  y  —  çjj  et  de  X.  On  trouve 

(3)  <p„(.r)—  /    K(jr,y)(f„{y)df  —  ']j„{^e)=o. 

-'0 

Si  le  déterminant  A  relatif  au  noyau  K  n'est  pas  nul,  !p„  est  bien  déterminé. 

Si  A  =  o,  on  a  les  conditions 

(S„)  S„  ,==  o        («■  =:  I,  2,  . . . ,  v) 

et  cpn  dépend  de  v  paramètres  a„, ,  ...,  a^,^.  Les  conditions  (S„)  sont  des 
équations  entre  a,  ,,  ...,a„_,_.,.  Leur  discussion  n'offre  aucune  difliculté. 
Les  a„  sont  en  amènerai  déterminés  par  le  système  (S„+,);  il  n'est  jamais 
nécessaire  de  considérer  un  système  d'indice  supérieur  à  Jcn+p^  k  el  p 
étant  indépendants  de  n.  On  évite  d'ailleurs  tout  calcul  en  remarquant  que 
les  équations 

{!)  l,=zlStj  + . .  .-hl"?>„,/  + . .  .=.0 

sont  des  équations  ordinaires  par  rapport  aux  inconnues 

a,r:=  >ia,_,'-t-.  . .  +  l"a„j~\-.  . . 

et  peuvent  remplacer  les  équations  (5).  Les  a  doivent  être  des  fonctions 
holomorphes  s'annulant  pour  X  =  o. 

Pour  établir  la  convergence  du  développement  obtenu,  on  commence 

par  écrire  à  la  place  de  F  l'expression  j — — r r— ->  où  m  ■<  r;  c'est 

une  fonction  majorante  de  F  à  un  facteur  constant  près.  A  la  place  de  (p„  on 

a  une  constante  positive  $„,  et  le  développement  obtenu  est  convergent. 

loi 
Revenant  à  F,  on  établit  facilement,  quand  ^^  o,  que  '-^  est  inférieur  au 

pleine  terme  d'une  progression  géométrique.  Si  A  =  o,  le  raisonnement  reste 
valable  si  l'on  suppose  que  les  développements  a,-  convergent  pour  X  assez 
petit.  Alors  le  développement  (2)  et  celui  du  premier  membre  de  (i)  seront 
convergents.  En  multipliant  ce  dernier  par  certaines  fonctions  de  or  et  inté- 
grant, on  trouve  les  expressions  S,,  dont  on  voit  ainsi  qu'elles  convergent 
pour  X,  a,,  ...,  (Xy  assez  petits.  Le  théorème  d'existence  des  fonctions 
implicites  montre  alors  que  les  expressions  a,-  sont  bien  convergentes. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  9OÏ 

Les  équations  (S)  peuvent  n'être  pas  distinctes;  dans  ce  cas  les  a„j 
peuvent  être  choisis  arbitrairement  pour  certaines  valeurs  de  i;  il  faut 
seulement  que  a,  converge  pour  ces  valeurs.  A  celte  restriction  près,  tout 
développement  (2)  vérifiant  formellement  Téquation  (i)  converge  pour 
X  assez  petit. 

Les  équations  (S)  peuvent  avoir  un  nombre  fini  quelconque  de  systèmes 
de  solutions  distincts.  Elles  peuvent  n'en  avoir  aucun,  par  exemple  si  les 

conditions  (S,  )  ne  sont  pas  vérifiées.  On  cherchera  alors  des  solutions  de  (i) 

i_ 
développables  suivant  les  puissances  de  pt  =  V',  p  prenant  successivement 
les  valeurs  2,  3,  ...;  il  suffira  de  remplacer  X  par  u.  dans  (2)  et  par  u.'' 
dans  (i);  ce  nouveau  problème  est  donc  un  cas  particulier  du  précédent. 
Si  l'on  trouve  une  solution  de  cette  forme,  on  en  déduit  évidemment 
p  —  i  autres. 

MÉCANIQUE.  —  Sur  l'ébranlement  des  édifices.  Note  ('  )  de  M.  B.  Galitzine, 
présentée  par  M.  Bigourdan. 

L'expérience  montre  que  des  moteurs  plus  ou  moins  puissants,  animés 
de  grandes  vitesses  de  rotation  et  qui  ne  sont  pas  bien  équilibrés,  par 
exemple  certains  moteurs  Diesel,  produisent  dans  les  édifices  voisins  des 
ébranlements  continuels  très  sensibles,  de  sorte  que  le  séjour  dans  ces  mai- 
sons devient  fort  pénible.  En  outre,  surtout  si  le  sous-sol  est  marécageux, 
il  se  produit  avec  le  temps,  le  long  des  murs,  des  crevasses  qui  peuvent 
devenir  très  menaçantes  pour  la  solidité  même  de  l'édifice. 

Dans  ces  derniers  temps,  j'ai  eu  l'occasion  de  faire,  à  Saint-Pétersbourg, 
une  étude  spéciale  sur  ce  sujet,  dans  deux  maisons  qui  se  trouvaient  dans 
le  voisinage  d'un  moteur  Diesel  à  quatre  cylindres,  d'une  puissance  de 
200  chevaux-vapeur,  et  dont  les  murs  accusaient  déjà  quelques  crevasses 
assez  inquiétantes. 

Les  sismographes  ordinaires  se  prêtent  très  mal  à  ce  genre  d'études;  c'est 
pour  cela  que  j'ai  construit  dans  ce  but  un  appareil  spécial,  basé  sur  l'appli- 
cation d'un  ressort  plat  en  acier.  Cet  appareil  devait  réaliser  les  conditions 
suivantes  :  être  simple  et  facile  à  manipuler,  assez  sensible,  servir  à  l'étude 
des  mouvements  tant  horizontaux  que  verticaux  des  édifices,  et  en  donner 
la  valeur  absolue.  » 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  l^  avril  1910. 


902 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


La  figure  ci-dessous  donne  un  aperçu  général  de  l'appareil. 

CJ  est  un  socle  en  fonte  du  poids  de  82''^,  4-  Sur  la  partie  supérieure  de 
ce  socle  se  trouve  fixée,  entre  des  écrous,  une  lame  plate  en  acier  FA,  dont 
la  largeur  est  de  81™",  7  et  l'épaisseur  6""",  33.  Soient  L  la  longueur  libre 
de  ce  ressort  et  M  la  masse  correspondante  (M  =  a'-Sj^QÔ). 

Un  poids  M,  de  3''s,265  peut  glisser  le  long  de  la  lame  FA,  qui  porte  à  sa 
partie  supérieure  une  échelle  divisée  en  centimètres,  et  être  fixé  à  diffé- 
rentes distances  ;■,  de  O,  ce  qui  permet  de  varier  la  période  propre  T  des 
oscillations  de  la  lame. 

K  est  une  plaque  en  cuivre,  attachée  à  la  lame  FA,  qui  peut  se  mouvoir 
entre  les  pôles  d'un  électro-aimant  servant  à  amortir  les  mouvements 
propres  du  ressort. 

Enfin  AB  =  D  est  un  stylet  dont  la  pointe  B  enregistre  le  mouvement 
de  la  lame  sur  un  cylindre  tournant  qui  porte  une  feuille  de  papier  couverte 
de  noir  de  fumée. 


f&z 


Supposons  maintenant  que  le  plancher  sur  lequel  l'appareil  est  installé 
oscille  verticalement,  et  soit  z  le  déplacement  vrai  du  socle  C  de  sa  posi- 
tion d'équilibre;  -  peut  être  une  fonction  quelconque  du  temps/  :  ::  =f(t). 

Si  nous  désignons  par  y  l'élongation  de  la  pointe  B  de  sa  position  nor- 
male, on  trouve,  en  appliquant  les  méthodes  de  la  théorie  de  l'élasticité  et 
le  principe  de  Lagrange,  que  y  doit  satisfaire  à  l'équation  différentielle 
suivante  : 

(i)  r"-^  2£/'+ H\r  +  ff;"  =  o; 

t,  n  et  cr  sont  trois  constantes  de  l'appareil  :  £  dépend  de  l'amortissement. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  908 

n  de  la  période  propre  de  la  lame  sans  amortissement  {n^'^\-,(t\.r;t?X  un 

facteur  qui  caractérise  à  un  certain  point  la  sensibilité  de  l'appareil. 
n-  et  a-  sont  donnés  par  les  formules  suivantes  : 


(2] 


^TTTE' 


2  H,  /         3  D\ 

(3)  ^=3ïî:('  +  2u)' 

1-1,=:  f  M      +  iM,pi  +  M,p,  (  I  —    [3^siiiy  j -h  M;,p3, 

^2=  i^M  +  ]Vl,p?+  M.p-^^i  -  2(3^siny  +  P'--^")  +  M.pJ, 

^'=(î)'('-îî,)     «'      ^='^^ 

'      3   L 

/„  est  la  distance  du  centre  de  gravité  et  /  celle  du  cercle  d'inertie  de  la 
masse  ISL  au  point  I;  £  est  le  module  d'élasticité. 

L'expérience  montre  que,  sous  l'inlluence  de  la  marche  d'un  moteur 
Diesel,  la  pointe  B  décrit  une  sinusoïde  singulière. 

Posons,  par  suite, 

(4)  j  =  j,«siiW  27:^ + 

L'amplitude  j^„,  et  la  période  T^,  peuvent  être  immédiatement  déduites  de 
la  courbe  correspondante. 

On  trouve  alors  facilement  que  le  mouvement  du  plancher  doit  suivre 
aussi  la  même  loi  d'oscillation  avec  la  même  période  T^,  : 

(5)  z  =  z,„. 
En  posant 

-Tif  =  "  et  —  =r  /(, 

1  a 

on  trouve  facilement,  pour  l'amplitude  ^,„  du  mouvement  cherché,  l'ex- 
pression très  simple  qui  suit  : 


'7 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N°  15.) 


9o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  formule  permet,  si  Ton  connaît  les  trois  constantes  de  l'appareil 
(T,  Il  et  (t)  qui,  du  reste,  se  laissent  facilement  déterminer,  de  calculer 
l'amplitude  vraie  du  mouvement  vertical  du  plancher. 

Pour  étudier  les  mouvements  horizontaux,  on  n'a  qu'il  fixer  la  lame 
d'acier  sur  un  des  côtés  du  socle  en  fonte  en  la  tournant  de  90°.  Les  mêmes 
formules  s'appliquent  à  ce  cas.  On  peut  ainsi  étudier  les  mouvements  de 
déplacement  du  socle  suivant  les  trois  axes  de  coordonnées. 

Si  les  vibrations  z^  sont  assez  intenses,  il  est  avantageux  d'introduire 
l'amortissement  électromagnétique;  mais  si  ;„,  est  très  faible,  il  est  mieux 
de  supprimer  l'amortissement  pour  augmenter  la  sensibilité  de  l'appareil. 
Dans  ce  dernier  cas  h-  sera  très  petit  et  l'appareil  atteindra  sa  plus  grande 
sensibilité  quand  u  sera  voisin  de  l'unité,  c'est-à-dire  quand  la  période 
propre  de  la  lame  sera  presque  en  résonance  avec  la  période  du  moteur 
Diesel. 

On  trouve  en  effet  en  déplaçant  la  masse  M,  le  long  de  la  lame  FA,  que 
l'amplitude  jn,  augmente,  passe  par  un  maximum  et  diminue  ensuite. 

En  utilisant  l'effet  de  résonance,  cet  appareil  assez  primitif  comporte  une 
très  grande  sensibilité  et  peut  servir  à  la  détermination  de  z^  avec  une  pré- 
cision tout  à  fait  suffisante,  vu  que  l'erreur  dans  la  valeur  relative  de  3„ 
est  seulement  de  l'ordre  d'un  micron  ou,  dans  des  conditions  favorables, 
même  d'une  fraction  de  niicron. 


OPTIQUE.  —  Sources  lumineuses  à  surfaces  réduites  employées  normalement  ou 
obliquement.  Sources  lumineuses  en  mouvement.  Applications  pratiques. 
Note  de  M.  Dcssaub.  (Extrait.) 

Je  me  suis  proposé  de  comparer  des  sources  lumineuses  à  surfaces 
réduites  employées  normalement  ou  obliquement  à  une  source  lumineuse 
fixe  et  connue. 

Mes  premières  expériences  ont  été  réalisées  avec  deux  sources  spéciales  : 

1"  Une  lampe  électrique  à  incandescence  de  100  bougies  dont  l'axe  est  horizontal 
et  qui  est  formée  de  filaments  de  a'""  de  longueur.  Ces  filaments,  placés  dans  des 
plans  parallèles,  sont  orientés  à  intervalles  angulaires  égaux  de  nianière  que  leurs  lu- 
mières ne  se  cachent  pas  les  unes  les  autres. 

On  fait  tourner  la  lampe  et  les  filaments  incandescents  donnent  à  l'observateur  qui 
regarde  la  tête  delà  lampe  la  sensation  d'un  cercle  de  feu  continu. 

2°  Une  lampe  électrique  à  incandescence  de  100  bougies  dont  l'axe  est  encore 
horizonlal  et  qui    est    formée  de  filaments  de  2""  de  longueur.  Ces  filaments  sont 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  9o5 

disposés  dans  deux  plans  verlicaiix  dont  l'angle  dièdre  se  trouve  à  la  douille  de  la 
lampe,  l'écart  des  pians  à  l'autre  extrémité  étant  de  2'^"'. 

On  donne  à  la  lampe  un  mouvement  de  translation  alternatif  rapide  et  peu  étendu, 
perpendiculaire  au  plan  bissecteur  de  l'angle  dièdre  des  plans  verticaux;  tes  filaments 
incandescents  donnent  l'impression  d'un  carré  lumineux  à  l'observateur  qui  regarde 
la  tète  de  la  lampe. 

Les  mouvements  de  rotation  dans  le  premier  cas  et  de  translation  dans  le  deuxième 
cas  ont  pour  objet  de  supprimer  la  vue  diffusée  des  filaments  et  de  leur  substituer  une 
surface  lumineuse  continue  telle  que  celle  qu'on  obtient  avec  un  verre  dépoli  lorsque 
remploi  de  ce  verre  n'occasionne  pas  une  perte  de  lumière  gênant  le  résultat  qu'on 
veut  atteindre. 

J'ai  comparé  ces  deux  sources  à  un  arc  électrique. 

J'ai  pris  un  poste  cinématographique  ordinaire  fonctionnant  avec  un  arc  de  plus  de 
2000  bougies  alimenté  par  un  courant  de  110  volts  et  25  ampères;  la  dvnamo  était 
actionnée  par  un  moteur  à  pétrole  de  3  chevaux.  A  cause  du  danger  d'inflammation 
des  bandes  de  celluloïd,  de  l'énorme  chaleur  de  l'arc,  de  la  grande  quantité  de  lumière 
qui  tend  à  s'échapper  de  la  lanterne  et  à  gêner  les  projections,  le  cinématographe  était 
installé  comme  à  l'ordinaire  dans  la  cabine  de  fer  obligatoire  ;  on  sait  que  le  condensa- 
teur ne  recueille  qu'une  minime  portion  de  la  lumière  de  l'arc,  la  plus  grande  partie 
étant  perdue  pour  la  projection. 

Avec  l'arc  j'avais  obtenu  une  projection  satisfaisante  de  3™  de  largeur  environ;  à 
côté  de  cette  installation  j'ai  disposé  sur  une  simple  table  un  cinématographe  iden- 
tique; derrière  la  fenêtre  de  ce  second  cinématographe,  j'ai  placé  successivement  les 
lampes  de  100  bougies  que  j'avais  réalisées;  elles  m'ont  donné  une  projection  sensi- 
blement égale  à  celle  que  me  donnait  l'arc  de  2000  bougies. 

Mes  lampes  étaient  protégées  latéralement  par  un  tube  de  métal  et,  comme  elles  ne 
donnaient  pas  de  chaleur  dangereuse  et  incommodante,  la  lanterne,  les  condensateurs, 
la  cuve  à  eau  alunisée,  la  cabine  en  fer  devenaient  inutiles. 

Mes  lampes  de  iio  volts  étaient  branchées  sur  le  courant  du  secteur  ou,  en  son 
absence,  sur  des  accumulateurs  de  6'''"'  facilement  transportables  à  la  main  et  permet- 
tant I  heure  de  projection;  enfin  un  groupe  électrogène  de  y  de  cheval  était  suffisant 
pour  alimenter  mes  lampes,  alors  qu'il  fallait  3  chevaux-vapeur  pour  alimenter  l'arc. 

Il  est  très  important  de  faire  remarquer  que  l'absence  de  chaleur  permet 
de  ralentir  à  volonté  le  déroulement  de  la  pellicule  cinématographique  ou 
même  de  l'arrêter  pour  étudier,  en  les  fixant  sur  l'écran,  les  différentes 
phases  d'un  mouvement,  ou  de  reposer  l'œil  sans  interrompre  le  spectacle 
dans  les  moments  où  la  pellicule  ne  représente  que  des  objets  au  repos. 

Les  dispositions  précédentes  s'appliquent  au  cas  où  la  surface  à  éclairer 
ne  dépasse  pas  la  surface  de  la  lampe,  comme  dans  le  cas  du  cinémato- 
graphe, de  l'étude  au  microscope,  mais  mes  lampes  peuvent  être  appliquées 


Ç(o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  tous  usages  avec  un  condensateur  ou  un  réflecteur,  par  exemple  aux 

phares. 

J'ai  étendu  mes  recherches  à  des  sources  d'énergie  variées  en  imprimant 
un  mouvement  dd  rotation  à  une  portion  de  parabole  à  laquelle  je  puis  fixer 
à  volonté  soit  une  lampe  à  incandescence  du  commerce  construite  pour  le 
maximum  de  lumière  ou  de  chaleur,  soit  une  sonnerie  électrique,  soit  des 
sphères  à  décharges  oscillantes;  on  a  un  renforcement  des  effets  dans  une 
direction  perpendiculaire  au  plan  de  rotation. 


PHYSIQUE.  —  nô/e  lubrifiant  de  l'air  dans  le  fiotlemenl  des  solides. 
FroUement  dans  le  vide.  Note  de  M.  F.  Charron,  présentée  par 
M.  E.  Bouty. 

I.  Lorsque  deux  corps  glissent  l'un  sur  l'autre,  il  y  a,  en  général,  un 
mutuel  arrachement  de  particules,  ce  qui  rend  le  phénomène  complexe. 
Réservons  l'expression  de  frottement  pur  au  cas  de  deux  corps,  parfaitement 
polis,  restant  polis  pendant  le  frottement. 

Mais  dans  l'étude  du  frottement  pur,  un  phénomène  se  présente,  qui  était 
masqué  dans  le  cas  du  frottement  ordinaire.  On  remarque  une  diminution 
progressive  du  coefficient  de  frottement  quand  la  vitesse  augmente,  et 
celui-ci  s'annule  presque  pour  une  certaine  valeur  de  la  vitesse  que  j'appel- 
lerai vitesse  critique. 

Cette  diminution  de  frottement  lient  i'rune  couche  d'air  qui  s'interpose 
plus  ou  moins  entre  les  deux  corps  en  présence  pour  des  vitesses  inférieures 
à  la  vitesse  critique,  et  qui  les  sépare  complètement  l'un  de  l'autre  pour  des 
vitesses  égales  ou  supérieures. 

Hirn  (')  avait  déjà  remarqué,  sans  l'étudier  ni  préciser  les  conditions 
sous  lesquelles  elle  se  produit,  cette  action  lubrifiante  de  l'air. 

Mes  expériences  ont  porté  sur  des  échantillons,  polis  suivant  une  face 
plane,  de  cuivre,  de  fonte,  de  graphite,  glissant  sur  une  glace  plane,  nue  ou 
argentée. 

L'appareil  se  compose  d'un  disque  en  bonne  glace  de  Sainl-Gobain,  mobile  sans  jeu 
autour  d'un  axe  vertical.  Ce  disque  tourne  paifaitenienl  plan  :  les  images  des  objets 
exléi'ieurs  données  par  la  glace  restent  fixes  quand  le  disque  tourne. 

Un  flotteur  constitué  par  un  des  échantillons  ci-dessus  repose  sur  le  disque  et  est 

('  )  Bulletin  du  la  Société  industrielle  de  :Uulltouse,  i855. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  907 

attaché  par  deux  fils  fuis  el  souples,  formant  un  triangle,  à  une  sorte  de  fléau  de 
balance  muni  dun  amortisseur.  Un  jeu  de  petits  miroirs  et  une  lunette  portant  une 
échelle  divisée  permettent  d'apprécier  exactement  les  déplacements  du  fléau  et  d'en 
déduire  la  force  de  frottement. 

Les  vitesses  des  points  du  disque  en  contact  avec  le  frotteur  sont  dirigées  suivant  la 
bissectrice  des  deux  fils. 

Avant  chaque  expérience,  le  disque  était  soigneusement  nettoyé  à  Talcool  et,  pendant 
l'expérience  tout  entière,  un  tampon  de  ouate  frottait  légèrement  sur  le  verre,  pour  le 
maintenir  exempt  de  poussières  et  enlever  les  parcelles  du  frotteur  qui  auraient  pu  s'y 
déposer. 

La  lunette  était  pointée  sur  le  zéro  de  l'échelle,  lorsque  l'appareil  était  au  repos,  les 
fils  non  tendus.  On  chargeait  le  frotteur  d'un  poids  connu  et  l'on  faisait  tourner  le 
disque  à  faible  vitesse.  Soit  20  la  nouvelle  division  de  l'échelle  au  réticule  de  la  lunette. 

En  augmentant  progressivement  la  vitesse,  on  voyait  la  déviation  diminuer  et  tomber 
au-dessous  de  i ,  la  force  devenait  si  faible  que  les  fils  n'étaient  plus  tendus.  Cette  petite 
force  qui  agissait  sur  le  frotteur  n'était  due  qu'à  la  viscosité  de  la  couche  gazeuse  qui 
le  séparait  du  disque. 

En  plaçant  une  source  lumineuse  dans  le  plan  du  disque,  on  pouvait  observer  cette 
couche  gazeuse  el  même  mesurer  son  épaisseur  au  moyen  d'une  lunette  munie  d'un 
oculaire  micromélrique.  On  constatait  que,  seulement  pour  des  vitesses  égales  ou  su- 
périeures à  la  vitesse  critique,  elle  séparait  complètement  le  frotteur  du  disque.  Son 
épaisseur  n'était  pas  uniforme,  mais  plus  grande  à  l'avant  qu'à  l'arrière.  La  valeur 
moyenne  variait  avec  les  conditions  de  l'expérience  et  pouvait  atteindre  quelques  cen- 
tièmes de  millimètre.  « 

La  vitesse  critique,  définie  ci-dessus,  doit  varier  avec  la  nature  et  l'état  du  lubri- 
fiant, ainsi  qu'avec  la  charge  et  les  formes  géométriques  du  frotteur. 

Avec  un  frotteur  en  grapliite  dont  la  base  rectangulaire  a  1""'  de  surface, 
pesant  1^,4  et  chargé  de  différents  poids,  j'ai  trouvé  les  résultats  suivants  : 

Charges  Vitesses  critiques 

en  grammes-poids.  en  centimètres  par  seconde. 

1,4  192 

2,4  262 

3,4  290 

6,4  437 

11,4  770 

Ces  nombres  ne  doivent  être  considérés  que  comme  une  première  ap- 
proximation. La  vitesse  critique  est  assez  difficile  à  évaluer.  D'ailleurs  le 
frotteur  et  le  disque  sont  électrisés  en  sens  contraire  et  leur  attraction  élec- 
trostatique s'ajoute  au  poids  du  frotteur. 

II.  Frottement  dans  le  vide.  —  Puisque  l'air  agit  d'une  façon  très  sen- 
sible, comme  lubrifiant,  surtout  avec  de  faibles  charges  par  unité  de  sur- 


()o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

face,  il  est  opportun  de  se  débarrasser  de  celte  cause  perturbatrice  et  d'(''tu- 
dier  le  frollemenl  dans  le  vide. 

J'ai  fait  construire  une  caisse  en  fonte  ouverte  en  dessus;  le  contour  en 
est  soigneusement  raboté.  Une  boîte  à  cuir  étanche,  traversée  par  un  axe, 
permet  de  faire  tourner  le  disque.  Le  dispositif  décrit  précédemment  peut 
être  logé  à  l'intérieur  de  la  caisse,  et  une  glace  suilTée,  posée  sur  l'encadre- 
ment raboté,  ferme  hermétiquement  et  laisse  passer  les  rayons  lumineux 
qui  repèrent  la  position  du  fléau. 

A  mesure  qu'on  raréfie  l'air  dans  le  récipient,  on  remarque  que  le  frotte- 
ment varie  de  moins  en  moins  avec  la  vitesse.  Toutefois  les  variations 
sont  encore  très  sensibles  sous  une  pression  de  2""  à  3''"'  de  mercure  avec  le 
frotteur  précédent  chargé  de  4^.  En  poussant  le  vide  jusqu'à  i""™,  au  moyen 
d'une  bonne  machine  à  mercure,  le  coefficient  de  frottement  a  paru  très  sen- 
siblement indépendant  de  la  vitesse,  ce  qui  confirme  le  rôle  attribué  à  l'air 
dans  la  première  partie  de  ce  travail. 

Je  poursuis  l'étude  du  frottement  dans  un  vide  plus  parfait,  ainsi  que 
celle  du  rôle  lubrifiant  des  divers  gaz. 


ÉtjECTRicrrÉ.  —  Loi  générale  du  rendement  relative  à  un  générateur 
ou  à  un  récepteur  avec  branche  dérivée.  Cas  des  dynamos.  Note  de 
M.  E.  Haudié,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

La  loi  du  rendement  de  Siemens  ne  concerne  que  le  cas  simple  d'un  cir- 
cuit unique.  D'après  cette  loi,  on  n'obtient  un  bon  rendement  qu'à  la  con- 
dition de  recourir  à  de  faibles  intensités,  par  suite  de  ne  mettre  en  jeu  que 
de  faibles  puissances;  autrement  dit,  la  loi  de  Siemens  impose  un  travail 
lent. 

D'autre  part  toute  dynamo  industrielle,  par  le  fait  mènie  qu'elle  comporte 
une  branche  dérivée,  échappe  à  la  loi  de  Siemens;  elle  donne  effectivement, 
dans  toutes  les  circonstances  usuelles  de  son  fonctionnement,  des  rende- 
ments élevés. 

Pour  rechercher  ce  que  devient  alors  la  loi  du  rendement,  et  pour  dégager 
la  forme  générale  sous  hujuelle  elle  est  susceptible  de  s'exprimer,  il  con- 
vient d'envisager  les  difl'érentes  sortes  de  puissance  utilisable,  et  de  se  placer 
dans  toutes  les  conditions  usuelles  de  fonctionnement  d'une  génératrice  ou 
réceptrice  avec  branche  dérivée.  (  D'ailleurs  le  casd"un  récepteur  se  ramène 
immédiatement  à  celui  d'un  générateur.) 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I9I0.  go^ 

Les  résultats  auxquels  on  parvient  sont  les  suivants  : 

Four  tout  générateur  avec  dérivation,  et  dans  toutes  les  conditions  de  fonctionne- 
ment, le  rendement  part  de  zéro  quand  l'intensité  débitée  est  la  plus  faible  possible, 
et  passe  ensuite  par  un  maximum  dont  il  est  toujours  possible  de  calculer  les  éléments. 

On  désignera  par  R  la  résistance  du  circuit  extérieur,  par  r'  la  résistance  de  la 
branche  dérivée,  par  r  la  résistance  intérieure  de  la  branche  génératrice,  et  l'on  posera 


•+/•■  =  /_), 


R  +  /' 


q. 


A.  Puissance  extérieure  disponible.  —  1°  Quand  l'élément  constant  est  la  force 
électrotnotrice  E,  le  rendement  maximum  a  lieu  pour  une  intensité  totale  débitée  I, 
telle  que 

,  E  .         E 


y/ '•('•-+-'■') 

et  ce  rendement  a  pour  expression 


ou  I  = 


/pr 


^  =  >-^[v/''('-  + '•')-'■]    ('), 


-(\/^V^)" 


c'est-à-dire  rj 


s/^^^l 


Dans  le  cas  où  il  s'agit,  non  d'une  dynamo  en  simple  dérivation,  mais  d'une  com- 
pound  en  longue  dérivation,  /■  représente  la  somme  des  résistances  /■,  et  /'a  de  l'induit 
et  de  l'inducteur-série. 

2°  Quand  l'élément  maintenu  constant  est  la  différence  de  potentiel  aux  bornes  e, 
les  expressions,  comme  il  était  à  prévoir,  sont  exactement  les  mêmes,  si  E  représente 
toujours  la  force  électromotrice  correspondante. 

En  fonction  de  e,  on  aurait 


-m 


B.  Puissance  utilisable  sous  forme  chimique  ou  mécanique.  —  Quand  on  envisage 
seulement  la  fraction  de  la  puissance  extérieure  apparue  sous  la  forme  chimique  ou 
mécanique,  on  trou\e  encore  que  les  expressions  demeurent  les  mêmes,  que  l'élément 


(  ')  L'existence  d'un  maximum  de  rendement  dans  ce  cas  a  été  établie  par  Lord  Kelvin 
qui  s'est  borné  à  une  expression  approchée  du  rendement.  L'expression  rigoureuse  est 
due  à  P.  Silv.  Thompson  (  i\lach,  dyn.  électr.,  3'  édit.  fr.,  1900,  p.  igi  )  ([ui  s'est  arrêté 
à  la  forme 


l{\/r{r  +  r')  +  r\ 


9IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

constant  soit  la  force  électromotrice  E  ou  la  diiïérence  de  potentiel  c  aux  bornes  du 
générateur.  Dans  i"un  et  l'autre  cas,  le  rendement  maximum  a  lieu  pour  une  intensité 
totale 

(«)  1  = 


et  il  a  lui-même  pour  expression 

{■/pq  — sjpq  — >■•-)- 


On  peut  obtenir  également  l'expression  directe  de  I  en  fonction  de  e. 

Pour  revenir  au  cas  précédent,  il  suffit  naturellement  de  supposer  R  =  o;  effective- 
ment les  expressions  (a)  et  {b)  se  réduisent  bien  alors  aux  précédentes,  qui  n'en  sont 
par  suite  qu'un  cas  particulier. 

C.  Puissance  disponible  à  l'extrémité  d'une  ligne.  —  Ce  cas  revient  exactement 
au  précédent,  sauf  dans  le  cas  de  la  dynamo  lijpercompound,  c'est-à-dire  quand  la 
différence  de  potentiel  maintenue  constante  est  la  différence  de  potentiel  à  l'extrémité 
de  la  ligne. 

Dans  ce  cas,  le  calcul  conduit  encore,  pour  l'intensité  I  et  le  rendement  maximum, 
aux  mêmes  expressions  (a)  et  (6). 

On  peut  remarquer  que  ce  cas  est  en  même  temps  celui  de  la  dynamo  compound  en 
courte  dérivation  avec  différence  de  potentiel  constante  aux  bornes,  la  résistance  de 
l'inducteur-série  jouant  alors  le  rôle  delà  résistance  de  la  ligne. 

Le  cas  d'un  récepteur  se  ramène  à  celui  d'un  générateur. 

On  voit  sans  peine  qu'un  moteur  avec  dérivation  revient  au  cas  d'un  générateur  (B), 
la  différence  de  jiolenliel  aux  bornes  du  récepteur  jouant  le  rôle  de  la  force  électro- 
motrice du  générateur. 

Il  suffit  pour  cela,  dans  le  cas  d'un  moteur  en  simple  dérivation,  ou  compound  en 
longue  dérivation,  de  supposer /=:  o,  et  d'attribuer  à  H  une  signification  inverse,  celle 
d'une  résistance  intérieure,  la  résistance  de  la  branche  de  l'induit  comprise  entre  les 
deux  extrémités  de  l'excitation  dérivée.  R  doit  donc  être  remplacé  par  E,  c'est-à-dire 
/■)  -(-  r^  dans  le  cas  du  moteur  compound. 

Dans  le  cas  du  moteur  compound  en  courte  dérivation,  on  doit  prendre  /-^/o", 
quant  à  R,  qui  conserve  la  même  signification,  il  doit  alors  être  remplacé  par  /■,. 

Les  calculs  directs  confirment  rigoureusement  ces  prévisions. 

De  sorte  que  pour  tout  générateur  ou  récepteur,  la  présence  d'une  branche 
dérivée  détermine  une  transposition  complète  de  la  loi  du  rendement  élec- 
trique. 

Le  rendement  maximum  n'est  plus  du  tout,  comme  dans  le  cas  d'une 
génératrice  ou  d'un  moteur  simple,  un  rendement  limite  dont  on  ne  peut 
s'approcher  qu'en  ayant  recours  à  des  intensités  de  plus  en  plus  faibles. 

Tout  au  cotitiaire,  le  rendement  esl  nul  quand  l  intensité  débitée  ou  absorbée 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    I910.  9I I 

es/  la  plus  faibli'  possible.  Et  c'est  pour  l'intensité  finie 

que  le  rendement  est  maximum  et  atteint  la  valeur 


f)  = 


(\/pq  —  \/pc/--r"y- 


Telle  est  la  raison  pour  laquelle  il  est  si  aisé  d'obtenir  industriellement  de 
bons  rendements.  La  loi  n'est  plus  du  tout  celle  de  Siemens.  Un  rendement 
élevé  ne  suppose  plus  un  travail  lent. 

D'ailleurs,  avec  les  données  numériques  usuelles  des  dynamos,  ce  maximum  est  loin 
d'avoir  lieu  pour  de  faibles  intensités;  en  outre,  il  est  très  peu  accusé;  de  sorte  que, 
dans  de  très  larges  limites,  le  rendement  variant  peir,  les  expressions  précédentes 
donnent  immédiatement  les  valeurs  approchées  des  rendements  industriellement 
réalisés. 

La  loi  de  la  puissance  maxima  de  Jacobi  se  prête  de  la  même  manière  à 
une  sénéralisalion  analogue. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Mesure  des  très  hauts  potentiels  au  moyen  d' électromètres 
sous  pression.  Note  de  MM.  C.-E.  Guye  et  A.  Tscherxiavski,  présentée 
par  M.  Villard. 

La  mesure  des  très  hauts  potentiels  présente,  comme  on  sait,  de  grandes 
difficultés,  particulièrement  lorsque  les  sources  d'électricité  dont  on  dispose 
ont  un  faible  débit  (machines  électrostatiques). 

Dès  qu'on  atteint  4oooo  volts  environ,  les  aigrettes  apparaissent  généralement  de 
toute  part  et  limitent  rapidement  le  potentiel  qu'il  est  possible  d'atteindre.  En  outre, 
la  distance  que  franchit  l'étincelle  disruplive  augmentant  très  rapidement,  on  est 
obligé  d'éloigner  toujours  davantage  les  pièces  mobiles  entre  lesquelles,  dans  un  élec- 
tromètre, agit  la  différence  de  potentiel  et  s'exercent  les  actions  électrostatiques.  On 
est  ainsi  forcément  conduit  à  l'emploi  d'appareils  volumineux  et  peu  précis.  Cette 
imprécision  peut,  en  outre,  être  accrue  par  l'actio»  du  vent  électrique  qui  s'échappe 
des  pièces  mobiles  saillantes. 

Nous  avons  évité  totalement  ces  inconvénients  en  plaçant  l'électromètre 
dans  une  boîte  résistante,  à  l'intérieur  de  laquelle  on  peut  introduire  un  gaz 

G.  R.,  1910,  I"  Semeslre.  (T.  150,  N»  15.)  121 


912  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

comprimé.  L'avantage  qui  résulte  de  ce  dispositif  peut  être  évalué,  approxi- 

i)d\ 


mativement  ('),  par  la  loi  de  Paschen  V  =/f^j;  V  potentiel  disruptif, 

p  pression  du  gaz,  d  dislance  des  pièces  entre  lesquelles  agit  la  différence 
de  potentiel,  T  température  absolue  du  gaz. 

Pour  une  même  différence  de  potentiel,  on  pourra  donc  rapprocher 
d'autant  plus  les  pièces  mobiles  que  la  pression  du  gaz  sera  plus  élevée,  et 
cette  diminution  de  distance  aura  pour  effet  d'augmenter  très  rapidement 
l'intensité  des  aclions  électrostatiques,  c'est-à-dire  la  sécurité  des  intiica- 
tions  de  l'appareil. 


/ — \i — \ 


-^  cec/rvnie/re. 


On  remarcjuera  que  la  constante  de  l'instrument  est  à  peu  près  indépen- 
dante de  la  pression  du  gaz. 

La  constante  diélectrique  des  gaz  comprimés  est,  en  efTel,  régie  par  la  relation  de 


(')  En    toute    rigueur,    la    loi    de    Paschen    ne  s'applique  qu'au  cas  d'un    champ 
uniforme,  entre  deux  plateaux  parallèles,  par  exemple. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  9l3 

Maxwell  K  =  n^  el  par  conséquenl  par  celle  de  Loreulz  — 5 —  =:  constante.  La  correc- 
tion qui  en  résulte  jusqu'à  lo'""'  est  en  général  négligeable. 

Il  n'est  donc  pas  nécessaire  de  mesurer  la  pression,  il  suffit  de  la  maintenir  assez 
élevée  pour  empêcher  la  décharge  disruplive  et  les  aigrettes  à  l'intérieur  de  l'appareil. 
Enfin,  lorsque  lappareil  est  muni  d'un  amortisseur  à  air,  on  peut  régler  convenable- 
ment cet  amortissement  en  faisant  varier  la  pression  du  gaz. 

En  résumé,  les  avantages  sont  :  1°  suppression  des  ejjliwes^  des  aigrettes  et 
du  t^enl  électrique;  2"  rapprochement  des  pièces  entre  lesquelles  s'exercent  les 
actions  électrostatiques  et  augmentation  de  l'intensité  de  ces  actions  ;  3°  con- 
stante de  l'appareil  à  peu  près  indépendante  de  la  pression  du  gaz  ;  tf  amortis- 
sement facilement  réglable. 

La  figure  ci-contre  représente  le  schéma  employé  pour  la  mesure  de  la 
tension  d'une  machine  Wimshurst,  au  moyen  d'un  électromètre  de  Braun. 
L'appareil  une  fois  gradué  avec  un  électromètre  absolu  pour  un  potentiel 
de  20000  volts  environ,  on  peut  à  volonté  changer  sa  sensibilité  par 
l'adjonction  d'une  petite  surcharge/;  (feuille  de  platine)  placée  à  une  dis- 
tance connue  de  l'axe  de  rotation  de  l'aiguille.  Ce  dispositif  nous  a  permis 
de  mesurer  sans  difficulté  80000  volts  (tension  d'une  machine  Wimshurst 
de  faible  débit},  avec  une  pression  de  4"""  à  9"'™.  On  peut  espérer  l'utiliser 
pour  la  mesure  de  tensions  beaucoup  plus  élevées. 


CHIMIE   PHYSIQUE.    -     Sur   l'analyse   magnéto-chimique   des   terres  rares. 
Note  de  M.  G.  Urbain,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  les  séparations  des  terres  rares,  il  est  nécessaire  de  contrôler  de 
temps  en  temps  le  progrès  des  séparations.  Qualitativement,  on  y  parvient 
par  l'étude  des  spectres,  mais  au  point  de  vue  quantitatif,  la  seule  méthode 
générale  est  la  détermination  des  poids  atomiques.  Quand  il  s'agit  de  corps 
voisins  dont  les  poids  atomiques  diffèrent  peu,  une  très  haute  précision 
devient  nécessaire.  Des  mesures  de  poids  atomiques  au  millième  sont  déjà 
difficiles  à  réaliser  et,  dans  ces  conditions,  la  composition  de  tels  mélanges 
n'est  donnée  qu'avec  une  précision  insuffisante. 

Pour  obtenir  une  différentiation  quantitative  plus  précise,  il  y  a  avantage 
à  s'adresser  à  une  propriété  dont  la  grandeur  varie  beaucoup  plus  d'un  terme 
à  l'autre  de  la  série  que  celle  des  poids  atomiques.  Tel  est  le  cas  pour  les 
coefficients  d'aimantation  qui  d'une  terre  à  l'autre  varient  dans  des  propor- 


()l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lions  considérables,  ainsi  que  cela  résulte  des  recherches  de  M.  Slephan 
Meyer  qui  a  le  premier  attiré  raltention  sur  l'application  qui  fait  l'objet  de 
celte  Note  et  de  celles  que  M.  Jantsch  et  moi  avons  faites  ensuite.  (Stepiian 
Meyer,  Sùz.  Ber.  Wien.  Akad.,  a3  janvier  1902;  G.  Urbain  et  Jantsch, 
Comptes  rendus,  t.  CXLVIl,  p.  121G.) 

La  balance  magnétique  de  P.  Curie  et  Chéneveau  convient  parfaitement 
à  ce  genre  de  mesures.  On  peut  opérer  soit  sur  des  solutions,  soit  sur  des  sels 
solides.  Il  est  particulièrement  commode  de  faire  porter  les  mesures  sur  les 
oxydes  provenant  d'une  calcination  récente  des  oxalates.  C'est  en  effet  à 
cette  forme  que  les  terres  rares  sont  constamment  ramenées  dans  les  traite- 
ments. 

Pour  pouvoir  appliquer  cette  méthode  à  l'analyse  de  mélanges  de  terres 
rares,  il  fallait  d'abord  déterminer  suivant  quelle  loi  le  magnétisme  varie 
en  fonction  delà  composition.  Les  expériences  ont  porté  sur  divers  mélanges 
obtenus  par  voie  chimique  à  partir  des  corps  purs.  Les  résultais  de  chaque 
série  d'expériences  ont  pu  être  représentés  par  des  droites.  Avec  les  oxydes 
l'écart  n'a  jamais  dépassé  le  trentième  et,  avec  des  dissolutions  suffisamment 
concentrées,  on  peut  obtenir  une  précision  de  l'ordre  du  cinquantième. 
L'expérience  a  montré  qu'en  prenant  les  moyennes  de  plusieurs  mesures,  la 
méthode  magnétique  permet  de  déterminer  la  composition  d'un  mélange  de 
deux  terres  voisines  à  deux  ou  trois  centièmes  près. 

Si  l'on  considère  qu'une  mesure  de  coefficient  d'aimantation  se  fait  en 
quelques  minutes  alors  qu'une  mesure  de  poids  atomique  au  millième  exige 
plusieurs  jours  de  travail  pour  donner  finalement  des  résultats  beaucoup 
moins  précis,  on  comprendra  l'immense  avantage  que  présente  la  nouvelle 
méthode  dans  des  recherches  rendues  déjà  très  pénibles  par  la  difficulté  des 
réparations. 

La  combinaison  des  deux  méthodes  présente  dans  certains  cas  pour  la 
recherche  un  grand  intérêt.  On  peut  ainsi  interpréter  certaines  particularités 
que  présentent  les  traitements,  pour  lesquelles  l'étude  toujours  délicate  des 
spectres  ne  pourrait  donner  que  des  indications  qualitatives. 

L'exemple  suivant  qui  se  rapporte  aux  termes  de  mes  fractionnements 
compris  entre  le  dysprosium  et  l'yttrium  fera  ressortir  l'intérêt  que  pré- 
sente la  combinaison  des  deux  méthodes. 

En  admettant  que  ces  terres  ne  renferment  que  du  dysprosium  et  de 
ryttrium,  il  est  facile  de  calculer  le  magnétisme  correspondant  à  chaque 
valeur  des  poids  atomiques.  On  peut  ainsi  tracer  une  courbe  théorique  et 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    I910.  QlS 

lui  comparer  la  courbe  expérimentale  : 

Numéros  .rin' 

des  Poids  ~~. — ^ — — — 

fractions.  atomique.  ralculé.  trouvé.  A. 

43 162,0  299  3o2  -f-   3 

45 i6i,8  298  296  -+-  2 

47 160,9  296  2^4  —12 

49 i52,6  274  268  — Il 

51 125,0  184  i53  — 3i 

53 96,1                  45,0          45,5  -f-  0,5 

55 9I12                  i4j5          16,0  +  1,5 

57 89,7                   4,68          7,35  ■+-  2,67 

59 89,1                     0,67           3,44  +2,77 

Si  l'on  néglige  les  deux  premières  valeurs  trouvées  qui  se  confondent 
pratiquement  avec  les  valeurs  calculées,  on  constate  pour  les  fractions  com- 
prises entre  47  et  51  un  excès  très  notable  des  nombres  calculés  sur  les 
nombres  trouvés.  Cet  excès  est  dû  à  la  présence  du  holmium  qui  s'accu- 
mule en  effet  dans  celte  partie  du  fractionnement.  Par  contre,  on  constate 
pour  les  fractions  comprises  entre  55  et  59  un  excès  de  signe  contraire 
entre  les  valeurs  trouvées  et  les  valeurs  calculées.  Cette  différence  est  attri- 
buable  à  une  petite  quantité  d'erbium.  L'ytlria  pure  est  légèrement  dia- 
magnélique;  j'ai  admis  dans  le  calcul  que  ce  diamagnétisme  était  négli- 
geable. 

Cette  méthode  permet  donc  de  s'assurer  si  dans  les  fractions  intermé- 
diaires d'une  séparation  de  deux  corps  considérés  comme  voisins,  il  n'existe 
pas  d'autres  corps  dont  la  présence  n'aurait  pas  été  révélée  par  l'observa- 
tion des  spectres. 


THER.MOCHIMIE.  —  Détermination  des  quantités  de  chaleur  dégagées  lors 
de  l'addition  du  hronie  à  quelques  substances  non  saturées.  Note  de 
M.  W.  LouGui.MNE,  présentée  par  M.  Jungfleisch. 

Nous  avons,  dans  une  série  de  Mémoires  publiés  en  collaboration  avec 
M.  Kablukoff('),  décrit  une  méthode  permettant  de  mesurer  directement 
les  chaleurs  d'addition  du  brome  à  quelques  substances  non  saturées  et  in- 
diqué les  résultats  relatifs  à  plusieurs  de  ces  corps.  J'ai  cherché,  parla  suite, 


(')  Journal  de  Chimie  physique.,  t.  IV,  p.  209-221,  489-5o6;  t.  V,  p.  186-202. 


9l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  étendre  ces  déterminations  à  un  plus  grand  nombre  de  substances.  Je  me 
suis  heurté,  dans  cette  voie,  à  des  obstacles  tels  que  la  lenteur  de  réaction 
ou  la  substitution  trop  forte  du  brome  à  l'hydrogène.  J'ai  pu  toutefois, 
malgré  ces  difficultés,  étendre  la  méthode  à  six  substances  nouvelles.  Ce  sont 
les  résultats  relatifs  à  ces  corps  que  je  publie  aujourd'hui. 

Le  solvant  employé  a  été,  dans  tous  les  cas,  le  télrachlorure  de  carbone,  le  brome 
(8b  environ)  était  lui-même  dilué  de  son  poids  environ  du  même  solvant.  Le  dispositif 
expérimental  restait  le  même  que  dans  mes  anciennes  expériences.  Les  corrections  de 
température  n'ont  dépassé  que  rarement  3  pour  loo  de  l'élévation  totale  di'  tempéra- 
ture du  calorimètre. 

Les  substances  utilisées,  dont  je  n'indique  pas  spécialement  l'origine,  provenaient 
de  la  manufacture  de  Kalilbaum.  Elles  ont  été  soigneusement  purifiées  et  analysées. 
Je  dois  ici  remercier  M.  A.  Meyer  qui  a  bien  voulu  se  charger  de  celte  partie  du  tra- 
vail et  y  a  apporté  le  plus  grand  soin. 

A.  Les  résultats  obtenus  ont  été  les  suivants  : 

I.  Capryléne.  —  Le  caprylène  secondaire,  utilisé  dans  ces  expériences, 
bouillait  à  i22°-i23''.  Deux  expériences  nous  ont  donné  respectivement 
28  366'^^'''  et  28446''^')  soit,  en  moyenne,  28  406''''' par  molécule-gramme  pour 
la  réaction  : 

C»H"-CH  =  GH  — CH5-i-Brî=C^H"-CHBr-CHBr.CH\.     +28  4o6'^»i 

Le  brome  dégagé  sous  forme  d'acide  bromhydrique  était  inférieur  à 
0,5  pour  100  du  brome  employé. 

IL  Styrolène.  —  Ce  liquide  bouillait  à  54"-55°  sous  28""".  J'ai  obtenu 
dans  deux  expériences,  respectivement  23 gS')'"'  et  24072*^"',  soit,  en 
moyenne,  24  oo3''"' par  molécule-gramme  de  brome;  et  l'on  peut  écrire  la 
réaction  : 

C'H'-  CH  =  CH^-H  Br^rr  C«H^—  CHBr  -  CH^Br -Ha/^ooS'"' 

Le  brome  substitué  était  inférieur  à  o,3  pour  loo  du  brome  employé. 

IIL  Cychhexène.  —  Ce  corps,  obtenu  par  la  déshydratation  du  cyclo- 
hexanol,  l)0uillait  à  83°-84"  sous  762""'".  Deux  expériences  m'ont  donné 
28  910"'  et  29  104*^"',  soit,  en  moyenne,  29007''*'  par  molécule-gramme  pour 
la  réaction  : 

C«  H'»  +  Br^  —  C«  H'»  Br^ -I-29  007"' 

Le  brome  substitué  était  inférieur  à  i  pour  100  du  brome  employé. 

W .  Méthylçyclohexéne-1.3.  —  Produit  par  la  déshydratation  duyj-méthyl- 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  917 

cyclohexanol,  il  bouillait  à  io2"-io2°,5  sous  755""".  J'ai  obtenu  dans 
deux  expériences  les  nombres  29I77'''''  et  29199*^*',  soit,  en  moyenne, 
29188'"'  par  molécule-gramme  dans  la  réaction  qui  peut  se  formuler  : 

CH'— C''H'-»-Br^  =  CH3— CH'Br^ 4-29188"' 

Le  brome  subslitué  était  inférieur  à  i,5  pour  100  du  brome  employé. 

V.  Phénylpropiolate  d'élhyle.  —  Ce  corps,  produit  par  éthérificalion  de 
l'acide  phénylpropiolique,  bouillait  à  i37°-i38°  sous  i3"'"\  Deux  expé- 
riences ont  donné  comme  résultat  :  2918/1*^"'  et  29056''*'  soit,  en  moyenne, 
29 120''*'  pour  la  réaction  : 

C«H^  — C=G  — CO'— CMlM-Br2  =  C«H^  — CBr  =  CBr  — COî-C^H'..      +29  i2o<^^i 
On  n'a  pu  déceler  que  des  traces  d'acide  bromhjdrique. 

VI.  Pulégone.  —  Ce  liquide  bouillait  à  i02''-io3°  sous  i5""".  Il  m'a  donné, 
dans  deux  expériences  :  21982'''''  et  21811'^*',  soit,  en  moyenne,  21897'"'' 
par  molécule-gramme  de  brome  fixé.  La  réaction  peut  s'écrire  : 

Ci»H'=0  H-  Br^  =  C'HO'^Br^ -1-21897^'"' 

Le  brome  substitué  était,  ici  encore,  inférieur  à  o,  3  pour  100  du  brome  employé. 

B.  Tous  les  nombres  donnés  ci-dessus  sont  relatifs  aux  corps  dissous  dans 
le  tétrachlorure  de  carbone.  Si  l'on  veut  passer  aux  chaleurs  dégagées  par 
les  réactions  entre  les  corps  à  l'état  pur,  les  corrections  sont  négligeables 
quand  il  s'agit  de  corps  liquides.  Seul  le  styrolène,  parmi  les  corps  étudiés 
dans  cette  Note,  donne  un  bromure  solide. 

En  conséquence,  la  chaleur  de  dissolution  du  bromure  de  styrolène  dans 
le  tétrachlorure  de  carbone  a,  été  déterminée  et  trouvée  égale  à  —  5415"*'. 
Il  s'ensuit  que  la  chaleur  de  fixation  du  brome  sur  le  styrolène  à  l'état  pur 
serait  24oo3  -1-  54 1 5  ^  29418'*'. 

C.  Conclusions.  —  En  rapprochant  ces  résultats  de  ceux  de  mes  précé- 
dents Mémoires,  on  constate  les  faits  suivants  : 

1°  Le  nombre  trouvé  pour  le  caprylêne  est  très  voisin  des  nombres  déjà 
trouvés  pour  ses  homologues  :  il  se  place  entre  celui  relatif  au  Iriméthyl- 
éthylène  (double  liaison  entre  un  carbone  tertiaire  et  un  carbone  secon- 
daire) et  celui  relatif  à  Vhexylène  (double  liaison  entre  un  carbone  primaire 
et  un  secondaire). 

2°  Pour  les  carbures  cycliques  éthyléniques,  les  nombres  trouvés  sont 
notablement  plus  forts  que  ceux  relatifs  aux  carbures  gras  correspondants. 


9l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3°  Conformément  encore  aux  résultats  déjà  acquis,  la  présence  d'un 
groupe  cétonique,  dans  la  piilégone^  abaisse  notablement  la  cbaleurdégagée 
par  la  fixation  du  brome  sur  la  double  liaison. 

4°  Enfin  le  cas  intéressant  d'un  éther-sel  acétyiénique  nous  donne,  pour 
la  fixation  d'une  seule  molécule  de  brome,  un  nombre  tout  à  fait  compa- 
rable à  ceux  relatifs  aux  carbures  éthyléniques. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  azotures  et  tes  oxydes  extraits  de  l'alu- 
minium chauffé  à  l'air.  Note  de  M.  E.  Koun-Abrest,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

J'ai  indiqué  en  1900  (')  quelques  résultats  obtenus  en  cbaufTant  dans 
l'air  la  poudre  d'aluminium.  J'ai  depuis  repris  cette  étude. 

Lorsqu'on  introduit  dans  un  tube  de  porcelaine  cbaufïé  électriquement 
des  nacelles  renfermant  de  la  poudi'c  d'aluminium,  on  constate  que  celles-ci 
augmentent  de  poids.  L'augmentation  dépend  des  conditions  de  l'expé- 
rience. J'ai  décrit  antérieurement  les  modifications  d'aspect  présentées  parla 
poudre  d'aluminium  au  cours  d'un  cbauffage  prolongé  pendant  10  minutes. 

En  multipliant  les  expériences  entre  5oo  et  800,  on  observe  un  point  sin- 
gulier dans  le  tracé  obtenu  en  prenant  pour  coordonnées  la  température  et 
l'augmentation  de  poids  subi  par  la  nacelle.  Cette  augmentation  est  due  à 
une  fixation  d'oxygène  et  d'azote  en  proportions  variables.  Le  Tableau  sui- 
vant permet  de  se  rendre  compte  de  la  marche  de  la  fixation  : 

Augnienlalion 
de  poids  pour  loo 
Températures.  de  matière  première.      Azoïc  fixé.  Oxygène  fixé. 

540 2,9  Traces  2,9 

GIO  (point  singulier) 0,0  Traces  6,0 

680 4,6  0,18  4,42 

^10 t\,'i  o,.53  ^ 'Il 

740 5,2  1,3  3,90 

810 [\,\  0,56  3,54 

890 11,6  5,68  5,92 

925 12,7  6,3o  6,4o 

1125 34,3  22,90      .  11,80 

Durée  de  chauft'age  :  10  minutes.  ^ 

(')  Comptes  rendus,  '^w'xWel  igoS.  —  Voir  aussi  Pi().>chon,  Comptes  rendus^  1890. 


SÉANCE    DU    II    AVRIL    I()IO.  919 

Ainsi,  à  600°,  il  y  a  un  maximum  relatif  de  fixation  d'oxygène  el  pas  de  fixation  d'azote. 
Lorsqu'on  prolonge  la  durée  du  chauffage  de  la  poudre  à  celte  température,  on  constate 
qu'au  bout  de  2  heures  la  fixation  totale  d'oxygène  correspond  à  8,80  pour  100  de  la 
matière  première.  Le  produit  obtenu  possède  alors  une  fixité  remarquable.  En  prolon- 
geant le  chaulTage,  même  pendant  plusieurs  heures,  il  ne  subit  plus  de  changement  de 
poids.  Il  se  présente  sous  l'ispect  d'un  mélange  de  particules  brillantes  et  de  grains 
oxydés. 

Pour  doser  la  quantité  d'aluminium  métallique  restant  dans  le  mélange  partielle- 
ment oxydé,  j'ai  soumis  celui-ci  à  l'attaque  du  gaz  chlorhj'drique  pur  et  sec,  en  em- 
ployant la  méthode  décrite  antérieurement  (').  On  constate  que  les  particules  métal- 
liques existant  dans  la  masse  disparaissent  peu  à  peu  du  mélange  pour  donner  un 
chlorure  d'aluminium  anhydre  qui  se  sublime  dans  l'appareil. 

La  matière  non  attaquée  par  le  gaz  chlorhydrique  et  restant  dans  la  nacelle  est 
constituée  par  un  oxyde  anhydre  inerte  vis-à-vis  des  acides,  ayant  les  caractères  de 
l'alumine  sans  en  avoir  la  composition  (pour  16  d'oxygène,  métal  =r  23,95). 

Le  chlorure  obtenu  par  attaque  de  la  partie  métallique  n'a  pas  la  composition  du 
chlorure  Al  CI''  :  tandis  que  celui-ci  exige  un  rapport  d'aluminium  au  chlore  égal  à 
0,2548,  on  trouve,  pour  le  chlorure  provenant  du  métal  inoxydè  existant  encore  dans 
la  poudre  chauflTée  pendant  10  minutes  à  600°,  un  rapport  de  métal  au  chlore  qui  est 
de  0,2680,  soit  de  4  pour  100  plus  riche  en  métal  que  le  chlorure  AlCI'.  Ajoutons  que 
des  morceaux  d'aluminium  pur  attaqués  par  la  méthode  au  gaz  chlorhydrique  donnent 

Al 

un  rapport  -sq-  égal  à  o,256o. 

En  résumé  donc,  à  600°,  la  poudre  s'oxyde  partiellement,  sans  fixation 
d'azote.  L'oxydation  atteint  très  rapidement  sa  limite  (8,8  pour  100). 
L'oxyde  formé,  bien  qu'inerte  vis-à-vis  des  acides  comme  l'alumine 
ordinaire,  n'a  pas  la  composition  de  celle-ci,  et  la  partie  inoxydée  du  métal 
mis  en  expérience  conduit  à  un  chlorure  dont  la  formule  n'est  plus  celle  du 
chlorure  d'aluminium  connu. 

A  800°  (-),  les  phénomènes  observés  sont  différents;  l'oxydation  conti- 
nue même  après  6  heures  de  chauffage.  La  fixation  d'azote  est  notable; 
cependant,  lorsque  le  contact  avec  l'air  est  suffisant,  il  n'y  a  plus  d'azote 
dans  le  produit  ayant  été  chaufiée  pendant  4  heures  environ. 

A  1 100°,  les  oxydations  et  l'azotation  de  la  matière  sont  des  plus  intenses; 
au  bout  de  6  heures  de  chauffage,  la  poudre  ne  renferme  plus  d'aluminium 

(')  Comptes  rendus,  1909;  Bull.  Soc.  chim.,  1909. 

(-)  C'est  à  800°  que,  lors  d'un  chauffage  brusque  d'une  poudre  non  encore  chauffée 
préalablement,  on  isole  les  globules  métalliques  dont  j'ai  révélé  antérieurement  l'exis- 
tence et  fait  l'étude  depuis. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  15.)  122 


920 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


métallique  et  son  poids  reste  sensiblement  constant  lorsqu'on  continue  à 
chauffer  à  la  même  température  de  i  loo". 

Le  Tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus  : 


Poudre  à  600° 

Poudre  à  800 

Augnientalion 



Poudre  à  iio 
Augmentation 

s». 

Augmcnlation 

Durée 

pour  100  de 

po 

ur  100  de 

pour  100  de 

du  chauffage. 

maliére  première. 

Azole. 

niali 

■re  première. 

Azote. 

maliére  première. 

Azote. 

10  minutes.. 

6 

Néant 

7 

0,33 

34,5 

22, 5o 

I  heure. . . 

8 

» 

l5 

» 

4i  ,0 

» 

2  heures. .  . 

8,So 

n 

27,2 

Traces 

5o,o 

12,90 

3       »      ... 

8,80 

n 

29,5 

» 

52,5 

4      »     ... 

8,80 

» 

32,0 

» 

57,5 

» 

5       »      ... 

8,80 

» 

» 

62,5 

» 

6      »      ... 

8,80 

» 

» 

65,5 

10,00 

La  lecture  de  ce  Tableau  montre  qu'au-dessus  de  800°  il  y  a  fixation 
simultanée  d'oxygène  et  d'azote,  et  en  même  temps  déplacement  de  l'azote 
par  action  prolongée  de  l'oxygène  de  l'air  (à  la  pression  atmosphérique). 
Afin  de  vérifier  directement  ce  point  important,  j'ai  préparé  de  la  poudre 
d'aluminium  saturée  d'azote  pour  la  soumettre  à  l'action  de  l'air.  La  poudre 
d'aluminium  possède  pour  l'azote  une  très  grande  affinité,  alors  que  celle- 
ci  est  presque  nulle  dans  les  mêmes  conditions  pour  l'aluminium  en 
morceaux.  Voici  les  résultats  observés  par  chauffage  direct  pendant  10  mi- 
nutes de  la  poudre  dans  une  atmosphère  d'azote  exempt  d'o.xygène  et  sec. 

Observations. 
Poudre  noire,  globules  métalliques. 

»  »  n 

»  »         plus  abondants  et  plus  grands. 

>)  »  » 

»  »         petits  et  ternes. 

»  »  » 

»  les  globules  ont  disparu. 

En  prenant  les  précautions  nécessaires  pour  éviter  l'action  de  l'humidité 
sur  la  poudre,  j'ai  préparé  par  chauffage  direct  dans  l'azote  vers  900°  une 
poudre  saturée  d'azote  ne  renfermant  que  de  faibles  proportions  d'oxyde. 
Cet  azolure  est  gris  foncé;  il  est  stable  dans  l'azote,  même  vers  1 100°.  J'en 
indiquerai  ultérieurement  les  propriétés. 

Cet  azoture  n'a  pas   la  composition  de  l'azolure  actuellement   connu 


Température. 

Azote. 

540° 

Traces 

710 

Traces 

750 

2 

pour  100 

800 

5 

pour  100 

875 

8,45 

890 

10,86 

925 

12,21 

SÉANCE  DU  II  AVRIL  igiO.  921 

AlAz  dont  le  rapport  aluminium  à  azote  est  de  1,92.  Le  rapport  est,  pour 
l'azoture  nouveau  obtenu,  de  2,i4- 

Cet  azoture  inférieur  qui,  à  mon  avis,  n'est  pas  un  corps  défini,  lorsqu'on 
le  chauffe  à  l'air,  se  transforme  en  oxyde.  Le  déplacement  d'azote  com- 
mence à  800°;  il  augmente  avec  la  température.  A  1100°,  le  déplacement 
est  proportionnel  à  la  durée  du  chauffage, 

Durée  du  chauffage.                                                       Azote  déplacé. 
10  minutes 16, 5 

1  heure 58,8 

2  heures 100,0 

Le  produit  obtenu,  après  départ  complet  de  l'azote,  renferme  moins 
d'oxygène  que  ne  l'exige  la  formule  de  l'alumine  APO^.  C'est  un  produit 
blanc,  inerte,  ayant  l'aspect  de  l'alumine  calcinée  ('  ). 

CHIMIE   MINÉRALE.   —  Sur  la  cémentation  des  aciers  au  silicium.  Note  de 
M.  L.  Grenet,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Le  silicium,  comme  on  le  sait,  favorise  dans  les  fontes  la  séparation  du 
carbone  à  l'état  de  graphite  et  s'oppose  à  la  cémentation  des  aciers.  Nous 
avons  cru  intéressant  de  reprendre  l'étude  de  la  cémentation  des  aciers  au 
silicium  en  variant  la  nature  des  céments  employés.  Nous  avons  procédé  par 
comparaison  entre  un  acier  au  silicium  à  3  pour  100  de  ce  corps  et  un  acier 
doux  de  cémentation  ordinaire.  Les  compositions  de  ces  aciers  étaient  les 
suivantes  : 

Carbone.         Silicium.       Manganèse.       Phosphore.  Soufre. 

Acier  de  cémeiilalioii .      0,09  0,11  o,'i-'J  o,oi5  Traces 

Acier  au  silicium o,o.5  3, 20  0,19  o,o3o  0,020 

La  cémentation  a  été  effectuée  entre  qSo"  et  1000°  dans  les  trois  céments 
suivants  : 

A.  Charbon  de  bois  de  chêne  préalablement  calciné.  —  Durée  de  cémentation, 
12  heures.  Les  échantillons  étaient  placés  dans  un  tube  d'acier  fermé  aux  deux  extré- 
mités par  des  tampons  d'argile. 

B.  Charbon  de  bois  de  chêne  non  calciné.  —  Mêmes  conditions  que  pour  l'expérience 
précédente. 

(' )  Il  eût  été  trop  long  d'indiquer  dans  celte  Note  les  détails  des  analyses.  On  les 
trouvera  dans  le  Mémoire  en  préparation. 


()22  ACADÉMIE    DES    SCIKNCES. 

C.  Prussiale  jaune  de  potasse.  —  L'échantillon  était  placé  dans  une  capsule  de 
porcelaine  enfermée  elle-même  dans  une  boite  en  acier  iulée.  Durée  de  l'opération, 
6  heures.  Toutes  les  2  heures  on  remettait  de  nouvelles  quantités  de  prussiate. 

\oici  les  résultats  du  dosage  de  carbone  sur  une  couche  superficielle  de 
o"'™,  5  d'épaisseur  enlevée  après  cémentation  : 

A.  B.  c. 

Acier  de  cémentation o,85  1,00  i,43 

Acier  au  silicium 0,09  0,1-  i  ,o5 

Les  aciers ^Tu  silicium  ne  se  cémentent  donc  pas  en  présence  de  céments 
suffisants  pour  l'acier  sans  silicium,  mais  ils  se  cémentent  bien  au  contraire 
dans  le  prussiate  jaune  qui  se  décompose  à  la  température  des  expériences 
en  donnant  du  cyanure  de  potassiuiTi. 

Ce  fait  dorme  la  justification  d'une  pratique  en  usage  dans  certains  ateliers, 
qui  consiste  à  cémenter  la  fonte  grise  avec  des  produits  dégageant  des 
cyanures.  C'est  d'ailleurs  la  connaissance  de  ce  traitement  qui  nous  a  engagé 
à  faire  les  expériences  rapportées  ici. 

Les  deux  échantillons  cémentés,  refroidis  lentement  dans  leur  cément  et 
soumis  à  un  examen  métallographique,  n'ont  pas  présenté  trace  de  graphite. 
L'acier  à  i,o5  de  carbone  et  3,  20  pour  100  de  silicium  ainsi  obtenu  par 
cémentation  est  assez  stable  pour  pouvoir  être  chauffé  à  800"  pendant  un 
quart  d'heure  hors  de  son  cément  sans  apparition  de  graphite.  Trempé  à 
cette  température,  il  devient  dur  et  raye  le  verre,  comme  les  aciers  sans 
silicium  de  même  teneur  en  cai'bone. 

En  résumé,  nous  avons  cru  intéressant  de  montrer  que  des  aciers  ne  se 
cémentant  pas  pratiquement  dans  le  charbon  de  bois,  se  cémentent  au 
contraire  très  bien  dans  les  produits  cyanures.  Cela  conduit  à  supposer  que 
les  éléments  gazeux  interviennent  dans  l'équilibre  de  solutions  solides 
carburées. 


CHIMIE.  —  De  l'action  réductrice  des  formiates  alcalins  sur  certains 
composés  minéraux.  Note  de  M.  Vournasos,  présentée  par 
M.  H.  Le  Chatelier.  (Extrait.) 

En  poursuivant  mes  recherches  sur  l'action  réductrice  des  formiates  alca- 
lins, j'ai  obtenu  avec  l'azoture  de  bore,  du  bore  amorphe  et  le  dégagement 
d'un  mélange  d'hydrogène,  de  gaz  ammoniac  et  de  borure  d'hydrogène. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  928 

La  proportion  de  ce  dernier  peut  s'élever  à  i,5  pour  100.  Le  mélange  brûle 
avec  une  flamme  verdâtre;  il  colore  en  noir  les  bandes  de  papier  impré- 
gnées de  nitrate  d'argent  ou  de  sulfate  de  cuivre.  Les  borates  et  métabo- 
rates  ne  sont  pas  réduits. 

Les  tentatives  faites  pour  obtenir  des  composés  hydrogénés  du  bismuth 
et  du  zinc  ont  échoué. 

La  plupart  des  composés  métalliques  sont  réduits  en  donnant  le  métal 
pur.  Parmi  les  plus  intéressantes  de  ces  réductions  on  peut  signaler  celles 
des  lungstates,  molybdates,  vanadales  et  uranates  alcalins,  et  celles  des 
chlorures  des  mêmes  métaux. 

Ce  mode  de  réduction  appliqué  aux  composés  du  mercure  donne  un  pro- 
cédé très  sensible  pour  la  recherche  toxicologique  de  ce  métal.  On  chaufTe 
la  matière  avec  du  formiate  de  sodium  pur.  Le  gaz  hydrogène  chargé  de 
vapeurs  de  mercure  est  enflammé  à  la  sortie  d'un  tube  de  dégagement 
étroit  et  sa  flamme  est  écrasée  contre  une  plaque  de  porcelaine  dépolie.  On 
obtient  une  tache  noire  présentant  tous  les  caractères  du  mercure. 

Dans  le  cas  où  l'on  fait  ces  expériences  de  réduction  avec  des  azotates 
métalliques,  on  peut  avoir  des  explosions  violentes. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Phénomènes  de  transport  électrique  dans  les  solutions 
de  certaines  matières  colorantes.  Note  de  I\L  Léo  Vig.vo.v,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

On  sait  que  le  transport  électrique  est  le  déplacement  de  certains  colloïdes 
en  fausses  solutions  dans  un  liquide,  sous  l'influence  d'un  champ  créé  par 
deux  électrodes  plongeant  dans  ce  liquide. 

J'ai  constaté  les  faits  suivants,  en  étudiant  ce  phénomène  dans  des  solu- 
tions aqueuses  de  matières  colorantes  artificielles  de  constitution  chimique 
connue. 

Appareil  : 

J'ai  employé  des  tubes  de  verre  en  U,  de  hauteurs  variables,  mesurant  16™"^  de 
diamètre  inlérieur,  contenant  les  solutions  colorées.  Dans  la  solution  plongeait,  dans 
chaque  branche  du  tube,  une  électrode  constituée  par  un  fil  de  platine  de  3"""  de  dia- 
mètre, immergée  de  i""  dans  la  solution  colorée;  un  petit  index  de  benzine  de  i''™  de 
hauteur,  recouvrant  le  liquide  coloré,  permettait  de  suivre  dans  chaque  branche  les 
dégagements  gazeux  provenant  de  la  surface  de  la  solution. 

Uu  courant  continu,  de  ville,  était  relié  aux  deux  électrodes;  des  résistances  permet- 
taient de  faire  varier  le  voltage.  Le  dissolvant  étant  de  l'eau  distillée,  et  les  solutions 


924  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

très  étendues,  le  courant  passant  dans  le  liquide  était  extrêmement  faible;  son  intensité, 
mesurée  par  l'ampèremètre,  a  toujours  été  maintenue  inférieure  à  i  milliampère,  en 
réglant  la  distance  des  électrodes  par  la  longueur  de  la  colonne  liquide  interposée. 

Dans  ces  conditions,  l'électrolyse  a  été  réduite  à  une  très  faible  valeur. 

Un  appareil  semblable  permet,  après  1  heure  d'action,  d'obtenir  des  phénomènes 
de  transport  avec  le  noir  de  fumée,  l'alumine  et  la  silice  gélatineuses,  en  suspension 
dans  l'eau  distillée. 

MATIÈRES    COLORANTES    EXPERIMENTEES    : 

Nitréei  :  acide  picrique,  jaune  naphlol,  jaune  naphiol  S. 
Monoazoïqiies  :  orangé  II. 

Disazoïques  :  rouge  congo,  noir  diamine  BH,  bleu  diamine  3R. 
Trisazoïques  :  rouge  de  Saint-Denis,  vert  diamine. 

Dérivés  du  Iriphénylniéthane  :  vert  malachite,  fuchsine,  violet  cristallisé,  fuchsine  S, 
bleu  de  diphénylamine,  vert  au  mélhyle,  bleus  alcalins  6  et  3B. 
Pyroniques  :  rhodamine,  éosine. 
Thiaziniijues  :  bleu  méthylène. 
Safraniques  :  safranine  G. 

Expériences.  —  Les  expériences  de  transport  ont  été  faites  sur  des  solu- 
tions contenant  : 

iB,  G",  I  et  06,01  de  matière  colorante  dans  1000'"'  d'eau  distillée  froide  :  a,  sous 
17  volts,  avec  une  distance  entre  les  électrodes  de  7'™, 71  ;  b,  sous  100  volts,  avec  une 
distance  entre  les  électrodes  de  SS'",  16. 

L'intensité  du  courant,  agissant  pendant  i  heure  pour  ctiaque  détermination,  a 
toujours  été  maintenue  inférieure  à  i  milliampère. 

Résullats.  —  On  constate  que  les  matières  colorantes  en  solutions  colloï- 
dales (voir  Comptes  rendus  du  7  mars  1910)  accusent  avec  intensité  le  phé- 
nomène du  transport. 

Le  rouge  congo,  le  noir  diamine  BH,  le  bleu  diamine  3R,  le  rouge  de 
Saint-Denis,  le  vert  diamine,  le  bleu  de  diphénylamine,  les  bleus  alcalins  3  B 
et  6B,  présentent  de  fortes  augmentations  de  coloration  au  pôle  positif,  et 
des  diminutions  notables  et  parfois  totales  de  coloration  au  pôle  négatif. 
Souvent,  au  pôle  positif,  la  liqueur  est  tout  à  fait  opaque  et  noirâtre,  comme 
si  elle  renfermait  un  abondant  précipité,  en  même  temps  qu'il  y  a  décolo- 
ration au  pôle  négatif. 

En  supprimant  le  courant,  la  liqueur  redevient  d'elle-même  homogène 
au  bout  d'un  cet*tain  temps,  et  setnblable  à  son  étal  primitif.  Si  l'on  agite  le 
liquide,  l'homogénéité  est  rendue  immédiate;  en  filtrant  la  liqueur  sur  du 
papier  à  filtrer  ordinaire,  on  ne  recueille  sur  le  filtre  aucun  précipité,  même 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  Ç)l5 

quand  on  opère  immédiatement  après  la  suppression  du  courant  :  la  liqueur 
filtrée  est  identique  à  la  solution  initiale. 

Les  matières  colorantes  solubks,  diffusant  bien,  présentent  des  phéno- 
mènes qui  diffèrent  par  des  caractères  très  nets  des  précédents. 

On  n'observe  jamais  de  formations  opaques  à  Van  des  pôles,  ressemblant 
à  des  précipités  abondants,  pouvant  occuper  la  moitié  du  volume  total  du 
liquide;  il  se  produit,  d'ordinaire,  des  différences  de  coloration  aux  deux 
pôles,  parfois  des  formations  de  très  faibles  précipités  incolores,  qui  semblent 
dus  à  l'électrolyse  (leucodérivés);  quelques  matières  colorantes,  n'ayant  pas 
subi  d'ionisation,  la  rhodamine,  la  safranine,  ne  présentent  aucune  parti- 
cularité. 

En  résumé,  on  obtient  des  phénomènes  de  transport  très  nets  avec  toutes 
les  matières  colorantes  en  solution  colloïdale,  c'est-à-dire  en  granules  non 
dissous  :  ces  granules  possèdent  donc  des  charges  électriques  appréciables. 

Je  rappelle  que  j'ai  déterminé  les  matières  colorantes  qui  forment  des 
solutions  colloïdales  par  l'étude  de  leur  diffusion  {Comptes  rendus,  7  mars 
1910)  :  les  deux  phénomènes  sont  concordants. 

Dans  les  matières  colorantes  en  solution  vraie,  on  ne  détermine  aucun 
changement,  ou  des  changements  de  coloration  sans  altération  de  la  limpi- 
dité, provenant  du  déplacement  d'ions  dissous. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Suj-  le  camphre  artificiel.  Note  de  M.  E.  Darmois, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

Le  camphre  naturel  possède  l'activité  optique;  son  pouvoir  rotatoire  spé- 
cifique est  variable  avec  la  dilution  dans  la  plupart  des  solvants;  j'ai  trouvé 
qu'il  était  très  approximativement  constantdans  l'éther  et  dans  l'hexane  ('). 
Tout  ce  qui  va  suivre  se  rapporte  à  des  dissolutions  faites  dans  ces  deux 
liquides.  Dans  ces  conditions,  le  pouvoir  rotatoire  est  [a].,  =  +  57°  pour  la 
radiation  jaune  du  mercure  X  =  5^8  (-),  le  rapport  des  rotations  pour  les 
deux  raies  bleue  (43G)  et  jaune  (378)  est  2,77.  Ce  rapport  mesure  la  dis- 
persion rotatoire  du  corps  ('). 


('j  Les  mesures  ont  porté  sur  des  concentrations  variant  de  2  à  4°. 
(')  Le  pouvoir  rotatoire  désigné  par  [a]j  se  rapporte  dans  ce  qui  suit  à  la  raie  jaune 
du  mercure  ^^578  et  non  à  la  teinte  sensible. 

(')  Cette  dispersion  est  très  considérable;  le  rapport  pour  le  quartz  est  i,  83. 


926  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Le  camphre  artificiel  fourni  par  l'industrie  est  au  contraire  peu  actif. 
Trois  échantillons  que  j'ai  eus  entre  les  mains  avaient  comme  pouvoir  rota- 
loire  —2",  —7",  +5°,  les  deux  derniers  provenant  respectivement  des 
essences  de  térébenthine  française  et  américaine. 

La  faible  activité  du  camphre  provenant  de  l'essence  française  est  sur- 
prenante; on  sait  que  les  dérivés  préparés  avec  celte  essence  (chlorhydrate, 
camphène,  etc.  )  sont  très  actifs.  Il  m'a  semblé  que,  par  une  série  d'opérations 
faites  à  température  aussi  peu  élevée  que  possible,  on  pourrait  préparer  un 
camphre  à  pouvoir  rotatoire  plus  grand.  J'ai  obtenu  un  produit  dont 
l'activité  est  comparable  à  celle  du  camphre  naturel,  bien  qu'un  peu  plus 
faible. 

L'essence,  rectifiée  pour  éliminer  les  carbures  passant  au-dessus  de  lôS",  est  trans- 
formée en  bromhydrate  de  pinène  C'H'^Br,  celui-ci  en  bornéol  C"'H"(OH)  par  l'in- 
termédiaire du  dérivé  magnésien  ('  )  ;  il  se  forme  en  même  temps  du  dibornyle  (G'" H")'. 
Ce  dernier  corps  étant  peu  volatil  (Eb.:  325°),  on  sépare  le  bornéol  par  entraînement  à  la 
vapeur  d'eau.  On  le  fait  recristalliser  dans  l'élher  de  pétrole  et  l'on  recueille  de  temps 
en  temps  le  bornéol  déposé. 

Le  bornéol  ainsi  obtenu  n'est  pas  un  corps  homogène^  le  pouvoir  rotatoire  des 
diverses  fractions  est  t^ariable  (solutions  dans  l'éther). 

J'ai  opéré  d'abord  avec  l'essence  de  pin  d'Alep  qui  renferme  le  pinène  a 
droit  [oc]j=  -4-  5o°,5. 

Exemple.  —  Dans  une  opération  donnant  1 00'''  de  bornéol,  on  recueille  80^ 
puis  20*-'  à  l'entrahiement. 


l'remier  bornéol  entraîné  [a]j 

Deuxième  bornéol  entraîné  [<z]j..  .  . 

Le  bromhydrate  avait  été  cristallisé  dans  1  alcool;  le  bromhydrate  cristallisé  une 
fois  (Fus.:  87°)  m'a  donné  les  mêmes  résultats  que  le  bromhydrate  cristallisé  six  fois 
(Fus.  :  94°). 

Le  bornéol  ainsi  préparé  n'est  donc  pas  un  corps  homogène,  il  se 
comporte  comme  un  mélange  d'un  corps  droit  avec  un  corps  gauche  plus 
soluble  et  plus  volatil.  Ces  propriétés  sont  précisément  celles  d'un  mélange 
de  bornéol   droit  et  d'isobornéol  gauche.    Une  vérification  simple  était 

(')  La  préparation  du  bornéol  par  le  chloihydrate  de  pinène  et  le  magnésium  a  été 
indiquée  par  Houben  et  étudiée  par  A.  liesse  {lier,  der  deutschcn  chemischen  Ges.. 
t.  WXIX.  1,  p.  1127). 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  19IO.  927 

indiquée;  on  sait  que  l'oxydation  d'un  Ici  mélange  doit  donner  du  camphre 
droit. 

L'oxydation  a  été  faite  à  froid  par  l'acide  chromique  ou  par  l'acide 
azotique.  L'un  quelconque  de  ces  bornéoh  donne  un  camphre  très  actif, 
[a],  =  -t-  49°  environ,  la  dispersion  rotatoire  étant  celle  du  camphre  naturel  ; 
il  est  donc  constitué  par  du  camphre  droit  mélangé  à  une  petite  quantité  de 
camphre  gauche  (7  pour  100).  Malgré  cette  faible  différence,  la  conclusion 
précédente  subsiste.  Le  hnrnéol  synthéliijue  obtenu  à  partir  du  pinène  droit 
est  un  mélange  de  hornèol  droit  et  d'isohornèol  gauche,  dont  l'un  au  moins  est 
mélangé  à  une  faible  quantité  de  son  inverse  optique. 

Dans  le  but  d'obtenir  le  camphre  gauche,  j'ai  recommencé  les  mêmes 
opérations  sur  l'essence  française.  Dans  descommunications  précédentes  (  '  ), 
j'ai  montré  que  cette  essence  renferme  dans  la  fraction  utilisée  les  deux 
pinènes  a  et  p,  j'ai  indiqué  comment  on  pouvait  calculer  la  rotation  du  pi- 
nène  a  présent  dans  une  essence;  le  calcul  donne  dans  ce  cas  [a],  —  —  46°,  5; 
le  pinènc  a  présent  dans  l'esseno*  française  renfermerait  96  pour  100  de 
pinène  gauche  et  4  pour  100  de  pinène  droit.  Les  résultats  sont  analogues, 
au  signe  des  rotations  près;  le  camphre  obtenu  est  un  peu  moins 
actif  :  [a]j  =  —  45"  (10  pour  100  de  camphre  droit). 

Les  conclusions  sont  les  mêmes.  Le  bornéol  obtenu  avec  l' essence  française 
est  un  mélange  de  bornéol  gauche  et  d'isoboniéol  droit,  avec  une  faible 
quantité  de  leurs  inverses. 

Ce  résullat  semble  en  conlradiclion  avec  celui  obtenu  par  M.  A.  Hesse  {loc.  cit.) 
avec  le  chlorhydrate  de  l'essence  française.  D'après  cal  auteur,  le  bornéol  obtenu  ne 
contiendrait  que  des  traces  d'isobornéol,  le  faible  pouvoir  rotatoire  du  bornéol  tenant 
à  ce  qu'il  renferme  du  dibornyle.  Ce  dernier  carbure  est  en  effet  de  signe  contraire  à 
l'essence  génératrice  [a]j^ — 4^"  et  [(z]j=r  +  35''  avec  les  deux  essences  employées. 
Outre  que  ce  corps  n'est  pour  ainsi  dire  pas  entraîné  parla  vapeur  d'eau,  l'explication 
n'est  pas  valable  dans  le  cas  que  j'ai  étudié  ;  il  faudrait  admettre  que  le  bornéol  renferme 
[^o  pour  100  de  dibornyle.  Je  me  propose  d'ailleurs  de  reprendre  la  préparation  du 
camphre  par  le  chlorhydrate  de  pinène. 

En  résumé,  il  est  possible  de  préparer  sous  les  deuœ  formes  droite  et  gauche 
du  camphre  synthétique  fortement  actif.  Chacun  de  ces  camphres  est  mélangé 
à  une  faible  quantité  de  son  inverse.  Il  peut  se  faire  qu'en  variant  un  peu  les 
conditions  de  préparation,  en  opérant  par  exemple  à  température  plus 
basse,  on  obtienne  un  camphre  identique  au  camphre  naturel. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXLVU,  p.  igS;  t.  CXLIX,  p.  730. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  15.)  123 


928  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Condensation  de  la  pinacoline  avec  les  éthers-sels. 
Noie  de  M.  F.  Couturier,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Les  nombreux  travaux  auxquels  a  donné  lieu  la  pinacoline  ont  établi  que 
ce  corps  possède  une  formule  dissymétrique  et  qu'elle  présente  la  plupart 
des  caractères  des  cétones  R  —  CO  —  CH''. 

Le  travail  qui  fait  l'objet  de  cette  Note  apporte  à  cette  manière  de  voir 
une  nouvelle  confirmation. 

On  sait  que  les  cétones  de  cette  forme  peuvent  se  combiner  aux  éthers- 
sels  en  présence  du  sodium  pour  donner  des  produits,  de  condensation  tels 
que  les  dicétones.  La  pinacoline,  en  tant  que  présentant  le  groupement 
fonctionnel  —  CO  —  GH',  devait  présenter  des  réactions  analogues. 

En  faisant  réagir  sur  ce  corps  des  éthers-sels,  tels  que  l'éther  acétique  et 
l'éther  oxalique,  j'ai  obtenu  des  produits  de  condensation  dontles  propriétés 
nettement  caractérisées  les  rattachent  aux  séries  des  ^-dicétones  et  des 
éthers  pyruviques.  Pour  obtenir  la  condensation,  j'ai  utilisé  la  réaction, 
soit  du  sodium,  soit  de  l'éthylate  de  sodium  sec  sur  le  mélange  des  deux 
corps  réagissants  dilués  dans  l'éther  absolu. 

1°  Acélylpinacoline ,  ou  diméthyl-i .i-hexane-dione-?> .^, 

(CH^)^C— CO  — CH^  — CO  — CH' 

Cette  |3-dicélone  résulte  de  l'action  du  sodium  sur  un  mélange  de  pinacoline  et 
d'éther  acétique.  Le  sel  de  sodium  formé  est  dissous  dans  l'eau  glacée,  acidulée  par 
l'acide  acétique  et  agité  avec  de  l'acétate  de  cuivre  neutre.  On  sépare  ainsi  un  sel  de 
cuivre  (C'H'^O^)'  Cu,  qui,  après  purification  dans  l'éther  de  pétrole,  se  présente  sous 
la  forme  de  longues  aiguilles  bleu  foncé,  fusibles  à  (75°.  Ce  sel,  traité  par  SO'H-  à 
20  pour  100,  donne  l'acétylpinacoline,  liquide  bouillant  à  168°  à  la  pression  ordinaire 
sans  décomposition;  densité  à  zéro  :  o.gSS.  Cette  dicétone  donne  avec  le  sodium  et  le 
cuivre  des  sels  cristallisés.  Avec  le  perclilorure  de  fer  elle  donne  une  coloration  rouge 
intense. 

Elle  fournit  avec  l'hydroxylamine  en  solution  alcoolique  un  isoxazol  CH'^OAz 
fusible  à  107°  et,  avec  la  phénylhydrazine,  une  hydrazone  G"H-"OAz-  cristallisée  en 
aiguilles  fusibles  à  85°. 

1"  Triméthylacét)lpyruvate    d'éthyle    {CH^)'C  —  CO  -  CH- —  CO  —  CO^C^P. 

La  condensation  avec  l'éther  oxalique  se  réalise  mieux  avec  l'éthylate  de  sodium  sec 
à  —  i5°:  avec  une  technique  analogue  à  la  précédente,  on  obtient  un  sel  de  cuivre 
(C"'lI"0'')'Cu,  qui  cristallise  dans  l'éther  en  gros  cristaux  prisnialiques  vert  foncé, 
fondant  i'i   162°. 

Jj'aclion  de  l'acide  sulCurique  à  ao  pour  100  sur  ce  sel  met  en  liberté  l'éther  pyru- 
vic|ue;  c'est  un  liquide  incolore,  parfaitement  stable,  qui  bout  à  124°  sous  i3""'. 


SEANCE  DU  II  AVRIL  19ÎO.  929 

Avec  l'hydroxylamine,  il  ne  donne  pas  de  dioxime,  mais  un  isoxazol,  cristallisé  en 

aiguilles  fusibles  a  90°, 

\ 
(CH')'C  —  G  —  CH  =  C  —  CO'C'Hs. 
Il  I 

Az O 

Cet  éther  se  dissout  intégralement  dans  une  solution  diluée  de  carbonate  de  sodium, 
d'où  l'on  peut  le  régénérer  par  saturation  avec  un  acide. 

Il  résulte  des  propriétés  de  cet  éther  qu'on  doit  lui  attribuer  une  formule  énolique 

-CH=:G{OH)-; 

les  travaux  de  CInir-en  et  Tuigle  (')  sur  le  produit  de  condensation  de  l'oxyde  de 
mésityle  et  de  l'étlier  oxalique  ont  mis  en  évidence  les  deux  formes  tautomères, 
célonique  et  énolique,  la  seconde  seule  donnant  un  sel  de  cuivre  et  pouvant  se 
dissoudre  dans  le  carbonate  de  sodium.  Avec  la  pinacoline,  la  forme  énolique  paraît 
seule  exister,  et,  quel  que  soit  le  mode  de  préparation  employé,  11  n'a  jamais  été 
possible  de  mettre  en  évidence  la  forme  cétonique. 

La  saponification  de  l'étlier  trimélliylacétylpyruvique  par  une  solution  diluée  de 
soude  ou  de  carbonate  de  soude  se  fait  aisément  par  agitation  prolongée  à  froid,  et  il 
se  forme  Vacide  Iriinélhylacétylpyruvique 

(GH^)'C  -  GO  -  CH  =  G  (OH  )  CO'^  H. 

Cet  acide  se  présente  sous  la  forme  de  cristaux  blancs  fusibles  à  60°,  solubles  dans 
l'étlier  et  l'alcool,  assez  solubles  dans  l'eau  bouillante,  d'où  11  cristallise  par  refroidis- 
sement en  longues  aiguilles. 

Les  propi-iétés  de  cet  acide  conduisent  à  lui  attribuer  aussi  une  forme 
énolique,  et  le  traitement  à  l'eau  bouillante  n'amène  pas  de  transformation 
en  forme  cétonique,  ainsi  que  cela  se  produit  pour  l'acide  a-mésityloxy- 
doxaliqiie  C*H' -  CO  -  CH  =  C  (OH)  -  CO^H  ;  en  effet,  l'acide  tri- 
mélhylacétylpyrtivique,  éthérifié  par  l'alcool  et  l'acide  sulfurique,  reproduit 
Téther  pyruvique  correspondant;  son  point  d'ébuUition  (124°  sous  i3™™) 
l'identifie  avec  l'étlier  obtenu  précédemment.  Les  sels  que  forme  cet  acide 
montrent  que  l'bydrogène  du  groupement  —  CH*  —  comprisentre  les  deux 
fonctions  cétoniqucs  (ou  du  groupement  —  CH  =  dans  la  forme  énolique) 
et  celui  du  groupement  fonctionnel  —  COOH,  interviennent  dans  leur 
formation  avec  une  valeur  égale,  ainsi  que  cela  résulte  de  l'analyse  des  sels 
de  baryum  et  d'argent  dans  lesquels  entrent  2"'  de  métal  pour  1™°'  de 
l'acide. 

L'action  des  alcalis  ou  des  carbonates  alcalins,  à  l'ébuUition,  décompose 

(')  Liebigs  Ann.  Cli.,  t.  CGXGl,  p.  i  r  i . 


gSo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'éther  ou  l'acide  en  question,  en  régénérant  les  deux  composés  primitifs, 
la  pinacoline  et  l'acide  oxalique. 

Ces  réactions  de  la  pinacoline,  en  caractérisant  sa  formule  célonique, 
sont  en  concordance  avec  les  faits  que  j'ai  publiés  antérieurement  (Comptes 
rendus,  t.  CXL,  p.  lôpS),  et  par  lesquels  j'ai  montré  la  formation  de  tri- 
méthylacétylaldéhyde  en  mettant  en  jeu  l'éther  formique  comme  élément 
de  condensation. 


PÉTRO(îRAPHiE.  —  Sur  les  roches  basiques  de  Saint -Quay-Porlrieux  (Côles- 
du-Nord)  et  leurs  rapports  avec  les  filons  de  peginalite  qui  les  traversent. 
Noie  de  M.  Jacques  de  Lapparkxt,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Les  falaises  qui  bordent  le  littoral  aux  environs  de  Saint-Quay,  jusqu'à 
Portricux  du  côté  de  Saint-Brieucel  jusqu'à  Tréveneuc  du  côté  de  Paimpol, 
sont  constituées  par  des  roches  cristallines  massives,  noires  et  grises, 
signalées  par  M.  C.  Barrois,  sur  les  Cartes  géologiques  de  la  région,  comme 
diorites  et  gabbros. 

Elles  confinent  des  deux  côtés  à  des  micaschistes,  en  bancs  plus  ou  moins 
redressés,  que  certaines  particularités  permettent  d'identifier  et  de  rapporter 
à  la  même  formation  métamorphique  superposée  aux  roches  cristallines  en 
question. 

Au  contact  des  micaschistes,  on  trouve  les  roches  grises,  jamais  les  roches 
noires;  de  sorte  que  le  massif  de  ces  roches  cristallines  apparaît  comme 
formé  d'un  amas  de  roches  noires  bordé  d'une  zone  de  roches  grises.  Il 
existe  un  passage  graduel  des  roches  noires  aux  roches  grises,  mais  la  gros- 
seur du  grain  des  roches  grises  est  à  peu  près  constante  (c'est  celui  d'une 
diorite),  tandis  que  le  grain  des  roches  noires  varie  depuis  un  grain  très  fin 
jusqu'à  celui  des  roches  grises. 

Les  filons  de  pegmatites  qui  traversent  ces  roches  sont  des  filons  de 
pegmalites  grajjhiques  constituées  par  du  microcline,  de  l'albite,  du  quartz, 
avec  un  peu  de  muscovite  et  beaucoup  de  tourmaline.  On  les  trouve  en 
abondance  au  voisinage  des  termes  de  passage  des  roches  grises  aux  roches 
noires,  c'est-à-dire  près  des  bordures  du  massif.  Elles  manquent  au  centre 
même  du  massif. 

Au  contact  des  roches  gxises,  on  trouve  en  général  des  roches  noires  à 
grain  fin  ;  mais  les  mêmes  roches  apparaissent  en  outre  sous  forme  d'enclave 
dans  les  roches  crises  et  les  roches  noires  à  eros  grain. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  19IO.  93l 

Les  roches  noires  à  grain  fin  ont  la  composition  et  la  structure  de  la 
beerbachile  des  auteurs  allemands. 

On  y  voit  un  feldspath  très  hasique  atteignant  parfois  une  teneur  de 
•80  pour  100  d'anorthite,  des  grains  d'hypersthène,  de  la  magnétite  et  de 
l'augite;  et  en  plus,  çà  et  là,  quelques  cristaux  de  biotite  avec  un  peu  de 
quartz. 

La  roche  noire  à  gros  grain  contient  les  mêmes  éléments  plus  largement  cristallisés, 
mais  elle  contient  un  peu  plus  de  quartz.  Le  feldspath  est  un  peu  moins  basique:  c'est 
un  labrador  dont  la  composition  oscille  autour  de  celle  du  labrador  à  60  pour  loo 
d'anorthite.  Il  n'est  pas  rare  de  trouver,  dans  des  parties  très  fraîches  de  cette  roche, 
l'augite  partiellement  transformée  en  amphibole  hornblende. 

Cette  transformation  est  complète  dans  les  roches  grises,  elles-mêmes  très  fraîches. 
Il  ne  reste  parfois  qu'un  centre  d'augite  non  transformée.  Ces  roches  grises  ne  contien- 
nent plus  du  tout  d'hypersthène,  mais  par  contre  contiennent  beaucoup  de  biotite  et 
de  quartz.  Leur  feldspath  est  un  labrador  voisin  du  labrador  à  5o  pour  100  d'anor- 
thite. 

Cette  bordure  rie  roches  grises  qu'on  peut  considérer  comme  des  diorites  est 
due  à  l'action  des  éléments  des  pegmatiles  sur  le  magma  en  voie  de  cristallisa- 
tion gui  devait  donner  la  roche  noire,  beerbachite  ou  gabl>ro  à  liypcrsthène. 

On  peut  s'en  rendre  compte  en  étudiant  les  modifications  des  roches 
noires  au  voisinage  d'un  fdon  de  pegmatitc. 

Là  roche  se  charge  de  quartz,  l'augite  se  transforme  en  hornblende  et 
l'hypersthène  disparait,  remplacée  par  la  biotite,  en  même  temps  que  le 
feldspath,  très  basique  dans  les  petits  individus  qui  ont  cristallisé  les  pre- 
miers, devient  un  peu  plus  acide  dans  les  gros  individus  de  cristallisation 
plus  récente. 

Mais  ces  transformations,  qu'on  tiouve  réunies  dans  la  roche  grise  qui 
constitue  la  diorite,  et  qui  manifestent  l'action,  sur  un  magma  basique  en 
voie  de  cristallisation,  de  tous  les  éléments  qui  ont  contribué  à  la  formation 
des  pegmatites,  peuvent  être  indépendantes.  En  d'autres  termes,  on  peut  ne 
constater,  sur  le  gabbro,  que  l'action  d'un  seul  des  éléments  de  la  pegma- 
tite. 

L'action  des  éléments  du  feldspath  potassique  sur  les  grains  d'hypersthène 
est  des  plus  caractéristiques.  La  biotite  prend  la  place  du  cristal  d'hyper- 
sthène en  conservant  sa  forme,  et  la  silice  en  excès  s'individualise  sous 
forme  de  quartz  ;  alors  que,  là  où  manque  de  l'hypersthène,  du  microcline  est 
venu  cristalliser  en  moulant  opliitiquement  les  cristaux  de  plagioclases. 

L'étude  des  pegmatites  nous  apprend  que  le  feldspath  potassique  s'y  est 


932  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

individualisé  après  l'albite.  Comme,  d'une  part,  c'est  en  bordure  qu'on 
trouve  les  dioriles  à  feldspath  le  plus  sodique,  et  que,  d'autre  part,  on 
trouve  également  dans  ces  diorites  des  roclies  noires  à  grain  fin  sous  forme 
d'enclaves,  il  faut  admettre  que,  çà  et  là,  avant  tout  mélange  avec  les  élé- 
ments qui  devaient  constituer  les  pegmatites,  un  gabbro  à  hypersthène 
cristallisait,  et  que  sa  cristallisation  a  été  modifiée  par  l'arrivée  successive 
des  éléments  sodiques  et  potassiques  des  pegmatites  :  les  premiers  ayant 
agi  piincipalement  à  la  partie  supérieure  du  magma,  là  où  la  cristallisation 
n'avait  pas  encore  commencé;  les  seconds,  sur  le  magma  tout  entier,  même 
dans  les  portions  déjà  partiellement  consolidées,  qui,  maintenant,  jouent  le 
rôle  d'enclaves  dans  la  roche  définitivement  solide. 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Stérilisation  de  grandes  quantités  d'eau  par  les 
rayons  ultraviolets.  Note  de  MM.  Victob  Hemu,  Axdhi';  Hei.bkonner 
et  Max  de  Recklinguausen,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

En  nous  basant  sur  les  résultats  obtenus  par  l'un  de  nous  avec  M"''  Cerno- 
vodeanu  ('),  relatifs  à  l'action  bactéricide  des  rayons  ultraviolets  à  diffé- 
rentes distances  de  la  lampe  et  sous  différentes  épaisseurs  de  liquide,  nous 
avons  construit  au  Laboratoire  de  Physiologie  de  la  Sorbonne  un  appareil 
d'expérimentation  à  grand  débit  pouvant  donner  jusqu'à  laS"'  à  l'heure,  ce 
qui  correspond  à  une  alimentation  en  eau  d'une  ville  de  20000  habitants 
environ. 

Les  dimensions  de  cet  appareil  ont  été  calculées  d'après  les  données  expé- 
rimentales suivantes  : 

Les  rayons  émis  par  une  lampe  à  mercure  en  quartz  du  modèle  Wes- 
tinghouse  Cooper  Hewitt  marchant  sur  220  volts  et  3  ampères  stérilisent 
complètement  une  émulsion  de  B.  coli  typhique,  dysentérique,  charbon- 
neux, vibrion  cholérique,  staphylocoque  doré,  pneumobacille  de  Fried- 
lànder  : 


A  la  distance  de  60"^" 

'  en  3o  secondes 

4o 

«   i5 

»            20 

.    4 

))            10 

)><;i  seconde 

Il  y  a  donc  intérêt  de  placer  la  lampe  le  plus  près  possible  de  la  surface 

(')   M"""  Cehnovodeà.mi  et  VicToit  IIiînhi,  Étude  de  l'action  des  rayons  iillrai-iotels 
sur  les  microbes  {Comptes  rendus,  3  janvier  1910). 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  933 

d'eau  et  de  faire  couler  Teau  avec  une  vitesse  suffisamment  lente  pour  que 
les  microbes  puissent  être  tués  par  les  rayons. 

Dans  le  cas  de  l'emjîloi  de  plusieurs  lampes,  il  faut  disposer  l'appareil  de 
façon  que  la  partie  d'eau  qui  se  trouve  à  la  surface  sous  la  première  lampe 
passe  au  fond  de  l'appareil  sous  la  seconde  lampe  et  inversement,  c'est- 
à-dire  qu'il  y  ait  un  retournement  de  l'eau  entre  les  lampes. 

Le  calcul  des  conditions  optima  nous  a  amenés  à  construire  un  premier 
appareil  (type  W.C.H.,  B.V.)  formé  d'un  canal  en  zig-zag  dans  lequell'eau 
coule  sous  l'épaisseur  de  3o""  et  la  largeur  de  25^^™;  par  conséquent,  pour 
un  débit  de  100'""  à  l'heure,  la  vitesse  d'écoulement  de  l'eau  est  de  28''°' 
par  seconde  ;  avec  un  débit  de  36'"'  à  l'heure,  la  vitesse  de  l'eau  est  de  lo'^'" 
par  seconde, 


Étant  donné  que  l'eau  qui  arrive  sous  une  lampe  commence  à  subir  l'action  intense 
des  rayons  déjà  4o'^"'  en  amont  de  la  lampe  et  continue  à  subir  cette  action  encore 
jusqu'à  40''"'  en  aval  de  la  lampe,  la  zone  active  de  chaque  lampe  est  égale  à  80"''";  par 
conséquent,  avec  le  débit  de  36°'",  l'eau  est  soumise  à  l'action  des  rayons  pendant 
8  secondes  sous  chaque  lampe.  Avec  deux  lampes  on  a  une  durée  d'exposition  de 
16  secondes.  Si  nous  nous  reportons  aux  durées  indiquées  plus  haut,  nous  en  concluons 
que  l'on  doit  s'attendre  à  obtenir  une  stérilisation  de  l'eau  au  débit  de  36°'  avec  deux 


934  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lampes.  Celle  conclusion  que  nous  avons  lirée  au  mois  de  décembre  supposait  que  la 
slérilisation  de  l'eau  en  mouvement  se  faisait  de  la  même  façon  que  pour  l'eau  immobile. 

J.,'appareil  d'essai  se  compose  d'un  réservoir  R  de  3""',  d'une  pompe  centrifuge  P, 
d'un  compteur  à  eau  C  et  du  stérilisateur  formé  d'un  canal  recourbé  en  zig-zag, 
ayant  25"="°  de  largeur  et  5o""  de  profondeur.  Quatre  lampes  à  mercure  en  quartz,  fabri- 
quées à  Paris  par  la  Société  Weslinghouse  Cooper  Hewitt,  sont  placées  en  LI,  LU, 
LUI  et  L  IV.  Ces  lampes  sont  suspendues  sur  des  flotteurs  F  qui  les  maintiennent  à 
une  distance  constante  du  niveau  de  l'eau;  celle  dislance  est  égale  à  2'"'.  Des  rédec- 
teuis  spéciaux,  sont  placés  au-dessus  de  chaque  lampe.  L'eau  est  mise  en  mouvement 
par  la  pompe  dans  le  sens  indiqué  par  les  flèches. 

Pour  faire  les  expériences  on  fait  marcher  la  pompe,  on  allume  les  lampes  et  l'on 
verse  dans  le  réservoir  une  grande  quantité  (5' à  lo')  d'une  émulsion  très  riche  de 
coll.  On  prélève  ensuite  avec  de  longues  pipettes  au  fond  du  canal  des  échantillons 
d'eau  sur  tout  le  parcours.  On  ensemence  immédiatement  des  tubes  de  bouillon  en 
mettant  plusieurs  centimètres  cubes  d'eau  dans  chaque  tube  de  bouillon,  et  parallèle- 
ment on  fait  des  plaques  de  Pétri  pour  la  numération  des  microbes. 

Voici,  à  titre  d'exemple,  les  résultats  d'une  expérience  au  débit  de  36""'  à 
l'heure  : 

Avant  la  lampe  1 525o  microbes  par  centimètre  cube 

Après  la  lampe  I 365o         »  » 

Après  la  lampe  II o         »  » 

Les  tubes  de  bouillon  ensemencés  avec  les  échantillons  d'eau  pris  après 
la  deuxième  lampe  sont  stériles. 

Chaque  lampe  débite  66o  watts  par  heure,  donc  dans  cette  expérience 
36'"'  d'eau  sont  stérilisés  avec  i32o  wattheures,  ce  qui  correspond/>ar/neV/'e 
cube  à  36  wattheures.  Nous  pouvons  affirmer  dès  maintenant  que  nous  pour- 
rons obtenir  des  nombres  meilleurs;  ce  nombre  36  wattheures  ne  doit  être 
considéré  que  comme  une  limite  supérieure. 

En  résumé,  on  peut  réaliser  la  slérilisation,  par  les  rayons  iillranolels,  de 
grandes  quantités  d'eau  avec  une  dépense  maximum  de  36  wattheures  par 
mètre  cube. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  préparation  et  sur  quelques  propriétés  physico- 
chimiques  de  la  gélatine  déminéralisée.  Note  de  MM.  Cii.  Duéré 
et  .^1.  4iOR(:oLE\vsKi,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

On  parvient  à  ('•limiuer  presque  complètement  les  impuretés  minérales 
(pie  conticnneiil  les  gélalines  du  commerce  en  procédant,  comme  nous 
allons  l'indiquer,  soit  par  dialyse,  soit  par  congélation. 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I910.  qSS 

1°  Parificalion  par  dialyse.  —  Les  feuilles  de  gélatine  sont  immergées  dans  de 
l'eau  distillée  qu'on  change  fréquemment.  L'opération  a  lieu  à  basse  température 
(de  0°  à  +  2°)  et  l'eau  est  addiliomiée  d'éther  :  de  la  sorte,  on  évite,  autant  que  pos- 
sible, l'altération  de  la  gélatine  par  hydrolyse  chimique  et  n)icrobienne.  On  suit  les 
progrès  de  la  purification  en  mesurant  de  temps  en  temps  la  conductivilé  de  l'eau  de 
dialyse.  Pendant  les  derniers  jours,  la  dialyse  se  fait  dans  des  récipients  en  verre 
d'Iéna,  en  présence  à^eau  de  conduclivité  {k:=  i,5  X  io~*)  non  additionnée  d'éther. 
On  ari'ête  la  dialyse  quand  la  gélatine  ne  cède  plus  d'électrolytes  à  l'eau  après  48  heures 
de  contact.  Ce  résultat  est  obtenu  au  bout  de  i  mois  et  demi  à  3  mois,  suivant  la 
qualité  de  la  gélatine  traitée. 

2"  Purification  par  congélation.  — ■  Si  l'on  soumet  à  la  congélation  (  dans  un  mélange 
réfrigérant)  une  solution  de  gélatine  à  o,5  pour  100,  par  exemple,  on  constate,  au 
moment  du  dégel,  que  la  gélatine  est  précipitée  en  flocons  qui,  notons-le  en  passant, 
ofTrent,  à  l'examen  microscopique,  une  structure  filamenteuse  remarquable.  Par 
filtration  sur  un  cône  en  fine  toile  de  platine  ou  de  nickel,  il  est  aisé  de  séparer  les 
flocons  de  l'eau  où  ils  se  sont  formés,  et  l'analyse  des  deux  portions  montre  que  les 
impuretés  minérales  se  sont  accumulées  dans  l'eau.  En  réitérant  plusieurs  fois  l'opé- 
ration, on  obtient  une  gélatine  assez  bien  déminéralisée. 

De  ces  deux  procédés  le  premier  semble  être  le  procédé  de  choix;  il  est 
le  seul  pratique  si  l'on  veut  préparer  une  quantité  assez  grande  de  gélatine 
pure;  le  second  offre,  par  contre,  l'avantage  d'être  beaucoup  plus  rapide. 

Dans  ce  qui  suit  nous  n'aurons  en  vue  que  le  produit  purilié  par  dialyse 
à  limite;  il  est  pratiquement  sans  cendres  ('),  si  l'on  est  parti  d'une  bonne 
gélatine  commerciale.  Néanmoins,  cette  gélatine  est  encore  souillée  par  des 
traces  d'électrolytes  qui  peuvent  lui  être  enlevées  en  la  soumettant  à  l'action 
d'un  champ  électrique,  ainsi  que  le  montre  l'expérience  suivante  : 

De  la  gélatine  (de  Griibler,  Leipzig)  dialysée  à  limite  fut  introduite  en  solution  tiède 
à  28,2.5  pour  100,  au  fond  d'un  lube  en  U  en  verre  d'Iéna.  Après  gélification  de  la 
liqueur  par  refroidissement,  on  remplit  d'eau  de  conductivité  chacune  des  deux  bran- 
ches du  tube  en  U.  Entre  les  couches  d'eau  supérieures  des  deux  tubes,  on  établit,  en 
se  servant  d'électrodes  de  platine,  une  dilTérence  de  potentiel  de  6  volts  par  centimètre, 
et  l'on  constata  au  bout  de  3o  minutes  que  l'eau  décantée  avait  une  conductivité  très 
notablement  augmentée,  bien  qu'elle  ne  contînt  que  des  traces  de  gélatine  en  solution. 
En  renouvelant  l'eau  et  en  faisant  passer  le  courant  à  plusieurs  reprises,  on  parvint  à 
obtenir  une  gélatine  encore  mieux  purifiée,  comme  le  démontrèrent  les  mesures  com- 
paratives de  conductivité  (voir  ci-après). 

Indiquons  maintenant,  brièvement,  les  propriétés  les  plus  intéressantes 
de  la  gélatine  déminéralisée. 


')  La  combustion  de  2S  à  3s  ne  laisse  qu'un  résidu  impondérable. 

C.R.,  1910,  1"  Semestre.   (T.  150,  N»  15.)  l 'M 


936  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

1°  Conductivité  spécifique.  —  Les  deux  sortes  de  gélatines  que  nous  avons 
utilisées  pour  ces  recherches  présentaient,  dialysées  à  limite,  une  conduc- 
tivité sensiblement  identique  : 

Solution  à  oB,5^2  (')  pour  loo  (Grubler) /r  =  5,6  X  lo"^ 

Solution  à  os,  544  pour  loo  (Coignet) A'  r=  5,9  X  io~' 

La  gélatine  Grubler  ayant  subi  la  purification  complémentaire  par  ,1e 
courant  électrique  n'avait  plus  pour  conductivité  que  5,2  X  io"°  en  solu- 
tion à  G''',  726  pour  100.  Cette  petite  différence  de  conductivité  devient 
importante  en  considérant  la  différence  de  concentration. 

2"  Charge  électrique.  —  La  gélatine  Grubler,  acide  au  tournesol,  se  trans- 
porte à  la  cathode  et  est,  par  conséquent,  éleclropositive.  Parfaitement 
déminéralisée,  elle  devient  nettement  électronégative,  bien  que  son  acidité 
n'ait  que  fort  peu  diminué.  Lorsqu'elle  contient  encore  o''',o5  pour  100  de 
cendres,  elle  reste  électroposilive.  Il  doit  donc  y  avoir  un  stade,  au  cours 
de  la  purification,  où  elle  ne  présente  plus  de  charge. 

3°  Opalescence.  —  Les  solutions  ou  les  gelées  de  gélatine  déminéralisée 
sont  opalescentes  entre  certaines  limites  de  concentration.  Au  voisinage  de 
2  pour  100,  l'opalescence  est  très  forte  ;  elle  devient  presque  insensible  au 
voisinage  de  8  pour  100  et  disparaît  à  10  pour  100.  Cette  opalescence 
diminue  ou  disparaît  par  addition  de  traces  d'alcali  ;  elle  est  moins 
influencée  par  les  acides,  moins  encore  par  la  plupart  des  sels,  sauf  s'ils  sont 
hydrolyses.  Cette  opalescence  ne  peut  être  étudiée  dans  les  vases  faits  en 
verre  ordinaire  qui  cède  facilement  de  l'alcali.  La  température  modifie  aussi 
le  degré  de  l'opalescence.  Les  observations  sont  surtout  nettes  à  une  tem- 
pérature peu  élevée  (de  0°  à  +  i5°).  Signalons,  de  plus,  qu'à  celte  tempé- 
rature les  solutions  contenant  moins  de  i  pour  100  de  gélatine  déminéralisée 
sont  le  siège  d'un  processus  de  coagulation  amenant  à  la  longue  la  séparation 
de  flocons  opalescents  en  suspension  dans  un  liquide  parfaitement  limpide. 
Ce  processus  est  favorisé  par  l'abaissement  de  la  température  et  accéléré  par 
une  agitation  modérée  de  la  liqueur. 

4"  (lélificalion.  —  Contrairement  à  la  supposition  de  Nasse  (^1889),  la 
gélatine  parfaitement  déminéralisée  se  gélifie,  mais  moins  bien  qu'en  pré- 
sence d'éleclrolytes.  L'addition  de  traces  d'alcalis,  d'acides,  de  sels  divers 
(même  de  ceux  qui,  comme  Kl,  diminuent  le  pouvoir  gélifiant  de  la  géla- 
tine ordinaire)  ou  de  cendres  de  gélatine  favorise  la  gélification. 

(')  Poids  de  la  gélatine  supposée  anhydre. 


SÉANCE  DU  I  I  AVRIL  I910.  987 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Du  rôle  double  du  calcium  dans  la  coagulation 
du  sang  et  de  la  lymphe.  Note  de  MM.  H.  Stassaxo  et  A.  Daumas,  pré- 
sentée par  M.  A.  Dastre. 

En  cherchant  à  approfondir  le  mode  d'action  des  sels  solubles  de  chaux 
dans  la  coagulation,  il  nous  a  été  donné  de  constater  que  le  calcium 
intervient  à  deux  moments  successifs  de  ce  phénomène  et  il  révèle  son 
maximum  d'activité  à  deux  concentrations  bien  différentes,  cjuenous  avons 
pu  préciser. 

C'est  par  l'étude  attentive  du  plasma  salé  que  nous  sommes  parvenus  à 
ce  résultat.  Ce  plasma  offre,  sur  tous  les  autres  plasmas  sanguins  considérés 
comme  incoagulables,  ce  double  avantage  :  1"  d'être  réellement  incoagulable 
pour  une  durée  illimitée  de  temps;  2"  et  de  conserver  intégralement  les 
différents  facteurs  de  la  coagulation,  à  savoir  :  1°  \e  fibrinogène  (il  coagule, 
en  effet,  par  addition  de  sérum  sanguin  frais)  ;  2°  les  deux  générateurs  albu- 
minoïdes  du  fibrin-ferment  (aussi  il  coagule  par  simple  dilution  dans  de 
l'eau  distillée  et  il  fait  coaguler  la  sérosité  péritonéale  de  cheval,  incoagu- 
lable  spontanément). 

L'incoagubililé  de  ce  plasma  tient  uniquement  à  sa  forte  teneur  en  chlo- 
rure de  sodium.  Celle-ci,  en  diminuant  le  degré  de  dissociation  des  sels 
calciques  solubles,  rend  ces  derniers  inaptes  à  exercer  la  fonction  qui  leur 
appartient  dans  la  coagulation.  On  sait  que  la  présence  des  sels  solubles  de 
chaux,  dans  un  certain  état  de  dissociation,  est  nécessaire  à  la  production 
du  caillot. 

Il  suffit  de  ramener  sa  concentration  en  chlorure  de  sodium  de  5  à 
1,25  pour  100  (en  étendant  un  volume  de  ce  plasma  salé  en  trois  volumes 
d'eau  distillée)  pour  le  faire  coaguler. 

Si  nous  dialysons  ce  plasma  dans  l'eau  salée  de  même  concentration 
(5  pour  loo  de  NaCl),  fréc|uemment  renouvelée  de  façon  à  lui  soustraire 
aussi  rapidement  et  complètement  que  possible  les  sels  solubles  de  calcium 
et  généralement  tous  les  sels  métalli(jues,  à  l'exception  du  chlorure  de 
sodium,  nous  arriverons,  au  bout  d'un  certain  temps  (20  jours  environ),  à 
ce  que  ce  plasma  ne  coagule  plus  par  simple  dilution.  Il  faut,  pour  que 
la  coagulation  ait  lieu,  y  ajouter,  après  dilution,  un  sel  de  chaux  dans  (l(>s 
conditions  et  des  proportions  convenables.  Il  faut  que  ce  sel  soit  soluble  et 
dissocié  en  ions  (Sabbatani)  et  que  sa  quantité  né  dépasse  pas  certaines 
limites,  au-dessous  et  au-dessus  desquelles  la  coagulation  ne  se  produit  pas 


()'^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

on  ne  se  produit  qu'avec  un  retard  considérable,  de  plus  en  plus  grand  au 
fur  et  à  mesure  (^ue  la  proportion  du  sel  de  chaux  s'éloigne  de  l'une  ou  de 
l'autre  limite. 

C'est  précisément  en  étudiant  la  manière  de  se  comporter  de  ce  plasma, 
au  cours  de  la  dialyse  et  lorsqu'il  a  été  dialyse  à  fond,  à  l'égard  des  sels 
de  calcium  et  d'autres  métaux  alcalino-terreux,  que  nous  avons  pu  mettre 
on  lumière  ce  double  rôle  du  calcium  dans  la  coagulation. 

I.  Rôle  'kl  calcium  dans  la  formation  du  fibrin- ferment  : 

L'addition,  de  liés  faibles  qiianlités  de  CaCP,  à  du  plasma  salé  dialyse  à  fond, 
el  dilué  à  trois  volumes,  n'est  suivie  d'aucune  manifestation  extérieure  :  le  plasma 
garde  sa  limpidité  et  toute  sa  fluidité.  Mais  il  suffit  d'y  ajouter,  quelques  heures  après, 
une  dose  beaucoup  plus  considérable  de  chlorure  de  calcium  et  même  de  chlorure  de 
strontium  ou  de  baryum,  pour  le  faire  coaguler  avec  une  avance  considérable  sur  les 
échantillons  témoins  de  ce  même  plasma.  Ces  échantillons  témoins  sont  établis  de  la 
manière  suivante  :  l'addition  de  la  trace  de  calcium  et  de  la  dose  saline  forte  est  faite 
en  même  temps  el  aussitôt  que  le  plasma  salé  vient  d'être  dilué;  cette  dernière  cir- 
constance mérite  d'être  retenue.  Car  l'expérience  montre  que  l'addition  de  la  dose 
forte  de  sel  fait  coaguler  beaucoup  plus  rapidement  un  échantillon  de  plasma  (salé, 
dialyse  à  fond)  dilué  depuis  plusieurs  heures  qu'un  échantillon  du  même  plasma  venant 
d'être  dilué.  Moins  ce  plasma  a  été  dialyse  el  plus  accusé  est  l'écart  entre  les  moments 
d'ajjparition  de  la  coagulation  dans  les  deux  échantillons.  C'est,  évidemment,  à  ce  qui 
reste  de  sels  solubles  de  calcium,  dans  le  plasma  dialyse,  qu'est  dû  l'écart  en  question. 

La  dose  la  plus  favorable  de  chlorure  de  calcium  pour  ce  travail  intérieur  correspond 
à  environ  06,000021  par  centimètre  cube  .de  plasma.  Au  delà  de  os,ooooi3  l'addi- 
tion de  CaCI^  est  inactive.  Ce  travail  intérieur  correspond  à  la  formation  du  iibrin- 
ferment.  II  se  traduit  dans  le  même  plasma,  sous  l'influence  de  la  dose  forte,  par  une 
lapide  formation  du  caillot  de  fibrine,  résultant  de  l'action  du  tîbrin-ferment  formé 
sur  le  fibrinogène.  Ce  même  travail  peut  se  révéler,  au  dehors,  autrement,  en 
faisant  agir  sur  de  la  sérosité  péritonéale  du  cheval  { incoagulable  spontanément) 
comparativement  deux  échantillons  d'un  même  plasma  salé,  dialyse  à  fond  et  dilué, 
dont  l'un  a  reçu  la  trace  oplima  de  CaCI^,  quelques  heures  avant,  et  dont  l'autre  la 
reçoit  seulement  au  moment  de  l'essai  comparatif.  Dans  ces  conditions,  il  arrive  que  le 
premier  échantillon  fait  coaguler  la  sérosité  en  beaucou|)  moins  de  temps  que  le 
second  échantillon  :  difl"érence  qui  atteint  et  dépasse  parfois  2  et  3  heures. 

A  cette  même  concentration  moléculaire  oplima  agissent  le  chlorure  de  strontium  et 
le  chlorure  de  baryum,  mais  bien  plus  lentement,  le  second  particulièrement.  Le 
rôle  du  calcium  n'est  donc  pas  absolument  exclusif;  mais  il  se  comporte  bien  plus 
énergiquement. 

II.  Dans  l'action  du  fibrin- ferment  formé  sur  le  fibrinogène  : 

Le  sérum,  fraîchement  exprimé  d'un  caillot  de  sang,  renferme  du  fibrin-fermenl  tout 
formé.  La  sérosité  péritonéale  du  cheval,  parfaitement  incoagulable,  peut  être 
considérée  comme  une  solution  de  fibrinogène.    Si  nous  ajoutons  quelques  gouttes  du 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  989 

premier  à  ce  second  liquide,  il  coagulera  au  bout  d'un  certain  temps  (de  (|uel<|ues 
niiiiutes  à  quelques  heures,  selon  les  proportions  et  la  qualité  du  sérum  ajouté).  Or  ce 
moment  arrive  de  beaucoup  plus  précocement  par  l'addition  de  chlorure  de  calcium  el 
de  ([uelques  autres  chlorures,  dans  l'ordre  suivant  d'activité  :  strontium,  baryum, 
potassium,  magnésium.  Quoique  l'action  de  ces  dilTérents  chlorures  s'échelonne  dans 
cet  ordre  et  se  révèle,  de  plus,  indépendamment  de  leur  valence,  le  maximum  d'ac- 
tion pour  chacun  correspond  à  une  concentration  moléculaire  qui  est  la  même  pour 

tous  :  soit  à  8  gouttes  (20»  par  centimètre  cube)  d'une  solution  —  de  chaque  chlo- 
o  V  r  10 

rure  par  S*^""'  de  plasma  salé  dilué. 

Cette  action  du  calcium  et  des  autres  métaux,  à  dose  relativement  forte,  dans 
la  formation  de  la  fibrine,  peut  être  mise  en  évidence  de  dilTérentes  façons ('). 

Ainsi,  par  exemple,  du  plasma  non  diaivsé  qui  coagulerait  par  dilution  en  2  heures, 
coagulera  en  quelques  minutes  à  peine,  par  l'addition  de  chlorure  de  calcium  à  la  dose 
convenable. 

Ce  second  rôle  du  calcium  qui  ne  lui  est,  pas  plus  que  le  premier,  entiè- 
rement exclusif,  ressemble  beaucoup  à  celui  des  sels  neutres  en  général  dans 
la  coagulation  de  la  silice  à  l'état  colloïdal. 

La  ressemblance  est  encore  plus  grande  avec  la  gélatinisation  des  acides  et 
des  alcalis-albumines,  sous  l'action  favorisante  des  sels  et,  précisément,  sous 
l'influence  tout  à  fait  prépondérante  des  sels  solubles  de  calcium.  La  prise 
en  caillotde  la  fibrine  peut  être  considérée  également  comme  un  pbénomène 
d'bydratation.  La  molécule  de  fibrinogèue  en  s'bydratant,  sous  l'action  des 
sels,  et  des  sels  de  calcium  notamment,  grossirait  au  point  de  devenir  visible 
à  l'ultramicroscope  et  de  retenir  toute,  ou  presque,  l'eau  du  milieu  ambiant. 

L'un  de  nous  exposera  ailleurs,  en  détail,  les  expériences  qui  nous  ont 
amenés  à  ces  conclusions,  qui  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

Le  calcium  intervient  à  deux  moments  différents  du  phénomène  complexe 
de  la  coagulation  du  sang  et  de  la  lymphe  : 

L  Dans  la  formation  du  tîbrin-ferment,  en  agissant  sur  ses  deux  géné- 
rateurs albuminoïdes.  Ce  sont  de  très  petites  doses  de  calcium  qui  se 
montrent  le  plus  actives  dans  cette  phase. 

IL  Dans  la  formation  de  la  fibrine  :  il  intervient  alors  seulement  à  dose 
relativement  forte. 

Dans  l'une  et  l'autre  intervention,  le  calcium  peut  être  substitué  par 
d'autres  métaux,  particulièrement  par  le  strontium  et  le  baryum,  mais  il  se 
révèle  également,  dans  les  deux  interventions,  doué  d'une  activité  tout  à  fait 
prépondérante. 

(')  ZojA,  Zeilsch.  fiir  Cheniie  iiiid  Industrie  der  Kolloide:  III.  Band,  1908,  lleft  (i. 


94o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

PATHOLOGIE.   —  De  l'influence  du  régime  sur  la  production  de  l'athérome 
spontané.  Note  de  M.  Weinberg,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Les  recherches  déjà  anciennes  de  Gilbert  et  Lion  ont  montré  qu'il  est 
possible  de  reproduire  chez  le  lapin  des  lésions  aortiques  de  nature  infec- 
tieuse. Plus  récemment,  Josué  a  obtenu  chez  cet  animal  par  des  injections 
d'adrénaline  des  lésions  calcaires  de  l'aorte;  celles-ci  ressemblent  par  cer- 
tains caractères  à  l'alhérome,  tel  qu'il  est  observé  chez  l'homme. 

Depuis  la  première  Note  de  Josué,  les  travaux  sur  l'alhérome  expérimen- 
tal se  sont  multipliés  avec  une  grande  rapidité.  Il  a  été  ainsi  démontré  que 
maintes  substances  sont  capables  de  produire  des  lésions  athéromaleuses. 
Il  faut  toutefois  remarquer  que  nombreux  sont  les  auteurs  qui  appuient 
leurs  conclusions  sur  un  petit  nombre  d'expériences;  or,  ces  résultats 
peuvent  être  attribués  à  des  cas  d'athérome  spontané  qui  ont  été  signalés 
chez  le  lapin  (Kaiserling,  Kalamkaroff,  Miles). 

Personnellement,  nous  avons  trouvé  3^  cas  d'athérome  sur  062  lapins 
neufs  destinés  à  l'alimentation.  Nous  avons  également  étudié  420  lapins 
ayant  servi  aux  expériences  de  nos  collègues  de  l'Institut  Pasteur.  Suivant 
les  lots  examinés,  les  lésions  athéromateuses  étaient  trouvées  dans  4  à 
19  pour  100  des  cas. 

Le  lapin,  animal  herbivore,  est  donc  très  souvent  athéromateux.  Cepen- 
dant, quelques  cliniciens  très  éminents  ont  prétendu  que  c'est  surtout  le 
régime  carné  qui  doit  être  considéré  comme  facteur  étiologique  de  l'athé- 
rome. 

Celle  discordance  de  l'observation  clinique  avec  l'expérience  de  labora- 
toire nous  a  incité  à  étudier  l'alhérome  spontané  dans  la  série  animale  dans 
le  but  de  rechercher  si  vraiment  le  régime  alimenlaire  joue  ua  rôle  dans 
la  production  des  lésions  athéromateuses. 

Nos  investigations  ont  porté  sur  les  animaux  suivants:  lapin,  cobaye, 
cheval,  chat,  chien,  rat  d'égout,  urubu,  chien  de  mer. 

Lapin.  —  Les  résullals  sont  déjà  indiqués  plus  haut.  Ajoutons  seulement  que  nous 
avons  constaté  quatre  fois  la  présence  de  placards  calcaires  dans  l'aorte  de  petits  lapins 
de  2  à  3  mois.  Dans  un  cas,  les  lésions  calcaires  siégaient  dans  le  foie,  au  niveau  de 
l'artère  hépatique  d'un  espace  porte. 

Cobaye.  —  Sur  plus  de  5oo  cobajes  examinés,  aucun  ne  présejitait  de  lésions 
athéromaleuses. 

C/ici'ol.  —  Ces  recherches  ont  été  faites  en  collaboration  avec   M.  Vieillard.   Nous 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  I9IO  94l 

avons  examiné  i5ii  clievaux  tués  à  Faballoir  de  Vaugirard.  ii5  fois,  c'est-à-dire  dans 
7,6  pour  100  des  cas,  nous  avons  trouvé  des  lésions  calcaires  de  l'aorte  présentant 
presque  toujours  un  aspect  analogue  à  celui  de  l'athérome  spontané  du  lapin.  Il 
s'agissait  d'une  calcification  de  la  tunique  moyenne  de  l'aorte,  sans  lésions  de 
l'endartère. 

Chien.  —  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Martel,  nous  avons  pu  obtenir  l'autorisation 
d'examiner,  dans  un  établissement  d'équarrissage  d'Aubervilliers,  les  cadavres  de  chiens 
tués  à  la  fourrière.  Nous  avons  pu  ainsi  autopsier  en  l'espace  de  plusieurs  mois 
10^7  chiens.  Sur  ce  nombre,  44  o"'  présenté  des  lésions  aortiques.  Ces  dernières 
dilTèrent  complètement,  comme  siège  et  caractères  macroscopiques,  de  l'atliérome 
spontané  du  lapin.  Les  placards  athéromaleurs  se  trouvent  presque  toujours  chez  le 
chien  à  la  hauteur  des  valvules  sigmoïdes  dont  ils  dépassent  rarement  (4  fois  sur  44)  le 
bord  libre.  Deux  fois  seulement,  la  lésion  n'intéressait  que  la  couche  moyenne  de 
l'aorte  comme  chez  le  lapin.  Dans  d'autres  cas,  il  existait  des  lésions  d'endartérite. 

Chai.  —  Nous  avons  autopsié,  dans  le  même  établissement  d'équarrissage,  344  g'"os 
chats.  Leurs  artères  étaient  indemnes  de  toute  lésion. 

Rat  d'égout.  —  M.  Marchoux  s'étant  procuré  pour  ses  recherches  un  grand  nombre 
de  rats  tués  au  ratodrome  de  Paris,  nous  avons  été  à  même  d'examiner  le  cœur  et 
l'aorte  de  926  de  ces  animaux,  sans  d'ailleurs  rencontrer  de  trace  de  lésions  arté- 
rielles. 

Urubu  (Cathorlc  aura).  —  Nous  avons  demandé  à  noire  regretté  ami,  le  D''  Brinionl, 
de  Saint-Laurent-du-Maroni  (Guyane  française),  de  nous  procurer  un  certain  nombre 
d'aortes  de  cet  oiseau  de  proie  essenliellement  Carnivore  (aussi  le  désigne-l-on  dans 
le  pays  sous  le  nom  de  charognard,  car  il  se  nourrit  presque  exclusivement  de 
cadavres).  A  ce  titre,  il  rend  de  tels  services  à  l'hygiène  de  la  voie  publique  que,  dans 
certaines  contrées,  la  loi  défend  aux  habitants  de  tuer  ces  oiseaux  précieux  sous  peine 
d'une  forte  amende. 

M.  Brimont  nous  a  envoyé  5i  appareils  cardio-vasculaires  de  cet  oiseau.  Tous  ces 
organes  sont  intacts. 

Chien  de  nier  {Scyllii/ni  canicula).  —  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Delage,  nous 
avons  pu  nous  procurera  la  station  biologique  de  Roscoft"  une  trentaine  de  ces  poissons 
carnassiers.  L'étude  de  ces  derniers  présente  pour  nous  un  double  intérêt  :  non  seule- 
ment ils  sont  carnassiers,  mais  encore,  se  nourrissant  exclusivement  de  poissons  et  de 
crustacés,  ils  absorbent  une  quantité  considérable  de  sels  calcaires. 

Nous  n'avons  cependant  pas  trouvé  chez  eux  de  lésions  calcaires  ni  au  cœur,  ni  au 
bulbe  artériel,  ni  au\  arcs  branchiaux. 

Avant  de  tirer  les  conclusions  de  ces  faits,  nous  devons  remarquer  que 
toutes  nos  recherches  ont  porté  sur  des  animaux  apparemment  sains.  Il 
fallait,  en  effet,  établir  si  le  régime  alimentaire  est  capable  de  provoquer  à 
lui  seul  des  lésions  athéromaleuses. 


942  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  résulte  de  l'analyse  de  nos  observations  que  rathérome  spontané  se 
rencontre  surtout  chez  certains  animaux  herbivores.  Au  fur  et  à  mesure  que 
Ton  se  rapproche  de  la  classe  des  carnivores  stricts,  les  lésions  alhéroma- 
teuses  deviennent  de  plus  en  plus  rares. 

L'état  de  putréfaction  de  la  viande  ingérée  par  l'urubu  sain  ne  parait  pas 
produire  l'alhérome  chez  cet  animal. 


GÉOLOGIE.  —  Les  formations  archèenncs^  l'ancienne  couverture  et  les  plisse- 
ments des  monts  du  Forez.  Note  de  M.  Pu.  Gi.angeaud,  présentée  par 
M.  A.  Lacroix. 

Les  formations  archéenncs  n'affleurent  actuellement  que  sur  une  surface 
restreinte  dans  les  monts  du  Forez.  Elles  se  montrent  principalement  à  la 
base  des  deux  versants  de  la  chauie,  sous  la  forme  de  lambeaux  discontinus, 
d'étendue  variable,  disloqués  par  le  granité  et  la  granulite.  Elles  bordent 
ainsi  irrégulièrement  :  à  l'Est,  le  bassin  de  Monlbrison  et  à  l'Ouest  le 
synclinal  de  la  Dore  et  le  bassin  d'Ambert. 

L  Série  pétrographique.  —  Les  termes  pétrographiques  de  la  série 
archéenne  ont  été  généralement  très  modifiés  par  les  intrusions  des  roches 
éruptives.  Néanmoins,  on  observe  une  suite  assez  complète  de  types  de 
l'étage  des  gneiss  comprenant;  granité  gneissique,  gneiss  granitique  et 
granulitique,  gneiss  gris,  gneiss  micacés  et  leptynites. 

En  quelques  points  apparaissent  des  gneiss  à  cordiérite  et  à  pyroxène,  à 
amphibole,  et  à  la  partie  supérieure  de  l'étage,  des  inlercalations  fréquentes 
d'amphibolites.  (Environs  de  Valcivièresetde  Saint-Pierre-la-Bourlhonne.) 

11  n'est  possible  de  rapporter  à  l'étage  des  micaschistes  que  quelques 
lambeaux  de  la  Renaudie  et  du  Trévy. 

IL  Ancienne  couverture  archéenne  des  monts  du  Forez.  —  Le  terrain 
archéen  a  été  disloqué,  pénétré  et  injecté  par  le  granité  et  la  granulite  qui 
l'ont  fortement  métamorphisé.  Les  tranchées  des  nouvelles  routes  tracées  à 
travers  le  Forez  (Vertolaye,  La  Croix  du  Fossat,  AugeroUes,  La  Chamba, 
OUiergues,  Le  Brugeron,  Valcivières,  etc.),  fournissent  à  cet  égard  des 
exemples  suggestifs. 

On  observe  1res  fréquemment  des  paquets,  des  blocs  multiples  de  gneiss  variés, 
orientés  dans  toutes  les  directions  et  cimentés  par  le  granité  et  surtout  la  granulite, 
ils  donnent  lieu  à  de  vérital)les  brèches  granitico  ou  granulilico-gneissiqucs. 

Kn  outre,  les  granités  et  les  granulites  de  presque  toute  la  chaîne  du  Forez  oil'rent 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  1910.  943 

presque  pailout,  prlncipalemenl  sur  les  flancs  de  l'anlicliiial,  une  quantité  considé- 
rable à'enclaves  de  gneiss,  de  taille  variable  atteignant  i""  à  a™'.  Ces  enclaves  sont 
surtout  abondantes  dans  la  vallée  du  Fossal,  au\  alentours  du  Brugeron,  entre 
Saint-Marlin-des-Olmes  et  Valcivières,  à  l'est  de  Chaimazel,  etc.  Il  n'est  pas  douteux 
qu'elles  représentent  des  frag/nent.i  de  l'ancienne  couverture  archéenne  des  monts  du 
Forez,  entraînés  dans  les  magmas  granitiques  et  granulitiques  au  moment  de  leur  mise 
en  place. 

Les  parties  élevées  de  la  chaîne  ne  renferment  pas,  en  général,  de  semblables 
enclaves.  Il  faut  en  conclure  que  les  granités  et  granulites  ont  cristallisé  sous  un 
manteau  archéen,  probablement  conduit,  qui  a  été  presque  complètement  enlevé  par 
l'érosion  dans  les  parties  hautes. 

En  qtielques  points  (Valcivières,  Saint-Pierre-la-Bourlhonne)  j'ai  observé 
de  petits  ilôts  de  diorile  à  grands  cristaux  de  hornblende,  enclavés  dans  la 
granulite. 

Il  est  vraisemblable  de  penser  que  ces  îlots  résultent,  comme  dans  le  Beaujolais,  le 
Charolais  et  le  Puy-de-Dôme,  de  l'endomorphisme  de  calcaires  paléozoïques  qui 
auraient  constitué  une  partie  de  l'ancienne  couverture  des  monts  du  Forez,  avant  la 
mise  en  place  du  granité  et  de  la  granulite.  Il  y  aurait  lieu  alors  d'augmenter  l'exten- 
sion des  mers  paléozoïques  dans  le  Massif  central  en  rapprochant  ces  faits  de  ceux 
qui  ont  été  signalés  par  MM.  Aug.  et  Albert  Michel-Lévy  dans  les  régions  précitées. 

III.  Direction  varisque  des  plissements  des  terrains  archéens.  —  Il  n'existe 
qu'une  seule  bande  de  terrains  archéens  traversant  en  écharpe  les  monts  du 
Forez,  depuis  les  environs  de  Vollore- Ville,  Aubusson,  La  Renaudie  (Puy- 
de-Dôme)  jusqu'à  Jeansagnières  et  Chaimazel  (Loire).  Cette  bande  de  ao*"" 
de  long,  irrégulière  comme  contours,  n'est  interrompue  que  par  le  massif 
granulitique  de  la  Chambonie.  Elle  est  peu  modifiée,  contrairement  à  tous 
les  autres  affleurements  archéens  du  Forez  ;  aussi  y  relève-l-on  une  série 
gneissique  complète  présentant  une  direction  d'affleurements  NE  sur  le  ver- 
sant occidental  et  EME  sur  le  versant  oriental  avec  des  plongements  NO  et 
ONO. 

On  ne  peut  manquer  d'être  frappé  par  ces  directions  cjui  sont  précisément 
celles  de  tous  les  plissements  hercyniens  de  la  région  archéenne  et  paléo- 
zoique  du  Beaujolais,  du  Charolais,  du  Morvan  et  celle  aussi  de  la  bande 
disloquée  Cussel-Saint-Germain-Laval,  limitant  au  Nord  les  monts  du 
Forez,  ainsi  que  l'a  montré  récemment  M.  Albert  Michel-Lévy. 

Il  me  parait  qu'on  peut  déduire  de  ces  faits  que  les  plissements  hercy- 
niens avec  direction  varisque  se  poursuivent  dans  le  Massif  central  jusque  sur 
le  versant  occidental  des  monts  du  Forez. 

L'histoire  archéenne  et  paléozoïque  des  monts  du  Forez  se  rattacherait 

G.  H.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  15.)  1-^5 


944  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

donc,  au  moins  au  point  de  vue  tectonique,  à  celle  de  la  région  orientale  du 
Massif  central,  puisque  cette  région  faisait  partie  de  Vaire  des  plissements 
hercyniens  de  direction  générale  varisque. 

Les  grands  failles  du  Forez  (faille  limite  occidentale,  dislocation  orientale) 
qui  sont  sensiblement  perpendiculaires  à  ces  plissements  sont  dues  princi- 
palement à  des  fractures  ou  à  des  décrochements  post-hercyniens  jalonnés 
par  des  venues  siliceuses.  Ce  sont  ces  failles  qui  se  rouvrirent  de  nouveau, 
au  Miocène,  lors  des  grands  mouvements  du  Massif  central. 

Les  refoulements  horizontaux  qui  exhaussèrent  la  région  forézienne, 
durant  l'Oligocène  et  le  Miocène,  eurent  pour  résultat  de  former  une  zone 
anticlinale  NS  qui  constitua  le  relief  actuel. 

Les  monts  du  Forez  présentent  donc,  ainsi  que  MM.  Michel  Lévy  et 
Termier  l'ont  constaté  dans  les  régions  voisines,  les  traces  d'au  moins  cinq 
grands  efforts  orogé/dques  : 

I"  Mouvements  conduisant  à  la  mise  en  place  des  granités  et  granulites  ; 

2°  Mouvements  hercyniens  (plissements  varisques)  ; 

3°  Mouvements /J0.ç/-Aprcy/2îe/j.ç  (failles  NO,  filons  de  quartz  permotria- 
siques)  ; 

4°  Mouvements  oligocènes  préparant  les  dépressions  oligocènes  ; 

5°  Mouvements  miocènes  continuant  les  mouvements  précédents  terminés 
par  une  activité  éruptive  sur  les  deux  flancs  de  la  chaîne. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  granités  écrasés  (^myloniles)  des  Grisons,  du  Vorarlberg 
et  de  l'Allgàu.  Note  de  M.  Wii-kried  von  Seidlit/:,  présentée  par 
M.  Pierre  Termier. 

Nous  savons,  par  les  admirables  recherches  de  MM.  Pierre  Termier, 
Eug.  Maury  (')  et  J.  Deprat  (-),  que,  dans  le  pays  de  nappes  de  la  Corse 
orientale,  les  granités  écrasés  {mylonites  'granitiques)  jouent  le  rôle  d'un 
véritable  terrain  géologique;  et  M.  Pierre  Termier  (')  a  récemment  montré 
qu'il  en  est  de  même  à  l'île  d'Elbe.  Antérieurement  à  la  découverte  de 
ce  rôle  des  mylonites  corses  et  elbaines,  MM.  Pierre  Termier  et  Georges 


(')  P.  Termier   ei   E.  Maury,  Comptes  rendus,  i.  CXI.VI,  p.   1426.  —  E.  Maury, 
Comptes  rendus,  l.  CXLVIII,  p.  i448. 

(')  J.  Deprat,  Comptes  rendus,  l.  CXLI,  p.  i5i. 

{')  I'.  Termikii,  Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  p.  i44'- 


SÉANCE  DU  I  I  AVRIL  19IO.  945 

Friedel  nous  avaient  appris  l'existence,  près  de  Saint-Etienne,  dans  une 
chaîne  anté-houiilère,  d'énormes  lames  charriées  de  mylonites  toutes  sem- 
blables. 

Il  y  a  des  phénomènes  d'écrasement  aussi  intenses  et  aussi  évidents  dans 
le  pays  de  nappes  septentrional  de  la  chaîne  alpine,  je  veux  dire  dans  les 
Grisons  et  aux  abords  des  Alpes  orientales.  Voici,  à  ce  sujet,  quelques 
observations,  faites.  Télé  passé,  sur  les  affleurements  graniti(jues  et  gneis- 
siques  des  Grisons,  du  Vorarlberg  et  de  l'Allgau,  suivis  par  moi  en  partant 
de  l'Engadine. 

Ces  affleurements  correspondent  à  des  lames,  réduites  parfois  à  quelques  mètres, 
ou  même  (juelques  centimètres  d'épaisseur,  de  granités,  de  gneiss,  de  porphyres,  de 
diorites  et  de  gabbros,  écrasés  et  déchiquetés.  Les  roches  décrites  par  moi  (')  en  1906 
sous  le  nom  A' Ueberschiebungsapopliysen,  et  qui  ressemblent  beaucoup  au  granité 
du  Julier  (Engadine),  sont  des  mylonites  granitiques  à  feldspalhs  verdis  et  à  mica 
chloritisé. 

Aux  points  déjà  décrits  par  Théobald  et  M.  Rolhpletz,  j'ai  réussi  à  ajouter  de  nom- 
breux témoins  discontinus  de  ces  mêmes  roches,  toujours  compris  dans  rt^ewo^ /iO/'Jzo«5 
tectoniques  bien  définis  :  l'un  à  la  base  de  la  série  austroalpine  (granités  du  type 
Julier.,  micaschistes  et  gneiss  laminés);  l'autre  plus  profond,  à  la  base  de\a  nappe  des 
Klippes  (Fréalpes  médianes),  caractérisé  par  des  débris  d'une  roche  granitique 
ressemblant  parfois  au  porphyre  de  Rofna  de  l'Oberhalbstein  et  du  Schams.  Avec  les 
mylonites,  il  y  a  des  brèches  de  friction  (fenêtre  de  Gargellen)  où  le  granité  se  mêle 
au  calcaire  de  la  Sulzfluh  (Jurassique  supérieur).  Ailleurs  (Larel  près  de  KIosters),  on 
voit  des  brèches  cristallines.,  faites  d'une  pâte  verte,  raylonitique,  et  de  débris  de 
gneiss,  de  micaschiste,  et  de  granité  presque  intact. 

En  suivant  les  mylonites  vers  le  Sud,  on  voit  des  lames  granitiques  {porphyre  de 
Rofna).,  peu  épaisses,  s'intercaler  entre  les  nappes.  Les  très  intéressantes  Notes  de 
MM.  O.  Welter  (^)  et  H.  Meyer(3)  nous  ont  appris  que,  dans  les  montagnes  du  Schams, 
chaque  nappe  renferme  à  sa  base  une  lame  de  porphyre  de  Rofna.  Là,  on  n'est  plus 
bien  loin  du  lieu  d'enracinement  des  plis  couchés.  C'est  dans  l'Oberhalbstein  et  l'Enga- 
dine qu'on  voit  s'enraciner,  en  masses  puissantes,  le  porphyre  de  Rofna  et  le  granité 
de  Julier,  intacts,  dont  les  lames  mylonitiques  qui  affleurent  au  Parpauer  .Weishorn, 
dans  les  environ  d'Arosa  et  dans  le  Rselikon,  tirent  leur  origine. 

Je  rattache  encore  aux  mylonites  les  diorites  et  les  gabbros  du  Tilisuna-Schwarzhorn 


(')  W.  y.  Seidlitz,  Geolog.  Untersuchungen  ini  ôstl.  Rhœlikon  [Berichte  i\'aturf. 
Ges.  Freiburg  i.  B.,  t.  XVI,  1906). 

(-)  O.-A.  Weltkr,  Stratigraphie  und  Bau  der  .Alpen  zw.  Hinterrhein  und 
Safiental  [Eclogce  geol.  Heh'et.,  t.  X,  1909,  n°  6). 

(^)  H.  Meyer,  Geolog.  Untersuchungen  ani  Nordostrande  des  S aretla massives 
(Berichte  /Yaturf.  Ges.  Freiburg  i.  B.,  t.  XVII,  1909). 


f)46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(Rœlikon  i,  associés  à  des  granités  écrasés  el  à  une  brèche  d'énormes  débris  triasiques 
ou  cristallins,  brèche  dont  la  pâte  a  l'aspect  d'une  seipenline. 

Enfin,  les  témoins  de  roches  cristallines,  fréquents  sur  le  bord  septentrional  des 
Alpes  et  signalés  par  Giimbel,  et  par  MM.  Rothpletz  et  Tornquist,  sont  des  lambeaux 
de  poussée  {Ueberschiebuitgsapophysen)  analogues  aux  précédents.  Tels  sont  les  gra- 
nités du  Bolgen.  !«•;  gneiss  mylonitisés  du  Relterschwangertal  el  du  Kiihberg 
(Oberstdorf),  situés  à  la  base  de  la  série  austroalpine;  tel  encore  le  granité  (du  type 
Julier)  près  du  Feuerstadlerkopf,  qui  appartient  probablement  à  la  base  de  la  nappe 
des  Klippes. 

En  résumé  il  y  a  deux  nappes  dont  la  base  est  formée  partout,  ou  presque 
partout,  d'une  lame  de  roches  cristallines  écrasées  :  la  nappe  des  Klippes 
et  la  nappe  austroalpine.  C'est  un  nouvel  exemple,  et  très  saisissant,  de 
l'importance  du  rôle  tectonique  des  mylonites. 

On  peut  suivre  ces  laines  de  l'Engadine  à  l'Allgau,  sur  plus  de  loo*"",  en 
partant  des  roches  enracinées  et  intactes  au  Sud,  longeant  les  affleurements 
myloniliques  déplus  en  plus  déchiquetés,  el  arrivant  enfin  à  des  débris  isolés 
(blocs  dits  exotiques^  ou  blocs  empâtés  dans  des  brèches  à  débris  variés 
d'autres  assises).  Plus  on  va  vers  le  Nord  et  plus  on  observe,  dans  ces  my- 
lonites, des  débris  de  granité,  de  micaschiste  et  parfois  de  serpentine.  Au 
Sud,  il  y  a  aussi  des  roches  schisteuses,  qui  sont  les  Casannaschiefer  de 
Théobald;  et  je  n'hésite  pas,  en  ce  qui  concerne  les  Grisons,  à  rattacher 
ces  roches  schisteuses  aux  mêmes  phénomènes.  Quant  aux  roches  basiques, 
plus  on  s'éloigne  de  l'axe  des  Alpes,  el  plus  elles  paraissent  (par  exemple 
dans  le  Liechtenstein)  charriées  avec  le  Trias  de  la  nappe  austroalpine.  On 
n'a  plus  le  droit,  dès  lors,  dans  ces  régions  de  nappes  qu'on  peut  nommer 
régions  de  détente,  de  présumer  une  sei-ie  spéciale  partout  où  il  n'y  a  que  des 
roch'es  basiques. 

Pour  les  lames  granitiques,  chacune  paraît  être  le  soubassement  cristallin 
de  la  série  correspondante,  entraîné  passivement  par  le  charriage  de  cette 
série.  C'est  ce  qu'Ed.  Suess  (')  a  établi  dès  190$;  et  l'on  ne  peut  rien  dire 
de  plus  pour  le  moment.  Ce  phénomène,  régional  qV  non  plus  local,  est  lié 
dans  une  certaine  mesure  à  l'apparition  des  blocs  exotiques,  et  vient  donc  à 
l'appui  de  l'opinion  de  M.  H.  Schardt.  Sans  doute,  la  présence  des  blocs 
exotiques  n'implique  pas  nécessairement  et  partout  l'existence  de  charriages 
et  de  roches  écrasées.  Mais  on  se  souvient  qu'Ed.  Suess  (^)  a  comparé  ses 


(  '  )  Ed.  Suess,  Das  Innlal  hei  A'auders  (Akad.  d.  Wissenscli.,  Vienne,  1905,  p.  6). 
(  -)   1m).  Suess,  Sur  la  nature  des  charriages  (  Comptes  rendus,  t.  CXXXIX.  p.  7  1^). 


SÉANCE  DU  II  AVRIL  IQIO.  947 

arcs  de  cliarriage  aux  blocs  de  moraine  de  fond  transportés  par  les  glaciers. 
Beaucoup  de  blocs  exotiques  n'ont  pas  été  apportés  par  des  glaçons  (  suivant 
le  mécanisme  décrit  par  M.  Arnold  Heim),  mais  semblent  plutôt  appartenir 
à  une  moraine  de  fond  tectonique  (M.  Limanowski),  c'est-à-dire  à  une  lame 
de  charriage  écrasée,  laminée  et  fragmentée. 


OCÉANOGKAPHIE.  — ■  Sédiments  marins  d'origine  éolienne. 
Note  de  M.  J.  Thoui.et. 

L'analyse  microminéralogique  des  poussières  atmosphériques  accumulées 
dans  les  parties  les  plus  hautes  des  clochers  d'églises  conduit  à  des 
conclusions  intéressante  la  fois  l'Océanographie  et  la  Physique  générale  du 
Globe. 

Les  poussières  ont  été  récoltées  à  Gérardmer  et  à  Epinal,  région  de 
roches  cristallines;  à  Nancy,  Montpellier  et  Cette,  régions  calcaires  et  à 
Horta,  dans  l'île  de  Payai,  aux  Açores,  région  de  roches  volcaniques.  Elles 
offrent  un  remarquable  caractère  d'uniformité  dans  leur  composition; 
toutes  contiennent  en  effet  une  extrême  diversité  de  minéraux  parmi 
lesquels  prédominent  ceux  spéciaux  à  la  région  géologique  à  laquelle 
appartient  la  localité  examinée.  C'est  ainsi  que  si  toutes  renferment  du 
calcaire  et  des  minéraux  cristallins,  lepremier  est  particulièrement  abondant 
à  Nancy,  à  Montpellier  et  à  Cette;  les  seconds  à  Gérardmer  et  à  Epinal, 
tandis  que  les  minéraux  volcaniques  constituent  la  majeure  partie  des 
poussières  de  Horta. 

Tous  les  échantillons  possèdent  des  chondres,  globules  noirs  opaques, 
fortement  magnétiques  ou  blancs,  plus  ou  moins  jaunes  ou  bruns,  formés 
par  des  minéraux  météoritiques  fondus  (péridot,  pyroxène,  eustatite,  etc.)  ; 
leur  présence  à  Horta,  où  ils  ne  sauraient  provenir  de  fumées  d'usines,  est 
une  preuve  de  plus  à  l'appui  de  leur  origine  cosmique.  Tous  ont  aussi  de 
la  magnétite  en  grains  anguleux,  opaques,  noirs,  disposés  en  chapelets  par 
attraction  mutuelle  rémanente  et  également  d'origine  cosmique. 

Tous  renferment  une  forte  proportion  d'argile,  tantôt  amorphe,  flocon- 
neuse, plus  ou  moins  poreuse,  opaque,  jaunâtre,  brunâtre  ou  rougeâtre, 
fixant  le  vert  émeraude  en  dissolution  dans  l'eau  ou  la  naphtaline  mono- 
bromée;  tantôt  en  lamelles  minces,  conservant  fréquemment  l'aspect  des 
cristaux  de  pyroxène  ou  d'amphibole  et  au  milieu  desquelles  s'aperçoivent 
souvent  des  inclusions  de  magnétite  restées  intactes.  Nulle  part  ces  produits 


948  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  décomposition  des  minéraux  à  l'air  ne  sont  plus  abondants  qu'à  Horta, 
ainsi  qu'on  devait  d'ailleurs  s'y  attendre.  Mais  partout  l'argile,  résidu 
final  du  règne  minéral,  est  en  proportion  considérable. 

La  poussière  de  Horla  est  encore  remarquable  par  la  présence  de  grains  de  feldspath 
(anorlliite,  labrador,  satiidine  et  orlhose)  et  même  de  quartz  (diam.  tnoy.  =  o™™,  3) 
arrondis.  Elle  contient  en  outre  obsidienne,  basalte,  augite,  péridol,  hornblende,  héma- 
tite et  chondres.  Tous  les  grains  étrangers,  quelle  que  soit  la  localité  où  on  les  recueille, 
ne  peuvent  avoir  été  amenés  que  par  l'action  du  vent. 

D'autre  part,  une  mesure  opérée  synlhéliquement  montre  que  ces  grains,  à  la  dimen- 
sion qu'ils  affectent  communément,  sont  transportables  par  des  vents  dont  la  vitesse 
atteint  à  peine  2™  à  a^.So  par  seconde  et  même  certains  faits  directement  observés 
dans  la  nature  (  pluies  de  pierres,  etc.  )  sembleraient  indiquer  que  celle  évaluation  est 
un  maximum.  Il  en  résulte  que  ces  poussières,  enlevées  aux  continents  et  portées  par 
d'aussi  faibles  mouvements  de  l'air,  puisqu'ils  sonl  qualifiés  en  Météorologie  de  calme 
ou  presque  calme,  sont  dispersées,  de  quelque  part  qu'elles  viennent,  sur  la  surface 
entière  du  globe. 

L'examen  d'un  nombre  considérable  d'échantillons  marins  elparticulière- 
ment  d'échantillons  profonds  très  éloignés  des  côtes,  prouve  que  les  résidus 
minéraux,  après  suppression  du  carbonate  de  chaux  par  l'acide  étendu, 
offrent  avec  la  poussière  de  clochers  la  plus  complète  identité  de  forme, 
d'aspect,  de  dimension,  de  nature  minéralogique  variée,  etc.  Leur  apport 
éolienà  la  surface  de  l'océan  et  leur  chute  finale  sur  le  solocéanique  semblent 
donc  hors  de  doute. 

11  en  est  de  même  de  l'apport  éolien  d'une  partie,  sinon  de  la  totalité,  des 
argiles  sous-marines  dont  la  distribution  sur  le  sol  océanique  à  l'état  de  vases 
profondes  bleues  ou  rouges  serait  à  la  fois  fonction  du  régime  des  vents  et 
de  celui  des  courants  marins.  Ces  minéraux  infiniment  fins  et  (loconneux 
s'accumuleraient  particulièrement  dans  les  parages  de  remous  oii  les  eaux 
tourbillonnant  sur  elles-mêmes  ou  plus  tranquilles  leur  permettraient  de 
descendre  sur  le  fond  et  de  s'y  accumuler. 

D'une  façon  générale,  les  dépôts  marins  profonds  seraient  d'origine  sur- 
tout organique,  animale  ou  végétale  (foraminifères,  diatomées,  etc.),  éo- 
lienne,  volcanique  sous-marine  et  cosmique. 

Les  sédiments  côtiers  résultant  de  phénomènes  d'abrasion  (action  de  la 
mer  sur  ses  rivages),  d'érosion  (action  des  agents  atmosphériques  à  la  sur- 
face des  continents)  et  apportés  par  les  fleuves,  et  dans  certains  |)arages, 
d'exaration  (action  de  la  glace),  se  reconnaissent  aisément  à  la  dimension 
notablement  plus  forte  de  leurs  grains  et  à  d'autres  caractères.  Ils  s'éloignent 
des  rivages  beaucoup  moins  tju'on  ne  l'avait  supposé  et  se  bornent  à  former 


SEANCE  DU  II  AVRIL  19IO.  g^g 

une  étroite  bordure  autour  des  continents.  L'aire  occupée  par  ces  fonds, 
dits  lerrigénes,  est  donc  très  petite  par  rapport  à  l'aire  des  fonds  pélagiens 
ou  de  haute  mer.  Le  terme  même  de  terrigènes,  tel  qu'on  l'emploie  d'ordi- 
naire, est  par  conséquent  d'une  précision  discutable  car,  en  raison  du  rôle 
important  que  jouent  les  débris  enlevés  aux  continents  par  une  action 
éolienne  et  transportés  sur  la  surface  entière  du  globe,  on  serait  en  droit  de 
l'appliquer  à  tout  le  lit  océanique. 


La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


BUI.I.KTIN     BIBI.lOORAPIIKjUE. 


Ouvrages  rkçus  dans  la  séance  du   i4  mars   1910  (suite). 

Die  sechzelinte  allgemeine  Konfere/iz  der  internationale  a  Erdmessung  zu 
London-Cani bridge,  September  1909,  von  F.-R.  Helmert.  (Extr.  de  Zeitschrift  fur 
Vermessungswesen^  année  1909,  fasc.  36.)  Stuttgart,  1909;  i  fasc.  in-S". 

Théorie  der  astrographischen  Orlsbeslinimung^  von  L.  de  Ball.  Vienne,  Alfred 
Hoider,  1909;  I  fasc.  in-8°. 

The  magnetic  storm  of  september  2.5,  1909,  and  tlie  associaled  solar  disturbance, 
by  WiLLiAM-J.-S.  LocKYER.  (Ex.tr.  de  Monlhly  Notices  of  the  Royal  Astrononiical  So- 
ciety, t.  LXX,  n"  1.)  Edimbourg,  Neill  et  C';  i  fasc.  in-8°. 

Die  Tiefe  der  Ausgleichsflàsche  bei  der  Prattschen  Hypothèse  fur  das  Gleich- 
gewicht  der  Erdkruste  und  der  Verlauf  der  Schwerestôrung  vont  Innern  der 
Konlinente  und  Oseane  nacli  den  Kiïsten,  von  F.-R.  Helmert.  {Sitzungsberichte 
der  koniglich-preussisclien  Akadeniie  der  Wissenschaflen,  25  November  1909.) 
Berlin  ;  i  fasc.  in-8". 

A  report  on  the  influence  of  forests  on  climate  and  on  floods,  by  Willis-L. 
MooRE.  (House  of  représentatives,  United  States  Conimittee  on  Agriculture.) 
Washington,  1910;  1  fasc.  in-S". 

A  barometer  manual  for  the  use  of  seamen;  with  an  appendi.v  on  the  thermo- 
meler,  liygrometer  and  hydrometer ;  issued  by  the  authority  of  ihe  Meteorological 
Committee.  {Officiai,  n°  61.)  Londres,  1909;  i  fasc.  in-8°. 

Corne  il  ternioscopio  ad  aria  fu  transformato  in  termonietro  a  liquida:  Memoria 
del  Prof.  Ignazio  Galli.  Rome,  1909;  i  fasc.  in-4"'. 

Die  Enlwicklung  der  Eisenindustrie  in  Deutschland,  von  W.  Mathesius.  Berlin, 
Kôniglichen  technischen  Hochschule,  1910;  f  fasc.  \n-[\°. 


gSo  ACADÉIvriK    UES    SCIENCES. 

Zur  Zerlegung  des  Ylterbiums,  von  C.  Auer  v.  Welsbach.  Vienne.  Alfred  Hôlder, 
1909;  I  fasc.  in-8°. 

//  vulcanismo  nel  terremoln  Calabio-Sictilo  del  28  diciembre  1908,  par  Leonardo 
RicciARDi.  (Extr.  du  Boll.  délia  Soc.  di  Nat.  in  /Vapoli,  t.  XXIII,  1909.)  Naples, 
Francesco  Giannini  et  fils,  1909;   i  fasc.  in-8°. 

Catalogue  0/ publications  of  Ihe  Geological  Surt'ey,  Canada,  revised  to  january, 
1909.  Ottawa,  1909;  I  fasc.  in-8''. 

A  descriptive  sketch  0/  t/ie  Geology,  and  économie  minerai  of  Canada,  by  G. -A. 
Yoing;  Introduction,  by  R.-W.  Brock.  Ottawa,  1909;  i  fasc.  in-8°. 

United  States  Geological  Survey.  Professional  papers.  6'»  :  The  Yakulal  bay 
regeion,  Alaska,  Physiography  and  glacial  Geology,  by  Ralph-S.  Tarr.  Areal 
Geology,  by  Ralph-S.  Tarr  and  Bert-S.  Butler.  —  66  :  The  Geology  and  ore  depo- 
silis  of  Gold/ietd,  Nevada,  by  Frederick  Leslie  Ransome,  assisled  in  ihe  field  by  W.-H. 
Emmons  and  G. -H.  Garrey. —  67  :  Landslidcs  in  Ihe  San  Juan  Mountains,  Colorado, 
including  a  considération  of  their  causes  and  iheir  classification,  by  Ernest  Howe. 
Washington,  Government  Printing  Office,  1909;  3  vol.  in-4°. 

Smithsonian  Institution.  Uniled  States  National  Muséum.  Report  on  Ihe progress 
and  condition  of  the  U.  S.  National  Muséum  for  Ihe  year  ending  June  3o,  1908. 
Washington,  1909;  i  vol.  in -8°. 

Report  of  the  agricullural  research  Inslitute  and  Collège  Pusa,  including  re- 
port of  the  impérial  cotton  specialist,  1907-1909.  Calcutta,  superinlendent  Govern- 
ment Printing,  India,  1909;  i  fasc.  in-S". 

Prospectus  of  the  agricultural  research  Institule  and  Collège  Pusa,  sanctioned 
by  the  Government  of  India,  Revenu  and  Agricultural  Department.  Calcutta,  1909; 
I  fasc.  in-8''. 

Report  on  the  progress  of  Agriculture  in  India  for  1907-1909.  Calcutta,  1909; 
I  fasc.  in-8°. 

Verslag  omirent  den  staat  van  het  Al gemeen-Proef station  le  Salatiga  en  de 
daarbij  hehoorende  hulp-inrichlingen  over  hetjaar  1908.  Java;  1  vol.  in-4''. 

Gulf  biological  Station.  Cameron,  La.  Bulletin  n°  14-  :  A  few  notes  the  habits,  life 
histor y  and  économie  value  of  doves,  by  Wm-H.  Gates.  Baton-Ronge,  1909;  i  fasc. 
in-S". 

Annota ted  list  of  the  Asiatic  Beelhles  in  Ihe  collection  of  the  Indian  Muséum, 
edited  by  the  superinlendent  Natural  History  Section;  part  1  :  Family  Carabidœ, 
subfamily  Cicindelinœ,  by  N.  Annandale  and  Walther  Horn.  Calcutta,  1909;  i  fasc, 
in-8". 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI   18  AVRIL  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUNIGATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  atinonce  à  l'Académie  le  décès  de  M.  Julius 
Kûhn,  Professeur  à  l'Université  de  Halle,  Correspondant  pour  la  Section 
d'Économie  rurale,  mort  le  if\  avril,  à  l'âge  de  85  ans. 

CORRESPOI\DAI\CE . 

M™*  Charcut  adresse  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Jean  Charcot^  un 
exemplaire  des  Cartes  provisoires  levées,  au  cours  de  l'Expédition  du 
Pourquoi- Pas?,  par  MM.  Bongrain  et  Prouch,  Enseignes  de  vaisseau. 

M.  le  Secrétaire  perpétuei,  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Le  Tome  XX  et  dernier  de  l'édition  nationale  des  Opère  di  Galileo 
Galilei. 

1°  Le  XXI"  Bulletin  chronométrique  de  l'Observatoire  de  Besançon, 
année  1908-1909,  publié  par  M.  A.  Lereuf,  Directeur  de  l'Observatoire. 

3°  Fabrication  et  emploi  des  matériaux  et  produits  réfractaires  utilisés  dans 
l'industrie,  par  M.  Albert  Granger.  (Présenté  par  M.  Troost.) 

ASTRONOMIE.  —  La  parallaxe  solaire  déduite  des  observations  micrométriques 
d'Éros  faites  en  1900-1901.  Note  de  M.  Arthur-R.  Hi\ks,  présentée 
par  M.  B.  Baillaud. 

Les  résultats  de  la  discussion  de  l'ensemble  des  observations  delà  planète 
Éros  que  j'ai  eu  l'honneur  d'annoncer  à  la  réunion  du  Comité  permanent 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  16.)  12^ 


952  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

de  la  Carte  du  Ciel,  en  avril  1909,  comprenaient  les  résultats  définitifs  pour 
les  observations  photographiques  ;  mais  pour  les  observations  micromé- 
Iriques  les  résultats  n'étaient  que  provisoires.  Pendant  ces  derniers  mois, 
j'ai  achevé  la  discussion  définitive  de  ces  mesures  ;  voici  le  résultat. 

Il  y  a  eu  deux  catégories  d'observations  micrométriques  :  1°  les  mesures 
proprement  dites,  dans  lesquelles  la  planète  est  liée  à  une  étoile  par  des 
mesures  micrométriques  directes  ;  2°  les  observations  de  passages,  où  les 
distances  sont  en  général  beaucoup  plus  grandes,  la  lunette  est  restée  fixe, 
et  les  différences  d'ascension  droite  entre  la  planète  et  l'étoile  sont  enregis- 
trées par  chronographe. 

l.  Mesures  micrométriques.  —  Le  mouvement  diurne  de  la  planète  était  si 
grand  qu'il  n'était  pas  possible  d'employer  la  même  étoile  le  soir  que  le 
matin.  Par  conséquent  l'incertitude  qui  reste  dans  les  positions  des  étoiles, 
tirées  de  mon  catalogue  photographique  normal,  peut  avoir  une  influence 
sensible  dans  les  équations  de  condition  formées  des  observations  d'un  seul 
observatoire.  On  peut  éviter  celte  influence,  en  partie,  par  la  combinaison 
des  observations  de  divers  observatoires  offrant  de  grandes  différences  de 
longitude. 

Dans  cette  recherche  j'ai  adopté  l'erreur  tabulaire  de  l'éphéméride  de  la 
planète  déduite  des  observations  photographiques.  La  forme  de  l'équation 
de  condition  devient  donc 

Ax  -t-  rt  P  -f-  «i  ^  o, 

où  Aa  est  le  résidu  de  l'erreur  tabulaire,  a  la  parallaxe  tabulaire  avec 

71:  =  8",  80;  (i  +  P)  X  8",  80  la  parallaxe  véritable. 

Comme  autrefois,  les  observations  sont  divisées  en  groupes,  par  demi- 
périodes  de  l'équation  lunaire. 

I.  En  combinant  les  observations  des  divers  observatoires  suivant  les  poids  déduits 
des  observations  mêmes,  nous  avons  : 

Groupe.  P.  Poids. 

0 , — 0,0025i  91 

I +o,ooo5i  345 

II -HO, 00104  i3oi 

III — 0,00166  1194 

IV' +o,ooo56  ii46 

V — 0,00072  '290 

VI H-o,oo334  695 

VU 4-o,ooo5o  490 


SÉANCE   DU    l8    AVRIL    19IO.  953 

d'où 

7:-=8",8o3±o",oo34. 

II.   En  combinant  toutes  les  observations  dans  un  seul  groupe  nous  avons 


III.  En  séparant  les  observations  de  chaque  observatoire  dans  un  seul  groupe,  on 
peut  déduire  un  résultat  pour  chaque  observatoire.  Si  nous  combinons  ces  résultats 
selon  leurs  poids  nous  avons 

7:  =  8",  80- ±  o",oo72. 

On  doit  remarquer  ici  que,  si  nous  n'avons  pas  introduit  dans  les  équations  de  condi- 
tion le  facteur  cosô,  c'est  parce  que  les  observations  pour  lesquelles  cosâ  est  plus 
petit  sont  faites,  au  contraire,  dans  des  conditions  plus  favorables,  exigeant  une  telle 
compensation  des  poids.  Si  néanmoins  nous  introduisons  le  facteur  cosâ  nous  avons  : 


TT  =  8",  8o4  ±  o",  oo35. 


IV.  (Modification  de  1) 

V.  (Modification  de  II) 

71  =  8",  808. 

VI.  (Modification  de  III) 

TT  =  8*,  808  ±  o",  007/i , 

et  les  résultats  sont  à  peu  près  identiques  aux  précédents. 

2.  Passages.  —  Si  l'étoile  de  comparaison  n'est  pas  tout  à  fait  de  la  même 
grandeur  que  la  planète,  la  différence  d'ascension  droite  enregistrée  sur  le 
chronographe  est  affectée  par  l'équation  de  grandeur  qui  ne  s'élimine  que 
si  la  même  étoile  est  employée  le  soir  et  le  matin.  Cela  peut  introduire  dans 
les  observations  de  celte  catégorie  une  erreur  assez  grave.  Dans  la  plupart 
des  séries  les  observations  ne  sont  pas  suffisamment  nombreuses  pour  rendre 
possible  la  détermination  de  cette  erreur.  Nous  avons  une  seule  série,  propre 
pour  celte  expérience,  la  grande  série  faite  par  Perrotin  avec  l'équalorial 
de  So''™  de  l'Observatoire  de  Nice.  Perrotin  n'a  publié  qu'une  solution  pré- 
liminaire pour  cette  série,  sans  explication  précise  de  sa  méthode  de  réduc- 
tion. II  trouve 

71  =  8»,  81. 

Dans  mes  calculs  pour  cette  série  j'ai  réduit  chaque  observation  à  la  posi- 
tion de  l'étoile  donnée  par  mon  catalogue  normal.  Et  comme  autrefois  j'ai 
divisé  les  observations  en  groupes  par  demi-périodes  de  l'équation  lunaire. 

V.  Si  nor?  employons  toutes  les  observations  (sauf  quelques-unes  très  en  désaccord), 


954  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  avons 

7[  =  8",8i6±o",o3o6. 

VI.  Si  nous  n'ulilisons  que  les  observations  employant  les  mêmes  étoiles  le  soir  et 
le  malin 

T.  =  8", 809  ±  o",o3io. 

Vil.  Si  nous  comparons  directement  les  groupes  de  la  soirée  et  du  matin,  comme  l'a 

fait  Perrotin,  nous  avons 

7:  =  8",8i6±o",o3i8. 

Ces  trois  résultats  sont  donc  en  accord  avec  le  résultat  de  Perrotin,  tt  =r  8",  81,  sans 
indication  de  l'erreur  probable. 

Les  autres  séries  d'observations  de  passages  sont  beaucoup  moins  complètes  et 
donnent  des  résultats  peu  en  accord  avec  les  autres. 

VIII.  Si  nous  utilisons  ces  observations,   nous  avons  pour  résultat  de   toutes  les 

séries  de  passages 

7r  =  8",839±o",oi46. 

IX.  Si  nous  divisons  toutes  les  observations  de  passages  en  groupes  de  1 4  jours, 
comme  autrefois,  nous  avons 

■K—  8",  835  ±0",  076. 

Conclusions.  —  Il  est  bien  évident  que  les  observations  de  passages  don- 
•  nent  un  résultat  beaucoup  moins  précis  que  les  mesures  micrométriques,  et 
cette  conclusion  était  bien  attendue,  seulement  il  est  bien  difficile  de  com- 
biner ces  solutions  différentes  avec  des  poids  justes. 

Les  quatres  résultats  principaux  sont  : 

1.  7t  =  8",  8o3  ±  o",oo34, 

III.  7:  =  8  ",  807  ±0",  0072, 

VIII.  7r  =  8",839±o",oi46, 

IX.  7r  =  8",835±o",oi76, 

dont  VIII  et  IX  sont  beaucoup  plus  sujets  à  des  erreurs  systématiques  que 
I  et  III.  De  plus,  si  nous  jugeons  seulement  ces  résultats  YIII  et  IX  par 
leurs  erreurs  probables,  nous  ne  pouvons  leur  donner  un  poids  sensible. 

Il  me  semble  que  nous  pouvons  conclure  pour  le  résultat  définitif  des 
observations  micrométriques 

TT  =  8",  806  ±  o",004, 

résultat  qui  s'accorde  absolument  avec  le  résultat  annoncé  il  y  a  une  année 
pour  les  observations  pbotograpbiques,  et  qui  clôture  bien  l'entreprise. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1910.  gSS 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  comète  de  Halley.  Note  de  M.  Giacobini, 
présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

J'ai  riionneur  de  présenter  à  l'Académie  les  résultats  d'une  observation 
delà  comète  de  Halley,  faite  le  17  avril  à  l'Observatoire  de  Paris,  de  iG" 
à  1%^  (temps  astronomique). 

Cet  astre,  qui  nous  apparut  toujours  très  faible  à  M.  Chatelu  et  à  moi, 
qui  l'avons  régulièrement  observé  à  l'équatorial  de  l'Est  du  5  novembre  1909 
au  7  mars  1910,  est  considérablement  grossi.  Estimé  9,5  le  7  mars,  sa 
grandeur  est  actuellement  comprise  entre  2  et  2,5.  Le  Soleil  était  levé  que 
la  comète  continuait  à  être  facilement  visible  au  chercheur  de  4  pouces. 

Si  l'on  se  base  sur  les  distances  au  Soleil  et  à  la  Terre  fournies  par  les 
éphémérides  et  sur  le  nombre  2, ri  adopté  par  le  Bureau  des  Longitudes 
pour  fixer  la  relation  entre  l'éclat  et  la  grandeur,  la  grandeur  de  la  comète 
de  Halley  atteindrait,  les  18,  19  et  20  mai,  les  valeurs  négatives  de  (—  i,3) 
à  (—  1 ,8).  C'est  dire  que  l'astre  deviendrait  plus  brillant  que  les  étoiles  de 
première  grandeur. 

La  tète  de  la  comète  est  formée  d'une  nébulosité  circulaire  de  3o"  à  35" 
de  diamètre  avec  forte  condensation  centrale.  Son  apparence  est  stellaire. 
On  ne  distingue  aucune  queue,  sinon  un  petit  renflement  de  la  nébulosité 
circulaire,  dans  l'angle  de  position  de  35o°  et  mesurant  à  peine  une  minute 
d'arc  de  longueur. 


GÉOMÉTRIE.    —  Sur  une  nouvelle  classe  de  surfaces. 
i\ote  de  M,  Tzitzéica. 

Considérons  une  surface  S  pour  laquelle  on  a  K  :jo"=  const.,  K  étant  la 
courbure  totale  en  un  point  M  et  p  la  distance  d'un  point  fixe  O  au  plan 
tangent  en  M  à  S.  Si  l'on  suppose  S  rapportée  à  ses  lignes  asympto- 
tiques  (»,  v),  les  coordonnées  x,  j,  ~  de  M  sont  trois  intégrales  linéaire- 
ment indépendantes  d'un  système  de  la  forme 

et  réciproquement.  Dans  le  cas  où  S  n'est  pas  réglée,  on  peut  prendre 

„^  '  à^'  ,       '  ,1  ,,      I  û/i 

«  Ou  h  h  h  de 


956  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  h  est  alors  une  intégrale  de  l'équation 

^    '  Ou  Oi-  h^ 

peu  différente  de  celle  qui  intervient  dans  l'étude  des  surfaces  à  courbure 
totale  constante. 

1.  Cela  étant,  on  peut  trouver  pour  ces  surfaces  S  une  transformation 
dépendant  de  quatre  constantes  arbitraires  et  qui,  appliquée  successive- 
ment, permet  d'en  déduire  de  nouvelles  surfaces  S  contenant  autant  de 
constantes  que  l'on  voudra. 

Posons  en  effet 

\+ct)  log  H  dx        I  —  c  {)  log  l{  dx 


.c,  =  a;  • — 


/(  de       Ou  II  du 


et  des  formules  analogues  pour  y,  et  :;,  ;  R  étant  une  intégrale  du  système 
complètement  intégrable 

/>    AM  I  _i_  /<    T     AM  ,12  U 

=  AR, 

I    nu-  Il   (lu    tlii  I  —  !•  h    rlv  fin  {H- 

(3) 


&'  K        i   dh  àK        I  +  c  I  ÙK 

dU\ 

du-        Il  du  du        1  —  c  h   àv 

du  di 

d'R             i  —  cid\\        I    dh  àK 
dv"^             1  +  c  II   du        II  dv  di' 

et  e une  constante  arbitraire.  Comme  a;,,/, ,3,  vérifient  un  système  de  la 
forme  (i),  le  point  M,(x-,,>',,  :?,)  décrit  une  surface  S,  pour  laquelle  on 
a,  comme  pour  S,  K:yj'  =  const.  Or  l'intégrale  générale  de  (3)  dépend  de 
trois  constantes  arbitraires;  la  surface  S,  en  contient  par  conséquent  quatre. 

Les  droites  MM,  quijoignent  les  points  correspondants  de  S  et  S,  forment 
une  congruence  admettant  S  et  S,  comme  surfaces  focales.  Comme  sur  ces 
surfaces  il  y  a  correspondance  des  lignes  asymptoliques,  la  congruence 
est  W. 

Si  l'on  considère  deux  intégrales  R,  et  R^  linéairement  indépendantes 
de  (3)  et  les  surfaces  S,  et  So  correspondantes,  parmi  les  transformées  de 
S,  et  de  Sj,  il  y  a,  en  dehors  de  S,  une  et  une  seule  commune. 

2.  A  cette  transformation  géométrique  des  surfaces  S  coiTcspond  une 
méthode  simple  pour  obtenir,  à  partir  d'une  intégrale  /i  de  Férpiation  (2), 
d'autres  intégrales  dépendant  de  constantes  en  nombre  indéfini.  Si  R  est 
en  effet  l'intégrale  générale  de  (3), 

,        2   dW  Ol\ 
11^  du   dv 

est  une  nouvelle  intégrale  de  (2)  dépendant  de  quatre  constantes  arbitraires. 


SÉANCE    DU    IiS    AVRIL    IQTO. 


9''7 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l'équalion  fonclwnnelle  linéaire. 
Note  ('  )  de  M.  A.  Blondel,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

La  présente  Note  a  pour  but  do  montrer  que,  si  l'on  connaît  les  nombres 
fondamentaux  et  les  fonctions  fondamentales  d'un  noyau  K(j7,  j'),  on  saura 
résoudre  l'équation  fonctionnelle 


(0    <?(J'i ^p) 

où  l'on  a  posé 


-/■•■/V;: 


■  ■■■yp/ 

K(x,.j,) 


?(.ri 


K.{.r,.jp)    I 

^i-fp-yp)  1 


et  de  trouver  le  développement  de  certaines  fonctions  de  plusieurs  variables, 
au  moyen  des  fonctions  fondamentales  deK(aT,  y). 

Supposons  d'abord  K  (x,  y)  symétrique  en  x,  y,  et  continu.  Soient  A, ,  A^ ,  . . . 
les  nombres  fondamentaux,  qui  sont  réels,  rangés  par  ordre  de  modules 
non  décroissants,  (p,(cc),  o^Çx),  ...  les  fonctions  fondamentales  corres- 
pondantes. 

Pour  simplifier  l'écriture,  nous  poserons 

?a,(.i'i) 


t,,('r, Jr^): 


'^aA-Tp^ 


où  nous  supposerons  a,  <^  a.,  <^  . . .  <  a^. 

On  aura  alors  les  égalités 


X--X' 


,(-^1- 


■^e,,)  op, Pj,(j:i .rp)ctei  ...  dx,, 


p\         (si  «,  =  (3, a,,=  j3p), 

o  (dans  le  cas  conlrairo). 


Théorème  I.  —  Si  la  série  \^ 


y,(.x-)?/(r) 
't'i 


est  uniformément  com'ergente, 


on   sait  quelle   représente   K(a;,  y).    Dans  ce  cas,   on  pourra   développer 


K  (  '  '  '  •  ■  "  '  ■  i'\  sous  la  forme 


(2)      IV| 


.r,./ 


>.. 


r,{-Vi '^p)9o., a,,(,)-i. 


.'V). 


(  ';    Présentée  dans  la  séance  du  4  avril  igu 


gSB  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  ta  série  multiple  du  second  membre  converge  uniformément ,  lorsque  les  x  et 
les  j'  sont  compris  entre  a  et  b. 

La  démonstration  consiste  à  appliquer  le  théorème  de  Cauchy  au  produit 
des  deux  matrices 


>.,^9,(.r,)      ...     l,^^- w„{xi) 


^1 '?.(//>) 


et  à  faire  croître  ensuite  n  indéfiniment. 
De  l'équation  (2)  on  tire  par  intégration 


K---  >'» 


?a,  (■/■)!  )        ...       9a„  +  ,,(-0i) 
Il   9a, (-l,,)       •  ••       9a„+, (■'■;«) 


et 

/''V,,  J„        Vnu     ■■■,     r;„;     x,,     ...,     x,,J 

<?a,(S.)        ••■       9a„+,,(4l) 
9a,  (t„)       •••       9a„  +  ,,(H") 

Remarquons  que  la  formule  (2)  montre  que,  pour  qu'un  noyau  symé- 
trique soit  défini  positif,  il  est  nécessaire  que  K  (   ,"    ''     '  j  soit  positif. 

Cela  résulte  de  ce  fait  que  les  X  sont  alocs  tous  positifs,  et  que  le  déve- 
loppement de  K(a7,  j)  est  toujours  possible.  (MERCEn,  Philos.  Trans., 
vol.  CCIX.) 

TuKORÈME  II.  —  Si  une  fonction  *P(x,,  ...,œ^,)  peut  se  mettre  sous  la  forme 


elle  peut  se  développer  sous  la  forme 


y,'  / 


/'(/, 


r,,)drt  .  . .  (/y,.. 


où  A^^    5(  est  donné  par  l'égalité 

(*•)      Aa, a,,=  — j    /      ■■•f     ^'^*{-fi-  ■  ■■,^p)<?oi,....  c^yi-^i-  ■  ■■^•'^i')drt  .  .  .  (/.r,,. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1910.  Ç)5g 

Pour  le   démontrer,  j'emploie  le  théorème  de  E.  Schmidt  sur  le  déve- 
loppement des  fonctions  qui  peuvent  se  mettre  sous  la  forme 


/"'■ 


y)  f'(y)dy. 


Théorème  III.  —  Les  nombres  fondamentaux  du  noyau  symétrique 


\ri-  •  ••'  .>'/' 

sont — ^-^^^^i^ — -,  et  les  fonctions  fondamentales  normales  correspondantes  sont 

slp\ 

Il  suffît  de  vérifier  que  ce  sont  bien  des  nombres  fondamentaux  et  des 
fonctions  fondamentales.  Il  n'y  en  a  pas  d'autres;  cela  résulte  du  théorème 
précédent  et  du  théorème  déjà  cité  de  E.  Schmidt,  appliqué  au  noyau 

■vr  l^\>    •  •  •  >  ^p 
\Ji.    ••-.  Jp 

Théorème  IV.  —  U égalité  {^^  subsiste  encore,  pourvu  qu'on  ait  seulement 
l'égalité  numérique 

-^  /     ■■•j     [^{x,.,  ...,j:p)Ydj-,...dXp-^Xl^ «,,. 

Pour  le  faire  voir,  je  démontre  que  la  série  multiple  SA^,  . ...»  est  con- 
vergente et  que  SA^^^  „  ip„^  a,(^n  •  •  ■  >  ^/>)  est  uniformément  conver- 
gente. 

A^e  supposons  plus  maintenant  Is^i^x,  y)  symétrique.  Soient  A,,  A„,  ... 
les  nombres  fondamentaux,  qu'on  peut  supposer  positifs; 

i|>,(j-),     ^i{x),      ... 

les  fonctions  principales  correspondantes. 

Les  théorèmes  I,  II  et  III  se  généralisent  immédiatement.  De  III  résulte 
qu'on  saura  résoudre  l'équation  (i). 

Je  donnerai  ailleurs  les  démonstrations  complètes. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  16.)  I27 


960  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉCANIQUE.    —   Sur  le  mode  d'action  des  roues  motrices. 
JNole  de  M.  A.  Petot. 

Quand  on  étudie  comparativement  les  divers  genres  de  véliicules  auto- 
moteurs, la  première  question  qui  se  pose  est  de  voir,  pour  chacun  d'eux, 
de  quelle  façon  les  roues  motrices  entraînent  le  châssis.  On  croit  générale- 
ment que  c'est  par  l'intermédiaire  de  leurs  essieux  et  des  organes  annexes. 
C'est  en  effet  ce  qui  se  passe  le  plus  souvent,  mais  il  n'y  a  rien  là  de 
nécessaire;  les  essieux  des  roues  motrices  peuvent  très  bien  retenir  le  châs- 
sis au  lieu  de  le  pousser.  Voici  comment  s'explique  ce  fait,  d'aspect  para- 
doxal, dont  nous  donnerons  plus  loin  un  exemple  tiré  de  l'étude  de  la 
locomotive. 

Chaque  roue  motrice  est  en  relation  avec  le  châssis,  d'abord  par  son 
essieu,  qui  porte  une  partie  de  la  charge,  comme  celui  d'une  roue  traînée, 
et,  en  outre,  par  un  certain  mécanisme  A,  qui  lui  communique  le  mouve- 
ment du  moteur.  Les  actions  motrices  exercées  par  ce  mécanisme  peuvent 
être  réduites,  en  général,  à  un  couple  $  et  à  une  force  F  appliquée  au 
centre  O  de  la  roue.  Soient  X  la  composante  horizontale  de  F  évaluée  dans 
le  sens  du  mouvement,  Y  sa  composante  verticale  comptée  positivement  du 
bas  vers  le  haut,  et  T  l'effort  de  locomotion  disponible  à  la  jante  de  la 
roue.  On  sait  que  l'essieu  doit  transmettre  au  châssis  l'effort  horizontal 
X  +  T,  somme  algébrique  de  X  et  de  T;  il  le  pousse  donc,  ou  le  retient, 
suivant  que  cette  somme  est  positive  ou  négative.  L'entraînement  du  châssis 
se  fait,  dans  le  premier  cas,  par  les  organes  annexes  B  de  l'essieu,  et,  dans 
le  second,  par  le  mécanisme  A  lui-même. 

C'est  le  dispositif  adopté  pour  le  mécanisme  A  qui  donne  à  chaque  genre 
de  véhicule  son  caractère  distinctif.  Les  organes  B  doivent  en  effet  être 
choisis  d'après  ce  dispositif,  et  tous  les  autres  éléments  essentiels  s'en 
déduisent  presque  forcément,  avec  des  variantes  portant  seulement  sur  des 
détails.  Si,  par  exemple,  le  mécanisme  A  est  tel  que  la  force  X  ait  une 
valeur  positive  élevée,  ce  mécanisme  retenant  énergiquement  le  châssis,  qui 
en  reçoit  la  force  —  X  dirigée  vers  l'arrière,  il  faut,  par  compeftsation,  que 
les  organes  B  exercent  un  effort  d'entraînement  bien  supérieur  à  T,  et  l'on 
doit  les  établir  en  conséquence.  Au  contraire,  si  la  force  X  est  négative  et 
plus  grande  que  T  en  valeur  absolue,  le  mécanisme  A  exerçant  à  lui  seul  un 
effort  d'entraînement  —  X  supérieur  à  T,  il  faut  bien  que  les  organes  B 
retiennent  de  leur  côté  le  châssis,  et  l'on  doit,  cette  fois,  les  disposer  en  vue 
de  cette  seconde  fonction  différente  de  la  première. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  igiO.  961 

Dans  le  cas  des  automobiles  à  chaînes,  avec  moteur  à  quatre  cylindres, 
la  somme  X  +  T  a  constamment,  à  part  quelques  instants  très  courts,  une 
valeur  positive  assez  élevée,  et  l'on  voit  que  les  tendeurs  de  chaînes  ont  à 
jouer  le  rôle  de  bielles  de  poussée.  Ce  résultat  bien  connu  tient  d'ailleurs 
uniquement  à  ce  que  les  pignons  de  chaînes  sont  en  avant  des  roues  mo- 
uices.  Si  les  roues  d'avant  étaient  motrices  et  les  pignons  de  chaînes  en 
arrière  de  ces  roues,  tout  changerait;  l'entraînement  du  châssis  se  ferait 
par  les  chaînes  et,  en  môme  temps,  les  tendeurs  deviendraient  des  bielles  de 
retenue. 

Le  problème  se  complique  un  peu  dans  le  cas  des  voitures  à  cardans, 
parce  que  le  mécanisme  A  n'est  plus  complètement  distinct  des  organes  B. 
On  doit  pour  cela  tenir  compte,  non  seulement  des  forces  X  et  T,  mais 
encore  des  multiples  réactions  qui  s'exercent  entre  ce  mécanisme  et  ces 
organes.  Les  résultats  que  l'on  obtient  sont,  à  cause  de  la  grande  variété 
des  dispositifs  adoptée,  trop  complexes  pour  qu'il  soit  possible  de  les 
résumer  ici.  Je  citerai  seulement  une  propriété  simple,  commune  à  tous 
ces  dispositifs,  à  savoir  que  la  force  X  y  est  beaucoup  moins  élevée,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  que  dans  le  cas  des  transmissions  par  chaînes.  Elle 
explique  que  l'on  ait  pu,  au  début  de  l'automobilisme,  quand  les  voitures  à 
cardans  étaient  de  faible  puissance,  faire  entraîner  directement  le  châssis 
par  les  ressorts,  sans  employer  ni  bielles  de  poussée,  ni  jauibes  de  force. 

Dans  le  cas  de  la  locomotive,  le  système  A  comprend  pour  chaque 
cylindre  :  le  fluide  évoluant,  le  piston,  sa  tige,  la  crosse  et  la  bielle;  il  fait 
ainsi  partie  intégrante  du  moteur.  On  doit  tenir  compte  des  forces  d'inertie 
qui  se  développent  dans  sa  masse,  car  elles  se  comportent  comme  des  forces 
extérieures  et  sont  transmises  au  châssis  en  même  temps  que  l'effort  de  la 
locomotion  T.  En  outre,  comme  on  ne  peut  pas  déterminer  séparément  cet 
effort  pour  chacune  des  roues  motrices  et  pour  les  roues  des  essieux  accouplés, 
du  moins  sans  faire  intervenir  les  propriétés  élastiques  du  système,  ce  qui 
présenterait  de  grandes  difficultés,  il  faut  considérer  ici  les  sommes  IX 
et  2T  étendues  à  toutes  ces  roues. 

On  a,  avec  les  notations  ordinaires, 

et 

(2)  iX  — S-S'-+-F,. 

en  désignant  par  S  la  somme  des  pressions  de  la  vapeur  sur  les  fonds  arrière 


962  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  cylindres,  par  S' la  somme  analogue  pour  les  fonds  avant,  et  par  F,-  la 
résultante  des  forces  d'inertie  horizontales  du  mécanisme  A,  évaluée  positi- 
vement vers  l'avant.  Tous  les  éléments  qui  interviennent  dans  la  question 
peuvent  ainsi  être  déterminés,  soit  par  le  calcul,  soit  à  l'aide  de  graphiques. 
Voici  les  résultats  qu'on  obtient  dans  le  cas  où  la  vitesse  est  assez  faible  pour 
que  la  force  d'inertie  F,  soit  négligeable. 

Pendant  le  demi-tour  de  roues  où  l'on  a  S  >  S',  l'essieu  moteur  et  les 
essieux  accouplés  poussent  constamment  le  châssis  par  l'intermédiaire  des 
plaques  de  garde  avant.  L'effort  total  de  poussée  S  —  S'  +  ST  peut  monter, 
par  exemple,  jusqu'à  20000''^,  tandis  que  ST  ne  dépasse  guère  4ooo''8.  Cela 
tient  à  ce  que  la  vapeur,  qui  fait  partie  du  système  A,  exerce  sur  le  châssis, 
par  les  fonds  du  cylindre,  un  effort  de  retenue  égal  à  S  —  S',  qui  doit  être 
équilibré  par  un  effort  de  poussée  supplémentaire  de  même  valeur. 

Au  contraire,  pendant  l'autre  demi-tour,  où  l'on  a  S'>>S,  les  mêmes 
essieux  retiennent  le  châssis  par  l'intermédiaire  des  plaques  de  garde  arrière, 
dès  que  la  différence  S'  —  S  est  supérieure  à  ST.  C'est  alors  la  vapeur  qui 
pousse  directement  le  châssis,  par  les  fonds  des  cylindres,  malgré  les  efforts 
de  retenue  exercés  par  les  essieux. 

Le  châssis  d'une  locomotive  est  donc,  à  chaque  tour  de  roues,  alternative- 
ment poussé  et  retenu  par  l'ensemble  des  essieux  moteurs  et  accouplés.  Pi'a- 
tiquement,  on  doit  répartir  aussi  également  que  possible  l'effort  total  de 
poussée  S  —  S'  -+-  ST  entre  ces  divers  essieux.  Le  calcul  montre  que  la  dis- 
position ordinaire  des  bielles  d'accouplement  est  pour  cela  avantageux,  et 
qu'il  faut,  par  contre,  éviter  le  dispositif,  employé  quelquefois,  qui  consiste 
à  articuler  ces  bielles  aux  extrémités  de  deux  manivelles  spéciales,  calées 
à  180°  des  manivelles  motrices.  On  s'expose  en  effet,  dans  ce  cas,  à  ce  que 
les  essieux  accouplés  retiennent  précisément  le  châssis  â  l'instant  où  l'essieu 
moteur  doit  le  pousser. 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  frollemenl  intérieur  des  métaux  aux  basses 
températures.  Note  de  MM.  C.-E.  Guye  et  H.  Scuapper,  présentée 
par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Nous  avons  poursuivi  l'étude  du  frottement  intérieur  des  métaux  aux 
basses  températures  en  employant  la  même  méthode  et  le  même  dispositif 
que  MM.  C.-E.  Guye  et  V.  Freedericksz  ('). 

(')  Comptes  rcndiix.  6  décembre  1909. 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I910.  968 

Ces  nouvelles  recherches  ont  porté  sur  le  cuivre,  le  zinc,  l'or,  le  nickel,  le 
palladium  et  \q  platine.  Le  Tableau  suivant  les  résume;  les  plus  grandes  am- 
plitudes étaient  comprises  entre  i",  5  et  2°. 

Cuivre.  Zinc.  Oi-.  Nickel.  Palladium.        Plaline. 

Longueur 22"»,5.  2-2'",3.  22'",3.  22°», 2.  22"", 2.  23"",0. 

Diamètre 0"'»,6426.      O-^SO-jT.      0'"°',6092.      0°'",4113.        0""»,5.5.32.        0"'",8117. 

1  C„ 24,06  000,0  27,49  1,336  1,674  2,976 

loo"'   T 2%38i  »  3^,010  3=,83i  2',.57(|  i%i43 

(   Nxio~"....  3,320  »  2,549  7i539  5,o83  •''1769 

1  Co 8,248  277,6  8,592  0,7664  0,9286  3,457 

So-I  T 2S358  4»,43o  2', 988  3%8oi  2%576  im35 

(Nxio-"....  3,385  2,3i3  2,586  7,658  5,095              » 

I  C„ 5,877  197,3  4.818  0,4172  1,249  4,596 

0°    T i',336  ^4^,026  2%969  3^7.J4  2%57i  i%i33 

'nxio-"....  3,449  *2,383  2,620  7,85i  5,ii5              » 

i  Co 3,780  36,28  3,093  0,8372  1,175  4,276 

— 80° <  T 2',3o6  3% 622  2^,940  3^,677  2% 566  1',  i23 

(  Nxio~"....  3,539  2,940  2,672  8,i83  5,i35              » 

(  Co 3,643  10,42  6.358  0,5558  0,7444  3,024 

— 195°     T 2% 274  3^539  2% 902  3% 577  2', 552  I*,  III 

(Nxio-"....  3,64o  3,084  2,742  8,647  5, 191  6,098 

Co,  coefficient  d'amorlissement  réduit  aux  amplitudes  infiniment  petites. 

T,  période  d'oscillation. 

N,  second  module  d'élasticité. 

L'examen  de  ce  Tableau  met  en  évidence  les  points  suivants  : 

I"  Le  cuivre  et  le  zinc  ont  des  coefficients  d'amortissement  franchement 
décroissants,  comme  l'argent,  l'aluminium  et  le  fer. 

2°  L'or  a  montré  le  même  relèvement  de  coefficient  à  la  température  de 
l'air  liquide  que  dans  les  expériences  antérieures. 

3°  Le  nickel,  le  palladium  et  le  platine  (métaux  peu  fusibles)  ont  des 
coefficients  d'amortissement  trop  petits  pour  qu'il  soit  permis  de  conclure 
avec  certitude  à  une  loi  de  variation  de  ce  coefficient  avec  la  température. 

Cependant  pour  le  platine  (métal  pour  lequel  les  expériences  ont  été  effec- 
tuées sur  g  fils  de  trois  diamètres  difTérents)  nous  avons  toujours  trouvé 
à  0°  et  à  —  80°  un  coefficient  Co  plus  grand  qu'à  -1-  100°  et  qu'à  —  19'J". 

4"  Comme  dans  les  expériences  précédentes,  nous  avons  constaté  que  le 
coefficient  Cq  varie  en  fonction  linéaire  de  l'amplitude  et  que  le  deuxième 
module  d'élasticité  augmente  lorsque  la  température  s'abaisse. 

En  résumé,  l'ensemble  de  ces  expériences  et  celles  de  la  Note  citée  ne 


C)64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pei-melleiU  pas  de  considérer  en  général  le  coefficient  d'amortissement  C 
Gomme  décroissant  constamment  au  fur  et  à  mesure  que  la  température 
s'abaisse.  Chaque  fois  qu'on  modifie  la  température  ou  l'action  mécanique 
(tension  du  fil,  amplitude,  etc.),  il  tend  à  se  produire,  plus  ou  moins  rapide- 
ment, un  équilibre  nouveau,  et  ce  nouvel  équilibre  agit  sur  le  coefficient  il 
alors  qu'il  laisse  presque  intacte  la  valeur  du  module  d'élasticité.  Des  fils  de 
platine  en  apparence  identiques,  ayant  subit  simultanément  le  même  recuit, 
ont  des  coefficients  C  souvent  très  différents.  11  n'est  donc  pas  possible,  dans 
ces  conditions,  d'établir  une  relation  certaine  entre  les  dimensions  du  fil  et 
le  coefficient  G.  Le  même  fait  a  été  observé  sur  des  fils  d'or  recuits,  malgré 
la  grande  pureté  de  ce  métal  ('  ). 

PHYSIQUE.  —  ^Jou^>ements  d'un  liquide  dans  un  tube.  Note  de  M.  Mexxeret, 
présentée  par  M.  E.  Bouty. 

I.  Oscil/alions  d'une  colonne  liquide  dans  un  tube  e/i  U.  —  Soient  «,  et  «3 
deux  amplitudes  consécutives  d'un  même  côté  de  la  position  d'équilibre; 

l'amortissement  est  alors  —  que  j'appelle  A.  Pour  éliminer  l'erreur  de  zéro 

provenant  de  la  petite  quantité  de  liquide  adhérente  à  la  paroi,   ou  fait 

l'observation  (au  cathètomètre)  en  produisant  la  même  amplitude  initiale  a^ 

soit  au-dessus,  soit  au-dessous  de  la  position  d'équilibre,  et  l'on  prend  pour  «^ 

,  a\  -H  à' 

la  moyenne  -^-^ — -  ■ 

On  sait  que  la  période  T  du  mouvement  amorti  est 

T'         T.    /       ,  '"S'A       . 

T'=Tl/  n-  r-zr. — r- 
T  période,  dans  le  cas  d'un  amortissement  nul,  est  donné  par 

/  étant  la  longueur  de  la  colonne  liquide. 

Les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 

i"  Le  mouvement  oscillatoire  se  fait  suivant  deux  régimes  selon  la  nature 
de  l'amortissement. 

('  )  C.-K.  GuYK  el  V.  Frf.ederk.ksz,  Aich.  de  Genève,  janv.,  févr.,  mars  1910. 


SÉANCE    DU    18    AVRIL    I910.  9'i5 

Le  premier  régime  se  produitlorsque  A  est  >>  .3,iG  (c'est-à-dire  >>  v'io), 

quels  que  soient  le  liquide  et  les  dimensions  de  la  colonne.  Dans  ce  régime,  — 

est  indépendant  de  l'amplitude. 

Le  second  régime  se  produit  lorsque  —  <  3,1(3,  quels  que  soient  le  liquide 

et  les  dimensions  de  la  colonne.  Dans  ce  régime,  l'amortissement  —  est  une 
fonction  de  l'amplitude  qui  s'écrit 

«3         \«3/o  V  ri     '/ 

/■,  rayon  ;  /,  longueur  de  la  colonne  liquide.  /,'  est  alors  une  constante  indépendante  de 
la  nature  du  liquide  et  des  dimensions  de  la  colonne  liquide. 

Pour  les  deu\  régimes,  le  coefficient  de  frottement  n  est  le  même,  et  l'on  est  conduit 
à  admettre  (|ue  la  longueur   du   chemin   suivant   lequel   s'elTectuenl    les   frottements 

est  l  dans  le  premier  régime,  et  — j —  (pour  amplitudes  très  petites)  dans  le  second 

1  log  Aç 

régime,   ce    qui    indique    la    production    d'un    mouvement   complexe    (tourbillons), 

car  alogAo  est  <  1  dans  le  second  régime. 

2°  Le  coefficient  de  frottement  rj  (que  Ton  mesure  par  la  méthode  de 
Poiseuillc)  est  donné  ici  par  : 

r    \  n  •  ■     ■  U/'-logA 

(i)  r'remier  régime Ti  =1  -. — 

4  r  loge 

,    ,                       r\        ■'          •    ■                                                          y./--log"-A„ 
(2)  Deuxième  régime r,  =^  ~r7T- — ^ 

Dans  l'équation  (2),  T'  se  rapporte  aux  amplitudes  très  petites;  u.,  masse 
spécifique  du  liquide;  r,  rayon  du  tube.  D'où  deux  méthodes  simples  pour 
mesurer  y]  en  valeur  absolue,  car  il  suffit  de  déterminer  une  seule  valeur  de 

—  pour  obtenir  soit  A,  soit  A». 
^3 

3°  D'après  (i)  et  (2),  le  passage  d'un  régime  à  l'autre  a  lieu  pour 
logA  =  logA,,  =  -•  J'appelle  A^  cet  amortissement  critique;  la  période  cri- 
tique est  alors 

Loi  du  point  critique.  —  1°  L'amortissement  critique  est  toujours 
logA,.  =  -;  2°  la  période  critique  est  proportionnelle  àrV.êj^  à  --• 


966  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l\°  Les  équations  (i)  et  (2)  s'écrivent  alors  : 

T' 
l'remier  régime 2  logA    =  ^=7- 

t:. 


T' 

Deuxième  régime 4  'og^  AQr=  — - 


Loi  des  états  correspondants.  —  Dans  les  deux  régimes,  pour  des  périodes 
correspondantes,  l'amortissement  est  le  même  quels  que  soient  le  fluide  et 
le  rayon  du  tube. 

II.  Écoulemejil  uni/orme  d'un  liquide  dans  un  tuherectiligne.  —  J'ai  repris 
cette  étude  par  un  dispositif  simple  : 

i"  J'ai  retrouvé  (résultat  connu)  qu'il  y  a  aussi  deux  régimes  et  que, 
comme  l'indique  M.  Reynolds,  on  a  pour  la  vitesse  critique  V,. 

P-r\, 

■ =  1000. 

1°  Le  premier  régime,  dit  de  Poiseuille,  est  représenté  par 

^__8yWD_  (H  cl.arge,  D  débit) 

■nr\£^lj. 

lorsque  le  débit  (ou  la  vitesse)  est  très  petit. 
J'ai  trouvé  que,  quand  V  n'est  pas  très  petit,  il  faut  écrire 

.,  D^  8r,/D 

(0 


yT-ig'K'r''        r.r'-gix' 

a  (fonction  du  rayon  seul)  varie  de  —  pour  r=  o  à  0,06  quand /"augmente. 

Le  premier  membre  représente  donc,  dans  tous  les  cas,  la  charge  absorbée 
par  les  frottements. 

3°  Le  deuxième  régime  est  caractérisé  par  l'équation 


l       J      ^  '  \\, 

quels  que  soient  le  liquide  et  le  tube. 

V,  vitesse  moyenne  ;  V^.,  vitesse  critique  calculée  par  la  formule  Reynolds  ; 

L,  longueur  calculée  par 

__  Tir''gHoiJ. 
^"^       8-oD      ' 

Hfl,  charge  absorbée  par  les  frottements,  c'est-à-dire  la  charge  totale  H 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I910.  967 

diminuée  de  la  perte  de  charge  à  l'origine  du  tuyau  qui  est  donnée  par  'J  ,  ^ 
dans  le  deuxième  régime. 

L  mesure  alors  la  longueur  du  chemin  suivant  lequel  se  produisent  les 
frottements.  On  trouve  toujours  L  ]>  /,  ce  qui  est  d'accord  avec  la  production 
de  tourbillons,  constatés  par  Reynolds  au  moyen  de  filets  liquides  colorés. 

4"  Au  point  critique  commun  aux  deux  équations  (i)  et  (2),  on  a 

Les  deux  équations  (i)  et  (2)  peuvent  alors  s'écrire  : 

H„   V' 


Premier  régime. 


Hoc   V 

Ueuxieme  régime.  .  .       (  -7-, r, '  )       ^  '  1"    tt 

\Hoc     V  /  \*c 

Loi  des  états  correspondants.  —  Dans  l'un  et  l'autre  régime,  pour  des 
vitesses  correspondantes,  les  charges  H„  absorbées  par  les  frottements  sont 
correspondantes. 

L'équation  (2)  permet  la  mesure  de  y)  par  le  deuxième  régime. 

5°  Les  résultats  expérimentaux  obtenus  avec  d'autres  appareils  (par 
exemple,  rotation  uniforme  d'un  cyhndre  à  l'intérieur  d'un  autre  de  même 
axe)  conduisent  à  des  équations  et  à  des  énoncés  tout  à  fait  analogues  pour 
les  liquides  et  les  gaz  ;  le  coefficient  i ,  'i6  reste  le  même  ;  seul  le  coefficient  i ,  6 
change  de  valeur  avec  le  genre  d'appareil. 


ÉLECTRICITÉ.    —    Ionisation  par  pulvérisation   des   liquides.    Note 
de  M.  L.  lii.ocB,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Les  gaz  dégagés  dans  les  réactions  par  voie  humide  sont  généralement 
conducteurs.  JNous  avons  rapproché  cet  effet  des  effets  d'ionisation  par  bar- 
botage,  en  montrant  qu'il  a  sa  cause  dans  une  rupture  de  surface  par  des 
bulles  gazeuses  ('). 

Il  était  intéressant  de  rechercher  si,  en  brisant  une  surface  liquide  par  un 
mécanisme  autre  que  le  barbotage,  on  trouve  des  effets  d'ionisation  compa- 
rables à  ceux  que  donne  le  barbotage. 


(')  L.  Bloch,  Comptes  rendus,  i4  mars  1910. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  16.)  I28 


968  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  eu  recours  à  la  pulvérisation  des  liquides  en  très  fines  gout- 
telettes, telle  qu'on  l'obtient  avec  les  appareils  du  type  Vaast  ou  du  type 
Gouy.  Le  pulvérisateur  Gouy  convient  bien  à  ce  genre  de  recherclies,  Il 
offre  l'avantage  de  fournir  un  jet  pulvérisé  qui  ne  rencontre  aucun  obstacle 
solide.  On  évite  ainsi  l'ionisation  par  écrasement  de  gouttes  d'eau,  ou  effel 
Lenard. 

Le  pulvérisateur  Gouy  a  déjà  été  employé  par  Elster  et  Geitel  (')  dans  leurs  recher- 
ches sur  l'électrisation  par  chutes  d'eau  (écrasement  d'eau  contre  des  parois  solides). 
Ces  savants  ont  signalé,  comme  cause  d'erreur  possible,  une  électrisation  parasite 
créée  par  la  pulvérisation  même.  Mais  ils  n'ont  pas  cherché  à  montrer  directement 
l'existence  de  cet  effet,  ni  à  l'étudier  pour  lui-même. 

Nous  nous  sommes  placé,  au  contraire,  dans  des  conditions  où  l'elTet  Lenard  (effet 
d'écrasement)  est  réduit  au  minimum  et  où  l'ionisation  est  due  essentiellement  au 
déchirement  des  surfaces  liquides,  à  l'endroit  même  où  se  fait  la  pulvérisation. 

Le  pulvérisateur  Gouy,  placé  verticalement,  est  alimenté  au  moyen  d'un  entonnoir  à 
brome  rempli  de  liquide.  Le  jet  pulvérisé  traverse  librement  un  très  grand  cylindre 
métallique  haut  de  i"  et  ^lai-ge  de  o"',3o  environ.  Les  effets  d'écrasement  sont  négli- 
geables; il  en  est  de  même  des  effets  d'égalisation  de  potentiel  par  action  électrosta- 
tique. 

L'air  transpoitant  le  jet  pulvérisé  traverse  dabord  un  flacon  purgeur  où  les  gout- 
telettes les  plus  grosses  se  déposent.  11  passe  ensuite  dans  un  condensateur  cylindrique 
relié  à  l'électromètre.  Comme  on  n'emploie  que  des  débits  d'air  modérés,  on  ne 
recueille  que  les  ions  de  faible  mobilité. 

Dans  ces  conditions  nous  avons  obtenu  des  effets  d'ionisation  très  nets 
avec  un  grand  nombre  de  liquides.  Les  courants  recueillis  sont  généralement 
du  même  ordre  pour  les  ions  des  deux  signes.  Lorsqu'on  augmente  la  pression 
de  l'air  dans  le  pulvérisateur,  les  effets  croissent  beaucoup  plus  vite  que  le 
débit. 

Les  liquides  étudiés  se  classent  en  deux  catégories.  La  première  comprend 
l'eau  distillée,  l'acide  cblorhydrique  étendu,  la  potasse  concentrée,  le  sul- 
fate de  cuivre  normal,  l'alcool  éthylique,  l'alcool  amylique,  l'acétone.  Tous 
ces  liquides,  surtout  les  liquides  organiques,  donnent  lieu  à  une  ionisation 
intense.  L'autre  catégorie  comprend  la  benzine,  l'essence  de  térébenthine, 
l'essence  minérale,  les  huiles  d'olive  et  de  vaseline.  Ces  liquides  ne  donnent 
aucun  effet. 

Il  est  à  remarquer  que  les  liquides  se  classent  de  la  même  manière  pour  la 
pulvérisation  et  pour  le  barbotage.  Les  liquides  aclijs  par  barhotage  sont 
seuls  actifs  par  pulvérisation. 

(')   A/m.  ci.  P/iys.,  t.  XXXII,  1887,  p.  74. 


SÉANCE    DU    18    AVRIL    I9IO.  969 

Ces  expériences  viennent  à  l'appui  de  l'hypothèse  que  j'ai  émise  autrefois 
sur  l'origine  de  la  conductibilité  accompagnant  la  détente  des  gaz  ('). 

Elles  permettent  aussi  d'interpréter  certains  résultats  trouvés  par 
Faraday  (*)  dans  le  célèbre  Mémoire  qu'il  a  consacré  à  l'étude  expérimentale 
de  la  machine  d'Armstrong. 


ÉLECTRICITÉ.    —    Ionisation    par    harbotage    el    actions    chimiques.    Note 
de  MM.  DE  Brogije  et  Brixard,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Le  barbotage  d'un  gaz  dans  un  liquide,  en  bulles  très  fines,  tel  qu'on 
peut  le  réaliser  en  faisant  passer  le  gaz  à  travers  un  tissu  très  serré,  donne 
les  mêmes  résultats  généraux  que  dans  le  cas  où  l'arrivée  se  fait  par  un  tube 
étroit;  mais  l'agitation  moindre  delà  surface  permet  alors  de  superposer  au 
premier  milieu  une  couche  séparée  (de  quelques  millimètres  à  plusieurs  cen- 
timètres d'épaisseur)  d'un  autre  liquide  plus  léger  et  non  miscible. 

Les  bulles,  en  passant  du  premier  milieu  dans  le  second,  éprouvent  un 
ralentissement  dans  leur  montée,  dû  à  plusieurs  causes  :  traversée  de  la 
surface  de  séparation  superficiellement  tendue,  diminution  de  force  ascen- 
sionnelle par  suite  de  la  poussée  hydrostatique  moindre  et  lest  de  liquide 
inférieur;  elles  ont  tendance  à  se  rassembler  et  à  se  briser  moins  violemment 
à  la  surface  supérieure  liquide-gaz. 

Un  examen  attentif  du  phénomène  montre  nettement  yw'Mwe  enveloppe  du 
liquide  inférieur  accompagne  les  bulles  à  travers  le  milieu  supérieur  et  retombe 
après  l'éclatement;  la  surface  liquide,  pulvérisée  par  la  petite  explosion,  ap- 
partient donc,  en  partie  au  moins,  au  liquide  inférieur  et  rend  pratiquement 
très  difficile  de  raisonner  dans  ces  conditions  comme  si  un  seul  liquide  |)ar- 
ticipait  au  barbotage. 

L'examen,  par  les  méthodes  électrométrique  et  ultramicroscopique,  du  gaz 
sortant  montre  en  effet  que,  même  si  le  milieu  supérieur  appartient  à  la  caté- 
gorie des  liquides  inactifs  par  barbotage  ('),  une  partie  des  centres  produits 
est  chargée  électriquement  et  porte  même  des  charges  multiples  ;  l'ioni- 
sation cependant  est  notablement  moindre  que  dans  le  cas  où  la  couche 


(')  L.  Bloch,  Comptes  rendus,  l.  143,  1906,  p.   1226. 
(')  Cf.  Faraday,  Ej-p.  jRes.,  l.  IL  n»' 2075  et  suiv.,  i843,  p.  106. 
(^)    Comptes    rendus,    1"    sein.    1907,    p.    172;    Ann.    de    Pliys.    et    de    C/iini., 
janvier  1909. 


970  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

supérieure  de  liquide  inactif  n'existe  pas,  ce  que  les  considérations  précé- 
dentes peuvent  expliquer. 

Ces  résultats  expérimentaux  sont  à  rapprocher  des  efl'ets  signalés  récem- 
ment par  M.  L.  Blocli  (')  dans  l'étude  de  l'ionisation  de  l'hydrogène 
récemment  préparé  par  voie  humide,  et  qui  Font  conduit  à  conclure  «  que 
l'ionisation  par  voie  chimique  (humide)  est,  comme  l'ionisation  par  barho- 
tage,  un  phénomène  superficiel;  les  divergences  observées  entre  les  deux 
cas  pouvant  tenir  à  la  différence  de  grandeur  qui  existe  entre  les  bulles 
formées  par  voie  chimicfue  et  les  bulles  les  plus  petites  formées  par  bar- 
bolage   ». 

En  répétant  ces  expériences,  nous  avons  toujours  trouvé  une  complète 
analogie  avec  le  cas  précédemment  décrit  (en  constatant  une  ionisation 
même  dans  le  cas  où  le  liquide  supérieur  est  inactif).  Un  faisceau  lumineux 
dirigé  au-dessus  de  la  surface  liquide-gaz  permet,  de  plus,  de  comparer  les 
phénomènes  observés,  avec  ou  sans  couche  de  liquide  iuactif  superposé, 
dans  le  cas  du  dégagement  de  l'hydrogène. 

Les  caractères  du  dégagement  sont  nettement  modifiés  par  la  présence  d'une  couche 
de  benzine;  avant  de  verser  celte  couche,  les  bulles,  éclatant  à  la  surface  de  l'eau  aci- 
dulée, projettent  dans  le  gaz  des  couronnes  de  fumée  constituées  par  de  fines  parti- 
cules; dès  qu'on  verse  sur  le  liquide  une  couche  de  benzine,  les  bulles  arrivent  à  la 
surface  avec  une  vitesse  notablement  diminuée  et  éclatent  moins  violemment,  les 
couronnes  de  fumée  sont  plus  rares  et  il  se  manifeste,  au  contraire,  une  abondante 
pluie  de  gouttes  beaucoup  plus  grosses.  En  outre,  à  chaque  éclatement  de  bulle,  une 
enveloppe  d'eau  acidulée  retombe  à  travers  la  benzine  (même  avec  une  couche  de 
plusieurs  centimètres  de  ce  liquide);  c'est  à  la  présence  de  celte  eau  acidulée,  active 
par  barbotage,  que  nous  attribuons  l'ionisation  du  gaz. 

La  méthode  ultra-microscopique  permet  de  constater  de  plus  qu'un  certain  nombre 
de  centres  portent  des  charges  multiples,  qui  peuvent  donner  à  une  particule,  même 
assez  grosse,  une  mobilité  considérable. 

Tout  ceci  est  bien  conforme  au  rôle  prépondérant  du  barbotage  dans  la 
charge  des  gaz  préparés  par  action  chimique  en  milieu  liquide  actif. 

PHYSIQUE.    —    Sur   une   nouvelle   circonstance    de  formation    des    rayons 
cathodiques.  Note  de  M.  Louis  Du.vuykr,  présentée  par  M.  Villard. 

Dans  un  tube  à  vide  (fonctionnant  sans  incandescence  de  la  cathode)  on 
considère  généralement  que  les  rayons  cathodiques  ont  leur  origine  dans  le 

(')   Comptes  rendus,  1910,  p.  690. 


SEANCE  DU  l8  AVHIL  I910.  971 

gaz;  la  dliférence  de  potentiel  entre  les  électrodes  et  les  charges  prises  par 
les  parois  font  naître,  par  un  mécanisme  encore  inconnu,  une  double  cir- 
culation sous  forme  d'afflux  cathodique  et  de  rayons  cathodiques  ('). 
La  nature  de  la  cathode  est  considérée  comm'e  sans  importance.  Je  me  pro- 
pose d'indiquer  un  cas  où,  dans  les  conditions  ordinaires  de  fonctionnement 
d'un  tube  à  rayons  cathodiques,  la  nature  de  la  cathode  a  une  importance 
capitale. 

Prenons,  par  exemple,  un  tube  de  verre  de  4'™  de  diamètre;  à  chaque  extrémité 
sont  soudés  d'autres  tubes  plus  étroits  par  lesquels  pénètrent  deux  électrodes  d'acier 
parallèles  à  l'axe  du  tube;  la  figure  i  reproduit  la  photographie  d'un  pareil  tube, 
le  plan  des  électrodes  étant  perpendiculaire  au  plan  de  la  figure.  En  dessous  du  tube, 
en  A,  est  soudé  un  tube  étroit  (non  visible  sur  la  figure)  communiquant,  par  un  étran- 
glement capillaire,  avec  une  ampoule  contenant  un  métal  alcalin,  du  sodium  par 
exemple.  Il  est  nécessaire  d'employer  du  métal  parfaitement  purgé  de  toutes  les 
huiles  extraordinairement  peu  volatiles  qui  imprègnent  avec  ténacité  celui  qui  est 
vendu  sous  l'huile  de  pétrole;  le  mieux  est  de  préparer  une  petite  ampoule  de  métal 
obtenu  par  distillation  dans  le  vide;  l'ampoule  est  ensuite  remplie  d'acide  carbonique 
sec  et  ouverte;  on  l'introduit  aussitôt  dans  le  tube  A.  On  fait  le  vide  en  purgeant 
soigneusement  de  tout  gaz  occlus,  par  chauffage  et  passage  de  la  décharge,  les  élec- 
trodes et  les  parois  du  tube  qui  les  renferme,  en  évitant  de  chauffer  l'ampoule  qui 
contient  le  sodium.  Pendant  cette  opération  la  fluorescence  verte  produite  sur  les 
parois  par  les  rayons  cathodiques  diminue  d'intensité  au  fur  et  à  mesure  que  le  tube 
durcit,  mais  reste  uniformément  répartie.  Quand  la  longueur  d'étincelle  équivalente  à 
la  résistance  du  tube  atteint  quelques  centimètres,  on  laisse  refroidir  le  tube  et  l'on 
chaufïe  l'ampoule  contenant  le  métal  alcalin. 

Après  l'expulsion  des  gaz  occlus,  il  distille  et  vient  se  condenser  en  mince  dépôt  sur 
les  parois  du  tube  et  sur  la  région  des  électrodes  située  dans  le  voisinage  plus  ou  moins 
immédiat  de  A;  pendant  cette  distillation  on  fait  naturellement  le  vide  sans  arrêt 
(l'emploi  d'une  pompe  à  grand  débit,  comme  la  pompe  Gaëde,  est  particulièrement 
commode);  quand  la  pression  est  redevenue  assez  basse,  on  constate,  en  faisant  pa>ser 
la  décharge,  que  la  paroi  est  parsemée  d' un  grand  nombre  de  petites  taches  fluores- 
centes vertes,  très  brillantes,  très  bien  définies  et  parfaitement  fixes,  du  moins  pen- 
dant un  certain  laps  de  temps  après  le(|uel  elles  peuvent  venir  à  disparaître  plus  ou 
moins  brusquement.  La  photographie  ci-après,  qui  reproduit  l'aspect  du  tube  en 
négatif,  montre  bien  ces  taches,  surtout  nombreuses  dans  la  région  ac.  La  netteté  de 
la  photographie,  obtenue  avec  une  pose  de  20  minutes,  en  alimentant  le  tube  avec  une 
machine  statique,  montre  la  fixité  des  taches. 

On  peut  diminuer  suffisamment  la  pression  pour  faire  cesser  toute  fluo- 
rescence générale  de  la  paroi,  c'est-à-dire  pour  que  la  décharge,  sous  sa 

(')   ViLLARD.  Rayons  cat/todiq ites  (CoUeci.  Scientia),  i"  édition,  p.  98. 


972 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


forme  ordinaire,  ne  passe  plus,  sans  affaiblir  les  petites  taches  en  question, 
qui  persistent,  sans  modifications,  juscju'aux  plus  basses  pressions  que  j'ai 
réalisées  (tube  d'une  dizaine  de  cenliinèlros  d'étincelle).  11  semble  donc 
qu'il  Y  ait  là  un  moyen  d'obtenir  des  rayons  cathodiques  intenses^  commodé- 
ment observables,  et  de  très  grande  ritesse. 


J'ai  répété  l'expérience  avec  un  certain  nombre  de  tubes  de  formes  variées 
contenant  du  sodium,  du  potassium  ou  du  rubidium. 

Pour  soumellre  la  produclion  du  phénomène  à  un  contrôle  direcl,  j'ai  employé  un 
tube  en  forme  d'H  ;  chaque  branche  verticale  de  l'H  contient  une  électrode  en  acier 
placée  suivant  l'axe  ;  on  amène  par  distillation  du  sodium  au  bas  de  l'une  des  branches 
après  avoir  fait  le  vide,  de  manière  que  la  décharge  ne  passe  plus,  sous  quelques  centi- 
mètres d'étincelle;  le  phénomène  des  taches  se  produit  avec  intensité  dans  la  branche 
où  le  métal  a  distillé,  tandis  que  l'autre  branche  reste  parfaitement  obscure.  Si  l'on 
fait  monter  le  dépôt  miroitant,  la  région  des  taches  s'élève  aussi  dans  le  tube  en  restant 
en  dessus  du  dépôt,  bien  que  quelques  taches  persistent  encore  à  leurs  places  primi- 
tives. C'est  qu'en  efl'el  le  phénomène  ne  se  produit  que  si  les  gouttes  condensées  sont 
suffisamment  petites.  Ainsi,  la  région  ab  correspond  à  une  région  de  la  cathode  recou- 
verte d'un  dépôt  en  gouttelettes  plus  ou  moins  grosses,  mais  bien  visibles.  Les  quel- 
ques taches  qu'on  y  relève,  ainsi  que  dans  la  région  cf/,  pauvre  en  sodium,  proviennent 
de  ce  qu'en  étudiant  le  tube,  on  a  chauffé  à  différentes  reprises  certaines  régions  de  la 
paroi  pour  déplacer  le  dépôt  miroitant,  ce  qui  a  un  peu  disséminé  les  centres  d'émis- 
sion. Les  gouttelettes  de  la  région  d'émission  maximum  ne  doivent  être  visibles  qu'au 
microscope,  avec  d'assez  forts  grossissements. 

Le  phénomène  ne  se  produit  pas  sur  tous  les  métaux.  Je  l'ai  observé  avec 
l'acier  et  le  platine.  Il  est  nul  avec  l'aluminium.  Je  compte  revenir  ultérieu- 
rement sur  ce  point. 


SEANCE  DU  18  AVKIL  I9I0  973 

Si  Ton  fait  rentrer  lentement  de  l'air,  puisqu'on  vitle  de  nouveau  le  tube, 
les  taches  ne  réapparaissent  pas;  l'état  de  la  surface  des  centres  d'émission 
est  donc  important. 

Outre  les  taches  on  remarquera,  sur  la  photographie,  dans  la  région  a/>, 
une  large  nappe  très  intense  :  elle  est  la  section  par  la  paroi  d'un  cône  de 
rayons  cathodiques  ayant  pour  sommet  un  point  1res  brillant,  orangé,  sur 
l'électrode  (recouverte  de  sodium).  Il  semble  qu'il  s'agit  là  d'un  phéno- 
mène tout  différent  de  celui  des  taches,  mais  différent  aussi  de  l'émission 
cathodique  ordinaire. 

L'explication  du  phénomène  qui  paraît  acluellement  la  plus  vraisemblable 
consiste  à  supposer  que,  si  basse  que  soil  la  pression,  il  existe  un  certain 
afflux,  incapable  de  provoquer  la  formation  des  rayons  cathodiques  ordi- 
naires parce  que  son  énergie  est  inférieure  à  une  certaine  limite;  mais  cet 
afflux  serait  pourtant  capable  d'élever  la  température  de  gouttelettes  extrê- 
mement petites,  à  condition  de  supposer  qu'elles  ne  touchent  l'électrode  que 
par  une  très  petite  surface,  de  telle  sorte  que  la  perte  de  chaleur  par  con- 
ductibilité thermique  soit  faible;  ces  gouttelettes  de  métal  alcalin,  ainsi 
chauflees,  émettraient  alors  une  grande  quantité  d'électrons,  le  phénomène 
Edison,  pour  les  métaux  alcalins,  étant  très  grand;  les  électrons,  accélérés 
par  le  champ,  constitueraient  les  faisceaux  de  rayons  cathodiques  observés. 

On  s'expliquerait  ainsi  l'influence  de  l'état  de  la  surface,  et  celle  de  la 
grosseur  des  gouttelettes.  L'absence  du  phénomènesur  des  électrodes  d'alu- 
minium viendrait  soit  d'une  combinaison  du  métal  alcalin  et  de  l'alumi- 
nium, soit  de  ce  que  le  métal  alcalin  mouillerait  l'aluminium.  Des  recherches 
sont  en  cours  dans  le  but  de  contrôler  ces  hypothèses. 

CHIMIE.  —  Sur  la  constitution  des  dithionates  et  des  sulfites.  Note 
de  \L  H.  liAUBiu.vY,  présentée  par  M.  Troost. 

J'ai  fait  voir  (')  que  la  décomposition  du  sulGte  d'argent  et  de  ses  sels 
doubles  alcalins  par  l'action  de  la  chaleur  (à  100°)  ou  celle  de  la  lumière 
donnait  naissance  à  un  sel  neutre  avec  perte  d'argent  (la  moitié  pour  le 
sulfite  simple,  la  totalité  pour  les  sels  doubles,  le  métal  alcalin  restant  seul 
en  combinaison  dans  ce  dernier  cas)  et  que  ce  sel  était  du  dithionate.  Cette 
réaction,  cjui  montre  que  l'acide  dithionique  résulte  de  la  réunion  de  deux 

(')  Comptes  rendus;,  t.  CXLIX,  1909,  p.  735  et  858. 


974      ■  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

radicaux  salforyle,  qu'inversement  on  peut  séparer  à  nouveau  par  l'action 
du  sodium  en  régénérant  du  sullite  [Spring  (')], 

SO''Na 

I  +Na«  =  o.(S03NaM, 

SO'Na 

est  une  nouvelle  preuve  en  faveur  de  la  formule  de  constitution 

HO'S  — SO'H 

adoptée  aujourd'hui  pour  ce  corps.  C'est  donc  un  acide  disul/oxylique,  selon 
le  dire  de  Mendeleje{r(^).  Il  est,  par  rapport  à  l'acide  sulfureux  HSO'H, 
ce  que  l'acide  oxalique  ou  dicarboxylique  HO-C  — CO^H  est  à  l'acide 
f(jrmique  HCO'-'H;  et  la  formule  SO^OH,  que  Kolbe  (')  avait  attribuée  à 
l'acide  ditliionique,  qu'il  considérait  comme  monobasique  parce  qu'on  n'a 
pu  en  obtenir  les  sels  acides,  ne  saurait  être  admise. 

Cette  synthèse  de  l'acide  dithionique  apporte,  en  outre,  un  nouvel 
argument  en  faveur  de  la  formule  dissymétrique  des  sulfites  MSO^OM 
proposée  par  Odiing  d'abord,  puis  successivement  par  Strecker,  par  Grœbe 
et  d'autres  savants  pour  représenter  la  constitution  de  ces  sels,  d'après 
laquelle  l'un  des  atomes  niétallicjues  est  relié  directement  au  soufre  du 
groupe  sulfuryle  SO^.  Car  si  les  deux  atomes  de  métal  dans  le  sulfite 
d'argent  se  comportent  différemment  sous  l'influence  de  la  chaleur  ou  de  la 
lumière,  c'est  qu'ils  doivent  être  de  nature  dissemblable  et  reliés  de  façon 
difïérente  au  groupe  SO^.  Cela  en  parfaite  concordance,  d'une  part,  avec 
la  réaction  qui  a  lieu  lorsqu'on  traite  les  sulfites  par  les  iodures  alcooliques 
et  permet  d'obtenir  ainsi  des  sulfonates  ('),  où  il  est  admis  aujourd'hui 
définitivement  que  le  carbone  est  en  connexion  avec  le  soufre,  et,  d'autre 
part^  avec  la  formation  des  deux  sulfites  doubles  isomères  de  potassium  et 


{')  Bull.  Acad.  roy.  Belgique,  2"  série,  t.  XXXVIII,  Î^Z'  année  (1874),  p-  108. 

(2)  Berl.  Ber.,  i.  III,  1870,  p.  871. 

(')  Jourii.  prakl.  Cli..,  t.  XIX,  1879,  p.  ^S.'i. 

(')  Voir  Strecker  {Ann.  Ch.  a.  Pharm.,  t.  CXLVIII,  1868,  p.  90)  el  Groebe  (.4/irt. 
Ch.  ti.  Pliarm.^  l.  CXLVI,  1868,  p.  36)  qui  ont  oblenu  les  alkylsulfonates  en  traitant 
un  sulfite  alcalin  par  un  iodure  alcoolique.  Avec  le  sulfite  d'argent,  il  se  forme 
Télher  f^SO'OR  du  même  acide,  lequel  éther  par  saponification  ne  perd  qu'un  seul 
radical  alcoolique,  en  redonnant  le  sel  alcalin  de  l'acide  sulfoné.  Or,  non  seulement  cet 
acide  RSO^Otl  est  identique  à  celui  obtenu  en  oxydant  par  l'acide  nitrique  le  mer- 
captan  correspondant  RSH  ;  mais  inversement,  de  l'acide  alkylsulfonique  préparé  avec 
le  sulfite  alcalin  el  l'iodure  alcoolique,  on  peut  revenir  au  niercaptan  par  simple  réduc- 


SÉANCE    DU    l8    AVRIL    1910.  9^5 

de  sodium,  NaSO-OK  et  KSO^ONa  qu'on  prépare  à  volonté  et  dont 
Schwicker  (')  a  prouvé  l'existence  de  façon  indiscutable. 

Cette  synthèse  est  également  en  harmonie  avec  la  formation,  par  fixation 
du  soufre  sur  les  sulfites  alcalins,  des  hyposulfites  de  constitution 
MSSO^OM  ainsi  que  l'avait  énoncé  Odling  et  comme  l'ont  établi  depuis 
différents  auteurs,  notamment  Bunte  (-)  par  sa  curieuse  observation  lors 
de  la  décomposition  de  l'éthylhyposulfite  de  sodium,  et  Spring  (')  en  uti- 
lisant le  mode  d'action  bien  connu  de  l'iode  sur  les  sulfures  et  les  mer- 
captides.  Spring  a  en  effet  montré  que  si,  au  mélange  en  solution  neutre 
d'une  molécule  de  sulfure  de  sodium  et  d'une  autre  de  sulfite  du  même 
métal,  on  ajoute  une  molécule  d'iode,  ce  dernier  corps  disparait  en  don- 
nant une  liqueur  claire  qui,  outre  l'iodure  de  sodium,  renferme  beaucoup 
d'hyposulfite;  l'iode  soudant  les  deux  molécules  par  soustraction  de  métal  : 

NaSNa  +  NaSO^Na  +  V-  =  NaSSO^Na  -4-  aNal. 

En  résumé,  l'acide  dithionique  serait  donc  un  acide  disulfonique,  qu'on 
peut  considérer  comme  celui  de  l'hydrogène  H%  et  l'acide  sulfureux,  qui 
prend  dans  ses  sels  la  forme  dissymétrique  HSO^OH,  serait  le  dérivé 
monosulfonique  de  ce  même  hydrogène 

H  SO'H  SO'H 

H  H  som 

au  même  titre  que  l'acide  hyposulfureux  est  l'acide  sulfonique  du  gaz 
sulfhydrique  (Mendelejeff),  et  l'acide  phénylsulfureux,  celui  de  l'hydrure 

lion  du  chlorure  d'acide  à  l'aide  de  l'hydrogène  naissant  : 

RSO^Cl +3H-==RSH  +  HCl-4-2H^O 

(G.  Vogl,  1861).  Dans  l'acide  allvylsulfonique  obtenu  en  partant  d'un  sulfite,  le  radical 
alcoolique  est  donc  relié  au  soufre,  et  par  suite  dans  les  sulfites  un  des  deux  atomes 
de  métal. 

(')  fierl.  Ber.,  t.  XXII,  1889,  p.  1728.  Schwicker  l'a  démontré  en  soumettant  ces  sels 
à  la  réaction  de  Strecker  et  Grœbe.  11  transformait  ainsi  le  premier  en  alkylsulfonate 
de  potassium,  et,  le  second,  en  alkjlsulfonate  de  sodium. 

(')  Berl.    Ber.,  t.   VII,    1874,  p.    646.   Bunte    a   fait   connaître  que  l'éther  mixte 

C'H^SSO^Na,  obtenu  par  l'action  du  bromure  d'éthyle  sur  l'hyposulfite  de  sodium,  se 

dédouble  sous  l'influence  de  la  chaleur  (vers  100°)  en  bisulfure  d'éthyle  et  dithionate 

SO'Na 
alealin  :  2(  C^H^SSO^Na  )  =  (C^HM-S^ -H  I 

SO-'Na 
(')  Loc.  cit. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  16.)  I29 


976  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  pliùnyle.  Seulement,  tandis  que  ce  dernier  est  monobasique,  l'acide  sul- 
fureux et  l'acide  hyposulfureux  sont  des  acides  bibasiques,  parce  qu'ils 
renferment  encore  un  atome  d'hydrogène  typique  de  la  molécule  initiale 
H^ouH-S. 


.  CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Alcaloïde  du  Pseudocinchona  africana.  Sapo- 
jiijïcalion  par  les  alcalis.  Note  de  M.  E.  Foukneau,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

L'alcaloïde  du  Pseudocinchona  offre  avec  la  yohimbine  une  grande  res- 
semblance, et  l'on  pourrait  aisément  les  confondre  si  leur  pouvoir  rotatoire 
n'était  pas  de  sens  inverse. 

La  composition  centésimale  de  la  yohimbine  n'est  pas  établie  avec  certi- 
tude. Elle  a  varié,  suivant  les  auteurs,  entre  C"H'-N'0'',  C^^H^'N^'O', 
C-'  H^'  N=  O  '  et  enfin  C=^'  H=» N=  0\ 

Si  l'on  observe  que  la  formule  que  j'ai  indiquée  pour  ralcaloïde  du  Pseudo- 
cinchona est  C-'  H'-^N^O^  on  ne  peut  s'empêcher  d'être  frappé  par  ce  fait 
que  l'une  des  formules  qu'a  donnée  Spiegel  à  la  yohimbine  diffère  de  celle  de 
mon  alcaloïde  par  une  molécule  d'eau  en  plus.  Mais,  d'une  part,  Spiegel  a 
montré  que,  dans  certaines  conditions,  la  yohimbine  perdait  de  l'eau  et  se 
transformait  en  un  anhydride  qui  pourrait  être  par  conséquent  formulé 
C'^'  H-'N-O''.  D'autre  part,  l'alcaloïde  que  j'ai  décrit  aux  Comptes  rendus  de 
l'Académie  des  Sciences  est  obtenu  anhydre  (').  Si  donc  on  compare  la 
yohimbine  anhydre  à  l'alcaloïde  du  Pseudocinchona  également  anhydre,  on 
voit  que  ces  deux  substances  ont  la  même  composition  centésimale.  Si  les 
analyses  faites  par  les  divers  auteurs  avec  la  yohimbine  ont  donné  des  résultats 
un  peu  divergents,  cela  tient  à  ce  qu'ils  ont  opéré  sur  des  échantillons 
hydratés  qui  ne  perdaient  à  100°  ou  dans  le  vide  qu'une  partie  de  leur  eau  de 
cristallisation  et  qui  en  conservait  au  moins  une  molécule,  mais  les  analyses 
faites  par  Spiegel  sur  le  produit  anhydre  donne  des  chiffres  qui  s'appliquent 
aussi  bien  et  mieux  à  la  formule  C^'  H^°N-0'  qu'à  toutes  les  autres  qui  ont 
été  données.  Principalement  les  dosagesde  chlore  dans  le  chlorhydrate,  qui 
lui  est  facile  à  obtenir  anhydre,  s'appliquent  parfaitementà  la  formule  ci-dessus. 
Voilà  donc  une  première  ressemblance  entre  la  yohimbine  et  l'alcaloïde  du 

(')  A  vrai  dii-e,  Talisence  ou  la  présence  d'eau  de  cristallisation  dépend  souvent  du 
dissolvant  employé,  mais  je  crois  cependant  que  l'eau  qui  se  sépare  de  l'alcaloïde  du 
Pseudocinchona  dans  certaines  conditions  est  réellement  de  l'eau  de  constitution  et 
non  de  cristallisation,  car  le  départ  de  cette  eau  se  fait  avec  dégagement  de  chaleur. 


SÉANCE    DU    l8   AVRIL    1910.  gy^ 

'Pseudocinc/iOTia.  Je  reviendrai  du  reste  sur  ce  point  dans  un  procliain  Mé- 
moire et  je  me  propose  d'étudier  comparativement  les  deux  alcaloïdes  pour 
décider  s'ils  sont  nettement  différents  ou  au  contraire  des  isomères  optiqiies. 

Une  autre  ressemblance  est  tirée  de  l'action  des  alcalis. 

La  yohimbine,  traitée  par  la  soude  ou  l'éthylate  de  sodium,  donne  un 
acide  auquel  Spiegel  attribue  la  formule  C-°H-*N-0'.  Cet  acide,  cristallisé 
de  l'alcool  méthylique,  perd  de  l'eau  et  se  sépai'e  anhydre.  Il  possède  alors 
laformuleC'''H-■^^M3^ 

Or,  quand  on  traite  l'alcaloïde  du  corynantlie  par  l'éthylate  de  sodium,  on 
obtient  un  sel  de  soude  dont  l'acide,  suivant  les.  conditions  de  cristallisation, 
possède  la  formule  C"H=' N-O'  -f- H-O  ou  G-^H-'N^O',  donc  exactement 
celle  de  l'acide  yohimbique  ou  de  son  anhydride.  L'étber  méthylique  de 
l'acide  yohimbique  n'est  autre  chose  que  la  yohimbine  (Winzheimer  ). 

Il  est  très  probable  que  l'alcaloïde  du  Pseudocinchona,  différant  de  l'acide 
qu'on  en  relire  par  CIP  en  plus,  est  également  l'éther  méthylique  de  cet 
acide,  mais  je  n'ai  pas  encore  réalisé  l'éthérihcation. 

Préparation  de  l'acide  du  Pseudocinchona.  —  On  chaulTe  à  rellux  une  molécule 
d'alcaloïde  el  deux  molécules  d'élliylale  de  sodium  en  solution  alcoolique  à  10  pour  100 
jusqu'à  ce  qu'une  goulle  de  la  solution  ne  précipite  plus  par  l'eau,  ce  qui  demande 
5  heures  environ.  La  solution  est  évaporée  à  sec  dans  le  vide.  Le  résidu  est  repris  par 
un  peu  d'eau.  La  solution,  décolorée  par  du  noir  animal,  est  filtrée,  puis  précipitée 
par  deu.N.  molécules  d'acide  chlorhydrique  qui  détermine  la  formation  d'une  glu  épaisse 
presque  insoluble  dans  l'eau.  La  couche  aqueuse  e^t  décantée,  et  la  glu  redissoute  à  chaud 
dans  le  moins  possible  d'alcool  à  gS".  Après  quelques  heures,  la  solution  alcoolique  est 
prise  en  une  masse  de  cristaux;  un  peu  colorés  qu'on  essore,  qu'on  lave  à  l'alcool  absolu, 
puis  avec  de  l'acétone.  La  poudre,  maintenant  à  peine  colorée  et  qui  constitue  l'acide 
brut  cherché,  est  dissous  rapidement  dans  de  l'alcool  méthylique  ou  éthylique  absolu. 
Presque  aussitôt  après  que  la  dissolution  est  achevée,  des  cristaux  se  sépaienl  dont  la 
quantité  augmente  rapidement  et  qui  une  fois  séparés  ne  se  dissolvent  plus  dans 
l'alcool  même  en  assez  grand  excès.  11  s'agit  là  d'un  phénomène  tout  à  fait  comparable 
à  celui  qui  a  été  observé  pour  l'alcaloïde  du  Pseudocinchona,  c'est-à-dire  du  passage 
d'un  corps  hydraté  à  un  corps  anhydre.  Si,  au  lieu  de  faire  des  cristallisations  de  l'acide 
dans  l'alcool  absolu,  on  emploie  l'alcool  étendu,  ou  bien  si  l'on  précipite  la  solution 
alcaline  de  l'acide  par  l'acide  acétique,  on  obtient  un  acide  hydraté.  Ce  dernier  se  dis- 
sout très  facilement  dans  l'alcool  méthylique  et  s'en  précipite  aussitôt  anhydre  ('),  etc. 

('  )  En  employant  les  termes  anhydre  et  hydraté,  je  n'entends  point  parler  de  l'eau 
de  cristallisation,  caries  deux  modifications  en  contiennent;  mais  si  l'on  chauffe  à  100° 
la  modification  hydratée,  elle  conserve  toujours  une  molécule  d'eau;  l'autre,  au  con- 
traire, n'en  retient  pas.  Spiegel  a  noté  que  les  choses  se  passaient  exactement  ainsi 
avec  l'acide  yohimbique. 


978  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Cristallisé  de  l'alcool  méthylique,  l'acide  se  présente  sous  la  forme  de 
paillettes  brillantes  devenant  opaques  à  l'air.  Cristallisé  dans  l'alcool  étendu, 
il  se  sépare  en  fines  aiguilles  brillantes. 

L'acide  anliydre  est  peu  soluBle  dans  l'eau,  1res  peu  soluble  dans  l'alcool  méthylique 
et  l'alcool  absolu,  soluble  dans  les  acides  minéraux  et  les  alcalis.  La  solulion  alcaline 
n'est  pas  précipitée  par  les  acides  minéraux,  à  moins  qu'on  ne  sature  exactement  l'alcali 
par  l'acide.  L'acide  acétique,  au  contraire,  précipite  les  solutions  alcalines  même 
étendues  en  beaux  prismes  transparents.  L'acide  anhydre  fond  au  bloc  Maquenne 
au-dessus  de  3oo°. 

Analyses.  —  Substance  cristallisée  de  l'alcool  méthylique  et  séchée  dans 
le  vide  sur  l'acide  sulfurique  jusqu'à  poids  constant. 

co^  H=o. 

o,2338  donne o,6o5o  o,  la^a 

0, 2336  donne o,6io4  0,1576 

0,2774  donne  19'™',  5  d'azote  à  10°  et  sous  768™'". 

Calculé 


pour 

C™H"N'0'  =  34o,3o. 



70,55 

70,58 

7,io8 

7.37 

8,25 

8,25 

C 70,55  70,58  70,36 

H 7,108  7)37  7,45 

N 

Tous  les  selsappartiennentà  la  forme  hydratée.  Le  sel  de  soude  cristallise 
en  paillettes  assez  solubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool  méthylique, 
insolubles  dans  l'alcool  absolu.  11  sert  à  préparer  les  autres  sels  par  double 
décomposition. 

Beaucoup.de  ces  sels  seront  décrits  ailleurs.  Je  signalerai  seulement  le  sel 
d'argent,  qui  est  très  important  pour  établir  le  poids  moléculaire  de  l'acide. 
11  se  précipite  à  l'état  gélatineux  quand  on  mélange  une  solution  de  nitrate 
d'argent  avec  une  solution  de  sel  de  soude  de  l'acide.  Après  essorage  et 
lavages  soigneux  à  l'eau,  puis  à  l'alcool,  on  l'obtient  sous  la  forme  d'une 
poudre  jaune.  Il  contient  exactement  23, 3o  d'argent,  ce  qui  correspond 
bien  au  poids  moléculaire  4^5,16  et  à  la  formule  C'H^'N^O' Ag,  H^O 
(calculé  Ag  =  23, 19). 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  îpTO.  979 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  constitution  des  alcools  résultant  de  la  conden- 
sation des  alcools  secondaires  avec  leurs  dérivés  sodés.  Note  de  M.  Marcel 
GuERBET,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Les  alcools  secondaires,  chauffés  au  voisinage  de  200"  avec  leurs  dérivés 
sodés,  donnent  lieu,  ainsi  que  je  l'ai  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII, 
p.  685;  t.  CXLIX,  p.  129;  t.  CL,  p.  i83),  à  la  formation  d'alcools  plus 
condensés,  suivant  la  réaction  générale 

C'"H'-"'+'OH  +  C''H'«+'Oi\a  =C"'+"H2("'+'')+'OII-t-NaOH. 

L'alcool  isopropylique,  C'H*0,  donne  ainsi  les  alcools  diisopropy- 
lique,  CH'^O,  et  triisopropylique,  CH^^O;  l'alcool  butylique  secon- 
daire, CH'^O,  donne  de  même  les  alcools  dibutylique,  C'H"0,  etlributy- 
lique  secondaires,  C'^H-°0;  et  avec  l'alcool  caprylique,  C'H'*0,  il  se 
forme  les  alcools  dicaprylique,  C"'H'''0,  et  tricaprylique,  C^*H"'0. 

Il  y  a  là  une  métliode  générale  de  formation  des  alcools  secondaires,  qui 
peut  être  aisément  appliquée  à  la  préparation  des  ternies  élevés. 

La  constitution  des  alcools  diisopropylique  et  triisopropylique,  de  même 
que  celle  de  l'alcool  dibutylique  secondaire  ont  été  établies  antérieurement. 
I']n  fixant  aujourd'hui  celle  des  alcools  dicaprylique  et  tributylique  secon- 
daires, je  viens  montrer  comment  se  réalise  l'enchaînement  des  molécules 
dans  cette  réaction  de  formation  des  alcools  secondaires. 

Constitution  de  l'alcool  dicaprylique.  —  Pour  établir  la  constitution  de 
l'alcool  dicaprylique,  on  l'a  oxydé  par  le  mélange  chromique,  en  employant 
une  proportion  de  ce  mélange  un  peu  inférieure  à  celle  qui  correspond  au 
dégagement  de  4*'  d'oxygène  pour  1"°'  d'alcool. 

On  a  obtenu  ainsi  Tacélone  correspondante  et  un  mélange  d'acides  provenant  de  son 
oxydation.  Ceux-ci  ont  été  séparés  en  acides  insolubles  dans  l'eau  en  acidulant,  par 
l'acide  sulfurique,  la  solution  concentrée  de  leurs  sels  de  soude  et  décantant  Thuile 
surnageante. 

Les  acides  insolubles  dans  l'eau  ont  été  desséchés  sur  le  sulfate  de  soude  anhydre, 
puis  soumis  à  une  série  de  distillations  fractionnées,  qui  ont  permis  de  séparer  quatre 
fractions  principales  de  200°  à  206°,  de  220°  à  226°,  de  240°  à  246°,  de  265°  à  270°.  La 
transformation  de  ces  diverses  fractions  en  sels  de  baryum  ou  la  précipitation  frac- 
tionnée de  leurs  sels  par  l'azotate  d'argent  a  permis  de  constater,  par  le  dosage  des 
métaux,  que  la  première  fraction  est  formée  surtout  d'un  acide  gras  en  C,  la  seconde 
d'un  acide  en  G',  la  troisième  d'un  acide  en  G',  la  quatrième  d'un  acide  en  G'". 

Les  acides  solubles  dans  l'eau  ont  été  transformés  en  éthers  élhyliques,  que  l'on  a 
soumis  à  la  distillation   fractionnée,   et    l'on   a    recueilli    deux  fractions  principales 


gSo  'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

entre  -5°  et  80",  et  entre  160°  et  170°.  Ce  premier  résultat  et  l'odeur  des  produits 
HkoblreHt  déjà  que  là  première  fraction  doit  être  formée  d'acétate  d'éthyie  (éb.  ^=^77°) 
çt  que  la  seconde  est  probablement  du  caproate  d'étlijle  (éb.=:  167°),  déduction  que 
confirme  le  dosage  du  baryum  dans  les  sels  d«  bary.te  provenant  de  leur  saponification. 

En  résumé,  l'oxydation  de  l'alcool  dicapi'ylique  a  donné  de  l'acide  acé- 
tiqùe,  de  Facide  caproïcfue,  de  l'acide  décylique  avec  un  peu  d'un  acide 
héptylique  et  d'un  acide  nonylique.  En  même  temps,  il  s'est  produit  une 
hcrtablc  proportion  d'acide  carbonique. 

Si  l'on  passe  en  revue  les  diverses  formules  de  constitution,  que  l'on  peut 
attribuer  à  l'alcopl  dicaprylique  issu  de  la  soudure  de  deux  molécules 
d'alcool  caprylique  CH»  -(CH^)''  -  CHOH  — CH',  on  voit  que  lasiùvante 
seule  s'accorde  avçc  les  résultats  fournis  par  l'oxydation  : 
_^^ij^  •^., .  J  ;' ;ÇH^.-^(CH^),=  ^ai ( CHn— CFP  - GHOH  - ( QH')'- GH^ 

^  <'  li'oxyHafion  d'un  tel  alcool  fournirait,  en  effet,  d'abord  l'acétone  corres- 
pondante non  combinable  au  bisulfite  de  sodium,  puis  les  acides  décylique 
el  caproïque  avec  un  peu  des  acides  nonylique  et  œnantliylique.  Enfin, 
l'oxydation  se  poursuivant  sur  une  partie  des  acides  formés,  il  se  produirait 
de  l'acide  acétique,  une  nouvelle  quantité  d'acide  caproïque  et  de  l'acide 
carbonique. 

L'alcool  dicaprylique  est  donc  le  méthyl-7-pentadécanol-9. 

^  Vacétone  dicaprylif/(ie.  ou  /néthyl-j-pentadccanone-g,  est  un  liquide  incolore  de 
densité  0.846  à  o".  Elle  bout  à  i72"'-i74°  sous  21"""  de  pression.  Elle  ne  se  combine 
pas  ail  bisulfite  de  sodium.  Sa  semîcarbazone  cristallise  dans  l'alcool  en  fines  aiguilles 
fusibles  à  t95°^i97"'  (corr.). 

Constitution  de  l'alcool  trihutylique  secondaire.  —  Pour  déterminer  la 
constitution  de  cet  alcool,  j'ai  oxydé  par  le  mélange  chromique  l'acétone 
correspondante  et  j'ai  séparé  les  acides  formés  en  acides  solubles  et  acides 
insolubles  dans  l'eau. 

Ces  derniers  distillent  presque  entièrement  entre  a^o"  el  270".  Le  dosage  du  baivuin 
dans  leurs  sels,  obtenus  par  cristallisation  fractionnée,  a  montré  qu'ils  étaient  formés 
d'un  acide  nonylique,  d'un  acide  décylique  avec,  sans  doute,  un  peu  d'acide  caproïque. 

Quant  aux  acides  solubles  dans  l'eau,  ils  ont  été  séparés  par  distillation  fractionnre 
de  leur  solution  aqueuse,  ainsi  qu'il  a  été  dit  à  propos  de  l'oxydation  de  l'alcool  dibu- 
tylique  secondaire  (loc.  cit.).  Ils  ont  été  ensuite  transformés  en  sels  de  baryum,  puis 
identifiés  par  le  dosage  du  métal  qu'ils  renfermaient.  Ils  se  sont  montrés  formés  sur- 
tout par  les  acides  acétique  et  propioni(jue  avec,  peut-être,  un  peu  d'acide  ca|)roï(|iie. 

Si  l'on  examine  les  formules  que  l'on  peut  attribuer  à  l'alcool  tribtity- 


SÉANCE    DU    l8    AVfllL    Ï9IO.  98.I 

Hque  secondaire  provenant  de  la  soudure  d'une  molécule  d'alcool  dibuty- 

lique 

C^H*  —  CH(CH')  -  CH^  —  CIIOH  —  G^H^ 

avec  une  molécule  d'alcool  butylique  secondaire  ■■*f 

Gll'— CHOH  — C^IP,  .7., 

on  voit  que  la  suivante  seule  s'accorde  avec  les  faits  : 

C'-ll'  -  CH(CH')  —  CH-  —  <;H(C-'1P)  —  CII^  -  CHOH  —  G^H^ 

L'oxydation  d'un  tel  alcool  fournirait,  en  effet,  d'abord  une  acétone  non 
combinable  au  bisulfite  de  sodium  comme  racélone  Iributylique,  puis  un 
acide  en  C,  un  acide  en  C"  et  les  acides  acétique  et  propionique.  L'oxy- 
dation ultérieure  des  acides  en  C"  et  en  C  donnerait  d'ailleurs  de  l'acide 
caproïque  dont  la  présence  est  à  peu  près  certaine  dans  les  produits  d'oxy- 
dation de  l'acétone  tributylique. 

En  résumé,  les  résultats  acquis  sur  la  constitution  des  alcools  dicapry- 
lique  et  tributylique  secondaire  généralisent  les  notions  qui  résultaient 
déjà  de  la  constitution  des  alcools  diisopropylique,  triisopropylique,  dibu- 
tylique  secondaire  : 

1°  La  formation  de  tous  ces  alcools  condensés  peut  être  ramenée  à 
l'élimination  d'une  molécule  d'eau  entre  l'oxhydryle  de  l'une  des  molécules 
des  alcools  réagissants  et  le  groupe  méthyle  voLsin  du  groupement  fonction- 
nel de  l'autre  molécule  :  .•      n  t       n 

:::ioi)  silo  ozYlr.ai;  i  i. 
R  -  GH  OH  —  GH» -H  GH^  -  GU  OH  —  R' 

=  R  -  GH (GH')  -  GH'- —  CHOH  -  R' +  H-0. 

2°  Lorsque  la  réaction  s'eflectue  entre  deux  alcools  secondaires  diffé- 
rents l'un  de  l'autre,  l'élimination  de  l'eau  se  produit  aux  dépens  de  l'oxliy- 
dryle  de  l'alcool  le  plus  riche  en  carbone.  ;,  : 

Cette  seconde  conclusion  est  tout  à  fait  semblable  à  celle  à  laquelle  on 
arrive  dans  l'étude  de  la  condensation  des  alcools  primaires  avec  leurs 
dérivés  sodés  (^Annales  de  Chim.  et  de  Phys.,  ']^  série,  t.  XXVII,  p.  67). 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Action  de  l'oxyde  d'argent  sur  l'élatérine. 

Note  de  M.  A.  Berg,  présentée  par  M.  A.  Haller.  ,." 

J'ai  employé  pour  ce  travail,  ainsi  que  pour  mes  recherches  précédentes^ 
de  l'élatérine  que  j'avais  préparée  moi-même  et  soigneusement. purifiée  par 


902  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

cristallisation  dans  l'alcool  où  elle  est  peu  soluble.  Elle  fondait  à  23i''  et 
possédait  un  pouvoir  rotatoire  gauche  [a]„=:  —  53°, 4-  Cette  remarque  est 
motivée  par  ce  fait  que  M.  F.  Power  et  C.  Moore,  dans  un  travail  récent, 
ont  avancé  que  Félatérine,  telle  qu'on  la  connaissait,  est  un  mélange  de 
deux  substances  probablement  isomères  qu'ils  dénomment  a-  et  {3-éla- 
térine.  Le  corps  dont  je  suis  parti  et  que  j'ai  toujours  considéré  comme 
constituant  l'élatérine  proprement  dite  est  identique  à  leur  composé  a. 

Pour  étudier  la  réaction  qui  fait  l'objet  de  cette  Note,  j'ai  chaulTé  au  réfrigérant 
ascendant  une  partie  d'élatérine  avec  de  l'alcool  à  gS"  et  de  l'oxyde  d'argent  bien  lavé 
et  humide  correspondant  à  2  parties  de  nitrate  d'argent.  Au  bout  de  peu  de  tennps,  on 
voit  l'oxyde  se  réduire  et  une  couche  miroitante  se  déposer  sur  les  parois  du  récipient. 
Après  I  heure  et  demie  de  chaufle,  on  filtre  le  produit  de  la  réaction,  ce  qui  donne  un 
liquide  brun  foncé  contenant  de  l'argent  en  partie  à  l'état  colloïdal,  en  partie  à  l'étal 
de  composés  solubles.  En  agitant  avec  une  pincée  de  sel  marin,  on  précipite  complè- 
tement ce  métal  et,  après  filtration,  le  liquide  possède  une  belle  couleur  jaune  orangé. 
Après  avoir  évaporé  à  sec  au  bain-marie,  on  reprend  par  un  peu  d'alcool,  on  ajoute 
une  solution  de  soude  en  excès  et  immédiatement  après  de  l'eau.  Il  se  forme  un  préci- 
pité abondant  que  l'on  essore,  puis  reprend  par  l'éther  qui  le  dissout  en  majeure 
partie. 

Par  évaporation,  l'éther  laisse  une  substance  amorphe  jaune  très  soluble  dans  l'alcool 
et  l'éther  qu'elle  colore  fortement.  Contrairement  à  l'élatérine,  et  à  l'élatéridine,  elle 
est  insoluble  dans  les  alcalis  caustiques  ou  carbonates  et  ne  colore  pas  le  perchlorure 
de  fer.  Sa  coloration  jaune,  qui  paraît  lui  être  propre,  disparaît  par  l'action  de  l'hydro- 
gène naissant.  Ce  sont  là  les  caractères  d'une  quinone. 

A  l'analyse  elle  donne  des  nombres  très  voisins  de  ceux  de  l'élatéridine 
et  qui  correspondent  à  la  formule  d'une  quinone  dérivée  de  cette  der- 
nière C'^H'^O',  ce  qui  m'a  fait  lui  donner  le  nom  à^élatéridoquinone.  On 
trouve  d'ailleurs  de  l'acide  acétique  dans  les  produits  de  la  réaction,  et  mes 
recherches  ont  montré  que  l'élatérine  se  transforme  en  élatéridine  avec 
formation  d'acide  acétique.  L'oxyde  d'argent  agit  donc  à  la  fois  comme 
agent  oxydant  et  comme  agent  hydratant. 

L'élatéridoquinone  forme  la  majeure  partie  des  produits  de  la  réaction 
(5o  à  60  pour  100  du  poids  de  l'élatérine  employée).  On  trouve  aussi  une 
petite  quantité  d'un  corps  de  nature  phénolique  (peut-être  élatéridine)  et 
un  acide  peu  abondant  qui  paraît  avoir  avec  l'acide  élalérique  les  mêmes 
rapports  que  l'élatéridoquinone  avec  l'élatéridine.  Un  acide  tout  semblable, 
sinon  identique,  se  produit  rapidement  par  l'action  de  la  soude  ou  de  la 
potasse  alcoolique  sur  l'élatéridoquinone. 

En  l'absence  complète  de  l'eau,  l'oxyde  d'argent  est  sans  action  sur  l'élatérine.  Pour 


SÉANCE  DU  I(S  AVRIL  191O.  988 

que  la  quinone  se  forme,  il  semble  donc  qu'il  doit  y  avoir  en  môme  temps  saponifi- 
cation de  la  fonction  élher  acétique  et  dès  lors  on  pouvait  penser  que  l'on  obtiendrait 
facilement  ce  composé  en  partant  de  l'élatéridine.  On  oJjtient  bien  en  effet,  dans  l'action 
de  l'oxyde  d'argent  sur  l'élatéridine,  un  corps  insoluble  dans  les  alcalis,  mais  il  ne  se 
forme  qu'eu  quantité  extrêmement  faible. 

Remarquons  en  terminant  que  ces  faits  s'accordent  très  peu  avec  l'idée, 
émise  par  quelques  auteurs,  de  la  présence  d'une  fonction  aldéhyde  dans 
l'éiatérine,  car  alors  le  produit  principal  de  la  réaction  devrait  être  un  acide 
cl  non  un  corps  insoluble  dans  les  alcalis. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Surl'aloïnose  ousucre  d'aloïne.  Note  de  M.  E.  Léger, 
présentée  par  M.  E.  Jungfleisch. 

.J'ai  déjà  indiqué  la  formation  de  ce  sucre  dans  le  dédoublement  de  la 
barbaloïne  et  de  l'isobarbaloïnc  ('). 

La  présente  Note  a  pour  but  d'apporter  quelques  précisions  à  l'histoire 
de  cette  matière  sucrée. 

Préparation.  —  5o8  de  barbaloïne  privée  d'isobarbaloïne  ont  été  placés  dans  un 
ballon  bouché  avec  loo"^"'  d'alcool  à  90°.  Après  3  ans  de  contact,  le  mélange  était 
devenu  sirupeux  et  avait  pris  une  coloration  rouge  brun.  La  saveur  étant  encore 
amère,  on  a  iijouté  une  petite  quantité  de  SO'H' étendu  de  son  volume  d'eau  et  l'on  a 
prolongé  la  durée  du  contact  pendant  encore  2  ans  et  5  mois.  Après  ce  laps  de 
temps  (5  ans  et  5  mois)  l'amertume  du  mélange  avait  presque  complètement  disparu. 

L'addition  de  5'°'  à  6'°'  d'eau  précipite  des  dérivés  anthraquinoniques,  parmi  lesquels 
se  trouve  la  méthyliso\ychrysasine  ou  aloémodine,  tandis  que  le  liquide  filtré  renferme 
l'aloïnose. 

Après  une  heure  de  digestion  au  bain-marie  avec  un  excès  de  carbonate  de  baryum, 
on  filtre,  on  décolore  au  noir,  à  froid,  et  l'on  évapore  à  sec  dans  le  vide. 

Le  résidu  est  repris  par  l'alcool  absolu  et  la  solution  filtrée  est  concentrée,  de  nou- 
veau, dans  le  vide  puis  exposée  sur  SO'H^.  On  obtient  ainsi  5s, 5o  d'un  sirop  épais, 
presque  incolore,  qui  constitue  le  sucre  d'aloïne  ou  aloïnose. 

L'aloïnose  possède  une  saveur  légèrement  sucrée,  dépourvue  d'amertume. 
Il  réduit  la  liqueur  de  Fehling,  donne  la  réaction  du  furfurol  avec  l'acétate 
d'aniline  et  la  réaction  de  G.  Bertrand  (coloration  violette  avec  H  Cl  et 
l'orcine). 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  iii3;  fiatl.  Sciences  pliarniacol.,  août  1904, 
p.  65;  Journ.  Pliarm.  et  Cliini.  6''  série,  t.  XX,  p.  1^5. 

C.  r..,  lyio,  .-'  Semcslre.  (T.  150,  N"  16.)  I^O 


98''|  ACADÉMIE    IJES    SCIENCES. 

Ici  cependanl,  il  faut  rciiiarcjuer  (juc  la  matière  violelle  passe  plus  facile- 
ment à  l'état  insoluble  que  dans  le  cas  des  pentoses  connus,  de  l'arabinose-/ 
par  exemple.  En  ajoutant,  après  réaction,  un  peu  d'éther  au  liquide  acide 
refroidi,  la  matière  précipitée  se  redissout  en  communiquantà  la  solution  une 
coloration  violette  ou  rouge  vineux.  Si  l'on  agite  alors  avec  un  excès  d'éther 
et  qu'on  laisse  déposer,  l'éther  surnageant  reste  incolore  tandis  que  la  colo- 
ration violette  de  la  couclie  acide  inférieure  s'affaiblit  considérablement 
pour  passer  au  vert  émeraude. 

Cette  coloration  verte  est  très  stable,  elle  peut  se  maintenir  pendant 
plusieurs  jours  après  lesquels  ils  se  forme  un  précipité  bleu  vert.  Si  l'on 
ajoute  de  nouvel  éther,  pour  remplacer  celui  qui  s'est  évaporé,  le  précipité 
se  redissout  dans  la  liqueur  acide  avec  une  coloration  j)lns  intense  et  d'un 
verl  bleu.  Après  un  très  long  temps,  le  précipité  devient  noir  ;  il  cesse  alors 
de  se  dissoudre  quand  on  ajoute  de  l'étber.  Ces  différentes  colorations  ne 
sont  pas  spéciales  à  l'aloïnose  ;  tous  les  pentoses  semblent  les  donner  ;  c'est 
le  cas  de  l'arabinose-/,  de  l'arabinose-r/,  du  xylose-/.  Avec  ces  trois  sucres, 
Cependant,  la  coloration  violette  passe  d'abord  au  bleu,  puis  au  bleu  vert 
par  addition  d'éther.  Cette  diiférence  est  peut-être  due  à  la  présence  de  sub- 
stances étrangères  dans  le  sirop  d'aloïnosc.  Le  rhamnose  et  le  glucose,  au 
contraire,  ne  donnent,  après  traitement  de  la  solution  (orcine,  sucre,  IlCl) 
par  l'éther,  que  des  colorations  rose  sale  ou  feuille  morte,  très  atténuées. 

L'aloïnose,  chauffée  pendant  3o  minutes  au  bain-marie  avec  une  solution 
d'acétate  de  phéuylhydrazine,  fournit  en  (juantité  abondante  une  osazone 
cristallisée  en  lamelles  allongées  et  pointues,  peu  solublcs  dans  l'eau  froide. 

Poiuoir  rotatoire.  —  L'aloïnose  étant  incristallisable,  pour  en  déterminer 
le  pouvoir  rotatoire  j'ai  établi  le  poids/»  de  sucre  contenu  dans  loo  parties 
de  solution  en  dosant  ce  sucre,  à  l'aide  du  procédé  G.  Bertrand  ('),  dans  la 
solution  examinée  au  polariinètrc.  Cette  solution,  observée  dans  un  tube  de 
2'''",  2,  a  donné  une  déviation  a  =  —  2",  9  à  +  19". 

Le  dosage  de  la  quantité  p  de  sucre  qu'elle  renfermait  a  donné,  dans 
trois  expériences,  des  valeurs  variant  entre  2'»',  20  et  2S,3o.  En  conséquence 
\a.^\=  -  5f,3k  -58°, 5. 

On  a  supposé  dans  l'étabHssement  de  p  que  le  pouvoir  réducteur  de 
l'aloïnose  était  semblable  à  celui  du  xylose-/.  Si  l'on  avait  pris  comme  terme 
de  comparaison  l'arabinose-/,  la  valeur  de  a,,  aurait  été  voisine  de  —  61°. 

(')  Ilii/l.  Soc.  c/niii.,  i''  série,  l.  XWV,  p.  laSS. 


SÉANCE    DU    I(S    AVniL    1910.  'gSS 

Sucre  de  la  nataloïne.  —  Si  l'on  met  en  contact,  pendant  1  an,  5oi^  de  nalaloïne 
avec  100'™'  d'alcool  à  90»  et  10"°'  d'un  mélange,  à  volumes  égaux,  d'eau  et  de  SO'H', 
on  retrouve  presque  toute  la  nataloïne  inaltérée.  Du  liquide  obtenu  en  ajoutant  5'°' 
à  6'"'  d'eau  et  filtrant,  j'ai  pu  extraire  une  petite  quantité  d'un  sucre  incristal- 
lisab'e,  ayant  toutes  les  propriétés  de  l'aloïnose,  lévogvre,  mais  dont  la  quantité  était 
trop  faible  pour  qu'il  m'ait  été  possible  de  voir  si  les  deux  sucres  étaient  semblables 
ou  dilTérents.  Su  formation  était  accompagnée  de  celle  d'une  quantité  relativement 
importante  d'acide  éthylsulfurique. 

Nature  de  l'aloïnose.  —  Les  réactions  de  ce  corps  le  rattachent  au  groupe 
des  pentoses.  Son  pouvoir  rotatoire  gauche  le  difîérencie  des  pentoses  dexlro- 
gyres.  La  valeur  de  ce  pouvoir  rotatoire  est  très  difTérente  de  celle  de  Tara- 
binose-<:/,  sucre  également  lévogyre. 

Récemment,  MM.  F.  Haiser  et  F.  Wenzel  (')  ont  obtenu  un  nouveau 
penlose  lévogyre  à  l'aide  de  la  carnine,  produit  retiré  de  l'extrait  de  viande 
de  Liebig  parWeidel.  La  carnine,  selon  ces  auteurs,  se  dédoublerait  en 
hypoxanthine  et  inosine,  laquelle,  soumise  à  l'hydrolyse  acide,  fournirait 
une  seconde  molécule  d'hypoxanthine,  ainsi  qu'un  pentose  incristallisablc, 
MM.  P. -A.  Levene  etW.-A.  Jacobs(-)  ont  réussi  à  faire  cristalliser  le  pen- 
tose de  l'inosine.  Ils  lui  attribuent  un  pouvoir  rotatoire  [«]„  =  — 19",^). 
Cette  valeur  est,  comme  on  le  voit,  très  différente  de  celle  de  l'aloïnose.  Il 
en  résulte  que  le  sucre  de  la  barbaloïne  apparaît  comme  un  sucre  nouveau 
et  que  le  nom  d'aloïnose  se  trouve  jusqu'ici  justifié.  Remarquons  enfin  que 
l'aloïnose  lévogyre  provient  du  dédoublement  de  la  barbaloïne  dextrogyro 
(en  solution  aqueuse),  c'est-à-dire  que  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre  est  in- 
verse de  celui  de  la  substance  qui  le  fournit,  ce  qui  est  la  règle  générale  pour 
les  glucosides. 

Dans  la  formule  de  constitution  que  j'ai  proposée  pour  la  barbaloïne  (') 
figure,  non  un  pentose,  mais  un  méthylpentose.  Si  l'aloïnose  est  réellement 
un  penlose,  il  y  aura  lieu  de  faire  subir  à  la  formule  développée  de  la  bar- 
baloïne une  légère  modification. 

D'autre  part,  on  peut  dire  que  toutes  les  formules  de  constitution  de  la 
barbaloïne  qui  ne  tiennent  pas  compte  de  la  production  d'un  sucre  par  dé- 
doublement doivent  être  rejetées.  Il  en  est  ainsi,  en  particulier,  de  la  for- 


(')  Monatshefle,  t.  XXIX.  p.  157. 

(^)  Berichte^  t.  XLII,  1909,  p.  335  et  1198 

(^)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  i584. 


986  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mule  proposée  récemment  par  MM.  Uobinson  et  Simonscn  (').  Les  expé- 
riences récentes  de  MM.  OEsterleel  Hiat(^  )  confirment  rexactilude  de  celte 
conclusion. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Cyclohexanetriols  et  dérivés .  NotedeM.  LéoxBrunel, 
présentée  par  M.  E.  Jungneiscli. 

En  faisant  agir  sur  l'éther  éthylique  du  Ao-cyclohexénol,  dont  j'ai  décrit 
antérieurement  la  préparation  {Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  8*  série,  t.  VI, 
p.  269),  l'iode  et  l'oxyde  de  mercure  en  présence  d'eau,  j'ai  obtenu  un 
liquide  huileux,  de  formule  C-H°0  —  CH*  —  (OH)I,  fournissant  par 
saponification  un  mélange  de  deux  cyclohexanetriols  isomères  i-2-3.  Je 
n'ai  pu  résoudre  la  question  de  savoir  si  le  liquide  iodé  est  formé  d'une 
seule  iodliydrine,  dont  une  partie  s'isomériserait  pendant  les  diflérents  trai- 
tements poursuivis  en  vue  de  l'obtention  des  deux  triols,  ou  si  le  liquide  est 
formé  dès  le  début  de  deux  iodliydrines. 

L'étude  de  ces  deux  cyclohexanetriols  et  de  leurs  dérivés  fait  l'objet  de  la 
présente  Note. 

Pour  préparer  l'iodhydrine,  on  dissout  ■l'S^  de  Ao-éthoxycyclohexène 
dans  5o™'  d'éther;  on  ajoute  à  cette  solution  2*^'  d'eau  et  22^  d'oxyde  jaune 
de  mercure  puis,  par  petites  portions,  So^  d'iode;  la  réaction  dégageant  de 
la  chaleur,  il  est  nécessaire  de  refroidir.  La  solution  éthérée,  séparée  du 
bi-iodurc  de  mercure  formé,  est  lavée  à  l'iodure  de  potassium,  puis  sécliée 
sur  le  sulfate  de  sodium  anhydre;  évaporée  à  basse  température,  elle  laisse 
comme  résidu  un  liquide  huileux,  jaunâtre,  odorant,  dont  les  analyses  cor- 
respondent à  la  formule  C-IVO  -  C«H"(OH)L 

Si  la  réaction  précédente  est  faite  en  employant  l'alcool  ordinaire  comme 
solvant,  on  obtient  un  liquide  huileux,  jaune,  de  formule 

(C'H30)^=C41»-I. 

Dans  le  premier  cas,  il  y  a  eu  fixation  des  éléments  de  l'acide  hypoiodeux 
sur  la  liaison  élhylénique;   dans  le  second   cas,  les  cléments  de  l'hypo- 


(')  Journal  of  t/ie  cheni.  Soc,  l.  XXV,  1909,  p.  76. 

(')  Schweii.  Wochenschr.  flir  Chein,  und  Pliarni.^  l,  XLMI,  1909,  p.  71. 


SÉANCE  DU  l8  AVIUL  1910.  987 

ioditc  d'élhyle  ont  été  fixés.  J'ai  d'ailleurs  fait  connaître  antérieurement  ces 
recelions  {Comptes  rendus,  t.  CXXW,  p.  io55). 

La  solution  éthérée  à' éthoxyiodocyclohexanol  étant  additionnée  de  potasse 
récemment  fondue  et  pulvérisée,  une  réaction  assez  vive,  accompagnée 
d'un  dégagement  de  chaleur,  se  produit  et  il  se  forme  Vëlher-oxyde  interne 
à^unéthoxycyclohexanediol,  (i)  C"H^O  —  C°H"  =  (OH)-  (2.3).  La  réaction 
terminée,  on  isole  cet  étlier  et  on  le  purifie  par  distillation  fractionnée.  On 
obtient  ainsi  un  liquide  mobile,  incolore,  peu  odorant,  de  densité  inférieure 
à  celle  de  l'eau;  il  est  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther; 
il  ne  cristallise  pas  par  refroidissement  à  —  10°,  il  bout  à  go^-gi",  sous  25""" 
de  pression  et  à  i92°-ig3''  sous  la  pression  normale. 

Chauffé  en  vase  clos  avec  une  quantité  équimoléculaire  d'eau,  pen- 
dant 2  heures  à  100°,  il  fournit  ([uantitativement  Véthoxycyclohexanediol 
correspondant,  (i)G'H'^O  —  CH''^  (OH)'- (2.8).  Celui-ci  est  un  liquide 
huileux,  incolore,  inodore,  très  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'acétone,  bouil- 
lant à  i48°-i49"  sous  20""". 

J'ai  obtenu  les  cyclohexanetriols  à  partir  de  cet  éthoxycyclohexanediol 
par  destruction  de  la  fonction  éther-oxyde  au  moyen  de  l'acide  bromhy- 
drique.  A  cet  elFet  l'éther-oxyde  éthyliquea  été  chaufTéà  70°  pendant  10  mi- 
nutes, en  vase  clos,  avec  son  volume  d'acide  bromhydrique  en  solution 
aqueuse  saturée  à  o";  le  liquide  a  été  neutralisé  par  le  carbonate  de  potas- 
sium pulvérisé  et  le  magma  résultant  extrait  par  l'acétone.  La  solution 
acétonique,  séchéesurle  sulfate  de  sodium  anhydre,  abandonne  par  distilla- 
tion un  résidu  huileux,  épais  qui,  exposé  sur  l'acide  sulfurique,  se  prend 
bientôt  en  une  masse  de  cristaux.  Ceux-ci  sont  constitués  par  un  mélange  de 
deux  cyclohexanetriols,  C''H''^(OH)'  (1.2. 3).  Je  désignerai  par  a  celui  des 
deux  alcools  qui  forme  la  presque  totalité  du  mélange,  par  [5(  son  isomère. 
Ces  deux  triols  ne  peuvent  être  séparés  par  des  cristallisations  fractionnées 
dans  les  solvants  usuels.  Au  contraire,  en  les  transformant  en  éthers  acé- 
tiques ou  en  éthers  benzoïques,  la  séparation  par  cristallisation  de  ces  éthers 
est  relativement  facile. 

On  chaurt'e,  par  exemple,  pendant  quelque  temps,  le  mélange  brut  des 
deux  triols  avec  un  excès  de  chlorure  de  benzoyle,  puis,  après  élimination  de 
l'excès  de  chlorure  acide  par  des  lavages  à  l'eau  alcaline,  le  mélange  d'éthers 
est  soumis  à  des  cristallisations  fractionnées  dans  la  benzine.  On  sépare 
ainsi  deux  benzoates  qu'il  suffit  de  saponifier  par  la  potasse  en  milieu 
hydro-alcoolique  pour  obtenir  les  alcools  correspondants. 

Le  [i-cyclohexanetriol  peut  d'ailleurs  être  formé  par  une  réaction  difië- 


()88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rente  de  celle  précédemment  indiquée.  Il  suffit  de  faire  réagir  sur  le 
Ao-éllioxycyclolie\ène  une  solution  étendue  et  froide  de  permanganate  de 
potassium. 

On  olitient  ainsi  directement  un  étlioxycyclohexanedlol 

( , ) CMl^ O  -  C« H"  =  ( OH )' ( 2 . 3 ), 

liquide  sirupeux,  incolore,  qui  est  un  composé  unique  car,  traité  par  l'acide 
hrondiydrique  fumant,  il  fournit  le  [3-cycloliexanetriol  pur  de  tout  mélange. 

CY(',LOHi:XANETiiioi.-a,  C"IP^(OH)'(i.2.3).  —  Cet  alcool  ccislallise  de  Félher  acéliqiie 
en  aiguilles  incoloies.  Il  est  soluble  en  toutes  proportions  dans  l'eau,  très  soluble  dans 
l'alcool  et  l'acétone,  peu  soluble  dans  l'éther  et  dans  l'éther  acétique  à  froid,  très 
soluble  à  chaud  dans  ce  dernier  liquide;  il  est  insoluble  dans  la  ligroïne  et  la  benzine. 
Il  fond  à  108°  et  se  subliine,  enfuies  aiguilles,  un  peu  au-dessus  de  cette  température. 

L'éther  Iriacéliqae  de  l'ijt-cyclohexanetriol,  formé  au  moyen  de  l'anhydride  acétique 
en  présence  de  pyridine,  cristallise  en  prismes  incolores,  inodores;  il  est  très  soluble 
dans  l'alcool,  la  benzine,  l'acétone,  l'acétate  d'éthyle.  11  fond  à  J26"  en  se  sulilimanl 
rapidement,  dès  celte  température,  en  un  feutrage  de  fines  aiguilles. 

L'éther  Iribenzoïque  cristallise  en  longues  aiguilles  brillantes,  incolores,  inodores. 
Gel  élher  est  très  soluble  à  clipud  dans  l'alcool,  la  benzine,  l'acétone.  H  fond  à  i!\i''-\L\'i'', 

CvcLOiiEXAMîTitioi.-p,  C"  H'^fOH)'  (i  .3,3).  —  Cet  alcool,  obtenu  par  les  deux  procédés 
indiqués,  cristallise  de  l'éther  acétique  en  ])etiles  tables  incolores,  inodores.  Il  est  très 
soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  soluble  surtout  à  chaud  dans  l'acétate  d'éthyle,  insoluble 
dans  la  benzine.  Il  fond  à  124°. 

L'éther  Irincétique  du  p-triol  est  un  liquide  sirupeux,  incolore,  inodore;  il  n'a  pu 
être  amené  à  cristallisation  à  — 15°.  11  est  soluble  dans  l'alcool,  le  chloroforme. 

L'ètlier  tribenzoïque  se  présente  en  gros  cristaux  incolores,  inodores.  Il  est  à  peu 
près  insoluble  à  froid  dans  la  benzine,  l'alcool,  légèrement  plus  soluble  à  chaud.  Il  se 
dissout  plus  facilement  dans  l'acétone.  Il  fond  à  181°. 

Les  deux  Iriols  qui  viennent  d'être  décrits  ne  sont  pas  identiques  à  l'alcool 
de  même  composition  obtenu  par  MM.  Sahatier  et  MaiUie  (^Comptes  rendus, 
t.  GXLVI,  p.  iif)(j)dans  riiydrogénation  catalylique  du  pyrogallol. 


BOTANIQUE.    —    Une  /loui'clle  espèce  de  liourse-à- Pasteur  :  Capsella  Viguieri 
Blar.^  née  par  mutation.  Note  de  MM.  L.  Iîlari.\ghem  et  Paui.  Viguier, 

présentée  par  M.  Gaston  Boniiier. 

L'un  de  nous  3  trouvé  en  avril  1908,  dans  la  vallée  d'Ossau  (Basses- 
Pyrénées),  à  une  altitude  voisine  de  .uio",  le  long  de  la  voie  du  chemin  de 
fer  de  Pau  à  Laruus,  à  !io"'  environ  de  la  station  d'izeste,  une  plante  qui. 


j 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1910.  989 

par  son  feuillage,  son  port,  ses  grappes  de  (leurs  allongées,  rappelle  la  vul- 
gaire Hourse-à-Pasteur  (Capsella  Bursa  /*«5/om  Mœnch),  mais  qui  en  diffère 
entre  autres  caractères  par  un  trait  essentiel  :  les  fruits,  au  lieu  d'être  plats, 
triangulaires,  à  deux  carpelles,  présentent  quatre  valves  et  ressemblent  en 
petit  à  des  fruits  de  fusain  (Ei'onymus  eurupœus). 

Suivant  en  cela  l'exemple  donné  récemment  par  Solms  Lauhach  au  sujet 
d'une  autre  mutation  de  la  Bourse-à-Pasteur  (  '  ),  cette  forme  nouvelle  a  été 
désignée  sous  le  nom  de  Capsella  Viguieri  (  -  ). 

■  La  piaille  initiale  fui  rapportée  à  I^aris  a\ec  grand  soin,  et  cultivée  au  laboiatoiie 
de  Bolaiii(|ue  de  l'Ecole  iVorrnale  supérieure  en  vue  de  la  récolle  des  graines.  D'une 
roselte  peu  vigoureuse  de  feuilles  à  peine  dentées  s'élevait  à  20"^"'  environ  une  lige 
unique  portant  alors  plusieurs  fruits,  tous  à  4  valves;  quelques-uns  étaienl  déjà 
tombés,  les  autres  mûrirent  leurs  graines  qui  furent  récoltées  jour  par  jour.  Les  (leurs 
terminales  de  la  grappe,  malgré  les  arrosages  et  les  soins  de  protection  ne  s'épanouirent 
pasi  A  cette  époque,  en  raison  d'une  blessure  visible  à  la  loupe  et  que  l'on  pouvait 
attribuer  à  la  voracité  d'une  limace,  les  caractères  de  condensation  de  la  grappe  florale 
furent  peu  apparents,  mais  la  liampe  terminale  endommagée,  conservée  dans  l'alcool, 
montra  à  la  suite  d'une  nouvelle  élude  des  caractères  très  nets  de  fascialion.  Celle-ci 
se  traduisait,  non  pas,  comme  en  général,  par  un  axe  aplati,  mais  par  une  condensation 
excessive  des  boulons  ramassés  en  une  grappe  serrée,  spiciforme,  au  lieu  d'être  étalée 
au  sommet  en  fausse  ombelle.  La  croissance  successive  des  bourgeons  floraux  et 
l'épanouissement  des  fleurs  de  la  Hourse-à-Pasleur  du  tjpe  normal  sont  en  eflfet  accom- 
pagnés d'un  allongement  des  pédoncules  qui  amène  les  bourgeons  les  plus  développés 
et  les  (leurs  épanouies  à  se  trouver  sur  le  même  plan  que  les  bourgeons  terminaux  à 
peine  visibles;  ce  n'est  qu'après  la  fécondation  et  le  (lélrissement  des  enveloppes 
florales  que  l'axe  central  s'allonge,  donnant  à  la  grappe  son  aspect  définitif.  L'un  de 
nous  a  montré,  par  une  élude  des  grappes  de  Maïs  (^)  qu'en  dehors  des  fascies  aplaties, 
il  existait  des  fascies  cylindriques  caractérisées  par  la  succulence  et  l'épaississemenl 
de  l'axe,  la  croissance  ralentie,  et  surtout  la  condensation  excessive  des  bourgeons 
floraux.  Tous  ces  derniers  caractères  se  retrouvent  sur  la  hampe  florale  de  la  plante 
récoltée  à  Izeste,  et  il  est  même  permis  de  supposer  que  la  déchirure  des  tissus  attribuée 
à  une  limace  s'est  produite  spontanément  comme  il  est  fréquent  de  le  constater  dans 
les  véritables  fascies. 

La  plante  Capsella  Viguieri  était  unique  en  sa  station  au  printemps  1908;  les  nom- 
breux individus  de  Capsella  liursa  Pastoris  existant  dans  le  voisinage  avaient   été 

(')  H.  Solms  L.iubach,  Criieiferienstiidien.  1.  Capsella  Ilœggeri  Solms  eine 
neuensiandene  Form  der  deii/sc/ie/i  Flora  {liot.  Zeit.,  t.  LVIIl,  PI.  ]'//,  lyog, 
p.  167-190). 

(-)  BL.vni.xdiiEM,  Capsella  Viguieri  Blav.  n.  sp.  (Manuscrit  inédit). 

(^)  L.  Blauinghrm,  Mutation  et  traumatismes  {Bull.  Se,  Fr.  et  lîelg.,  Paris,  1907, 
p.  III  et  suiv.). 


r)f)0  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

examiués  avec  soin  el  ne  présenlaienl  aucune  anomalie.  Il  n'est  cependant  pas  très 
rare  de  rencontrer  des  Bourses-à-Pasleur  ayant  quelques  fruits  à  3  ou  4  valves. 
Penzig('),  Wille  (-)  en  signalent  plusieurs  cas;  t'iin  de  nous  en  a  conslalé  sur  deu\ 
espèces  élémentaires  distinctes  [C.  B.  rubella  à  Val  d'Isère  (Savoie)  el  C.  B.  simplejc 
Shull  à  Sceaux];  dans  ces  deux  cas  d'ailleurs  l'anomalie  concernait  le  bas  de  l'inflo- 
rescence et  n'alTectait  que  les  2  ou  3  premières  fleurs.  Aussi,  sur  nos  indications,  un 
botaniste  de  Pau,  au  courant  de  la  première  découverte,  M.  Donnaj,  voulut  bien  le 
mois  suivant  examiner  de  nouveau  la  station  et  nous  envoyer  dans  autant  de  sacs  les 
individus  de  Bourse-à-Pasteur,  d'ailleurs  tous  normaux,  qu'il  y  récolta. 

Les  graines  de  ces  plantes  furent  recueillies  isolément,  et  les  35  lots  obtenus  furent 
livrés  à  la  culture  en  1909  dans  un  terrain  défriclié  au  milieu  du  bois  de  Meudon  pour 
éviter  tout  mélange  accidentel  avec  les  Bourses-à-Pasteur  indigènes.  Les  plantes  obte- 
nues sont  toutes  du  type  C.  B.  rubella  d'Almquist  ('),  soit  du  type  C.  B.  heteris  de 
Shull  (*);  les  pousses  de  première  année,  comme  les  tiges  développées  sur  des  rosettes 
ayant  passé  l'hiver  el  les  rejets  obtenus  après  section  de  la  tige  principale  n'ont  donné 
que  des  fruits  à  2  valves;  seul,  un  individu  du  lot  n°  3  a  fourni  un  fruit  à  3  valves 
donné  par  la  première  fleur  développée;  ce  fruit  n'a  malheureusement  pas  pu  être 
récollé. 

Depuis  IQ08,  la  station  d'Izesle  a  élé  de  nouveau  examinée  plusieurs  fois  sans  qu'on 
ait  pu  y  retrouver  d'individus  présentant  la  variation. 

La  forme  Capsella  Viguieri  Blar.,  ayant  tous  ses  fruits  à  4  valves,  est  donc 
apparue  sans  aucune  transition  dans  un  lot  de  Capselles  à  deux  valves  dont 
elle  s'est  distinguée  dès  le  début  par  une  particularité  florale  remarquable. 
Or,  tous  ses  descendants,  sans  aucune  exception,  cultivés  actuellement  jus- 
qu'à la  troisième  génération  (soit  environ  220  individus)  ont  présenté  le 
même  caractère  de  fruits  à  4  valves.  Dans  plusieurs  cas  on  a  pu  compter  5  et 
6  valves,  une  seule  fois  8,  ce  dernier  fruit  résultant  d'ailleurs  de  la  suture  de 
deux  Heurs  voisines  portées  par  un  axe  aplati.  Dans  ces  mêmes  cultures,  les 
caractères  de  fascic  se  sont  développés  à  l'extrême,  surtout  pour  les  plantes 
de  l'automne  1909  cultivées  à  Bellcvue  parmi  lesquelles  certaines  tiges  se 
sont  étalées  sur  une  largeur  dépassant  i"".  Nous  reviendrons  ultérieure- 
ment sur  leurs  caractères. 

Pour  le  moment,  nous  insistons  sur  les  particularités  qui  font  de  celte 
mutation  de  la  Capselle,  l'exemple  le  plus  net  el  le  plus  frappant  connu 

(')  I^exzk;,  PJlanzcn-Teratologie,  t.  1,  p.  236  et  268. 

(^)  Wiu-E,  Bot.  Centr.,  t.  XXVI,  1886,  p.  121. 

(')  E.  Ai.MQi'iST,  Stiidicn  ûber  die  Capsella  Biiisa  Pastoris  (L.)  {Acla  Hoili 
Bergiani,  t.  IV,  190^). 

(*)  G.- II.  Shuli.,  Baisa  Hursa-Pasloris  and  Bursa  tlœggeri.  Biolypes  and 
Ilyhrids,  Wasliingloii,  1909. 


SÉANCE  DU  l8  AVIUL  1910.  991 

actuellement.  Solins  Laubacii  a  décrit  sous  le  nom  de  Capsella  Hœggeri  une 
plante  à  fruits  presque  globuleux  comme  ceux  delà  Cameline,  qui  se  trans- 
met régulièrement  par  semis,  cl  qui  fut  trouvée  sur  la  place  du  marché  de 
Landau  en  Allemagne  ;  d'après  Laubert  (')  et  NoU  ('■)  cette  mutation  avait 
déjà  été  observée,  mais  négligée.  Il  n'y  a  pas  à  notre  connaissance  d'exemple 
cité  d'une  plante  à  caractères  de  Capselle  n'ayant  que  des  fruits  à  4  valves, 
et  même  il  n'y  a  pas  d'espèce  dans  la  famille  des  Crucifères  qui  présente 
cette  particularité.  La  forme  (lapsella  Yiguieri  est  une  l'ariation  récente, 
apparue  sans  aucune  transition  cl  complètement  stable. 

Tous  les  descendants  de  l'individu  unique  d'Izeste  ont  été  cultivés  et 
seront  encore  soumis  à  des  observations  sur  une  échelle  étendue.  Quelques- 
uns  ont  été  hybrides  avec  le  Capsella  Bursa  Pastoris  Mœnch,  afin  de  suivre 
pour  cette  forme  nouvelle  la  méthode  adoptée  par  Shull  pour  la  Capsella 
Hœggeri  Solms.  Mais,  de  plus,  comme  il  a  été  possible  de  récolter  des  indi- 
vidus vivant  dans  la  même  station,  à  la  même  époque,  et  appartenant  bien 
à  l'espèce  Capsella  Bursa  Pastoris,  leur  culture  faite  avec  tous  les  soins  néces- 
sités en  pareil  cas  permettra  peut-être  de  retrouver  le  détail  de  la  variation 
brusque  qui  donne  ainsi  naissance  à  de  nouvelles  espèces. 


ÉLECTKO-PHYSIOLOGIE.  —  Effets  physiologiques  produit  par  un  champ 
rfiagnétique  alternatif.  Note  de  M.  Silvaxl's-P.  Thompsox,  pré- 
sentée par  M.  G.  Lippmann. 

On  a  admis  jusqu'à  présent  que  le  magnétisme  ne  produit  aucun  effet 
physiologique  ;  on  a  constaté  notamment  qu'une  personne  qui  introduit  sa 
tête  entre  les  pôles  d'un  puissant  électro-aimant  n'en  ressent  aucun  effet. 

J'ai  cependant  obtenu  une  action  positive,  perçue  par  toutes  les  personnes 
qui  se  sont  prêtées  à  l'expérience,  en  opérant  avec  un  champ  alternatif 
suffisamment  puissant. 

Ce  champ  était  produit  par  une  bobine  de  Sa  tours  d'un  fil  de  cuivre,  assez  gros 
pour  porter  jusqu'à  180  ampères  :  la  bobine  avait  8  pouces  de  long  sur  9  pouces  de 


(')  R.  Laubert,  Notizen  iiber  Capsella  HϤ^fferi  So\ms  (Abh.  Bot,  Ver.  Branden- 
l/iu\i,'.,L  XIA'II,  igoS,  p.  197-200). 

{'-)  l".  NoLL,  Ueber  eine  Hœggerl-àhnliche  Forin  der  Capsella  Biirsa-^-Pasloris 
Mœnch  {Silzsber.  d.  niederrh.  Gesellsch.  f.  Natur.  a.  Heilkitnde  sa  Bonn,  1907, 
p.  1-5). 

Cit.,  ijio,  1"  Semestre.   (T.  liO,  N-  16.)  l'^I 


c)92  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diamètre.  I,a  période  du  courant  était  de  5o  par  seconde.  La  valeur  maximum  instauj 
tanée  du  clianij)  |)ou\ait  atleindie  au  centre  i^oo  unités  C.  G.  S. 

En  inetlanl  la  tèle  dans  celle  bobine,  Tobservaleur  perçoit,  dans  l'obscurité 
ou  bien  en  fermant  les  yeux,  une  luinière  faible  et  vacillante  qui  s'étend  sur 
tout  le  champ  visuel,  et  qui  est;  incolore  ou  bleuâtre.  La  période  de  fluctua- 
tion est  mal  définie  ;  ejle  ne  paraît  pas  la  même  dans  tout  le  chainp,  au  même 
nioment,  et  l'intensité  n'en  est  pas  uniformément  répartie  :  elle  est  plus 
Ijrillante  à  la  périphérie  qu'au  centre.  Même  en  plein  jour  et  les  yeux 
ouverts,  on  a  encore  la  sensation  d'une  fluctuation  lumineuse  qui  se 
superpose  à  la  vision  ordinaire. 

Ces  efl"ets  augmentent  ou  diniinuent  avec  l'intensité  du  courant  élec- 
trique. Le  courant  supprimé,  on  ne  ressent  plus  rien. 

Les  sens  de  l'ouïe  et  de  l'odorat  ne  sont  pas  affectés;  le  sens  du  goût  est 
affecté  comme  celui  de  la  vue. 


ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE.  —  Obseivnlioits  au  sujet  de  la  Note 
de  M.  Silvauus-P.  T/iompson,  par  INL  A.  d'Arsowal. 

Le  phénomène  signalé  par  MM.  Silvanus-P.  Thompson  est  connu  des 
physiologistes.  Je  l'ai  indiqué  en  i8()3  et  1H9G  dans  deux  Communications 
dont  voici  des  extraits  : 

l'rodiiclion  des  couranls  de  haute  fréquence  et  de  grande  intensité; 
leurs  ejl'ets  physiologiijues  (').  iNote  de  M.  d'Ahsonval. 

IV.  J'ai  alors  construit  un  solénoïde  beaucoup  plus  grand  dans  lequel  jai  enfermé 
des  aniniiiux.  J'ai  fait  traverser  ce  solénoïde  par  des  courants  alternatifs  puissants, 
mais  à  faillie  fréquence  (i4opar  seconde),  provenant  d'un  alternateur  Siemens  indus- 
triel. 

J'ai  pu  observer  toute  une  série  de  phénomènes  du  plus  haut  intérêt,  phéniimènes 
dont  la  cause  réside  dans  les  puissants  courants  que  le  solénoïde  induit  alors  dans  les 
tissus  vivants  se  comportant  comme  des  conducteurs  fermés  sur  eux-mêmes. 

Il  y  a  là  toute  une  technique  nouvelle  pour  employer  les  courants  sinusoïdaux,  dont 
j'ai  introduit  l'usage  en  électrothérapie,  sans  les  faire  passer  à  travers  le  coi-ps  du 
malade  et  sans  risquer  de  produire  chez  lui  soit  de  la  douleur,  soit  des  secousses 
dangereuses. 


(')  Ctim/jtes  rendus  Soc.  île  liiologie,  4  févriet  1898,  p.  laS. 


SÉANCE    LtU    iH    AVIUL    1910.  998 

Dispositifs  pour  la  mesure  des  courants  alternatifs  à  toutes  fréf/ueiiccs  ('). 
Note  de  M.  d'Arsonval. 

Dans  une  communication  verbale  faite  il  y  a  un  mois  à  la  Société,  j'avais  annoncé 
qu'un  champ  magnétique  alternatif  intense  (de  iio  volts,  3o  ampères  et  ^2  périodes 
par  seconde)  donnait  naissance,  lorsqu'on  y  plongeait  la  tête,  ù  des  phosphènes  et  à  un 
vertige  pouvant  aller  cliez  quelques  personnes  jusqu'à  la  syncope.  Il  est  inutile  d'avoir 
un  champ  aussi  puissant  pour  constater  la  production  des  phosphènes.  Avdc  des 
bobines  ayant  un  faisceau  de  fil  de  fer  doux  de  5°"  de  diamètre  sur  So'""  de  long,  les 
phosphènes  apparaissent.  Ce  champ  magnétique  alternatif  modifie  également  la  forme 
de  la  contraction  musculaire  et  produit  sur  les  êtres  vivants  d'autres  effets  qu'il  esl 
facile  de  mettre  en  relief  et  dont  je  poursuis  l'étude  en  ce  moment. 

J'ajoute  qu'il  suffit  de  tenir  le  faisceau  de  lil  de  fer  de  la  bobine  appliqué 
en  bout  contre  la  tempe  en  Factionnant  par  un  courant  alternatif  ainsi  qu'il 
esl  dit  plus  haut. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  roblanliofi,  par  dialyse  électrique,  d'un 
sérum  extrêmement  appauvri  eu  élceirulytes.  Noie  de  MM.  Ch.  Dhéré 
et  M.  GoKGOLEwsKi,  piéscntée  par  M.  A.  Dastre. 

Dans  une  récente  communication  ('"),  nous  avons  montré  que  la  gélatine, 
placée  dans  un  champ  électrique,  cède  à  l'eau,  avec  laquelle  elle  esl  en  con- 
tact, des  électrolyles  qui  ne  peuvent  lui  être  enlevés  par  simple  dialyse.  Ce 
procédé  d'élimination  des  électrolyles  liés  aux  colloïdes,  sous  l'action  de  la 
force  de  diffusion  combinée  à  celle  d'un  champ  électrique,  —  procédé 
que  l'on  peut  nommer  dialyse  électrique  (^),  —  s'est  révélé  d'une  effica- 
cité toute  particulière  pour  la  purification  du  sérum  dont  les  albuminoïdes 
retiennent,  plus  énergiquenienl  encore  que  la  gélatine,  des  électrolyles  ; 
c'est  ce  qui  nous  engage  à  faire  connaître,  avec  quelques  détails,  noire 
manière  de  .conduire  la  purification,  ainsi  que  les  résultats  obtenus,  dans  ce 
cas  spécial. 

Par  la  dialyse  simple,  même  très  prolongée,  on  ne  peut  obtenir  qu  un  sérum  de  con- 

(')   Comptes  rendus  Soc.  de  Biologie,  :i  mai   i8i)(),  p.  '(Si. 

('-)  Comptes  rendus  dvi  i\  avril  1910,  p.  984. 

( ')  Nous  nous  bornons,  ici,  à  mentionner  la  Note  de  MM.  Tribot  et  CHRÉriiiN,  Sur  un 
hydrate  colloïdal  de  fer  obtenu  par  électrodialyse  (  Comptes  rendus^  l.  CXL,  p.  1 44  )j 
qui  se  rappoi  te  à  une  technique  assez  dilléreiUe  de  la  nôtre. 


994  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diiclivilù  siiécilîqiie  lehilivenienl  élevée.  l'oiir  noire  pari,  nous  n'avons  pas  réussi  à 
faire  lomber  la  conduclivilé  spécifirpie  au-dessous  de  28  X  io~^,  la  concenlralion  en 
albiiminoïdes  (')  élanl  de  i5°  par  litre  ;  et  personne,  crovons-nous,  n'a  préparé,  jus- 
qu'à présent,  de  sérum  possédant,  à  concenlralion  égale,  une  moindre  conduclivilé. 
Or,  comme  on  va  le  voir,  on  peut  aisément  pousser  beaucoup  plus  loin  l'élimination  des 
éleclrolyles,  au  moj'en  de  la  dialyse  électrique  efl'ecluée  de  la  manière  suivante: 

On  remplit  de  sérum  un  tube  en  U,  retourné  de  180°,  dont  les  orifices  des  branches 
parallèles  sont  obturés  par  des  membranes  de  collodion  (fixées  au  verre  au  moyen  de 
collodion)  et  qui  porte  au  sommet  une  tubulure  verticale  servant  à  l'introduction  de 
la  liqueur  à  purifier.  Les  membranes  de  collodion  plongent  chacune  dans  un  petit 
verre  (-)  rempli  d'eau,  au-dessus  d'une  électrode  circulaire  de  platine.  La  tubulure 
supérieure  est  hermétiquement  fermée,  au  début  de  l'expérience,  au  moyen  d'un  bou- 
chon traversé  par  un  tube  à  robinet.  Si  alors  on  établit  une  diflféience  de  potentiel 
suffisante  entre  les  deux  électrodes  reliées  par  la  colonne  incurvée  de  sérum,  on  déter- 
mine le  passage  rapide  des  électrolyles  dans  l'eau  des  verres.  De  temps  en  temps,  on 
remplace  les  verres  contenant  de  l'eau  chargée  d'éleclrolytes  par  d'autres  verres  conte- 
nant de  l'eau  pure. 

Voici  les  résultats  d'une  première  expérience.  Le  sérum  (de  cheval)  utilisé, 
déjà  assez  bien  purifié  par  dialyse,  avait  une  conductibilité  de  91  x  to~%  sa 
concentration  en  albuminoïdes  étant  de  iS^, 840  par  litre.  Le  cliamp  était 
de  5  volls-centiinètre  environ.  La  quantité  de  sérum  mise  en  oeuvre  était  de 
55'°''  environ.  Les  verres  à  électrodes  co^ntenaient  chacun  40"'"'  environ 
d'eau  distillée. 

Eaux  de  dialyse  élcclriijiie. 
Aiindjqucs.  Calliodiqucs. 

De  la  1'°  à  la  5"  heure K  :=  9,  2  x  lo"*         Iv  ^  l\^\  x  io~° 

De  la  10"  à  la  2'2=  heure Iv  =:  4  ,8  x  ic'^         K  izn  26  X  io'° 

De  la  22"  à  la  27=  heuie Iv  =  3,8  X  io~*         K  :=  10  X  10^'^ 

Le  sérum  retiré  après  2G  heures  de  dialyse  électrique  avait  une  conduclivilé 
de  10,5  X  io~*,  sa  concentration  n'ayant  pas  changé.  On  avait  donc,  ainsi, 
abaissé  de  près  des  deux  tiers  la  valeur  limite  de  la  condiictii'itc  du  sérum 
purifié  par  dialyse  simple. 

Une  seconde  expérience  a  été  faite  avec  le  même  séruin  de  conductivité 
91  X  10^°  et  dans  les  mêmes  conditions  opératoires,  sauf  que  le  sens  du 
courant  était  inversé  chaque  fois  qu'on  changeait  les  verres. 

(')  Délerininée  par  pesée  d;i  résidu  d'évaporation  desséché  jusqu'à  poids  constant, 
à  I  1  G". 

(-)  Ces  verres,  ainsi  que  le  tube  à  dialyse  électrique,  doivent  être  faits  en  verre 
d'Iéna. 


SÉANCE   DU    l8   AVRIL    ig^o.  995 

Eaux  de  dialyse  électrique. 
Anodiques.  Calliodiques. 

De  la  1 1"  à  la  2lHieure K  =  5,8xio'^         K  =  22      x  10^" 

De  la  37=  à  la  Si"' heure K  =  4,6xio-''         K=    7,2x10^* 

De  la  73"  à  la  80"  heure K  =  3,6xio-'''         K=    3,ixio-* 

Le  sérum  purifié  par  79  heures  de  dialyse  électrique  avait  une  conduclivilé 
spécifique  de  7,6 x  io~°.  Si  l'on  tient  compte  de  la  concentration  en  albu- 
minoïdes  qui  atteignait  près  de  i6«^  par  litre,  on  voit  que  ces  alburninoïdes 
avaient,  une  conductivité  spécifique  du  même  ordre  de  grandeur  que  celle  des 
colloïdes  minéraux  les  plus  purs  (  '  ). 

Nous  u'avoiis  pas  prolongé  davanlage  la  dialyse  électrique,  craignant  une  allération 
du  sérum  à  la  température  assez  élevée  (18°)  à  laquelle  nous  opérions;  mais  nous 
n'étions  pas  encore  arrivés  au  terme  de  la  purification,  comme  l'indique  l'augmentation, 
pendant  les  dernières  heures,  de  la  conductivité  de  l'eau  de  dialyse  (K  de  l'eau  utilisée 
vaut  1,5  X  10'*).  Cette  augmentation  de  conduclivilé  ne  tient  pas  au  passage  d'albumi- 
noïdes  dans  l'eau  de  dialyse,  ainsi  que  nous  nous  en  sommes  assurés  par  l'examen  du 
pouvoir  protecteur  (-)  des  eaux  de  dialyse  sur  l'or  colloïdal,  examen  qui  nous  aurait 
permis  de  déceler  i  partie  de  notre  sérum  diluée  dans  3ooo  parties  d'eau. 

Remarquons  que  la  conductivité  des  eaux  de  dialyse  augmente  beaucoup  plus  à  la 
cathode  qu'à  l'anode,  sauf  tout  à  la  fin  où  c'est  l'inverse  (avec  un  bien  moindre  écart) 
qui  se  produit.  Nous  signalerons  encore  qu'en  procédant  comme  nous  lavons  dit,  il  n'y 
a  qu'un  transport  des  albuminoïdes  à-peu  près  insensible  ;  mais  on  voit  se  former,  au 
cours  de  la  purification,  un  très  léger  précipité  (de  quelques  millimètres  de  hauteur) 
juste  au  contact  de  la  membrane  cathodique. 

En  comparant  les  pi"opriétés  de  notre  sérum  de  conductivité  K  =  91  X  lO"* 
à  celle  de  notre  sérum  de  conductivité  7,6x10"",  nous  avons  fait,  entre 
autres,  les  constatations  suivantes  : 

Le  sérum  incomplètement  dialyse,  additionné  d'alcool  ou  porté  à  la  température 
d'ébullition,  devenait  fortement  laiteux,  sans  qu'il  se  formât  de  coagulation  flocon- 
neuse. 

Par  contre,  le  sérum  pur  coagulait  en  llocons  par  addition  de  très  petites  quantités 
d'alcool  et  ces  flocons  ne  pouvaient  être  redissous  dans  l'eau,  en  l'absence  d'électrolytes. 

(')  Nos  résultats  sont  à  rapprocher  de  ceux  obtenus,  dans  des  conditions  analogues, 
avec  l'or  colloïdal,  par  Whitnev  et  Blake,  Journ.  amer,  chein.  Soc,  1904,  p-   i339. 

(-)  Il  s'agit  du  pouvoir  protecteur  tel  que  l'a  défini  Zsigmondy,  sur  l'or  colloïdal 
préparé  suivant  sa  formule.  Celle  préparation  réussit  à  coup  sûr  avec  de  l'eau  distillée 
condensée  dans  un  réfrigérant  en  étain  ou  avec  de  l'eau  distillée  ordinaire  qu'on  a 
fait  bouillir  pendant  quelque  temps  avec  de  l'étain  pur  (marque  Kahlbaum). 


()96  ACADÉMIE    DKS    SCllîNCES. 

Enfin  ce  sérum  pur  non  seulement  coagulait  en  gras  llocons  à  une  température  bien 
inférieure  à  celle  de  l'ébullition,  mais  encore,  chose  remarquable,  il  devenait  très 
neltement  louche  déjà  à  44°j  si  on  le  maintenait  i5  minutes  à  cette  température.  Ce 
louche  tient  à  une  coagulation  partielle;  il  n'est  pas  stable  et  se  transfornie  au  bout  de 
f|uehjue  temps  en  flocons  qui  se  précipitent. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  L'embryogenèse  complète  provoquée  chez  les  Amplii- 
biens  par  piqûre  de  Pœuf  l'ierge,  larves parl/iénogènèsiques  de  Uana  fusca. 
Note  de  M.  E.  Iîataim.on,  présentée  par  M.  ^  vcs  Delage. 

Les  fenïcUes  sacrifiées  sont  lavées  soigneusement  dans  l'eau  saturée  de 
bichlorures,  de  façon  à  éviter  toute  intervention  accidentelle  des  sperma- 
tozoïdes. Elles  sont  ouvertes  avec  des  instruments  flambés.  Les  œufs, 
recueillis  dans  l'utérus,  sont  étalés  à  sec  en  une  seule  couche  dans  des  réci- 
pients à  fond  plat;  et  tous  sont  piqués  rapidement  an  moyen  d'un  court 
stylet  de  verre,  de  manganine  ou  de  platine.  Les  calibres  employés  ont 
varié  dans  mes  opérations,  entre  -^^  et  -j-jt,  de  millimètre.  Une  traînée 
légère  indique  le  point  lésé;  et,  par  la  suite,  il  se  produira  souvent  des 
Jiernies  plus  ou  moins  volumineuses.  .Lai  opéré  un  peu  au  hasard,  tout  en 
m'efforçant  d'atteindre Fœuf  en  un  point  excentrique  de  riiémisphère  noir. 
Les  œufs  recouverts  d'eau  effectuent  uniformément  leur  rotation  en 
4t  minutes,  comme  les  témoins  fécondés.  Les  témoins  vierges  non  piqués 
sont  orientés  d'une  façon  quelconque.  Au  bout  de  4  heures  à  une  tempéra- 
ture voisine  de  i5°,  la  segmentation  débute  sur  les  a-ufs  traités,  aussi  vile 
que  sur  les  fécondés.  Pour  beaucoup  d'entre  eux  (^  au  moins  dans  certaines 
expériences)  elle  est  d'une  régularité  impressionnante.  Jamais  mes  essais 
antérieurs  de  parthénogenèse  par  les  solutions,  par  la  chaleur  ou  par  le 
froid,  no  m'ont  rien  donné  de  comparable.  Les  sillons  s'étendent  au  pôle 
vitellin  dès  le  début;  et  les  belles  morulas  qu'on  observe  à  la  lin  du  pre- 
mier jour  ne  le  cèdent  en  rien  aux  ébauches  issues  d'une  fécondation.  A 
côté  de  ces  divisions  régulières,'  il  y  a  des  divisions  simultanées  en  3  ou 
en  /|  ;  et,  sur  beaucoup  d'œufs,  un  émiettement  plus  tardif,  plus  irrégulier, 
rap[)elant  la  parlhénogenèse  abortive  déjà  décrite.  En  tout  cas,  en  (1  ou 
^  heures  les  |  des  u'ufs  sont  segmentés,  el  l'on  peut  dire  (|ue  tous  sont  en 
mouvement. 

L'arrêt  du  développement  s'observera  à  tous  les  stades.  La  gastrulation 
débutant  souvent  sur  plus  de  y,,  des  œufs,  beaucoup  ne  franchiront  pas  le 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  I9IO.  997 

stade  du  bouchon  d'Eckor;  d'autres,  sérieusement  lésés,  péricliteront  au  stade 
des  bourrelets  uK-dullaircs,  ¥j ,  dans  les  neuf  séries  d'expériences  que  j'ai 
faites,  je  n'ai  obtenu  en  moyenne  que  i  à  2  pour  100  d'éclosions  à  peu  près 
normales.  Comme  je  sacrifiais  toujours  une  part  importante  de  mes  stocks 
sous  diverses  formes,  témoins  vierges,  témoins  fécondés,  fécondation  après 
piqûre,  on  comprendra  que  ces  neuf  opérations  ne  m'aient  donné  qu'une 
douzaine  de  larves  libres.  Mais  j'ai  la  conviction  qu'avec  les  stylets  plus  fins 
et  un  contrôle  systématique  des  effets  de  la  piqûre  en  divers  points,  un 
expérimentateur  plus  habile  obtiendra  un  [tourcentage  bien  supérieur. 

Cette  partliénogenèse  eflTective  chez  un  Vertébré  étsit,  pour  moi,  un  résultat  ines- 
péré. L'élevage  des  larves  étant  en  général  facile,  un  chercheur  bien  installé  pourra 
peut-être  aborder  sur  ce  matéiiel  la  solution  de  problèmes  fondamentaux.  Mais  il 
convient  de  s'arrêter  sur  le  procédé  mis  en  œuvre,  car  ce  n'est  pas  au  hasard  que  ces 
expériences  ont  été  faites. 

Dans  l'imprégnation  hétérogène  des  œufs  de  Biifo  calaniita  parle  sperme  de  Triton 
alpestris^i'dii  indiqué  l'an  dernier  l'inertie  des  tètes  spermatiques  engagées  dans  l'œuf 
depuis  3  heures  3o  minutes,  alors  que  la  mise  en  branle  est  acquise,  que  l'œuf  a 
effectué  sa  rotation  et  est  devenu  réfractaire  au  sperme  de  son  espèce,  que  la  deuxièmç 
cinèse  polaire  s'est  achevée  et  que  le  pronuçleus  femelle  entre  en  mouvement  pour  là 
première  division  (').  Il  s'agissait' d'une  véritable  parthénogenèse,  «  exempte  de  toute 
conjugaison  piasmatique  ou  nucléaire  ».  L'émission  des  fluides,  prinium  mot'ens  de 
l'évolution,  ne  me  paraissait  plus  liée  nécessairement  «  ni  au  gonflement  du  pronuçleus 
mâle,  ni  à  l'apparition  d'un  spermaster  ».  Restait  l'action  mécanique  de  l'élément 
mâle  avec  ses  conséquences,  le  traumatisme  local  et  la  contraction  de  l'œuf  modifiant 
l'équilibre  osmolique  intérieur.  Delà  l'idée  qu'une  sj'mple  piqûre  pourrait  isoler  de 
ramphiniiN.ie  la  condition  initiatrice  du  développement.  Le  résultat  fut  plus  ti'oublan), 
que  je  ne  l'attendais,  n'ayant  en  perspective  qu'une  segmentation  limitée.  En  tout 
cas,  la  dissociation  se  produit  ici  comme  dans  l'imprégnation  hétérogène.  L'œuf  ponc- 
tionné oriente  son  axe  anirnal-végélatif,  et  au  moins  sur  les  quelques-uns  que  j'ai 
étudiés,  la  deuxième  cinèse  polaire  sort  du  stade  pla(|ue  équatoriale  pour  entrer  eri 
anaphase.  Il  sera  intéressant  de  rechercher  les  conditions  d'inertie  chez  l'œuf  vierge  ; 
à  ce  point  de  vue,  une  analyse  expérimentale  des  phénomènes  caryocinéliques,  actuel- 
lement sous  presse  (-),  semblera  peut-être  suggestive. 

(')  E.  Bataillon,  Contribution  à  l'analyse  eupériinentalc  des  processus  de  fécon- 
dation chez  les  Amphibietis  {Comptes  rendus,  7  juin  iqio).  —  L'imprégnation 
hétérogène  sans  amphimixie  nucléaire  chez  les  Amphibiens  et  If  s  Echinodermes 
{Arch.f.  Ent^v.Mech.,  Bd.  XXVIII,  i.  Heft). 

(^)  E.  Bataillon,  Contribution  à  l'analyse  expérimentale  des  phénomènes  caryo- 
cinéliques chez  Ascaris  megaiocepliala  {Arch.  f.  Entsv.  Mcch.,  Jubelband  v.  W. 
Roux,  igio,  sous  presse). 


998  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Une  action  mécanique,  suivie  d'une  réaction  appropriée  de  l'cL'uf  qui 
élimine  un  fluide  et  modifie  son  état  d'équilibre  :  voilà  à  quoi  se  ramène  la 
substance  active  commune  à  tous  les  spermes  invoquée  par  Kupelwieser  à  propos 
de  l'imprégnation  sans  amphimixie.  L'amphimixie  seule  est  spécifique  {an 
sens  large  du  mot),  mais  représente  quelque  chose  de  surajouté.  La  réaction 
de  l'œuf,  au  contz-aire,  est  une  condition  générale  de  développement,  qui 
peut  être  isolée,  même  par  un  procédé  mécanique  :  on  conçoit  qu'elle  ne 
puisse  facilement  s'encadrer  dans  des  formules  chimiques;  Loeb  a  dû  s'en 
apercevoir  lorsqu'il  s'est  heurté  aux  sérums  comme  facteurs  de  parthéno- 
genèse. 

En  tout  cas,  je  me  crois  autorisé  à  dire  cjue  l'œuf  d'Amphibien,  actionné 
indifféremment  par  un  stylet  de  verre,  de  manganine  ou  de  platine,  ne 
reçoit  directement  du  milieu  ni  un  catalyseur,  ni  un  matériel  chimique,  ni 
une  polarité  quelconque. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  la  nature  du  parasite  delà  lymphangite  épizootique. 
Note  de  MM.  J.  Iîridrë  et  L.  Nègre,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

La  nature  du  parasite  de  la  lymphangite  épizootique  reste  très  contro- 
versée :  certains  auteurs  le  considèrent  comme  une  levure;  d'autres, 
comme  un  protozoaire.  Et  cette  question  ne  semble  guère  devoir  être 
tranchée  que  par  la  culture,  jusqu'ici  très  problématique,  du  cryptocoque 
de  Rivolta. 

Nous  avons  pensé  que  la  méthode  de  déviation  du  complément  pourrait 
apporter  un  aperçu  nouveau  dans  une  discussion  qui  n"a,  actuellement, 
pour  bases  que  des  caractères  morphologiques. 

L  Nous  avons  d'abord  recherché  la  sensd>ilisatrice  dans  le  sérum  d'ani- 
maux atteints  de  lymphangite  épizootique,  en  employant  [comme  antigène 
une  dilution  de  cryptoco(jues  dans  l'eau  physiologique. 

Un  cordon  de  lymphangite,  fraîclienient  excisé,  i-enfeimait  un  certain  nombre  de 
noyaux,  de  grandeur  variable,  pouvant  être  pris  pour  des  abcès  au  début  :  il  s'agis- 
sait en  réalité  de  colonies  pures  du  parasite  :  une  de  ces  colonies,  de  la  grosseur  d'un 
petit  pois,  fut  émulsionnée  dans  8"^'"'  environ  d'eau  |)li\sioioi;it(ue.  C'est  celle  diliilion 
qui  nous  a  servi  d'anligène). 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  19IO.  999 

Voici  le  protocole  de  l'expérience  : 

(L'alexine  étant  titrée,  nous  avons  fait  varier  la  dose  d'antigène.) 

SéruDi  clidulTé 

d'animal  Alexine 

Eau       à  lymphangite  (sérum  Après  i  heure  Résultais 

phvsiolo-     épizoolique  de  cobaye  à  l'étuve  à  36°,  après  30  minutes 

gique.  (mulet).  Antigène.  auyô).  on  ajoulo  :  à  l'étuve. 

0,2      I   ^,  ,       ,         ,     /    Très  légère  hémolyse 

'  Sérum  de  cheval    '  ° 


0,0  0,1 


a  nli  chèvre 


(l'antigène  était  en 
quantité  insuffisante) 


et 
0,5  0,2  <^'^\iki      A      I-         I   ^^^  d'hémolyse 


■  globules  de  chèvre  ,    _       ,,,  ,       , 
0,5  0,3  0,2      1  \   Pas  d  hémolyse 


.7 


0,1  0,2  J 

1,6  0,2  0,2  »  Id.  Hémolyse 

1,5  0,3  0,2  ) 

1,3  0,5  0,2  1 

1,3  0,5  0,2  •  Id.  Hémolyse 

1,3  0,5  0,2  1 

Même  expérience  avec  sérum  normal  d'àne  :  hémolyse  dans  tous  les  tubes. 

Conclusion.  —  Le  sérum  d'animal  atteint  de  lymphangite  épizootique 
renferme  une  sensibilisatrice  pour  le  cryptocoque. 

II.  Si  le  cryptocoque  est  une  levure,  peut-être  arriverait-on  à  des  résultats 
identiques  à  ceux  de  l'expérience  ci-dessus  en  employant  comme  antigène 
une  culture  de  blastomycète  connu. 

Nous  nous  sommes  servis  d'une  levure  de  raisin  (')  cultivée  sur  gélose  et  émul- 
sionnée  dans  l'eau  physiologique,  autant  que  possible  dans  les  mêmes  proportions  que 
pour  le  cryptocoque. 

Les  doses  de  sérum,  d'antigène  et  (l'alexine  étaient  exactement  les  mêmes  que  dans 
l'expérience  I. 

Résultais.  —  1°  Avec  le  sérum  d'animal  malade,  pas  d'hémolyse  dans  les  trois  ])re- 
miers  tubes;  hémolyse  dans  les  tubes  témoins. 

1°  Avec  le  sérum  noimal,  liémolvse  partout. 

Conclusion.  —  La  sensibilisatrice  du  sérum  d'un  animal  à  lymphangite 
épizoolique  manifeste  son  action  en  présence  d'une  levure. 


(')  Levure  fermentant  à  haute  température,  isolée  en  Indo-Chine  par  M.  le  D''  Cai- 
mette. 

G.  R.,  igio,  1"  Semestre.    (T.  150,  N°  16.  )  1-^2 


Après  I  lieiiie 

Résultats 

à  l'éluve  à  'i-]°. 

après  50  minutes 

lexine. 

on  ajoute  : 
1     Sérum  de  cheval 

à  l'étuve. 

O,  I 

'          anlichèvre          | 

Pas  d'hémolyse 

0,2 

1                  et,                 1 
f  globules  de  chèvre 

l'as  d'hémolyse 

0,  I 
0,2 

r  - 

Hémolyse 

O,  1 

!       ij. 

Hémolyse 

lOOO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  renouvelé  les  expériences  ci-dessus  en  nous  servant  de  sérum 
de  cheval  malade  et  de  sérum  normal  de  cheval. 

L'antigène  était  soit  le  cryptocoque,  soit  la  levure. 

Comme  le  montre  le  protocole  de  l'expérience,  nous  avons  fait  agir  les  sérums  eu 
présence  d'une  dose  fixe  d'antigène  et  d'une  dose  variable  il'alexine. 

Sérum  rliauiïé 
d'animal 
Eau      à  lymphangite       Antigène 
physiolo-     épizootique      (cryptocoque 
gique.  (cheval).  ou  levure). 

1,1  0,5  O , 3 

I  0,5  0,3 

1,6  o,3 

1,5  0,3 

1.4  o ,  5 

1,3  o ,  5  0,2) 

Avec  le  sérum  normal  de  cheval,  hémolyse  partout. 

D'après  ce  Tahleau,  on  peut  voir  que  ces  nouvelles  expériences  ont 
confirmé  pleinement  les  résultats  des  expériences  précédentes. 

II  fallait  voir  ensuite  si  un  microbe  quelconque,  le  Bact.  coli  par  exemple, 
ne  pouvait  agir,  comme  le  cryptoooque  et  la  levure,  en  présence  de  la  sensi- 
bilisatrice. 

Mêmes  doses  (|ue  ci-dessus  en  employant  comme  antigène  une  émulsion  de  />'.  culi 
cultivé  sur  gélose. 

Le  résultat  est  négatif  :  il  y  a  hémolyse  dans  tous  les  tubes. 

Il  restait  à  voir  si  le  cryptocoque  ou  la  levure  n'étaient  pas  capables  de 
fixer  une  autre  sensibilisatrice  que  celle  du  sérum  d'animal  à  lymphangite 

Nous  avons  fait  agir,  toujours  aux  mènjes  doses,  du  sérum  antlpesteux  en  présence 
d'émulsions  de  cryptocoque  et  de  levure. 
Flésuitat  négatif  :  hémolyse  partout. 

Conclusions.  —  1°  Le  sérum  des  animaux  atteints  de  lyniphangite  épizoo- 
tique renferme  une  sensibilisalrice. 

2"  (]ette  sensibilisatrice  manifeste  son  action  aussi  bien  en  présence  d'une 
levure  qu'en  présence  du  parasite  spécifique. 


SÉANCE  DU  1(S  AVRIL  1910.  lOOr 

3°  Un  autre  microbe  tel  que  le  //.  co/i  n'est  pas  sensibilisé  par  le  sérum 
d'animal  à  lympbangite  épizootique. 

4"  Ni  la  levure,  ni  le  cryptocoque  ne  sont  sensibilisés  par  un  sérum  anti- 
microbien tel  que  le  sérum  antipesteux. 

V'  Ces  constatations  plaident  en  faveur  de  la  nature  blaslomycélienne 
du  parasite  de  la  lymphangite  épizootique. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  la  présence  des  germes  virulents  dans  l'atmosphère 
des  salles  d'hôpital.  Note  de  MM.  E.  Lesxé,  R.  Debrë  et  G.  Simon, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

Pour  déceler  les  germes  pathogènes  en  suspension  dans  l'air  d'une  salle 
d'hôpital,  nous  nous  sommes  servis  de  l'Aéroiîltre  (')  du  professeur 
Uichet.  Cet  appareil,  au  moyen  d'un  ventilateur,  amène  constamment  l'air 
au  contact  d'eau  réduite  en  pluie,  les  poussières  (lottantessont  ainsi  ramas- 
sées dans  le  liquide.  Nous  avons  opéré  à  l'hôpital  des  Enfants-Malades  et  à 
l'hôpital  Bretonneau,  dans  les  pavillons  de  la  rougeole  et  de  la  diphtérie. 
Ces  pavillons  sont  neufs,  les  enfants  y  sont  isolés  dans  des  boxes  incom- 
plets, ouverts  en  grand  (rougeole)  et  complètement  fermés  (diphtérie).  Le 
sol  carrelé  est  nettoyé  chaque  jour  avec  un  linge  humide.  Les  boxes  sont 
désinfectés  ainsi  que  la  literie  après  la  sortie  de  chaque  malade. 

L'Aérofiltre,  placé  dans  un  box  occupé  par  un  enfant  atteint  soit  de  rou- 
geole en  période  éruptive,  soit  d'angine  diphtérique  grave,  a  été  chargé 
d'un  litre  d'eau  récemment  bouillie.  Il  a  fonctionné  6,  12  ou  2/4  heures,  à 
raison  de  2,  4  ou  6  heures  par  jour;  chaque  fois  cjue  le  récipient  supérieur 
était  vide  on  y  remettait  l'eau  écoulée  dans  le  récipient  inférieur;  quand  la 
durée  de  l'expérience  était  jugée  suffisante,  le  liquide  était  décanté  et  la 
partie  inférieure  chargée  de  poussière  était  centrifugée.  Le  dépôt  ainsi 
recueilli  était  injecté  dans  le  péritoine  de  cobayes  (pesant  en  général  moins 
de  .'îoo'^)  aux  doses  variables  de  o™',5  à  6""".  Les  autopsies  étaient  prati- 
quées de  I  à  2  heures  après  la  mort,  la  sérosité  péritonéale  et  le  sang  du 
cœur  ont  été  ensemencés  sur  divers  milieux  de  culture. 

Cinq  cobajes  ont  été  inoculés  avec  le  dépôt  de  centrifugation  provenant  de  l'eau  de 
rAér(. filtre  qui  avait  fonctionné  24  heures  dans  le  pavillon  des  enfants  malades.  Ces 

(')  Cu.  PiicHBT,  Bulletin  Acad.  de  Médecine,  juillet  1909. 


I002  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

animaux  ont  succombé  après  un  temps  variable  de  ii  jours  à  58  jours.  Deux  avaient 
de  la  péritonite  avec  épanchement  séro-purulent  ou  hémorragique.  Ce  dernier  exsudât 
renfermait  un  streptocoque  virulent  pour  le  lapin.  Les  trois  autres  animaux  n'avaient 
pas  de  péritonite,  mais  dans  un  cas  le  sang  du  cœur  fournit  des  streptocoques  viru- 
lents pour  le  lapin.  Aucun  de  ces  cobayes  ne  présentait  de  lésions  viscérales  caractéri- 
sant la  diphtérie  expérimentale.  La  |)résence  du  streptocoque  n'a  rien  de  surprenant 
car  on  sait  que  celte  bactérie  est  fréquemment  associée  au  bacille  diphtérique. 

Dans  le  pavillon  de  la  diphtérie,  à  l'hôpital  Bretonneau,  rAérofiltre  a  fonctionné 
6  heures  et  3  cobayes  inoculés  avec  le  dépôt  de  centrifugation  sont  morts  de  9  à 
20  jours  après  l'opération.  Tous  présentaient  des  lésions  typiques  de  la  diphtérie 
expérimentale  (congestion  des  capsules  surrénales,  épanchement  pleural  bilatéral), 
L'exsudat  péritonéal  séro-purulent  renfermait,  associés  à  des  staphylocoques  et  à  des 
streptocoques,  des  bacilles  de  Lœffler  virulents  pour  les  cobayes  neufs. 

Sept  cobayes  ont  reçu  dans  le  péritoine  le  dépôt  du  liquide  de  l'Aérofillre  ayant 
fonctionné  de  1232/4  heures  dans  le  pavillon  de  la  rougeole  de  l'hôpital  des  Enfants- 
Malades.  Tous  sont  morts  en  un  temps  variant  de  i5  jours  à  27  jours,  sans  présenter 
de  lésion  périlonéale  et  viscérale  apparente.  L'ensemencement  du  sang  du  cœur  et  de 
la  sérosité  abdominale  est  resté  stérile,  à  part  deux  cas  où  les  cultures  ont  donné  du 
bacterium  coli,  provenant  sans  doute  de  l'intestin  pendant  la  période  agonique. 

L'Aérofillre  est  très  commode  pour  de  semblables  expériences,  car  il 
renouvelle  sans  cesse  le  contact  de  l'air  de  la  pièce  avec  l'eau  qu'il  contient 
et  finit  par  le  dépouiller  de  la  plus  grande  partie  des  particules  en  suspension. 


HYDROLOGIE.  —  Méthode  prompte  et  sàre  pour  reconnaître  dans  une  eau 
minérale  la  présence  en  bloc  de  métalloïdes  et  de  métaux.  Note  de  M.  F. 
G.4RRIGOU,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

Avant  de  commencer  sur  des  centaines  de  litres  une  analyse  complète 
d'eau  minérale,  il  est  toujours  bon  de  savoir  rapidement  si  l'eau  qu'on  a 
à  traiter  chimiquement  contient  ou  non  des  métalloïdes  ou  des  métaux  pro- 
prement dits. 

Le  procédé  suivant,  d'une  simplicité  parfaite  et  d'une  sûreté  absolue,  est 
celui  que  j'emploie  depuis  l\o  ans,  sans  qu'il  m'ait  jamais  procuré  de 
mécompte. 

On  évapore  à  siccité  un  litre  de  l'eau  minérale  à  étudier.  Le  résidu  sec  est  traité 
par  une  petite  quantité  d'eau  régale,  puis  l'on  évapore  de  nouveau  à  siccité.  Afin  de 
chasser  complètement  tout  l'acide  azotique,  on  ajoute  un  peu  d'acide  chlorhydrique, 
et  l'on  évapore  encore  à  sec.  Celte  opération  est  répétée  deux  à  trois  fois. 

On  verse  ensuite,  sur  la  solution  chlorurée,  une  petite  quantité  de  solution  saturée 


SÉANCE  DU  l8  AVRIL  1910.  IOo3 

d'acide  sulfhydrique  et  l'on  agite.  S'il  y  a  brunissement  du  liquide,  coloration,  ou 
précipité  noir,  on  peut  affirmer  que  l'eau  minérale  contient  des  métalloïdes  et  des 
métaux  du  sixième  et  du  cinquième  groupe,  ou  bien  de  l'un  ou  de  l'autre  (Sn,  Sb,  As, 
Pt,  Hg,  Pb,  Ag,  Bi,Cu,  etc.). 

On  filtre  sur  un  tout  petit  filtre  et,  après  avoir  lavé  le  dépôt  des  sulfures  restés  sur 
le  filtre,  avec  de  l'eau  sulfhydriquée,  on  fait  sécher  le  filtre  et  on  le  conserve. 

Dans  le  fiUratum,  on  ajoute  un  peu  d'ammoniaque  et  une  goutte  de  sulfhvdrate 
d'ammoniaque.  S'il  se  forme  un  précipité  noir,  c'est  qu'il  y  a  au  moins  du  fer  et  peut- 
être,  avec  lui,  d'autres  métaux  du  quatrième  et  du  troisième  groupe  (Fe,  Co,  Ni,  Mn, 
Gr,  etc.).  On  filtre  et  l'on  sèche  le  filtre  pour  le  conserver  aussi. 

En  se  servant,  pour  étudier  les  caractères  des  métalloïdes  et  des  métaux 
ainsi  obtenus  et  conservés  sur  les  filtres  à  l'état  de  sulfures,  de  la  méthode 
des  flammes  de  Bunsen  (pour  reconnaître  les  métalloïdes  et  métaux  volatils), 
de  la  méthode  des  perles  de  borax  ou  de  sel  de  phosphore,  du  procédé  des 
réductions  microscopiques  sur  baguettes  fines  de  charbon,  enfin  duspectros- 
cope,  on  peut  arrivera  caractériser  les  divers  métalloïdes  et  métaux  contenus 
dans  le  simple  litre  d'eau  employé,  et  à  arrêter  en  très  peu  d'instants  la 
marche  qu'on  devra  suivre  pour  faire  l'analyse  complète. 

Dans  tous  les  cas,  les  deux  principales  réactions  que  je  viens  de  rappeler 
(l'emploi  de  l'acide  sulfurique,  et  celui  du  sulfhydrate  d'ammoniaque)  per- 
mettent de  s'assurer  en  20  minutes,  d'une  manière  indiscutable  et  immé- 
diate, s'il  y  a  dans  une  eau  minérale  donnée  des  métaux  du  sixième,  du 
cinquième  et  du  quatrième  groupe.  C'est  la  rapidité  et  la  sûreté  de  cette 
méthode,  plutôt  que  sa  nouveauté,  qui  en  font  le  mérite. 


A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures. 


Ph.  V.  T. 


lOoZj  ACADÉMIE    DES    SCIENCES- 


biti.m-:ti.v  bibi.iograpiiiql'e. 


Ouvrages  heçus  dans  la  séance  du  21  mars  1910. 

Les  campagnes  scientifiques  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  I""'  de  Monaco,  par  Jules 
Richard,  Directeur  du  Cabinet  scientifique  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  et  du 
Musée  océanographique  de  Monaco.  {Bulletin  de  l'Institut  océanographique,  n°  162, 
février  1910.)  Monaco;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Pli.  van  Tieghera.) 

Quehiucs  lettres,  1873-1910,  de  quelques  collègues,  Membres  de  l'Jnslitut  de 
France,  sur  le  calcul  des  poids  atomiques,  sur  l'unité  de  la  matière  et  sur  le  monu- 
ment Lai,'oisier,  adressées  au  D''  G.-D.  Hinrichs.  Saint-Louis  (Etats-L'nis),  1910; 
I  fasc.  in-4".  (Présenté  par  M.  Armand  Gautier.) 

Relazione  délia  Commissione  fieale  incaricala  di  designare  le  zotie  piu  adatte 
per  la  ricoslruzione  degli  abitati  colpili  dal  terrenioto  del  28  dicembre  1908  o  da 
allri precedenti;  P.  Blaserna,  Présidente.  Rome,  imprimerie  de  l'Académie  Royale 
des  Lincei,  1909;  i  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Pli.  vaii  Tiegbem.) 

Étude  dynamique  des  voilures  automobiles,  par  Albert  Petot;  Tome  II  :  Équi- 
librage et  régularisation  du  moteur  à  explosions,  embrayages,  changements  de 
vitesse,  freins  ;  i"' fascicule  :  Le  moteur  à  un  cylindre.  Lille,  imprimerie  autogra- 
phique  G.  Schaller  et  C'",  1910;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Darboux.) 

Microbiologie  agricole,  par  Edmond  Kaïser,  2'  édition.  Paris,  J.-B.  Raillière  et 
fils,  1910;  I  vol,  in-12.  (Présenté  par  M.  A.  JMiiiUz.) 

Annales  de  l'Institut  océanographique  (Fondation  Albert  \",  Prince  de  Monaco), 
publiées  sous  la  direction  de  MM.  Joubin  et  J.  Richard.  Tome  I,  fasc.  2  :  Madrépo- 
raires  des  îles  San  Thonié  et  du  Prince  (^oMe  de  Guinée),  par  Ch.  Gravier.  Impri- 
merie de  Monaco,  1910;  \  fasc.  in-4". 

La  prétendue  découverte  de  la  syphilis  chez  les  Egyptiens  préhistorUfues,  par  G. 
Elliot  Smith.  {Bulletin  de  la  Société  d' Anthropologie  de  Lyon;  t.  XXVIIl,  1909, 
p.  76-86.)  1  fasc.  in-8". 

A  propos  de  la  prétendue  découverte  de  la  syphilis  chez  les  Egyptiens  préhisto- 
riques, par  M.  Gandolpue.  {Société  d'Anthrojiologic  de  Lyon  .■  séance  du  12  juin  1909.) 
Lyon,  A.'Rey;  i  fasc.  in-8°. 

Deua;  nains  du  Garhiani  en  Tripolilaine,  par  M.  Ernest  Chantre.  {Bulletin  de  la 
Société  d'' Anthropologie  de  Lyon;  t.  XXVIIl,  1909,  p.  70-72.)  1  fasc.  in-8". 

Livret  de  la  Bibliothèque  universitaire  de  Rennes,  n°  IV,  1910.  (Exlr.  de  VAn- 
nuaire  de  l' Université  de  Bennes,  1909-1910.)  Rennes,  imp.  Fr.  Simon;  i  fasc.  in-12. 

Feuilles  d' Hygiène,  publication  mensuelle;  rédacteur  :  Lotis  Jolivet  Cartelot; 
5'' année,  n"2,  28  février  1910.  Douai,  imp.  Delarra  ;  1  fasc.  in-12.  (Numéro  spécimen.) 

Journal  de  Chimie  physique,  publié  par  M.  Philippe-A.  Gl'ïe;  t.  VIII,  n°  1,  28  fé- 
vrier 1910.  Paris,  Gautliier-Villars;  Genève,  Georg  et  C'";  i  fasc.  in-S". 


SÉANCE  DU  l8  AVBIL  19IO.  lOOO 

Year-Book  of  Ihe  Royal  Society,  n"  14,  1910.  Londres,  Harrison  el  fils;  i  \o\.  in-S°. 

Opposition  of  Eros  (4^3)  iii  1910,  by  Edward-C.  Pickeri>g.  (Harvard  Collège  Ob- 
servatory;  Circulai'  153.)  i  fasc.  in-4°. 

Meridian-Beobachlungen  von  Sternen  in  der  Zone  GS^-jo"  nordlicher  Declina- 
tion,  von  H.  Geelmuyden  iind  J.-Fr.  ScHRœTKR.  I  :  Die  Beobachliingen  iind  deren 
Resultate.  Christiania,  A.-W.  Brogger,  1909;  i  vol.  in-'i".  (Publication  de  l'Obser- 
vatoire de  l'Université  de  Christiania.) 

Report  of  the  Meleorological  Service  of  Canada  central  Office,  Toronto,  for  the 
year  ended  december  3i,  1906,  by  R.-F.  Stupart,  director.  Ottawa;  i  vol.  in-^"- 


Ouvrages   reçus    «ans    la   séance   du    29  mars   19 10. 

Minéralogie  de  la  France  et  de  ses  colonies.  Description  physique  et  chimique 
des  minéraux,  étude  des  conditions  géologiques  de  leurs  gisements,  par  A.  Lacroix, 
Membre  de  l'Institut;  t.  111,  2=  partie.  Paris,  Ch.  Béranger,  1909;  i  vol.  in-S".  (Hom- 
mage de  l'auteur.) 

Observatoiie  de  Madagascar.  Ohseri'ations  météorologiques  faites  à  Tananarii'e, 
par  le  R.  P.  E.  Colin,  Correspondant  de  l'Institut;  t.  XX,  1908.  Tananarive,  Impri- 
merie de  la  Mission  catholique,  1909;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Notice  sur  les  titres  et  travau.r  de  H.  Martel.  Paris,  Société  générale  d'Impres- 
sions, s.  d.;  I  fasc.  in-^". 

Nouvelle  théorie  céleste,  par  A. -A.  Humbert.  Marseille,  Achard  et  C'"",  1889;  i  fasc. 
in-8°,  accompagné  d'un  Recueil  factice  de  diverses  notes,  sur  le  même  sujet,  du 
même  auteur;  i  fasc.  in-8°. 

L' Intermédiaire  des  Mathématiciens  dirigé  par  C.-A.  Laisam,  Emile  Le.moi>e, 
Ed.  Maillet;  t.  X^'II,  n"  1,  janvier  1910.  Paris,  Gauthier-Villars,  1910;  i  fasc.  in-S". 

Annales  des  falsifications  :  Bulletin  international  de  la  répression  des  fraudes 
alimentaires  et  pharmaceutiques;  3"  année,  mars  1910,  n"  17.  Paris,  H.  Roberge; 
I  fasc.  in-8°. 

Ministère  des  Colonies.  Annales  d'Hygiène  et  de  Médecine  coloniales  ;  i3"  année, 
n°  1,  janvier-février-mars  1910.  Paiis,  Imprimerie  nationale;  i  vol.  in-8°. 

Ihdletin  des  séances  de  la  Société  nationale  d'Agriculture  de  France.  Compte 
rendu  mensuel:  t.  LXX,  année  1910,  n°  1.  Comptes  rendus  des  séances  de  janvier  igio. 
Paris,  Philippe  Renouard  ;  i  fasc.  in-8°. 

Revue  semestrielle  des  publications  mathématiques,  rédigée  sous  les  auspices  de  la 
Société  niaLhémaiique  d'Amsterdam,  par  H.  de  Vries,  J.  Cardinaal,  W.  Kapteyn, 
J.-C.  Kluvver,  p. -H.  Schoute;  t.  WIII,  i™  partie,  avril-octobre  1909.  Paris,  Gau- 
thier-Villars;  Amsterdam,  Delsman  et  Nokhenius,  1910;  i  vol.  in-8°. 

Office  international  d'hygiène  publique  :  Bulletin  mensuel;  t.  II,  n'a,  fé- 
vrier 1910.  Paris;  I  fasc.  in-S". 

Bibliographie  des  Sciences  économiques  politiques  et  sociales.  .Journal  mensuel 
de  r  Institut  international  de  Bibliographie  sociale,  Directeur  :  Jean  Gautier;  j^i'i- 
vier  1910.  Paris,  Marcel  Rivière;  i  fasc.  in-8°. 


IOo6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Ouvrages  rbçus  dans  la  séance  du  4  avril   1910. 

Dieu  et  Science  :  Essais  de  psychologie  des  sciences,  par  Elie  de  Cvon  ;  avec 
2  planclies  hors  texte,  et  le  portrait  de  l'auteur  par  J.-C.  Chaplaix.  Paris,  P^élix  Alcan, 
1910;  I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Ph.  van  Tieghem.) 

Compte  rendu  annuel  des  travaux  exécutés  par  le  Service  géographique  de 
V Indo-Chine,  année  1909.  Hanoï;  i  fasc.  in-S".  (Adressé  par  M.  le  Lieutenant-Co- 
lonel Aube.) 

Annuaire  ds  la  Fondation  Tliiers,  1910;  nouvelle  série.  Issoudun,  impr.  Gai- 
gtiault,  1910;  I  fasc.  in-8°. 

Publication  bimensuelle  de  l'Institut  international  de  techno-bibliographie, 
2=  année,  n"  1,  janvier  1910;  parties  1-6.  Paris,  H.  Diinod  et  E.  Pinal;  6  fasc.  in-S". 

Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  Centre  de  la  France^  publiée  sous  la  di- 
rection de  M.  Ernest  Olivier;  22''  année,  1909,  et  28'=  année,  1910,  i"'''  trimestre. 
Moulins,  Etienne  Auclaire;  1  vol.  et  i  fasc.  in-S". 

Mémoires  et  travaux  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils  de  France,  63''  année, 
6=  série,  n°  1.  Bulletin  de  janvier  1910;  Paris,  i  fasc.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  des  Amis  des  Sciences  naturelles  de  Rouen,  .'(3'  année, 
5°  série,  i'''  et  2''  semestres,  1908.  Rouen,  Lecerf  fils,  1909;  i  vol.  in-8". 

Annuaire  astronomique  de  l'Observatoire  royal  de  Belgique,  publié  par  les  soins 
de  G.  Lecointe,  directeur  scientifique  du  Service  astronomique;  1910.  Bruxelles, 
Hayez,  1910;  i  vol.  in-S". 

Carte  photographique  du  Ciel,  dressée  par  l'Observatoire  royal  de  Belgique,  à 
Uccle;  planches  1-IX.  Bruxelles,  héliogr.  J.  Malvaux;  9  feuilles  in-plano. 

Bolelin  del  Servicio  sismolojico  de  Chile  :  I,  annos  de  1906,  1907,  1908,  por  el 
Conde  DE  Montessus  de  Ballore,  Director  del  Servicio  sismolojico.  Santiago  du  Chili, 
impr.  Cervantes,  1909;  1  vol.  in-S". 


ERRATA. 


(Séance  du  21  mars  1910.) 

Note  de  M.  J.  Haag,  Sur  quelques  nouvelles  familles  île  Lamé 
Page  768,  ligne  2,  au  lieu  de  M.  Maurice  Levy,  lire  M.  Lucien  L"v\. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI   2o  AVRIL   1910. 

PRÉSIDENCIÎ  DE  M.  Emile  PICAIID. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATïOrVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    GORKESI'ONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  G.  Darboux  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  traduction  italienne 
delà  Conférence  qui!  a  faite,  le  24  septembre  190^,  Sur  le  développement 
des  méthodes  géométriques^  au  Congrès  des  Sciences  et  des  Arts  de  Saint- 
Louis. 

ASTRONOMIE    PHYSIQUE.     —     Distribution    des    filaments    dans    la    couche 
supérieure  de  l'atmosphère  solaire.  Note  de  M.  H.  Deslandres. 

Les  couches  supérieures  de  l'atmosphère  solaire  ont  été  récemment 
révélées  et  photographiées  à  l'Observatoire  de  Meudon,  dans  la  demi-sphère 
entière  tournée  vers  la  Terre.  Auparavant  elles  étaient  obtenues  mélangées 
à  une  ou  même  à  deux  couches  plus  basses,  qui,  beaucoup  plus  lumineuses, 
la  masquaient  presque  complètement.  Or,  en  1908,  après  avoir  organisé 
un  grand  spectrohéliographe  d'un  type  nouveau,  j'ai  pu,  avec  la  collabora- 
tion de  d'Azambuja,  séparer  nettement  les  trois  couches  superposées  de  la 
vapeur  du  calcium  signalées  par  moi  en  1892  et  1894  avec  le  spectrographe 
ordinaire;  et,  en  1909,  ce  résultat  a  été  étendu  à  l'hydrogène  dont  la  divi- 
sion en  trois  couches  est  moins  apparente. 

La  couche  supérieure,  la  plus  nouvelle,  est  donnée  par  le  centre  de  la 
raie  K  pour  le  calcium  et  de  la  raie  Yi^  pour  l'hydrogène  ;  elle  montre  une 
série  de  phénomènes  nouveaux  déjà  exposés  en  partie  dans  plusieurs  Notes 
précédentes ('). 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXLVII,  1908,  p.  334,  467  et  1016;  t.  CXLVIll,  J909, 
p.  loii  et  1235;  l.  CXLIX,  1909,  p.  179,  49^  et  011. 

C.  R.,  igio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  17.)  I  33 


IOo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  phénomène  principal  est  Tapparilion  de  lignes  noires,  souvent  très 
longues,  appelées ^laments,  qui  remplacent  les  taches  de  la  surface  absentes 
ou  très  diminuées.  Les  filaments  se  retrouvent  les  mêmes  dans  les  images 
de  l'hydrogène  et  du  calcium;  mais  ils  se  montrent  surtout  nettement  dans 
l'image  de  l'hydrogène  moins  riche  en  petits  détails,  aussi  nettement  que  les 
taches  dans  une  image  de  la  surface.  D'autre  part,  surtout  avec  le  calcium, 
ils  se  rattachent  à  d'autres  lignes  moins  noires  et  nettes  de  la  couche  supé- 
rieui'e,  appelées  alignements,  qui  forment  sur  le  disque  un  véritable  réseau 
plus  ou  moins  régulier. 

Les  filaments  ont  une  importance  au  moins  égale  à  celle  des  taches  ;  comme 
elles,  ils  sont  le  siège  de  grandes  perturbations  et  sont  accompagnés  de 
protubérances  (').  Leur  aire  noire  totale  est  supérieure  à  celle  des  taches. 

Déjà,  à  la  fin  de  1908,  ayantàma  disposition  les  images  du  calcium  pour 
quatre  rotations  entières  de  l'astre," j'ai  publié  sur  la  question  dans  les 
Comptes  rendus  une  première  Note  intitulée  :  Caractères  de  la  couche  supé- 
rieure de  r atmosphère  gazeuse  du  Soleil.  Puis,  en  1909,  la  recherche  a  été 
étendue  à  l'hydrogène  et  poursuivie  dans  des  conditions  meilleures,  l'appa- 
reil ayant  été  peu  à  peu  perfectionné. 

Actuellement  l'Observatoire  a  les  images  de  la  couche  supérieure  pour 
20  rotations  au  moins  avec  le  calcium  et  pour  i4  avec  l'hydrogène,  et  en 
plus  les  épreuves  d'un  autre  appareil,  le  spectro-enregistreur  des  vitesses,  qui 
enregistre  au  même  moment  les  mouvements  radiaux  des  vapeurs. 

Tous  ces  documents  rapprochés  ont  mis  en  relief  d'autres  propriétés  de 
la  couche  supérieure;  ils  ont  permis  de  suivre  les  variations  des  filaments 
dans  l'intervalle  déjà  grand  de  1908  à  1910.  Le  Soleil  est  actuellement  dans 
la  phase  de  déclin,  et  se  rapproche  du  minimum.  Les  taches  ont  diminué 
sensiblement.  En  est-il  de  même  des  filaments  ? 

Dans  le  second  semestre  de  1908,  et  particulièrement  en  août,  les  taches 
ont  été  nombreuses  et  importantes;  mais  les  filaments  y  sont  moins  déve- 
loppés que  dans  le  premier  trimestre  de  1909,  et  dans  les  mois  de  mai  et 
juin  où  l'activité  de  l'astre  est  au  contraire  affaibUe.  D'ailleurs  les  filaments 
se  montrent  de  préférence  dans  l'hémisphère  et  les  méridiens  où  les  taches 
et  facules  manquent.  Si  l'examen  se  poursuit  dans  le  second  semestre  de 
[909  et  en  1910,  les  filaments  augmentent  encore,  contrairement  à  ce  qui  a 

(')  Les  proliibérances  métalliques  doivent  être  liées  aux.  lâches  et  les  protubérances 
hydrogénées  aux  filaments  et  aux  larges  plages  noires  autour  des  facules,  appelées 
par  moi  circiinifacides. 


SÉANCE    DU    2.5    AVRIL    1910.  IOO9 

Images  de  la  couche  supérieure  de  l'atmosphère  solaire  avec  les  Jilarnents  noirs  caractéristiques. 

20  Ma,  1909 


15  Juin  1909 


Ces  images,  obtenues  avec  l'aide  de  d'Azambuja,  ont  été  relevées  sur  les  épreuves  monochromatiq^ues  du  Soleil  obtenues 
avec  la  partie  centi-ale  des  raies  H„  de  l'hydrogène  ou  K  du  calcium.  Elles  montrent  seulement  les  filaments  noirs  sans  les 
alignements.  Les  plages  brillantes  des  épreuves  au-dessus  des  facules  n'ont  pas  été  représentées. 


lOIO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lieu  pour  les  taches.  Les  variations  des  filaments  ne  sont  pas  exactement 
parallèles  à  celles  des  taches,  ou  même  leur  semblent  opposées.  Mais,  sur 
ce  dernier  point,  on  ne  pourra  conclure  qu'après  une  série  d'observations 
plus  longue,  étendue  au  minimum  proprement  dit  et  même  à  la  période 
undécennale  ('). 

De  toute  façon,  il  convient  dès  à  présent  de  mesurer  l'aire  totale  des  fda- 
ments  aussi  exactement  qu'on  le  fait  pour  les  taches.  Les  épreuves  de 
l'hydrogène  avec  le  centre  de  la  raie  (o*,  20  de  la  raie  seulement)  sont 
celles  qui  conviennent  le  mieux  pour  cette  mesure.  L'Observatoire  l'aurait 
déjà  commencée,  s'il  n'avait  un  personnel  trop  restreint,  qui  déjà  est  insuf- 
fisant pour  le  maintien  en  service  constant  des  appareils. 

Les  filaments  ne  sont  pas,  comme  les  taches,  confinés  à  une  zone  étroite 
voisine  de  l'équateur;  et,  dans  la  première  Note  sur  la  question,  nous 
avons,  d'Azambuja  et  moi,  annoncé  leur  présence  sur  tout  le  disque. 
Mais  leur  distribution  n'est  pas  irrégulière,  elle  est  soumise,  au  moins  dans 
l'intervalle  de  temps  considéré,  à  quelques  règles  simples. 

Les  filaments  voisins  d'un  pôle  se  gi^oupenten  général  sur  une  courbe  qui 
entoure  ce  pôle,  courbe  plus  ou  moins  circulaire,  plus  ou  moins  éloignée 
du  pôle  (limites  ordinaires  5o°  et  70°  de  latitude),  et  souvent  non  confon- 
due avec  un  parallèle.  Parfois  les  filaments,  presque  aussi  larges  que  longs, 
se  suivent  comme  les  gi'ains  d'un  chapelet;  et,  lorsque  les  images  sont 
bonnes,  apparaissent  réunis  par  un  alignement.  Parfois  aussi  les  filaments 
bien  noirs  manquent,  et  la  courbe  polaire  est  indiquée  par  un  simple  aligne- 
ment d'ailleurs  suffisamment  net.  D'une  manière  générale,  le  cercle  polaire 
et  ses  filaments  sont  plus  larges  et  développés  dans  l'hémisphère  et  les 
méridiens  où  les  taches  et  facules  sont  relativement  faibles. 

Dans  l'intervalle  considéré,  je  signale  particulièrement  le  cercle  polaire 
Sud  de  septembre  et  octobre  1908,  et  le  cercle  polaire  Nord  d'avril  et 
mai  1909.  Au  milieu  de  juin,  les  couches  supérieures  offraient  au  centre  de 
l'astre  de  magnifiques  filaments,  alors  que  les  taches  de  la  surface  étaient 
extrêmement  réduites,  et  en  même  temps,  aux  deux  pôles,  les  courbes  de 
filaments  étaient  nettement  indiquées.  (Voir  la  figure  ci-contre,  qui  donne 
les  filaments  relevés  pour  quatre  jours  différents).  La  courbe  polaire  Nord 


(')  L'opposition  peul  u'êlre  qu'appaienle;  par  exemple,  si  l'un  des  phénomènes  est 
simplement  consécutif  à  l'autre,  ou  a  une  durée  un  peu  plus  longue.  D'autre  part, 
comme  on  le  verra  plus  loin,  le  filament  est,  par  essence,  entre  deux  groupes  de  taches 
et  donc  se  montre  surtout  dans  les  méridiens  sans  tache. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  IQIO.  lOII 

de  fin  janvier,  très  rapprochée  du  pôle,  est  aussi  curieuse;  mais  la  plus 
intéressante  de  toutes  est  celle  de  mars,  qui,  dans  la  première  quinzaine 
d'avril,  a  pris  un  développement  extraordinaire.  Le  cercle,  concentrique  au 
pôle,  est  fortement  marqué,  et  les  filaments,  très  larges,  ont  des  pointes 
dirigées  vers  l'équateur,  comme  si  la  matière  dont  ils  sont  formés  était 
violemment  portée  dans  cette  direction. 

Les  cercles  polaires  de  filaments  ont  augmenté  manifestement  dans  l'in- 
tervalle de  nos  recherches,  et  il  importera  de  les  suivre  sans  arrêt  pour 
reconnaître  si  cette  tendance  est  accidentelle,  ou  de  courte  durée,  ou  pro- 
longée jusqu'au  minimum.  De  toute  façon,  comme  les  filaments  sont, 
comme  à  l'ordinaire,  accompagnés  de  protubérances,  leur  présence  est  en 
accord  avec  la  durée  du  maximum  plus  longue  avec  les  protubérances 
qu'avec  les  taches  et  peut  correspondre  à  un  maximum  secondaire  des  pro- 
tubérances. 

Entre  la  courbe  polaire  et  l'équateur  se  trouvent  ordinairement  les  fila- 
ments les  plus  noirs  et  les  plus  longs,  et  ce  sont  ceux-là  qui  ont  été  notés 
déjà  comme  étant  parfois  parallèles  à  deux  grandes  directions.  Plus  exacte- 
ment, l'angle  qu'ils  font  avec  le  méridien  qui  les  traverse  est  en  général 
voisin  de  o°,  ou  3o°,  ou  60°,  ou  90°.  Autrement  dit,  ils  sont  à  peu  près  paral- 
lèles à  l'une  des  trois  directions  d'un  petit  hexagone  régulier  supposé  fixé  au 
méridien,  et  dont  un  côté  est  parallèle  ou  perpendiculaire  à  ce  méridien.  Le 
cercle  polaire  décrit  ci-dessus  peut  être  rattaché  à  cette  dernière  loi,  car  il 
esta  peu  près  parallèle  à  l'équateur,  ayant  d'ailleurs  souvent  l'aspect  d'un 
polygone  plutôt  que  d'une  courbe,  autant  que  l'on  peut  juger,  puisque  la 
courbe  se  présente  par  la  tranche  ('). 

Si  l'on  considère  les  filaments  seuls  et  non  les  alignements  qui  les  tra- 
versent ou  les  prolongent,  dans  la  grande  majorité  des  cas,  l'extrémité 
ouest  du  filament  est  celui  qui  a  la  latitude  la  plus  basse.  Cette  dernière 
propriété  est  liée  vraisemblablement  à  la  rotation  de  l'astre.  « 

De  plus,  le  long  filament  est  en  général  isolé,  avec  des  amorces  de  fila- 
ments, qui  s'en  détachent  de  distance  en  distance  et  surtout  aux  extrémités, 
et  font  avec  lui  un  angle  voisin  de  120°.  Tel  est  le  cas  du  filament  droite  dans 
le  quadrant  sud-est  du  Soleil  du  i5  juin  1909,  représenté  ci-contre.  De  l'ex- 
trémité Est  partent,  au  Nord  et  au  Sud,  deux  amorces  de  filaments  à  1 20°,  si 


(')  La  courbe  offre  alors  des  sortes  de  sommets,  qui  souvent  sont  le  point  de  départ 
de  grands  alignements  dirigés  vers  l'équateur. 


IOI2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

bien  que  l'on  a  un  centre  à  trois  rayons,  comparable  au  sommet  d'un  dodé- 
caèdre régulier  projeté  sur  la  spbère  inscrite. 

Lorsque  les  filaments  sont  courts,  on  trouve  réunis  jusqu'à  trois  côtés  de 
l'hexagone,  et  même  plus,  ainsi  qu'aux  points  a  et  A  du  même  Soleil  du 
i5  juin.  Parfois  on  a  plusieurs  hexagones  complets  juxtaposés,  tout  sem- 
blables aux  cellules  tourbillons  des  liquides;  le  Soleil  du  5  août  190g,  qui 
sera  publié  prochainement,  en  fournit  un  exemple.  Les  angles  de  ces  poly- 
gones sont  vifs  à  certains  moments,  mais  en  général  s'arrondissent  rapide- 
ment. 

Tous  ces  faits  sont  extrêmement  curieux  et  décèlent  la  tendance  des 
filaments  à  une  structure  géométrique.  Si  l'on  ajoute  les  alignements  qui  les 
complètent,  le  réseau  total  est  parfois  très  régulier  et  a  l'aspect  d'un 
polyèdre  sphérique,  à  faces  nombreuses  et  semblables  ('  ). 

L'explication  complète  de  tous  ces  phénomènes  est  évidemment  préma- 
turée. On  peut  préciser  seulement  les  analogues  déjà  signalées  avec  les 
cellules  tourbillons  des  liquides  et  avec  les  aires  de  haute  et  basse  pression 
de  notre  atmosphère. 

D'après  les  premières  mesures  de  vitesse  radiale  faites  à  Meudon  au  centre 
du  disque,  la  vapeur,  au-dessus  de  la  facule,  descend,  mais  d'autre  part 
s'élève  tout  autour  et  aussi  particulièrement  au-dessus  du  filament.  La  couche 
supérieure  s'annonce  ainsi  comme  formée  de  tourbillons  cellulaires  juxta- 
posés, dont  le  mouvement  est  plus  ou  moins  troublé.  Si,  à  l'emplacement  de 
la  facule,  la  vapeur  descend  plus  vite,  au  lieu  de  s'écouler  sur  les  côtés,  ainsi 
que  dans  le  cas  normal,  elle  s'enfonce  au-dessous  et  fai  t  un  trou  dans  la  surface  ; 
d'où  la  tache  ordinaire.  Si  cette  môme  vapeur,  qui  plus  loin  s'élève,  a  aussi 
une  vitesse  plus  grande,  elle  perce  la  couche  supérieure  et  donne  naissance 
au  filament  et  aux  protubérances  qui  l'accompagnent  (* ).  Dans  cet  ordre 
d'idées,  le  filament  est  la  contre-partie  de  la  tache  et  lui  est  à  certains 
égards  opposé. 

Or  les  taches  et  les  facules  voisines  forment,  tout  près  de  Téquateur,  une 

(')  Ainsi,  le  5  août  1909,  on  a  de  grands  pentagones  juxtaposés,  qui  font  penser  à 
un  dodécaèdre  régulier  circonscrit  à  la  sphère. 

(^)  La  vitesse  plus  grande  des  gaz  qui  descendent  ou  qui  montent  peut  tenir  à 
plusieurs  causes.  En  tout  cas,  on  conçoit  que  les  gaz  aient  tendance  à  former  un  tour- 
billon à  axe  vertical  sur  la  tache  et  un  tourbillon  à  axe  horizontal  sur  le  filament.  Ce 
dernier  tourbillon  est  aussi  possible  avec  la  tache;  d'où  les  petits  filaments,  minces  et 
courbes,  qui  parfois  en  émanent  et  sont  les  seuls  filaments  bien  comparables  aux  cou- 
loirs de  grains  de  nos  orages. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  191O.  IOl3 

zone  dite  zone  royale,  qui  est  bien  développée  au  moment  du  maximum  et 
correspond  à  la  zone  de  haute  pression  de  notre  atmosphère  à  la  latitude 
de  35".  Dans  la  phase  de  déclin,  les  taches  se  rapprochent  de  l'équateur  et 
diminuent,  et  simultanément  apparaissent  avec  netteté  les  cercles  polaires 
de  fdaments,  plus  ou  moins  rapprochés  des  pôles,  qui  annoncent  une  zone 
de  basse  pression.  Il  doit  donc  exister  en  permanence  entre  ces  zones  un 
grand  courant  de  convection,  ou  une  ciicuhition  méridienne,  analogue 
d'ailleurs  à  celle  de  la  Terre  dans  les  mêmes  régions  (').  De  plus  le  grand 
courant  de  convection  est  souvent  divisé  en  tourbillons  cellulaires,  encore 
grands,  mais  secondaires,  qui  sont  séparés  par  les  fdaments  et  alignements 
signalés  plus  haut. 

En  résumé  la  reconnaissance  des  fdaments  polaires  est  importante,  d'au- 
tant qu'elle  explique  la  distribution  et  les  variations  spéciales  des  protu- 
bérances, jusqu'alors  jugées  mystérieuses,  et  non  reliées  aux  autres  phéno- 
mènes solaires.  Elle  sera  poursuivie  et  avec  l'appoint  de  mesures  continues 
de  vitesses  radiales,  étendues  au  disque  entier.  Il  faudrait  seulement,  pour 
une  solution  rapide,  une  longue  série  de  beaux  jours  et  un  bureau  de 
mesures,  qui  manquent  encore  à  l'Observatoire. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Étude  des  échappées  du  beurre  de  coco.  Composition 
de  l'essence  de  coco.  Note  de  MM.  A.  Haller  et  A.  Lassieur. 

Comme  le  beurre  de  coco  renferme  les  mêmes  glycérides  que  le  beurre 
ordinaire,  sauf  la  butyrine,  on  a  cherché  depuis  une  trentaine  d'années  à 
l'introduire  dans  l'alimentation  sous  les  différents  noms  de  végétaline,  de 
cocosine,  de  lauréol,  etc. 

Mais,  tandis  que  la  matière  grasse  extraite,  sur  les  lieux  d'origine,  des 
noix  de  coco  fraîches,  possède  l'arôme  assez  agréable  de  l'amande  et  est 
consommée  sur  place,  il  n'en  est  pas  de  même  du  beurre  employé  en 
Europe. 

Celui-ci  provient,  ou  bien  des  huileries  installées  aux  Indes  et  à  Ceylan, 
ou  bien  de  l'expression,  faite  sur  notre  continent,  des  amandes  de  coco 
séchées  au  soleil  ou  dans  des  fours  appropriés  et  qui  nous  arrivent  sous  le 


{')  Ce  grand  courant  de  conveclion,  qui  peut  être  doublé  de  deux  autres,  au  Nord 
el  au  Sud,  peut  expliquer  aussi  simplement  la  forme  spéciale  des  jets  coronaux  lors  du 
minimum. 


I0l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nom  de  coprah.  La  majeure  partie  de  l'huile  de  coco  traitée  en  Europe  a 
cette  dernière  origine.  Des  recherches  entreprises  jadis  sur  le  beurre  de 
coco  que  nous  avons  soumis  à  l'alcoolyse  nous  ont  conduits  à  faire  l'élude 
des  produits  fortement  odorants  qu'il  contient  ordinairement  et  qu'on 
élimine  par  différents  procédés,  de  façon  à  rendre  cette  matière  grasse 
propre  à  l'alimentation. 

Parmi  les  substances  qui  communiquent  à  l'huile  de  coco  brute  son  odeur 
désagréable,  il  faut  citer  les  acides  gras  (caproïque,  caprylique,  caprique, 
laurique,  etc.),  provenant  de  l'hydrolyse  partielle  des  glycérides,  et  des 
matières  fortement  odorantes  qui  tiennent  sans  doute  à  l'origine  de  l'huile. 

Les  acides  libres  sont  séparés  par  un  traitement  aux  alcalis  ou  aux  terres 
alcalines,  tandis  que  les  autres  produits  malodorants  sont  éliminés  en  sou- 
mettant la  matière  à  un  courant  de  vapeur  d'eau  surchauffée.  Condensée, 
cette  vapeur  d'échappement  fournit  un  mélange  de  matière  grasse  entraînée 
mécaniquement,  d'acides  gras  résultant  d'une  saponification  partielle  des 
glycérides  et  des  produits  neutres  odorants. 

L  C'est  un  pareil  mélange,  livré  sous  le  nom  à^ échappées  du  beurre  de 
coco,  que  nous  avons  soumis  à  l'étude  (  '  ). 

Il  se  présente  sous  la  forme  d'un  liquitle  de  couleur  plus  ou  moins  foncée,  à  odeur 
extrêmement  persistante  rappelant  celle  de  l'essence  de  rue.  On  le  neutralise  en  l'agi- 
tant avec  une  solution  de  soude  étendue.  Le  produit  neutre  restant  renferme  de  petites 
quantités  d'une  aldéhyde  déjà  signalée,  mais  non  caractérisée,  par  M.  Bonloux  C^),  car 
il  réduit  l'azotate  d'argent  ammoniacal  et  rougit  la  fuchsine  bisulfitée.  Il  se  combine 
presque  inlégralemenl  au  bisulfite  de  soude  pour  donner  un  produit  blanc,  soluble  dans 
l'eau  froide,  mais  que  l'eau  bouillante  dissocle  en  ses  composants.  Ce  produit  se  dis- 
sout également  dans  l'alcool,  qui  l'abandonne  à  l'étal  cristallisé. 

Après  l'avoir  lavée  à  l'éther,  cette  combinaison  suKitique  est  décomposée  jiar  de 
l'acide  sulfurique  étendu,  on  décante  la  couche  surnageante  qui  se  forme,  on  la  lave 
avec  de  l'eau  alcaline,  on  la  sèche  et  on  la  soumet  à  la  distillation  fractionnée. 

Les  produits  qu'on  obtient  passent  de  73"  à  109"  sous  12°"",  avec  une 
portion  principale  (65  à  70  pour  100)  qui  distille  de  ()()"  à  109"  sous  la  même 


(')  Nous  adressons  nos  vifs  remerciinenls  à  MM.  Hocca,  Tassy  et  de  Houx,  qui  ont 
très  obligeamment  mis  à  notre  disposition  une  certaine  quantité  de  ces  échappées. 

(-)  BoNTOUX,  La  Technique  moderne,  x'"  année  (1909),  p.  6o5.  C'est  à  propos  d'un 
article  bien  documenté  où  l'auteur  fait  un  historique  très  complet  des  diflerentes  mé- 
thodes qui  ont  été  préconisées  et  employées  pour  la  purification  et  la  désodorisation 
du  beurre  de  coco,  que  M.  Bontoux  appelle  l'attention  sur  la  présence  d'aldéhydes  et 
de  célones  dans  les  échappées. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  IOl5 

pression.  Aucune  de  ces  fractions  ne  réduit  plus  sensiblement  la  solution 
ammoniacale  d'azotate  d'argent  ;  il  faut  en  conclure  que  la  matière  primitive 
ne  renferme  que  des  traces  d'une  substance  à  fonction  aldéhydique. 

Les  portions  passant  de  99"  h  109°,  soumises  à  de  nouvelles  rectifications, 
fournissent  finalement  un  liquide  bouillant  à  loS^-ioG"  sous  12"""  et  à  225° 
sous  76o"^"\  Ce  liquide  se  prend  en  masse  à  quelques  degrés  au-dessus  de 
zéro  et  refond  de  nouveau  à  i5°.  Sa  densité  D  =  o,832. 

L'analyse  lui  assigne  la  formule  C'°H-"0(')  ou  plutôt  C"H--0.  Nous 
verrons  en  effet,  dans  la  suite,  que  ce  corps  répond  en  réalité  à  cette  der- 
nière composition. 

Pour  nous  rendre  compte  de  sa  fonction,  sur  laquelle  nous  sommes  déjà 
renseignés  par  la  propriété  qu'il  possède  de  se  combiner  au  bisuliile  de 
soude,  nous  avons  préparé  son  oxime  et  sa  semicarbazone. 

L'oxime  C"H--?vOH,  préparée  par  les  procédés  ordinaires,  se  présente 
sous  la  forme  de  beaux  prismes  blancs  fondant  à  44°-45°.  Chauffée  avec  de 
l'anhydride  acétique,  elle  donne  naissance  à  un  acétate  C"H--AOCOCH' 
qui  constitue  un  liquide  incolore,  fort  mobile,  presque  inodore  et  bouillant 
à  i()4''-i66''  sous  12""".  Ce  corps  ne  se  solidifie  pas  dans  le  chlorure  de 
méthyle. 

La  semicarbazone  C"  H^- =  N.  NHCONH-  cristallise  en  fort  beaux 
prismes  blancs  fondant  à  120".  7\près  solidification,  le  produit  fond  à  i  il\°. 
Soluble  dans  l'alcool  bouillant,  cette  semicarbazone  l'est  très  peu  dans 
l'alcool  froid. 

Pour  nous  rendre  compte  de  la  constitution  de  cette  cétone,  nous  avons 
tenté  de  l'oxyder  au  moyen  du  permanganate  de  potasse  et  au  moyen  du 
mélange  chromique.  Les  deux  essais  n'ont  pas  conduit  au  résultat  cherché; 
la  cétone  est  en  effet  à  peine  attaquée  dans  les  conditions  où  nous  avons 
opéré. 

On  peut,  par  contre,  l'oxyder  au  moyen  de  l'hypobromite  de  soude,  en 
ayant  soin  d'opérer  à  froid  ;  car  si  Ton  opère  à  chaud,  il  se  forme  un  acide 
brome. 

On  dissout  126^  de  soude  en  plaques  dans  1260^  d'eau  et,  à  la  solution 
maintenue  à  0°,  on  ajoute  peu  à  peu,  tout  en  évitant  une  élévation  de  tem- 
pérature, iSo^de  brome.  La  cétone  est  ensuite  mélangée  à  cette  solution  et 

(')  Dans    une  Communication    préliminaire  que   nous   avons    faite   au   Congrès   de 
Cliimie   appliquée   de   Londres   en   1909,    nous   avions,    à    tort,    appliqué    la    formule 
QiofjîoQ  à  cette  cétone,  n'ayani  pas  encore  réussi  à  ce  moment  à  la  dédoubler. 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  IN"  17.)  Iv34 


lOlG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  tout  est  agité  pendant  deux  jours.  Au  bout  de  ce  temps,  on  constate  que 
toute  la  cétone  a  disparu  et  qu'il  s'est  dépos(!'  du  bromoforme.  On  décante, 
ou  lave  avec  de  l'étlier,  et  la  solution  alcaline  est  acidulée  avec  de  l'acide  sul- 
furique.  Le  précipité  huileux  qui  se  forme  est  séparé,  lavé  à  l'eau  et  distillé. 
On  recueille  un  produit  qui  passe  à  i()o°-iG4"  sous  12""",  et  dont  l'analyse 
donne  des  chiffres  conduisant  à  la  formule  de  l'acide  cuprique  C'"H-''0^. 
Solidifié,  il  fond  à  3o°,  point  de  fusion  de  l'acide  normal.  Ce  point  de  fusion 
ne  chani^^e  pas,  quand  on  mélange  cet  acide  avec  celui  préparé  par  saponi- 
fication du  caprate  de  métliyle  pur  provenant  de  la  mélhanolyse  du  beurre 
de  coco. 

Ce  dédoublement  du  composé  C"H--0  en  bromoforme  et  en  acide  ca- 
prique,  en  vertu  de  la  réaction 

(C'Mli\COCfP)4-3B.ONa=::CBr^CO.C'H'9-+-3NaHO, 
CBr'.CO.C''H"+NaHO      =  CHBr^  +  C'H^COONa, 

montre  nettement  cju'on  a  affaire  à  de  la  mélhylnonylcélone  normale.  Cette 
cétone  est  identique  à  celle  trouvée  dans  l'essence  de  rue  i^Rula  graveolens) 
et  qui  fut  l'objet  de  nombreuses  études,  depuis  l'année  181 1  où  Mâhl  la 
mentionna  pour  la  première  fois  dans  le  Journal  de  Trommsdorf  l^i.  XX,  2, 

Longtemps  considérée  comme  une  aldéhyde  en  C'°H^''0,  puis  comme 
une  aldéhyde  en  C'H^^O,  la  constitution  et  la  fonction  de  cette  molécule 
ne  furent  réellement  établies  qu'à  la  suite  de  la  synthèse  qu'en  firent  d'abord 
Gorup-Besanez  et  Grimm  par  distillation  d'un  mélange  d'acétate  et  de  ca- 
prate de  calcium,  puis  Guthzeit  par  dédoublement  de  l'éther  octylacéto- 
acétique. 

Bien  que  l'identité  de  notre  cétone  avec  celle  existant  dans  l'essence  de 
rue  découle  des  données  que  nous  avons  signalées,  nous  avons  cru  devoir 
traiter  une  certaine  quantité  de  cette  essence  en  vue  d'en  extraire  la  méthyl- 
nonylcétone  et  en  préparer  l'oxime  et  la  semicarbazone.  Les  deux  composés 
obtenus  fondent  respectivement  à  4i°-45°  (Carrette  indique  4^")  et  122° 
(Thoms  accuse  i23''-i24°).  La  semicarbazone,  après  une  première  fusion  et 
refroidissement  subséquent,  fond  à  114"  comme  celle  obtenue  avec  notre 
cétone.  Déplus,  cesoxime  et  semicarbazone,  mélangées  respectivement  avec 
nos  dérivés,  donnent  des  produits  qui  fondent  aux  mêmes  températures 
(44''-45°et  ii4"). 

IlL  Les  difficultés  rencontrées  dans  l'oxydation  de  la  cétone  nous 
avaient  conduits  à  essayer  de  résoudre  le  problème  en  passant  par  l'alcool 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  1017 

que  nous  avions  l'intention  de  transformer  en  carbure  éthylénique;  celui-ci 
devait  ensuite  être  soumis  à  l'oxydation. 

Au  lieu  d'hydrogéner  la  cétone  par  du  sodium  au  sein  de  l'alcool  éthy- 
lique,  nous  avons  employé  la  méthode  de  MM.  Sabatier  et  Senderens  en 
nous  servant  d'un  nickel  réduit  à  3oo°. 

Pour  opérer  la  réduction  au  sein  d'un  courant  d'hydrogène,  nous  avons 
dû  porter  la  température  progressivement  de  aSo''  à  Soo",  et  avons  alors 
constaté  qu'il  se  formait  de  l'eau  en  même  temps  qu'un  liquide  que  nous 
avons  ensuite  rectifié. 

loos  de  cétone  nous  ont  fourni  : 

ï  _  00  mm 

I.    i5  de  produit  passant  de    65  à    70  sous  12 
II.   45  »  1  jo  à  1 15       » 

III.    20  »  220  a  225       » 

La  fraction  est  constituée  par  un  carbure  distillant  à  i5o°-i55°  sous 
yGo™*"  et  dont  la  composition  se  rapproche  d'un  nonane  C'H-°.  Sa  cryo- 
scopie  dans  le  benzène  a  fourni  122  comme  poids  moléculaire.  Théorie  =  128. 

La  fraction  II  est  un  mélange  de  la  cétone  primitive  et  du  produit  III. 

Quant  à  la  portion  III,  elle  se  prend  en  masse  par  le  refroidissement. 
C'est  une  matière  blanche,  cristallisant  confusément  et  fondant  à  27°. 

L'analyse  de  cette  matière  a  donné  des  chiffres  conduisant  à  la  formule 

Nous  en  avons  déterminé  le  poids  moléculaire  par  la*  cryoscopie  dans  le 
benzène  et  avons  trouvé  M  =  269  au  lieu  de  324. 

La  composition  de  cette  substance,  ainsi  que  son  poids  moléculaire  très 
élevé,  nous  font  supposer  qu'elle  constitue  une  pinocaline  de  notre  cétone. 

Elle  donne  en  effet  une  oxime  C^-H''''NOH  qui  se  présente  sous  la  forme 
d'un  liquide  épais,  incolore,  qui  bout  à  233°-237°  sous  i5'"™,  et  une  semi- 
carbazone  qui  fond  à  225°-227°. 

Pour  nous  renseigner  sur  sa  constitution  nous  avons  essayé  de  l'oxyder 
au  moyen  de  l'hypobromite  de  soude.  Agitée  pendant  8  jours  avec  ce 
réactif,  la  matière  ne  s'est  pas  altérée  et  a  conservé  son  aspect  et  ses  pro- 
priétés primitifs.  Si  l'on  a  affaire  à  une  pinacoline  il  est  donc  probable  que 
sa  constitution  répond  à  l'une  des  deux  formules 

(I)  CH3-1C.C0C»11'% 


I0l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


C'H' 
(II)  C'H» -^C.COCH' 


,/ 


et  que  des  deux  la  plus  plausible  est  la  formule  (I),  puisque  le  corps  n'est  pas 
dédoublé  par  rhypobromite. 

IV.  Ainsi  que  nous  l'avons  fait  observer  plus  haut,  le  liquide  soumis  à 
l'étude  contient  une  fraction  distillant  de  75°  à  99°  sous  1 2"""  et  qui  est  beau- 
coup moins  importante  que  celle  qui  passe  à  une  température  plus  élevée. 

Quand  on  soumet  celte  fraction  à  une  série  de  rectifications,  on  réussit  à 
isoler  un  produit  passant  de  75°  à  80°  sous  12°""  et  qui  a  la  composition  de  la 
mélhyl/ieptYlcétone  C^H'^COCH.^,  cétone  qui  fait  également  partie  consti- 
tuante de  l'essence  de  rue. 

La  semicarbazone  C'H-'N-O  de  notre  cétone  fond  à  i  i9°-i2o"  comme 
celle  de  la  méthylheptylcétone  contenue  dans  cette  essence.  Nous  avons 
mélangé  les  deux  semicarbazones  d'origine  différente  et  avons  constaté  que 
le  point  de  fusion  restait  le  même. 

En  résumé,  les  deux  cétones  que  nous  avons  isolées  dans  la  partie  des 
échappées  du  beurre  de  coco  qui  distille  de  76°  à  109°  sous  12'"™  sont  iden- 
tiques à  celles  qui  font  partie  intégrante  de  l'essence  de  rue  {Ruta  graveolens). 

En  présence  de  ce  résultat,  nous  nous  sommes  demandé  si,  étant  donnée 
la  haute  température  à  laquelle  est  soumis  le  beurre  brut  pour  amener  sa 
désodorisalion,  il  ne  serait  pas  possible  qu'il  y  eût  formation  de  cétones 
aux  dépens  des  acides  de  saponification,  au  cours  de  ce  traitement. 

Bien  qu'une  pareille  hypothèse  ne  fût  guère  admissible,  puisqu'en  l'espèce 
nous  n'avons  trouvé  que  des  méthylheplyl  et  méthylnonylcétones  et  que  le 
beurre  de  coco  ne  renferme  pas  de  glycérides  inférieurs  à  la  caprolne,  par 
conséquent  pas  d'acéline,  nous  avons  néanmoins  cherché  à  avoir  une  matière 
n'ayant  pas  subi  les  manipulations  énergiques  dont  nous  venons  de  parler. 
Dans  ce  but  nous  avons  traité  20'''''  de  beurre  de  coco  brut  par  de  l'alcool. 
La  distillation  de  l'alcool  nous  a  donné  un  résidu  qui  a  été  entraîné  à  la  va- 
peur d'eau,  et  l'huile,  en  très  petite  quantité,  qui  a  été  isolée  possédait  l'odeur 
caractéristique  des  échappées.  De  plus  elle  a  fourni  avec  la  semicarbazide 
environ  qb,  10  d'une  semicarbazone  fondant  entre  ii5°-ii9". 

11  est  donc  permis  de  conclure  que  les  deux  cétones  préexistent  bien  dans 
le  beurre  de  coco. 

Ce  qui  le  confirme  dans  une  certaine  mesure,  c'est  que  les  échappées  exa- 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    19IO.  IOI9 

minées  au  polarimètre  montrent  une  déviation  de  -t-  19'  dans  un  tube  de 
200""".  Or  l'on  sait  que  dans  l'essence  de  rue  les  deux  méthyllieplyl  et  mé- 
thylnonylcétones  sont  accompagnées  de  leurs  alcools  correspondants,  le 
méthylheptylcarbinol  et  le  méthylnonylcarbinol,  qui  dévient  respectivement 
de  —  3°3'  et  —  2°36'  pour  une  longueur  de  5o™".  Il  est  vrai  que  la  rotation 
de  ces  alcools  est  de  sens  contraire  à  celle  observée  sur  l'essence  de  coco. 

Il  se  pourrait  donc  que  l'activité  de  l'essence  de  coco  piit  être  attribuée 
à  la  présence  des  antipodes  de  ces  mêmes  alcools  dans  ce  produit.  Nous 
n'avons  pas  eu  assez  de  matière  à  notre  disposition  pour  nous  assurer  de 
cette  présence,  mais  nous  comptons  revenir  sur  ce  travail. 

L'ensemble  de  nos  recherches  nous  permet  de  formuler  les  conclusions 
suivantes  : 

i"  Le  beurre  de  coco  brut  doit  son  odeur  particulière  a  une  essence  dont 
les  deux  constituants  principaux  sont  la  méthylheptylcétone  et  la  méthyl- 
nonylcétone.  Malgré  l'épuration  la  plus  soignée,  le  beurre  de  coco  alimen- 
taire renferme  encore  des  traces  de  ces  cétones  dont  l'odeur  particulière  se 
perçoit  en  chauffant  la  matière  grasse. 

2°  Cette  essence  contient  en  outre  de  petites  quantités  d'une  aldéhyde 
non  isolée,  et  dévie  la  lumière  polarisée. 

3°  Ces  caractères  sont  ceux  de  l'essence  de  rue  {Ruta  graveolens)  qui, 
nous  le  répétons,  renferme  les  mêmes  cétones,  et  dont  la  déviation  est  due 
à  la  présence  des  méthylheptylcarbinol  et  méthyl-nonylcarbinol  actifs, 
alcools  correspondant  aux  deux  cétones  précitées. 

4°  Quand  on  hydrogène  la  méthylnonylcétone  en  présence  du  nickel 
réduit  à  une  température  de  200°  à  300°,  on  la  transforme  partiellement  en 
un  carbure  C'H"",  moins  riche  en  carbone  que  la  cétone  primitive,  et  en 
une  pinacoline  C-^H'''0.  A  notre  connaissance,  on  n'avait  encore  jamais 
observé,  dans  des  conditions  semblables,  la  formation  d'une  pinacoline  à 
poids  moléculaire  aussi  élevé. 


PALÉONTOLOGIE    VÉGÉTALE.    —    Les  caractéristiques   de  la  trace  foliaire 
botryoptéridienne.  Note  de  MM.  C.-Eg.  Bertrand  et  F.  Cornaille. 

B.  Renault  a  défini  son  genre  Botryopteris  par  la  figure  en  petit  oméga 
renversé  de  la  section  transversale  de  la  masse  libéro-ligneuse  de  son  pétiole. 
Cette  définition  a  été  donnée  d'après  les  pétioles  primaires  du  iS.  /bre/i^wBR. 


I020  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

On  retrouve  cette  même  figure  dans  les  ramifications  élevées  de  la  fronde, 
dans  sa  partie  inférieure  encore  attachée  au  slipe  et  dans  les  rachis  fructifères. 
La  meilleure  figure  publiée  de  cette  trace  est  la  figure  5,  planche  XXXII, 
de  la  Flore/ossile  du  Bassin  houiller  d'Aulun  et  d'Epinac.  Elle  montre  plu- 
sieurs groupes  trachéens  sur  la  surface  extérieure  des  branches  latérales  de 
l'oméga.  Elle  montre  aussi  les  groupes  trachéens  symétriques  qui  sont  de 
chaque  côté  de  la  pointe  libre  de  la  branche  médiane  de  l'oméga.  Dans  les 
pétioles  primaires  des  Bolryopteris  de  la  section  Tridentala,  la  trace  possède 
seulement  trois  poiulements  trachéens  antérieurs.  Par  réduction  elle  ne 
présente  plus  qu'un  seul  groupe  trachéen  dans  les  ramifications  supérieures 
de  la  fronde. 

La  trace  foliaire  botryoptéridienne  est  composée  de  deux  pièces,  une  pièce 
principale  qui  forme  la  branche  médiane  de  l'oméga,  et  une  pièce  réceptrice 
dont  les  moitiés  symétriques  forment  les  branches  latérales.  La  pièce 
réceptrice  est  beaucoup  plus  volumineuse  que  la  pièce  principale.  Elle  est 
courbée  en  arc,  la  concavité  et  l'ouverture  étant  tournées  vers  le  centre  de 
figure  G  du  stipe.  Elle  entoure  extérieurement  la  pièce  principale.  La  pièce 
principale  est  homologue  de  la  totalité  de  la  chaîne  des  Fougères  actuelles. 
La  pièce  réceptrice  n'a  pas  d'équivalent  chez  nos  Filicinées.  Elle  représente 
une  différenciation  inattendue  de  la  région  des  marges.  On  ne  connaît  de 
pièces  réceptrices  analogues  que  chez  les  Zygoptéridées  où  elles  sont  autre- 
ment agencées. 

Les  marges  réelles  L„,  L,/,  au  nombre  de  deux,  sont  symétriques  Tune  de 
l'autre  par  rapport  au  plan  médian  antéro-postérieur  CS  du  pétiole,  de 
chaque  coté  du  pointement  antérieur  de  la  chaîne  principale.  La  ligne  des 
marges  L„,  L,/  est  une  perpendiculaire  à  la  surface  de  symétrie,  ou  une 
ligne  très  faiblement  convexe  en  avant  lorsqu'on  la  prolonge  jusqu'aux 
pointes  antérieures  du  système  récepteur.  Elle  garde  cette  orientation  quels 
que  soient  la  réduction  de  la  trace  et  le  rapprochement  de  ses  marges.  La 
trace  botryoptéridienne  est  donc  presque  tout  entière  en  arrière  de  la  ligne 
des  marges  comme  la  trace  anachoropléridiennc.  La  ligne  des  marges  ne 
devient  pas  ligne  de  symétrie  accessoire,  contrairement  aux  Zygoptéridées  à 
pétioles  primaires  bisymétriques. 

La  pièce  principale  n'a  que  deux  pôles  Al,  Af^,  placés  aux  marges.  Ils 
sont  cupuliformes  comme  ceux  des  Anachoropteris.  Us  agissent  comme  des 
pôles  doubles,  car  de  chacun  d'eux  partent  deux  lames  ligneuses  A^y'',  Aly", 
ArfY'',  A,, y".  La  première  et  la  troisième  se  rencontrent  en  y''  sur  la  ligne  CS, 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1910.  1021 

les  deux  autres  se  rencontrent  en  y";  y"  est  plus  éloigné  du  centre  C  i|ue  y^- 
On  voit  ainsi  que  le  faisceau  médian  Ff^,,  qui  constitue  à  lui  seul  Varc  pos- 
térieur de  la  chaîne,  est  très  petit  et  tend  vers  zéro  lorsque,  par  réduction 
de  la  trace,  les  pôles  Ai,  A^  se  réunissent  en  un  pôle  médian  A'"  sur  CS. 
Les  demi-arcs  antérieurs  rejetés  derrière  le  faisceau  F™  par  une  courbure 
inverse  semblable  à  celle  des  Anachoropteris  se  rejoignent  largement  sur  la 
surface  de  symétrie.  L'arc  antérieur  entier  est  ainsi  constitué  par  un  grand 
faisceau  bipolaire  F™  qui  présente  un  grand  pli  inverse  en  son  milieu. 
L'ensemble  de  la  chaîne  principale  est  donc  une  chaîne  binaire  fermée, 
symétrique,  à  courbure  inverse,  à  faisceaux  très  inégaux,  le  postérieur  très 
petit,  l'antérieur  grand,  plié  en  son  milieu,  et  placé  derrière  le  faisceau 
postérieur.  Dans  le  B.  forensis  il  s'ajoute  cette  particularité  spécifique  que 
chaque  demi-arc  antérieur  présente  un  pli  direct  sitôt  après  la  marge.  Le 
contact  de  la  face  dorsale  du  demi-arc  antérieur  avec  la  surface  de  svmétrie 
est  ainsi  largement  prolongé.  Comme  conséquences  immédiates  de  cette 
constitution  élémentaire  :  i"  Les  plus  gros  éléments  ligneux  sont  en  y''  et 
en  y"  sur  CS.  2°  Les  plus  gros  tubes  criblés  sont  sur  les  flancs  de  la  chaîne 
principale  et  aussi  devant  FJ,  en  son  milieu.  Les  tubes  criblés  latéraux  sont 
remarquables  par  leur  grandeur.  Le  liber  entourant  la  chaîne  inverse  est 
homologue  du  liber  interne  d'une  trace  d'Osmunda.  Le  liber  externe  fait 
défaut.  Dans  cet  état,  la  chaîne  principale  réalise  aussi  une  réduite  de  nos 
pièces  quadruples.  Elle  comporte  par  suite  une  division  facile  dans  le  plan  CS, 
comme  l'indique  déjà  l'étranglement  de  la  chaîne  chez  le  B.  Renaulti ?,jy .  nov. 

La  fermeture  de  la  chaîne  principale,  l'absence  de  crosses  enroulées,  la 
réduction  du  faisceau  postérieur  F™,  différencient  la  pièce  principale  de  la 
trace  botryoptéridienne  de  la  portion  homologue  de  la  trace  anachoropté- 
ridienne. 

La  pièce  réceptrice  est  aussi  une  chaîne  binaire  fermée  à  courbure 
inverse.  Son  faisceau  intérieur  F"'"  est  plus  petit  que  son  faisceau  exté- 
rieur F""^.  Ils  sont  accolés  aussi  par  les  faces  externes  de  leurs  lames 
ligneuses.  Cette  structure  est  établie  par  les  deux  lignes  de  différenciation 
issues  de  chaque  pôle  A^,  A^,  et  par  les  modes  de  réception  et  d'émission 
des  traces  latérales  libérées  ou  reçues  sous  forme  de  divergeants  simples. 

La  pièce  réceptrice  peut  donc  aussi  se  décomposer  en  deux  divergeants 
symétriques,  également  inclinés  sur  CS,  et  courbés  d'où  trois  plis  directs  sur 
le  bipolaire  F""^  et  troL^  plis  inverses  correspondants  sur  le  faisceau  F™"^.  L'état 
relatif  de  ces  plis  donne  de  bonnes  différences  spécifiques.  Par  suite  de  sa 


1022  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

constitution  élémentaire,  les  grands  tubes  ligneux  de  la  pièce  réceptrice  sont 
dans  la  région  voisine  de  CS.  Les  grands  tubes  criblés  sont  près  de  CS,  à 
l'extérieur,  et  le  plus  près  possible  de  CS  sur  la  partie  libre  de  sa  face  interne. 
Les  tubes  criblés  de  la  réceptrice  sont  beaucoup  plus  grêles  que  ceux  de  la 
chaîne  principale.  Le  liber  entourant  est  homologue  du  liber  interne  d'une 
trace  osmundéenne.  L'ensemble  de  la  pièce  réceptrice  est  aussi  une  forme 
réduile  des  pièces  quadruples  avec  point  de  division  facile  dans  la  région 
des  centres  de  figure  ^,'""^,  y'é"^^  des  faisceaux  F"'"^,  F'^"^  comme  le  montre 
le  fi.  Benaulti,  sp.  nov. 

L'émission  des  pièces  latérales  se  fait  sur  le  côté  externe  des  cupules 
polaires  Ai,  A'/,  sous  la  forme  d'une  petite  masse  ligneuse  enchâssant  un 
groupe  trachéen  antérieur.  Le  bois  est  entouré  parle  liber.  En  cet  état,  la 
pièce  sortante  «r  est  un  divergeant  simple.  Ce  cordon  se  jette  sur  la  face 
intérieure  de  la  branche  réceptrice  voisine.  Elle  refoule  extérieurement  le 
groupe  trachéen  de  cette  pointe  directement  ou  après  fusion  préalable.  Le 
groupe  refoulé  s'échappe  ensuite  plus  ou  moins  rapidement.  Quand  l'adhé- 
rence se  prolonge,  on  peut  trouver  jusqu'à  cinq  massifs  refoulés,  de  plus  en 
plus  éloignés  de  la  pointe  A',  le  long  du  faisceau  externe  F™*^.  La  réception 
et  l'émission  des  cordons  latéraux  excluent  la  possibilité  d'homologuer  la 
pièce  réceptrice  à  un  faisceau  bipolaire  simple  à  pôles  libres.  Par  la  présence 
d'une  pièce  réceptrice  différenciée  sur  ses  marges,  la  trace  botryoptéridiemic 
se  montre  plus  compliquée  que  la  trace  anachoroptéridienne.  qui  en  est 
dépourvue.  La  pièce  latérale  de  la  fronde  a,  dès  l'origine,  la  même  orienta- 
lion  que  la  trace  mère.  Elle  conserve  cette  orientation.  Elle  ne  se  bifurque 
pas  immédiatement.  Des  deux  séries  de  pièces  latérales  émises  par  le  pétiole 
ou  le  rachis,  l'une  est  en  avance  sur  l'autre. 

Lorsque  la  trace  bolryopléridienne  se  réduit  vers  le  haut  de  la  fronde,  la 
pièce  réceptrice  devient  de  plus  en  plus  prédominante  dans  l'ensemble.  Les 
marges  Al.,  A^  se  réunissent  en  A"'  sur  la  ligne  de  symétrie  CS.  Le  fais- 
ceau F™  se  réduit  à  zéro.  La  chaîne  principale  tombe  à  l'état  de  diver- 
gent Y'".  Elle  représente  aussi  un  faisceau  bipolaire  F'"",  à  pointes  libres, 
courbé  par  un  pli  médian  inverse.  Les  éléments  criblés  antérieurs  du  fais- 
ceau ¥"p  disparaissent.  Les  bandes  fibreuses  libériennes  des  deux  sinus  dis- 
paraissent aussi,  après  quoi  ces  sinus  se  réduisent  à  leur  tour.  I^a  trace 
réalise  alors  le  faciès  tridenté  des  B.  hirsuta,  li.  antiqua,  etc. 

Dans  un  état  de  réduction  encore  plus  grand,  les  sinus  lil)ériens  sépara- 
teurs des  pointements  ligneux  s'effacent  complètement.  Les  poinlements 


J 


SÉANCE  DU  20  AVRIL  I9IO.  I023 

trachéens  A',  A'",  1^  s'émoussent,  se  rapprochent,  puis  se  réunissent  en  un 
seul  groupe  A"".  La  chaîne  principale  a  perdu  toute  autonomie.  L'ensemble 
est  constitué  par  la  réceptrice  condensée  en  un  seul  divergeant  Y"'",  remar- 
quable par  l'élargissement  de  son  bois  dans  sa  partie  postérieure.  Le  liber 
entoure  le  bois.  Les  plus  gros  éléments  ligneux  et  libériens  sont  dans  la  sur- 
face de  symétrie  et  en  arrière  dans  la  partie  dorsale  du  système.  Lors  de 
l'émission  d'un  de  ses  lobes  latéraux,  la  trace  ainsi  réduite  présente  dans 
une  certaine  région  deux  groupes  polaires  plus  ou  moins  écartés.  En  cet 
état,  la  trace  du  B.  antiqua  d'Esnost  a  été  confondue  parfois  avec  le  faisceau 
bipolaire  courbé  de  certaines  racines. 

Vers  le  bas  de  la  fronde  des  Bolryopteris  de  la  section  Tridentata,  nous 
retrouvons  le  même  faciès  unipolaire  du  divergent  simple,  mais  dans  cette 
partie  la  pièce  principale  intervient  dans  l'ensemble  condensé  de  la  trace  et 
il  convient  d'en  rappeler  toujours  la  présence.  Plus  bas  encore,  le  groupe 
polaire  unique  devient  intérieur  au  bois  et  l'ensemble  tombe  plus  ou  moins 
vite  à  l'état  de  pièce  apolaire  en  se  réunissant  à  la  masse  libéroligneuse  du 
stipe. 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  l'effet  produit  lors  des  orages  à  grêle  par  les  tirs 
grélifuges.  Note  de  M.  Ch.  André. 

Au  moment  où  la  saison  orageuse  vient  de  commencer,  il  m'a  paru  con- 
venable d'indiquer  les  résultats  auxquels  nous  sommes  parvenu  dans 
l'étude  des  effets  du  tir  contre  la  grêle  effectué  soit  avec  des  canons,  soit 
avec  des  fusées. 

On  sait  que  chaque  année  les  communes  envoient  à  l'Administration  des 
contributions  directes  des  demandes  de  dégrèvement  d'impôt  en  raison  des 
dégâts  causés  par  la  grêle  avec  l'estimation  des  pertes  subies.  Si  le  tir  est 
efficace,  les  pertes  ont  dû  diminuer  dans  une  notable  proportion  dans  les 
communes  munies  d'engins  grélifuges.  Partant  de  là,  nous  avons,  pour  cha- 
cune des  trente-deux  stations  grélifuges  du  département  du  Rhône,  fait  la 
moyenne  des  pertes  qu'elles  avaient  accusées  pendant  les  vingt  années  1881 
à  1900  qui  ont  précédé  l'installation  du  tir,  et  nous  lui  avons  comparé  celles 
qu'elles  ont  signalées  pour  les  années  de  la  période  1901  à  1909  qui  ont  été 
des  années  orageuses. 

C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N"  17.)  l35 


I024  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  comparaison  est  résumée  dans  le  Tableau  suivant  : 

ORAGES    ET    DÉGÂTS. 

Perles  des  stations  grcUfuges  comparées  à  la  moyenne 
de  1901   à   1908  incltiSH-emenl. 

Dégâts. 
Nombre  —  Différence, 

de  stations  Année  moyenne 

grèlifuges  déduite  en  plus  en  moins 

atteintes  de  20  années  de  de 

Années.  par  la  grêle.  Dégits.  (1881-1900).  la  moyenne.       la  moyenne. 

IflOI I  55470  262^7  29193  » 

190-2 8  1027033  717157  31017Ô  » 

1903 7  858  211  387288  470923  » 

lOO'i 8  840229  227665  612554  » 

I90o 4  149534  184178                   »  34644 

1900 2  128110  i3o5o6                      ))  2396 

1907 7  675  2S7  396  707  278  58o 

1908 9  I  177603  418684  758919 

Totaux 4^  4911777  2488662  2  460  355  37040 

Moyenne....        6  613972  3iio57  3o29i5  i8520 

Si  l'on  s'en  tenait  aux  chifl'res  seuls,  on  en  conclurait  que  les  canons  et 
fusées  grèlifuges  sont  plutôt  nuisibles;  mais  la  seule  interprétation  qu'on 
soit  en  droit  d'en  tirer  est  que  ces  tirs  n'ont  sur  les  orages  à  grêle  aucun 
effet  ni  en  bien  ni  en  mal. 


PRESEiVTATIOIVS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  sera  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  pour  une  place  de  Membre  Arliste  du  liureau  des  Longitudes^  ayant 
rang  de  titulaire,  vacante  par  le  décès  de  M.  Gautier. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  candidat  de 
première  ligne,  le  nombre  des  votants  étant  4j  •' 

!\l.  .T.  Carpentier  obtient 4o  sulfrages 

M.  Andoyer  obtient '\  suffrages 

Il  y  a  I  bulletin  blanc. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  1020 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignalioa  du  candidat  de 
seconde  ligne,  le  nombre  des  votants  étant  qi  : 

M.  A.  Jobin  obtient 40  suffrages 

Il  y  a  I  bulletin  blanc. 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  Tlnstruction 
publique  conqirendra  : 

En  première  ligne  .......      M.  J.  Carpextier 

E71  seconde  ligne M.  A.  Jobin 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste  de 
deux  candidats  qui  sera  présentée  à  M.  le  Ministre  de  Flnstruclion  publique 
pour  une  place  de  Membre  titulaire,  vacante  dans  la  Section  d'Astronomie 
du  Bureau  des  Longitudes  par  le  décès  de  M.  Bouquet  de  la  Grye. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  candidat  de 
première  ligne,  le  nombre  des  votants  étant  43  : 

M.  Andoyer  obtient 41  suffrages 

M.  Hanusse  obtient i  suffrage 

Il  y  a  1  bulletin  blanc. 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  candidat  de 
seconde  ligne,  le  nombre  des  votants  étant  35  : 

M.  Hanusse  obtient  l'unanimité  des  suffrages. 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  comprendra  : 

En  première  ligne M.  Andover 

En  seconde  lisne M.  Haxusse 


CORRESPOND  AIVCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Reaux-Arts  invite 
l'Académie  à  lui  faire  connaître  ceux  de  ses  Membres  qui  pourraient  accepter 
de  se  rendre,  en  qualité  de  délégués  de  son  Département,  au  XP  Congrès 
géologique  international  qui  se  tiendra  à  Stockbolm  du  18  au  a5  août 
prochain. 


I026  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

i"  Henri  Dehérain,  Le  classemenl  et  les  catalogues  des  Oiwrages  imprimés 
à  la  Bibliothèque  de  l' Institut. 

1°  L' Internationalisme  médical,  par  J.-H.  Eijkman. 

3°  Les  prix  Nobel  en  1907. 

4°  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Genève  :  Catalogue  illustré  de  la 
Collection  Lamarck.  Brac/nopodes  fossiles.  (Présenté  par  M.  Ed.  Perrier.) 


ASTRONOMIE.  —  Sur  la  nouvelle  méthode  de  photographie  planétaire  employée 
à  l'Observatoire  Lowell,  à  Flagstaff  {Arizona^  Note  de  M.  P.  Lowell, 
présentée  par  M.  Bigourdan. 

Un  nouveau  procédé  de  photographie  planétaire  a  été  imaginé  à  Flag- 
stafîpar  mon  assistant,  M.  Lampland,  et  a  reçu,  depuis,  divers  perfectionne- 
ments de  la  part  du  directeur  de  l'Observatoire  et  de  M.  E.-C.  Slipher. 

Ce  procédé  consiste  dans  l'emploi  d'un  écran  spécial  associé  à  des  plaques 
convenablement  choisies,  de  telle  sorte  que  les  rayons  jaunes  voisins  de  la 
raie  D  sont  seuls  à  agir  sur  la  plaque;  et  ce  résultat  a  pu  être  obtenu  même 
avec  un  objectif  de  o™,6i  d'ouverture.  En  outre,  les  variations  des  condi- 
tions atmosphériques  ont  été  étudiées,  de  manière  à  exposer  les  plaques 
seulement  lorsque  les  images  sont  tout  à  fait  nettes. 

Ces  recherches,  qui  ont  été  fort  longues  pour  chacun  des  deux  facteurs 
qui  viennent  d'être  indiqués,  ont  conduit  aux  résultats  les  plus  satisfaisants, 
comme  le  prouvent  les  clichés  récemment  obtenus  de  Jupiter  et  de  Saturne. 
Les  détails  visibles  sur  ces  images  sont  d'une  netteté  tout  à  fait  inattendue, 
et  leur  réalité  est  d'ailleurs  hors  de  doute  en  raison  des  précautions  prises; 
on  obtient,  en  effet,  de  vingt  à  quarante  images  de  suite  sur  la  même  plaque 
en  ayant  soin  de  changer  la  place  de  l'écran  après  chaque  exposition,  de 
sorte  que  les  détails  appartenant  à  la  planète  se  distinguent  bien  de  ceux 
que  pourraient  produire  les  imperfections  locales  de  l'écran  et  de  la  plaque. 
Outre  des  détails  qui  demandent  qu'on  ait  les  clichés  sous  les  yeux,  les 
images  de  Jupiter  montrent  : 

1°  Les  petites  sinuosités  des  bandes; 

2°  Le  contraste  bien  accusé  des  diverses  bandes  et  des  calottes  polaires; 

3°  Les  filaments  de  la  bande  équatoriale,  objets  nouveaux  et  difficiles  à 
voir,  même  à  l'œil; 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  IO27 

4°  Une  plaque,  qui  a  été  mesurée,  a  donné  pour  l'aplatissement  po- 
laire -pf^,  exactement  comme  les  meilleures  mesures  micrométriques  faites  à 
l'œil; 

5°  Enfin  les  clichés  permettent  de  connaître  les  durées  variables  de  rota- 
tion des  diverses  bandes. 

Les  images  de  Saturne,  de  leur  côté,  montrent  : 

i"  La  division  de  Cassini; 

2°  L'ombre  de  la  planète  sur  les  anneaux  et  celle  des  anneaux  sur  la  pla- 
nète; 

3°  Les  différences  d'éclat  que  présentent  le  bord  intérieur  et  le  bord 
extérieur  de  chacun  des  anneaux  A  et  B; 

4°  L'anneau  C,  dont  l'existence  est  révélée  par  son  ombre  sur  la  planète 
à  travers  l'anneau  lui-même,  ce  qui  est  remarquable; 

5°  Les  filaments  de  la  bande  équatoriale,  ce  qui  est  tout  à  fait  nouveau. 

Nous  appellerons  spécialement  l'attention  sur  l'enregistrement  photo- 
graphique de  ces  filaments  de  la  bande  équatoriale  de  Saturne;  ces  fila- 
ments ont  été  découverts  à  l'œil,  à  Flagstalî,  en  septembre  dernier;  le  fait 
d'avoir  obtenu  sur  les  clichés  des  détails  aussi  difficiles  à  voir  nous  parait 
démontrer  toute  la  puissance  de  la  nouvelle  méthode  photographique. 

Comme  on  l'a  dit,  la  méthode  qui  vient  d'être  indiquée  se  relie  à  l'étude, 
faite  à  FlagstafT,  des  conditions  favorables  à  la  définition  des  images,  tant 
visuelle  que  photographique;  elle  a  montré  que  la  définition  dépend  de 
l'ouverture,  et  diminue  en  qualité  à  mesure  que  l'ouverture  augmente.  Cette 
définition  dépend  aussi  des  vagues  atmosphériques,  qui  sont  de  diverses 
natures,  les  dont  certaines  donnent  les  bords  du  disque  très  distincts 
quoiqu'elles  effacent  les  détails. 

Lue  longue  expérience  dans  l'étude  de  ces  conditions  peut  seule  guider 
pour  obtenir  les  meilleurs  résultats. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  La  méthode  de  Jacobi  généralisée  d'intégra- 
tion du  système  d  équations  différentielles  partielles  du  premier  ordre. 
Note  de  M.  C.  Russyan. 

Je  vais  présenter  la  méthode  de  Jacobi  généralisée  d'intégration  du 
système  d'équations  différentielles  partielles  du  premier  ordre  en  involution 
dans  la  forme  qui  n'admet  aucun  cas  exceptionnel,  contrairement  à  1  expo- 
sition habituelle  et  qui,  dans  le  procédé  formel,  n'est  autre  chose  que  la 


I028  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

variation  de  la  première  méthode  de  Jacobi,  due  à  M.  G.  Darboux  ('), 
généralisée  sur  le  système  d'équations  en  involution 

(')  ^^(•■'■l •!■„,--, /'i,  ■  ■■,  /'«)  =  C,  {l=:i,-2,  ...,  m). 

La  détermination  de  l'intégrale  complète  classique  du  système(i  )  consiste, 
d'après  la  méthode  de  Jacobi  généralisée,  en  la  détermination  de  n  ■+-  i  —  m 
fonctions  F^(a7,,  ...,ir„,  z,  p,,  ...,p„)(s=:m  +  i, .  ..,n  -4-1),  de  manière  (jiie  les 
fonctions  Fy(  .r,,  . . .,  a;„,  :;,/?,,  ...,/>„)(_/=  i,  2,  . . .,  n  -h  1  )  soient  en  involu- 
tion et  indépendantes  par  rapport  àyj,,  ...,/>„.  La  nécessité  de  ces  condi- 
tions se  démontre  de  la  voie  élémentaire  ;  leur  suffisance  résulte  de  ce  fait 
Cjue  le  système  d'équations  différentielles  ordinaires  correspondant  au 
système  d'équations 

[F,./]=o         is  =  i,2,...,p)  C), 

où 

[F«,Fp]  =  o         (o:,p  =  1.2,  ...,/.) 

contient  toujours  l'équation 

dz  —  />,  f/j'i  — ...  —  pi^  ci.v,i  =  o. 

Supposons  maintenant  qu'on  ait  déterminé  par  le  procédé  connu  de 
Jacobi  généralisé  le  système  de  n  -h  i  fonctions  V /(j  =  i ,  2, ...,/?  -i-  i)  indé- 
pendantes en  involution  et  que  ces  fonctions,  cjuant  aux  variables/;, p„, 

ne  soient  indépendantes  que  par  rapport  à  p,,  ...,Pq  :  soit,  par  exemple, 

-77 — '"  '  '  " — ^  :^  o  (mSqSn).  On  a  toujours 

(2)  rî';-/*,fl'.r,  — ...-/)„^)'.r„=P,f/F,  +  ...+ F„+,  rfF„+,, 

ou  bien 

P  P  /  '     \ 

piciz  —  p,  (/.r,  — .  .  .  —  p„dj.„)  =  r^— !— c?F, -i-.  .  .+  -pp-^r/F„+  f/F„+,       (  p  —  ^ )• 

11  vient,  d'après  un  théorème  récemment  démontré  (Comptes  rendus, 
t.  150,  1910,  p.  r)i) 


[£;■"'] 


0  («•=/,),         [    P,       P/,    1 


(')  Darboix,  lliilL,  I'''"  série,  t.  MU. 

(^)  C'est-à-dire  le  système  généralisé  d'équalinns  canoniques  d'Hamiiton.  Voir,  par 
exemple,  G.  Ritssyan,  Die  Pfaff'sche  Méthode  der  Intégration  der  partietlen  DiJJ'e- 
renzen  i  ,0  {Bull,  de  l'Acad.  des  Sciences  de  Cracovie,  igoS). 


SÉANCE    DU    2,T    AVRIL    1910.  IO29 

car 

[Fa,  F3]  =  0  («,;3=:  1,2,  ..,«  +  !). 

P 

Donc  les  fonctions  Fy(/ =  i,  i>,  ...,«-+-  i  ),  —-^  (j'=  i,  2,  . . .,  «)  sont  indé- 
pendantes. Les  2/1  -+-  1  —  q  fonctions  Fji'J  =  1,2,...,  //  -f-  i), 

étant  en  involulion  avec  les  fonctions  F,,  ...,  F^,  représentent  toutes  les 
solutions  du  système  complet 

[F,./]  =  o         (.9=..  2,...,  y). 

et  sont  indépendantes  par  rapport  à  a;^+i,  . . .,  .r„,  s,/»,,  . . .  ,yy„,  car  F,,  . . . ,  F^ 
le  sont  par  rapport  à/?,_ . . .  ,/j^(  ').  Or  les  fonctions  Fj{J  =  i,  1,  . . . .  n  -h  i) 
ne  sont  indépendantes,  quant  aux  /;, ,  . . . ,  />„,  que  par  rapport  i\  />,,..., p^  ; 

donc  les  n  fonctions  F,(«  =  i ,  2,  . . .,  ^),  — ^^(j  =;  i ,  2,  ...,«  —  y)  en  invo- 

lution  sont  indépendantes  par  rapport  ap, , . . . ,  /?„.  Cela  étant,  si  l'on  élimine 
les  variables  p,^ . .  .,p„  k  l'aide  des  équations 

F,.  =  Cj,  -r/^  =  C^+,  (.9  =  1,2,  ...,</;  J  =ri ,  2,  .  .  .,  n  —  q) 

de  l'équation  dz  — p,  da\  —  . . .  ~  /;„  (lx„  =  o  et  si  l'on  désigne  par 

<i>y+i(-^-, j^„,=,c,,  ...,a,),    ..., 

P 

(')  Les  équations  Fy  =  Cy{/  =  1,2,  ...,/(+  1),     "'"^' =  T,,,-,-,-  («:=  1,  9,  . . . ,  «  —  m) 

r  «-M 

représentent  l'intégrale  complète  du  système  généralisé  des  équations  canoniques 
d'Hamillon    pour    le    système    (i).    S'il    suit    des    équations    Fy  =  Cy(/=ri,  2,  ..., 

«  +  !)   que    ;=/(,r,,...,.^v,  C,,...,C„+,),    .r.,^,  =  f^^,-{j-, .r,„  C,  ...,  C„+,) 

(i^=i,  2 Il  —  r/),  cette  intégrale  complète  peut  être  représentée  dans  la   forme 

Fj  =  C,         {j=  I,  2,  ..  .,«  +  1), 

où  H  =: / — iP,_)_,/,H.,-.  C'est  la  généralisation  du  théorème  connu  de  Jacobi-Liou- 
ville  (C.    Rl-ssvan.    loc.  cit.).    Comme  enfin    [F^,  Fp]=ro,    (a,  |3  =  i,  2,  . ,. ,  «  +  i) 

o  '    '  ^7.  ^  ]    ,-^i\    («,/>:=  1 ,  2,  ..., /i  );    or=.-- >    on  a  la  aénéralisalion   du 

système  canonique  d'intégrales  du  système  canonique  d'Hamilton  des  équations  diffé- 
rentielles ordinaires,  liées  avec  le  système  (i). 


Io3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  résultats  d'élimination  des  fonctions  Fy^,, . . . ,  F„+|  des  variables jd,,  . . . 
à  l'aide  des  équations  F^  =  C,(^  =  i,  2,  . . . ,  y),  on  obtient,  d'après  (2), 

C,+  ,  tl^,,^ ,  -t- .  .  .  +  C„  </0„  -H  d<b„+^  =  o, 

dont  l'intégrale 


,Pn 


(3) 


{^\, 


.r,„z,C,,  ...,C,). 


+  C„<I»„(j",,  . . .,  x„,  c,C,, G,) 


(niSq'in) 


est  l'intégrale  complète  classique  du  système  (i)  en  involution.  Le  système 
de  «  +  I  fonctions  ¥ j  indépendantes  en  involution  étant  donc  déterminé, 
on  obtient  l'intégrale  complète  classique  du  système  (i)  en  éliminant^,,  ..., 
/)„  des  équations  F,  =  C,,  ...,  F^=  C^,  Cy+,F^+, +...+  C„F„-f-F„+,  =  C„+,. 
Si,  en  particulier,  les  équations  données  (i)  ne  contiennent  pas  explici- 
tement r,  on  le  peut  toujours  supposer  de  même  par  rapport  aux  fonctions 
F,n+,,  ...,  F„;  donc  la  fonction  F„+,  se  détermine  par  les  quadratures  dans 

la  forme 

-;  +  U(a;,,  ...,,r,„F,,  ...,  F„), 

de  sorte  que  l'intégrale  classique  complète  a  dans  ce  cas  la  forme 

5  =  C,/+,0,H_,(,r,,  . . .,  .r,„  G,,  . .  .,  G,)  -t-. . . 

-t-G„<I)„(.r,, . .  .,J?„,G,, . .  .,G,)  4- U(.r,, . .  .,.2-,„G,,...,G,,<I>,+,,..  .,<l>„)-t-C„+,. 

Le  cas  q  =  n  est  le  cas  normal  dans  l'exposition  ordinaire  ;  mais  celui 
q<in  est  exceptionnel.  Dans  ce  cas  les  équations  Fy=C^  représentent 
l'intégrale  complète  du  système  (i)  dans  le  sens  généralisé  de  S.  Lie.  On 
voit,  d'après  la  forme  de  l'intégrale  complète  classique  (3),  que  ce  cas  ne 
peut  se  présenter  que  pour  le  système  (i)  de  la  forme  spéciale.  On  peut 
donner  aisément  la  méthode  générale  pour  obtenir  de  tels  systèmes.  En  éli- 
minant Cj+i,  C„,  C„+,  de  l'intégrale  (3)  par  des  diflérentiations,  on  obtient 
le  système 


(4) 


Pi 


Pi+i 


Pn 


d^o 


Ox„ 


àz 


OiK, 


(/=  1,2,  ...,(/), 


qui,  étant  résolu  par  rapporta  C,,  ...,  C,,  donne  entre  autres  le  système  (i). 


bÉANCE    DU    25    AVKIL    I()IO.  Io3l 

Inversemenl,  pour  les  fonctions  (|uelconqut's  4»,^.,(a?,,  ...,  x„,  z,  C,,  ...,  C^) 
(i  =  i,  2,  ...,  H -\- I  —  q)  indépendantes  par  rapport  à  a;^^,,  ...,  ^„,  z  et 
telles  que  le  système  (4)  est  résoluble  par  rapport  à  C,,  ...,  C^,  on  obtient 
en  le  résolvant  le  système  d'équations  F,(.r,,  ...,  j_-„,  z,  />,,  ...,/>„)  =  C, 
(*  =  I,  2,  ...,  <^)  en  involution,  résolubles  par  rapport  à  />,,  ...,yjy,  dont 
chaque  système  de  m^^'  équations  a  une  intégrale  de  S.  Lie, 

F,=  C,.        .V  =  I,  2,  . . ..  9.         K,_^,  =  C,_H,        ((=i,a /i  +  i  — r/), 

où 

F,+,-=<ï>y^, (■'■.,  •••,  ■'■„,  :J',.   •••,  I-'v). 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Ea-isience  de  solutions  singulières  pour  certaines 
équations  de  Fredholm.  No)**  de  M.  Joseph  J^Iarty,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

Dans  une  Note  antérieure  (  28  février  1910),  j'ai  indiqué  comment  il  était 
possible,  par  l'application  de  la  méthode  de  Schwarz,  de  démontrer  l'exis- 
tence d'une  valeur  singulière  pour  un  certain  type  d'équations  intégrales.  La 
méthode  est,  au  fond,  une  méthode  d'approximations  successives  appliquée 
à  l'équation  intégrale  obtenue  en  itérant  le  noyau  une  fois  et  en  commençant 
l'approximation  par  le  noyau  lui-mémo.  Voici  un  exemple  encore  d'un  type 
étendu  d'équation  de  Fredholm  où  l'on  peut  procéder  de  manière  analogue  : 

Soit  l'équation 

(I)  9(-*-)  — >  /H(^-,  .v)9(  Jia'r^  /(-r), 

H(a-,  y)  étant  une  fonction  bornée,  intégrable  et  de  carré  intégrable.  Nous 
supposons  qu'il  existe  une  fonction  K(.r,y),  symétrique  et  telle  que 

G(jc,  y)  --  /K(.r,  s)ll(;,  y.)dz 

soit  aussi  une  fonction  symétrique  ;  on  peut  toujours  admettre  quelv(.r,  y) 
est  une  fonction f/e/;>n>;  car  autrement  on  pourrait,  au  lieu  de  G(.r,  y),  con- 
sidérer G' (x,  y)  : 

G'(,/-.  y)=  i  K(.r.  t]G{l.  y)dtz=  i    j  Kir.  t)K{t,  :)  H(  z.  y)  dz  dt. 

Ceci  posé,  et  si  nous  faisons  abstraction  des  solutions  singulières  orthogo- 
nales à  K(.r,  jj,  on  peut  énoncer  les  théorèmes  suivants  : 

L   [.es  râleurs  singulières  de  l'équation  (  1  )  sont  réelles.  —  Soient,  en  clTet, 

c.  K.,   1910,  I"  Semestre.  (T.  lôO,  N«  17.)  I  î(j 


Io32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

À  une  valeur  singulière,  u(.t)  -+-  iv(.T)  la  solution  correspondante;  on  aura 


fl 


Gi-i:  y}[u{jr)-^  i^'(a-)][u{y)  —  i\'(y)](i{j:y 


A  est  donc  réel 

2.  Si  G(x,y)  n'est  pas  identiquement  nul,  il  y  a  une  valeur  singulière.  —  Il 
suffit  de  considérer  [H„(a?,  j)  désignant,  comme  d'habitude,  le  n'""""  noyau 
itéré]  la  fonction 

<i>„{.r.  y)^.  flKi^-.  z)\\„(z,  y)dz 

et  les  nombres 

U„=  I  ^„{z.s)dz; 

les   quantités    "•„  =  j-. — '^^^—  jouent  le  rôle  des  constantes  de  Schwarz,  et, 

comme  dans  ma  première  Note,  le  fait  que  K(.r,  y)  est  défini  permet  d'écrire 
les  inégalités  nécessaires. 

On  trouve  ainsi  une  valeur  singulière  et,  pour  l'équalion  associée  avec  le 
noyau  Ho(r,  r),  une  solution  singulière  sous  la  forme 


R(^,  3)  =  lim  -^   f  I  lv(.v,  t)  H„(v,,r)  H„{t,y)  d{s,  I 


Si  la  fonction  G(a7,  v)esl  identiquement  nulle,  toutes  les  solutions  singu- 
lières sont  orthogonales  à  K  (a-,  y). 

Comme  exemples  d'équations  intégrales  de  seconde  espèce  rentrant  dans 
le  type  précédent,  citons  [R(j7,  y}  étant  symétrique] 

1°  H(j?,j)  =  A(a')R(a-,^v), 

on  peut  prendre 

K(.r,_y)  =:  Vi(x.y)  ; 
2°  H(x,,r)  =  A(,r)R(a-,j)B(j). 

on  peut  prendre 

K(.r,r)  =  B(.r)B(j)H(.r.,r); 

dans  cesdeuxcas,  d'ailleurs,  il  ne  peut  y  avoir  de  solution  singulière  ortho- 
gonale à  K(a?,j').  Si  R(.r,  J')  n'est  pas  défini,  on  applique  la  remarque 
faite  plus  haut,  mais  les  conditions 

l  K.i{jc,  z)\\(z,  y)dz'^o     ou      =o 


SÉANCE    DU    23    AVRIL    1910.  Io33 

entraînent  nécessairement 


lK{u',z)H{:,j)dZyéo     ou 


On  voit  donc  que  la  conclusion  de  ma  Note  du  28  février  (')  subsiste 
encore,  même  si  le  noyau  n'est  pas  défini. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —   Sur  les  séries  de  Dirichlet.   Note  de 
M.  Michel  Fekete,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

1.   On  sait  que  la  série  de  Dirichlet  D(*)  =  V  —  est  uniformément  con- 

n  =  \ 

verjfcnte  dans  toute  aire  intérieure  à  son  domaine  de  convergence,  donc 
elle  définit  une  fonction  analytique. 

\ous  allons  montrer  qu'une  série  de  Taylor  T(>r)  =  V  a„j;",  associée  à 

la  série  de  Dirichlet,  joue  un  nMe  important  dans  la  détermination  du  carac- 
tère analytique  de  la  fonction  f{s)  définie  par  D(5).  En  combinant  le 
théorème  de  M.  Bohr  (-)  [d'après  lequel  la  série  de  Dirichlet  présente  la 
sommabilité  uniforme  d'ordre  r  dans  le  domaine  R(5)>>  R(.?o)?  pourvu 
que  la  méthode  des  moyennes  arithmétiques  d'ordre  r  soit  applicable 
pour  5  =  .y,,]  avec  celui  de  M.  Marcel  Riesz  (')  (qui,  à  son  tour,  nous  donne 
la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  série  de  Taylor  soit  som- 
mable  en  un  point  réguUer),  j'ai  pu  démontrei'  le  théorème  suivant  : 

I.  Si  la   fonction  analytique   o(.r)    définie  par  T(.r)   est    régulière  au 
point  X  :^  i  (*),  f(^s)  est  une  Jonction  entière. 


(')  Je  profile  de  l'occasiou  pour  corriger  une  légère  erreur  de  transcription  :  il  faut, 
à  la  dernière  égalité,  ajouter  -+-f{a)). 

(-)   Comptes  rendus,  m  janviei'  1909. 

(')   Comptes  rendus^  22  novembre  1909. 

(*)  Il  suffit  de  nous  borner  au  cas  où  la  série  T(x)  a  pour  raj'on  de  convergence 
l'unit'^.  En  effet,  si  la  série  D(5)  est  convergente  en  un  seul  point  du  plan,  la  série 
T(x)  converge  au  moins  dans  le  cercle  de  rayon  i  ;  d'autre  part,  si  le  rayon  de  con- 
vergence de  F(.r)  était  supérieur  à  1 ,  la  série  D(i)  serait  convergente  dans  tout  le 
plan  et  cela  rendrait  notre  théorème  évident. 


Io34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2.  Dans  ce  cas,  le  prolongement  analytique  de  la  fonction  y^*)  est  pos- 
sible en  dehors  du  domaine  de  convergence  : 

1°  Par  la  méthode  dex  moyennes  arithmétiques  (l'abscisse  de  sommabilité 
d'ordre  r  étant  X^=  A,,  —  r,  où  X„  est  l'abscisse  de  convergence); 

2"  Par  la  sommation  exponentielle  de  M.  Sorel  [par  celte  méthode,  T)(s) 
est  sommable  dans  tout  le  plan]  ; 

3°  Par  des  séries  de  polynôme  de  Dirirhlel  (  en    appelant  polynôme  de 


Dirichlet  les  sommes  de  la  forme  ^  -7  )  • 

71  =  1 

Si 

2  P„  (  X  )  r=2  (  c',"'x  ■+-  c':''  .'■■  -4-  .  .  .  ^  <'  X*") 

est  une  des  séries  de  polynômes  de  M.  Miltag-Leffler  de  o{x),  la  série  de 
polynômes  de  Dirichlet  de  /(s  )  sera 

Celle-ci  est  uniformément  convergente  dans  tout  domaine  finie  du  plan 
des  *. 

3.  Le  problème  suivant  se  pose  :  Déterminer  le  caractère  analytique  de  la 
fonction  /(^s)  dé/inie  par  V)  (s)  quand  la /onction  z^ix')  dé/inie  parF(.r)  est 
singulière  au  point  .r  =  i .  Est-ce  que  ./(v)  aura  nécessaireme/tt  des  singularités 
à  distance  finie  ? 

Je  ne  suis  pas  arrivé  à  résoudre  ce  problème  dans  toute  sa  généralité, 
mais  je  peux  démontrer  que  : 

II.  Si  l'ordre  (au  sens  de  M.  Hadamard)  de  "Sfi^x)  est  —  ao  au  point  (sin- 
gulier) r  =  I ,  la  fonction  f(s)  est  encore  un/-  fonction  entière. 

III.  Si  le  point  r  =  1  est  un  pôle,  ou  bien  un  point  singulier  logarithmique 
ou  algébrique  de  la  fonction  CD(.i'),  la  fonction  fis)  a  des  singularités  à 
distance  finie. 

IV .  Si  les  coefficients  de  D(s)sont  des  nombres  complexes  qui  se  trouvent 
dans  uti  angle  oc  <^~  du  plan  complexe,  le  point  réel  de  la  droite  de  conver- 
gence est  un  point  singulier  de  la  fonction  f( s). 

Le  lliéorème  dernier  est  l'analogue  du   théorème  démontré  par  M.    1*. 


SEANCE  UV    20  AVRIL  I910.  Io35 

Uienes  (  ')  relativement  aux  séries  de  Taylor  et  renferme,  comme  cas  parti- 
culier, un  des  théorèmes  de  M.  Landau  (-).  La  démonstration  peut  se  faire 
dans  Tordre  d'idées  de  M.  Landau,  nous  appuyant  encore  sur  le  fait  que  la 
convergfence  absolue  d'une  série  simple  ou  multiple  résulte  de  la  conver- 
gence de  cette  série,  si  tous  les  termes  tombent  dans  un  angle  a<^-  du 
plan  complexe.     . 

4.   Si  nous  connaissons  la  manière  dont  se  comporte  la  fonction  définie 

par  la  série  Va^s"  au  point  3  =  1,  nous  pouvons  en  tirer  des  conclusions 

II —  0 

relatives  au  caractère  analytique  des  fonctions  représentées  d'une  part  par 
des  séries 

(0  y__-"' 


d'autre  part  par  des  séries 

n  =  n 

Les  résultats  sont  analogues  aux  théorèmes  I-IV,  avec  la  seule  différence 
que  dans  le  cas  des  séries  factorielles  (i),  au  lieu  de  fonction  entière,  il  faut 
dire  fonction  rnéromorp/ie . 

Le  prolongement  analytique  des  fonctions  définies  par  (1)  et  (2)  est  pos- 
sible à  l'aide  des  méthodes  des  moyennes  arithmétiques,  de  la  sommation 
exponentielle  de  M.  Bore!  et  à  l'aide  des  séries  de  polynômes  de  factorielles, 
pourvu  que  la  série  de  Taylor  associée  soit  régulière  au  point  .r  =  i. 

Les  séries  de  polynômes  sont  de  la  forme  suivante  : 

Pour  la  série  (  i) 

yrc  ^^^^  __^ 2Ç^ — ^1 

^\_v  xy.v  +  i)  .r(,,--+- ().  ..(.r  4-  A„)  I 

et  pour  la  série  (  2  ) 

>        C\'.'   JC c\"'.xi.V  —  1  1  -)-.  .  .-1-  ( I  \k„  iA 


c\"  '  JC  —  c'i"  '  :. 


.r(.r  — i)H-..  .-!-(— O'^-T^j-i.;  —\)...{.r  —  k„) 


(')  Comptes  rendus,  20  février  1903. 

(-)  li.  Laxdau,  Uber  einen  Satz  von   Tschebyschef  [Math.    4n/i.,  t.  LXI,  p.  536). 


Io36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  supposant  que  la  série  de  polynômes  de  M.  Mittag-Leliler  pour  la  fonc- 
tion définie  par  la  série  de  Taylor  associée  s'écrive 

2  (  C;,"'  +  C  ,"  "  3  -1-  .  .  .  +  C,'^'  =*-"  ) . 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.   —  Sur  une  application  des  transformations 
birationnelles.  Note  de  M.  Ouivet,  présentée  par  M.  Appell. 

Je  ferai  tout  d'abord  connaître  la  proposition  suivante  : 

TukorÈiME.    —    Soient  a,,  u.,,  //,  trois  variables;  F,,   Fo,  F.j  trois  formes 
homogènes  et  du  même  degré  en  u,,  Wj,  Wj  ;  si  les  équations 

.r,         .r.>         .(■., 

(-^  f;  =  f;  =  f; 

définissent  une  transformation  hirationnel/e,  les  formules 

.r,  a-,  .r, 

(2) 


où  r,,  r.j,  r,,  sont  trois  constantes  distinctes,  donnent,  exprimée  en  fonction  uni- 
forme d'un  paramétre,  l'intégrale  générale  d'une  équation  différentielle  du 
premier  ordre  et  du  premier  degré 

(A)       A,(x,  f/.r,  — .r.,  f/.rs)  +  A2(  ^73  rfx,  —  x,  f/x.,)  -H  .Ki(,.Xi  ^x,  —  .CjrfjrJ^o, 

oii  les  A  sont  trois  formes  homogènes  et  du  même  degré  en  x^,  x„,  x^. 

l'ar  suite  des  liy|)Olhèses  faites,  on  a 

C,>-'/  _  C,e'V  _  C.e'-,' 

9,  fflî  9;, 

<s,,  Oo,  O;,  étant  des  formes  homogènes  en  x^,  -v.,,  .r.,  et  du  même  degré. 
On  déduit  immédialement  de  là 

— ! =A'>-'!,  -^ —  f.'-',.  -^ -— =  A',-S, 

o',-~'»  92»   ''  Ci','     - 

A  étant  la  valeur  rommiiiie  des  rapports  (3);  d'où  par  multiplication 

(4)  9','>-''»9'j>-'''9'^i-''  —  const. 


SEANr.K  UU  23  AVRIL  ipiO.  1087 

D'autre  part,  les  équations  (2)  difFérentiées  donnent 

rfj7,  t=:  F,  f/p  -(-  p F ,  f/<,         (t.c,  =  F.,  r/p  H-  p  F'j  <y^         <^^3  =;  Fj  <yp  -j-  p  F'3  rff , 

où  p  désigne  la  valeur  commune  des  rapports  (2)  et  F'  la  dérivée  complète 
de  F.  Eliminant  f/p  et  p  dt  entre  ces  trois  relations  et  remplaçant  F,,  Fj,  F, 
par  les  quantités  proportionnelles  x^,  x.^,  a\^  on  trouve 

F",  {.1-.2  dx\—  .r,  f/.-Cn)  -+-  F^  (j:-,  d.r^  —  j:,  djr.^)  -t-  F3  (x,  dx.2 —  x,  dx,)  =  o. 

C'est  bien  là  l'équation  aimoncée,  car  les  trois  fonctions  F'  homogènes  et 
du  même  degré  par  rapport  à  C,e'''',  C^e'''',  C^e^',  sont  d'après  les  équa- 
tions (3)  des  fonctions  homogènes  et  du  même  degré  en  x,,  .i\,  x^. 

Ce  théorème  fait  correspondre  à  toute  équation  différentielle  du  troisième 
ordre  à  coefficients  constants  une  infinité  d'équations  différentielles  algé- 
briques du  premier  ordre  et  du  premier  degré,  dont  l'intégrale  (4)  est 
algébrique  ou  transcendante,  suivant  les  valeurs  assignées  aux  rapports  des 
constantes  r, ,  r.,,  /•,, . 

La  réciproque,  dont  la  démonstration  est  immédiate,  s'énonce  ainsi  : 
Quand  l'intégrale  générale  d'une  équation  du  type  (A)  est  de  la  forme  (4), 
les  fonctions  cp,  homogènes  et  du  même  degré,  définissant  une  transfor- 
mation birationnelle,  les  trois  variables  r, ,  x.^,  x^  sont  proportionnelles  à 
trois  fonctions  uniformes  d'un  paramètre  auxiliaire,  rationnelles  par  rap- 
port à  la  constante  d'intégration. 

Applications .  —  1°  Considérons  la  transformation  quadratique  biration- 
nelle, dont  les  trois  points  principaux  sont  confondus, 


un  111/    —  Il   -  II' 

où 

Il  =1  II i  -1^  Il ,  -h  II j.  Il'  :=  r,  11^  -+-  r.,11.2  -i-  l'i  II 3,  II"  —  r'\  11 1-+-  ri  11  ^  -+-  r'I  «3; 

si  nous  formons  l'équation  (A)  correspondante  et  si  dans  cette  équation 
nous  faisons 


nous  trouvons  l'équation  d'Euler, 

y  dy  -+■  [(3^  —  /•,  —  r,—  r.j)  r  ■+-  (.r  —  /•,)  (  j-  —  r,)  {x  —  r,)]  dx  =  0, 
dont  l'intégrale  est 

[Y  +  (x-r,){x-r,)Y.-'; 

X  [.'■  —  {■''■—  r-i){x  —  /•,)]'■.-'•.  [,v  -H  (x  —  ri){x  —  r^  )]'■.-'■==:  consl. 


Io38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Remarquons,  à  propos  de  cette  équation,  qu'on  peut  la  ramener  par  la 
transformation  quadratique  birationnelle 


à  Téquation 

v(i> div  —  IV  (A'  )  -I-  f/i'  —  [/•,  /■, /-j  i'  -I-  ('"i  -I-  /'o  -+-  '",,)"■  —  (''i  ''2  +  ''2 ''3  +  ''3''!  )]  '^'■''  ^  o 

qui  est  une  équation  de  Jacobi. 

2°  En  employant  la  transformation   quadratique  birationnelle  à  deux 
points  principaux  confondus 


M,  u' ,  u"  a3^ant  la  même  signification  que  précédemment,  ou  la  transfor- 
mation générale  à  trois  points  principaux  distincts 

■^1    -''2    ''3 

u' u"        u"  Il        un' 

on  obtient  des  équations  différentielles  nouvelles  dans  lesquelles  les  coeffi- 
cients F,,  F!,,  F,  sont  des  formes  biquadratiques  en  a;,,  x.,,  r.,,  mais  sans 
facteur  commun,  tandis  que  dans  le  cas  de  Téquation  d'Euler  elles  admet- 
taient le  facteur  commun  .Tj. 

Je  me  borne  à  signaler  la  forme  de  Fintégrale.  Dans  le  premier  cas,  on 
trouve 

n[  fj-i^a  —  ('"2  ~t"  '"3  )  -t^i  +  '■2''3*'i''^3j'''~''^  oonst. 

et  dans  le  second 

n[A', .Tj —  (  r.,  ■+-  /"a) ^3  '■,  +  /'j  r-^.v,.v-iY~'''^  consl., 
OÙ  Ton  doit  faire  des  permutations  sur  les  indices  des  lettres  r. 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.    —   5;//-  les  changements  canoniques  de  variables. 
Note  de  M.  H.  Vergve,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Considérons  un  système  de  m  équations  difTérenlielles  canonit/tirs 

,  .  dxj        (JF  dvi  ôV  ,  . 

dt         Or,  dt  â.c, 

dans  lesquelles  F  désigne  une  fonction  des  .r,  et  desj',.  Soient 

Pi-       ?>i (5«.       ^1-       ^2 X-, 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  1089 

2n  fondions  des  2n  variables  .t  et  y.  Nous  pouvons  faire  un  changement 
de  variables,  en  prenant  pour  variables  nouvelles  les  ^  et  les  a.  Si  les  rela- 
tions qui  lient  les  variables  nouvelles  aux  variables  anciennes  sont  telles 
que  l'expression 

y  P  rfa  -  V  .r  dr  =  dS 

soit  une  différentielle  exacte,  on  sait  que  ce  changement  de  variables 
n'altérera  pas  la  forme  canonique  des  équations  (  1),  qui  deviendront 

d^_dF_  du,  _       ù¥ 

HT  ~'ôl,'  dt  '^"  O^i' 

Nous  dirons,  avec  M.  Poincaré,  qu'un  tel  changement  de  variables  est 
un  changement  canonique ,  et  nous  le  désignerons  par  la  notation 

(,r.  r)^(,3,  a). 

Je  suppose  que  l'une  des  variables  canoniques  nouvelles,  par  exemple 
j3,,  soit  précisément  la  fonction  F  elle-même  :  alors,  avec  ces  nouvelles 
variables  (P,,  a,),  les  intégrales  du  problème  seront 

les  C  désignant  -xn  constantes  d'intégration. 

Pour  que  ;};  =  const.  soit  une  intégrale  des  équations  (i),  il  faut  et  il 
suffît  que,  exprimée  au  moyen  des  variables  [3,,  a,-  et  /,  la  fonction  çp  ne 
dépende  que  de 

«,+  /,     «2,      ...,     a„;     [3i,     (3.,,      ...,     (3„; 

s'il  en  est  ainsi,  les  dérivées  -r^»  -r^-  ne  dépendront  aussi  que  des  mêmes 
quantités. 

Soient  alors  ip,,  ç^,  .  .  .,  différentes  intégrales  du  système  (i)  :  je  consi- 
dère une  expression 


dépendant  des  f  et  de  leurs  dérivées  partielles  (d'une  ordre  quelconque); 
je  suppose  que  tout  changement  de  variables  canonique  (x,  j)-^(p,  a) 
transforme  cette  expression  en  la  suivante  : 

(3)  -J'     ?.,  92,    ...,;Ti^.-r^,   •••'  -W'  T^'    •••     ' 

\  à^i    oc-i  dp,-    oxi         J 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  17.)  l37 


lo4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  les  -77^,  4-'  remplacent  simplement  les  -r— >  -;— .  qui  fiiiurent  dans  (2), 

ce  que  j'exprimerai  en  disant  que  l'expression  (2)  est  invariante  par  lout 
changement  canonique  de  variables.  Je  dis  que,  dans  ces  conditions, 
l'expression  (2)  est  une  intégrale  du  système  (i);  si,  en  effet,  les  (P,,  a/) 
sont  précisément  les  variables  canoniques  que  nous  considérions  tout  à 
l'heure  (jB,  =  F),  il  est  évident  que  (3)  est  une  intégrale.  Nous  pouvons 
donc  énoncer  ce  théorème  : 

Toute  expression  telle  que  (2)  invanaiitc par  tout  changement  canonique  de 
i^ariahles  est  une  intégrale. 

En  particulier,  la  parent/ièse  de  Poisson 

est  invariante  par  tout  changement  canonique,  ainsi  qu'on  le  constate  aisé- 
ment; c'est  donc  une  intégrale  :  nous  retrouvons  le  théorème  de  Poisson. 
De  même  l'expression 

D(.7-,,   Y  h  •*/.-.  J/f> 

est  invariante  par  tout  changement  canonique;  c'est  donc  une  intégrale  : 
c'est  la  généralisation  du  théorème  de  Poisson  donnée  par  M.  Poincaré 
(Méthodes  nouvelles  de  la  Mécanique  céleste,  t.  HT,  p.  43). 

Supposons  maintenant  que  les  équations  (i)  ayant  été  intégrées,  les  .i-,  et 
les  j,  se  trouvent  exprimés  en  fonction  de  ^  et  de  2  n  constantes  d'intégra- 
tion a,,  a^,  .  .  . ,  ajjj.  Je  suppose  qu'une  expression 

dépendant  des  dérivées  des  variables  par  rapport  aux  constantes  d'intégra- 
tion, soit  invariante  par  tout  changement  canonique  (a;,  r)->(|ï,  a),  c'est- 
à-dire  qu'elle  se  transforme  en 

r      - — )  — —  )    •  ■  -1  - — )  - — )   •  •  •  )• 
\da,     <)\\:  ili\i     (Va,  / 

Les  mêmes  considérations  que  tout  à  l'iieuro  montrent  aisément  que  cette 
expression  (  4  )  est  une  intégrale  du  système  (i  ). 


SÉANCE    DU    2.')    AVRIL    1910.  Io4l 

En  particulier,  le  croc/iet  de  Lagrangc 

est  invariant  par  tout  changement  canonique;  c'est  donc  une  intégrale.  De 
même,  l'expression 

-^  D(.r,,    V,,,  .1-,,,  .»•/,) 
^d   D(a,,  a.,,  «3,  aj) 

étant  invariante,  est  une  intégrale. 

On  pourrait  aussi  imaginer  des  expressions  dépendant  à  la  fois  des 

dérivées   -p-,   -~   des  intégrales  par  rapport  aux  variables,  et  des  déri- 

dx,      dy,     1  •    I  1  ,,.       ,  . 

vees  -p)  -j-  des  variables  par  rapport  aux  constantes  d  intégration,  et  qui 

seraient   invariantes   par   tout   changement  canonique   :    ces   expressions 
seraient  encore  des  intégrales. 

Enfin  la  considération  d'expressions  différentielles  invariantes  par  tout 
changement  canonique  permettrait  de  retrouver  les  intégrales  dépendant 
de  plusieurs  solutions  infiniment  voisines,  et  les  invariants  intégraux  des 
équations  (i),  donnés  par  M.  Poincaré  (Méthodes  nouvelles,  t.  III,  Chap.  II). 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  précision  des  appareils  qui  servent  à  étudier 
l'ébranlement  des  éditées.  Note  de  M.  B.  Galitzixe,  présentée 
par  M.  Bigourdan. 

Dans  une  Note  précédente  (voir  p.  901  de  ce  Volume),  j'ai  décrit  l'ap- 
pareil que  j'ai  employé  pour  étudier  les  vibrations  imprimées  aux  édifices 
voisins  par  certains  moteurs. 

Avant  d'appliquer  cet  appareil  à  l'étude  des  ébranlements  des  édifices, 
j'ai  entrepris  des  expériences  spéciales  pour  en  vérifier  la  théorie. 

Les  formules  établies  précédemment  donnent  la  possibilité  de  calculer  T 
et  1  pour  différentes  distances  /•,  de  la  masse  mobile  M, . 

T  peut  être  déterminé  directement  par  l'expérience  et  7  au  nuiven  de  la 
formule  (6),  en  plaçant  l'appareil  sur  une  plate-forme  mobile  qu'on  fait 
osciller  d'un  mouvement  rythmique  connu;  on  mesure  directement  z-,„ 
et  T„. 


Io42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  Tableau  suivant  donne  les  valeurs  calculées  comparativement  avec  les 
valeurs  observées  de  T  et  t. 


r,.  calculé.  observé.  calculé.         observé. 

57,4 0,19  0,20  2,1  1,8 

47,5 0,16  0,17  2,5  2,1 

37,. 5 o,i3  0,14  2,9  2,4 

2-, 5 0,12  0,12  3,0  2,6 

17,5 G,  Il  0,11  2,7  2,5 

L'accord  entre  les  périodes  calculées  et  observées  est  extrêmement  satis- 
faisant. Les  valeurs  observées  de  1  sont  un  peu  plus  petites  que  les  valeurs 
calculées,  mais  la  différence  n'est  pas  grande  et  elle  est  sans  importance, 
car  une  erreur  éventuelle  de  i5  pour  100  dans  la  valeur  absolue  de  3„,  n'a 
aucune  importance  pratique. 

Avec  cet  appareil  j'ai  fait  des  études  dans  deux  maisons  différentes  et  à 
divers  étages. 

Le  plus  grand  déplacement  que  j'ai  pu  observer  s'est  manifesté  à  l'étage 
supérieur  d'une  maison  toute  voisine  du  moteur  Diesel.  Dans  la  pièce  où 
j'observais,  le  plancher  vibrait  violemment,  différents  objets  oscillaient  et 
je  m'attendais  naturellement  à  trouver  une  valeur  assez  grande  pour  z,„. 
Mais  pour  le  mouvement  vertical  dans  ce  lieu,  j'ai  obtenu  seulement 

;,„=  o™'",o255. 

Au  niveau  du  sol  on  avait  z,„  =  o^^jOoaG. 

On  pourrait  croire,  au  premier  abord,  que  des  oscillations  aussi  faibles 
peuvent  diflicilement  occasionner  des  crevasses  dans  les  murs.  Mais  il  n'en 
est  pas  ainsi. 

Pour  évaluer  l'effet  destructif  des  vibrations,  il  faut  prendre  en  considé- 
ration, non  les  amplitudes  vraies  du  mouvement,  mais  les  accélérations 
correspondantes. 

La  formule  (5)  donne,  pour  t,),  raccélération  maximum  cherchée. 

Or  T,„  vu  la  grande  vitesse  de  rotation   du   moteur  Diesel,   étant  très   pelil,   w   peut 
devenir  très  ïrand. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I9IO.  £o43 

Dans  mon  cas,  la  période  d'oscillations  de  la  courbe  j',  qui  correspondait  toujours 
exactement  à  la  période  du  moteur,  était  égale  à  o,  1161  seconde. 
On  trouve  alors 

oj  ^  7469  milligal. 

En  prenant  pour  j„,  la  moyenne  des  valeurs  trouvées  en  haut  et  en  bas  de  l'édifice, 
3„,  =:  o'"™,oi73,  on  obtient 

w  z=  5067  milligal. 

Le  rapport  de  «  à  l'accélération  de  la  pesanteur  g-  à  Saint-Pétersbourg  est 

—  =  o,oo5iD. 

S' 

Soit  P|,  la  pression  normale  que  supporte  i™'  des  fondements  de  rédiRce. 

1^  =  24125"". 

Jj'efîet  des  vibrations  verticales  peut  être  co^nparé  à  des  coups  de  bélier 
sur  les  fondements.  La  force  correspondante  est 

P  =  2P„^=249''8. 

Ces  coups  se  répétant  8,62  — fois  par  seconde,   on  peut  bien   se 

figurer  qu'à  la  longue,  si  le  sous-sol  a  nn  caractère  marécageux,  il  peul  ?e 
produire  des  affaissements  irréguiiers  de  l'édifice,  et  par  suite  des  crevasses 
dans  les  murs. 

Les  dilférents  résultats  obtenus  avec  cet  appareil,  qui  se  prête  particu- 
lièrement bien  à  ce  genre  d'études,  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

1°  Dans  le  voisinage  immédiat  d'un  moteur  Diesel,  les  vibrations  verti- 
cales sont  prédominantes. 

2°  Pour  un  édifice  plus  éloigné,  les  mouvements  verticaux  et  les  mouve- 
ments horizontaux  sont  à  peu  près  du  même  ordre  de  grandeur. 

3°  Dans  les  étages  supérieurs  d'un  même  édifice,  les  vibrations  sont  plus 
grandes  qu'en  bas. 

4°  Les  vibrations  horizontales  sont  plus  grandes  dans  la  direction  per- 
pendiculaire à  la  façade  la  plus  longue  de  l'édifice  que  dans  la  direction  de 
la  façade  même. 

5°  A  une  distance  de  75"*  à  r 00™  d'un  moteur  Diesel,  du  type  indiqué, 
l'effet  nuisible  des  vibrations  ne  se  manifeste  plus. 

6°  L'appareil  décrit  dans  cette  Note  peut  aussi  servir  à  l'étude  des  vibra- 
tions des  ponts,  navires,  etc. 


I044  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE.  —  Nouveau  principe  (le  métallisation.  Note(')  de  M.  U.  Schoop, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Le  principe  nouveau  pour  obtenir  des  dépôts  métalliques,  découvert  et 
imaginé  par  M.  Schoop,  peut  être  considéré  comme  le  complément  des 
procédés  galvanicjues.  Ce  principe  consiste  à  projeter  du  métal  fondu  et 
pulvérisé  sur  les  surfaces  à  recouvrir  d'un  dépôt  métallique.  La  projection 
du  métal  en  fusion  peut  être  efl'ectuée  au  moyen  do  buses  appropriées,  en 
employant  certains  gaz  ou  vapeurs  à  température  élevée  et  sous  forte  pres- 
sion. Ces  gaz  peuvent  jouer,  suivant  le  cas,  un  double  rôle,  soit  un  rôle 
purement  piiysique  en  servant  comme  agents  de  pulvérisation,  soit  en  même 
temps  comme  agents  chimiques. 

Les  gaz  inertes  ou  réducteurs  comme  V azote  ou  V hydrogène  se  prêtent 
particulièrement  bien  à  la  pulvérisation  des  métaux,  surtout  lorsqu'il  s'agit 
des  métaux  s'oxydant  facilement.  Étant  donné  le  bon  marché  de  l'azote, 
qui  est  un  sous-produit  dans  la  fabrication  de  l'air  liquide  .(^système  Claude- 
d'Arsonval),  c'est  surtout  ce  gaz  inerte  qui  sera  appelé  à  des  grands  services 
à  l'avenir.  D'ailleurs,  la  vapeur  d'eau  surchaufTée  peut  être  employée  dans 
certains  cas. 

Le  métal  sortant  de  l'appareil  sous  pression  est  réduit  en  poudre  impalpable,  à 
l'état  de  brouillard  pour  ainsi  dire,  et  se  trouve  projeté  sur  la  surface  des  objets  avec 
violence,  de  sorte  que  les  gouttelettes  se  déposent  sous  forme  de  pellicules  extrême- 
ment minces  et  compactes,  les  recouvrant  ainsi  d'une  couche  adhérente  et  solide,  et 
qui  est  d'une  homogénéité  et  d'un  aspect  remarquables.  L'épaisseur  de  la  pellicule  peut 
varier  de  ^  Ae  millimètre  à  quelques  millimètres,  suivant  la  durée  de  l'exposition.  On 
comprend  aisément  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'avoir  des  surfaces  conductrices.  Le 
nouveau  procédé  peut  être  employé  par  suite  non  seulement  pour  recouvrir  d'une 
couche  métallique  les  métaux,  mais  tout  aussi  bien  le  plâtre,  l'ébonite,  le  verre,  voire 
même  le  papier,  le  bois,  le  celluloïd,  des  pièces  anatomiques,  etc. 

Un  fait  qui  frappe  au  premier  abord  est  la  basse  température  de  ces  brouillards 
mélalliinies^  qui  varie  entre  iû°  et  60°,  ce  qui  permet  de  traiter  des  objets  en  matière 
facilement  fusible  ou  inflammable.  La  pression  du  gaz  est  relativement  élevée  entre 
2o''fc'  et  25''i'';  la  délente  qui  se  produit  à  la  sortie  de  la  buse  abaisse  donc  considéra- 
blement la  température  initiale,  qui  est  de  iho"  à  Soo".  l'ar  suite  de  la  grande 
pression  du  gaz,  le  métal  reçoit  une  vitesse  énorme  qui  atteint  jusqu'à  25'""  par 
seconde. 

(')    l'rcsontée  dans  la  séance  du  18  avril  1910, 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    I9IO.  Io45 

Los  métaux  qui  se  prêtent  particulièrement  bien  au  procédé  Sclioop  sont 
ceux  qui  deviennent  très  nuides(  étain,  plomb,  cuivre,  alliage  d'aluminium) 
à  l'état  de  fusion.  Par  contre,  la  température  de  fusion  plus  ou  moins  élevée 
du  métal  à  déposer  ne  joue  qu'un  rôle  secondaire. 

Une  application  très  intéressante  du  procédé  est  celle  du  dépôt  d'alumi- 
nium, le  seul  métal  qui  soit  encore  resté  réfraclaire  aux  principes  galva- 
niques. 

Comme  on  l'a  vu,  l'épaisseur  et  le  caractère  physique  de  la  couche  métallique  peut 
^varier  dans  de  grandes  limites,  suivant  la  durée  de  l'exposition  de  l'objet  à  traiter  et 
suivant,  naturellement,  les  condilions  de  marche  de  l'appareil,  comme  par  exemple, 
le  diamètre  de  l'orifice  de  la  buse,  la  nature  du  gaz  employé,  la  température  de  fusion 
du  métal  et  sa  pression  initiale,  etc.  I^our  les  couches  minces,  le  dépôt  se  fait  instan- 
tanément, pour  obtenir  une  couche  de  6""°  par  exemple,  8  à  10  secondes  suffisent 
largement.  On  se  servira  des  couches  épaisses,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  remplacer  le 
procédé  galvanoplastique,  qui,  lui,  n'est  applicable  que  pour  les  surfaces  conductrices. 
Avec  un  seul  cliché  négatif  on  est  arrivé  à  faire  en  lo  heures  jusqu'à  3oo  reproduc- 
tions qui  ne  se  distinguent  en  rien,  à  part  le i>ti.v  de  revient^  bien  entendu,  des  repro- 
ductions galvanoplastiques. 

En  ce  qui  concerne  la  constitution  et  la  densité  du  métal  déposé  par  le 
procédé  Schoop,  tout  fait  supposer  que  la  structure  n'est  pas  cristalline, 
mais  qu'elle  affecte  plutôt  une  forme  amorphe.  La  détermination  du  poids 
spécifique  sur  des  couches  de  plomb  a  donné  9,  5  lorsqu'on  se  servait  de  la 
vapeur  d'eau  surchauffée  et  1 1,0  à  1 1,3  avec  l'hydrogène,  toutes  les  autres 
conditions  étant  d'ailleurs  les  mêmes. 

Le  procédé  d'application  industrielle  et  le  caractère  physique  du  revête- 
ment avec  un  métal  donné  sont  donc  fonctions  d'un  ensemble  de  conditions 
qu'il  est  impossible  de  déterminer  d'avance.  Quelques  essais  pratiques  per- 
mettront cependant  de  fixer  dans  chaque  cas  particulier  les  conditions  les 
plus  avantageuses. 

En  ce  qui  concerne  les  applications  pratiques,  on  peut  distinguer  deux 
grandes  catégories  : 

L  Lue  pour  les  couches  adhérentes,  destinées  à  embellir  les  surfaces  ou 
bien  à  les  protéger  contre  les  intempéries  et  les  diverses  actions  d'ordre 
physique  ou  chimique  ; 

IL   Une  autre  pour  les  couches  à  détacher  de  la  surface. 

Les  applications  de  ces  deux  catégories  sont  tellement  nombreuses,  qu'il 
n'est  guère  possible  de  les  énumérer  toutes,  ni  de  les  prévoir  dès  maintenant. 
A  titre  d'exemple  il  convient  d'en  citer  quelques-unes. 


Io46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Première  catégorie.  —  1.  Revêtement  métallique  des  plâtres,  bas-reliefs 
et  de  tous  moulages  et  de  toutes  les  œuvres  de  sculpture. 

2.  Métallisatioa  des  objets  en  bois  pour  machines  volantes,  poteaux  télé- 
graphiques et  téléphoniques,  carène  des  bateaux,  tout  article  en  bois  de 
fantaisie,  etc. 

3.  Métallisalion  du  carton  et  tout  ce  qui  se  rapporte  au  carton  ;  possi- 
bilité de  constituer  des  boîtes  métalliques  par  la  métallisation  de  papier  plié 
et  collé  à  la  forme  voulue. 

4.  Protection  du  fer  et  de  l'acier  contre  la  rouille  et  le  zingage,  ceci 
s'appliquanl  à  toutes  constructions  métalliques,  fixes  ou  mobiles  :  ponts, 
charpentes  en  fer,  etc. 

5.  Fabrication  d'étoffes  métallisées  imperméables  aux  gaz  et  à  l'eau, 
pouvant  remplacer  les  étoffes  caoutchoutées  dans  l'industrie  des  machines 
volantes,  les  ballons  et  les  pneus,  toiles  cirées,  bâches,  etc. 

6.  Métallisation  des  pièces  céramiques  et  de  verrerie  d'art,  fabrication 
des  miroirs  paraboliques  pour  astronomie. 

7.  Capsulage  et  bouchage  de  flacons  et  de  bouteilles  (bouteille  inviolable., 
tant  recherchée). 

8.  Constitution  de  vases  et  réservoirs  en  grès,  fonte,  tôle  plombée  pour 
l'industrie  chimique. 

9.  Possibilité  de  faire  adhérer  à  l'aluminium  une  couche  d'un  métal 
quelconque. 

Deuxième  catégorie.  —  1.  Fabrication  des  clichés  d'impression,  planches 
pour  éditions  stéréotypes,  galvanos. 

2.  Fabrication  des  tubes  sans  soudures. 

3.  Fabrication  des  objets  métalliques  creux,  etc. 

PHYSIQUE.  —  Surun  dispositif  simple  pour  la  mesure  d'un  champ  magnétique. 
Note  (')  de  M.  C  Chéneveau,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

Si  l'on  considère  l'action  d'un  champ  magnétique  sur  un  liquide  qui  peut 
se  déplacer  normalement  aux  lignes  de  force  du  champ,  la  dénivellation 
produite  est,  en  général,  assez  faible  pour  n'être  mesurable  qu'avec  un 
microscope,  à  oculaire  microniélrique,  de  grossissement  assez  notable. 

(  ')   PréseiUée  dans  la  séance  du  i8  avril  1910. 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1910.  1047 

On  peut  déjà  augmenter  reflet  du  champ  de  façon  à  le  rendre  visible 
sans  le  secours  d'aucun  instrument  d'optique,  en  disposant  dans  un  tube 
en  U,  formé  par  deux  gros  réservoirs  A  et  B  reliés  par  un  tube  assez  fin  T 
i^fig.  i),  deux  liquides,  l'un  paramagnétique  (solution  aqueuse  deSO^Mn 
à  3o  pour  100  environ)  et  l'autre  diamagnétique  (phénol,  mélange  de 
CH"  et  CCI'').  Les  deux  liquides  ont  des  densités  très  voisines  et  peuvent 
se  superposer  dans  le  tube  T  de  façon  à  former  un  ménisque  a  qui  sera  placé 
dans  le  champ  magnétique. 

L'expérience  montre  qu'avec  deux  liquides  dont  les  densités  différent  de 
0,023  on  obtient  une  élévation  du  niveau  dix-huit  fois  plus  grande  qu'avec 
le  liquide  magnétique  seul  ;  c'est-à-dire  que  par  exemple,  dans  un  champ  de 
2800  gauss,  au  lieu  de  o""",5,  on  obtiendra  9'"'". 

Cependant,  dans  des  champs  non  uniformes,  cette  méthode  ne  peut  être  employée 
que  pour  de  faibles  valeurs  du  champ  parce  que,  pour  de  fortes  dénivellations, 
l'intensité  du  champ  ne  serait  pas  la  même  au  niveau  initial  a  et  au  niveau  final  a'; 
d'ailleurs  la  dimension  du  champ  peut  s'opposer  à  une  grande  dénivellation. 


Le  dispositif  suivant  résout  plus  complètement  le  problème  de  la  mesure  exacte  du 
champ.  Imaginons  que  le  réservoir  B  de  l'appareil  précédent,  qui  ne  servira  plus  alors 
que  d'indicateur,  puisse  être  mis  en  commimication  avec  un  petit  compresseur  P 
{fig.  I  ),  permettant  d'exercer  une  légère  pression  à  la  surface  du  liquide  du  réservoir  B, 
et  un  manomètre  diilerentiel  M  permettant  de  la  mesurer.  La  pression  exercée  par  le 
champ  au  point  a  est 


(I) 


-— (x-hx, 


H,  intensité  du  champ;  x  et  x,,  susceptibilités  magnétiques  des  liquides. 

Lorsque  le  niveau  tend  à  remonter,  on  comprime  légèrement  l'air  pour  exercer  une 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  17.)  l38 


Io48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pression  en  sens  contraire  de  celle  due  au  cliamp,  qui  ramène  le  ménisque  au  jjoinl  de 
départ  a  et  l'y  maintienne  immobile;  ce  que  l'on  constate  avec  une  grande  précision 
à  l'aide  d'un  microscope  m.  Le  niveau  de  séparation  des  liquides  du  manomètre  difle- 
rentiel  (eau-phénol,  eau-mélange  CH" -1- CCI*,  etc.)  passera  alors  de  b  en  b' .  Soit  A" 
la  dénivellation  observée  lorsque  l'équilibre  sera  atteint;  la  pression  appliquée  sera 

(2)  h"{ç>.,—  p^)g. 

si  P2  et  p,  sont  les  densités  des  deux  liquides  du  manomètre  ;  ^^  g8i —  •  En  éga- 
lant les  expressions  (i)  et  (2),  on  a  donc 

jj»^   2/<"(p,-p,),^ 

Celte  formule,  qui  peut  permettre  ainsi  de  déterminer  l'intensité  du  champ 
magnétique,  montre  que  la  hauteur  h  observée  peut  être  cent  trente  fois  plus 
grande  que  la  hauteur  observée  avec  le  liquide  magnétique  seul,  c'est- 
à-dire  que  dans  un  champ  de  2800  unités  mesuré  au  fluxmèlre  Grassot,  au 
lieu  de  o'"'",5on  doit  observer  6''™,  5  au  manomètre  ;  l'expérience  faite  à 
l'aide  du  modèle  réalisé  par  la  Société  centrale  de  Produits  chimiques 
(?2  —  fs  =  o,025)  a  donné  6'"",  7.  Avec  un  champ  quatre  fois  plus  grand, 
on  aurait  io4'^'". 

L'appareil,  qui  peut  être  utilisé  pour  tous  les  électro-aimants  de  labo- 
ratoire, permet  la  mesure  d'un  champ  magnétique  en  une  région  extrême- 
ment limitée  de  ce  champ;  la  dénivellation  du  manomètre  étant  propor- 
tionnelle au  carré  du  champ,  l'emploi  de  l'appareil  est  encore  indiqué  dans 
le  cas  de  champs  alternatifs. 


PHYSIQUE.   —  Sur  une  loi  de  Stefan  relative  à  l'évaporation.  Note 
de  M.  P.  Vaillant,  présentée  par  M.  J.  YioUe. 

La  loi  dont  il  s'agit  vise  la  quantité  de  liquide  évaporé  dans  un  vase  qui 
ne  communitjue  avec  l'extérieur  que  par  un  orifice  en  mince  paroi. 

Elle  repose  sur  l'analogie  admise  par  Stefan  (')  entre  les  phénomènes 
d'évaporalion  à  l'état  stationnaire  et  ceux  d'électrostatique  (la  vapeur 
s'échappant  suivant  des  lignes  qui  sont  les  lignes  de  force  que  créerait  un 
disque  électrisé  circonscrit  à   l'orifice).  Elle  peut  se  formuler  :  «  Toutes 

(')  J.  Stefan,  Wien.  lier.,  t.  LXXXIII,  2,  1881,  p.  g^S. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  IO49 

choses  ég-ales  d'ailleurs,  la  vitesse  d'évaporation  est  proportionnelle  aux 
dimensions  linéaires  de  l'orifice.  » 

Ayant  employé  pour  l'étude  de  l'évaporation  un  vase  auquel  cette  loi 
parait  devoir  s'appliquer  ('  )  et  n'en  ayant  trouvé  que  des  vérifications  peu 
nombreuses  et  seulement  qualitatives,  j'ai  tenté  de  la  vérifier  moi-même 
dans  les  limites  où  je  pouvais  l'utiliser  (diamètres  d'ouverture  compris 
entre  3''"  et  o"^^'",5). 

Mes  mesures  ont  porté  sur  l'éther,  le  chloroforme  et  la  benzine.  Elles  ont 
consisté  à  déterminer  simultanément  le  poids  P  évaporé  par  minute  dans 
quatre  vases  cylindriques  de  même  diamètre,  3"", 80,  fermés  par  des  disques 
en  métal  mince  percés  au  centre  d'ouvertures  circulaires  de  diamètres  D 
respectifs  : 

3'",     2"",     1'",     o'^'",5. 

Les  quatre  vases  contiennent  la  même  quantité  de  liquide  :  celle-ci  varie 
de  façon  que  la  distance  d  de  la  surface  libre  à  l'orifice  prenne  les  valeurs 
successives 

2"'\io,     r™,6'3,     i"",2'2,     o'''",78,     o^i'iS^- 

Le  Tableau   suivant   contient  les   diverses   valeurs  du   quotient  f  ^  t^ 

(P  en  milligrammes),  lequel  devrait,  d'après  Stefan,  être  constant  pour  un 
liquide  donné  (les  mesures  se  faisant  sensiblement  à  une  même  température, 
F  est  constan  t) 

d. 
I>-  2.10.         1.66.         1.22.         Û.7S.        O.S'i. 

[  3 200        260        3 10        4oo        532 

j£^|lg|.  )    2 227  266  3o6  373  /|02 

i   ) 202         227         a4i         260         270 

l    0,5 192  204  208  211  214 

S  3 84         102         120         157         209 
2 85  95         1 08         1 28         1 4  ( 

' 77  82  89  92  95 

0,5 75  76  78  80  82 

3 28,6       32,8       4i,2       53,0  '    64,8 


r>  ■  ]    " 28,3  32,0  37,6  3q,0  45,2 

lieiizine {  ,    .  ' 

22,0       24,6       20,6       27,0       28,0 


,5 20,0       21,6       22,4       23,4       23,6 

Les  mesures  sont  trop  peu   nombreuses  pour  les  rassembler  dans  une 

(  ')   Comptes  rendus.  24  janvier  1910. 


Io5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

formule  empirique.  Mais  de  Texamen  du  Tableau  découlent  immédiatement 
certaines  conséquences  : 

La  vitesse  d'évaporation  varie  en  sens  inverse  de  la  distance  du  liquide  à 
l'orifice  (elle  est  grossièrement  en  raison  inverse  de  la  racine  carrée  de  cette 
distance).  La  variation  est  d'autant  plus  lente  (le  coefficient  de  proportion- 
nalité d'autant  plus  petit)  que  l'ouverture  est  plus  petite  et  le  liquide  moins 
volatil. 

La  vitesse  d'évaporation  croît  avec  le  diamètre  de  l'orifice,  en  général,  plus 
vite  que  ne  l'indique  la  loi  de  Stefan.  Toutefois  la  variation  avec  le  dia- 
mètre D  est  d'autant  plus  lente  que  l'orifice  est  plus  grand,  plus  loin  de  la 
surface  libre  et  le  liquide  plus  volatil.  Avec  un  liquide  aussi  volatil  que 
l'éther  il  arrive  même  (pour  r/>  i,5  et  D>2)  que  la  vitesse  d'évaporation 
croît  moins  vite  que  le  diamètre  de  l'orifice.  Le  même  fait  peut  d'ailleurs  être 
observé  sur  le  chloroforme  et  la  benzine,  même  avec  D  <[  i,  en  faisante?  suf- 
fisamment grand.  Voici,  par  exemple,  les  valeurs  obtenues  parle  quotient  a 
avec  d^  'j^'"  : 

I).  Rlliei-.  Chloroforme.  Benzine. 

2 87  4l  12 

r i3o  59  I- 

0,5 r  5o  60  16 

Enfin,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la  vitesse  d'évaporation  dépend 
aussi  du  diamètre  D'  de  la  surface  libre,  cette  dernière  influence  étant 
d'autant  moins  marquée  que  le  liquide  est  moins  volatil  et  la  surface  libre 
plus  grande  par  rapport  à  l'ouverture.  On  a  comparé  à  ce  point  de  vue 
(juatre  vases  de  diamètres  respectifs  : 

S'-",  8,     a"",  8,     i<^'",9,     !'",!, 

munis  d'ouvertures  de  même  diamètre  o*'",8  et  dans  lesquels  la  quantité  de 

liquide  était  réglée  de  façon  à  amener  la  surface  libre  à  i*^"  de  l'orifice. 

.  P 

Voici  les  valeurs  correspondantes  du  quotient  a  =  -j-  • 

D'.  lillier.  Cliloioforme.  Henzine. 

3,8 188  79  24,0 

2,8 i36  74  23,6 

1,9 118  71  23,2 

1,1 80  59  32,2 

Kn  résumé,  le  rôle  de  l'orifice  ne  peut  être  isolé  de  celui  que  joue  la  surface 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  ro5l 

libre  à  la  fois  comme  grandeur  et  comme  position.  Pour  une  surface  libre 
donnée  et  un  orifice  partant  de  zéro  et  croissant  d'une  façon  continue,  la  loi 
de  Stefan  donne  d'abord  des  nombres  trop  faibles,  puis  paraît  sensiblement 
exacte  et  au  delà  fournit  des  valeurs  trop  fortes.  Les  limites  entre  lesquelles 
elle  paraît  exacte  varient  d'ailleurs  avec  le  degré  de  volatilité  du  liquide. 


PHYSIQUE.  —   Réaimantalion  spontanée  du  fer.  Note  de  M.  H.  Ollivier, 
présentée  par  M.  E.  Bouty. 

J'ai  abordé  l'étude  de  deux  puissants  électro-aimants  droits,  identiques, 
formés  chacun  d'un  noyau  d'acier  très  doux  de  lo"""  de  diamètre  et  i5o<^"' 
de  longueur,  et  d'un  enroulement  régulier  comprenant  i'i'\o  spires.  Je 
décris  dans  la  présente  Note  un  phénomène  de  réaimantation  spontanée, 
phénomène  général,  mais  présenté  à  un  haut  degré  par  ces  gros  aimants. 

Le  phénomène  en  question  a  la  même  allure,  qu'on  étudie  un  seul  des  aimants  ou 
les  deux,  aimants  placés  bout  à  bout,  avec  ou  sans  entrefer.  J'ai  mesuré,  en  fonction 
du  courant  i:  1°  (au  moyen  d'un  magnélomètre  éloigné)  le  moment  magnétique,  d'où 
l'intensité  d'aimantation  moyenne  3  ;  2°  (au  moyen  d'un  balistique)  le  flux  qui  s'échappe 
d'un  bout;  3°  le  flux  dans  l'entrefer.  Sauf  pour  les  très  faibles  aimantations,  infé- 
rieures à  o,  I  C.  G.  S.,  ces  trois  quantités  varient  proportionnellement  entre  elles.  Il 
suffit  donc  de  parler  de  l'aimantation  moyenne  ^. 

Le  courant  i  étant  très  inlensL'  et  d'un  sens  que  nous  appellerons  positif, 
coupons  ce  courant;  l'aimanlation  décroit  lentement  jusqu'à  une  valeur 
positive  -t,.  Faisons  passer  un  courant  négatif  pas  trop  intense  i"  (quelques 
dixièmes  d'ampère);  l'aimantation  prend  une  valeur  fortement  négative. 
Coupons  le  courant  i";  l'aimantation  reprend  une  valeur  positive  A^  un  peu 
inférieure  à-'^,.  Faisons  passer  de  nouveau  le  courant  négatif /",  coupons-le  et 
recommençons  plusieurs  fois;  nous  arrivons  très  vite  à  un  cycle  limite. 

Cycle  limite  {fig.  i  ).  —  Pour  i  =  o,  l'aimantation  -'^  a  la  valeur  positive  ->' 
(plusieurs  unités  C.  G.  S.);  pour  i  négatif  et  croissant  en  valeur  absolue 
jusqu'à  i",  -■)  décroît  presque  linéairement  et  atteint  la  valeur  négative  -"^'cjui 
peut  être,  en  valeur  absolue,  3o  ou  4o  fois  plus  grande  que  -5'.  Puis,  i  ten- 
dant vers  zéro,  3  augmente  (la  courbe  de  retour  est  très  peu  concave)  et  l'on 
retrouve  rigoureusement  l'aimantation  première  5':  il  y  a  eu  réaimantalion 
spontanée  et  totale  du  fer. 

Si  l'on  coupe  brusquemeril  le  courant  négatif  2"  qui  maintient  la  forte  aimantation 
négative  ••■>",  l'aimantation  ne  reprend   sa    valeur   première  ^'  qu'au  bout   d'un    temps 


IOj52 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


mesurable,  <|iii  peul  atteindre  i  tninute.  De  petites  boussoles  placées  près  des  novauv 
se   retournent   brusquement   quand   raimantalion   change   de  signe.   La   durée  6  qui 


Fig   t 


■  fCO.S 


F, g.  3 

l'"ig.   1.  —  Cycle  limite  et  rcainiaii- 
talion  spontanée  (  un  noyau  )  : 

.•i'  =  -^-    0,7') 

-"i"  =  —  iS,  j5         (pour  o""'>',23.'|  ). 

l'ig.  ;!.   —   liéaimantation    partielle 
d'uni'   longue  tige  (M.  Maurain  ). 


+  72  piiliiamp 


Fig.  2 


Kig.  ;>.  —  Cycle  parcDuiii  enlie  les 
valeurs  -i-  i"  et  —  i"  (  (  =  72  mil- 
liainpères).  [Les  deux  noyaux 
bout  à  bout.] 


sépare   les   instants   de  la  rupture  du  courant  et  du  retournement  des  boussoles  croit 
avec  -V.  ^  est  triplé  si  les  bobines  sont  mises  en  court-circuit  pendant  que  la  réainian- 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  I910.  Io53 

talion  se  fail  :  ce  sonl  donc  des  couranls  induits  qui  ralentissent  ainsi  la  réaimanta- 
tion. Si  l'airaaat  en  ex.périence  est  parallèle  au  méridien  magnétique,  au  lieu  de  lui 
être  perpendiculaire,  et  si  l'aimantation  ^  a  le  sens  de  celle  donnée  par  la  Terre, 
9  diminue  un  peu;  el  inversement. 

Autres  cycles.  —  Le  fer  ayant  été  soumis  d'abord  à  un  fort  champ  positif, 
faisons  varier  le  courant  i  entre  les  deux  limites  -+-  i"  et  —  i"  (i"  <  i  ampère, 
et  même  <^  o"™?,  '^  pour  que  l'hystérésis  soit  négligeable  ).  L'aimantation  -3 
varie  beaucoup  en  fonction  de  i,  mais  presque  exactement  suivant  la  loi 

simple 

3  =  «  +  bi 

quand  il  s'agit  d'un  seul  noyau;  quand  les  deux  noyaux  sont  bout  à  bout, 
l'hystérésis  est  plus  visible  (fig.  2)  et  b  est  environ  trois  fois  plus  grand. 

Un  noyau  court  se  comporte  donc,  pour  des  courants  pas  trop  intenses, 
comme  l'ensemble  d'un  aimant  permanent  en  acier  très  dur  (d'aimanta- 
tion fixe  a),  et  d'un  solénoïde  bien  plus  puissant  que  le  solénoïde  magné- 
tisant. 

En  restreignant  de  plus  en  plus  les  limites  H-  i"  et  —  i",  les  cycles  d'hystérésis  se 
réduisent  à  un  point  {■)■=:  a),  mais  le  fer  est  loin  d'être  désaimanté.  Il  faut,  pour 
arriver  à  la  désaimantation,  employer  des  courants  négatifs  intenses. 

J'ai  retrouvé  sur  divers  électro-aimants,  sur  des  cylindres,  des  prismes,  des  tores,  etc., 
des  phénomènes  analogues,  mais  d'autant  plus  affaiblis  que  les  circuits  magné- 
tiques étaient  mieux  fermés  (').  Les  phénomènes  présentés  par  les  noyaux  courts  sonl 
donc  liés  à  l'existence  d'un  grand  champ  démagnétisant  (à  peu  près  égal,  pour  mes 
aimants,  aux.  trois  quarts  du  champ  des  bobines  quand  on  part  d'une  aimantation 
nulle.  Ce  rapport  devient  d'ailleurs  petit  pour  des  courants  intenses.) 

M.  Maurain   qui,  à  ma   demande,  a  bien  voulu  faire  des  expériences  analogues  aux 

miennes,  a  trouvé,  sur  diverses  tiges  d'acier,  des  réaimantations  d'autant  plus  accusées 

,  longueur  ,     .       ,  .         ,,   .  .  ,,■,,,  ,.  i^ 

que  le  rapport    ,.       . était  plus  petit  et  rainianlation  plus  loin  d  être  uniforme.  Ln 

^  '  '         diamètre  '-         '  ^ 

opérant  sur  une   très   longue  tige   de    fer   doux,    M.  Maurain  a  trouvé  une  ébauche  de 

réaimantalion  (/iff.  3).  Si,  en  parcourant  un  cycle  d'hystérésis  ordinaire,  on  dépasse 

très  légèrement  le  champ  coercitif,   on   a  une  faible  aimantation   négative  B;  si  Ton 

coupe  le  courant,  on  obtient  une  faible  aimantation  positive  C. 

La  réaimantation  lente,  spontanée  et  totale  des  gros  cylindres  de  forme 
ramassée  n'est  que  l'exagération  de  ce  fait  normal. 


(')  Les  dynamos  présentent  le  phénomène  décrit  ci-desus;  ce  qui  vient  bien  à  l'ap- 
pui de  la  théorie  de  M.  Swyngedauw  sur  l'autoexcitation  (Swyngedauw,  Comptes 
rendus,  t.  CXLVII,  p.  3oi). 


Io54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  ce  sujet,  M.  Bouty  rappelle  que,  dès  187G  ('),  par  de  simples  mesures 
de  moments  magnétiques,  il  avait  constaté  qu'un  barreau  d'acier,  aimanté 
primitivement  dans  un  certain  sens  et  soumis  à  l'action  d'un  champ  déma- 
gnétisant tel  que  son  moment  magnétique  soit  nul  (c'est-à-dire  tel  que  le 
moment  résultant  de  la  bobine  et  du  barreau  soit  égal  à  celui  de  la  bobine 
employée  seule),  se  trouve  cependant  aimanté  dans  le  sens  primitif  quand 
le  champ  démagnétisant  a  cessé  d'agir. 

PHYSICO-CHIMIE.   —  Mesure  des  susceptibilités  magnétiques  des  corps  solides. 
Note  de  M.  P.  Pascal,  présentée  par  M.  D.  Gernez. 

Dans  deux  précédents  Mémoires  d'ensemble  (-),  j'ai  montré  comment  la 
méthode  classique  du  tube  en  U  pouvait  donner  à  t.^- près  les  susceptibilités 
magnétiques  et  servir  ainsi  dans  l'étude  de  la  constitution  des  sels  minéraux 
dissous  et  des  liquides  organiques,  .l'ai  été  amené  à  chercher  une  méthode 
aussi  précise  et  aussi  rapide,  applicable  aux  solides,  en  particulier  dans  le 
but  de  faire  l'analyse  magnétique  des  groupements  chromophoriques  des 
matières  colorantes,  de  caractériser  certaines  isoméries  en  Chimie  minérale 
et  de  préciser  les  circonstances  de  formation  des  roches  ferrugineuses. 

La  méthode  du  tube  en  U  revenant  à  mesurer  par  la  dénivellation  d'un 
liquide  la  pression  exercée  par  le  champ  à  sa  surface,  j'ai  eu  l'idée  de  mesurer 
cette  pression  à  l'aide  de  la  balance. 

Le  corps  à  étudier  remplit  à  moitié  un  tube  de  verre  T,  à  parois  minces,  de  lo™ 
à  3o™  de  long  et  de  S"'"  de  diamètre  intérieur.  Ce  tube  est  attaché  par  un  fil  F  de  60''"' 
à  70'^"'  à  l'une  des  extrémités  du  fléau  d'une  balance  et  pend  dans  l'entrefer  d'un  fort 
électro-aimant  E  du  type  Weiss,  dont  le  plan  de  symétrie  longitudinal  est  placé  hori- 
zontalement. La  surface  terminale  du  corps  est  au  centre  du  champ,  qui  reste  prati- 
quement constant  dans  un  volume  de  2'^""  pour  un  entrefer  de  r".  Enfin  un  plateau 
non  magnétique  P  est  attaché  à  la  partie  inférieure  du  tube,  à  portée  de  la  main,  et 
tout  l'ensemble  est  protégé  par  une  étroite  cage  vitrée  (en  pointillé). 

Les  actions  de  l'électro-aimant  sur  les  différentes  parties  du  tube  de  verre  se  com- 
pensent par  symétrie,  et  le  fléau,  d'ailleurs  peu  magnétique,  se  trouve  dans  une  région 
où  la  résultante  £  des  champs  opposés  de  l'entrefer  et  des  fuites  magnétiques  est 
négligeable.  U  est  d'ailleurs  facile  d'en  tenir  compte  dans  les  mesures.  {£  =  o"°8, 08  pour 
un  champ  de  20000  gauss.) 

On  complète  l'appareil  par  un  microscope  horizontal  à  oculaire  niicroniétrique  qui 


(')   Comptes  rendus,  t.  JAXXII,  p.  io5o. 

(-)  Annales  de  Chimie  et  Physique,  mars  1909  et  janvier  1910. 


SÉANCE    DU    2.5   AVRIL    I9IO. 


io55 

vise  à  poste  fixe  la  surface  terminale  du  corps  et  permet  tout  à  la  fois  de  placer  cons- 
tamnaent  celle-ci  dans  la  même  partie  du  champ  et  d'évaluer  les  fractions  de  milligramme 
de  la  force  exercée  par  l'électro. 

L'appareil  étant  en  équilibre,  on  détermine  le  zéro;  puis  on  modifie  la 
tare  placée  sur  le  plateau  P  et  l'on  rétablit  l'équilibre  en  excitant  l'électro. 
On  arrive  facilement  à  connaître  à  -pj  de  milligramme  près  la  force  de 
pression  F  exercée  par  le  champ. 


Si  s  est  la  section  du  tube,  H,  H'  les  champs  aux  extrémités  de  la  substance,  /  et  5^, 
les  susceptibilités  du  corps  et  de  l'air,  on  a 

En  remplaçant  le  corps  par  de  l'eau,  on  observe  une  force  de  pression 

2 
d'où  la  relation,  indépendante  de  la  nature  et  des  dimensions  de  l'appareil 

F      , 

X  =  Zo±  p7(X  —  7.o)- 

On  voit  facilement  que,  si  a  et  D  sont  les   masses   spécifiques   de   l'air   et   de   la 
substance,  p  la  masse  spécifique  apparente  de  la  charge  du   tube,  la  susceptibilité 
G.  R.,  1910,  I"  Semestre.    (T.  150,  N«  17.)  ^^9 


Io56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

spéciflque  est  donnée  par  la  formule 

qui  se  simplifie  pour  un  liquide  ou  un  solide  continu  (pr=D). 

Dans  le  cas  des  liquides  usuels  organiques,  F  et  F'  sont  de  Tordre  de 
i5'"s  à  6o™s  pour  des  champs  de  loooo  à  20000  gaussy  eJles  atteignent 
plusieurs  hectogrammes  pour  certains  corps  ferrugineux.  Aussi,  quand  la 
charge  est  bien  régulière,  les  erreurs  ne  peuvent  provenir  que  de  la  déter- 
mination du  champ.  Avec  les  précautions  indiquées  dans  les  Mémoires 
précités,  on  peut  compter  en  moyenne  sur  le  -|^,  résultat  qu'il  serait  peut- 
être  hasardeux  d'attendre  d'autres  appareils  courants,  comme,  par  exemple, 
le  modèle  commercial  de  l'appareil  de  Curie. 

L'appareil  que  je  décris  ici  me  semble  donc  devoir  rendre  des  services 
dans  les  laboratoires  de  Chimie  où  l'on  voudra  introduire  les  méthodes 
magnétiques  d'analyse.  Son  dispositif  robuste,  ses  indications  rapides  et 
fidèles  m'ont  même  fait  abandonner  pour  les  liquides  la  méthode  du  tube 
en  U,  dans  laquelle  un  manque  de  [propreté  absolue  expose  à  l'influence 
perturbatrice  des  phénomènes  capillaires. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Sur  l'élher  èlhyliqiie  de  V allylcarhinol .   Note 
de  M.  Pariselle,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

En  faisant  réagir  l'oxyde  de  mélhyle  chloré  sur  le  bromure  d'allylmagné- 
sium,M.Lespieau(Com/?ie*re/i(/«5,  t.  GXLIV,  p.  iiGi)  a  obtenu  un  mélange 
composé  d'éther  méthylique  de  l'allylcarbinol  et  de  biallyle  ;  il  n'a  pu  séparer 
ces  deux  corps  par  distillation. 

En  répétant  cette  réaction  avec  l'oxyde  d'élhyl-mélhyle  chloré 

CMi^OCIPCl, 
j'ai  pu  isoler  l'éther  éthylique 

GH2— GH  —  GH^'— CH^OC-tP. 

Point  d'ébullilion,  90°;  d^^^  o,8ri;  «',7=  1,396;  R^  =  3o,48;  calculé  : 
3o,8o. 

Lafîxalion  du  brome  et  de  l'acide  hypochloreux  sur  cetéther  éthyléuique 
m'a  fourni  deux  composés  dont  l'étude  sera  l'objet  de  ce  travail. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  191O.  Io57 

DérU'è  dibromé  CH=  Br.CHBr.CII-.CH-OC-lP.  -  Point  d'ébullition, 
98°  sous  i3°"";  f/o  =  i??^;  "d  =  i,")i2;  H,„=  45,2;  calculé  :   '17. 

Ce  corps,  saponifié  par  Feau  à  l'ébuUition,  comme  je  Tai  indiqué  pour 
Téther  méthylique  corres})ondanf,  (CoTnptcs  rendus,  t.  CXLIX,  p.  2f)5),  m'a 
donné  : 

1°  Véthyline  CH-OH.CIIOH.CH-.CH-0(PH^;  point  d'ébullition,  i3o° 
sous  i/|""".  Je  l'ai  caractérisée  par  l'isocyanate  de  phényle  qui  m'a  donné 
une  diuréthane  fondant  à  98''-9f)°,  c'est-à-dire  i3°  plus  bas  que  celle  de  la 
raéthyline  ; 

2°    Uoxyhydrofwfurane    CH- — CHOH  —  (^H- —  CH",    que   j'ai   déjà 

obtenu  avecl'éther  méthylique.  Je  l'ai  identifié  par  son  uréthane. 

Fixation  de  l' acide hypochlnirux.  —  En  opérant  d'après  la  méthode  indiquée 
par  M.  Henry,  j'ai  obtenu  un  liquide  bouillant  à  88"-9o°  sous  12"""  et  dont 
la  composition  répond  bien  à  une  addition  pure  et  simple.  Restait  à  déter- 
miner de  quelle  façon  le  chlore  et  l'oxhydrile  s'étaient  fixés  sur  la  liaison 
allylique. 

En  1875,  il  3'  nvait  en  des  discussiims  entre  MarkovnikofF  et  Henry  ('),  à  propos  de 
la  fixation  de  l'acide  hypochloreitx  sur  le  propylène.  MarkovnikofT  prétendait  que  le 
chlore  se  fixait  sur  le  carbone  primaire,  Henry  sur  le  carbone  secondaire. 

En  igoD,  Henry  (^)  admet  ((u'il  se  forme  à  la  fois  un  alcool  primaire  et  un  alcool 
secondaire  avec  prédominance  du  premier. 

Dans  le  cas  actuel,  je  crois  avoir  démontré  que  la  majeure  partie  du 
produit  formé  est  constituée  par  le  corps 

(A)  CH2G1.CH0H.CH^CH-'0C='H% 

le  corps 

(B)  CH^OH.CHCl.CH^CH^OCHl' 

n'existant  qu'en  faible  proportion. 

En  effet,  le  produit  a  été  traité  pendant  2  jours  à  1 10"  par  un  courant 
d'acide  bromhydrique.  Dans  ces  conditions,  (A)  devait  donner 
(A')  CH-GI.C^0H.GH^CH2Br 

et  (B) 

(B')  aPBr.ClICI.Cll^CH=Br. 

(')  liidl.  Soc.  cliiin.^  3"  série,  t.  XXVI,  p.  28. 
(-)  Henry,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  lojo. 


Io58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Or  les  analyses  m'ont  montré  que  le  corps  (A'  )  existait  presque  unique- 
ment. 

Seules  les  têtes  de  la  distillation  m'ont  donné  un  peu  plus  d'halogène  que 
la  quantité  théorique,  ce  qui  montre  qu'il  n'y  avait  que  des  traces  de  (B')  et 
par  suite  de  (B). 

Voici  quelques  propriétés  des  corps  étudiés  : 

CH^C1.CH0H.CH^CH^0C*H^  -  Point  d'ébullition  :  880-90°  sous 
12""";  rt'o=i,ii38;  /îj;'=i,45;  R„  =  37,9;  calculé:  37,87. 

CH^Cl.CHOH.CH-.CH=Br.  -  Point  d'ébullition  :  loSo-ioG^  sous 
1 3™'"  ;  /?[,'"  =  r , 52  ;  rf„  =  1 , 7  I . 

Traité   par  la   potasse  en  solution  élhérée,  ce  corps  m'a  donné  répibromhydrine 

CH'  — CH  —  CH*  — CH^Brdéjà  étudiée  (Pariselle,  loc.  cit.). 

\/ 
O 

Épiélhyline  CH-  —  Cli  —  GH=  —  CH^OC-IF.  —  l'oint  d'ébullition  :  i46<>-i47°. 

\/        - 
O 

Elle  s'obtient  en  traitant  la  chlorhydrine  précédente  dissoute  dans  l'éther  par  de  la 

potasse  pulvérisée. 

En  la  traitant  par  l'acide  cliiorlijdrique, j'ai  eu  un  liquide  identique  au  corps  (A). 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  .Action  (les  dérivés  organomagnésiens  sur  les 
trialcoylacétophénones.  Note  (')  de  M"*"  Paulixe  Lucas,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

MM.  A.  Haller  et  l'^d.  Bauer  ont  montré  que  les  alcoylphénylcétones  se 
laissaient  soder  en  milieu  anhydre  au  moyen  de  l'amidure  de  sodium,  et  que 
le  dérivé  ainsi  formé  réagissait  sur  les  iodures  alcooliques  pour  donner  des 
acétophénones  substituées  en  a.  Ils  sont  ainsi  arrivés,  par  des  alcoylations 
répétées,  jusqu'aux  trialcoylacétophénones  (*) 

.H 

C«H'  — CO  — C— R' 

Le  présent  travail  a  pour  but  l'étude  de  l'action  des  dérivés  organoma- 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  18  avril  1910. 

(^)  A.  Haller  et  Bauek,  Comptes  rendus^  t.  CXLVIll,  1909,  p.  70,  et  t.  GXLIX,  1909, 
p.  5. 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1910.  loSg 

gnésiens  sur  ces  cétones,  ainsi  que  l'élude  des  propriétés  des  dérivés  qui  se 
forment  dans  ces  conditions. 

Action  de  l'iodure  de  méthylmagnésiuin  sur  la  triphénylacêtophénone.  — 
Lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  d'iodure  de  méthylmagnésium  dans  l'éllier  1™°'  de 
Iriméthylacétophénone,  il  y  a  une  vive  réaction  et  l'on  observe  au  bout  de  quelqut 
temps  un  abondant  dépôt  cristallin  qui  ne  larde  pas  à  occuper  la  presque  totalité  de 
la  solution. 

On  maintient  pendant  2  heures  à  l'ébuUilion,  puis  on  ajoute  goutte  à  goutte  de  l'eau 
à  l'aide  de  l'entonnoir  à  robinet.  Il  se  déclare  une  vive  réaction  en  même  temps  que  le 
précipité  cristallin  entre  en  solution. 

On  acidifie  la  solution,  on  décante,  on  lave  à  l'eau,  puis  on  chasse  l'étlier 
au  bain-marie. 

Le  résidu  est  ensuite  distillé  dans  le  vide.  Au  commencement  de  la  distil- 
lation il  passe  des  traces  d'eau,  puis  vers  100°,  sous  1 5'"'",  quelques  gouttes 
d'un  liquide  à  odeur  spéciale.  Le  reste  du  produit  distille  ensuite  intégrale-- 
menl  de  116"  à  117°  sous  iS""'"  en  ne  laissant  qu'un  résidu  insignifiant. 

En  partant  de  So^  de  Iriméthylacétophénone,  on  obtient  52^  de  ce  produit 
dont  l'analyse  correspon  d  au  méthylpseudobutylphénylcarbinol,  formé  en  vertu 
de  la  réaction 

( CH' )'  =  C  —  CO  -  C«  H^  +  CW Mgl  :=:  (  CH^ ) 

0-MgI  OH 

=  G  —  C- C^H'-v  (CH^)  =  G  —  C- G'll=. 

^GH'  ^GH' 

Les  rendements  sont  donc  de  96  pour  100. 

Le  mélhYlpseiiflobulY/phe/ivlcarhinul  conslhtie  un  liquide  peu  mobile,  doué 
de  très  peu  d'odeur  et  distillant  à  i  iG°-i  17°  sous  i5""". 

Il  ne  donne  pas  de  phényluréthane.  Traité  par  l'acide  formique  normal 
à  l'ébullition,  on  obtient  un  produit  passant  de  ()5°  à  120°  sous  1 5"'"  ;  en  le 
fractionnant,  on  arrive  à  isoler  une  portion  de  tête  de  88"  à  90"  sous  1 1'"'"  et 
une  portion  de  queue  de  1 15"  à  1 17°  qui  est  de  l'alcool  non  attaqué. 

L'analyse  de  la  portion  de  tète  nous  a  conduit  au  carbure  C'-H'"  répon- 
dant probablement  à  la  formule  OU'  -  C(==  CH=')Chs(CH-^)'. 

Ge  même  produit  peut  se  préparer  plus  facilement  en  maintenant  le  métiiylpseudo- 
butylpliénylcarbinol  à  l'ébullition  à  la  pression  ordinaire  pendant  quelques  heures.  Il 
se  dégage  de  l'eau,  et  le  liquide  passe  alors  de  igS"  à  200°.  La  déshydratation  n'est 
cependant  jamais  complète,  et  il  est  nécessaire  de  purifier  le  produit  obtenu  par 
distillation. 


lo6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

C'est  un  carbure  non  saturé,  car  il  fixe  le  brome  et  réduit  lentement  à 
froid  le  permanganate  de  potassium. 

Action  du  bromure  de phénylmagnésium  sur  ta  lriinelliylacèloi)hénone.  — 
La  réaction  se  fait  dans  les  mêmes  conditions  que  la  précédente.  On 
n'observe  cependant  pas  de  dépôt  cristallin,  mais  le  produit  de  réaction 
prend  une  consistance  gélatineuse.  On  décompose  par  l'eau  acidulée,  on 
lave,  on  chasse  l'éther,  et  le  résidu,  distillé  dans  le  vide,  passe  entièrement 
de  179°  à  180°  sous  ii"^"". 

Ici  encore  l'analyse  nous  a  montré  cjue  la  réaction  a  marché  normalement 
et  que  nous  nous  trouvons  en  présence  du  diphénylpseudobutylcarhinol 

C\\\  /OU 

CH'— C  — C— C«H5 

C'est  un  liquide  plus  dense  que  le  dérivé  mélhylé.  Chauffé  avec  de  l'acide  formique, 
ilne  se  dissout  pas,  el,  après  plusieurs  heures  d'ébullilion,  on  récupère  de  nouveau  le 
carbinol  inaltéré. 

Chauffé  à  Tébullilion  à  la  pression  ordinaire,  il  subit  une  déshydratation  absolument 
dans  les  mêmes  conditions  que  le  méthylpseudobulylphénylcarbinol. 

Après  fractionnement  on  obtient  un  liquide  passant  de  i58°à  109°  (ii""™), 
les  portions  de  queue  pouvant  être  déshydratées  à  nouveau. 

L'analyse  nous  a  montré  que  le  produit  ainsi  obtenu  résulte  de  la  déshy- 
dratation du  carbinol  et  correspond  à  la  formule  centésimale  C"H'*. 

Ce  carbure  décolore  le  brome  et  réduit  lentement  le  permanganate  de 
potassium  à  froid. 

Action  du  chlorure  de  beiizylmagnésiu?ii  sur  la  irimctlirlacétophcnone.  ■ —  La 
réaction  se  passe  toujours  dans  les  mêmes  conditions.  Au  moment  ou  l'on  ajoute  la 
triméthylacétophénone  il  y  a  réaction  vive  et  l'on   n'observe  pas  de  précipité. 

On  décompose  par  l'eau  après  avoir  chauffé  pendant  quelques  heures  ;  on  décante, 
on  lave  à  l'eau  acidulée,  on  chasse  l'éther,  on  distille  sous  pression  réduite.  11  passe  de 
175°  à  178°  sous  I  I"""  un  liquide  épais,  incolore  dont  l'odeur  rappelle  les  dérivés  ben- 
zylés. 

L'analyse   correspond  bien   au  pscudobulylphénylbenzylcarbinol,  auquel 

nous  devions  nous  attendre, 

OH 
(CH3)3=C— C— C«H5 

\CH^C«H= 

Comme  pour  le  diphénylpseudobutylcarbinol  l'acide  formique  est  sans  action  sur  ce 
carbinol  et  l'acide  oxalique  sec  n'arrive  pas  non  plus  à  le  déshydrater;  il  perd  cependant 
facilement  de  l'eau  (piand  on  le  fait  bouillir  à  la  pression  ordinaire. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  19IO.  I061 

On  obtient  ainsi,  après  fiactionnemenl,  un  liquide  passant  de  i64"-i65''  sous  ii™™ 
dont  l'analyse  correspond  à  la  formule  CH-". 

Ce  carbure  ne  décolore  pas  le  brome  et  ne  réduit  pas  le  permanganate  de 
potassium  à  froid.  Nous  en  poursuivons  l'étude. 

Action  de  L'iodure  de  propylmagnésium  sur  la  Irimélhylacétophénone .  —  La 
triméihvlacétophénone  réagit  assez  vivement  sur  l'iodure  de  propylniagné- 
sium.  Après  décomposition  par  l'eau  et  traitement  habituel  on  obtient  un 
produit  distillant  de  1 1\°  à  1 1  5"sous  1 5""  et  cristallisant  par  refroidissement. 
On  remarque  tout  d'abord  que  ce  point  d'ébullition  est  plus  bas  que  le 
point  d'ébullition  du  méthylpseudobutylphénylcarbinol.  Il  semblerait  donc 
ayono77  peu  probable  qu'on  se  trouvât  en  présence  du  propylpseudobutylphé- 
nylcarbino!  cherché.  Les  cristaux  n'avaient  pas  de  point  de  fusion  très  net; 
ils  fondaient  aux  environs  de  /lO^-Zp".  Traité  par  l'isocyanatede  phényle  ce 
produit  donne  une  phényluréthane  fondant  à  ioc)°-iio°  que  nous  avons  pu 
identifier  avec  la  phényluréthane  du  pseudobutylphénylcarbinol  obtenu  par 
réduction  de  la  triméthylacétophénone  par  l'alcool  et  le  sodium. 

Le  dérivé  organomagnésien  aurait  donc  agit  dans  ce  cas  comme  réducteur. 
Des  faits  analogues  ont  été  déjà  signalés  maintes  fois  dans  la  littérature; 
nous  ne  citerons  que  le  cas  du  pseudobutylmagnésium  qui  réagit  sur  l'éther 
formique  pour  donner  l'alcool  triinéthyléthylique  ('). 

Nous  continuons  l'étude  du  mécanisme  de  cette  réaction  ainsi  que  des 
propinétés  des  carbures  obtenus  par  déshydratation  des  alcools  déjà  décrits 
et  nous  espérons  bientôt  établir  la  constitution  de  ces  derniers  composés. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  V essence  de  criste-marine .  Note 
de  M.  Maucel  Dei.épiîie,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

J^ai  poursuivi  l'étude  de  l'essence  de  criste-marine,  Crilhnuun  mariiimum 
L.  Omb.,  sur  un  échantillon  d'un  peu  plus  de  i''k.  Après  quatre  séries 
de  rectifications  toutes  faites  sous  pression  réduite,  j'ai  obtenu  quatre 
portions  incomparablement  plus  fortes  que  les  voisines,  antérieures  ou  pos- 
térieures :  1°  à  44°  et  440-46°  sous  i4""";  2°  à  62°-64''  sous  iS""";  3°  à 
94°-96°  sous  la""""  et  4°  à  i57°-i58°  sous  i3""°. 

La  dernière  portion  est  l'apiol  d'aneth  précédemment  identifié  (^).  Les  deux  pre- 

(')  liouvEAULT,  Comptes  leiiclus,  t.  GXXXVIIl,  p.  1108. 
(-)  M.  Dklépine,  Comptes  rendus^  t.  GXLIX,  1909,  p.  2i5. 


Io62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mières  répondent  aux  carbures  que  M.  Borde  (')  a  signalés,  mais  non  identifiés;  la 
troisième  est  celle  que  je  n'avais  eue  qu'en  petite  quantité  lors  de  mes  premières  re- 
cherches et  en  vue  de  laquelle  la  nouvelle  préparation  d'essence  fut  tout  particulière- 
ment entreprise. 

Les  fractions  44°  et  44''-46°  sont  du  f/-pinène  et  même  du  cZ-pinène  très  dextrogyre, 
[a]D  ayant  atteint  4-47°45';  l'essence  de  pin  d'Alep  seule  a  fourni  jusqu'ici  un  car- 
bure plus  actif  (-).  J'ai  trouvé  d'autre  part  rfj  =z  0,8708  ;  Ni'  =:  1,46915,  et  vérifié  que 
le  carbure  avait  les  propriétés  chimiques  du  c?-j)inène. 

La  portion  62°-64°,  la  plus  abondante,  possède  une  odeur  suave  de  citron  et  de  ber- 
gamote. C'est  un  mélange  de  dipentène  ou  i-limonène  et  de  paracymène,  contenant 
peut-être  \  de  ce  dernier.  Le  dipentène  a  été  caractérisé  par  transformation  finale  en 
nitrolpipéridine  fusible  à  162°  et  le  cymène,  par  transformation  en  acides  p-oxyiso- 
propylbenzoïque  fusible  à  157°  et  yo-toluique  fusible  à  177°.  Ce  dernier  composé  est 
sûrement  l'acide  cristallisé  que  llérouard  (^)  avait  obtenu  par  oxydation  nitrique  de 
l'essence  et  appelé  acide  ciithmique. 

La  troisième  portion  bout  à  210-214°  sous  la  pression  atmosphérique,  possède  les 
densités  f/°r=  0,9521,  rf'j' r=  0,9887  et  a  une  composition  élémentaire  fort  voisine 
de  C"  H'^O.  Les  constantes  sont  celles  du  thym  a  te  de  méthyle 

C«HMCH')(„  [CH(CH'r],„  (0CH')(3,. 

Effectivement,  le  produit  déméihylé  par  l'acide  bromhydrique  (d  ^  ii48))  en  milieu 
acétique  suivant  le  procédé  de  M.  Stornier  (*),  a  fourni  du  thymol  assez  pur  pour 
cristalliser  dès  la  dilution  de  la  liqueur  démélliylante.  Distillé  et  cristallisé  dans  l'éther 
de  pétrole,  ce  thymol  a  été  obtenu  en  magnifiques  prismes  limpides  fusibles  à  5o°;  sur 
128  de  ce  phénol,  il  n'est  guère  resté  qu'une  goutte  d'une  huile  colorée  non  cristal- 
lisable. 

La  troisième  portion  est  donc  constituée  principalement  par  l'éther 
méthylique  du  thymol.  Ce  résultat  est  d'autant  plus  intéressant  que  c'est  la 
première  fois  qu'on  trouve  un  éther  du  thymol  dans  une  essence  et  que 
le  thymol  ainsi  que  son  isomère,  le  carvacrol,  passaient  jusqu'ici  pour  pré- 
senter cette  singularité  de  se  trouver  toujours  libres  dans  les  essences,  alors 
que  les  autres  phénols  sont  plus  rarement  libres  et  presque  toujours  élhé- 
rifiés.  Voilà  une  lacune  comblée;  l'essence  de  criste-marine  que  j'ai  pré- 
parée contenait  environ  un  dixième  de  la  portion  renfermant  le  thymate  de 
méthyle. 


(')  F.  Borde,  Bull.  Sciences pliannacologiques,  t.  XVI,  1909,  p.  093. 
(2)  Vèzes,   Bull.   Soc.   c/iim.   4"   série,   t.   V,    1909,  p.  981.   —  Darmois,  Comptes 
rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  780. 

(')  Hérouard,  J.  Pharm.  et  Chim.,  4'  série,  t.  111,  1866,  p.  824. 
(')  R.  Stôrmer,  D.  cheni.  G.,  t.  XLI,  1908,  p.  821. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  igiO.  Io(53 

Mais  cette  portion  contient  évidemment  quelques  autres  produits,  car  elle  ollVe  un 
léger  pouvoir  rotatoire  dextrogyre  (o^So'  environ)  et  un  indice  d'iode  assez  élevé. 
Malgré  divers  essais,  je  n'ai  pu,  par  l'action  de  divers  réactifs,  y  déceler  que  quelques 
dix-millièmes  de  deux  phénols  (par  rapport  à  l'essence),  des  traces  d'un  éther  d'acide 
gras  à  poids  moléculaire  élevé  et  un  alcool  à  odeur  de  rose.  Le  pouvoir  rotatoire  et 
l'indice  d'iode  n'ont  disparu  que  par  un  traitement  au  permanganate  à  5  pour  loo  à 
froid,  sans  que  je  n'aie  d'ailleurs  pu  tirer  aucun  renseignement  des  produits  issus  de 
l'oxydation. 

En  résumé,  l'essence  de  criste-niarine  contient  sûrement  du  t/-pinène,  du 
paracymène,  du  dipenlène,  du  th}  mate  de  méthyle  et  de  l'apiol  d'aneth  (ou 
diméthoxy-2.3-méthylènedioxy-4. 5-allyl-i-benzène).  Il  s'y  trouve,  en 
outre,  quelques  produits,  entraînés  surtout  dans  la  portion  contenant  le  thy- 
matc  de  méthyle,  qui  ne  sauraient  être  caractérisés  qu'avec  plusieurs  kilo- 
grammes d'essence  comme  point  de  départ. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Chloroplatinatcs  et  periodures  de  di-  et  de  Iriméthyl- 
amine;  critique  de  leur  emploi  pour  la  séparation  de  ces  bases.  Note  de 
M.  .1.  Bertheaume,  présentée  par  M.  .Jungfleisch.  \ 

Si  un  certain  nombre  de  procédés  de  séparation  des  aminés  primaires, 
secondaires  et  tertiaires  ont  été  donnés  qui  permettent  de  séparer  assez 
exactement  de  grosses  quantités  de  ces  aminés  (Hoffmann,  Delépine),  il 
n'existe  point  par  contre  de  méthodes,  parfaitement  inattaquables,  permet- 
tant d'opérer  le  dosage  de  ces  bases  mélangées,  sur  une  quantité  minime. 
Les  discussions  qui  ont  eu  lieu  entre  M.  Vincent  et  MM.  Duvillier  et 
Buisine  (')  le  démontrent  largement.  Cependant,  il  serait  très  désirable  de 
posséder  à  cet  égard  une  méthode  rigoureuse,  tant  pour  l'étude  des  produits 
industriels  que  pour  la  caractérisation  des  aminés  pures  et  l-3ur  recherche 
dans  les  liquides  physiologiques.  Nous  nous  proposons  de  rechercher  un 
procédé  exact  de  dosage  des  trois  bases  mélangées.  Mais  auparavant,  nous 
passerons  en  revue  quelques-unes  des  méthodes  qui  ont  été  données.  La 
première  que  nous  considérerons  est  celle  de  Bresler  (^),  pour  la  séparation 
de  la  di-  et  de  la  triméthylamine. 

(')  N'iNCKNT,  Comptes  rendus,  t.  LXXXIN',  p.  2i/|  et  t.  LXXXIX,  p.  a38  et  78S.  — 
fJiviLLiKR  et  BtistNE,  Comptes  rendus,  t.  LXXXIX,  1879,  p.  ^8  et  709. 

(-)  Bresler,  D.  dent.  Zucker,  T900,  n<"  42  et  Vi,  p.  1 598  et  1627  et  Ann.  Ch.  anal.. 
t.  \  I,  1901,  p.  28  et  29. 

C  U..  19.0,  I"  Semestre.  (T.  150,  N«  17.)  l4<> 


Io64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Méthode  de  Breslcr.  -^  Bresler  se  base  sur  l'insolubilité  du  chloroplalinale 
de  diniéthylamine  et  la  solubilité  du  cbloroplatinate  de  Irimélhylaminedans 
l'alcool.  Le  sel  platinique  de  la  diméthylamine  est  recueilli  et  pesé,  la 
trimétliylamine  est  évaluée  par  dilîérence. 

Pour  apprécier  la  A'aleur  de  cette  mélliode,  j'ai  déterminé  la  solubilité  des  chloro- 
platinates  de  di  et  triméthylamine  dans  l'alcool  à  diderentes  températures.  Je  suis  parti 
de  bases  très  pures,  privées  des  dernières  traces  d'ammoniaque  par  le  procédé  Fran- 
çois ('),  à  l'oxyde  jaune  de  mercure.  Leurs  chloroplatinates,  purifiés  par  cristalli- 
sation, avaient  été  séchés  dans  le  vide  sec.  Les  solubilités  ont  été  déterminées  à  zéro. 

Nous  résumons  les  résultats  obtenlis  dans  le  Tableau  suivant  : 

A  0°,  loo  parties  en  poids  dissolvent  : 

Alcoi.l 

iibsolu.         à  go°.         à  80».         à  70».         à  60°. 

Cliloroplatinate  de  diméthylamine.      o,oo48     0,110     0,325     o,."}.58     0,996 
Cbloroplatinate  de  triméthylamine.      o,oo36     0,070     0,2/(3     0,391     0,766 

Comme  on  le  voit,  les  solubilités  des  deux  chloroplatinates  sont  peu 
différentes  et  subissent  avec  la  dilution  de  l'alcool  des  variations  sensi- 
blement proportionnelles.  Elles  sont  extrêmement  faibles  pour  l'alcool 
absolu  et  les  alcools  de  degré  élevé.  On  ne  peut  donc  les  utiliser  pour 
séparer  les  deux  bases  l'une  de  l'autre.  D'ailleurs,  en  appliquant  la  méthode 
à  des  mélanges  en  proportions  connues  des  bases  très  pures,  je  n'obtins 
pas  de  bons  résultats. 

On  ne  peut,  de  même,  accorder  plus  de  valeur  à  la  méthode  proposée 
par  Eisenberg(-),  pour  la  séparation  de  la  triméthylamine  à  l'état  de  cbloro- 
platinate, en  présence  des  autres  bases. 

La  deuxième  méthode  que  nous  envisagerons  est  celle  de  Weiss  (■'). 

Méthode  de  ^Veiss.  —  ^^  eiss  propose  de  séparer  de  la  manière  suivante, 
dans  un  mélange  commercial,  la  triméthylamine  de  la  diméthylamine.  Il 
précipite  leur  solution  chlorhydrique  par  l'iode  ioduré,  traite  la  masse  des 
cristaux  obtenus  par  la  lessive  de  soude  froide,  qui  raiiîène  le  periodure  de 


(')  M.  François,  Comptes  rendus,  t.  CXL1\  ,  1907,  p.  568. 

(-)  EisENBEiui,  Deitl.  chem.  Gesellscliaft,  t.  XIII,  1880,  p.  1667,  et  Bull.  Soc.  c/iim. 
t.  LXXXVI,  p.  75. 

(  ')  Weiss,  IJebig's  Ann.  der  Client.,  t.  GCLX\1I,  p.  .'.58. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I910.  Io65 

diniélhylaminc  à  Tétai  d'iodure  jaune  et  dissout  le  periodure  de  triinéthyl- 
amine;  celui-ci  est  additionné  d'une  solution  d'acide  sulfureux  et  la  base  est 
dégagée  à  chaud  de  la  liqueur  alcaline.  Au  point  de  vue  analytique,  ce  pro- 
cédé n'est  pas  susceptible  d'assurer  une  séparation  rigoureuse  des  deux 
bases,  en  raison  de  la  décomposition  rapide  de  l'iodure  jaune  de  diméthyl- 
amine,  corps  instable  et  mal  défini.  Il  m'a  paru  intéressant,  au  contraire, 
de  déterminer  exactement  les  caractères  de  chacun  des  deux  periodures, 
ainsi  que  leurs  degrés  de  solubilité,  pour  en  tirer  parti,  s'il  y  avait  lieu,  dans 
la  suite. 

Le  periodure  de  dimélhylamine,  mal  connu  jusqu'ici  et  dont  j'ai  établi  la  formule, 
est  un  triiodure  d'iodiivdrate  :  (CH^)- Az  H.Hl.l'.  D'aspect  huileux,  au-dessus  de  i5°, 
il  cristallise,  au-dessous  de  cette  température,  en  tables  hexagonales,  dont  l'angle  _ 
du  prisme  est  de  iSo";  très  stables  à  l'air  sec,  elles  fondent  entre  83°  et  85°.  J'ai  déter- 
miné le  degré  d'insolubilité  de  ce  periodure  à  zéro,  en  partant  d'une  solution  à 
i5  pour  1000  de  chlorhydrate  dont  j'abaissai  progressivement  le  titre;  il  m'a  fallu 
atteindre  la  dilution  i  pour  1000,  pour  ne  plus  avoir  de  précipitation.  Quelques  sels 
(NaCl,  ICCl,  SO*Mg)  augmentent  cette  insolubilité,  au  point  que  l'on  obtient  encore 
des  précipités  avec  des  solutions  d'une  teneur  égale  à  i  pour  1000.  Le  chlorhydrate 
d'ammoniaque,  au  contraire,  augmente  la  solubilité  de  ce  periodure  et  rend  non  pré- 
cipitables  des  solutions  à  3  pour  1000  en  chlorhydrate. 

Le  periodure  de  iriméthylamine,  (  CH' )^âz.  HI.  I',  a  été  étudié  surtout  par  M.  De- 
lépine  (').  Ses  cristaux  aft'ectenl  la  forme  de  tables  hexagonales  dont  l'angle  du  prisme 
est  de  127°.  Ils  fondent  nettement  à  65'\ 

J'ai  eflTectué  sur  ce  corps  la  même  série  d'essais  que  précédemment  et  constaté,  après 
les  auteurs  qui  s'en  sont  occupés,  que  son  insolubilité  était  très  grande.  A  0°,  j'ai  pu 
obtenir  directement  dans  une  solution  de  chlorhydrate  de  trimélhylamine  au  y^^^ij^  des 
cristaux  très  nets  que  j'ai  caractérisés  par  leur  angles.  Cette  insolubilité  est  rendue 
extrême  par  NaCi,  KCi,  SO*i\Ig  et  en  particulier  par  le  chlorhydrate  d'ammoniaque 
à  saturation,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  la  diméthylamine.  On  peut,  à  l'aide  de 
ces  sels,  provoquer  la  précipitation  du  periodure  dans  des  solutions  au  ttôVcTô' 

L'insolubilité  du  periodure  de  triméthylamine  est  donc  extrêmement 
considérable,, celle  du  periodure  de  diméthylamine  est  encore  très  grande, 
bien  qu'à  un  degré  moindre,  fait  qui  semble  avoir  passé  inaperçu  jusqu'ici. 
Ces  propriétés  ne  paraissent  donc  pas  pouvoir  être  utilisées  pour  la  sépara- 
tion des  deux  bases  mélangées  en  quantité  massive,  mais,  au  point  de  vue 
analytique,  auquel  nous  nous  plaçons  ici,  nous  espérons  montrer  prochaine- 
ment le  parti  que  l'on  peut  en  titrer. 

(')  Delépine,  Thèse  de  Pharmacien  de  )''  classe,  1896,  p.  '.a 


Io66  ACADÉMIE    DES    SCIE^XES. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  réaction  du  milieu  sur  la  formation 
des  mélanines  par  oxydation  diastasique.  Note  de  M.  H.  Agulho.v, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

J'ai  observé  antérieurement  l'inactivité  de  l'acide  borique  vis-à-vis  de 
l'action  de  la  tyrosinase  en  dosant  pondéralement  la  quantité  de  mélanines 
formées  (').  Récemment,  M.  Wollï  a  pu  décèlera  l'aide  de  la  même  mé- 
thode l'influence  favorisante  de  petites  doses  de  phosphate  disodique  (-).  Il 
m'a  paru  intéressant  d'essayer  de  mettre  au  point  la  question  de  l'influence 
de  la  réaction  sur  la  formation  oxydasique  des  mélanines. 

Méthode  de  dosage  des  mélanines.  —  J'ai  tout  d'abord  modifié  la  mélliode  exposée 
dans  ma  Thèse,  pour  la  rendre  d'une  application  moins  longue.  Après  le  temps  d'action 
désiré  de  la  tyrosinase  sur  la  solution  de  tyrosine,  on  détruit  la  diastase  par  ébullition 
ou  chaufTage  à  l'autoclave  (la  présence  de  diastase  active  empêche  la  précipitation  en 
bloc  des  mélanines).  Après  refroissemeiit,  on  ajoute  au  liquide  5  pour  loo  d'une  solu- 
tion de  chlorure  de  calcium  au  dixième,  puis  quelques  gouttes  de  lessive  de  soude. 
On  agile  et  on  laisse  déposer.  Au  bout  de  quelques  instants,  on  voit  les  mélanines  se 
précipiter,  sous  l'influence  à  la  fois  du  chlorure  de  calcium  et  du  précipité  de  chaux 
qui  agit  par  entraînement.  On  abandonne  quelques  heures  et  l'on  filtre  sur  filtres  tarés. 
On  lave  à  l'acide  chlorhydrique  étendu  qui  dissout  les  matières  minérales,  puis  à  l'eau 
chaude.  On  sèche  à  poids  constant  et  l'on  pèse.  La  quantité  de  cendres  du  produit 
resté  sur  le  filtre  est  négligeable. 

Influence  de  la  réaction.  —  Dans  les  expériences  qui  suivent,  je  faisais  agir  3"°''  de 
macération  glycérinée  de  Russula  r/ueleli  Pr.  sur  roo'^'"'  ou  200""'  de  tyrosine  gauche 
ou  racémique.  Une  première  expérience  a  donné  après  18  heures  les  chiffres  suivants  : 

Poids 
'  de  mélanine 

dosée. 

•  _  me 

I .   Témoin 33 

II.    Milieu  neutre  à  la  phtaléine 45,5 

N 
III.    Milieu  alcalin  à  la  phtaléine 67 

1000  "^ 

I\'.    Milieu  neutre  à  l'hélianthine 10, 5 

.\      à  l'h    .       ,  . 
V.   Milieu  acide élianlhine 9 

1 000 


(')   Comptes   rendus,    t.  CXLVIII,    1909,   p.   i34o  et   Thèse  Docl.   Se.  nat.  Paris, 
1910. 
(^)  Comptes  rendus.  1. 150,  1910,  p.  ^77. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I910.  I067 

On  voit  que,  pour  ces  diderents  milieux,  plus  ou  moins  saturés  par  la  soude  ou  par 

l'acide  sulfurique,  la  réaclion  à  laquelle  correspond  le  poids  le  plus  élevé  de  produits 

d'oxydation  insolubles  est  une  certaine  alcalinité  à  la  phtaléine. 

Action  des  acides  foi  ts.  —  J'ai  étudié  comparativement  l'action  des  acides  phosplio- 

rique  et  sulfurique.  Pour  un  témoin  donnant  après  22  heures    i6"ô  de  mélanine,  on 

N       ,     . 

obtient  seulement  11™', 5  dans  une  solution d'acide  phosphorique,   S^s  dans  une 

2000 

N  .  . 

solution du  même  acide  et  le  même  poids  pour  cette  même  concentration  en  acide 


1000 


N 


sulfurique,  5'"s,5  dans  une  solution  i — -de  ce  dernier  acide.  Les  acides  sulfurique  et 
'  000  ^ 

phosphorique  agissent  donc  comme  empêchants  et  de  façon  équivalente  pour  une  même 

concentration  moléculaire. 

Action  des  sels  neutres  à  l'hélianthine.  —  J'ai  noté  antérieurement  l'inactivité  de 

l'acide  borique.  Le  phosphate  monosodique  se  comporte  de  même.   Pour  un  témoin 

donnant  lô"»  de  mélanine,  on  obtient  pour  des  concentrations  en  phosphate  monoso- 

N        N      N  .  „       . 

dique >  ■= — >  >  respectivement  lo'^t'S,   17™?, 5  et  la^s.S. 

1000    5oo    100         ' 

Action  des  sels  neutres  à  la  phtaléine.  —  Le  phosphate  bisodique  elle  bicarbonate 

N 
de  sodium  sont  favorisants;  l'optimum  est  assez  élevé,  compris  entre  les  doses  de 


■      N 

et  de 

100 


200 

Poids  de  mélanine  dosée  pour  des  concentrations 

iV  N  N  N 

5oo  30O  100  rio 


Bicarbonate  de  Na. .  . 
Phosphate  bisodique. 


II. 


26 
3o,5 


32 


59 

» 

3/4,5 


66,5 
76 


4o 

69 


Action  des  sels  alcalins  à  la  phtaléine  et  des  alcalis  libres.  —  Le  carbonate  de 

sodium,  le  phosphate  trisodique  et  la  soude  libre  agissent  d'abord  comme  favorisants, 

N 
jusqu'à  la  concentration  optima  ^ —  environ,  puis  sont  nettement  défavorables. 

Poids  de  mélanine  dosée   pour  des  concentrations 

N 


Soude. .  . 
C03  Na'- . 
PO»N^^ 


Neutralité 

à  la 

Témoin  :  0. 

phtaléine. 

l. 

.         26"' 

3,°:% 

II. 
I. 

.          32 

3o 

H. 

28 

.. 

I. 

.          24,5 

» 

11. 

32 

» 

54 


N 
>              ôoo 

N 
200 

66 

)>" 

58 

I, 

59 
63 

r. 

3,5 


80 


Io68  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

De  cet  ensemble  d'expériences  on  peut  tirer  les  conclusions  suivantes  : 
ies  acides  forts  diminuent  les  i^endements  en  produits  d'oxydation  inso- 
lubles; les  acides  et  sels  neutres  à  l'hélianthine  sont  parfaitement  inactifs; 
les  sels  neutres  à  la  phtaléine  el  alcalins  à  Thélianthine  sont  favorables  à  la 
formation  de  ces  corps,  même  à  des  doses  relativement  élevées,  leur  opti- 

IV 
mum  étant  situé  vers  une  concentration  — ;  les  sels  alcalins  à  la  phtaléine 

200  ^ 

et  la    soude   libre   sont   favorisants  jusqu'à    la    dose    optimum  t — >  puis 

rapidement  défavorables. 

Le  poids  des  produits  d'oxydation  insolubles  peut-il  réellement  servir  de 
mesure  à  la  marche  du  phénomène  d'oxydation  diaslasique?  Les  observa- 
tions que  j'ai  pu  faire  au  cours  des  expériences  précédentes  me  portent  à 
penser  qu'il  y  a  des  difféi-ences  entre  les  mélanines  obtenues  en  milieu 
alcalin  artificiel  et  celles  obtenues  dans  les  témoins  :  différence  de  colora- 
tion, différence  dans  les  propriétés  de  coagulation,  et  surtout  diiférence 
dans  le  rendement  total  en  mélanine  par  rapport  à  la  quantité  de  tyrosine 
attaquée  :  en  présence' de  phosphate  bisodique,  par  exemple,  j'obtiens 
d'emblée  78  de  mélanine  pour  100  de  tyrosine;  en  présence  de  bicarbonate, 
76  pour  100;  en  présence  du  phosphate  trisodique,  80  pour  100;  or 
MM.  G.  Bertrand  et  Rosenblatt  ('),  oxydant  à  fond  la  tyrosine  par  la  tyro- 
sinase,  sans  modifier  la  réaction  naturelle,  n'ont  jamais  obtenu  plus  de  60  de 
mélanine  pour  100  de  tyrosine.  Il  ne  semble  donc  pas,  sauf  démonstration 
expérimentale  du  contraire,  que  l'on  puisse  considérer  les  variations  pon- 
dérales des  produits  mélaniques  comme  une  mesure  exacte  du  pouvoir 
oxydant,  mais  plutôt  comme  la  résultante  de  certains  modes  d'action  de  la 
tyi'osinase  sur  la  tyrosine;  l'analyse  chimique  des  produits  d'oxydation  et  la 
détermination  des  échanges  gazeux  pourraient  seuls  conduire  à  des  résultats 
exempts  de  critique. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Variation  de  la  teneur  en  spartéine  du  genêt  à  balais 
suivant  l'époque  de  la  végétation.  Note  de  M.  J.  Chevalier,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

Ayant  eu  l'occasion  de  constater  des  différences  considérables  de  teneur 
en  spartéine  de  genêts  à  balais  de  même  provenance,  nous  avons  cherché  à 

(')   ConiiininiciUion  personnelle. 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  191O.  1069 

nous  rendre  compte  des  fadeurs  susceptibles  d'amener  ces  variations  et 
nous  sommes  arrivés  à  attribuer  une  inlluence  prédominante  à  l'époque  de 
la  récolte  de  ces  plantes. 

Nos  expériences  ont  été  faites  sur  des  genêts  récoltés  en  Seine-et-Oise  de 
mois  en  mois.  Chaque  expérience  a  porté  sur  lo''^  de  plante  sèche  entière. 
Nous  avons  pratiqué  Textraction  telle  qu'elle  s'opère  dans  l'industrie,  et  les 
chiffres  ci-dessous  sont  ceux  du  sulfate  de  spartéine  cristallisé 

C'° H"  Az^  SO*  H^  -t-  5  H^ O 

o])lenu  par  kilogramme  de  plante  traitée  par  saturation  de  la  solution 
éthéréc  de  spartéine  par  SO'H-  à  2,5  pour  too.  Nous  avons  trouvé  : 

Janvier 4>oa 

Février i  >  '  3 

Mars 6,So 

Avril 3 ,  P.5 

Mai 4,32 

Juin 3,27 

Juillet 3,00 

Aoù  t 2,33 

Seplembre 3,58- 

Octobre 4  ,07 

Novembre 4  ,75 

Décembre 4  ,07 

De  cotte  série  de  dosages  on  peut  conclure  que  la  spartéine  se  produit 
rapidement  pendant  la  première  période  de  la  végétation  etqu'elie  diminue 
brusquement  au  moment  de  la  lloraison  et  de  la  formation  du  fruit.  VAle 
n'est  que  partiellement  utilisée  et  se  localise  dans  le  fruit,  qui,  à  maturité, 
renferme  jusqu'à  1 1^  de  spartéine  par  kilogramme. 

A  l'automne  se  fait  une  seconde  accumulation,  mais  beaucoup  moins 
importante  que  celle  du  printemps. 

BOTANIQUE.  —  Su>-  la  présence  de  plantes  alpines  aux  basses  altitudes 
dans  le  Valais  central.  Note  de  M.  Léon  Marret,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

L'étude  des  formations  végétales  dans  les  régions  inférieures  du  ^  alais 
central  m'a  conduit  à  robservation  de  quelques  faits  phytogéographiques  et 
historiques  que  je  vais  résumer  ici  dans  leur  ensemble. 


1070  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  ces  formations,  on  constate  la  présence  d'un  grand  nombre  de 
plantes  alpines,  plus  remarquables  encore  par  le  nombre  d'individus  de 
chacune  des  espèces  représentées  que  par  la  variété  de  ces  dernières. 

Ces  espèces  appartiennent  à  deux  catégfories,  les  unes  sont  do  transport 
récent  et  caractérisent  surtout  les  glariers  de  la  vallée,  les  autres  d'origine 
historique  se  rencontrent  exclusivement  dans  les  formations  steppiques  ou 
garides  valaisanes,  situées  entre  400™  et  600™  sur  les  collines  bien  exposées, 
principalement  sur  tout  le  versant  méridional  des  Alpes  Bernoises. 

Parmi  ces  dernières  espèces,  les  unes  sonl  extièmemenl  abondantes  dans  ces  forma- 
tions, ce  sont  :  Globularia  coidifolia  h,  Sempercirum  arachnoideiim  L.,  var. 
tomenlosam  Schnillsp.,  Saxifraga  aizoon  L.  La  première  est  d'origine  méditer- 
ranéenne montagnarde,  la  seconde  par  sa  variété  est  caractéristique  des  climats  step- 
piques, enfin  le  Saxifraga  aizoon  appartient  au  groupe  des  Enaizoon  d'Engler  pos- 
sédant dans  son  ensemble  une  dispersion  méridionale.  On  conçoit  donc  que  ces 
espèces  soieni,  eu  conséquence,  plus  particulièrement  adaptées  à  un  climat  à  tendance 
steppique  comme  celui  du  Valais  central.  Ce  climat  est  en  effet  caractérisé  :  1°  par  sa 
grande  intensité  lumineuse,  résultant  dune  pureté  du  ciel  remarquable  sous  cette 
latitude  surtout  dans  l'Europe  occidentale,  renforcée  encore  par  la  réverbération  du 
soi  généralement  rocailleux;  2°  par  sa  sécheresse;  les  pluies  y  sont  en  effet  sinon  fort 
rares,  du  moins  de  courte  durée,  tantôt  peu  abondantes  et  ne  pénétrant  pas  le  sol  pro- 
fondément, ou  au  contraire  en  trombes  brèves  qui  ravinent  le  sol  laissant  s'échapper 
l'eau  trop  rapidement.  Les  rosées  et  le  givre  y  sont  presque  inconnus,  de  même  que 
les  brouillards.  De  plus,  les  courants  d'air  fréquents  autant  que  violents  remontent  la 
vallée  et  activent  l'évaporation  ainsi  d'ailleurs  que  le  rayonnement  intense  des  nuits 
presque  toujours  sereines. 

Ces  conditions  climatiques  expliquent  les  modifications  «pie  présentent 
dans  leur  structure  les  Primula  viscosa  Vill.  (/tirsuta  Ail.),  Saxifraga  exa- 
rata  Vill.,  et  Draba  aizoides  L.,  d'origine  évidemment  très  ancienne,  qui 
végètent  avec  une  incroyable  exubérance  dans  une  station  steppique  entre 
Vernayaz  et  Martigny  sur  une  dizaine  de  kilomètres.  Les  pieds  de  cette  sta- 
tion, comparés  aux  individus  alpins  de  ces  mêmes  espèces,  présentent  les 
caractères  suivants  : 

Feuilles  plus  épaisses,  surtout  plus  visqueuses  (Primula  viscosa,  Saxifraga 
exarata),  inflorescence  beaucoup  plus  fournie,  fleurs  plus  grandes  et  d'un 
coloris  beaucoup  plus  accentué,  énorme  développement  des  organes  sou- 
terrains. 

En  dehors  de  ces  six  espèces,  qui  possèdent  en  \"alais  deux  centres  d'extension  bien 
distincts,  l'Oxytropis  Ilalleri  Bunge  var.  veltitùia  Sieli.  apparaît  par  contre  dans  la 
région  alpine  comme  sur  un   terrain    conquis  plus  récemment.   En  ellet,  cette  e-^pèce 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I910.  IO71 

possède  en  Valais  non  seulement  les  caractères  morpliologiques  précédemment  cités, 
mais  encore  un  épais  feutrage  (comme  Sempervirum  tomentosum).  Ces  caractères 
se  maintiennent  dans  les  stations  alpines  (à  l'encontre  des  espèces  précédemment 
citées);  de  plus,  ces  dernières,  clairsemées  et  se  rencontrant  surtout  dans  les  Alpes 
Pennines  orientales,  sont  toutes  en  étroite  relation  avec  les  stations  inférieures  par  des 
étapes  que  l'on  peut  nettement  établir.  La  très  petite  station  isolée  du  Mont  Fully 
(igoo""  à  2TOO"),  qui  semble  faire  exception  à  la  règle  et  qui,  de  plus,  est  l'unique  sta- 
tion de  la  plante  dans  la  Chaîne  Bernoise,  peut  fort  bien  provenir  de  la  région  infé- 
rieure par  l'intermédiaire  de  la  Joux  Brûlée,  station  steppique  située  à  iSco™,  et 
qu'atteignent  aisément  les  plantes  de  la  région  inférieure.  Cette  extension  de  bas  en 
haut  de  VOxylropis  Halleri  semble  en  quelque  sorte  confirmée  par  l'allure  analogue 
d'une  plante  compagne  nullement  alpine,  VAstragalus  exscapus  L.,  dont  la  présence 
dans  la  région  alpine  est  beaucoup  plus  récente.  Ces  deux  plantes  ont  bien  certaine- 
ment la  même  origine  historique,  VOxytropis  appartenant  aux  basses  régions  step- 
piques  de  l'Altaï,  et  V Astragalas  aux  steppes  de  la  Hongrie  et  de  l'Ukraine. 

Si  d'autre  part,  on  recherche  à  quelles  causes  on  peut  rattacher  l'origine 
de  ces  différentes  espèces  dans  les  régions  inférieures,  il  m'apparait  néces- 
saire de  remonter  aux  phases  climatiques  postérieures  à  la  dernière  période 
glaciaire,  phases  chaudes  et  sèches  alternant  avec  des  périodes  de  refroidis- 
sement et  d'humidité,  séparées  les  unes  des  autres  par  des  phases  plus  courtes 
de  transition.  La  pluralité  de  ces  phases  constitue  la  période  dite  xérother- 
mique  ou  steppique  post glaciaire ^  période  qui,  selon  moi,  n'a  pas  eu  l'unité 
d'action  bien  définie  que  lui  attribuent  encore  certains  auteurs. 

Ce  sont  ces  phases,  moins  importantes  naturellement  que  celles  du  système 
glaciaire  proprement  dit,  qui  durent,  par  un  jeu  alternatif  d'influences  con- 
traires progressivement  décroissantes,  mêler  tour  à  tour  les  plantes  alpines 
aux  plantes  steppiques  et  réciproquement.  De  ces  migrations  successives, 
certains  vestiges  subsistent  encore  de  nos  jours  dans  les  régions  inférieures 
du  Valais  central,  les  uns  plus  nombreux  possédant  deux  centres  d'extension 
distincts,  alors  que,  plus  atteint  sans  doute  par  ces  alternances  climatiques, 
et  possédant  d'autre  part  plus  d'affinités  avec  les  espèces  steppiques,  VOxy- 
tropis Halleri  aurait  à  un  certain  moment  perdu  son  centre  alpin  qu'il  recon- 
quiert peu  à  peu. 


BOTANIQUE.  —  L' Ambrosia  du  Tomicus  dispar.  Note  de  M.  J.  Beavverie, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

On  comprend,  sous  le  nom  général  à^ Ambrosia,  des  champignons  de 
diverses   espèces   qui    tapissent   les    cavités    des    galles  produites   par  les 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  17.)  I4I 


1072  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

Asphondylia,  ou  les  galeries  que  creusent  dans  l'intérieur  du  bois  certains 
insectes  xylophages  dont  la  plupart  appartiennent  au  groupe  des  Scoly- 
tides.  L'espèce  de  champignon  est  déterminée  et  constante  suivant  la 
nature  spécifique  de  l'insecte. 

La  connaissance  d'un  revêtement  intérieur  des  galeries  des  Scolytides 
est  déjà  ancienne;  Schmidberger  le  signalait  dès  i83G,  mais  sans  recon- 
naître sa  véritable  nature;  il  voyait  là  une  substance  albuminoïde  concrétée 
provenant  des  sucs  de  l'arbre;  Harlig,  en  i844)  en  reconnaît  la  nature 
mycotique,  et  en  fait,  à  tort,  un  Monilia.  Il  faut  arriver  à  ces  dernières 
années  pour  trouver,  avec  les  travaux  de  Hubbard  (1897),  et  surtout  de 
Neger  (1908  et  1909),  une  étude  rationnelle  sur  ce  sujet.  Mous  donnerons 
ailleurs  une  mise  au  point  détaillée  de  la  question  des  champignons  Ambro- 
sia  avec  les  résultats,  éclairés  de  nombreuses  figures,  de  nos  propres 
recherches;  mais  nous  voulons,  dès  aujourd'hui,  indiquer  brièvement 
ceux-ci  à  la  suite  des  principales  conclusions  des  auteurs. 

Neger  a  montré  que,  dans  les  galles  A'' Asphondylia^  l'insecte  se  nourrit 
du  champignon  Ambrosia  et  il  a  établi  par  quelle  adaptation  ce  dernier 
puise  sa  propre  nourriture  dans  les  tissus  de  l'hôte;  il  a  enfin  déterminé  la 
nature  spécifique  de  ces  divers  champignons  qu'il  f;iut  rattacher  au  genre 
MacropJioina . 

Les  champignons  Ambrosia  des  galeries  d'insectes  xylophages  ont  pour 
ces  derniers  l'utilité  de  drainer  dans  le  bois  un  aliment  parcimonieusement 
réparti,  surtout  au  point  de  vue  des  matières  azotées,  et  de  le  mettre  à  la 
portée  des  larves  sous  la  forme  d'une  sorte  de  gazon  mycotique  sur  lequel 
elles  reposent.  Ces  insectes  à  Ambrosia  creusent  leurs  galeries  seulement 
dans  les  bois  assez  frais  et  dans  l'aubier,  car,  dans  ces  conditions  seulement, 
le  champignon  trouvera  l'eau  etles  aliments  nécessaires  à  son  développement. 
Il  rencontre  encore  dans  les  galeries  une  circonstance  très  favorable  : 
l'aération  utile  à  ses  exigences  d'aérobie.  Cette  aération  a,  d'autre  part, 
pour  conséquence  d'entraîner  une  contamination  assez  fréquente  du  gazon 
de  champignon  par  des  mauvaises  herbes,  autrement  dit  par  des  impuretés 
diverses  dont  les  plus  répandues  sont  des  Ceralostomella  (Hubbard,  ÎS'eger) 
et  des  levures  (Neger  et  nous-même).  On  peut  dire,  malgré  cela,  que  ces 
cultures  des  galeries  de  Scolytides,  établies  sur  le  milieu  naturellement 
stérile  qu'est  l'intérieur  du  bois,  constituent  des  cultures  pures.  Il  est 
remarquable,  à  ce  propos,  que  l'insecte  ne  fait  jamais  traverser  à  ses  galeries 
une  région  où  le  bois  est  préalablement  altéré  ou  contaminé. 

Certaines   questions    importantes   que    comporte    cette   étude    ne   sont 


SÉANCE    DU    25    AVRIL    I()IO.  lOyS 

pas    encore    nettement    éclaircies,    ce    sont    notamment    les    deux    sui- 
vantes : 

i"  De  quelle  façon  les  champignons  des  Ambrosia  sont-ils  ensemencés 
dans  les  galeries?  2"  Quelle  est  leur  identité  spécifique? 

Nous  ne  traiterons  pas  ici  de  la  première  question,  mais  seulement  de  la 
seconde  qui  a  fait  le  principal  objet  de  nos  recherches  à  propos  du  cham- 
pignon Ambrosia  des  galeries  de  Tomicus  dispar.  Nous  avons  étudié  ce 
dernier  à  l'occasion  de  nombreux  matériaux  reçus  de  certaine  région  de  la' 
vallée  du  Rhône  où  l'insecte  fait  depuis  quelques  années  sur  les  arbres 
fruitiers  des  ravages  dont  nous  avons  signalé  la  gravité  ('). 

Disons,  tout  d'abord,  que  les  auteurs  qui  se  sont  efforcés  de  déterminer 
l'espèce  de  champignon  qui  constitue  l'Ambrosia  des  galeries  de  Tomicus 
n'ont  pu  aboutir  à  un  résultat;  nous  n'arrivons  nous-même  qu'à  une  con- 
clusion hypothétique.  Voici  les  faits  nouveaux  que  nous  avons  obtenus  : 

i"  Nous  avons  trouvé,  sous  le  slroma  qui  supporte  les  cellules  en  files 
caractériques  de  l'Ambrosia,  entre  lui  et  le  bois,  des  massifs  de  cellules 
levures.  Ces  levures  étaient  constantes  dans  nos  échantillons,  provenant  tous, 
il  est  vrai,  d'une  même  origine.  Lorsqu'elles  faisaient  défaut  nous  trouvions 
toujours  alors  des  sortes  de  kystes  arrondis  dans  les  cellules  des  rayons  mé- 
dullaires. Ces  kystes  correspondent  à  un  état  particulier  du  champignon  qui 
produit  la  levure,  comme  nous  a  permis  de  l'établir  la  méthode  des  cultures 
pures. 

I>es  cultures  nous  ont  montré  (caractères  morpliologiques  et  cytologiques)  que  les 
cellules  levures  appartiennent  à  un  Demalium.  Celui-ci  n'est  peut-être  qu'une  simple 
impureté  de  l'Ambrosia,  mais  son  abondance  et  sa  fréquence  le  rendent  intéressant 
presque  au  même  litre  que  ce  dernier. 

2°  Le  stroma  s'est  creusé,  après  quelques  mois,  de  très  nombreuses  cavités 
ressemblant  à  des  conceplacles,  mais  ils  n'ont  évolué  ni  en  pycnides  ni  en 
périthèces  ;  après  plus  de  5  mois  ils  étaient  encore  vides. 

En  culture  sur  milieux  artificiels  nous  avons  obtenu  à  la  fois  les  formes 
de  l'Ambrosia  proprement  dit  et  le  Dematium. 

Il  ne  nous  semble  pas  interdit  d'envisager  l'hypothèse  de  la  continuité  des 
deux  formes  Ambrosia  et  Dematium  qui  ne  constitueraient  qu'un  seul  et 
même  champignon  ;  nous  donnerons  ailleurs  les  arguments  qui  militent  dans 
ce  sens.  Toutefois  l'explication  suivante  nous  parait  moins  sujette  à  caution. 

(')  Sur  une  maladie  des  pêchers  dans  la  vallée  du  Rhône  {L'Horticulture  nou- 
velle. Lyon,  1909). 


1074  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  Aml)rosia  de  certaines  galles  présentent  avec  ceux  des  galeries  du 
Tomirits  disparde  grandes  similitudes  au  point  de  vue  morphologique.  C'est 
ainsi  ({ue  dans  les  deux  cas,  il  existe,  du  côté  de  la  cavité,  des  files  de  cellules 
globuleuses  identiques.  Negera,  en  outre,  montré  que  TAmbrosiadesylj/JÂo/i- 
dylia  produit  des  conceptacles  qui  tantôt  restent  vides,  tantôt  évoluent  en 
pycnides  de  Macrophoma.  Étant  donnés  ces  faits,  il  nous  semble  que  l'on 
puisse  admettre,  par  analogie,  que  les  conceptacles  restés  vides  que  nous 
avons  vu  se  former  en  grande  quantité  dans  le  stroraa  de  l'Ambrosia  du 
Tomicas  sont  des  pycnides  non  évoluées  d'un  Macrophoma  et  que  cet  Am- 
brosia  doit  être  rattaché  à  ce  genre  de  Funglii  imperfecù. 

Une  longue  adaptation  à  des  conditions  de  vie  tout  à  fait  spéciales  a  pu 
faire  perdre  au  champignon  la  faculté  de  conduire  à  évolution  complète  ses 
appareils  reproducteurs. 


BOTANIQUE.  —  Sur  l' absorption  du  baryum  par  les  plantes.  Note  de  MM.  H. 
CoLi.N  et  J.  DE  lluFz,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

La  pénétration  du  baryum  dans  les  plantes  n'a  été,  jusqu'à  présent,  l'objet 
que  d'un  petit  nombre  de  recherches.  Dvsorzak  ('),  en  1874,  trouve,  dans 
le  blé  des  alluvions  barytiques  du  Nil,  de  très  petites  quantités  de  baryum 
localisées  principalement  dans  les  feuilles.  En  1899,  Hornberger  (-),  à  la 
suite  de  Scheele  aide  Eckard,  constate  la  présence  du  baryum,  à  l'état  de 
SO'Ba,  dans  les  cendres  du  hêtre  végétant  en  sol  barytique.  Enfin,  plus 
récemment,  Demoussy  ('),  étudiant  l'absorption  des  azotates  sur  le  colza 
cultivé  en  solution,  voit  les  plantes  végétant  dans  une  solution  de  (NO')-Ba, 
perdre  leurs  feuilles  et  attribue  ce  phénomène  à  la  pénétration  d'une  légère 
quantité  de  baryum  jusqu'au  niveau  des  feuilles. 

Knop  (')  avait  déjà  signalé  la  toxicité  du  baryum  et  son  incapacité  à 
remplacer  le  calcium  dans  les  cultures. 

Nous  avons  repris  la  question  de  l'absorption  du  baryum  en  opérant  sur 
diverses  plantes,  pois,  mais,  haricot,  cultivées  en  solution  diluée  d'azotate 
ou  de  chlorure  de  baryum. 


(')  11.  DwORZAK,  Landw.   Versuclistal.,  Bd.  Wll,  187^,  p.  2 
(^)  lioiiNBEiuiER,  Landw.   Versuchstat.,  Bd.  Ll,  1899,  p.  470. 
(')  Demoissy,  Ann.  agron.^  t.  XXV,  p.  Sag. 
(')  Knop,  Landw.    Versuchstat.,  Bd.  Vlll,   i866,  p.  i43. 


SÉANCE    DU    2.5    AVRIL     KJIO.  107$ 

Les  pois  sonl  mis  à  germer  dans  l'eau  distillée  et  transportés  dans  la  solution  bary- 
lyque  dès  que  la  racine  a  pris  un  dévelopi^emenl  convenable.  Après  avoir  expérimenté 
diverses  concentrations,  nous  nous  sommes  arrêtés  à  celle  de  o,i25  pour  1000.  Dans 
ces  conditions,  le  développement  n'est  pas  sensiblement  entravé,  ainsi  qu'en  témoigae 
la  turgescence  des  racines,  dont  l'extrémité  se  flétrit,  au  contraire,  pour  une  concen- 
tration atteignant  o,25o  pour  1000. 

Les  pois,  ainsi  cultivés,  renferment  du  baryum  ;  nous  layons  mis  en 
évidence  par  des  dosages  effectués  sur  la  plante  totale. 

Après  un  séjour  d'une  quinzaine  dans  la  solution,  les  pois  sont  lavés,  jusqu'à  ce  que 
les  eaux,  de  lavage,  concentrées,  ne  présentent  plus  trace  de  précipité  par  SO*H-;  on 
dessèche,  calcine  au  moufle  ;  le  baryum  est  dosé  dans  les  cendres  à  l'état  de  SO*Ba. 

Le  baiyum  est-il  réparti  uniformément  à  l'intérieur  des  tissus  ;  en  parti- 
culier, la  tige  en  contient-elle  autant  que  la  racine?  Dans  de  semblables 
recherches  relatives  à  l'absorption  ou  à  la  to.Kicité,  les  auteurs  se  sont  bornés 
à  effectuer  les  dosages  sur  la  plante  entière.  Nous  sommes  arrivés,  par  deux 
méthodes  différentes,  examen  microchimique  et  dosage,  à  cette  conclusion 
que  la  presque  totalité  du  baryum  se  trouve  localisée  dans  la  racine. 

Pour  la  recherche  microcliimique,  cinq  ou  six  coupes  sont  placées  sur  un  porte- 
objet;  on  dépose  une  goutte  de  SO'H-  à  66°,  on  chauffe  jusqu'à  destruction  des  coupes, 
on  recouvre  d'une  lamelle  ;  après  quelques  heures,  on  observe,  au  microscope,  les  cris- 
tallites  en  forme  d'X,  caractéristiques  du  baryum. 

Les  coupes  pratiquées  dans  la  racine  donnent  toujours  et  abondamment 
la  réaction  indiquée  ;  on  n'obtient,  au  contraire,  avec  les  coupes  de  tige,  que 
quelques  croix  très  rares. 

Les  dosages  confirment  ces  recherches  qualitatives  ;  voici  les  données 
numériques  relatives  à  une  expérience  (d'autres,  en  grand  nombre,  ont 
constamment  fourni  des  résultats  semblables)  : 


Racine 08,980  o,i46  o,oi5 

Tige 2B,64o  0,178  Un  louche 

Il  était  intéressant  de  se  demander  si  la  localisation  à  peu  près  exclusive 
du  baryum  dans  la  racine  n'entraînait  pas  quelques  particularités,  obser- 
vables au  microscope,  qui  ne  se  retrouveraient  ni  dans  la  tige,  ni  dans  les 
racines  exemptes  de  baryum.  Nous  avons  constaté,  en  effet,  sur  les  coupes 
de  racines  renfermant  du  baryum,  la  présence  constante,  dans  le  péricycle, 
de  granulations  abondantes,  remplissant  les  cavités  cellulaires,  au  point  de 


10-6  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

communiquer  au  péricycle,  sur  toute  son  étendue,  une  teinte  sombre.  Rien 
de  semblaiîle  ne  s'observe  dans  la  tige  et  les  racines  normales. 

Comment  la  présence  de  ces  granulations  est-elle  corrélative  de  la  teneur 
en  baryum  ?  Leur  nature  barytique  semble  indiquée  par  l'expérience  sui- 
vante. On  pratique,  sur  le  pois,  la  décortication  de  la  racine;  la  plus  légère 
traction  suffit  à  séparer  les  tissus  au  niveau  des  cadres  subérisés  de  l'endo- 
derme; on  effectue  sur  l'écorce  et  sur  le  cylindre  central  la  réaction  micro- 
chimique  à  l'acide  sulfurique  ;  le  résultat  est  négatif  avec  l'écorce  ;  les  cris- 
taux typiques  de  SO'Ba  sont  abondants  avec  le  cylindre  central. 


PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Stérilisation  de  grandes  quantités  d'eau  au 
moyen  des  rayons  ultraviolets.  Note  de.  M.  Gabriel  Vai.i.et,  présentée 
par  M.  A.  Chauveau. 

Les  présentes  recherches  ont  eu  pour  but  de  déterminer  quelle  est,  au 
point  de  vue  du  débit  en  eau  stérilisée,  la  limite  de  puissance  d'une  lampe 
donnée,  en  la  plaçant  dans  des  conditions  de  rendement  aussi  parfaites  que 
possible. 

J'ai  utilisé  successivement  deux  lampes  en  quartz  aux  vapeurs  de  mercure: 
l'une  de  220  volts,  longue  de  3o'"^  (fournie  par  une  maison  de  Paris)  ;  l'autre 
de  iio  volts,  à  double  manteau  de  quartz,  dont  le  brûleur  mesure  6''™  de 
longueur  (fournie  par  la  Quartzlampen  Gesellschaft).  A  tous  les  points  de 
vue,  cette  dernière  s'est  montrée  supérieure,  et  les  résultats  qui  suivent  la 
concernent  seule. 

La  lampe  était  immergée  dans  un  récipient  clos,  rempli  et  traversé  par 
l'eau  sous  pression  de  la  canalisation  de  Montpellier. 

Cette  eau,  souillée  d'une  façon  fréquente,  contenait  1000  colibacilles  par 
litre  pendant  les  expériences  et  fertilisait  le  bouillon  en  24  heures  au  -^  de 
goutte;  à  cause  du  trouble  qu'elle  présentait,  elle  a  dû  être  clarifiée  au 
moyen  d'un  dispositif  spécial  avant  son  arrivée  dans  l'appareil. 

Il  résulte  des  expériences  faites  qu'il  est  possible,  avec  une  seule  lampe 
de  iio  volts,  de  stériliser  une  eau  très  polluée,  sous  un  débit  voisin  de 
10'"'  à  l'heure,  en  réalisant  les  conditions  suivantes  : 

1°  Donner  préalablement  une  limpidité  parfaite  à  l'eau  ; 

1°  Amener  l'eau  dans  l'appareil  de  telle  façon  que  les  masses  nouvelles 
arrivent  bien  progressivement  au  contact  du  brûleur; 

3"  Proportionner  la  capacité  du  récipient  au  débit,  de  manière  que  chaque 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  I9IO.  IO77 

molécule  d'eau  reste  illuminée,  pendant  au  moins  une  minute,  dans  la  limite 
de  la  portée  utile  des  rayons  ; 

4°  Recueillir  l'eau,  pour  la  conduire  au  dehors,  dans  la  couche  qui 
entoure  immédiatement  le  brûleur. 

Je  me  suis  efforcé  de  réunir  ces  conditions  dans  l'appareil  qui  a  servi  aux 
expériences. 

La  stérilisation  a  toujours  été  complète  avec  un  débit  de  5"'  à  liieure;  la  mise  en 
culture  de  quantités  d'eau  notables  (Soo'^"''  d'eau  répartis  dans  des  ballons  avec  une  égale 
proportion  de  bouillon)  restait  absolument  stérile.  Avec  des  débits  variant  entre  5ooo' 
et  9200',  quantité  maximum  que  fournissait  la  prise  d'eau,  les  résultats  ont  été 
inconstants;  tantôt  la  stérilisation  était  complète,  tantôt  un  ballon  ou  deux  culti- 
vaient, queli|ifefois  tardivement.  On  peut  attribuer  ces  accidents  partiels  au  trouble 
primitif  de  l'eau  qu'une  clarification,  forcément  incomplète  pour  une  si  grande 
quantité  dans  une  installation  de  laboratoire,  ne  parvenait  pas  toujours  à  dissiper 
complètement.  Pendant  la  période  des  pluies  notamment,  l'eau  contenait  toujours  en 
suspension,  après  filtration  rapide,  de  fines  particules  d'argile  visibles  seulement  sous 
une  grande  épaisseur  et  à  la  faveur  de  l'éclairage  du  brûleur.  Malgré  cela  le  colibacille 
a  toujours  été  détruit  et  même  la  stérilisation  complète  de  l'eau,  encore  un  peu 
louche,  a  pu  être  obtenue,  mais  en  diminuant  alors  le  débit  dans  les  limites  conve- 
nables. 

Avec  une  clarification  parfaite,  on  peut  prévoir  que  le  débit  de  10°''  à 
l'heure  serait  dépassé. 

La  consommation  de  la  lampe  à  double  manteau  de  quartz  a  été,  au  cours 
des  expériences,  de  4  hectowatts-heure. 

Cette  faible  consommation,  jointe  à  la  simplicité  de  l'installation  et  à  la 
qtiantité  d'eau  assez  considérable  qu'une  seule  lampe  peut  stériliser,  font 
donc  espérer  qu'on  pourra  prochainement  appliquer  l'action  des  rayons 
ultraviolets  à  l'épuration  en  grand  de  l'eau  des  villes,  mais  à  condition 
d'avoir  au  préalable  clarifié  l'eau  d'une  manière  parfaite. 


ZOOLOGIE.  —  La  partie  abdominale  du  grand  sympathique  chez  les  Sauriens. 
Note  de  M.  E.  Sauvagk,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Le  plexus  mésentérique  formé  par  l'union  de  lilets  du  pneumogastrique 
et  du  grand  lymphatique  est,  chez  Lézard  ocellé,  constitué  par  des  rameaux 
partant  des  9",  10*,  11",  is*"  et  iS"  ganglions  vertébraux  du  côté  gauche; 
ces  rameaux  passent  entre  les  feuillets  du  mésentère  et  se  rendent  à  des 
ganglions  situés  à  l'origine  des  vaisseaux  mésentériques,  qu'ils  accompa- 


1078  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gnenl;  ces  filets  remontent  le  long  de  la  partie  pylorique  de  l'estomac  et  s'y 
distribuent;  ces  filets  reçoivent  directement  quelques  rameaux  venant  du 
9*  ganglion  du  sympathique. 

Deux  petits  ganglions  forment  un  plexus  qui  donne  des  filets  fort  ténus 
qui  s'accolent  aux  vaisseaux  se  rendant  à  la  rate  et  pénètrent  avec  eux  dans 
cet  organe.  Chez  Platydactylus  gultatus  un  filet  de  ce  plexus  se  rend  à  l'épi- 
didyme. 

Le  plexus  mésenlérique  est  moins  développé  chez  Caméléon  vulgaris  et  cl)ez  Pla- 
tydactylus guttatus  que  chez  Lézard  ocellé;  il  est  au  contraire  formé  d'un  plus  grand 
nombre  de  ganglions  chez  Salvator  Meriamœ^  Zonure  géant,  Stellion  vulgaris. 
Varan  du  désert,  chez  lequel  les  ganglions  sont  gros,  tandis  qu'ils  sont  petits  chez  la 
première  de  ces  espèces. 

Du  côté  droit  des  8",  9"  et  10"'  g;inglions  vertébraux  parlent  des  rameaux  qui  accom- 
pagnent les  vaisseaux  hépatiques  et  se  rendent  dans  le  foie  :  chez  Lézard  ocellé,  ces 
branches  sont  au  nombre  de  trois,  présentent,  la  moyenne  et  la  postérieure,  un  petit 
ganglion  d'où  parlent  plusieurs  rameaux. 

Le  plexus  ovarien  et  le  plexus  lesticulaire  sont  bien  développés  chez  Zonure  géant; 
il  en  est  de  même  pour  le  dernier  de  ces  jjlexus  chez  Salvalor  Meriamœ  et  chez  un 
iguanien  Papaya  orbicularis. 

Le  plexus  génital  donne  des  filets  au  plexus  crural  et  forme,  en  se  terminant,  un 
plexus  hémorroïdal  {Varan  du  désert)  qui  donne  des  filets  à  la  partie  terminale  du 
tube  digestif  et  au  cloaque.  Chez  Stellion  vulgaris,  on  voit  à  la  partie  terminale  du 
tube  digestif  un  ganglion  un  peu  plus  gros  de  forme  ovalaire  d'où  partent  des  filets 
s'anaslomosant  avec  le  plexus  crural  :  ce  ganglion  donne  aussi  un  filet  se  rendant  à 
loviduc  ou  au  canal  déférent.  Chez  Caméléon  vulgaris,  au  niveau  des  vertèbres 
sacrées,  un  filet  s'anastomose  avec  celui  du  côté  opposé  entourant  les  vaisseaux 
hémorroïdaux. 

Chez  Varan  du  déserl,  au  niveau  de  l'extrémité  pylorique  de  l'estomac,  la 
chaîne  du  grand  sympathique  se  sépare  de  l'aorte,  se  portant  un  peu  à 
droite,  et  fournit  des  filets  au  testicule  ou  à  l'ovaire,  et  au  plexus  crural  se 
terminant  au  plexus  hémorroïdal. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.    —    Sur  l'éruption  de  l'Etna  du  28  mars  1910. 
Note  de  M.  A.  Ricr.ô,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

Dans  la  journée  du  22  mars,  les  sismographes  de  l'Observatoire  de 
Catane  ont  enregistré  quelques  petites  secousses.  Depuis  les  premières 
heures  du  23,  jusqu'à  8*"  du  matin,  une  vingtaine  de  faibles  mouvements 
ont  été  constatés,  dont  lo   plus  important  a  eu  lieu  à  2'' 55'"  (temps  de 


SÉANCE  DU  25  AVRIL  1910.  IO79 

l'Europe  centrale).  Ces  secousses  ont  été  exclusivement  instrumentales  et 
rien  d'anormal  n'a  été  observé  sur  le  volcan,  bien  que  l'Observatoire  de 
l'Etna  ait  été  bouleversé  par  les  secousses,  sans  subir  cependant  de  dom- 
mages importants. 

A  8''  i5™,  on  a  vu  surgir  des  brouillards  au-dessus  du  Piano  del  Lago  un 
mince  panache  de  fumée,  ayant  la  forme  caractéristique  du  pin  éruplif; 
c'était  le  signal  d'une  nouvelle  éruption. 

Eu  effet,  une  fente  s'était  ouverte  entre  le  Monte  Castello  et  la  Monla- 
gnola,  entre  les  altitudes  de  iQoo'^etde  23oo™,  avec  une  direction  Sud-Sud- 
Ouest  Nord-Nord-Est;  elle  se  prolongeait  vers  le  Nord,  sur  le  Piano  del 
Lago,  par  deux  grandes  fractures  principales. 

Sur  la  fente  éruplive,  quinze  à  vingt  bouches  ont  commencé  à  lancer  des 
bombes,  des  lapilli  et  des  vapeurs.  Une  petite  coulée  est  sortie  tout  d'abord 
des  bouches  supérieures,  mais  elle  n'a  parcouru  que  2'"",  dans  la  direction 
Nord-Sud,  parce  que  le  flux  principal  de  la  lave  s'était  établi,  selon  la  loi 
hydrostatique,  aux  bouches  inférieures,  près  du  pied  sud  du  Monte 
Castellazo.  De  ces  bouches  la  lave  coulait  en  plusieurs  branches,  qui  ne 
lardaient  pas  à  se  réunir  en  un  magnifique  fleuve  de  feu,  dont  la  vitesse 
était  d'environ  6"'  par  seconde  près  des  bouches  et  de  3'"  plus  bas. 

La  lave  arrivait  bientôtà  l'est  du  Monte  Faggi;  ne  trouvant  entre  celui-ci 
et  la  première  coulée  de  l'éruption  de  1892  qu'un  passage  très  étroit,  elle 
s'accumulait  pour  former  ensuite  une  superbe  cascade  incandescente,  large 
d'environ  lo",  haute  de  20"'.  Le  courant  a  gagné  ensuite  le  pied  oriental  du 
Monte  Sona,  puis  la  gorge  située  entre  le  Monte  San-Leo  et  le  Monte 
Rinazzi,  ne  mettant  que  7  heures  3o  minutes  pour  effectuer  5''"';  sa  vitesse 
moyenne  était,  par  suite,  d'environ  700"  à  l'heure. 

Les  jours  suivants,  les  laves  ont  continué  à  s'avancer  vers  le  Sud,  mais 
avec  une  vitesse  moindre.  La  coulée  s'est  élargie  et  s'est  partagée  en  plu- 
sieurs branches,  dont  la  plus  longue  s'est  arrêtée  avant  la  Cislerna  délia 
Regina,  à  environ  lo"""  des  bouches  inférieures;  une  branche  moins  longue 
s'est  arrêtée  le  10  avril. 

Les  cratères  supérieurs  ont  émis  des  lapilli  et  des  cendres,  mais  en  quan- 
tité très  modérée  et  avec  une  faible  quantité  de  produits  gazeux,  [)armi 
lesquels  il  y  avait  peu  de  vapeur  d'eau.  Aussi,  les  détonations  n'ont-elles 
été  ({u'inlermitlentes  et  d'une  intensité  médiocre;  ce  n'est  que  le  20  mars 
({u'il  s'en  est  produit  d'assez  fortes  pour  faire  trembler  les  vitres  à  Catane. 

La  cascade  de  lave  du  Monte  Faggi  s'est  consolidée  le  \  avril,  les  coulées 
inférieures    se  sont  arrêtées  le  10;    les   laves  supérieures   ont  continué  à 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  17.)  I  V- 


to8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ravager  les  campagnes  jusque  vers  le  20  avril,  mais  aujourd'hui  leur  marche 
est  insignifiante  et  l'on  ne  voit  plus  d'incandescence  dans  les  laves  des 
bouches  effusives. 

Je  rappellerai  que,  lors  de  l'éruption  de  i883,  le  versant  méridional  de 
l'Etna  a  été  déchiré  par  une  fente  radiale  (constatée  par  MM.  Silvestri  et 
Arcidiacono),  qui  allait  en  serpentant  du  cratère  central  à  ceux  qui 
venaient  de  s'ouvrir.  Elle  se  bifurquait  ensuite.  Une  branche  était  dirigée 
vers  le  Monte  Segreta  et  l'autre  vers  Monte  Fusara  et  les  Monti  Rossi, 
cratères  de  l'éruption  de  1669.  Les  appareils  éruptifs  de  1886,  de  1892  et 
le  milieu  de  celui  de  l'éruption  actuelle  sont  tous  sur  les  traces  de  cette 
fente. 

Dès  lors,  on  comprend  que  les  laves  d'une  éruption,  avec  leur  tendance 
à  descendre,  soudent  et  recouvrent  la  partie  inférieure  de  la  fente  radiale, 
en  laissant  ouverte  la  partie  supérieure,  qui,  par  suite,  présente  une  voie 
plus  facile  pour  l'éruption  suivante.  Celle-ci,  dès  lors,  aura  une  tendance 
à  se  produire  au-dessus  du  point  de  sortie  de  l'éruption  précédente.  Cela 
a  eu  lieu  ainsi  pour  les  quatre  dernières  éruptions  de  l'Etna  rappelées  plus 
haut  : 

Eniplion  de  r883 io5o   ■ 

.)  1886 l'iSo 

»  1 892 1  8do 

»  IQ'0 2125 

La  dillérence  de  chacune  de  ces  altitudes  est  de  400™  pour  les  deux  pre- 
mières et  de  273™  pour  la  dernière. 

Je  n'ai  considéré  ici  ni  l'éruption  centrale  de  1899,  qui  appartient  à  un 
autre  type,  ni  celle  de  1908,  qui  a  été  avortée,  probablement  parce  qu'elle 
n'a  pas  trouvé  un  passage  préparé  par  une  fente  précédente.  On  sait  qu'elle 
n'a  duré  qu'un  jour  (  '  ). 

(  )n  pourrait  remarquer  que  peut-être  l'éruption  de  1889  n'a  fait  que 
rouvrir  une  fente  préexistante,  celle  de  l'éruption  de  1669;  j'ai  fait  voir 
d'ailleurs,  par  une  statistique  de  la  position  des  cratères  secondaires  de 
l'Etna,  que  leur  nombre  maximum  se  trouve  dans  la  direction  radiale  Sud- 
Sud-Est. 

Il  parail  plus  difficile  de  trouver  une  relation  entre  l'éruption  actuelle  et 


(')  A.  Lacroix,  Cnmplex  rendus^  2j  mai  et  12  juin  1908,  el  A.  Ricco,  Bull.  Accacl. 
Giocnia  Se.  nat.  Catania,  iqoS. 


SÉANCE  DU  2.5  AVRIL  IQIO.  to8l 

celle  de  1908,  caria  direction  de  leurs  fracLures  font  entre  elles  un  angle 
de  45°,  et  jusqu'à  présent  on  n'a  pas  trouvé  sur  le  terrain  de  trace  de  la 
continuation  de  l'une  dans  l'autre.  Néanmoins,  il  faut  remarquer  que  dans 
chacune  de  ces  éruptions,  le  Pianodel  Lago  a  été  fissuré  ;  les  fentes  principales 
de  1910  sont  dirigées  au  Nord  jusqu'au  pied  oriental  du  Monte  Fruniento, 
comme  en  i883.  S'il  y  a  des  fissures  joignant  les  deux  appareils  éruptifs, 
elles  auront  sans  doute  une  allure  très  irrégulière,  à  cause  de  la  complexité 
de  la  constitution  de  la  partie  haute  du  Val  del  Bove  et  elles  seront  difficiles 
à  reconnaître,  car  cette  région  du  volcan  est  d'un  abord  peu  accessible. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  enfin  qu'au  cours  de  l'éruption  de   1910   les 
cratères  de  1908  n'ont  présenté  aucune  trace  d'activité. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  l'évolution  de  l'hydrographie  quaternaire  dans  la 
région  de  Constantirie  {  Algérie).  Note  de  M.  L.  Jole.4ud,  présentée 
par  M.  A.  Lacroix. 

L'Atlas  tel  lien  est  constitué  par  une  série  de  plis  plus  ou  moins  paral- 
lèles et  de  direction  sensiblement  oblique  au  rivage  de  la  Méditerranée, 
qui  paraissent  avoir  déterminé,  dès  l'Oligocène  supérieur,  la  formation 
dans  leurs  intervalles  d'un  certain  nombre  de  bassins  fer/nés.  11  ne  semble 
pas  que  la  grande  transgression  marine,  qui  se  produisit  au  Miocène,  ait 
modifié  considérablement  le  relief  du  pays,  car  au  Pontien,  au  Plaisancien, 
à  l'Astien,  des  lacs  lagunaires  et  des  lacs  d'eau  douce  occupaient  toujours 
nombre  de  bas-fonds  de  l'Algérie  intérieure  et,  un  peu  partout,  il  s'y 
formait  des  dépôts  d'allure  à  peu  près  identique.  La  disposition  des  sédi- 
ments ultérieurs,  siciliens,  pléistocènes  et  néopléistocènes,  varie,  par 
contre,  suivant  qu'ils  sont  plus  ou  moins  éloignés  de  la  côte. 

Aux.  environs  de  Conslanline,  dans  la  basse  vallée  du  l3ou  Merzoug,  nous  avons 
observé  six  niveaux  d'alluvions  vers  les  altitudes  relatives  de  i5"-20™,  3o",  5o™-6o'", 
100"",  i5o'",  200™  (')  et,  siir  les  plateaux  d'Ain  el  Bey  et  du  Mansoura,  la  nappe 
de  200™  est  directement  superposée  à  des  travertins,  sables  et  argiles  avec  faune  de 
Mammifères  caractéristique  du  Sicilien  ancien,  Elephas  meridionalis  Nesti,  Hippo- 
potamus  amphibius  L.  var.  major  Cuv.,  Equus  Stenonis  Cocchi,  etc.  Il  s'ensuit 
que  le  creusement  de  la  vallée  près  de  Constantine  est  postérieur  aux  dépôts  du 
niveau  de  200"'. 


(')  M.  le  général  de  Laïuotlie  a  reconnu  également  six  niveaux  de  terrasses  à  ces 
mêmes  altitudes  relatives  dans  le  bassin  de  Tisser.  ■ 


Io82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  la  moyenne  vallée  du  Bou  Merzoug,  au  voisinage  d'Ouled  Rahmoun,  les  tra- 
vertins et  les  sables  du  Sicilien  ancien,  qui  ne  dominent  plus  le  lit  du  cours  d'eau  que 
de  100"  environ,  sont  ravinés  par  des  terrasses  se  montrant  les  unes  vers  So™,  les 
antres  vers  So"  et  vers  i5°'-20'"  au-dessus  de  la  rivière  actuelle.  Dans  la  partie  méri- 
dionale des  monts  de  Conslantine,  le  creusement  des  vallées  a  donc  dû  commencer 
un  peu  at'ant  tri  phase  de  sédimentation  des  cailloulis  de  5o"'. 

Dans  la  zone  limitrophe  des  monts  de  Conslantine  et  des  hautes  plaines  des  Oulcd 
Abd  en  Nour,  particulièrement  dans  la  moyenne  vallée  du  Bou  Merzoïig,  autour  d'El 
Guerra,  nous  avons  vu  les  travertins  et  les  sables  siciliens  diminuer  très  sensiblement 
d'altitude  par  rapport  au  niveau  des  eaux,  actuelles,  au-dessus  desquelles  ils  ne  s'élèvent 
guère  que  de  3o'"  environ.  Les  fermes  du  Gourzi  sont  installées  sur  la  terrasse 
de  iS^-ao"",  la  seule  qui  paraisse  exister.  Le  creusement  de  la  vallée  aurait  donc 
commencé,  ici,  un  peu  avant  le  dépôt  de  la  terrasse  de  iS^-ao™. 

Enfin,  dans  l'extrême  nord  des  Hautes  Plaines,  entre  Oued  Seguin  et  Telergma,  par 
exemple,  le  Sicilien  et  le  Pléislocène,  qui  occupent  de  larges  surfaces  doucement  incli- 
nées, présentent  une  série  d'assises  superposées  dans  leur  ordre  de  formation  :  ainsi, 
au-dessus  des  argiles  du  Pléistocène  ancien  à  Equus  cf.  Burchelli  Gray,  Bubalus 
antiquus  Dur.,  viennent  d'autres  argiles  renfermant  des  restes  de  l'industrie  raousté- 
rienne  (')  (Pléistocène  moyen).  Tout  cet  ensemble  argileux  est  raviné  par  l'Oued 
Seguin.  Dans  la  partie  nord  des  Hautes  Plaines,  le  creusement  des  vallées  actuelles 
daterait  donc  seulement  du  début  du  ISéopléistocène. 

Ces  observations  indiquent  que  les  anciens  bassins  fermés  de  la  région 
envisagée  ont  été  successivement  captés  par  des  cours  d'eau  tributaires  de 
la  Méditerranée,  et  à  des  époques  d'autant  plus  récentes  que  lesdits  bassins 
étaient  plus  éloignés  du  littoral.  Ces  captures  se  sont  accomplies  très 
probablement  lors  des  grands  mouvements  négatifs  de  la  mer  (-),  au 
Néopléistocène  ancien  dans  le  nord  des  Hautes  Plaines,  au  Pléistocène 
moyen  dans  la  zone  limitrophe  des  Hautes  Plaines  et  des  monts  de  Cons- 
lantine, au  Sicilien  récent  dans  la  partie  méridionale  des  monts  de  Cons- 
lantine, au  Sicilien  moyen  dans  les  environs  immédiats  de  cette  ville  ('). 

Et  cette  évolution  se  continue  à  Tlieure  actuelle.  Dans  les  Hautes  Plaines, 
au  sud  de  la  tète  du  Bou  Merzoug,  on  rencontre  d'abord  les  bassins  mi- 
fermés  du  cliott  Tinecilt  et  de  la  sebka  ez  Zmoul,  puis,  plus  à  l'intérieur. 


(')  Thomas,  Mém.  Soc.  Géol.  Fr.,  S"  série,  t.  III,  n"  2,  1884,  p.  36. 

(^)  Boule,  Les  grottes  de  Grimaldi,  t.  II,  1906.  —  L.  Joleaud,  Les  terrains  qua- 
ternaires de  ta  plaine  du  Comtat,  1910. 

(^)  Suivant  les  observations  de  Ville,  Pomel,  de  MM.  Ficheur  et  Brives,  la  vallée 
de  l'Oued  llarrach  a  été  creusée  à  300™  au-dessous  du  lit  actuel  et  une  large  plate- 
forme côtière  a  été  émergée  autrefois  au  nord  de  la  Bouzaréa  et  sur  l'emplacement 
d'une  partie  du  golfe  de  Gabès. 


SÉANCE  DU  2J  AVRIL  19IO.  I  o83 

les  bassins  encore  complélement  fermés  de  la  sebka  Djendeli  et  des  Gueraa. 
Les  premiers  reçoivent  une  partie  des  eaux  du  revers  nord-ouest  de 
TAures  (')  et,  en  cas  de  crue  excessive,  ces  eaux  effluent  vers  le  Bou 

Merzoug  (-). 


HYDROLOGIC.  —  Recherches  sur  l'ionisation  de  la  source  chaude  des  thermes 
d' Hammam-Salahin,  prés  de  liiskra.  Note  de  M.  Albert IVodov,  présentée 
par  M.  Edmond  Perrier. 

Pendant  un  séjour  dans  le  Sud-Algérien  pour  y  remplir  une  mission 
scientifique,  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  pouvoir  étudier  l'ionisation  et  la 
radioactivité  de  l'eau  de  la  fontaine  chaude  d'Hammam-Salaliin. 

Celle  source  est  située  à  C""  au  nord  de  Biskra,  au  pied  des  dernieis  coutreforls 
des  monts  Atlas. 

Son  débit  est  de  i5oo'  à  la  minute  et  sa  température  au  griffon  est  de  46°  C. 

A  sou  point  d'émergence  elle  présente  une  belle  teinte  bleu  foncé;  sa  limpidité  est 
grande  en  temps  habituel;  mais  par  les  journées  orageuses  comme  celles  du  27  et  du 
28  mars  1910,  l'eau  prend  au  contraire  une  teinte  opalescente  qui  provient  de  la  mise 
en  liberté  de  soufre  pulvérulent  provenant  des  sulfures  qu'elle  renferme. 

L'eau  d'Hamniam-Salahin  est  chlorurée,  sodique  et  sulfurée.  Sa  saveur  est  franche- 
ment salée  et  son  odeur  sulfureuse.  Le  soufre  s'y  trouve  à  l'état  de  sulfure  de  sodium. 

Ces  eaux  sont  employées  en  boisson,  mais  surtout  sous  forme  de  bains, 
pour  le  traitement  des  affections  cutanées,  des  voies  respiratoires,  de 
l'arthritisme,  du  lympliatismc  et  dans  les  alï'ections  utérines. 

Grâce  à  l'obligeance  du  directeur  de  l'établissement,  je  pus  me  procurer 
1'  d'eau  puisée  au  griffon  même. 

Le  flacon  fut  complètement  rempli  et  bien  bouché,  et  je  pus  en  effectuer 
l'analyse  radioactive  à  Biskra,  3  heures  après  la  prise. 


(')  Une  autre  partie  des  eaux,  du  revers  nord-ouest  des  montagnes  de  l'Aures, 
situées  à  So''-"  au  sud  du  chott  Tinecilt,  a  été  plus  ou  moins  parfaitement  captée  par 
l'oued  el  Kantara  au  profit  du  bassin  saharien  du  chott  Melrir. 

(2)  Le  chott  Tinecilt  et  la  sebka  ez  Zmoul  se  trouvent  à  2""°  à  peine  de  ravines  nor- 
malement tributaires  du  Bou  Merzoug.  Les  récents  phénomènes  de  capture  des  Hautes 
Plaines  constantinoises  ont  fait  l'objet  d'une  controverse  entre  MM.  Grund  {Sitzber. 
d.  fc.  k.  Akad.  d.  Wiss.  su  Wien,  l.  LXV,  1906,  p.  525)  et  Passarge  {Globus,  t.  XCIV, 
1908,  p.  169).  —  \oir,  à  ce  sujet,  L.  Joleaud  et  A.  Joly,  Ass.  franc.  Ai'.  Se, 
l.  XXXV'III,  Lille,  1909,  p.  200. 


Io8Zi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'utilisais  clans  ce  bul  un  élecliomèlre  à  feuille  d'aluminium,  d'un  modèle  spécial, 
que  j'avais  transporté  pour  eflectuer  des  recherclies  sur  la  Plij'sique  du  globe  terrestre. 

Je  m'étais  également  muni  d'un  étalon  de  is  d'oxyde  noir  d'uranium  en  prévision 
d'analyses  sur  la  radioactivité. 

Une  petite  balance  complétait  cet  outillage  qui  me  permit  de  déterminer  le  degré 
d'ionisation  de  cette  eau  avec  suffisamment  d'exactitude. 

En  prenant  pour  unité  l'ionisation  produite  par  is  d'oxyde  noir  d'uranium,  l'ionisa- 
tion y>OA77/re  de  l'eau  fut  trouvée  égale  à  o,i  par  litre  et  l'ionisation  négative  à  o,o5  par 
litre. 

L'eau  est  donc  à  la  fois  radioactive  dans  la  proportion  deo,o5  par  litre,  et  ionisée 
positivement  dans  la  même  proportion  de  o,o5. 

La  polarité  nettement  positive  de  cette  source  lui  communique  des  pro- 
priétés calmantes,  sédatives  et  cicatrisantes  analogues  à  celles  que  j'avais 
déjà  constatées  dans  diverses  sources  sulfureuses  de  la  région  des  Pyrénées. 

La  radioactivité  et  l'ionisation  des  sources  thermales  parait  donc  être  un 
fait  général,  aussi  bien  en  Europe  qu'en  Afrique,  et  le  signe  de  la  j3(r)larisation 
de  l'eau  paraît  jouer  un  rôle  de  premier  ordi'e  dans  les  propriétés  thérapeu- 
tiques et  chimiques  de  ces  sources  thermales. 


La  séance  est  levée  à  4  heures  et  quart. 

G.  D. 


BUI.LRTIN     RIBI.IOGRAPliKjVE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   ii   avril  1910. 

Icônes  niycologicœ,  par  Boudif.r,  Correspondant  de  l'Institut;  6°  série,  livraison  28. 
Paris,  Paul  Klincksieck,  1910;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Rapport  sur  l'attribution  du  prix  Fonlannes[de  la  Société  géologique  de  France], 
par  W.  KiLiAW,  Correspondant  de  l'Institut.  Paris,  1909;  i  fasc.  in  8".  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Sur  le  gisement  bajocien  de  Villard-d' Arène  {Hantes-Alpes)  et  sur  un  tc/iinide 
nouveau  du  Massif  du  Pehoux,  par  MM.  W.  Kilian,  Correspondant  de  l'Institut,  et 
Jules  Lambert.  Grenoble,  1909;  i  fasc.  in-S". 

Die  Théorie  des  Fârbeprozesses,  von  L.  I'elet-Jolivet,  mit  14  Abbildungen  und 
melircren  Tabellen.  Dresde,  Tlieodor  SteinkopIT,  igio;  i  vol.  in-8".  (Présenté  par 
M.  Haller.) 

Statistit/ue  sanitaire  de  la  France;  i'"  partie  :  ]  illes  de  jooo  habitants  et  au- 


SÉANCE    DU    l>5    AVRIL    1910.  IoS5 

dessus,  année  1908,  28°  année.  Ministère  de  l'Intérieur,  Direction  de  l'Assistance  et 
de  l'Hygiène  publiques,  5''  Bureau;  1910.   l  vol.  in-S». 

Commission  du  Sen'ice  géologique  du  Portugal.  Mollusques  tertiaires  du  Por- 
tugal. Le  Pliocène  au  nord  du  Tage  (Plaisancien),  par  Gustave-F.  Doli.fl's  et  J.-C. 
Berkeley  Cotter;  F'  partie  :  Pelecypoda,  précédée  d'une  Notice  géologique,  avec 
9  planches.  Lisbonne,  Imprimerie  nationale,  1909;  i  fasc.  in-4°. 

Notes  botaniques  sur  la  région  du  bas  et  moyen  Congo;  fascicule  1  :  Plantes 
principales  de  la  région  de  Kisantu,  leur  nom  indigène,  leur  nom  scientifique, 
leurs  usages,  par  J.  Gillet  et  E.  PÀytE.  {Annales  du  Musée  du  Congo  belge  :  Bota- 
nique, 5"  série.)  Bruxelles,  Spineux,  191  o;  i  fasc.  in-f°. 

Beric/it  iiher  die  aerologische  Expédition  des  kôniglichen  aeronautischen  Obser- 
vatoriums  nach  Ostafrica  ini  Jalire  1908,  erstallel  von  ilirem  Leiter  Arthur  Berson; 
mit  i3  in  den  Text  gedruckten  Abbildungen  und  21  Tafeln.  {Ergebnisse  der  Arbeilen 
des  Aô/iiglich-preussiscben  aeronautischen  Observaloriums  bei  Lindenberg,  heraus- 
gegeben  durch  dessen  Direklor  Richard  âssmann.)  Brunswick,  Friedrich  Vieweg 
et  fils,  1910;  I  vol.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séajsce  du   18  avril   1910. 

Le  Opère  di  Galileo  Galilei,  edizione  nazionale  sotto  gli  auspicii  di  Sua  Maesta  il 
Re  d'Italia;  Volume  X\  ed  ultimo.  Florence,  Barbera,  1909;  i  vol.  in-4°.  (OiTert  par 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  d'Italie.  Présenté  par  M.  Pli.  van  Tieghem.) 

Observatoire  national  astronomique,  chronométrique  et  météorologique  de  Be- 
sançon. A'Â'P  Bulletin  chronométrique,  année  1908-1909,  publié  par  M.  A.  Lereuf, 
Directeur  de  l'Observatoire.  Besançon,  J.  Millot  et  G'",  1909;  i  fasc.  in-4''.  (Présenté 
par  M.  Ph.  van  Tieghem.) 

Fabrication  et  emploi  des  matériaux  et  produits  réfractaires  utilisés  dans  l'in- 
dustrie, par  Albert  Oranger.  Paris,  Ch.  Béranger,  1910;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Troost.) 

Le  point  sans  l'horizon  de  la  mer.  Horizon  gyroscopique  de  l'amiral  Fleuriais, 
modèle  de  MM.  Ponthus  et  Therrode,  constructeurs,  par  M.  L.  Favé.  Paris,  R.  Cha- 
pelot  et  G",  1910;  I  fasc.  in-S". 

On  a  certain  cubic  surface  called  the  Môbius  surface,  by  G.-E.  Cullis;  part  2. 
{Bull,  of  the  Calcutta  Math.  Soc,  t.  I,  n"  2,  july  1909.)  1  fasc.  in-8". 

Contributions  to  the  theory  of  screws,  by  Sir  Robert  Ball.  {Proceedings  of  tlie 
Royal  Irish  Academy,  t.  XXVIII,  sect.  A,  n"  2.)  Dublin,  1910;  i  fasc.  in-4°. 

The  fruits  of  médical  research  with  the  aid  of  anœsthesia  and  asepticism,  by 
Gharles-W.  Eliot.  Address  delivered  at  the  Massachusetts  gênerai  Hospital  on  the 
sixty-third  anniversary  of  Ether  Davy,  oclober  16,  1909.  Boston,  imp.  Barta;  i  fasc. 
10-8°. 

Estudio  anatomico  de  la  piel  ciel  gallipato,  por  José  Gogorza.  {Mem.  R.  Soc.  esp. 
Jiist.  nat..  t.  VI,  n°  3,  1909.)  Madrid,  i  fasc.  in-8''. 

Annali  deir  Uf/icio  centrale  meleorologico  e  geodinamico  italiano;  série  seconda, 


Io86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

t.  XVill,  parle  i",  1896;  t.  XIX,  parle  i\  1897;  t.  XXVII,  parle  i%  igoS;  l.  XXVIII. 
parte  i",  1906.   Rome,   Imprimerie  nalionale  de  G.  Bertero  el  C'°,  1907-1909;   4  vol. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  25  avril  1910. 

Studio  siillo  sviluppo  dei  metodi  geometrici,  Conferenza  del  prof.  Gastone  Dau- 
Boux,  lella  il  24  seltembre  1904  al  Congresso  délie  Scienze  ed  Arti,  a  Saint-Louis. 
(Extr.  de  Periodico  di  Matemalica,  25"  année,  fasc.  4  et  5,  1910.)  i  fasc.  in-S". 
(Hommage  de  l'auteur.) 

Rapport  :  La  Carie  iiilernationale  de  la  Terre  à  rô^oôôô'i  P^""  ^^-  Alfred  Grandi- 
DiEH.  (Extr.  des  Comptes  rendus,  t.  150,  p.  198;  séance  du  2/4  janvier  1910.)  Paris, 
Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-4''. 

Le  classement  et  les  catalogues  des  Ouvrages  imprimés  à  la  Bibliothèque  de 
l'Institut,  par  Henri  Dkhérain.  (Extr.  du  Bulletin  de  T  Association  des  Bibliothécaires 
français,  janvier-février-mars  1910.)  Paris,  imp.  Berger  et  Chausse,  1910;  i  fasc. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Darboux.  Hommage  de  l'auteur.) 

Muséum  d'Hisloire  naturelle  de  Genève.  Catalogue  illustré  de  la  Collection 
Lamarck  :  Brachiopodes  fossiles  :  22  planches.  Genève,  Georg  et  G'''.  1910;  un  porte- 
feuille in-4°.  (Présenté  par  M.  Edmond  Perrier.) 

Kataloge  der  Inkunabeln  der  Schwedischen  ôffentlichen  Bibliotheken,  von  Isak 
CoLLiJN.  m  ".  Katalog  der  Inkunabeln  der  Stifts-  und  Gymnasial-Bibliotek  za 
Linkôping.  Upsal,  Almqvist  et  Wiksell,  et  Leipzig,  Rudolf  Haupt,  1909;  i  fasc.  in-8". 

Observatoire  national  de  Besançon.  Règlement  chrononictrique ,  applicable  à 
partir  du  \"  mai  1910.  Besançon,  J.  Millot  et  G'",  1909;  i  fasc.  in-S". 

Rapport  sur  le  Concours  de  réglage  de  chronomètres  de  l'année  1909,  présenté  à 
la  Classe  d'Industrie  et  de  Commerce  de  la  Société  des  Arts  de  Genève,  le  21  février  igio, 
par  M.  le  professeur  Raoll  Gautier,  directeur  de  l'Observatoire  de  Genève,  s.  I.  n.  d.; 
I  fasc.  in-8°. 

Les  prix  Nobel  en  1907.  Stockholm,  Imprimerie  royale  P. -.\.  Xorstedlet  fils.  1909; 
r  vol.  in-8''.  (Publication  faite  par  ordre  des  corporations  chargées  de  déierner  les 
prix  Nobel.) 

Unii'ersitati  Lipsiensi  sœcularia  ijuinla  diebus  AAVJII-A^AA'mensisjulii  A.  D. 
MCM/A'  celebranti  gratulantur  Universitatis  Upsaliensis  Rector  et  Senatus. 
Upsala,  Almqvist  et  Wiksell,  1909;  i  fasc.  in-4''. 

Le  centenaire  du  «  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  n,  1809-1909.  Ilistiure  du 
Journal  et  Notices  biographiques,  par  Emile  Bourquelot,  avec  82  portraits.  P;iiis, 
Octave  Doin  et  fils,  1910;  i  fasc.  in-8°. 

Fondation  pour  l'Internationalisme  :  L'Internationalisme  médical,  par  l'.-H. 
EiJKMAN.  (Publication  du  «  Bureau  préliminaire  de  la  Fondation  pour  l'Internationa- 
lisme »,  à  La  Haye.)  Anislerdam,  F.  van  Rossen,  1910;  i  vol.  in-8°. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  2   MAI   1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICAliD. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrét.ure  perpétuel  annonce  que  le  Tome  CXLVIII  des  Comptes 
rendus  (i*"""  semestre  1909)  est  en  distribution  au  Secrétariat. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  LI  des 
Mémoires  de  r Académie  des  Sciences,  accompagné  d'un  Atlas,  est  en  distribu- 
tion au  Secrétariat.  Ce  Volume  contient  la  reproduction  de  tous  les  Mémoires 
et  travaux  de  Meusnier  relatifs  à  l'Aérostation  et  restés  jusqu'ici  inédits 
pour  la  plus  grande  partie. 

MÉTÉOROLOGIE.    —  Sur  la  lutte  contre  la  grêle  dans  le  Beaujolais. 
Note  de  M.  J.  Violle. 

J'ai  déjà  entretenu  l'Académie  (  '  )  de  la  lutte  con  tre  la  grêle,  menée  avec  une 
rare  énergie  par  le  Syndicat  du»Beaujolais,  et  je  lui  ai  fait  connaître  les  pre- 
miers résultats  de  la  statistique  des  dégâts  annuellement  subis  avant  et 
depuis  la  défense  par  les  seize  communes  pour  lesquelles  le  Syndicat  avait 
pu,  dès  le  début,  établir  une  comparaison  raisonnée.  Depuis  lors,  le  temps 
a  marché,  apportant  son  poids  à  la  statistique;  et,  à  la  suite  de  son  Tableau 
des  pertes  occasionnées  par  la  grêle  depuis  l'organisation  de  la  défense  dans 
les  seize  communes  témoins,  de  1901  à  1909,  le  Syndicat  remarque  (')  : 

1°  Que  pour  ces  9  années  les  pertes  se  sont  élevées  à  i  700  435*^''  au  lieu  de 
i3  millions  pour  les  10  années  qui  ont  précédé  la  défense;  qu'en  moyenne 
elles  ont  donc  été  près  de  huit  fois  moins  fortes  ; 

(')  J.  \  lOLLii,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  1900,  p.  342. 

(-)  .1.  CuATiLLON  et  B.  Blanc,  Compte  rendu  des  expériences  de  lir  contre  la  grêle 
du  Beaujolais  en  1909. 

C.  K.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N-  18.)  I^^ 


Io88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2°  Qu'en  1901,  rgo4et  1909,  les  seize  communes  témoins  n'ont  eu  aucun 
dégât,  fait  qui  ne  s'était  produit  qu'une  seule  fois,  en  1894,  dans  la  période 
des  10  années  antérieures; 

3"  Qu'enfin  neuf  communes  ont  été  constamment  et  totalement  épargnées. 

De  son  côté,  le  savant  directeur  de  l'Observatoire  de  Lyon  a  dressé  une 
statistique  qui  ne  concorde  guère  avec  celle  du  Syndicat;  toutefois  les  dis- 
cordances ne  sont  pas  telles  qu'elles  puissent  changer  le  sens  du  résultat. 

Cependant  ce  sens  est  interverti;  la  récente  Note  de  M.  André  dans  les 
Comptes  rendus  (')  l'affirme.  Il  importe  d'en  chercher  la  cause. 

Sur  le  nombre  total  des  stations  munies  d'appareils  grêlifuges,  M.  André 
ne  considère  chaque  année  que  celles  qui  sont  atteintes,  et  il  compare  les 
dégâts  qu'elles  ont  subis  aux  dégâts  qu'elles  éprouvaient,  année  moyenne, 
pendant  la  période  des  20  années  (1881-1900)  antérieures  à  la  défense. 
Comme  pendant  cette  longue  période  les  stations  considérées  n'étaient  pas 
grêlées  tous  les  ans,  le  dégât  subi  en  cette  année  où  elles  sont  touchées 
sera  presque  nécessairement  supérieur  à  la  moyenne  considérée;  d'ailleurs 
on  ne  s'occupera  plus  de  ces  stations  les  années  suivantes  où  elles  ne  seront 
pas  grêlées.  Les  termes  de  la  comparaison  diffèrent  ainsi  d'une  année  à 
l'autre. 

En  outre,  M.  André  laisse  intervenir  les  stations  nouvelles  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  création,  ce  qui  complique  encore  les  choses. 

Le  Syndicat  opère  d'une  façon  simple  et  correcte  :  il  suit  toujours  les 
seize  communes  témoins,  et  pour  chaque  année  il  compare  la  somme  des 
dégâts  sur  l'ensemble  de  ces  communes  à  la  somme  des  dégâts  que  le  môme 
ensemble  de  communes  subissait,  année  ^noyenne,  pendant  la  période 
1891-1900  antérieure  à  la  défense. 

La  Note  de  M.  André  nous  présente  un  Tableau  résumant  les  résultats  de 
sa  méthode  de  calcul,  .le  l'ésumerai  de  même  les  résultats  auxquels  conduit 
la  méthode  de  calcul  adoptée  par  le  Syndicat.  Et,  pour  ne  pas  faire  intervenir 
de  complications  étrangères  au  point  considéré,  je  prendrai  les  évaluations 
des  dégâts  données  par  M.  André  (-). 

La  période  antérieure  au  tir  pour  laquelle  le  Syndical  s'est  trouvé  suffi- 
samment renseigné  sur  les  dégâts  éprouves  par  les  seize  communes  témoins 


(')  Cil.  André,  Comptes  rendus,  t.  CL,  1910,  p.  loio. 

(')  Ces  nombres  sont  extraits  de  la  brochure  Sur  le  tir  grêlifage  et  ses  effets, 
publiée  par  la  Commission  départementale  de  Météorologie  du  Rhône,  sous  les 
auspices  du  Conseil  général,  Lyon   1907. 


SÉANCE  DU  2  MAI  I9IO.  1089 

ne  comprend  que  les  10  années  1891-1900;  il  donne  pour  la  somme  des 
dégâts  subis  par  l'ensemble  des  seize  communes,  année  moyenne,  i332  8oG'''. 
M.  André  a  pu  établir  sa  moyenne  sur  les  20  années  188 1-1900;  d'après 
ses  chiffres  la  somme  des  dégâts  subis  par  l'ensemble  des  seize  mêmes 
communes,  année  moyenne,  est  1 196860'''.  L'accord  est  d'autant  plus 
remarquable  qu'il  n'est  pas  nécessaire.  Pourquoi  cesse-t-il  précisément 
quand  il  devrait  exister?  (juoi  qu'il  en  soit,  j'adopterai,  comme  pour  tout 
le  reste,  le  nombre  de  M.  André  touchant  les  dégâts  que  l'ensemble  des 
seize  communes  considérées  éprouvait,  année  moyenne,  avant  le  tir. 

-l'ai  alors  pour  les  seize  communes  témoins  le  Tableau  suivant  dont,  pour 
la  facilité  du  lecteur,  je  calque  la  disposition  sur  celui  de  la  Note  parue  au 
précédent  numéro  des  Comptes  rendus. 

Pertes  subies  mensuellement  par  les  seize  communes  témoins 
comparées  à  la  perte  moyenne  annuelle  de  l'ensemble  avant  la  défense. 

Diffc'rence 
Nombre  i«  .    --   ^ji" — , 

de  communes  Dégàls,  en  plus       en  moins 

atteintes  année  moyenne  de  la  de  la 

Années.  par  la  grèlc.  Dégdts.  (1881-1900).  moyenne,     moyenne. 

rr  fr  fr 

1901 o  I)  I  196860  »  I  196860 

1902 5  743592  1196860  »  453268 

1908 4  691563  I  196860  »  5o5  297 

1904 I  5685  I  196860  »  I  191  175 

1905 3  188674  I  196860  »  io58i86 

19060 2  raSiio  I  196860  »  10687.50 

Tolaux i5  1707624  7 181  160  I)         5473536 

^Moyennes...         2,5  28^604  i  196860  »  912256 

Pendant  ces  6  années,  les  dégâts  sur  le  champ  de  tir  considéré  ont  été  les 
0,2/1  de  ce  qu'ils  étaient  antérieurement.  Dans  tout  le  département  pendant 
le  même  temps  ils  ont  été  les  0,76  de  ce  qu'ils  avaient  été  dans  les  20  années 
précédentes. 

Il  serait  imprudent  de  tirer  de  ces  nombres  aucune  conclusion  formelle. 
Peut-être  cependant  y  trouvera-t-on  quelque  sujet  d'encouragement. 

Nous  devons  souhaiter  qu'une  expérience  qui  a  déjà  coûté  tant  d'efforts 
généreux  ne  soit  pas  arrêtée  par  certaines  divergences  d'interprétation  et 

{')  Je  ne  puis  prolonger  le  Tableau  plus  loin,  n'ayant  pas  les  données  sur  les  années 
1907  et  1908. 


1 090 


ACADEMIE   DES    SCIENCES. 


qu'elle  se  poursuive  encore  assez  longtemps  pour  aider  à  la  manifestation 
de  la  vérité. 

M.  Gkorges  Lemoi\e,  après  la  Communication  de  iVl.  VioUe,  rappelle 
les  nombreuses  expériences  fie  tir  contre  la  grêle  qui  oui  <''té  faites  en  Italie, 
notamment  dans  les  environs  de  Vicence.  Ces  expériences,  très  variées,  ont 
duré  plusieurs  années  :  le  résumé  en  a  été  publié  dans  V Annuaire  de  la 
Société  météorologique  de  France  (1907,  p.  72).  Après  une  discussion  très 
approfondie  et  conduite  d'une  manière  tout  à  fait  scientifique,  la  conclusion 
pour  Futilité  des  tirs  contre  la  grêle  a  été  absolument  négative,  et  le  Gou- 
vernement italien  a  fini  par  supprimer  toute  subvention. 

M .  J.  VioLi.E  répond  que  la  situation  particulière  du  clunnp  de  tir  de  Castel- 
franco  Venelo  ne  permet  pas  de  généraliser  les  résultats  des  expériences 
qui  ont  été  faites.  Pour  arriver  à  des  conclusions  indiscutables,  il  est  néces- 
saire d'opérer,  avec  toute  la  précision  possible,  dans  plusieurs  localités 
difleremment  situées,  de  manière  à  éliminer  les  influences  orogéniques.  Tel 
est  précisément  le  système  des  expériences  qu'il  s'occupe  d'organiser  sous 
les  auspices  du  Ministère  de  l'Agriculture. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  un  mode  de  génération  des  systèmes 
triple-orthogonaux  à  lignes  de  courbure  sphèriques  dans  un  seul  système. 
Note  de  M.  C.  Guiciiakd. 

M.  Darboux  (^Leçons.,  4*^  partie,  Cbap.  XIl)  a  indiqué  un  moyen  de 
former  ces  systèmes.  On  part  d'un  système  triple  à  lignes  de  courbure  planes 
dans  un  seul  système  et  l'on  en  déduit  les  systèmes  chercliés  par  une  inver- 
sion suivie  d'une  transformation  particulière  de  Combescure.  On  a  ainsi 
une  solution  complète  de  la  question.  J'ai  pensé  cependant  qu'il  ne  serait 
pas  inutile  de  se  placer  à  un  autre  point  de  vue,  d'autant  plus  que  je  pourrai 
ainsi  établir  la  réciproque  d'une  propriété  de  la  surface  des  centres  des 
spbères,  propriété  indiquée  par  M.  Darboux. 

Soit  M  (X,,  X,,  ...,  X-)  un  point  qui  décrit  un  réseau  O  à  deux  indéter- 
minées U2,  M3  dans  l'espace  à  cinq  dimensions.  A  ce  réseau  correspond  un 
déterminant  O 


A  = 


y^ 


y-- 


ayant  pour  rotations 


SÉANCE  DU  2  MAI  I9TO. 

a.  e,     g,     m, 

b,  /,  k.     n. 


[Ô91 


[Les  notations  sont  celles  de  mon  Mémoire,  Sur  les  systèmes  orthogo- 
naux, etc.  {A.  E.  N.,  1903,  Cliap.  VI).]  On  sait  qu'on  a 


(>) 


(2) 


(3) 


àa 
du, 
db 
du. 


=:  bin. 


de 


ab  -\-  ef 


dX,- 
âUi 
da 
du. 


dir, -■'•"■ 

du. 

df 

-T-  =  en, 
du. 

dk 
du. 

,        dm 

?k+ h 

du?, 

dn  _ 
du,  ~ 

bl..          p 
du  3 

^  l-m. 

dl 

m ,            -— 

du. 

z^hn. 

^  km. 


On  peut  poser 

(4) 


-lhJCi  +  Piyi  +  PiZi+qti+  r-fu 


Si  l'on  différenlie  l'équation  (4)  par  rapport  à  a,  et  «3  on  aura,  en  iden- 
tifiant avec  les  formules  (3)  et  en  tenant  compte  de  la  valeur  des  dérivées 
des  éléments  de  A 


(5) 


(6) 


dih 
du, 

du. 


=  cuj, 
-  br. 


dp, 

du,         ' 

dp, 
du. 


/'-, 


dp. 
du, 

àpi 
du. 


—  A''/- 


r=  kr. 


à<1 


dq  _ 

djr,-' 

EL 

du. 


mq. 


h  =z—  \^ap,  +  ep,-\-  gp,  +  -T-^  -f-  mr 


bpi  +fp,  +  kp,  +  nq+  -^ 


Cela  posé,  j'appelle  tripel-orthogonal ^m  réseau  M,  l'ensemble  des  points 
dont  les  coordonnées  Z,,  Zj,  . . .,  Zg  sont 

Z,-=  X,-f-  V, X, -H  Y2 JV+  V3;,. 

Y,,  Y.j,  Y.|  étant  absolument  arbitraires. 

Je  prends  maintenant  cinq  fonctions  de  ;/,  seul,  Ô,,  Oj,  ...,  0,;  telles  que 


(7) 


i^'=°.  2(êy=- 


1092  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Il  est  facile  de  déterminer  ces  fonctions.  Tout  d'abord,  on  remarque  que 
si  l'on  multiplie  tous  les  9,-  par  une  même  fonction  de  m,,  les  équations  (7) 
ne  cessent  pas  d'être  vérifiées.  On  pourra  prendre 

T,,  To,  T3  étant  les  coordonnées  d'un  point  qui  décrit  une  courbe  isotrope. 
Des  équations  (7)  on  déduit 


(9) 


7   5,-;— =0.  >    6',-j— 5-=o,  >  -j-^  -j-i-  =0. 

^^      dii^  ^^      dui  ^4  dui  du\ 


Pour  employer  un  langage  géométrique,  je  dirai  que  la  droite  issue  de 
l'origine  et  qui  a  pour  paramètres  directeurs  6,,  0„,  ...,  O5  décrit  un  cône 
doublement  isotrope;  j'appellerai  plan  langent  à  ce  cône  l'ensemble  des 
points  dont  les  coordonnées  Z,,  Z^,  . . .,  Z^  sont  de  la  forme 

Li—  Ibi-h  iJ--]—' 
'   du  i 

X  et  p.  étant  arbitraires. 

Je  prends  maintenant  les  points  communs  au  tripel-ortbogonal  au  réseau  M 
et  au  plan  tangent  au  cône  double  isotrope;  c'est-à-dire  que  je  détermine 

Y,,  Yo,  Y3,  À,  p.  par  les  équations 

(10)  Z,  =  X,-  +  Y,  u-,  H-  \, y,  +  Y3 z,  =  '//J,  +  :^-  ^  • 

Je  dis  que  le  point  qui  a  pour  coordonnées  \  ,,  \  ;,,  Y3  décrit  un  système 
cherché. 

Tout  d'abord,  des  formules  (10)  et  (4)  on  déduit 

(11)  a;{\\-  p,)  -^  y,(\,-  p,)  +  z,{\,—p,)  -  qi,  -  r-f„^lO,-+  p.^. 

En  élevant  au  carré  les  cinq  formules  (i  1)  et  en  ajoutant,  on  a 

(12)  (Y,-y,,)»+(Y,-/A)^+(V,-/;;,)^-t-y^+'--^=o. 

Ceci  montre  que  si  11,  varie  seul,  le  point  (Y,,  Y,,  Y.,)  décrit  une  courbe 
tracée  sur  une  sphère  S  dont  le  centre  G  a  pour  (^ordonnées  y^,,  p.,,  p^  et 
dont  le  rayon  p  est  donné  par 

(13)  _p!=^î+,.î. 

D'autre  part,  en  diflérenliant  les  équations  (10)  successivement  par  rap- 


(•4) 


SÉANCE  DU  2  MAI  IpIO.  IOqS 

port  k  II,,  II.,,  11^  on  trouve 

dit  (9Y,  rfYs  dY, 

OJ/i  rf«i  0"i  aii^ 

=  9,-5 ^  -7-^  P'  +  T^      +  -W  i^- 

c>Z,-        _  ,  ^.          --           -,  ^            t)Y,            dY,           dY, 

d/'s         ■  c^'/a        •^     ()ll.2             Ou-i 

_f.  ^  dBj   àiJ. 

'  au 2  du ^  au. 2 

dZi          , ,  , .-         -,-        , .,  ,           <^Y,            dY,           dY; 

_  ç,    d\         dOi    ô[j. 
ôu-i        du,  ôu; 

Multiplions,  membre  à  membre,  deux  quelconques  de  ces  formules  et 
faisons  la  somme  pour  toutes  les  valeurs  de  l'indice  ?',  on  aura,  si  a  et  p  sont 
deux  indices  différents  ayant  les  valeurs  i,  2,  3,  en  tenant  compte  des 
équations  (7)  et  (9), 

V  6)Z,   dZj  _  Y  dYj  ôYi  _ 

^'^^  2^du^rhi^~  24du.^dui^~°' 

Ce  qui  montre  bien  que  le  point  ayant  pour  coordonnées  Y,,  Yo,  Y, 
décrit  un  système  triple-orthogonal.  On  obtient  d'ailleurs,  par  cette 
méthode,  tous  les  systèmes  triple-orthogonaux  à  lignes  de  courbure  sphé- 
riques  dans  un  seul  système. 

Au  point  de  vue  de  la  détermination  de  ces  systèmes,  ma  méthode  montre 
que  la  seule  difficulté  analytique  est  de  connaître  le  tripel-orthogonal  à  un 
réseau  O  de  l'espace  à  cinq  dimensions.  Comme  beaucoup  de  ces  tripel 
peuvent  être  formés  effectivement,  on  voit  qu'on  aura  très  simplement  des 
systèmes  triple-orthogonaux  possédant  la  propriété  indiquée.  Je  laisse  de 
côté  cette  application  pour  examiner  la  congruence  de  sphères  (S)  et  la 
surface  (G)  décrite  par  les  centres  de  ces  sphères.  Les  formules  (i),  (2), 
(5),  (i3)  ne  diffèrent  pas  de  celles  qui  ont  été  établies  par  M.  Darboux 
{loc.  cit.)  ;  M.  Darboux  a  montré  que  ces  formules  constituent  des  conditions 
nécessaires  ;  je  viens  d'établir  que  ces  conditions  sont  suffisantes. 

On  peut  donner  une  interprétation  géométrique  de  ces  formules.  Les 
formules  (5)  montrent  que  les  courbes  u^  =  const.,  «3  =  const.  tracent  un 
système  conjugué  sur  la  surface  des  courbes  (G);  les  tangentes  aux  courbes 
de   ce  réseau  ont  pour  paramètres   directeurs  a,  e,  g  d'une  part,  h,  f,  k 


I094  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'autre  part.  L'équation  (2)  exprime  que  ce  réseau  est  ce  que  j\ii  appelé  un 

réseau  (K).  L'équation  de  Laplace  de  ce  réseau  est 

d'O      _  i    dq    00         1    Or    dO 
^     '  àUi  d«3       '/  dus  da-y       >'  àu.2  duj 

Cette  équation  admet  la  solution 
D'autre  part,  on  peut  prendre  pour  coordonnées  de  la  sphère  S 

Y,=/^l,  "^2  —  p2-  ^3  —  p3 

\.-i-  i\,  =  pl  +pI  -^pI  -p'-  =  p]-+-pl  -^pl  +  q-'+r\ 
V4— «¥5  =  — I. 

Les  fonctions  Y  satisfont  à  l'équation  (16)  et  l'on  a 
2y^  =  -<7^+,' 

La  propriété  caractéristique  de  la  congruence  de  sphères  (?>)  est  d'être  une 
congruence  C. 

CORRESPOINDAIVCE . 

M.  le  Seckktaiue  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  en  la  personne  de  M.  Edouard  van  Beneden,  Correspondant  pour 
la  Section  d'Anatouiie  et  Zoologie,  décédé  à  Liège  le  28  avril  1910. 


jyjme  yve  iHj^urice  Lœwy  adressc  ses  remercîments  à  l'Académie  pour  la 
distinction  qu'elle  vient  d'accorder  à  l'ensemble  des  travaux  astronomiques 
de  son  mari. 


M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- Arts  invite 
l'Académie  à  lui  désigner  ceux  de  ses  Membres  qui  pourraient  se  rendre, 
comme  délégués  de  son  Déparlement,  au  //*  Congrès  international  du  Froid, 
qui  se  tiendra  à  Vienne  en  octobre  ujio. 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  lOpS 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Quatrième  Congrès  international  d'Aéronautique,  Nancy,  i8-23  sep- 
tembre 1909.  Procès-verbaux,  Rapports  et  Mémoii-es.  (Présenté  par  le  Prince 
Roland  Bonaparte.) 

2"  Le  fascicule  4,  Tome  I,  de  la  Flore  générale  de  i Indo-Chine,  publiée 
sous  la  direction  de  M.  H.  Lecomte.  (Présenté  par  M.  Mangin.) 

3°  Traité  de  Géologie,  t.  II  :  Les  périodes  géologiques,  fascicule  2,  par 
M.  Emile  Haug.  (Présenté  par  M.  Michel  Lévy.) 

4°  Topologie.  Étude  du  terrain,  par  le  général  Berthaut.  (Présenté  par 
M.  Ch.  Lallemand.) 


ASTRONOMIE.   —  Sur  les  transformations  de  la  comète  de  Halley. 
Note  de  M.  Er\est  Escla\gox. 

J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  FAcadémic  une  récente  observation  de 
la  comète  de  Halley  que  j'ai  pu  faire  le  27  avril  au  grand  équatorial  de 
l'Observatoire  de  Bordeaux. 

La  comète  a  subi,  dans  sa  forme,  d'importantes  modifications  depuis  le 
mois  de  mars  dernier.  La  ïovme  parabolique  du  contour  limitant  l'astre  vers 
son  sommet  (côté  Soleil)  s'est  maintenant  très  nettement  accusée.  Mais 
d'autres  caractères  importants  ont  fait  également  leur  apparition. 

Dans  la  masse  nébuleuse  et  luminescenle  qui  constitue  la  tête,  on  distingue  très 
nettement  à  l'heure  actuelle,  deux  surfaces  de  discontinuité  se  raccordant  au  noyau 
sous  un  angle  aigu.  Le  contour  apparent  de  ces  deux  surfaces  se  présente  sous  la  forme 
d'un  V  fortement  ouvert  du  côté  de  la  queue,  ayant  son  sommet  au  noyau,  et  dont  les 
branches  courbes  ont  leur  concavité  dirigée  vers  le  sommet  de  l'astre. 

Ces  surfaces,  très  apparentes  actuellement,  pouvaient  déjà  se  soupçonner  le 
i3  février  dernier. 

Le  noyait,  d'environ  7"  de  diamètre,  quoique  très  brillant,  ne  se  sépare  pas  d'une 
manière  absolument  nette  delà  nébulosité  de  la  lête,  ainsi  que  cela  se  produisait  dans 
la  comète  de  Johannesburg  dont  le  noyau  paraissait,  le  3o  janvier,  comme  découpé  à 
l'emporie-pièce  dans  la  masse  nébuleuse.  De  courtes  aigrettes  émanent  en  éventail  du 
noyau  vers  le  sommet;  on  les  met  très  facilement  en  évidence  en  éclairant  le  champ  de 
l'instrument  de  façon  que  les  aigrettes  et  le  noyau  seuls  restent  visibles. 

Le  27  avril,  la  comète  était  voisine  d'une  étoile  de  7®  grandeur  (+7", 
n"  5101 ,  B.  D.)  et  les  deux  astres  étaient  visibles  à  la  fois  dans  l'instrument. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N«  18.)  l44 


IO(j6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  éclairant  le  champ,  la  nébulosité  visible  se  réduisait  de  plus  en  plus  en 
se  concentrant  vers  le  noyau,  et  le  point  le  plus  brillant  du  noyau  disparais- 
sait au  même  instant  que  l'étoile.  L'arrivée  progressive  du  jour  produisait 
le  même  effet.  On  peut  donc  en  conclure  qu'à  cette  date,  la  partie  la  plus 
brillante  du  noyau  était  très  approximativement  de  7*  grandeur.  Mais,  bien 
entendu,  le  degré  de  visibilité,  et  notamment  le  degré  de  visibilité  à  l'œil 
nu,  ne  saurait  être  évalué  de  cette  manière.  Si  Ton  considère  en  effet  que  la 
tête  avait  un  diamètre  moyen  d'environ  i',  c'est-à-dire  de  l'ordre  du 
pouvoir  séparateur  de  l'œil,  ou  en  conclut  que  c'est  l'éclat  total,  résultant 
de  la  superposition  des  éclats  des  divers  points  de  la  nébulosité,  qui  doit 
servir  de  mesure  au  degré  de  visibilité  à  l'œil  nu,  degré  qui  se  trouve  ainsi 
de  beaucoup  supérieur  à  celui  de  la  partie  la  plus  brillante  du  noyau. 

GÉOMÉTRIE   INFINITÉSIMALE.  —  Sur  certains  systèmes  triple-orthogonaux. 
Xotc  de  M.  J.  Haag. 

Dans  une  Note  publiée  aux  Comptes  rendus  de  la  séance  du  21  mars  der- 
nier, j'ai  signalé  comme  réseau  sphérique  (ct)  pouvant  servir  de  représen- 
tation sphérique  commune  à  toutes  les  surfaces  d'une  famille  de  Lamé,  le 
réseau  comprenant  une  famille  quelconque  de  petits  cercles,  de  plans 
parallèles  kOz.  Je  me  suis  proposé  depuis  de  rechercher  tous  les  systèmes 
triple-orthogonaux  (S)  qui  correspondent  à  l'un  quelconque  de  ces  réseaux. 

Cela  m'a  conduit  à  des  résultats  (jui  me  semblent  intéressants,  tant  au 
point  de  vue  de  la  Géométrie  qu'au  point  de  vue  de  la  théorie  de  certaines 
équations  aux  dérivées  partielles. 

Pour  éviter  des  confusions,  je  change  les  notations  de  la  Note  dont  il 
vient  d'être  pai'lé.  Supposons  que  les  surfaces  (p)  d'un  système  triple- 
orthogonal  aient  toute  même  représentation  sphérique  de  leurs  lignes  de 
courbure  et  admettent,  en  outre,  des  trajectoires  orthogonales  planes  de 
plans  parallèles  à  Oz.  Soient  (a-')  le  réseau  sphérique  qui  sert  de  représen- 
tation sphérique  à  ces  surfaces  (p),  et  (a")  sa  projection  stéréographique 
sur  irOj.  Le  réseau  plan  {1")  est  le  réseau  orthogonal  le  plus  général  tjui  soit 
composé  dans  chaque  famille  de  courbes  homothéliques  par  rapport  au  point  O. 
Appelons  tD  l'angle  sous  lequel  le  rayon  vecteur  d'angle  polaire  o  coupe 
toutes  les  courbes  de  la  première  famille.  Cet  angle  est  une  fonction  d*  cp, 
caractéristique  du  réseau.  Si  l'on  pose 


(0 


r       d9 

■j,  —  0,  r= I    —. — 3—^ 3-  =  (', 

'  ■  J   sin^cosV 


SÉANCE    DU    2    MAI    1910.  IO97 

l'équation  de  Laplace  relative  au  réseau  (a")  s'écrit 

(J-&)  /r/il»         \  I  àrj<    .    ,  ,         <h,  \ 

(^)        j^-ji.  -^{.Tf^  •)  [  ^  ""■* + ;j^  '^°^  '^)  --  °- 

Si  w  désigne  la  solution  générale  de  cette  équation,  les  équations  du 
système  (S)  le  plus  général  qui  admette  la  réprésentation  sphérique  consi- 
dérée sont 

\  \  ()pi        Oo.,/ 

Dans  ces  équations,  R  désigne  une  fonction  arbitraire  de  p  et  K'  sa  déri- 
vée par  rapport  à  p;  X,  Y,  ...  sont,  suivaiit  les  nolalions  habituelles,  les 
cosinus  directeurs  des  normales  aux  surfaces  coordonnées;  enfin  l'angle  0 
que  fait  Oz  avec  la  normale  à  la  surface  (p  )  est  donné  par  la  formule 

(4)  lang-=e 

qui,  avec  l'équation  (  i),  permet  de  calculer  les  cosinus  X,  Y,  ...  en  fonc- 
tion de  p,  p,,  pa- 

Les  fonctions  que  l'on  appelle  habituellement  P,  et  H,  ont  des  expres- 
sions extrêmement  simples,  que  nous  n'écrivons  pas  faute  de  place.  La 
considération  de  ces  fonctions  et  de  leur  signification  géométrique  nous  a 
conduit  à  des  résultats  élégants  relatifs  à  toute  équation  aux  dérivées  par- 
tielles de  la  forme 

00,  dp,  dp,  ôp, 

les  coefficients  «  cl  ^  étant  des  fonctions  quelconques  de  la  seule  variable 

('    ^    p,     —     po. 

(  '  )  L'éqiialion  (2),   qui  est  de  celle  forme,  esl  caiacléiisée  |)ar  la  coiulilion 

a'        b' 

7-  +i{a-\-b  —  \)  —  o, 

ah 

a'  el  b'  désignanl  les  dérivées  de  a  et  6  par  rapport  à  c. 

Les  considérations  qui  vont  suivre  s'étendenl  sans  aucune  difllcullé  au  cas  ou  il  y 
aurait  aussi  un  terme  cm  au  premier  membre  de  (5). 


1098  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  co  est  une  solution  de  celte  équation,  il  en  est  de  même  de 

<)',!         d'il 

quelle  que  soit  la  constante  £.  C'est  là  une  propriété  qui  est  d'ailleurs  à  peu 
près  évidente,  du  fait  que  a  et  i  ne  dépendent  que  de  p,  —  p,.  Mais,  en 
voici  qui  le  sont  moins.  Soit  w,  une  solution  quelconque  de  (5).  Considé- 
rons l'équation 

(^)  ^-^^ +''"  =  "'■ 

Quelle  que  soit  la  constante  £,  il  existe  une  infinité  de  solutions  com- 
munes à  (5)  et  à  (G).  Ces  solutions  sont  données  par  la  formule 

—  - 1  pi  +  pj  ) 
(7)  cj  =  w„+e    ■■'  ^^(r)- 

(o„  désignant  uiTe  solution  particulière  quelconque  de  (6)  et  g  (c)  l'intégrale 
générale  de  l'équation  différentielle 

2\  ■.1/"  \Oo^dp-2  'Jpi  àù.,  ,1 

de  sorte  qu'à  des  quadratures  près,  on  est  ramené  à  intégrer  l'équation 
différentielle  suivante  : 

(9)  g"+{b-a)g'~vUa  +  l>- 

Si  l'on  sait  intégrer  cette  équation  différentielle,  on  voit  qu'on  pourra 
déduire  d'une  solution  particulière  o),  de  (5)  une  infinité  de  solutions  nou- 
velles dépendant  d'un  nombre  illimité  de  constantes  arbitraires.  En  parti- 
culier, on  pourra  toujours  partir  de  la  solution  évidente  co,  ^  const. 

Dans  le  cas  de  l'équation  (2)  nous  avons  obtenu  la  solution  générale 
(le  (9)  pour  £  =  I,  et  cela  par  des  considérations  géométriques.  Nous  en 
avons  déduit  la  transformation  de  l'équation,  pour  £  quelconque,  en  la  sui- 
vante : 

ll'J  •  (1(3 

où  Ton  a  posé 

l  z=  C0l2<I>,  CT  ~  I  —  £. 

On  voit  (pie  Ton  jxuit  intégrer  par  quadratures  pour  a  =  zt  1 .   I/iiilé- 


SÉANCE  DU  2  MAI  191O.  IO99 

gration  de  Pf-quation  (9)  équivaut  à  la  recherche  de  ceux  des  systèmes  (S) 
qui  se  composent  de  surfaces  liomothétiques. 

On  pourrait  appliquer  les  considérations  qui  précèdent  à  l'équation  bien 
connue  d'Euler  et  de  Poisson,  qui  est  de  la  forme  (5). 

L'équation  (2)  a  un  invariant  nul  lorsque  le  réseau  (a)  se  compose 
uniquement  de  cercles.  On  peut  avoir  tous  les  systèmes  triples  correspon- 
dants sans  aucune  quadrature.  Si  les  cercles  de  chaque  famille  sont  tangents 
entre  eux,  les  deux  invariants  sont  nuls  et  l'on  retombe  sur  des  systèmes 
déterminés  autrefois  par  M.  Darboux  dans  sa  Thèse  de  Doctorat. 

L'équation  (2)  a  ses  invariants  égaux  dans  les  deux  cas  signalés  dans 
notre  Note  déjà  citée,  où  les  plans  des  cercles  de  (ct)  enveloppent  un  cylindre 
do  révolution  ou  à  base  hypocycloïdale.  Dans  le  premier  cas,  on  est  ramené 
à  l'équation 


t'pi  àp-2 
et  dans  le  second  cas  à  l'équation  d'Kuler 

d-'j)     ni',) 

àpi  dû,        (pi  —  Oo)" 


(//(  =  const.). 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l'intégration,  par  ta  méthode  de 
M.  Darboux,  des  équations  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre 
de  la  forme  s  =  a(x,y,  z)p  +  b(x, y,  z V/  -hc(x,Y,  =)•  Note  de 
M.  P.-E.  Gau. 

Je  me  suis  proposé  de  chercher  toutes  les  équations  de  la  forme 

,s  —  rt ( .r,  y.  z)p  -h  b( .r.  y.  z)  q  -h  c ( ,r .  v,  s ) 

qui  admettent  une  intégrale  générale  de  la  première  classe. 

Le  problème  a  été  traité  par  Sophus  Lie  (  '  )  pour  les  équations  s  =  f(  z 
et  par  M.  J.  Clairin  (  -  )  pour  les  équations  s  =/(a-,  y,  ;). 

11  faut  exprimer  rpie  l'équation  considérée  admet  deux  intégrales  inler- 


(')   Voir  GouRSAT,  Leçons  sur  l'intégration  des  équations  au.r  déri^-ées  partielles 
(In  se.cond  ordre,  t.  II,  p.  182. 

(-)   Hiilletin  des  Sciences  mal  hé  ma  tiques,  2'  série,  l.  \XI\,  igoS,  |).   177. 


IIOO  ACADEMIE   DES    SCIENCES, 

niédiaires  de  la  forme 

<p{x.  y,  z,  p^.  />, yj„)   =\{x).         p,^—-—, 

La  fonction  cp  doit  donc  satisfaire  aux  deux  équations  linéaires  : 

do  _ 
dqi  "     ' 

où  l'on  a  posé 

/  —  op  -+■  ùq  -hc 

et  où  l'on  a  désigné  par  le  symbole  [--r^,)>  la  dérivée  A'^""  de /(.r,j,  z,p,  q) 

par  rapport  à  x,  après  qu'on  n'a  laissé  dans  son  expression  que  les  déri- 
vées/;,, yj,,  ...,/j„+,,  y,  ('). 

Le  calcul  est  malheureusement  long.  Il  consiste  à  réduire  l'ordre  des 
équations  et  à  les  ramener  à  quelques  types  canoniques  qui  se  discutent 
facilement;  cette  réduction  repose  sur  la  remarque  suivante  : 

Etant  donnée  une  équation  de  la  forme  s  =y(a;,  y,  z,  p,  q),  on  a 

{tjJ'') "^ ^'"*'  1)^  4-/>„m;;  +  />„__,m;;-  '  +  . .  .  +  /j,,m;;  +  k«(.r.  y, z, r/,.  p p,^^,), 

les  coefficients  M  étant  indépendants  de  />„+,,  ..  .,  p^  et  Tordre  maximum 
des  dérivées  contenues  dans  Mf;  étant  n  —  /i  -h  ■2.  En  posant,  suivant  le  cas, 
n  =  211'  ou  n  =  in'  -k-  i,  on  aura  donc  k^n'-{-  2.  On  peut  d'ailleurs  avoir 
facilement  l'expression  des  quantités  M  par  voie  de  récurrence.     . 
Ces  calculs  m'ont  conduit  au  résultat  suivant  : 

En  siipposanl  —  ^  o,  —^o,  les  seules  eqtid/ions  de  la  forme  considérée 

qui  sont  de  la  première  classe  peuvent,  par  un  simple  changement  de  variables, 
se  ramener,  soit  : 

i"  .1  une  équation  linéaire  inlégrable par  la  méthode  de  Laplace  ; 

2°  A  l'équation  de  Liouville  s  =  e~  ; 


{')   \oir  GoiKS.iT,  liechcrchcs  sur  ciiielqucs  équalinns  ai/.r  dérivées  juirlieltes  rfii 
second  ordre  {Annales  de  la  Faculté  de  Toulouse,  1899,  p.  459)- 


SÉANCE    DU    2    MAI    1910.  IIOI 

3°  A  l'un  des  types  d'équations  trouvés  par  M.  Moutard  ('  ),  c'est-à-dire, 
dans  le  cas  le  plus  général,  à  la  forme 

'^''         :^[A(x,/)e--J-A[B(^-,j).-]. 


Or  il  est  facile  de  voir  si  une  équation  donnée,  de  la  forme  ^  =^  «/;  +  bq-\-c 
peut  se  ramener  par  un  changement  de  variables  à  Tune  des  formes  précé- 
dentes; ces  résultats  fournissent  donc  un  moyen  simple  pour  savoir  si 
l'équation  donnée  admet  une  intégrale  générale  de  la  première  classe. 


THÉORIE  DES  NOMBRES.  —  Sur  la  sommation  de  fractions  continues  ai-ithmé- 
tiques.  Note  de  M.  A.  Ciiatelet,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

I.   Etant  donnée  une  fraction  continue  définie  par  les  quotients  incom- 
plets 

(2i,,     a, a„,      . . . , 

je  désignerai  les  quotients  complets  par 

—  )     —  )     ■  •  •; 
ces  nombres  sont  liés  par  des  équations  en  nombre  infini  de  la  forme 

(l)  «„=;  f/„M„+l  H-  H„  +  2. 

Les  quotients  complets  sont  toujours  supérieurs  à  i  et  si  (»(,)  ''o  -  •  •>  ''m  •• 
désignent  une  série  de  nombres  satisfaisant  encore  aux  équations  (i)  mais 

tels  que  -^  soit  différent  de  —,  pour  une  valeur  de  n  suffisamment  grande, 

-^  sera  supérieur  à  i  et  sa  partie  entière  sera  a„  (-). 

Ceci  posé,  considérons  la  foncdoii  manifestement  entière 

y  =  (/o  +  u^  X  +  u^'—;  -I-  .  .  .  +  u„  — r  +  .  .  .  ; 
2  !  «  ! 

les  équations  (i)   montrent  que  cette  fonction  est  solution  de   l'équation 


(•)  Comptes  rendus,  t.  LXX,  1870,  p.  834.  —  Darboux,  Leçons  sur  la  théorie  des 
surfaces,  t.  IV,  Noie  III  de  M.  E.  Cesserai. 

(^)   Cf.  une  précédenle  Gommunicalion  {Comptes  rendus,  28  juin  1909). 


II02  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

fonctionnelle 

(2)  .  y  —  y"=k(y'), 

A  désignant  la  Iransmutation  linéaire  définie  par  l'égalité 

En  outre,  toute  autre  solution  z  de  l'équation  (2)  analytique  et  régulière 
à  l'origine  aura  un  développement  de  la  forme 

2  !  n\ 

Co,  c,,  ...  satisfaisant  aux  équations  (i)  et  -°  étant  différent  de  —  • 

Si,  d'autre  part,  on  considère  les  fonctions  auxquelles  z  et  x  sont  associées 


f. 
I 


e-'  y{tjc)  dl  zzz  ii„-\-  UiJc  -Y- .  .  .-^-  tt„x"  -i-.  .  ., 
e^'  z{tx)  dl  ^  f„-+-  i\x  +  .  .  .-¥-  i'„  œ"  -+-..., 


la  première  sera  finie  au  point  d'affixe  —  r  et  la  seconde  infinie  aux 
points  ±  I.  L'équation  (2)  a  donc  une  solution  entière  J{x),  et  une  seule 
(à  une  constante  près),  telle  que  l'intégrale 


/     e-'/i-t)dt 


ait  une  valeur  finie,  et  la  valeur  de  la  fraction  continue  est  •{., ,     • 

/  (o) 

Ce  critérium  se  simplifie  dans  le  cas  où  la  limile  inférieure  de  - — —  est 

supérieure  à  o.  Dans  ce  cas,  la  fonction:;  n'est  plus  entière  et  la  fonctiony(a;) 
est  la  seule  solution  entière  de  l'équation  (i). 

II.  Comme  cas  particulier,  on  peut  citer  le  cas  où  a„  est  un  polynôme 
entier  en  n  qu'on  peut  toujours  mettre  sous  la  forme 

a,^:^ p  +  (jn  -t-  /■/(  ( /(  —  I )  + . . . , 

l'équation  (2)  n'a  qu'une  seule  solution  entière  et  devient  l'équation  diffé- 
rentielle 

j  —  y"— py'  +  y  ■^■j"  +  />?•= j  '"  + . . . . 

I-iOrsque  a„  se  réduit  à  un  binôme  du  premier  degré,  on  retrouve  le  déve- 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  Ilo3 

loppement  en  fraction  continue  de  tlia;  ou  de  la  dérivée  logarithmique  de  la 
fonction  de  Bessel  pour  un  argument  inverse  d'un  nombre  entier. 
On  peut  encore  citer  comme  exemples 

a„=  «"         ou         fl/j^  «! 
les  équations  correspondantes  sont 

f{.x)~f"{x)=f\ax), 
/(x)-/"(x)=f   e~'/'(tx)dx. 

III.  La  méthode  indiquée  est  susceptible  de  plusieurs  extensions.  En  dési- 
gnant par  -^,  -^>  -^i  ■••  des  quotients  complets  non  nécessairement  suc- 
cessifs, il  existe  entre  eux  des  systèmes  de  relations  de  la  forme 

V„  =  bu  U,i+i  +  b'„  (',1^.,, 

a„,  bu,  a,',,  b[^  étant  un  système  de  quatre  entiers  de  déterminant  i.  On  est 
alors  amené  à  résoudre  le  système  de  deux  équations  fonctionnelles  simul- 
tanées 

j  =  A(j'')  +  A'(-), 


(3) 

(  =  =  B(y)  +  B'(-). 

On  peut  faire  à  leur  sujet  les  mêmes  remarques  que  pour  l'équation  (2) 

et  la  valeur  de  la  fraction  continue  est    ,    ,»  v  et  s  étant  les  solutions  choisies 

comme  il  est  dit  plus  haut.  Cette  méthode  donnerait  en  particulier  les 
développements  en  fraction  continue  de  fonctions  homographiques  de 
quelques-unes  des  fractions  continues  précédemment  indiquées  ('). 

On  peut  traiter  d'une  façon  analogue  le  cas  où  les  valeurs  des  nombres  a„ 
sont  données  par  un  certain  nombre  de  fonctions  différentes  de  n,  par 
exemple  se  répartissant  en  plusieurs  progressions  arithmétiques.  On  serait 
alors  amené  à  résoudre  un  système  de  plusieurs  équations  fonctionnelles 
simultanées. 

IV.  Enfin,  ces  méthodes  peuvent  encore  s'appliquer  à  quelques  fractions 
continues,  non  arithmétiques,  en  particulier  à  des  fractions   à  quotients 


(')  \oir  aussi  à  ce  sujet  une  précédenle  Conimuiiiralioii  [C'i'iipCcs  rendus,  ?.i  mars 

KJIO). 

C.  R.,  1910,  1'  Semestre.  (T.  150,  N»  18.)  l^J 


IIo4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

incomplets  fraclionnaires  de  même  dénominateur  et  tous  supérieurs  à  i. 
L'équation  (2)  prendrait  dans  ce  cas  la  forme 

i"^(j— /')==-'^(y)' 
K  étant  un  entier.  On  trouverait,  par  exemple,  ainsi  les  développements 
de  tlij:  ou  de  la  dérivée  Jogarilliniique  de  la  fonction  de  Bessel  pour  un 
argument  entier. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  équalions  différentielles  déduiles  de 
certains  invariants  des  formes  linéaires.  Note  de  M.  Jea.\  Chazy,  pré- 
sentée par  M.  Appell. 

Dans  les  Comptes  rendus  du  8  février  1904,  M.  Borel  a  groupé  un  certain 
nombre  d'équations  différentielles  dont  l'intégrale  générale  est  une  fonction 
entière,  et  a  remarqué  qu'en  séparant  dans  ces  équations  les  termes  de  poids 
le  plus  élevé  par  rapport  aux  indices  de  dérivation,  on  obtient  des  invariants 
usuels  de  formes  binaires  telles  que 

(i)  u'-">-\-  nlii'-"^^^-h  "     '  ~^'}:'u"'^'—.  .  .-1-  ril"-^u'  +l"ii. 

^  '        .  1.2 

Je  voudrais  ajouter  quelques  remarques  à  celles  de  M.  Borel. 

Désignons  d'une  façon  générale  par  I„  l'équation  difï'érentielle  obtenue  en 
annulant  un  invariant  quelconque  de  la  forme  (i).  L'équation  1„,  homogène 
par  rapport  à  la  fonction  et  à  ses  dérivées,  ne  change  (  '  )  pas  si  l'on  change  u 

1  -1  >  17  '  •  r  •  ""  —  """ 

en  eu,  quel  que  soit  le  paramètre  a  :  1  équation  transtormee  eu -^ 

est  donc  d'ordre  n  —  2.  On  peut  abaisser  encore  de  deux  unités  l'ordre  de 
celte  transformée,  en  changeant  de  fonction  et  devariai)le,  parce  que  l'équa- 
tion I„  admet  le  groupe  de  transformations  à  deux  paramètres  (iP,  ^x  -+-  y). 
En  définitive  l'inlégration  de  l'équation  I„  se  ramène  à  l'intégration  d'une 
équation  d'ordre  n  —  4,  suivie  de  quatre  quadratures.  D'autre  part,  l'équa- 
tion I„  est  vérifiée,  si  l'on  annule  dans  la  forme  (i)  les premiers  termes 

pour  n  iMq)air,  et  les  ^ — t-  i  premiers  termes  pour  n  pair.  L'équation  I„  admet 


(')  Cf.  C.  Stkphanos,   Communication  faite  au  Congrès  de  Rome  (Atti,  t.   II, 
p.  i48). 


SÉANCE  DU  2  MAI  19IO.  IIo5 
donc  l'intégrale  (');/  =  P*(^),  etpar  suite  l'intégrale  «  =  e*"'^P/,.(.:i7),  A' dési- 
gnant l'entier ou-  —  i.  Cette  dernière  intégrale  est  l'intégrale  générale 

pour  n  =  2  ou  n  ^  3. 

L'intégrale  générale  de  l'équation  D„  obtenue  en  annulant  le  discrimi- 
nant de  la  forme  (i)  est  u  =  e'^'"P„_2(a;),  l'intégrale  singulière  é''"V^_^{x), 
l'intégrale  singulière  de  l'intégrale  singulière  e*^^'P„_,(a;),  et  ainsi  de  suite. 

De  même  les  équations  difl'érentielles  de  la  suite 


ont  leur  intégrale  générale  entière.  Chaque  déterminant  est  en  efîet  un 
déterminant  de  Wronski,  et  l'équation  obtenue  en  l'annulant  équivaut  à  une 
relation  linéaire  et  homogène  à  coefficients  constants  et  arbitraires  entre  les 
éléments  de  la  dernière  ligne.  L'intégrale  générale,  s'exprime  encore  par  la 
fonction  exponentielle. 

11  y  a  des  classes  d'invariants,  au  contraire,  d'où  l'on  déduit  une  suite 
d'équations  différentielles  dont  les  premiers  termes  seuls  sont  des  équations 
dont  l'intégrale  générale  est  entière.  Ainsi  les  deux  équations  iiu"  —  «'-  =  0, 
S  =  uu"  —  [\u' u!"  -H  3m"-  =  o,  ont  pour  intégrales  générales  //  ^  e"^  '"^", 
u  =  e*''"^''a(a;  -+-  C,  o,  D).  L'équation  E„  (pour  n  pair), 


n(n 


n  (n 


m-y 


["'îT 


admet  les  intégrales  particulières  z/  =  .r  + c,  (.r-i-C)-,  (j:'+C)''...(a'+C)'' 
Pour  que  l'équation  E„  ait  son  intégrale  générale  entière,  ou  même  uni- 
forme, il  est  nécessaire  (-)  que  les  équations  aux  rariations  (ou  é([uations 
auxiliaires  de  M.  Darboux)  relatives  à  ces  intégrales  particulières,  aient 
elles-mêmes  leur  intégrale  générale  uniforme.  Or  l'équation  aux  variations 
relative  à  l'intégrale  u  =  (x  -+-  C)', 

{.2--HC)'-('(")—  2  «(i-  +  C)  (•'"-" -H  «(«—!) '"'"""  =0, 

C)  P/;(x')  désigne  un  polynôme  en  ,r  de  degré/'  à  coefficients  constants;  A,  15,  C  ... 
désignent  des  constantes  d'intégration. 

(-)  C'est  là  une  application  particulière  de  la  méthode  que  M.  Painlevé  a  employée 
systémaliquemenl  à  l'étude  des  équations  du  second  ordre. 


IIo()  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OU 

,,(«-21  _  (^  _,_  Qy^  ,-2_  (2«  H-  l)/-  4-  «(/i  —  l)  =o. 

n'a  son  intégrale  générale  uniforme  que  si  8«  +  i  est  carré  parfait.  8/?  +  i 
estcarréparfaitpourn  =  G;  j'ai  obtenu  pour  l'équation  E,,  une  intégrale  entière 
dépendant  de  cinq  constantes  u  =  e^'^''a-(;r  +  C;  o,  E)CT(a;  +  D;  o,  —  E), 
mais  je  n'ai  pu  décider  si  l'intégrale  générale  est  une  combinaison  de  fonc- 
tions uniformes  classiques,  n'est  pas  uniforme,  ou  est  une  fonction  uniforme 
nouvelle.  De  même  (pour  n  >0)  l'équation  aux  variations  relative  à  l'inté- 
grale u  =  (x  -h-  (j)%  n'a  son  intégrale  générale  uniforme  que  si  24^+1  est 
carré  parfait.  Il  existe  une  infinité  de  nombres  positifs  et  pairs  n,  dépendant 
d'une  équation  de  Pell,  tels  que  les  deux  nombres  8/;  +  i  et  24^  +  i  soient 
carrés  parfaits;  le  plus  petit  est  le  nombre  210.  Mais,  pour  que  l'équation  E„ 
ait  son  intégrale  générale  uniforme,  il  est  encore  nécessaire  que  les  équa- 
tions algébriques  en  r  formées  dans  l'étude  des  équations  aux  variations 

relatives  aux  intégrales  n=(x-hCy,  . . .  (x -h  Cy  ,  aient  toutes  leurs 
racines  entières;  par  exemple,  pour  l'équation  E^m,  il  reste  à  considérer 
loi  équations  dont  les  degrés  croissent  de  4  »  io4-  H  n'est  pas  vraisemblable 
qu'il  existe  des  valeurs  de  n  pour  lesquelles  toutes  ces  conditions  successives 
soient  remplies. 

Enfin,  la  notion  d'invariant  usuel  n'est  pas  précise,  et  l'on  ne  voit  guère 
comment  préciser  le  choix  des  invariants  qui  fournissent  des  équations  dont 
l'intégrale  générale  est  entière.  Ainsi  les  équations  I,,  sont  de  la  forme 
S'4-aT*  =  o,  a  désignant  une  constante,  et  s'intègrent  par  quadratures; 
parmi  elles,  seules  les  équations  S  =  o,  T  =  o,  et  S'  —  27T-  =  o,  ou  D,,  ont 
leur  intégrale  générale  uniforme. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sui' la  convergence  des  relations  de  récurrence. 
Note  de  M.  S.  Lattes,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Soit  une  relation  de  récurrence  d  ordre  p.. 


OÙ  y  est  une  fonction  analytique  des  p  variables.  Cette  relation  détermine 
la  suite  ii^„  ii,^t,  ...  si  l'on  se  donne  les^  premiers  termes  //„,  //,,  . . .,  u^,  ,. 
Si  u„  a  une  limite,  cette  limite  a  est  racine  de  l'équation 

(2)  a=r/(oc,  «,  ....  «). 


SÉANCE  DU  2  MAI  I910.  II07 

Réciproquement,  soit  a  une  racine  de  l'équation  (2).  En  partant  de 
valeurs  initiales  «„,  m,,  . . . ,  m^_,  prises  dans  le  domaine  de  a,  dans  quel  cas 
sera-t-on  assuré  de  la  convergence  vers  a  de  la  suite  des  m„  ?  La  question  est 
résolue  depuis  longtemps  dans  le  cas  de  /j  =  i  :  c'est  la  théorie  de  l'itéra- 
tion des  fonctions  d'une  variable  (').  Voici  les  résultats  qu'on  peut  établir 
de  même  pour  des  relations  d'ordre  quelconque  C^).  Posons 

^^  ^  /      df 


(j  =  i,  s.  3, 


P)- 


et  soient  S,,  S^, 
(3) 


Sp  les  racines  de  l'équation 

Sp  —  «, S''-' —  «2 S''-'' — . . .  —  rt/, 


Supposons,  en  nous  plaçant  dans  le  cas  le  plus  général,  les  racines  dis- 
tinctes, dilTérentes  de  zéro  el  de  modules  inférieurs  à  i  :  la  suite  u„  converge 
alors  vers  a,  quelles  que  soient  les  valeurs  initiales  Ug,  //, ,  . . . ,  u^  prises  dans  le 
domaine  de  a, 

La  question  peut  se  traiter  directement,  mais  on  peut  aussi  la  ramener  à  Tétucle  de 
l'itération  d'un  système  de  p  fonctions  de  yo  variables;  posons  en  efl'et 


(/,)     X,  =  ^-„ 


X, 


Xp-i  : 


'>^P=/i^fp 


X,). 


Si  l'on  donne  à  x,,  ^2,  ...,  a-^  les  valeurs  ito,  u^,  ...,  m^,  on  obtiendra  pour  X,, 
X2,  .  .  . ,  X^  les  valeurs  «/,,  11^,  ...,  Up+i.  L'étude  du  système  {^)  et  celle  de  l'équa- 
tion (i)  sont  donc  deux  questions  équivalentes  :  l'analogie  est  évidente  avec  les 
équations  différentielles  d'ordre  p  qu'on  ramène,  d'une  façon  toute  pareille,  à  un 
système  de  p  équations  du  premier  ordre. 

Etant  ainsi  ramené  à  l'étude  de  l'itération  du  système  (4),  il  n'y  a  qu'i'i  appliquer  au 
problème  actuel  la  théorie  de  l'itération  à  plusieurs  variables.  L'équation  en  S,  qui 
joue  un  rôle  fondamental  dans  celte  théorie,  est  ici 


—  S 


-S 


et,  en  développant,  on  retrouve  l'équation  (3). 


(')  Pour  la  bibliographie,  voir  mon  travail  Sur  les  ét/uations  fonctionnelles 
{Annali  di  Matematica,  1906;  Thèse-,  Paris,  1906). 

(-)  On  peut  étudier,  d'une  façon  analogue,  le  cas  d'une  convergence  périodique  de 
la  suite  (/,,,  «,,  ....  ;/„. 


IIo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

'  Si  les  S  ont  des  modules  tous  supérieurs  à  i^  on  résoudra  l'équation  (i)  par 

rapport  à  ;/„    ce  qui  est  possible,  puisque  ( -p-  j    ou  a^,  n'est  pas  nul     :  en 

partant  des  valeurs  initiales  Up,  Up_f,  . . .,  u^^  on  pourra  alors  former  la  suite 
à  indices  décroissants  m^,,  ;/  ,,  . . . ,  m^„  et  li'^  tendra  vers  a. 

Si  les  S  ont  les  uns  des  modules  inférieurs  à  i,  les  autres  des  modules 
supérieurs  à  i,  à  partir  d'une  certaine  valeur  de  Ji,  les  h„  et  les  z/_„  sortent 
du  domaine  de  a,  si  les  valeurs  initiales  sont  quelconques,  et  il  n'y  aurait  lieu 
de  poursuivre  le  problème,  alors  fort  difficile,  que  si  la  relation  de  récur- 
rence était  définie  quelles  que  soient  les  valeurs  des  variables,  par  exemple 
si  c'était  un  polynôme  ou  une  fraction  rationnelle.  Mais  si  les  valeurs 
initiales  sont  choisies  de  façon  à  vérifier  certaines  relations  analytiques 
^P(Mi,,  u^,  '. . .,  Up)  =  o  (satisfaites  pour  ?;„  =  ?/,=;...  =  w^,  =  a  et  définies 
dans  le  domaine  de  ce  point),  il  y  aura  encore  convergence  de  la  suite  u„ 
ou  de  la  suite  «_„  vers  a.  Ceci  se  rattache  à  la  question  de  la  réductihililé  des 
relations  (i),  autrement  dit  à  la  question  des  relations  de  récurrence  d'ordre 
inférieur  à  p  contenues  dans  une  relation  d' ordre  p. 

Soit,  pour  fixer  les  idées,  une  relation  d'ordre  3, 

(5)  lln+i  =  .f{"n+l,  "„  +  ,,  '<„)■ 

On  dira  qu'elle  contient  la  relation  d'ordre  2, 

(6)  ",,+2=  ?("«+..  "„), 

si  les  valeurs  /<„,  ?/,,  u.,,  u,,,  .  .  .  qu'on  tire  de  (G)  en  partant  des  valeurs 
initiales  «/„,  //,  vérifient  la  relation  (5),  et  cela  quels  que  soient  u„,  //,. 
Etant  donnée  la  relation  (5),  où  y  est  une  fonction  holomorphe  des  trois 
variables  dans  le  domaine  du  point  limité  a,  on  peut  se  proposer  de  cher- 
cher une  relation  d'ordre  a  (et  de  même  une  relation  d'ordre  i),  con- 
tenue dans  (5),  vérifiée  pour  le  point  limite  et  telle  que  ^(«„^.,,  «„)  soit 
une  fonction  holomorphe  de  //„,  ^/„^^,  dans  le  domaine  de  a.  La  question 
se  ramène  à  la  recherche  des  courbes  et  surfaces  analytiques  invariantes 
par  la  transformation  ponctuelle 

A  loule  racine  s,  telle  que  |*1<  i,  correspond  en  général (-),  une  relation 

(')    \i)ir  mon  travail  cité  ci-dessous. 

C)  Il  peut  y  avoir  exception  si  l'une  an  moins  des  deu\  autres  racines  S',  S"  est 
une  puissance  entière  de  S. 


SÉANCE    DU    2    MAI    19IO.  I  109 

du  premier  ordre  «,,4.,  =  9("rt)  de  la  forme  cherchée  et  contenue  dans  (5); 
si  l'on  prend  u^  =  cp("„),  «»=  <p("i))  l<i  suite  u„  converg'e  vers  a,  même  si 
les  deux  autres  racines  ont  des  modules  supérieurs  à  i.  De  même,  à  toute 
racine  s,  telle  que  |5|>>i,  correspond  en  général  une  relation  du  premier 
ordre  «„+,  =  'f  ("«)  contenue  dans  (5)  et  telle  que  la  suite  u^^  'lit  pour 
limite  a.  On  détermine  de  même  les  relations  du  second  ordre  contenues 
dans (5). 

On  retrouve  ici,  comme  dans  la  théorie  de  l'itération  à  trois  variables, 
une  classification  des  points  limites  a  toute  pareille  à  la  classification  de 
M.  Poincaré  pour  les  points  singuliers  d'un  système  différentiel;  on  est 
amené  à  classer  ces  points  en  nœuds,  cols,  foyers^  cols-foyers,  suivant  le 
nombre  des  relations  holomorphes  d'ordre  i  ou  2  contenues  dans  (5)  et 
par  comparaison  de  |*,  |,  |*2J,  \s^\k  i. 

Ainsi  l'analogie  bien  connue  que  présente  la  théorie  des  équations 
linéaires  aux  différences  finies  avec  la  théorie  des  équations  différentielles 
linéaires  se  poui^suit  pour  les  équations  de  récurrence  non  linéaires. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  définition  générale  des  fonctions 
analytiques.  Note  de  M.  Léon  Lichtenstein ,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

Soit/(:;)  =  u{x,  y)  +  iv{x,y)  une  fonction  des  variables  réelles  a;  et  j, 
continue  à  l'intérieur  d'une  aire  simplement  connexe  T,  C  une  courbe  fermée 
rectifiable  quelconque  à  l'intérieur  de  T.  D'après  la  proposition  classique 

de  Cauchy  on  a  / /(=)  dz  =  o,  chaque  fois  que  la  dérivée  ■    ,"  existe  et  est 

une  fonction  continue  à  l'intérieur  de  T.  On  doit  à  M.  Goursatune  démons- 
tration élégante  du  théorème  cité,  qui  ne  fait  usage  que  de  l'existence  de  la 

dérivée  -    ._    >  celte  dérivée  n'étant  pas  nécessairement  bornée  dans  T. 

Dans  un  Mémoire  récent,  M.  Montel  a  montré  que  les  hypothèses  de 
M.  Goursat  peuvent  être  remplacées  par  les  hypothèses  suivantes  moins 
restrictives  :  les  dérivées  partielles 

du       du       dv       Je 
^''  ^'     ïïx'     ôl'     ôy' 

existant  en  chaque  point  de  l'aire  considérée  T,  sont  bornées  dans  T  sauf 
peut-être  en  un  ensemble  réductible  de  points  ou  de  courbes  rectifiables  et 


IIIO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

satisfont  au\  équations 

du ()(■  Ou d\' 

^   '  ôx  ~  dy^         Oy  dx 

Voilà  un  énoncé  nouveau  qui  ne  suppose  poinll'existence  des  dérivées(i). 
Posons  pour  abréger 

A^/(5)  =^^  [«(J-  +  h,  y)  +  iv{x-^  h,  j)]  —  \u{x,  y)  +  tV(.r,  y)\. 


(3\ 

(   Aj-/(s)  =  [«(a%  J  + /04-«V(^-,74-/0]  — ["(.r,„r)-t-'V(x,  V)],  A>o. 

/(s)  est  une  fonction  analytique  régulière  dans  T  chaque  fois  que 

j-  |A,/(^')  —  /Aj/(«)J  désignant  une  fonction  des  variables  x,  j,  h  bornée  à 

l'intérieur  de  T. 

La  démonstration  est  des  plus  simples  si  l'on  s'appuie  sur  le  théorème 
suivant  de  M.  Osgood  : 

Soit 

"i(-'%j)>     "sC-i'.  j),      ... 

une  suite  infinie  des  fonctions  continues  à  l'intérieur  et  sur  le  bord  d'une 
aire  simplement  connexe  T„,  convergeant  vers  une  fonction  continue  u{x^y). 
Soit,  déplus, 

(5)  |«/,(^,  7)|<M  =  const.         (  A  =  i,  2,  3,  . . .). 
Alors,  on  a 

(6)  i  \    u{x,y)dxdy—\\m    j  j    u,„(x.  y)  dx  r/y. 


PHYSIQUE.  —  Surintensités  et  surtensions  dues  à  la  manœuvre  des  interrupteurs 
de  tableau.  Note  de  M.  André  Léauté,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

L'étude  que  j'ai  entreprise  des  accidents  auxquels  donnent  lieu  les 
fusibles  pour  hauts  voltages  m'a  conduit  à  reprendre  sur  quelques  points 
la  théorie  des  surintensités  et  des  surtensions  dans  les  canalisations  souter- 
raines. Ayant  établi  dans  de  précédentes  Communications  que  de  violentes 
explosions  de  fusibles  peuvent  être  provoquées  par  des  courants  électriques 
d'une  durée  extrèmcnienl  petite,   j'ai  dû  rechercher  tout  d'abord  suivant 


SÉANCE  DU  2  MAI  I910.  IIIT 

quel  mécanisme  de  tels  courants  prennent  naissance  dans  les  canalisations 
industrielles. 

Les  grands  feeders  sont,  actuellement,  presque  toujours  munis  de  deux 
interrupteurs,  dont  l'un,  d\l  de  départ,  est  placé  à  l'usine  génératrice,  tan- 
dis que  le  second  est  établi  sur  le  tableau  de  distribution,  à  une  distance 
plus  ou  moins  grande  du  premier.  Lorsqu'on  veut  mettre  en  fonctionne- 
ment la  machine,  on  ferme  d'abord  l'interrupteur  de  départ;  cette 
manœuvre  peut  produire  des  surtensions  que  M.  K.-W.  Wagner  ('  )  n  étu- 
diées très  complètement.  Je  me  propose  d'examiner  les  phénomènes,  aux- 
quels donne  lieu  la  fermeture  de  l'interrupteur  du  tableau. 

M.  Poincaré  (^)  a  montré  que,  même  dans  le  cas  d'oscillations  extrê- 
mement rapides,  les  équations  aux  dérivées  partielles  entre  le  potentiel  V 
et  l'intensité  I  en  un  point  d'une  ligne  monopliasée  sont 

D'autre  part,  dans  la  pratique,  on  ferme  presque  toujours  l'interrupteur 
de  tableau  sur  une  ligne  terminée  par  un  transformateur  à  circuit  ouvert; 
deux  cas  sont  à  distinguer,  selon  que  le  Iranforuialeur  présente  ou  non  de 
la  capacité. 

Si  l'enroulement  primaire  est  formé  d'une  seule  couche  de  lîl,  j'ai  montré 
dans  un  travail  précédent  (')  que  sa  capacité  est  négligeable,  en  sorte  que 
l'on  a  comme  première  condition  aux  limites,  en  négligeant  l'hystérésis, 

Il  -T — h  I^I  —  \  =:  o  pour  ,r  =;  /, 

cit 

/désignant  la  longueur  de  la  ligne.  A  celte  condition  il  faut  joindre  la  sui- 
vante : 

V  =:  E  sin((o/ +  £)  pour         x  ^=  o. 

(3n  formera  d'abord  le  terme  de  régime,  auquel  on  donnera  la  forme  qu'a 
étudiée  M.  Blondel  ou  plus  simplement  la  forme  sinusoïdale,  ce  qui  est 
permis  puisque  les  lignes  souterraines  ne  sont  jamais  très  longues.  Pour 
obtenir  la  solution  générale  et  satisfaire  aux  conditions  initiales,  on  déter- 
minera ensuite  les  solutions  sinqjles,  pour  lesquelles  la  seconde  condition 

(')  K.-W.  \\"a(.ni;r.  Ek'IUroinagn.  Aiisgleiclisi'orgânge  in  lûibeln.  Leipzig,  1908. 
(*)  Poincaré,  L'Eclairage  électrique,  t.  XL,  1904,  p.  lai. 
(^)  Comptes  rendus,  9  juin  1908. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  \T.  IJÛ,  N°  18.)  l46 


Il  12  ACAUEMIE    Dl-.S    SCIEN'CI-S. 

aux  liiiiiles  est 

\  ^  o  pour  ./■  :=  o  ; 

ces  solutions  simples  peuvent  èti'e  mises  sous  la  forme 
1  z=  K  e^'''  coi  (ij-t  -+-  'j  )  co<;  ï  -j  > 
V  —  i  /  -  K  e-'~'  si n  (  'J.  /  -4-  o  -h  '1/  )  si ii  (7  — , 


■n  posant 


/  °'         P" 


lans'I/  =  — 


les  coelHcienls  cr  sont  imaginaires  et  sont  déterminés  par  l'équation 

(E)  y/./,-a(a-f- // lan<;a)-+ yp/Alo- + /(  langff) -H  7  ==  o, 

dans  la(|iielk' 

7  yi/.K-Lo)         "^^  1/ 

En  pratique,  X' esl  très  grand  et/;  est  inférieur  à  l'unité;  il  en  résulte  que 
si  hgn  a  un  module  assez  petit,  on  pourra,  au  lieu  de  l'équation  (1^),  consi- 
dérer l'équation  plus  simple 

(E')  5- 4- /(  lani;(7  =:  o; 

ceci  revient  à  négliger  la  ou  les  racines  de  1*^  qui  sont  inférieures  à  une  cer- 
taine limite  M,  dont  la  grandeur  dépend  des  constantes  électriques  de  la 
ligne.  On  est  toujours  en  droit  de  faire  cette  simplification,  puisqu'on  pre- 
nant pour  1  les  racines  de  l'équation  (  E'),  ou  peut  satisfaire  aux  conditions 
initiales. 

On  est  ainsi  conduit  au  tlK'orème  suivant  : 

Lorscfaon  ferme  une  ligne  indualrielle  soulerraine  au  moyen  d'un  inter- 
riipleur  de  tableau  sur  un  Iransfurmateur  sans  capacité,  tes  surtensions  et 
surintensitcs  ijui  se  produisent  ont  très  setisihlcment  la  môme  période  que  si  la 
ligne  ét(dt  ouverte  à  son  extrémité. 

(ie  théorème  présente  de  l'intérêt  au  point  de  vue  de  l'étude  des  réso- 
nances. 

Si  rcnroulcmcnt  primaire  du  transformateur  est  composé  de  plusieurs 
couclii's  sn|ii'r|)os(''es,   il  est  nécessaire    (rallribuer  à    cd    enroulement    un 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  IIl3 

coeniciiMil  de  capacité  linéaire,  et  l'introduclioii  do  ce  coeflicieiil,  s'il  est 
suflisaminent  élevé,  a  pour  eflét  de  rendre  à  peu  près  égales  les  surinlensilés 
et  surtensions  qui  se  produisent  en  deux  points  différents  de  la  ligue. 

Enfin,  il  peut  être  intéressant  de  tenir  compte,  dans  certains  cas,  de  la 
self-induction,  de  la  résistance  et  de  la  capacité  de  ralternateur,  placé  en 
tête  de  la  ligne.  Je  me  propose  de  donner  les  résultats  de  cette  étude  dans 
un  Mémoire  plus  détaillé. 

PHYSIQUE.    —    Sur   les   courba  de    saluraliort    dans    l' effet   pholoéleclriqite 
de  Hertz.  Note  de  M.  Ei'»;ène  Iîi.och,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

Dans  une  précédente  Communication,  j'ai  exposé  (juelques-uns  des 
résultats  que  j'ai  obtenus  dans  l'étude  de  l'effet  photoélectrique  de  Hertz, 
.lai  pu,  en  particulier,  montrer  rinnuenc(>  de  la  longueur  d'onde  sur  le 
phénomène  et  sur  la  classilicatioii  des  métaux  <jui  en  résulte.  Toutes  ces 
expériences  avaient  été  faites  dans  l'air  à  la  pression  ordinaire  et  dans  un 
champ  électrique  de  l'ordre  de  5o  volts  par  centimètre. 

Lorsque  le  champ  électrique  augmente,  le  courant  photo(''leclriipie  croit 
également,  mais  en  conservant  le  caractère  commun  à  tous  les  courants 
d'ionisation,  cVst-à-dire  que  son  accroissement  est  moins  rapide  tpie  celui 
du  voltage.  La  courbe  ainsi  obtenue  présente  cependant  une  différence 
notable  avec  les  courbes  ha])ituelles,  dites  r/r  saturation.  Le  palier  horizontal 
qui  précède  d'ordinaire  la  période  d'ionisation  par  chocs  est  remplacé  par 
une  courbe  nettement  ascendante,  ce  qui  revient  à  dire  qu'une  véritable 
saturation  n'est  jamais  atteinte.  Ce  fait,  qui  avait  été  constaté  dès  le  début 
par  les  auteurs  (Stoletow,  \'on  Schweidler,  etc.),  (pii  n'ont  pas  fait  la 
décomposition  spectrale  des  radiations  employées,  a  pu  être  vérilié  pour 
diverses  longueurs  d'onde  prises  isolément.  Pour  le  zinc,  par  exemple, 
une  série  d'expériences  faites  avec  la  raie  3 11  de  l'arc  au  mercure  a  conduit 
aux  nombres  suivants  : 

i;i'a ^ 

en  viiUs-cciilirniLLCs. 

i' 

p6', 
■>.',(3 
36i) 


Coin 

ants 

III 

liliîs  . 
10 

iirhiU- 

16. 

7.) 

3i 

.  2'i 

36 

.  '!(l 

IIl4  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

L'allure  généiale  tics  courbes  est  indépendanle  du  mêlai  éuidié.  Mais  ta  forme  peul 
changer  légèremenl  avec  l'élal  de  la  surface  el  avec  la  longueur  d'onde  emplovée.  Je 
donnerai  ailleurs  les  détails  à  ce  sujet.  Je  me  borne  à  indiquer  ici  que  la  saturation 
est  généralement  plus  facile  à  approcher,  pour  les  petites  longueurs  d'onde,  f[ue  pour 
Jes    grandes. 

Enfin  /e  champ  magnétique,  agissant  à  la  pression  ordinaire,  abaisse,  s'il  est 
suffisamment  intense,  le  courant  photoélectrique,  sans  que  la  coube  de  saturation 
change  de  forme.  Avec  un  champ  de  i  oooo  gauss  et  le  zinc,  la  diminution  est  facile- 
ment de  i4  pour  loo.  Celle  action  du  champ  magnétique  était  connue  depuis 
longtemps  pour  les  basses  pressions. 

On  peut  chercher  à  interpréter  théoriquement  la  forme  des  courbes  de 
saturation.  Grâce  aux  précieuses  indications  de  M.  Langevin,  il  m'a  été 
possible  de  soumettre  au  contrôle  de  l'expérience  une  théorie  dans  laquelle 
on  considère  les  ions  de  l'eflet  Hertz,  une  fois  produits  aux  dépens  des  élec- 
trons qui  sortent  du  métal  éclairé,  comme  ramenés  partiellement  vers  lui 
par  la  diffusion,  ce  qui  diminue  le  courant  qu'on  peut  extraire  du  gaz.  Les 
formules  auxquelles  on  est  conduit  concordent  remarquablement  avec  les 
résultats  expérimentaux,  ainsi  qu'en  témoigne  l'exemple  suivant.  I^a  pre- 
mière colonne  donne  les  rapports  successifs  des  courants  observés  dans 
l'exemple  ci-dessus,  la  seconde  colonne  donne  les  rapports  calculés  dans 
l'hypothèse  où  l'émission  des.  électrons  se  fait  d'une  manière  homogène 
dans  toutes  les  directions. 


1 ,67.5  '  >67 

I  ,  5o3  1 , 5 1 

1.2',  1,22 

1,16  '  1  '7 

I , og  1,08 

On  voit  que  la  concordance  a  lieu  au  centième,  ce  qui  est  précisément  la 
limite  d'exactitude  des  expériences.  Si  l'on  se  place  dans  l'hypothèse  d'une 
émission  normale  de  tous  les  électrons,  ou  encore  dans  l'hypothèse  d'une 
émission  suivant  la  loi  du  cosinus,  la  même  comparaison  donne  une  concor- 
dance presque  aussi  l)onne.  I'',n  d'autres  termes,  la  précision  des  expériences 
est  suffisante  pour  conlirmer  l'exactitude  du  mécanisme  indiqué  ci-dessus 
pour  rendre  compte  de  la  forme  des  courbes,  mais  elle  ne  permet  pas  de 
fixer,  en  outre,  la  nature  de  la  loi  d'émission  corpusculaire. 

On  peut  cepondaiit  aller  jdiis  loin.  I^a  même  théorie  permet  de  déduire  des 
nombres  préc(Mlenls la  \aiçurdu  j)arcoursque  les  éleclrous,  sortant  du  métal. 


SÉANCE    DU    2    MAI    19IO.  III3 

clVccluenl  librement  dans  le  gaz  avanl  crèlre  arrêtes  et  transformés  en  ions 
négatifs  ordinaires.  Le  nombre  obtenu  est  2,'|,io  '  dans  Fliypothèse  de 
l'émission  homogène.  Or,  la  théorie  cinétique  des  gaz  permet,  par  des 
données  thermiques,  d'évaluer  aussi  le  parcours  moyen  d'un  électron,  en  ne 
tenant  compte  que  de  son  mouvement  d'agitation  moléculaire.  On  trouve 
ainsi  le  nombre  0,57.10"^  Le  fait  que  ce  nombre  est  du  même  ordre  de 
grandeur  que  le  précédent  et  eu  même  temps  un  peu  inférieur,  doit  être 
considéré  comme  une  nouvelle  et  importante  confirmation  de  la  théorie. 

lùilin,  dans  un  champ  magnétique  transversal,  les  trajectoires  des  corpus- 
cules deviennent  des  hélices,  ce  qui  oblige  à  apporter  une  correction  aux 
formules  utilisées.  Le  premier  terme  de  celte  correction  a  été  calculé  par 
M.  Langevin;  rapproché  de  la  variation  expérimentale,  il  permet  d'évaluer 
la  vitesse  d'émission  des  corpuscules.  On  trouve  ainsi  un  nombre  de  l'ordre 
de  5.10',  c'est-à-dire  en  bon  accord  avec  celui  que  Lenard  a  obtenu  par 
mesure  directe.  C'est  une  nouvelle  justification  de  la  théorie. 


Ét.ECTRlCITli.  —  Sur  l'ionisation  des  gaz  par  les  actions  de  diiision  mécanique 
des  liquides;  corps  actifs  et  inactifs.  Note  de  M.  ni:  l\muiiAK,  présentée 
par  M.  K.  Bouty. 

Lu  iS()2,  Lenard  (' ),  pour  rendre  compte  de  l'électrisation  de  l'atmos- 
phère au  voisinage  des  chutes  d'eau,  rechercha  si  l'air,  dans  lequel  on  agite 
un  liquide,  est  chargé  ;  il  trouva  ainsi  que  l'air  d'une  bouteille,  dans  laquelle 
on  a  fortement  secoué  du  mercure,  est  très  notablement  éleclrisé  négative- 
ment. En  dehors  des  solutions  acjueuses,  le  sulfure  de  carbone,  l'essence  de 
térébenthine  lui  parurent  également  communiquer  de  l'électricité  à  l'air 
environnant  et  prendre  une  charge  complémentaire. 

Depuis  lors,  plusieurs  travaux  ont  établi  que,  dans  le  cas  très  analogue  du 
l)arl)Otage  d'un  gaz  à  travers  un  liquide,  il  s'agissait  d'une  mise  en  suspen- 
sion d'ion*  des  deux  signes  et  de  mobilités  diverses. 

En  1907  (-)  j'ai  montré  en  particulier  que,  pour  le  barbotage,  on  trouve 
une  difTérence  très  nette  entre  les  divers  liquides  qu'on  peut  diviser  en 
deux  classes  :  les  uns,  actifs,  donnent  des  centres  à  charge  multiple  (  dont 
la  mobilité  est  réduite  par  exposition  au  radium);  les  autres,  iuaclifs,  don- 

(')  Lf.naru,  Wicd.  Ànnalen,  i8()'2. 

(-)  Bulletin  de  la  Société  française  de  Pliysiquc,  21  juin  1907. 


IIl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nant  seulement  des  centres  neutres  (chargeables   par  des   rayonnements 
ionisants). 

Au  premier  groupe  apparliennenl  :  l'eau,  les  alcools,  l'éther,  riicélone,  l'aldélivile, 
l'acirie  sulfurique,  l'aniline,  elc. 

Le  second  groupe  comprend  la  benzine,  le  toluène,  le  xylène,  le  tétrachlorure  de 
carbone,  le  penlane,  l'Iiexane,  le  sulfure  de  carbone,  l'essence  de  térébenthine,  le  chloro- 
forme, etc. 

Quant  au  mercure  il  ne  donne,  par  barbolage,  ni  cenires  chargés,  ni 
centres  neutres. 

Il  semble  donc  que  pour  certains  corps,  le  mercure,  la  térébenthine, 
le  sulfure  de  carbone,  l'agitation  et  le  barbolage  puissent  conduire  à  des 
résultats  différents. 

Pour  examiner  ces  divergences,  j'ai  repris  une  étude  générale  des  procédés 
d'ionisation  des  gaz  par  les  actions  mécaniques  de  division  exercées  sur  les 
liquides,  telles  que  :  barbolage.  écrasement  de  Jet ,  pulvérisation,  agitation  no- 
ie nie  en  vase  clos. 

Disons  de  suite  que  tous  ces  procédés  conduisent  encore,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  à  diviser  les  liquides  en  deux  groupes  :  les  uns  actifs,  les 
autres  inactifs,  et  que  ces  deux  groupes  semblent  bien  être  identiques,  quel 
(jue  soit  le  procédé  mécanitjue  employé,  les  divergences  ûpparehlés  provenant 
de  la  plus  ou  moins  grande  sensibilité  que  le  phénomène  offre  à  la  présence  de 
traces  d'eau. 

a.  liarboldge.  Je  ne  reviendrai  pas  sur  les  résultais  déjà  publiés  ('  ). 

b.  Agitation. 

Un  appareil  à  violente  agitation  mécanique  a  été  réalisé  en  montant  un  ballon  de 
verre  sur  une  tige  animée  d'un  mouvement  de  va-et-vient  très  rapide  (5oo  à  looo 
oscillations  par  minute);  nous  allons  donner  quel(|ues  détails  sur  le  cas  du  mercure, 
parce  qu'il  est  intéressant. 

On  met  une  petite  quantité  de  ce  métal  dans  le  ballon  ;  on  agile  et  l'on  fait  passer  un 
courant  d'azote  sec  et  filtré  qui  est  ensuite  dirigé  dans  les  appareils  de  mesure  en  Ira- 
versant  un  deuxième  ballon  où  l'on  peut  pointer  le  faisceau  d'un  arc. 

On  observe  d'abord  une  ionisation  assez  intense  provenant  d'ions  des  deux  signes, 
mais  avec  une  prédominance  marquée  des  charges  négatives;  ceci  correspond  vrai- 
semblablement au  phénomène  observé  par  Lenard;  mais  un  faisceau  lumineux  décèle, 
en  même  temps,  dans  le  gaz  la  présence  de  fines  particules  en  suspension  qui  consti- 
tuent le  véhicule  des  charges  électriques;  ces  particules  sont  de  l'eau  provenant  des 
couches  d'iiuinidité  adhérentes  aux  diverses  surfaces  :  mercure,  verre,  elc.   A  mesure 

(')   l>li  Hr()(;(.ii:,  Ae  Hmliiiiu,   njo-;  .tmirnal  dr  l'insii/iie,  ii)io. 


SEANCK  DU  ■!    MAI  1910.  III7 

fine  le  coiiranl  d'azote  dessèche  ces  surfaces  (  «e  que  l'agitalioii  fa\oiise  beaiicotip  ),  le 
faisceau  leiid  à  disparaitie  eo  même  leuips  i|ue  rionisalioii. 

On  pouvait  se  demander  si  une  émanation  radioaclive  contenue  dans  le 
mercure  n'aurait  pas,  au  début,  pu  produire  les  charges  constatées;  outre 
qu'on  peut  s'en  assurer  directement,  le  seul  fait  que  les  charges  observées 
soient  multiples  et  ([ue  des  centres  neutres  mis  en  suspension  dans  le  gaz  ne 
se  chargent  pas  en  liaversant  le  mercure,  montre  (pTil  faul  éliminer  cette 
explication. 

Si  l'azote  est  remplacé  par  un  courant  d'air  sec,  le  mercure  s'attaque  et 
l'on  voit  dans  le  gaz  une  suspension  de  poussières  d'oxyde  formé  par  voie 
chimique  en  milieu  sec;  ces  poussières  ne  sont  pas  chargées. 

D'autres  liquides,  de  l'eau,  des  alcools,  etc.,  agités  dans  ces  conditions, 
donnent  un  gaz  ionisé,  analogue  au  gaz  de  barbotage;  de  même,  les  liquides 
inactifs  par  barbotage  restent  inactifs  par  agitation  mécanique,  à  condition 
qu'ils  soient  suffisamment  anhydres  ('). 

c.  Le  brisemctil  d'un  jet  liquide  (très  analogue  à  l'écrasement  des  gouttes, 
étudié  en  particulier  par  Aselmann  dans  le  cas  des  solutions  aqueuses)  donne 
des  résultats  similaires.  Xous  avons  employé  un  jet  fin,  mais  homogène,  de 
liquide  sous  pression  se  brisant  sur  une  paroi  de  verre  au  sein  du  gaz  à 
ioniser  ;  on  trouve  toujours  la  même  division  en  liquides  actifs  et  inactifs. 

d.  La  pulvérisation ,  étudiée  par  Eister  et  Geitel  et  récemment  par  M.  L. 
Uloch(-),  conduit  à  une  division  analogue  ;  ces  résultats  sont  en  accord  avec 
ceux  que  nous  avons  obtenus  par  un  procédé  un  peu  différent  ;  toutefois 
l'inlluence  de  l'eau  a  là  un  rôle  important;  ainsi  la  térébenthine  et  même 
la  benzine  peuvent  donner  des  charges  quand  elles  contiennent  des  traces 
de  ce  liquide. 

On  est  ainsi  conduit  à  penser  ([u'il  faut,  peut-être,  rapporter  l'activité 
des  liquides,  tels  que  l'éther,  l'aniline  et  même  les  alcools,  à  l'eau  dont  il 
est  presque  impossible  de  les  séparer  complètement.  Le  fait  q-ue  les  liquides 
inactifs  donnent  des  centres  neutres  susceptibles  d'être  chargés  par  la  pré- 
sence de  faibles  traces  de  liquides  actifs  explique  bien  comment  l'activité 
d'un  mélange  d'eau  et  d'éther,  par  exemple,  peut  être  plus  forte  que  celle 
de    l'eau,  tandis  que  l'éther,   tout  à  fait  anhydre,  serait  peut-être  inactif; 


(  '  )  Ces  pliéiiomènes  sont  intéressants  au  point  de  vue  de  t'électrisation  par  frottement 
entre  solides  et  liquides. 

(^1  Compte'!  renrliis.  1"'' semestre  lyio,  p.  967. 


III.S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  cet  ordre  d'idées,  il  convient  de  citer  le  fait  que  rétlicr  devient  moins 
actif  quand  on  vient  de  le  dessécher  avec  du  sodium. 

En  résumé,  l'iomsalion  des  gaz,  par  action  mécanique  rie  division  des  liquides, 
présente  les  mêmes  caractères  quel  que  soit  le  procédé  employé  et  met  toujours 
en  évidence  les  deux  catégories  de  liquides  actifs  et  inaclifs  que  j'ai  signalées 
en  1907,  l'activité  étant  peut-être  liée  à  ta  présence  de  l'eau  dans  les  corps 
qui  présentent  cette  propriété. 

Quant  à  l'origine  de  l'électrisation,  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  la  ratlac/ierà 
la  rupture  des  surfaces  liquides  ('  ). 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Action  de  l'effluve  sur  le  chloroforme  et  le  tétrachlo- 
rure de  carbone  en  présence  de  Vhydrogène,  ainsi  que  sur  le  chlorure  de 
méthyle.  Note  de  MM.  A.  Besson  et  Ij.  Foubmeh,  présentée  par 
M.  froost. 

Dans  les  lieritche  du  mois  de  novembre  dernier  (p.  /(39^^),  M.  Losanitsch 
a  publié  le  résultat  de  recherches  qu'il  a  faites  sur  l'action  de  l'eflluve  sur 
le  chloroforme;  le  produit  oléagineux  condensé,  soumis  à  la  distillation 
dans  un  courant  d'hydrogène,  lui  a  fourni  un  liquide  liuileux  auquel  il  a 
attribué  la  composition  C°H^C1'-  et  un  corps  solide  identifié  avec  C-Cl". 
L'opération  ne  semble  avoir  porté  que  sur  de  faibles  quantités  de  matière, 
si  l'on  en  juge  par  le  procédé  de  séparation  sommaire  auquel  l'auteur  s'est 
borné. 

Le  présent  travail  était  en  cours  à  cette  époque  et  nous  nous  sommes 
astreints  à  préparer  des  quantités  importantes  de  produit,  de  façon  à  pou- 
voir faire  une  séparation  rationnelle  des  composants.  Nous  avons  entraîné 
le  chloroforme  chauflé  au  bain  de  valvoline  vers  'jo"-']i\°  par  un  courant  d'hy- 
drogène pur;  nous  avons  recueilli  un  liquide  oléagineux  de  couleur  rougeàtre 
(couleur  teinture  de  campêche  concentrée),  doué  d'une  odeur  désagréable 
que  nous  avons  soumis  à  des  distillations  fractionnées,  à  la  pression  atmo- 
sphérique pour  les  parties  les  plus  volatiles,  sous  vide  pour  les  parties  plus 
fixes.  La  séparation  des  constituants  est  rendue  très  ardue,  tant  par  suite 
de  leur  nombre  que  de  leur  entraînement  réciproque,  et  ce  n'est  que  par 
de  multiples  fractionnements  que  nous  sommes  arrivés  à  une  séparation 


(')  .I.-J.   Thomson,    Conduction    of  Electrity    lliroiiglt  gazes.    — ■    De  1>roglie  et 
Bki/.aiiu,  Comptes  rendus,  V  semesU'e  1909,  p.  1Ô96. 


SÉANCE  DU  2  MAI  I910.  TII9 

satisfaisante  des  dilVérents  composants;  leur  identité  a  été  établie  tant  par 
leur  point  d'cbullition  que  par  l'analyse.  Les  premiers  produits  sont  inco- 
lores, les  suivants  sont  jaune  clair,  les  termes  ultimes  sont  rougeâtres;  la 
matière  colorante  semble  prendre  naissance  par  l'action  de  l'oxygène  de 
l'air  sur  les  produits  très  condensés  ;  elle  se  dépose  parfois  sur  les  parois  des 
vases  sous  forme  d'un  enduit  violacé  soluble  dans  les  solvants  organiques 
auxquels  elle  communique  une  couleur  jaune  rougeàtre. 

Nous  avons  ainsi  séparé  du  produit  brut  de  condensation  les  constituants 
suivants  : 

1°  Un  liquide  distillant  vers  73"  (CCP)  ; 

■2°  Un  liquide  distillant  vers  120"  (C-Cl')  : 

3CHCP=?.IIG1  +  C2C1'; 
3"  Un  liquide  distillant  vers  160°  (C^HCl')  : 

2CHCP=1ICI  +  C=HCI^; 
4°  Un  corps  solide  distillant  vers  i85"  (C-CI")  : 

2CHCP=:2H-f-C-^Gl«; 
5°  Un  liquide  distillant  vers  210"  (CCI")  : 

3CHCI'=3HCI-i-C^GI«; 

(3"  Un  liquide  oléagineux  distillant  vers  120°  sous  i5'"'"  de  pression  et 
vers  245"  à  la  pression  atmosphérique,  avec  décomposition  partielle  et  déga- 
gement de  H  Cl  (C  H  CI')  : 

3CHC1'=2HCI-+-C'HCI'; 

7°  Un  liquide  très  visqueux  distillant  vers  i5")°  sous  i  "i"'™  et  vers  275°  à 
la  pression  atmosphérique  (CCI*)  : 

4CHCP=.',HCI  4-C*GI'*. 

Tels  sont  les  principaux  produits  formés  qui  peuvent  cire  considérés 
comme  des  dérivés  chlorés  des  carbures  C"H-""^-  et  C"H-";  nous  avons  dû 
négliger  de  petites  quantités  de  produits  très  visqueux  distillant  à  tempéra- 
ture plus  élevée  que  C  CI*.  On  voit  que  la  formation  de  ces  corps  s'explique 
rationnellement  à  partir  de  CHCl',  sauf  pour  CCI'  dont  la  genèse  est 
cependant  indubitable.  La  formation  de  CCI'  semble  connexe  de  celle  d'un 
composé  plus  hydrogéné  que  ceux  que  nous  avons  cités  précédemment  et 

C.  R.,  igio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  18.)  I'l7 


I120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

qui  (lislillerail  au  voisinage  de  i:")o°  à  la  pression  alniospliérique;  nous 
n'avons  pas  pu  l'isoler  d'une  faeun  certaine,  mais  il  est  à  penser  qu'il  s'agit 
du  perchlorure  d'acélylène  (^-H-CP  qui  distille  à  147"  :  la  formation  simul- 
tanée de  ces  deux  corps  s'e\pli(juerail  alors  par  l'équation 

3CHCP=HCI-F  GCl^+C^tPCl*. 

La  proportion  des  diflerents  constiluanls  est  liés  inégale;  en  tout  cas,  c'est  C-CI' 
qui  prédomine.  Nous  ferons  enfin  remarquer  que  le  résidu  du  chloroforme  employé, 
qui  est  resté  soumis  à  l'action  de  la  chaleur  au  bain  de  valvoline  vers  yC-jS"  pendant 
un  mois  environ  est  un  liquide  noirâtre  (100"""  environ)  qui,  soumis  à  la  distillation, 
fournit  une  gamme  de  produits  distillant  de  +70°  à  la  pression  atmosphérique 
jusqu'à  +i5o°  et  au  delà  dans  le  vide;  il  en  résulte  que  le  chloroforme  subit  à  celte 
température  une  décomposition  lente  sous  l'action  de  la  chaleur  seule  (en  présence  de 
l'hydrogène)  en  donnant  des  produits  semblables  à  ceux  que  donne  l'effluve.  On  pour- 
rait supposer  que  ces  produits  proviennent  du  reflux  des  appareils  à  effluves,  mais 
cette  hypothèse  est  inadmissible,  car  le  courant  continu  d'hydrogène  s'}'  oppose  et,  si 
ce  retour  des  vapeurs  était  possible  pour  les  produits  les  plus  volatils,  il  n'en  serait 
pas  de  même  pour  les  produits  fortement  condensés  qui  sont  très  peu  volatils  dans  les 
conditions  de  l'expérience. 

L'hydrogène  et  les  vapeurs  de  tétrachlorure  de  carbone  CCI'  donnent,  sous  l'action 
de  l'effluve,  à  peu  près  les  mêmes  produits  que  le  chloroforme;  nous  avons  pu  notam- 
ment isoler  et  identifier  les  corps  C'^Cl*,  C/HCl',  C-Cl''  très  abondant,  puis  C*CI', 
distillant  vers  210°  à  la  pression  atmosphérique  un  liquide  qui  correspondrait  à  la 
composition  C*H^CI".  Ce  qui  est  surtout  intéressant  à  noter,  c'est  que  si  l'eflluve 
décompose  les  composés  hydrochlorés  du  carbone,  inversement  elle  peut,  en  présence 
d'hydrogène,  donner  des  produits  de  substitution  hydrogénés. 

Les  vapeurs  de  chlorure  de  inéthyle  C.H'Cl  dirigées  (sans  hydrogène) 
dans  ure  série  de  tubes  à  effluves  disposés  en  batterie  se  condensent  en 
un  liquide  oléagineux  noirâtre  qui  se  différencie  nettement  au  point  de  vue 
des  propriétés  physiques  du  produit  obtenu  avec  le  chloroforme,  il  a  une 
odeur  éthérée  qui  rappelle  celle  du  chloroforme.  La  distillation,  d'abord  à 
la  pression  atmosphét^que  puis  sous  pression  réduite,  donne  des  liquides 
parfaitement  incolores.  Nous  avons  pu  en  extraire  successivement,  d'abord 
par  fractionnement  à  la  pression  atmosphérique  : 

I"  Un  liquide  distillant  à  84''-86°  auquel  l'analyse  conduit  à  attribuer  la 
composition  C-H*CP  :  aCHM'.l  =  2H  +  (,?1IH.U-,  c'est  le  chlorure  d'éthy- 
lène  ; 

2°  Un  liquide  distillant  à  i54°-ij6",  c'esl  (^HMJl''  homologue  supé- 
rieurdeC4i'(:inCH-Cl-ClICl  — Cll»Cl):3CH^Cl  =  4n  +  (:'lU(:i'. 

La  suite  du  fractionnement  a  été  faite  sous  pression  réduite,  carà  la  près- 


SÉANCE  DU  2  MAI  I9IO.  II2I 

sion  almospliérique  il  y  a  une  notable  décomposition  (avec  dégagement 
de  HCl),  mais  la  séparation  des  produits  ultérieurs  qui  distillaient  sous 
T,")""',  depuis  70°  jusqu'à  plus  de  200",  a  présenté  des  difficultés  extraordi- 
naires, non  par  manque  de  produit  que  nous  aviotis  en  assee  grande  abon- 
dance, mais  parce  que  la  suite  des  fractionnements  ne  conduisait  à  aucun 
résultat  effectif;  après  une  trentaine  de  fractionnements  sous  des  formes  va- 
riées, nous  avions  des  fractions  à  peu  près  égales  s'échelonnant  (sous  iS™"") 
de  10°  en  10°,  de  70°  à  160"  et  au  delà.  L'analyse  de  ces  différentes  fractions 
donne  des  nombres  très  voisins  qui  varient  d'abord  progressivement  de  1& 
composition  correspondant  à  C'H^Cl'  à  celle  correspondant  àC^fPCl'qui 
distille  vers  i35"  sous  i5'"";  nous  avons  retiré  ce  corps  de  la  fraction  (i3o°- 
i4o°)  sous  i5™"'  où  une  certaine  accumulation  de  liquide  était  manifeste, 
4CHH;1  =  I1(>1  +  GII  +  C  IPCi'.  Enfin,  les  fractions  supérieures  s'ache^ 
minent  vers  la  composition  C'H'Cl',  sans  l'alleindre,  pour  la  dernière 
fraction  isolée  vers  180°  sous  i5'"'". 

En  généralisant  ces  résultats,  on  en  déduit  que  l'eflluvalion  du  chlorure 
de  méthyle  donne  naissance  à  deux  séries  de  produits,  les  uns  se  rattachent  à 
la  série  saturée  (chlorure  d'éthylèné  et  homologues  supérieurs  par  CHCl), 
les  autres  à  la  série  éthylénique  différant  des  précédents  par  HCl  en  moins, 
mais  dont  nous  n'avons  isolé  qu'un  représen  tant  C'H^Cl^  =  C'H^Cl*  —  HCl. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  isoméries  de  quelques  y-glycols  acétyléniques. 
Note  de  M.  G.  Dupont,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

A.  Dans  une  Note  précédente  ('),  j'ai  indiqué  comment,  du  produit  de 
la  réactiotl  de  Jotsitch,  j'avais  pu  extraire  les  deux  isomères  de  Vhexine-'i- 
dwt-2.5.  J'ai,  depuis,  poursuivi  l'étude  des  isoméries  de  qUelqUes  aUtres 
y-glycols  acétyléniques  de  formule  générale  : 

j^^COH  -  G  =  G  -  C OH<^]J, , 

dans  lesquels  la  présence  de  deux  carbones  asymétriques  fait  encore  pré- 
voir l'existence  de  deux  isomères  stéréochimiques. 

I.  Isoméries  du  glycol  :  CGP- CHOU  —  G  =  G  — CHOH  —  CGI'.  —  Obleiiù 
par  l'action  du  chloral  sur  le  dibromomagnésium-acétjlène  (-),  il  se  présente,  après 

(')  Comptes  rendus,  l.  CXLIX,  i90<),  p.  i38i. 

(-)  Jotsitch,  Jotirii.  Soc.  pliys.  chim.  r..  t.  XXXIV,  p.  242-244- 


II22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

cristallisation  dans  l'eau,  sous  forme  d'une  niasse  cristalline  fondant  mal  vers  i3o°. 
Ce  corps  a  été  soumis  à  des  dissolutions  fractionnées  dans  le  létracliiorure  de  carbone 
bouillant, 

1°  Les  parties  les  moins  solul)les,  recristallisées  dans  le  toluène,  m'ont 
donné  un  premier  isomère  en  longues  aiguilles  soyeuses  fondant  à  i35° 
(c'est  sensiblement  le  corps  signalé  par  Jotsitch); 

1°  Les  parties  les  plus  soluhles  dans  le  tétrachlorure  de  carbone  ont  été 
dissoutes,  à  l'ébullition,  dans  de  l'alcool  étendu  de  5  ou  6  fois  son  poids 
d'eau.  11  se  forme  deux  phases  :  la  couche  supérieure  décantée  abandonne, 
par  refroidissement,  des  cristaux  d'un  deuxième  isomère  fusible  à  1 1 7°,5- 1 1 8°. 

Le  premier  isomère  donne,  avec  l'anhydride  acétique,  une  diacétine  fon- 
dant à  66''-67°   et,    avec   le  chlorure  de  benzoyle,  une  dihenzoïne  fusible 

à  l  IO"-II2''. 

Le  deuxième  isomère  donne  une  diacétine  fusible  à  54°-55''  et  une  dihen- 
zoine  fusible  à  gS^-gô". 

II.  homéries  du  glycol:  C'H^—  CHOH  —  C  =  C  —  CHOU  —  C=H^  -  Le  produit 
de  l'action  de  l'aldéhyde  benzoïque  sur  le  dibromomagnésium-acétylène  ('),  détruit 
par  l'eau  acidulée,  a  été  lavé  abondamment  à  l'éther.  Une  quantité  assez  abondante  de 
matière  reste  non  dissoute. 

i"  Cette  fraction,  cristallisée  dans  l'alcool  donne,  directement  un  premier 
isomère  fondant  à  i42°; 

2°  L'éther  de  lavage,  d'autre  part,  abandonne,  à  la  distillation,  un  abon- 
dant résidu  cristallin  qui,  cristallisé  dans  l'eau  bouillante,  puis  dans  l'alcool, 
fournit  le  deuxième  isomère  fusible  à  103"- 104*^. 

Traité  parle  brome,  le  premier  isomère  fournit  un  corps  à  consistance  de 
miel,  duquel  je  n'ai  pu  retirer  qu'une  très  faible  quantité  de  cristaux  fondant 
à  172°.  Le  deuxième,  au  contraire,  fournit  presque  uniquement  un  dibro- 
mure  cristallisable  en  belles  paillettes  fondant  à  182°. 

Le  premier  isomère  donne  une  diacéline  fondant  à  88";  le  deuxième 
une  diacéline  fondant  à  56"-57". 

III.  homéries  du  glycol  :  ^""'^COIl  -  C  =  C  -  COH<^J^j"'.  —  Ce  i^hcol  a 
été  préparé  à  partir  de  l'acétopliénone  (-).  Comme  dans  le  cas  précédent,  une  partie  du 


(')  JoTSircH.  Joiirii.  Soc.  p/iys.  c/iiiii.  r.,  t.  \\\V,  p.  laticj-iT-j. 
(-)  JoTsri'CH,  Joiirii.  Soc.  i^liy-'i-  c/ii/n.  r..  t.  \\\\  111,  p.  GôG-G'ig. 


SÉANCE    DU    2    MAI    I910.  I  I  2 J 

procluil,  fourni  par  le  magnésium,   résiste  à  la  dissolution   |iar  un  abondant  lavage  à 
l'étlier  : 

i"  Cette  fi'action,  cristallisée  dans  l'alcool,  fournit  un  premier  isomère 
fusible  à  i63°; 

2°  La  masse  cristalline  extraite,  d'autre  part,  de  l'éther  de  lavage,  a  été 
soumise  à  des  dissolutions  fractionnées  dans  l'éther.  Les  parties  les  plus 
solubles  ont  été  cristallisées  dans  l'alcool  étendu,  bouillant,  puis  dans  le 
toluène.  On  obtient  ainsi  un  deuxième  isomère  fusible  à  12  )"-i27°. 

Ces  deux  corps  fixent  lentement  2"'  de  brome  pour  donner  des  dibromures 
fondant,  le  premier  à  124°,  le  deuxième  à  99°. 

Ces  isomères,  comme  ceux,  des  glycols  précédents,  dinTèrent  fortement  par  leur  solu- 
bilité dans  les  difTérents  solvants  :  les  seconds  isomères  sont,  en  général,  beaucoup 
plus  solubles  que  les  premiers.  Dans  l'éther,  par  exemple,  la  solubilité  à  16°  des 
gljcols  issus  de  l'aldéhyde  benzoïque  est  de  1,10  pour  100  pour  le  premier  isomère  et 
de  16,3  pour  100  pour  le  deuxième;  pour  les  glycols  issus  de  l'acétophénone,  ces  solu- 
bilités sont,  respectivement,  de  1  ,o4  et  11, 56  pour  100. 

B.  Je  me  suis  attaché,  dans  cette  Note,  à  melire  en  évidence  les  diffé- 
rences existant  entre  ces  corps  qui  présentent,  deux  à  deux,  à  l'analyse,  la 
même  composition.  L'étude  des  produits  d'oxydation,  étude  que  je  réserve 
pour  une  prochaine  Communication,  prouve,  d'autre  part,  que  ces  corps 
correspondent,  deux  à  deux,  aux  mêmes  formules  symétriques  indiquées. 
Ce  sont  donc  bien  les  isomères  stéréochimiques  que  faisait  prévoir  la 
théorie. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Condensation  des  ajnines  secondaires  avec  l'éther 
^'^-hromodimèthylacètylacètique.  Note  de  MM.  H.  Gaclt  et  G.  Thirodh, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

Les  éthers  acétylacétiqucs,  substitués  ou  non,  fournissent,  par  action 
directe  des  halogènes,  des  dérivés  a-  ou  Y-monohalogénés  susceptibles,  tout 
au  moins  pour  un  certain  nombre  d'entre  eux,  de  se  combiner  aux  aminés  avec 
formation  des  dérivés  aminés  correspondants.  Nous  avons  enti^epris,  en  nous 
limitant  au  cas  des  aminés  secondaires,  létude  de  celte  réaction  qui  conduit 
à  des  résultats  particulièrement  simples  dans  le  cas  des  éthers  aa-dialcoyl- 
acétylacéliques  :  il  ne  peut,  en  effet,  se  former  dans  ces  conditions  qu'un 
seul  dérivé  monohalogéiié,  sans  qu'aucune  transposition  ultérieure  soit  à 
redouter.  C'est  l'exposé  de  nos  recherches  sur  la  condensation  des  aminés 


II 24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

secondaires  avec  l'éther  Y~bi'oinodiinélliylacétiqiie  qui  foi'iiie  l'objet  de 
celte  Note. 

L'éther  y-broinodiniéthylacétylacétique  se  prépare  très  facilement  (  '  )  par 
action  directe  du  brome  sur  l'éther  diméthylacétylacétique.  Le  produit  brut 
obtenu  est,  après  lavages  répétés,  dislillable  dans  le  vide  sans  décompo- 
sition appréciable  et  bout  à  i  i3"-i  i4°  sous  12™"". 

Alors  que  les  aminés  primaires  se  combinent  à  l'éther  y-bromodiméthyl- 
acétylacétique  (^)  en  donnant  naissance,  par  élimination  simultanée  d'acide 
bromhydrique  et  d'alcool,  à  des  dialcoylcétopyrrolidones,  les  aminés  secon- 
daires, comme  il  était  aisé  de  le  prévoir,  se  condensent,  au  contraire,  nor- 
malement en  conduisant  aux  dérivés  aminés  correspondants. 

Nous  avons  condensé  successivement  l'éther  y-bromodiméthylacétylacé- 
tique  avec  la  diélhyiamine  et  l'éthylaniline. 

Elher  y-diclhjlaininodirnéthylacélylacétique 

{CMi»)-^N  — CH2-CO  — C(CH')-^COOC^H». 

On  dissout  1"'°'  de  l'élher  y-bromé  dans  l'éllier  absolu  et  l'on  ajoute  avec  pré- 
caution et  par  petites  quantités  une  solution  de  a"'"'  de  diélhyiamine  dans  l'éther 
absolu.  La  réaction  est  très  vive  et  doit  être  eftectuée  à  0°  dans  un  ballon  surmonté 
d'un  réfrigérant  suffisamment  puissant  pour  éviter  toute  perle  de  diétlivlamine, 
Le  bromliydrale  de  diélhyiamine  se  précipite  immédiatement  :  il  suffit,  au  bout  de 
quelques  heures,  de  l'essorer  pour  obtenir  avec  un  rendement  quantitatif  une  solution 
éthérée  de  l'élher  y-diélhjlaminé.  Pour  éliminer  les  dernières  traces  d'éther  y-bromé, 
il  est  commode,  après  lavages  à  l'eau,  d'épuiser  cette  solution  élhérée  à  l'acide  sulfu- 
lique  étendu.  L'aminoélher  se  dissout,  la  solution  sulfurique  est  lavée  à  l'éther.  puis 
neutralisée  au  carbonate  de  soude  :  l'élher  y-diélhylaminoacélylacétique  est  repris  à 
l'éther,  lavé  à  l'eau,  puis  distillé.  11  bout  sans  décomposition  à  118°  sous  i4'"™. 

Les  essais  que  nous  avons  eilectués  pour  obtenir  des  dérivés  cristallisés  de  cet  éther, 
en  particulier  la  phénylhydrazone  et  la  pyrazolone,  sont  restés  sans  résultats.  Lorsqu'on 
cliaulle  directement  le  mélange  d'aminoéther  et  de  phénylhydrazine  entre  i3o°et  i5o°, 
on  observe  un  dégagement  de  diélhyiamine,  indice  d'une  décomposition  complète. 

lùliery-c'lhylainlinodiméthylaci'tylacétique 

C«Il'(C-H')N  — GH^  — GO  — C(CH»)2C00C«H\ 

On  chaude  3o  minutes  au  bain-marie  un  mélange  de  i'""'  d'èlher  y-bromé  et  de  2°'°' 
d'élhvlaniline.  Au  bout  de  quelques  minutes,  le  biomhydrate  d'éthylaniline  commence 
à  se  précipiter  et  l'on  obtient  finalement  une  masse  cristalline  qu'il  suffit  de  reprendre 


(')  Conrad  et  Kreichcauer,  Berichte,  l.  XXX.  p.  856. 
(')  Conrad  et  Hock,  liericlite,  t.  XXXII,  p.  1200. 


SÉANCE  UU  'J.    MAI  I910.  1130 

à  l'éllier  alisolii  et  d'essorei'.  La  solution  éthérée  de  l'éther  y-étlijlanilinodiniéthylacé- 
tjlacétique  est  ensuite  traitée  comme  il  vient  d'être  indiqué  pour  l'éther  y-diéthvl- 
aminé.  L'éllier  y-éthylanilinodimétliylacétjlacétique  bout  sans  décomposition  à  189° 
sous  iS"™.  Rendement  quantitatif. 

EthylaiiilinomélhyldinK'lliYlphénrlpyrazolone 

C«I1^(CMI»)N-CH^'-C  — C(CH^)^ 

Il  y*^^^ 

N  — N(C'=H'). 

Il  nous  a  été  impossible  d'isoler  la  plién^  lliydrazone  correspondant  à  cet  étiier  :  on 
obtient  directement  par  action  de  la  phényltivdrazine  sur  le  y-étliylanilinoélher,  et 
avec  un  rendement  quantitatif,  la  pyrazolone  correspondante  stable  même  à  la  tempé- 
rature de  200°,  sous  forme  de  petits  cristaux  incolores,  recristallisant  dans  l'alcool  et 
fondant  à  77°.  Celte  pyrazolone  possède  une  constitution  voisine  de  celle  du  pyramidon. 
Ces  éthers  aminoacélylacétiques  jouissent  de  la  propriété  caractéristique  des  étlieis 
[3-cétoniques,  aussi  bien  d'ailleurs  que  les  cétopyrrolidones  de  Conrad,  de  se  dédoubler, 
sous  l'inlluence  des  acides  étendus  à  l'ébuliition,  en  donnant  naissance  aux  aminocé- 
tones  correspondantes.  . 

/CH' 
Dirlhylamiiiomi'lhylisopropylcclone  {O\\')-'H  —  C\P  —  C0  —  C\\(-  On  dis- 
sout l'éther  y-diétbylaminodiméthylacétylacélique  dans  l'acide  chlorhydrique  étendu 
et  l'on  porte  la  solution  obtenue  à  l'ébuliition.  On  recueille  la  quantité  théoiique 
d'anhydride  carbonique  et.  après  évaporation  presque  intégrale  au  bain-niarie  dans  le 
vide  et  neutralisation  ultérieure  au  bicarbonate  de  pelasse,  on  obtient  la  diéthylami- 
nométhylisopropylcétone  sous  forme  d'un  liquide  incolore  bouillant  à  75°  sous  i.'i""", 
à  182°  sous  la  pression  atmosphérique. 

/QJJ3 

Éthylanilinomélliylisopropylcclonc  G«H5(Cni')NCH-^  — CO  — CH(^^jj3.    —  On 

traite  l'éthylanilinoéther  comme  il  a  été  indiqué  pour  l'éther  précédent.  On  obtient 
ainsi  l'éthylanilinomélhylisopropylcétone.  liquide  se  colorant  assez  rapidement  en 
jaune  à  la  lumière  et  bouillant  à  154°  sous  i^"'"'- 

Ces  deux  cétones  se  combinent  à  la  phényihydrazine,  mais,  dans  le  cas  de  l'élhylani- 
linométhylisopropylcétone  seule,  on  obtient  une  phénylhydrazone  ciistallisée  fondant, 
après  recrislallisation  dans  l'alcool,  à  87°.  Celte  phénylhydrazone  est  d'ailleurs  elle- 
même  peu  stable  et  se  décompose  intégralement,  même  dans  le  vide,  au  bout  de  deux 
ou  trois  jours. 

Nous  avons  l'intention  de  poursuivre  nos  recherclies  dans  cette  voie  et 
nous  nous  proposons,  en  particulier,  après  avoir  étudié  successivement  les 
principaux  termes  des  éthers  acétylacétiques,  d'appliquer  la  réaction  de 
Grignardaux  aminocétones  foiMïiées  dans  le  but  d'obtenir  des  aminoalcools 
à  fonction  alcoolique  tertiaire. 


II 26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  protluU  de  la  mélliylulion  de  l'éther  dicéloapo- 
camphorique  de  M.  G.  Komppa.  Note  de  MM.  J.-ï'.  Thorpe  el  G.  Bi.axc, 

présenlée  pur  M.  A.  Haller. 

En  Tannée  1903  ('),  M.  komppa  annonça,  dans  une  très  courte  Note, 
qu'il  avait  réalisé  la  synthèse  de  l'acide  camphorique  par  la  série  de  réac- 
tions suivantes  :  L'oxalate  de  méthyle  se  condense  avec  l'éther  pp-dimé- 
thylglutarique  pour  fournir  le  dicétoapocamphorate  de  méthyle  (I).  Ce 
dernier,  par  méthylation,  puis  réduction,  est  converti  en  acide  campiio- 
rique. 

\/  \/ 

G  G 

^CH'— GO^GH/\,CH  — CO^GIIs^^GH'— C0^CH/\c/5î^'  „. 

\GO-GH' 

GO- — ^GO  Go' ^GO     ' 

I.  II. 

GH^        GH^ 

\/ 

G 

~^h.go=.gh/\g/^^^' 
\C(r-\\ 

cw^- — 'gm^ 

tu. 

Ce  ne  fut  seulement  que  l'an  dernier  (-)  que  parut  le  Mémoire  in  extenso 
renfermant  tous  les  détails  relatifs  à  cet  important  travail,  et  entre  autres 
ceux  qui  concernent  V êther  dicèlocamjdwrique  (II)",  matière  première  de  la 
synthèse  de  l'acide  camphorique. 

Nous  avons  répété  le  travail  de  M.  Konqipa  et  nous  avons  pu  obtenir 
sans  difficultés  marquées  cet  éther,  qui  se  présente,  ainsi  que  M.  Komppa 
l'a  annoncé,  en  cristaux  définis,  fusibles  à  cS5°-88°. 

Or,  ce  corps  (II)  n'a  pas  la  constitution  que  lui  attribue  cet  auteur. 

Lorsqu'on  le  traile  par  une  dissolution  faible  de  potasse,  il  entre  en  solution.  Si,  à 
cette  solution,  on  ajoute  un  excès  de  potasse  concentrée,  il  se  précipite  peu  à  peu  un 

(')  Z).  ch.  Ces.,  t.  \X\VI,  p.  4333. 

(-)  Licb.   1/in.,  i()09,  t.  GGGIAVIll,  p.  isO,  et  t.(^GGIA\.  p.  aog. 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  II27 

sel  insoluble.  Ce  sel.  dissous  dans  l'eau  et  traité  par  un  acide,  régénère  V étiier  dicélo- 
apocamphorique,  et  non  Féther  dicétocampliorique  (rendement  :  5o  pour  100,  par 
rapport  au  supposé  éther  dicétocampliorique).  D'autre  part,  les  eaux  mères  d'où 
ce  sel  de  potassium  s'est  déposé  contiennent  une  quantité  considérable  d'acide  (3j3-di- 
méthvlglutarique  fondant  à  102°,  qu'on  extrait  facilement  par  acidification  et  épuise- 
ment à  l'éther  (correspondant  à  4opour  100  de  la  substance  fusible  à  85°-88°). 

(  )n  n'a  pu  déceler  la  plus  petite  trace  d'acide  app-triméthylglutarique. 
Ces    faits    montrent   à    l'évidence    que   l'éther    dicétocamphorique    de 
M.  Ivomppa  possède  la  constitution 

\/ 
C 

CH'.GO'.CH|'  \C-CO^CH^ 
Co' ^'c-OCH' 

C'est  donc  en  réalité  un  composé  contenant  un  enchaînement  de  cf^  de 
carbone  et  l'on  ne  voit  pas  bien  comment  la  réduction  d'un  tel  corps  peut 
conduire  à  l'acide  camphorique,  qui  est  en  C". 

Nous  ajouterons  que,  pour  obtenir  la  substance  fusible  à  85°-88'',  nous 
nous  sommes  placés  rigoureusement  dans  les  conditions  données  par 
VI.  Komppa;  il  ne  peut  donc  pas  être  question  d'une  différence  de  consti- 
tution entre  la  substance  fusible  à  85°-88"  décrite  par  cet  auteur  et  la  sub- 
stance fusible  à  85°-88"  obtenue  par  nous. 

Peut-être,  après  tout,  M.  Komppa  a-t-il  omis,  dans  son  Mémoire,  un 
détail  important,  absolument  indispensable,  pour  arriver  au  résultat  qu'il  a 
indiqué. 


CHlMl)::  ORGANIQUE.    —    Hydrogénation  de  l'essence  de  térébenthine. 
Note  de  M.  G.  Vavo.v,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  précédente  Communication  (Comptes  rendus.,  29  novembre  iqof)) 
j'ai  indiqué  qu'en  agitant  de  l'essence  de  térébenthine  dans  une  atmosphère 
(l'iiydrogène  en  présence  de  noir  de  platine,  on  obtenait  un  carbure  actif  de 
formule  C'^H'*.  Celle  essence  n'étant  pas  un  corps  homogène,  je  me  suis 
proposé  d'hydrogéner  les  différentes  fractions  fournies  par  la  distillation  du 
proiluit  commeixial  et  de  comparer  entre  eux  les  hydrtires  ainsi  obtenus. 

c.  R.,  ijio,  ]"  Semestre.    (T.   150,  N°  18.)  l48 


1120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  opéré  sur  trois  échantillons  différents  :  essences  française,  allemande  et  améii- 
caine  dont  les  pouvoirs  rotatoires  sont  respeclivemenl  de  —  36", 9,  -t-  r'i°  et  —  r"  pour 
la  raie  jaiiue  du  mercure  X  =  5-8.  Les  distillations  ont  été  faites  dans  le  vide  à  l'aide 
d'un  tnbe  Otto  à  cinq  boules.  Chaque  échantillon  a  été  rectifié  plusieurs  fois  afin  d'éli- 
miner les  corps  bouillant  au-dessus  de  rôS".  Les  fractionnements  et  l'hydrogénation  ont 
porté  sur  la  jiartie  de  l'essence  qui  distille  entre  i55"et  irt5">  et  qui  comprend  au  moins 
les  ,"„  du  produit  commercial. 

Toutes  ces  frarlions  m'ont  donné  mec  un  rendement  quanlitati f  le  même 
liydrure  {^khwWxûow  166";  solidilicalion  —  '(5";  densité  r/|;  =  0,861).  Seul 
le  pouvoir  rotatoii-e  s'est  montré  variable,  ses  valeurs  restant  comprises 
entre  +  23", 8  et  —  23",  8. 

Essence  française  (rotations  sous  20'"'  pour  \  =  5^8  )  : 

Essences — 76°j5  — 65"  — 52", 5  — 39°,6 

Hydrures — 37°,  5  — 38°,  3  — 38".  9  —1^0°, 6 

Essence  allemande  : 

Essences -\-^~°.'i     -)-34°.5     +32°,  1      +5"         —  7°.  5     — 16".  7     — 28° 

Hydrures....      -1-22°. 3     -t-i2°,4     -+-  3".  1      -+-9",  1      — 18", 3     — 25'',4     — 32° 

Essence  américaine  : 

Essences....     -t-i3°.8     -4-7°. 2     — 1°.2     —  9°         ~'7"'.7     — 26°, 9     — 33°, 4 
Hydrures...      -f-  5°,  8         o  — 7".  5     — 14°,7     — 21°, 9     — 3o"         — 35", 7 

Si  l'on  porte  sur  deux  droites  parallèles  les  valeurs  des  pouvoirs  rotatoires  des  essences 
et  de  leurs  hydrures,  en  joignant  denx  à  deux  les  points  correspondants,  on  obtient 
des  droites  sensiblement  concourantes.  Ce  résultat  s'explique  aisément  à  condition 
d'admettre  que  l'essence  est  formée  par  le  mélange  de  deux  corps  seulement  donnant 
tous  deux  le  même  hydrure. 

Soient,  en  eft'et,  OAel  OB  les  pouvoirs  rotatoires  de  deux  essences;  O'A',  O'B'  ceuK 

de  leurs  hydrures;  si  l'on  mélange  ces  essences  en  proportion  j-et,r  on  obtient  un  coips 

MA        r  .  .  .  ■ 

de  pouvoir  rotatoire  OM  tel  que  — jj;  =  —  (règle  de  Biot);  le  pouvoir  rotatoire  de  son 

Il  1         .        /^i.,       ,  '^l'A  r    .,  .     ,  MV        MA'    ^ 

livdiure  est  de  même  U  M    tel  que  tttttt  ^=  —\  1'  e"  resuite  que  t— n  =  ■,,,,,•  Uonc 

Al  D         a;  Al  n         Al  13 

les  trois  droites  AA',  UB'  et  M.M'  sont  bien  concourantes. 

L'oKaincu  des  faisceaux  de  droites  ainsi  olilenus  mon  Ire  que  les  essences 
étudiées,  gauche,  droite  ou  presque  inactive,  contiennent  le  même  [i  pinéiie 
gauche,  tandis  que  l'a  pinène  s'y  trouve  mélangé  à  son  inverse  optique  m 


SÉANCE  DU  2  MAI  19IO.  II29 

proportions  variables.  On  peut  d'ailleurs  trouver  le  pouvoir  rotatoire  des 
pinènes  a  et  [i  et  par  suite  en  déduire  la  composition  de  l'échantillon  con- 
sidéré (pour  la  partie  qui  distille  entre  i55"  et  i65°). 

En  eli'el,  le  pouvoir  rotatoire  du  ,3  piuène  est  déterminé  par  la  droite  correspon- 
dant à  l'hydrure  |  a]j=  —  28", 8. 

L'a  pinène  [ajj  :^  5o°,  5  donne  un  livdruie  [:z]j  =  23°,  8  ;  si  on  le  mélange  à  son 
inverse  optique,  le  rapport  entre  les  pouvoirs  lutatoires  du  mélange  et  de  son  hydrure 

est  encore  de     .  '    •  La  droite  du  faisceau  pour  laquelle  ce  lappoit  est  vérilié  donne  le 
23,8 

pouvoir  rotatoire  de  Va  pinène. 

On  trouve  ainsi  (rotations  sous  20'"'")  : 

Essence  française. 

X  pinène  [  x]i  =  —  79" 63  pour  100 

^3  pinène  [  a].i^ — ocf,6 3-  » 

Essence  allemande. 

a.  pinène  [3t]j^  -i-  48" 7^  pour  100 

j3  pinène  [a ]j^ — ^9°, 5 27         » 

Essence  américaine. 

c.  pinène  [a]j;^  -t-  i5° 72  pour  100 

,3  pinène  [  ^]j  =  —  38°.  5 28         » 

On  voit  ainsi  que  le  ^  pinène  se  trouve  en  quantité  notable  dans  l'essence 
de  térébenthine.  J'aî  cherché  à  l'isoler.  Après  de  nombreux  et  longs  frac- 
tionnements effectués  sur  20''^  d'essence  française,  j'ai  pu  retirer  un  car- 
bure de  pouvoir  rotatoire  [5']j=  —  '22",  7  distillant  à  164°.  Il  se  solidifie 
à  —  5o°;  sa  vitesse  de  cristallisation  à  —  70"  est  de  70"""  par  minute, 
vitesse  bien  supérieure  à  celle  des  fra'ctions  voisines  de  pouvoir  rotatoire, 
soit  inférieur,  soit  supérieur.  Par  hydrogénation,  il  fournit  un  carbure 
[ajj  =  —  23",  5  symétrique  de  celui  c{ue  donne  l'essence  de  pin  d'Alep,  cjui 
est  de  l'a  pinène  pur  (Dabmois,  Comptes  rendus,  2  novembre  1909).  Avec 
ce  dernier  on  obtient,  en  elTet,  un  hydrure  pour  lequel  [«],  =  —  2'3",  8. 

En  résumé  : 

1°  Les  pinènes  a  et  j5l  donnent  le  même  hydrure; 

2°  Ce  sont  les  deux  seuls  constituants  de  la  fraction  i55-i65  de  l'essence 
de  térébenthine; 

3°   L'hydrogénation   des    essences  droites   ou   gauches   montre  que  le 


Il3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

p  pinènc  tranche  y  est  contenu  en  quantité  massive  et  permet  d'en  déter- 
miner la  proportion. 

Ces  résultais  confirment  les  conclusions  auxquelles  est  arrivé  M.  Darmois 
par  Tétude  du  pouvoir  dispersif  des  essences  (/oc.  cil.). 


CHIMIi;  ORGANIQUE.  —  Sur  l' hydrogénation  partielle  des  acides  de  la  série, 
sléarolique  et  sur  Visomérie  de  leurs  dénvés  inonoiodhydricjues.  Note 
de  MM.  A.  Ar.\aud  et  S.  Postervak,  présentée  par  M.  L.  Maquennc. 

I.  La  réduction  incomplète  des  acides  gras  de  la  formule  générale 
C"H-"~''0-,  en  vue  de  leur  transformation  en  acides  de  la  série  C"H'"~-0*, 
n'a  pas  encore  été  réalisée.  Overbeck  ('  )  essaya  en  vain  de  revenir  de  l'acide 
sléarolique  à  Tacide  oléique.  Holt  (-)  annonça  la  possibilité  de  transformer 
Facide  béhénolique  en  acide  brassidique  par  la  poudre  de  zinc  el  l'acide 
acétique  en  présence  de  quelques  gouttes  d'acide  chlorhydrique  concentré. 
Nous  avons  repris  ces  dernières  expériences  el  n'avons  pas  réussi,  dans  les 
conditions  indiquées  par  l'auteur,  à  obtenir  une  quantité  appréciable  d'acide 
brassidique.  Nous  avons  retrouvé  la  totalité  de  l'acide  béhénolique  mis  en 
œuvre,  sans  aucune  altération.  Les  acides  sléarolique  et  taririque  se  sont 
comportés  de  même. 

Nous  avons  pensé  qu'il  s.erait  possible  d'hydrogéner  partiellement  ces 
acides  par  réduction  de  leurs  dérivés  monoiodhydriques.  En  effet,  en 
faisant  passer  un  courant  de  gaz  iodhydrique  sec  dans  l'acide  gras  fondu 
jusqu'à  ce  que  le  poids  du  gaz  retenu  corresponde  à  i™"'  HI  pour 
jmoi  d'acide,  et  en  cliaulïanl  le  dérivé  iodhydrique  formé  avec  de  la  poudre 
de  zinc  et  de  l'acide  acétique  cristallisable  pendant  12  à  24  heures,  nous 
sommes  arrivés  à  préparer  avec  l'acide  sléarolique  de  l'acide  élaïdique, 
avec  l'acide  taririque  un  nouvel  isomère  de  l'acide  élaïdique,  acide 
tarélàidique  et,  enfin,  avec  l'acide  béhénolique,  de  l'acide  brassidique.  Les' 
rendements  sont  satisfaisants. 

X'aciile  eïrtif/i'/f/e  Aa^jo— C'*  H^'0^  obtenu  par  réduelion  du  dérivé  monoiodliy- 
drique  de  l'acide  sléarolique,  cristallise  dans  l'alcool  en  minces  lamelles  oblongues, 
se  formant,  par  soudure  de  lamelles  rhombiques,  et  atteignant  souvent  la  longueur  de 
2cm  à  S"»'.  L'aspect  diQ'érenl  de  l'acide  élaïdique  ordinaire  semble  être  dû  aux  impu- 
retés qu'il  tient  de  l'acide  oléique  et  dont  il  est  très  difficile  de  le  débarrasser  complè- 

(')  Annalen  (ter  C hernie,  Bd.  CXI^,  1866,  p.  41. 

(')  liericiite  d.  deulsch.  cliein.  Oesell.,  Bd.  XXV,  iSg-î,  p.  962. 


SÉANCE    DU    2    MAI    I9IO.  I  l '^  1 

lenienl.  Point  de  fusion  :  44°)'>-  (5°  en  conformilé.  avec  celui  indiqué  dernièrement 
par  Lewkowitcli  (').  Oxydé  par  le  permanganale  de  potasse  en  solution  alcaline,  il 
donne  l'acide  (9,  10,  cis)  dio\y-stéarique  C'*H"()*  fondant  dans  un  tube  capillaire  à 
9.5°,  5,  température  à  laquelle  fond  également  l'acide  obtenu  par  oxydation  de  l'acide 
élaïdique  ordinaire. 

Acide  tarélaïdique  ou  élaïdique  Ao,,  —  C'If  0-.  Petits  prismes  compacts  fondant 
à  52°, 5.  Ne  prend  pas  l'iode  en  solution  acétique,  fixe  3"'  de  brome,  pareil  en  cela 
aux  acides  élaïdique  et  brassidique. 

Par  oxydation  à  froid,  en  solution  alcaline,  par  le  permanganate  de  potasse,  il 
fournit  Vacide  (6,7,  cis)  dioxy-sléariijue  C'*H^"0*  :  lamelles  rectangulaires,  peu 
solubles  dans  l'éther,  presque  insolubles  dans  l'alcool  froid,  assez  solubles  dans  l'alcool 
chaud.  Point  de  fusion  :  117°,  5. 

Vacide  brassidique  C^^H'^O-,  préparé  par  réduction  du  dérivé  monoiodliydrique 
de  l'acide  béhénolique,  ressemble  tout  à  fait  à  l'acide  brassidique  connu.  11  fond  un 
peu  au-dessus  de  60°. 

Le  mode  d'oblenlion  des  acides  de  la  série  élaïdique  qui  vient  d'èlre 
indiqué  apporte  une  nouvelle  preuve  de  la  configuration  cis  qui  leur  fut 
attribuée,  il  y  a  longtemps  déjà,  par  Wislicenus,  à  la  suite  de  considéra- 
tions d'un  ordre  tout  différent. 

II.  Lorsqu'on  refroidit  dans  la  glace  les  jiroduits  monoiodhydriques  bruts 
qui  ont  servi  aux  expériences  précédentes,  on  constate  que  tantôt  ils  se 
prennent  en  masse  cristalline  (dérivés  des  acides  stéarolique  et  béhéno- 
lique) et  tantôt  restent  huileux  même  à  20°  au-dessous  de  zéro  (dérivés  de 
l'acide  taririque).  Une  étude  plus  approfondie  de  ces  produits  montre  qu'on 
est  en  présence,  dans  chaque  cas,  de  deux  composés  monoiodés  isomères  qui 
ont  pu  être  séparés  et  nettement  définis  pour  les  acides  stéarolique  et  béhé- 
nolique. 

Séparation  des  deux  isomères  du  dérii'é  innnoiodliydrique  de  l'acide  stéarolique. 
— Le  produit  brut  est  fondu  au  bain-marie  et  abandonné  à  la  température  de  18°  à  20". 
On  observe  bientôt  l'apparition  de  gros  cristaux  prismatiques  qui  sont  séparés  au  bout 
de  48  heures  par  essorage.  Recrislallisés  dans  la  moitié  de  leur  poids  d'alcool,  ils 
fournissent  une  masse  blanclie,  cristallisée  en  aiguilles  et  fondant  à  89°.  Ce  corps 
répond  à  la  formule  C'^H'^IO-.  Il  se  dissout  dans  son  poids  d'alcool  et  est  soluble  dans 
l'éther  et  dans  l'acide  acétique. 

Le  deuxième  isomère  se  trouve  dans  la  partie  huileuse  essorée.  Mélangée  avec  la 
moitié  de  son  volume  d'alcool  et  refroidie  à  —  i5°,  elle  dépose  des  cristaux  qu'on  sépare 
par  filtralion.  Le   liquide   filtré  est   versé  dans  beaucoup  d'eau  chaude  et  le  produit 

(')  Lewkowitcb,  Huiles,  graisses  et  cires.  Paris,  1906,  p.  147-  M-,  C.  et  Al. 
Saylzeff  avaient  indiqué  pour  l'acide  élaïdique  .5i°-52°  et,  pour  son  dioxy-stéari(|ue, 
99°-ioo°  [J.  f.  prakt.  Ch.,  Bd.  L,  1894,  p.  70-76). 


Il3-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lniileii\  |jrécipité  esl  séché  sur  l'acitle  sulfiii  i(|iie.  Refroidi  à  5°  environ,  il  se  fige  de 
nouveau.  On  l'élend  sur  une  pla(|ue  poreuse  froide  el  Fou  recristallise  le  résidu  sec 
dans  1res  peu  d'acide  acétique  glacial.  On  obtient  ainsi  le  second  isomère  inonoiodhy- 
drique,  fusible  à  23''-24"  et  beaucoup  plus  soluble  dans  Falcool  el  les  autres  dissolv.Tnls 
que  le  précédent. 

Les  deux  isomères  se  forment  à  peu  près  en  quantilés  égales  (  ').  Traités 
par  la  potasse  alcoolique  bouillante,  ils  perdent  rapidement  Tacide  iodhy- 
drique  et  régénèrent  quantitaliveinenl  Tacide  stéarolique  primitif.  Réduits 
par  la  poudre  de  zinc  en  milieu  acétique,  ils  fournissent  le  même  acide 
élaidique  A,j,,o.  Ce  sont  donc  des  acides  monoiodélaïdicjues. 

Par  une  méthode  un  peu  dill'érenle,  nous  avons  pu  séparer  du  dérivé 
monoiodhydrique  brut  de  l'acide  béhénolique,  un  âcide  monoiodobrassidique 
C--H*'  10-  fondant  à  4''^'' et  un  acide  isomère,  fondant  à  37°-38°,  très  soluble 
dans  l'alcool. 

11  est  évident  (pie  la  fixation  d'une  molécule  HI  sur  une  triple  liaison  ne 
peut  donner  naissance  à  des  isomères  stéréochimiques.  Chaque  paire  d'iso- 
mères, décrits  plus  haut,  appartient  nécessairement  à  la  variété  cis  et  doit 
être  exprimée  par  les  formules 

R-C1==CH  — H'         et         R  — CH  =  CI-H'. 

Autrement  dit,  l'acide  iodhydrique,  contrairement  à  l'opinion  généra- 
lement admise,  ne  se  place  pas  toujours  d'une  même  façon  déterminée  dans 
les  produits  d'addition,  du  moins  dans  les  acides  gras  supérieurs  de  la  série 
stéarolique,  les  seuls  étudiés  par  nous  jusqu'ici,  mais  se  fixe  de  manière  à 
mettre  l'atome  d'iode  indistinctement  du  côté  dit  carboxyle  ou  du  côté 
opposé. 

CHIMIE  AGRICOLE.    —    Hôle  des  micas  dans  la  terre  arable.  Note  de 
M.  BiEleu-Chatei.an,  présentée  par  M.  Th.  Schlœsing  fils. 

Par  des  expériences  de  culture  en  pots  (-),  M.  Prianichnikow  (_ Moscou) 
a  montré  que  le  mica  muscovite  peut  fournir  aux  plantes  de  la  potasse  en  plus 
forte  proportion  que  le  feldspath  orthose.  Ce  fait  s'expliquerait,  selon  nous, 
par  l'inégale  solubilisation  de  ces  deux  minéraux. 

l'iir  exemple,  tandis  que  du  mica  muscovite  brové  en  paillettes  plus  ou  moins  fines, 

(')  1^'isomère fondant  plus  li;uit  semble  prendre  naissance  en  quantité  prépondéra uto, 
si  l'on  piovoque  la  foimalion  ilu  dérivé  monoiodhydrique  en  milieu  acétique. 

( '•' )  Cf.  Die  laiHhvirlsvliiiJ'lliclirn    Ve/suc/isstalione/i,  animée  iLp^>. 


tiÉAi\CE    DU    2    MAr    I910.  Il3'i 

cédait  à  l'eau  distillée  jusqu'à  o.qS  pour  1000  de  potasse,  de  l'orthose  en  poiidie  impal- 
pable ne  lui  en  livrait  que  0,2  pour  1000,  soit  nnoins  de  la  moitié,  et  de  l'oitliose  en 
poudre  grossière  (grains  de  i'""  à  2"""  de  diamètre)  seulement  des  (races.  La  solubilisation 
plus  grande  du  mica  paraît  donc  être  une  propriété  intrinsèque  de  ce  minéral,  mais 
elle  résulte  aussi  de  son  aptitude  particulière  à  se  cliver  indéfiniment  en  lamelles  très 
minces,  présentant  une  grande  surface  d'attaque.  Cette  solubilisation  augmente  si  l'on 
ajoute  à  l'eau,  soit  de«  acides,  soit  des  substances  employées  comme  engiais  ou  amen- 
dements, comme  le  montre  ce  Tableau  : 

Potasse  dissoule 
lilssolvimls.  pour  tOOO. 

Eau  distillée  pure .  .  .  o,48 

»             plus  plàlie ....  1,02 

»                  »      tourbe 1  ,0.5 

»                 i>     sulfate  d'ammoniaque i,à.> 

n                  »      chaux  vive <  176 

»                 »      acide  citrique  (1   pour  100).  1,8-5 

»                n      phosphate  monocalcique  ..  .  2,a4 

Acide  chlorhvdrique  concentré  froid 2,90 

Les  acides  emplo3és  pour  l'analyse  des  terres  attaquent  donc  assez  fortement  les 
micas.  Quant  aux  matières  employées  comme  engrais  ou  amendements,  elles  augmen- 
tent sensiblement  le  pouvoir  dissolvant  de  l'eau  pure.  On  remarquera  surtout  l'action 
exercée  par  le  phosphate  monocalcique  des  superphosphates;  elle  égale  presque  celle 
de  l'acide  chlorhydrique. 

Ces  fails  ont  une  certaine  importance  pi^atiqne  en  raison  de  l'abondance 
des  micas  dans  les  terres  des  régions  granitiques,  gneissiques  et  schisteuses. 
Ainsi,  par  exemple,  les  terres  d'alluvion  du  Rhône  et  de  ses  affluents,  en 
Valais  (Suisse),  contiennent  souvent  de  i5  à  20  pour  100  de  micas  blancs  et 
accusent  une  teneur  en  potasse  totale  parfois  supérieure  à  3o  pour  1000 
(certaines  terres  molassiques  également).  Ces  terres  semblent  donc  aptes  à 
subvenir  largement  aux  besoins  des  récoltes  en  potasse,  et  c'est  bien  ce  qu'on 
observe,  et  cependant  elles  présentent  celle  particularité  inattendue  de  céder 
relativement  peu  (')  de  potasse  à  l'eau  carbonique  ou  même  à  l'eau  bouil- 
lante, sensiblement  moins  que  la  dose  o,  i5  à  0,20  pour  1000  indiquée  dans 
une  Note  précédente  {Comptes  rendus  du  i4  mars)  comme  limite  en  dessous 
de  laquelle  les  engrais  potassiques  seraient  efficaces.  Dans  ces  conditions,  il 
semble  que  ces  engrais  devraient  produire  un  effet  marqué.  Eh  bien,  au 
contraire,  sauf  pour  les  plantes  à  croissance  très  rapide  comme  les  asperges, 
ils  n'augmentent  guère  l'effet  des  super[)hosphates  appliqués  seuls.  Ce  fait 
pourrait  s'expliquer  jusqu'à  un  certain  point  par  une  action  mobilisante  des 

(')  C'est  un  des  cas  exceptionnels  mentionnés  dans  noire  Note  du  14  mars. 


Il34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

superphosphates  à  l'égard  de  la  potasse  du  sol,  mais  il  laisse  supposer  aussi 
que  les  racines  peuvent  puiser  de  la  potasse  dans  la  réserve,  non  immédiate- 
ment soluble,  des  micas,  hypothèse  plausible  en  raison  de  la  grande  finesse 
de  ces  terres  limoneuses,  qui  offrent  aux  racines  une  énorme  surface  d'at- 
taque. 

Pour  vérifier  cette  hypothèse,  nous  avons  institué  l'expérience  de  culture 
en  pot  que  voici: 

Du  ray-grass  fui  ciillivé  dans  un  sol  artificiel  composé  de  :  i°  sable  quartzeux  pur; 
•>."  mica  muscovite  en  paillettes,  complètement  dépouillé  de  sa  potasse  soluble  par  de 
nombreux  lavages  à  l'acide  clilorhydrique,  puis  à  l'eau  distillée;  3°  phosphate  Irical- 
cique  pur  en  petite  quantité.  Semé  en  juin  1908,  le  ray-grass  fut  d'abord  arrosé  d'eau 
distillée,  puis  d'une  solution  nutritive  complètement  exempte  d'alcalis,  contenant  par 
litre  :  is  de  nitrate  de  chaux,  le  de  nitrate  de  magnésie,  os,2  de  sulfate  de  manganèse, 
08,2  de  chlorure  ferrique.  A  part  une  légère  brunissure  de  l'extrémité  des  feuilles,  signe 
caractéristique  de  la  pénurie  de  potasse,  la  végétation  fut  normale  et  se  prolongea 
jusqu'à  la  fin  de  l'année,  mais  sans  produire  de  fleurs.  Les  cendres  du  gazon  récolté 
contenaient  de  la  potasse,  preuve  que  cet  alcali  avait  été  absorbé  par  les  racines.  De 
quelle  manière  ?  Deux  explications  se  présentent  à  l'esprit  :  1°  la  solution  nutritive, 
en  attaquant  le  mica,  aurait  procuré  aux  racines  de  la  potasse  dissoute;  1°  les  racines 
auraient  elles-mêmes  attaqué  et  solubilisé  le  mica.  La  première  exjjlication  doit  être 
écartée,  car,  dans  le  liquide  recueilli  sous  le  pot  après  avoir  traversé  le  sol  artificiel, 
on  ne  pouvait  déceler  la  présence  de  la  potasse,  à  l'aide  du  réactif  de  Carnot,  pouilant 
si  sensible.  Il  faut  donc  admettre  que  les  racines  avaient  elles-mêmes  puisé  la  potasse 
nécessaire  dans  le  reliquat  censé  insoluble  du  mica.  Cette  attaque  était  en  elTet  rendue 
manifeste  par  l'adhérence  prononcée  des  paillettes  de  mica  aux  racines,  qu'elles  en- 
touraient comme  d'une  gaine. 

Nous  aurions  ainsi  démontré  que  les  racines  de  certains  végétaux  peuvent 
attaquer  des  silicates  réputés  insolubles,  et  nous  sommes  en  droit  de  con- 
clure que,  dans  les  terres  d'alluvion  susdites,  riches  en  micas  blancs  (et 
peut-être  dans  d'autres  analogues),  les  racines  tirent  une  partie  de  la 
potasse  nécessaire  de  la  l'éserve,  censée  insoluble,  que  recèlent  ces  micas, 
ce  qui  rend  souvent  l'emploi  des  engrais  potassiques  superllu.  Nous  pour- 
rions conclure  aussi  qu'il  y  aurait  avantage  à  utiliser  autant  que  possil)le, 
mais  sans  épuiser  trop  le  sol,  le  pouvoir  mobilisant  exercé  par  les  supci- 
pliosphates  et  autres  engrais  ou  aiuendemcnts. 

Notre  expérience  confirme  les  observations  de  M.  Proost  et  de  M.  l*i- 
cliarl,  qui  ont  vu  le  trèfle  et  les  plantes  sarclées  capables  de  s'alimenter  de 
potasse  dans  des  terres  presque  dépourvues  d'alcali  dit  assimildhle,  luais 
contenaut  des  réserves  importantes  de  potasse  inattaquable  par  les  acides. 

Au  cours  de  ces  recherches,  nous  avons  remarcjué  que  le  mica  muscovite 


SÉANCE    DU    2    MAI    1910.  I l35 

en  poudre  fine,  agité  longtemps  dans  Teau  distillée,  ne  se  dépose  ensuite  pas 
tout  entier.  Une  partie  reste  fort  longtemps  en  suspension,  formant  un 
trouble  opalescent  qui  présente  l'aspect  et  les  propriétés  d'une  argile  col- 
loïdale. On  peut  en  inférer  que  les  micas  contriijuent,  aussi  bien  que  les 
feldspaths  et  d'autres  minéraux  alumineux,  à  former  les  argiles.  L'argile 
dile  crùlalline,  notamment,  paraît  composée  en  bonne  partie  de  paillettes 
de  micas  excessivement  fines,  quelques-unes  plus  ou  moins  altérées,  qui, 
mises  en  suspension  dans  l'eau,  y  produisent  un  chatoiement,  une  sorte  de 
moiré,  caractéristique. 

En  résumé,  les  micas  peuvent  jouer  dans  le  sol  un  rôle  assez  important, 
aussi  bien  physique  que  chimique. 

Il  convient  de  remarquer  que  la  plupart  des  micas  peuvent  fournir  aux  plantes,  non 
seulement  de  la  potasse,  mais  encore  de  la  magnésie  et  du  Jlitor.  Les  micas  seraient 
même,  avec  l'apatite  et  les  tourmalines,  une  des  principales  sources  de  fluor  dans  le 
sol  arable.  Ce  fait  n'est  peut-être  pas  sans  importance  au  point  de  vue  de  l'alinien- 
tation  des  animaux  et  de  l'iiomuie,  étant  donnée  la  |)résence  du  fluor  dans  l'émail  des 
dents. 


PHYSIOLOGIE  APPLIQUÉE.  —  Élude  expérinienlale  sur  la  spécificité  d'action 
des  sources  de  Vichy  employées  en  thérapeulique  thermale.  Note  de 
M.  H.  Sérégé,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

Les  principales  sources  chaudes  de  Vichy,  bien  que  présentant  une  miné- 
ralisation à  peu  près  identique,  ont-elles,  ainsi  que  le  veut  la  Clinique,  des 
différences  d'action  thérapeutique  susceptibles  de  créer  à  chacune  d'elles 
une  individualité  nettement  définie?  Nous  avons  essaye  de  résoudre  cette 
question  en  étudiant,  chez  des  chiens,  les  modifications  apportées  à  la  nutri- 
tion et  au  métabolisme  des  matières  albuminoïdes  par  l'action  successive  des 
diverses  sources  de  Vichy  données  en  injections  sous-cutanées. 

Deux  chiens  mâles  de  6''s  à  "f^s,  en  parfait  état  de  santé  apparente,  reçoivent  comme 
alimentation  icob'  de  viande  cuite  et  800*^  de  soupe  (pain  et  bouillon  à  saturation).  Ce 
qui  n'était  pas  ingéré  dans  les  il\  heures  était  pesé  et  défalqué,  pour  permettre  de 
rectifier  la  normale  urinaire  obtenue  avant  l'expérience,  on  la  rapportant  à  la  quantité 
d'aliments  absorbés  durant  la  période  des  injections.  Deux  récréations  surveillées  leur 
étaient  données  matin  et  soir;  les  pesées  étaient  faites  à  jeun  après  émission  des  urines 
et  des  matières  fécales.  Les  chiens  étaient  déclarés  bons  pour  l'expérimentation,  un 
mois  seulement  après  leur  introduction  dans  des  cages  spéciales  permettant  de  recueil- 
lir intégralement  lés  urines,  alors  qu'ils  étaient  en  parfait  équilibre  de  poids  et  parais- 
G.  R.,  igio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  18.)  l49 


Il36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soient  Iiabiliiés  à  leur  nouveau  genre  de  vie.  Voulant  étudier  les  variations  de  l'acidilé 
urinaiie,  on  laissait  les  animaux  vider  leur  vessie  ad  libitum:  la  moyenne  de  H  Jours 
d'analyses  consécutives  nous  donnait  l'élimination  urinaire  des  2^  heures. 

Les  méthodes  analytiques  employées  sont  les  méthodes  classiques. 

L'eau,  arrivée  en  flacons  stérilisés  de  loos,  était  employée  en  nature,  dès  sa  ré- 
ception, après  avoir  été  ramenée,  au  bain-marie,  à  sa  température  initiale.  Aucune 
réaction  locale  n'a  été  observée;  l'eau  était  résorbée  rapidement;  l'état  normal  était 
récupéré  3  à  4  j'Jurs  après  la  cessation  des  injections.  La  dose  injectée,  choisie  après 
des  recherches  préliminaires  a  été  celle  de  •5'^"''  par  kilogramme. 

Nous  avons  successivement  étudié  l'action  des  sources  Hôpital,  Grande-Grille, 
Chômai  et  Célestins. 

Nos  premières  conclusions,  établies  d'après  les  résultats  obtenus  avec  deux  chiens 
susceptibles  de  se  contrôler  l'un  par  l'autre,  ont  été  déposées,  en  un  pli  cacheté,  sur  le 
bureau  de  l'.^cadémie,  le  28  juin  1909.  Elles  ont  été  contrôlées  et  confirmées,  durant 
cet  hiver,  par  une  nouvelle  série  de  deux  autres  chiens.  Pendant  cette  longue  expé- 
rimentation, les  animaux  se  sont  maintenus  en  équilibré  pondéral  parfait;  leurs  selles 
ont  toujours  été  moulées,  régulières,  sauf  avec  l'eau  delà  Grande-Grille  où  nous  avons 
constaté  de  la  diarrhée.  A  part  cela  il  n'y  a  rien  à  signaler  d'anormal  à  leur  sujet. 

L'étude  des  moyennes  générales,  établies  à  l'état  normal  et  pendant  les  injections, 
d'après  la  moyenne  de  8  jours  d'élimination  urinaire  des  quatre  chiens  placés  dans 
les  conditions  expérimentales  précédente?,  montre  que  l'action  de  chacune  des 
sources  peut  être  envisagée  :  1°  sur  \e  foie,  2"  sur  Vaciditc  urinaire,  3°  surhi  nutrition 
générale. 

ï"  L'action  sur  le  foie  se  manifeste  par  la  propriété  conjmune  aux  trois 
sources  chaudes  de  favoriser  le  métabolisme  des  matières  albuminoïdes.  Son 
intensité  toutefois  varie  avec  la  source.  Alors,  en  effet,  que  le  rapport  azo- 
turique  augmente  de  3  pour  100  avec  Chomel,  nous  le  voyons  passer  à  6 
pour  100  avec  l'Hôpital  et  à  10  pour  100  avec  la  Grande-Grille.  Cette  amé- 
lioration des  échanges  se  fait  aux  dépens  des  corps  ammoniacaux  et  xantho- 
uriques  dont  les  rapports  à  l'urée  diminuent  d'autant  plus  que  ceux  de  l'urée, 
des  phosphates  et  sulfates  à  l'azote  total  augmentent. 

La  Grande-Grille  nous  a  montré,  en  outre,  des  propriétés  spécifiques  sur  le 
foie  biliaire,  ainsi  que  l'établit  la  diminution  relative  du  rapport  des  sulfates 
à  l'azotetotal,  comparée  à  l'augmentation  obtenue  avec  V Hôpital  àowl  l'action 
sur  le  foie  digestif  est  moins  intense.  Ce  fait,  en  apparence  paradoxal,  s'ex- 
pliquerait par  le  passage  dans  la  bile,  pour  former  des  sels  biliaires  en  excès, 
d'une  partie  du  soufre  urinaire.  La  coïncidence  delà  diarrhée,  tant  cheznos 
animaux  que  chez  l'homme,  sous  l'influence  de  cette  source,  nous  paraît  cor- 
roborer cette  manière  de  voir. 

L'eau  de  t'/^ow^/ partage  à  un  faible  degré  celte  action  ;  celles  de  V Hôpital 
et  des  Célestins  nous  ont  paru  indilTérentes. 


SÉANCE    DU    2    MAI    I91O.  1  l3'] 

1"  L'eau  de  VHôpùal  est  de  toutes,  celle  dont  l'action  alcalinisante  est 
maxima.  Alors  que  pour  les  trois  autres  sources  cette  action  est  équivalente 
au  titre  alcalimétrique  de  chacune,  exprimé  en  CO'NaH,  pour  Vllôpital 
elle  lui  est  bien  supérieure.  Cette  propriété  est  un  de  ses  caractères  spéci- 
fiques. Si  nous  la  rapprochons  de  celle  si  remarquable  des  alcalins  sur  les 
muqueuses,  nous  comprendrons  comment  cette  eau,  prise  en  ingestion, 
présente  une  si  grande  efficacité  dans  le  traitement  des  affections  gastro- 
intestinales. 

3°  L'action  sur  la  nutrilion  générale  est  différente  suivant  les  sources  : 

Avec  la  Grande-Grille,  nous  avons  constaté  une  diminution  de  poids  de 
nos  animaux,  coïncidant  d'un  part,  avec  une  augmentation  notable  de  l'azote 
total  par  rapport  à  la  normale,  d'autre  part  avec  une  augmentation  de  la 
densité,  le  volume  de  l'urine  émise  restant  le  même.  Ces  faits  accompagnés 
d'une  exagération  intense  des  oxydations  générales,  montrent  que  cette  eau 
favorise  spécialement  la  désassimilation . 

Avec  l'eau  de  l'Hôpital,  au  contraire,  nos  chiens,  malgré  une  diminution 
de  l'appétit,  ont  accusé  une  augmentation  de  poids  qui,  correspondant  à  une 
diminution  relative  de  l'azote  total,  par  rapport  à  la  normale,  à  un  abais- 
sement de  la  densité,  accompagnée  d'un  relèvement  modéré  des  oxydations 
générales,  accuse  une  action  manifeste  sur  V assimilation. 

L'eau  de  Chomel  ne  présente  aucun  caractère  bien  net  de  spécificité.  Elle 
tient,  en  effet,  de  l'Hôpital  en  ce  qu'elle  pai-aît  plutôt  favoriser  l'assimila- 
tion ;  elle  tient  aussi  de  la  Grande-Grille  par  son  action  modérée  sur  le  foie 
biliaire. 

L'eau  des  Célestins,  source  froide,  ne  paraît  avoir  qu'une  action  modérée 
sur  la  nutrition  générale,  à  la  dose  où  nous  l'avons  injectée.  Par  contre,  elle 
possède  des  propriétées  diurétiques  manifestes  qui,  coïncidant  avec  une  aug- 
mentation de  l'azote  total,  des  corps  ammoniacaux  et  xantho-uriques  élimi- 
nés, sans  que  les  rapports  urologiques  soient  sensiblement  modifiés,  montre 
qu'elle  favorise  aussi  Félimination  des  matériaux  de  déchet. 

La  Clinique^  en  confirmant  en  tous  points  les  résultats  que  nous  avons 
obtenus,  en  reconnaissant  à  chacune  des  sources  de  Vichy,  employées  en 
thérapeutique  thermale,  une  action  spécifique  identicjue  à  celle  cjue  nous 
avons  décelée,  nous  permet  de  reporter  à  l'homme,  par  analogie,  les  conclu- 
sions que  nous  venons  de  formuler.  '     • 


II 38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉDECINE.  —  Du  rôle  de  la  paroi  artérielle  dans  la  mesure  de  la 
pression  artérielle  en  clinique.  Note  de  M.  A.  Mol'tier,  présenlée 
par  M.  A.  d'Arsonval. 

Pour  mesurer  la  pression  artérielle  chez  Tliomnie,  ne  pouvant  pas  pénétrer  diiec- 
tement  dans  l'artère,  on  est  obligé  d'avoir  recours  à  des  procédés  indirects:  on  exerce 
soit  une  contre-pression  localisée  en  un  point  sur  une  artère  facilement  accessible,  soit 
une  contre-pression  globale  sur  un  segment  de  membre  et  la  contre-pression  nécessaire 
pour  arrêter  le  cours  du  sang,  ce  que  l'on  constate  par  des  moyens  divers,  est  considérée 
comme  égale  ou  comme  ayant  toujours  le  même  rapport  avec  la  pression  intra-vascu- 
laire  maxima.  On  considère  que  la  contre-pression  nécessaire  pour  l'écrasement  des 
parties  molles  et  même  de  la  paroi  peut  être  négligée  et  considérée  comme  nulle  ou 
pratiquement  nulle,  comme  étant  toujours  égale  à  elle-même. 

On  en  est  arrivé  à  considérer  comme  ayant  même  signification  ou  au 
moins  même  valeur  deux  termes  bien  différents  :  pression  et  tension  arté- 
rielles et,  dans  le  langage  courant,  on  emploie  indifféremment  l'un  ou  l'autre 
lorsqu'on  parle  de  pression  systolique  ou  maxima. 

Un  certain  nombre  d'expériences,  exécutées  sur  des  sujets  chez  lesquels 
on  a  pti,  en  même  temps,  pratiquer  des  mensurations  directes  et  indirectes 
viennent  confirmer  cette  manière  de  voir.  Mais,  dans  ces  cas,  il  s'agissait  de 
sujets  ayant  une  tension  artérielle  normale  ou  sensiblement  normale.  En 
est-il  de  même  chez  les  autres  ? 

Potain  semblait  en  douter  fortement  et  il  exprime  ainsi  ses  doutes  (  '  )  :  «  Les  troncs 
artériels  sont-ils  le  siège  de  contractions  et  de  dilatations.  .  .  susceptibles  de  modifier 
la  pression  artérielle  à  quelque  degré?  C'est  ce  que  la  Physiologie  ne  nous  dit  guère  et 
ce  qu'elle  est  disposée  à  nier.  C'est  ce  que  nous  montreront  cependant,  d'une  façon 
évidente,  certaines  observations  sphygraomanométriques.  »  Russel  semble  avoir  été 
plus  loin  encore  en  attribuant  l'hypertension  à  un  hypertonus. 

Mais  jusqu'ici  aucune  expérience  n'est  venue  confirmer  cette  manière  de 
voir;  or  nous  venons  de  pouvoir  mettre  le  fait  en  évidence,  en  nous  adres- 
sant pour  cela  à  une  certaine  catégorie  de  malades.  Chez  un  grand  nombre 
de  sujets,  ayant  une  tension  artérielle  inférieure  à  celle  qu'ils  auraient  eue 
pendant  un  certain  temps,  des  hypotendus  ou  des  «  hypertendus-déten- 
dus »,  c'est-à-dire  des  sujets  ayant  eu  pendant  assez  longtemps  de  l'hyper- 

(')  PoTAi.N,  La  pression  arlérielle  de  l'Iioinme.  p.  19.  Paris,  1908. 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  IiSq 

tension  artérielle  et  dont  la  tension  a  été  ramenée  à  la  normale  ou  même 
seulement  abaissée,  on  peut  observer,  par  une  mensuration  faite  à  l'aide 
d'une  contre-pression  bien  conduite,  une  hypertension  artérielle  locale  en 
excitant  d'une  façon  convenable  la  portion  d'artère  explorée. 

Nous  ne  rapporterons  ici  que  quelques  observations,  car  elles  sont  toutes 
semblables.  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  toutes  les  causes  d'erreur  ont 
été  évitées,  autant  qu'il  est  possible;  dans  chaque  cas,  les  mensurations  ont 
été  faites  par  le  même  observateur  avec  le  même  instrument,  le  sujet  étant 
dans  la  même  position.  Or,  comme  nous  allons  le  voir,  les  dilférences  obser- 
vées sont  telles  qu'elles  dépassent  le  coefficient  d'erreur  personnel  de  l'obser- 
vateur, puisque  nous  avons  pu  observer  des  différences  de  9*^™  de  mercure. 
Pour  obtenir  ces  résultats,  nous  avons  d'abord  excité  la  paroi  artérielle  par 
un  courant  faradique,  mais  nous  avons  bientôt  reconnu  qu'il  suffisait  de 
frotter  avec  le  doigt  l'artère  au  niveau  du  point  exploré  pour  obtenir  le 
même  résultat  ou  tout  au  moins  un  résultat  suffisant  pour  mettre  le  phéno- 
mène en  évidence. 

Observation  1.  —  M™"=  X.  .  ..  hypotendue,  présente  au  niveau  de  la  radiale  une  ten- 
sion de  lo"^'"  de  mercure;  après  avoir  excité  cette  artère,  la  pression  est  de  i5;  le  même 
résultat  est  obtenu  sur  chacune  des  radiales,  l'une  après  l'autre.  Le  sujet  est  alors  sou- 
mis aux  courants  de  haute  fréquence  et  de  haute  tension,  suivant  la  technique  que 
nous  avons  établie  (  '  )  ;  la  tension  monte  à  17  dans  chacune  des  radiales  et  aucune  exci- 
tation locale  ne  peut  faire  obtenir  une  nouvelle  variation. 

Obseiivatiox  II.  —  M.  Y.  .  .,  arlério-scléreux  de  date  ancienne,  en  voie  d'améliora- 
tion à  la  suite  de  traitements  divers,  a  une  tension  à  chaque  radiale  de  21;  après  exci- 
tation de  la  radiale,  on  trouve  25;  après  une  séance  de  d'Arsonvalisation,  on  a  18  et, 
après  une  excitation  locale,  encore  26,  à  droite  comme  à  gauche.  Deux  jours  après, 
avant  la  séance  de  d'Arsonvalisation,  18,  après  16;  avant  comme  après,  à  droite  comme 
à  gauche,  à  la  suite  de  l'excitation  de  la  radiale,  25. 

Il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  que  l'hypertension  ainsi  provoquée  est 
d'une  durée  très  courte,  mais  suffisante  pour  permettre  l'observation  du 
phénomène,  et  l'on  peut  suivre  avec  l'instrument  la  disparition  du  spasme. 

On  peut  ainsi  faire  un  diagnostic  rétrospectif  d'hypertension  artérielle 
et  peut-être  même  déterminer  la  valeur  de  cette  ancienne  hypertension, 
bien  qu'elle  n'existe  plus. 

Par  cette  petite  excitation,   par  ce  simple   frottement  de  l'artère,   au 

{')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  33o. 


I  l4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

niveau  du  point  exploré,  on  a  pu  modifier  l'état  de  la  paroi  artérielle,  mais 
non  pas  celui  de  la  pression  intra-vasculaire  ;  on  n'observe  du  reste  aucun 
changement  au-dessus  du  point  excité,  ni  en  un  autre  point  du  territoire 
artériel.  Il  en  résulte  donc  que,  dans  nombre  de  cas,  les  mensurations 
faites  en  clinique  nous  renseignent  bien  plus  sur  l'état  de  la  paroi  artérielle 
que  sur  la  valeur  de  la  pression  intra-vasculaire.  Ces  mensurations,  dans  la 
majorité  des  cas,  nous  donnent  la  valeur  de  la  tension  artérielle  et  non  de 
la  pression  artérielle.  Il  ne  faut  pas  en  conclure  que  la  pression  intra- 
vasculaire  n'a  d'influence  dans  aucun  cas  sur  une  telle  mensuration;  cela 
serait  trop  exclusif  et,  à  un  moment  donné,  l'une  peut  s'ajouter  à  l'autre. 

Ceci  peut  expliquer  comment  nous  avons  pu  déterminer  en  plus  ou  en 
moins  des  changements  considérables,  jusqu'à  lo""  de  mercure,  sans  avoir 
constaté  parallèlement  des  modifications  du  côté  du  cœur,  sauf  dans  certains 
cas  d'arylhmie,  comme  l'ont  si  bien  montré  MM.  Doumer  et  Lemoine  ('), 
les  autres  modifications  cardiaques  étant  des  modifications  à  longue 
échéance. 

Cette  si  facile  excitabilité  de  la  paroi  artérielle  permet  de  comprendre 
pourquoi  les  résultats  de  la  mensuration  de  la  tension  artérielle  peuvent 
varier,  suivant  le  procédé  employé  de  contre-pression  globale  ou  de  contre- 
pression  localisée  et  même  suivant  le  mode  de  mensuration  et  la  manière 
de  procéder  dans  un  cas  comme  dans  l'autre.' 

Enfin,  au  point  de  vue  clinique,  si  cela  modifie  la  manière  d'envisager  la 
genèse  des  affections  liées  à  l'hypertension  artérielle,  cela  ne  modifie  en 
rien  le  pronostic,  ni  le  traitement  de  ces  mêmes  affections. 

MICROBIOLOGIE.  —  Des  propriétés  physiologiques  des  extraits  du  bacille  de 
Koch  condensés  et  sensibilisés.  Note  (-)  de  MM.  H.  "Vallée  et  L.  Gl'ixaud, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

L'un  de  nous  a  établi  qu'il  est  possible  d'amener  le  cheval  à  un  très  haut 
degré  d'hyperimmunisation  contre  la  tuberculose  en  lui  inoculant  à  maintes 
reprises  des  quantités  élevées  de  bacilles  tuberculeux,  peu  virulents  d'abord, 
puis  de  bacilles  humains  à  virulence  complète  (  ').  L'état  d'hyperimmunilé 

(')   Comptes  rendus,  l.  CXLX'llI,  1909.  |).  1628. 

(-)  Présentée  dans  la  séance  du  20  avril  1910. 

(^)  II.  Vallée,  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  1909,  p.  C65. 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  Il4l 

peut  être  ensuite  complété  par  rinoculation  intra-veineuse  d'extraits  bacil- 
laires complets  obtenus  par  broyat^e  de  bacilles  virulents  à  l'obscurité  sous 
une  atmosphère  inerte,  soit  dans  de  l'eau  distillée,  soit  dans  une  solution 
de  chlorure  de  sodium  à  9  pour  1000. 

Le  sérum  des  chevaux  ainsi  ti'ailés  jouit  de  la  propriété  de  précipiter, 
instantanément  et  de  façon  massive,  les  bouillons  ayant  servi  à  cultiver  Je 
bacille  de  Koch,  les  diverses  tuberculines  et  les  extraits  bacillaires  complets 
mentionnés  plus  haut. 

La  présente  Note  a  pour  but  d'établir  les  propriétés  physiologiques  des 
consti^luants  tuberculiniques  et  bacillaires  ainsi  précipités  et  sensibilisés  par 
le  sérum  de  cheval  hyperimmun.  Disons  immédiatement  que  l'expérience 
fournit,  avec  les  divers  extraits,  des  résultats  identiques. 

Toutes  nos  recherches  entêté  poursuivies  à  Taide  de  précipités  obtenus  des  diverses 
tuberculines  ou  d'extraits  bacillaires  en  mélangeant  i  volume  de  l'antigène  à  5  volumes 
de  sérum  hyperimmun  non  chauffé.  Le  précipité  formé  est  longuement  lavé  au  centri- 
fugeur  à  la  solution  physiologique  de  chlorure  de  sodium  puis  laissé  durant  i^S  heures 
au  contact  d'un  large  volume  de  sérum  de  cheval  hyperimmun  chauflé  :i  55°.  Il  se  fait, 
en  ces  conditions,  ainsi  qu'il  est  aisé  de  le  constater,  une  sensibilisation  du  précipité. 
Après  de  nouveaux  lavages  ayant  i)0ur  but  d'éliminer  toute  trace  de  sérum,  le  précipité 
sensibilisé  est  émulsionné  à  un  titre  déterminé  en  eau  salée  physiologique. 

Quelle  que  soit  l'origine  du  précipité  ainsi  traité,  ce  produit  se  montre 
inoflensif  pour  l'organisme  tuberculisé  lorsqu'on  l'utilise  à  des  doses  déter- 
minées. La  tolérance  du  cobaye  tuberculeux  se  montre  extrême;  des  cobayes 
tuberculisés  depuis  plus  de  six  semaines  par  inoculation  sous-cutanée  de 
bacilles  bovins,  résistent,  en  présentant  des  réactions  thermiques  insigni- 
fiantes, à  l'inoculation  sous-cutanée  de  quantités  du  précipité  sensibilisé 
correspondantes  à  o*^,5,  i^  et  2»  de  tuberculine  brute.  D'autres  cobayes  sup- 
portent dans  les  mêmes  conditions  le  précipité  de  quantités  d'extrait  complet 
fournies  par  6o'=s  de  bacilles. 

Les  bovidés  tuberculisés  fon  t  preuve  eux  aussi  d'une  tolérance  considérable 
à  l'égard  de  ces  précipités.  Des  sujetsinfectés  depuis  plusieurs  mois  reçoivent, 
sans  fournir  de  réaction  thermique,  des  doses  de  précipité,  correspondant 
à  ii''et2^de  tuberculine  brute,  qui  représentent  dix  et  vingt  fois  la  dose 
hyperthermisante  de  tuberculine.  Seules  des  quantités  équivalentes  à  3'^"''et 
4'™'  de  tuberculine  brute,  ou  bien  encore  Vïnocu\?il\onintra-\-eineuse  de  doses 
correspondantes  à  i"''  ou  2""'  de  cette  substance,  provoquent  des  réactions 
fébriles.  Ces  réactions  sont  d'ailleurs  peu  vives  et  peu  durables  si  on  les 


Il42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

compare  à  celles  fournies  par  les  doses  équivalentes  de  luberculine  brute, 
qui  sont  violentes  et  se  prolongent  longuement. 

Ces  expériences  nous  autorisent  à  considérer  que  les  précipités  mis  à 
l'étude  représentent  des  poisons  tuberculeux  condensés  et  sensibilisés  par  le 
sérum,  analogues  aux  vaccins  sensibilisés,  étudiés  par  Besredka,  contre  la 
peste  et  l'infection  typhique,  analogues  aussi  à  la  toxine  diphtérique  sensi- 
bilisée de  Th.  Smith. 

L'innocuité  du  produit,  si  évidente  à  l'égard  des  animaux  tuberculeux, 
nous  autorisait  à  étudier  son  action  sur  l'homme  en  puissance  de  tuberculose. 
Cette  expérience  a  été  poursuivie  sur  3o  femmes  affectées  de  tuberculose 
pulmonaire  à  des  degrés  divers  et  chez  lesquelles  ce  diagnostic  était  confirmé 
de  façon  certaine. 

Tandis  qu'avec  l'injection  des  doses  les  plus  infimes  (7^^,  jo'  "l'o  ^'^  milli- 
gramme) de  tuberculine  de  Koch  des  phénomènes  fâcheux  peuvent  survenir, 
nous  n'avons  obtenu  ni  réaction  thermique,  ni  réactions  de  foyers  en  ino- 
culant des  quantités  du  précipité  sensibilisé  équivalentes  à  :,,  i ,  2,  3,  4  milli- 
grammes de  tuberculine  pure  précipitée  par  l'alcool.  Une  malade  a  même 
toléré  sans  la  moindre  manifestation  deax  injections  dont  l'une  correspondait 
à  5™^'  de  tuberculine  précipitée  par  l'alcool  et  l'autre  à  i'''^.  D'une  manière 
générale  les  premières  injections  produisent  localement  un  léger  œdème; 
l'accoutumance  s'établit  rapidement  et  très  vite,  les  malades  n'éprouvent 
aucune  gêne  à  l'inoculation  des  doses  progressivement  élevées. 

Nous  poursuivons  l'étude  de  la  valeur  thérapeutique  des  divers  extraits 
bacillaires  (tuberculines,  bouillon  filtré  et  extraits  complets)  ainsi co/i(/e«*ei 
et  sensibilisés  par  le  sérum  de  cheval  hyperimmun. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  tempéralure  mortelle  des  tyrosinases  végé- 
lales.  Note  de  MM.  Gabriel  Bertka\d  et  M.  Uosenblatt,  présentée 
par  M.  E.  Roux. 

Lorsqu'on  examine  la  manière  dont  se  comportent  les  solutions  de  tyro- 
sinase  d'origines  végétales  diirérentes,  quand  on  les  soumet  à  un  chauffage 
progressif,  on  trouve  que  la  disparition  de  l'activité  diastasique  a  lieu  à  des 
températures  souvent  très  éloignéesles  unes  des  autres  :  certaines  tyrosinases 
sont  détruites  vers  +  65°  à  -+-  70°;  d'autres  résistent  presque  à  la  tempéra- 
ture de  l'ébullition. 


SÉANCE  DU  2  MAI  I910.  Il43 

Celle  observalion,  liréc  de  fails  publiés  parliculièrement  par  l'un  de 
nous  ('),  peul  s'expliquer  par  l'existence  de  plusieurs  espèces  de  tyrosinases, 
les  unes  1res  altérables  parla  chaleur,  les  autres  plus  résistantes.  Toutefois, 
étant  donnée  l'extrême  sensibilité  des  diastases  à  l'action  des  l'éaclifs,  il 
était  nécessaire  de  rechercher,  avant  d'admettre  cette  explication,  si  l'on 
n'était  pas  simplement  en  présence  d'une  seule  et  unique  tyrosinase  dont  la 
température  mortelle  serait  plus  ou  moins  inlluencée  par  les  substances, 
variables  dans  chaque  cas,  qui  l'accompagnent  dans  les  milieux  naturels  et 
dont  il  est,  jusqu'ici,  impossible  de  la  débarrasser. 

\os  expériences  ont  porté  sur  deux  sortes  de  préparations  diastasiques  : 

1°  De  simples  macérations  glycérinées,  obtenues  en  laissant  quelques 
jours  en  contact  une  partie  d'organe  végétal  coupé  en  petits  morceaux  avec 
deux  parties  de  glycérine  pure  du  commerce  et  filtrant  ensuite  au  papier; 
nous  avons  opéré  ainsi  avec  les  organes  verts  du  Gui,  avec  les  racines  dçt  la 
Betterave,  les  tubercules  de  la  Pomme  de  terre  et  avec  tous  les  Champi- 
gnons ; 

2°  Des  préparations  sèches,  relativement  purifiées,  obtenues  en  sou- 
mettant à  une  précipitation,  par  3™'  d'alcool  fort,  soit  une  macération 
aqueuse  (cas  du  son  de  Froment  et  des  Lentilles),  soit  le  suc  végétal, 
extrait  à  la  presse  (cas  des  racines  de  Betterave,  des  tubercules  de  Dahlia 
et  de  Pomme  de  terre).  Le  précipité  a  été  repris  par  l'eau,  puis  on  a  filtré 
et  l'on  a  précipité  à  nouveau  par  l'alcool;  enfin,  la  tyrosinase  a  été  séchée 
dans  le  vide.  Au  moment  de  l'emploi,  on  a  fait  dissoudre  la  préparation 
dans  5o  fois  son  poids  d'eau  distillée. 

Pour  déterminer  les  lempéraUires  morlelles,  011  a  inlroduit  i'^'"'  de  macération 
glycérinée  ou  de  solution  aqueuse  de  tyrosinase  dans  un  tube  à  essais  très  étroit,  puis 
on  a  placé  celui-ci  dans  un  bain-marie  réglé  d'a\ance  et  maintenu  à  une  température 
constante.  A  l'aide  d'un  tiiermomètre  plongeant  dans  le  tube,  on  a  suivi  réchauf- 
fement du  liquide  diastasique  et,  à  partir  du  moment  où  l'équilibre  était  atteint,  c'est- 
à-dire  après  2  à  3  minutes,  on  a  prolongé  le  cliaufTage  exactement  3  minutes.  On  a 
enlevé  alors  le  tube  du  bain-marie  et  l'on  y  a  ajouté  i*^"'  de  solution  de  tyrosine  au 
millième.  On  a  noté  comme  température  mortelle  celle  qui  rendait  la  diastase  inac- 
tive au  point  de  ne  plus  donner  de  coloration  avec  la  tyrosine,  même  après  34  heures 
de  contact. 

Les  températures  mortelles  n'ont  été  recherchées  f(ue  de  5°  en  5".  Il  nous  a  paru 

(')  Voir  surtout:  G.  Bertrand,  Bull.  Soc.  chiin.,  3«  série,  t.  XV,  i8g6,  p.  1218.  — 
G.  Bektrand  et  W.  Mutermilch,  Ibid.,  4°  série,  t.  I,  1907,  p.  837. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  18.)  I  5o 


Il/|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inulile,  étant  donnée  la  contingence  du  phénomène,  de  pousser  plus  loin  l'approxima- 
tion. Voici  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  : 

'l'cmpératnres  mortelles 
entre 
Noms  des  espèces  végétales.  „ 

Amanita  rubescens  Fr.,  Tricholoma  iiitdiim  Bull.,  Laclnrius  siib- 

dulcis  Bull.,  Lad.  ru/us  Scop.,  Clitocybe  sp.? -1-60     et    -i-6."> 

Tricholoma  grarninopodiuni  Bull..  Laccaria  laccala  Scop.,  Lac- 

larius  plonibeiis  Bull..  Russula  lepida  Fr.,  /?.  emetica  Sch..  /?. 

nigricans  BuU.,  Psalliota  campesCri's  h.,  Hfdnunt /ejiaiidumL.     -i-65     et    +70 

Russula  (jueletli  Fr.,  R.  rubra  Fr.,  R.  delica  Fr.,    R.  cyanoxan^ 

Iha  Scli.,  Badhania  popuUna  Lister  ('),  tubercules  de  Dahlia, 

tiges  et  feuilles  de  Gui +7"'     et    -i-j.î 

Hypholoma  fasciculare  WMA'i..Vommç.  A%  terre  (  précipitée) +7'^     ^^    +80 

Lentilles,  Pomme  de  terre  (mac.  gljc.  ) -t-80     et    +85 

Detlerave  (mac.  glyc.) +85     et     t-go 

Son  de  Froment  (précipit.ou  mac.  glyc),  racine  de  Betterave  (pré- 
cipitée)       -1-90     et    -4-95 

Ce  n'est  pas  la  nature  du  dissolvant  qui  permet  d'expliquer  ces  diffé- 
rences entre  les  températures  mortelles.  Lorsqu'on  opère  comparativement 
dans  l'eau  et  dans  la  glycérine,  on  trouve  que  ce  dernier  dissolvant  protège 
la  tyrosinase  contre  l'action  destructrice  de  la  chaleur;  mais  l'élévation  de 
la  température  mortelle  est  seulement  de  quelques  degrés.  Ce  n'est  pas  non 
plus  le  mode  de  préparation,  puisqu'on  observe  des  écarts  aussi  notables 
entre  les  simples  macérations  glycérinées  qu'entré  les  préparations  obtenues 
par  précipitation  avec  l'alcool. 

Il  faut  donc  supposer  que  les  substances  solubles  ou  précipilables  par 
l'alcool  qui  accompagnent  la  tyi^osinase  dans  les  milieux  naturels  ne  sont 
pas  la  cause  principale  du  phénomène  examiné.  Les  différences  tiendraient 
beaucoup  plus  à  la  nature,  variable  suivant  l'oiigine,  des  substances  diasta- 
siques  elles-mêmes. 

Pour  mieux  juger  delà  valeur  de  cette  hypothèse,  nous  avons  cherciié 
comment  se  comporteraient  au  chauffage  des  mélanges  de  tyrosinase  tlier- 
moslahile  et  de  tyrosinase  thermolabile.  Nous  avons  trouvé  qu'en  introdui- 
sant de  la  tvrosinase  du  son  de  Froment  ou  de  la  racine  de  Betterave  dans 
la  macération  de  Russula  cjuelelti  ou  de  Lactarius  subdulcis,  on  n'abaissait 
pas  sa  tcm[)éralure  mortelle.  Inversement,  lorsqu'on  mélangeait  une  macé- 


(')  Ce  myxomjcéle,  en  culture  pure,  nous  a  été  gracieusement  fourni  par  'S\.  Pinoy. 


SÉANCE    DU    2    MAI    19IO.  l  l45 

ration  de  Russule  avec  une  solution  préalablement  chaufiée  de  tyrosinase 
du  son  ou  de  Betterave,  on  n'augmentait  pas  la  résistance  à  la  chaleur  de 
la  tyrosinase  qu'elle  contenait. 

Il  existe  donc,  chez  les  végétaux,  des  variétés  de  lyrosinases  dont  la 
température  mortelle  est  très  difïérente.  Ce  sont  les  lyrosinases  d'origine 
mycologiques  qui  sont  les  plus  fragiles  ;  les  tyrosinases  les  plus  stables 
proviennent,  au  contraire,  des  végétaux  supérieurs.  La  présence  des  sub- 
stances qui  accompagnent  les  catalyseurs  oxydasiques  dans  leurs  milieux 
naturels  ne  suffit  pas  à  expliquer  les  écarts  observés  entre  les  températures 
mortelles.  Ceux-ci  doivent  être  dus  surtout  à  la  nature,  un  peu  difTérenle 
dans  chaque  cas,  des  tyrosinases  elles-mêmes. 

Nous  ne  voulons  pas  anticiper  sur  l'intérêt  que  ce  fait  présente  au  point 
de  vue  de  la  constitution  des  diastases,  mais  nous  tenons  à  signaler  l'une  au 
moins  de  ses  conséquences  pratiques  (')  :  c'est  la  nécessité  qu'il  y  a,  lorsqu'on 
veut  utiliser  la  température  mortelle  pour  caractériser  une  diastase  ou  la 
séparer  d'autres  substances  analogues,  de  ne  point  admettre,  a  priori,  comme 
exacte  la  température  mortelle  déterminée  avec  une  préparation  ayant  une 
origine  diftcrente. 


CYTOLOGIE.  —  Sur  certaines  enclaves  proloplasmiques  de  la  cellule 
hépatique  normale  du  Lapin.  Note  de  M.  L.  Lauxoy,  présentée  par 
M.  F.  Henneguy. 

L'examen  de  cellules  hépatiques  dissociées  dans  la  solution  physiologique 
de  NaCl  permet  de  constater  deux  sortes  d'enclaves  intra-protoplasmiques; 
les  unes  peu  réfringentes,  régulièrement  arrondies,  très  nombreuses,  surtout 
faciles  à  examiner  sur  le  foie  d'animaux  à  jeun  de  plusieurs  jours,  remplissent 
la  cellule,  ce  sont  les  mitochondries;  les  autres  beaucoup  plus  réfringentes, 
moins  nombreuses,  sont  réparties  en  particulier  au  voisinage  des  faces  du 
polyèdre  cellulaire;  ce  sont  ces  dernières  formations  qui  nous  intéressent. 
A  l'uUramicroscope,  elles  se  différencient  facilement  des  mitochondries; 
elles  brillent  d'un  éclat  beaucoup  plus  vif  que  celles-ci.  Quand  on  examine 
à  Fultramicroscope  des  coupes  de  foie  fixé  dans  le  mélange  alcool-chlo- 
roforme,  montées   dans   l'huile   de   cèdre,  ces   gouttelettes   se   présentent 

(')   Four  les  détails,  consulter  le  Mémoire  qui  doit  paraître  procliainen  eut. 


Il46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

encore  avec  une  périphérie  très  brillante;  clans  les  mêmes  conditions,  les 
mitochondries  ne  peuvent  plus  être  dissociées  de  la  trame  grenue  ou  filamen- 
teuse du  protoplasraa. 

L'aspect  physique  des  enclaves  dont  il  s'agit  les  a  souvent  fait  confondre 
avec  les  gouttelettes  de  graisse;  cette  conception  de  leur  nature  est  rendue 
d'autant  plus  vraisemlilahle,  qu'elles  se  colorent  in  toto,  quoique  incons- 
tamment  d'ailleurs,  par  le  scharlach  en  solution  alcoolique  et  qu'elles  ré- 
duisent faiblement  l'acide  osmique;  j'ajoute  qu'elles  sont  isotropes.  Cepen- 
dant, ces  enclaves  intra-cellulaires  possèdent  une  structure  propre  qui  ne 
permet  pas  de  les  identifier  avec  les  gouttelettes  de  graisse  et  les  éloigne 
également  de  toute  assimilation  possible  avec  les  mitochondries. 

Cette  structure  s'observe  facilement  par  l'emploi  des  procédés  suivants  : 

1°  Quand  on  dissocie  les  cellules  hépatiques  dans  une  solution  de  bleu  crésyl  bril- 
''"''  (  loùoi)  —  2T0TÔ")'  ^^  dislingue  la  présence  à  l'intérieur  des  enclaves  et  à  leur  péri- 
phérie d'une  ou  plusieurs  granulations  arrondies,  réfringentes,  sonvenl  pigmentées  en 
jaune  ou  jaune  brun,  qui  fixent  éleclivement  le  bleu  crésyl.  Par  le  sulfate  de  bleu  de 
'^''  (tôVo  —  ToVô)  ^'-  '^  hleu  de  naphtol  (  „}^^  ),  ces  mêmes  granulations  se  colorent  dans 
le  premier  cas  en  bleu  franc,  dans  le  second  en  violet  rougeàtre.  Bien  entendu,  cette 
coloration  est  élective,  aucune  autre  granulation  inlra-cellulaiie  n'est  colorée  par  les 
colorants  et  avec  les  dilutions  que  j'indique. 

Les  granulations  ainsi  définies,  sont  insolubles  dans  l'alcool  et  le  chloroforme  en 
présence  d'acide  acétique  (');  elles  réduisent  faiblement  l'acide  osmique  et  seulement 
à  leur  périphérie,  semble-t-il. 

2°  J'ai  indiqué  ailleurs,  en  détail,  les  méthodes  qui  sur  des  pièces  fixées  m'ont  permis 
de  retrouver  la  structure  démontrée  par  la  méthode  des  colorations  supra-vitales.  Les 
figures  ci-après  représentent  les  résultats  que  donne  la  fixation  à  l'alcool-chloroforme- 
acide  acétique,  suivie  d'application  de  la  coloration  de  Heidenhain  à  la  laque  fer- 
rique  ('). 

Conclusion .  —  Il  existe  toujours,  normalement,  dans  la  cellule  hépatique 
du  Lapin  adulte,  des  corpuscules  particuliers  de  structure  complexe.  Ces 
corps  diffèrent  essentiellement  des  mitochondries;  ce  ne  sont  pas  non  plus 
de  simples  gouttelettes  de  graisse;  ils  paraissent  avoir  passé  inaperçus  dans 
un  certain  nombre  de  recherches  publiées  récemment  sur  l'état  normal  ou 


(')  Ce  résultat  est  indiqué  d'après  des  pièces  avant  séjourné  3  jours  dans  l'alcool 
.ibsoiu  et  48  heures  dans  le  mélange  alcool-chloroforme. 

(')  L.  Launoy,  Comptes  rendus  Soc.  BioL,  n"  10,  1910,  p.  44i'  e'  'i°  1-.  '9'o, 
p.  610.  Voir  aussi  Ann.  Inst.  Past.,  n"  1,  1909. 


SÉANCE    DU    2    MAI    1910.  Iï47 

pathologique  de  la  cellule  hépatique  du  Lapin.  Ils  sont  peut-être  à  rappro- 

N 

,clp       p^  '■" 


Dessins  à  la  chambre  claire.  En  1  •  obj.  i.Gimni.,  ocul.  compensât.  6  de  Zeiss;  en  2  :  "bj.  i.Giriim. 
Iiomoj;  ,  ucul.  compensât.  12  de  Zeiss.  Pour  la  reproduction,  réduction  du  quart  dp,  corps 
lipoïdcs  pigmentés  situés  à  la  périphérie  des  vacuoles  dont  le  contenu  a  été  solubilisé  pai-  le  lixalcur; 
cb,  canalicule  biliaire  intercellulaire;  en  2,  la  paroi  seule  du  canalicule  est  indiquée  par  un  Irait 
noir;  en  1,  l'imprégnation  du  canalicule  était  totale;  cap,  capillaire  sanguin;  N,  noyju. 

cher    des   grains  pigmentaires  ou  des  granulations  biliaires  de  quelques 
auteurs  classiques.  En  les  désignant  sous  le  nom  de  corps  lipoides  pi  unièmes  ^ 


Il48  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

j'ai  voulu  rappeler  un  certain  nombre  de  caractères  morpliologi  |iio.s  sous 
lesquels  ils  se  présentent.  Ces  corpuscules  paraissent  être  en  relation  tiès 
étroite  avec  les  canalicules  biliaires  inlercellulaires. 


GÉOLO(;iE.  —  Interprétation  teclonirjue  du  Flysc/i  dit  autocliLone  de 
la  Suisse  centrale  et  orientale.  Note  de  M.  .Jean  Boussac,  présentée 
par  M.  Pierre  Termier. 

Depuis  la  Gemmi  jusqu'au  col  de  Surenen,  le  Nummulitique  autochtone 
appartenant  à  la  série  slratigraphique  du  bord  septentrional  du  massif  de 
l'Aare  est  essentiellement  constitué  par  du  Prial)onien,  trangressif  sur  le 
Malm  ou  sur  le  Sidérolithique  (formation  continentale  lutétienne  ou  auver- 
sienne)  et  par  de  l'Oligocène;  on  trouve,  en  général,  les  termes  suivants  de 
bas  en  haut  :  i"  Priabonien  :  a.  couches  à  Cerithium  diaboli;  h.  grès  à  Num- 
mulites  Fahianii\  c.  calcaires  à  petites  Nummulites  et  Orthophragmines  ; 
d.  schistes;  -  2°  Oligocène  :  grès  de  Taveyannaz  ou  grès  micacés  et  feld- 
spalhiques,  dits  grés  du  Flysch.,  se  remplaçant  en  toutes  proportions,  et 
prolongement  direct  des  mêmes  couches  des  Alpes  françaises  et  vaudoises. 

A  partir  du  Tillis,  vers  l'Est,  les  clioses  se  compliquent,  et  sur  le  Flysch  oligocène 
reposent  en  parfaite  concordance  des  couches  à  grandes  Nummulites,  certainement 
lulétiennes,  et  connues  depuis  longtemps  dans  le  Sernfthal,  où  elles  ont  été  étudiées 
surtout  par  M.  Rothpletz  (  1898),  el  par  M.  Arnold  Heim  (  1909)  :  ce  dernier  auteur 
s'appuyait  précisément  sur  la  présence  de  ce  Lulétien  au-dessus  des  grès  qui  sur- 
montent eux-mêmes  le  Priabonien,  pour  conclure  que  le  Priabonien  n'était  qu'un 
faciès  du  Lutétien. 

La  coupe  du  Joch  Pass  montre  des  faits  extrêmement  importants,  que 
M.  P.  Arbenz,  de  Zurich,  a  été  le  premier  à  observer,  et  qu'il  a,  par  consé- 
quent, le  mérite  d'avoir  découverts;  je  revendi(jue  seulement  la  responsabi- 
lité de  l'interprétation.  Ces  faits  sont  les  suivants  : 

Au  ))ied  nord  du  Tillis,  les  grès  priaboniens  autoclilones,  intensément  plissés,  su|i- 
portent,  en  discordance  tectonique,  une  nouvelle  série  slratigraphique  qui  plonge  au 
i\-NVV,  sous  les  nappes  helvétiques,  el  qui  compieiid  les  termes  suivants  de  bas  en 
haut  :  1°  grès  de  Taveyannaz;  3°  schistes  plus  ou  moins  ardoisiers  ;  3° schistes  gréseux, 
noirâtres,  cliarbonneux  dans  les  cassures  fraîclies,  à  patine  fauve  sur  les  surfaces  allé- 
rées  el  contenant,  dans  les  parties  plus  calcaires,  Orthopliragmina  disons:  4°  grès  et 
quartziles,  épais  de  3o™  enviroji,  avec  des  lentilles  calcaires  à  A'a/n.  coinplanaltis  el 


SÉANCE  DU  2  MAI  IQIO.  Il49 

alurtcus:  5"  mince  couche  île  schistes  gréseux;  6°  Malin,  faisant  partie  du  liane  ren- 
versé de  la  nappe  helvétique  inférieure. 

Or,  dans  une  zone  de  la  nappe  du  ^^  ildhorn,  s'étendant  entre  le  Rawyl 
et  le  Schimberg,  on  a  la  succession  constante  de  bas  en  liant  :  i"  grès  et 
calcaires  à  Num.  complanalus  (Lulétien);  i°  Schistes  gréseux,  ciiar- 
bonneux,  à  patine  fauve  (Auversien);  3°  schistes  (Priabonien)  ;  4°  gi'ès 
du  Flysch.  D'autre  part,  les  grès  de  Taveyannaz  ou  grès  du  Flysch, 
dans  toutes  les  coupes  normales  des  Alpes  françaises  et  vaudoises,  se 
montrent  toujours  au  sommet  du  Nummulitique,  et  sont  d'âge  oligocène 
inférieur;  ils  représentent  donc  certainement  le  terme  le  plus  récent  du 
complexe.  En  sorte  que  toute  la  série  intercalée  entre  les  grès  prialjo- 
niens  autochtones  et  les  nappes  helvétiques  se  présente  comme  une  série 
renversée  constituée  de  bas  en  haut  par  des  termes  qui,  dans  toutes  les 
coupes  normales,  se  succèdent  de  haut  en  bas.  Comme  au-dessus  d'elle  vient, 
d'après  M.  P.  Arbenz,  une  série  jurassique  également  renversée,  on  doit  la 
considérer  comme  le Jlanc  renversé  nummulitique  de  la  nappe  helvéticfue  infé- 
rieure. 

Suivons  cette  série  renversée  vers  l'Est  :  les  grès  de  Taveyannaz  et  les 
grès  du  Flysch  reposent  parfois  en  série  parfaitement  normale  sur  le 
Priabonien  autochtone  (Seewli  See)  ;  ils  constituent  le  noyau  du  synclinal 
plongeant  qui  sépare  l'autochtone  des  nappes  helvétiques,  et  la  charnière 
de  ce  noyau  synclinal  est  bien  visible  dans  les  flancs  du  Schwarz  Slôckli, 
en  face  du  synclinal  de  la  Windgâlle;  ces  grès  se  suivent,  parle  Scheerhorn, 
jusque  dans  les  flancs  du  Kammerstock,  toujours  surmontés  par  FEocène 
renversé  ;  au  delà  de  la  Linlh,  ils  dessinent,  dans  les  parois  du  Muttenberg 
et  du  Aiischenstock,  une  série  de  charnières  synclinales  aiguës,  observées 
par  M.  Alb.  Heim  et  par  M.  llothpletz,  et  qui  semboitentelles-mêmes  dans 
la  grande  charnière  synclinale  du  Piz-da-Dartjès  par  où  la  nappe  de  Claris 
se  raccorde  à  l'autochtone.  Ces  grés  constituent  donc  une  série  doublée  dont 
la  partie  supérieure  est  renversée,  et  les  schistes  et  calcaires  lutétiens  qui  les  sur- 
montent sous  le  massif  du  Kdrpfsont  aussi  en  série  renversée.  Le  même  raison- 
nement s'applique  aux  couches  du  lilaltengratt  et  du  Weisstannenthal  qui 
surmontent  les  ardoises  à  j  vissons  de  la  vallée  d'Elm,  comme  l'avait  montré 
M.  Kotiqjletz  dès  1898;  cet  auteur  avait  donné,  du  reste,  la  même  inter- 
prétation que  nous  du  Flysch  dit  autochtone  de  la  Suisse  orientale. 

Si  les  grès  du  Flysch  ne  renferment  pas  de  fossiles,  on  peut  cependant 
démontrer  qu'ils  sont  plus  jeunes  que  le  Lulétien  qui  les  surmonte  :  au-dessus 


Il5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'Altdori',  ils  renferment  une  lenlille  de  conglomérais  où  l'on  trouve  des 
galets  bien  roulés  de  calcaires  à  grandes  Ahéolines  (y\.  elongata)  et  à  grandes 
Nummuliles  (N.  coniplanatus ,  aluricus)  appai tenant  à  un  faciès  sudalpin 
(nappe  de  Bavière  ou  zone  dinarique)  inconnu  en  Suisse,  et  qui  nous 
montrent  qu'il  y  a  eu  entre  le  dépôt  du  Lutétien  et  celui  des  grés  du  Flysch  des 
mouvements  orogéniques  dans  le  Sud,  suivis  de  l'érosion  des  calcaires  luté- 
tiens,  et  de  leur  transport  sous  forme  de  galets  jusque  dans  la  zone  helvé- 
tique. 

L'Auversien  et  le  Lutétien  renversés  qui  surmontent  les  grès  oligocènes  se  suivent 
sans  discontinuité  depuis  le  Joch-Pass  jusque  dans  le  Weisstannentlial;  à  partir  du 
Surenen,  ils  deviennent  l'un  et  l'autre  argileux-schisteux,  très  épais,  et  prennent  fré- 
quemment l'aspect  dit  Wildflvscii  ;  on  les  suit,  au-dessus  des  grès  d'Altdorf,  dans  le 
haut  Gruonthal,  dans  le  Màttenthal  ;  ils  renferment  les  couches  à  INummulites  de 
Spiringen  et  d'Unterschâchen.  Au  Kammerstock,  ils  se  terminent,  à  leur  partie  supé- 
rieure, par  un  banc  de  calcaire  glauconieux  à  Assilines  en  contact  slratigraphique 
avec  le  Lochseitenkalk  renversé  de  la  nappe  de  Claris. 

Il  arrive  fréqueminenl  que  des  lames  anticlinales  de  Malni  ont  été 
entraînées  dans  ce  flanc  renversé  intensément  broyé  et  étiré,  et  c'est  comme 
une  de  ces  lames,  un  peu  plus  grande  que  les  autres,  que  doit  être  inter- 
prétée la  Griesstockdecke,  qui  paraît  essentiellement  différente  des  vraies 
nappes  helvétiques. 

En  résumé,  la  question  du  Nummulitique  autochtone  de  la  Suisse  orien- 
tale était  une  question  de  tectonique  plutôt  que  de  stratigraphie  ;  et  la 
solution  que  j'en  donne  ici,  en  même  temps  qu'elle  lève  toutes  les  difficultés 
d'ordre  stratigraphique  tjui  avaient  paru  insurmoulablesà  M.  Arnold  Heim, 
nous  permettra  de  donner  une  synthèse  nouvelle  de  la  distribution  des 
niveaux  et  des  faciès  du  Nummulitique  de  la  Suisse  orientale. 


PALÉONTOLOGIE.  —  Iteinarques  sur  le  siphon  des  Anunonites  et  des  liélernnites. 
Note  de  M.  F.  Guaxdjean,  présentée  par  M.  K.  Zeiller. 

Les  auteurs  qui  ont  étudié  la  structure  des  Ammonites  et  des  Bélemnites, 
Hyall  et  Branco  notamment,  ont  admis  que  l'enveloppe  du  siphon  était  de 
même  nature  chimique  que  le  reste  de  la  coquille,  c'est-à-dire  en  carbonate 
de  chaux.  Il  n'en  est  rien  cependant.  La  substance  qui  constitue  l'enveloppe 
siphonale  se  distingue  à  tous  les  points  de  vue  de  la  calcite  qui  forme  le  test 


SÉANCE  DU  2  MAI  1910.  IIOI 

et  les  cloisons  :  par  sa  couleur  plus  sombre,  parfois  même  presque  noire, 
par  le  défaut  de  clivages,  et  surtout  par  son  isotropie  parfaite,  de  sorte 
qu'elle  reste  toujours  éteinte  entre  niçois  croisés.  Elle  contient  peu  ou 
point  de  matière  organique  et  sa  couleur  foncée  persiste  après  une  longue 
calcination.  Elle  se  dissout  aisément  dans  l'acide  azotique,  mais  le  dégage- 
ment de  gaz  carbonique  est  très  faible  et  cesse  bien  avant  la  complète  disso- 
lution. La  liqueur  obtenue  donne  un  abondant  précipité  jaune  en  présence 
du  réactif  molybdique.  Il  faut  donc  admettre  que  cette  substance  est  consti- 
tuée surtout  par  du  phosphate  de  chaux.  Une  analyse  quantitative  a  pu  être 
faite  sur  une  très  petite  quantité  de  matière  extraite  d'un  exemplaire  remar- 
quablement conservé  A'Oxynoticeras  Guibalianus  p'Orb.  provenant  de  la 
carrière  d'Essey  près  Nancy-  Cette  analyse  a  donné  les  résultats  suivants, 
pour  100  parties  de  matière  desséchée  à  1 15°  : 

(POM'Ca' 84 

CO'Ca 9,5 

Substances  non  dosées 6,5  . 

100,0 

Il  ne  peut  être  question  d'épigénie;  car  les  caractères  qualitatifs  signalés 
plus  haut  s'observent  dans  tous  les  gisements,  pyriteux  ou  calcaires.  La 
paroi  siphonale  était  donc  en  phosphate  de  chaux  dans  l'Ammonite 
vivante. 

A  cette  paroi  viennent  s'attacher  de  minces  membranes  également  en 
phosphate  de  chaux.  Les  unes  lient  le  siphon  aux  parois  calcaires  avoisi- 
nantes,  c'est-à-dire  au  test  et  aux  cloisons,  et  semblent  être  de  simples 
organes  de  consolidation.  Elles  se  répètent  dans  les  loges  successives.  Chez 
les  Ammonites  et  les  Goniatites  le  caecum  siphonal  débouchant  librement 
dans  le  vide  de  la  protoconque  est  soutenu  par  une  ou  plusieurs  de  ces 
membranes  relativement  plus  développées  que  celles  des  loges  ordinaires. 
Ces  organes  ont  été  décrits  par  Hyatt  sous  le  nom  de  cônes  sipho/iaux  (') 
et  par  Munier-Chalmas  sous  le  nom  de  prosiphon  (-).  Ce  sont  des  bande- 

(')  Ali'h.  Hvatt,  E mbryology  {Bulletin  of  Ihc  Muséum  of  comparative  Zoôlogy^ 
Cambridge,  t.  III,  n"  5). 

(■)  Munier-Chalmas,  Sur  le  développement  du  phragmostracum  des  Céphalopodes 
et  sur  les  rapports  zoologiques  des  Ammonites  avec  les  Spirales  (  Comptes  rendus, 
29  décembre  1878). 

C.  R.,   1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  18.)  I^ï 


Il52  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

lettes  plus  ou  moins  longues  el  plus  ou  moins  larges  suivant  les  groupes, 
mais  toujours  pleines  et  sans  communication  avec  l'intérieur  du  siphon.  Ce 
ne  sont  pas,  comme  le  croyait  Hyatt,  des  cônes  adhérant  par  tout  leur  pour- 
tour à  la  paroi  de  la  protoconque  et  pouvant  même,  chez  les  Goniatites, 
constituer  en  partie  la  paroi  du  cœcum  siphonal. 

J'ai  constaté  en  outre  la  présence,  chez  quelques  Ammonites,  d'un  appen- 
dice du  siphon  qu'on  ne  peut  considérer  comme  un  organe  de  soutien. 
C'est  une  lame  très  mince  de  phosphate  de  chaux,  grossièrement  triangu- 
laire, fixée  au  siphon  par  un  de  ses  bords  et  s'étendant  dans  le  plan  médian 
de  la  coquille  à  l'intérieur  de  chaque  loge.  Le  sommet  du  triangle  est  fixé 
à  la  pointe  du  goulot  siphonal  recourbé  vers  l'avant.  La  membrane  ne 
s'étend  pas  jusqu'à  la  cloison  suivante.  Elle  ressemble,  comme  forme  et 
comme  position  générale,  à  l'organe  qui  emplissait  la  scissure  des  Bélemni- 
telles. 

J'ai  observé  celle  membrane  siplionale  chez  Oaynoticeras  Giiibalianiis  dOrb.  du 
lias  d'Essey,  près  Nancj;  Anim.  lythensis  Young  et  Bird,  de  Whilby;  Arietites 
Kridion  Hehl.,  de  Lyme  Régis.  Il  est  vraisemblable  qu'elle  e\iste  chez  la  plupart  des 
Ammoniles. 

L'extrémité  siphonale,  chez  les  Bélemnites,  est  très  différente  de  celle 
qu'on  observe  chez  les  Ammonites  et  Goniatites.  Le  siphon  s'arrête  au 
contact  de  la  première  cloison,  sans  pénétrer  dans  la  protoconque.  Cette 
cloison  est  formée  par  deux  couches  de  phosphate  de  chaux  compact  sem- 
blable à  celui  qui  constitue  la  paroi  propre  du  siphon.  L'inférieure  est 
continue;  la  supérieure  est  perforée  par  l'extrémité  rétrécie  du  siphon. 
L'espace  entre  ces  deux  membranes  est  actuellement  rempli  par  de  la  calcite 
ou  partiellement  par  du  phosphate  de  chaux  à  texture  poreuse.  Il  commu- 
nique directement  avec  le  vide  du  siphon.  Cette  structure  rappelle  beaucoup 
celle  du  Maulile  et  s'éloigne  de  celle  des  Ammonites. 


A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  (Comité  secret. 


La  séance  est  levée  à  5  heures. 

Ph 


SÉANCE    DU    1    MAI    1910.  Il53 


BULLETIN    BIBI.IOGRAPHIIjUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  mai   1910. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  Séances  de  l'Académie  des  Sciences,  publiés 
par  MM.  les  Secrétaires  PEUPÉruELs;  Tome  GXLV'III,  janvier-juin  1909.  Paris,  Gaii- 
thier-Villars,  1909;  i  vol.  in-4°. 

Mémoires  de  l' Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de  France  ;  2"  série,  Tome  LI, 
accompagné  d'un  Allas  «  relatif  au  projet  de  machine  aérostatique  destiné  à  porter 
trente  hommes,  qui  avait  été  préparé  et  rédigé  par  le  général  Meusmer,  Membre  de 
l'Académie  des  Sciences  ».  Paris,  Gauthier-Villars,  1910;  i  vol.  in-^"  et  i  fasc.  in-4° 
oblong. 

Rapport  de  M.  Jean  Gharcot  donnant  de  Punta-Arenas  un  résumé  de  son  expé- 
dition polaire.  (Extr.  des  Comptes  rendus  des  Séances  de  l'Académie  des  Sciences, 
l.  150,  p.  759  [séance  du  21  mars  1910].)  Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-4°. 

IV^  Congrès  international  d'Aéronautique,  Nancy,  18  28  septembre  1909.  Procès- 
verbaux,  Rapports  et  Mémoires,  publiés  par  les  soins  de  la  Commission  permanente 
internationale  d'Aéronautique.  Paris,  H.  Dunod  et  E.  Pinat,  1909;  i  vol.  in-S".  (Pré- 
senté par  le  Prince  Roland  Bonaparte.) 

Flore  générale  de  i Indo-Chine,  publiée  sous  la  dii-ection  de  M.  H.  Leco.mte;  t.  I'''", 
fascicule  k  :  Hypéracées  (fin)  :  Guttifères,  Ternstrœmiacées  et  S  tac  hyu  racées,  par 
C.-J.  Pitard;  Diptérocarpacées,  par  P.  Guérin;  Ancistrocladacées  et  MaU'acées,  par 
F.  Gagnepain.  Paris,  Masson  et  G'"=,  mars  1910;  i  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  Mangin.) 

Traité  de  Géologie,  par  Emile  Haug;  t.  H  :  Les  périodes  géologiques,  fasc.  2. 
Paris,  Armand  Colin,  s.  d.;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel  au 
nom  de  M.  Michel  Lévy.) 

Topologie :  Etude  du  terrain,  parle  général  Berthaut;  t.  l  et  II.  Paris,  imprimerie 
du  Service  géographique  de  l'Armée,  1909;  2  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Ch.  Lalle- 
mand.) 

Annales  de  l'Institut  océanographique  (Fondation  Albert  F',  Prince  de  Monaco), 
publiées  sous  la  direction  de  MM.  Joubin  et  J.  Richard;  t.  I,  fasc.  3,  i,  o.  Imprimerie 
de  Monaco,  1910;  3  fasc.  in-4°. 

Statistique  générale  de  la  France.  Résultats  statistiques  du  recensement  général 
de  la  population  effectué  le  4  mars  1906;  t.  II  :  Population  présente  :  Région  du 
Nord,  de  l'Est  et  du  Sud-Est.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1909;  i  vol    in-4''. 

Statistique  générale  de  la  France.  Statistique  annuelle  des  Institutions  d'Assis- 
tance, année  1907.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1909;  i  vol.  in-4°- 

Observatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  Carta  fotografica  del  Cielo  :  Zona  7°; 
hojas  n°'  2,  Ik,  26,  49,  51,  54,  55,  61,  64,  67,  76,  163,  164,  165,  175.  176,  177,  178, 
179  y  180.  Paris,  héliog.  et  imp.  L.  Schutzenberger,  s.  d.;  20  feuilles  in-plano. 


Jl54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jyoucelles  Tables  nautiques.  Azimut  des  astres  sans  l' heure,  par  Louis  Bataille. 
Dunkerque,  L.  Laloux,  1909;  1  fasc.  in-8°. 

Écriture  et  théorie  octacinales  de  la  Musique,  par  E.-L.  Bazix.  Nantes,  chez  rail- 
leur, 1910;  i  fasc.  in-^". 

Compas  divisor  del  angulo,  sistema  del  D''  D.  Pedro  Valls.  Barcelone,  Eugénie 
Subirana,  1910;  i  fasc.  in-8°. 

Roulette.  Synthèse  des  chances  simples  combinées  aux  chances  multiples,  par 
L.-M.  Martin.  Nice,  A.  Ilaliani,  s.  d.;  i  fasc.  in-S". 

Puisard  «  Emscher  »  :  Nouveau  procédé  d'épuration  des  eaux  d'égouts,  par 
Heinricii  Scheven.  Diisseldorf,  s.  d.;  i  fasc.  in-12. 


ACADÉlMÏE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI   î)   MAI   l'JlO. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ARMAND  GAUTlRIi. 


MEMOÏilES  Er  <:<>MMIJ.\ÎCAriO.\S 

DES    MEMBRES    ET    DES    COI\lîESI'O^IDA^TS    DE    E'ACADEmiE 

M.  le  Prksidkxt  aniionco  à  rAcatléiiiie  qu'en  raison  des  fêtes  de  la  Pen- 
tecôte, la  séance  du  lundi  iG  mai  est  renvoyée  au  mardi  i^. 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  une  classe  pari Iculièn'  de  systcmes  triple- 
ortliogotiaa.r.  Note  de  M.  (ianio.v  I>Aitit<tux. 

On  sait  que,  dans  l'espace  à  trois  dimensions,  la  détermination  d'un  sys- 
tème triple-orthogonal  dépend  de  l'intéi^ration  des  systèmes  suivants 
d'équations  aux  dérivées  partielles. 

11  y  a  d'abord  les  deux  systèmes  simultanés 

qui  définissent,  lorsque  varient  p,  p,,  p^,  les  rotations  du  trièdre  (T)  l'ormé 
par  les  normales  aux  trois  surfaces  coordonnées. 

Lorsqu'on  a  obtenu  les  rotations,  les  cosinus  directeurs  des  normales 
à  ces  surfaces  coordonnées  X,  Y ,  Z  ;  X, ,  Y, ,  Z,  ;  X.,  ^  o,  Z^  sont  définis  par 
les  équations  suivantes  : 

(C)  g-P-^- 

(D)  :^=_p,,,x,-p„x„ 

c.  U.,  igio,  I'  Semestre.  (T.  150,  N"  19.)  1^2 


Il5(j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  formeiil    ini  système   complet   et   définissent   sans   amhignïlé  les  neuf 
cosinus. 

A  pailir  (le  ce  moment,  deux  voies  dislinetes  s'ouvrent  pour  la  détermi- 
nation complèle  du  système.  Ou  bien  on  peut  prendre  ])Our  inconnues  les 
dislances  P,  de  l'origine  aux  plans  tangents  des  surfaces  coordonnées,  ayant 
les  expressions  suivantes  ; 

(E)  P,— X,A-  +  Y,j-|-Z,=. 
Ces  (pianlilés  P,  sont  déterminées  par  le  système 

(F)  4^=P,.l'/„ 

(pii  ne  dill'ère  (pie  par  les  notations  du  système  {C)-  Due  fois  obtenus  les  P„ 
ou  aura  sans  intégration  les  expressions  suivantes  des  coordonnées  : 

(G)  ^=2^'P''    ^=2^'''"    ==2^^''*'- 

Ou  bien  on  cherche  à  déterminer  les  coelTicients  H,  H,,  IL  de  l'élément 
linéaire  de  l'espace.  Ils  sont  définis  par  le  système 

puis  les  a",  y,  z  sont  obtenus  par  les  quadratures 

(J)  a;:^  j  l\,U,dp„         j=  /  iVll,'/p'-  :=^  I  17.,U,dp,. 

Le  rapproclienienl  des  deux  méthodes  conduit  aux  formules  importantes 

(K)  H,.=  ^  -  ^—^ =  —  +  P.,P.  +  P;,l'„ 

dont  nous  aurons  à  faire  usage. 

La  principale  dilTiciillé  du  problème  réside  évidemment  dans  rinlégration 
des  é(piations  simultanées  (A)  et  (B)  auxquelles  satisfont  les  rotations  (5,^. 
Le  système  (A),  qui  se  compose  de  six  équations,  a  une  propriété  qui  appa- 
raît presipie  immédiatement  :  il  ne  change  pas  quand  on  échange  les  premiers 
et  les  seconds  indices  dea  quantités  [i,/,.  11  n'en  est  plus  de  même  des  trois  équa- 


SÉANCE    DU    9    MAI    1910.  Îl57 

lions  (B)  qui  se  changenl  .ilois  dans  le  système  suivaiil  : 

Si  donc  on  joint  ces  é(jiiations  (B')  aux  équations  (A)  et  (B),  on  aura 
constitué  un  système  dont  les  solutions  iront  par  couples  :  à  toute  solution 
for/née  par  un  système  de  valeurs  des  ^n,  en  correspondra  une  autre  formée  par 
les  valeurs  p^,  obtenues  en  échangeant  tes  premiers  el  les  seconds  indices. 

l.e  système  des  douze  équations  (A),  (B),  (B')  a  été  considéré  par  M.  Gui- 
cliard  dans  un  problème  sur  lequel  nous  reviendrons  plus  loin.  M.  Guichard 
a  fixé  de  la  manière  la  plus  simple  le  degré  de  généralité  de  leur  solution. 
Si  l'on  isole,  dans  ces  douze  équations,  celles  qui  contiennent  une  dérivée 
par  rap[)orl  à  p^,  ou  aura  d'aljord  les  six  éipialions  : 


(0 


t=^'^". 

dp,               dpi 

t=^"^- 

dp,              dpi. 

(3,7,  r-u,     -ô^  —  ^  -  p'"p''" 

il  ne  restera  plus  que  le  système  des  six  étpiatious  : 

\    -5 —  p/7.  p/,/'  ^ P/./p,7,  —^ 1 \ r  p/,  P//,  —  O, 

I  àpk       '^    "^  àp,        '^    "^  dp/         dp,. 

1    dp,,        '^     '^  dp,         "^  dp,  dpk 

Or  d'après  le  théorème  de  Caucliy,  les  six  équations  (i)  résolues  par 
rapport  aux  dérivées  des  six  fonctions  inconnues,  admettent  une  solution 
pour  laquelle  les  ^^z,'  se  réduisent  à  des  fonctions  arbitraires  p",,  de  p,  et  de  p^t 
pour  pz=  p".  Et  d'autre  part  ces  imleurs  initiales  ^\i^  doivent  satisfaire  aux 
six  é(piations  (2)  pour  pz=  p",  ce  qui  est  toujours  possible  puisqu'il  y  a  six 
inconnues  pour  six  équations;  de  sorte  (pie  le  système  (2)  fournit  pour 
les  p)|^/ des  valeurs  dépendant  de  six  fonctions  arbitraires  d'une  variable,  il 
est  facile  de  voir  d'ailleurs,  en  répétant  un  raisonnement  bien  connu,  que 
les  valeurs  ainsi  obtenues  pour  les  j^yj//  satisfont  aux  équations  (2)  non  seu- 
lement pour  p^^  p",  mais  aussi  pour  toutes  les  valeurs  de  p^.  Ainsi  se  trouvent 
fixés  le  caractère  et  le  degré  de  généralité  de  la  solution  la  plus  étendue  des 
systèmes  simultanés  (A),  (B),  (B').  Suivant  la  phraséologie  courante,  cette 
solution  dépend  de  six  fonctions  arbitraires  d'une  variable. 

(]e  point,  qui  a  été  établi  par  M.  (iiiichard,  étant  rappelé,  nous  savons 


ff=p'.-^-^ 

{!>') 

')p.- 

=-p„x;,-p 

x',T',-h  y;v'  +  z;--' 

(F') 

a^'=2ix;p;, 

.y'= 

àpk 

=\iY;p;, 

=  Pu- 11.; 

=  iz;p;; 

ri  58  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que,  dans  h;  cas  actuel,  couime  dans  tout  autre,  il  y  aura  des  systèmes 
orlliogonaux  correspondant  aux  rotations  p^  et  pour  lesquels  les  X,,  les  H,-, 
les  P,-,  les  .r  seront  déterminés  par  les  systèmes  (C),  (D),  (E),  (F),  (G), 
(I),  (J).  Mais,  puisqu'on  peut  échanger  les  premiers  et  les  seconds  indices  des 
rotations  p,^.,  il  y  aura  une  seconde  série  de  systèmes  orthogonaux  correspon- 
dant aux  mêmes  rotations.  Si  nous  désignons  par  des  lettres  accentuées 
tout  ce  qui  se  rapporte  à  celte  nouvelle  séiie,  elle  sera  définie  jtar  les 
équations 

(C) 

(I'')      p; 

(G') 
(I') 
(J')  .t'=  flX',U',  dp,.         y=  I  lY'/W,  dp,,  z'=  f  lZ',iV,  dpr, 

(K')  11,.=  p,  ^ '-  =  ^  +  P..P.+  P.P. 

analogues  à  celles  (|ue  nous  avons  obleruies  pour  les  systèmes  de  la  pre- 
mière série. 

De  ces  remarcpies  si  simples  on  peut  [aire  découler  de  très  nombreuses 
conséquences. 

llemanpions  d'abord  qu'aux  notations  près,  les  équations  (C)  sont  iden- 
tirpies  aux  équations  (I).  De  là  résulte  ipi'on  aura  des  systèmes  orllio- 
gonaux  de  la  première  série  en  prenant  les  valeurs  suivantes  des  11,  : 

(3)  ii,-=i«\', -t- /A';  +  cz;, 

les  a,  />,  c  désignant  des  constantes.  Portant  ces  valeurs  des  H,  dans  les 
équations  (.1),  on  tiouve 

!j"  —  o0„o  +  ^0„,  +  c  (■)„,, 
r  =  fl0,„+ //(■), ,  +  f(-),, • 

les  (-),7,  étant  définis  par  les  formules 

i    <■/(■)„„=:  iX,X,f/p,-,  d0„,  —  l\i\',dûi,  d&,._=l\iZ,dp,. 

(•>)  ^  d(-),o=l\,X',dp„         (/{-),,  =  i Y, Y;^/p,-,  f/0,,=  iY,Z;.<-/p/, 

(  (/0„  ==  2  z,  \'i  dp,,       d&,t  =  i  z,  y;  f/p,.       f/0,,  =  1  z, z;  dp,-. 


SÉANCE  DU  9  MAI  igio.  IlSp 

Pour  raison  de  symélrie,  il  csl  clair  qu'on  aura  des  systèmes  ortho- 
gonaux de  la  (leuxiénie  série  en  prenant 

;    i-'=:  rt'(-)„„  +  Z/'0,„-|-  c'0,„. 

(.V)  y  =  rt'0„,  +  ^<'0,,  +  c'0,,, 

(     5'=rt'0o,+  //0,,  +  c'0,,. 

«',  U ,  c'  désignant  des  constantes  comme  «,  /;,  c. 

Ainsi,  dès  qu'on  aura  les  cosinus  directeurs  pour  les  deux  séries  de  sys- 
tèmes orthogonaux,  on  aura,  par  de  simples  quadratures,  des  systèmes 
orthogonaux  compris  dans  chacune  de  ces  deux  séries. 

J'ai  dit  plus  haut  que  M.  (luichard  avait  été  conduit  au  système  des 
équations  simultanées  (A),  (B),(B')par  l'étude  d'un  problème  particulier. 
Ce  savant  et  ingénieux  géomètre  a  obtenu  en  elTet  ces  écjuations  en  se  pro- 
posant de  déterminer  les  systèmes  triples  pour  lesquels  on  a 

(6)  11;^  +  II?, +  II/  =  o. 

Comme  l'a  remar(|ué  M.  (luichard,  ces  systèmes  jouent  dans  res[Kice  le 
même  rôle  (jue  les  systèmes  orthogonaux  et  isothermes  tracés  sui-  une  sur- 
l'ace.  Car  si  l'élément  linéaire  de  la  surface  est 

(/,v'=ii/,^p;4-  ii|Vp|, 

la  condition  d'isothermie  [leut  toujours  être  ramenée  à  la  forme 

li;  +]\l^o, 

tout  à  fait  analogue  à  la  relation  ((1).  Mais  à  cette  relation  (()),  il  vaut 
mieux  en  substituer  une  beaucoup  [)lus  générale  et  qui  conduira  au  même 
résultat. 

(  'cherchons  les  systèmes  tri[)les  pour  lesquels  on  a 

(7)  ll7  +  ll^  +  li;=:«(a-=  +  j^+c2)  +  (3, 

a  et  p   désignant  deux  constantes  quelconques.  Lorsqu'elles  deviennent 
nulles,  on  retrouve  la  relation  (G),  de  sorte  cjue  notre  problème  comprend 
comme  cas  très  particulier  celui  qui  a  été  envisagé  par  M.  Guichaid. 
Did'érentions  l'équation  (;)  par  rapport  à  p,.  Nous  aurons 

(8)  ^  +  [3„II,+  [3„II,=  «P,-. 

Si  nous  joignons  à  ces  équations  les  systèmes  (F),  (I),  (K),  /mites  les 


IlGo  ACADÉMIK    DES    SCIENCES. 

dérivées  des  fonctions  P,,  II,  seront  déterminées;  et  les  conditions  d'inté- 
grabilité  nous  donneront,  il  est  aisé  de  le  reconnaître,  en  même  temps  que 
les  équations  (A)  et  (B),  les  équations  (B'). 

Ainsi  les  systèmes  orthogonaux  pour  lesquels  la  relation  (7)  est  vérifiée 
doivent  rentrer  dans  la  classe  que  nous  étudions  ici. 

Récipit)quement  si,  supposant  vérifiées  les  équations  (A),  (B),  (B'), 
nous  envisageons  le  système  complet  défini  par  les  équations  (8),  (F),  (I), 
(K),  il  est  facile  de  voir  qu'il  admettra  l'intégrale  quadratique 

(9)  II;  +  1I|  -t-  11;  =  a{\'J  +  VI  +  PJ  )  +  [3 
identi(pie  à  la  relation  (7),  puisqu'on  a,  d'après  les  formules  (1\), 

(10)  P?  -)-  P|.  +  p;  =  a-- + .>•-  -(-  5-. 

f^e  cas  particulier  où  la  constante  a  est  nulle  mérite  d'être  signalé.  Alors 
les  équations  (8)  ne  contiennent  plus  que  les  H,;  et  les  deux  systèmes  (I) 
et  (8)  auxquels  satisfont  ces  inconnues  sont  les  mêmes,  aux  notations 
près,  que  les  systèmes  (C')  et  (D')  auxquels  satisfont  les  X',,  Y|,  Z',.  On  a 
donc  pour  les  valeurs  générales  des  H,  les  expressions  suivantes  déjà  ren- 
contrées 

(11)  H,  — aX',+ 6Y;  +  fZ'; 

avec  la  condition 

(12)  «2+6-+c'=(3. 

Dans  le  cas  particulier  envisagé  par  M.  (îiiicliard,  la  constante  ^  est  nulle 
comme  a,  et  l'on  doit  avoir 

(i3)  a-+  b''+c-  —  o; 

en  sorte  (jm-  la  délerniination  des  deux  séries  de  cosinus  fournit  la  solution 
complète  et  générale  du  problème  posé  par  M.  Ciuichard. 

Après  ces  applications  particulières  se  présentent  des  remarques  et  des 
C()nsé(piences  générales.  Ce  sera  l'ohjcl  d'une  autre  (Communication. 

M.  II.  PoiNCAitÉ  fait  liommage  à  l'Académie  d'un  Volume  inlilulé 
Savants  et  Ecrisains  et  où  il  a  réuni  diverses  biographies  de  savants, 
aii\(pielles  il  a  joint  son  discours  de  réception  à  l'Académie  française. 


SÉANCE  UU  9  MAI  19IO.  IlGl 

ÉLECTIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  réleclion  d'un  Corres- 
pondant pour  !a  Section  de  Physiciue,  en  remplacement  de  M.  Crova 
décédé  : 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  35  : 

M.  Jean  Bossclia  obtient lo  suffrages 

M.  Cil. -Ed.  Guillaume  »        2  » 

M.  J.-J.  Thomson  »        2         » 

M.  S.  Arrhenius  »        i   suirrage 

M.  Jea\  Iîosscha,  ayant  léuni  la  majorité  des  sullrages,  est  élu  Corres- 
pondant de  l'Académie. 


CORRESPOIVDAIVCi:. 

M.  le  SECiii'oTAïKE  PERPÉTi-Ei.  sigualc,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1"  Les  Mathcinatiqttes  en  Portugal,  par  M.  Rodolpiik  GuimahÂes. 

2°  Deux  Ijrocluires  du  commandant  (i.  Moncagli,  de  la  Marine  italienne, 
intitulées  :  La  marina  libéra  et  il  preinio  di  trajjieo  et  H  preinio  di  trajjico. 
(Présentées  par  M.  L.-E.  Bertin.) 

3"  Technologie  et  analyse  chimiques  des  huiles,  giriisscs  et  cires,  par  M.  .1. 
LEWKowrrscii,  traduil  par  M.  Emue  Bontoux.  (Présenté  par  M.  A.  Haller.  ) 

4"  Les  sécheries  agricoles,  par  D.  Siderskv.  (Présenté  par  M.  Miinlz.) 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Deujcièine  sèi-ie  de  recherches  sur  la  comète 
de  Halley  et  son  spectre  à  l'Observatoii'e  de  Meudon.  Note  de  MM.  A. 
Bernard  et  P.  Idkac,  présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

Une  première  Note  sur  le  spectre  de  la  comète  de  Halley  a  été  présentée 
par  Deslandres  et  Bernard  le  i3  décembre  1909  (').  L'étude  du  spectre  a 
été  poursuivie  depuis  cette  époque  avec  les  mêmes  appareils,  et  aussi  avec 

(')  Comptes  rendus,  l.  CXLIX,  n"  ih,  p.  iio3. 


Il()2  ACAOÉMIIÎ    DES    SCIENCES. 

1111  appareil  plus  puissant,  réconiiiient  organisé  jiar  M.  I  )eslandrcs  el  déjà 
utilisé  pour  la  comète  lunes.  Ce  dernier  appareil  est  formé  d'une  chambre 
piismali(jue,  à  prisme  de  llinl,  de  grande  ouverture  (o"',2à)  et  de  22° 
d'angle,  el  d'un  miroir  parabolique  de  même  ouverture  el  de  <)'",75  de 
distance  focale,  qui  donne  une  grande  concenlralion  de  lumière,  le  rapport 
d'ouverture  élanl  ' . 

Nous  donnons  ici  les  résullals  de  cette  deuxième  série  de  recherches. 

La  première  Noie  avait  annoncé  des  condensations  nettes  qui  correspon- 
daient au\  bandes  ultraviolettes  A  '^)88  du  cyanogène  el  À  391  de  l'azote;  la 
première  de  ces  bandes,  de  beaucoup  la  plus  forle,  était  bien  visible  sur  les 
é[)ieuvcs  des  G,  8,  12  el  i3  décembre.  D'ailleurs  Frosl  el  Parkhursl  (') 
signalaient  que  la  lumière  de  la  comète  de  Halley  était,  le  3i  décembre  1909, 
due  principalement  à  la  troisième  bande  du  cyanogène. 

a.  7  janvier  1910  (■).  Le  spectre  obtenu  ce  jour  indique  de  plus  que 
la  nébulosité  qui  entoure  le  noyau  cométaire  était  principalement  composée 
de  cyanogène.  Donc,  à  cette  époque,  le  cyanogène  représenté  par  la  bande 
'à  388  dominait  nettement  les  autres  corps. 

b.  ()  février;  2,  3  et  4  mars  1910.  Les  dilîérents  spectres  obtenus  sont 
formés  des  radiations  déjà  signalées;  ils  montrent  aussi  ncltcmcnl  une 
bande  forte  dans  le  bleu,  qui  correspond  vraisemblablement  à  la  quatrième 
bande  du  carbone,  X  474-  Deux  autres  bandes  plus  faibles  ont  été  relevées 
tout  près  de  A  4o8  el  A  4^8.  De  plus,  l'intensité  lumineuse  relative  des 
deux  radiations  388  el  474,  qui  donnait  une  prédominance  nette  au  cyano- 
gène sur  les  épreuves  du  7  janvier  et  également  sur  celle  du  9  février  ('), 
paraît  s'être  égalisée. 

r^a  comète  de  Halley  paraissait  donc  avoir  à  ce  moment  la  même  compo- 
sition chimique  cjue  la  comète  Innés  1910a!  à  une  certaine  dislance  de  son 
périhélie. 

c.  2:'),  2("),  29  avril  el  4  et  5  mai  1910.  l^a  comète,  ijui  avait  disparu 
dans  le  rayonnement  solaire,  est  redevenue  observable  le  malin.  Une  obser- 
vation de  Giacobini  (^)  du  17  avril  1910  l'indique  comme  une  nébulosité 
circulaire  de  3o"  à  35"  de  diamètre,  avec  forte  condensation  centrale.  Gia- 
cobini  ajoutait  que  son  apparence  était  slcllaire,  et  tpi'on  ne  distinguait 


(')  Aslron.  Nadir.,  n"  438L 

(-)  Temps  aslrononiique. 

(')  Celte  épreuve  du  9  février  a  élé  faile  par  d'Azanibuja. 

(')   Comptes  rendus,  l.  loO,  n"  10,  iS  avril  1910. 


SÉANCE  DU  9  MAI  191O.  Il63 

aucune  queue,  sinon  un  petit  renflement  de  la  nébulosité  circulaire,  mesu- 
rant à  peine  i"  d'arc  en  longueur. 

Or  le  25  avril  (temps  astronomique),  son  aspect  s'était  légèrement  mo- 
difié. Elle  apparaissait,  dans  nos  lunettes  de  8  et  de  6  pouces,  comme  une 
condensation  planétaire,  très  ronde  (diamètre  5"  d'arc  environ),  très  bril- 
lante, d'éclat  uniforme.  Elle  était  entourée  du  côté  du  Soleil  d'une  nébulo- 
sité hémisphérique  d'environ  3o"  d'arc  de  diamètre,  de  laquelle  s'échappait 
à  la  périphérie  et  dans  la  direction  opposée  au  Soleil  deux  jets  très  courts 
formant  un  commencement  de  queue  que  seule  la  photographie  a  pu  révé- 
ler. L'ensemble  de  la  comète  avait  un  éclat  perlé  ;  elle  pouvait  être  estimée 
de  deuxième  grandeur. 

Les  photographies  directes  faites  les  20,  2G  et  29  avril  montrent  le  déve- 
loppement de  la  queue;  sur  l'épreuve  du  26,  la  queue,  très  faible,  était 
constituée  par  le  prolongement  des  extrémités  de  la  nébulosité,  la  partie 
centrale  restant  sombre;  cette  queue  s'étendait  jusqu'à  plus  de  i",  elle 
avait  une  forme  conique  d'angle  faible  (')  (8°  à  12°);  à  une  certaine  dis- 
tance du  noyau  sa  largeur  était  de  10'  à  i5'  darc. 

Les  4  et  5  mai,  elle  avait  encore  la  même  apparence,  mais  sa  luminosité 
avait  beaucoup  augmenté;  on  pouvait  la  considérer  comme  étant  de  pre- 
mière grandeur  environ. 

Les  observations  ont  été  fort  gênées  par  la  Lune,  l'aurore  et  les  brumes 
de  Paris. 

Les  photographies  spectrales  prises  le  2G  avril  avec  plusieurs  chambres 
prismatiques  ne  donnent  que  la  bande  des  hydrocarbures  A  474- 

Le  4  mai,  deux  clichés  obtenus  avec  la  chambre  prismatique  de  o"\25 
d'ouverture  montrent  nettement  le  spectre  continu  du  noyau.  Le  spectre  de 
la  chevelure  est  représenté  par  deux  condensations  bien  définies  corres- 
pondant à  la  bande  474  des  hydrocarbures  et  à  la  bande  388  du  cyanogène. 
Cette  dernière  n'est  cependant  pas  visible  sur  le  premier  cliché,  obtenu 
quand  la  comète  était  encore  basse  sur  l'horizon,  quoique  la  bande  des 
hydrocarbures  y  soit  aussi  intense.  Ce  fait  est  dû  peut-être  à  l'absorption 
plus  forte  de  l'atmosphère  pour  A  388  que  pour  X  474- 

d.  7  mai.  La  comète  a  encore  augmenté  d'éclat;  on  peut  l'estimer  de 
grandeur  o,5  environ;  la  queue  que  nous  n'avions  pu  encore  discerner  ocu- 
lairement  est  visible  très  facilement  à  l'œil  nu  sur  une  longueur  de  i°  environ. 

(')  Ceci  confirme  les  observations  photographiques  relevées  à  Lick,  les  11,  12  et 
i3  décembre  1909  {Lick  Observatory  Bulletin,  n"  \lk,  p.  i83). 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  19.)  l53 


Il64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  forme  de  la  lèle  de  la  comète  s'était  modifiée  légèrement  depuis 
l'avant-veille;  le  noyau  paraissait  quelque  peu  allongé  dans  une  direction 
perpendiculaire  à  celle  Soleil-comète;  aux  extrémités  du  grand  axe  se 
voyaient  deux  jets  qui  se  perdaient  dans  la  chevelure  environnante. 

Deux  spectres  de  la  comète  ont  été  pris,  l'un  sur  plaque  S,  l'autre  sur  une 
plaque  ^\ratten  sensible  à  toutes  les  radiations  de  longueur  d'onde  inférieure 
à  X  700.  Sur  ces  deux  plaques,  le  spectre  continu  jdu  noyau  est  intense  et 
s'étend  de  A  =  GGo  à  X  =:  SgS  environ.  La  bande  474  des  hydrocarbures, 
qui  correspond  à  une  région  de  grande  sensibilité  des  plaques,  est  très  forte 
dans  la  chevelure,  et  Ton  distingue  les  autres  X5iG  et  X568. 

La  bande  388  du  cyanogène  se  voit  aussi,  mais  elle  est  beaucoup  plus 
faible. 


ASTRONOMIE.    —    Sur  la  polarisalion   de   la  Iwniére  lunaire.    Note 
de  M.  «I.-J.  Landerer,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

Le  procédé  dont  je  me  suis  servi,  en  1889,  pour  mesurer  l'angle  de 
polarisation  de  la  lumière  de  la  Lune,  a  récemment  donné  lieu  à  quelques  cri- 
tiques. Aussi  je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  compléter  la  Note 
où  ma  méthode  fut  exposée  (' ),  en  ajoutant  les  raisons  suivantes,  qui  me 
semblent  de  nature  à  éclairer  la  question. 

La  méthode  dont  il  s'agit  repose  :  1°  sur  un  fait  d'observation,  la  polari- 
sation de  la  lumière  lunaire;  2°  sur  un  fait  en  partie  d'observation  aussi, 
mais  qui  découle,  en  outre,  d'une  induction  rationnelle,  savoir  la  nature 
âpre  ou  raboteuse  des  mers  lunaires,  et  l'unité  de  leur  composition  globale, 
déduite  du  processus  éruplif  dont  elles  dérivent.  On  sait,  eu  effet,  qu'à  un 
moment  donné  de  l'évolution  sélénologique,  la  matière  ignée  fit  éruption, 
en  s'épanchant  sur  les  vastes  dépressions  d'une  large  ceinture  équatoriale 
et  en  envahissant  lescirconvallations  ébréchées;  et,  bien  que  le  phénomène 
se  soit  reproduit  plusieurs  fois,  ainsi  que  le  prouve  l'aspect  échelonné  de 
certaines  mers,  il  est  évident  que  la  teinte  grise  presque  uniforme  que 
l'on  y  remarque,  plaide  en  faveur  d'un  magma  originaire  unique.  Quoi 
qu'il  en  soit,  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  polarisation  bien  sensible  qu'elles 
produisent  est  un  effet  d'ensemble. 

Cet  effet  explique  pourquoi  les  travaux  de  Lord  Rose,  en  prenant  pour 

(')  Coniplex  rendus,  l.  CIX.  p.  3Go-362. 


SÉANCE  DU  9  MAI  I910.  Il65 

point  d'incidence  une  surface  restreinte  du  sol  lunaire,  n'ont  pas  abouti  à 
un  résultat  décisif,  et  c'est  pour  cela  que  l'auteur  de  ces  lignes  imagina  la 
méthode  qui  nous  occupe.  Ce  même  effet  prouve  encore  que  l'étude  de  la 
polarisation  par  diffusion  ne  peut  être  réalisée  avec  succès  que  sur  des  sur- 
faces d'une  étendue  considérable,  telles  que  nous  les  offre  notre  satellite, 
où,  grâce  à  l'étendue  du  sol  actif,  la  somme  des  aspérités  produit  un  ell'et 
comparable,  quoique  d'un  ordre  différent,  à  celui  d'une  plaque  de  verre 
mal  polie. 

Des  raisons  faciles  à  Comprendre  font  voir  que  l'incidence  des  rayons  solaires  sur  le 
sol  de  la  Lune  sera  d'autant  plus  efficace,  pour  la  Terre,  qu'elle  se  rapprochera 
davantage  du  milieu  du  croissant.  S'il  s'agissait  d'une  surface  parfaitement  polie,  le 
point  d'incidence  serait  unique;  mais  sur  une  surface  raboteuse,  et  tel  est  notre  cas, 
l'incidence  s'opère  sur  un  champ  assez  étendu  de  la  région  centrale  du  croissant, 
autour  du'quel  la  polarisation  se  fait  encore  sentir.  Or  ce  champ,  tombant  toujours  sur 
une  mer  ou  sur  un  ensemble  de  mers,  quelle  que  soit  la  position  du  salellite  sur  son 
orbite,  et  le  déplacement  que  cette  surface  éprouve  pendant  l'intervalle  des  obïcrvations 
s'opérant  entre  des  limites  étroites,  il  en  résulte  que  la  proportion  maximum  de 
lumière  polarisée  que  la  méthode  permet  de  saisir,  en  suivant  les  variations  qu'elle 
éprouve  au  cours  de  la  lunaison,  répond  bien  à  l'angle  qu'il  s'agit  de  mesurer  ('). 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  de  Halley,  faites  à  l'Observatoire 
de  Marseille  (^èqaatorial  d'Eichens  de  o"*,  26  d'ouverture).  Note  de 
M.  CoGGiA,  présentée  par  M.  Maurice  Hamy. 


Dalc?. 

Temps  moyen 

de 

Log.  fact. 

Log 

f,ict 

i!);o. 

de  Marseille. 

AU. 

Ay.\ 

comp. 

iR  apparente. 

pai-all. 

cô'j? 

appa  lente. 

1:1.1 

ull. 

Mil     |l> 

h      m      s 
16.33 . 19 

+  3!"  2,^76 

-  5.'33;'5 

1 5 : 1 0 

h        m       s 

23.54.    3,o3 

— T,634 

82 

II -14, '7 

^. 

770 

"       '  7 

16.29.39 

+  2.19,41 

—  4-43,0 

1 5 : 1 5 

2  3.53. I 9 , 70 

-î,634 

82. 

12.     5,1 

—  0 

iH 

M             18 

16.35.48 

-hi.38,3o 

—  3.5- , 3 

i5: 10 

23.52. 38, 61 

-î,63i 

82. 

I 2. 5o,7 

—  f. 

766 

1)            •.'.  1 

16.34. 19 

+0.   3,39 

-  3.12,8 

1 5 : 1 5 

23.5i.   3,75 

-î,628 

82. 

i3.35,o 

— 0 

763 

»            ■'..'. 

16.28.   5 

—0.82,98 

-  4.   8,2 

i5:io 

23.00. 27,42 

— î ,627 

82. 

12.39,4 

—  G 

763 

«      2  G 

16.23.28 

— 0.32 ,o5 

—  9-   ^-9 

1 5 : 1 0 

23. 5o. 28,41 

— T,625 

82. 

7.38,4 

0 

760 

{ '  )  Je  profite  de  l'occasion  pour  corriger  une  erreur  de  peu  d'importance  qui  s'était 
glissée  dans  la  Note  précitée,  et  qui  porte  sur  le  dernier  terme  de  l'expression  générale 
de  l'angle  de  polarisation.  En  me  reportant  au.x.  notations  employées  dans  le  susdit 
travail,  l'expression  générale  doit  être  écrite  ainsi  : 


P  =  -  [À  -H  9'  sin  /.  —  (/)  sin«  +  i5'cos  \  /.)]. 


i66 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Nombre 

Dates. 

Temps  moyci 

de 

Log.  fact. 

Log.  facl. 

lOlC 

de  Marseille. 

A.^. 

AÇf. 

comp. 

M  apparente. 

parall. 

(D$ 

apparente. 

parall. 

*. 

Avril 

27. 

h       m        s 
16.24.    I 

— 0. 13,95 

—  12.  4^4 

i4: 10 

h         m        s 
23.00.46,54 

-T,623 

82 

'  4.'42','8 

—0,759 

7 

» 

28. 

16.24.34 

—  0.02,94 

—  5.46,2 

i5: 10 

23. 5 I. I 5, 85 

— T ,621 

82 

I.  2,9 

— 0,758 

8 

» 

29. 

16. j6.21 

+  1.34,60 

—  0.49,3 

1 5  ;  1 0 

23. 5i. 56, 98 

—1,624 

81 

56.34,8 

—0,759 

9 

Mai 

2. 

16.17. '6 

—  2.  16,80 

+  3.43,8 

i5:io 

23.55.29,93 

-ï,6i9 

81 

36.32,1 

—0,755 

lO 

>' 

3. 

16. 25.41 

— 0.28,42 

—  5.41,4 

i5: 10 

23.57.18,33 

-ï,6i3 

81 

27.  6,8 

—0,751 

II 

» 

4- 

16.   7.59 

+  1.     4:07 

—  5.44,5 

1 5 :  10 

23.59.26,99 

— T,623 

81 

16.   8,5 

—0,755 

12 

» 

5. 

16.    3.40 

-t-O.34,80 

+  i5.45,6 

1 5 : 1 0 

0.   2.   4,9t 

—1,624 

81 

3.    1,5 

— 0,706 

1 3 

» 

6. 

16.59.57 

+  3.43,85 

+  0.19,7 

1 5 : 1 0 

0.   5.i3,99 

-1,626 

80 

47 .35,5 

—0,756 

'4 

Etoiles  de  comparaison. 


7.6 
7,6 

7.6 
7.6 
7,6 
7,6 
7.6 
8,1 

8,7 
7,3 
7,3 
8,6 
8,3 
8,3 


a  moyenne, 
1910,0. 


23. 5i 
23 . 5  ( 
23 .5i 
23.5i , 
23 .5i . 
2  3 . 5 1 . 
23.5i . 


1,49 
1,49 
1,49 
1,49 
I  .49 
1-49 
1,49 


23.50.23,89 
23. 5o. 23, 33 
23.57.47,65 
23.57.47,65 
23.58.23,77 
o.  i.3o,99 
o.    i.3o,99 


Réduction        (f  moyenne, 
au  jour.  1010,0. 


-I  ,20 
-l,.8 
-1 ,  1 3 

-'.09 
-I  ,o3 
-1 ,00 
-0,98 
-0,96 
-o ,  92 
-0,90 
-0,88 
-0,88 
-0,85 


82. 16.39,0 
82. 16.39,0 
82. 16.39,0 
82. 16.39,0 
82 . 16.39,0 
82 . 16.39,0 
82 . 16.39,0 
82.  6.40,9 
81 .57. 16,0 
8i .32.40,6 
81 .32.40,6 
8i .21 .45,5 
80.47.  ^'^ 
80. 4-.   8,5 


Réduction 
au  jour. 

-)-   9.2 

+  9,1 
+  9,0 

+  8,8 
+  8,6 
+  8,3 
+  8,2 
+  8,2 
+  8,1 

-+-  7,7 
+  7,6 
+  7,5 
H-  7,4 
-^  7,3 


Autorités. 


11818, 
I1818, 


I1818, 
11818, 
11818, 

ii8i3, 

Il8l2, 

ii858, 
ii858, 
11864, 
11874, 
11874, 


Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 
Leipz 


g",  AG 
g",  AG 
g",  AG 
g",AG 
g",  AG 
g",  AG 
g",  AG 
g",  AG 
g",  AG 
g",AG 
g",  AG 
g",  AG 
g",  AG 
g»,  AG 


Les  16,  17  et  18  avril,  on  voit  un  gros  novan  légèrement  ovoïde.  Aucune  trace  de 
queue. 

Le  21,  la  comète  se  voit  à  l'œil  nu,  comme  une  étoile  de  troisième  grandeur;  novau 
ovoïde  de  couleur  jaunâtre.  Il  est  enveloppé  d'une  chevelure  s'élendant  comme  deu\ 
ailerons  sous  un  angle  d'environ  120°. 

Le  23  le  noj'au  a  le  même  aspect  que  le  21;  une  chevelure  uniformément  brillante 
l'enveloppe  et  se  prolonge  en  une  queue  d'environ  +  o"  séparée  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur par  une  bande  sombre.  La  Lune  est  presque  pleine. 

Le  26,  la  comète  vue  à  l'œil  nu  paraît  comme  une  étoile  de  deuxième  grandeur 
avec  une  queue  d'environ  1°.  La  Lune  qui  vient  d'être  pleine  en  masque  certainement 
une  bonne  partie.  Dans  la  lunette  le  noyau  est  plus  petit  que  les  jours  précédents 
mais  il  est  extraordinairement  brillant  et  d'apparence  stellaire  bien  caractérisée. 

Le  27,  le  noyau  est  moins  brillant  que  la  veille,  mais  il  est  plus  étendu.  La  queue, 


SÉANCE  DU  9  MAI  rpio.  I167 

beaucoup  plus  lumineuse  sur  les  bords  externes  est  nettement  divisée  en  deux  par 
une  bande  sombre  dans  le  sens  longitudinal. 

Le  3  mai  la  queue  a  environ  6°  à  l'œil  nu. 

Le  5  mai,  vue  à  l'œil  nu  la  comète  brille  comme  une  belle  deuxième  grandeur  ;  la 
queue  a  environ  10°  de  long  et  se  recourbe  en  panache  à  son  extrémité. 

Dans  la  lunette  le  noyau  est  rond,  brillant.  Il  est  enveloppé  d'une  chevelure  très 
lumineuse  sur  laquelle  on  voit  nettement  deux  aigrettes  en  forme  de  triangle  dont  le 
sommet  parait  s'implanter  dans  le  noyau  et  dont  l'ouverture,  frangée,  s'arrête  au  bord 
delà  chevelure.  Ces  aigrettes  sont  larges,  symétriques  par  rapport  au  novau  et  perpen- 
diculaires à  l'axe  de  la  queue. 

Le  6  mai,  vue  à  l'œil  nu  la  comète  est  à  peu  près  comme  la  veille. 

Dans  la  lunette  le  noyau  est  plus  brillant  que  le  5  et  se  continue  par  un  secteur  très 
lumineux  tourné  vers  le  Soleil  et  de  70°  d'ouverture  environ.  Les  aigrettes  vues  la 
veille  ont  disparu. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Analyse  magnétique  de  quelques  groupements  chromo- 
p/ioriques.  Note  (')  de  M.  P.4ul  Pascal,  présentée  par  M.  D.  Gernez. 

La  susceptibilité  moléculaire  d'un  composé  organique  A^B^CJ  ...  peut 
se  calculer  en  fonction  des  susceptibilités  atomiques  y,  ...  des  constituants 
par  la  formule 

Pour  ce  qui  nous  occupe  aujourd'bui,  il  suffira  de  rappeler  que  le  terme 
correctif  X,  relatif  aux  particularités  de  structure,  est  négatif  quand  il 
correspond  à  un  noyau  benzénique  ou  naplitalénique,  mais  qu'il  prend  au 
contraire  une  valeur  positive  relativetnent  importante  dans  le  cas  de  doubles 
liaisons  certaines. 

J'ai  donné  pour  \  les  valeurs  -i-d^.io"'  et  120.  lo"'  suivant  que  la 
molécule  est  éthylénique  ou  polyéthylénique;  l'étude  récente  des  oximes, 
des  aldazines,  des  azométhines  m'a  montré  la  généralité  des  remarques 
précédentes.  Une  double  liaison  diminue  toujours  le  diamagnétisme.  Par 
exemple,  pour  une  liaison  double  entre  carbone  et  azote,  A=  +90.10"': 
pour  deux  liaisons,  X  =  +  ioo.io~';  enfin  pour  une  double  liaison  entre 
azotes,  \=  -t-  2i.io~'. 

Cette  sensibilité  de  l'analyse  magnétique  aux  doubles  liaisons  et  la  fidélité 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  2  mai  1910. 

(^)   Pascal,  Ann.  de  Chiin.  et  de  Phys.,  janvier  1910,  p.  5. 


Cal 

cillé. 

Aïoique. 

inoniquc. 

1238.5 

'o44,5 

i485,5 

1 

1291 ,5 

i3i- 

1 

II23 

I168  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  laquelle  les  propriétés  magnétiques  suivent  les  moindres  particularités 
de  la  structure  moléculaire,  m'a  amené  à  appliquer  mes  recherches  à  l'étude 
des  matières  colorantes.  On  sait  que  de  nombreux  chimistes  veulent  y  voir 
toujours  un  groupement  chromophorique  quinonique  ;  une  telle  structure 
devait  apparaître  de  suite  dans  le  champ  magnétique. 

J'ai  d'abord  vérifié  que  les  quinones  se  comportent  vis-à-vis  de  ce  réactif 
comme  des  dicétones  diélhyléniques.  Ainsi,  pour  la  quinone,  ■/,„  est  égal 
à  —  43o.io~',  valeur  très  voisine  du  chiffre  — .425.10"'  calculé  pour  la 
forme  cétonique,  et  très  différente  de  —  635.io~',  qui  correspondrait  à  la 
forme  phénolique. 

Ces  mesures  préliminaires  m'ont  permis  d'obtenir  les  résultais  suivants  : 

Colorants  azoïques.  —  1°  Les  amiiioazoïques  se  comporlent  inaynéliquement 
comme  des  azoïques  vrais.  On  trouve  en  effet  : 

Aniidoazobenzène r233 

Amidoazotoluène 1481 

Chrysoïdine i3i5 

2°  Les  ON.3azoïques  ont  une  constilulion  dépendant  des  substitutions  à  l'oxygène  et 
de  la  température.  A  froid,  les  azoïques  substitués  à  l'oxygène  sont  généralement  de 
vrais  azoïques;  les  non-subslilués  contiennent  un  mélange  de  l'azoïque  vrai  et  du  lau- 
tomère  quinonique.  Ainsi,  on  a 

—  i"V.„.- 

Oxyazobenzol io37 

Méthoxyazobenzol i238 

Benzolazo-|3-naphtol .  .  .      i466 

Paraazoanisol i537 

Paraazophénétol 1786 

Par  échauffement  ou  fusion,  ces  corps  rougissent  et  gardent  plus  ou  moins  cette 
nouvelle  couleur  par  la  trempe.  On  peut  même  isoler  une  forme  rouge  bien  définie  du 
paraazophénétol,  instable  au-dessus  de  94°.  Ces  modifications,  d'ailleurs  endothei- 
niiques,  qui  aboutissent  à  un  corps  plus  coloré,  correspondent  à  l'apparition  d'une  struc- 
ture quinonique.  comme  le  montrent  les  chiffres  suivants  : 

Calculé. 

—  io"/,„.  Azoïque.  ihiinonique. 
Paraazoanisol  rouge.  ..  .      laio                      i53o  1227 
Paraazophénétol  rouge.      i46o                       '777  '472 

En  modifiant  la  vitesse  détrempe,   on  obtient  souvent  des  cristaux  doiii  la  couleur 


Calcu 

ilé. 

Azoïque. 

Quinonique. 

I22I  , 

,5 

101  1 

l34l 

1  l33,5 

l566 

i35i,5 

1 53o 

1227 

'777 

1472 

SÉANCE    DU    9   MAI    I910.  I  169 

passe  du  rouge  au  jaune,  el  dont  la  suscepliliilité  varie  comme  celle  d'un  mélange  des 
deux  taulomères  phénolique  el  quinonique.  Avec  le  paraazoanisol,  on  olitient  en  elTel. 
pour  —  io'/,„,  les  valeurs  suivantes  : 

Cristaux  jaunes,  azoïques  :  1 5.^-;  jaune  orangé  :  i^Sj;  orangés:  1867  ;  rouges,  hvdra- 
zoniques  :  1210. 

Dé/ii'és  du  triphcnylinc-tliane.  —  Dans  ce  groupe,  Yaiirine  se  comporte  encore 
comme  un  dérivé  quinonique.  La  susceptibilité  moléculaire  ■/_,„==  —  1679.10^"  (théo- 
rie :  1693,5)  est  en  effet  très  différente  de  la  valeur  —  1887. iu~'  que  devrait  avoir  la 
forme  phénolique. 

Par  contre,  \<i  fuchsine,  entre  autres  dérivés  aminés,  a  les  propriétés  d'un  composé 
normal.  On  trouve,  pour  elle,  X/«  ^  —  aSoo.io"'  (théorie  2268, 5),  valeur  très  éloignée 
du  chiffre  — 2o43,5.io""'  correspondant  à  la  forme  quinonique. 

Phénomènes  de  chronio-isoniéric.  —  L'analyse  magnétique  permet  enlin  de  pré- 
ciser la  structure  des  sels  métalliques  de  diverses  couleurs  dérivés  des  phénols  nitrés, 
halogènes,  etc.  Les  formes  incolores  de  ces  sels  se  comportent  comme  des  phénates 
normaux,  tandis  que  les  variétés  colorées  ont  exactement  les  propriétés  des  lauto- 
mères  ([uinoniques,  beaucoup  moins  diamagnétiques. 

Entre  autres  exemples,  je  citerai  deux  sels  d'argent,  taulomères,  blanc  el  rouge, 
du  3.4.6.  tribromophénol.  Pour  la  variété  blanche,  phénolique,  /  ;„ '^^ — iSôi.io"'; 
par  contre,  pour  la  variété  rouge,  quinonique,  on  a  /,„  ^= — i.")6o.  10^'. 

Conclusion.  —  Les  exemples  précédents,  qui  m'ont  déjà  apparu  comme 
susceptibles  de  généralisation,  semblent  montrer  que  l'existence  d'une 
coloration  marquée  est  presque  toujours  corrélative  d'une  structure  quino- 
nique, au  moins  dans  les  corps  à  fonction  oxygénée.  Souvent,  d'ailleurs, 
la  forme  quinonique  est  accompagnée  du  tautomère  phénolique,  surtout  à 
froid,  quand  la  substance  n'est  pas  encore  fort  colorée. 

Par  contre,  dans  les  matières  aminées,  correspondant  aux  types  précé- 
demment étudiés,  où  l'azote  n'entre  pas  comme  élément  constitutif  d'une 
chaîne  fermée,  il  ne  semble  pas  exister  de  tautomère  quinonique,  dans  les 
conditions  ordinaires. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Effets  chimiques  des  rayons  ullrm'iolels  sur  les  corps 
gazeux.  Actions  de  polymérisation.  Note  de  MM.  Daniel  Jîekïhei.ot 
et  IIexri  Gaudechon,  présentée  par  M.  Jungfleisch. 

Les  actions  chimiques  des  rayons  ultraviolets,  reconnues  depuis  long- 
temps par  la  photographie,  peuvent  être  produites  aujourd'hui  avec  une 
grande  intensité  au  moyen  des  lampes  en  quartz  à  vapeur  de  mercure. 

Nous  avons  employé,  soit  une  lampe  Ileraius  de  iio  volls  consommant 


IiyO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2,5  ampères  en  régime  normal  et  dont  l'arc  avait  4'"  de  long,  soit  une 
lampe  Westinghousc  de  220  volts,  consommant  de  5  à  (J  ampères  et  dont 
l'arc  avait  de  4""  à  G*"™  de  long.  Les  gaz  soigneusement  desséchés,  soumis 
aux  rayons,  étaient  enfermés  dans  des  tubes  en  quartz  d'environ  o""",6 
d'épaisseur.  La  pression  était  voisine  de  tS*''". 

Dans  ces  conditions,  les  gaz  s'ionisent  et  deviennent  conducteurs,  et  il 
se  produit  des  effets  chimiques  remarquables. 

Nous  décrirons  aujourd'hui  les  actions  de  polymérisation. 

Polymérisation  de  l'acétylène.  —  i"  Acétylène  seul.  —  Tube  soumis  à 
l'action  de  la  lampe  à  iio  volts  durant  i  heure  à  2""  de  distance,  i  heure 
à  S*^^™,  I  heure  à  S'"".  Volume  initial  :  2'°'', Go;  volume  final  :  2""',  18.  Con- 
traction :  iG  pour  100.  Au  bout  de  quelques  instants,  on  voit  apparaître  un 
brouillard  dans  le  tul)e,  puis,  se  déposer  à  la  surface  du  mercure  et  sur  les 
parois  du  tube  une  couche  solide,  d'épaisseur  progressivement  croissante, 
qui  présente  les  colorations  des  lames  minces.  L'action  chimique,  d'abord 
très  rapide,  se  ralentit  bientôt,  par  suite  de  la  non-transparence  de  ce 
dépôt  aux  rayons  ultraviolets. 

Ce  précipité  est  de  couleur  jaune  faune,  et  présente  l'odeur  spéciale  des 
polymères  de  l'acétylène  obtenus  par  l'action  de  l'effluve  sur  ce  gaz. 

Il  n'y  a  pas  de  benzine  liquide.  Le  gaz  résiduel  est  entièrement  absor- 
bable  par  le  chlorure  cuivreux  ammoniacal.  Il  y  a  donc  eu  polymérisation 
sans  décomposition. 

L'action  chimique  précédente,  comme  celles  qui  sont  liées  à  l'ionisation 
des  gaz,  est  favorisée  par  la  diminution  de  pression  qui  rend  les  gaz  meil- 
leurs conducteurs.  Elle  l'est  également  par  l'adjonction  d'un  gaz  inerte,  qui 
diminue  la  tension  propre  du  gaz  actif  dans  le  mélange. 

2"  Acétylène  et  hydrogène.  —  Même  exposition  que  dans  l'expérience 
précédente.  Volume  initial  :  i""°',82  composé  de  o"'',97  C-H'-f-  o"'',85  H-. 
Volume  final  :  i''"'",49  composé  de  o'"'',65  C*H--i-  0'°',  84H\ 

L'écart  entre  0"°'°,  85  et  o"""',  84  étant  de  l'ordre  des  erreurs  de  mesure, 
on  voit  que  tout  l'hydrogène  se  retrouve  à  l'état  libre.  Il  a  donc  joué  le 
rôle  de  gaz  inerte.  Mais  la  tension  j^ropre  de  l'acétylène  étant  environ 
la  moitié  de  celle  de  l'expérience  précédente,  la  contraction  a  passé  de 
16  pour  100  à  33  pour  100,  c'est-à-dire  a  sensiblement  doublé.  Les  parois 
sont  tapissées  du  dépôt  jaune. 

3°  Mélange  d'acétylène  et  d'azote.  —  Tube  soumis  4  heures  3o  minutes 
à  l'action  de  la  lampe  iio  volts,  à  une  distance  moyenne  de  5"".  Volume 


co- 

forme. 

ContracUon. 

O  cons 

oiiimé. 

Hésidu 

?.'■' 

'",48 

2'^°'',  5o 

3''"' 

.7t 

O.OI 

•.V 

■",48 

2^"'',  48 

3''"' 

i7'2 

o,oo 

SÉANCE  DU  9  MAI  igiO.  II7I 

initial  3""',  i4,  composé  de  i""',68  C^H-  +  l'^'/iG  Az-.  Volume  final  2""',  72, 
composé  de  i'^"'',26  C'H- -h  i'""',4<^  ^^z-.  L'azote  primitif  se  retrouve 
intact;  il  n'y  a  pas  eu  d'acide  cyanhydrique  formé. 

L'acétylène  n'est  pas  modifié,  mais  son  volume  est  diminué  des  o''"'°,/|2 
qui  correspondent  au  polymère  jaune  déposé  sur  les  parois;  sa  contraction 
a  été  de  23  pour  100. 

Polymérisation  de  l'éthylène.  —  1°  Ethylène  seul.  —  Tube  soumis  à 
l'action  de  la  lampe  de  220  volts  à  4'"'  de  distance,  durant  2  lieures.  Volume 
initial  2""'',  72;  volume  final  2""',  42-  Contraction  11  pour  100.  Une  partie 
du  gaz  résiduel  est  analysée  par  combustion,  puis  par  addition  de  potasse  et 
de  pyrogallol. 

Gaz  total. 

Observé i''"'\  2.5 

Calculé  pour  C'H'.      i'^"'',24 

Le  gaz  résiduel  est  donc  de  l'étbylène  pur.  Il  s'est  formé  un  polymère 
liquide  cireux,  qui  exhale  une  odeur  de  graisse  rance,  et  bout  un  peu 
au-dessus  de  100°.  C'est  un  corps  qui  rappelle  le  caprylène  ou  les  jcorps 
homologues  obtenus  dans  la  décomposition  pyrogénée  des  cires. 

Dans  une  autre  expérience,  après  3  heures  d'exposition  à  5*^''°  environ  de 
distance  de  la  lampe  de  1 10  volts,  l'éthylène  s'est  contracté  de  i3  pour  100 
avec  formation  du  même  polymère.  Le  gaz  résiduel,  analysé  comme  précé- 
demment, est  de  l'éthylène  pur. 

La  facilité  et  la  simplicité  de  cette  réaction  déterminée  par  les  rayons 
ultraviolets  contraste  avec  les  résultats  négatifs  antérieurs  de  Goriainoffet 
Boutleroir  qui  déclarent  dans  leur  Mémoire  5m/-  les  polyolènes  :  «  Nous  avons 
cherché  à  polymériser  l'étbylène,  mais  sans  y  réussir  »  (^Ann.  derChem., 
t.  CLXIX,  1873,  p.  147). 

2°  Mélange  d'éthylêne  et  d'acétylène.  —  Tube  soumis  durant  2  heures 
au  rayonnement  de  la  lampe  à  220  volts,  à  4*"'"  de  distance.  Volume 
initial  3""', 22,  composé  de  i'""',52  C-H-+i™\7o  C^H''.  Volume  final 
2'""V36.  Contraction  26  pour  100. 

Le  tube  de  quartz  est  tapissé  d'un  revêtement  solide  jaune  fauve,  d'aspect 
identique  au  polymère  de  l'acétylène,  et,  en  plus,  d'un  enduit  gras  entraî- 
nable  par  la  chaleur  au-dessus  de  100",  sous  forme  de  vapeurs  lourdes 
d'odeur  rance  et  semblable  au  produit  de  condensation  donné  par  l'éthylène 
seul. 

POLYMÉRIS.VTION  DU  CY.VNOGKME.    FORMATION   DU   PARACYANOGÈNE.  \°  Cytt- 

C.  R-,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N°  19.)  l54 


II72  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nogène  seul.  -  Tube  soumis  à  l'aclion  de  la  lampe  iio  volts,  1  heure 
3o  minules  à  2*^'"  de  distance,  i  heure  3o  minutes  à  5*^™,  i  heure  3o  mi- 
nutes à  8'".  Volume  initial  i''"'',g4.  Volume  final  i'^"'',58.  Contraction  18, 5 
pour  100.  Au  bout  de  quelques  secondes,  on  \oit  se  précipiter  sur  les 
parois  du  tube  un  dépôt  solide,  de  couleur  marron,  qui  représente  du  para- 
cyanogène;  cet  écran  ralentit,  puis  arrête  l'action  ultérieure  des  rayons 
ultraviolets.  Le  gaz  résiduel  est  entièrement  absorbable  par  la  potasse;  il 
représente  du  cyanogène  pur,  sans  azote;  le  dépôt  solide  est  entièrement 
soluble  dans  la  potasse,  et  ne  contient  par  suite  pas  de  carbone  libre. 

2"  Mélange  de  cyanogène  et  d'acétylène.  —  Tube  exposé  à  la  lampe  de 
1 10  volts,  I  lieure  à  3''"  de  distance,  puis  2  heures  à  8™  environ.  Volume 
initial  3"°'', 8^,  composé  de  2''°'',i4  C-H-  -1-  i'"'',G8  CAz.  Volume  final  3'"'',37, 
composé  de  i'"'',99  C-H- -i-  i'°'*,38CAz.  L'analyse  a  été  faite  par  com- 
bustion, puis  addition  de  potasse  et  de  pyrogallol. 

La  surface  du  tube  est  couverte  d'un  dépôt  jaune  brun,  mélange  de 
paracyanogène  et  d'acétylène  condensés  qui,  dans  l'expérience  précédente, 
répond  à  la  composition  C-H-h-2C-Az-.  Ce  dépôt,  chauffé,  dégage  du 
cyanogène  pur. 

Polymérisation  de  l'oxygène.  Formation  d'ozone.  —  Tube  soumis  au 
rayonnement  de  la  lampe  iio  volts,  dans  les  mêmes  conditions  que  le 
cyanogène  seul.  Volume  initial  2"'",  93.  Volume  final  2""',  88.  Contrac- 
tion 1,7  pour  100.  Le  mercure  est  fortement  oxydé  à  la  surface. 

Dans  une  seconde  expérience  le  tube  a  été  placé  h  a""  de  distance  de  la 
lampe  220  volts  durant  3  heures.  La  contraction  a  été  2,8  pour  100.  Le 
gaz  contenu  dans  le  tube  oxyde  une  lame  d'argent  et  répand  une  forte 
odeur  d'ozone. 

La  formation  d'ozone  par  les  rayons  ultraviolets  se  fait  en  proportion 
assez  faible,  ce  qui  explique  qu'elle  ait  été  niée  récemment  par  c<'rtains 
observateurs;  d'après  ce  qui  précède,  elle  n'est  cependant  pas  douteuse. 


CHLMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  nature  colloïdale  des  acides  chromopoly- 
sulfuriques.  Note  (')  de  M.  Pablo-Martinez  8trong,  présentée  par 
M.  H.  Le  Chatelier. 

Il  y  a  quelques  années,  le  professeur  Recoura  se  consacra  à  l'étude  des 
composés  complexes  du  chrome  et  arriva  à  isoler  diverses  combinaisons 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  2  mai  1910. 


SÉANCE   DU    9   MAI    I910.  II 73 

sulfuriques  dans  lesquelles  l'acide  sulfurique  se  trouve  dissimulé.  Ces 
composés  ont  la  propriété,  quand  ils  sont  en  dissolution  aqueuse,  de  pré- 
cipiter les  dissolutions  de  la  plupart  des  sels  métalliques,  même  des  alcalins. 

Ces  investigations  classiques  ont  été  le  point  de  dépari  pour  mes  expé- 
riences et  j'ai  pu  confirmer  dans  celles-ci  ses  conclusions. 

Frappé  par  l'aspect  uniforme  de  tous  les  précipités  obtenus  en  traitant 
les  solutions  des  sels  métalliques  par  dissolutions  des  acides  chromopoly- 
sulfuriques,  j'ai  songé  qu'on  pourrait  avoir  affaire  à  des  matières  colloïdales, 
et  alors  ce  ne  seraient  pas  les  acides  chromopolysulfuriques  les  agents  pré- 
cipitants, mais  bien  les  sels,  qui  seraient  alors  des  réactifs  de  ces  acides. 

Cette  idée  est  confirmée  par  le  fait  que  les  acides  chromopolysulfuriques 
présentent,  en  outre,  d'autres  caractères  propres  aux  corps  colloïdaux,  celui 
d'être  précipités  ou  mieux,  coagulés  par  les  acides  minéraux  et  par  la  chaleur. 

Pour  démontrer  la  nature  colloïdale  des  acides  chromopolysulfuriques  et 
de  l'hydrate  sulfochromique,  j'ai  étudié  leurs  dissolutions  aqueuses  en 
employant  l'ultramicroscope  de  Cotton  et  Mouton,  d'après  la  technique 
suivie  par  ces  auteurs.  J'ai  remarqué  la  présence  de  particules  brillantes  et 
nombreuses,  animées  de  mouvements  browniens  caractéristiques,  et  ainsi 
j'ai  prouvé  que  ce  sont  des  colloïdes;  de  plus,  le  fait  que  ces  dissolutions  ne 
précipitent  pas  par  l'ammoniaque  conduit  à  considérer  comme  des  colloïdes 
négatifs  les  acides  chromopolysulfuriques  et  l'hydrate  sulfochromique  de 
Recoura,  corps  que  j'ai  préparé  très  facilement  suivant  les  méthodes  de  ce 
savant. 

Les  expériences  de  J.  Duclaux  nous  ont  appris  que  les  colloïdes  préparés  chimique- 
ment ne  sont  stables  que  si  le  liquide  intermicellaire  contient  des  ions  en  relations  chi- 
miques avec  les  radicaux  constitutifs  du  granule. 

Dans  le  cas  qui  nous  occupe,  après  coagulation  des  solutions  des  acides  chromopoly- 
sulfuriques par  les  solutions  des  sels  métalliques,  il  reste  libres,  dans  le  liquide,  3™°', 
4°""'  ou  5"°'  d'acide  sulfurique,  selon  le  cas.  On  ignore  si  cet  acide  sulfurique  est 
mis  en  liberté  quand  on  ajoute  la  solution  métallique,  ou  s'il  reste  libre  par  le  seul  fait 
de  la  dissolution  de  l'acide  chromopolysulfurique.  ou  si,  au  contraire,  il  était  déjà  séparé 
dans  le  composé  solide  complexe. 

M.  Wyrouboffse  déclare  partisan  de  cette  dernière  hypothèse.  Mais,  tenant  compte 
des  relations  existant  entre  la  composition  du  liquide  intermicellaire  et  celle  du  gra- 
nule, je  crois  que  rien  ne  s'oppose  à  ce  que,  au  moment  de  la  dissolution,  l'acide  sul- 
furique reste  libre,  de  telle  sorte  que  le  liquide  intermicellaire  pourrait  contenir 
l'acide  sulfurique,  et  le  granule  serait  formé  par  un  corps  coagulable  de  la  formule 
[Cr^  (SO*)' ]  Ho,  commun  aux  trois  acides  chromopolysulfuriques,  comme  on  peut 
le  voir  par  les  équations  suivantes  : 

Acide  chromotétrasulfurique  : 

Gr2{SO*)^  +  4H-SO'-3H2SO*=[Cr^(SO')^]H^ 


Iiy4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Acide  cliromopentasulfurique  : 

C:r2(SO»)'+5HîSO'-/|H'-SO'=[Cr'(SO'y]H'. 

Acide  cliromohexasulfurique  : 

Gr'(SO'0'-t-6H2SO'— 5HîSO'  =  [Cr''(SO^)*]H2. 

On  remarque  que  le  corps  conslilulif  du  granule,  semblable  pour  les  trois  acides  com- 
plexes, a  la  même  formule  que  l'hydrate  sulfocliromique  [Cr'0^(SO^)*](OH)%  qu'on 
obtient  en  chauffant  de  i4o°  à  i5o°  les  trois  acides  chromopolysulfuriques,  qui 
perdent  dans  ces  conditions  3™°',  4™°'  ou  5™°' d'acide  sulfurique,  selon  l'acide,  de  la  même 
manière  que  par  le  simple  fait  de  la  dissolution,  3™°',  4""°'  ou  5"°'  d'acide  sulfurique 
se  séparent,  laissant  dans  les  deux  cas,  comme  produit  actif  final,  le  complexe 

[Cr2  0'(S0^)'](0H)S 

appelé  hydrate  stilfochromique^  que  je  regarde  comme  le  corps  fondamental  cons- 
titutif du  granule  et  qui  est,  pour  ainsi  dire,  le  squelette  des  acides  chromopolysulfu- 
riques. 

Au  cours  des  expériences,  j'eus  l'occasion  d'observer  le  retour  du  sulfate 
de  chrome  vert  au  sulfate  violet  cristallisé. 

Les  dissolutions,  renfermant  des  proportions  de  sulfate  de  chrome  vert 
et  d'acide  sulfurique,  qui  servent  dans  la  préparation  des  acides  chromo- 
polysulfuriques et  concentrées  par  chauffage  au  bain-marie,  donnent,  quand 
on  les  abandonne  à  la  température  ordinaire  pendant  3  ou  4  jours,  des  cris- 
taux octaédriques  de  sulfate  violet  de  chrome,  ce  qu'on  ne  peut  pas  obtenir 
par  le  simple  chauffage,  et  refroidissement  d'une  solution  de  sulfate  vert  de 
chrome  dans  l'eau,  sans  y  ajouter  de  l'acide  sulfurique. 

On  peut  supposer  que  cela  est  dû  à  l'action  hydratante  de  l'acide  sulfu- 
rique dilué,  qui  déterminerait  le  passage  du  sulfate  vert  au  sulfate  violet  de 
chrome. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  irialcoylacétonapluones  et  leur  dédou- 
blement par  iamidure  de  sodium.  Note  de  M.  V.  Volmar,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

MM.  llaller  et  Bauer,  en  faisant  réagir  les  iodures  alcooliques  sur  les 
acétophénones  sodées,  ont  obtenu  des  mono-,  di-  et  trialcoylacétophénones 
(ComfHes  rendus,  t.  CXLVIII,  p.  70).  En  traitant  ces  trialcoylacétophé- 
nones par  Famidure  de  sodium,  ils  ont  opéré  leur  dédoublement  en  benzène 
et  amides  trialcoylacétiques  (Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  p.  127).  Nous 


SÉANCE  DU  9  MAI  191O.  1176 

nous  sommes  proposé  de  préparer  des  cétones  de  la  forme 

C'»H'— CO-C — R' 

et  de  leur  appliquer  la  même  réaction. 

Nous  avons  préparé  les  méthylnaphtylcétones  a  et  ^  par  la  méthode  indi- 
quée par  M.  Rousset  (Bull.,  3^  série,  t.  XV,  p.  58).  Ces  cétones  ont  ensuite 
été  traitées  de  la  façon  suivante  : 

20*^  de  cétone  ont  été  dissous  dans  70*-'  de  benzène  sec  et  additionnés  de  k 
quantité  théorique  d'amidure  de  sodium  finement  pulvérisé;  le  mélange  a 
été  chauffé  au  bain-marie  jusqu'à  ce  que  l'amidure  eut  complètement  dis- 
paru; l'ammoniaque  qui  se  dégage  a  été  recueilli  et  dosé  pour  suivre  la 
marche  de  la  réaction.  On  fait  ensuite  tomber  goutte  à  goutte  dans  le 
liquide  brun,  très  hygroscopique,  ainsi  obtenu,  de  l'iodure  alcoolique  en 
léger  excès  et  l'on  continue  à  chauffer  3  heures  au  bain-marie.  On  con- 
state la  formation  d'un  précipité  blanc  plus  ou  moins  abondant  d'iodure  de 
sodium.  Le  produit  obtenu  est  ensuite  traité  par  l'eau,  décanté,  lavé,  séché 
et  distillé.  On  obtient  ainsi  un  mélange  de  cétones  substituées  contenant 
encore  de  petites  quantités  du  produit  primitif  n'ayant  pas  réagi.  La  sépa- 
ration de  ces  corps  a  été  parfois  pénible  :  quand  l'une  des  cétones  seule 
donne  un  picrate,  il  est  facile  de  faire  la  séparation;  quand  toutes  les 
cétones  se  combinent  à  l'acide  picrique,  on  sépare  les  picrates  par  cristal- 
lisation dans  l'alcool;  quand  on  se  trouve  en  présence  de  cétones  cristalli- 
sées, on  les  sépare  par  cristallisations  fractionnées. 

Les   monotnéthylacélonaplilones    oc  el   (3,   C"  tr  GO  CH'^CH^,   les  diméthylacéto- 

nap/itones  c.  el  ^.C^"  IV  COCH     pua'  avaient  déjà  été  préparées  par  M.  Rousset  au 

moyen  de  la  réaction  de  Friedel  et  Crafts  et  les  constantes  que  nous  avons  trouvées 
pour  ces  cétones  et  leurs  oximes  correspondent  à  celles  qu'il  avait  indiquées. 

,CtF 
La  triméthylcicélonaphtone  a,  C'^H'COC — CtP,   obtenue  par  trois  niéthylations 

successives  de  Tacélonaphtone  a,  se  présente  sous  forme  de  cristaux  blancs,  fondant 
à  ']'i°--[\°  et  bouillant  à  iS.'J'-iSô"  sous  19™'".  Traitée  par  l'acide  picrique  en  solution 
alcoolique,  même  très  concentrée,  elle  ne  donne  pas  de  picrate;  l'oxime  obtenue  péni- 
blement en  cliaulfanl  la  cétone  avec  du  chlorhydrate  d'iiydroxylamine  et  de  l'oxyde 
de  zinc  en  présence  d'alcool,  se  présente  sous  forme  d'aiguilles  blanches  fondant 
à  i98''-i99°. 

^GH3 
La    Iriméthylacèlonaphlone  ^^   C"H' — GO  —  C — GH%   obtenue    par  mélliylation 


II'^Ô  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  racéloiiaplone  ,5,  est  une  huile  épaisse,  ii  peine  colorée,  bouillant  à  i84°-i86'' 
sous  )6""".  Le  picrate,  en  aiguilles  jaunes,  fond  à  74°-75".  L'oxinie,  obtenue  au  moyen 
du  réactif  de  Crisiner,  est  en  aiguilles  blanches  fondant  à  i93°-i94''. 

La  diniélhyl/H/iy/acétonap/ito/ie  a,  C'"ir  —  CO  —  C — CH^  ,  obtenue  en  mélhylant 

\C-H' 
deux  fois  et  éthylanl  une  fois  l'aeétonaphtone  a,  est   une   huile,  légèrement  jaune, 
bouillant  à  i85''-i87''  sous    14"",  ne  donnant  pas  de  picrate.   L'oxime,   obtenue  au 
moyen  du  réactif  de  Grismer,  est  en  aiguilles  blanches  fondant  à  i']i''-i']'2°. 

La  diméthyléthylacélonaplitone  (3,  C'HP —  CO  —  C— CH'  ,  obtenue  en  méthylant 

deux  fois  et  éthylant  une  fois  l'acétonapthone  (3,  est  une  huile  peu  colorée,  bouillant 
à  i87°-i89°  sous  i4""",  ne  donnant  pas  de  picrate.  L'oxime,  obtenue  au  moyen  du 
réactif  de  Grismer,  est  en  aiguilles  blanches  fondant  à  i83"-i84°. 

Les  deux  triméthylacétonaphtones  cl  les  deux  dimélhylélliylacétonaph- 
tones  ainsi  obtenues  ont  ensuite  été  traitées  par  Taniidure  de  sodium  de  la 
façon  suivante  : 

6^  de  cétone  ont  été  dissous  dans  4o'''  de  benzène  ou  de  toluène  secs  et 
additionnés  d'amidure  de  sodium  finement  pulvérisé  en  léger  excès;  le 
mélange  a  été  maintenu  6  heures  environ  à  l'ébuUition;  pendant  cette  opé- 
ration il  ne  s'est  pas  dégagé  d'ammoniaque.  Après  refroidissement  le  produit 
a  été  traité  par  l'eau  et  décanté.  La  liqueur  alcaline  a  été  acidulée  par  de 
l'acide  chlorhydrique  jusqu'à  acidité  franche,  puis  épuisée  à  l'élher.  La 
solution  benzénique  a  été  privée  de  benzène  par  distillation  au  bain-marie, 
puis  le  résidu  a  été  rectifié  dans  le  vide. 

La  IriiniLhylacélonaphloiie  a  ainsi  traitée  ne  s'est  pas  coupée  intégralement,  même 
après  10  heures  de  chaufTage  au  sein  du  toluène;  en  partant  de  6s  de  célone,  nous 
avons  obtenu  ie,6  d'amide  pivalique  (CH»)»  —  C  —  CO  P^H^  fondant  à  i54°  et  2«  de 
naphtaline  fondant  à  So°,  après  sublimation.  Nous  avons  retrouvé  2»  de  cétone  n'ayant 
pas  réagi. 

Avec  la  diméthyléthylacétonaphtone  c  (6s),  la  réaction  a  été  également  incom- 
plète;   nous    avons  obtenu    i»  d'amide   dimélhyiéthylacétique     r^niii  ^C  — CONH^ 

fondant  à  io3°-io4°  et  is,8  de  naphtaline  fondant  à  So".  11  a  été  retrouvé,  en  outre, 
2K  de  cétone  n'ayant  pas  réagi. 

Avec  la  Irimclhylacùtonaphtone  jj  (6s),  la  coupure  a  été  presque  intégrale,  mais 
elle  s'est  produite  surtout  en  sens  inverse;  nous  n'avons  obtenu  que  de  petites  quan- 
tités d'amide  pivalique  et  de  naphtaline,  mais  en  revanche  il  s'est  formé  une  notable 
quantité  d'amide  naphtoïque  qui  d'ailleurs  a  été  en  partie  saponifié  par  la  soude  nais- 
sante; nous  avons  obtenu  is  d'amide  {3-naphtoïque  fondant  à  i92°-i93''  et  ib,2  d'acide 


SEANCE  DU  9  MAI  1910.  II77 

j3-naplitoïqiie  fondant  à  i78°-i79°.  A.  côté  de  Famide  j3-naplito'tque,  il  a  dû  se  former 

un  carbure  gras  gazeux  ^,,,  /CH  — •  CH^  que  nous  n'avons  pas  recueilli. 

Avec  la  diinéthyléthylacélonaphtonc  (3  (6s),  la  coupure  s'est  faite  comme  dans  le 
cas  précédent;  nous  avons  obtenu  ce,  6  d'amide  p-naphtoïque  fondant  à  i92°-i93°  et  is,5 
d'acide  p-naphtoïque  fondant  à  i78°-i79''.  Il  s'est  toutefois  produit  également  de  petites 
quantités  damide  diméthyléthylacétique  et  de  naphtaline.  Nous  n'avons  pas  pu  isoler 
le  carbure  gras  correspondant  {CH^)^=:CH —  C^ll'. 

En  résumé,  les  trialcoylacélonaphtones,  traitées  par  l'amidure  de  sodium, 
nous  ont  donné  une  réaction  de  dédoublement;  avec  les  isomères  a,  ce  dé- 
doublement s'est  produit  comme  dans  le  cas  des  trialcoylacétopliénones, 
tandis  quavec  les  isomères  j3,  il  s'est  produit  surtout  en  sens  inverse.  Ces 
résultats  sont  d'accord  avec  ceux  qu'avait  déjà  obtenus  M"''  Lucas  en  par- 
tant des  phénylnapblylcétones  {Ann.  de  Phys.  et  Chim.,  8"  série,  t.  XVII, 
p.  .37). 

Nous  nous  proposons  de  continuer  ces  recherches. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  chlorure  de  thionyle  sur  les  combinaisons 
organomagnésiennes  mixtes.  Note  de  MM.  V.  Grignard  et  L.  Zoriv, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

I^a  courte  Note  que  vient  de  publier  M.  Strecker  ('  )  sur  ce  sujet  nous 
oblige  à  faire  connaître  les  résultats  encore  incomplets  de  recherches  que 
nous  avions  commencées  il  y  a  plusieurs  années  déjà,  dans  la  même  voie, 
et  que  des  circonstances  indépendantes  de  notre  volonté  nous  ont  obligés 
d'interrompre. 

On  [)Ouvait  prévoir  a  priori  pour  le  chlorure  de  thionyle  deux  modes  de 
réaction.  Le  plus  simple  consiste  dans  la  substitution  des  2"'  de  chlore 
par  deux  radicaux  organiques,  pour  donner  des  sulfinones  : 


(i)  S0CP+2RMgX=::!MgXCl  +  S0 


\R" 


Ou  bien   la  réaction  va  plus  loin,  parallèlement  à  celle  du   phosgène, 
étudiée  par  l'un  de  nous  (^),  de  la  manière  suivante  : 

(  a  )  SO  CP  +  3  R  MgX  =  -i  Mg  X  Cl  +  ^^(^  ^„  ^ 

conduisant  ainsi,  par  hydrolyse,  à  des  hydrates  de  sulfines  R'S.  OH. 

{'  )  D.  c/i.  Ges.,  1910,  p.  ii33. 
(- )  Grignard,  Comptes  rendus,  igo5,  t.  CXXXVI,  p.  8i5. 


II78  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  fait,  la  première  réaction  paraît  se  passer  seule  avec  les  organoma- 
gnésiens  aromatiques,  tandis  que  la  seconde  semble  intervenir,  au  moins 
partiellement,  avec  les  organomagnésiens  aliphatiques.  Seulement,  dans  ce 
dernier  cas,  le  complexe  sulfonium  qui  prend  naissance  n'est  pas  stable  et 
il  peut  se  dédoubler  de  deux  manières  : 

(^)  R><OMgT'=  R)S-HC"H^"+MgXOH. 

On  obtient  ainsi  un  sulfure  organique  à  côté  d'un  alcool  ou  d'un 
hydrocarbure  éthylénique.  L'organomagnésien  fonctionne,  en  somme, 
comme  agent  de  réduction  de  la  sultinone  primitivement  formée  d'après  la 
réaction  (i). 

Voici,  en  effet,  les  résultats  fournis  par  l'expérience  : 

I.  Si  l'on  fait  tomber  peu  à  peu  i"""'  de  chlorure  de  thionyle  dans  3'""'  de  bro- 
mure d'isoamylmagnésium,  on  observe  une  vive  réaction,  et  la  solution  se  partage 
en  deux  couches.  Après  décomposition  sur  la  glace,  la  solution  éthérée  fournit  la 
diisoainylsulfmone,  bouillant  à  i/JS"  sous  12™'»  et  cristallisant  immédiatement  en 
aiguilles  fusibles  à  37°  (rendement  5o  pour  100). 

On  isole  à  côté,  dans  les  portions  inférieures,  du  sulfure  d'isoamyle^  bouillant 
à  98°- 100°  sous  i4"""  (i4  pour  100),  et  de  l'alcool  ainylique  en  quantité  beaucoup 
trop  forte  pour  que  sa  présence  puisse  s'expliquer  par  l'oxydation  accidentelle  de 
l'organomagnésien.  Nous  n'avons  pas  réussi  à  déceler  dans  les  eaux  mères  l'existence 
d'un  hydrate  de  sulfine,  soit  à  l'état  de  base  libre,  soit  sous  forme  de  sel. 

Pour  vérifier  que  la  formation  du  sulfure  organique  est  due  à  l'action 
subséquente  de  l'organomagnésien  sur  la  sulfinone,  nous  avons  fait  réagir 
1™°'  de  diisoamylsulfinone  sur  1'"°' de  bromure  d'isoamylmagnésium. 

La  réaction  est  peu  vive;  on  l'abandonne  12  heures  à  elle-même,  puis  on  décompose 
sur  la  glace.  On  retrouve  environ  les  deux  tiers  de  la  sulfinone  et,  au  lieu  de  l'hydrate 
de  sulfine,  du  sulfure  d'isoaniyle  et  de  lalcool  amylique,  comme  précédemment. 

La  première  réaction  parait  donc  bien  se  conformer  aux  équations  (2) 
et  (3). 

Si  l'on  opère  avec  le  bromure  d'élliylmagnésium,  on  constate  qu'il  se 
dégage  un  gaz  fixant  le  brome,  vraisemblablement  de  l'éthylène,  et  l'on  ne 
réussit  pas  à  isoler  autre  chose  qu'une  quantité  relativement  faible  de  sulfure 
d'étliyle.  La  réaction  parait  donc  être,  dans  ce  cas,  très  incomplète  et  obéir 
aux  équations  (2)  et  (/()■ 


I 


SÉANCE    DU    9    MAI     1<)I().  II79 

11.  Avec  les  organoniagnésiens  aromatiques,  on  n'observe  plus  que  la 
réaction  (i). 

Le  bromure  de  phénylmagnésium  nous  a  donné,  comme  à  Strecker,  la 
diphénylsul/hiorie  qui  bout  à  2o6''-2o8°(corr.)  sous  1  3'"°\  et  fond  à  70°  après 
recristallisation  dans  l'éther  (rendement  5^  pour  100). 

Le/j-bromanisol-magnésium  conduit,  avec  un  rendement  médiocre,  à  la 
p-p' -dianisylsidfmone  CH''0  —  (C"H')-SO,  qui  fond,  après  recristallisation 
dans  l'alcool  méthylique  aqueux,  à  96°,  comme  celle  de  constitution  incer- 
taine, obtenue  par  Loth  et  Michaelis  (')  en  oxydant  le  thioanisol  que  leur 
fournit  l'action  du  chlorure  de  thionyle  sur  l'anisol,  en  présence  de  Al  Cl'. 

Enfin  le  magnésien  de  la  bromodiméthylhydroquinone  nous  a  donné, 
avec  un  mauvais  rendement,  la  his  (diméthoxy--i..^-phénYl)  sulfinone 


2GH»0\„  „3  I  „, 


îH'll 


encore  inconnue,  qui  se  dépose  de  l'alcool  mélbylique  en  glomérules  de 
petits  cristaux,  fusibles  à  i24''-i25''. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  éthers  chtoranthraniUques  el  sur  leui' conden- 
sation avec  le  nilrosobenzêne.  Note  de  M.  P.  Frelixdi.er.  présentée 
par  M.  t\.  Haller. 

L'un  des  procédés  qui  m'ont  permis  d'accéder  aux  acides  azoïques  ortho- 
substitiiés  et  aux  oxy-indazols  correspondants,  consistait  à  condenser  le 
chloro-f)-anthranilate  de  méthyle  avec  le  nitrosobenzène  (-).  J'ai  amélioré 
considérablement  cette  méthode  en  chlorurant  directement  l'anthranilate 
de  méthyle,  et  en  effectuant  la  condensation  à  froid  : 

I.  Une  solulioii  liaiilliianllale  de  niélhjle  (1008)  dan>  l'acide  acéli(|ue  (25ob)  addi- 
tionné dacide  chloih^drique  conceniré  (3oop),  est  soumise  à  l'action  d'un  courant 
lent  de  chloie  (i'"°'-fV)i  "^  agite  constamment  et  l'on  maintient  la  température  vers  iS"; 
l'absorption  est  intégrale.  La  masse  qui  contient  quelques  cristaux  est  versée  dans 
5'  d'eau,  ce  qui  provoque  la  précipitation  du  dérivé  dichloré-2>  .^  formé  (2os-25p)  ;  on 
essore  et  l'on  fait  cristalliser  dans  l'alcool  méthylique  dilué;  aiguilles  fusibles  à  63''-64°, 
insolubles   dans  l'acide   chlorh^driq^le.  Les  eaux   mères,  sursaturées  par  le  carbonate 

(')  D.  cil.  Ges.,  i8g4,  p.  2.54o. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXLIII,  p.  909. 

C.  U.,   igio.  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  19.)  l55 


Il8o  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

de  soude,  fournissent  un  précipité  pâteux,  consliluô  |)ar  un  mélange  d'anlhranilale  de 
mélhyle  et  de  son  dérivé  chloré-^;  ce  dernier  est  purifié  par  cristallisation  dans 
l'alcool  méthylique  dilué,  et  fond  à  76°.  On' en  obtient  environ  So?  de  premier  jet. 
Les  eaux  mères  sont  ensuite  évaporées,  et  le  résidu  soumis  à  une  nouvelle  cliloru- 
ralion. 

En  aucun  cas,  je  n'ai  pu  limiter  la  réaction  à  la  formation  exclusive  du  monochloré; 
il  ne  paraît  pas  y  avoir  de  saponification  au  cours  de  la  cliloruration. 

II.  La  condensation  du  nitrosobenzène  avec  le  chloranlhranilate  de  méthyle  fournil, 
en  azoïque  pur,  un  rendement  de  10  pour  100  quand  on  opère  à  chaud  {loc.  cit.).  et 
lin  rendement  de  3o  pour  100  lorsqu'on  opère  à  la  température  ordinaire.  L'acide 
chlorobenzène-azobenzoïque  formé  peut  être  purifié  facilement  par  l'intermédiaire  de 
son  sel  de  baryum  qui  est  très  peu  soluble  dans  l'eau  (  paillettes  jaunes,  hydratées,  ou 
rouges,  anhydres). 

La  réaction  précédente  fournit  en  outre  un  produit  jaune,  mordoré, 
fusible  à  137"  après  dessiccation,  et  de  l'azoxybenzène.  Ce  produit  jaune, 
qui  se  sépare  au  bout  de  quelques  jours  de  la  solution  acétique  de  nitrosé 
et  d'étber  chloré,  répond  à  la  formule  C'*H"  Az-Q-'Cl;  il  diflere  donc  de 
l'éther  chlorobenzène-azobenzoïque  par  i"'  d'oxygène  en  plus.  Sa  forma- 
tion est  représentée  par  l'équation 

3C«H^AzO  +  HV\z.CMl'CI.C0^CH^=:C«H».A7.-O.C«H'+r,'*H"Az'O'CI  +  H*0. 

En  effet,  les  quantités  respectives  d'azoxybenzène  et  du  corps  jaune  sont 
sensiblement  équimoléculaires;  de  plus,  si  Ton  emploie  molécules  égales  de 
nitrosé  et  d'éther  chloré,  on  retrouve,  à  la  fin  de  la  réaction,  un  excès  de  ce 
dernier  ou  de  l'acide  correspondant. 

Le  corps  jaune  est  une  base  faible  ;  il  forme  avec  les  acides  minéraux  concentrés  des 
sels  bien  cristallisés,  rouge  sang,  dissociables  totalement  par  l'éther  en  solution  diluée; 
chauffé  avec  de  l'anhydride  acétique,  il  fournit  un  dérivé  acélylé.  en  aiguilles  bronzées 
fusibles  à  i24°-i25'',  insolubles  dans  les  acides.  Il  renferme  un  groupement  éther-sel, 
car  il  est  insoluble  dans  les  alcalis  dilués,  mais  la  soude  alcoolique  tiède  le  saponifie 
facilement  en  donnant  un  acide  brun-jaune.  Si  l'on  traite  la  solution  alcoolique-alca- 
line de  ce  dernier  par  la  |)Oudre  de  zinc,  on  la  décolore  complètement;  mais  la  liqueur 
filtrée  devient  peu  à  peu  rouge  au  contact  de  l'air  et  elle  réduit  instantanémeni  l'oxyde 
jaune  de  mercure;  elle  renferme  alors  un  acide  rouge.  Cette  réuotion  est  caractéristique 
d'un  hydrazoïque,  et  elle  implique  l'existence  d'une  chaîne  =  Az — Az  =r  dans  le  corps 
primitif.  D'autre  part,  les  chlorures  d'acétyle  et  de  benzoyle  réagissent  sur  ce  dernier 
en  solution  pyridique  en  donnant  naissance  à  des  dérivés  acidylés  rouges:  le  dérivé 
6e/J30j/e,  C'H'^Az'O'Gl.GOCH',  cristallise  en  paillelles  rouges  fusi4)ies  à  166"  et 
possède  également  un  groupement  azoïque  réductible  par  la  poudre  de  zinc  en  solution 
alcaline. 

D'autre  |)art,  ni  l'acide  dibronio-3.  5-antinaMilique,  ni  l'éther  dichloré-3  .5  ne  four- 


SÉANCE  DU  9  MAI  I910.  I181 

Dissent  de  j)ioduit  analogue,  tandis  qu'on  en  obtient  un  avec  ranlhranllale  de  méthyle. 
La  réaction  en  question  ne  peut  donc  avoir  lieu  que  si  la  [josition  ortho,  par  rapport 
au  groupement  AzH-,  est  libre. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  deux  forimilcs  seulement  rendent  bien 
compte  de  la  formation  et  des  propriétés  du  composé  C 'H"  Az- O'Cl. 
Ce  sont  : 

n-tr"\Az.CM1^  et  n~^'^AzH.C»H^ 

Le  dérivé  acétyié  brun  serait  substitué  à  l'azote,  tandis  que  les  dérivés  aci- 
dylés  rouges  auraient  la  constitution 

Je  montrerai  prochainement  que  Tétude  de  la  réduction  complète  de  ces 
corps  confirme  les  formules  précédentes. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  agents  déshydratants  sur  quelques  ''x-glycoh. 
Note  de  M.  IVI.  Tiffeneau,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

I.  Dans  la  première  partie  de  cette  Note,  j'ai  eu  surtout  en  vue  la  pré- 
paration régulièio  des  acétates  vinyliques  RH'(]  =  CHO((^()  —  CH'  ).  Ces 
acétates,  et  les  alcools  vinyliques  correspondants,  n'avaient  été  obtenus 
jusqu'ici,  par  M.  Daufresne  et  moi  ('),  que  par  une  réaction  transpositrice 
assez  complexe  qui  se  produit  au  cours  de  l'action  de  l'acétate  de  potasse  en 
solution  alcoolique  sur  les  dibromures  aliyliques.  C'est  ainsi  qu'avec  le 
dibromure  d'eslragol,  nous  avons  pu  obtenir  l'alcool  méthylanisylvinylique 
OCH'— CH'— C(CHM  =  CHOH.  Les  réactions  qui  conduisent  à  cet 
alcool  peuvent  s'interpréter  par  une  élimination  de  HBr,  analogue  à  celle 
de  HI,  démontrée  depuis,  par  moi,  au  cours  des  transpositions  phényliques 
des  iodhydrines  aromatiques  (-). 

Avec  le  dibromure  d'estragol  qui  se  transforme  tout  d'abord  en  acéto- 


(')   tjoniplcs  rendus,  t.  CXLIV,  p.  924. 

(-)   Bull.  Soc.  c/iii».,  4"  série,  t.  li,  p.  i2o5. 


Il82  ACADÉMIE    DES    SCIENCKS. 

bromhydrine,  on  aurait  successivement  : 


—  H  Ur  '  '^ 

0CH3-C»H'-CH'-CHBi-CH'(0C0CH») y  OCH' -C«H*-CH2 -C-CH-(OCOCH') 


^"'-KcH^(OcocH')  -"."i^^ i-h;;^  •'"  ~^  ,  chok 

Cette  réaction  Iranspositrice,  dont  je  n'avais  fourni  jusqu'ici  aucune  inter- 
prétation, est,  on  le  voit,  assez  connalexe  ;  aussi  était-il  intéressant  de 
chercher  à  réaliser  l'obtention  des  alcools  vinyliqucs  par  des  voies  plus 
régulières. 

L'action  de  l'anhydride  acétique,  (|ui  a  donné  de  si  bons  résultats  à 
Senimier  (')  avec  les  aldéhydes  monosubstitués  R  — CH'CHO  ne  m'a 
conduit,  avec  les  aldéhydes  bisubstituées,  qu'à  des  éthers  diacétiques.  J'ai 
obtenu,  avec  l'aldéhyde  méthoxyhydratropique,  le  diacétate 

CHM3  — C«H'-GH(CH')  — GH(OCOCH=)^ 

fusible  à  47"  (.éb.  294'')»  et,  avec  l'aldéhyde  méthylène-dioxyhydratropique, 
•  le  diacétate  CH=0^-C''H'-CH(CH^')-CH(OCOCH'V,  fusible  à  81° 
(éb.  3o8°).  Mais  en  aucun  cas  je  n'ai  pu  passer  de  ces  diacétates  aux 
acétates  vinyliques  correspondants,  par  perte  d'une  molécule  d'acide  acé- 
tique. 

Je  suis  toutefois  parvenu  à  préparer  les  mêmes  acétates  vinyliques  en 
soumettant  les  a-glycols  primaires  tertiaires  à  l'action  de  l'anhydride  acé- 
tique : 

RR'COH  — CHMJHH-(CH'G0^^0  =  RR'Cr=CH(0C0GH3)-t-GH'  — GO*H. 

1.  Action  de  l'anhydride  acétique  sur  le  glycol  du  pseudo  eslragol 
OGH^— G'=H'— C(OH)(CH')-  GH^OH. 

Ge  glycol  (métiioxyphénylpropanediol)  a  été  préparé  à  partir  de  l'ijo-chloracétophé- 
none  para-métho\ylée  OGH' — G^H*  —  GO  —  GFPGl;  l'acétate  de  K  transforme  ce 
dernier  en  élher  acétique  fusible  à  Sg",  qu'on  saponifie  ensuite  au  hain-marie  en  pré- 
sence d'eau  et  de  GO'Ba;  le  mélhoxybenzoylcarbinol  ainsi  obtenu, 

OGIi'— C^H*— GO-GH-OH, 

fond    à    io4";  il    se    transforme   en    le   glycol  cherché   (éb.    i85"-i87''   sous   16""")    pai- 


(')  Sfmmi.eb,  l).  chem.  <ies.,  t.  XLII,  19(19,  p.  âS|.  1161,  îoj^. 


SEANCE  UU  9  MAI  IQIO.    '  ri83 

action  de  2"°'  de  iVIglCM'.  Ce  glycol  a  été  cliaufTé  à  (f.u  nii  pendant  12  heures  avec 
un  excès  d'anhvdride  acétique;  on  obtient  ainsi  /40  pour  100  environ  d'acétate  de 
l'alcool  méthylanisylvinvlique  bouillant  à  lô^^-iôS"  sous  16'"""  et  à  aSS^-aSg"  à  la 
pression  ordinaire. 

Cet  acétate  est  facilement  saponifié  par  chaulTage  au  bain-niarie  avec  de  l'eau  de 
baryte;  l'alcool  méthylanisvlvinylique  cristallise  spontanément  [lar  refroidissement  de 
la  solution  aqueuse;  il  fond  à  79". 

2.  Action  de  l'anhydride  acétique  sur  le  di/nél/n  l^lycol  iliss\  niéirique 

(CH=)^=C(OH)  -CH-OH. 

Ce  glycol  a  élé  chaulTé  pendant  6  heures  avec  trois  lois  son  poids  d'anhydride  acé- 
tique additionné  d'acétate  de  soude  sec;  on  obtient  go  pour  100  de  diacélate  bouillant 
à  igoo-igi"  et  10  pour  roo  seulement  d'acétate  vinvllque  bouillant  à  i-20''-i25°;  cet 
acétate  fixe  le  brome;  il  se  transforme  immédiatement  par  saponification,  même  à 
froid,  en  aldéhyde  isobutylique. 

3.  Action  de  l'aniiydride  acétique  sur  le  diphénylglycol  diss)  métrique 

(CJWyC(OH)  —  CH-'OH. 

Dans  cette  réaction,  on  obtient  tantôt  le  diacétate  fusible  à  1 44°)  tantôt  l'acétate 
vinylique  fusible  à  Sg";  ce  dernier  s'obtient  également  dans  l'action  de  l'anhydride 
acétique  sur  l'aldéhyde  diphénylacétique;  mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  cet  aldéhyde  soit, 
comme  le  pense  Michael  ('),  un  alcool  vinylique;  j'ai  pu,  en  effet,  le  transformer 
presque  quantitativement  en  acide  correspondant  par  oxydation  argenlique;  enfin  son 
point  d'ébullition  correspond  bien  à  l'aldéhyde  diphénylacétique  et  non  au  vinylique. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'isoler  l'alcool  vinylique  par  saponification  de  son  acétate; 
il  semble  que  la  stabilité  des  alcools  vinyliques  RR'=;  G  =  CHOH  dépende  non  seule- 
ment, comme  le  pensait  Bouveault  (^),  du  caractère  éiectronégalif  des  radicaux  car- 
bonés substituants,  mais  encore  de  leur  dissymétrie. 

n.  Je  me  suis  occupé  de  Faction  des  déshydratants  sur  les  a-glycolsbise- 
condaires  et  spécialement  sur  le  glycol  deTanétlioi.  Balbiano(')  a  prétendu 
que  la  déshydratation  de  ce  glycol  fournit  l'aldéhyde  mélhoxyhydrocinna- 
mique  et  non  l'acétone  anisique  comme  nous  l'avions  signalé,  M.  Daufresne 
et  moi  (*);  mes  nouveaux  essais  me  permettent  de  confiriner  complètement 
nos  conclusions  antérieures.  La  réaction  doit  donc  s'écrire 

OCH^  -  G"  H-  -  CM  011  -  CH  OH  -  CH^  — -^  O  Cil  '  —  C^  H'  —  CH-  -  CD  —  CH^ 


(')  Michael,  Liebigs  Annalen,  iqo8. 

(')  Bouveault,  Bul.  Soc.  chini.,  l^'  série,  t.  V,  p.  3g6. 

(')  Balbiano,  R.  d.  R.  Ac.  Lincei,  5"=  série,  t.  XVI  (1),  p.  477- 

(')  TiFFENEAU  et  Daufresnk,  Comptes  rendus,  t.  CXLIV,  p.  i354. 


II84  *         ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

Sol-'  de  8'lycol  de  ranéthol  fusible  à  6i"  et  préparé  suivant  la  méthode  de 
Ball)ian()  sont  chaulVés  avec  iSo'""' d'acide  sulfurique  à  20  pour  roo.  On 
ohlienl  ainsi  22''  d'un  produit  bouillant  à  1/(2"  sous  i5""°,  entièrement 
combinable  au  bisuUile  de  soude  et  constitué  uniquement  par  l'acétone 
anisique.  Cette  acétone  ne  colore  pas  le  réactif  de  SchifT  et  ne  réduit  pas 
l'azotate  d'argent  ammoniacal. 

M.  Balbiano  ayant  basé  son  opinion  sur  la  seule  réaction  d'Angeli  Himini, 
il  faut  conclure  que  ce  réactif  ne  saurait  avoir  aucune  valeur  pour  la  dia- 
gnose  des  aldéhydes.  Il  n'est  qu'une  méthode  vraiment  rigoureuse  pour  ca- 
ractériseï-  les  aldéhydes,  c'est  la  transformation  de  ceux-ci  en  acides  cor- 
respondants; l'oxydation  argenlique  effectuée  dans  les  conditions  indiquées 
par  Delépine  (')  constitue  le  réactif  de  choix.  T/azotate  d'argent  ammo- 
niacal est  sans  doute  un  réactif  plus  rapide;  mais,  quand  il  donne  des  ré- 
sultats positifs,  il  faut  toujours  ultérieurement  isoler  l'acide,  car  ce  réactif 
pourrait  oxyder  aussi  les  alcools  acétones.  Quant  au  bisulfite  de  soude  et 
au  réactif  de  Schiff,  il  faut  être  très  réservé  dans  les  conclusions  qu'on  peut 
tirer  de  leur  emploi;  j'ai  en  effet  constaté  que  les  aldéhydes  trisubstituées 
telles  que  CH^  —  C(CH  =  )=  -  CHO  et  (C«H»)=  C  (CH» )  — CHO  ne 
réagissent  avec  aucun  de  ces  deux  réactifs;  enlin  parmi  les  acétones  mé- 
thylées  R  —  CO  —  CH%  il  n'est  pas  que  celles  du  type  C^W  —  CO  —  CH' 
qui  ne  se  combinent  pas  au  bisulfite;  j'ai  signalé,  en  effet,  pareille  inaptitude 
avec  les  cétones  CH  '  —  CH(R)  —  CO  —  CH',  bien  que  les  cétones  voisines 
phénylacétone  C'H'*  —  CH-  —  CO  —  CIP  et  anisylacétone 

OCU^.CmKGU\CO.C\P 
donnent  très  facilement  des  combinaisons  bisulfitiques  cristallisables. 


BOTANIQUE.    —    Sur  le  mode  de  formation   de  la  gomme  adra gante. 
Note  de  M.  L.  Lutz,  présentée  par  M.  Guignard. 

Depuis  le  travail  classique  de  Hugo  von  Mobl,  publié  en  1807  (-),  il  est 
resté  admis  que  la  gomme  adragante  prend  exclusivement  naissance  à  la  suite 
d'une  gélificalion  des  cellules  de  la  moelle  et  des  rayons  médullaires.  Mais 


(')   Diii.fiPiM!,  Comptes  rendux,  t.  CXLIX,  p    3ij 

(-)   IIiKiOvON  Molli.,   Unleisitcliuns;en  liber  <lif  h'ntsIe/iiinffSiieise  des  Traganlli- 
yaninu  (lint.  Zeit.,  l.  XV,  iSSy,  p.  33). 


SÉANCK    DU    9    MAI     içjlo  ri85 

les  observations  de  cet  auteur  n'ont  porté  que  sur  les  tiges  des  Astragales  et 
j'ai  pu,  en  étudiant  à  nouveau  des  plantes  de  la  section  Tragacanthoides^ 
provenant  du  Sud-Tunisien,  ni'assurer  que,  dans  la  racine,  les  pliénomènes 
sont  plus  complexes  que  dans  la  tige. 

Les  échantillons,  fixés  aussitôt  après  la  récolle  dans  l'alcool  à  (io",  ont  été 
traités  par  l'Iiématoxyline  en  solution  hydro-alcoolique-glycérinée,  ou  par 
le  rouge  de  Cassella  et  vert  acide  JEEE  (  Poirrier);  j'ai  également  utilisé 
comme  réactifs  le  chloro-iodure  de  zinc  ou  le  bleu  de  méthylène  en  solution 
faible  hydro-alcoolique. 

L'observation  des  premiers  stades  de  la  gommose  dans  la  racine  est  ren- 
due assez  difficile  parce  qu'ils  se  manifestent  avec  une  grande  irrégularité  et 
sur  des  racines  d'âge  très  variable  et  que,  d'autre  part,  les  réactifs  suscep- 
tibles d'être  employés  sontcommuns  aux  gommes  etaux  matières  pectiques, 
de  telle  sorte  qu'il  est  malaisé,  tant  qu'un  gonflement  des  membranes  ne 
s'est  pas  produit,  de  dire  si  la  coloration  est  due  à  l'une  ou  l'autre  série  de 
ces  composés.  Il  y  a  donc  matière  à  interprétation  quant  à  la  région  précise  où 
débute  la  gommose,  mais  cette  incertitude  est  fort  minime  et  de  courte  durée. 

Les  premièr.'s  maiiifeslalions  du  phénomène  doivent  se  chercher  dans  le  liber  ;  elles 
consistent  dans  un  gonflement  des  parois  affectant  toute  leur  épaisseur,  absolument 
comme  cela  a  lieu  dans  les  Acacias  gommifères.  On  ne  peut  d'ailleurs  préciser  la  partie 
du  liber  où  la  transformation  commence  que  par  une  série  de  comparaisons  des  coupes 
avec  d'autres,  provenant  de  tissus  un  peu  plus  âgés  et  dans  lesquels  le  gonflement  est 
devenu  perceptible.  De  celle  manière,  on  constate  une  certaine  irrégularité  dans  la 
position  des  premières  zones  atteintes.  Tantôt,  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  ce  sont 
les  portions  les  plus  éloignées  du  cambium  qui  se  gonflent  les  premières,  tanlôt  ce  sonl 
des  parties  plus  rapprochées  de  ce  cambium,  et  il  semble  même  quelquefois  que  ce  soit 
par  le  cambium  que  débute  la  gélification. 

Les  choses  restent  très  peu  de  temps  en  cet  état.  Le  gonflement  des  membranes  s'ac- 
centue avec  lapidité,  envahissant  le  liber,  tantôt  en  entier,  tantôt  en  partie  seulement. 
Les  cavités  cellulaires  deviennent  de  plus  en  plus  réduites  et  irrégulières,  puis  ne 
lardent  pas  à  disparaître,  faisant  place  à  une  masse  de  mucilage. 

La  gomme  s'insinue  ensuite  entre  les  fibres  qui  protègent  extérieurement  le  faisceau, 
par  gélification  pro'g'ressive  de  la  couche  mitoyenne  de  leur  membrane. 

Cette  transformation  du  liber  en  mucilage  entraîne  d'ordinaire  des  modifications 
importantes  dans  le  mode  d'accroissement  des  faisceaux.  Quelquefois  le  cambium  n'est 
pas  atteint  par  la  gommose  ;  il  continue  alors  à  fonctionner  en  produisant  par  son 
feuillet  externe  du  liber  qui  se  gélifie  bientôt,  mais  c'est  le  cas  de  beaucoup  le  plus 
rare.  D'ordinaire  les  plages  de  tissu  désorganisé  ne  s'arrêtent  qu'au  bois  ;  le  liber  s'ac- 
croit  alors  dans  ses  portions  les  plus  externes  par  simple  différenciation  cellulaire  ;  les 
nouveaux  éléments  ainsi  formés  n'ont  d'ailleurs  qu'une  durée  éphémère  et  participent 
ensuite  à  l'augmentation  de  volume  des  lacunes. 


Il86  ACADÉMIE     DKS    SCIENCES. 

Los  formations  qui  viennent  d'être  décrites  sont  seules  à  se  produire 
pendant  un  temps  assez  long  et  les  rayons  médullaires  n'entrent  en  ligne 
que  beaucoup  plus  tard.  Les  premières  traces  de  gommose  apparaissent 
alors  çà  et  là  dans  la  région  interlignense  de  ces  rayons.  Le  plus  souvent, 
elles  suivent  le  processus  indiqué  par  H.  von  MohI  :  gonflement  des 
membranes  avec  apparition  de  couches  concentri(|ues  qui  refoulent  le 
contenu  cellulaire  et  finissent  par  l'englober.  Mais,  parfois,  au  lieu  que  la 
gélification  ne  frappe  d'abord  que  les  couches  d'épaississement  et  n'atteigne 
que  plus  tard  la  paroi  primitive,  la  membrane  peut  se  gonfler  en  masse 
comme  elle  l'a  fait  dans  le  liber.  Le  résultat  final  est  d'ailleurs  le  même 
dans  les  deux  cas  :  constitution  d'une  lacune  qui  s  agrandit  peu  à  peu  aux 
dépens  des  cellules  voisines  et  tend  à  occuper  toute  l'étendue  des  rayons 
médullaires.  Lorsqu'elle  a  atteint  le  centre,  elle  y  rencontre  la  plupart  du 
temps  une  ou  plusieurs  autres  lacunes  provenant  d'autres  rayons;  il  se  pro- 
duit enlie  elles  une  fusion  qui  a  pour  effet  de  refouler  latéralement  les 
faisceaux  voisins,  occasionnant  une  véritable  dislocation  des  tissus. 

Le  phénomène  s'étend  à  d'autres  rayons;  souvent  certaines  cellules  du 
parenchyme  ligneux  deviennent  gommifères  à  leur  tour,  de  telle  sorte  qu'il 
se  constitue,  au  centre  de  la  racine,  une  cavité  de  volume  croissant  qui  pour- 
rait faire  croire  à  l'existence  primitive  d'une  moelle,  si  l'on  ne  s'était  assuré 
du  contraire  en  étudiant  la  racine  jeune. 

Les  lacunes  s'accroissent  également  du  côté  de  l'écorce;  elles  s'y  évasent 
largement  sous  forme  de  masses  translucides,  visibles  à  l'œil  nu  et  de  forme 
sphérique  ou  ovoïde.  A  cet  état,  le  moindre  traumatisme  occasionne 
l'exsudation  de  la  gomme. 

Dans  la  tige,  les  phénomènes  se  passent  comme  l'a  indiqué  H.  von  Mohl; 
la  moelle  et  les  rayons  médullaires  sont  seuls  le  siège  des  formations 
gommeuses  et  il  n'y  a  rien  à  modifier  aux  données  établies  par  cet  auteur. 
Enfin,  aucun  des  échantillons  que  j'ai  recueillis  ne  contenait  de  gomme  dans 
les  tissus  de  la  feuille,  non  plus  que  dans  les  rachis  de  ces  feuilles  transfor- 
més en  épines  après  la  chute  des  folioles. 

BOTANl(.)UE.  —  Du  rôle  de  l'oxygène  dans  la  formation  et  la  destruction  des 
pigments  rouges  anthvcyaniques  chez  les  végétaux.  Note  de  M.  Kaoui, 
Cohues,  présentée  par  M.  Gaslon  Bonnier. 

Parmi  les  nombreux  auteurs  qui  se  sont  occupés  de  la  formation  des 
pigments  rouges  appailenaut  au  groupe  ties  anthocyanes,  plusieurs  ont  fait 


SÉANCE  DU  9  MAI  1910.  I187 

intervenir  l'action  des  oxydases  pour  expliquer  celte  formation;  il  faut 
citer  parmi  eux,  Buscalioni  et  Pollacci,  Mirande,  Wheldale,  Laborde, 
Grafe  et  Palladin  ('),  adoptant  cette  opinion,  a  précisé  les  conditions  dans 
lesquelles  doit  s'effectuer  l'oxydation. 

MoUiard  (")  a  constaté,  en  faisant  développer  des  Radis  au  sein  de  solu- 
tions nutritives  de  compositions  diverses,  que  les  parties  des  plantes  qui  se 
trouvaient  à  peu  de  dislance  de  la  surface  du  liquide  se  coloraient  en  rouge 
tandis  que  les  régions  qui  étaient  plongées  dans  la  solution,  à  une  grande 
distance  de  la  surface,  ne  se  pigmentaient  pas.  Les  conditions  d'éclairement, 
d'humidilé  et  de  température  étant  identiques  sur  toute  la  longueur  de  cha- 
cune des  plantes  mises  en  expérience,  Molliard  en  a  conclu  que  l'absence 
de  pigment  rouge  dans  les  parties  des  Radis  éloignées  de  la  surface  des 
solutions  était  due  à  la  rareté  de  l'oxygène  dans  ces  régions  profondes.  Ces 
résultats  constituaient  donc  une  première  confirmation  de  l'hypothèse  for- 
mulée par  les  auteurs  précédemment  cités. 

J'ai  (  ')  fait  observer  de  mon  côté  que  l'étude  des  variations  qui  sur- 
viennent, au  cours  du  rougissement  des  plantes,  dans  l'intensité  et  la 
nature  des  échanges  gazeux,  fournirait  d'utiles  indications  sur  le  phéno- 
mène de  la  formation  des  composés  anlhocyaniques.  Ce  sont  les  résultats 
de  recherches  effectuées  dans  ce  sens  que  je  vais  exposer  ici. 

J'ai  étudié  les  échanges  gazeux  qui  ont  lieu  pendant  le  jour  et  pendant  la 
nuit  entre  la  plante  et  l'atmosphère  extérieure  : 

1°  Comparativement  chez  des  feuilles  vertes  et  chez  des  feuilles  dont  les 
tissus  étaient  en  voie  de  rougissement  ; 

2°  Comparativement  chez  des  feuilles  vertes  et  chez  des  feuilles  dont  les 
tissus  primitivement  très  rouges  étaient  en  train  de  perdre  leur  antho- 
cyane. 

Cette  étude  a  porté  sur  différentes  espèces  chez  lesquelles  l'anthocyane  se 
formait  ou  disparaissait  sous  l'influence  de  conditions  extérieures  diverses. 
Les  espèces  étudiées  et  les  cas  de  rougissement  considérés  sont  indiqués 
dans  le  Tableau  ci-après. 


(')  \^'.  Palladin,  Ueber  die  Bildung  der  Almungschromogene  in  den  Pftanzen 
{Bej'ichte  der  deutschen  botanischen  Gesellscliaft,  H.  6,  1908,  p.  889). 

(^)  M.  Molliard,  Production  expérimentale  de  tubercules  blancs  et  de  tubercules 
noirs  à  partir  de  graines  de  Radis  rose  (  Comptes  rendus,  1909,  p.  073). 

(')  R.   Combes,  Rapports  entre   les  composés  hydrocarbonés  et  la  formation   de 
l'anthocyane  {Annales  des  Sciences  naturelles,  9'-  série,  t.  IX,  1909,  p.  ayo-SoS). 
C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  19.)  l56 


Il88  ACADIÎMIE    DES    SCIENCES. 

Les  feuilles  ({ni  devaienl  être  comparées  entre  elles  étaient  récoltées  sur 
les  mêmes  individus  et  les  expériences  étaient  efl'ectuées  dans  des  condi- 
tions identiciues  d'éclairement,  d'état  hygrométrique  et  de  températm-e. 
La  technique  employée  dans  ces  recherches  et  les  résultats  obtenus  seront 
exposés  en  détail  d'autre  part,  je  ne  m'occuperai  ici  que  des  variations  con- 
statées dans  la  quantité  d'oxygène  fixé  ou  perdu  par  les  feuilles  suivant 
qu'elles  sont  dépourvues  d'anthocyane,  qu'elles  sont  en  voie  de  rougisse- 
ment, ou  qu'elles  perdent  le  pigment  rouge  qui  les  colorait. 

Les  résultais  obtenus  sont  résumés  dans  le  Tableau  ci-dessous  : 

l'ormalioii  el  disparition  de  rantliocyanc,  O  t\\ti  ou  [jcrdu  par  licure 

sous  des  influences  exLérieures  diverses,  el  par  cerHimètre  carré  de  surface. 

dans  des  feuilles  de  plantes —^— -^ 

appartenant  à  diflérentcs  espèces.  Pendant  le  jour.                Pendant  la  nuit. 

Formation  d'anthocyane  sous  V injluence  de  i éclair enie ni. 

Ampclopsis  hederacea  :  feuilles  vertes O  perdu  0,0020         O  perdu  o,oo25 

Ampélopsis /lederacea  :  îeiiiUes  rouges U  fixé       0,00022        O  perdu  0,00128 

Formation  il'anthocyane  conséciilive  à   l'attaque  de  parasites. 

Kumea;  crispus  :  feuilles  vertes O  perdu  o,oo56  O  fixé  o,oou 

liumex  crispus  :  feuilles  rouges <  >  perdu  o,ooi4  O  fix.é  0,0022 

Œnot/iera  Lamarc/.iana  :  îeuiWes  vevles. .  .  .  O  fixé      0,001^8  0  fixé  0,00002 

Œnothera  Lamarckiana  :  feuilles  rouges  ...  O  fixé       0,00192  O  fixé  0,00016 

Formation  d'anthocyane  sous  l'injluence  d'une  decortication  de  la  tige. 

Spinea prit nifo lia  :  feuilles  vertes O  perdu  0,0089  *-^  perdu  o,ooo3  ' 

Spireea  pruni/olia  ;  feinUes  rouges O  fixé      0,00180  O  fixé      0,00084 

Malionia  aquifolium  :  feuilles  vertes O  perdu  0,0006  O  perdu  0,0019 

Mahonia  aquifolium  :  feuilles  rouges O  Cis.é      0,0020  O  perdu  o,ooo4 

Rougissement  automnal. 

Bubusfrulicosus  :  {enU.le&  verles O  perdu  0,00824       O  fixé      o, 00244 

Rubus  fruticosus  :  feuilles  rouges O  fixé      0,00204       0  fixé      o, 00084 

JJisparition  de  l'anthocyane  chez   les  feuilles  jeunes. 

AUantus  glandulosa  :  feuilles  vertes (>  perdu  0,00970       O  ni  perdu  ni  ÇiiLé 

Ailanlus  glandulosa  :  feuilles  rouges U  perdu  0,01212        0  perdu  0,00279 

On  voit  donc  que  la  foruiatiou  de  l'anthocyane  dans  les  feuilles  est 
toujours  accompagnée  de  l'augmentation  des  phénomènes  d'oxydation  dans 
ces  organes,  quelle  que  soit  la  cause  (jui  ait  provoqué  le  roug^issement  et 


SÉANCE  DU  9  MAI  I9IO.  I189 

quelle  que  soit  Tespcce  végétale  à  laquelle  on  s'adresse.  Dans  certains  cas, 
les  feuilles  rouges  perdent  moins  d'oxygène  que  les  feuilles  vertes;  dans 
d'autres,  les  feuilles  rouges  fixent  plus  d'oxygène  que  les  feuilles  vertes; 
enfin  le  plus  souvent  les  feuilles  rouges  fixent  de  l'oxygène  tandis  que  les 
feuilles  vertes  en  perdent. 

La  disparition  de  l'anthocyane  est  accompagnée  d'une  perte  d'oxvgène 
plus  grande  c{ue  celle  qui  se  produit  dans  les  conditions  normales. 

Ces  résultats  permettent  donc  de  considérer  comme  très  vraisemblable 
l'hypothèse  formulée  par  Buscalioni  et  Pollacci,  Mirande,  Wheldale, 
Laborde,  Grafe  et  Palladin  ;  ils  confirment  les  conclusions  tirées  par  Mol- 
liard  de  ses  recherches  expérimentales.  Quand  les  pigments  anthocyaniques 
se  forment,  de  l'oxygène  est  retenu  parles  organes  en  raie  de  rougissement  : 
il  y  a  donc  à  ce  moment  augmentation  de  l'actwtlë  des  phénomènes  d'oxyda- 
tion dans  ces  organes.  Quand  les  pigments  anthocyaniques  disparaissent,  les 
organes  dans  lesquels  cette  disparition  se  produit  perdent  de  l'oxygène. 

Les  variations  subies  par  les  échanges  gazeux  peildant  la  formation  des 
pign^ients  rouges  portent  surtout  sur  la  fonction  chlorophyllienne;  il  semble 
donc  que  la  production  de  ces  pigments  soit  intimement  liée  au  phénomène 
d'assimilation  chlorophyllienne. 

Létat  actuel  de  nos  connaissances  sur  la  formation  des  pigment.s  antho- 
cyaniques permet  d'admettre  que  la  cause  déterminante  de  ce  phénomène 
est  l'accumu'lation,  dans  les  cellules,  de  composés  hydrocarbonés  solubles, 
cette  accumulation  pouvant  être  provoquée  par  des  causes  très  diverses  ('  ). 
Les  présentes  recherches,  ainsi  que  les  expériences  de  MoUiard,  montrent 
d'autre  part  ([ue  l'oxygène  est  indispensable  à  la  constitution  de  l'antho- 
cyane. 

L'apport  actif  des  hydrates  de  carbone  est  donc  accompagné  de  l'accélé- 
ration des  phénomènes  d'oxydation.  Peut-être  les  glucosides  existant  déjà 
dans  les  cellules  avant  le  rougissement  subissent-ils  une  oxydation  et  se 
transforment-ils  en  anthocyane.  Toutefois,  on  peut  affirmer  que  des  com- 
posés glucosidiquesse  forment  en  grande  quantité  pendant  le  rougissement, 
ces  substances,  prenant  naissance  dans  un  milieu  plus  oxydant  que  le 
milieu  normal,  diffèrent  de  celles  ((ui  se  forment  dans  les  conditions  ordi- 
naires, par  leur  état  d'oxydation  plus  avancé;  ce  sont  elles  qui  constituent 
les  pigments  anthocyaniques. 

{')  R.  Combes,  Recherches  tjiochimiijue>:  sur  le  dé\'e(oppeme/tt  de  l'anthocyane 
chez  les  vé^'élatir  [Comptes  rendus.  22  mars  1909). 


IigO  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.   —  Sur  les  mycorhizes  endotrophes  de.  quelques  arbres  fruitiers. 
Note  de  M.  Vitai,  Boulet,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Dans  la  famille  des  Rosacées,  j'ai  conslaniment  rencontré  des  mycorhizes 
endotrophes  chez  les  arbres  suivants  :  Amandier,  Abricotier,  Pêcher,  Ceri- 
sier, Prunellier,  Prunier,  Cognassier,  Poirier,  Pommier,  Sorbier,  provenant 
du  Pays  toulousain,  du  Périgord,  de  l'Auvergne.  Je  n'ai  pas  connaissance 
que,  dans  ce  groupe,  elles  aient  fait  l'objet  d'une  description. 

Les  radicelles  abondamment  infestées  sont  fréquemment  déformées,  con- 
tournées, claviformes,  à  surface  mamelonnée;  les  radicelles  normales,  lisses 
et  régulières  sont  plus  rarement  atteintes.  Les  unes  et  les  autres  ont  des 
poils  absorbants. 

La  manière  d'être  de  l'endophyle  est  assez  constante.  Le  mycélium  tra- 
verse l'assise  pilifère,  pénètre  dans  les  cellules  corticales,  s'y  ramifie  parfois, 
forme  une  ou  deux  anses  dans  les  cellules  longues  et  des  tortils  serrés  dans 
les  cellules  isodiamétriques  et  ne  dépasse  guère  en  profondeur  les  trois 
quarts  de  l'écorce.  Dans  cette  zone  de  pénétration  les  dimensions  moyennes 
du  filament  sont  de  61^  à  'j^.  Au  début  de  l'infection  l'endophyte  est  ainsi 
réduit  à  quelques  hyphes  abondamment  contournées  dans  les  cellules,  et, 
dans  cette  phase  de  sa  vie,  sans  aucun  suçoir  ni  appareil  absorbant  différencié; 
il  semble  bien  qu'il  se  nourrisse  du  contenu  des  cellules  qui  l'hébergent;  les 
réserves  amylacées  de  ces  cellules  ont  en  effet  disparu  et  les  fragments  du 
mycélium  externe  à  la  racine  sont  généralement  vides.  Cette  partie  du  corps 
de  l'endophyte  paraît  avoir  une  organisation  définitive,  et  il  est  peu  probable 
que  les  formations  qui  s'y  adjoindront  dans  les  cellules  plus  profondes  aient 
une  influence  sur  elle. 

Dans  les  assises  plus  internes  de  l'écorce,  une  partie  des  hyphes  continue 
à  se  développer  dans  les  cellules,  une  autre  partie  s'insinue  dans  les  méats, 
remplissant  leur  cavité,  s'y  moulant  si  elle  n'est  pas  trop  grande,  s'y  divi- 
sant en  branches  serrées  si  elle  est  plus  spacieuse.  Ce  mycélium  contient 
souvent  des  matières  de  réserve  et  présente,  surtout  dans  les  assises  pro- 
fondes, de  fréquentes  altérations  de  forme  el  de  structure  (aspect  variqueux, 
membrane  partiellement  dissoute,  protoplasma  et  inclusions  extravasés 
dans  les  cellules,  etc.),  comme  si  au  voisinage  de  l'endoderme,  qui  n'est 


i 


SÉANCE  DU  9  MAI  I91O.  IIQI 

jamais  franchi,  l'endophyte  trouvait  encore  une  nourriture  abondaiile,  mais 
aussi  des  conditions  défavorables  à  son  développement  normal.  Chez  le 
Sorbier,  l'endophyte,  intracellulaire,  pénètre  dans  toutes  les  cellules  de 
l'écorce  jusqu'à  l'endoderme,  s'y  ramifie,  s'y  contourne  en  pelotons  telle- 
ment serrés,  que  la  cavité  cellulaire  en  est  souvent  remplie.  J'y  ai  observé, 
en  outre,  un  second  mycélium  plus  fin  que  le  premier  Çi^)  rampant  dans 
les  cellules  superficielles  et  pénétrant  jusqu'au  fond  des  poils  absor- 
bants. 

Certains  filaments  donnent  des  vésicules  abondantes;  les  unes  sont  inter- 
cellulaires, souvent  volumineuses  (1001^  X  54*^),  déforme  variable,  groupées 
parfois  en  plages  serrées,  sans  localisation  précise,  remplies  de  réserves  ou 
à  moitié  vides,  ou  même  réduites  à  leur  membrane  chiffonnée;  d'autres 
(Sorbier)  sont  intracellulaires,  généralement  plus  petites  (57^^x361*), 
plus  régulières,  remplissant  parfois  la  cellule  et  se  moulant  dans  sa 
cavité. 

Les  liyplies  inlercellulaires  envoient  dans  les  cellules  un  rameau  volumineuv  assez 
court  qui  ne  tarde  pas  a  produire,  par  une  dichotomie  plus  ou  moins  régulière,  un 
Ijuisson  d'aspect  coralloïde,  rappelant  les  arbuscules  décrits  par  Gallaud.  Ces  branches, 
terminées  parfois  par  une  extrémité  arrondie,  réfringente,  portent  le  plus  souvent  de 
petites  masses  ovoïdes  granuleuses  finement  pédonculées.  Ces  sporangioles  sont  si 
nombreux  qu'ils  remplissent  quelquefois  la  cellule.  Ils  se  désorganisent  rapidement. 
Tantôt  l'appareil  tout  entier  subit  une  dégénérescence  analogue  à  celle  qui  atteint  le 
nivcéliurn  :  la  membrane  est  dissoute,  il  n'en  reste  plus  que  quelques  granules  qui, 
demeurés  en  place,  figurent  encore  la  division  dichotomique  de  l'arbuscule  (Cerisier). 
I.e  plus  souvent  les  ramifications,  après  qu'une  cloison  les  a  isolées  du  reste  du  mycé- 
lium, se  flétrissent,  se  rident,  deviennent  filiformes.  Quant  au  sporangiole  proprement 
dit,  ou  bien  il  se  réduit  en  une  masse  granuleuse,  puis  floconneuse,  et  enfin  en  gra- 
nules épars  ;  ou  bien,  le  plus  souvent,  il  se  concrète  en  une  masse  solide  et  la  dégéné- 
rescence paraît  s'arrêter  là.  Ces  productions  n'ont  pas  de  localisation  précise  :  toutes 
les  assises  intérieures  à  la  zone  de  pénétration  en  sont  plus  ou  moins  envahies;  mais 
elles  sont  surtout  abondantes  dans  les  cellules  les  plus  voisines  de  l'endoderme. 

L'endophyte  parait  se  comporter  comme  un  parasite.  Les  effets  de  ce 
parasitisme  sont  généralement  bénins  parce  que  les  organes  essentiels  de  la 
racine  ne  sont  pas  atteints  et  que  la  plante,  dans  des  conditions  normales, 
lutte  victorieusement  contre  l'infection.  Mais  il  est  à  présumer  que  l'endo- 
phyte peut  devenir  redoutable  si,  par  suite  de  conditions  défavorables  à  sa 
vie,  la  plante  faiblit  dans  sa  résistance.  .l'ai  observé  fréquemment  des  radi- 
celles mortes  dont  les  cellules  partiellement  désorganisées  étaient  remplies 


1192  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  l'endophyte.  Les  différences  individuelles  parfois  si  marquées  que  loii 
observe  dans  la  production  des  arbres  fruitiers,  les  phénomènes  de  dépé- 
rissement souvent  inexpliqués  qu'ils  présentent  quelquefois  pourraient  être 
déterminés  par  une  vie  parasitaire  de  l'endophyte.  Des  expériences  que 
j'ai  entreprises  contribueront  peut  être  à  résoudre  cette  question. 

BOTANIQUE.  —  Sur  la  végétation  de  quelques  moisissures  dans  l'huile.  Note 
de  M.  Henki  Coupi.\,  présentée  par  M.  CiastonBonnier. 

Lors({u'on  laisse  tomber  au  fond  d'un  llacon  plein  d'huile  un  corps  orga- 
nique humide  quelconque,  au  bout  de  quelques  jours  on  voit  se  former  sur 
celui-ci  un  tapis  mycéhen  composé  de  diverses  espèces  de  moisissures,  dont 
la  plus  importante,  de  beaucoup,  est  le  Pénicillium  glaucum.  Celui-ci, 
comme  M.  van  Tiegheni  l'a  montré,  présente  la  curieuse  propriété  de  se 
couvrir,  dans  l'huile  même,  d'appareils  sporifèrcs  dont  l'ensemble  forme 
une  couche  verte  bien  manifeste,  fait  remarquable,  lorsqu'on  le  compare  à 
la  végétation  toujours  stérile  que  présente  le  Pénicillium  (juand  il  vil 
immergé  dans  de  l'eau. 

Ces  observations  ont  été  faites  dans  des  milieux  naturels,  non  stérilisés. 
On  peut  se  demander  si  elles  seraient  les  mêmes  :  1°  en  milieux  stérilisés; 
2°  avec  différentes  espèces  de  moisissures. 

Pour  le  savoir,  j'ai  fait  de  nombreuses  cultures  de  la  façon  suivante  : 
a.  on  prépare  des  tubes  de  carottes  stérilisées  à  l'autoclave;  b.  on  ense- 
mence avec  une  espèce  déterminée  de  champignons;  c.  on  recouvre  asepli- 
quement  la  carotte  d'huile  prélevée  dans  un  autre  tube  préalablement 
stérilisé. 

J'ai  expérimenté  avec  de  l'huile  d'olive  et  avec  les  espèces  suivantes: 
Sporodinia  grandis,  Thamnidium  elegans,  Slerigmalocystis  nigra,  Cephalo- 
ihecium  roseum,  Absidia  cœrulea^  Cunninghamella  africana.  Pénicillium 
glaucum,  Phycomyces  nilens,  Mucor  Mucedo,  liotrylis  cinerea,  Rhizopus 
nigricans. 

Des  observations  faites  sur  les  cultures,  j'ai  tiré  les  conclusions  sui- 
vantes : 

1°  Toutes  les  moisissures  énumérées  ci-dessus  végètenl  sur  la  carotte  tout  en  tlant 
immergées  dans  l'iiuile. 

•1°  Le  mycélium  reste  toujours  court,  c'est-à-dire  ne  dépasse  pas  une  épaisseur  de 
o''"'..^,  alors  que  certains  d'entre  eux,  comme  par  exemple  le  Phycomyces  nite/is, 
peuvent  altt-iiidre  dans  l'air  une  longueur  de  près  de  ^o*^"". 


SÉANCE  DU  9  MAI  I910.  IigS 

3°  L'huile  demeure  limpide  et  il  n'y  a  pas  formation  d'acide  gras  ainsi  qu'on 
l'observe  en  culture  non  stérilisée;  ce  qui,  dans  ce  cas,  est  vraisemblablement  produit, 
non  par  les  champignons,  mais  par  des  bactéries.  La  moisissure  se  nourrit  manifeste- 
ment aux  dépens  de  la  carotte  et  non  de  l'huile  où  elle  baigne.  D'ailleurs,  les  spores 
ensemencées  directement  dans  l'huile  n'y  germent  pas  (').  La  seule  modification  que 
l'huile  présente  est  d'être,  à  la  longue,  parfois  décolorée  partiellement  {Sporodinia, 
Thamnidium,  SLeriginatocyslis)  ou  presque  totalement  {Rhizopiis). 

4"  Le  mvcélium  immergé,  vu  au  microscope,  présente  à  peu  prés  la  même  apparence 
que  le  mycélium  aérien;  il  est  cependant  parfois  en  partie  \'âv\(.\\iQws.  {Sterigmalo- 
cystix,  Botrylis). 

.j"  Le  mycélium,  dans  la  majorité  des  cas.  demeure  stérile,  même  après  une  culture 
de  plusieurs  mois  {Macor,  Botrylis,  Stcrigmatocystis,  Thamnidium,  Cephalolhe- 
ciu77i,  Absidia,  Phycornyces). 

G"  Parfois  le  mycélium  présente  des  appareils  sporifères  extrêmement  rares  {fiiii- 
zopus)  et  alors  généralement  déformé  (Spoi'odiiiia). 

-°  Chez  certaines  espèces,  le  mycélium  présente  des  appareils  fructifères  abon- 
dants; tel  est  le  cas  du  Pénicillium  et  du  C unninglianiella .  Dans  ce  dernier  cas,  les 
tètes  sporifères  sont  plus  simples,  moins  fournies  que  dans  l'air. 

8"  Les  espèces  qui,  dans  l'air,  donnent  des  œufs  (Sporodinia,  Macor,  Rhizopus) 
ou  des  sclérotes  (Botrytis)  ne  donnent  rien  d'analogue  dans  l'huile,  ce  qu'elles  font 
d'ailleurs  aussi  quand  elles  vivent  immergées  dans  l'eau. 

En  résumé,  la  végétation  de  la  plupart  des  moisissures  dans  l'huile  se 
rapproche  beaucoup  plus  de  la  végétation  dans  l'eau  que  dans  l'air. 


ACOUSTIQUE    PHYSIOLOGIQUE.  —    Développement  de  l'énergie  de   la   voix. 
Note  de  M.  Marage,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

L'énergie  de  la  voix  étant  donnée  par  le  produit  VH  du  volume  V  d'air, 
qui  s'échappe  des  poumons  sous  une  pression  H,  il  s'agit,  pour  un  chanteur 
ou  un  orateur,  d'augmenter  ces  deux  quantités. 

Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie,  le  11  novembre  1907,  j'ai  montré 
comment  on  pouvait  augmenter  V  au  moyen  de  trois  exercices  respira- 
toires, et. dans  une  seconde  Note  du  i5  juin  1908,  j'ai  indiqué  les  résultats 
obtenus  sur  les  180  élèves  de  l'école  primaire  de  la  rue  Cambon. 


(')  11  est  cependant  à  noter  que,  lorsqu'on  recou\re  d'huile  stérilisée  une  culture  de 
Phycomyces  nitens  ayant  déjà  des  sporanges,  les  spores  germent  dans  ceux-ci  en  en 
perçant  la  paroi  tout  autour.  Mais,  dans  ce  cas,  les  spores  empruntent  la  nourriture 
au  mycélium  lui-même. 


II94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Aujourd'hui,  je  vais  m'occuper  du  moyen  d'augmenter  la  pression  de 
l'air,  H,  qui  s'échappe  des  poumons  pendant  la  phonation  (  '  ). 

Deux  causes  peuvent  intervenir  pour  faire  baisser  H  :  la  faiblesse  des 
muscles  expirateurs,  la  faiblesse  des  muscles  adducteurs  des  cordes  vocales. 

1.  Muscles  expirateurs.  —  Les  muscles  expirateurs  qui,  pendant  la  pho- 
nation, ont  le  plus  d'importance  sont  les  muscles  de  la  paroi  abdominale  : 
les  deux  droits,  les  grands  et  les  petits  obliques.  Chez  les  sujets  à  vie 
sédentaire  et  dont  la  quantité  de  nourriture  est  supérieure  à  la  ration  d'en- 
tretien, ces  muscles  cessent  de  se  contracter  suffisamment;  il  en  résulte  de 
l'entéroptose  et  le  gros  ventre  des  hommes  de  5o  ans. 

Pour  rendre  à  ces  muscles  leur  ancienne  vigueur,  il  suffit  de  les  faire 
fonctionner  de  la  façon  suivante  :  on  se  couche  sur  un  plan  horizontal  et 
l'on  relève  le  tronc,  les  jambes  et  les  cuisses  étant  immobiles,  sans  s'aider 
avec  les  membres  antérieurs,  cet  exercice  doit  être  répété  dix  fois  de  suite 
chaque  jour,  loin  des  repas. 


Si  ce  mouvement  est  impossible  par  suite  de  la  faiblesse  des  muscles  de 
la  paroi  abdominale,  il  faut  au  début  mettre  sur  les  pieds  un  certain  poids 
dont  on  diminue  peu  à  peu  la  valeur  :  l'entéroptose  et  le  gros  ventre  dispa- 
raissent, en  quelques  semaines. 

2.  Muscles  adducteurs  des  cordes  vocales.  —  Lorsque  les  cordes  vocales  ne 
se  rejoignent  pas  sur  la  ligne  médiane,  une  partie  de  l'air  s'échappe  sans 
entrer  en  vibration  ;  c'est  ce  que  les  artistes  appellent  chanter  sur  le  soujfle  : 
il  y  a  une  fuite  dans  le  tuyau.  Il  faut  donc  développer  les  muscles  adduc- 
teurs des  cordes  vocales. 

Dans  les  notes  aiguës  le  larynx  remonte,  tous  les  muscles  adducteurs  se 
contractent,  la  glotte  devient  aussi  étroite  et  aussi  courte  que  possible;  il 
faut  donc  faire  faire  au  chanteur  des  exercices  sur  les  notes  aiguës;  de  plus, 
comme  pendant  l'émission  des  voyelles  E  et  I,  les  cordes  vocales  sont  bien 

(')   Travail  développé  pendant  la  plionation  {Comptes  rendus,  2-  mai  1907). 


SÉANCE    DU   9   MAI    1910.  I  igS 

plus  tendues  que  pendant  l'émission  de  OU,  O,  A,  ces  exercices  doivent 
être  faits  sur  les  voyelles  E  et  I. 

La  note  chevrote,  lorsque  les  vibrations  n'ont  pas  partout  la  même  am- 
plitude. Pour  faire  disparaître  ce  défaut,  on  doit  habituer  les  muscles  à 
conserver  leur  contraction  pendant  un  certain  temps  ;  les  notes  doivent  donc 
être  soutenues,  de  plus  Texpérience  apprend  que  le  chevrotement  disparaît 
plus  vite  lorsque  dans  les  exercices  on  va  dans  des  notes  aiguës  aux  notes 
graves. 

Conclusion.  —  Pour  augmenter  l'énergie  de  la  voix,  \H,  après  avoir 
augmenté  V  par  des  exercices  respiratoires,  il  faut  augmenter  H  en  forti- 
fiant les  muscles  de  la  paroi  abdominale  et  en  forçant  les  cordes  vocales  à 
se  joindre  sur  la  ligne  médiane  au  moyen  d'exercices  sur  les  voyelles  E  et  I. 


HISTOLOGIE.  —  La  division  longitudinale  des  chromosomes  dans  les  sperma- 
togonies  de  Sabellaria  spinulosa  Leuck.  Note  de  M.  Armand  Dehobne, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

Après  le  tassement  polaire  consécutif  à  l'anaphase,  les  huit  anses,  primi- 
tivement en  contact,  commencent  à  se  dégager.  Elles  se  détendent,  et,  en 
se  séparant,  elles  provoquent  la  formation  d'anastomoses  latérales,  déliées, 
entre  toutes  leurs  branches  qui  présentent  alors  un  aspect  irrégulier 
épineux.  Bientôt  les  anses  redeviennent  indépendantes  les  unes  des  autres, 
mais  incomplètement.  Pendant  la  durée  du  tassement  il  s'est  formé,  dans 
le  champ  polaire,  deux  volumineux  chromoplastes  dont  chacun  embrasse  et 
agglutine  en  un  seul  magma  fortement  chromatique  les  pointes  de  4  ^ 
chromosomiques.  En  sorte  qu'on  a  afl'aire  à  deux  groupes  d'égale  valeur, 
et  chez  lesquels  on  est  tenté  de  trouver  l'expression  objective  de  la  gono- 
méric  nucléaire. 

Déjà,  à  l'issue  même  du  tassement  polaire,  peut-être  même  avant,  les 
chromosomes  sont  le  siège  de  transformations  curieuses.  Ils  subissent  une 
sorte  d'alvéolisation  interne  qui  se  traduit  tout  d'abord  par  l'apparition  de 
cavités  creusées  à  l'intérieur  de  leur  substance;  puis,  par  une  réunion  pro- 
gressive de  ces  cavités  les  unes  aux  autres,  ce  qui  détermine  en  fin  de 
compte  la  création  d'une  large  fente  axiale  irrégulière,  sur  toute  la  longueur. 
Pour  Grégoire  et  ses  élèves,  l'alvéolisation  interne  explique  simplement  la 
transformation  du  chromosome  en  un  réseau,  et  celle  de  l'ensemble  des 
chromosomes  en  «  un  réseau  de  réseaux  «.  Ils  ont  ainsi  prouvé  la  persistance 

C.R.,  lyio,  I"  Semestre.   (T.  160,  N»  19.)  137 


11^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  chromosomes  à  travers  l'élat  quiescent.  Mes  observations  démonlrent 
que  ces  manifestations  intrachromosomiques  ont  une  signification  plus 
importante  :  elles  sont,  en  réalité,  le  prélude  de  la  rentable  division  longi- 
tudinale. 

Les  anses,  dès  lors,  subissent  un  allongement  considérable.  Dans  le  champ  polaire, 
elles  sont  fixées  aux  chromoplastes  qui  persisteront  à  travers  toutes  ces  modifications; 
dans  le  champ  antipolaire,  leurs  extrémités  sont  libres.  Le  noyau,  à  ce  stade,  a  repris 
sa  forme  sphérique,  et  les  branches  des  anses  dont  la  position  est  superficielle 
descendent  de  l'un  à  l'autre  pôle  à  la  manière  de  méridiens  irréguliers.  Elles  sont 
toutes  reliées  les  unes  aux  autres  par  un  système  de  minces  anastomoses  qui  consti- 
tuent une  sorte  de  réseau  primaire.  Assez  longtemps,  les  bandes  doubles  possèdent  un 
calibre  uniforme,  mais  elles  continuent  de  s'allonger  en  se  contournant;  et.  en  s'éli- 
rant,  elles  se  transforment  chacune  en  un  double  filament  moniliforme,  grêle  et  irré- 
gulier, mais  dont  les  pleins  et  les  déliés  se  correspondent  assez  exactement  de  l'un  à 
l'autre  filament.  A  ce  stade,  le  parallélisme  entre  eux  est  encoie  continu,  puis  il  subit 
des  altérations  :  les  deux  filaments  tendent  à  s'écarter;  le  trajet  de  l'ui)  ne  reproduit 
plus  aussi  fidèlement  les  irrégularités  de  l'autre;  il  y  a  des  écarts  et  des  rapproche- 
ments brusques,  parfois  ils  paraissent  entrelacés.  Cependant,  un  autre  mouvement  de 
la  substance  chromosomique  s'indique  peu  à  peu  :  dans  chaque  filament,  les  pleins 
s'accroissent  aux  dépens  des  déliés,  en  sorte  que  ceux-ci  deviennent  de  très  minces 
tractus,  tandis  que  les  premiers  se  transforment  en  de  véritables  blocs  de  su])stance 
chromosomique. 

Dans  les  préparations  trop  décolorées,  et  dans  le  cas  de  certains  noyaux,  les  tractus 
sont  si  fins  et  si  peu  chromatiques  qu'ils  semblent  avoir  complètement  disparu.  Le 
filament  chromosomique  n'est  alors  représenté  que  par  des  ])locs  avides  de  colorant, 
disposés  sans  ordre  apparent,  et  à  l'aide  desquels  il  devient  difficile  de  reconstituer  la 
réalité.  En  effet,  les  minces  tractus  qui  correspondent  aux  déliés  finissent  par  devenir 
aussi  grêles  que  les  anastomoses  latérales  qui  relient  les  filaments  chromosomiques 
entre  eux.  De  plus,  les  moitiés  de  chaque  chromosome,  obtenues  comme  je  viens  de 
l'exposer,  continuent  à  s'écarter;  elles  chevauchent  les  unes  sur  les  autres  et  s'en- 
foncent librement  dans  le  suc  nucléaire  où  le  système  des  anastomoses  se  développe  et 
se  multiplie.  Mais  même  dans  ces  conditions,  elles  circulent  à  une  certaine  distance  les 
unes  des  autres  et  ne  se  confondent  pas.  Au  cours  des  transformations,  il  est  toujours 
possible  d'observer  leur  individualité  ;  elles  ne  cessent  jamais  d'apparaître  dans  le  réseau 
nucléaire  sous  la  forme  de  lignes  principales  plus  épaisses  et  plus  colorées.  Du  reste,  dans 
le  champ  polaire,  elles  conservent  la  régularité  des  anciennes  bandes  chromosomiques, 
et.  comme  ces  dernières  dont  elles  proviennent  par  simple  division  longitudinale,  elles 
se  rattachent  aux  chromoplastes. 

Le  noyau  atteint  alors  l'état  quiescent  des  auteurs.  En  réalité,  la  substance 
des  chromosomes  est  loin  de  s'y  reposer;  c'est  là,  au  contraire,  qu'elle  est 
le  plus  agissante,  car  c'est  pendant  cette  durée  que  les  moitiés  longitudi- 
nales individualisées  vont  suliir  leur  accroissement  et  se  transforuier  en 
chromosomes  propliasiques. 


SÉANCE    DU    9   MAI    I910.  I  197 

Pour  sortir  de  l'état  quiescent,  le  processus  est  très  simple  : 

Les  filaments  grêles,  qui  lie  sont  autres  que  les  moitiés  longilutlinales  des  huit  anses 
anaphasiques,  se  reconcenlrenl  progressivement.  Ils  redeviennent  régulièrement  moni- 
liformes,  puis  ils  ne  tardent  pas  à  s'épaissir,  en  unifiant  leur  calibre.  Ainsi  le  noyau  con- 
tient bientôt  seize  longues  anses,  sinueuses  et  à  allure  spirémateuse.  Dans  ce  mouve- 
ment de  reconcenlration  et  de  raccourcissement,  les  deux,  moitiés  longitudinales  sœurs 
se  rapprochent  l'une  de  l'autre,  quelquefois  jusqu'à  l'accolemenl;  mais,  en  général, 
leur  parallélisme  demeure  assez  libre.  Elles  sont  prêtes  à  entrer  dans  la  constitution 
de  la  couronne  équatoriale,  à  la  mélapliase,  où  elles  seront  dissociées  définitivement. 

En  ce  qui  concerne  la  numération  des  chromosomes,  pendant  et  après 
l'état  quiescent,  et  l'identification  des  moitiés  longitudinales- moniliforiTies 
avec  les  anses  définitives  de  la  mitose  suivante,  j'ai  été  aidé  considérable- 
ment par  la  présence  des  deu.v  chromoplastes  polaires.  Ils  persistent  pen- 
dant toute  la  durée  des  phénomènes  décrits  plus  haut,  et  à  l'endroit  même 
de  leur  formation.  Ils  ne  disparaissent  que  fort  peu  de  temps  avant  la  fonte 
de  la  membrane  nucléaire,  lorsque  les  chromosomes  acquièrent  leur  forme 
d'anses  condensées  par  un  dernier  raccourcissement.  Chacun  de  ces  chro- 
moplastes est  une  sorte  d'aster  chromatique  qui  double  le  nombre  de  ses 
rayons  au  début  de  la  reconstitution  du  noyau.  Ainsi  je  compte  huit 
branches,  soit  quatre  anses,  à  chaque  chromoplaste  lorsque  celles-ci  se  dé- 
gagent du  tassement  polaire;  et  seize  branches,  soit  huit  anses,  lors  de  la 
période  de  reconcentration. 

En  résumé,  la  division  longitudinale  des  chromosomes  est  extrêmement 
précoce  ;  elle  se  réalise  au  moment  même  de  la  reconstitution  du  noyau-fille 
aux  dépens  des  chromosomes  de  Fanaphase  ;  elle  est  intimement  liée  au  fait 
de  l'entrée  du  chromosome  au  réseau.  Tout  noyau  au  repos  a  ses  chromo- 
somes nettement  individualisées,  et  il  en  contient  deuv  fois  plus  qu'il  n'en 
est  entré  dans  sa  constitution.  La  division  longitudinale  ne  s'opère  donc  pas 
an  cours  de  la  prophase,  encore  moins  pendant  la  métaphase.  Elle  est  un 
phénomène  proprement  télophasique.  Tout  noyau  télophasique,  dans  les 
spermatogonie    de  Sabellaria  spinulosa  Leuck.,  est  déjà  en  mitose. 

BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  le  régime  tliermique  de  la  Méditerranée 
liUorale  algérienne.  Note  de  M.  J.-P.  Bounuiol,  présentée  par 
M.  A.  Dastre. 

Les  recherches  biologiques  comportent  la  connaissance  préalable  des 
constantes  physiques  dumilie^u.  Dans  mes  recherches  sur  la  reproduction  de 


IigS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  sardine  et  des  autres  poissons  économiques  de  l'Algérie,  j'ai  été  amené  à 
déterminer  les  caractéristiques  principales  du  régime  thermique  de  leur 
milieu,  c'est-à-dire  de  la  mer  cùtière  algérienne. 

La  documentation  et  les  mesures  portent  sur  un  peu  plus  de  cinq  années. 
Elles  ont  été  obtenues  par  l'emploi  de  deux  catégories  d'instruments  :  d'une 
part,  les  thermomètres  à  renversement  du  type  Chabaud-Thurneyssen; 
d'autre  part,  les  thermomètres  enregistreurs  de  la  maison  J.  Richard,  pour 
lesquels  j'ai  imaginé  et  fait  construire  une  enveloppe  protectrice  qui  les  a 
transformés  en  thermomètres  sous-marins,  d'un  emploi  commode  et  pra- 
tique. 

J'ai  ainsi  obtenu  les  résultats  suivants  : 

I.  D'une  manière  générale,  la  mer  littorale  algérienne  présente  un  régime  ther- 
mique d'une  assez  grande  uniformité.  En  ses  divers  points,  les  variations  cycliques  de 
la  température  s'accomplissent  avec  une  régularité  à  peu  près  exclusive  de  l'existence 
de  courants  permanents. 

La  ditTérence  de  latitude  existant  entre  ses  points  extrêmes  introduit  peu  de  variété 
dans  son  régime  thermique.  Des  moyennes  plus  élevées  et  aussi  plus  précocement 
élevées  chaque  année  attestent  cependant,  en  faveur  de  la  région  occidentale,  l'exis- 
tense  d'un  régime  moyen  un  peu  plus  chaud. 

La  proximité  ou  l'éloignement  de  l'Atlantique  paraissent  intervenir  beaucoup  plus 
efficacement.  Dans  l'Est,  le  régime  général  est  plus  continental,  moins  «  maritime  » 
que  dans  l'Ouest,  avec  des  écarts  nettement  plus  considérables  entre  les  maxima  et 
les  minima. 

n.  A  la  distance  de  i'""  du  rivage,  hors  des  baies,  la  température  des  couches 
marines  superficielles,  comprises  entre  o'"  et  lo™  de  profondeur,  n'est  jamais  infé- 
rieure à  1 1°,  2,  ni  supérieure  à  27°,  3.  L'écart  total  ne  dépasse  pas  i4°ii  pour  Oran,  i4°i9 
pour  Alger,  16°,  3  pour  Bône.  La  moyenne  des  écarts  annuels,  calculée  sur  cinq  années, 
est  de  i3°  pour  Oran,  12°, 9  pour  Alger,  iS^.g  pour  Bône. 

Les  maxima  mensuels  moyens  s'écartent  peu  des  minima  correspondants  pendant 
les  mois  de  décembre,  janvier,  février  et  pendant  les  mois  de  juin,  juillet  et  aoiU.  La 
chute  principale  des  maxima  mensuels  se  fait  partout  d'octobre  à  novembre  et  sa  va- 
leur oscille  entre  3°,  5  et  5°,i.  L'ascension  principale  des  minima  mensuels  se  fait,  avec 
la  même  régularité  de  mai  à  juin.  Sa  valeur  numérique  est  comprise  entre  3°  et  5°, 3. 
Cependant  pour  la  région  de  l'Est,  la  plus  grande  ascension  des  minima  se  trouve  en 
retard  d'un  mois  et  se  fait  de  juin  à  juillet;  elle  est  alors  de  4°>3. 

111.  La  variation  diurne  est  représentée  par  l'écart  existant  entre  les  maxima 
mensuels  moyens  et  les  minima  correspondants.  L'amplitude  de  la  variation  diurne 
de  la  température  à  la  surface  de  la  mer  change  suivant  les  saisons;  elle  oscille  autour 
de  2°, 6  en  hiver,  de  décembre  à  février;  elle  atteint  3°, 7  en  septembre,  souvent  davan- 
tage en  octobre.  Si  l'on  s'enfonce,  l'amplitude  de  la  variation  diurne  va  s'afl'aiblissant 
assez  rapidement,  mais  avec  une  vitesse  inégale  suivant  les  saisons.  En  novembre, 
décembre,  janvier,  février,  il  n'y  a  plus  guère  trace  de  variation  diurne,  passés  25"  à  So" 


SÉANCE  DU  9  MAI  19IO.  II99 

fie  profondeur.  De  mai  à  septembre,  au  conlraire,  la  variation  diurne  se  manifeste 
assez  profondément,  jusqu'à  60'"  environ,  même  quand  son  amplitude  initiale  est  rela- 
tivement faible. 

IV.  La  >ariation  annuelle  a  été  calculée  en  faisant  la  diiVérence  entre  les  maxima 
moyens  du  mois  qui,  chaque  année,  se  révèle  le  plus  chaud  et  les  minima  moyens  du 
mois  qui,  chaque  année,  se  trouve  le  plus  froid.  L'amplitude  de  cette  variation  atteint 
à  la  surface  10°  pour  Oran,  10°  pour  Alger,  i3°  pour  Bùne.  Si  l'on  descend,  elle  tombe 
entre  35™  et  4o"\  à  5°,  6  pour  Oran,  5°, 8  pour  Alger,  5°,  4  pourBône.  Plus  bas,  vers  60"', 
elle  a  encore  peu  baissé  sauf  à  Bône  où  elle  n'atteint  plus  que  !i°,i.  Mais  à  100™  de 
profondeur  elle  tombe  à  o°,6  et  s'éteint  complètement  bien  avant  200'"  où  W.  Thompson 
et  Carpenler  avaient  déjà  observé  une  température  constante  de  iS". 

V.  La  distribution  des  températures,  de  la  surface  vers  la  profondeur,  se  fait  d'une 
manière  très  différente  aux  diverses  époques  de  l'année.  Si  l'on  considère  les  maxima 
et  les  minima  moyens  annuels  relatifs  à  cliaque  horizon,  on  constate  que  la  série  ver- 
ticale de  ces  maxima,  à  l'époque  la  plus  chaude  de  l'année,  présente  un  alTaiblissement 
progressif  et  tend  vers  iS",  limite  qu'elle  atteint  entre  100™  et  200"'.  ÎVIais  à  l'époque 
la  plus  froide  de  l'année,  la  série  verticale  des  minima  n'offre  point  une  marche 
analogue.  En  partant  de  la  surface,  la  série  commence  par  manifester  un  accroissement 
qui  se  continue  jusqu'à  un  certain  horizon,  différent  pour  chaque  période;  après  quoi 
la  série  va  s'affaiblissant  plus  ou  moins  rapidement  et  converge  finalement  aussi  vers 
celle  même  limite  de  i3°  où  elle  rejoint  la  série  précédente  et  à  partir  de  laquelle,  par 
conséquent,  la  température  reste  constante. 

La  variation  de  la  température  moyenne  en  fonction  de  la  profondeur  est  détermi- 
née, aux  différentes  époques,  par  les  positions  correspondantes  et  la  valeur  des 
maxima  et  des  minima  des  diverses  couches  liquides  superposées.  Malgré  l'instabi- 
lité de  la  répartition  verticale  des  températures,  on  peut  dire,  d'une  manière  générale, 
qu'en  décembre-janvier-février,  les  couches  comprises  entre  3o'"  et  60"'  ont  des 
températures  différant  de  o",3  à  o°,6,  au  bénéfice  des  couches  inférieures.  En  mars, 
le  refroidissement  superficiel  gagne  la  profondeur,  descend  jusqu'à  80"'  et  100'", 
tandis  que  la  température  des  couches  supérieures,  de  nouveau  chauffées  par  le  Soleil, 
s'élève  peu  à  peu.  En  avril,  le  phénomène  s'accentue  et  la  température  en  marche 
ascensionnelle  des  couches  superficielles  a  une  tendance  à  s'uniformiser  au  chiffre  de 
17°  avec  la  température  descendante  des  couches  profondes.  A  ce  moment,  la  tempé- 
rature de  j-°  se  trouve  réalisée  pour  toute  la  masse  d'eau  comprise  entre  10"'  et 
60""  de  profondeur. 

Un  semblable  équilibre,  assez  fugace,  se  réalise  en  septembre-octobre  dans  les 
mêmes  couches  liquides,  mais  cette  fois  au  chiffre  de  22°, .5  en  moyenne,  quand,  les 
couches  profondes  étant  déjà  pénétrées  par  la  chaleurdes  mois  précédents,  les  couches 
superficielles  commencent  à  se  refroidir.  Ces  deux  chiffres  17°  et  22°, 5  sont  tout  à 
fait  remarquables  et  caractéristiques. 

La  connaissance  du  régime  thermique  de  la  mer  littorale  algérienne  nous 
permettra  d'établir  très  prochainement  les  grandes  lignes  de  la  biologie 
reproductrice  de  la  sardine  algérienne. 


I200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

€HIMIE  BIOLOGIQUE.  —  liacilles  de  Koch.  Milieux  aux  glycérophosplialcs . 
Doses  maxima  de  fer  el  de  manganèse.  Noie  (')  de  M.  ti.  Bauduax,  pré- 
sentée par  M.  d'Arsonval. 

Il  nous  a  paru  intéressant  de  connaître,  par  le  dosage,  le  bilan  des  phos- 
phates minéraux  et  organiques  qui  enlrenl  dans  la  composition  du  bouillon 
ordinaire  de  cultures  et  dans  celle  de  la  tuberculine,  son  extrait. 

I^'n  lilre  de  bouillon  renferme  en  moyenne  25,97  à  3s  de  phosphates  minéraux 
(potasse,  soude,  magnésie,  chaux).  Les  composés  organiques,  -",00  à  8?,  sont  addi- 
tionnés de  iqs  de  peptones  (^).  L'acide  phosphorique  apporté  par  ces  deux  éléments 
est  de  2S,45  à  28,60,  presque  en  quantité  égale  à  celle  des  phosphates  minéraux. 
Lorsque  la  culture  est  terminée,  les  dosages  sont  les  suivants  pour  100""'  de  tubercu- 
line : 

Phosphates  minéraux,  os,6o;  phosphates  organiques,  4", 90;  soit  une  perte  de  2S,4o 
en  jihosphates  minéraux. 

Les  corps  organiques  phosphores  ont  augmenté  d'autant.  Le  microbe  les 
a  utilisés  pour  son  développement.  Comme  il  renferme  de  gi^andes  quan- 
tités de  lécithines,  il  y  a  lieu  de  supposer  cpie  le  phosphore  est  le  pivot  de 
la  transformation.  La  glycérine  s'oxyde  et  se  transforme  en  acide  glycéro- 
phosphorique,  noyau  de  cette  lécithine. 

Ainsi  se  trouve  justifiée  l'idée  de  Nocard  el  Koux  {^Annales  de  i Insliuu 
Pasteur,  t.  I,  1887,  p.  17)  cjui  conseillèrent  d'ajouter,  aux  liquides  de  cul- 
tures du  bacille  de  Koch,  de  la  glycérine. 

Dès  lors,  il  convenait  de  faire  un  milieu  où  n'enireraient  que  des  glycéro- 
phosphales  atia  d'éviter  au  microbe  les  transformations  ultérieures.  Nous 
avons  observé  qu'un  seul  glycérophosphate,  celui  de  soude,  était  insuffisant 
*et  donnait  des  cultures  peu  abondantes. 

L'analyse  des  cendres  du  bacille  tuberculeux  faite  par  Schweinitz  et 
Dovsel  (Ceniralblatt  f tir  liacL,  i8f)8)  conduit  aux  résultats  suivants  : 

Soude  i3.  potasse  6.  chaux  la.  magnésie  11.  qui,  calculés  d'après  les  poids  molé- 
culaires, donnent  : 

Glycérophosphate  de  soude 2  ,  24 

»  de  potasse 0,60 

»  de  chaux i ,  20 

»  de  magnésie '  ,  7'' 

(')   Présentée  dans  la  séance  du  2  mai  1910. 

(-)  I^'analvse  des  peptones  nous  a  toujours  donné  du  manganèse. 


SÉANCE  DU  9  MAI  1910.  I20t 

Dans  ces  conditions  la  solution  est  instable;  le  citrate  de  soude  permet 
aux  sels  de  rester  dissous.  La  formule  est  la  suivante  : 

e 
Glycéi'ophospliale  de  soude 2 ,  24 

Il                de  potasse 0,60 

D                 de  chaux i  ,20 

»                 de  magnésie i  ,76 

Albumoses  Bvla 10 

Glycérine 5o 

Citrate  de  soude 4 

Eau 1000 

Stériliser  à  100°. 

On  remarquera  que  nous  avons  maintenu  la  glycérine,  mais  des  expé- 
liences  affirmatives  nous  ont  prouvé  qu'on  pouvait  la  supprimer.  Dans  ce 
cas,  il  y  a  lieu  de  porter  la  quantité  de  glycérophosphate  de  soude  à  10''  et 
de  doubler  celle  de  citrate  de  soude. 

Notre  milieu  a  donné  entre  les  mains  de  M.  le  professeur  Vallée  et  les 
HÔtres  des  résultats  excellents.  Le  bacille  s'y  développe  fort  bien  et  les  cul- 
tures sont  abondantes.  M.  Vallée,  ayant  ensemencé  ce  liquide  avec  du  bacille 
homogène  d'Arloing,  a  constaté  ceci  :  le  départ  se  fait  plus  rapidement; 
après  un  temps  d'arrêt,  la  vitalité  reprend  et  se  trouve  finalement  exaltée. 

Au  point  de  vue  de  la  précipito-réaclion,  M.  Vallée  a  constaté  que  les 
liquides  de  cultures  ainsi  obtenus  précipitaient  environ  moitié  moins  que  les 
bouillons  ordinaires.  Il  y  a  donc  une  modification  dans  les  qualités  sécré- 
trices  du  microbe. 

Le  microscope  n'y  révèle  aucun  changemenl  appréciable  et  l'expérimen- 
tation conduit  à  des  résultats  identiques  à  ceux  obtenus  avec  les  bacilles 
poussés  sur  les  anciens  milieux. 

Fer  et  manganèse.  —  Nous  avons  tenu  à  ajouter  à  ces  liquides,  consé 
quence  de  notre  communication  du  i5  novembre  1909,  du  fer  et  du  man- 
ganèse, et  voir  jusqu'à  quelle  limite  ces  deux  métaux  pouvaient  être  suppor- 
tés. En  graduant  notre  teneur  en  sels  précédents,  nous  sommes  arrivés  aux 
maxima  de  3«,  10  pour  le  fer  et  3^  pour  le  manganèse  (glycéroph.). 

Remarquons  que  ces  doses  correspondent  à  la  quantité  de  fer  contenue 
dans  i'  de  sang,  sous  forme  d'hémoglobine. 

Les  cobayes  peuvent  recevoir,  sans  inconvénient,  i*'''  de  ces  cultures, 
émulsionnées,  dans  le  péritoine,  sans  en  être  nullement  incommodés.  Ils 
conservent  leur  poids  et  n'ont  aucun  signe  (ganglions,  adénite,  etc.  ). 

Les  séries  que  nous  avons  faites  nous  donnent,  dès  aujourd'hui,  les  résul- 


t202  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

tais  suivants  :  sur  80,  l\o  indemnes,  /jo  témoins  morts  tuberculeux.  ÎNous 
poursuivons  actuellement  l'expérience  sur  de  jeunes  veaux.  Elle  semble  se 
présenter  favorablement. 

Sur  ce  même  milieu  fer  nous  avons  ensemencé  le  bacille  homogène.  Voici 
ce  que  M.  le  professeur  Vallée  a  observé.  Le  départ  est  plus  tardif,  mais 
ensuite  le  rendement  est  plus  abondant  que  sur  notre  milieu  normal.  Mêmes 
modifications  morphologiques  qu'autrefois,  aussi  bien  que  de  coloration. 
Les  jeunes  bacilles  prennent  difficilement  le  Ziehl  et  renferment  à  l'analyse 
peu  de  cholestérine.  Ils  ne  sont  point  virulents  pour  le  cobaye. 


CHIMIE   BIOLOGIQUE.  —    La  caséification  du    lait   cru  par  les  présures  du 
lait  bouilli.  Note  de  M.  C.  Gerber,  pi'ésentée  par  M.  Guignard. 

11  est  bien  établi  actuellement  qu'un  grand  nombre  de  diastases  protéo- 
lytiques  coagulent  très  facilement  le  lait  bouilli  et  n'agissent  sur  le  lait  cru 
qu'avec  la  plus  grande  difficulté  (Crucifères,  Papayacées,  Figuiers,  etc.)(  '  ). 
On  n'obtient,  en  effet,  avec  ce  dernier  liquide,  que  des  coagulations  ne  niet- 
i.y'^  tant  pas  plus  de  2  ou  3  minutes  à  se  manifester;  avec  le  premier,  au  con- 
'  '  traire,  on  observe  facilement  des  caséifications  exigeant  des  temps  très 
longs  (i  heure  et  davantage  ). 

La  lactoglobuline  et  la  lactalbumine  existent  dans  le  lait  cru  et  ont 
disparu  par  coagulation  dans  le  lait  bouilli. 

1°  H  existe  une  relation  très  étroite  et.,  semble-t-il,  de  cause  à  effet  entre  la 
présence  de  ces  deux  protéines  et  la  résistance  du  lait  à  la  caséification . 

En  cliaufFanl  du  lait  cru  à  des  températures  comprises  entre  67°  et  81°,  la  proportion 
de  ces  deux,  colloïdes  diminue.  Entre  67"  el  77°,  la  lactoglobuline  coagule  progressi- 
veinenl;  au-dessus  de  77°,  c'est  la  lacialbumine  qui  disparaît. 

Prenons  des  laits  ainsi  chaufl'és  et  einprésurons-ies,  à  la  température  de  55".  avec 
une  dose  déterminée  de  Vasconcellea  (/uercifolia  Saint-Hil.  ou  de  papayotine 
(Merck)  choisie  de  telle  façon  qu'elle  ne  détermine  pas  la  caséification  du  lait  cru 
normal. 

Dans  le  cas  des  laits  préalablement  cliaull'és  à  6']°-']']",  nous  constatons  une  dimi- 
nution de  la  résistance  à  la  caséification.  Cette  diminution  n'atteint  jamais  celle  du 
lait  bouilli;  elle  est  d'autant  plus  rapide  que  la  température  est  plus  élevée.  C'est 
ainsi  que,  dans  les  expériences  relevées  dans  le  Tableau  I,  il  a  fallu  i5  minutes  de 
cliaiilTe  à  72°  pour  que  le  lait  devienne  sensible,  el  cette  sensibilité  est  cinq  fois  plus 

(')  (j.  Gerbek,  Les  présures  végétales  (fleftie  scic/ilijir/ue,  12  février  1910). 


SÉANCE    DU    9   MAI    1910.  I  2()3 

faible  qu'après  60  minules  de  cliaiiPTe;  au  contraire,  il  a  suffi  d'un  séjour  de  5  uiinules 
à  ']6°-']j''  pour  faire  acquérir  au  lait  toute  la  sensibilité  dont  il  est  capable  à  celle 
température. 

Dé-,  que  la  température  île  chaiiire  s'élève  à  la  limite  inférieure  de  coagulation  de  la 
laclalbumine  (77''-78"),  on  voit  la  résistance  du  lait  à  la  caséificalion  décroître  gra- 
duellement et  alleiniire,  en  un  temps  d'autant  plus  court  que  la  température  est  plus 
élevée,  le  degré  de  sensibilité  du  lait  bouilli.  Dans  nos  expériences,  il  a  fallu,  pour 
obtenir  la  sensibilisation  rna\ima  du  lait,  i5  minutes  à  81°  et  seulement  5  minutes 
à  100". 

Taiileau  1. 

Minutes  nécessaires  à   la  coagulation,  à  55°,  de  Scni'  de  lait 
Durée  cru   préalahlenient  cliaufTé  pemlanl  des  temps  croissants 

de  la  chiiuiïe  aux  leinpératures  suivantes,  et  emprésuré  avec  une  quan- 

préalable  tilé  délerminèe  de  présures  suivantes  : 

(lu  lait  .. 

(en  minutes).  T2".  75".  77°.  81".  100". 

Va.icoiicellea  querci/ulia  Saint-Hilaire. 

o (')                (')  (')  1')                (') 

.5 ('  )  12  6 , 1  ,">  /i ,  1 5  3 ,  .lo 

1.5 l^4               5,3o  5,1.3  3,3o  o,3o 

3o 6               5  5  3,3o  3,4o 

60 5               5  ^ ,  45  3 ,  3o  4 

Papayotine  Alerc/,. 

o (')  (M              (')  (')  (■) 

5 (')  ('  )  8,45  6,  i5  5,45 

i5 45  8,3o  7,1 5  5,45  6 

3o ro  8  7  5,45  6,45 

60 8  8  7  5,45  8,i5 

La  présure  des  Crucifères  (^)  et  celle  des  Figuiers  (^)  se  comportent, 
comme  les  précédentes;  la  loi  est  donc  générale  pour  toutes  les  présures  du 
lait  bouilli. 

2"  L'i  lactoglubuline  et  la  laclalbumine  ne  sont  pas,  à  proprement  parler,  des 
anlipresures. 

{ '  1   Pas  de  coagulation  au  bout  de  24  heures. 

(^)  C.  Gerbkr,  La firésure des  Crucifères{Comples  rendus  Soc.  Biol.,  ■K^'ynn  1907, 

p.    1224). 

(')  C.  Gerber,  Les  actions  antiprésurantes  du  tait  cru  vis-à-vis  de  quelques  pré- 
sures végétales  {Comptes  rendus  Soc.  Biol.,  39  juin  1907,  p.  1228). 

C    K..  ujio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  19.)  13^ 


I2o4  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

Eniprésuions  du  lait  cru  avec  une  dose  de  cliastase  de  Vasconcelle  ou  de  papayoline 
incapable  de  déterminer  sa  coagulation  ;  après  avoir  laissé  le  mélange  i  heure  à  55°, 
emprésurons  du  lait  bouilli  :  d'une  part  avec  des  doses  croissantes  de  ce  mélange, 
d'autre  part  avec  les  doses  correspondantes  de  diastase  pure.  Nous  obtiendrons,  dans 
l'un  et  l'autre  cas  (Tableau  II),  des  coagulations  ;  celles-ci  evigent  des  temps  sensible- 
ment égaux  il  équivalence  de  doses. 

Il  est  donc  bien  évident  qu'il  n'y  a  pas  eu  destruction  de  la  diastase  pen- 
dant le  temps  où  celle-ci,  mélangée  au  lait  cru,  paraissait  inactive. 

3°  Reste  à  envisager  l' hypothèse  d'une  action  directe  de  la  lactalhumine  et 
de  la  lactoglohuline  sur  la  caséine,  protégeant  celle-ci  contre  une  attaque  des 
présures  du  lait  bouilli.  L'étude  de  certains  sels  dont  l'action  sur  la  caséiti- 
cation  du  lait  est  identique  à  celle  des  substances  albuminoides  dont  nous 
venons  de  nous  occuper,  nous  a  permis  de  donner  la  théorie  de  ces  phéno- 
mènes. 

Tableau  II. 


Doses 
de  solution 
présurante. 

o"'"',  27 
o'^^"'',09 


Minutes  nécessaires  à  la  coagulation,  à  55°,  de  5"^'»'  de 
lait  cru  emprésuié  avec  des  doses  décroissantes  des 
présures  suivantes  : 


Vasconcellea  quercifolia 
Saint-Hilaire. 

2,  45 

(') 


Papayoline  Merck. 
12 

(') 


Doses 
du  mélange 
lait  cru- 
présure  o'm'.og. 


Minutes  nécessaires  à  la  coagulation,  à  55°,  de  Scm'  de  lait 
bouilli  emprésuré  soit  avec  des  doses  décroissantes  du 
mélange  tait  cru-présure  o'^i"',09,  mélange  préalablement 
maintenu  i  heure  à  55°  (a),  soit  avec  des  doses  correspon- 
dantes de  présure  pure  (|î). 


Vasconcellea  quercifolia. 


Papayotine  Merck. 


0,96 
0,48 
0,24 
0,12 


74 


38 

75 
(') 
(') 


i3,3o 
21 

37 

7'. 


46 

90 


(')  Pas  de  coagulation  au  bout  de  10  heures 


SÉANCE    DU    9    MAI    1910.  1 2o5 

M.  Gaston  Skxcier  à  propos  de  la  publication,  dans  \es  Mémoires  de  l' Aca- 
démie, du  projet  de  dirigeable  du  général  Meusnier,  qui  comportait  un 
paratonnerre,  rappelle  les  accidents  causés  par  la  foudre,  dans  ces  derniers 
temps,  à  des  ballons  et  il  demande  à  TAcadémie  s'il  ne  serait  pas  utile  de 
discuter  les  moyens  à  employer  pour  préserver  de  la  foudre  les  aérostats. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Paratonnerres.) 


M.  Emile  Skrra.vt  adresse  une  l\ote  concernant  certains  corps  explosifs. 
(Renvoi  à  l'examen  de  MM.  Vieille  et  Le  Chatelier.) 


M.  Maurice  Gaxuim.ot  adresse  une  Contribution  à  l'étude  des  tuyaux 
sonores  étroits. 

(Renvoi  à  l'examen  de  M.  Violle.) 


A  4  heures  et  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures . 

G.  D. 


I2o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


KITI.I.KTIX     BIIII.I<>4:H«I>III<M'R. 


OUVRAGKS     REÇUS     DANS     LA     SÉANCE     DU     9    MAI     I9IO. 

Savants  et  Ecrivains,  par  H.  Poincaré.  Paris,  Ernesl  Flammarion,  s.  d.;  i  vol. 
in-i2.  (  Hommage  de  l'auteur.) 

Malheniatical  and  physical  papers:  Tome  IV  :  Hydrody nanties  and  gênerai 
dynamics,  by  ihe  Higlit  Honourable  Sir  William  Thomson,  Baron  Kelvin;  arranged 
and  revised  wilh  brief  annotations  by  Sir  Joseph  Larmor.  Cambridge,  University  Press, 
19 10;  I  vol.  in -8".  (Hommage  de  Lady  Kelvin  et  de  rédileur.) 

Les  Matliématiques  en  Portugal,  par  M.  Rodolphe  Guimaràes;  2°  édition.  Coïmbre, 
Imprimerie  de  i'Uiriversilé,  1909;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par-  iM.  Darboux.) 

La  marina  libéra  e  il  preniio  di  traffico,  per  G.  Honcagli.  {Exlr.  de  IS'uova  Anto- 
logia,  16  novembre  1909.)  Rome,  1  fasc.  in-S".  (Présenté,  ainsi  que  l'Opuscule  sui- 
vant du  même  auteur,  par  M.  Berlin.) 

Il  preniio  di  Iraffico,  per  G.  Roncagli.  (Ii\tr.  de  la  Hivista  niariiinia, décembre  1909.) 
Rome,  1909;  I  fasc.  in-S". 

Technologie  et  analyse  chinii'/aes  des  huiles,  graisses  et  cires,  par  M.  J.  Lewko- 
WITSCH,  traduit  par  M.  Emile  Bontoux;  t.  I-III.  Paris,  H.  Dunod  et  E.  Pinat.  1906- 
1910;  3  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  A.  Hallei.) 

Les  sècheries  agricoles.  Etude  économique  et  technique  de  la  dessiccation  des  pro- 
duits agricoles,  par  D.  Siderskv;  avec  i4  figures  dans  le  texte.  Paris,  Lucien  Laveur, 
1910;  I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Mùntz.) 

Au  Concile  russe  :  Les  Unislaves,  1906;  Lettre  ouverte  du  comte  k.  Orlowski. 
Lyon,  A.  Hey,  1910;  1  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auleur.) 

The  star  list  of  the  American  Ephemeris  for  the  year  1910.  Washington,  1909; 
1  vol.  in-S". 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum;  t.  XXXVI.  Washington,  1909; 
I  vol.  in-8°. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCK  DU   MARDI   17    MAI   1910. 

PUKSIDENCK  DE  M.  ARMANI)  C.AUTIKR. 


MEMOIRES  ET  COMMUiXICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  s'exprime  en  ces  termes  : 

On  nous  annonce  officiellement  la  mort  de  notre  illustre  correspondant, 
Slanislas  Cannizzaro,  ancien  vice-président  du  Sénat  italien. 

M.  Cannizzaro  était  le  chimiste  le  plus  connu  de  l'Italie.  Il  avait  publié 
ses  premières  recherches  à  Paris.  Elève  de  Piria,  lui-même  formé  dans  le 
laboratoire  de  J.-B.  Dumas,  Cannizaro  s'était  fait  un  nom  dès  ses  débuts. 
Dans  son  Cours  de  Philosophie  chimique,  professé  à  l'Université  de  Gènes 
en  iiS58,  s'appuyant  sur  les  densités  de  vapeur,  les  chaleurs  spécifiques, 
l'isomorphisme,  etc.,  Cannizzaro  prépara  le  triomphe  définitif  des  idées, 
aujourd'hui  classiques,  d'Avogadro  et  d'Ampère  sur  l'égalité  du  nombre 
des  parlicules  par  vohimes  gazeux,  sur  la  proportionnalité  des  poids 
moléculaires  aux  densités  de  vapeurs,  enfin  sur  la  nécessité  de  doubler 
la  plupart  des  poids  atomiques  d'alors.  Il  fut  du  petit  nombre  des  savants 
de  cette  époque  qui,  avec  Wurtz,  Kékulé,  Wislicenus,  etc.,  contribuèrent  à 
faire  accepter  les  théories  de  J.-B.  Dumas,  puis  de  Laurent  et  Gerhardt, 
lh(''ories  qui  ont  imprimé  un  si  large  essor  aux  progrès  de  la  Chimie  mo- 
derne. Sa  belle  découverte  des  alcools  benzyli(jue,  toluique,  anisique  (i853) 
et  de  leurs  dérivés  fit  connaître  une  nouvelle  classe  d'alcools,  alors  bien 
imprévus,  les  alcools  aromatiques.  Au  laboratoire  de  Chevreul,  avec  son 
ami  S.  Cloez,  il  obtenait  la  cyanamide  et  ses  isomères.  Plus  tard  il  se  fit 
remarquer  par  un  travail  très  délicat  sur  la  sanlonine  et  ses  nombreux  dé- 
rivés. 

S.  Cannizzaro  fut  le  promoteur  de  la  renaissance  de  la  Chimie  italienne  : 
à  son  école  se  sont  formés  Paternô,  F.  Sestini,  Bertagnini,  Oddo,  Piutti- 
Fabris  et  tant  d'autres  chimistes  qui  honorent  leur  pays. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  20.)  l-jg 


iao8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  tn  ait  dépassé  le  grand  âge  de  80  ans,  mais  il  conservait  dans  sa  vieil- 
lesse toute  son  activité  et  sa  verdeur  et  continuait  à  diriger  Vlnstittit  chi- 
mique de  rUnivei'sitè  royale  àe  Rome,  Institut  qu'il  avait  créé  et  où  il  faisait 
encore  allègrement  son  cours  public  il  y  a  quelques  mois. 

Il  est  mort  sans  soutVrance  à  la  suite  d'une  assez  courte  maladie. 

Je  pense  que  l'Académie  voudra  bien  s'associer  avec  moi  au  deuil  de  sa 
famille,  de  sa  patrie  et  de  la  Science  chimique.  (^Assentiment  unanime.) 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Sur  l'emploi  de  nouvelles  méthodes  de 
récurrence  dans  la  théorie  des  systèmes  orlhoo;onaux.  Note  de 
M.   Gastox  Dauboux. 

Dans  notre  Communication  du  9  mai  dernier,  nous  avons  considéré  une 
classe  nouvelle  de  systèmes  orthogonaux,  et  nous  avons  indiqué  des  appli- 
cations particulières  des  systèmes  de  formules  fondamentaux  auxquels  nous 
avons  été  conduits.  Aujourd'hui,  nous  nous  proposons  de  faire  connaître 
deux  nouvelles  méthodes  de  récurrence  qui  permettent  de  rattacher,  à  toute 
solution  du  problème  envisagé,  une  suite,  en  général  illimitée,  de  solutions 
nouvelles. 

Nous  avons  vu  qu'à  tout  système  de  valeurs  des  rotations  [5,/^  satisfaisant 
aux  équations  (A),  (B),  (B'),  correspondent  deux  séries  de  systèmes  triples 
orthogonaux,  la  première  définie  par  les  formules  (C),  (D),  (F),  (G),  (I), 
(J),  la  seconde  par  les  formules  analogues  (C'),  .  .  .,  (J).  Supposons,  par 
exemple,  que  l'on  connaisse  un  système  orthogonal  (S)  de  la  première 
série,  caractérisé  par  les  valeurs  H,  et  P,-.  Comme  les  équations  auxquelles 
satisfont  les  H,  de  l'une  des  séries  sont  les  mêmes  que  celles  auxquelles 
satisfont  les  P,  de  l'antre,  on  voit  qu'on  pourra  déduire  du  système  (S) 
deux  systèmes  (S')  de  la  seconde  série,  en  prenant 

soit  P',  =  H„      boii  h;  =  p,. 

Commençons  par  étudier  la  première  hypothèse 

(0  p;.=.H,. 

[>e  système  (  S')  de  la  seconde  série  sera  alors  défini  sans  quadrature  par  les 
équations 

(2)  x>-'-i-y;/'+_z;.3'=:H,- 


SÉANCE    DU    17    MAI    1910.  '^09 

qui  donnent 

(3)  ^'=i;Xi.H,-,  /=2Y;.H,-,  :'  =  1Z,U,. 
Envisageons  maintenant  l'autre  hypothèse 

(4)  H',  =  P,. 

Alors  les  formules  (  J')  de  notre  précédente  Communication  donnent 

(5)  x'=  flP,X'.dp^,  y=i  flP,Y',dp,;  Z'=  flP,7J,(lpi, 

de  sorte  qu'il  y  aura,  cette  fois,  trois  quadratures  à  effectuer  pour  obtenir  le 
nouveau  système  (S'). 

\']n  tenant  compte  des  expressions  des  P,  et  des  formules  (5)  de  notre 
première  Communication,  on  pourra  écrire 

I   x'=f{  v  f/0o«  H-  J  rf0,o  -h  -  a?02o  ) , 

(6)  !  y=  I  {a-d&o,+yd&u  +  zd&,,), 
f    z'  —  j  (.Td&,,-^-fd&,,+  zd&,.,); 

de  sorte  que,  si  Ton  pose 

(  7  )  ii.  ^f(  &o,  du^  +  &u  dj  +  &,t  dz  ) 

et  si  Ton  suppose  les  £2,  exprimées  en  fonction  de  x.,y,  z,  on  aura 

/     ,         dil„         ài>o         dil„      ^ 
l  dx  ày  dz 

,0,  ]     ,  d^,  dil,  d9.,       ,^ 

{.o)  I    Y  ^  Y -1-  V +  Z —  il,. 

^    '  \^       -^  dx  ^  -^  ày  dz  " 

De  la  double  remarque  précédente  il  résulte  qu'on  peut  toujours,  par 
des  calculs  algébriques  ou  des  quadratures,  déduire  du  système  (S),  supposé 
connu,  une  suite  linéaire  de  systèmes  nouveaux 

(9)  (S_3),     (S_,),     (S_,),     (S),     (S.),     (S,),     (83),     ...^ 

les  systèmes  d'indices  pairs  appartenant  à  la  première  série,  ceux  d'indice 
impair  à  la  seconde,  tous  ces  systèmes  étant  rattachés  les  uns  aux  autres  par 


I2IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

les  formules 

(10)  a-f"'-^^>—lX',\V;-'-'\  _r<2'.+')— 2Y;.H;.'"-',  z(^''-+'>—1Z',U)-'"; 

(11)  ,r'")    — i\,H;-^''-' ,      j-c-*'    =:sv,n;-''- ".       ^i"'   =iz,u';-''-'>; 

oiix^''\  y'",  i''^' désignent  les  coordonnéesdu  point  qui  décrit  le  système  (S/,). 
Si,  au  lieu  de  descendre  la  suite  (9),  on  veut  la  remonter,  on  aura 

(12)  1    y(^>--^>z=  f{x(-''>      f/00, +  /('*)      6^0,,+  -'"'      ^0-ii)- 

f    jC''-')—  r(,r<2A)      f/0„,-(-j(2/.)      ,/©,,  +  ;(=<■)      f/0,,); 

.r(-*-)      =r  A.r'î''-  ^o  ^/0„„  -H  j(^''-')  r/0,„  +  ct=''-"  «;©„,,), 
(r3)  ^  j"'*)      =  r(^l=''-"f/0,„  +  j(^''-'>fl'0,i4- ;"'■"-"  û'0, 2), 

qui  devront  être  appliquées  successivement. 

En  général,  si  H*,  P''-  désignent  les  valeurs  des  H,  et  des  P,  pour  le  système 
de  rang  X',  on  aura 

(i4)  P'/-'=Hf-" 

et  par  suite 

(i5)  p(.5/.-+n^Hi^*-      =^^^      +(3/,./P^.'*'     +i3/,IT*', 

,)p(2*-l) 

(16)  pr- ^^  =  H;.-^ ^- >  >  =  ^-j—  +  (3,t l'i^ "  '  '  +  ;3,v Pi^ '- •  ' . 

Telle  est  la  première  méthode  de  récurrence,  qui  fait  dériver  d'une  solution 
du  problème  une  suite  de  solutions  nouvelles. 

Cette  suite,  il  est  vrai,  n'est  pas  toujours  illimilée.  Si,  par  exemple,  on 
prend  pour  le  système  (S)  celui  tpie  nous  avons  déterminé  précédemment 
et  qui  correspond  aux  valeurs 

H,  =  rtX;  +  ^Y;4-cz;-, 

le  système  (S,)  se  réduit  à  un  point,  et  tous  les  systèmes  d'indice  positif  dis- 
paraissent. Il  ne  reste  que  les  systèmes  d'indice  négatif,  obtenus  par  des 
quadratures. 


SÉANCE  DU  17  MAI  19IO.  12II 

Au  lieu  de  chercher  si  la  suite  (9)  se  termine,  nous  allons  examiner 
si  elle  peut  être  périodique.  Le  cas  le  plus  simple,  auquel  d'ailleurs  se 
ramènent  tous  les  autres,  est  celui  où  tous  les  systèmes  de  même  indice 
seraient  identiques,  ou  du  moins  homothéliques.  Les  formules  (  i  '1)  cl  (i()) 
nous  donnent 

(17)  P<;-'=^+(3«.H,+  (3,vH,. 

Si  nous  supposons  que  l'on  ait 
(iS)  P;.^'=aP,-, 

a  étant  une  constante,  le  système  (S.)  sera  homothétique  au  système  (S),  et 
la  suite  (9)  deviendra  périodique.  On  retrouve  ainsi  les  systèmes  triples 
caractérisés  par  la  relation 

(19)  11;-+  H;.4-  H;=  aiic" +  _)■-+:■'-)  +  P 

et  déjà  étudiés  dans  notre  première  Communication.  Pour  le  système  (5,) 
de  la  seconde  série  qui  leur  est  adjoint,  on  a 

(20)  P;*'=H„ 

et  par  conséquent  la  formule  (19)  nous  donnera  la  relation  suivante: 

(21)  j:l-hyl-i-zl=<x{x"--hy-'+  :'■)  -h^ 

entre  les  coordonnées  des  points  qui  se  correspondent  dans  les  deux  sys- 
tèmes. 

Le  cas  particulier  où  la  constante  ^  est  nulle  dans  la  relation  (19)  va  nous 
fournir  la  seconde  des  méthodes  de  récurrence  que  nous  voulions  signaler. 
On  a  alors 

(22)  H?-t-[l|.-+-H?=:a(.r2H-^r-+5^). 

Soumettons  l'un  des  deux  systèmes,  (S)  par  exemple,  à  une  inversion 
dont  le  pôle  sera  l'origine  des  coordonnées.  Il  faudra  alors  remplacer  par- 
tout 

II,,     11,,,     II,,     .r°-  +  j=+c2 

par 

H,  H/,  H,  I 


-y^+z-        j;-  +  y--^-z-        a' -h  y^ 


Remarquons  que  cette  suhstitution  ne  change  pas  la  forme  de  la  rela- 
tion (22);  elle  transforme  donc  le  système  (S)  en  un  système  de  même 


'212  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

iijilure  et  |)Oiir  lequel,  par  conséquent,  les  [i,;,  satisfont  aux  relations  (A), 
(B),(H'). 

Mais  celte  nouvelle  méthode,  à  la  diflérence  de  la  première,  change  les 
valeurs  des  rotations  p,/,.  Car  si  l'on  désigne  par  la  nolation"p,yilesnou«velles 
valeurs  des  [3^,  on  obtiendra  aisément  la  formule 


Si  l'on  supposait  a  =  o,  on  retrouverait  une  méthode  de  récurrence  déjà 
signalée  par  M.  Guichard. 

Il  ne  nous  reste  plus,  pour  terminer,  qu'à  jtrésenter  la  remarque  sui- 
vante : 

Si,  dans  les  équations  (A),  (B),  on  suppose 

(■■^4)  (3,7.=:  (3,„-, 

les  équations  (B')  sont  vérifiées  d'elles-mêmes,  et  l'on  retrouve  des  svs- 
tèmes  orthogonaux  que  j'ai  signalés  dès  i86G  et  qui,  depuis,  ont  été  l'objet 
des  recherches  d'un  très  grand  nombre  de  géomètres.  Les  méthodes  de  ré- 
currence que  j'ai  développées  ici  pour  le  cas  général  s'appliquent  à  ce  cas 
particidier,  et  elles  deviennent  précisément  celles  que  M.  Egorov  a  signalées 
dans  différentes  Communications  adressées  en  1900  et  1901  à  l'Académie. 
Les  résultats  précédents  peuvent  donc  être  considérés  comme  une 
extension  et  une  généralisation  de  ceux  qui  concernent  les  systèmes  triples, 
si  souvent  étudiés,  pour  lesquels  les  trois  relations  (y.4)  se  trouvent  vérifiées. 


M.  lîiGouKDA.v  présente,  de  la  part  de  M.  Inignez,  des  p/iolograp/iies  de 
la  comète  de  Halley^  obtenues  à  l'Observatoire  de  Madrid,  au  moyen  de 
deux  lunettes  différentes. 

La  première  de  ces  lunettes,  dont  l'objectif  a  o'",20  d'ouverture  et  2"  de 
distance  focale,  a  donné  les  détails  du  noyau  et  de  la  chevelure  environnante; 
l'objectif  de  la  seconde  est  un  doublet  de  o'",i,)  d'ouverture  auquel  on  a 
demandé  surtout  la  représentation  de  la  queue,  du  moins  de  la  partie  la  plus 
brillante;  car  sa  longueur  totale  excédait  la  grandeur  de  la  chambre  noire; 
elle  atteignait  environ  3o"  le  10  mai  1910. 

Le  spectre  de  la  comète  a  été  étudié  aussi,  tant  visuellement  que  par  la 
photographie;  les  7  et  8  mai  le  noyau  donnait  un  spectre  continu  sur  lequel 
se  projelaiiMit  les  bandes  2,  3  et  4  des  hydrocarbures,  dans  le  jaune,  le  vert 


SÉANCE  DU  17  MAI  I9IO.  I2l3 

el  le  bleu,  celle  du  verl  étant  visuellement  la  plus  intense.  Le  matin  du  1  2  mai 
on  a  entrevu  dans  le  violet  une  nouvelle  bande  très  faible  ;  et  en  même  temps 
le  noyau  se  fondait  davantage  avec  la  cbevelure.  L'éclat  gloljalde  la  comète 
surpassait  alors  celui  des  étoiles  de  première  grandeur,  et  elle  était  encore 
visible  à  l'œil  nu  17  minutes  à  peine  avant  le  lover  du  Soleil. 


MINÉRALOGIE.  — Sur /a  conslitiition  minéralogique  des  plwsphorites  françaises. 
Note  (')  de  M.  A.  Lacroix. 

Les  pbospborites  concrétionnées  que  l'on  rencontre  dans  des  cavités  des 
calcaires  du  Quercy  (Lot,  Tarn-et-Garonne  et  Aveyron),  du  Gard,  de 
l'Hérault,  de  l'Aude,  de  l'Algérie,  ont  parfois  une  structure  cristalline; 
aussi  tous  les  auteurs  qui  les  ont  décrites,  les  ont-ils  considérées  comme 
constituant  une  variété  fibreuse  d'apatite;  la  même  opinion  a  été  formulée 
au  sujet  des  sphérolites  biréfringents,  qui  se  rencontrent  parfois  au  milieu 
des  phosphates  sédimentaires,  généralement  amorphes  du  nord  de  la 
France  et  de  l'Afrique.  M.  Ad.  Carnot  a  montré  cependant  que  dans  les 
phosphorites,  le  rapport  du  fluor  à  l'acide  phosphorique  est  toujours  très 
différent  de  celui  qu'exige  l'apatite  et  que,  souvent  même,  la  teneur  en 
fluor  devient  presque  nulle. 

Je  me  suis  proposé  de  rechercher  quelle  est  la  constitution  minéralo- 
gique  de  ces  produits  minéraux,  en  m'attachant  à  l'élude  d'échantillons, 
dont  la  pureté  a  été  soigneusement  vérifiée  par  l'examen  microscopique. 

Les  phosphorites  des  gisements  précités  sont  le  résultat  de  dépôts  succes- 
sifs, ell'ectués  par  voie  aqueuse  sur  une  paroi  calcaire,  ou  bien  produits  à  la 
façon  (les  stalagmites  ou,  enfin,  concrélionnés  sous  forme  de  rognons  au 
milieu  d'argiles.  Les  couches  concentriques  ont  des  couleurs  et  souvent  des 
aspects  différents,  tantôt  rappelant  l'apparence  de  la  porcelaine,  tantôt,  au 
contraire,  translucides  ou  même  plus  rarement  transparentes  sur  quelques 
millimètres  d'épaisseur;  ces  variétés  particulièrement  pures  ressemblent  à 
de  la  gomme.  Parfois  une  structure  fibreuse  est  distincte  à  l'œil  nu;  dans 
d'autres  cas,  la  cassure,  est  uniforme,  sans  apparence  de  cristallinité;  ces 
différences  d'aspect  extérieur  n'inqtliquent  pas  toujours  d'ailleurs  une  diflé- 
rence  de  structure  intime. 

L'étude  en  lumière  polarisée  fait  voir  que  toutes  les  phosphorites  des 

(')   Présentée  dans  la  séance  du  9  mai  1910. 


I2l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gisements  considérés  oscillent  entre  trois  types.  Le  premier  est  holocris- 
tallin  et  toujours  fibreux;  le  second  est  liomogène,  incolore  ou  jaune  en 
lames  minces,  entièrement  isotrope;  le  dernier  enfin,  paraissant  paifois  tout 
d'abord  entièrement  cristallisé,  contient  en  réalité  toujours  de  la  matière  iso- 
trope, mélangée  à  un  produit  cristallisé;  elle  est  souvent  en  outre  concentrée 
dans  des  couches  distinctes,  alternant  avec  les  précédentes;  mais  dans  tous 
les  cas,  l'union  de  ces  deux  corps  est  si  intime,  qu'il  n'est  pas  possible  de 
les  séparer  entièrement  par  l'emploi  des  liqueurs  denses. 

L'indice  de  réfraction  d'un  échantillon  isotrope  brun,  translucide,  particulièrement 
pur,  provenant  de  Pouzillac  (Gard),  est  de  1,569  i^^)  et  sa  densité  de  2,82. 

L'élément  cristallisé  constituant  le  premier  type  ne  présente  qu'assez  rarement 
des  fibres  régulières,  perpendiculaires  à  la  surface  extérieure  de  la  concrétion,  le  plus 
souvent,  elles  sont  entrelacées  ou  palmées.  Je  réserve  pour  une  Note  ultérieure  l'étude 
de  ce  type  qui  présente  des  particularités  remarquables. 

Dans  le  troisième  type,  les  couches  successives  des  concrétions  sont  des  rubans 
cristallins  ou  lésullenl  de  la  réunion  de  pinceaux  coniques,  dont  l'axe  est  plus  ou 
moins  perpendiculaire  à  la  surface  de  dépôt.  L'allongement  des  fibres  est  de  signe 
négatif,  la  biréfringence  ne  dépasse  pas  o,oo4.  Les  sections  perpendiculaires  aux  fibres 
se  montrent  sensiblement  uniaxes  (mais  avec  croix  souvent  disloquée)  et  optiquement 
négatives.  Les  valeurs  de  l'indice  moyen  et  de  la  densité  varient  avec  la  teneur  plus 
ou  moins  grande  en  produits  isotropes;  un  échantillon,  très  translucide,  provenant  de 
Mouillac  (Tarn-et-Garonne),  et  qui  est  un  des  plus  cristallins  que  j'aie  rencontré, 
possède  une  densité  de  2,87,  avec  un  indice  moyen  de  1,608. 

Quelle  que  soit  leur  structure,  cristallisée  ou  non,  ces  divers  types  de 
pbospliorites  se  comportent  de  la  môme  façon,  quand  on  les  place  dans  une 
goutte  d'acide  chlorhydrique;  ils  sont  immédiatement  attaqués  et  se  dis- 
solvent ra})ideuieut  à  froid,  en  faisant  elTervescence  ;  tous  renferment  donc 
de  l'acide  carlionitjuc  et  il  est  facile  de  voir,  en  outre,  qu'ils  contienuent  une 
proportion  plus  ou  moins  élevée  d'eau. 

Les  analyses  suivantes  ont  été  faites  par  M.  Pisani  sur  le  type  trois 
de  Mouillac  (a)  el  sur  le  produit  isotrope  de  Pouzillac  (h)  : 

a.  b. 

CaO 5 1,85 

V'O' 37,60 

F 1 ,  5o 

CO' 4,00 

\\H) 4,80 

Al-O^ 

Fe=0^' 

Na-0-hK'O 

99.7a  99, 6r 


49 

7^ 

37 

4o 

0 

88 

0 

7''> 

7 

OD 

0 

'4 

0 

36 

0 

3o 

SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  I2I0 

Ces  résultais  montrent  que  le  minéral  cristallisé  a  une  composition  fort 
voisine  de  celle  du  produit  amorphe,  dont  il  dilTcre  surtout  par  une  moindre 
teneur  en  eau  et  une  proportion  plus  élevée  en  fluor  ;  il  n'est  donc  pas 
constitué  par  de  Tapatite  normale,  mais  doit  être,  lui  aussi,  un  composé 
contenant  un  phosphate  et  un  carbonate  de  calcium. 

On  connaît  actuellement  deux  types  bien  définis  de  semblables  sub- 
stances: l'un,  dépourvu  de  fluor,  la  dahUite  [Ca"  (PO')',  CaC()%  ^H-0]; 
l'autre,  fluoré,  h\  francolilc  [(PO')'^Ca«(CaF)%  CaCO',  H-0],  dont  la 
slaffèlite  n'est  (ju'une  variété  fibreuse.  Ces  minéraux  ont  des  propriétés 
optiques  extrêmement  voisines  ;  ils  sont  optiquement  négatifs,  souvent  uni- 
axes  tout  au  moins  par  suite  de  groupements  ('  ),  /?^  —  ///;  =  o,  oo4  à  o,oo5 
environ;  il  n'est  pas  possible  de  les  distinguer  l'un  de  l'autre  à  l'aide  de 
leurs  indices  de  réfraction,  car  la  structure  fibreuse  ne  permet  pas  de  me- 
sures précises  (l'indice  médian  des  deux  est  voisin  de  i,625);  leur  densité 
varie  de  3,o5  (dahllite)  à  3, 12  (francolite)  (-).  Il  ne  me  parait  pas  douteux 
que  ce  ne  soit,  suivant  les  cas,  l'un  ou  l'autre  de  ces  minéraux  qui  constitue 
l'élément  cristallisé  des  phosphorites  et  l'on  peut  comparer  leur  intime 
association  avec  le  produit  isotrope  à  celle  des  fibres  de  quartzine  ou  de 
calcédonite  avec  l'opale  pour  constituer  la  calcédoine  ;  la  comparaison  peut 
être  poursuivie  dans  les  détails  de  la  structure  microscopique. 

Cette  assimilation  est  basée  sur  l'élude  d'échantillons  provenant  du 
Gard  (La  Capelle  en  particulier),  dans  lesquels  ces  produits  à  structure 
calcédonieuse  passent  à  des  types  à  fibres  dissociables,  non  accompagnées  de 
produit  isotrope  et  identiques  à  des  échantillons  constamment  holocristal- 
lins  trouvés  près  de  Saint-Girons  (Ariège),  dans  le  niveau  du  carbonifère 
contenant  les  phosphates  noirs.  Je  fais  allusion  ici  à  un  minéral  fibreux, 
concrétionné,  décrit  autrefois  par  Damour  sous  le  nom  à^hydroapatite  et 
dont  j'ai  retrouvé  les  échantillons  originaux  dans  la  collection  du  Muséum 
(densité  =  3,09;  «„,  =  i,625).  J'en  donne  ci-contre  l'analyse  a,  comparée  à 
celle  b  de  la  francolite  de  Tavistock  par  Maskelyne  et  Flight,  c  de  la  staflé- 

(')  Les  lames  hexagonales  de  francolite  se  <li\isenl  en  secleurs  biaxes  avec  axes 
assez  écartés  ;  le  minéral  devient  uniaxe  par  mélange  de  ces  diverses  orientalioiis. 

(')  Ces  données  différent  de  celles  concernanl  l'apatite  fluorée,  dont  l'indice  médian 
est  de  1,643  et  la  densité  moyenne  de  3,2.  M.  W.  Tschirwinsky  a  montré  {Central- 
blalL  Miner.,  '907.  p.  279)  que  les  phosphorites  de  I^odolie  renferment  un  minéral 
hexagonal  ou  fibreux,  auquel  il  attribue  la  formule  3Ca^(P0'*)-.  CaGO';  cette 
substance  est  à  ajoutera  celles  décrites  plus  haut,  si  elle  diffère  réellement  de  la  fran- 
colite. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  iN°  20.)  160 


*. 

c. 

d. 

e. 

54,09 

54,67 

53,8 

53,00 

38, i4 

39,05 

37,3 

38,44 

3,34 

3  ,o5 

3,4 

» 

1     3,25 

3,19 

3,9 

6,29 

1     1,59 

i,4o 

1,6 

1 ,37 

o.gi 

0,07 

» 

0-79 

» 

» 

« 

1 ,00 

» 

0,69 

» 

» 

12 16  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lite  de  Stalfel  par  Forster,  d  à  la  composition  théorique  de  la  francolite  et 
enfin  e  à  la  composition  de  la  daliilite,  d'après  M.  Brogger. 

Dans  son  analyse,  Damour,  il  est  vrai,  ne  signale  pas  l'acide  carbonique, 
mais  il  est  à  remarquer  que  la  teneur  en  eau  qu'il  indique  est  sensiblement 
égale  à  la  somme  C0^-+-  H^O  de  la  composition  théorique  de  la  francolite 
et,  d'autre  part,  j'ai  pu  m'assurer  par  des  essais  directs  que  le  minéral  fait 
bien  effervescence  sous  l'action  d'un  acide. 


CaO 52,32 

Ï'^O» 4o,oo 

F 3,36 

H^O i     ^'^° 

Al^O'+Fe^O^  .  .         0,43 

K20  +  Na=0 

MgQ ;_ 

ICI, 4'      101,01      101,43      100,0      100,8g 

Les  observations  tpii  précèdent  m'ont  conduit  à  étudier  le  minéral  désigné 
sous  le  nom  de  coloplianile  (  kollophan)  ;  cette  substance,  ressemblant  à  de 
la  gomme  ou  à  de  la  colophane,  a  été  trouvée  dans  les  gisements  de  guano 
de  l'île  Sombrero  ;  sa  densité  est  de  2,  7  ;  l'analyse  originale  a  fourni  les 
résultats  suivants  :  P-0'  89,10  ;  CaO  30,70  ;  MgO  0,80  ;  CQ-  3,96  ; 
H-0  5,03  ^  99,58.  Sandberger,  supposant  que  l'acide  carbonique  pro- 
venait d'un  mélange  avec  de  la  calcite,  l'a  déduit,  avec  la  quantité  corres- 
pondante de  chaux,  des  nombres  pi'écédents  et  a  attribué  au  minéral  la 
formule  Ca''(PO''/+  H-(),  admise  depuis  lors  dans  tous  les  'Traités  de 
Minéralogie. 

J'ai  examiné  un  certain  nombre  d'échantillons  de  ce  minéral  et  de  sa 
variété,  la  monite,  [)rovenant  soit  de  llle  de  Sombrero,  soit  des  gisements 
analogues  récemment  découverts  dans  les  archipels  Tuamotu  et  Tubuaï  ; 
leurs  propriétés  physiques  et  chimiques  ne  diffèrent  pas  de  celles  du  phos- 
phate amorphe  des  gisements  français  (  '  ). 

Cette  étude  comporte  une  conclusion  au  point  de  vue  de  la  nomenclature 
minéralogique  ;  le  terme  de  phosphorite  doit  être  abandonné  comme  nom 


(')  Il  faut  sans  doute  rapporler  aussi  à  un  type  très  iUioré  de  coloplianile  les  ])lios- 
phales  des  gisements  crétacés  et  éocènes  du  nord  de  la  France,  de  l'.VIgérie  et  de  la 
Tunisie. 


I 


SÉANCE  DU  17  MAI  ipiO.  1217 

de  minéral;  les  produits  auxquels  il  est  appliqué  étant  fort  différents.  Je 
propose  de  réunir  sous  le  nom  de  colophanite  les  composés  isotropes  de 
phosphate  et  de  carbonate  de  calcium  ('),  et  de  désigner  sous  le  nom  de 
quercvùe  (du  nom  delà  région  française)  ceux  qui  sont  constitués  par  un 
mélange  intime  de  colophanite  et  d'un  minéral  cristallisé  de  composition 
analogue. 

En  terminant,  il  me  reste  à  signaler  un  dernier  type  de  phosphorite, 
représenté  dans  quelques  gisements  français  seulement  (Caylus  et  Mouiliac, 
en  particulier),  et  dont  j'ai  trouvé  aussi  des  exemples  parmi  des  échantillons 
provenant  de  Sombrero  et  de  Castillo  de  Belmez,  près  de  Badajoz  (Espagne). 
Il  présente  les  mêmes  caractères  extérieurs  que  les  précédents;  la  structure 
microscopique  est  également  identique,  mais  les  produits  biréfringents 
associés  à  la  colophanite  sont,  les  uns  optiquement  négatifs  et  semblables  à 
ceux  décrits  plus  haut,  et  les  autres  optiquement  positifs.  La  biréfringence 
de  ces  derniers  est  environ  le  double  de  celle  du  corps  négatif.  Je  n'ai  pu 
encore  réussir  à  isoler  ce  minéral,  qui  a  qualitativement  la  même  compo- 
sition que  le  précédent  et  dont  je  poursuis  l'étude.  Je  désigne  provisoire- 
ment sous  le  nom  de  quercyile  [3  ce  type  plus  complexe  de  phosphorite  (■). 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Méthode  générale  de  préparation  directe  des 
tliiols par  catalyse  à  partir  des  alcools.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier 
et  A.  Maii.he. 

Ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  dans  une  Note  récente  ('),  l'activité  cata- 
lytique  de  déshydratation  que  possèdent  certains  oxydes  métallicpies,  tels 
que  l'alumine,  la  thorine,  l'oxyde  bleu  de  tungstène,  vis-à-vis  des  alcools 
primaires  forméniques,  nous  a  paru  devoir  être  expliquée  par  la  formation. 


(')  Je  signalerai  rexislence  dans  les  giseinents  du  Quercy  de  curieuses  jiseudoiiior- 
plioses  de  gros  crislaux.  (  ii^™  à  2*="')  de  brushite  en  quercyite  ;  il  est  intéressant  de 
constater  que  la  cristallisation  du  phosphate  bicalcique  a  suivi  la  production  des 
rognons  de  quercyite  et  que  plus  lard  ces  crlstauv  ont  été  transformés  en  la  même 
substance  que  celle  sur  laquelle  ils  reposent. 

(^)  Les  observations  qui  font  l'objet  de  cette  Note  donnent  une  importance  pra- 
tique aux  recherches  chimiques,  elTecluées  depuis  quelques  années  par  M.  Barillé  sur 
le  rôle  de  l'acide  carbonique  comme  agent  convoyeur  des  pihosphates  dans  la  nature 
(Comptes  rendus,  12  octobre  1908  el  8  février  1909). 

(^)  Paul  Sabatier  el  Mailhe,  Comptes  rendus^  séance  du  29  mars  1910. 


I2l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  partir  de  ces  oxydes  et  des  alcools,  de  véritables  éthers-sels  instables,  qui, 
aussitôt  formés,  se  dédoublent  en  carbure  éthylénique  et  oxyde  régénéré. 
Ainsi  la  ihorine  pourrait  fournir 

2  ( C"  IP"+'  OH  )  +  Th  0^  =  H2 0  -+-  Th  O  (  OC"  H^«+'  )-, 


puis,  sous  l'action  de  la  chaleur, 

ThO(OC"H=''+')2=Th02-HH20  +  2C"lI-". 

Thorinate.  Carbure. 

On  pouvait  prévoir  que  si,  dans  le  système  où  se  trouve  de  la  sorte 
engendré  le  thorinate,  on  introduit  un  acide  de  fonction  plus  énergique  que 
celle  de  l'hydrate  de  thorium,  cet  acide  pourra  déplacer  ce  dernier,  tout  au 
moins  en  partie,  et  produira  l'éther-sel  correspondant. 

Ainsi  on  aurait 

ThO(OG"H2«+')''-l-2AlI=:2(AC''H="^')  +ThO=+  H^O. 

Tliorinate  Vcide.  Kther-sel. 

alcoolique. 

Et  si  cet  acide  est  en  même  temps  incapable  d'agir  sur  la  fonction  basique 
de  l'hydrate  de  thorium  pour  le  transformer  en  un  sel  stable,  cet  hydrate  va 
régénérer  l'oxyde  de  thorium,  qui  pourra  recommencer  indélinimenl  le 
même  cycle  de  réactions. 

L'acide  sulfhydrique,  n'exerçant  aucune  action  sur  l'alumine  ni  sur  la  iho- 
rine,  pouvait  être  essayé.  Or,  d'après  les  indications  que  fournit  la  Méca- 
nique chimique,  l'activité  de  ses  deux  fonctions  acides  doit  surpasser,  tout 
au  moins  pour  lune  d'elles,  l'activité  de  la  fonction  acide  déshydrates  d'alu- 
minium on  de  thorium. 

Nous  avons  donc  pensé  qu'on  aurait  successivement 

ThO(OC"H5»+')-^-+-2H-S  =  2(C»H-^«+'SH)  -hTIiO^+H-O 

Thorinate  Thiol. 

aIcnolit|ue. 

et  ensuiti',  plus  difficilement,  à  partir  de  la  fonction  acide  tjui  subsiste  en- 
core dans  le  thiol  (sulfhydrate  acide)  : 

TllO(OC"ll2«+')^^-2(C"lI^''+'SIl)=r2(C"H-"+')■^S-^ïhO^+H20. 

Tliorinate  Thiol.  Sulfate  neutre, 

alcoolique. 


i 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  1219 

L'oxyde  de  thorium  étant  régénéré  pourra  l'éagir  de  nouveau  sur  les 
alcools,  et  si  l'on  continue  à  faire  intervenir  de  l'acide  sulfhydrique,  il  pourra 
fonctionner  indéfiniment  comme  catalyseur  pour  engendrer  des  tliiols  et 
même  des  sulfures  neutres  alcooliques. 

Nos  prévisions  ont  été  absolument  vérifiées  pai'  l'exjjérience  :  il  y  a  réel- 
lement production  de  thiols,  et,  dans  une  moindre  proportion,  de  sulfures 
neutres. 

Nous  en  avons  déduit  une  méthode  de  préparation  directe  des  thiols  à  par- 
tir des  alcools. 

Il  suffit  de  diriger  sur  une  traînée  d'oxyde  de  thorium,  chauffée  entre  3oo°  et  36o°, 
un  mélange  d'hydrogène  sulfuré  et  des  vapeurs  de  l'alcool  que  l'on  veut  transfor- 
mer (').  Les  gaz  sont  envoyés,  au  sortir  du  tube  à  oxyde,  dans  un  réfrigérant,  où  se 
condense  le  thiol,  avec  l'eau  formée,  les  petites  portions  d'alcool  non  décomposé,  et 
une  certaine  dose  de  sulfure  neutre.  Le  ihiol  est  isolé  facilement  de  ce  mélange  par 
une  distillation  fractionnée,  précédée,  s'il  est  nécessaire,  par  une  décantation  pour  sé- 
parer l'eau. 

Une  portion  de  ralcooi  employé  échappe  à  la  réaction  en  subissant  la  déshydrata- 
lion  ;  elle  est  peu  importante  avec  les  alcools  primaires  forméniques,  si  la  température 
n'est  pas  trop  haute;  elle  est  au  contraire  assez  élevée  pour  les  alcools  secondaires, 
où  la  formation  des  carbures  élhyléniques  est  très  facile. 

Nous  avons  ainsi  préparé  à  partir  des  alcools  primaires  forméniques  cor- 
respondants : 

Ébull. 

Le  métlianethiol 6 

L'élhanethio! 36 

Le  propanelhiol, 67 

Le  mélhylpropanethiol, 88 

Le  méthylj-butanethioli 116 

Le  rendement  est  très  bon  quand  le  thiol  n'est  pas  trop  volatil,  et  peut 
être  condensé  facilement  par  réfrigération  au  sein  du  courant  gazeux.  Dans 
le  cas  de  l'alcool  isoamylique,  il  a  surpassé  73  pour  100. 

Nous  avons  isolé  de  même,  avec  un  excellent  rendement,  à  partir  de 
l'alcool  allylique,  le  propénethiol^  qui  bout  à  90°. 

L'alcool  benzylique  donne  avec  un  rendement  assez  satisfaisant  le  phényl- 
mélhanelhiol,  qui  bout  à  19  V  accompagné  d'une  certaine  dose  de  sulfure 


(')   On  peut  employer  l'hydrogène  sulfuré  mêlé  d'hydrogène  que   fournit  l'attaque 
du  sulfure  de  fer  par  les  acides  minéraux. 


I220  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

neutre  ('G*'H*CH-)-S,  que  la  distillation  détruit  en  donnant  surtout  du 
stilbène  solide  fondant  à  laZj"- 

Les  rendements  sont  moins  satisfaisants  et  ne  dépassent  guère  un  tiers, 
avec  les  divers  alcools  secondaires.  Nous  avons  préparé 

Ébull. 

Le  propanelliiol^ 58 

IjB  cycloliexanelhiol 1 55 

L'orthomélhylcyclohexanetliiol • i6i 

Le  niélaniéthylcyclohexanelliiol i68 

Le  paramélhylcyclohexanelhiol i6q 

IjC  cyclohexanelliiol  avait  été  obtenu  par  Borsche  et  Lange  en  hydro- 
génant  le  chlorure  de  cyclohexanesulfonyle,  et  décrit  comme  bouillant 
à  i58°-]6o°  (').  L'un  de  nous  l'a  isolé  avec  M.  Murât  par  action  du  soufre 
sur  le  chlorure  de  cyclohexylmagnésium  et  indique  comme  bouillant 
à  i52°  (-).  Notre  méthode  directe  nous  a  conduits  à  un  produit  bouillant 
à  i55°. 

Le  métaméthylcyclohexanethiol  avait  été  isolé  par  Borsche  et  Lange  ('), 
et  décrit  comme  bouillant  à  172°- 174°.  Nous  avons  obtenu  comme  point 
d'ébullition  168°. 

L'orthométhylcyclohexanethiol  et  le  paraméthylcyclohexanethiol  n'a- 
vaient jamais  été  isolés  antérieurement. 

Production  des  ihiophénols.  —  Les  oxydes  catalyseurs  de  déshydratation 
n'exercent  sur  le  phénol  et  ses  homologues  aucune  action  appréciable  au- 
dessous  de  l\oo°.  \ers45o",  sur  la  thorine,  on  obtient  avec  le  phénol  une 
faible  formation  ^''oxyde  de phcnyle,  bouillant  à  200",  issu  sans  doute  do  la 
décomposition  d'une  combinaison  instable  engendrée  par  la  thorine  et  le 
phénol.  On  pouvait  prévoir  que  l'action  de  l'acide  sulfhydrique  sur  le 
phénol,  en  présence  de  l'oxyde  catalyseur,  ne  pourrait,  si  elle  a  lieu,  se 
manifester  qu'au-dessus  de  4oo". 

C'est  ce  que  l'expérience  a  vérifié.  Kn  dirigeant  sur  la  thorine  chauffée 
entre  ^\'5o"  et  48o°  le  mélange  des  vapeurs  de  phénol  ou  d'un  crésol  et 
d'acide  sulfhydrique,  on  obtient  effectivement  le  <A/oyj//e/zo/ correspondant  : 
mais  le  rendement  est  bien  inférieur  à  celui  que  donnent  les  alcools,  et,  dans 
le  cas  le  plus  favorable,  a  atteint  seulement  17  pour  100.  Une  température 

(')  Borsche  et  Laj^gk,  Ber.  Cliem.  Ges.,  i.  \X\IX,  190G,  p.  39?. 
(')  Mailiie  et  Mlrat,  Bull.  Soc.  chini.,  4"  série,  t.  VII,  1910,  p.  28S. 
(')  Borsche  et  Lange,  Ber.  Chem.  Ges.,  t.  XL,  1907,  p.  2220. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  I22I 

supérieure  à  5oo"  le  diminue,  à  cause  de  la  destruction  déjà  importante  que 
subit  l'hydrogène  sulfuré.  La  méthode  appliquée  aux  divers  phénols  con- 
stitue donc,  plutôt  qu'un  procédé  réel  de  préparation,  un  mode  de  forma- 
tion, permettant  de  montrer  commodément  dans  un  cours  la  production 
des  thiophénols,  pour  en  manifester  les  réactions  caractéristiques  qu'ils 
fournissent  avec  l'acide  sulfurique  concentré,  pourpre  pour  le  thiophénol, 
bleue  pour  le  thiométacrésol,  rose  pour  le  thio-orthocrésol. 


ELECÏIOIVS. 

L'Académie  procède,  parla  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Physique,  en  remplacement  de  Lord  Rav/eigh,  élu 
Associé  étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  3j, 

M.  Blaserna  obtient 29  sull'rages 

M.  Ch.-Ed.  Guillaume        »        4         » 

M.  J.-J.  Thomson  »        2  » 

M.  lÎLASKiiNA,  ayant  réuni  la  majorité  des  suiîrages,  est  élu  Correspuu- 
dant  de  l'Académie. 

IVOMINATIOIVS. 

M.  le  MixiSTUii  DES  Ai'FAiRiis  ÉTKAXGÈKEs  transmct  à  l'Académie  le  désir 
exprimé  par  S.  ]']\c.  l'Ambassadeur  d'Angleterre  de  voir  l'Institut  de  France 
se  faire  représenter,  par  une  délégation  de  cinq  membres,  au  service  funèbre 
qui  sera  célébré  le  vendredi  20  mai  à  l'Eglise  anglaise,  à  la  mémoire  de 
5.  M.  le  Roi  Edouard  VII. 

L'Académie  désigne  son  président,  M.  Armand  Gautier,  pour  la  repré- 
senter à  celte  cérémonie. 


CORRESPOIXDAIVCE . 

M.  Jean  Bossciia,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Physique,  adresse 
des  reraerciments  à  l'Académie. 


1222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Les  Comptes  rendus  des  séances  de  la  troisième  réunion  de  la  Commission 
permanente  de  l'Associ.vrwis  intehnaiionale  de  Sismologie,  réunie  à  Zermatt 
du  3o  août  au  2  septembre  1909;  rédigés  par  le  Secrétaire  général  R.  de 

KbVESr.lGETUY. 


ASTUONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  de  la  comète  de  Halley.  Note 
de  M.  E.  EscLAXGox,  présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

Les  figures  schématiques  suivantes,  déduites  des  observations  que  j'ai  pu 
faire  à  l'Observatoire  de  Bordeaux  (équalorial  de  o™,38  d'ouverture)  se 
rapportent  (sauf  la  figure  i  )  à  divers  aspects  récents  de  la  tète  de  la  comète 
dcHallev. 

I.a  figure  I  repiésente  l'aspect  de  la  comète  à  une  date  déjà  éloignée,  le  i3  féviier 
dernier.  l>a  nébulosité  est  presque  circulaire,  ou,  du  moins,  parait  telle;  mais  le 
noyau,  encore  mal  limité,  présente  déjà  deux  prolongements,  lui  donnant  un  aspect 
vaguement  tiiangulaire. 


Ajre  de  la  Comète 


Fi^.  I.   —  i3  février.  Fig.  2.  —  a-;  avril.  Fig.  3.  —  10  mai.  Fig.  4-  —  ■'  niai. 

Figures  scliéniati(|ues  ilùduiles  des  observations  ('). 

La  (igure  2  se  rapporte  à  une  observation  du  27  avril.  l..e  faisceau  d'aigrclles,  à  l'avant 
du  noyau,  est  très  visible;  le  contour  au  sommet  paraît  nettement  limité  et  parabo- 
lique, le  noyau  restant  un  peu  en  arrière  du  foyer.  Les  deux  surfaces  de  discontinuité 
issues  du  noyau,  s'ouvrant  en  forme  de  V  à  branches  courtes,  sont  très  apparentes  et 
nettement  marquées.  Le  ciel  était,  du  reste,  très  pur. 

La  figure  3  est  relative  à  une  observation  du  10  mai  (ciel  également  très  beau).  Les 
aigrettes  ont   grandi  en   dimensions  apparentes.   Elles  s'ouvrent  en  éventail  sous   un 

{')  Les  dates  sont  exprimées  en  temps  civil.  Les  tiaits  pleins  se  rapportent  aux 
caractères  très  visthles  et  très  nettement  observés;  les  traits  discontinus  à  ceux  qu'un 
état  moins  bon  du  ciel  on  des  modifications  de  l'asire  n'ont  pas  permis  de  distin- 
guer aussi  netleuient. 


SÉANCE  DU  17  MAI  I910.  1223 

angle  de  70"  el  ont  une  longiieiir  d'environ  00"  aux  bords  extrêmes.  Cependant  les 
surfaces  de  discontinuité  en  V  paraissent  un  peu  moins  nettes  que  dans  l'observation 
du  27  avril.  I^a  queue  de  la  comète  m"a  paru  avoir  le  10  mai  une  longueur  d'envi- 
ron 10". 

Le  1 1  mai,  le  ciel  était  légèrement  nuageux;  les  aigrettes  de  l'avant  sont 
cependant  très  brillantes,  mais  il  m'a  semblé  que  leur  orientation  moyenne 
s'écartait  très  notablement  de  l'axe  de  la  comète  (axe  Comète-Soleil),  ainsi 
que  le  montre  la  figure  4-  Y  aurait-il  une  oscillation  des  aigrettes,  ainsi  qtie 
cela  fut  observé  en  i835?  L'inconstance  du  temps  s'opposant  à  la  conti- 
nuité des  observations  ne  m'a  pas  permis,  à  Bordeaux,  de  vérifier  ultérieu- 
rement une  telle  variation. 

Mais  un  caractère  frappant  (que  je  n'ai  pas  observé  le  10  mai,  à  cause 
probablement  de  l'heure  un  peu  tardive  et  de  l'influence  de  la  clarté  du  jour 
qui  se  faisait  déjà  sentir)  dans  l'aspect  de  la  comète  le  11  mai  était  la  très 
grande  longueur  de  la  queue;  sensiblement  rectiligne  el  très  pâle,  elle  attei- 
gnait 25°  (la  distance  angulaire  des  étoiles  y]  et  ^  de  la  Grande  Ourse).  Elle 
était  très  visible,  malgré  les  quelques  nuages  qui  couvraient  l'horizon  est. 
Vers  son  extrémité  elle  avait  plusieurs  degrés  de  largeur  apparente.  En 
admettant  que  la  queue  puisse  être  courbe  dans  le  plan  de  l'orbite,  la  cour- 
bure doit  être  faible  en  raison  de  la  rectitude  apparente  observée  d'une  part, 
et  de  l'angle  très  sensible  que,  d'autre  part,  le  rayon  visuel  faisait  le  1 1  mai 
avec  le  plan  de  l'orbite. 

En  adoptant  le  chiffre  de  25°  pour  la  longueur  apparente,  on  trouve  pour 
la  longueur  absolue  de  la  queue  le  11  mai,  en  fonction  du  demi-axe  de 
l'orbite  terrestre,  0,18,  c'est-à-dire  une  longueur  supérieure  à  la  distance 
qui,  le  K)  mai,  séparera  la  Terre  du  noyau  de  la  comète.  D'autre  part,  les 
positions  actuelles  observées  restent  très  approxiiuativement  d'accord  avec 
les  éphémérides.  Donc,  à  moins  de  modifications  importantes  et  rapides, 
avec  lesquelles,  du  reste,  on  doit  toujours  compter  lorsqu'il  s'agit  des 
comètes,  il  semble  bien  que  la  Terre  doive,  le  19  mai,  traverser  eft'ective- 
ment  la  queue  de  l'astre. 

Du  reste,  plus  récemment  encore,  le  iG  mai,  à  2''3()"'  du  malin,  alors  que 
la  tète  de  la  comète  était  encore  sous  l'horizon,  j'ai  pu  repérer  avec  assez 
de  précision  l'extrémité  de  la  queue.  Celle-ci  dépassait  la  ligne  £  Pégase  à 
p  Verseau;  sa  limite  extrême  paraissant  être  a  l'élit  Cheval.  A  1  5"  ou  ao° 
de  son  extrémité,  elle  avait  6°  à  7°  de  largeur,  mais  elle  allait  ensuite  en 
s'amincissant  notablement  jusqu'à  l'extrémité  même.  Elle  était  pâle,  mais 
cependant  très  visible. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  20.)  l(Jl 


1224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  déduit  de  celte  observation  que  la  queue  avait  65"  de  longueur  appa- 
rente, ce  qui  correspond  à  une  dimension  absolue  égale  à  0,20  (dans 
l'observation  du  11  mai  j'avais  trouvé  0,18,  mais  je  considère  celle  du 
16  mai  comme  meilleure).  La  distance  de  la  Terre  au  noyau  étant  0,16  le 
i()  mai,  on  peut  en  conclure  que  la  queue  s'étendra  au  delà  de  la  Terre  à 
une  dislance  d'environ  5  millions  de  kilomètres. 


ASTRONOMIE.   —  Sur  i aplatissement  de  lo,,  premier  satellite  de  Jupiter. 
Note  de  M.  J.  Comas  Soi.a,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

Dès  que,  en  igoi,  je.  ponmiençai  d'pbserve}'  Jupiter,  avec  Féqualorial 
double  Maiihat  de  3t^'''°  de  l'Observatoire  Fabra,  je  vis  le  sî^telUte  Ip  allongé 
q\;  très  aplati.  Ces  premières  observations  firent  l'objet  d'une  Note  que 
j'eus  l'Iionneur  (l'adresser  a  l'Académie  (Comptes  rendus  du  »o  j^in  1907) 
cl  où  i'aflîrmais  la  réalilé  de  ce  surpren£ni|  allongement. 

Depuis  lors  j'ai  continué  à,  abseryç.!;  pe  satellite,  en  proiltant  des  plus 
Celles  images,  et  le  résultat  a  çté,  poyir  moi,  une  cqnfirmf^tion  complète  c^e 
cet  aplatissement.  Maintenant,  je  considère  comme  sûr  que  lo  est  \rtis 
aplati  et  que  son  aplatissem,ent  est,  par  sa  grandeur,  supérieur  à,  tout  ce 
que  l'oii  connaissait  dan^  notre  système  solaire. 

Je  n'insisterai  plus  sur  les  ellets  optiques  ou  topographiques  du  disque 
pour  expliquer  cet  aplatisse.^iç.Dit;  aucune  de  ces  considération^  ne  peut 
^.endre  compte  de  \a.  fig\ire  singulière  de  Iq.  D'ailleurs  son  ombre  sur  l;^  pla- 
nète est  allongée  aussi  (Note  citée). 

Pour  éviter  toutç  suggestion,  quafld  j'observe  Jupiter  je  fais  toujours 
l'expérience  de  deviner  le  satellite  I  par  son  allongeJiicnt,  et  jamais  je  ne  me 
suis  trompé.  Dans  les  belles  soirées,  cet  allongement  est,  en  général,  évident 
avec  un  grossisse  ment  dp  55o;  i^l  çst  très  (rappant  avec  750  (le  plus  fort  (le 
].'instru,ççiei:it). 

La  moyenne  générale,  jusqu'à  présent  (de  igoSà  1910),  de  mes  mesures 
de  l'angle  de  position,  de  la  direction  de  l'allongement,  par  rapport  au  plan 
de  l'orbite  du  satellite,  donne  une  valeur  sensiblement  nulle.  On  peut  donc 
admettre,  au  moins  provisoirement,  que  le  plan  equaturial  de  lo  coinci^ç 
avec  le  plan  de  son,  orbite. 

D'autre  part,  l'allongement  n'est  pa,s  tout  à  fait  constant,.  Ces  variations 
d'allongement,  très  difiiciles  à  obsçrvçr,  seraient  in,dépend,antes  dç,  la  posi- 
tion du  satellite  par  rapport  à  la  planète. 


SÉANCE  DU  17  MAI  I9IO.  1225 

Pour  la  détermination  de  la  valeur  de  cet  aplatissement,  eu  égard  aux 
très  faibles  dimensions  apparentes  de  cet  astre,  au  lieu  de  faire  des  mesures 
micrométriques,  j'ai  préféré  comparer  la  figure  lélescopique  de  lo  à  des 
ellipses  dessinées  sur  du  papier  et  d'aplatissements  variés.  De  cette  façon, 
j'ai  fixé  l'aplatissement  maximum  à  ^.  Quant  au  minimum,  jamais  le 
disque  dii  satellite  n'a  été  pour  moi  un  cercle,  mais  quelquefois  je  l'ai  vu 
très  peu  différent  de  cette  figure. 

Je  hè  crois  pas  que  ce  singulier  aplatissement  de  lo  ait  pour  origine  un 
très  rapide  mouvement  de  rotation  de  cet  astre;  et  il  semble  bien  pkis 
naturel  de  chercher  la  cause  dans  l'attraction  de  .lupiter  sur  le  satellite. 

On  peut,  à  ce  sujet,  faire  deux  hypothèses: 

i"  Le  satellite,  pendant  son  état  de  fluidité  piimitive  el  par  refTe't  des  marées  pro- 
duites par  Jupiter,  aurait  subi  un  commencement  de  segmentation  et  pris  ta  forme 
spéciale  d'équilibre  dite  apiodale  .'j'ai  pu,  en  effet,  observer  plusieurs  fois  une  sorte 
d'étranglement  du  satellite  vers  sa  partie  moyenne;  2°  le  satellite  aurait  subi  une  seg- 
mentation complète  et  produit  deux  corps  qui  tourneraient  autour  du  centre  de 
gravité  commtin,  corps  dont  les  masses  seraient  comparables,  presque  égales,  et 
dont  les  surfaces  seraient  presque  tangentes,  offrant  ainsi  une  disposition  très  sem- 
blable à  celle  de  l'étoile  variable  U  Optiiucbus.  Plusieurs  fois  të  satellite  m'a  produit 
l'efTet  d'une  grosse  étoile  double  trop  serrée  pour  être  nettement  dédoublée.  Dans 
celte  liypothése,  la  révolution  des  composantes  aurait  lieu  eii  plusieurs  heures,  ce  qui 
est  compatible  avec  les  observations,  car  elles  me  font  croire  que  les  variations  d'alloTr- 
gemenl  sont  sensibles  dans  l'intervalle  d'une  seule  soirée. 

II  me  serait  très  agréable  que  quelque  astronome,  disposant  d'un  très 
puissant  instrument  et  de  très  belles  images,  voulût  bien  se  livrer  à  cette 
étude,  en  vue  de  déterminer  la  cause  des  aspects  surprenants  que  j'observe 
depuis  longtemps  dans  ce  satellite. 

ASTRONOMIE.  ^  Observations  de  la  comète  de  Halley-,  faites  à  l' Observatoire 
de  Marseille^  au  chercheur  de  comètes.  Note  de  M.  Boiskelly,  présentée 
par  M.  Maurice  Hamy. 

Comète  de  llalléy   1909  c. 


Nombre 

Dates. 

Temps  moyen 

de 

Log.  facl. 

Log.  fact. 

1910. 

de  Marseille. 

A.il. 

iai 

coin  p. 

."R  apparente. 

paraît. 

1.0 y.  apparente. 

parai! . 

Avril  21. 

h       m       s 

16. 10. 3o 

^^0.   3, 

,01 

-  3.'i3,"3 

5:5 

Il       m      s 

23.5t.   3,37 

-T,&33 

82  ."i  3. '34, "5 

—0,770 

»         23. 

16.     3.23 

—  Ô.32 

'72 

—  4.10,8 

5:5 

23.50.27,68 

-"1,634 

82'.i2.?6,8 

—0,769 

»      24. 

iS.Dj . 33 

— 0.4' : 

.•7 

—  5.21,5 

5:5 

23. 5o. 19,25 

-T,634 

82. rr.26,0 

—0,770 

I22() 


ACADEMIE    DES    SCIE^CES. 


Noiiilire 

L) il  les. 

Temps  mo\ei 

de  ' 

Log.  fact. 

Log.  fact. 

1!)10. 

de  Mai-sciilc. 

A,«. 

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C0II1|). 

.11  aiipaieTilc. 

parall. 

i.O'i'  apparcnle. 

parall. 

•  • 

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15'.' 3  7 '"4  s' 

— o.4i , 12 

-  7-    '"'9 

5:5 

Il  _     m       s 

23 .5o. 19, 32 

-î,635 

82".  9:45:5- 

-0,772 

4 

»         2  f) 

iS.Sg.Sr) 

—0.  3,02 

+  2.57,0 

5:5 

23. 5o. 19,75 

-T,633 

So.    9.46,4 

—0,-78 

5 

»       26 

i5.47-25 

+0.   5,38 

+  o.5o,o 

5:5 

23. 5o. 28,24 

-î,634 

82.  7.39,3 

—0,770 

6 

»      27 

16.   5.53 

+0.23,62 

—  2 .   6,1 

5:5 

23.5o.46,5o 

-T,63i 

82.  4.43,1 

—0,765 

7 

»       28 

I 5 . 55 . 4o 

+0.52,77 

—  5.49,1 

5:5 

23, 5i. 15,67 

— î,632 

82.    I.   0,0 

— 0,766 

8 

»      29 

I 5. 52. 25 

+  i.33,o4 

—  10.16,9 

5:5 

23. 5 r .55,96 

— î,632 

81. 56. 32,1 

— 0 , 765 

9 

lai       I 

15.38.34 

-3.46,21 

+  11.48,7 

4:4 

23.54.    0,-''O 

— ï,633 

81.44.37,0 

— 0,767 

10 

»        6 

i5. 39. 16 

+0.47,44 

+  8.45,4 

5:5 

0.   5. I 1 ,28 

-T,633 

So. 47.56,0 

—0,763 

1 1 

»        7 

15.17.49 

+4.31,90 

—  9.23,0 

3:3 

0.   8.55,76 

— T,637 

80.29.47,5 

—0,769 

12 

»         S 

i5. i3.20 

+  1  . 2 1 ,92 

-7-  8,' 

5:5 

0. 13.28,75 

— î,637 

80.   8.18,7 

—  0,770 

i3 

9 

i5. 32. 42 

+2.50,67 

+  10.56,3 

5:5 

0. 19.   6,27 

-T,636 

79.42.21 ,9 

-0,763 

14 

»       10 

15.17.47 

—  I.    2,42 

+ I 4 ■  5,0 

5. 5 

0. 25.47 '6' 

— T,639 

79.11 .59,8 

-0,769 

i5 

G'. 

7 


7 

8,1 

8,1 

8,1 

8, 1 

8,1 

8 
8 
6 , 8 

8.7 
8 


;r  moyenne 

1910,0. 


Étoiles  de  comparaison. 

Réduction         'jP  moyenne.       Itédnclin 
au  jour.  lillO.O.  an  jour. 


23.5l . 
23. 5l. 

23.5i . 
23. 5i 


',49 
1 ,  49 

■.49 


23.50.23,88 
23.50.23,88 
23. 5o. 23,88 
23. 5o. 23, 88 
23. 5o. 23,88 
23.57.47 ,65 

o.  4 -24 ,70 

o.  4.24,70 
0.12.  7,68 
o. 16. 16,45 
0.26.50,91 


-',09 
-1,07 

-I  ,o5 
-I  ,o4 
-1 ,02 
-1 ,00 
-0,98 
-0,96 
-o ,  94 

-0,86 

-0,84 

-o,85 
-o,85 
-o,S8 


82 . 16.39,0 
82. 16.39,0 
82. 16.39,0 
82. 16.39,0 
82.  6.40,9 
82.  6.40,9 
82.  6.40,9 
82.  6.40,9 
82.  6.40,9 
Si .32.40,5 
80.39.  3,4 
80.39.  3,4 
80 . I 5 . 19,9 
79. 3(. 18,8 
78.57.48,3 


8,8 
8,6 
8,5 
8,4 
8,5 

8,4 
8,3 
8,2 
8,1 
7,8 

7-' 
6,9 
6,8 


11818, 
11818, 
11818, 
11818, 
1181 3, 
ii8i3, 
ii8i3, 
1  i8i3, 
1 iSi3, 
1 18.58, 
n8i3, 
1 i8i3, 
1 1S61, 
11887, 
1 1 1 20, 


Autorités. 

,  Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leipzig 
Leijizig 
Lei|i7.ig 
Leipzig 


II,  AG 
II,  AG 
II,  AG 
II,  AG 
II,  AG 
11,  AG 
II,  AG 
II,  AG 
II,  AG 
11,  AG 
11,  AG 
II,  AG 
11,  AG 
1,  AG 
I,  AG 


Remarques.  —  Le  16  avril,  la  comète  de  llalley  odre  l'aspect  d'iin  noyau  coiuiensé, 
presque  dépourvu  de  chevelure,  de  5°  grandeur;  elle  hrille  moins  (]ue  Tétoile  w  des 
Poissons  qui  est  dans  son  voisinage  et  disparaît  bien  avant  elle  dans  la  lumière  du 
jour.  Le  18  avili,  la  comète  a  même  apparence  que  Pavant-veille;  elle  est  pourtant  un 
peu  plus  brillante.  Le  21  avril,  le  noyau  de  la  comète  est  ètalè,  comme  écrasé  et 
entouré  d'une  rlicvelure;  la  queue  est  bien  visible,  la  branche  principale  est  sensible- 
iiRMil  parallèle  à  la  direction  du  mouvement  diurne,  elle  se  prolonge  dans  toute 
l'étendue  du  cliainp  de  la  lunette.  L'éclat  du  noyau  est  de  If-^"  grandeur. 

Le  23  avril,  l'aspect  de  la  conièlç  a  changé,  la  queue  est  divisée  en  deux  branches 


SÉANCE  DU  17  MAI  191O.  1227 

et  une  aigielte  pari  du  noyau  se  dirigeant  vers  le  Sud;  te  noyau  a  une  teinte  rouge 
clair  bien  prononcée.  Le  24,  le  noyau  parait  aussi  brillant  que  Tétoile  w  des  Poissons 
et  deux  aigrettes  se  montrent  au  Sud  et  au  Nord.  Le  2.5,  la  comète  a  l'éclat  d'une 
étoile  de  3''-4"  grandeur,  les  deux  aigrettes  de  la  veille  subsistent  toujours.  A  l'œil  nu, 
on  voit  la  queue  sur  une  étendue  d'environ  3°.  Le  26,  le  noyau  est  lirillant,  il  surpasse 
en  éclat  (,)  des  Poissons.  A  l'œil  nu,  la  queue  est  très  apparente.  Les  aigrettes  subsistent 
toujours  et,  par  instants,  on  croit  voir  d'autres  jets  s'échapper  du  noyau.  Le  27,  le 
ciel  est  brumeux,  la  comète  est  plus  pâle  tant  dans  la  lunette  qu'à  l'œil  nu.  Le  28,  la 
comète  est  de  3°  grandeur,  le  noyau  d'apparence  planétaire  mesure  8",  le  diamètre  de 
la  tête  2'.  Elle  reste  visil)le  jusqu'à  i9''6"'  t.  s.  et  disparaît  après  l'étoile  11818  A.  G. 
de  7°  grandeur. 

Le  29  avril,  la  comète  a  presque  l'éclat  de  y.  Pégase;  on  voit  deux  aigrettes,  l'une 
plus  brillante  que  l'autre.  La  queue  a  encore  augmenté  en  longueur,  elle  atteint  l'as- 
cension droite  de  Vénus,  mais  se  trouve  beaucoup  au-dessus.  Le  i'""'  mai,  le  noyau 
paraît  allongé  par  suite  de  l'éclat  des  aigrettes;  il  a  l'éclat  de  a  Pégase.  La  queue 
s'étend  à  lo"  et  passe  à  loo^o'  au-dessus  de  \'énus.  Le  2  mai,  la  comète  est  très  belle, 
le  noyau  a  plutôt  l'apparence  slellaire  aujourd'liui,  la  queue  mesure  10°  de  longueur 
et  passe  à  plus  de  10°  au-dessus  de  Vénus.  Le  4  mai,  la  comète  est  superbe;  son  éclat 
est  sensiblement  celui  de  Markal.  Le  noyau  mesure  10",  la  tête  .5'  à  i5''i2"'.  La  queue 
a  1.5°  de  longueur.  Le  6  mai,  la  comète  est  magnifique;  elle  s'étend  dans  le  cairé  de 
Pégase,  de  y  à  a  avec  Vénus  au-dessous.  IJeux  belles  aigrettes  partent  du  noyau  en 
haut  et  en  bas,  la  queue  a  une  longueur  de  iS"  à  16°.  Le  7  mai,  la  comète  a  sensible- 
ment le  même  aspect  que  la  veille.  On  voit  trois  étoiles  filantes  qui  parlent  non  loin 
de  la  région  de  la  comète.  Le  8  mai,  la  comète  a  une  troisième  aigrette  dirigée  vers  le 
Soleil.  La  queue  s'est  encore  allongée  et  atteint  18°.  La  comète  est  toujours  liés  belle, 
le  ciel  est  un  peu  nuageux  dans  la  région  le  9  mai.  Le  ciel  est  médiocre  le  10  mai,  la 
comète  est  néanmoins  très  belle.  Le  11  mai,  le  ciel  est  brumeux;  on  voit  néanmoins  la 
comèle  qui  est  toujours  superbe.  Une  étoile  filante  d'un  bel  éclat  traverse  le  champ  de 
la  lunelte,  maichant  parallèlement  avec  la  comète,  mais  en  sens  contiaireà  i8''43"'47'' 
temps  sidéial. 

Le  i3  mai,  à  i5''  t.  m.,  la  comèle  paraît  s'être  brusquement  et  notablement  trans- 
formée. Son  noyau  brille  comme  une  étoile  de  1"^^  grandeur  el  mesuie  1 1"  de  diamètre. 
Un  trait  brillant,  qui  n'existait  pas  les  jours  précédents,  part  du  noyau  à  l'opposé  du 
Soleil  et  partage  la  queue  rectiligne  qui  mesure  actuellement  43°  de  longueur.  L'extré- 
milé  de  celle  queue  a  l'intensité  des  étoiles  de  6'^  grandeur  et  se  trouve  à  la  position 
approchée 

iR  =  22''6™         et         D  =  +-6°. 

Il  fait  grand  jour  que  la  comète  est  encore  visilile. 


GÉOMÉTRIE  INKINITÉSIMALI;.    —    Sur  une   nouvelle  classe  de  sur/aces. 
Note  de  M.  Tzitzéica. 

Je  me  propose  de  oompléler  sut'  plusieurs  points  les  résultats  de  ma  der- 
nière CoiuiBwnicaùon  (i8  avril  1910), 


1228  ACADÉMIE    DÈS   SCIENCES. 

1.  Tout  d'abord,  si  la  surface  initiale  S  est  une  quadriquea  centre,  toutes 
les  surfaces  transformées  sont  aussi  des  quadriques  ayant  le  même  centre 
que  S. 

On  déduit  de  là,  par  une  transformation  homographique,  les  congruences 
W  les  plus  générales  admettant  comme  surfaces  focales  des  quadriques.  (]e 
résultat  est  d'ailleurs  implicitement  compris  dans  un  travail  de  M.  C  Seyne 
sur  fes  congruences  AA'  (Accarl.  cli  Toriiw^  1907). 

2.  Si  la  surface  initiale  est  simplement  réglée,  les  surfaces  transformées 
sont  aussi  sinqalement  réglées. 

•\.  Dans  le  cas  où  S  est  une  surface  quelconque  pour  laquelle  on  a 

K  :  /?*=:  consf., 

la  première  transformation  exige  rinlégration  du  sysléme 

h  ait  ôii         I  —  c  II  dv 
(1)  \    "  ','    —  h  W  (c  =  consl.), 

I  dh  <m 

Il  <)v    t)v 

h  étant  une  intégrale,  nécessairement  cennue  en  même  temps  que  la  sur- 
face S  considérée,  de  l'équation 

.r-\oR/>         _   . 


>)ii  ûv  h- 

Si,  quelle  que  soit  la  constante  c,  on  a  olilenu  l'intégrale  générale  du 
système  (i),  alors  l'application  des  transformations  suivantes  ne  demande 
plus  d'intégration. 

Pour  démontrer  cette  proposition,  je  me  suis  servi  de  la  propriété  sui- 
vante, analogue  au  théorème  de  permûtabïlité  de  M.  Blanchi.  Considérons 
les  surfaces  S,  et  S2  obtenues  par  une  première  transformation  de  S,  en 
prenant  dans  le  système  (i)  c  =  c,  et  c  =  c.,.  Parmi  les  transformées  de  S, 
et  celles  de  S._,,  il  y  en  a  une  et  une  seule  commune.  S'. 

4.  Dans  le  cas  où  l'on  prend  c  ^  o,  les  surfaces  transformées  se  réduisonl 
à  des  droites  passant  pai'  l'oi'igine;  si  c  =  ce,  elles  sont  rejetées  à  linluii, 
chaque  point  dn  plan  de  l'infini  correspondâ^jt  à  un  point  déterminé  de  la 
surface,  lorsque  la  solution  11  est  choisie. 


SÉANCE    DB    17    MAI    1910.  1229 

5.   Enfin,  bien  que  rinlégrale  générale  du  système  (i)  soit  de  la  forme 
R  ^  f,Ri-f-  c'jRs-H  C3R3  (c,=:  consl.  ), 

une  des  constantes  c,  disparait  dans  la  première  transformation,  qui  ne 
contient  par  conséquent  que  trois  constantes  arbitraires  :  c,  c,  et  c.,. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  (équation  dijf'érenticlle  du  mouvement 
d' un  projectile  sphèrique  pesant  dans  iair.  Note  (')  de  M.  E.  Ouivet, 
présentée  par  i\I.  Appell. 

I.   On  a  entre  la  vitesse  c  du  centre  de  gravité  et  l'angle  a  de  cette  vitesse 
avec  Thorizon,  l'équation  classique 

M.  P.  jVppell  (Arc/iiv  der  Malhematik  und  P/ijsi/i,  lyo'l)  la  ramène  par  le 
changement  de  fonction 

(•[siiia  -+-  ^(i')]  =  -> 

à  l'équation 

M.  le  colonel  Jacob  (Mémorial  de  l'Artillerie  de  Marine,  1899)  lire  des 
équations  du  mouvement  l'équation  diflërentielle 

(  3  )  -1-3  y"  -H    0-3  y'S  IZli-    +  ^c  (  -1    H-    Lii    _   ,    \  (  ^ry'i  +   ('y'  )   _(_    L    —   O, 

?"  \9  -^  /  ? 

(jui  relie  l'ordonnée  v  à  la  vitesse.  Je  ferai  remarquer  qu'elle  admel  l'inté- 
grale particulière  gy' =  —  {>,  d'où,  en  faisant  le  changement  de  fonc- 
tion g;y'=  —  V  -h'Ç,  l'équation 

(4)  i'5Ç'+-!-^^Ç'+ <•?(?-<• 

r 

elle  est  de  même  forme  que  l'équadon  (2)  et  s'y  ramène  par  le  changement 
de  fonction  t  ^=  i>-(^z. 


(')    Présenlée  dans  la  séance  du  9.  mai  fgio. 


I23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Je  signalerai  une  forme  d'équation  balislifiue  qui  me  paraît  avantageuse. 
Si  dans  Téqualion  (i)  on  introduit,  comme  inconnue,  la  composante  verti- 
cale ^^  de  la  vitesse,  on  trouve  simplement 

(iW       W  o  -H  (• 

(3) 


(/('         VV  +  \'o 

Cette  équation  admet  les  deux  solutions  ^\  =  dz  i>  quelle  que  soit  la  résis- 
tance ;p.  Elles  correspondent  au  mouvement  vertical  ascendant  ou  des- 
cendant. 

II.  L'intégration  du  problème  balistique  peut  être  poursuivie  sur  l'une 
des  trois  équations  précédentes.  A  titre  d'exemple,  je  signalerai  quelques 
cas  que  je  crois  nouveaux. 

i"  L'équation  (2)  est  intégrable,  les  variables  sont  séparées,  si  5  vérifie 

l'équation 

29 -H  ('©'=:  ci'(i  —  9^)  (c=;const.) 

dont  l'intégrale  générale  est 

/    \               Ctic(c  —  (•„) 
9(c)  =  i cT- -r  ((•„=:  consl.); 

2"  L'équation  (2)  est  intégrable  si  elle  admet  une  intégrale  pro[)orlion- 
nelle  au  rapport  des  coefficients  V,  et  V,  des  termes  en  z^  et  s';  la  substi- 
tution s  =  muY-  :  V  sépare  les  variables.  Posons  cp  =/',  on  obtient  pour 
déterminer  y,  l'équation 

''^/"~')  -+-m(w  +  !)((/'  +  /) -t-C  =  o. 

Je  prends  c  =  o,  m  ^= et  j'effectue   la  substitution  (^  =  e"",   f^ye^\ 

prenant  de  plus  y'^=yj  comme  variable,  on  obtient 

dp  p"-  —  4 

qui  est  une  équation   linéaire.  On   a   alors   cp(v)  =  y+yj,  (' ^  e"    '' ;   on 
obtient  donc  9((')  et  v  en  fonction  d'un  paramètre. 
3"  L'équation  (5)  admet  pour  intégrale  générale 

(W  — i')''(W-t-  i')''(W  —  =)'  =  consl., 

OÙ  a,  h,  c  sont  des  constantes  et  z  la  fonction 

{a  +  b  +  c)(^-  —  («  —  b)(f  —  c 
a  —  h  —  (a  -h  b)'j 


SEANCE    DU    17    MAI    19IO. 

si  ^  vérifie  l'équation 

d      ( a  +  b  -h  c)'si-  —  i a  ~  b)o  —  c 


(6)  {a  -\-  b  +  c)^  —  {a  ~  b)- 


(h-  {a  —  h)  —  (a  -{-  b)o 


On  peut  trouver  un  ceitain  nombre  de  cas  d'intégration  de  l'équation  (6) 
qui  conduisent  à  des  lois  de  résistance  nouvelles.  Par  exemple,  pour  a  =  b, 
2a  -h  c  =  I,  on  trouve 


y  c^+A^,.  ', 


loi  physiquement  acceptable  en  donnant  à  c  des  valeurs  négatives.  De 
même  pour  «  +  6-t-c^o,  o  est  une  fonction  homographique  de  la  vitesse 
et  d'une  constante  arbitraire.  Enfin  si  l'un  des  trois  nombres  a,  b,  c  est  nul, 
on  obtient  une  nouvelle  loi  de  résistance  par  l'intégration  d'une  équation 
linéaire.  Ces  exemples  sont  basés  sur  la  connaissance  d'intégrales  particu- 
lières de  l'équation  balistique;  dans  un  Mémoire  ultérieur,  je  montrerai 
tout  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  ces  solutions  particulières  pour  l'intégra- 
tion de  l'équation. 

ANALYSE    MATHÉMATIQUE,    —    Sur  les  fonclionntUes  continues. 
Note  de  M.  Mauuice  Fréchet,  présentée  par  M.  Appell. 

Je  veux  ajouter  ici  quelques  compléments  à  une  remarquable  proposition 
de  M.  Riesz(  '). 

D'après  cette  proposition,  toute  fonctionnelle  linéaire  Uy  définie  dans  le 
champ  des  fonctions  J\x)  continues  de  o  à  i  peut  s'exprimer  sous  la  forme 


^0 


a(j?)  étant  une  fonction  à  variation  bornée  et  l'intégrale  étant  définie  au 
sens  de  Stieltjes.  En  supposant  a(i)  =  o,  la  fonction  ol{x)  est  définie,  sauf 
en  un  ensemble  dénombrable  de  points. 

I.   On  peut  supprimer  cette  indétermination  en  assujettissant,  en  outre, 
la  fonction  a(ar)  à  être  partout  régulière,  c'est-à-dire  en  supposant 

(x{x)=^—^ ^^ pour  o<,f<i. 


(')    F.    RiESZ,    Sur    les   opcrations   foiictio/uielles    {Comptes   re/ifliis   du    29    no- 
vembre 1909). 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  20.)  I^-'- 


1232  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Une  telle  fonction  a(a;)  existe  et  est  unique.  De  plus,  ce  choix  a  l'avan- 
tage suivant  :  a(ic)  dépend  alors  de  Uf  de  façon  distributive  et  continue. 
II.   On  obtient  aussi  une  représentation  unique  de  son  espèce  sous  la  forme 


U/  ^f  A  ^  )  ('"  (-'■  )  +  ^  «'/(  ■^.- ). 


où  u(x)  est  une/onction  continue  à  variation  bornée  et  nulle  pour  x  =^i  et  où 
les  ai  et  les  x,  sont  des  constantes  indépendantes  de  la/onction  f(x).  On  a 

o  _  Xj      I  ; 

et,  ou  bien  les  a,  (supposés  tous  différents  de  zéro)  sont  en  nombre  iini,  ou 
bien  la  série  Srt,  est  absolument  convergente  quand  on  suppose  les  Xj  tous 
distincts. 

Celte  représentation  a  l'avantage  de  mettre  en  évidence  une  sorte  de 
points  singuliers  fixes  de  la  fonctionnelle  U^,  et  de  résidus  correspondants  «,. 
Pour  les  déterminer,  connaissant  U^,  on  peut  procéder  ainsi.  Soit  gfj,(x) 
une  fonction  égale  à  zéro  pour  £r  =  o,  E  —  /î,  ^  H-  A,  i,  égale  à  i  pour  ar-  =  ^ 
et  linéaire  entre  ces  points  [go,h(^)  étant  égale  à  i  pour  x  ^=  o,  nulle  pour 
X  =  h,  I  ;  gt^^  étant  égale  à  i  pour  x  ^  j  ,  nulle  pour  a?  =  o,  i  —  A].  La 
quantité  \J gi/,(x)  a  une  limite  déterminée  quand  h  tend  vers  zéro.  Cette 
limite  est  nulle  partout,  sauf  en  un  ensemble  dénombrable  de  points  qui 
sont  les  points  j?,,  où  la  limite  est  a,-. 

Quand  Uy  est  donnée  sous  la  forme  (i),  on  peut  procéder  autrement  : 
les  a,  sont  les  sauts  de  la  fonction  a 

«^  1=  a  (  j-,-  -+-  o  )  —  3!  (  J",-  —  o  ) 
[ff/z=  «(+ o)  —  «(o)         si         .»",■=  o,  rt,=i  5((i)  —  o((i  —  o)si.r,=  i]. 

Les  Xj  sont  les  points  où  ce  saut  n'est  pas  nul,  c'est-à-dire  les  points  où 
a(a:)  a  une  discontinuité  non  évitable. 

111.  En  se  servant  de  la  remarque,!,  on  peut  étendre  la  formule  de  Riesz 
à  ce  que  j'ai  appelé  des  fonctionnelles  d'ordres  entiers. 

Par  exemple,  une  fonctionnelle  d'ordre  deux  est  une  fonctionnelle  con- 
tinue telle  qu'on  ait  identiquement 

L'^+î+'i;  —  U/+y—  V^+.i,  —  U^+y.  ■+-  Vf  -h  U^  +  U,j,  — -  Uo  —  o. 

Toute  fonctionnelle  homogène  d'ordre  deux  peut  être  représentée  par  la 
formule 


(2)  ^f-=f  f{^r)d,J  f{y)d,u{x.y 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  1233 

(en  indiquant  par  dj.  qu'on  prend  l'intégrale  au  sens  de  Stieltjes  en  fai- 
sant varier  seulement  x).  Dans  cette  formule  a{x,  y)  est  une  fonction 
indépendante  àc  f{x)  et  telle  qu'on  ait 


(3) 


5  M  ;         u {ji\  i)  ^  ii{\  ^  y)  ^o, 


M  élant  un  nombre  fixe  indépendant  de  la  fonction  /'.  La  notation  A  désigne 
l'expression 

A  «(x,  /)  s  u{Xi,  Yj)  —  ii{a:i_i,  7 J  —  ti(jri,  ,ry-i)  +  «(^'i-i,  Jy-i), 

avec  o  =  a-(,  ^o;, . .  .<;x-„  =  I,  o  =^0  <  Ji  ••  •  <  J/.  =  I-  La  condition  (3) 
doit  avoir  lieu  quel  que  soit  le  choix  des  a-,,  yj  en  nombre  quelconque  et 
quels  que  soient  également  les  signes  des  quantités  s,,  e^  égales  à  ±  i. 

Réciproquement,  si  u(x,  y)  est  une  fonction  quelconque  satisfaisant  aux 
conditions  (3),  le  second  membre  de  (2)  a  un  sens  et  représente  une  fonc- 
tionnelle homogène  d'ordre  deux. 

IV.  On  voit  ainsi  qu'on  pourra  mettre  toute  fonctionnelle  d'ordre  entier 
sous  une  forme  plus  simple  que  celle  que  j'avais  d'abord  indiquée  (').  Au 
contraire,  la  représentation  que  j'ai  donnée  des  fonctionnelles  continues 
quelconques  est  plus  simple  que  celle  qu'on  obtiendrait,  si  l'on  voulait  géné- 
raliser le  résultat  précédent  (§  III). 


PHYSIQUE.  —   Le  ihernioplnle  éleclrique  :  /issus,  tapis.,  tricots  chauffant  par 
i électricité.  Note  (")de  M.  Herrgott,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

La  production  si  facile  de  la  cliaieiii'  au  moyen  du  courant  électrique  a  depuis  long- 
temps été  appliquée  dans  quantité  d'appareils  de  cliauiTage  de  formes  surtout  rigides, 
mais  elle  a  permis  également  de  chaufTer  des  corps  souples;  aussi  un  certain  nombre 
d'essais  ont  été  tentés  avec  succès  dans  ce  sens  particulier  depuis  quelques  années. 

D'abord  des  tissus  usuels  ont  été  chaudes  par  l'adjonction  d'un  conducleurélectrique 
fixé  à  leur  surface  par  divers  moyens;  puis  des  fils  de  résistances  électriques  ont  été 
tissés  avec  des  fds  d'amiante  pour  constituer  des  tissus  assez  grossiers  et  former  ainsi 
des  rhéostats  qui  sont  ensuite  devenus,  convenablement  disposés,  des  appareils  de 
chaufTage  à  haute  température;  enfin  un  fil  plus  ténu  et  de  grande  résislivilé électrique 
a  été  enroulé  sur  une  âme  soujjle  en  amiante  pour  former  un    fil  éleclrique  chauffant, 

(')  Reprcsenlalion  def;  fonctionnelles  continues  par  une  série  d'intégrales  mul- 
tiples {Comptes  rendus  du  1"='  février  ujoy). 
(■-)  Présentée  dans  la  séance  du  9  mai  1910. 


Jl>'5/}  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

encore  lioj)  gros  poui'  ùlre  lissé,  mais  pouvant   s'appliquer  sur  des  tissus  en    leur  lais- 
sant une  certaine  souplesse. 

Cependant,  malgré  leur  intérêt  poui-  cliaullei'  le  corps  humain,  ces  divers  essais 
avaient  conservé  à  ces  appareils  et  à  ces  tissus  des  dimensions  encore  assez  reslreinles, 
des  formes  un  peu  spéciales  et  des  aspects  plutôt  rudes  qui  limitaient  l'emploi  de 
chacun  deux  à  des  cas  particuliers.  On  était  bien  arrivé  à  composer  des  tissus  chauHé'*, 
mais  il  restait  mieux  à  faire  pour  réellement  fabriquer  des  tissus  chauflPants. 

Ce  qui  caractérise  les  ihermophiles  Herrgott,  c'est  ce  fait  que  c'est  au 
tissage  même  que  les  fils  clectrotViermiquos  et  textiles  sont  incorporés  dans 
ces  tissus;  ils  en  forment  ainsi  partie  intégrante,  de  telle  façon  que  les  aspects 
habituels  de  ces  tissus  ainsi  que  leur  souplesse  sont  conservés  avec  la  possi- 
bilité de  les  exécuter  en  toutes  dimensions. 

Pour  celte  fabrication  mécanique  il  fallait  dabord  composer  le  fil  à  la  fois  chaullant 
et  textile  ;  les  fils  éleclrolhermiques  ihermophiles  sont  soigneusement  fabriqués  sur 
une  âme  de  laine  autour  de  laquelle  est  enroulé  en  spirale  un  assemblage  tressé  à  plat 
de  fils  très  ténus  de  nickel  pur;  le  tout  est  enveloppé  de  fins  guipages  contrariés  de 
même  textile  que  le  tissu  à  exécuter.  Ainsi  ces  fils  sont  très  souples,  ne  bouclent  pas 
au  tissage  el  sont  aussi  bien  employés  sur  les  métiers  à  lisser  mécani(|ues  que  pour  le 
tricotage  à  la  main  ;  leur  conducteur  électrique  chauffant  ne  peut  être  facilement 
sectionné,  étant  bien  préservé,  car  ainsi  c'est  l'âme  textile  d'un  tel  fil  qui  résiste  à  la 
traction  en  le  supportant. 

Les  thermopliiles  ont  leurs  chefs  et  leurs  lisières  non  chauffants,  car  inlenlionnelle- 
menl  les  fils  éleclrolhermiques  n'y  parviennent  pas,  afin  d'éviter  leur  usure  préma- 
turée par  frottements;  dans  chacune  des  deux  lisières  sont  enfermés  un  ou  plusieurs  fils 
spéciaux  amenant  le  courant  électrique  pour  alimenter  les  divers  circuits  chauffants, 
un  pôle  dans  chaque  lisière  afin  d'éviter  tout  court-circuit  et  toute  fausse  manipulation. 

Les  fils  de  lisières  sont  placés  pendant  le  tissage  ou  après  le  tricotage;  les  diverses 
sections  de  fil  éleclrolhermiques,  de  longueurs  prévues  par  la  température  à  obtenir, 
y  sont  reliées  de  façon  que  la  fin  d'un  circuit  chauffant  el  le  commencement 
du  suivant  se  trouvent  connectés  ensemble  au  même  point  du  même  fil  de  lisière, 
donc  sur  le  même  pôle;  de  cette  manière  la  différence  de  potentiel  entre  deux  circuits 
consécutifs  est  nulle  sans  possibilité  de  court-circuit. 

Ce  genre  de  fabrication  permet  ainsi  d'exécuter  les  thermophiles  en 
toutes  dimensions,  d'y  incorporer  autant  de  circuits  qu'il  est  nécessaire  et 
même  ensuite  de  les  couper  en  longueurs  déterminées  dans  lesquelles  on 
retrouve  ce  qui  est  nécessaire  au  bon  fonctionnement. 

Celte  disposition  bien  spéciale  aux  thermophiles  laisse  possibles  toutes  les 
combinaisons  électriques  des  divers  circuits  el  par  conséquent  de  chauffage; 
on  peut  en  eiïcl  disposer  les  fils  de  lisières  pour  alimenter  les  divers  circuits 
en  dérivation  ou  en  série  à  volonté. 

Enfin  ces  tissus  sont  auto-résistants,  c'est-à-dire  que  les  circuits  thermo- 
philes sont  mis  en  dérivation  directe  sous  la  tension  du  courant  électrique  à 


SÉANCE  DU  17  MAI  I9IO.  1235 

Utiliser  cl  prévus  pour  une  température  déterminée  au-dessus  de  la  tempé- 
rature ambiante  dans  laquelle  ils  sont  déployés. 

Ce  mode  particulier  de  tissage  permet  de  serrer  les  fils  électrothermiques  en  trame 
les  uns  contre  les  autres,  ce  qui  peut  paraître  défectueux  au  premier  abord;  bien  au 
contraire,  il  faut  remarquer  que  le  fil  électrothermique,  n'ayant  qu'à  éciiaulTer  une 
très  petite  largeur  de  tissu,  n'a  besoin  de  se  trouver  qu'à  une  température  très  peu 
supérieure  à  la  température  uniforme  de  ce  tissu;  car  ce  serait  l'inverse  si  les  fils 
chaufTanls  étaient  très  espacés.  Enfin  il  est  à  remarquer  que  par  suite  de  la  grande 
longueur  possible  de  chaque  circuit  électrotliermique  la  différence  de  potentiel  entre 
deux  duites  cliaulTanles  voisines  est  fort  peu  élevée  et  sans  danger. 

Le  nickel  pur,  uniquement  employé  dans  les  ihermopliiles,  est  peu  oxy- 
dable, ce  qui  permet  les  applications  bumides,  mais  surtout  son  coeflicient 
de  résistance  au  passage  du  courant  électrique  augmente  vite  avec  la  tem- 
pérature, de  sorte  qu'il  devient  son  propre  régulateur;  aussi,  après  avoir 
écbauffé  plus  vivement  le  tbermopbile  au  début  il  entretient  ensuite  le  déga- 
gement de  chaleur  en  dépensant  de  moins  en  moins  d'énergie  électrique. 

Dans  ces  conditions,  le  rendement  de  ces  tissus  thermophiles  est  des  plus  élevés, 
étant  donné  qu'il  s'agit  de  transformer  le  courant  électrique  en  chaleur  par  contact; 
aussi  la  consommation  d'électricité  est  minime. 

Les  fils  électrolhermiques  Herrgotlsont  si  souples  qu'en  laine  ils  se  suffisent  à  eux- 
mêmes  et  peuvent  être  tricotés  en  toutes  formes,  ces  tricots  sont  montés  comme  les 
tissus  thermophiles. 

Ils  peuvent  rendre  de  grands  services  au  point  de  vue  médical  en  per- 
mettant l'application  de  températures  variant  de  4-  5°  à  +  iSo".  Les  appli- 
cations industrielles  se  révèlent  chaque  jour,  qu'il  s'agisse  de  tissus  filtres 
pour  matières  grasses  ou  de  toiles  sans  fin  theimophiles  et  mobiles  pour  le 
séchage  ou  du  satinage  sous  presse. 

Les  nombreuses  applications  des  thermophiles  viennent  compléter  tous 
les  autres  modes  de  chauffage  et  la  thérapeutique  y  trouvera  en  particulier 
une  aide  puissante. 


SPECïROSCOPlE.  —  Sur  certaines  conditions  d'apparition  dit  spectre  de  bandes 
attribué  au  cyanogène.  Note  de  MM.  A.  de  Gramokt  et  M.  Drecq, 
présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

Au  cours  de  recherches  sur  les  spectres  des  mélanges  de  sels  fondus  nous 
avons  observé,  en  dehors  de  toute  flamme,  de  tout  produit  de  combustion, 
les  bandes  ordinairement  attribuées  au  cyanogène.  Nous  les  avons  obte- 


Ï236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nues  par  la  seule  présence  du  carbonate  de  sodium  exempt  de  cj^inure, 
soumis  sur  une  lame  de  platine  emboutie,  à  l'action  de  l'étincelle  très  chaude 
d'un  transformateur  alimenté  parle  secteur  de  la  ville,  et  dont  le  secondaire 
contient  une  capacité  de  0,0 1  microfarad.  Cette  étincelle  suffit,  en  l'absence 
de  toute  source  de  chaleur,  à  liquéfier  le  sel,  et  son  image  est  projetée  sur  la 
fente  d'un  spectrographe  à  prisme  Rutherfurd  avec  objectif  de  chambre 
achromatique  de  4o""  de  foyer,  antérieurement  décrit  (').  Voici  les  lon- 
gueurs d'ondes  des  principales  arêtes  de  bandes  que  nous  avons  photogra- 
phiées et  mesurées  : 

Cy  n"  II 421 5, 5         4 "96, 5         4 177, 5         4 '66,0 

CyiT'III 3883,6         8871,6         8861,9         3855, o 

Cette  dernière  bande  n" III  (3883,6)  est  de  beaucoup  la  plus  intense  et  la 
plus  caractéristique.  Dès  1888  (-),M.  Deslandres  l'avait  obtenue  à  la  pression 
ordinaire  et  avec  l'étincelle  condensée  dans  le  cyanogène,  et  la  considérait 
comme  faisant  partie  des  spectres  de  haute  température  accompagnant  les 
spectres  de  lignes.  D'autre  part,  Andrews  et  Tait  ont  montré  que,  sous  l'in- 
fluence des  étincelles  électriques,  le  cyanogène  se  dédouble  en  charbon  et  en 
azote.  Il  semblerait  donc  résulter  des  conditions  où  nous  avons  opéré,  en 
dehors  de  tout  cyanogène  préexistant,  que  si  ce  spectre  est  bien  altribuable  à 
la  présence  simultanée  du  carbone  et  de  l'azote,  il  n'implique  cependant  pas 
nécessairement  la  présence  du  composé  cyanogène  C^N-,  dont  le  rôle  dans  les 
expériences  antérieures  pouvait  être  simplement  de  fournir,  par  sa  décom- 
position, sous  l'cfTet  des  étincelles,  les  éléments  dissociés  C  et  N  nécessaires 
à  l'apparition  des  bandes  que  nous  signalons.  Celles-ci  fournissent  une 
réaction  spectrale  fort  sensible  du  carbone,  car  la  principale  (n"  III)  est  faci- 
lement visible  encore  dans  des  mélanges  de  chlorure  ou  de  bromure  de 
sodium  contenant  j^  de  carbone  à  l'état  de  carbonate;  elle  semble  dis- 
paraître pour  j-jj^  environ.  Les  deux  bandes  sont  très  développées  pour  des 
quantités  de  carbone  de  l'ordre  du  centième.  Celte  apparition  des  bandes 
dites  du  cyanogène,  sans  la  présence  antérieure  de  ce  composé  toxique  et 
dans  des  conditions  où  celui-ci  est  détruit  s'il  se  forme  temporairement, 
apporte  une  présomption  de  plus  de  l'innocuité  de  la  rencontre  de  la  Terre 
avec  les  queues  cométaires  et  spécialement  avec  celle  de  la  comète  de  Halley 
où  la  bande  388  a  été  observée. 

(•)  A.  DK  GiiAMONT,  /iec/terc/ie.1  sur  les  spectres  de  dissociation  [Ann.  de  Cliini. 
et  de  l'hys.,  8=  série,  l.  XVH,  août  rgog). 

.  (')  11.  Deslandiies.  Spectres  de  bandes  allraviolcls des  nictalloïdes  {Ann.  deCliim. 
et  de  J'Iiys.,  0°  série,  l.  XIX,  1888). 


SÉANCE  DU  17  MAI  191O.  1287 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  dimension  des  éléments  matériels  projetés  par 
les  cathodes  des  tubes  à  vide.  Note  de  M.  Houllevigue,  présentée 
par  M.  E.  Boiity. 

J'ai  décrit  antérieurement  ('  )  un  procédé  d'étude  des  projections  catho- 
diques qui  m'a  permis,  dans  le  cas  de  l'argent,  d'estimer  à  lo^^  environ  les 
dimensions  des  particules  projetées,  supposées  sphériques.  J'ai  repris  le 
même  problème  par  une  voie  toute  différente,  en  étudiant  la  naissance  de 
la  conductibilité  électrique  dans  les  dépôts  ionoplastiques. 

Le  dispositif  employé  consiste  à  effectuer  les  projections,  dans  la  cloche 
à  vide,  à  la  surface  d'une  bande  de  verre  dont  les  extrémités,  platinées  et 
recuites  au  four  électrique,  constituent  d'excellents  contacts;  ces  extré- 
mités sont  reliées,  par  des  conducteurs  isolés  qui  traversent  la  cloche,  aux 
bornes  d'un  pont  de  Wheatstone;  on  peut  ainsi  mesurer  la  résistance  au 
cours  de  la  projection  cathodique  et  sans  arrêter  cette  projection. 

J'ai  opéré  exclusivement  sur  des  dépôts  d'argent.  Dans  tous  les  cas,  j'ai 
conslalé  qae  la  conductibilité  ne  s'établit  qu'à  partir  d'une  certaine  épaisseur 
de  la  couche  métallique  ;  la  pellicule  apparaît  d'abord  comme  un  voile  gri- 
sâtre, qui  vire  au  bleu  en  .passant  par  le  rose;  elle  acquiert  un  pouvoir 
réflecteur  très  accusé;  examiné  au  microscope,  avec  un  grossissement  de 
1 100  diamètres,  elle  ne  montre  aucune  discontinuité  (à  part  les  granula- 
tions décrites  dans  une  communication  antérieure);  pourtant,  sa  résistance 
est  infinie;  mais,  si  l'on  continue  à  effectuer  le  dépôt,  la  conductibilité 
apparaît  brusquement. 

Cette  observation  est  favorable  à  l'hypothèse  d'un  dépôt  effectué  par 
grains  séparés;  la  conductibilité  s'établirait  alors  au  moment  où  les  grains 
en  contact  formeraient  une  ligne  conductrice  entre  les  prises  du  courant. 

Supposons  qu'il  se  dépose,  d'une  façon  parfaitement  uniforme,  n  particules  par 
seconde  et  par  millimètre  carré,  ces  particules  étant  sphériques  et  de  diamètre  d  milli- 
mètres; elles  se  loucheront  au  bout  d'un  temps  0  tel  que 

(0  ne^^,. 

Si  on  laisse  le  dépôt  s'effectuer,  en  régime  constant,  pendant  un  temps  T,  et  si  l'on 
mesure  (par  ioduration  )  l'épaisseur  e  millimètres  de  la  couche  d'argent  déposée,  on 
aura 

(2)  e  =  /iTx  z^d\ 

n 

,    (')  Comptes  rendus,  t.  CXLVIII,  1909,  p.  1820. 


1238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

On  lire  de  ces  deux  équations 

"=ïr 

Deux  expériences  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

a 7"'i5»  6"'45^ 

T 20™  20""  3o' 

e Ziv-V-  ZÇ>V-V- 

(3)  donne  alors 

d 26!^-!^  iiW- 

Les  valeurs  de  d  fournies  par  celle  méthode  sont  donc  du  même  ordre  de  grandeur 
que  celles  obtenues  antérieurement,  de  telle  sorte  que  la  grosseur^  tout  à  fait  inatten- 
due, des  éléments  projetés  se  trouve  ainsi  confirmée.  Il  faut  d'ailleurs  remarquer  que 
l'équation  (3)  donne  des  valeurs  trop  petites  pourrfàcause  de  l'irrégularité  inévitable 
des  dépôts  ;  en  tenant  compte  de  celte  irrégularité,  (3)  s'écrit 

(3  lus)  d— =, 

^  '  Il     ■K     i 

où  N  représente  le  nombre  des  particules  projetées  par  seconde  et  par  millimètre  carré 
dans  les  régions  d'épaisseur  maximum  et  n  le  nombre  mo3en  des  particules  projetées, 
dans  le  même  temps  et  pour  la  même  aire,  sur  toute  la  surface. 

D'autre  part,  les  dimensions  des  granules  d'argent  colloïdal  de  Bredig 
sont  comprises,  d'après  Zsigmondy,  entre  5o'*'^  et  77'*'',  nombre  du  même 
ordre  que  ceux  auxquels  nous  parvenons  pour  les  projections  cathodiques. 
Dans  les  deux  cas,  les  particules  produites  résultent  d'une  désagrégation.due 
à  des  actions  électriques  ;  on  peut  remarquer,  en  outre,  que  les  métaux  col- 
loidaux  sont  négatifs,  c'est-à-dire  cheminent  dans  un  champ  électrique  en 
s'éloignanl  de  la  cathode.  Cet  ensemble  d'analogies  permet  de  conclure  avec 
vraisemblance  que  les  élémenls  des  projections  cathodiques  ne  diffèrent  pas 
essentiellement  des  granules  des  métaux  colloïdaux. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Action  de  l'ejjluve  sur  l'aldéhyde  éthylique  en  présence 
de  l'hydrogène.  Note  de  MM.  A.  Besson  et  L.  Fourxier,  présentée 
par  M.  Troost. 

Ce  travail,  commencé  il  y  a  plusieurs  mois,  et  qui,  d'après  nos  prévisions, 
aura  une  étendue  considérable,  concerne  l'action  de  l'effluve  sur  les  princi- 
paux représentants  des  types  volatils  des  fonctions  organiques.  Ce  sujet  a 
déjà  été  abordé  par  différents  savants  à  des  points  de  vue  varjés,  Hemptirine 


SÉANCE  DU  17  MAI  19IO.  1239 

a  publié  dans  la  Zeitsclirift  fur  Physikalische  Chemie  de  1898  le  résultai  de 
ses  travaux  où  il  a  envisagé  exclusivement  l'étude  des  produits  gazeux 
formés  dans  l'action  de  l'effluve  sur  un  certain  nombre  de  composés  orga- 
niques. Berlhelol,  dans  la  même  année,  s'est  occupé  spécialement  de  la 
fixation  de  l'azote  sur  un  grand  nombre  de  composés  organiques  sous 
l'action  de  l'effluve.  Enfin,  plus  récemment,  Losanilsch  a  publié  dans  les 
Berichte  (1909)  les  résultats  d'un  travail  sur  les  produits  gazeux  et  condensés 
résultant  de  l'action  de  l'effluve  sur  un  certain  nombre  de  composés  organi- 
ques gazeux  ou  volatils;  tout  au  moins,  en  ce  qui  concerne  les  produits 
condensés,  les  indications  de  l'auteur  au  sujet  des  procédés  de  séparation 
employés  montrent  que  le  travail  a  été  fait  très  sommairement. 

Dans  noire  étude  nous  entraînons  les  corps  volatils  au  moyen  d'un  cou- 
rant d'bydrogène  pur  et  sec  (Zn  pur  et  H  Cl  pur,  desséché  sur  NaOH  )  en 
limitant  la  quantité  d'hydrogène  au  minimum  nécessaire  pour  éviter  la 
rentrée  accidentelle  d'air  dans  les  appareils;  les  tubes  à  effluves  spéciaux 
munis  de  réservoirs  (distance  des  armatures  3"""  à  5""")  actionnés  par  des 
transformateurs  branchés  sur  le  courant  delà  ville  à  i  10  volts,  nous  donnent 
une  effluve  nourrie  sous  potentiel  de  12000  à  i5ooo  volts.  A  la  suite  des 
tubes  se  trouve  un  réfrigérant  tubulaire  entouré  d'un  mélange  réfrigérant 
de  glace  et  de  sel,  puis  mi  laveur  à  eau  séparé  du  réfrigérant  par  une  colonne 
desséchante  de  CaCl-.  Nous  nous  bornerons  dans  ce  qui  suit  à  l'étude  des 
produits  condensés  ou  dissous  dans  l'eau,  ayant  reconnu  par  des  expériences 
préliminaires  que  l'étude  des  produits  gazeux  des  réactions,  qui  sont  très 
variés,  nécessiterait  un  outillage  spécial  dont  nous  ne  disposons  pas;  à  notre 
avis  il  faudrait,  pour  cette  étude,  opérer  en  vase  hermétiquement  clos,  sans 
adjuvant  de  gaz  étranger;  liquéfier  les  gaz  produits  aumoyen  de  l'air  liquide 
et  séparer  les  produits  par  des  moyens  physiques  et  chimiques  appropiùés. 
Hors  de  ces  conditions,  nous  estimons  que  cette  étude  sera  toujours  incom- 
plète et  sous  cette  forme  elle  a  été  faite  dans  la  plupart  des  cas.  En  ce  qui 
concerne  les  produits  condensés,  nous  en  préparons  toujours  des  quantités 
importantes  de  façon  à  pouvoir  nous  livrer  à  une  étude  approfondie  sur  leur 
composition. 

Le  passage  de  l'eflliive  à  travers  le  mélange  des  vapeurs  d'aldétiyde  éllivlii[Lie  el 
d'Iijdrogène  donne  lieu  à  un  phénomène  très  brillant;  il  est  accompagné  de  la  produc- 
tion de  lueurs  bleu  verdàlre  du  plus  bel  effet.  La  production  de  gaz  est  abondante  en 
même  temps  qu'il  se  condense  dans  les  réservoirs  des  tubes  un  liquide  jaune  rongeàtre 
fortement  acide,  d'odeur  désagréable  ((ni  rappelle  celle  de  la  saumure  de  harengs,  et 
dans  le  réfrigérant  un  liquide  jaune  verdàtre. 

C'est  sur  l'ensemble  de  ces  liquides  que  porte  la  séparation.  Une  expérience  pié- 
C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  20.)  I^'^ 


I24o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

liminaire  nous  ayant  démontré  i]ue  les  arrière-produits  s'altéraient  fortement  à  la 
distillation  même  sous  pression  très  réduite,  en  laissant  un  important  résida  charbon- 
neux, nous  nous  sommes  arrêtés  au  mode  opératoire  suivant  :  on  distille  d'abord  le 
produit  dans  une  large  cornue,  au  bain-raarie  dont  la  température  est  portée  progres- 
sivement jusqu'à  100°,  d'abord  à  la  pression  atmosphérique,  puis  sous  le  vide  en 
recueillant  les  distillais  dans  des  mélanges  réfrigérants;  le  résidu  de  l'évaporalion 
prolongée  dans  le  vide  à  ioo°  est  un  liquide  sirupeux  rougeâtre,  partiellement  soluble 
dans  l'eau;  la  soltition  aqueuse,  évaporée  dans  le  vide  sec,  laisse  un  liquide  visqueux 
qui  correspond  à  la  composition  C'II*0'  et  possède  les  propriétés  de  l'acide  .S-ox}  bu- 
tyrique; quant  au  résidu  du  traitement  par  l'eau,  c'est  une  masse  visqueuse  brunâtre 
dont  nous  n'avons  pas  pu  tirer  parti. 

Le  produit  distillé  initial  est  soumis  à  des  fractionnements  répétés  à  la  pression 
atmosphérique  et  sous  le  vide  avec  des  appareils  appropriés;  la  fraction  do^-ôo"  est 
reconnue  comme  renfermant  une  forte  proportion  d'acétone,  identifiée parses  propriétés 
caractéristiques  (odeur,  bisulfite,  nitroprussiate,  formation  d'iodoforme)  ;  celle  de  -5° 
à  85°  est  un  liquide  jaune  verdàtre  qui,  à  première  vue,  paraît  être  un  composé  défini; 
mais  en  rapprochant  sa  composition  élémentaire  de  son  poids  moléculaire  déduit  de 
sa  densité  de  vapeur,  nous  avons  reconnu  qu'il  y  avait  incompatibilité  et  par  suite  que 
nous  devions  avoir  affaire  à  un  mélange  de  corps  aidéhydiques  ou  cétoniques  (combi- 
naison avec  le  bisulfite).  Nous  avons  été  conduits  à  considérer  ce  liquide  comme  un 
mélange  de  butanone  C*H'0  (liquide  distillanlà  8o°)  et  d'une  dicétone,  d'une  butane- 
dione,  le  biacétyle  C'IPO-  (liquide  jaune  verdàtre  qui  bout  vers  88°);  car,  traité 
par  KOH  (qui  détruit  la  butanedione),  il  passe  ensuite  incolore  à  la  distillation; 
rectifié  sur  CaCl'.  il  bout  vers  80°  et  présente  la  composition  et  les  propriétés  de  la 
butanone. 

Ensuite  de  io5°à  106°  distille  un  liquide  fortement  acide  qui  se  sépare  partiellement 
du  précédent  en  deux  couches  superposées;  l'analyse  lui  attribue  la  composition  de 
l'acide  acétique  hydraté  à  i™"'  d'eau  C^IPO^ -t- H-0  ;  nous  avons  isolé  cet  acide  de 
son  composé  sodique  et  vérifié  par  les  réactions  caractéristiques  que  nous  avions  bien 
afl'aire  à  de  l'acide  acétique. 

Les  fractions  distillant  plus  haut  renferment  encore  d'autres  acides,  mais  en 
moindre  quantité;  dans  la  fraction  i35°-i4'>°,  nous  avons  trouvé  un  acide  qui  possède 
toutes  les  propriétés  de  l'acide  propionique,  ainsi  qu'un  composé  cétonique  distillant 
de  i4o°  à  i45°  que  nous  n'avons  pu  identifier  faute  de  quantité  suffisante  de  matière; 
enfin,  dans  les  arriére-produits  fractionnés  sous  vide  se  rencontrent  encore  des  acides 
dont  la  consistance  est  visqueuse  et  des  corps  cétoniques. 

En  résumé,  dans  racliou  de  l'effluve  sur  Taldéliyde  clliylique  en  présence 
de  l'hydrogène,  nous  n'avons  trouvé  dans  les  produits  condensés  que  de 
l'eau,  des  acides  (acétique  et  homologues)  et  des  corps  cétoniques. 

La  formation  des  cétones  et  dicétones  que  nous  avons  idenliOécs 
s'explique  par  un  mécanisme  très  simple  : 

aCH'CHO  ==  2H  -h  CO  -+-  GH^GOCIl''  propanone, 
3CIPGHO  =  4H  -^aCO-t-G^H^COCH^  butanone, 
2GH»CH0=:2H-<-GH'G0  — GOCH^iiacétyle,  etc. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  I24l 

Celle  des  acides  : 

2(CH^CHO)=C=H''-i-CH3C02H  acide  acétique, 
4(CH3CHO)=  C^H'-H  aC'^H'CO-Il  acide  propionique,  etc. 

Suivant  les  conditions  de  rcflluvation,  certaines  de  ces  réactions  peuvent 
être  prépondérantes.  Quant  à  l'eau  formée,  elle  peut  provenir  d'une 
condensation  des  cétones  avec  formation  d'oxyde  de  mésityle,  pliorone  et 
homologues  supérieurs,  ou  d'une  destruction  plus  profonde  de  la  molécule, 
telle  que 

(  on  remarquera  qu'il  n'y  a  pas  mise  en  liberté  de  charbon). 

Cette  manière  d'envisager  la  formation  des  produits  condensés  de 
l'aldéhyde  éthylique  sous  l'action  des  effluves  est  confirmée  par  la  nature 
des  produits  gazeux  formés  :  Heniptinne  y  a  trouvé  de  l'hydrogène  (20 
pour  100),  CO  (4i  pour  100),  CH'  (3g  pour  100).  Losanitsch  a  reconnu 
en  plus  la  présence  de  l'éthylène.  La  formation  de  méthane  s'explique  faci- 
lement par  une  décomposition  accessoire  de  l'aldéhyde  avec  production 
de  corps  exclusivement  gazeux  dans  les  conditions  de  l'expérience 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Synthèse  de  nilrilcs  aromatiques.  Note  de 
MM.  F.  BoDROux  et  F.  Taboury,  présentée  par  M.  Troost. 

Dans  une  précédente  Communication  {Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  ")3i), 
nous  avons  montré  qu'on  peut  facilement  obtenir  les  nitriles  de  formule 

•       C>H-CHR-C\, 

en  faisant  agir  les  éthers  simples  des  alcools  gras  sur  le  dérivé  monosodé  du 
cyanure  de  benzyle  en  dissolution  dans  l'éther  anhydre. 

Au  sein  de  ce  dissolvant,  les  nitriles  ainsi  obtenus  réagissent  sur  Tanii- 
dure  de  sodium  avec  dégagement  d'ammoniac,  et  les  dérivés  organo-métal- 
liques  formés  font  double  décomposition  avec  les  hydrocarbures  gras  mono- 
halogénés  : 

C«H'  — ClIR  — CN  +  Na  — NH^^NH'+CH'— GNaR  — CN, 
0  H»  -  G  Na  R  ■  -  GN  +  R'  X  =  Na  X  +  C«  11  ■  —  GR'  R  —  G,N . 

Nous  avons  préparé  avec  un  rendement  de  yS  pour  100  environ  : 

1°  Au  moyen  du  phényl-2-butaneiiitrile  et  de  Tioduie  d'étliyle.  Véthyl-y.-pkénjl- 


1242  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2-ùii/ancnit/  ilc 

C-M' 

I 
CH^-CIP--C  — Cil 
I 
C«H^ 

liquide  incolore,  bouillaut  enlre  125°,5  et  i27°soiis  i  3""",  enlre  2.(7°  et  249°sous  702™"' ; 

2°  Au  moyen  du  pliényl-2-pentanenitrile  et  du  biomuie  d'isobulyle,  le  p/opyl-2- 
phénYl-'i-inclliyl-\-pentancnilrile 

CM!' 
I 
CH'— (11  — Cil-— C— CN 
1  1 

GlI'  G«IP 

liquide  incolore,  ne  distillant  pas  sans  décomposition  à  la  pression  ordinaiie  et  passant 
entre  i^S"  et  i5o°  sons  iS™"";  f/^r^  0,982. 

Ces  l'ésultats  étant  obtenus,  nous  nous  sommes  demandé  s'il  ne  serait 
pas  possible  de  préparer  les  nitriles  de  formule 

C«H»-Cir--CN 
à  partir  du  cyanure  de  benzyle  en  utilisant  les  réactions  suivantes  : 

(>1I^-  CH^—  CN  +  2Na  —  Nin=:=  2NI1'+  OIF—  CNa^—  CN, 
C«ll»-CNa-^— Gi\  +  2R  — X      =2NaX-f-C'=fP— CR^— GN. 

L'expérience  a  répondu  affirmativement. 

Avec  le  dérivé  disodé  du  cyanure  de  benzyle  en  solution  éthérée  : 

1"  L'iodure  d'éllivle  fournil  re^/M7-2-/D/ie'"j/-2-6(//rt/(e/ij7/7Ye  déjà  décrit,  mais  ce 
composé  est  accompagné  par  une  substance  riche  en  azote,  dont  il  est  trop  difficile  de 
le  séparer;  aussi  pour  sa  préparation  la  méthode  précédemment  indiquée  esl-elle  pré- 
férable. 

2°  Le  bromure  de  propyle  fournit  le  propyl-i-phényl-i-penlaneinLiile 

I 
CH' -  GH^  -  GII- -  G  —  GIN 
I 
G«1I' 

liquide  incolore  bouillant  enlre  142°,  5  et  l'is"  sous  i5"""'.  entre  208°  et  270°  sous  758°"°; 

"'u  =  <-i,94o. 

3"  Le  bromure  d'isobutyle  fournil  le  mélliyl-2.--propyl-i-phéiiyl-'i-mélliyl-h-pen- 


SÉANCE  DU  17  MAI  IQIO.  1243 

tanenilrile 

\ 

CH»  —  CH  -  CH^  —  C  —  CN 
I  1 

CH'  CII- 

I 
CH  —  CH' 

CH' 

liquide  incolore,  distillant  entre  101°  et  i55°  sous  i5""";  di3=:^  0,981 . 

Ces  deux  derniers  composés  ont  été  obtenus  avec  un  rendement  de  60  pour  100. 

CHIMIE    ORGANIQUE.    —   Action  des   hydracides   sur  les  éthers  glycidiqnes. 
Note  de  M.  Georges  Darzens,  présentée  par  A.  Haller. 

Les  éthers  glycidiques  sont  des  corps  saturés,  mais  l'existence  dans  leurs 
molécules  d'une  liaison  oxydique  en  position  a p  leur  donne  une  grande  acti- 
Yilé  fonctionnelle;  c'est  ainsi  qu'ils  se  combinent  facilement  aux  hydracides, 
aux  anhydrides  d'acides  organiques,  à  l'ammoniaque,  aux  hydrazines,  etc. 

Je  me  propose  d'exposer  ici  les  résultats  auxquels  je  suis  parvenu  par 
l'action  des  hydracides  sur  les  éthers  glycidiques  substitués  de  la  série  grasse 
dont  j'ai  donné,  il  y  a  déjà  quelque  temps,  une  méthode  générale  de  prépa- 
ration ('). 

Lorsqu'on  fait  réagir  à  froid  l'acide  chlorliydrique  sec  sur  une  solution  éthérée 
rigoureusement  anhjdre  d'éther  (3[3-diniélhylglycidale  d'éthyle,  on  observe  une  réaction 
immédiate  qui  s'accompagne  d'un  notable  dégagement  de  chaleur. 

Après  avoir  fixé  un  peu  plus  d'une  molécule  de  HCl  il  suffit  de  chasser  l'élher  au 
bain-marie  et  de  soumettre  de  suite  le  résidu  à  la  distillation  fractionnée  dans  le  vide 
pour  obtenir  un  liquide  bouillant  à  g5°-ioo°  sous  20°""  qui  ne  tarde  pas  à  se  prendre 
en  une  niasse  cristalline  fondant  à  28°;  par  essorage  suivi  d'une  fusion  et  d'une  recris- 
lallisation  ce  point  de  fusion  s'élève  à  Si^-Sa". 

Ce  produit  d'addition  est  un  éther  oxychloré  de  l'acide  isovalérianique 
pouvant  avoir  l'une  des  deux  formules  de  constitution  suivantes  : 

I.  II. 

CH'         Cl     OH  CH'         OH    Cl 

\/      /  \/      / 

C  — CH  — CO^C^H»  C-CH-CO^C^H- 


X 


H 


CH'  CH' 

Ce  que  nous  savons  déjà  sur  l'action  de  HCl  sur  les  acides  glycidiques 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIX,  1904,  p.  1214. 


1244  ACADÉiMIE    DES    SCIENCES. 

monosubslitués  peut,  a  priori,  nous  faire  incliner  vers  la  fornnile  I;  mais  il 
m'a  semblé  nécessaire  de  démontrer  celte  formule  d'une  façon  plus  certaine; 
la  présence  d'un  carbone  tertiaire  pouvant  modifier  profondément  les  pro- 
priétés de  la  molécule. 

J'ai  tout  d'abord  essayé  la  désbydratation  de  monéther  oxychloré.  Je  n'ai 
pu  y  parvenir  même  avec  V^O^  en  présence  de  benzène  bouillant.  Ce 
résultat  négatif  donne  une  grande  probabilité  à  la  formule  I. 

J'ai  ensuite  préparé  par  un  autre  procédé  l'éther  représenté  par  la  for- 
mule II,  afin  de  pouvoir  le  comparer  avec  mon  éther  oxychlorovalérianique. 
A  cet  effet,  j'ai  préparé  l'acide  a-chlor-[3-oxyisovalérianique  en  fixant, 
conformément  aux  indications  de  Prentice  ('),  l'acide  hypochloreux  sur 
l'acide  diméthylacrylique.  (^et  acide  m'a  permis  d'obtenir  par  simple  éthé- 
rification  un  éllier  ayant,  sans  doute  possible,  la  formule  II. 

Or,  ce  corps  est  tout  à  fait  différent  de  celui  obtenu  par  l'action  de  H  Cl 
sur  l'acide  diméthylglycidique.  Il  est  liquide  (point  d'ébullition  g6°-98° 
sous  20™'"),  ne  cristallise  pas,  même  par  amorçage  avec  un  cristal  de  mon 
éther;  déplus  il  se  déshydrate  facilement. 

■le  suis  donc  amené  à  conclure  que  l'action  de  H  Cl  sur  l'éther  j3jîl-diméthyl- 
glycidique  donne  bien  l'éther  a-oxy-j^-chlorisovalérianique. 

C'est  un  corps  cristallisé  fondant  à  3i°-32°,  distillantà  96^-98°  sous  20'""', 
ayant  une  odeur  désagréable,  facilement  soluble  dans  l'alcool  et  les  liquides 
organiques.  Traité  par  1'"°'  d'éthylate  de  sodium  en  solution  dans  l'al- 
cool absolu,  il  régénère  de  suite  l'éther  diméthylglycidique.  Saponifié 
même  par  la  quantité  théoi'ique  de  soude,  il  ne  m'a  pas  été  possible  de  pré- 
parer l'acide  libre  à  cause  de  son  peu  de  stabilité  en  solution  alcaline  et  sa 
transformation  immédiate  en  aldéhyde  isobutylique. 

Dans  l'espoir  de  le  transformer  en  éther  diméthylpyruvique,  je  l'ai  traité 
par  la  diéthylaniline,  mais  cette  base  s'est  montrée  sans  action  même  à  200". 
Ce  résultat  négatif  prouve  que  dans  la  série  grasse  la  forme  glycidique  est 
plus  stable  que  la  forme  pyruviquc. 

L'action  de  H  Cl  sur  l'éther  triméthylglycidique  m'a  permis  de  préparer 
dans  les  mêmes  conditions  un  éther  répondant  à  la  formule 

CJJ^        Cl     OU 

\/     / 
C  —  C-  CO^CMI' 

/ 

CH'  Cil» 

liquide  bouillant  à  io'|"-io(i"  sous  21""". 

(')  Licbig's  Annalen  der  Chimie,  t.  CCXCII,  i8g6,  p.  272. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  I2:iD 

Avec  Tacide  bronihydrique  les  résultats  sont  tout  à  fait  comparables; 
c'est  ainsi  qne  j'ai  préparé  l'éther  a-oxy-,3-bromisovalérianique  fondant 
à  2i"-22''  et  distillant  à  ioo°-ioj°  sous  iS'""'. 

Dans  toutes  ces  réactions  il  est  très  important  d'opérer  en  l'absence  de 
toute  trace  d'eau  si  l'on  veut  éviter  la  formation  d'éthers  glycériques  qui 
diminuent  les  rendements  et  gênent  les  purifications. 

L'acide  iodhydrique  donne  un  résultat  tout  différent. 

Lorsqu'on  fait  arriver  HI  anhydre  dans  une  solution  éthérée  d"élher  dimétliylglyci- 
dique,  il  y  a,  dès  le  début,  forte  coloration  du  mélange  par  suite  de  la  mise  en  liberté 
d'iode.  Après  avoir  ajouté  a  III  pour  1'"°'  d'étheron  agiteavec  une  solution  deSO'Na  II 
|)Our  llxer  l'iode,  la  solution  étliérée  est  ensuite  évaporée  et  le  résidu  saponifn!'  par  un 
excès  de  XaOH  alcoolique. 

On  obtient  ainsi  un  acide  solide  fondant  à  69°, 5  que  j'ai  identifié  avec 
l'acide  dimétbylacrylique.  Il  y  a  donc  eu,  dans  cette  expérience,  simple 
réduction  conformément  à  l'équation 

CIP  CH' 

\ 
G  _  CM  —  CO^ C'  ]¥  -H  ?.  II I  =  C  =^  CH  —  GO^C^ IP  -+- 1-  +  H^  0. 

/\/  / 

CIP       O  CH' 

(Jette  réaction  est  générale  et  permet  par  suite  de  transformer  un  acide 
glycidique  en  un  acide  non  saturé  en  position  ap. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  SiiJ-  deux  nouveaux  isomères  de  l'acide 
stèarolique.  INote  de  MM.  A.  Ar\aud  et  S.  Poster\ak,  jjré- 
sentée  par  M.  L.  Maquenne. 

Nous  avons  montré  précédemment  (  '  )  que  l'acide  stèarolique  se  combine 
avec  1'"°'  HI  pour  donner  naissance  à  un  mélange  de  deux  isomères  monoiod- 
élaïdiques  fondant  respectivement  à  23°-24"  et  39°.  Le  même  acide  fixe 
2'"°'  HI,  lorsqu'on  fait  passer  un  courant  de  gaz  iodbydrique  dans  l'acide 
gi'as  fondu  jusqu'à  saturation  complète.  Le  produit  de  la  réaction  se  présente 
sons  forme  d'une  huile  épaisse,  très  brune,  qui  peut  être  décolorée  après  dis- 
solution dans  l'éther  par  l'acide  sulfureux. 

Tandis  que  le  dérivé  monoiodhydrique  fournit  par  réduction  avec  le  zinc 
cl  lacide  acétique  de  l'acide  élaïdique  et  par  traitement  avec  la  potasse 

(')   Comptes  rendus,  t.  (JL,  p.  1100. 


1246  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

alcoolique  bouillante  l'acide  stéarolique  primitif  à  l'état  pur,  le  dérivé 
diiodhydrique  donne  par  réduction  de  V acide  sléarique  et  par  décomposition 
au  moyen  de  la  potasse  alcoolique  un  mélange  complexe  dont  nous  avons  pu 
isoler  en  plus  de  l'acide  stéarolique  primitif  régénéré  T,j  ,„  (  ')  deux  nou- 
veaux isomères  de  cet  acide  avec  triple  liaison  déplacée  d'un  carbone  à  droite 
et  à  gauche  Tg  g  et  T|„  ,,.  A  côté  de  ces  produits  cristallisés,  nous  y  avons 
trouvé  une  substance  huileuse  monoiodée,  représentant  environ  le  tiers  du 
poids  du  mélange  et  dont  il  était  impossible  d'enlever  l'iode  par  la  potasse 
alcoolique,  même  à  160"  (-). 

La  séparation  des  isomères  stéaroliques  présente  de  grandes  difficultés 
dues  à  leurs  constantes  physiques  très  rapprochées.  Si  nous  y  sommes 
arrivés,  c'est  surtout  grâce  à  la  méthode  simple  de  production  des  dérivés 
diiodés  d'addition  des  acides  de  la  série  stéarolique  que  nous  avons  décrite 
antérieurement  (^  )  et  à  la  cristallisation  fractionnée  de  ces  dérivés. 

Acide  sléaroUijue  Tj  g.  —  Lamelles  nacrées  à  contour  de  parallélogramme,  solu- 
blesdans  tous  les  dissolvants  des  acides  gras.  Point  de  fusion  47°-5-  L'acide  fondu  et 
refigé  sur  l'eau  a  un  aspect  nettement  cristallisé,  sans  qu'il  soit  cependant  possible  de 
discerner  les  éléments  cristallins.  L'acide  stéarolique  ordinaire  laisse  apparaître,  dans 
les  mêmes  conditions,  de  grosses  aiguilles  prismatiques,  réunies  en  groupeniei.ts 
étoiles. 

Oxydé  par  trois  fois  son  poids  d'acide  azotique  (D  ^  >,52),  de  façon  à  éviter  la  pro- 
duction de  l'acide  stéaroxvlique,  il  fournit  3o  pour  100  environ  à^  acide  siih- 
rique  G'H"0*,  fondant  à  i/ic,  ce  qui  fait  placer  la  triple  liaison  entre  le  luiilièine 
et  le  neuvième  carbone. 

L'acide  stéarolique  Tg^g  fixe  2"'  d'iode  en  liqueur  acétique,  en  donnant  Vacidc 
diiodo-S.Q-ctaïdique  C'IP^I^O-  :  aiguilles  blanches,  peu  solubles  dans  l'alcool  froid 
et  fondant  à  67°. 

Par  dissolution  dans  l'acide  sulfurique  concentré  et  précipitation  avec  de  leau.  il 
fournit  le  céto-g-stéarirjiie  C'*H'''0':  lamelles  rliombiques,    ondant  à  74", 5. 

Acide  stéarolique  T,„  ,,.  Présente  absolument  le  même  aspect  que  son  isomère 
précédemment  décrit.  Point  de  fusion  47°-  Oxydé  par  l'acide  nitrique  dans  les  condi- 
tions indiquées  plus  liant,  il  fournit  près  de  3o  pour  100  d^ acide  sdhaciqite  C'^H'^O', 
fondant  à  iSc-iSo",  5.  La  triple  liaison  se  trouve  dune  entre  le  dixième  et  le  onzième 
carbone. 

(')  La  majuscule  grecque  T  est  employée  ici  comme  abréviation  du  ternie  triyle 
liaison  par  analogie  avec  le  \,  proposé  par  A.  v.  B^eyer  pour  désigner  une  liaison 
double. 

(^)  Il  s'agit  là  très  probablement  d'un  mélange  des  acides  monoiodoléiqiics  qui  se 
sont  formés  par  rotation  de  l'un  de  deux  carbtines  chargés  d'acide  iodliydrique  autour 
de  leur  axe  commun  pendant  le  traitement  à  la  potassç. 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  p.  220. 


SÉANCE    DU    17    MAI    1910.  12^7 

Son  dérivé  diiodé  d'addition  est  Vacidc  diioclo-iu.i  i-élaïdi<jue  C'*IF-l-0-. 
Lamelles  rectangulaires  brillantes,  plus  facilement  solubles  dans  l'alcool  que  l'isomère 
précédent.  Point  de  fusion  45°-  L^acide  célo-w-sléarique  CH^'O'  cristallise  en 
lamelles  rhombiques,  fondant  à  73°, 5. 

Toutes  ces  propriétés  des  acides  stéaroliques  T,  ,  et  T,„  ,,  et  de  leurs  dérivés  les 
distinguent  nettement  de  l'acide  stéarolique  connu  et  de  son  isomère  naturel,  l'acide 
taririque  ICt- 

Pour  expliquer  la  formation  de  deux  nouveaux  isomères  aux  dépens  du  composé 
diiodhydrique,  il  est  nécessaire  d'admettre  que  les  2™°'  HI  se  fixent  sur  la  triple  liaison 
de  façon  à  placer  les  2"'  d'iode  sur  le  même  carbone,  tantôt  du  côté  du  carboxyle, 
tantôt  du  côté  opposé,  phénomène  c(ue  nous  avons  observé  déjà  pour  les  produits 
d'addition  d'une  molécule  III. 

Il  en  résulte  que  le  dérivé  diiodhydrique  qu'on  soumet  au  traitement  jiar  la  potasse 
alcoolique  n'est  pas  un  produit  unique,  mais  un  mélange  de  deux  isomères  diiodo- 
stéariques  : 

(i)  CII'-(CH^)''-CP-  (CH^')"-C001I 

et 

(2)  Cfr— (CH^)'  — CI-— (Cii^)"— cooii. 

La  potasse  alcoolique,  pour  enlever  2'"°'  III,  emprunte  2"'  d'hydrogène  aux  groupe- 
ments CH-  qui  se  trouvent  dans  le  voisinage  immédiat  du  carbone  iodé,  à  sa  droite  et 
à  sa  gauche,  en  donnant  naissance,  dans  le  cas  de  la  formule  (  1),  aux  acides  stéaroliques 
Tg.,  et  T9  10  et  dans  celui  de  la  formule  (2)  aux  acides  Ta, m  et  T,o,ii' 

Cette  interprétation  est  corroborée  par  la  possibilité  de  préparer  isolément  les  deux 
acides  diiodostéariques  par  saturation  avec  du  gaz  iodhvdrique  de  chacun  de  deux 
isomères  nionoiodélaïdiques,  mentionnés  plus  haut.  En  efl'et,  l'isomère  fondant  à 
23"-24"  nous  a  donné  l'acide  diiodo-^-sléarique  [formule  (i)]  qui,  traité  par  la  potasse 
alcoolique,  a  fourni  un  mélange  des  acides  stéaroliques  Tg  ,  et  Tj^.  Avec  l'isomère 
fondant  à  89",  nous  avons  préparé  Vacide  diiodo-io-sléarique  [formule  (2)]  dont  on 
a  obtenu  les  acides  stéaroliques  T,  ,„  et  T,,,  ,i- 

De  là  on  déduit  pour  les  isomères  monoiodélaïdi(|ues  eux-mêmes  les  formules  de 
constitution 

CH'  — (CH-)- —  CH  =  C1  — (CH-^-  — COOH         (acide  fondant  à  a3°-24'') 
et 

GH'  — CHM"  — CI  =  CH  — (CH^)'— COOll         (acide  fondant  à  39°). 

Les  considérations  que  notis  venons  de  développei'  ne  sont  pas  spéciales 
à  l'acide  stéarolique,  mais  s'appliquent  également  aux  autres  acides  de  la 
même  série.  Elles  ouvrent  la  voie  à  la  préparation  de  nombreux  isomères 
de  ces  acides  si  peu  accessibles  jusqu'à  ce  jour. 

0.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  20.)  1^4 


1248  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  -  Si/?-  l'acide  hexahydrophènylgfycohque .  Note 
de  MM.  Maucel  Godciiot  et  Jlles  Frezouls,  présentée  par 
M.,  Éraile  Jungfleisch. 

Cette  Commuiiicalioii  a  pour  but  de  faire  connaître  l'acide  hexahydro- 
phénylgljcolique  —  C'H"  .(^HOH  .CO-H.  Nous  avons  réussi  à  obtenir 
ce  nouveau  composé  en  partant  de  raldéhyde  hexahydrobenzoïque  qui,  par 
union  avec  Facide  cyanhydrique,  fournit  le  nitrile  hexahydrophénylgdyco- 
lique;  ce  dernier,  par  saponification,  donne  Tacide  correspondant. 

Les  recherches  que  nous  poursuivions  en  vue  de  l'obtention  de  cet  acide 
étaient  sur  le  point  d'être  terminées,  lorscjue  nous  avons  eu  connaissance 
d'un  récent  travail  sur  le  même  sujet,  publié  par  MM.  Zélinsky 
et  SchwedofF(').  Nous  dirons  de  suite  cjue  nos  résultats  sont,  comme  nous 
le  montrerons,  différents  de  ceux  obtenus  par  ces  deux  chimistes. 

L'aldéhyde  hexahydrobenzoïque,  C*H".CHO,  point  de  départ  de  nos 
recherches,  avait  été  obtenu  antérieurement  par  Bouveault  (-),  MM.  Saba- 
batier  et  Mailhe  (/'),  M.  Zélinsky  ('' ),  M.  Wallach(').  Nous  avons  adopté, 
pour  sa  préparation,  le  mode  opératoire  généralement  usité  qui  consiste  à 
oxyder  par  l'acide  chromique,  à  basse  température,  l'alcool  hexahydro- 
benzoïque, G"  H'  ' .  CH-  OH,  dissous  dans  l'acide  acétique  cristalUsable  ;  cet 
alcool  était  lui-même  obtenu  en  faisant  réagir  le  trioxyméthylène  sur  le 
bromure  de  cyclohexylmagnésium. 

l"]n  préparant  l'aldéhyde  hexahydrobenzoïque,  nous  avons  constaté  sa 
facile  polymérisation  :  une  ti^ace  d'acide  le  transforme  assez  rapidement  en 
un  produit  cristallisé  en  fines  aiguilles,  fusibles  à  202"-2o3°,  possédant  la 
formule  (C'H'-'O)'.  Ce  fait  avait  été  signalé  antérieurement  par  Zélinsky 
et  par  W  allach. 

Ayant  remarqué  les  écarts  existant  entre  les  points  de  fusion  de  la  semi- 
carbazone  de  l'aldéhyde  hexahydrobenzoïque  indiqués  successivement  par 
Bouveault  (17G"),  parM.  Zélinski(i73°-i74"),par  M.  Wallach(i67''-iG8"), 
nous  avons  préparé  à  nouveau  cette  semicarbazone  et  nous  lui  avons  trouvé 


(')  Berichte  der  deulschen  cheinischen  Gese(lscha/t,  l.  XLl,  1908,  p.  2677. 

('■')  Bullclin  de  la  Société  chimique,  l.  XXIX,  p.  lo^g- 

{•')  Comptes  rendus,  t.  CXXXtX,  1904,  p.  344- 

('•)  Berichte  der  dcutschen  chemischen  Gesellschaft,  l.  XL,  1907,  p.  3o5i. 

{')  Annrd.  der  Chenue,  l.  CCCXLVIl,  p.  333. 


SÉANCE    DU    17    MAI    I9IO.  1-49 

comme  [)oint  de  fusion  168",  chiffre  qui  concorde  avec  celui   donné  par 
Wallach. 

-Xitrile  hexakydiophénylglycolique  :  C*H"  .ClïOH.  CN.  —  Onoblientc*  composé 
en  faisant  agir,  à  la  température  ordinaire,  une  solution  aqueuse  el  conceûtrée  de 
cyanure  de  potassium  (i  partie)  sur  la  combinaison  bisulfitique  de  l'aldéhyde  hexaliy- 
drobenzoïque.  On  constate  un  léger  échauffement,  tandis  qu'apparaît  peu  à  peu  une 
lui i le  légèrement  colorée.  Au  bout  d'une  heure,  ia  réaction  est  terminée  ;  on  extrait 
alors  le  composé  huileus  avec  J'étber  ordinaire  ;  après  lavage  à  l'eau  et  dessiccation  de 
la  solution  éthérée  à  l'aide  du  sulfate  de  sodium  anhydre,  on  distille  l'étlier,  ce  qui 
fournit  un  résidu  liquide  constitué  par  le  nilriJe  hexahydrophényJgly<-olique.  Il  est 
impossible  de  distiller  ce  produit;  il  est  (railleurs  suffisamment  pur  pour  être  traité 
direcleraent. 

He.vahydropliénylglvcolainide  :  C'^II".CHOH.CO  NH-.  ^  Le  nitrile,  obtenu  précé- 
demment, se  transforme  lentement  en  amide  hexahydropbénylglycolique  au  contact 
de  l'acide  chlorhydi-ique  concentré.  On  maintient  les  deux,  corps  en  présence  pendant 
24  heures,  à  la  température  ordinaire,  en  agitant  fréquemment.  Le  nitrile,  qui  surnage 
au  début,  disparaît  lentement;  on  précipite  ensuite  par  l'eau  froide,  ce  qui  provoque 
l'apparition  d'une  huile  qui  ne  tarde  pas  à  cristalliser  peu  à  peu  ;  on  essore  les  cristaux 
qui  sont  soumis  à  plusieurs  cristallisations  dans  l'éther  ordinaire  :  l'hexahvdrophéByl- 
glycolamide  est  ainsi  obtenu  dans  un  grand  état  de  pureté.  Analysé,  il  a  fourni  des 
chiflres  satisfaisants.  (Tiouvé,  C  pour  100  :  6)  ,01;  H  pour  100  :  9,65;  N  pour  100  : 
9,36.  Calculé  pour  C*H'^0-M,  C  pour  100  :  61  ,  i5;  H  pour  100  :  9,55;  N  pour  100  : 

8,9>-) 

L'hexahydrophénylglycolamide  se  présente  sous  forme  de  feuilles  nacrées,  incolores, 
fusibles  à  i55°.  Insoluble  dans  l'eau,  il  est  très  soluble  dans  l'alcool,  l'éther  ordinaire 
bouillant,  l'acétone. 

Acide  /ie.rafiydrop/ié/iy/gl)Coliiftie  :  Oll"  .CllOH.CO-H.  —  Le  composé  amidé, 
décrit  ci-dessus,  peut  servir  à  préparer  l'acide  correspondant  :  il  suffît  de  le  traiter 
soit  par  l'acide  chloihydrique  concentré  à  100°,  soit  par  ia  potasse  aqueuse  à  l'ébulli  lion. 
\ous  avons  remarqué  ■que  le  rendeaient  en  acide  était  notablement  meilleur  lorsqu'on 
emp'oyail  l'alcali;  dans  le  traitement  acide,'  il  se  forme  toujours  une  altération  d« 
produit  avec  apparition,  en  proportion  notable,  de  composés  de  destruction.  \'oici 
comme  il  convient  d'opérer  :  on  maintient  à  lébullition,  pendant  2  à  3  heures,  une 
solution  de  potasse  à  10  |)our  100  renfermant  l'amide  en  suspension;  les  cristaux 
disparaissent  peu  à  ]>eu  ;  on  acidifie,  après  refroidissement,  par  l'acide  suifurique 
dilué  et  l'on  extrait  à  l'étljer.  La  solution  éthérée,  après  évaporalion,  abandonne  un 
produit  solide,  qui  est  purifié  par  des  cristallisations  répétées  dans  l'élher  Oixlinaire 
ou  dans  l'acétone.  L'anaivse  élémentaire  et  le  dosage  acidiraétrique  du  composé  ainsi 
obtenu  lui  font  attribuer  la  formule  C'H".CHOH  .CO'-H.  (Trouvé,  C  pour  100  : 
60, 33;  60,42;  H  pour  100  :  8,97;  9,07.  Calculé  pour  C*  H'*0'',  C  pour  100  :  60, 75; 
11  pour  100  :  8,85.)  Les  sels  de  sodium  et  d'argent,  analysés  également,  nous  ont 
fourni  les  chiflres  suivants  :  Trouvé,  Na  pour  100  :  12. 4;  Ag  pour  100  :  4o;-)5; 
théorie,  iVa  pour  loo  :  12,77;  f^S  pour  100  :  4o-7J- 

L'acide    hexahydrophényigh colique  se   présente   sous  la   forme  de  beH-es  aiguilles 


I25o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

prismatiques  fusibles  à  i3o°-i3i°,  peu  solubles  dans  l'eau  ;  loo  parties  d'eau  à  i4°  dis- 
solvent 0.7  partie  d'acide.  Il  est  très  soluble  au  contraire  dans  l'éther.  l'alcool, 
l'acétone. 

Zélinsky  et  SchwedolT  ont  décrit  sous  le  nom  d'acide  hexahydrophénylglycolique 
un  co'mposé  fusible  à  166°,  dont  ils  ne  donnent  qu'une  seule  analyse  et  qu'ils  obtenaient 
en  faisant  agir  l'acide  clilorhydrique  à  chaud  sur  le  nitrile  correspondant.  Nous  pensons 
que  ces  chimistes  ont  dû  avoir  entre  les  mains  soit  un  corps  différent  de  l'acide  hexa- 
hvdrophénylglycolique,  soit  peut-être  un  mélange  de  cet  acide  et  de  l'amide.  Le 
composé,  obtenu  par  nous,  recristallisé  dans  plusieurs  dissolvants,  a  toujours  fondu  au 
même  point  rSo^-iSi". 

L'acide  hexahydrophénylglycolique.  possédant  un  carbone  asymétrique,  est  sus- 
ceptible d'être  dédoublé  en  ses  isomères  actifs;  nous  avons  l'intention  d'effectuer  ce 
dédoublement  et  d'étudier  certains  dérivés  de  cet  acide  qui  nous  ont  paru  intéressants. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.    —  Sur  le  dosage  de  l'acide  tartrique  dans  les  malières 
premières  naturelles.  Note  de  M.  C.  Beys,  présentée  par  M.  Gernez. 

On  sait  l'importance  économique  que  comporte  un  dosage  précis  de 
l'acide  tartrique  dans  les  composés  que  fournit,  en  quantités  considérables, 
l'industrie  vinicole.  Jusqu'ici,  aucune  méthode  n'est  à  l'abri  de  la  critique  : 
même  le  procédé  Goldenberg  et  Géromont,  classé  pourtant  parmi  les 
meilleurs,  peut,  dans  les  conditions  les  plus  courantes,  comporter  parfois 
des  erreurs  de  plusieurs  unités  pour  100.  La  méthode,  que  je  résume  ici  et 
qui  sera  indiquée  plus  en  détail  dans  un  autre  recueil,  m'a,  au  contraire, 
donné,  dans  les  cas  les  plus  variés,  des  résultats  très  satisfaisants. 

On  chaufl'e  3o  minutes,  au  bain-marie,  is-as  du  composé  analysé  avec  son  poids 
d'acide  sulfurique  dilué  au  ^.  Après  refroidissement,  on  ajoute,  peu  à  peu,  5'°' 
d'alcool,  puis  10'°'  d'éther.  Le  mélange  trouble  s'éclaircit  rapidement;  on  filtre  et 
on  lave  avec  le  même  volume  d'éther  et  d'alcool  (à  2  pour  i).  Le  liquide  filtré,  qui 
renferme  l'acide  tartrique,  est  neutralisé,»  la  phénolphlaléine,  avec  une  solution  de 
potasse  dans  l'alcool  à  90°;  on  ajoute  ensuite  un  excès  (5^''"'-io'^'"°)  de  la  même  solu- 
tion pour  saponifier  les  éthers  lartriques  possibles;  puis  on  amène  à  38°  et,  après  re- 
froidissement, on  décante  facilement  le  liquide  A  du  précipité  formé  B,  très  adhérent 
au  récipient. 

Le  liquide  A,  acidulé  par  un  fort  excès  d'acide  acétique  glacial,  précipite  le  peu 
d'acide  tartrique  contenu,  à  l'état  de  bitartrate  de  potassium  bien  cohérent,  qui  est 
filtré  et  lavé  complètement  à  Talcool  à  96". 

Le  précipité  H,  additionné  de  i2™'-i5""'  d'eau  et  chaulTé  à  l'eau  bouillante,  donne 
une  solution  homogène  et  chaude,  qui  reçoit  S™'  d'acide  acétique  glacial.  Après 
.")  minutes  d'agitation,  on  complète  (à  S^^-S'"»  près)  la  précipitation  commencée  de 
liilarlrale   de   potassium,    en   additionnant  d'alcool   fort,  jusqu'à    une   proportion    de 


SÉANCE  DU  17  MAI  IQIO.  1231 

65  pour  100;  celui-ci  empèclie,  de  plus,  les  entraînements  d'impuretés  salines  (  nialates, 
pectates,  etc.).  Le  mélange,  bien  agité,  est  filtré  au  bout  de  i  heure.  On  lave  à  fond 
le  précipité  à  l'alcool  à  65°,  puis  à  96",  et  on  le  dissout,  avec  le  précipité  donné 
par  A,  dans  l'eau  bouillante.  Cette  solution  de  sel  acide  est  finalement  titrée  à  la 
phtaléine,  en  employant  les  précautions  indiquées  pour  la  méthode  Goldenberg  et  Géro- 
monl  ('). 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage  des  trois  inéthyl- 
amines  et  de  l'ammoniaque  mélangées .  Note  de  M.  J.  Beutheaume,  pré- 
sentée par  M.  Emile  .Jungfleisch. 

Dans  des  Notes  précédentes  (-),  nous  avons  montré,  M.  François  et  moi, 
l'imperfection  des  méthodes  appliquées  à  la  séparation  quantitative  des 
méihylamines  et  de  rammonia(jue  mélangées.  Il  nous  reste  à  étudier,  dans 
le  même  ordre  d'idées,  le  procédé  de  Bresler  (^)  pour  la  séparation,  par  le 
chloroforme,  du  mélange  de  ces  bases  en  deux  groupes  et  le  procédé  du 
même  auteur  pour  le  dosage  de  l'ammoniaque  et  de  la  monométhylamine. 
Enfin,  nous  proposerons  une  méthode  exacte  et  complète. 

D'après  Bresler,  en  épuisant  un  mélange  sec  des  chlorhydrates  des  quatre  bases  par 
le  chloroforme,  on  les  sépare  en  deux  groupes:  d'une  part,  les  chlorhydrates  insolubles 
d'ammoniaque  et  de  monométhylamine;  d'autre  part,  les  chlorhydrates  solubles  de 
dimélhylamine  et  de  iriméthylamine.  J'ai  vérifié  la  rigoureuse  exactitude  de  ces  faits, 
eu  traitant  par  le  chloroforme  des  sels  purs  et  bien  desséchés.  Le  chlorhydrate  de 
monométhylamine  avait  été  préparé  par  l'acétamide  brome,  celui  de  diniéthylamine 
par  la  nitrosodimétlivlaniline,  celui  de  triméthylamine  par  la  distilhition  sèche  de 
l'oxyde  de  tétramèthylammonium.  Les  chlorhydrates  d'ammoniaque  et  de  mono- 
méthylamine sont  en  effet  complètement  insolubles  dans  le  chloroforme,  à  condition 
que  celui-ci  soit  exempt  de  toute  trace  d'eau  ou  d'alcool.  Les  chlorhydrates  de 
diniéthylamine  et  de  triméthylamine  s'y  dissolvent  totalement  et  avec  facilité.  Le  fait 
est  encore  exact,  lorsqu'on  opère  sur  des  mélanges  en  proportions  connues  des  chlor- 
hydrates purs.  Pour  doser,  dans  la  partie  insoluble,  l'ammoniaque  et  la  monométhyl- 
amine, Bresler  transforme,  après  évaporalion  du  dissolvant,  leurs  chlorhydrates  en 
sulfates  qu'il  traite   par  l'alcool   bouillant.    Le   sulfate  de   monométhylamine   doit  s'v 


(')  Riceixhe  eseguite  net  lal)oratorio  di  Chiinica  agraria  délia  R.  Sciiola 
stiperiore  d'Agricultiira  di  Milano,  1908,  p.  121. 

('-)  Maurice  François,  Comptes  rendus,  t.  CXLVI,  1908,  p.  i'284.  — Jevn  Beutheaime, 
Comptes  rendus,  t.  CXLVI,  1908,  p.  121 5,  et  t.   CL,  1910,  p.  io63. 

(')  Bresler,  D.  deut.  Zuc/ter,  n°^k2elh3,  1900,  p.  lôgS  et  1627,  et  An/t.  Ch.anat., 
t.  VI,  1901,  p.  28. 


1202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dissoudre,  le  sulfate  d'ammoniaque  restei'  insoluble.  D'après  mes  expériences,  la 
solubilité  extrêmement  faible  du  sulfate  de  monométhylaraine  dans  l'alcool,  qui  a  été 
d'ailleurs  mise  à  profit  par  Duvillier  et  Buisine  (  ')  pour  la  séjiaration  de  cette  base, 
rend  impraticable  cette  dernière  opération. 

Nous  allons  maintenant  passer  à  rétablissement  d'un  pi^océdé  délinitil'. 
Pour  cela,  nous  utiliserons  d'abord  la  méthode  de  séparation  en  dcu.K 
groupes  par  action  du  chloroforme  sur  les  chlorhydrates.  Pour  le  dosage  de 
l'ammoniaque  et  de  la  méthylamine  dans  la  partie  insoluble,  nous  emploie- 
rons le  procédé  de  M.  François  (-). 

L'oxyde  jaune  de  mercure,  en  milieu  alcalin,  se  combine  avec  ramiuo- 
niaque  pour  former  l'oxyde  ammonio-mercurique  insoluble,  d'où  l'on  régé- 
nère l'ammoniacjue  pour  la  doser.  La  diméthylamine  reste  seule  dans  la 
solution;  on  l'en  retire  par  distillation.  J'ai  vérifié  par  de  très  nombreux 
dosages  la  valeur  de  cette  méthode  et  constaté  son  absolue  exactitude. 

Lnfin,  pour  doser  dans  la  partie  soluble,  la  diméthylamine  et  la  trimé- 
thylamine,  nous  aurons  recours  à  un  procédé  nouveau,  basé  sur  les  pro- 
priétés des  periodures. 

.J'ai  montre,  dans  une  Note  précédente  ('),  combien  était  grande  rinsoluliililé  des 
periodures  de  ces  aminés,  et  en  particulier  du  periodure  de  triméthylaraine.  Tandis 
que  le  chlorhydrate  de  diméthylamine  cesse  de  précipiter  à  o°,  par  l'iode  ioduré,  à 
partir  de  la  dilution  i  pour  looo;  le  chlorhydrate  de  Irimélhylamine,  au  conlraire, 
précipite  encore  en  solution  au  ^0^50  ^^  même  moins.  J'ai  donc  pensé  qu'on  pour- 
rait, en  se  tenant  dans  ces  limites,  opérer  la  séparation  analytique  de  ces  deux  bases. 
L'expérience  a  confirmé  cette  opinion.  J'ai  vérifié  que  la  triméthylamine,  en  solution 
chlorhydrique  très  étendue  (50^00)1  était  totalement  précipitée  ;  elle  peut  être  régénérée 
par  distillation  puis  dosée  alcalimétriquomenl. 

D'autre  part,  la  diméthylamine  ne  précipitant  jjas  pour  la  dilution  indiquée  plus 
haut,  on  comprend  qu'il  soit  possible  de  séparer  quantitativement  les  deux  bases  et  de 
régénérer  des  eaux  mères  la  diméthylamine.  J'ai  contrôlé  ces  faits  par  une  série  de 
dosages  sur  des  mélanges  connus  de  chlorhydrates  de  diméthylamine  et  de  triméthyl- 
amine; les  résultais  obtenus  ont  été  très  satisfaisants.  Les  erreurs  observées  ne 
dépassent  pas  i  pour  100,  sauf  dans  les  cas  extrêmes  où  l'on  cherche  à  doser  une  partie 
de  l'une  des  bases  en  présence  de  loo  de  l'autre. 

Nous  résumerons  ci-après  la  marche  générale  à  suivre  pour  le  dosage 
des  trois  aminés  et  de  l'ammoniaque  mélangées,  que  nous  supposerons 
amenées  à  l'état  de  chlorhydrates. 

(')   lî.  Duvii.LiER  et  A.  liiisiNii,  Comptes  rendus,  t.  LXXXIX,  1S-9,  p.  710. 
(')  M,  François,  Comptes  rendus,  t.  t^XLlV,  1907,  p.  857. 
(')  J.  Bertiibal'me,  Comptes  rendus,  t.  lot),  1910,  p.  io63. 


SÉANCE  DU  17  MAI  19IO.  1253 

Les  clilorhydrates  (  lî-'  à  ■i'^  environ),  desséchés  à  1 10"  dans  un  tiilje  bouclinnl'à  l'émeri. 
soni  pesés  exactement.  On  les  dissont  dans  une  petite  quantité  d'eau  acidulée  par  l'acide 
chlorliydriqiie  et  l'on  mélange  evaclement  celte  solution  avec  206  au  moins  de  sable 
quartzeiix.  Après  dessiccation  parfaite  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique,  le  mélange  est 
introduit  rapidement  dans  une  petite  allonge  en  verre,  bien  sèche,  dont  la  douille  est 
garnie  d'un  tampon  de  coton  de  verre,  et  lixivié  avec  du  chloroforme  chaud,  jusqu'à  ce 
qu'on  n'observe  plus  aucun  résidu  par  évaporalion  de  quelques  gouttes  du  dissolvant. 
Le  soluté  chloroformique.est  évaporé  à  siccilé  et,  le  résidu  salin  étant  pesé,  on  le  dissout 
dans  2000  fois  son  poids  d'eau  distillée.  On  prélève  200"^"'  à  3oo''°''  au  plus  de  cette 
solution  qu'on  refroidit  à  o"  et  l'on  y  ajoute,  par  loo'^"',  une  quantité  minima  de  3o™" 
d'un  réactif  iodo-ioduré,  refroidi  également  à  o"  et  ainsi  composé  : 

(1:  127  —  Kl:  i5o  —  II-O  :  quantité  sufllsanle  pour  rooo'"''). 

Après  1  heure  de  contact  à  0°,  les  cristaux  de  periodure  de  triméthylaniine  sont 
séparés  à  la  trompe,  dans  un  entonnoir  en  verre  dont  la  douille  est  garnie  d'un  tampon 
de  coton  de  verre  fortement  tassé;  on  les  essore  et  on  les  lave  avec  4""'  «  ^""^  d'un 
mélange  froid  d'une  partie  de  réactif  iodo-ioduré  pour  trois  parties  d'eau.  Ou  les  dissout 
au  moven  d'une  solution  de  sullite  de  soude  neutre  et  l'on  distille  avec  de  la  soude  en 
excès,  dans  un  appareil  de  Schlœsing.  Par  un  titrage  alcalimétrique,  en  présence  de 
tournesol  d'orcine,  on  obtient  la  iriméthjlamine.  Les  eaux  mères  de  ces  cristaux, 
traitées  de  la  même  façon,  donneront  la  diméthylamine.  Le  résidu  insoluble  dans  le 
chloroforme  est  débarrassé  de  ce  dissolvant  par  dessiccation  à  l'étuve,  puis  lixivié  à  l'eau 
chaude,  jusqu'à  ce  qu'on  n'ait  plus  aucune  réaction  avec  le  réactif  de  Nessler  ou  le 
nitrate  d'argent  dans  les  eaux  de  lavage. 

Sur  la  solution  ainsi  obtenue,  on  opère  la  séparation  de  l'ammoniaque  et  de  la  mono- 
méthylamine  par  la  méthode  de  M.  François  ('),  à  l'oxyde  jaune  de  mercure. 


BOïAA'IQUE.  —  Etudes  sur  la  biologie  de  la  truffe  mélanospore  {TuhQV 
melanosporuiiî  Vilt.).  i\ole  de  M.  G.  Boyeiî,  présenlée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

Malgré  de  multiples  reclierche.s  dont  je  ne  ferai  pas  ici  l'historique,  le 
mode  de  formation  de  la  truffe  mélanospore  n'est  pas  encore  parfaitement 
élucidé.  L'évolution  même  du  tubercule  une  fois  produit  n'a  pas  été  décrite 
d'une  manière  précise  par  les  auteurs  qui  s'en  sont  occupés  tels  que  :  Tulasne 
(Ftingi  hypogcei),  Chatin  (la  Truffe),  etc. 

En  présence  de  ces  lacunes,  j'ai  résolu  de  pratiquer  des  fouilles  dans  les 
truffières,  et  celte  élude,  poursuivie  patiemment  depuis  plusieurs  années 

(')  ^L  François,  Comptes  rendus.  I.  CXLIV,  1907,  p.  8.')7. 


1254  ACADÉMIE     DES    SCIENCES. 

dans  la  Dordo^ne  et  spécialement  cliez  le  D''  Pradel  de  Sorges,  m'a  permis 
d'ap])orter  (pielque  clarté  dans  une  étude  difficile  à  plus  d'un  égard. 

J'ai  pu  notamment  déterminer  l'époque  d'apparition  et  le  mode  de  déve- 
loppement du  tubercule. 

J'ai  indiqué  ailleurs  les  raisons  cpii  militent  en  faveur  de  la  production 
hivernale  de  Terfezia  Leonis  Tul.  (  '  ),  el  de  la  formation  prin tanière  de  Tuber 
œstiviim  Witt  (-).  Pour  ce  qui  concerne  la  truffe  mélanospore  ou  truffe  du 
Périgord,  qui  nous  intéresse  plus  particulièrement,  les  jeunes  tubercules 
cjue  j'ai  trouvés  l'ont  toujours  été  au  plus  lot  en  juillet.  Il  en  apparaît  aussi 
au  mois  d'août.  J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  le  'i  août  1909  une 
jeune  truffe  dont  le  poids  total  à  l'état  frais  n'atteignait  que  5''^.  Jamais,  à 
ma  connaissance,  aussi  petite  truffe  n'avait  été  signalée.  Ce  précieux  échan- 
tillon, ainsi  que  d'autres  un  peu  plus  volumineux  trouvés  en  juillet,  août  et 
septembre,  m'ont  permis  de  rectifier  l'assertion  àeTxAasn&ÇFungi  liypogœi, 
p.  59)  d'après  laquelle  «  les  jeunes  truffes  sont  de  toutes  parts  enveloppées 
d'un  feutre  parfaitement  blanc,  très  dense,  de  i"™  à  3"""  d'épaisseur,  et 
dont  les  fils  constitutifs  se  prolongent  ou  s'étendent  çà  et  là  autour  du 
champignon  sous  la  forme  de  filets  déliés  ou  celle  de  flocons  mal  définis  » 
(voir  PL  III,  Jig.  2  et  PL  XIX,  fig.  i5).  Rien  de  semblable  n'existe 
autour  des  jeunes  IrulTes  que  j'ai  rencontrées,  bien  que  beaucoup  d'entre 
elles  fussent  plus  petites  que  celles  de  Tulasne  qui,  dit-il,  «  ne  dépassaient 
guère  le  volume  d'une  noix  «.  La  truffe  de  5''''  que  j'ai  récoltée  est  du  volume 
d'un  très  petit  pois.  J'ai  d'ailleurs  pu  observer  des  truffes  de  toutes  les  dimen- 
sions depuis  ce  minime  volume  jusqu'à  celui  d'une  orange. 

Les  jeunes  tubercules  recueillis  par  moi  en  juillet  et  en  août  sont  complè- 
tement blancs  à  l'intérieur,  mais  ils  sont  revêtus  d'un  péridium  verru- 
cjueux.  Les  verrues  déjà  noires  sont  séparées  par  des  dépressions  de  couleur 
blanc  rougeàtre. 

A  rencontre  de  ce  cjue  décrit  Tulasne,  aucun  de  ces  tubercules  ne 
paraissait  à  première  vue  entouré  d'une  gaine  blanche,  ni  même  en  adhésion 
avec  aucun  mycélium.  Toutefois  un  examen  attentif  permet  d'apercevoir, 
avec  l'aide  du  microscope,  dans  les  anfractuosités  du  péridium,  quelques 
minces  fragments  mycéliens  isolés,   d'environ  3'^  d'épaisseur  qui,  partant 


(')  G.  BoYER.  Sur  une  espèce  de  Terfezia  récollée  en  Tunisie  par  M.  le  profes- 
seur Devaux  (P.-V.  Soc.  Lin.  de  bordeaux,  5  mai  1909). 

(^)  G.  BoYER,  Sur  deux  espèces  c/e  Morchella  el  une  espèce  de  Tuber  (7'.  astivum) 
Iroui'ées  au  début  d'avril  1909  (  P.-  ]\  Soc.  Lin.  de  Bordeaux,  1 1  avril  1909). 


SÉANCE  DU  17  MAI  I910.  1255 

de  la  gleba,  semblent  se  rattacher  à  des  cordons  de  mycélium  eux-mêmes 
très  déliés  qui  rampent  dans  le  sol. 

Certains  champignons,  les  Morilles  d'après  M.  Malruchot  ('),  \e  Sclero- 
denna  verrucosian  Bull.  var.  spadiceum  Schœf. ,  d'après  mes  propres 
constatations,  sont  en  relation  par  leur  mycélium  avec  certains  mycorhizes 
des  arbres.  Il  semble  bien  en  être  de  même  pour  la  truffe  et,  de  fait,  les 
racines  des  arbres  truffiers  présentent  toujours  semblables  productions  (-) 
en  abondance. 

Que  deviennent  les  jeunes  truffes  une  fois  formées?  De  mes  recherches  il 
résulte  qu'elles  grossissent  peu  à  peu  pendant  la  belle  saison.  Leur  déve- 
loppement ne  s'arrête  qu'aux  premiers  froids,  époque  à  laquelle  la  maturité 
commence  à  se  produire.  Il  est  surtout  provoqué  par  les  pluies  d'été  et 
d'automne  après  lesquelles  le  grossissement  rapide  des  tubercules  soulève 
la  terre  qui  les  surmontent.  Vienne  ensuite  un  temps  sec  et  chaud  et  aux 
mêmes  endroits  la  terre  se  fend,  produisant  ce  qu'on  appelle  les  marques. 

Voici  un  exemple  des  mensurations  que  j'ai  faites  :  dimensions  d'une 
truffe  suivant  deux  diamètres,  toujours  les  mêmes,  le  plus  grand  et  le  plus 
petit  :  Le  4 septembre  1908  :  i"",Gsur  2"",  2;  le  23  octobre:  2*^^'",  5  sur  3'^'",2; 
le  6  décembre  :  3'^"',:|  sur  4*^'",  r . 

A  mesure  que  la  maturation  se  produit,  les  verrues  d'abord  peu  pronon- 
cées, se  développent  ;  le  péridium  s'épaissit  et  se  fonce,  la  gleba  d'abord 
blanche  acquiert  des  veines  grises,  puis  noires  lorsque  les  spores  sont  mûres. 

D'où  viennent  les  sucs  nutritifs  qui  permettent  ce  grossissement  pro- 
gressif de  la  truffe?  Le  tubercule  tire-t-il  sa  nourriture  de  la  terre  fortement 
agrégée  qui  l'entoure?  Il  ne  semble  pas  qu'il  en  soit  ainsi,  car  ayant  à  plu- 
sieurs reprises  déplacé  des  truffes,  j'ai  constaté  qu'elles  ont  cessé  de  croître 
à  partir  de  ce  moment,  malgré  toutes  les  précautions  que  j'ai  pu  prendre, 
telles  que  arrosage  immédiat,  etc. 

En  prévision  de  ce  résultat,  j'avais  eu  soin,  dans  les  mensurations  que 
j'ai  indiquées  précédemment,  de  ne  découvrir  que  la  moitié  supérieure  des 
tubercules  sans  déranger  ceux-ci.  Il  est  probable  qu'en  déplaçant  les  truffes 
on  brise  les  fragiles  attaches  mycéliennes  issues  des  tubérhizes  par  où  elles 
se  nourrissent.    Même  résultat  a  été  obtenu  avec  divers  champignons, 

(' )  Matrucuot,  Etudes  sur  la  Morille  (journal  La  culture  des  champignons 
comestibles,  novembre  1909,  p.  45i). 

C)  M.  Maltirolo  leur  donne  très  justement  le  nom  de  iMÔe'/'A/ses  .' voir  O.  Mattirolo, 
1  Tarlufi,  1909,  p.  i3  (Bev.  Accademia  d' Agricoltura  di  Torino). 

C.  R.,   1910.  I"  Semestre.  (T.  lôO,  N"  20.)  1^3 


1256  ACADÉMIE    DES    SCIENXES. 

Amanites,  Russules,  elc,  qui,  déplacées  même  avec  adhésion  d'une  cer- 
taine quantité  de  terre  à  leur  pied,  ont  cessé  de  grossir  d'une  manière 
appréciable  à  partir  de  leur  transplantation. 

De  mes  recherches  il  résulte  (pie  tout  tend  à  prouver  (pie  la  trulVe  méla- 
nospore  est  en  relations  étroites  avec  les  racines  des  arbres  dits  truffiersr 
L'appareil  fructifère  une  fois  formé  présente  une  croissance  et  une  matu 
ration  lentes,  pouvant  s'étendre  depuis  le  début  de  l'été  jusqu'à  la  fin 
de  l'hiver,  ce  qui  différencie  la  truffe  de  beaucoup  d'autres  champignons. 


BOTANIQUE.  —  Sur  les  Strychnos  de  l' Asie  Orientale.  Note  de  M.  Paul  Dop, 
présentée  par  M.  Gaston  IJonnier. 

La  classification  du  genre  Strychnos  repose  sur  la  longueur  du  tube  de  la 
ileur.  Dans  un  premier  groupe,  le  tube  de  la  corolle  est  plus  court  que  le 
calice  ou  presque  nul  (fleurs  brévilubes);  dans  un  second  groupe,  le  tube 
est  plus  long  que  le  calice,  mais  inférieur  ou  égal  à  la  longueur  des  lobes  de 
la  corolle  (fleurs  intermédiaires);  enfin,  dans  un  dernier  groupe,  le  tube  de 
la  corolle  est  plus  long  que  les  lobes  (fleurs  longilubes). 

J'étudierai  successivement  la  distribution  de  ces  trois  groupes  dans  l'Asie 
Orientale  continentale  d'après  les  matériaux  de  l'Herbier  du  Muséum,  dont 
l'étude  m'a  été  confiée  par  M.  le  professeur  Lecomte  et  qui  renferme  un 
certain  nombre  d'espèces  nouvelles  qui  seront  décrites  dans  un  prochain 
travail. 

Strychnos  à  fleurs  hré^'Uabes.  — •  Dans  ce  groupe,  les  fornnes  à  ovaire  glabre  et  à 
ovaire  velu  se  séparent  nettement.  Les  premières,  5.  micranltia  "Wiyi,,  S.  Dalzellii 
Clarke,  S.  Bertkami  G\avke  et  5.  /?/)eef/et  Clarke,  sont  localisées  dans  la  péninsule  du 
Deccan  et  l'île  de  Ceylan.  Les  formes  à  ovaire  velu,  5.  acuminata  Wall..  ■S',  liypo- 
gyiia  Clarke,  S.  Maingayi  Clarke,  babitent,  au  contraire,  Je  Ténasserim,  les  îles 
Andamans  et  la  péninsule  Malaise.  Il  n'_y  a  d'exception  que  pour  S.  colultrina  Linn. 
qui  vit  au  Deccan  et  dont  l'ovaire  n'est  d'ailleurs  velu  que  dans  sa  partie  supérieure. 

Strychnos  à  fleurs  inlerinèdiaires.  —  Ce  groupe  est  localisé  dans  la  région  indo- 
chinoise  et  la  péninsule  malaise,  exception  faite  du  5.  axillaris  Colebr.  du  Bengale. 
La  Chine  ne  parait  posséder  que  deux  espèces  subtropicales  de  l'île  de  Hong-Kong  ; 
5.  augasliflora  Benth.,  et  S.  paniculata  Champ.  Dans  la  Cochinchine.  ce  groupe 
subtropical  a  un  représentant  S.  polyantlia  Pierre  mss.  sp.  n.  qui  ne  me  paraît  être 
qu'une  forme  géographique  du  S.  paniculata  Champ.  Par  contre,  les  formes  malaises 
sont  fréquentes  en  Indo-Chine  :  S.  pubescens  Clarke,  5.  laurina  Wall.,  S.  Ridleyi 
Ring  et  Gambie.  Ces  trois  espèces,  très  communes  dans  la  péninsule  malaise  (  King  et 
Gamble,  Mat.  FI.    Malayan  Peninsula,  t.  XLV.   1907)  habitent  généralement  la  Co- 


SEANCE  DU  17  MAI  1910.  12J7 

cliinchine  el  même  les  deii\  premières  remontent  dans  le  haut  Laos  jusqu'au  19'"  pa- 
rallèle. 

Slrychnos  à  Jleurs  longitubes.  —  La  distribution  de  ce  groupe  est  plus  inégale; 
S.  potatorum  L.  f.  habite  le  Deccan  et  la  Birmanie.  S.  Tieiité  Lescli.  la  Malaisie; 
mais  ces  deux  formes  ne  sont  pas  connues  en  Indo-Chine.  Par  contre  S.  A'ii.r-vomica 
L.  existe  dans  l'Inde,  le  Ténasserim  et  l'Indo-Chine.  La  forme  tvpe  et  la  variété 
oliffospernia  v.  n.  caractérisée  par  une  baie  à  8-4  graines,  sont  spéciales  à  la  Cocliin- 
chine;  la  variété  grarulLfolia  \.  n.  à  feuilles  très  larges  et  arrondies,  souvent  pubes- 
centes  à  la  face  inférieure  sur  les  nervures,  remonte  dans  le  Haut-Laos  jusqu'à  Luang- 
Prabang.  L'Indo-Chine  possède,  en  outre,  d'autres  formes  très  voisines,  dérivées 
peut-être  du  5.  Niix-vomica  L.  Ce  sont  5.  rupicota  Pierre  mss.  sp.  n.,  à  petites 
(leurs  du  Cambodge  et  S.  Gaulhierana  Pierre  mss.  sp.  n.,  du  Tonkin.  Cette  dernière 
espèce,  voisine  du  5.  Tieiité  Lesch.,  qui,  par  suite  sans  doute  d'une  erreur  d'échan- 
tillon, a  été  rapportée  par  Clarke  {FI.  Br.  Iiidia,  t.  IV,  i88.>)  au  .?.  Malaccensis 
lîeutli.,  est  au  contraire  tout  à  fait  distincte.  Enfin  5.  Wailichiana  Beuth.  de  l'Assani 
possède  au  Laos  une  forme  affine  nouvelle,  S.  Spircana  sp.  n. 

Ces  quelques  faits  relatifs  à  la  distribution  des  S^rvc/««05  accusent  nette- 
ment le  caractère  mixte  de  la  flore  d'fndo-Chine  composée  d'une  part  d'élé- 
ments indiens  et  chinois  et  de  l'autre  d'éléments  malais. 

Parmi  les  espèces  nouvelles,  mais  insuffisamment  connues,  de  l'Herbier 
du  Muséum,  existe  un  5.  Thorelii  Pierre  mss.  sp.  n.,  de  Birmanie  et  de 
Cochinchine,  qui  présente  un  fruit  drupacé  monosperme  à  endocarpe 
ligneux  et  bivalve  alors  que  le  fruit  des  Slrychnos  est  une  baie.  Ce  caractère 
n'apparaît  pas  brusquement  dans  cette  espèce,  car  les  fruits  de  5.  paniculala 
Cliamp.  et  de  S.  putescens  Clarke,  offrent  aussi  un  endocarpe  dur  quoique 
très  miuce.  D'autre  pari  le  S.  Thorelii  est  un  véritable  Slrvchnos  par  ses 
feuilles  et  sa  structure,  et  en  particulier  parles  ilôts  de  liber  périmédiillaire. 
Il  y  a  lieu  de  le  considéi^er  simplement  comme  un  intermédiaire  entre  les 
Strychnées  à  baie  et  les  Strychnées  à  drupe  comme  les  CouUioria  des  îles  du 
Pacifique,  de  la  Nouvelle-Calédonie  et  des  Célèbes,  qui  ont  d'ailleurs  la 
même  organisation  florale  que  les  Slrychnos. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Le  poids  relatif  du  cœur  el  l'effet  des  grandes 
altitudes.  Etude  comparative  sur  deux  espèces  de  Lagopèdes  habitant  l'une 
les  Hautes-Alpes,  l'autre  les  plaines  de  la  Laponie.  iNote  de  M.  J.  Stkohi,. 
transmise  par  M.  Yves  Delage. 

Le  poids  relatif  du  cœur  est  en  rapport  direct  avec  les  dépenses  énergé- 
ti(|ues  d'un   animal,   du  moins  dans  les  limites  oi'i   règne  l'omœotbermie 


1258  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(R.  Hesse,  1906).  Il  n'est,  par  conséquent,  nullement  étonnant  de  constater 
quelecœur  des  Oiseaux  présente  en  général  un  poids  relativement  beaucoup 
plus  que  celui"  des  Mammifères  (Parrol,  1893). 

Ayant  rencontré  des  cœurs  particulièrement  grands  chez  des  Lagopèdes 
ou  poules  de  neige,  il  me  semblait  permis  d'admettre  un  rapport  quelconque 
avec  l'habitat  spécial  de  ces  oiseaux.  Afin  de  vérifier  si,  en  effet,  l'altitude 
pouvait  être  pour  quelque  chose  dans  la  grandeur  du  cœur,  j'entrepris  de 
comparer  entre  elles  les  deux  espèces  de  Lagopèdes  habitant  l'une  la  région 
des  Hautes-Alpes  (  Lagopus  alpiniis  ou  Lagopiis  miiliis),  l'autre  les  plaines 
septentrionales  de  notre  continent  [Lagopus  lagopus  ou  Lagopus  alhus).  Ces 
deux  espèces  ne  diffèrent  que  fort  peu  entre  elles.  Le  Lagopède  des  plaines 
est  quelque  peu  plus  grand  que  celui  des  hautes  montagnes.  Quant  au 
squelette,  on  n'arrive  à  distinguer  les  deux  espèces  que  tout  juste,  grâce  au 
métacarpe  et  au  tarso-métatarse.  Leur  vie,  leur  vol,  leur  cri  sont  aussi 
pareils.  Le  Lagopède  des  plaines  semble  toutefois  plus  vif.  Il  vole  plus  loin 
et  plus  souvent.  De  tout  cela  (grandeur  diverse,  vivacité  plus  grande)  il 
a  été  tenu  compte,  mais  les  différences  ne  sont  pas  telles  qu'elles  peuvent 
entrer  sérieusement  en  ligne  de  compte.  Et  si  même  cela  était  le  cas,  ces 
facteurs  ne  pourraient  avoir  de  répercussion  que  sur  la  grandeur  du  cœur 
entier,  laquelle  précisément  ne  constitue  pas  le  phénomène  essentiel,  comme 
nous  allons  le  voir. 

Seuls  ont  été  considérés  des  individus  peu  endomreiagés  par  le  plomb  ou  le  piège  et 
ayant,  sans  exception,  un  cœur  entièrement  intact.  Les  Lagopèdes  alpins  provenaient 
tous  d'une  hauteur  de  2ooo'"-3ooo"';  ceux  de  la  plaine  étaient  originaires  d'un  endroit 
en  Laponie  situé  à  environ  600"".  La  préparation  et  la  dissection  du  cœur  ont  été  faites 
méliculeusement.  J'enlevai  successivement  les  vaisseaux  cardiaques,  les  valvules,  la 
graisse  de  la  région  alrioventriculaire,  puis  les  proventricuies  ;  enfin,  avec  des  soins 
jjarticuliers,  je  détachai  le  ventricule  droit  et  le  seplum,  obtenant  ainsi  comme  reste 
le  ventricule  gauche.  Proventricules,  ventricules  et  septum  furent  débarrassés  de  tout 
sang  coagulé,  puis  pesés  ensemble  et  séparément.  Afin  de  trouver  le  rapport  existant 
entre  la  masse  du  cœur  et  celle  du  corps,  j'établissais  les  valeurs  pour  1000  du  cœuret 
de  ses  parties  par  rapport  au  poids  du  corps,  soit  tant  et  tant  de  parts  de  cœur  ou  de 
ventricule  sur  looo parts  de  corps.  On  calcule  d'une  façon  analogue  la  valeur  des  deux 
\enlricules  par  rapport  au  cœur  entier,  et  enfin  celle  du  ventricule  droit  par  rapport 
au  ventricule  gauche. 

Les  chiffres  ainsi  obtenus  nous  montrent  d'abord  nettement  une  augmen- 
tation de  la  masse  totale  du  cœur  chez  l'espèce  habitant  les  Hautes-Alpes. 
En  effet  le  poids  relatif  du  cœur  est  en  moyenne  de  1 1 ,08  pour  1000  dans  la 
plaine,    iG,3o  pour  1000  dans  les  Ilautes-iVIpes.  Il  y  aurait  donc  chez  le 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  1259 

Lag'opède  alpin  par  rapport  au  Lagopède  des  plaines  une  hypertrophie  fonc- 
tionnelle du  cœur.  Celle  augnienlation  de  masse  n'est  toutefois  pas  répartie 
d'une  façon  égale  sur  toutes  les  parties  du  cœur.  L'hypertrophie  est  asymé- 
trique en  ce  sens  qu'elle  est  beaucoup  plus  forte  chez  le  ventricule  gauche. 
L'augmentation  du  ventricule  droit  dans  les  Hautes-Alpes  dépasse  celle  du 
ventricule  gauche  en  moyenne  de  jj,  soit  de  près  du  double,  et  en  certains 
cas  extrêmes  même  de  plus  de  trois  fois  (').  La  valeur  du  ventricule  droit 
dans  la  plaine  et  dans  les  hautes  montagnes  peut  être  représentée  par  les 
chill'res  suivants  qui  constituent  une  moyenne  : 

o,  3.'i7  ;  o ,  562. 
En  un  cas  extrême,  ce  rapport  a  été  de 

o, 260  :  0,700. 

A  n'en  pas  douter  raugmenlation  du  petit  ventricule  ou  ventricule  droit  est 
beaucoup  plus  marquée  que  celle  du  grand  ventricule  gauche. 

La  raison  de  cette  hypertrophie  dertroventriculaire  ne  peut  être  cherchée 
que  dans  une  résistance  plus  grande  rencontrée  -çav  le  sang  dans  la  circula- 
tion pulmonaire.  Rappelons  d'abord  qu'un  phénomène  analogue  a  été  cons- 
taté par  Grober  (1907  et  1908)  qui  a  comparé  entre  eux  des  lièvres  domes- 
tiques et  des  lièvres  sauvages ,  des  canards  domestiques  et  des  canards 
sauvages.  Les  deux  fois,  l'espèce  sauvage  présentait  une  hypertrophie  dextro- 
ventriculaire  par  rapport  à  l'espèce  domestique.  Pour  les  lièvres,  Grober  a 
admis  comme  cause  une  espèce  d'emphysème  pulmonaire,  un  gonflement 
d'air  dans  les  tissus  du  jioumon  résultant  d'un  travail  musculaire  plus  grand 
et  constituant  une  augmentation  de  résistance  dans  la  circulation  pulmo- 
naire. Cette  explication  paraissait  à  Grober  inapplicable  aux  Oiseaux,  vu  le 
manque  d'élasticité  de  leurs  poumons.  Soum  (1896)  ayant  toutefois  démon- 
tré que  l'élasticité  du  poumon  des  Oiseaux  nest  nullement  négligeable,  il 
semijle  permis  d'étendre  aux  canards  l'explication  trouvée  bonne  pour  les 
Mammifères. 

.  (  )n  pourrait,  à  première  vue,  alléguer  la  même  cause  pour  expliquer 
l'hypertrophie  constatée  chez  les  Lagopèdes  des  Hautes-Alpes,  le  terrain 
escarpé   devant  entraîner  un  travail  musculaire  plus  intense.   Mais  cette 


(')  Voir  pour  plus  de  détails  mon  Mémoire  paraissant  sous  peu  dans  le  premier 
fascicule  du  premier  Volume  de  la  partie  physiologique  des  Zoologische  Jalirbûcher 
|iiibllé-i  par  le  professeur  J.->\  .  Spengel. 


I26o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

explication  ne  paraît  aucunement  satisfaisante.  En  elîeL,  les  Lagopèdes  des 
hautes  montagnes  se  meuvent  plutôt  moins  que  ceux  des  plaines  et  en  tout 
cas  se  tiennent  dans  des  districts  relativement  restreints.  Tout  pousse  à 
chercher  la  cause  du  phénomène  cai'diaque  dans  la  circonstance  qui  repré- 
sente la  diirérence  essentielle  entre  les  deux  espèces,  c'est-à-dire  le  séjour  à 
une  altitude  sensiblement  dilférente.  l'^n  ce  cas  toutefois,  la  théorie  basée 
sur  un  prétendu  manque  d'oxygène  n'expliquerait  rien  du  tout;  car,  même 
en  admettant  que  ce  manque  soit  compensé  par  un  passage  plus  fréquent 
du  sang  dans  le  poumon,  l'augmentation  de  travail  qui  s'ensuivrait  pour  le 
cœur  serait  générale,  s'étendrait  à  la  circulation  entière  et  par  cela  même 
concernerait  le  ventricule  gauche  au  même  degré  que  le  ventricule  droit. 
L'explication  la  plus  plausible  devra  plutôt  être  celle  d'un  ej)'fl  mécanique 
de  la  diminution  de  la  pression  haromélrique .  Celle-ci,  selon  la  ihéorio  déve- 
loppée par  Kronecker  (igo3),  entrauie  tout  juste  une  espèce  de  stagnation 
du  sang  dans  les  capillaires  pulmonaires  et  réclame  donc  une  force  plus 
grande  pour  le  seul  courant  pulmonaire,  soit  une  augmentation  do  Iravad 
diu  ventricule  droit. 

Il  s'agirait  donc  d'une  hypertrophie  compensatrice,  [X)ur  la  dislinguordc 
l'hypertrophie  de  travail.  Celte  hypertrophie  dextro-ventriculaire  compen- 
satrice apparaît  comme  une  adaptation  spécifique  au  séjour  dans  la  haute 
montagne.  Comme  telle,  elle  semble  même  devoir  être  un  caractère  acquis 
par  sélection  naturelle  et  transmis  par  voie  d'hérédité;  en  effet,  un  tout  jeune 
Lagopède  provenant  d'une  altitude  de  3ooo'"  la  présentait  au  même  degré 
déjà  que  les  adultes,  tandis  que  le  [)oids  relatif  duco'ur  entier  corre.sporuhiit 
encore  à  celui  des  Lagopèdes  de  la  plaine.  L'augmentation  du  cojur  eiilici-. 
son  hypertrophie  générale  serait,  par  conséquent,  un  caractère  acquis 
seulement  au  cours  de  la  vie  individuelle  et  se  distinguerait  en  cela  aussi  de 
rhy[)ertrophie  de  l'altitude. 


ClIlMIl!:  innsiOLOGIQUE.  —  Décomposilion  du  chloroforme  dans  l'organisme. 
Note  de  M.  Maurice  Nicloux,  présentée  par  M.  A.  Daslre. 

Dans  une  série  de  travaux  publiés  en  1906-1907  et  réunis  en  un  volume 
paru  en  1908  ('),  j'ai  rapporté  im  certain  nombre  de  recberches  relatives 


{')   .Mauiuce  NiCLOrx,  Les  unesihvslijLK-s  ^ciiérau.t  au  poini  de  ouc  flnmici-pliysio- 
t(ii;iijuc.  1   \ol.  2i3  p.,  3i>  (i;;.  ;   kjdS.  l'aris.  (_).  Doin,  édileur. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  1261 

à  l'étude  des  anesthésiques  généraux,  considérée  au  point  de  vue  cliimico- 
pliysiologique. 

Un  des  points  qui  ressort  nettement  de  l'ensemble  de  ces  recherches, 
c'est  le  fait  de  l'imprégnation  profonde  de  tous  les  tissus  par  l'an^sthésique. 
Le  chloroforme  obéit  à  cette  loi  généi'ale,  et  ainsi  il  y  a  lieu  de  se  demander 
si  cette  fixation  par  les  tissus  n'est  que  temporaire,  si  le  chloroforme,  qui 
produit  au  moment  de  l'anesthésie  tous  les  phénomènes  que  l'on  sait,  est 
éliminé  en  totalité  par  la  suite,  s'il  ne  fait  que  passer,  en  définitive,  dans 
l'organisme;  ou  si,  au  contraire,  il  subit  au  sein  de  ces  mêmes  tissus  une 
décomposition  plus  ou  moins  grande.  C'est  cette  étude  dont  j'apporte  au- 
jourd'hui les  résultats. 

Principe  des  expériences.  —  Dans  un  vase  clos,  en  l'espèce  une  grande  cloche  de 
verre  de  35',  et  où  se  trouve  un  animal  (chien),  on  fait  circuler  de  l'air  chargé  de 
vapeur  de  chloroforme,  de  manière  à  ottenir  une  aneslhésie  de  3o  minutes  environ, 
puis  de  l'air  pur.  On  détermine  la  quantité  totale  de  chloroforme  qui  entre  dans  la 
cloche  et  la  quantité  totale  de  chloroforme  qui  en  sort  (').  La  comparaison  des  deux 
nombres  permet  d'être  immédiatement  fixé  sur  le  sort  du  chloroforme  dans  Torga- 
nisme. 

Une  seconde  méthode  consiste  à  faire  ingérer  une  quantité  connue  de  chloroforme 
sous  forme  d'eau  chloroformée,  puis  à  placer  l'animal  dans  le  même  appareil,  en  vue 
de  déterminer  la  quantité  totale  de  chloroforme  éliminé.  La  comparaison  de  ces  deux 
quantités  permet  de  calculer  la  proportion  décomposée. 

Le  principe  de  ces  expériences  est,  on  le  voit,  extrêmement  simple.  Sa 
réalisation  présente  toutefois  une  réelle  difficulté.  Il  faut,  en  effet,  faire  cir- 
culer autour  de  l'animal  (chien  de  3''^  à  5''5,5oo)  un  volume  d'air  considé- 
rable, 80'  à  100'  à  l'heure  pour  que  sa  respiration  ne  soit  nullement  Irou- 
Ijlée,  mais  de  ce  fait  le  chloroforme  rejeté  par  le  poumon  se  trouve  dilué 
dans  des  volumes  d'air  relativement  énormes,  si  bien  qu'à  la  fin  de  l'élimi- 
nation, sa  proportion  n'atteint  que  quelques  milligrammes  par  1 00' d'air.  Le 
problème  se  trouve  donc  ramené  à  arrêter  et  à  doser  la  vapeur  de  chloro- 
forme dans  fuir  quelle  que  soit  sa  dilution .,  cet  air  circulant  dans  les  appareils 
absorbants  avec  un  débit  de  80'  à  100'  à  l'heure.  Voici  comment  j'y  suis 
parvenu. 

(')  Il  est  nécessaire,  tout  naturellement,  de  laisser  l'animal  dans  la  cloche  aussi 
longtemps  qu'il  n'élimine  plus  de  chloroforme.  Ce  temps  est  variable  avec  les  ani- 
maux, il  est  de  36  heures  environ  et  peut  s^élever  à  48  heures.  L'urine. est  recueillie  et 
le  chloroforme  dosé;  la  quantité  éliminée  par  cette  voie  est  d'ailleurs  absolument 
négligeable. 


1262  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  gaz  provenant  de  la  cloche,  appelés  par  une  trompe,  circuienl  d'abord  dans  uu 
barboteur,  genre  Villiers  (simplement  destiné  à  se  rendre  compte  du  débit),  puis 
de  là  dans  un  tube  de  verre  de  i™  de  long,  de  3"""  de  diamètre,  tenu  verticalement  et 
rempli  de  billes  de  verre  de  3"""  à  o™"  de  diamètre.  L'air  chargé  de  vapeur  de  chloro- 
forme circule  de  haut  en  bas,  tandis  que  de  l'alcool  à  goo-gS"  ne  cesse  de  couler  de  la 
partie  supérieure  sur  les  billes  de  verre  (').  Dans  ces  conditions,  tout  le  chloroforme 
est  retenu  et  se  retrouve  entièrement  dans  l'alcool  collecté  à  la  partie  inférieure  du 
tube-colonne,  où  il  est  facile  de  le  doser  par  les  méthodes  que  j'ai  fait  connaître  (-). 

Les  expériences  de  contrôle,  au  nombre  de  11,  ont  démontré  que  l'appareil  fonction- 
nant à  blanc  (sans  animal)  on  retrouve  avec  une  dilYérence  minime,  nulle  ou  de  l'ordre 
d'erreur  de  l'expérience  elle-même,  la  quantité  de  chloroforme  vaporisé  qui  a  varié 
de  oK,oio  à  5». 

Ce  problème  résolu,  rien  n'était  plus  facile  que  de  poursuivre  les  expé- 
riences dans  les  conditions  énoncées  plus  haut.  En  voici  les  résultats  : 

'  Cliloroforine  introduit  dans  l'organisme  par  respiration. 

(hiantilé  de  chloroforme 

Numéros  Poids ^ ^ .^ ^ 

des  de  disparu  par  kilogramme 

expériences,      l'animal.  vaporisé.  retrouvé.  disparu.         du  poids  do  l'animal. 

kS  _g    _  S  S  K  . 

1 4)5  .5,620  5,122  0,498  0,111 

II 3,7  4>63o  4j239  0,391  o,  io5 

III....  5,5  5,340  4.712  0,628  o,ii3 

IV....  4)3  4>55o  4,i"o  o,44o  0,102 

Y 416  4)750  4i3oi  0,449  0,098 

VI....  4>'5  4)720  4)263  0,457  o,ijo 

Ainsi  donc  il  résulte  de  l'examen  de  ce  Tableau  qu'une  proportion 
notable  de  chloroforme  disparaît;  elle  a  été  décomposée  dans  l'orga- 
nisme. 

Pour  établir  le  pourcentage  de  cette  décomposition,  il  ne  faut  pas  natu- 
rellement comparer  la  quantité  disparue  à  la  quantité  vaporisée  (une 
grande  partie  de  chloroforme  ne  faisant  que  circuler  autour  de  l'animal  sans 
être  respiré  par  lui),  mais  bien  à  la  quantité  réellement  fixée  par  l'animal. 
Or,  de  mes  expériences  antérieures,  on  peut  déduire  que  cette  quantité  est 


(')  Le  principe  de  celte  circulation  inverse  est  bien  connu  (tour  de  Glover, 
colonne  de  Gay-Lussac);  Hanriot  et  Ch.  Richet  dans  leurs  travaux  sur  les  échanges 
respiratoires,  Maurice  Billy  (.Soc.  cliim.,  4°  série,  t.  III,  1908,  p.  758)  ont  fait  con- 
naître des  appareils  basés  également  sur  le  même  principe. 

(-)  Voir  Les  aneslhésiques  générau.v .  .  .,  loc.  cit.,  p.  i  et  suiv. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  1263 

de  o*-',  2  environ  par  kilogramme  de  poids  vif.  Le  Tableau  ci-dessus  indique 
une  (juantitê  de  o",  100  à  o^,  1 10;  c'est  donc  5o  à  55  pour  100  du  chloro- 
forme fixé  au  moment  de  l'anesthésie  qui  est  décomposé  dans  l'organisme. 

Les  expériences  sur  l'ingestion  du  chloroforme  où  toutes  les  données 
pour  calculer  la  proportion  décomposée  sont  fournies  par  l'expérience  elle- 
même  permettent  de  formuler  les  mêmes  conclusions;  en  effet,  la  quantité 
de  chloroforme  décomposé  par  kilogramme  de  poids  vif  a  varié  entre  0^,097 
eto°,  io5,  et  la  proportion  décomposée  entre  4^)  8  et  61,8  pour  100. 

D'où  la  conclusion  générale  suivante  :  chez  le  chien,  au  cours  de  l'anes- 
thésie et  pendant  la  période  de  retour,  le  chloroforme  fixé  par  le  sang  et  par 
les  tissus  est  décomposé  dans  une  proportion  d'environ  5o  pour  100. 

ZOOLOGIE.   —   Sur  les  Crevettes  du  genre   Saron  à  mâles  dimorphes. 
Note  de  M.  H.  Coutière,  présentée  par  M.  Bouvier. 

Les  Crevettes  du  genre  Saron  Thalwilz  ont  été  pendant  longtemps 
représentées  par  les  deux  formes,  Hippolyte  marmoratus  et  H.  gibbérosus 
H.  M. -Edwards,  espèces  indo-pacifiques  à  très  vaste  dispersion,  dont  les 
femelles  sont  identiques.  Kn  1898,  Borradaile,  contre  la  plupart  des  auteurs, 
émit  nettement  l'idée  (ju'il  s'agissait  d'une  espèce  unique  à  mâles  dimorphes. 
Depuis,  de  Man  a  séparé  une  seconde  espèce,  S.  neglectus,  qui  explique  les 
prétendues  variations  relevées  dans  certains  caractères  de  la  première. 

En  étudiant  ces  diverses  formes  sur  des  matériaux  des  collections  du 
Muséum,  j'ai  pu  arriver  aux  conclusions  suivantes  : 

1°  5.  marinoi'atus  et  gibbérosus  sonl  une  seule  et  même  espèce.  La  forme  giljbe- 
riisiis  comprend  toutes  les  femelles  et  la  majorité  des  mâles.  Quelques-uns  de  ces 
derniers,  toujours  très  adultes,  atteignent  à  la  forme  marmoratus  par  une  exagération 
telle  de  leurs  patles-màchoires  et  des  pinces  de  la  première  paire,  que  la  longueur  de 
ces  appendices  devient  deux  fois  et  demi  plus  grande  et  leur  poids  décuple,  à  taille 
égale  des  spécimens.  La  dillërence  d'aspect  est  telle  qu'il  existe  certainement  très 
peu  d'exemples  comparables  ('). 

lïn  outre,  on  rencontre  des  mâles  dont  les  appendices  sonl  exagérés  à  tous  les  degrés 
intermédiaires.  On  assiste  en  partie  ilier  à  l'espacement  graduel,  à  la  raréfaction,  à  la 
disparition  des  épines  distales  des  pattes-màclioires,  d'une  façon  qui  ne  peut  laisser 
aucun  doute  sur  l'identité  spécifique  des  spécimens  étudiés. 

1°  S.  neglectus  de   ^L^n    montre   des   faits   identiques    comme   direction  et  inlen- 

(  '  )  Peut-être  celui  de  Talorchestia  Desliayesi,  d'après  Barrois,  mais  dans  lequel  il 
s"ii;;it  du  passage  du  jeune  à  l'adulte,  et. non  de  dillerences  entre  adultes. 

C.  1!.,  19.0,  1"  Semestre.  (T.  100,  N"  :  0.  )  l'j'' 


1264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sité,niai<  portant  uni(|uement  sur  les  pinces  de  la  première  paire;  les  palles-mâchoires 
restent  toujours  identiques. 

Les  cas  actuellement  rangés  sous  le  nom  de  dimorphisnie  des  mâles  ne 
sont  pas  comparables  entre  eux  exactement,  ni  à  celui  des  Saron.  Chez  les 
Inachus,  de  beaucoup  les  mieux  étudiés  à  ce  point  de  vue  par  Geoffrey 
Smilh,  on  trouve,  parmi  les  mâles  mûrs,  des  spécimens  «  low  »  et  «  high  », 
les  pinces  de  ces  derniers  étant  relativement  plus  volumineuses.  En  outre, 
des  mâles  moyens,  à  qui  la  nécessité  d'accroître  leur  taille,  en  passant  de  la 
première  à  la  deuxième  catégorie,  impose  un  semi-hermaphrodisme 
(glandes  génitales  réduites,  pinces  de  9).  J'ai  signalé  les  cas  des  Eurypo- 
dius  et  du  Palemon  lar^  le  premier  au  moins  très  analogue.  Les  Cambants 
(Faxon),le  Pandalus  fl/!«M/i''co?y»'^(Wollebfek)  possèdent  ou  non  des  carac- 
tères sexuels  secondaires,  suivant  l'état  d'activité  ou  de  repos  génital.  Je 
laisse  de  côté  les  exemples  tirés  des  Tanaïdés,  et  des  Insectes  tels  que  les 
Lucanes,  oîi  le  dimorphisme  est  «  définitif  »  et  non  plus  «  facultatif  » 
(G.  Smith). 

Or,  l'examen  des  glandes  génitales  des  Saron  mâles  accentue  encore  l'oin- 
ginalité  de  leur  cas  :  tous  les  grands  spécimens,  dont  les  appendices  sont  le 
plus  démesurés,  ont  des  testicules  notablement  plus  réduits  que  les  mâles 
gibberosus  ou  très  faiblement  marinoratiis.  Il  semble  que  la  tendance  au 
gigantisme  des  appendices,  freinée  pendant  la  période  d'activité  sexuelle, 
n'ait  pu  pleinement  se  manifester  cju'au  déclin  de  cette  activité,  chez  les 
vieux  mâles  dont  les  glandes  sont  en  voie  d'atrophie.  Ce  serait  un  caractère 
de  sénilité. 

Quelle  que  soit  l'explication  de  ce  fait,  il  est  un  rapprochement  qui  s'im- 
pose :  c'est  la  très  proche  parenté  des  Ilippolytida;'  tels  que  Saron,  Xaiilicoris, 
Alope,  avec  les  Alpheidœ  inférieurs  tels  (inAlItanas,  Betœus  œquimanus.  Les 
ressemblances  sont  telles  ('),  en  particulier  le  gigantisme  des  pinces  de  la 


(')  L'une  des  ressemblances  les  pins  curieuses  est  la  présence  de  pleurons  articulés 
sur  le  sixième  pléosomite,  vestige  probable  du  même  pléosomite  dédoublé  chez  les 
Lophogastridés.  Naiiticaris  et  Saron  d'une  part,  At/iauas,  quelques  Betœus  et 
Alpheopsis  d'autre  part,  en  sont  les  seuls  exemples  connus.  Quant  au\  yeux  des 
Alphéidés,  abrités  sous  la  carapace,  il  faut  en  chercher  l'équivalent  très  loin  aussi  :  les 
larves  d'EuphausidiP  ont  leurs  yeux  ainsi  protégés  sous  l'avancée  du  bord  frontal,  et 
les  Apiis  les  ont  enfermés  dans  une  cavité  entièrement  close,  sauf  un  minuscule  canal 
s'ouvranl  au  dehors.  Le  stylamblis  des  Pléopodes  est  un  exemple  d'une  survivance  aus>i 
capricieuse  :  toute  disposition  réalisée  une  fois  paraît  ne  plus  pouvoir  disparaître,  et 
resuiirir  comme  au  hasard  d'une  combinaison  de  cliiihes. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  1265 

première  paire,  poussé  très  graduellement  jusqu'à  un  degré  extrême,  chez 
les  A  Ipheidie,  que  ceux-ci  constituent  la  suite  naturelle  et  comme  Tépanouis- 
sement  des  Hippolytidœ.  Et  si  l'on  suppose  qu'à  un  moment  de  leur /«V/oiVe 
les  Crevettes  eucyphotes  aient  pu  ne  pas  comporter  d'Alpheidœ,  le  méca- 
nisme qu'on  surprend  à  l'œuvre  chez  les  Saron  actuels  permettrait  de 
comprendre  la  difîérenciation  de  cette  famille. 

On  peut  trouver  des  traces  d'une  semblable  céphalisation  dans  la  plupart 
des  familles  d'Eucyphotes  (Leander  el  Valctnon^  Coralliocaris  et  Pontonia). 
A  mon  sens,  ces  Macroures,  groupe  parallèle  à  celui  du  reste  des  Décapodes, 
mais  de  bien  moindre  envergure,  ont  subi  ou  subissent,  en  raccourci  et  pour 
leur  propre  compte,  la  tendance  générale  qui  a  dirigé  l'évolution  des  Déca- 
podes, depuis  les  Pénéides  nageurs  à  abdomen  volumineux,  jusqu'aux 
Homards  marcheurs  et  juscju'aux  Crabes.  L'explication  valable  pour  les 
rapports  phylétiques  entre  Saron  et  Alpheidés  apparaît  ainsi  comme  suscep- 
tible d'une  grande  aénéralisalion. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sw  la  nature  du  parasite  de  la  lymphangite  épizootique. 
Note  de  MM.  L.  jXêgre  et  J.  Bridré,  présentée  par  M.  E.  Houx. 

I.  Dans  une  première  Note  (')  nous  avons  montré  l'existence,  dans  le 
sérum  des  animaux  atteints  de  lymphangite  épizootique,  d'une  sensibilisa- 
trice qui  dévie  le  complément  aussi  bien  en  présence  d'une  levure  de  raisin 
qu'en  présence  du  parasite  spécifique. 

Nous  avons  recommencé  les  mêmes  expériences  en  nous  servant,  comme 
antigène,  de  levure  de  bière  (culture  sur  gélose  sucrée,  émulsionnée  dans 
l'eau  physiologic[ue)  et  en  suivant  le  protocole  que  nous  avons  donné  dans 
notre  précédente  Note. 

Les  résultats  ont  été  les  mêmes  qu'avec  la  levure  de  raisin  ou  le  crypto- 
coque. 

Nous  avons  ensuite  complété  ces  expériences  en  examinant  l'action  du 
sérum  d'animal  à  lymphangite  épizootique  sur  la  Leishmania  infantum 
(parasite  dont  on  a  voulu  rapprocher  celui  de  la  lymphangite  épizootique) 
et  sur  un  autre  protozoaire,  le  Trypanosomâ  respertilionis.  L'antigène 
était  constitué  par  des  cultures  des  protozoaires  en  milieu  Novy-Neal-NicoUe 

(')     Comptes  rendus,  séance  du  18  avril  i()io. 


J2b6  AGADEiMlE    DES    SCIENCES. 

(liquide  do  condensation  delà  culture  dilué  par  moitié  dans  Fcau  phvsiolo- 
g-ique). 

Même  réaclion  avec  le  sérum  normal. 

Toujours  même  protocole.  Nous  avons  fail  des  tubes  témoins  avec  le  crvptocoque 
comme  antigène. 

Rcstillal'i.  —  11  v  a  déviation  dans  les  tubes  lémuins  (antigène  crvptocoque  et  sérum 
de  lymphangite)  et  hémolyse  dans  les  autres  tubes. 

La  sensibilisatrice  du  sérum  des  animaux  à  lymphangite  épizootique  ne  manifeste 
pas  son  action  en  présence  de  protozoaires  tels  que  Leislunania  injanlinn  et  Trypano- 
soma  vexpertylionis. 

II.  Nous  avons  enfin  tenté  une  contre-épreuve  des  expériences  précédentes  en  faisant 
agir  sur  les  difTérenls  antigènes,  levure  de  bière,  levure  de  raisin  et  crvptocoque,  un 
sérum  anti-levure,  en  l'espèce,  sérum  de  lapin,  ayant  reçu  à  plusieurs  reprises,  sous  la 
peau  et  dans  le  péritoine,  de  la  levure  de  bière. 

Les  expériences  ont  été  répétées  avec  un  sérum  normal  de  lapin,  et  en  suivant  tou- 
jours le  même  protocole. 

Résultat!;.  —  Dans  toutes  les  expériences  faites  avec  le  sérum  anti-levure  de  bière, 
que  l'antigène  soit  la  levure  de  bière,  la  levure  de  raisin  ou  le  crvptocoque,  les  résul- 
tats sont  les  mêmes  :  déviation  du  complément  dans  les  tubes  renfermant  le  sérum 
anti-levure  et  les  différents  antigènes,  hémolyse  dans  les  tubes  témoins. 

Avec  le  sérum  normal,  hémolyse  partout. 

Il  ressort  de  cette  série  d'expériences  : 

1°  (^ue  la  sensibilisatrice  d'un  sérum  d'animal  préparé  avec  la  levure  de 
bière  n'est  pas  rigoureusement  spéciti(|ue  pour  cette  levure;  qu'elle  mani- 
feste également  son  action  sur  une  autre  levure  telle  qu'une  levure  de  raisin; 

1°  Qu'un  sérum  anti-levure  dévie  le  complément  aussi  bien  en  présence 
du  parasite  de  la  lymphangite  épizootique  qu'en  présence  des  levures. 

Conclusions  générales .  —  Puisque  :  i"  le  sérum  d'animal  à  lymphangite 
épizootique  dévie  le  complément  en  présence  des  levures  comme  en  présence 
du  cryptocoque;  et  que  ce  sérum  ne  dévie  pas  le  complément  en  présence 
d'autres  microbes  ou  en  présence  de  protozoaires;  2"  qu'un  sérum  anti-levure 
dévie  le  complément  aussi  bien  en  présence  d'une  levure  autre  que  celle  qui 
a  servi  à  le  produire  qu'en  présence  de  celle-ci;  et  que  ce  même  sérum 
dévie  le  complément  en  présence  du  parasite  de  la  lymphangite  épizootique 
comme  en  présence  des  levures;  il  résulte  que,  dans  ces  diverses  expé- 
riences, le  sérum  d'animal  à  lymphangite  épizootique  se  comporte  comme 
un  sérum  anti-lrvare,  et  le  parasite  de  la  lymphangile  épizootique  comme  une 
levure. 


SÉANCE    DU     17    MAI     I910.  1 267 

Ces  faits  expcrinientaux  semblent,  sinon  démontrer  du  moins  étayer  for- 
tement riiypothcse  de  la  nature  blastomycétienne  du  parasite  de  la  lym- 
phangite épizootique  (  '  ). 


MICROBIOLOGIE.  —  DélermincUion  des  acides  volatils  dans  les  produits  de 
fermentation  de  quelques  microbes  d'après  la  méthode  de  Ducktux.  ^'ote 
de  M.  («.  Selibek,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Au  cours  de  recherches  sur  des  produits  de  cultures  microbiennes,  nous 
avons  été  amené  à  faire  la  détermination  des  acides  volatils  dans  les  fermen- 
tations des  microbes  anaérobies  suivants  :  b.  bulyricus,  b.  perfringens  et 
b.  putrificus. 

\a\  fonction  fermentative  d'un  niicroorganisme  étant  un  de  ses  caractères 
essentiels,  il  y  a  lieu  de  se  poser  la  question  de  savoir  si  la  composition  des 
matières  élaborées  n'est  pas  caractéristique  pour  tel  ou  tel  microbe  et  si 
cette  propriété  ne  peut  pas  être  utilisée  pour  la  différenciation  de  certains 
microbes. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  résoudre  cette  question  en  utilisant  la 
méthode  si  pratique  enseignée  par  Duclaux. 

Nous  a\ons  employé  la  technique  suivante  :  les  cultures  ont  été  faites  dans  des 
ballons  à  long  col  de  i5o""'  de  capacité;  après  avoir  rempli  les  ballons  avec  de  la 
solution  nutritive,  on  ajoute  de  l'eau  distillée  dans  le  tiaut  col  du  ballon,  de  manière 
à  obtenir  les  conditions  de  vie  anaérobie.  Comme  milieu  de  culture,  nous  nous 
sommes  servi  du  milieu  nutritif  suivant  (-)  :  petit-lait,  1';  glucose,  i5s;  peptone 
Chapoteaut,  loe;  gélatine,  3s,  auquel  on  ajoutait  du  carbonate  de  calcium:  un  certain 
nombre  de  cultures  cependant  en  furent  exemptes. 

l^a  détermination  des  acides  par  la  mélliode  Duclaux  ( ')  était  faite  après  3  à  7  jours 
d'étuve  à  37°,  sur  le  quart  des  volumes  des  cultures,  en  neutralisant  à  Teau  de  cliaux 
les  acides  distillés,  le  tournesol  servant  d'indicateur. 

Les  chiffres  du  Tableau  ci-dessous  expriment  les  rapports  entre  les  quantités 
d'acides  volatils  contenus  dans   les  10,  20,  3o,  4o,    .  .  .  premiers   centimètres  cubes 


(')  Nous  adressons  nos  vifs  remercîments  à  MM.  Trouelte  et  Roig  qui  nous  ont 
fourni  la  plus  grande  partie  du  matériel  de  nos  expériences  et  à  M.  Ch.  Nicolle  qui  a 
bien  voulu  nous  envoyer  des  cultures  de  Leishmania  et  Aq  Trypanosoma. 

('^)  CoHE.^DY,  Comptes  rendus  Soc.  biol.,  t.  LVIII,  i"  sem.,  1906,  p.  SSg. 

(')  DccLAU.K,  Traité  de  Microbiologie,  t.  III,  p.  384. 


1268  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  passent  à  la  tlistillalion  et  la  quantité  totale  distillée  avec  ioo""\  Ces  rapports 
vous  serviront  à  déterminer  la  mesure  et  la  qualité  des  acides  volatils  libérés  par 
comparaison  avec  les  chiftVes  trouvés  dans  les  Tableaux  obtenus  par  Duclaux  avec 
des  solutions  d'acides  connus. 

Citons  quelques  résultats  parmi  de  nombreuses  expériences. 

Cultures  de  bac.  bulyriciis  sans  CO'Ca. 
I. 

Volumes  tlistillés 30.  40.  ',0.  607  70.  80.  90.  100. 

Rapports  trouvés 3i,i       40,5       49,6       .^S,;       6-, .5       76,6       8G,8       100 

Rapports  calculés 29,4       39,0       l\^,^       ^'1^1       ''J-^       77  »  » 

correspondant  à  1  p.  de  C>11*0'''+  3  p.  de  C-H'O'. 

II. 

Rapports  trouvés 33,4       41, 4       ^2,3       6i,3       69,6       78,3       87,6       100 

Rapports  calculés 3i,4       4 ',3       ho,'i       60,2       69,4       78,8  »  » 

correspondant  à  i  p.  de  C*H»0--t-  2  p.  de  C^I'O^ 

Cultures  de  bac.  hulyricus  a\'ec  CO'Ca. 
I. 

Volumes  disùllés 30.  40.  50.  00.  70.  80.  90.  100. 

Rapports  trouvés 37,3       48,8       .58,0       67,1        76,0       83,2       91,0       100 

Rapports  calculés 37,8       48,8       .58,6       67,8       76,0       84,2 

correspondant  à  i  i  p.  de  C*H*0--|-  i  p.  de  C-H'O^ 

II. 

Rapports  trouvés 38,8       .5o,.5       60,6       69,1        78,1        8.5,4       92,4       100 

Rapports  calculés 39,5       5o,8       60,7       69,8       78,0       85,6  »  » 

correspondant  à  2  p.  de  C'II'O'-H-  1  p.  de  C'H'O'-. 

Bac.  [lerfringens  sans  GO'Ca. 

Rapports  trouvés 20, 3       27,0       35,3       44,6       54,0       65.3       80, 3       100 

Rapports  calculés 20, 5       28,2       36,5       45,6       55,4       67,0       81,2        100 

Bac.  perfringens  avec  CO'da. 

Rapports  trouvés 22,5       3o,9       39,6       48  3       37,0       67,7       80,6       100 

Rapports  calculés 20, 5       28,2       36,5       4^,6       55,4       67,0       81,2       100 

corre'^ponilant  à  2  parties  de  ClI-O^-t-  1  partie  de  CMI'O'-. 


SÉANCE  DU  17  MAI  1910.  I269 

liac.  piilrijicus  sans  CO^'Ca. 
ipports  trouvés 29,0       37,0       /J4,4       53, o       62,9       72,2       83,9       100 


100 


I^apports  calculés 26,8       35,3       43,2       52,2       61,2       71,3       83,6 

Bac.  piilrijîcits  avec  CO'Ca. 

Rapports  trouvés 33, o       41, 3       48,3       58,8       67,2       76,1        8(5,2       100 

Rapports  calculés 33,4       42, o       5o,2       58,5       66,9       76,0       8(3,4       100 

Ces  rapports  montrent  que  si  les  conditions  de  culture  restent  les  mêmes, 
la  nature  des  acides  formés  ne  change  pas  sensiblement  pour  la  même 
espèce  : 

Le  b.  butyrirus  produit  les  acides  butyrique  et  acétique; 

Le  b.  perfringens,  les  acides  acétique  et  formique  ;  dans  quelques  cul- 
tures de  ce  bacille  l'acide  acétique  s'est  trouvé  présent  en  plus  grande  quan- 
tité; il  y  avait  également  de  l'acide  propionique; 

Pour  le  b.  putrificus  il  est  difficile  de  préciser  la  nature  des  acides  volatils, 
une  odeur  spécifique  signale  la  présence  d'acides  gras  supérieurs,  mais  les 
rapports  trouvés  constituent  encore  un  caractère  essentiel  du  micro- 
organisme. 

En  eraployanl  un  autre  milieu  de  culture  (peploné  et  glucose)  nous  avons  obtenu, 
en  présence  de  cai'bonate  de  calcium,  pour  le  b.  butyricus  el\e>  b.  peffringens,  >}&=, 
clilffres  concordant  avec  les  rapports  déjà  trouvés  et  comparables,  pour  la  fermentation 
butyrique,  aux  chiftVes  obtenus  par  Duclaux.  (')  et  Grimbert  (-).  Si  l'on  cultive  le 
/'.  biilyriciis  dans  ce  même  milieu,  sans  carbonate  de  calcium,  la  quantité  d'acide 
butyrique  diminue  sensiblement  et  l'on  obtient  des  chifïres  qui  ne  sont  plus  caracté- 
ristiques. 

Le  b.  perfringens^  placé  habituellement  dans  le  groupe  butyrique,  ne 
nous  a  pas  donné  d'acide  butyrique  dans  le  milieu  sucré  ordinaire,  mais 
toujours  cet  acide  s'est  trouvé  présent  dans  les  milieux  nutritifs  contenant 
de  la  caséine. 

11  ressort  de  nos  résultats  que  la  nature  des  acides  volatils  peut,  dans 
certains  cas,  servir  à  caractériser  un  microbe,  mais  pour  mettre  en  évidence 
ce  caractère,  les  cultures  doivent  être  faites  dans  un  milieu  approprié  et 

(')  DucLAU.v,  Ànn.  de  Chimie  et  de  Physique,  (>'' série,  t.  \\\\,  1886,  p.  55i. 
(-)  Grimbert,  Ann.  de  l'Institut  Pasteur,  t.  Vil,  1893,  p.  365. 


1270  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

bien  déliiii.  C'est  ainsi  que  certaines  espèces  exigent  la  présence  de  carbo- 
nate de  calcium  {b.  butyriciis);  pour  d'antres  {b.  perfringens)  on  doit 
éliminer  certaines  matières  albuminoïdes  telle  que  la  caséine,  les  produits 
élaborés  au\  dépens  de  ces  matières  pouvant  influencer  diversement  les 
résultats. 

Nous  n'avons  travaillé  qu'avec  un  échantillon  de  chaque  espèce  et  nous  ne 
prétendons  pas  tirer  de  ces  résultats  des  conséquences  trop  générales,  ils 
semblent  cependant  présenter  un  intérêt  digne  d'être  signalé.  Pour  le 
b.  butyricus,  en  particulier,  nous  avons  obtenu  dans  un  grand  nombre 
d'expériences  des  chiffres  toujours  concordants  qui  plaident  fortement  en 
faveur  de  l'emploi  de  la  méthode  de  Duclaux  dans  les  recherches  des 
propriétés  biochimiques  des  microbes. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  poids  o/omi(/ue  moyen  de  l'écorce  silicatée  terrestre. 
Note  de  M.  L.  De  Launay. 

J'ai  cherché  autrefois  à  montrer,  par  des  considérations  de  métallogénie, 
que  la  dislriliution  des  atomes  s'était  opérée  dans  la  Terre,  encore  fluide,  de 
manière  à  leur  attribuer  une  place  d'autant  plus  éloignée  du  centre  que  ces 
atomes  étaient  plus  légers  (').  On  peut  trouver  une  confirmation  intéres- 
sante de  cette  loi  sur  un  point  particulier  dans  la  loi  de  Uosenbusch,  établie 
par  une  méthode  toute  différente  et  relative  au  nombre  des  atomes  métal- 
liques compris  dans  un  même  poids  d'une  roche  ignée  quelconque. 

On  sait  que  M.  Rosenbuscli  a  traduit  un  1res  gi-and  nombre  d'analjsesde  roclies  en 
cherchant,  d'abord  le  nombre  de  molécules,  puis  celui  d'alomes  métalliques  corres- 
])ondanl  à  chacune  d'elles.  Pour  avoir  le  nombre  moléculaire  de  la  silice,  il  divise  le 
chiffre  représenlalif  de  la  teneur  en  silice,  3o  pour  100  par  exemple,  parle  poids  molé- 
culaire de  la  silice,  60,  eL  multiplie  par  100  pour  éliminer  les  décimales,  soit  5o;  5o  re- 
présente également  le  nombre  des  atomes  de  silicimn.  Un  poids  moléculaire  de  ao 
pour  l'alumine  Al'O^  correspond  à  40"'  d'aluminium.  C'est  en  additionnant  les 
nombres  ainsi  obtenus  qu'il  a  trouvé,  approximativement,  un  nombre  constant  de  i83 
pour  les  atomes  métalliques  et  de  i5o  pour  les  molécules  d'une  roche  quelconque. 

(  )roii  peut  se  proposer  d'en  déduire  le  poids  atomique  moyen  des  mélaux 


(')  Comptes  rendus,  i.)  mars  iQOq. 


SÉANCE    DU    17    MAI    I910.  I271 

engagés  dans  les  roches,  ou  le  poids  moléculaire  moyen  de  leurs  coniliinai- 
sons  oxydées. 

Dans  le  premier  cas,  on  doil  remarquer  que  la  mélliode  de  calcul  adoptée  consiste 
à  éliminer  l'oxjgène,  à  envisager  seulement  les  métaux  qui  se  sont  oxydés.  Le  nombre 
i83  des  atomes  trouvés  ne  correspond  donc  pas  au  poids  total  de  la  roclie,  mais  à  ce 
poids  diminué  de  la  teneur  moyenne  en  oxygène  qui,  déterminée  par  de  nombreuses 
analyses,  est  de  4",'  pour  100.  Si  l'on  veut  obtenir  le  poids  atomique  moyen  du  métal 
oxydé,  il  faut  donc  diviser  32,9  x  100  par  le  nombre  constant  des  atomes  métalliques, 
ou  i83.  On  trouve  ainsi  28,9. 

La  loi  de  Rosenbusclipeut  donc  se  traduire  en  disant  que  l'oxydation  pre- 
mière dont  résulte  la  croiite  silicatée,  sur  laquelle  portent  toutes  nos  obser- 
vations, s'est  faite  sur  un  magma  métallique  dont  le  poids  atomique  moyen 
était  à  peu  près  de  28,9. 

Remarquons  maintenant  combien  ce  poids  atomique  moyen  est  voisin 
de  celui  du  silicium  (28,4),  un  peu  supéineur  seulement.  On  peut  donc 
considérer  le  silicium  comme  ayant  été  l'élément  représentatif  de  cette  zone 
où  a  eu  lieu  la  scorification.  Celle-ci  s'est  opérée  sur  les  éléments  d'une  zone 
ainsi  caractérisée  par  la  silice  et  par  les  éléments  de  poids  atomique  ana- 
logue :  zone  où  d'autres  métaux  provenant  d'une  profondeur  plus  grande, 
et  par  conséquent  plus  denses,  s'étaient  diffusés  de  manière  que  le  poids 
atomique  moyen  de  l'ensemble  fût  encore  celui  qui  convenait  à  cette  position 
dans  la  planète.  Nous  avions  déjà  fait  observer  autrefois  combien  sont 
rapprochés  les  uns  des  autres  les  poids  atomiques  des  principaux  corps 
formant  cette  scorie  silicatée  :  le  sodium  (aS),  le  magnésium  (ii4))  l'alumi- 
nium (27),  le  silicium  (28),  ce  dernier  étant  le  plus  élevé.  Ainsi  se  sont 
constitués  les  deux  magmas  fondamentaux  :  l'un  de  silicate  alumino-magné- 
sien,  l'autre  de  silicate  alumino-sodi([ue.  On  s'explique  maintenant  comment 
d'autres  métaux  plus  denses,  tels  que  le  fer,  le  calcium,  le  potassium,  ont 
pu  y  être  introduits.  Chacun  d'eux  s'est  trouvé  équilibrée  par  un  accroissement 
simultané  des  plus  légers,  de  telle  sorte  que  le  poids  atomique  moyen  restât 
encore  le  même,  très  légèrement  augmenté  seulement  par  l'addition  de  ces 
métaux  plus  lourds.  C'est  sur  cet  ensemble  si  remarquablement  équilibré 
que  s'est  opérée  l'action  de  l'oxygène  appartenant  à  une  zone  plus  éloignée 
du  centre.  Le  poids  moléculaire  de  la  scorie  formée,  calculé  par  la  même 
méthode,  est  de  66,  66  :  moyenne  entre  les  poids  moléculaires  de  la  silice 
et  de  l'oxyde  ferreux  (60  et  72). 

11  faut  d'ailleurs  noter  que  les  roches  sur  lesquelles  peuvent  porter  nos 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  20.)  167 


1272  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

recherches  ont  hien  des  chances  pour  avoir  subi  au  moins  deux  ou  trois 
refusions,  dans  lesquelles  ont  dû  s'introduire,  par  endoraorphose,  des  éléments 
empruntés  aux  terrains  sédimentaires  qu'elles  traversent  souvent,  en  sorte 
que  nous  ne  connaissons  peut-être  nulle  part  la  scorie  première,  à  laquelle 
devrait  s'appliquer  notre  théorie.  Les  sédiments  ayant  eux-mêmes  commencé 
par  se  former  aux  dépens  des  roches  cristallines,  il  existe,  entre  l'un  et 
l'autre  groupe,  une  certaine  analogie  moyenne  de  composition,  en  sorte  que 
le  magma  cristallin  prédominant  a  pu  continuer  à  imposer  sa  forme  d'équi- 
libre ;  c'est  pourquoi  la  loi  demeure  approximativement  vérifiée.  Cependant 
on  conçoit  que  des  phénomènes  de  ce  genre  aient  pu,  dans  une  certaine 
mesure,  influer  sur  la  proportion  des  éléments  concourant  à  cet  équilibre. 
Par  exemple,  la  proportion  de  soude  a  pu  se  trouver  diminuée,  par  suite  de 
l'entraînement  constant  qui  a  eu  sans  cesse  pour  effet  d'entrahier  les  sels 
solubles  de  sodium  vers  la  mer  et  d'accroître  la  teneur  de  celle-ci  en  sodium 
aux  dépens  des  continents.  La  teneur  en  magnésium  a  pu  être  réduite  pour 
la  même  cause.  Par  contre  la  proportion  relative  de  chaux  et  de  fer  a  pu, 
en  raison  des  mômes  dissolutions  qui  les  épargnaient  davantage,  se  trouver 
finalement  accrue. 


GÉOLOGIE.  —  Distribution  des  niveaux  et  des  faciès  dans  le  Nummulilique 
r/zV  autochtone  de  la  Suisse  orientale.  Note  de  M.  Jean  Boussac,  présentée 
par  M.  Henri  Douvillé. 

Tous  les  faits  observés  dans  le  flysch  dit  autochtone  de  la  Suisse  centrale 
et  orientale  nous  ont  amené  à  cette  conclusion  qu'il  y  fallait  distinguer  deux 
séries  de  couches  :  une  série  normale,  seule  autochtone,  et  une  série  ren- 
versée appartenant  au  flanc  médian  de  la  nappe  helvétique  la  plus  pro- 
fonde, les  deux  séries  ayant  un  noyau  synclinal,  oligocène,  commun.  Nous 
devons  donc  examiner  séparément  ces  deux  séries,  si  nous  voulons  essayer 
d'embrasser  d'une  vue  synthétique  ce  Nummulitique,  et  d'y  distinguer  les 
grandes  zones  de  sédimentation  dues  à  la  transgression  graduelle  des  ni- 
veaux et  aux  changements  correspondants  de  faciès  ;  nous  arrivons  alors  à  des 
conclusions  curieuses  et  fort  intéressantes  pour  la  remise  en  place  des  nappes. 

Dans  l'autochtone  véritable,  nous  distinguons  les  zones  suivantes  de 
l'Ouest  à  rh>st  : 

1°  Une  zone  dans  la(|iielle  le  Piialionien  est  transgressif,  comprenanl  Jes  couches  à 


SÉANCE    DU    17    MAI    1910.  lO.'j'S 

Ceritkium  diaboli,  puis  des  grès  à  i\.  Fabiani  et  des  calcaires  à  Ortliophragmines; 
celte  zone  lu'esl  connue  depuis  la  Gemrai  jusqu'au  Seewli  See,  et  s'étend  probable- 
ment jusque  dans  le  Brunnithal,  à  partir  duquel  elle  disparait  sous  les  nappes. 

2°  Une  zone  dans  laquelle  l'Auversien  est  transgressif,  et  représenté  par  un  grès 
calcaire,  un  peu  schisteux,  à  patine  fauve,  à  gros  grains  de  quartz  ressortant  en  saillie 
à  la  surface  des  bancs,  qu'on  trouve  dans  le  flanc  renversé  du  synclinal  de  la  \\  ind- 
giille,  et  qui  contient  Num.  slriatus  et  Orth.  discus;  c'est  un  faciès  très  voisin  de 
celui  du  grès  du  Ilohgant.  Cette  zone  longe  la  précédente  au  Sud-Est,  et  occupe  la 
région  des  Windgalles  et  des  Clarides. 

3°  Une  zone  on  le  Lutétien  est  transgressif,  mais  peu  épais,  et  constitué  par  des 
calcaires  et  des  grès,  parfois  glauconieux  et  à  grandes  Nummuliles  (A',  complanalus, 
aturicus).  Celte  zone  apparaît  aussi  au  sud-est  de  la  précédente,  dans  la  région  du 
Kistenpass,  mais  ses  limites  avec  la  suivante  sont  encore  mal  déterminées. 

4°  Une  zone  dans  laquelle  tout  le  Mésonummulitique  est  schisteux;  le  Lutétien  est 
très  puissant,  et  représenté  par  une  grande  série  de  schistes  où  s'intercalent  des  bancs 
calcaires  lenticulaires  à  grandes  Nunimulites;  celte  zone  est  connue  avec  certitude  de- 
puis le  Calfeuserlhal  jusqu'à  Ragaz. 

En  résumé,  nous  rencontrons,  dans  le  Nummulitique  autochtone  de  la 
Suisse  orientale,  la  même  succession  de  zones  que  nous  avons  trouvée  dans 
toutes  les  Alpes  suisses  transversalement  à  la  direction  de  la  chaîne,  et  que 
nous  avons  constatée  aussi,  dans  le  sens  longitudinal,  le  long  du  front  de  la 
nappe  du  Wildhorn  (')  :  Priabonien  transgressif  à  l'extrémité  sud-occidental 
de  cette  nappe,  puis  Auversien  transgressif  avec  les  grès  du  'Hohgant,  puis 
Lutétien  transgressif  à  partir  de  la  Grosse  Emme,  Lutétien  schisteux  enfin 
dans  la  région  de  Sarnen  et  surtout  dans  le  canton  de  Schwytz.  Ce  sont  les 
menées  zones  qu'on  retrouve  dans  l'autochtone,  mais  avec  un  retard  considérable 
vers  l'Est;  ce  retard  atteint  environ  ton''"'  pour  la  zone  de  l'Auversien 
transgressif,  80'''"  pour  celle  du  Lutétien  transgressif,  70*""  pour  celle  du 
Lutétien  schisteux.  Mais  il  résulte  de  ce  retard  vers  l'Est  que  si  nous  repor- 
tons la  nappe  du  Wildhorn  dans  sa  position  primitive,  au  sud  du  massif  de 
l'Aare,  c'est-à-dire  au  sud-ouest  de  l'autochtone  de  la  Suisse  orientale,  les 
zones  de  faciès  de  l'autochtone  et  de  la  nappe,  étant  dirigées  S\V-NE, 
viendront  se  placer  sur  le  prolongement  direct  les  unes  des  autres. 

Cherchons  maintenant  comment  peut  s'intercaler,  dans  cet  ensemble,  le 
flanc  renversé  numrnulitique  qui  existe   sous  les  nappes  helvétiques,   et 

(')  Un  seul  faciès  ne  suit  pas  cette  loi  de  l'obliquité  des  zones  de  faciès  par  rapport 
aux  zones  tectoniques:  les  grès  de  Taveyannaz  restent  constamment  liés  à  l'autochtone 
ou  à  la  nappe  helvétique  inférieure  Diablerets-Glaris. 


1274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

coinmenl  ses  faciès  viennent  s'encadrer  entre  ceux  de  l'autochtone  et  ceux 
des  nappes. 

Pour  le  remeltre  en  place,  nous  devons  le  faire  pivoter  autour  d'un  axe 
suivant  le  bord  méridional  du  massif  de  l'Aare  et  situé  sur  le  prolongement 
de  la  charnière  du  Panixer-Pass;  il  vient  alors  se  placer  sur  le  bord  méri- 
dional du  massif  de  l'Aare,  au  sud  de  l'autochtone,  mais  au  nord  des 
nappes.  Et  les  faits  sont  tels  que  la  région  du  Joch-Pass  se  trouve  à  peu 
près  sur  le  prolongement  de  la  région  du  Schimberg,  où  les  faciès  sont  à 
peu  près  les  mêmes  :  Lutétien  gréso-calcaire  relativement  peu  épais,  puis 
Auversien  représenté  par  des  schistes  gréseux  (').  D'autre  part  la  partie  de 
ce  flanc  renversé  située  entre  le  Surenen  et  Ragaz,  où  le  Lutétien  est 
schisteux  et  très  épais,  vient  se  placer  sur  le  trajet  de  la  zone  de  faciès  sem- 
blables Sarnen-Schwyz,  qui  va  rejoindre  l'autochtone  de  Ragaz. 

Cette  parfaite  concordance  entre  nos  conclusions  stratigraphiques  et  les 
données  de  la  tectonic|ue,  qui  nous  permet  de  faire,  par  la  remise  en  place 
des  terrains  charriés,  une  harmonieuse  synthèse  touchant  la  distribution 
des  faciès  et  la  reconstitution  des  principales  zones  sédimentaires,  me  paraît 
l'argument  le  plus  fort  en  faveur  de  nos  méthodes  de  paléontologie  strati- 
graphique. 

GÉOLOGIE.  —  La  craie  de  lilois.  Note  de  M.  .^Iarius  Filliozat, 

présentée  par  M.  Henri  Douvillé. 

.l'ai  fait  ressortir  précédemment  (-)  les  grandes  affinités  paléontologiques 
que  présentait  la  craie  de  Blois  et  Chaumonl  avec  les  assises  supérieures  de 
Vendôme  à  Marsupites  testudinarius.  A  Blois,  les  couches  crétacées  subissent 
une  transformation  pétrographique  si  complète  que  tous  les  géologues  ont 

(  '  )  C'est  préciséinenl  dans  ce  flanc  ren\ersé,  entre  le  Joch-Pass  et  le  Surenen,  qu'on 
penl  observer  le  passage  latéral  des  schistes  gréseux  fauves,  auversiens,  équivalent 
des  Peclinitenschiefer  de  KaufTmann,  au  faciès  Wildflysch.  A  la  Fiirrenalp  et  au 
Surenen-Pass,  ces  schistes  gréseux  sont  encore  reconnaissables  sous  le  Lutétien  ren- 
versé, mais  leur  habitus  est  dift'érent  :  ils  sont  contournés,  broyés,  les  bancs  de  grès 
qui  y  sont  intercalés  sont  étirés  et  tordus;  plus  à  l'Est,  à  partir  du  Schâchenthal,  ils 
sont  fondus  dans  la  masse  des  schistes  variés  qui  séparent  le  Lutétien  des  grès  de 
Taveyanna/. 

(')  Coinples  rendus  des  séances  de  la  Société  génb^^iqae  de  France,  8  no- 
vembre 1909,  p.  iSa. 


SÉANCE  DU  17  MAI  I910.  1276 

cru  y  voir  l'équivalent  du  Cainpanien  inférieur  de  l'Aquitaine.  La  présence 
à  Chaumont  d'un  Micraster,  rapporté  par  M.  Lambert  au  Micrasler  regularis 
Arnaud,  paraissait  même,  au  premier  abord,  être  un  motif  suffisamment 
concluant  pour  justifier  cette  parallélisation  ('). 

Depuis  ma  communication  à  la  Société  géologique  de  France,  j'ai  suivi 
les  travaux  pour  le  creusement  d'un  puits,  dans  la  propriété  de  Boisprieur, 
à  s"""  de  Blois,  sur  la  rive  droite  de  la  Loire,  en  face  précisément  des  affleu- 
rements du  champ  de  tir  militaire,  d'où  provenaient  la  plupart  des  espèces 
que  j'ai  signalées  l'année  dernière. 

J'ai  pu  ainsi  relever  la  coupe  suivante,  qui  m'a  permis  de  déterminer 
très  exactement  la  position  de  la  craie  de  Blois  : 

1°  Craie  blanche,  fine  et  traçante  à  Onychocella  cyprœa,  Coscinopleura  vindoci- 
nensis,  Rosseliana  crassa,  Unicylis  falcata  :  i5"; 

2°  Craie  micacée  à  Onychocella  nerei  :  i""; 

3°  Craie  blanche,  assez  dure  à  Rhynchonella  vesperlilio  :  l'Oise; 

4°  Lit  à  Micraster  turonensis,  Onychocella  nerei,  Rhagasosloma  œgon  :  3"; 

5°  Calcaire  dur  spathique,  à  CalUanassa,  Valdeniunitella  grandis,  Rhagasosloma 
Grossouvrei. 

La  couche  1°  correspond  à  l'assise  à  Marsupites  testudinarius :  les  couches  1°,  3° 
et  4°  représentent  l'assise  à  Onychocella  nerei,  et  la  couche  .5°  l'assise  à  Crania 
ignabergensis. 

La  correspondance  des  assises  abyssales  de  Blois  avec  les  assises  subpéla- 
giques de  Vendôme  et  Villedieu  se  trouve  ainsi  nettement  établie.  \\  n'est 
pas  prouvé,  dès  lors,  que  les  communications  des  bassins  de  Paris  et  d'Aqui- 
taine aient  persisté  à  l'époque  campanienne. 


GÉOLOGIE.  —  Les  monvemetUs  orogéniques  anciens  dans  le  Haut- Allas  maro- 
cain. Note  de  M.  Louis  Gentil,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

La  tectonique  de  l'Atlas  marocain  a  excité  déjà  la  curiosité  d'un  certain 
nombre  de  géologues  parmi  lesquels  Maw ,  J.  Thomson,  Oskar  Lenz, 
Blanckenhorn,  Theobald  Fischer,  Brives,  Paul  Lemoine. 


(')  La  présence  du  Micraster  regularis  dans  la  craie  de  Blois  est  une  nouvelle 
preuve,  à  l'appui  de  celles  données  par  M.  de  Grossouvre  {Recherches  sur  la  Craie 
supérieure,  t.  I,  p.  16-22),  que  les  Echinides  ne  peuvent  être  des  guides  bien  sûrs 
pour  l'établissement  des  synchronismes,  surtout  à  grande  dislance. 


1276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai,  lors  de  mon  premier  voyage  au  Maroc,  en  1900,  recueilli  sur  la 
structure  du  Ilaut-Atlas  occidental  d'intéressants  documents  qu'une  explo- 
ration récente  m'a  permis  de  compléter;  je  me  propose  de  soumettre  à 
l'Académie  les  conclusions  que  je  crois  pouvoir  en  tirer. 

Les  plissements  les  plus  anciens  de  l'Atlas  remontent  peut-être  à  la  fin 
du  Silurien.  Les  vestiges  d'une  chaîne  calédonienne,  en  effet,  sembleraient 
résulter  de  certains  faits,  notamment  de  la  présence  fréquente  d'un  conglo- 
mérat de  base  au  début  du  Dévonien  ;  mais  ces  données,  trop  incertaines  et 
insuffisantes,  méritent  d'être  corroborées  par  de  nouvelles  observations. 

La  chaîne  hercynienne  a,  par  contre,  laissé  des  traces  manifestes.  Depuis 
le  col  des  Bibaoun,  on  constate  partout,  dans  l'est,  que  le  Silurien,  le 
Dévonien  et  le  Carbonifère  inférieur  (Dinantien)  ont  pris  part  à  un  impor- 
tant mouvement  orogénique. 

J'ai  observé,  entre  Demnat  et  la  plaine  de  Haskoura,  la  superposition  discordante 
des  dépôts  arénacés  du  Permien  sur  le  Dinantien  à  Productus  puslulosus  Pliil.  ;  et 
les  schistes  de  la  Zaouïa  de  Moulai  Ibrahim,  dans  lesquels  j'ai  découvert  une  faune  à 
Chonetes  papilionacea  Phil.;  Orthothetes  crenistria  Phi!.,  sont  également  recou- 
verts en  discordance  angulaire  par  des  poudingues  ou  grès  rouges  permiens;  tandis 
que  la  série  paléozoïque  antérieure  à  ces  conglomérats  n'a  été  intéressée  que  par  les 
dernières  manifestations  orogéniques  de  la  chaîne  primaire,  dont  les  principaux  mou- 
vements sont  ainsi  compris  entre  la  fin  du  Dinantien  et  un  niveau  permien  encore  à 
préciser. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  permis  de  conclure  que  la  chaîne  hercynienne, 
dans  le  Maroc  méridional,  est  contemporaine  de  la  grande  chaîne  carbo- 
nifère de  l'Europe  occidentale  et  centrale. 

Les  plis  primaires  ont,  dans  la  partie  occidentale  de  l'Atlas,  une  direction 
NNE-SSW,  déjà  signalée  par  Thomson  dans  les  Djebilet  et  dans  les 
premiers  contreforts  de  la  haute  chaîne.  Dans  l'Est,  au  delà  du  col  de 
Telouet,  ils  prennent  une  direction  ;^\^-SE  et,  dans  l'intervalle,  dans  la 
haute  vallée  du  Draa,  ils  sont  voisins  de  la  méridienne;  de  sorte  que  les 
différents  faisceaux  de  ces  Altaïdes  ont  un  point  de  convergence  dans  la 
région  encore  inexplorée  des  djebel  Bon  Ourioul  et  Tidili. 

Cette  partie  inconnue  de  l'Atlas  ollVira  sans  doute  un  vif  intérêt  paj'  sa  tectonique 
et  par  un  métamorphisme  intense  des  terrains  paléozoïques,  métamorphisme  que  j'ai 
constaté  sur  le  revers  méridional  de  la  haute  chaîne,  et  qui  semble  très  probable  dans 
les  régions  élevées,  si  j'en  juge  d'après  les  matériaux  pélrograpiiiques  que  j'ai 
recueillis  dans  le  thalweg  des  vallées  qui  en  descendent. 


SÉANCE    DU    17    MAI    1910.  '277 

Enfin  il  me  paraît  intéressant  de  faire  remarquer  que  les  plis  de  la  chaîne 
carbonifère  sont,  en  général,  déversés  vers  le  sud,  c'est-à-dire  vers  le  sud-est 
dans  sa  branche  occidentale,  vers  le  sud-ouest  dans  sa  partie  orientale. 

Après  sa  surrection,  la  chaîne  hercynienne  a  été  arasée,  transformée  en 
une  pénéplaine  qui  a  recouvert  l'emplacement  actuel  du  Haut- Atlas  et  toute  la 
Meseta  marocaine.  Cette  pénéplaine  a  subi  de  profondes  modifications  dans 
la  région  axiale  de  la  chaîne  actuelle,  mais  elle  est  parfaitement  conservée 
au  sud  de  l'Atlas  dans  le  plateau  des  Ait  Khzama.  Au  nord,  elle  apparaît 
dans  les  Oulad  Saïd  et  les  Madkra  (Chaouïa),  dans  le  pays  des  Zaër. 

Les  dépôts  permiens  essentiellemenl  détritiques,  parfois  torrentiels,  ont  été  formés 
sous  un  climat  tropical  avec  les  matériaux  provenant  du  démantèlement  de  la  chaîne 
carbonifère;  et  il  est  impossible  d'adraellre  qu'ils  ont  pris  part  à  ses  grands  mouve- 
ments orogéniques.  D'ailleurs  j'ai  montré  que  dans  la  Meseta  marocaine  la  pénéplaine 
est  recouverte  par  les  dépôts  horizontaux  du  Trias  supérieur  et  du  Rhétien,  ce  qui  fait 
remonter  sa  genèse  au  plus  tôt  au  Trias  moyen.  Il  est  vraisemblable  qu'elle  était  déjà 
formée  avant  le  début  des  Temps  secondaires. 

La  formation  de  la  pénéplaine  primaire  a  été  suivie  du  morcellement  de 
la  chaîne  hercynienne,  concomitant  de  puissantes  éruptions  volcaniques  de 
trachytes,  d'andésites,  de  basaltes  qui,  commencées  au  Permien,  ont  pu 
se  prolonger  durant  Fépoque  triasique  ;  il  parait  intéressant  de  remarquer 
que  ces  éruptions  ont  atteint  leur  maximum  dans  la  région  de  convergence 
des  plis  carbonifères. 

Le  morcellement  de  la  chaîne  carbonifère  a  intéressé  seulement  l'enqjla- 
cenient  actuel  du  Haut-Atlas  qui  a  été  envahi  par  les  mers  jurassiques  dont 
les  dépôts  d'abord  néritiques  accusent  ensuite  une  formation  hathyale.  Puis, 
par  suite  d'un  mouvement  ou  d'un  simple  gauchissement,  ces  terrains  secon- 
daires ont  été  émergés  tout  au  début  du  Crétacé  et  complètement  arasés 
sur  l'espace  de  plus  de  120''"  compris  entre  le  col  des  Bibaoun  et  le  col  de 
Telouet. 

L'îlot  ainsi  émergé,  que  je  désignerai  sous  le  nom  de  Massif  central  du 
Haut-Atlas,  a  été  entouré,  au  moins  sur  la  plus  grande  partie  de  sa  péri- 
phérie, par  les  mers  du  Crétacé  inférieur  qui  ont  laissé  sur  la  plus  grande 
partie  de  son  pourtour  des  dépôts  arénacés  parfois  littoraux,  souvent  lagu- 
naires.  Il  faut  se  porter  à  l'extrémité  occidentale  ou  au  nord-ouest  de  la 
grande  chaîne  pour  retrouver  les  formations  nériticjues  avec  tendances 
bathyales  dans  lesquelles  (Ida  ou  Tanan)  j'ai  retrouvé  les  riches  faunes  à 
Céphalopodes  déterminées  par  M.  W.  Kiiian. 


1278  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  semble  bien  que  ces  faunes  marquent  le  bord  méridional  du  géosyn- 
clinal qui  entourait,  à  l'ouest,  la  Mesela  marocaine  pour  aller  se  relier,  au 
nord,  avec  le  géosynclinal  dinarique  dont  les  traces  (Cénornanien,  Sénonien) 
sont  indiscutables  dans  la  région  de  Tanger  où  elles  établissent  la  liaison 
avec  les  dépôts  similaires  du  Tell  algérien. 

La  transgression  cénomanienne  a  recouvert  la  première  ébauche  de 
l'Atlas  tandis  qu'à  partir  du  Turonien  les  mers  crétacées  sont  en  régression. 


M.  HoDoi.PHE  SoiîEAu  adrcssc  une  Note  intitulée  :  La  poussée  sur  la  surf  ace 
portante  des  aéroplanes . 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 

M.  Ai.KXAXDRE  SÉE  adrcssc  une  Note  intitulée  :  Formules  de  la  poussée  des 
hélices  propulsives. 

(Renvoi  à  la  Commission  d'Aéronautique.) 


M.  Ai.BEitT  i\oD()\  adresse  des  Observations  astrophysiqites  et  météorolo- 
giques au  Sahara. 


La  séance  est  levée  à  4  beures  et  demie. 

Pb.  V.  T. 


ACADEMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI   25   MAI  19J0. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


3IEM0IUES  ET  COMMUiMCiVTIOIVS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIb;. 

M.  le  Président  rend  compte  en  ces  termes  de  la  dernière  session  de  la 
Réunion  internationale  des  Académies  : 


M 


ESSIEUKS, 


Vous  nous  avez  chargés,  le  général  Bassot,  M.  Baillaud  et  moi,  de  vous 
représenter  à  l'Assemblée  générale  trisannuelle  de  l'Association  interna- 
tionale des  Académies.  Pour  la  période  1908-1910,  l'Académie  directrice 
est  l'Académie  de  Lincei  ;  la  réunion  a  donc  eu  lieu  à  Rome  le  9  mai  sous  la 
présidence  de  M.  Blaserna,  président  de  l'Académie  de  Lincei. 

C'est  le  16  avril  1901  que  s'est  réunie  pour  la  première  fois  à  Paris,  sous 
la  présidence  de  M.  Darboux,  l'Association  des  Académies;  elle  vient  ainsi 
d'entrer  dans  sa  dixième  année  d'existence,  et  Ton  peut  chercher  à  carac- 
tériser les  différents  modes  sous  lesquels  s'exerce  actuellement  son  activité, 
en  prenant  des  exemples  se  rapportant  aux  travaux  de  cette  année. 

L'Association  s'intéresse  tout  d'abord  directement  à  certaines  entreprises 
scientifiques  d'un  caractère  international,  son  action  s'exerçant  par  l'inter- 
médiaire de  Commissions  permanentes,  nommées  par  elle  et  choisies  parmi 
les  membres  des  Académies  associées  ou  les  savants  que  recommandent  des 
compétences  particulières;  c'est  ainsi  que  la  Commission  du  magnétisme 
terrestre  est  en  relations  suivies  avec  l'Institution  Carnegie,  qui  a  fait  con- 
struire un  navire  destiné  à  des  mesures  magnétiques  sur  la  surface  des 
océans.  M.  Mascart,  qui  faisait  partie  de  celte  Commission,  vient  d'être 
remplacé  par  notre  confrère  le  commandant  Guyou.  Pour  prendre  un 
autre  exemple,   une  Commission   relative  à  la    nomenclature  lunaire  est 

C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  1511,  N»  21.)  l68 


I28o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chargée  de  faire  dans  Irois  ans  des  propositions  sur  cette  question  assez 
complexe.  M.  liaillaud  a  été  nommé  dans  cette  Commission  a  la  place  de 
M.  Lœwy. 

Dans  d'autres  cas,  Faction  de  FAssociation  est  plus  indirecte.  Elle  donne, 
avec  ses  conseils,  son  patronage  à  d'importantes  entreprises  d'un  caractère 
général  qui  ont  sollicité  son  approbation,  les  recommandant  ainsi  à  ["atten- 
tion des  Gouvernements  ou  de  Sociétés  particulières.  Pour  être  moins 
directe,  cette  seconde  forme  n'est  pas  moins  importante  et  montre  l'influence 
de  l'Association,  qui  joue  ainsi  le  rôle  de  grand  Conseil  scientifique. 

Parfois,  enfin,  l'Association  doit  jouer  un  rôle  diplomatique,  recomman- 
dant aux  Gouvernements  la  création  ou  la  modification  d'organismes  inter- 
nationaux. C'est  ce  qui  est  arrivé  cette  année  dans  la  question  de  la  lutte 
contre  les  maladies  des  plantes  cultivées,  où  ont  été  envisagées  des  modifi- 
cations à  faire  aux  statuts  de  l'Institut  International  d'Agriculture,  créé  il 
y  a  quelques  années  sur  l'initiative  du  roi  d'Italie. 

Parmi  les  conclusions  votées  la  semaine  dernière,  je  signalerai  encore  le 
patronage  accordé  au  Comité  international  pour  la  publication  des  con- 
stantes physico-chimiques,  et  l'approbation  donnée  aux  dispositions  prises 
par  la  Société  Helvétique  des  Sciences  naturelles  relativement  à  la  publi- 
cation des  OEuvres  d'Euler.  Notre  Académie  s'était,  dans  les  derniers  mois, 
tout  particulièrement  intéressée  à  ces  deux  entreprises. 

Je  n'ai  pas  à  parier  ici  des  travaux  spéciaux  à  la  section  littéraire,  comme 
une  édition  du  Mahâbhàrgta  et  une  Encyclopédie  de  l'Islam.  Dans  un  ordre 
d'idées  commun  aux  sections  littéraire  et  scientifique,  l'Association  con- 
tinue à  préparer  la  publication  des  manuscrits  de  Leibniz;  je  dois  aussi 
mentionner  l'admission  de  la  Société  Helvétique  des  Sciences  naturelles 
parmi  les  Académies  associées,  qui  sont  maintenant  au  nondire  de  vingt, 
dont  trois  pour  notre  pays. 

Cette  première  décade  a  montré  combien  la  pensée  des  fondateurs  de 
l'Association  Internationale  des  Académies  avait  été  heureuse,  et  c'est 
justice  de  rappeler  ici  que  notre  Secrétaire  perpétuel,  M.  Darboux,  fut  un 
des  ouvriers  de  la  première  heure.  Ce  groupement  international  est  assuré 
de  vivre,  et  son  iniluence  continuera  à  grandir. 

Quelques  modifications  dans  le  règlement  ont  été  proposées  et  adoptées. 
Seule  une  question  importante  n'a  pas  été  tranchée,  et  son  examen  a  été 
renvoyé  à  chacune  des  Académies  associées  :  il  s'agit  des  legs  à  recevoir 
par  l'Association.  Malgré  l'avis  de  la  Commission,  la  majorité  a  pensé  qu'il 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  1281 

y  avait  là  des  points  de  droit  très  délicats,  à  l'étude  desquels  nous  n'étions 
pas  suffisamment  préparés.  Certains  fonds  de  roulement  sont  évidemment 
nécessaires  pour  l'administration,  d'ailleurs  très  simple,  de  l'Association; 
mais  est-il  souhaitable  que  l'Association  puisse  recevoir  des  legs?  On  peut 
différer  là-dessus  d'opinion,  et,  pour  ma  part,  je  serais  tenté  de  voir  dans 
ces  richesses  futures  une  source  de  difficultés.  Les  Académies  associées 
constituent,  semble-t-il,  un  pouvoir  spirituel  plutôt  que  temporel,  conseil- 
lant plutôt  que  dirigeant. 

Je  dois,  en  terminant,  remercier  l'Académie  de  Lincei  de  son  aimable 
hospitalité  et  des  réceptions  charmantes  qu'elle  nous  a  ménagées.  Les  délé- 
gués conserveront  aussi  un  respectueux  souvenir  du  gracieux  accueil  qu'ils 
ont  reçu  de  leurs  Mfijestés  le  Roi  et  la  Reine  d'Italie,  et  de  sa  Majesté  la 
Reine  Mareuerite. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.    —   Influence  des  comètes  sur  l'atmosphère  terrestre 
d'après  la  théorie  cathodique.  Note  de  M.  H.  Deslamires  ('). 

L'année  l'jio  est  riche  en  belles  comètes;  dans  ses  quatre  premiers  mois, 
elle  en  a  eu  deux  visibles  à  l'œil  nu  :  la  comète  de  Innés,  qui  a  brillé  en 
janvier,  et  la  comète  de  Halley.  Cette  dernière  offre  un  intérêt  exceptionnel, 
à  cause  de  son  passage  prochain  sur  le  disque  du  Soleil,  et  de  la  rencontre 
annoncée  de  sa  queue  et  de  la  Terre. 

D'ailleurs,  le  grand  éclat  de  ces  deux  comètes  a  coïncidé  avec  des  troubles 
atmosphériques,  avec  des  orages,  et  chutes  de  pluie  prolongées,  ou  même 
avec  des  inondations;  et  une  croyance  populaire,  très  répandue^  attribue 
ces  phénomènes  terrestres  à  la  comète  elle-même.  On  sait  que,  aux  âges 
antérieurs,  les  comètes  ont  été  considérées  comme  ayant  l'influence  la  plus 
pewiicieuse,  et  on  les  a  chargées  de  tous  les  méfaits.  L'exagération  a  été 
manifeste;  mais  il  est  permis  de  penser  que  la  comète  et  sa  queue  peuvent 
avoir  une  certaine  action  sur  l'atmosphère  terrestre.  Cette  idée  n'est  pas 
absurde,  et  même  elle  est  digne  d'être  examinée;  car  l'une  des  théories 
cométaires  actuellement  la  plus  en  faveur  parmi  les  astronomes,  implique 
une  influence  directe  de  la  comète  sur  la  condensation  des  vapeurs  et  la 
chute  de  pluie  dans  notre  atmosphère. 

(')  Celte  Noie  ;i  été  présentée  dans  la  séance  du  17  mai. 


1282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.  - 

l^ii  llii'Oiic  en  (lueslioii  esl  la  ihéorie  dile  cathodique,  qui  fait  intervenir 
lin  rayonnement  cathodique  ou  même  un  rayonnement  corpusculaire,  de 
vitesse  plus  g'rande,  analo<;uc  au  rayonnement  ji  du  radium,  et  émané  du 
Soleil,  lillc  a  été  suggérée,  eu  nSSi,  [)ar  (  ioldstein  [)Our  expliquer  la  rela- 
tion entre  les  taches  du  Soleil  et  le  luaj^nétisme  terrestre,  puis  reprise  et 
développée  simultanément,  en  11S96,  d'une  part  par  Birkeland,  comme 
étant  la  cause  première  des  aurores  boréales,  et,  d'autre  part,  par  moi-même 
pour  expli(]uer  les  jets  coronau\  et  les  queues  comélaires,  qui,  toute  théorie 
mise  à  part,  ont  des  points  communs  multiples.  Arrhenius,  qui  a  réuni  tous 
ces  faits  dans  une  synthèse  générale,  fait  jouer  le  plus  grand  rôle  à  des 
ions  négatifs  ou  positifs  chassés  du  Soleil  parla  pression  de  radiation;  mais 
il  admet  aussi  l'émission  de  corpuscules  plus  petits  qui  sont  les  électrons 
ou  autrement  dit  le  rayonnement  cathodique.  Dans  ces  théories,  l'illumi- 
nation singulière  de  la  queue  et  aussi  la  force  répulsive  solaire  s'expliquent 
aisément. 

Admettons  donc  avec  les  auteurs  précédents  une  émission  cathodique 
solaire.  Ce  rayonnement  spécial  rencontre  les  particules  de  la  queue  comé- 
taire  repoussées  parle  Soleil,  et,  à  leur  contact,  produit  un  rayonnement X, 
ainsi  que  dans  les  tubes  à  vide  ordinaires.  Dans  cet  ordre  d'idées,  la  queue 
est  une  source  de  rayons  X,  rayons  très  pénétrants,  comme  on  sait,  et 
même  d'autant  plus  pénétrants  que  le  rayon  cathodique  primaire  est  plus 
rapide.  Ces  rayons  nouveaux,  analogues  aux  rayons  y  du  radium,  entrent 
profondément  dans  l'atmosphère  terrestre  et  peuvent  atteindre  des  couches 
relativement  basses. 

Or  le  rayonnement  X  a  la  propriété  bien  connue  d'ioniser  les  gaz  et 
de  provoquer  la  condensation  immédiate  des  vapeurs  sursaturées.  La  vapeur 
d'eau  qui  est  dans  cet  état  spécial,  prête  à  tomber,  est  aussitôt  précipitée. 
Cette  action  se  produit  seulement  aux  points  de  l'atmosphère  oùja  vapeur 
est  sursaturée  (');  et  elle  cesse  lorsque  la  chute  de  pluie  a  abaissé  la  tension. 

Tous  ces  effets  successifs  sont  admissibles,  mais  peuvent-ils  avoir  une 
intensité  suffisante  à  la  grande  distance  où  est  la  terre,  et  avec  la  très  faible 
masse  de  matière  qui  compose  la  queue.  11  est  permis  de  répondre  affirina- 
livcinenl,  lorsqu'on  considère  la  surface  énorme  de  certaines  queues  comé- 

(')  Aux  poinls  oii  la  vapeur  d'eau  ne  se  condense  pas.  il  y  a  tout  au  moins  une 
ionisation  de  l'air,  qui  ne  se  manisfeste  pas  à  dislance,  mais  qui  pouiiail  être  con- 
statée par  des  oi)servalions  en  ballon. 


SÉANCE    DU    23    MAI    I9IO.  1283 

taires.  La  matière  composante  a  une  faible  masse,  mais  on  sait  que,  suffi- 
samment divisée,  elle  peut  avoir  une  surface  totale  aussi  grande  qu'on  le 
veut;  et,  dans  les  conditions  supposées,  l'action  eslproportionnelle  à  la  sur- 
face totale  des  particules. 

J'ai  observé  plusieurs  fois  au  commencement  de  l'année  la  comète  lunes 
igiort,  et  j'ai  été  frappé  par  le  prodigieux  développement  de  la  queue,  aussi 
large  que  longue,  qui  occupait  dans  le  ciel  une  surface  apparente  bien  supé- 
rieure à  la  couronne  solaire  des  éclipses.  Je  prends  comme  terme  de  com- 
paraison cette  couronne,  parce  que,  dans  l'ordre  d'idées  où  nous  sommes, 
elle  doit  être  aussi  une  source  de  rayons  X(').  Mais  le  rayonnement  X  sup- 
plémentaire fourni  par  la  comète  peut,  être  beaucoup  plus  grand,  et  provo- 
quer des  troubles  spéciaux  plus  étendus  dans  notre  atmosphère. 

Ces  troubles  cependant  sont  limités,  car  ils  cessent  lorsque  la  vapeur  sur- 
saturée s'est  résolue  en  pluie,  et  ils  doivent  être  suivis  d'une  période  de  beau 
temps  ou  de  sécheresse,  qui  dure  jusqu'à  ce  que  les  vapeurs  sursaturées 
soient  reformées  en  quantité  appréciable. 

Il  est  inutile  de  développer  plus  longuement  ces  considérations,  elles  suf- 
fisent à  montrer  la  possibilité  d'une  action  cométaire.  Notre  atmosphère, 
qui  est  comprise  entre  la  surface  terrestre  et  l'espace  stellaire,  doit  être 
modifiable  par  les  variations  qui  se  produisent  dans  chacune  des  deux  parties 
qui  l'enserrent.  C'est  ainsi  que  récemment  Hildebrandson  a  fait  ressortir  les 
conséquences  dues  aux  fluctuations  des  glaces  polaires  et  des  courants 
marins  qui  s'en  détachent;  la  cause  est  alors  purement  terrestre. 

Mais  les  causes  cosmiques  doivent  aussi  intervenir,  en  particulier  par  les 
rayonnements  divers,  ondulatoires  et  corpusculaires  tels  que  les  rayonne- 
ments ultraviolets  et  cathodiques  du  Soleil  (^).  Le  grand  problème  delà  pré- 

(')  Le  rayonnement  X  solaire  doit  provenir  surtout  des  points  de  la  couronne  qui 
se  projettent  pour  nous  à  une  certaine  distance  du  disque. 

(^)  Plusieurs  auteurs,  et  Marchand  en  particulier,  ont  admis  déjà  l'inlluence  des 
pertiirlja lions  solaires  sur  les  varialions  du  temps  à  la  surface  de  la  Terre. 

Les  étoiles  filantes,  d'autre  part,  ont  été  nolées  déjà  comme  ayant  une  action  sem- 
blable. D'ailleurs  les  corpuscules,  qui  passent  près  de  la  Terre  sans  rencontrer  son 
almosplière,  sont  électrisés  au  moins  par  la  lumière  ultraviolette  solaire  et  peuvent, 
lorsqu  ils  sont  nombreux,  exercer  une  action  électrostatique  et  électromagnétique 
sur  les  couches  ionisées  de  notre  almosplière;  inversement,  ces  couches  peuvent  les 
dévier  de  leur  route. 

Dans  cet  ordre  d'idées,  la  queue  dont  les  particules  sont  éleclrisées  doit  être  déviée 
par  le  champ  magnétique  interplanétaire  et  peut,  même  à  son  origine  près  du  noyau, 
ne  pas  èlre  dirigée  exactement  vers  le  Soleil, 


1284  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vision  du  temps  exige  qu'on  leur  accorde  aussi  une  grande  attention  et  que 
leur  recherche,  évidemment  difficile,  soit  poursuivie  par  tous  les  moyens  à 
notre  disposition. 

La  théorie  cathodique  n'est  pas  présentée  comme  la  seule  qui  puisse  bien 
expliquer  les  phénomènes  cométaires.  Si  je  l'ai  développée  spécialement 
dans  mes  publications  c'est  que  le  rayonnement  cathodique  est  le  phéno- 
mène principal  des  tubes  à  vide  de  nos  laboratoires,  auxquels  l'espace 
interplanétaire  est  a  priori  assimilable.  Cet  espace  offrirait  ainsi  en  très 
grand  les  phénomènes  particuliers  que  nous  observons  journellement,  mais 
en  très  petit,  grâce  aux  Machines,  de  plus  en  plus  perfectionnées,  qui  per- 
mettent de  faire  le  vide. 

Cette  théorie  a  trouvé  d'ailleurs  récemment  un  appui  sérieux  dans  l'ana- 
lyse spectrale  des  comètes  Daniel  d  1907  et  Morehouse  igo8.  La  queue  de 
cette  dernière  comète,  à  tous  égards  exceptionnelle,  offrait  un  spectre  de 
bandes  intense,  accompagné  d'un  spectre  continu  très  faible  ;  ce  qui  implique 
une  composition  presque  purement  gazeuse.  Or,  j'ai  montré  que  l'une  des 
bandes  principales  de  ce  spectre  est  la  bande  ultraviolette  caractéristique 
de  l'azote  illuminé  aux  très  basses  pressions  par  le  rayonnement  catho- 
dique; une  autre  bande  ultraviolette,  attribuée  au  cyanogène,  se  maintient 
aussi  aux  basses  pressions.  Mais  les  bandes  restantes,  plus  nombreuses, 
n'avaient  pu  être  identifiées  ;  or,  Fovvler  a  reconnu  cette  année  qu'elles  étaient 
duesàl'illutnination  cathodique  du  gaz  oxyde  de-Carbone  ('  ).  Bref  la  lumière 
entière  de  la  c|u6ue  dans  Celte  comète  a  une  origine  cathodique  (^). 

J'ai  adniis  précédemment  que  le  rayonnement  cathodique  ainsi  décelé 
par  le  spectre  émanait  du  Soleil  lui-même  ;  mais  il  peut  provenir  aussi  du 
noyau  et  de  la  tête  de  la  comète,  quoique,  à  mon  avis,  avec  une  probabilité 
moindre  (').  Dans  les' deux  cas,  la  production  de  rayons  X  par  la  queue  appa- 


{')  Voir  Comptes  rendus,  t.  CXLVIll,  1909,  p.  8o5,  et  aussi  Montkly  Notices^ 
l.  LXX,  p.  495- 

(*)  On  a  des  raisons  de  penser  que  le  spectre  de  toutes  les  queues  cométaires  est  le 
mélange  d'un  spectre  contihu  et  d'un  spectre  cathodique.  Le  spectre  classique  des 
hydrocarbures  et  du  cyanogène  serait,  d'autre  part,  limité  à  la  tète.  Cette  question 
sera  élucidée  facilement  par  les  moyens  nouveauv  dont  ou  dispose  actuellement  pour 
l'élude  s()eclrale  des  comètes. 

(^)  La  queue  cométaire  émanée  de  la  tête  et  le  jet  coronal  issu  de  l'atmosphère 
solaire  sont  manifestement  semblables,  et  il  est  naturel  de  penser  que  'a  tête  de  la 
comète  et  l'atmosphère  solaire  émettent  en  même  temps  un  ^ayo^neme^t  Calhodiqufe, 
chacune  des  deux  soin  ces  pouvant  être  prépondérante,  suivant  les  conditions  variables 


SÉANCE   DU    23   MAI    I910.  1285 

rait  comme  une  conséquence  nécessaire,  production  d'autant  plus  abondante 
que  la  queue  est  plus  riche  en  petites  particules.  Or,  la  richesse  en  particules 
peut  être  évaluée  par  l'intensité  du  spectre  continu  émis  par  la  queue.  Avec 
la  comète  Morehouse,  le  spectre  continu  de  la  tête  et  de  la  queue  était  très 
faible  ;  il  est  au  contraire  intense  avec  les  comètes  Innés  et  Halley  de  cette 
année,  et  l'on  est  conduit  à  penser  que  l'action  exercée  sur  la  Terre  par  ces 
deux  dernières  comètes  a  été  plus  grande. 

En  résumé,  les  considérations  et  rapprochements  qui  précèdent  font  res- 
sortir, d'une  part,  la  possibilité  d'une  action  à  distance  des  comètes  sur  l'at- 
mosphère terrestre  et,  d'autre  part,  l'utilité  d'une  étude  physique  complète 
des  comètes  et  de  l'étude  spectrale  en  particulier. 

M.  Baili.aud  fait  connailre  à  l'Académie  les  derniers  renseignements 
qu'il  a  reçus  concernant  des  Observations  de  la  comète  de  Halley  à  l'Observa- 
toire Lick  et  Cl  Johannesburg^  renseignements  transmis  jiar  le  Bureau  des 
télégrammes  internationaux  de  Kiel. 

Le  20  mai,  M.  Campbell,  directeur  de  l'Observatoire  Lick,  indicpie  que  la 
comète  a  été  vue  dans  le  ciel,  à  l'Est,  le  matin.  La  (pieue  avait  au  moins  140" 
de  longueur;  elle  était  bien  en  arrière  du  rayon  vecteur,  et  M.  Campbell 
conclut  que  la  Terre  ne  doit  probablement  pas  traverser  la  queue. 

Le  21,  M.  Campbell  ajoute  que  la  queue  de  la  comète,  à  l'Est,  vendredi 
matin  s'étendait  à  travers  l'Aigle,  i"  plus  au  Nord,  et  que  son  éclat  était  le 
tiers  de  celui  de  la  veille. 

Le  21,  à  Johannesburg,  la  comète  est  indiquée  comme  vue  le  soir  du  20 
avec  une  queue  de  19°  et  vue  aussi  le  matin  du  11,  à  l'Est,  avec  une  queue 
embranchée. 

M.  ]iiGOURDAN  communique  la  dépèche  suivante,  dans  laquelle  M.  Eginitis 
résurpe  les  observations  qu'il  a  faites  à  Athènes,  sur  la  comète  de  Halley,  le 
jour  de  son  passage  sur  le  Soleil  (18  mai  1910),  et  les  jours  suivants  : 

(^)iieue  (de  la  comète  de)  Halley  observée  vendredi  matin  exactement  (à  la)  même 

d'une  comète  à  l'autre.  Lorsque  la  queue  offre  en  son  milieu  une  ligne  noire,  le 
rayonnement  solaire  serait  le  plus  fort;  mais,  lorsque  la  ligne  centrale  de  la  queue  est 
plus  brillante  que  les  bords,  ainsi  que  dans  la  comète  de  Halley  en  i835,  a  prédonni- 
nance  appartiendrait  auN  rayoïis  cathodiques  de  la  têfe.  Ce  dernier  cas  se  présente 
plus  rarement.       ^ 


1286  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

position  (que  dans  les)  dernières  nuits.  Vendredi  soir  aussi,  dans  (une)  lunette  (elle) 
paraissait  dirigée  vers  (le)  Soleil.  Par  suite  (de  sa)  courbure,  samedi  matin  (elle  a 
été)  invisible  à  l'Est.  Samedi  soir  (elle  était)  tournée  (vers)  l'Est.  Sa  traversée  (par  la) 
Terre  (a  été)  retardée  grandement,  ou  n'a  pas  eu  lieu.  (Le)  passage  de  la  tète  (sur  le 
Soleil  n'a  été  accompagné  par)  aucun  phénomène  sensible  :  ni  diminution  notable 
d'éclat,  ni  taches,  ni  points  noirs. 


ÉLECTRICITÉ.    —    Sur  l'existence  de  deux  potentiels   explosifs. 
Note  de  MM.  P.  Villard  et  H.  Abraham. 

On  sait  que,  lorsqu'on  élève  proi;ressivement  le  voltage  aux  hoiries  d'un 
éclateur  à  électrodes  sphériques,  on  voit  à  un  certain  moment  des  aigrettes 
apparaître,  puis  l'étincelle  disruptive  éclate  et  décharge  complètement  les 
conducteurs,  empêchant  par  cela  même  la  différence  de  potentiel  de  croître 
davantage;  on  a  atteint  le  potentiel  explosif  ordinaire  que  nous  désigne- 
rons d'une  manière  générale  par  V,. 

Nous  avons  reconnu  que,  moyennant  quelques  précautions,  ce  voltage 
Y,  en  apparence  infranchissable  peut  être  considérablement  dépassé  sans 
qu'il  se  produise  aucune  étincelle.  Cet  accroissement  de  la  tension  est 
cependant  limité,  et,  pour  un  éclateur  donné  il  existe  outre  le  potentiel  V,, . 
un  deuxième  potentiel  explosif  pouvant  être  double  du  premier,  et  carac- 
térisé par  un  régime  tout  à  fait  différent  de  préparation  à  l'étincelle,  l'écla- 
tement de  cette  dernière  étant  précédé  non  plus  par  l'apparition  des 
aigrettes,  mais  par  la  formation,  sur  l'anode,  d'une  lueur  persistante  et  con- 
tinue, visible  même  en  plein  jour. 

Pour  isoler  ce  phénomène  et  l'observer  dans  l'air  ordinaire  qui  n'est  pas 
cependant  le  gaz  le  plus  favorable  à  l'expérience,  il  convient  de  constituer 
l'éclateur  par  une  anode  sphérique  de  petit  diamètre  (i"^'"  environ)  et  une 
cathode  de  grande  surface,  telle  qu'une  grosse  sphère  ou  un  large  plateau  à 
bords  arrondis.  La  source  électricjue  sera  de  préférence  une  machine  sta- 
tique puissante,  reliée  au  besoin  à  des  condensateurs  destinés  à  régula- 
riser le  régime;  on  aura  soin  d'éviter  les  contacts  imparfaits  dans  les  con- 
nexions. 

Cela  étant,  et  le  voltage  \',  étant  atteint,  il  arrive  très  fréquemment,  à  la 
laveur  des  inévitables  «  ratés  »  de  l'étincelle  de  décharge,  que  ce  potentiel 
puisse  être  nettement  dépassé.  Aussitôt  les  aigrettes  positives,  qu'on  s'atlca- 
dait  à  voir  augmenter  d'importance,  disparaissent  complètement  et  déiini- 
tivemenl  jjour  faire  place  à  un   aspect  tout  à  fait  différent.  L'anode,  sur 


SÉANCE  DU  23  MAI  19IO.  1287 

toute  la  zone  en  regard  de  la  cathode,  se  recouvre  d'une  gaine  luminescente, 
d'un  rose  violacé,  qui  augmente  d'éclat  et  d'étendue  à  mesure  que  la  diffé- 
rence de  potentiel  s'élève;  le  reste  du  champ  est  tout  à  fait  ohscur  et 
aucune  lueur  ne  se  montre  sur  la  cathode;  d'autre  part,  un  vent  électrique 
intense,  sensible  à  une  distance  de  plus  de  i",  s'échappe  de  la  région  qui 
avoisine  l'apode  ('). 

Elevant  encore  le  voltage,  on  voit  la  gaine  lumineuse  se  renforcer  à  son 
sommet,  puis  donner  naissance  à  une  pointe  plus  brillante  dirigée  vers  la 
cathode;  ce  poinleraent  est  l'amorce  de  la  nouvelle  étincelle  disruptive 
qui  se  produit  tout  aussitôt.  Le  second  potentiel  explosif  \  ,,  est  alors 
atteint. 

Si,  avant  d'atteindre  cette  nouvelle  valeur,  on  rétrogradait  vers  Y,, 
l'étincelle  ou  tout  au  moins  l'aigrette  réapparaîtrait  comme  dans  l'expé- 
rience faite  par  voltages  décroissants  (^). 

On  peut  aussi  opérer  à  voltage  constant  et  faire  varier  la  distance  des 
électrodes.  On  trouve  alors  pour  chaque  potentiel  deux  distances  explo- 
sives, tandis  qu'on  n'a  jamais  d'étincelle  pour  les  distances  intermé- 
diaires. 

Ainsi,  pour  le  premier  potentiel  explosif,  V,,  seul  observé  en  général, 
l'étincelle  est  sous  la  dépendance  des  irrégularités  de  l'aigrette  préparatoire 
et  constitue,  en  quelque  sorte,  un  accident  qu'il  est  possible  d'éviter.  Le 
second  potentiel  Vo,  au  contraire,  semble  correspondre  à  un  phénomène 
normal  à  préparation  régulière.  Entre  ces  deux  valeurs,  le  régime  lumines- 
cent est  parfaitement  stable  et  une  étincelle  n'est  possible  que  par  l'inter- 
vention d'une  action  étrangère. 

La  composition  complexe  de  l'air  atmosphéricjue  semble  avoir  une 
influence  considérable  sur  l'établissement  du  régime  de  la  gaine  anodique 

{')  Plusieurs  observations  de  Nicliolson  (1787),  de  Faraday  et  de  divers  autres 
physiciens,  sur  les  décliarges  par  lueurs  (glowdischarge,  glimmstrom)  et  sur  certains 
relards  à  la  décharge,  se  rattachent  tantôt  au  phénomène  bien  défini  que  nous  décri- 
vons, tantôt  à  d'autres  modes  de  décliarges  qui  en  sont  tout  à  fait  distincts. 

(^)  Le  phénomène  devient  tout  à  fait  frappant  en  chargeant,  à  un  voltage  compris 
entre  \\  et  V»,  un  condensateur  relié  à  l'éclateur.  Aucune  étincelle  ne  jaillira  aussi 
longtemps  que  le  fonctionnement  de  la  source  électrique  maintiendra  cette  tension. 
Mais  si  l'on  arrête  la  machine,  le  potentiel  baisse 'spontanément  peu  à  peu,  et,  au  mo- 
ment où  il  repasse  par  V,,  des  aigrettes  se  produisent,  suivies  aussitôt  par  l'étincelle 
disruptive  qui  décharge  complètement  le  condensateur. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  21.)  l(>9 


■.V: 


/ij^ 


1288  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  sur  l'éclatement  accidentel  de  l'étincelle  de  bas  voltao;e.  On  réussit  mieux 
l'expérience  avec  de  l'air  pur  et  sec  qu'on  renouvelle  dès  qu'on  y  a  fait 
éclater  quelques  étincelles.  Dans  de  l'azote  sec  le  phénomène  devient  plus 
brillant  et  vraiment  remarquable.  11  n'est  plus  nécessaire  d'avoir  une  anode 
de  petit  diamètre,  et  l'on  peut  même  constituer  l'exploseur  par  des  boules 
égales  de  /j'™  ou  5''"^  de  diamètre.  Dans  ce  gaz,  le  passage  par  la  valeur  V, 
est  toujours  exactement  indiqué  par  l'apparition  de  la  gaine  anodique,  et 
cependant  on  n'a|)erçoit  que  de  faibles  aigrettes,  qui  peuvent  niêine  ne  pas 
se  produire  dans  une  expérience  conduite  doucement.  Le  caractère  acci- 
dentel de  la  première  étincelle  devient  alors  tout  à  fait  manifeste  ('). 

Les  phénomènes  que  nous  venons  de  décrire  peuvent  être  observés  sous 
différentes  pressions,  et  on  les  suit  aisément  jusque  vers  2"'"  de  mercure. 

L'expérience  réussit  également  très  bien  dans  l'hydrogène. 

L'établissement  de  la  luminescence  anodique  est  rendu  au  contraire 
incertain,  puis  impossible  par  la  présence  de  traces  de  gaz  carbonique  ou 
sulfureux  ou  de  quantités  notables  de  vapeur  d'eau.  C'est  ainsi  que  si  l'on 
a  établi  ce  régime  dans  l'air  ordinaire,  il  suffit  de  souffler  avec  la  bouche 
sur  l'anode  pour  faire  éclater  l'étincelle. 

La  luminescence  de  l'anode,  caractéristique  des  potentiels  compris  entre 
V,  et  Vj,  est  l'indice  évident  du  passage  d'importantes  quantités  d'électri- 
cité. On  constate  en  effet  que,  pour  maintenir  ce  régime,  même  à  des  vol- 
tages modérés,  on  est  obligé  de  recourir  à  l'emploi  d'une  machine  statique 
à  plateaux  multiples.  Nous  nous  sommes  servis  d'une  machine  Bonetti- 
Roycourt  sans  secteurs  à  six  plateaux  d'ébonite. 

Dans  ces  conditions,  l'intensité  du  courant  absorbé  par  l'éclateur  aug- 
mente avec  le  diamètre  de  l'anode  et  peut,  sous  une  centaine  de  mille  volts, 
être  de  l'ordre  du  milliampèrc.  La  puissance  ainsi  localement  dépensée  sur 
l'anode,  tout  aussi  importante  que  celle  exigée  par  d'autres  modes  d'illu- 
mination électrique  des  gaz,  montre  qu'il  s'agit  non  d'un  courant  ordinaire 
d'ionisation,  mais  d'une  décharge  véritable.  Au  surplus,  la  densité  du 
courant  sur  l'anode  est  tout  à  fait  comparable  à  celle  qu'on  admet  dans 
l'électrolyse  d'un  liquide. 

Voici,  à  ce  sujet,  les  résultais  de  deux  expériences  faites  à  la  pression 
atmns[)hérique   dans  de  l'azote  sec  (azote  industriel,  procédés  G.  Claude), 


(')   Rappelons  à  ce  sujet  que  M.  J.-J.  Thomson  a  observé  des  élévalions  considérables 
du  potentiel  explosif  dans  les  gaz  rigoureusement  secs. 


SÉANCE    DU    23    MAI    191O.  I289 

avec  des  anodes  sphériqiies  placées  en  regard  d'une  cathode  plane  à  bords 


arrondis 


Diamètre 
de 

l'anode. 


3o" 
i5" 


Distance 

Courant 

Klincelle 

des 

Potentiel 

avant 

éqi 

uivaleaLe 

électrodes. 

explosif. 

l'étincelle. 

àl' 

air  libre. 

3on„„ 

volts 

l  Vi:=  55  000 

0,00 

inm 
28 

1  V.,  =  78500 

0,55 

70     ■ 

40- 

j  V,  =  40000 

0,00 

3o 

l  ¥2=:  80  000 

o>49 

1 10 

Le  courant  qui  traverse  ainsi  le  gaz  est  absolument  continu;  à  ce  point 
de  vue  le  régime  de  la  gaine  luminescente  ditrèi'e  encore  nettement  de  la 
décharge  par  aigrette,  laquelle  est  toujours  discontinue. 

Si  l'on  dépose  sur  l'anode  des  substances  sensibles  aux  rayons  catho- 
diques, telles,  par  exemple,  que  la  craie  ou  l'oxyde  de  zinc,  ces  substances 
s'illuminent  vivement  quand  le  régime  de  la  luminescence  anodique  est 
établi.  Ce  fait  suggère  une  explication  assez  simple  du  mécanisme  de  ce 
mode  particulier  de  décharge.  Au  voisinage  direct  de  la  surface  de  l'anode 
dont  la  courbure  est  relativement  forte,  le  champ  électrique  est  particuliè- 
rement intense  et  à  variation  rapide  (');  l'ionisation  du  gaz  se  localise  dans 
celte  région,  oii  elle  s'accompagne  de  production  de  lumière.  Les  centres 
négatifs,  énergiquement  attii^és,  sont  immédiatement  absorbés  par  l'anode 
sur  laquelle  ils  arrivent  avec  de  grandes  vitesses.  Certains  d'entre  eux 
peuvent  ainsi,  même  à  la  pression  almusphcnque,  former  de  véritables 
rayons  cathodiques  et  ce  seraient  ces  rayons  qui  provoqueraient  la  phospho- 
rescence de  la  craie.  Les  centres  positifs,  au  contraire,  repoussés  par 
l'anode,  s'éloignent  à  l'état  d'ions,  entraînant  le  gaz  ambiant  et  produi- 
sant un  vent  électrique  chargé  positivement  qui  transporte  par  convection 
la  totalité  du  courant  jusqu'à  la  cathode. 

En  résumé,  pour  un  système  donné  d'élecli'odes,  il  existe  deux  potentiels 
e.vplosifs.  Le  premier,  qu'il  conviendrait  plutôt  d'appeler  potentiel  d'aji- 
grette^  peut  accidentellement  faire  éclater  une  étincelle  disruptive.  Le 
second  parait  être  le  potentiel  explosif  normal,  et  même  le  seul  qu'on  doive 
observer  dans  certains  gaz  purs.  Pour  toute  tension  comprise  entre  ces 
<leux  limites,  il  s'établit  un  régime  de  décharge  silencieuse  et  continue, 
caractérisé  par  la  luminescence  épipolique  de  l'anode,  et  dont  la  constitu- 
tion particulièrement  simple  présente  une  grande  analogie  avec  le  phéno- 
mène de  la  gaine  électi'olytiqiue  étudiée  par  MM.  \  iolle  et  Chassagny. 

•     (')  Id  est  remarquable  que  le  moindre  uiéplal  sur  l'anode,  quj  modifie  surtout  le  gra- 
dient, se  traduit  par  une  taclie  sombre  dans  la  gaine  lumineuse. 


1290  ACADliMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  broniurcs  cVortlio  et  de para-anisylmagné- 
siitrns  sur  (' anihraquinone  et  la  '^-mèthylanthraquinone.  Note  de  MM.  A. 
Halleh  et  A.  Comtesse. 

Dans  une  série  de  recherches  pal:»llées  par  l'un  de  nous  en  collaboration 
avec  M.  A.  Guyot('),  et  poursuivies  dans  la  suite  par  MM.  A.  Guyot  et 
Stfehling  (-),  il  a  été  montre  qu'en  faisant  agir  les  combinaisons  organo- 
niagnésiennes  du  phényle  et  du  naphtyle  sur  l'anthraquinone  et  la  méthyl- 
anthraquinone,  on  obtient,  suivant  les  conditions  de  l'expérience,  des  corps 
du  type  phényloxanthranol  (I)  ou  du  type  dihydrure  d'anthracène  YY-di- 
phénylé,  yy-diliydroxylé  symétrique  (11) 


I. 

II. 

HO     C^IP 

110     C«1P 

G 

G 

GO 

C«H'/\c«ll» 
G 

HO     G'H> 

Le  présent  travail  a  pour  but  de  montrer  que  les  combinaisons  magné- 
siennes de  Tortho  et  du  parabromanisol  agissent  de  la  même  façon  sur  les 
deux  anthraquinones.  Nous  n'avons  toutefois  pas  cherché  à  préparer  les 
anisyloxanthranols  et  nous  nous  sommes  bornés  à  isoler  les  diols  correspon- 
dant à  la  formule  II. 

Nous  avons  ainsi  obtenu  quatre  diols  sous  la  forme  de  cristaux  blancs, 
solubles  dans  la  plupart  des  dissolvants  organiques  et  donnant  des  colora- 
tions très  caractéristiques  avec  l'acide  sulfurique  concentré.  La  solution 
acétique  de  ces  corps  a  la  propriété  de  décomposer  l'iodure  de  potassium, 
avec  mise  en  liberté  d'iode  et  formation  d'un  dérivé  anthracénique,  et  de 
donner  avec  la  diméthylaniline  des  réactions  colorées  très  intéressantes. 

Comme  les  diols  plus  simples,  nos  combinaisons  ont  une  tendance  à 
s'éthérifier  et  à  s'acétyler  très  facilement;  elles  se  laissent,  en  outre,  réduire 
sans  difficulté  pour  donner  naissance  à  des  anthracènes  yy-disubstitués 
d'une  couleur  jaune  plus  ou  moins  prononcée,  qui  se  dissolvent  dans  les 
solvants  organiques  avec  des  fluorescences  remarquables. 

(')  Hallkr  et  A,  GuïOT,  Bull.  Soc.  chim,,  S'  série,  t.  XX\1.  1904,  p.  793  et  979; 
t.  XXXIII,  1905,  p.  385. 

(')  A.  Guyot  et  St«hlino,  Bull.  Soc.  chim.,  3=  série,  t.  .\XX11I,  1900,  p.  iio4, 
I  i44i  I  i^'-i- 


SEANCE  DU  25  MAI  I910.  129I 

Nous  allons  donner  le  mode  opératoire  employé  pour  la  préparation  de 
l'un  de  ces  diols,  les  autres  pouvant  être  obtenus  par  le  même  procédé. 

Diliydrure'd'anthracène  y(-p-(Iianisylé,  Yi-(^^^\ydroxyle  symétrique  ou 
dimét/ioxy-li'.io'-diphényl-Cf.io-diol-g.io-flihydroondiracène.  —  Le  peu 
de  solubilité  de  l'antbraquinone  dans  l'éther  nous  a  conduits  à  modifier 
quelque  peu  la  technique  que  nous  avons  suivie  jadis  avec  M.  Guyot  pour  la 
préparation  du  dérivé  déphénylé. 

l^'appareil  qui  nous  a  servi  se  compose  d'un  ballon  spacieux  dans  lequel  se  trouve 
une  solution  éthérée  de  4os  (3™°')  de  /j-bromure  d'anisylraagnésiunn  ;  ce  ballon  com- 
munique avec  un  appareil  à  épuisement  genre  Vigreux  ('),  dans  lequel  on  a  mis  i4° 
(1™°')  d'anthraquinone  finement  pulvérisée.  Le  tout  est  surmonté  d'un  puissant  réfri- 
gérant à  reflux  auquel  on  adapte  un  tube  à  chlorure  de  calcium,  afin  d'éviter  l'intro- 
duction de  toute  trace  d'humidilé. 

L'antbraquinone  pulvérisée  ayant  une  tendance  à  s'agglomérer  et  à  former  des  gru- 
meaux qui  se  dissolvent  très  difficilement,  il  est  bon  de  la  mélanger  à  des  fragments  de 
substances  poreuses  (porcelaine,  brique  ou  ponce  pilées). 

L'appareil  étant  monté  comme  nous  venons  de  l'indiquer,  on  chauffe  pendant  plu- 
sieurs jours  au  bain-marie  jusqu'à  ce  que  toute  l'anthraquinone  soit  dissoute.  On  verse 
alors  la  liqueur  éthérée  sur  de  la  glace  à  laquelle  on  ajoute  de  l'acide  chlorhydrique 
dilué.  On  décante  la  couche  éthérée  et  l'on  essore  le  résidu  insoluble  qui  est  constitué 
par  le  diol  cherché  mélangé  d'un  peu  d'anthraquinone  non  entrée  en  réaction.  On 
sépare  ce  dernier  corps  en  épuisant  méthodiquement  la  masse  par  un  peu  de  benzène 
bouillant  qui  dissout  le  diol.  11  faut  éviter  l'emploi  de  l'alcool. 

La  solution  éthérée  contient  aussi  une  certaine  quantité  de  ce  diol  avec  un  peu  d'an- 
thraquinone, de  l'anisol,  du  dianisyle,  etc.  On  la  sèche  sur  du  chlorure  de  calcium  et, 
après  avoir  éliminé  l'éther  par  distillation,  on  épuise  la  masse  restante  par  du  benzène. 

Diméthoxy-l\' .io-diphényle-i^.io-diol-<^.io-dihydroanthracène  : 


(  ■)  Vigreux,  Bull.  Soc.  ch.,  4°  série,  t.  V,  1909,  p.  699. 


1292  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

C'est  un  corps  blanc,  soluble  dans  la  plupart  des  dissolvants  organiques.  Il 
cristallise  dans  le  benzène  en  petits  cristaux  microscopiques  qui  fondent 
à  267°  (non  corrigé).  Traité  par  de  l'acide  sulfurique  concentré,  ce  diol 
prend  une  coloration  rouge  sang  qui  passe  au  violet,  puis  au  bleu  et  enfin  au 
vert  par  addition  de  quelques  gouttes  d'eau. 

Sa  solution  acétique  décompose  l'iodure  de  potassium  avec  mise  en  liberté 
d'iode.  Avec  la  dimétbylaniline,  cette  solution  donne  une  coloration  bleu 
vert  qui  passe  au  rose  violacé  ay  bout  de  quelque  temps. 

Son  éther  diélhylique 

CH'OCMl»     OCni'* 
C 

C 
/\ 
CH'OC'H*     00  W 

prend  naissance  quand  on  fait  agir  sur  une  solution  alcoolique  du  diol  l'acide 
sulfurique  ou  l'acide  cbloiiiydrique. 

Il  cristallise  dans  i'alcol  sous  la  foinue  d'une  poudre  blanche  fondant 
à  28o°-28i°  et  est  facilement  saponifié  par  l'acide  sulfurique  ou  Tacide  acé- 
tique pour  régénérer  le  diol  primitif. 

Le  dimèthuxy-i' .%' -diphényl-Ç).io-di()l-Ç).  lo-dihydroanthracène 


I       lOCH» 
OC  — H 

C-OH 


se  prépare  dans  les  mêmes  conditions.  11  se  présente  sous  la  forme  de  cris- 
taux blancs  microscopiques  fondant  à  285°. 

Il  se  dissout  dans  l'acide  sulfurique  concentré  en  produisant  une  colora- 
tion bleu«  qui  passe  au  vert,  puis  au  brun  sale  lorstjue  Ton  «liauffe  le  mé- 
lange ou  que  l'on  y  ajoute  de  l'eau  goutte  à  goutte. 


SÉANCE  UU  23  MAI  IQIO.  1298 

p-dian  isylanth  racène 

.C«H»0CHHi.4) 

\C«H*0CH'(i.4) 

Ce  corps  se  prépare  en  ajoutant  à  une  solution  concentrée  et  bouillante 
de  diol  dans  l'acide  acétique,  du  zinc  en  poudre.  On  maintient  l'ébullition 
pendant  une  demi-heure  environ  et  l'on  fdtre.  La  solution  est  versée  dans 
l'eau  froide  et  le  précipité  formé  est  recueilli,  essoré  et  mis  dans  la  benzine 
et  l'acide  acétique. 

Le  jD-dianisylanthracène  est  assez  peu  soluble  dans  la  plupart  des  sol- 
vants organiques  auxquels  il  communique  une  fluorescence  bleu  violacé  de 
toute  beauté.  Il  cristallise  dans  le  benzène  en  petites  aiguilles  jaunes  qui 
fondent  à  279°-28o°  en  se  sublimant. 

L' ortho-dianisylanthracêne ,  préparé  dans  les  mêmes  conditions,  présente 
des  propriétés  sensiblement  analogues  à  celles  de  son  isomère.  Il  se  dissout 
aussi  assez  difficilement  dans  les  solvants  organiques  en  donnant  des  solu- 
tions d'un  très  beau  bleu  violacé. 

Il  cristallise  dans  le  benzène  et  l'acide  acétique  en  aiguilles  jaunes  qui 
fondent  à  28o"-28i°  (non  corr.  ) 

On  obtient  des  dérivés  analogues  avec  la  [3-méthylanthraquinone  qui,  en 
raison  de  sa  plus  grande  solubilité  dans  l'éther,  donne  des  rendements 
meilleurs. 

Le  mélhyl-i-diméthoxy-f\' .  lo'-dip/iényf-C).  lo-diol-y.io-di/iydroant/iracéne 


0CH3 
cristallise  dans  le  benzène  en  petits  cristaux  blancs  qui  s'effleurissent  au 


1294  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

contact  de  l'air  et  fondent  à  208"  (non  corr.).  11  se  dissout  dans  l'acide  siil- 
furique  concentré  en  produisant  une  superbe  coloration  rouge  éosinc  qui 
passe  au  violet,  au  bleu  et  finalement  au  vert  par  échauiremonl  ou  dilulioii 
progressive. 

La  solution  du  diol  dans  l'acide  acétique  déconqjosel'iodure  de  potassium 
et  donne  avec  la  diméibylaniline  une  coloration  verte  qui  passe  au  brun  au 
boul  de  cjuelques  heures. 

Le  mélhyl--j.-diinélfioxy-i' .%'-dipliényl-(-).iQ-diol-c^.\o  dihydroanthracéne^ 
obtenu  dans  les  mêmes  conditions  que  son  isomère,  cristallise  dans  le  ben- 
zène en  cristaux  blancs  s'effleurissant  à  l'air  et  fondant  à  260°.  Il  donne  avec 
l'acide  sulfurique  concentré  une  coloration  vert  malachite  intense. 

Sa  solution  acétique,  mélangée  avec  de  la  diméthylaniline,  donne  éga- 
lement une  coloration  verte  très  belle  qui  passe  au  vert  olive  au  bout  de 
quelque  temps. 

Les  produits  de  réduction  correspondant  à  ces  deux  diols  prennent  nais- 
sance dans  les  mêmes  conditions  cpie  ceux  dérivés  de  l'anlhraquinone.  On 
traite  les  solutions  des  diols  dans  l'acide  acétique  par  du  zinc  en  poudre  ou 
l'iodure  de  potassium. 

Le  ^-méthyl-p-dianisylanthracène 

/ 
G 

C 
\ 
CMJ'-OGH' 

est  très  soluble  dans  le  benzène  et  moins  dans  les  autres  solvants  organiques 
auxquels  il  communique  une  très  belle  fluorescence  bleu  violacé.  Il  cristal- 
lise dans  l'alcool  et  l'acide  acétique  en  petites  aiguilles  jaunes  fondant  à 
2i4"-2i5".  La  masse  fondue  reprend  l'aspect  cristallin  par  le  refroidisse- 
ment. 

Son  isomère  le  '^j-métliyl-o-dianisylantliracène  possède  des  propriétés  ana- 
logues. Cristallisé  au  sein  d'un  mélange  d'alcool  et  de  benzine,  il  constitue 
des  petits  mamelons  jaunes  qui,  chauffés  vers  i5o°,  se  boursouilent  pour 
fondre  à  i65"-i(j7°  en  doimant  une  masse  visqueuse  d'un  jaune  foncé,  ne 
cristallisant  plus  par  le  refroidissement. 

En  préparant  toutes  ces  combinaisons,  noire  but  était  d'obtenir,  par  leur 
déméthylation  au  moyen  de  l'acide  bronihydrique,  les  dipliénols  corres- 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  lagS 

pondants.  Or,  quand  on  chauffe  ces  dérivés  avec  Tliydracide  à  une  tempé- 
rature de  180"  à  190°,  on  isole  des  produits  amorpiies,  brunâtres,  solubles 
dans  l'alcool  el  les  alcalis,  mais  ne  donnant  pas  à  l'analyse  des  chiffres 
concordants. 

En  résumé,  l'anthraquinone  ainsi  que  le  [3-méthylanthraquinone  forment, 
avec  les  p- et  o-anisols,  des  dérivés  de  substitution  analogues  à  ceux  qui 
prennent  naissance  quand  on  fait  agir  le  bromure  de  phénylmagnésium  sur 
ces  quinones.  Les  diols  ainsi  obtenus  sont  facilement  réduits  en  dérivés 
yy-disubstitués  de  l'anthracène. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  le  passage  de  la  Terre  dans  la  comète  de  Halley. 
Note  de  M.  Ch.  Akukë. 

Notre  programme  d'observations  pour  ce  phénomène  comprenait  : 

1°  L'étude  des  variations  d'éclat  que  pourrait  présenter  le  ciel  pendant 
la  nuit  du  i\  au  19;  et,  si  possible,  la  recherche  de  la  comète  sur  le  disque 
du  Soleil  à  son  lever  le  19; 

1°  L'enregistrement  des  variations  que  pourraient  subir  nos  appareils 
électriques  et  magnétiques  par  le  fait  de  ce  passage. 

En  ce  qui  concerne  l'élude  astronomique,  le  ciel  a  été  constamment  cou- 
vert ou  pluvieux  et  toute  observation  nous  a  été  impossible. 

Quant  à  l'électromètre  et  au  magnétomètre,  nous  n'avons  constaté,  dans 
les  courbes  qu'ils  ont  données,  rien  d'anonnal  qui  puisse  être  attribué  à  la 
comète. 

Ce  résultat  négatif,  surtout  en  ce  qui  concerne  le  magnétomètre,  a  son 
importance. 

CORRESPONDAIVCE . 

M.  P.  Blaserna,  élu  Correspondant  pour  la  Section  de  Physique,  adresse 
des  remercîuients  à  l'Académie. 


M.  J.  Charcot  adresse  à  l'Académie  une  copie  des  Rapports  mensuels  de 
l'Etat-Major  de  la  deuxième  Expédition  antarctique  française. 

Rien   n'a  été  modifié  à  ces  Rapports,  rédigés  en  cours  de  Mission,  qui  donnent  un 
résumé  des  travaux  entrepris  el  un  aperçu  des  conditions  dans  lesquelles  ils  ont  dû  être 

C.R.,  1910,  1"  Semestre.   (T.  150,  N"  21.)  I;^ 


1296  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

exécutés  et  qui  par  conséquent  ne  doivent  être  considérés  que  comme  des  Rapports 
préliminaires. 

(Renvoi  à  la  Commission  composée  de  :  MM.  Bornet,  Guyou,  Perrier, 
Miintz,  Violle,  Roux,  Delage,  Bouvier,  Lacroix,  Douvillé,  \'illard, 
Mangin,  Tcrmier,  Lallemand.  Membre  adjoint  :  M.  Joubin.) 


M.  le  Secuétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Volume  intitulé  :  Le  Jubilé  académique  de  M.  L.-P.  Cailletet; 
I  %  janvier  1910.       , 

■j"  Revision  d'une  parlie  de  la  collection  des  Hydroides  du  British  Muséum, 
par  M.  Armand  Billard.  (Présenté  par  M.  E.  Perrier.) 

3"  J 809- 1909.  Le  Centenaire  du  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie. 
(Présenté  par  M.  E.  Jungfleisch.) 

ASTRONOMIE.    —    L'aurore   boréale.   Lois  et  théories  /léUodynamiques.  Note 
de  M.  DE  Kekillis,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

L'essai  de  théorie  de  la  lumière  polaire  dont  nous  soumettons  ici  l'exposé 
a  pour  objet  de  démontrer,  en  s'appuyant  sur  des  chiffres,  l'intervention  si 
discutée  jusqu'à  ce  jour  de  l'induction  solaire  dans  les  phénomènes  au- 
roraux. 

Théorie  héliodynamique.  —  T^'aurore  boréale  se  présente  souvent,  on  le 
sait,  sous  forme  d'arcs  lumineux  plus  ou  moins  réguliers,  simples  ou  mul- 
tiples, paraissant  appartenir  à  des  anneaux,  peut-être  circulaires,  peut-être 
ovales,  disposés  concentri(jueinent  autour  d'un  centre  commun  appelé 
pôle  des  aurores. 

Ce  pôle  est  situe  à  peu  près  par  Si"N  et  97° W,  c'est-à-dire  grosso  modo  à  mi- 
distance  entre  le  pôle, magnétique  et  le  pôle  géographique. 

Ces  anneaux  célestes  circumpolaires  seraient,  selon  nous,  formés  d'une  matière 
aurorale,  non  lumineuse  par  elle-même,  planant  dans  les  hautes  régions  de  l'atmo- 
sphère et  répartie  suivant  des  couches  en  équilibre,  dites  isostaliques.  cette  réparti- 
tion en  anneaux  concentriques  étant  une  résultante  de  l'action  magnétique  terrestre. 

Le  magnétisme  serait  donc  une  des  causes  génératrices  de  l'aurore,  le  second  fadeur 
étant  l'action  solaire. 

Pour  représenter  cette  action,  il  faut  imaginer  un  réseau  de  radiations  hélioi-en- 
triques,  symbolisé  par  une  zone  d'inlluence  dite  zone  dynarnitjiie  attachée  à  la  Terre 
et  la  suivant  dans  son    mouvement  avec  cette  particularité  qu'elle  se  maintient  con- 


SÉANCE  DU  23  MAI  191O.  I297 

slamnient  parallèle  à  l'écliptique  et  ;i  l'opposé  du  Soleil,  telle  une  queue  de  comète. 
Cette  zone  dynamique  antisolaire  diûère  toutefois  de  la  queue  de  comète  en  ce  qu'elle 
n'a  pas  de  lumière  propre.  Son  point  d'allache  se  trouve  sur  le  rayon  terrestre  abou- 
tissant au /joVe  des  aurores  à  une  distance  au-dessous  du  sol  que,  pour  fixer  les  idées, 
on  supposera  égale  à  igoo*""  comme  première  approximation. 

Quand  les  couches  isoslatiques  circumpolaires,  entraînées  par  le  mouvement 
diurne,  passent  sous  la  traîne  de  la  zone  antisolaire,  il  se  produirait  des  phénomènes 
d'induction  d'où  résulterait  l'illuniinalion  des  couches  isostatiques  donnant  ainsi  nais- 
sance aux  arcs  auroraux  lumineux  simples  ou  multiples. 

L'aurore  serait  donc  un  pliénoniène  produit  par  Faction  combinée  du 
magnétisme  terrestre  et  de  l'induction  solaire. 

Vérifications  de  la  théorie.  —  1°  Il  est  clair  que  pour  déterminer  les 
courbes  d'équifréquence  aurorale  (courbes  joignant  les  positions  géogra- 
phiques oii  l'on  observe,  chaque  année,  le  même  nombre  d'aurores),  il 
doit  suffire,  d'après  les  hypothèses  précédentes,  de  projeter  sur  le  sol  les 
couches  isostatiques  célestes,  et,  puisque  celles-ci,  comme  on  l'a  vu  plus 
haut,  sont  centrées  sur  le  pôle  des  aurores,  les  courbes  d'équifréquence 
doivent  l'être  également. 

EfTectivement  on  constate  que  le  réseau  de  ces  courbes  établi  par  Hermann 
Fritz  remplit  celle  condition,  du  moins  à  peu  près,  et  l'écart  existant  est 
justifié  par  les  explications  données  dans  l'étude. 

Telle  est  la  première  vérilication  de  la  théorie  héliodynamique.. 

2°  L'heure  du  maximum  en  chaque  lieu  correspond  au  moment  011  le 
grand  cercle  joignant  ce  lieu  du  pôle  auroral  passe  à  l'opposé  du  Soleil, 
autrement  dit  elle  correspond  à  minuit  auroral,  d'où  l'on  déduit,  par  un 
théorème. 

Heure  maximum  =  1 1^  (vrai  )  ±  a  —  £", 

a,  angle  formé  dans  le  lieu  considéré  par  les  deux  méridiens  géographique 

et  auroral; 
£,  correction  locale  fonction  de  la  distance  au  pôle  auroral. 

3"  La  périodicité  diurne  dépend  de  l'heure  du  lieu  et  présente  un  nombre 
maximum  d'aurores  à  minuit  auroral  et  un  minimum  à  midi  auroral  : 

N=/(/0; 
N,  nombre  d'aurores; 
h,  heure  du  lieu;  H  dépend  de  A; 

i\'  =  k(_  5,3  -Hi,7v/3o-  H^), 
formule  empirique  expliquée  dans  l'étude. 


l-ir)S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

3°  La  périodicité  annuelle  est  fonction  de  la  position  de  la  zone  dyna- 
mique, laquelle  fait  avec  l'axe  polaire  un  angle  variant,  au  cours  de  Tannée, 
de  90° — 23°, 5  à  90°+  23°, 5. 

Comme  conséquence,  le  maximum  auroral  doit  se  produire  en  hiver  dans 
les  régions  polaires,  en  été  dans  les  latitudes  moyennes,  aux  équinoxes  dans 
les  latitudes  intermédiaires;  c'est  ce  que  l'on  constate  effectivement  : 

N  =.  K  +  A/(y)  +  B/'(y)  +  C/"(-/); 

L,  latitude  géographique; 

X,  latitude  aurorale; 

y,  angle  de  l'axe  terrestre  avec  le  rayon  de  l'orbite. 

5"  La  périodicité  séculaire  est  fonction  des  déplacements  du  pôle  des 
aurores,  lesquels  sont  en  liaison  avec  ceux  du  pôle  magnétique  : 

N  =/(;:,/',  a), 
-n,  p,  a,  périodicités  solaire,  terrestre,  sidérale. 

Tableau j-  (extraits),' 

Cap  Lac 

Heures.  lîanow.  Bossekop.         Atliabasca.        Cliristiania.         Upsal.  Obsei'vations. 

Il       m  h       m  II       m  li       m  li       m 

Heures        i  calculées i.l\5  10. ao  12. 3o  9-4o  9-20  » 

du  maximum  (  observées....      i.3o  10. 3o  12.22  10.00  9-3o  » 

N 
nombre  d'aurores.  Miiuiil.        i''  mat.        8''  mat.  Midi.  '1''  soir.        8''  soir.  Observations. 

Périodicité  )        \  calculé....      78-74       65-48       3o-2i        17-21        3o-48       65-74  (  Terre 

diurne       )      '(  observé...         79  58  22  28  45  72     (de  François-Joseph, 


nombre  d'aurores.         Dec.  Nov.  Oct.  Sept.  .Xoùt.         Juillol.      Juiu.        Observations. 

,^,)  calculé....     60         78  ..7  .37  .23  91  74     Uew-York. 

Périodicité  1        f  observé...      60         75  98  118  i23  91  79     ) 

annuelle     J  .,    l  calculé....      11  12, 5  i3  10,7  6,2  1.0  o     }    ^    ., 

'  N.  ,  "  '  .     Suéde. 

(  observe...      11  11  i3,5  i3  o  1.0  o) 

l'ériodicité  (  La  période  principale  des  vaiialions  séculaires  doit  être  d'environ  600  ans,  durée  assignée 
séculaire     j       à  la  nulation  du  pôle  magnétique,  et  cette  loi  se  confirme  également. 


SÉANCE    DU    2^    MAI    1910.  I 299 

On  voit  que  les  chiffres  calculés  cadrent  avec  ceux  résultant  de  l'obser- 
vation directe. 

Ainsi  toutes  les  lois  se  vérifient  mathématiquement,  ce  qui  semble  démon- 
trer l'exactitude  de  la  théorie  héliodynamique. 

ASTRONOMIE.  —  Observation  de  la  comele  de  Halley,  faite  à  l'Observatoire 
de  Toulouse,  à  l'èquatorial  Brunner  Henry  de  o*",  38  d'ouverture.  Note  de 
M.  A.  Blo.ndel,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 


Date. 

l'einps  moyen 

Nombre 

1910. 

de  Toulouse. 

AJR. 

A3. 

de  compar. 

Mai  8 

l5''47'"20' 

-+-l"'l6=' 

•  '2 

— o'46",3 

l8:i5 

Position  de  l'étoile  de  comparaison. 

Asc.  droite  Réduction  Déclinaison  Réduction 

Gr.  moyenne,  1910,0.       au  jour.        moyenne,  1910,0.       au  jour.  .\ulorilé. 

7,5....      o'M2™23*,76       — o'jSy         9°53'2i",o         — 6", 9         Cal.  photog.  Toulouse 
Position  apparente  de  la  comète. 


Date. 

Asc.    droite 

Log.  fact. 

Déclinaison 

Log.  fact. 

1910. 

apparente. 

parallaxe. 

apparente. 

parallaxe. 

Mai  8 

..      o'm3™39%oi 

-î,63r 

9''52'27",8 

0,763 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Sommes  partielles  de  la  série  de  Fourier. 
Note  de  M.  Léopold  Fëjer,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Soient/(a7)  une  fonction  intégrable  dans  l'intervalle  {oSxSi-n).,  M  sa 
limite  supérieure  et  m  sa  limite  inférieure  pour  cet  intervalle.  On  peut 
supposer  (sans  restreindre  la  généralité  des  considérations  suivantes)  que 
M  est  positif  et  que  m  ^  —  ^  (  '  )  • 

Désignons  par 

(i)  .<„  (a-)  =;  «0  -l-  «1  cos.r  -t-  6,  sinx  +  .  .  .  +  rt„  cos,nx  +  b„  i'ianx 


(')  En  efl'el,  si  w  rz:  —  M,  je  prends  au  lieu  de/(.r)  la  fonction /(.i)  —  - ,  dont 

,     ,.     ..           .  .                 M  —  m        ,,....,.                M  —  /n 
la  limite  supérieure  est et  la  limite  inférieure 


l3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  somme  des  («  +  i)  premiers  termes  de  la  série  de  Fourier  de  f{x),  et 
par  S„(.x)  la  moyenne  arithmétique 

„  .s-„(.r)  +  .ti(.;.-)-T-...+  .<„(.r) 

(2)  S„(.r)  = ^^^-^ 

On  connaît  (  '  )  la  propriété  élémentaire 

(3)  |S„(^)|<M, 

pour 

o  £  a;  £  2  7r, 
n  ^  o,  1 ,  2,  3.  . .  . ,  00. 

Mais  on  sait  aussi  que  pour  les  sommes  de  Fourier  5„ (a;)  l'inégalité  (3) 
n'est  pas  vraie  en  général.  Je  cite  pour  cela  les  deux  types  d'exemples 
suivants  : 

7t  —  iT 

Premier  exemple  :  /(  J")  ^= pour  o  <  .r  <  2  tt.  Ici  on  a 

M=:-,  „>=z—M=—-, 

1  1 

,     ,        h\nx        sin  i.v  iinnx 

S„  {x)  — 1 1-  .  .  .  H 

1  2  n 

Mais  pour  x  := '- —  on  obtient 


«  -H  1  l  - 

\     /i  H-  1 

donc 


liin  i„  (  • — '- —  )  =:  /      ^ dx  =  1,85.... 

„=«    V"  +  i/    J,     ■^ 

Cette  valeur  i  ,85  .  .  .  tiS. plus  grande  que  M  :=  —  =  i  ,57  . . .  [Phénomène  de  GibbsC)]. 


(')  Voir  Math.  Aimalen,  Bd.  58,  p.  60. 

(^)  Voir  par  exemple  le  paragraphe  9  du  Mémoire  de  M.   Bâcher  dans  les  Aimais 
of  Malliematics,  2'  série,  t.  ^'ll,  1906. 


SÉANCE  DU    23    MAI    1910.  l3oi 

Seconr/  c.remp/e  : 

CCISX         C0S2.!'  coinx  cos(«+i).)'  C0S3/(.r 

■'  ^'      ~      Il  n  —  \        '  '  '  I  T  '  "  '  /' 


Pour  .r  r=  o  on  obtient 


s„(o)  —  — I h.  . .+  I  >  logrt. 

n        n  —  1 


Donc  (en  choisissant  n  assez  grand)  la  somme  s„{o)  pourra  être  aussi  grande  que 
l'on  veut,   tandis  que  la   valeur  absolue  de  la  fonction  /(.r)  reste  plus  petite  que 

26  pour  o  _  ./■  i  2  7:  et  /i  =  1 ,  2,   .  .  .  co  (  '). 

Dans  les  lignes  suivantes,  je  donne  un  théorèine  qui  permet  dans  beau- 
coup de  cas  de  déterminer,  pour  les  s,t{x')  de  Fourier,  des  limites  assez 
étroites.  ^  oici  ce  théorème  : 

Soit  f(\-v)  une  fonction^  intégrable  dans  l'intervalle  n<x^-n:,  pour  laquelle 

(I)  !/(.?■)  |_M         pour         o_.r_2  7r. 

et 

A  B 

(II)  Irt,,  I-:— )  \l>ii\-—  pour  /i  :r=  I,  2,  3,   .  .  .  ,  co. 

Ici  a^,  b,,  ...,  a„,  h„,  ...  désignent  les  coefficients  de  Fourier  de  /(-x'), 
e^  M ,  A,  B  so/it  des  constantes  positives  (ou  zéro).  Alors,  en  désignant 
par  s„(x)  la  somme  des  premiers  (n  -+-  i)  termes  de  la  série  de  Fo  irier 
de  /(x),  on  a 

\s„(.r)\^M-h\-\-\i 
])0ur 

olj"^27r,  «^r0,I,2,  ...,::c. 

Démonstration.  —  On  a,  d'après  les  définitions  (  i  )  et  (2), 


2^'-'{u;  cosv.r  -\-  l).j  siiiv.r) 


(4)  .9„(x)=.S„(.r)+^ 


n  +  I 
Donc,  en  tenant  coniplr  de  la  condition  (  II\ 

/(  (  A  +  B  : 


■««(*)|î|S„(j»)|  + 


('  )   Lebesgue'sche  Konstanten  und  divergente  Foarierreihen  {Journal  de  Crclla. 
t.  138,  1910).  Par  l'application  de  l'inégalité  (6)  de  cette  Note,  on  obtient 

|/(.r)  I  <  Ti:  +  2  =5,1.', 


l3o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mais,  en  tenant  compte  de  la  condition  (I),  on  a,  d'après  (3  ), 

|S„(.f)|<M, 
donc 

|i„(j)|<M-t-A-h  B, 

et  le  théorème  est  démontré. 

En  considérant,  par  exemple,  la  fonction  /"(a*)  =; ■>  on  peut  prendre 

M  =  —  >  A  =  o,  B  =  I .  Notre  ihéoréme  fournil  donc 

Isinr        sina  .r  sin/i./l        tt 

1 h  ...  H <  -  +  I  =  1,0-]  .  .  . 


(o'j.  d;  __  2  71;   //  ^  1 ,  2,  15.  .  .  .,  00  ). 
Par  lapplicalion  de  Téquation  (4  ),  on  obtient  aussi  facilement 

,„.  Isin.j;        sinS.i'  sin(2/i  —  i)'| 

(6)  ■ — ■ 1 H. ..H <2..07... 

1        I  2  H  \  ■     ' 

{oSx^2t:\  't  =  1 ,  2,  3,  . . . ,  oc). 

Etc.  ('). 

Pour  les  inégalités  (5)  et  (6),  M.  Landau  a  Inen  voulu  me  communiquer 
des  démonstrations  extrêmement  élémentaires. 

Remarque.  —  Une  fonction  à  variation  bornée,  au  sens  de  M.  Jordan, 
satisfait  aux  conditions  (I)  et  (II)  de  notre  théorème.  La  suite  de  Fourier 
d'une  telle  fonction  est  donc  certainement  limitée  en  valeur  absolue. 

Par  l'application  de  notre  théorème,  il  est  facile  d'assigner  cette  limite 
en  moyennant  seulement  les  variations  totales  positives  et  négatives  de  la 
fonction  à  variation  bornée /(.r)  pour  l'intervalle  o^,r<2-.  Mais  l'inté- 
grale de  Dirichlet  est  aussi  applicable  pour  ce  but. 

OPTIQUE.  —  Sur  les  interférences  de  deux  faisceaux  superposés  en  sens 
inverses  le  long  d'un  circuit  optique  de  grandes  dimensions.  Note  de 
M.  G.  S.\<;.\Ac,  présentée  par  M.  Lippmann. 

.l'ai  effectué  des  recherches  sur  certaines  actions  susceptibles  de  produire 
une  (lidcrcnce  de  vitesse  de  propagation  entre  les  ondes  lumineuses  qui  par- 

(')   Knesrh.    Uat/i.  Annalen,  t.  L\,  !;(  1,  oii  Ton  trouve  dénionlrée  l'existence  cl'iuie 

„        ,,              I  si  11.27        siii2.r                   sin«a;l 
conslanie  positive  (j,  telle  que 1 h  ...  H <  <j,  ■  •  •  . 


SÉANCE  DU  2,3  MAI  I910.  l3o3 

courent  un  circuit  optique  et  les  ondes  qui  parcourent  le  même  circuit  dans 
le  sens  opposé. 

Pour  séparer  d'un  même  faisceau  lumineux  les  deux  faisceaux  inverses 
interférents,  j'ai  utilisé  d'abord  une  argenture  transparente  comme  l'a  fait, 
le  premier,  M.  Michelson. 

1.  Dispositif.  —  Les  vibrations  d'un  faisceau  lumineux  CI,  issu  d'un 
collimateur  C,  se  divisent  en  1,  sur  une  face  argentée  transparente  d'une 
glace  de  verre,  en  vibrations  transmises  T  et  vibrations  réfléchies  R,  qui  se 
réfléchissent  ensuite  sur  des  miroirs  plans  M,,  M,,  ...  (verre  argenté)  et 
parcourent  ainsi  un  même  circuit  dans  les  sens  respectifs  opposés  : 

I.M,M,...I        ei        1M,M,...I. 

Au  retour  en  I  sur  l'argenture  transparente,  les  vibrations  T  sont  une 
seconde  fois  transmises  (vibrations  TT'),  les  vibrations  R  sont  une  seconde 
fois  réfléchies  (vibrations  RR').  Une  lunette  L  reçoit  les  deux  systèmes  de 
vibrations  superposées  TT'  et  RR',  susceptibles  de  produire  des  franges 
d'interférence  à  centre  brillant  localisées  si  la  source  de  lumière  est  étendue 
et  visibles  en  lumière  blanche. 

J'ai  pu  obtenir  d'excellentes  franges  Jnen  nettes  et  fixes  avec  des  ciicuits 
optiques  triangulaires  ou  pentagonaux  faisant  le  tour  de  la  salle  d'expé- 
riences (jusqu'à  3o'"  de  tour). 

2.  Le  réglage  principal  est  le  réglage  de  superposition  exacte  des  deux 
faisceaux  invejses.  —  La  méthode  que  j'ai  employée  avec  le  plus  de  succès 
pour  les  grands  circuits  consiste  à  définir  le  faisceau  initial  CI  par  une  petite 
ouverture  ronde  sur  laquelle  est  projetée  l'image  de  la  source  (filament  de 
Nernst  ou  charbon  positif  d'un  arc  électrique)  et  à  allonger  légèrement  le 
tirage  du  collimateur  de  manière  à  faire  au  milieu  H  du  contour  du  circuit 
(à  une  quinzaine  de  mètres)  les  deux  images  agrandies  du  petit  trou  dues 
aux  deuv  faisceaux  inverses  T  et  R.  Des  réglages  successifs  et  méthodiques 
amènent  ces  deux  images  égales  à  coïncider  exactement  pendant  que  sur  le 
reste  du  circuit,  spécialement  près  de  la  glace  argentée,  les  mêmes  réglages 
amènent  les  sections  circulaires  des  deux  faisceaux  inverses  à  coïncider, 
ou,  si  ces  sections  sont  inégales,  les  amènent  à  être  concentriques  à  moins 
de  i™'"  près.  Dès  lors,  la  lunette  montre  des  franges  localisées  très  larges 
ou  même,  si  le  réglage  a  été  particulièrement  soigné,  une  plage  brillante 
qui  occupe  la  plus  grande  partie  du  champ  et  qui  résulte  de  l'élargissement 
de  la  frange  centrale. 

3.  Un  agrandissement  spécial  des  franges  devient  utile  dans  le  cas  des 

c.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N«  21.)  I?^ 


l3o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

longs  circuits  quand  la  largeur  du  champ  de  localisation  des  franges  devient 
trop  restreinte.  Au  lieu  d'allonger  outre  mesure  la  distance  focale  de  la 
lunette,  ou  de  remplacer  l'oculaire  par  un  microscope  qui  a  l'inconvénient 
d'agrandir,  en  même  temps  que  les  franges,  le  diamètn;  des  fils  du  micro- 
mètre servant  aux  pointés,  j'emploie  une  méthode  d' agrandissement  par  la 
production  de  franges  non  localisées. 

Cette  méthode  peut  s'appliquer  à  d'autres  inlcrféromètres.  Elle  consiste 
à  limiter  la  lumière  incidente  de  façon  à  pouvoir  dépointer  notablement  la 
lunette-viseur  en  dehors  du  plan  de  localisation  primitif  et  observer  des 
franges  encore  très  nettes  et  agrandies.  Cette  méthode  impose  une  limita- 
tion de  la  lumière  incidente  et  une  diminution  d'éclat  du  champ  d'inlerfé- 
rence  d'autant  moindres  que  les  franges  sont  moins  nombreuses. 

Exemple.  —  Circuit  de  3o"  de  contour.  Collimateur  et  lunette  de  distance  focale  : 
G™, 55.  Ouverture  utile  de  la  lunette  o™,o5.  La  source  lumineuse  est  un  filament  de 
Nernst  dont  l'image  est  projetée  à  travers  un  diaphragme  rond  de  3"""  de  diamètre,  et 
à  i^jôo  au  delà  de  ce  diaphragme,  sur  le  petit  trou  rond  (i'"",4  de  diamélre)  du  col- 


limateur; l'image  de  ce  petit  trou  est  faite  par  le  collimateur  au  milieu  du  circuit 
{fig.  2).  Quelques  franges  seulement  étant  visibles  dans  le  champ,  on  peut  dépointer 
la  lunette-viseur  de  o"\o5  à  partir  du  plan  de  localisation  habituel  sans  cesser  de  voir 
les  franges  très  nettes,  et  elles  sont  alors  séparées  par  des  intervalles  de  i"""ou  2""  dans 
le  plan  du  micromètre  à  fils. 

4.  Inconvénients  de  i in  1er féromètre  à  glace  argentée.  —  La  frange  centrale 
est  brillante,  non  pointable.  Les  deux  franges  qui  la  bordent  sont  des  franges 
sombres  colorées  en  dehors;  leurs  milieux  théori([ues  ne  correspondent  pas 
exactement  à  la  différence  de  marche  d'une  demi-longueur  d'onde  parce 
que  l'argenture  transparente  produit  une  légère  différence  de  phase  entre 
les  vibrations  TT'  et  WW . 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  l3o5 

L'absorption  par  l'argenture  affaiblit  la  lumière.  La  réflexion  parasite  à 
la  seconde  face  de  le  lame  de  verre  a  un  inconvénient  analogue  ;  de  plus  elle 
trouble  la  pureté  des  interférences  étudiées  si  la  glace  a  des  faces  trop  voi- 
sines d'être  parallèles  ;  ou  bien,  si  la  glace  est  assez  prismatique  pour  écarter 
la  lumière  réflécbie  sur  la  face  non  argentée,  la  dispersion  angulaire  altère 
la  symétrie  des  franges  par  rapport  à  la  frange  centrale. 

La  pureté  des  interférences  n'est  réalisable  que  si  les  amplitudes  TT'  et 
RR'  sont  à  peu  près  égales,  la  lumière  étant  supposée  polarisée  dans  l'un 
des  azimuts  principaux.  Cette  condition  exige  une  incidence  particulière 
qu'il  faut  trouver  par  tâtonnements  et  qui  doit  être  retouchée  si  l'argenture 
transparente  s'altère  ou  si  l'on  a  dû  la  renouveler. 

J'ai  perfectionné  l'interféromètre  en  remplaçant  la  glace  argentée  par  un 
séparateur  de  vibrations  que  je  décrirai  ultérieurement,  construit  de  ma- 
nière à  supprimer  les  inconvénients  signalés  et  donnant  une  frange'centrale 
sombre  ou  colorée  étroite,  que  j'ai  pu  pointer  à  —^  près  de  l'interfrange, 
dans  le  cas  d'un  circuit  de  3o™  de  tour  éclairé  par  un  filament  de  Nernst. 


PUÏSIQUE.  —  Absorption  d'énergie  par  le  passage  d'un  courant  alternatif 
dans  un  gaz  à  la  pression  atmosphérique.  Note  de  M.  A.  Chassy,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

En  soumettant  un  gaz  à  un  champ  électrique  alternatif  suffisamment 
intense,  ce  gaz  devient  conducteur.  On  obtient  ainsi  ce  que  j'ai  appelé  le 
second  régime  dans  ma  Note  de  juillet  1909.  Le  gaz  ne  se  conduit  pas 
comme  un  conducteur  proprement  dit  obéissant  à  la  loi  d'Ohm,  car,  si  l'on 
fait  croître  la  tension,  le  courant  augmente  plus  rapidement. 

Cependant,  le  rapport  des  valeurs  du  courant  et  de  la  tension  tend  vers 
une  certaine  limite  qu'on  atteint  presque  assez  rapidement.  D'après  ce 
résultat,  je  pensais  qu'en  faisant  croître  la  tension  le  gaz  s'approchait  de 
plus  en  plus  de  l'état  de  conducteur  proprement  dit,  satisfaisant,  par  suite, 
aux  lois  d'Ohm  et  de  .Joule.  Il  est  difficile  de  voir  avec  précision,  en  faisant 
varier  les  dimensions,  si  le  gaz  suit  la  loi  d'Ohm.  Il  est  plus  facile  de 
mesurer  le  dégagement  de  chaleur  et  de  le  comparer  au  courant  débité. 

L'appareil  employé  est  un  condensateur  dont  le  diélectrique  est  formé  de  deux 
cylindres  de  verre  concentriques  dans  l'intervalle  desquels  se  trouve  de  l'hydrogène  à 
la  pression  atmosphérique.  Dans  le  cylindre  intérieur,  il  y  a  un  thermomètre.  Ce 
condensateur  est  placé  dans  un  cylindre  Dewar  rempli  d'un  liquide  isolant.  Dans  un 


l3o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

autre  dispositif  plus  sensible  et  suffisant  pour  des  ntiesures  relatives,  le  condensateur 
est  simplement  plongé  dans  un  vase  plein  d'air.  Pour  obtenir  la  chaleur  dégagée  dans 
le  gaz  seul,  il  faut  en  retrancher  celle  qui  se  dégage  dans  le  verre,  car  elle  n'est  pas 
négligeable.  On  l'obtient  en  remplaçant  le  gaz  par  un  liquide  conducteur.  Celui-ci, 
ayant  une  résistance  très  faible,  n'est  pas  le  siège  d'une  dépense  d'énergie  appréciable, 
de  sorte  que  la  chaleur  n'est  alors  dégagée  que  dans  le  verre. 

En  unités  arbitraires,  soit  I  l'intensité  du  courant  qui.  alimente  le  condensateur  et 
soit  Q  la  chaleur  dégagée.  Dès  que  le  second  régime  est  franchement  établi,  on  trouve 
que  Q  est  presque  proportionnel  à  l'intensité  du  courant,  mais  pas  du  tout  au  carré 
de  l'intensité.  Voici  quelques  nombres  : 


0,21 


1 ,62 

2,  .4 

4,37 

6,08 

8,10 

0,21 

0,23 

.    0,24 

0,24 

0,24 

Le  rapport^  varie  donc  peu.  Cependant,  pour  les  courants  plus  faibles  que  ceux 

qui  sont  cités,  ce  rapport  diminue,  mais  je  n'ai  pas  pu  mesurer  sa  valeur  avec  une 
précision  suffisante. 

Quand  le  gaz  est  un  diélectrique  parfait  il  n'est  traversé  que  par  un  cou- 
rant de  déplacement.  Dans  le  second  régime,  il  est  traversé  par  un  courant 
de  conduction  mais  il  est  probable  qu'il  est  en  même  temps  le  siège  d'un 
courant  de  déplacement.  C'est  ainsi  qu'on  s'explique  la  variation  du  rap- 
port p  de  l'intensité  à  la  tension  appliquée  E.  Ce  courant  total  I  est  la  somme 

des  courants  de  déplacement  et  de  conduction.  A  mesure  qu'on  pénètre 
plus  avant  dans  le  second  régime,  le  gaz  s'éloigne  de  plus  en  plus  de  l'étal 
de  diélectrique  et  la  proportion  du  courant  de  déplacement  devient  de  plus 
en  plus  petite  au  profit  du  courant  de  conduction.  On  constate  en  effet  que 

le  gaz  devient  de  plus  en  plus  conducteur,  car  le  rapport  r;  augmente  avec  E. 

Dès  que  la  proportion  du  courant  de  déplacement  devient  négligeable  on  a 

un  phénomène  plus  simple  et  le  rapport  ^  devient  presque  constant.  Dans 

le  Tableau  suivant,  E  désigne  des  milliers  de  volts  et  ^  la  valeur  de  ce  rap- 
port en  unités  arbitraires  : 

E 2,16         2,4i         3,i5         5,5         10  22 

i^ 0,88         3  6,2  7  7,4  7,4 

A  propos  de  ces  nombres,  je  rectifie  une  erreur  de  mon  premier  Mémoire. 
Elle  provenait  de  la  trop  grande  épaisseur  du  gaz  qui  m'empêchait  de  péné- 


SÉANCE  DU  2'3  MAI  IQIO.  l3o7 

trer  assez  avant  dans  le  second  régime,  l^a  courbe  reliant  I  à  E  n'est  pas 
une  droite;  toutefois  cette  rectification  n'altère  en  rien  les  conclusions  du 
Mémoire. 

Je  pense  que  les  variations  du  rapport  y  pour  les  tensions  relatives  au 

commencement  du  second  régime  proviennent  des  changements  dans  la 
proportion  du  courant  de  conduction.  Pour  les  tensions  plus  grandes, 

j'attribue  la  petitesse  de  la  variation  de  r;  à  la  faible  variation  de  la  propor- 
tion du  courant  de  conduction,  provenant  de  ce  que  le  courant  de  déplace- 
ment est  négligeable  et  que,  par  suite,  le  courant  de  conduction  est  sensi- 
blement égal  au  courant  total  I.  J'admets  que  la  même  cause  explique  la 

faible  variation  de  y  pour  les  mêmes  tensions. 

Il  me  semble  donc  que  la  proportionnalité  de  la  chaleur  dégagée  à  l'in- 
tensité du  courant  doit  être  considérée  comme  une  loi  limite  vers  laquelle 
on  tend  lorsque  le  courant  total  croît.  En  pratique,  on  peut  appliquer  cette 
loi  en  faisant  abstraction  de  la  partie  initiale  du  second  régime.  Dans 

l'exemple  cité,  le  rapport  y  est  nettement  variable  pendant  que  la  tension 

varie  de  2160  à  3i5o  volts;  c'est  la  période  initiale.  Au  contraire,  il  n'oscille 
que  de  0,21  à  0,24  depuis  3i5o  volts  jusqu'à  22000  volts.  Ce  n'est  d'ail- 
leurs que  pendant  cette  seconde  partie,  la  plus  longue,  que  ce  rapport  a  le 
plus  d'intérêt  pratique,  car,  dans  la  période  précédente,  le  dégagement  de 
chaleur  est  faible. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Détecteur  électrolytique  très  sensible  fonctionnant  sans 
force  électromotrice  auxiliaire.  Note  de  M.  Paul  Jëgou,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

Les  détecteurs  électrolytiques  ont  en  général  leurs  deux  électrodes  en 
platine  et,  pour  déceler  les  ondes  hertziennes,  exigent  l'application  d'une 
force  électromotrice  convenable  (accumulateurs,  potentiomètre). 

Sans  inconvénient  pour  le  fonctionnement,  l'électrode  inactive  (par 
opposition  à  l'électrode  très  petite  constituant  la  partie  sensible  ou  active  du 
détecteur)  peut  être  constituée  en  un  métal  autre  que  le  platine  en  le  choi- 
sissant parmi  ceux  qui  sont  peu  ou  non  attaqués  par  l'électrolyte  employé. 


l3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Evidemment  un  léger  couple  éleclriqiie  résulte  de  l'action  de  l'éleclrolyte  sur  les 
électrodes  en  métal  dillérent  et  l'on  constate  que  ces  délecteurs  possèdent  tous  une 
certaine  sensibilité  pour  déceler  les  ondes  sans  le  secours  d'une  énergie  électrique 
auxiliaire. 

Avec  le  plomb,  la  sensibilité  est  nettement  inférieure  à  celle  réalisée  avec  les  détec- 
teurs ordinaires,  mais,  ce  qui  est  rare  avec  ces  détecteurs,  la  sensibilité  reste  invariable 
dans  le  temps. 

C'est  avec  un  amalgame  de  mercure  pur  et  à'élain  pur,  au  contact  d'un  électrolvLe 
d'eau  acidulée  avec  de  l'acide  sulfurique  dans  lequel  plonge  la  pointe  sensible  sem- 
blable aux  pointes  sensibles  des  délecteurs  ordinaires,  qu'on  obtient  les  résultats  les 
plus  surprenants  et  pratiquement  intéressants. 

Ces  détecteurs  possèdent  une  sensibilité  comparable  à  celle  des  détec- 
teurs ordinaires;  cette  sensibilité  est  invariable  dans  le  letnps  et  évidemment 
n'est  aucunement  altérée  par  les  chocs  et  par  les  trépidations. 


£3u  acidaJêe 
Mercure  -  étain 


Réceplion  avec  montage  indirect  par  dérivation. 


Ce  détecteur  a  été  essayé  dans  les  conditions  de  la  pratique  avec  les 
montages  indirects  par  dérivation  et  par  induction. 

En  direct,  il  parait  très  favorai)lc  de  placer  entre  le  détecteur  et  les  récep- 
teurs téléphoniques  une  légère  self  qui,  sans  doute,  s'oppose  à  des  diffusions 
des  ondes  par  les  téléphones  (fuite  résultante  d'un  phénomène  de  capacité 
joué  par  la  membrane  du  téléphone). 

Ce  résultat  d'expérience  explique  pourquoi  dans  le  montage  indirect  par 
dérivation,  il  a  été  reconnu  que  le  rendement  était  nettement  augmenté  en 
plaçant,  contrairement  au  montage  courant,  le  résonateur  en  série  entre  le 
détecteur  et  les  téléphones,  suivant  le  schéma  {Jig-  i). 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  1809 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  nouveau  modèle  de  balance  pour  la  détermination 
des  champs  magnétiques.  Note  de  M.  Pierre  Sève,  transmise  par 
M.  J.  Violle. 

Une  des  meilleures  méthodes  pour  la  mesure  en  valeur  absolue  des 
champs  magnétiques  uniformes  et  assez  intenses  est  celle  qui  consiste  à 
équilibrer  par  des  poids  l'action  électrodynamique  exercée  sur  un  élément 
de  courant  de  longueur  et  d'intensité  connues  placé  dans  le  champ  étudié 
perpendiculairement  aux  lignes  de  force.  Le  dispositif  le  plus  commode 
pour  réaliser  cette  expérience  est  la  balance  imaginée  par  M.  Cotton  (  '). 
Dans  cet  appareil,  pour  éliminer  l'action  électrodynamique  sur  les  éléments 
de  courants  voisins  de  l'élément  utilisé,  on  constitue  les  conducteurs 
d'amenée  et  de  sortie  par  des  arcs  de  cercle  concentriques  ayant  pour  axe 
le  couteau  de  la  balance.  Un  instrument  de  précision  basé  sur  ce  principe  a 
été  étudié  par  M.  Wciss  et  construit  avec  beaucoup  d'habilelé  par 
M.  Weber  à  Zurich  (-).  La  concordance  de  mesures  de  champs  effectuées 
par  M.  Weiss  avec  cet  instrument  et  par  des  méthodes  balistiques  a  été 
aussi  bonne  que  possible. 

Ayant  eu  à  mesurer  des  champs  magnéliciues  en  valeur  absolue,  j'ai  été 
amené  à  faire  construire  un  appareil  différant  du  précédent  par  quelques 
perfectionnements  (  '  )  qui  en  rendent  le  maniement  plus  commode. 

L'appareil  est  représenté  par  la  ligure  i. 

L'arc  de  verre  ABCD,  dont  les  faces  utiles  ont  été  travaillées  à  la  façon  des  surfaces 
optiques  sur  des  matrices  en  bronze,  est  recouvert  d'tine  lame  de  cuivre  laminée  de  -^ 
de  millimètre  d'épaisseur,  soigneusement  appliquée  à  l'aide  d'une  tresse  de  soie  (*). 
Le  tout  est  ensuite  recouvert  d''un  vernis  non  liygroméliique.  Cet  arc  est  beaucoup 
plus  robuste  que  l'arc  métallique  évidé  de  la  balance  Weber  qu'il  faut  manier  avec 
beaucoup  de  soins,  sous  peine  de  déformations  d'autant  plus  graves  qu'il  faut  refaire 
une  élude  géométrique  de  l'arc  pour  s'en  apercevoii-.  Eniin  la  longueur  CB  de  l'élé- 
ment utile  se  mesure  aisément  par  l'application  d'un  palmer  de  précision  avant  et 
après  l'adaptation  de  la  lame  de  cuivre. 


(  ')  A.  Cotton,  /.  de  Phys.,  g'  série,  1900,  p.  383. 
(■-)  P.  Weiss  et  A.  Cotton,  J.  de  Phys..,  6'  série,  1907,  p.  436. 

(  '  )  L'appareil  a  été  construit  par  la  maison  Pellin,  qui  a  mis  tous  ses  soins  à  sa  bonne 
réalisation. 

{'*)  Des  essais  pour  former  la  couche  conductrice  par  argenture  chimique,  puis  cui- 
rage  galvanoplastique,  semblent  devoir  donner  des  résultats  satisfaisants. 


i3io 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Le  courant  arrive  par  l'extréinité  AD  de  l'arc  à  l'aide  du  bras  DF  qui  est  formé  de 
deux  pièces  pareilles  d'aluminium  isolées  l'une  de  l'autre  et  juxtaposées  à  petite 
dislance,  ce  qui  réduit  au  minimum  les  causes  d'erreur  dues  au  champ  qui  règne 
encore  à  distance  de  l'élément  utile  (  '  ). 


L'élément  utile  CB  est  horizontal,  ce  qui  permet  d'utiliser  la  balance  à  l'étude  de 
champs  où  l'uniformité  est  réalisée  sur  une  faible  hauteur  et  une  étendue  horizontale 
notable,  comme  les  champs  fournis  par  les  pièces  polaires  cunéiformes  employés  pour 
les  mesures  relatives  à  la  biréfringence  magnétique,  à  la  mesure  des  susceptibilités 
parla  méthode  de  Wills,  etc.  En  outre  l'horizontalité  de  l'élément  facilite  beaucoup 
l'installation  de  l'élément  dans  l'entrefer  d'un  aimant  ou  d'un  électro.  C'est  pour  réa- 
liser cette  condition  d'horizontalité  qu'on  a  dû  compliquer  un  peu  la  forme  du  fléau. 

Deux  butoirs  très  délicats  11  et  réglables  par  des  vis  limitent  la  course  du  fléau.  On 
peut  les  écarter  et  libérer  entièrement  celui-ci  en  faisant  basculer  le  système  autour 
d'un  axe  J.  Cette  disposition  permet  de  faire  tourner  le  fléau  d'angles  notables  autour 
du  couteau  F  de  façon  à  vérifier  le  centrage  des  pièces  circulaires  de  l'arc.  Les  vis 
E.  D,  A  permettent  de  corriger  la  position  de  l'arc  si  celte  condition  n'est  pas  réalisée. 

Deux  V  commandés  par  le  levier  M  et  s'engageant  dans  deux  couronnes  concen- 
triques au  couteau   permettent  d'immobiliser  le  fléau,  quelle  que  soit  sa  position. 


(')   Dans  les  dispositifs  antérieuis,  l'amenée  du  courant  se  fait  au  milieu  de  l'arc. 


SÉANCE  DU  2)  MAI  1910.  l3ll 

lînfin  il  est  possible  d'enlever  rapidement  le  lléaii  de  son  support,  ce  qui  peut  être 
commode  pour  mesurer  (par  ex-empie  au  cathétomètrej  les  longueurs  CF,  BF  et  FG 
(|ui  interviennent  dans  la  constante  de  la  balance.  Enfin  des  contrepoids  permettent 
de  régler  l'équilibre  et  la  sensibilité. 

(vomnie  l'appareil  supporte  10  ampères,  les  forces  à  mesurer  atteignent  ao»  pour 
loooo  gauss  et  la  sensibilité  n'a  pas  à  être  exagérée,  ainsi  que  la  |)rotection  contre  les 
courants  d'air. 

La  mélliodc  qui  a  paru  la  plus  commode  pour  la  mesure  des  champs  esl 
la  suivante  : 

L'électro  étant  excité  et  aucun  courant  ne  passant  dans  la  balance,  on  place  un  poids 
marqué  P  dans  le  plateau.  On  règle  l'équilibre  approximalWeinenl  en  se  servant  des 
contrepoids  I>  et  /.  On  règle  les  butoirs  de  façon  que  le  fléau  soit  en  bonne  place 
quand  il  appuie  sur  le  butoir  supérieur.  On  limite  par  l'autre  butoir  la  course  à  1""° 
ou  2'""  de  l'échelle.  On  enlève  le  poids  P  et  l'on  envoie  un  courant  de  sens  convenable  et 
croissant.  On  note  son  intensité  /,  au  moment  où  le  fléau  quitte  le  butoir  supérieur. 
On  place  alors  un  poids  2I'.  On  envoie  un  courant  de  sens  inverse  et  décroissant.  Le 
Iléau  quitte  le  même  butoir  pour  une  intensité  —  /,.  Les  valeurs  absolues  «',  et  4  sont 
naturellemejit  très  voisines.  H  esl  bon  de  refaire  la  première  mesure  pour  s'assurer  de 
la  fidélité  de  l'appareil.  On  applique  la  formule  liabitut-lle  en  prenant  la  moyenne 
de  t,  et  /'j- 

Cette  méthode  élimine  évidemment  les  actions  magnétiques  (l'action  diamagnétif(ue 
sur  le  verre  est  prépondérante)  des  matériaux  de  l'arc  et  de  la  balance. 

Une  mesure  complète  peut  se  faire  en  une  fi\iclion  de  minute  et  l'on  peut, 
je  crois,  affirmer  le  millième  sur  le  résultat  d'une  mesure  soignée.  Nous 
n'en  n'avons  pas  moins  comparé  les  résultats  obtenus  d'une  part  avec  la 
nouvelle  balance,  d'autre  part  avec  la  balance  à  Iléau  évidé  de  Weber.  La 
concordance  a  été  aussi  bonne  que  les  erreurs  sur  la  détermination  des  élé- 
ments géométriques  permettaient  de  le  prévoir. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  composition  de  l'almospltère  après  le  passage  de 
la  comète  de  Halley.  Note  de  M.  Georges  Claude,  présentée  par 
M.  d'Arsonval. 

Conformément  à  une  suggestion  faite  par  M.  Ch.-K.  Guillaume,  j'ai  uti- 
lisé ma  méthode  d'analyse  des  gaz  rares  de  l'atmosphère  pour  constater  si 
le  passage  de  la  Terre  dans  la  queue  do  la  comète  de  Halley  ne  modifierait 
pas  dans  une  certaine  mesure  l'atmosphère  terrestre,  du  coté,  du  moins, 
des  gaz  inertes  peu  condensables. 

G.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  21.)  I72 


l3l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

J'ai  eu  l'occasion  (  '  )  de  dire  la  sensibiiilé  de  celte  mélliode  qui,  dans  notre  usine  de 
Boulogne-sur-Seine,  s'applique  à  un  débit  de  Sooooo'  d'air  à  l'heure.  Or,  cette  nio- 
tliode  se  prête  aisément  à  une  telle  détermination.  J'ai  dit  que  le  résidu  non  con- 
densable  qu'elle  fournil  (mélange  deAz,  Ne,  He,  H),  traité  par  Mg  et  CuO,  présente 
une  densité  sensiblement  constante,  o,55  en  moyenne,  ce  qui  implique  un  rapport 
également  constant  du  néon  à  l'hélium  atmosphérique.  Si  de  nouveaux  gaz  inertes 
(les  autres  pouvant  être  détruits  avant  leur  dilTusion  dans  l'atmosphère)  et  peu  conden- 
sables  (ceux  dont  il  paraît  le  plus  vraisem]3lal)le  de  supposer  l'existence  dans  le  froid 
énorme  des  espaces  interplanétaires)  venaient  à  être  captés,  il  en  résulterait,  après 
dilTusion,  une  variation  dans  la  densité  des  résidus.  La  captaiion,  par  exemple,  d'un 
seul  millionième  d'un  gaz  d'une  densité  égale  ou  inférieure  à  celle  de  l'hélium  se  tra- 
duirait par  5  pour  joo  d'augmentation  du  résidu  et  par  une  variation  de  3""?  dans  la 
pesée  de  loo''"''.  Cette  faible  captation  serait  donc  très  aisément  décelable.  Je  néglige 
le  cas  bien  improbable  où  le  gaz  capté  présenterait  lui-même  une  densité  voisine 
de  0,55  ou  serait  un  mélange  Ne  -h  He  dans  la  proportion  même  de  l'atmosphère,  cas 
où  la  captation  ne  se  traduirait  que  par  l'augmentation  des  résidus,  facteur  moins  sur 
à  apprécier  que  le  changement  de  densité,  et  qu'au  reste  je  n'ai  pu  constater. 

Les  résultats  ont  été  les  suivants  : 

Densité  des  résidus  le  17  mai  (4  heures  d'observations).  o,555  à  o,565 

»                     19  mai,  g*"  à  la*"  (3  heures) o,56o  à  0,670 

»                     20  mai o,55o  à  0,570 

»                    aS  mai o,55o  à  0,570 

Les  flifîérences  sont  de  l'ordre  des  erreurs  d'expérience.  11  esl  donc  pro- 
bable que,  de  ce  côté  du  moins  des  gaz  inertes  peu  condensables,  la  com- 
position de  l'atmosphère  n'a  pas  varié. 


PHYSIQUE.  —  Sur  une  modification  de  la  résistance  de  Pair  produite  par 
des  rugosités  convenablement  disposées  sur  la  surface  d'un  corps.  JNote  de 
M.  A.  LafAv,  présentée  par  M.  Maurice  Haniy. 

Lorsqu'on  place  dans  un  courant  d'air,  que  nous  supposerons  hoiùzontal, 
un  corps  poli  cylindrique  dont  les  génératrices,  également  horizontales, 
sont  perpendiculaires  à  la  direction  primitive  du  courant,  l'air  s  infléchit 
de  part  et  d'autre  de  ce  corps  et  l'on  observe  sur  la  face  frappée  par  le  vent 
un  ])oint  oit  ce  fluide  se  trouve  à  très  peu  près  à  l'état  de  repos. 

(')    Comptes  rendus,  i"'juin  1909. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  l3l3 

En  cet  endroit  la  pression  atteint  sa  plus  grande  valeur  et  surpasse  la 
pression  atmosphérique  ambiante  d'une  quantité  qui  peut  pratiquement  se 
déduire  de  la  vitesse  du  courant  par  la  formule  de  Torricelli. 

Si  l'on  s'éloigne  de  ce  point,  en  suivant  dans  un  sens  ou  dans  l'autre  le 
contour  de  la  section  droite  du  corps,  la  pression  diminue  et  devient  égaie 
à  celle  de  l'atmosphère  dès  que  le  plan  tangent  au  cylindre  fait  avec  l'hori- 
zon un  angle  de  60"  à  5o°;  au  delà  la  diminution  continue  et  Ton  atteint 
rapidement  une  zone  où  la  dépression  est  maximum.  Cette  zone  se  trouve 
du  côté  directement  frappé  et  l'inclinaison  correspondante  de  la  tangente 
au  profil  oscille  suivant  les  conditions  expérimentales  entre  20°  et  10°.  Plus 
loin  la  pression  augmente  et  atteint  une  valeur,  inférieure  à  la  pression 
atmosphérique,  qui  demeure  à  peu  près  constante  dans  toute  la  région 
postérieure  du  corps. 

l'our  donner  une  idée  précise  de  ces  variations,  nous  indiquons,  dans  la  première 
lij;ne  du  Tableau  ci-après,  l'expression  en  millimètres  d'eau  des  pressions  supportées 
par  diflërenls  points  d'un  cylindre  circulaire  de  i  ]""  de  diamètre  placé  dans  un  cou- 
rant de  22'"  par  seconde. 

Les  pressions  ont  été  évaluées  eu  prenant  comme  origine  celle  de  l'atmosphère  et 
les  divers  points  du  profil  sont  déterminés  par  l'angle  a  que  fait  le  rayon  correspon'- 
dant  avec  le  rayon  horizontal  dirigé  contre  le  vent. 

La  valeur  de  la  plus  grande  dépression  atteint  dans  cet  exemple  les  |  de  l'excès  de 
pression  du  point  antérieur  (a  1=  0°). 

Dans  tous  les  cas,  le  maximum  de  dépression,  dont  la  valeur  augmente 
rapidement  avec  la  vitesse  du  vent,  est  numériquement  très  nettement 
supérieur  à  la  surélévation  de  pression  qui  existe  à  l'avant  du  cylindre  et  il 
est  facile  de  vérifier  qualitativement  cjue  dans  la  région  où  il  se  produit  le 
gaz  contourne  le  cylindre  avec  une  vitesse  supérieure  à  la  vitesse  d'ensemble 
du  courant.  La  zone  d'aspiration  intense  correspondanteest  donc  le  résultat 
d'une  détente. 

Dans  ces  conditions  il  était  naturel  de  penser  qu'en  atténuant  par  un  pro- 
cédé cjuelconque  la  vitesse  locale  du  fluide  on  obtiendrait  une  diminution 
correspondante  de  la  dépression  ;  or,  il  suffit,  pour  atteindre  ce  but,  de 
transformer  cette  région  lisse  en  région  rugueuse. 

i'uur  cela  nous  y  avons  collé  de  la  sciure  de  liège  obtenue  à  l'aide  d'une  râpe  à  gros 
grains. 

La  seconde  ligne  de  notre  Tableau  indique  les  résultats  obtenus  lorsque  les  lugosités 
disposées  en  bandes  longitudinales  et  sous  une  épaisseur  de  i™™  environ  occupent 
l'espace  compris  entre  ot  =  —  20°  et  a  r=  • —  80°. 


l3l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Pressions  en  dùers  points  du  profil. 

Répion  rugueuse. 

Face  inférieure  a..   -iSo"    -i5'.)°    -120"    -110*    -loo*    -90"      -80"  -~f>"         -60"  -So"     -^n"      -3o**     -20''      -m" 

Cylindre  lisse -  9"'°'  -lo""  -12"'»  -ig'"»  -37"""  -'|.')"""  --'19"""  -48°"°      -38"""  -25"""  -10""  +  7"°'  +31"""  +2,,"" 

Cylindre  avee  sec- 
teur l'iisueux....  -10'""  -Kl'""  -II"""  -ii"i"  -II -iTiim  _jç,iiir>i^5  -la'o^jS  -lo^^iS  -  6""  +  6""  +1.5°'™  +24""  +00" 


l'"acc  supérieure  a... 

iSo° 

i5o"      I 

20"      1 1  o" 

100" 

90- 

8o« 

70° 

60" 

5o" 

Cylindre  lisse 

-  9 

-10'""'  -1 

a"""  -ur" 

-s,-"' 

-43'"" 

.  -49-.... 

-48»- 

-38"'" 

-25" 

Cylindre  avec  sec- 

tcui-  rupiieux.. . . 

-lO""' 

-lO"""    -li 

:,n,„,    _,,™„, 

-35""» 

-45">" 

■  -53»" 

_j-,„m 

-40»"' 

-38"' 

La  dépression  est  presque  réduite  au  quart  de  sa  valeur  primitive  et  le  cylindre 
aspiré  plus  énergiquemeut  par  sa  partie  supérieure  se  trouve  soumis  à  une  poussée 
verticale. 

La  mesure  directe  de  celte  poussée  nous  adonné  i''i?,20o,  la  traînée  correspondante 
étant  de  o''e,870.  Lorsque  la  surface  est  lisse  cette  traîni'e  se  réduit  ;i  o''s,74o.  (Lon- 
gueur du  cylindre  o™,  5o.  ) 

Il  y  a  également  lieu  de  remarquer  que  l'obstacle  opposé  à  la  circulation  de  l'air  sur 
la  partie  inférieure  a  pour  effet  de  rendre  plus  énergique  l'écoulement  dans  la  région 
supérieure  et  la  dépression  s'y  trouve  par  suite  augmentée. 

L'utilisation  de  rugosités  convenablement  disposées  permet  donc  d'atté- 
nuer l'effort  néfaste  dû  à  la  zone  de  dépression  qui  se  développe  sur  la  face 
inférieure  des  corps  animés  d'une  translation  parallèle  au  sol.  Mais,  quand 
on  cherche  à  appliquer  cette  méthode  à  un  cylindre  ayant  pour  section 
droite  le  profil  d'une  aile  bien  étudiée  on  constate  que  par  suite  de  la  forme 
donnée  à  ce  prolil  la  zone  d'aspiration  inférieure  n'existe  pratiquement  plus. 

On  peut  cependant  obtenir  encore  dans  certains  cas  un  léger  bénéfice  en 
disposant  convenablement  des  aspérités  sur  la  face  inférieure,  car  en 
entravant  la  circulation  de  l'air  elles  produisent  une  surpression  locale  et 
ont  pour  elfet  indirect  d'augmenter  l'écoulement  du  fluide  et  par  suite  la 
dépression  sur  la  face  supérieure  qui  doit  être  naturellement  aussi  lisse  que 
possible. 

En  opérant  ainsi  on  peut  obtenir  une  augmentation  proportionnelle  des 
facteurs  essentiels  poussée  et  traînée,  d'où  la  possibilité  de  réduire  un  peu 
les  dimensions  de  l'aile. 

Les  considérations  précédentes  s'étendent  évidemment  aux  profils  des 
pales  d'hélices  et,  comme  dans  ce  cas  des  nécessités  de  construction  em- 
pêchent de  réaliser  sur  toute  la  longueur  de  la  pale  le  profil  aérodynamique 
optimum,  l'application  de  stries  convenablement  placées  pourra  contribuer 
à  l'amélioration  de  ces  appareils. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  l3l5 


OPTlQUli:.  —  Sur  la  structure  des  raies  spectrales.  Note  de  M.  Georges  Meslin, 
présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Ayant  été  amené  à  étudier  la  structure  des  raies  spectrales  avec  des 
appareils  dont  le  pouvoir  dispersif  est  considérable,  tels  que  le  spectroscope 
à  échelons  de  Michelson  ou  la  lame  de  Lumnier  et  Gelircke,  je  voudrais 
indiquer  ici  comment  on  peut  lever  Tindétermination  qui  se  présente  dans 
l'emploi  de  certains  de  ces  dispositifs. 

Avec  la  lame  de  Lummer  el  Gehicke  qui  permet  l'usage  d'un  faisceau  large,  on 
aperçoit  dans  le  champ  un  phénomène  périodique  qui, pour  une  raie  spectrale  simple, 
se  réduit  à  une  série  de  lignes  brillantes  A,  B,  C,  ...,  séparées  par  des  intervalles 
obscurs,  chacune  de  ces  lignes  correspondant  à  un  maximum  lumineux  d'un  certain 
ordre  dinterférence. 

Avec  l'échelon,  qui  exige  l'emploi  d'un  faisceau  limité  par  une  fente  étroite,  l'inten- 
sité est  concentrée  sur  un  petit  nombre  de  maxima,  et  l'on  peut,  pour  une  position 
convenable  de  l'échelon,  avoir,  dans  le  cas  d'une  radiation  simple,  un  maximum  prin- 
cipal accompagné  de  part  et  d'autre  de  quelques  autres  maxima  très  atténués;  en 
tournant  légèrement  l'échelon  on  peut  obtenir  deux  maxima  voisins  égaux  entre  eux 
el  c'est  généralement  dans  cette  position  qu'il  est  commode  d'utiliser  l'appareil  de 
Miclielson. 

Avec  ce  dispositif  comme  avec  celui  de  Lummer  et  Gelircke,  on  a  un 
intervalle  fondamental  formé  par  deux  lignes  telles  que  B  et  C,  par  exemple, 
qui  correspond  pour  une  même  longueur  d'onde  X  à  une  variation  de  l'ordre 
d'interférence  égal  à  l'unité,  et,  pour  un  même  numéro  d'ordre  à  une 
variation  de  longueur  d'onde  égale  à  une  certaine  grandeur  £  qu'on 
peut  calculer  d'après  les  constantes  de  l'appareil  (épaisseur,  indices  des 
lames,  etc.). 

Dans  ces  conditions,  lorsqu'on  aperçoit  dans  l'intervalle  fondamental  une 
raie  brillante  supplémentaire  dont  la  position  partage  cet  intervalle  BC 
dans  le  rapport  de  m  à  n  on  en  conclut  (si  le  retard  augmente  de  B  vers  C) 
que  le  satellite  en  q^uestion  présente  par  rapport  à  la  raie  principale  une 
variation  de  longueur  d'onde  égale  à 


si  cette  radiation  est  rapportée  à  A,  c'est-à-dire  si  sa  longueur  d'onde  est 


l3l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

supérieure  à  celle  de  la  première  raie  el  à 


si  on  la  rapporLe  à  B,  sa  longueur  d'onde  élanl  supposée  inférieure  à  celle 
de  la  radiation  principale. 

Les    conclusions  seraient  différentes    el   les  valeurs  possibles   seraient 

-^ —  t  et  H —  £,  si  le  retard  diminuait  en  allant  de  A  vers  13;  mais 

m  -+-  Il  m  -+-  n 

il  n'y  a  pas,  en  général,  d'incertitude  sur  ce  point,  car  on  est  renseigné  ])ai' 

l'orientation  des  appareils  ou  par  l'aspect  du  champ,  c'est-à-dire  par  la  loi 

de  variation  pour  les  largeurs  des  intervalles  successifs  AB,  BC,  CD,  etc.; 

cette  loi  est  d'ailleurs  différente  el  presque  inverse  dans  les  franges  des  lames 

argentées  de  Fabry  et  Perot  et  dans  les  interférences  de  la  lame  de  Lummer 

et  Gehrcke. 

Il  V  a  donc  incertitude  entre  les  valeurs 


la  première  pouvant  d'ailleurs  être  augmentée,  et  la  seconde  diminuée  d'un 
nombre  entier  de  fois  t,  si  le  satellite  considéré  entre  B  et  C  doit  être  rap- 
porté à  d'autres  origines  telles  que  A  ou  D,  en  ce  qui  concerne  son  numéro 
d'ordre.  Pour  lever  cette  indétermination  (  '  ),  il  suffit  de  répéter  ces  mesures 
en  utilisant  un  dispositif  semblable  mais  de  constaïUe  différente,  si  bien  que 
l'intervalle  fondamental  étant  calculé  et  ayant  une  valeur  différente  î',  la 
radiation  satellite  divisant  cette  fois  l'intervalle  fondamental  dans  le  rapport 
de  m'  à  «',  on  hésitera  maintenant  entre  les  valeurs 


dont  une  seulement  coïncidera  avec  une  des  précédentes,  inditjuant  ainsi 
celle  qu'on  doit  adopter. 

.l'ai  pu  éprouver  la  valeur  de  cette  méthode  en  utilisant  des  couples  d'éche- 
lons ou  de  lames  de  Lummer,  qu'en  vue  d'études  spectroscopiques  j'ai  fait 
construire  par  Hilger  sur  des  données  différentes  et  j'indiquerai  dans  le 
Mémoire  complet  le  détail  des  mesures  que  j'ai  faites  à  ce  sujet. 


(')  Celle  indélerminalion  ne  se  présente  pas  lorsque  le  retard  varie  d'une  fai'on  con- 
tinue el  c'est  encore  là  un  des  avantages  ofTerts  par  le  dispositif  si  remarquable  du  spec- 
troscope  interférentiel  de  Fabry  el  Perot. 


SÉANCE  DU  2  3  MAI  19IO.  l3l7 

MAGNÉTISME.     -  Sur  la  précision  dans  la  mesure  des  susceptibilités  magné- 
tiques. Note  de  M.  C.  Chéneveau,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Dans  une  iNote  Sur  la  mesure  des  susceptibilités  magnétiques  des  corps 
solides,  parue  aux  Comptes  j'endus  du  20  avril  1910,  p.  io5/|,  M.  Pascal  dit, 
enlrc  autres  choses  : 

"   J'ai  montré  comment  la   mélliode  du  tube  en  U  pouvait  donner  à  ^-o?  près  les 

susceptibilités  magnétiques....  »;  puis,  <iprès  avoir  décrit  une  méthode  nouvelle,  ajoute 

«  on  peut  compter,  en  moyenne  sur  ie-,-i^,  résultat  qu'il  serait  peut-être  hasardeux 

d'attendre  d'autres  appareils  courants,  comme  par  exemple,  le  modèle  commercial  de 
l'appareil  de  Curie » 

Ces  conclusions,  étant  présentées  de  cette  manière  générale,  il  m'a  paru 
nécessaire  de  résumer  ici  les  résultats  qu'on  obtient  lorsqu'on  compare 
quelques  méthodes  de  mesure  des  susceptibilités  magnétiques,  au  point  de 
vue  de  leur  précision. 

En  toute  logique,  la  comparaison  des  méthodes  doit  être  faite  avec  un 
même  corps  et  un  même  champ  magnétique. 

Prenons  l'eau  comme  corps  de  comparaison. 

Dans  la  méthode  de  la  balance  de  torsion  de  Curie,  telle  qu'elle  est  réalisée  dans  l'ap- 
pareil à  amortissement  magnétique,  dont  le  caractère  réellement  pratique  est  attesté 
par  de  nombreux  observateurs  ('),  on  obtient,  avec  le  fil  de  platine  de  ^-„  àe  millimètre 
de  diamètre,  une  déviation  d'au  moins  10"™  sur  une  échelle  placée  à  2™,  la  correction 
due  au  tube  de  verre  contenant  le  liquide  étant  effectuée.  L'expérience  montre  que  la 
détermination  peut  se  faire  à  i"""  ou  2™™  près,  suivant  le  soin  apporté  à  la  mesure  et 
bien  qu'on  puisse  nettement  apprécier  le  \  millimètre  sur  l'échelle. 

Cela  fait  donc  une  erreur  relative  maximum  comprise  entre  i  pour  100 
pour  les  bonnes  observations  et  2  pour  100  pour  les  mauvaises. 

Pour  le  champ  maximum  de  l'appareil,  1000  gauss  environ  (-),  la  déni- 
vellation, produite  dans  un  tube  en  U  et  calculée  par  la  formule  de<^uincke, 
serait  de  .''1^',  c'est-à-dire  inappréciable  avec  un  microscope  à  oculaire  micro- 
métrique  permettant  de  faire  la  mesure  à  5*^  près.  Dans  la  nouvelle  mé- 
thode proposée  par  M.  Pascal,  le  calcul  montre  que  la  force  à  mesurer  par 
la  balance  serait  o'"",i5.  Ces  deux  dernières  méthodes  sont  donc  inappli- 

(  ')  Voir,  en  particulier,  G.  Uub.vin,  Comptes  rendus,  l.  130,  p.  QiS;  1)''  DiivsD.u.i;  et 
A.-C.  JoLLEY,  Pliys.  Soc.  of  London,  22  avril  1910. 

(-)  En  réalité,  le  champ,  à  l'endroit  du  maximum  de  la  dérivée,  est  plus  petit  que 
celui  indiqué,  ce  qui  avantage  les  autres  méthodes. 


l3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cables  dans  le  cas  où  la  première  esl  possible,  et  il  faut  songer,  pour  les 
utiliser,  à  employer  des  champs  très  intenses.  Mais  l'emploi  de  champs 
très  puissants,  créés  par  de  forts  courants,  peut  entraîner  une  erreur,  parfois 
notable,  due  à  la  variation  de  température,  et  dont  Tordre  de  grandeur  est 
difficile  à  estimer. 

Par  exemple,  clans  la  nouvelle  méthode  que  propose  M.  I^ascal,  en  admetlant  la 
sensibilité  indiquée,  un  champ  de  loooo  gauss  donnerail,  pour  l'eau,  une  force  de 
de  i5"'B  environ  et,  pour  obtenir  l'erreur  indiquée  de  j-|^,  il  faudrait  déteiniiner  cette 
forceào"'S.i  près.  Or  ce  résultat  esl  inadmissible  :  d'une  part,  parce  que  l'erreur 
dans  une  mesure  n'est  pas  seulement  celle  de  l'ins'lrument  de  mesure,  mais  dépend 
aussi  des  conditions  de  l'expérience  et,  d'autre  part,  parce  que  ces  conditions  mêmes 
s'y  opposent.  Une  pesée  au  ^  de  milligramme  demande  un  équilibre  de  température 
qui  ne  peut  exister  dans  le  dispositif  de  M.  Pascal,  à  cause  du  couiant  dair  chaud 
créé  dans  la  cage  de  la  balance  par  réchaufTement  de  l'électro-aimant.  Dans  le  cas  d'un 
corps  solide  en  poudre,  peut-on  répondre  d'ailleuis  d'une  telle  approximation? 

Les  conclusions  précédentes  sont  encore  plus  valables  si,  comme  dans  la 
méthode  du  tube  en  U,  on  emploie  des  champs  de  Tordre  de  20000  gauss; 
pour  Teau  on  a  bien  une  précision  de  ^  en  admettant  la  lecture  de  la  déni- 
vellation à  3^  près;  mais  si  Ton  tient  compte  des  difficultés  expérimentales, 
on  arrive  à  la  conclusion  même  de  M.  Pascal  que  cette  méthode  esl  suffi- 
sante quand  on  ne  désire  pas  dépasser  une  précision  de  ,-^  (  '  ). 

Si,  d'ailleurs,  Téchauffement  notable  de  Télectro-aimant  n'affecte  pas 
dune  manière  sensible  la  susceptibilité  magnétique  de  Teau,  il  nen  sera  pas 
de  même  avec  des  liquides  ou  solutions  magnétiques. 

Ainsi  la  sensibilité  qu'on  n'a,  par  d'autres  méthodes,  qu'avec  des  champs 
très  intenses  créés  par  des  électro-aimants  encombrants,  est  obtenue  dans 
la  balance  de  Curie,  telle  qu'elle  est  réalisée,  avec  des  champs  peu  intenses 
qui  permettent  alors  l'emploi  d'un  aimant  et  n'introduisent  aucune  erreur 
de  température;  néanmoins  la  précision  est  au  moins  équivalente  à  celle 
des  méthodes  utilisant  des  champs  puissants. 

Evidemment,  comme  la  précision,  caractérisée  par  Terreurrelative,  varie 
pour  une  erreur  absolue  donnée,  avec  la  grandeur  du  coefficient  à  déter- 
miner, elle  est  plus  grande  avec  des  liquides  ou  des  solides  paramagné- 
tiques  qu'avec  un  liquide  diamagiiétique  tel  que  Teau;  mais  elle  augmente 
en  même  temps  pour  toutes  les  méthodes,  et  Tavantage  restera  toujours  à 
la  méthode  la  plus  sensible,  si  elle  est  la  plus  simple  et  la  plus  exacte,  qu'on 
accroisse  la  valeur  du  champ  ou  celle  de  la  grandeur  à  mesurer. 

(')  ./oiirncil  de  l'/iy.sii/iie.  décembre  190S. 


SÉANCE    DU    23    MAI    1910.  I^IQ 

ÉLECTRICITÉ.   —  Sur  l'effet  de  la  pénétration  dans  les  diélectriques. 
Note  de  M.  Louis  Mai.clès,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

Nous  avons  comparé  les  résidus  d'une  lame  isolante  solide  (gutta  ou 
caoutchouc)  ou  d'une  nappe  liquide  (huile  de  vaseline)  en  posant  d'abord 
le  plateau  inétallicpie  chargé  sur  l'une  des  faces  de  la  couche  résiduelle, 
puis  en  interposant  entre  le  métal  et  l'isolant  un  diélectrique  parfait,  c'est- 
à-dire  une  matière  certainement  imperméable  à  l'électricité;  nous  avons, 
dans  les  deux  cas,  obtenu  des  résidus  identiques  d'où  il  résulte  que  les  ell'ets 
résiduels  ne  peuvent  être  dus  à  une  pénétration  des  charges  ('). 

La  substance  choisie  pour  faire  obstacle  au  passage  de  l'électricité  n'est 
autre  que  cette  parafine  dure  extraite  de  l'ozokérite,  exempte,  comme  on 
sait,  de  tout  résidu  et  dont  les  propriétés  exceptionnelles  ont  fait  l'objet 
d'une  précédente  Note  (-  ). 

Trois  lames  isolantes,  dont  deux  en  ozokérite,  sont  disposées  entre  les  plateaux  d'un 
condensateur  à  anneau  de  garde  en  relation,  par  l'une  des  armatures,  avec  une  source 
de  potentiel  et  par  l'autre  avec  un  électromèlre  sensible.  La  substance  à  résidu  est, 
tantôt  entre  deux  boucliers  d'ozokérite,  tantôt  entre  ce  diélectrique  et  le  métal.  Ainsi 
les  éléments  de  la  couche  isolante  totale  se  retrouvent  dans  les  deux  cas;  il  n'y  a  de 
changé  que  Tordre  dans  lequel  on  les  a  superposés.  Les  charges  induites  sont  com- 
pensées, à  tout  instant,  par  l'action  combinée  d'un  condensateur  tare,  de  capacité  con- 
stante, chargé  à  un  potentiel  contraire,  et  d'un  condensateur  cylindrique  à  armatures 
mobiles  symétriquement  chargées  et  entrainables  dans  deux  directions  opposées. 
L'image  observée  sur  l'échelle  de  l'électromètre  étant,  grâce  à  celte  manœuvre,  main- 
tenue dans  une  position  invariable,  on  note,  à  intervalles  égaux  les  déplacements 
effectués,  lesquels  varient  proportionnellement  aux  charges  mises  en  jeu  par  le  com- 
pensateur et,  par  suite,  aux  charges  résiduelles  qu'on  veut  mesurer. 

Résultats.  —  I.  Gutta.  —  1°  Nous  avons  groupé  dans  un  Tableau  les  me- 
sures du  compensateur  pendant  la  phase  du  résidu  et  exprimé  en  millimètres 
et  centièmes  de  millimètre  les  déplacements  eO'ectués  sur  l'appareil  pour 
maintenir  l'équilibre.  La  disposition  expérimentale  est  telle  que  les  chiffres 
obtenus  doivent  décroître  au  fur  et  à  mesure  cjue  les  résidus  augmentent; 


(')  Eu  1890,  M.  Bouty  avait  déjà  démontré,  par  une  méthode  tout  à  fait  différente 
de  la  mienne,  que  le  mica,  diélectrique  à  résidu,  ne  donne  lieu  à  aucune  pénétraiion 
des  charges  (Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  846). 

(-)  Comptes  rendus,  1907,  p.  264. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  21.)  l"]^ 


l320  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

leurcxtrôinc  limite  est  2,32;  elle  n'est  atteinte  qu'au  bout  d'un  temps  très 
long. 

Résidus  il'uiie  lame  tie  guUa. 

Non   cnntacl. 

Coiitucl.  — -~—~  -- — ^ 

Temps.  \' =  2110  volts.  V  =  2on  volts.       V  =  800  volls. 

1'"'.". 8,88  8,91  8,94 

;. 8,35  8,4i  8,48 

:î 7,90,  8,06  8,oS 

i 7.-^3  7.7°  7>77 

.■) »  7  î-'^s  7;  46 

10 6,21  6,1 3  6,27 

20 4  )75  4>72 

3o 4  4>o4  ' 

4o 3 ,09  3,53 

.')o 3 ,  24  3,23 

La  concordance  des  i^ésultats  montre  que  le  fait  de  modifier  l'ordre  de 
superposition  des  lames  et  d'appliquer  ou  non  le  métal  sur  le  diélectrique 
à  résidu  n'entraîne  aucune  variation  appréciable.  Les  écarts  observés  sont 
de  l'ordre  de  grandeur  des  erreurs  d'expérience. 

2°  L'effet  étudié  pouvant  devenir  appréciable  aux  tensions  plus  élevées 
nous  avons  fait  des  mesures  à  800  volts  au  lieu  de  200.  Les  résultats,  groupés 
dans  la  dernière  colonne  du  Tableau  précédent,  ne  présentent  encore,  par 
rapport  aux  chiffres  voisins,  que  des  écarts  négligeables. 
.  3°  Enfin  nous  avons  trouvé  que  la  compensation  des  charges  instantanées 
correspondait  à  12""",  5  et  que  cette  position  convenait  aux  deux  manières 
de  disposer  la  lame.  La  constante  diélectrique  calculée,  d'après  les  formules 
théoriques  établies  pour  l'appareil,  est  2,09. 

11.  Caoutchouc.  —  i"  Avec  une  lame  de  pur  para,  touchant  ou  non  le 
métal,  un  équilibre  rigoureux  s'est  produit  au  bout  de  i  minute  à  7™™,  20. 
D'autre  part,  la  compensation  des  charges  instantanées  correspond  à  8'"",  9. 
La  constante  diélectrique  vraie  est  3;  la  constante  diélectrique  apparente 
correspondant  à  l'équilibre  final  serait  4,4-  L'équilibre  final  étant  d'une 
stabilité  parfaite,  le  nombre  4,4  est  caractéristique  de  la  substance,  au 
même  litre  que  la  constante  diélectrique  initiale. 

2"  Sur  un  échantillon  de  feuille  anglaise,  examinée  aussi  dans  les  deux 
conditions,  ré(juilibre  a  été  obtenu  presque  instantanément  dans  la  posi- 
tion  2""",  32  à  laquelle  correspondrait  une  constante  diélectriipie  infinie; 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  iSai 

c'est-à-dire  que  la  lame  est  cojicluclrice.    La  compensation   des  charges 
instantanées  s'est  faite  au  voisinage  de  G'"'",  3  nous  en  avons  déduit  k  =  i>. 

III.  Huile  de  vaseline.  —  Le  liquide  est  contenu  dans  une  cuvette  cylin- 
drique, en  ozokérite,  qui  peut  être  fermée  soit  par  un  disque  métallique,  soit 
par  une  lame  d'ozokérite. 

Les  mesures  au  compensateur,  faites  de  minute  en  minute  à  200  volts, 
ont  donné  les  résultats  suivants  (la  première  ligne  correspond  au  contact 
du  li(juide  et  du  métal,  la  deuxième  au  contact  du  liquide  et  de  l'ozokérite)  : 

5,5o     7,1 5     8,35     9,45     10, 3o     11,10     11,70     12,9.0     12, 65     i3 
5,56     7,3o     8,58     9,68     15,45     11, 3o     11,90     12, ^ï     12,90     i3,25 

Ici  encore  aucune  dillèrence  essentielle  n'est  assez  manifeste  pour  déceler 
une  pénétration. 

Va\  résumé,  dans  les  limites  ou  nous  avons  opéré,  c'est-à-dire  jusqu'à 
800  volts,  on  peut  être  certain  qu'une  nappe  diélectrique  solide  ou  liquide, 
dont  une  seule  face  touche  le  métal,  n'est  pas /je«eV/-ee  par  l'électricité  du 
conducteur  adjacent. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  la  sululnlilè  du  sulfate  d' argent  dans  les  sulfates 
alcalins.  Note  (')  de  M.  Barre,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Dans  le  but  de  recherciier  si  le  sulfate  d'argent  était  suscejjtible  de  donner 
des  sels  doubles  avec  les  sulfates  alcalins,  j'ai  étudié  la  solubilité  de  ce  corps 
dans  des  solutions  de  concentration  croissante  en  sulfate  alcalin  à  diilérentes 
températures,  depuis  la  température  ordinaire  jusqu'à  100". 

Je  ne  dirai  rien  de  la  solubilité  du  sulfate  d'argent  dans  le  sulfate  de  potas- 
sium et  le  sulfate  d'ammonium,  qui  ne  présente  aucune  particularité  bien 
intéressante;  elle  croit  régulièrement  avec  la  concentration  en  sel  alcalin. 
Les  courbes  obtenus  aux  difl'érentes  températures  en  portant  en  abscisse  le 
sulfate  alcalin  et  en  ordonnée  Ag-SO'  dans  la  solution,  sont  des  droites 
pour  le  sulfate  de  potasse,  presque  des  droites  pour  le  sulfate  d'ammoniaque. 

\V\Qn  différents  sont  les  résultats  obtenus  avec  le  sulfate  d'argent  et  le  sul- 
fate de  soude.  Au-dessous  de  33°,  c'est-à-dire  tant  que  le  sulfate  de  soude  est 
à  l'état  hydraté,  la  solubilité  du  sulfate  d'argent  croit  proportionnellement 

•(' )   Présentée  dans  la  séance  du  17  mai  1910. 


l322  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

à  la  concentration  en  Na^SO';  on  obtient  par  exemple  à  i4°,  5  : 


Ag^SC  Na^SO' 

dans  ino  pallies  d'eau.  dans  loo  parties  deau. 


0,7^1 
0,904 
1  ,oo3 


5,278 

10, io3 
i3,o45 


Mais  à  partir  de  33°,  dès  que  le  sulfate  de  soude  est  anhydre,  il  n'en  est 


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^y 

7. 

^ 

< 

Na-SO'  en  grammes  dans   mo  parties  d'caii. 

|)liis  do  mémo.  ^  oici  les  chiffres  obtenus  aux  difforentes  températures,  rap- 


SÉANCE    DU    23    MAI    I9IO.  l323 

portés  à  100  parties  d'eau  : 

I.  —  ïcrnpéiatuie.  33".  II.  —  Température,  5i°. 

As=SO'.  Na=SO'. 


0,972 

5,345 

I ,  i5o 

I 0 , o56 

I  ,  320 

i5,i85 

.,448 

20,093 

1,548 

25,4l2 

.,570 

29,556 

1,549 

3£,,732 

1,462 

39-447 

•'•99 

44 ,693 

0,912 

46,976 

m.  -  Tempe 

lalure,  -'>■'. 

Ag-'SO^ 

Na-SO'. 

1  ,458 

5,. 368 

■,697 

9,8i3 

.,934 

15,260 

2  ,075 

'9.978 

2,  161 

■),5,556 

■M  38 

29,662 

r  ,910 

35,278 

1 ,6o3 

38,944 

I  ,  1 56 

4 I , 365 

Ag=SO'. 

Na-SO'. 

1  ,  173 

5 ,  407 

'-377 

10,116 

1,572 

1 5 , I 46 

1  ,705 

20,247 

',787 

25,196 

I  ,802 

29,23o 

i>'V 

34,625 

1 .  540 

39,302 

1,188 

42,914 

0,882 

44,464 

IV.  —  Température, 

Aa-SO' 


i,65i 

5,336 

2,012 

10, i53 

2 , 3 1 2 

i5,532 

2,35t 

25,45i 

2,260 

29,7'4 

2,012 

34,718 

1,687 

38,635 

i,i58 

4o, 160 

Les  courbes  obtenues  en  ])orlant  Na'-SO*  en  abscisse  et  Ag^SO*  en 
ordonnée  ont,  comme  on  le  voit,  une  forme  particulière;  elles  présentent 
un  maximum,  mais  pas  de  point  anguleux.  L'analyse  du  résidu  solide  m'a 
montré  la  présence  du  sulfate  de  soude  à  côté  du  sulfate  d'argent  ;  la  quan- 
tité de  Na^SO'  augmente  régulièrement  avec  la  concentration  en  sulfate 
de  soude  de  la  solution  :  en  un  mot,  il  y  a  formation  de  cristaux  mixtes, 
comme  le  montrent  les  résultats  suivants  d'analyse  : 


Température  : 

75-- 

Sulfate  de  soude 

dans  100  p.  d'eau. 

ilaiis  r<M>  p.  <le  set  d) 

issous. 

dans  ■ 

of]  p.  de  sel 

solide. 

14,90 

88 .  58 

3,63 

19,  16 

90,33 

6,90 

23,22 

«)i  ,56 

1 1 ,34 

28,07 

92 ,  85 

17,81 

32 ,93 

94,22 

24,82 

36.08 

95,12 

36,45 

39,38 

96,26 

5o ,  22 

ï324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  courbes  de  solubilité  présentent  en  outre  la  particularité  assez  curieuse 
de  venir  se  couper  sensiblement  toutes  en  un  même  point,  correspondant 
à  une  concentration  en  Na-SO'  d'environ  4opour  loo.  Donc,  dans  les  solu- 
tions contenant  moins  de  4»  pour  loo  de  Na-  SO',  la  solubilité  des  cristaux 
mixtes  cioit  quand  la  température  s'élève;  pour  une  concentration  en 
Na-SU'  supérieure  à  /|Opour  loo,  elle  décroit  au  contraire  ;  enfin  pour  une 
concentration  en  Na-  SO'  de  /\0  pour  loo  environ,  la  solubilité  est  indépen- 
dante de  la  température.  Cette  particularité  résulte  de  la  différence  de  signe 
de  la  chaleur  de  dissolution  de  Ag-SO'  et  de  Na-SO\  Le  premier  sel  se  dis- 
sout avec  absorption  de  chaleur  et,  d'après  une  loi  bien  connue  de  la  Mé- 
canique chimique,  sa  solubilité  croît  avec  la  température.  C'est  exactement 
l'inverse  pour  Na^  SO'.  On  conçoit  que  certains  des  cristaux  mixtes  de  ces 
deux  sels  pourront  avoir  une  chaleur  de  solution  nulle. 

C'est  précisément  ce  qui  arrive  pour  les  cristaux  mixtes  se  déposant  de  la 
solution  à  4<>  pour  loo  de  l\a-SO\  La  quantité  de  sulfate  de  soude  con- 
tenue dans  ces  cristaux  aux  différentes  températures  est  la  suivante  : 

Température.  Na-SO'  pour  loo. 

33 26 ,  gS 

5i 34 ,68 

75 5o,22 

J'ai  vérifié  ce  l'enversement  du  signe  de  la  chaleur  de  dissolution  pour  les 
deux  températures  de  33°  et  de  5i". 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Action  chimique  des  pressions  élevées  ;  compression  du 
protoxyde  d'azote  et  d' un  mélange  d'azote  et  d'hydrogène  ;  décomposition 
de  l'oxyde  de  carl>one  par  la  pression.  Note  de  MM.  E.  Bri\eu  et  A. 
Wkoczyxski,  présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

Dans  une  précédente  Note  (')  nous  avons  signalé  qu'on  pouvait 
décomposer  le  gaz  oxyde  d'azote  NO  à  la  température  ordinaire,  avec  uiu^ 
pression  suffisamment  élevée. 


(  '  )  Contples  rendus,  l.  CALIX,  1909.  [t.  10-2.  La  pi-essioii  i'i  partir  de  laquelle  celle 
décoinposilion  se  manifesle,  par  la  coloralion  bleue  caraclérislique  de  i\'U',  ire>l 
pas  aS'"'",  cijilire  indiqué  dans  celle  Xote  à  la  suite  d'une  erreur  d'impression, 
mais  280-''"'. 


SÉANCE  DU  2)  MAI  19IO.  l325 

Pour  bien  préciser  l'action  de  celle  pression  élevée,  assimilable  à  une 
catalyse,  nous  avons  étudié  d'autres  systèmes  gazeux,  dans  des  limites  de 
pression  et  de  température  aussi  étendues  que  possible. 

On  remarquera  que  les  traiisformalions  qui  nous  intéressaient  sont  essentiellement 
irréversibles,  c'est-à-dire  persistent  après  la  détente. 

Mode  d'expérience.  —  L'ampoule,  qui  contient  le  gaz  à  comprimer  se  termine  à  sa 
partie  inférieure,  par  un  tube  capillaire,  sur  lequel  on  a  tracé  un  repère. 

L'ampoule  étant  remplie  à  une  pression  légèrement  inférieure  à  la  pression  almo- 
spliérique,  on  s'arrange  pour  que  le  ménisque  de  mercure  arrive  au  repère  et  on  lit 
la  pression  au  cathétomètre,  en  notant  la  température.  Le  gaz  est  ensuite  comprimé, 
après  quoi,  l'ampoule  étant  replacée  sur  la  cuve  i\  mercure,  on  lit  de  nouveau  la 
pression  à  volume  constant. 

Proloxyded' azote.  —  Sous  plus  d'un  rapport  il  se  comporte  comme  le  gaz 
oxyde  d'azote  NO;  il  est  endothermicjue  et  il  se  décompose  aussi  en  ses  élé- 
ments à  une  température  élevée  ('  ).  En  maintenant  le  gaz  pendant  plusieurs 
heures  à  Goo'"''"^  et  à  des  températures  allant  jusqu'à  4^<>°i  nous  n'avons  pas 
observé,  après  détente,  la  plus  petite  augmentation  de  pression.  Peut-être 
l'action  de  la  pression  se  inauifeste-t-elle  aux  températures  supérieures 
à  420°,  que  nous  n'avons  malheureusement  pu  atteindre,  car  les  tubes  ne 
résistaient  plus  à  la  pression.  Ces  expériences  montrent  donc  que  le  pro- 
toxyde  d'azote  est  beaucoup  plus  stable  que  l'oxyde  d'azote  à  de  hautes 
pressions  ;  la  condition  nécessaire  à  sa  décomposition  semble  être,  avant 
tout,  une  température  élevée,  capable  de  désagréger  la  molécule. 

Azote  et  hydrogène.  —  Nous  avons  soumis  ce  mélange  à  des  pressions 
élevées.  Là  encore  nous  n'avons  pu  constater  d'action  chimique  à  la  tempéra- 
ture ordinaire,  bien  que  nous  ayons  maintenu  le  mélangea  des  pressions  voi- 
sines de  900"'™,  pendant  plusieures  heures.  Il  est  possible  cependant  que  des 
pressions  plus  élevées  agissaiit  à  des  températures  supérieures  à  la  tempé- 
rature ordinaire,  provoquent  la  formation  d'ammoniac,  comme  cela  semble 
résulter  d'un  récent  travail  de  M.  Haber  (  -  )  qui  a  eu  recours  à  l'action  com- 
binée de  la  température,  de  la  pression  et  d'un  calalysateur. 

Oxyde  de  carbone.  —  Ce  gaz  renferme  en  lui-même  une  réserve  d'énergie 
disponible  puisque  sa  décomposition  en  (CO-  -+-  C)  dégage  38'^''',7.  Cette 
décomposition  a  d'ailleurs  été  constatée  par  Henri  Sainte-Claire  Deville  et 


(')  Berthelot,  Comptes  rendus^  t.LWVIl,  iS-d,  p.  i448.  —  Meyeh.  Pyrolechnisclie 
Untersuchungen,  p.  62. —  Hunter,  Zeil.  fiir  phys.  Cheniïe,  l.  LUI,  1906,  p.  44  •• 
(-)  Zeit.  fiir  Ele/iiroc/ieiuic,  t.  XVl,  1910,  p.  2^4- 


l326  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

même  au  rouge  sombre  par  Berll)elot('  ).  La  réaction  de  décomposition  de 
l'oxyde  de  carbone  est  notablement  accélérée  par  des  catalyseurs  tels  que: 
charbon,  poudres  métalliques,  etc.  (-  )  ;  avec  la  poudre  de  nickel,  la  décom- 
position devient  déjà  appréciable  un  peu  au-dessous  de  Soc".  Sans  catalyseur 
le  gaz  oxyde  d'azote  peut  être  considéré  comme  stable  en  tous  cas  jusque  vers 
55o°.  Rappelons  encore  que  la  courbe  des  produits  yjc  en  fonction  de  [>, 
établie  par  M.  Amagat  à  la  température  ordinaire  et  jusqu'à  400''''"  environ, 
revêt  une  allure  absolument  normale,  ce  qui  démontre  (jue  dans  ces  condi- 
tions aucune  décomposition  n'est  intervenue.  Après  avoir  maintenu  l'oxyde 
de  carbone  à  la  température  ordinaire  sous  des  pressions  allant  jusqu'à 
800*""  pendant  plusieurs  jours,  nous  n'avons  pu  constater  de  contraction 
permanente,  même  en  présence  d'amiante  platinée.  Il  paraissait  donc  néces- 
saire d'opérer  à  des  températures  plus  élevées. 

Nous  avons  alors  soumis  notre  gaz  à  une  pression  de  400"'^'"  tout  en  le 
chauffant  à  32o''-33o°  ;  nous  nous  sommes  assuré  que  le  ménisque  de  mer- 
cure était  en  dehors  de  la  zone  de  chauffe  afin  d'éviter  toute  action  catalytique 
de  ce  métal. 

A  celle  tempéralure  de  Sao",  tléjà  à  une  pression  de  4oo'""'  après  une  dizaine 
d'heures,  il  se  produil  une  notable  décomposition  caractérisée  par  une  légère  conlrac- 
lion  permanente.  Pour  accélérer  la  décomposition,  nous  avons  alors  opéré  à  la  pression 
de  tioo''"'  toujours  à  la  même  température  :  après  9  heures,  nous  avons  observé  une 
dénivellation  de  i  1'"'",  soit  une  diminution  de  t,5  pour  100;  après  20  heures,  la  déni- 
vellation totale  atteignait  67°"",  soit  une  diminution  tolale  de  10  pour  100  environ.  En 
outre,  dans  la  partie  chaufTée  du  tube,  nous  avons  constaté  la  présence  d'un  léger  dépôt 
gris  noir;  c'est  sans  doute  à  l'action  catalj  tique  de  ce  dépôt  qu'est  due  la  marche  de 
plus  en  plus  rapide  de  la  décomposition.  Un  autre  échantillon  de  l'oxyde  de  carbone 
comprimé  dans  les  mêmes  conditions  pendant  1 1  heures  contenait  5,5  pour  100  d'acide 
carbonique.  Quant  à  la  nature  chimique  du  dépôt,  nous  ne  pouvons  encore  nous  pro- 
noncer à  cet  égard,  la  quantité  formée  étant  par  trop  faible.  C'est  soit  du  carbone  très 
divisé,  soit  un  des  oxydes  inférieurs  de  carbone  dont  Berthelot(')  a  constaté  la  for- 
mation dans  l'action  de  l'effluve  sur  l'oxyde  de  carbone  et  qui  se  forment  en  même 
temps  que  l'acide  carbonique  par  décomposition  de  Toxyde  de  carbone  suivant  l'équation 

/iCO=zC„_,0„_,+  CO, 

(')  Devilie,  Comptes  rendus,  t.  LIX.  i864,  p.  873.  —  Berthei.ot,  Bul.  Soc.  c/iiiii., 
3«  série,  t.  V,  1891,  p.  567. 

(')  M.  Boi'DOLARD,  Ann.  C/iim.  el  P/iys.,  -'  série,  l.  XXIV,  1901,  p.  5.  —  SciiENKet 
ZiMJiERMANN,  Der.  der  deatscli.  chemisch.  Gesellscha/t,  t.  XXX VM,  1908,  p.  i.23i.  — 
ScHMiTS  et  WOLFF,  Zeit.  fiir  pliys.  Chemie,  t.  XLV,  1900,  p.  199. 

(^)  Essai  de  Mécanique  chimii/ae,  t.  11,  p.  i32. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  1827 

La  décomposition  de  l'oxyde  de  carbone,  comme  celle  de  l'oxyde  d'azote, 
met  une  fois  de  plus  en  évidence  l'action  chimique  d'une  pression  suffisam- 
ment élevée.  D'autre  part,  le  fait  que  la  pression  agit  comme  catalysatricc 
milite  en  faveur  de  l'hypothèse  d'après  laquelle  l'action  catalylique  d'une 
substance  résulte  d'une  sorte  de  condensation  des  gaz  à  sa  surface.  Cette 
condensation,  de  même  que  l'élévation  de  la  pression,  rapproche  les  atomes 
et  les  met  à  même  de  réagir  suivant  leurs  affinités  les  plus  fortes. 

Enfin  cette  action  est  plus  ou  moins  efficace  suivant  les  corps.  Si  l'édifice 
moléculaire  est  stable  comme  cela  paraît  être  le  cas  pour  le  protoxyde 
d'azote,  on  aura  plus  de  chance  de  décomposer  les  corps  par  une  élévation  de 
tenq)éralure,  qui  désagrège  la  molécule,  que  par  une  élévation  de  pression 
qui  ne  fait  que  rapprocher  les  atomes  des  différentes  molécules. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Effets  chimiques  des  rayons  ultraviolets  sur  les  corps 
gazeux.  Actions  oxydantes.  Combustions  du  cyanogène  et  de  i ammoniaque; 
synthèse  de  l'acide  for  mique.  Note  (^)  de  MM.  Daniel  Behtiiei.ot  et 
Henri  Gal^dechon,  présentée  par  M.  Emile  Jungfleisch. 

Les  rayons  ultraviolets  jouissent  de  facultés  oxydantes  très  marquées, 
dues  en  partie  à  leur  propriété  d'ozoniser  l'oxygène,  mais  surpassant  celles 
de  l'ozone  dans  les  mêmes  conditions.  Nous  les  avons  étudiées  suivant  la 
technique  déjà  décrite  {Comptes  rendus,  r)  mai  1910). 

Co.UBLSiiON  DU  cvANOGÈNi!.  —  Mélange  de  cyanogène  et  d'oxygène.  —  Volume 
iniiial,  3""', 56,  formé  de  2""',  10  G-Az-  -+-  \'''"' ,\&  0-.  Exposition  de  2  lieures  à  la  lampe 
220  volls  à  4""  de  distance.  Volume  final,  3'^"'', 02,  formé  de  i'''"',46  CO-  (volume  égal 
au  volume  primitif  d'oxygène)  +  o<'"'', 72  Az-  (volume  sensiblement  moitié  du  pré- 
cédent) -+-  o"^\^[^  C-Az-  gazeux.  Les  o""', 54  de  cyanogène  manquants  ont  élé  précipités 
sur  les  parois  du  tube  à  l'état  de  paracyanogène;  cette  précipitation  ne  se  |)roduit  pas 
en  présence  d'oxygène,  et  ne  commence  que  quand  lout  l'oxygène  a  été  brûlé.  La 
réaction  a  eu  lieu  suivant  l'équation  théorique  de  combustion  du  cyanogène 

C^Az^-+-2  0-  =  2C0^  +  Az^ 

.vol  /,v,„  /jvol  2VO.. 

\\n  présence  de  l'oxygène,  les  rayons  ullraviolels  ont  déterminé  une  combustion  à 
froid  intégrale  du  cvanogène. 


(')    Présentée  dans  la  séance  du  17  mai  iqici. 

C.  R.,   1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  21.)  ï']t\ 


l328  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous  avons  trouvé  des  résultats  analogues  dans  deux  autres  espériences  où  l'oxygène 
était  en  excès;  il  est  resté  alors  à  la  fin  de  l'oxygène  non  consommé;  il  n'y  a  pas  eu  de 
dépôt  solide  de  paracyanogène  ;  le  mélange  final  contenait,  outre  l'anhydride  carbo- 
nique et  l'azote,  une  petite  quantité  d'oxyde  de  carbone. 

Les  expériences  précédentes  permettent  de  supposer  que,  dans  la  rencontre 
de  l'atmosplière  terrestre  avec  une  queue  cométaire  riche  en  cyanogène,  ce 
gaz  serait  entièrement  brûlé  dans  les  couches  supérieures  raréfiées  de  l'air 
ot'i  le  rayonnement  ultraviolet  est  très  actif. 

Quant  à  l'absence  des  raies  des  carbures  d'hydrogène  dans  les  comètes, 
puis  à  leur  apparition  quand  elles  s'approchent  du  Soleil,  signalées  par 
M.  Deslandres,  ne  tiendraient-elles  pas  à  la  polymérisation  à  l'état  solide  de 
ces  carbures,  que  nous  avons  signalée  précédemment,  dans  les  régions 
froides  de  l'espace,  suivie  de  leur  volatilisation  dans  les  régions  plus  chaudes"? 

Combustion  di;  i-'AïuiosiAyiE.  —  Mélange  d'ammoniaque  et  d'oxygène.  —  \  olunie 
initial  :  3''"', 80,  composé  de  a'""', 29  AziP-i-  i"^'"',.")!  O'^.  Mêmes  conditions  d'exposition 
que  plus  haut.  Volume  final  :  i""',6.5,  composé  de  i™',  10  .\z--i-  o"'"',55  II'-.  La  surface 
du  mercure  est  légèrement  oxydée,  et  les  parois  du  tube  sont  couvertes  d'eau  contenant 
en  dissolution  de  l'ammoniaque,  mais  ne  renfermant  ni  nitrates,  ni  nilrites,  comme  il 
a  été  vérifié  avec  le  sulfate  de  diphénylamine .  Pour  contrôler  qu'on  se  trouve  bien  en 
présence  d'eau,  on  a  vérifié  que  le  point  de  fusion  était  voisin  de  0°.  11  y  a  donc  eu 
une  double  réaction  :  tlécomposilion  de  l'ammoniaque  en  azote  et  hydrogène,  et  com- 
bustion de  l'iiydrogéne  avec  formation  d'eau. 

Sur  les  i*^™',.)!  d'oxygène  initial,  i""',3-  ont  été  transformés  en  eau,  o""',i4  ont  été 
convertis  en  ozone  et  ont  attaqué  le  mercure,  dont  la  surface  est  oxydée  ;  o'"'',09  d'am- 
moniaque sont  dissous  dans  l'eau. 

D'autres  essais  faits  avec  des  proportions  diflTérentes  d'ammoniaque  et  d'oxygène 
ont  donné  des  résultats  semblables. 

Ces  expériences  montrent  que,  sous  l'influence  des  rayons  ultraviolets, 
l'hydrogène  est  dégagé  de  l'ammoniaque  à  l'état  naissant,  puis  oxydé  par 
l'oxygène  et  transformé  en  eau.  Ce  résultat  mérite  d'être  souligné,  car  les 
rayons  ultraviolets  ne  déterminent,  dans  les  conditions  de  nos  expériences, 
aucune  combinaison  appréciable  de  l'oxygène  et  de  l'hydrogène  libres, 
comme  le  montrent  les  observations  suivantes. 

Mélange  d'oxygène  et  d'hydi  ogène.  —  \oluiiie  initial  :  2'"'', 68,  composé  de 
!■:">",  ^o  IP-H  o'^"'",98  O^  F.xposition  de  4  heures  à  .'V"'  de  la  lampe  à  220  volts.  Il  n'y  a 
pas  trace  d'eau  ;  volume  final  :  2''"'",  60,  composé  de  1'^"'',  70  H--I-  o'''"",90  O'.  Le  volume 
(l'Iivdrogène  n'a  pas  varié;  la  diminution  de  o''"'',o8  du  volume  total  correspond 
exactement  aux  o'^"'',o8  d'oxygène  disparus,  fixés  sur  le  mercure. 

Deux  autres  expériences  ont  redonné  le  même  résultat  négatif. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I91O.  l329 

Synthèse  de  l'acide  formiqie.  —  Mélange  d'acétylène  et  d'oxygène.  —  Lampe 
220  volls.  Tube  à  S"^""  de  distance  durant  l\  heures.  Volume  initial  :  4'"'';  32,  composé  de 
i°"'",6o  C'^H^4- 2"^'"',72  O"-.  Le  polymère  jaune  fauve  de  racétylène,  qui  se  forme  si  faci- 
lement quand  ce  gaz  est  seul,  ne  prend  pas  naissance  en  présence  de  l'oxygène  libre. 
La  même  remarque  a  été  faite  plus  haut  pour  le  polymère  du  cyanogène.  Sur  les  parois 
du  tube  se  déposent  des  gouttelettes  et  sur  la  surface  du  mercure  une  légère  couche 
liquide,  à  réaction  fortement  acide,  présentant  l'odeur  caractéristique  de  l'acide  for- 
mi(:|ue  et  précipitant  l'azotate  d'argent.  ^  oUime  final  :  2'"' ,3?.,  composé  de 

11''"',  5- CO- -4- o''"'',6o  O^  +  i''"',  10   d'un  mélange  gazeux. 

Sur  une  portion  de  ce  mélange  gazeux,  on  constate  la  présence  d'acétylène  par  la 
formation  d'acélylure  cuivreux,  et  la  présence  d'oxyde  de  carbone  par  la  décoloration 
du  chlorure  cuivreux  acide  bruni  à  l'air.  On  opère  alors  la  combustion  eudiomélrique 
et  l'analyse  d'une  seconde  poilion.  ce  qui  conduit  à  la  composition 

o'"'"', 88  CO  -I-  o'"',  .iô  C-  II-  +  o'''"', 02  Az-. 

Il  résulte  de  là  que  i"'"',3.5  C^H-  et  2'^"'',i2  0-  ont  disparu  et  ont  donné  o'""'',5-  CO^ 
et  o'"'',8S  CO,  plus  un  résidu  liquide  présentant  une  composition  pondérale  voisine  de 
celle  de  l'acide  formique  : 

C  =  i2,o;       11  =  2,2;       0  =  r.,8,4         au  lieu  de         C=i2,       11  =  2,       0  =  32. 

Dans  une  seconde  expérience,  le  tube  a  été  exposé  4  heures  à  à"^"  de  la  lampe 
à  1 10  volts.  Volume  initial  :  i^"'',i8  C-H'-t- 2""',  47  O"-  ^  olunie  final  : 

o'-'"",28  C-IL^-H  i'"'',07  02  +  o""'.4o  CO^-t-  o'^"'\57  CO. 

On  voit  que  o'^"'',90  C-II-  et  r'"',4oO"  oui  donné  o^"'',4o  (30' -H  o*^"'',»?  GO,  plus  un 
liquide  de  composition  pondérale  Gr^i2;  II  =12,2;  0^27,6.  Celte  composrlion 
indique  de  l'acide  formique  contenant  une  faible  quantité  d'un  produit  moins  oxydé. 

Celte  synthèse  de  l'acide  formique  a  partir  de  l'acétylène  et  de  l'oxygène  gazeux  est 
remarquable  par  sa  simplicité. 

Mélange  d'éthylène  et  d'o.rrgène.  —  l^ampe  1 10  volls.  Tube  exposé  4  l"^ures  à  4"'" 
de  distance.  Volume  initial  :  4"", 07  composé  de  i™',37C-II*  +  2'^"'',  70O-.  Volume 
final:  3"^"",o4  renfermant  o''™",i4C0'- -h  i""',650--i-  i'^"'',25  de  résidu,  contenant  de 
l'éthylène,  de  l'acétylène  et  de  l'oxyde  de  carbone,  l-'éthylène  ne  s'est  pas  polymérisé 
en  présence  de  l'oxygène  en  excès.  Le  tube  contient  quelques  gouttelettes  à  odeur  pi- 
quante, à  réaction  acide,  précipitant  l'azotate  d'argent,  et  composées  surtout  d'acide 
formique. 

Une  autre  expérience  a  été  faite  avec  un  volume  initial  de  S""',  55,  composé  de 
i""',63C'H' +i™',92  O-,  exposé  à  des  distances  de  2™,  4""  et  7""'  de  la  lampe  à 
1 10  volts,  I  heure  chaque  fois.  Le  volume  fin  al  a  été  S'^'iOO,  composée  de  i'^°'',45  0- -f-i""',55 
d'un  mélange  gazeux  contenant  C^H-  et  CO,  mais  ne  renfermant  pas  C0-.  Le  tube  est 
couvert  comme  précédemment  de  gouttelettes  d'acide  formi(|ue. 


l'iio  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE.   —  Sur  la  présence  de  résidus  tartriques  du  vin  dans  un  vase  anti(fuc 
Note  de  M.  Georges  Demgès. 

Tout  récemment  et  lors  des  fouilles  pratiquées  dans  l'ancien  cimetière 
attenant  à  l'église  Saint-Seurin,  de  Bordeaux,  M.  Courteault  découvrait, 
dans  un  sarcophage  paraissant  remonter  au  i"'  siècle  de  l'ère  chrétienne, 
un  récipient  en  verre  vert,  fermé  à  l'une  de  ses  extrémités  et  légè- 
rement évasé  à  l'autre,  ayant  grossièrement  l'aspect  d'une  pipette  de 
laboratoire  dont  la  partie  renflée  aurait  3''"'  environ  de  diamètre  et  les 
portions  terminales,  cylindriques,  seraient  des  tubes  de  iS'""  de  diamètre 
extérieur  et  ayant,  sensiblement,  chacun,  18'^'"  de  longueur.  Sa  capacité 
n'excède  pas  Oo'""'.  Ce  vase  curieux  qui  vient  de  faire  l'objet  d'une  commu- 
nication de  M.  Jullian  à  l'Académie  des  Inscriptions,  nous  a  été  confié  par 
M.  Courteault  afin  de  chercher  à  déterminer,  par  l'analyse  de  ses  résidus 
ou  incrustrations,  la  nature  du  produit  qu'on  aurait  pu  y  avoir  primiti- 
vement introduit. 

Les  enduits  ou  résidus  que  présente  le  récipient  examiné  se  montrent 
sous  (juatre  aspects  dilîérenls  : 

A.  Extérieurement  et  surtoul  près  du  col,  s'étendent  des  traînées  brun  rougeàtre, 
très  minces  et  très  adhérentes;  quelques  traînées  analogues  ont  été  remarquées  en  haut 
et  à  l'intérieur  du  col. 

B.  Intérieurement  on  trouve,  en  certains  endroits,  très  restreints  en  nombre  et  en 
surface,  des  enduits  un  peu  plus  épais  que  les  précédents,  mais  de  même  teinte, 
pouvant,  plus  facilement  que  les  premiers,  être  détachés  en  écailles  très  ténues,  pré- 
sentant un  poli  paifait  et  le  phénomène  optique  des  lames  minces  sur  la  face  adhérente 
au  verre. 

G.  Intérieurement  encore,  se  rencontre  un  enduit  blanc  grisâtre,  plus  abondant  que 
les  précédents  et  ressemblant,  lorsqu'on  en  détache  des  plaquettes,  à  de  largile  grise 
desséchée. 

D.  Enfin,  en  renversant  le  récipient  sur  lui-même  et  en  lui  impriinaiU  quelques 
secousses,  on  a  pu  recueillir,  parmi  une  poussière  terreuse,  un  certain  nombre  de 
granulations  colorées  et  brillantes,  ressemblant  à  de  fins  grains  de  sable,  et  dont 
quelques-unes  ont  été,  aussitôt,  enfermées  dans  un  tube  scellé. 

C'est  celte  dernière  substance  que  nous  décrirons  tout  d'abord,  car,  vus  a 
texture  cristalline  et  sa  composition  d'apparence  moins  complexe  que  celle 
des  enduits  A,  B  et  C,  elle  nous  a  permis  de  tirer  des  conclusions  fermes 
sur  sa  nature,  sur  celle  du  contenu  primitif  du  récipient  et  de  déduire  l'ori- 
gine probable  des  enduits  eux-mêmes. 


.  SÉANCE  DU  23  MAI  19IO.  l33l 

Si  l'on  examine,  même  à  la  loupe  mais  mieux  au  microscope,  ces  granulations,  on 
les  trouve  formées  de  cristaux  prismatiques  striés,  de  couleur  rougeàtre  et  dont  l'as- 
pect rappelle,  à  s'y  méprendre,  celui  du  tartre  des  vins.  Des  recherches  directes  ont 
confirmé  celte  première  indication.  Une  de  ces  granulations,  mise  au  fond  d'nn  tube 
à  essais  avec  une  goutte  d'une  solution  aqueuse  de  résorcine  à  2  pour  100  el  l""'  d'acide 
sulfurique  concentré,  a  fourni  un  mélange  qui,  chauffé  vers  iDO",  a  donné  une  belle 
coloration  rouge  violacé  avec  une  bande  d'absorption  correspondant  au  X  =1527, 5. 
Celle  réaction  est  l'une  des  plus  caractéristiques  de  l'acide  tarlrique.  On  en  a  obtenu 
une  identique  avec  un  cristal  de  tartre  authentique  pris  dans  une  bouteille  de  vin  très 
vieux.  Une  autre  granulation,  dissoute  dans  une  très  faible  quantité  de  potasse,  a 
fourni  quelques  gouttelettes  d'un  liquide  qui,  sursaturé  par  Tacide  acétique,  a  donné 
des  cristaux  microscopiques,  mais  extrêmement  nets  de  bitarlrate  de  potassium,  linfin 
un  troisième  granulation,  calcinée,  a  bruni  puisa  laissé  un  résidu  faisant  ed'ervescence 
avec  les  acides  et  dont  la  solution  chlorhydrique  a  permis,  après  traitement  convenable, 
d'identifier  microchimiquement  le  potassium  à  l'état  de  ch!oro|)lalinate,  de  picrate  et 
de  bitartrate. 

Il  n'est  donc  point  douteux  que  le  récipient  examiné  contenait  de  la  crème 
détartre,  produit  qui  ne  peut  provenirque  d'un  liquide  vineux  primitivement 
introduit  dans  ce  récipient. 

Quant  à  l'enduifC,  il  est  en  majeure  partie  composé  d'une  croûte  de  carbonate  <le 
chaux  qui  recouvre  et  pénètre  une  substance  brunâtre  dans  laquelle  le  microscope 
révèle  des  masses  globuleuses  de  teinte  foncée.  Certaines  portions  seulement  de  cet 
enduit  ont  présenté  la  réaction  résorcino-lartrique,  mais' un  peu  modifiée  d'aspect 
comme  celle  qui  est  réalisée  lorsque,  à  de  la  crème  de  tartre  pure,  on  ajoute  une  cer- 
taine quantité  de  matière  colorante  du  vin  insolubiiisée. 

Dans  l'enduit  B,  le  carbonate  de  chaux  n'existe  qu'à  l'état  de  traces;  par  contre,  la 
matière  colorée  globuleuse  y  est  prépondérante.  La  réaction  résorcinique  y  a  été  fai- 
blement constatée. 

Enfin  l'enduit  A,  très  mince  et  peu  homogène,  rappelle  assez  bien,  au  microscope, 
les  enduits  très  adhérents  et  très  résistants  aux  dissolvants  que  présentent  les  vieilles 
bouteilles  de  vin,  mais  il  n'a  pu  être  autrement  identifié. 

De  renscmlde  de  ces  constatations,  nous  concluons  que  le  récipient  remis 
par  M.  Courteault  renfermait  originellement  du  vin  qui  a  probablement 
abandonné,  sur  les  parois  du  vase,  des  traces  de  sa  matière  chromotannique, 
plus  ou  moins  complètement  recouverte  de  carbonate  de  chaux  et  qui  a  laissé, 
en  outre,  déposer  des  grains  très  nets  et  caractéristiques  de  crème  de  tartre. 
Ces  grains,  primitivement  adhérents,  ont  dû,  vraisemblablement,  être  désa- 
grégés par  le  lavage  sommaire  du  récipient,  fait,  lors  de  sa  découverte,  k 
l'insu  de  M.  Courteault,  et  se  sont  ensuite  détachés  facilement  après  des- 
siccation. 


l'i32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE.    —    Action  de  l'ozone  sur  l'oxyde   de  carbone.   Note   de 
M.  P.  Clausmax.v,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

M.  Bcrthclot  ('),  en  soumettant  à  l'action  des  effluves  électriques  un  mé- 
lange d'oxygène  et  d'oxyde  de  carbone,  avait  observé  que  ce  dernier  gaz  était 
presque  totalement  transformé  en  acide  carbonique. 

D'autre  part,  Remsen  et  Southvvorth  (^)  firent  passer  de  l'oxvgène  ozo- 
nisé et  de  l'oxyde  de  carbone,  préparés  chacun  séparément,  dans  des  ballons 
exposés  au  soleil,  puis  dans  de  l'eau  de  chaux.  Cette  dernière  ne  s'étant  pas 
ti'oublée,  même  après  un  assez  long  passage  des  gaz,  ils  conclurent  que 
l'ozone  était  sans  action  sur  l'oxyde  de  carbone. 

Nous  avons  répété  cette  même  opération  en  remplaçant  l'eau  de  chaux 
par  de  l'eau  de  baryte  et  nous  avons  obtenu  presque  immédiatement  un 
abondant  précipité  formé  de  carbonate  do  baryte  et  d'une  faible  quantité 
de  bioxyde  de  baryum. 

L'action  de  l'ozone  sur  l'oxyde  de  carbone  se  compliquant  de  l'inlluence  de  leffluve 
dans  les  expériences  de  Berthelol,  et  de  la  production  de  peroxydes  quand  on  opère 
en  présence  de  chaux  ou  de  barvte.  nous  avons  dû  opérer  d'une  autre  façon. 

Des  luhes  de  verre  parfaitement  lavés  aux  acides,  puis  dans  un  courant  d'eau  pro- 
longé et  dans  l'eau  distillée,  ont  été  fermés  à  une  extrémité  et  étiré  en  canal  étroit  à 
l'autre  bout. 

Ces  tubes  après  dessiccation  sont  remplis  d'oxygène  ozonisé  et  d'oxyde  de  carbone, 
préparés  séparément.  L'oxygène,  avant  de  passer  dans  l'ozoniseur,  ainsi  que  l'oxyde  de 
carbone,  sont  lavés  à  la  potasse,  à  l'hj'drate  de  baryte  humide;  un  dernier  laveur  à  eau 
de  baryte  ne  se  trouble  pas.  Lorsque  les  tubes  de  verre  sont  pleins  du  mélange  des 
deux  gaz,  on  fait  arriver  dans  la  partie  étirée  un  peu  d'oxygène  pur  et  l'on  scelle  d'un 
coup  de  chalumeau. 

Des  tubes  secs  ainsi  préparés  et  remplis  de  gaz  secs  (sur  l'^O^)  ont  été 
exposés  sur  le  toit  de  la  Faculté  de  Médecine  à  la  lumière  du  jour.  Nous 
avons  ensuite  dosé  l'acide  carbonique  formé,  après  destruction  préalable 
de  l'ozone  résiduel  par  passage  sur  le  mercure.  Nous  avons  trouvé,  pour 
des  mélanges  à  volumes  égaux  d'oxyde  de  carbone  et  d'oxygène  ozonisé 


(')  M.  Bertiielot,  Comptes  rendus,  t.  LXXW'lil,  1879,  P-  ^o- 
(-)  Hemse.n  et  SoiJTiiwoRTH,  D.  cliem.  Gesell..  t.  VUI,  p.  \'\\!\. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  l333 

(oxygène  contenant  200'°*^  d'ozone  environ  par  litre),  les  nombres  snivanls  : 


CO-  formé 

pour  100  d'oxygène 

lolfll  (ozone  compris ). 

Après  1  heure  3o  iniiuiles o 

1)       8  heures 0,7! 

»       ajours 1,35 

»      8  jours 2 ,  83 

Un  tube  conservé  à  l'obsctirilé  a  donné  : 

Après  8  jours 0,88 

Tous  ces  tubes,  restés  à  la  lumière  ou  à  l'obscurité,  contenaient  encore, 
même  après  8  jours,  de  l'ozone. 

D'autres  tubes  ont  été  remplis  d'oxygène  ozonisé  et  d'oxyde  de  carbone, 
mais  légèrement  bumides;  exposés  à  la  lumière  du  jour,  ils  ont  donné  : 

CO^  pour   100  d'oxygène 
tolal  (ozone  compris). 

Après  7  lieuies 2,5o 

Après  I  jour 3,67 

On  constate  encore  dans  ce  cas  que  ces  tubes  contiennent,  après  un  jour, 
de  l'oxygène  ozonisé. 

De  ce  qui  précède  il  résulte  : 

i''  Que  l'oxyde  de  carbone  est  directement  transformé  en  acide  carlm- 
nique  par  l'ozone; 

2"  Que  la  lumière  active  cette  oxydation,  sans  doute  en  activant  la  dé- 
composition de  l'ozone,  mais  qu'elle  n'est  pas  absolument  nécessaire; 

3°  ()u'une  trace  d'bumidité  favorise  cette  réaction. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  déhydrodican'acrol.  Note  de  MM.  H.  Cousin 
et  H.  Hkuissey,  présentée  par  M.  Kmile  Jungfleiscb. 

Nous  avons  décrit  antérieurement  (  '  )  une  métliode  simple  et  avantageuse 
de  préparation  du  ditbyinol,  consistant  essentiellement  à  faire  agir  une  solu- 
tion diluée  de  perchlorure  de  fer  sur  une  solution  aqueuse  et  froide  de 

(')  Comptes  reiulits^  l.  C.KLVI,  190S,  p.  293;  Journ.  de  Pharrn.  et  de  Cliiin., 
6"  série,  t.   WVII,  1908,  p.  220;  Bull.  Soc.  chiin.,  4"  série,  t.  III.   1908,  p.  585. 


l334  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lliymol  ;  dans  le  présent  travail  nous  avons  utilisé  une  méthode  analogue,  en 
vue  de  préparer,  à  partir  du  carvacrol,  l'isomère  correspondant  du  dilhy- 
mol  (ce  dernier  serait  plus  exactement  appelé  dé/nr/roflil/iyrnol),  c'est- 
à-dire  le  déltydrodicarvacrol. 

Dianine  (')  a  déjà  obtenu  ce  corps,  au  moins  à  l'état  impur,  en  traitant 
le  carvacrol  par  l'alun  de  fer,  suivant  un  mode  opératoire  semblable  à  celui 
qui  lui  avait  permis  de  préparer  le  dithymol;  il  l'appelait  ^-dilhymol ;  il 
avait  reconnu  que  ce  corps  agissait  sur  le  chlorure  de  benzoyle,  en  donnant 
un  composé  qui,  sous  l'action  d'une  solution  de  potasse  alcoolique,  se  dé- 
composait en  fournissant  du  [i-dithymol  et  de  l'acide  benzoïque.  L'analyse 
élémentaire  du  [i-dithymol  n'a  d'ailleurs  pas  été  faite  par  Dianine,  non 
plus  que  celle  du  dérivé  benzoyle  et  l'étude  de  ces  produits  n'a  pas  été 
poursuivie,  sans  doute  à  cause  de  la  difliculté  qu'a  eue  l'auteur  à  préparer 
ces  corps  en  quantité  suffisante  et  dans  un  état  de  pureté  convenable. 

Prcparalion  et  propriétés  du  déliydrodicarvacrol.  —  On  obtient  facilement  le  dé- 
liydiodicarvacrol  de  la  façon  suivante:  on  ajoute  à  loo'  d'eau  distillée  .'|0'°''  de  car- 
vacrol préalablement  dissous  dans  4oo''"''  d'alcool  à  93°;  on  agite  fortement  et  l'on  liltre 
sur  un  papier  mouillé.  La  solution  ainsi  obtenue  est  additionnée  de  3oo""'  de  solution 
officinale  de  perclilorure  de  fer  (à  26  pour  100  de  Fe-Cl')  et  le  tout  est  abandonné  au 
repos  pendant  une  dizaine  de  jours  (<  =  iS^-iS").  Aussitôt  après  l'addition  du  perclilo- 
rure de  fer,  il  se  fait  un  trouble  ne  tardant  pas  à  se  résoudre  en  un  précipité  blanc 
jaunâtre  qui,  examiné  au  microscope,  apparaît  en  grande  partie  cristallisé  en  longues 
aiguilles.  Le  précipité  recueilli  après  lojours,  lavé,  essoré  et  séché  à  35°,  pèse  en- 
viron 2ob'-23B.  On  le  traite,  de  préférence  encore  humide,  par  une  solution  alcaline  faible 
(lessive  des  savonniers,  100™';  eau,  q.  s.  pour  2000'"'').  On  filtre  el  l'on  additionne  la 
solution  d'acide  acétique,  qui  précipite  le  déhjdrodicarvacrol  dissous,  sous  forme  de 
llocons  blancs  devenant  rapidement  cristallins.  Ce  dernier  est  lavé  à  leau,  essoré  et 
séché;  on  en  obtient  environ  8»  en  parlant  de  /|0'''""  de  carvacrol,  soit  sensiblement 
20  pour  100.  On  le  fait  recrislalliser  en  le  dissolvant  à  froid  dans  l'alcool  à  95°  (1  5'"''  pour 
rs  de  produit  );  la  solution  alcoolique  filtrée  est  chaufTée  au  bain-marie,  puis  addi- 
tionnée de  son  volume  d'eau  :  par  refroidissement,  le  déhydrodicarvacrol  cristallise  en 
longues  aiguilles  soyeuses,  enchevêtrées  en  amas  cotonneux  extrêmement  légers. 

Il  contient  ainsi  2'""'  d'eau  de  crislallisalion.  Préalablement  desséché,  il  fond  à 
i()5°-i66°.  Il  est  insoluble  dans  l'eau,  très  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  niûins 
-iiluble  dans  le  chloroforme  et  l'acide  acétique  cristallisablc.  très  peu  soluble  dans 
lillier  de  pétrole,  facilement  soluble  dans  les  lessives  alcalines  concentrées  ou  diluées. 

La  crjoscopie  a  donné  les  résultats  suivants  :  M  nr  39  x  J-j-j-"-)!  —  293  (acide  acé- 
li  |ue  47'"'i  4o;  substance  anhydre  o«,  52  1.')  ;  A  =r  o",  1  '|6).  Calculé  pour  C-''II-''0"=  298. 


(')  Jottrn.  Soc.  chiiu.  russe,  t.  XIV,  iS8>.  p.  i/ti- 


SÉANCE  DU  23  MAI  I9IO.  l335 

L'analyse  élémentaire  a  donné  :  C  =  8o,6o;  H=:9,24  (substance,  O",  1^60; 
C0%  o5,43i5;  H^O,  os,£2i5).  Calculé  pour  C-»H"0-  :  G  =  8o,53;  H  =  8,72. 

Le  déhydrodicaivacrol  ne  donne  pas  de  coloration  avec  Fe^Cl"  bien  que  contenant 
des  groupements  pliénoliques  libres,  puisqu'il  est  soluble  dans  la  soude  et  fournil 
facilement  des  élhers  dont  certains  sont  décrits  ci-dessous.  Ses  propriétés  conduisent 
à  la  formule 

(OH^C  ,(CH^)(.) 

(2)  H0-^H'-C»-C''H^^0H(2) 
(4)  (H^C)2  =  HC^  \CH  =  (CH3)2(4) 

DimélhyldéhjdrodicarvacroL  —  Cet  élher  a  été  obtenu  en  faisant  agir  le  sulfate 
de  méthyle  sur  le  déhydrodicarvacrol  dissous  dans  la  soude  étendue. 

Convenablement  purifié,  il  se  présente  sous  forme  de  petits  prismes  incolores.  11  se 
ramollit  à  98°^  mais  ne  fond  définitivement  que  vers  110°.  Il  est  insoluble  dans  l'eau, 
assez  soluble  dans  Talcool  froid,  très  soluble  dans  l'étlier,  la  benzine  et  le  chloro- 
forme. 

Diacetyldéhydrodhcan'acrol.  —  Il  a  été  obtenu  par  action  de  l'anhydride  acétique 
en  présence  d'acétate  de  sodium  fondu.  Il  se  présente  sous  forme  de  cristaux  lamelleux 
blancs  ou  d'aiguilles  aplaties.  Il  se  ramollit  vers  169°  et  fond  complètement  à  182°-!  83°. 
Il  est  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  surtout  à  chaud,  très  soluble  dans 
l'élher,  la  benzine,  le  chloroforme  et  l'éther  de  pétrole.  Son  indice  de  saponification  a 
été  trouvé  à  294,9  (calculé  pour  C-^IF'O*  =  293). 

Dibenzoyldéhydrodicarvacrol.  —  On  l'a  préparé  par  action  du  chlorure  du  ben- 
zoyle  sur  le  déhydrodicarvacrol,  en  liqueur  alcaline.  Il  cristallise  en  longues  aiguilles 
prismatiques,  incolores.  Il  se  ramollit  à  i82''-i83°  et  fond  complètement  vers  i85°.  Il 
est  très  peu  soluble  dans  l'alcool,  même  à  chaud,  assez  soluble  dans  l'élher,  la  benzine 
et  le  chloroforme.  Son  analyse  élémenlaire,  ainsi  que  celle  des  éthers  précédents, 
conduisent  à  des  chilTres  tout  à  fait  satisfaisants. 

En  résumé,  ce  travail  a  surtout  pour  résultat  l'acquisition  d'une  méthode 
simple  et  facile  de  préparation  du  déhydrodicarvacrol.  Des  recherches 
spéciales  nous  ont  montré  que,  contrairement  au  processus  observé  avec  le 
thymol,  le  déhydrodicarvacrol  ne  saurait  être  obtenu  par  action  du  ferment 
ovydant  des  champignons  sur  le  carvacrol.  La  méthode  que  nous  avons  in- 
diquée pour  la  préparation  du  déhydrodiisoeugénol  (')  n'est  pas  applicable 
non  plus  dans  le  cas  présent;  on  obtient  alors,  comme  avec  le  ferment  oxy- 
dant, un  produit  d'oxydation  insoluble  dans  les  lessives  alcalines,  soluble 


(')  Comptes  rendus,  l.  CXLVII,   1908,  p.  247;  Journ.  de  Pliarm.  t't  de  Cliim., 
t.  \XVIII,  1908,  p.  193. 

C.  [?.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   lôO.   N"  21.)  l^^ 


l336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  l'éther,  précipitable  de  ses  solutions  élhérées  par  l'alcool  fort,  tout 
à  fait  différent,  en  un  mot,  du  déhydrodicarvacrol,  dont  nous  avons  décrit 
les  principales  propriétés. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Cetones  déi-ivées  de  l'acide  benzoïqiie  et  de 
l'acide  phénylacélique .  Note  de  M.  J.-B.  Senderens,  présentée 
par  M.  G.  Le  moine. 

Ces  cétones  ont  été  préparées  par  le  procédé  calalytique  que  j'ai  fait 
connaître  ('),  et  dont  je  poursuis,  sur  d'autres  acides,  les  applications. 

On  connaît  quelques-unes  de  ces  cétones,  mais  sauf  de  rares  exceptions, 
leur  défaut  de  pureté  résultant  des  difficultés  de  la  préparation  avait  conduit 
à  des  constantes  physiques  inexactes,  et  l'on  ne  possédait  que  très  peu  de 
données  sur  leurs  combinaisons  caractéristiques.  J'ai  préparé  les  oximes  et 
les  semicarbazones  en  chauffant  la  solution  de  la  célone  dans  l'alcool  à  85°, 
avec  les  chlorhydrates  d'hydroxylamine  ou  de  semicarbazide  en  présence  de 
l'aluminate  de  soude  pur.  Cette  méthode,  dont  les  détails  seront  exposés 
dans  un  autre  recueil,  m'a  donné  les  meilleurs  résultats. 

Toutes  ces  cétones  ont  une  odeur  aromatique  généralement  agréable; 
elles  sont  insolubles  dans  l'eau  et  très  solubles  dans  l'alcool. 

I.  —  Cétones  dérivées  du  mélange  de  l'acide   benzoïque 

AVEC     UN    ACIDE    GRAS. 

Leur  mode  de  préparation  a  été  déjà  décrit  (-);  j'ai  étudié  les  suivantes  : 

Acélophénone  C  II*  —  CO  —  CH'  rnrthylphénylcélone.  —  Je  l'ai  oblenue  en  lamelles 
parfaîlemeni  blanches,  fusibles  à  19°,  5,  présentant  le  pliénomène  de  surfiision,  qui  leur 
permet  de  rester  liqnides  dans  la  glace  fondante.  Elle  bout  à  201",  5  (corr.)  sous  746""°. 
Sa  densité  d\''  =:z  i,o3o.  Son  oxime  fond  à  38°, 5  et  sa  pliénylhjdrazone  à  io5°. 

Ces  diverses  constantes  sont  sensiblement  identi(jLies  à  celles  déjà  attribuées  à  celle 
célone  qu'on  obtenait  le  plus  facilement  et  qui  a  été  la  mieux  étudiée. 

Propiophénone  G" FF  —  CO  —  CH^  —  CtP.  Élhylphénylcéto/ie.  —  Celte  célone 
étail  ilécrile  jn>(|u'ici  comme  un  /ic/iiic/c  ixntillanl  à  iio",  ce  qui  est  inexact. 


(')  Comptex  rendus^  t.  CXLVIII.  p.  927;  t.  CXLIX,  p.  2i3  et  995  ;  t.  ioO,  p.  111 
et  702. 

(')  Comptes  rendus,  t.  150,  p.   111,  10  janvier  1910. 


SÉANCE    DU    23    MAI    I910.  l'M"] 

Je  l'ai  obtenue  sous  la  forme  de  lamelles  blanches,  fusibles  à  i^'',5,  présentant  le 
phénomène  de  surfusion,  mais  cristallisant  en  masse  dans  la  glace  fondante.  Elle  bout 
à  2i5°  (corr.)  sous  746™™-  Sa  densité  d\^  ^  i  ,008. 

Son  oxline  cristallise  en  prismes  fusibles  à  54°. 

Propylphénylcétone  C«H=  —  CO  —  GH^  — CH' —  CH\  —  Elle  se  trouve  décrite 
par  les  auteurs  comme  un  liquide  se  colorant  à  l'air,  bouillant  à  2i8"-22i"  d'après 
PopolT,  à  220°-223°  d'après  Schniidt,  et  ne  se  solidifiant  pas  à  —  20". 

J'ai  obtenu  cette  cétone  à  l'état  cristallisé,  dans  la  glace  fondante,  en  y  ajoutant  un 
cristal  d'acétophénone  ou  de  propiophénoue.  Elle  se  présente  alors  sous  la  forme  de 
lamelles  blanches,  fusibles  à  8°, 5,  bouillant  à  a^g"  (corr.)  sous  7:^6™™.  Sa  densité 
c?°  :=  1 ,001. 

Son  oxime  cristallise  en  aiguilles  fusibles  à  48''- 

Isopropylphénylcétone  O'IV'  —  CO  —  CH-.  „.,j-  C'est  un  liquide  légèrement  jau- 
nâtre qui  bout  à  330°  (corr.)  sous  746™".  Sa  densité  c?J=r  0,999.  PopofT  la  faisait 
bouillir  à  209"-2i7°  etCiaus  à  22o°-222°. 

Son  oarime,  cristallisée  en  prismes,  fond  à  58°  (à  61°  d'après  Clans). 

/GH' 

Isobiity/phénylccHone  C^H^  —  CO  —  CH^  —  CIK  „.,j'  D'après  Claus,  c'est  un  li- 
quide bouillant  à  225°-226°  et  fournissant  une  oxime  fusible  à  74°. 

J'ai  trouvé  pour  le  point  d'ébullilion  de  cette  cetone  286",  5  (corr.)  sous  764™"'.  Sa 
densité  dl  ^0,986. 

Son  oxime  cristallise  en  fines  aiguilles  fusibles  à  64°,  5. 

II.    —    Céto'e  dérivée   de  l'acide  phénylacétique   employé   seul. 

Dibenzylcétone  C'H^  —  CH^  —  CO  —  Cil-  —  C°H^.  —  J'ai  signalé  (')  la  présence 
de  cette  cétone  dans  la  catal3'se  du  mélange  d'acide  phénylacétique  avec  les  acides 
gras.  Elle  s'obtient  facilement  et  avec  qn  rendement  théorique  en  faisant  passer  sur  la 
thorine  les  vapeurs  d'acide  phénylacétique,  à  une  température  de  43o°  qui  peut  être 
portée  jusqu'à  47°°,  sans  décomposition  notable  de  la  cétone. 

Elle  se  présente  sous  la  forme  de  très  beaux  prismes  incolores,  fusibles  à  33°  et 
bouillant  à  829°  sous  753™™.  Ces  constantes  se  rapprochent  de  celles  de  Sydnej-Young 
(fus.  33°, 9;  ébull.  33o°.  5),  tandis  que  Popoff  faisait  fondre  cette  cétone  à  3o°  et 
bouillir  à  32o°-32i°. 

Son  oxime  fond  à  118"  (à  119°, 5  d'après  Rattner). 

J'ai  obtenu,  en  outre,  à  l'étal  cristallisé,  sa  phéiiy Ihydrazone  qui  fond  à  121°  et  sa 
semicarbazone  qui  fond  à  i33°. 


')  Comptes  rendus,  t.  150,  i4  mars  igiû,  p.  704. 


l338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

III.     —     CÉTONES    dérivées    du    mélange    d'acide    PHÉNYLACÉTIQUE 
ET    d'un    acide    gras. 

Les  deux  premieis  larmes  de  la  série  a\  aient  été  signalés.  La  préparation  des  o\imes 
a  donné  des  produits  huileux,  incrislaliisaliles;  mais  j'ai  oljlenu  très  liien  cristallisées 
toutes  les  semicarbazones  et  deux  phénylliydrazones. 

Méthylbenzylcétone  :  C  H° — CH'— CO  — CH'.  —  Liquide  incolore,  bouillant 
à  216°, 5  (corr.)  sous  755"™.  Sa  densité  <iJ=i,oi9.  On  connaissait  sa  phénylliydra- 
zone  fusible  à  83°,  aiitsi  que  je  l'ai  vérifié.  Sa  semicarbazone  se  décompose  dès  i65°, 
et  se  détruit  rapidement,  sans  fondre,  vers  180°. 

Eiliylbenzylcétone  :  CH^ —  CH- —  CO  —  CH- —  CH^  —  Liquide  incolore  qui  bout 
à  280°  (corr.)  sous  ySS'"'^  (à  223°-226''  d'après  Popoif).  Sa  densité  dl^ï,oo2.  Sa 
semicarbazone  fond  à  i35°,5. 

Propylbenzylcétone  :  CH»-  CH^—  CO  -  CH^—  CH^—  CH'.  -  Liquide  incolore 
bouillant  à  1t^[^°  (corr.)  sous  760™"'.  Sa  densité  (^^  =  0,984.  Sa  semicarbazone  îonA 
à  82°. 

/CH^ 
Isopropylbenzylcétone  :  CH*  — CH^— CO  — CHcf  pit^-  —  Liquide  incolore  bouil- 
lant à  287°  (corr.)  sous  760™".  Sa  densité  f/^  =  0,985.  Sa  semicarbazone  fond  à  126°, 
en  se  décomposant  légèrement. 

Isobulylbenzylcctone  :  CH* — CH''  —  CO  —  CH'  —  CH<r  p„j.  —  Liquide  incolore 

qui  bout  à  2500,5  (corr.)  sous  760""°.  Sa  densité  c?J  =10,969.  Sa  semicarbazone  fond 
à  80°.  La  phénylàydrazone  cristallise  en  aiguilles  jaunes  fusibles  à  67°. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Détermination  de  la  provenance  d'un  naphte 
ou  de  ses  dérivés.  Note  (')  de  M.  N.  Chercbeffskv,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

La  détermination  delà  provenance  d'un  naphte  ou  de  ses  dérivés  raffinés 
importés  peut  être  effectuée  en  coordonnant  les  caractères  des  distillats 
obtenus  par  fractionnement  au  r^  (en  volume)  du  produit  examiné,  les 
observations  étant  faites  sur  les  fractions  distillant  au-dessous  de  3oo'^  (la 
présence  de  produits  de  dissociation  élève  le  point  d'ébuUition  et  l'indice  de 
réfraction). 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  17  mai  1910. 


SÉANCE    DU    2J5    MAI    19IO.  l339 

Les  observations  à  faire  sont  : 

1.  La  densité  des  fractions,  qu'on  ramène  à  la  température  noriviale  de  i5°C. 

2.  Le  point  d'éhullition,  ([u'on  obtient  en  admettant  que  la  moyenne  des  tempéra- 
tures entre  lesquelles  distille  une  fraction  est  le  point  d'ébuUition  correspondant  à  la 
densité  de  cette  fraction.  La  courbe  des  densités  en  fonction  des  températures  d'ébul- 
lition  (courbe  d'origine)  permet  l'évaluation  par  interpolation  du  point  d'ébuUition 
correspondant  à  une  densité  donnée  et  vice  versa. 

3.  L'indice  de  réfraction  complétant  les  indications  précédentes.  Cette  constante 
comporte  une  proportionnalité  avec  la  densité,  car  les  courbes  de  réfraction  en  fonction 
des  densités  sont  presque  des  droites. 

Les  courbes  de  réfraction  en  fonction  des  températures  sont  par  contre  aussi  carac- 
téristiques que  les  courbes  dites  d'origine. 

k.  Uindice  de  solubilité,  déterminé  d'après  la  méthode  de  Riche  et  Halphen,  mais 
en  opérant  sur  un  volume  (aS"^""'  par  exemple)  qu'on  ramène  par  calcul  à  ioo<'"''au  lieu 
d'un  poids  (4^)  comme  les  auteurs  l'ont  prescrit  à  l'origine.  Ce  mode  opératoire  est 
plus  expéditif  et  plus  précis.  De  plus,  limité  par  les  auteurs  aux  provenances  russe  et 
américaine,  le  procédé  a  été  étendu  par  nous  aux.  autres  provenances. 

5.  Température  critique  de  dissolution,  ou  température  à  laquelle  une  solution 
d'un  produit  dans  un  dissolvant  approprié  (nous  avons  adopté  C'H''01I  à  96",  5),  ob- 
tenue par  chaulTage  à  volumes  égaux  en  tube  scellé,  jusqu'à  limpidité,  se  trouble  par 
refroidissement. 

6.  Température  de  trouble  ou  température  à  laquelle  une  solution  d'un  produit 
dans  un  dissolvant  approprié  (nous  avons  adopté  l'anhydride  acétique),  mélangés  préa- 
lablement à  volumes  égaux  et  chauffés  en  tube  ouvert  jusqu'à  limpidité,  se  trouble 
par  refroidissement. 

7.  L'indice  d'iode,  permettant  de  constater  la  présence  de  carbures  de  dissociation 
(cracking)  préjudiciables  au  rendement  photométrique  et  des  distillats  pyrogénés  du 
schiste,  boghead,  etc. 

A  l'aide  de  Tableaux  de  caractères  moyens,  on  est  rapidement  orienté  au 
point  de  vue  de  la  provenance,  et,  si  Ton  dispose  de  Tableaux  régionaux,  le 
produit  exaininé  peut  même  être  localisé. 

Les  exemples  cités  sont  limités  aux  densités  de  0,780;  0,800;  0,820  et 
aux  températures  de  iSo",  200",  aSo"  et  aux  provenances  importées  :  améri- 
caine, russe,  roumaine,  galicienne,  schiste. 

Nous  avons  dressé  un  certain  nombre  de  Tableaux  complets  (densités 
variant  de  0,010),  cjue  nous  nous  proposons  de  publier.  Les  Tableaux 
suivants  résument  quelques  exemples  d'observations  basées  sur  les  caractères 
énumérés  et  représentent  les  moyennes  de  nombreux  essais  de  différentes 


l34o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

régions  de  chaque  provenance  : 

I.  —  Caractères  distinctifs  en  fonction  des  densités. 


Température 

Indices 

Températures 
critique 

ae  rcjractio, 
des  tempe 

Température 

ri  a  iD°L..  en 
ratures  d'éb, 

Jonction 
ullilion. 

Indice 

d'obiillition 

— 

de  dissolution 

de  trouble 

d'ébullilion 

de 

Densité 

en  degrés 

de  réfraction 

de 

en  degrés 

en  degrés 

en  degrés 

Densité 

réfraction 

l'rovenniirc. 

à  i5'C. 

cenli};rades. 

à  i5°C. 

solubilité. 

centigrades. 

centigrades. 

centigrades. 

à.r.°c. 

à  i5"C. 

Américain. . 

.       0,780 

•9' 

1,4345 

93 

5o 

78 , 5 

l5o 

0,754 

I ,42o3 

» 

800 

227 

453 

'.'7 

68,5 

91 

200 

785 

372 

» 

820 

266 

564 

,54 

87 

io4,5 

2  5o 

811 

5i5 

Russe 

0,780 

i58,5 

1,4309 

75 

36 

66 

l5o 

0,775 

1,428a 

»       

800 

182 

419 

85 

47.5 

72 

300 

812 

488 

»       

820 

219,5 

533 

92 

60 
limpide 

79.5 
i 

25o 

84a5 

670 

Roumain  .  .  . 

0,780 

i53 

1,4334 

73 

à  la 

température 

ambiante 

(. 

i5o 

0,7785 

1,4324 

»         .  .  . 

800 

•79 

458 

79.'^ 

3o 

57 

200 

8i4 

538 

»         .  .  . 

820 

207 ,5 

572 

90,5 

42 

63,5 

25o 

861 

799 

Galicien.  .  .  . 

0,780 

i6fi 

1,4356 

74 

3i 

60 

i5o 

0,7665 

1,4278 

»        

800 

202 

466 

94 

53 

75,5 

200 

799 

460 

»        .... 

820 

242 

586 

125,5 

72,5 

89,5 

25o 

824 

610 

Scliisle 

0,780 

167,5 

1,4373 

74 

3i 

54,5 

i5o 

0,766 

1,4302 

»       

800 

198 

469 

92,5 

42,5 

63 

200 

801 

474 

«       

820 

227,5 

568 

109 

54 

7' 

25o 

835 

883 

8.  Indice  d'iode.  —  Cette  constante  est  variable  suivant  la  teneur  en 
hydrocarbures  inicoinplets,  par  conséquent  fonction  du  dcijré  de  pyro- 
génation.  A  titre  d'indication  : 

L'indice  d'iode  du  raffiné  américain  contenant  des  produits  de  dissocia- 
tion (cracking,  moyen)  varie  de  20  a  25;  l'indice  d'iode  des  produits  du 
schiste  varie  pour  les  essences  de  ^5  à  iio;  pour  les  lampants,  de  65  à  yS. 
Pour  les  dérivés  normaux  du  naphte,  l'indice  d'iode  oscille  entre  o  et  7. 

Remarque.  —  Pour  les  huiles  de  graissage  nous  poursuivons  notre  travail, 
mais  dès  maintenant  nous  pouvons  mentionner  un  exemple  pour  préciser 
la  partie  à  tirer  des  procédés  précipités  : 

Huiles 

russe  (à  broches).  américaine  (  à  cylindres). 

Densilé  à  i5''C 0,894  0,891 

Indice  de  réfraction  à  i5'>C i,48S8  i,495o 

Température  critique  de  dissolution.               iSo^C.  I94''C. 

Degré  d'inflammabilité  (Luchain)...               igS^G.  255°G. 

Congélation Iliiide  à — r^^G.  solide  à  o'C. 


SÉANCE  DU  23  MAI  191O.  l34l 

Enfin,  pour  la  recherche  de  la  paraffine  dans  la  ccrésine,  notre  méthode 
guide  sûrement  l'essai.  Les  exemples  qui  suivent  précisent  notre  pensée  : 

Paraffine  3RB      Paraffine  4K  Cérésine 

(pétrole).  (schistes).         (ozokérite). 

Point  de  solidification  (tube  capillaire).       5^'',7  47°>6  66°, 9 

Indice  de  réfraction  à  ioo°C i,4'85  i,4i6i  r,4268 

Température  critique  de  dissolution. ..  .         148"  i4i°  172°,  5 

Solubilité  dans  CS^  à  i5°  (pour  100'^'"' 

de  solution  saturée) '19,07  34", 65  1,97 

Indice  d'iode o,3  0,1  o,5 

Conclusion.  —  Par  rapprochement  des  résultats  observés  par  les  divers 
procédés,  on  constate  qu'ils  permettent  non  seulement  de  déterminer 
l'oiigine  d'un  naphte  ou  de  ses  dérivés,  mais  la  composition  approximative 
des  coupages  commerciaux.  - 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Condensation  de  l'étlter  oxalique  avec  l' éther  Iricar- 
ballylique.  Note  (')  de  M.  H.  Gault,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

L'élher  oxalique,  en  présence  d'éthylate  de  sodium  sec,  se  combine  molé- 
cule à  molécule  à  l'éther  tricarballylique  en  conduisant  à  un  mélange  à'éther 
monoxaltricarballylique  et  àHélher  dicètopentaniéthylène-{cyclopenlanedione)- 
tricarbonique .  Les  proportions  respectives  de  chacun  de  ces  éthers  dans  le 
mélange  varient  avec  les  conditions  dans  lesquelles  on  effectue  la  conden- 
sation. 

L'étude  de  l'élher  monoxaltricarballylique  devant  former  l'objet  d'une 
communication  ultérieure,  je  me  bornerai  à  exposer  dans  cette  Note  le 
résultat  de  mes  recherches  concernant  l'éther  cyclopentanedionetricar- 
bonique. 

Ce  composé,  qui  s'obtient  avec  un  rendement  d'environ  70  pour  100,  a 
été  déjà  préparé  dans  des  conditions  différentes  par  Wislicenus  (-).  Il  fond 
à  127°  (au  lieu  de  i23°),  colore  le  perchlorure  de  fer  en  rouge  violacé  et 
fournit  facilement  une  diphéuylhydrazone  et  une  disemicarbazone. 

La  constitution  de  cet  éther  peut  être  vérifiée  à  l'aide  d'une  propriété 
commune  à  tous  les  dérivés  oxalacétiques  :  l'acidité  de  l'atome  d'hydrogène 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  17  mai  1910. 

(')  Wislicenus  et  Schwaîihauseb,  Ànn.,  t.  CCXCVII,  p.  io5. 


l342  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

énolique.  Celle  acidité  est  telle  que  la  plupart  de  ces  composés  se  laissent 
titrer  facilement  en  présence  de  phénolphtaléine,  à  condition  d'observer 
certaines  conditions  sur  lesquelles  j'aurai  l'occasion  de  revenir  dans  une 
Communication  prochaine.  Dans  le  cas  du  composé  qui  nous  occupe,  en 
particulier,  un  simple  titrage,  révélant  l'existence  de  deux  hydrogènes 
acides  dans  la  molécule,  permet  de  lui  attribuer  la  formule  suivante  : 

HO  — C- — C-OH 

C{C00C^H5)— .CH(C00G°-H5  — C(COOC^H^ 

L'éthcrcyclopcnlanedionetricarboniquese  laisse  1res  facilement  saponifier 
par  l'acide  chlorhydrique  étendu  à  l'ébuliition,  contrairement  aux  indica- 
tions de  Wislicenus  (')  qui  insiste  sur  l'impossibilité  de  saponifier  ce 
composé,  soit  par  les  alcalis,  soit  par  les  acides  étendus  à  l'ébuliition. 

Suivant  les  conditions  dans  lesquelles  on  se  place,  on  peut  obtenir  deux 

produits  différents.  l*]n  arrêtant  la  saponification  dès  que  la  dissolution  du 

produit  primitif  est  complète,  ce  qui  correspond  à  peu  près  au  dégagement 

d'une  molécule  d'acide  carbonique,  on  oblienl,  par  évaporation  de  la  solution 

chlorhydrique  au  bain-marie  dans  le  vide,  Véther  acide  cëlopenlanedione- 

dicarboniqite 

CO GO 

CH- —  GH(COOH)  —  CH(COOC^IF) 

sous  forme  d'une  huile  épaisse  qui,  abandonnée  à  elle-même,  ou  mieux, 
redissoute  dans  une  petite  quantité  d'acide  acétique  à  chaud,  se  prend  en 
masse  par  refroidissement.  Le  produit  obtenu  est  très  soluble  dans  l'eau  et 
l'alcool,  peu  soluble  dans  l'éther  et  l'éther  acétique,  insoluble  dans  le 
benzène  et  l'éther  de  pétrole.  11  fond  à  i  3^°,  colore  le  perchlorure  de  fer  en 
rouge  violacé  et  fournit  facilement  une  diphénylhydrazone  recristallisant 
dans  l'alcool  [fus.  :  igo°  (décomp.),  par  projection  sur  le  bain  de  mercure]  et 
une  disemicarbazone  recristallisant  dans  l'eau  bouillante.  Ce  composé,  titré, 
est  monoacide  à  l'hélianthine,  diacide  à  la  phénolphtaléine.  On  peut  donc, 
d'après  la  propriété  des  dérivés  oxalacéliques  que  j'ai  signalée  au  début  de 
cette  Note,  lui  assigner  la  formule  de  constilulion  suivante,  vérifiée  d'autre 
part  par  l'analyse  et  celle  de  ses  dérivés  : 

CO C-OH 

CYi}  —  CH(COOH  1  —  C(COOC^H\ 

(')  Wislicenus  et  Sciiwanhaûser,  Ann.,  t.  CGXCVll,  1896.  p.  107. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  l343 

En  prolongeant,  au  contraire,  la  saponification  chlorhydrique  jusqu'à 
cessation  du  dégagement  gazeux,  ce  qui  correspond  au  départ  de  deux  molé- 
cules d'acide  carbonique,  on  obtient,  par  évaporation  de  la  solution  rési- 
duelle au  bain-marie  dans  le  vide,  un  produit  se  prenant  instantanément  en 
masse  et  qui  n'est  autre  que  l'acide  cyclopentanedionemonocarbonique.  Ce 
composé,  très  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool,  peu  soluble  dans  l'éther  et 
l'éther  acétique,  insoluble  dans  le  benzène  et  l'éther  de  pétrole  fond  à  137" 
(le  mélange  avec  Fétlier  précédent  fond  à  112°)  et  colore  le  perchlorure  de 
fer  en  rouge,  mais  plus  faiblement  que  les  produits  précédents.  Il  fournit 
également  une  dipbénylhydrazone  [fus.  :  220"  (décomp.),  par  projection  sur 
le  bain  de  mercure]  et  une  disemicarbazone,  hygroscopique,  recristallisant 
dans  l'eau  bouillante.  Le  titrage  de  cet  acide  à  l'hélianthine  ne  donne  pas  de 
résultats,  le  virage  étant  incertain.  A  la  phénolphtaléine,  au  contraire,  il 
indique  dans  la  molécule T'existence  de  deux  fonctions  acides.  Sa  solution 
aqueuse,  d'autre  part,  décolorant  instantanément  le  permanganate  de 
potassium  à  froid  et  réduisant  le  nitrate  d'argent  ammoniacal,  on  est 
conduit  à  lui  attribuer  la  formule  de  constitution  suivante,  analogue  à  celle 
indiquée  par  Dieckmann  pour  la  cyclopentanedione, 

CO C  —  OH. 

CH-CH(COOI1)-CI1 

.lai  Tintention  d'étendre  ces  recherches  aux  homologues  de  l'éther  tricar- 
ballylique  et  à  un  certain  nombre  d'éthers  tribasiques,  en  particulier  à 
l'éther  citrique. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  s,ytilhèse  de  i érylhnte  naturelle  et 
de  l'érythrite  racérnique.  Note  de  M.  H.  Pariselle,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

Dans  une  précédente  Communication  sur  le  butane-triol  ('  ),  j'ai  indiqué 
la  préparation  de  l'épibromhydrine 

CH^— CH  — CH'-CH^Br. 
O 


(')   I'ariselle,  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  p.  290. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  21.)  I76 


l3/|/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(Je  corps  cliaulîé  avec  de  la  potasse  pulvérisée  m'a  donné,  après  rectifica- 
tion, un  licjuide  présentant  les  caractères  des  oxydes  d'éthylène  et  des  corps 
cthyléniques.  Son  étude  fera  l'objet  de  la  présente  Note. 
Oan-i.2,  buténe-'5.[\ 

GI1=— Cii  —  OU  =  CtP. 
\/ 

o 

C'est  un  liquide  incolore,  très  mobile,  dont  l'odeur  rappelle  celle  de  son 
isomère  l'iiydi'ofurfurane.  Voici  quelques  constantes  physiques  de  ce  corps 
(point  d'ébullilion,  70"  sous  -60'"'"  )  : 

d„ o , 9006 

d, 0,87 

«iV 1 ,4i6 

R„, r. .   20,10 

Calnulé 19>72 

A  partir  de  cet  oxyde,  j'ai  pu,  en  suivant  les  indications  de  M.  Lespieau, 
préparer  l'érythrol  non  encore  obtenu  synlhétiquemcnt  et  ultérieurement 
les  deux  érythrites  inactives. 

BuTÈNE-DiOL  OU  ÉRYTHROL  CH-OHCHOHCH  :=CII"-.  —  En  agilani  ro\ybulène  avec 
de  l'eau  additionnée  de  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique,  il  se  produit  un  grand 
dégagement  de  chaleur.  La  réaction  calmée,  le  tout  est  chaufFé  pendant  plusieurs 
heures  dans  un  appareil  à  reflux.  Il  se  forme  sur  les  parois  du  ballon  un  produit  solide 
provenant  de  la  polymérisation  d'une  partie  de  J'oxyhuténe.  La  solution  aqueuse, 
débarrassée  de  ce  solide,  est  distillée  dans  le  vide. 

Après  rectification,  j'ai  obtenu  un  lic[uide  sirupeux,  distillant  à  91  "-93° 
sous  12"^"'. 

Tj'érytlirolqu'Henninger  ('  )  avait  obtenu  à  partir  de  l'érytluite  naturelle 
bouillait  à  196"  sous  760""". 

'/u i-o5 

"11' 1,469 

R,„ 23,34 

Calculé 23, 16 

C^c  g'iycol  chaufl'é  en  tube  scellé  avec  de  l'isocyanate  de  phényle,  dans  les 
proportions  de  i"'"'  de  glycol  pour  2"*°'  d'isocyanate,  m'a  donné  une  diuré- 
tliane[iNHC«H'CO^]=C'H''  fondant  à  12^-^26". 

(')   llKNMXii.R,  Aiin.  dr  Chim,  el  de  J'hrs.,  6''  série,  l.  \'I1,  p.  21  3. 


J 


SÉANCE  DU  2.3  MAI  1910.  -     13/(5 

Érylhrite  naturelle.  —  Par  fixation  de  deux  oxhydriles  sur  ce  bulène-diol 
je  devais  retomber  sur  rérytliiile. 

M.  Lespieau,  à  qui  Ton  doit  une  synthèse  de  l'érythrite  naturelle  ('),  ayant  employé 
ayec  succès  le  permanganate  de  baryum,  j'ai  utilisé  ce  sel  de  préférence  au  perman- 
ganate de  potassium. 

l'ans  la  solution  aqueuse  de  l'èrythrol,  maintenue  constamment  à  une  température 
inférieure  à  0°,  on  fait  tomber  goutte  à  goutte  une  solution  de  permanganate  de  ba- 
ryum à  T  pour  100.  Après  filtration,  la  barvte  est  précipitée  par  l'acide  sullurique. 
L'eau  est  chassée  par  ébullition  dans  le  vide. 

J'ai  obtemi  ainsi  un  liquide  épais  qui  a  d'abord  laissé  déposer  des  cristaux 
d'oxalate  de  manganèse 

r=0'Mn  +  3iP0. 

Le  sirop  restant,  après  introduction  d'un  germe  d'érytlirite  naturelle,  a 
été  placé  sous  une  cloche  à  vide  pendant  1 5  jours.  Au  bout  de  ce  temps  la 
niasse  contenait  une  grande  quantité  de  cristaux.  Le  tout  étendu  sur  des 
assiettes  poreuses  a  laissé  déposer  un  solide  blanc  qui,  après  cristallisa  lion 
dans  l'alcool  bouillant,  fond  à  i  iG^-riH".  C'est  Térythrite  naturelle. 

Je  l'ai  caractérisée  par  son  acétal  dibenzoïque  préparé  d'après  la  méthode 
de  Fischer  Ç).  L'érythrite  dissoute  dans  l'acide  chlorhydricjue  est  agitée 
.avec  de  l'aldéhyde  benzoïque.  L'acétal  obtenu  fond  à  200°  (non  corr.  ). 

Érylhrile  racémique.  —  Les  assiettes  poreuses  qui  avaient  absori)é  le 
liquide  englobant  les  cristaux  ont  été  pulvérisées  puis  épuisées  à  l'eau  bouil- 
lante. L'eau  ayant  été  chassée  par  ébullition  dans  le  vide,  il  est  resté  un 
sirop  qui,  étendu  d'acide  chlorhydrique  et  agité  avec  de  l'aldéhyde  ben- 
zoïque, s'est  pris  en  une  masse  cristalline. 

Ce  corps  dissous  dans  une  grande  quantité  d'alcool  bouillant,  cristallise 
par  refroidissement  sous  la  forme  d'aiguilles  soyeuses  fusibles  à  2i7°-2i9" 
(non  corr.).  Il  est  identique,  par  sa  composition,  sa  forme  et  son  point  de 
fusion,  à  l'acétal  dibenzoïque  de  l'érythrite  racémique  dont  la  découverte 
due  à  M.  Griner  (■'  )  a  été  confirmée  par  les  recherches  de  MM.  Bertrand  et 
Maquenne  (  '  ). 


(')  Lespieau.  Comptes  rendus,  t.  CXLI\  .  p.  i^ô. 

(-)  Fischer,  Ber.  cl.  deulsch.  chem.  G.,  t.  XW'II,  p.  1024. 

(')  Gri.n'er.  Comptes  rendus,  t.  CXVII,  p.  553. 

(*)  Bertrand  et  Maqienne,  Bull.  Soc.  chim.,  i'  série,  t.  XXV,  p,  743. 


l346  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'obtention  simultanée  des  deux  érythrites,  à  partir  du  butène-diol, 
montre  que  la  fixation  des  deux  oxhydriles  sur  la  double  liaison  s'est  faite 
suivant  les  deux  modes  que  la  théorie  permettait  de  prévoir. 


THERMOCIIIMIE.  —  Chaleur  de  fixation  de  l'acide  hromhydrique  de  quelques 
composés  èlhy Uniques.  Noie  de  MM.  W.  Lougci.vixe  et  G.  Dupont,  pré- 
sentée par  M.  Emile  Jungfleisch. 

A.  Berthelot  (')  a  déterminé  la  chaleur  de  fixation  des  hydracides  sur 
Famylène,  par  l'action,  sur  le  carbure,  d'une  solution  aqueuse  d'hydracide. 
Cette  méthode  présentait  une  forte  imprécision  tenant,  surtout,  à  la  faible 
traction  du  carbure  entrant  en  combinaison  et  à  l'impossibilité  de  déter- 
miner, avec  exactitude,  cette  fraction. 

Amenés,  comme  suite  naturelle  des  travaux  de  l'un  de  nous(-)  sur  la 
chaleur  d'addition  du  brome  à  quelques  composés  éthyléniques,  à  étudier 
la  chaleur  de  fixation  de  l'acide  hromhydrique  sur  ces  mêmes  corps,  nous 
avons  cherché  une  méthode  de  détermination  plus  précise  que  celle  de  Ber- 
thelot. Nous  sommes  arrivés  à  des  résultais  satisfaisants  en  remplaçant 
simplement,  comme  solvant  des  hydracides,  Teau  par  le  xylène.  Les  avan- 
tages de  cette  substitution  sont  multiples  :  i°  le  milieu  est  homogène  et,  par 
suite,  la  réaction  est  plus  régulière  et  rapide;  2°  le  dégagement  de  chaleur 
osl  plus  fort  pour  une  même  quantité  d'acide  combiné,  car  la  chaleur  de 
dissolution  de  cet  acide  dans  le  xylène  est  beaucoup  moins  forte  que  dans 
l'eau;  3°  enfin,  et  c'est  là  l'avantage  le  plus  important,  il  nous  a  été  pos- 
sible, par  un  excès  suffisant  d'hydracide,  d'obtenir  des  réactions  complètes, 
éliminant  ainsi  les  erreurs  de  dosage  de  l'hydracidc  combiné. 

Nous  étions  avertis  de  la  totalité  de  la  réactix)n,  par  la  constance  des  résultats 
obtenus  en  se  plaçant  dans  des  conditions  de  concentration  très  différentes.  Des  dosages 
acidimétriques  venaient,  d'ailleurs,  contrôler  ce  fait  avec  toute  la  précision  qu'on 
pouvait  attendre  d'eux.  Dans  tous  les  cas  dont  nous  nous  occupons  aujourd'hui  les 
icactions  étaient  pratiquement  totales  dès  que  la  quantité  d'acide  bromliydrique  était 
supérieure  au  double  environ  de  la  quantité  théorique.  Les  concenlrations  initiales  des 
solutions  bromliydriques  étaient  voisines  de  8  pour  100. 

Le  dispositif  expérimental  était  le  suivant:  le  corps  était  placé  dans  une  ampoule, 
au  sein  de  la  solution  bromhvdrique.  au  fond  d'un  vase  de  platine  placé  dans  le  calo- 

(')  BiîRTiiEi.OT,  Ann.  de  Pliys.  et  de  Chim.,  9=  série,  t.  V,  1876,  p.  295. 
(■-)  W.  l^oiîGiiiNiNE.  Comptes  rendus,  t.  l.ïO,  1910,  p.  91 5. 


SÉANCE    DU    23    MAI    I91O.  1 3^7 

rimèlre.  Un  écraseur,  dont  la  lige  traversait  le  bouchon  de  caoutchouc  qui  fermait 
hermétiquement  l'appareil,  permettait  de  briser  l'ampoule  au  moment  voulu.  La 
réaction  était  en  général  complète  au  bout  de  7  à  8  minutes. 

B.  L'utilisation  de  cette  méthode  nous  a  obligés  à  étudier  la  chaleur  de 
(lissolulion  de  l'acide  bromhydrique  dans  le  xyléne.  Nous  avons  construit  la 
courbe  représentant  la  chaleur  de  dissolution  Q  de  1™°'  d'acide  bromhy- 
drique en  fonction  de  la  concentration  x  de  la  solution.  Pratiquement, 
dans  les  limites  utiles,  cette  quantité  Q  peut  être  représentée  par  la  for- 
mule 

Q  =:  6,344  —  âl  coco:  -f-  18800OX-, 

X  étant  le  nombre  de  molécules  d'acide  dissous  dans  loo^  de  solution.  Con- 
naissant la  concentration  initiale  et  la  concentration  finale  en  acide  brom- 
hydrique dans  une  expérience,  il  nous  est  aisé  d'en  déduire  la  chaleur  de 
dissolution  de  l'acide  bromhydrique  qui  a  été  fixé  par  le  composé  éthylé- 
nique. 

G.  Voici  les  résultats  relatifs  à  six  corps  sur  lesquels  nos  recherches 
ont  débuté  : 

Ces  corps  sont  généralement  les  mêmes  que  ceux  qui  ont  été  utilisés  pour  les  expé- 
riences sur  la  chaleur  de  fixation  du  brome.  Leur  origine  et  leurs  constantes  physiques 
sont  les  mêmes. 

I.  Styrolène.  —  Nous  avons  trouvé,  dans  deux  expériences,  idôpi^'^'et 
iG6i5"'''',  ce  qui  donne  en  moyenne  16653"^'  par  molécule-gramme  pour  la 
réaction 

OMI'-  CH  =  CH,l„,.-h  riBr,,,=  C«H->—  CHBr  — CIl'.M,,  .  .  .+  i66;j3"'. 

II.  Caprylêne.  —  Trois  expériences  nous  ont  donné,  avec  des  concentra- 
tions finales  très  différentes,  iGSoi'^-'"',  16475*''''' et  16467'"'',  soit,  en  moyenne, 
16  481™'  pour  la  réaction 

C'H"  —  CM  =:  CH  —  Cll,]i,,  +  H  Biv,,^  C»Hi>  —  CHBr  —  CH''  -CH' .  . .  +  16481'=''.'. 

III.  /Imj/fi^e  (méthyl-2-butylène-2)  (').  —  Les  résultats  de  deux  expé- 
riences ontété  i7687''-'''et  17541''''',  soit,  en  moyenne,  i76i4™'par  molécule- 


(')  Bf.kthelot  {loc.  cit.)  indique  iSaoo"'  pour  cette  réaction;  peut-être  son  carbure 
n'était-il  pas  identique  au  nôtre? 


\'dl\S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gramme.  La  réacdon  peut  s'écrire 

(CH')^  =  C=CH-CH,L,.-+-IIBr,,.,z=(CIP)^=:CHBr-CH-— GH,^,,  ...-r-i76i4<^'i. 

IV.  MéthYl-i-penlène-:i.  —  Ce  corps,  oblenu  par  désli}dratalion  du 
diméthylpropylcarbinol,  bouillait  à  (34°-65°.  Il  nous  a  donné  19053'''''  et 
19964™',  soit,  en  moyenne,  19008''"'  par  molécule-gramme  pour  la  réaction 

(CH3)2  =  Gr;:CH  — G^llji^^.-H  H Br,,,=  ( CH^ )==  GBr  —  GIP— G'-H.fi,,. . .  . ^  igooS-'. 

Y.  Cyclohexène .  —  Ce  corps  nous  a  donné  pour  deux  expériences 
16304"""'  et  16280""',  soit,  en  moyenne,  16292""'  pour  la  réaction 

C«H,1,^,.  H-  HBr„,=  G«H"Br,L..  •  •  . -f-  16292"!. 

^  1.  Pulëgone.  —  Deux  expériences  sur  ce  corps  nous  ont  donné  i(l94o'''' 
et   16881""',   soit,   en  moyenne,    16  910""'  par  molécule-gramme  pour  la 

réaction 

G'ni'^Odiss.  +  IIBi-g„,=  G"'H'"Br(JtIiss.  ..  . -i- i(J()io"'. 

Tous  les  nombres  indiqués  sonl  relatifs  aux  corps  dissous  dans  le  xyléiie.  Mais  ces 
corps  étant  liquides,  ainsi  que  leurs  bromhydrates,  leur  chaleur  de  dissolution  est  très 
faible.  Par  suite,  les  nombres  indiqués  représentent  encore  sensiblement  la  chaleurqui 
serait  dégagée  par  les  corps  pris  à  l'étal  pur. 

D.  Les  résultats  sont  jusqu'ici  en  trop  petit  nombre  pour  pouvoir  en  tirer 
des  conclusions  précises.  Toutefois,  nous  trouvons  des  nombres  notablement 
plus  forts,  lorsque  la  double  liaison  est  voisine  d'un  carbone  tertiaire,  et  ce 
fait  est  lié  à  une  plus  grande  vitesse  de  réaction.  D'autre  part,  le  cas  de  la 
pulégone  semble  nous  montrer  que  l'existence  d'une  fonction  cétone  ne 
diminue  pas  notablement  la  cbaleur  de  fixation.  Nous  poursuivons  ces 
recherches. 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALiî.  —  Le  Plasmodiopliora  Brassice  Voronin, 
parasile  du  melon,  du  céleri  et  de  l' oseille -épinard.  Noie  de 
M.  Er.\est-F.-L.  Marcuand. 

.Jusqu'il  ce  jour  on  avait  pensé  ([ue  l'artection  parasitaire  connue  sous  les  noms  de 
lalndie  di^itoire.  i>ros-]iied,  hernie  du  chou,  niasse  ('),  si  dangereuse  en  raison  des 


(')  Dans  la  région  nantaise,  on  donne  à  celle  maladie  le  nom  de  masse;  les  ternies 
Ae  gros- pied  ow  liernic  sont  ii:norés. 


SÉANCE    DU    23    MAI    19IO.  1 349 

dommages  considérables  qu'elle  cause,  ne  se  rencontrait  que  chez  les  jjlantes  apparte- 
nant à  la  famille  des  Crucifères.  On  savait  que  non  seulement  toutes  les  variétés  du  chou 
commun  pouvaient  être  atteintes,  mais  que  les  raves,  les  navels  et  les  radis  n'étaient 
pas  à  Tabri  de  ses  attaques;  que  des  plantes  telles  que  les  Sinapis,  Lepidiiim,  Capsella, 
Matthiola.  Iberis  pouvaient  servir  d'hôtes  au  Plasmodiophora  Brassicœ. 

Mais  on  ignorait  que  le  MvKomycète  découvert  et  étudié  par  Voronin.  il  y  a 
SaansC),  pouvait,  dans  certaines  conditions,  infecter  des  plantes  maraiciières  de 
première  valeur,  n'oli'rant  aucune  affinité  avec  les  Crucifères,  ses  seuls  hôtes  connus. 

La  découverte  du  paiMsilisme  du  plasmodiuin  chez  les  (^ucurhitacées, 
les  Oiiibellifères  elles  Polygonacées  est  d'un  intérêt  capital  pour  la  culture 
maraîchère,  surtout  l'intensive.  Les  résultats  que  j'expose  dans  cette  Note 
ont  été  obtenus  à  la  suite  d'une  infection  expérimentale,  bien  involontaire, 
due  à  l'absolue  confiance  dans  la  spécificité  non  contestée  des  hôtes  ilu 
parasite  et  semblant  conférer,  jusqu'à  aujourd'hui,  une  sorte  d'immunité 
aux  plantes  appartenant  à  une  famille  autre  que  celle  du  chou. 

Le  2  mai  je  recevais  la  visite  de  M.  Louis  Cassard,  propriétaire-exploitant  d'une 
des  plus  importantes  cultures  maraîchères  de  la  banlieue  de  Nantes.  M.  Cassard 
apportait,  pour  la  faire  examiner,  une  lige  racinée  de  melon  parisien  (Prescoll  hàtif), 
présentant  de  nombreux,  renflements  et  nodosités  en  chapelet.  Ouestionné,  M.  Cassard 
me  dit  que,  l'automne  dernier,  il  avait  observé,  dans  une  culture  de  choux-fleurs, 
quelques  pieds  massés  qui  avaient  été  détruits;  mais,  cette  maladie  étant  assez  fiè- 
quente  chez  les  choux,  il  n'y  avait  pas  attaché  d'importance. 

D'après  tous  les  Traités  de  culture  maraîchère  et  les  ouvrages  de  pathologie  végétale, 
la  masse  ne  sévissant  que  sur  les  choux  et  autres  Crucifères,  la  contamination  lui 
semblait  improbable.  Il  avait  donc,  sans  la  moindre  appréhension,  employé,  pour 
recouvrir  le  terreau  de  ses  couches  à  melon,  delà  terre  provenant  de  l'ancienne  culture 
de  choux-fleurs;  i5o  châssis  sur  1200  consacrés  à  la  culture  forcée  du  cantaloup  pari- 
sien en  furent  couverts. 

Voyant  une  partie  de  ses  melons  dépérir,  il  éprouvait  quelque  inquiétude  devant  le 
dommage  causé  dans  ses  couches  et  était  venu  nous  trouver  pour  savoii-  à  quoi  s'en 
tenir. 

Grâce  aux  matériaux  remis  par  M.  Cassard,  des  coupes  multiples  furent 
pratiquées  dans  les  nodosités  de  la  racine  du  melon  et  dans  le  renflement 
turbiné  du  pivot  de  la  racine  d'un  jeune  chou. 

Ces  préparations  extemporanées  montrèrent  qu'il  n'y  avait  malheureusement  pas  le 
moindre  doute  à  avoir  quant  à  la  nature  de  l'affection  du  melon  ;  le  Plasmodiopliora 


(')   VonoNiN,    Mittlietl  :  Plasmodiophora  Brassic.e,  Ueber  der  KohlplJanzen-hernie 
(i'ringsheim  Jahrb.  Bolan.,  t.  \I,  1878.  p.  5^8-574). 


l35o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Brassicœ  Vor.   se  développait  dans  les  tissus  aussi  peu  résistants  que  succulents  de 
son  nouvel  hôte  avec  une  luxuriance  extraordinaire. 

Les  cellules  où  le  plasmodium  était  arrivé  au  terme  de  son  évolution  atteignaient 
une  taille  énorme;  les  spores  avaient  une  dimension  double  de  celle  constatée  dans  le? 
tissus  du  chou  servant  de  terme  de  comparaison.  Le  jour  même,  M.  le  D''  J.-E.  Che- 
nantais  examina  les  plantes,  confirma  la  détermination  et  constata  qu'en  dehors  de 
l'énorme  taille  des  cellules  sporulifères,  les  spoies  du  parasite,  chez  le  melon,  atteignent 
au  moins  dH-,  tandis  que  chez  le  chou  elles  oscillent  entre  iV-  et  2f^,  5;  dimensions  colos- 
sales si  on  les  compare  à  celles  assignées  par  Voronin  aux  spores  du  Plasiiiodiophora 
qu'il  étudia  en  Russie  (il^,6). 

Cette  difTéfence  de  taille  lient  tout  simplement  à  la  dillérence  de  consis- 
tance du  ti^su  de  l'hôte  et  au  forçage  de  la  cultufe  qui  le  place  dans  des 
conditions  éminemment  favorables  au  développement  du  parasite;  absorp- 
tion exagérée  des  racines  dans  un  terreau  riche  où  la  chaleur  et  Thumidité 
sont  constantes. 

Au  cours  d'une  visite  faite  le  18  mai  chez  M.  Cassard  pour  me  procurer, 
en  vue  d'expériences,  une  provision  de  racines  de  melons  infectés,  nous 
découvrîmes  dans  un  des  châssis  atteints  delà  masse  quelques  jeunes  plants 
de  céleri  oubliés  au  moment  du  repiquage  en  pleine  terre,  ils  furent 
arrachés  sur  ma  demande  et,  au  grand  étonnemenl  de  M.  Cassard,  les  racines 
de  rOmbellifère  présentaient  les  déformations  caractéristiques  du  parasi- 
tisme du  Plasmodiophora. 

Une  parelle  (oseille-épinard),  poussée  par  hasard  près  la  paroi  du 
coffre,  arrachée  également,  présenta  les  renflements  et  nodosités  observés 
chez  le  chou,  le  melon  et  le  céleri. 

Parelle  et  céleri  furent  sérieusement  examinés  au  Laboratoire  par 
M.  Chenantais  et  par  moi.  Le  microscope  nous  montra  le  fait  brutal  :  le 
myxomycète,  découvert  par  le  savant  russe  dans  les  racines  du  chou,  vit 
très  bien  dans  le  céleri  et  l'oseille-épinard!  Chez  cette  dernière  plante,  qui 
semble  lui  offrir  une  plus  grande  résistance  que  le  chou,  le  melon  et  le  céleri, 
le  plasmode  parasite  évolue  dans  des  conditions  un  peu  différentes. 

En  présence  d'un  fait  acquis  et  en  raison  de  la  facilité  avec  laquelle  le 
Plasmodiophora  lirassico'  change  d'hôte,  l'alternance  des  cultures  intensives 
et  forcées  devient  illusoire  comme  moyen  de  défense.  Dans  l'intérêt  delà 
culture  maraîchère,  il  y  a  lieu  de  rechercher  au  plus  tôt  un  moyen  pratique 
de  destruction  des  germes  du  parasite  qui  restent  dans  le  sol  sans  danger 
pour  les  plantes  qu'on  lui  confie. 

.le  liens  à  la  disposition  des  phytopathologistes  qui  voudront  bien  m'en 
faire  la  demande  des  racines  de  melons  parasités. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  l35l 

VITICULTURE.  —  Sur  une  méthode  de  traitement  contre  la  Cochylis 
et  /'Eudemis.  Note  de  MM.  J.  Capus  et  J.  Feytaui»,  présentée  par 
M.  Henneguy. 

La  Cochylis  {Cochylis  amhiguella  Hubner)  et  \  Eudemis  (Euderyiis  botrana 
Schiff.)  sont  des  Microlépidoptères  parasites  des  grappes  de  la  vigne.  Leur 
extension  au  cours  des  dernières  années  en  a  fait  un  redoutable  Héau  pour  la 
viticulture. 

Leurs  mœurs  les  rendent  très  difliciles  à  combattre;  en  ell'et,  les  chenilles 
de  la  première  génération  se  cachent  dans  des  fourreaux  formés  de  Heurs 
agglomérées  par  des  fils  de  soie;  celles  des  générations  suivantes  vivent  à 
l'intérieur  des  grains  de  raisin. 

Les  traitements  insecticides  dirigés  contre  les  chenilles  de  Cochylis  et 
à^ Eudemis iv  oui  pas  donné  jusqu'à  présent  de  résultats  pratiques  suflisanls. 

!\ous  avons  poursuivi,  de  i<)07  à  1901),  une  série  de  recherches  ayant 
pour  but  de  déterminer  l'époque  la  plus  favoral)le  à  l'application  de  divers 
insecticides  (sels  d'arsenic,  sels  de  baryum,  nicotine,  etc.). 

Nous  avons  reconnu,  dès  1907,  que  les  meilleursrésultats  étaient  obtenus 
par  l'application  de  ces  insecticides  avant  la  naissance  des  chenilles. 

En  1909,  nous  avons  voulu  déterminer  la  durée  de  la  période  favorable 
au  traitement.  Nous  avons  choisi  pour  cette  étude  deux  formules  types  :  la 
bouillie  cuprique  nicotiriée  et  le  chlorure  de  baryum  mélasse. 

Nous  avons  divisé  notre  champ  d'expériences  en  une  série  de  parcelles, 
dont  chacune  ne  devait  recevoir  qu'un  seul  traitement,  à  une  date  déter- 
minée. Les  applications  ont  été  faites  de  4  en  4  jours,  depuis  la  sortie  des 
premiers  papillons  jusqu'au  plus  fort  de  l'invasion  des  larves,  c'est-à-dire 
du  28  avril  au  10  juin  pour  la  première  génération,  et  du  5  juillet  au 
6  août  pour  la  seconde. 

Jjorsque  l'invasion  s'est  manifestée,  nous  avons  observé  sur  chaque  par- 
celle les  résultats  des  traitements,  en  comparant  le  nombre  des  larves 
existant  sur  les  ceps  témoins  et  sur  les  ceps  traités. 

Les  chiffres  d'efficacité  de  ces  traitements  successifs  nous  donnent  une 
courbe  d'abord  ascendante,  puis  descendante. 

Nous  convenons  à' a.ppele\'  période  favorable  la  période  pendant  la(juelle 
l'efficacité  se  maintient  au-dessus  de  ^5  pour  100. 

Nous  avons  obtenu  les  résultais  suivants: 

a.  Nicotine.  —  1°  Pour  le  traitement  contre  la  première  génération  (printemps),  la 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  21.)  177 


l352  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

période  favorable   a   duré   du    iSmaiau    i"''  juin;    i°    pour    le    Irailemenl  contre  la 
deuxième  généralion  (été),  du  i6  juillet  au  2  août. 

b.  Baryum.  —  1°  Pour  le  Iraitemeul  de  printemps  celte  période  a  duré  du  i3  au 
28  mai;  2°  pour  le  traitement  d'été  elle  s'est  étendue  du  5  au  26  juillet. 

Si  nous  comparons  la  courbe  d'efficacité  de  ces  insecticides  avec  les  courbes  repié- 
sentanl  le  nombre  des  papillons,  puis  le  nombre  des  larves  existant  dans  le  vignoble  le 
jour  de  l'application,  nous  remarquons  que  la  période  ascendante  correspond  à  l'aug- 
mentation du  nombre  des  papillons,  que  l'optimum  correspond  sensiblement  à  la  date 
de  leur  plus  grande  abondance,  et  que  la  période  de  décroissance  correspond  à  la  nais- 
sance des  larves. 

La  période  favorable  s'étend  de  la  sortie  générale  des  papillons  à  l'apparition  géné- 
rale des  larves. 

Les  résultats  pratiques  obtenus  par  les  traitements  dans  cette  période  dépassent  de 
beaucoup  tous  ceux  qu'on  avait  obtenus  par  l'application  des  mêmes  insecticides  au 
cours  de  l'invasion  des  larves. 

Divers  essais  faits  au  laboratoire  et  dans  le  vignoble  nous  ont  montré  que  la  supé- 
riorité du  traitement  préventif,  appliqué  pendant  cette  période  favorable,  est  due  aux 
causes  suivantes  : 

1°  Il  produit  une  action  inseclifuge  à  l'égard  des  papillons  et  diminue  les  pontes; 
2°  Il  exerce  une  action  insecticide  externe  sur  les  œufs  déjà  pondus; 
3°  Comme  il  est  répandu  uniformément  sur  les  capuchons   des   Heurs  ou  sur  les 
grains  avant  la  ponte,  les  larves,  au  sortir  de  l'œuf,  subissent  une  action  insectifuge 
qui  les  fait  mourir  de  faim  ou  une  action  insecticide  interne  qui  les  empoisonne. 
Les  traitements  effectués  pendant  l'invasion  ont  une  efficacité  atténuée  : 
1°  Parce  que  les  larves  cachées  à  l'intérieur  des  capuchons,  des  agglonaéralions  ou 
des  grains,  sont  à  l'abri  du  contact  de  l'insecticide  et  restent  en  présence  d'une  nour- 
riture non  empoisonnée; 

2°  Parce  que  les  larves  âgées  résistent  beaucoup  plus  que  les  jeunes  tant  à  l'action 
externe  qu'à  l'action  interne,  et  que,  pour  détruire  ces  larves  âgées,  il  faudrait  aug- 
menter la  puissance  de  l'insecticide  en  l'utilisant  à  des  doses  que  la  vigne  ne  sup- 
porte pas  toujours. 


ANATOMIE  CHIRURGICALE.  —  Résection  des  reines  afflnenles  de  la  crusse 
de  la  veine  saphène  interne.  Note  de  M.  R.  Robixson,  présentée  par 
M.  Labbé. 

Kn  iirappuyaiil  stir  mes  expériences  d'injections  veineuses  chez  le 
cadavre,  et  sur  trois  cas  de  chirurgie  expérimentale  chez  l'homme  vivant 
variqueux,  je  suis  arrivé  aux  résultats  suivants,  dont  l'importance  n'échap- 
pera pas,  j'espère,  à  l'attention  de  l'Académie. 

La  circulation  veineuse  des  membres  inférieurs  est  agencée  par  la  ris  a 
tergo^i  par  la  contraction  des  muscles  environnants,  par  la  disposition  des 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  l353 

valvules,  etc.  Ces  difFérents  agents  ne  sont  pas  toujours  à  même  d'assurer  la 
circulation  ;  la  preuve  en  est  que  la  station  debout  prolongée  rend  pénible 
le  mouvement  du  sang  dans  les  veines  et  donne  naissance  aux  varices,  ainsi 
que  Ton  voit  souvent  dans  certaines  professions.  Tout  cela  est  très  connu 
depuis  bien  longtemps,  et  Poiseuille  a  établi  ici  même  il  y  a  80  ans  les  lois 
générales  de  la  circulation  veineuse  dans  un  Mémoire  couronné  par  l'Institut. 
Mais  aucun  auteur  à  ma  connaissance  n'a  insisté  suffisamment  sur  un  fait 
qui  me  préoccupe  dans  cette  Note. 

La  circulation  de  la  saphcne  est  favorisée  paR  les  facteurs  connus  et  énu- 
mérés  ci-dessus;  elle  est  contrariée,  empêchée  par  les  veines  affluentes  qui 
viennent  se  jeter  sur  la  crosse  de  cette  veine,  l'allés  sont  nombreuses  ces 
dernières,  de  l\  à  8,  et  sont  constituées  par  les  veines  superficielles  de  la 
paroi  abdominale,  et  celles  des  enveloppes  des  organes  génitaux  externes.- 
Leurs  valvules  sont  disposées  en  sens  contraire  de  celles  de  la  sapliène  et 
l'on  comprend  aisément  pour  quelle  raison. 

En  établissant  une  circulation  artificielle  j'ai  observé  que  selon  la  disten- 
sion ou  la  rétraction  de  la  paroi  abdoniinale  la  pression  dans  les  veines  pou- 
vait varier  entre  4  et  i(3  de  mercure,  et  le  liquide  injecté  jaillissait  comme 
d'une  artère.  Dans  les  opérations  chez  l'homme  vivant  j'ai  constaté  le 
même  phénomène.  Ce  qui  m'a  amené  à  formuler  la  théorie  suivante  :  le 
sang  n'ayant  dans  la  saphène  qu'une  pression  variable  entre  o  et  3-4  et,  au 
contraire,  une  pression  variable  de  f\-\ii  dans  ses  affluentes,  ne  pourra  cir- 
culer que  grâce  à  la  parfaite  suffisance  des  valvules  ;  dès  que  celles-ci 
deviennent  insuffisantes,  la  circulation  ne  pouri'a  plus  s'effectuer  physiolo- 
giquement. 

En  me  basant  sur  cette  théorie,  j'ai  prié  M.  Kendirgy,  chef  de  clinique,  et 
M.  Jacoulet,  interne  à  l'Hotel-Dieu,  d'exécuter  chez  les  grands  variqueux 
la  simple  opération  suivante  :  mise  à  nu  de  la  crosse  de  la  saphène,  sépara- 
tion de  toutes  ses  affluentes,  section  de  ces  dernières  entre  deux  fils,  ferme- 
ture de  la  plaie;  anesthésie  locale.  Trois  malades  gravement  atteints  et  dont 
l'un  était  déjà  opéré  par  un  procédé  classique,  mais  sans  succès,  virent  leurs 
grosses  veines  variqueuses  s'affaisser  pendant  l'intervention  même  et  dispa- 
raître complètement  malgré  la  station  debout  prolongée  permise  au  bout 
d'une  semaine,  (^uand  on  pense  qu'une  grande  infirmité,  telles  les  varices, 
peut  céder  à  une  intervention  si  simple,  il  paraît  légitime  d'attendre  de  la 
part  des  chirurgiens  l'extension  de  ce  procédé  qui  est  basé  sur  les  notions 
exactes  de  l'Anatomie  et  de  l'expérimentation. 


1354  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PATHOI^O(;iE.  —  Cotisidérntinns  générales  sur  révolution  du  tréponème  pâte 
dans  Porganisme  humain.  Note  de  M.  Hai.i.opeau,  présentée  par 
M.  Lannelnnfiiie. 

i"  Contrairemenlà  l'opinion  généralement  admise,  cette  évolution,  dans 
sa  période  primaire,  est  presque  exclusivement  localisée  à  la  région  infectée, 
à  ses  lymphatiques  et  à  ses  ganglions  ; 

2°  On  ne  trouve,  à  cette  période,  des  tréponèmes  pâles,  qu'exceptionnel- 
lement, et  en  très  petit  nombre,  dans  la  circulation  générale; 

3"  L'immunité  que  l'on  constate  après  le  ii'' jour,  à  l'égard  de  nouvelles 
inoculations,  ne  peut  être  due  cpi'au  passage  dans  le  sang  de  produits  so- 
•luhles; 

V  Les  tréponèmes  pâles  sont  suracfi/s,  dans  la  période  primaire  de  leur 
évolution,  au  niveau  de  l'accident  primitif,  dans  les  tissus  qui  l'entourent 
et  dans  ses  ganglions  satellites; 

5"  Cette  suractivité,  ressort  des  caractères  mêmes  de  l'accident  primitif, 
du  développement  considérable  que  prennent  souvent  les  éruptions  qui  en 
émanent  directement  et  de  celle  cjui  résulte  de  l'ouverture  accidentelle 
d'un  de  ses  ganglions  satellites; 

()°  Ces  ganglions  forment  une  étape  dans  laquelle  les  tréponèmes  pâles 
suraclifs  font  place  à  des  tréponèmes  pâles  de  virulence  atténuée; 

;7"  ]jA  roséole  est  fonction  de  ces  adénopathies ;  elle  fait  défaut  lorscju'on 
évite  leur  intervention  par  des  injections  spécifiques  dans  les  régions  d'où 
émanent  leurs  vaisseaux  afférents; 

8°  L'infection  générale  par  le  tréponème  pâle  au  dél>ut  de  la  période 
secondaire  de  son  évolution  est  de  courte  durée; 

C'est  à  tort  qu'on  a  admis  l'existence  d'une  diathèse  syphilitique; 

9°  Un  syphilitique  en  pleine  éruption  secondaire  réagit  le  plus  souvent 
comme  un  sujet  sain  sous  l'influence  d'un  traumatisme; 

lo"  Pendant  toute  la  durée  de  leur  évolution,  les  tréponèmes  pâles  se 
multiplient  par  auto-inoculations: 

\  i"  Celles-ci  se  divisent  en  extra-inoculations  et  intra-inoculatwns  : 

12°  Les  extra-inoculations ,  malgré  l'insuccès  habituel  des  tentatives  d'ino- 
culation, jouent  un  nMe  prépondérant  dans  la  multiplication  locale  des 
manifestations  de  la  péiiode  secondaire  au  milieu  des  plis  nuKjueux  et 
cutanés; 


SÉANCE  DU  23  MAI  IQIO.  l355 

13"  Les  int.ra-inoculations  constituent  le  mode  prépondérant  de  propa- 
g:alion  des  tréponèmes  pâles  pendant  tout  le  cours  de  la  maladie; 

i4°  Lorsqu'un  nouveau  foyer  tertiaire  se  forme,  les  tréponèmes  de  son 
élément  initial  sont  d'ordinaire  suractifs; 

i5°  Les  éléments  éruplifs  sont  dus  à  la  réaction  variable  des  tissus  sous 
l'influence  des  toxines  produites  par  les  tréponèmes  pâles; 

i()'*  (]es  toxines  diffèrent  dans  leurs  effets,  et,  par  conséquent,  en  leur 
nature  intime,  dans  les  phases  successives  de  l'évolution  tréponémique, 
contestée  à  tort; 

17°  Il  est  indiqué,  par  la  localisation  prolongée  du  tréponème  pâle  dans 
la  période  primaire  de  son  évolution,  de  l'y  attaquer  par  un  traitement 
intensif  local,  sans  préjudice  du  traitement  général. 


CYTOLOGIE.  —  Etude  physicochiniique  sur  la  structure  de  noyaux  du 
type  granuleux.  Note  de  M.  E.  Fauré-Frémiet.  présentée  par 
M.  Henneguy. 

De  précédentes  recherches  sur  la  structure  intime  du  macronucléus  des 
Infusoires  ciliés  (*)  m'ont  engagé  à  étudier  celle  des  noyaux  granuleux  de 
quelques  cellules  glandulaires. 

Les  glandes  salivaires  des  Hydrocorises  sont  constituées  par  des  cellules 
très  volumineuses  à  l'état  adulte  et  contenant  un  gros  noyau  dont 
A.  Pettit  (^)  a  très  bien  décrit  la  structure  granuleuse  et  le  gros  nucléole 
plasmatique. 

Quelle  est  la  signification  de  cette  structure  granuleuse?  Les  observa- 
lions  suivantes  ont  été  effectuées  sur  les  glandes  salivaires  des  Notonecta 
glauca  et  marinorea  et  de  Nepa  cinerea.  Examinés  à  l'état  frais  dans  la 
cellule  encore  vivante,  ou  après  dissociation  dans  un  liquide  ph}  siologique, 
le  noyau  des  cellules  de  ces  glandes  se  présente,  chez  les  trois  espèces 
sus-nommées,  comme  un  corps  ovoïde  limité  par  une  membrane  résistante 
et  renfeimant  un  liquide  dans  lequel  on  peut  observer:  i"  de  très  fins  gra- 


(')  Fauré-Frémiet,  Conslilution  dit  macronucléus  des  Infusoires  ciliés  {Comptes 
rendus^  8  mai  1909). 

(  =  )  A.  Pettit  et  A.  Krohx,  Structure  des  glandes  salivaires  du  Notonecte  {Arc/i. 
d'Anal,  microscopit/ue,  t.  VII,  1905). 


l356  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nules;  2"  le  gros  nucléole  acidopliile;  3"  de  petits  globules  réfringents, 
basophiles,  dont  la  présence  n'est  pas  constante. 

Si  l'on  examine  ces  noyaux  avec  l'éclairage  ultramicroscopique  (Spiegel-Condensor 

de  Reichert),  on  observe  les  faits  suivants,  [n  vivo,  dans  la  cellule  encore  inaltérée, 

le  contenu  du  noyau  présente  une  luminosité  très  faible  et  égale,  sans  qu'on  puisse 

distinguer  de  granules  brillants.  C'est  l'état  de  nébuleuse  amicronique.  Sur  ce  fond 

uniformément  éclairé,  on  distingue  le  nucléole  et,  lorsqu'ils  existent,  les  globules  baso- 

../  NN\ 

philes.  Si  l'on  alcalinise  faiblement  le  milieu   (  NaOH— —  à )  la  luminosité  dis- 

V  700      1000/ 

paraît  progressivement  et  les  nucléoles  ainsi  que  les  globules  basophiles  restent  seuls 
visibles  sur  fond  obscur.  Si  l'on  isole  le  noyau  dans  l'eau  distillée,  on  revient  au  slade 
nébuleux  amicronique,  puis  quelques  granulins  animés  de  mouvements  browniens 
apparaissent.  Si  l'on  fait  agir  un  sel  de  métal  lourd  ou  un  acide  à  très  faible  concen- 
tration, les  granulins  deviennent  beaucoup  plus  nets  et  plus  nombreux,  et  le  contenu 
du  noyau  paraît  fortement  lumineux;  l'aspect  devient  identique  à  celui  qu'on  observe 
après  l'action  des  réactifs  fixateurs.  Mais  ces  structures  granuleuses  sont  réversibles 
si  les  réactifs  précipitants  ont  été  employés  à  des  concentrations  suffisamment  faibles 
et  l'on  peut  repasser  successivement  et  inversement  de  l'état  granuleux  à  l'état  obscur 
avec  l'état  nébuleux  comme  intermédiaire. 

Indépendamment  de  ces  variations  de  structure,  l'action  des  alcalis  à  faible  concen- 

/  N    .     N  \      ,  . 

tration  (  à  -z —  i  détermine  l'apparition  de  erros  et  nombreux  globules  basophiles 

V700      5oo/  "  "  ^  ' 

quand  ceux-ci  ne  préexistent  pas  et,  dans  le  cas  contraire,  augmente  considérablement 

leur   nombre  et  leur  volume.   Ces  globules,  qui  ne  peuvent  plus  repasser  à  l'étal 

dissous,  sont  identiques  par  leur  aspect  et  leurs  réactions  aux  nucléoles  chromatiques 

qu'on  rencontre  dans  un  grand  nombre  de  noyaux.  Il  s'en  forme  quelquefois  un  seul 

très  volumineux  qui,  accolé  au  nucléole  plasmatique,  est  une  réalisation  expérimentale 

du  nucléole  double  classique. 

Les  conclusions  suivantes  résultent  de  ces  faits  : 

I"  La  substance  intranucléaire  que  les  liistologisles  nomment  chrnmatl/ie 
se  trouve,  dans  le  noyau  normal  des  cellules  des  glandes  salivaires  des 
Hydrocorises  observé  in  vivo,  à  l'état  de  solution  colloïdale. 

Cette  solution  est  précipitée  à  Tétat  de  granulum  ou  de  réticulum  sous 
Faction  des  réactifs  fixateurs. 

In  l'ii'o,  sa  structure  est  liée  à  la  réaction  alcaline  ou  acide  du  milieu  et 
comprend  tous  les  intei  inédiaires  entre  l'étal  de  gel  homogène,  obscur  avec 
l'éclairage  latéral,  et  celui  de  sol  avec  granulins  hrillanis,  animés  de  mouve- 
ments browniens,  d'autant  plus  vifs  qu'on  dilue  le  solvant  par  absorption 
d'eau,  en  milieu  liypotonique  par  exemple. 

2°  Si  les  réactifs  alcalins  ou  acides  sont  employés  à  dose  très  faible,  la  série 
de  ces  états  est  in  !■  Uniment  réversible,  même  dans  un  noyau  isolé. 


SÉANCE  DU  23  MAI  191O.  l357 

3°  Indépendamment  de  ces  variations  d'èlat  physique^  la  chromatine  peut 
subir  sous  l'action  des  alcalis  une  transformation  irréversible  à'ordi-e  chimique 
qui  en  fait  un  composé  insoluble,  visqueux,  et  aboutit  à  la  formation  de 
gouttelettes  identiques  aux  nucléoles  nucleïniens,  tant  ])ar  leur  aspect  que  par 
leur  colorabilité. 

Ces  conclusions  relatives  aux  gros  noyaux  de  la  cellule  adulte  sont  égale- 
ment vraies  pour  ceux,  iSofois  moins  volumineux,  de  la  glande  jeune,  longue 
de  0'"'°,  5.  Or,  ces  petits  noyaux  présentent,  après  l'action  des  réactifs, 
le  même  aspect  réticulo-granulé  que  presque  tous  les  noyaux  des  petites 
cellules  glandulaires,  épithéliales  ou  autres. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Compa/riison  entre  le  mode  d'action  de  certains  sels 
retai'dateurs  et  des  protéines  du  lait  coagulable  par  la  chaleur,  sur  la 
caséification  par  les  présures  du  lait  bouilli,  ^fote  de  M.  C  Gerbek,  pré- 
sentée par  M.  Guignard. 

Le  cuivre,  le  mercure,  l'argent,  l'or,  les  métaux  du  groupe  du  platine, 
jouissent,  ainsi  que  nous  l'avons  établi  (  '  ),  de  la  propriété  de  retarder  consi- 
dérablement, à  doses  minimes,  la  caséification  par  les  présures  du  lait 
bouilli.  Pour  ne  citer  qu'un  exemple  :  l'^^s  de  HgCl"  par  litre  de  lait  bouilli 
rend  à  peu  près  2  fois  plus  lente  la  caséification  de  ce  liquide,  à  55°,  par 
une  dose  déterminée  de  papayotine  (Tableau  I);  avec2'^s^  cette  caséification 
devient  8  fois  plus  lente;  avec  4*"^,  Go  fois,  et  avec  8'"''',  i5o  fois;  dès  qu'on 
dépasse  cette  dernière  dose  et  jusqu'à  is  environ,  il  est  impossible  d'observer 
de  coagulation  dans  les  limites  de  l'expérience  (3o  heures).  Avec  le  lait  cru, 
l'arrêt  est  encore  plus  brusque;  le  même  Tableau  montre,  en  effet,  que  le 
retard  dans  la  caséification,  peu  important  pour  4'**  de  HgCP  (caséification 
3  fois  plus  lente),  est  considérable  pour  8'  '^  (caséification  60  fois  plus  lente), 
et  fait  rapidement  place  à  un  arrêt  total  ({ui  s'observe  encore  pour  4'"  de  ce 
sel. 

Tout,  dans  l'allure  du  phénomène,  fait  penser  à  une  action  anti,  et  porte 
à  admettre  que  les  sels  des  métaux  en  question  agissent  sur  le  diastase.  Il 
n'en  est  rien.  La  diastase  reste  intacte  dans  les  laits  incoagulés.  Si  l'on 
emprésure  du  lait  bouilli  pur  avec  des  doses  croissantes  de  ces  liquides,  on 
obtient  de  très  belles  coagulations,  obéissant  à  la  loi  de  proportionnalité 

(')  Réunion  biologique  de  Marseille,  séances  de  février,  mars,  avril,  mai  1910. 


l358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

inverse  et  se  faisant,  en  général,  dans  des  temps  sensiblement  égaux  à  ceux 
qu'on  observe  avec  des  quantités  de  présure  neuve  équivalentes.  Mais, 
ces  caséifications  ne  se  produisent  qu'autant  que  la  proportion  de  lait  incoa- 
gulé ajoutée  au  lait  bouilli  pur  est  inférieure  à  une  certaine  limite,  d'autant 
plus  élevée  que  la  teneur  du  premier  liquide  en  électrolytes  empêchants  est 
plus  faible. 

Tableau  I. 

Temps  nécessaire  à  la  caséilication,  à  .V'i",  de  5"""  lail  empiésiiré  avec  ot%oi  pa- 
payotine  Merck  el  préalablement  additionné  des  doses  croissantes  suivantes 
de  HgCI-  par  litre  : 


17. 

3'i. 

(iS. 

136.       -^ 

71.      ô'ci. 

1084. 

Î168. 

4300 

'7 

i/lo" 

360"" 

(')        ( 

')        (') 

720 

45"" 

I  2 

9 

i6 

3  00 

{')        ( 

')        (•) 

(') 

(') 

(') 

Milligrammes.        0.  1iS,5. 

l>ail  bouilli .  .      2  .^o       A-^o 
Lait  cru 5.4'J       6.  i,5 

Kn  tiii  mot,  ce  n'est  que  lorsque  les  doses  des  sels  empêchants  iiilioduiles 
dans  le  nouveau  lait  emprésuré  sont  inférieures  à  celles  qui  étaient  fortement 
retardatrices  dans  le  lait  emprésurant  que  la  diaslase  se  comporte  d'une 
façon  normale.  Ces  faits  ne  sont  pas  en  faveur  d'une  action  directe  du  sel 
empêchant  sur  la  diastase.  D'ailleurs  cette  dernière,  mise  en  présence  d'une 
dose  de  sel  25  à  loo  fois  supérieure  à  la  limite  inférieure  empêchante,  re- 
couvre graduellement  son  activité  primitive  par  une  dialyse  prolongée.  Au 
contraire,  le  lait  additionné  d'une  quantité  de  sel  légèrement  supérieure  à 
cette  limite  inférieure  empêchante,  reste  incoagulable  par  les  présures  du 
lait  bouiUi,  même  après  une  très  longue  dialyse,  l'analyse  du  liquide  dialyse 
montre  que  tout  le  métal  est  resté;  il  est  entré  en  combinaison  avec  la 
caséine. 

On  p€ut  donc  dire  que  les  sels  empêchants  de  cuivre,  argent,  mercure,  or, 
des  métaux  du  groupe  du  platine  agissent  non  pas  sur  la  diastase  proléoly tique 
(juils  détruiraient,  mais  sur  la  caséine  qu'ils  rendent  très  résistante  auv  présures 
du  tait  huudli,  en  se  combinant  avec  elle.  Ve  sont  des  retardateurs,  non  des  anti- 
corps. 

Le  lait  bouilli,  contenant  des  sels  des  métaux  précédents,  se  con)porte 
rigoureusement  comme  le  lait  cru  dans  sa  caséificalion  par  de  fortes  doses 
de  présures  du  lait  bouilli. 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  en  effet,  la  loi  reliant  la  vitesse  delà  caséification 
à  la  masse  de  diastase  s'écarte  de  la  même  manière  de  celle  qui  régit  le  lait 

(  ')  Pa.s  de  coagulation  au  bout  de  3o  heures. 


SÉANCE  DU  23  MAI  I910.  l359 

bouilli  pur.  C'est  ce  qui  ressort  nettement  de  l'examen  des  chiffres  gras 
du  Tableau  II  (  '  ). 

Tableau  II. 

Temps  nécessaire  à    la    raséification   de   'jcm'    lait  pur  ou  contenant  CiiSO'  et   HgCl-,  emprésuré 
avec  des  doses  décroissantes  des  présures  suivantes  : 

Vasconcellea  quercifolia,  55".  Ficus  carica,  5o°. 

Lait  Lait 

liouilli  :  CuSO',">aq.  par  litre.  bouilli  :  HsCI-  par  litre. 

OsOOO.           Os, 015.        01, (m.        Oe,-250.  pur.      0^000.          Of.Oli.     Oi.-,016.  0«,019. 

,'                     3r                  lOf               oo.-  /                /                   ^/                12/       Vif 

i"'     '      4.".' va'       Ckn'       \%Q  ^M        2'"     '     C'iQ        ^M 

«.i.ï       10.30       13.30       30  GO              3.1.3       2.45       45 


Dose 



de  solution 

présurantc 

cru 

dans 

pur. 

i'  lait. 

iv 

cm" 
0,32. .. . 

4."°  15 

0, i6. . . . 

45 

0,08 

] 

0,04. . . . 

\    r-) 

0,02. . . . 

0,01 . . . . 

11.30  25  35  70   1  G  5.45  70 

20.20  70  100  180  f  ,5,          i3  i3  iio 

43  180  280  36o  I  35  3o  i65 

100  36o  5io  600  ]  210  80  225- 

Dans  l'un  et  l'autre  cas  également,  il  suffit  d'une  très  légère  augmentation 
dans  la  teneur  du  lait  en  sel  empêchant  ou  en  lactoprotéine  pour  exagérer 
fortement  la  perturbation. 

C'est  ainsi  d'une  part  (Tableau  II)  qu'en  portant  la  teneur  du  lait  bouilli 
en  HgCl-,  de  i4'"'*  à  \6'"^,  on  voit  ce  liquide,  qui  se  comportait  aussi 
normalement  que  le  lait  bouilli  pur,  se  comporter  aussi  normalement  que 
le  lait  cru,  vis-à-vis  des  fortes  doses  de  présure  de  Figuier.  C'est  ainsi 
d'autre  part  qu'en  s'élevant  de  4'"')  10  à  5°,9o  par  litre  de  lait  cru,  les  lacto- 
protéines  font  succéder,  à  une  très  légère  dérogation  à  la  loi  de  proportion- 
nalité inverse,  une  très  forte  ('). 

Dans  l'un  et  l'autre  cas,  enfin,  la  diastase  protéolytiquc  ne  s'altère  pas 
dans  les  laits  incoagulés. 

Nous  pouvons  donc  étendre  aux  lacloproléines  coagulables  par  la  chaleur 
nos  conclusions  concernant  les  sels  des  métaux  retardateurs  et  dire  :  Les 


(')  Ces  chillVes  correspondent  à  des  doses  fortes  de  présure.  Ceux  qui  correspondent 
à  des  doses  faibles  accusent,  au  contraire,  des  difl'érences  profondes  entre  les  deux 
types  de  lait.  C'est  qu'alors  intervient,  dans  le  cas  des  laits  à  sels  empêchants,  un  tout 
autre  phénomène  que  celui  que  nous  étudions  actuellement. 

(.'^)  Pas  de  caséification  au  bout  de  10  heures. 

(^)  Réunion  biologique  de  Marseille,  21  janvier  1908. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N°  21.)  I?^ 


n 


l36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lactoglobuline  et  laclalhumine^  causes  de  la  résistance  du  lait  cru  à  la  coagula- 
lion  par  les  présures  du  lait  bouilli,  agissent  non  sur  la  diastase,  mais  sur  la 
caséine.  Ce  sont  des  retardateurs  et  non  des  anticorps.  Le  lait  cru  les  contient 
non  à  l'état  libre,  mais  à  l'état  de  combinaison  arec  la  caséine,  ces  trois  sub- 
stances constituant  un  complexe.  Ainsi  se  trouve  confirmée  Thypothèse  que 
nous  avons  émise  autrefois  ('). 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  migration  des  cdcaloides  dans  les 
greffes  de  Solanées  sur  Solanées.  Note  (-)  de  M.  M.  Javillier,  pré- 
sentée par  M.  (iuignard. 

En  octobre  1908  et  octobre  1909,  M.  Ed.  Griffon cjui,  depuis  cinq  années, 
poursuit  d'importantes  rechercbes  sur  «  la  variation  dans  le  greffage  et 
l'hybridation  asexuelle  »,  m'a  confié,  pour  en  faire  l'étude  chimique,  un 
certain  nombre  de  greffes  de  Solanées  sur  Solanées.  L'élude  de  la  migration 
des  alcaloïdes  du  sujet  au  greffon  et  réciproquement  n'est  certes  pas  nou- 
velle, mais  les  résultats  douteux  ou  contradictoires  en  présence  desquels 
nous  nous  trouvons  jusqu'ici,  nécessitent  de  nouvelles  recherches  (■'). 

M.  Griffon  m'a  confié,  entre  autres  greffes,  les  suivantes  : 

Greffes  simples  ."  (  i  )  Belladone  sur  Pomme  de  terre. 

Greffes  miœtes  (''):  (2)  Tabac  sur  Pomme  de  terre  ;  (3)  Belladone  sur 
Tomate  ;  (4)  Tomate  sur  Belladone. 

Les  analyses  ont  porté:  pour  la  recherche  de  V atropine,  sur  les  tubercules 
de  Pomme  déterre  [greffes  (i)],  les  fruits  des  Tomates-sujets  (3),  les  fruits, 
feuilles  et  tiges  de  Tomates-greffons  (4);  pour  la  recherche  de  la  nico- 
tine, sur  les  tubercules,  tiges,  feuilles  et  racines  des  Pommes  de  terre 
[greffes  (2)]. 


(')  C.  Gerber,  Les  actions  anliprésurantcs  du  lait  cru  vis-à-ris  de  quelques 
présures  x^égétales  (  Comptes  rendus  Soc.  liioL,  29  juin  1907). 

(')   Présentée  dans  la  séance  du  17  mai  1910. 

(•)  Voir,  pour  la  bibliographie,  le  Mémoire  qui  paraîtra  dans  les  Annales  de 
l'Institut  Pasteur. 

(*)  On  sait  que  dans  la  greffe  mixte  (Daniel)  on  laisse  sur  le  sujet  même  une  ou 
plusieurs  pousses  feuiilées  qui  assurent  en  partie  sa  nutrition  ;  on  les  pince  pour  éWler 
que,  par  un  dévelojipeinent  exagéré,  elles  ne  viennent  à  compromettre  la  vie  du  greffon. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  l36l 

Les  techniques  analytiques  employées  ont  été  :  pour  la  nicotine,  celle  que  nous  avons 
indiquée,  M.  G.  Bertrand  et  moi  ('  )  ;  pour  l'atropine,  une  méthode  basée  également 
sur  la  précipitation  de  l'alcaloïde  à  l'étal  de  silicotungstate,  méthode  dont  le  détail 
sera  donné  dans  le  Mémoire  relatif  à  celle  question  {').  L'atropine  a  été  caractérisée  au 
point  de  vue  chimique  par  la  réaction  de  Vitali,  au  point  de  vue  physiologique  par 
son  action  mydrialique. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 

1.  Greffe  simple  de  Belladone  sur  Pomme  de  terre.  —  La  recherche  de 
l'atropine  a  porté  sur  85os  de  tubercules.  Je  n'ai  pas  obtenu  la  réaction  de 
Vitali  et  Teffet  physiologique  a  été  négatif  ('). 

2.  Greffe  mixte  de  Tabac  sur  Pomme  de  terre.  —  La  recherche  de  la  nico- 
tine a  été  faite  sur  4;»^  de  tubercules.  La  liqueur  distillée  était  légèrement 
alcaline  à  l'alizarine  sulfoconjuguée  (alcalinité  correspondant  à  5'"^  de  nico- 
tine). Cette  liqueur,  acidulée  par  l'acide  chlorhydrique,  louchit  par  addition 
d'acide  silicotungstique;  il  se  fait,  à  la  longue,  un  très  faible  pi^écipité 
amorphe.  Ce  précipité  ne  saurait  être  identifié  avec  le  silicotungstate  de 
nicotine  cristallin  qu'on  obtient  dans  les  mêmes  conditions.  Il  ne  paraît 
pas  possible  de  conclure  à  la  présence  de  nicotine  (''). 

Un  autre  essai  a  porté  sur  les  organes  aériens  et  sur  les  racines  du  sujet. 
Le  résultat  a  été  identique  au  précédent. 

3.  Greffe  mixte  de  Belladone  sur  Tomate.  —  Deux  essais  ont  été  faits  l'un 
sur  65o^,  l'autre  sur  l\io^  de  Tomates  (fruits).  Dans  les  deux  cas,  la  réac- 
tion de  Vitali  a  été  douteuse.  La  réaction  physiologique  a  été  positive,  très 
faiblement  dans  le  premier  cas,  la  mydriase  ne  s'étant  produite  qu'au  bout 

(')  littll.  Soc.  ckiin.  /te  Fraiicu,  4''  série,  t.  V,  1909.  p.  241. 

(')  Annales  de  l'Institut  Pasteur. 

(^)  Un  essai  analogue  (Datura  sur  Pomme  de  terre)  a  été  tait  pour  la  première  fois 
en  i885,  par  Klinger.  Cet  auteur,  dont  Strasburger  rapporte  l'analyse,  aurait  trouvé 
de  l'atropine  dans  les  tubercules,  mais  en  proportion  extrêmement  faible.  Depuis  lors, 
l'expérience,  reprise  par  Lindemulh  et  Lewin,  puis  par  Arthur  Meyer  et  E.  Schmidt, 
a  fourni  des  résultats  négatifs.  D'après  un  nouveau  Mémoire  qui  vient  de  paraître 
(Flora,  mars  1910),  ces  derniers  auteurs  ont  reconnu  l'atropine  dans  la  tige  de 
Solanum  tuberosum,  sujet;  ils  n'ont  pu  la  caractériser  avec  certitude  dans  les  tuber- 
cules. Ils  pensent  que  l'atropine  passe  de  la  Stramoine  à  la  Pomme  de  terre,  mais  que 
l'alcaloïde  peut  atteindre  ou  non  les  tubercules. 

{')  Dans  leur  récent  Mémoire  {loc.  cit.),  A.  Meyer  et  E.  Schmidt  donnent  les  ana- 
lyses de  plants  greffés  analogues  à  ceux-ci  (greffes  simples  de  Tabac  sur  l^omnie  de 
terre);  ils  croient  pouvoir  conclure  au  passage  de  la  nicotine,  mais  on  ne  peut  s'em- 
pècJier  de  trouver  bien  fragiles  les  preuves  chimiques  qu'ils  fournissent  en  faveur  de 
cette  opinion. 


l362  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  3o  minutes  environ  et  de  façon  peu  accentuée,  mais  plus  nettement  dans 
le  second  cas. 

4.  Greffe  mixte  de  Tomate  sur  lielladone.  —  Un  premier  essai  porte  sur 
5ooB  de  Tomates  (fruits).  Il  est  très  nettement  positif,  aussi  bien  pour 
l'épreuve  chimique  que  pour  l'épreuve  physiologique.  Un  deuxième  essai 
porte  sur  isS^de  Tomates  provenant  d'un  autre  individu.  Ces  fruits  avaient 
été,  avant  toute  manipulation,  divisés  et  en  partie  desséchés  dans  le  vide  sul- 
furique,  si  bien  que  le  poids  de  laS*-'  indiqué  correspond  en  fait  à  un  chiffre 
4  à  5  fois  plus  élevé  de  matière  première.  L'épreuve  chimique  et  l'épreuve 
physiologique  ont  été  ici  encore  très  nettement  positives.  Un  troisième 
essai  porte  sur  25os  de  tiges  et  feuilles  de  Tomate-greffon.  Les  deux  réac- 
tions ont  été  négatives. 

De  ces  expériences,  que  je  compte  d'ailleurs  poursuivre  et  faire  porter  sur 
des  greffes  différentes,  est-on  en  droit  de  tirer  quelques  conclusions?  D'un 
côté,  il  y  a  des  résultats  négatifs;  ils  signifient  qu'avec  les  cjuantités  de  ma- 
tière première  mises  en  œuvre,  étant  données  les  limites  de  sensibilité  des 
méthodes,  il  n'a  pas  été  possible  de  déceler  l'alcaloïde  cherché.  On  ne  sau- 
rait dire  plus  et  affirmer  qu'aucune  trace  d'alcaloïde  n'a  franchi  le  bouri-elet 
de  la  greffe. 

Il  y  a  d'autre  part  des  résultats  positifs;  les  uns  le  sont  entièrement  et  ne 
laissent  aucune  place  au  doute;  d'autres  sont  moins  nets  et  n'acquièrent 
leur  valeur  que  rapprochés  des  précédents.  Ces  résultats,  qui  s'appliquent 
aux  greffes  mixtes  de  Tomate  sur  Belladone  et  réciproquement,  témoignent 
nettement  du  passage  de  l'alcaloïde  de  la  Belladone-sujet  ou  de  la  Belladone- 
greffon  à  travers  le  bourrelet.  Il  importe  de  remarquer  que  cette  migration 
d'alcaloïde  est  quantitativement  très  faible  (')  (elle  se  réduit  à  quelques 
milligrammes  dans  le  cas  le  plus  favorable)  et,  d'autre  part,  qu'elle  n'est 
acconqjagnée,  d'après  les  observations  de  M.  Griffon,  d'aucune  modification 
morphologique  digne  de  remarque. 

Mes  expériences  confirment,  comme  on  le  voit,  les  expériences  de 
M.  Ch.  Laurent  qui,  le  premier,  a  décelé  la  présence  d'un  alcaloïde 
mydriatique  dans  les  Tomates  provenant  de  greffes  simples  ou  mixtes  de 
Belladone  sur  Tomate;  mes  expériences  étendent  d'ailleurs  et  complètent 
celles  de  cet  expérimentateur,  car  M.  Laurent  n'avait  pu  déceler  l'alcaloïde 
dans    les  Tomates    provenant    de    greffes   de   Tomate  sur   Belladone,  et 

(')  Inlenlionnellement  je  n'ai  j)as  c<insigné  dans  celle  Noie  de  déterminations  (|uan- 
litalives,  Ijien  (]ue  celles-ci  aienl  élé  laites.  Je  reviendrai  plus  lard  sur  ce  point. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  l363 

c'est  précisément  dans  ce  cas  que  j'obtiens  les  résultats  les  plus  indiscu- 
tables. 

L'ensemble  des  faits  maintenant  connus  laisse  à  penser  que  la  migration 
d'une  substance  spécifique  de  1  un  des  individus  dans  l'autre  dépend  :  et  de 
la  substance  envisagée,  et  des  espèces  associées. 

Sans  doute,  il  est  vrai  que  «  dans  la  symbiose  artificielle  que  réalise  le 
greffage,  chacune  des  plantes  associées  conserve  sonchimisme  propre  »  ('), 
si  l'on  entend  par  là  que  l'un  des  conjoints  ne  devient  pas,  du  fait  du 
greffage,  capable  de  fabriquer  telle  substance  normalement  élaborée  par 
l'autre.  Mais  il  faut  ajouter  aussi  ([ue  si  «  certaines  substances  peuvent 
rester  localisées  dans  l'un  ou  l'autre  des  conjoints  »,  comme  c'est  le  cas 
pour  les  glucosides  cyanogénétiques  (-),  d'autres  peuvent  passer  de  l'un  à 
l'autre  et  qu'on  ne  saurait  ici  énoncer  de  règle  générale. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  concentration  en  saccharose  sur 
l  action  paralysante  de  certains  acides  dans  la  fermentation  alcoolique. 
Note  de  M.  et  M'"*"  M.  IIosexblatt,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Dans  une  Noie  publiée  antérieurement  (  ■')  nous  avons  indiqué  pour  cer- 
tains acides  les  concentrations  limites  qui  paralysent  complètement  la  fer- 
mentation alcoolique  du  saccharose. 

Toutes  ces  recherches  avaient  été  effectuées  avec  la  même  concentration 
en  sucre  (1,26  pour  100).  Nous  avons  repris  cette  étude  en  faisant  varier 
la  dose  de  saccharose,  afin  de  voir  si  la  marche  de  la  fermentation  en  serait 
influencée.  Au  cours  de  cesnouvelles  recherches,  dans  lesquelles  nous  avons 
utilisé  les  acides  sulfuriquc,  azotique,  acétique  et  oxalique,  nous  avons 
examiné  trois  cas  : 

i"  Cas  des  acides  aux  concentrations  limites  déterminées  antérieu- 
rement ('  ); 

2°  Cas  des  acides  aux  concentrations  très  inférieures  à  ces  doses  limites; 

3°  Cas  des  acides  aux  concentrations  moyennes  comprises  entre  les  deux 
précédentes. 

Les  e\périences  ont  été  eft'ectuées  d'après  le  mode  opératoire  suivant  :  on  préparait 
('  I   L.  GuKiNAHU,  Ann.  des  Se.  iiat.  :  fiolanique,  9'  série,  t.  VIL  190-,  p.  2(>i. 

(-1    L.  GuiGNARD.   loc.   cil. 

(^)   Co/>i/>(es  rendus,  l.  CXLX,  1909,  p.  Sog. 


l364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trois  séries  de  tubes  à  essais  contenant  chacun  io'^'"'de  solution  acide  avec  des  concentra- 
tions diflférentes  en  saccharose,  soit  i,25  pour  loo;  3.5  pour  loo;  5  pour  loo;  lo  pour 
loo  et  12,5  pour  loo.  Chaque  série  de  tubes  était  accompagnée  de  tubes  témoins  con- 
tenant des  quantités  correspondantes  de  sucre  dissous  dans  l'eau  pure.  Tous  ces  tubes 
contenaient  en  outre  loo^ede  levure  de  bière  haute  (')  et  étaient  placés  dans  un  bain- 
marie  réglé  à  -t-  28°, 5.  Une  série  a  été  analysée  après  un  délai  de  4o  heures,  l'autre 
après  80  heures,  et  la  troisième  après  200  heures:  le  sucre  restant  dans  chaque  tube  était 
interverti,  puis  dosé  par  la  méthode  de  M.  Gabriel  Bertrand  (-)  que  nous  avons  employée 
dans  nos  études  précédentes. 

Les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 

1°  Cas  des  acides  aux  concentrations  limites.  —  Pour  des  solutions  de 
saccharose  à  i,25,  2,5  et  5  pour  loo,  les  concentrations  limites  sont  restées 
les  mêmes;  nous  avons  trouvé,  en  effet,  pour 

M  - 

L'acide  sulfurique  —  (^)  ou    9,8  par  litre 


M 

azotique  — 

ou    7 

M 

acétique  — 

ou  3o 

oxalique  — 

ou     9 

(^uand  on  augmente  la  quantité  de  sucre,  ces  doses  dacides  deviennent 
insuffisantes  pour  arrêter  toute  fermentation  ;  ainsi,  à  partir  d'une  concen- 
tration en  sucre  de  10  pour  100,  une  petite  proportion  du  saccharose 
(3  à  4  pour  100)  subit  la  fermentation  alcoolique. 

On  n'arrête  complètement  l'action  de  la  levure  que  si  l'on  augmente  la 
concentration  des  acides;  aussi  bien  pour  la  dose  de  10  que  12, 5  pour  100; 
il  faut  atteindre  pour 

L'acide  sulfurique  ~  ou     19, t>  par  litre 

M 

T>        azotique  —      ou       9  » 

7 
»       acétique  2  M   ou  120  » 

1)       oxalique —     ou     12,800     » 


(')  De  la  même  origine  que  dans  les  expériences  antérieures. 

(■-)  fJtiU.  Soc.  citini.  de  France,  S""  série,  t.  XXXV,  1906,  p.  1285. 

(■')  Concentration  en  molécule-gramme  par  litre. 


SÉANCE  DU  23  MAI  IQIO.  l365 

Les  résultats  sont  à  peu  près  les  mêmes,  quelle  que  soit  la  durée  de  l'expé- 
rience;  il  n'y  a  pas  eu  de  différence  appréciable  entre  4o  heures,  80  heures 
et  200  heures. 

2"  Cas  des  concentrai  ions  1res  inférieures  à  la  limite.  —  Soit  pour 

L'acide  sulfurique  — —  ou  o.o^Q  par  litre 
'       2000  ^  ^ 

»       azolifiue  — —    ou  o,o63         » 
1000 

M 

»       acétique;—        ou  r,2oo        » 
oo 

■  •  ^ï  « 

»       oxalique  •; —      ou  0,100         » 

'         OÛO 

D'après  nos  recherches  antérieures  ('),  les  acides  n'avaient  à  ces  concen- 
trations presque  pas  d'influence  sur  la  fermentation. 

Nous  avons  reconnu  à  présent  que  les  variations  de  la  teneur  en  saccha- 
rose n'avaient  pas  non  plus  d'effet  appréciable.  Les  quantités  de  sucre 
fermenté  dans  les  tubes  contenant  les  acides  très  dilués  ne  différaient  que 
peu  de  celles  de  tubes  témoins. 

3"  Cas  des  concentrations  moyennes.  —  Comprises  entre  les  deux  précé- 
dentes, soit  pour 

M  e 

L'acide  sulfurique ou  0.980  par  litre 


100 


ou  o, 126 


»       acétique  —        ou  0,000         » 

^       10 

»       oxalique  ou  o,45o        » 

^       200 

Dans  ces  conditions,  une  partie  notable  (de  3o  à  80  pour  100)  du  sac- 
charose subissait  la  fermentation.  En  augmentant  la  concentration  en  sucre, 
les  quantités  de  saccharose  fermenté  n'augmentent  que  peu.  La  protection 
de  la  levure  contre  l'action  empêchante  des  acides  est  moins  grande  que  dans 
les  cas  jirécédents,  mais  elle  reste  encore  très  nette  comme  on  peut  s'en 

(')  Loc.  cit. 


l366  ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

rendre  coniple  par  les  expériences  suivantes  : 

Saccharose  liisparu  dans  locni'  de  solution  après  4"  heures 

avec  les  acides 

Saccharose  ,,     .  M  .M  ,  .         M  ,.  M 

sulturiqiic azotique; — •        acétique oxalique 

employé.  lemoins.  loo  .)oo  ^       iti  ^       mio 

B  B  "  ^  ^  "  - 

0,125 0,121      o,o35      G,  110      o,o35      o,o86 

0,25o G, 225         f',o44         G.igS         0,o5o         0,098 

o,5oo o,35o  o,o52  0,211^  0,068  0,1 4o 

£,000 0,460  0,1  o4  0,274  0,104  0,1 4o 

i,25o 0,5 10  0,1 3o  o,3oo  0,120  0,1 3o 

On  peut  résumer  tous  ces  résultats  en  disant  que  le  sucre  protège  la 
levure  contre  l'action  des  acides,  mais  que  celte  action,  d'autant  plus  grande 
que  la  quantité  de  sucre  est  plus  forte,  ne  devient  appréciable  qu'à  partir 
d'une  certaine  dose  d'acide,  elle  est  niaximuuiau  voisinage  des  doses  limites 
de  réactif  qui  arrêtent  complètement  la  fermentation  alcoolique.  On  arrive  à 
constater  dans  ce  dernier  cas  qu'il  faut  employ.er  deux  fois  plus  d'acide  sul- 
furiqne  et  quatre  fois  plus  d'acide  acétique,  quand  il  y  a  lo  pour  loo  de 
sucre  que  lorsqu'il  y  en  a  seulement  1,23  pour  100. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  le  dédoublement  diastasique  des  dérivés 
du  lactose.  Note  de  MM.  H.  Bierry  et  Albert  Ranc,  présentée  par 
M.  A.  Dastre. 

La  lactase  que  renferme  le  suc  gastro-inlestinal  de  V Hélix pomatia  L.  est 
capable  d'bydrolyser,  non  seulement  le  lactose,  mais  encore  des  dérivés  de 
ce  sucre  comme  l'acide  lactobionique  et  la  lactosazone  (')  qui  résistent  à 
l'action  des  lactases  jusqu'ici  connues  (lactases  extraites  des  amandes  ou  de 
l'intestin  des  Mammifères).  Voulant  voir  jusqu'où  s'étendrait  le  pouvoir 
hydrolysant  de  celte  lactase  sur  les  dérivés  du  lactose,  nous  avons  fait  agir 
le  suc  à'Helix  sur  l'azotate  de  lactose-aminoguanidine,  la  lactose-semi- 
carbazone  et  la  lactose-urée. 

Nous  faisions  conslaininent,  après  l'avoir  dilué,  trois  paris  du  suc  recueilli  par  isole- 
ment du  tube  digestif  A' Hélix.  La  première  était  additionnée  d'une  solution  du  dérivé 
laclosique  à  étudier;  la  seconde,  préalablement  portée  à  100°,  était  après  refroidisse- 

(')  11.  BiERRV  et  ('iiAJA,  Comptes  rendus,  2-' juillet  iyo8. 


SÉANCE  DU  23  MAI  1910.  l36'] 

ment  atldilionnée  d'une  même  quantité  de  solution  du  dérivé  lactosique;  la  troisième, 
mise  avec  de  l'eau  distillée,  était  destinée  à  éviter  les  erreurs  dues  aux  apports  et  aux 
transformations  possibles  du  suc  digestif  lui-même. 

Azotate  de  lactose-aininoguanidine  (C'MP^O'")  (GN'H'),  NO^H.  —  Wolff  ('), 
qui  a  découvert  ce  dérivé,  indique  seulement  qu'il  cristallise  en  aiguilles  microsco- 
piques qui  fondent  à  200°  en  se  décomposant.  Il  ajoute  sans  préciser  qu'il  est 
dextrogyre. 

Nous  avons  préparé  ce  corps  en  fondant  ensemble  vers  i5o°  des  quantités  é(|uimo- 
léculaires  d'azotate  d'aminoguanidine  et  de  lactose  pur.  Le  produit  obtenu  a  été 
purifié  par  quatre  cristallisalions  dans  l'alcool  à  80°;  recueilli,  essoré  à  la  trompe,  des- 
séché pendant  i5  jours  dans  le  vide  sulfurique,  puis  pendant  3  lieures  à  l'étuve  à  110°, 
il  a  perdu  une  quantité  d'eau  coirespondant  à  une  demi-molécule  d'eau  de  cristallisa- 
tion. 11  fond  alors  à  2a5°-227"  (fusion  instantanée  au  bloc  Maquenne);  is  de  ce  corps 
anhydre  réduit  la  liqueur  cuprique  d'après  la  méthode  de  G.  Bertrand  comme  os,^^  de 
lactose  anhydre. 

Le  produit  hydraté  a  un  pouvoir  rolatoire  de  [otju.,  =^  +  8",4,  à  20°,  en  solution 
à  2  pour  100.  Il  ne  présente  pas  de  raultirotation. 

Si  l'on  fait  agir  sur  ce  corps  le  suc  digestif  A'Jfeli.c  on  observe  son  dédoublement  en 
galactose  et  glucose-aminoguanidine. 

Laclose-semicarbazone  C'^H-^N^O",  2H-O.  —  Ce  composé  a  été  obtenu  suivant 
les  indications  de  MM.  ^^aquenne  et  Goodwin  (■)  en  abandonnant  à  la  cristallisation 
un  mélange  de  lactose  en  solution  aqueuse  concenirée  avec  un  léger  excès  de  semicar- 
bazide  pure  en  solution  alcoolique.  Il  a  été  purifié  par  cristallisation  dans  l'eau. 

Les  cristaux  obtenus,  en  solution  dans  l'eau,  avaient  un  pouvoir  rolatoire 
de  [a]i)^  -H  11°,  2,  chidVe  correspondant  à  celui  indiqué  par  les  auteurs. 

En^-aison  de  l'hydrolyse  facile  de  la  laclose-semicarbazone  en  solution,  à  l'étuve, 
nous  avons  fait  nos  recherches  dans  certaines  conditions.  Le  suc  digestif  était  ajouté 
assez  abondamment  à  la  solution  de  lactose-semicarbazone  et  le  mélange  abandonné  à 
la  température  du  laboratoire.  On  devait  obtenir  l'hydrolyse  dans  le  minimum  de 
temps. 

Par  suite  du  dédoublement  rapide  de  la  laclose-semicarbazone,  à  l'ébullition,  la 
recherche  du  galactose  dans  les  digestions  est  délicate.  Nous  avons  réussi,  en  opérant 
sur  de  grandes  quantités,  à  obtenir,  par  traitement  à  l'alcool,  un  produit  cristallisé  qui 
par  son  osazone  (point  de  fusion  2i2°-2i4°  au  bloc)  a  pu  être  identifié  au  galactose. 

Lactose-urée  (C'^H^O'»)  (N.CO.NH^),  iPO.  —  i\.  Schoorl  (')  a  montré  que  les 
aldoses  pouvaient,  sous  l'influence  catalylique  des  acides  étendus,  se  combiner  avec 
l'urée  :  d'un  côté  l'aldose  est  actif  par  un  de  ses  groupements   G  =;  O,  de  l'autre  l'urée 


(')  Wolff,  Ber.  d.  d.  cliein.  Gesell.,  t.  XXMI,  p.  971;  t.  XXMII,  p.  26i3. 
('^)  Maquenne  et  Godwin,  Bulletin  Soc.  chimique^  t.  XXXl,  1904,  p.  io-5. 
(')  N.  SciiooiiL,  Rec.  Irav.  chimiques  Pays-Bas^  1908. 

C.  lî.,  !<,..),  1"  Semestre.  (T.   150,  N-  21.)  '  179 


l368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  un  de  ses  groupeineiils  NH-,  de  sorle  que  la  constitution  de  l'uréide  devient 
H 
C  —  N  _  CO  —  Nir^ 

ce  qui  la  rapproche  des  oximes  et  des  hydrazones. 

Nous  avons  préparé  la  lactose-uréide,  par  le  procédé  de  Sclioorl  ;  le  corps  obtenu 
avait  un  pouvoir  rotatoire  [a]D.„^  4-  2°,  i. 

Par  l'action  du  suc  à' Ifelix.  ce  dérivé  se  dédouble  en  galactose  et  glucose-urée. 

Dans  ces  recherches  nous  avons  isolé  le  plus  souvent  le  galactose  au  moyen  de  ralcool  ; 
nous  l'avons  aussi  obtenu  à  l'état  de  benzjlphénylhydrazone  en  suivant  les  indications 
d'Otto  Rufl". 

Dans  le,  cas  de  l'azotate  de  lactose-aminoguanidine  et  de  la  la  close- urée,  en  cliaufTiint  à 
l'ébuUition,  pendant  un  lemps  relativement  court,  les  liquides  digestifs  avec  l'acétate 
de  phényihydrazine  en  présence  de  beaucoup  d'acétate  de  soude,  nous  avons  réussi  à 
obtenir  une  osazone  qui  purifiée  avec  l'acétone  étendue  de  son  volume  d'eau  avait  le 
point  de  fusion  de  la  galactosazone. 

Conclusions.  —  Ainsi,  qu'il  s'agisse  de  lactosazone,  d'azotate  de  iaclose- 
aminoguanidine,  de  lactose-urée,  l'action  hydrolysante  de  la  lactase 
d'//e//a;  sur  ces  corps  se  traduit  toujours  par  une  mise  en  liberté  de  galactose, 
le  glucose  restant  lié  à  la  phényihydrazine,  à  Furée,  à  Taininoguanidine. 
Une  pareille  hydrolyse  n'est  possible  que  par  les  ferments;  les  acides, 
eneftet,  scindent  tous  ces  dérivés  en  mettant  seulement  le  lactose  en  liberté. 

Ces  faits  viennent  à  l'appui  de  la  manière  de  voir  de  E.  Fischer  qui  consi- 
dère le  lactose  comme  un  galactoside  de  glucose.  • 

L'urée  ne  se  combinant  pas  aux  cétoses,  la  combinaison  uréique  d'un 
sucre  permettra,  comme  l'a  déjà  fait  remarquer  Schoorl,  d'affirmer  que  ce 
sucre  possède  une  fonction  aldéhydique.  Dans  certains  cas,  l'hydrolyse,  par 
le  suc  digestif  d'/Ze/ù-  du  composé  uréique  de  ce  sucre,  permettra  de  déter- 
miner à  quel  monose  constituant  appartient  cette  fonction  aldéhydique. 


GÉOLOGIE.     —    Sur    la    ihéorie    mécanique    de    l'érosion    glaciaire.    Note 
de  M.  Smoluchowski,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

Dans  une  Note  récente  ('),  M.  E.  de  Marlonne  a  fait  un  essai  très  inlé- 
ressant  d'établir  les  lois  de  l'érosion  glaciaire  par  des  raisonnements  ihéo- 

(')  Compter  reiiiius.  t.  LiO,  p.  loj. 


SÉANCE  DU  23  MAI  IQIO.  1 369 

riques,  basés  sur  les  pi'incipes  de  la  mécanique  du  frottement.  I!  trouve  que 
les  résultats  obtenus  s'accordent  avec  l'observation  directe  des  faits  morpho- 
logiques ('  ).  Comme  l'importance  du  problème  paraît  exiger  une  discussion 
approfondie  de  cette  théorie,  je  me  permets  d'adresser  quelques  remarques 
concernant  la  déduction  théorique  de  ces  lois,  sans  aborder  du  reste  la 
partie  expérimentale. 

Considérons  le  travail  eil'ectué  par  la  gravité  contre  les  forces  du  frotte- 
ment entre  le  glacier  et  son  lit  (ce  travail  étant  rapporté  à  l'unité  de  surface 
horizontale  et  à  l'unité  de  temps),  et  désignons-le  par/.  C'est  cette  gran- 
deur évidemment  qui  définit  l'érosion  du  lit  du  glacier  dans  un  certain 
point,  et  non  pas  le  travail  total  sur  le  périmètre  P  du  lit,  calculé  par 
M.  de  Martonne. 

Pour  évaluer  ce  travail,  envisageons  successivement  deux  hypothèses  : 

1.  Si  nous  assimilons  le  glacier  à  une  plaque  solide  (de  poids yj,  d'épaisseur  verti- 
cale h,  et  de  densité  égale  à  l'unité),  glissant  a\ec  la  vitesse  c  sur  une  surface  inclinée 
sous  l'angle  a,  on  aura  la  force  de  frottement  A/)cosa,  où  A  désigne  le  coefficient  de 
frottement,  et  par  conséquent 

y,  ::=  A  /(  fg  cos  c. 

La  même  formule  se  déduirait  aussi  d'une  supposition  plus  rationnelle  :  en  considé- 
rant le  glacier  comme  un  amas  de  prismes  verticaux  de  hauteur  h. 

2.  Si  la  pression  de  la  glace  peut  être  assimilée  à  une  pression  hydrostatique,  eu 
égard   à  la  lluidité  ou  plasticité  de  la  glace,  ce  qui  parait  être  l'hypothèse  faite  par 

M.  de  Martonne,  la  pression  normale  à  la  surface  du  lit  aura  la  valeur — ^- >  par  unité 

cos  a 

de  surface  horizontale  et  l'on  obtient 

_  A /»■,£- 
""        cos  a 

On  voit  que  le  facteur  cosoc  devrait  apparaître  au  dénominateur  dans  ce  cas.  Du 
reste  son  importance  ne  semble  pas  être  très  grande,  puisque  les  limites  de  sa  variabi- 
lité sont  comprises  entre  l'unité  et  (pour  une  inclinaison  excessive  de  5o  pour  loo) 
0,894,  tandis  que  les  facteurs  A,  /i,  c  sont  beaucoup  plus  variables,  sans  aucun 
doute. 

Même  si  l'on  adopte  la  formule  de  M.  de  Martonne  et  la  supposition,  très 
plausible  en  général,  que  les  variations  de  cosa  sont  de  signe  contraire,  on 
n'en  peut  lùen  conclure,  pas  même  que  les  lieux  d'érosion  maximum  ne 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  p.  i4i3;  el  t.  130.  p.  243. 


iS-o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peuvent  pas  coïncider  avec  les  plus  grandes  pentes,  jusqu'à  ce  qu'on  ait  des 
connaissances  plus  exactes  sur  l'importance  relative  de  ces  facteurs. 

Mais  on  pourrait  essayer  de  pousser  plus  loin  l'analyse  d'une  manière 
rationnelle  en  adoptant  la  supposition  que  le  mouvement  du  glacier  obéit 
à  la  condition  du  régime  permanent,  c'est-à-dire  que  des  quantités  égales 
de  glace  traversent,  par  unité  de  temps,  toutes  les  sections  transversales  du 
glacier.  En  supposant  dans  ce  cas  la  vitesse  dans  une  certaine  section  indé- 
pendante de  la  profondeur  et  de  la  position  latérale,  on  aurait  la  condition 

Se  cos;z  i^  c, 

où  s  désigne  l'aire  de  la  section,  égale  approximativement  au  produit  du 
j)crimètre  P  et  de  la  hauteur/*;  c,  une  grandeur  constante. 

Donc  les  deux  formules,  entre  lesquelles  on  a  à  choisir,  se  simplifient  par 
l'élimination  de  deux  facteurs  inconnus  : 


p  cos^a 


On  voit  que  c'est  le  coefficient  de  frottement  A  qui  y  joue  le  rôle  le  plus 
important,  mais  malheureusement  on  ne  sait  rien  d'exact,  ni  en  ce  qui 
concerne  sa  valeur  absolue,  ni  quant  à  sa  dépendance  de  l'épaisseur  de 
la  moraine  du  fond,  ni  quant  à  sa  dépendance  de  la  pente,  et  il  paraît  très 
hasardeux  de  faire  des  hypothèses  là-dessus. 

En  tout  cas,  on  voit  que  le  pouvoir  érodant  varie  dans  une  proportion 
inverse  au  périmètre  P  du  glacier.  Donc  les  étranglements  devraient  être 
des  endroits  d'érosion  maximale. 

On  pourrait  faire  des  objections  graves  contre  les  suppositions  de  ces 
calculs,  surtout  contre  la  supposition  que  la  vitesse  v  est  la  même  dans  tous 
les  points  d'une  section.  Sans  doute  elle  sera  plus  grande  à  la  surface  du 
glacier  que  dans  les  points  de  contact  avec  son  lit,  ce  qui  peut  entraîner  des 
changements  dans  la  condition  du  régime  permanent. 

Il  n'est  nullement  évident  que  la  pression  exercée  sur  le  lit  soit  définie 
uniquement  par  l'épaisseur  de  la  glace  dans  ce  point.  Il  est  possible  qu'elle 
dépende  aussi  des  tensions  exercées  par  les  parties  environnantes  du  gla- 
cier, ce  cjui  se  ferait  sentir  surtout  dans  les  points  d'un  changement  abrupt 
de  la  pente.  Ne  faut-il  pas  s'attendre  à  des  phénomènes  analogues  à  la  ten- 
sion d'une  corde  dans  les  endroits  de  courbure  convexe  du  iil,  et  à  des  phé- 
nomènes inverses  dans  les  endroits  de  cotirbure  concave?  ?Sous  n'en  savons 
rien. 


SÉANCE  DU  2'^  MAI  1910.  iSyi 

Nous  n'avons  déduit  ces  formules  que  pour  établir  les  résultats  qu'on 
obtient  en  poursuivant,  avec  plus  de  précision,  l'ordre  d'idées  indiqué 
par  M.  de  IMartonne,  et  pour  montrer  que  l'état  actuel  de  nos  connais- 
sances du  mécanisme  de  ces  phénomènes  ne  nous  donne  point  moyen  d'en 
tirer  des  conclusions  léefitimes  concernant  les  lois  de  l'érosion  daciaire. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —   Variations  magnétiques  et  électriques  clans  la  nuit 
(lu  18  au  19  mai  1910.  Note  de  M.  Alfred  Ax«or. 

J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  à  titre  purement  documentaire, 
les  résultais  des  observations  relatives  à  la  physique  du  globe  faites  pendant 
la  nuit  du  i8-n)  mai. 

Le  diagramme  ci-dessous  donne  la  reproduction  exacte  des  magnéto- 
grammes  obtenus  à  la  station  du  Yal-Joveux  : 


23  h 


Z*! 


H 


La  composante  verticale  V  ne  présente  aucune  variation  appréciable. 

La  composante  horizontale  a  varié,  au  contraire,  d'une  manière  notable  ;  le  prin- 
cipal mouvement  est,  de  o''3o"  à  l'Mg™,  une  augmentation  progressive  du  champ, 
suivie  d'une  diminution  égale;  l'amplitude  totale  de  cette  variation  est  de  0,00087  unités 
C.G.S.  Il  faut  remarquer,  du  reste,  que  l'on  se  trouvait  alors  à  une  époque  de  pertur- 
bations et  qu'il  y  a  eu,  dans  les  journées  du  18  et  du  19,  des  oscillations  plus  grandes 
et  plus  rapides. 

Pour  la  déclinaison,  enfin,  on  remarque  surtout,  de  o''55'°  à  i''58"',  une  diminution 
totale  de  9', 4  suivie  d'une  augmentation  à  peu  près  égale.  Contrairement  à  ce  qui  s'est 
produit  pour  la  composante  horizontale,  cette  variation  est  la  plus  grande  qui  ait  été 
observée  pendant  les  deux  journées  du  18  et  du  19,  où  la  courbe  de  la  déclinaison  a 
été  beaucoup  moins  agitée  que  celle  de  la  composante  horizontale. 


l372  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

IjCs  vitrialions  du  potentiel  électrique  ont  été  enregistrées,  au  Parc  Saint- 
Maur,  au  moyen  d'un  éleclromèlre  de  Benndorll',  récemment  installé. 

Daus  la  soirée  du  i8.  des  oscillations  violentes  ont  accompagné  Forage  qui  sesl 
produit  de  19''  à  21'';  la  courbe  est  redevenue  à  peu  prés  tranquille  à  partir  de  23'' iS™, 
après  la  fin  de  la  pluie  et,  depuis  ce  moment  jusqu'à  6'',  le  19,  la  valeur  du  champ 
électrique  n'a  varié  que  de  -+  DO"  à  -i- go^',  sauf  une  seule  oscillation  brusque  :  le 
potentiel,  qui  était  de  +68^  à  3'' 16™  est  tombé  à  — jo'  à  3'' 19'"  et  est  remonté  à 
-I-  Sg"  à  3'' 22"^  et  à  -)-  54*  .à  S'' 24™.  Le  passage  d'un  nuage  orageux  produit  souvent  des 
variations  de  même  sens  et  bien  plus  fortes. 

En  résumé,  les  variations  du  magnétisme  terrestre  et  de  rélectricilé 
atmosphérique  observées  dans  la  région  de  Paris  pendant  la  nuit  du 
18-19  niai  nont  pas  présenté  ^^  caractères  inaccoutumés.  On  ne  pourrait 
les  attribuer  à  une  cause  exceptionnelle  que  si,  notamment  pour  l'électri- 
cité atmosphérique,  on  les  retrouvait,  au  même  moment  et  avec  des  appa- 
rences analogues,  dans  des  stations  très  éloignées. 

Les  divers  éléments  météorologicjues,  température,  pression,  humidité, 
vent,  n'ont  montré,  pendant  cette  même  nuit,  aucune  variation  notable. 
Une  mesure  actinométrique  faite  le  18  avait  donné  une  valeur  assez  grande 
(i^^',28);  l'état  du  ciel  n'a  malheureusement  pas  permis  de  faire  de  nou- 
velles déterminations  le  19,  le  20  et  le  21. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observation  de  i ionisalion  de  l'air  en  vase  clos pen- 
dant le  passage  de  la  comète  de  llaUey.  Note  de  M.  J.-A.  Lebel,  pré- 
sentée par  M.  Armand  Gautier.  ^ 

L'instrument  d'observation  se  compose  d'un  condensateur  cylindrique  clos  en  zinc, 
maintenu  à  3oo  volts  environ  par  une  batterie  d'accumulateurs.  La  déperdition  par 
l'air  intérieur  charge  une  armature  isolée  reliée  à  l'électromètre.  Pour  limiter  lac- 
crolssement  continu  de  la  charge,  un  second  déperditeur  (à  l'urane)  est  également 
relié  à  l'électromètre  et  l'on  obtient  pour  chaque  valeur  de  l'ionisation  une  dérivation 
fixe;  on  peut  suivre,  par  simple  lecture,  les  variations  des  rayons  qui  ionisent  l'at- 
mosphère. 

Mes  observations  pendant  les  heures  supposées  du  passage  de  la  Terre  dans  la  queue 
de  la  comète  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

iS  mai,   I  i''  du  soir,  déviation 20,6 

19  mai,  à  2''4 j"'.  minimum 19.1 

19  mai,  à  4''  ï5"' 21,0 


SÉANCE    DU    ■2^    MAI    1910.  1 378 

Il  y  a  donc  eu  une  variation  importante  presque  au  moment  du  passage; 
néanmoins  cette  coïncidence  d'heure  est  la  seule  raison  qui  puisse  faire 
attribuer  le  phénomène  au  passage  de  la  comète;  en  effet,  j'ai  constaté 
(jue  des  variations  de  2^^'"  k  3""  sur  les  déviations  de  l'électromèlre  ont 
précédé  assez  régulièrement  depuis  les  deux  derniers  mois  l'arrivée  des 
dépressions  barométriques  venues  du  Nord,  lesquelles  donnaient  lieu  à  des 
crises  atmosphériques  importantes.  Je  signalerai,  en  particulier,  la  pertur- 
bation si  curieuse  du  12  mai. 

Je  conliiuie  l'élude  de  ce  dernier  pliénomèiie,  car  il  serait  prématuré  de  formuler 
des  règles  après  2  mois  d'observation  seulement.  Mais  ce  qui  s'est  produit  peut  se 
reproduire,  et  l'on  pourrait  admettre,  dans  le  cas  du  passage  de  la  queue  de  la  comète, 
que  la  baisse  du  déperdileur  a  été  en  rapport  avec  la  dépression  barométrique  qui 
nous  atteignait  en  ce  moment.  Ouoi  qu'il  en  soit,  j'ai  cru  bon  d'enregistrer  cette  ob- 
servation. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Obseivalions  (les  rariomètrcs  magnéliques  de 
l'Observatoire  de  Fourviére,  à  I^yon,  pendant  la  nuit  du  18  au  19  mai. 
Note  de  MM.  C.  Li.mb  et  T.  Na.vty,  présentée  par  M.  Lippmann. 

A  l'occasion  du  passage  de  la  comète  de  Halley,  nous  avons  été  autorisés 
à  réinstaller  les  trois  variomètres,  remisés  depuis  plusieurs  années  ;  le  temps 
nous  ayant  manqué  pour  remonter  le  dispositif  d'enregistrement  photogra- 
phique, nous  avons  dû  nous  borner  à  relever,  à  heures  fixes,  leurs  indi- 
cations, depuis  le  mercredi  18,  à  10''  du  soir,  jusqu'au  jeudi  19,  à  6''  du 
matin  (  heure  de  Paris  ). 

Les  variations  ont  été  fort  peu  importantes.  De  10''  du  soir  à  a**  du  matin,  la  décli- 
naison a  diminué  de  5', 55  (le  pôle  nord  du  barreau  se  dirigeait  vers  l'Est),  la  compo- 
sante horizontale  ayant  diminué  dans  le  même  temps  de  o,ooo3  environ  de  sa  valeur. 

A  3''  du  matin,  le  pôle  nord  du  déclinométre  était  revenu  vers  l'ouest  de  4',7>  sans 
variation  appréciable  de  la  composante  horizontale  ;  mais  à  4'';  la  déclinaison  avait 
diminué  de  nouveau  de  i',3,  pendant  que  la  composante  horizontale  avait  augmenté 
de  0,0002. 

Quant  à  la  composante  verticale,  elle  a  diminué  de  10''  du  soir  jusqu'à  3''  du  matin 
de  0,001  environ  de  sa  valeur,  puis  avait  augmenté,  de  4''  à  5'',  de  0,00026. 

A  5''  et  à  6'',  moment  de  notre  dépari,  tous  les  appareils  avaient  presque  repris  leurs 
positions  initiales. 

Ces  variations  peu  importantes  sont  donc  de  l'ordre  de   celles  qu'on 


l374  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

observe  couramment.   Aucun  orage  magnétique   ne   s'est   manifesté  ;   les 

trois  aimants  semblaient  parfaitement  tranquilles. 

A  l'extérieur,  un  bolide  très  brillant  a  été  remarqué  un  peu  avant  minuit, 
du  côté  de  l'Est;  étant  montés  sur  l'une  des  tours,  nous  n'avons  pu  observer 
aucune  lueur,  aucune  odeur  particulière,  ni  phénomène  spécial,  le  temps 
étant  d'ailleurs  assez  couvert. 


HYDROLOGIE.  —  Sur  la  présence  d'éléments  métalloïdicjnes  el  métalliques  dans 
les  eaux  potables.  Conséquences  pratiques.  Note  de  M.  F.  G.4rrigou,  pré- 
sentée par  M.  Armand  Gautier. 

■l'ai  fait  connaître  (^Comptes  rendus  du  i8  avril  1910)  un  procédé  rapide 
de  reconnaître  dans  les  eaux  minérales  la  présence  de  métalloïdes  et  de 
métaux,  des  groupes  VI,  V,  IV,  III  (As,  Su,  Sb,  Au,  Pt,  Cu,  Ag,  Hg,  Bi, 
Mn,  Fe,  Co,  M,  Al,  Ci-,  etc.). 

J'ai  appliqué  ce  même  procédé  aux  eaux  de  boisson. 

Les  résultats  obtenus  intéressant  au  plus  haut  point  Thygiène,  la  méde- 
cine et  la  minéralogie  locale,  je  crois  pouvoir  dire  que  la  grande  majorité 
des  eaux  potables,  qu'elles  proviennent  de  la  montagne  ou  de  la  plaine, 
permettent  de  constater  d'une  manière  indiscutable  qu'elles  renferment, 
(juelquefois  en  quantités  très  notables,  des  métalloïdes  et  des  métaux  des 
(juatre  groupes  cités  plus  haut. 

C'est  sur  plus  de  2000  sources  étudiées  à  ce  point  de  vue  dans  tous  les 
terrains,  et  particulièrement  dans  le  bassin  pyrénéen,  dont  je  dresse  la  (]!arte 
hydrologique  depuis  1860,  que  mes  constatations  ont  été  faites. 

J'ai  pu  ainsi  me  rendre  compte  des  rapports  existant  entre  les  sources  et 
les  terrains  superficiels  ou  profonds,  au  point  de  vue  de  la  richesse  minérale 
de  sources,  richesse  qui  m'a  souvent  permis  de  déterminer  l'existence  de 
gîtes  métallifères  profonds. 

Je  conclus,  de  mes  recherches  géologiques  et  hydrologiques,  que  la  con- 
naissance d'un  district  niinéralogique  d'une  région  non  encore  étudiée, 
peut  être  singulièrement  éclairée  par  la  détermination  des  éléments  mé- 
laUiques  d'une  eau,  soit  minérale,  soit  simplement  potable,  d'après 
les  procédés  que  j'ai  donnés,  et  dont  les  indications  sont  rapides  et 
sûres. 

Je  pense  qu'on  n'a  pas  encore  mis  à  profil  le  moyen  d'investigation  (jue 


SÉANCK  OU  23  MAI  1910.  1875 

je  viens  d'exposer,  pour  aider  à  la  recherche  des  minerais  en  profondeur. 
J'ai  la  certitude  qu'il  peut  être  d'une  utilité  majeure  pour  les  géologues,  et 
pour  ceux  qui  s'occupent  de  la  recherche  de  gisements  métallifères. 


OCÉANOGRAPHIE.  —  Sur  la  mesure  (le  la  couleur  des  vases  marines  acluelles 
et  anciennes.  Note  de  M.  J.  Thoii.et. 

La  couleur  des  vases  marines  dépend  de  la  nature  des  matériaux  qui  ont 
contribué  à  les  former  ( foraminifères,  minéraux  volcaniques,  etc.),  de  la 
quantité  de  matière  organique  qui  y  est  ou  y  a  été  contenue,  ainsi  que  des 
phénomènes  chimiques  de  sulfuration  et  d'oxydation  plus  ou  moins  com- 
plètes du  fer  qu'elles  renferment.  (]es  phénomènes  sont  eux-mêmes  en 
relation  avec  la  durée  et,  par  conséquent,  avec  la  vitesse  de  la  sédimenta- 
tion. Pour  ces  motifs,  il  peut  être  utile  d'évaluer  la  couleur  des  vases  au 
moyen  de  chiffres,  c'est-à-dire  avec  plus  de  précision  que  n'en  comporte 
une  description  verbale. 

Je  me  suis  servi,  pour  obtenir  ce  résultat,  d'un  petit  disque  en  bois  de 
couleur  blanche  recouvert  en  totalité  ou  en  partie  de  ?.o  secteurs  en  zinc, 
égaux,  peints  en  jaune,  en  rouge  ou  en  noir.  J'ai  fait  usage  des  couleurs  à 
la  gouache  :  jaune  de  chrome  clair,  vermillon  et  noir  divoire,  fabriquées 
par  Lefranc  et  qui  se  trouvent  partout.  Le  disque  lui-même,  installé  sur 
l'axe  d'une  centrifugeuse  à  main,  est  susceptible  de  tourner  avec  une 
grande  rapidité.  La  roche  homogène,  vase  ou  argile,  dont  on  désire  éva- 
luer la  couleur,  est  grattée  au  couteau  quand  elle  est  assez  tendre  ou,  s'il 
s'agit  d'un  calcaire,  usée  sur  une  meule  horizontale,  ou  bien  encore  déposée 
en  poudre  dans  un  verre  de  montre  dont  la  convexité  est  peinte  en  noir,  et 
l'on  aura  soin,  dans  ce  dernier  cas,  d'en  bien  lisser  la  surface. 

On  identifie  alors  la  couleur  à  celle  du  disque  mis  eu  rotation  et  recouvert,  sur  son 
fond  biaiic,  d'un  nombre  convenable  de  secteurs.  (Quelques  tâtonnements  conduisent 
au  résultat.  Le  disque  possédant  exactement  la  surface  de  20  secteurs,  comme  cer- 
tains d'entre  eux  sont  \  partie  et  même  pour  {-  de  deux  couleuis  différentes;  on 
apprécie  les  nuances  jusqu'à  -^  des  couleurs  qui  la  composent. 

La  nuance  est  notée  par  le  nombre  des  secteurs  de  chacune  des  quatre  couleurs 
élémentaires  inscrits  toujours  diins  le  même  ordre  :  blanc,  jaune,  rouge,  noir.  Ainsi  le 
symbole  7-8-0,25-9,75  dont  le  total  des  chiffres  est  évidemment  égal  à  20,  indique  la 
teinte  uniforme  résultant  par  rotation  de  7  secteurs  blancs,  3  jaunes,  o,25  rouge 
(ou  {  de  secteur)  et  9,76  noirs. 

C.  K.,  1910,  I"  Semestre.  {T.  150,  N"  21.)  I  80 


l'i'^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ces  quatre  sortes  de  secteurs,  ou,  pour  mieux  dire,  ces  trois  sortes,  puisque  le  blanc 
est  constitué  par  le  fond  niêtïie  du  disque,  suffisent  pour  établir  le  symbole  colori- 
métrique  des  vases,  des  calcaires,  des  argiles  et  autres  roches  sédimentaires  homo- 
gènes. La  nuance  bleue  résulte  d'un  mélange  de  noir  et  de  blanc.  L'argile  deVanves, 
par  exemple,  d'aspect  franchement  bleu,  possède  le  symbole  6-0-0-1 4  ne  comportant 
que  du  blanc  et  du  noir.  L'observation  optique  est  par  conséquent  d'accord  avec 
la  théorie  qui  admet  que  les  argiles  bleues  contiennent  du  sulfure  de  fer  noir  en  par- 
ticules infiniment  fines.  On  s'explique  encore  le  fait  énoncé  par  M.  Pruvot,  que  plus 
une  vase  est  bleue  et  moins  elle  renferme  de  matière  organique,  cette  dernière  ayant 
tout  entière  été  employée  à  sulfurer  le  fer. 

J'ai  noté  colorimélriquement  i65  vases  provenant  principalement  de 
l'Atlantique  nord  et  recueillies  par  le  prince  de  Monaco,  118  échantillons  des 
parages  de  Monaco,  23  récoltés  par  moi-même  le  long  de  la  côte  du  Lan- 
guedoc, enfin  divers  fonds  marins  des  sondages  du  Challenger  dans 
l'Atlantique  et  le  Pacifique,  ainsi  que  des  fonds  de  lacs,  des  calcaires,  des 
ardoises,  etc.  Cet  examen  a  établi  les  faits  suivants  : 

Bien  qu'il  puisse  arriver  que  deux  observateurs  obtiennent  la  nuance  d'un 
même  échantillon  en  employant  deux  combinaisons  différentes  de  secteurs, 
les  différences  sont  trop  faibles  pour  infirmer  les  conclusions  résultant  de 
cette  sorte  d'analyse  optique  des  roches  sédimentaires  homogènes  actuelles 
et  anciennes. 

A  ne  s'en  tenir  qu'aux  vases  marines  actuelles,  la  surface  du  lit  océanique 
est  recouverte,  sur  des  espaces  juxtaposés,  plus  ou  moins  étendus  selon  les 
conditions  ambiantes,  de  sédiriients  de  nuance  sensiblement  la  même  pour 
un  même  espace,  différente  pour  des  localités  différentes. 

Si  l'on  observe  des  boudins  découpés  verticalement  au  nioyen  du  tube 
Buchanan  dans  le  sol  sous-marin  et  dont  la  longueur  habituelle  est  d'une 
soixantaine  de  centimètres,  on  remarque  tantôt  que  la  nuance  du  boudin 
est  absolument  la  même  sur  toute  la  longueur,  et  l'on  est  ainsi  averti  que  la 
sédimentation  s'est  effectuée  dans  des  conditions  ambiantes  identiques  et 
régulières;  tantôt,  au  contraire,  que  la  nuanccestdifférenle  sur  celte  longueur 
et  Ton  possède  alors  la  preuve  d'événements  survenus  plus  ou  moins  brus- 
quement et  qui  ont  troublé  la  sédimentation  antérieure.  Ces  caractères 
sont  quelquefois  fonctions  et,  par  conséquent,  fournissent  l'indicalion  de 
mouvements  de  transgression  et  de  régression  éprouvi's  par  les  conliuents 
voisins. 

11  est  donc  possible  de  reconnaître  colorimélricjuement  Taire  d'un  dépôt 
sous-niariii  et  même,  dans  quelques  cas,  d'être  approximativement  renseigné 


SÉANCE    DU    23    MAI    IÇjIo.  1 377 

sur  l'époque  à  laquelle  se  sont  accomplis  cerlains  événemenls  géologiques 
dont  l'analyse  mécanique  et  surtout  microrninéralo^ique  vient  accuser 
avec  plus  de  précision  le  caractère. 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


La  séance  est  levée  à  5  heures  et  quart. 

G.  D. 


BITI.I.KTIM     ItIBI.IOCRAPHIQUE. 


OtVRAGES    IIIÎÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU     I7    MAI     I9IO. 

Jubilé  de  l'enloinologiste  J.-H.  Fabre,  reconstitution  du  discours  prononcé  par 
M.  EoMONU  Perrier,  à  Sérignan  (Vaucluse),  le  3  avril  1910.  {Revue scientifique,  n"  19, 
7  mai  1910,  p.  577-579.)  Paris;  i  fasc.  in-4". 

Comptes  rendus  des  séances  de  la  troisième  réunion  de  la  Commission  permanente 
de  l' Association  internationale  de  Sismologie  réunie  à  Zermatt,  du  3o  août  au 
2  septembre  1909,  rédigés  par  le  Secrétaire  géiiéial  R.  de  Kôvksugethy.  Budapest, 
Victoi-  Hornyanskj,  1910;  i  vol.  in-4''.  (Présenté  par  M.  l'h.  van  Tieghem.) 

Rapport  sur  les  travaux  du  Rureau  central  de  l'Association  géodésique  interna- 
tionale en  190g,  programme  des  tra^'aa  rpour  l'exercice  de  1910.  Levde,  E.-J.  Brill, 
1910;  I  fasc.  in-4°. 

Manière  facile  et  expéditive  de  préparer  le  «  Grand  Sympathique  »,  par  Félix 
Chavernac.  Aix,  Makaire,  1910;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Détermination  indirecte  de  l'extrait  du  lait  de  vache,  origine  et  fondements  des 
formules  qui  servent  à  en  faire  le  calcul,  manière  de  les  déduire,  formules  dérii'ées, 
par  MM.  D.  Giribaldo  et  A.  Peluffo.  (Le  Moniteur  scientifique  Quesnecille ;  li- 
vraison 812,  août  1909,  p.  489-499.)  1  fasc.  in-4°.  (Hommage  des  auteurs.) 

La  Section  électrique,  par  le  P.  J.  Garcia  Molla.  (Mémoires  de  l'Observatoire  de 
l'Èbre,  n°  k.)  Barcelone,  Gustave  Gil,  1910;  i  fasc.  in-4''. 

Agric.iltural  research  Instilule,  Pusa.  Second  report  the  fruit  e.iperiments  at 
Pusa,  hy  Albert  Howard.  Calcutta,  1910;  1  fasc.  in-S". 

Kepiiblica  de  Chile.  Annuario  del  Seivico  meteorolùgico  de  ta  Direccion  del 
territorio  maritimo,  t.  X,  1908.  Valpaiaiso,  1909;  1  vol.  in-4°. 


iJyS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Twentv-fi/tli  annual  Report  of  the  Bureau  of  Animal  liuluatry,  for  tlie  year  1908. 
Washington,  1910;  1  vol.  in-8". 

lieporl  of  the  cliief  of  the  Weather  Bureau,  1907-1908.  Wasliinglon,  1909;  1  vol. 
in-4°. 


ERRATA. 


(Séance  du  25  avril   1910.) 

Note  de  M.  H.  Deslandres,  Dislrihiition  des  filaments  dans  la  couclie 
supérieure  de  l'atmosphère  solaire  : 

Page  1011.  ligne  i,  au  lieu  de  fin  janvier,  /('ce:  fin  janvier  1910. 

Page  1012,  ligne  i.5,  au  lieu  de  les  analogues  déjà  signalées,  lisez  les  amilogies  déjà 
signalées. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  30  MAI  19dO. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  annonce  dans  les  termes  suivants  la  mort  de  M.  Robert 
Koch  et  celle  de  Sir  William  Haggins  : 

La  mort  frappe  à  coups  redoublés  sur  nos  Associés  et  Correspondants 
étrangers.  Il  n'y  a  pas  deux  mois,  nous  perdions  Alexandre  Agassiz,  et 
aujourd'hui  nous  apprenons  la  mort  de  M.  Robert  Koch.  Le  grand  bacté- 
riologiste allemand  avait  été  nommé  en  1903  Associé  étranger  de  l'Aca- 
démie. 

Koch  avait  trouvé  en  1876  les  spores  charbonneuses.  Il  était  célèbre 
depuis  sa  découverte,  en  1882,  du  bacille  de  la  tuberculose,  auquel  son 
nom  restera  attaché.  Les  procédés  de  culture  microbienne  lui  doivent 
d'importants  perfectionnements  et,  en  particulier,  il  employa  les  cultures 
sur  milieux  solides.  Ces  méthodes  nouvelles  lui  permirent  de  faire,  en  1884, 
la  découverte  du  bacille  du  choléra  ou  bacille  virgule.  On  se  rappelle  le 
bruit  qui  fut  fait  en  1890  au  sujet  de  la  tuberculine  de  Koch;  quoique 
d'une  autre  façon  que  l'avait  espéré  l'illustre  savant,  celte  substance  rend 
couramment  de  grands  services,  ses  réactions  étant  précieuses  pour  le 
diagnostic. 

Travailleur  infatigable,  Koch  avait  fait  dans  ces  dernières  années  de  loin- 
tains voyages  pour  étudier  les  maladies  redoutables  de  certaines  contrées 
tropicales.  Il  disparaît  brusquement  à  67  ans;  sa  mort  est  une  grande  perte 
pour  la  Médecine. 

Je  dois  encore  annoncer  la  mort  de  Sir  William  Huggins,  Correspondant 
de  l'Académie  dans  la  Section  d'Astronomie  depuis  1874.  Sir  Huggins  fut 

G.  R..  ir,io,  I"  Semestre.  (T.  150.  N"  22.)  l8l 


l38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vraiment  le  créateur  de  la  Spectroscopie  céleste.  En  1862,  sur  le  conseil  de 
KirchhofTet  Bunsen,  il  entreprenait  d'appliquer  le  spectroscope  à  l'élude  des 
corps  célestes,  et  dès  1864  une  observation  capitale  mettait  son  nom  en 
évidence.  Une  nébuleuse  dans  la  constellation  du  Dragon  présente  un 
spectre  discontinu  composé  de  trois  raies  brillantes.  Ce  n'était  donc  pas  un 
groupe  d'étoiles,  mais  un  gaz  lumineux  :  constatation  suivie  d'autres  ana- 
logues, et  dont  l'intérêt  philosophique  est  considérable. 

On  sait  l'importance  qu'a  prise  aujourd'hui  en  Astronomie  la  mesure  des 
vitesses  radiales.  Ici  encore  Huggins  a  été  un  initiateur.  Le  premier,  il  appli- 
quait les  idées  de  Dôppler  et  de  Fizeau,  et,  en  1868,  au  moyen  de  la  dévia- 
tion de  la  raie  F  de  l'hydrogène,  calculait  la  vitesse  avec  laquelle  Sirius 
s'éloigne  de  la  Terre. 

Je  ne  puis  que  rappeler  les  travaux  de  Huggins  sur  les  protubérances 
solaires,  sur  les  transformations  rapides  des  spectres  des  étoiles  temporaires, 
sur  les  spectres  des  comètes  où  il  signale  des  hydrocarbures,  etc.  L'année 
dernière,  âgé  de  85  ans,  le  grand  astronome  éditait  de  nouveau  l'ensemble  de 
ses  Mémoires  scientifiques.  Au  début  de  cet  Ouvrage,  se  trouve  le  portrait 
de  Lady  Huggins,  qui  fut  pour  Sir  William  pendant  toute  sa  carrière  scien- 
tifique une  collaboratrice  admirable.  L'œuvre  considérable  signée  de  ce 
double  nom  restera  dans  l'histoire  de  l'Astronomie  physique. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Cohésion  diélectrique  du  néon  et  de  ses  mélanges. 
Analyse  quantitative  fondée  sur  la  mesure  de  la  cohésion  diélectrique. 
Note  de  M.  E.  Houty. 

Dans  le  cas  des  gaz  rares  monoatomiques,  la  mesure  de  la  cohésion 
diélectrique  ne  fournil  pas  seulement  un  contrôle  précieux  de  la  pureté  de 
ces  gaz,  elle  donne  encore  une  méthode  précise  d'analyse  quantitative. 

1.  Je  rappelle  que  pour  purifier  soit  le  néon,  soit  l'hélium,  par  l'action 
du  charbon,  à  la  température  de  l'air  liquide,  j'ai  pu  me  guider  exclusive- 
ment sur  la  mesure  de  la  cohésion  diélectrique,  comme  un  chimiste  se  guide 
d'après  l'examen  des  spectres.  C'est  ainsi  que  j'ai  été  amené  à  découvrir 
que  la  cohésion  du  néon  est  très  inférieure  même  à  celle  de  l'hélium.  Après 
deux  rectifications,  et  en  opérant  chaque  fois  par  fractionnements  à  partir 
du  mélange  initial  que  M.  G.  Claude  avait  eu  la  gracieuseté  de  me  fournir 
en  abondance  (mélange  dont  la  cohésion  était  39,66),  j"ai  obtenu  un 
échantillon  de  gaz  dont  la  cohésion  7,7  était  inférieure  aussi  bien  à  celle 


SÉANCE    DU    3o    MAI    1910,  1 3S I 

des  gaz  plus  condensables  qu'à  celle  des  gaz  moins  condensables  (  '  ).  Après 
une  troisième  opération,  particulièrement  soignée,  la  cohésion  minimum 
s'est  abaissée  à  6,  1 . 

Ces  observations  suffisent  à  calculer  avec  vraisemblance  la  cohésion  à 
laquelle  on  parviendrait  par  une  infinité  d'opérations  identiques.  On  doit 
en  eftet  penser  que  chaque  opération  nouvelle  rapproche  la  cohésion 
minimum  mesurée  j',,  de  sa  limitej'^  proportionnellement  à  l'écart  j„  — y^. 
Un  calcul  facile  fournit  ainsi  la  limite  y^  =  5,(325,  ou  pratiquement  5,6, 
nombre  que  nous  adopterons. 

2.  La  cohésion  de  la  fraction  la  moins  condensable,  après  la  troisième 
opération,  a  été  trouvée  égale  à  22,4,  nombre  nettement  supérieur  à  la 
cohésion  18, 3  de  l'hélium.  On  en  conclut  avec  certitude  que  le  mélange 
initial  contenait  une  très  petite  quantité  d'hydrogène  (cohésion  2o5),  seul 
gaz  qui,  avec  l'hélium,  puisse  échapper  à  la  condensation  dans  l'air  liquide. 

3.  En  vue  d'arriver  à  une  méthode  d'analyse  quantitative,  j'ai  fait  une 
étude  spéciale  des  mélanges  de  néon  et  de  gaz  polyatomiques. 

Pour  eflFectuer  avec  une  précision  suffisante  les  dosages,  quand  le  gaz  ajouté  au 
néon  est  en  proportion  très  faible,  je  commence  par  faire  un  vide  rigoureux  dans 
l'appareil  de  mesure.  J'y  introduis  une  petite  quantité  du  gaz  polyatomique  g  dont  je 
mesure  la  pression  à  l'aide  de  la  jauge  de  Mac  Leod.  J'ajoute  une  quantité  relative- 
ment considérable  de  néon,  je  mesure  la  pression  totale  au  manomètre,  puis  je  déter- 
mine la  cohésion.  Le  vide  étant  fait  de  nouveau,  j'introduis  une  seconde  fois  un  peu 
de  gaz  g^  j'ajoute  le  néon  déjà  impur  de  l'opération  précédente,  je  réalise  une  nouvelle 
mesure  de  cohésion,  et  ainsi  de  suite. 

Quand  on  est  arrivé  à  introduire  en  tout  environ  1  pour  100  de  gaz  g,  on  forme  les 
mélanges  suivants  à  la  manière  ordinaire,  c'esl-à-dire  en  mesurant  les  volumes  dans 
des  cloches  graduées  en  dixièmes  de  centimètre  cube. 

Ce  procédé  a  l'inconvénient  d'accumuler  les  erreurs  de  dosage,  mais  il  est  imposé 
par  la  nécessité  de  n'employer  en  tout,  pour  chaque  série  d'essais,  qu'environ  200'"' 
de  néon. 

4.  Je  prendrai  pour  exemple  les  mélanges  de  néon  et  de  gaz  carbo- 
nique CO^. 

Quand  on  ajoute  à  du  néon  presque  pur  de  très  petites  quantités  de  gaz 
carbonique,  l'accroissement  de  la  cohésion  est  d'abord  beaucoup  plus  con- 
sidérable qu'on  ne  le  calculerait  en  appliquant  la  règle  ordinaire  des 
mélanges.  Mais  cette  règle  se  rapproche  de  plus  en  plus  de  l'exactitude,  à 
mesure  que  la  proportion  de  gaz  carbonique  devient  plus  forte. 

(')   Comptes  rendus,  \\.  149  de  ce  \ohime. 


l382  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'échantillon  de  néon  employé  avait  une  cohésion  égale  à  6,8.  La 
cohésion  du  gaz  carbonique  est  4i8.  Cela  posé,  désignons  par  n  la  propor- 
tion pour  loo  en  volume  de  gaz  carbonique.  La  cohésion  résultante  j' est 
représentée  par  la  formule 

n  (  1  oo  —  n) 


V  =  4 , 1 8  «  +  o ,  o68  (lOO  —  «)+o,i6 


0,6 


Les  deux  premiers  termes,  respectivement  proportionnels  à  n  et  à  loo  —  «, 
donnent,  parleur  somme,  la  cohésion  calculée  d'après  la  règle  des  mélanges. 
Le  dernier  terme  s'annule  pour  n  =  o  et  pour  n  ^  loo;  il  mesure  l'excès 
(toujours  positif)  de  la  cohésion  par  rapport  au  nombre  calculé  par  cette 
règle  : 


0,000 


'77 


Différence. 


,5 


o,4o6  i3,5  i4,9  +1)4 

o,65o  17,1  17,8  -+-0,7 

0,973  20,3  20,6  +0,3 

1,66  24,8  25,0  -HO, 2 

3,11  33,1  32,6  —0,5 

4,86  4i,8  4o,4  —1,4 

6,85  49,0  48,6  —0,4 

9,26  58, o  58,5  4-0,5 

12,71  71,0  72,4  +1 ,4 

100,00  4i8,o  4'8.o  » 

La  valeur  maximum  de  l'excès  est  18,70,  pour  71  =  7, 119.  Pour  une 
même  proportion  infiniment  petite  de  gaz  carbonique  dans  le  néon  ou 
de  néon  dans  le  gaz  carbonique,  l'excès  prend  une  valeur  limite  169  fois 
plus  grande  dans  le  premier  cas  que  dans  le  second. 

Si,  au  lieu  de  considérer  l'excès  par  rapport  à  la  règle  des  mélanges 
(dernier  terme  de  la  formule),  on  veut  connaître  l'effet  total  produit  sur  la 
cohésion  diéleclriquc  de  l'un  des  gaz  purs  par  une  trace  de  l'autre,  on  peut 
dire  que  le  gaz  carbonique  est  7, 2  fois  plus  actif  pour  accroître  la  cohésion 
du  néon  que  le  néon  pour  diminuer  celle  du  gaz  carbonique. 

5.  Les  autres  gaz  étudiés  (air,  hydrogène,  acétylène)  produisent  des 
eÉFets  analogues.  L'air,  dont  la  cohésion  (419)  est  sensiblement  égale  à  celle 
du  gaz  carbonique  (4 18),  provoque  les  mêmes  variations  de  la  cohésion, 
tout  au  moins  pour  des  valeurs  de  n  inférieures  à  2,5. 

Pour  les  autres  gaz,  on  commettra  une  erreur  assez  faible  en  admettant 


SÉANCE  UU  3o  MAI  IQIO.  l383 

que,  dans  les  mêmes  limites,  l'action  de  chacun  d'eux  est  proportionnelle 
à  sa  cohésion  diélectrique. 

6.  Toutes  ces  expériences  ont  été  faites  à  partir  d'échantillons  de  néon 
dont  la  pureté  n'était  pas  parfaite.  Mais  on  peut  s'appuyer  sur  les  résultats 
précédents  pour  calculer  très  approximativement,  par  extrapolation,  la 
proportion  d'impureté.  On  trouve  ainsi  que  le  néon  (de  cohésion  6,8)  em- 
ployé dans  les  mélanges  avec  le  gaz  carbonique  contenait  un  peu  moins 
de  j^  d'impureté,  celle-ci  étant  évaluée  en  gaz  carbonique  ou  en  air. 

L'échantillon  de  néon  le  plus  pur  que  j'aie  eu  en  ma  possession  (cohé- 
sion 6,  i)  devait  contenir  moins  de  j^  d'impureté. 

Ajoutons  que,  si  le  spectroscope  a  révélé  la  mesure  du  gaz  mêlé  au  néon, 
la  mesure  de  la  cohésion  diélectrique  détermine  avec  certitude  la  propor- 
tion du  mélange.  Il  ne  subsiste  plus  aucune  ambiguïté. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Quelques  remarques,  au  point  de  vue  géologique  et 
chimique,  relatives  à  l'action  que  la  chaleur  exerce  sur  l'oxyde  de  carbone. 
Note  de  M.  Armand  Gautier. 

L'examen  de  la  composition  des  laves  et  la  notion  de  la  densité  moyenne 
des  roches  primitives  rapprochée  de  celle  du  globe  terrestre  qui  dépasse 
un  peu  cinq  foiscelle  de  l'eau,  ont  amené  la  plupart  des  géologues  à  penser  que 
l'enveloppe  pierreuse  de  notre  planète  repose  sur  une  pyrosphère  formée  de 
matériaux  de  composition  très  analogue  à  celle  de  nos  roches  éruptives. 
Ces  matériaux  sont  tenus  en  fusion,  grâce  au  feu  central,  à  partir  de 
35ooo  à  /40000  mètresde  profondeur.  Ces  laves,  formées  surtout  de  silicates 
alcalins,  alcalino-terreux,  magnésiens  et  ferreux,  enveloppent  elles-mêmes 
un  noyau  central  métallique  d'une  densité  de  8  environ,  densité  qui  est 
celle  de  la  fonte  de  fer.  Toutes  les  éruptions  volcaniques  amènent  à  la 
surface  des  silicates  contenant  du  fer,  et  quelquefois  le  fer  lui-même.  Des 
gaz,  l'acide  carbonique,  l'oxyde  de  carbone,  l'acide  chlorhydrique,  l'hydro- 
gène libre,  la  vapeur  d'eau,  l'azote,  assez  souvent  l'hydrogène  sulfuré, 
l'ammoniaque,  le  méthane  accompagnent  les  éruptions  de  laves. 

C'est  ce  même  ensemble  de  gaz  que  j'ai  obtenu  en  portant  au  rouge, 
dans  le  vide,  les  poudres  des  roches  éruptives  les  plus  diverses  préala- 
blement desséchées  avec  soin  ('). 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  60  el  189. 


l'384  ACADEMIK     UES    SCIH.NCES. 

Les  gaz  volcaniques  proviendraient-ils  donc  iinic(uement  de  la  fusion  des 
couches  rocheuses  les  plus  profondes?  Je  ne  le  pense  pas;  mais  l'examen 
de  la  nature  de  ces  gaz  ne  permet  pas  davantage  d'admettre  qu'ils  puissent 
se  dégager  tels  quels  de  la  région  ignée  d'où  viennent  les  matériaux 
éruptifs.  En  effet,  ceux-ci  contiennent  toujours  des  silicates  ferreux  qui,  à 
la  température  de  i25o°  à  i3oo°,  qui  est  celle  de  la  fusion  des  roches  les 
plus  profondes,  décomposent  l'eau  et  l'acide  carbonique  en  donnant  des 
oxydes  fixes,  de  l'hydrogène  et  de  l'oxyde  de  carbone. 

Dans  quelle  mesure  ce  dernier  gaz  est-il  à  son  tour  atteint  par  l'hydro- 
gène ?  Quelle  est  l'influence,  dans  ces  réactions,  des  matériaux  métallicjues 
en  présence?  Le  méthane,  qu'on  rencontre  si  souvent  dans  les  gaz  éruptifs, 
peut-il  provenir  de  l'action  de  l'hydrogène  sur  l'oxyde  de  carbone  agissant 
dans  ces  conditions?  Le  gaz  ammoniac  peut-il  lui-même  prendre  naissance 
grâce  à  l'action  de  l'hydrogène  sur  l'azote  aux  très  hautes  pressions  et  en  pré- 
sence de  certains  métaux;  ou  bien  ceux-ci  forment-ils  d'abord  des  azotures 
ou  carbazotures  au  contact  de  l'azote  et  de  l'oxyde  de  carbone,  azotures  et 
carbazotures  que  l'eau  décomposerait  plus  tard?  Pour  examiner  l'ensemble 
de  ces  hypothèses,  il  faudrait  faire  réagir  ces  divers  facteurs,  et  d'autres 
encore,  successivement  deux  à  deux,  trois  à  trois,  aux  températures  et  aux 
pressions  élevées  des  régions  d'où  viennent  les  laves.  Pour  aujourd'hui 
j'examinerai  seulement  le  point  le  plus  simple,  mais  aussi  l'un  des  plus 
importants,  à  savoir  si  la  chaleur  est  bien  apte  à  dissocier  l'oxyde  de  car- 
bone aux  hautes  températures.  L'acide  carbonique,  l'eau,  l'acide  chlor- 
hydrique,  l'hydrogène  sulfuré  ne  peuvent  directement  venir  des  régions 
ignées  du  globe;  mais  l'oxyde  de  carbone  peut-il  nous  arriver  sans  décom- 
position des  profondeurs  de  la  pyrosphère? 

Action  de  la  chaleur  sur  l'oxyde  de  carbone.  —  Elle  a  été  examinée  déjà  par 
divers  chimistes,  en  particulier  par  Henri  Sainte-Glaire  Deville,  Marcellin  Berlhelot 
et  Lothian  Bell. 

H.  Deville  annonça  que,  lorsqu'on  cliaulTe  l'oxyde  de  carbone  au  rouge  blanc  {i3oo" 
à  iSSo")  dans  un  tube  chaud  et  froid  (lube  de  porcelaine  parcouru  suivant  son  axe 
par  un  lube  de  laiton  plus  étroit  où  circulait  un  courant  d'eau  froide),  cet  oxyde 
de  carbone  se  dissocie  en  partie  dans  ses  deux  éléments,  laissant  sur  le  tube  froid 
un  léger  dépôt  de  charbon,  tandis  que  son  oxygène  donne  avec  l'oxyde  de  car- 
bone ambiant  une  quantité  proportionnelle  d'acide  carbonique  (').  Mais  M.  Ber- 
thelot  (')   remarqua   que  déjà   veis   la   teiM|iiratiire  de  55o°    et  sans  t/u'il  se  fasse  le 

(')  Comptes  rendus,  I.  LIX,  p.  871. 

(')  Ann.  de  Cliini.  et  de  Pliys.,  G''  séi'ie,  t.  \X1V,  p.  126. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I9IO.  l385 

moindre  dépôt  de  charbon,  l'acide  carbouique  apparaît  en  faible  proportion.  Berlhelol 
cliauilalt  l'oxyde  de  carbone  dans  un  lube  de  verre  peu  fusible,  scellé  à  ses  deux  bouts 
après  l'avoir  séché  et  complètement  rempli  de  gaz  oxyde  de  carbone  sec.  Cet  oxyde  de 
carbone  provenait  lui-même  de  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  l'acide  oxalique;  il 
passait  ensuite  deux  fois  par  sa  combinaison  avec  Cu-Cl-,  puis  il  était  parfaitement 
privé  de  gaz  carbonique. 

Four  expliquer  la  décomposition  de  l'oxyde  de  carbone  avec  formation  de  CO^  sans 
dépôt  de  charbon,  M.  Berthelot  admit  qu'à  chaud  GO  se  polymérise  d'abord,  sans 
doute,  pour  se  décomposer  ensuite,  en  donnant  un  sous-oxyde  volatil  tel  que  C'O, 
corps  qu'il  ne  parvint  cependant  pas  à  isoler.  La  réaction  s'expliquerait,  selon  lui,  par 
une  réaction  telle  que  la  suivante  : 

SCO  =C'0-|-GO^ 

J'ai  repris  l'examen  de  cette  singulière  décomposition  de  l'oxyde  de  car- 
bone. Je  préparais  ce  gaz,  comme  Berthelot,  en  le  retirant  de  sa  combi- 
naison avec  le  protochlorure  de  cuivre. 

Après  avoir  exactement  chassé  l'air  de  mes  appareils  par  un  courant  d'hydi'ogène  sec, 
puis  d'oxyde  de  carbone,  ce  gaz  était  encore  lavé  soigneusement  au  pyrogallol  potas- 
sique, à  la  potasse  concentrée,  à  la  baryte,  séché  enfin  sur  l'acide  sulfurique.  ,11  péné- 
trait alors  dans  un  tube  de  porcelaine  de  Berlin  vernissé  sur  ses  deux  faces  et  parcouru 
suivant  son  axe  par  un  tube  de  verre  mince  assez  large  où  coulait  un  rapide  courant 
d'eau  froide.  Les  deux  tubes,  porcelaine  et  verre,  avaient  été,  au  préalable,  bien  dessé- 
chés à  3oo°  dans  le  courant  de  gaz  sec  (').  En  remplaçant  ainsi  le  tube  central  de  laiton  de 
H.  Deville  par  un  tube  de  verre  refroidi  destiné  à  condenser  les  particules  de  charbon 
ou  autres  qui  pouvaient  se  produire,  j'ai  voulu  éviter  l'influence  possible  du  métal  ou 
de  ses  oxydes  sur  la  décomposition  du  gaz  oxyde  de  carbone. 

Dans  une  première  expérience,  3750'"°'  de  ce  gaz  sec  (calculé  à  0°  et  760"") 
sont  passés  en  8  heures  et  demie  dans  le  tube  de  porcelaine  chauffé  d'abord 
à  820°.  Il  s'est  ainsi  produit  4™^,  7  d'eau  et  10"*°,  7  d'acide  carbonique.  Sur 
le  tube  de  porcelaine,  ni  sur  le  tube  de  verre,  il  n'est  apparu  aucune  trace 
de  charbon  ou  d'autre  dépôt  sensible  (-). 

La  même  expérience  a  été  répétée  à  i2oo"-i25o"  en  séchant  au  préalable 
le  gaz  sur  P^O'.  Il  s'est  formé  encore  une  quantité  très  sensible  d'acide 


(')  Il  faut  veiller  aussi  à  ce  qu'il  ne  reste  pas  sur  les  tubes  la  moindre  parcelle  de 
matière  organique  qui,  donnant  des  traces  de  charbon  en  se  décomposant  au  rouge, 
agirait  alors,  comme  on  le  verra,  sur  l'oxyde  de  carbone  pour  le  transformer  en  G  -t-GO-. 

(-)  Le  tube  de  verre,  grâce  à  sa  transparence,  permettait  de  voir  les  plus  légers 
détails  ou  dépôts. 


l'SHG  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

carbonique  (non  dosé)  et   i3"^  dVaii,   sans  qu'il  se  déposât  la  moindre 
parcelle  de  charbon  sur  la  porcelaine  et  le  verre. 

Surpris  de  ces  constatations,  une  troisième  expérience  fut  faite  à  800° 
en  desséchant  aussi  soigneusement  que  possible  à  400°  les  tubes  de  porce- 
laine et  de  verre,  laissant  refroidir  dans  le  courant  de  gaz  sec,  réchauffant 
au  rouge  blanc  et  recueillant  seulement  alors  les  produits  qui  se  forment. 
Avant  de  circuler  dans  le  tube,  l'oxyde  de  carbone  était  séché  dans  mon 
laveur  spiraloïde  chargé  d'acide  sulfurique  bouilli,  puis  sur  l'anhydride 
phosphorique.  J'ai  fait  passer  à  1200°  en  7  heures  45  minutes,  le  volume 
de  33oo""'  de  gaz  CO  (calculé  à  0°  et  760'""');  j'ai  obtenu  : 

CO2 08,0667 

H^O 08,0071 

C  ou  aulre  dépôt nul 

Cette  expérience  contrôle  donc  les  deux  autres. 

Il  est  certain  qu'au  rouge  et  même  au  rouge  blanc  (du  moins  jusqu'à  1250° 
à  iSoo"),  l'oxyde  de  carbone  ne  se  dissocie  pas,  même  partiellement,  en 
donnant  du  charbon  suivant  l'équation  de  Deville 

2CO  =  c-|-co^ 

Sur  ce  point  je  suis  en  parfait  accord  avec  Lolhian  Bell  (  '  ). 

Mais  il  reste  à  expliquer  comment  se  produit  l'acide  carbonique;  d'où 
vient  l'eau  ;  que  devient  le  charbon  correspondant  à  l'acide  carbonique 
formé? 

Pour  les  traces  d'eau,  chacun  sait  combien  il  est  difficile  de  sécher  parfai- 
tement un  tube  de  verre  ou  de  porcelaine  qui,  sec  en  apparence  à  Soo"  ou 
4oo°,  laisse  encore  échapper  quelques  traces  d'eau  au  rouge.  Mais  ici,  il  y  a 
plus;  je  me  suis  assuré  que  l'oxyde  de  carbone  obtenu  par  l'acide  oxalique, 
puis  condensé  dans  le  protochlorure  de  cuivre  et  régénéré  de  sa  combinai- 
son avec  ce  corps,  contient  toujours  un  peu  d'hydrogène  (0,21  au  minimum 
pour  100  du  gaz  oxyde  de  carbone  recueilli)  (-).  Or  je  montreraiultérieure- 
ment  qu'au  rouge  le  gaz  hydrogène  réduit  en  partie  CO  pour  donner  de  l'eau 

(')  Voir  Ann.  de  Chim.  et  de  fhrs.,  -'  série,  l.  XXIV,  p.  8,  dans  le  Mémoire  de 
M.  Boudouard. 

(*)  Le  CO  était  recueilli  dans  une  éprouvetle  sur  le  mercure  au-dessus  de  Cu^CI-  qui 
l'absorbait.  La  partie  non  absorbée  du  gaz,  toujours  en  très  faible  proportion,  passait 
ensuite  sur  l'anhvdride  iodique  qui  lui  enlevait  les  dernières  traces  de  CO,  enfin  le 
résidu  était  brûlé  à  l'eudiomètrepar  l'oxygène;  la  contraction  permettait  de  calculer 
le  volume  de  H. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  191O.  l387 

qui,  réagissant  à  son  tour  sur  ce  gaz,  produit  de  l'acide  carbonique.  Je  ne 
pense  pas  toutefois  que  l'acide  carbonique  que  j'ai  obtenu  ait  tout  entier 
cette  origine,  (juant  au  carbone  qui  devrait  cire  ainsi  libéré,  il  s'unit  lui- 
même  à  l'hydrogène  pour  donner  un  hydrocarbure.  Mais  l'action  du  gaz 
hydrogène  sur  l'oxyde  de  carbone  est  trop  importante  et  trop  spéciale 
pour  être  ici  traitée  incidemment;  j'y  reviendrai  donc. 

Comme  H.  Sainte-( Claire  Deville,  et  dans  une  seule  de  mes  nombreuses 
expériences,  j'ai  obtenu  à  900"^'  un  peu  de  charbon  amorpiie  en  faisant  cir- 
culer l'oxyde  de  carbone  pur  et  sec  à  travers  le  tube  de  porcelaine  où  péné- 
trait un  tube  plus  petit  et  de  même  matière,  portant  le  thermomètre  Le 
Chatelier.  C'est  à  l'extrémité  fermée  de  ce  tube  central,  et  du  côté  de 
l'arrivée  du  gaz,  que  s'est  déposé  le  charbon.  Je  pense  qu'il  faut  attribuer 
ces  dépôts  tout  à  fait  exceptionnels  à  l'influence  d'impuretés  et  spécia- 
lement à  un  peu  de  matière  organique  qui  laisse  au  rouge  une  trace  de 
charbon  amorçant  la  réaction.  Les  moindres  parcelles  d'oxyde  de  fer 
agissent  de  même.  C'est  une  des  raisons  pour  lesquelles,  dans  mes  expé- 
riences, j'ai  remplacé  le  tube  de  laiton  de  H.  Sainte-Claire  Deville  par  un 
tube  de  verre  refroidi  par  un  courant  d'eau  à  i  1°. 

J'ai  voulu  examiner  aussi  si,  conforméuient  à  l'hypothèse  de  Berthelot, 
la  chaleur  peut  décomposer  l'oxyde  de  carbone  en  donnant  de  l'acide  car- 
ljoui(pie  et  un  sous-oxyde  tel  que  C-'O  et   même   C^O'   ou  C'O^  ('). 

Pour  cela,  j'ai  fait  circuler  le  gaz  GO  sec,  préparé  comme  il  a  été  dit  ci-dessus,  dans 
des  tubes  de  porcelaine  chaufles  à  Goo"  et  à  800".  Au  sortir  de  l'appareil,  les  gaz  par- 
couraient un  laveur  spiraloïde  plein  d'eau  de  ciiaux  froide  ou  à  l'ébullition.  Je  me  suis 
assuré  qu'il  ne  se  forme  ainsi  ni  acide  oxalique  (C'O'-l-  H-0  =  C^H^O*),  ni  acide 
glycolique,  ni  glyoxal  (C-0  -+-  II-O  ^  G-H-0-),  glj'oxal  qui,  on  le  sait,  en  s'hydratant 
;'i  cliaud  en  présence  des  alcalis,  donne  des  giycolales  que  je  me  suis  assuré  ne  pas  se 
former  : 

c^hm:)^  +  ii2o=^(:-ii>0'. 

Aussije  pense  que  l'observation  delà  production  d'acide  carbonique  à  5(30" 

aux  dépens  de  l'oxyde  de  carbone  et  sans  dépôt  de  charbon  dans  l'expérience 

de  Berthelot  et  dans  les  miennes  s'explique  en  partie  parla  présence  d'une 

trace  d'hydrogène  dans  l'oxyde  de  carbone  suivant  une  réaction  telle  que 

2CO-  11'=  CO^ 4- CHS 

ce  que  j'essayerai  de  montrer  très  prochainement. 

(')  Obtenu  par  M.  Berthelot  dans  l'action  de  l'eflluve  à  haute  tension  l'ur  l'oxyde  de 
carbone.  11  donne,  entre  autres,  C'O'  en  se  décomposant  facilement. 

C.  1;.,  1910.  I"  Semestre.  (T.  160,  N°  22.)  182 


l388  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

.le  conclus  que,  porlé  au  rouge  blanc  à  iSoo",  à  la  pression  ordinaire, 
dans  des  tubes  de  porcelaine  et  à  l'abri  de  toute  matière  organique  et  de  tout 
métal  ('  ),  l'oxyde  de  carbone  ne  subit  pas  de  dissociation  sensible  meltanl 
du  charbon  en  liberté. 


MINÉRALOGIE.    —  Sur  le  minéral  à  structure  optique  enroulée  com/ituanf  les 
phosphorites  holocristallines  du  Quercy.  Note  de  M.  A.  Lacroix. 

Dans  une  Note  récente  (-),  j'ai  montré  que  les  phosphorites  du  (Quercy 
sont  constituées  par  des  composés  hydratés  de  phosphate  et  de  carbonate 
de  calcium  se  rapportant  à  plusieurs  types  distincts  :  i"  un  type  isotrope, 
la  colop/ianile  ;  2°  des  types  hétérogènes  rubanés  (rjuercyites  ),  résultant 
d'un  mélange  intime  de  colophanile  et  de  produits  cristallisés,  opticjuement 
négatifs  |  suivant  les  cas,  francoiile  iibreuse  (slaffélite)  ou  dahllitej  {quer- 
cyite  a.),  auxquels  s'adjoint,  dans  la  quercytte^^  un  minéral  optiquement 
positif,  plus  biréfringent;  3°  un  type  holocristallin. 

.Te  me  propose  dans  la  présente  Noie  de  compléter  l'étude  des  quercyites 
et  de  décrire  les  remarquables  propriétés  du  type  holocristallin. 

N'ayant  pu  parvenir  à  isoler  le  produit  uniaxe  positif,  qui  caractérise  la 
quercyite  {3,  soit  parce  que  sa  densité  est  trop  voisine  de  celle  du  minéral 
optiquement  négatif,  soit  parce  que  le  mélange  de  ces  deux  minéraux  avec 
la  colophanite  est  trop  intime,  j  ai  dû  me  contenter  de  trier  des  portions 
aussi  riches  que  possible  en  ce  minéral  et  j'ai  prié  M.  Pisani  de  faire 
l'analyse  de  deux  échantillons  provenant  :  «,  de  Mouillac  (Tarn-el- 
(laronne);  />,  de  Castillo  de  IJelmez  (province  de  Cordoue).' 


Ca  0 5o ,  4.S  52 ,  50 

V-0- ;56,6o  37,70 

F o,83  » 

CO- 4 .  ^2  5,70 

11-0 6,00  3,20 

Vl-O'-f- Fe-0' i,3o  o,85 


99 '80 


(')  J"ai  essa\é  de  revèlir  mon  luhe  centiMJ  tie  verre  de  lames  minces  de  tailon, 
nitvre,  arp;ent,  oxydées  ou  non.  Sur  aucune  d'elles  il  ne  s'esl  fait  de  dépôt  de  cliarljoii. 
(  >h  verra  qu'il  n'en  est  pas  de  même  en  présence  du  fer,  du  nickel  ou  de  leurs  oxvdes. 

(')   Ciiniptes  rendus,  17  mai  1910,  p.  iai3. 


SÉAXCE    DU    jo    MAI    1910.  l3^'j 

Ces  analyses,  comparées  à  celles  données  dans  ma  précédente  rSole. 
mettent  en  évidence  de  bien  faibles  différences  avec  la  quercyite  a. 

La  pauvi'eté  en  fluor  on  l'absence  du  fluor  et  la  richesse  en  C(J-  font 
penser  que  le  minéral  positif  doit  se  rapprocher,  comme  composition,  de  la 
dahllite  et  la  teneur  élevée  en  eau  doit  être  attribuée  à  Tabondance  de  la 
colophauite.  Il  parait  inutile  de  chercher  à  préciser  davantage  jusqu'à  ce 
que  la  découverte  d'un  échantillon  particulièrement  pur  permette  d'isoler 
ce  produit  cristallisé. 

Plus  intéressant  est  le  type  holocristallin.  Il  constitue  des  concrétions, 
affectant  la  forme  des  gros  champignons  appelés  polypores  ;  elles  ont  été 
recueillies  sur  les  parois  des  fentes  à  phosphorite  de  Mouillac.  Ce  type  forme 
aussi,  au  milieu  des  argiles  du  même  gisement,  des  rognons,  ayant  la  forme 
de  ceux  de  quercyite;  ils  sont  peut-être  dus  à  la  transformation  de  ces  der- 
niers; ils  ne  sont  plus  régulièrement  zones  comme  les  précédents.  La  cas- 
sure, d'un  blanc  mat,  à  aspect  pierreux,  montre  de  longues  libres,  parfois 
groupées  parallèlement,  plus  souvent  palmées  et  enchevêtrées,  ce  qui 
explique  la  ténacité  du  minéral. 

L'examen  microscopique  met  en  «''vidence  la  structure  caractéristique  de 
la  calcédonite  à  enroulement . 

l^e  loiiy  dune  même  libre,  on  voil  en  lumière  jsolarisée  parallèle,  la  biréfringence 
décroître  régulièrement  du  maximum  à  zéro,  mais,  à  l'inverse  de  la  calcédonite,  le 
signe  de  l'allongement  est  ici  positif  et  Taxe  optique  unique  que  les  plages  monoréfrin- 
gentes montrent  en  lumière  con\erj;ente  est  de  signe  négatif.  On  se  trouve  donc  en 
présence  d'un  enroulement  hélicoïdal  de  l'indice  «,j  autour  de  l'axe  d'allongemeui, 
qui  correspond  avec  n^.  Dans  quelques  échantillons,  le  minéral  est  nettement  biaice 
et  l'on  constate,  dans  ce  cas,  que  l'enroulement  a  lieu  autour  de  «,„,  dont  la  valeur  est 
d'ailleurs  fort  \oisine  de  celle  de  n„,  l'écartement  des  axes  optiques  étant  très  faible. 
La  biréfringence  peu  élevée  du  minéral  ne  permet  pas  de  préciser  davantage,  car,  dès 
que  les  préparations  ont  quelques  centièmes  de  millimètres  d'épaisseur,  les  superpo- 
sitions de  fibres  rendent  les  images  en  lumière  convergente  indéchillVables. 

Depuis  la  découverte,  faite  par  M.  Michel  Lévy,  des  enroulements 
hélicoïdaux  dans  la  calcédonite,  cette  même  structure  a  été  reproduite  expé- 
rimentalement par  M.  ^^  allerant,  en  fondant  divers  corps  organiques,  qui 
ne  la  possèdent  pas  à  l'état  norinal,  avec  des  corps  doués  du  pouvoir  rota toire, 
et  M.  P.  (Jaubert  l'a  observée  dans  quelques  substances  organiques,  qui 
paraissent  homogènes. 

Il  est  intére'ssant  de  rencontrer  cette  structure  dans  un  minéral  associé  à 
la  quercyite,  qui  partage  avec  la  calcédoine  la  particularité  d'être  constituée 


iSpo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  un  mélange  inlinie  d'une  substance  cristallisée  (calcédonite)et  d'un  corps 
isotrope  (opale)  de  composition  voisine.  On  pouvait  donc  se  demander  si  cette 
structure  enroulée  ne  provient  pas,  comme  dans  les  expériences  de  M.  \^  al- 
leranl,  de  l'union  plus  intime  de  ces  deux  catégories  de  produits.  L'ana- 
lyse a  n'est  pas  convaincante  à  cet  égard,  car  elle  montre  que  notre  minéral 
possède  une  composition  chimique  extrêmement  voisine  de  celle  (6)  que 
prévoit  la  théorie  pour  la  dahllite  : 

a.  h. 

CaO 53,65  53,7 

l-"-  0° 38 ,  4o  3g ,  o 

CO- 5,3o  6,0 

H^O 2,io  1,3 

Al20^+Fe'^0'+ F 0,57 

100,02  100.0 

La  plupart  des  propriétés  physiques  sont  également  les  mêmes  cpie  pour 
la  dahllite  ('),  dont  le  minéral  du  Quercy  constitue  une  variété  caractérisée 
par  une  propriété  optique  remarquable.  On  sait  que,  dans  la  calcédonite, 
il  existe  aussi  des  types  ne  présentant  pas  la  structure  enroulée. 

L'importance  principale  des  observations,  cjui  viennent  d'être  exposées, 
consiste  dans  la  découverte  d'un  second  minéral  possédant  cette  structure 
à  enroulement  hélicoïdal,  si  intéressante  au  point  de  vue  théorique.  Je 
signalerai,  en  terminant,  que  je  viens  de  l'observer  dans  une  troisième 
substance  naturelle,  dans  un  phosphate  ferrique,  la  dufrènite  de  Rocheforl- 
en-Terre,  dans  laquelle  elle  est  même  visible  à  l'aide  d'un  seul  nicol,  grâce 
à  un  pléochroïsme  intense. 


AGRONOMIE.   —   Im  lutte  pour  l eau  entre  les  organismes  vivants  et  les  milieux 
naturels.  Note  de  M.  A.  Mïtstz. 

L'eau  est  indispensable  au  développement  des  êtres  vivants  ;  si,  à  la 
rigueur,  quelques  organismes  peuvent  conserver  une  vie  latente  à  l'état  de 
siccilé,  toute  manifestation  vitale,  c'est-à-dire  toute  nutrition  et  multipHca- 
lion  de  la  cellule  sont  intimement  liées  à  la  pi'ésence  de  l'eau,  ou  plutôt  à  la 
présence  d'une  suffisante  quantité  d'eau. 

(')  La  densilé  est  de  2,97  au  lieu  de  3,o5;  mais  celle  difl'érence  s'explique  par  la 
sli'uclure  filn-euse,  qui  rend  difficile  l'expulsion  complèle  des  bulles  d'air  comprises 
enire  les  lilires;  N  =  r,62. 


SÉANCt:    DU    bo    MAI    1910.  IJpi 

Par  sa  mobilité,  soil  à  l'état  liquide,  soit  à  l'état  de  vapeur,  l'eau  ost 
conslaniinent  en  mouvement  et  se  répartit  d'une  manière  très  inégale  à  la 
surface  du  globe.  Malgré  sa  masse  totale  énorme,  elle  est  rare  en  bien  des 
points  et  là,  la  vie  animale,  comme  la  vie  végétale,  sont  soulFreteuses  ou 
suspendues.  D'une  manière  générale,  ii  ce  point  de  vue,  la  surface  des  conti- 
nents manque  fréquemment  d'eau;  celle-ci,  qui  leur  est  apportée  incessam- 
ment par  les  agents  atmosphériques,  en  est  incessamment  aussi  enlevée 
par  l'évaporation  et  par  les  drains  naturels  qui  la  ramènent  à  son  grand 
réservoir,  la  mer.  (]e  n'est  qu'à  certains  moments,  par  intermittences  de 
courte  durée,  que  les  continents  disposent  de  la  quantité  d'eau  nécessaire  à 
une  vitalité  intense.  Si  nous  envisageons  l'exemple  le  plus  simple  et  le  plus 
frappant,  celui  du  sol  et  de  la  végétation  qu'il  porte,  nous  voyons  combien 
la  répétition  d'un  apport  d'eau,  soit  par  les  pluies,  soit  par  les  arrosages,  a 
d'iniluence  sur  le  développement  des  plantes.  L'air  contient  toujours  de 
petites  quantités  d'eau;  mais  c'est  presque  en  totalité  à  la  terre,  qui  en  a  été 
abreuvée  et  qui  l'a  pai'tiellement  retenue,  que  les  plantes  l'empruntent  par 
l'intermédiaire  des  racines. 

Mais  ce  n'est  pas  seulement  la  présence  d'une  certaine  masse  d'eau  qu'il 
faut  à  l'activité  végétale,  c'est  la  présence  d'une  certaine  masse  d'eau 
disponible.  L'eau  contenue  dans  la  terre  affecte  deux  états  nettement  diffé- 
rents. Une  partie  est  intimement  liée  à  la  terre,  qui  se  l'est  appro[)riée  par 
une  sorte  de  combinaison  que  nous  avons  pu  mettre  en  évidence,  M.  Gau- 
dechon  et  moi  ('),  par  l'emploi  des  méthodes  calorimétriques.  La  terre 
sèche  dégage  en  effet,  quand  on  la  mouille,  un  nombre  de  calories  variable 
avec  sa  nature;  elle  five  alors,  et  retient  avec  une  certaine  énergie,  une  quan- 
tité d'eau  en  rapport  avec  réchauffement  produit.  Nous  donnerons  provi- 
soirement à  cette  propriété  le  nom  à'afjinité  spécifique.  Lorsque  cette 
affinité  est  satisfaite,  aucun  échauffement  ne  se  produit  par  une  nouvelle 
addition  d'eau.  La  limite  de  saturation  est  alors  dépassée  et  il  y  a  de  l'eau 
libre,  entièrement  disponible  pour  les  organismes  vivants,  tandis  que  celle 
qui  est  liée  à  la  terre  par  cette  affinité,  due  en  partie  à  des  effets  purement 
physiques,  en  partie  à  la  formation  d'hydrates  instables,  ne  se  prête  qu'à 
un  équilibre  entre  le  milieu  inerte  et  les  organismes  vivants.  Ces  derniers, 
ainsi  limités  dans  leurs  besoins  en  eau,  sont  incapables  de  développer  leur 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLIX.  p.  877,  et  Ann.  de  l'tnsl.  agion.,  1'  série,  t.  VIII. 
fasc.  2,  p.  33. 


l3()2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fonction  vitale.  Ils  n(.'  peuvent  le  faire  que  ((uand  il  y  a  de  l'eau  en  excès  sur 
celle  tjui  correspond  à  l'affinité  spécifique  de  la  Lezre. 

Cependant  l'eau  ainsi  liée  à  la  terre  ne  l'est  pas  tout  entière  au  même  degré;  il  v  a 
là  des  actions  en  tout  comparables  à  celles  qu'on  observe  dans  les  plfénomènes  de  dis- 
sociation. Ce  soDt  les  premières  parties  d'eau  ajoutée  à  la  terre  sèche  qui  dégagent  le 
plus  grand  nombre  de  calories,  les  dernières  le  moins,  comme  nous  l'avons  montré 
précédemment  (  '  )  et  nous  avons  appelé  limile  de  satii ration  la  quantité  d'eau,  exprimée 
en  teneur  centésimale,  à  partir  de  laquelle  l'efTet  tliermique  est  nul,  lorsqu'il  inlervienl 
une  nouvelle  quantité  d'eau. 

Nous  avons  constaté  que  c'est  presque  exclusivement  dans  l'humus  et  dans  l'argile 
conl/euus  dans  les  terres  que  réside  cette  afïinité  ;  les  proportions  de  ces  matériaux 
étant  variables  entre  des  limites  très  écartées,  l'eau  ainsi  fixée  dans  la  teire  varie  elle- 
même  de  1  à  20  pour  loo. 

La  terre  sèche,  c'est-à-dire  absolument  privée  d'eau,  n'existe  pas  dans  la  nature,  pas 
plus  que  l'air  absolument  sec,  et  il  s'établit  toujours  un  équilibre  entre  ces  deux  élé- 
menls(*). 

Après  avoir  à  ce  point  de  vue  e.vaniiué  la  terre,  considérons  l'organisme 
vivant  qui  s'y  développera.  Nous  avons  montré  que  ces  organismes,  eu 
tant  que  substance  organique,  de  même  que  les  substances  organiques  en 
général,  ont  également  pour  l'eau  une  affinité  spécifique,  mesurable  par 
leur  échauffement  au  contact  de  l'eau,  et  se  comportent  vis-à-vis  de  celte 
dernière  comme  la  terre  elle-même,  ou,  plus  exactement,  comme  l'humus 
de  la  terre.  Mais  cette  eau  n'est  pas  suffisante  pour  les  manifestations 
vitales  et  il  faut  à  l'organisme,  en  tant  que  tissu  vivant,  animal  ou  végétal, 
plus  d'eau  que  la  quantité  qui  satisfait  à  l'affinité  spécifique. 

Ces  idées  demandent  à  être  précisées  par  des  faits.  Prenons  comme 
exemple  la  germination  du  blé  dans  deux  terres  de  nature  différente  : 

i"  Une  terre  légère,  qui  renferme  2  pour  100  d'eau  lorsqu'elle  est  à 
sa  limite  de  saturation,  est  ensemencée  de  grains  de  blé  contenant  les 
if)  pour  100  d'eau  qui  correspondent  également  à  leur  limite  de  saturation. 
Aucun  échange  d'eau  ne  se  produira  entre  la  terre  et  le  grain,  et  celui-ci  ne 
pourra  pas  germer,  puisqu'il  doit  contenir  environ  36  pour  100  d'eau  pour 
que  la  germination  ait  lieu.  Mais  si  cette  terre  vient  à  contenir  3  pour  100 
d'eau,  il  y  a  excès  sur  la  quantité  satisfaisant  à  sou  affinilé  spécifique;  il  y 


(')  MiMv.  et  Gaidecuu.n,  loc.  cit. 

(^)  Pour  plus  de  simplicité,  nous  ne  faisons  pas  ici  intervenir  les  échanges  d'eau  entre 
la  terre  et  l'air,  admettant  qu'ils  donnent  lieu  ù  des  équilibres  oscillant  entre  cer- 
taines limites  et  constituant  un  état  moven,  ce  (|ui  esl  d'ailleurs  conforrue  à  la  réalité. 


SÉANCE  Dr  '3o  MAI    1910.  l393 

a  donc  de  Fcaii  libre  et  la  graine  peut  alors  en  absorber  suffisamment  pour 
que  la  germination  s'ell'ectuc. 

2"  Une  terre  humitère,  contenant  i8  pour  100  deau  et  dont  raflinilé  est 
satisfaite  avec  cette  quantité,  est  ensemencée  des  mêmes  grains  de  blé.  Ces 
derniers,  puisque  l'écjuilibre  est  établi  entre  les  deux  milieux  en  présence, 
ne  peuvent  pas  prendre  d'eau  à  la  terre  et  la  germination  n'a  pas  lieu.  Mais 
si  cette  terre  vient  à  être  mouillée  de  manière  à  contenir  19  pour  100  d'eau, 
il  y  a  de  l'eau  disponible;  le  grain  en  absorbe  et  germe. 

Nous  venons  de  voir  ce  (pii  se  passe  lorsque  l'équilibreprimitif  est  rompu 
par  suite  de  raugmenta.tion  de  l'eau  de  la  terre;  mais  lorsqu'au  lieu  d'une 
augmentation,  il  y  a  une  diminution,  cas  très  frécjuent,  et  que,  au  lieu  de 
18  pour  100,  il  n'y  en  a  plus  que  17,  l'équilibre  est  également  rompu  et 
alors  c'est  la  graine  qui  cède  de  l'eau  à  la  terre,  jusqu'au  rétablissement  de 
l'équilibre.  Dans  ces  conditions,  la  graine,  loin  de  pouvoir  germer,  se  des- 
sèche, malgré  la  forte  quantité  d'eau  qui  reste  dans  la  terre. 

(^)uand  on  considère  que  dans  la  nature,  comme  dans  la  pratif|ue  cultu- 
rale,  la  proportion  de  la  graine  à  celle  de  la  terre  avec  laquelle  elle  est  en 
contact  est  bien  inférieure  à  , „ ^ „ ^ ,  on  voit  que  la  graine  peut  se  trouver  en 
présence  d'une  masse  d'eau  énorme,  sans  qu'elle  puisse  en  prendre  les  petites 
([uanlités  nécessaires  à  son  activité  végétative,  puisque  cette  eau  n'est  pas 
disponible. 

Comme  application  aux  faits  naturels,  citons  l'exemple  suivant  :  une  terre 
contient  i.)  pour  100  d'eau  qui  satisfont  à  son  affinité  spécifique.  On  y  sème, 
par  hectare,  ioo''s  de  grains  de  blé,  avec  leur  humidité  normale  de  i5 
pour  100.  Pour  pouvoir  germer,  ces  grains  doivent  absorber  encore 
■20  pour  100  d'eau.  Quoique  se  trouvant  en  présence  des45oooo'  d'eau  con- 
tenue dans  la  couche  arable,  la  graine  ne  peut  pas  prélever  sur  cette  masse 
les  20'  qui  sont  nécessaires  à  sa  germination,  puiscjue  les  deux  milieux  sont 
en  équilibre,  Mais  s'il  intervient  une  petite  quantité  d'eau,  par  pluie,  rosée 
ou  brouillard,  et  si  la  terre  s'humecte  juscju'à  ij,5  pour  roo,  par  exemple, 
au  lieu  de  i5  qui  est  sa  limite  de  saturation,  il  y  a  dans  la  couche  arable 
ijooo'  d'eau  disponible,  sur  lesquels  la  graine  prélève  sans  difficulté  les 
(pielques  litres  qu'il  faut  pour  arriver  à  la  germination  (  '  ). 


(')  M.  I*.  Lesage  a  observé  {Comptes  rendus,  l.  CWXIII,  p.  174  et  706)  que  la 
geiniiiialion  des  spores  de  Pénicillium  dans  un  air  liumide  dépend  plus  de  l'état  liygro- 
niétri((ue  de  cet  air  que  de  la  quantité  absolue  de  vapeur  d'eau  en  présence  de  laquelle 
se  lrou\eiit  les  spores. 


l394  ACADÉMlli    DES    SCIENCES. 

Ces  résultais  monlrenl  quel  rùle  les  affinités  pour  l'eau  jouent  dans  les 
manifestations  vitales  à  la  surface  du  globe. 

Nous  venons  de  voir  ce  qui  se  passe  entre  les  éléments  terreux  et  la 
graine.  Lorsque  la  plante  est  développée,  les  relations  entre  les  deux 
milieux  se  compliquent  du  fait  de  Févaporation  dont  les  organes  foliacés 
sont  le  siège  ;  c'est  entre  le  système  radiculaire  et  la  terre  que  se  produit 
alors  la  lutte  pour  l'eau;  mais  la  plante  en  pleine  végétation  ayant  une  plus 
grande  aptitude  à  attirer  et  à  retenir  l'eau,  l'équilibre  entre  elle  et  la  terre 
est  incessamment  rompu  et  tend  incessamment  à  se  rétablir  par  une  sous- 
traction de  l'eau  du  sol  au  profit  de  la  plante. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  du  partage  de  l'eau  entre  la  graine  et  la  terre 
n'est  qu'un  exemple  d'un  phénomène  qui  a  une  grande  généralité.  C'est 
ainsi  que  si  nous  envisageons  les  micio-organismes,  qui  sont  partout  pré- 
sents dans  la  nature,  nous  constatons  des  faits  identiques;  les  bactéries 
nitrifiantes  qui  peuplent  les  sols,  et  dont  l'activité  peut  se  mesurer  par  la 
quantité  de  nitre  qu'elles  forment,  se  conqiortent  comme  les  graines.  De 
même  que  tous  les  êtres  vivants,  elles  ont  besoin  d'eau,  non  seulement  de 
la  petite  quantité  qui  satisfait  à  leur  affinité  de  substance  organique,  mais 
de  ce  qu'on  peut  appeler  l'eau  de  végétation,  qui  gonfle  les  cellules  et  pro- 
voque leur  multiplication  et  leur  fonctionnement,  (^uand  on  étudie  le 
processus  de  la  nilrification  dans  des  terres  de  natures  diverses,  on  est  frappé 
de  voir  qu'elle  peut  être  active  dans  des  sols  qui  ne  contiennent  que  2  à 
3  pour  100  d'eau,  nulle  dans  d'autres  qui  en  contiennent  18  à  20  pour  100. 
Dans  les  premières,  dont  l'affinité  est  satisfaite  avec  1  à  2  pour  100,  les 
organismes  trouvent  de  l'eau  disponible  ;  dans  les  secondes,  argileuses  ou 
bumifères,  et  dont,  par  suite,  l'affinité  nesl  satisfaite  qu'avec  20  à 
22  pour  100,  il  n'y  a  pas  d'eau  disponible  pour  ces  organismes,  qui  se 
Ijornent  à  se  mettre  en  équilibre  hygroscopique  avec  le  milieu  ambiant  et 
ne  peuvent  absorber  l'eau  nécessaire  à  leur  activité  microbienne. 

Nous  n'avons  jusqu'ici  envisagé  que  la  terre  comme  support.  Si  nous 
étudions  au  même  point  de  vue  les  matières  organiques  les  plus  variées, 
nous  voyons  que,  vis-à-vis  des  organismes  de  la  fermentation,  de  la  moisis- 
sure, de  la  pourriture,  elles  se  comportent  comme  les  matériaux  terreux. 
Toutes  ces  matières  ont  une  affinité  spécifique  pour  l'eau  et  en  conlienuenl 
le  plus  souvent  dans  une  proportion  voisine  de  i5  pour  100. 

Nous  avons  également  pu  mettre  celte  aptitude  en  évidence  par  l'emploi 
du  calorimètre.  Les  germes  des  micro-organismes  les  plus  divers  se  trouvent 
dans  ces  matières  et  sont  en  équilibre  hygroscopique  avec  elles;  mais  ils  ne 


SÉANCE    DU    3o    MA.I    igio.  1 390 

peuvent  pas  se  développer,  l'eau,  fixée  par  l'affinilé,  irétant  pas  à  leur 
disposition.  Mais  s'il  intervient  une  très  petite  quantité  d'eau  en  plus  de 
celle  qui  satisfait  à  l'affinité  du  milieu,  les  germes  en  ont  à  leur  dispo- 
sition, bourgeonnent  et  produisent  le  pullulement  îles  organismes  des- 
tructeurs. 

Voici  un  exemple  de  ces  effets  :  la  farine  de  blé  contient  i5  à  iG  pour  100 
d'eau  lorsqu'elle  est  à  sa  limite  de  saturation.  Lme  infinité  de  germes  s'y 
trouvent,  qui  restent  inertes  aussi  longtemps  que  l'état  d'humidité  ne 
change  pas.  Mais  dès  que  la  proportion  d'eau  dans  la  farine  vient  à 
augmenter  quelque  peu,  si  elle  monte  à  17  ou  18  pour  100,  immédiatement 
il  y  a  de  l'eau  disponible,  sur  laquelle  les  germes  peuvent  prendre  ce  qui 
leur  est  nécessaire  pour  manifester  leur  vitalité.  Rapide  et  profonde  est  alors 
l'altération  de  la  farine. 

Toutes  les  substances  alimentaires,  tous  les  produits  de  nos  récoltes, 
donnent  lieu  aux  mêmes  phénomènes.  Aussi  longtemps  qu'elles  ne 
contiennent  pas  plus  d'eau  que  celle  qui  répond  à  leur  affinité  spécifique, 
elles  sont  incapables  de  céder  assez  d'eau  aux  micro-organismes  pour  leur 
donner  l'activité  vitale.  On  sait  de  quelle  importance  est,  pour  la  conserva- 
tion des  denrées,  leur  maintien  à  l'abri  des  causes  d'humectation. 

Nous  n'avons  jusqu'ici  considéré  comme  supports  que  des  milieux  inertes; 
mais  si  le  milieu  est  lui-même  vivant,  végétal  ou  animal,  de  pareilles  actions 
ne  peuvent-elles  pas  intervenir,  et  le  développement  des  maladies  micro- 
biennes ne  tient-il  pas,  dans  beaucoup  de  cas,  à  la  présence,  dans  les  tissus, 
de  quantités  d'eau  supérieures  à  celles  qui  sont  strictement  nécessaires  à 
leurs  affinités"?  Cet  excès  favoriserait  alors  la  germination  et  le  développe- 
ment des  microbes  pathogènes  en  contact  avec  ces  tissus. 

Pour  les  plantes  tout  au  moins,  il  semble  bien  en  être  ainsi;  exemple  :  le 
développement  du  mildevs'  sur  les  feuilles  de  vigne  contenant  7.5  pour  100 
d'eau;  la  résistance  de  celles  qui  n'en  ont  que  65  pour  100. 

Ces  dernières  considérations  mises  provisoirement  à  part,  il  résulte  de 
l'ensemble  de  mes  observations  que  l'activité  vitale  n'est  possible  que  là  où 
l'équilibre  hygroscopique  entre  le  milieu  inerte  et  le  germe  auquel  il  sert  de 
support  est  rompu  par  l'apport  d'une  quantité  d'eau  telle  que  la  limite  de 
saturation  du  milieu  soit  dépassée. 


C.  n.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N"  22.)  l83 


1396  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OCÉANOGRAPHIE.  —   Sur  la  douzième  campagne  scientifique 
de  la  Princesse-Alice.  Noie  de  S.  A.  S.  Albert,  Pri.\ce  de  3Ioi«aco. 

Pendant  Tannée  1909,  j'ai  exéculé  sur  la  Princesse-Alice  les  opérations 
suivantes  : 

20  sondages  en  eau  profonde  jusqu'à  r>9/io">,  dont  i5  avec  prélèvement  d'écliantillnn 
du  fond  et  4  avec  prélèvement  d'échantillon  d'eau. 

4  dragages  jusqu'à  46oo'"  et  pour  lesquels  un  chalut  à  étriers  était  employé. 

1  pose  de  nasse  à  0940™  et  2  suspensions  de  nasse  entre  deux  eauv. 
10  lignes  de  fond  (palancres)  jusqu'à  5940'". 

2  poses  de  tréniails  sur  des  fonds  littoraux. 

5  pêches  au  haveneau  dont  deux  sous  un  projecteur  électrique. 
«1  descentes  de  filet  vertical  jusqu'à  55oo™. 

5i  traînages  de  filet  fin  à  plankton. 

I  photographie  en  couleurs  d'aniniauK  frais. 

I  envoi  de  ballon-sonde  participant  au  lancer  international  du  mois  d'août. 

Des  échantillons  du  fond  et  des  échantillons  d'eau  ont  été  envoyés  au 
professeur  Gockel,  de  l'Lniversité  de  Fribourg,  pour  la  recherche  de  la 
radioactivité.  Ce  savant  vient  de  ine  faire  connaître  que  les  sédiments 
marins  venant  de  i54o'"  à  j54o™  sont  plus  riches  en  radium  que  les  roches 
sédimentaires  de  la  surface  de  la  Terre.  Les  vases  sont  d'autant  plus  actives 
quelles  sont  moins  calcaires  (résultat  déjà  obtenu  par  M.  Joly  ).  Leau  de 
mer  est  inoins  active  que  l'eau  de  source  ordinaire. 

Lne  fois  de  plus,  on  a  constaté  au  large,  et  à  une  centaine  de  milles  dans 
l'ouest  de  Gibraltar,  une  température  de  12",  à  la  profondeur  de  1270"^ 
conftrmanl  l'influence  chaude  des  eaux  de  la  Méditerranée  qui  séconlent 
par-dessus  le  seuil  de  (iibraltar.  Car,  à  cette  profondeur  de  l'Atlantique,  la 
température  normale  est  de  6"  à  7°.  Dans  la  même  région,  le  17  juillet  1908, 
la  Princesse-Alice  avait  trouvé  10"  à  1329'"  et,  le  20  juillet,  12°,  7  à  749'"- 

Les  résultats  les  plus  intéressants  de  cette  campagne,  au  point  de  vue 
zoologique  ou  biologique,  sont  les  suivants. 

Le  chalut  a  donné,  notamment  dans  la  Méditerranée  et  par  930'",  un 
Cruslacé  rare  Calliaxis  adriatica^  sans  doute,  et  un  Sipunculus. 

La  nasse  a  fourni,  de  ,1940"'  et  dans  l'Atlantique,  des  petits  Amphipodes. 

Le  palancre  a  ramené  du  fond  à  2718'",  notamment  un  Centroscymnus 
cœlolepis ;  c'' Qsl  ÏH  plus  grande  profondeur  de  laquelle  un  résultat  me  soit 
revenu  au  moyen  d'hameçons. 

Les  projections  électriques  ont  permis  de  capturer,  avec  un  haveneau, 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I910.  1397 

certains  Poissons  et  (  Crustacés  de  la  surface  ou  de  ses  environs,  et  aussi 
deux  (lalmars  de  taille  assez  grande  (environ  '|0''™)  et  qui  montent  de  la 
profondeur  pendant  la  nuit. 

Le  filet  vertical  à  grande  ouverture  de  9"'  m'a  livré,  au  milieu  de  récoltes 
très  abondantes,  deux  exemplaires  de  SteUosphœra  (larve  très  particulière 
de  Stelléride,  découverte  par  la  Prùicesse-Alice)-,  puis,  entre  la  surface  et 
i5oo™,  sur  un  fond  de  594^""»  cet  appareil  a  permis  la  capture,  plus  remar- 
quable encore,  faite  entre  o™  et  1209"  au-dessus  d'un  fond  atteignant 
2^35'",  de  deux  Etoiles  de  nier  bien  caractérisées,  quoique  très  jeunes,  et 
qui  dérivent  peut-être  du  S/ellosphœra. 

Un  certain  nombre  de  poissons  intéressants  ont  été  obtenus  des  pêcbeurs 
en  eau  profonde,  que  l'on  a  rencontrés  sur  les  côtes  d'Espagne  et  de 
Portugal. 

Cinq  journées  et  cin(|  nuits  de  celle  campagne  furent  consacrées  à  une 
station  sur  un  point  situé  par  :i3°o3  lai.  N.  et  i9°4i'  long.  ^^  .  (Gr.  ), 
vers  920'""  au  large  du  Portugal.  La  profondeur  atteignait  près  de  Gooo'" 
(59/10™)  et  tous  les  niveaux  depuis  la  surface  ont  été  explorés. 

Cette  étude,  faite  suivant  les  méthodes  que  j'applique  aux  stations  com- 
plètes, offre  le  cas  d'une  absence  presque  totale  de  vie  organique  depuis 
le  fond  jusqu'à  la  surface.  Des  organismes  très  rares  el  chétifs  ont  seuls 
été  recueillis  par  le  tilet  vertical.  Quelques  Aiguilles  et  quelques  Céphalo- 
podes ont  passé  dans  la  zone  lumineuse  du  projecteur.  Les  Oiseaux  eux- 
mêmes  ne  se  montrèrent  pas,  non  plus  que  les  Cétacés,  dans  toute  celte 
région  d'un  caractère  désertique  difficile  à  expliquer  autrement  que  par  les 
migrations  du  plankton  de  la  surface. 

En  elîél,  non  seulement  celui-ci  alimenle  les  animaux  au  milieu  desquels 
il  vit,  mais  il  envoie  vers  la  profondeur  des  nappes  de  matière  organique 
morte  dont  les  éléments  sont  utilisés  par  les  populations  ambiantes. 

Le  ballon-sonde,  lancé  le  6  août,  est  monté  à  12200'"  et  il  présente  celle 
particularité  que,  depuis  la  surface  de  la  mer  jusqu'à  la  hauteur,  il  a  ren- 
contré un  vent  de  la  même  direction;  car,  en  suivant  ce  ballon  pour  le 
reprendre,  nous  avons  fait  90'""  au  Sud  à  2°  près. 

OCÉANOGRAPHIE.  —  Sur  les  Iravau.v  océanographiques  du  Musée  de  Monaco . 
Note  de  S.  A.  S.  Albert,  Prince  de  Moxaco. 

Le  Musée  océanographique  de  Monaco  a  été  inauguré  au  mois  de  mars 
dernier,  mais  je  n'avais  pjas  allondu  jusque  là  pour  faciliter  le  travail  des 


iSpS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

savants  étrangers  dans  ses  laboratoires.  Ainsi,  depuis  1907,  VEider,  un  petit 
bâtiment  à  vapeur  construit  exprès  et  muni  de  l'armement  nécessaire,  était 
attaché  au  service  de  ces  derniers,  ^'oici  un  résumé  des  opérations  pour- 
suivies, d'autre  part,  avec  cet  auxiliaire,  pour  le  compte  du  Musée  lui-même 
et  sous  la  direction  du  directeur  de  l'établisssement,  le  docteur  Richard. 

De  1907  à  1909  on  a  obtenu  daus  i4'  sorties  : 

177  sondages  avec  le  sondeur  Léger. 

gSi  écliantillons  d'eau  avec  la  bouteille  Richard. 

961  températures  avec  le  thermomètre  Hichter: 

9,")!  déterminations  de  salinité  par  la  méthode  Knudsen. 

364  prises  de  plankton  de  profondeur  avec  le  filet  Nausen. 

217  prises  de  plankton  de  surface  avec  le  filet  étroit. 

Progressivement  ces  premièi^es  opérations  se  sont  régularisées  suivant 
une  méthode  qui  leur  donne  leur  principale  valeur  ;  ainsi  elles  se  font  deux 
fois  par  semaine  pendant  inie  partie  de  Tannée  et  elles  se  feront  bientôt 
pendant  toute  l'année,  aux  profondeurs  suivantes  :  o"\  25™,  5o"\  tj'", 
100"',  i5o'",  200™  sur  deux  points  de  la  mer,  toujours  les  mêmes.  L'un  est 
situé  à  2485""  au  large  du  Musée,  au-dessus  d'un  fond  de  228"'  ;  l'autre  à 
38i5'"  plus  loin  sur  le  même  alignement  et  au-dessus  d'un  fond  de  444'"- 

M.  Nathansohn,  professeur  à  l'Université  de  Leipzig,  a  déjà  publié  un 
important  Mémoire  sur  les  rapports  des  variations  des  éléments  océano- 
graphiques avec  celles  du  plankton,  basé  sur  les  recherches  de  VEider  \ 
nous  construisons  maintenant  des  courbes  de  température  et  de  salinité. 

Ces  travaux  du  Musée  océanographique  de  Monaco  vont  donc  au-devant 
du  programme  d'études  internationales  que  prépare  la  Commission  océano- 
graphique de  la  Méditerranée  dont  la  présidence  m'a  été  confiée.  Ils 
répondent  d'abord  au  besoin  reconnu  d'observations  locales  dont  il  est 
important  de  généraliser  la  pratique. 


S.  A.  S.  le  PniNCE  DE  Mo.vAco  présente  à  l'Acadéinie  une  nouvelle  feuille 
de  la  Carte  des  gisements  de  Mollusques  comestibles  des  côtes  de  France,  dressée 
par  M.  .louBiN.  Cotte  feuille,  la  17''  de  l'Atlas,  comprend  toute  la  baie  de 
Saint-Malo,  du  cap  Fréhel  à  la  pointe  de  Cancale.  Klle  est  intéressante  par 
la  variété  des  conditions  biologiques  qu'y  rencontrent  les  animaux,  notam- 
ment dans  l'embouchure  de  la  Rance  qui  constitue  un  véritable  fjord. 
Les  gisements  huitriers,  qui  autrefois  étaient  riches  et  nombreux,  sont 
aujourd'hui  presque  complètement  ruinés  et  il   a  fallu  tous,  sauf  un,  les 


SÉANCE   DU   3o  MAI    1910.  i3gg 

déclasser  administrativement.  Les  Coques  (Cardium  edule)  sont  très  ahon- 
danles  et,  dans  la  seule  baie  de  la  Fresnaye,  on  en  récolte  plus  de  20000''' 
par  an.  Les  autres  coquillages  ne  fournissent  pas,  dans  cette  région,  de 
commerce  important. 

ÏHERMOCHIMIE.    —   Chaleur  de  formation  du  peroxyde  de  ctesiurn. 
Note  de  M.  de  Forcrand. 

Les  peroxydes  des  métaux  alcalins  (sodium,  potassium,  rubidium, 
caesium)  des  types  M-Q-,  M-O',  M-O'  forment  aujourd'hui  une  série  à 
peu  près  complète;  mais,  à  part  le  bioxydede  sodium  Na^O-,  on  ne  connaît 
pas  encore  leur  chaleur  de  formation. 

M.  Rengade,  qui  a  obtenu,  il  y  a  4  ans  (  '),  le  tétroxyde  de  ctesiurn 
Cs-0*  à  l'état  de  pureté,  ayant  bien  voulu  me  demander  d'en  faire  l'étude 
thermique,  j'ai  entrepris  les  expériences  suivantes. 

L'un  des  deux  échantillons  qui  m'ont  été  remis  par  M.  Rengade  était  un 
peu  altéré  à  la  surface,  et  son  examen  ne  pouvait  conduire  qu'à  une  pre- 
mière donnée  approximative.  L'oxyde  pesait  i8,3855;  il  était  contenu 
dans  une  nacelle  d'aluminium.  La  dissolution  faite  dans  200*""'  d'eau  addi- 
tionnée de  ao""™'  d'acide  sulfurique  étendu  (à  20^  de  SO''  par  litre)  a  donné 
-I-  34*^"',  22  pour  Cs'-  O  '' . 

Le  second  échantillon,  non  altéré,  pesait  i''',3oo2.  Il  était  formé  par 
une  matière  jaune  en  couche  mince,  rougeâtre  en  couche  épaisse,  étalée 
au  fond  de  la  nacelle  d'aluminium  où  elle  avait  été  fondue.  La  réaction 

Cs^O'  sol.  +  SO'  H^  diss.  =:  Gs^SO'  diss.  -1-  H* O  diss.  +  O^  gaz. 

a  fourni  -i-  32*^"',  84  à  +  10°  (-). 

Il  y  a  lieu  d'ajouter  à  ce  nombre  d'abord  4-0*^*',  06  pour  tenir  compte  de 
l'excès  d'acide  employé,  puis  +0^"',  12  pour  la  vaporisation  de  l'eau  entraînée 
par  l'oxygène.  On  trouve  donc  finalement  -i-33^''',02. 

Et  comme  on  connaît 

r.ai 
Cs-  sol.  +  Aq -+-  96,90 

2CsOH  diss.  -H  SO'H^  diss +  3i  ,64 

IP-h  0^+  Af[ +  -v>,()\ 

(')  Comptes  rendus,  l.  CVLll,  1906,  p.  i  1  .'19. 

(-)  L'analyse  a  donné:  Cs  pour  100  :  80,24  (tliéorie  80,61)  el  O  à  l'élat  d'eau  oxy- 
génée :  4^93  (tliéorie  4i85).  C'est  donc  bien  du  tétroxyde  pur. 


i4oo 

ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

on  en  déduit 

Cs'sol. 

+  0*gaz.  =  Cs'0'sol 

et 

Cs-Osol 

.-+-0^'gaz.=r:Cs-^0*sol 

,4i,46 


58,76 


Le  premier  de  ces  nombres  est  voisin  de  ceux  fournis  par  Li-  +  O  ou 
Sr-t-0,  soit  +143,32  et  -|-i3S,6/|;  d'où  il  résulte  immédiatement  que 
les  métaux  alcalins  doivent  s'oxyder  au  maximum  (M-0*)  pour  montrer 
vis-à-vis  de  l'oxygène  autant  d'affinité  que  les  métaux  alcalino-terreux  dans 
leurs  protoxydes.  Et  déjà  la  chaleur  de  formation  des  bioxydes  alcalino- 
terreux  dépasse  sensiblement  la  valeur  précédente  (Sr  -i-  O*  =  +  i5i,7i  ). 

On  remarquera  encore  que  la  fixation  des  3"'  d'oxygène  sur  Cs-0  dégage 
beaucoup  moins  de  chaleur  (-1-  08,76)  que  la  fixation  du  premier  atome 
(+(S2,7o)et  que  la  moyenne,  soit  le  tiers  de  58, 7'),  donne  -f-  19^"', 5;)  pour 
chaque  atome  d'oxygène  supplémentaire  fixé,  soil,  en  moyenne,  le  quart 
de  +  82,70. 

Et  il  vient  tout  d'abord  à  l'esprit  l'idée  de  rapprocher  ce  nombre  moyen  : 
-+- 19*^"',  59  de  la  chaleur  dégagée  dans  le  passage  de  Na-0  à  Na-'O-.  On  a 
en  effet  : 


donc 


Na-  -H  O +  1 00 ,  70 

Na^+  O' +  r  19,77 

Na«0  -h  ()  —  Na"-0= +  i(f-^',oy 


ce  qui  est  la  même  valeur,  sensiblement. 

Mais  il  est  certain  que  ce  rapprochement  n'est  que  fortuit.  On  ne  doit  pas 
en  conclure  notamment  que  l'on  aurait  : 

Cal  Cnl 

.\a''0-+-0 -(-19,07  Cs-O-t-0 -4-19,59 


JOlt 


'9-07 

Cs^O 

19.07 

Cs'O- 

19,07 

Cs>0' 

yiaHy--^-o -+-19,07  Cs'0'--hO +'9.^9 

Na'0»-f-0 -1-19,07  Cs»0'h-0 -l-uh^'P 


Na^-i-O' -t- i57P''',9i  Cs^^-hO' -i- i4ic^'',4(3 

car  il  arrive  toujours  que  la  suroxydation  dégage  de  moins  en  moins  de 
chaleur  à  mesure  qu'elle  se  complète;  les  nombres  vont  donc  certainement 
en  décroissant. 

On  sait  en  outre  que  le  bioxyde  de  sodium  Na-0-  est  le  dernier  terme 
réalisable  par  oxydation  directe  du  métal,  lorsqu'on  opère  dans  les  condi- 


SÉANCE  DU  3o  MAI  19IO.  l4oi 

lions  ordinaires,  c'est-à-dire  à  la  pression  ordinaire  et  à  une  température 

de  200"  à  Soc"  au  moins,  nécessaire  pour  sortir  de  la  zone  de  repos  chimique 

dans  ces  sortes  de  réactions.  Les  peroxydes  ÎNa'O'  et  Xa^T)'  sont  donc 

complètement  dissociés  à  ces  températures,  ce  qui  conduit  à  attribuer  aux 

réactions 

Na-O'+.0     et  même     I\a- 0-4-0 

une  valeur  inférieure  à  7^"'  ou  S^"K 

D'autre  part  M.  Rengade  a  constaté  que  Cs-O'  a  déjà  une  tension  de 
dissociation  sensible  (environ  7°"")  vers  /iSo",  bien  qu'on  puisse  cependant 
la  faire  fondre  à  5i  j",  sans  altération,  dans  un  courant  d'oxygène  pur.  Ces 
observations  conduiraient  à  attribuer  à  Cs-O'  une  température  de  dissocia- 
tion de  ,55o°  environ  et  par  suite  une  valeur  de  -+-  12'^''',  5  à  peu  près  pour  la 

réaction 

Cs20'-t-r»  =  Gs'0-. 

Il  resterait  donc  -h  5^,'jij  —  i'-î,5,  soit  4*''^"'j26  pour  la  fixation  de  O- 
sur  Cs*0,  et  encore  ce  nombre  devrait-il  se  décomposer  en  deux  fractions 
inégales  pour  mesurer  le  passage  de  Cs*0  à  Cs-O*  d'abord,  puis  de  Cs-O' 
à  Cs-O^,  la  première  réaction  dégageant  plus  de  chaleur  que  la  seconde. 

De  sorte  que  le  Tableau  des  chaleurs  de  formation  du  proloxyde  et  des 
peroxydes  de  caesium  aurait  l'allure  suivante  : 

Cs^     +0  =Cs^O  +  82,"; 
Cs^    +0'  =  CsîO>-+-i4i,46 
par  différence  : 

CsM  »  +  O'  =:  Cs^  O  ■'  H-   58 ,  -a 

cette  différence  se  décomposant  k  peu  près  de  la  manière  suivante  : 

Cs^  O  H-  O  =  Cs-  O-  +  28  ','26 

Cs2  O- -H  O  =  Csm:»3  ^- 1 S ,  o 
Cs'-0'4-o  =  Cs5  0--H  12,:) 


+  58, 7<; 

La  connaissance  de  quelques  autres  termes  de  la  série  des  peroxydes 
alcalins  permettra  de  préciser  la  signification  de  ce  Tableau. 

Mais,  dès  à  présent,  la  valeur  de  suroxydation  :  ■+■  58'"'',76  permet  d'expli- 
quer pourquoi  la  caesine  hydratée  du  commerce,  soit  CsOH  +  H-'O,  ne  peut 
être  déshydratée  complètement  lorsqu'on  la  chauffe  à  l'air,  vers  450°,  au 
creuset  d'argent,  sans  qu'il  se  forme  un  peroxyde. 


l/|02  ACADÉMIE    DES    SCII-NCES. 

Il  s'agil  en  somme  de  comparer  les  deux  réactions  suivantes,  que  nous 
connaissons  complètement  mainlcnanl  : 

C!,20+  IPOgaz.  ^2CsOH-i-6o':"'.oi 

.S2,7  5(),35  il   100°  203,06 

et 

Cs^O  4- 0^=  Cs'-0'+ .j8c»i.76. 

Les  deux  valeurs  sont  extrèmemoni  voisines,  la  diftercnce  étant  seulement 
(à  luo")  de  -f-  i'^''',25  en  faveur  do  la  première.  Mais  déjà  à  200°  cette  difTé- 
rence  s'annule,  car  le  nombre  59,35  devient  58,2,  et  elle  devient  nénative 
à  3oo°  ou  /|Oo°.  C'est  alors  la  seconde  réaction  qui  dégage  le  plus  de  chaleur 
(2^"'  à  3^^"'  de  plus  environ),  surtout  si  le  mêlai  de  la  nacelle  d'argent  inter- 
vient en  s'oxydant  lui-même. 

Dès  lors,  à  celte  température,  l'oxygène  doit  réagir  sur  2CsOH,  chasser 
l'eau  et  forjner  le  peroxyde  Cs'-O'. 

On  aurait  même  là  un  moyen  très  simple  de  préparer  (^s^O'  (chauffer 
CsOH  à  5oo-' dans  un  courant  d'oxyg-ène),  mais  la  réalisation  de  rexpérience 
se  trouve  gênée  par  l'altaque  des  nacelles,  ce  qui  ne  permet  pas  d'obtenir  le 
peroxyde  pur  par  cette  méthode. 

Je  discuterai  prochainement  des  faits  analogues  pour  les  autres  métaux 
alcalins  en  faisant  connaître  la  chaleur  de  formation  du  peroxyde  de  potas- 
sium K^  (_)■'. 


BOTANIQUE.   —    La  truffe  peitl-elle  se  replanter? 
Note  de  M.  Lecoq  de  Boisbaudran. 

\)Ai\?,\e?>  Comptes  rendus  (^l'j  mai  1910,  p.  i255),  M.  (î.  Boyer  a  décrit 
d'intéressantes  observations  faites  par  lui  sur  la  croissance  de  la  truffe  noire 
et  d'après  lesquelles  il  ne  semblerait  pas  que  le  tubercule  pût  se  nourrir 
dans  la  terre  après  la  section  de  ses  attaches  mycéliennes. 

.l'ai  autrefois  remarqué  un  fait  qui  m'avait  conduit  à  penser  (juc  si 
l'ablation  du  mycélium  nuisait,  dans  une  certaine  mesure,  au  dévelop- 
pement de  la  truffe,  il  ne  l'empêchait  pas  absolument;  soit  que  la  truffe 
absorbât  les  sucs  de  la  teri^e,  soit  plutôt,  peut-être,  qu'elle  se  remît  en 
communication  avec  l'arbre  (chêne  noir)  par  un  nouveau  mycélium. 

Vers  la  fin  d'août,  j'arrachai  une  truffe  pesant  quekjues  grammes.  Le 
terrain,  très  peu  profond,  argilo-calcaire  et  rouge,  reposai!  sur  un  rocher 
calcaire  (crétacé  inférieur),  à  la  (Irolette,  près  Cognac  (  (Charente). 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I910.  l/joS 

Extérieurement,  la  truffe  était  noire.  D'un  coup  d'ongle,  on  enleva  un 
petit  éclat  de  chair,  laquelle  était  ferme  et  très  blanche. 

La  truffe  fut  alors  remise  en  place,  après  qu'on  eut  noté  la  forme  de  sa 
blessure  et  repéré  sa  position  sur  le  terrain. 

A  l'époque  ordinaire  de  la  récolte,  la  truffe  fut  retrouvée  et  identifiée  ; 
elle  avait  beaucoup  grossi  et  était  noire  à  l'extérieur;  la  forme  générale 
avait  peu  varié;  l'intérieur  était  noir  et  même  un  peu  plus  que  ne  le  sont 
les  truffes  en  moyenne;  il  y  avait  peu  ou  point  de  marbrures  blanches;  la 
chair  était  sensiblement  plus  ferme  que  chez  les  truffes  ordinaires;  le  goût 
m'a  paru  être  presque  normal,  quoique  certainement  un  peu  inférieur  à  celui 
des  autres  truffes  voisines. 


S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
exemplaire  de  la  médaille  frappée  à  l'occasion  de  l'inauguration  du  Musée 
océanographique  de  Monaco. 


ELECTIOIVi^. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Corres- 
pondant pour  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie  en  remplacement  de 
M.  Lorlet^  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5o, 

]\L  Pérez        obtient /[5  suffrages 

M.  Sauvage        »        3        » 

M.  Bataillon       »         i  suffrage 

M.  Renaut  »         i         » 

M.  Pérez,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  élu  Corres- 
pondant de  l'Académie. 


CORRESPOIVDAIVCE . 

MM.  Andrew  C.-D.  Cromnemn  et  P. -H.  Cowei.l  adressent  des  renier 
ciments  pour  la  distinction  que  l'Académie  a  accordée  à  leurs  travaux. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  22.)  l84 


l4o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaike  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Plusieurs  brociiures  relatives  au  Congrès  mondial  des  Associations 
internationales  sous  le  patronage  du  Gouvernement  belge  (Bruxelles,  191  o). 
(Présenlé  par  M.  le  Prince  Roland  Bonaparte. ) 

2°  Plan  de  travaux  océano graphiques  à  exécuter  dans  les  stations  maritimes, 
adopté  à  Monaco  par  la  Commission  de  la  Méditerranée  le  i*''  «(7771910.  Texte 
rédigé  par  M.  Joubin.  (Présenté  par  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

3"  Documents  scientifiques  de  la  Mission  Tilho  (1906-1909).  Tome  I. 
(Présenté  par  M.  Charles  Lallemand.) 

4"  Dictionnaire  haoussa.  Grammaire  et  contes  Iiaoussas,  par  M.  Lakheroin 
et  J.  Tilho.  (Présenlé  par  M.  Ch.  Lallemand.) 

.j°  L'arbre  à  caoutchouc  du  Tonkin  et  du  Nord-Anna/n,  Bleekrodca  tonki- 
nensis  Dub.  et  Eber.,  par  Pn.  EBEnnARDT  et  M.  Dubahd.  (Présenlé  par 
M.  G.  Bonnier.) 


ASTRONOMIE.  —  l'iiénoménes  observés  au  Pic  du  Midi  du  18  au  19  /tiai 
(passage  de  la  comète  de  Halley  sur  le  Soleil).  Note  de  M.  Emii-e  Makciiaxd. 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

Dans  les  deux  stations  de  l'observatoire  (^Pic  du  Midi  et  Bagnères-de- 
Bigorre)  toutes  les  dispositions  avaient  été  prises  pour  observer  aussi  bien 
que  possible  les  divers  phénomènes  auxquels  pouvait  donner  lieu  le  passage 
de  la  Terre  à  travers  la  cjueue  de  la  comète  de  Halley.  Mes  collaborateurs 
et  moi-même  sommes  restés  en  observation  toute  la  nuit;  malheureusement 
le  temps  a  été  très  peu  favorable  ;  pendant  la  nuit  le  ciel  est  resté  presque 
entièrement  couvert  de  strato-cumulus  dont  la  partie  inférieure  (située  vers 
2800"'  )  balayait  souvent  le  Pic  du  Midi.  Cependant,  il  y  a  eu  des  éclaircies 
étendues,  à  travers  lesquelles  nous  avons  [)u  voir  les  étoiles  et  la  Lune,  mais 
sans  apercevoir  aucune  étoile  filante  (il  en  avait  été  de  même  d'ailleurs, 
pendant  les  nuits  précédentes,  avec  un  état  du  ciel  à  peu  près  semblable). 

Dans  ces  éclaircies,  aucune  lueur  anormale  n'a  été  constatée  au  voisinag<' 
duzénith.  Mais,  un  peu  avant  3'',  M.  Lalreille  au  Pic,  a  vu  à  l'horizon  du  > 
au  NNE,  puis  un  peu  plus  tard  du  NW  à  TE,  une  bande  lumineuse,  assez 
large,  de  couleur  jaune  orangé,  que  j'ai  observée  moi-même,  à  Bagnères, 
entre  3''  et  4''.  Cette  bande  n'était  autre  chose  que  l'un  des  phénon)ènes  qui 
précèdent  normalementle lever  du  Soleil  ;  cepend;mt,  c'est  seulcmeiiL  lorsque 


SÉANCE  DU  3o  MAI  19IO.  l4o5 

l'atmosphère  est  chargée  de  poussières  très  fines  et  très  élevées  (comme  cela 
s'est  produit,  par  exemple,  en  1902  et  1903,  après  l'éruption  delaMartinique) 
qu'elle  prend  une  grande  étendue  et  qu'elle  précède  ainsi,  de  2'',  le  lever 
du  Soleil. 

D'autre  part,  dans  les  éclaircies,  la  Lune  s'est  montrée  entourée  d'un  cercle 
de  lumière  verdàtre,  de  i",5  à  1"  de  diamètre,  tout  à  fait  semblable  à  celui 
que  j'ai  souvent  observé  en  1903. 

Ce  phénomène  a  été  encore  plus  marqué  dans  les  soirées  du  19  el  du  20.  De  plus, 
dans  la  soirée  du  20.  ce  cercle  présenta  d'abord  une  teinte  rouge  cuivré  très  prononcée 
en  même  temps  qu'on  voyait,  à  l'Iiorizon  NW,  des  strates  rougeàtres  d"aspecl  poussié- 
reux, assez  élevées,  et  absolument  diiiérentes  des  cirro-stralus.  Mais  l'horizon  même  était 
chargé  de  strato-cumulus,  et,  par  suite,  il  n'y  eut  pas  de  segments  roses  après  le  coucher 
du  Soleil,  ni  de  bandes  colorées,  longtemps  prolongées  à  l'horizon.  Plus  tard,  la 
couronne  lunaire,  toujours  intense,  devint  verdàtre,  comme  les  jours  précédents,  sans 
autre  coloration  sensible  sur  le  contour  extérieur. 

Le  19,  une  couronne  analogue  existait  autour  du  Soleil,  avec  un  diamètre 
de  2"  à  3";  elle  était  plus  visible  encore  les  jours  suivants  et  parfois  assez 
colorée  en  rouge,  sur  le  bord,  pour  frapper  même  des  observateurs  peu 
attentifs. 

Considérés  comme  phénomènes  de  difTraction,  ces  couronnes  supposent 
l'interposition  de  poussières  dont  les  grains  auraient  un  diamètre  moyen 
de  20^^  à  30^*  (microns). 

Il  y  avait  grand  intérêt  à  étudier  la  variation  possible  de  la  radiation 
solaire  du  18  au  19  mai,  et  M.  VioUe  avait  bien  voulu  m'écrire  pour  me 
recommander  les  observations  actinométriques.  Malheureusement,  l'état 
du  ciel  a  été  des  plus  défavorables,  non  seulement  les  jours  précédant  le  19, 
mais  aussi  depuis  cette  date  jusqu'à  ce  jour  (28  mai),  et  il  n'a  été  possible 
d'observer  utilement  que  le  19  même,  de  11''  à  i.V,  au  Pic  du  Midi. 

Le  19,  les  observations  de  M.  Latreille  ont  donné  2,40  à  n''3o"'  et  2,23 
à  i3''3o™  pour  intensités  de  la  radiation  solaire  directe  (en  unités  arbi- 
traires dont  la  valeur  est  voisine  de  0,6  calorie-gramme  par  minute  et  par 
centimètre  carré)  ;  ces  nombres  sont  beaucoup  plus  faibles  que  ceux  obtenus 
ordinairement  vers  la  même  date  et  aux  mêmes  heures  (2,8  à  3,o);  ils  sont 
même  inférieurs  à  cetix  donnés  par  les  mesures  faites  en  mars  et  avril  1910. 
Il  a  été  impossible  de  faire  de  nouvelles  observations  depuis  le  19.  Malgré 
cela,  il  semble  bien  résulter,  de  tous  les  faits  exposés  précédemment,  que 
des  poussières  très  ténues,  d'origine  cosnu</ue^  se  sont  répandues,  du  18  au 
19  mai,  dans  l'atmosphère  terrestre. 


l4o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  19,  à  7''  du  malin,  M.  Lalreille  a  pu,  au  Pic  du  Midi,  observer 
le  Soleil,  par  projection,  à  Téquatorial  Eichens  de  o'"22  :  il  n'a  rien  aperçu 
d'anormal  sur  l'image  projetée.  Un  groupe  de  taches  et  facules  important, 
que  nous  suivions  depuis  plusieurs  jours,  arrivait  alors  au  méridien  central 
du  disque  solaire,  et  il  semble  que  ce  soit  simplement  à  celte  circonstance 
qu'il  faille  attribuer  (selon  la  loi  que  j'ai  énoncée  en  1887)  la  perturbation 
magnétique  qui  s'est  produite  dans  la  nuit  du  18  au  19. 

Cette  perturbation  n"a  pas  été  forte;  les  plus  grandes  variations,  en  déclinaison, 
n'ont  atteint  que  5',o  au  Pic  du  Midi  et  4',7  à  Bagnères.  11  y  a  eu  en  même  temps  des 
variations  et  des  cliangements  de  signe  (que  j'ai  observés  toute  la  nuit)  du  courant 
lellurigtie  sur  la  ligne  télégraphique  de  l'Observatoire,  mais  ces  variations  n'ont  rien 
présenté  d'exceptionnel. 

Enfin,  des  mesures  du  champ  électrique  de  l'atmosphère  ont  été  faites,  au 
Pic  du  Midi^  dans  la  soirée  du  18  et  la  matinée  du  19;  le  brouillard,  fréquent 
dans  la  nuit,  n'a  pas  permis  de  les  continuer  entre  21''  (du  18)  et  6'' (du  19): 
on  n'a  rien  constaté  d'anormal.  A  /iagnéres,  M.  Dort  a  trouvé,  à  7'',  une 
valeur  extrêmement  for  le  du  champ  (33o  volts  par  mètre),  la  moyenne  de  7'' 
étant  de  i4o,  en  mai)  d'autant  plus  anormale  que  le  ciel  était  alors  couvert 
de  strato-cumulus  uniformes  et  élevés  (vers  2000"*)  ne  présentant  aucun 
aspect  orageux,  circonstance  qui  diminue  ordinairement  la  valeur  du  champ. 
Malgré  cela,  l'ensemble  de  nos  observations  ne  semble  comporter  aucune 
conclusion  nette  en  ce  qui  concerne  l'action  électrique  possible  de  la  matière 
cométaire. 


ASTRONOMIE.   —   Obsen'ations  de  la  comète  de  Halley ,  faites  à  l  Obsersatoire 
de  Sofia  {Bulgarie),  le  18  mai  1910.  Note  de  M.  K.  Popokf,  présentée 
par  M.  Bigourdan. 

Pendant  la  nuit  du  18  mai  le  ciel  était  brumeux,  et  il  n'y  a  eu  rien  qui  ait 
attiré  l'attention  jusqu'au  moment  du  coucher  de  la  Lune.  Dès  ce  coucher, 
les  brumes  légères  se  sont  dissipées  et  ont  laissé  voir  là  queue  de  la  comète, 
qui  était  moins  lumineuse  et  un  peu  plus  longue  que  le  jour  précédent.  Elle 
n'était  pas  changée  d'aspect  :  large  de  10°  près  de  l'horizon,  elle  se  rétré- 
cissait peu  à  peu  et  n'avait  que  i''  de  largeur  à  son  extrémité,  qui  touchait 
la  voie  lactée  près  de  "C  Aquila».  On  a  pu  l'observer  jusqu'à  i5''3™,  temps 
local. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.  1407 

Dès  le  lever  du  Soleil,  je  me  suis  mis  à  examiner  la  surface  solaire  avec 
une  lunette  de  9(S"""  d'ouverture.  Ces  observations,  qui  ont  duré  de  ly'^S'" 
à  i8''o"*,  temps  local,  étaient  souvent  empêchées  par  les  nuages.  Je  n'ai 
pas  pu  surprendre  de  trace  de  la  comète  sur  le  disque  solaire. 


ASTRONOMIE.   —   Observations  de  la  comète  de  Halley,  faites  à  V Observatoire 
d' Athènes.  Mote  de  M.  D.  Eginitis,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

Les  observations  relatives  à  la  comète  de  Halley  ont  été  favorisées,  à 
Athènes,  durant  toute  la  nuit  du  18  mai,  par  un  ciel  très  beau.  La  Lune, 
assez  forte,  gênait  beaucoup  l'observation  de  la  queue;  on  n'a  pu  l'aper- 
cevoir bien  que  tout  de  suite  après  le  coucher  de  notre  satellite. 

\Jéclat  de  la  queue,  qui  diminuait  déjà  constamment  depuis  plusieurs 
jours,  était  sensiblement  plus  faible  que  pendant  les  trois  précédentes  nuits; 
elle  était  moins  lumineuse  de  beaucoup  que  la  Voie  Lactée  et  elle  avait  un 
aspect  sombre  de  fumée.  Sa  longueur  était  de  117°;  son  extrémité,  d'en- 
viron 5°  de  largeur,  paraissait  aboutir  vers  l'étoile  "(  Aigle,  près  de  la  Voie 
Lactée,  qui,  très  probablement,  empêchait,  par  son  éclat  intense,  son 
observation  au  delà  de  cette  limite;  car,  pendant  plusieurs  nuits  consécu- 
tives, on  la  voyait  se  terminer  exactement  à  cette  même  place. 

La  queue  fut  visible,  sans  aucune  variation  sensible,  jusqu'à  i5''5o'"du 
matin  (t.  m.  d'Athènes);  elle  n'a  disparu  qu'au  moment  où  l'aube,  déjà 
trop  lumineuse,  l'a  rendue  invisible. 

Pendant  la  nuit  du  18  mai,  il  ne  se  produisit  dans  l'atmosphère  terrestre 
aucun  phénomène  extraordinaire;  toutes  les  courbes  de  nos  instruments 
enregistreurs  météorologiques  présentent  une  marche  régulière.  De  même 
les  courbes  de  noire  magnétographe  Mascart  ont  l'aspect  ordinaire,  avec 
quelques  perturbations  très  faibles. 

On  n'a  vu  tomber  que  deux  étoiles  filantes  pendant  toute  la  nuit,  et  aucun 
bolide.  Ce  n'est  qu'en  Thessalie,  près  de  Volo,  qu'on  a  aperçu  à  i3'm5™ 
(t.  m.  d'Athènes)  un  bolide  splendide,  qui  éclata  avec  un  bruit  assez  fort 
pour  effrayer  la  population.  Le  ciel  n'a  présenté  ni  illumination  particulière 
ni  aucune  lueur  phosphorescente. 

La  queue  de  la  comète  a  continué  d'être  visible,  à  l'Est,  exactement  à  la 
même  position  que  la  veille,  mais  un  peu  plus  faible,  le  lendemain  encore, 
19  mai,  vers  i5''  du  matin;  elle  a  été  bien  vue,  à  l'œil  nu,  par  un  grand 
nombre  de  personnes.  Le  soir  du  20  mai,  vers  7''  à  8'',  nous  l'avons  observée 


l4o8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

au  moyon  de  noire  grand  équatorial;  elle  était  encore  dirigée  rejs  l'Ouest, 
soit  (lu  cùlé  du  Soleil. 

L'aspect  de  la  tête,  de  coloration  jaunâtre,  a  subi  des  transformations 
importantes  depuis  le  12  mai  : 

Le  noyau,  plus  étendu  mais  moins  brillant,  ne  se  sépare  plus  d'une  manière  aussi 
nette  de  la  nébulosité  de  la  tête.  Le  contour  qui  limite  la  tète  de  la  comète  vers  son 
sommet,  paraît,  au  contraire,  très  net  et  très  brillant;  il  se  présente  sous  la  forme 
d'un  arc  parabolique  bien  lumineux,  non  frangé  extérieurement,  ayant  son  sommet 
tangent  intérieurement  au  noyau;  il  tourne  sa  convexité  à  l'Est,  soit,  en  apparence^ 
à  l'opposé  du  Soleil.  La  queue  paraît,  relativement,  trop  courte;  on  dirait  que  la 
comète  était  tronquée  ou  en  partie  occultée.  Elle  a  la  forme  de  la  phase  de  la  Lune  un 
peu  avant  son  premier  quartier;  la  longueur  de  l'axe  de  la  queue  est  d'environ  2', 
presque  quatre  fois  plus  petite  que  la  largeur  de  la  corde  qui  limite  la  queue  (').  La 
queue  est  complètement  invisible  à  l'œil  nu. 

.\ous  avons  cherché  la  queue  de  la  comète,  le  lendemain  matin,  20  mai, 
à  l'Est,  de  i4''  à  i5''3o"';  mais  nous  ne  l'avons  pas  vue. 

Il  est  vrai  que  la  Lune  était  plus  forte,  et  quelques  nuages  couvraient  en  partie  le 
ciel;  mais  il  est  certain  aussi  que,  par  moments,  nous  l'aurions  bien  aperçue,  si  elle 
existait.  Il  est  évident  qu'il  ne  s'agit  ici  que  d'un  efl'et  apparent  de  perspective  ou  de 
projection  sur  la  voûte  céleste  de  la  (\y\^w&,  fortetnent  recourbée  en  arrière,  du  côté 
d'où  venait  la  comète,  comme  d'ordinaire;  ces  apparences  ne  sont  donc  que  le  résultat 
de  la  grande  courbure  caudale,  en  combinaison  avec  la  position  de  la  Terre  rela- 
tivement à  la  comète  et  au  Soleil,  aux  environs  de  la  conjonction  de  ces  trois  corps. 

La  queue,  par  conséquent,  s'est  montrée  de  nouveau  dans  sa  direction 
régulière,  soit  à  l'opposé  du  Soleil,  aussitôt  qu'elle  a  passé  de  l'autre  côté 
de  la  Terre. 

De  ces  observations  il  résulte  évidemment  cjue  le  passage  de  la  Terre 
à  travers  la  queue  de  la  comète  n'a  pas  eu  lieu  dans  la  nuit  du  18  mai; 
la  courbure  très  forte  de  la  queue  l'a  considérablement  retardé,  si 
elle  ne  l'a  pas  rendu  impossible.  En  tous  cas  le  passage  de  la  queue  de 
l'autre  côté  de  la  Terre  ne  peut  avoir  eu  lieu  avant  le  soir  du  20  mai,  et  pro- 
bablement pendant  la  nuit  de  ce  jour,  c'est-à-dire  presque  deux  jours  plus 
tard  que  le  passage  du  noyau  de  la  comète  devant  le  disque  solaire.  Pen- 
dant celle  nuit,  vers  5''3o'"  du  matin,  un  orage  empêcha  d'autres  observa- 


(')  Les  nuages,  qui  ont  bientôt  couvert  l'astre,  ne  nous  ont  pas  permis,  malheureu- 
sement, de  mesures  plus  précises. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  19IO.  1409 

lions  du  ciel  ;  mais  dans  les  éclaircies  nous  n'avons  pas  vu  tomber  des  étoiles 
filantes. 

Dans  sa  Note,  publiée  dans  les  Aslroitoinische  Nacluichten  (n°  4-739)  avec  l'éplié- 
méride  de  la  comète,  M.  A.  Grommelin  donna  comme  date  {non  dé/i/iitive)  du  pas- 
sage de  la  lêle  de  l'astre  devant  le  disque  solaire  le  18,6  mai  (  l.  m.  de  Gieenwicli); 
d'après  ces  éléments,  donc  le  passage  devait  être  invisible  à  Athènes  ainsi  que 
dans  toute  l'Europe  occidentale.  Mais  la  discussion  des  dernières  observations  de  )0 
comète  nous  avait  conduit  au  résultai  que  ce  passage  aurait  lieu  un  peu  plus  tard('); 
il  devait  commencer,  d'après  nos  calculs,  quelques  minutes  après  le  lever  du  Soleil  à 
Athènes.  D'un  autre  côté,  une  dépèche  du  Bureau  central  de  I\iel,  aiTivée  à  l'Obser- 
vatoire le  soir  même  du  18  mai,  confirmait  ce  résultat  :  elle  fixait  le  passage  de  17'' 4°'.  2 
à  i8''4'".o  (t.  m.  d'Athènes). 

Le  disque  solaire,  observé  au  moyen  de  noUe  grand  équatorial  Gautier 
{o'",i)o)  aussitôt  après  son  lever,  pendant  plus  dune  heure  et  demie,  n'a 
présenté  rien  de  particulier.  La  tèle  de  la  comète  a  passé  complètement 
inaperçue  et  aucune  diminution  sensible  de  Téclat  du  Soleil  n'a  été 
constatée;  le  noyau  cométaire,  ainsi  cjue  ses  parties  constitutives,  projetées 
sur  le  disque  solaire,  ont  été  tout  à  fait  invisibles;  on  n'a  vu  aucune  tache 
ni  aucun  point  noir  traverser  la  surface  du  Soleil. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  photographiques  de  la  comète  de  llallcy 
à  l'Observatoire  de  Paris.  Note  de  MM.  Jules  Baii.lauu  et 
Ci.  Demetkesco,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Par  suite  de  l'étal  du  ciel,  très  défavorable  à  Pari.s,  nous  navons  pu 
photographier  la  comète  de  Halley  que  les  23,  24,  et  28  mai,  avec  des 
poses  très  courtes,  au  voisinage  de  l'horizon.  Dans  ces  conditions  nous 
n'avons  pu  obtenir  de  renseignements  sur  la  queue,  mais  seulement  sur  le 
noyau . 

Le  23  mai,  dans  les  éclaircies,  quelque  temps  avant  le  coucher  de  la 
comète,  nous  avons  fait  quatre  poses  de  j  minutes,  2  minutes,  i  minute  et 
3o  secondes. 

Les  images  quelles  ont  données  ont  la  forme  d'une  ellipse  dont  le  grand  axe  a  pour 
angle  de  position  5o°.  Sur  l'image  posée  3o  secondes,  les  axes  de  l'ellipse  ont  pour  lon- 


(  ')  Xous  avons  publié  ce   résultat  dans  le  journal  d'Athènes  «  Estia  «,  la  ^L■illu  d  1 
jour  du  passage,  et  préparé  l'observation  du  passage  au  grand  équatorial. 


l4lO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

giieur  i8"  et  i[\".  L'ellipse  est  assez  nettement  limitée;  sur  un  fond  uniformément 
gris,  se  détache,  à  l'extrémité  NE,  une  condensation  plus  foncée  de  diamètre  6'.  Sur  les 
images  posées  i  minute  et  2  minutes,  l'ellipse  devient  de  plus  en  plus  noire,  mais  garde  les 
mêmes  dimensions;  limitée  assez  nettement  à  l'extrémité  NE  de  son  grand  axe,  elle 
se  fond  des  autres  côtés  dans  une  nébulosité  qu'on  aperçoit  jusqu'à  une  dislance  de 
90"  du  centre,  et  qui  paraît  s'allonger  surtout  dans  les  prolongements  du  petit  axe  de 
l'ellipse,  symétriquement  par  rapport  au  grand.  Les  caractères  précédents  s'accentuent 
dans  l'image  posée  5  minutes,  mais  cette  fois,  quoique  nettement  limité  à  son  extré- 
mité NE  le  noyau  se  détache  en  ce  point  sur  un  fond  nébuleux. 

Le  il\  mai  le  ciel  était  plus  brumeux  que  la  veille  ;  nous  avons  fait  des  poses  de 
I  minute  et  20  minutes.  La  pose  de  i  minute  a  laissé  une  trace  à  peine  visible  ;  celle 
de  20  minutes  a  donné  une  image  assez  nette.  Le  noyau  a  la  forme  d'une  ellipse  comme 
la  veille,  ayant  sensiblement  les  mêmes  dimensions,  mais  plus  mal  définie;  uniformément 
grise,  sans  condensation,  et  d'une  opacité  plus  faible  que  celle  de  l'image  du  28  po;ée 
3o  secondes.  Far  contre,  on  aperçoit  une  nébulosité  d'au  moins  2  minutes  de  long  qui 
s'épanouit  entre  les  angles  de  position,  200°  et  3oo°  ;  elle  possède  une  arête  vive  ayant 
pour  angle  de  position  200°,  et  sa  forme  rappelle  assez  celle  de  la  nébuleuse  de  Maïa 
des  Pléiades.  Son  opacité  est  dans  toute  son  étendue  plus  grande  que  celle  de  l'image 
du  23,  posée  2  minutes. 

La  photographie  du  23  posée  10  minutes  est  tout  à  fait  faible,  on  y 
aperçoit  une  condensation  ayant  sensiblement  les  mêmes  dimensions  que 
le  noyau  des  photographies  précédentes. 

Si  l'on  voulait  conclure  quelque  chose  de  ces  observations  trop  peu 
nombreuses,  ce  serait  d'abord  que  le  noyau  avait  le  28  et  le  il\  mai  la  forme 
d'imc  ellipse  dontles  axesavaient  pourlongueur  iS"  el  i/|";  puis,  qu'il  possé- 
dait le  23  à  l'extrémité  NE  une  petite  condensation  lumineuse  de  6'  de  dia- 
mètre invisible  le  lendemain;  que  le  it\  le  noyau  paraissait  plus  faible  que 
la  veille  relativement  aux  nébulosités  qui  l'entouraient  et  qu'il  était  plus 
mal  défini;  enfin  que  ces  nébulosités  avaient  sensiblement  changé  de  forme 
d'un  jour  à  l'autre. 

Les  photographies  que  nous  venons  de  décrire  ont  été  faites  en  double  et 
simultanément  à  l'équatorial  de  la  Carte  du  ciel  el  à  l'équatorial  Mailhat  de 
o'",25  d'ouverture  et  3'",  70  de  foyer. 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.   —    Sur  la  recherche  des  intégrales  intermédiaires 
de  l'équation  s  =  f{x,  j,  z,  p,  q).  Note  de  M.  P.-E.  Gau. 

litant  donnée  une  équation  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre  de  la 
forme  .V  = /(.r,  V,  z,  p,  q),  on  sait  que  toute  équation  formant  un  système 


SÉANCE    DU    io    MAI    1910.  ijn 

en  involulion  avec  celle-ci  peut  se  mettre  sous  l'une  des  deux  formes  (') 


(')  /'«  +  ?(-p,.r, --,/'.,  •■•,7J«-i)  =  o,      pi.~ 

(2)  7„+']/(j-,/;,  3,  Y,,    ...,  y„_,)=:0,  V/,r= 


Considérons  la  première  forme.  Si  l'on  suppose  (jue  l'équation  (i)  n'est 
pas  conséquence  d'une  équation  de  même  forme  et  d'ordre  moindre,  for- 
mant également  un  système  en  involution  avec  l'équation  proposée  (ce  qui 
n'entraîne  aucune  restriction),  on  voit  facilement  que  cp  satisfait  identique- 
ment à  l'équation 

()f        '  dz       •'  <)j>,        <  (ixj  dp, 

'f"-'\f\     d(ç,         (d"--\f\  _  df 


)„_i        \dx"-^  )        àj'i    ' 


r/.r"  -'-  /   f)/ 

en  supposant  toutefois  n^2.  Le  symbole  (  -j^.  )  a  ici  sa  signification  ordi- 
naire (^). 

Ceci  posé,  supposons  que  l'équation  s=/(x,  y,  g,  p,  q)  admette  une 
intégrale  intermédiaire,  qu'on  peut  toujours  écrire  sous  la  forme 

A  et  B  sont  alors  déterminés  par  les  équations  suivantes  : 

d!^         d\       ^.d\  fd"'-'f\   dX        .   df 

dy  à:  dj),  \dj;"'-' J  dp,,,  dpi 

dB  dB        ^.dB  fd"-^f\     àB  ,[/d"''r\  àf] 

dy^'^di-^-^djr,'^----^[d^)d]j;:r.-^-^[[z^0~''''4-.\=''- 

M.  Goursat  a  fait  remarquer  (')  que,  si  m^i,  on  peut  conclure  de  ces 
équations  que  l'on  a 

A  = 


la  fonction  vj/  satisfait  alors  à  une  équation  de  la  forme  (3),  ce  qui  montre 


(')  Goursat,  Leçons  sur  l'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles  du 
second  ordre ^  t.  II,  p.  106. 

(^)  Voir  ma  précédente  Note,  séance  du  2  mai  1910. 

(*)  Annales  de  la  Faculté  de  Toulouse^  2=  série,  t.  I,  1899,  p.  46i. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  22.)  18Ô 


l4l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cpie  réijiia lion />,„-+-']>  =  o  forme  avec  la  proposée  un  systèuie  en  invo- 
liition. 

On  peut  faire  une  remarque  analogue  pour  le  terme  B;  posons  B  =  Acf*  : 
on  peut  alors  niellre  l'équation  qui  détermine  ^  sous  la  forme  (3),  A  dispa- 
raissant. Donc  p^-\-  o  r=  o  forme  également  un  système  en  involulion  avec 
Téqualion  proposée. 

On  déduit  de  là  plusieurs  conséquences  intéressantes  : 

i"  Toute  intégrale  intermédiaire,  dont  le  terme  A  dépend  des  dérivées 

d'ordre  supérieur  à  i,  peut  se  mettre  sous  la  forme  — v  ==X(.i),  les 

équations  p„-\-  '^  =  o  et/7„,  +  '\i  =  o  formant  chacune  avec  La  préposée  uma 
système  en  involution. 

Réciproquement  :  si  l'équation  *  =^  f(x,  y,  :,  p,  q)  forme  avec  deux  équa- 
tions distinctes,  du  même  type  (  i)  par  exemple,  un  système  en  involulion,  elle 
admet  une  intégrale  intermédiaire  et,  par  conséquent,  peut  s'intégrer  par  la 
méthode  de  M.  Darhoux. 

Cette  intégraleintermédiaire  se  construit  d'ailleurs  sans  difficulté,  qiaand 
on  connaît  les  deux  équations  en  involution. 

1°  Soit  {  S)  ua«  surface  intégrale  de  l'équation 

(|ui  n'est  intégrale  d'aucune  des  é([iiations/>„+  ç  =  o,  Pm  +  '\i  =  «.  Lorsqu'on 
se  déplace  sur  une  caractéristique  x  =  const.,  les  quantités  y,  :-,.p,  .  ■ . ,  p„ 
sont  des  fonctions  de  la  seule  variable  y.  Si  l'on  fait  la  substitution,  on  a 
donc,  sur  celte  caractéristique, 

Or  d'après  la  remarque  précédente,  l'expression  — est  un  invariant 

pour  ce  système  de  caractéristiques;  donc 

M(_y)  ^  /,N(j'),         /.  élaiit  une  constante. 

Les  deux  (juanlitésy^,  h-  o  el/>„,  -f-  j^,  qui  sont  les  premiers  membres  des 
équations  en  involution  avec  la  proposée,  sont  àe?,  covarianis  pouir  les  caraic- 
téristiques  x  =^  const.  La  réciproque  est  évidente. 

Toutes  ces  remarques  subsistent  dans  le  cas  où  A  ne  dépend  que  des 
dérivées  d^ordre  inférieur  à  2,  avec  de  très  légères  modifications  qu'on 
aperçoit  facilement  en  écrivant  les  équations  qui  déterminant  A  et  B  dans 
ce  cas  j)articulier. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    1910.  l4l3 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Suj-  les  séries  de  Tavlor  à  cneffîcienls  récnrrenls. 
Note  de  M.  S.  Lattks,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

Dans  UTi  MémoiTe  récent  (  M,  M.  Fa  ton  a  étudié  les  séries  de  Taylor 

(  I  )  «„  -I-  "1  ::-!-  «^  ;'-  ^  ...-)-(/„::''  -4-  ...  , 

dans  lesquelles  //„+,  est  lié  à  //„  par  une  relation  de  récurrence  analytique, 
/<„^i  =  /'('(/„),  et  il  a  établi  la  proposition  suivante  : 

S?   la   valeur  initiale  u„  est  choisie   dans   le  domaine   d'un  point   limite 

régulier  a  et  si  le  nombre  S  =/"'(a)  a  un  module  inférieur  à  1,  la  série  (i) 

représe/i/e  une  fonction  méromorphe  de  z  admettant  pour  pôles  simples  les 

T      1  1  ... 

points  I ,  i^'  ^1  '  ■  •  •  '  ^'  •  ■  ■  ^  ou  certains  de  ces  points. 

Je  voudrais  indiquer  ici  comment  on  peut  étendre  la  proposition  de 
M.  Fatou  au  cas  où  un  coefficient  quelconque  ;/„  de  (1)  est  lié  aux  p  précé- 
dents par  une  relation  de  récurrence  analytique,  à  coefficients  indépen- 
dants de  //,  et  comment  on  peut  transformer  alors  la  série  de  Taylor  en 
une  série  de  fractions  rationnelles.  J'utiliserai  dans  ce  but  les  résaltats  que 
j'ai  énoncés  récemment  au  sujet  des  relationsde  récurrence  (-).  Supposons, 
pour  simplifier  l'écriture,  yj  =  3  et  soit  la  relation 

(■2)  w„+..,=/{«„.  </„^„,  «„+.,), 

admettant  le  point  limite  a;  soient  S,,  S»,  S3  les  racines  de  l'équation  en  S 
relatives  à  ce  point  (').  jN'ous  supposerons  que  |S,|,  IS^I,  |S.,|  sont  infé- 
rieurs à  I,  différents  de  zéro,  et  qu'il  n'e.visle  aucune  relation  de  la  forme 

à  exposants  a,  [îl  entiers,  positifs  ou  nuls.  On  peut  alors  énoncer  les  résultats 
suivants,  dont  je  réserve  la  démonstration  pour  un  travail  plus  étendu. 

Les  valeurs  initiales  u„,  u., ,  u.^  étant  prises  dans  le  domaine  du  point  limite  a, 
la  série  (i)  représente  une  fonction  méromorjj/ie  de  z,  admettant  /lour  pôles 


r' )  ¥Kvm!,S:tir  une  classe  reniarquaùte  de  séries  de  Taylor  {Annales  de  iKcolf 
Normale,  1910). 

(-)  Sur  la  convergence  des  relations  de  récurrence  [Comptes  rendus,  2  mai  lyio). 
(')  Noir  la  Note  précédente. 


l4l4  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

simples  les  points 

^  =  S"S^S'-  {p,'],r  eoùerslo), 

ou  certains  de  ces  points. 

La  série  (i)  peut  se  transformer  en  une  série  absolument  convergente  de 
fractions  rationnelles,  de  la/orme 

dans  laquelle  les  a  sont  des  constantes  numériques,  indépendantes  des  râleurs 
initiales  u^,  ",,  u.^;  /„,  ('„,  (r^  sont  trois  fonctions  de  u„,  //,,  u^  liolumorphes 
dans  le  domaine  du  point  limite  u„  =  «,  =  u.,  =  a. 

Pour  des  relations  de  récurrence  particulières,  certaines  des  con- 
stantes y-i,,,,.  peuvent  être  nulles;  les  pôles  correspondants  disparaissent 
alors  (').  De  plus,  quelle  que  soit  la  relation  de  récurrence,  une  infinité  de 
pôles  disparaissent  si  les  valeurs  initiales  u^,  u,,  u.,  annulent  une  ou  deux 
des  fonctions  /„,  (•„.  »'n  :  ces  dernières  fonctions  égalées  à  zéro  donnent  les 
conditions  pour  que  les  u„  soient  liés  par  une  relation  de  récurrence  ana- 
lytique d'ordre  i  ou  2,  contenue  dans  la  relation  donnée  (-),  de  sorte  que 
une  ou  deux  des  quantités  S,,  S.,  S.,  interviennent  seules. 

Réciproquement,  soit  donnée,  a  priori,  une  série  de  fractions  rationnelles 
de  la  forme  (3),  les  constantes  a^,^,.  étant  telles  que  la  série  ila^,^,.^''^''"''^  soit 
convergente  lorsque  /,  v,  w  sont  pris  dans  des  cercles  de  rayons  R,  R',  R" 
et  soient  /„,  („,  »„  des  points  pris  à  l'intérieur  de  ces  cercles  de  convergence. 
La  série  (3)  est  évidemment  une  fonction  méromorphe  de  z;  si  on  la  déve- 
loppe en  série  de  Tavlor,  on  obtient  une  série  (i)  dont  les  coefficients  u„  sont 
liés  par  une  relation  de  récurrence  d'ordre  3,  almettant  pour  point  limite  le 
point  a„  0  0- 

On  détermine  celte  relation  de  la  façon  suivante.  Posons 

w„+,=  9(S'|  t,  S'5  ('.  S',tv)        (' —  o,  I.  2,  3), 

(')  C'est  ce  qui  arrive  dans  le  cas  bien  connu  d'une  relation  de  récurrence  linéaire; 
on  sait  que  la  série  (1)  a  alors  pour  somme  une  fraction  rationnelle  de  dénominateur 

(.-S,3)(..-S,;)(i^S;.-). 
(-)  Voir  ma  Note  pi'écédenle. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  IQIO.  l4l5 

et  éliminons  /,  c,  n'  entre  les  quatre  relations.  On  obtient  ainsi  une  relation 
(jiii  donne  u„_^.j  en  fonction  analytique  de  «„,  //„+,,  u„+.,  :  c'est  la  relation  de 
récurrence  cherchée. 

H.riinolc.  —  Soit  la  série  (3),  avec  y.„  „  .~  —, — ; — r  et  la  convention  o!r=  r.  On 

'■         plijlil 

a  ici 

a{l.  f,  U-)  =  (?'+"-*-"■. 

Le  calcul  précédent  donne  alors  la  relation  de  récurrence 


Si  l'on  suppose  /||:=o,  celle  relation  d'ordre  3  peut  être  remplacée  par  la  relation 
d'ordre  2,  contenue  dans  elle 


Si  l'on  a  en  même  temps  /„  ■=  o,  i'„  =  o,  on  peut  réduire  de  même  la  relation  à  une 
relation  du  premier  ordie 

"«+1  =  "*'. 

contenue  dans  la  relation  d'ordre  3'. 


MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.  Sur  la  distribution  des  torsions  dans  la  défor- 
nialion  infinitésimale  d'un  milieu  continu.  Note  de  M.  J.  Le  Rorx, 
présentée  par  M.  Kinile  Picard. 

I.  Dans  la  défornialiou  intinilésiinale  d'un  milieu  continu,  la  dilatation 
et  la  rotation  moyenne  constituent  les  éléments  différentiels  du  premier 
ordre,  dont  le  rôle  peut  être  comparé  à  celui  de  Télément  linéaire  et  de 
la  normale  dans  la  théorie  des  surfaces.  L'étude  de  la  torsion  et  de  l'incur- 
vation au  voisinage  d'un  point  conduit  à  la  considération  des  éléments 
tlifférentiels  du  second  ordre,  qui  présentent  des  propriétés  géométriques 
et  mécaniques  d'un  intérêt  comparable  à  celui  de  la  courbure  des  surfaces  et 
des  lignes. 

Je  m'occuperai  d'abord  de  la  torsion.  (Considérons  une  fdjre  rectiligne 
infiniment  ténue;  supposons  que  tous  ses  éléments  soient  soumis  à  des 
rotations  dont  les  axes  co'incident  avec  celui  de  la  fibre.  La  torsion  totale  de 
la  fibre  est  égale  à  la  diil'érencc  des  rotations  de  ses  extrémités.  La  torsion 
moyenne  est  le  rapport  de  la  torsion  totale  à  la  longueur  de  la  fibre,  l'our  les 


I?îl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

êlëments  de  fibres  de  longueur  infiniment  petite,  nous  ne  considérerons  que 
la  torsion  moyenne  et  nous  rappellerons  simplement  la  torsion  r\c  l'élément. 
Imaginons  maintenant,  dans  un  milieu  soumis  à  une  déformation  inlini- 
tésimale,  un  élément  rectiligne  infiniment  petit  MM',  de  longueur  </*,  ayant 
pour  cosinus  directeurs  a,  [3,  y-  Désignons  par 

•^ ,     {P\^  Pi,  Pi  )  el  \\  -t-  r/R ,      ( /^i  +  (lp^ ,  p,  +  dp^,  p.,  +  dp,  ) 

les  rotations  moyennes  aux  points  M  et  M' 

a 
~ds 


La  dérivée  géométrique  d«  la  rotation-^  =R'  a  pour  composantes  sui- 


vant les  axes  de  coordonnées  ; 


K 

dx       '    <)y        '  <)z 

ds 

h; 

-  "■  ,).L-     ■    ^  <)Y         '  ')-■ 

dp, 
~   ds 

R. 

dp, 

^   ds 

La  rotation  dérivée  peut  se  décomposer  en  deux  autres  :  Tune,  dirigée 
suivant  l'élément  MM',  donne  la  torsion  de  cet  élément;  l'autre,  qui  lui  est 
perpendiculaire,  correspond  à  une  flexion. 

2.  L'expression  de  la  torsion  t  de  l'élément  MM'  résulte  immédiatement 
des  considérations  précédentes;  on  a 

(•} 


-"■     ds    ^"^     ds 

^■r^ 

<).r               <)j 

-t'^Mt-t) 

-''(t-^-)-?(£-t 

La  torsion  d'un  élément  de  fibre  au  voisinage  d'un  point  est  donc  repré- 
sentée par  une  fonction  du  second  degré  des  cosinus  directeurs  de  l'élément. 
La  formule  (i)  est  semblable  à  celle  de  la  dilatation;  elle  s'en  déduit  en 
remplaçant  les  composantes  du  déplacement  par  celles  de  la  rotation.  Les 
deux  résultats  se  rattachent  d'ailleurs  à  une  même  propriété  générale  de  la 
théorie  des  vecteurs. 

Comme  dans  toutes  les  questions  semblables,  on  est  conduit  à  représeuter 
la  distribution  des  torsions  autour  du  point  M  par  une  surface  du  second 
degré,  ou  mieux  par  deux  surfaces  conjuguées  dont  Fensemlile  constitue 


SÉANCE    DU    ; 

ÎO    MAI 

1910. 

V indicatrice  des  torsions 

du-            dy 

"*"   dz. 

Z^  + 

\ày 

ty 

-(t 

-1- 

âJC 

De 

l'identité 

dp, 
dx 

di>, 

'  ^   dv 

-t  = 

;  0, 

+ 

dpi 

1417 


zx 

XY=:±I. 


on  déduit  que  le  cône  asymptote  de  l'indicatrice  des  torsions  est  toujours 
réel,  et  capable  d'un  trièdre  Irirectangle  inscrit.  Les  fibres  dirigées  suivant 
les  génératrices  de  ce  cône  ont  une  torsion  nulle;  nous  l'appellerons  pour 
celte  raison  le  cône  d'intorsion. 

L'indicatrice  des  torsions  met  inaiaiédiatement  en.  évidence  un  cerliain 
nombre  d'élcmenls  qui  jouissent  de  ])ropriétés  intéressantes  par  rapport  à 
la  torsion,  et  aussi  par  rapport  à  la  flexion. 

Aux  fibres  dirigées  suivant  les  axes,  je  donne  le  nom  de  fibres  des  torsions 
principales. 

La  somme  algébrique  des  torsions  de  trois  fibres  rectangulaires  est 
toujours  nulle;  c'est  en  particulier  le  cas  des  torsions  principales. 

Les  six  composantes  de  la  torsion  s'expriment  facilement  à  farde  des 
dérivées  premières  des  composantes  de  la  dilatation  (  '  ). 

3.  Appliquons  cette  théorie  à  la  déformation  définie  par  les  forœiuies 
suivantes  : 

To  étant  un  infiniment  petit  et  $  une  fonction  harmonique.  C'est  la  défor- 
mation q^ui  définit  la  torsion  des  prismes  dans  le  problème  de  Saint-Venant. 
L'axe  Oz  est  parallèle  aux  fibres  longitudinales  du  prisme. 

Nous  avons 

'd^ 

.à y 

'd^ 

dx 

ip.,—  i-:i^z. 

La  torsion  est  définie  par  la  formule 

(  '  )  Le  calcul  de  ces  composantes  se  trouve  indirectement  dans  la  démonstration  des 
équations  de  Barré  de  Sa'int-Vena'nt  par  la  méthode  de  Bettra'mi. 


2/'l  = 

id*^ 

-y 


l/,l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'élude  des  torsions  principales  est  toujours  parallèle  à  O:;;  sa  valeur 
est  constante  et  égale  à  Tq.  Les  lignes  des  torsions  principales  transversales 
sont  définies  par  l'équation  suivante  : 


dx  dy          \  dy- 

d.r  dy  "^ 

[dx- 

0"^  \ 

qui,  en  tenant  compte  de  ce  que  $  est  harmonique,  se  ramène  à 

<P^     ,  d-*b       ^^  >^r2  — 

d-r^  "  dx  dy  dy- 

Ce  sont  les  lignes  asymptotiques  d<'  la  section  droite  déformée. 

La  torsion  mécanique  des  fibres  transversales  est  liée  à  la  torsion  géomé- 
trique par  une  relation  remarquable.  Dans  la  section  déformée,  il  existe  une 
ligne  géodésique  tangente  à  toute  fibre  transversale  MM'.  Désignons  par  t„ 
la  torsion  géométrique  de  cette  ligne  géodésique.  On  a 

En  tenant  compte  de  la  relation  (3),  et  faisant  dans  la  formule  (2) 

y  =  0.  a-  -1-  [j-r^  I , 

on  trouve 

27  =—   (ToH-T,.). 

Par  conséquent,  la  torsion  mécanique  d'une  fibre  transversale  quelconque  est 
égale,  au  signe  prés,  à  la  moyenne  arithmétique  entre  la  torsion  mécanique  des 
fibres  longitudinales  et  la  torsion  géodésique  de  la  fibre  transversale  considérée 
dans  la.  section  droite  déformée. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  deux  suites  de  solutions  de  l'équa- 
tion des  télégraphistes.  Note  de  M.  H.  Larose,  présentée  par 
M.  H.  Poincaré. 

Dans  une  Note  antérieure,  jai  montré  (pie  la  solution  de  l'équation  des 
télégraphistes 

correspondant  îi  l'état  neutre  avant  /  =  o  d'une  ligne  indéfinie  dans  les  deux 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I910.  1419 

ens  et  à  une  rupture  permanente  (+  i,  —  1)  établie  en  .r  =  (4-  o,  —  o)  à 
partir  de  /  =  o.cst  Tintégrale 

(1)  -!-   fe'"'-">-^—  (,-z=y/^7), 

■2ir.J  n  ^         *         ^ 

e""-"/-^  est  une  solution  isochrone  de  (T)  avec  pour 
x>o,         a(-\>o. 

L'intégrale  est  une  fonction  impaire  de  x,  s'en  tenant  aux  x- positifs,  le 
contour  d'intégration  est  pour  /  <  -  une  courbe  fennec  du  plan  des  n  n'en- 
tourant pas  la  coupure  (  o,  ii-:~'  ),  et  pour  /  >  ~  une  courbe  fermée  décrite 
dans  le  sens  direct,  entourant  la  coupure. 

La  solution  de  (T)  correspondant  à  une  rupture 


bm-im^ 


établie  en  a- =  (-+- o,  —  o)  à  partir   de   /  =  o,    solution   qui  a  (i)  pour 
dérivée  v"^"""  par  rapport  à  -,  est  l'intégrale 

(2)  ^   j  e-"'-"/-^ -. , 

iir.j  n[uf:)' 

prise  suivant  les  mêmes  contours  que  (1). 

L'intégrale  (2)  fonction  impaire  de  x  est,  pour  a:  >  o,  nulle  pour  t  <  - 

et,  pour  ^>  ->  d'après  la  transfornialion  employée  par  M.  H.  Poincaré 

dans  une  question  analogu>',  égale  à 

le  contour  d'intégration  étant  un  cercle  de  rayon  très  grand  du  plan  des  ?. 

C.  K.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  22.)  186 


l420  ACADEMIE   DES   SCIENCES 

Dans  le  crochet,  sous  le  signe  intégral,  rer 
loppons  suivant  les  puissances  croissantes  de  X 


Dans  le  crochet,  sous  le  signe  intégral,  remplaçons  —  p  par  A  et  déve- 


(4)  /(X)=(2-/.r  '"T  "=!]««  ^'n 


il  vient  pour  (3)  l'expression  convergente 

,5)  «-'i«"--^.['V'G7^]' 


qui,  pour  x  =  +  o  ("C  =  i),  se  réduit  à  (  ;  j  — ;  de  là  une  règle  très  simple 
pour  obtenir  les  coefficients  du  développement  de  —,  e'  en  une   série  de 

fonctions  i~",],i(il),  règle  qui  se  vérifie  directenienl  en  identifiant  la  fonction 
à  développer 

^  ^"  ~7i — i  ' 

avec 

'^  a„i-"  i„{il), 

d'où  a„  fonction  linéaire  et  homogène  de  a„,  a,,^,  . . . ,  les  coefficients  étant 
ceux  du  développement  de  2Cos«5  en  fonction  de  (2  cos;)",  (acos^)""',  — 

I^a  rupture  considérée  peut  être  interprétée  physiquement,  soit  comme 
une  disconliimité  de  potentiel, _  soit  comme  une  discontinuité  de  quantité 
d'électricité. 

Dans  le  premier  cas,  la  fonction  correspondant  à  /(A)  pour  le  courant 


sera 

(4')  /.(>■ 


(2/)'' 


(.-).r-" 

dans  le  second  cas,  pour  le  potentiel 

(4')  /,(X)  =  (2/y'->^,^^^- 

La  construction  est  ainsi  achevée  du  Tableau  de  distributions  élémen- 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I910.  1^21 

taires  simples  d'électricité  possibles  sur  une  ligne  télégraphique  indéfinie, 
Tableau  à  deux  suites  infinies  de  functions,  avec  rupture,  soit  de  potentiel, 
soit  de  quantité  d'électricité  à  partir  de  l'origine  du  temps  en  un  point  de 
la  ligne. 


RADIOACTIVITÉ.  —  Sur  les  mesures  quantitatives  de  l émanation  du 
radium.  Note  (')  de  MM.  W.  Duane  et  A.  Laborde,  présentée 
par  M.  G.  Lippmann. 

L'un  de  nous  a  étudié  en  190J  (^)  les  lois  qui  régissent  l'ionisation  pro- 
duite dans  l'air  par  les  rayons  de  l'émanation  du  radium  qu'il  renferme,  à 
la  pression  atmosphérique  et  vers  i5°  C.  Il  a  établi  que  dans  différents  con- 
densateurs cylindriques,  dont  la  longueur  était  environ  le  double  du  dia- 
mètre, la  valeur  I„  du  courant  initial  de  saturation  dû  à  la  présence,  dans  le 
condensateur,  d'une  quantité  donnée  d'émanation,  dépendait  de  la  surface 
intérieure  S  et  du  volume  V  de  ce  condensateur  suivant  la  loi  simple 

(A)  I„=C-k|, 

C  et  K  étant  deux  constantes  déterminées  par  l'expérience.  Ces  constantes 
sont  utiles  à  connaître,  car  elles  permettent  de  mesurer  quantitativement 
l'émanation  du  radium  parla  seule  détermination  du  courant  initial  de  satu- 
ration qu'elle  produit  dans  un  condensateur  de  dimensions  connues.  Elles 
ont  été  déterminées  par  l'un  de  nous  en  igoS.  A  cette  époque,  la  technique 
du  titrage  des  solutions  de  radium  était  insuffisamment  connue.  Nous  nous 
proposons  d'indiquer  ici  la  valeur  qu'il  convient  d'attribuer  à  ces  constantes, 
d'après  des  expériences  effectuées  avec  des  solutions  conservées  actuelle- 
ment comme  étalons  au  laboratoire  de  M"**  P.  Curie. 

Il  est  évident,  d'après  la  signification  même  de  ces  deux  constantes, 
qu'elles  ont  été,  l'une  et  l'autre,  affectées  d'erreur  dans  une  même  propor- 
tion. Leur  rapport  doit  donc  être  considéré  comme  bien  déterminé  par  les 
expériences  de  M.  W.  Duane.  Si  nous  écrivons  aFors  la  formule  A  sous  la 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  28  mai  1910. 

(')  W.  Duane,   Comptes  rendus,  27   février  igoS,  p.  58i;  J.  de  Physique,  t.  IV, 
4°  série,  igoj,  p.  6o5. 


l/i22  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

forme 

soit,  d'après  les  données  obtenues  en  igoS, 


(,)  I„3.cn  — o,5i7 


il  nous  suffira  de  connaître  la  vraie  valeur  de  C  pour  que  la  correction  cher- 
chée soit  effectuée. 

Le  Tableau  ci-après  résume  nos  expériences  : 


Courant 

Courant 

initial  I, 

maximum  Imax 

produit 

produit 

par  l'unité 

par  l'unité 

d'émanation 

d'émanation 

exprimé 

exprimé 

en  U.E.S. 

en  U.E.S. 

Longueur 

Diamètre 

Longueur 

Diamètre 

-  -  -  ^^- — . 

. — -i.^  -  ^— — 

du 

du 

de 

de 

Surface 

calculé 

calculé 

Dési{;nalion.    cylindre 

cylindre 

l'électr. 

l'électr. 

Volume 

intérieure 

d'après 

d'après 

l« 

du                    en 

en 

en 

en 

en  cm^ 

en  cm'. 

S 

la 

la 

Ima 

T 

condensateur,    centim. 

centim. 

centim. 

centim. 

V. 

S. 

\ 

mesuré.  forni.(3). 

mesuré.    (oTm.(?i). 

pour  I 

00 

Grand  .  .      37  ,5 

18,5 

35,5 

0,90 

10057 

2818 

0, 

279 

4,45    4,44 

II, 04      II,o5 

4o 

|2 

Moyen. .      26,73 

1  I  ,92 

24,75 

0,27 

2984 

1244 

0, 

417 

4.09    4,07 

10,01        10,01 

40  : 

,8 

Pelit 12,5 

6,70 

11,5 

0,28 

44o 

344 

0: 

,782 

3,11     3, 10 

7,25       7,27 

4^: 

,8 

Tous  les  courants  sont  exprimés  en  unités  électrostatiques  et  sont  rap- 
portés à  l'ionisation  qui  provoque  l'unité  d'émanation,  c'est-à-dire  l'éma- 
nation que  produit  i^  de  radium  en  i  seconde. 

Le  procédé  le  plus  précis  pour  déterminer  le  courant  initial  I„  est  le 
procédé  indiqué  en  1905  par  l'un  de  nous  :  il  a  été  utilisé  dans  ces  diverses 
mesures. 

Les  courants  initiaux  calculés  lo  du  Tableau  (10*  colonne)  ont  été  ob- 
tenus en  donnant  à  la  constante  C  de  la  formule  (i)  la  valeur  C  =  5,i9. 
Il  semble  donc  que  les  courants  initiaux  expérimentaux  !„  du  Tableau 
(9*  colonne)  sont  très  bien  représentés  par  la  formule 

(2)  Io=5,i9  M  — o,5i7y 

Les  expériences  de  1905  ont  montré  que  celle  formule  sérail  applicable  à  des  réci- 
pients plus  grands  que  ceiiv  qui  sont  mentionnés  au  Tableau  ci-dessus.  D'autre  part, 
il  est  évident  que  celle  formule  ne  peut  pas  s'appliquci'  à  de  très  petits  récipients,  car 

S 
pour  de  grandes  valeurs  de  :^  elle  devient  négative. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.  l423 

Au  cours  des  expériences  actuelles,  nous  avons  d'ailleurs   vérifié   que  celle  formule 

esi  applicable  à  des  récipients  dont  les  dimensions  sont  : 

Diamètre  ^  18"™, 7  ;  hauteur  =  1 1"^'",  2  ;  diamètre  de  l'électrode  1=  o"",  y  ;  longueur  de 

.S 
l'électrode  =io"°,  2  ;  volume  :=  3o68'-'"'' ;  surface  =1 286"^"'';  ^=ro,4o2.  La  hauteur  d'un 

tel  cylindre  n'est  que  les  ^  de  son  diamètre. 

Pour  calculer  en  gramme-seconde  d'émanation  de  Ra  la  quantité  d'ém,i- 
nation  de  radium  qui  a  produit  un  courant  initial  mesuré  de  I  unités  électro- 
statiques, il  faut  employer  la  formule 


3.'9('-o.5'7y) 

Nos  expériences  nous  ont  montré  que  le  courant  maximum  I^a^  (qui  se  produit 
3  heures  environ  après  l'introduction  de  l'émanation  dans  le  condensateur)  peut 
s'exprimer  par  une  loi  analogue  à  celle  qui  se  rapporte  au  courant  initial. 

Dans  le  cas  du  courant  maximum,  les  constantes  relatives  à  l'expression  de  la  loi 
conduisent  à  la  formule 


(3)  I^a.x=i3,i5 


(  '  —  Oj  ' 


Nous  estimons  que,  dans  la  praticjue,  lorsqu'il  aura  été  difdcile  de  déterminer  la 
valeur  du  courant  initial,  une  quantité  .v  d'émanation  pourra  être  assez  bien  connue  en 
gramme-seconde  d'émanation  de  Ha,  après  avoir  déterminé  le  courant  l,„i,x  en  U.  E.  S. 
par  l'application  de  la  formule  (3),  soit 


i3,i 


>[.-o,:.:.\^ 


jyjme  p  Ciirie  a  pu  obtenir  des  données  très  précises  au  cours  d'un  tra- 
vail effectué  parallèlement  à  la  dernière  détermination  du  poids  atomique 
du  radium  (').  Elle  a  trouvé  que  l'unité  d'émanation  (i  g-sec  d'émanation 
de  Ha)  produit,  dans  un  condensateur  pareil  au  condensateur  le  plus  petit 
que  nous  ayons  employé,  un  courant  maximum  de  7,27  U.l'].  S.  Cette 
grandeur,  déduite  de  nos  expériences,  prend  la  valeur  7,25  (voir  Tableau): 
ceci  montre  que  notre  solution  étalon  est  bien  dosée  par  rapport  au  radium 
employé  par  M™*  Curie  lors  de  sa  détermination  du  poids  atomique  du  ra- 
dium :  226,5. 


(')  M°"  P.  Curie,  Le  Radium,  mars  1910. 


l424  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE.  —  La  photographie  stéréoscopique.  en  couleur  et  ses  applications 
scientifiques.  Note  de  MM.  L.  Boutan  et  J.  Feytaud,  présentée  par 
M.  Yves  Delage. 

Nous  avons  voulu  nous  rendre  compte  si  la  photographie  stéréoscopique 
à  l'aide  de  plaques  autochromes,  omnicolores  ou  dioptichromes,  se  prêtait 
au  travail  scientifique  et  pouvait  entrer  dans  la  pratique  courante  du  labo- 
ratoire. Nous  avons  utilisé  l'appareil  de  M.  Quidor  ('),  construit  spé- 
cialement pour  obtenir  des  images  stéréoscopiques  à  des  grossissements 
variés. 

Pour  un  travail  scientifique,  il  y  a  avantage  à  pouvoir  rétablir  les  condi- 
tions dans  lesquelles  on  a  opéré.  Seule  une  source  artificielle  constante  peut 
répondre  à  ce  desideratum,  car  l'éclairage  et  par  conséquent  la  coloration 
donnés  par  la  lumière  du  jour  sont  extrêmement  variables.  En  outre, 
l'emploi  d'une  source  artificielle  de  lumière  permet  de  mesurer,  une  fois 
pour  toutes,  la  durée  du  temps  de  pose  nécessaire  pour  obtenir  une  colora- 
tion exacte. 

Une  double  difficulté  se  présentait  :  i°  la  coloration  d'un  objet  vu  à  la 
lumière  artificielle  est  différente  de  celle  du  môme  objet  vu  à  la  lumière 
solaire;  i°  les  plaques  actuellement  employées  ne  reproduisent  pas  les 
couleurs  exactes,  si  l'on  ne  fait  pas  intervenir  un  écran  compensateur.  Nous 
avons  dû  chercher  à  établir  un  écran  permettant  de  corriger  ces  défauts, 
ceux  que  nous  trouvons  dans  le  commerce  ne  nous  satisfaisant  pas. 

L'écran  qui  nous  adonné  les  meilleurs  résultats  a  été  établi  sur  le  principe  suivant  : 
une  cuve  en  cristal,  en  forme  de  parallélépipède  rectangle,  remplie  d'un  liquide  dont  on 
fait  varier  à  volonté  la  coloration,  selon  la  nature  de  la  source  lumineuse  et  l'épaisseur 
de  la  couche  liquide.  Par  exemple,  l'écran  qui  nous  a  servi  pour  quelques-uns  des 
clichés  qui  accompagnent  cette  Note,  était  constitué  par  une  cuve  mesurant  iS'""' 
d'épaisseur  intérieure,  et  contenant  une  solution  de  vert  lumière  Griibler  à  diverses 
dilutions,  de  ,^'007  à  jôôW- 

Pour  que  l'application  fût  générale,  il  fallait  étudier  si  l'on  pouvait 
pratiquement  prendre  des  clichés  d'apimaux  plongés  dans  l'eau  ou  l'alcool, 
à  travers  la  surface  libre  du  liquide.  Il  fallait  avant  tout  éviter  le  miroite- 
ment de  cette  surface. 


(')  A.  QuinoR  et  Naciiet,  Sur  un   nouveau   microscope  et  ses  applications  à  ta 
microphotographie  stéréoscopique  (Comptes  rendus,  séance  du  29  avril  1907). 


SÉANCE    DU   3o   MAI    1910.  l425 

Un  dispositif  simple  nous  a  permis  de  tourner  cette  difficulté;  l'objet  à 
photographier  est  placé  dans  une  petite  cuve  rectangulaire  revêtue  d'une 
cache  noire  ne  laissant  arriver  la  lumière  que  par  un  côté  seulement,  au- 
dessous  de  la  surface  du  liquide.  L'objectif  photographique  est  lui-même 
isolé  de  manière  à  ne  recevoir  que  la  lumière  provenant  de  l'intérieur  de 
la  cuve  ('). 

Pour  un  grossissement  donné  et  un  éloignement  donné  de  la  source,  le  temps  de 
pose  est  toujours  le  même;  un  calcul  très  simple  permet  de  le  modifier  pour  d'autres 
grossissements.  C'est  ainsi,  paf  exemple,  qu'avec  une  source  lumineuse  (bec  intensif 
Koliinoor)  débitant  la  lumière  à  travers  une  lentille  biconvexe  de  i4"°  de  diamètre 
et  i^""™  d'épaisseur,  placée  à  une  distance  de  o^^So  du  foyer  lumineux  et  à  une 
distance  de  o^joS  de  l'objet,  nous  avons  obtenu  des  photographies  stéréoscopiques 
d'une  branche  de  corail,  d'une  petite  méduse  {Oceania  conica)  et  d'une  porpite 
(Porpita  mediterranea)  vues  à  un  grossissement  de  3  diamètres,  avec  un  temps  de 
pose  de  3  heures,  alors  que  pour  photographier  les  mêmes  objets  grandeur  nature 
il  avait  fallu  seulement  un  temps  de  pose  de  20  minutes. 

Il  est  à  remarquer  que  les  dispositifs  que  nous  avons  employés  permettent 
de  prendre  des  photographies  à  une  heure  quelconque,  puisque  nous  faisons 
dans  la  chambre  noire  et  à  la  lumière  artificielle  les  diverses  manipulations 
qu'on  fait  ordinairement  dans  la  chambre  noire  et  à  la  lumière  solaire. 


ÉLECTRICITÉ.  —  Éleclrisation  de  l'air  parla  flamme  d'oxyde  de  carbone 
et  par  les  rayons  du  radium;  comparaison  des  mobilités  des  ions  présents. 
Note  de  M.  Maurice  de  Broglie,  présentée  par  M.  E.  Bouty. 

J'ai  eu  déjà  l'occasion  de  signaler  (-)  que  la  combustion  de  l'oxyde  de 
carbone,  quand  les  gaz  réagissant  sont  soigneusement  desséchés  et  filtrés, 
donne  des  ions  très  différents  de  ceux  dont  on  constate  la  présence  dans  les 
gaz  issus  des  flammes  hydrogénées  ;  en  particulier  leur  mobilité  est  d'un  tout 
autre  ordre  de  grandeur  et  se  rapproche  de  celle  des  petits  ions. 

Il  m'a  paru  intéressant  de  comparer  directement  et  par  des  mesures  plus 
précises  la  mobilité  de  ces  centres  électrisés,  produits  par  la  flamme  de 


(')  Ce  dispositif  peut  convenir  pour  toute  photographie  stéréoscopique  ou  non, 
prise  avec  un  appareil  à  chambre  verticale. 

(')  Comptes  rendus^  i"  sem.  1907,  p.  563.  Il  convient  naturellement  d'éliminer  tout 
produit  condensable,  buée  des  parois,  etc. 


1426  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'oxyde  de  carbone,  et  celle  des  ions  dont  la  formation  est  provoquée  par  le 
rayonnement  des  corps  radioactifs. 

La  seule  méthode  de  mesure  applicable,  celle  des  courants  gazeux,  a  été 
employée  et  a  fourni  dans  les  deux  cas  des  courbes  dont  on  déduit  aisément 
la  quantité  cherchée;  les  conditions  étaient  rendues  aussi  semblables  que 
possible  et,  notamment,  on  a  vérifié  que  la  température  des  gaz  de  flamme 
ne  dépassait  pas  25°  C.  à  l'endroit  où  se  faisait  la  mesure. 

Le  rapport  des  mobilités  des  ions  du  radium  et  des  ions  de  flamme  de 
l'oxyde  de  carbone  a  été  trouvé  égal  à  i ,  2 1  pour  les  ions  positifs  et  à  i ,  70 
pour  les  ions  négatifs. 

Ces  résultats,  eu  égard  au  degré  de  précision  dont  est  susceptible  ce 
genre  de  mesure  et  au  fait  qu»,  dans  le  second  cas,  les  ions  se  meuvent  dans 
un  milieu  contenant  une  faible  proportion  de  gaz  carbonique  (*),  con- 
duisent à  la  conclusion  suivante  : 

Les  ions  libérés  par  action  chimique  et  haute  température  dans  la  combustion 
de  t oxyde  de  carbone  et  ceux  que  produisent  les  rayons  du  radium  ont  des 
mobilités  très  voisines  et  sont  probablement  identiques. 


CHIMIE  MINÉRALE.   —  Sur  les  oxychlorures  de  zinc.  Note  de  M.  Dhiot, 
présentée  par  M.  H.  Le  Chalelier. 

M.  Schindler  (^rt.  Mag.  de  Pharni.,  t.  XXXVI,  i83t,  p.  45),  Kane  {An. 
Ch.  Ph.,  2"^  série,  t.  II,  1839,  p.  72-296),  André  (An.  Ch.  Ph..,  3*  série, 
t.  VI,  1884,  p.  94)  et  Mailhe  {B.  Soc.  ch.,  3«  série,  t.  XXV,  1901,  p.  786) 
ont  préparé  de  nombreux  oxychlorures  en  traitant  par  l'eau  les  chlorures  de 
zinc  ammoniacaux  et  en  précipitant  des  solutions  de  chlorure  de  zinc  par 
des  bases  ou  par  leau.  Les  principales  formules  trouvées  sont  les  suivantes: 

2Zna^-t-3Zn0  4- iiH'O,         ZnCl^ -h /JZnO -4-    61P0. 

2ZnCI^-l-5ZnO  +  26H20,         ZnCP-l- 6ZnO -(-  loIPO. 

ZnCI»+3ZnO+    2H'0,  ZnCr^ -H  gZn  O  +  i^H'O. 

Il  m'a  paru  intéressant  d'étudier  les  oxychlorures  obtenus  par  action 
directe  de  l'oxyde  sur  les  solutions  de  chlorure  de  zinc,  en  étudiant  préala- 
blement les  conditions  de  formation  de  ces  oxychlorures.  Toutes  les  autres 

(')  A.  Blanc,  Radium,  1908,  p.  211. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    igtO.  I '127 

mélliodes  donnent  des  produits  blancs  amorphes  dont  on  ne  peut  vérilier 
rhoniogénéité. 

J'ai  d'abord  étudié  la  solubilité  des  oxychlorures  dans  des  solution.,  de 
chlorure  de  concentrations  diverses  à  la  température  ordinaire. 

Jai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

ZnCI=  pour  luo-Il-O.  ZnO  pour  iooeH-0. 

8,22  0,0187 

28,24  O, 188 

45,95  0,497 

5i ,5  o,6o4 

56,9  0,728 

62,85  0,884 

96,00  '1792 

124 ,7  3 ,2i3 

i44-8  2,64 

2o3  I , 59 

La  courbe  ainsi  obtenue  présente  un  maximum  très  net  pour  123*''  de 
chlorure  pour  loos  d'eau.  Sur  la  première  branche,  la  phase  solide  en  équi- 
libre avec  la  solution  est  un  oxychlorure  de  formule:  ZnCP,  4  ZnO,  6H-0. 
L'analyse  a  donné  : 

TrouvO. 
— — —       — — -  Calculé. 

ZnCl'^ 28,7  28,8  28,9 

ZnO 57,3  57,3  37,1 

C'est  un  corps  blanc  amorphe  qui  perd  S""^'  d'eau  à  200",  mais  la  dernière 
ne  part  qu'à  température  élevée,  accompagnée  d'acide  chlorhydrique  et 
même  de  chlorure  de  zinc. 

I^a  seconde  branche  correspond  à  un  autre  oxychlorure  de  formule 
Zu('-l,Zn(>,  1,5  H- O,  dont  voici  l'analyse: 


ZnCI- 54'9        54,7  55,7 

Zn  <  > 3-2,5         82,6  33 , 2 

C'est  un  corps  cristallisé  en  cristaux  microscopiques.  Il  perd  1'"°'  d'eau 
à  2'3o°;  le  reste  à  température  plus  élevée,  avec  dégagement  d'acide  chlor- 
hydrique. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N°  22.)  187 


1428  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pn\ir  avoir  ces  oxydilorures  à  l'état  de  pureté,  il  faut  laisser  plusieurs  mois,  en  con- 
tact avec  une  solution  de  chlorure  de  zinc,  de  l'oxyde  très  fin  obtenu  par  précipitation 
et  retirer  de  temps  en  temps  la  masse  solide  pour  la  pulvériser,  de  façon  à  détruire  les 
enveloppes  protectrices  qui  se  forment  autour  des  grains  d'oxyde;  ou  bien  il  faut  dis- 
soudre l'oxyde  dans  la  solution  chaude  et  le  laisser  précipiter  par  refroidissement. 

Ne  pouvant  être  lavés,  les  oxydilorures  à  analyser  étaient  essorés  rapidement  à  la 
trompe,  puis  comprimés  d'abord  entre  des  plaques  poreuses,  et  ensuite,  à  la  presse  et 
pendant  plusieurs  jours,  entre  plusieurs  doubles  de  papier  filtre.  Du  carbonate  de 
])aryte  traité  par  l'eau  et  essoré  de  celle  façon  n"a  retenu  que  i,5  pour  [oodeson  poids 
d'eau. 

En  outre,  j'ai  éludié,  à  dill'érentes  lenipératufes,  Téquilibre  du  système 
oxyclilortire  solide  à  4ZnO,  oxyde  de  zinc  solide  et  solution  de  chloi'ui-e. 
•T'ai  trouvé,  comme  composition  de  la  solution  : 

T(rii|](-r:iliiro 18".  '1.")".  71".  :ill'.  100".. 

Zn  CI-  pour   100 , 0,5o  0,81  1,287  1,85  2,87 

Tl  y  avait  de  Foxyde  dissous  en  très  faible  quanlité  que  je  n'ai  pu  douer. 
J'ai  étudié  de  môme  le  système  oxychlorure  solide  à  iZnO,  chlorure  de 
zinc  hydraté  solide  el  solution,  ce  qui  m'a  donné  : 

Tcniprialiue 1  S°.  W".  &}'.  71». 

Zii  Ci-  pour  100-  d'eau 2o3  270  ,440  Ji)9 

Zn  O  pour  io(.)"  d'eau i  .59  2,o4  4  7 ,06 

Toutes  ces  courbes  sont  régulières  et  sans  aucun  point  d'inflexion,  ce  (|ui 
prouve  que  la  constitution  de  ces  oxydilorures  ne  varie  pas  avec  la  l('in[)é- 
rature.  Je  n'ai  donc  trouvé  que  deux  oxydilorures  dont  l'un  n'avait  pas 
encore  été  signalé  ;  je  n'ai  pu  obtenir  aucune  indication  confirmani  Texis- 
Icnce  de  huit  des  owchlorures  signalés  antérieurement. 


CHIMIE  PHYSIQUE.    —  Sii)'  le  poiwoir  rolatoire  du  chlorhydrate  de  pinène, 
iNote  de  M.  Gustave  Va  von,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

On  sait  que  le  chlorhydrate  de  pinène  obtenu  à  partir  de  l'essence  de 
térébenthine  française  est  gauche. et  fortement  actif.  Au  contraire,  celui  des 
essences  allemande  ou  américaine  est  peu  actif;  déplus,  il  peut  être  gauche, 
le  carbure  générateur  étant  droit. 

T/hydruredc  pinène  présente  ces  niêmcs  anomalies,  anomalies  faciles  à 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.  l4a9 

e\j)li([uer  ainsi  (jue  je  lai  montré  {Comptes  rendus,  2  mai  i<)io).  J'ai  repris 
sur  le  clilorhydrale  une  élude  parallèle  à  celle  que  j'avais  faite  sur  Thydrure. 

Les  e\périences  ont  porté  sur  les  dillérenles  fractions  obtenues  entre  i55°  et  i65° 
dans  la  distillation  d'essences  française,  allemande,  américaine  (  voir  toc.  cit.  ).  Chacune 
de  ces  fractions  traitée  par  un  courant  de  gaz  chlorhydrique  sec,  vers  30".  donne  avec 
un  même  rendement  (55  pour  100  environ  )  uu  chlorhydrate  solide  qui,  débarrassé  du 
liquide  par  essorage,  fond  entre  ii5°  et  120°.  Si  on  lui  fait  subir  une  série  de  cristal- 
lisations dans  l'alcool,  le  point  de  fusion  s'élève  et  le  pouvoir  rolaloire  augmente. 
Ainsi  avec  le  chlorh\drate  de  la  fraction  [j!].j=: — 44°- 3,  j'ai  obtenu  successivement  : 

foi.U  [aj., 

di-  fusiiin.  jiour  a  =  57S. 

(  ililorhydrate  brut ii5-iiy  — 3o 

Cristallisé  i  fois 1 28-1 20  — 3  i ,  '\ 

»  a      > 12<i-I27  —32,9 

»  3  ))    i2()-i3o  — 33, (i 

»  4  »    i3r-i3'>.  — 34,7 

»  5  »    1 3^)  — 34 , 5 

«  (i  1)    1 3 3 , .'(  — 34 , 5 

Il  était  donc  important,  pour  comparer  les  pouvoirs  rotatoires,  d'avoir  les  chlorhy- 
drates aussi  purs  que  possible;  toutes  les  mesures  ont  porté  sur  des  échantillons  ayant 
subi  cinq  ou  six  cristallisations  et  fondant  vers  i32"-i33°.  Elles  ont  été  faites  dans 
l'étliei',  la  concentration  dans  ce  solvant  navant  aucune  inlluence  sur  la  valeur  du 
pouvoir  rotatoire. 

Le  Tableau  suivant  indique  les  résultatsoblenus  (pouvoirs  rotatoires  pour?>  =  578). 


Essence  française. 


Essences  [5<].| 

Chlorhydrates  [*c  |,|. 
Hydrures  [a]j 


— 14,3 

-3- 

,5 

— 3o,  I 

—  22.- 

— 34,5 

-3.5 

,2 

-36,7 

-37,5 

—21,8 

—22 

i2 

—  22,6 

—  23,6 

Essence  allemande. 


Essences  [a  |,| +27,3     -1-19, 

Chlorhydrates  |z  |.| ...  .      -+-20  -f-'i, 

Hydrures  [x].i +12, 5     -f-   7, 


12 

,8 

^-2,9 

-  4,3 

-  9.'i 

~i6,i 

3 

,2 

—8 

—  iG,3 

— 22,  a 

^3. ,2 

j , 

,8 

-5,3 

—  10,6 

— '4'7 

—  IÇ),I 

Essence  américaine. 

Essences  [a ].| +!^         H-4,2     — 0,7     —  5,7  — 10,2  — 15,6  — 19,1 

.;  Chlorhydrates  [ajj.  .      +5          +0,7     — 6,8     — 12,7  — 20,8  — 26,8  ^32,7 

Hydrures  [a]j -1-3,4         o         —4,4     —  ^,5  —12,7  —17,4  — 20,7 


l'iSo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  l'on  porte  les  pouvoirs  rolatoires  des  essences  et  ceux  des  chlorhydrates 
sur  deux  parallèles,  et  si  l' on  joint  deux  à  deux  les  points  correspondants,  on 
obtient  des  droites  concourantes.  Il  en  résulte  [loc.  cit.)  que  les  pinénes  y.  et  |3 
donne/it  le  même  rendement  en  chlorhydrate  solide,  et  par  suite  contribuent 
pour  une  même  part  à  la  formation  du  chlorhydrate  liquide. 

On  peut  d'ailleurs  vérifier  ces  conclusions  par  une  autre  voie.  Si  elles 
sont  exactes,  on  peut  calculer  d'avance  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhydrate 
fourni  par  un  mélange,  en  proportions  connues,  de  pinènes  a  et  ^  et  de  leurs 
inverses  optiques.  Or  l'étude  des  hydrures  donne,  comme  je  l'ai  montré, 
la  composition  de  chaque  fraction  employée,  et  par  suite  le  pouvoir  rota- 
toire du  chlorhydrate  correspondant.  L'hydrure  et  le  chlorhydrate  de  l'es- 
sence d'Alep(  a  pinène)  ayant  comme  pouvoirs  rotatoires  4-32*^,8  et  +37", 8, 

37  8 
on  obtient  les  valeurs  cherchées  en  multipliant  par  -^^^  les  pouvoirs  rota- 
toires des  hydrures.  On  a  ainsi  les  résultats  suivants  : 

Essence  française. 

Ti'oii\é3 ...     — 34°,  5     — 35°,  2     — 36°, 7     — 37°,  5 

Calculés — 34°,  5     — 35°,  2     — 35°,  8     — 37°,  3 

h'ssence  allemande. 

Trouvés 20"         H-u°,7     -t- 3°,  2     — 8°         — 16°,  3     —22°,  2     —31°,  2 

Calculés 20",  5     -t-ii°,4     -t-2°,9     — 8°.  4     — 16°, 7     — 23°,  3     — 3o",3 

Essence  américaine. 

Trouvés -t- 5°         H-o°.7     — 6°, 8     —  12°, 7     — 26", 8     — 32°, 7 

Calculés +  5°,  3  o  —  '^°.9     —  '3°,  5     —  27°,  6     —  32°,  9 

La  concordance  entre  les  nombres  calculés  et  trouvés  est  suffisante  pour 
légitimer  les  conclusions  données  plus  haut. 

Enfin  l'étude  du  bromhydra te,  faite  il  est  vrai  sur  un  nombre  plus  restreint 
de  fractions  (7),  m'a  conduit  aux  mêmes  résultats.  Le  pouvoir  rotatoire  du 
bromhydrate  d'Alep  est  [a||=  +  34";  celui  d'un  bromhydrate  quelconque 
est  donc  les  -^  du  chlorhydrate  et  les  :^  de  l'hydrure  correspondants. 

En  résumé  ce  qui  précède  vérifie  complètement  l'hypothèse  émise  par 
Semmler  et  reprise  par  Ahlslrom  et  par  Aschau  ('),  d'après  laquelle  les 
pinènes  a  et  p  donneraient  le  même  chlorhydrate  solide.  De  plus  les  rende- 
ments fournis  par  les  deux  carbures  sont  les  mêmes. 

.  — 

(')  lierichle,  t.  XXXIX.  igoô.  p.  i44i. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.  l43l 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Sur  l'aldéhyde  oL-hromocrotonique.   Note  (') 
de  M.  P.  L.  ViGuiER,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

J'ai  indiqué  précédemment  ('-)  une  préparation  de  l'acétal  hromocroto- 
nique,  puis  de  l'aldéliydc  libre;  ce  procédé  étant  assez  long,  j'ai  cherché  à 
obtenir  l'aldéhyde  par  une  voie  plus  directe,  .l'y  suis  parvenu  en  utilisant 
une  méthode  analogue  à  celle  par  laquelle  Piloty  et  Stock  (')  ont  obtenu 
l'acroléine  monobromée  : 

V  35s  d'aldéliyde  ciotonique  refroidi  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel  on  ajoute 
goutte  à  goutte  Sos  de  brome,  puis  on  introduit  rapidement  l'aldéhyde  bibromobuly- 
rique  obtenu  dans  un  ballon  contenant  85»  d'acétate  de  soude  dissous  dans  85»  d'eau, 
et  plongé  dans  un  bain  à  irto°-i'jo''.  Aussitôt  l'addition  terminée  on  entraîne  par  un 
courant  rapide  de  vapeur  d'eau  le  produit  de  la  réaction  :  on  recueille  ainsi  une  huile 
dense,  peu  colorée,  qu'on  sèche  au  sulfate  de  soude  et  qu'on  fractionne  ensuite  sous 
pression  réduite.  Au-dessous  de  So"  passe  un  liquide  riche  en  acide  acétique,  puis  de 
55°  à  65°,  sous  iS""",  on  re«ueille  laldéhyde  bromocrotonique  à  peu  près  pur  {35sà  4o°). 

Le  rendement  (-25  pour  100  environ)  est  donc  très  médiocre;  de  plus,  le 
produit  obtenu  est  moins  pur  que  celui  qu'on  obtient  par  liydrolyse  de 
l'acétal  :  il  s'altère  et  noircit  plus  vite.  Mais  ce  nouveau  procédé  a  l'avantage 
d'être  extrêmement  expédilif,  et,  d'ailleurs,  dans  les  diverses  réactions  qui 
ont  été  étudiées,  je  n'ai  constaté  aucune  différence  sensible  pouvant  être 
attribuée  à  la  provenance  de  l'aldéhyde. 

On  peut  prévoir,  théoriquement,  l'existence  de  quatre  aldéhydes  bromo- 
crotoniques  ou  bromoisocrotoniques  isomères;  l'élude  de  l'oxydation  du 
composé  étudié  a  permis  de  préciser  sa  constitution.  J'ai  ensuite  étudié 
l'action  de  l'aldéhyde  sur  divers  réactifs  :  la  présente  Note  donne  les  résul- 
tats obtenus  avec  l'acide  malonique  et  l'acide  cyanhydrique. 

I.  Oxydation  de  l'aldéhyde  bromocrotonique.  —  Le  meilleur  résultat  a 
été  obtenu  par  l'emploi  de  l'oxyde  d'argent  :  en  suivant  exactement  les  indi- 
cations données  par  MM.  Delépine  et  Bonnet  ('')  on  obtient  facilement  et 
avec  un  bon  rendement  un  acide  qui  cristallise  par  refroidissement  de  sa 
solution  aqueuse  en  aiguilles  incolores  fondant  à  io6°-io7°. 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  28  mai  1910. 

('-)  P.-L.  ViGUiEii,  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  4o4. 

(^)  Piloty  et  Stock,  Ber.  il.  deulscli.  chem.  GeselL,  t.  XXXI,  1898,  p.  i385. 

('•)  M.  Delépine  et  V.  Bonnet,  Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  39. 


l432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'oiii'  iil'assurer  que  cet  acide  est  Ijien  identitjiic  à  l'acide  a-bromocrolo- 
nique,  doni  il  a  le  point  de  fusion,  je  l'ai  traité  en  solution  cliloroforniique 
par  la  (|uantité  tliéoritjue  de  brome  :  le  mélange  se  décolore  peu  à  peu  et 
l'on  obtient  bien  quantitativement  un  acide  tri]ironiobut\  rique  fondant 
à  ii6". 

Il  résulte  de  là  que,  dans  l'aldéhyde  bromocrotonicjue  étudié,  le  brome 
est  placé  en  a  par  rapport  à  la  fonction  aldcliydique  :  résultat  qu'on  pouvait 
prévoir  par  analogie  avec  la  constitution  admise  de  l'acroléine  monobromée, 
obtenue  par  une  voie  analogue. 

II.  Condensation  de  l'aldéhyde  'j.-bromocrolonique  avec  l'acide  malonique. 

CeUe  condeiisaliou  a  été  réalisée  en  cliauffaiil  6  lieuies  au  baiii-inarie  à  jo°-8o°  un 
mélange  de  25s  d'aldéhyde  bromocrolonique,  17S  d'acide  malonique  el  205  de  pjridine; 
on  laisse  ensuite  refroidir  el  l'on  traite  la  masse  bruiie  et  épaisse  obtenue  par  de  l'eau 
glacée  acidulée  par  de  l'acide  sulfurique,  ce  qui  précipite  uu  corps  pulvérulent  qu'on 
recueille.  Pour  purilier  ce  produit,  on  le  redissout  dans  une  solution  alcaline,  on  lilire 
et  l'on  leprécipite  par  un  acide;  on  termine  par  une  série  de  cristallisations  dans  l'eau 
alcoolisée  bouillante  où  le  corps  cristallise  en  longues  aiguilles  finalement  incolores. 

L'analyse  de  ce  composé  correspond  bien  à  la  formule 
Cil»  -  CH  z=  CBr  — CH  =  CH  —  CO^H. 

L'acide  hromosorbique  (bromo4-hexadiène-2_3_,i_5-oïquej  ainsi  obtenu  fond 
à  i33°;  il  est  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  extrêmement  peu  dans  l'eau 
froide,  l'^n  le  dissolvant  dans  l'alcool  et  le  précipitant  ensuite  par  l'eau  on  a 
pu  le  titrer  par  la  potasse  en  présence  de  phtaléine.  Le  sel  de  potassium 
obtenu,  redissous  dans  l'alcool  bouillant,  cristallise  par  refroidissement  en 
lamelles  nacrées  incolores  anhydres. 

III.  Condensation  de  l'aldéhyde  7.-bromocrotonicjne  avec  l'acide  cyanhydri- 
que.  —  Tandis  que  la  combinaison  des  deux  corps  purs  ne  se  produit  pas, 
même  si  l'on  chauffe  le  mélange  pendant  plusieurs  heures  à  100"  en  tube 
scellé,  j'ai  constaté  que  l'addition  d'une  petite  quantité  (i  à  2  pour  100) 
de  cyanure  de  potassium  produit  immédiatement  la  réaction  dès  la  tempéra- 
ture ordinaire:  le  mélange  s'échauffe  fortement  et  peut  même  entrer  en 
ébullition;  il  convient  alors  de  n'introduire  l'acide  cyanhydrique  que  peu  à 
peu,  et  en  refroidissant.  Le  mélange  est  ensuite  aljandonné  quelques  heures 
à  la  température  ordinaire,  il  a  alors  complètement  [lerdu  l'odeur  irritante 
de  l'aldéhyde. 

Dans  une  première  expérience,  ayant  soumis  le  produit  ainsi  obtenu  à  la 
distillation  sous  pression  induite,  j'ai  constaté  que  la  majeure  partie  distille 


SÉANCE    DU    3c>    MAI    I910.  l/|33 

de  140"  A  i5o"sous  i5"'"  à  20'"",  mais  celte  distillation  est  accompagnée 
d'une  décomposition  manifeste,  et  l'on  perd  une  portion  considérahie  de  la 
substance.  Aussi  ai-je  renoncé  à  isoler  le  nitrile  vraisemblablemeni  formé  ; 
le  passage  à  l'acide  a  alors  été  réalisé  de  la  façon  suivante  : 

Le  produit  brut  de  la  condensation,  refroidi  dans  Ja  glace,  est  additionné  j)eii  à  peu 
de  deux  fois  son  volume  d'acide  clilorhydrique  concentré,  (^uand  tout  l'acide  a  été 
introduit,  on  abandonne  pendant  i  à  2  heures  à  la  température  ordinaire,  puis  on 
termine  eu  ciiaullanl  au  bain-marie  le  même  temps.  Après  refroidissement  on  sépare 
à  la  trompe  le  chlorhydrate  d'ammoniaque  formé,  et  l'on  extrait  à  l'étlier  un  grand 
nombre  de  fois  le  liquide  ;  par  évaporation  de  l'éther  on  obtient  une  masse  ciislalline 
qu'on  purifie  par  un  passage  à  l'état  de  sel  alcalin,  puis  par  des  cristallisations  dans 
l'acétate  d'étliyle. 

/.'acide  bromangélaclique  (^bromo3-pentène3_ .-olo-oi(|ue) 
Cil '  —  ( ;i I  =  C Br  -  CH  OFI  —  CO'  H 

ainsi  préparé  fonda  i  jj^-i-^i";  il  est  très  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  rétiicr, 
l'acétate  d'étliyle,  très  peu  soluble  à  froid  dans  la  benzine  elle  cblorofornie, 
assez  soluble  dans  la  benzine  bouillante.  Sa  solution  aqueuse  a  été  titrée  par 
la  potasse  en  présence  de  piitaléine  ;  le  sel  de  potassium  obtenu  cristallise 
aniiydre  dans  l'alcool  en  prismes  incolores.  Le  sel  d'argent  est  peu  soluble  à 
froid;  par  refroidissement  de  sa  solution  cbaude  il  se  dépose  en  longues 
aieuilles  brillantes. 


CHIMIE   ORGANIQUE.    --    Sur  une  irinitro-p-anisidine .    Note 
de  M.  V\\.  Keverdin,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

.l'ai  obtenu  inie  trinitro-/>-anisidine  correspondant  à  la  constitution  sui- 
vante : 

OCH^' 

en  parlant  de  la  bcnzoyl-/>-anisidine;  lorsqu'on  nilre  celle-ci  au  moyen  de 
HNC  de  I  )  ==  1 ,4  à  70''-8o°,  il  se  forme  un  dérivé  diniiré  de  F  =  i85°,  dont 
la  constitution  a  été  déterminée  et  correspond  à 

c«H^ocH^NO^^o^NH.C"H50. 


l434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  soumettant  ce  produit  à  une  nouvelle  nitralion  avec  HNO'  deD  =  i,  j2, 
on  obtient  un  dérivé  trinilré  dans  le  noyau  et  mononitré  dans  le  résidu 
benzoyle 

C" H . O CH^ N0= .  NO^ . NO'- .  NH . C  H'  O (  NO^). 

■Il)  (31  (  8  )  I  f.  )  (  4  i 

(  Iclui-ci  cristallise  en  aiguilles  feutrées  coniplèlenient  blanches;  il  com- 
mence à  se  ramollir  vers  242"  pour  fondre  complètement  à  2/17". 

Il  se  forme  en  même  temps  dans  cette  nitralion  un  produit  cristallisant 
en  aiguilles  jaune  pâle  et  soyeuse  de  F  =  209",  correspondant  à  la  formule 

c'''H'»o«N*. 

Celte  dernière  combinaison  n'est  pas  saponifiée  par  H-SO*. 

La  préparation  de  ces  deuv  produits  a  été  faite  avec  la  collaboration  de 
M.  A.  de  Luc. 

La  trinitro-p-amsidine  correspondante  cristallise  dans  l'eau  en  paillettes 
rouge  brun  et  dans  l'alcool  en  aiguilles  rouges  à  reflet  mélallicpic  vert;  elle 
fond  à  I  27"- 128°. 

Je  l'ai  obtenue  par  évaporalion  lente  de  sa  solution  acétonique,  en  beaux 
cristaux  grenat  de  2"""-5'"'",  groupés  en  faisceaux  et  qui  ont  été  mesurés 
par  M.  Sabot,  assistant  de  M.  le  professeur  L.  Duparc  {Archives  des  Se. 
phys.  et  nat.  de  Genève^  4''  série,  t.  XXIX,  1910,  p.  47^^  )  ;  ils  appartiennent 
au  système  orthorliombique. 

Le  dérivé  acélylé  est  en  aiguilles  blanches  de  F  =  242". 

Cette  trinitro-/;-anisidine  renferme  un  groupe  nitro  facilement  mobile 
(c'est  probablement  par  analogie  avec  d'autres  faits  connus,  le  groupe  ^()^ 
placé  en  ortho  relativement  à  ^H"  ),  aussi  fournit-elle  avec  les  aminés  des 
dérivés  dans  lesquels  un  groupe  \0^  est  remplacé  par  le  résidu  de  l'aminé. 

1.1'  dérivé  de  l'aniline  fesl  en  paillettes  brunes  de  F  =  i4^°;  celui  de  la 
p-tdluidine  en  petits  cristaux  bruns  de  F  =  i39°  et  celui  de  la  mononiétlivl- 
«mf/ie  en  belles  aiguilles  rouge  violet  de  F=i99"-20o".  lùilin,  en  faisant 
réagir  en  solution  alcoolique  et  au  bain-marie  Tacétale  de  soude  sur  la 
lrinitro-/j-anisidine,  on  obtient  une  dinilro-liydroa:y-p-aiiisidine  en  aiguilles 
brunes  à  reflet  métallique  vert  de  F  =  i()i",  dont  le  dérivé  acétylé  est 
en  aiguilles  blanches  de  F  ^:=  i93''-i94"- 

La  lli(''orie  ne  permet  de  prévoir  que  deux  Irinitro-yj-anisidines  ;  la  coiisli- 
lulion  de  celle  dont  nous  venons  de  parler  est  établie  par  le  fait  que  ce 
produit  diffère  par  ses  propriétés  et  par  celles  de  son  dérivé  acélylé  d'une 
liinilio-/;-anisi(linc  récemment  préparée  par  Mcldola  et  Kunizcn  (J'rans. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I9IO.  l435 

nf  c/iern.  Soc,  l.  \(;VII,  1910,  p.  444)-  ^es  savants  ont  en  effet  obtenu  en 
méthylant  le  sel  d'argent  du  trinitio-/?-acétylaininopliéno!  de  la  formule 

C«H.0H.N0-.N0-.N0'.NH.C-I1=0 

II)         121         (:il  (S)  (41 

un  dérivé  acélylé  de  F  =  194°  qui  leur  a  fourni  par  saponification  sulfurique 
une  trinitro-/i-anisidine  de  F'=  i38"-i39",  isomère  de  celle  que  je  viens  de 
décrire.  Je  me  réserve  de  poursuivre  les  recherches  sur  les  dérivés  de  la 
nouvelle  lrinitro-/>anisidine. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —   Sur  certains  dérivés  de  la  cholestérine.  Note 
de  MM.  L.  TtBouGAErF  etW.  Fomi.\,  présentée  par  A.  Haller. 

L'un  de  nous  a  démontré  depuis  quelque  temps  ('),  en  commun  avec 
M.  Gasteff,  que  la  cholestérine  se  laisse  transformer  bien  facilement  en 
cholestérylxanthogénate  de  méthyle 

C"H*5_  OCS  — S.CH^ 

qui  se  décompose  à  son  tour  avec  formation  de  la  cholestérylène  à  la  tempé- 
rature de  200"  : 

C^' II" -  ces. SCH'  =  C^- H»  +  CSO  +  CII'SH. 

En  poursuivant  cette  étude,  nous  avons  trouvé  que  pendant  la  décompo- 
sition de  la  cliolestérylxanthogénate  de  méthyle,  deux  carbures  isomères 
prennent  naissance  en  même  temps. 

Nous  proposons  de  les  désigner  comme  a-  et  ^-cholestérylènes. 

On  peut  effectuer  leur  séparation  au  moyen  des  recristallisations  répé- 
tées dans  de  Téther  additionné  d'alcool. 

A  l'état  de  pureté  l'a-isomère  représente  des  aiguilles  fusibles  à  77";  le 
point  de  fusion  de  l'autre  isomère  est  situé  vers  59°.  Tous  les  deux  corres- 
pondent à  la  même  formule  moléculaire  C^'H'*. 

Poids  moléculaire  déterminé  d'après  la  méthode  cryoscopique  dans  du 
benzène  :  mod.  a,  355;  mod.  p,  342;  théorie,  368. 


(,')  lierl.  lier.,  l.  XLII,  p.  463i. 

C.  R.,  1910,  i"  Semestre.  (T.  150,  N»  22.)  188 


l436  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  deux  clitolestérylènes  dévient  le  plan  de  polarisation  à  j^auche  et  pos- 
sèdent la  dispersion  rotatoire  normale.  Ils  montrent  toutes  les  réactions 
caractéristiques  colorées  de  la  cholestérine. 

Ils  décolorent  énergiqtiement  le  brome  et  ^fixent  de  l'hydrogène  pur  en 
présence  du  noir  de  platine  à  la  température  ambiante. 

Cette  dernière  réaction,  exécutée  dans  les  conditions  indiquées  récem- 
ment par  M.  Wilstaetter  et  Mayer  ('),  a  conduit  à  ce  résultat  remarquable 
que  les  deux  isomères  engendrent  en  fixant  2"'  d'hydrogène  le  même 
cholestane  C'-'H'%  carbure  saturé  et  dextrogyre,  fusible  à  79°  et  ne 
donnant  aucune  des  réactions  colorées  de  la  cholestérine.  De  plus,  ce  car- 
bure est  évidemment  identique  au  cholestane  obtenu  par  J.  Mauthner  (-) 
en  partant  du  cholestène  C*'H''*  au  moyen  de  la  même  méthode  élé- 
gante de  Wilstt'Ptler  et  Mayer  (point  de  fusion  79°  à  80°;  [a]„  =  +  24,26 
à  -1-2/4,67). 

Dans  le  Tableau  suivant,  nous  résumons  les  constantes  physiques  des 
carbures  dérivés  de  la  cholestérine  que  nous  avons  étudiés  : 


Point 

[«] 

F 

S\il)slancc.         (1( 

B  fusion.   Dissolvant. 

pO- 

[û.], 

[ 

«In 

[«]. 

(«] 

!=■ 

''■" 

Clioleslérylène  a. 

77 

Toluène 

t'i ,  .5o3 

-84, 

i4 

— 

'09: 

,3 

-.47 

,0 

— 

iS5; 

,3 

a , 

,2l3 

Choleslérylène  (3. 

■''9 

Toluène 

3,785 

—58, 

■^9 

— 

76 

,68 

—  1 02 

>9 

- 

129 

,0 

■i; 

,202 

Cholestane  prove- 

nant du  choles- 

lérylène <z  .  .  .  . 

79 

Chloroforme 

6,:;!83 

+  '9. 

,9.5 

-+- 

«4 

,59 

+  3i 

,49 

+ 

38 

,39 

l 

.99'i 

Cholestane  prove- 

nant du  choles- 

lérylène [3 

79 

Chloroforme 

3,280 

H-'9. 

•7 

-(- 

a4: 

,59 

-1-  3i 

,52 

-+- 

38, 

,46 

2  : 

,006 

En  résumant  les  faits  obtenus  par  nous  et  tenant  compte  de  la  formule 
développée  récemment  pour  la  cholestérine  par  M.  Windaus  (  *),  on  peut 


(')  /ierl.  Ber.,  l.  XLI,  p.  1475. 

(')  Silzungsber.  kais.  Akad.  Wien,  t.  CXVIII  (II),  1909. 

(')  Les   valeurs  de   [ajc,   [«Jd,   •••    sont   calculées  d'après   la   formule  [a]=—— - 

dans  la<|uelle  a  est  la  déviation  observée,  /  la  longueur  du  lube  polarimétrique,  p  la 
concentration   et  d  la   densité  de  la  solution  à   la  température  de  l'expérience,  soit 
à  20°.  Les  mesures  correspondent  aux  lignes  du  spectre  (],  D.  V  et  F. 
(*)  Berl.  Ber.,  t.  XLII,  p.  3770. 


SÉANCE    DU   3o    MAI    I910.  l437 

représciiler  coiiiiiie  il  siiil  la  coiistilulion  de  deux  chuleslérylèiies  ael  ^(')  : 

Cil»     CH^ 
^"^^GH-CH=— (Jll-— C'^ir^'-Gll  =  Cir-  CM 

CH  ^\  I  II 


a-Cliolestérylènc. 


\ >  Cil-      CH 


JÎJ'^CH  —  Cll=  -  CH«  -  G"  H"  -  CH  =  CH'  G"  H" 

( .  )  GH=(  \CH  (  2  ) >  CH-^/ \CH' 

CH  CH' 

fl-Cholestéiyléne.  Clioleslane. 

Kn  terminant,  nous  tenons  à  remarquer  que  la  cholestérylène  lévogyre, 
décrite  il  y  a  quelques  années  par  M.  Blocli  (-)  (point  de  fusion  75°, 5),  est 
probableiiient  en  majeure  partie  constituée  par  le  cholestérylène  «. 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  eœpéiirnentales  sur  la  vie  latente  des 
spores  des  Mucorinées  et  des  Ascomycèles .  Note  de  M.  Paul  Becquerel, 
présentée  par  M.  L.  Maquenne. 

Les  nombreuses  expériences  sur  la  physiologie  des  graines  qui  ont  été 
publiées  dans  ces  derniers  temps,  ont  fait  voir  que  la  théorie  classique  de 
la  vie  latente  doit  être  complètement  modifiée.  La  vie  latente  des  graines 
n'est  jamais  une  vie  aérobie  ralentie,  mais  la  plupart  du  temps  une  vie 
anaérobie  extrêmement  lente,  (juelquefois  même,  dans  certaines  circon- 
stances, une  vie  parfaitement  suspendue  ( '). 

Il  était  intéressant  de  savoir  si  cette  nouvelle  conception  de  la  vie  latente 
était  applicable  aux  spores  des  Champignons,  particulièrement  à  celles  des 
Mucorinées  et  des  Ascomycètes. 

Des  spores  de  Mucor  niucedo,  de  Mucor  racemosus,  de  Rliizopus  niger^  de 
Slerigtnalocyslis  iiigra  el  à' Aspergillus  glaucus  ont  été  dessécliées  lentement,  dans 


(')  Nous  désignons  tout  arbilrairament  par  (i)  el  (2)  les  i"-  de  carbone  du  noyau 
choiestérylique,  voisins  du  groupement  CH(OU). 

(')  Bull.  Soc.  chim.,  3'  série,  t.  XXXI,  p-  71. 

(')  Pail  Bkcqi'erel,  Reckefches  sur  lavie  latente  ilea  graines  {Annales  des  Sciences 
naturelles  :  /lotani/jue,  p.  iy4-3i2,9«  série,  1907,  el  Comptes  rendus,  19  avril  1909). 


l438  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  petits  tubes  de  verre  stérilisés,  en  présence  de  baryte  caustique  anliydre,  pendant 
2  semaines,  ii  la  température  de  35°  Ces  tubes  ont  ensuite  été  soudés  à  la  trompe  à 
mercure  de  Berlemonl,  et  le  vide  sec  le  plus  parfait  a  été  réalisé.  Lorsque  les  dégage- 
ments gaieux  ne  se  produisirent  plus,  les  tubes  furent  fermés  à  la  llamme,  et 
délacliés.  La  jauge  de  Mac  Leod  indiquait  un  vide  inférieur  au  millième  de  milli- 
mètre. 

Le  5  février  1908,  ces  tubes  furent  emportés  par  M.  Henri  Becquerel  cliez  M.  Kamer- 
lingh  Onnes,  l'éminent  physicien,  directeur  du  Laboratoire  cryogéne  de  l'Université  de 
Levde,  auquel  je  renouvelle  encore  ici  tons  mes  plus  vifs  remercîments.  En  ell'et,  c'est 
grâce  à  son  précieux  concours  et  à  son  merveilleux  outillage  que  tous  ces  tubes  con- 
tenant les  spores  ont  pu  être  soumis,  dans  le  courant  du  mois  de  février  1909,  pen- 
dant 3  semaines,  à  la  température  de  l'air  liquide  ( —  180°)  et,  sans  réchauffemeul 
préalable,  pendant  77  heures,  à  la  température  de  l'hydrogène  liquide,  c'est-à-dire 
à  233°  au-dessous  de  zéro. 

Ces  tubes,  qui  m'ont  été  renvoyés,  ont  été  ouverts  cette  année,  le  9  mai,  avec  toutes 
les  précautions  nécessaires  pour  empêcher  dans  leur  intérieur  l'introduction  des  germes 
de  l'atmosphère.  Les  spores  ont  été  ensemencées  dans  des  liquides  nutritifs  stérilisés. 
Au  bout  de  16  heures  de  séjour  dans  une  étuve  à  température  constante,  toutes  les 
spores  des  Mucorinées  ont  germé;  elles  ont  commencé  à  produire  des  sporanges. 
Deux  jours  après,  les  spores  des  Sterignialocystis  et  des  Aspergillus  avaient  aussi 
donné  un  feutrage  très  serré  de  filaments  ramifiée  portant  de  nombreux  appareils 
conidiens. 

Ces  résultats  obtenus  sur  des  organismes  unicellulaires  viennent  géné- 
raliser d'une  façon  remarquable  ceux  que  j'ai  publiés  antérieurement  sur 
les  graines.  La  conservation  de  ces  spores  pendant  les  20  mois  qu'elles 
ont  séjourné  dans  le  vide  ne  peut,  en  effet,  être  interprétée,  selon  la 
doctrine  classique,  comme  conséquence  d'une  vie  aérobie  ralentie.  On 
pourrait  peut-être  admettre  une  vie  anaérobie  extrêmement  lente,  confinant 
à  la  vie  suspendue.  Mais  pendant  les  24  jours  d'action  des  grands  froids 
de  l'air  et  de  l'bydrogène  liquides  sur  ces  spores  desséchées  dans  le  vide, 
il  ne  peut  plus  être  question  de  vie  anaérobie,  même  très  atténuée.  Par 
suite  de  la  superposition  des  effets  combinés  de  la  dessiccation,  du  haut  vide 
et  des  basses  températures,  le  protoplasma  de  ces  organismes,  .sans  eau, 
sans  gaz,  ayant  perdu  son  état  colloïdal,  ne  peut  plus  du  tout  posséder 
aucune  trace  de  son  activité  vitale.  La  vie  est  alors  réellement  suspendue 
et,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  signalé,  le  grand  principe  de  la  continuité  des  phéno- 
mènes vitaux  mis  complètement  en  échec. 

La  preuve  expérimentale  de  cette  interruption  de  la  vi&,  sans  porter  pré- 
judice à  son  retour,  aussi  bien  dans  les  spores  des  champignons  que  dans  les 
graines,  est  l'exemple  le  plus  convaincant  pour  démontrer  la  réalité  du 
rigoureux  déterminisme  des  phénomènes  vitaux.  Il  prouve  le  peu  de  solidité 


SÉANCE    DU    3o    MAI     19IO.  14^9 

do  la  définition  de  la  vie,  acceptée  et  propag^ée  par  des  savants  d'une  grande 
valeur,  comme  Grasset,  Bundge,  Ueinke,  Lodge  (').  Selon  cette  définition, 
la  vie  serait  une  force  particulière,  une  puissance  directrice  spéciale  «  issue 
d'un  monde  où  la  Physique  et  la  Chimie  n'auraient  aucune  prise,  monde  qu'il 
nous  est  impossible  de  connaître  avec  le  secours  de  nos  sens  ».  Or  d'après  les 
résultats  de  toutes  mes  expériences  sur  la  vie  latente  qui  confirment  la  con- 
ception de  Claude  Bernard  (-),  on  ne  peut  plus  affirmer  que  la  vie  est  un 
[irincipe,  ni  une  force  directrice  mystérieuse  échappant  au  déterminisme  des 
phénomènes  naturels. 

La  vie  n'est  pas  autre  chose  que  le  fonclionneuient  physico-chimique  extrê- 
mement complexe  des  organismes  protoplasmiques,  provoqué  par  leurs 
rapports  incessants  avec  les  éléments  de  la  matière  et  les  différentes  formes 
de  l'énergie. 


PHYSIOLOGIE.  —  Influence  de  la  saignée  sur  la  résistance  des  animaux 
à  r urohypotensine.  Note  de  MM.  J  -E.  Abelous  etE.  Bardier,  présentée 
par  M.  Bouchard. 

Avec  la  toxine  que  nous  avons  étudiée  sous  le  nom  à'' urohypotensine, 
nousavons  pu  reproduire,  chez  les  animaux,  tous  les  symptômes  de  l'urémie. 
Sans  insister,  pour  le  moment,  sur  cette  urémie  expérimentale  dont  l'impor- 
tance mérite  une  étude  particulière,  nous  devons  dire  (pie  c'est  l'observation 
même  de  ces  symptômes  qui  nous  a  amenés  naturellement  à  étudier  les  effets 
de  la  saignée  sur  la  résistance  des  animaux  à  l'inloxicalion  par  l'urohypo- 
lensine.  Nos  expériences  ont  porté  sur  les  chiens  et  les  lapins. 

La  saignée  élail  praliqiiée  ■i!\  heures  avant  l'injection,  pour  permettre  à  la 
leucocylose  post-liémorragique  d'atteindre  son  niaxinitim.  La  soustraction  de  sang 
était  assez  copieuse  (2oS-3o8  pour  des  lapins  d'un  poids  moyen  de  i5ooS-20oos  ;  iSo» 
pour  des  chiens  de  l\^''--^'s).  De  plus,  les  chiens,  mis  en  expériences,  étaient  des  animaux 
sains  et  jeunes,  sans  trace  d'albuminurie  ou  de  glycosurie.  Ils  étaient  au  préalable 
soumis  à  un  régime  alimentaire  abondant,  de  façon  à  se  trouver  dans  les  meilleures 
conditions  possibles  au  moment  de  l'injection  de  la  toxine. 

Nos  expériences  nous  ont  montré  que  la  saignée  préventive  augmentait 


(')  LoD&E,  La  vie  et  la  matière,  traduction  Mavwell,  collection  Alcan,  1907. 
('^)  CtALDE  Bernard,  Leçons  sur  les  phénomènes  de  la  vie,  t.  I,  1878-1879,  p.  69. 


î44o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

beaucoup  la  résistance  des  animaux  à  l'intoxication.  Non  seulement  les 
troubles  immédiats  sont  atténués,  mais,  par  la  suite,  la  nutrition  descliiens 
saignés  est  bien  meilleure  que  celle  des  témoins,  comme  l'atteste  la  courbe 
des  poids. 

Lapins.  —  Les  animaux  saignés  au  préalable  ne  présentent  que  des  troubles  immédiats 
atténués.  La  prostration  et  la  narcose  sont  moins  marquées,  le  myosis  et  le  vaso- 
dilatation auriculaire  moins  intenses  et  moins  durables,  l'abaissement  de  température 
moindre  que  pour  les  témoins.  Dans  les  jours  qui  suivent  l'injection,  les  témoins  pré- 
sentent une  diminution  progressive  du  poids  et  ne  récupèrent  que  lentement  leur  poids 
primitif.  I.,es  animaux  saignés,  au  contraire,  ne  présentent  ({u'une  baisse  de  poids  très 
passagère;  ils  récupèrent  et  mèmedépassent  vite  leur  poids  primitif. 

Les  effets  immunisants  de  la  saignée  sont  surtout  remarquables  pour  les  lapins  qui, 
par  une  injection  antérieure,  sont  en  état  d'anaphjlaxie.  bans  ce  cas,  les  lapins 
saignés  résistent  admirablement,  tandis  que  les  autres  présentent  des  signes  de  dénu- 
trition profonde  que  témoigne  un  amaigrissement  considérable.  Ouelques-uns  même 
meurent  au  bout  de  ([uelques  jours. 

Four  les  chiens,  les  résultats  sont  de  même  sens  que  pour  les  lapins.  Les  signes 
immédiats  de  l'intoxication,  prostration,  vomissements,  lénesme,  diarrhée,  hémorra- 
gies intestinales  sont  moins  mar([ués  chez  les  saignés.  De  plus,  comme  pour  les  lapins, 
alors  que  les  chiens  témoins  présentent,  les  jours  qui  suivent  l'injection,  un  abaisse- 
ment de  poids  souvent  considérable,  les  animaux  saignés  ne. perdent  pas  de  poids  et 
même  arrivent  à  dépasser  au  bout  de  quelques  jours  leur  poids  primitif. 

Les  uns  et  les  autres,  durant  3  ou  4  jours,  ont  un  peu  d'albumine  et  de  glucose  dans 
les  urines. 

11  résulte  en  somme  de  nos  expériences  que  la  saignée  pratiquée  24  heures 
avant  l'injection  d'urohypotensine  crée  une  résistance  marquée  à  l'intoxi- 
cation. Ces  faits  constituent  une  justification  nouvelle  de  l'usage  de  la 
saignée  dans  les  troubles  de  l'insuffisance  rénale. 


l'HYSIOLOGIE.   —    Transformalion  en  courbes  îles  tracés  du  phonographe. 
Note  de  M.  Lioket,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

M.  Marage  a  publié  plusieurs  travaux  importants  sur  l'analyse  et  la 
synthèse  des  voyelles  ;  les  résultats,  tous  concordants  lorsque  les  causes 
d'erreur  étaient  évitées,  lui  ont  été  fournis  par  diftérents  procédés:  les 
flammes  manométriques,  la  méthode  graphique,  la  photographie  directe 
des  vibrations  et  le  phonographe  ;  dans  celte  dernière  méthode,  les  tracés 
en  creux  du   phonographe  étaient  transformés  en  courbes  par  un  levier 


SÉANCE  DU  5o  MAI  1910.  l44l 

amplificateur.  J'ai  repris  l'étude  des  voyelles  par  le  plionoj4;raphe  en  y 
introduisant  un  certain  nombre  de  perfectionnements. 

L'appareil  de  M.  Marage,  qui  était  un  instrument  de  laboratoire,  est  ainsi 
devenu  un  appareil  très  pratique,  dont  tout  le  monde  peut  se  servir  sans 
aucun  apprentissage. 

Les  modifications  ont  porté  sur  les  points  suivants  : 

1°  hnpresdon  du  cylindre  de  cire.  —  Comme  M.  Marage  l'avait  fait  remarquer,  on 
peut  à  volonté  compliquer  les  tracés  en  y  introduisant  des  vibrations  accessoires  pro- 
duite$  par  l'appareil  lui-même  (  embouchure,  tube,  etc.).  J'ai  donc  suivi  les  indications 

Fig.  ■■ 


OU 


Tracés  agrandis  environ  tin  fois  en  hauteur  et  en  longueur. 


données  par  cet  auteur  en  supprimant  les  causes  d'erreur;  de  plus,  dans  les  phono- 
graphes ordinaires,  le  saphir  coupant,  fixé  à  la  plaque  vibrante,  s'appuie  sur  le  cylindre 
de  cire,  grâce  au  poids  du  cadre  métallique  qui  le  soutient;  ce  poids  est  essentielle- 
ment variable  avec  les  divers  instruments,  et  de  plus  ce  cadre  est  sujet  à  des  trépi- 
dations; j'ai  donc  placé,  à  côté  du  saphir  coupant,  un  saphir  mousse  qui  glisse  sur  la 
cire  et  sert  simplement  à  maintenir  le  cadre  à  une  distance  que  l'on  peut  régler  au 
moyen  d'une  vis  micrométrique  ;  la  lame  vibrante  est  donc  indépendante  de  ^on 
cadre  et  ses  déplacements  ne  dépendeqt  que  de  la  voix. 


l/|42  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

9."  Tracé  des  cniirhes.  —  Le  cylindre  île  cire  est  animé  d'un  double  mouvement  de 
rotation  et  de  translation  suivant  son  ave,  grâce  à  une  vis  sans  fin  :  le  cadre  de  la  pla<|ue 
vibrante  est  fixe,  ce  qui  n'existe  pas  dans  les  autres  plidflograplies. 

Quand  on  veut  transformer  les  plionogrammes  en  courbes,  on  remplace  le  cadre  par 
un  levier  dont  le  rapport  de  longueur  de  la  petite  branche  à  la  grande  brandie  peut 
varier  de  yg  ^  ihî  i  '^^  levier  est  en  métal  liège  dont  la  densité  ^  1,7;  il  reste  toujours 
sensiblement  vertical  ;  le  saphir,  qui  est  fixé  à  la  petite  branche  du  levier,  est  articulé 
sur  le  levier  de  manière  à  fouiller  tous  les  replis  du  sillon  creux;  la  bande  de  papier 
recouvert  de  noir  de  fumée  a  2™  ;  on  a  donc  des  tracés  très  longs;  pendant  la  trans- 
formation en  courbe,  le  cylindre  de  cire  tournant  très  lentement  (5o  à  200  fois  moins 
vite  qu'au  moment  de  l'impression),  l'inertie  du  levier  ne  peut  pas  introduire  de  causes 
d'erreur. 

liésultats.  —  i"  On  obtient  pour  les  voyelles  parlées,  OU,  O,  A,  K,  I, 
des  tracés  tout  à  t'ait  semblables  à  ceux  qu'avait  obtenus  M.  Marage;  pour  1 
et  OU,  les  vibrations  sont  groupées  par  une;  pour  E  et  O,  par  deux;  pour  A, 
par  trois  (/^.  1). 

2°  Ces  tracés  sont  exacts  puisque  le  phonographe  répète  les  voyelles 
inscrites;  d'ailleurs  M.  Marage,  en  partant  de  tracés  semblables,  avait  fait 
la  synllièse  au  moyen  de  sa  sirène  à  voyelles.  On  peut  fournir  une  autre 


V;«V,A/H*VWWV 


j,^,vvvvVVVvVW\|iWVWW^^^ 


fj\lpflpl^^1^v 


yKK)\^J#\#^ 


TraC(''s  ;i^riiiuli 


preuve  de  cette  exactitude  en  découpant  le  tracé  agrandi  de  A  par  exemple 
sur  le  bord  d'un  disque  circulaire  en  zinc;  une  lame  de  mica  qui  frotte  sur 
ce  disque,  tournant  rapidement,  répèle  la  voyelle. 

3°  En  augmentant  la  longueur  du  levier  et  en  diminuant  la  vitesse  de 
rotation  du  cylindre,  on  peut  obtenir  des  courbes  analogues  à  celles  trouvées 


SÉANCE    DU    3o    MAI    IQIO.  l4/i3 

par  d'autres  expérimentateurs  (');  mais  ces  courbes  {_ftg.  2)  me  semblent 
moins  exactes,  car  si  le  tracé  est  agrandi  N  fois  en  hauteur,  il  faut  qu'en 
longueur  il  soit  agrandi  de  la  même  ([uantité. 

Conclusion.  —  L'appareil  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
permet  donc  de  bien  impressionner  le  cylindre  et  de  transformer  facilement 
en  courbes  les  tracés  en  creux  du  phonographe. 


PHYSIOLOGIE.  —  Etudes  sur  le  cancer  des  Souris.  L'hérédilè  de  la  sensibilité 
à  la  greffe  cancéreuse.  Note  de  M.VI.  L.  Cuéxot  et  L.  Mercier,  présentée 
par  M.  A.  Dastre. 

Lorsqu'on  pratique  des  greffes  de  tumeurs  cancéreuses  sur  Souris,  il  est 
bien  difficile  de  comprendre  pourquoi  un  groupe  de  Souris  donne  un  certain 
pourcentage  tandis  qu'un  autre  groupe  pris  dans  le  même  élevage,  et  que 
l'on  a  toutes  raisons  de  croire  identique  au  premier,  donne  un  pourcentage 
trop  différent  pour  que  l'on  puisse  invoquer  le  hasard.  C'est  ainsi,  par 
exemple,  qu'en  opérant  avec  la  tumeur  B,  nous  avons  obtenu  un  certain  jour 
une  prise  sur  un  groupe  de  1 1  Souris  et  un  autre  jour  8  prises  sur  un  groupe 
de  10  Souris. 

Cette  inconstance  dans  les  résultats  de  la  greffe,  qui  a  frappé  tous  les 
expérimentateurs,  n'a  pas  reçu  jusqu'ici  d'explication  satisfaisante  ;  ce  n'est 
pas  une  question  de  technique  opératoire,  pas  plus  que  des  différences  de 
régime  alimentaire,  d'âge  ou  de  sexe,  car  il  est  facile  de  se  placer  dans  des 
conditions  qui  éliminent  ces  facteurs.  Peut-on  invoquer  une  variation  de 
virulence  de  la  tumeur  se  traduisant  par  un  pourcentage  plus  ou  moins 
élevé  de  prises?  Sans  nier  absolument  l'existence  de  ce  facteur,  nous  l'an- 
nulons en  inoculant  simultanément  des  lots  différents  avec  une  tumeur 
unique. 

L'explication  de  ces  différences  de  pourcentage  est  tout  autre.  Elle  cor- 
respond à  des  différences  dans  le  patrimoine  héréditaire  des  Souris. 

Depuis  longtemps,  nous  étudions  l'hérédité  de  la  sensibilité  à  la  greffe 
cancéreuse  ;  sachant  qu'en  Angleten-e  et  en  Amérique,  des  laboratoire?, 
mieux  installés  que  le  nôtre  poursuivent  des  recherches  analogues,  nou^ 

(')  M.  MaràGë,  Différents  tracés  d'une  même  voyelle  chantée  {Comptes  rendus. 
novembre  1908). 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  22.)  189 


l/|44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  décidons  à  publier  nos  résultats,  bien  qu'il  reste  encore  des  détails  à 
préciser,  pour  ne  pas  être  exposés  à  perdre  le  fruit  de  deux  ans  de  travail. 

I.  La  prise  et  la  non-prise  ne  sont  pas  des  caractères  mendéliens.  —  On 
pouvait  concevoir  que  la  prise  et  la  non-prise  étaient  des  caractères  men- 
déliens symétriques,  correspondant  à  la  présence  dans  le  patrimoine  géno- 
typique  de  un,  deux,  ou  n  gènes  (déterminants).  Nous  avons  examiné  suc- 
cessivement ces  diverses  hypothèses  ;  aucune  ne  rend  compte  des  faits  d'une 
façon  complète. 

Nous  discuterons  seulement  Thypothèse  la  plus  simple  (un  seul  gène) 
pour  laquelle  nous  nous  trouvons  en  parfait  accord  avec  les  résultats  récents 
de  Tyzzcr  (  '  ), 

a.  Supposons  que  le  gène  de  la  prise  est  dominaiU  sur  le  gène  de  la  non-pii^ie  :  par 
conséqiienl  des  Souris  réfractaires  croisées  entre  elles  doivent  donner  une  descendance 
homozygote  indéfininnent  réfraclaire.  Or,  sur  a3i  petits  provenant  de  parent»;  tous 
deux  réfractaires.  6o  ont  pris  la  greffe  (25,9  pour  100). 

b.  Supposons  au  contraire  que  le  gène  de  la  prise  est  dominé  :  par  conséquent  des 
Souris  sensibles  croisées  entre  elles  doivent  donner  une  descendance  homozygote  dont 
tous  les  membres  sont  sensibles.  Or,  sur  119  petits  provenant  de  parents  tous  deux 
sensibles,  61  seulement  ont  pris  la  greffe  (5i,9  pour  100). 

Ces  résultats,  s'ils  prouvent  avec  certitude  que  les  caractères  de  prise  et 
de  non-prise  ne  sont  pas  des  caractères  mendéliens  simples,  montrent  net- 
tement qu'il  y  a  néanmoins  quelque  chose  d'héréditaire  puisque,  d'une 
façon  globale,  les  descendants  de  Souris  sensibles  donnent  un  pourcentage 
bien  plus  élevé  que  les  descendants  de  Souris  réfractaires. 

II.  Un  certain  pourcentage  de  prises  est  un  caractère  familial.  —  Après  de 
longs  tâtonnements,  nous  avons  isolé  de  notre  élevage  de  Souris,  en  appa- 
rence homogène,  des  familles  qui  ont  la  propriété  de  donner  un  certain  pour- 
centage de  prises  et  qui  transmettent  celte  propriété  dans  les  croisements 
in  ter  se. 

Par  exemple,  une  de  ces  familles,  depuis  le  couple  originel,  comprend 
53  petits  qui  ont  donné  4^3  prises,  soit  8(),  7  pour  100,  et  à  chaque  généra- 
tion la  grellé  donne  toujours  autant  de  succès.  Nous  appellerons  cette  fa- 
mille la  lignée  riche,  voulant  rappeler  par  ce  terme  les  lignées  dont  les 
botanistes  et  Jennings  (-)  ont  démontré  l'existence,  d'une  part  chez  les 
végétaux  et  d'autre  part  chez  les  Infusoires. 

(')  TïzzEU,  -I  stady  0/  inheritance  in  Mice  willi  référence  to  llieir  suscej>ti/'ili/y 
Co  transplanlable  tumors  [Jour,  of  med.  res.,  t.  XXI,  n"  3,  1909,  p.  019). 

(-)  Je.nxings.  Ileredily  and  variation  in  llie  simplest  organisme  {American 
nalii.-Cicijc,  i.  XLllI,  1909,  p-  32i). 


SÉANCE  DU  3o  MAI  191O.  l445 

A  cette  lignée  riche  nous  opposerons  lUie  lignée  pauvre  qui,  sur  82  petits 
provenant  d'un  couple  originel,  a  donné  seulement  16  prises,  soit 
19,5  pour  100. 

Nous  nous  sommes  naturellement  attachés  aux  cas  extrêmes,  mais  nous 
savons  qu'il  existe  d'autres  lignées  donnant  des  pourcentages  compris  entre 
86,7  pour  100  et  19,5  pour  100. 

La  propriété  de  donner  une  lignée  pauvre  ou  riche  est  inhérente  au 
patrimoine  génotypique  des  parents,  mais  n'a  aucun  rapport  avec  leur 
réaction  personnelle  vis-à-vis  de  la  greffe  (résultats  identiques  à  ceux  de 
Jennings  pour  la  taille  dans  les  lignées  d'Infusoires).  Ainsi  des  Souris 
réfractaires  appartenant  à  une  lignée  riche,  donnent  une  progéniture  qui 
fournit  le  même  pourcentage  de  succès  que  celle  qui  provient  de  Souris 
sensibles  de  la  même  lignée.  De  même  pour  les  Souris  de  lignée  pau-vre. 

Exemples  : 

t"  20  petits  de  lignée  riclie  mais  dont  les  parents  étaient  réfractaires  ont 
fourni  19  succès; 

1"  Inversement,  17  petits  d'une  lignée  pauvre,  mais  (ipnt  les  parents  ont 
été  pris  parmi  les  rares  sensibles  de  cette  lignée,  ont  donné  seulement  deux 
prises. 

On  conçoit  d'après  ces  faits  combien  il  est  difficile  d'isoler  une  lignée 
homogène,  alors  que  cela  ne  souffre  pas  de  difficulté  chez  les  Infusoires  dont 
un  individu  isolé  fournit  immédiatement  une  lignée  pure  par  multiplication 
asexuée. 

Conclusions.  —  On  voit  d'après  ce  qui  précède  qu'un  élevage  de  Souris 
peut  comprendre  des  individus  appartenant  à  des  lignées  riches,  pauvres, 
moyennes;  suivant  la  prédominance,  dans  un  lot  donné,  d'individus  appar- 
tenant à  telle  ou  telle  lignée  les  résultats  des  greffes  pourront  être  infiniment 
variés.  11  n'est  pas  possible  de  comprendre  pourquoi  à  l'intérieur  d'une 
même  lignée  il  y  a  des  individus  sensibles  et  d'autres  réfractaires,  alors  qu'en 
fait  ils  sont  capables  de  transmettre  la  même  potentialité  de  pourcentage 
de  prises.  Il  y  a  là  une  question  tout  à  fait  intéressante  à  creuser  au  point  de 
vue  de  l'hérédité. 

Si,  comme  nous  le  croyons,  les  facteurs  ou  tout  au  moins  certains  des 
facteurs  héréditaires  qui  déterminent  la  prise  d'une  greffe  cancéreuse  sont 
les  mêmes  que  ceux  qui  permettent  le  développement  d'une  tumeur  spon- 
tanée, il  s'ensuit  que  la  connaissance  de  la  lignée  à  la(juelle  appartient  un 
individu  a  une  grande  importance:  en  effet,  une  descendance  issue  de  deux 


l446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parents  cancéreux  de  lignée  pauvre  aura  beaucoup  moins  de  chances  de 
présenter  des  tumeurs  qu'une  descendance  issue  de  deux  parents  réfractaires 
mais  d'une  lignée  riche.  Dans  le  problème  du  cancer,  déjà  si  complexe,  il 
faut  sans  aucun  doute  faire  une  place  à  un  facteur  d'hérédité. 


PHYSIQUE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Mécanisme  éleclrostalique  de  V hémiperméabi- 
lilé des  tissus  vivants  aur  étectrolytes.  Note  (')  de  M.  Pierre  Girard,  pré- 
sentée par  M.  A.  Dastre. 

La  couche  la  plus  externe  du  protoplasme  des  cellules  vivantes  (mem- 
brane cytoplasmique)  présente  une  hémiperméabilité  relative  aux  électro- 
lytes.  Par  rapport  au  sérum,  par  exemple,  les  globules  rouges  renferment 
une  proportion  lo  fois  plus  grande  de  KCl  et  u>  fois  moindre  de  NaCl.  Ces 
chiffres  donnent  la  mesure  de  ce  qu'est  cette  hémiperméabilité.  L'objet  de 
cette  Note  est  de  montrer  que  le  mécanisme  de  celle-ci  est  essentiellement 
électrostatique. 

Dans  une  Communication  antérieure  (^'-)  nous  avons  décrit  un  phéno- 
mène de  polarisation  très  particulier  dont  les  membranes  inertes  (en  géla- 
tine, vessie  de  porc,  etc.)  peuvent  être  le  siège. 

Les  conditions  nécessaires  et  suffisantes  pour  le  produire  sont  :  i°  une 
structure  capillaire  de  la  membrane;  2"  un  excès  fùt-il  très  léger  d'ions  H"^ 
ou  OH"  dans  le  milieu  liquide  qui  i)aigne  la  membrane;  3"  une  diflerence 
de  pression  osmotique  d'une  face  à  l'autre  de  la  membrane. 

L'inlensilé  de  celte  polarisation  E  s'exprime,  comme  nous  l'avons  montré,  par 
l'équation  d'Helmhollz  relative  à  la  force  électiomotrice  de  filtration 

E=  P^, 

où  p  désigne  la  résislivité  de  la  liqueui-,  i  la  différence  de  |)otenliel  des  couclies 
doubles  dues  aux  ions,  p  une  différence  de  pression  osmotique  et  Y)  un  coefficient  de 
viscosité. 

En  outre  nous  avons  montré  que  l'interposition  d'une  membrane  ainsi 
polarisée,  entre  une  solution  d'un  sel  neutre  et  de  l'eau,  modifiait  considéra- 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  17  mai  1910. 
(')   '9  a^'"''  '909- 


SÉANCE    DU    3o   MAI    1910.  l4^7 

bleinent  le  jeu  des  forces  électrostatiques  qui  interviennent  dans  la  diffu- 
sion et  qu'il  en  résultait  au  point  de  vue  de  la  vitesse  de  diffusion,  ou  ce  qui 
revient  au  même  de  la  perméabilité  de  la  membrane  au  sel  envisagé,  des 
conséquences  importantes. 

En  polarisant,  par  exemple,  par  une  trace  de  HCI  une  membrane  en  vessie  de  porc, 
on  réduit  au  i  et  davantage  sa  perméabilité  au  MgCP;  en  inversant  le  sens  du  champ 
de  polarisation  par  une  trace  de  NaOH,  on  accroît  du  double  celte  perméabilité. 

Si  l'on  suppose  fixé  le  sens  du  champ  de  polarisation  de  la  membrane, 
celle-ci  témoignera  (en  prenant  comme  point  de  comparaison  la  même 
membrane  non  polarisée)  d'une  imperméabilité  relative  ou  d'une  perméabi- 
lité accrue  vis-à-vis  de  deux  sels  ayant  même  coefficient  de  diffusion  mais 
dont  les  champs  électrostatiques  de  diffusion  sont  orientés  de  sens  con- 
traire. 

On  comprend  l'intérêt  de  ces  faits  au  point  de  vue  biologique,  surtout  si  l'on  réflé- 
chit que,  le  protoplasme  n'étant  jamais  absolument  neutre,  les  membranes  ectoplas- 
miques  étant  constituées,  suivant  la  conception  de  Nifgeli,  par  des  micelies  juxtaposées 
et  les  éléments  minéraux  n'ajant  pas  dans  le  liquide  plasmatique  la  même  concentra- 
tion <(ue  dans  le  sérum,  les  trois  conditions  nécessaires  à  la  polarisation  de  ces  mem- 
branes cellulaires,  conformément  à  l'équation  d'HelmhoItz,  se  trouvent  ainsi  réalisées. 

^  l'aisemblablement  la  différence  de  potentiel  qu'un  tissu  vivant  présente 
d'une  face  à  l'autre  n'a  pas  d'autre  cause  que  cette  polarisation  des  mem- 
branes ectoplasmiques  cellulaires  (')  et  cette  différence  de  potentiel  doit  se 
comporter,  au  point  de  vue  de  la  perméabilité  de  ce  tissu  aux  différents  sels, 
comme  les  champs  de  polarisation  envisagés  plus  haut;  si  donc  on  suppose 
fixée  l'orientation  de  cette  différence  de  potentiel  le  tissu  devra  accuser  une 
perméabilité  différente  pour  des  sels  de  coefficients  de  diffusion  voisins, 
mais  dont  les  champs  électrostatiques  de  diffusion  sont  orientés  de  sens  con- 
traires. 

Ou  bien  encore  si  l'on  envisage  un  seul  et  même  électrolyte  dont  le 
champ  de  diffusion  est  alors  fixé,  un  tissu  vivant  devra  témoigner  pour  cet 
électrolyte  d'une  perméabilité  différente  suivant  l'orientation,  dont  on  est 
maître,  de  la  différence  de  potentiel  qu'il  présente  d'une  face  à  l'autre. 
C'est  sous  cette  forme  que  nous  avons  soumis  la  question  à  l'expérience. 

Le  tissu  en  expérience  (peau  ou  paroi  abdominale  de  grenouille)  était  interposé 
dar.s   un  osmomèlre,   l'une  des  faces  en   contact    avec  la   solution    saline  diffusante 

(')  PibRRE  Girard,  Comptes  rendus,  séance  du  2.5  avril  1909. 


l448  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(toujours  isotonique  à  une  solution  de  \aCl  à  8  pour  looo),  l'autre  face  en  contact 
avec  une  solution  sucrée  isotonique  à  la  solution  saline.  Le  système  entier  était 
immergé  dans  un  thermostat  et  la  diflerence  de  potentiel  du  tissu  (déduite  de  la  difTé- 
rence  du  voltage  du  système  total  et  du  couple  liquide  :  solution  saline-solution 
sucr.'e)  était  suivie  pendant  la  durée  de  l'expérience  à  l'issue  de  laquelle  un  dosage 
était  fait. 

Chaque  expérience  était  en  deux  phases  de  même  durée. 

Dans  la  colonne  n"  5,  nous  avons  convenu  de  faire  précéder  du  signe  +  la  différence 
de  potentiel  du  tissu  lorsqu'elle  est  orientée  de  même  sens  que  celle  du  couple  liquide, 
solution  saline-solution  sucrée,  et  du  signe  —  dans  le  cas  contraire. 


Solution 
saline. 


NaCl 


III. 


Rincer 


Tissu. 

Peau  Eana  i 
esciilenta    \  interne 


l'iice  <  irienliilidn  \  aleur 

en  conlacl         de  \,\  de  la 

avec  diUércnce  difiérence     Quantité 

la  solution             de  de  de  sel 

saline.  potentiel,  potentiel,     difl'usée.     Observations. 


(éthérisée) 


Ringer 
Ringer  acidifié 


Peau  R.  e.       interne 
»  externe 


Peau        \ 

/?.  fusca        interne 
i 

(après  18'')   ; 

»  externe 


voll  g 

0,000       0,010 

0,000       0,010 

La  quantité 

,  ,        dosée 
o,0!2       0,004  I 

,  {  se  rapporte 
0,010       0,004  A   , 

i   au  Cl  dose 

en  NaCI. 


O,004  0,012 


o ,  004       0,012 


Même 
observation 


Rino;er 


Peau  H.  e.      interne 
n  externe 


0,020       0,008 
o,oi-^       0,001 


Ringer 


Peau  fi.  e.       externe 
»  interne 


0,0 14       traces 
0,012       0,006 


VI. 


NaCl 


Peau  /?.  e.      interne 

n  externe 


o , 020        o . o I I 
0.020       0,002 


i        Paroi         1 
VU.  Na-SO'  al)domtnale  'externe  — 


interne 


-h 


o , o I b       0,012 
0,018       o,oo3 


Vlll. 


IvCl 


Peau  A'. 


exteine 
interne 


0,022       o,oi3 
0,018        o , 00 I 


SÉANCE  DU  '^O  MAI  1910.  l449 

En  ce  qui  concerne  le  KCl  l'absence  de  voltage  du  couple  solution  saline- 
solution  sucrée  due  à  l'égale  mobilité  des  deux  ions  du  sel  ne  permettait  pas 
dans  la  cinquième  colonne  la  notation  habituelle,  mais  les  deux  clii lires 
o,o2'2  volt  et  0,018  volt  correspondent  à  des  différences  de  potentiel 
opposées  et  le  maximum  de  perméabilité  correspond  à  la  même  orienta- 
tion du  voltage  qui  assure  le  minimum  de  perméabilité  au  NaGl.  Celle 
remarque  nous  parait  fournir  une  explication  très  simple  des  différences  de 
concentration  en  KCl  et  NaCl  à  l'intérieur  des  éléments  histologiques  et 
dans  le  milieu  qui  les  baigne. 

Comme  on  voit,  les  différences  de  perméabilité  ne  sont  bien  dues  tpi'au 
seul  facteur  dont  nous  éprouvions  Finlluence  :  la  valeur  et  l'orientation  du 
voltage  du  tissu. 

r^es  expériences  1,  Il  et  III  excluent  l'objection  d'une  différence  de  per- 
méabilité qui  serait  due  à  une  différence  de  structure  liistologique  d'une 
face  à  l'autre  et  les  expériences  l'V  et  YI  excluent  l'hypothèse  d'un  accrois- 
sement de  perméabilité  due  à  un  vieillissement  des  tissus  pendant  la  durée 
de  l'expérience. 

Conchision.  —  Le  mécanisme  de  l'hémiperméabilité,  qui  n'est  jamais  que 
relative,  d'un  tissu  vivant  aux  électrolytes  est  essentiellement  électrosta- 
tique. 


ANAïOMlH.    —    Courbure  lombaire  el  prornonloire.  Note  de  M.  J.  Cu.uxk, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

On  a  bien  discuté  sur  le  redressement  de  la  colonne  vertébrale  de 
l'homme,  mais  il  est  un  ensemble  de  considérations  anatomiques  en  rapport 
avec  ce  fait,  qui  semblent  n'avoir  pas  été  suffisamment  mis  en  lumière. 
Dans  cette  Note  je  ne  m'occuperai  que  de  la  région  lombo-sacrée. 

Pour  la  même  raison  qui  fait  que  le  sacrum  se  développe  à  mesure  que 
le  corps  s'élève  sur  les  membres,  dans  la  station  bipède,  où  l'être  ne  repose 
que  sur  ses  membres  postérieurs,  la  ceinture  pelvienne  contracte  avec  la 
colonne  vertébrale  (sacrum)  une  union  plus  intime  qu'ailleurs;  il  va  immo- 
bilité à  peu  près  absolue.  De  plus,  celte  attitude  spéciale  a  entraîné  une 
orientation  particulière  du  bassin,  mais  dans  ce  mouvement  les  os  iliaques 
et  le  sacrum  ont  conservé  leurs  rapports  réciproques  ;  l'os  coxal  est  devenu 
nettement  vertical  et  le  sacrum  a  acquis  une  direction  très  oblique,  mais 


l45o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

non  verticale;  il  en  résulte  que  si  notre  colonne  lombaire  n'avait  pas  formé 
une  courbure  concave  en  arrière  et  était  restée  dans  le  prolongement  du 
sacrum,  l'ensemble  de  notre  colonne  vertébrale  aurait  été  très  oblique,  et 
le  corps  de  l'homme  fortement  incliné  en  avant. 

En  somme  donc,  l'homme  devant  se  relever  pour  des  raisons  que  je  n'ai 
pas  à  analyser  ici,  dans  le  redressement  du  bassin,  par  suite  de  sa  fixité  aux 
autres  parties  du  squelette,  le  sacrum  a  pris  une  situation  oblique  et  c'est 
cette  position  qui,  à  son  tour,  a  été  la  cause  efficiente  de  la  formation  de  la 
courbure  lombaire  (  '  ). 

Le  sacrum  formant  une  région  immobile,  la  colonne  vertébrale  a  pivoté 
autour  de  la  première  vertèbre  sacrée  en  prenant  sur  elle  son  point  fixe.  Ce 
mouvement  n'a  pu  se  produire  que  par  l'action  des  muscles  des  gouttières 
lombaires.  Certains  états  pathologiques  viennent  ici  en  aide  à  l'expérience 
et  au  raisonnement;  dans  la  contracture  permanente  des  extenseurs  dorsaux, 
il  y  a  exagération  de  la  courbure  lombaire  dans  leur  paralysie  ;  au  contraire, 
la  partie  inférieure  de  la  colonne  vertébrale  est  en  ligne  droite  avec  le  bassin 
(Duchenne  de  Boulogne).  La  courbure  lombaire  est  maintenue,  entre  autres 
causes,  par  l'action  continue  des  muscles  lombaires  et  probablement  aussi 
par  celle  des  carrés  des  lombes  qui  sont  situés  dans  un  plan  légèrement 
postérieur  à  l'axe  solide  de  la  colonne  vertébrale,  axe  constitué  par  la 
succession  des  corps  vertébraux. 

Le  redressement  de  la  colonne  vertébrale  a  eu  un  grand  retentissement 
sur  la  constitution  de  la  région  lombo-sacréc. 

Par  suite  de  leur  action  continue,  les  muscles  dorsaux  de  la  région  lombaire 
de  l'homme  sont  beaucoup  plus  développés  que  ceux  des  autres  Mammifères. 
Chez  les  Anthropoïdes,  dont  le  rachis  est  oblique,  ils  sont  intermédiaires 
entre  ceux  de  l'homme  et  des  autres  Mammifères. 

Ces  muscles  étant  très  développés  ont  besoin  d'une  large  surface  d'inser- 
tion; aussi  le  sacrum  de  l'homme  est-il,  en  général,  plus  large  que  celui 
des  autres  Mammifères. 

Les  espèces  qui  se  tiennent  accidentellement  sur  leurs  membres  posté- 
rieurs (Ours,  Singes,  quelques  Rongeurs)  ont  généralement  un  sacrum, 
toute  proportion  gardée,  plus  large  que  leurs  voisins  quadrupèdes. 

(')  On  a  cvo([in;  bien  d  aulies  liiisons  pour  expliquer  ce  phénomèue  ^sUibililé  du 
corps,  llexibililé  de  la  colonne  verlébrale,  lulle  contre  le  )ioids  des  viscères,  etc.)  ;  je 
n'ai  pas  la  place  de  les  discuter  ici,  je  le  ferai  dans  un  Mémoire  actuellement  en 
préparation.  Mais  dès  maintenant  je  crois  devoir  dire  que  la  plupart  d'entre  elles  ont 
joué  un  certain  rôle,  mais  que  leur  action  a  été  simultanée. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    IQIO.  l/|JI 

Les  disques  intervertébraux  de  la  région  lombaire  de  l'homme  sont  plus 
minces  en  arrière  qu'en  avant;  il  en  est  de  même  du  corps  de  la  cinquième 
lombaire.  Chez  les  autres  Mammifères,  cette  disposition  ne  se  proiluil 
jamais;  un  léger  amincissement  antérieur  des  disques  ou  des  corps  peut 
même  quelquefois  s'oljserver. 

Les  régions  lombaires  et  sacrées  se  rencontrent  suivant  un  angle  très 
obtus  qui  fait  saillie  dans  la  cavité  pelvienne  {promontoire).  Si  la  région 
sacrée  avait  été  malléable,  au  lieu  d'un  angle  saillant  il  se  serait  constitué 
un  passage  graduel  entre  ces  deux  parties  de  la  colonne  vertébrale,  comme 
cela  s'est  produit  entre  portions  lombaire  et  dorsale.  La  raison  de  Texi- 
slence  du  promontoire  se  trouve  dans  la  rigidité  et  la  fixité  du  sacrum  qui, 
offrant  une  forte  résistance,  a  obligé  la  colonne  lombaire  à  se  courber  brus- 
quement à  partir  d'un  point  déterminé  (l'expérience  démontre  le  fait). 
Chez  les  Mammifères  où  la  courbure  lombaire  n'existe  pas,  il  n'y  a  pas  de 
promontoire;  lorsque  la  courbure  est  légèrement  accentuée  (Anthropoïdes) 
le  promontoire  est  peu  indiqué. 


CYTOLOGIE.  —  Le  nombre  des  chromosomes  chez  les  Batraciens  et  chez  les 
larves  parthénogênétiques  de  Grenouille.  Note  de  M.  Armakd  Dehorxk, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

Nombre  des  chromosomes  chez  les  batraciens.  —  Tous  les  Batraciens  étu- 
diés jusqu'à  ce  jour  possèdent  le  même  nombre  de  chromosomes,  et  tous 
les  auteurs,  invariablement,  fixent  ce  nombre  à  2l\.  Or,  je  suis  en  mesure 
de  prouver  que  les  numérations  entreprises  sur  ces  animaux  ne  sont  pas 
exactes  :  le  nombre  des  chromosomes  des  Batraciens  est  12  seulement. 

On  peut  s'en  assurer  du  premier  coup,  en  s'adressant  aux  figures  du 
diaster  anaphasique  dans  le  tissu  épidermique  des  larves  de  Salamandre, 
par  exemple,  où  elles  sont  remarquablement  claires.  Douze  anses  chromo- 
somiques composent  ce  diaster  anaphasique  à  chacun  de  ses  pôles.  Mais  il 
est  peu  probable  que  les  auteurs  aient  essayé  la  numération  à  ce  moment. 
Je  pense  qu'ils  se  sont,  au  contraire,  attachés  exclusivement  à  dénombrer 
les  chromosomes  de  la  fin  de  la  prophase,  ou  ceux  de  la  métaphase.  En 
effet,  à  la  prophase  et  à  la  métaphase,  on  compte  toujours  24  chromosomes. 

Dans  ma  Note  du  9  mai  dernier  j'ai  montré,  à  propos  des  spermato- 
gonies  de  Sabellaria  spinulosa  Lenck,  que  les  anses  de  la  plaque  équatoriale 
ne  devaient  pas  être  considérées  comme  des  anses  sur  le  point  de  subir  la 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.   (T.  150,  N°  22.)  I90 


l452  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

division,  mais  comme  des  anses-filles  résultant  de  cette  division.  L'étude 
des  noyaux  des  Batraciens  m'a  conduit  aux  mêmes  résultats.  Dans  le  cas  de 
ces  derniers  animaux,  les  12  anses  anapliasiques  entrent  dans  la  constitu- 
tion du  noyau-fils,  en  subissant  à  la  télophase  leur  véritable  division  longi- 
tudinale.  Désormais,  le  noyau  contient,  non  plus  12,  mais  24  chromosomes 
nettement  individualisés.  Lorsque  la  phase  d'accroissement  sera  terminée, 
lorsque  la  membrane  nucléaire  disparaîtra  et  que  le  fuseau  s'ébauchera 
dans  le  cytoplasme,  24  anses  chromosomiques  seront  disposées  à  la  place 
du  noyau,  prêtes  à  être  réparties  en  deux  groupes  de  12,  pour  la  formation 
de  deux  autres  noyaux,  fils  du  précédent. 

Nombre  des  chromosomes  chez  les  larves  parthénogénétiques  de  Grenouille. 
—  Le  nombre  somatique  étant  12,  le  nombre  réduit  des  chromosomes  de 
la  spermatideet  de  l'ovotide  est  6. 

Au  moment  où  je  me  préoccupais  de  déterminer  ces  cliiffres,  Bataillon  fit  paraître  sa 
Note  sur  la  parthénogenèse  artificielle  des  œufs  de  Grenouille.  J'ai  refait  l'expérience,  et 
j'ai  pu  m'assurer  que  le  procédé  de  la  piqûre  est  aussi  simple  qu'efficace.  J'étais  surtout 
intéressé  par  la  question  de  savoir  si  les  noyaux  des  embryons   parthénogénétiques 

obtenus  son*  i\  n,  ou  bien  ;i  —  chromosomes.  Quelques  embryons  furent  fixés  an  bout 

de  2  jours,  d'autres  au  bout  de  6  jours  et  demi. 

Dans  un  cas  comme  dans  l'autre,  les  noyaux  renferment  6  chromosomes, 
le  nombre  réduit. 

Le  nombre  normal  ne  s'est  donc  pas  rétabli.  Peut-être  cela  doit-il  se 
réaliser  plus  tardivement.  En  tout  cas,  la  persistance  de  l'autonomie  des 
chromosomes  à  travers  le  noyau  quiescent,  si  facile  à  démontrer  chez  les 
Batraciens,  s'oppose  à  l'explication  d'une  auto-régulation  par  remaniement. 
Si  le  nombre  normal  se  rétablissait,  cela  ne  pourrait  avoir  lieu,  dans  chaque 
cellule,  qu'à  la  faveur  de  deux  divisions  longitudinales  consécutives  des  chro- 
mosomes, sur  place,  dans  le  même  territoire.  Le  fait  n'est  pas  impossible, 
mais  je  n'en  connais  pas  d'exemple.  Cela  n'arrive  même  pas  dans  le  cas  delà 
maturation.  D'autre  part,  en  admettant  que  le  rétablissement  du  nombre  n 
se  réalise  à  un  moment  donné,  il  est  certain  que,  plus  on  s'éloigne  de  la  pre- 
mière mitose  somaticjue,  cl  plus  le  processus  du  rétablissement  se  complique 
et  devient  difficile  à  imaginer.  Enfin,  on  n'en  voit  pas  la  nécessité.  Meves  a 
montré  que  dans  la  spermatogenèsc  de  l'Abeille  et  de  la  Guêpe,  la  pre- 
mière mitose  de  maturation  ne  se  produisait  pas.  Elle  ne  fait  que  s'esquisser; 
la  seconde  seule  aboutit  à  une  division  du  corps  cellulaire  et  du  noyau.  Or, 
tontes  les  cellules'constituant  l'oroanisme  mâle  chez  l'Abeille  et  chez  la 


SÉANCE    DU    3o    MAI    I910.  l/j53 

Guêpe  sont  des  cellules  réduites  provenant  de  la  division  répétée  d'une 
ovotide  non  fécondée.  Si  les  embryons  parthénogénéliques  de  Grenouille 
arrivaient  à  maturité  sexuelle,  ils  ne  se  comporteraient  sans  doute  pas 
autrement.  Leurs  spermatocytes,  ou  leurs  ovocytes  de  premier  ordre,  déjà 
réduits,  n'auraient  pas  besoin  de  l'être  une  seconde  fois;  et  leurs  éléments 
reproducteurs  posséderaient  le  même  nombre  de  chromosomes  que  ceux 
provenaat  d'individus  ordinaires. 


MICROBIOLOGIE.  —  L'eau  sléfi/isee  par  les  rayons  iillraviolels  contienl-elle 
de  l'eau  oxygénée?  Pouvoir  stérilisant  de  l'eau  oxygénée.  Note  de 
MM.  Jules  Courmoxt,  Th.  IVogier  et  Rochaix,  présentée  par 
M.  Guignard. 

On  sait,  depuis  nos  travaux  (  '),  quel  est  le  pouvoir  bactéricide  qu'exer- 
cent les  rayons  ultraviolets  sur  les  microbes  de  l'eau.  Une  eau,  contenant 
i.Sooooo  colibacilles  par  centimètre  cube,  n'en  renferme  plus  un  seul,  au 
litre,  après  quelques  secondes  d'irradiation.  Les  microbes  à  spores  sont 
également  détruits  (Miquel,  utilisant  l'appareil  NogierV 

1°  Celte  action  microbicide  est  directe.  Elle  n'est  due  ni  à  la  production 
d'ozone,  ni  à  la  production  d'eau  oxygénée. 

Pour  Vozone  l'accord  est  aujourd'hui  établi;  une  lampe  en  quartz  à 
vapeur  de  mercure,  immergée  dans  l'eau,  ne  produit  pas  d'ozone,  pendant 
le  temps  d'irradiation  nécessaire  à  la  stérilisation. 

2°  Reste  la  production  à.' eau  oxygénée.  Certains  l'admettent  encore;  on 
a  même  émis  quelques  craintes  sur  les  qualités  de  potabilité  d'une  eau  qui 
renfermerait  de  l'eau  oxygénée. 

Miroslaw  Kernbaimi,  \aii  Au])el  onl  constaté  la  présence  d'eau  oxygénée  après 
10  et  i'\  lieures  d'iiiadiation.  Lombard  ne  donne  pas  le  temps  d'irradiation.  Cernovo- 
deanu  et  V.  Henri  ont  obtenu,  en  3o  minutes,  un  cinquième  de  milligramme  de 
H-()=  par  litre. 

Tous  ces  temps  sout  très  supérieurs  à  celui  qui  est  nécessaire  (quelques  secondes  à 
une  minute)  pour  la  stérilisation. 

Xous  avons   refait  des  expériences.  Nous  n'avons  trouvé  aucune  trace 


(')  J.   CouRMONT  et  Th.  .Nugieh,  Comptes  rendus,  22  février,  8  mars,  12  juillet  et 
2  août  1909. 


-^►S^,  .iiJ 


^;., 


l454  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'eau  oxygénée  (')  dans  l'eau  en  contact,  pendant  20  minutes  et  plus,  avec 
une  lampe  immergée, 

11  est  donc  impossible  d'admettre  que  l'eau  potable  qui  sort  d'un  appa- 
reil à  stérilisation  (lampe  en  quartz  immergée)  contienne  même  des  traces 
d'eau  oxygénée.  Nulle  crainte  ne  doit  subsister  de  ce  chef. 

3°  Quel  est  d'ailleurs  le  pouvoir  stérilisant  de  l'eau  oxygénée?  Les 
chiffres  des  auteurs  ne  sont  pas  concordants.  On  admet  en  général  ceux 
de  Reichel  (1908):  i,5  pour  1000,  et  un  contact  de  6  heures,  pour  tuer  le 
bacille  d'Eberlh  dans  l'eau. 

Nous  avons  fait  plusieurs  expériences  sur  l'eau  polluée  (voir  plus  haut)  avec 
I  800000  colibacilles  par  litre.  Il  faut,  pour  stériliser  cette  eau  (que  les  rayons  ultra- 
violets stérilisent  en  quelques  secondes),  ajouter  à  un  litre  :  80'^°''  d'eau  oxygénée 
à  9'"', 80  (^)  soit  18,  i88  d'eau  oxygénée  pure  par  litre)  et  maintenir  un  contact 
de  3  heures.  Cette  dose  d'eau  oxygénée  est  6000  fois  plus  forte  (sans  parler  du  contact 
nécessaire  de  3  heures)  qye  celle  trouvée  par  Cernovodeanu  et  V.  Henri  après  3o  mi- 
nutes d'irradiation. 

Ces  chiffres  donnent  aussi,  par  comparaison,  une  idée  du  formidable 
pouvoir  des  rayons  ultraviolets,  qui  stérilisent  en  quelques  secondes  une 
eau  que  l'eau  oxygénée  ne  stérilise  qu'en  3  heures,  à  la  dose  de  18,188  par 
litre  (i,  r  88  pour  1000). 


MÉDECINE.    —   Sur  le  trailemenl  curatif  du  charbon  par  la  pyocyanase. 
Note  de  M.  L.  Foutiseau,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Au  cours  de  recherches  sur  l'antagonisme  du  charbon  et  du  bacille 
pyocyanique,  nous  avons  été  amené  à  reprendre  les  expériences  de 
MM.  Bouchard  et  Chassin  (^)  d'une  part,  Woodhead  et  Wood  ('')  de 
l'autre. 

Ces  expériences  nous  ayant  donné.chez  le  cobaye  et  le  lapin  des  résultats 
intéressants,  nous  avons  traité  par  ce  moyen  des  moutons  charbonneux  et 

(')  lieclierclie  ])ar  la  solution  d'iodure  de  potassium  amidonné,  le  chlorhydrate  de 
niélaphénylène-diamine  en  solution  ammoniacale,  le  réactif  sulfomolybdique  décoloré 
par  une  goutte  de  solution  de  permanganate  de  potassium. 

(')  Solution  commerciale  débarrassée  au  préalable  des  acides,  etc.,  qu'elle  peut  con- 
tenir, et  titrée  au  début  de  l'opération. 

(^)  BocciiAHD,  Les  microbes  pathogènes  {Compter  rendus^  1889). 

(')  Woodhead  et  Wood,  Comptes  rendus,  1889,  p.  985. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  I910.  l455 

un  cas  de  pustule  maligne,  et  c'est  le  résumé  de  ces  traitements  que  nous 
allons  exposer  ici. 

1°  Les  cultures  mixtes  de  charbon  et  de  pyocyanique  ('),  les  cultures  de  charbon 
dans  du  bouillon  additionné  de  pyocyanase  présentent  une  virulence  atténuée  et  les 
bactéridies  charbonneuses  développées  dans  ce  milieu  montrent  des  altérations  morpho- 
logiques. 

2°  Les  injections  préventives  de  pjocyanase  précédant  de  moins  de  ■!  jours  l'inocu- 
lation de  charbon  sont  impuissantes  à  enrayer  la  maladie  chez  le  cobaye  et  le  lapin. 

3°  Les  lapins  vaccinés  contre  le  bacille  pyocyanique  sont  réfractaires  au  charbon, 
même  au  bout  de  quelques  mois. 

4°  Les  to\ines  des  diverses  races  du  bacille  pyocyanique,  injectées  au  lapin  et  au 
cobaye  dans  un  délai  de  2^  heures  après  l'inoculation  virulente,  possèdent  un  pouvoir 
curatif  contre  le  charbon.  Cette  action  est  rarement  suffisante  contre  l'inoculation 
du  sang  charbonneux  ou  des  cultures  provenant  de  l'animal. 

Les  toxines  employées  étaient  des  bouillons  de  cultures  de  3  semaines 
filtrés  et  portés  1  heure  à  70°. 

Après  quelques  essais  destinés  à  déterminer  la  virulence  de  notre  culture 
pour  le  mouton,  nous  nous  sommes  arrêté  à  la  dose  de  o'''"',5  de  bouillon 
de  culture  de  24  heures  qui,  injecté  sous  la  peau,  tue  un  animal  de  So"*»  à 
35'^s  en  4o-44  heures. 

Les  moutons  traités,  au  nombre  de  4»  ont  tous  résisté.  La  pyocyanase 
fut  injecté  aux  deux  premiers  au  point  d'inoculation  du  charbon,  à  la  dose 
de  10''°'",  au  bout  de  6  heures  pour  l'un  et  de  24  heures  pour  l'autre;  une 
seconde  injection  identique  fut  faite  dans  les  mêmes  conditions  au  bout  de 
24  heures  chez  les  deux  animaux. 

Les  deux  autres  ne  reçurent  qu'une  seule  injection,  l'un  G  heures,  l'autre 
24  heures  après  l'inoculation  virulente. 

Cette  dernière  expérience  fut  particulièrement  intéressante,  car  ici  la 
pyocyanase  et  le  charbon  furent  inoculés  dans  deux  régions  dillérentes  : 
l'animal  traité  au  bout  de  6  heures  ne  présenta  pour  toute  réaction  qu'un 
œdème  passager  au  point  d'inoculation;  celui  qui  fut  traité  au  bout  de 
24  heures  guérit  également,  bien  que  l'injection  curative  ait  été  précédée 
chez  lui  d'infection  profonde. 

En  présence  de  ces  résultats  et  de  la  faible  toxicité  de  la  pyocyanase, 
dont  nous  avons  injecté  5o™'  à  la  fois  sous  la  peau  d'un  chien  de  5''^  sans 

(')  D'Àgata,  de  iVaples.  a  vacciné  des  Ovidés  par  ce  procédé  {A' VI'  Congrès  inler- 
natioiial  de  Médecine,  Budapest,  avril  1909;  Annales  de  l'insliltit  Pasteur,  20  avril 
1910). 


l/j56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

déterminer  d'autre  symptôme  qu'un  amaigrissement  passager,  nous  avons 
employé  ce  mode  de  traitement  dans  un  cas  de  pustule  maligne,  où  il 
semble  s'être  montré  nettement  favorable. 


MÉDECLNE.   —  Moyen  d'éviter  des  accidents  anaphylactiques.   Noie 
de  M.  A.  Besredka,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

La  fréquence  des  accidents  sériques  chez  l'homme,  d'une  part,  le  doute 
que  certains  savants  (')  ont  formulé  sur  la  réalité  de  l'antianaphylaxie, 
d'autre  part,  nous  font  un  devoir  de  revenir  sur  le  procédé  de  préventions 
par  petites  doses  (^)  et  d'en  préciser  la  technique. 

On  sait  que  tout  animal  ayant  reçu,  à  un  moment  donné  de  sa  vie,  du  sérum  d'un 
animal  étranger,  demeure  pendant  des  années  sensible  vis-à-vis  de  toute  nouvelle 
injection  de  séium  de  même  espèce;  celte  sensibilité  particulière,  ou  anaphylaxie,  se 
traduit,  comme  on  le  sait,  chez  les  animaux,  par  des  accidents  d'extrême  gravité  ou 
par  la  mort,  suivant  la  dose  de  sérum  injecté.  Des  accidents  de  même  ordre  s'obseivent 
aussi  chez  rhonime. 

Des  expériences  sur  les  cobajes,  que  nous  poursuivons  depuis  longtemps  à  l'Institut 
Pasteur,  nous  ont  amené  :i  conclure  qu'on  peut  vacciner  l'animal  contre  les  dangers 
de  la  deuxième  injection,  en  créant  chez  lui  un  état  particulier  que  nous  avons  désigné 
sous  le  nom  d'antianaphylaxie. 

Pour  réaliser  cet  état  chez  le  cobaye,  plusieurs  moyens  sont  à  notre  disposition; 
nous  les  avons  décrits  ailleurs  (  '  )  ;  ici,  nous  voulons  exposer  le  procédé  de  vaccination 
qui  nous  paraît  appelé  à  rendre  le  plus  de  service  dans  la  pratique  humaine. 

Les  expériences  nous  ont  montré  qu'un  cobaye  anaphylaclisé  passe  rapi- 
dement à  l'état  d'antianaphylaxie,  si  on  lui  injecte  une  très  faible  dose  de 
sérum  sous  la  peau,  dans  le  péritoine  ou  dans  les  veines.  Prenons  un 
exemple  concret. 

Un  cobaye  a  reçu,  il  y  a  i")  jours,  i  mois,  ou  i  an,  un  peu  de  sérum  de 
cheval  sous  la  peau;  quoique  ne  différant  en  rien  en  apparence  de  ses  congé- 
nères, le  cobaye  se  trouve  de  ce  fait  anaphylaclisé,  ce  qui  veut  dire  que  si  un 
jour  on  lui  introduit  de  nouveau  du  sérum  de  cheval  sous  la  peau,  dans  le 
péritoine,  dans  le  cerveau,  dans  le  rachis  ou  dans  les  veines,  on  le  lueia  eu 


(')   Aiiïuus,  Arc/i.  iiilcrn.  l'hysioL,  t.  Vil,  jo  avril  lyoy,  p.  019. 
(')  Comptes  rendus  Soc.  Biolog.,  t.  LXVI.  p.   isj. 

(■')  Bull,   fnslitut  Pasteur,   t.   Vil.  septembre  1909.   Uapport  au  Congrès  de  Bu- 
dapeslli. 


SÉANCE    DU    3o    MAI    1910.  ll\3'J 

quelques  minutes  avec  des  doses  variant  de  V"' à  ,,',  de  centimètre  cube,  sui- 
vant le  lieu  de  l'injection. 

Injectons  à  ce  cobaye  anapliyiactisé  ~  de  centimètre  cube  de  sérum  de 
cheval  sous  la  peau,  ce  qui  est  une  dose  au  moins  5o  fois  inférieure  à  la  mor- 
telle. Le  cobaye  la  supporte  sans  le  moindre  inconvénient,  et  du  coup  il 
devient  antianaphylactisé;  cela  veut  dire  qu'on  peut  maintenant  lui  injecter 
une  dose  sûrement  mortelle  ou  même  deux  fois  mortelle  dans  les  centres 
nerveux  ou  dans  le  sang,  sans  lui  porter  le  moindre  préjudice. 

La  petite  dose  de  sérum  injectée  sons  la  peau  (^  de  centimètre  cube  dans 
notre  cas)  remplit  donc  l'office  d'un  véritable  vaccin;  pareil  effet  s'obtient 
aussi  par  l'injection  d'une  petite  dose  de  sérum  dans  le  péritoine,  dans  les 
veines  ou  dans  le  cerveau. 

Suivant  le  point  où  l'on  porte  cette  faible  dose  de  sérum,  l'immunité 
s'acquiert  avec  une  plus  ou  moins  grande  rapidité;  chez  le  cobaye,  elle 
s'établit  environ  3  heures  après  l'injection  sous-cutanée,  i  heure  après  l'in- 
jection intrapéritonéale;  elle  est  presque  instantanée  après  l'injection  intra- 
veineuse. 

Cette  rapidité  avec  laquelle  s'établit  l'état  antianaphylactique  est  très 
précieuse,  car  elle  permet  de  réaliser,  en  peu  de  temps  toute  une  série  de 
vaccinations  subinlrantes  conférant  une  immunité  à  toute  épreuve. 

Je  m'explique.  I^a  petite  dose  de  sérum  qui  jouait  tout  à  l'heure  le  rôle  de 
vaccin  ne  préserve,  en  réalité,  comme  nous  l'avons  fait  remarquer  plus  haut, 
que  contre  une  ou  deux  doses  mortelles  de  sérum;  il  est  vrai  que,  lorsque  la 
deuxième  injection  est  pratiquée  sous  la  peau,  dans  le  péritoine  ou  dans  le 
cerveau,  il  n'est  guère  possible  matériellement  de  dépasser  sensiblement  ces 
doses.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  chez  le  cobaye  lors  de  l'épreuve  intra- 
veineuse, ni  chez  l'homme  auquel  on  est  obligé  d'administrer,  dans  les  cas 
graves,  des  doses  massives  de  sérum;  c'est  alors  que  le  procédé  des  vacci- 
nations subinlrantes  devient  tout  indiqué. 

\  oici  en  quoi  il  consiste  :  au  lieu  d'une  seule  injection  vaccinante,  on  en 
fait  deux,  trois  ou  quatre;  à  chaque  nouvelle  injection  qui  suit  de  quelques 
miuutes  (3  à  5)  la  précédente,  la  dose  de  sérum  augmente  et,  comme  chaque 
nouvelle  injection  renforce  davantage  l'immunité  de  l'animal,  on  arrive  très 
rapidement  à  créer  un  état  anlianaphylactique  d'une  solidité  remarquable. 

En  voici  un  exemple  :  un  cobaye  anaphylactisé  reçoit,  à  titre  de  vaccin, 
,j  de  centimètre  cube  de  sérum  dans  les  veines,  la  dose  mortelle  étant 
de  t;^  de  centimètre  cube;  à  la  suite  de  cette  première  injection  qui  est 
absolument  inoffensive,  l'animal  est  à  même  de  supporter,  5  minutes  plus 


l458  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lard,  ~  de  cenlimèlre  cube  do  sérum,  soit  une  dose  deux  fois  mortelle;  celle 
deuxième  injection  fait  à  son  tour  office  de  vaccin,  et  de  ce  fait  l'animal  est 
susceptible  de  recevoir,  2  minutes  plus  lard,  \  de  centimètre  cube,  soit  5  doses 
mortelles;  si  nous  attendons  encore  2  minutes,  nous  verrons  l'animal 
accepter,  sans  le  moindre  troulile  1"'"'  dans  les  veines,  c'est-à-dire  20  doses 
mortelles;  ces  injections  peuvent  même  être  faites  sans  qu'on  ait  besoin  de 
retirer  la  canule  de  la  veine. 

Donc,  en  moins  de  m  minules,  on  arrive  par  ce  procédé  à  vacciner 
contre  20  doses  mortelles;  et  il  esl  plus  (|ue  probable  (ju'on  peut  vac- 
ciner de  la  même  manière  contre  autant  de  doses  mortelles  qu'on  voudrail. 

Le  cobaye  ainsi  vacciné  résiste  à  toutes  les  épreuves;  que  celles-ci  soicnl 
faites  par  les  voies  intrapéritonéale,  inlracérébrale  ou  intrarachidienne, 
l'animal  leur  oppose  une  indifférence  complète. 

C^e  que  nous  venons  de  dire  au  sujet  de  la  vaccinalion  par  la  voie  vei- 
neuse s'appli({ue  intégralement  à  toutes  les  autres  voies;  un  cobaye  vacciné 
comme  il  vient  d'être  indiqué,  c'est-à-dire  en  plusieurs  temps,  par  la  voie 
sous-cutanée,  par  exemple,  résiste  ensuite  aux  épreuves  les  plus  sévères, 
que  celles-ci  soient  faites  dans  le  péritoine,  dans  le  cerveau,  dans  le  racliis 
ou  dans  les  veines. 

La  résorption  du  sérum  sous  la  [)cau  étant  plus  leute  que  dans  les  veines, 
l'antianapbylaxie  demande  naturellement  plus  longtemps  à  s'établir  par  la 
voie  sous-rulanée  (pjc  par  la  voie  veineuse;  ainsi,  un  cobaye  au(juel  on  a 
injecté,  à  titre  de  premier  vaccin,  \  de  centimètre  cube  de  sérum  sous  la 
peau,  puis,  2  heures  plus  tard,  5""'  ou  io'''"'de  ce  sérum,  également  sous  la 
peau,  est  un  animal  qui  peut  faire  face,  3  heures  plus  tard,  c'est-à-dire 
5  heures  a|)rès  la  première  vaccination,  à  des  doses  mortelles  multiples 
injectées  en  n'importe  quel  point  de  l'économie. 


ANTHROPOLOGIE.  —  L'erwép/tale  de  l'Homme  fossile  de  La  Chapelle- 
aux-Saints.  Note  de  MM.  Marcelun  Bodi.e  et  R.  Antiio.w,  présentée 
par  M.  Edmond  Perrier. 

Dans  une  récente  Communication  (17  mai  1909),  l'un  de  nous  a 
annoncé  l'étude  de  la  surface  endocrânienne  de  l'Homme  fossile  de  La 
Chapelle-aux-Sainls.  Voici  les  principales  conclusions  de  cette  étude  au- 
jourd'hui terminée. 

Le  moulage  de  l'intérieur  de  la  boite  encéphalique,  habilement  exécuté 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.  l459 

par  M.  Barbier,  chef  de  l'atelier  de  moulage  du  Muséum,  est  d'une  netteté 
très  satisfaisante.  Nous  l'avons  comparé  à  des  moulages  endocraniens  de 
Singes  Anthropomorphes,  de  l'Homme  de  Néanderthal  et  d'Hommes  actuels 
de  diverses  races. 

A  première  vue,  l'encéphale  de  l'Homme  de  La  Chapelle-aux-Saints, 
comme  le  crâne,  parait  long,  large  et  surbaissé.  Cette  forme  encéphalique 
se  retrouve  presque  identiquement  chez  les  Hommes  de  Néanderthal  et  de 
Spy.  Toute  question  de  volume  mise  à  part,  elle  se  rapproche  de  celle  des 
Anthropoïdes.  Quelques  autres  caractères  méritent  d'être  examinés  de  plus 
près. 

On  est  frappé  par  la  réduction  cérébrale  antérieure  qui,  sans  atteindre 
celle  qu'on  observe  chez  les  Singes,  est  néanmoins  très  accentuée  et  par  la 
présence  d'un  bec  encéphalique,  dont  le  développement  offre  ici  un  aspect 
intermédiaire  entre  celui  des  Singes  Anthropoïdes  et  des  Hommes  actuels. 

La  région  cérébrale  postérieure  surplombe  au-dessus  du  cervelet  (fortes 
saillies  sus-iniacjuesV  Ce  surplombement  s'observe  aussi  chez  les  Hommes 
actuels  et  ne  se  retrouve,  parmi  les  Singes,  que  chez  certaines  formes  de 
petite  taille,  telles  que  les  Hapales.  Il  nous  paraît  tenir  surtout,  chez  ces 
derniers,  comme  chez  l'Homme  de  la  Corrèze,  au  mode  spécial  de  répar- 
tition d'une  matière  cérébrale  abondante  dans  ces  crânes  surbaissés. 

Sur  les  moulages  endocraniens  des  races  humaines  dites  supérieures,  les 
deux  lobes  cérébelleux  sont  très  saillants  et  si  rapprochés  l'un  de  l'autre 
qu'ils  ne  sont  séparés  que  par  une  fente  très  étroite,  ne  laissant  rien  voir  du 
vermis.  Sur  des  moulages  d'Australiens,  nous  avons  constaté  que  les  lobes 
cérélielleux  sont  moins  saillants  et  plus  largement  séparés.  Chez  les  Singes 
anthropoïdes,  l'écartement  de  ces  lobes,  encore  plus  considérable,  s'accuse 
surtout  dans  les  régions  inférieures  du  cervelet;  le  vermis  est  découvert. 
L'Homme  de  La  Chapelle-aux-Saints  se  rapproche  extraordinairement  des 
Singes  sous  ce  rapport. 

Autant  qu'on  peut  en  juger  par  la  faible  partie  du  moulage  qui  lui  corres- 
pond, la  moelle  allongée  devait  avoir  une  direction  plus  oblique  d'avant  en 
arrière  que  chez  les  Hommes  actuels  et  moins  oblique  que  chez  les  Singes, 
même  les  Anthropomorphes. 

La  topographie  cérébrale  est  aussi  des  plus  intéressantes.  Il  faut  d'abord 
noter  la  simplicité  générale  et  l'aspect  grossier  du  dessin  de  toutes  les  circon- 
volutions. 

La  scissure  de  Sylvius  est  largement  béante  en  avant,  ce  qui  indique  un  certain  degré 
d'exposition  de  Vinsula.  Ce  caractère  doit  être  considéré  comme  le  signe  d'une  infério- 
C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N"  22.)  19^ 


l46o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rité  notable,  l-a  scissure  de  Sjlvius  présente,  1res  bien  développées,  les  deux,  brandies 
présjlvienues  et  dont  la  postérieure,  propre  au  genre  Homo,  apparaît  cependant  quel- 
quefois chez  les  Anthropoïdes  les  plus  évolués  à  cet  égard. 

La  scissure  perpendiculaire  externe  semble  avoir  été  dépourvue  de  plis  de  passage 
pariéto-occipitaux  superficiels,  ce  qui  (constituerait  un  caractère  essenlielleuicnt 
simien. 

\ous  avons  essayé  d'évaluer  approxiinalivemenl  el  numériquement  le 
développemenl  relatif  des  divers  lobes  cérébraux  en  mesurant  leurs  surfaces 
extérieures.  Par  l'étendue  de  ses  lobes  frontaux  et  occipitaux,  l'Homme  de 
La  Chapelle-auY-Saints  se  place  parmi  les  Anthropoïdes  et  s'éloigne  des 
Hommes  actuels. 

La  troisième  circonvolution  frontale,  la  plus  intéressante,  a  laissé  une 
empreinte  très  nette.  D'après  notre  moulage,  l'étage  métopique  de  cette 
circonvolution  parait  avoir  pix^senté  une  disposition  comparable  à  celle 
qu'on  observe  chez  les  Anthropoïdes  les  plus  évolués  au  point  de  vue  céré- 
bral (Orangs)  :  la  branche  présylvienne  postérieure  parait  séparer,  sur  le 
moulage,  la  région  postérieure  du  cap  de  l'extrémité  inférieure  de  la 
frontale  ascendante,  alors  que  chez  l'Homme  la  circonvolution  de  Broca 
présente  toujours  une  sinuosité  de  plus,  la  branche  présylvienne  postérieure 
étant  séparée  de  la  frontale  ascendante  par  un  repli  supplémentaire  de 
celte  troisième  circonvolution,  qu'on  nomme  Ispied. 

Les  faits  anatomiques  que  nous  venons  de  rapporter  permetlcnt  de  se  faire 
une  idée  du  développement  intellectuel  de  l'Homme  de  La  Chapelle-aux- 
Saints.  Nous  avons  vu  que  le  dessin  général  des  circonvolutions  est  ici  très 
simple.  Or,  la  complication  des  circonvolutions  en  relation  avec  le  dévelop- 
pement de  la  substance  grise  est  bien,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  en 
rapport  avec  le  degré  de  développement  des  facultés  nobles. 

S'il  est,  en  matière  de  physiologie  cérébrale,  un  fait  sur  lequel  les  spécia- 
listes soient  d'accord,  c'est  l'importance  attribuée  aux  régions  antérieures 
des  lobes  frontaux  pour  les  manifestations  psychiques.  Les  lésions  de  cette 
partie  du  cerveau  ne  retentissent  ni  sur  la  sensibilité,  ni  sur  la  motricité  et 
n'occasionnent  (jue  des  troubles  intellectuels.  Il  est  donc  très  intéressant  de 
constater  que  le  développementrelatif  des  lobes  frontaux  range  notre  homme 
fossile  tout  près  des  Singes  Anthropoïdes  et  l'éloigné  des  Hommes  actuels, 
même  des  races  inférieures. 

Si,  partant  des  théories  de  Flechsig  sur  la  différenciation  des  sphères  sen- 
sorielles et  des  s[)hères  d'association,  on  cherche  à  établir,  sur  le  cerveau  de 
l'Homme  de  La  Chapelle-aux-Saints,  la  part  revenant  à  chacune  de  ces  deux 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.       ^  l46l 

catégories,  ii  apparaît  clairemenl  que  ce  sont  les  territoires  sensoriels  qni 
sont  ici,  comme  chez  les  Anthropoïdes,  très  développés  aux  dépens  des  ter- 
ritoires d'association. 

Il  semble  donc  que,  malgré  le  volume  absolu  de  sa  substance  cérébrale 
blanche  et  grise,  en  rapport  d'ailleurs  avec  le  volume  de  l'ensemble  de  son 
squelette  céphalique,  l'Homme  fossile  de  la  Corrèze  ne  devait  posséder  qu'un 
psychisme  rudimentaire. 

La  théorie  de  Broca,  sur  la  localisation  du  langage  articulé  dans  le  pied 
de  la  troisième  circonvolution  frontale,  a  été  récemment  très  discutée.  Si 
cette  théorie  était  définitivement  confirmée,  nous  devrions  penser  que 
l'Homme  de  La  Ghapelle-aux-Saints  ne  possédait  qu'un  langage  articulé 
rudimentaire. 

Enfin,  une  légère  prédominance  de  l'hémisphère  gauche  sur  i'hémisphèrr 
droit,  observée  également  sur  les  encéphales  des  Hommes  deNéanderlhal  et 
de  Gibraltar,  nous  indique  que  ces  Hommes  primitifs  devaient  être  déjà 
unidevtres  et  ordinairement  droitiers.  O  caractère,  (]ui  semble  être  l'apa- 
nage de  l'homme,  à  l'exclusion  des  autres  Primates,  parait  être  une  consé- 
quence de  la  spécialisation  exclusive  de  la  main  pourle  tact  et  la  préhension. 


ANTUKOPOLOGIE.  —    Les  grottes  peintes  du  Soudan  /rançais.  .Note  (^') 
de  M.  Fr.  de  Zei.t.ner,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Au  cours  de  mon  dernier  voyage  en  Afrique,  j'ai  eu  l'occasion  de  cons- 
tater l'existence,  dans  les  massifs  montagneux  de  la  haute  vallée  du  Sénégal, 
de  cinq  grottes  décorées  de  peintures  paraissant  remonter  à  une  époque 
assez  ancienne,  et  non  encore  décrites. 

Elles  présentent  plusieurs  particularités,  qui  leur  sont  conmiunes,  et  les 
distinguent  de  leurs  similaires  françaises  ou  espagnoles  : 

1°  Elles  sont  toujours  situées  à  une  certaine  liauleur  au-dessus  du  niveau  actuel  de 
l'eau.  Celte  constatation  a  son  importance,  les  gisements  préhistoriques  se  trouvant  au 
contraire  sur  les  bords  et  presque  au  niveau  des  cours  d'eau; 

2°  Les  peintures  sont  toujours  placées  dans  la  partie  antérieure  de  la  grotte  qui  e>t 
largement  ouverte  et  bien  éclairée  jtar  les  rayons  solaires.  Les  artistes  qui  les  ont 
tracées  n'ont  eu  par  conséquent  besoin  d'aucun  éclairage  artificiel. 

3"  Elles  sont   toujours  situées  dans  des  points  faciles  à  atteindre  à  la  main,   san> 

(')  J'résenlée  dans  la  séance  du  28  mai  1910. 


l462  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

échafaudage  ;  souvenl  même  leur  position  accessil)Ie  a  nui  à  leur  conservation  et  elles 
ont  été  parfois  usées  par  le  frottement  des  gens  qui  s'appuvaient  aux  parois. 

Les  matières  colorantes  employées  sont  l'ocre  rouge,  le  bleu  d'indigo,  le  noir  et  une 
couleur  blanche,  d'ailleurs  peu  employée,  dont  l'origine  m'est  inconnue. 

La  tfi'olle  n"  I  se  trouve  sur  la  route  de  Bamako  à  Koulouba,  à  mi-r 
hauteur  d'une  falaise  dont  le  soinniel  est  désigné  sous  le  nom  de  point  G. 
Ses  peintures,  toutes  géométriques,  sont  faites  à  l'ocre  rouge  et  figurent 
des  hommes,  des  chevaux,  des  cavaliers,  rendus  par  des  traits  rectiiignes 
d'égale  grosseur.  De  vastes  espaces  sont  couverts  de  pointillés;  on  voit 
aussi  des  cercles  croisés  et  des  signes  triangulaires,  sans  qu'aucun  ordre 
apparent  préside  à  leur  groupement,  ni  qu'il  paraisse  y  avoir  de  corrélation 
entre  ces  divers  groupes.  A  l'endroit  oi'i  la  pluie  poussée  par  le  vent  a  pu 
les  atteindre,  les  peintures  sont  très  eflacées.  La  plupart  des  indigènes  de 
Bamako  en  ignorent  l'existence,  ceux  qui  les  connaissent  les  considèrent 
comme  anciennes,  sans  y  attacher  aucune  importance. 

Les  fouilles  que  j'ai  faites  dans  celte  excavation  sont  restées  sans  résultat, 
le  sol,  formé  de  dalles,  n'étant  recouvert  (jue  de  quelques  centimètres  de 
poussière  apportée  par  le  vent.  Une  molette  en  grès  fin  et  un  objet  indé- 
terminé ressemblant  à  une  hache  ont  été  trouvés  à  la  surface. 

La  grotte  n"  2  est  située  à  quelques  kilomètres  de  Kita,  en  face  du  petit 
village  de  Boko.  Le  grès  rose  oii  elle  est  percée  a  un  grain  très  lin  et  peu  de 
défauts,  circonstance  qui  a  permis  d'obtenir  des  figures  très  nettes  avec  de 
l'ocre  rouge.  La  plupart  ont  été  disposées  sur  le  plafond,  cjui  est  presque 
horizontal;  quelques-unes  sur  la  paroi  postérieure,  à  peu  près  verticale 
mais  ces  dernières  sont  presque  eflacées.  Elles  représentent  des  signes  alpha- 
bétiformes  et  quelquefois  des  hommes  ou  des  animaux.  Les  indigène 
malinkés  les  nomment  cëbé,  qui  veut  dire  écriture,  et  les  attribuent  aux  pre- 
miers hommes,  des  géants  aujourd'hui  dis|)arus  appelés  niamara. 

Dans  la  grotte  n"  3  nous  voyons  apparaître  un  nouveau  genre  de  dessins, 
toujours  faits  à  l'ocre  rouge.  A  côté  de  représentations  zoomorphes,  on 
remarque  des  signes  de  formes  variées  dont  l'intérieur  semble  divisé  en 
compartiments  et  porte  un  pointillé  serré.  L'analogie  est  grande  avec 
certains  signes  du  lac  des  Merveilles,  oii  l'on  croit  letrouver  des  divisions 
territoriales  vues  de  haut. 

La  grotte  n°  4  est  de  beaucoup  la  plus  intéressante,  tant  à  cause  du 
nombre  des  dessins  que  de  leur  variété  et  de  leur  étrangeté,  ainsi  que  des 
couleurs  employées. 


SÉANCE  DU  3o  MAI  1910.  l463 

On  y  distingue  en  premier  lieu  un  groupe  de  six  quadrupèdes  peinls  en  blanc,  à 
museau  et  à  oreilles  pointues,  à  queue  longue  et  fournie.  Leur  taille  varie  entre  o"',5o 
et  i™;  ils  sont  rendus  d'une  façon  très  réaliste  et  disposés  sans  ordre  apparent.  Deux 
animaux  identiques,  mais  de  petite  taille  et  assez  mal  conservés,  sont  peinls  en  rouge 
sur  la  paroi  du  fond. 

A  côté  d'eux  se  voient  deux  dessins  faits  d'un  large  trait  blanc  ponctué  de  rouge  : 
l'un  a  la  forme  d'un  B  majuscule;  le  second,  plus  compliqué,  est  ovale,  et  divisé  inté- 
rieurement par  un  cloisonnement  irrégulier  ;  un  signe  piriforme  blanc,  accosté  de  quatre 
points  de  même  couleur,  semble  être  son  prolongement. 

A  l'entrée  d'un  couloir  obstrué,  j'ai  relevé  un  dessin  bien  particulier,  formé  de  deux 
lignes  blanches,  courbes  et  parallèles  de  o"',3o  de  longueur.  Au-dessus  de  la  supé- 
rieure se  trouvent  une  série  de  onze  points  blancs  et  dix  points  allongés  rouges;  entre 
les  deux  lignes,  treize  points  rouges;  au-dessous,  dix  points  blancs  allongés.  Le  tout 
est  assez  efTacé  et  évoque  à  première  vue  l'idée  d'une  représentation  de  pirogues.  Je  me 
garderai  bien  toutefois  d'affirmer  que  telle  a  été  l'intention  de  l'artiste. 

A  côté  a  été  figurée  une  silhouette  de  main,  identique  à  celle  de  Gargas  et  à  celles 
que  font  les  Noirs,  aujourd'hui  encore,  en  plaçant  leur  main  gauche  contre  un  mur  et 
en  projetant  tout  autour  de  la  crème  ou>de  la  bouillie  de  mil,  obtenant  ainsi  une 
silhouette  réservée  très  nette. 

Mais  ce  qui  caractérise  le  mieux  noire  n°  4,  c'est  la  présence  d'un  signe 
qu'on  ne  peut  mieux  comparer  qu'à  la  queue  d'un  squelette  de  poisson, 
ipiclque  peu  irrégulière.  Le  plafond  et  même  les  parois  sont  décorés  d'une 
centaine  de  ces  signes,  peinls  en  blanc  et  placés  pêle-mêle.  Un  certain 
nombre  est  enfermé  dans  une  ligne  blanche  pointillée  de  rouge,  qui  n'em- 
piète jamais  sur  eux.  En  quelques  endroits  ils  ont  été  obtenus  à  l'aide  d'une 
couleur  spéciale  et  se  délaclienl  en  rose  clair  sur  fond  sombre.  J'ai  pu  en 
prélever  un  échantillon,  qui  caractérise  cette  technique,  laquelle  a  permis 
d'obtenir  également  sur  la  paroi  extérieure  deux  quadrupèdes  rendus 
indistincts  par  les  intempéries. 

Cette  grotte  a  une  autre  sortie,  plus  petite,  sur  un  ravin  voisin,  mais  qui 
ne  contient  pas  d'images. 

La  même  disposition  se  retrouve  dans  la  grotte  n°  5,  qui  traverse  un 
rocher  haut  d'une  quinzaine  de  mètres  et  isolé  de  la  montagne,  non  loin  du 
village  de  Bondonfo.  Les  deux  extrémités  de  cette  sorte  de  couloir  sont 
ornées  de  dessins  rouges  ou  noirs.  On  remarque  de  suite  que  les  premiers 
représentent  des  animaux  stylisés,  tandis  que  les  seconds  reproduisent  ces 
signes  à  cloisonnement  intérieur  que  j'ai  déjà  signalés.  Parmi  les  premiers 
on  est  assez  surpris  de  trouver  à  plusieurs  reprises  une  représentation  qu'on 
ne  peut  attribuer  qu'à  un  myriapode,  et  d'autres  qui,  par  la  brièveté  de  la 
queue  et  la  longueur  des  pattes  et  du  cou,  ne  peuvent  être  attribuées  qu'à  des 


l464  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cliameaux.  Une  autre  figure  peul  indiquer  un  bœuf  chargé.  Toutes  sonlbieu 
conservées. 

Devant  l'une  des  entrées  se  trouve  une  dalle  en  grès  horizontale,  ornée 
de  trente-cinq  cupules  disposées  assez  régulièrement  à  la  périphérie.  C'est 
la  première  qu'on  signale  en  Afrique  occidentale. 

Tel  est,  brièvement  résumé,  l'ensemble  que  présentent  nos  grottes  peintes 
soudanaises. 

Il  semble  bien  que  nous  sommes  en  présence  d'un  art  à  son  déclin,  ou 
plutôt  à  l'étal  de  survivance.  Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'être  surpris  s'il  a 
disparu,  même  chez  les  populations  musulmanes,  presque  sans  laisser  de 
traces. 


ZOOLOGIE.   —   Sur  la  prolandrie  chez   les  Lernœopodidœ.  Note 
de  M.  A.  QuiDOK,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

L'observateur  rencontre  assez  fréquemment  sur  les  femelles  adultes  de 
Lernœopodidœ  des  formes  pygmées  considérées  comme  mâles  et  fixées  géné- 
ralement sur  le  thorax  ou  les  pattes-mâchoires  postérieures.  La  taille  de  ces 
mâles  est  d'ailleurs  variable  et  les  plus  petits,  caractérisés  par  la  présence 
de  glandes  mâles  très  nettes,  sont  toujours  fixés  sur  le  mamelon  génital.  (  )n 
trouve  aussi,  mais  plus  rarement,  des  formes  mâles  fixées  directement  sur 
l'hôte,  soit  isolément,  soit  en  même  temps  que  des  femelles  adultes. 

D'autre  part,  nous  avons,  dans  l'étude  des  Copépodes  de  la  Mission 
Charcot,  appelé  l'attention  sur  le  rôle  locomoteur  des  pattes-mâchoires 
antérieures  et  postérieures  d'une  jeune  Aiichorelta  intermedia  (^uidor.  Les 
premières  sont  en  elfet  dirigées  vers  la  partie  postérieure  du  corps  et  non, 
comme  chez  l'adulte,  vers  la  partie  antérieure  et  les  secondes  ne  sont  pas 
encore  soudées. 

Après  de  longues  et  patientes  recherches  quelques  observations  heureuses 
nous  ont  permis  de  confirmer  les  conclusions  que  nous  avions  tirées  des 
faits  précédents. 

Nous  avons  trouvé  sur  le  lliorax  d'une  femelle  adulte  de  ISrachiella  insidiosn 
Ileller,  une  forme  parasite  analogue  au  mâle  pygmée  de  celte  espèce  mais  beaucoup 
plus  grande  puiscju'elle- mesure  4"""  alors  que  le  mâle,  fixé  sur  le  mamelon  génital  de 
la  femelle,  ne  dépasse  guère  i""".  Les  appendices  de  cette  forme  sont  identiques  à 
ceux  du  màic  m;)is  la   partie  antérieure  du  corps  a  déjà  sul)i   un  allongement  très  net 


SÉANCE    DU    3o    MAI    19IO.  l4^5 

tandis  que  la  région  postérieure  s'est  fortement  développée.   Les  organes  génitaux 
manquent  mais  le  tube  digestif  est  nettement  visible  par  transparence. 

Une  forme  analogue  fut  trouvée  directement  fixée  sur  la  brancliie  près  d'une  femelle 
adulte.  Elle  mesurait  5™'"  et  les  antennes  postérieures,  fortes  et  vigoureuses,  étaient 
devenues  préhensiles. 

11  résulte  donc  des  observations  précédentes  que,  chez  les  Lei-nœopodidœ, 
tout  au  moins  pour  les  genres  Anchorella,  Brachiella  QiLernœopoda,  le  même 
animal  est  successivement  inàle  et  femelle.  Cette  évolution  sexuelle,  dési- 
gnée sous  le  nom  de  protandrie,  ne  serait  d'ailleurs  pas  absolue. 

Nous  avons  trouvé  en  eiîet,  fixée  directeinent  sur  la  branchie,  une  jeune 
brachielle  qui  atteignait  à  peine  3"""  et  dans  laquelle  on  dislingue  nettement 
une  région  céphalique  et  une  région  abdominale.  La  première  porte  antennes 
antérieures  et  postérieures,  rostre  buccal  avec  mandibules  et  maxilles  et 
deux  paires  de  pattes-mâchoires  armées  de  crochets  terminaux  fortement 
recourbés.  La  seconde  se  termine  par  un  appendice  fourciiu  et  massif  dont 
chaque  branche  comprend  une  pièce  basilaire  supportant  deux  articles  ter- 
minaux. 

Les  appendices,  rigoureusement  identiques  à  ceux  des  deux  formes  citées 
précédemment,  témoignent  de  l'identité  spécifique  des  trois  parasites. 

Le  plus  petit  s'est  donc  lixé  directement  sur  les  branchies  du  gade  et  n'a 
pu  jouer  le  rôle  de  mâle.  Si  l'on  rapproche  de  cette  observation  la  décou- 
verte de  formes  mâles  fixées  directement  et  isolément  sur  l'hôte,  on  voit 
qu'une  nourriture  abondante  paraît  déterminer  l'apparition  des  organes 
femelles  alors  même  que  la  fonction  de  mâle  n'a  pas  été  remplie.  Ce  qui  est 
nécessaire  à  la  dissémination  et  à  la  continuité  de  l'espèce. 

L'étude  de  Nicolhoa  aslaci  parait  justifier  ces  conclusions. 


GÉOLOGIE.  —  Les  mouvements  tertiaires  dans  le  Haut- Atlas  marocain. 
Note  de  M.  Louis  Gentil,  présentée  par  M.  Pierre  Termier. 

J'ai  montré  dans  une  précédente  Note  l'importance  des  mouvements  car- 
bonifères dans  le  Haut-Atlas  marocain. 

Des  plis  tertiaires  sont -venus  s'y  superposer,  dont  l'allure  a  été  déter- 
minée par  le  bord  fracturé  des  anciens  plis  après  le  morcellement  de  la 
chaîne  hercynienne  ;  ce  qui  revient  à  dire  que  la  direction  de  la  chaîne  du 
Haut- Atlas  s' est  dessinée  dès  la  fin  des  temps  primaires. 


l466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  principal  mouvemeiu  lerliaire  a  remanié  les  plis  anciens  et  alleclé  les  dépèls 
secondaires  en  même  temps  que  les  grès  rouges  du  Perniien.  11  s'est  établi  ainsi  un 
régime  d'anticlinaux  et  de  synclinaux  parallèles  à  la  direction  générale  de  la  chaîne  et 
qui,  par  leur  structure,  rappellent  le  régime  plissé  de  la  chaîne  saharienne  très  bien 
décrit  par  E.  Ritter  (').  Cette  parenté  tectonique  des  deux  chaînesafricaines  ne  permet 
pas  de  les  séparer  :  le  liatU- Allas  fait  suite  à  la  chaîne  saharienne  comme  le  Pelil- 
Atlas  ou  ni/ forme  le  prolongement  de  C Allas  lellien. 

Les  plis  tertiaires  du  llaul-Atlas  occidental  sont  en  outre  poussés  vers  le  .\ord.  lis 
forment  fréquemment  des  faisceaux  de  plis  imbiiqués,  dans  l'Est  et  dans  la  vallée  du 
Sous,  tandis  que  dans  la  zone  littorale  on  observe  des  anticlinaux  séparés,  mais  tou- 
jours déversés  vers  le  Nord.  La  même  règle  s'applique  à  toute  une  série  de  bracliy- 
anliclinaux  qui  émergent  dans  la  région  crétacée  et  éocène  du  Haouz  de  Marrakech. 

Nous  sommes  ainsi  conduits  à  voir  dans  le  Haut-Atlas  un  suhstratum  primaire  ancien- 
nement plissé  avec  déversement  de  ses  plis  vers  le  Sud  el  une  couverture  secondaire 
jurassique  ou  crétacée,  en  partie  géosynclinale,  qui  a  subi  plus  tard  des  mouvements 
tertiaires  marchant,  en  sens  contraire,  vers  le  Nord. 

Les  épisodes  de  l'Histoire  géologique  de  l'Atlas  marocain  permettent  un 
rapprochement  avec  les  Pyrénées  (-).  Ils  permettent  également  un  paral- 
lèle avec  les  Alpes  dont  les  plis  tertiaires,  poussés  vers  l'extérieur  de  la  chaîne, 
ont  été  charriés  vers  le  Plateau  central;  or,  l'iesl  manifcsle  que  les  plis  récents 
de  r Atlas  avaient  des  tendances  à  venir  s'écraser  contre  la  Mesela  marocaine, 
comparable  par  sa  structure  au  Plateau  central  de  la  France.  Ce  cjui  dis- 
tingue les  Alpes  de  l'Atlas  marocain  c'est  le  degré  d'intensité  des  efforts 
orogéniques  mis  en  jeu,  infinement  moindres  dans  le  dernier  cas. 

Après  la  grande  phase  des  plissements  tertiaires  il  s'est  produit,  par 
rémission  des  forces  tangentielles,  des  tassements  sur  les  deux  versants,  de 
part  et  d'autre  du  Massif  central  de  l'Atlas  déjà  dessiné  au  début  du 
Crétacé.  Les  fractures  qui  ont  produit  le  morcellement  de  la  chaîne  ont 
rejoué  et  il  en  est  rèsuili  les  régions  effondrées  d'architecture  tabulaire  du  Haouz 
de  Marrakech  au  Nord,  du  Sous  et  du  Draa  au  Sud.  Une  autre  conséquence 
de  ces  tassements  a  été  la  décompression  dans  la  partie  axiale  de  la  chaîne 
el  une  tendance  à  la  structure  en  éventail  des  plis  carbonifères,  notamment 
dans  la  zone  anticlinale  des  Aït-Mdioual  dans  l'I'^st,  et  dans  le  Massif  central 


(')  Le  Djebel  Amour  et  les  monts  des  Oulad-Nayl  ( />'.  5e/c,  Carte  géol.  Algérie, 
Alger,  1902). 

(*)  Léon  Bertrand,  Contribution  à  l'élude  stratigraphique  et  tectonique  des 
Pyrénées  orientales  et  centrales  {IJ.  Serv.  C.  géol.  Fr.,  n°  118,  t.  CXVII,  p.  173.). 


SÉANCE  uu  3o  MAI   rgio.  1467 

de  l'Atlas,  loul  en  conservant  néanmoins  leur  déversement  plus  accusé  vers 
le  Sud. 

Si  l'on  parcourt  le  Haiil-Atlas  de  l'Esl  vers  l'Ouest,  on  voit  que  les  plis  tertiaires, 
surtout  bien  marqués  dans  les  terrains  jurassiques,  passaient  primitivement  sur  le 
Massif  central,  actuellement  débarrassé  de  ces  dépôts  secondaires  par  l'érosion,  pour 
s'incliner  ensuite  avec  un  abaissement  d'axe  très  accusé  et  s'enfoncer  finalement  sous 
les  eaux,  de  l'Océan.  Les  deux  anticlinaux  du  cap  R'ir  et  d'Agadir  n  Ir'ir  doivent  être 
considérés  comme  formant  le  prolongement  de  la  haute  chaîne  pour  aller  s'ennoyer 
sous  l'Atlantique  et  réapparaître  aux  îles  Canaries  ('),  tandis  que  les  brachyanticli- 
naux  qui  surgissent  plus  au  Nord,  jusqu'au  Djebel  Hadld,  sont  situés  en  dehors  de 
l'Atlas  proprement  dit. 

Le  chenal  qui  sépare  la  côte  sud-occidenlale  du  Maroc  de  l'Archipel  canarien  est 
comparable  au  détroit  de  Gibraltar  qui  correspond,  ainsi  que  je  l'ai  montré,  à  un 
ennoyage  des  plis  de  la  chaîne  Rif-Cordillère  bétique  (^).  Il  reste  à  savoir  à  quelle 
époque  il  a  pu  se  produire  par  elTondremenl  de  l'aire  d'ennoyage  des  plis  tertiaires, 
autrement  dit  à  quelle  époque  s'est  produite  la  séparation  des  îles  espagnoles  du 
Continent  africain. 

La  solution  de  ce  problème  implique  d'abord  la  connaissance  de  l'âge  des  plis  ter- 
tiaires ou,  ce  qui  revient  au  même,  de  I  âge  de  ["Atlas;  mais  les  documents  sur  cette 
importante  question  font  en  grande  partie  défaut.  Je  suis  seulement  porté  à  croire  que 
l'Atlas  constitue  une  chaîne  très  jeune. 

J'ai  observé  à  mon  dernier  voj'age,  tout  le  long  de  la  côte  Atlantique,  entre  Moga- 
dor  et  Agadir,  des  grès  lortoniens  à  Oslrea  crassissima  qui  sont  antérieurs  aux  plis 
tertiaires  de  la  région.  De  plus,  une  bande  presque  continue  d'un  Plaisancien  bien 
caractérisé  par  des  faunes  de  Pectinidés,  borde  la  côte  depuis  Tanger  et  j'ai  pu  la 
poursuivre  jusqu'à  la  plaine  du  Sous.  Oron  voit  dans  le  Sud  ce  Pliocène  inférieur  s'élever 
depuis  le  niveau  de  la  mer,  sur  le  (lanc  septentrional  de  l'anticlinal  du  cap  R'ir,  puis 
recouvrir  jusqu'à  Agadir  des  plateaux  côtiers  d'une  altitude  de  200"  à  aSo"".  Ce 
terrain  a  pris  part  aux  derniers  mouvements  de  la  chaîne  et  les  plissements  du  Plai- 
sancien sont  encore  visibles  dans  les  brachyanticlinaux  qui,  dans  la  région  littorale, 
surgissent,  comme  au  Djebel  Hadid,  du  Crétacé  tabulaire. 

Le  puissant  volcan  trachytique  et  plionolitique  dont  j'ai  révélé  l'existence  au  Djebel 
Siroua,  au  sud  du  Haut-Atlas,  daterait  approximativement  de  cette  époque;  il  paraît 
être   en    relations   avec   les   fractures  qui  ont  de   ce  côté  produit  le   tassement  de    la 

(')  L'hypothèse  que  j'ai  antérieurement  formulée  du  prolongement  de  l'Atlas  sous 
l'Atlantique  pour  se  relever  en  plusieurs  points,  aux  Canaries,  aux  îles  du  Cap  Vert  et 
dans  le  groupe  des  Antilles  a  reçu  récemment  une  éclatante  confirmation  parla  décou- 
verte d'Ecliinides  cénomaniens  dans  l'île  de  Fuerteventura,  par  le  botaniste  Pitard  et 
signalée  par  MM.  Cottereau  et  Paul  Lemoine  {C.  /?.  somm.  séances  Soc.  fféol.  Fr., 
séance  du  21  février  1910,  4°  série,  t.  X,  p.  3i-32). 

(^)  Louis  Gentil,  Sur  la  formation  du  détroit  de  Gibraltar,  séance  du  3  mai  1909. 
C.  R.,  1910,  I"  Semrxlre.  (T.   150,  N"  22.)  IQ^ 


l468  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

région  l;ibiilaiie  du  Sous  et  du  Draa  el  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  faire  retiiaic|uer 
en  onire  qu'il  se  trouve  dans  la  région  métamorphique  où  convergent  les  plis  carboni- 
fères. Ce  volcan  néogène  semblerait  jalonner  ainsi,  au  même  litre  que  les  volcans 
perrniens,  une  zone  faible  de  l'écorce  teirestre. 

11  fésulte  de  ce  qui  précède  que  l'Atlas  marocain,  bien  qu'offrant  les  ana- 
logies que  j'ai  signalées  plus  haut  avec  les  Pyrénées  éogènes,  s'en  écarte  au 
point  de  vue  de  son  âge  pour  se  rapprocher  des  Alpes,  de  formation  néogène 
et  que  la  séparation  du  Continent  africain  de  l'Archipel  des  Canaries  est  de 
date  encore  plus  récente,  de  la  fin  du  Pliocène  ou  plus  vraisemblablement 
encore  du  Quaternaire. 

Cette  dernière  conclusion  est  de  nature  à  jeter  un  jour  nouveau  sur  Fhis- 
toire  de  VAtlanlis,  de  celte  vaste  terre  décrite  par  Platon  et  d'où  serait  par- 
tie, avant  son  effondrement  sous  l'Atlantique,  l'invasion  des  Atlantes 
qui  auraient  donné  naissance  aux  premiers  peuples  d'Europe.  Une  étude 
géologique  minutieuse  qui  consisterait  à  établir  le  synchronisme  d'anciennes 
plages  soulevées  à  des  altitudes  comprises  entre  o""  et  loo™,  dont  j'ai 
constaté  les  vestiges  sur  les  côtes  sud-marocaines  avec  les  dépôts  similaires 
qui  doivent  exister  dans  l'archipel  canarien,  pourrait  apporter  quelque 
éclaircissement  sur  cette  question  si,  contrairement  à  l'opinion  de  certains 
philosophes  qui  ont  commenté  l'œuvre  de  Platon,  de  Humboldl  en  particu- 
lier (  '  ),  V Histoire  de  I  Atlantis  et  des  Allantes  n'est  pas  un  mythe. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  6  heures. 

Ph.v.  T. 


BUI.I.KTIiX     BIBMOGKAPHUjUB. 


OuVRAGliS     IlEÇUS     DANS     LA     SÉANCR     DU     r>'i     MAI     I9IO 

Le  Jubilé  acadéinUjue  de   M.    L.-P.   Caillepet;    \'i  janvier    1910.    Paris,   Julien 
Krazier;  1  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Darboux.) 

Le  Centenaire  du  «  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie  »,    1809-1909.  Histoire 


(')  Cosmo'i,  iraductlon  lie  H.  Faye,   l.  11,  p.   i43. 


SÉANCE    Dl)    3o    MAI    ipiO.  l/jCç) 

(lu  Journal  el  Notices  biographiques,  par  Emii.k  Bourqielot ;  avec  St  portraits.  Paris, 
Octave  Doin  et  fils,  rgio;  i  i'asc.  Li-8°.  (Présenté  pfir  M.  Jungfleisch.  ) 

/ievision  d'une  partie  de  la  coLleclion  des  Hydroïdes  du  Brilish  Muséum^  par 
M.  Armand  Bill\rd.  (E'^ir.  des  Ann.  5e.  nal.  ZooL,  9=  série,  l.  XI,  p.  i-6J.)  Paris, 
Massoii  et  C"'';  1  fasc.  ln-8".  (Présenté  par  M.  Edmond  Perrier.) 

Sur  les  propriétés  thermo-électriques  des  alliages^  par  M.  Witolo  Bromkwski. 
(Extr.  de  la  Rei-iie  de  Métallurgie,  t.  VII,  n"  5,  mai  1910.)  1  fasc    iu-4°. 

L' Hydrologie  souterraine  aux  Etals-Unis,  par  E.  A  Martel.  {Spelunca  :  Bulle- 
tin et  Mémoires  de  la  Société  de  Spéléologie,  t.  VIII,  n"  59).  Paris,  1910;  !  fasc. 
in-<S". 

Preliminarv  Notes  ou  photographie  and  speclrographie  olisen-ations  of  Halley's 
cornet,  bj  V.-M.Sliphkr  and  C.-O.  Lampland;  Falgslall,  Arizona,  mai  1,  1910.  (Lowell 
Observatory,  Bulletin,  n"47.)  1  fasc.  in-4°. 

Hipotesis  y  leorias  relativas  a  los  comelas  y  colas  conietarias.  y  consideraciones 
sobre  las  posibles  consecuencias  del  encuentro  de  estas  con  la  Terra,  por  iloRACin 
Bemabol  y  Ureta.  Madrid,  1910;  i   fasc.  iii-12. 

Memoirs  nf  tlie  Brilish  aslronomical  Association  :  Vol.  XVI.—  Part  ;?:  Fourteenth 
Report  of  tlie  section  for  the  observation  of  Jupiter.  —  Parti  :  Sirth  lirport  of  the 
section  for  tht  obseri-ation  of  Mars.  Londres,  1910;  2  fasc.  in-S". 

Report  of  the  Chief  Astronomer  for  the  year  ending  mardi  3i,  190S;  printed 
liy  ordei-  of  Parliament.  Oitawa,  1910;  i  vol.  in-S". 

Report  of  the  Commissioner  of  Education  for  the  year  ended  june  3o,  1909; 
t.  11.  Washington,  Governn)ent  l'rinling  Office,  1910;   1  vol.  in-S". 

Missouri  Bureau  of  Geology  and  Mines.  Geology  of  the  disseminaled  lead 
deposits  of  St.  François  and  Washington  counties,  hy  Ehnest  Babebtson  Buoklky; 
t.  IX,  paît  I  and  II.  JelTeison  Cily,  mai,  s.  d.  ;  2  vol.  in-8°. 

Memoirs  of  the  Geological  Siin'ey  of  India;  Vol.  XXXVII  :  The  manganese-ore 
deposits  of  India,  by  I..  Leigh  Fermor  ;  pari  IV  :  Description  of  deposits;  Y>uh\\%\\eA\iy 
order  of  ihe  Government  of  India.  Calcutta,  1909;  i  vol.  in-4°. 

Abhandlungen  der  lônig/ich-preussischen  Akademie  der  Wissenschaften;  Jalir- 
gang  19OLI  :  PliYsika/isch-niathematische  Classe;  mit  i5  Tafeln.  Philosophisch- 
hislorische  Classe;  mit  2  Tafeln.  Berlin,  Georg  Reimer,  1909;  2  vol  in-4°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique;  4'  série,  l.  XXIV,  n""  1-2. 
Bru\elle,s,  Hayez,  1910;  i  fasc.  in-8°. 

Uitiversidad  de  la  Habana.  Revista  de  la  Facultad  de  Letras  y  Ciencias  : 
t.  X,  n°  I;  enero  de  1910.  i  fasc.  in-4". 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3o  mai   1910. 

Université  de  Paris.  Fondation  B.  Bischotïslieim.  Annales  de  l'Observatoire  de 
Nice,  publiées  sous  la  direction  de  M.  le  Général  Bassot,  Membre  de  l'Institut  et  du 
Bureau  des  Longitudes,  Directeur  de  l'Observatoire;  t.  XII.  Paris,  Gauthier- Villars, 
1910;  I  vol.  in-4°. 


l470  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

iVlinistère  des  Colonies.  Documents  scientifiques  de  la  Mission  Tilho  [Mission 
Niger-Tchad],  1906-1909;  t.  I,  et  3  caries  h.  t.  :  1.  Lac  Tchad;  2.  Bahr  el  Ghazal; 
3.  Bodeli,  Borkou,  Bilina.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1910;  1  vol.  et  i  étui  in-S". 
(Présenté  par  M.  Ch.  Lallemand.)  [1  exemplaire  du  volume  el  2  e.\emplaires  des 
cartes.] 

Dictionnaire  haoussa,  comprenant  haoussa-français  el  français-haoussa,  par 
M.  Landeroin  et  J.  Tilho.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1910;  i  vol.  in-12.  (2  exem- 
plaires.) 

Grammaire  et  contes  /laoussas,  par  M.  Landeroin  et  J.  Tilho  Paris,  Imprimerie 
nationale,  1909;  i  vol.  in-12.  (Présenté  comme  l'Ouvrage  précédent  par  M.  Ch.  Lal- 
lemand.) 

Plusieurs  brochures  relatives  au  Congrès  mondial  des  Associations  internationales 
sous  le  patronage  du  Gouvernement  belge  {Bruxelles,  1910).  (Présentées  par  M.  le 
prince  Roland  Bonaparte.) 

Plan  de  travaux  océanographiques  à  exécuter  dans  les  stations  maritimes, 
adopté  à  Monaco  par  la  Commission  de  la  Méditerranée  le  x'^'  avril  1910;  texte 
rédigé  par  L.  Jourin.  {Bulletin  de  l'Institut  océanographique,  n"  168,  22  mai  1910.) 
Monaco;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

Carte  des  gisements  de  coquilles  comestibles  de  la  partie  des  côtes  de  l'Ille-et- 
Vilaine  comprise  entre  le  cap  Fréliel  et  la  pointe  du  Grouin,  dressée  par  M.  L. 
Jouhin;  la  Carie  représente  l'état  des  gisements  en  octobre  1908;  s.  1.  n.d.;  i  feuille 
in-plano.  (Présentée  par  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

L'arbre  à  caoutchouc  du  Tonkin  et  du  Nord-Annam,  Bleekrodea  tonkinensis 
Dub.  et  Ebr.^  par  Ph.  Eherhardt  et  M.  Dubard.  Paris,  Augustin  Challamel,  1910; 
I  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Gaslon  Bonnier.) 


ERRATA. 


(Séance  du  17   mai  1910.) 

Note  de  M.  HoutlcK'igue,  Sur  la  dimension  des  éléments  matériels  projetés 
par  les  cathodes  des  tubes  à  vide  : 

Page  1237,  ligne  5,  au  lieu  de  \oV-,  lisez  lool'-l''. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  6  JUIN  19J0. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIXS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

\I.  Bassot,  en  présentant  à  l'Académie  le  Tome  XII  des  Annales  de 
l'Observatoire  de  Nice,  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Ce  Volume  contient  la  suite  des  observations  méridiennes,  faites  prin- 
cipalement pour  la  revision  du  Catalogue  d'étoiles  doubles  de  Dorpat  :  la 
fin  des  observations  concernant  ce  long  travail,  qui  n'a  pas  duré  moins  de 
i6  ans,  ainsi  que  le  Catalogue,  établi  èi  Nice,  qui  en  résulte,  est  en  cours 
d'impression  et  formera  le  Tome  X[V. 

»  Le  Tome  XII  renferme,  en  outre,  le  relevé  de  toutes  les  observations, 
non  encore  publiées,  de  comètes  et  de  petites  planètes,  exécutées  aux  trois 
équatoriaux  que  possède  l'Observatoire  de  Nice,  le  grand  équatorial 
de  o",76  d'ouverture,  le  petit  de  o"\38  et  le  coudé  de  o",4o.  Il  donne 
enfin  les  découvertes  et  calculs  d'orbites  de  comètes  obtenus  à  Nice.    » 


CHRONOMÉTRIE.  —  Sur  les  signaux  horaires  destinés  aux  marins. 
Note  de  M.  H.  Poincaré. 

Je  crois  devoir,  au  nom  du  Bureau  des  Longitudes,  communiquer  à 
l'Académie  quelques  détails  sur  une  intéressante  application  de  la  T.  S.  F. 
à  la  navigation.  C'est  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Tissot  qui  en  a  le  pre- 
mier conçu  le  projet;  il  a  pensé  que  d'un  poste  radiotélégraphique  suffi- 
samment puissant,  on  pourrait  envoyer  à  de  très  grandes  distances  aux 
navires  en  mer  des  signaux  quotidiens  qui  leur  permettraient  de  régler 
leurs  montres  et  même  de  se  passer  de  chronomètre.  Il  a  même  construit 

C.  R.,  igio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  23.)  '9^ 


l/|72  ACADÉMIE    DES    SCIEACES. 

des  iipj);ux'ils  récepleurs,  dont  ie  prix  est  très  modique  et  fort  inférieur  à 
celui  d'un  ciiroiiomèlre,  dont  le  luaiiiemenl  est  facile  et  (jui  pourrait  être 
facilement  acquis,  même  par  les  caboteurs. 

Le  Bureau  des  Longitudes,  saisi  de  la  proposition,  en  confia  l'étude  à 
M.  le  (Commandant  Guyou  ;  notre  confrère  démontra  que  la  réalisation 
était  possible,  et  l'on  put  obtenir  sans  peine  des  Pouvoirs  publics  les  crédits 
nécessaires.  Nous  ne  pouvions  naturellement  rien  faire  sans  le  concours  de 
l'Observatoire  et  sans  celui  du  Service  radiotélégrapbique  militaire  de  la 
Tour  Eiflel.  En  ce  qui  concerne  la  partie  astronomique,  M.  Baillaud  a 
cbargé  de  celte  mission  M.  Boquet  qui  s'en  est  acquitté  avec  son  zèle, 
son  dévouement  et  sa  ponctualité  accoutumés.  Nous  devons  également 
remercier  M.  le  Commandant  Ferrie  c|ui  a  organisé  les  appareils  pro- 
ducteurs de  signaux  et  dont  la  compétence  spéciale  et  l'esprit  inventif  nous 
ont  été  très  utiles. 

L'installation  a  été  retardée  de  plusieurs  mois  par  les  inondations  de  la 
Seine,  (|ui  ont  amené  la  destruction  complète  du  poste  de  la  tour  Eiffel. 
Aujourd'hui  le  désastre  est  réparé  et  le  service  fonctionne  régulièrement 
depuis  le  23  mai. 

De  ii''59'"  à  1 1''.')9'"55**  on  envoie  une  série  de  traits  à  titre  d'aver- 
tissement ;  à  minuit  o"'o'*  un  signal  court  est  envoyé  automatiquement  par 
la  pendule.  De  mimiit  i"'o*  à  minuit  i"'55%  nouvelle  série  d'avertissement 
comprenant  un  Irait,  deux  points,  un  trait,  deux  points,  etc.;  à  minuit  2"'o% 
nouveau  signal  court  automatique.  De  minuit  S^'o*  à  minuit  3™  55%  troisième 
série  d'avertissement  comprenant  un  trait,  quatre  points,  un  trait,  quatre 
points,  etc.;  à  minuit  '\"^o',  dernier  signal  court  automatique. 

De  cette  f;u;on,  les  navires  auxquels  le  premier  signal  aurait  échappé, 
recevront  l'un  des  deux  derniers,  et  grâce  à  la  diilérence  des  séries  d'aver- 
tissement, aucune  confusion  ne  sera  à  craindre. 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Préparation  et  propriétés  des  ix-hydrindoties-'^-dial- 
coylées    ou    iiidanones-i-dia(coylées--i.i.   Note    de    MM.   A.  IIallek  et 

Ed.   lÎAlER. 

Parmi  les  divers  modes  de  formation  des  a-hydrindones  ou  indanones-i, 
celui  consistant  à  porter  des  chlorures  des  acides  |3-phénylpropioniques, 
qu'on  traite  au  sein  de  l'éther  de  pétrole  par  du  chlorure  d'aluminium, 
compte  parmi  les  plus  simples  et  les  plus  pralitjues. 


SÉANCE    DU   6    JUIN    1910.  14^3 

C'est  ainsi  que  M.  S.  Kippiiii;-  (')  a  oblemi  l'indanone-i  on  s'adressant 
au  chlorure  de  l'acide  pliénylpropionique  et,  plus  tard,  la  p-mélhylhydriii- 
done-a,  ou  li-mcthylindanone-i,  en  condensant  dans  les  mêmes  conditions 
le  chlorure  de  l'acide  a-méthyl-|3-phény1propionique  on  benzylméthylacé- 
lique  (■-  ). 

Ce  même  composé  avait  d'ailleurs  été  préparé  par  MM.  Miller  ei  IWiodc 
en  chauffast,  à  i5o°,  l'acide  même  avec  de  l'acide  sulfuri(}ue  concentré  (^  ). 
Le  mode  d'obtention,  que  nous  avons  signalé  (  '  ),  des  acides  henzvldial- 

y"^  ^  ■ 

coylacétiques   CH'CH- .  ( -— CO-lî,  nous  a  suggéré  1  idée  d  appliquer  la 

Ml 
méthode  de  M.  Kipping  pour  la  préparation  des  dialcoyl-2  .2-indanones, 

Grâce  à  l'amidure  de  sodium  que  nous  avons  fait  réagir  sur  l'indanone-i 
au  sein  du  toluène,  nous  avons  d'autre  part  réussi  à  alcoyler  directement 
ce  produit  et  avons,  en  particulier,  obtenu  une  2.2-diméthylindanono 
absolument  identique  à  celle  préparée  par  condensation  du  chlorure  de 
l'acide  diméthylbenzylacétique. 

■2.-±-DunélliyUndanone-i    CH''     ^C  =  (CH-' )'•     —    Le    chlorure    do 

CO 

l'acide  benzyidiméthylacétique  s'obtient  très  facilement  en  chauffant  cet 
acide  au  bain-marie  avec  un  pou  plus  que  la  quantité  théorique  de  chlorure 
de  ihionyle.  (^)uand  il  ne  se  dégage  plus  d'acide  chlorhvdrique,  on  chasse 
le  chlorure  de  thionyle  en  excès  dans  le  vide  et  l'on  distille,  sous  pression 
réduite,  le  résidn  qui  est  à  peine  coloré. 

Le  chlorure  de  Tacide  benzy Idimé tliy lacet iqueC*H^CH-C( CM')' —  (^OCl  constitue  un 
liquide  mobile,  incolore,  à  odeur  piquante  et  distillant  à  laS^-iaô"  sous  i5""".  Refroidi 
dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel,  il  se  prend  en  une  masse  de  cristaux  se  fondant 
à  +  5°. 

Pour  transformer  ce  chlorure  en  diméihylindanone,  on  o])ère  de  la  façon  suivante  :■ 
On  ajoute  dans  un  mortier  i"""'  d«  chlorure  dissous  dans  l'éther  de  pétrole  (pour  '?.0' 
de  chlorure  on  emploie  environ  iSoS  de  carbure).  La  solution  est  ensuite  additionnée 
de  chlorure  d'aluminium  finement  pulvérisé  qu'on  introduit  par  petites  portions.  Il  se 


(  '  )  S.  Kipi'iMi,  Joarn.  <if  chem.  Soc,  1894,  p.  4S0. 

(  -  )  S.  kippi.NG  et  CtAKK«,  Proc.  chem.  Soc,   1901,  p.  iSi. 

(")  iMiLLGR  et  Rhode,  DeiU.  chem.  Ges.,  t.  XXIIl,  p.  189S. 

('•)  A.  Uallër  ei  Ed.  Baier,  Comptes  rendus,  t.  C.VL\'lll,  p.  70  ;  i.  C\LL\,  p.  5. 


l474  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dégage  de  l'acide  clilorhydrique,  en  même  temps  qu'il  se  dépose  une  huile  brun  clair, 
insoluble  dans  l'éllier  de  pétrole  et  se  prenant  en  une  masse  cristalline.  On  continue 
à  ajouter  le  chlorure  d'aluminium  en  a^ant  soin  maintenant  de  broyer  la  masse  jusqu'à 
ce  qu'il  ne  se  dégage  plus  d'acide  chlorhydrique,  ce  qui  arrive  après  addition  de  i""' 
à  i'"°^,2  de  chlorure.  Quand  on  a  soin  de  prendre  les  précautions  indiquées,  le  produit 
de  la  réaction  se  présente  sous  la  forme  d'une  poudre  cristalline  jaune  clair,  sous  une 
couche  d'éther  de  pétrole  incolore. 

On  verse  alors  le  contenu  du  mortier  sur  de  la  glace  additionnée  d'acide  chlorliv- 
drique.  La  combinaison  aluminique  se  dissocie  peu  ù  peu,  l'alumine  entre  en  dissolu- 
lion,  tandis  que  la  diméthylindanone  formée  se  précipite  en  flocons  blancs,  cristallins, 
presque  purs.  On  reprend  par  l'élher,  on  lave  à  la  soude,  on  chasse  l'élher  et  l'on  distille 
le  résidu  dans  le  vide. 

Le  produit  passe  intégralement  de  ii8°à  119°  sous  iS"""  en  ne  laissant  qu'un  résidu 
insignifiant  quand  l'opération  a  été  bien  conduite.  Les  rendements  sont  de  80  pour  too 
par  rapport  à  l'acide  benzyldiméthylacéti(|ue  employé. 

La  (li/iH'ihylindanone,  formée  en  vertu  de  la  réaction 

CICO  kA^.o/KcH3-^»^'' 

cristallise  au  sein  de  Téther  de  pétrole  bouillant,  en  magnifiques  cristaux 
fondant  à  44°-45°.  Elle  est  plus  soluble  dans  l'éther  ordinaire  et  dans  l'alcool. 

Ne  possédant  plus  d'hydrogène  substituable  en  a  par  rapport  au  groupe 
cétonique,  la  diméthylindanone  devait  se  comporter,  vis-à-vis  de  l'amidure 
de  sodium,  cotnmc  le  fénone  et  la  camphénilone  de  Semmler  ('  ),  ou  encore 
comme  le  dimélhylcâmphre  (-)  et  nos  trialcoylacétophénones  (-). 

La  rupture  d'un  des  noyaux  pourrait  toutefois  se  faire  suivant  deux 
schémas  différents  exprimés  par  les  équations  suivantes  : 


CO 


CO 


:C<^":  +  NFPNa       -      (^  ^^ 


^\CIP^  -    [    JCH^C\^3CONHS 


1 1  ><-i;^N...a  =  rr.,y^ 


■Cip  V  \CIP 

Dans  le  premier  cas  on  aurait  de  l'amide  de  l'acide  diméthylbenzylacéli(|tic 
et  dans  le  second  l'amide  de  l'acide  orthoisobutybenzoïquc. 

{'  )  l'.-\V.  Se.mmi.ei(,  Deul.  chem.  Ges.,  t.  XXXIX,  p.  2577. 

{-)  A.  Hambr  et  E.  Bauer,  Com/Ues  rendus,  t.  CXLVill,  p.  1662  et  p.  70. 


SÉANCE    DU    G    jriN    1910.  I^jS 

L'expérience  a  monlré  que  la  réaction  s'etfeclue  suivant  la  première 
équation,  l^n  effet,  quand  on  chauffe  la  diméthylindanone  en  solution  dans 
la  benzine  anhydre,  avec  2'""'  d'amidure  de  sodium  finement  pulvérisé 
pendant  3  à  4  heures  et  qu'on  décompose  par  de  l'eau,  dans  les  conditions 
indiquées  pour  la  scission  des  trialcoylacélophénones,  on  obtient  en  quan- 
tité théorique  de  l'amide  diméthylbenzylacétique  fondant  à  63°.  Nous 
avons  identifié  cette  amide  avec  le  même  produit  obtenu  par  scission  de  la 
diméthyll)en2ylacétophénone. 

Contrairement  à  l'indanone,  le  dérivé  diméthylé  résiste  très  bien  à 
l'action  de  l'acide  azotique  à  zjo  pour  100  bouillant. 

NXHCONH^ 

C 

Uiinéthylindanone    semicarhazone    (^'H*:^    ^(l(CI-P)*.     —     Ce   dérivé 

CH-' 

prend  naissance  quand  on  chauffe  pendant  4  heures  un  mélange  de  dimé- 
thylindanone et  de  semicarbazide  au  sein  de  l'acide  acétique  cristallisable. 
On  verse  dans  l'eau  et  le  précipité  est  mis  à  cristalliser  dans  l'alcool.  On 
obtient  des  aiguilles  blanches  peu  solubles  dans  l'éther  de  pétrole  et  fondant 

à   209°-2I0''. 

Il  est  à  remarquer  que  cette  semicarhazone  se  forme  plus  difficilement 
que  la  semicarhazone  de  l'indanone  non  substituée. 

Nous  avons  réussi  à  dimélhyler  l'indanone  directement  en  employant  la 
méthode  qui  nous  avait  servi  pour  la  préparation  .des  alcoylhexanone, 
menlhone,  camphre,  etc. 

Nous  sommes  partis  à  cet  effet  de  l'indanone  que  nous  avons  préparée 
parla  méthode,  légèrement  modifiée,  de  St.  Ivipping.  Il  sul'fil,  en  effet, 
d'opérer  la  condensation  du  chlorure  de  l'acide  hydrocinnamique  sur  lui- 
même,  à  basse  température,  et  de  verser  le  produit  obtenu  sur  de  la  glace 
acidulée  par  de  l'acide  chlorhydrique.  On  obtient,  dans  ces  conditions,  des 
rendements  de  80  pour  100. 

L'indanone  pure,  dissoute  dans  l'éther  anhydre.  réa};it  déjà  à  froid  avec  de  l'ami- 
dure  de  sodium  avec  formation  d'un  précipité  et  dégagement  d'ammoniaque.  Pour 
terminer  la  réaction,  on  cliaull'e  au  bain-marie,  en  ajant  toutefois  soin  d'éviter  toute 
entrée  d'air  qui  pourrait  oxyder  le  produit.  Quand  il  ne  se  dégage  plus  d'ammoniaque, 
on  introduit  peu  à  peu  l'iodure  de  niéthyle.  11  se  produit  une  réaction  assez  vive  avec 
dépôt  d'iodure  de  sodium.  Au  bout  d'une  heure  d'ébullition,  on  laisse  refroidir  et  l'on 
isole  le  dérivé  par  les  moyens  connus.  11  distille  de  1 16°  à  120°  sous  16™"". 

Ce  produit  est  ensuite  soumis  à  la  même  série  de  traitements  qui,  cette  fois,  s'effec- 


1476  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lueol  au  sein  de  la  benzine.  On  obtient  finalement  un  corps  qui  passe  à  iiy",  sous 
16""",  et  qui  ne  tarde  pas  à  se  prendre  en  une  masse  cristalline,  fondant  à  .J4"  et 
absolument  identique  au  produit  obtenu  par  le  premier  procédé. 

ChaufTé  au  sein  de  la  benzine  anhydre  avec  de  l'amidure  de  sodium,  celte  dinié- 
ihylindanone  subit  la  même  rupture  et  donne  naissance  à  la  même  dimétliylbenzvl- 
acélaiiiide  fusible  à  t>,'î°. 

n-,    r     J  ,.,,,,/ CO\,,/C-H»  ,-,  ,  ,    , 

■2.2-Dielhylindrinone-\  L'll\  ^„.,    ,{^.    ...u-    —    ^^-  coniposo  a   rie 

oblenu  eti  passant  par  le  même  cycle  de  réactions  que  celui  suivi  pour  la 
préparation  de  riioiaologue  inférieur. 

A  cet  effet  on  commence  par  préparer  Yélhyll'enzylacélophénone 

en-Cil-—  CH  -  CO  —  C/ H> 

en  faisant  réagir,  au  sein  de  l'éllier  anhydre,  d'abord  de  Famidure  de 
sodium,  puis  du  chlorure  de  benzyle  sur  la  /z-propylphénylcétone 

c«H'Com;;h-  — chh;ip. 

En  opérant  comme  il  a  été  décrit  dans  nos  Mémoires  précédents,  on 
ohùi'nV  Vétli  y  l}>cnzylacétophénone  c\wic\\(iQ  HOU?,  la  forme  dun  liquide  pas- 
sant de  183°  à  i85"  sous  i/i"""  et  fournissant  avec  le  réactif  de  Oisnier  une 
oxime  en  fines  aiguilles  fusibles  à  70°. 

(  )n  constate  que  dans  cette  préparation  la  Jienzyiation  va  plus  loin  et 
que  le  résidu  laissé  par  la  benzyléthylacétophénone,  soumis  lui-même  à 
une  rectification  sous  un  vide  de  i3""",  fournit,  vers  258",  un  liquide  qui  se 
prend  en  masse  par  le  refroidissement.  Dissous  dans  l'alcool,  ce  corps 
cristallise»   en   aiguilles   fondant   à  b^MlS"  qui    ont  la  composition   de   la 

C'H' 

dihenzylél/iylacctophénone  OWKi  \0 . C (  CH- C H'  )- . 

MnnohcnzyldiHhylact'tonhénonc  (  "."H''.  C(  ) .(],  .   —    L'élliyla- 

tion  de  la  monobenzyléthylacétophénone  s'est  faite  au  sein  du  benzène  eu 
chauffant  la  cétone,  d'abord  avec  l'amidure  de  sodium,  puis  avec  de 
l'iodure  d'élhyle.  Après  les  traitements  d'usage,  on  réussit  à  isoler  un 
produit  passant  de  190"  à  202°  sous  iS"'"  et  tpii  ne  tarde  pas  à  cristalliser. 
Par  dissolution  dans  l'alcool  bouillant  et  refroidissement  subséquent,  on 
l'obtient  sous  la  forme  de  tablettes  fondant  à  8o°-8o'',5. 

Cette  cétone,  chauffée  avec  le  réactif  de  Crismer,  ne  fournit  pas  d'oxime. 


SÉANCE    DU   6    JUIN    I910.  1477 

Cet  le  même  benzyldiéthylacétophénone  a  été  produite  en  élhylant  d'abord 
la  propylphénylcélone  sodée  au  moyen  de  l'amidure  en  solution  élhérée, 
puis  benzylant,  suivant  le  même  processus,  la  diéthylacétophènone  obtenue. 

''C-H'' 

Cette  dernière  cétone  C H' CO .  Cil;     _    ,,    se  présente  sous  la  forme  d'un 

\C-H*      ' 

liquide  distillant  à  2/ii"-243°  sous  742"""  (  ')• 

Son  oxime  fond  à  90°. 

La  benzylation  de  la  diéthylacétophènone  conduit  avec  de  bons  rende- 
ments à  la  même  monobenzvldièthylacétophénone  fondant  à  8o"-8o",  5. 

Monobenz-yldièthylacétamide.  Acide  et  chlorure  monobenzvldièthylacétiques. 
—  Le  dédoublement  de  la  cétone  par  l'amidure  de  sodium  a  été  essayé  au 
sein  du  benzène,  du  toluène  et  du  xylène  et,  dans  aucun  des  essais,  il  ne  s'est 
effectué  avec  de  bons  rendements. 

On  isole  des  produits  qui  distillent  de  1 10"  à  180°,  sous  20""",  dont  nous 
poursuivons  l'étude,  puis  une  fraction,  passant  de  180°  à  200",  qui  contient 
l'amide  cherchée  à  côté  de  cétone  non  altérée,  et  enfin  un  résidu  goudron- 
neux distillant  à  une  température  beaucoup  plus  élevée. 

Sans  chercher  à  purifier  l'amide,  nous  avons  directement  traité  la  portion, 
passant  de  180°  à  200"  qui  la  contenait,  par  de  lacide  chlorhydrique  et  de 
l'azotite  de  soude,  et  avons  réussi  à  obtenir  une  certaine  quantité  d'acide 
soluble  dans  le  carbonate  de  sodium,  d'où  l'acide  sulfurique  le  précipite  de 
nouveau  sous  la  forme  d'une  huile  épaisse  distillant  à  ig-^-iQg"  sous  17""°. 

Chauffé  avec  du  chlorure  de  thionyle,  cet  acide  fournit  un  chlorure 


/'■ 


CH'CII-.C— COCI 


à  odeur  piquante  qui  distille  à  148°  sous  i3™"\ 

La  diéthylindanone  prend  naissance  dans  les  mêmes  conditions  que  son 
homologue  inférieur  :  traitement  d'une  solution  du  chlorure  de  l'acide 
benzyldiéthylacétique  dans  l'éther  de  pétrole  par  du  chlorure  d'aluminium 
pulvérisé,  puis  décomposition  par  la  glace  et  l'acide  chlorhydrique  du  pro- 
duit cristallin  formé. 

Elle  se  présente  sous  la  forme  dun  liquide  distillant  à  i38"  sous  i3"""  et 

(')  Bayer  et  Pkrkin  indiquent  comme  point  d'ébullition  de  cette  cétone  229°-23i°, 
sous  710"™  {Detit.  chem.  Ges.,  t.  XNI,  p.  2i3i).  Claisen  l'a  sans  doute  également 
obtenue  par  éthylation  de  l'acétopliénone  sodée  au  mojen  de  l'amidure  {Deut.  chem. 
Ges.,  t.  XXWIII,  p.  697). 


1478  ACADÉMIE    Dl'S    SCIENCES. 

se  prenant  en  masse  dans  un  mélange  réfrigérant.  Les  cristaux  fondent 
à  -4-7°. 

Traitée  en  milieu  acétique  par  de  la  semicarbazide,  elle  ne  fournit  pas  de 
semicarbazone,  alors  (jue  la  diméthylindanone  se  combine  à  ce  réactif. 

En  résumé,  les  résultats  consignés  dans  ce  Mémoire  sont  les  suivants  : 

1°  Notre  nouveau  procédé  de  préparation  des  acides  lrialcoylacéli(jues 
nous  permet  d'obtenir  assez  facilement  les  acides  benzyldialcoylacétiques 
dont  les  chlorures,  en  présence  du  chlorure  d'aluminium,  se  condensent  sur 
eux-mêmes  à  la  façon  du  chlorure  de  l'acide  ^-phénylpropionique,  pour 
donner  naissance  à  des  2.2-dialcoylindanones-i; 

2°  Ces  mêmes  dialcoylindanones  peuvent  être  préparées  en  partant  de  la 
plus  simple,  l'indanone-i,  qu'on  traite  par  de  l'amidure  de  sodium  et  des 
iodui'es  alcooli(|ues; 

3"  (^uel  que  soit  leur  mode  de  formation,  ces  dialcoylindanones,  une 
fois  formées,  redonnent  l'amide  de  l'acide  benzyldialcoylacétique  dont  on 
est  parti,  de  telle  sorte  qu'on  se  trouve  en  présence  d'une  nouvelle  méthode 
de  production  de  ces  acides  si  l'on  considère  qu'on  peut  préparer  les  dial- 
coylindanones en  alcoylant  l'indanone  simple; 

4°  Pour  arriver  à  la  diéthylindanone,  nous  avons  dû  préparer  les  benzyl- 
éthyl-el  benzyldiélhylacétophénones,  inconnues  juscju^alors,  et  avons  obtenu 
en  outre,  comme  produit  secondaire,  de  la  dibenzyléthylacétophénone  qui 
n'avait  pas  encore  été  signalée. 

Nous  nous  proposons  de  préparer,  par  notre  méthode,  les  acides  aa-dial- 
coyl-y-phénylbutyriques,  de  les  condenser,  toujours  suivant  la  méthode  de 
St.  Kipping,  en  2.r^-dialcoyl-I-tétrahydronapllténone,  et  d'essayer  sur  ces 
composés  l'action  de  l'amidure  de  sodium  pour  nous  assurer  si  ce  réactif 
détermine  également  la  rupture  des  chaînes  hexagonales. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Contempomnnlc  de  la  formation  el  de 
l' élimination  des  déchets  azotés  chez  les  sujets  en  état  de  jeûne.  Noie 
de  MM.  A.  CiiArvEAu  et  feu  Contejean. 

L'importante  constatation  annoncée  dans  le  litre  de  la  présente  Note  a 
été  faite  au  cours  d'expériences  sur  la  marche  de  i accroissement  des  excréta 
urinaires^i  de  nature  azotée,  sous  l'influence  d'une  cause  excitatrice  du  mou- 
vement de  rénovation  de  la  matière  vivante,  c  est-à-dire  de  la  désintégration 
des  substances  albuminoïdes  qui  entrent  dans  la  constitution  des  tissus  de 


SÉANCE    DU    6   JUIN    I910.  l479 

l'orgaiiisinc.  Il  convient  crindiquer  tout  d'abord  le  but  dans  lequel  celle 
élude  a  été  entreprise. 

Les  substances  albuniinoïdes  de  l'organisme  ont-elles  un  rôle  à  jouer 
comme  source  du  potentiel  auquel  s'alimente  la  dépense  énergétique  liée  à 
l'exécution  du  travail  musculaire"?  Deux  Notes,  publiées  au  commencement 
de  l'année  1896  ('),  apportent  à  la  solution  de  cette  grosse  question  une 
contribution  très  précise,  partant  très  précieuse.  Nos  expériences  se  sont 
prononcées  en  faveur  d'une  réponse  nettement  négative. 

Ces  expériences  ont  consisté  dans  la  comparaison  des  excréta  azotés  de 
l'urine,  chez  des  sujets  inanitiés  mis  alternativement  au  repos  et  en  étal  de 
travail.  On  a  contrôlé  cette  première  série  d'expériences  par  une  autre,  où 
la  comparaison  des  excréta  azotés  de  l'urine  était  faite  sur  un  sujet  de  l'espèce 
canine  nourri  à  la  viande  crue,  parfaitement  dégraissée. 

Dans  les  deux  cas,  rintervenlion  du  travail  n'a  pas  modifié  sensiblement 
la  quantité  des  uréides  formés  au  cours  des  expériences.  Les  très  faibles  et 
tout  à  fait  négligeables  difTércnces  qui  étaient  constatées  se  produisaient 
aussi  bi(?n  à  l'avantage  des  périodes  de  repos  que  de  celles  de  travail.  Par 
cette  inaptitude  de  l'intervention  du  travail  musculaire  à  modifier  la  valeur 
de  l'excrétion  courante  des  uréides,  on  était  autorisé  à  conclure,  sans  hési- 
tation, que  «  les  albuminoides  ne  sont  pas  au  nombre  des  substances  consliluant 
le  potentiel  dans  la  combustion  duquel  les  muscles  puisent  directement  l'énergie 
nécessaire  à  leur  fonctionnement   ». 

C'est  surtout  sur  le  sujet  en  état  de  jeûne  que  se  sont  manifestés,  dans 
tout  l'éclat  de  leur  très  belle  simplicité,  les  résultats,  déjà  entrevus  par 
d'autres,  qui  imposent  cette  conclusion.  Dans  cette  condition,  les  excréta 
azotés  de  l'urine  ont  pour  source  unique  la  désintégration  imprimée,  par  la 
fonction  rénovatrice  de  la  matière,  aux  albuniinoïdes  de  l'organisme.  A  un 
moment  donné,  la  courbe  bi-horaire  de  celte  excrétion  d'azote  ne  subit  plus 
que  de  faibles  oscillations.  Toute  dépense  supplémentaire  d' albumine  ne  pour- 
rait donc  alors  manquer  d'élewr  sensiblement  la  hauteur  de  cette  courbe.  Or, 
ceci  n  est  jamais  arrivé  au  cours  des  expériences.  La  conclusion  qu'on  en  a 
tirée  est  donc  une  proposition  sûre. 


(  '  )  Le  trai'ail  musculaire  n'emprunte  rien  de  l'cneri;ie  ipi'il ilépen'ic  aux  ntalières 
albuniinoïdes  des  liunieurs  cl  des  éléments  anutomirpies  de  t'or'ga/iisine  [Comptes 
rendus,  l.  GXXII,  24  février  1896). 

Le  travail  musculaire  emprunte-l-il  directement  de  l'cneri^ie  au.r  albuniinoïdes 
des  aliments?  (Ibid.,  2  mars). 

C.  1!.,   i,)io,   I"  Semeslre.  (T.  l.M),  N°  23.)  '94 


l48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Elle  a  été  pourtant  contestée.  Tout  au  moins  a-t-on  voulu  prétendre  que 
les  expériences  d'où  découle  ladite  proposition  comportaient  trop  de  diffi- 
cultés et  étaient  de  nature  trop  délicate  pour  légitimer  une  pleine  et  entière 
confiance  dans  Texaclitude  des  résultats  négatifs  de  la  comparaison.  Voici 
les  principales  objections  produites  : 

Premièrement,  on  a  objecté  (pie  la  grandeur  du  travail  musculaire  qu'on 
a  fait  intervenir  était  trop  petite  pour  provoquer,  dans  ces  expériences, 
une  dépense  d'albumine  capable  de  se  manifester  clairement  par  un  accrois- 
sement de  l'excrétion  azotée. 

Deuxièmement,  l'absence  totale  de  cette  excrétion  azotée,  au  cours  du 
travail  efl'ectué,  à  la  supposer  indiscutable,  ne  saurait  être  considérée  comme 
une  preuve  certaine  de  la  non-participation  des  albuminoïdes  à  la  mobilisa- 
tion de  l'énergie  qu'exige  la  production  du  travail  intérieur  représenté  par 
la  contraction  musculaire.  Il  se  pourrait  qu'il  y  eût  formation  d'uréides  au 
moment  de  la  mise  en  activité  des  muscles,  mais  que  l'élimination  n'en  fût 
pas  terminée,  ni  même  commencée,  au  moment  de  la  cessation  du  travail. 
Rien  ne  prouve,  en  effet,  que  cette  élimination  des  déchets  azolés  soit  néces- 
sairement contemporaine  de  leur  formation. 

Examinons  rapidement  les  deux  objections. 

La  première  est  fondée  sur  une  équivoque.  Les  contradicteurs  ont  sup- 
posé que  le  nombre  de  kilograinmètres  effectués  par  le  sujet  dans  les  expé- 
riences représentait  la  valeur  de  toute  Ténergie  mise  en  œuvre  par  son 
système  musculaire.  Ce  n'en  était  qu'une  faible  partie.  Faut-il  rappeler  la 
disproportion  qui  existe  toujours  entre  la  dépense  énergétique  du  travail 
intérieur  de  la  contraction  musculaire  et  la  valeur  du  travail  extérieur  dont 
celle-ci  est  l'agent?  Ne  sait-on  pas  qu'en  certaines  conditions,  celte  dispro- 
portion peut  devenir  énorme?  Incontestablement  les  travaux  intérieurs 
ell'ectués  dans  les  expériences  eussent  été  largement  suffisants,  pour  accroître 
la  hauteur  de  la  courbe  de  l'excrétion  azotée,  si  l'énergie  nécessaire  à  ces 
travaux  avait  eu  pour  origine  la  dislocation  des  substances  albuminoïdes  de 
l'organisme.  Cette  courbe  ne  s'est  point  élevée  quand  le  sujet  a  travaillé 
parce  (pic  c'est  une  autre  substance,  un  potentiel  non  azoté,  (jui  a  fouini 
cette  énergie.  Et  elle  n'est  point  de  médiocre  valeur,  celte  énergie,  comme 
rallcslo  le  haut  accroissement  des  échanges  respiratoires  qui  accompagne 
toujours  le  travail  musculaire.  Le  lumineux  contraste  que  cet  accroissement 
fait  avec  l'immobilité  de  la  valeur  de  l'excrétion  azotée  était  déjà  signalé 
dans  le  récit  des  expériences  de  1896.  Comment  s'expliquer  (pi'on  n'en  ait 


SÉANCE    DU   6   JUIN    1910.  l4«I 

pas  tenu  compte?  Jamais  cette  première  objection  n'aurait  dû  être  formulée  : 
elle  ne  s'appuyait  tpie  sur  des  arguments  mort-nés. 

La  seconde  objection  n'a  point  de  fondements  plus  sérieux.  Les  faits  nous 
l'avaient  déjà  démontré  dès  1895.  Mais  ces  faits,  partie  d'un  grand  ensemble 
de  constatations  expérimentales  restées  incomplètes,  sur  la  fonction  fonda- 
mentale de  la  rénovation  de  la  matière,  n'ont  jamais  été  publiés.  Il  importe 
de  ne  point  les  laisser  perdre.  C'est  le  but  de  la  présente  Note.  On  y  va  voir 
que,  chez  le  sujet  en  état  de  jeûne,  les  déchets  azotés  contenus  dans  l'urine 
y  apparaissent  toujours  avec  une  telle  rapidité,  après  l'intervention  des 
causes  provocatrices  des  désintégrations  des  albuminoïdes,  qu'un  long 
espace  de  temps  ne  pourrait  prendre  place  entre  le  moment  de  la  formation 
et  celui  de  Vé/inu'nafi'on  desdits  déchets.  C'est  la  dêmonstralion  de  la  qitasi- 
conlemporancité  des  deiu-  phénomènes  et  de  la  sûreté  de  la  promptitude  avec 
laquelle,  dans  leur  cas,  l' effet  d' accélération  répond  à  la  cause  accélératrice. 

Expérience.  —  Elle  a  élé  faite,  au  cours  d'une  période  de  jeûne  qui  a  duré  6  jours 
(exactement  i4o  heures),  sur  une  chienne  du  poids  moyen  de  iS'*-',  200,  dressée  depuis 
longtemps  aux  expériences  de  même  nature.  Pendant  cette  période  de  jeûne,  le  sujet 
continuait  à  recevoir  cha(|ue  soir,  à  l'aide  de  la  sonde  œsophagienne,  /loo""'  d'eau  de 
boisson. 

Les  opérations  ont  commencé  à  la  soixantième  heure  de  l'inanition  et  se  sont  pro- 
longées sans  arrêt  jusqu'à  la  cent-quarantième.  Elles  ont  consisté  en  cathétérismes 
répétés  de  la  vessie,  permettant  de  recueillir  les  urines  toutes  les  2  heures,  sauf  pen- 
dant les  deux  premières  nuits,  où  l'urine  de  i4  heures  fut  retirée  d'un  seul  coup.  Les 
périodes  de  temps  entre  lesquelles  se  répartissent  les  opérations  forment  trois  groupes. 
Le  premier  comprend  les  opérations  du  premier  jour;  le  second,  celle  du  deuxième 
jour;  le  troisième,  les  opérations  des  troisième  et  quatrième  jours. 

Les  interventions  à  l'aide  desquelles  on  a  cherché  à  influencer  la  marche  des  désin- 
tégrations sont  au  nombre  de  quatre  :  aucune  dans  les  périodes  du  premier  groupe, 
qui  servent  de  point  de  comparaison;  une  dans  celles  du  deuxième  groupe  (douche 
froide  de  i5  minutes)  ;  trois  dans  le  troisième  groupe  (deux  douches  froides  et  l'ingestion 
quotidienne  d'eau  de  boisson,  ingestion  adaptée  à  l'étude  de  son  rôle  d'agent  excitateur 
de  la  désintégration  rénovatrice). 

L'urine  recueillie  au  cours  de  l'expérience  forma  donc  27  lots,  dont  aS  absolument 
comparables  entre  eux,  parce  qu'ils  représentent  l'urine  des  courtes  périodes,  qui  ont  eu 
exactement  la  même  durée.  Chacun  de  ces  27  lots  a  été  soigneusement  mesuré  et  ana- 
lysé pour  en  déterminer,  en  bloc,  d'après  la  valeur  de  l'azote  total,  la  teneur  en  urée 
et  autres  uréides. 

Toutes  ces  déterminations  sont  consignées  dans  le  graphique  ci-joint.  Ne  nous  atta- 
chons qu'à  celles  qui  permettent  de  voir  comment  ont  répondu  les  excréta  azotés  de 
l'urine  dans  les  4  périodes  où  se  sont  produites  les  interventions  accélératrices  des 
désintégrations  intimes  de  l'organisme. 

Considérons  d'abord,  dans  le  deuxième  groupe  des  expériences,  l'intervention  de 


ll^ii'2  ACADÉMlli:    DES    SCIENCES. 

la  douche  ailminislrée  à   lo''  du  matin,    i  /leure  fi'^  minutes  après  son  application, 

l'azote    total   des    excréta    urinaires  a  alteinl  son  maximum;  il  est  passé  de  245»s 


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36 
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3*  et   'f?  Jours 


A.  En  abscisses,  succession  des  temps  ou  périodes  de  l'expérience.  —  B.  Echelle  des  ordonnées, 
représentant  les  valeurs  suivantes  :  1°  en  l<ilogrammes,  le  poids  du  sujet  (combe  V);  'i'  en 
centilitres,  le  volume  de  l'urine  sécrétée  [courbe  Ur);  3^  en  centigrammes,  le  poids  de  l'azote 
total  des  excréta  urinaires  [courbe  Az).  —  Les  lettres,  en  haut  du  graphique,  indiquent  le  mo- 
ment où  sont  intervenues  les  diverses  causes  acccléralrices  de  la  désinlégralion  des  albuminoïdes 
lie  l'orsanisme  ;  a.  injection  à  la  sonde  de  '|onciu>  d'eau    b,  r,  d,  douche  froide  de  i.î  minutes. 


SÉANCE    DV   (^   JUIN    l()IO.  i483 

à  3o9"'B.  2  lieiiies  plus  lard,  Tiizole  uiinaire  est  toujours  à  peu  près  à  la  même 
valeur,  3o8"'*-'.  Il  lui  fiuil  cucoie  2  hfurus  pour  outrer  frauchement  en  décroissance  et 
descendre  à  280"'^.  La  rt-ponse  de  ces  uxcrela  azotés  est  donc  des  plus  explicites.  Pour 
que  leur  élimination  soit  arrivée  aussi  rite  à  son  summum,  il  a  fallu  qu'elle  clé- 
bulâL  de  bonne  heure  cl  qu'elle  siiii'il  de  très  près  leur  formation,  elle-même  très 
précoce.  C'est  e.iacteniciil  te  contraire  de  ce  qui  aurait  dû  se  produire  en  cas  de 
disjonction  accentuée  des  deux  phénomènes  et  l'indication  nette  île  leur  quasi- 
conteinporanéité. 

Dans  le  troisième  groupe,  où  deux  douches  sont  intervenues,  Tune  à  10''  du  matin, 
l'autre  à  2'',  la  marche  ascendante  qu'elles  ont  pro^^oquée  dans  l'excrétion  de  l'azote 
urinaire  s'est  engagée  également  d'une  manière  fort  rapide.  Et  cette  très  grande 
rapidité  se  retrouve,  encore  accrue  même,  dans  le  très  notable  accroissement  que  la 
dernière  intervention,  celle  de  l'ingurgitation  d'eau,  à  8''  du  soir,  imprime  à  la  valeur 
des  excréta  azotés  contenus  dans  l'urine  éliminée.  Les  chidres  constatés  donnent  à 
cette  marche  ascendante  une  signification  précise,  qui  échappe  à  toute  contestation. 

Ainsi,  après  la  première  intervention  (douche)  de  cette  troisième  série,  l'azote 
excrété  monte  d'abord,  en  1  heure  45  minutes,  de  207"'?  à  27o'"e,  puis,  dans  les  2  heures 
qui  suivent,  à  283"'s, 

Après  la  deuxième  intervention  (douche)  l'excrétion  azotée,  partie  de  ce  dernier 
chiffre,  284™s,  reçoit  un  nouveau  coup  de  fouet,  qui  l'élève,  en  i  heure  45  minutes, 
à  3i4'"'',  puis  à  324"°^  dans  la  période  de  2  heures  qui  succède  à  celle  au  début  de  la- 
quelle l'intervention  s'est  produite. 

Enfin,  après  la  troisième  intervention  (ingurgitation  d'eau  froide),  la  couibe  de 
de  l'excrétion  azolée,  qui  était  retombée  à  291™=,  s'élève,  en  fin  de  période,  à  la  hau- 
teui'  de  SG-'"*-',  par  un  saut  brusque,  suivi  d'une  chute  encore  plus  Ijrusque,  qui  fait 
redescendre  celte  courbe  à  2j3"'s  dans  la  période  suivante. 

C'est  dans  ce  dernier  cas  que  l'effet  accélérateur  s'est  montré  le  plirs  considérable, 
le  plus  firgiiif  aussi  et,  de  ce  fait,  tout  particrrlièrement  concluant  corrjme  preuve  de 
l'étroiiesse  des  rapports  qui  existent  entre  l'elTet  et  la  cause  dans  le  cas  des  inter- 
ventions capables  d'exciter-  les  désintégrations  rénovatrices. 

Ainsi,  Ions  les  faits  de  l'expérience  s'accordent  pour  démontrer  nettement 
que,  dans  le  cas  de  jeûne,  la  formation  des  déchets  azotés  dus  à  l' accroissement 
de  la  désintégration  des  albuminoides  de  V organisme  ne  précède  que  de  très 
peu  leur  élimination . 

Ces  faits  prouvent  aussi  que  i appaiition  de  ces  déchets  dans  l'urine  suit  de 
très  prés  l'inleivention  de  la  cause  qui  en  a  déterminé  l'accroissement. 

Donc,  ce  sont  les  létnoins  fidèles  de  toute  intervention  qui  met  en  suractivité 
la  désintégration  des  éléments  quaternaires  de  l'organisme. 

Il  en  résulte  que  tout  acte  physiologique  qui  s'accomplit  sans  modifier  en 
rien  la  marche  de  l'excrétion  azolée  n'emprunte  pas  à  ces  désintégrations 
l'énergie  nécessaire  à  son  exécution. 

D'où  l'on  est  amené  à  conclure  à  la  pat  faite  exactitude  des  expériences  qui 


l4H4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

onl  démontré  que  l' énergie  mobilisée  pour  les  besoins  de  la  fonction  musculaire, 
chez,  les  sujets  en  état  d'inanition,  ne  provient  pas  du  potentiel  albumine. 

La  Physiologie  générale,  qui  a  si  grand  intérêt  à  être  renseignée,  tant  au 
point  de  vue  de  la  Science  pure  qu'à  celui  de  ses  applications  utilitaires,  sur  les 
sources  de  l'énergie  mise  en  jeu  dans  les  actes  de  la  vie,  ne  peut  qu'enregistrer 
avec  salis/action  les  enseignements  complémentaires  donnés  par  la  présente 
étude. 


r'i'.TROGKAPHlE.  —  Sur  ta  monzonile  de  Fontaine-du-Genie,  prés  C/ier- 
c/iel  (  Algérie)  et  sur  les  microtnonzoïntes  de  la  région  avoisinanle.  Note 
de  MM.  Pierre  Terjiier  et  Jacqles  de  Lapparent. 

Le  principal  objet  de  cette  Note  est  de  rappeler  ratteation  des  lilholo- 
gistes  et  des  géologues  sur  les  roches  éruptives,  d'âge  tertiaire,  du  pavs  de 
Chercliel,  signalées  depuis  longtemps,  sommairement  décrites  par  MM.  J. 
Curie  cl  G.  Flamand  (')  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  et  retombées  dans 
l'oubli.  Le  pays  de  Cherchel  nous  paraît  être,  en  réalité,  une  province pétro- 
graphique  extrêmement  curieuse,  par  la  variété  de  ses  roches  tertiaires, 
l'étendue  et  la  beauté  de  leurs  afileurements,  l'indubitable  parenté  c|ui  lie 
la  plupart  d'entre  elles.  11  serait  à  désirer  qu'un  jeune  géologue,  connais- 
sant bien  les  méthodes  de  la  pétrographie  actuelle,  entreprît  l'étude  détaillée 
de  cette  province,  depuis  El-Affroun  et  le  Chenoua  à  l'Est,  jnscju'aux  envi- 
rons de  Ténès  à  l'Ouest  :  c'est  un  admirable  sujet  de  thèse. 

L'un  de  nous  a  visité,  au  mois  d'octobre  de  1909,  la  région  de  Sidi- 
Simiane  dans  la  partie  orientale  du  bassin  de  l'Oued  Messelmoun,  etlepeti 
massif  de  roche  grenue  qui  domine  Fontaine-du-Génie  etc{ui  est  décrit  par 
MM.  Curie  et  Flamand  sous  le  nom  de  Djebel  Aroudjaoud  (/oc.  cit.,  p.  .58). 
Au  sujet  de  l'âge  de  ces  roches,  nous  n'avons  rien  à  ajouter  aux  indications 
de  MM.  Curie  et  Flamand.  Les  roches  de  Sidi-Simiane  sont  en  amas,  ou  en 
cheminées  grossièrement  cylindriques  ou  coniques,  ou  encore  en  liions, 
dans  les  marnes  et  les  calcaires  du  Crétacé  supérieur;  les  roches  de  Fon- 
taine-du-Génie et  celles  qui  sont  voisines  de  l'embouchure  du  Messehnoun 
forment  des  amas  ou  des  cheminées  dans  le  Miocène  inférieur  (Burdiga- 
lien,  étage  eartcnnien  de  Pomel). 

(')  Explication  de  la  deuxlime  édiUon  de  la  Carie  géologique  procisoire  de 
l'Algérie;  1"  Partie  :  Roches  ériiptii-es.,  p.  5o  el  suiv.  Voir  aussi  la  Thèse  de  M.  Delage 
sur  le  Saliel  d'Alger,  pour  les  roches  de  la  région  comprise  entre  Zurich  et  Kl-AflVoun. 


SÉANCE    DU    6   JUIN    19IO.  l^^O 

Les  unes  el  les  autres  —  et  probablement  toutes  les  roches  tertiaires  de 
la  province  —  sont  à  peu  près  contemporaines  :  elles  sont  donc  post-burdi- 
galiennes,  et  l'on  ne  peut  rien  dire  de  plus.  Tous  les  gisements,  même  celui 
de  Fontainc-du-Génie  où  la  roche  est  du  type  grenu,  sont  nettement  hypo- 
abyssiques,  c'est-à-dire  que  la  roche  s'y  est  consolidée  à  une  faible  profon- 
deur au-dessous  du  jour.  Les  sédiments  encaissants  sont  très  faiblement 
modifiés  au  contact,  sans  que,  nulle  part,  la  transformation  mérite  vraiment 
le  nom  de  métamorphisme.  Dans  les  roches  de  Sidi-Simiane,  il  y  a  de  nom- 
breuses veinules,  el  même  quelques  petits  fdons,  de  sulfures  métalliques 
mélangés  (pyrite,  galène  et  blende),  à  gangue  de  barytine  ou  de  sidérose. 
Les  minerais  sulfurés  apparaissent  aussi,  fréquemment,  dans  les  contacts 
des  roches  éruptives  avec  les  sédiments,  ou  encore  dans  les  sédiments  eux- 
mêmes  non  loin  des  contacts.  Dans  ce  dernier  cas,  on  observe  la  production 
d'un  peu  de  calamine  lorsque  les  sédiments  sont  calcaires. 

La  plupnrt  des  roches  de  la  région  de  Sidi-Simiane  sont  des  ntirroi?ionzo/ii/es  à 
mica  noir  el  pyroxène,  faiblement  quartzifères,  c'est-à-dire  des  loclies  porphyroïJes, 
de  couleur  grise,  offrant,  avec  deux  temps  de  consolidation,  la  même  composition 
chimique  el  minéralogique  que  la  monzonite  grenue  de  Fonlaine-du-Génie.  Ces 
micromonzonites  —  que  l'on  pourrait  encore  appeler  (racftyandcsites  s'il  ne  valait 
pas  mieux  réserver  ce  dernier  nom  aux  roches  volcaniques  de  même  nature  —  sont 
rarement  fraîches.  Les  grands  cristaux  de  feldspalhs  se  montrent,  presque  toujours, 
fortement  muscovitisés  ;  ceux  de  mica  noir,  presque  entièrement  chloritisés.  Par 
contre,  le  pyroxène,  qui  est  un  diopside  vert  pâle,  est,  le  plus  souvent,  très  bien  con- 
servé. Les  cristaux  de  ce  pyroxène  sont  arrondis,  et  comme  corrodés  par  la  pâte. 
Celle-ci  est  un  fin  mélange,  parfois  micropegmalitique,  d'orthose  et  de  quartz.  Les 
quartz  de  première  consolidation  sont  rares,  très  petits,  et  plus  corrodés  encore  que 
les  pyroxènes.  Il  y  a  quelques  grands  cristaux  d'actiiiole,  à  peine  altérés. 

Avec  ces  micromonzonites,  on  observe,  dans  les  profonds  ravins  des  environs  de 
Sidi-Simiane,  quelques  amas  ou  quelques  cheminées  de  roches  beaucoup  plus  claires, 
blanches  ou  jaunes,  malheureusement  très  altérées,  et  qui  sont  des  niicrograniles,  ou 
des  microdioiites  quarlzifèrea^  correspondant,  avec  une  forme  porphyroïde,  aux  types 
acides  grenus  signalés  par  MM.  Curie  et  Flamand.  Mais  les  micromonzonites  grises 
sont,  de  beaucoup,  les  roches  prépondérantes. 

Le  massif  de  Fontaine-du-Génic  (Djebel  Aroudjaoud)  est  formé  d'une 
très  belle  monzonite,  à  un  seul  temps  de  consolidation,  souvent  parfaitement 
fraîche.  On  exploite  près  de  la  route  les  gros  blocs  éboulés  de  la  montagne, 
et  cette  exploitation  a  fait,  pendant  longtemps,  donner  le  nom  de  Granité 
au  village  de  Fontaine-du-Génie.  La  roche  était  déjà  utilisée  à  l'époque 
romaine.  Nous  avons  retrouvé  les  deux  types  décrits  par  MM.  Curie  et  Fla- 
mand :  l'un,  aplitique,  à  grain  très  lin;  l'autre,  largement  granitoide  avec 


i486  académie  des  sciences. 

de  niiigiiilHitirs  crislaux  de  mica  noir  qui  oui  jiis(jir;'i  2""  de  lari;'eur.  lùilre 
les  deux,  il  y  a  des  tonnes  d'un  forain  moyen,  où  le  mica  noir  est  encore 
très  visible.  Les  relations  du  type  aplilique  et  du  type  granitoïde  ne  sont 
pas  nettes  :  la  démarcation,  habituellement  très  tranchée,  ne  semblant  pas 
épouser  une  surface  régulière  et  continue,  mais  paraissant,  au  contraire, 
fort  capricieuse. 

Au  microscope,  on  constate  la  présence  des  mêmes  minéraux  dans  tous 
les  types  :  l'aplitique,  le  graniloïde  ou  l'intermédiaire.  La  différence  est 
seulement  dans  la  structure,  et  aussi  dans  l'abondance  du  quartz.  Rare 
dans  la  roche  granitoïde,  où  la  teneur  en  silice  s'abaisse  à  ~>\  pour  100,  ce 
dernier  minéral  devient  assez  abondant  quand  la  roche  est  aplitique,  et  la 
teneur  en  silice  peut  alors  s'élever  à  66  pour  100  (MM.  Curie  et  Flamand), 
de  sorte  que  ces  aplites  sont  comparables,  pour  l'acidité,  aux  lonalila- 
pliles  des  Alpes  orientales. 

JNous  n'avons  pas  observé  la  néphéline,  signalée  par  MM.  Curie  et 
Flamand.  La  pauvreté  de  la  roche  en  sodium  rend  la  présence  de  ce  minéral 
très  peu  vraisemblable.  Les  seuls  minéraux  observés  par  nous,  dans  les 
échantillons  frais,  sont  :  la  biotite;  le  diopside  vert  pâle;  raclinolc  très 
claire,  souvent  groupée  en  houppes;  l'orthose;  un  plagioclase,  qui,  tantôt 
est  homogène  avec  une  teneur  en  anorthite  d'environ  70  pour  100,  et  tantôt 
est  zone  avec  une  périphérie  à  [\o  Au  et  un  cœur  à  80  An;  le  quartz; 
l'apatite,  et  quelques  grains  de  minerai  de  fer,  ceux-ci  et  celle-là  très  peu 
abondants. 

Voici  la  composition  cliimiqiie  de  la  roclie  granitoïde  à  grands  cristaux  de  mica 
noir  : 

SiO- 53,5 

Al^O^ • 20,0 

Fe^O' 2,5 

FeO 3,7 

MgO 2,2 

CaO 7,9 

K^O 6,2 

Na^O 1,1 

11^0 2,4 

Total 99>5 

L'acide  titani(|ue  et  l'acide  pliosplioriqiie  (enviidn  o,''.5  pour  100  chacun)  n'ont  pas 
été  dosés. 

Si  l'on  fait  abstraction  de  ces  deux  acides,  et  si,  écartant  l'eau  d'imbihition  et  con- 
servant seulement  l'eau  du  mica  noir,  on  rajiporle  la   composition  à    100,  exactement. 


SÉANCE    DU    6   JUIN    1910.  14^7 

on  obtient  le  Tableau  suivant   (la  deuxième  colonne  renferme  les  quotients  molécu- 
laires, multipliés  par  100  I  : 

SiO' 54,87  Qt,Â'> 

Al'O'' 20,52  20,12 

Fe'^0^ 2,5;  1,61 

Fe  0 3,81  5,29 

MgO 2,25  5,62 

CaO 8,10  i.'4,46 

K^O 6,36  6,77 

Na^O i,i3  1,82 

H^O 0,39  2,17 

Totaux 100,00  '49^3i 

Celte  composition  correspond  très  sensiblement  au  mélange  minéralogique  : 

Ortliose 33,0 

Anorthile 27,0 

Albile 10,0 

Biotile 10. o 

Diopside 11,0 

Actinote 5,o 

Quartz 3,o 

Apatite 0,5 

Minerais  de  i'ii\- o,5 

Total 100,0 

en  supposant   qu'on  ait   afiaire  a   un  mica  très  peu  magnésien  et,  au  contraire,  assez 
ferreux,  et  que  le  diopside  et  Taclinole  soient  à  peu  près  exempts  d'alumine. 
Les  nombres  caractéristiques,  sui\ant  la  méthode  de  M.  Osann,  sont  : 

«=^61,2,  a  =  5,2,  (■  =  6,7,  /'r=8,l,  /irr.  2.1. 

Les  caractéristiques,  suivant  la  méthode  de  M.  Michel  Lévy,  se  déduisent  immédia- 
tement de  la  composition  centésimale  exacte.  En  particulier,  le  paramètre  $  (rapport 
de  la  silice  pour  100  des  éléments  blancs  aux  alcalis)  est  égal  à  2,6. 

La  roche  en  question  est  une  monzonite  typique,  assez  voisine  de  certaines  bana- 
tites,  ou  encore  de  certaines  tonalités.  Elle  est  seulement  moins  sodique  et  plus  potas- 
sique que  la  plupart  des  monzonites. 

Il  est  extrêmement  probable  que  la  série  des  roches  tertiaires  du  pays  de 
Gherchel,  analogue  à  celle  que  M.  Brôgger  a  cherché  autrefois  à  définir 
pour  les  Alpes  oinentales,  montrera,  quand  elle  sera  étudiée  dans  ses 
détails,  tous  les  passages  entre  une  monzonite  basique  (on  peut-être  une 
diorite)  et  des  tonalités  très  quartzifères,  et  que  la  roche  de  Fontaiue-du- 

C.  H.,  1910,  I"  Semestre.    T.  150,  N"  23.)  If)^ 


l/i88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dénie  a|)paraitra  comme  une  sorte  de  moyenne,  cl  comme  le  type  le  plus 
habituel  de  celte  série.  C'est  pour  cela  cjue  la  description  un  peu  précise  de 
ce  type  prépondérant  nous  a  semblé  présenter  dès  aujourd'hui  quelque 
intérêt. 


PALÉOBOTANIQUE.  —  Sur  quelques  plantes  wealdiennes  du  Pérou. 
Note  de  M.  R.  Zeiller. 

M.  le  (Capitaine  Berthon  a  récolté,  au  cours  de  ses  explorations  géolo- 
giques au  Pérou,  un  grand  nombre  d'empreintes  végétales  dont  il  a  bien 
voulu  me  confier  l'examen,  et  sur  quelques-unes  desquelles  j'ai  pu  faire 
des  observations  qu'il  me  paraît  intéressant  de  faire  connaître,  en  attendant 
une  publication  plus  détaillée.  Ces  empreintes  viennent  des  gisements 
wealdiens  de  Pinonate,  près  de  Lima,  et  de  la  Caleta  del  Paraiso,  dans 
l'île  San  Lorenzo,  en  face  de  Callao,  gisements  déjà  explorés  par  M.  Stein- 
mannetparM.  Lisson,  et  dont  un  certain  nombre  d'échanlilloiis  ont  été 
décrits  par  M.  ]\eumann('). 

Sans  parler  de  quelcjues  formes  spécifiques  nouvelles  de  Fougères  et  de 
Cycadophytes,  qui  seront  décrites  ultérieurement,  je  mentionnerai 
d'abord  la  présence,  à  Pifionate,  de  nombreuses  pennes  fertiles  de  Fou- 
gères appartenant  à  une  Pécoptéridée  ti'ès  analogue  et  peut-être  assimilable 
au  Pecopteris  Browniàna  Dunker;  les  pinnules  en  sont  chargées  de  gros 
sporanges  ovoïdes  bisériés,  munis  d'un  anneau  élaslicpie  apical,  tel  qu'en 
possèdent  les  Schizéacées,  et  elles  offrent  ainsi  tous  les  caractères  du  genre 
Klukia  Uaciborski,  qui  n'avait  été  observé  jusqu'à  présent  que  dans  le  Lias. 

Les  restes  végétaux  les  plus  abondants  sont  des  fragments  de  pennes  de 
Fougères  bipinnées,  à  nervation  arêolée,  identifiables  au  Weichselia  relicu- 
lata  Stokes  et  Webi)  (sp.)  (TT'.  Mantelli  Brongt.),  si  souvent  rencontré 
dans  le  Wealdien;  quelques-uns  dentre  eux  sont  fertiles,  ainsi  cjue  la  déjà 
signalé  M.  Neumanu,  et  portent,  à  la  face  inférieure  de  leurs  pinnules,  des 
sores  arrondis,  qui  semblent  formés  de  sporanges  coriaces,  peut-être  sou- 
dés en  synangium*,  mais  dont  on  ne  peut  préciser  la  constitution,  faute 
d'une  conservation  suffisante.  Aces  pennes  feuillées  sont  associés,  principa- 
lement à  Pinonate,  des  empreintes  d'axes  aplatis,  portant  suivant  leur 
ligne  médiane,  parfois  un  peu  à  droite  ou  à  gauche  de  celle-ci,  une  série 

(')  l{.  Nfx'mann,  BeiLragt:  zar  Kciinliiiss  der  Kreideforination  in  Miltel-l'eru 
{.Xei/csJahrh.f.  Min.,  XXIV.  Beilage-Bd.,  1907,  p.  74-87.  i27-i3i,  PL  I,  11). 


SÉA\CE    DU    G   JUIN    1910.  1489 

lougiludinale  de  petites  dépressions  ponctiforuies,  espacées  de  8™"  à  io'""\ 
correspondant  sur  l'organe  en  relief  à  de  petits  tubercules  faiblement  sail- 
lants; les  recberches 'que  j'ai  faites  m'ont  montré  qu'il  s'agit  là  de  racbis 
de  Weichselia  ayant  perdu  leurs  pennes  de  dernier  ordre,  conformément  à 
ce  qui  a  lieu  chez  certaines  Fougères  vivantes  à  pennes  caduques;  l'un  de 
ces  axes,  où  la  file  de  cicatrices  était  exceptionnellement  très  rapprochée 
de  l'un  des  bords,  m'a  offert,  en  eiïet,  sur  l'autre  bord,  des  pennes  encore 
en  place  munies  de  pinnules  nettement  reconnaissables  pour  des  pinnules 
de  Weichselia. 

On  trouve,  en  outre,  à  Pinonale  des  axes  beaucoup  plus  gros,  larges  de 
2cin  ^  5cm^  munis  de  cotes  longitudinales,  qui  ont  été  décrits  par  M.  Neumann 
sous  le  nom  à'Equisetites  Penianus,  mais  qui  ne  montrent  jamais,  quelle 
que  soit  la  longueur  des  tronçons  observés,  aucune  trace  d'articulalion 
transversale  comme  on  devrait  en  trouver  sur  des  liges  d'Equisélinées. 

On  constate,  d'autre  part,  en  examinant  avec  attention  les  échantillons  les  mieux 
conservés,  que  les  côtes  dont  ils  sont  ornés,  au  lieu  d'être  toutes  semblables  comme 
celles  des  Équisétinées,  sont  le  plus  souvent  de  largeur  inégale,  les  unes  fortes,  les 
autres  plus  fines,  alternant  régulièrement.  Sur  certains  échantillons,  qui  semblent  avoir 
conservé  leur  épiderme,  ces  côtes  deviennent  parfois  presque  invisibles,  et  la  surface 
se  montre  marquée  seulement  de  très  fines  stries  longitudinales  qui  paraissent  corres- 
pondre à  des  files  de  cellules  allongées  et  toutes  semblables  entre  elles,  qu'il  s'agisse  de 
côtes  ou  qu'il  s'agisse  de  sillons,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  en  général  sur  les  em- 
preintes de  tiges  d'Équisélinées,  où  le  réseau  cellulaire  n'oflfre  pas  celte  uniformité. 
Sur  d'autres  fragments,  qui  semblent  dépouillés  de  leur  épiderme,  on  voit  parfois  cer- 
taines côtes  manquer  sur  une  longueur  variable,  comme  si  elles  avaient  été  arrachées, 
et  l'on  est  amené  à  penser  que  ces  côtes  correspondent  en  réalité  à  des  cordons  sous- 
épidermiques,  tels  que  faisceaux  libéroligneux  ou  plus  probablement  faisceaux  de 
sclérenchyme,  comme  on  en  observe  chez  les  Myelopteris  ou  chez  les  Angiopleris  asso- 
ciés à  des  canaux  gommeux.  Enfin,  sur  un  autre  échantillon,  j'ai  observé,  à  un  niveau 
un  peu  plus  bas,  de  très  fines  stries  parallèles,  très  rapprochées,  qui  semblent  indiquer 
l'existence  d'une  série  de  faisceaux  grêles,  à  peu  près  contigus,  situés  plus  profon- 
dément. 

Ces  diverses  particularités  excluent  évidemment  l'attribution  aux  Equi- 
sétinées, et  l'interprétation  de  ces  sortes  de  tiges  demeurerait  incertaine  si 
je  n'avais  constaté  sur  les  fraginents  de  rachis  portant  ou  ayant  porté  les 
pennes  feuillées  de  Weichselia,  la  présence  de  côtes  rectilignes  parallèles, 
absolument  semblables  à  celles  des  axes  dont  je  viens  de  parler,  et  ne  diffé- 
rant que  par  leur  saillie  moins  accusée  et  leur  moindre  espacement. 

Tous  ces  axes  costulés  apparaissent  ainsi  comme  étant  de  même  nature, 
c'est-à-dire  comme  appartenant  les  uns  et  les  autres  au  ]\'eic/tselia  reticulata, 


l490  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  représentant  senlement  des  rachis  d'ordres  différents.  Il  y  avait,  dès  lors, 
à  rechercher  si  les  tronçons  d'axes  les  plus  larges  n'offriraient  pas  des  traces 
de  ramilicalion,  et  j'ai  reconnu,  en  effet,  sur  quekjues-uns  d'entre  eux,  en  les 
dégageant  sur  une  plus  grande  longueur,  des  cicatrices  ovales,  disposées 
deux  par  deux  à  peu  près  à  la  même  hauteur,  assez  rapprochées  l'une  de 
l'autre,  marquées  de  fines  dépressions  ponctiformes,  et  dont  les  dimensions 
correspondent  hien  à  celles  des  rachis  portant  les  pennes  feuillêes. 

Les  frondes  du  Weichselia  reliculala  devaient  donc  être  des  frondes  tri- 
pinnées,  à  pennes  primaires  suhopposées,  et  VEquisetites  Ptruaniis  ne  repré- 
sente autre  chose  que  des  tronçons  de  leurs  rachis  primaires.  On  ne  peut, 
sans  doute,  d'après  les  empreintes  que  j'ai  eues  en  mains,  préciser  déliniti- 
vement  les  affinités  de  cette  Fougère,  mais  la  coslulalion  des  rachis  de  divers 
ordres,  indiquant  l'existence  de  faisceaux  hypodermiques  parallèles  régu- 
lièrement répartis,  donne  à  penser  qu'il  pourrait  bien  s'agir  là  d'une  Ma- 
rattiacée,  et  l'apparence  coriace  que  semblent  avoir  eue  les  sores  Viendrait 
à  l'appui  de  cette  attribution.  Des  échantillons  mieux  conservés,  permettant 
de  se  rendre  un  compte  exact  de  la  constitution  de  l'appareil  fructificateur, 
pourraient  seuls  trancher  la  question,  mais,  à  leur  défaut,  il  m'a  paru  que 
les  renseignements  nouveaux  fournis  sur  celte  espèce  par  les  récoltes  de 
M.  le  Capitaine  Bcrthon  méritaient  d'être  signalés. 

M.  Carpentieu  présente  à  l'Académie  un  appareil  respiratoire  destiné  au 
sauvetage  des  hommes  composant  l'équipage  d'un  sous-marin  sinistré.  Cet 
appareil,  dont  la  réalisation  a  eu  comme  point  de  départ  les  travaux 
de  M.  (ieorge-F.  Jaubert^  a  été  mis  au  point  en  Angleterre  où  l'Amirauté 
l'a  adopté  et  l'a  rendu  réglementaire:  L'existence  de  cet  engin  a  déjà  été 
signalée  l'année  dernière;  mais  c'est  la  première  fois  qu'en  est  montré  en 
France  un  exemplaire  muni  d'ailleurs  des  derniers  perfectionnements  tout 
récents. 

L'appareil  se  compose  essentiellement  de  deux  parties  : 

I"  D'un  vêlement  à  manche  en  lissii  caoulclioulé  spécial  tout  à  fait  imperméable, 
descendant  jusf|u'à  la  ceinture  autour  de  laquelle  il  se  serre,  et  complété  par  un  casque 
métallique  très  léger  recouvert  d'un  tissu  également  caoutchouté; 

■i"  D'un  appareil  purificateur  d'air,  garni  d'oxylitlie  Jaubert,  disposé  à  l'intérieur 
du  vêlement  sur  la  poitrine  de  l'homme  qui  en  fait  usage,  et  permettant  à  celui-ci  de 
vivre  pendant  i  heure  dans  l'enceinte  confinée  où  il  se  trouve  enfermé. 

L'appareil  constitue  comme  un  scaphandre  indépendant  de  toute  source 
d'oxygène  extérieure.  11  donne  à   l'homme  qui  a  été  enlrainé  au  fond  de 


SÉANCE    DU    G    JlIN    I910.  1491 

l'eau,  non  seulement  le  moyen  de  respirer,  mais  encore  de  remonter  à  la 
surface,  grâce  au  pouvoir  ascensionnel  de  l'espèce  de  vessie  qu'il  constitue. 
Un  sous-marin  étant  muni  de  casques  respiratoires  en  nombre  au  moins 
égal  à  celui  des  hommes,  la  manoeuvre  à  exécuter  en  cas  de  sinistre  est  la 
suivante:  A  la  première  alerte,  chaque  homme  revêt  son  casque  (dans  les 
sous-marins  anglais,  un  aménagement  spécial  tend  à  assurer  la  possibilité 
de  procéder  à  cette  opération  même  dans  les  cas  les  plus  foudroyants).  Tout 
le  monde  étant  équipé,  on  fait  l'ouverture  du  capot  et  par  cette  issue  chaque 
homme  passe  successivement  pour  gagner  la  surface  de  la  mer.  Là  chaque 
homme  peut  surnager  en  attendant  du  secours.  Afin  de  prolonger  la  flot- 
taison, l'eni^n'n  comporte  un  dispositif  simple  et  efficace.  Le  vêtement  esta 
double  enveloppe  et  entre  elles,  grâce  à  un  ajustage  spécial,  l'homme  peut 
insufller  de  l'air  avec  sa  bouche  et  s'entourer  d'une  bouée  de  soutien.  Les 
choses  étant  ainsi,  il  ouvre  la  fenêtre  vitrée  dont  le  casque  est  muni,  et  res- 
pire désormais  à  l'air  libre  sans  avoir  plus  à  utiliser  le  purificateur. 

M.  Bouchard,  à  propos  de  la  présentation  de  M.  Carpenlier,  prend  la  parole 
pour  rappeler  à  l'Académie  les  travaux  qu'effectuèrent  jadis  les  D'"'Desgrez 
et  Balthazard  sur  la  régénération  de  l'air  confiné  par  le  bioxyde  de  sodium. 
Plusieurs  Notes  insérées  aux  Comptes  rendus  (6  février  1899,  i3  août  1900, 
12  novembre  1900,  11  novembre  1901)  témoignent  des  résultats  que  ces 
savants  obtinrent  alors,  résultais  qui  les  conduisirent  à  l'établissement  d'un 
vêtement  de  scaphandrier,  dont  celui  qui  est  en  usage  dans  la  marine 
anglaise  parait  ne  différer  que  par  de  simples  détails. 

ÉLECTÏOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  Com- 
mission chargée  de  présenter  une  liste  de  candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de  M.  Agassiz. 

Cette  Commission,  qui  se  réunira  sous  la  présidence  de  M.  le  Président 
de  l'Académie,  doit  comprendre  trois  Membres  choisis  dans  la  Division  des 
Sciences  mathématiques  et  trois  Membres  choisis  dans  la  Division  des 
Sciences  physiques, 

MM.  Dauboux,  Lippman\,  lî.  Baillaud,  pour  les  Sciences  mathématiques; 
Ph.  VAX  TiEfiHEM,  Arma.n'd  Gautier,  Edmoxd  Perrier,  pouT  Ics  Scicnccs 
physiques,  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


i492 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE . 


M.  A.  Mosso,  Correspondant  de  rAcadémif,  rappelle  que  la  France  peut 
disposer  de  deux  places  d'études  sur  le  sommet  du  Mont  Hose  et  dans  les 
laboratoires  du  Col d'Olen,  pour  les  recherches  de  Botanique,  de  Bactério- 
logie de  Zoologie,  de  Physiologie,  de  Physique  terrestre  et  de  Météoro- 
logie. 

Les  demandes  pour  l'occupalion  des  places  doivent  être  adressées  au 
Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beau\-Arts. 


M.  Jean  Pérez,  éki  Correspondant  pour  la  Section  d'Anatoraie  et  Zoo- 
logie, adresse  des  remerchiients  à  l'Académie. 


MM.  Barbilmov,  Stéphane  Javelle  adressent  des  remercimenls  pour 
les  distinctions  que  l'Académie  a  accordées  à  leurs  travaux. 


M.  le  Seckétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Le  fascicule  5,  Tome  1  \Mah'acées  (fin),  Slerculiacées  et  Tiliacèes,  par 
F.  Gagnepain  I  de  la  Flore  générale  de  l' Indo-Chine,  publiée  sous  la  direc- 
tion de  M.  H.  Lecomte.  (Présenté  par  iNL  Mangiu.) 

2°  Pathologie  et  traitement  du  diabète  sucré,  par  M.  F.-\\  .  Pavy.  (Pré- 
senté par  M.  Bouchard.) 


ASTRONOMIE.   —  Sur  les  apparences  de  la  comète  de  Halley. 
Note  de  MM.  Ldizet  et  J.  (iuillaume. 

Du  i3  décembre  1909  aux  premiers  jours  de  février  1910,  la  comète  de 
Halley  a  conservé  l'aspect  d'une  nébulosité  sensiblement  circulaire  pré- 
sentant une  condensation  centrale  bien  accusée;  l'éclat  de  cette  conden- 
sation a  été  noté,  lors  de  la  première  observation,  comme  étant  compa- 
rable à  celui  d'une  étoile  de  ii""  grandeur,  et  fin  février  on  l'estimait  de 
grandeur  8'',  9'". 


SÉAXCE    DU    (■)    JUIN     I()IO.  1-'|9^ 

Le  r' et  le  3  mars,  le  diamètre  de  la  nébulosité  est  d'environ  i';  le  noyau  parait 
excenuique  à  l'intérienr  de  la  clieveltue  qui  montre  un  faible  allongement  dans 
l'angle  de  position  33o"-,  avec  un  très  faible  grossissement,  on  entrevoit  une  queue, 
terminée  en  pointe,  de  3'  à  4'  '^^  longueur. 

Le  8  mars,  le  noyau,  dont  l'éclat  est  estimé  de  8''  grandeur,  est  allongé  dans  le  sens 
perpendiculaire  à  Taxe  de  la  comète. 

Le  23  avril,  la  comète,  \  ue  à  l'œil  nu.  a  une  queue  d'environ  i"  de  longueur,  et 
l'éclat  total  de  la  tête  est  comparable  à  celui  d'une  étoile  de  2'  à  3'  grandeur.  La 
queue  est  évasée,  son  axe  dirigé  vers  l'angle  de  position  337°,  ^'  '^  côté  austral  est 
plus  brillant  et  plus  long  que  le  côté  boréal.  Le  diamètre  apparent  du  noyau  est  de  4 
environ.  La  comète  s'éteint,  dans  l'éciairement  de  l'aurore,  très  peu  avant  l'étoile 
B.  D. -I- 7«',5o97  (8,  t  minutes). 

Le  2-  avril,  à  l'œil  nu,  la  comète  a  un  éclat  comparable  à  celui  de  y  Pégase  (2,8fçr.); 
la  queue,  longue  de  l'So'  environ,  est  rectiligne  et  présente  deux  nervures.  La  comète 
disparaît  dans  la  lumière  du  jour  i  minute  3o  secondes  après  l'étoile  B.D.-i-  7°.  0097 
(8,1  minutes)  et  5  minutes  3o  secondes  avant  l'étoile  B.  D. -h  7°,  oiot  (7,0  gr.).  Le 
diamètre  du  noyau  est  d'environ  6". 

Le  3o  avril,  il  semble  y  avoir,  à  l'avant  du  noyau,  une  projection  de  matière  lumi- 
neuse qui  se  recourbe  ensuite  vers  l'arrière;  cette  projection  est  plus  abondante  au 
Sud-Est;  il  en  résulte  que  la  branche  australe  de  la  queue  est  mieux  marquée  et  plus 
longue  que  l'autre.  A  l'œil  nu,  la  comète  brille  comme  une  étoile  de  2''  à  2.5  gr.  ;  la 
queue  rectiligne,  orientée  vers  358°.  a  environ  4°  de  longueur. 

Les  i'^^''  et  2  mai,  la  comète  a  été  vue  dans  des  éclaircies  ;  son  aspect  était  peu  difl'é- 
rent  de  celui  du  3o  avril;  toutefois,  le  2,  la  chevelure  semblait  un  peu  plus  brillante 
au  !\'ord-Est.  et  le  noyau  était  sensiblement  circulaire. 

Le  4  mai.  la  queue,  orientée  vers  35o°.  a  une  longueur  de  10°  et  une  largeur  de  6'. 
L'éclat  de  la  tête  est  intermédiaire  entre  celui  de  y  et  a  Pégase.  Le  noyau  est  cir- 
culaire; il  s'en  détache  à  l'avant  trois  aigrettes  tournant  leur  conca\ité  vers  l'arrière 
de  la  comète,  la  plus  australe  étant  la  plus  longue  et  la  plus  brillante. 

Le  i3  mai,  la  queue  est  rectiligne  et  visible  sur  une  longueur  de  4'°;  sa  largeur 
à  l'extrémité  est  de  2°  à  3°.  et  son  intensité  est  comparable  à  celle  de  la  Voie  lactée  dans 
la  région  de  l'Ecu  de  Sobieski.  Le  diamètre  de  la  tête  est  d'environ  12'  et  celui  du 
noyau  de  6".  On  remarque  deux  aigrettes  recourbées  tournant  leur  concavité  vers  la 
(|ueue,  l'aigrette  australe  est  la  plus  longue  et  la  plus  intense. 

Le  i4  mai,  la  queue  est  plus  longue  que  la  veille  (nuages).  Du  noyau,  très  aplati, 
partent  deux  aigrettes  rectilignes  dans  une  nébulosité  qui  est  plus  développée  et  plus 
brillante  au  Sud-Est  qu'ailleurs. 

Le  i5  mai.  à  i4''i3™  (t.  m.  Paris),  la  tète  de  la  comète  est  encore  sous  l'horizon, 
mais  la  queue,  tout  à  fait  rectiligne,  est  visible  jusqu'aux  |  environ  de  la  distance 
entre  £  Pégase  et  9  Aigle,  soit  sur  une  longueur,  comptée  à  partir  du  noyau,  de 
85°  environ.  Son  bord  Nord  passe  sur  l'étoile  Ô  Pégase,  et  sa  largeur  vers  cette 
étoile  est  alors  sensiblement  la  moitié  de  l'intervalle  entre  9  Pégase  et  a  Verseau,  soit 
3°  à  4°.  La  lueur  du  jour  fait  disparaître  la  queue  à  i4''53'".  Le  noyau  a  environ 
10"  de  diamètre;  il  en  part  deux  aigrettes  afl'ectant  la  formed'un  papillon,  leur  conca- 
vité étant  tournée  vers  le  Soleil.  L'aigrette  australe  est.   comme  les  jours  précédents. 


j494  académie  des  sciences. 

plus  longue  et  |)liis  biillanle  que  l'autre.  Le  noyau  est  aplati  dans  un  sens  perpendicu- 
laire à  celui  du  i4- 

Le  21  mai,  la  Lune  empêche  de  voir  la  queue  de  la  comète.  La  tête  est  comparable 
à  une  étoile  de  première  grandeur,  vue  au  travers  d'un  voile  de  cirrus.  Deux  aigrettes 
à  peu  près  rectilignes  et  sensiblement  opposées  l'une  à  l'autre,  partent  du  noyau  ; 
celle  du  Sud-Est  toujours  plus  marquée  que  l'autre. 

Le  24  mai.  la  tête  est  aussi  apparente  qu'une  étoile  de  grandeur  i,5  à  2;  malgré  la 
Lune,  on  voit  une  queue  de  5°  environ.  Le  noyau  a  un  diamètre  de  2 ".5;  il  s'en 
détache  deux  aigrettes  très  simples,  tournant  leur  concavité  vers  la  queue  de  la  comète  ; 
celle  du  Sud  est  la  plus  longue  et  la  plus  brillante. 

Le  26  mai,  la  queue  a  une  longueur  d'en\iron  10°  (nuages).  Des  projections  lumi- 
neuses partent  à  l'avantdu  noyau,  s'étalent  dans  un  angle  de  120"  environ  d'ouverture 
et  donnent  à  l'avanl  de  la  tête  l'aspect  de  la  flamme  d'un  bec  de  gaz  dit  papillon. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Obseixations  sw  le  passage  de  la  comète  de  Hallev. 
à  r Observatoire  de  l'Èbre  (^Espagne).  Note  de  MM.  P.  Cirera  et  Ubach, 
présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

L'Observatoire  de  l'Èbre,  outillé  pour  les  observations  de  Pbysique 
cosmique,  a  porté  surtout  son  attention  sur  les  phénomènes  électriques  et 
magnétiques. 

L'ionisation  atmosphérique  est  observé  régulièrement  tous  les  jours  entre  10'' 3o"' 
et  ii'^So"'  du  matin.  On  détermine  le  coefficient  de  dispersion  électrique  par  l'appa- 
reil d'Elster  et  Geitel,  et  le  nombre  d'ions,  leur  vitesse  relative  et  la  conductibilité 
électrique  par  l'appareil  de  Gerdien,  type  primitif.  6  jours  avant  et  6  jours  après 
le  passage  de  la  comète  entre  le  Soleil  et  la  Terre  on  a  fait  le  soir  une  autre  détermi- 
nation du  coefficient  de  dispersion.  Le  potentiel  électrique  de  l'air  a  été  enregistré 
continuellement,  et  l'on  a  déduit  des  courbes  photographiques  la  valeur  correspondant 
aux  observations  d'ionisation.  Nous  ne  donnerons  pas  ici  le  Tableau  complet  des  résul- 
tats, ce  serait  trop  long;  mais  seulement  les  valeurs  moyennes.  Soient  M  la  valeur 
moyenne  des  1 3  jours  (du  11  au  26  inclusivement,  excepté  les  16,  18  et  20,  à  cause  de 
l'humidité),  mi  la  moyenne  des  6  jours  avant  et  m,  celle  des  6  jours  après  le  passage 
de  la  comète;  a^  et  rt_  les  coefficients  de  dispersion  positif  et  négatif.  Nous  avons  : 


'1  = 

«+  " 

Polenliel  — 

Ch.uIuc- 

Moljilil.-. 

Noinlji-i.- 

d'ions. 

• 

• 

tibililO. 

' • 

^ 



iMatin. 

Soir. 

IMalin,    .Soir 

M 

2  •  79 

-f-i,i8'    --1 ,  17 

-^-i25o 

—  1  090 

r  ,00 

I-  '4 

I 06      I o5 

«/, 

3,12 

-t-i  ,23     — 1,2 

4-i36o 

—  1  170 

I  ,02 

I .  i3 

92         81 

m ., .  .    . 

2 ,  io 

-+-1,17     — 1 ,2 

-r  Io3o 

-  9'o 

1  .00 

1,11 

i38     1Ô9 

19  mai. 

3,26 

4-0,9        —0,8 

-1-1920 

—  16S0 

0 , 8].) 

1,36 

90       63 

SÉANCE    DU    ()    JUIN     l<)IO.  lli[p 

Le  iq,  à  l'heure  de  robservation,  a  fonctionné  frécjuenimcnl  l'eniegis- 
trcur  de  tempêtes  :  pression  barométrique  "4i^"'"'?  température  i8",  2,  luimi- 
dilé  relative  70,  ciel  couvert  et  vent  presque  calme,  l'air  assez  transpa- 
rent. 

On  voit  que  les  résultats  obtenus  le  19  sont  assez  extraordinaires  :  con- 
ductibilité forte,  mobilité  petite,  et  le  nombre  d'ions  remarquable;  c'est 
le  maximum  de  la  période  considérée  pour  les  deux  signes.  Le  potentiel 
donné  en  valeurs  absolues  volts  à  i'"  du  sol,  accuse  une  valeur  assez 
petite. 

Les  conditions  almospliéiiques  ont  été  mauvaises  en  général  pendant  la  période 
considérée.  La  pluie  a  été  abondante  le  18  (77"^"')  ;  le  19  nuageux,  heures  de  soleil  4,5) 
et  i'""',3  d'eau  tombée.  Il  a  plu  encore  les  21,  22,  23,  20,  26;  de  sorte  qu'il  faut 
remonter  jusqu'aux  années  iSg^-iSt)^  pour  trouver  un  mois  de  mai  aussi  pluvieux  que 
celui  de  1910.  Mais  il  faut  remarquer  que  cette  péiiode  do  pluie  a  commencé  avant  le 
passage  de  la  comète.  Les  i3,  14  et  16  on  a  recueilli  20"""  d'eau. 

Pour  le  magnétisme  teiTestre  et  courants  lelluriqucs  on  a  enregistré  une 
perturbation  peu  intense. 

Elle  a  commencé  le  18  à  midi  et  a  (ini  le  19  à  1  C'^j'"  assez  brus(iuement.  Cependant 
on  a  encore  enregistré  quelques  ondes  très  légères  jusqu'à  21''. 

Le  18  on  remarque  trois  périodes  de  perturbation  :  (a)  de  12''  à  16'',  la  composante  11 
atteint  le  maximum  de  variation  (65ï);  {b)  de  20''  à  2(''  et  (c)  de  23'' 3o'"  à  24''.  Dans 
cette  période  il  faut  remarquer  les  pulsations  c|uionteu  lieu  à  23''3o'"et  à  23''45™dans 
tous  les  éléments  magnétiques  et  dans  les  deux  courants  lelluriques. 

Le  19  il  V  a  quatre  périodes  de  perturbation  :  (a)  de  o''45"  à  2''3o"\  c'est  le  maximum 
pour  D( — 45);  {*)  i^Ie  3''3o'"  à  10'' 3o™;  (c)de  10'' 3o"'  à  i2''3"',  pendant  cette  période, 
les  cinq  courbes,  trois  magnétiques  et  deux  des  courants  lelluriques,  sont  fortement 
dentelées;  (d)  de  16'' So'"  à  i6''45'";  dans  cette  courte  période  il  y  a  eu  une  onde 
brus(|ue  dans  les  cinq  courbes,  c'est  le  maximum  de  perturbation  pour  Z;  pour  le 
courant  lellurique  NS  la  variation  a  été  de  6")  milliv  :  km;  pour  celui  de  W'E  de 
7  milliv  :  Um. 

Entre  ces  périodes  d'agitation,  il  en  faut  notei'  deux  de  calme  j)resque  absolu  :  le  18 
de  21''  à  23'' So'"  et  le  19  de  2''3o"'  à  3''3o'". 

Dans  cette  perturbation,  comme  d'ordinaire,  les  mouvements  sont  plus  forts  dans  les 
courants  lelluriques,  surtout  dans  celui  dirigé  NS  suivant  le  méridien  magnétique  : 
c'est  ce  qui  facilite  beaucoup  l'élude  des  perturbations  peu  intenses. 

Il  peut  se  faire  que  le  passage  de  la  comète  n'ait  pas  exercé  quelque 
action  sur  la  perturbation  qui  nous  occupe;  mais  il  nous  semble  prématuré 
de  nous  prononcer  d'une  manière  définitive. 

c.  R.,   1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N'  23.)  IQ^ 


l/,g6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ASTRONOMIE.    —   Sur  la  comêle  de  Halley.  Note  de  M.  J.  Comas  Solà, 
présentée  par  M.  Bigourdan. 

Le  3i  mai  dernier,  pendant  que  je  faisais  une  photographie  de  la  comète 
de  Halley,  à  l'équatorial  doul)le  de  38""  de  l'Observatoire  Fabra,  je  remar- 
quai une  boulTée  très  brillante  à  i'  environ  du  noyau,  et  placée  juste  à 
l'opposé  du  Soleil.  Le  cliché  (83  minutes  de  pose)  montra  une  grande  pro- 
jection de  gaz  à  i  million  de  kilomètres  environ  du  noyau. 

Le  i"' juin,  le  ciel  était  brumeux;  cependant,  je  fis  une  photographie  de 
3o  minutes  de  pose,  qui  révéla  un  rayon  très  vif  sortant  du  noyau.  Visuel- 
lement, à  l'équatorial,  la  bouffée  élail  invisible.  Mais,  le  "j.  juin,  par  un  ciel 
très  pur,  je  vis  de  nouveau  la  boufiee  à  peu  près  à  la  même  distance  du 
noyau  et  dans  la  même  position  que  le  3i  mai;  elle  était  très  brillante,  et, 
ce  qui  est  plus  important  encore,  elle  avait  une  condensation  stellaire  en  son 
centre;  autrement  dit,  le  noyau  était  double.  Du  noyau  principal  au  noyau 
secondaire,  il  y  avait,  le  2  juin,  une  dislance  de  4o",  et  son  angle  de  position 
correspondait  sensiblement  à  celui  de  la  queue,  à  l'opposé  du  Soleil.  I^a 
différence  globale  de  grandeur  des  deux  noyaux  pourrait  être  de  3  magni- 
tudes. 

Enfin,  les  deux  noyaux  étaient  liés  par  une  trahiée  nébuleuse  très  visible 
où,  dans  les  meilleurs  instants,  on  croyait  voir  un  alignement  de  très  faibles 
points  stellaires,  dont  l'existence  toutefois  n'est  pas  bien  sûre,  à  cause  de  la 
grande  difficulté  de  l'observation.  Le  cliché  de  ce  jour  (pose  90  minutes) 
montre,  à  part  d'autres  détails  très  intéressants,  une  longue  aigrette  sortant 
du  noyau  et  suivant  la  ligne  moyenne  de  la  cjueue. 

Le  4  juin,  le  noyau  secondaire  du  2  fut  invisible,  mais  le  noyau  principal 
de  la  comète  était  accompagné  d'un  amas  de  quatre  condensations  secon- 
daires s'éloignant  rapidement  :  en  i  heure  5o  minutes,  la  principale  se  dé- 
plaça sous  nos  yeux  de  5", 9,  dans  l'angle  de  position  de  i23''23',  qui  est 
celui  même  de  la  queue. 


ASTRONOMIE.   —  Sur  la  comète  de  Halley.  Note  de  M.  Uiacobini, 
présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

.J'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie   une   Note   sur  (juelques 
changements  survenus  dans  l'aspect  de  la  coinèle  de  Halley.  Le  plus  rcinar- 


SÉANCE    DU    6    JUIN    I910.  l497 

quable  de  ces  changements,  qui  rappelle  les  phénomènes  de  désagrégation 
déjà  constatés  dans  plusieurs  comètes,  a  été  observé  le  2  juin  dernier. 

A  celte  dale.  la  comète  se  montrait,  dans  réquatorial  de  la  tour  de  FEst  de  o™,38 
d'ouverture,  de  TObservatoire  de  Paris,  nettement  dédoublée.  Les  deux  tronçons, 
comportant  chacun  une  nébulosité  à  peu  prés  ronde,  avec,  au  centre,  un  noyau  bien 
défini,  ne  se  dilTérenciaient  que  par  l'éclat.  Le  plus  faible,  de  10^  grandeur  environ, 
passait  après  et  au-dessus  dans  le  champ  de  la  lunette.  Voici  le  résultat  des  mesures 
did'érentielles  faites  sur  les  deux  novaux  : 

Premier  noyau-Deuxième  noyau. 
Temps  moyen  de  Paris.  — ^ ."-. — .^ ■ 

io''9™o'  i\'J4  y%  I 

Le  mauvais  temps  ne  permit  pas  de  revoir  la  comète  le  lendemain.  Les  4  et  ''  jui'i 
des  mesures  de  position  purent  être  efl'ecluées  au  travers  des  brumes  et  la  comète  nous 
apparut  simple.  En  dépit  du  très  mauvais  état  du  ciel,  nous  croyons,  par  induction 
sur  l'éclat  relatif  des  deux  tronçons,  qu'il  en  est  réellement  ainsi,  et  que  le  tronçon  le 
plus  faible  n'existe  plus  (dans  le  voisinage  immédiat  de  la  comète  tout  au  moins). 

Une  autre  particularité,  moins  récente,  mais  digne  d'être  signalée,  est 
Taspect  stellaire  pris  rapidement  ces  jours-ci  par  le  noyau.  Avant  son  pas- 
sage sur  le  Soleil,  fin  avril  et  commencement  de  mai,  le  noyau  ofl'rait  une 
surface  de  forme  sensiblement  elliptique,  mesui\ant  de  4"  à  4)  5  de  grand 
axe.  Depuis  le  24  mai,  le  noyau  n'est  plus  qu'un  point  s'ell'açant  de  jour  en 
jour.  Enfin,  ajoutons  que  ni  M.  Chatelu,  observant  àl'équatorial  de  TOuest, 
ni  tnoi,  observant  à  l'équatorial  de  l'Est,  qui  mesurons  la  comète  tous  les 
soirs  de  beau  temps  depuis  le  mois  d'octobre  1909,  n'avons  jamais  perçu 
une  trace  de  queue,  vraisemblablement  à  cause  des  mauvaises  conditions 
atmosphériques  de  ces  derniers  mois  à  Paris. 


ASTRONOMIE.    —    P/ioto graphie    de   la   comète   de  Halley.   Note 
de  M.  Jeax  Masc^rt,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Sous  les  auspices  de  l'Association  internationale  contre  la  Tuberculose, 
dont  le  Président  est  M.  Léon  Bourgeois,  le  Secrétaire  général  honoraire 
de  cette  Association,  Professeur  Pannwilz,  a  organisé  une  Mission  scienti- 
fique dans  l'île  de  Tenerife.  Le  programme  de  l'expédition  était  très  large 
et  comportait  l'étude  de  toutes  les  radiations  qui  traversent  l'atmosphère 
terrestre  :  bien  entendu,  la  plus  grande  part  des  recherches  dépendait  d'un 
ordre  physiologique,  mais,  comme  l'occasion  était  favorable,  on  a  bien  voulu 


l/|q8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nous  domaiidcr  de  venir  cludicr  la  conièle  de  Halley  dans  une  station  de 
moiilai^iie  et  roclicrclier  si  les  conditions  climatériqucs  de  Tîle  se  prêteraient 
à  des  observations  régulières,  soit  au  point  de  vue  météorologique,  soit  au 
point  de  vue  pliysique  et  astronomique. 

Sur  la  demande  de  M.  le  CommandaiU  Giiyou,  le  Bureau  des  Longitudes  voulut  bien 
nous  prêter  un  pied  équatorial  sur  lequel  nous  devions  monter  un  instrument  de  o"',t? 
visuel  photographique,  misa  noire  disposition  parla  maison  Mailhat;  MM.  de  la  Baume- 
Pluvinel,  .lobin  et  Vienncl  nous  avaient  prêté  le  nécessaire  pour  faire  de  la  speclros- 
copie  photographique;  un  amateur  éclairé,  M.  le  Comte  Boselli,  nous  avait  confié  un 
rérracto-réllecteur  de  o"',i3ô;  enfin,  grâce  à  M.  Quénisset,  nous  pûmes  encore  faire 
des  photographies  de  la  queue  avec  un  objectif  à  portraits  de  34°  de  champ. 

Nous  avions  étaijii  un  caiu|ieinerii  sur  le  mont  Guajara,  à  2715""  d'altitude,  sommet 
le  plus  élevé  du  massif  après  le  Bico  de  ïeide,  sur  l'emplacement  même  où  Piazzi 
Smith  vint  faire  ses  remarquables  éludes  speclroscopiques  en  i858.  Le  lieu  est  parlicu- 
lièremenl  favorable  ;  placé  au-dessus  des  nuages  normaux  de  l'île,  on  a  partout  à  sa 
disposition  l'horizon  de  la  mer,  sauf  un  peu  au  NE  vers  le  pic  principal  ;  on  voit  le 
Soleil  de  son  lever  à  son  coucher;  Il  c^t  fort  rare  que  les  cirrus  viennent  entraver  les 
observations,  soit  le  jour,  soit  la  luiil.  Durant  deux  mois,  par  exemple,  les  nuages 
nous  ont  caché  le  ciel  une  seule  fois:  le  vent,  il  est  vrai,  nous  a  empêchés  plusieurs  fois 
d'utiliser  les  instruments  en  plein  air. 

Mais,  d'autre  pari,  le  régime  météorologique  îsl  très  loin  de  celui  dont  les  ouvrages 
classiques  nous  donnent  la  description  :  la  sécheresse  extrême  entraîne  des  exigences, 
et  le  nombre  des  travaux  qui  pourraient  être  utilement  tentés  en  ce  point  est  tel  que 
nous  en  ferons  l'exposé  ailleurs.  Comme  observations  astronomiques,  nous  avons  fait 
des  observations  de  très  belles  lueurs  zodiacales,  des  dessins  de  la  surface  de  Jupiter, 
des  dessins  de  la  tête  de  la  comète,  des  photographies  de  la  lête  et  de  la  queue  :  nous 
rapportons  environ  70  photographies  utilisables.  Pour  les  mesures  visuelles  de  la  lon- 
gueur de  la  queue,  nous  avons  noté  iioole  16  mai;  pendant  plusieurs  jours,  l'éclat 
apparent  fut  supérieur  à  celui  de  Vénus. 

Par  suite  de  circonstances  indépendantes  de  notre  volonté,  nous  n'avons 
pu  utiliser  le  spectroscope  et  notre  écjuatorial  a  dû  rester  avec  une  orienta- 
tion défectueuse,  d'ot'i  il  résulte  que,  sur  les  photographies,  les  traces  des 
étoiles  sont  circulaires  au  lieu  d'être  rectilignes  :  ce  point  est  négligeable 
pour  les  photographies  de  la  tête  et,  en  tout  cas,  l'erreur  de  second  ordre 
correspondante  n'empêche  pas  l'utilisation  scientifique  de  nos  documents. 

Nous  allons  nous  borner  ici  aux  observations  effectuées  dans  la  nuit  du 
18  au  i()  mai,  nuit  du  passage  dans  la  queue. 

8'' 10™  (temps  local).  Ijumière  zodiacale  faible,  jusqu'à  40°  environ. 

La  Lune  a  une  couronne  peu  prononcée  qu'elle  va  conserver  toute  la  nuit. 

g''3(V".   Lumière  zodiacale,  So"  de  hauteur  en\iron. 


sÉA^fCE  uu  6  JUIN   Mjio.  i499 

io''37'".  La  lumière  zodiacale  <]isparait. 

i2''47"'.  La  scintillnlion  des  étoiles  a  beaucoup  diminué. 

3''.  La  Lune  esl  coucliée;  luiil  splendide,  voie  lactée  très  distincte.  Lumière  zodia- 
cale étonnante,  inclinée  à  58"  sur  Thorizon  (elle  est  rarement  aussi  inclinée)  montant 
jusqu'au  zénith.  Nuit  complètement  calme.  Deuv  météores  lumineux,  les  premiers  de 
la  nuit:  l'un  tombant  vers  l'Est,  l'autre  sillonnant  le  ciel  du  Sud  au  Nord;  depuis 
quelques  jours  il  paraît  y  avoir  une  diminution  dans  le  nombre  des  étoiles  filantes. 

3'" 37"".  La  même  lumière  zodiacale  très  intense  :  largeur  en  bas,  à  l'horizon,  10";  n° 
à  12°  lors  de  la  plus  grande  largeur,  vers  20"  au-dessus  de  l'horizon. 

3''/)9™.  L'Est  commence  à  blanchir  :  la  lumière  zodiacale  est  peut-être  encore  devenue 
plus  distincte. 

4''20™.  La  lumière  zodiacale  ilis|)araîl  dans  le  crépuscule.  On  voit  encoi'e  tomber  un 
météore  vers  l'Ouest. 

Les  phénomènes  du  crépuscule  ne  présentent  rien  d'anormal.  La  marche  de  la  tem- 
pérature (courbe  d'enregistreur)  tout  aussi  peu  :  la  nuit  a  été  moins  froide  que  les 
précédentes,  minimum  +3°, .5  contre  1°  à  2°  habituels. 

En  bas,  à  Orotava,  ciel  demi  nuageux  :  rien  de  particulier  au  ciel. 

Toujours  sur  le  mont  Quajara,  état  du  vent  dans  l'échelle  de  12"  :  9''20"',  \V  2  à  3  ; 
io>'4o'°,  W2  à  3;  ii''4o"',  SW  2;   13'' .50"',  N  i;  l'^So-,  2\  S2  à  3;  SW  3;  3'' 10,  o. 

Somme  toute,  à  part  une  très  belle  lumière  zodiacale  du  matin,  il  ne  s'est 
produit  aucun  phénomène  spécial. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUi;.  —  Valeurs  singulières  d'une  équation  de  Fredholm. 
Note  de  M.  Joseph  Maktv,  pi-ésentée  par  M.  Emile  l*icafd. 

I.   Soit  H(.r,  y)  une   fonction  bornée  et  intégrablc,  et  considéfons  les 
deux  équations  intégrales  associées 

(I)  (p(.r)  — Xy  Il(.r,  j)9(y)f/y  =  0, 

'(2)  ,i,(,^)_>.  I  in,r,  x)')^(y)dy^o. 

Je  supposerai  que  toutes  les  valetus  singulières  sont  réelles  et  pôles  simples 
pour  la  résolvante  de  Fredholm. 

On  pourra  alors  (')  déterminer  un  système  biorthogonal  de  fonctions 
fondamentales  correspondant  aux  valeurs  singulières  X,,  A.^,  ...,  A„,  ...  : 


CB,,       ©2,        ■  •  .  ,       0;m        .  .  .  ,  /  :=  O,       /)  3;  (I, 


(')  Cf.  GoLUSAT,  Annales  de  Toulouse,  1908,  p.  78. 


l5oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  9  étant  solutions  de  (i),  les  '^  de  (2).  Considérons  alors  la  fonction 

les  u.  étant  des  constantes  positives  assujetties  à  la  seule  condition  que  la 
série  converge  uniformément.  Or,  on  aura 

J  ^^         [J-i.tp 

et 

K(x;z)o,{z)dz^ ^ Mo. 

Donc  on  peut  d'une  infinité  de  manières  trouver  une  fonction  K(,r,  v), 
symétrique,  dé f  nie,  telle  que  G  (.r,  y)  soit  symétrique  et  qu  aucune  solution 
de  (i  )  ne  soit  orthogonale  à  K  {■i\y). 

Ce  résultat,  rapproché  de  ceux  de  ma  Note(')  du  25  avril,  montre  que  la 
condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  équation  intégrale  n'ait  que 
des  pôles  réels  et  simples  est  l'existence  d'une  pareille  fonction  K(;r,  y). 

La  méthode  de  Schwarz  [qu'on  peut  appliquer  si  l'on  connaît  directe- 
ment une  fonction  K(;r,  y)]  donne  une  valeur  singulière  ;  or,  soit  A,  celte 
valeur  singulière;  on  peut  lui  faire  correspondre  un  système  biorthogonal 
nor/né  àe  fonctions  fondamentales  et  écrire 

H(,z:,  r)  =  -^  V  r^„(.r)  .-.„(_y)+  R(.r,  y), 
1 

le  premier  terme  du  second  membre  étant  le  noyau  principal  /i,(x,y)  cor- 
respondant à  }^,.  On  aura,  H„(;r,  j)  étant  le  «"'""'  noyau  itéré. 


(')  Le  procédé  par  loipiel  j'avais  cru  pouvoif  me  passer  de  Tliypollièse  K(.r,j) 
déliiiie  est  inexact  ;  il  faut  sup[iiiniei'  les  Irois  lignes  oii  il  est  question  de  G'(.r,j)  et 
les  se|)t  dernières  lignes.  J'inditiueiai  ici  un  aulie  exemple  : 


\1{.T,  y)  =  j  A(x,z)li{z,  y)  rfz 


A(.*-,j)  étant  symclrii[ue;  R(.r,  v),  comme  dans  les  précéderas  exemples,  symétrique 
el  définie.  On  peut  prendre 

K(j;j)  =  \\(.r,y). 


SÉANCE    DU    6   JUIN    19IO.  l5oi 

et  l'on  voit  que 

l'iJ'Kia-,  z)  H„{z,  y)  dz  =  V  ■l>^(y)J'K{jr,  z) '^,{z)  dz  +  /.','  j'K{.r,z)\\„{z,  y)dz; 

on  en  déduit  (  '  )  que  le  dernier  terme  tend  uniformément  vers  zéro 
quand  n  augmente  indéfiniment,  ce  qui  montre  que  la  limite  du  premier 
membre  est 

x,j'K{x,z)h,{z,y)dz, 

et  aussi  que  A,  est  la  plus  petite  valeur  singulière.  Il  suffit  alors  d'appliquer 
de  nouveau  la  méthode  à  R(a7,  y);  les  constantes  qui  y  figurent  s'expriment 
en  fonction  des  constantes  relatives  à  H,  et  l'on  peut  ainsi  successivement 
calculer  toutes  les  valeurs.  On  trouve  (-) 

/.„^,=:lim  


-^- 


K.  K^^V 


II.  Reprenons  l'équation  (i)  avec,  sur  les  valeurs  singulières,  des  hypo- 
thèses moins  restrictives  [elles  peuvent  être  réelles  ou  imaginaires;  il(œ,y) 
lui-même  peut  être  égal  à  P(x,y)  -h  iQ^(cc, y)];  supposons  le  noyau  mis 
sous  la  forme 

u^,(x) -\- i Vj,(x)  étant  une  solution  singulière  correspondant  à  A^,  pour  le 
noyau 


H(-,J')-2 


[///..(■r)  -^iv/,.(jr)][iii,(y)  —  ivki.y)] 


(')  Je  suppose,  pour  plus  de  simplicité,  que  \{{x,y)  désigne  le  premier  noyau 
itéré. 

(^)  Dans  le  cas  du  noyau  symétrique,  ces  formules  ne  dilTèrent  pas  de  celles  que 
Kneser  {Palermo  Rendiconti,  t.  XXII,  1906)  établit  par  des  considérations  emprun- 
tées à  la  théorie  des  fonctions. 


l5o2  ACADÉMIIÎ    DES    SCIENCES. 

choisie  de  telle  sorte  que 

On  aura  alors 

l'iHia;  y)[^  d(,r,  r)^  f\U(,r,  j  )\'-d{^;  y)  -y^j^^.        , 

Kn  considérant  des  condiinaisons  linéaires  des  fonctions  «^,(:r)  +  i  ('^,(.r), 
on  montre  aisément  ijue  les  A  ne  sont  autres  que  des  valeurs  singulières 
pour  (i)  et,  comme  je  le  montrerai  ultérieurement,  on  peut  déduire  de  là 
un  certain  nombre  de  propriétés  des  (onctions  principales  (Goursat). 


THÉORIE  DES  NOMBRES.  -  Sur  le  classcmciil  d'un  système  de  Tableaux 
équivalents  entre  eux.  Note  de  M.  A.  (hiATKr.EP,  présentée 
par  M.  Emile  Picard. 

1.  Je  me  propose  de  nionlrer  couiment  (in  peut  classer  un  système  de 
Tableaux  équivalents  entre  eux  et  par  suite  équivalents  à  lun  d'eux  A. 
Suivant  une  notation  de  CI).  Ilermile,  j'ap|iellrrai  nduit  pri/iripaf  ('  )  loul 

Tableau 

a      a' 
T  = 

?     ,3' 

écpiivalenl  à  A  et  satisfaisant  aux  inégalités 

a.  a' 

Dans  la  \ole  citée,  j'ai  niontn''  commeni  on  jiouvait  langei'  ces  Taljleaux 
en  une  suite,  lùanl  donnés  alors  deux  Tableaux  réduits  priiicijiaux  suc- 
cessifs, T„  et  'l'„ ,  I,  liT's  par  uik^  ('■galih''  de  la  forme 

I      o 
dans  le  cas  où  p  est  supérieur  à  i,  j'ap[)ellerai  confornnMnent  à  une  nota- 


(')   (]e  sont  les  Tableaux  que  j'avais  appelée  sini])lement  réduits  dan?  une  Noie  pré- 
cédente {C'uuptci  rrndiis,  aS  juin   ii)<>ii). 


SÉANCE    DU    G   JUIN    I910.  l5o3 

tion  de  Serret  réduit  intermédiaire  un  "l'ahleau  T^^^,  défini  par  l'égalité 


.01 


ou  l'égalité  équivalente 


p  -  />     I 

T„'+,  =  X  T„_, 


Ses  termes  vérifient  le  système  d'inégalités 

,    ,  y.  a! 

(2)  «>o,  ->,,  â^<-'- 

En  intercalant  les  nouveaux  Tableaux  dans  la  suite  déjà  définie,  on 
obtient  ce  qu'on  peut  appeler  la  suite  complète  des  réduites.  Deux  Tableaux 
consécutifs  T  et  T'  de  cette  suite  sont  liés  par  une  des  égalités 

II  II 

T=  xT'         0,1         T=:  xT', 

01  10 

suivant  que  T'  est  intermédiaire  ou  principal. 

Dans  l'un  ou  l'autre  cas,  ils  ont  toujours  une  ligne  commune,  et  je  dési- 
gnerai par  semi-réduit  le  Tableau  formé  par  les  deux  lignes  non  communes. 
Les  termes  d'un  tel  Tableau  vérifient  le  système  d'inégalil(''s 

,  T ,  a  a' 

(•^)  'y->o,  ^>i,  o<—  <i. 

et  il  est  lié  au  Tableau  i-éduit  suivant  par  l'une  des  égalités 

0=  '     '  xT'        ou        0)=:  '     '  xT', 
10  01 

suivant  que  T'  est  intermédiaire  ou  principal. 

Enfin,  de  chaque  Tableau  semi-réduit  0,  on  peut  déduire  une  suite  de 
Tableaux  non  réduits  U„  par  l'égalité 

in  I    I      I    I" 

u„=        x0=:  X  e, 

01  I   O      I    I 

n  prenant  toutes  les  valeurs  entières  positives  successives.  De  chaque  U„ 
ou  de  0,  on  peut  déduire  une  nouvelle  suite  U,,^,  ou  U,,.^,  par  l'égalité 


pi  II 

U,,„='  xU„=r  X 


X  U,„ 


I     I    ''- 

o      I    I 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  23.)  I97 


l5o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

el  ainsi  de  suite.  Les  termes  de  tout  Tableau  U  ainsi  obtenu  vérifient  le 
système  d'inégalités 

(4)  «>o.        \>'--         37>'- 

II.  On  vérifie  aisément  que  tous  les  Tableaux  T,  0,  U  ainsi  obtenus  sont 
tous  différents,  équivalents  à  A  et  par  suite  équivalents  entre  eux. 

Réciproquement,  étant  donné  un  Tableau  équivalent  à  A,  en  le  mullipliaiil 
au  besoin  à  franche  par  l'un  dos  Tableaux 


on  peut  amener  les  termes  de  sa  première  colonne  à  vérifier  les  inégalités 

a 

.>o,  p>.. 

Il  appartient  alors  à  l'une  des  classes  précédemment  définies,  suivant  que  ses 
termes  satisfont  aux  inégalités  (i),  (2),  (3)  ou  (  4)- 

111.  Ce  classement  des  Tableaux  équivalents  à  A  n'est  pas  puromenl 
arbitraire.  J'ai  signalé  précédemment  des  propriétés  des  réduites  princi- 
pales (loc.  cit.);  on  peut  de  même  indiquer  des  propriétés  de  la  suite  com- 
plète des  réduites.  Si  l'on  considère  la  suite  des  formes  indéfinies  réduites  (par 
la  juétbodc  d'Hermite)  (aa;  +  pv)(a\r -f- l^'y)  équivalentes  à  une  forme 
(ax  -+-  by)(a'x  ■+-  h' y),  la  suite  des  Tableaux 


est  la  suite  complète  des  réduites  équivalentes  à 

a     a' 

à  la  condition  d'y  intercaler,  s'il  y  «  Heu,  certains  Tableaux  semi-réduits,  il 
ify  aura  jamais  lieu  de  faire  cette  addition  qu'entre  deux  réduites  princi- 
pales consécutives,  et  seulement  lorsque  la  ligne  commune  aux  deux  réduites 

ne  donne  pas  un  minimum  de  la  forme  ^^  ;-  4-  /cq". 

\\.    Dans  le  cas  où  t'  -r,  sont  des  irrationnelles  coniuiiuées  réelles  du 

second  degré,  tous  les  Tableaux  équivalents  à  A  peuvent  être  obtenus  à 


SÉANCE    DU    6   JUIN    1910.  1 5o5 

partir  d'un  nombre  fini  de  Tableaux  réduits  et  des  Tableaux  semi-réduits 
et  non  réduits  qu'on  en  déduit  eu  multipliant  tous  les  termes  de  la  première 
colonne  et  en  divisant  les  termes  de  la  seconde  par  A",  n  prenant  toutes  les 
valeurs  entières  positives  ou  nêj^atives  et  X  étant  une  unité  du  corps  qua- 
dratique contenant  j-,  -p-  La  formation  de  la  suite  des  réduites  constitue, 

par  conséquent,  une  méthode  de  calcul  de  ces  unités.  Dans  le  cas  parti- 
culier 

a  I  -t--  y/5  a I  —  \/l> 

h  2  h  1 

il  n'y  a  pas  de  réduites  intermédiaires,  et  tous  les  Tableaux  é([uivalents  sont 
obtenus  à  partir  d'un  seul  Tableau  réduit  principal. 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.  —    Sur   les  propriétés    des   lignes  cantoriennes. 
Note  de  M.  L.  Zoretti,  présentée  par  M.  Appell. 

Je  me  propose  dans  un  prochain  Mémoire  de  tirer  de  la  définition  canlo- 
rienne  de  ligne  une  théorie  aussi  complète  et  aussi  géométrique  que  possible.* 
Je  rattache  celte  définition  aux  postulats  de  la  Géométrie  et  parviens  ainsi  à 
des  définitions  et  des  propriétés  précises  relativement  aux  lignes  fermées, 
aux  tangentes,  etc.  J'indique  dès  aujourd'hui  quelques-uns  des  résultats  que 
j'ai  ainsi  obtenus. 

C'est  la  notion  de  ligne  irréductible  (  ')  qui  joue  dans  cette  étude  le  rôle 
le  plus  important.  Il  est  donc  bon  de  démontrer  d'abord  que,  étant  donnés 
deux  points  a  et  6  d'un  ensemble  continu  quelconque,  on  peut  trouver  une 
portion  de  l'ensemble  qui  soit  entre  a  et  6  un  continu  irréductible  (-). 

L'importance  des  ensembles  continus  irréductibles  (plus  généraux, 
remarquons-le,  que  les  lignes  simples  de  M.  Jordan)  tient  à  ce  qu'on  peut 
sur  un  tel  ensemble  définir  un  ordre  de  succession  des  points,  parler  de  l'arc 
qui  joint  deux  points.  C'est  l'ensemble  continu  irréductible  qui  me  parait 
le  plus  conforme  à  la  notion  vulgaire  de  ligne. 

J'appelle  ligne  simple /e/7;(ee  l'ensemble  de  deux  continus  irréductibles  entre  deux 
points  rt  et  6  n'ayant  que  ces  seuls  points  en  commun;  et  je  démontre  qu'un  tel  en- 


(  '  )  Voir  mon  Mémoire  Sur  la  notion  de  ligne  {Annales  de  l' Ecole  Normale^  1909). 
(■-)  S.  Ja.mszewski,  Comptes  rendus,  t.  CL,  p.  606. 


l5o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

semble  divise  le  plan  en  deux  régions  connexes  dont  il  constitue  la  frontière.  La  réci- 
proque a  déjà  été  démontrée  dans  mon  Mémoire  cité  plus  haut. 

Voici  maintenant  ce  que  j'appelle  tangente  en  un  point  ;?i  d'un  continu  irréductible. 
Soit/)  un  point  de  l'ensemble.  Joignons  m  aux  différents  points  de  l'arc  /«/*,  et  con- 
sidérons l'ensemble  des  coefficients  angulaires  de  toutes  ces  droites.  Ajoutons  ;i  cet 
ensemble  son  dérivé.  L'ensemble  obtenu  a,  quand  p  tend  vers  m  sur  l'arc  pin,  un  en- 
semble continu  limite.  Toute  droite  passant  par  m  et  dont  le  coefficient  angulaire  est 
un  nombre  de  cet  ensemble,  est  dite  tangente  à  l'ensemble. 

Les  diflérents  cas  suivants  sont  possibles.  En  un  point  il  y  a  soit  une, 
soit  deux  tangentes,  soit  un,  soit  deux  angles  dont  toutes  les  di^oites  sont 
tangentes. 

J'ai  démontré  que  ces  deux  derniers  cas  se  présentent  certainement 
quand  l'ensemble  n'est  pas  ce  que  j'ai  appelé  un  ensemble  complètement 
fermé.  Donc,  au  contraire,  si  une  ligne  a  en  tous  points  deux  tangentes  au 
plus,  c'est  un  ensemble  complètement  fermé  et  par  conséquent  une  ligne  de 
M. Jordan. 

II.  Je  termine  cette  Note  en  indiquant  la  possibilité  d'étendre  à  l'espace 
les  définitions  canloriennes,  et  de  distinguer  ainsi  les  lignes,  les  surfaces, 
les  volumes.  J'y  parviens  en  transformant  la  délinition  de  M.  Cantor 
d'après  le  tbéorème  suivant  :  Pour  qu'un  continu  plan  soit  linéaire.,  il  faut  et 
il  suffit  qu'en  tous  ses  points  on  puisse  trouver  une  droite  au  moins  qui  n'ait  pas 
avec  l'ensemble  tout  un  serment  commun. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —  Sur  la  généralisation  du  théorème  de  S.  Lie. 
?Sote(')  de  M.  S.4i-tykow,  présentée  par  M.  P.  Appell. 

Le  théorème  de  S.  Lie  (^)  s'étend  de  la  manière  suivante  aux  équations 
partielles  contenant  explicitement  la  fonction  inconnue  : 

Soit  le  système  normal  de  q  équations  partielles 

(i)  .fiUi,  -r-i.  .  ..,  .'■„,  ;.  /',./-)2,  ...,  p,,)—  y.,  {/=i.  2,  ...,  5f). 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  jS  mai  1910. 

(^)  Ce  théorème,  intimement  lié  au  problème  de  S.  Lie,  est  formulé  par  S.  Lie  dans 
les  Mathematische  Annalen,  t.  \I,  p.  469-  Vne  démonstration  élémentaire  de  ce 
théoième  résulte  de  mes  recherches  pnl)liées  en  1908  et  1903  (Comptes  rendus, 
2.'i  août  1903,  et  Communications  de  la  Société  mathéni.  de  Kliarkow,  1900).  M.  \V. 
Stekloll'leur  a  apporté  un  complément  en  changeant  aussi  l'énoncé  de  S.  Lie  du  théo- 
rème considéré.  Or  tous  ces  résultats  sont  équivalents,  au  point  de  vue  de  la  théorie 
des  équations  partielles.    En   elVet.    toutes  les    démonstrations  du   théorème  dont  il 


SÉANCE    DU   6   JUIN    1910.  l5o7 

résolubles  par  rapport  aux  variables  p^,  p.,,  . . .,  p^,  le  système  linéaire  corres- 
pondant 

(2)  U'h/)  =  0  (j  =  l.o,...,r/). 

admettant  n  -h  0  (*  )  intégrales  distinctes 

(3)  /„    /„     ...,    /„    A+„     ...,    /„.p. 
^i  l'expression 

d:=y  p,(tx, 


s'agit  revienneiU  au  calcul  des  paienllièses  de  I^oisson  formées  par  les  intégrales 
donnéesetles  nouvelles  fonctions.  M.  W.  SleklolV  se  borne,  dans  l'énoncé  du  théorème, 
à  rindicatioii  seulement  des  valeurs  de  ces  dernières  parenthèses.  Quant  à  S.  Lie  et 
moi,  nous  formulons  le  résultat  qui  en  déroule  immédiatement,  sans  appliquer  du 
reste  aucun  nouveau  calcul.  Par  conséquent,  je  ne  suis  pas  d'accord  avec  M.  C. 
Russvan  {Comptes  rendus,  10  janvier  1910),  attribuant  à  M.  W.  Slekloff  le  théorème 
de  S.  Lie  et  m'objectant  que  leurs  résultats  n'étaient  pas  identiques.  Encore  faut-il 
remarquer  que  M.  C.  Russyan  avait  cité  non  le  théorème  de  S.  Lie,  mais  son  lemmeâ 
{Matli.  An/i.,  t.  XI,  p.  466-46-,  Salz  2)  pour  réfuter  mon  affirmation. 

S.  Lie  considérait  son  théorème  comme  généralisation  des  résultats  obtenus  par 
Jacobi  [voir  Mai/i.  An.,  t.  XI,  §2,  n">  3,  p.  470-471)-  H  ^'^  sans  dire  que  les  conditions 
de  S.  Lie  sont  plus  générales  que  celles  du  théorème  classique  de  Jacobi.  Or  les  inté- 
grales résultant  de  ces  deux  théorèmes  sont  essentiellement  distinctes,  le  théorème  de 
.lacobi  définissant  un  sj'stème  complet  d'intégrales  sous  forme  canonique.  Cependant 
les  intégrales  définies  par  le  théorème  de  S.  Lie,  vérifiant  les  conditions  sous  forme  plus 
générale,  sont  dépourvues  des  propriétés  canoniques.  Or  cela  ne  veut  pas  dire  qu'il 
n'e\iste  point  d'intégrales  jouissant  de  pareilles  propriétés.  S.  Lie  avait  bien  noté  cette 
circonstance,  en  complétant  son  théorème  par  des  considérations  concernant  l'existence 
d'un  groupe  canonique  engendré  par  les  intégrales  du  théorème  en  question  {Mal/i. 
An.,  t.  XI,  p.  469,  470,  Salz  k,  Satz  3).  J'insiste  donc  que  le  nom  de  S.  Lie  convient 
le  mieux  au  théorème  en  question,  d'autant  plus  qu'il  existe  un  autre  théorème  présen- 
tant une  généralisation  immédiate  du  théorème  classique  de  Jacobi  [voir  mes  iN'otes, 
Comptes  rendus,  28  et  3o  janvier,  24  juillet  1899;  Journal  de  Mathématiques,  1899, 
p.  435  :  Mémoire  sur  l'intégration  des  équations  aux  déri^'ées  partielles  du  premier 
ordre;  et  les  Communications  de  la  Soc.  math,  de  Kharkow,  190J).  En  effet,  les  inté- 
grales qui  en  résultent  forment  un  système  canonique,  et  le  résultat  de  Jacobi  (  Vor- 
lesungen  iiber  Dynamik,  35.  N'orlesung)  s'ensuit  comme  cas  particuliei-,  quand  le 
nombre  d'équations  partielles  devient  égal  à  i.  Aussi  ai-je  démontré  que  ce  théorème 
généralisé  de  Jacobi  suffit,  à  lui  seul,  pour  résoudre  les  problèmes  fondamentaux  de 
la  théorie  moderne  des  équations  partielles  {Comptes  rendus,  3o  août  et  i3  septembre 

«909)- 

C)  S.  Lie  désigne  par  la  lettre  /'  le  nombre  «  -t-  o  des  intégrales  connues. 


l5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

devient  une  équation  aux  différentielles  totales,  moyennant  les  équations 

(4)  fk^y-k        u, -\. 9.. ...<,, <!  -^-i «  +  o). 

a^+, ,  «^+2,  . .  •  ,  «n+p  désignant  /<  +  p  —  q  constantes  arbitraires,  l'intégration 
des  équations  (i)  et  (2)  s'achève  par  l'intégration  de  cette  équation  aux  diffé- 
rentielles totales  et  par  des  opérations  de  différentiation  et  d'élimination. 
Soit  l'intégrale  de  celte  dernière  équation 

(5)  /„+p+i=ra„+p+,, 

^n+ç+\  étant   une  constante  arbitraire.  Supposons  que  les  équations  (4) 
donnent 


et  (5)  donnent 

j  =  9(.r,,  a-2,  ...,  .r„+p;  3:,,  y,.  ..  . 

,  a„+p+i 

.r„_p_,.=  9,.(a:i,  Xj,   .  .  .,  .r„^p;  a,,  x,.  ...,  a„+p^, 

)          ('• 

p,—  ^s{^i.  -Xî,  .  •  .,  .-Ph-p;  5?,,  s:,.   .  .  .,  a„+p+, 

,)          {s 

Cela  posé,  la  démonstration  de  notre  théorème  résulte  évidemment  des 
mêmes  considérations  dont  je  me  suis  servi  pour  résoudre  le  problème  de 
S.  Lie  (^Comptes  rendus,  i3  septembre  1909),  car  le  théorème  généralisé  de 
Jacobi  s'étend  aux  équations  de  la  forme  (i)  (voir  Recherches  sur  la 
théorie...,  p.  175-177). 

Or  le  but  de  cette  Note  est  d'établir  de  nouvelles  formules  présentant  la 
généralisation  de  celles  que  j'ai  données  en  1903  (^Comptes  rendus,  i'5  août). 

l'osons  donc 

la  dérivée  -j-^ —  étant  distincte  de  zéro;  pour  qu'il  en  soit  ainsi,  il  suffit,  par 

exemple,  d'introduire,  au  lieu  des  constantes  arbitraires  ay^.,,  ol^^-,,  .  ■ . ,  x„^p^|, 
les  valeurs  initiales  des  variables  ;,  a-„_,^^.i,  x„_.^.j,  ■  •  ■  ,-i'n,  Pg-,,  l>q+ii  •••>/-'«• 
Cela  étant,  les  rapports 

(6)  (-^^^j  (/.=., 2,. ..,«  +  p-,/) 


Oy.,,  .0- 


représentent  n  -h  p  —  q  intégrales  du  système  (  2  ).  les  parenthèses  désignant  le 
résultat  d'élimination  des  constantes  a,  moyennant  les  équations  (li)  :  parmi 
ces  dernières  intégrales  il  e.viste  n  —  q  —  0  intégrales  formant  avec  les  fonc- 
tions (3)  cf  /„+p^|  un  système  complet  de  -m  —  </  -+-  i  intégrales  distinctes  du 
système  (2). 


SÉANCE  DU  6  JUIN  IQIO.  I DOQ 

MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  —  Sur  une  série  de  solutions  des  équations 
de  l'élasticité  de  Lamé  dans  un  milieu  homogène  et  isotrope.  Xote 
de  M.  E.  Barré,  présentée  par  M.  Appell. 

Nous  nous  proposons  dans  la  présente  Note  d'indiquer  sonimairemonl  la 
méthode  que  nous  avons  suivie  pour  rechercher  systématiquement  toutes 
les  solutions  des  équations  de  Lamé, 

...  àO  .  .db  .  ..  d5 

(i)  Jo  H -4- i -r— =  o,  Ao  r -f- c-T— =  O,  a.,iv' -h  ;  ^^  =  o, 

'  (/(•  ■  '  ày  '  '  'iz- 

qui  sont  de  la  forme  suivante  où  les  X  sont  des  fonctions  de  x  seul,  etc.  : 

(2)  «  =  \,Y,Z,.         r~\,Y,Z,,         .t^X^Y^Z,. 

Les  limites  restreintes  d'une  Note  ne  nous  permettraient  pas  de  développer  ici 
toutes  les  solutions  de  cette  question  ;  aussi  nous  bornerons-nous  à  en  indi- 
quer quelques-unes  afin  d'illustrer  l'exposé  de  la  méthode  suivie.  Les  équa- 
tions (i)  deviennent  : 


(1) 


(  Ui 

A,X,  +  li,\,-t-C,\,-i- 

D 

,X3  =  o. 

(a) 

A2x;-hB,X5-+-(:,x',  + 

D 

A.  =  o, 

((3) 

A3X;^B:,X3+C:iX-    -^ 

r> 

:,X,^0, 

A>=( 

"  +  ;)V,Z,, 

B,  =  Y1Z.-^Y,Z,, 

C.  =  4Y,Z„ 

D,  =  n,z 

A,=: 

Y,Z,. 

b,=^y;z,(;h-ç)  +  y,z;. 

c.=;y;z„ 

Ds=a3Zi 

A:i  = 

v,z„ 

B3=y,z;(,-^ï)-^y;z„ 

C3=;Y,Z',, 

D3=n;z 

(H) 


L'étude  de  la  question  met  en  évidence  la  nécessité  d'étudier  séparément 
le  cas  où  ^  est  nul,  égal  à  —  i  ou  infini  (ces  cas  correspondent  aux  relations 
7.  -I-  [x  =  o,  X  -+-  2  [X  =  o,  u.  =  o  entre  les  coefficients  de  Lamé).  Nous  y  revien- 
drons ultérieurement  :  observons  toutefois  que  bien  des  solutions  trouvées 
pour  le  cas  généi'al  conviennent  encore  dans  les  cas  spéciaux.  La  méthode 
employée  qui  repose  sur  une  proposition  d'analyse,  d'ailleurs  connue,  est  la 
suivante  :  nous  rechercherons  toutes  les  solutions  de  l'équation  (I,  i),  et  nous 
exprimerons  qu'elles  satisfont  aux  équations  (I,  2)  et  (I,  3).  Pour  cela  nous 
écrirons  d'abord  que  les  foutions  X'^J,  X,,  Xj,  X!,  qui  figurent  d'une  façon 
linéaire  el  homogène  dans  (I,  1)  sont  liées  par  trois,  deux  ou  une  relation 
linéaire  à  coefficients  constants,  puis  au  moyen  de  ces  relations  nous  expri- 
merons trois,  deux  ou  une  de  ces  fonctions  par  rapport  aux  autres  et  nous 
substituerons  dans(I,  i).  Nous  écrirons  ensuite  que  les  coefficients  des  seules 


l5lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fonctions  X  restant  alors  dans  (I,  i)  sont  nuls.  Les  relations  obtenues  sont 
linéaires  par  rapport  à  A,,  B,,  C,,  D,,  c'est-à-dire  sont,  par  rapport  aux  Y' 
ou  aux  Z  qui  y  figurent,  de  la  même  forme  que  (I,  i)  par  rapport  à  X, ,  etc. 
On  les  traitera  de  même.  Puis  tenant  compte  des  résultats  obtenus  pour 
transformer  (I,  2)  et  (I,  3),  on  sera  conduit  à  traiter  ces  équations  trans- 
formées d'une  façon  analogue,  quand  la  solution  n'apparaîtra  pas  immé- 
diatement. Pour  passer  en  revue  toutes  les  solutions  possibles,  il  restera  à 
envisager  : 

1°  Le  cas  où  l'on  suppose  nulles  ensemijle  les  quatre  fonctions  X,,  X,', 
X!,,  X'3.  Mais  alors  la  fonction  u  est  nulle; 

•1°  Le  cas  où  l'on  a  A,  =  B,  =  C,  =  D,  —  o  sans  autre  condition  pour 
satisfaire  à  l'équation  (I,  i).  Mais  alors  u  est  encore  nulle. 

On  met  ainsi  en  évidence  la  nécessité  d'étudier  à  part  le  cas  où  l'une  des 
trois  fonctions  u,  c,  «■  est  nulle.  On  est  ainsi  conduit  à  étudier  les  séries  sui- 
vantes : 

I.  Solutions  correspondant  au  cas  où  l'une  des  fonctions  «,  c,  iv  est  nulle,  par 
exemple  ir.  Il  y  a  intérêt,  comme  nous  le  faisons  d'ailleurs,  à  étudier  les  solutions  plus 
générales  caractérisées  par  la  condition  n'  =:  o  (i). 

II.  Solution  correspondant  au  cas  0(1  le  produit  X,  YjZ',  est  nul. 

III.  Solutions  correspondant  au  cas  où  X'[Y'ÔZ!J  est  nul. 

IV.  Solutions  correspondant  au  cas  où  X],  XJ,,  X',  s'expriment  d'une  façon  linéaire 
et  homogène  par  rapport  à  X'[. 

V.  Cas  où  les  fonctions  X'j,  X,,  X|,  et  X',  sont  liées  par  deu\  relations  linéaires  et 
homogènes. 

\  I.  Cas  où  les  fonctions  X';,  X,,  X'^  et  X';,  sont  liées  par  une  seule  relation  linéaire 
et  homogène.  Il  faut  remarquer  qu'on  est  conduit  à  démontrer  que  cette  hypothèse  ne 
mène  à  aucune  solution  ne  rentrant  pas  dans  l'un  des  types  précédents. 

Quelques  types  de  solutions  : 

»  =  o  ^/  =  (Â_r-t-c<)(C---t- D). 

v  —  {ach',uv+  otsh'.ij;)  (icosf.j;  -+-  (3sinw;)  r  ==  (E  .r  -h  F)  (G:  -+-  H), 


It 


(com[)rend  la  torsion  simple); 

Il  —  {Kx  H-oe)  (C;  -t-  7), 

C(A-+-B) 


2(i:  +  i) 
(A-i-B)Cc 


iz'+  D;-h  E, 
-t-(A  +  m-/  -t-  D 


SÉANCE    UU    6   JUIN    1910. 
(comprend  rcxtcnsion  simple  pour  C  ^=  o); 


«  =:(,),(« cil o),,r  +  X  sh(,j,a-)(^sinf,)o  )• — ÎÎcosojj  j)(Ccos  y Oj  —  oij  ;-(-•/ si  11  y  oif  —  '.15  ;), 


('  =  f.),(asli  w,i-4-a!,clio),.i-)(<;cosfj)2y+|3siii  ûJoJ)  (Ccos y/oi;  —  r.tl  z  --i-y  siii  v''')'|  —  'jK  :), 
;<  =  {b.,sh<j)y  -+-  ^Sjcli'.i  1)    KCiCosoi;  +  Ky,  sin  oj  ;  —  '   '  '  ''  (c'3COS6)j  +  yj  siiio)  ;)    , 

X  (^iChf.iy  +  j32sliw/)  (C;,  sinoj;  —  y^  coswc), 
(j'  =  ',1     f,i-;  (  p.3  ^  -H  V.,  —  j  H-  (  rtî  -^  p-s  )  .'■  +  3:.  +  V., 

X  (626110/+  |3.2chw/)  (C3COS&);  -!-  y:,  sinojj), 
0=1 —  rA-{b,sh(,>y  +  [3jchw  v)  (cjsinos  —  yjcosw;)  {iJ.:,x  +  v^); 

M  rr  (j3.i--+  yj^  -I-  â)  (/chco  V  -i-  «tslif,jj-)  ((7,  cosco;  -4-  b,  sinwc), 

('  =  (  L!  5x  -(-  y)  (  /slifjij  +  //i  cil  wj')    a., cos&ic  +  br,sin(,)  :  -1-  -(a,  sin  w;  —  /;,cos(i)  ;)    , 

w  ^  (2(3.r  +  y  )  (/choj  )•  -t-  /«sli'.i  v)    « ,coso);  -f-  Z^^sin  w:  h-  -  («(Cosoj  ;  -^  bi^inr,)  z)    , 
0  ^ —  -^  (2|3.r  +  y  )  {/choi  V  +  «isli  f,)_v)  (ffiCosto;  -r-  il,  sinoj;), 

avec  les  relations  de  condition 

/  3c  H-  2\  /3: 

a3=bi(— — —]+b.2,         bi  —  — 

\      2  M-       ] 


PHONOGRAPHIE.  —  Sur  un  nom'el  inscripleiir  du  son.  Note  de  M.  Th.  Rosset, 

présentée  par  M.  .1.  VioUe. 

Poursuivant  depuis  5  ans  des  recherches  de  phonétique  expérimentale, 
j'ai  été  amené  à  chercher  un  inscripteur  des  sons  qui  put  donner  des  \  i- 
brations  sonores  un  graphique  aulhenlique,  vérlfiable  et  capable  de  repro- 
duire le  son  inscrit. 

Le  phonographe  seul  possède  cette  propriété  essentielle;  il  traduit  les 
ondes  sonores  en  courbes  creusées  dans  l'épaisseur  d'un  cylindre  de  cire, 
et  celle  courbe  peut  reproduire  le  son.  //  a  deux  dëfauls: 

x"  Il  altère  toujours  le  timbre;  mais  celte  altération  est  en  somme  assez  faible  puis- 
qu'on distingue  toujours  deu\  cylindres  enregistrés  par   deux,  personnes  et  qu'on  re- 

C.  K.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  23.)  I98 


l5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conn;iil  les  divers  cjlindres  enregistrés  par  une  même  personne.  Il  n'y  a  pas  là  de  vice 
rédliibiloire. 

•?."  On  ne  peut  pas  lire  directement,  à  l'œil  nu,  à  la  loupe  ni  au  microscope,  la  courbe 
f;ravée  dans  la  cire;  il  faut  la  transcrire. 

Comme  MM.  llernnann  de  Leipzig  et  Scripture  de  \ale  University,  j'ai 
pu  ol)lenir  de  très  Jseaux  j^raphiques,  avec  un  dispositif  optique  de  trans- 
cription. 

Mais  je  me  si>is  aperçu,  à  l'usage,  que  le  inèiue  sillon  plionographique 
donne  parfois  des  transcriptions  graphiques  différentes.  Cela  tient  sans 
doute  à  ce  que  le  gra[)hi([ue  est  déterminé  non  seulement  par  la  forme  du 
sillon  lui-même,  mais  aussi  parla  position  de  l'appareil  transcripteur  par 
rapport  au  sillon.  Cet  appareil  peut  suivre  le  fond  du  sillon,  ou  bien  l'un 
des  bords,  ou  passer  de  l'un  à  l'autre;  il  peut  encore  se  présenter  plus  ou 
moins  normalement  à  la  génératrice  du  cylindre,  etc.,  toutes  conditions 
expérimentales  qui  ont  une  influence  certaine,  mais  impossible  à  déterminer 
exactement,  sans  qu'on  puisse  être  assuré  de  les  réaliser  identiques  dans 
deux  transcriptions  successives. 

Si  même  on  parvenait  à  trouver  un  dispositif  ((ui  donnât  d'un  même 
sillon  une  transcription  toujours  identique,  on  ne  saurait  jamais  si  ce  gra- 
phique est  la  copie  fidèle,  sans  addition  ni  soustraction  aucune,  de  la  courbe 
pbonographique;  leur  comparaison  est  impossible,  puisque  l'une  est  invi- 
sible, tandis  que  l'autre  est  muette. 

Pour  avoir  un  graphique  authentique,  la  solution  serait  non  pas  de  trans- 
crire une  courbe  déjà  ci'eusée,  mais  d'inscrire  les  mouvements  du  saphir 
qui  creuse  cette  courbe  pendant  cju'il  la  creuse.  On  aurait  ainsi  pour  les 
mêmes  mouvements  du  saphir  deux  courbes  jumelles,  dessinées  en  même 
temps  par  le  même  appareil,  l'une  dans  la  cire,  sonore,  l'autre  sur  un 
cylindre  inscripteur,  lisible. 

Voici  par  quel  procédé  expérimental,  j'ai  réalisé  cette  idée. 

On  place  sur  un  mandrin  mobile  autour  de  son  a\e  un  cylindre  de  cire,  sur  lequel 
est  enregistré  un  texte  cjuelconque;  sur  un  mandrin  parallèle  et  mobile  également,  on 
place  un  cylindre  vierge;  entre  les  deux  cylindres,  on  dispose  un  appareil  destiné  à 
copier  sur  le  cylindre  vierge  le  sillon  du  cylindre  original.  A.  cet  ell'et,  un  saphir 
mousse  qui  glissera  sur  le  cylindre  imprimé  et  un  saphir  tranchant  qui  frottera  sur  le 
cylindre  vierge  sont  fixés  chacun  à  l'extrémité  d'un  levier;  ces  deux  leviers,  réunis 
par  une  tige  articulée,  oscillent  dans  un  même  plan  vertical,  autour  de  deux  axes 
parallèles,  et  les  déplacements  du  saphir  coupan.t  sont  identiques  à  ceux  du  saphir 
mousse,  à  l'annplitude  près.  Toutefois  la  position  de  l'appareil  entre  les  deux  cylindres 
lait  <|ue  les  saillies  du  cylindre  original  se  traduisent  en  creux  dans  le  cylindre  copie. 


SÉANCE    DU   (3   JUIN    1910.  l5l3 

el  les  creux  en  saillie.  Les  axes  sont  solidaires  des  leviers;  chacun  des  axes  peut  rece- 
voir un  miroir  de  manière  à  transcrire  les  rotations  proportionnelles  aux  oscillations 
des  leviers  porte-saphirs  par  les  déplacements  d'un  ravon  lumineux  enregistré  phûlo- 
graphiquement. 

L'appareil  transcripleur  étant  installé  entre  les  deux  cylindres,  on  fait  tourner  simul- 
tanément les  deux  cylindres  dans  le  même  sens,  à  la  même  vitesse;  le  saphir  mousse, 
en  suivant,  les  dépressions  du  sillon  sonore,  fait  osciller  autour  de  son  axe  le  levier 
porte-saphir;  ses  mouvements,  transmis  par  la  tige  rigide  à  l'autre  levier,  font  péné- 
trer le  saphir  tranchant  dans  la  cire  vierge  et  creusent  ainsi  une  courbe  idenlitpie  à  la 
courbe  originale,  inversée. 

A  l'oreille,  on  n'entend  aucune  différence  entre  ces  deux  courbes  sonores,  à  l'inten- 
sité du  son  près.  On  remarque  ainsi  qu'il  est  sans  importance  que  les  creux  soient 
traduits  en  saillie  et  réciproquement. 

Pendant  cette  transcription,  on  dii'ige  un  rayon  lumineux  sur  le  miroir 
fixé  à  l'axe  solidaire  du  levier  qui  porte  le  saphir  tranchant  et  l'on  recueille 
le  rayon  réfléchi  sur  un  cylindre  garni  de  papier  photographique  et 
enfermé  dans  une  chambre  noire;  toutes  les  rotations  de  l'axe  se  traduisent 
par  des  déplacements  proportionnels  du  rayon  réfléchi. 

Il  n'y  a  entre  les  déplacements  du  sapliir  dans  la  cire  èl  les  déplacements 
du  rayon  lumineux  sur  le  papier  photographique  cju'ime  diflérence  d'ampli- 
fication; ce  sont  les  mêmes  rotations  de  l'axe  qui  déterminent  les  oscilla- 
tions du  levier  porte-saphir  et  les  mouvements  du  rayon  lumineux. 

De  plus,  et  c'est  un  deuxième  résultat  très  important,  on  a  sur  le  papier 
photographique  une  transcription  de  la  courbe  du  cylindre  original,  et  l'on 
peut  en  vérifier  la  fidélité.  Lorsque  l'appareil  est  bien  réglé,  il  n'y  a  aucune 
diff'érence  sonore  entre  les  deux  cylindres.  J'ai  vérifié  que  l'identité  du  son 
correspondait  à  l'identité  des  courbes,  en  installant  un  miroir  sur  chacun 
des  deux  axes,  et  en  inscrivant  par  le  même  procédé  et  en  même  temps  les 
deux  mouvements  ;  les  deux  courjjes  sont  identicjues  à  l'amplitude  près. 
Donc  l'identité  du  son  suffit  pour  garantir  l'identité  des  courbes. 

Dès  lors,  quand  la  transcription  phonographique  satisfait  l'oreillf;,  la 
courbe  creusée  sur  le  cylindre-côpie  reproduit  fidèlement  dans  la  cire  le 
sillon  du  cylindre  original,  et  l'inscription  photogi^aphique,  image  visible 
de  cette  copie  sonore,  est  en  même  temps  la  transcription  fidèle  du  sillon 
original. 

Par  ce  dispositif  de  double  transcription  simultanée,  il  me  semble  qu'est 
résolue  la  difficulté  exposée  au  début  de  cette  Note;  on  obtient  ainsi  des 
graphiques  dont  on  connaît  la  valeur;  la  transcription  phonographicjue  est 
le  témoin  et  le  garant  de  la  transcription  graphique. 


l5l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PHYSIQUE.    —   Su?-   la  précision  des  mélliodes  de  mesure  des  susceptibilités 
magnétiques.  Note  de  M.  P.  Pascal,  présentée  par  M.  D.  Gernez. 

Dans  une  Note  parue  aux  Comptes  rendus  du  ^3  mai  1910,  page  i3i~, 
M.  Chéneveau  a  voulu  comparer,  au  point  de  vue  de  leur  sensibilité,  les 
diverses  méthodes  de  mesure  des  susceptibilités  magnétiques. 

Je  ne  puis  me  rallier  complètement  à  cette  idée  première  que  «  en  toute 
logique,  la  comparaison  des  méthodes  doit  être  faite  avec  un  même  corps 
cl  un  même  champ  magnétique  »,  mais  je  voudrais  cependant  contribuera 
la  discussion  en  y  apportant  quelques  faits  purement  expérimentaux, 
destinés  à  fixer  la  sensibilité  des  méthodes  en  litige,  dans  les  limites  où 
chacune  d'elles  est  pratic|uemenl  utilisable. 

1°  Sans  vouloir  en  rien  porter  atteinte  à  l'appareil  de  Curie  et  Chéneveau,  j  ai  cru 
devoir  indiquer  qu'il  était  peut-être  hasardeux  d'en  attendre  le  ^y.  La  Note  de 
I\l.  Chéneveau  assigne  à  sa  sensibilité  une  valeur  comprise  entre  jL  et  j\-^;  d'autre 
part,  certains  savants  (')  auxquels  l'auteur  se  réfère  en  indiquent  une  valeur  légèrement 
inférieure,  au  moins  pour  ce  qui  concerne  les  poudres  infusibles  à  grain  irrégulier. 
Tout  cela  justifie  mon  appréciation  discrète. 

1°  Quelques  centaines  de  mesures  faites  sur  les  liquides  avec  des  appareils  de 
torsion  de  divers  types  m'ont  fait  préférer  la  méthode  du  tube  en  U.  Dans  mes 
premiers  essais  sur  les  sels  complexes,  auxquels  seuls  il  est  fait  allusion,  j'ai  indiqué 
une  sensibilité  probable  de  j|^,  car  les  nombres  obtenus  pour  un  même  corps  différaient 
au  plus  de  .cette  quantité.  Plusieurs  milliers  de  mesures  ultérieures,  plus  soignées, 
relatives  aux  composés  organiques,  m'ont  fait  dire  qu'on  pouvait  atteindre  le  y^j.  Je 
suis  bien  obligé  de  maintenir  ce  nombre,  qui  m'est  donné  par  l'expérience  (-). 

3°  La  méthode  de  la  balance,  particulièrement  visée  et  vivement  critiquée  par 
^L  Chéneveau,  exige  une  technique  comparable  à  celle  du  tube  en  U,  elle  donne  e\pé- 
l'imentaleriient  une  précision  du  même  ordre,  que  j'estime  à  y4^  en  moyenne.  L'échauf- 
fenient  des  pièces  polaires  de  mon  appareil  est  insensible  dans  les  conditions  où 
j'opère,  et  ne  trouble  pas  les  pesées,  qui  d'ailleurs  n'ont  pas  besoin  d'être  faites 
à  Jj^  de  milligramme  pour  donner  la  précision  annoncée,  quand  on  emploie  des 
champs  de  j5ooo  gauss  en  moyenne. 

En  résumé,  les  méthodes  que  j'ai  proposées  ont  présenté  entre  mes  mains 
une  sensibilité  deux  fois  plus  grande  au  moins  que  celles  oit  l'on  utilise  une 
balance  de  torsion,  et  pour  ces  dernières  j'ai  oJJtenu  exactement  la  sensi- 
bilité (ju'indique  M.  Chéneveau  ('). 

(')  LiiiiAi>,  Co/n/jles  rendus,  t.  CXLN'II,  p.  r.'.87. 

(-)  I-'ascal,  Annales  de  Cliiinie  et  de  Physique,  janvier  1910,  p.  S. 

(■■*)  I'ascal,  toc.  cit..  p.  8. 


SÉANCE  DU  6  JUIN  19IO.  Iti5 

Bien  que  la  complication  de  mes  méthodes  ne  soit  qu'apparente,  je  n'ai 
jamais  songé  à  leur  faire  correspondre  le  moindre  appareil  commercial,  et 
je  laisse  à  ceux  qui  voudront  rouvrir  cette  discussion  le  soin  de  monter  les 
dispositifs  proposés.  Une  longue  pratique  les  mettra  alors  à  même  d'en 
vérifier  les  avantages. 


PHYSIQUE.   —  Sur  l'arc  au  mercure  dans  le  vide.  Note  de  M.  A.  Perot, 
présentée  par  M.  Villard. 

L'arc  au  mercure  dans  le  vide  est  particulièrement  intéressant  à  étudier 
quand  on  le  fait  jaillir  à  l'intérieur  d'un  ballon,  de  façon  à  le  soustraire  à 
l'action  des  parois  du  récipient,  et  à  lui  permettre  de  se  produire  à  de  basses 
pressions  de  la  vapeur. 

Si  aux  deux  extréuiités  du  diamètre  horizontal  d'un  ballon  d'une  dizaine 
de  centimètres  de  diamètre  sont  soudés  deux  tubes  recourbés  verticalement 
et  remplis  de  mercure,  on  peut,  à  l'aide  d'une  électrode  parasite,  faire 
jaillir  un  arc  d'un  tube  à  l'autre. 

1 .  La  décharge  peut  revêtir  dans  ces  conditions  plusieurs  caractères  :  si 
le  vide  a  été  préalablement  parfaitement  fait  dans  le  récipient,  pour  des 
pressions  très  basses  de  la  vapeur  de  mercure,  le  ballon  tout  entier  est 
reuipli  d'une  luminosité  blanche;  la  pression  s'élevant  par  suite,  soit  de 
réchauffement  de  l'appareil,  soit  d'une  rentrée  d'air,  cette  luminosité  se 
concentre  autour  du  diamètre  horizontal  qui  joint  les  deux  électrodes. 

Dans  les  appareils  que  j'ai  étudiés,  pour  une  pression  comprise  entre  i  el  3  cen- 
tièmes de  millimètre,  mesurés  à  la  jauge,  il  se  produit  d'habitude  une  colonne  rosée 
donnant  au  spectroscope  les  raies  de  l'arc  ordinaire,  mais  avec  un  éclat  relatif  très 
grand  des  raies  d'importance  secondaire,  en  particulier  des  raies  rouges  et  de  certaines 
raies  ultraviolettes  qui,  pour  une  pression  très  basse,  sont  extrêmement  faibles  sinon 
absentes,  le  spectre  visible  se  réduisant  presque  exclusivement  aux  raies  jaunes,  verte 
et  violettes.  Si  la  pression  dépasse  3  à  4  centièmes  de  millimètre,  la  lumière  blanche 
réapparaît  sous  la  forme  d'un  cordon  analogue  à  la  colonne  positive  étudiée  par 
M.  Villard,  et  la  section  du  cordon  ainsi  constituée  est  d'autant  plus  faible  que  la 
pression  est  plus  élevée.  Il  présente  tous  les  caractères  de  l'arc  contenu  dans  un  tube: 
même  aspect,  même  éclat,  mêmes  raies  spectrales.  Un  champ  magnétique  a  sur  lui  la 
même  action  que  sur  la  colonne  positive  d'un  tube  à  gaz  raréfié. 

2.  Le  transport  du  mercure  de  l'anode  à  la  cathode,  qui,  dans  les  arcs 
ordinaires,  peut  être  attribué  en  partie  à  la  différence  des  températures 
des  deux  électrodes,  existe  encore  dans  les  arcs  de  cette  forme,  bien  qu'entre 


1)1 6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  (]eu\  surfaces  de  ranode  el  de  la  cathode  se  trouve  placé  le  ballon  (jiii. 
étant  froid,  joue  le  rôle  de  condenseur. 

Pour  le  vérifier,  il  suffit  de  graduer  les  tubes  contenant  les  électrodes  et  d'observer 
les  niveaux.  Dans  une  expérience  de  ce  genre,  j"ai  constaté  qu'une  masse  de  o™s,86  de 
mercure  était  transportée  par  Coulomb.  Ce  chilTre  est  certainement  très  inférieur  à  la 
réalité  par  suite  de  Tévaporation  de  la  cathode;  toutefois  si  on  le  rapproche  de  l'équi- 
valent électrochimique  du  mercurosum,  2™8,07,  on  est  amené  à  penser  que  le  transport 
électrique  s'effectue  par  des  ions  mercureux. 

.").  L'action  delà  vapeur  d'eau  sur  la  décharge  est  particulièrement  intéres- 
sante :  si,  la  décharge  se  produisant  à  très  basse  pression,  on  introduit  dans 
le  ballon  de  la  vapeur  d'eau  en  chauffant  une  ampoule,  soudée  à  l'appareil 
et  contenant  de  la  potasse  caustique,  on  voit  le  ballon  devenir  complètement 
obscur,  les  raies  spectrales  du  mercure  s'eil'açant  alors  que  le  courant  est 
de  plusieurs  ampères  ;  en  même  temps  la  différence  de  potentiel  s'élève. 

Les  décharges  obscures  observées  jusqu'ici  dans  les  tubes  à  gaz  raréfiés  sont  de 
quelques  milliampères  seulement,  tandis  que  dans  cette  expérience  le  courant  est  de 
quelques  ampères.  Si  l'on  observe  que  le  spectre  de  la  vapeur  d'eau  comprend  des 
laies  ultraviolettes  observables  seulement  au  travers  du  quartz,  on  peut  supposer  que 
les  radiations  de  la  vapeur  d'eau  se  sont  substituées  à  celles  du  mercure.  Comme 
d'autre  part  rien  n'est  changé  dans  le  reste  de  l'arc,  il  est  loisible  d'admettre  soit  que 
les  ions  qui  transportent  le  courant  sont  des  ions  mercureux  el  que  le  phénomène  de  la 
luminescence  n'est  pas  indissolublement  lié  à  celui  du  transport  électrique,  les  ions, 
véhicules  du  courant,  étant  distincts  des  centres  lumineux;  soit  que  le  transport 
électrique  se  fait  par  ionisation  des  centres  neutres  rencontrés  par  les  ions  émanés  de 
l'anode. 

4.  Si,  pour  étudier  le  mouvement  de  ces  centres  lumineux  par  des 
mesures  speclroscopiques,  on  applique  le  principe  de  Dôppler-Fizeau,  on 
constate  un  déplacement  dans  le  sens  du  courant,  de  l'anode  à  la  cathode. 

Les  mesures  ont  été  faites  en  employant  comme  appareil  spectroscopique  un  étalon 
inlerféi'entiel  à  lames  argentées  el  observant  les  anneaux  que  donne,  dans  une  lunette 
pointée  pour  l'infini,  le  satellite  principal  de  la  raie  verte  (546i'').  les  anneaux  de  la 
composante  principale  permettant  des  pointés  moins  précis  que  ceux  du  satelliie  à 
cause  de  leur  largeur.  Les  erreurs  de  la  mesure  du  diamètre  étaient  telles  que  la 
longueur  d'onde  fût,  en  valeur  relative,«connue  à  moins  d'un  dix-millionième;  je  pense 
que  les  vitesses  déterminées  sont  exactes  à  une  quinzaine  de  mètres  près  par  seconde. 
La  seule  difficulté  sérieuse  réside  dans  une  variation  progressive  de  la  différence  de 
marche  due  soit  aux  variations  barométriques,  soit  à  une  compensation  inexacte  de  la 
variation  de  l'indice  de  l'air  avec  la  température  par  la  dilatation  de  liinar  avec 
lequel  l'appareil  est  construit.  Pour  parer  à  cette  cause  d'erreurs,  j'ai  cioisé  les 
observations. 


SÉA^•CE    DU    6    JlIN    19IO.  l")I7 

Ea  général,  j'ai  eil'ectué  les  pointés  avec  la  lumière  émise  par  une  région 
déterminée  de  Tare  dans  deux  directions  inclinées  sur  la  normale  et  en  plus, 
dans  quelques  cas,  suivant  la  normale.  Un  grand  nombre  de  mesures  ont 
été  faites  sur  des  arcs  en  ballon,  quelques-unes  avec  des  arcs  en  forme  de  H. 
Les  nombres  trouvés,  de  même  ordre  de  grandeur,  varient  suivant  la 
pression  de  4oo™  à  3o'"  par  seconde;  la  vitesse  est  dirigée  de  l'anode  vers 
la  cathode,  elle  diminue  quand  la  pression  croit.  J'ai  trouvé  ainsi  : 

Vitesfe 340'"'*         aôS"'-*         186"'*         142"''         lag'"-'  Sa"'-' 

Pression  à  la  jauge  ou 

au  manomètre o">"\o2       o™"'.35       o™™."!       3™",  00       3""",  .m       7""",o 

Ces  vitesses  sont  très  faibles,  eu  égard  à  celles  qu'on  rencontre  d'habi- 
tude dans  les  tubes  à  vide. 

Le  mouvement  matériel  de  Tanode  vers  la  cathode  peut  encore  être  mis 
en  évidence  à  l'aide  d"une  lame  de  platine  suspendue  à  un  fil;  le  courant 
entrahie  fortement  cette  lame  vers  la  cathode,  l'angle  avec  la  verticale 
pouvant  atteindre  jusqu'à  io".  (3n  peut  encore  l'illustrer  à  l'aide  d'une  roue 
à  palettes  placée  dans  le  ballon  où  jaillit  l'arc;  partiellement  plongée  dans 
la  région  où  se  fait  la  décharge,  elle  prend  un  mouvement  de  rotation 
extrêmement  rapide  ;  la  roue  s'arrètant  dès  qu'on  la  sort  de  la  colonne 
positive,  c'est  donc  bien  à  celle-ci  qu'est  dû  le  mouvement. 

Toutes  ces  expériences  ont  été  faites  avec  des  courants  comjiris  entre 
2,5  et  5  ampères. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  mfets  oxydaiils  des  rayons  ultra-viulels  sur  les  corps 
gazeux.  Peroxydation  des  composés  oxygénés  de  l  azote  et  du  soufre. 
Note  (  ')  de  MM.  Daniel  Bertuelot  et  Henri  Gaudechox,  présentée  par 
M.  E.  Jungfleisch. 

Les  facultés  oxydantes  des  rayons  ultraviolets  se  manifestent  dans  la  pro- 
duction des  composés  oxygénés  de  l'azote  et  du  soufre. 

Nous  avons  examiné  d'abord  leur  effet  sur  des  mélanges  d'azote  et  d'oxy- 
gène en  suivant  la  techniquedéjà  décrite  (Comptes rendus,  9  et23  mai  1910), 
On  sait  que  l'étincelle  et  l'arc  électriques  combinent  ces  gaz,  secs  ou  hu- 
mides, en  donnant  les  divers  composés  oxygénés  de  l'azote,  et  que  l'effluve 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  23  mai  1910. 


l5l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

donne  avec  les  gaz  Inimides  uniquement  de  l'aride  azotique  (  '  ).  l^'efTel  des 
rayons  ultraviolets  est  tout  autre.  Ils  sont  sans  action  appréciable  sur  les 
mélanges  précités. 

1°   Air  atmosphérique.  —  Lampe  iio  volu.  Ttibe  exposé  i  Jieure  à  2''"'  de  distance; 

I  lieuie  à  5"";  i  lieure  à  S''"'.  Aucune  variation  du  volume  gazeux.  Pas  de  vapeurs  ni- 
treuses.  l'as  d\i/.one  en  proporlion  appiécial)le.  Mercure  non  oxvdé. 

Autre  expérience  sur  l'air,  prolongée  une  fois  et  demie  aussi  longtemps  dans  les 
mêmes  conditions  d'exposition.  Même  résultat  négatif.  L'anaivse  des  2'"'".  77  résiduels 
donne  o''"'\  57  ()^+  2'''"',  20  Az-,  ce  qui  est  bien  la  composition  de  l'air. 

Dans  les  expériences  précédentes,  comme  dans  toutes  les  expériences  analogues,  sauf 
indication  contraire,  les  gaz  étaient  secs,  avant  été  maintenus  plusieurs  semaines  en 
présence  de  potasse  ou  de  chlorure  de  calcium  fondus  ou  d'acide  sulfurique. 

2°  Air  saturé  de  vapeur  d'eau.  —  Action  prolongée,  4  heures  3o  minutes,  comme 
la  précédente.  Même  résultat  négatif. 

3°  Mélange  d^azote  et  d'oxygène.  —  r '"".  iT)  Az--+- 2'^"''.62  0-.  Lampe  iio  volts. 
Tube  placé  1  heure  à  Y'"-,  '  heure  à  6""°',  1  heure  à  8'"'.  l^as  de  variation  de  volume 
appréciable.  .Mercure  légèrement  oxvdé. 

La  formation  d'ozone  qui,  même  avec  l'oxygène  pui'.  est  toujours  très  faible,  parait 
ralentie  |)ar  la  présence  d'azote,  et  dans  les  expériences  précédentes,  ce  n'est  qu'avec 
le  dernier  mélange,  le  plus  riche  en  oxvgène,  qu'il  s'en  produit  une  trace. 

La  non-combinaison  de  l'azote  et  de  l'oxygène  par  les  rayons  ultraviolets 
est  d'accord  avec  l'observation  :  sinon  les  rayons  ultraviolets  émanés  du 
Soleil,  (]ui  agissent  avec  une  grande  intensité  dans  les  couches  supérieures  de 
l'atmosphère,  détermineraient  la  disparition  de  l'azote  et  de  l'oxygène  de 
Tair. 

l'iioDiicTioN  DES  MTIUTES  liT  DES  NITRATES.  —  4"  Protoxyde  d'azote.  —  Lampe  i  lo  volts. 
Tube  exposé  4  heures  et  demie  à  2'^'"  de  distance  et  2  heures  à  7"".  ^"olume  initial  i""',76  ; 
volume  final  i""',6o  ne  contenant  ni  O^ni  AzO  et  composé  deo""',a9.\z-0  -hi'^"'',3i  Az'. 

II  a  disparu  i"^"'",  47  Az-O,  qui  ont  donné  i""',3iAz'-  libre  -+- o"'',  16  Az-  fixé  sur 
le  mercure  -t-o""',73  0-  fixé  sur  le  mercure.  La  surface  de  mercure  est  couverte 
d'un  sel  blanc,  qu'on  dissout  dans  l'eau  distillée;  le  sulfate  de  diphénjlamine  donne 
une  coloration  violette  (nitrite  ou  nitrate);  le  réactif  de  Griess  une  coloration  rose 
(nitrite);  le  réactif  de  Giandval  et  Lajoux,  une  légère  coloration  jaune  (nitrate).  Le 
sel  est  donc  du  nitrate  de  mercure,  mélangé  d'oxyde  et  d'une  faible  quantité  de 
nitrate. 

Le  protoxyde  d'azote  s'est  décomposé  sous  l'influence  des  rayons  ultraviolets,  en 
azote  et  oxvgène;  l'oxygène  s'est  porté  sur  le  protoxyde  non  décomposé  pour  former 
les  owdes  supérieurs  de  l'azote  ((ni  ont  attaqué  lo  mercure. 

('  )  -M.  Iîkuthki.ot,  Synthèse  de  l'acide  azoti<jue  et  des  azotates  à  la  lenipcTature 
ordinaire  ((Jontples  tendus,  t.  (^\LI1.   ifjoG,  p.  1367). 


SÉANCE    DU   6    JUIN    1910.  iSlQ 

L'expérience  a  été  répétée  en  exposant  le  tube  2  heures  à  ?."",  5  ;   2  neures  à  5""  ; 

2  heures  et  demie  à  S"^"^  de  la  lampe  1 10  volts.  Le  mercure  s'est  recouvert  de  même 
d'une  croûte  d'oxvde,  de  nitrite  et  de  nitrate,  mais  l'écartemenl  de  la  lampe  étant 
plus  grand,  la  décomposition  du  gaz  Az^O  est  moins  avancée.  Volume  initial  :  3^"',  35. 
Volume  final  :  3""',  22,  composé  de  1°"',  81  Az-0  -i-i'''"",  4i  Az-.  11  a  disparu  i'^'"',  54  Az-0 
qui  ont  donné  i'^"'',4i  Az-libre  +  o"'"',  i3  Az-,  fixés  et  0'='"',  77O-  fixés. 

5°  Bioxyde  d'azote.  —  Lampe  1 10  volts.  Tube  exposé  3  heures  à  3'^"'  de  distance. 
Volume  initial:  3""\83.  \'olunie  final  :  3^'"', 27,  composé  de  2'°'\8i  AzO  +  o'^"'',46  Az'-. 
Le  mercure  est  fortement  attaqué,  et  sa  surface  recouverte  d'une  couche  d'oxyde,  de 
nitrite  et  de  nitrate.  Il  a  disparu  i'^"'",02  de  AzO  qui  ont  fourni  o'^'"',5f  0°  fixés  sur  le 
mercure  et  0'°'',  5i  Az-  dont  o'^'"',  46  se  retrouvent  à  l'état  libre  et  o''"'',o5  ont  été  lixés 
sur  le  mercure. 

6°  Mélange  de proioxyde  d'azote  et  d'oxygène.  —  Lampe  1 10  volts.  Tube  exposé 

3  heures  à  3"^"' de  distance.  Noiu me  initial  :  4'^"'\4o,  composé  de  2"^"'',4oAz^O  +  2'^">',oo0^. 
Volume  final:  3""",  5i,  composé  de  i'"'',07  Az-0 -H  o"^"',  gS  Az- +  i"^"',  5i  0-.  Les  va- 
peurs nitreuses  ont  apparu  au  bout  de  peu  de  temps  et  persisté  tout  le  cours  de 
l'expérience.  Le  mercure  est  couvert  d'une  croûte  saline.  Les  volumes  de  gaz  fixés  sur 
le  mercure  sont  dans  le  rapport  de  4o  d'azote  à  ii5  d'oxygène,'  ce  qui  répond  à  un 
mélange  de  nitrates  et  de  nitrites  que  l'on  caractérise  comme  plus  haut. 

Un  second  essai  a  donné  des  résultats  analogues.  Ces  réactions  sont  analogues  à 
celles  obtenues  en  4°  avec  le  protoxyde  d'azote  seul. 

Eu  résumé,  sous  rinfluence  des  rayons  iilti\tviolets,  dans  les  conditions 
des  expériences  précédenle.s,  l'oxygène  n'oxyde  pas  l'azote  lil)re;  ce  qui 
peut  tenir  à  ce  que,  la  réaction  étant  fortement  endothermique,  les  rayons 
ne  sont  pas  a2:)les  à  fournir  rénergie  en  quantité  voulue  ou  au  potentiel  clii- 
luicjue  nécessaire  à  la  combinaison.  Par  contre,  les  rayons  ultraviolets 
d(''terminenl  la  peroxydation  du  protoxyde  et  du  bioxyde  d'azote  :  réac- 
tions presque  indifférentes  an  point  de  vue  thermique  ou  même  exotlier- 
mifjues. 

Prot)L"(.tion  des  siLFATKS  :  7"  Auliydridc  sul/tireiix.  —  Mêmes  conditions  d'exposi- 
tion qu'au  i".  Volume  initial  :  2'^'"', 38;  volume  final  :  2''°'',  20.  Gaz  résiduel  entière- 
ment absorbable  par  la  potasse  :  donc,  anhydride  sulfureux  sans  oxygène.  Mercure 
couvert  d'une  croûte  saline  qui,  dissoute  dans  l'eau,  donne  un  précipité  avec  le  chlo- 
rure de  baryum  en  solution  acide  :  donc  sulfate  de  mercure.  Sur  la  face  du  tube  est 
un  dépôt  Itlanchàtre  de  soufre,  volatilisable  par  la  chaleur  avec  l'odeur  piquante  de 
l'anhvdride  sulfureux. 

Les  choses  se  passent  ici  de  même  qu'avec  l'effluve  ('). 

(Jette  production  d'acide  sulfurique  aux  dépens  de  l'anhydride  sulfureux 


(')  Berthrlot,  Mécanique  chimique,  t.  II,  1879,  p.  077. 

C.  R.,  1910,  j-  Semestre.  (T.  !50,  N°  23.)  I99 


l520  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

est  analogue  à  la  [n-nducliou  d'acide  nitrique  aux.  dépens  du  [)i'otoxyde 
d'azote  ou  du  bioxyde  d'azote.  Dans  les  deux  cas,  il  y  a  décomposition  avec 
oxydation  d'une  partie  des  produits. 

8"  Mélange  d'anhydride  sulfureu.v  el  d'oxygène .  —  Mêmes  conditions  rl'expo- 
silion  qu'au  i°.  Volume  initial  :  3''"'',25j  composé  de  2'"'',o5  SO- -4-  i'^"',  20O-.  N'ohime 
final  :  2'^"'',55,  où  l'on  a  dosé  séparément  i'='"',6o  SO'  et  o""'',94  0-.  Il  a  donc  dispaiu 
o™',  4->  SO^ -H  o''""',  af)  O',  soit  en  tout  o"''"',-i,  ce  qui  s'accorde  avec  la  diminution 
globale  de  volume  observée  o""'.  70. 

Sur  les  parois  du  tube,  on  voit  le  dépôt  blanchâtre  de  soufre  qui  s'est  produit,  fait 
curieux,  en  présence  de  l'oxygène  en  excès.  A  la  surface  du  mercure  est  une  petile 
croi'ite  (le  sulfate. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  azolures  et  les  oxydes  extraits  de 
r aluminium  chauffé  à  l'air.  Note  de  M.  J.-O.  Seupek,  présentée 
par  M.  d'Arsonval. 

Dans  les  Comptes  rendus  du  11  avril  dernier  C)  M.  Kohn-Abrest  a 
publié  une  Note  Sur  les  azolures  el  les  oxydes  extraits  de  l  aluminium,  dans 
laquelle  il  a  cru  donner  comme  nouvelle  l'action  de  l'air  et  de  l'azote  sur  la 
poudre  d'aluminium  cbauffée. 

Les  résultats  de  M.  Kohn-Abrest  sont  connus  depuis  longtemps. 

1°  M.  Matignon  (-)  a  déjà  indique  que  la  combustion  de  Faluminium  fournit  siniiil- 
lanément  de  l'alumine  el  de  l'azoture. 

2°  M.  le  professeur  l'ichter  (^),  sur  ma  demande,  a  liieu  voulu  ci>m|)létei'  mes  con- 
naissances jusqu'ici  très  rudimcnlaires  sur  la  préparation  et  les  propriétés  de  l'azoture 
(l'aluminium.  Dans  son  travail,  il  a  montré  en  particulier  que  l'azote,  sans  action  sur 
l'aluminium  à  600°,  commence  à  réagir  avec  la  température  de  fusion  de  ce  dernier, 
soit  657°,  pour  donner  une  transformation  rapide  vers  720"-74o";  que,  en  outre,  l'azo- 
ture s'oxydait  progressivement,  et  enfin,  il  a  défini  les  conditions  de  préparation  de 
l'azoture  à  parlir  de  l'azole  et  donné  les  principales  propriétés  de  cet  azoture. 

3°  Depuis  1900  je  me  suis  occupé  de  la  préparation  technique  de  l'azoture  d'alu- 
minium. M.  Bronnerl  (')  a  exposé  mes  procédés  eu  même  temps  qu'il  indiquait  les 
propriétés  plus  précises  que  je  lui  avais  reconnues. 


(')   Voir  t.  j.'lO,  p.  ()i8. 

[')   Comptes  rendus,  t.  CWX,  1900,  p.  1890. 

(')  Zeils.  anorg.  Chemie.  t.  \A\ .  1907,  p.  822. 

(■')   Bull.  Soc.  inil.    Mulhouse,  janvier  et  février  1909. 


SÉANCE    DU    ()    JllX    I910.  l5al 

.l'ajouterai  de  plus  que  M.  Kohn-Abresl  cite  comme  nouvelle  la  forma- 
lion  d'un  azoture  d'aluminium  de  composition  différente  de  celle  de  AlAz; 
ni  M.  Fichter  ni  moi,  dans  mes  nombreux  essais,  n'avons  jamais  constat/' 
la  formation  de  ce  nouveau  produit. 


CHIMIE   MINÉRALE.    —    De  l'action   de  l'air  sur  la  houille.   Aote 
de  M.  P.  Mahler,  présentée  par  M.  Ad.  (  larnot. 

Dans  l'étude  calorimétrique  des  combustibles  que  jai  publiée  en  1892, 
sous  lesauspices  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'Industrie  nationale, 
j'ai  inséré  une  Note  sur  VAÙération  des  Iiouilles  à  l'air.  J^es  recherches  que 
je  poursuis,  au  Laboratoire  de  l'ivcole  des  Mines,  sont  un  développement 
de  cette  Note. 

I.  Ces  nouvelles  recherches  m'ont  conduit  à  soumettre  la  houille  à 
l'action  d'un  courant  d'air  atmosphérique,  à  des  températures  relativement 
basses,  et  plus  particulièrement  au-dessous  de  la  température  d'ébullition  de 
l'eau. 

La  houille  esl  placée  dans  un  tube  de  cristal  chauffé  dans  une  étuve,  et  qui  peut  re- 
cevoir 2008  de  charbon  pulvérisé.  Le  tube  admet  un  courant  d'air  pur  et  sec;  d'autre 
part,  il  est  en  relation  avec  des  appareils  qui  permettent  d'arrêter  et  de  mesurerl'eau. 
le  gaz  carbonique  et  l'oxyde  de  carbone  pouvant  résulter  de  Taction  de  l'air  sur  le 
charbon,  à  la  température  du  tube.  Depuis  les  travaux  de  M.  A.  Gautier  et  de 
M.  Nicloux,  l'emploi  de  l'anhydride  iodique  pour  doser  l'oxyde  de  carbon^e  est  devenu 
d'une  sûreté  incontestable.  Dans  le  cas  présent,  il  était  nécessaire  de  débarrasser  le 
courant  gazeux  des  traces  possibles  d'hydrocarbures  non  saturés,  susceptibles  d'agir 
comme  l'oxyde  de  carbone  sur  l'anhydride  iodique.  J'ai  eu  recours  au  lavage  de  ce 
courant  gazeux  dans  l'acide  sulfurique  chauffé  à  lyS^C. 

.l'ai  ainsi  éludié  des  houilles  provenant  des  mines  de  Courrièrcs,  d'Anzin, 
d'Azincourt  et  de  Decazeville.  Avec  des  prises  d'essai  exactement  privées 
d'eau  hygroscopique  et  de  gaz  occlus,  j'ai  observé  que  l'air,  dès  une  tem- 
pérature de  jo"  à  4"°  C.,  exerce  sur  ces  houilles  une  action  déshvdrogé- 
nanle,  avec  mise  en  liberté  d'eau,  de  gaz  carbonique  et  d'oxyde  de  carbone, 
en  quantités  mesurables  et  croissant,  en  général,  avec  la  température.  Les 
chiffres  que  j'ai  obtenus  ne  sauraient  avoir  de  valeur  absolue;  l'état  phy- 
sique de  la  houille  plus  ou  moins  pulvérisée,  la  vitesse  de  l'air  pouvant,  in- 
dépendamment de  la  température,  avoir  un  effet  sur  l'importance  de  la 
réaction.  Ces  chiffres  précisent,  cependant,  le  sens  du  phénomène.  Voici, 


l^ll  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

à  liire  crexeniple,  ceux  qui  concenieiil  la  veine  Joséphine  de  la  concession 
de  Courrières. 

J^'evpérience  a  consisté  i'i  porler  làoi^  de  charbon  par  période  de  3o  heures,  à  2Ô°, 
40°,  etc.,  et  à  mesurer  l'eau,  le  gaz  carbonique  et  l'oxyde  de  carbone  mis  en  libeité 

sous  l'action  de  l'air- 

Gaz  caibonii|uc.     Oxyile  tic  rarljoni'. 
Températures.  I'".au.  C.  C'. 

9.5    à    3o I  I  ,00  2,88 

45 /  _                           1 ,55  3,78 

C5 I  0.290                    4i25  5)39 

85 I  12,00  4-97 

io5 3o,oo  6,67 

J"ai  étudié  les  mêmes  houilles,  non  plus  à  l'élaL  sec,  mais  brutes,  c'est-à- 
dire  retenant  un  peu  d'humidité.  J'ai  ainsi  observé  que  l'action  de  l'air,  à 
une  température  déterminée,  dégage  bien  moins  d'oxyde  de  carbone  avec 
une  houille  humide  quavec  la  niéme  houille  desséchée.  La  houille  de 
Courrières,  par  exemple,  non  desséchée,  portée  pendant  3o  heures  à  35", 
n'a  dégagé  que  i""',i3  d'oxyde  de  carbone.  Il  faut  remarcjuer,  en  effet,  que 
la  réaction  dont  je  parle,  lente  et  limitée  à  chaque  température,  dégage  une 
certaine  quantité  d'eau.  Dès  lors,  il  apparaît  que  l'humidité,  soit  dans  la 
houille,  soit  dans  l'air,  doit  retarder  cette  réaction  et  en  particulier  s'oppo- 
ser au  dégagement  de  l'oxyde  de  carbone. 

J'ai  mis  en  évidence,  qualitativement,  le  dégagement  de  l'oxyde  de  carbone  de  la 
houille  par  l'action  de  l'air,  dans  une  autre  série  d'expériences.  Elles  ont  consisté  à 
faire  passer  un  courant  d'air  pui-  très  lent  sur  un  poids  important,  icoo^'  à  1200s  de 
charlion  légèrement  chaufTé,  et  à  laver  ensuite  le  courant  gazeux  dans  un  tube  de 
Winkler,  garni  d'une  solution  très  étendue  de  sang.  J'ai  ainsi  constaté,  au  spectro- 
scope,  au  bout  d'un  temps  variable,  suivant  réchanlillon,  la  formation  de  l'oxycarbo- 
hémoglobine,  c'est-à-dire  l'intoxication  du  sang. 

En  somme,  il  paraît  résulter  de  mes  expériences  que  les  traces  d'oxyde 
de  carbone  que  l'analyse  a  pu  révéler  dans  l'atmosphère  des  houillères,  y 
existent  non  point  accidentellement,  mais  normalement. 

II.  Enfin,  l'examen  de  l'action  de  l'air  sur  les  houilles  de  Courrières, 
d'Auzin,  etc.,  aux  températures  comprises  entre  100° et  200" C,  m'a  fourni 
quelques  observations. 

A  l'aide  de  l'appareil  dont  j'ai  indiqué  plus  haut  le  principe,  j'ai  constaté,  au-dessus 
de  125°  environ,  un  accroissement  considérable  de  la  production  de  l'eau,  du  gaz  car- 
boni(|ue  et  de  l'oxyde  de  carbone,  et  simultanément,  dans  l'eau  condensée  l'apparition 


SÉANCE    DU    6   JUIX    1910.  1323 

de  traces  d'hydrocarbures  odorants.  Puis,  au-dessus  de  i5o",  j'ai  observé  lacidilé 
croissante  de  l'eau  de  condensation.  Je  reviendrai  prochainement  sur  le  liquide  à 
odeur  nettement  acétique,  recueilli  dans  ces  conditions. 

Ce  phénomène  d'oxydation  acide  coïncide,  par  ailleurs,  avec  la  forma- 
tion, aux  dépens  de  la  houille,  d'une  grande  quantité  d'acide  ulmique.  Sa 
constatation  contrôle  l'exactitude  des  vues  avancées,  dès  iS()r>,  dans  ma 
Note  sur  V Altération  des  houilles  à  l'air. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Oxydation  des -^'-glyvols  acétyléniques.  Synthèse 
d'acides -alcools  a.  Note  de  M.  Geokges  Dupont,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

I.  Dans  une  précédente  Noie  ('),  j'ai  indiqué  la  production  d'acide  lac- 
tique par  oxydation  des  isomères  de  Y he.rine-3-diol-2-o  par  une  solution 
neutre  de  permani;anate  de  potassium  à  i  pour  100.  Il  m'a  paru  intéressant 
d'essayer  de  généraliser  ce  procédé  de  synthèse  des  acides-alcools  a,  à 
partir  des  y-glycols  acétyléniques,  d'après  la  réaction 

I .        ,l^,^co II  —  c  ~  r:  —  co 1 1 { H  +  o ■  +  11-0  =  2  '''^ co  1 1  -  co^ ii . 

Ce  procédé  est  parallèle  au  procédé  classique  consistant  à  hydrater  les  nilriles- 
alcools,  car  tous  deux  ont,  comme  point  de  départ,  les  aldéhydes  ou  çétones.  Le  pro- 
cédé que  j'ai  étudié  utilise,  intermédiairemenl,  la  formation  des  glycols  acétyléniques 
à  l'aide  du  dibromomagnésium-acétylène,  réaction  qui  donne,  en  général,  de  très  bons 
rendements  et  ne  présente  pas  les  dangers  de  la  préparation  des  cyanhydrines  utilisées 
dans  la  méthode  classique. 

Malheureusement,  la  réaction  se  complique,  dans  le  cas  des  glycols 
secondaires,  d'une  oxydation  ultérieure  de  l'acide-alcool  et,  dans  le  cas  des 
glycols  tertiaires,  de  la  formation  d'acide  oxalique  et  de  cétone  d'après  la 
réaction 

]|,^C01I  -  C  =  G  -  C01I<^J|,  +  O'  =  2^,^C0  +  COMl  -  COMI. 

Mode  opératoire.  —  La  réaction  est  généralement  assez  rapide  et  doit  se  faire  dans 
un  bain  d'eau  glacée.  La  concentration  de  la  solution  permanganique  peut  être  portée 
à  2  ou  3  pour  100  dans  le  cas  des  glycols  tertiaires.  Lorsque  les  glycols  étaient  inso- 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  1909,  p.  iSSi. 


l524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lubies  dans  l'eau,  ce  solvant  élail  remplacé  par  de  l'acétone  pure  ou  diluée.  Ouand  le 
permanganate,  ajouté  en  quantité  théorique,  était  complètement  réduit,  la  liqueur 
était  filtrée  et  distillée  (dans  le  vide  dans  le  cas  de  l'eau).  Le  résidu,  contenant  le 
sel  de  potassium  de  l'acide  cherclié.  était  lavé  à  Féther,  puis  acidulé  par  de  l'acide 
sulfurique  étendu  ;  une  extraction  à  léther  l'ouriiissail  l'acide. 

II.   ^  oici  les  résultats  obtenus  avec  un  certain  nombre  do  glycols  : 

CH' \  /CH' 

1°  Le  glycol  „„3^COH  -  C^eC  —  COH\  „„,  (  ')  m'a  àonnéVacIf/r 

oxyisohittYriqup  fondantà  78"  et  caraclrrisc  par  son  sel  de  zinc  ZnA-,  aH-O; 

2°  Le  glycol  ^.Vj^^^COH  -  C  =  C  -  C0H(  ^'j^.,  ('>"'=' lionne  qu'une 

très  faible  quantité  d'un  acide,  fondant  à  C)-'^  et  qui  doit  être  de  Vacit/e  mé- 
ihylélhylglycolique,  mais,  au  contraire,  une  assez  forte  jMoportion  d'acide 
oxalique  et  de  méthylétbylcétone; 

i"  Les  deux  isomères  du  glycol  ""„„,. C0H  —  Cîî^C  —  ('0Hvp„3   (^) 

donnent,  avec  un  assez  bon  rendement,  de  V acide  alrolactujue  qui,  anhydre, 
fond  à  9i°-9'2".  II  était  accompagné  d'acide  oxalique  et  d'acétophénone ; 

r  Le  glycol  ro|î'.  V^OH  -  Ce^C  --  <-0H('[^[^,'  donne,  sans  diffi- 
culté, de  X acide  diphénylglycolique,  fondant  à  i49"-i5o",  accompagné 
d'acide  oxalique  et  de  benzophénone. 

Ce  glycol,  à  ma  connaissance  non  encore  décrit,  s'obtient  aisément  par  l'action  de  la 
benzopliénone  sur  le  dibromoniagnésium-acétylène.  Cristallisé  dans  le  toluène,  il  fond 
à  19.3". 

'io  Lesdeuxisomèresdu glycol  CCl^'-CHOH-C-C-CHOH-CCPr') 
m'ont  donné,  en  évitant  soigneusement  tout  écliaufîement,  Vacide  Irichluro- 
laclique  fondant  à  ii6"-ii9".  Le  rendement  atteint  l\o  pour  100  et  ici, 
comme  ])0ur  les  autres  glycols  secondaires,  on  ne  trouve  pas  trace  d'acide 
oxalique. 

(i°  Enlin  le  glycol  041  ■—  CHOU  _  C  =  C  -  CHOH  -  C'W  (y)  ne 
m'a  donné  que  de  l'acide  benzoïque,  tandis  qu'une  partie  restait  inaltérée. 
Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'isoler  d'acide  phénylglycolique  ni  d'acide 
phénylglyoxylique. 

(')  JoTsrrcii,  ./.  Soc.  pliys.  cliirn.  /■.,  t.  \W1\  ,  p.  a^a-a^^- 
(^)  JoTsncii,  /.  Soc.  pliys.  cltiin.  r.,  l.  XXXV,  p.  1269-1275. 
(■')  Comptes  rendus,  t.  loO,  p.   laai. 


SÉANCE    DU   6    JllN    1910.  1025 

En  résumé,  roxydiillon  ponnaiiganique  de  ces  glycols  donne,  sauf  dans 
le  dernier  cas  où  elle  dépasse  le  but,  les  acides-alcools  attendus,  mais  les 
rendements  sont  médiocres  et  très  variables  avec  les  conditions. 

III.  .J'ai  été  naturellement  amené,  dans  le  but  d'améliorer  les  rende- 
ments, à  bloquer  les  fonctions  alcools  en  les  transformant  en  fonctions 
étliers-oxydes  ou  élhers-sels.  Dans  ces  conditions,  la  métliodc  donne  des 
résultats  très  satisfaisants. 

Dans  le  cas  des  éllieis-sels,  Towclalion  esl  Jente  et  demande  plusieurs  jouis;  l'acé- 
tone diluée,  servant  de  solvant,  s'attaque  dans  ces  conditions;  un  excès  de  perman- 
ganate esl  donc  nécessaire  pour  ijue  l'oxydation  soit  complète. 

1"  Le  (limélh().rv-i.\-lnitme'i  (^'),  traité  par  une  solution  peiMuanganicpie 
aqueuse,  donne,  à  peu  près  uniquement,  V acide  méthoxvglycolique  caracté- 
risé par  son  sel  de  zinc  ZnA-,  ill-O. 

2"  Les  diacélines  des  deux  isomères  du  glycol 

(>  1 1  ■  —  Cil  01 1  —  C  =  C  -  Cl l OH  —  C" H' 

donnent,  avec  un  Ijon  rendement,  de  Vacide  acétophénylglycvlique .  Ce  corps 
cristallise  dans  l'eau  avec  i'""'  d'eau  et  fond,  alors,  à  38°-39°;  il  se  déshy- 
drate dans  le  vide  sec  ou  à  90°  et  son  point  de  fusion  devient  alors  7.1". 
']"  Les  diacétines  du  glycol 

C CI'—  CH  OH  —  C  =  C  —  CH  OH  -  C  Cl' 

donnent,  de  même  presque  exclusivement,  de  Vacide  acélolrichlurolaciiqiie 
qui,  cristallisé  dans  l'eau,  fond  à  56°-57°  et  perd  1"°'  d'eau  de  cristallisa- 
tion vers  80°. 

Ces  c|uelques  exemples  semblent  bien  démontrer  que,  si  la  méthode  n'est 
pas  très  avantageuse  pour  obtenir  les  acides-alcools  eux-mêmes,  elle  le 
devient  pour  la  pi'éparalion  de  leurs  éthers-oxydes  ou  de  leurs  acétiues. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'isoméfisatiofi  de  l'acide  oléique  par  déplacemenl 
de  la  double  liaison.  Note  de  MM.  A.  Arnaud  et  S.  Posteknak,  pré- 
sentée par  M.  L.  Maquenne. 

L'hypothèse  de  l'isomérisation  par  déplacement  de  la  double  liaison  lui 
émise  en  1887  par  MM.  Saylzefï'(-) 

(')  Lespieau  et  DiPONT,  litill.,  4°  série,  t.  1.  p.  \. 
(-)  Journ.  f.  praki.  C/iemie,  t.  XXXV,  p.  386. 


l526  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  traitant  par  la  potasse  alcoolique  l'acide  iodostéarique  f)btenu  par  lixatiim  de  Hl 
sur  l'acide  oléique  ces  auteurs  ont  observé  la  formation  d'un  mélange  d'acides  gras 
composé  presque  exclusivement  par  de  l'acide  oléique  régénéré  et  un  isomère  solide, 
différent  de  l'acide  élaïdique.  Cet  isomère,  désigné  sous  le  nom  d'acide  isooléique. 
fondait  à  44''-45''  et  donnait  un  acide  dioxvstéarique  fondant  à  'Jj°-'j8°.  MM.  Savlzelf 
ont  admis  que  ce  corps  renferme  sa  double  liaison  en  A,  ;.  l'acide  oléique  la  présentant 
en  Aj.v  ;  il  dérivait  donc  de  ce  dernier pardéplacement  de  la  double  liaison  d'un  carbone 
à  droite,  vers  le  carboxjle. 

Or,  la  plupart  des  auteurs  admettent  que  la  double  liaison  de  l'acide  oléique  est 
située  entre  le  neuvième  et  le  dixième  carbone  (').  D'autre  part,  Ponzio  ('-)  et,  plus 
récemment,  Le  Sueur  ('),  en  débromant  par  la  potasse  alcoolique  l'acide  a-bromo- 
stéarique,  ont  préparé  le  véritable  acide  isooléiijue  A,  3  qui  ne  ressemble  nullement  au 
corps  de  MM.  SaytzefI,  car  il  fond  à  aS^-ag"  et  donne  un  acide  dioxvstéarique  fusible 
à  126°. 

Ayanl  repris  celte  question  nous  n'avons  pas  lardé  à  reconnaître  que 
l'expérience  de  MM.  Saytzeff  conduit  à  un  mélange  beaucoup  plus  complexe 
qu'ils  ne  l'avaient  supposé.  Nous  y  avons  caractérisé  déjà  quatre  acides  dif- 
férents, et  la  liste  ne  semble  pas  épuisée;  ces  corps  sont:  l'acide  élaïdique 
ordinaire  Agio,  l'acide  élaïdique  A^.^,  l'acide  oxysléarique  C"H"0'  et  de 
l'acide  oléique  régénéré  A,,.,,,. 

L'expérience  suivante,  qui  en  donne  la  preuve,  a  été  réalisée  sur  700"  dacide 
oléique  pur. 

On  fait  passer  un  courant  de  111  sec  dans  l'acide  oléique  jusqu'à  ce  que  le  poids 
augmente  de  3i8f;  puis  on  dissout  dans  la  potasse  alcoolique  et  l'on  fait  bouillir 
pendant  3  heures.  Les  acides  gras  désiodés,  mis  en  liberté  par  l'acide  sulfurique  étendu, 
se  prennent,  par  refroidissement,  en  une  masse  cristalline,  imprégnée  d'une  substance 
huileuse  qu'on  sépare  à  la  presse  hvdraulique.  On  obtient  ainsi  un  gâteau  sec  pesant 
285s  et  4i5^  de  produit  liquide,  contenant  encore  des  acides  solides  en  solution.  On 
précipite  ceux-ci  en  majeure  partie,  en  solution  alcoolique,  sous  forme  de  sels  de  ma- 
gnésie cristallisés,  ce  qui  donne  une  nouvelle  portion  d'acides  solides,  pesant  iios  et 
en  tout  semblables  aux  précédents.  Par  recristallisation  dans  beaucoup  d'alcool,  à 
l'état  de  sel  acide  de  sodium,  ce  qui  les  débarrasse  des  dernières  traces  d'huile  adhé- 
rente, ils  se  présentent  sous  la  forme  d'un  corps  blanc,  à  texture  cristalline,  qui  fond 
vers  36°  et  sur  lequel  on  commence  les  fractionnements.  Pour  cela  on  le  dissout 
dans  6'°'  d'alcool  et  l'on   ajoute  une  quantité  de  soude  alcoolique  titrée  juste  suffi- 


(')  OvKRBECK,  Ann.d.  Cheniie,  t.  C.VI>,  p.  Sg.  —  IIariues  et  Thieme,  /(/.,  t.  CC(JXLlll, 
1905,  p.  36o.  —  Baruch,  lier.  d.  chem.  Ges.,  t.  WYII,  1894,  p.  173.  —  Moli.nari  et 
SoNCiM,  Id..  t.  X\XI.\_,  1906,  p.  2735. 

(-)  Gazz.  c/iim.  ital.,  t.  \X\1V,  igoS,  p.  77. 

(')  Joiirn.  chem.  Soc,  t.  LWXV,  1904.  p.  1708. 


SÉANCE    DU   6    JUIN    19TO.  l527 

santé  pour  neutraliser  un  sixième  du  mélange.  Dans  ces  conditions,  un  tiers  des  acides 
cristallise,  à  l'état  de  sel  acide  de  sodium  ;  après  essorage  et  recrislallisation  dans  l'al- 
cool, on  retire  de  ce  sel  de  l'acide  élaïdique  ordinaire,  cristallisé  en  lames  oblongues 
fusibles  à  45°  et  donnant  par  oxydation  de  l'acide  g.  lo.cii-dioxystéarique,  corps  bien 
connu  qui  fond  à  QO^jO.  On  a  pu  ainsi  en  isoler  i5  pour  100  du  poids  de  l'acide 
oléique  mis  en  œuvre. 

Les  deux  tiers  des  acides  gras  i-estés  en  solution  alcoolique  ne  se  laissent 
plus  fractionner  et  simulent  une  substance  définie  fondant  à  3G",5-37°  ; 
cependant  son  indice  d'iode  est  79,2  (90,07  paur  un  acide  oléique)  et 
l'analyse  élémentaire  y  accuse  un  déficit  en  carbone  de  0,9  pour  100,  ce 
qui  s'explique  aisément  par  la  présence  dans  le  mélange  de  12  à  i  5  pour  100 
d'acide  oxystéarique.  Nous  avons  alors  essayé  de  le  convertir  en  acide 
stéarolique,  par  le  brome  et  traitement  ultérieur  à  la  potasse  alcoolique. 
A  110°  on  n'enlève  qu'un  seul  HBr,  comme  c'est  la  règle  pour  les  acides 
gras  non  saturés  de  configuration  cis.  A  180°  nous  avons  pu  en  débromer 
complètement  une  partie  et  obtenir  un  mélange  d'acides  stéaroliques  dont 
on  a  isolé  l'acide  ordinaire  Tg.n,  et  son  isomère  Tg  g,  fusible  à  47°)5  et 
donnant  un  dérivé  diiodé  d'addition  fusible  à  67°. 

L'acide  Tg.g  n'a  pu  se  former  qu'aux  dépens  de  l'acide  élaïdique  Ag.g 
préexistant;  nous  apportons  donc  la  preuve  de  l'isoinérisation  de  l'acide 
oléique  par  déplacement  de  la  double  liaison.  Contrairement  aux  idées  de 
MM.  Saytzeff  ce  déplacement  a  lieu  dans  le  voisinage  immédiat  du  neuvième 
carbone. 

N'ayant  pu  isoler  directement  l'acide  élaïdique  Ag ,,  nous  l'avons  préparé 
par  hydrogénation  partielle  du  stéarolique  correspondant  ( ').  Tablettes  à 
contour  de  parallélogramme,  peu  solublesdans  l'alcool  froid,  fondant  à  53° 
et  donnant  un  dioxysléarique  cristallisé  en  lames  minces  allongées,  fusibles 

L'acide  oxystéarique  se  trouve  avec  l'acide  oléique  régénéré  dans  les 
eaux  mères  alcooliques  du  sel  de  magnésie  extrait  de  la  partie  huileuse.  Ces 
eaux  mères  se  séparent  en  deux  couches  dont  la  plus  lourde,  insoluble  dans 
l'alcool  froid,  n'a  pas  encore  été  étudiée.  De  la  couche  surnageante  on  a 
isolé  près  de  3o'''  d'acide  oxystéarique  pur  C"H"0%  cristallisé  en  tablettes 
hexagonales  peu  solubles  à  froid  dans  l'alcool  et  l'élher,  fusibles  à  83''-84° 
et  identiques  au  produit  préparé  par  MM.  Saytzeff  par  la  méthode  de  Fremy. 

L'acide    isoléique  de   MM.    Saytzeff  n'est   donc  pas    une  individualité 

(')   Comptes  rendus,  t.  liiO,  |>.  ii3o. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  23.)  200 


l528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chimique.  En  fixant  sur  l'acide  oléique  une  molécule  de  HI  et  Fenlevant 
ensuite  au  moyen  de  la  potasse  alcoolique  on  provoque  au  moins  trois 
réactions  diflerentes  :  i°  transformation  de  Tacide  oléique  en  son  isomère 
stéréochimique;  2°  déplacement  de  la  double  liaison  vers  le  carboxyle; 
3"  remplacement  de  l'iode  dans  l'acide  iodostéarique  par  un  hydroxyle. 

Si,  par  analogie  avec  les  faits  observés  par  nous  sur  les  dérivés  diiodhy- 
driqucs  de  l'acide  stéarolique  ('),  l'iode  de  l'acide  iodostéarique  n'est  pas 
placé  uniquement  du  côté  du  carboxyle,  mais  aussi  du  côté  opposé,  il  doit 
nécessairement  se  trouver  dans  le  mélange  encore  un  autre  isomère,  soit 
élaïdique,  soit  oléique,  ayant  la  double  liaison  déplacée  à  gauche,  ainsi 
qu'un  deuxième  acide  oxystéarique.  Nous  poursuivons  ces  recherches. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  passage  de  (juelques  alcools  hydroaromatiqnes 
aux  phénols  correspondants.  Note  de  M.  Léon  Brcnel  ,  présentée 
par  M.  Emile  Jungfleisch. 

J'ai  fait  connaître  dans  des  Noies  a  nlérieures(Cow/j/e5 /Y  W/M,  t.CXXXVII, 
p.  1268;  t.  CXL,  p.  252,  et  t.  CXLI,  p.  1245)  comment,  par  fixation,  en 
présence  du  nickel  divisé,  de  G"'  d'hydrogène  sur  le  thymol  et  sur  le  car- 
vacrol,  j'avais  obtenu  les  alcools  hexahydroaromatiques  correspondants, 
le  ihymomenthol  et  le  carvomenthol. 

Pour  qu'aucun  doute  ne  subsistât  sur  la  constitution  de  ces  deux  alcools, 
il  restait  à  établir  cju'au  cours  de  l'hydrogénation  catalytique  des  phénols, 
réalisée  vers  iGo",  c'est-à-dire  à  une  température  notablement  élevée  et  en 
présence  d'un  agent  catalyseur,  le  nickel,  qui  s'était,  dans  nombre  de  cas, 
montré  très  actif,  il  n'y  avait  pas  eu  de  transposition  moléculaire  dans  la 
chaîne  hydrocarbonée.  Le  groupement  isopropylique,  par  exemple,  aurait 
pu  être  atteint. 

Je  me  suis  proposé  de  lever  toute  hésitation  sui'  cepoinl;  dans  ce  but, 
j'ai  ramené  les  deux  alcools  hydroaromali(jues  aux  phénols  qui  avaient 
servi  à  les  préparer. 

I.  Dans  une  |)rcmière  méthode,  mise  en  œuvre  seulement  avec  le  thymo- 
nienthol,  j'ai  utilisé  une  réaction  applifjuée  au  menthol  naturel  par 
MM.  liecUmanu  et  Eickelberg  (Beric/ite  chem.  Ges.,  t.  \XIX,  p.  Ai""^)- 


(')   Compli's  rcniliis,  i.  loO,  p.  i24:>. 


SÉANCE    DU   6    JUIN    IpIO.  1 529 

A  cet  efTet,  le  tliymomenlliol  est  oxydé  à  froid  par  l'acide  cliromique  en  solution 
acétique;  il  se  forme  ainsi  la  thjmomenthone.  Cette  cétone,  mise  en  solution  dans  le 
cliloroforme,  est  additionnée,  par  petites  portions,  de  4"'  de  brome  pour  i"""'.  Chaque 
addition  provoque  un  abondant  dégagement  d'acide  bromliydrique.  Lorsque  la  réaction 
est  terminée,  on  lave  la  solution  clilorofoimique  à  l'eau  et  l'on  distille  pour  chasser 
le  chloroforme.  Le  résidu  est  un  liquide  huileux,  jaunâtre,  qui  se  prend  bientôt  en  une 
bouillie  cristalline.  Les  cristaux  ont  la  composition  d'une  ihymomenthone  bibromée 
C'H'^Br-O;  dissous  dans  l'alcool  chaud,  ils  se  déposent,  par  refroidissement  de  la 
liqueur,  en  gros  prismes  incolores,  inodores,  fusibles  à  97°.  Ce  composé  brome  est 
insoluble  dans  l'eau,  peu  soluble  dans  l'alcool  à  froid,  très  soluble  dans  l'alcool  à 
chaud. 

La  ihymomenlhone  hlbromée,  cliaiifrée  pendant  quelques  minutes  avec 
un  e\côs  de  (juinoléine,  fournil,  par  pcfte  de  2'""'  d'acide  hioniliydrique,  du 
thymol. 

Ce  composé  est  séparé  de  la  quinoléiiie  par  des  lavages  à  l'acide  chlorhydrique  étendu. 
Le  résidu  passe  en  presque  totalité  à  la  distillation  entre  232°  et  234°;  i'  se  prend  bientôt, 
surtout  lorsqu'on  y  projette  un  cristal  de  thymol,  en  une  masse  cristalline,  fusible  à  5o". 
L'analyse  montre  que  sa  composition  est  celle  du  thymol.  Ces  cristaux  possèdent 
d'ailleurs  l'odeur  caractéristique  du  thymol  et  en  présentent  toutes  les  réactions;  ils 
donnent  notamment  de  l'arislol  par  l'action  de  l'iode  en  présence  de  soude. 

II.  Une  deuxième  méthode  m'a  fourni  des  résultats  encore  meilleurs  ;  elle 
consiste  dans  la  déshydrogénation  catalytique,  en  présence  de  cuivre  divisé 
et  chaud,  des  alcools  hydroaromatiques.  MM.  Sabatier  et  Senderens  ont 
constaté  qu'à  haute  température,  entre  3oo°  et  380°,  en  présence  de  cuivre 
réduit,  le  cyclohexanol  et  les  hydrocrésols  sont,  pour  une  certaine  partie, 
dédoublés  en  hydrogène  et  phénols  correspondants  (^Ann.  de  C/iirn.  et  de 
Phys.,  8"  série,  t.  IV,  p.  378  et  4GG). 

Avec  le  liiyniomenthol,  le  menthol  naturel  et  le  carvomenthol,  j'ai  constaté  que  ce 
dédoublement  peut  être  total  à  une  température  notablement  inférieure,  voisine  de  23o°. 
Le  cuivre,  qui  doit  servir  d'agent  déshydrogénant,  est  introduit  dans  le  tube  à  catalyse 
sous  forme  d'oxyde  déposé  sur  de  la  ponce  granulée.  La  réduction  de  cet  oxyde  de 
cuivre  doit  être  elTectuée  vers  3oo°;  en  opérant  à  cette  température,  on  évite  d'avoir 
du  cuivre  réduit,  trop  actif  au  début,  qui  agirait  sur  les  alcools  hydroaromatiques  en 
les  dédoublant  en  carbures  et  eau. 

L'alcool  hytlroaromatique  étudié  étant  introduit  dans  le  tube  à  catalyse,  chauffé 
à  23o°-24o°,  avec  une  vitesse  de  3s  à  l'heure,  on  constate  au  début,  pendant  une  heure 
ou  deux,  que  l'action  déshydratante  est  particulièrement  marquée,  puis  elle  s'atténue 
rapidement  pour  disparaître  bientôt  complètement  ;  la  déshydrogénation  de  l'alcool 


l53o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

li^'droaromatique  s'opère  alors  régulièrement.  Les  produits  ainsi  obtenus  dans  l'action 
catalytique  désliydrogénante  sont  purifiés  par  distillation. 

III.  Dans  le  cas  du  thymomenthol  et  dans  celui  du  niontliol  naturel,  la 
presque  totalité  du  liquide  passe  à  232°-233".  Le  liquide  ainsi  obtenu  se 
prend  bientôt  en  une  masse  cristalline  constituée  dans  les  deux  cas  par  du 
thymol  pur.  En  effet,  le  produit  fond  à  .')0°  et  bout  à  232°.  Il  présente  à 
l'analyse  la  composition  du  thymol.  Il  donne  la  réaction  de  Taristol.  Le 
rendement  en  thymol  avec  le  menthol  naturel  ou  le  thymomenthol  est  voisin 
de  85  pour  loo. 

La  déshydrogénation  catalytique  du  carvomenthol  est  plus  lente.  Il  est  nécessaire  de 
passer  à  deux  ou  trois  reprises  le  même  liquide  dans  le  tube.  Finalement  le  produit 
obtenu  passe  presque  entièrement  à  la  distillation  à  236°-237°;  c'est  un  liquide  huileux, 
à  odeur  de  carvacrol,  cristallisant  vers  o".  L'analyse  lui  assigne  d'ailleurs  la  composition 
du  carvacrol. 

Au  début  du  fractionnement  par  distillation  des  produits  de  déshydrogénation 
par  catalyse,  il  passe  de  l'eau  et  un  carbure  d'hydrogène  C'H'":  un  mentliène  bouil- 
lant à  i66°-iG8''  dans  le  cas  du  thymomenthol  ou  dans  celui  du  menthol,  un  carvo- 
menthène  bouillml  à  l■]/^"-l'J6''  dans  le  cas  du  carvomenthol. 

IV.  Les  recherches  dont  je  viens  d'exposer  les  résultats  établissent  que 
dans  l'hydrogénation  catalytique  des  phénols  possédant  une  chaîne  ramifiée, 
comme  le  thymol  ou  le  carvacrol,  celle-ci  n'est  pas  modifiée. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  présence  accidentelle  dans  lelail  de  sulfocyanures 
et  leur  origine.  Note  de  MM.  Stœcklin  et  Crocuetklle,  présentée 
par  M.  L.  Maquenne. 

Le  20  avril  dernier,  on  soumettait  simultanément  aux  deux  établis- 
sements que  nous  dirigeons,  pour  procéder  à  son  analyse,  un  échantillon 
de  lait  de  vache  dont  la  teinte  rose  chair  rappelait  la  coloration  des  sels  de 
manganèse. 

Tandis  que  l'un  de  nous  recherchait  ce  métal  dans  le  lait,  puis  dirigeait 
ses  investigations  vers  la  bactériologie,  supposant  la  couleur  due  à  la  pré- 
sence d'une  espèce  microbienne,  l'autre  décelait  une  teneur  exagérée  des 
cendres  en  oxyde  de  fer  et  découvrait  que  la  présence  de  sulfocyanure  de 
ce  métal  était  la  cause  de  la  coloration  anormale  du  lait. 

Y  avait-on  ajouté  un  poison?   Le  sulfocyanure  était-il  tombé  acciden- 


SÉANCE    DU    6   JUIN    19IO.  l53l 

tellement  dans  le  liquide,  ce  qui  était  possible,  car  le  fait  se  passait  dans  un 
hôpital?  D'où  pouvait  provenir,  en  dehors  de  ces  deux  causes,  l'accident 
constaté? 

Tels  sont  les  points  sur  les(pels  se  portèrent  nos  recherches. 

La  coloration  réapparaissant  encore  le  lendemain  21  avril,  il  fallait  rejeter  l'iiypo- 
tlièse  d'un  accident  fortuit.  L'un  de  nous,  s'occupant  précisément  des  tourteaux  de 
crucifères,  pensa  que  l'essence  de  moutarde  pourrait  bien  être  l'origine  du  produit  en 
question.  Une  enquête  nous  apprit  que  le  fer  pouvait  facilement  provenir  du  chau- 
dron servant  à  la  cuisson  du  lait.  La  laitière  nous  affirma  d'abord  ne  donner  à  ses 
animaux  que  du  seigle  vert  et  du  tourteau  de  lin  garanti  pur,  puis  elle  nous  fit  remar- 
quer que  celui  qu'elle  employait  alors  ne  lui  semblait  pas  aussi  beau  que  d'habitude 
et  que  son  petit  vacher  qui  croquait  voionliers  les  tourteaux  précédents  ne  voulait  pas 
mordre  à  celui-là.  Le  tourteau,  examiné  au  laboratoire,  contenait  en  efiet  des  quan- 
tités notables  d'impuretés,  notamment  des  crucifères  :  moutarde,  navette,  colza, 
cameline  et  des  coques  d'amaudes. 

Un  essai  nous  montra  que,  après  une  heure  de  contact  avec  l'eau,  loos  de  tourteau 
donnaient  94°»8,6  d'essence  de  moutarde.  Chaque  vache  recevant  par  jour  3''s  de  tour- 
teau, pouvait  ainsi  produire  dans  son  estomac  28,85  d'essence  de  moutarde  en  une 
heure  ;  cette  essence  pouvait  ensuite  se  transformer  dans  le  tube  digestif  en  sulfo- 
cyanures  alcalins  et  passer  dans  le  lait.  La  laitière  ayant  continué,  malgré  notre  avis, 
à  donner  du  tourteau  à  ses  vaches,  mais  en  moindre  quantité,  on  observa  pour  le  lait 
la  même  coloration  rouge,  seulement  un  peu  plus  faible,  dans  la  marmite  de  fer. 

Ayant  alors  supprimé  complètement  le  tourteau  de  la  ration,  pour  certaines  vaches, 
la  coloration  disparut  rapidement;  c'étaient  précisément  celles  qui  étaient  d'intro- 
duction récente  dans  l'étabie  et  qui,  par  conséquent,  n'avaient  reçu  celte  nourriture 
que  pendant  peu  de  jours.  Au  contraire,  pour  certains  animaux,  la  présence  des  sulfo- 
çyanures  persista  longtemps,  surtout  pour  deux  d'entre  eux,  qui  éprouvèrent  de 
sérieuses  indispositions. 

Notons  en  passant  que  la  recherche  des  sulfocyanures  dans  le  lait  est  assez  délicate  : 
elle  peut  s'effectuer  dans  le  lait  entier  ou  dans  son  sérum  au  moyen  de  la  réaction 
classique  par  le  chlorure  ferrique  acide,  sous  réserve  de  certaines  observations  parti- 
culières. Dans  le  lait  entier  et  surtout  en  présence  de  très  faibles  quantités  de  sulfo- 
cyanures, cette  réaction  colorée  est  fugace  et  souvent  difficile  à  saisir,  le  coagulum 
formé  entraînant  une  partie  du  sulfocyanure  de  fer.  Dans  le  sérum  obtenu  à  froid, 
après  précipitation  de  la  totalité  de  la  caséine  par  le  sel  de  fer,  le  sulfocyanure  n'est 
décelé  que  s'il  existe  en  quantité  appréciable. 

La  présence  des  sulfocyanures  dans  le  lait  peut  donc  être  attribuée  à  l'ali- 
mentation des  vaches  laitières  avec  des  tourteaux  de  crucifères  ou  autres 
tourteaux  falsifiés  par  des  crucifères  ;  elle  permet  d'expliquer  les  accidents 
survenus  à  de  jeunes  bovidés  et  même  à  des  nourrissons.  L'un  de  nous 
s'occupe  de  rechercher  comment  se  forme  l'essence  dangereuse  et  quelles 
sont  les  conditions  qui  favorisent  ou  entravent  sa  production. 


l532  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  dégagement  simititonè  d'oxygène  cl  d' anhydride 
carbonique  au  cours  de  la  disparition  des  pigments  anthocyaniques  chez 
les  végétaux.  Note  (')  de  M.  Uaoui.  Combes,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

J'ai  fait  connaître  dans  une  précédente  Note(-)  les  résultats  auxquels  ont 
abouti  nos  recherches  sur  le  rôle  joué  par  l'oxygène  dans  la  formation  et  la 
disparition  des  pigments  anlhocyaniques,  et  j'ai  montré  que  de  l'oxygène  est 
fixé  par  les  tissus  dans  lesquels  ces  composés  prennent  naissance,  tandis  que 
de  l'oxygène  est  perdu  par  les  tissus  dans  lesquels  les  pigments  rouges  sont 
en  voie  de  disparition. 

Les  recherches  que  j'ai  faites  sur  les  échanges  gazeux  qui  s'effectuent, 
au  cours  de  la  disparition  des  anthocyanes,  entre  l'atmosphère  et  les  tissus, 
m'ont  permis  de  constater  que  ces  échanges  sont  de  nature  très  parti- 
culière. 

On  sait  que  chez  les  plantes  vertes  ordinaires,  exposées  à  la  lumière, 
l'assimilation  chlorophyllienne  l'emporte  sur  la  respiration ,  et  que  le  résultat 
global  des  échanges  qui  s'eflectuent  entre  la  plante  et  l'almosphère  exté- 
rieure, dans  ces  conditions,  est  une  diminution  de  la  quantité  de  gaz  carbo- 
nique contenue  dans  cette  atmosphère  et  une  augmentation  de  la  quantité 
d'oxygène. 

Or,  chez  les  plantes  dont  les  pigments  anthocyaniques  sont  en  voie  de 
disparition,  les  échanges  gazeux  sont  très  différents. 

Les  expériences  dont  je  vais  exposer  ici  les  résultats  ont  été  faites  en  même 
temps  sur  des  feuilles  rouges  àWilantus  glandulosa  récoltées  au  moment  où 
le  pigment  qu'elles  renfermaient  était  en  voie  de  disparition,  et  sur  des 
feuilles  vertes  de  la  même  plante,  chez  lesquelles  l'anthocyane  avait  com- 
plètement disparu. 

Les  résultats  obtenus  sont  réunis  dans  le  Tableau  ci-après;  ils  sont  rap- 
portés à  une  surface  foliaire  de  i"''  et  représentent  les  échanges  gazeux 
ayant  eu  lieu  pendant  une  heure;  pour  les  expériences  à  la  lumière,  les 
feuilles  ont  été  placées  dans  de  l'air  contenant  lo  pour  loo  de  gaz  carbo- 


(')  l'résenlée  dans  la  séance  du  3o  mai  1910. 

(')   R.  Combes,  Du  rôle  de  l'oxygène  dans  la  formation  et  la  destruction  des  pig- 
ments rouges  antliocyanitjues  chez  les  végétaux  {Comptes  rendus,  9  mai  1910). 


SÉANCE    DU    6    JUIN    1910.  I 533 

nique;  pour  les  expériences  à  l'obscurité,  elles  ont  été  placées  dans  de  l'air 


ordinaire. 


Feuilles  rouges.  Feuilles  vertes. 


-s  ,  .  ,     1       •.  CO^  dégage   o.ooAqa  CO' absorbe  o,ooqoo 

h/Changes  gazeux  a  la  liimiore.  <    ,,        ...  ^        ,,        ,  n 

"      °  (   O       dégage    0,00720  O       dégage   0,01070 

Echanges  gazeux  à  robscurité   l   CO-  dégagé   0,00786  CO^  dégagé   0,00820 

(respiration).  \  O      absorbé  o,oo5o7  O      absorbé  0,00820 

On  voit  que  les  feuilles  rouges  exposées  à  la  lumière  ont  dégagé,  en  même 
temps  que  de  l'oxygène,  une  forte  proportion  de  gaz  carbonique  qui  a 
échappé  à  la  décomposition  par  l'assimilation  chlorophyllienne.  H  y  a  par 
conséquent,  pour  les  feuilles  rouges,  pendant  cette  période  du  développe- 
ment, à  la  fois  perte  de  carbone  et  perte  d'oxygène,  cette  dernière  comprenant 
l'oxygène  libre  et  l'oxygène  contenu  dans  le  gaz  carbonique.  On  constate, 
d'autre  part,  que  les  feuilles  vertes  ont  dégagé  de  l'oxygène  mais  qu'elles  ont 
absorbé  de  l'anhydride  carbonique.  Il  faut  observer  de  plus  que  la  respiration 
des  feuilles  rouges  a  été  beaucoup  plus  active  que  celle  des  feuilles  vertes. 

Il  résulte  de  ces  faits  que  lorsque  ranlhocyane  est  en  voie  de  disparition, 
l'assimilation  chlorophyllienne  ne  se  produit  pas  normalement  et  qu'il  y  a 
alors  un  dégagement  simultané  d'oxygène  et  de  gaz  carbonique. 

Ce  phénomène  n'a  été  signalé  jusqu'ici  que  chez  des  plantes  grasses  telles 
que  certaines  espèces  de  Cactées  et  de  Crassulacées. 

En  ce  qui  concerne  les  Crassulacées,  Mayer  (  '  )  a  montré  que  la  principale 
source  de  l'oxygène  dégagé  à  la  lumière  était  la  décomposition  de  l'acide 
isomalique  contenu  dans  les  tissus.  Aubert  (^)  a  également  attribué  à  la 
décomposition  des  acides  un  rôle  important  dans  les  réactions  qui  abou- 
tissent au  dégagement  simultané  d'oxygène  et  d'anhydride  carbonique 
observé  par  lui  chez  certaines  Cactées.  Enfin  Mangin  ( ')  a  montré  expéri- 
mentalemenlque  la  présence  de  certains  acides  organiques  dans  les  tissus 
détermine,  à  la  lumière,  l'émission  d'oxygène  sans  absorption  corrélative 
d'anhydride  carbonique. 

Aubert  a  constaté  que,  chez  les  Cactées,  le  dégagement  simultané  danhy- 


(')  Mater,  LJeber  die  Sauerstoffausscheidung  eiiiiger  Crassulaceen  {LandwirLh- 
schafll.   Versuclis-Stationeii,  i.  XXI,  1880,  p.  277). 

(')  Aubert,  Note  sur  le  dégagement  simultané  d'oxygène  et  d'acide  carbonique 
chez  les  Cactées  {Comptes  rendus^  3i  mars  i8ç)i). 

(•*)  L.  Mangin,  Sur  les  modifica lions  apportées  dans  les  échanges  gazeux  normaujc 
des  plantes  par  la  présence  des  acides  organiques  {Comptes  rendus^  novembre  1889). 


l53/j  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dride  carbonique  cl  d'oxygène  se  produit  lorsque  la  respiration  est  activée 
(par  une  température  élevée)  et  l'assimilation  ralentie  (par  un  éclairement 
peu  intense);  le  gaz  carbonique  émis  en  quantité  notable  par  la  respiration 
active  n'est  alors  assimilé  qu'en  partie,  l'assimilation  étant  faible,  la  plus 
grande  partie  se  dégage  donc  dans  l'atmosphère  ;  quant  à  l'oxygène  mis  en 
liberté,  il  provient,  pour  Aubert,  de  l'acide  maliquc  détruit  à  la  lumière. 

Le  phénomène  semblable  qui  se  produit  au  cours  de  la  disparition  de 
l'anthocyane  parait  être  dû  à  des  causes  analogues  à  celles  qui  ont  été  invo- 
quées par  Aubert  à  propos  des  Cactées.  Dans  les  feuilles  à' Ailantus  glamlu- 
losa  sur  lesquelles  les  expériences  ont  été  faites,  la  chlorophylle  est  en  petite 
quantité,  l'assimilation  se  trouve  par  conséquent  assez  faible  ;  d'autre  part,  la 
respiration  est  très  active  ainsi  que  le  montrent  les  expériences  comparatives 
effectuées  sur  des  feuilles  rouges  et  sur  des  feuilles  vertes;  cette  activité  des 
échanges  respiratoires  est  due  à  ce  que  les  phénomènes  de  nutrition  sont 
très  intenses  dans  ces  organes  jeunes  incomplètement  développés.  Une 
quantité  importante  d'anhydride  carbonique  est  donc  mise  en  liberté  dans 
la  respiration;  une  partie  seulement  de  ce  gaz  carbonique  est  assimilée,  et 
l'autre  partie  se  dégage  dans  l'atmosphère. 

Quant  au  dégagement  d'oxygène,  il  doit  être  attribué  à  la  décomposition 
du  pigment  anthocyanique.  l'^n  effet,  plusieurs  auteurs  ont  mis  en  évidence 
l'existence  de  groupements  acides  dans  la  molécule  des  anthocyanes;  tout 
récemment  encore,  Grafe  (')  a  caractérisé  deux  radicaux  acides  dans  une 
anthocyane  isolée  par  lui. 

Or,  une  série  d'expériences  dont  les  résultats  ont  été  exposés  précédem- 
ment m'a  permis  de  constater  que  la  formation  de  ces  composés  acides  est 
accompagnée  d'une  fixation  d'oxygène,  la  destruction  de  ces  mêmes 
composés  mettant  en  liberté  une  certaine  quantité  de  ce  gaz.  Par  conséquent, 
l'anthocyane  joue  ici  un  rôle  comparaide  à  celui  de  l'acide  malique  dans  le 
phénomène  étudié  par  Aubert.  C'est  à  sa  destruction  qu'il  faut  attribuer  le 
dégagement  d'oxygène  qui  accompagne  le  dégagement  d'acide  carbonique. 

En  résumé,  nos  expériences  montrent  (|ue/e  dégagement  simultané  d'oxy- 
gène et  d' acide  carbonique  n  est  pas  particulier  aux  plantes  grasses  ;  ce  phéno- 
mène est  plus  i^énéral  et  peut  également  se  produire  chez  les  végétaux  dans 
lesquels  des  pigments  acides  sont  en  voie  de  disparition. 

(')  V.  GnAKE,  Sludien.  îifjer  das  Anthokyan  {Silzungsbericlilen  (1er  kaiserl.  Aka- 
demie  der   Wissenscliaflen  in  Wien ;  Bd.  CXV,  Abl.  I,  1906;  et  Bd.  CXVllI,  Abt.  I, 


SÉANCE  DU  G  juix  1910.  l535 

BOTANIQUE.  —  Injluence  du  terrain  sur  les  variations  de  l'appareil 
sécréteur  des  Clusiacées.  Note  (  ')  de  M.  H  -Jacob  de  Cordemov,  pré- 
sentée par  M.  Gaston  Bonnicr. 

Dans  ses  importantes  recherches  sur  les  canaux  sécréteurs  des  plantes 
(1872  et  i885),  M.  van  Tieghem  fut  le  premier  botaniste  à  bien  faire  con- 
naître la  structure  et  la  localisation  de  l'appareil  de  sécrétion  des  Clusiacées. 
Il  établit,  en  outre,  que  la  disposition  anatomique  de  cet  appareil  permettait 
de  caractériser  les  divers  genres  de  cette  famille  et  contribuait  à  déterminer 
leurs  affinités  réelles. 

Mais  la  constitution  de  l'appareil  sécréteur  n'échappe  pas,  autant  du  moins 
qu'on  l'avait  admis  jusqu'ici,  à  l'influence  des  conditions  de  milieu.  Des 
observations  anatomiques  faites  sur  des  Clusiacées  du  nord-ouest  de  Mada- 
gascar (-)  nous  ont  montré  que  ces  conditions  de  milieu,  principalement  la 
nature  et  la  composition  du  terrain,  entraînent,  chez  des  plantes  de  même 
espèce  ou  d'espèces  très  voisines,  des  variations  parfois  considérables  dans  la 
sécrétion  résineuse,  et  qu'il  en  résulte  des  modifications  très  appréciables 
de  la  disposition,  du  nombre  et  des  dimensions  des  organes  renfermant  les 
substances  résineuses  sécrétées. 

Les  Clusiacées  étudiées  appartiennent  aux  genres  Garcinia,  Hheedia^  Tsi- 
matirnia  (nov.  gen.),  Symphonia,  Ochrocarpus  et  Calophyllum.  Pour  la  plu- 
part d'entre  elles,  nous  possédions  des  indications  précises  concernant  les 
diverses  conditions  du  milieu  où  elles  avaient  poussé  :  nature  du  terrain  ; 
stations  humides  ou  sèches,  dans  les  bois  ou  en  forêts,  sur  les  bords  des  tor-' 
rents  ou  sur  les  plateaux  ;  altitude. 

Or,  l'influence  possible  de  certaines  de  ces  conditions  de  milieu  a  été  en- 
visagée en  des  travaux  antérieurs  :  notamment  par  M.  Léon  Dufour,  dans 
son  étude  expérimentale  do  l'action  de  l'intensité  lumineuse  sur  les  feuilles 
ou  les  liges,  et,  plus  récemment,  par  M.  Maheu,  dans  ses  recherches  sur  les 
plantes  cavernicoles  soumises  à  la  fois  à  un  faible  éclairement  et  à  une  humi- 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  a3  mai  1910. 

(^)  Ces  plantes  nous  ont  été  très  obligeamment  communiquées  par  M.  le  professeur 
Jumelle;  elles  proviennent  des  récoltes  de  M.  l^errier  de  la  Bathie.  Ces  deux  auteurs 
en  ont  fait  l'objet  d'une  élude  descriptive  qui  paraîtra  prochainement,  en  même  temps 
du  reste  qu'un  exposé  détaillé  des  observations  anatomiques  que  la  présente  Note  ré- 
sume. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  {T.  150,  N»  23.)  20I 


1,536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dilé  parfois  excessive.  La  conclusion  de  ces  auteurs  est,  en  somme,  que  les 
(lifl'érences  créclairement  ou  d'état  hygrométrique  ne  font  apparaître  aucune 
modification  notabledans  la  structure  de  l'appareil  de  sécrétion  des  plantes, 
sauf  peut-être  un  certain  élargissement  des  canaux  sécréteurs  à  la  lumière. 
Mais  les  variations  constatées  chez  nos  Clusiacées  consistent  surtout  dans 
l'augmentation  du  nombre,  et  aussi,  avec  une  grande  netteté  pour  certaines 
formes,  dans  raccroissemenl  des  dimensions  des  organes  composant  l'appa- 
reil sécréteur  de  la  tige  et  de  la  feuille.  Nous  sommes  ainsi  amené,  en  con- 
sidérant l'influence  des  autres  conditions  de  milieu  seulement  comme  secon- 
daire, à  attribuer  ces  variations  à  l'action  du  sol,  ou,  en  termes  plus  précis, 
à  la  nature  et  à  la  composition  des  terrains  sur  lesquels  ces  plantes  ont 
poussé.  Certaines  de  ces  espèces,  particulièrement  plastiques,  ont  été  ren- 
contrées sur  des  terrains  très  difTérents  et  présentaient  en  conséquence  un 
remarquable  polymorphisme. 

D'après  le  degré  de  développement  de  l'appareil  sécréteur,  défini  surtout  par  le 
nombre  et  aussi  par  les  dimensions  des  organes  qui  le  constituent,  nous  avons  donc 
réparti  nos  espèces  de  Clusiacées  ou  leurs  formes  en  deux  groupes  : 

1"  Les  formes  des  terrains  primitifs  (gneiss,  schistes  cristallins)  ont  constamment 
un  appareil  sécréteur  développé. 

Mais  il  y  a,  dans  ce  développement,  deux  modes  à  distinguer  : 

a.  Dans  une  première  série  d'espèces,  les  formes  du  gneiss  multiplient  tout  d'abord 
leurs  canaux  sécréteurs  primaires,  ceux  de  l'écorce  et  de  la  moelle,  puis,  un  peu  plus 
lard  et  avec  une  précocité  variable,  de  nouveaux  canaux,  en  plus  ou  moins  grand 
nombre,  se  dill'érencient  dans  le  liber  secondaire. 

b.  Dans  une  seconde  série  d'espèces,  les  formes  du  gneiss  ont  leurs  canaux  sécré- 
teurs primaires,  corticaux  et  médullaires,  relativement  réduits,  du  moins  en  nombre; 
mais  alors,  par  compensation,  il  se  forme,  dans  le  liber  secondaire,  de  nombreux  et 
larges  canaux  disposés  assez  régulièrement  en  cercles  concentriques  et  anastomosés  en 
réseau  dans  chacun  des  cercles. 

2"  Les  formes  des  terrains  scdimenlaires  (calcaires,  grès,  schistes,  sables)  ont 
toujours  un  appareil  de  sécrétion  réduit. 

Cette  réduction  se  manifeste  tout  d'abord  parmi  les  organes  sécréteurs  primaires, 
ceux  de  l'écorce  qui  néanmoins  persistent  dans  tous  les  cas,  et  surtout  ceux  de  la  moelle 
qui  peuvent  faire  entièrement  défaut;  en  outre,  les  canaux  libériens  se  différencient 
tardivement  et  en  petit  nombre  dans  le  liber  secondaire. 

Toutes  ces  variations  de  la  disposition  de  l'appareil  sécréteur  de  la  tige  sont  accom- 
pagnées de  modifications  corrélatives  dans  la  feuille:  développement  des  organes  de 
sécrétion  filiaires  dans  les  formes  des  terrains  primitifs  et  réduction  dans  les  formes 
des  terrains  sédimeutaires. 

La  sécheresse  du  milieu  détermine  certainement  chez  plusieurs  de  ces  plantes  un 
appauvrissement  de  l'appareil  sécréteur  primaire,  qui  porte  surtout  sur  les  organes 
médullaires;  car  alors  la  moelle  devient  plus  étroite,  se  sclérilie  et  ne  renferme  plus 
(|ue  de  rares  canaux  qui,  d'ailleurs,  peuvent  disparaître  totalement.  Mais,  dans  ce  cas, 


SÉANCE    DU   6   JUIN    19IO.  l537 

sur  les  terrains  favorables,  dans  les  formes  du  gneiss,  par  exemple,  l'appareil  libérien 
acquiert,  par  compensation,  un  développement  relativement  considérable;  tandis  que 
sur  les  sols  gréseux  ou  calcaires,  qui  sont  les  plus  défavorables,  cette  compensation  ne 
s'observe  pas,  les  canaux  libériens  sont  toujours  peu  nombreux,  et  l'appareil  sécréteur 
reste,  en  définitive,  réduit  dans  toutes  ses  parties. 

Pour  certaines  espèces,  recueillies  à  des  altitudes  variant  entre  800"'  et  1-00'",  l'acti- 
vité de  la  sécrétion  résineuse,  toutes  les  autres  conditions  restant  les  mêmes,  parait 
diminuer  à  mesure  que  l'altitude  s'élève. 

IMiysiologiqucment,  ces  variations  de  l'appareil  sécréteur  peuvent  s'expli- 
quer. Les  substances  résinenses  étant  considérées  comme  des  produits 
d'excrétion,  leur  abondance  est  d'autant  plus  grande  cliez  les  plantes  que 
la  végétation  est  plus  active  Or,  c'est  précisément  ce  qui  a  lieu  pournos 
Clusiacées  qui  paraissent  rencontrer  des  conditions  de  végétation  beaucoup 
plus  favorables  sur  les  terrains  primitifs  que  sur  les  terrains  sédimen- 
taires. 

Le  Calophyllam  rccedens  .(um.  et  Perr.,  seule  espèce  de  ce  genre  que  nous 
ayons  examinée,  constitue  une  exception  :  ses  deux  formes,  l'une  du  gneiss 
et  l'autre  d'un  calcaire  jurassique,  n'offraient  que  de  faibles  dill'érences  dans 
les  caractères  et  la  disposition  de  leur  appareil  sécréteur.  Les  Calophylliim 
sont  peut-être  moins  influencés  par  les  conditions  de  milieu. 

Eli  résumé,  dans  les  mêmes  conditions  de  milieu,  les  caractères  et  la  dispo- 
sition de  l'appareil  sécréteur  de  la  tige  et  de  la  feuille  des  Clusiacées 
peuvent. sans  doute  contribuer  à  la  détermination  ânatomique  des  divers 
genres  de  cette  famille.  Mais  si  les  conditions  de  milieu  varient,  la  consti- 
tution de  cet  appareil  offre  elle-même  des  variations  parfois  considérables. 
Celles-ci  se  manifestent  dans  le  nombre  et  les  dimensions  des  organes  de 
sécrétion,  qui  augmentent  ou  diminuent;  et  toutes  ces  modifications  se 
produisent  principalement  sous  l'influence  de  la  nature  el  de  la  composi- 
tion du  terrain. 


PHYSIOLOGIE.  —  Résorption  des  tumeurs  expérimentales  de  la  souris  sous 
i influence  des  rayons  X.  (  Luide  histologique).  Note  de  M.  A.  Contamin, 
présentée  par  M.  Boucbard. 

Nous  avons  montré,  dans  une  Note  précédente  ('),  que,  sous  TelTet  des 
rayons  X,  une  lunieur  greffée  de  souris  pouvait  se  résorber  rapidemenl. 

(')  A.  CuNTAMLN,  Rayons  A'  el  souris  cancéreuses  {Comptes  rendus,  29  déc.  1901)). 


l538  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L'examen  liislologique  de  ces  tumeurs,  en  voie  de  résorption  rapide, 
nous  a  permis  de  faire  d'intéressantes  constatations.  INos  expériences  ont 
été  entreprises  avec  la  tumeur  B. 

I.  La  tumeur  B  est  constituée  par  un  épitliélioma  glandulaire,  de  dispo- 
sition lobulaire,  à  cellules  petites  (protopiasma  peu  visible,  noj^aux  ronds 
ou  ovales). 

Le  slroma  est  à  fibre  hyaline,  grêle,  infiltré  de  nombreuses  cellules  dont  le  proto- 
plasma  est  invisible  et  dont  les  noyaux  ont  une  tendance  à  prendre  une  forme  allongée 
et  en  bâtonnet.  Les  grosses  travées  de  ce  stroma  subdivisent  la  tumeur  en  gros  lo- 
bules primaires;  de  ces  grandes  cloisons  partent  ces  cloisons  plus  nombreuses  et  plus 
grêles,  qui  subdivisent  les  lobules  primaires  en  lobules  secondaires  et  tertiaires.  Des 
sulTusions  sanguines  se  rencontrent  parfois  dans  ledit  slroma,  quelquefois  en  plein 
lobule  épitiiéliomateux. 

IL  Quand  on  examine  celte  tumeur,  dans  les  4  ou  5  jours  qui  suivent 
l'irradiation,  voici  généralement,  ce  que  l'on  constate  : 

Au  sein  des  loljiiles  de  la  tumeur,  on  voit  a])paraitre  des  cavités  kystiques.  Le  tissu 
épilhélial,  cependant,  ne  fait  pas  à  ces  kystes  une  paroi  propre  régulièrement  tapissée 
par  des  cellules  cubiques  rangées  en  palissade  ;  celles-ci  se  sont  simjjiemenl  tassées, 
comme  refoulées  par  le  contenu.  Les  plus  grands  kystes  sont  souvent  le  siège  d'hémor- 
ragies. On  voit  alors  leur  contenu  constitué,  partie  par  une  nappe  hénioiragique, 
partie  par  une  nappe  granuleuse  ;  dans  cette  dernièi-e,  la  nappe  hémorragique  jiousse 
des  pointes  et  fait  des  encoches  circulaires  ou  ti'iangulaires,  ce  qui  prouve  bien  que 
l'hémorragie  est  un  phénomène  subséquent  el  secondaire. 

Dans  le  reste  de  la  tumeur,  si  des  kvsles  ne  se  sont  pas  formés,  il  est  du  moins  très 
net  que  le  tissu  du  stioma  est  notablement  plus  abondant  que  sur  la  tumeur  jjoint  de 
dépait.  Certains  lobules  se  présentent  avec  des  formations  épithéliomateuses  très 
réduites,  fragmentées  par  le  strome  qui  les  subdivise  en  lobules  plus  petits,  et  même 
en  menus  groupes  de  cellules  épithélioïdes. 

On  peut  dire,  somme  toute,  que  les  surfaces  de  la  coupe,  occupées  par  le 
tissu  fibrille,  sont  devenues  supérieures  à  celles  occupées  par  les  lobules  de 
cellules  épithéliales.  De  plus,  ces  groupements  épithéliaux  ne  sont  plus  en 
contact  avec  le  stroma,  les  îlots  de  cellules  désagrégées  qui  les  composent 
s'étant  comme  rétractés. 

Les  coupes  de  tissu,  non  en  voie  de  résorption,  montrent,  au  contraire, 
une  liaison  étroite  entre  le  stroma  et  le  parencliyme  ;  il  y  a  non  seulement 
contact,  mais,  à  Fevamen  des  bandes  de  slroma,  on  constate  une  intimité 
telle  qu'à  un  grossissement  suffisant  on  voit  des  cellules  intermédiaires 
ayant  déjà  pris  l'hématéine,  ayant  déjà  une  forme  moins  allongée,  plus 
cylindrique,  qui  semblent  indiquer  un  trait  d'union  entre  le  parencbyme  el 
le  stroma. 


SÉANCE    DU   6    JUIN    I9IO.  iS^g 

L'examen  des  tumeurs,  presque  complètement  résorbées,  pratiqué  environ 
huil  jours  après  l'irradiation,  ne  montre  généralement  plus  de  formation 
kystique,  mais  seulement  cette  abondance  du  stroma. 

III.  Il  est  intéressant  de  noter  celle  évolution  pseudo-kystique  des  tumeurs 
en  voie  de  résorption  sous  l'influence  des  rayons  X.  On  sait  que  la  présence 
de  kystes  est  une  des  caractéristiques  de  la  bénignité  des  tumeurs.  Mais, 
en  réalité,  les  pseudo-kystes  des  tumeurs  irradiées  sont  un  simple  résultat 
de  la  résorption,  et  ne  peuvent  être  entièrement  assimilés  aux  kystes  véri- 
tables. Ces  pseudo-kystes  se  retrouvent,  d'ailleurs,  dans  les  fragments  de 
tumeurs  greffées  sur  sujets  immunisés  et  qui  se  résorbent  (Bashford). 

PHYSIOLOGIE.    —    Etudes  sur  le  venin  de  cobra  et  le  sérum   antivenimeux. 
Note  de  M"*"  Boleslawa  Stawska,  présentée  par  M.  A.  Dastre. 

En  comparant  les  courbes  de  pression  carotidienne  obtenues  cliez  le  lapin 
intoxiqué  par  injections  intraveineuses  de  venin  de  cobra,  on  constate  des 
différences  absolues  entre  les  effets  des  doses  faibles  et  des  doses  fortes. 

Pour  tes  premières  (i"'?  de  venin  sec  par  Ivilograrame  par  exemple),  à  une  période 
d'incubation  sans  troubles  circulatoires  graves,  succède  une  période  d'accidents  car- 
diaques, dans  laquelle  on  peut  distinguer  trois  phases  successives  :  1°  ralentissement 
du  cœur  avec  augmentation  considérable  des  oscillations  cardiaques  de  la  pression 
artérielle  et  conservation  de  la  valeur  de  la  pression  moyenne;  2"  augmentation  consi- 
dérable de  la  pression  carotidienne;  3°  chute  rapide,  mais  progressive  et  non  instan- 
tanée, de  la  pression  conduisant  à  l'arrêt  du  cœur. 

Pour  les  secondes  (5""s  à  6"'e  de  venin  sec  par  Ivilogramme  par  exemple),  il  se 
produit,  presque  aussitôt  après  l'injection,  une  chute  brusque,  instantanée  de  la  pres- 
sion artérielle,  chute  ayant  la  grandeur  et  les  caractères  de  la  chute  de  pression  qu'on 
observe  dans  la  réaction  générale  d'anaphvlaxie  ou  d'intoxication  proléique. 

Pour  des  quantités  intermédiaires  (S^sà  4'"?  de  venin  sec  par  kilogramme  par 
exemple),  les  elTets  se  combinent;  on  noie  d'abord  la  chute  de  pression  (chute  d'in- 
toxication protéi([iie),  puis  le  retour  progressif  de  la  pression  à  sa  valeur  primitive  et 
enfin  les  accidents  indiqués  pour  les  faibles  doses. 

La  chute  primitive  de  pression,  atténuée  en  grandeur  et  eu  durée,  s'ob- 
serve même  avec  les  doses  faibles  :  elle  peut  être  considérée  comme  l'indice 
d'une  intoxication  proléique  légère,  distincte  de  l'intoxication  venimeuse 
proprement  dite.  On  relève  d'ailleurs,  dans  un  assez  grand  nombre,  sinon 
dans  la  totalité  des  tracés  respiratoires,  au  moment  de  la  dépression  arté- 
rielle, une  accélération  respiratoire  généralement  modérée  et  de  courte 
durée,  indice,  comme  la  dépression,  d'une  légère  intoxication  proléique. 


I.)4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Si  l'on  injecte  dans  les  veines  du  lapin  i™"  de  venin  sec  (en  solution  à  i  j)Our  looo 
dans  l'eau  salée)  par  kilogramme,  on  peut  ne  pas  tenir  compte  de  cette  intoxication 
protéique  dont  les  accidents  apparaissent  et  s'évanouissent  durant  la  période  d'incuba- 
tion de  l'intoxication  venimeuse  proprement  dite.  Avec  cette  dose  de  venin,  les  acci- 
dents évoluent  de  la  façon  suivante  :  pendant  lo  minutes,  on  ne  note  ni  accidents 
respiratoires,  ni  accidents  circulatoires;  à  ce  moment,  la  respiration  commence  à  se 
ralentir  et  à  prendre  les  caractères  de  la  respiration  d3'spnéique  (contractions  des 
muscles  élévateurs  des  côtes  et  des  muscles  respiratoires  de  la  face),  le  ralentissement 
et  la  dyspnée  s'accentuant  piogressivement  jusqu'à  l'arrêt  respiratoire  qui  se  produit 
20  minutes  environ  après  l'injection  du  venin.  Les  troubles  circulatoires  apparaissent 
brusquement  i5  minutes  environ  après  l'injection  du  venin  :  ils  présentent  l'évolution 
ci-dessus  décrite  et  se  terminent,  après  une  période  d'afTaiblissement  progressif,  par 
l'ari'èt  du  conir,  de  2t  à  o.S  minutes  après  l'injection. 

Si,  chez  des  lapins  de  -2^^  ayant  reçu  en  injection  intt'aveineuse  2'"°  de 
venin,  on  injecte  dans  les  veines  S""'  de  sérum  antivenimeux  (dose  plus 
que  suffisante  pour  neutraliser  in  vitro  les  2™°  de  venin)  à  divers  moments 
de  la  survie,  on  note  les  résultats  suivants  : 

1°  Si  le  sérum  est  injecté  après  l'apparition  des  modifications  respiratoires  et  au 
début  des  accidents  cardiaques,  il  est  rigoureusement  inefficace  :  les  accidents  évoluent 
avec  les  mêmes  caractères  et,  à  très  peu  près,  avec  la  même  vitesse  qu'en  l'absence  du 
sérum;  2°  les  résultats  sont  les  mêmes  si  le  sérum  est  injecté  après  l'apparition  des 
premiers  changements  respiratoires,  mais  avant  l'apparition  des  troubles  cardiaques; 
3°  si  le  sérum  est  injecté  pendant  la  seconde  moitié  de  la  période  d'incubation,  avant 
l'apparition  des  premiers  troubles  respiratoires,  l'évolution  des  accidents  d'envenima- 
tion  est  modifiée  :  les  changements  respiratoires  débutent  bien  au  même  moment 
qu'en  l'absence  du  sérum,  mais  ils  s'accentuent  moins  vite;  les  accidents  cardiaques 
n'apparaissent  qu'avec  un  important  retard  et  les  arrêts  respiratoire  et  cardiaque  sont 
très  notablement  retardés  (4o  minutes  environ);  4°  si  le  sérum  est  injecté  pendant  la 
première  moitié  de  la  période  d'incubation,  il  empêche  l'apparition  des  accidents  et 
assure  la  survie  de  l'animal. 

Or  M.  Arthus  établit  que  les  accidents  essentiels  de  l'envenimation  par 
le  venin  de  cobra  sont  les  accidents  respiratoires,  dont  tous  les  autres  dé- 
rivent (au  moins  pour  la  dose  de  i™^  par  kilog-ramme);  donc,  dans  les 
conditions  expérimentales  que  j'ai  adoptées  (et  j'insiste  sur  cette  réserve), 
le  sérum  antivenimeux  n'est  efficace  que  s'il  est  introduit  dans  l'organisme 
avant  l'ajjparition,  assez  longtemps  même  avant  l'apparition  des  accidents 
essentiels  de  l'envenimation.  Le  sérum  antivenimeux  se  montre  donc,  dans 
les  conditions  expérimentales  que  j'ai  adoptées  (j'insiste  encore  sur  cette 
réserve  ),  dépourvu  de  toute  action  curalive  et  ne  possédant  qu'une  action 
préventive. 


SÉANCE    DU   6   JUIN    1910.  JdI[1 

Les  auteurs,  qui  ont  cherché  à  élucider  le  mode  d'action  de  l'antitoxine 
du  sérum  antivenimeux  sur  le  venin,  ont  ciiaufTé  le  mélange  de  venin  et  de 
sérum  à  68"  pendant  3o  minutes,  estimant  qu'en  opérant  ainsi,  ils  ont 
détruit  totalement  l'antitoxine  et  respecté  complètement  le  venin.  Les 
méthodes  d'analyse  très  précise  auxquelles  j'ai  eu  recours  m'ont  montré  : 
I"  que  le  sérum  antiveninieux  ne  perd  totalement  son  activité  antitoxique 
à  68"  qu'à  la  condition  d'être  maintenu  au  moins  90  minutes  à  cette  tempé- 
rature, et  qu'après  3o  minutes  il  est  seulement  atténué;  2"  ([ue  déjà  après 
3o  minutes  de  chauffage  à  68"  le  venin  est  légèrement  atténué,  très  légè- 
rement d'ailleurs,  cette  atténuation  augmentant  avec  la  durée  du  chauffage, 
pour  être  déjà  Irèsnolahle  après 90 minutes;  3°  qu'à  la  température  de  68", 
l'antitoxine  agit  encore  sur  le  venin.  Donc  les  expériences  des  auteurs  n'ont 
pas  la  signification  précise  qu'ils  leur  prêtent.  J'ai  pu,  en  me  plaçant  dans 
des  conditions  plus  parfaites  que  celles  qu'ils  avaient  adoptées,  établir  que 
l'antitoxine  agit  réellement  sur  le  venin  et  que  cette  action  s'accomplit  in 
vilro  avec  une  très  grande  rapidité. 


ANATOMIE.  —  Sur  les  /lomologies  des  muscles  du  membre  postérieur  des  Reptiles. 
Note  de  M.  Fougerat,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

Le  membre  postérieur  des  lleptiles  oll're  dans  sa  myologie  une  évo- 
lution à  deux  pliases  distinctes,  savoir  :  1°  première  phase  (ou  état  de 
devenir)  dans  laquelle  des  muscles,  tendons  et  ligaments,  par  l'association 
de  leurs  dispositions  mal  individualisées  et  non  homologables  constituent  un 
ensemble  de  cordages  en  partie  parasquelettiques.  Cet  ensemble  est  ration- 
nellement organisé  et  jouit  d'un  certain  degré  d'indépendance  à  l'égard  de 
la  division  des  axes  osseux  sous-jacents;  2"  deuxième  phase  (ou  état 
devenu)  dans  laquelle  des  muscles  tendons  et  ligaments  sont  au  contraire 
caractérisés  parleur  dépendance  étroite  à  l'égard  de  la  division  du  squelette 
en  axes  principaux  et  par  leurs  attaches  disposées  et  proximalemenl  et 
distalement  de  façon  à  les  maintenir  appliqués  sur  ces  derniers.  De  là 
découle  pour  eux  une  homologie  manifeste.  Les  muscles  tendons  et 
ligaments  demeurés  dans  la  première  phase  ont  deux  centres  de  conver- 
gence :  1°  un  centre  péricoxofémoral  ;  2'^'  un  centre  rétropost-tarsien;  et  de 
l'un  à  l'autre  de  ces  centres  ils  offrent  des  dispositions  réciproquement  com- 
plémentaires. Les  autres,  au  contraire,  parvenus  à  la  deuxième  phase,  ont 
un  seul  centre  de  convergence  :  le  genou.  Mais  des  Sauriens  aux  Croco- 


l542  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

diliens  et  aux  Chéloniens  une  évolution  se  dessine  tendant  à  faire  passer 
les  dispositions  non  liomologables  de  la  première  dans  la  seconde  phase. 

Cette  évolution,  contrairement  à  l'opinion  d'A.  Perrin  (Thèse  de  doctorat 
es  sciences,  1H93),  ne  dérive  pas  directement  de  la  myologic  plus  primitive 
des  Urodèles.  Car  chez  ceux-ci  il  y  a  seulement  deux  ensembles  de  cor- 
dages parasquelettiques  dont  le  premier  englobe  le  bassin,  dont  le  deuxième 
englobe  le  larse.  Par  suite,  le  membre  postérieur  en  shypertrophiant  chez 
les  Anoures  devait  forcément  produire  une  soudure  du  bassin,  un  axe  til)io- 
tarsopédicux  doublement  coudé  à  parties  inséparables  et  une  réduction 
extrême  ou  suppression  de  la  queue.  Chez  les  Reptiles  au  contraire  le  double 
dégagement  du  bassinet  du  larse,  par  des  dispositions  formant  intersection, 
détermine  dans  les  cordages  musculoleudino-ligamenteux  les  Irois  modes 
de  convergence  vers  les  trois  centres  déjà  signalés.  Ce  dégagement  rend  dès 
lors  possible  l'évolution  dans  le  sens  Vertébré  supérieur,  car  celle-ci  a  pour 
conditions  essentielles  au  membre  postérieur  :  1°  le  rapprochement  jusqu'à 
coïncidence  entre  la  direction  résultante  de  la  puissance  (poussée  du 
membre)  et  la  direction  résultante  de  la  résistance  (pesée  du  corps);  2°  la 
possibité  pour  les  dispositions  produisant  l'état  dynamique  locomoteur 
d'assurer  l'état  statique  dont  il  est  précédé  et  suivi.  Ces  conditions  ne  sont 
pas  encore  réalisées  chez  les  Reptiles  et  sans  le  dégagement  dont  il  s'agit 
aucune  d'elles  ne  pourrait  être  remplie  pour  permettre  l'évolution  des 
Reptiles  aux  Vertébrés  supérieurs,  l'^n  effet,  par  suite  :  i"  de  la  grande  pré- 
pondérance de  la  masse  du  tronc  sur  la  masse  des  membres;  2°  des  mouve- 
ments de  latéralité  truncocàudaux  il  y  a  ;  (a)  situation  appendiculaire  du 
membre  à  côté  du  tronc;  (p)  sustentation  centrale  de  celui-ci;  (p)  sus- 
tentation ventrale  de  celui-ci;  (y)  nécessité  de  dispositions  pour  rabattre 
tout  le  membre  au  long  de  la  queue;  (0)  puis  nécessité  de  bridements  péri- 
coxofémoraux,  et  enfin  (i)  nécessité  d'un  arc-boutant  latéral  cruro- 
jambien. 

Dès  lors,  parmi  ces  cordages  cpii  chez  les  Urodèles  vont  du  tronc  au  pied 
il  faut  chez  les  Reptiles  des  intersections  de  dégagement  en  de(;à  et  au- 
delà  de  l'arc-boutant  crurojambien.  Celles  existant  en  deçà  permettent  la 
locomotion  par  la  seule  poussée  des  membres  (fait  non  réalisé  chez  les 
Urodèles);  celles  existant  au  delà  sont  compensatrices  des  bridements  péri- 
coxofénioraux;  elles  déterminent  dans  le  pied  des  complexités  extrêmes. 
En  outre  des  liens  unissent  l'ensemble  non  homologable  péricoxofémoral  à 
l'autre  non  homologable  rétropost-tarsien.  Tout  cela  coïncide  avec  une 
incomplète  division  du  travail  entre  les  parties.  Que  maintenant  insérées 


SÉANCE    DU    6   JUIN    IQIO.  1 5/48 

aux  OS  coxaux  dégagés  eux-mêmes  du  membre,  certaines  dispositions 
placent  Farc^boulant  crurojambien  dans  un  plan  vertical,  ipso  facfo,  les 
parties  produisant  l'état  dynamique  locomoteur  assureront  l'état  statique 
et  l'évolution  s'effectuera  dans  le  sens  Vertébré  supérieur  :  les  cordages 
désormais  tous  appliqués  sur  les  axes  squelettiques  deviendront  homolo- 
gables  en  se  simplifiant  du  fait  de  la  division  du  travail.  Celle-ci  est  en 
effet  le  facteur  essentiel  déterminant  Thomologabilité.  Ainsi  s'établissent 
les  bomologies  musculaires.  Mais  pour  arriver  à  les  comprendre  et  à  élu- 
cider par  suite  la  grosse  question  des  bomologies  (  importante  puisqu'elle 
est  la  base  de  toute  une  science  :  l'Anatomie  comparée),  il  est  nécessaire 
d'étudier  méthodiquement  les  dispositions  non  homologables.  Or  l'étude 
de  ces  dernières  ne  saurait  être  faite  par  la  méthode  traditionnelle  d'isole- 
ment et  de  description  d'entités  anatomiques;  car  cette  méthode  seule  uti- 
lisée dans  tous  les  travaux  relatifs  à  la  myologie  du  membre  postérieur  chez 
les  Reptiles  est  seule  cause  des  données  artificielles  et  des  erreurs  où  abou- 
tissent tous  ces  Ouvrages.  La  nécessité  s'impose  donc  d'une  autre  méthode 
appropriée  à  la  recherche  des  états  de  devenir  ou  dispositions  non  homolo- 
gables. Celle  employée  dans  la  circonstance  consiste  à  chercher  les  rapports 
des  faits  en  tant  que  relativités  causales  et  que  relativités  conséquentes. 
Elle  se  maintient  systématiquement  dans  le  domaine  du  relatif,  seul  domaine 
accessible  aux  données  du  transformisme  et  s'oppose  nettement  à  la  mé- 
thode traditionnelle  dérivée  des  antiques  croyances  à  un  absolu  préétabli, 
c'est-à-dire  dérivée  du  causefinalisme.  Cette  nouvelle  méthode  est  appli- 
cable non  seulement  à  l'étude  des  muscles  tendons  et  ligaments,  mais 
encore  à  celle  de  dispositions  d'un  autre  ordre  existant  non  homologables 
chez  les  Sauriens,  comme  on  le  verra  plus  tard.  Elle  devrait  être  applicable 
pareillement  à  la  recherche  de  toutes  dispositions  non  homologables  qui,  à 
coup  sur,  se  montreraient,  à  seulement  les  chercher,  nombreuses  chez  les 
Invertébrés. 


BIOLOGIE.  —  Sur  quelques  tropismes.  Note  de  M.  Rose, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

Iléliolropisme.    —   Nous  l'avons  étudié  chez   les  Daphnies  (Daphne  lon- 
gispina  ) . 

Dans  l'eau  ordinaire,  à  l'obscurité,  les  animaux  prennent  une  répartition  régulière. 
Si  l'on  éclaire  le  vase  horizonlalement.   ils  se   groupent  du  côté  le  plus  éclairé.  I.eur 
C.  K.,  i.,io,  1"  Semestre.   (T.  150,  N"  23.)  202 


l544  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

héliolropisme  est  positif.  Les  acides  (HCil  ; — ,   SO'll-  ^ — >  etc.  )    renforcent  cette 

\  OOO  JOO  / 

action,  mais  surtout  C0-.  Dans  un  vase  qui  en  contient,  les  animaux  nagent  vers  la 
source,   littéralement  embrochés  par  les  ravons    lumineux.    NaOII  — — ,   CaCI-— ^ 

0  00  2.ÎO 

laissent  les  animaux  très  positifs.  L'urée  ^  les  rend  très  positifs,  de  même  l'urate  de 

oo  '^ 

potassium,  un  peu  moins  actif  cependant.  KCl  — —  diminue  fortement  et  même  détruit 

OOO 

la  réaction.  IVloCI-  —;r-  l'affaiblit  également. 
200  ' 

Les  substances  qui  prennent  naissance  dans  le  corps  semblent  exagérer  l'héliotro- 
pisme. 

L'âge  influe  sur  le  sens  de  la  réaction;  ainsi  de  vieilles  Daphnies  sont  souvent  néga- 
tives dans  des  conditions  où  les  jeunes  sont  très  positives. 

L'intensité  lumineuse  a  aussi  un  grand  rôle;  une  intensité  trop  forte  peut  renverser 
le  sens  de  la  réaction.  Ce  sont  les  radiations  violettes,  bleues,  un  peu  les  vertes  f[iii 
sont  actives;  la  partie  jaune  et  rouge  du  spectre  est  sans  action  directrice. 

La  température  a  une  grosse  influence  sur  le  sens  de  l'héliotropisme.  Au-dessous 
de  18°, 5,  les  Daphnies  sont  positives  pour  la  lumière  solaire  directe.  Au-dessus  de 
22°,. '1,  elles  sont  négatives.  De  18°  à  22",  il  y  a  une  zone  critique  où  le  tropisme  s'at- 
ténue fortement  ou  disparaît.  Mais,  dans  cette  zone,  les  animaux  sont  très  sensibles 
aux  moindres  variations  d'intensité  lumineuse. 

Sensibilité  lumineuse  dijférenlielle. 

Toute  variation  lumineuse  brusque  produit  un  déplacement  vertical  des  animaux, 
en  expérience.  Si  l'intensité  croit  brusquement,  ils  s'enfoncent;  si  elle  décroît,  ils 
s'élèvent.  La  variation  doit  être  lirusque  et  atteindre  au  moins  une  certaine  valeur 
qui  est  fonction  de  l'intensité  originelle  de  la  source. 

La  loi  de  Weber  s'applique  intégralement  aux  oscillations  verticales  des  Daphnies. 
1.,'intensité  doit  toujours  varier  de  la  même  fraction  de  sa  valeur  pour  produire  un 
déplacement  vertical. 

line  bougie  à  i^^ôo  doit  être  rapprochée  brusquement  de  10'^'"  pour  produire  un 
déplacement  vertical  ;  un  bec  papillon,  une  lanterne  à  acétylène,  un  bec  Auer,  4  bou- 
gies doivent  être  déplacées  respectivement  de  So'^-SS'"",  So"^™,  -5'^'"-8o""',  35""'-40'''" 
pour  arriver  au  même  résultat.  Les  intensités  relatives  sont  1;  8,097;  ^i^^ï  7>^-4'!  '^• 

Thermotropisnif. 

Il  semble  net  chez  les  Daphnies.  Si  l'on  chaufle  par-dessous,  avec  un  dard  de  iha- 
iumeau,  un  vase  qui  en  contient,  on  les  voit  se  précipiter  comme  des  llèciies  sur  le 
point  chaufl'é. 

Sensibilité  ihcrniKjuv  (lij)érenliclle. 

Tiiule  variation  thermique  i)ru'que  provoque  un  déplacement  vertical.  Si  la  tem- 


SÉANCE    DU   6   JUIN    1910.  l5./|5 

péralure  grandit  brusquement,  il  y  a  chute  instantanée;  si  elle  baisse,  les  Daplinies 
s'élèvent,  mais  moins  vite.  Une  variation  continue  et  lente  n'agit  que  très  lard,  La  loi 
de  Weber  doit  encore  s'appliquer. 

La  répartition  verticale  des  Daphnies  est  fonction  :  1°  de  l'intensité  lumineuse; 
2"  de  la  température  des  couches  d'eau  superposées. 

Ces  deux  actions  doivent  contribuer  dans  une  large  mesure  à  régler  le  niveau  de 
flottaison  d'un  grand  nombre  d'animaux  planktoniques. 

(iah  an  otropism  e . 

A.  peu  près  nul  chez  les  Daphnies,  il  est  très  net  chez  les  (ianuiiarus  d'eau  douce,  les 
Gardons,  les  Lymnées. 

Les  Gaminarus  se  portent  au  pôle  négatif,  les  Gardons  au  pôle  positif.  Le  courant 
peut  permettre  la  séparation  des  deux  espèces  dans  un  aquarium. 

Si  l'anode  est  garnie  de  pointes,  les  Gardons  se  précipitent  sur  elle,  s'embrochent 
et  se  tuent;  pour  un  courant  convenable,  si  l'anode  est  un  lllet  métallique  souple,  ils 
se'jellent  dans  l'engin  et  se  prennent. 

Stét  'éo  II  -op  (Sine . 

Très  intense  chez  (iammaïus.  On  peut  faire  un  piège  à  Gammariis  en  repliant  une 
toile  métallique  plusieurs  fois  sur  elle-même. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  la  symbiose  du  bacille  butyrùjue  en  culture  avec 
d'autres  microbes  anaérobies.  Note  de  M.  G.  Sei.iber,  présentée 
par  M.  E.  Roux. 

Nous  avons  voulu  éludier  les  concktions  de  culture  et  les  modifications  qui 
se  produisent  dans  les  produits  de  fermentation  quand  on  cultive  en  sym- 
biose le  bacille  ]:)utyrique  avec  les  bacilles  perfrinjiens  et  putrificus. 

Les  milieux  de  culture  employés  ont  été  : 

Milieu  A. 

Petit  lait 1' 

Glucose !  5s 

Peplone  Chapoteaul io« 

Gélatine 3^' 

Milieu  B. 

Solution  nutritive  minérale  de  Grimbert  (' ).        i' 

Peplone  Chapoteaul 28, 5 

Glucose aoK 

(')  Ann.  de  l'InstiluL  Pasteur,  l.  VU,  1898,  p.  SSg. 


l!)^6  ACADÉMll-    DES    SCIENCES. 

âf  il  l'eu  C. 
Milieu  B  aïKjuel  on  ajoute  7", 5  de  peploue. 

jyjilieii  D. 
Milieu  B  auquel  on  ajoute  laf-'.o  de  peplone. 

La  plupart  de  ces  milieux  avaient  la  réaction  alcaline,  mais  en  outre  ils 
contenaient  du  carbonate  de  calcium  précipité.  Les  cultures  étaient  prati- 
quées en  série  selon  la  technique  déjà  indiquée  (')  et  ensemencées  simulta- 
nément avec  des  germes  de  cultures  jeunes  (i8  à  24'')  de  chaque  mi- 
crobe. 

La  vigueur  du  développement  du  bacille  butyrique  était  jugée  d'après 
la  quantité  d'acides  volatils  formés,  l'examen  microscopique  servant  de 
contrôle. 

L  Le  bacille  putrificus  en  symbiose  butyrique  se  développe  bien  dans  le 
miUeu  C  (en  présence  de  carbonate  de  calcium)  ainsi  que  dans  le  milieu  D. 
Ce  développement  se  manifeste  par  l'odeur  caractéristique  dégagée  des  cul- 
tures et  par  la  diminution  de  la  quantité  des  acides  volatils  de  la  fermenta- 
tion butyrique. 

Le  bacille  perfringens  en  symbiose  butyrique  se  développe  bien  dans  le 
milieu  D  (expérience  sans  carbonate  de  chaux). 

Au  contraire  dans  les  autres  milieux  (A  et  B),  le  bacille  butyrique  prend 
le  dessus  sur  les  bacilles  perfringens  et  putrificus. 

IL  Si,  dans  certaines  conditions  de  milieu,  le  bacille  butyricus  en  sym- 
biose avec  les  microbes  cités  arrête  leur  développement,  ces  microbes  à  leur 
tour,  peuvent  avoir  une  influence  sur  les  produits  de  la  fermentation  buty- 
rique (acides  volatils  ). 

Le  Tableau  ci-après  montre  quelques  valeurs  d'acides  formés  avec  ou 
sans  symbiose.  La  quantité  d'acide  mesurée  dans  chaque  analyse  est  expri- 
mée par  le  nombre  de  centimètres  cubes  d'eau  de  chaux  employés  pour  la 
neutralisation  de  100'"''  distillés  pour  la  détermination  des  acides  d'après 
la  méthode  de  Duclaux  :  21""'  de  cette  eau  de  chaux  correspondant  à  10'"' 

deSO'H'^-- 


C)  Comptes  rendus  du  17  mai,  p.  1267. 


SÉA>'CE  DU  ()  JUIN  1910.  iS'iy 

SiiitlK   I.     -    Cultures  en   milieu  L!  avec  CO'Ca. 

Durée. 

Bac.  butyricus  (4  ciiluires  pures) 56, 2       08,7       56  58,6       7  jours 

Bac.  bulyr.-t- bac.  perfringens  (4  culture'- ). .      54,8       55,4       S-iiQ       72,8  kl. 

Bac.  bulyr.+ bac.  pulrificus  (4  cultures) .. .      55,3       61,9       64,9       71,8  Id. 

SfiRiE  11.  —   Cultures  en  milieu  C  «cet  CO'Ca. 

Bac.  biii>  ricus  (4  cultures  pures) 55,8       55,8       5-, 8       53,8       7  jours 

Bac.  luilyr.+ bac.  perfringens  (3  cultures). .      59,9       66,1        67,9  »  Id. 

Bac.  butvr.-(- bac.  putrificus  (3  cultures) ..  .      42,5       47,3       47)3  »  Id. 

Série  111.  —   Cultures  en  milieu  A  m'ec  CO'Ca. 

Durée  de  la  fermenlation  :  3  jours.  '1  jnuis.  7  jours. 

Bac.  butyrique  pur  (4  cultures) 69,8  9^,4  90  et    95,3 

Bac.  bulyr.-+- bac.  perfringens  (  2  cultures) .  »  126,6  1^9, 6 

Bac.  butyr. 4- bac.  putrificus  (  2  cultures). .  .     77,5  »  ''3,9 

Cultures  pures  de  7  jours  de  bacilles  :  perfringeiis 18, 5 

»  »  »  :  putrilicus 21  ,3 

En  comparant  les  chifTres  d'acidité  obtenus  avec  les  cultures  en  sym- 
biose (3  à  7  jours)  aux  chiffres  correspondants  obtenus  avec  les  cultures  de 
bacille  butyrique  .pur,  on  constate  que,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  la 
quantité  d'acides  volatils  a  aufjmenté  dans  les  culturessymbiotiques. 

Dans  ces  cultures,  l'emploi  de  la  méthode  de  Duclauv  a  permis  de  dilTé- 
rencier  la  nature  des  acides  volatils  : 

Moyennes  des  rapports  de  Duclaux  pour  la  série  II. 

Volumes  tlistillés.  ;10.  40.  .50.  60.  7(1.  80.  90.  100. 

Bac.  butvr.  +  bac.  perfringens. .      37,4     47,9     •37,5     66,7     74,8     83, o     90,0     100 

Bac.  bulyr.  pur 35,2     4^,9     55,  i     64,5     73,5     82,5     90,2     100 

Bac.  butyr.4-bac.  putrilicus...      33         42,0     5i,8     61,0     69,0     79,0     87,8     100 

Il  résulte  des  rapports  que  nous  venons  de  citer  que,  dans  les  cultures 
symbiotiques  (butyrique -H  perfringens),  l'acide  butyrique  se  trouve  en 
plus  grande  quantité  dans  les  cultures  symbiotiques  (butyrique  -h  putri- 
licus) oîi  le  développement  du  bacille  putrilicus  gène  la  fermentation  buty- 
rique, l'acide  butyrique  se  trouve  en  moindre  quantité. 

Les  cultures  en  symbiose,  oii  le  bacille  butyrique  arrête  le  développement 
des  bacilles  perfringens  et  putrificus,  offrent  presque  toujours  une  augmen- 
tation de  la  quantité  d'acides  volatils  dans  leurs  produits  de  fermentation. 


l5:'|8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Celte  aiigmentalion  peut  être  cau:^ée  par  un  accroisseiiienl  de  la  fonction 
fennentalive  du  bacille  butyrique  en  symbiose.  Il  est  possible  aussi  que 
les  autres  microorganisnies  donnent  eux-mêmes  au  début  de  leur  dévelop- 
pement une  petite  quantité  d'acides;  dans  ce  cas,  la  mesure  des  rapports 
de  Duclaux  devrait  donner  pour  les  cultures  symbiotiques  des  chiffres 
inférieurs  à  ceux  du  bacille  butyrique  pur  (').  Or,  dans  nos  essais  de 
symbiose,  ces  chiffres  sont  le  plus  souvent  supérieurs  ou  égaux  aux  chiffres 
obtenus  avec  les  cultures  butyricjues  pures.  C'est  pourcjuoi  on  est  en  droit  de 
conclure  que  le  bacille  butyrique  produit  en  symbiose  une  acidité  totale  plus 
grande  ou  bien  qu'il  produit  de  l'acide  butyrique  en  plus  grande  quantité. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  variabilité  du  pouvoir  protéolylique  de 
la  haclèridie  charbonneuse.  Xote  de  M.  Jeax  Bielecki,  présentée 
par  M.  E.  Roux. 

Pour  étudier  l'activité  protéoly tique  de  la  bactéridie  charbonneuse  on 
l'ensemence  dans  un  milieu  nutritif;  après  développement  on  arrête  la  cul- 
ture par  addition  d'un  peu  de  toluène,  et  Ton  plonge  dans  celle-ci  l'extrémité 
de  petits  tubes  gradués  de  i"""  de  diamètre  intérieur  remplis  de  gélatine. 
La  hauteur  de  gélatine  dissoute  en  un  temps  donné,  appréciée  en  fractions 
de  millimètre,  mesure  le  pouvoir  diastasique  de  la  culture  (  -). 

La  première  constatation  cpii  frappe  dans  ces  expériences  c'est  1  incons- 
tance de  la  faculté  protéolytique  des  bactéridies,  même  lorsqu'elles  sont 
cultivées  dans  les  milieux  identiques  et  qu'elles  sont  issues  d'une  seule 
colonie  (').  C'est  là  une  difficulté  considérable  lorsqu'on  veut  étudier  sys- 
tématiquement l'influence  de  la  composition  du  milieu  sur  cette  fonction 
de  la  cellule. 

■T'ai  cherché  comment  on  pouvait  expliquer  cette  inconstance  et  tourner 
la  difficulté.  Il  est  vraisemblable  que  dans  une  culture  se  trouvent  des 
bactéridies  douées  à  un  degré  différent  du  pouvoir  protéolytique,  et  j'ai 
voulu  essayer  de  les  sélectionner  par  des  ensemencements  successifs  (/). 

(  '  )  Comptes  liendus  du  17  mai,  p.  126S. 

C^)  MALFri'A.NO,  C.  J{.  Soc.  de  Biol,  9  janvier  1904. 

(^)  M"^'  E.  Lazakl's,  C.  h.  Soc.  de  lUoL,  22  mai  1909. 

(')  Ces  recherches  sont  la  conlinuation  du  programme  d'études  sur  la  protéolyse 
microbienne,  que  M.  Mallilano  poursuit  avec  quelques  collaborateurs  à  rinstitut 
Pasteur  depuis  1898. 


SÉANCE    DU    ()    JlIN    1910.  l549 

Expérience.  —  Cinq  tubes  de  peptone  Defresne  à  a  pour  100  sont  ensemencés 
uniformément  avec  des  bactéridies  puisées  dans  une  même  colonie;  après  3  jours 
de  développements  à  36°  le  pouvoir  protéolvlique  de  5  cultures  est  : 

a  2,8  ;  /'  3,ô  ;  f  4,0;  d  2,5  ;  e  4,2.  Moyenne  3,4- 

Avant  la  mesure  de  l'activilé  proléolvtique  chacune  de  ces  cultures  étiiil  à  son 
tour  ensemencée  dans  de  nouvelles  séries  de  5  tubes. 

On  a  choisi  le  terme  e  comme  le  plus  et  le  terme  d  comme  le  moins  protéolvlique, 
et  l'on  a  examiné  parmi  les  nouvelles  séries  celles  ensemencées  avec  e  et  d.  Avant  d'v 
plonger  les  tubes  de  gélatine  on  avait  prélevé  la  semence  pour  les  séries  successives. 
Voici  les  résultats  : 

ea  6.2;  el>  o\  cco;  ed  1.2;  ee  3,5.  Moyenne  2,1. 

da  5,7  ;  db  o\  de  2,0;  dd  o;  de  6,4.  Moyenne  2,8. 

eaa  2,0;  eab  i,4;  voc  i,4;  ead  1,6;  eae  1,9.  Moyenne  1,6. 

dbo  1,8;  dbb  1,8;  dbc  1,8;  dbd  1,8;  dbe  1.9.  Moyenne  1,8. 

On  voit  que  les  moyennes  de  ces  séries  ne  dillérent  pas  sensiblement  entre  elles  et 
sont  inférieures  à  celles  de  la  culture  primiti^■e. 

Au  Hpu  de  réussir  à  sélectionner  les  Ijactéridies  on  aboutit  à  des  cultures 
moins  actives.  Des  tentatives  pareilles  avec  d'autres  races  de  bactéridies 
cultivées  dans  des  solutions  de  différentes  peptones  n'ont  pas  donné  un 
meilleur  résultat.  La  présence  de  la  peptone  dans  les  milieux  parait  entraî- 
ner une  perte  de  l'activité  protéolytique;  et  j'ai  pu  le  constater  encore 
mieux  en  m'adressantà  des  races  récemment  isolées  d'autopsie  d'animaux 
charbonneux.  Les  cultures  successives  étaient  dans  ce  cas  de  plus  en  plus 
abondantes  et  de  moins  en  moins  protéolytiques. 

Dans  le  milieu  Frœnkel  qui  ne  renferme  pas  de  peptone,  le  pouvoir  pro- 
téolytique de  la  bactéridie  persiste  davantage  et  va  même  en  augmentant 
dans  les  cultures  successives.  Celles-ci  ne  peuvent  être  réussies  qu'en 
alternant  les  cultures  en  milieu  Fnenkel  avec  les  cultures  en  milieu  peptone. 

\  oici  les  cliiflVes  exprimant  le  pouvoir  protéolytique  après  4  jours  de  séries  de 
cultures  faites  alternativement  et  successivement  dans  ces  difTérenls  milieux  : 

l'eplone  Defresne. ..  .      3,7     2,6     a, 6     3,7  Milieu  Frirnkel. .      0,2      1,9     2,8     2, g 

»         Wiltealc...     o        o        0,2     o,3  r>  ..      o.S      1,!      i.S     2,0 

»  Witte  acide.     4jO     3,4     3,2     3,*8  »  ..      o,5      1,6      1,9     2,6 

Le  pouvoir  protéolytique  croit-il  au  fur  et  à  mesure  que  les  vieilles  cel- 
lules se  désagrègent  par  autolyse  et  des  nouvelles  se  développent  dans  les 
milieux  ?  S'il  en  est  ainsi,  les  vieilles  cultures  doivent  être  plus  pi^otéolytiques 


l55o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  les  jeunes.  Cela  ne  se  vérifie  pas  toujours.  Au  contraire,  j'ai  pu  mettre 
en  évidence  le  fait  que  par  une  autolyse  avancée  des  cellules  préexistantes 
d'une  part  et  par  le  développement  de  nouvelles  générations  de  cellules 
d'autre  part,  le  pouvoir  protéolytique  peut  soit  augmenter,  soit  diminuer. 

Expérience.  —  Une  série  de  cultures  esl  partagée  en  trois  lots  :  le  premier  est 
placé  clans  la  glace  pour  arrêter  le  développement,  les  deux  autres  sont  chauflés  à 
^S^-So"  de  I  à  4  heures.  Une  partie  de  ces  tubes  chauffés,  où  les  bacléridies  élaienl 
fortement  auloljsées,  était  mise  dans  la  glace,  l'autre  partie  à  Fétuve  où  les  spores 
germent  et  donnent  une  nouvelle  génération  de  bactéridies.  Ensuite  on  examine 
comparativement  le  pouvoir  protéolytique  de  toutes  ces  cultures. 

On  aurait  pu  croire  que  dans  les  trois  lots  successifs  le  pouvoir  protéolytique  aurait 
dû  aller  en  augmentant;  il  n'en  est  rien.  Telles  cultures  étaient  plus  actives  après  le 
chauffage  et  telles  autres  moins  actives.  Tanlôt  le  développement  de  nouvelles  cultures 
augmentait  le  pouvoir  protéolytique  et  tantôt  il  l'abaissait  jusqu'à  l'abolir  com- 
plètement. 

Les  produits  de  l'autolyse  peuvent  donc  gêner  Tactivité  diastasique;  les 
nouvelles  cellules  peuvent  détruire  la  diastase  foiMiiée  par  les  générations 
précédentes. 

Bien  que  l'expérimentation  aitélé  ramenée  à  des  conditions  relativement 
simples,  ces  phénomènes  de  la  protéolyse  microbienne  sont  encore  très 
compliqués.  Il  n'est  pas  inutile  que  ces  faits  soient  connus  pour  éviter  les 
diflicultés  (|ue  présente  leur  étude. 


GÉOLOGIE.    —    Sur  les  terrains  paléozoïques  de  la  Nouvelle-Zemble.    Note 
de  M.  V.  RoussA.NOF,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

Les  terrains  paléozoïques  les  plus  anciens  de  la  Nouvelle-Zcnil)le  se 
trouvent  stu'  la  côLe  Esl,  le  long  de  la  mer  de  Kara.  Ce  sont  surtout  des 
schistes  argileux  ayant  de  looo'"  à  i  "îoo™  d'épaisseur  au  moins.  Ces 
schistes,  très  plissés  et  disloqués,  sont  orientés  généralement  INNE  ou  NE, 
comme  tous  les  autres  terrains  paléozoïipics  de  File. 

Va\  l'absence  de  données  paléontologiques  et  en  me  basant  sur  les  carac- 
tères stratigraphiques  et  lithologiques,,  j'attribue  ces  schistes  au  Silurien 
inférieur  ou  même  peut-être  au  Gambrien. 

Eu  ellèt,  au  centre  de  la  Nouvelle-Zemble,  vers  le  74*^  degré  de  latitude,  .sur  une 
petite  presqu'île,  au  fond  du  golfe  Nesnaemy,  ces  schistes  semblent  passer  sans  discor- 
dance   aux  schistes  verdàtres  à  Gonioceras,   genre  de  Céphalopodes,  complètement 


SÉANCE    DU   6   JUIN    1910.  l55l 

inconnu  en  Europe,  mais  très  caractéristique  du  Silurien  inférieur  de  l'Amérique  du 
Nord. 

Les  schistes  à  Gonioceras  sont  à  leur  tour  surmontés  par  une  bande  de  12™  d'épais- 
seur de  schistes  gris  foncé,  quelquefois  bruns,  à  Calymene  cUntoni  Vanux.,  Prœlus 
cf.  waigatschensis'Yic\\^vn.^  Leperditia  formosa  Barr.,  Beyrichia  cf.  Hallii  Jones, 
Orthocer  as  decipiens  Baivr.,  O.  Rich/eri  Barr.,  0.  triincatum  Barr.,  O.  Bohemicum 
Barr.,  O.  cf.  imbricalum  Wahl.,  O.  cf.  Steiningeii  B^vr.,  O.  reciiannulatum  Hall., 
O.  amplicameratuin  Hall.,  O.  cf.  niultiseptuni  Hall.,  O.  cf.  latiannulalum  Hall., 
Cyrtoceras  normatiim  Barr.,  C.  Stygiale  Barr.,  C.  imbricans  Barr.,  C.  consimile 
Barr.,  C.  conlrastans  Barr.,  C.  cf.  latens  Barr.,  C.  cf.  medullosum  Barr.,  C.  simu- 
lons Barr.,  C.  netei/s  Hall.,  C.  mullicameratum  Hall.,  C.  Hoiighloni  Clarke,  Onco- 
ceras  Can'eri  Clarke,  On.  plebeiuin  Hall.,  On.  cf.  minesotens  Clarke,  Triptoceras 
cf.,  planodorsatum  Whit.,  Planitrocus  amicus  Barr.,  Cyclotropis  indocilis  Barr., 
Strapaiollus  sodalis  Barr.,  Callomena  amabile  Barr.,  Phynialifer  plicaluliis  Barr., 
Sinuspira  tenera  Ban.,  Murchisonia  viltala  Hall.,  Avicula  cf.  pseudomira  Barr. 

Cette  faune  a  un  caractère  mi.xte,  mais  les  espèces  de  l'étage  E  2  (Silurien 
supérieur)  de  Barrande  dominent  sur  les  formes  voisines  du  Silurien  infé- 
rieur de  l'Amérique  du  Nord. 

Puis  viennent  des  couches  franchement  gothiandiennes  à  Céphalopodes 
très  spéciaux  :  Karoceras  n.  g.  {Cyrtoceras)  laminare  Barr.,  avec  Cyrtoceras 
velox  Barr.,  C.  abditum  Barr.,  C.  o/nissum  Barr.,  C.  decipiens  Barr.,  C.  re- 
trojlexum  Barr.,  C.  cf.  Alina  Barr. 

Les  terrains  siluriens  se  terminent,  sur  la  côte  Ouest  de  la  presqu'île  du 
golfe  Nesnaemy,  par  des  schistes  à  Strophomena  corrugatella  David  et  à 
Orlhoceras  decipiens  Barr. 

Plus  à  l'Ouest,  à  l'intérieur  de  l'île,  on  trouve  des  couches  isoclinales 
abrasées  et  maintes  fois  répétées  d'un  calcaire  coraliigène.  Ces  couches 
appartiennent  au  Dévoiiien  inférieur  et  au  Dévonien  moyen. 

Sur  le  bord  de  l'océan  Glacial,  au  milieu  d'une  presqu'île  que  j'ai  nommée 
presqu'île  du  Glacier,  y  ai  trouvé  un  gisement  très  fossilifère.  Là,  des  calcaires 
noirs  contiennent  : 

Orthoceras  annulatum  Sow.,  O.  iirbanuni  Barr.,  O.  cf.  VicaiiiVifUïAh.,  Cvrto- 
ceras  citiini  Hall.,  Trochoceras  ohliqualiun  Philipps,  T.  dislorlum  Barr.,  T.  cf. 
Ftca/u  Whidb.,  T.  cf.  Barrandei  Hall.,  Naulilus  insperalus  Barr.,  Phragmoceras 
n.  %.,  Belleroplion  Hicksii\\\n(\h.,  B.  Thalia  Hall.,  Pleurolomaria  sulconiarginata 
Hall.,  P.  «ea/?o///a«a  Whidb.,  MichcUna  depressaRœm.,  Euomphalus  cf.  circularis 


(')  RoussANOF,  Sur  le  Silurien  de  la  Nou\'clle-Zenible  (Comptes  rendus,  12  juillet 
'909)- 

C.  R.,  1910,  I"  .'semestre.  (T.  160,  N°  23.)  2o3 


iSSa  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Philipps,  Ai'icula  ala  Barr.,  Cyathophyllum  Sedgwicky  Mil.  Edw.,   Favosites  golh- 
landica  Lin.,  F.  asper  d'Orb.,  F.  Goldf iissi  d'Orh.,  Aulopora  serpens  Goldf. 

J'ai  observé  dans  la  partie  occidentale  de  la  Nouvelle-Zemble,  sur  la  côte  Nord  du  golfe 
Kreslovaïa,  à  l'ouesl  de  la  montagne  Stanovaïa,  une  falaise  de  calcaire  gris  anthracoli- 
liiique  à  Productus  cora  d'Orb.,  P.  tenuislrialus  Verneuil,  P.  lineatus  Waagen, 
/'.  grueiuvaldti  Krotow,  P.  impressiis  To\i\a,  Atliyris  ambigna  Sov/.,  Posidonella 
variabilis  Brown.  Ce  sont  des  fossiles  de  l'étage  ouralien  et  de  l'étage  permo-carboni- 
fère  de  géologues  russes. 

J'ai  trouvé  un  autre  gisement  anthracolithique  dans  le  golfe  Machiguina, 
à  8o''"'au  nord  du  précédent.  C'est  un  calcaire  gris  à  Productus  cf.  cancrini- 
formis  Tschern.,  Spirigera  ambigna  Sow.,  Dielasma  boliviens  Morton,  Fenes- 
lella  cf.  Morrisii  M.  Coy. 

Un  troisième  gisement  de  même  âge,  avec  des  fossiles  admirablement 
conservés,  m'a  été  signalé  par  un  botaniste,  M.  Simanovsky ,  sur  la  même  côte 
occidentale,  au  sud  du  Matolchkin-Cbar,  en  amont  d'une  petite  rivière 
Pestchanka,  à  une  centaine  de  kilomètres  au  sud  du  gisement  du  golfe  Kres- 
lovaïa. Malheureusement  je  n'ai  pu  encore  explorer  ce  gisement;  M.  Sima- 
novsky m'a  donné  un  échantillon  de  Cyathophyllum  limanicum  Lebcdew. 
Ce  fossile  est  caractéristique  du  Carbonifère  de  la  chaîne  du  Timane.  On 
avait  souvent  rapproché  le  Timane  de  la  Nouvelle-Zemble,  mais  jusqu'à 
présent  sans  aucune  raison  paléontologique  sérieuse. 

L'épaisseur  des  couches  anthracolithiques  ne  paraît  pas  moins  grande  que 
celle  des  couches  duDévonien;  elle  atteint  certainement  plusieurs  centaines 
de  mètres. 

La  grande  épaisseur  de  toute  cette  série  sédimentaire,  son  uniformité 
lithologique  et  paléontologique  du  Nord  au  Sud,  dans  le  sens  longitudinal  de 
l'île,  en  opposition  avec  les  changements  brusques  des  faciès  dans  le  sens 
transversal,  de  l'Est  à  l'Ouest,  enfin  l'existence  de  roches  métamorphiques, 
comme  des  micaschistes  dans  le  golfe  Sulmeneva  du  Nord,  nous  paraissent 
démontrer  l'existence  d'un  ancien  géosynclinal,  orienté,  pendant  les  temps 
primaires,  dans  le  sens  de  l'allongement  actuel  de  la  Nouvelle-Zemble. 

Au  Silurien  inférieur  et  moyen,  des  couches  très  épaisses  ont  été 
déposées  dans  une  mer  profonde  à  Orthoceras. 

A  la  lin  du  Silurien  et  surtout  au  Dévonien,  la  profondeur  de  la  mer  à 
Cyrloceras  et  Trochoceras  paraît  être  considérablement  diminuée  et  les  récifs 
coralliens  d'une  mer  chaude  prospèrent  sur  l'emplacement  actuel  de  l'océan 
Glacial.  La  mer  Anthracolithique  à  Productidés  ne  parait  pas  avoir  été  plus 
profonde  que  la  mer  Uévonienne  à  Favosilidés. 


SÉANCE   DU    6   JUIN    I910.  1 553 

Une  discordance  importante  sépare  les  couches  du  Dévonien  moyen  et 
de  l'Anthracolilhique;  elle  se  révèle  aussi  bien  par  les  données  paléonto- 
logiques  que  par  les  observations  straligraphiques.  On  constate  dans  la  série 
paléozoïque  une  lacune  au-dessus  du  Dévonien  moyen.  Parmi  les  212  espèces 
fossiles  que  j'ai  déterminées,  je  n'en  peux  citer,  avec  certitude,  aucune  qui 
appartienne  exclusivement"" soit  au  sommet  du  Dévonien,  soit  à  la  base  du 
Carbonifère.  Sur  beaucoup  de  points  du  bord  occidental  de  la  Nouvelle- 
Zemble  j'ai  pu  observer,  en  effet,  des  conglomérats  et  des  brèches  très 
épaisses,  séparant  le  Dévonien  moyen  de  l'Anlhracolithique. 

Des  diabases  basiques  et  très  altérées  sont  largement  développées  au 
nord  et  au  sud  du  '][\^  degré  de  latitude.  Sur  la  presqu'île  du  Glacier,  les 
filons  de  diabases  s'entrecroisent  en  réseau  à  travers  les  calcaires.  Ces  dia- 
bases, étant  plus  récentes  que  les  calcaires,  leur  âge  est  probablement 
anthracolithique  supérieur.  D'ailleurs  ces  roches  éruptives  sont  redressées 
et  quelquefois  plissées  par  un  mouvement  orogénique  intense.  L'intrusion 
des  diabases  doit  être  contemporaine  des  plissements  hercyniens. 


GÉOLOGIE.   —    Un  horizon  fossilifère   dans  le  Muschelkalk  de 
Bourhonne-les-Bains  {Haute-Marne).  Note  de  M.  A.  Dobt, 

présentée  par  M.  Henri  Douvillé. 

Dans  les  Vosges  méridionales,  le  Muschelkalk  se  distingue  parla  pauvreté 
de  sa  faune  et  même,  dans  la  région  de  Bourhonne-les-Bains,  il  a  longtemps 
passé  pour  dépourvu  de  fossiles  ;  récemment  nous  avons  découvert  dans  une 
carrière  ouverte  à  Goo""  à  peine  de  la  ville,  au  lieu  dit  Les  Joyeux^  un  banc 
fossilifère,  aussi  remarquable  par  le  nombre  que  par  la  taille  des  individus. 

Le  tableau  suivant  montre  le  niveau  qu'occupe  ce  banc  fossilifère  dans  la 

série  des  couches  constituant  le  Muschelkalk,  au  sud-ouest  de  Bourbonne- 

les-Bains  : 

KoHLENKEUPER  :  Lelte/ikolile. 

2.   Grès  jaunâtre  à  grain  fin  (8"). 

1.   Argile  grise,  avec  traces  charbonneuses  (r",5o). 

MuscHELCALK  SUPÉRIEUR  :  Assisc  Supérieure  (3i™). 

8  (altitude  829™).  Calcaire  gris  de  fumée  {Nautilus,  Pecten),  en  bancs  deo^jiS  à 
o™,4o  (5™). 


1,^54  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

7.   Marne  schisteuse  et  calcaire  feuilleté  bleuâtre  (2™). 

6.  Calcaire  ijlanc  jaunâtre,  parfois  silicifié,  avec  agates,  en  dalles  de  o™,03  à  o"',o5 
(.2-).^ 

5.  Calcaire  en  bancs  minces,  décalcifié  à  l'affleurement  (8'"). 

4.  Sable  et  calcaire  feuilleté  (2"'). 
3.  Argile  jaune  {o",6o). 

2.  Sable  calcaire  cristallin,  avec  polypiers?  (i",25). 

1.  Zone  à  Pcmphyx.  Calcaire  sableux  avec  Pemphyx,  Myophoria,  Mytilus, 
Lima,  Avicula,   llôrnesia,   Chemnilzia^  Natica  (o",i5). 

Assise  inférieure  (25""). 

8  (altitude  2y8'").  Calcaire  fissile,  grenu  et  siibcristallin,  en  bancs  de  o™,  10  à  o™,i5 
(.-,5o). 

7.  Calcaire  compact,  gris  de  fumée,  avec  druses  tapissées  de  cristaux  rliomboé- 
driques  {Lima  striata),  en  bancs  de  o^iOS  à  o^jSG  (S"). 

6.  Calcaiie  blanc  crayeux,  empâtant  des  cristaux  de  calcite  (  i"",  20). 

5.  Sable  et  gravier  (2™,  5o). 

k.  Calcaire  roux  en  bancs  de  o",  25  à  o™,  3o,  avec  débris  de  Sauriens  (2™). 

3.  Calcaire  en  plaquettes,  avec  enduit  manganèse  et  nombreux  granules  mangano- 
ferreux  (  i™,5o). 

2.  Bancs  de  o"',o5  à  o"",  iode  calcaire  sableux  scoriacé,  souvent  fragmenté,  avec 
intercalations,  à  divers  niveaux,  de  sable  calcaire  et  de  gravier.  Silex  à  la  base  (10"). 

1.  Brèche  calcaire  (2™)  et  sable  oolithique  (o™,3o). 

MuscHELKALK  MOYEN  :  Assisc  Supérieure  (9'"). 

3.  Dolomie  grenue  vacuolaire,  gris  verdàtre,  à  Encrinus  lilii/orniis  et  dénis  de 
Poissons  {Acrodus  minimus)^  en  dalles  de  o'",o5  à  o™,  10  (S™, 20). 

2.  Calcaire  dolomitique,  gris  rosé,  en  bancs  de  o™,  3o  à  o™,4o,  séparés  par  des 
argiles  vertes  (4™,  10). 

1.  Sable  quarlzeux  à  grain  fin  (i",5o).  Marnes  et  dolomie  en  plaquettes  (o'",2o). 

Assise  inférieure  (5o™). 

2.  Marnes  bariolées,  avec  gypse,  sans  sel  gemme  (45™). 

1.   Marnes    schisteuses    alternant   avec    des  psammites    micacés    schisloïdes   (5™). 

Le  niveau  fossilifère,  récemment  découvert,  se  trouve  à  la  cote  298™.  Ce 
niveau  parait  constant,  aussi  l'avons-nous  pris  pour  base  d'une  nouvelle 
division  du  Muschelkalk  supérieur  en  deux  sous-étages,  un  peu  différente 
de  celle  adoptée  par  l'auteur  de  la  feuille  de  Langres.  Les  vestiges  d'orga- 
nismes apparaissent  à  la  partie  inférieui'e  d'une  couche  de  sable,  consolidée, 
sur  une  épaisseur  de  o'",oG  ào™,i5en  calcaire  sableux,  reposant  sur  une 


SÉANCE    DU   6   JUIN    19IO.  I.lSS 

doloniie  greniio  et  siibcrislallinc,  dont  la  surface  porte  des  traces  nom- 
breuses d'érosion  et  des  débris  d'Algues  de  la  famille  des  Dasycladées,  pro- 
bablement du  genre  Diplopora.  Une  couclie  d'argile  jaune,  épaisse  d'envi- 
ron o'",6o,  recouvre  le  banc  de  sable.  Dans  ce  calcaire  où  les  eaux  météoriques 
pénètrent  facilement,  le  test  des  Mollusques  a  subi  une  dissolution  complète, 
et  si  les  moules  et  empreintes  des  coquilles  ont  été  en  partie  épargnés,  c'est 
grâce  aux  o'",Go  d'argile  qui  le  recouvrent,  car  partout  où  la  couche  argi- 
leuse fait  défaut,  on  ne  trouve  plus  que  des  empreintes  informes  et  indéter- 
minables. 

Outre  ce  banc  fossilifère,  nous  avons  rencontré,  à  divers  niveaux  dans  les 
calcaires  du  Muschelkalk,  d'autres  fossiles,  mais  en  petit  nombre,  parmi 
lesquels  Encrinus  liliiformis  dans  la  dolomie  verdâtre  couronnant  le  Mu- 
schelkalk moyen  et,  plus  haut,  Lima  striata  dans  un  calcaire  blanc  grisâtre 
subcrislallin.  C'est  en  vain  que  nous  avons  cherché  Ceratites  nociosiis,  au- 
dessus  de  la  zone  à  Pemphyx,  et,  au  sommet  du  Muschelkalk,  Ceratites  semi- 
partitus;  mais  nous  y  avons  trouvé  Nautilus,  Pecten  et  çà  et  là  des  nids  de 
fossiles  agglomérés,  au  milieu  de  bancs  qui  en  paraissent  dépourvus. 

Il  ressort  du  tableau  ci-contre  que  le  Muschelkalk  atteint,  au  sud-ouest  de 
Bourbonne-les-Bains,  une  épaisseur  visible  de  1 16"'.  Encore  se  trouve-t-on 
à  la  cote  32g'"  dans  les  calcaires  bien  caractérisés  et  inférieurs  aux  argiles 
de  la  Leltenkohle,  et  d'après  ce  qu'on  voit  au  nord  de  la  ville,  à  la  cote 
de  347'",  on  peut  lui  attribuer  encore  au  moins  18'"  de  calcaires  blancs 
friables,  alternant  avec  des  calcaires  gris  compacts.  La  puissance  totale  de 
la  formation  serait  donc  de  1 34'". 

GÉOLOGIE.  —  Numinulilique  helvétique  et  Nummulitique  préalpin  dans 
la  Suisse  centrale  et  orientale.  Note  de  M.  Jean  Boussac,  présentée 
par  M.  Henri  Douvillé. 

On  a  jusqu'à  présent  confondu,  dans  la  Suisse  centrale  et  orientale,  le 
Nummulitique  qui  appartient  bien  effectivement  à  la  nappe  de  Wildhorn, 
et  une  masse  considérable  de  Flysch  qu'il  faut  rattacher  à  un  groupe  de 
nappes  plus  élevées  :  le  groupe  inférieur  des  nappes  préalpines.  Le  but  de 
cette  Note  est  de  préciser  certains  points  de  la  stratigraphie  de  ce  Nummu- 
litique helvétique  et  d'en  séparer  ce  qui  est  préalpin. 

1°  Nappe  du  Wildhorn.  —  J'ai  déjà  fait  connaître  les  changements  de 
faciès  qui  affectent  le  Nummulitique  entre  le  Harder  et  les  Ralligstôcke,  et 
qui  sont  les  mêmes  qu'on  observe  plus  à  l'Ouest  entre  le  Rawyl  et  les  plis 


l556  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

frontaux  de  la  nappe  du  Wildliorn  (');  mais  l'âge  des  grès  du  Hohgant 
restait  indécis.  Or  ces  grès  contiennent  juscju'à  leur  partie  supérieure 
Nummulites  aturicus,  N.  conlortus-striatus  et  Orthophragmina  disciis;  c'est 
certainement  là  de  TAuversien,  et  cet  âge  auversien  est  confirmé  par  la 
présence  de  Pectuncuhis  Jacquoli,  P.  grandis,  Modiola  modioloides,  etc.  de 
la  Palarea,  Campanile  defrenalum  de  Roncà  et  Clavella  longœva  des  sables 
moyens  du  bassin  de  Paris. 

Ces  grès  de  Hohgant  sont  envahis  graduellement,  vers  le  Nord-Est 
comme  vers  le  Sud-Est,  par  le  faciès  des  schistes  gréseux  fauves,  qui,  dans  la 
région  du  Schimberg,  sont  fossilifères;  on  y  trouve,  outre  des  Globigé- 
rines,  une  faune  de  Nummulites  et  de  Mollusques  des  plus  intéressantes, 
parce  qu'elle  établit  un  lien  entre  quatre  faunes  auversiennes  jusqu'ici  un 
peu  isolées  :  la  villa  Marbella  près  Biarritz,  la  Palarea,  le  Niederhorn  et 
Roncà;  les  espèces  les  plus  importantes  sont  :  Num.  aturicus,  Brongniarli, 
N.  cf.  striatus;  Pectuncu/us grandis(Pii\i\\eii,  Niederhorn  );  Dentalium nicense 
(Palarea);  Cerithiu?n  Johannœ  (Villa  Marbella);  Cerithium  rarefurcatum 
(Roncà);  Rimella  multiplicala  (Palarea);  Rostellaria  goniophora  (Palarea, 
Niederhorn);  Conus sulciferus  (sables  moyens  du  bassin  de  Paris). 

2°  Flysch  préalpin.  —  Dans  la  région  de  Habkern,  les  schistes  priabo- 
niens  à  Globigérines,  avec  intercalations  répétées  de  bancs  de  Ralligmarmor, 
qui  recouvrent  les  grès  du  Hoghant,  sont  coupés  en  biseau  par  le  complexe 
du  a  Wildflysch  »,  dont  M.  Beck  a  montré  l'étroite  liaison  avec  les  «  Lei- 
mernschichlen  »,  ou  couches  rouges  du  Crétacé  préalpin;  il  contient, 
empaquetés  à  sa  base,  des  blocs  de  Ralligmarmor;  il  est  essentielle.ment 
constitué  par  des  schistes  argileux  à  Globigérines,  broyés  et  contournés,  et 
où  s'intercalent  (indépendamment  des  blocs  exotiques): 

1°  Des  grès  el  des  quartziles  verls,  dits  à  tort  ea-o^jVywei,  et  contenant,  là  où  le  ciment 
calcaire  est  conservé,  des  Globigérines  et  des  fragments  de  Lilholhamnium,  Nummu- 
lites, Orthophragmina  ;  2°  ces  quartzites  verts  passent  à  des  brèches  polygéniques, 
très  glauconieuses,  contenant  aussi  des  débris  de  Lithothamnium,  Orthophragmina., 
Assilina,  et  de  Nummulites  granuleuses  des  groupes  de  N.  fiouaulti  et  complanatus, 
établissant  ainsi  l'âge  lutétien  du  M'ild/lysch  de  Habkern;  3"  des  calcaires  compacts, 
à  nombreux  petits  Foraminifères  (Globigérines),  identiques  aux  parties  blanc  jaunâtre 
des  couches  de  Leimern,  mais,  ici,  d'âge  certainement  nummulitique.  Il  doit  y  avoir 

(')  11  faut  donc  considérer  les  plis  du  Waldegg,  du  Niederhorn  et  toute  la  chaîne 
du  Hoghant.  comme  les  équivalents  des  plis  fiontaux  de  la  nappe  du  Wildliorn  par 
rapport  au  grand  anticlinal  couché  Mittaghorn-Harder;  le  synclinal  de  Habkern  et  de 
la  région  des  Sclilieren  est  donc  un  synclinal  dans  la  nappe  de  Wildliorn. 


SÉANCE    DU    6    JUIN    1910.  l557 

aussi  des  bancs  calcaires  à  IV.  complanaius,  car  j'en  ai  trouvé  uu  bloc  dans  le  lit  du 
Bohlbach . 

M.  Lugeon  a  considéré  le  premier  le  Wildflysch  de  Habkern  comme 
préalpin,  et  cette  opinion  est  généralement  adoptée  aujourd'hui  ;  la  déter- 
mination de  l'âge  lulétien  la  conlirme  absolument,  puisqu'il  repose  en  discor- 
dance sur  du  Priabonien.  Mais  plus  loin  vers  le  Nord-Est,  dans  la  région 
du  Schlieren,  on  a  la  même  succession  anormale.  Au-dessus  des  schistes 
qui  surmontent,  soit  les  grès  du  Hohgant  (Junkholz),  soit  les  schistes  gréseux 
fauves  (Schimberg),  on  voit  un  système  de  schistes  argileux  noirs  ou  ver- 
dâlres,  très  tourmentés,  à  Globigérines,  contenant  des  lentilles  de  quartzites 
verts  et  des  calcaires  fins  à  Globigérines  (faciès  des  couches  de  Leimern)  et 
par  places  (Feuerstein,  Unlerrisch),  des  calcaires  glauconieux  ou  un  peu 
ferrugineux  à  N.  complanatus  et  Assilina;  c'est  du  Lutélien  préalpin,  sur- 
monté par  la  grande  masse  des  grès,  souvent  très  bréchoïdes,  des  Schlieren 
(Silvanschichten),  vraisemblablement  priaboniens  (on  y  trouve  des  débris 
d'Orlhophragmina),  et  qu'il  faut  ranger  aussi  dans  le  Préalpin,  comme 
M.  Buxtorf  en  a  déjà  émis  l'idée,  sans  en  donner  une  démonstration  précise. 

C'est  également  au  Préalpin  qu'il  faut  attribuer  la  majeure  partie  du 
flysch  subalpin,  accompagné  de  Klippes,  sur  lequel  reposent,  sans  flanc 
renversé,  les  chaînons  frontaux  de  la  nappe  du  Wildhorn;  il  possède  un 
faciès  tout  différent  du  Nummulitique  de  ces  chaînons  :  ce  sont  des  schistes 
à  Globigérines,  avec  des  inlercalations  de  calcaires  à  Nu/n.  complanatus  et 
Assilina  décrils  par  Kaufmann  (Slein,  Thoregg,  etc.);  exactement  sur  le 
prolongement  de  la  même  zope  tectonique  se  trouvent  les  couches  du  lac  de 
Lowerz,  qui  supportent  aussi,  sans  l'intermédiaire  d'un  flanc  renversé,  le 
chaînon  frontal  Rigi-Hochfluh,  et  en  continuité  avec  elles  viennent  les 
couches  d'Einsiedeln-Sleinbach,  qui  s'étalent  largement  entre  Einsiedcln 
et  Iberg,  recouvrant  complètement  le  front  de  la  nappe  helvétique,  et  sup- 
portant les  Mylhen;  le  même  flysch  remplit  le  synclinal  Aubrig-Fluhbrig, 
et  dans  le  Wildflysch  du  Barlauibach  on  a  trouvé  une  lentille  de  gypse. 
Tout  cela  est  du  Préalpin. 

LesPréalpes  ont  enveloppé  le  front  des  nappes  helvétiques  dans  la  Suisse 
orientale  comme  dans  la  Suisse  occidentale. 

On  sera  sans  doute  amené  plus  tard  à  mettre  dans  le  Préalpin  le  Flysch 
qui  suit  le  front  du  Sentis  (Flyijarli,  etc.)  et  surtout  celui  de  la  zone  helvético- 
bavaroise  (Kressenberg,  Matlsce,  etc.)  qui  présente  un  faciès  identique. 
Cette  zone  est  aussi  acconqiagnée  de  Klippes;  on  y  a  découvert  des  conglo- 
mérats polygéniques  et  des  blocs  exotiques  de  granités  du  type  de  Habkern. 


l558  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PALÉONTOLOGIE.    —    Sur  les  Rhinocéridés  de  l' Oligocène  d'Europe 
et  leur  filiation.  Note  de  M.  Roman. 

Si  les  grandes  lignes  de  l'évolution  du  groupe  des  Rhinocéridés  fossiles, 
pendant  le  Miocène,  le  Pliocène  et  le  Quaternaire,  sont  assez  bien  établies 
d'après  des  travaux  récents,  il  n'en  est  pas  de  même  des  formes  plus 
anciennes  de  cette  famille,  dont  les  rapports  phylétiques  laissent  encore  à 
désirer. 

En  reprenant  l'étude  des  espèces  oligocènes,  j'ai  été  conduit  à  modifier 
plusieurs  des  filiations  admises,  et  j'ai  pu  constater  que  l'on  trouvait  dès 
l'origine  des  formes  très  différentes  et  formant  un  plus  grand  nombre  de 
rameaux  qu'on  ne  l'avait  pensé  jusqu'à  ce  jour  ;  les  uns  se  raccordent  faci- 
lement avec  ceux  du  Tertiaire  récent,  les  autres  s'éteignent  dès  la  fin  de 
l'Oligocène. 

Les  Rhinocéridés  sont,  comme  on  le  sait,  une  famille  d'Ongulés  d'origine 
très  probablement  américaine,  immigrés  en  Europe  vers  le  commencement 
"de  l'Oligocène.  Leur  arrivée  coïncide  avec  celle  des  Amynodonlidés (Cadur- 
cotherium)  et  des  Achœnodontidés  (Entelodon).  Les  plus  anciens  Rhinocéridés 
ont  été  trouvés  dans  les  marnes  de  Ronzon  (Sannoisien)  par  Aymard  et 
plus  récemment  par  M.  Vasseur  dans  les  molasses  sannoisiennes  du  Froii- 
sadais. 

\J' Acerotherium  velaunum  (')  de  Ronzon,  de  grande  taille  et  pourvu  de 
fortes  canines  inférieures,  est  la  souche  de  VA.  Filholi  Osh.  du  Stampien. 

Avec  le  Stampien,  le  groupe  des  Rhinocéridés  se  développe  et  montre  les 
rameaux  suivants  : 

L  Formes  de  petite  taille  à  dentition  supérieure  continue,  à  prémo- 
laires liélcrodon  les  et  bourrelet  basilairc  très  développé,  pourvues  d'une 
canine  supérieure  assez  forte  opposée  à  une  canine  inférieure  insérée 
verticalement  sur  le  maxillaire.  Un  nom  générique  nouveau  est  nécessaire 
pour  désigner  cette  série  :  Je  propose  le  nom  iVEggysodon  (s^yuç,  près) 
(=  Ronzolheriuni  aucl.  non  Aymard),  type  Ronzotherimn  O.v/'o/vu' Sclilosser. 

IL  Formes  de  moyenne  taille  à  dentition  supérieure  homéodonte  et  à 
canines  inférieures  à  section  triangulaire,  aplaties  en  dessus  :  type  du 
groupe  Acerothcrium  minutum  Cuvier  (syn.  excl.  ). 

(')  Le  nom  fionzotheriiiiii  Aymard  ci-éé  pour  \\4c.  velauniim,  qui  est  un  véritable 
Acerotherium,  doit  disparaîlie  de  la  nomenclature,  d'aulanl  plus  qu'il  a  été  employé 
par  divers  auteurs  pour  des  espèces  se  rapporlanl  à  des  groupes  tout  différents. 


SÉANCE    DU   6   JUIX    1910.  I SSp 

lll.  Trrs  ijTandes  espèces  à  dentition  supérieure  lioméodonte,  à  molaires 
à  vallée  médiane  largement  ouverte,  sans  crochet  ni  anticrocliet,  et  canines 
inférieures  à  section  ovalaire,  en  forme  de  poignard  :  type  du  groupe  Acero- 
iherium  FilhoU  Osborn. 

\\ .  Espèces  pourvues  de  deu\  cornes  latérales  nasales,  à  dentition 
lioméodonte,  molaires  pourvues  d'un  crochet  développé  et  d'un  faible  cro- 
chet antérieur,  canines  inférieures  relativement  faibles  :  genre  Diceratherium, 
type  lilnnoceros  pleuroceros  Duvernoy. 

Avec  l'étage  Aquitanien  apparaissent  de  très  petites  formes  pourvues 
probablement  d'une  petite  corne  nasale,  à  dentition  lioméodonte,  molaires 
à  vallée  rétrécie  par  un  crochet  et  un  anticrocliet  bien  développés  :  forme 
aquitanienne  du  groupe  Ceratorhinus  tagiciis  Uoman  (type  du  genre  L'era- 
torhinus  sansaniensis  Lartet). 

Les  diverses  espèces  de  Rhinocéridés  oligocènes  peuvent  se  répartir  de  la 
façon  suivante  dans  ces  diverses  séries  : 

Premier  rameau.  — Le  genrQ  Eggysodon  débute  dans  le  Starapien  inférieur  avec 
VE.  Gaudryi  Rames  des  argiles  de  Brons  (Cantal)  et  de  Lalou  près  Trémous  (Haule- 
Garonne).  Il  se  développe  dans  le  Slampien  moyen  avec  VE.  Osborni  Sclii.  des 
phosphorites  du  Quercy  et  du  bassin  de  Mayence  {Ronzotherium  lie ic lie naui  Xi en'in- 
ger);  0:1  le  retrouve  dans  le  Stampien  supérieur  du  bassin  de  Paris  (la  Ferté  Aleps). 

A  ce  même  genre  il  convient  de  rapporter  E.  Pomeli  nov.  sp.  {Rhiiioceroa  Croi- 
itfi^t  Pomel)  (  '  )  du  Slampien  supérieur  de  Gannat  et  peut-être  aussi  Rli.  Cadibon- 
nense  Rogers,  encore  trop  incomplètement  connu. 

Deuxième  rameau.  —  La  série  des  Acerotherium  de  moyenne  taille  débute  dans 
les  mollasses  du  Starapien  moyen  du  Sud-Ouest  avec  VA.  albigense  nov.  sp.  et  se 
continue  dans  le  Stampien  supérieur  de  Moissac  (Lot-et-Garonne)  par  V Ac.  minutum 
Cuvier  (synon.  excl.)  qui  a  été  retrouvé  au  même  niveau  à  Auzon,  dans  le  Gard  et  à 
Pyrimont  (Ain)  (Aquitanien). 

Troisième  rameau.  —  Les  grands  Acerotherium  débutent  dès  le  Sannoisien  avec 
VA.  veldunum  de  Ronzon  et  continuent  par  1'^.  Filholi,  espèce  très  répandue  dans 
tout  le  Starapien  :  Allias  (Gironde)  dans  le  calcaire  à  Astéries;  phosphorites  du 
Quercy;  La  Milloque  et  la  Comberatière  (Lot-et-Garonne);  Puy-Laurens  (Tarn); 
environs  de  Marseille  (Stampien  supérieur);  Pernes  (Vaucluse),  Slampien  moyen; 
La  Ferté  Aleps,  Stampien  supérieur  :  Ivlein-Blauen,  près  Bàle  (Suisse),  etc. 

Ce  groupe  passe  dans  le  Burdigalien  avec  V Acerotherium  plalyodon  Mermier. 

A  côté  de  ces  formes,  et  consliluant  peut-être  un  petit  rameau  parallèle,  se  trouve 
V Acerotherium   lemanen.se  l'omel,  de  Gannat,  Sainl-Gérand-le-Puy  (Ailier),   de   la 


(')  Le  type  de  Pomel  étant  perdu,  il  est  nécessaire  de  faire  disparaître,  au  moins 
provisoirement,  le  nom  de  Croizetli,  employé  pour  des  Rhinocéridés  divers,  qui  n'ont 
aucun  trait  commun. 

C,  H.,  1910,  1"  Semestre^,  (T.   ITiO,   N'  23.)  2o4 


l56o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

raollasse  d«  Lausanne  (Suisse),  etc.,  qui  se  rattache  à  la  série  miocène  de  VAcero- 
theriuin  iiicisivuni. 

Qualrièinc  rameau.  —  Les  espèces  du  genre  DiceiaUierium  sont  de  petite  taille  au 
début  et  apparais^ent  dans  le  Stampien  supérieur  avec  le  Dlc.  pleuroceros  Duvernov 
(les  calcaires  de  Gannat  et  de  Billy  (  Ailiei).  (  )n  les  retrouve  dans  les  assises  de  passage 
de  l'Oligocène  au  Miocène  (Aquitanien  auct.)  avec  le  Diceratherium  asphaltense 
Depéret  et  Douxami,  de  Pyrimont  (Ain),  puis  dans  le  Burdigalien  où  ils  sont  repré- 
senlés  par  le  Die.  Douvillei  Osborn. 

Cinquième  rameau.  —  Avec  l'Aquilanieii  seulement  apparaît  le  groupe  des  Céra- 
lorhinés  ou  Rhinocéros  à  cornes,  plus  spécialement  miocène.  Le  Ceratorliinus  tagicu.'s 
Roman,  du  liurdigalien  inférieur  de  Lisbonne,  ancêtre  probable  du  sansanie/isi.s 
Lartet,  se  retrouve  avec  tous  ses  caractères  dès  l'Aquitanien.  A  cette  espèce  doivent 
en  effet  se  rattacher  :  fa  petite  forme  de  Selles-sur-Cher  (Loiret),  celle  d'Ulm 
(Bavière)  et  celles  de  la  mollasse  grise  de  Lausanne  (Suisse)  et  de  l'yrimont  (Ain). 

On  voit,  d'après  cet  exposé  que,  sut-  les  cinq  rameaux  menlionnés,  le  pre- 
mier apparaît  au  début  du  Stampien  pour  s'éteindre  sans  laisser  de  descen- 
dants dans  le  Stampien  supérieur,  et  le  dernier  débute  seulement  dans  les 
assises  de  passage  de  l'Oligocène  au  Miocène.  Les  trois  autres  se  montrent 
dans  tout  l'Oligocène  et  se  relient  assez  facilement  aux  séries  du  Miocène. 

Il  est  en  outre  intéressant  de  remarquer  que  des  formes  de  gi~ande  taille 
ayant  déjà  acquis  tous  les  caractères  des  Acerolherium.  telles  que  l'.-l.  velau- 
num,  étaient  apparues  dès  le  début  de  l'Oligocène,  c'est-à-dire  dès  l'appari- 
tion des  Rhinocéridés  en  Europe.  Cette  constatation  implique  nécessairement 
l'existence  de  formes  ancestrales  sur  un  autre  point  du  globe. 

A  côté  de  ces  espèces,  et  à  la  même  époque,  se  développaient  aussi  des 
formes  plus  primitives  que  je  rattache  au  gem^e  Eggysodon,  dont  le  degré 
d'évolution  est  tout  à  fait  coi^parable  à  celle  de  certaines  formes  améri- 
caines, telles  que  V Acerotheiiuin  mite  et  le  LejUaceroiherium  trigonodon, 
indiquant  que  l'évolution  des  formes  de  Rhinocéridés  se  poursuivait  à  peu 
près  parallèlement  sur  les  deux  continents  avec  des  espèces  distinctes. 

Ces  conclusions  et  les  descriptions  de  ces  différents  types  seront  déve- 
loppées dans  un  travail  plus  ('tendu  actuellement  en  préparation. 


PALÉONTOLOGIE.  —  Sur  Les  nodules  (  Seplaria)  à  Ammonites  triasiques 
de  Madagascar  et  .mr  le  développement  des  Ammonea.  INote  de 
M.  FoiR.viER,  présentée  par  M.  Henri  Douvillé. 

Dans  la  séance  de  la  Société  géologique  de  France  du  7  février  1910, 
M.  Douvillé  a  déjà  signalé  dans  les  nodules  rapportés  de  Madagascar,  par 


SEANCE    DU   6    JUIN    1910.  l5*  1 

MM.  C.allens  et  Bordeaux  la  "présence  d'Aiiimonites  d'âge  triasique  et  de 
Poissons. 

M.  Merle,  contrôleur  principal  des  Mines,  qui  vient  de  faire  un  long- 
séjour  dans  l'île,  a  bien  voulu  me  soumettre  un  nombre  considérable  de 
nodules  renfermant  aussi  des  Ammonites  et  des  Poissons  qui  sont  du  même 
âg'e  que  ceux  décrits  par  M.  Douvillé. 

En  cassant  rjuelques  centaines  de  ces  nodules,  j'avais  été,  comme  M.  Dou- 
villé, frappé  de  ce  fait  (piun  très  çrand  nombre  d'entre  eux  présentaient  à 
leur  intérieur  une  cavité  centrale  remplie  le  plus  souvent  d'une  matière  pulvé- 
rulente argileuse  et  siliceuse  renfermant  parfois  un  peu  de  calcaire,  et  dans 
latjuelle  une  analyse  qualitative  sonunaire  m'a  permis  de  déceler  la  pré- 
sence du  fer,  d'une  quantité  notable  de  manganèse  et  d'im  peu  de  cobalt. 

J'avais  remarqué,  en  outre,  que  dans  les  nodules  allongés,  non  écrasés,  celle  cavité 
avait  toujours  la  même  forme  et  que  ses  parois  présentaient  des  stries  et  ondulations 
régulières  qu'il  paraissait  difficile  d'expliquer  autrement  qu'en  admettant  la  nature 
organique  du  corps  ayant  donné  naissance  à  la  cavité.  Ce  corps  se  compose  de  deux 
pallies  :  l'une  allongée  un  peu  fusiforme,  légèrementincurvêe,  mesure  dans  tes  échan- 
tillons de  taille  moyenne  5'^°'  à  6""  de  longueur;  l'autre,  réunie  à  la  précédente  par  un 
élranglement,  est  grossiéremeni;  eJltplique  ou  pyriforme  et  parait  avoir  joué,  par  rap- 
port à  la  précédente,  le  rôle  d'une  sorte  de  pédoncule;  dans  certains  échanlilloas,  ce 
pédoncule  est  replié  sous  la  partie  fusiforme.  Les  parois  internes  de  la  cavité  sont 
souvent  tapissées  d'une  matière  charbonneuse  provenant  sans  aucun  doute  d'un  orga- 
nisme. 

Or,  en  examinant  à  la  loupe  plus  de  cent  nodules  présentant  celte 
énigmalique  cabale,  nous  avons  découvert  dans  la  gangue  siliceuse  cjui 
l'enveloppe  un  nombre  incalculable  de  minuscules  Ammonites  dont  les  plus 
grandes  ont  3"""  à  4"""'  de  diamètre  et  les  plus  petites  environ  un  demi-milli- 
mètre; un  grand  nombre  d'entre  elles  sont  réduites  à  leurs  premières  loges 
et  parfois  même  à  leur  loge  initiale.  Dans  certains  écbantillons,  une  seule 
surface  de  section  présente  une  centaine  au  moins  de  ces  petites  Ammo- 
nites, ce  qui  suppose  que  le  nodule  entier  en  comporte  au  moins  un  millier, 
car,  quelle  que  soit  la  direction  dans  laquelle  nous  avons  opéré  la  section, 
nous  avons  toujours  trouvé  autant  d'empreintes. 

Les  nodules  à  Poissons  de  la  même  formation  ne  paraissent  pas,  eu 
général,  présenter  de  traces  de  ces  jeunes  Ammonites,  tandis  qu'elles 
abondent  d\ine  façon  constante  dans  les  nodules  présentant  la  cavité  que  je 
viens  de  décrire.  Si  l'on  tient  compte,  en  outre,  de  la  difficulté  de  la  con- 
servation d'organismes  aussi  frêles  et  du  fait  que  ces  jeunes  Ammonites 


l562  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

n'occupant  pas  le  noyau  de  la  concrétion  n(^  peuvent,  en  aucun  cas,  être 
considérées  comme  ayant  été  le  point  de  départ  de  sa  formation,  il  parait 
bien  difficile  d'adm^ettre  qu'un  groupement  aussi  constant  d'un  nombre 
aussi  considérable  de  jeunes  individus,  autour  d'une  cavité  de  forme  éga- 
lement constante,  soit  un  effet  du  hasard. 

Deux  interprétations  se  présentent  alors  à  l'esprit  :  ou  bien  l'organisme 
qui  a  donné  naissance  à  la  cavité  a  pu  servir  de  nourriture  aux  jeunes 
Ammonites,  ou  bien  cet  organisme  est  un  flotteur  ayant  supporté  les  œufs, 
sur  lequel  les  jeunes  évoluaient  jusqu'à  un  certain  stade  et  qui  servait 
d'organe  de  dissémination. 

Il  n'est  pas  difficile  de  réfuter  la  première  hvpolhè*e  :  si  le  corps  avait  servi  de 
nourriture  aux  Céphalopodes,  il  ne  serait  pas  conservé  d'une  façon  constante;  on 
trouverait  aussi,  près  de  lui,  des  Ammonites  de  plus  grande  taille  et  d'autres  orga- 
nismes; enfin  il  varierait  certainement  de  forme  et  de  nature. 

Nous  ne  croyons  donc  pas  dépasser  les  limites  d'une  induction  légitime, 
en  proposant  d'envisager  la  deuxième  hypothèse  qui,  d'après  le  peu  que 
nous  connaissons  sur  le  développement  des  Céphalopodes  et  de  quelques 
autres  Mollusques  pélagiques  comme  les  Janthines,  n'a  rien  de  nature  à 
nous  surprendre. 

Nous  ajouterons  que,  dans  les  gros  nodules  siliceux  renfermant  des 
formes  adultes,  nous  avons  reconnu  la  présence  du  genre  Ophiceras,  déjà 
signalé  par  M.  Douvillé,  et  du  genre  Otoceras.  Ces  CéphalojJodes,  ainsi  que 
les  nombreux  Poissons  que  l'on  rencontre  dans  les  mêmes  couches, 
permettent  de  rapporter  ces  formations  au  Trias  le  plus  inférieur,  proba- 
blement au  niveau  des  couches  à  Otoceras  Wooihanli  àe  l'Himalaya. 

Xous  publierons  incessamment,  en  collajjoration  avec  M.  Merle,  une 
étude  plus  détaillée  sur  ces  formations. 

A  '\  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.  D. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI   15  JUIN  1910. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


3IËM0IRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PESANTEUR.    —   Frein  pour  balance,  en  forme  de  fil  à  plomb. 
Note  de  M.  G.  Lippmaxx. 

(3n  sait  qu'une  balance  sensible  oscille  plusieurs  fois  avant  de  prendre  sa 
position  d'équilibre,  et  que  ces  oscillations  rendent  très  longues  les  opéra- 
lions  de  la  pesée.  J'ai  réalisé  un  petit  dispositif  qui  permet  d'empêcher  les 
oscillations  inutiles,  et  qui  par  suite  rend  les  pesées  beaucoup  plus  rapides. 

C'est  un  simple  fil  à  plomb,  formé  d'une  fibre  de  soie  tendue  par  un 
poids  d'environ  o.^.  Il  pend  à  l'intérieur  de  la  cage,  sans  toucher  le  fléau. 
Mais  l'opérateur  peut  à  volonté,  en  agissant  sur  un  petit  levier  placé  sous  sa 
main,  déplacer  horizontalement  de  quelques  millimètres  le  point  de  com- 
pression du  fil  à  plomb,  de  manière  que  la  libre  vienne  appuyer  légèrement 
sur  le  fiéau  :  il  y  a  alors  contact,  frottement  et  freinage.  Un  mouvement  de 
levier  en  sens  inverse  écarte  de  nouveau  la  fibre  et  rend  au  fléau  sa  liberté. 

Cela  posé,  on  opère  de  la  manière  suivante  : 

Quand  on  voit  la  balance  acquérir  une  vitesse  notable,  on  serre  le  frein,  ce  qui 
annule  la  vitesse  en  quelques  secondes  ;  puis  on  le  desserre  pour  rendre  au  fléau  sa 
liberté.  On  recommence  cette  double  opération,  serrage  et  desserrage,  chaque  fois  que 
la  vitesse  de  la  balance  devient  notable.  La  troisième  ou  la  quatrième  fois,  la  balance 
se  trouve  être  arrivée,  sans  avoir  pu  osciller  ni  acquérir  de  vitesse  notable,  très  près 
de  sa  position  d'équilibre.  Il  va  sans  dire  que  l'on  finit  toujours  par  un  desserrage, 
afin  de  n'observer  la  balance  que  quand  elle  est  entièrement  libre. 

Afin  de  marquer  par  un  exemple  particulier  l'efficacité  de  l'appareil,  voici 
un  exemple  d'une  de  ces  séries  d'opérations.  Une  balance  chargée  au  maxi- 
mum (5o^  dans  chaque  plateau)  oscille  avec  l'amplitude  maxima.  On  fait 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N°  24.)  200 


l564  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

jouer  le  frein  trois  ou  quatre  fois  :  au  bout  de  25  secondes,  la  balance  est 
arrivée  au  zéro,  immobile,  et  libre.  Il  eût  fallu,  sans  le  frein,  5  ou  6  minutes 
pour  arriver  à  ce  résultat.  Le  frein  a  donc  rendu  Topéralion  dix  fois  moins 
longue. 

En  résumé,  le  petit  appareil  décrit  plus  haut  a  un  double  avantage  :  i"  il 
n'exige  pas  que  l'on  modifie  en  quoi  que  ce  soit  une  balance  déjà  construite  ; 
2"  il  n'exerce  aucune  action  sur  cette  balance  au  moment  où  l'on  vérifie 
l'existence  de  l'équilibre. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  de  l'hydrogène  sur  l'oxyde  de  carbone \  for- 
mation d' eau  et  de  méthane.  Action  de  l'eau,  au  rouge.,  sur  le  même  oxyde. 
Applications  aux  phénomènes  volcaniques.  Note  de  M.  Arhaxd  (iArriER. 

A.  Action  de  l'hydrogène  sur  l'oxyde  de  carbone.  —  Il  semble  inadmissible 
que  la  vapeur  d'eau  qui  accompagne  les  éruptions  de  laves  puisse  venir 
directement  du  foyer  incandescent  d'où  elles  émergent.  En  effet,  ces  laves 
contiennent  toujours  des  silicates  ferreux  qui,  décomposant  l'eau  au  rouge, 
passent  à  l'état  ferrique  et  dégagent  l'hydrogène.  L'acide  carbonique  lui- 
même  est  réduit  par  l'hydrogène  aux  hautes  températures  et  transformé  en 
oxyde  de  carbone  avec  formation  de  vapeur  d'eau  que  détruisent  à  leur 
tour  les  silicates  et  sulfures  métalliques.  La  réduction  de  l'acide  carbonique 
s'arrête-t-elle  là,  et  l'oxyde  de  carbone  peut-il  céder  à  l'hydrogène  en  excès 
tout  ou  partie  de  son  oxygène  pour  donner  des  corps  nouveaux  au  confact 
ou  en  l'absence  des  métaux  "? 

J'ai  cru  intéressant  d'examiner  ces  questions  et  d'abord  de  savoir  si  l'oxyde 
de  carbone  est  réduit  par  l'hydrogène  et  s'il  peut  donner  naissance  à  de  l'eau. 

Dans  ce  bul,  j'ai  fait  passer  de  l'oxyde  de  carbone  pur,  mélangé  de  trois  fois- son 
volume  d'hydrogène,  dans  un  lube  de  porcelaine  de  Berlin,  muni  d'un  pviomètre 
Le  Chalelier,  lui-même  contenu  dans  un  tube  central  de  même  nature,  fermé  à  son 
extrémité  intérieure.  Les  températures  ont  varié  dans  mes  multiples  expériences  de 
3oo°  à  j25o°.  Les  gaz  mélangés  circulaient  avec  une  vitesse  de  45o''"''  à  475'^'"'  à  l'heure. 
Après  purification  ('),  ils  étaient  sèches  sur  l'anhydride  phosphorique  avant  de  pénétrer 
dans  le  lube. 

(')  Le  (jO  était  extrait  de  sa  combinaison  avec  le  protochlorure  de  cuivre,  puis 
lavé  à  l'eau,  à  la  potasse  et  séché.  L'hydrogène  était  lavé  au  permanganate  de  potasse 
alcalin  bouillant,  au  nitrate  de  mercure  et  au  nitrate  d'argent.  Le  mélange  des  deux 
gaz,  bien  exempt  d'air,  était  encore,  par  précaution,  lavé  au  pyrogallol  potassique 
dans  mon  laveur  spiraloïde,  puis  les  gaz  étaient  séchés  sur  SO'H-  et  P-0'  avant 
d'entrer  dans  l'appareil. 


5,4 

1 ,7 

0,86 

'5,4 

11,4 

5,8o 

21,2 

20,  r> 

io,4 

27,5 

I9'2 

9-7 

21,3 

4,"! 

2  ,  1 

SÉANCE    DU    l3    JUIN    I910.  l565 

L'eau  produite  était  arrêtée  dans  un  tube  en  U  rempli  de  V^0°  déposé  sur  de  la 
laine  de  verre;  à  la  suite,  l'acide  carbonique,  qu'on  avait  reconnu  se  former,  était  fixé 
par  la  potasse  et  l'hvdrate  de  baryte,  suivis  d'un  tube  à  P^O''. 

Voici  les  résultats  obtenus  : 

H-0  formée  par  litre  de  CO.         CO-  produit  par  litre  de  CO. 

Températures.  En  milligr.     En  cent,  cubes.         En  milligr.     En  cent,  cubes. 

4oo 4,4 

600 12,4 

900 >  7  .  • 

1230 22,2 

1200 '7  î2 

Ces  expériences  montrent  d'abord  que  l'oxyde  de  carbone  donne  bien 
de  l'eau  lorsqu'on  le  chauffe  -en  présence  de  l'hydrogène.  Sa  réduction 
commence  près  de  200  degrés  avant  le  rouge.  La  production  de  l'eau  passe 
par  un  maximum  vers  1 100°  à  1200°.  Son  voluiTie  n'a  pas  dépassé  dans  mes 
expériences,  sous  la  pression  atmosphérique,  28  millièmes  du  volume  du 
gaz  CO  en  expérience. 

L'acide  carbonique  qui  se  produit  en  même  temps,  augmente  jus- 
qu'à 900°  sans  atteindre  11  millièmes  du  gaz  CO  présent,  puis  il  tend  à 
diminuer  à  mesure  que  monte  la  température  en  raison  de  la  réaction 
bien  connue  CO- +  H- =  CO  +  H'O,  qui  explique  que  la  quantité  d'eau 
formée  se  maintienne  à  peu  près  constante  à  celte  haute  température 
malgré  la  réaction  inverse  CO  +  H^O  =  CO-  +  H-. 

On  voit  que,  vers  900°  à  1000°,  les  quantités  relatives  de  H^O  et  CO- 
formées  satisfont  assez  bien  à  l'équation 

4  CO -f- aH^  =  2  H^O  +  CO- +  3  G. 

4   vol  -2   TOI 

Reste  à  savoir  ce  que  devient  le  carbone  répondant  à  la  production 
des  deux  corps  oxygénés  CO"  et  H'O.  Le  plus  souvent,  dans  ces  expé- 
riences, le  carbone  ne  se  dépose  pas,  même  à  l'état  de  trace. 

Remarquons  la  singulière  chute  de  l'acide  carbonique  dans  les  deux  expé- 
riences ci-dessus  exécutées  à  des  températures  presque  identiques,  1220"  et 
1200°.  Une  observation  analogue  a  été  faite  pour  l'eau  :  à  900°,  toujours 
avec  le  mélange  CO  +  3H^,  passant  avec  un  débit  d'un  demi-litre  à  l'heure, 
on  a  obtenu,  en  deux  expériences  consécutives  et  dans  des  conditions 


i566 

ACADÉMl 

lE    DES    SCIENCES. 

toutes  semblables  : 

H'O  par 

litre  de  CO. 

CO-  par 

litre  de  CO. 

Tempéra  Unes. 

En  milligr. 

En  cent,  cubes. 

En  milligr. 

En  cent,  cubei 

I-           900" 

II.         900"..... 

17,10 

...       9,3 

2  1,9. 
1  1,5 

20,5 
21,4 

.0,4 

10,8 

Mais  dans  l'expéiicnce  II,  il  s'était  déposé  dans  le  tube  une  quantité  assez 
sensible  de  cbarbon,  qui  ne  se  forma  pas  dans  rexpérience  I.  En  tenant 
compte  de  ce  dernier  fait  et  des  volumes  des  gaz  H-0  et  CO-  produits 
dans  ce  second  cas  à  volumes  presque  égaux,  on  arrive  à  l'équation 

SCO -1- H2=  H'O  +  CO»  H- C^ 

■J  vol.  2  vol. 

Dans  le  cas  I,  au  contraire,  où  le  charbon  n'est  pas  apparu,  le  volume 
de  l'eau  produite  a  été  presque  le  double  de  celui  de  l'acide  carbonique 
formé,  mais,  comme  on  va  le  voir,  il  est  alors  accompagné  de  gaz  formène, 
circonstances  qu'explique  l'équation 

4  CO  +  8  H^  --=  2  HHd  +  CO'  +  3  CM>. 

Il  me  reste  à  montrer  qu'il  se  fait  bien  du  gaz  méthane  dans  ces  condi- 
tions singulières. 

Je  rappellerai  d'abord  que  Brodie  a  déjà  signalé  la  formation  du  méthane 
par  l'action  de  l'étincelle  électrique  jaillissant  dans  un  mélange  d'oxyde  de 
carbone  et  d'hydrogène  (1873),  et  que  MM.  P.  Sabatier  et  B.  Senderens 
ont  obtenu  aussi  le  formène  en  chauffant  à  25o°-'3oo"  un  mélange  d'oxyde 
de  carbone  et  d'hydrogène  en  présence  du  nickel  réduit  (').  Mais  ce  sont 
là  des  conditions  artificielles  qui  ne  se  prêtent  pas  à  l'explication  directe  des 
phénomènes  géologiques. 

Il  n'en  est  plus  ainsi  de  la  formation  du  méthane  par  simple  réduction 
de  l'oxyde  de  carbone  par  l'hydrogène  au  rouge,  conditions  mêmes  des 
gaz  volcaniques.  Mais  lorsqu'on  chauffe  le  gaz  oxyde  de  carbone  mêlé- 
dhydrogène  à  ^00°  et  au-dessus,  la  petite  quantité  de  méthane  qui  se  forme 
(quelques  millièmes)]  l'a  fait  jusqu'ici  échapper  aux  recherches  et,  pour 
le  retrouver,  j'ai  été  obligé  de  recourir  à  des  moyens  indirects. 

Je  me  suis  assuré  d'abord  que  la  réduction  de  l'oxyde  de  carbone  par 
l'hydrogène  au  rouge  ou  au-dessous  du  rouge  ne  donne  aucun  gaz  absor- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  5i4. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I910.  1067 

bable  par  le  brome  ou  condensaljle  à  basse  température,  et  qu'il  ne  se  fait 
aussi  ni  aldéhyde  étbylique,  ni  acide  formique,  mais  seulement  une  trace 
de  formol  (  '  ). 

La  même  expérience  a  été  faite  à  iaoo°,  cette  fois  sur  le  mélange  C0-h6H^,  non 
préalablement  séché.  Avec  un  courant  de  i  litre  à  l'heure,  et  après  enlèvement  de 
CO  par  Cu-CI-,  puis  1*0'  à  loo",   on   obtint  par  combustion  à  l'eudiomètre 

H  =  99>8> 
CH'=    0,2. 

Avec  ce  même  mélange  porté  à  iSoc",  mais  en  faisant  passer  les  gaz  trois  fois  plus 
rapidement,  après  lavage  au  Cu*Cl-,  puis  passage  sur  1-0°  et  KOH,  on  obtient 

H  =  98,60, 
CW^    1,35. 

I>a  vitesse  du  courant  de  gaz  parai*  donc  empêcher  la  destruction  ullérieure  du  mé- 
thane et  la  formation  des  hydrocarbures  supérieurs  et  du  charbon. 

On  remarquera  que  dans  cette  dernière  expérience,  8  pour  100  de  l'oxyde  de  car- 
bone primitif  se  sont  transformés  en  métliane  à  i3oo°.  Il  ne  s'est  pas  formé  sensible- 
ment d'autres  hydrocarbures. 

Ces  expériences  établissent  les  points  suivants  : 

La  réduction  de  l'oxyde  de  carbone  par  l'hydrogène  commence  vers  4oo", 
c'est-à-dire  bien  au-dessous  du  rouge.  De  l'eau  résulte  de  cette  réduction,  en 
même  temps  il  se  produit  de  l'acide  carbonique  et  il  se  fait  un  peu  de  méthane. 

Ces  réactions  réciproques  sont  limitées  et  ont  leur  optimum  vers  1000°. 

La  formation  du  gaz  méthane  augmente  avec  la  proportion  relative 
d'hydrogène  qui  l'accompagne  et  la  rapidité  avec  laquelle  l'hydrocarbure 
qui  se  produit  est  soustrait  à  l'action  de  la  chaleur  rouge,  sa  pyrogénation 
devant  amener,  d'après  les  anciennes  observations  de  Marcelin  Berthelot, 

(')  1  à  2  millionièmes  à  peine  à  4oo"-5oo°;  ce  corps  disparait  à  900°.  On  l'a  re- 
cherché et  approximativement  dosé  par  la  méthode  de  ^'oisenet.  Le  mélange  GO -H  3 11^, 
séché  au  préalable  sur  P-0%  passait  dans  le  tube  de  porcelaine  porté  d'abord  à 
400°.  Le  gaz  sortant  était  alors  lavé  au  chlorure  cuivreux  concentré  contenu  dans 
deux  barboteurs  spiraloïdes  successifs  qui  lui  enlevaient  la  majeure  partie  de  son 
oxyde  de  carbone,  puis  il  traversait  deux  laveurs  à  potasse  caustique  et  un  tube 
à  P-0».  11  circulait  ensuite  à  100°  sur  l'anhydride  iodique,  et  de  là  sur  la  potasse  et 
la  baryte;  dès  lors,  privé  de  sa  dernière  trace  d'oxyde  de  carbone,  il  arrivait,  mé- 
langé d'un  léger  excès  d'oxygène  pur,  sur  une  colonne  d'oxyde  de  cuivre  portée  au 
rouge.  2680'^"'  du  mélange  primitif  C0-+  3  H*,  portés  à  4oo°,  ont  ainsi  donné  li""^,  7 
de  CO',  répondant  à  i™5^-t2  deCU'ou  2'^"', 4,  soit  j-ô^j  environ  du  volume  total  des  gaz. 


l568  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  formation  d'hydrocarbures  cycliques  et  mèrric  de  charbon  (  ').  On  s'ex- 
plique donc  ainsi  l'existence  du  gaz  méthane  toujours  mélangé  d'acide 
carbonique  et  de  vapeur  d'eau  dans  la  plupart  des  émanations  volcaniques. 

En  outre,  à  la  température  de  45o°  à  ()5o",  l'hydrogène  donne  avec  l'oxyde 
de  carbone  une  trace  de  formol  qui  disparait  entièrement  à  gSo"  et  au- 
dessus.  Il  n'est  pas  accompagné  d'acide  formique  ou  d'une  trace  douteuse. 

B.  Action  de  l'eau  sur  l'oxyde  de  car  hune  aux  hautes  températures.  —  J'ai 
déjà,  en  1906,  étudié  l'action  que  l'eau  exerce  sur  l'oxyde  de  carbone  à 
haute  température  ('-).  Dans  une  expérience  où  je  faisais  passer  dans  un 
tube  à  i3oo°  un  mélange  d'oxyde  de  carbone  pur  et  de  vapeur  d'eau  avec 
excès  de  cette  dernière,  j'ai  obtenu  pour  100  volumes  de  gaz  : 

CCP=37,9;  11=38,9;  C0  =  22,5;  Az  (de  l'air)  =0,7. 

J'ai  repris  ces  expériences  pour  savoir  si  un  peu  d'acide  formique  ou 
d'aldéhyde  formique  se  produisent  en  \  njême  temps  aux  températures 
de  5oo°  à  900°. 

Le  gaz  CO  pur  se  cliargeail  d'Iuimidilé  en  iraveisanl  de  l'eau  maintenue  à  la  lem- 
péralure  de  70°  à  80°;  il  circulait  alors,  avec  une  vitesse  de  1  litre  à  l'heure  environ, 
dans  le  tube  de  porcelaine  muni  du  lliermomètre  Le  Clialelier.  A  la  sortie,  l'eau  était 
condensée  dans  un  tube  entouré  de  glace  et  de  sel.  Les  gaz  traversent  ensuite  un 
laveur  à  potasse. 

A  550°  on  a  ainsi  recueilli  2*^""  d'eau.  Elle  contenait  environ  3  millionièmes  de  for- 
mol (').  Je  n'}'  ai  trouvé  qu'une  trace  très  douteuse  d'acide  formique. 

A  800°  j'ai  recueilli  de  même  a<^°'',5  d'eau  contenant  1  millionième  de  formol  et  pas 
d'acide  formique. 

Que  l'on  admette  que  de  l'acide  carbonique  et  de  l'hydrogène  nous  ar- 
rivent primitivement  des  profondeurs  du  globe  ou  qu'on  parte  de  l'oxyde 
de  carbone  et  de  l'hydrogène,  dans  tous  les  cas  en  réagissant  au  rouge, 
ces  gaz  donneront  de  la  vapeur  d'eau,  de  l'acide  carbonique  et  du  méthane, 
et  tous  ces  corps,  acide  carbonique,  oxyde  de  carbone,  hydrogène,  eau, 
gaz  méthane,  devront  se  trouver  réunis  dans  les  émanations  volcaniques. 
C'est  ce  que  confirme  bien  l'observation  des  faits.  Au  contact  des  chlorures. 


{')  Je  ne  pense  pas  que  le  cliarbon,  lorsqu'il  se  dépose,  ait  principalement  celte 
origine  ainsi  que  je  le  montrerai  ultérieurement. 

(•)  Comptes  rendus,  t.  CXLIl,  p.  i383. 

(')  Cherché  et  approximativement  dosé  par  le  réactif  \oisenet  (voir  Butl.  Soc. 
chiin.,  3"  série,  l.  XXXIII,  p.  1 198). 


SÉANCE    DU    l']    .iriN    IQIO.  1369 

des  azotures  métalliques,  etc.,  et  aux  hautes  pressions,  ces  produits  ignés 
subiront  nécessairement  ensuite  des  transformations  nouvelles.  iNous  nous 
proposons  de  faire  connaître  sous  peu  l'influence  que  le  fer  et  ses  oxydes 
exercent  sur  ces  composés  primitifs. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  formation  et  le  dédoublement  des  ihiols; 
synthèse  des  sulfures  neutres  alcooliques.  Note  de  MM.  Paul  Sabatiich 
et  A.  Mailhe. 

1°  Formation  des  ihiols.  —  Dans  une  Communication  récente  ('  ),  nous 
avons  fait  connaître  une  méthode  générale  de  préparation  directe  des  thiols, 
par  action  de  l'acide  sulfhydrique  sur  les  vapeurs  des  alcools  au  contact 
d'oxyde  de  thorium  anhydre,  au-dessus  de  3oo°.  Ce  procédé,  très  avantageux 
pour  les  alcools  primaires,  donne  des  rendements  moins  bons  avec  les 
alcools  secondaires,  et  ses  résultats  sont  peu  satisfaisants  pour  les  phénols, 
avec  lesquels  il  exige  une  température  plus  haute  et  ne  conduit  qu'à  des 
rendements  très  médiocres. 

Il  y  avait  un  certain  intérêt  à  rechercher  si  les  autres  oxydes  métallicjues 
anhydres  que  nos  recherches  antérieures  ont  signalés  comme  capables  de 
provoquer  la  catalyse  des  alcools  (-  ),  seraient  ou  non  préférables  à  l'oxyde 
de  thorium  pour  la  synthèse  directe  des  thiols.  Nous  avons  examiné,  à  ce 
point  de  vue,  deux  oxydes  catalyseurs  exclusifs  de  déshydratation,  l'alu- 
mine et  l'oxyde  bleu  de  tungstène,  et  divers  oxydes  catalyseurs  mixtes  de 
déshydratation  etdéshydrogénation:  oxyde  chromique,  oxyde  de  zirconium, 
oxyde  uraneux,  oxyde  bleu  de  molybdène,  tous  pris  sous  leurs  formes  les 
plus  actives. 

Vis-à-vis  de  l'alcool  isoamylique,  la  température  de  l'oxyde  étant  main- 
tenue de  370°  à  384",  les  rendements  approximatifs  en  thiol  ont  été  pour 
100  parties  d'alcool  détruit: 

Ovvde  de  tlioriiiiu 70 

Oxyde  de  zirconium 44 

Oxyde  uraueux ' 3o 

Oxyde  bleu  de  tungstène ■'.■?. 

Oxyde  clironiique  (Cr-O'') 18 

Oxyde  bleu  de  molybdène .' 17 

Oxyde  d'aluminium m 

(')  Paul  Sabatieu  et  A.  Mailiie,  Comptes  rendus.,  l.  150.  1910,  p.  1317. 
{'-)  Paul  Sabatier  et  A.  Mailhe,  Comptes  rendus,  t.  GXLVII,  1909,  p.  106. 


l570  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Tous  les  oxydes  essayés  se  sont  montrés  très  inférieurs  à  la  thorine. 
L'alumine  n'a  donné  que  des  résultats  fort  médiocres,  la  plus  grande  partie 
de  l'alcool  ayant  été  détruite  en  amylène. 

Yis-à-vis  du  phénol  ordinaire,  la  température  de  l'oxyde  étant  voisine  de 
45o",  la  dose  de  thiophénol  produite  a  été  faible  dans  tous  les  cas.  Cette 
dose  est  évaluée  facilement  au  moyen  d'une  solution  alcoolique  titrée  d'iode 
qui  transforme  quantitativement  le  thiophénol  en  disulfure  (  '  ). 

On  a  trouvé  de  la  sorte  comme  rendements  : 

Pour  100. 

Oxyde  d'aluminium o,4 

Oxyde  de  zirconium i ,  j 

Oxyde  bleu  de  molybdène i  ,8 

Oxyde  bleu  de  tungstène i  ,.j 

<!)xyde  chromique 2,5 

Oxyde  uraneux 3,8 

L'oxyde  de  thorium  a  donné  un  rendement  de  H  pour  loo,  et  s'affirme 
donc  comme  très  supérieur  aux  autres  oxydes,  de  même  que  vis-à-vis  des 
alcools. 

2°  Dédoublement  des  thioh.  —  L'alumine,  qui  est  un  catalyseur  actif  de 
déshydratation,  dédouble  les  alcools  primaires  en  donnant  soit  l'éther- 
oxyde,  soit  le  carbure  éthylénique,  selon  que  la  température  est  maintenue 
assez  basse  ou  s'élève  davantage.  Ces  deux  stades  successifs  s'observent 
bien  avec  l'alcool  éthylique,  et  même  avec  l'alcool  propylique.  Au-dessous 
de  3oo°,  on  a 

(i)  2(C''H-^"+'.0H)  =  H=0  4-(C"FP''+')2  0. 

lillier-oxyde. 

Au-dessus  de  35o°,  on  a  seulement 

(o.)  C''fP''+'.0H  =  H20  +  C"lP". 

Carbure. 

L'analogie  des  thiols  et  des  alcools  nous  a  conduits  à  penser  que  certains 
sulfures  métalliques  pourraient  exercer  sur  les  thiols  des  réactions  de  dédou- 
blement, parallèles  à  celles  que  certains  oxydes  exercent  sur  les  alcools.  Nos 
essais  ont  porté  sur  le  sulfure  de  cadmium  qui  présente  les  avantages  de 
pouvoir  être  préparé  facilement  pur,  d'être  très  stable  et  d'indiquer  par  les 
changements  de  coloration  les  altérations  dont  il  a  été  l'objet. 

Nos  prévisions  ont  été  absolument  vérifiées. 

(')  Klason  et  Caklsod,  Ber.  cliem.  Gesell.,  t.  XXXIX,  igoG,  p.  -38. 


SÉANCE    DU    l3    JLIN    19IO.  1571 

A  tempéralure  modérée,  on  a  une  réaction  semblable  à  la  réaction  (i), 
dédoublement  du  thiol  en  acide  sulfhydrique  et  sulfure  neutre  alcoolique 


2(C'»H-^"+'.SH)=H-S4-(C"H^"'+')-S. 

Sulfure  neutre. 

A  température  plus  haute,  le  dédoublement  plus  rapide  est  analogue  à 

celui  de  la  réaction  (2),  et  fournit  seulement  de  l'hydrogène  sulfuré  et  le 

carbure  éthylénique 

C"H'«+'.SH  =  H-^S  +  C''H2«. 

Carbure. 

Par  exemple,  les  vapeurs  de  V étlianethiol  C-H".SH  (qui  bout  à  36°) 
dirigéessur  une  traînée  de  sulfure  de  cadmium  à  32o''-33o",  se  transforment 
partiellement  en  sulfure  neutre  (bouillant  à  92°),  facile  à  isoler,  avec 
dégagement  d'hydrogène  sulfuré  sensiblement  pur. 

En  élevant  au  voisinage  de  38o°  la  température  du  sulfure,  le  thiol  est 
totalement  dédoublé  en  volumes  égaux  d'hydrogène  sulfuré  et  d'éthylène, 
sans  condensation  d'aucun  produit  liquide. 

De  même  Visoainylthiol  C^H".SH  (qui  fond  à  iiG")  est  dédoublé  régu- 
lièrement vers  36o°-38o°,  en  hydrogène  sulfuré  et  sulfure  d'isoainyle 
(C^H")-S,  qui  bout  à  21 3°.  En  opérant  au-dessus  de  400°,  le  dédoublement 
fournit  surtout  de  l'amylène. 

L'action  du  sulfure  de  cadmium  sur  les  thiols  forméniques  primaires, 
réalisée  à  température  ménagée,  constitue  donc  une  véritable  méthode  de 
préparation  des  sulfuresfoi'méniques  neutres. 

Quant  au  mécanisme  du  dédoublement,  il  nous  parait  être  semblable  à 
celui  qui  règle  le  dédoublement  des  alcools,  c'est-à-dire  dû  à  la  production 
d'un  composé  temporaire  instable,  qui  serait,  dans  le  cas  actuel,  un  ihiolate 
de  cadmium,  destructible  selon  la  tempéralure,  soit  en  sulfure  neutre,  soit 
en  carbure  éthylénique,  avec  régénération  du  sulfure  de  cadmium  qui 
recommence  indéfiniment  la  même  transformation  et  joue  par  conséquent 
le  rôle  de  catalyseur. 

On  a  d'abord 

CdS-i-2(C«H-^"+'.SH)  =  (C"IP''+'.S)2Gcl  +  \V-%, 

Thiol. 

puis 

(C"H2«+'.S)^cdr=c.is  +  (r/'tp''+i)-^s, 

Sulfure  neutre. 


C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  24.) 


20() 


iSyS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OU,  à  température  plus  haute, 

(C"H'-"-'.S)-Cd  =CdS -+- H^'S  +  aCH^". 

La  formation  transitoire  du  thiolate  de  cadmium  est  d'ailleurs  indiquée 
par  le  changement  de  coloration  du  sulfure,  qui  prend  une  teinte  orangée 
très  différente  de  la  teinte  jaune  vif  du  sulfure  primitif,  et  conserve  cette 
teinte,  quand  on  refroidit  l'appareil,  par  suite  du  maintien  d'une  certaine 
dose  du  thiolate. 

Cas  des  thiols  secondaires.  —  Ainsi  que  le  font  prévoir  les  analogies,  les 
thiols  secondaires  ont  une  tendance  heaucoup  plus  marquée  au  dédouble- 
ment en  carbure  éthylénique,  mais  peuvent  néanmoins  fournir  du  sulfure 
neutre. 

Le  cyclohexane-thiol,  C*H".SH  (qui  bout  à  i  jS''),  dirigé  sur  le  sulfure 
de  cadmium  vers  3oo°,  fournit  seulement  t2  à  i5  pour  loo  de  sulfure 
neutre,  la  majeure  partie  se  dédoublant  en  acide  sulfhydrique  et  cyclohexène 
(qui  bout  à  81°).  A  température  plus  élevée,  la  transformation  en  cyclo- 
hexène est  complète. 


S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco  présente  à  l'Académie  deux  nouvelles 
feuilles  (18''  cl  19'')  de  la  Carte  générale  des  gisements  de  coquillages  comes- 
tibles des  cotes  de  France,  dressées  par  M.  L.  Joubin. 

Ces  deux  feuilles  comprennent  toute  la  baie  du  Mont-Saint-Michel,  de- 
puis la  pointe  du  Grouin  jusqu'à  la  latitude  de  Coutances.  Les  îles  Chauscy 
y  sont  contenues. 

Elles  sont  très  importantes,  car  elles  donnent  le  plan  complet  des  gise- 
ments d'huitres  de  (lancale  et  Granville,  qui  sont  les  plus  étendus  de  tous 
ceux  qui  existent  encore  sur  les  côtes  de  France.  I-es  bancs  qui  les  conqjosent 
sont  de  forme  ovale  ou  ronde;  ils  font  comme  de  grandes  taches  sur  le  fond 
vaseux  de  la  baie.  Les  uns  sont  riches,  ce  sont  surtout  ceux  cjui  sont  situés 
au  fond  de  la  baie,  au  sud  d'une  ligne  tirée  de  Cancale  à  Granville;  les 
autres  sont  de  plus  en  plus  pauvres  à  mesure  qu'on  remonte  vers  le  Nord. 

Les  huîtres  y  atteignent  de  gi'andes  dimensions,  et  quand  elles  sont 
adultes  prennent  la  forme  d'iie  pied  de  cheval,  caractéristique  de  la  variété 
cancalaise. 

Les  bancs  s'accroissent  par  la  périphérie  et  dépérissent  par  le  centre;  ils 
se  déplacent  donc  lentement.  Mais  leur  ensemble  est  sujet  à  des  périodes  de 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  l573 

richesse  et  de  pauvreté  dont  les  causes,  faute  de  n'avoir  pas  été  étudiées 
depuis  assez  longtemps,  sont  inconnues. 

Actuellement  les  bancs  sont,  depuis  plusieurs  années,  en  état  de  prospé- 
rité ;  la  pèche,  qui  ne  dure  que  quelques  jours  chaque  année,  a  fourni  en  1909 
plus  de  18  millions  d'huilres. 

La  baie  du  Mont-Saint-Michel  est  partagée  en  deux  parties  par  une 
réserve  ou  cantonnement,  où  la  pêche  est  toujours  interdite.  Ce  can- 
tonnement a  la  forme  d'un  long  fuseau  dont  une  pointe  est  au  Mont-Saint- 
Michel  (Tombelaine),  l'autre  au  phare  de  Ghausey. 

Il  sert,  en  quelque  sorte,  d'étal-tampon  entre  les  pécheurs  de  (Jranville 
et  ceux  de  Cancale  dont  les  rivalités  sont  aiguës;  il  a  aussi  pour  but  de 
conserver  intacte  une  région  où  les  huîtres  peuvent  se  développer  à  l'abri  de 
la  drague.  On  pourrait  croire  qu'elles  y  pullulent,  il  n'en  est  rien.  Les 
huîtres  ne  prospèrent  pas  sur  ces  amoncellements  de  vieilles  coquilles  toutes 
remplies  d'animaux  qui  leur  nuisent.  Ce  fait  vient  à  l'appui  de  la  théorie  en 
vertu  de  laquelle  les  bancs  pour  prospérer  doivent  être  débarrassés  des 
parasites  et  nettoyés  par  la  drague.  D'autres  Mollusques  abondent  dans  la 
région,  notamment  les  Coques  {Cardium  edule),  dont  on  exporte  au  moins 
3oooo*  par  an  de  la  seule  plage  qui  va  de  Cancale  au  Mont-Saint-Michel. 
On  peut  aussi  noter  un  important  banc  de  coquilles  Saint-Jacques  à  l'est 
de  Chausey. 


M.  Haton  de  la  GoupiLLiÈRE  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire 
du  travail  qu'il  vient  de  pubher  dans  les  Mémoires  de  la  Société  royale  des 
Sciences  de  Liège  (t.  IX,  1909)  sous  ce  titre  :  Sommation  de  suif  es  ter- 
minées. 

Il  y  emploie  l'intégration  par  parties,  non  pas  comme  à  l'ordinaire  pour 
réduire  une  quadrature  inconnue  à  une  autre  différente,  mais  en  partant 
d'une  intégrale,  connue  d'avance,  pour  la  ramener  à  elle-même.  On  répète 
n  fois  cette  opération  en  la  modifiant  consécutivement  d'après  une  loi  régu- 
lière dépendant  d'un  paramètre.  Si  l'on  substitue  finalement  la  valeur 
connue,  celle-ci  disparaît  d'elle-même  avec  la  variable  d'intégration,  et  il 
reste  une  identité  en  n  constituant  la  somme  d'une  suite  terminée.  Or  on 
sait  que  ce  genre  de  résultats  est  beaucoup  moins  répandu  dans  l'analyse  que 
les  sommations  de  séries  illimitées. 

Quelques-unes  des  formules  obtenues  se  vérifient  d'ailleurs  pour  n  =  00, 
sur  des  séries  indéfinies  envisagées  par  Catalan,  par  Stirling,  etc. 


l574  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PLIS  CACHETÉS. 

M.  Geoh«e-F.  Jaubert  demande  rouverture  d'un  pli  cacheté  reçu  dans 
la  séance  du  2  mai  1898  et  inscrit  sous  le  n"  6007. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Président,  contient  une  Note  intitulée: 
Procédé  de  régénération  de  l'air  vicié. 

La  Note  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Ch.  Bouchard,  Armand  Gautier  et  J.  Carpentier.  La  Commission 
dépose  le  Rapport  suivant  : 

Il  résulte  de  cette  Note,  datée  du  28  avril  1898,  qu'à  cette  date  M.  G. -F. 
Jaubert  avait  employé  les  bioxydes  alcalins  ou  alcalino-terreux,  avec  ou 
sans  addition  d'un  peu  de  peroxyde  de  fer  ou  de  manganèse,  pour  recon- 
stituer les  atmosphères  confinées,  en  faire  disparaître  l'acide  carbonique  et 
peut-être  d'autres  produits  de  la  respiration  et  restituer  en  même  temps 
l'oxygène  consommé. 

L'idée  sur  laquelle  porte  la  revendication  de  M.  Jaubert,  maintenue 
secrète  dans  son  pli  cacheté,  n'avait  donc  pu  inspirer  les  recherches  et  les 
applications  faites  un  an  après  par  MM.  Desgrez  et  Balthazard  ('). 

Quant  à  l'appareil  présenté  par  M.  Carpentier  dans  la  séance  du  G  juin 
1910,  il  offre  la  plus  grande  analogie  avec  celui  de  MM.  Desgrez  et  Baltha- 
zard, et  le  pli  cacheté  de  M.  G. -F.  Jaubert  n'en  donne  que  le  principe. 

CORRESPONDANCE. 

MM.  Jci.es  Gaultier,  Louis  Vaillant  adressent  des  remerciments  pour 
les  distinctions  que  l'Académie  a  accordées  à  leurs  travaux. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  MiNisTicRE  DU  Travail  et  de  la  Prévoyance  sociale.  Direction  du 
Travail.  Statistique  générale  de  la  France.  Annuaire  statistique,  ■2S''  Volume, 
1908. 

(')   Voir  ce  Volume,  p.  i^gi. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  l5']5 

2"  Le  Botaniste.  Directeur  :  M.  P. -A.  Dangeard,  ii*  série,  mai  1910. 
(Présenté  par  M.  Guignard.) 

3"  Die  neuen  chemischen  Institule  der  kôniglichen  technischen  Hochschule 
zu  Mûnclien. 

4°  Notions  fondamentales  de  Chimie  organique,  par  M.  Ch.  Moureu, 
3*  édition.  (Présenté  par  M.  A.  Gautier.) 

5°  Resolutions  and  Proceedings  0/  the  International  Map  Commillee  assem- 
hledin  London^  november  1909.  (Présenté  par  M.  Ch.  Lallemand.) 

()"  Le  Tome  III  (année  1909)  de  la  Revue  de  Géographie,  publiée  sous  la 
direction  de  M.  Ch.  Vélain.  (Présenté  par  M.  P.  Appell.) 


ASTRONOMIE.  —  Nouvelles  observations  concernant  les  effets  du  passage  de 
la  Terre  dans  la  queue  de  la  comète  de  Halley,  Note  (  ')  de  M.  Emile 
Maucua.vd,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

Il  y  a  lieu  de  faire  d'abord  une  rectification  à  la  Note  présentée  le  3o  mai. 
Une  erreur  de  date  s'est  glissée  dans  la  transmission  télégraphique  des 
observations  du  Pic  du  Midi,  et  c'est  seulement  le  20  mai,  non  le  19,  qu'ont 
été  faites  les  observations  de  radiation  dont  j'ai  donné  les  résultats.  Cela  ne 
change  rien  d'ailleurs  à  mes  conclusions  :  des  poussières  cosmiques  parais- 
sent s'être  introduites  du  18  au  19  dans  la  haute  atmosphère  terrestre  et  y 
avoir  persisté  assez  longtemps. 

Le  19  mai,  une  courte  éclaircie  avait  permis  à  M.  Lalreille  d'examiner  le  Soleil  par 
projection,  mais  le  ciel  est  resté  couvert  ensuite  toute  la  journée,  avec  brouillard  fré- 
quent. Du  21  au  3o  mai,  il  en  fut  à  peu  prés  de  même;  on  n"a  pu  refaire  des  observa- 
tions de  radiation  que  le  3i  mai  et  le  2  juin.  Elles  ont  donné  : 

Le  3  I  mai 2  ,58  à  lo*" 4 5™,      2,78  à  i3''4o™ 

Le  2  juin 2,83  à  10'' 5o"',      2,78  à  i3''4o"' 

l'unité  restant  la  même  que  le  21  mai  (environ  0,6  calorie-centimètre-minute).  Ces 
nombres  sont  encore  un  peu  faibles,  surtout  ceux  du  3i  mai,  mais  sans  sortir  des 
écarts  qui  se  présentent  assez  souvent. 

Comme  phénomènes  connexes,  j'ajoute  que  la  couronne,  aperçue  autour 
du  Soleil  du  19  au  25  mai,  était  encore  visible  le  3i  mai  et  le  2  juin,  avec  le 
même  diamètre  de  3°  à  4")  mais  assez  pâle  et  sans  aucune  coloration.  L'état 

(')   Présentée  dans  la  séance  du  6  juin  tgio. 


1576  ACADÉMIE   UES   SCIENCES. 

du  ciel  n'a  pas  permis,  du  21  au  3o  mai,  d'observer  les  pliénomènes  crépus- 
culaires; mais  le  3i,  le  deuxième  segment  a  été  très  sensiblement  coloré  en 
rouge  cuivré  de  21'' i5'"  à  2i''4o'"(le  Soleilsecouchantcejour-làà  i9''4o'"). 
Nous  n'avions  pas  observé,  depuis  plusieurs  années,  ce  phénomène,  qui 
paraît  très  rare  en  dehors  des  périodes  où,  d'après  d'autres  indices,  l'atmo- 
sphère doit  contenir  des  poussières  très  ténues  et  très  élevées. 

ASTRONOMIE.  —  Résumé  des  observations  faites  sur  la  comète  de  Halley, 
à  l'Observatoire  de  l'Èbre  {^Espagne).  iNote  de  MM.  Cirera  et  Pericas, 
présentée  par  M.  Bigourdan. 

La  comète  a  été  observée  visuellement  depuis  le  i^''  mai  :  ce  jour-là  on  la  distinguait 
à  l'œil  nu  ;  mais,  le  2,  l'observation  n'a  pas  été  possible  à  cause  des  nuages.  Le  5,  le 
spectacle  fut  superbe;  la  queue,  très  brillante,  embrassait  i5°;  au-dessus  se  trouvait 
Pégase,  en  bas  et  à  droite  Vénus,  et  la  Lune  en  son  dernier  quartier  était  à  l'horizon; 
en  outre,  quelques  étoiles  filantes  croisaient  l'atmosphère,  dont  une  parallèlement  et 
près  de  la  queue  vers  l'Est.  Les  jours  suivants,  7,  8  et  12,  on  voyait  s'allonger  la  queue; 
ce  dernier  jour,  elle  embrassait  3o°  ;  le  19,  sa  longueur  était  plus  que  suffisante  pour 
atteindre  la  Terre. 

Après  celte  date,  le  ciel  a  été  généralement  nuageux;  on  a  vu  la  comète  le  21  et 
le  23,  mais  on  l'a  observée  dans  de  bonnes  conditions  seulement  les  26,  27  et  3o  mai 
et  les  2,  5  el  6  juin.  Malgré  la  pureté  du  ciel,  le  3o,  l'éclat  du  noyau  et  de  la  queue 
avaient  diminué  sensiblement  :  diminution  qui  a  continué  les  jours  suivants. 

Avec  les  données  d'observation  et  à  l'aide  de  l'éphéméride  de  la  comète  on  a  calculé 
les  longueurs  réelles  correspondantes  à  4*^  du  matin,  pour  les  jours  qui  ont  précédé 
le  19  mai,  et  à  9''  du  soir  pour  les  jours  qui  ont  suivi. 

De  la  sorte  on  a  trouvé,  en  supposant  la  queue  rectiligne  et  dirigée  dans  le  sens  du 

rayon  vecteur  : 

■^  Mai. 

Dates '.....  1.  5.  7.  fi.  \l.  ^6.  27.  30. 

Longueur  apparente 3°  i5°        iS"  20°        30°         25°         3o°        25° 

Longueur    réelle    (en 

unités  astronomiques).  o,o43  0,170  0,177  0,182  0,189  0,140  0,206  0,267 

Juin. 

Dates 2-                     5.  ti. 

Longueur  apparente 22°                17°  14° 

Longueur  réelle  (en  unités  astronomiques)..     o,3o2           0,284  0,242 

On  remarquera  combien  la  marche  des  nombres  change  tout  à  coup  vers 
le  milieu  du  mois.  La  queue,  dont  la  longueur  croît  sans  interruption  jus- 


SÉANCE    DU    l'i   JUIN    191O,  iri'J'] 

qu'au  12,  se  trouve  plus  courte  le  26,  et  cependant  elle  continue  de  se  déve- 
lopper encore  au  commencement  de  juin.  On  dirait  que  la  Terre  lui  a  capturé 
plusieurs  millions  de  kilomètres  de  longueur  pendant  le  passage  du  19. 

Il  faut  noter  que  de  la  marche  décroissante  que  l'on  observe  dès  le  commencement 
de  juin,  on  ne  peut  pas  conclure  d'une  manière  absolue  une  cessation  du  développe- 
ment réel  ;  car  par  Teflet  de  l'éloignement  rapide  de  l'astre,  l'éclat  de  la  queue  devient 
toujours  plus  faible  et  par  suite,  toutes  circonstances  restant  pareilles,  la  partie  qu'il 
est  possible  d'observer  est  toujours  moindre. 

Les  longueurs  apparentes  ont  été  toutes  estimées  par  le  même  observateur,  l'un  de 
nous,  ce  qui  les  rend  plus  comparables  entre  elles. 

L'équatorial  astrophysique,  dont  l'objectif  mesure  2'", 10  de  distance 
focale  et  160"*"'  d'ouverture,  a  été  employé  à  cette  occasion  pour  l'obtention 
de  photographies. 

Dans  ce  but  nous  avons  dû  lui  adapter  un  régulateur  électrique,  qui  eçt  commandé 
par  un  pendule  distributeur  de  courants.  Il  a  été  construit  dans  notre  atelier  par  le 
mécanicien  de  l'Observatoire.  L'isoclironisme  du  pendule  se  communique  à  une  des 
roues  de  l'appareil  d'horlogerie  par  un  dispositif  très  simple,  et  l'on  obtient  la  lixité 
rigoureuse  de  l'image  en  ascension  droite,  pendant  le  temps,  toujours  long,  de  la  pose. 
Il  est  facile  de  changer  en  marche  la  longueur  du  pendule  pour  l'adapter  aux  diverses 
vitesses  de  la  comète  ou  d'un  astre  quelconque. 

La  première  pliotograpliie  qui  ait  bien  réussi  est  du  5;  mais,  à  cause  du  mauvais 
temps,  nous  en  avons  seulement  aux  dates  suivantes  :  5,  6,  7,  8,  lO,  1 1,  12,  36,  37  et 
3o  mai  et  2,  5,  6  juin. 

Dans  nos  plaques  9x12,  1""'  coirespond  à  i',.5,  de  sorte  que  le  champ  embrassé  est 
très  petit.  Pour  photographier  une  plus  grande  étendue  du  ciel,  on  a  adapté  à  l'équa- 
torial une  chambre  photographique  18  x  ^4  avec  objectif  Goerz  de  24'^'"  de  distance 
focale,  qui  a  donné  des  vues  d'ensemble  assez  intéressantes.  Malheureusement  le  5  et 
le  6  on  n'avait  pas  encore  arrangé  ce  dispositif,  qui  aurait  pu  donner  ces  jours-là  de 
très  beaux,  clichés. 

La  série  que  nous  possédons,  quoique  très  incomplète,  montre  assez  bien  les  inté- 
ressantes transformations  qu'ont  éprouvé  les  différentes  parties  de  la  comète,  tant  pour 
l'éclat  que  pour  la  forme  et  la  grandeur.  Elles  sont  dues  aussi,  peut-être,  aux  diffe- 
lentes  conditions  dans  lesquelles  les  photographies  ont  dû  être  prises  :  les  temps  de 
pose  n'ayant  pu  être  les  mêmes,  et  l'état  de  pureté  du  ciel  ayant  aussi  varié  extraordi- 
nairenient.  Cependant  il  y  a  des  jours  où  ces  conditions  ont  été  tout  à  fait  semblables  : 
ce  sont,  par  exemple,  les  27  et  3o,  où  le  ciel  était  absolument  i>ur.  lîn  examinant  les  • 
photographies  prises  ces  deux  jours,  on  est  frappé  aussitôt  delà  forte  diminution  d'éclat 
de  la  comète.  Le  27,  les  dimensions  de  la  tête  et  de  la  chevelure  se  montrent,  dans  la 
photographie,  exceptionnellement  grandes,  comparativement  aux  jours  précédents  : 
la  matière  brillante  du  noyau  s'étant  élargie  en  forme  de  croissant  de  3',  5  d'éten- 
due, de  sorte  qu'il  fut  difficile  pendant  la  pose  de  viser  sur  un  point  de  repère 
déterminé.  La  chevelure  qui  l'enveloppait  de  tous  côtés  étant  aussi  remarquablement 


1578  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

abondante,  l'ensemble  produisait  une  forte  impression  sur  la  plaque  sensible.  Le  3o, 
un  temps  de  pose  presque  égal  n'a  donné  qu'une  impression  bien  inférieure,  tant  en 
étendue  qu'en  intensité.  Les  joursqui  suivent  montrent  aussi  de  profonds  changements 
d'aspect  sans  loi  de  continuité  apparente.  C'est  ainsi  que  le  2  juin  le  noyau  et  la  che- 
velure affectent  la  forme  singulière  de  deux  disques  concentriques  à  bords  presque 
tranchés,  pour  reprendre  ensuite  la  forme  de  croissant  plus  ou  moins  accentué.  En 
somme,  en  tenant  compte  de  l'influence  exercée  par  le  manque  d'uniformité  dans  les 
circonstances  où  les  photographies  ont  été  obtenues,  on  peut,  par  l'examen  des  deux 
séries,  confirmer  et  compléter  assez  bien  les  résultais  fournis  par  l'observation 
visuelle. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  comète  de  Halley.  Note  ('  ") 
de  M.  D.  Egiivitis,  ptésenlée  par  M.  Bigourdan. 

Dans  une  Note  précédente  (^)  nous  avons  indiqué  sommairement  les 
observations  que  nous  avons  faites  à  Athènes  sur  cette  comète  à  l'occasion 
de  son  passage  devant  le  Soleil,  le  t8  mai  dernier  (jeudi  matin).  Ce  jour  là, 
jusqu'à  environ  une  heure  avant  le  passage  calculé  de  la  tête  devant  le 
Soleil,  nous  avons  vu  la  queue,  presque  droite,  avec  une  courbure  légère, 
évidemment  parce  que  la  Terre  se  trouvait  près  du  plan  de  l'orbite  de  la 
comète. 

Le  lendemain  matin  (vendredi),  vers  i5'',  nous  l'avons  revue  :  elle  s'éten- 
dait comme  la  veille  jusqu'à  la  voie  lactée,  vers  0  Aigle,  et  avait  donc  i3o"au 
moins  de  longueur  apjîarente  ;  elle  était  sensiblement  plus  pâle  que  la  veille. 
Mais  le  surlendemain  matin  (samedi)  je  l'ai  cherchée  vainement,  avec  mon 
aide,  M.  Alibertis,  à  travers  des  éclaircies  de  nuages. 

Dans  l'intervalle,  le  vendredi  soir,  avec  notre  grand  équalorial  de  o"',4t> 
d'ouverture,  nous  avons  aperçu  la  comète,  comme  on  l'a  déjà  indiqué,  en 
forme  de  croissant  rappelant  la  Lune  un  peu  avant  son  premier  quartier.  Et 
le  samedi  soir  la  queue  était  visible  sur  au  moins  So"  de  long. 

Jamais  nous  n'avons  aperçu  de  queue  anomale. 

Nous  pensons  que  dans  l'observation  du  vendredi  soir  la  queue  était  à  peu 
près  dirigée  vers  la  Terre,  et  il  semble  résulter  de  là  que  la  tête,  et  proba- 
blement aussi  la  queue,  a  une  section  lenticulaire.  En  outre,  il  nous  parait 
probable  que  la  Terre  a  traversé  la  queue,  et  que  cela  s'est  produit  le 
vendredi  soir,  ou  un  peu  plus  tard,  à  moins  de  modifications  grandes  et 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  6  juin  1910. 
(^)  Voir  ce  Volume,  p.  1407. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  1379 

rapides,  mais  très  peu  probables,  de  la  courbure  de  la  queue,  ou  encore  à 
moins  de  supposer  que  la  section  de  la  queue,  à  la  distance  de  la  Terre,  eût 
une  largeur  insuffisante. 

L'observation  du  passage  de  la  tète  de  la  comète  devant  le  disque  solaire  a  été  faite 
au  moyen  de  noire  équatoriai  Gautier  (o'n,4o)-  Les  grossissements  des  oculaires  suc- 
cessivement employés  étaient  de  75,285  et  6i5  avec  différents  verres  colorés;  le  mou- 
vement d'horlogerie,  bien  réglé,  nous  a  permis  d'observer  le  disque  avec  beaucoup  de 
facilité  et  d'une  manière  parfaite. 

L'horizon  oriental,  un  peu  avant  le  lever  du  Soleil,  ne  présenleVien  d'exceptionnel; 
il  est  complètement  clair,  sans  le  moindre  nuage.  L'atmosphère  est  tout  à  fait  calme 
pendant  toute  la  durée  de  celte  observation.  Le  lever  du  Soleil,  qui  devait  avoir  lieu 
à  16'' 49",  est  un  peu  retardé  par  la  colline  du  Lycabette;  le  Soleil  a  paru  à  ij^ti"^  soil 
presque  en  même  temps  que  le  commencement  du  passage,  suivant  les  derniers  cal- 
culs (i7''4™>  2). 

Nous  avons  d'abord  commencé  par  observer  avec  le  plus  grand  soin  la  zone  centrale, 
aux  environs  de  laquelle  devrait  passer  le  noyau  de  la  comète;  c'est  une  section  de  6' 
de  part  et  d'autre  du  centre  du  disque  solaire,  fixée  d'avance  à  l'aide  du  cercle  de 
position  de  noire  micromètre.  Après  avoir  bien  observé,  sans  rien  trouver,  cette  partie 
du  disque  pendant  20  minutes,  nous  avons  exploré  pendant  20  minutes  encore,  avec 
beaucoup  d'attention,  le  reste  du  disque  solaire.  Le  résultai  de  cette  recherche  ayant 
été  également /ie'^«i«y,  nous  sommes  revenu  sur  la  partie  centrale,  pendant  i5  minutes 
encore;  ensuite  nous  avons  recommencé  l'exploration  des  autres  parties  du  disque  et, 
plus  particulièrement,  de  deux  zones,  de  part  et  d'autre  de  la  partie  centrale,  de  4'  de 
largeur.  Ainsi  nous  avons  continué  jusqu'à  18'' 35"",  observant  successivement,  lantôl 
la  partie  centrale,  tantôt  le  reste  du  disque  solaire,  sans  rien  voir,  sauf  quelques  taches 
solaires;  aucune  autre  tache,  ni  point  noir,  ni  affaiblissement  sensible  de  l'éclat  n'a 
été  ajierçu. 

L'aspect  de  la  plus  grande  tache  solaire  fut  observé  plusieurs  fois  et  avec  la  plus 
grande  attention  pour  y  apercevoir  le  passage  de  quelque  corps  étranger  au  Soleil. 


ASTRONOMIE.  —  Changements  survenus  dans  le  noyau  de  la  comète 
<le  Halley.  iSole  (M  de  MM.  J.  Baillaud  et  A.  Boinot,  présentée 
par  M.  B.  Baillaud. 

Le  noyau  de  la  comète  de  Halley  vient  de  subir  des  modifications  tout 
à  fait  notables  qui  apparaissent  avec  beaucoup  de  netteté  sur  des  photo- 
graphies faites  à  l'Observatoire  de  Paris  les  3o  mai,  3i  mai  et  2  juin  avec 
l'équatorial  de  la  Carte  du  Ciel. 

Le  3o  mai.  la  forme  du  noyau   est  toul  semblable  à  celle  qu'indiquent  les  pholo- 

(  '  )  Présentée  dans  la  séance  du  6  juin  iqio. 

C.  R.,  .910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N»  24.)  207 


l58o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

graphies  du  33  et  du  24  :  une  condensation  sensiblement  elliptique,  limitée  assez  net- 
tement sur  un  tiers  de  sa  périphérie  et  se  fondant  sur  le  reste  dans  une  nébulosité 
sans  limites  précises  et  sans  détails.  Les  principales  difterences  sont  des  dimensions  un 
peu  plus  faibles  pour  la  condensation  :  1 1"  sur  1  5"  au  lieu  de  14"  sur  iS"  et  une  orien- 
tation différente  de  son  grand  axe  (angle  de  position  100°  au  lieu  de  5o°). 

Le  3i  mai  l'image  est  complètement  transformée.  De  la  condensation  centrale  à  peu 
près  circulaire  (diamètre  9")  partent  trois  rayonnements  relativement  étendus.  Le  plus 
important  a  pour  angle  de  position  110°;  il  se  raccorde  à  la  condensation  centrale  au 
point  qui,  la  veille,  était  le  plus  net.  Sa  longueur  est  de  4o''sur  une  image  posée  ;î  mi- 
nutes, et  de  54"  sur  une  image  posée  4o  minutes  ;  mais  son  extrémité  n'a  pas  de  limites, 
et  il  aurait  sans  doute  paru  plus  étendu  sur  une  pose  de  plus  grande  durée.  Il  n'est  pas 
d'un  éclat  uniforme,  mais  à  3o"  environ  du  noyau  on  aperçoit  une  concentration  lumi- 
neuse. Les  deux  autres  rayonnements,  plus  faibles,  ont  pour  angle  de  position  ih" 
et  5o";  le  premier  est  le  plus  net  et  le  plus  long  (60").  Tout  l'intervalle  compris  entre 
ces  rayonnements  est  rempli  d'une  nébulosité  intense  ;  le  reste  du  pourtour  de  la  con- 
densation centrale  est  aussi  couvert  de  nébulosité,  mais  qui  s'étend  beaucoup  moins 
loin,  de  sorte  que  la  forme  de  l'image  rappelle  celle  d'un  triangle. 

Le  2  juin  la  condensation  centrale,  circulaire,  n'a  plus  que  (V  de  diamètre.  <3n  aper- 
çoit, comme  sur  les  images  du  3i,  un  rayonnement  lumineux  ayant  pour  angle  de 
position  io<)",  mais  sa  longueur  est  beaucoup  mieux  définie;  sur  une  image  posée 
[\o  minutes,  comme  sur  une  image  posée  2  minutes,  elle  est  de  40  .  Sa  largeur  est  de  10" 
environ.  On  aperçoit,  comme  le  3i,  une  condensation  secondaire  à  3o'  du  centre:  il 
est  difficile  de  juger  quel  jour  elle  est  le  mieux  définie  et  fait  le  plus  de  contraste  avec 
le  reste  du  rayon.  Les  deux  autres  rayonnements  visibles  le  3i  ont  presque  disparu 
le  2.  A  l'ouest  de  la  condensation  principale  on  aperçoit  deux  aigrettes  lumineuses 
(angle  de  position  275°  environ).  Enfin  la  nébulosité  qui  entoure  la  comète  a  une 
forme  beaucoup  plus  régulière  que  le  3i  ;  elle  est  presque  circulaire  et  comprend  deux 
zones  concentriques  :  l'une  de  80"  de  diamètre  est  très  intense;  l'autre  de  220"  de 
diamètre  est  beaucoup  plus  faible,  mais  toutes  les  deux  sont  très  nettement  limitées, 
caractère  qui  les  différencie  des  nébulosités  des  jours  précédents. 

De  ces  photographies  il  résulte  donc  que  le  noyau  de  la  comète  a  suhi 
une  perturbation  profonde  du  3o  au  3i  mai.  Des  condensations  secondaires 
ont  apparu,  dont  certaines  n'ont  été  que  temporaires.  L'une  d'elles  sub- 
sistait encore  le  2  juin  dans  la  même  position  et  avec  la  même  intensité  que 
le  3 1 .  Est-elle  l'indice  d'un  dédoublement  de  la  comète,  analogue  à  celui  de 
la  conièle  de  Biéla  ?  On  ne  peut  guère  jusqu'à  présent  le  supposer.  Cette 
condensation  secondaire,  qui  a  des  dimensions  transversales  presque  deux 
fois  plus  grandes  que  la  condensation  principale,  est  incomparablement 
moins  photogénique  :  la  matière  qui  la  forme  n'est  donc  pas  dans  le  même 
état,  et  l'on  ne  saurait  parler  d'un  sectionnement  du  noyau  en  deux  mor- 
ceaux de  même  nature.  Il  aurait  été  intéressant  d'observer  quelle  répercus- 
sion a  eu  sur  la  queue  celte  perturbation  du  noyau;  malheureusement  le 
ciel  de  Paris  ne  nous  permet  pas  cette  étude. 


SEANCE    DU    l3    JUIX    I9IO. 


[58i 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  tes  groupes  commutatifs  de 
quanlilés  hy per complexes .  Note  de  M.  Léon  Autonne,  présentée 
par  M. Jordan. 

Soit  (r, )  un  groupe  de  quantités  hyperconiplexes 

x—'y^tgXg         (gJi.k=o,  1,2, m), 

dont  les  n  =^  />i  -\-  i  unités  £„  se  multiplient  suivant  la  formule 

OÙ  «;;„/,  est  une  quantité  ordinaire,  réelle  ou  complexe.  On  sait  que  (r;)  est 
connu  dès  cpi'on  possède  la  matricedu  groupe  \s„f,(x)\, 


J'ai  ramené  la  construction  des  groupes  <^yj)  commutatifs  (à  multiplica- 
tion commutative  )  au  cas  où  la  matrice  est 


1  =  V«a3Y.2?Y;   a.  p, 


y  rr:  1 ,  2 ,  .  .  . ,  ;» 


)■■ 


■X       •'''ai        ■'>a,x-l  'i"o 

■«a?=0  pour  3!^  p. 

La  matrice  /?;-aire  8.^=  S  (:c)  =  (.Tap)  est  celle  d'un  groupe  //i-aire  (e), 
dont  la  connaissance  assure  celle  de  (  y]").   Par  commulalivité,  les  matrices 

Sj,  et  S,  sont  échangeables.  De  plus,  Scf,  =  -  -p-^'  où  /,  ==  forme  quadra- 
tique  ^a^py-v^iX^.  Le  groupe  est  défini  sans  ambiguïté  quand  on  possède 

les  f.^  ;  on  écrira 

(H)==(/„/.,  •..-.4,  ...,/,„). 


i582 

D'ailleurs 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


Désignonspari', ,  ...,g;,  ...,  i;-^,  X- entiers  positifs  avec  A- <  m,  w  =  ^  ir;  • 

On  peut,  par  un  choix  convenable  de  variables,  mettre  la  matrice  S^.  sous 
wne  forme  réduite  que  voici  {jy,^,  est  un  Tableau  à  gx  lignes  et  g^  colonnes 
ayant  les  ^^p  pour  cléments)  : 


S.= 


PU        Pl2 

l'kX        Pu 


Piv- 


PI. 


Pl.Jc-\ 


Répartissons  les  x,^,  £„,  f^  en  systèmes  X),  E>,  F)  de  la  façon  suivante  : 
X,,  par  exemple,  contiendra  les  «,  premières  a^ai  les  g^  suivantes  x^,  figure- 
ront dans  X.j  ;  ...  ;  X^.  contiendra  les  g^  dernières  x^.  Alors,  dans  la  forme 
réduite,  «  le  système  F),  :  l'^ne  dépend  pas  de  X),  X)+,,  . . . ,  X^^.  ;  2°  dépend 
de  chacune  des  variables  de  X>_,  ;  3"  dépend  des  variables  de  X,,  Xn,  . .  ., 

Xx-a  »• 

Soient,  dans  la  suite  i,  2,  ....  X:,  trois  entiers  A,  A',  A",  dont  le  premier 
est  le  plus  petit  entier  supérieur  aux  deux  autres.  «  Le  produit  de  deux  unités 
de  E)/,  et  de  E)»,  ne  dépend  que  des  unités  de  E) ,  E>+, ,  . . . ,  E;^,   » 

La  forme  réduite  permet  d'établir  un  procédé  régulier  de  calcul  pour 
passer  d'un  groupe  m-aire  à  un  groupe  (m  -+-  i)-aire.  Comme  application, 
j'ai  construit  tous  les  groupes  (t)  pour  m  =  2,  3  et  4-  Les  voici,  sous 
l'expression  {i)  =  (/,,  ...,/„,..., /„)  : 

m  r=  2  :  (o,  x\)  ; 

m  =zo  :  {o.o,iXiX.,),         (o,  o,  .rj),         {o,  x\,iXiX,); 

1)1  =r  4  : 

{o,  o,  o,  xl-h  2XiXj),       (o,  O,  O,  Xj),       (o,  o,  .(■;,  .X'5  +  2a-',.X':,), 

(0,0,  2.i-,,i-,,  «4,1 '^1  -1-  «iiiXl  ),     (o,  x\,  2.^■,.^^,  o), 
(o,  x'I,  2XiX.,,  xl  -h  a^i-rj). 

Si,  dans  un  groupe  /n-aire  (e),  la  matrice  S^  a  le  rang  r,  les  m  expres- 
sions /"jj  sont  liées  par  m  —  r  relations  distinctes,  algébriques  et  homogènes. 
Le  groupe  sera  dit  normal,  si  ces  relations  sont  toutes  linéaires;  sinon, 
(s)  est  anormal. 


SÉANCE    UU    l3    JUIN    IQIO. 
Le  seul  groupe  anormal,  pour  m  <C  6,  est  le  groupe  quinaire 

(o,  o,  iXiX.2.  a^^^x\-\-  a;.2iX\^  a-,nx\-\-  a-,^_.-^x\), 


t583 


^o. 


On  a  r=2.  Les  cinq  expressions  /"a  sont  liées  par  les  deux  relations 
linéaires  /,  =f«  =  o  et  la  relation  quadratique 


^yi 


f,      «laî    I   I   «ui     /i 


f-.         «322     M     «511        /ô     I 

Le  rang  r  a  w  —  i  pour  maximum.  Pour  r  =  m  —  i ,  on  a 

S,  est 


j'i  a\  o 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  Iransfonnalion  des  séries  asymploliques 
en  séries  de  polynômes  layloriens  convergentes.  IXote  de  M.  A.  liimi., 
transmise  par  M.  H.  Poincaré. 

M.  H.  Poincaré,  pour  montrer  que  les  séries  de  la  Mécanique  céleste 
n'ont  qu'une  convergence  asymptotique,  a  établi  d'abord  le  fait  pour  des 
séries  plus  simples  et  plus  symétriques  ayant  notamment  la  forme 


(•) 


^("-•)=i;7^' 


ir  étant  plus  petit  que  l'unité  et  a„  croissant  indéfiniment  avec  «,  sans  cepen- 
dant que  la  limite  du  rapport  de  a^^.,  à  a„  puisse  surpasser  i  {Méthodes  nou- 
velles de  la  Mécanique  céleste.^  t.  I,  p.  35 1,  et  t.  II,  p.  3). 

Ces  séries  (  i)  donnent  des  développements  tayloriens  toujours  divergents. 

Je  me  propose  d'établir  qu'on  peut,  en  leur  appliquant  les  méthodes  que 
j'ai  étudiées  dans  mes   Mémoires  du   Bulletin  des  Sciences  mathématiques 


l584  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

(1907  el   1908),  du  Journal  de  Malhématiques  (1908),  ainsi  que  dans  un 
Mémoire  qui  doit  paraître  prochainement  aux  Acta  matliematica,  les  déve- 
lopper en  séries  de  polynômes  convergentes. 
Ecrivons  d'abord  (i)  sous  la  forme 

F(  lï',  X)  r-:  "y  (,'"  (   I  +  <I„X  +  ...-;-  Cl'.;    '  .»■''-'  +  -'^'"'''        \  , 
^^         \  I  —  a...r  ' 


OU  encore 

(2)  F(«vr)=r.sv  +  V,,.«_<£!L. 

Je  désigne  par  s^,  rensemble  de  tous  les  termes  tayloriens  dont  le  degré 
est  inférieur  à  />;  c'est  là  ce  que  j'ai  appelé  \x\\  polynôme  taylorien. 
De  (2)  on  conclut  immédiatement  que,  si  x  tend  vers  zéro, 

..      F(.r.  x)-.v 

lim -, =  o. 

xi'-^ 

ce  qui  est  la  propriété  capitale  utilisée  par  M.  Poincaré. 
Je  vais  procéder  autrement.  Soit 

une  fonction  entière  ayant  l'origine  pour  zéro.  Soit  c^,  =  Y/<s''- 

Si  l'on  multiplie  la  formule  (2)  par  Cp  et  si  l'on  sonmie  par  rapport  à  p 
de  I  à  l'infini,  il  vient 

/(ç)  F(u',  j,j  — 2  c,„V/,  n-^  "■"■73-^- 
/■-  1 

Telle  est  la  formule  fondamentale  qui  réalisera  un  développeinenl  de 
F(a-,  .r)  en  série  de  polynômes  s^,,  si  l' on  peut  annuler  le  dernier  sigma. 

Or  il  y  a  bien  des  manières  d'arriver  à  ce  but,  et  je  me  contenterai  ici 
d'en  indiquer  une  en  partant  d'hypothèses  simples.  Soient 

•    TTC              ,.  >                    •     T:ia„x 
y(i:)T=sin     -,  /(ir/„.î-)  =  sin— ^- 


Admettons  de  plus  que  les  a„  soient  toujours  des  nombres  entiers  et  les  x 
toujours  des  nombres  rationnels  de  la  forme 


2(/ 


/•  étant  constant.  Alors,  si  H  =  2/--t-  i,  f(^a„x)  est  toujours  nul./(  ?  )  ne 
l'est  jamais  et  le  développement  désiré  est  effectué. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    19IO.  l585 

Donner  à  x  une  valeur  rationnelle  de  la  forme  indiquée  n'esl  pas  plus 
étrange  ijue  de  donner  à  n'importe  quelle  variable  continue  une  forme 
rationnelle  dès  qu'on  désire  Tinlroduire  dans  des  calculs.  Je  me  suis  d'ail- 
leurs expliqué  sur  ce  point  dans  mes  publications  précitées. 

Etendre  ce  qui  précède  aux  séries  de  la  Mécanique  céleste  présente  des 
difficultés  assez  graves  provenant  du  manque  de  symétrie,  mais  je  ne  les 
crois  pas  du  tout  insurmontables.  Il  n'y  aurait  là,  bien  entendu,  qu'un 
appoint  à  la  théorie  analytique  de  ces  développements,  les  habituelles  séries 
divergentes  restant,  malgré  tout,  beaucoup  plus  pratiques  que  les  séries  de 
polynômes  convergentes. 

Enfin  je  dois  ajouter  que,  bien  que  la  convergence  des  séries  de  cette 
Note  me  paraisse  résulter  très  suffisamment  du  procédé  de  formation,  je 
me  suis  attaché  à  chercher  des  démonstrations  basées  sur  l'étude  de  l'ex- 


pression \j\Cj,Sp\. 

On  trouve,  dans  cette  voie,  de  nouveaux. résultats  fort  intéressants. 

ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —   Sur  les  applications  du  théorème  de  S.   Lie 
généralisé.  Note  de  M.  j\.  Sai.tykow,  présentée  par  M.  P.  Appell. 

Le  théorème  démontré  dans  ma  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter 
dernièrement  à  l'Académie  est  successible  d'importantes  applications. 

Ce  théorème  résout  immédiatement,  en  premier  lieu,  le  problème  de 
S.  Lie  pour  les  équations  partielles  contenant  explicitement  la  fonction 
inconnue,  sans  appliquer  la  théorie  des  caractéristiques  généralisée.  On 
sait  bien  que,  dans  ce  cas,  S.  Lie  transformait  les  équations  données  en 
un  nouveau  système  d^équations  indépendant  de  la  fonction  inconnue. 

Secondement  la  théorie  des  caractéristiques,  elle-même,  peut  être  Jjasée 
sur  notre  théorème.  Considérons,  en  effet,  le  cas  limite  qui  va  suivre  : 

Soit  le  système  normal  de  q  éf/uations  partielles 

résolubles  par  rapport  aux  variables  p^^^p.^,  . . .,  />„  le  système  linéaire  corres- 
pondant 

(2)  (/,./)  =  o,  «•==■,  '.î,  ...,7, 
admettant  le  système  complet  d'intégrales 

(3)  fuj,.     ..       ../,.  ./,-M,     ...,./■.„-,+,. 

Égalant  ces  dernières  à  des  constantes  a,,  a„.  ....  a,,  a^^-i,  •••»  a.„_^^.,, 


]586  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dont  les  2«  —  27  -4-  I  dernières  étant  arbitraires,  supposons  qu'on  en  tire 

I  ;  =  9  (.r,,  X., r,,  et,,  X,, 3C,„_^+i). 

(4)  .r,/+,.=  9,(x,,  Xj,   .  .  ..  .r,/,  «1,  «2 a2„_,+  ,)  /•  =r  r,  2,  .  .  .,  /i  —  r/. 


En  posant 


-7+1 , 


S  s  9  —  V/)y+,.y,., 


les  formules 

/     '^s     ■ 

(5) 

/      <)x,^,. 

àS 

définissent  les  intégrales  du  système  (2),  en  vertu  du  théorème  de  S.  Lie 

généralisé,  la  dérivée étant  distincte  de  zéro  et  les  parentlièses  dési- 

gnant  le  résultat  d'élimination  des  constantes  a.  moyennant  les  équations  (4). 
Par  conséquent,  les  formules  (5)  représentent  des  fonctions  des  inté- 
grales (3),  acquérant,  en  même  temps  qu'elles,  des  valeurs  constantes. 
Évaluant  ces  dernières  par  les  valeurs  initiales  des  variables  et  nous  rappe- 
lant les  fonctions  Uc  que  j'avais  introduites  (Co/nj>l  es  rendus-,  i6janv.  1899), 
on  a 


Ua,„_,^,  ~  U§t.„. 


/.■  1;=  1  ,   2,    .  .  .  ,   7H  —  2(/. 


11  s'ensuit,  en  vertu  de  l'hypothèse  Ua.„  ^,<o,  que,  dans  un  certain 
domaine,    la   fonction    U„  étant   aussi   distincte   de   zéro,   les   fonc- 

tion  Ujt  ^|,  s'annulent  donc  en  même  temps  que  leurs  valeurs  initiales.  Or, 
ces  dernières  conditions,  je  les  avais  étudiées  en  détail  antérieurement 
{Comptes  rendus ,  i6janv.  i8gg,elJournal  de  Mathématiques,  1899,  p.  435). 

Le  théorème  démontré  dispense  donc  des  calculs  complémentaires  néces- 
saires pour  établir  la  théorie  des  caractéristiques  généralisée,  ainsi  que  la 
théorie  classique  de  Cauchy. 

GKOMÉTRlE.  —  Sur  les  corps  solides  opposés.  Note  de  M.  René  de  Saussure, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

L'ensemble  de  toutes  les  positions  A  que  peut  prendre  un  corps  solide 
dans  l'espace  constitue  une  multiplicité;  toute  série  continue  de  positions  A 


SÉANCE    DU    l'i    JUIN    1910  1^87 

coiislitue  dans  celle  multiplicité  une  forme  géornélrù/ ne  dont  A  esirélémenl 
spatial  primitif.  Les  systèmes  de  corps  solides  A  donnent  donc  naissance  à 
une  géométrie  spéciale,  tout  comme  les  systèmes  de  points  donnent  nais- 
sance à  la  géométrie  ponctuelle,  les  systèmes  de  plans  à  la  géométrie  ten- 
gentielle  ou  les  systèmes  de  droites  à  la  géométrie  réglée. 

J'ai  montré  (')  qu'il  existe  une  profonde  analogie  entre  les  systèmes  de 
corps  solides  et  les  systèmes  de  droites.  Pour  mettre  en  évidence  celte  ana- 
logie, j'ai  introduit  la  notion  des  corps  solides  réciproques  ;  deux  positions  A 
et  A'  d'un  corps  solide  sont  dites  réciproques  lorsqu'on  peut  passer  de  la 
première  à  la  seconde  ysaru/ie  simple  rotation.  La  notion  de  réciprocité  per- 
met de  trouver  quelles  sont  les  séries  linéaires  de  corps  solides. 

M.  Raoul  Bricard,  reprenant  par  la  méthode  analytique  le  point  de  vue  sjntluHique 
auquel  je  m'étais  placé  pour  étudier  les  systèmes  de  corps  solides,  est  parvenu  à  défi- 
nir toute  position  A  d'un  solide  au  moyen  de  8  coordonnées  homogènes  :  /,  m,  n,  p, 
À,  fi,  V,  0  satisfaisant  toujours  à  la  relation 

//.  +  m  IX  -^  irj  +  p  rj  T^  o     (  -  ). 

La  réciprocité  de  deux  positions  A  et  A'  s'exprime  alors  analyliquement  par  la  condi- 
tion 

//.'  +  A/'  +  7«f/'  -+-  jj.m' -h  ii'j' -h  vn'  -h pp'  -{-  pp'  =^  o. 

On  voit  que  les  coordonnées  bricardiennes  d'un  corps  solide  sont  tout  à  fait  analogues 
aux  coordonnées  pluckériennes  d'une  droite  et  que  les  corps  léciproques  correspondent 
aux  droites  qui  se  coupent  en  géométrie  réglée.  Les  équations  précédentes  montrent 
d'ailleurs  que  l'analogie  entre  les  systèmes  de  corps  solides  et  les  systèmes  de  droites 
est  complète. 

Ainsi,  par  exemple,  la  pentascrie  linéaire,  c'esl-à-dire  le  système  linéaire  le  plus 
général  qu'on  peut  former  avec  yJ  positions  A  d'un  corps  solide,  se  trouve  représentée 
par  l'équation  générale  du  premier  degré 

A  /  H-  B  «i  +  C  /(  +  D  />  +  «  X  -t-  6 |jn-  c  V  +  <r/p  =r  o, 

où  A,  B,  (J,  .  .  . ,  d  sont  des  constantes,  et  cette  équation  est  tout  à  fait  semblable  à 
celle  d'un  complexe  linéaire  en  géométrie  réglée. 

On  pourrait  imaginer  d'autres  systèmes  de  coordonnées  pour  définir  la 
position  A  d'un  corps  solide,  mais  on  peut  aussi  se  proposer  d'établir  une 
correspondance  synthétique  directe  entre  les  systèmes  de  corps  solides  et  les 


(')  Voir  mon  exposé  résumé  de  la  Géométrie  des  Feuillets  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  de  Physique  de  Genève,  t.  \XX\  1,  fasc.  2. 

(•)  \oir  Nouvelles  Annales  de  Mathématiques,  janvier  1910. 

C.  R.,  1910,  I'  Semestre.  (T.  150,  N»  24.)  2o8 


l588  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

système  de  droites,  c'esL-à-dire  une  correspondance  indépendante  de  tout 
système  particulier  de  coordonnées;  cette  correspondance  synthétique  est 
possible,  non  pas  seulement  au  point  de  vue  projectii",  mais  même  au  point 
de  vue  des  relations  métriques.  C'est  ainsi  que  M.  Bricard  a  déjà  trouvé,  par 
exemple,  que  l'équation  de  la  pentasérie  linéaire  la  plus  générale  peut  se 
mettre  sous  la  forme  synthétique 

/;  lanir  -  =:  k, 
■?- 

k  étant  une  constante  et  h  et  0  représentent  respectivement  la  translation 
et  la  rotation  du  mouvement  hélicoïdal  au  moyen  duquel  on  peut  atteindre 
toute  position  A  appartenant  à  la  pentasérie,  à  partir  d'une  position  fixe  A„ 
Tqui  joue  ici  un  rôle  analogue  à  celui  de  Vaxe  ventral  dans  un  complexe 
linéaire). 

Le  but  de  cette  ÏSote  est  de  compléter  le  parallélisme  entre  les  systèmes 
de  droites  et  les  systèmes  de  corps  solides,  en  introduisant  la  notion  des 
corps  solides  opposés:  je  dirai  que  deux  'positions  A  et  A'  d'un  corps  solide 
sont  «  opposées  »  lorsque  la  rotation  du  rnom'ement  hélicoïdal  permettant  de 
passer  de  k.  à  A'  est  égale  à  t:{\^  translation  étant  d'ailleurs  quelconque). 
Par  exemple,  la  pentasérie  linéaire  présente  deux  cas  spéciaux  intéressants  : 

k  =  o         et         A'  r=  oc. 

Dans  le  premier  cas,  la  pentasérie  se  réduit  à  l'ensemble  des  positions  A 
réciproques  d'une  position  fixe  A„.  Ces  deux  cas  correspondent  anx  deux  cas 
spéciaux  d'un  complexe  linéaire  de  droites: 

h  tang5  —  k\ 

lorsque  k  =  o,  on  a  le  complexe  spécial  des  droites  D  rencontrant  une  droite 
fixe  D|,  et  lorsque  /•  =  ce,  on  a  le  complexe  spécial  des  droites  D  perpendicu- 
laires à  une  droite  fixe  D„. 

On  voit  donc  que  les  corps  solides  opposés  correspondent  aur  droites  per- 
pendiculaires en  géométrie  réglée.  En  effet,  dans  cette  dernière  géométrie, 
les  droites  ne  possédant  pas  de  sens,  il  suffit  donc  d'une  rotation  de  180° 
pour  ramener  une  droite  en  coïncidence  avec  elle-même,  tandis  qu'il  faut 
une  rotation  de  36o"  pour  ramener  un  corps  solide  en  coïncidence  avec  lui- 
même.  Un  angle  0  en  géométrie  réglée  correspond  donc  à  un  angle  2  0  pour 

les  systèmes  de  corps  solides,  en  particulier  l'angle  -  dans  hi  première  géo- 
métrie, correspond  à  l'angle  t.  dans  la  seconde.  A  tout  système  de  droites 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  l58«, 

flétîiii  relativement  à  une  droite  fixe  par  une  équation  de  la  forme 

correspondra  un  système  de  corps  solides  défini  relativement  à  un  corps 
fixe,  par  l'équation 

Telle  est  la  raison  pour  laquelle,  dans  les  formules  de  composition  des 
rotations,  ce  n'est  pas  l'angle,  mais  le  demi-angle  de  rotation  qui  entre 
toujours  enjeu. 

•En  résumé,  pour  passer  de  la  géométrie  réglée  à  celle  des  systèmes  de 
corps  solides,  il  suffit  de  remplacer  : 

1°  Les  droites  qui  se  coupent  par  des  corps  solides  réciproques; 

2°  Les  droites  parallèles  par  des  corps  solides  parallèles  ; 

3"  Les  droites  perpendiculaires  par  des  corps  solides  opposés  (ou  plus 
généralement  l'angle  0  par  2O).  On  aura  soin  seulement  de  tenir  compte  des 
modifications  dues  au  fait  que  la  position  d'une  droite  ne  dépend  que  de 
4  paramètres,  tandis  que  celle  d'un  corps  solide  dépend  de  6  paramètres 
arbitraires.  Les  systèmes  de  corps  solides  donnent  aussi  naissance  à  une 
géométrie  réelle  à  G  dimensions;  c'est  la  plus  générale  découverte  jusqu'à 
ce  jour  (et  probablement  la  plus  générale  possible)  dans  notre  espace 
euclidien. 


MÉCANIQUE   ANALYTIQUE.    —   Sur  la  flexion.    Note   de   M.  J.  Le  Roux, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

1.  La  distribution  des  flexions  est  étroitement  liée  à  celle  des  torsions. 
Dans  un  milieu  à  trois  dimensions  l'incurvation  des  fibres  élémentaires 
résulte  de  la  rotation  dérivée  et  du  glissement  normal.  Dans  ce  qui  suit,  je 
réserve  le  nom  dejlexwn  à  l'iTicurvation  par  rotation.  Ce  sens  restreint  cor- 
respond d'ailleurs  à  celui  que  l'on  donne  habituellement  au  mot  flexion 
dans  les  problèmes  relatifs  à  la  déformation  des  corps  minces.  La  flexion 
d'une  fibre  droite  difl'ère  donc  de  la  courbure  de  la  fibre  déformée  :  elle  est 
seulement  l'une  des  déformations  élémentaires  qui  produisent  cette  cour- 
bure. Nous  sommes  amenés  néanmoins  à  introduire  pour  la  flexion  les 
mêmes  éléments  géométriques  que  pour  la  courbure  :  plan  de  flexion, 
centre,  rayon,  axe  de  flexion.  De  même  que  pour  la  courbure  des  lignes. 


y.{\  — 

^)  +  p(Y-r)+y(Z- 

X  —  ^     Y  —  j     A  —  z 

1  + 

a              ^              y 

R.;       r;        r; 

iSpo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  flexion  d'une  fibre  élémentaire  est  entièrement  déterminée  par  l'axe  de 
flexion  correspondant. 

Pour  une  fibre  élémentaire  issue  d'un  point  M  (a-,  y,  z)  et  ayant  pour 
cosinus  directeurs  a,  j3,  y,  les  équations  de  l'axe  de  flexion  sont 

(1.1  y.{\  —  x)  +  i^{\  -Y)  -+-y(Z-  :;)  =  o, 

(2) 

R^,  R^,  R^  désignant,  comme  dans  notre  précédente  Note,  les  composantes 
de  la  rotation  dérivée  dans  le  sens  de  la  fibre. 

2.  Deux  flexions  d'une  même  fibre  élémentaire  se  composent  en  une 
seule.  L'axe  de  la  flexion  résultante  s'obtient  par  une  construction  géomé- 
trique remarquable.  Considérons  les  deux  axes  de  flexion  et  les  parallèles 
menées  à  ces  axes  par  l'origine  M  de  la  fibre.  Ces  quatre  droites  forment  un 
parallélogramme  situé  dans  le  plan  normal  à  la  fibre.  L'axe  de  la  flexion 
résultante  est  celle  des  diagonales  du  parallélogramme  qui  ne  passe  pas  par 
le  point  M.  Nous  sommes  ainsi  inonduits  à  un  curieux  mode  d'association 
de  droites  qui  devrait  sans  doute  se  retrouver  dans  d'autres  questions  de 
Géométrie;  il  correspond  par  polaires  réciproques  à  l'addition  géométrique 
des  vecteurs. 

Le  théorème  de  Meusnier  se  rattache  à  cette  construction.  On  pourrait 
l'énoncer  en  disant  que  la  courbure  d'une  courbe  tracée  sur  une  surface  est 
la  résultante  de  la  flexion  normale  et  de  la  flexion  géodésique. 

3.  Flexion  de  torsion  et  flexion  polaire.  —  En  appliquant  à  la  rotation 
dérivée  un  procédé  courant  de  la  géométrie  des  vecteurs,  on  la  décompose 
en  deux  parties,  l'une  symétrique,  l'autre  dissymétrique.  La  première  a 
pour  projections  sur  les  axes,  les  demi-dérivées  de  la  torsion  par  rapport 
aux  cosinus  directeurs.  Elle  est  perpendiculaire  au  plan  diamétral  conjugué 
de  la  fibre  dans  l'indicatrice  des  torsions.  Sa  direction  est  donc,  en  général, 
dilVérente  de  celle  de  la  fibre;  elle  admet  par  conséquent  une  composante 
normale  à  laquelle  correspond  une  première  flexion  que  j'appelle  la  flexion 
de  torsion. 

IjCS  composantes  de  la  partie  dissymétrique  peuvent  s'écrire 


1 

1  =  Vî7  -'-'M' 

'•■■i  =  93«  --'yr/: 

'■'a^Oi.S  —92  a; 

eu  posant 

20, 

_  ôpi        dp, 

'"ôy"  1J7' 

_,)p,      dp, 

■'"   dz         d.r' 

_  àp-i       dp 

SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  '  iSgi 

Je  donne  à  l'ensemble  des  flexions  correspondantes  le  nom  de  flexion 
polaire  du  milieu  considéré  au  point  M. 

4.  La  flexion  polaire  est  déterminée  par  le  vecteur 

«D  =  {9,,  92,  03); 

c'est  la  rotation  de  la  rotation;  mais  le  théorème  suivant  donne  un  mode  de 
représentation  moins  conventionnel  : 

Tous  les  axes  de  flexion  polaire  des  fibres  issues  d'un  même  point  M  sont 
situés  dans  le  même  plan  P. 

Je  donne  à  ce  plan  P  le  nom  àe  plan  principal  de  la  flexion  polaire.  De 
même  que  la  flexion  d'une  fibre  est  définie  par  son  axe,  de  même  la  flexion 
polaire  du  milieu,  au  point  M,  est  déterminée  par  le  plan  principal, 
qui  a  pour  équation 

o,  (X  —  x)  H-  a;.,(Y  —y)  +  cp3(Z  —  s)  -t-  1  =  o. 

Les  autres  éléments  géométriques  relatifs  à  la  flexion  polaire  sont  :  i"  l'axe 
central,  perpendiculaire  abaissée  du  point  M  sur  le  plan  principal;  1°  le 
pôle  C,  intersection  du  plan  principal  et  de  l'axe  central;  3°  le  rayon  prin- 
cipal MC. 

Deux  ou  plusieurs  flexions  polaires  en  un  même  point  se  composent  en 
une  flexion  polaire  résultante.  Les  plans  principaux  se  composent  entre  eux 
comme  les  axes  dans  les  flexions  de  fibres. 

Dans  la  déformation  élasticjue  d'un  milieu  homogène  et  isotrope,  sous 
l'action  de  forces  conservatives,  il  existe  toujours  un  potentiel  des  flexions 
polaires.  S'il  n'y  a  pas  de  forces  de  masses,  l'axe  central  est,  en  chaque 
point  M,  normal  à  la  surface  S,  lieu  des  points  d'égale  dilatation  cubique. 

La  flexion  plane  de  la  résistance  des  matériaux  est  la  résultante  d'une 
torsion  et  d'une  flexion  polaire. 

5.  Flexion  des  éléments  plans.  —  La  flexion  de  l'ensemble  des  fibres  élé- 
mentaires de  même  origine  et  dirigées  dans  le  même  plan,  donne  lieu  à  des 
propriétés  géométriques  intéressantes,  tant  dans  chacune  des  flexions  com- 
posantes que  dans  la  flexion  totale.  Par  rapport  au  plan  considéré,  la  flexion 
de  chacune  des  libres  peut  se  décomposer  en  une  flexion  normale  et  une 
flexion  tangentielle  (ou  géodésique).  La  flexion  normale  moyenne  (ana- 
logue à  la  courbure  moyenne)  est  toujours  indépendante  de  la  torsion.  Le 
centre  de  flexion  normale  moyenne  se  trouve  donc  dans  le  plan  principal  de  la 
flexion  polaire. 


iSpa  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  la  (lexion  tangentiello  nous  avons  cette  proposition  remarquable  : 

Dans  un  plan  quelconque,  tous  les  centres  de  Jle.rion  tanf;entielle  des  Jîhres 
issues  d'un  même  point  sont  en  ligne  droite. 

(î.  ,1e  signale  pour  mémoire  les  lignes  d' inflexion  totale  et  les  plans  d'in- 
flexion tangentielle ;  ce  sont  respectivement  les  arêtes  et  les  faces  d'un  même 
trièdre  analogue  au  Irièdre  de  Bertrand.  Knfin,  la  congruence  du  second 
ordre  formée  par  les  axes  de  flexion  relatifs  aux  libres  élémentaires  issues 
de  la  même  origine,  jouit  également  de  certaines  propriétés  géométriques 
liées  aux  éléments  de  la  déformation  par  des  relations  simples. 


MÉCANIQUE   RATIONNELLE.    —    Sur  le  mouvement   d'un  fit  dans   l'espace. 
Note  de  M.  J.  Arxoult,  présentée  par  M.  P.  Appell. 

L'étude  du  mouvement  d'un  111  dans  un  plan  fixe  a  été  ramenée  à  celle 
d'une  équation  aux  dérivées  partielles  du  sixième  ordre  par  M.  Resal  (  '  )  et 
à  celle  d'une  équation  du  quatrième  ordre  par  M.  Appell  (*).  M.  Routh(^) 
qui  l'a  ramenée  aussi  à  l'étude  d'une  seule  équation  mais  moins  simple  a 
donné  une  équation  diftérentielle  spéciale  qui  permet  de  calculer  sous  cer- 
taines conditions  la  tension  du  fil  soumis  à  des  forces  connues. 

-M.  Floquel  (')  a  donné  pour  un  tll  dans  l'espace  une  niélhode  qui  remplace  Tétude 
du  mou\ement  et  de  la  tension  par  celle  d'un  système  de  neuf  équations  aux  dérivées 
partielles  du  premier  ordre  qui,  dans  le  cas  du  mouvement  plan,  se  réduisent  aux 
équations  de  M,  Resal.  11  a  en  outre  ramené  les  équations  du  mouvement  en  coordon- 
nées quelconques  à  une  forme  canonique.  Citons  aussi  les  travaux  de  M.  Léauté  (■"). 

Nous  allons  indiquer  une  méthode  qui  conduit  à  ini  S-ystème  de  deux 
équations  aux  dérivées  partielles  du  quatrième  et  cinquième  oixlre  :  la  ten- 
sion sera  en  outre  donnée  explicitement  par  une  équation  simple. 


(')  Rksal,  Traité  de  Mécani(iue  générale,  t.  I. 

(')  P.  A.PPF.LL,  Sur  le  momement  d'un  fil  dans  un  plan  fixe  {.-icta  mathema- 
tica,  12);  Quelques  remarques  sur  les  équations  du  tnouvenienl  d'une  chaîne 
parfaitement  flexible  (Annaes  da  Academia  do  Porto'.,  t.  IV,  1909). 

(M  RouTH,  Advanced  rigid  Dynamics,  t.  II. 

(')  Comptes  rendus,  10  octobre  1892;  i"'  avril  1S89;  20  juin,  2  et  9  juillet.  22  oc- 
tobre 1900. 

(°)  Comptes  rendus,  10  no\embre  1879;  Hullclin  de  la  Société  philoinalhique. 
18  no\  embre  1879. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN     1910.  l5()3 

M.  de  Monlcheuil,  dans  un  Mémoire  (')  sur  la  séparation  analytique  d'un  système 
de  rayons  incidents  et  réfléchis,  a  obtenu  des  formules  qui  donnent  les  coordonnées 
d'un  point  d'une  courbe  quelconque  ainsi  que  l'arc  en  fonction  rationnelle  de  deux 
fonctions  C  et  D  d'un  paramètre  U  et  de  leurs  dérivées.  Déplus  il  a  montré  comment 
on  pouvait  déterminer  ces  deux  fonctions  pour  une  courbe  donnée.  Ces  formules 
sont  ; 

=  '"~  "   (  C"  -4-  I  )')-+-  ;/  C  —  C. 


(')  'Y=^iV-^^(C"^D')-uC'+-c\ 


=  «(C"+D')  — C, 
-D. 

Considérons  un  fil  libie  dans  l'espace,  inextensible,  soumis  en  chacun  de 
ses  points  à  des  forces  quelconques;  considérons  la  forme  de  ce  fil  à  un 
instant  déterminé,  la  connaissance  des  deux  fonctions  C  et  D  correspon- 
dant à  cette  courlte  nous  donnera  au  moyen  des  formules  (i)  les  coordonnées 
d'un  point  quelconque  de  cette  courbe  et  son  arc;  inversement  si  on  con- 
naissait la  forme  du  fil,  on  pourrait  en  déduire  C  et  D.  11  en  sera  ainsi  à  un 
instant  quelconque. 

Si  nous  déterminons  des  fonctions  C  et  D  de  m  et  /  telles  qu'à  chaque 
valeur  de  /  nous  ayons  des  fonctions  C  et  D  de  u  donnant  la  forme  du  fil  à 
ce  même  instant,  le  problème  du  mouvement  du  fil  sera  résolu  à  Faide  de 
ces  deux  fonctions. 

Considérons  les  équations  bien  connues  du  mouvement  d'un  lil  : 

/'     fP.i-        ,   ,J-y  <r'z.\        lYV 

\       ()i-        '     dt-        '    Ot-  '        ,)s 
/    ,à-.r       r,,  à- y         ,û-  z-  T  ,,. 

V     or-      "^  Ot-      '  oi-  j      û  ' 

«à- y       r.,.0-y         „  0-z 

où  a,  [3,  y,  a',  ^',  y',  a",  ^",  y"  désignent  respectivement  les  cosinus  direc- 
teurs de  la  tangente,  de  la  normale  principale,  de  la  binormale  delà  courbe 
forme  du  fil  au  point  de  coordonnées  cc:,y,  z  à  l'instant  /;  les  sens  positifs 
étant  choisis  sur  ces  directions  respectivement  suivant  la  tangente  positive, 
la  normale  principale  dirigée  vers  le  centre  de  courbure  et  la  binormale 
menée  dans  un  sens  tel  que  le  trièdre  formé  par  ces  trois  directions  ait 


(')  Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  Fiance,  t.  XXXI,  1908. 


Ijq4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

même  disposition  que  celui  des  coordonnées  Ovyz-^  <!>,  W,  X  désignant  les 
composantes  suivant  ces  trois  directions  des  forces  appliquées  au  point  xyz 
rapportées  à  l'unité  de  masse,  p  étant  le  rayon  de  courbure  de  la  forme  du 
iîl,  mds  la  masse  de  l'élément,  T  la  tension. 

Après  avoir  exprimé  toutes  les  quantités  qui  entrent  dans  ces  équations 
à  Taide  des  fonctions  C  et  D  et  des  variables  u  et  ï,  nous  obtenons  pour 
déterminer  le  mouvement  le  système 

^  '  m   On  or-  ^  '  V  '-X  '^t-   I 

'PC        d'D'\       (;*G  (C"'-i-D")D"       /<^'>\-t>'-   I     -     • 


'\       O^C  (C"'+D")D"       /ÔDyl)" 


^  ^    âl-      '     dC  J    '     i)t-  r>'  \<}tj    D'-J        ino 

-^ir^(C"  +  D"')--.^^(C"  +  r)')  +  ...^i)(-^  +  ^j  =  — . 

Dans  ces  équations  les  accents  indiquent  les  dérivées  partielles  par  rap- 
port à  u,  et  p  a  la  valeur  suivante  : 

D'- 


v/(  G'"  +  2  D"  )2  —  1_)'-'  —  2  D'  (  C'^'  H-  D"'  ) 

Par  un  calcul  simple,  nous  pouvons  remplacer  le  système  des  équations 
(i),  (2),  (3)  par  l'équation  (3)  à  laquelle  nous  joindrons  les  deux  sui- 
vantes : 

1)1  ()ll 


(4) 


[/àD\-      ^^.d-G  ...      ... 


^£Ç(e.rn.n'(^^^).r>'a.: 


L'équation  (3)  qui  est  du  quatrième  ordre  et  l'équation  (4)  qui  est  du 
cinquième  nous  donnent  C  etD.  L'équation  (j)  donne  la  tension. 

A  tout  système  particulier  d'intégrales  correspond  un  mouvement  pos- 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I910.  1590 

sible  du  fil,  à  condition  que  la  valeur  de  la  tension  fournie  par  l'équation  (  5) 
soit  positive. 

Nous  nous  réservons  de  développer  les  applications  de  cette  méthode 
dans  un  mémoire  étendu. 


AÉRONAUTIQUE.     —     La    poussée  sur  la    surface   porlanle   des   aéroplanes. 
Note  ('  )  de  M.  Rodolphe  Soreau,  présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

En  1908,  j'ai  défini  cette  poussée  par  les  expressions  suivantes  de  ses 
composantes,  F  perpendiculaire  et  H  parallèle  au  déplacement  général  : 

F=:KSV-a,         H  =  KSV'-(/a^-Hi), 

avec  a  =  « -t-  y,  i  étant  l'inclinaison  de  la  corde,  y  un  angle  fixe  pour  chaque 
surface,  et  nul  pour  le  plan.  Je  me  propose  de  préciser  la  question  par  le 
calcul. 


^ 

..<<oÉ^ 

^À^..^___ 

|1j 

'^ 

Dans  l'ignorance  où  nous  sommes  des  effets  dès  remous,  force  est  de  s'en 
tenir  à  la  masse  d'air  dont  l'écoulement  est  régulier,  et  d'admettre  que  la 
masse  qui  est  le  siège  de  mouvements  tourbillonnaires  a  pour  seul  effet  de 
transmettre  à  la  surface  les  pressions  résultant  de  l'écoulement  des  molé- 
cules suivant  des  trajectoires  régulières,  ou  filets.  Dès  lors,  si  l'on  connaît 
la  vitesse  à  la  sortie  de  ces  filets,  le  théorème  des  quantités  de  mouvement 
donne  F  et  H.  La  méthode  comporte  donc  des  réserves.  Néanmoins,  on 
peut  établir  des  expressions  très  satisfaisantes  en  interprétant,  d'aussi  près 


(')  Reçue  dans  la  séance  du  6  juin  1910. 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  24.) 


209 


logd  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

i[ue  possible,  les  phénomènes  de  récoulement  régulier  :  lel  csL  l'objet  de 
cette  Note. 

Rankine  ébauclia  la  première  théorie  de  ce  genre.  Pour  les  inclinaisons  utilisées  en 
aviation,  M.  Râteau  apporta  une  contribution  importante  en  dégageant,  dans  son 
ensemble,  le  mode  d'action  de  la  nappe  d'air  qui  s'écoule  sur  la  face  dorsale;  ses 
formules  sont  : 


K  est  proportionnel  à  la  hauteur  L  de  la  lame  iluide  qui  va  être  inlluencée;  o  et£  sont 
l'angle  de  déviation  et  la  diminution  relative  de  la  vitesse  en  H. 

J'obtiens  des  formules  plus  conformes  aux  résultats  d'expériences  en  tra- 
duisant ce  Iriple  fait  :  soient  P  le  plan  où  commence  la  déviation  des  filets, 
Q  le  plan  parallèle  mené  par  B;  à  mesure  que  les  filets  franchissent  P  à  une 
plus  grande  distance  /de  la  ligne  neutre  Or,  o  et  £  diminuent,  pour  s'éteindre 
sur  le  filet  /=  L;  de  même,  l'influence  de  la  courbure  sur  o  et  i  s'éteint  sur  le 
filet  L|,  L,  étant  au  plus  égal  à  L.  J'exprime  ces  faits  à  l'aide  de  coeffi- 

-(  -  )"  -(  —  )  "  •  > 

cients  rj  =  e     '     ,  r^,  =  c     "'    ,  où  a  et  a,  sont  tels  cjue  r)  et  rj,   soient   très 

petits  quand  /  =  L  ou  L, . 

On  peut  alors  prendre 

f    r,  (Il  =  f   -n  dl, 


et  l'on  a  la  formule  générale 

fr,''n'(dl  —  alï\, 

dans  laquelle 


1=/      e--'"c/z,         i^,u/—i/ '■ — r<i,         P,—  ^- 

Ceci  posé,  imaginons  des  lois  suffisamment  approchées  pour  o  et  i. 

Les  filets  très  voisins  de  la  surface,  guidés  par  elle,  ont  en  13  une  dévia- 
lion  i-h'^,  p  étant  l'angle  en  B  de  la  face  considérée  avec  sa  corde.  Mais, 
pour  les  filets  plus  éloignés,  l'influence  de  la  courbure  et  la  déviation  vont 
en  s'éteignant  :  c'est  ce  qu'exprime  la  loi 

d  =  ri(i  -h  rii^). 

Quant  à  £,  considérons  les  filets  très  voisins  de  la  surface  au  delà  de  la  zone 
tourbillonnaire  AC,  dans  la  partie  CB    de  forte  déviation  qui  diminue 


SÉANCE    DU    l3   JUIN    1910.  1697 

surtout  la  vitesse.  Il  est  logique  d'admellre  que  2  est  minimum  Y)our  le  profil 
de  surface  tel  que  CB  ail  une  forme  convenant  à  un  filel  d"air(analogue  aux 
formes  de  filets  d'eau  de  Rankine  et  de  M.  Simonot).  Soit  ^„  la  valeur  de  fl 
pour  ce  profil;  le  plan  mince  donne  p,,  =  0  pour  i  =  o,  caries  filets  sont 
alors  parallèles  au  plan  :  d'où  3„  ^=  /«comme  première  approximation,  /étant 
un  certain  coefficient.  Pour  tout  autre  profil  ayant  8>|îlo)  '  ^st  de  la 
forme  Sf,~h  m^C^  —  li)-  sur  les  premiers  fdets.  Sur  les  fdets  plus  éloignés, 
on  obtient,  en  raisonnant  comme  pour  0  : 

£=rr,  [.v„  +  ï.,;«(5  — /O']. 

Cela  étant,  supposons  une  voilure  mince  où  la  surface  ventrale  et  la  sur- 
face dorsale  sont  parallèles,  avec  même  valeur  de  p  pour  les  deux  nappes 
(les  expressions  finales  seraient  d'ailleurs  de  même  forme  si  p  avait  une 
valeur  différente  pour  chaque  face,  ou  si  la  section  était  lunulaire).  Les 
conqiosantes  F',  H'  (  nappe  inférieure)  et  F",  H"  (  nappe  supérieure)  ne  dif- 
fèrent alors  que  par  a'  et  a",  et  Ton  a  pour  la  poussée  totale 


11  = 

:KS\2( 

[  ri- -+- 

,a^ 

(■  + 

■?o  H-  "' 

,3^ 

K 

=rA{a 

■  +  «" 

il, 

>.  =  l\ 

11- 

/2 

//iR,,, 

U  '. 

=  H,, 

—  1 

///(] 

Ml- 

V 

liemarques.  —  1°  K  est  proportionnel  à  a' +«',  quantité  indépeiulanle  de /et  tle  |3, 
ce  qui  est  conforme  au\  expériences  de  M.  Riabouchinsky  et  de  M.  Râteau.  K  ne  dépend 
donc  que  des  dimensions  de  la  surface  et,  en  particulier,  de  son  allongement.  Avec  les 
théories  antérieures,  où  K  est  proportionnel  à  L' -f-  L",  it  est  difficile  d'imayiner  que. 
pour  le  plan  tout  au  moins,  K  ne  soit  pas  nul  avec  /. 

2°  De  même,  il  est  difficile  d'imaginer,  avec  ces  théories,  qu'on  n'ait  pas  1"'  >  F', 
puisque  L'  >  L",  comme  le  montrent  notamment  les  spectres  de  M.  Riabouchinsky. 
Or  les  diagrammes  de  répartition  des  pressions  de  M.  Eifiel  donnent  L' <  L"  au\ 
faibles  inclinaisons,  ce  qui  implique  simplement  a'  <  a". 

'^°  Pour  les  surfaces  minces,  F  est  proportionnel  à  ( -t-  S  dans  la  théorie  Râteau,  el, 
dans  la  mienne,  à  « -(- >.j3,  avec  À  <  1 .  Or,  l'expérience  a  donné  à  M.  Râteau  lui- 
même  i+  4°3o'  avec  une  plaque  011  ^3  ^  10°,  et  j'ai  trouvé  i  +  8°  pour  la  plaque  EifTel 
ayant  [5  =  17°  10'.  En  prenant  dans  mes  formules  n  el  p  égaux  à  i ,  on  a  7  =  Ru  =:  o,5, 
résultai  cadrant  assez  bien  avec  les  deux  expériences  précitées. 

4°  Les  courbes  expérimentales  M  :=_/"(/")  de  M.  Riabouchinsky  et  de  M.  Râteau 
donnent  poitr  /■  des  val&urs  diverses,  généralement  inférieures  à  l'a  valeur  o, 5  de  la 
théorie  Râteau  ;  c'est  ce  que  ma  théorie  permet  d'obtenir. 

à»  Le  point  bas  de  ces  couirbes  se  trouve  sensililement  sur  l'axe  /uro.  en  tout  cas 


1698  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

à  une  dislance  positive  de  la  droite  0^0.  Avec  la  forme  s^(i-\-bi  proposée  par 
M.  Râteau,  où  b>o,  il  en  serait  à  la  distance  —  b.  Au  contraire,  ma  formule  de  H 
cadre  bien  avec  les  expériences,  car  p.j3,  nul  pour  le  plan,  est  toujours  très  faible,  et 
peut  être  nul  pour  les  surfaces  incurvées,  en  raison  de  la  forme  ix. 

6°  L'evpression  5„+).|j^  rend  bien  compte  des  résultats  de  M.  Riabouchinskv. 


'    MAGNÉTISME.    —    Stabilité  cF aimantation  des  poteries  lacustres.  Note 
de  M.  Paul  3Iercasto.\,  présentée  par  M.  Lippmann. 

La  méthode  imaginée  par  G.  Folgheraiter  pour  déterminer  le  sens  et  la 
grandeur  de  l'inclinaison  magnétique  terrestre  au  moyen  des  terres  cuites 
naturelles  et  artificielles,  repose  sur  cette  hypothèse  essentielle  que  Taiman- 
lation  prise  par  Fargiie  pendant  sa  cuisson  n'a  pas  varié  ensuite  au  cours 
des  âges.  Folgheraiter  en  a  donné  la  démonstration  pour  la  céramique 
grecque  et  étrusque;  Bernard  Brunhes  et  David  l'ont  fait  également  pour 
certaines  argiles  cuites  naturelles  du  (Cantal  et  du  Puy-de-Dôme)  Plateau 
central  français.  Depuis  longtemps,  j'applique  la  méthode  de  Folgheraiter 
aux  poteries  palaffittiques;  ces  poteries  sont  souvent  insuffisamment  et 
irrégulièrement  cuites;  il  m'a  paru  de  tout  temps  nécessaire,  vu  ces  con- 
ditions défavorables,  de  contrôler,  à  leur  endroit,  la  validité  de  l'hypothèse 
fondamentale  de  leur  stabilité  magnétique. 

Cette  vérification,  d'une  technique  très  simple,  est  rendue  malaisée  par  le  manque 
de  matériel  adéquat.  Ce  matériel  consistera,  en  eflet,  en  pièces  de  céramique,  d'ori- 
gine certaine,  trouvées  à  l'état  de  fragments  éparpillés  au  voisinage  les  uns  des  autres, 
et  dont  on  puisse  affirmer  que  le  bris  est  bien  contemporain  de  l'enfouissement  et  non 
pas  dû  à  la  maladresse  des  fouilleurs. 

Ces  fragments  sont  étudiés  un  à  un,  au  magnétomètre  et  leur  distribution  magné- 
tique repérée  exactement.  Si  l'aimantation  prise  à  la  cuisson  est  stable,  les  fragments 
n'auront  pas  réagi  magnétiquement  les  uns  sur  les  autres  d'une  manière  durable  et  le 
champ  terrestre  n'aura  pas  non  plus  modifié  leur  aimantation.  Chaque  fragment  aura 
donc  conservé  la  distribution  magnétique  correspondant  à  sa  position  dans  le  vase 
reconstitué,  et  l'aimantation  globale  du  vase  sera  encore  telle  qu'elle  était  à  l'époque 
lie  sa  fabrication. 

Sinon  le  désordre  de  la  distribution  magnétique  se  révélera  aussitôt. 

.l'ai  pu  appliquer  ce  critère  :  1°  à  un  vase,  recueilli  en  fragments  nom- 
breux par  M.  F. -A.  Forel  dans  une  tombe  du  Boiron  de  Morges;  ce  vase, 
d'une  pâte  rouge  assez  dure  et  bien  cuite,  est  du  bel  âge  du  bronze  des 
[lalaffittcs; 

■2°  A  un  vase  du  même  âge,  trouvé  également  brisé  en  plusieurs  pièces 


SÉANCE  DU   i3  JUIN   1910.  iSgg 

dans  la  station  de  Corcellettes  (lac  de  Neuchàtel);  ce  vase  a  séjourné  long- 
temps dans  l'eau,  à  l'état  fragmentaii'c,  dès  l'époque  de  sa  fabrication, 
comme  en  témoigne  l'aspect  des  cassures;  il  est  d'une  pâte  plus  tendre,  mal 
cuit  et  peu  aimanté. 

Pour  l'un  et  l'autre  vase,  l'examen  magnétoniétrique  a  indiqué  une 
distribution  magnétique,  tant  des  tessons  que  de  la  pièce  reconstituée,  en 
tous  points  conforme  à  l'hypothèse  de  la  stabilité  complète  de  Taimentation. 

La  méthode  de  Folgheraiter  est  donc  applicable  à  la  céramique  palaffit- 
tique  et,  par  extension,  presque  sûrement  à  la  céramique,  de  fabrication 
tout  à  fait  analogue,  d'autres  âges  préhistoriques. 

Comme  les  vases  antérieurement  étudiés  par  moi,  les  deux  vases  ont 
révélé  qu'au  bel  âge  du  bronze  l'inclinaison  magnétique  terrestre  était 
boréale  et  plutôt  forte  en  Suisse. 

CHIMIE    MINÉRALE.    —    Sur  quelques  sulfates    doubles    de   thorium. 
Note  de  M.  Iîakke,  présentée  par  M.  H.  Le  Chatelier. 

Sulfates  doubles  de  iJiorium  et  de  potassium.  —  On  ne  connaît  d'une  façon 
certaine  que  le  sel  îIv-SO',  Th(^^S()'')-,  aH^O,  obtenu  pour  la  première  fois 
par  Berzélius  (  '  ),  et  qui  a  fait  l'objet  d'une  étude  cristallographique  de 
Wyrouboff  (-).  Berzélius  a  constaté  que  ce  sel  est  complètement  insoluble 
dans  une  solution  saturée  à  froid  de  sulfate  de  potassium. 

Poursuivant  les  recherches  entreprises  sur  les  sels  doubles  formés  par  les 
sulfates  peu  solubles  avec  les  sulfates  alcalins,  j'ai  étudié  la  solubilité  du 
sulfale  de  thorium  dans  des  solutions  de  sulfate  de  potassium  de  concentra- 
tion croissante.  A  la  température  ordinaire  (lO"),  on  constate  d'abord  un 
accroissement  considérable  de  la  solubilité  du  sulfate  de  thorium,  puis  une 
diminution  extrêmement  rapide;  enfin  on  arrive  à  une  complète  insolubilité. 
^'oici  les  nombres  obtenus,  rapportés  à  100  parties  d'eau  : 

K=SU'.  Tli(SO')^ 

0 , oou  I , 890 

0 ,  '1 24  I  ,  667 
I ,Oo4  2, 193 

1 ,  i."J2  3, 191 
i,>.9.|                                           2,5i4 

(')  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  1"  série,  t.  XI^III,  i83o,  p.  5. 
(-)  Dulleliii  de  la  Société  minéralogique,  l.  XXIV,  1901,  p.  io5. 


jgoQ  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

K-SO'.  Tli(SO')-- 
1,383.  j.aaa 

1,3 '18  1,706 

1,378  1,63; 

I ,487  o , 870 

1 ,633  0,635 

1,844  0,370 

■î,ji3  0,138 

3 ,  092.  Q ,  070 

4,0.10  0,027 

4,83.5  o,oo3 

Quoique  assez  peu  nettement,  on  distingue  plusieurs  branches  dans  la 
courbe  obtenue  en  portant  K-SO'  en  abscisse  et  Th(  SO')'  en  ordonnée. 
Ces  diverses  branches  de  courbe  correspondent  à  trois  sels  doubles  din(''- 
rents  : 

1"  ïli(S0')-.k^SO^.4H"-(  ),  tînes  aiguilles  entrelacées. 

Trouvé.  Calculé. 

H^O to,85  10,73 

ThO^ 39, .5  39,44 

SO' 3.5,6  35,79 

■>-"  Th(SO*)*.aK'''SO'.  3H-O,  petits  cristaux  triciiniques,  perd  son  eau  de  cristal- 
lisation au-dessous  dc:  loo". 

3°  ïh(S0')''.3 ,5K-S0*,  cristaux  beaucoup  plus  petits  que  les  précédents,  mais 
paraissant  de  même  forme.  De  très  nombreuses  analyses  de  ce  sel  ont  été  faites;  elles 
ont  toujours  donné  : 

TbO' 25,75 

SO'' 42,00 

F^a  formule  indiquée  exige  Tli(J^=  35. 5();  SO'^  42,57. 

La  présence  <reau  de  cristallisation  n'a  pu  être,  constatée,  même  en  chauffant  au 
voisinage  de  la  décomposition  du  sulfate  de  thorium.  C'est  ce  sel  qui  se  forme  pour 
une  concentration  en  sulfate  de  potasse  supérieure  à  3,5  pour  100,  et  qui  peut  élre 
considéré  comme  complètement  insolujjle  dans  des  solutions  de  K-SO'  de  concentra- 
tion supérieure  à  5  pour  loo. 

.\  75°,  j'ai  retrouvé  les  mêmes  sels,  mais  partiellement  décomposés;  le  sulfate  de 
thorium  en  effet  se  transforme  en  sel  basique  à  partir  d'une  température  voisine  de  55". 
Seul  le  dernier  sel  double  présente  une  décomposition  très  faible. 

Sul/dle  de  thorium  cl  de  sodium.  —  A  la  teuipérature  ordinaire  (16"),  la 
solui)ilitr  du  sulfate  de  ihoriuiu  dans  des.  solulious  de  sulfate  de  sodium  de 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  I91O.  ]6ôl 

concentration  croissante  est  la  suivante  : 


Na-SO» 

Tl){SO')= 

dans 

100  parties  d'eau. 

dans  100  parties  d'eau, 

'  ,094 

1,743 

1,960 

4,387 

3,84 

3,800 

2,98 

3,962 

4,11 

3,375 

5,79 

2 ,  i36 

9,35 

«,379 

.2,24 

1,169 

i5,36 

i,o48 

Comme  on  le  voit,  la  solubilité  présente  encore  un  maximum  très  pro- 
noncé, mais  on  n'arrive  plus  à  l'insolubilité  complète.  Un  seul  sulfate  double 
prend  naissance  dans  ces  conditions;  c'est  celui  obtenu  par  Glève  (')  et  qui 
répond  à  la  formule  Th(SO')vNa- S0'.6H»0. 

Sulfates  de  thorium  et  d' ammonium.  —  Les  résultats  les  plus  nets  ont  été 
obtenus  avec  le  sulfate  d'ammonium.  La  solubilité  du  sulfate  de  thorium 
est  augmentée  d'une  façon  considérable  par  la  présence  de  (NH'')^SO''. 
Voici  les  résultats  obtenus  à  la  température  ordinaire  (16")  pour  100  par- 
lies  d'eau  : 

(NH')-SO'.  Th(SO')=. 

2,i3  3,36i 

4 , 80  5 ,  269 

10,02  *  8,947 

16, 56  i3,33o 

28,00  10,359 

35,20  91821 

45,14  6,592 

49, o5  5,750 

52,88  4,583 

69,74  1,653 

Si  l'on  porte  en  abscisse  (NH' )-S0*  et  en  ordonnée  Th(SO''  Y ,  la  courbe 
obtenue  présente  quatre  branches  : 

1°  La  première  correspond  à  Th(SO')-  comme  phase  solide  de  o  à  16, 5  pour  100 
de(iMP)'SO'; 


(')  Bulletin  de  la  Société  cliimique  de  Paris,  t.  XXI,  1874,  p.  ii5i 


l6o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

2"  La  deuxième,  de  iG,5  à  35,2  pour  loo  de  (i\H')-SO',  correspond  au   sulfate 
double 

Th(SO»)«.(NH*)2SO',4U^O, 

qui  avait  été  obtenu  une  seule  fois  par  Rosenheim,  Samter  et  Davidsolin  ('),  et  qui 
n'avait  pu  être  reproduit  par  ces  auteurs; 

3°  A  la  troisième  branche  de  courbe,  de  35,2  à  5i  pour  loo  de   (Nil')-SO*,  cor- 
respond le  sulfate  double 

Th  (S0')^  2  (  i\H'  )''S0''.  2  ir-0, 

obtenu  pour  la  première  fois  par  Rosenheim,  Samter  et  Davidsolin; 
4°  Enfin,  à  la  dernière  branche  de  courbe  correspond  le  sulfate  double 

Th  (S0>  )S  3  (  Nil' )2  S0>,  3  HMI). 

Ce  sel  a  été  obtenu  en  gros  prismes  monocliniques  parfaitement  transparents. 

Trouvé.  CiilciiK-. 

Perte  au  rouge  naissant  [(NH*)'^SOS  .iH'O]  ....      3i  ,34  ôi  ,4J 

so' 45,62  45,72 

ThO^ 3o,47  ■iori^\ 

■  En  résumé,  lorsqu'à  une  solution  de  concentration  croissante  en  sulfate 
alcalin  on  ajoute  du  sulfate  de  thorium,  on  constate  que  ce  sulfate  se  dis- 
sout abondamment;  au  bout  de  quelques  instants  d'agitation,  il  se  dépose, 
dans  certaines  conditions  de  concentration,  des  sulfates  doubles,  au  nombre 
de  trois  pour  le  sulfate  de  potasse,  un  pour  le  sulfate  de  soude  et  trois  pour 
le  sulfate  d'ammoniaque. 


CHIMIE  MINÉRALE.   —   Sur  roxydation   de  l'amalgame  d'aluminium. 
Note  de  M.  P.  Roger- Jourdain,  présentée  parM.  H.  LeCliatelier. 

Dans  une  Note  précédente  (-),  concernant  la  teneur  en  eau  de  l'alumine 
provenant  de  l'oxydation  à  l'air  de  l'amalgame  d'aluminium,  nous  avions 
déjà  signalé  la  présence  de  gaz  dans  le  corps  obtenu.  Ces  gaz  sont  de 
l'acide  carbonique  et  de  l'oxygène,  qui  ne  sont  pas  simplement  occlus  dans 
la  matière,  comme  nous  l'avions  pensé  d'abord,  mais  bien  combinés  à 
l'alumine.  Cette  combinaison  est  assez  stable  à  froid,  elle  ne  se  décompose 


(')  Zeitsclirifl  fiir  anorganische  Chemie.  t.  XXW,  1903,  p.  4''4- 
('■')  Comptes  rendus,  t.  150,  p.  Sgi,  igio. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I910.  l6o3 

que  très  incomplètement  et  avec  une  extrême  lenteur  dans  le  vide  à  la  tem- 
pérature ordinaire.  La  décomposition  devient  au  contraire  rapide  à  rio°  et 
instantanée  à  160°. 

Une  preuve  directe  de  l'existence  d'une  combinaison  est  que  d'autres 
gaz,  l'acétylène  par  exemple,  dont  la  condensation  dans  les  corps  poreux 
est  habituellement  du  même  ordre  que  celle  de  l'acide  carbonique,  n'est 
aucunement  absorbé  par  cette  matière.  D'autre  part,  une  fois  qu'on  a 
extrait  à  chaud,  dans  le  vide,  les  gaz  combinés,  la  matière  n'est  plus  apte  à 
les  réabsorber  à  froid,  comme  cela  a  lieu  dans  les  phénomènes  d'occlusion. 

L'alumine  obtenue  par  oxydation  à  l'air  ordinaire  dégage  à  chaud  dans 
le  vide  un  volume  de  gaz  sensiblement  constant  d'une  préparation  à 
l'autre  :  27'"'', 8;  3o''"'',4;  28"'"°, 7;  soit,  en  nombre  rond,  3o°'"'  pour  is  de 
matière  hydratée,  c'est-à-dire  60'°''  pour  i»  d'alumine  anhydre,  puisque  la 
perte  à  la  calcination,  comme  nous  l'avons  montré  précédemment,  est 
voisine  de  5o  pour  100. 

Ces  gaz  sont  exclusivement  composés  d'un  mélange  d'acide  carbonique  et  d'oxy- 
gène. Dans  une  jjremière  expérience,  nous  avions  trouvé  exactement  le  rapport  de 
3'°'  de  Go-  pour  i*"'  de  O',  ce  qui  pouvait  faire  penser  à  l'existence  d'un  percar- 
bonate;  mais  dans  des  expériences  successives  les  résultats  ont  été  très  variables, 
comme  le  montrent  les  compositions  centésimales  suivantes  des  mélanges  gazeux 
recueillis  : 

C0= 65,2  68,0  84,6  80,5 

O^ 34,8  32,0  1 3 , 4  19)5 

11  est  plus  probable  que  l'on  a  affaire  à  un  mélange  d'un  carbonate  d'alu- 
mine et  d'un  peroxyde,  indépendants  l'un  de  l'autre.  S'il  en  est  ainsi  on 
doit  pouvoir,  en  changeant  la  composition  de  l'atmosphère  où  se  fait  l'oxy- 
dation, faire  varier,  dans  de  larges  limites,  les  proportions  relatives  des 
deux  gaz  combinés.  Voici  les  résultats  des  trois  expériences  faites  parallè- 
lement dans  l'air  ordinaire,  dans  de  l'air  additionné  d'acide  carbonique, 
dans  de  l'acide  carbonique  mêlé  d'un  peu  d'air  : 

Volume  total  C0=  O- 

Atinosplière.  pour  le.  pour  100.  pour  100. 

Air  ordinaire 3o  76  25 

Air  chargé  de  GO- 5~  85  i5 

Acide  carbonique 43  »  » 

L'air  sec,  l'oxygène  sec  et  l'acide  carbonique  sec   ne  paraissent  avoir 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  24.)  2IO 


j6o4  académie  des  sciences. 

aucune  action  sur  ramalgauie  d'aluminium.  La  présence  de  l'eau  est  indis- 
pensable. 

Celle-ci  d'ailleurs,  dans  le  vide  et  en  l'absence  d'oxjgène,  oxyde  facilement  l'alu- 
minium avec  dégagement  d'hydrogène  :  mais  dans  le  cas  de  mélanges  gazeux  renfer- 
mant de  l'oxygène,  la  majeure  partie  de  l'oxydation,  peut-être  la  totalité,  est  produite 
par  l'absorption  directe  du  gaz  libre.  Une  cloche  de  7'  fut  remplie  d'oxygène  et 
maintenue  saturée  d'humidité  par  l'addition  d'une  certaine  quantité  d'eau  liquide 
placée  dans  une  capsule;  sous  la  même  cloche,  on  maintint  pendant  .\S  heures  de 
l'amalgame  d'aluminium  qui  s'oxyda  en  donnant  la  couche  pulvérulente  habituelle 
d'alumine.  Au  bout  de  ce  temps  la  pression  avait  diminué  dans  la  cloche  de  7™  de 
mercure;  il  y  avait  donc  bien  eu  absorption  d'oxygène,  grâce  à  la  présence  de  l'eau 
qui  exerce  là  une  sorte  d'action  calalvtii[ue. 

Cette  alumine,  carbonatée  et  oxygénée,  se  dissout  dans  les  acides  avec 
effervescence.  L'acide  carbonique  se  dégage,  mais  la  totalité  de  l'oxygène 
passe  à  l'état  d'eau  oxygénée  ('),  dont  le  dosage  par  le  permanganate  de 
potasse  conduit  aux  mêmes  teneurs  en  oxygène  que  la  mesure  directe  du 
volume  de  ce  gaz  dégagé  par  la  chaleur. 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Examen  de  liquides  dégagés  par  lad  ion  de  l'air 
sur  la  houille,  entre  120°  et  200".  Note  de  MM.  P.  M.4hler  et  E.  Ch.4RO.\, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

L'étude  de  l'action  de  l'air  sur  la  houille  a  fourni  à  l'un  de  nous 
quelques  observations  qui  ont  fait  l'objet  d'une  récente  Communication  (  -  ). 
Il  a  soumis  des  échantillons  bien  desséchés  de  houilles  d'Anzin,  de  Cour- 
rières,  d'Azincourt  et  de  Decazeville  à  l'action  d'un  courant  d'air,  sous 
des  températures  croissant  depuis  la  teiupérature  ordinaire  jusqu'à  200". 
Il  a  constaté  que  cette  action,  dès  une  température  relativement  basse, 
dégage  de  l'oxyde  de  carbone,  du  gaz  carbonique  et  de  l'eau. 

Jusqu'à  100°  environ,  l'eau  condensée  ne  présente  pas  de  particularités. 
Entre  i25°et2oo'',  le  dégagement  d'eau  prend  un  accroissement  considé- 
rable. Il  s'agit  là,  sans  doute,  d'eau  de  constitution  provenant  de  la  déshy- 

(  ')  Depuis  que  nous  avons  fait  ces  recherches,  M.  Georges  Friedel  nous  a  signalé 
que  .M.  Mayençon.  professeur  au  lycée  de  Saint-Etienne,  avait  depuis  longtemps  déjà 
remarqué  les  propriétés  oxydantes  de  cette  alumine,  mais  sans  avoir  fait  aucune 
publication  à  ce  sujet. 

(-)   Comptes  rendus,  l.  l.">(),  i"  seni.  1910,  p.  i.")2i. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  l6o5 

diatalion  OU  delà  déshydrogénation  de  certains  éléments  du  charbon, 
puisque  des  faits  reconnus  montrent  que  l'opération  étudiée  est  une  véri- 
lahle  oxydation,  à  basse  température. 

Nous  avons  recueilli  de  ce  liquide  obtenu,  pendant  le  chauffage  au-des- 
sus de  125",  une  quantité  suffisante  pour  Texaminer. 

Il  est  transparent,  limpide,  sans  trace  appréciable  de  produits  insolubles.  Son  odeur 
est  celle  que  Ton  perçoit  près  des  grands  amas  de  charbon  :  odeur  qui  semble  due 
aux  corps  dont  nous  parlons  plus  loin  et  à  des  traces  de  carbures  volatils.  Il  est  net- 
tement acide,  surtout  quand  la  température  de  la  houille  a  été  élevée  au-dessus 
de  iSc.  Cette  acidité  dépend  principalement  de  la  présence  de  l'acide  acétique  et  elle 
peut  devenir  assez  grande.  Ainsi,  dans  un  cas,  le  dosage  de  l'acidité  totale  a  atteint 
22  pour  100,  avec  la  houille  de  la  veine  Mark  d'Anzin;  dans  un  autre  cas,  il  a  atteint 
'40  pour  100,  avec  la  houille  de  la  veine  Joséphine  de  Courrières  :  ces  dosages  pra- 
tiqués sur  des  liquides  provenant  de  houilles  chauiTées  à  200°. 

L'acide  acétique  a  été  idontilié  à  l'aide  des  méthodes  classiques.  On  a 
pu  aussi  l'isoler  sous  forme  d'acétate  et  le  régénérer  en  nature.  Il  paraît 
renfermer  des  traces  d'acide  formique.  Nous  n'avons  pu  constater  la  pré- 
sence des  homologues  supérieurs.  Il  eût  fallu,  pour  essayer  un  fractionne- 
ment, beaucoup  plus  de  litjueur  acide  que  ne  pouvait  nous  en  donner  notre 
inslallatiou,  à  l'I^cole  des  Mines. 

Dans  la  même  solution  aqueuse,  nous  avons  décelé  l'acétone,  notamment 
par  la  formation  de  l'iodoforme,  en  nous  entourant  de  toutes  les  précau- 
tions recommandées  par  les  auteurs  qui  ont  étudié  cette  réaction.  Comme, 
d'autre  part,  la  formation  de  l'iodoforme  peut  prêter  à  interprétation 
inexacte,  nous  avons  précisé  cette  présence  de  l'acétone  au  moyen  de  la 
réaction  très  sensible  due  à  M.  Denigès  ('  ).  Les  quantités  d'acétone  obser- 
vées sont  certainement  inférieures  à  celles  d'acide  acétique. 

L'action  même  prolongée  du  bisulfite  de  rosaniline  ne  nous  a  pas  décelé 
la  présence  d'aldéhydes. 

Enfin  nous  avons  cherché  l'alcool  méthylique  et  nous  en  avons  démontré 
l'existence,  notamment,  par  la  méthode  de  M.  Denigès  (-). 

Nous  poursuivons  cette  étude.  Mais  nous  remarquons,  dès  à  présent,  que 
les  corps  que  nous  avons  mis  en  évidence  sont  justement  les  corps  princi- 
paux dégagés  par  la  distillation  du  bois. 


{')  Bull.  Soc.  cit.,  3=  série,  t.  XXI,  p.  2^1. 

C^)  Comptes  rendus,  t.  150,  i""'  sem.  1910,  p.  882. 


l6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Sur   le   méthyl-1    élhanoyl-i    cyclohexane. 
Note  de  M.  P.-J.  Tarbouriecu,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

Dans  une  Note  antérieure  (  '  )  j'ai  indiqué  que  le  cyclohexanol-a  diméthvl- 
carbinol-i  iC^H'^OH  — 'COH  =  (CH')-  se  déshydrate  sous  l'action  de 
certains  acides  en  donnant  simultanément  naissance  à  un  corps  cétonique 
de  composition  CH'^O.  et  un  hydrocarbure  qui  diffère  du  précédent  par 
une  molécule  d'eau  en  moins  et  répond  à  la  composition  C"H'*. 

La  formation  de  la  cétone  ci-dessus,  aux  dépens  du  glycol  hitertiaire 
primitif,  s'accompagne  évidemment  d'une  transposition  moléculaire  dont  il 
était  intéressant  de  déterminer  le  sens. 

Dans  le  but  d'établir  la  constitution  de  la  cétone  C'''H"'0  on  a  soumis 
ce  produit  à  l'oxydation  par  le  permanganate  de  potasse  en  solution 
alcaline. 

Pour  cela  une  molécule  de  cétone  est  versée  dans  une  solution  de  permanganate 
(2™°')  à  3  pour  100,  contenant  i  pour  100  de  soude.  Au  bout  de  24  heures,  le  perman- 
ganate étant  complètement  décoloré,  on  entraîne  à  la  vapeur  la  céloue  qui  n'a  pas 
réagi,  et  après  avoir  mis  en  liberté  par  HCI  le  produit  d'oxydation  on  l'extrait  à 
l'étlier. 

Le  produit  ainsi  obtenu,  distillé  dans  le  vide,  donne,  eu  proportions  d'ailleurs 
très  inégales,  deux  portions  :  l'une  passant  à  i^o^-iôo"  sous  28'"™  et,  en  bien  moindre 
quantité,  une  deuxième  portion  passant  vers  220°  sous  25™'". 

La  première  portion  est  constituée  par  un  acide  répondant  à  la  composi- 
tion CH'^O^  et  qui,  rectifiée,  bout  à  141°  sous  20""";  sa  constitution  est 

11     1-  1  ■.     ■        A    f  I    .^ou.o/CO-CO*H(i)  , 

celle  d  un  acide  a-cetonique  de  lormule  C  H  \    „„.,  ,  ,  ^     comme  le 

montrent  les  faits  ci-dessous. 

L'acide  C"  H"' O'  donne  une  semicarbazone  qui,  après  recristallisation 
dans  l'alcool  étendu  fond  à  198°.  Ce  produit  possède  encore  sa  fonction 
acide  comme  le  montrent  sa  solubilité  dans  le  carbonate  de  potasse  et  la 
faculté  qu'il  a  de  donner  des  éthers. 

En  effet  la  semicarbazone  de  l'acide  C'H'*0',  en  solution  dans  l'alcool  méthjlique, 
traitée  par  le  sodium  et  le  sulfate  de  mélhjle,  donne  un  éther  méthylique,  peu  solulde 
dans  l'étlier  et  la  benzine  et  qui,  après  recristallisalion  dans  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux 
dissolvants,  fond  à  i58°. 


(')  Comptes  rendus,  t.  C.\LI\,  p,  604. 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  1910.  1607 

D'autre  pari  l'acide  C  M'  '  ()',  donne  une  oxime  parfaitement  cristallisée, 
(jui  se  décompose,  sans  fondre,  vers  160°.  Ce  dérivé  cristallise  particulière- 
ment hies  dans  l'alcool  niéthylique. 

L'oxime  ci-dessus  possède  la  propriété  des  oximes  d'acides  a-céloniques, 
de  se  décomposer  sous  l'action  de  la  chaleur  avec  perte  de  CO^  et  H-0.  Il 
en  résulte  la  formation  d'un  nitrile  de  formule  C'H"CAz.  Cette  cyanhj- 
drine  bout  à  180"  à  la  pression  ordinaire. 

Hydratée  au  moyen  de  la  potasse  à  3o  pour  100  dans  l'alcool  méthylique, 
elle  donne  un  acide  C'H'''CO^H  qui  bout  à  i36°  sous  23™°^  et  se  prend 
par  refroidissement  en  cristaux  fondant  à  39". 

Le  chlorure  de  cet  acide  C'Il''COCl  est  un  liquide  d'odeur  très  désa- 
gréable, bouillant  à  85°  sous  24""". 

Traité  par  le  gaz  ammoniac  sec  dans  l'étlier  absolu,  il  donne  une  aniide 
P.  F.  66°). 

La  composition  chimique  et  les  constantes  physiques  de  ces  derniers 
composés  identifient    l'acide   C'H"CO-H    avec   l'acide    méthyl-i-cyclo- 

hexylcarbonique-i,  C"H"\  ,,,..,,,  ,      déjà  obtenu  par  N.-D.  Zelinski  et 
•'  '        '  \CO''H(^i)      J  ' 

I.  Goutta  (  ')  et  permettent  d'établir  d'une  façon  définitive  la  structure  de 

la  cétone  initiale  et  de  son  principal  produit  d'oxydation. 

Il  résulte  de  ces  faits  que,  pendant  la  déshydratation  du  glycolbitertiaire 

primitif  CH'^OH  —  COH  =  (CH')-,  l'un  des  groupes  méthyle  émigré 

sur  le  noyau  hexahydrobenzénique  et  s'y  fixe  en  position  i,  pour  donner  le 

/CHHi) 
méthvl-i  éthanovl-i  cyclohexane  :  C'''H'"s    „^       „,t., 

•^  -  -  \C0  —  Clr  (i) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Noiweaux  cas  (V oxydabilité  spontanée 
avec  phosphorescence .  Note  de  M.  Marcel  Dei.kpi.ve,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 


J'ai  indiqué  que  onze  composés  sulfurés  de  trois  familles  différentes  con- 
tenant le  groupement  ^  =  C  (^  étaient  phosporescents  par  oxydation 
spontanée    à    l'air   (  -  ).    La    même    propriété    a   été   retrouvée  dans    les 

(')  Journ,  Soc.  pitys.  chini.  A'.,  t.  XXXVIII,  1906,  p.  477-i7<S,  fasc.  3  (liiill.  Soc. 
chirn.^  l.  H,  1908,  p.  999). 

(2)   Comptes  rendus,  t.  150,   1910,  p.  876. 


l()o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

deux  éthers  chlorosulfocarboniques  CH''0.CS.C1  (cb.  107°- 108°)  et 
C-H'O.CS.Cl  (éb.  127°- 128")  ;  Us  fument  et  luisent  fortement.  11  en  est 
de  même  du  composé  CH'O  .  CS .  CH^  {  éh.  H^^-.Sq")  obtenu  avec  CH'Mgl 
et  CHM3.CS.C1. 

Par  contre  un  grand  nombre  de  composés  possédant  des  groupements 
différents,  ou  de  l'hydrogène  sur  l'azote  lié  au  carbone  (comme  dans 
(]1I'0.CS.NH-),    ou    même    possédant    les    groupements    isomériques 

/  /Q__ 

OiC^'  ^-'\  c         ne  sont  pas  phosphorescents. 

Fait  remarquable,  le  chlorosulfure  de  carbone  CSCI*  est  oxydable  avec 
une  forte  émission  de  lumière.  Ces  nuages  opaques  qu'il  forme  instantané- 
ment à  l'air  et  que  l'on  a  toujours  considérés  comme  résultant  de  sa  décorti- 
position  par  la  vapeur  d'eau  (malgré  que  l'eau  ne  le  décompose  que 
lentement)  sont  des  jDroduits  de  combustion  spontanée:  ils  sentent  l'oxy- 
chlorure  de  carbone  et  contiennent  beaucoup  d'acide  sulfurique. 

Toutes  ces  observations  seront  détaillées  ailleurs  ;  à  leur  propos,  je  dois  signaler 
qu'un  élève  de  M.  O.  Billeler,  M.  H.  Berthoud,  ,1  étudié  en  igoS  Tautoxydation  des 
étliers  sulfocarbamiques  bisubstitués.  Ce  travail  a  fait  l'objet  d'une  thèse,  mais  n'a  pas 
été  publié  dans  les  périodiques  ;  j'en  ai  eu  connaissance  par  une  lettre  de  M.  U.  Bil- 
leter  en  date  du  3  juin  1910.  MM.  O.  Billeler  et  H.  Bertlioud  n'ont  pas  vu  les  phos- 
phorescences qui  accompagnent  ces  oxydations;  ils  ont  également  signalé  des  composés 
contenant  S  —  (]  et  non  spontanément  oxydables. 


CHIMIE    ORGANIQUE.       -     Remarque    sur    l'acidité   des    dérivés   de    l'éUter 
o. valacé tique .  Note  de  M.  H.  Gault,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

L'éther  oxalacétique  et  ses  déiùvés  jouissent  de  propriétés  acides  carac- 
téristiques qui  peuvent  être  mises  en  évidence  par  un  certain  nombre  de 
phénomènes  chimiques  cl  physico-chimiques  ('). 

.T'ai  observé  que,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  cette  acidité  est  sufli- 
sante  pour  permettre  un  titrage  de  ces  éthers  en  présence  de  phénolphta- 
léine,  le  titrage  en  présence  d'' hélianthine  ne  donnant,  au  contraire,  aucun 
résultat.  On  peut  baser  sur  cette  observation,  qui  constitue  une  confirma- 
tion de  la  formule  énolique  attribuée  aux  dérivés  oxalacétiques  (^),  une 
véritable  méthode  de  détermination  de  poids  moléculaires  ou  tout  au  moins 

(')  Drude,  Berichle,  t.  \XX,  p.  962;  Bri'hl,  J.  pr.,  2'  série,  t.  L,  p.  i4o. 

(')  Dride  et  Briiil,  toc,  cit.:  comp.  Perki.n,  Joiirn.  clicni.  Soc,  t.  LXI,  p.  1S08. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    19IO.  1609 

un  procédé  de  recherche  du  nombre  des  atomes  d'hydrogène  acides  dans 
ces  composés. 

Le  titrage  s'efi'ectue  très  facilement  en  milieu  alcoolique  ou  acétonique 
dilué,  neutre;  le  titrage  en  retour  présentant,  dans  certains  cas  où  l'énoli- 
sation  semble  progressive,  de  grands  avantages  sur  le  titrage  direct.  Enfin, 
il  est  évidemment  nécessaire  d'opérer  à  basse  température  de  façon  à  éviter 
toute  saponification. 

Dans  le  cas  de  dérivés  oxalacétiques  renfermant  à  c(ké  de  fonctions  éno- 
liques  une  ou  plusieurs  fonctions  acides  vraies,  deux  titrages  successifs,  l'un 
en  présence  de  phénolphtaléine,  l'autre  en  présence  d'hélianthine,  per- 
mettent de  se  rendre  compte  du  nombre  et  de  la  nature  des  atomes  d'hy- 
drogène acides  contenus  dans  la  molécule. 

Mes  essais  ont  porté  successivement  sur  les  éthers  oxalacéti({ue,  méthy 
lènebisoxalacétique,éthylidènebisoxalacélique,propylidènebisoxalacétique, 
œnanthylidènebisoxalacétique  .  oxalsuccinique  ,  méthyloxalsuccinique  , 
a-oxalglutarique,  cYclopentanedione-2  .  '^-dicarbonique-i .  4,  a-mono\altri- 
carballylique,  cyclopentanedione-2  .  3-tricarbonique- i .  4.  5  et  sur  l'éther 
acide  cyclopentanedione-2  . 3-dicarbonique- 1 . 5. 

J'ai  réuni  dans  le  Tableau  suivant  les  résultats  obtenus  en  les  rapportant 
aux  poids  moléculaires  des  différents  éthers  étudiés  : 

A.  —  l'Jtliers  lenfennant  un  atome  (Vliydrogène  acide. 

Poids  moléculaire. 
Calculé.  Trouvé. 

IClher  oxalacétique 1S8  i83,    184 

»       oxalsuccinique 274  2<J8 

»       méthyloxalsuccinique 288  183,    180,    170 

i>       a-oxalglutarique 288  288 

»       a-oxaltricarballylique 360  264,269 

B.  —  Éthers  renfermanl  deux  atomes  d' hydrogène  acides. 

l'éther  méthylénebisoxalacétique  anliyche 388  i()'i 

»                             »                           hydraté 406  4oo 

.     »       éthylidènebisoxalacétique  hydraté 420  ^i\ 

»       propylidènebisoxalacétique  hydraté 434  4'î8 

«       œnanthylidènebisoxalacétique  hydraté 477  473 

1)      cyclopenlanedione-2.3-dicarbonique-i  .4.  .  .  242  238,   25o 

11       cyclopentanedione-2. 3-tricarboiii<|ue-i .  4 .0.  3i4  3io 

'  (phénolpht.)  )         , 

,  )  (2  fonct.  ac.)  )     "^      ^   "   " 
»      cyclopentanedione-2  .3-dicarbonique-i  ..5. .  .      2i4  <    ,1  ■,■      ,/   ^    > 
•        ^  '  i    [he/tanth.)   | 

(  (1  fond,  ac.)  ) 


l6lO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

De  tous  ces  composés,  l'éther  méthyloxalsuccinique  et  l'éther  monoxal- 
tricarballylique,  qui  peuvent  être  tous  deux  considérés  comme  des  déi-ivés 
de  l'éther  oxalsuccinique,  ont,  seuls,  donné  des  résultats  anormaux  et, 
quelles  que  soient  les  conditions  dans  lesquelles  je  me  sois  placé,  se  sont 
toujours  montrés  plus  acides  que  leur  constitution,  rigoureusement  établie 
d'autre  part,  ne  permet  de  le  concevoir. 

J'ai  l'intention  de  poursuivre  mes  recherches  sur  ces  dérivés  et  plus  géné- 
ralement sur  tous  les  composés  renfermant  le  complexe 

—  GO-CH(H)  _C0  — GO, 
en  me  plaçant  au  double  point  de  vue  chimique  et  physico-chimique. 

BOTANIQUE.  —  Sur  les  excrétions  des  racines.  Note  de  MM.  Brocq-Rousseu 
et  Edmond  Gai.\,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Il  n'a  jamais  été  démontré  rigoureusement  que  les  racines  étaient  capables 
d'excrétions  physiologiques.  L'expérience  classique  de  l'inlluence  des 
racines  au  contact  d'une  plaque  de  marbre  est  sans  valeur  à  ce  point  de  vue. 

Nos  expériences  ont  porté  sur  des  fèves  et  des  marrons  d'Inde.  Nous 
avons  recherché  hors  de  la  racine  la  présence  de  la  peroxydiastase  ([uc 
nous  savons  exister  en  grande  quantité  dans  les  graines  venant  de  germer. 
La  présence  de  cette  diastase  a  été  mise  en  évidence  par  la  méthode  clas- 
sique :  gaiac  -+-  H-()-  ou  gaiacol  -+-  H-O^.  Toutes  les  précautions  de  stéri- 
lisation des  vases  et  des  objets  ont  été  prises  pour  éviter  les  causes  d'erreur. 

Nous  avons  abandonné  la  méthode  des  cultures  pures  parce  qu'elle  pré- 
sente une  cause  d'erreur  inévitable  provenant  de  la  condensation  de  la  vapeur 
d'eau  dans  les  tubes  de  culture  nécessairement  bouchés,  cette  eau  se  trouvant 
momentanément  au  contact  d'autres  organes  que  la  racine. 

Nous  avons  répété  l'expérience  de  Uaciborsky  qui  avait  constaté  que  le 
liquide  qui  baigne  des  graines  en  germination  contient  de  la  peroxydiastase. 
Puisque  toutes  les  parties  de  la  graine  contiennent  de  la  diastase  et  baignent 
dans  le  liquide,  cela  ne  prouve  pas  que  les  racines  excrètent. 

I.  Des  fèves  en  gerniinalion  doiil  la  racine  a  3<'"'  à  6'"'  de  loni;ueur  sonl  lavées  dans 
de  l'eau  renouvelée.  Ces  lavages  enlèvent  toute  trace  de  peroxydiastase  adhérente  à  la 
racine.  Lors(]u'on  s'est  assuré  du  fait,  on  suspend  une  fève  au-dessus  d'un  petit  tube 
de  verre  renfermant  environ  3'^"''  d'eau.  On  y  fait  plonger  la  racine  en  veillant  à  ce 
que  le  bord  du  tube  ne  touche  pas  les  cotylédons.  Après  6  à  la  heures,  suivant  les 
variations  individuelles,  on  peut  constater,  par  une  réaction  colorée,  que  de  la 
peroxydiastase  est  sortie  de  la  racine. 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  I910.  l6ri 

Y  a-t-il  eu  excrétion?  On  peut  admettre  que  les  résultats  obtenus  sont  dus  soit  à 
une  exfoliation  de  la  coiffe  entraînant  de  la  diastase  dans  le  liquide,  soit  à  des  bles- 
sures de  la  racine  ou  des  poils  radicaux,  soit  à  un  simple  phénomène  osmotique. 

II.  La  fève  mise  en  expérience  est  trempée  jusqu'aux  poils  radicaux  dans  de  la 
paraffine  très  molle.  La  coille  se  trouve  ainsi  enrobée  sans  qu'aucun  débris  organique 
puisse  s'échapper.  Le  phénomène  de  sortie  de  la  peroxydiaslase  se  produit  comme 
dans  l'expérience  précédente.  L'exfoliation  de  la  coiflfe,  entraînant  mécaniquement  de 
la  diastase  dans  le  liquide,  n'intervient  donc  pas  dans  ce  phénomène. 

III.  a.  On  prend  une  fève  prête  pour  l'expérience  et  l'on  plonge  la  racine  dans  l'eau. 
Au  bout  de  10  minutes,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  le  liquide  n'indique  pas  la 
présence  de  la  diastase  recherchée. 

b.  La  même  fève  est  plongée  dans  un  tube  contenant  3""'  d'eau  salée  à  o,5  pour  100. 
Au  bout  de  2  à  5  minutes,  la  diastase  existe  dans  l'eau  salée. 

c.  La  même  fève,  sortie  de  l'eau  salée,  est  lavée  dans  de  l'eau  pour  entraîner  les 
restes  de  sel  et  de  diastase  adhérents;  on  la  replonge  dans  un  tube  contenant 
de  l'eau;  au  bout  de  10  minutes,  comme  en  a.  on  ne  constate  pas  la  présence  de 
diastase. 

d.  On  remet  la  même  plante  dans  un  tube  d'eau  salée  et  l'on  obtient  à  nouveau  la 
réaction,  comme  en  b,  en  quelques  minutes.  Cette  expérience  montre  bien  qu'il  n'y  a 
aucune  blessure.  S'il  en  existait  une,  la  diastase  s'écoulerait  dans  l'eau  après  la  sortie 
de  la  racine  de  l'eau  salée.  Elle  montre  aussi  qu'il  s'agit  bien  d'un  phénomène  osmo- 
tique physiologique. 

1\ .  Cet  échange  existe  dans  la  région  des  poils  absorljants.  En  eifet,  on  peut 
enrober  dans  la  paraffine  la  partie  inférieure  et  la  partie  supérieure  de  la  racine  en 
laissant  seulement  à  nu  une  partie  des  poils  absorbants.  Le  phénomène  osmotique  se 
produit. 

Avec  le  marron  d'Inde,  l'osmose  de  la  diastase  dans  l'eau  ordinaire  peut  se  produire 
déjà  au  bout  de  3  heures. 

Conclusion.  —  1°  Par  les  poils  absorbants  de  leurs  racines,  et  pendant  la 
première  péinode  de  leur  existence,  les  plantes  rejettent  de  la  peroxydiaslase 
dans  le  milieu  extérieur. 

2°  L'hypothèse  générale  de  l'excrétion  osmotique  par  les  poils  absorbants 
des  racines  est  vériliée  expérimentalement. 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  structure  des  branches  courtes  et  âgées  de  quelques  arbres . 
Note  de  M.  Jean  Daniel,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Certains  arbres  portent  trois  catégories  de  branches  :  1°  des  branches 
longues  à  pousses  annuelles  allongées  séparées  par  des  traces  gemmaires 

c.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  24.)  211 


1^12  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

assez  éloignées;  2°  des  branches  courtes  à  pousses  annuelles  réduites  sépa- 
rées par  des  traces  genimaires  rapprochées  et  plus  ou  moins  distinctes; 
')"  des  branches  mixtes  formées  par  une  succession  irrégulière  de  pousses 
longues  et  de  pousses  courtes. 

Je  me  suis  proposé  d'étudier  et  de  comparer  la  structure  que  présentent 
ces  diverses  branches  au  même  âge  chez  un  certain  nombre  d'arbres  (Hêtre, 
Charme,  Bouleau,  Sorbier,  Châtaignier,  Erable,  Frêne,  Ginkgo,  etc.). 

Deux  types  généraux  peuvent  être  distingués  :  celui  du  Hêtre  et  celui 
du  (Tinkgo. 

1°  Tyj)e  du  Uêlre.  —  Dans  les  branches  longues  du  Hêtre  le  diamètre  aug- 
mente rapidement  avec  l'âge  ;  les  branches  courtes  ont  une  forme  presque 
cylindrique  et  la  différence  de  diamètre  entre  la  base  et  le  sommet  est 
très  faible.  Les  pousses  annuelles  de  cette  dernière  sont  considérablement 
réduites  par  rapport  à  celles  de  la  branche  longue;  les  traces  gemmaires, 
qui  disparaissent  rapidement  dans  la  branche  longue,  sont  visibles  plus 
longtemps  dans  la  branche  courte  mais  Unissent  par  disparaître  au  bout 
d'un  temps  plus  ou  moins  long. 

On  peut  envisager  les  tissus  au  point  de  vue  de  leur  structure  et  au  point  de  vue  de 
la  surface  qu'ils  occupent  dans  la  coupe  transversale.  Dans  la  branche  courte,  le  liège 
est  formé  de  cellules  légèrement  plus  grandes  et  occupe  relalivemenl  plus  d'espace; 
le  phelloderme  et  l'écorce  sont  formés  d'un  plus  grand  nombre  d'assises  de  cellules 
plus  petites;  leur  surface  est  relativement  plus  grande  dans  la  branche  courte;  le  liber 
et  le  tissu  médullaire  sont  formés  d'éléments  semblal)ies  dans  les  deux  brandies;  leur 
importance  est  relativement  plus  grande  dans  la  branche  courte.  Les  dillérences  qui 
existent  entre  les  tissus  précédents  sont  moins  importantes  que  celles  qui  evislenl 
entre  les  tissus  ligneux  :  dans  la  branche  longue  les  couches  ligneuses  annuelles  con- 
centriques diminuent  lentement  d'épaisseur  quand  la  branche  vieillit;  elles  sont  long- 
temps visibles  et  permettent  d'en  déterminer  l'âge.  Dans  la  branche  courte  elles  dimi- 
nuent très  rapidement  d'épaisseur  et,  au  bout  de  la  septième  ou  de  la  huitième  année 
en\iron,  la  distinction  entre  le  bois  de  printemps  et  le  bois  d'automne  n'est  plus  pos- 
sible, par  suite  de  la  disposition  irrégulière  et  confuse  des  vaisseaux  et  des  fibres. 
A  partir  de  ce  moment  il  est  impossible  de  déterminer  son  âge. 

Dans  les  branches  mixtes,  les  tissus  peuvent  être  semblables  à  ceux  de  la  branche 
longue  ou  à  ceux  de  la  branche  courte,  ou  présenter  une  structure  intermédiaire;  les 
rapports  qui  existent  entre  leurs  tissus  ont  une  valeur  comprise  entre  celles  des 
mêmes  rapports  dans  les  deux  autres  branches.  Quand  l'âge  de  la  branche  mixte 
augmente,  la  netteté  des  couches  ligneuses  annuelles  diminue,  mais  moins  rapidement 
i|ue  dans  la  branche  courte;  il  arrive  aussi  un  moment  où  il  est  impossible  de  lixer 
exactement  son  Age. 

Les  autres  arbres  qtie  j'ai  étudiés  présentent  des  branches  analogues  à 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I910.  lGl3 

celles  du  Hêtre.  Il  y  a  entre  elles  des  différences  analogues  à  celles  que  je 
viens  de  sigjnaler  pour  celui-ci,  mais  ces  différences  sont  plus  ou  moins  accen- 
tuées, suivant  l'espèce  considérée. 

2"  Type  du  Ginkgo.  —  Dans  le  Ginkgo  biloba,  il  existe  également  des 
branches  longues,  des  branches  courtes  et  des  branches  mivtes.  Les  branches 
longues  sont  amincies  à  l'extrémité  terminale.  Les  branches  courtes  ont,  au 
contraire,  un  diamètre  plus  faible  à  la  base  qu'au  sommet.  L'augmentation 
du  diamètre  au  sommet  est  due  au  développement  des  tissus  cortical  et 
médullaire.  Ceux-ci  occupent  une  grande  surface  au  détriment  du  bois  qui 
est  peu  développé  et  ne  présente  pas  de  couches  annuelles  distinctes.  Les 
cicatrices  gcmmaires  de  la  branche  courte  se  confondent  avec  les  cicatrices 
foliaires  et  il  est  impossible,  par  suite,  de  compter  le  nombre  des  pousses 
annuelles.  Il  n'y  a  donc  aucun  moyen  morphologique  pour  la  détermination 
de  l'âge  des  branches  courtes  de  cet  ordre.  J'ai  constaté  qu'il  en  est  de 
même  dans  les  branches  mixtes,  ce  qu'on  pouvait  prévoir  d'après  ce  qui 
précède. 

De  cette  brève  étude  sur  les  arbres  qui  possèdent  des  branches  longues, 
des  branches  courtes  et  des  branches  mixtes,  on  peut  tirer  les  conclusions 
suivantes  : 

1°  La  branche  courte  se  distingue  de  la  branche  longue  par  la  réductif>n 
du  bois  et  la  disparition  de  ses  couches  annuelles,  par  la  diminution  du 
nombre  des  rayons  médullaires  et  par  l'augmentation  des  [)arenchymcs  el 
du  tissu  libérien  ; 

2°  La  branche  mixte  présente  les  mêmes  caractères  que  la  branche 
courte,  mais  ses  différences  avec  la  branche  longue  sont  moins  accen- 
tuées ; 

3°  Quand  l'arbre  a  acquis  sa  taille  maxima,  il  ne  produit  plus  que  des 
branches  courtes  et  des  branches  mixtes.  Il  résulte  de  là  que  les  productions 
ligneuses  annuelles  ne  présentent  plus  de  limites  nettes  à  partir  de  ce  uïo- 
ment.  Si  l'on  considère  alors  que  par  pincements,  greffes  ou  alternances 
climatologiques  on  peut  obtenir  dans  la  production  annuelle  plusieurs 
couches  ligneuses;  que  certains  végétaux  ne  possèdent  pas  de  couches  an- 
nuelles bien  distinctes;  que,  dans  les  plantes  où  ces  couches  sont  considérées 
comme  nettes,  elles  n'existent  que  pendant  une  durée  limitée,  on  peut  con- 
clure qu'il  est  impossible  de  déduire  d'une  façon  absolue  l'âge  d'une  plante 
d'après  le  nombre  de  ses  couches  ligneuses  apparentes. 


l6l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Formation  d'acroléine  dans  la  maladie  de 
l'amertume  des  vins.  Noie  de  M.  E.  Voisexet,  présentée 
par  M.  Armand  Gautier. 

De  tous  les  corps  de  la  Chimie  organique,  les  aldéhydes  sont  ceux  qui 
possèdent  le  plus  de  réactions  en  raison  de  leurs  affinités  énergiques. 
Les  réactifs  ordiiiairement  employés  pour  les  reconnaître  sont  souvent 
communs  à  toutes  ces  substances  :  tels  le  nitrate  d'argent  ammoniacal,  le 
bisulfite  de  rosaniline.  Mais  il  existe  aussi  des  réactifs  spéciaux  permettant 
d'identifier,  quelquefois  avec  une  extrême  sensibilité,  une  aldéhyde  déter- 
minée. C'est  ainsi  que  dans  une  élude  antérieure  ('),  spécialement  appliquée 
à  la  formaldéhyde,  j'ai  fait  connaître  le  mc\a.nge  alhiimine-acide  chlor/ivdrique 
nilreiix,  comme  un  réactif  de  coloration  pour  la  majorité  des  aldéhydes, 
en  indiquant  qu'il  fournit  avec  l'acroléine  une  coloration  bleu  verdâtre. 

Dans  une  précédente  Note  (^)  j'ai  donné  la  composition  de  ce  réactif. 

Dans  le  cas  de  l'acroléine,  la  teinte  est  verte  pour  les  solutionsrelativement 
riches  (r^,  -j-^,  ■wi^)i  bleu  verdâtre  pour  les  teneurs  plus  faibles,  mais  tou- 
jours avec  coloration  verte  dans  les  premiers  instants;  la  sensibilité  atteint 
le  millionième,  mais  alors  la  coloration  n'est  visible  qu'au  bout  d'une  demi- 
heure,  et  seulement  dans  l'axe  du  tube.  Aucune  autre,  parmi  les  nombreuses 
aldéhydes  soumises  à  cet  essai,  ne  m'a  donné  cette  réaction. 

Dans  une  étude  sur  les  principes  aldéhydiques  des  vins  à  1  aide  du  réactif 
protéique-acide  sur  les  premiers  fractionnements  de  distillation,  j'ai  été 
conduit  à  soumettre  à  cet  essai  un  vin  très  amer;  j'obtins  ainsi  dès  le  début 
une  coloration  bleu  verdâtre,  semblable  à  celle  que  donnent  les  solutions 
d'acroléine,  tandis  que  les  vins  sans  amertume,  jeunes  ou  vieux,  n'avaient 
toujours  donné  qu'une  coloration  plus  ou  moins  jaune  due  à  l'éthanal. 

Mode  opératoire.  —  On  acidulé  loo'^"''  de  vin  de  dix  gouttes  d'acide  sulfiiiique 
pur,  pour  libérer  les  aldéhydes  combinées,  et  l'on  introduit  le  liquide  dans  un  ballon 
de  iSo^""'  muni  d'un  tube  de  3o'^'"  entouré  d'un  réfrigérant;  la  distillation  doit  être 
très  lente  ;  on  reçoit  le  distiliatum,  dans  une  éprouvette  graduée,  par  fractionnements 
(.le  5''"'  à  chacun  desquels  on  applique  la  réaction  précédente. 

Il  restait  à  conlirmer  par  d'autres  preuves  l'existence  ainsi  soupçonnée  de 

(')  Bull.  Soc.  clitin.,  l.  XXXIII,  igoô,  p.  1198. 
(-)  Coin/ilcs  rendus^  t.  I.ÏO,  1910.  p.  879. 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  19IO.  l6l5 

l'aldéhyde  acrylique  dans  les  vins  amers.  Après  avoir  concentré  sous  un 
petit  volume  de  distillatum  les  éléments  les  plus  volatils  du  vin  dont  l'acroléine 
doit  faire  partie  en  raison  de  son  point  d'ébuUition  peu  élevé,  52°,  5,  j'ai  pro- 
cédé aux  essais  suivants  : 

Examen  organoleptique.  —  Le  liquide  liédi  émet  des  vapeurs  irritant  vivement  les 
muqueuses  nasale  et  lacrymale. 

Réactions  colorées  afec  les  phénols.  —  D'après  MM.  Barbet  et  Jandrier  ('),  et 
M.  Islrati  (^),  tous  les  phénols  donnent  des  réactions  colorées  avec  les  aldéhydes  en 
présence  d'acide  sulfuiique  pur;  certaines  sont  considérées  comme  spécifiques  de 
l'acroléine  :  en  particulier,  celles  fournies  par  le  pyrogallol,  la  résorcine,  le  phénol  et 
la  codéine. 

Pour  eMCUter  ces  réactions,  on  introduit  dans  un  tul)e  à  essai  une  pincée  du  com- 
posé phénolique  ou  l  de  centimètre  cube  d'une  solution  alcoolique  du  réactif  saturée 
il  la  température  ordinaire  (une  seule  goutte  pour  la  codéine),  puis  2""' d'une  solu- 
tion alcoolique  de  l'aldéhyde;  après  dissolution  on  fait  pénétrer  au  fond  du  tabe 
1""''  d'acide  sulfurique  pur;  on  observe  la  coloration  qui  se  produit  au  plan  de  sépara- 
lion  des  deu\  liquides. 

En  appliquant  ces  essais  au  distillatum  du  vin  amer,  j'ai  obtenu  avec  le  pjrogallol 
un  anneau  orangé  rouge  avec  superposition  dun  anneau  violet  lie  de  vin  ;  avec  la  ré- 
sorcine un  anneau  rouge  orangé  surmonté  d'un  bel  anneau  bleu  de  lin,  séparés  par  une 
zone  incolore;  ces  deux  réactions  sont  identiques  à  celle  que  donne  une  solution  d'acro- 
léine  au  millième;  le  phénol  m'a  donné  après  dilution  de  la  liqueur  au  demi,  une  belle 
coloration  héliotrope,  comme  avec  une  solution  d'acroléine  dont  le  titre  ne  dépasse 
pas  f liVû  i  enfin  j'ai  obtenu  avec  la  codéine  une  coloration  verte. 

Action  sur  le  permanganate  de  potasse.  —  Les  aldéhydes  décolorent  facilement  le 
permanganate  de  potasse;  l'acroléine,  particulièrement  instal)le,  réduit  avidement  ce 
réactif  et  cette  activité  est  environ  0000  fois  plus  forte  que  celle  de  l'élhanal.  En  versant 
dans  une  prise  d'essai  du  distillatum  précédent  une  solution  de  permanganate  à  os,2 
par  litre,  j'ai  pu  décolorer  instantanément  un  volume  considérable  de  ce  réactif. 

Pour  éviter  l'action  toujours  nuisible  des  aldéhydes  du  vin,  et  estimant  que  l'acro- 
léine ne  pouvait  provenir  que  de  la  glycéiine  de  ce  liquide,  j'ai  cultivé  le  bacille  de 
l'amertume  dans  la  solution  suivante  additionnée  de  glycérine  pure  à  10  pour  looo,  à 
une  température  moyenne  de  20°  :  sulfate  d'ammoniaque,  l\^,']o;  phosphate  de  po- 
tasse, oS,-5;  sulfate  de  magnésie,  0*^,10;  peptone  Byla,  los;  eau,  looos.  Au  bout  de 
3  semaines,  le  liquide  soumis  à  la  distillation  donne  un  premier  fractionnement  1res 
irritant  pour  le  nez  et  les  yeuv.  En  opérant  sur  5'  de  culture,  j'ai  obtenu  par  recti- 
fications successives   un   fractionnement   de    loo'""',  satisfaisant  aux  réactions    précé- 


(')   Congrès  de  Chimie  appliquée,  t.  I,  1896,  p.  472- 

(')   Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  de  Bucarest,  n"  2,  1898,  p.  i63. 


l6r6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dénies,  fournissant  en  particulier  la  coloralion  verte  avec  le  réactif  protéique  acide. 
Ce  liquide  réduit  immédiatement  à  chaud  le  nitrate  d'argent  ammoniacal  et  recolore 
instantanément  à  froid  le  bisulfite  de  rosaniline. 

Evjiérimentatwn  physiologique.  —  L'acfoléine  est  très  vénéneuse  :  à  do«e 
égale,  son  pouvoir  toxique  est  bien  plus  élevé  que  celui  du  furfurol.  A  ce 
sujet,  j'ai  efFeclué  à  quelques  jours  d'intervalle  les  deux  essais  suivants 
sur  un  lapin  du  poids  de  2'**',3oo. 

J'reinier  essai.  —  Injection  directe  dans  le  sang  de  lo""'  d'alcool  à  So"  résultant  de 
la  distillation  d'un  \in  sain  d'amertume  :  le  lapin  ne  meurt  pas. 

Deiuiièine  essai.  —  Injection  de  10'°''  d'alcool  k  38"  provenant  de  la  rectification 
d'un  vin  semblable  au  précédent  comme  origine  et  :ige,  mais  très  amer  :  le  lapin  e?l 
foudroyé. 

La  concordance  de  ces  faits  révèle  donc  très  nettement  l'existence  de 
l'acroléine  dans  les  vins  amers.  Par  addition  d'une  quantité  connue  de  ce 
corps  à  un  vin  sain,  suivie  d'une  distillation  d'après  le  mode  opératoire 
précédent,  j'ai  pu  doser  comparativement  et  par  colorimélrie,  à  l'aide  du 
réactif  protéique  acide,  les  quantités  de  cette  aldéhyde  dans  les  trois  vins 
amers  suivants,  dont  le  premier  a  servi  aux  essais  qui  précèdent  : 

Acroléinc 
par  litre. 
Vin  de  Béru  (Yonne).  Récolte  1898.  Maladie  presque  terminée.         , 

Vin  amer  comme  du  quinquina o,  i5 

Vin  de  Nuits-Sainl-Georges.  Récolte    i9o4-    Maladie   en    cours. 

Très  amer o,  10 

Vin    de    Savigny-les-Heaune.   Récolte    1906.   Maladie   en   cours. 

Nettement  amer o,o4 

Cette  formation  d'acroléine  dans  les  vins  amers  contirme  la  préférence 
marquée  des  ferments  de  l'amertume  pour  la  glycérine  :  il  est  super  11  u 
d'ajouter  que  des  cultures  comparatives  additionnées  de  tartre,  glucose, 
lévulose,  inannite,  ne  m'ont  donné  aucune  trace  de  cette  aldéhyde. 

Ce  mode  de  production  met  à  jour  une  nouvelle  origine  de  racroléinc 
dans  les  alcools  et  montre  combien  il  est  fâcheux  de  produire  de  l'alcool  de 
consommation  avec  des  vins  amers. 

11  reste  à  savoir  par  quel  mécanisme  hiochiniique  s'effectue  celle  de- 
gradation  de  la  glycérine  en  acroléine  :  c'est  ce  que  j'espère  pouvoir 
expIi(|uor. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    19IO.  1617 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —   Sur  le  Jihrine- ferment .  Note  de  M.  C.  Gessard, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

L'étude  que  j'ai  faite  antérieurement  de  la  catalase  du  sang(')  m'a 
conduit  à  entreprendre  des  reclierches  parallèles  sur  le  fibrine-ferment.  Le 
rapprochement  s'impose.  Alexander  Schmidt  l'a  fait  déjà,  au  regard  d^un 
élément  du  sang  que  je  vise  à  mon  tour,  sinon  entre  les  deux  principes, 
dont  il  venait  de  découvrir  l'un  et  dont  l'autre  était  encore  inconnu,  du 
moins  entre  les  actions  coagulante  et  catalytique,  qui  sont  désormais  respec- 
tivement attribuées  à  l'une  et  l'autre  diastases.  J'ai  comparé  la  catalase  et  le 
fibrine-ferment  au  point  de  vue  de  leur  faculté  d'adhésion  aux  principes 
solides  nés  dans  le  liquide  sanguin  de  ses  constituants  ou  de  réactifs  chi- 
miques V  introduits,  et  au  point  de  vue  de  leur  adaptation  au  procédé  de 
préparation  que  j'ai  proposé  à  l'occasion  de  mes  recherches  sur  la  cata- 
lase (-). 

Le  fibrine-ferment  n'est  pas  adhérent  à  riiémoglobine  cristallisée;  par 
suite,  la  solution  de  cette  dernière  est  dépourvue  de  pouvoir  coagulant. 
Al.  Schmidt  l'a  bien  vu,  mais  il  fait  marcher  de  pair  à  cet  égard  le  pouvoir 
coagulant  et  le  pouvoir  catalytique,  les  donnant  tous  deux  comme  absents 
au  même  titre  de  l'hémoglobine  cristallisée,  môme  de  premier  jet  (^  ).  Avec 
l'hémoglobine  ci'istallisée  préparée  par  le  procédé  de  MM..  K.  ^  ila  et 
M.  Piettre  ('),  je  constate  bien,  en  effet,  l'absence  de  fibrine-ferment  dès  la 
première  cristallisation.  Plusieurs  recristallisations  sont,  au  contraire, 
nécessaires  pour  supprimer  toute  trace  de  catalase.  Quant  à  la  fibrine  du 
sang,  le  fibrine-ferment  y  adhère  aussi  bien  que  la  catalase.  De  cette  uotion 
découle  la  pratique  déjà  ancienne  de  dissoudre  la  fibrine  pour  obtenir  une 
liqueur  coagulant  le  fibrinogène.  Mais,  à  cet  effet,  il  importe,  par  les  raisons 
que  je  donnerai  dans  un  autre  travail,  d'employer  la  fibrine  de  battage. 
C'est  aussi  bien  cette  fibrine  que  j'ai  mise  à  contribution  pour  obtenir  une 
solution  de  fibrine-ferment,  comme  j'avais  fait  déjà  pour  la  solution  de 
catalase,  afin  d'expérimenter  l'adhésion  de  la  diastase  au  phosphate  de 
chaux  et  son  passage  du  phosphate  dans  le  sérum. 


(')   Comptes  rendus,  t.  GXLXIII,  1909.  p.  1467. 

(')   Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie^  t.  LX\  I.  1909,  p.  918. 

(^)  Pfliigers  Archw,  t.  VI,  1872,  p.  519-027. 

(*)  Bull.  Soc.  chim.,  l.  XXXIII,  1906,  p.  5o5. 


l6l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  cela,  los  de  fibrine  de  hallage  lavée  jusqu'à  parfaite  blancheur  ont  été  dissous 
à  la  faveur  de  los  de  chlorure  de  sodium  dans  i'  d'eau  distillée.  La  solution  filtrée  a 
été  traité?  par  20""''  d'une  solution  au  dixième  de  chlorure  de  calcium,  puis  pai'  3o"^™' 
de  phosplinie  disodique  au  dixième,  ajoutés  goutte  à  goutte  et  en  agitant  conlinuel- 
lement. 

Le  pré<:  Ité  de  phosphate  de  chaux  a  été  lavé  à  l'eau  distillée  jusqu'à  ce  que  l'eau 
de  lavage  ip;  coagulât  plus  en  liqueur  fibrinogène.  Ce  précipité  est  alors  soumis  aux 
traitements  successifs,  à  mêmes  doses  et  de  même  durée,  3o''"'"  pendant  3  jours,  d'eau 
plijsiologiqne  à  g, 2  pour  1000  et  de  sérum  de  cheval  (préalablement  chaufiTé  i  heure 
à  60°).  Les  produits  de  macération,  essayés  en  milieu  fibrinogène,  se  montrent  inaclifs 
dans  le  premier  cas,  coagulants  dans  le  cas  du  sérum. 

Le  sérum  a  donc  repris  le  fibrine-ferment,  comme  il  fait  de  la  calalase,  au 
précipité  de  phosphate  de  chaux  où  la  diastase  a  été  entraînée,  et,  à  l'égard 
de  ce  mode  d'extraction,  le  fibrine-ferment  ne  se  distingue  pas  des  autres 
diastases  que  j'ai  expérimentées. 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Analyse  biologique  du  phénomène  de  la  géné- 
ration chez  Lineus  ruber  (Mull.)  et  Lineus  lacteus  (Rathke).  Note 
de  M.  MiEczYSi-Aw  OxNER,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  (  '  )  d'exposer,  entre  autres  faits,  un  cas  spé- 
cialement important  au  point  de  vue  théorique  concernant  la  régénération 
chez  L.  ruber. 

«  En  faisant  une  coupe  transversale  eiUre  les  organes  cérébraux  et  l'intestin  stoma- 
cal, on  voit  qu'abstraction  faite  des  accidents  d'expériences,  toutes  les  lêtes  régénèrent 
parfaitement  leurs  parties  postérieures  avec  tous  les  organes.  ...» 

Un  peu  plus  lard  nous  avons  publié  (")  l'examen  histologique  assez  détaillé  de  ce  cas 
spécial,  où,  après  l'ablation  complète  de  l'intestin,  celui-ci  se  régénère  d'un  organe 
(rhynchocœlome)  et  de  tissus  de  provenance  onlogénétique  toute  différente.  Tout 
récemment  Davydov  (•'),  en  passant  sous  silence  nos  expériences  (relatées  ci-dessus), 
prétend  avoir  découvert  à  son  grand  étonnement  {loc.  cit..  p.  649)  le  fait  en  question 
chez  les  Némertes  {L.  lacteus). 


{')  M.  OxNER,  Sur  deux  modes  différents  de  régénération  chez  Lineus  ruber  (  Miill.) 
{Comptes  rendus,  mai  1909). 

(')  NusBAUM  und  OxNER,  Beitrâge  zur  Kenntniss  der  Regenerationserscheinungen 
bel  den  Nemertincn  {liull.  Ac.  Se.  Cracoi'ie,  janvier  1910). 

(')  C.-N.  Davydov,  Restitution  chez  les  Némertes  et  la  question  de  la  «  pro3pecti\e 
Polenz»  des  fcuillels\Bull.  Ac.irnp.  Se.  de^Saint-Pétersbourg,  mai  1910  (en  russe)]. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  1619 

Puisque  notre  expérience  se  trouve  ainsi  confirmée  par  Davydov,  je  passe 
de  suite  à  la  description  et  à  l'analyse  d'autres  phénomènes  de  régénération 
chez  L.  tacletis  et  qui  n'ont  pas  été  étudiés  par  Davydov. 

1.  Lorsqu'on  découpe  Iraiisversalemenl  un  fragment  du  corps  d'un  L.  lacleus  un  peu 
en  avant  de  la  liouclie  (côté  antérieur)  et  un  peu  avant  la  fin  de  l'intestin  stomacal 
(côté  postérieur),  on  voit  qu'au  bout  de  25  à  3o  jours  l'intestin  moyen  s'est  reformé 
complètement  et  à  nouveau  ;  mais  ni  le  cerveau,  ni  les  organes  cérébraux,  ni  la  trompe 
n'ont  été  régénérés  même  après  5  mois. 

IL  En  procédant  de  la  même  façon  qu'au  n°I,  mais  avec  cette  seule  diflerence  qu'on 
enlève  en  plus  à  l'intestin  stomacal  son  orifice  buccal,  on  obtient  les  mêmes  résul- 
tats que  ceux  indiqués  au  n"  I,  mais  toutefois  la  bouche  ne  se  régénère  pas  et  l'intest'in 
stomacal  se  ferme  du  côté  antérieur  en  cul-de-sac. 

Des  faits  identiques  à  ceux  des  cas  I  et  II  se  produisent  cliez  L.  ruber  (')  de  la 
forme  h.  [voir  note  (')  de  la  page  i6t8]. 

III.  En  faisant  deux  coujjes  transversales,  une  immédiatement  en  arrière  des  or- 
ganes cérébraux,  l'autre  immédiatement  en  avant  du  sommet  de  l'intestin  stomacal, 
on  obtient  un  fragment  de  corps  de  L.  lacteus  qui  ne  contient  aucun  organe  du  svstème 
nerveux  central,  ni  aucune  trace  du  tube  digestif.  Ce  que  contient  ce  fragment,  c'est 
(|uelques  bribes  de  néphridies  et  un  morceau  de  rh3'ncliocœ]ome  sans  trompe,  le  tout 
entouré  de  tissu  parencliymateux  et  de  couches  musculaires  du  corps. 

Ce  fragment  de  2"""-3"""  de  long  régénère  cependant  le  tube  digestif  tout 
entier  :  bouche,  intestin  stomacal,  intestin  moyen  et  anus.  Le  cerveau,  les 
organes  cérébraux  et  la  trompe  ne  se  régénèrent  pas. 

Je  m'abstiens  de  citer,  dans  cette  courte  Note,  quelques  autres  cas  de 
régénération  chez  L.  lacleus. 

L'analyse  des  cas  que  je  viens  d'exposer  montre  : 

A.  Le  mode  de  régénération  du  tube  digestif  (cas  de  L.  ruber  et  de 
L.  lacleus  et  le  cas  cité  au  n°  III)  parle  très  nettement  contre  la  théorie  des 
feuillets. 

B.  Les  expériences  n"*  I,  Il  et  III  démontrent  que  la  régénération  d'or- 
ganes très  importants  (intestin  moyen,  tube  digestif  tout  entier)  peut  se 
produire  malgré  l'absence  complète  du  cerveau. 

C.  Les  expériences  n""*  I,  II  et  IIl  nous  font  constater  cjue  la  régénération 
peut  avoir  lieu  seulement  sur  les  surfaces  aborales  du  corps  de  L.  ruber 
(forme  A)  et  L.  lacleus. 

D.  L'expérience  n"  III  démontre  une  polarité  très  nette  dans  le  corps  de 

(')  OxNEii,  Etudes  sur  la  régénération  chez  les  iS'émerles  :  1.  La  régénération 
chez  L.  ruber  {Annales  de  l'Inst.  océan,  de  Monaco,  t.  1,  fasc.  8). 

C.  U.,  i,,io,   I"  Semestre.   (T.   150,  N°  24.)  212 


l620  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L.  lacteus,  carie  lube  digestif  se  régénère  toujours  à  l'extrémité  postérieure 
(aborale)  du  fragment. 

E.  La  théorie  de  la  régénération  de  Weismann,  basée  sur  les  principes  de 
la  sélection,  de  l'adaptation  et  de  l'exposition  aux  mutilations  dans  la 
nature,  est  infirmée  par  les  expériences  n""  I,  11  et  III,  car  :  i"  les  individus 
normaux  de  L.  lacteus  et  L.  /•«/-'e/' pondent  et  se  reproduisent  très  bien  en 
captivité  ;  2°  les  fragments  des  mêmes  animaux  remplis  de  produits  génitaux 
ne  pondent  pas  même  au  bout  de  7  mois,  et  ces  produits  génitaux  suc- 
combent après  2-3  mois  à  la  dégénérescence  granulaire  ;  3"  les  fragments 
cités  aux  n"'  f ,  II  et  III  ne  peuvent  pas  élaborer  des  produits  génitaux  dans 
leur  intérieur,  même  après  n  mois  ;  4°  le  fragment  privé  de  la  bouche 
(n°  II)  succombe  aux  phénomènes  de  réduction  peu  de  temps  après  avoir 
régénéré  l'intestin  moyen. 

F.  La  théorie  de  Child,  d'après  laquelle  le  phénomène  de  la  régénération 
n'est  que  le  résultat  d'une  série  d'adaptations  fonctionnelles  (physiolo- 
giques )  successives,  doit  être  rejetée  ici  pour  les  raisons  suivantes:  i"  L. 
lacteus^  privé  de  la  bouche  (n°  II),  régénère  quand  même  l'intestin  moyen, 
sans  que  celui-ci  puisse  entrer  en  fonction  ;  2°  L.  riiber  et  L.  lacteus  dont  le 
tube  digestif  (n°  111)  est  enlevé  en  entier,  commencent  à  le  régénérer,  avant 
(ju'il  puisse  entrer  en  fonction,  car  la  bouche  et  l'anus  se  forment  beaucoup 
plus  tard.  11  est  clair  que  la  fonction  de  l'organe  ne  peut  pas  déclencher  sa 
régénération,  puisque  celle-ci  commence  avant  celle-là. 

G.  L'examen  histologique  (')  démontre  enfin  que  les  différentes  formes 
de  la  régénération  (régénération  typique,  morphoUaxis,  dédifférenciation, 
diphagocytose,  etc.)  s'enchaînent  tellement  chez  L.  ruber  et  L.  lacteus, 
qu'il  est  impossible  de  les  séparer  nettement  et  de  préciser  leurs  limites 
chronologiquement  et  localement. 

ANTHROPOLOGIE.  —  Découverte  d'une  grotte  sépulcrale,  probable  me  ni 
néolithique,  à  Montouliers  {Hérault).  Note  de  MM.  Lucien  Maykt 
cl  Laurext  Mal'rettk. 

En  février  1910,  les  travaux  d'avancement  d'une  carrière  ouverte  à  Mon- 
touliers (Hérault,  à  la  limite  du  département  de  l'Aude  )  mirent  à  décou- 
vert une  excavation  partiellement  remplie  de  limon  argileux  et  d'ossements 

^')    l'iavail  sous  presse,  en  collaboralioM  avec  le  professeur  Nusbauiii. 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    1910.  1621 

humains.  Quelques-uns  de  ceux-ci  furent  dispersés  par  les  ouvriers,  mais, 
très  rapidement,  M.  Mondier,  maire  de  Montouliers,  averti,  prit  un  arrêté 
assurant  la  conservation  du  gisement.  En  même  temps,  il  prévenait  M.  le 
professeur  Depéret,  de  l'Université  de  Lyon,  et  peu  de  temps  après  nous 
nous  rendions  à  Montouliers. 

La  carrière  de  Montouliers  est  située  au  lieu  dit  Fendeille,  à  mi-chemin 
de  Bize  (Aude),  sur  remplacement  d'un  ravin  escarpé  creusé  dans  les  cal- 
caires de  Rognac.  C'est  sur  la  pente  regardant  le  Sud-Ouest  que  primitive- 
ment s'ouvrait  la  grotte  utilisée  comme  ossuaire. 

Nous  l'avons  fouillée  méthodiquement. 

Elle  comprenait  une  partie  antérieure,  sorte  de  couloir  étroit  et  incliné,  communi- 
quant avec  l'extérieur  soit  par  une  ouverture  sur  la  paroi  du  ravin  (aujourd'hui 
détruite  par  l'exploitation),  soit  plutôt  par  une  courte  cheminée  verticale  dont  nous 
avons  pu  vérifier  l'existence  parce  que  partiellement  conservée  et  qui  se  trouvait 
fermée  en  haut,  nous  ont  dit  les  ouvriers,  par  un  gros  bloc  de  rocher,  et  une  partie 
postérieure,  sorte  de  chambre  souterraine,  à  surface  irrégulièrement  ovale,  avec  voûte 
en  forme  de  dôme,  élevée  de  i™,70  au-dessus  du  sol.  Les  parois  de  cette  excavation 
étaient  sillonnées  d'étroites  fissures  par  lesquelles  l'eau  pénétrait  au  moment  des  pluies. 

La  longueur  totale  de  la  grotte  était  de  5",  60;  sa  plus  grande  hauteur  (de  la  partie 
la  plus  déclive  au  sommet  de  la  cheminée  d'accès)  de  3"\85. 

Les  ossements  avaient  certainement  été  déposés  dans  la  véritable  chambre  sépul- 
crale naturelle  formée  par  le  fond  de  la  grotte,  mais  les  eaux  d'infiltration  les  avaient 
peu  à  peu  entraînés  dans  le  couloir  d'accès  en  même  temps  qu'elles  apportaient  un 
limon  argileux,  fin,  rougeàtre  qui  englobait  les  ossements,'  formant  avec  eux  un 
magma  compact  qui  obstruait  la  partie  antérieure  de  la  grotte.  Les  ossements  étaient 
donc  épars  dans'la  masse  argileuse,  presque  tous  brisés,  mais  dans  un  état  de  conser- 
vation suffisant  pour  permettre  de  les  dégager,  non  sans  difficultés. 

Si  nous  en  jugeons  par  le  nombre  des  crânes  et  des  mandibules,  celui  des 
corps  représentés  dans  la  grotte  sépulcrale  de  Montouliers  devait  dépasser 
le  chiffre  de  trente,  comprenant  des  adultes  des  deux  sexes,  des  vieillards, 
des  adolescents,  des  enfants.  Nous  avons  recueilli  par  fragments  et  recon- 
stitué plus  ou  moins  complètement  i4  crânes  et  divers  os  longs.  Dès  les 
premiers  instants,  nous  avons  été  frappés  de  ce  fait  que  si  la  tète  osseuse  et 
les  os  des  membres  étaient  abondamment  représentés,  les  vertèbres,  les 
côtes,  les  os  du  bassin,  se  trouvaient  réduits  à  de  rares  fragments,  ce  qui 
tendrait  à  confirmer  la  notion  que  les  ossuaires  néolithiques  recevaient  des 
ossements  et  non  des  cadavres,  ceux-ci  s'étant  décharnés  ailleurs. 

Nous  regardons  comme  une  confirmation  de  ce  qu'il  ne  s'agissait  pas 
ici  d'un  lieu  de  sépulture  au  vrai  sens  du  mot,  mais  bien  d'un  ossuaire, 


1622  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'absence  complète  de  tout  mobilier,  de  tout  outillage.  Le  limon  retiré  en 
même  temps  que  les  ossements  a  été  examiné  pelletée  par  pelletée  sans  que 
nous  ne  puissions  rien  découvrir  autre  que  quelques  minuscules  débris  de 
mâchefer,  ayant  probablement  glissé  dans  la  cheminée  d'accès.  Aucun  silex 
taillé,  aucun  objet  en  pierre  polie  ou  en  métal.  Cette  absence  de  débris 
d'industrie  humaine  a  été  déjà  constatée  dans  plusieurs  autres  ossuaires  néo- 
lithiques. Nous  devons  pourtant  signaler  quelques  galets,  en  forme  de 
parallélépipèdes,  assez  volumineux,  mêlés  aux  ossements  et  certainement 
apportés  intentionnellement,  puisqu'ils  proviennent  de  la  Cesse,  rivière 
coulant  à  plusieurs  kilomètres  de  là  et  à  plus  de  100'"  en  contre-bas. 

La  situation  du  gisement,  dans  une  région  où  les  peuplades  préhisto- 
riques étaient  nombreuses,  l'état  des  ossements,  l'absence  de  divers  élé- 
ments du  squelette  démontrant  qu'il  s'agit  d'une  sorte  de  sépulture  au 
second  degré,  l'absence  de  mol)ilier  funéraire,  etc.  plaident  déjà  pour  un 
ossuaire  néolithique  dans  une  grotte  naturelle.  De  nouveaux  arguments 
sont  apportés  en  faveur  de  cette  opinion  par  l'étude  des  ossements  recueillis, 
étude  que  nous  n'avons  faite  encore  que  très  sommairement  et  qui  sera  pré- 
cisée plus  tard. 

La  plus  grande  partie  des  crânes  recueillis  forme  un  groupe  dolichocé- 
phale assez  homogène  avec  indices  craniométriques  s'échelonnant  de  72,3 
à  70,6  (dix  crânes);  un  seul  crâne  est  brachycéphale,  avec  un  indice  de  85 
et  trois  autres  traduisent  le  métissage  par  des  indices  76,9,  78,8  et  80,  i . 

Nous  pouvons  donc  regarder  la  grotte  de  Montouliers  comme  utilisée  au 
moment  où  l'élément  brachycéphale  commençait  à  s'infiltrei^dans  les  popu- 
lations dolichocéphales  du  midi  de  la  France.  Cet  élément  brachycéphale 
immigré  se  retrouve  dans  plusieurs  grottes  sépulcrales  de  la  I^ozère,  du 
Gard,  de  l'Hérault,  etc.,  et  surtout  dans  les  dolmens  de  l'Aveyron,  qui 
présentent  des  sépultures  plus  récentes  que  les  grottes  sépulcrales  natu- 
relles. 

Les  dolichocéphales  de  Montouliers  étaient  sans  doute  les  descendants 
des  races  paléolithiques  récentes  que  l'on  commence  à  bien  connaître.  Par 
quelques-uns  de  leurs  caractères,  leurs  crânes  font  penser  à  l'Homme  de 
Chancelade,  mais  par  la  plupart  d'entre  eux  ils  semblent  appartenir  à  la 
race  de  Cro-Magnon. 

Il  n'est  pas  à  discuter,  dans  cette  courte  Note,  si  les  squelettes  de  ce 
dernier  gisement  sont  paléolithiques  ou  bien  néolithiques,  ni  quelle  est 
l'ancienneté  de  la  race  qu'ils  représentent  (grottes  de  Grimaldi).  Nous 
remaniuerons  simplement   l'étroite    parenté  que  présentent  avec  eux  les 


SÉANCE    DU    l'i    JUIN    1910.  1^23 

dolichocéphales  dont  nous  avons  retrouvé  les  restes  à  Montouliers  :  hauteur 
de  front,  développement  modéré  des  arcades  sourcilières,  faible  hauteur  et 
grande  largeur  des  orbites,  face  large  et  remarquablement  basse,  proémi- 
nence du  menton  etc.  d'une  part;  d'autre  part  un  tibia  très  aplati  et  dont 
la  platycnémie  est  très  accentuée  etc.  sont  autant  de  caractères  qui  frappent 
dès  le  premier  coup  d'œil  et  (pi'une  étude  plus  attentive,  des  mensurations 
précises,  viennent  contirmer  et  montrer  communs  aux  hommes  de  Montou- 
liers et  à  ceux  de  la  race  de  (]ro-Magnon. 

La  taille  de  ces  néolithiques  de  l'Hérault  apparaît  toutefois  moins  élevée 
que  celle  donnée  comme  habituelle  aux  représentants  de  la  race  de  Cro- 
Magnon  et  ne  dépasse  guère  i'",  65;  elle  est  notablement  supérieure  à  celle 
du  squelette  de  Chancelade  cjui  avait  à  peine  i™,  5o.  Sans  atteindre  son 
intensité  actuelle,  le  métissage  était  fréquent  aux  temps  préhistoriques, 
aussi  conclurons-nous  en  disant  que  les  néolitlmjues  de  Montouliers  étaient 
les  descendants  métissés  des  dolichocéphales  paléolithiques  avec  prédominance 
du  type  de  Cro-Magnon  et  que,  parmi  eux,  commençaient  à  s'inliltrer  les 
brachycéphales  dont  l'invasion  dans  nos  régions  est  un  des  grands  carac- 
tères de  l'époque  néoIithi((ue. 


MÉDECINE.  —  Posologie  en  radiographie  médicale  avec  ou  sans  écran  renfor- 
çateur. Note  de  M.  H.  Guilleminot,  présentée  par  M.  Bouchard. 

On  n'emploie  ordinairement  ni  unité,  ni  formule  de  pose  pour  l'exécution 
des  radiographies.  Le  lra\ail  que  je  présente  aujourd'hui  a  pour  objet 
d'arriver  à  une  posologie  précise. 

Dans  un  cliché,  il  y  a  des  parties  claires  peu  impressionnées  et  des  parties 
sombres  plus  impressionnées.  Le  but  à  atteindre  est  d'avoir  des  détails  dans 
les  deux.  Or,  ce  qui  fait  les  détails,  c'est  l'opposition  entre  la  teinte  donnée 
par  un  élément  silhouettique  et  l'élément  voisin.  Supposons,  par  exemple, 
que  dans  un  clair  du  cliché,  derrière  un  os,  un  rayonnement  de  j  unités  M 
donne  ici  une  quantité  émergente  Q  =  0^,079  et  là,  une  quantité  Q,  ^o",o63; 
ce  qui  fera  le  contraste  entre  les  deux  éléments  silhouettiques,  c'est  la  diffé- 
rence des  doses  o^',o63  et  o^.o^f).  Or  le  rapport  — j  ou  en  général  -^j 

reste  le  même,  si  l'on  fait  varier  la  dose  incidente;  mais,  suivant  la  valeur 
absolue  de  Q,  ce  rapport  constant  sera  plus  ou  moins  bien  utilisé  :  si  elle 
est  trop  faible,  l'opposition  n'apparaît  pas,  il  y  a  insuffisance  de  pose;  si  elle 


lti24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

est  trop  forte,  l'opposition  disparaît,  les  noirs  sont  brûlés,  il  peut  même  se 
produire  inversion  du  contraste,  phénomène  étudié  en  particulier  par 
Chanoz. 

11  s'agit  donc  de  déterminer  la  dose  incidente  capaljle  de  faire  utiliser  au 
mieux  (pour  une  région  donnée,  un  rayonnement  donné,  et  une  plaque 

déterminée)  im  facteur  de  contraste  ■—  arbitraire  et  constant,  pour  avoir 

une  bonne  opposition  dans  les  clairs  et  dans  les  noirs.  Le  procédé  que  je 
vais  décrire,  comporte  deux  manipulations. 

I.    Faire   une    échelle    de    contrastes  sur   le  cliché.  —  J'ai    clioisi    arljitiaireraenl 

-pr-  =o,7())3  ou  ^/o,  I.  On  fait  une  éclielle  avec  tienle  valeurs  de  <^l  varianl  de  o",oi 

à  10*',  de  manière  à  avoir  la  série  Q  r=:  lo^',  Qi=  7'', 943,  (^2=  G",  3 10.  . .  . ,  n,(i=  1^', 
Qi,=o*',794,  .  .  .,  Q2o  =  o*',  10,  Q3ii:=o",oi.  Pour  cela,  on  protège  la  plaque  par  des 
feuilles  de  plomb  à  l'exception  d'une  bande  rectangulaire  de  9"^'"  x  3'^'".  Le  tube  est 
placé  à  70'^"  au-dessus;  à  cette  distance  il  donne  une  impression  pratiquement  uni- 
forme dans  toute  la  bande.  Un  disque  de  plomb  de  i5'""  de  rayon  tourne  au-dessus  de 
la  bande,  et  tout  près  d'elle,  ayant  l'un  de  ses  rayons  parallèle  au  grand  axe  de  la 
bande.  Ce  disque  présente  10  anneaux  concentriques  de  8°""  de  large.  Le  plus  excen- 
trique est  réduit  à  74°, o5;  le  reste  est  évidé;  le  deuxième  à  iSa^jS^;  le  troisième  à 
179°, 07,  etc.;  le  dixième  à  824°.  La  bande  recevra  ainsi  l'irradiation  pendant  des 
temps  vaiiables  sous  chaque  anneau.  Si  l'on  prend  la  précaution  de  laisser  i'^™  vide 
au  delà  du  premier  anneau,  ce  centimètre  recevra  l'irradation  totale,  la  zone  suivante 

360°— 74°,o5  ,    ,  ....  ,      ,  ...  ,,,  , 

recevra  — r^ ou  0,794  de  cette  irradiation  totale,  la  troisième  o.n^i.  etc.;  la 

ouo 

onzième  o,  100.  On  fait  trois  bandes  successives  avec  des  doses  totales  de  10^',  1",  o*',io. 

On  prend  la  silhouette  du  radiochromomètre  de  Hnnoist  sur  un  autre  point  du  cliché. 

on  développe,  on  fixe. 

On  regarde  alors  entre  quelles  limites  les  contrastes  sont  bons  dans  l'échelle  obtenue. 
Avec  les  plaques  Jongla  et  pour  du  n°  8-9,  les  contrastes  sont  bons  entre  o*',  i5  et  4", 
très  bons  entre  o*',3o  et  3",  passables  jusqu'à  o",o4o  en  bas  et  10"  en  haut.  Pour  du 
n"  5-6,  ils  sont  bons  entre  o",  10  et  3"  environ.  Pour  du  n°  'i-  entre  O'*', 06  et  1''  |. 

IL  Mesurer  la  fraction  de  rayonnement  transmise  par  les  parties  les  plus  trans- 
parentes et  les  plus  opaques  de  la  région  radiographiée.  —  La  deuxième  manipu- 
lation consiste  à  déterminer  quelle  est  la  fraction  de  raj'onnemenl  transmise  par  une 
région,  soit  dans  les  clairs,  soit  dans  les  noirs.  Rien  de  plus  simple  à  l'aide  du  pro- 
cédé nuorométrique  :  on  détermine  l'équivalence  du  tube  à  vide,  puis  derrière  la 
région;  la  règle  à  calculs  qualitonK'trique  de  mon  dispositif  donne  immédiatement  la 
fraction  transmise.  On  réduit  au  besoin  la  plage  étalon  du  lluoromètre  de  sa  valeur 
normale  o",25  à  o*',  10  ou  o",02.5  en  tournant  le  disque  porte-filtres.  On  trouvera,  par 
exemple,  pour  un  bras  de  9™  d'épaisseur,  une  fraction  transmise  de  o,  i5  à  0,17 
derrière  les  parties  molles;  o,o.5  derrière  l'humérus  (rayons  n°  6).  Or,  pourvoir  au 
moins  o",3o  de  rayonnement  émergent  dans  les  parties  claires  et  au  plus  3*'  dans  les 


SÉANCE    DU    l"?    JUIN    191O.  l6l5 

parties  sombres,    il   faut   une   dose    incidente   comprise   entre   o*',  3o  X  =:  (3"   et 

0,0) 

3"  X r=  1  8".  C'est  donc  entre  <i^'  et  18*'  de  dose  incidente  nue  nous  devons  opérer. 

o,  |()  '  ^ 

et  le  mieux  est  de  se  tenir  à  égale  dislance  du  maximum  et  du  minimum  vers  10"  à  i3". 

On  trouverait  de  même  que,  pour  une  région  de  i.V"'  d'épaisseur,  une  dose  de  i")"  à  20*' 

est  la  dose  optima;  pour  un  thorax  de  20™  :  20"  dans  la  zone  pulmonaire,  2.V'  dans  la 

zone  médiastinale  et  ainsi  de  suite. 

Conclusion.  —  On  se  trouvera  toujours  dans  les  conditions  de  bons  con- 
trastes si  l'on  emploie  une  dose  incidente  de  n"  6,  égale  à  autant  d'unités  M 
qu'il  y  a  de  centimètres-d'épaisseur.  On  augmentera  un  peu  la  dose  pour  les 
régions  oii  le  muscle  domine  (régions  de  la  cuisse,  du  bras,  etc.),  ou  en 
général,  pour  les  régions  à  grande  ojiacité  centimétrique  moyenne.  Il  y  a 
longtemps  que  j'ai  formulé  cette  règle  empirique.  En  voici  la  raison,  on 
vient  de  le  voir. 

J'ai  fait  les  mêmes  expériences  avec  l'écran  renforçateur  de  Gehler  et  les 
plaques  Jougla.  Les  zones  de  bons  contrastes  sont  transposées  vers  les  doses 
faibles  de  l'échelle,  de  telle  sorte  que,  pour  du  n°  9,  elles  s'étendent  entre  un 
maximum  et  un  minimum  trente  fois  plus  faibles  que  sans  écran;  pour  du 
n"  7-8,  les  doses  sont  vingt  fois  plus  faibles;  pour  du  n°  5-6,  quinze  fois; 
pour  du  n°  4,  dix  fois.  Ces  résultats  confirment  à  peu  près  ceux  de  iXogier 
qui,  le  premier  en  France,  employa  ces  écrans  nouveaux.  En  résumé,  étant 
donnée  la  dureté  des  rayons  filtrés  par  le  corps,  on  peut  évaluer  à  o",  o3  ou 
o'',o4  par  centimètre  d'épaisseur,  la  quantité  incidente  optima  pour  les 
radiographies  faites  avec  écran  renforçateur. 


CYTOLOGIE.  —  La  valeur  des  anses pachylénes  et  le  mécanisme  de  la  réduction 
chez  Sabellaria  spinulosa  Leuck.  Note  (')  de  M.  Ar.maxd  Deuor.xe, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

Dans  mes  Notes  du  9  et  du  3o  mai  dernier,  j'ai  attiiT  l'atlenlion  sur 
le  fait  que  la  division  longitudinale  des  chroinosomes  est  un  phénomène 
télophasique,  et  non  point,  comme  on  l'a  cru  jusqu'à  ce  jour,  localisé  à  la 
propliase  ou  à  la  métaphase. 

La  dernière  télophase  goniale,  dans  l'ovaire  comme  dans  le  testicule, 
confirme  cette  règle  chez  Sabellaria. 

(')   Présentée  dans  la  séance  du  6  juin  1910. 


1626  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Lorsqu'ils  entrenl  au  dernier  repos  gonial,  les  8  chromosomes  subissent  la  division 
lélophasique,  en  donnant  16  moitiés  longitudinales  filamenteuses,  nettement  indivi- 
dualisées, qui  persistent  au  sein  du  noyau  pendant  toute  la  durée  du  repos.  Lorsque 
la  période  quiescente  touche  à  sa  fin,  on  assiste  à  la  reconcentration  progressive  des 
moitiés  longitudinales  qui  se  réalise  ainsi  que  je  l'ai  décrit  dans  la  Note  du  9  mai. 
Mais  dans  le  cas  présent  les  filaments  restent  grêles  plus  longtemps  parce  que  la 
substance  chromosomique  a  beaucoup  diminué  au  cours  des  mitoses  goniales  succes- 
sives. Comme  pour  celles-ci,  dans  le  mouvement  de  reconcentration,  les  deux  moitiés 
longitudinales  sœurs,  encore  grêles  et  moniliformes,  se  rapprochent  Tune  de  l'autre 
lentement.  Plus  le  rapprochement  s'accentue,  et  plus  les  filaments  augmentent  d'épais- 
seur. Bientôt,  le  parallélisme  est  complet  d'un  bout  à  l'autre  des  moitiés  longitudi- 
nales sœurs.  Une  dernière  contraction  de  la  substance  chromosomique  amène  chaque 
couplé  de  moitiés  sous  la  forme  d'une  anse  chromosomique  double,  épaisse,  parcourue 
dans  ie  sens  de  la  longueur  par  une  mince  fente  qui  représente  la  division  longitudi- 
nale télophasique.  C'est  Vanse  ijachytène  des  auteurs,  et  le  noyau  du  cyte  de  pre- 
mier ordre  en  renferme  8,  autant  qu'il  existe  de  chromosomes  somatiques  dans  celte 
espèce. 

Jus(ju'à  ce  stade,  le  noyati  du  premier  cyte  s'est  comporté  exactement 
comme  tout  noyau  somatique  011  la  mitose  se  prépare.  Si  celle-ci  devait 
avoir  lieu,  les  anses  chromosomiques  épaisses  se  porteraient  bientôt  dans  le 
plan  équatorial  où  elles  seraient  dissociées  définitivement  en  leurs  moiliés 
longitudinales.  Mais,  pour  une  cause  inhibitrice  encore  inconnue  qui  relève 
de  la  maturation  génitale,  cette  mitose  ne  s'achève  pas.  C'est  en  cela  que 
se  manifeste  pour  la  première  fois  la  nature  particulière  du  cyte  de  premier 
ordre.  A  ce  point  de  vue,  mes  résultats  confirment  l'idée,  exprimée  par 
R.  Hertwig,  d'une  division  avortée  à  la  prophase  du  premier  cyte. 

N'ayant  pas  reconnu  l'existence  de  la  division  longitudinale,  dès  la  der- 
nière télophase  goniale,  les  partisans  de  la  théorie  de  la  conjugaison  lon- 
gitudinale des  chromo-somes  (von  Winiwarter,  Schreiner,  Grégoire,  Jans- 
sens,  Vejdovsky,  etc.)  ont  pris  les  moitiés  longitudinales  déjà  formées  pour 
des  chromosomes  somatiques  entiers.  Comme  elles  persistent  à  travers  la 
durée  du  repos  et  qu'elles  se  rapprochent  à  la  prophase  du  premier  cycle, 
par  paires,  jusqu'à  la  formation  d'anses  épaisses,  ài\e&  pachytènes,  ils  ont 
pensé  qu'il  s'agissait  là  à^ une  copulation  parallèle  de  chromosunes  homologues. 
Va  le  résultat  de  cette  copulation  est  la  production  de  —  anses  épaisses  aux 
dépens  de  n  anses  grêles  ou  leptotènes.  Or  :  i"  la  fente  longitudinale  ne  cesse 
pas  d'être  visible  dans  les  anses  pachytènes;  2"  le  nombre  des  anses  pachy- 
lènes  est  rigoureusement  égal  à  celui  des  chromosomes  somatiques.  Si  la 
théorie  de  la  copulation  était  exacte,  il  faudrait  porter  le  nombre  régulier 
des  chromosomes  à  iG  chez  Sabellaria,  alors  que  le  nombre  réduit  est  4, 


SÉANCE  DU  l'i  JUIN  1910.  1627 

coiiiiue  je  le  iiioiilici'ai  |)liis  loin;  '^"  le  i'api)roclicin(Mit  des  iiioilics  se  tait 
normalemeul  à  la  propliasc  soiuali(|ae,  même  jus(jii'à  l'accolement. 
En  effet,  dans  les  niiloses  de  ï Ascaris  \iar  exe«iple,  les  auses  ne  semblent 
se  cliver  qu'à  la  niétapliase,  alors  que  la  division  longitudinale  véritable  a 
été  réalisée  à  la  télophase  précédente,  et  a  persisté  à  travers  Tclal  quiescent 
du  noyau;  4"  dans  un  certain  nomijre  d'ovocytes  de  premier  ordre,  j'ai 
constaté  que  la  contraction  habituelle  qui  conduit  à  la  formation  des  anses 
pachytènes  ne  se  produit  pas;  les  deux  moitiés  longitudinales,  parallèles  et 
légèrement  rapprochées,  demeurent  filamenteuses  à  travers  l'évolution  de 
i'ovocyte. 

La  mitose  n'a  donc  pas  lieu  et,  dès  lors,  les  chromosomes  traversent  une 
phase  d'attente  connue  sous  le  nom  de  période  d'accroissement.  Dans  le 
spermatocyte,  elle  est  de  courte  durée.  A  son  issue,  les  huit  anses  pachy- 
tènes bipartites  constituent  de  véritables  diades,  qui  se  groupent  par  paires 
pour  la  formation  d'anneaux  ayant  la  valeur  de  tétrades.  Voici  conmient  : 
dans  le  champ  antipolaire  où  les  branches  chromosomiques  se  terminent 
incrément,  les  extrémités  entaillées  des  deux  anses  arrivent  au  contact  et  se 
soudent  temporairement.  Puis  les  anses  elles-mêmes,  dont  la  courbure  sié- 
geait dans  le  champ  polaire  du  noyau,  se  rabattent  peu  à  peu  dans  le  même 
plan,  en  s'opposant  complètement.  Quatre  anneaux  se  forment  ainsi  qui 
demeurent  situés  dans  quatre  plans  parallèles,  en  attendant  d'être  dissociés 
à  la  première  mitose.  La  façon  dont  celle-ci  se  produit  est  très  singulière  ; 
elle  ramène  chaque  anneau  à  ses  deux  diades  constituantes,  et  son  rùle  con- 
siste simplement  à  porter  quatre  diades  à  chacun  des  deux  spermatocytes 
de  deuxième  ordre.  Elle  ne  réalise  aucune  division  chromosomique,  ni  longitu- 
dinale, ni  transversale.  Mais  si  l'on  considère  que  toute  diade  correspond  à 
un  chromosome  somatique,  on  doit  reconnaître  qu'elle  a  opéré  la  réduction 
numérique,  puisque,  grâce  à  elle,  les  deux  cellules  résultantes  ne  contiennent 
plus  chacune  que  quatre  diades,  soit  quatre  chromosomes  clivés.  La  seconde 
mitose  succède  rapidement  à  la  première.  C'est  une  mitose  ordinaire,  elle 
dissocie  les  diades  en  leurs  deux  moitiés  et  achève  ainsi  la  division  longitu- 
dinale de  la  dernière  télophase  goniale.  Chaque  spermatide  contient  quatre 
moitiés  préparées  par  cette  division  extrêmement  précoce. 

Dans  l'ovogenèse,  l'apparence  des  phénomènes  est  bien  plus  compliquée, 
à  cause  de  l'accroissement  considérable  que  subit  I'ovocyte  de  premier  ordre. 
Mais  on  compte  aussi  autant  d'anses  pachytènes  que  de  chromosomes  soma- 
tiques,  et  chaque  anse  pachytène  constitue  une  diade  qui  est  dissociée  seule- 
ment à  la  seconde  mitose. 

C.  R.,  icjio,  1"  Semestre,  l'f.  150    i\»  24.)  2(3 


1628  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Conclusions.  —  La  théorie  de  la  conjugaison  latérale  des  chroniosonies  re- 
pose sur  une  interprétation  défectueuse  de  la  véritable  division  lonj'itudinale 
dans  le  noyau  des  cytes  de  premier  ordre,  et  sur  une  numération  inexacte 
des  chromosomes  chez  les  espèces  étudiées. 

Cette  division  s'opère  à  la  dernière  télophase  goniale  ;  elle  persiste  à  tra- 
vers le  repos  gonial,  puis  à  travers  toute  la  prophase  de  la  première  mitose 
maturative,  même  dans  les  anses  pachytènes  où  les  moitiés  se  rapprochent 
étroitement,  et  elle  ne  s'achève  qu'à  la  métaphase  de  la  seconde  mitose.  La 
première  mitose  ne  l'intéresse  pas  et  se  réalise  comme  si  elle  n'existait  pas. 
En  un  mot,  la  division  longitudinale,  si  précoce  qu'elle  soit,  ne  prépare  que 
les  secondes  mitoses  de  maturation  ;  elle  reste  suspendue  pendant  toute  l'évo- 
lution du  cyte  de  premier  ordre. 

Le  partage  de  cette  cellule  est  obtenu  grâce  à  un  processus  particulier, 
étranger  à  la  division  longitudinale  des  chromosomes,  qui  agit  de  la  façon 
suivante  :  il  détruit  l'unité  du  noyau  en  le  ramenant  à  deux  groupements  de 

-  chromosomes  entiers  et  fissurés  qui  représentent  des  territoires  nucléaires 

diflérenls.  Ces  deux  groupements  s'opposent  l'un  à  l'autre  et  s'éloignent 
dans  les  cytes  de  deuxième  ordre  qui,  au  point  de  vue  numérique,  au  moins, 
sont  symétriques  des  deux  pronuclei  de  la  fécondation. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  dépôts  de  tourbe  littorale  de  l'ouest  de  la  France. 
Note  de  M.  Jules  Wkls<;h,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

L  A  la  Parée,  ou  plage,  de  Brétignolles  (Vendée),  j'ai  constaté  la  pré- 
sence d'une  assise  de  tourbe  couverte  à  marée  haute;  cette  tourbe  repose 
sur  des  schistes  cristallins  qui  se  continuent  de  chaque  côté  de  la  plage,  où 
ils  forment  de  petites  falaises.  La  tourbe  est  recouverte  par  le  sable  de 
l'estran  qui  se  prolonge  par  de  petites  dunes  entourant  la  plage  et  portant 
quelques  chalets.  Souvent  le  sable  ou  les  cailloux  roulés,  apportés  par  la 
mer,  cachent  entièrement  la  tourbe;  celle-ci  se  continue  au  Sud,  au-dessus 
du  niveau  des  plus  hautes  mers;  on  la  voit  reposer  ^ur  une  assise  de  sables 
noircis,  cailloux  roulés  et  argile.  Cette  assise  de  sables  et  cailloux  ne  dép.TSse 
guère  I  pied  d'épaisseur;  les  cailloux  roulés  dépendent  probablement  du 
terrain  de  transport  des  plateaux  ;  l'argile  provient  surtout  de  la  décompo- 
sition des  schistes  qui  sont  au-dessous. 

Dans  l'anse,  la  tourbe  montre  des  troncs  d'arbres  couchés;  elle  est  plus 
sableuse  à   sa    partie   supérieure;    l'épaisseur  est  de    40^™  environ.  J'ai 


SÉANCE    DU    l3    JUIN    I910.  l(i2g 

liouvé  flans  cette  tourbe  des  graines  fossiles,  dont  j'ai  pu  obtenir  la  déter- 
mination, grâce  à  l'obligeance  de  M.  et  M'"^  Clément  Reid.  Voici  la  liste  : 

Raniinculus aijualilis,  R.  sceleraltis.  A'iiphar  luteum,  Cakile  ma/ilima,  Vitis  vini- 
fera,  Prunus,  Rubus  fruticosui,  Myriopliylluin  spicalum,  Ceralophyllum  deiner- 
suni,  Biyonial ,  Hyilrncolyle  vulgaris,  Cornus  sanguinea,  Sambucus  nigra,  Sola- 
num  Diilcaniara,  Lycopus  europœus,  Atriplex  patula,  Riiniex  sp.,  Polygonum 
//ydropiperl,  Alisnia planlagn,  Iris  Pseudacorus,  Polamogelon  peclinatus,  P.  na- 
lansl,  Riippia  roslellala,  Zannichellia,  Sparganiuin,  Scirpus  Tabernœnwntani, 
Carex  (3  espèces),  Fougère,  elc. 

Voici  les  observations  de  M.  Cl.  Reid  :  «  Ce  dépôt  peut  être  néolithique;  mais  les 
])lantes  sont  insuffisantes  pour  délerminei*  l'âge;  c'est  une  flore  de  marais  uiarilimes, 
avec  des  graines  de  fruits  charnus  apportés  par  les  oiseaux.  Le  climat  était  tempéré. 
I>a  seule  espèce  significative  pour  décider  de  l'âge  est  la  vigne  et  je  ne  suis  pas  certain 
de  l'époque  à  laquelle  on  peut  rapporter  l'introduction  de  la  vigne.  Quoique  la  vigne 
soil  trouvée  dans  les  habitations  lacustres  plus  au  Sud,  et  apparaît  aussi  dans  le  Plio- 
cène de  Tegelen  (Limbourg),  je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  aucune  autre  indication  mon- 
trant sa  présence  aussi  loin  au  Nord,  dans  les  dépôts  néolithiques.  Elle  fut  introduite 
par  les  Romains  dans  le  sud  de  la  Grande-Bretagne  et  n'est  pas  trouvée  dans  les  dé- 
pôts préromains.    » 

J'ajoute  que  Cakile  maritima.,  qui  vit  dans  le  sable,  et  Ruppia  rostellata 
sont  des  plantes  exclusivement  maritimes. 

Les  débris  d'insectes  de  cette  tourbe  ont  été  déterminés  par  M.  Vacher 
de  Lapouge;  ce  sont  Gyrinus  sp.,  Remhidium  sp.,  Donacia  sp.,  un  Curcu- 
lionide,  qui  sont  tous  des  insectes  atpiatiques,  et  Carabui  cancellatus  cellicus, 
(\\x\  est  ubiquiste. 

II.  Plus  au  Nord,  j'ai  visité  le  gîte  de  tourbe  de  la  plage  Valenlin,  au 
Croisic  (Loire-Inférieure);  il  se  présente  dans  des  conditions  analogues, 
reposant  sur  la  granulite.  Celte  tourbe  découvre  à  marée  descendante  ;  elle 
renferme  beaucoup  de  sable  quartzeux  et  de  paillettes  de  mica  blanc  ;  on  y 
aurait  liouvé  des  silex  moustériens  ;  la  tourbe  supporte  une  couche  d'argile 
gris  bleuâtre  avant  le  sable  des  dunes.  Voici  les  graines  déterminées  : 

Ranunciiliis  arpiali/is.  R.  Flammula,  l\ufjhar  liiteuni,  Riib/is /ruticosiis,  Myrio- 
phylluin  spicalum,  Sambucus  nigra,  Riimex.  Ceralophyllum  deniersum,  Polamo- 
gelon, Scirpus  lacuslris,  S.  Tabernœmonlani.  Il  y  a  aussi  des  débris  d'insectes. 

Par  ce  gisement  je  me  relie  à  la  tourbe  de  Belle-Isle-en-Mer,  étudiée  par 
MM.  Gadeceau  et  Clément  Reid. 

III.  Vers  le  Sud,  j'ai  examiné  de  nombreux  affleurements,  dans  des 
courses  faites  pour  le  Service  de  la  Carte  géologique  de  la  France. 

Sur  la  côte  des  Granges  d  Olonne,  près  la  Gachère  (Vendée),  j'ai  étudié 


l63o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  point  signalé  autrefois  par  Rivière  ;  il  repose  sur  les  calcaires  jaunes  de 
la  partie  inférieure  du  Lias,  qui  sont  eux-nicmcs  supportés  par  les  schistes 
cristallins. 

M.  Ileid  a  pu  déterminer  : 

lîanuiicnlas  aqiiatilis,  Nupliar  liileum,  MyriophyUuin  spicatum,  Hydrocotyle 
vutgaris,  Lycopus  europceus,  Potarriogelon,  Scirpi/s  Tabcrnœnionlani,  Scirpus  sp., 
Carex,  etc. 

IV.  Dans  l'île  d'Oléron,  la  tourbe  de  Domino,  plage  des  Cbardonnières, 
se  présente  dans  les  mêmes  conditions;  elle  repose  sur  les  calcaires  à 
Ichthyosarcolites  du  Cénomanien  et  supporte  les  dunes  de  sable  moderne; 
j'y  ai  trouvé  des  Lymnées,  qui  sont  des  coquilles  lacustres.  Les  graines 
sont  celles  de  : 

Ranunculits  aquatilis,  R.  sceleratus,  Ihibua  fnilicosiis.  Polamogeton  sp.,  Pota- 
mogéton  sp.,  Scirpus  Tabernœmonlnni,  Cladiiint  marisciis. 

Je  n'ai  pas  eu  le  loisir  de  chercher  des  graines  dans  le  gisement  de  Plai- 
sance, que  j'ai  découvert  sur  la  côte  Nord-Est  d'Oleron. 

V.  Sur  la  côte  du  Médoc,  au  nord  et  au  sud  de  Montalivet,  on  voit 
affleurer  une  assise  de  tourbe,  qui  repose  sur  l'argile  du  Gurp  à  Elephas 
meridionalis ;  au-dessus,  il  y  a  des  sables  agglutinés  d'anciennes  dunes  et 
des  sables  modernes.  L'argile  porte  des  troncs  d'arbres  encore  enracinés. 
Voici  la  liste  des  graines  déterminées: 

Hypericuni  Helodes,  Rubus  fruticosus,  Polamogeton  sp.,  Juiicus  sp.,  Cladium 
mariscus,  lleleocharis  multicaulis^  Cavex  sp.  Les  espèces  sont  peu  nombreuses,  car 
la  masse  de  cette  tourbe  n'est  pas  facile  à  traiter  pour  dégager  les  graines.  Il  y  a  aussi 
des  Insectes,  Donacia,  un  Curculionide,  etc. 

Je  suis  disposé  à  admettre  que  la  couche  de  tourbe  sur  argile  se  continue 
tout  le  long  de  la  côte  des  Landes  de  Gascogne,  d'après  des  indications 
recueillies  à  Lacanau,  au  Moulleau  d'Arcachon  et  plus  au  Sud.  Je  n'ai  pas 
vu  le  gisement  indiqué  par  Jacquot  à  Mouligna,  au  sud  de  Biarritz;  mais 
j'ai  visité  l'affleurement  de  la  falaise  de  Bidart;  il  y  a  là  du  lignite  qui  me 
parait  dépendrcde  la  formation  des  Sables  des  Landes.  Au  sud  de  Guethary, 
M.  Stiegelmann  m'a  montré  un  affleurement  de  tourbe  qui  me  parait  de  la 
même  série  (pie  ceux  (jue  j'ai  envisagés  au-dessus. 

Conclusions.  —  i"  Tous  les  gisements  indiqués  me  paraissent  être  du 
même  âge.  FjCs  plantes,  avec  la  seule  exception  de  la  vigne,  sont  des  espèces 


SÉANCE  DU  l3  JUIN  1910.  lG3l 

communes  de  la  France  et  d'Angleterre.  Il  y  a  absence  complète  de  toute 
espèce  caractéristique  de  France  ou  de  régions  plus  au  Sud. 

2"  A  première  vue,  l'étude  de  ces  gisements  littoraux  paraît  fournir  une 
preuve  incontestable  d'un  affaissement  général  de  la  côte  considérée,  affais- 
sement qui  serait  le  dernier  grand  mouvement  du  sol  de  l'ouest  de  la 
France;  mais  cela  ne  me  paraît  pas  absolument  probant. 

En  effet  il  se  forme  actuellement  des  dépôts  marécageux  à  peu  de  distance 
de  l'Océan,  dans  des  bas-fonds  d'altitude  i  et  2.  Si  l'érosion  était  active,  k; 
côte  reculerait  jusqu'à  ces  points  et  la  marée  haute  les  couvrirait.  i 

On  peut  dire  que  cette  tourbe  a  pu  se  former  à  un  moment  où  son  empla- 
cement était  protégé  à  l'Ouest  par  des  dunes  ou  un  autre  abri;  c'est  une 
preuve,  en  tout  cas,  du  recul  de  la  côte   par  érosion  depuis  une  époque  ; 
géologiquement  récente. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Photographies  des  aurores  boréales  et  nouvelle  mél/iode 
pour  mesurer  leur  altitude.  Note  de  M.  Carl  Stormer. 

Comme  on  le  sait,  le  problème  consistant  à  prendre  des  photographies 
réussies  de  l'aurore  boréale  présente  de  grandes  difficultés,  tant  à  cause  de 
la  faible  luminosité  de  l'aurore,  qu'à  cause  de  sa  mobilité,  qui  nécessite  une 
pose  de  quelques  secondes  au  plus.  Aussi  n'existe-t-il,  autant  que  je  sache, 
qu'une  seule  photographie  de  courte  pose  (7  secondes)  de  l'aurore  prise 
par  M.  Brendel  (')  à  Bosekop,  le  i"'  février  1892. 

L'année  dernière,  j'ai  fait  une  série  d'expériences  pour  trouver  les  objectifs  et  les 
plaques  les  meilleurs  possibles  pour  photographier  les  aurores  boréales.  J'ai  fini  par 
choisir  un  objectif  cinématographique  de  23"""  de  diamètre  avec  une  distance  focale 
de  So™"  et  les  plaques  Lumière  à  étiquette  violette. 

Grâce  à  ce  choix  j'ai  réussi  à  résoudre  le  problème  en  question.  Pendant  une  expé- 
dition à  Bosekop  en  février  et  mars  de  celte  année,  j'ai  pris  au  total  800  photogra- 
phies d'aurore,  parmi  lesquelles  la  moitié  environ  étaient  réussies.  Le  temps  d'expo- 
sition a  varié  entre  une  fraction  de  seconde  et  une  vingtaine  de  secondes,  selon 
l'intensité  et  la  vivacité  de  l'aurore. 

Une  fois  ce  problème  résolu  on  a  tout  de  suite  une  méthode  excellente 
pour  inesurer  l'altitude  de  l'aurore  et  sa  situation  dans  l'espace.  En  effet 
on  n'aura  qu'à  photographier  simultanément  l'aurore  de  deux   stations 

(')   Voir  Mclaorologische  Zeilsclirift,  1900. 


l"ig.    1. 


Fi?.    3. 


lG34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

relit'PS  ]>ar  U'-lrjilione  et  à  comparer  la  situation  de  Faurore  par  rapport  aii\ 
«■■toiles  sur  Tuiie  el  l'autre  plaque;  connaissant  le  temps  et  les  constantes 
o|)ti(pies  de  l'objectif,  on  aura  alors  toutes  les  données  nécessaires  pour 
calculer  l'altitude  de  l'aurore  et  sa  situation,  et  cela  avec-grande  précision. 

Les  stations  que  nous  avons  choisies  sont  Altenkirke  (longiliide  23°i5',5  à  l'Est 
•de  Greenwicli,  latitude  GgoSy'Si")  et  Ovre  AUenskole  (\on^\\\xà.e,  i'i°\%\[\\  lati- 
tude 69°55'34")  avec  distance  de.4''"i3  entre  les  deux. 

Parmi  les  6/j  pliotograpliies  réussies  prises  simultanément  de  ces  stations  nous 
reproduisons  ici  les  quatre  suivantes  (sans  i-elouche)  : 

La  figure  i  représente  une  aurore  faible  el  tranquille  en  forme  de  plaque  vibrante, 
le  I"''  mars  1910  à  8'' 28™ 46%  temps  de  Greenwich  Le  temps  est  compté  au  début  de  la 
pose  qui  a  duré  20  secondes.  Le  calcul  fait  voir  que  l'altitude  de  l'aurore  entre  les 
étoiles  ot  et  [3  de  la  Grande  Ourse  était  d'environ  iGô""",  avec  une  erreui-  moindre 
que  10'"". 

La  figure  2  est  une  reproduction  agrandie  de  la  photographie  d'une  draperie  d'au- 
rore vers  les  Pléiades,  le  9  mars  à  10'' 26"' 22^.  Pose  3  secondes.  Dislance  aux  environs 
des  Pléiades,  200''"';  altitude  entre  5o'^"'  et  60'"".  La  draperie  fail  un  grand  pli,  ce  qui 
donne  un  renforcement  de  la  lumière.  La  tache  blanche  à  droite  provient  d'un  défaut 
dans  la  placjue. 

La  figure  3  représente  un  arc  passant  au  zénith,  le  \[\  mars  à  6''34"'22'.  Pose 
10  secondes.  Hauteur  aux  environs  de  l'étoile  [3  de  la  Grande  Ourse,  190'"". 

La  figure  4  représente  aussi  un  arc  à  la  même  date,  à  8''32™5o^  Hauteur  aux  envi- 
rons de  l'étoile  ^  de  la  Grande  Ourse,  120'"°. 

Nous  sommes  convaincu  que  l'application  systématicjue  de  cette  nou- 
velle méthode  pliotot^rapliique  ne  tardera  pas  à  donner  des  résultats  de  la 
plus  faraude  importance  pour  l'élude  des  aurores. 


A  '\  licun's  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  !\  heures  et  demie. 

Ph.  V.  T. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  20  JUIN  1910. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE   PHYSIQUE.    —    Sur  un  jïlamenl  extraordinaire.    Note 
de  MM.  H.  Desi.andres,  L.  d'Azambu.ia  et  V.  Burson. 

Le  II  avril  1910,  le  Soleil  a  montré  des  phénomènes  très  curieux  et 
même  extraordinaires,  dont  l'un  a  été  décrit  déjà  dans  une  Note  précédente 
des  Comptes  rendus  du  25  avril,  p.  1007,  et  intitulée  :  Distribution  des  fila- 
ments dans  la  couche  supérieure  de  l'atmosphère.  Nous  présentons  aujour- 
d'hui un  autre  phénomène  du  même  jour,  au  moins  aussi  intéressant,  mais 
d'un  ordre  difTérent. 

Le  1 1  avril,  le  temps  a  été  assez  beau  pendant  toute  la  journée,  et  il  a 
été  possible  de  faire  de  nombreuses  épreuves  avec  les  trois  appareils  enre- 
gisteurs  principaux  qui  relèvent  l'atmosphère  entière  de  l'astre.  Ces  appa- 
reils sont: 

I"  Lu  pelil  speclrohéliograplie  de  faible  dispersion,  en  service  depuis  1898,  qui  dé- 
cèle la  chiomosjilière  moyenne  du  calcium  ;  9.°  un  grand  speclroliéliograplie,  de  forte 
dispersion,  employé  depuis  1908,  qui  donne  l'image  des  couches  supérieures  de  la 
cliromosphère  avec  le  calcium  el  l'hydrogène  ;  3"  un  spectroeniegislreur  des  vitesses 
radiales,  datant  de  1907,  qui  relève  les  vitesses  radiales  des  mêmes  vapeurs  dans  la 
couche  supérieure,  el  en  même  temps  les  largeurs  el  détails  des  raies  correspondantes, 
K  el  11^,  très  variables,  comme  on  sait,  d'un  point  à  l'autre  de  l'astre. 

Les  couches  supérieures  du  calcium  et  de  ["hydrogène  ont  montré  do  très 
beaux  filaments,  dont  le  dessin  a  été  inséré  dans  la  Note  précédemment 
citée  du  2 j  avril  dernier.  On  distingue  en  particulier  une  belle  courbe  po- 
laire de  niamenls,  plus  importante  cpi'à  l'ordinaire,  qui  a  été  rapprochée 
des  courbes  similaires  observées  aux  pcMes  pendant  les  années  précédentes. 

C.  11.,  iç)i.,,  1"  Semestre.  ,T.  1.50,  N-  25.)  2l4 


,(;;^5  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  case  I  do  la  n,t;ure  ci-coi)lrc  reproduit  ce  mciiie  dessin,  fait  d'après  les 

épreuves  de  d'Azambuja  avec  le  grand  spectrohéliographe. 

Or,  au  même  moment,  les  épreuves  du  speclroenrcgistreur  des  vitesses 
obtenues  par  Burson  décèlent  dans  le  quadrant  Sud-Est  un  lilament 
extraordinaire,  qui,  fait  curieux,  n'apparaît  pas  ou  est  à  peine  visible  sur 
les  images  du  grand  speclrohéliograplie.  Ce  Hlament  nouveau  est  représenté 
dans  la  case  II  de  la  figure. 

Il  a  la  particularité  d'avoir  des  vitesses  radiales  considérables,  ascen- 
dantes dans  la  grande  majorité  des  cas,  et  qui  ont  dépassé  sur  certains 
points  loo'^'"  par  seconde.  Les  filaments  ont  été  déjà  notés  par  Deslandres, 
comme  ayant,  d'une  manière  générale,  des  vitesses  radiales  plus  grandes 
que  les  points  ordinaires  du  disque;  mais  c'est  la  première  fois  que  l'on 
enregistre  nettement  à  Meudon  par  la  pholograpbie  des  vitesses  radiales 
aussi  grandes. 

La  première  épreuve  des  vitesses  a  été  faite  de  8''o2"'  à  8''i5'";  et  aussitôt 
le  pbénomène  bien  constaté,  le  directeur  de  l'Observatoire  a  demandé  cpie 
l'on  fit  des  épreuves  successives,  aussi  nombreuses  que  possible,  avec  une 
seconde  fente  plus  large  et  des  sections  plus  rapprochées. 

La  seconde  fente,  dont  la  largeur  ordinaire  est  de  i'"™,  a  été  agrandie  à 
2""";  mais  l'agrandissement  a  été  encore  insuffisant,  car  la  raie  noire  K.,, 
fortement  déplacée,  était  coupée  par  la  joue  de  la  fente,  et  la  vitesse 
de  loo"""  a  été  certainement  dépassée  (').  On  a  pu  faire  ainsi  plusieurs 
épreuves  successives  de  vitesse  ;  on  s'est  arrêté  à  la  treizième  qui,  vers  midi 
et  demi,  ne  montrait  plus  aucun  déplacement  de  vitesse  radiale.  Mais  au 
début,  vers  8'',  lorsque  le  phénomène  a  été  constaté,  le  déplacement  radial 
était  déjà  notable;  il  a  atteint  son  maximum  vers  io''i5'"et,à  i  i'''^o'",  il  était 
nul  ou  insignifiant.  La  perturbation  avait  duré  au  moins  3  heures  et  demie. 

I^es  cases  de  III  à  VI  reproduisent  les  déplacements  des  sections  les  plus 
curieuses  sur  quatre  des  épreuves.  La  raie  centrale  K^  est  représentée  à  sa 
place  ordinaire  puu-  une  ligne  avec  hachures;  et  la  raie  déplacée  est  indi- 
quée par  de  gros  traits  noirs  irréguliers.  Ce  mode  de  représentation  corres- 
[)ond  bien  (Failleurs  à  la  réalité;  car,  dans  la  plupart  des  sections,  la  raie 
K3  a  la  position  et  rintci>silé  qui  lui  sont  babilMclles  au  centre  delà  raii-  K, 


(')  l.e  (ilatiiorU  n'élaiil  pas  au  centre  du  (ïis(|iie,  le  iléplacemenl  conslati'  peut  tenir 
non  seuienienl  à  un  ruouveincnl  vertical  do  la  vapeur,  mais  aussi  à  un  mouvement 
horizontal.  On  sait,  il  est  vrai,  ((ue,  dans  les  filanienls,  la  vitesse  d'ascension  est  tou- 
jouis  nolalde 


Couche  supérieure  de  l'citmosphére  .sfiUiirv  du  ii  (H-ril  n 


0      E 


'^      Case  III. a  8*'ir 


Case  IV  3  3*'  18"  g 


c/o/ef        ïT 

g       Tase  V_à  lO''  21" 


rouge 


Les  cases  I  et  II  représcnlciil  les  lil.iments  (sans  les  aligneniciils  )  relevés  sur  leiji'euve  des  l'nriues 
(cascl)  el  sur  l'épreuve  des  vitesses  (case  II).  Les  autres  cases  reproduisent  quelques  sections 
inléressantes  relevées  sur  quatre  épreuves  successives  des  vitesses  à  remplacement  du  filament 
exceptionnel  AB.  La  raie  K,  est  représentée  à  sa  place  normale  au  milieu  par  dos  hachures,  et  la 
raie  K,,  déplacée  plus  ou  nmins,  est  indiquée  par  un  Irait  nuir  Les  composâmes  brillantes  K, 
ne  sont  pas  représentées. 


l638  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

entre  les  deux  coinposaiiles  relalivemeiil  brilla  nies  de  K^;  et  il  y  a  en  plus, 
surtout  du  côté  violet,  et  à  l'emplacement  K,,,  des  raies  noires,  même  très 
noires,  plus  ou  moins  tordues  et  déplacées.  Tout  se  passe  comme  si,  la 
couche  K.|  restant  à  peu  près  dans  son  état  ordinaire,  une  grande  masse  de 
gaz  au-dessus,  distincte  de  la  première,  s'élevait  irrégulièrement  à  de 
grandes  vitesses. 

On  s'explique  ainsi  très  bien  que  le  fdamcnt,  si  frappant  à  première  vue 
sur  l'épreuve  des  vitesses,  soit  à  peine  apparent  dans  l'épreuve  du  grand 
spectrohéliographe.  Lorsque  la  seconde  fente  de  ce  grand  appareil  isole 
seulement  la  parlie  centrale  de  la  raie  K.,,  les  raies  un  tant  soit  peu  dé- 
placées et  les  autres  parties  de  la  raie  K  lui  échappent  absolument  ('). 

En  fait,  l'image  du  grand  spectrohéliographe  montre  seulement  un  ali- 
gnement qui  prolonge  vers  le  bord  est  le  filament  du  centre  et  est,  d'ail- 
leurs, comme  il  arrive  souvent,  accompagnée  au  bord  par  une  protubé- 
rance (représentée  sur  le  Soleil  de  la  case  II).  De  plus,  au  même  moment, 
le  fdamenl  en  question  se  montrait  encore  assez  net  sur  l'image  de  la  couche 
moyenne  avec  le  petit  spectrohéliographe  dont  la  seconde  fente  isole  une 
partie  plus  grande  de  la  raie  K. 

L'épreuve  des  vitesses  permet  d'expliquer  aisément  toutes  ces  diflercnces; 
elle  décèle  tous  les  filaments  de  la  case  I,  et  en  particulier  le  grand  lilament 
polaire  qui,  à  ce  moment,  n'avait  pas  de  vitesses  radiales  notables;  mais, 
pour  les  voir,  il  faut  regarder  avec  soin  l'épreuve.  Par  contre,  le  fdameat 
nouveau  du  quadrant  Sud-J*]st,  aux  grands  mouvements  ascendants,  appa- 
raît, à  première  vue,  avec  une  intensité  et  une  netteté  singulières  qui 
annoncent  bien  sa  grande  importance.  On  vérifie  une  fois  de  plus  ce  fait, 
reconnu  à  Meudon  et  signalé  déjà  plusieurs  fois,  que,  dans  la  couche  supé- 
rieure, les  perturbations  se  produisent  sur  des  lignes  souvent  très  longues 
(filaments  et  alignements).  Dans  les  couches  plus  basses  et  sur  la  surface, 
au  contraire,  les  perturbations  sont  concentrées  sur  les  points  plus  ou 
moins  ronds  qui  sont  les  taches. 

D'autre  part,  tous  ces  faits  font  loucher  du  doigt  les  points  faibles  du 
spectrohéliographe,  déjà  signalés  par  Deslandres  de  1891  à  i8i)3.  L'ap- 
pareil, dont  la  seconde  fente  a  une  largeur  constante,  ne  peut  isoler  com- 
plètement une  raie  qui,  par  essence,  est  de  largeur  variable,  et  justement 

(')  Si  la  seconde  feule  du  speclrohéliograplie  avait  isolé  une  autre  partie  de  la 
raie  K,  le  phénomène  aurait  pu  être  signalé,  sinon  recouTiu  exactement.  Son  inlerpré- 
lalion  précise  exige  le  recours  à  l'épreuve  des  vitesses. 


SÉANCE    DU    20    JUI>'    1910.  1G39 

il  est  en  défaut,  aux  moments  les  plus  intéressants,  lorsijue  la  vapeur  a  des 
mouvements  notables.  Le  spectroenregistreur  des  vitesses  le  complète  heu- 
reusement et  est  au  moins  aussi  utile. 

La  grande  perturbation  solaire  du  1 1  avril  n'a  pas  été  accompagnée  d'un 
trouble  des  aimants  terrestres,  qui  puisse  lui  être  rapportée.  Ces  grandes 
émissions  de  vapeur,  qui  donnent  lieu  à  des  particules  condensées,  et  chas- 
sées ensuite  par  la  pression  de  radiation,  ont  été  présentées  comme  une  des 
causes  principales  de  l'action  exercée  par  le  Soleil  sur  le  magnétisme  ter- 
restre. Mais,  dans  le  cas  présent,  le  filament  à  grands  mouvements  est  trop 
éloigné  du  centre  pour  que  la  Terre  se  trouve  dans  son  rayon  d'action. 
Cependant  ces  phénomènes,  en  général  de  durée  courte,  ne  sont  pas  pro- 
bablement aussi  rares  qu'on  le  croit  en  général.  Il  faudrait  seulement,  pour 
les  déceler  tous,  un  enregistrement  continu  des  formes  et  des  mouvements 
des  vapeurs  solaires.  Cet  enregistrement  continu,  réclamé  par  Desiandres 
depuis  1893,  exige  un  grand  effort,  mais  il  est  nécessaire  pour  la  reconnais- 
sance des  liens  précis  qui  unissent  le  Soleil  à  la  Terre. 


PHILOSOPHIE  NATL'HELLE.  —  Sur  les  principes  de  la  Mécanique  el.  sur  leur 
applicahililé  à  des  phénomènes  qui  semhlenf  mettre  en  défaut  certains 
d'entre  eux.  Note  de  M.  J.  Boussinesq. 

L  L'examen  approfondi  des  phénomènes  de  mouvement,  depuis  trois 
siècles,  a  tendu  sans  cesse  à  faire  admettre  les  principes  suivants,  qui, 
devenus  les  bases  de  la  Mécanique,  paraissent  applicables  à  tout  système  de 
points  (ou  éléments)  matériels  mis  en  présence  les  uns  des  autres  et  supposés 
seuls  dans  l'espace  : 

i"  L'accélération  géométrique  de  chaque  point  est,  à  tout  instant,  fonc- 
tion de  la  configuration  da  système,  ou  rattachée  d'une  manière  déterminée 
(en  grandeur  et  en  direction)  à  sa  figure  actuelle  que  définissent  complè- 
tement les  distances  réciproques  de  ses  points;  et  elle  se  trouve,  par  consé- 
quent, indépendante  de  leurs  vitesses,  c'est-à-dire  de  leur  mouvement 
actuel  ; 

1"  A  une  même  configuration  peuvent,  dans  plusieurs  systèmes  supposés 
très  éloignés  les  uns  des  autres  mais  composés  de  points  exactement  pareils 
chacun  à  chacun,  correspondre,  suivant  les  cas,  toutes  les  vitesses  imagi- 
nables; 

3°  11  existe,  pour  chaque  point  matériel,  un  certain  coefficient  constant, 


ifi/îo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

appelé  sa  masse,  mesure  do  sa  valeur  dynamique  comparativement  aux 
autres  points,  tel,  que  le  demi-produit,  par  cette  masse,  du  carré  de  la  vi- 
tesse du  point,  exprime  son  énergie  actuelle  de  mouvement,  c'est-à-dire  une 
quantité  dont  la  somme  arithmèùqae  pour  tout  le  système,  jointe  à  une  cer- 
taine fonction  des  diverse?  distances  mutuelles  des  points  du  système  dite 
son  énergie  potentielle,  donne,  pour  le  système  entier,  une  quantité  (énergie 
l()t(tle)  invariable  d'un  instant  à  l'autre. 

Et  il  est  même  jus(|u'à  présent  très  probable  (sans  qu'il  soit  néanmoins 
nécessaire  de  l'admettre  pour  ce  qui  suit)  que  l'énergie  potentielle  est  une 
.somme  pure  et  simple  de  termes,  F(r),  ne  dépendant,  chacun,  que  d'une 
seule  distance,  d'une  seule  droite  /•  de  jonction  des  points  du  système,  termes 
qui  exprimeraient  sa  valeur  si  le  système  se  réduisait  au  couple  des  deux 
points  reliés  par  la  droite  /■  correspondante.  Par  conséquent,  si  l'énergie 
actuelle  se  décompose,  comme  il  est  évident,  en  autant  de  parties  relative- 
ment indépendantes  que  le  système  comprend  de  points,  l'énergie  poten- 
tielle se  décomposerait  aussi  en  autant  de  termes  distincts  qu'il  comprend 
de  couples  de  points  ou  de  droites  /•  joignant  ces  couples,  ou  encore,  de 
rapports  (  entre  points)  élémentaires,  définis  par  ces  droites  mêmes. 

II.  Or,  il  résulte  des  trois  principes  précédents  que  \a.  force  motrice  de 
chaque  point,  produit  de  sa  masse  et  de  son  accélération  géométri(/ue  actuelle 
représenté,  en  grandeur  et  direction,  par  une  droite  émanée  du  point  sui- 
vant le  sens  de  Taccélération,  est  la  résultante  (ou  somme  géométrique)  de 
droites  tirées  de  ce  point  vers  chacun  des  autres  et  égales  respectivement 
aux  dérivées  partielles,  changées  de  signe,  de  l'énergie  potentielle  par  rap- 
port à  la  distance  /■  des  deux  points  ainsi  considérés.  Cette  droite  partielle 
s'appelle  l'action  du  point  vers  lequel  on  la  tire  sur  le  point  d'où  elle  émane  : 
elle  est  évidemment  égale  et  contraire  à  la  réaction  analogue  de  celui-ci  sur 
celui-là  ;  et  l'ensemble  de  ces  deux  forces  constitue  V action  mutuelle  du 
couple  des  deux  points  (fonction  de  leur  seule  distancer,  quand  l'énergie 
potentielle  totale  se  décompose  en  énergies  partielles  propres  aux  divers 
couples)  ('). 

m.  Dans  la  nature,  l'énorme  complication  des  systèmes,  où  il  arrive  le 
plus  souvent  qu'un  grand  nombre  de  points  apparaissent  peu,  tout  en  ayant 


(')  On  peut  voir  ces  déduclions.  précédées  de  l'exposé  des  |)iincipes  iiièines,  par 
exemple,  dans  les  trois  piemières  de  mes  Leçons  synl/ic lit/ lies  de  Mécaititjiie générale 
(Paris,  Gauthiei-Villars;  1889). 


SÉANCE    DU    21)    JUIN    1910.  l64l 

une  intluence  appréciable  sur  les  pliéuoinèiies  étudiés,  csl  cause  (jue  notre 
attention  doit,  eu  égard  à  la  faiblesse  de  nos  intelligences,  se  porter  presque 
exclusivement  sur  certains  points  y>/7'«ay;aH.i',  plus  intéressants  ou,  parfois 
aussi,  aptes  à  nous  servir  de  repères  pour  tous  les  autres,  et  dont  la  situa- 
tion, la  vitesse,  l'accélération,  seront,  dès  lors,  seules  notées,  seules  mises 
en  vue.  Il  y  aura  donc  lieu  d'éliminer  des  calculs  la  multitude  des  autres 
points,  tout  en  tenant  compte  de  leur  action  globale  sur  les  points  prin- 
cipaux. 

Et  les  problèmes  résolubles  seront  justement  ceux  où  cette  action  globale 
admettra,  en  fonction  des  quantités  relatives  aux  points  principaux^  une 
expression  maniable,  que  des  circonstances  particulières  à  la  question, 
généralement  révélées  par  l'expérience,  rendront  suffisamment  approchée, 
maïs  qui,  ne  contenant  plus  les  variables  r  dont  elle  dépend  directement, 
recevra  de  tout  autres  formes  que  sa  forme  naturelle  et  rigoureuse. 

IV.  Par  exemple,  dans  le  problème  du  mouvenienl,  à  travers  l'almo- 
sphère,  d'un  boulet  lancé  par  une  bouche  à  feu,  l'action  de  la  masse  terrestre 
sur  le  projectile  sera  réduite  à  une  fonction  de  la  distance  du  centre  du 
boulet  au  centre  de  la  Terre,  c'est-à-dire  à  une  fonction  de  la  situation  du 
centre  du  boulet,  ou  même  à  une  constante;  et,  d'autre  part,  l'action  des 
couches  d'air  entourant  le  boulet,  qui  dépend  de  leur  «Vie  «a/ rapprochement 
à  sa  surface  en  avant  et  en  arrière,  sera  réduite  à  une  fonction  de  la  vitesse 
de  translation  du  boulet,  pourvu  que  celle  vitesse  V  varie  avec  assez  de  lenteur 
pour  permettre  l'établissement  à  chaque  instant,  autour  du  boulet,  d'un 
régime  sensiblement  permanent  d'écoulement  de  l'air  contre  sa  surface, 
régime  dès  lors  fonction,  si  compliqué  qu'il  soit,  de  la  variable  unique  qui 
le  caractérise,  savoir  la  vitesse  actuelle  V  d\i  projectile. 

Les  équations  de  mouvement  de  celui-ci  se  formeront  donc  en  condensant 
dans  deux  forces,  l'une  constante,  l'autre  uniquement  fonction  de  la 
vitesse  V,  d'une  part  l'ensemble  des  actions  de  la  masse  terrestre  sur  lui, 
d'autre  paît  celle  des  innombrables  particules  d'air,  toujours  renouvelées, 
en  contact  avec  le  boulet  :  ce  qui  permet  d'éliminer  fictivement  cette  masse 
et  ces  particules,  ou  de  porter  toute  l'attention  sur  le  mouvement  même  du 
boulet. 

Or  l'expression  approchée  en  V,  ainsi  obtenue  pour  la  résistance  de  l'air, 
semble  une  négation  delà  loi  d'actions  fonctions  uniquement  des  distances  /•. 
Mais  il  n'en  est  rien  cependant  ;  car  elle  n'a  pris  sa  forme  paradoxale  qu'en 
raison  d'une  élimination  de  vraies  variables  /•  dont  elle   dépend,  rendue 


1(^/^-2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

possible  par  la  notion  d'un  certain  régime  d'écoulement  du  fluide  autour  du 
boulet.  Et  cette  notion  n'est  pas  moins  suggérée  par  rcxpéricnce  que  la  loi 
fondamentale  des  actions  fonctions  des  distances  r.  Aussi,  quoique  notre 
science  imparfaite  soit,  jusqu'à  présent,  impuissante  à  la  déduire  de  la  loi 
fondamentale,  ou  à  saisir  leurs  rapports  intimes,  on  ne  peut,  dès  lors, 
admettre  aucune  contradiction  entre  elles. 

V.  Ln  autre  exemple  rcmanpiable  de  réduction,  pour  les  formules 
exprimant  l'action  globale  d'une  multitude  presque  infinie  de  points 
matériels  sur  une  multitude  analogue  d'autres,  se  présente  chez  les  corps 
(solides  ou  fluides)  à  l'èlal  élaslique.  On  les  dit  à  cet  étal  lorsque  la  couli- 
guralion  intime  de  leurs  groupes  muléculaires  (ou  agglomérations  complexes 
de  molécules  chimiques),  de  part  cl  d'autre  de  la  surface  séparant  deux 
portions  contigues  d'une  particule  matérielle,  et  en  tant  que  celle  confîgu- 
ralion  détermine  Taclion  (ou  pression)  d'une  de  ces  portions  sur  l'autre, 
n'y  dépend  que  des  situations  relatives  des  centres  de  gravité  des  divers 
groupes  moléculaires,  c'esl-à-dire  de  la  configuration  visible  de  la  particule, 
ou,  par  conséquent,  des  déformations  perceptibles  (toujours  assez  petites) 
qu'elle  a  éprouvées  à  partir  d'un  certain  état  primitif  donné,  qui  esl,  chez 
les  solides  el  les  liquides,  l'étal  naturel  où  resterait  la  particule,  supposée 
isolée  cl  tranquille  (à  pari  son  agitation  calorifique  interne). 

En  réalité,  les  situations  de  ces  centres  étant  censées  fixées,  chaque  groupe 
de  molécules,  extrêmement  complexe,  comporte  encore  une  infinité  de  rota- 
tions el  de  déformations,  entre  les  centres  des  groupes  environnants  qui  ne 
le  circonscrivent  que  de  bien  loin.  Mais  c'est  une  notion  suggérée  encore  par 
l'expérience  que,  si  les  déformations  visibles  du  corps  se  font  assez  lente- 
ment., chaque  groupe  moléculaire  aura  eu  sans  cesse  le  temps  de  répartir  ses 
molécules  d'une  certaine  manière,  la  plus  stable  possible,  d'après  l'espace 
(pii  lui  est  ainsi  assigné  entre  ses  voisins.  Ce  qu'a  d'invisible  la  configuration 
interne  de  la  particule,  et  qui  est  presque  tout.,  sera  donc,  en  définitive,  y'onf- 
tion  du  peu  qid  est  visible,  savoir,  des  six  déformations  élémentaires  d'en- 
semble, bien  connues  (trois  dilatations  et  trois  glissements),  définissant  le 
changement  survenu,  à  parlir  de  l'étal  primitif  censé  donné,  dans  la  confi- 
guration perceptible  de  la  particule.  Par  suite,  les  pressions  élastiques  seront 
cx[)rimables  au  moyen  de  celles-ci. 

VI.  C'est  donc,  là  encore,  la  connaissance  expérimentale  d'une  sorte  de 
régime  se  produisant  sans  cesse,  qui  rendra  possible  la  théorie  de  l'élasticilé, 
tandis  ([ue  l'altération  plus  ou  moins  profonde  des  groupes  moléculaires, 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1910.  l643 

avec  ou  sans  échange  de  molécules  entre  eux,  mais  avec  sauts  d'un  état 
interne  d'équilibre  à  un  autre,  etc.,  rendra  intelligibles  les  déformations 
persistantes  ou  les  faits  de  plasticité . 

VII.  Et  si  les  déformations  visibles  de  la  particule  se  font  trop  vite  pour 
que  la  configuration  interne,  qui  règle  les  pressions,  soit  sans  cesse  la  confi- 
guration élastique  (ou  la  plus  stable)  pour  les  situations  relatives  actuelles 
des  centres  des  groupes  moléculaires,  on  conçoit  que  les  écarts  entre  cette 
configuration  élastique  idéale  et  la  configuration  /-éellese  trouveront  d'autant 
plus  grands,  que  la  vitesse  de  production  des  déformations  visibles  sera  plus 
grande  elle-même,  donnant  ainsi,  dans  les  formules  des  pressions,  outre  leur 
partie  élastique,  des  termes  correctifs,  fonctions  des  «a?  vitesses  élémentaires 
(perceptibles)  de  déformation  de  la  particule.  Ainsi  s'expliquera  la  présence, 
dans  les  corps,  des  frottements  intérieurs  (plus  souvent  appelés  de  nos  jours 
forces  de  viscosité),  fonctions  d'un  état  dynamique,  de  vitesses,  qui  intro- 
duisent, dans  les  formules  des  pressions,  des  dérivées  par  rapport  au  temps 
et  semblent,  comme  dans  le  cas  d'un  projectile  mû  à  travers  l'air,  en  contra- 
diction avec  la  loi  fondamentale  des  actions  fonctions  des  distances. 

Mais  cette  contradiction  apparente  résulte,  comme  on  voit,  cette  fois 
encore,  d'une  élimination  des  vraies  variables  rendue  possible  par  la  notion 
d'un  certain  régime  tendant  à  s'établir,  notion  d' expérience  encore  venue 
s'adjoindre  à  la  loi  fondamentale  sans  la  nier,  quoique  nous  soyons,  au  moins 
jusqu'à  ce  jour,  hors  d'état  de  l'en  déduire  ou  de  pénétrer  les  rapports 
intimes  de  ces  deux  faits  capitaux  ('). 


ÉLECTRICITÉ.  —  Noui'clle  mesure  de  la  cohésion  diélectrique  de  l'argon  (^). 
Note  de  M.  E.  Bouty. 

La  détermination,  même  approchée,  de  la  cohésion  diélectrique  de 
largon  soulève  des  difficultés  qu'on  ne  rencontre  guère  avec  les  autres  gaz 

(')  Ce  n'est  donc  pas  seulement  dans  les  grandes  questions  de  Philosophie  morale  ou 
religieuse  que  nous  devons  faire  ce  que  dit  Bossuet,  tenir  forleinenl  les  deux  bouts 
de  la  chaîne  et  croire  à  sa  continuité,  malgré  l'obscurité  qui  nous  dérobe  certains 
chaînons  intermédiaires  :  c'est  aussi  dans  les  questions  fondamentales  de  nos  sciences 
physico-mathématiques.  Les  principes  divers  y  trouvent  leur  unité,  ou  se  joignent,  à 
des  profondeurs  où  n'atteint  généralement  pas  notre  vision  distincte. 

("-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIIt,  p.  616. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N«  25.)  21  5 


l(344  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rares  (liclium,  néon),  cependant  si  sensibles  à  la  présence  d'impureté^;.  On 
observe  en  effet,  pour  une  valeur  invariable  de  la  pression  et  parfois  sans 
cause  l)ien  apparente,  des  variations  progressives  de  la  difTérence  de  poten- 
tiel minimum  susceptible  de  provoquer  la  décharge.  Ces  variations  sont 
tout  à  fait  comparables  à  celles  qui  résulteraient,  avec  tout  autre  gaz,  d'une 
variation  continue  de  la  pression. 

Première  expérience  —  De  l'argon,  reconnu  très  pur  à  l'examen  spectroscopique, 
après  avoir  séjourné  dans  un  serpentin  refroidi  par  l'air  liquide,  passe  dans  l'appareil 
de  mesure,  composé  d'un  ballon  en  relation  avec  un  manomètre  à  mercure.  La  pres- 
sion (34"'"  de  mercure)  est  demeurée  invariable  pendant  toute  la  durée  de  l'expé- 
rience (du  5  au  8  mai  1909).  Voici  les  valeurs  observées  du  champ  critique  y  : 

Premier  jour 1267  i442  1886  i845 

Deuxième  jour '938  '99^  '97-i  2o85 

Troisième  jour 2022  2ti9  2062  2110 

Quatrième  jour 2096  2 1 44  »  " 

De  la  première  à  la  dernière  mesure,  y  a  varié  de  -o  pour  100  de  sa  valeur  initiale. 
Si  l'on  admet,  pour  la  cohésion  diélectrique  de  l'argon,  le  nombre  38,  déterminé 
dans  la  suite  de  celte  Note,  la  variation  constatée  ici,  à  pression  invariable,  est  celle 
qui,  dans  une  expérience  normale,  résulterait  d'un  accroissement  de  pression  de  23™\ 

Deuxième  expérience.  —  La  disposition  générale  de  l'appareil  étant  la  même, 
après  avoir  fait,  à  l'aide  de  la  trompe  à  mercure,  le  vide  le  plus  complet  possible,  on 
ferme  un  robinet  R  interposé  entre  le  ballon  et  le  manomètre,  et  l'on  plonge  le  ser- 
pentin dans  l'air  liquide,  pour  absorber  toute  trace  de  vapeur  de  mercure.  On  ferme 
un  robinet  R'  interposé  entre  le  ballon  et  le  serpentin,  on  remplit  ce  serpentin  d'argon 
que  l'on  transvase,  après  uu  quart  d'heure  de  séjour  dans  l'air  liquide,  dans  le  ballon 
désoimais  séparé  du  ser|)enlin  par  la  fermeture  définitive  du  robinet  R'.  Les  condi- 
tions sont  dès  lors  analogues  à  celles  de  l'expérience  précédente,  à  cela  près  que 
l'argon  employé  ici  se  trouvait  un  peu  moins  pur  et  qu'on  avait  éliminé  toute  trace  de 
v.ipeuis  de  rnercuro.  Voici  les  valeurs  de  j'(i3-i7  mai  igog)  : 

iSJg,     1845,     i883,     1902,     1901,     iS83,     1898,      1S93,      1919,     1872. 

Ces  nombres,  assez  irréguliers,  ne  présentent  plus  qu'une  très  légère  tendance 
systématique  à  l'augmentation. 

Troisième  expérience.  —  On  remet  à  ce  moment  le  ballon  en  communication  avec 
le  manomètre,  de  telle  sorte  que  la  vapeur  de  mercure  émise  par  le  ménisque  puisse  se 
diffuser  lentement  vers  le  ballon. 

Une  mesure  de  y  est  faite  aussitôt  a()rès  l'ouverture  du  robinet  R,  et  renouvelée 
cha(|ue  jour  à  la  même  heure  du  17  au  2.5  mai.  Les  valeurs  de  v, 

1818,      1770.      1763,      1716,      1716,      1692,      1679,      i64o,      i632. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    19IO.  l645 

accusent  celle  fois  une  diminution  systéniali(|ue  qui,  le  neuvième  jour,  atteint 
10,2  pour  100  de  la  valeur  initiale,  et  ne  peut  être  attribuée  qu'à  l'introduction  de 
vapeur  de  mercure  dans  le  ballon. 

Sans  approfondir  davantage  pour  le  moment  les  causes  des  variations 
que  je  viens  de  signaler,  il  y  a  lieu  de  se  demander  si  elles  opposent  un 
obstacle  insurmontable  à  l'étude  de  la  variation  du  chauip  critique  avec 
la  pression,  c'est-à-dire  à  la  détermination  de  la  cohésion  diélectrique. 
Tel  est  l'objet  essentiel  de  cette  Note. 

Rappelons  que  la  cohésion  diélectrique  b  peut  être  définie  simplement 
par  la  relation 

dans  laquelle  y  est  le  champ  critique  correspondant  à  la  pression  p,  celle-ci 
pouvant  varier  depuis  quelques  centimètres  de  mercure  jusqu'à  la  plus 
haute  pression  que  permettent  d'atteindre  soit  la  masse  de  gaz  dont  on 
dispose,  soit  la  puissance  do  la  batterie  employée.  La  cohésion  b  est  une 
constante  caractéristique  du  gaz,  tandis  que  le  coefficient  a  dépend  à  la 
fois  de  la  nature  du  gaz,  de  la  nature  et  de  l'état  superficiel  des  parois  du 
ballon  renfermant  le  gaz. 

Avec  la  plupart  des  gaz,  les  variations  de  a,  au  cours  d'une  série  de  me- 
sures (durant,  en  moyenne,  plusieurs  jours),  sont  insignifiantes,  c'est-à-dire 
que,  quand  on  maintient  la  pression  invariable,  on  n'observe  jamais  de  varia- 
tions de  y  de  quelque  importance. 

Avec  l'argon,  et  si  l'on  exclut  le  cas  où  le  gaz  vient  d'être  refroidi  (1'"  ex- 
périence, I™  journée),  les  variations  dej',  pour  une  pression  fixe,  sont,  en 
somme,  assez  lentes  pour  qu'on  doive  espérer,  en  croisant  les  mesures  re- 
latives à  des  pressions  alternativement  hautes  et  basses,  séparer  les  variations 
de  j  attribuables  à  des  variations  de  a  de  celles  qui  tiennent  exclusivement 
à  la  variations  du  terme  bp.  Partant  d'une  valeur  arbitraire  de  p,  pour  la- 
quelle on  a  mesuré  j',  on  répète  le  plus  tôt  possible  la  mesure  pour  une  pres- 
sion/)', très  différente,  puis  pour  une  pression  p"  voisine  de  p.  De  l'ensemble 
des  trois  mesures  on  déduit  les  valeurs  de  a  et  de  b.  On  recommence  ensuite 
entre  d'autres  limites  de  pression  et  l'on  constate  que  les  valeurs  de  b  ainsi 
calculées,  d'un  bout  à  l'autre  de  la  série  de  mesures,  ne  présentent  que  de 
petites  différences  dont  le  caractère  est  accidentel,  tandis  que  la  variation 
de  a,  qui  peut  être  grande,  affecte  une  allure  très  nettement  systéjmalique. 

Il  est  donc  possible  d'obtenir  une  valeur  assez  approchée  de  la  cohésion 
diélectrique  de  l'argon. 


l6/,6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  Tableau  ci-dessous  donue  les  résultats  de  la  meilleure  expérience. 

L'argon,  extrait  de  Tair,  avait  été  préparé  avec  un  soin  exlrêine  par  M.  Lepape,  sous 
la  direction  de  M.  Moureu  ('),  au  laboratoire  de  l'Ecole  de  pharmacie.  Les  mesures, 
exécutées  en  présence  de  la  vapeur  de  mercure,  sans  refroidissement  préalable  du 
o^az  ('),  ont  montré  un  accroissement  systématique  du  coefficient  a,  évalué  en  moyenne 
à  dix  unités  de  chaque  mesure  à  la  suivante.  Les  valeurs  brutes  de  y  sont  données 
dans  la  troisième  colonne.  Dans  la  quatrième  figurent  les  mêmes  valeurs  corrigées  de 
la  variation  de  a.  Enfin  la  cinquième  donne  les  valeurs  de  y  calculées  par  la  formule 
linéaire  y  =  SSg  +  38/j. 

\k-\Qjidn  1!)10. 

y 

Numéros  Pression 

d'ordre  en  cenlimélres 

de  la  mesure.       de  mercure. 

13 l5,ll 

10 i6,o3 

11 i6,o3 

1 24,97 

2 2^,97 

\k 25, 6i 

8 28,74 

9 28,74 

3 39,65 

h 39,65 

12 40,87 

3 45,14 

7 49'36 

C ài  ,73 

La  valeur  initiale  du  coefficient  a  est  539;  ^^  valeur  finale,  639.  Dans 
l'expérience  relative  à  l'argon  récemment  refroidi  dans  l'air  liquide,  la  va- 
leur initiale  de  a  devait  être  sensiblement  nulle  ('),  sa  valeur  finale  attei- 
gnant 800  à  900. 

En  ce  qui  concerne  la  cohésion  diélectrique,  la  valeur  38,  déduite  de  l'ex- 
périence précédente,  se  confond  presque  avec  le  nombre  39  que  j'avais  dé- 
duit, en  1904,  d'expériences  à  pression  relativement  basse,  avec  de  l'argon 

(')  Je  prie  MM.  Moureu  et  Lepape  d'agréer  mes  meilleurs  reraercimenls  pour  l'aide 
qu'ils  m'ont  fournie  en  préparant  et  purifiant,  à  diverses  reprises,  l'argon  dont  je  me 
suis  servi. 

(')  Ce  gaz  était  conservé  depuis  un  an  dans  une  éprouvelle,  sur  le  mercure. 

(')  38/7  =r  38  X  34  =  1292;  valeur  initiale  de  V,  1267. 


Différence  : 

brut. 

corrigé. 

calcule. 

cale.  —  corr 

1273 

ii63 

Ill3 

—  5o 

1217 

1 137 

ii48 

-t-    1  I 

1233 

1143 

II 48 

-f-     5 

i48i 

i48. 

i488 

+     7 

i494 

i484 

i488 

-f-     8 

1620 

i5oo 

l5l2 

-\-   12 

1688 

1628 

i63o 

4-      2 

i652 

i582 

i63o 

+  48 

2096 

2076 

2o46 

-  3o 

2095 

2o65 

2o46 

-  '9 

2219 

2119 

2092 

—  27 

2269 

2229 

2254 

+    20 

2459 

2409 

24'4 

+     5 

>2528 

>2478 

25o5 

<-t-  27 

SÉANCE    DU    20    JUIN    19IO.  1647 

préparé  par  M.  Moissan  (').  La  cohésion  de  l'argon  est  donc  sensiblement 
double  de  celle  de  l'hélium  (  i8,3),  gaz  qui  précède  immédiatement  l'argon 
dans  la  dernière  classification  de  Mendeléeff. 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Élimination  des  déchel S  azotés  dans  l acte 
de  la  sécrétion  rénale,  chez  le  sujet  en  état  d'inanition.  Rapport  de  cette 
élimination  avec  celle  de  l'eau,  véhicule  des  excréta  urinaires.  Indépen- 
dance  réciproque  des  deux  phénomènes.    Note  de    MM.   A.  Chauveau 

et   feu   CONTEJEAX. 

Chez  le  sujet  à  l'inanition,  la  restauration  alimentaire  ne  vient  pas  com- 
pliquer l'observation  des  désintégrations  dont  la  marche  continue  représente 
le  phénomène  initial  et  fondamental  du  renouvellement  incessant  de  la 
matière  animale  vivante.  L'état  de  jeûne  s'impose  donc  dans  l'étude  expéri- 
mentale de  ce  phénomène  considéré  en  lui-même.  Il  s'impose  également  dans 
tous  les  cas  où  il  y  a  lieu  de  profiter  de  la  simplicité  que  cet  état  imprime 
aux  conditions  expérimentales,  pour  les  recherches  physiologiques  de  toute 
nature  qui  ont  à  s'appuyer,  comme  point  de  départ,  sur  les  faits  observés 
au  cours  des  désintégrations  courantes  attachées  à  la  fonction  rénovatrice. 

Un  exemple  du  profit  qu'on  peut  tirer  de  cette  condition  a  été  rappelé 
dans  la  Note  présentée  par  nous  à  la  séance  du  6  juin  (-).  C'est  celui  de  la 
contribution  qui  a  été  apportée,  par  l'expérience  décrite  dans  cette  Note,  à 
la  démonstration  de  la  non-participation  des  albuminoïdes  en  voie  de  désin- 
tégration à  la  dépense  énergétique  liée  à  la  production  du  travail  muscu- 
laire. Un  sujet  appartenant  à  l'espèce  canine,  en  état  d'inanition,  passait 
par  des  périodes  alternatives  de  repos  et  de  travail,  pendant  lesquelles  on 


('  )  Comptes  rendus,  t.  GXXXV^III,  p.  616.  Il  y  a  dans  la  formule  (2)  de  celle  Note 
une  faute  d'impression.  La  formule  correcle  est 


J  rr  39  v'/)  (/>-!-  35) 

(voir  Journal  de  Physique,  4°  série,  t.  III,  p.  600)  qui,  pour  des  pressions  suffisam- 
ment élevées,  peut  être  réduite  à  la  forme  linéaire  y  ^694 -H  Sgy?. 

La  discontinuité  que  j'avais  cru  remarquer  alors,  pour  des  pressions  supérieures 
à  16'=°'  de  mercure,  était  une  conséquence  des  phénomènes  perturbateurs  signalés  dans 
ma  Note  actuelle.  Cette  discontinuité  n'existe  pas. 

(')  Contemporanéité  de  la  formation  et  de  l'élimination  des  déchets  azotés  chez 
les  sujets  en  état  de  jeûne.  Note  de  M.  A.  Chauveau  et  feu  Co'sjt.iï.n^  {Comptes  rendus, 
t.  150,  p.  1478). 


l6'|8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

recueillait  son  urine,  dont  on  dt)sait  ensuite  l'azote  total.  D  après  la  coin|3a- 
raison  des  chillres  obtenus  dans  cliacune  de  ces  périodes,  il  était  facile  de 
voir  si  l'intervention  du  travail  accroît  les  décliets  azotés  dans  l'urine;  et  l'on 
pouvait  s'assurer  ainsi  du  rôle  que  les  alburninoïdes  de  l'organisme  peuvent 
jouer  comme  source  de  potentiel  capable  d'alimenter  l'activité  du  système 
musculaire.  Or  la  courbe  de  l'excrétion  azotée  est  restée  pendant  les  périodes 
de  travadce  quelle  était  pendant  les  périodes  de  repos.  11  étail  ainsi  démontré 
que  l'énergie  employée  à  la  production  du  travail  des  muscles  ne  provient 
pas  directement  du  potentiel  albumine. 

Toutes  les  objections  qu'on  pouvait  opposer  à  la  légitimité  de  cette  con- 
clusion avaient  été  prévues  et  réfutées  à  l'avance.  Ainsi,  c'était  une  opinion 
courante  que  V élimination  des  excréta  azotés  peut  fort  bien  ne  suivre  que  de 
très  loin  leur  formation.  Quel  fond  faire  alors  sur  une  expérience,  relati- 
vement courte,  où  l'on  serait  nécessairement  exposé  à  cliercber  le  surcroît 
d'excreta  azotés,  dénonciateur  de  la  participation  des  alburninoïdes  à  la 
dépense  énergétique  excitée  par  la  contraction  musculaire  à  un  moment  où 
ce  surcroît  n'aurait  pas  encore  eu  le  temps  d'apparaître  dans  Turine  sé- 
crétée? On  a  vu,  par  le  récit  de  la  laborieuse  et  très  importante  expérience 
de  la  Note  précitée,  le  cas  qu'il  convient  de  faire  de  celte  objection.  Destinée 
à  l'étude  des  influences  extérieures  ou  intérieures  qui  peuvent  modifier  les 
désintégrations  préparatoires  à  la  rénovation  des  albuminoïdes  des  éléments 
de  l'organisme,  l'expérience  établit  d'une  manière  très  précise  et  tout  à  fait 
significative,  la  rapidité  avec  laquelle  se  forment  et  s' éliminent  conjointement 
les  excréta  azotés  qui  résultent  de  ces  désintégrations.  En  donnant  ainsi  la 
preuve  de  la  qaasi-conlemporanéité  de  ces  deux  phénomènes,  l'expérience  de 
contrôle  avait  affirmé  à  l'avance  la  confiance  que  mérite  la  signification 
négative  des  faits  observés  dans  notre  étude  de  l'influence  du  travail  muscu- 
laire sur  la  désintégration  des  alburninoïdes  de  l'organisme.  L'immobilité 
qu'a  présentée  la  courbe  de  l'excrétion  azotée,  dans  cette  étude  expérimen- 
tale, prend  bien  le  caractère  d'une  démonstration  positive  de  l'absence  de 
toute  contribution  des  albuminoïdes  à  la  dépense  énergétique  du  travail 
musculaire. 

Mais  ce  n'est  point  là  le  seul  bénéfice  à  retirer  du  document  expérimental 
qui  a  fait  l'objet  de  la  Communication  précédente.  Après  en  avoir  obtenu  la 
démonstration  de  la  promptitude  avec  laquelle  la  désintégration  des  albu- 
minoïdes répond  à  ses  causes  excitatrices,  dans  l'état  déjeune,  il  reste  à  en 
extraire  les  enseignements  annoncés  dans  le  titre  de  la  présente  Note,  sur 
les  rapports  existant,  dans  la  sécrétion  rénale,  entre  l'élimination  des  excréta 
azotés  et  celle  de  l'eau,  leur  véhicule. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    1910.  l649 

Jamais  on  ne  s'est  beaucoup  préoccupé  de  la  détermination  exacte  de  ces 
rapports.  Sur  la  foi  de  simples  apparences,  on  s'est  habitué  à  admettre 
vaguement  que  l'élimination  des  déchets  azotés,  produits  de  la  désinté- 
gration des  albuminoides,  est  subordonnée  à  l'élimination  du  véhicule 
aqueux  de  ces  déchets  ('  ).  Si  cela  était,  ce  serait  la  suspicion  jetée  en  per- 
manence sur  l'exactitude  des  faits  qui  nous  ont  amenés  à  conclure  à  la  quasi- 
conlemporanéité  de  la  formation  et  de  Véliinination  de  ces  déchets.  Mais 
cette  suspicion  ne  trouvera  même  pas  roccasion  de  se  faire  discuter. 

Les  faits  nouveaux  à  produire  dans  cette  seconde  Note  démontrent,  en 
efl'ct,  que  les  oscillations  des  quantités  d'eau  et  d'excreta  azotés,  qu'élimine 
du  sang  la  sécrétion  rénale,  ne  sont  pas  nécessairement  symétriques  dans 
leur  marche  croissante  ou  décroissante.  Elles  se  sont  montrées  parfois  tout 
à  fait  discordantes  et,  dans  les  cas  de  concordance,  les  relations  de  grandeur 
qui  existaient  entre  elles  n'étaient  ni  proches  ni  régulières  :  c'était  la 
démonstration  de  l'indépendance  que  les  deux  phénomènes  gardent  l'un  vis- 
à-vis  de  l'autre. 

Voilà  ce  que  nous  avons  à  exposer  maintenant,  en  nous  appuyant  sur  les 
faits  consignés  dans  le  Tableau  ci-après,  où  la  quantité  d'urine  recueillie 
a  été  mise  en  regard  de  l'azote  total  que  contient  cette  urine,  dans  chacune 
des  27  périodes  qui  se  sont  succédé  au  cours  de  l'expérience. 

(')  Mon  préparateur  Contejean,  ayant  entendu  émettre  celte  assertion,  sans  la 
moindre  réserve,  à  la  Société  de  Biologie,  me  demanda  d'y  répondre,  à  la  séance  sui- 
vante, en  citant  ijiièvement  queiciues-uns  des  faits  de  notre  expérience,  faits  que  j'avais 
déjà  colligés,  réunis  en  tableaux  et  synthétisés  au  moyen  d'un  graphique.  Non  seulement 
je  donnai  à  Contejean  cette  autorisation,  mais  je  le  chargeai  de  publier  intégralement 
tous  les  documents  en  question,  en  son  nom  propre.  Je  les  croyais  donc  insérés  dans 
les  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  où  je  les  fis  rechercher  il  y  a  quelques 
semaines.  C'était  au  moment  où  le  décès  de  Pfluger,  me  remettant  en  mémoire  sa 
campagne  en  faveur  de  la  réhabilitation  des  albuminoides  considérés  comme  source 
essentielle  du  potentiel  qui  alimente  en  énergie  les  muscles  qui  travaillent,  je  désirais 
contrôler  quelques  renseignements.  A  ma  grande  surprise,  les  communications  que 
Contejean  devait  faire  à  la  Société  de  Biologie  ne  figuraient  pas  dans  ses  Comptes 
rendus.  Je  ne  puis  m'expliquer  pourquoi.  En  tout  cas,  les  recherches  auxquelles  je 
me  livrai,  dans  les  cahiers  d'expériences  et  les  papiers  du  laboratoire,  me  permirent 
de  retrouver  tous  les  documents  qui;  j'avais  confiés  à  Contejean.  J'iii  donc  pu  faire 
une  rédaction  méthodique  de  l'expjrience.  Elle  est  signée  de  mon  nom  et  du  sien. 
J'essaie  de  payer  ainsi  la  dette  de  reconnaissance  que  j'ai  contractée  envers  la  mémoire 
d'un  précieux  collaborateur,  qui  n'a  ménagé  ni  son  temps  ni  sa  peine  pour  se  mettre 
en  état  de  m'assister  utilement  dans  tous  mes  travaux  de  Physiologie  générqle. 

A.  Cu. 


l6:W                                           ACADÉMIE  UES    SCIENCES. 

Tableau  comi'i.et  des  quantités  d'urine  et  d'excreia  azotés  formées  alx  différents  temts 

DES    TROIS    séries  DE    NOTRE    EXPÉRIENCE. 

Urine  sécrélée  Azole  total                        Intervenlions  qui  ont  activé 

dans  des  uréidcs                    la  formation  des  déchets  azotés 

Succession  des  temps.                      chaque  période.  excrétés.                            et  la   sécrétion  de  l'urir.e. 

I.  De  SI'  à  lo'' lo""  -(-)  (—  2Î% 

II.  De  lo''  à  midi 7     —\  (-(-   27,4 

m.            De  midi  à  2'' 7  24,6 

IV.  De  2»' à  4I' 6  23,5 

V.  De  4'' à  6'' 6,5  27,8 

VI  (a).      De  6'' soii- à  8'' malin. .  .  .        829  i58,2         (a)  400'^'"'' d'eau  froide  introduite  dans 

r'estomac,  au  début  de  celle  pé- 
riode. 

I.               De  81'  à  10'' 19  24,5 

Il  {b).        De  10''  à  midi 198     -+\  i=  80,9         (b)  Douclie  froide  de  i5"'  au  début  de 

f  1                                  celle  période.  Tempér.  rectale  : 

l  j                                  avant.  88", 8;  après,  36°, 4. 

m.             De  midi  à  2'' 82     —)  (=80,8 

IV.  De2''à4i' i5  28 

V.  De  4'' à  ô*" 12  22,6 

VI  (rt).      De  6'' soir  à  8'' matin 860  i36,5         (n)  4oo™' d'eau  froide  introduite  dans 

l'estomac,  au  début  de  celle  pé- 
riode. 

I.                De  8''  à  10'' 6  20,7 

II  (t).        De  10''  à  midi i3o     +1  I  -   27             (c)  Douche  froide  de  iS™  au  début  de 

[  '                                  celle  période.  Tempér.  rectale  : 

l  \                                 avant,  88°,  9;  après,  36°,  5. 

III.  De  midi  à  al' 32,5-] 

IV  (</).     De  ■.'.I' à  4I' 167     +/  ^—  3i,4          (^/)  M.  —  Tempér.  rect.  :  avant,  38",6; 

après,  86°,  1 . 

V.  De4i'à6i' 35 

VI.  De  6'' à  8'- t3 

\  II  (a).     De  SI"  à  10''.. 270  36,7          (")  400'^^"''  deau  froide  introduite  dans 


28 

4 

3i 

4 

82 

4 

39 

I 

36 

.7 

'estomac,  au  début  de  celle  pé 
iode. 


\  111.  De  i()i'  à  minuit 94  +/  \—    25,3 

1\.  De  minuit  à  ■.>!' 16  — j  )-t-   26,4 

\.  De  2I'  à  4'' 16  +/  1=   25,6 

\1.  l)eV'à6i' 12  — j  i=  25,5 

\ll.  De  6''  ;i  8'' 10  =:)  (-(-    26 

Mil.  De8i' à  lo''... to  r^l  (—25,4 

\1V.  De  10'' il  midi 7  — i  j—  25,3 

.\V.  De  midi  à  2I' 7  =\  |-i-25,5 


SÉANCE    DU    20    JUIX    1910.  l65l 

Au  premier  coup  d'œil  jeté  sur  ce  Tableau,  il  est  facile  de  voir  que 
l'action  exercée  par  les  excitations  de  la  rénovation  de  la  matière  n'a  pas 
seulement  accru  la  valeur  des  excréta  azotés.  Cette  action  a  provoqué  de 
plus  un  énorme  accroissement  de  la  quantité  d'eau  excrétée  dans  la  succes- 
sion des  périodes  de  l'expérience.  Mais  ce  dernier  accroissement  ne  suit  pas 
une  marche  parallèle  à  celle  de  l'excrétion  azotée.  L'indépendance  réciproque 
des  deux  phénomènes  se  manifeste  nettement  quand  on  compare  les  chiffres 
qui  en  expriment  respectivement  l'intensité  au  cours  des  différents  temps 
des  trois  séries  d'expériences. 

La  comparaison,  déjà  facile  avec  le  Tableau  complet,  le  devient  encore 
plus  avec  le  Tableau  résumé  ci-après,  dans  lequel  les  valeurs  d'urine 
évacuée  et  d'azote  total  fourni  par  les  uréides  qu'elle  contient  sont  mises 
en  regard  sur  deux  lignes  superposées  :  la  supérieure,  consacrée  à  l'éva- 
cuation urinaire;  l'autre  à  l'évacuation  des  déchets  azotés.  Cette  disposition 
facilite  d'autant  mieux  la  constatation  des  différences  qui  existent  dans  l'in- 
tensité des  oscillations  des  deux  ordres,  que  les  chiffres  inscrits  ne  repré- 
sentent pas  les  quantités  d'urine  ou  d'azote  réellement  obtenues,  mais  le 
quotient  de  ces  quantités  réelles  par  la  moindre  d'entre  elles,  prise  pour 
unité  dans  chacune  des  deux  catégories  de  valeurs  comparées. 


■' 

"  série. 
III. 

IV. 

N"'  d'ordre  . . 

I. 

II. 

V. 

Evac.  iir. . 

1,66 

'.'7 

I  ,  l" 

1 

1,08 

Evac.  az.. . 

( ,  I  2 

I  ,3-2 

i.'9 

1,1:', 

1,32 

série. 
III. 


N - 

d'ordre. 

I. 

II. 

III.       i\. 

!■;>■ 

.   ur.      I 

21,7 

5,4     28 

i':v 

.  az  .      1 

[  ,00 

i,3o 

1,37     1,5' 

45         i5,6       2,7       2,7       2  '>'7     ')i7     1-2 

1,77        1,22        1,27        1,2/i        1,23        1,26        1,23        \,22 


Les  enseignements  que  fournit  ce  nouveau  Tableau  sur  les  rapports  de 
l'évacuation  des  déchets  azotés  avec  celle  de  leur  véhicule  aqueux  s'y  tra- 
duisent d'une  manière  saisissante.  L'énormité  des  oscillations  de  ce  dernier 
fait  un  bien  instructif  contraste  avec  la  petitesse  relative  des  oscillations  des 
déchets  azotés.  Ces  derniers  n'arrivent  point  avarier  du  simple  au  double  ;  leurs 
oscilkilions  se  limitent  étroitement  entre  i  et  i ,  77.  Mais  celles  de  l'urine  éva- 

C.  H.,  iç)!.),  1"  Semestre.  (T.  150,  N»  25.)  2l(j 


l652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cuée  vont  de  i  à  45  !  C'est  au  moment  où  l'action  des  interventions  excitatrices 
des  dislocations  rénovatrices  bat  son  plein  que  ces  extraordinaires  dissem- 
blances se  manifestent.  Elles  sont  déjà  bien  significatives  comme  indices  de 
l'indépendance  réciproque  des  deux  évacuations.  Leur  signification  s'accen- 
tue encore  du  fait  de  ce  qui  arrive  quand  cette  action  est  complètement 
épuisée.  Alors  les  difTérences  tendent  à  se  produire  en  sens  inverse,  c'est-à- 
dire  au  désavantage  des  oscillations  de  l'urine  sécrétée.  Devenues  très  petites 
ces  dernières  se  montrent  plutôt  inférieures  à  celles  desuréidesque  contient 
ce  liquide. 

Tout  importante  que  soil  cette  démonstration,  elle  n'atteint  pourtant 
pas  la  valeur  de  celle  qui  est  fournie  par  les  résultats  discordants  obtenus 
dans  quelques-unes  des  périodes  de  l'expérience  :  la  marcbe  de  l'évacuation 
azotée  y  est  parfois  croissante  quand  celle  de  l'évacuation  aqueuse  est  décrois- 
sante. Des  accolades  spéciales  signalent,  dans  les  Tableaux,  les  temps  de 
l'expérience  où  cette  discordance  s'est  manifestée. 

//  est  ainsi  très  solidement  établi  que  le  rein  enlève  simultanément  au  sang 
les  uréides  et  l'eau  qui  doivent  en  être  éliminés,  sans  que  ces  deux  actes  soient 
unis  l'un  à  l'autre  par  le  lien  d'une  solidarité  quelconque. 

Donc,  chez- le  sujet  en  état  déjeune.,  les  variations  de  quantité  de  l'urine 
sécrétée,  au  cours  d'une  série  de  périodes  expérimentales.!  n'introduisent  aucun 
trouble  dans  la  signification  des  excréta  azotés  entraînés  avec  l'urine.  Ils 
restent,  dans  tous  les  cas,  les  témoins  fidèles  de  l'activité  de  la  désintégration 
des  albuminoides  des  tissus  et  des  humeurs  de  l'organisme  animal,  même  dans 
les  expériences  de  courte  durée. 


PHYSIQUE.    —    Sur  l'action  mutuelle  de  deux  cathodes  dans  le  champ 
magnétique.  Note  de  M.  Gouy. 

1.  J'ai  mentionné  déjà  (')  l'éclat  que  prennent  les  rayons  magnélo- 
catbodiques  émis  par  deux  cathodes  dans  une  ampoule  de  Crookes,  lorsqu'ils 
sont  amenés  à  superposition.  Ces  expériences,  où  j'ai  utilisé  une  machine 
électrostatique  et  une  batterie  de  2800  accumulateurs,  ont  mis  en  évidence 
d'autres  phénomènes  qui  se  produisent  lorsqu'il  y  a  des  lignes  de  force 
magnélicjue  qui  vont  d'une  cathode  à  l'autre;  c'est  ce  que  j'appellerai,  pour 
ahréger,  une  position  privilégiée. 


(')   (Jcmple.l  rend  lia,  7.?.  féviier  1909. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1910.  l653 

2.  Il  convient  de  donner  à  l'anode  une  très  grande  surface  et  d'employer 
de  faibles  courants,  pour  éviter  la  chute  de  potentiel  magnéto-anodique  ('). 
Tant  que  le  vide  n'est  pas  élevé,  le  potentiel  explosif  hors  du  champ  magné- 
tique ne  dépassant  guère  l\oo  volts,  l'effet  du  champ  sur  ce  potentiel  est 
peu  important;  mais  tout  change  quand  le  vide  devient  très  élevé,  avec  des 
champs  de  1000  gauss  et  au-dessus. 

Hors  du  champ,  le  potentiel  explosif,  comme  on  sait,  croit  rapidement 
avec  le  vide;  il  atteint  plusieurs  milliers  de  volts  pour  des  pressions  de 
quelques  microns,  puis  des  valeurs  bien  plus  grandes  jusqu'à  o^^-i  qui  est  à 
peu  près  la  limite  de  mes  expériences  (-). 

L'action  du  champ,  si  l'on  est  très  loin  de  la  position  privilégiée  (à  angle 
droit,  par  exemple  ),  ne  modifie  que  peu  le  potentiel  explosif,  sauf  aux  vides 
extrêmes  où  elle  l'augmente  notablement.  Si  Ion  fait  tourner  l'ampoule  en 
se  rapprochant  de  la  position  privilégiée,  ce  potentiel  s'abaisse,  d'abord 
lentement,  puis  très  vite  au  voisinage  de  la  position  privilégiée,  où  il  atteint 
enfin  une  valeur  peu  supérieure  à  4oo  volts,  qui  augmente  à  peine  avec  le 
degré  de  vide,  et  reste  inférieure  à  4^o  volts  avec  les  appareils  munis  de 
cathodes  sphériques  (').  Une  pile  de  5oo  volts  suffit  ainsi  à  donner  du 
courant  jusqu'à  la  limite  du  vide  (oi^,2)  où  il  faudrait  plus  de  20000  volts 
dans  les  conditions  ordinaires.  Avec  des  cathodes  filiformes,  il  faut  un  peu 
plus,  environ  600  volts.  Plus  le  champ  est  intense,  plus  est  rapide  la  variation 
du  potentiel  explosif  au  voisinage  de  la  position  privilégiée,  mais,  dans  cette 
position  même,  sa  valeur  ne  varie  guère  entre  5oo  et  2000  gauss  ('). 

;}.  Pour  une  expérience  de  démonstration,  on  peut  employer  une  pile  ou 
une  source  électrostatique  fournissant  un  ou  deux  milliers  de  volts,  et  faire 
marcher  la  pompe  Gaêde  sans  craindre  l'excès  de  vide.  En  tournant  l'am- 

(')  L'anode  est  un  cylindre  ouvert  aux  deux  bouts,  de  8'™  de  diamètre,  contenant 
les  deux  cathodes  dans  son  intérieur.  Il  est  commode  (mais  non  indispensable),  de 
réduire  l'intensité  à  quelques  micro-ampères,  pour  ne  pas  être  gêné  par  les  dégage- 
ments gazeux  et  par  l'échaulTement  des  cathodes. 

{^)  Avec  un  des  appareils,  par  exemple,  on  avait  loooo  volts  pour  une  pression 
de  51^,  et  20000  volts  pour  iH-.  Ce  sont  les  pressions  mesurées  à  la  jauge.  Il  faudrait  y 
ajouter  la  tension  de  vapeur  du  mercure  (ot'-jS)  et  peut-être  celle  des  vapeurs  hydro- 
carbonées provenant  des  joints  rodés. 

(^)  Ce  sont  des  boules  de  5"°>  ou  de  9™™  de  diamètre,  éloignées  de  3"^™  environ,  et 
portées  par  des  fils  garnis  de  tubes  de  verre. 

(*)  Avec  i3o  gauss,  l'effet  est  un  peu  moindre,  quoique  encore  très  considérable; 
le  potentiel  explosif  en  position  privilégiée  augmente  avec  le  vide,  jusqu'à  atteindre 
700  volts  environ. 


l654  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

poule  dans  le  champ,  on  la  voit  s'allumer  en  arrivant  à  la  position  privi- 
légiée, puis  s'éteindre  en  dépassant  celte  position,  en  concordance  avec  les 
indications  du  galvanomètre.  On  peut  répéter  Texpérience  à  circuit  ouvert, 
en  reliant  Fanode  à  la  feuille  dor  d'un  électromètre,  le  tout  parlaitement 
isolé.  L'anode  étant  mise  à  la  terre  un  instant,  on  voit  la  feuille  d'or  rester 
ensuite  immobile,  puisse  relever  brusquement  lorsqu'on  arrive  à  la  position 
privilégiée,  mesurant  ainsi  un  potentiel  différent  de  5oo  volts  environ  de 
celui  des  cathodes. 

4.  Lorsque  le  courant  passe  en  position  privilégiée,  les  faisceaux  magnéto- 
cathodiques  se  superposant,  on  voit  sïUumincr  vivement  l'espace  inter- 
calhodique.  L'éclat  de  cette  lumière  est  très  grand,  surtout  avec  quelques 
milliampères,  et  ell'ace  tout  le  reste  quand  l'expérience  est  bien  disposée. 
Il  l'esté  toutefois  près  de  chacune  des  cathodes  un  espace  obscur  ('  ),  qui 
est  d'autant  plus  restreint,  que  l'ampoule  est  le  siège  d'oscillations  élec- 
triques plus  intenses.  Ainsi  une  étincelle  dans  le  circuit  diminue  beaucoup 
cet  espace  obscur,  qui  est  d'ordinaire  plus  réduit  avec  une  machine  électro- 
statique qu'avec  une  pile.  Toutefois  l'espace  occupé  par  la  lumière  inter- 
cathodique ne  décroît  jamais  au  delà  d'une  certaine  limite  (-). 

Si  l'une  des  cathodes  est  entièrement  isolée,  et  joue  ainsi  le  rôle  de 
cathode  secondaire,  elle  produit  de  même  de  la  lumière  intercathodique, 
mais  l'espace  obscur  de  son  côté  est  nul  ou  fort  petit.  Il  en  est  de  même  si 
on  la  remplace  par  une  baguette  isolante,  et  il  en  est  encore  de  même  de  la 
paroi  de  verre  de  l'ampoule.  Il  en  résulte  que,  pour  observer  les  rayons 
magnéto-calhodiques  sans  cette  complication,  il  faut  qu'ils  se  terminent 
sur  l'anode,  et  non  sur  la  paroi  de  verre.  Dans  le  premier  cas,  l'espace 
obscur  sur  le  rayon  a  sensiblement  la  même  étendue  que  l'espace  de  Hit- 
torfï",  à  vide  égal,  et  va  jusqu'à  l'anode  dès  que  le  vide  est  un  peu  élevé. 
Dans  le  second  cas,  il  y  a  toujours  près  du  verre  une  assez  vive  lumière  de 
nature  intercathoditjue  (■'). 


(')  lielativemeiit  obscur. 

(^)  Lorsque  le  courant  passe,  sans  qu'on  soit  en  posilion  privilégiée,  les  faisceaux 
magnéto-cathodiques  des  deux  cathodes  ne  se  renconlianl  pas,  se  montrent  alors 
réunis  par  une  sorte  de  pont  lumineux,  qui  est  un  reste  ou  une  variante  de  la  lumière 
inler-cathodique,  et  qui  a  d'ordinaire  la  forme  d'un  anneau. 

(')  En  position  privilégiée,  la  phosphorescence  du  verre  produite  par  les  rayons 
magnéto-cathodiques  est  fort  diminuée,  comme  je  l'avais  signalé  (/oc.  cit.).  Ce  fait 
s'explique  aujourd'liui  bien  simplement  par  la  baisse  de  tension  que  nous  a\ons  con- 
statée plus  haut. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    1910.  l655 

5.  La  paroi  de  verre  agissant  comme  cathode  secondaire  produit, 
quoique  à  un  moindre  degré,  les  mêmes  effets  d'abaissement  du  potentiel 
explosif  qu'une  cathode  ordinaire.  Ainsi  une  ampoule  aune  seule  cathode 
peut  laisser  passer  le  courant  quand  les  lignes  de  force  magnétique  passant 
par  la  cathode  rencontrant  le  verre,  et  arrête  ce  courant  quand  ces  lignes 
rencontrent  une  anode.  Une  pareille  ampoule  s'allume  ou  s'éteint  par  rota- 
tion dans  le  champ  magnétique,  suivant  que  l'un  ou  l'autre  de  ces  deux  cas 
est  réalisé. 

En  résumé,  aruc  rides  élevés,  lorsque  des  charges  négatives  sont  reliées  {ou 
prés  de  l'être)  par  des  lignes  de  force  magnétique,  elles  produisent  une  action 
de  nature  inconnue  qui  est  mise  en  évidence  par  un  abaissement  extrême  du 
potentiel  explosif ,  et  par  la  production  de  la  lumière  inter-cathodique . 

CORRESPONDAÎVCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Ixstructiox  publique  invite  l'Académie  à  lui  pré- 
senter une  liste  de  doux  candidats  à  la  chaire  de  Zoologie  (  Reptiles  et  Poissons) 
vacanle  au  Muséum  d'Histoire  naturelle  par  suite  de  l'admission  à  la  retraite 
de  M.  Vaillant. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie.) 

M.  HouARD  adresse  un  Rapport  sur  les  travaux  qu'il  a  exécutés  à  l'aide 
de  la  subvention  qui  lui  a  été  accordée  sur  le  fonds  Bonaparte  en  1909. 

MM.  A.  Bellot,  Bodly  de  Lesdain,  Hippolyte  Coste,  G.  Guilbert, 
deMartonxe,  de  Segoxsac  adressent  des  reraercimenls  pour  les  distinctions 
que  l'Académie  a  accordées  à  leurs  travaux. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

1°  Caisse  des  recherches  scientifiques.  Année  1909.  Rapport  annuel, 
par  M.  Paul  Dislère. 

2°  Savants  du  jour  :  Emile  Picard.  Biographie,  Bibliographie  analytique 
des  écrits,  par  Ernest  Le  bon. 

3°  Recherches  sur  i ionisation  produite  par  les  rayons  oc,  par  M.  Marcel 
Moulin.  (Présenté  par  M.  E.  Bouty.) 


l656  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉCANIQUE  CÉLESTE.   —  Sur  la  variation  dans  le  mouvemenl  de  la  Lune. 
Note  de  M.  IVicojlau,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

Dans  ses  Researches  in  the  Lunar  Theory('),  après  avoir  traité  les  inéga- 
lités variationnelles  de  la  Lune,  Hill  envisage  le  cas  des  satellites  à 
«  lunaison»  plus  grande.  Dans  le  calcul  de  leurs  trajectoires  cependant  une 
difficulté  se  présente  et,  dès  que  la  valeur  de  m  devient  plus  forte,  il  est 
obligé  de  recourir  aux  quadratures  mécaniques,  (^ela  tient  à  ce  que,  malgré 
leur  convergence  rapide,  les  développements  des  coordonnées  de  sa  Lune 
idéale  ne  convergent  que  pour  de  très  petites  valeurs  du  paramètre  m.  En 
utilisant  le  paramètre  p  que  M.  Poincaré  a  introduit  dans  sa  Mécanique 
céleste  (t.  II,  2*^  Partie,  n°  327),  j'ai  trouvé  des  développements  dont  le 
cercle  de  convergence  est  plus  étendu.  Je  pars  de  ces  équations  qui  pour 
p  =  m  donnent  les  équations  différentielles  du  mouvement  de  Hill.  Ayant 
adopté  les  variables  complexes  u^cc-hyi,  s^tr  —  /?  et  pris  comme  va- 
riable indépendante  l'argument  de  Delaunay  t,  j'applique  à  ces  équations 
les  opérateurs 

o  =  c-n;  = — ' -T)  avec         ;  :=  e", 

■  aX  ar 

je  les  ramène  à  la  forme  des  équations  imaginaires  et,  en  tenant  compte  de 
la  solution  de  llill 

«  =:\^rt,Ç^'  +  ',  .S- =:V  «__,._,  Ç-'+'  (I /|  rr:  o,  I,  2,  .  .  .,  oc), 

j'obtiens  les  équations  bilinéaires  auxquelles  satisfont  les  coefficients  a; 
elles  peuvent  s'écrire  sous  la  forme 

avec  £±y  =1   ou  2  suivant  que  ±y  —  i  —  ii=  o  ou  non,  //  z^i  —  J  ^  o  ] 
les  fonctions -r^'i -r^: -^  étant  respectivement  celles  que  Hill  désigne  par 

1/'  ''I'  ~i  171'  --^  0)>  avec  p  au  lieu  de  m,  et  Ij  =  8;--  i  -  4/^  +  p\ 
(')  American  Journal  of  Malliemalics,  l.  1. 


SÉANCE  DU  20  JUIN  1910.  1607 

Je  définis  ensuite  les  coefficients  Uj  sous  la  condition 

Les  équations  précédentes  donneront  ainsi  les  inconnues  toujours  avec  les 
mêmes  ordres  d'erreur  que  les  équations  employées  par  Hill,  mais  avec  une 
approximation  plus  grande,  car  elles  sontplus  complètes  ;  il  suffit  d'ailleurs 
de  trois  approximations  successives  pouravoir  a±,  avec  une  erreur  de  l'ordre 
de  m"'.  Alors,  à  la  première  approximation,  les  coefficients  «+,  dont  dépend 
la  variation  satisfont  aux  équations  suivantes  : 


/. 

=  0  :=  2  111^  -—    a,  «__ 

-il 

/-. 

=  0  =:  1111-  ~-  a,  a.. 

(«„=■) 


ai,  —«_,-+-  >>i'-r- 


Or,  aux  environs  de  m  =  o,  le  théorème  de  Cauchy  sur  les  fonctions  impli- 
cites est  ici  applicable;  les  développements  de  a.,-,  définis  par  ces  équations 
seront  donc  convergentes  depuis  m  =  o  jusqu'à  la  valeur  critique  de  m  la 
plus  petite.  Pour  toutes  ces  valeurs  critiques,  le  déterminant  fonctionnel 
de/,,  /l,  par  rapport  à  a,,  a_,  est  nul;  et  cette  circonstance  a  lieu  lorsque 
les  deux  solutions  périodiques  correspondant  à  a±,  se  confondent  en  une 
seule,  ou  bien,  en  regardant  a,  et  «_,  comme  les  coordonnées  courantes 
d'un  point  du  plan,  lorsque  les  hyperboles  y,  =;  o,y_,  =  o  deviennent  tan- 
gentes. Je  considère  alors  le  discriminant  F(X)  de  l'équation/,  -+-  X/.,  =  o 
qui  définit  les  sécantes  communes  à  ces  deux  coniques;  j'exprime  quÊ  le 
discriminant  du  hessien  de  F  est  nul,  et,  avec  p  =^  m,  j'obtiens  une  équation 
du  20''  degré  en  m;  mais  en  regardant  m  et/j  comme  indépendants  l'un  de 
l'autre,  cette  équation  est  de  la  forme 

AlVP-l-BM  -i-C  =  o. 

où  M  =  //z''(38  -f-  2Sp  -+-  gp')  et  A,  B,  C  des  polynômes  entiers  en  p.  Je 
fais  ensuite  varier />  dans  l'intervalle  (o,  i);  je  calcule  de  proche  en  proche 
une  série  de  valeurs  du  module  |  M|,  j'en  déduis  les  valeurs  correspondantes 
de  |;«  |,  et  puisque  les  valeurs  acceptables  pour  la  convergence  sont  celles 
pour  lesquelles  on  a 

je  trouve  que  la  valeur  critique  de  m  tombe  entre  -  et  -•  Une  limite  supé- 
rieure encore  acceptable  esl  m  ^  ^r  —-  p. 


l658  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Sur  i éclat  du  Soleil  et  la  constante  solaire. 
Note  de  MM.  Edmond  Bauer  et  Marcel  Moulin,  présentée 
par  M.  H.  Deslandres. 

I.  La  température  du  corps  noir  dont  l'éclat  serait  (pour  le  rayonnement 
total)  le  même  que  celui  du  Soleil  et  qui  a  été  déterminée  par  M.  Millocliau 
au  sommet  du  mont  Blanc,  conduit,  comme  l'a  fait  remarquer  M.  Deslandres, 
à  une  constante  solaire  trop  petite,  si  l'on  adopte,  pour  la  constante  de  la 
loi  de  Stefan,  la  valeur  déterminée  par  M.  Kurlbaum,  ou  à  une  valeur 
beaucoup  trop  grande  de  cette  dernière  constante  si  l'on  adopte  pour  la 
constante  solaire  la  valeur  expérimentale. 

A  priori,  ce  résultat  peut  sembler  surprenant,  étant  donné  que  le  téles- 
cope Féry  employé  et  les  actinomèlres  mesurent  l'énergie  du  rayonnement 
total  du  Soleil  et  que  leurs  indications  sont  liées  par  une  relation  purement 
géométrique. 

On  a  en  effet,  pour  la  constante  solaire  A, 

A  -.^  (7T'  lang'  -, 

a  étant  la  constante  de  la  loi  de  Stefan  et  y  le  diamètre  apparent  du  Soleil. 
On  peut  remarquer  que  si  les  deux  mesures  sont  faites  au  même  instant, 
cette  relation  est  indépendante  de  l'absorption  atmosphérique. 

II.  Nous  avons  pensé  qu'on  pourrait  déterminer  la  constante  a-  en 
pointant  sur  le  Soleil  le  télescope  Féry  que  nous  avions  étalonné  sur  un 
corps  noir  à  io64°  (fusion  de  l'or)  et  en  mesurant  en  même  temps  l'énergie 
à  l'aide  d'un  actinomètre  absolu,  tel  que  le  pyrhéliomètre  d'Angsti'ôm. 

Cette  méthode  nous  semblait  devoir  être  particulièrement  commode, 
parce  que  l'énergie  reçue  par  l'appareil  absolu  est  assez  grande  pour  qu'on 
n'ait  pas  besoin  d'un  galvanomètre  très  sensible  et  que,  le  maximum  de 
l'énergie  du  spectre  solaire  étant  dans  le  visible,  on  pouvait  admettre  (pie 
le  pouvoir  absorbant  des  lames  noircies  était  très  voisin  de  l'unité  (0,98,1, 
d'après  Angstrôm). 

Nousavons  pu  disposer  pendant  quelque  temps  d'un  appareil  d'Angstrôm 
que  M.  Deslandres  avait  bien  voulu  mettre  à  notre  disposition  et  nous 
l'avons  pointé  sur  le  Soleil  en  même  temps  (pie  le  télescope. 

Bien  que  nous  ayons  ojjéré  par  jours  de  beau  temps  (à  Paris),  les  indi- 
cations des  deux  appareils  subissaient  des  variations  assez  notables  qui  nous 
ont  empêchés  d'obtenir  la  précision  que  nous  aurions  désirée.  11  aurait  été 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1910.  l65g 

indispensable,  en  efîel,  pour  pouvoir  calculer  l'éclat  moyen  du  Soleil,  de 
mesurer  cet  éclat  aux  différents  points  de  la  surface  solaire.  Comme  les 
variations  signalées  ci-dessus  ne  nous  ont  pas  permis  d'effectuer  cette 
mesure,  nous  avons  utilisé  les  courbes  de  variation  de  l'éclat  solaire  suivant 
un  diamètre,  qui  ont  été  obtenues  par  W.-E.  Wilson,  par  Abbott  et  par 
Véry.  Une  intégration  simple  nous  a  permis  de  connaître  la  correction  à 
faire  subir  à  l'éclat  mesuré  au  centre  du  disque  pour  avoir  l'éclat  moyen. 
Celte  correction  est  d'environ  i5  pour  100. 

Nous  avons  obtenu,  en  moyenne,  pour  le  rapport  de  A  à  T' tang-  -> 
T  correspondant  à  peu  près  à  l'éclat  du  centre  du  Soleil  : 

4,9.10"'-;         5,1.10^'^         et         5,0.  io~'^         (watts.cm--.sec'), 
el,  toute  correction  faite,  la  valeur  de  rj  serait 

5,7.  io~'-. 

Ce  résultat  est  bien  du  même  ordre,  aux  erreurs  d'expériences  près,  que 
les  valeurs  obtenues  dans  ces  dernières  années  et  qui  oscillent  entre 

5,3 .  io~'-         et         5,5.  lo^'^; 

il  faut  d'ailleurs  remarquer  que  la  valeur  que  nous  venons  de  déduire  de  nos 
expériences  est  probablement  un  peu  trop  grande  En  effet,  il  nous  était 
difficile,  à  cause  des  variations,  de  mesurer  l'éclat  exactement  au  centre  et 
par  suite  la  valeur  de  T  introduite  dans  le  calcul  devait  être  un  peu  trop 
petite. 

Malgré  les  variations  observées,  le  résultat  obtenu  est  assez  bon  pour 
qu'on  puisse  espérer  déterminer,  par  celte  méthode,  la  constante  de  la  loi  de 
Stefan  avec  une  bonne  précision,  si  l'on  se  place  dans  des  conditions  conve- 
nables. Nous  espérons  pouvoir  reprendre  ces  mesures  dans  un  Observatoire 
de  montagne  où  les  conditions  atmosphériques  seront  beaucoup  plus  satis- 
faisantes qu'à  Paris. 


ASTRONOMIE.    —    Résumé  des  observations  physiques  faites  sur  la   comète 
de  Halley.  Note  de  M.  J.  Conas  Solà,  présentée  par  M.  Bigourdan. 

Ces  observations  se  rapportent  aux  périodes  de  maxima  de  visibilité  de  la 
comète  le  matin  et  le  soir;  toutes,  soit  télescopiques,  soit  photographiques, 
ont  élé  faites  avec  l'équatorial  double  Mailhat  de  38'"*  d'ouverture  de  l'Ob- 
servatoire Fabra. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  25.)  217 


l66o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

LaHîOiM'ète  ne  commença  à  être  perceptible  ici,  à  l'œil  nu,  qu'à  jjartir  du 
i5  a-wril. 

La  longueur  visible  de  la  cpieue  dans  les  environs  du  périhélie  a  été  de 
5o  millions  de  kilomètres. 

Comme  caractère  constant,  il  faut  citer  la  forme  presque  rectiligne  de  la 
queue,  aspect  qui  peut  tenir  en  grande  partie  à  la  circonstance  que  la 
Terre  était  relativement  voisine  du  plan  d;e  la  queue. 

La  comète  a  présenté  des  caractères  dissemblables  avant  et  après  la  con- 
jonction inférieure  avec  le  Soleil,  sans  que  ceci  veuille  dire  que  celte  con- 
jonction ait  inlluencé  les  changements  d'aspect;  ces  changemenls  ont  eu. 
sans  doute  pour  origine,  outre  la  variation  de  distance  au  Soleil,  des  phéno- 
mènes d'ordre  physique  du  noyau  et  de  ses  enveloppes. 

Les  caractères  principaux  avant  la  conjonction  out  été  les  suivants  : 

I"  La  queue  fut  généralement  bifurq.uée.  Pliolograpliiquement,  elle  était  constituée 
par  de  longs  el  nombreux  filaments,  sans  apparence  claire  de  (locons  ni  de  grandes 
déviations  dans  les  fil'et-s.  Ceci  serait  lé  résultat,  à  mon  avis,  de  la  plus  grande  inten- 
sité de  la  force  répulsive' solaire;  comme  on  sait,  pendant  celte  période  la  comète 
n'était  pas  très  éloignée  du  périhélie.  D'autre  part,  les  deux  parties  de  la  queue  ont  été 
bien  souvent  divergentes  dans  les  clichés. 

2°  Le  diamètre  de  la  partie  photographiquement  la'  plus  brillante  de  la  tète  était 
relativement  petite.  En  la  mesurant  sur  les  clichés,  je  trouve,  à  partir  du  4  miù,  des 
valeurs  peu  différentes  de  iiûoooi"".  D'un  autre  côté,  la  tête  a  été  presque  toujours 
environnée  d'enveloppes  étendues,  très  faibles  et  presque  toujours  excentrées  par 
rapport  à  l'axe  de  la  queue.  Cette  dissymélrie  est  très  frappante  dans  un  cliché  du 
1 1  mai. 

3°  Le  noyau  a  été  assez  brillant  et  son  diamètre,  d'ailleurs  très  difficile  à  mesurer 
microniétriquemeut  par  suite  de  la  difTusii^in  des  bords,  pouvait  avoir  Sàoo'""  environ. 

Caractères  après  la  conjonction.  —  Le  temps  déplorable  qu'on  a  eu  ici 
après  cette  conjonction  m'a  interdit  toute  bonne  observation  jusqu'au 
3o  mai. 

1"  La  queue  n'a  pas  été  bifiu-quée.  Le  3o  mai,  elle  avait  l'aspect  d'une  sorte  de 
pinceau  de  poils  courts  et  très  nombreux.  A  partir  du  Si  mai,  il  apparaît,  dans  les 
clichés,  une  aigrette  qui  se  modifie  de  jour  en  jour,  mais  qui  continue  a  être  visible 
jusqu'à  la  fin  de  la  série  de  pholog^raphies. 

2"  La  partie  plus  brillante  de  la  tête  a  grossi  extrêmement.  En  ell'et,  elle  a  été,  pen- 
dant cette  dernière  période,  de  160000'""  à  peu  près.  Les  faibles  enveloppes  extérieures 
sont  plus  réduites  qu'avant. 

3°  Le  noyau  est  très  petit.  On  dirait  qu'il  ne  dépasse  pas  1000'*'"  de  diamètre. 

La  grandeur  maxima  apparente  de  la  tète  a  eu  lieu,  pour  mes  conditions 
d'observation,  le  21  mai,  jour  où  j'ai  pu  voir  la  comète  im  instant,  dans 


SÉANCE    DU    20   JUIN    1910.  l6()I 

une  éclaircie.  Sa  gTandeur  globale  était  quelque  peu  supérieure  à  la  i'" 
grandeur. 

On  peut  admettre  que,  la  comète  s'éloignant  du  Soleil,  la  force  répulsive 
de  celui-ci  diminuait  rapidement,  d'où  a  pu  résulter  non  seulement  une 
notable  diminution  de  la  longueur  de  la  queue,  mais  aussi  le  gonflement  de 
la  tète.  Avec  cette  diminution  de  force  répulsive,  coïncide  l'apparition  des 
aigrettes  centrales,  des  llocons  ou  masses  caudales  et  des  déviations  des 
ti^ajectoires  des  filets,  déviations  qui  feraient  même  croire  à  l'existence  de 
milieux  très  faiblement  résistants  dans  l'espace.  En  comparant  le  cliché  du 
3i  mai  avec  celui  du  3o  mai,  il  résulte  que  la  vitesse  moyenne  de  projec- 
tion de  ces  matières,  dans  les  deux  premiers  millions  de  kilomètres  parcourus, 
fut  au  moins  de  23'""  par  seconde. 

J'ai  signalé  dans  une  Note  antérieure  (')  la  formation  d'uue  boulTée 
petite  et  brillante  avec  un  filament  qui  la  reliait  au  noyau,  le  3i  mai.  Dans 
cette  iXote,  j'ai  parlé  aussi  de  l'aspect  remarquable  de  la  queue  qui  offrait,  ce 
jour-là,  une  grande  projection  à  un  million  de  kilomètres  du  noyau,  aspect 
complètement  différent  de  celui  du  3o  mai.  Enfin,  j'ai  signalé  l'apparition 
du  noyau  double  le  2  juin,  de  même  que  l'apparition  de  plusieurs  conden- 
sations, en  mouvement  rapide,  le  4  juin- 

Il  est  question,  dans  toutes  ces  apparences,  d'une  série  d'émanations 
phosphorescentes  qui  semblent  avoir  commencé  à  se  séparer  du  noyau  le 
3i  mai,  ce  qui  a  coïncidé  avec  la  formation  de  l'aigrette  centrale  déjà  indi- 
quée et  le  changement  de  la  structure  de  la  queue,  jusqu'alors  assez  régu- 
lière. La  soirée  d'observation  la  plus  importante  fut  celle  du  4  juin. 

Pour  ne  rien  préjuger  sur  la  nature  de  ces  projections  ou  bouffées,  je  les 
appellerai  globes. 

Le  globe  le  plus  brillant  avait  un  éclat  total  inférieur  d'une  magnitude  et  demie  à 
celui  du  noyau.  Les  autres  étaient  assez  pâles,  mais  d'observation  facile,  sauf  un, 
indiqué  comme  douteux.  Le  4  juin,  je  commençai  l'observation  à  8''4o'",  el  au  bout 
de  i5  minutes,  il  était  sensible,  à  vue  d'œil,  que  ces  globes  se  séparaient  du  noyau. 
Une  série  de  mesures  microniétriques  du  globe  le  plus  brillant,  par  rapport  au  noyau 
principal,  faite  avec  des  fils  de  platine  sur  champ  noir  et  par  doubles  distances,  a  donné  : 


Il        m 
8   45 

t) 

istaiice. 

6 ','5 
7  '"^ 

7  '7 

O.Ç) 

Il        m 

10.   5 
jo.  20 
10.35 

Dislance. 

Il",  8 

8  5o 

12,8 

9-4o 

12,4 

(')   ^'oir  p.   1496  de  ce  \olur 


l66'2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

L'angle  de  position  resta  sensiblement  constant  et  égal  a  i23°23'.  ce  qui  correspond  à 
la  direction  de  la  queue. 

lîn  combinant  toutes  les  observations  de  dislance,  on  trouve  4")  28  par  heure  pour  la 
vitesse  moyenne  avec  laquelle  ce  globe  s'éloigna  du  noyau  de  8''45'°  à  10'' 35"";  ce  qui 
donne,  pour  la  vitesse  linéaire  transversale,  Sa-'"  par  seconde. 

Ce  globe,  en  lui  supposant  la  même  vitesse  et  la  même  trajectoire  radiale,  aurait 
été  lancé  par  le  noyau  à  7''32™  du  même  jour. 

Tous  ces  globes  paraissent  s  évanouir  à  25000*"'"  environ  du  noyau;  la 
diffusion  de  celle  matière  dans  l'espace  pourrait  donner  lieu  peut-être  à  la 
formation  d'aigrettes  et  de  masses  nuageuses  de  la  queue. 

J'ai  eu  plusieurs  bonnes  soirées  depuis  le  4  juin,  mais,  quoique  il  m'ait 
semblé  souvent  voir  des  jets  et  de  faibles  nébulosités  difformes  près  du 
noyau,  je  n'ai  pu  apercevoir  luende  semblable  àcecjue  j'ai  vu  notamment  le 
4  juin.  D'autre  part,  la  clarté  de  la  Lune  a  empêché  de  continuer  Fétude 
pholograpliique  de  la  structure  de  la  queue. 

Quant  au  passage  de  la  tête  devant  le  Soleil,  il  n'a  pas  été  observable  :  la 
pluie  a  tombé  presque  constamment  le  18  mai,  et  les  appareils  météorolo- 
giques n'ont  enregistré  rien  d'anormal. 


ANALYSE   MATHÉIVIATIQUE.    —    Sur  rinlégratioTi  des  systèmes  complets. 
Note  de  M.  E.  Vessiot,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

l.    Considérons  un  système  complet  rationnel  donné 

(S  o  —  L;,J=-r-^ h  >>./,/,   J-,, '-J-yt-  , 

'V,,+/.       -— '  'A//,  \/,  =  i.2 </ J 

/,  =  1 

et  soit  (L)  le  groupe  ponctuel  de  l'espace  (.r,,  . .  . ,  x„)  qui  laisse  invariante 
chaque  solution  de  (S).  Nous  appellerons  groupe  caractéristique  de  (S)  le 
plus  petit  gi^oupe  ponctuel  du  même  espace  qui  contienne  (L)  et  dont  les 
équations  de  définition  soient  rationnelles.  Soit  y  ce  groupe  :  il  laisse  inva- 
riant le  système  (S).  Remarquons  (jue  si  (y)  se  réduit  à  (L),  p  intégrales 
de  (S),  indépendantes,  sontralionnelles;  et  (S)  s'intègre  rationnellement. 
Si,  dans  les  équations  de  définition  de  (y),  on  remplace  les  q  fonctions 
inconnues  .i',_,_| ,  .  • . ,  .i"„  par  des  constantes,  il  reste  un  système  rationnel (cr) 
défi-nissant  lcs/>  autres  fonctions  inconnues  œ\,  ... ,  x^,.  Ce  système  (ct)  est 
automorphe,  une  de  ses  solutions  est  une  solution  principale  de  (S);  et 
le  groupe  associé  à  (ct)  est  l'une  des  formes  du  groupe  de  rationalité  de  (S). 


SÉANCE    DU    20    JUI\    191 0.  l(3t)3 

Ce  groupe  de  rationalité  indique,  du  reste,  comment  les  caractéristiques 
de  (S)  s'échangent  par  les  transformations  de  (y). 

2.  Si  le  groupe  (y)  est  connu,  la  méthode  d'intégration  quis'ofl're  d'elle- 
même  est  la  suivante.  Soit  (y,)  un  sous-groupe  de  (y),  contenant  (L):  ses 
équations  de  définition  dépendent  rationnellement  de  certaines  fonctions 
de  x,,  ...,  as,,,  qui  satisfont  à  un  système  différentiel  automorphe  rationnel; 
une  solution  quelconque  de  ce  système  auxiliaire  fournit  un  sous-groupe 
homologue  de  (yi),  et  qu'il  n'y  a  aucun  inconvénient  à  considérer  comme 
(y,)  lui-même.  Si  l'on  adjoint  celte  solution  au  domaine  de  la  rationalité 
primitif,  on  obtiendra  donc  une  réduction  du  groupe  caractéristique,  qui 
deviendra  (y,)  ou  un  de  ses  sous-groupes.  On  opérera  de  même  sur  le  nou- 
veau groupe  caractéristique,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'à  arriver  à  (L)  lui- 
même.  A  ce  moment,  l'intégration  de  (S)  sera  effectuée. 

Dans  cette  méthode  qu'on  peut,  du  reste,  préciser  davantage,  on  déter- 
mine une  solution  de  chacun  des  systèmes  auxiliaires  introduits.  Imaginons, 
au  contraire,  qu'on  les  intègre  complètement.  On  démontre  que,  d'une 
manière  générale,  si  l'adjonction  simultanée  de  toutes  les  solutions  d'un 
système  différentiel  rationnel  (définissant  des  fonctions  des  variables  indé- 
pendantes X,,...,  x„)  réduit  le  groupe  (y),  elle  le  réduit  à  un  de  ses  sous- 
groupes  invariants. 

Ce  résultat  essentiel  conduit  à  prendre  pour  (y,)  un  sous-groupe  inva- 
riant maximum  de  (y),  à  opérer  de  même  sur  (y,),  et  ainsi  de  suite.  Comme 
on  peut  faire  en  sorte  de  n'opérer  que  sur  des  groupes  transitifs,  le  passage 
de  (y)  à  (y,)  dépend,  si  l'on  veut,  de  l'intégration  d'un  système  complet  à 
groupe  de  rationalité  simple.  Ce  dernier  problème  est  ainsi  le  problème 
d'intégration  fondamental  de  cette  théorie, 

3.  Le  groupe  (y)  est  défini  par  certains  invariants  différentiels,  qui 
satisfont,  en  particulier,  aux  équations  obtenues  en  égalant  à  zéro  les  trans- 
formations infinitésimales  L^/,  convenablement  prolongées.  En  théorie,  la 
détermination  du  groupe  caractéristique  d"un  système  (S)  donné  dépend 
donc  de  la  recherche  des  intégrales  rationnelles  de  certains  systèmes  com- 
plets i-ationnels.  Observons  que  ces  systèmes  complets  et  ces  intégrales  ne 
sont  pas  quelconques. 

4.  Pour  la  définition  et  la  réduction  du  groupe  caractéristique,  on  peut 
substituer  au  groupe  (L)  un  de  ses  sous-groupes  (L')  qui  n'admette  pas 
d'autres  invariants  d'ordre  zéro  que  ceux  de(L);  par  exemple  le  groupe  fini, 
d'ordre  q,  qui  est  défini  par  les  transformations  infinitésimales  L^f.  C'est 
ce  que  nous  avions  fait  dans  notre  Note  du  8  novembre  1909,  pour  le  cas 


l664  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fj  =^  i-  Le  groupe  caractéristique  (y')  ainsi  obtenu  est  un  sous-groupe  de  (y), 
mais  échange  de  la  même  manière  les  caractéristiques  du  système  (S). 

Ce  point  de  vue  est  utile,  par  exemple,  dans  l'application  de  la  théorie 
aux  systèmes  d'é({uations  différentielles  ordinaires  linéaires  et,  plus  géné- 
ralement, à  ceux  que  nous  avons  nommés  systèmes  de  Lie. 

.>.  L'emploi  des  groupes  caractéristiques  permet  de  discuter  les  diverses 
théories  formelles  d'intégration  ;  en  particulier,  la  théorie  classique  de  Lie 
pour  l'intégration  d'un  système  complet,  quand  on  connaît  des  transforma- 
tions infinitésimales  qui  laissent  ce  système  invariant;  et  aussi  les  théories 
plus  générales  que  Lie  a  esquissées,  pour  le  cas  où  l'on  connaît  des  invariants 
différentiels  ou  intégraux  du  groupe  (L),  ou  des  systèmes  différentiels  inva- 
riants par  ce  groupe. 

PHYSIQUE   MATHÉMATIQUE.    —    Quelques  propriétés  des  fondions  (le  Green. 
Note  de  M.  Hadamakd,  présentée  par  M.  P.  Appell. 

Soit  ^f.  une  fonction  de  Green,  relative  au  problème  de  Dirichlet(') 
(plan  ou  spatial)  pour  une  équation  du  second  ordre  quelconque  du  type 
elliplique,  ou  encore  la  fonction  analogue  relative  soit  au  problème  qui 
régit  l'équilibre  des  plaques  élastiques  encastrées,  soit  au  problème  spatial 
de  même  énoncé. 

Lorsqu'on  déforme  la  frontière  (sans  changer  les  points  A,  B),  la  variation 
infinitésimale  de  g  est  donnée  par  des  formules  que  j'ai  précédemment 
calculées  (-). 

Ces  formules  subsistent  même  lorsque  A  est  confondu  avec  13,  quoique 
(au  moins  dans  le  cas  du  problème  de  Dirichlet)  g  devienne  alors  infini;  car 

g  se  compose  d'une  partie  singulière  (log-j  ou  -■,  ou  r-  logr,  ou  /■,  suivant 
celui  des  problèmes  précédemment  énumérés  auquel  on  a  affaire)  indépen- 
dante du  contour,  et  d'une  partie  réguhère  qui  fournit  seule  la  variation 
considérée. 

(  ')  I^e  problème  liydvodynamique^  pour  lequel  les  formules  ont  un  aspect  un  ])eu 
diffërenl,  sera  ici  laissé  de  côté.  Aotons  cependant  que  Tinégalilé  (2)  y  subsiste  dès 
que  a  +  j3  >  0. 

(-)  Comptes  rendus,  9  février  1908  et  Mémoire  sur  le  Problème  d'Analyse  relatif 
à  Véijuilibrc  des  plaques  élastiques  encastrées,  Chap.  I  {Mémoires  des  Sai'ants 
rtrangers.  1908). 


SÉANCE    DU    20    JUIN    I910.  lG65 

Dans  ces  conditions,  si  la  déformation  est  telle  que  le  nouveau  contour 
enveloppe  partout  l'ancien  sans  lui  être  nulle  part  intérieur,  cette  variation 
Cig\  relative  à  deux  points  confondus  est  donnée  par  une  intégrale  portant 
sur  un  carré,  de  sorte  qu'elle  est  essentiellement  positive,  soit 

(>)  ^>A>0. 

Mais  on  peut  aller  plus  loin. 

Dérivons  maintenant  j,'  tant  par  rapport  aux  coordonnées  ic,  y  du 
point  A  que  par  rapport  aux  coordonnées  x' ,  y'  du  point  B,  en  supposant 
que  la  dérivation  soit  la  même  de  part  et  d'autre,  c'est-à-dire  considérons 
l'expression 


Si  nous  calculons  la  variation  de  cette  quantité  pour  une  déformation  d'u 
contour  (telle  que  l'ancien  contour  soit  entièrement  intérieur  au  nouveau) 
et  que  nous  confondions  encore  les  points  B  avec  A,  la  variation  en  question 
sera,  elle  aussi,  exprimée  par  une  somme  de  carrés  et,  par  conséquent,  sera 
toujours  positive^  soit 

autrement  dit,  en  passant  de  déformations  inOniment  petites  à  des  déforma- 
tions finies  cjui  en  sont  la  superposition,  la  quantité 

'  ày-  dy'i-  <).>•"'  dy'!'  'a 

est  plus  petite  pour  un  contour  enveloppé  que  pour  un  contour  enveloppant, 
quels  que  soient  les  exposants  de  différent iation  a,  'p. 

Cessons  maintenant  de  supposer  A  et  B  confondus,  et  prenons  d'autre 
part  une  dérivée  qui  ne  contienne  pas  de  la  même  manière  les  coordonnées 
de  A  et  celles  de  B;  pour  simplifier  l'écriture,  bornons-nous  à  celles  qui  ne 
comportent  que  des  dérivations  par  rapport  aux  coordonnées  de  A.  Nous  ne 
serons  plus  renseignés  sur  le  signe  de  la  variation  d'une  telle  dérivée  ;  mais, 
par  contre,  nous  aurons  une  limite  supérieui'e  de  la  variation  absolue  de 
cette  variation  par  l'inégalité  de  M.  Schwarz  (  '),  savoir 


I      ja-t-?/)-^  I  //  ,12x^28  „  A 

^  I     dy-'dy^\        \    \    (>.r'-<fh-?(;-r'«dj'P/A 


(')    I  oir  le  Mémoire  cité  des  Savants  étrangers,  p,  3o. 


lG66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  cette  inép;alité  a  encore  lieu  loraqu'on  substitue  à  une  déformation  infiniment 
petite  une  déformation  finie,  pourvu  que  l'un  des  contours  soit  complètement 
intérieur  à  i autre. 

A  titre  de  vérification,  on  peut  envisager  une  équation  aux  dérivées 
partielles  du  second  ordre  qui,  pour  certains  contours  particuliers  C, 
admette  des  solutions  fondamentales  U  (solutions  nulles  en  tout  point  de  C). 
Le  contour  envisagé  étant  pris  voisin  de  C,  g'I  sera  sensiblement  de  la 
forme  pU^Ug  (où  p  est  un  facteur  numérique  très  grand),  ce  qui  entraîne 
visiblement  les  inégalités  (i)  et  (3). 

Dans  le  cas  contraire,  on  peut  par  l'emploi  de  ces  inégalités  (en  introdui- 
sant des  contours  auxiliaires  suffisamment  grands  ou  suffisamment  petits  ), 
avoir  des  limites  supérieures  et  inférieures  des  quantités  telles  que  (2')  ou 

telles  que       ^    °g  (et  non  plus  de  leurs  variations). 

Ce  dernier  résultat  peut  s'obtenir,  par  des  méthodes  connues  (théorème 
de  Harnack),  pour  l'équation  de  Laplace  :  mais  ces  méthodes  sont  particu- 
lières à  l'équation  en  question,  tandis  que  les  considérations  qui  précèdent 
s'appliquent  à  des  équations  aux  dérivées  partielles  très  générales. 

AÉRONAUTIQUE.  —  Sur  la  façon  de  parcourir  en  aéronef  un  itinéraire  recti- 
ligne  avec  une  dépense  minima  de  travail  total.  Note  (')  de  M.  Pavi. 
Renard,  présentée  par  M.  H.  Deslandres. 

La  vitesse  absolue  AB  d'un  aéronef  (vitesse  mesurée  par  rapport  à  la 
terre)  est  la  résultante  de  la  vitesse  du  vent  AC  et  de  la  vitesse  propre  iW 
(vitesse  de  l'appareil  en  air  calme). 


Si  Ton  abaisse  du  point  C  (fig-  0  une  perpendiculaire  CD  sur  la  direc- 


(')   l'résenlée  dans  la  séance  du  i3  juin  1910. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    I910.  1667 

tion  AB,  j'appelle  les  longueurs  AD  composante  effective  de  la  vitesse  du 
vent,  et  DB  composante  effective  de  la  vitesse  propre;  j'appelle  la  lon- 
gueur DC  composante  déviatricr  de  la  vitesse  du  vent,  et  la  longueur  égale 


ilûOO- 

ttûoo. . 

3/000. 

seooo, 

34-OOC. 
SZOOO. 

soooo 

ZBOOO 

zuoo. 
zwoo. 
ztooo 
ioooo 
moo 

ISOtû 
1*000 . 
12000 

moo 

SOOOi 

eooo. 

4000. 

zooo. 


10       20     30      tO      50      SO        10     80      30      100 


et  de  sens  contraire  CD  composante  reclificatrice  de  la  vitesse  propre;  il 
est  évident  que  la  vitesse  absolue  est  égale  à  la  somme  algébrique  des  deux 
composantes  effectives. 

Si  CB,  est  la  vitesse  propre  maxima  (jue  puisse  prendre  le  navire  aérien; 
si  d'autre  part  on  connaît  la  grandeur  AC,  vitesse  du  vent,  et  BAC  l'angle 
de  la  direction  du  vent  avec  le  chemin  à  parcourir,  il  sera  possible  à  Faéro- 

C.  R.,  iijio,  !"  Semestre.  (T.  150,  N"  25.)  2l8 


l668  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nef  de  suivre  la  ligne  droite  AE  avec  des  valeurs  et  des  orientations  diffé- 
rentes de  la  vitesse  propre.  Ces  valeurs  auront  pour  minimum  et  pour 
maximum  CD  égal  en  valeur  absolue  à  la  composante  déviatrice  du  vent, 
et  CB|  maximum  de  la  vitesse  possible  en  air  calme.  Cette  vitesse  devra 
toujours  être  dirigée  dans  l'intérieur  de  l'angle  DCB,,  sa  valeur  étant  tou- 
jours égale  à  la  distance  du  point  C  à  l'intersection  B  de  sa  direction  el  de 
celle  du  chemin  à  parcourir. 

Le  travail  par  unité  de  temps  est  une  fonction  de  la  vitesse  propre  CB, 
cette  fonction  est  variable  pour  chaque  aéronef.  Théoricpiement,  si  l'on 
désigne  par  W  la  vitesse  propre,  le  travail  correspondant  est,  pour  un 
aérostat  dirigeable,  égal  à  [7.W^;  pour  un  aéroplane,  ce  travail  est  donné 

par  une  expression  de  la  forme  rr^  +  aW\  Les  figures  2  et  3  représentent 

la  forme  de  la  courbe  du  travail  horaire  pour  les  dirigeables  et  pour  les 
aéroplanes. 


20      30      tO      50      SO       10      80       30      100 


La  dépense  totale  de  travail  est  égale  au  produit  de  la  dépense  horaire 
parla  durée  du  voyag-e.  C'est  ce  produit  qu'il  s'agit  de  rendre  minimum. 
Mais  cette  durée  est  elle-même  égale  au  quotient  du  chemin  total  à  parcou- 
rir par  la  vitesse  absolue.  Le  chemin  à  parcourir  étant  une  des  données  de 
la  question,  il  s'agit  de  rendre  minimum  le  quotient  du  travail  horaire  i)ar 
la  vitesse  absolue.  La  solution  analytique  du  problème  peut  être  assez  com- 
pliquée, mais  on  peut  en  donner  une  solution  graphique,  indiquée  h'gure  l\. 

Traçons  deux  axes  de  coordonnées  rectangulaires.  Sur  l'axe  vertical,  à 
partir  du  point  O,  portons  une  longueur  OC  égale  à  la  composante  dévia- 
trice du  vent;  à  partir  du  point  C  menons  une  oblique  qui  coupe  en  B  l'axe 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1910.  l{')6ç) 

horizontal  ;  supposons  que  la  longueur  CB  représente  en  grandeur  et  en  di- 
rection la  vitesse  propre.  Par  le  point  P  ('-levons  une  ordonnée,  sur  laquelle 
nous  portons  une  longueur  BM  égale  au  travail  horaire  correspondant  à  la 
vitesse  propre  CB.  Le  lieu  des  points  M  sera  une  certaine  courbe  LMA, 
facile  à  construire  d'après  les  figures  2  ou  3.  L'ordonnée  MB  est  en  effet 
égale  à  celle  de  la  figure  2,  par  exemple,  pour  un  point  dont  l'abscisse 
serait  égale  à  la  longueur  oblique  CB  de  la  figure  4.  Si  sur  l'axe  horizontal, 


à  partir  du  point  O  et  en  sens  inverse,  nous  portons  une  longueur  OA  égale 
à  la  composante  effective  du  vent,  comme  OB  est  égale  à  la  composante 
effective  de  la  vitesse  propre,  la  longueur  AB  sera  égale  à  la  vitesse  absolue. 

MB 

Nous  cherchons  le  minimum  de  ^ôi  pour  l'obtenir;  il  suffira  de  mener  du 

point  A  une  tangente  AT  à  la  courbe  LMN  ;  si  du  point  de  contact  T  on 
abaisse  une  perpendiculaire  TP,  elle  aura  une  longueur  proportionnelle  au 
travail  horaire.  En  joignant  CP,  on  aura  en  direction  et  en  grandeur  la 
vitesse  propre  correspondant  au  minimum  de  dépense  cherché,  et  AP  .sera 
égal  à  la  vitesse  absolue  correspondante. 

On  peut  préparer  d'avance  des  abaques  sur  lesquels  seraient  tracées  des 
courbes  correspondant,  pour  un  aéronef  donné,  à  différentes  valeurs  de  la 
composante  déviatrice.  Avec  un  semblable  abaque  et  un  double-décimètre, 
on  pourrait  en  quelques  instants  résoudre  le  pi^oblème. 


1670  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ÉLECTRICITÉ.  —  Une  action  à  distance  sur  le  cohéreur,  produite  par 
les  contacts  métalliques.  Note  de  M.  B.  Szii.ard,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

1.  J'ai  réussi  à  augmenter  considérablement  la  sensibilité  aux  faibles 
étincelles  du  cohéreur  à  limaille  (Ag  ou  Ni)  en  le  disposant  de  la  manière 
suivante  : 

Le  dispositif  classique  du  cohéreur  (composé  d'un  circuit  comprenant  le 
cohéreur  et  un  relais  sensible  et  d'un  second  circuit  que  le  relais  fermait  et 
lequel  faisait  fonctionner  le  frappeur)  est  placé  sur  un  support  bien  isolé,  et 
le  cohéreur  est  muni,  à  une  de  ses  extrémités,  d'une  antenne  d'une  lon- 
gueur de  i'"  environ.  Au  lieu  de  mettre  l'autre  extrémité  du  cohéreur  à 
terre,  comme  d'iiabitude,  on  la  met  en  contact  avec  l'un  des  pôles  du  cou- 
rant alternatif  dont  l'autre  pôle  est  à  terre. 

Avec  ce  dispositif,  on  pouvait  démontrer  qu'en  employant  une  simple  lige 
métallique  pour  antenne  d'émetteur  sur  laquelle  jaillissait  une  faible  étincelle, 
la  dislance  maximum  d'action  était  de  2™'"  lorsqu'on  mettait  le  cohéreur  à 
terre  comme  d'habitude.,  et  que  cette  distance  maximum  s'élevait  à  1 200'""  lors- 
qu'on employait  le  montage  au-dessus  décrit  (  '  ). 

En  remplaçant  de  nouveau  le  pôle  du  courant  alternatif  par  une  prise  de 
terre,  la  distance  maximum  d'action  retombe  brusquement  à  la  valeur 
de  5'"'",  et  peu  à  peu  elle  s'abaisse  à  sa  valeur  initiale. 

La  longueur  de  la  lige  servant  d'antenne  était  de  i™.  L'étincelle,  dont  la  longueur  était 
de  1™°'  à  i'""',.^,  provenait  d'une  petite  tige  en  ambre  frottée.  (]omme  distance  maxi- 
mum d'action,  on  a  considéré  une  distance  à  laquelle  l'acliou  pouvailencoreprovoquer 
la  cohéralion  de  la  limaille  dans  une  mesure  telle,  que  le  déplacement  de  l'aiguille  du 
relais  était  suffisamment  fort  pour  pouvoir  fermer  le  second  circuit.  Pour  obtenir  les 
valeurs  de  distances  maxima,  on  a  fait  vingt  expériences,  dont  ou  a  pris  la  valeur 
moyenne. 

Comme  courant  alternatif  on  se  servait  de  celui  du  secteur  de  la  ville,  à  110  volts 
et  42  périodes,  ou  bien  du  courant  provenant  d'un  petit  comniulaleur  à  fréquence 
variable. 

On  s'est  assuré  que  l'augmentation  de  sensibilité  du  cohéreur  ne  devait  rien  au 
changement  de  capacité  ou  de  self-induction  du  circuit  du  coiiéreur  et  non  plus   à 

(')  Fisch  {Journ.  de  Pliys.,  1904,  p.  35o)  a  déjà  observé  que  la  modification  de  la 
conductibilité  produite  par  le  courant  alternatif  est  plus  profonde  à  force  électro- 
motrice  efficace  égale  à  celle  produite  par  le  courant  continu;  observation  qui  n'a  rien 
de  commun  avec  ce  qui  vient  d'être  décrit. 


SÉANCE    DU    20   JLIN    I910.  iGyi 

l'augtnenlalion  des  nombres  d'antennes,  quoique  cela  pouirail  lésuller  de  la  communi- 
cation du  circuit  récepteur  avec  les  fils  de  l'éclairage. 

II.  Ce  dispositif  est  capable  de  déceler  qu'il  se  produit  une  action  quel- 
conque à  distance,  lorsqu'on  établit  un  contact  entre  une  pièce  métallique 
isolée  et  une  autre  pièce  du  même  métal  ou  d'une  autre  espèce  de  métal. 

On  observe  aisément  ce  phénomène  en  touchant  avec  un  morceau  de 
métal  tenu  en  main  à  une  lige  métallique  (servant  en  même  temps  d'antenne 
transmeltrice)  fixée  sur  un  support  en  ébonite  placée  à  une  distance  de 
5'^"-i5o^'"  de  l'antenne  réceptrice. 

Je  me  suis  assuré  que  cette  action  ne  provient  ni  des  vibrations  sonores, 
ni  de  l'électricité  de  contact,  ni  des  actions  thermoélectriques,  ni  de  la 
charge  provenant  de  l'électricité  atmosphérique  et  ni  des  impulsions  du 
courant  alternatif  transmises  à  l'antenne  émellrice  parle  corps  de  l'expéri- 
mentateur ou  par  un  conducteur  quelconque. 

j°  La  distance  maximum  d'action  a  des  valeurs  les  plus  élevées  lorsque  la  longueur 
de  l'antenne  réceptrice  est  à  peu  près  identique  à  celle  de  l'antenne  transmeltrice 
isolée  formée  par  la  tige  touchée,  toutes  choses  égales  d'ailleurs. 

1°  On  trouve  par  tâtonnement  des  rapports  favorables  entre  la  capacité  et  self- 
induction  de  système  de  réception  et  celles  de  systèmes  de  transmission. 

3°  On  obtient  aussi  un  facteur  favorable  lorsque  la  capacité  du  système  du  mêlai 
eft'ecluant  le  contact  émetteur  d'ondes  est  très  grande  par  rapport  à  celle  de  l'antenne 
transmeltrice. 

4°  Le  contact,  lorsqu'il  est  établi  sur  l'extrémité  supérieure  de  l'antenne  émellrice, 
est  le  plus  actif. 

5°  La  façon  dont  on  établit  le  contact  est  de  première  importance;  des  contacls 
aussi  fins  et  à  surface  aussi  limitée  que  possible  sont  nécessaires;  les  contacts,  très 
brusquement  établis  où  les  surfaces  de  contact  sont  écrasées  et  par  conséquent  grandes, 
restent  sans  aucune  action.  C'est  ce  qu'on  peut  démontrer  au  moyen  d'une  bille  d'acier 
suspendue  à  un  fil  de  cuivre  très  fin  relié  à  terre  et  frappant  fortement  une  masse 
d'acier  (à  surface  bien  polie)  reliée  à  l'antenne  émellrice  et,  enfin,  rebondissant. 

6°  Mais,  si  au  contraire  ces  mouvements  deviennent  très  légers  el  vont  s'amoilis- 
sant  :  l'action  à  distance  se  produit.  L'action  se  produit  aussi  lorsqu'on  louche  avec 
une  lime  d'acier  à  un  fil  métallique  très  fin  soudé  à  l'antenne  émellrice.  On  remarque 
que  les  contacts  très  légers  dits  inicrophoiùques  [identiques  à  ceux  des  coliéreurs) 
agissent  le  mieux. 

-°   La  dislance  limite  d'action  est  dififérente  pour  les  métaux  dill'érenls  (').  Le  contact 


(')  Kelterer  a  démontré  (Journal  de  Physique.  1902.  p.  089)  que  la  nature  des 
électrodes,  entre  lesquelles  l'étincelle  jaillit,  iullue  considérablement  sur  l'action  : 
phénomène  qui  peut  avoir  quelque  analogie  avec  le  fait  ci-dessus  exposé. 


l6'y2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

du  fer  avec  le  fer  est  plus  actif  que  le  contact  laiton-laiton,  et  ce  dernier  est  plus  actif 
que  le  contact  aluminium. 

8°  Je  n'ai  pas  réussi  à  donner  naissance  aux  ondes  avec  des  corps  conducteurs  non 
métalliques  (potasse,  soude,  acide  sulfurique,  sulfate  de  cuivre,  oxyde  de  cuivre),  pas 
plus  qu'avec  des  diélectriques  (verre,  ébonite,  ambie). 

9°  Des  lames  métalliques  absorbent  entièrement  ces  ondes;  des  lames  de  verredela 
même  épaisseur,  beaucoup  moins. 

10°  On  peut  également  donner  naissance  aux  ondes,  au  moyen  d'une  espèce  d'induc- 
tion :  on  introduit  l'antenne  émettrice  dans  un  tube  à  faible  diamètre  entouré  de 
quelques  couches  de  fil  fin  isolé  et  ensuite  on  touche  l'une  des  extrémités  nues  et  libres 
de  la  bobine  par  une  pièce  métallique.  A  la  même  distance,  cette  bobine  seule,  sans 
antenne,  reste  sans  action.  On  ne  peut  pas  non  plus  avoir  d'action  en  mettant  l'une  des 
extrémités  de  la  bobine  à  terre  et  en  touchant  l'antenne,  quoique  cette  dernière  soit 
complètement  isolée  de  la  précédente. 

Au  lieti  de  la  bobine,  on  peut  employer  aussi  un  tube  en  ébonite  entouré 
d'un  tube  métallique  ;  cependant  ce  dispositif  est  moins  approprié  aux  expé- 
riences ({ue  le  précédent. 

En  conclusion,  nous  pouvons  établir  que  les  métaux,  lorsqu'on  élahlit  un  con- 
tact entre  eux,  donnent  naissance  à  une  action  à  distance  sur  le  cohèreur  en 
présence  du  courant  alternatif. 


SPECTROSCOPIE.  —  Prolongement  des  spectres  de  bandes  des  gaz  caihonés 
dans  le  rouge  extrême  et  i infra-rouge.  iNote  de  M.  F.  Croze,  présentée 
par  M.  Lippmann. 

Les  différents  spectres  de  bandes  donnés  par  les  gai:  carbonés  ont  été 
distribués  en  trois  groupes.  Le  premier,  appelé  spectre  de  Swan,  a  été 
attribué  parfois  aux  hydrocarbures  et  pltis  généralement  au  carbone  lui- 
même.  Le  second  appartient  aux  composés  oxygénés  du  carbone.  Le  troi- 
sième exige,  pour  se  produire,  la  présence  simultanée  du  carbone  et  de 
l'azote;  c'est  pourquoi  on  l'attribue  généralement  au  cyanogène.  Ces 
specti^es  dont  la  partie  lumineuse  a  été  observée  au  début  même  de  l'analyse 
spectrale  ont  été  explorés  dans  l'ultraviolet,  par  Liveing  et  Dewar,  Des- 
landres,  Eder  et  Valenta.  J'ai  pu  photographier  le  prolongement  de  deux 
d'entre  eux  dans  le  rouge  extrême  et  la  première  région  infra-rouge.  Je  me 
contenterai  dans  cette  Note  de  donner  un  bref  résumé  des  résultats  obtenus, 
réservant  pour  un  Mémoire  plus  étendu  la  discussion  des  problèmes  qui  se 
posent  au  sujet  de  la  |)roduction  de  ces  spectres  et  un  relevé  plus  précis  des 
longueurs  d'onde. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    I9IO.  l^'j'5 

Le  spectre  de  l'oxyde  de  carbone  comprend,  dans  la  région  lumineuse,  quatorze 
bandes  dégradées  vers  les  courtes  longueurs  d'onde  et  dont  les  tètes  sont  distribuées 
suivant  la  loi  de  Deslandres.  Coblentz  (1906)  a  montré  que  ce  spectre  se  continue 
jusque  vers  6v-  et  présente  des  maxima  d'ailleurs  peu  marqués  entre  01^,7  et  li^.  En 
procédant  comme  je  l'ai  indiqué  pour  l'azote,  j'ai  pu  retrouver  phisieurs  bandes 
de  même  structure  que  les  bandes  anciennes  et  dont  les  lêtes  correspondant 
aux    longueurs    d'onde 

722,5,        ■jL\-j,:>..        792,5,        836,8,        881 

occupent  très  approximativement  la  place  qui  leur  est  dévolue  d'après  la  loi  de  distri- 
bution. 

On  sait  que  le  spectre  altribHé  au  cyanogène  comprend  deux  groupes  de 
bandes  dont  le  premier,  le  plus  connu,  s'étend  de  X  4607  jusque  dans 
l'ultraviolet  et  a  été  retrouvé  dans  le  spectre  des  comètes.  Le  second 
groupe  moins  réfrangible  s'étendait,  d'après  le  relevé  deThalen,entre  A7102 
et  A  5245.  Il  est  composé  dans  cette  région  de  i3  bandes  dégradées  vers  les 
grandes  longueurs  d'onde  et  dont  la  distribution  est  très  régulière. 

Pour  obtenir  ce  spectre  je  me  suis  servi  d'un  tube  de  Geissler  contenant  du  cyanogène 
il  la  pression  de  2"°^  environ.  Le  gaz  était  d'ailleurs  constamment  renouvelé  ;  de  cette 
façon  j'ai  pu  éviter  presque  complètement  la  superposition  aux  bandes  assez  faibles 
du  cyanogène  des  bandes  de  l'azote  qui  se  produisaient  très  intenses  dès  que  le  cyano- 
gène était  décomposé  par  le  passage  du  courant.  En  prolongeant  les  poses  pendant 
6  et  8  heures,  j'ai  pu  phofograpliier  plusieurs  bandes,  dont  les  têtes  correspondant  aux 
longueurs  d'onde 

725,4  740,0  753,6  800,1  8f3,i 

se  rangent  très  facilement  et  avec  uue  approximation  suffisante  suivant  la  même  loi 
que  les  bandes  anciennement  connues.  Plus  loin,  dans  l'infra-rouge,  le  spectre  se 
prolonge  par  une  bande  continue  très  faible  où  il  m'a  été  jusqu'à  présent  impossible 
de  distinguer  une  arête. 

Le  spectre  de  Swan  comprend  dans  la  région  lumineuse  cinq  groupes  de 
bandes  distribuées  régulièrement  entre  X  6188,7  et  A  43G5,oi  et  dégradées 
vers  les  courtes  longueurs  d'onde.  Récemment  (1908),  Bergmanna,  par  une 
métbode  pbosphorograpliique,  obtenu  dans  l'arc  au  charbon  toute  une  série 
de  bandes  comprises  entre  A  G4o'*'^  et  X  i!^,4oo,  dont  la  structure  rappelle 
celle  des  bandes  de  Swan  mais  cjui  sont  dégradées  vers  les  grandes  lon- 
gueurs d'onde.  Je  les  ai  obtenues  également  dans  l'air  et  dans  les  tubes 
à  vide. 


1674  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SPECTROSCOPIE.  —  Sur  quelques  propriétés  éleclnques  et  spectroscopiques 
de  l'arc  entre  métaux.  Note  de  MM.  Cii.  Fabry  et  H.  Buisson,  pré- 
sentée par  M.  Lippmann. 

Au  cours  d'études  spectroscopiques  entreprises  depuis  plusieurs  années, 
nous  avons  employé,  d'une  façon  constante,  l'arc  entre  tiges  de  fer.  A  pro- 
pos de  ces  expériences,  nous  avons  fait  à  son  sujet  un  certain  nombre 
d'observations,  dont  quelques-unes  ont  déjà  été  l'objet  de  publications. 
Nous  nous  proposons  de  décrire  quelques  faits  nouveaux,  susceptibles 
d'étendre  nos  connaissances  sur  la  théorie  de  l'arc. 

Rappelons  que  l'arc  entre  électrodes  métalliques  émet  non  seulement  les  raies  con- 
nues sous  le  nom  de  raies  d'arc,  émises  par  la  région  centrale,  mais  encoi'e  les  raies 
d'étincelle,  localisées  sur  deux  petits  points,  aux  extrémités  des  électrodes,  qui 
servent  en  quelque  sorte  de  racines  aux  deux  llammes  de  l'arc.  D'autre  part,  l'arc  entre 
tiges  de  fer  peut  exister  sous  deux  régimes.  Dans  l'un  (premier  régime),  qui,  à  la 
pression  atmosphérique,  est  le  plus  ordinaire  et  se  produit  toutes  les  fois  que  le  cou- 
rant dépasse  2  ou  3  ampères,  les  raies  d'étincelle  sont  présentes  aux  deux  pôles.  Dans 
l'autre  (second  régime),  les  raies  d'étincelle  disparaissent  au  pôle  positif;  la  différence 
de  potentiel  entre  les  électrodes  est,  dans  ce  cas,  plus  élevée,  d'environ  une  dizaine  de 
volts.  Le  changement  d'aspect  porte  uniquement  sur  l'anode;  le  rôle  fondamental  de 
la  cathode  dans  le  phénomène  d'arc  s'affirme  par  l'invariabilité  de  son  aspect  dans  les 
deux  régimes. 

Un  examen  plus  attentif  du  spectre  émis  par  la  région  immédiatement 
voisine  de  l'anode  nous  a  montré  que  la  disparition  du  spectre  d'étincelle 
du  fer  est  accompagnée  de  l'apparition  du  spectre  de  bandes  de  l'azole.  Il 
y  a  passage  brusque  de  l'un  à  l'autre  régime,  l'un  des  spectres  se  substi- 
tuant instantanément  et  sans  mélange  à  l'autre,  à  l'instant  précis  où  le 
voltmètre  indicjue  le  changement  de  régime.  Les  différents  groupes  de 
bandes  sont  émis  diversement.  Le  plus  important  est  le  deuxième  groupe, 
qui  forme  une  série  de  bandes  dans  le  violet  et  l'ultiaviolet.  Ces  bandes  ne 
sont  émises  que  par  une  très  petite  tache  placée  sur  la  goutte  de  fer  fondu 
de  l'anode,  là  où  étaient  émises  les  raies  d'étincelle.  L'épaisseur  de  cette 
couche  d'émission  n'atteint  pas  o""",i.  Le  troisième  groupe,  attribué  non 
à  l'azote,  mais  à  un  de  ses  oxydes,  et  formé  de  bandes  dans  la  région  2400, 
est  émis  par  des  sortes  de  flammes  qui  parlent  de  l'anode  et  s'étendent  dans 
presque  toute  la  longueur  de  l'arc.  La  bande  de  la  vapeur  d'eau  (3oG2) 
apparaît  en  même  lemps  avec  un  aspect  analogue. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    19IO.  1675 

Nous  avons  étudié  ces  phénomènes  à  des  pi'essions  inférieures  à  la 
pression  atmosphérique,  jusqu'à  i"""  environ.  La  production  de  l'arc  sous 
faible  pression  entre  métaux  peu  volatils  présente  quelques  difficultés  ;  on 
obtient  un  régime  bien  stable  à  la  condition  qu'une  goutte  d'oxyde  existe 
sur  l'électrode  négative. 

Dans  l'air  sous  pression  réduite,  on  retrouve  les  deux  régimes,  mais  le  second 
s'obtient  de  plus  en  plus  facilement,  à  mesure  que  la  pression  s'abaisse.  On  observe 
les  mêmes  particularités  speclroscopiques  qu'à  l'air  libre.  La  région  voisine  de 
l'anode  qui,  dans  le  deuxième  régime,  émet  le  second  groupe  de  bandes  de  l'azote 
devient  de  plus  en  plus  étendue.  Sous  faible  pression,  celte  région  d'émission  prend 
des  aspects  remarquables.  A  la  pression  de  i"""',  elle  forme  sur  l'anode  une  sphère 
lumineuse,  régulière  et  à  contour  nel.  dont  le  diamètre  atteint  2™"'  à  3™™.  Lorsque  la 
pression  augmente  quel(|ue  peu,  le  diamètre  de  cette  boule  diminue,  puis  elle  se 
divise  en  plusieurs  autres,  de  plus  en  plus  nombreuses  et  de  plus  en  plus  petites,  qui 
se  répartissent  régulièrement  en  quinconces  sur  la  surface  de  l'anode.  Le  phénomène 
peut  se  continuer  ainsi  jusqu'à  des  pressions  de  plusieurs  centimètres,  donnant  alors 
une  cinquantaine  de  petites  boules  parfaitement  nettes  et  régulières,  symétriquement 
disposées  sur  l'anode.  Ces  diverses  boules  semblent  exercer  de  fortes  actions  répul- 
si\esles  unes  sur  les  autres;  si  l'une  vient  à  disparaître,  l'ensemble  éprouve  un 
déplacement  d'équilibre  et  se  groupe  d'une  nouvelle  manière.  On  est  presque  inévi- 
tablement conduit  à  celte  idée  que  chacune  de  ces  sphères  possède  une  charge  élec- 
lii(|ue.  à  laquelle  sont  dues  leurs  actions  réciproques. 

On  peut,  d'ailleurs,  avoir  un  autre  aspect  des  régions  qui  émettent  le  spectre  de 
l'azote  :  partant  de  la  sphère  lumineuse  unique  (pression  de  1°""  par  exemple),  si  l'on 
écarte  les  électrodes,  il  arrive  généralement  un  moment  où  la  sphère  lumineuse  semble 
se  briser  et  est  remplacée  par  une  couche  lumineuse  uniforme  sur  l'anode,  comme  si 
son  contenu  s'était  subitement  lépandu.  La  gaine  ainsi  formée  a  un  contour  flou,  et  se 
mélange  à  la  lumière  verdàtre  voisine,  qui  émet  le  spectre  d'arc  du  fer.  Ses  dimensions, 
tant  en  largeur  qu'en  épaisseur,  diminuent  lorsque  la  pression  s'élève,  pour  arriver, 
sous  la  pression  atmosphérique,  à  la  tache  extrêmement  petite  dont  on  a  parlé  plus 
liaut. 

Les  lurmos  particularités  s'observent  avec  d'autres  métaux  que  le  fer 
(nickel,  cuivre,  laiton). 

Le  second  groupe  de  bandes  de  l'azote  émis  par  l'arc,  soit  à  la  pression 
atmosphérique  soit  sous  pression  réduite,  diffère  par  plusieurs  points  du 
spectre  émis  par  les  tubes  à  azote  raréfié  rendus  lumineux  par  la  décharge 
d'une  bobine. 

Prenons  comme  exemple  la  région    333o.  On  y  trouve  les  têtes  de  bandes    3371, 
3338,  33o9,  3282,  3267.  Dans  le  spectre  du  tube,  la  première  est  la  plus  intense,  mais 
les  autres  sont  encore  bien  visibles.  Dans  le  spectre  d'arc,  quelle  que  soit  la  pression, 
C,  R.,   1910,  1"  Semestre.  (T.    150,  N"  25.)  219 


1676  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

les  raies  qui  partent  de  la  première  tète  sont  tellement  prédominantes,  que  les  autres 
sont  à  peine  visibles.  Une  difTérence  encore  plus  frappante  entre  les  deux  spectres 
consiste  en  ce  que  la  décroissance  d'intensité  des  raies  partant  de  la  première  tète  est 
beaucoup  moins  rapide  dans  le  spectre  de  l'arc  que  dans  celui  du  tube.  Dans  le  cas  de 
l'are,  cette  suite  de  raies  traverse  le  groupe  entier  des  cinq  bandes,  et  l'on  peut,  dans 
chacune  des  séries  qui  compose  la  bande,  compter  environ  70  raies. 

Knfin,  les  intensités  relatives  des  diverses  séries  partant  d'une  même  tète  sont  très 
diflérentes  dans  les  deu\  cas.  Certaines  séries  qui,  dans  le  cas  du  tube,  sont  très  faibles 
et  à  peine  mesurables,  sont  très  intenses  dans  le  spectre  de  l'arc. 

Les  différences  enli-e  les  deux  spectres  ne  sont  pas  dues  à  la  variation  de 
pression  :  les  deux  spectres  de  l'arc,  l'un  à  la  pression  atmosphérique,  l'autre 
sous  une  pression  de  quelques  millimètres,  paraissent  absolument  identiques  ; 
c'est  donc  à  la  différence  dans  les  conditions  électriques  qu'il  faut  attribuer 
la  variation  du  spectre  entre  l'arc  et  le  tube. 

Remarquons,  en  terminant,  que  l'arc  électrique  se  dislingue  des  autres  sous 
forme  de  décharges  par  le  rôle  particulier  de  la  cathode,  qui,  grâce  à  sa 
température  élevée,  est  le  siège  d'une  abondante  émission  de  charges  élec- 
triques négatives.  Ce  qui  précède  montre  cependant  que,  dans  la  région 
anodique,  se  produisent  aussi  des  phénomènes  particuliers.  Il  est  probable 
qu'au  voisinage  de  l'anode  sont  engendi^és  des  ions  positifs  dont  le  bombar- 
dement maintient  la  température  élevée  de  la  cathode.  A  cette  particularité 
de  l'état  électrique  de  cette  région  correspond  une  émission  spéciale  :  raies 
d'étincelles  ou  bandes  de  l'azote  suivant  que  l'ionisation  a  lieu  aux  dépens 
de  la  vapeur  métallique  ou  du  gaz  ambiant. 

OPTIQUE.  —  Inlerfèromèlre  à  faisceaux  lumineuf  superposés  inverses 
donnant  en  lumière  blanche  polarisée  une  frange  centrale  étroite  à 
teinte  sensible  et  des  franges  colorées  étroites  à  intervalles  blancs. 
Note  (')  de  M.  G.  Sagn.*!:,  présentée  par  i\l.  G.  Lippmann. 

Jai  combiné  il  y  a  2  ans  et  éprouvé  au  cours  de  longues  observations 
une  nouvelle  méthode  interférentielle  capable  de  manifester  une  très  petite 
différence  relative  entre  les  vitesses  de  propagation  de  deux  systèmes 
d'ondes  lumineuses  de  parcours  inverses. 

I.  Dispositif.  —  Deux  prismes  triangulaires  isoscèles  P,,  P^,  {/isi-  i), 
taillés  dans  le  même  verre  (n  =  i,5i4  pour  la  radiation  A,^  =  o^^.  '"tG  )  avec 

(')  Présentée  dans  la  séance  (lu  i.i  juin  njiu. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    19IO.  1677 

des  angles  a  identiques  à  quelques  secondes  près,  sont  rapprochés  par  leurs 
faces  /,  /'  et  orientés  parallèlement  de  manière  à  former  un  prisme  rhombe. 
La  lame  d'air  //'  comprise  entre  les  faces  parallèles  adjacentes  de  verre 
nu  des  deux  prismes  P,,  P,,  joue,  avec  avantage,  le  rôle  de  l'argenture 
transparente  du  dispositif  que  j'ai  antérieurement  étudié  (p.  \'\oi  de  ce 
Volume);  au  sortir  du  collimateur  C,  la  lumière  se  divise  sur  la  lame  d'air 
en  vibrations  transmises  (amplitude  relative  T)  et  vibrations  réfléchies 
(amplitude  R)  qui  se  propagent  en  sens  inverses  le  long  d'un  même  circuit 
triangulaire  IMiMj  {_fïg.  i)  ou  pentagonal  plan. 


La  lunette  L  reçoit  à  la  fois  les  vibrations  ï  une  seconde  fois  transmises 
par  la  lame  d'air  (amplitude  T-)  et  les  vibrations  R  une  seconde  fois 
réfléchies  par  la  même  lame  (amplitude  R^). 

Un  polariseur  (non  représenté  sur  la  figure)  définit  une  vibration  de 
Fresnel  perpendiculaire  au  plan  du  circuit. 


iCi^S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

II.  PropritU'j  générales.  —  Iléglé  par  la  métliode  déjà  décrite,  ce  nouveau 
dispositif  permet  d'obtenir  des  frangées,  localisées  ou  non  localisées  (loc.  cil). 

Pour  chaque  radiation  simple  A,  les  formules  classiques  d'Airy  définis- 
sent les  intensités  relatives  T^  et  R-  des  deux  faisceaux  inverses  du  cir- 
cuit TM,M^,  ;  ce  sont  les  amplitudes  des  vibrations  interférentes. 

(^uand  la  vitesse  ne  dépend  pas  du  sens  de  la  propagation,  le  centre 
d'interférence  correspond  rigoureusement  à  la  différence  de  marche  nulle. 
Les  vibrations  interférentes  ont  en  ce  centre  des  phases  rigoureusement  op- 
posées; l'amplitude  d'une  radiation  A  quelconque  y  présente  la  valeur 


L„=i--iv=i^£^";i', 


obtenue  en  posant 


e  désigne  l'épaisseur  normale  de  la  lame  d'air;  i  est  l'incidence  intérieure 
sur  les  faces  de  cette   lame;   /•  est  l'angle  d'incidence  extérieure  sur  la 

lame  //'  (  fiff.  i);  «  désio-ne  le  coefficient  de  réllexion  vitreuse  ^^— ^^^ — ^• 

En  un  point  du  champ  d'interférence  où  la  différence  de  marche  des  deux 
faisceaux  est  â,  l'intensité  d'une  radiation  quelconque  X  a  la  valeur 

obtenue  en  posant 

l\=:sin7:y  et  B=;L„coS7:i- 

L'intensité  N-  définit  un  phénomène  à  centre  noir  qui  devient  pur  quand 
Lu  disparait,  c'est-à-dire  quand  la  valeur  de  (ps'inu)  est  égale  à  l'unité.  Si 
cette  condition  est  réalisée  pour  une  radiation  jaune  verdàtre,  les  interfé- 
rences en  lumière  blanche  présentent  des  teintes  sensibles  pures, 

IIL  Conditions  particulières  réalisées.  —  En  même  temps  que  la  condi- 
tion précédente,  pour  la  radiation  jaune  verdàtre  (A^  =  oi^,  56)  j'ai  réalisé 
les  amplitudes  T-  et  R-  respectivement  minimum  et  maximum.  Les  valeurs 
de  p  et  (sin«)  sont  alors  égales  à  i. 

Pour  cela,  je  règle  l'épaisseur  de  la  lame  d'air  //'  de  manière  que  le  fais- 
ceau R  du  circuit  présente,  en  lumière  blanche,  la  teinte  d'ordre  K  qui 
correspond  au  maximum  de  la  radiation  A^  (teinte  presque  blanche  pour 
K  =  2,  jaune  verdàtre  pour  K  =3). 


SÉANCE    DU    20    lUIX    1910.  1G-9 

Maintenant  la  condition  de  pureté  des  teintes  sensibles  s'écrit 

as^^-sji  —  I  ou  r„r^34°26'. 

J'ai  réalisé  cette  valeur  de  r  en  donnant  aux  quatre  angles  a  du  double 
prisme  P,  P^  une  valeur  un  peu  dillérente  de  /•„  et  en  faisant  tomber  la 
lumière  du  collimateur  sur  une  face  latérale  /P,  du  double  prisme  sous 
une  petite  incidence  voisine  de  n  (/•  —  a),  égale  à  V  environ. 

IV.  Propriétés  des  franges  observées.  —  En  lumière  monochromatique,  les 
franges  sont  noires  et  à  centre  noir  pour  le  jaune  verdàtre,  sombres  sans 
être  rigoureusement  noires  pour  le  rouge  et  le  violet;  leurs  milieux  corres- 
pondent toujours  exactement  aux  différences  de  marche  o,  X,  i\,  . . . ,  m'A, 
grâce  aux  propriétés  rigoureuses  de  la  réflexion  purement  vitreuse. 

J'emploie  ordinairement  l'appareil  en  lumière  blanche  (filament  de 
Nernst).  J'observe  alors  des  franges  colorées  et  une  frange  centrale  à  teinte 
sensible,  séparées  les  unes  des  autres  par  des  intervalles  presque  entièrement 
blancs^  larges  d'environ  les  j  de  l'inlerfrange  à  droite  et  à  gauche  de  la 
frange  centrale,  des  |  de  l'interfrange  en  dehors  de  la  première  frange 
colorée  (observations  faites  pour  un  ordre  K  d'interférence  dans  la  lame 
d'air,  égal  à  3).  Ces  bandes  blancbes  résultent  do  l'influence  de  l'intensité 
B-  qui,  nulle  pour  le  jaune  verdàtre,  prend  de  l'importance  dans  le  rouge 
et  le  violet  et  superpose  alors  à  la  teinte  verte  ou  jaune  de  Newton  que  don- 
neraient seules  les  intensités  N'-,  une  couleur  sensiblement  complémentaire. 

La  frange  centrale  étroite  est  particulièrement  propre  aux  pointés. 

Les  lisérés  de  teinte  sensible  som.bre  et  pure  qui  occupent  le  milieu  des 
franges  latérales  d'ordre  un  sont  encore  d'un  pointé  assez  précis  et  j'ai  pu 
mesurer  leur  intervalle  à  -^-^  près  dans  le  cas  de  circuits  de  3o'"  de  longueur. 


PHYSIQUE.  —  Sur  une  méthode  de  mesure  d'un  champ  magnétique  en 
grandeur,  direction  et  sens.  Note  (  '  )  de  M.  Louis  Dunoyer,  présentée 
par  M.  E.  Gu^^ou. 

Considérons  deux  aimants  mobiles  autour  d'un  axe  vertical  passant  par 
leurs  milieux,  placés  dans  un  champ  magnétique  uniforme.  Si  leurs  mo- 
ments magnétiques  sont  égaux,  la  direction  du  champ  bissecte  l'angle  des 

(')  Présentée  dans  la  séance  du  10  juin  1910. 


[68o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


axes  magnétiques,  par  raison  de  symétrie.  L'angle  a  que  chacun  des  axes 
forme  avec  la  direction  du  champ  est  alors  donné  par  la  formule 


■  s  /  ' 


(- 


('- 


dans  laquelle  II  représente  l'intensité  du  champ,  M  le  moment  magnétique 
commun  aux  deux  aimants,  2 /leur  distance  polaire  et  h  leur  distance  ver- 
ticale. On  obtient  aisément  cette  équation,  par  exemple  en  exprimant  que 
l'énergie  potentielle  de  l'ensemble  est  minima  pour  l'angle  a  correspondant 
à  l'équilibre.  Cette  formule  correspond  à  des  dispositifs  pratiquement  inté- 
ressants quand  —.  est  suffisamment  petit  et  quand  —.  est  suffisamment  grand. 


Le  calcul  numérique  de  la  fonction  9  (a)  qui  figure  au  deuxième  membre, 
effectué  pour  différentes  valeurs  du  quotient  —.>  montre  que  : 


//- 


i"  Pour  les  petites  valeurs  de  7^  (de  lo"'  à  10  '  par  exemple),  la  courbe 
j  =  ç  (a)  présente  au  voisinage  de  a  =  5o°  un  minimum  très  étalé  ; 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1910.  l()8l 

2"   Pour  les  valeurs  de  7^  suffisamment  grandes  (  supérieures  à  4  P<ii' 

exemple),  la  courbe  y  ^  o  (a)  se  rapproche  très  vite,  quand  j-p  augmente, 
d'une  courbe  sinusoïdale  y  =  Acosa. 

La  ligure  i  reproduit,  à  des  échelles  variées,  les  différentes  courbes  obte- 
nues pour  yj,  =  o,  lo""',  io~-,  10"',  I  et  4.  Examinons  séparément  les  deux 
cas  précédents. 

Premier  cas.  —  Appareil  de  variations.  —  L'ordonnée  y  de  la  courbe 
jy  =  !p  (a)  est  proportionnelle  à  H  ;  on  a 

A  cause  du  palier  horizontal  présenté  par  la  courbe  y  =  î'(5t)  ({uand  -^, 

est  suffisamment  petit,  une  petite  variation  de  H  correspond  à  une  grande 
variation  de  a  au  voisinage  de  a.  =  5o°.  On  peut  aisément  réaliser  un  appa- 
reil à  miroirs  avec  lequel  i™™  de  l'échelle  placée  à  2'"  correspond  à  une 
variation  relative  de  champ  égale  à  2.10%  le  champ  étant  de  l'ordre  du 
champ  terresti'e.  De  plus,  les  indications  de  l'appareil,  expérimenté  avec 
plein  succès  sous  une  forme  sommaire,  sont  très  rapides  grâce  à  la  légèreté 
des  équipages. 

Deuxième  cas.  —  Dygographe.  —  Les  écarts  relatifs  du  coefficient  de 
proportionnalité  A  à  sa  valeur  moyenne  de  0°  à  90°  sont  moindres  que  0,12 

Il  o  II  ■>  /'  o  /'  / 

pour  —  =  i;  0,01  i  pour  ^    =2;  o,oo3  pour  —  =  i  ;  0,001  pour  —  =  4. 

Le  dygographe,  construit  pour  l'usage  maritime,  et  destiné  à  tracer  des 

dygogrammes,  est  construit  de  manière  que  —,  soit  voisin  de  2  ('  ). 

La  figure  2  montre  l'ensemble  de  l'appareil.  On  fixe  sur  le  couvercle 
une  feuille  de  papier  ronde  que  dépassent  les  pointes  de  deux  alidades 
formant  deux  côtés  d'un  losange  articulé  dont  un  sommet  est  au  centre.  (  )n 
peut  amener  chaque  alidade  au-dessus  d'une  aiguille  de  verre  solidaire  d'un 
équipage  et  parallèle  à  son  ave  magnétique  ;  une  glace  placée  au  fond  de  la 

(')  Je  crois  devoir  signaler  que  le  dispositif,  consistant  en  deux  équipages  magné- 
tiques superposés  et  assez  éloignés  l'un  de  l'autre,  a  déjà  été  utilisé  dans  quelques 
appareils,  fort  difTérenls  d'ailleurs  du  dygographe  (voir  Biolixgmaier,  Deiilsclic 
Siidpolar  Expédition  1901-1903,  t.  V,  fasc.  1). 


i682 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


boite  permet  de  faire  cette  visée  sans  parallaxe.  Le  sommet  du  losange 
articulé  opposé  au  centre  porte  un  petit  crayon  inscripteur  qui  marque  un 
point  sur  la  feuille  de  papier.  Le  vecteur  ayant  pour  origine  le  centre  et  pour 
extrémité  ce  point  est  évidemment  équipollenl  au  champ  magnétique.  En 
faisant  faire  au  navire  un  tour  d'horizon  d'un  mouvement  continu,  on  trace 
ainsi  un  dygogranimc  elliptique,  grâce  auquel  il  est  ensuite  très  rapide  et 
simple  soit  d'effectuer  la  compensation,  soit  de  calculer  le  tableau  des  dévia- 
tions. 


Bien  que  les  moments  magnétiques  des  équipages  soient  faibles,  leur 
position  d'équilibre  est  assurée  avec  précision  par  l'artifice  suivant.  Les 
équipages  sont  solidaires  de  petits  flotteurs  en  verre,  munis  d'une  chape, 
qui  plongent  dans  du  mercure.  La  poussée  hydrostatique  réduit  la  pression 
de  la  chape  sur  le  pivot,  immergé  dans  le  mercure,  à  i^  ou  2^.  La  sensibilité 
d'un  tel  pi  volage  peut  être  rendue  comparable  à  celle  d'un  fil  de  suspen- 
sion ('  ). 

L'appareil  a  déjà  permis  de  relever  un  grand  nombre  de  dygogrammcs 
sur  plusieurs  navires. 


(')   L'appareil  a  été  coiislruil  avec  l)eaiicoup  de  diligence  et  de  soin  par  l:i  Société 
des  établissements  Henry-Lepaute. 


SÉANCE  UU  20  JUIN  1910.  l683 

PHYSIQUE.    —    Sur  la    formation   des  dépôts  cathodiques.    IVote 
de  M.  L.  HouLLEvir.uE,  présentée  par  M.  E.  Boulv. 

J'ai  montré,  dans  une  Communication  antérieure  ('),  que  les  éléments 
des  projections  cathodiques  présentaient  de  grandes  analogies  avec  les  gra- 
nules négatifs  des  métaux  colloïdaux;  en  se  plaçant  à  ce  point  de  vue,  on 
peut  assimiler  la  métallisation  des  lames  à  la  coagulation  des  colloïdes. 

On  sait  que  le  dépôt  cathodique  peut  se  faire  en  toute  région  de  la  cloche 
à  vide,  sauf  au  voisinage  immédiat  de  la  cathode;  les  parois  qui  peuvent  se 
métalliser  sont  donc  celles  qui  possèdent  une  charge  positive,  permettant  la 
neutralisation  électrique  des  gianules  cathodiques.  L'expérience  suivante 
montre  plus  nettement  encore  la  nécessité  de  cette  condition  : 

Deux  petites  lames  d'aluminium,  supportées  par  des  tiges  métalliques  isolées,  sont 
placées,  aussi  sjmélriquement  que  possible,  en  face  d'un  disque  argenté  qui  forme 
cathode;  l'anode  est  reliée  au  sol,  et  l'on  maintient  une  difTéreiice  de  potentiel  entre  les 
deux  lames  d'aluminium  pendant  la  durée  de  l'opération  ionoplastique.  Dans  ces  con- 
ditions, on  observe  régulièrement  que  le  dépôt  cathodique  s'effectue  exclusivement 
sui-  la  lame  positive;  son  épaisseur  est  maximum  aux  points  où  la  densité  électrique 
positive  est  plus  forte.  L'expérience  a  été  faite  en  permutant  le  sens  des  dififérences  de 
potentiel,  de  façon  à  éliminer  les  défauts  de  symétiie;  elle  a  donné  des  résultats  pai- 
faitemenl  nets,  les  deux  lames  étant  reliées  :  1°  à  la  cathode  et  à  l'anode  de  la  bobine 
d'induction;  2°  aux  deux  bornes  d'une  canalisation  de  courant  continue  à  220  volts, 
dont  le  milieu  est  au  sol  ;  3°  aux  deux  bornes  d'une  canalisation  de  courant  continu  à 
I  10  volts,  dont  le  négatif  est  au  sol. 

Les  rayons  cathodiques,  qui  transportent  des  charges  négatives,  doivent 
s'opposer  à  la  formation  des  dépôts  dans  la  région  qu'ils  traversent;  on  sait, 
en  eflét,  qu'il  ne  se  produit  pas  de  dépôt  dans  l'espace  sombre,  intérieur  à 
lauréole  négative,  où  ces  rayons  se  propagent  librement.  J'ai  déjà  indiqué 
aiilérieureinent  (-)que,  si  l'on  canalise  les  rayons  cathodiques  émanés  de  la 
cathode  projetante  et  si  on  les  rejette  sur  le  côté  par  un  aimant,  le  dépôt  est 
moins  abondant  aux  points  d'aboutissement  de  ces  rayons;  mais  voici  une 
autre  vérification  plus  directe  : 

Une  cloche  à  projections  cathodiques  perle  latéralement  un  tube  long  et  étroit, 
incliné  à  45°  sur  son  axe  et  muni  d'une  cathode  terminale,  d'une  anode  latérale  et  d'un 
diaphragme;  ce  dispositif  permet  d'envoyer  sur  le  disque  de  verre,  où  se  fait  le  dépôt, 

(')   Comptes  rendus,  t.  loO,   1910,  p.  1237. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXLVIll,  1909,  p.  1020. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N°  25.)  2"20 


l684  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  pinceau  bien  défini  de  rayons  cathodiques  produits  par  une  source  indépendante. 
Le  vide  étant  réalisé,  on  produit  le  pinceau  cathodique,  qu'on  dirige  avec  un  aimant 
de  façon  à  obtenir  une  tache  fluorescente  au  centre  du  disque;  puis  on  procède,  avec 
lenteur,  pour  ne  pas  trop  diminuer  le  vide,  aux  projections  cathodiques;  la  cathode 
projetante  est  recouverte  de  bismuth,  métal  qui  se  dépose  avec  une  grande  rapidité. 
Dans  ces  conditions,  on  obtient,  au  bout  de  lo  à  i5  minutes,  un  dépôt  très  apparent, 
sauf  au  centre  du  disque.  L'expérience  a  été  réalisée  en  produisant  les  rayons  catho- 
diques, soit  avec  une  petite  bobine  indépendante  de  la  grosse  bobine  qui  sert  aux 
projections,  soit  avec  une  machine  de  Holtz  à  quatre  plateaux. 

Cette  expérience  donne  lieu  à  une  reniaïqiie  importante  :  le  clianip  magné- 
tique de  la  grosse  bobine  produit,  à  chaque  interruption,  une  oscillation  du 
pinceau  cathodique  et  Ton  constate  que  la  région  non  métallisée  forme  une 
tache  oblongue,  ou  plutôt  deux  taches  voisines  correspondant  aux  points 
d'arrivée  des  rayons.  L'existence  d'une  tache  au  point  d'aboutissement  des 
rayons  déviés  montre  que  le  dépôt  de  bismuth  a  refusé  de  s'eflectuer  en  ce 
point,  où  les  rayons  cathodiijues  n'existent  pas  au  momentdela  projection  : 
ces  rayons  ne  peuvent  donc  agir  (|u'en  supprimant  les  charges  positives  à 
leur  point  d'arrivée  sur  le  disque  de  verre.  Toutes  les  autres  particularités 
des  rayons  cathodiques,  entre  autres  celles  qui  ont  été  signalées  par  Longden 
et  par  M.  Maurain,  peuvent  s'expliquer  aussi  aisément  du  point  de  vue  que 
j'ai  indiqué;  l'analogie  entre  les  granules  et  les  éléments  des  projections 
cathodiques  se  trouve  ainsi  confirmée. 


PHYSIQUE.  —  Sur  quelques  particularités  de  iarc  au  mercure  dans  le  vide. 
Note  de  M.  A.  Perot,  présentée  par  M.  P.  Villard. 

1°  Répartition  de  la  chute  de  potentiel  dans  iarc.  —  L'arc  employé  dans 
ces  recherches  jaillit  dans  un  ballon  auquel  sont  soudés  deux  tubes  conte- 
nant le  mercure  qui  forme  les  électrodes;  deux  fils  de  platine  C  et  T)  y 
pénètrent  au  .voisinage  des  surfaces  de  l'anode  A  et  de  la  cathode  B;  à 
l'aide  d'un  électromètre  Kelvin-Mascart,  on  détermine  les  différences  de 
potentiel  (A,  G),  (C,  D),  (D,  B),  (A,  B);  pour  un  courant  de  3  à  4  ampères 
on  trouve  en  moyenne  : 

(A,  C)=  10'°"»,         (C,  D)=  ii^°"=,  (D,  B)  =  i'°",         (A,B)  =  22>""% 

la  longueur  de  l'arc  entre  les  fils  C  et  D  étant  environ  8"™. 

D'autres  mesures  effectuées  en  plaçant  simplement  un  fil  de  platine  P  à 


SÉANCE    DU    20    JUIN    I910.  l685 

mi-distance  entre  l'anode  A  et  la  cathode  B  ont  donné  les  résultats  suivants 
pour  un  courant  de  3, 1  ampères  : 

Pression.  (V.  B).  (A,P).  (P.  B).  (A,P)-(P,  B). 

mm  volli  volls  vous  voUs 

0,008 25  16  9  7 

o,oi5 20,3  16,3  9  7,3 

o,  138 3o,o  19  II  8 

4,0 4o,3  26  1/4,3  11,7 

5,5 48  3i  17  i/i 

en  observant  que  la  pression  indiquée,  mesurée  à  la  jauge  ou  au  manomètre, 
est  certainement  plus  faible  que  celle  qui  existe  dans  l'arc. 

De  ces  chiffres  on  déduit  l'existence  bien  nette  d'une  chute  de  potentiel 
à  l'anode,  dont  la  valeur  croît  avec  la  pression;  le  long  de  l'arc  lui-même 

existe  une  variation  de  potentiel  de  - — ^ =  1,87  v  :  cm,  la  chute  catho- 
dique étant  très  faible,  si  elle  existe. 

D'autres  expériences,  faites  sur  un  arc  à  tube  dont  on  pouvait  faire  varier 
la  longueur  en  inclinant  le  tube,  ont  donné  une  variation  de  potentiel  le 
long  de  l'arc  de  1,2.  v  :  cm,  les  conditions  de  fonctionnement  étant  d'ailleurs 
différentes  de  celles  qui  ont  été  étudiées  plus  haut. 

Antérieurement,  MM.  Lécher  et  Luggui  ont  étudié  la  différence  de 
potentiel  P  aux  bornes  de  l'arc  au  mercure  dans  le  vide,  en  fonction  de  la 
longueur  L.  De  leurs  mesures  on  déduit 

P  volls  =:  I  4  ,  2  -1- o  ,  69  L, 

formule  qui,  eu  égard  aux  circonstances  différentes  de  la  production  de 
l'arc  dans  leurs  expériences  et  dans  les  miennes,  n'est  pas  en  désaccord 
avec  les  nombres  ci-dessus. 

Je  rappellerai  enfin  que  M.  Marsh  vient  de  mettre  en  évidence  l'exis- 
tence d'une  chute  anodique  dans  les  tubes  de  Geissier. 

2"  Exisience  d'une  surpression  à  l'anode.  —  Si  l'on  mesure  la  pression  sur 
Tanode,  à  l'aide  d'un  tube  soudé  en  bas  de  celle-ci  et  aboutissant  par  sa  partie 
supérieure  dans  la  chambre  de  condensation  de  l'arc,  on  constate  une 
surpression  variable  avec  la  densité  de  courant,  qui  tient  bien  au  phéno- 
mène électrique,  car  les  variations  de  pression  suivent  instantanément  celles 
du  courant;  le  ménisque  à  l'anode  étant  aplati,  elle  ne  peut  tenir  à  un  effet 
capillaire  dont  l'action  serait  inverse,  une  diminution  de  la  constante  capil- 
laire correspondant  à  l'aplatissement  du  ménisque  aurait  pour  résultat  de 


lG86  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

relever  le  niveau  de  l'anode.  J'ai  trouvé,  pour  cette  surpression,  les  valeurs 
suivantes  : 


Seclion  de  l'iinode 


■•-48 


',58 


Sui- 

Sui-- 

Sur- 

Courant. 
;inni 

pression. 
» 

Courant. 

nmp 
2,0... 

p 

lession. 
1  "T3 

Courant. 

amp 

pression 
» 

2,5. . . 

1,7-^ 

2,5. . . 

'.49 

2,5... 

0,89 

3,0... 

2,4o 

3,0. .. 

3^.5..  . 

2.06 
2,17 

3  ,(1 .  .  . 

1,16 

^.o.     . 

?i  .  1  0 

4,0. . . 

2,24 

t  .  M  .  .  . 

i,eo 

A  la  cathode,  je  n'ai  pas  observé  de  surpression  stable;  la  surface  de  celle-ci 
est  continuellement  agitée  et  les  observations  sont  rendues  de  ce  fait  exlrè- 
mement  difficiles. 

3°  Relation  entre  la  surpression  et  la  cktile  anodique  —  Il  est  naturel  de 
chercher  à  relier  la  surpression  à  la  chute  anodique;  si  l'on  admet  que  les 
supports  des  charges  positives  émanées  de  l'anode  sont  des  atonies  de 
mercure  ayant  perdu  un  électron,  analogues  pour  le  mercure  aux  cor- 
puscules a  de  riiélium,  on  est  amené  au.\  considérations  suivantes  : 

Sous  l'action  d'une  dififérence  de  potentiel  de  10  volts,  ces  porteurs  de  charges 
électriques  prennent  une  vitesse  qu'il  est  facile  de  calculer;  en  supposant  qu'il 
s'agisse  de  mercurosum,  la  masse /»  de  l'un  d'eux  est  i  .61  .  io~-^  x  200  =1  3,2 .  ro~--; 
la  charge  9  qu'il  transporte  est  i,55.io~-"  U.E.M.;  le  travail  de  la  force  électrique 
lors  d'une  chute  de  potentiel  P  est  V cj  et.  si  aucun  autre  phénomène  ne  se  produit,  la 
force  vive  acquise  est  égale  à  ce  travail 


\m^''-=V< 


si  P  ^  10  volts  : 


10'  U.  E.  M.,  on  a 
P(/  ^  1 ,55.  10' 


i '^^  3,  I  .  10''  cm-seï', 
soit  3  , 1  kni-sec. 

Si  l'on  admet  que  la  chute  de  potentiel  est  partiellement  employée  à  séparer  un 
électron  d'un  atome  qui  devient  ainsi  positil.  la  \itesse  calculée  serait  égaie  à 
2,9. 10^  cm-sec. 

D'autre  part,  l'anode  doit  subir  une  pression,  tout  conmie  une  fusée  d'artilice.  et  la 
quantité  totale  de  mouvement  fournie  par  seconde  doit  être  égale  à  la  force  moyenne; 
le  courant  étant,  par  exemple,  4  ampères,  c'est-à-dire  transportant  o,4  U.E.M.  par 
seconde,  le  nombre  des  porteurs  lancés  par  secondées!  N  r=  0.258.  10^°.  et  la  quantité 
(le  mouvement  fournie,  égale  à  la   l'oice  sur  l'anode,  est,  pour  une  vitesse  de  3,i.io^, 

i\  m  V  =  o,  258 .  1 0-"  ;<  3,2.  1  o"--  X  3, 1  .  1  o^  =;  2.  6 .  i  o^. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    1910  l()87 

Si  l'anode  a  i'"''.28  île  senion,  ceci  correspond  à  i°"".5  de  mercure.  On  ne  jjeul  pas 
ne  pas  être  frappé  du  l'ail  que  ce  nombre  est  voisin  de  i""".8,  surpression  trouvée 
expérimentalement  pour  le  tube  de  i''°''.28  elle  courant  de  4  ampères.  La  mesure  de 
la  chute  anodiqne  a  d'ailleurs  été  faite  sur  un  tube  de  1""'',  i3  de  section. 

La  cilute  anodique  parait  donc  en  connexion  intime  avec  la  surpression, 
les  porteurs  électriques  seraient  lancés  dans  l'arc  avec  une  vitesse  voisine 
de  3'''"  à  la  seconde.  Ces  |Jorteurs  seraient  distincts  de  la  masse  des  centres 
lumineux,  ainsi  que  le  faisait  pressentir  l'action  de  la  vapeur  d'eau  sur  l'arc, 
indiquée  dans  ma  Note  du  6  juin  ;  rencontrant  dans  la  région  de  la  décharge 
les  atomes  uiercuriels,  ils  les  rendraient  lumineux  en  les  ionisant  vraisemhla- 
idemiMit,  suivant  les  idées  de  Campbell  et  leur  communiqueraieat  en  tout 
(.as  la  vitesse  révélée  expérimentaiement  par  les  mesures  spectroscopiques. 
L'action  de  la  chute  de  potentiel  le  long  de  l'arc  serait  alors  d'entretenir  le 
mouvement  de  ces  porteurs  dont  la  vitesse  moyenne  doit  peu  varier,  l'arc 
aux  points  de  vue  spectroscopique  et  électrique  paraissant  identique  à  lui- 
même  sur  toute  sa  longueur. 

Je  me  propose  de  tenter  des  expériences  analogues  sur  l'arc  à  anode 
de  fer. 


CHIMIE  PHYSIQUE.    —   Températures  de  cnslalliscuion  des  mélanges  binaires. 
Note  de  MM.  E.  Bai;d  et  L.  Gav,  présentée  par  M.  ,\.  Haller. 

Dans  une  Note  précédente  (^'),  l'un  de  nous  a  inonlré  que  la  congélation 
d'un  mélange  de  liijuides  normaux  obéit  approximati^  ement  à  la  loi  de 
Kaoull  : 

même  pour  des  solutions  concentrées,  à  condition  d'adopter,  pour  valeur 
de/?,  le  poids  de  corps  dissous  dans  un  volume  constant  de  solution  (  100""') 
mesuré  à  la  température  de  cristallisation. 

Cette  règle  est  purement  expérimentale. 

Nous  avons  donc  ciierché  à  établir  une  relation  moins  empirique  entre 
l'abaissement  du  point  de  congélation  et  la  composition  des  mélanges  bi- 
naires et  s'appliquant  à  toutes  les  concentrations. 

On  sait  qu'un  liquide  pur  A  cristallise  quand  sa  tension  de  vapeur  /  est 

(')    E.  Baud.  Comptes  reiviiis,  28  f(''\rier  1910. 


l688  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

égale  à  la  tension  s  des  cristaux,  c'est-à-dire  que  la  température  de  congé- 
lation T,  est  déterminée  par  le  point  de  rencontre  de  la  courbe  de  tension 
de  vapeur  du  liquide  et  de  la  courbe  de  tension  de  vapeur  des  cristaux. 
Ces  courbes  nous  sont  données  par  l'équation  de  Clapeyron. 

Si  nous  dissolvons,  dans  le  liquide  A,  un  autre  corps  B,  la  tension  de  vapeur  par- 
lielie  /'  due  à  A  est  abaissée  et  le  point  de  rencontre  de  la  nouvelle  courbe  de  tension 
avec  celle  correspondant  aux  cristaux  détermine  le  nouveau  point  de  congélation  Tj, 
en  supposant  que  ce  soit  A  seul  qui  cristallise. 

Or,  Linebarger  ( '),  Zawidzki  (^),  Dolezalek  (^)  ont  montré  que,  dans  le  cas  d'un 
mélange  de  liquides  normaux,  ne  réagissant  pas  l'un  sur  l'autre,  la  tension  de  vapeur 
partielle  de  l'un  des  liquides  était  proportionnelle  à  sa  concentration  moléculaire  dans 
le  mélange. 

S'il  y  a  j;  molécules  de  A  et  i  —  .z:  molécules  de  B  et  si  nous  appelons  /  la  tension 
de  vapeur  de  A  pur  et  /'  la  tension  partielle  <le  A  dans  le  mélange,  on  a 

/' 

Pour  le  liquide  A  pur,  l'équation  de  Clapeyron  donne 
dLogl  =  -  ^f/T 


et  pour  le  solide 

./I^„c—  _   _ 


clLogs—  -^  TfqdT; 


L  et  S  sont  les  chaleurs  latentes  de  vaporisation  du  liquide  pur  et  du  solide. 
En  retranchant  membre  à  membre,  il  vient 

^Loê-;==|^^T. 

A  la  température  de  cristallisation  du  liquide  pur,  la  difTérence  S—  L  représente  la 
chaleur  de  fusion. 
Posons 

S  — L  =  Q. 

l'our  intégrer  l'équation  différentielle  ci-dessus,  il  faudrait  savoir  comment  varie  Q, 
en  fonction  de  la  température. 

Supposons  comme  première  approximation  que  celle  quantité  soit  constante  et  inté- 


('  )   Linebarger,  Journal  of  american  cli.  Soc,  t.  XVll,  1890,  n"  8. 
(2)  Zawidzki,  Zeilschrift  fiir  phys.  Ch.,  t.  XXXV,  1900,  p.  129. 
{■')  DoLRZALEK,  Zeilschiiflfiupliys.  Ch..  I.  LXIV,  1908,  p.  727. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    1910. 

grons  enlie  T,  et  T, 

HO„-Ha=T(^- 

I 

A  la  température  T, 

.ç=  /          et          Log-  =  0; 

à  la  température  T,, 

IG89 


d'où 


EQ    \t 
ÏÏT,   T, 

A<  =  —  /closj^To. 


^°-'"-UT,   T, 


L^ abaissement  est  proportionnel  au  logarithme  de  la  concentration  molécu- 
laire du  dissolvant  et  à  la  température  absolue  de  cristallisation. 

Pour  une  solution  très  étendue,  l'équation  précédente  se  confond  avec 
celle  de  Raoult. 

Lorsque  la  concentration  du  corps  dissous  augmente,  x  tend  vers  zéro  et 
Logj:  vers  —  00,  ce  qui  entraîne  comme  conséquence  T^  =  o.  A  mesure  que 
la  concentration  en  corps  dissous  augmente,  le  point  de  congélation  tend 
vers  le  zéro  absolu. 

Nous  avons  vérifié  celte  équation  pour  les  couples  de  liquides  suivants  : 

C^H*CP-C«H«;      C^H'Br^— CH»;     CH^GH'— C^H'Br^     Éllier  —  C^H»Br-. 

Voici  les  résultats  obtenus  avec  le  chlorure  d'éthyiène  et  le  benzène.  Dans 
ces  mélanges,  c'est  toujours  le  benzène  seul  qui  cristallise. 

Composition  du  mélange 
pour  1"°'  totale. 

C«H6(a;).  C^H^CP. 

mot  mol 

0,959  o,o4i 

o,8i3  0,187 

0,640  o,36o 

0,627  0,373 

o , 5 1 4  o , 486 

0,423  0,577 

0,309  0,691 

Théorie o,233 

Pour  un   mélange   formé   de   o'°°',i3G5   de   bromure   d'éthyiène  et  de 


Point 

de 

Valeur 

congélation. 

de  K. 

4-    2,75 

o,a39 

-f,5 

0,233 

—  22,0 

0,232 

22,5 

0,238 

—  32,3 

0,234 

-4i,8 

0,239 

-53,1 

0,226 

l6î)0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

o""'',8635  de  toluène,  la  crislallisalion  a  lieu  à  76°,  ce  qui  fait  un  abaisse- 
ment du  point  de  congélation  du  bromure  d'élhylène  de  85°.  La  constante  K 
trouvée  est  0,216,  tandis  que  le  calcul  donne  o,2i(). 

Puisque  cette  équation  se  vérifie,  nous  pouvons  considérer  comme  justi- 
fiée la  supposition  que  nous  avions  faite  de  la  constance  de  la  diffé- 
rence S  —  L. 

Lorsque  deux  liquides  obéiront  à  cette  équation,  nous  pourrons  en  con- 
clure qu'ils  sont  normaux  et  ne  réagissent  pas  l'un  sur  l'autre  et  qu'ils 
suivent,  par  conséquent,  la  règle  de  Linebarger  ZaAvidzki. 


CHIMIE  GÉNÉHALE.  —  Synthrse  pholochimique  des  hydrates  de  carbone  aux 
dépens  des  éléments  de  l' anhydride  carbonique  et  de  la  vapeur  d'eau,  en 
V absence  de  chlorophylle  ;  synthèse  pholochimique  des  composés  quaternaires. 
Note  (')  de  MM.  Damel  Iîerthelot  et  Hexry  (îaudechox,  présentée 
par  M.  Emile  Jungfleiscb. 

Les  combustions  minérales  ou  organiques  rejellenl  dans  l'atmosphère  le 
carbone  brûlé  sous  forme  d'un  gaz  de  déchet,  impropre  à  la  vie  animale, 
l'anhydride  carbonique.  Ce  carbone  rentre  dans  la  circulation  organique, 
grâce  à  l'assimilation  chlorophyllienne  des  plantes  vertes  à  la  lumière  : 
fonction  qui  joue  un  rôle  capital  dans  l'équilibre  entre  le  règne  minéral  et 
le  règne  organique,  mais  dont  le  mécanisme  n'avait  pu  être  reproduit  jus- 
qu'ici. 

Nous  sommes  arrivés  à  réaliser  successivement  les  réactions  fondamen- 
tales de  l'assimilation  chlorophyllienne,  en  l'absence  de  chlorophylle,  à  la 
température  ordinaire,  sous  la  simple  influence  de  la  lumière  très  riche  en 
rayons  chimiques  émise  par  la  lampe  à  vapeur  de  mercure. 

Les  réactions  obtenues  sont  réversibles;  mais  les  équilibres  chimiques 
étant,  en  général,  très  prononcés  dans  un  sens,  l'analyse  gazeuse  ne  met  en 
évidence  qu'un  des  côtés  du  phénomène  :  on  manifeste  l'autre  en  séparant 
l'un  des  produits  de  la  réaction,  le  plus  souvent  à  l'état  solide,  par  précipi- 
tation ou  par  combinaison  avec  un  autre  corps. 

C'est  ainsi  que  nous  avons  facilement  décomposé  à  froid  des  gaz  variés  : 
H^S,   AzH^   SO-,   Az-0,  AzO,   HCl,  ...,  en  présence  du  mercure. 

En  ce  qui  concerne  la  synthèse  des  hydrates  de  carbone  par  la  lumière 

(  '  I  l^i->'-entée  il;iiis  Ih  séiiMce  du   i.Sjiiin   iqi". 


SÉANCE    DU    20    JUIN    19IO.  1691 

dans  les  parties  vertes  des  végétaux,  rappelons  que  M.  Berthelot  indiquait 
le  mécanisme  suivant  :  «  Par  le  fait  de  la  respiration  végétale  (chlorophyl- 
lienne), l'eau  passe*  à  Tétat  d'hydrogène  et  l'acide  carbonique  à  l'état 
d'oxyde  de  carbone;  ces  deux  corps  ainsi  réduits  agissent  l'un  sur  l'autre  à 
l'état  naissant  et  engendrent  les  composés  naturels.  D'après  cela,  l'oxyde  de 
carbone  serait,  dans  la  nature  vivante,  la  source  du  carbone  des  jmatières 
organicjues.  Leur  formation  dans  les  végétaux  par  l'action  de  l'oxyde  de 
carbone  sur  l'hydrogène  naissant,  c'est-à-dire  en  vertu  de  l'action  réci- 
proque des  éléments  carbone,  hydrogène  et  oxygène,  mis  en  présence  à 

équivalents  égaux  (' ) 

CO-hH==CH'0, 

représente  un  phénomène  comparable  à  celui  que  nous  avons  réalisé  dans 
la  décomposition  par  la  chaleur  du  formiate  de  baryte  qui  met  en  pré- 
sence ces  mêmes  éléments  carbone,  hydrogène  et  oxygène  à  équivalents 
égaux  (  =  )  : 

C'-H^BaO'=CO'Ba-i-CH-0.  » 

L'auteur  indique  ensuite  comment,  par  condensations  successives,  ce 
groupement  CH'-O  donne  naissance  aux  hydrates  de  carbone  :  amidons  et 
sucres. 

La  suite  des  réactions  précédentes  est  précisément  celle  que  nous  avons 
réalisée  par  voie  photochimique;  et  nos  expériences  tout  en  montrant  que 
la  synthèse  des  hydrates  de  carbone  est  un  phénomène  physicochimique, 
que  la  lumière  peut  produire  en  dehors  des  plantes,  éclairent  divers  points 
encore  controversés  du  mécanisme  de  l'assimilation  chlorophyllienne. 
Faute  de  place,  nous  ne  pouvons  eu  citer  ici  qu'un  petit  nombre. 

1.  Décomposition  de  l'anhydride  carbo.mqie  en  oxyde  de  carbone  et  oxygène,  et  action 
INVERSE.  —    1°  Synthèse  de  l'anhydride  carbonique.  —  Mélange  de 

Après  II  heures  et  demie  d'exposiiion,  à  i"^"  de  la  lampe,  il  s'est  formé  o"^"',  48  C0-. 
Le  tube,  dans  cette  expérience  et  dans  les  suivantes,  était  placé  parallèlement  à  la 
lampe  verticale  de  110  volts. 

2°  Décomposition  de  l'anhydride  carbonique.  —  CO'-  seul  montre  une  faible 
décomposition  en  CO  et  O^.  On  la  manifeste  aisément  en  plaçant  CO^  en  présence  soit 
du  phosphore  (soustrait  à  l'action  directe  des  rayons)  qui  absorbe  O'  en  laissant  CO, 

(')  L'aldéhyde  CH-O  s'écrivait,  en  effet,  CHO  dans  la  notation  en  équivalents. 
(^)  M.  Berthelot,  Leçons  sur  les  méthodes  générales  de  synthèse,  1864,  p.  181. 
C.  R.,  igio,  I"  Semestre.  (T.  lôO,  N"  25.)  221 


1692  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

soit  de  l'hydrogène  qui  se  combine  à  ioxvde  de  carbone  pour  donner  l'aldéhyde  for- 
mique  el  à  l'oxygène  pour  donner  l'eau.  Le  mélange  i'^"'',:j4  CO- -H  2'^'"',  19  H-,  après 
II  henres  el  demie  d'exposition  à  i'^"',5  de  la  lampe,  a  donné     . 

l'^'.So  CO-H-  2"'',o5  H'--i-  o'-'"'\o5  C(J 

et  des  goutlelelles  d'eau  el  d'aldéh3de  formique  solidifié,  sans  trace  d'acide. 

Deux  expériences  analogues  ont  donné  des  nombres  voisins;  avec  une  action  plus 
prolongée  (26  heures  à  i'^"')'  '^  quantité  d'aldéhyde  el  d'eau  formée  est  plus  grande. 

II.  Décomposition  de  la  vapeur  d'kau  en  o.\vgène  et  hydrogène,  et  action  inverse. 
—  I"  Synthèse  de  ta  vapeur  d'eau. —  Se  produit  facilement  (Co/n/:<<e5  tendus, 
l.  150,  p.  1828)  au  contact  de  l'oxygène  avec  l'hydrogène  naissant  dégagé  de  l'ammo- 
niaque. Se  réalise  aussi  avec  les  éléments  libres,  si  l'action  est  suffisamment  intense 
et  prolongée  :  un  mélange,  2'^'°', 5.5  H--(- o*""',  4?  O'^,  après  i3  heures  et  demie  d'expo- 
sition à  i"'"  de  la  lampe,  était  réduit  à  i'^"',6.'î,  composé  uniquement  d'hydrogène;  les 
parois  du  tube  étaient  couvertes  de  gouttelettes  d'eau. 

2°  Décomposition  de  la  vapeur  d'eau.  —  Se  manifeste  en  présence  de  CO  ;  le  giiz 
final  est  composé  de  CO^.  CO  et  H';  l'eau  contient,  après  quelques  heures  d'exposi- 
tion, une  notable  quantité  d''aldéhyde  formique.  Se  manifeste  aussi  en  présence  du 
phosphore  qui  laisse  II-  libre  el  absorbe  lentement  tout  l'oxygène. 

III.  Synthèse  de  l'aluéhyde  formique  par  combinaiso.n  de  i.'oxyde  de  carbone  et  de 
l'hydrogène,  et  action  inverse.  Foly.iiérisation  ue  l'aldéhyde.  —  1°  Synthèse  de 
l'aldéhyde  formique.  —  Mélange  2'^'"', 02  GO  -+-  i'^"'\78  H-;  après  i3  heures  et  demie 
à  i'"",5  de  la  lampe,  ce  volume  est  réduit  à  i'^'"',65  composé  de  GO  el  II-.  Le  tube  est 
couvert  de  gouttelettes  solidifiées  d'aldéhyde  formique  polymérisé,  précipitant  par 
l'azotate  d'argent  ammoniacal,  sans  trace  d'acide. 

Mélange  i"^""',  76  GO -f- i'"'',  29H'^.  Même  exposition;  volume  final  i<^"'',i8  composé 
de  GO  et  H^.  Il  y  a  eu  formation  d'aldéhj'de  formique  donnant  un  abondant  précipité 
blanc  avec  le  réactif  de  Tollens  (eau  d'aniline)  ;  aucune  réaction  acide. 

2"  Décomposition  de  l'aldéhyde  formique.  —  L'aldéhyde  se  décompose  en  oxyde 
de  carbone  et  hydrogène.  Quand  l'action  est  plus  poussée  et  accompagnée  d'échauflfe- 
ment,  il  se  produit  en  plus  de  l'anhvdiide  carbonique  el  du  méthane. 

Un  fragment  d'aldéhyde  solide  tricondensé  (Irioxymèlhylène)  est  mis  en  présence 
de  i"°°,5oÂz'.  Après  i3  heures  et  quart  d'exposition  à  2'="', 5  de  la  lampe,  le  volume 
est  devenu  2'^"'', 25  ;  on  y  trouve  outre  l'azote  initial  GO,  H'  (il  y  a  toujours  un  léger 
déficit  de  CO  par  rapport  à  H^),  et  un  peu  de  GO-  et  GII'. 

Dans  un  autre  essai,  le  Irioxymèlhylène  en  présence  de  i'"'',6olI-  a  été  laissé 
i3  heures  et  (|uart  ào^'"'.5  de  la  lampe.  Volume  final:  5'^™', 37  composé  de  IF,  CO, 
CO'  et  CH'. 

IV.  Synthèse  des  co.«posés  quaternaires  ;  formation  de  l'amide  formique  par  com- 
binaison DE  l'oxyde  de  carbone  et  I)k  l'ammoniaque.  —  Après  la  photosynthèse  des 
aldéhydes  et  des  acides  (composés  ternaires)  nous  avons  réalisé  celle  des  amides 
(composés   quaternaires).   Le  plus  simple,  l'amide  formique,  HGOAzII-  prend   nais- 


SÉANCE    DU    20    JUIN     I9I0.  1(393 

sance  par  l'unioû  à  volumes  égaux  de  CO  et  AzU'.  Cette  réaction  vient  à  l'appui  de 
ridée  exprimée  plus  haut  sur  le  rôle  de  CO  comme  source  du  carbone  végétal,  et  oiTre 
un  grand  intérêt  au  point  de  vue  de  l'origine  des  matières  albuminoïdes  dans  les 
plantes,  les  procédés  de  synthèse  ici  employés  paraissant  analogues  à  ceu\  de  la  nature. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  (juekjues  relations  entre  la  constitution  moléculaire 
et  l'odeur.  Note  de  MM.  G.  Austerweil  et  G.  Co«;iii\,  préi^entée 
par  M.  L.  Maqiienrie. 

On  ne  possède  encore  qu'un  petit  nombre  de  données  vagues  relativement 
à  rinfluence  de  la  constitution  chimique  sur  l'odeur.  On  sait,  par  exemple, 
que  les  éthers-sels  éthyliques  ont  une  odeur  inférieure  à  celle  des  élliers  mé- 
thyliques;  il  en  est  ainsi  dans  les  éthers  du  [i-naphtol  et  dans  ceux  de  l'acide 
anthranilique.  Semmier  f  '  )  a  fait  la  remarque  qu'un  alcool  est  généralement 
moins  odorant  que  l'aldéhyde  correspondante.  Merling  et  Welde  (^),  en 
complétant  les  recherches  deTiemann,  trouvèrent  qu'aucune  cétone  ne  sent 
la  violette  si  elle  n'est  pas  cyclique  et  si  elle  ne  possède  pas,  à  proximité  du 
carbone  portant  la  fonction  cétonique,  plusieurs  groupes  méthyliques. 

On  ne  sait  encore  rien  de  précis  sur  la  nature  chimique  des  corps  à  odeur 
de  rose;  en  vue  d'élucider  cette  question,  nous  avons  cherché  à  modifier 
régulièrement  la  molécule  du  citronellol,  soit  dans  sa  chaîne,  soit  dans  sa 
fonction  terminale. 

Le  citronellol  (éb.  1 17°-!  18°  sous  i-m™  ;  a^  =; — -4"  20')  est  un  des  principaux  consti- 
tuants de  l'essence  de  rose;  très  dilué,  il  en  présente  l'odeur.  l,e  i-niélliylcitronellol  (^) 
odre  la  même  odeur,  plus  prononcée  encore,  nuancée  à  peu  près  comme  celle  de  la  rose 
ihè. 

Le  i.i-diméthylcitronellol  n'ayant  p:is  encore  été  obtenu,  nous  l'avons  préparé  en 
oxydant  le  i-métliylcitronellol,  et  en  M>umettant  la  cétone  ainsi  obtenue  à  la  réaclion 
de  Grignard.  Le  dimétliylcitronellol  bout  à  iiS^-iiô"  sous  24"""  :  «!);=  —  ii"38'.  A 
forte  dilution,  il  possède  une  odeur  rosée  et  légèrement  camphrée. 

Le  i-éthylcitronellol  (éb.  i25°-i3o°  sous  22""";  oi-i,^^ —  ii°26'),  préparé  par  nous 
de  la  même  façon  que  le  dérivé  mélhylique,  donne,  soigneusement  rectifié,  une  odeur 
de  rose  thé  plus  nette  encore. 

Le  I.  i-diéthylcitronellol  (éb.  ii9°-i23°  sous  20'"™;  a[,=:  — 13°  25')  a  été  obtenu  par 
nous  selon  les  mêmes  procédés  que  le  dérivé  méthylique  correspondant.  11  ressemble 
au  diméthylcitronellol,  l'odeur  rosée  étant  un  peu  plus  prononcée. 

(')  Semmlhr,  Die  àtherischen  (JE le,  t.  I,  p.  249-200. 

(^)  Merling  et  Welde,  Liebig's  Annalen,  t.  CCCLXVI,  1909,  p.  1 19. 

(')  Rlpe,  Ber.  d.  chern.  Ges.,  t.  XLI,  1907,  p.  2Si3. 


1694  ACADÉMIE    DES    SCIEXCES. 

Le  rendement  qu'on  obtient  avec  les  dérivés  éthyliques  est  supérieur  au 
rendement  des  dérivés  niéthyliques  :  jo  pour  100  environ  pour  Téthylcitro- 
nellol  ;  mais  il  est  bien  inférieur  pour  le  diétbyicitroneliol. 

Parmi  les  autres  composés  alcooliques,  nous  avons  préparé  le  i-propylcilronellol 
(éb.  iiS^-iaa"  sous  •22"""),  el  le  i-butylcilronellol  (éb.  io5°-io8°  sous  16™")  dans 
lesquels,  en  même  temps  que  la  chaîne  latérale  s'allonge,  l'odeur  rosée  s'affaiblit,  sans 
toutefois  disparaître  complètement;  au  contraire,  l'adjonction  d'un  groupe  cyclique 
semble  exalter  l'odeur,  ce  que  nous  avons  vérifié  dans  le  i-phénylcitronellol,  obtenu 
selon  les  mêmes  procédés  avec  un  faible  rendement  (éb.   i02°-io4"  sous  12™"'). 

L'oxydation  delà  fonction  alcoolique  en  fonction  aldébydi(jue  ou  cétonique 
modifie  profondément  l'odeur  de  ces  corps. 

Nous  voyons  donc  l'odeur  rosée  accompagner  la  fonction  alcoolique; 
celle-ci  peut  être  primaire,  secondaire  ou  tertiaire,  c'est-à-dire  représentée 
par  le  groupement  —  CH- —  CRROH,  où  R  peut  être  de  l'iiydrogène,  ou 
un  radical  alkyle  ou  aryle. 

En  deuxième  lieu,  si  l'on  considère  l'influence  de  la  structure  et  de  la 
grandeur  de  la  chaîne  carbonée  jointe'à  ce  groupement  fonctionnel,  on  peut 
remarquer  que  le  diméthylhepténol  ('),  dans  lequel  ce  groupement  fonc- 
tionnel est  joint  à  6"'  de  carbone,  a  une  odeur  agréable  fruitée,  mais  non 
rosée.  Seinmler  (-)  a  d'ailleurs  déjà  énoncé  que  l'odeur  agréable  n'apparaît 
que  s'il  y  a  au  moins  8"'  de  carbone  dans  la  chaîne. 

On  sait  de  même  que  les  alcools  saturés,  en  chaîne  de  S^^  et  de  9^'  de 
carbone,  (alcools  octylique  et  nonylique),  n'ont  pas  d'odeur  rosée;  non 
plus  que  le  3-méthylnonanol  (")  :  C«H''  -  CH  -  CH=  — CH^OH,  qui  a 

CH' 

une  odeur  graisseuse;  ni  le  3.  7-diméthylnonanol  (dihydrocitronellol)  (*) 
qui  a  une  odeur  agréable,  mais  difficile  à  qualifier. 

Ces  deux  derniers  exemples  détiiontrent  que  les  chaînes  saturées  de  la 
série  grasse  ayant  une  ou  deux  i"amificalions,  placées  identirfuement  aux 
ramifications  du  citronellol,  ne  suffisent  pas  pour  provoquer  l'odeur  rosée. 
La  présence  d'une  doutile  liaison  semble  absohiment  nécessaire. 


(')  Sand  et  Singer,  Ber.  d.  cheni.  Ges.,  t.  XXXV,  p.  3i83.  —  Barbier,  Bull.  Soc. 
chim..  t.  XXI,  p.  348. 

(-)  Skmmler,  Loc.  cit.,  t.  1.  p.  389  et  5-o. 

(')   BouvEALXT  et  Blanc,  Bull.  Soc.  chim.,  t.  XXXI,  p.  1208. 

(')  Haller  et  Martine,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  p.  i3o3.  —  Bouveault  et  Blanc, 
Loc.  cil. 


SÉANCE    DU    ao    JUIN    1910.  1%^ 

L'introduction  d'un  noyau  cyclique  ne  parait  pas  avoir  d'influence;  en 
effet,  nous  avons  trouvé  que  ni  l'alcool  phényléthylique,  ni  l'alcool  phényl- 
isopropyli({ue  (éb.  2i9"-22i''),  que  nous  avons  préparé  en  soumettant 
l'aldéhyde  phénylacétique  à  la  réaction  de  Grignard,  ni  même  le  cyclo- 
citronellol,  qui  ne  diffère  du  citronellol  que  par  l'arrangement  en  chaîne 
cyclique  des  mêmes  atomes,  groupés  d'ailleurs  comme  dans  le  citronellol 
ordinaire,  ne  présente  aucune  odeur  rosée. 

Nous  nous  proposons  de  voir  si  la  présence  d'une  seule  ramification  dans 
la  chaîne  possédant  une  double  liaison  suffit  pour  obtenir  cette  odeur,  ainsi 
que  l'influence  de  la  place  qu'occupent  les  ramifications  et  les  doubles  liai- 
sons dans  la  chaîne. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —  Sur  faloïnose  cristallisé;  son  idenlité  avec  l'ara- 
binose-d.  Note  de  M.  E.  Léger,  présentée  par  M.  Emile  Jungfleisch. 

Dans  une  Note  récente  ('),  j'ai  décrit  la  préparation  de  ce  sucre  à  l'aide 
de  la  barbaloïne. 

Le  procédé  indi([ué  a  l'inconvénient  d'exiger  un  temps  considérable;  de 
plus,  le  sucre  n'a  pu  être  obtenu  que  sous  forme  de  sirop,  avec  un  rende- 
ment ne  dépassant  pas  1 1  pour  100. 

En  cherchant  à  préparer  l'aloémodine  par  la  méthode  d'CEsterle  (-),  je 
fus  amené  à  trouver  un  mode  de  préparation  plus  avantageux.  Rappelons 
que  la  méthode  en  question  consiste  à  chauffer,  à  reflux,  la  barbaloïne  avec 
de  l'alctiol  à  ((5"  additionné  de  HCi.  M.  CEsterle  seul,  puis  avec  la  collabo- 
ration de  M.  Riat('  ),  en  pratiquant  cette  méthode,  n'ont  jamais  pu  obtenir 
le  sucre  d'aloïne. 

En  faisant  intervenir  le  temps,  le  résultat  est  tout  autre.  En  etTet,  une 
opération  pratiquée  avec  25^  de  barbaloïne  me  donna,  après  i  mois,  2'-',5o 
d'un  dépôt  renfermant  i^,  i5  d'émodine.  La  solution  abandonnée  pendant 
4  mois  fournit  un  nouveau  dépôt  pesant  2*>',_1o,  contenant  2^,10  d'émo- 
dine. Pendant  le  sixième  mois  le  liquide  se  troubla  à  peine.  La  netteté 
de  cette  formation  de  l'émodine  me  fit  penser  que  le  sucre  devait  prendre 
naissance  simultanément  dans  la  même  réaction. 

(')  Comptes  rendus,  t.  150,  p.  983. 

(-)  Archiv  der  Pliarni.,  1889,  p.  81. 

(')  Schiveiz.  Wochenscli.  fiir  Cheni.  iind  Pharm.,  1.  XLV'II,  p.  71. 


1696  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

En  efï'el,  des  eaux  mères  de  laloémodine  je  pus  retirer,  par  un  procédé 
dont  la  description  serait  trop  longue  pour  trouver  place  ici,  mais  qui  sera 
pul>lié  au  liulletin  de  la  Société  chimique,  \^fio  de  sirop,  ce  qui  porte  le  ren- 
dement de  1 1  à  18, 4o  pour  100. 

Benzylphénylhydrazone  de  i'aloïnose.  —  Si  l'on  dissout,  à  chaud,  )e  sirop  dans 
l'alcool  à  90°  et  qu'on  ajoute  à  la  solution  un  excès  de  benzvlphénylliydrazine  dissoute 
dans  Talcool  absolu,  il  se  forme  un  précipité  poisseux  qui  se  redissoul  au  bain-marie. 
En  frottant  les  parois  de  la  capsule,  la  cristallisation  s'amorce  et  le  lendemain  il  y  a 
prise  du  produit  en  une  masse  de  cristaux.  La  benzylphénylhydrazone  est  purifiée  par 
cristallisation  dans  l'alcool  méthylique  ;  celui-ci  la  dissout  bien  à  chaud  et  la  laisse 
déposer  par  refroidissement  en  aiguilles  ou  lamelles  allongées,  brillantes,  fort  peu 
solublesdans  l'alcool,  presque  insolubles  dans  l'eau,  fusibles  à  1680,8-) 69°, 8  (corrigé). 

Aloïnose  cristallisé.  —  La  benzylphénylhydrazone,  chauffée  à  reflux  avec  de  l'al- 
cool à  40*^  et  une  petite  quantité  de  fornialdéhyde,  se  décompose,  à  la  manière  habi- 
tuelle, en  hydrazone  de  l'aldéhyde  formique,  laquelle  se  dépose  sous  forme  d'huile 
louide,  et  en  aloïnose.  Après  séparation  de  l'hydrazoïie  formique  au  moyen  de 
Téther,  la  solution  aqueuse  est  évaporée  dans  le  vide;  elle  fournil  un  sirop  qui,  repris 
par  l'alcool  absolu,  donne  une  solution  d'où  le  sucre  cristallise  spontanément  en 
petits  prismes  incolores,  allongés,  microscopiques. 

Les  cristaux,  essorés  à  la  trompe,  sont  lavés  à  l'alcool  méthylique  pur  et  séchés 
sur  SO*H-.  Les  eaux  mares  alcooliques,  après  concentration,  donnent  de  nouveaux 
cristaux  par  amorçage;  7»,5o  d'hydrazone  m'ont  donné,  en  tout,  16,75  de  sucre  cris- 
tallisé. 

L'aloïnose  cristallisée  fond  à  i54°,  2-i56°,  2  (corrigé).  Son  pouvoir  rotatoire 
«[,  =  —  ICI", 6  pour  jo  =  1 ,586  et  t  =  16°. 

Ce  sucre  n'est  pas  un  méthylpentose,  comme  je  l'ai  supposé  jusqu'ici,  mais  bien 
un  peutose.  Son  analyse  a  donné,  en  effet,  0  =  89,27;  H  =  6,52.  Calculé  pour 
C'^H"'0^  :  C  =:  4o,oo;  H  =:  6,  66.  Un  méthylpentose  exigerait  C  =  43,  90. 

L'aloïnose  ne  constitue  pas,  comme  je  le  présumais,  un  sucre  nouveau; 
il  est  identique  à  un  sucre  déjà  connu,  larabinose-t/,  dont  il  possède  toutes 
les  propriétés;  c'est  ce  qui  ressort  de  l'examen  du  Tableau  suivant  : 


Point  de  fusion 

Pouvoir  rotatoire 

Point  de  fusion  de  la  benzylphénylhydrazone. 


Aloïnose. 

A) 

:-abinose-f/. 

154",  2-1 55",  2 

159° 

— 101°, 6 

—  io5° 

168".  8-169°.  8 

i-o" 

Traité  par  H  Cl,  l'orcine  et  l'élher,  l'aloïnose  cristallisé  donne  une  colo- 
ration, non  pas  verte  comme  le  produit  amorphe,  mais  d'un  beau  bleu, 
comme  les  autres  pentoses. 


SÉANCli    DU    20   JUIN    Ii^io.  1^97 

Dans  la  réaction  d'OEsterle,  poursuivie  pendant  6  mois,  l'aloémodiiie  et 
Tarabinose-t/  ne  sont  pas  les  seuls  produits  qui  prennent  naissance;  si,  en 
effet,  après  avoir  isolé  le  sucre  du  sirop  à  l'état  d'hydrazone,  on  enlève 
l'excès  d'Iiydrazine  par  Téther,  on  obtient  un  nouveau  sirop  qui,  avec 
l'acétate  de  pliériylbydrazine  ne  donne  que  des  traces  d'osazone  et  qui  est 
à  peine  réducteur. 

J'ai  pensé  que  ce  dernier  sirop  devait  renfermer  un  corps  voisin  des 
pentoses,  car  il  donne  la  réaction  de  ces  corps  avec  l'orcine  et  H  Cl,  aussi 
énergiquement  que  le  sirop  primitif.  Etant  donnée  la  nature  de  la  réaction 
utilisée,  j'ai  de  suite  songé  à  la  formation  probable  d'un  glucoside  étliy- 
lique. 

Si  l'on  chauffe  avec  SO*H-,  à  2  pour  100,  le  sirop  à  peine  réducteur,  on 
obtient,  après  enlèvement  de  SO'H-'  par  le  carbonate  de  baryum,  une  solu- 
tion qui,  évaporée,  donne  un  sirop  très  réducteur,  pouvant  fournir  une 
quantité  importante  de  benzylphénylhydrazone. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  la  barbaloïne  est  un  glucoside  de  formule 
C^H'^O",  dédoublable  en  aloémodine  et  arabinose-c^,  scion  l'équation 

C"H'»0'+  H^O  =  C''H"'0»-i-C^H"'0=, 

On  rencontre  dans  le  règne  végétal  un  certain  nombre  de  glucosides 
dédoublables  avec  formation  de  méthylpentoses  mais  jamais  on  n'avait 
obtenu  de  pentoses  dans  le  dédoublement  des  glucosides.  D'autre  part, 
l'arabinose-rf,  sucre  synthétique,  n'avait  pas  encore  été  rencontré  dans  la 
nature. 

L'isobarbaloine,  traitée  comme  la  barbaloïne  par  l'alcool  et  H  Cl,  fournit 
aussi  de  l'arabinose-o',  caractérisée  par  le  point  de  fusion  1G8",  8-169",  ^i  ^^ 
sa  benzylphénylhydrazone. 

J'ai  constaté  antérieurement  (')  que  la  barbaloïne  et  Fisobarbaloïne, 
traitées  par  Na^O^,  donnent  la  même  émodine.  Actuellement,  il  est 
démontré  que  les  deux  aloïnes  se  dédoublent  avec  production  du  même 
sucre. 

Il  résulte  de  celte  constatation  que  ces  deux  aloïnes  diffèrent  l'une  de 
l'autre  par  l'oxhydryle  auquel  se  trouve  attachée  la  molécule  de  sucre.  En 
un  mot,  la  barbaloïne  et  l'isobarbaloine  sont  des  isomères  de  position. 

J'ai  l'intention  d'étendre  ces  recherches  à  la  nataloïne,  dans  le  but  de 
savoir  à  quel  sucre  elle  se  rattache. 

(')  Comptes  tendus,  t.  GX\XI\',  p.  iiii. 


1O98  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MINÉRALOGIE.    —   Nouvelle  coiitribulion  à  l'élude  des  latérites.   Note 
de  M.  H.  Arsaxdaux,  présentée  par  M.  A.  Lacroix. 

.J'ai  montré  antérieurement  (')  que  les  latérites  que  j'ai  étudiées  ren- 
ferment, associée  à  des  hydrates  de  fer  et  d'alumine,  une  proportion  pré- 
pondérante d'une  matière  silicatée  alumineuse,  que  sa  nature  lamellaire  et 
sa  composition  chimicjue  permettent  d'assimiler  à  un  mica;  j'ai  en  outre 
émis  l'hypothèse  suivante,  découlant  de  la  considération  de  dix-huit  ana- 
lyses de  ces  produits  d'altération,  de  provenance  africaine  principalement 
(Soudan,  Guinée,  Congo)  :  au  début  de  la  latéritisation,  ces  matières 
micacées  correspondent  à  des  muscovites  presque  normales,  puis  elles 
perdent  progressivement  leurs  alcalis,  en  même  temps  qu'elles  s'enri- 
chissent en  eau  de  constitution;  finalement,  elles  aboutissent  à  des  termes 
à  peine  alcalins,  entièrement  comparables  aux  kaolins. 

L'étude  d'une  série  d'échantillons,  recueillie  par  M.  Viiliaume,  dans  la 
région  de  Siguiri  (Niger-Soudan),  me  permet  d'apporter  un  argument 
direct  à  l'appui  de  cette  hypothèse,  en  même  temps  que  certains  faits 
positifs  concernant  les  relations  de  la  matière  micacée  en  question,  avec 
les  hydrates  qui  l'accompagnent. 

Les  échantillons  étudiés  correspondent  aux  principaux  stades  de  l'altéra- 
tion latéritique  envisagée  dans  sa  forme  la  plus  complète,  et  telle  que  je  l'ai 
déjà  (^)  décrite;  ils  proviennent  de  l'altération  d'une  même  roche,  un 
microgranile  laminé,  vraisemblablement  ( '). 

J'ai  eft'ectué,  en  collaboration  avec  M.  Blot,  l'analyse  des  échantillons  en 
question;  les  résultats  obtenus  sont  consignés  ci-après,  ils  sont  calculés 
abstraction  faite  du  résidu  quartzeux  inattaqué  au  cours  des  opérations 
analytiques  (  '  ). 

(')   Comptes  rendus^  26  octobre  1909. 

(-)   Comptes  rendus.  6  décembre  1909. 

(^)  11  me  semble  peu  admissible  que  la  matière  micacée  puisse  être  attribuée  à  un 
produit  de  dynamométaniorpliisme  du  feldspath  de  cette  roche;  en  effet,  la  plupart 
des  analyses  publiées  dans  ma  Note  du  26  octobre  1909  concernent  des  produits 
d'altération  de  roches  non  sériciteuses;  c'est,  en  particulier,  le  cas  du  microgranite 
laminé  de  Sadiola,  qui  fournit  une  série  de  produits  de  latéritisation  que  j'ai  étudiés 
sur  place,  entièrement  comparable  à  celle  que  j'envisage  ici. 

{')  Pour  la  description  détaillée  des  roches  latéritiques  et  les  méthodes  analytiques, 
je  renvoie  à  mes  Notes  sur  les  bauxites  et  les  latérites  {Comptes  rendus,  5  et  26  avril, 
26  octobre  et  6  décembre  1909). 


SÉANCE    DU    20    JUIN    l()IO.  1699 

Proportion  des 

hydrates.  silicates  alcalins. 

a 0,8  99 1 2 

b 2,0  98  !  o 

c 5,5  94  >  5 

d 12,2  87  , 8 

e 32,9  67,  I 

Composition    des    hydrates. 

H^O traces     traces  1,9         6,6       i5,6 

Fe^O' 99,0       95,0        93,5       77,3       60,9 

Al^O^ traces        5,o  3,6        16,6       22,4 

99 ,  o     100,0       ()(\  ,0       99 , 5       98 , 9 

Composition  des  silicates  alumineux  alcalins. 
H'0 7,6         8,9       11,4       12,5        16,6 

SiO' 44,9  46,4  45,0  44,5  44,6 

APO' 37,9  35,9  37,1  38,2  35,8 

TiO- 1,0  0,7  1,3  1,5  0,9 

CaO  +  MgO 1,1  1,3  1,0  0,9  0,9 

K'0 6,9  4,3  3,3  1,5  0,5 

Na^O 0.9  1,8  0,4  0.4  0,4 

I 00 ,3       99 , 3       99 ,5       99 , 5       99 , 7 

a  eX.  b  roches  latéritiques  ayant  conservé  les  caractères  structurels  de  la 
roche  originelle,  situées  à  une  profondeur  de  plus  de  18'"  au-dessous  des 
latérites  superficielles  à  faciès  scoriacé  (e). 

c,  rf,  e,  roches  latéritiques  dépourvues  des  caractères  structurels  de  la 
roche  originelle;  ces  échantillons  correspondent  à  des  niveaux  de  plus  en 
plus  rapproches  de  la  surface  (e);  ils  sont  de  plus  en  plus  rubéfiés,  l'indivi- 
dualisation du  fer  y  est,  en  outre,  de  plus  en  plus  accentuée,  de  c  à  e. 

Ces  résultats  conduisent  aux  conclusions  suivantes  pour  le  cas  con- 
sidéré : 

1°  L'élément  silicate  alumineux  subit  des  transformations  micacées  con- 
formément à  l'hypothèse  rappelée  au  début  de  cette  Note; 

2°  Parallèlement  à  cette  altération  micacée,  il  s'en  développe  une  autre, 
progressive  également,  caractérisée  par  la  production  des  hydrates  de  fer 
et  d'aluinine,  la  proportion  de  ce  dernier,  dans  la  roche  d'altération,  crois- 

C.  R.,  1910,  1"  Semestre.   (T.   150,  N°  25.)  222 


lyoo  ACADEMIE    UES    SCIENCES. 

sant  au  fur  et  à  mesure  que  le  produit  micacé  qui  accompagne  cet  élément, 
se  rapproche  davantage  de  la  kaolinite; 

3°  Ils  permettent  de  juger,  en  outre,  que  les  oxydes  de  fer  et  d'alu- 
mine présentent  des  états  d'hydratation  croissant  dans  le  même  sens  que 
ci-dessus  ('),  tendant  sans  doute  (analyse)  vers  les  hydrates  définis 
2Fe"0',  3H^0  et  APO%  SH'^O,  dont  la  présence  dans  les  formations 
latéritiques  superficielles  a  déjà  plusieurs  fois  été  constatée,  soit  optique- 
ment, sous  forme  de  Jiinonite  et  d'hydrargillite,  soit  par  voie  analytique, 
seulement. 

Parmi  les  latérites  étudiées  dans  ma  première  Note,  celles  constituant 
des  produits  non  remaniés  fournissent  des  résultats  susceptibles  d'être 
rapprochés  de  ceux  consignés  ici,  en  ce  sens  que,  à  ceux  de  ces  produits 
comprenant  un  silicate  alumineux  fortement  alcalin,  correspondent  géné- 
ralement de  faibles  teneurs  en  oxydes,  d'aluminium  en  particulier,  d'un 
degré  d'hydratation  peu  élevé,  un  résultat  inverse  s'observant  dans  le  cas 
contraire;  aussi,  autant  qu'il  est  possible  de  généraliser  quelques  faits  isolés 
se  rapportant  à  des  phénomènes  géologiques  d'une  ampleur  extrêmement 
considérable,  suis-je  porté  à  admettre,  comme  conclusion  d'ensemble  de 
mes  observations  personnelles  sur  la  question,  que  :  La  laléritisalion  résulte 
essentiellemenl  d'une  hydratation  des  feldspaths,  aboutissant  à  un  scindement 
de  l'alumine  de  ceux-ci  en  deux  pordons,  l'une  à  l'étal  silicate^  l'autre  à  l'état 
d'hydroxyde,  les  formes  ultimes  respectives  de  ces  deux  états  correspondant  à 
la  kiiolinile  et  à  l'/iydrargillite. 

Cette  transformation  peut  être  schématisée  par  les  équations  suivantes, 
dans  lesquelles  les  modifications  progressives  des  éléments  sont  totalisées  : 

Feldspath  +  eau  =  muscovile  -+-  silice  ■+-  alcali, 

Mu  SCO  vite  -f-  eau  :^  kaolinite  -+-  alumine  -i-  silice  -+-  alcali. 

Que  ces  conclusions  soient  ou  non  susceptibles  d'être  généralisées,  il  n'en 
résulte  pas  moins  des  faits  étudiés  particulièrement  dans  cette  Note,  que 
la  latéritisation  ne  peut  toujours  être  considérée  comme  un  phénomène 
relativement  simple,  caractérisé  essentiellement  par  le  passage  de  l'alumine 
de  l'état  de  silicate  à  l'état  d'hydroxyde;  s'il  est  incontestable  que  certains 
hydrates  d'alumine  interti^opicaux  sont  d'origine  latéritique,  il  est  égale- 


(•)  Le  fait  est  impossible  à  établir  par  un  calcul  rigoureux,  l'absence  d'hydrates 
SOUS  une  forme  cristallisée  délerminable  ne  permettant  pas  de  répartir  convenablement, 
entre  les  oxvdes  Fe^O',  APO',  l'eau  trouvée  dans  l'analyse. 


SÉANCE    DU    20    JUIN    a^io  170I 

ment  certain  qu'il  existe  des  formations  kaoliniques  des  mêmes  régions 
ayant  une  origine  semblable;  peut-être,  toutefois,  la  kaolinite  elle-même, 
est-elle  susceptible  de  se  désintégrer  par  voie  d'hydratation,  fournissant 
comme  produit  ultime  de  Talumine;  cependant  c'est  là  une  pure  hypothèse 
à  l'appui  de  laquelle  je  ne  puis  apporter  d'argument  positif. 

BOTANIQUE.   —   L' éclairement  optimum  pour  le  développement  des  végétaux. 
Note  de  M.  Raoui.  Combes,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

Les  recherches  de  Garreau,  WolkofT,  van  Tieghem,  Bousslngault,  Millier,  Priani- 
scliiiikoff,  Faminlziiie,  Keinke,  Kreusler,  etc.,  ont  mis  en  évidence  l'influence  exercée 
par  la  lumière  sur  Tassimilalion  chlorophyllienne,  et  certains  de  ces  auteurs  ont 
montré  que  le  phénomène  chlorophyllien  se  produit  avec  son  maximum  d'intensité  à 
un  éclairement  voisin  de  celui  de  la  lumière  solaire  directe;  cet  éclairement  repré- 
sentait donc  l'optimum  lumineux  pour  Tassimilation  chlorophyllienne. 

Weis,  Pantanelli  et  Lubimenko  ont  fait  voir  que  l'éclaireriient  optimum  pour  l'assi- 
milation chlorophyllienne  n'est  pas  représenté  par  la  même  intensité  lumineuse  pour 
toutes  les  espèces  végélides. 

Enfin,  Lubimenko,  en  étudiant  la  formation  de  la  chlorophylle,  l'assimilation 
chlorophyllienne  et  la  production  de  substance  sèche,  chez  de  très  jeunes  plantes 
cultivées  à  des  intensités  lumineuses  plus  ou  moins  fortes,  a  montré  que,  pour  une 
même  espèce  végétale,  les  éclairements  optima  sont  diflTérenls  suivant  le  phénomène 
physiologique  que  l'on  considère. 

J'ai  entrepris  de  déterminer,  aux  divers  stades  du  développement  des  régé- 
taux  depuis  la  germination  jusqu'à  la  formation  des  graines,  les  éclaire- 
ments  optima  pour  les  différents  phénomènes  physiologiques.  Les  expé- 
riences ont  porté  sur  des  espèces  appartenant  à  plusieurs  types  biologiques  : 
plantes  habituées  à  vivre  à  un  éclairement  très  intense  (5a/io/a  Kali,  Atnplex 
crassifolia^  etc.);  plantes  adaptées  à  une  lumière  moyenne  (  Triticum  vulgare, 
Mercurtalis  annua,  Raphanus  sativus,  Pisum  sativum,  etc.);  plantes  d'ombre 
(Teucrium  Scorodonia,  etc.). 

Les  phénomènes  étudiés  ont  été  les  suivants  :  production  de  substance 
sèche,  production  de  substance  fraîche,  assimilation  chlorophyllienne,  ger- 
mination, développement  de  l'appareil  végétatif,  rapidité  décroissance,  lubé- 
risation,  floraison,  formation  des  fruits,  maturation  des  fruits,  déterminisme 
du  sexe,  faculté  d'adaptation  à  des  éclairements  difFérents. 

Les  divers  éclairements  ont  été  obtenus  en  atténuant  la  lumière  solaire  au  moyen 
de  toiles  dont  les  fils  étaient  plus  ou  moins  épais  et  les  mailles  plus  ou  moins  larges. 
La  lumière  était  ainsi  modifiée  quantitativement  mais  non   qualitativement;  elle  était 


1702  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'autant  plus  atténuée  que  les  fils  des  toiles  étaient  plus  épais  et  les  mailles  moins 
larges.  Les  plantes  ont  été  cultivées  sous  cinq  éclairements  d'intensité  croissante,  et 
les  diverses  déterminations  ont  été  faites,  sur  les  individus  des  cinq  lots,  aux  différents 
stades  du  développement. 

Un  dispositif  particulier  permettait  de  réaliser  des  conditions  de  température,  d'état 
liygromélrique  de  l'air  et  d'humidité  du  sol,  identiques  sous  les  cinq  éclairements.  Ce 
dispositif,  ainsi  que  la  technique  des  expériences  seront  décrits  d'autre  part,  en  même 
temps  que  seront  exposés  les  résultats  détaillés  obtenus  dans  ces  recherches. 

Les  conclusions  les  plus  générales  (|u'il  est  permis  de  tirer  de  l'ensemble  des  résul- 
tats obtenus  sont  les  suivantes  : 

Non  seulement  ro[)lirniini  lumineux  est  différent,  chez  une  mèaje  plante, 
suivant  le  phénomène  physiologique  que  l'on  considère,  uiais  encore, 
l' éclairement  optimum  pour  un  phénomême  déterminé.^  chez  une  plante  donnée, 
n^  est  pas  représenté  par  la  même  intensité  lumineuse  pendant  toute  la  vie  de  la 
plante  ;  cet  optimum  est  digèrent  suivant  le  stade  du  déwloppement  que  l'on 
considère. 

D'une  manière  générale,  celle  lumière  optima  est  faible  pendant  les  premiers 
stades  du  développement  et  correspond  à  des  éclairements  de  plus  en  plus  forts 
à  mesure  que  la  plante  vieillit. 

Par  conséquent,  si  Ton  considère  un  phénomène  déterminé  chez  une 
espèce  végétale  donnée,  on  ne  peut  caractériser  physiologiqueinent  cette 
espèce  par  un  seul  optimum  de  lumière,  correspondant  au  maximum  d'inten- 
sité de  ce  phénomène.  Il  est  nécessaire,  si  l'on  veut  représenter  l'influence 
de  la  lumière  sur  ce  phénomène,  de  figurer,  pour  cette  espèce,  la  variation 
des  optima  au  cours  du  développement.  C'est  cette  courbe  de  la  variation 
des  optima  qui  est  la  caractéristique  physiologique  de  l'espèce,  au  point  de 
vue  du  phénomène  étudié.  La  figure  obtenue  en  représentant  graphique- 
ment cette  variation  indique,  par  son  aspect,  le  genre  d'adaptation  à  la  lu- 
mière de  l'espèce  considérée. 

L'ensemble  des  faits,  mis  en  évidence  dans  mes  recherches,  conduit  à  la 
conception  suivante  de  l'action  générale  de  la  lumière  sur  le  déveluppe- 
ment  des  plantes: 

Les  fortes  intensités  lumineuses  provoquent.,  chez  les  végétaux.,  /'accumula- 
lion  des  composés  nutritif  s  élaborés  dans  les  parties  vertes  et  favorisent  par 
conséquent  la  formation  des  organes  de  réserve  (rhizomes,  tubercules, 
fruits,  etc.);  tandis  que  les  éclairements  faibles  déterminent  au  contraire  /'uti- 
lisation des  substances  nutritives  et  accélèrent  par  conséquent  la  production  des 
organes  de  vie  active  (tiges  herbacées,  feuilles,  etc.)  . 


SÉANCE    DU    20   JUL\    19IO.  I -o3 

PHARMACODYNAMIE.  —  Sur  l'action  cardio-vasculaire  du  café  vert.,  comparée 
à  celle  de  doses  correspondantes  de  caféine.  Note  (')de  MM.  V.  Pachon 
el  Em.  Perroï,  présentée  par  M.  Guignard. 

Sous  l'inlluence  d'idées  théoriques  qui  ont  prévalu  depuis  une  cinquan- 
taine d'années  en  pharmacologie,  on  s'est  préoccupé  de  retirer  des  plantes 
médicinales  des  produits  cristallisés,  auxquels  on  a  cru  pouvoir  rapporter, 
d'une  part,  l'action  spécifique  du  végétal  et  qu'on  a  considérés,  d'autre 
part,  à  la  fois  comme  plus  utiles  et  plus  maniables. 

Il  se  trouve  que  l'étude  chimique  des  produits  immédiats  de  la  plante 
fraîche  et  l'étude  physiologique  de  ces  produits  sont  d'accord  pour  démon- 
trer (jue  le  problème  pharmacologique  a  été  posé  sous  une  forme  trop 
schématique.  La  pharmacodynamie  de  la  plante  fraîche  el  la  pharmacody- 
nainie  des  produits  cristallisés  qu'on  en  peut  retirer  constituent,  en  fait,  deux 
choses  différentes,  dont  chacune  a  d'ailleurs  son  intérêt  pratique,  mais  ipii 
doivent  être  distinguées. 

Sur  le  terrain  chimique,  M.  Goris  a  montré,  en  particulier  pour  la  noix 
de  kola  fraîche,  que  la  caféine  était  associée  à  un  groupe  complexe  dont  il 
a  pu  extraire  un  corps  nouveau  cristallisé,  la  kolatine,  qui  donne  avec  la 
caféine  un  composé  soluble  dans  l'eau  et  doué  d'une  action  physiologique 
spéciale.  Des  recherches  en  cours  montrent  qu'il  en  est  vraisemblablement 
de  même  pour  bon  nombre  d'autres  végétaux  renfermant  des  alcaloïdes 
ou  des  glucosides. 

Au  point  de  vue  physiologique,  l'étude  de  l'action  cardio-vasculaire  du 
café  vert,  comparée  à  celle  de  doses  correspondantes  de  caféine,  est  parti- 
culièrement instructive  et  démonstrative  à  cet  égard. 

Nos  essais  ont  été  faits  avec  un  extrait  de  café  vert,  préparé  après  des- 
truction des  diastases  suivant  la  méthode  préconisée  par  MM.  Perrol  et 
Goris  (-  ).  En  partant  de  plantes  fraîches,  dont  les  enzymes  avaient  été  tuées 
par  l'action  de  la  vapeur  d'alcool  sous  faible  pression,  ces  auteurs  ont  obtenu 
des  extraits  qu'ils  ont  dénommés  extraits  physiologiques  et  qui  conservent 
les  propriétés  de  la  plante  fraîche.  C'est  une  semblable  préparation  galénique 
obtenue  du  café  vert,  qui  fut  le  point  de  départ  des  observations  que  nous 
allons  rapporter. 

(')    i'résenlée  dans  la  séance  du   i3  juin  1910. 

(-)  Acailénue  de  Médecine,  séance  du  21  j.uin  1909. 


SÉANCE    l)V    20   JUIN    I910.  1705 

Cet  extrait,  qui  renfermait  4? 60  pour  100  de  caféine,  a  servi  à  faire  des 
solutions  à  10  pour  100  dans  lesérumpiiysiologique(NaGl  à  8, 5  pour  1000); 
10"°' de  la  solution  expérimentée,  contenant  i^  d'extrait,  correspondaient 
donc  à  0,046  de  caféine.  Des  doses  correspondantes  de  caféine  en  solution 
ont  été  injectées  sous  un  même  volume  et  dans  les  mêmes  conditions  expé- 
rimentales, soit  chez  un  animal  (chien)  neuf,  soit  chez  le  même  animal, 
après  disparition  de  tout  effet  antérieur,  et  après  s'être  assuré  qu'une 
même  dose  répétée  d'extrait  de  café  continuait  à  exercer  son  action  pre- 
mière. 

Les  graphiques  ci-contre  (Jig.  i  et  2)  représentent  les  résultats  de  l'expé- 
rience dont  nous  donnons  le  protocole. 

Expérience.  —  Chien  cf,  lo'^s.  Injection  intra-veineuse  dans  la  veine  lihiaie  de  i? 
de  cliloralose  dissous  dans  60"°''  d'eau  salée  tiède  à  8, 5  pour  1000.  Quand  l'animal  est  en 
pleine  narcose,  préparation  de  la  carotide  droite  et  du  rein  gauche.  La  pression  arté- 
rielle carotidienne  est  enregistrée  avec  le  kygnaographe  |de  Ludwig.  La  pression  arté- 
rielle et  le  volume  du  rein  s'inscrivanl  normalement,  on  fait  (à  l'endroit  indiqué  sur 
le  tracé)  une  injection  intra-veineuse  de  5°""'  de  la  solution  à  10  pour  100  d'extrait  phy- 
siologique de  café  vert.  Immédiatement  on  constate  un  léger  ralentissement  cardiaque 
avec  chute  prof  onde  de  la  pression  qui  se  relèi'e  progressivement.  Le  volume  du  rein 
baisse  en  même  temps  que  la  pression  et,  après  ai-oir  dépassé  son  ni^'eau  primitif, 
(réaction  compensatrice  fréquente  après  les  variations  volumétriques  brusques  d'or- 
ganes) reprend  progressivement,  comme  la  pression,  sa  valeur  normale.  Un  quart 
d'heure  après,  alors  que  le  régime  cardio-vasculaire  est  redevenu  entièrement  normal 
et  régulier,  l'injection  d'une  dose  de  o™6,o25  caféine  en  S"^™'  (soit  une  dose  de  caféine 
correspondant  à  celle  contenue  dans  l'injection  d'extrait)  ne  produit  aucun  eflet  car- 
dio-vasculaire appréciable.  Le  chien  reçoit  alors  une  injection  intra-veineuse  de  2"'« 
de  sulfate  d'atropine  :  l'effet  hypotenseur  (accompagné  de  la  diminution  volumé- 
trique  du  rein)  de  l'extrait  de  café  se  manifeste  aux  mêmes  doses  que  chez  l'animal 
normal. 

En  résumé,  l'extrait  physiologique  de  café  vert,  contenant  les  principes 
immédiats  tels  qu'ils  se  trouvent  daiis  la  plante  fraîche,  exerce  une  action 
cardio-vasculaire  dépressive  se  manifestant  par  un  léger  ralentissement 
cardiaque,  une  chute  profonde  de  la  pression  carotidienne  et  du  volume  du 
rein.  L'eflfet  hypotenseur  se  manifeste  chez  l'animal  atropinisé  comme  chez 
l'animal  normal.  L'action  cardio-vasculaire  dépressive,  manifeste  à  des  doses 
d'extrait  contenant  25™»  de  caféine,  est  sans  nul  doute  une  action  spécifique 
d'un  groupement  chimique  particulier,  car  des  doses  correspondantes  de  ca- 
féine pure  ne  produisent,  dans  les  mêmes  conditions  expérimentales,  aucune 
action  cardio-vasculaire  apparente. 


I 


1706  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

BIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Influence  du  régime  alimentaire  sur  l'intestin 
chez  les  Oiseaux.  Note  ('  )  de  M.  A.  Magnaîv,  présentée  par  M.Yves 
Delage. 

Afin  de  pas  tomber  dans  l'erreur  qui  consiste  à  établir  des  rapports  entre 
des  grandeurs  d'ordre  différent,  j'ai  comparé  : 

1°  La  longueur  de  l'intestin  à  la  longueur  du  corps  obtenue  par  la  for- 
mule l  =  \/p; 

3°  La  surface  de  l'intestin  à  la  surface  du  corps  calculée  par  la  for- 
mule S  ^  7, 35  \/ p'. 

Dans  ces  conditions  la  question  de  la  taille  se  trouve  éliminée. 

J'ai  étudié  4-5  oiseaux  répartis  en  160  espèces  ;  le  régime  les  groupe  de 
la  façon  suivante  : 

Rapport  Kappon 

de  la  longueur  de  la  surface 

de  riolestin  de  l'intestin 

Poids  total  à  la  longueur  à  la  surface 

moyen.  du  corps.  du  corps. 

s 
Insectivores  indigènes 82, 5o  6,22  2,00 

Insectivores  exotiques 22,10  6,26  2,10 

Carnivores  et  insectivores 874,60  7  >9^  i  ,  5o 

Omnivores  (Corvidés) 214,70  QjO^  2,90 

Piscivores  et  insectivores 204,70  10, o5  2,20 

Granivores  et  insectivores 89,60  10,66  3,5o 

Carnivores 1882,40  I0i70  i  ,5o 

Frugivores i52,8o  11, 5o  3,3o 

Piscivores 896,60  11,80  2,5o 

Granivores 5o6  i2,4o  3, 20 

Carnivores   et   piscivores  (grands 

Échassiers) 1702,80  ]5,8o  1,60 

Omnivores  (Palmipèdes) 2207,20  17- 'O  3 

En  examinant  les  chiffres  de  la  première  colonne  on  constate  que  les 
Oiseaux  possédant  une  alimentation  animale  ont  la  plus  petite  longueur 
d'intestin  et  que  les  végétariens  ou  les  omnivores  présentent  le  plus  grand 
développement  intestinal. 


(')  Présentée  dans  la  séance  du  i3  juin  ii)io. 


SÉANCE    DU    20   JUIN    1910.  1 707 

Mais  deux  remarques  s'imposent  : 

I"  Les  Oiseauv  comme  les  grands  Kchassiers  qui  sont  carnivores  el  piscivores  éciiap- 
peiit  à  la  règle  ;  ils  ont  beaucoup  d'inleslin  :  • 

2°  Les  granivores  el  les  carnivores  sonl  assez  voisins;  la  difl'érence  que  présente  la 
longueur  de  leur  intestin  est  assez  minime. 

Ce  paradoxe  n'est  qu'apparent  :  si  Ton  confronte  les  rapports  de  la  sur- 
face de  l'intestin  à  la  surface  du  corps,  on  voit  les  grands  Kcliassiers  reprendre 
leur  place  parmi  les  carnivores,  alors  que  les  granivores  s'en  écartent, 
puisque  ces  derniers,  avec  une  longueur  d'intestin  sensiblement  égale,  ont 
une  surface  d'absorption  double. 


MICROBIOLOGIE.  —  Sur  le  rirage  du  pigment  de  deux  champignons. 
Note  de  M.  (».  Srmbek,  présentée  par  M.  E.  Roux. 

Le  virage  des  pigments  des  cbampignons  a  été  déjà  étudié  par  Coupin 
et  Friedel  ('),  Bessey  (-)  et  Milburn  ("). 

Nous  avons  isolé  des  orchidées  malades  des  serres  du  jardin  botanicpie 
de  Heidelberg  deux  champignons  produisant  des  pigments  variant  leur 
coloration  suivant  le  milieu  de  culture.  L'isolement  des  champignons  a  été 
fait  de  la  manière  suivante  :  des  morceaux  des  feuilles  el  des  liges 
d'orchidées  ont  été  placés  dans  des  boîtes  de  Pétri  contenant  de  la  gélose 
(2  pour  100  gélose,  3  pour  100  glucose).  Dans  la  flore  fongique  qui  se 
développa  dans  les  boîtes,  deux  champignons  ont  montré  une  coloration 
vive.  On  constatait  macroscopiquement  chez  l'un  de  ces  champignons  une 
coloration  rouge,  chez  l'autre  une  coloration  violette,  lléensemencés  en 
séries  dans  des  tubes  avec  le  même  milieu,  ils  ont  presque  toujours  gardé 
leur  coloration,  quelques  cultures  montraient  seulement  par  endroil  un 
virage  dont  nous  parlerons  plus  bas. 

L'examen  microscopique  révèle  que  dans  les  mycéliums  le  pigment  se 
répartit  de  manières  différentes:  quelquefois  la  matière  colorante  diiîusant 
dans  tout  le  mycélium  est  de  faible  intensité,  ou  montre,  au  contraire,  une 
nuance  vive;  dans  d'autres  cas  elle  s'agglomère  en  granulations  ou  en  bâton- 
nets, fortement  colorés. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXWIll,  1904.  p.  111!^. 

(^)  Flora,  t.  XGIII,  1901,  p.  3oi. 

(')   Centrablatt  f.  Bakter.,  2»  Partie,  t.  XIll,  1904.  p.  129. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  25.)  ^23 


I^Ot^  ACADÉMIE    DES    SCIENCE^;. 

La  lùnne  louge  a  été  déteriniiié  coinine  l'iistiriiini  (  Fiisispoiiiini  I  Heidclhi'ri;iaiiiiin 
s/J.  n.  avec  des  roiiidies  à  .'i  seples,  la  forme  violette  romme  Cepltulosporimn  sii/i'iessilt' 
sp.  Il .  (  '  ). 

/n  vitro  des  m>iéliiims  rouges  de  Fiisariu  m  placés  dans  une  solution  d'acide  faible 
devienneiil  jaunes,  des  mj'céliums  violets  de  Cephalosporiutn  virent  au  rouge.  Les 
mycéliums  des  cultures  sur  amidon  décrites  plus  bas  se  prêtent  mieux  à  l'observation 
de  ces  virages. 

Si  l'on  ajoute  avant  l'ensemencement  à   des  cultures  des  champignons    en    milieu 

lic|uide    (N0'Ko'',5;    SO''Mg  o>-',  .^  ;    asparàgitie    .'jK;    glucose    3oS;    eau    i')  des    solu- 

^,  -  .       /  N  ■■■ 
tioiis   sléi'ilisées  de    KO  II    et    de    S<)'H-(^-K  on  airi\e  à   provoquer  une  coloration 

bien  déterminée  dans  des  mycéliums;  mais  ces  etl'els  ne  se  produisent  pas  toujours 
avec  certitude. 

Nous  avons  obleim  des  résultais  plus  inléfessants  eu  opéi'aul  sur  des 
milieux  solides  et  eu  intfoduisant  à  la  place  d'acide  ou  d'alcali  libres  des 
sels  uiinéraux,  pouvant  fournir  au  cours  des  processus  vitaux  des  champi- 
gnons des  produits  acides  ou  alcalins. 

On  constitue  un  bon  milieu  en  employant  l'empois  d'amidon.  Il  est  avantageux, 
afin  d'obtenir  une  masse  gélatineuse  bien  homogène,  de  déminéraliser  partiellement 
l'amidon  (-).  Le  milieu  nutritif  était  préparé  de  la  manière  suivante  :  à  des  solutions 
contenant  0,5  pour  loo  de  SO''  (l\'H'')-  ou  de  NO''K,  on  ajoute  lo  pour  loo  d'amidon 
déminéralisé.  L'amidon  se  solubilise  par  chaufl'age  au  bain-marie,  on  répartit  la 
solution  dans  des  boites  de  Pétri  et,  après  stérilisation,  on  obtient  par  refroidissement 
un  milieu  solide  prêt  pour  l'ensemencement^ 

Le  milieu  au  SO''(i\H')-  donne  avec  le  Fusariuin  une  culture  de  couleur  jaune, 
avec  lé  Cephalosporiiirn  on  observe  une  coloratitm  rouge. 

Les  cultuies  en  milieu  nitrate  montrent  une  coloration  rouge  avec  le  Fusariuin  et 
violette  avec  le  Crplialosporiuin. 

Un  résultat  identique  a  été  obtenu  en  rempla(;ant  ramidou  du  milieu 
nutritif  par  de  la  gélose  glucosée. 

l'our  expli(|uer  ces  changements  de  coloration,  on  peut  dire  (pie  le 
chairipignon  cultivé  en  présence  deNO'K  assimile  l'azote  niti'ique  et  met 
en  liberté  des  produits  alcalins,  on  obtient  alors  des  couleurs  rouges  et 
violettes  qui  caractérisent  l'action  de  l'alcali  sur  ces  chauqjignons.  Dans  le 
milieti  contenant  SO''(NlP)-,  les  champignons  consomment  l'azole  aaiino- 


(')  Nous  sommes  très  reconnaissant  à  M.  Saccardo  de  Padoue  qui  a  bien  vimlii  nous 
déterminer  les  champignons,  la  diagnose  de  ces  champignons  sera  donnée  dar)s  les 
Notes  niycologiques  de  M.  Saccardo  {Annales  nncoloifici,  juin  1910). 

(-)    \  oir  Foi'AHi).  Coinplcs  reiiiluK,  L  CXLIV.  p.  joi  et  lalili. 


SÉANCE    l)\J    20    JUIN    lylo.  1709 

niacal  et  un  radical  acide  peiil  concourir  aux  virages  jaune  el  rouge  des 

couleurs. 

///  vivo  on  constate  aisément  le  virage  des  pigments  en  ajoutant  asepli- 

(juenient  aux   cultures  sur  amidon   des   solutions   d'acide  ou   d'alcali    de 

N  N  . 

concentration,  variant  entre  —  et  -;-•  Le  virage  du  violet  au  rouse  et  le 
'  100       4o  ^  '^ 

virage  inverse  se  produisent  bien,  de  même  celui  du  rouge  au  jaune.  Le 

virage  jaune  rouge  ne  réussit  qu'imparfaitement.  L'élude  de  ces  questions 

présente  encore  des  particularités  qui  restent  à  élucider. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  L'analyse  des  matières  proloplasini'iues.  Note 
de  MM.  A.  Étard  el  A.  Vh-a,  présentée  par  M.  E.  Koux, 

I.  Les  liqueurs  d'hydrolyse  des  matières  proloplasini(jues,  obtenues  sui- 
vant une  technicjue  indiquée  dans  des  ?Sotes  antérieures,  contiennent  la 
totalité  des  produits  issus  de  la  matière  albuminoïdc.  Cependant  Ténoriuc 
perte  en  eau  que  nous  avons  signalée  (  plus  de  25  pour  100  de  la  substance 
sèche  étudiée)  montre  que,  quel  que  soit  le  futur  rendement  en  produits 
définis  séparés,  il  sera  très  difficile  d'en  interpréter  les  l'ésultats. 

Pour  établir  un  procédé  pratique,  permettant  de  distinguer  aisément  les 
principaux  groupements  moléculaires,  il  fallut  rechercher  des  réactifs  géné- 
raux; c'est  ainsi  que  dans  une  (Communication  précédente  ('  )  nous  avons 
indiqué  l'emploi  du  méthylate  de  baryum,  (le  réactif  forme  avec  les 
produits  d'hydrolyse,  préalablement  solubilisés  dans  un  excès  d'alcool 
méthylique  pur,  une  combinaison  insoluble  entraînant  les  corps  à  fonction 
acide  prédominante,  existant  dans  la  liqueur. 

Les  produits  d'hydrolyse  peuvent  donc  se  classifier  en  fractions  distinctes; 
en  pi'emier,  on  remarque,  suivant  l'ordre  des  séparations,  le  groupe  des 
acides  aminés  (tyrosine,  leucine,  alanine,  valine  glycocoUe  )  isolable  aisé- 
ment par  cristallisation  ou  combinaison  cuprique  dans  les  milieux  aqueux 
déminéralisés  et  concentrés;  vient  ensuite  le  groupe  obtenu  au  moyen  du 
méthylate  de  baryum  dans  les  conditions  ci-dessus  rappelées,  cette  fraction 
contient  entre  autres  produits  la  majeure  partie  des  di-acides  aminés  (acides 
aspartique,  glutamique)  dont  les  condjinaisons  barytiques  sont  aisées  à 
dissocier. 


(')  Co/»ples  rendus,  l,  (^XI.VII.  p.  i3a3. 


1710  ACAUI-Mlli    DES    SCIENCKS. 

II.  Nous  pirsciUons  inaintenant  une  suite  de  réaclions  sappliqiianl  au.v 
li([U(Mirs  ayant  subi  ces  premiers  Iraitenients  ;  les  termes  insolubles  qui  en 
résullent  constituent  une  nouvelle  fraction  caractéristique  venant  s'ajouter 
à  celles  déjà  citées. 

Par  suite  du  départ  des  corps  à  fonction  neutre  et  acide,  la  liqueur  alcoo- 
lique contenant  tous  les  produits  de  l'bydrolyse  non  encore  séparés  se 
trouve  enrichie  en  fonctions  basiques.  Une  partie  de  ces  groupements  à 
fonction  basique  prédominante  peut  être  précipitée  à  l'aide  d'acide  sulfu- 
ri([uc  dissous  dans  l'alcool  méthylique;  les  sulfates  insolubles  qui  se  forment, 
se  filtrent  bien  et  la  légère  acidité  des  liquides  clairs,  due  à  un  excès  de 
réactif,  est  neutralisée  par  la  quantité  nécessaire  du  méthylate  de  baryum. 

Afin  de  parfaire  la  séparation  des  groupes  basiques  contenus  encore  dans 
la  ii([neur,  nous  ajoutons  un  second  i-éactif  acide  :  l'acide  feirocyanhy- 
dri(juc  dissous  dans  l'alcool  méthylique. 

Ces  réactifs,  de  faible  poids  moléculaire,  offrent  l'avantage  de  n'intro- 
duire, dans  les  matériaux  en  étude,  que  de  petites  quantités  de  matières 
minérales  entièrement  éliminables. 

Le  icaclif  fenocjanhvclriqiie  se  piéj)aie  au  inomeiil  de  l'eniploi  en  faisant  agir  de 
l'acide  clilorliydriqiie  étendu  d'eau  sur  une  quantité  équinioléciilaire  de  ferrocjanun; 
de  jjolassinra;  en  ajoutant  à  la  liqueur  un  excès  d'éllier,  on  précipite  le  composé  solide 
blanc  (')  :  l'-cCy^U*,  2(Ç^H^— O  —  G'II')  qui,  filtré  rapidement  sous  vide  puis  lavé 
à  l'étlier,  est  dissous  dans  l'alcool  méthylique  à  99  pour  100. 

L'acide  ferrocyanliydriqne  provoque  dans  les  liquides  alcooliques  conlcnant  des 
produits  basiques,  un  précipité  cailleboté,  blanc  verdàlre,  de  ferrocyanures  de  bases; 
mais  un  o\cès  de  réactif  amène  une  dissolution  partielle  du  précipité.  Comme  les  sul- 
fates de  ferrocyanures  de  bases  sont  liyyroscopiques.  ils  doivent  être  dessécliés  rapi- 
dement dans  le  vide  sur  acide  sulfurique. 

l^our  chasser  l'acide  ferrocyanliydriqne  de  ses  combinaisons  solubles  ou  insolubles 
dans  l'alcool  métli\lique,  il  suffit  de  revenir  en  milieux  aqueux  et  d'ajouter  aux 
liqueurs,  cliauflees  à  l'ébullition,  une  quantité  convenable  de  sulfate  ferrique,  il  se 
forme  un  précipité  dense  de  ferrocyanure  de  fer  et  la  solution  filtrée  est  débarrassée 
de  l'excès  de  sulfate  ferrique  par  addition  d'eau  de  baryte. 

III.  La  solution  alcoolique  eonlient  après  ces  départs  successifs  les  pro- 
duits restés  indifférents  aux  réactifs  (baryti(pie,  sulfuricjue,  ferrocyanhy- 
dri(pie).  Ces  produits  sont  considéral)lement  simplifiés  et  remis  en  solution 
aipieusc,  déminéralisés  puis  concentrés,  ils  fournissent  des  cristaux  d'acides 


')   A.  IvrAHD  et  <i.  liÉMUNT,  Complet  rendii/;,  t.  X'ilX,  p.  973. 


SEANCE    DU    20    JUIN    I<)10.  171I 

aminés,  sim[)les  ou  condenses  qui,  n'étant  pas  encore  libérés,  n'avaient  pu 
être  obtenus  au  début  du  traitement. 

Le  fractionnement  en  groupes  jouissant  des  propriétés  communes  s'est 
toujours  vérifié  sur  des  matières  albuminoïdes  les  plus  diverses  (tissus  mus- 
culaires, Ivératiniques,  osséine,  caséine,  gliadine,  glulénine,  laitance  et  oeufs 
de  poissons). 

Conclusions.  —  L'étude  des  matières  albuminoïdes  nécessite  une  exacte 
connaissance  de  leurs  produits  d'hydrolyse,  et  la  nature  chimique  de  ces 
produits  ne  doit  pas  empêcher  les  multiples  traitements  du  travail  de  sépa- 
ration, d'être  considérés  comme  des   opérations  analytiques. 

Les  réactifs  de  groupe,  utilisés  en  suivant  ce  principe,  déterminent  des 
fractions  caractéristiques  pouvant  servir  à  l'analyse  comparée  des  matières 
protoplasmiques. 


HYDROLOGIE.   —   Les  infiltrations  sur  le  massif  du  Zaghouan  {Tunisie). 
Note  de  M.  i\oEi-,  présentée  par  M.  ^^"allerant. 

Le  Zaghouan  se  compose,  comme  on  sait,  d'un  massif  de  calcaires  juras- 
siques perméables  en  grand,  colmaté  sur  le  pourtour  par  une  ceinture  imper- 
méable, néocomienne  sur  le  flanc  iNW,  éocènc  sur  le  flanc  SE. 

La  résistance  qu'offre  à  la  pénétration  des  eaux  la  nappe  captive  du  Juras- 
sique avec  laquelle  ils  sont  en  relation  en  profondeur  maintient  à  l'intérieur 
de  ces  calcaires  une  surface  libre  élevée  (pii  donne  naissance  à  des  sources 
aux  points  bas  de  la  ceinture. 

Les  deux  principales  de  ces  sources,  Ain  Ayed  et  la  source  de  la  Nymphée, 
sont  utilisées  pour  l'alimentation  de  Tunis.  La  connaissance  des  débits  de  la 
première,  servant  aussi  aux  besoins  locaux,  manque  de  précision;  mais  la 
seconde,  envoyée  en  totalité  dans  la  canalisation,  m'a  ofl'ert  des  détermina- 
tions susceptibles  d'être  soumises  au  calcul. 

Les  formules  dépuiscmentcalculées  pour  celle  source  d'après  une  méthode 
analogue  à  celle  de  M.  Boussinesq('  )  ont  été  quelques  peu  différentes  pour 
les  trois  années  envisagées  :  1907,  i<jo8  et  1909.  La  ligne  de  faite  de  la 
surface  libre  étant  certainement  plus  haute   que  dans  le  premier  cas  de 


(')  BorssiNESQ.  Comptes  rendus,  l.  CXXWl,  1908,  p.  loii-iôij.  el  une  siiile  île 
liiiil  \oles  à  rinslilul  fli\ns  les  amic-es  1903  el  \<)<>\. 


1-12  ACADEMIE    UES    SCIENCES. 

.\l.  IJoiissiiK'sq,  j'ai  posé,  en  appelaiil  (^)  le  déhil  en  inèlies  cubes  par  jotii'  : 

(i)  <)  T=  Il i  io^'^'+  II-,  lo   -'■'  -h  II,  iir^^', 

d'où  résulle  pour  l'aire  asyniplolc  comprise  entre  la  courbe,  l'axe  des  /  cl 
l'ordonnée  t  ^:^  t.^^  la  valeur  : 

(2)  S,  =   —  (  M,  10-*'  H II.,  IO^-*'-H   77  W;,  10-^*'  1. 


Les  valeurs  de  a  el  les  coefficienls  oil'ranl  p(jur  (^)  la  somme  la  plus  rapide 
ont  été  : 

Aiinces. 

1907., 

(3)       1<)()8. . 


Kpoqiic 

Mr 

ll-cs  cill- 

a. 

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origine. 

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'  '  77/ 

-.•)8S 

-  |0 

r  4  mai 

I  1  1  5o 

0,00178 

8609 

18S 

—17 

I  -  mai 

S;',,, 

.l'ai  évalué  l'infdtration  entre  deux  points  /,  et  t.,  situés  chacun  sur  deux 
courbes  d'épuisement  distinctes,  comme  difTércnce  des  deux  aires  asymptotes 
S.  et  S',  de  ces  courbes  pour  le  point  /,,  augmentée  de  l'aire  complémen- 
taire comprise  entre  la  courbe  d'épuisement  inférieure,  l'ordomiée  /^  el  le 
i;ra])bi(pie  réel  de  débit  entre  les  instants  /,  et  l^_. 

Deux  causes  d'inexactitude  dont,  je  n'ai  pu  tenir  com[)te  interviennent 
pins  ou  moins. 

I  )'iil)(ii  il,  le  rcli(|iial  d'une  tianclie  aiiiuielle  d'infillralioii,  par  suile  do  la  coiiiiiiu- 
nicalion  avec  la  nappe  captive,  est  repoussé  eu  profondeur  par  l'inlillration  de  l'année 
suivante;  la  courbe  d'épuisement  correspondante  est  donc  surbaissée  ou  disparail 
même  les  années  suivantes,  d'où  erreur  en  plus  surjes  aires  asymptotes.  L'alimentation 
de  cette  nappe  captive  étant  cependant  peu  abondante,  celte  cause  d'erreur  n'est  pas 
très  importante.  Ensuite,  si  les  périodes  d'infiltration  sont  assez  rapprochées  pour 
empiéter  l'une  sur  l'autre,  la  vraie  courbe  d'é[)uisement  peut  n'être  pas  encore  établie 
en  l'un  de  ces  points.  Si  c'est  au  point  initial  /,,  on  compte  entre  /,  el  l,  des  infiltra- 
tions de  la  période  précédente,  d'où  erreur  par  CKCès  ;  si  c'est  au  point  /.>  au  contraire, 
il  y  a  erreur  par  défaut.  Il  peut  donc  en  résulter  parfois  des  valeurs  trop  fortes  pour 
les  infiltrations  de  fin  hiver  au  détriment  de  celles  d'automne. 

Pour  les  infiltrations  du  printemps  i<)07,  j'ai  pris  comme  furmule  d'éiuii- 
sement  la  courbe  (i)  elle-même,  pour  celles  de  l'automne,  une  exponentielle 
simple  avec  a  =  0,00177  «  coefficient  de  tarissement  »  (système  décimal  ) 
calculé  pour  cette  période.  Pour  celles  du  printemps  1908,  les  coefficients 
du  'l'ableau  (3)  fournissaient  une  branche  asymptote  trop  rapide;  comme 
d'aulre  part,  l'épuisement  avait  été  très  considérable  pendant  l'été,  j'ai 
choisi  luie  exponentielle  simple  avec  a  =  0,0018  (reconnu  comme   supé- 


SÉANCE    DU    20   JUIN    HjlU.  l'Jl'i 

l'ieiii' à  celui  de  njoy).  Pour  i|)oi)  enfin,  j'ai  considéré  comme  insuflîsanle 
une  exponentielle  simple  avec  a  =  OjOot^H. 

I']n  parlant  de  ces  données,  j'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

1907.    Du  6  janvier  à  l'été  (maxiimiin  en   iiiars) ■?.  i^r)'i -00 

SejJlenibie  et  commencemenl  il'nctolïre 7000 

Commencement  de  novembre a68i6 

Vin  novembre  et  décembre i48ooo 

liKW.   Janvier  et  commencement  de  février i6o3oo 

Mars-avril  (  maximum  en  avril  ) 2  i  28  700 

Septembre,  commencement  d'octobre 665o 

Fin  octobre-novembre 10/4960 

Fin  novembre,  commencement  de  décembre 53  4oo 

Fin  décembre-janvier  1909 5o5  200 

l!K)!(.    Février  à  avril  (maximum  en  avril) 1402410 

Orages  vers  le  28  mai  1909 4-^9^o 

Ce  Tableau  montre  que  toutes  les  pluies  ont  de  l'influence  sur  cette 
source,  même  les  premières  pluies  d'orage  de  fin  septembre;  mais  cette 
influence  est  faible  :  elle  se  chifl're  par  quelques  milliers  de  mètres  cubes 
seulement  et  ne  produit  dans  le  graphique  d'épuisement  qu'une  déformation 
momentanée.  FA\e  provient  de  l'existence  au-dessus  de  la  source  du  «  cou- 
loir de  la  .\ympliée  »  qui  produit  un  maximum  relatif  de  débit  de  4  à  (i  jours 
après  chacjue  averse,  et  de  l'absence  presque  complète  d'immus  sur  ces 
calcaires  cariés  et  décapés,  qui  leur  donne  une  «  perméabilité  directe  ».  Le 
coefficient  d'infiltration  est,  de  ce  fait,  malgré  le  climat,  très  considérable. 
Le  maximum  a  lieu  à  la  suite  des  pluies  de  fin  mars  etavril,  qui  déterminent 
une  montée  rapide  due  au  second  maximum  annuel  de  pluie  et  parfois  (1907) 
à  la  fonte  des  neiges.  Ce  maximum  est  de  courte  durée  et  est  suivi  d'une 
branche  descendante  établie  rapidement  et  à  «  coefficient  de  tarissement  » 
considérable, 

M.  li.-l).  lioEHi.ACK  adresse  un  Essai  sur  le  ro/  à  roricx. 
(  Renvoi  à  la  (Jloinmission  d'.Xéronautitpic  ) 

A  }  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  \  heures  et  demie. 

G.  D. 


I^l/j  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


BL'i.l.KTI.X     IIIBMor.RAPIII<;UE. 


Ouvrages  heçus  dans  i.a  séance  du  6  juin   1910. 

Minislère  de  l'Instruclion  publique  el  des  Beaux-Ails.  Caisse  des  liecliercltes 
scienlijiqties,  année  1909  :  Jiapport  annuel  adressé  au  Président  de  la  Itépubliijuc 
française,  par  M.  Paul  Dislere.  Melun,  Imprimerie  adminislralive,  1910;  1  vol.  in-S". 

Pathologie  el  traitement  du  diabète  sucré,  (conférences  faites  au  «  Royal  Collège 
of  Physicians  of  London  »,  par  F-W.  Pavv.  Paris,  .1.-1!.  Hailliére  el  lils,  1910;  1  vol. 
in-8°.  (Présenlé  par  M.  Bouchard.) 

Flore  générale  de  r Indo-Chine,  publiée  sous  la  direelioii  de  M.  H.  Lecomtk;  t.  I, 
fasc,  o,  p.  449-376,  vignettes  43-60,  planche  XXII  :  Malvacées  (fin),  Slerculincées  et 
Tiliacées,  par  F.  Gagnepain.  Paris,  Masson  el  C''',  1910;  1  vol.  in-S".  (Présenté  par 
M.  Mangin.) 

Le  vol  plané,  par  J.  Breionnièhe.   Paris,  H.  Diiiiod  el  E.  Pinat,  1909;  i  fasc.  in-8''. 

Les  erreurs  de  la  Science,  par  Loijis-Ciiari,es-Fmii.e  ^'lAL.  Paris,  chez  l'auleur, 
1908;  I  vol.  in-8°. 

Annual  Report  of  Ihe  board  of  regenls  of  the  Smititsonian  Institution,  shoi\ing 
the  opérations,  expenditures  and  condition  of  the  Institution  for  the  year  ending 
june  3o,  1908.  Washington,  Government  piinting  Office,  1909;  1  vol.  in-S". 

Yearbook  of  the  United  States  Department  of  Agriculture,  1909.  Washington, 
1910;  I  vol.  iii-8°. 

Anales  del  Institulo  medico  nacional,  conlinualio  de  El  Esludio;  t.  \l,  n"  1. 
Mexico,  1910;  1  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 

(Séance  du  u'î  mai  1910.) 

Note  de  MM.  P.  Villard  el  H.  Abta/tatn,  Sur  Texislence  de  deuv  poten- 
tiels explosifs  : 

l'âge  1287,  ligne  j4,  «"  Heu  de  par  voltages  décroissants,  lise:  par  voltages  crois- 
sants. 

Note  de  MM.  Briner  et  Wroczynski,  Action  chimique  des  pressions 
élevées;  compression  du  protoxyde  d'azote  et  d'un  mélange  d'azote  et 
d'hydrogène;  décomposition  de  l'oxyde  de  carhone  par  la  pression  : 

Page  iSaG,  ligne  5,  au  lieu  </'o\yde  d'a/.ole.  lire  oxyde  tie  carbone. 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  27  JULX   lUlO. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  Emile  PICARD. 


MEMOIRES  ET  COMMU.MCATIOrVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

BOTANIQUE.  —  Classifîcaiion  nouvelle  du  groupe  des  Inovulées. 
Note  de  M.  Pu.  vax  Tiegiiem. 

On  sait  que,  dans  la  fleur  des  Endoprothallées  ou  Phanérogames,  les 
carpelles  qui  composent  le  pistil  forment  le  plus  souvent  d'abord  leurs 
macrodiodes,  puis  les  prothalles  femelles  ({ui  résultent  de  leur  germi- 
nation sur  place,  isolément  sur  ou  dans  autant  de  folioles  différenciées 
à  cet  effet,  qu'on  nomme  des  ovules;  en  un  mot,  le  pistil  y  est  ovulé.  Il 
en  est  ainsi  chez  toutes  les  Astigmatées  et,  parmi  les  Sligmatées,  chez 
toutes  les  Monocotyles,  chez  toutes  les  Liorhizes  dicotylées  et  dans  la  très 
grande  majorité  des  Dicolylcs.  Mais  ce  dernier  groupe,  le  plus  vaste  de 
tous,  comprend  aussi  bon  nombre  de  plantes  où  les  carpelles,  sans  se 
découper  de  folioles,  produisent  eux-mêmes  et  directement  leurs  macro- 
diodes  et  leurs  prothalles  femelles;  ces  plantes  n'ont  donc  pas  d'ovules,  le 
pistil  y  esl  inovulé.  La  classe  des  Dicotyles  se  partage,  d'après  ce  caractère, 
en  deux  sous-classes  d'étendue  très  inégale  :  les  Ovulées  et  les  Inovulées.  On 
ne  considère  ici  que  le  second  groupe. 

Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  les  choses  s'y  passent  de  deux  manières. 
Quelquefois  le  carpelle  produit  sa  macrodiode  et  son  prothalle  femelle  à 
l'intérieur  d'une  protubérance  non  vasculaire  de  son  écorce,  revêtue  par 
l'épiderme,  qui  est  une  émergence;  il  y  a  donc  un  macrodiodange  indivi- 
dualisé, ce  qu'on  appelle  ici  un  nucelle,  comme  chez  les  Ovulées;  le  pistil 
inovulé  y  est  nucellé.  Mais  le  plus  souvent,  c'est  dans  la  profondeur  même  de 
son  écorce,  sans  faire  au  dehors  en  ce  point  aucune  saillie,  que  le  carpelle 
produit  sa  macrodiode  et  son  prothalle  femelle;  il  n'y  a  pas  de  macrodio- 
dange individualisé,  pas  de  nucelle;  le  pistil  inovulé  y  est  en  même  temps 
innucellé.  Il  en  résulte  la  subdivision,  bien  connue  depuis  1 901,  de  la  sous- 

C.  a.,  i.jio,  I"  Semestre.  (T.  150,  N"  26.)  224 


1716  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

classe  des  Inovulées  en  deux  ordres  :  les  Inovulées  innucellées  ou  Loran- 

tlîinées  et  les  Inovulées  nucellées  ou  Anthobolinées. 

Examinons  successivement  ces  deux  ordres,  en  commençant  par  le  pre- 
mier, qui  est  le  plus  inférieur  et  aussi  de  beaucoup  le  plus  nombreux. 

1.  Loranthinées .  —  Le  pistil  s'y  comporte  de  quatre  manières  différentes, 
qui  permettent  d'en  grouper  les  familles  en  quatre  alliances. 

Quelquefois  il  se  réduit  à  un  seul  carpelle  ouvert,  qui  produit  directe- 
ment dans  l'épaisseur  de  sa  base  une  seule  macrodiode  avec  un  seul  pro- 
thalle femelle  :  c'est  l'alliance  des  Balanophorales. 

Le  plus  souvent,  il  est  formé  de  plusieurs  carpelles  ouverts,  concrescents 
bord  à  bord  et  circonscrivant  une  loge  unique,  au  moins  au  début.  Tantôt 
la  loge  unique,  demeurée  telle  mais  de  bonne  heure  oblitérée,  ne  relève  pas 
son  fond,  qui  reste  plat,  et  c'est  sous  l'épiderme  de  ce  fond  plat  que  se 
trouvent  situés  les  macrodiodes  et  les  prolhalles  femelles,  dont  la  disposi- 
tion dans  le  pistil,  ce  qu'on  peut  appeler,  ici  comme  chez  les  Ovulées,  la 
placenlalion,  peut  être  dite  hasilaire.  C'est  l'alliance  des  Loranthales, 

Tantôt  le  fond  de  la  loge  unique  et  qui  demeure  telle  se  relève  en  une 
colonne  qui  la  remplit  complètement  en  demeurant  libre  tout  autour.  Elle 
est  formée  par  la  concrescence  d'autant  de  talons  ligulaires  qu'il  y  a  de  car- 
pelles, et  c'est  elle  qui  renferme  d'abord  les  macrodiodes,  puis  les  prolhalles 
femelles.  La  placentation  du  pistil  peut  y  être  dite  centrale.  C'est  l'alliance 
des  Nuytsiales. 

Tan'tôt  enfin  il  y  a  encore,  tout  au  début,  une  loge  unique  et  une  colonne 
ligulaire  libre;  mais  bientôt,  en  alternance  avec  les  carpelles,  la  paroi 
externe  et  la  colonne  se  soudent  avec  concrescence,  laissant  entre  elles 
désormais,  en  superposition  avec  les  carpelles,  autant  de  logettes  de  Ijonne 
heure  oblitérées.  C'est  dans  l'angle  interne,  plus  ou  moins  saillant,  de  cha- 
cune de  ces  logettes  que  se  forme  d'abord  une  macrodiode  et  plus  lard  un 
prolhalle  femelle.  Les  carpelles  sont  donc  ici  fermés  et,  dans  le  pistil  puri- 
loculaire  ainsi  constitué,  la  placentation  peut  être  dite  accile.  C'est  l'alliance 
des  Elylranthales. 

Cette  division  de  l'ordre  des  Loranthinées  en  quatre  alliances,  d'après  la 
structure  du  pistil,  est  résumée  dans  le  Tableau  suivant  : 

<   polycarpelle  j  fermés.  Piacenlalion  axile Elytrnnthales. 

\  et  f 

...    ..   .  ,,,  ^' 6.     "^'"  5"="*^  l  ouverts.  Placentation     .      ...  ,  .,    1 

Pistil  «naucell«  1    a  carpelles    j  (  basiJaire.  .      Loraiilhale»- 

monocarpelle  à  carpelle  ouvert Balanophorales. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  1717 

Comment  chacune  des  quatre  alliances  ainsi  définies  se  décompose-t-elle 
en  familles?  C'est  ce  qui  reste  à  examiner,  en  suivant  la  marche  ascendante 
de  la  complication  du  pistil. 

L'alliance  où  le  pistil  est  le  plus  simple,  celle  des  Balanophoral'es,  ne 
comprend,  comme  on  sait,  que  deux  familles  r  les  Balanophoracées ,  où  la 
fleur  femelle  est  dépourvue  de  périanthe,  avec  un  prothalle  femelle  recourbé 
en  U  et  basigame,  et  les  Langsdorfiacées,  où  la  fleur  femelle  a  un  périanthe 
simple,  concrescent  au  pistil  jusqu'à  la  base  du  style,  avec  un  prothalte 
femelle  droit  et  acrogame  ('). 

Dans  l'alliance  des  Loranthales,  les  fleurs  sont  parfois  unisexuées  et 
monopérianthées.  Si  alors,  dans  la  fleur  mâle,  les  anthères  sont  concres- 
centes  aux  sépales  et  pourvues  d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  et  indé- 
terminé de  sacs  poUiniques  arrondis  et  poricides,  c'est  la  famille  des 
Viscacées.  Si  les  anthères  sont  libres  et  munies  seulement  de  quatre  sacs 
polliniques  s'ouvrant  en  long,  c'est  la  famille  des  Erémolépùlacées .  Le  plus 
souvent  les  fleurs  sont  hermaphrodites  et  dipérianthées,  avec  un  calice 
toujours  gamosépale.  Si  alors  la  corolle  est  dialypétale,  c'est  la  famille 
des  Lornnthacées,  d'où  l'alliance  tire  son  nom.  Si  elle  est  gamopétale,  c'est 
la  famille  des  Dendrophthoacées.  Cette  seconde  alliance  se  trouve  ainsi  com- 
posée de  quatre  familles. 

Chez  les  Nuytsiales,  tantôt  les  fleurs  sont  unisexuées  et  monopérianthées. 
Si  alors  la  fleur  femelle  est  dépourvue  de  périanthe  et  si,  dans  la  colonne 
placentaire,  les  prothalles  femelles  sont  terminaux,  droits  et  acrogames, 
c'est  la  famille  des  Hélosacées,  qui  diffère  encore  de  toutes  les  autres  par  son 
parasitisme  sur  racines  et  par  l'absence  de  chlorophylle.  Si  la  fleur  femelle 
possède  un  périanthe  et  si  dans  le  placente  central  les  prothalles  femelles 
sont  latéraux,  recourbés  vers  le  hauletbasigames,  c'estla  familledes  /iazoïi- 
movskiacécs.  Tantôt  les  fleurs  sont  bisexuées  et  dipérianthées  avec  calice 
gamosépale  et  corolle  dialypétale,  c'est  la  famille  des  Nuylsiacées,  d'où 
l'alliance  tire  son  nom.  Cette  troisième  alliance  comprend  de  la  sorte  trois 
familles. 

Chez  les  Elytranlhales,  les  fleurs  sont  parfois  unisexuées  et  monopé- 
rianthées; en  même  temps,  le  prothalle  femelle  né  dans  le  saillant  de  l'angle 
interne   de  chaque  logette  y  descend   d'abord,  puis  s'incurve  en   dehors 


(')  Ph.  v\n  TiEGHEM,  Sur  les  liiovulées.  V"  Farlie  :  Ordre  des  Loranthinées. 
Alliance  des  Balaiiophorales  (Ann.  des  Sciences  nat.,  9''  série  :  liot.,  t.  VI,  1907, 
p.  i4o). 


1718  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

SOUS  la  logetle  et  remonte  sur  sa  face  opposée  à  la  rencontre  du  tube  poUi- 
nique,  de  sorte  qu'il  y  a  basigamie  :  c'est  la  famille  des  Ginallacées .  Le  plus 
souvent,  les  fleurs  sont  bisexuées  et  dipérianlhées;  en  même  temps,  le  pro- 
thalle femelle  né  à  la  base  du  saillant  de  l'angle  interne  de  chaque  logette 
s'allonge  vers  le  haut  en  demeurant  inclus  dans  le  saillant,  de  manière  qu'il 
y  a  encore  basigamie.  Si  alors  la  corolle  est  dialypétale,  lorsque  le  fruit  est, 
comme  d'ordinaire,  une  baie,  c'est  la  famille  des  Treitbainacëes ;  lorsque  le 
fruit  est,  par  exception,  une  drupe,  c'est  la  famille  des  (kiindenclracèes.  Si 
la  corolle  est  gamopétale,  lorsque  l'inflorescence  est  nue,  comme  d'ordi- 
naire, c'est  la  famille  des  Elylrantliacées^  qui  a  donné  son  nom  à  l'alliance; 
lorsque  l'inflorescence  est,  par  exception,  enveloppée  d'écaillés,  c'est  la 
famille  des' Lépidariacees,  qui  occupe  le  sommet  de  la  série.  Cette  quatrième 
alliance  se  trouve  ainsi  composée  de  cinq  familles. 

Le  Tableau  suivant  résume  la  composition  de  l'ordre  des  Loranlhinées 
en  quatre  alliances  et  quatorze  familles  : 


axile.  Fleurs 

El,VTRANTHALIÏS. 


bisexuées,  dipérianlhées. 
Corolle 


gamopétale. 
Inflorescence 


enveloppée  :  Lépidariacees. 
nue  :  Elytianthacées. 


Drupe  :  Gaïadendracées. 
Baie  :  Treiibaniacées. 


U3  "^ 

rï 

centrale.  Fleurs 

Z    0 

Nuvtsiai.es. 

l-H        3 

ce  c 

"S  Cl, 

H  .S 

0. 

Z  - 

a 

<    - 

0 

çC  .2 

—  ■ 

basilaire.  Fleurs 

0  0. 

§- 

J 

LORAMIIALES. 

dialypétale. 

unisexuées,  monopérianlliées Ginallacées. 

bisexuées,  dipérianthées.  Corolle  dialypétale /\' 11  y Is lacées. 

unisexuées,  monopérianlliées.  ( 


Prollialle  femelle 

bisexuées,  dipérianlhées. 
Corolle 

unisexuées,  monopérianlliées. 
Anthères 


monocarpelle,  à  carpelle  ouvert.   Prollialle  femelle 
Bai.anopborai.es. 


droit  el  acrogame  :  Hélosacées. 
courbe   et  basigame  :   Razoumovskiacées. 

gamopétale  :  Dendrophthoacées. 
dialypétale  :  Loranlliacées. 

libres,  lélralhèques  :  E rémolépidacées. 
concrescenles,  polythèques  :   Viscacées. 


droit  et  acrogame  .  . 
courbe  el  basigame. 


Laiigsdorfiacées. 
lialanoplioracées. 


2.  Antlwbolinées .  —  Défini,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  par  la  présence 
d'un  nucelle  inséré  directement  sur  le  carpelle,  sans  interposition  d'un 
ovule,  l'ordre  des  Anthobolinées  se  trouve  pour  le  moment  tijès  réduit,  ne 
comprenant  encore  qu'une  seule  petite  famille,  celle  des  Anthobolacées.  La 
fleur  y  est  bisexuée  et  monopérianlhée.  Le  pistil  y  est  supère,  formé  de  plu- 
sieurs carpelles  ouverts,  dont  un  seul  porte  sur  sa  base  un  nucelle,  dressé 
dans  la  loge  unique  de  l'ovaire. 


SÉANCE  DU  27  JUIN  19IO.  17IÇ) 

En  somme,  la  sous-classe  des  Inovulées  comprend  aujourd'hui  quinze 
familles,  réparties  très  inégalement  en  deux  ordres,  les  Loranthinées  avec 
quatorze  familles,  les  Anthobolinées  avec  une  seule. 

5.  Essais  antérieurs  de  classijication  des  Inova/ées.  —  Depuis  que  Fexis- 
tence  en  a  été  établie,  le  groupe  des  Inovulées  a  fait  l'objet  de  plusieurs 
essais  de  classification,  qu'il  paraît  utile  de  rappeler  ici  pour  en  marquer  Iqs 
progrès. 

D'abord,  en  1897,  présentant  à  l'Académie  un  court  résumé  de  l'en- 
semble de  mes  recherches  sur  les  Endoprothallées  ou  Phanérogames  qui, 
étant  dépourvues  de  graines,  forment  le  groupe  des  Inséminées,  j'ai 
montré  qu'il  y  en  a  de  deux  sortes.  Les  unes  n'ont  pas  de  graines 
parce  qu'elles  n'ont  pas  d'ovules,  ce  sont  les  Inovulées  ;  les  autres  parce  que 
les  ovules  y  sont  transitoires,  ce  sont  les  Transovulées  (').  Limitant  alors 
moins  strictement  qu'aujourd'hui  la  définition  de  l'ovule,  je  concédais  ce 
nom  à  la  protubérance  invasculaire  et  nue  qui,  chez  les  Anthobolacées,  est 
insérée  directement  sur  la  base  du  carpelle  et  qui  n'est  en  réalité  qu'un 
simple  nucelle;  en  conséquence,  je  rattachais  ces  plantes  au  groupe  des 
Transovulées.  Dès  lors,  les  Inovulées,  étant  toutes  privées  de  nucelle,  ne 
formaient  qu'un  seul  ordre.  D'après  l'organisation  générale  de  la  fieur,  cet 
ordre  était  alors  partagé  d'abord  en  deux  alliances  seulement,  les  Viscales, 
à  fleurs  unisexuées  et  monopérianthées,  et  les  Loranthales,  à  fleurs  bisexuées 
et  dipérianthées;  puis,  chacune  d'elles  était  divisée  en  cinq  familles,  d'après 
le  périanthe  et  d'après  le  pistil. 

Peu  de  temps  après,  en  1898,  conservant  encore  les  Anthobolacées  parmi 
les  Transovulées,  on  a  subdivisé  d'abord  l'ordre  des  Inovulées  en  quatre 
alliances  d'après  la  conformation  générale  de  la  fleur  et  d'après  le  périanthe, 
puis  chacune  d'elles  en  familles  d'après  le  pistil;  en  même  temps  le  nombre 
des  familles  était  élevé  de  dix  à  onze  (■). 

Plus  tard,  en  1901,  après  avoir  reporté  les  Anthobolacées  parmi  les 
Inovulées,  il  a  fallu  faire  de  ce  groupe  une  sous-classe  et  y  distinguer  deux 
ordres,  les  Inovulées  innucellées,  qui  sont  toutes  les  Inovulées  de  1897,  et 

(')  I'h.  van  TiKGHEM,  Sur  les  Phanérogames  sans  graines  formant  le  groupe  des 
Inséminées  {Comptes  rendus,  l.  CXXIV.  22  mars  1897,  p.  Sgo)  et  Sur  les  Insémi- 
nées sans  ovules  formant  la  subdivision  des  Inovulées  ou  Loranthinées  {Ibid., 
29  mars  1897,  p.  655). 

(^)  Ph.  van  Tieghem,  Éléments  de  liotanique,  V"  édition,  t.  II,  1898.  p.  267  el  suiv. 


1720  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  Inovulées  nucellées,  qui  ont  pour  type  les  Anthobolacées  (  ').  En  même 
temps,  dans  le  pistil  à  colonne  lihre,  on  était  conduit  à  considérer  la  colonne, 
parce  qu'elle  est  invasculaire,  non  plus  comme  un  placente  central,  mais 
comme  résultant  de  la  concrescence  totale  d'autant  de  nucelles  basilaires 
que  le  pistil  a  de  carpelles  et,  dès  lors,  on  devait  ranger  les  familles  où  le 
pistil  possède  une  telle  colonne  à  côté  des  Anthobolacées  dans  l'ordre  des 
Inovulées  nucellées;  il  comprenait  ainsi  cinq  familles,  tandis  que  l'ordre 
des  Inovulées  nucellées  était  réduit  à  sept.  Ce  nouvel  arrangement  a  été 
conservé  d'abord  en  1906  (  -  ),  puis  en  1907  (').  Aujourd'hui,  revenant,  au 
sujet  de  la  colonne  libre  du  pistil,  à  la  manière  de  voir  de  1897,  la  regardant 
de  nouveau,  malgré  l'absence  de  tout  système  vasculaire,  comme  placentaire 
et  non  plus  comme  nucellaire,  on  replace,  en  conséquence,  les  familles  qui 
possèdent  cette  colonne  dans  l'ordre  des  Inovulées  nucellées.  En  outre, 
puisque  les  quatre  alliances  qui  constituent  aujourd'hui  l'ordre  des  Lorau- 
ihinées  sont  définies  exclusivement,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  par  la 
structure  du  pistil,  les  familles  à  placenlation  centrale  ainsi  déplacées 
doivent  y  former  une  alliance  distincte,  celle  des  iXuytsiales.  Toutefois,  si 
l'on  considère  que,  chez  les  Ginallacées,  la  colonne  centrale  n'est  pas  libre 
tout  autour,  mais  bien  concrescente  à  la  paroi  externe  en  deux  places 
opposées,  de  manière  à  fermer  les  deux  carpelles  et  à  rendre  l'ovaire  bilo- 
culaire  avec  placentation  axile,  on  est  conduit  à  classer  désormais  cette 
famille,  non  plus  dans  l'alliance  des  INuytsiales,  mais  dans  celle  des  Elytran- 
thales,  comme  il  a  été  fait  plus  haut. 

Ensemble,  par  suite  de  l'addition  de  trois  familles  nouvelles,  les  Langs- 
dorfiacées  chez  les  Balanophorales,  les  Erémolépidacées  chez  les  Loran- 
thales  et  les  Lépidariacées  chez  les  Elytranthales,  ces  quatre  alliances 
comprennent  maintenant  quatorze  familles.  C'est,  comme  on  voit,  par  une 
série  de  retouches  successives  et  de  remaniements,  que  l'on  est  parvenu  à 
donner  à  la  vaste  et  difficile  sous-classe  des  Inovulées  sa  constitution 
actuelle,  qui  paraît  devoir  être  définitive,  aussi  longtemps  du  moins  quede 
nouveaux  matériaux  ne  seront  pas  venus,  du  côté  des  Anthobolinées 
notamment,  en  élargir  le  cadre. 


(')  IJ  œuf  des  plantes  comme  base  de  leur  classification  {Ann.  des  Sciences  /lat., 
8'  série  :  Bol.,  t.  XIV,  1901.  p.  3/8). 

(')  Éléments  de  Botanique,  4°  édilion,  l.  II.  1906,  p.  343. 
■(*)  Sur  les  Inovulées  {Ann.  des  Sciences  naC,  9"  série  :  Bol.,  t.  M,  1907,  p.  i32). 


SÉAKCE   DU   27    JUIN    19IO.  1721 

PHILOSOPHIE  NATURELLE.  —  Si/r  la  conservcUion  des  masses  vraies,  dans 
divers  phénomènes,  principalement  lumineux,  où  apparaissent  des  masses 
fictives  variables.  Note  de  M.  J.  Boussinesq. 

I.  Mais  arrivons  (  '  )  à  une  catégorie,  non  moins  importante  peut-être,  de 
phénomènes,  où  une  évaluation  approcliée  de  la  partie  la  plus  gênante  des 
actions  en  jeu  revient  à  ■dccrolln;  /ictivement  la  masse  des  poinls principaux-, 
de  ceux  dont  les  coordonnées  ligurent  dans  les  calculs;  en  sorte  que,  si  les 
actions  ainsi  éliminées,  ou  les  particules  d'où  elles  émanent,  passent 
inaperçues,  l'observation  semblera  indiquer,  pour  ces  points  principaux, 
des  masses  plus  fortes  que  les  vraies,  et  variables  suivant  les  cas. 

lî.  Le  plus  simple  est  le  mouvement  transversal,  ou  même  longitudinal, 
d'une  corde  élastique,  autour  de  laquelle  on  aurait  préalablement  enroulé, 
sans  le  tendre  notablement,  un  fil  très  lourd,  d'une  masse  comparable  à  la 
sienne  par  unité  de  longueur  de  la  corde.  Alors  la  partie  de  cette  masse 
supplémentaire  qui  revêt  un  élément  de  longueur  (ou  tronçon)  de  la  corde 
élastique,  prend  sans  cesse,  durant  le  mouvement  vibratoire,  l'accélération 
même  de  cet  élément  (à  des  écarts  négligeables  près);  et,  d'autre  part,  la 
force  qui  la  meut,  produit  de  sa  niasse  par  l'accélération  dont  il  s'agit, 
représente,  à  très  peu  près  exclusivement  (en  raison  de  la  non-tension  du 
lil),  l'action  du  même  élément  sur  elle,  égale  et  contraire  à  la  réaction  qu'elle 
exerce  sur  lui.  Donc  la  présence  du  Cl  enroulé  ajoute  aux  forces  mouvant 
l'êlémenlde  la  corde  une  action  égale  et  contraire  au  produit  de  la  masse 
du  lil  par  son  accélération  (pareille  à  celle  de  l'élément  même),  expression 
qui,  changée  de  membi-e  dans  les  équations  du  mouvement  de  la  corde 
élastique,  accroîtra  fictivement  le  terme  force  motrice  de  celle-ci  dans  le 
rapport  de  la  masse  du  fil  à  la  sienne  propre,  ou  reviendra  à  raisonner 
comme  si  le  fil  n'existait  pas,  mais  avait  incorporé  purement  et  simplement 
sa  masse  à  celle  de  la  corde,  sans  en  changer  l'élasticité. 

III.  L'accroissement  fictif  de  niasse  se  produit  encore,  mais  moins  sim- 
plement, dans  le  problème  des  petites  oscillations  d'un  pendule  court,  ou  à 
période  très  brève,  au  sein  d'un  fluide  en  repos,  cas  où  s'évanouit  presque, 
eu  égard  à  la  petitesse  excessive  des  vitesses,  la  partie  de  la  résistance 
dépendant  de  ces  dernières,  tandis  que  les  accélérations  y  sont  sensibles  et 

(  '  I   Voir  le  numéro  précédent  des  Comptes  rendus,  p.  lô-ig. 


1722  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

produisent  sur  le  pendule,  par  le  rapide  changement  de  l'étal  de  mouve- 
ment du  fluide  voisin,  une  réaction  (découverte  par  du  Buat)  qui  leur  est 
sans  cesse  proportionnelle  et  de  sens  contraire.  Seulement,  les  couches  du 
fluide  ambiant  ne  prenant  ici  qu'une  fraction  du  mouvement  du  pendule 
décroissante  avec  leur  proximité,  tout  se  passe  comme  si  la  composante 
tangentielle  du  poids  apparent  du  pendule  dans  le  fluide  avait  à  mouvoir 
avec  le  pendule  même,  el  autant  que  lui,  une  proue  et  une  poupe /luù/es  doul 
le  volume  total  a  un  certain  rapport  à  son  propre  volume  {un  demi,  par 
exemple,  quand  le  pendule  est  sphérique),  rapport  d'ailleurs  variable  avec 
la  forme  du  pendule  et  aussi,  quand  le  pendule  n'est  pas  de  révolution 
autour  de  son  axe  vertical,  avec  la  direction  ou  l'azimut  des  oscillations. 

La  masse  du  pendule  ne  s'accroît  donc  ici,  fictivement,  que  d'une  frac- 
tion, déterminée  dans  chacjue  cas  et  généralement  inégale  suivant  les  divers 
sens,  de  celle  du  fluide  qu'il  ébranle  par  ses  mouvements  alternatifs  ('). 

IV.  Le  précédent  phénomène  de  résistance  d'un  fluide  indéfini,  à  la 
translation  relative  d'un  solide  immergé  à  son  intérieur,  reslerail  évidem- 
ment le  même  si^  c'était,  au  contraire,  le  fluide  qui,  autour  du  solide 
d'abord  en  repos,  oscillât  d'un  mouvement  commun  (sauf  au  voisinage  du 
solide  ([ue  le  fluide  doit  contourner).  Or  ce  phénomène,  sous  la  nouvelle 
forme  ainsi  considérée,  ofl"re  le  précieux  avantage  de  servir  très  exactement 
de  type  à  l'impulsion  que  l'éther  impondérable,  vibrant  lumineusement, 
dans  un  corps,  par  ondes  de  très  grande  longueur  comparativement  aux 
intervalles  moléculaires,  exerce  sur  chaque  molécule  du  corps,  que   tout 

(  '  )  J'ai  ùludié  liés  complètement  cet  intéressant  ptiénoméne,  pour  de  petites  Irans- 
lalions  quelconques  (  pendulaires  ou  autres)  d'un  solide  au  sein  d'un  fluide  indétini, 
dans  un  Mémoire  que  contient  le  Tome  II  (p.  199  à  264)  de  mon  Cours  de  Pliysii/tic 
inatliéinalique  de  la  Faculté  des  Sciences.  Les  frottements  intérieurs  du  fluide  ajou- 
lenl,  il  est  vrai,  à  cette  partie  de  la  résistance  qui  est  proportionnelle  à  l'accélération, 
un  terme  en  raison  directe  de  la  racine  carrée  de  la  période  d'oscillation;  et  ils  intro- 
duisent, en  outre,  une  partie  proportionnelle  à  la  vitesse,  comprenant  elle-même  un 
terme  inverse  de  la  racine  carrée  de  la  période;  mais  ces  termes  et  la  deuxième  partie 
tout  entière  s'évanouissent,  comparativement,  quand  la  période  devient  assez  brève. 

Lorsque  le  mouvement,  supposé  toujours  lent,  du  solide  au  sein  du  fluide,  consiste 
en  une  translation  non  périodi(iue,  mais  quelconque,  la  partie  de  la  résistance  due  au 
frottement  intérieur  dépend,  d'une  manière  très  curieuse,  non  seulement  de  la  vitesse 
actuelle,  mais  aussi  de  tous  les  changements,  antérieurs,  (|ui  l'ont  amenée  peu  à  peu  à 
sa  valeur  présente,  et  dont  l'influence  ne  s'atténue  ([iiiuversement  à  la  racine  carrée 
«le  leur  ancienneté.  C'est  ce  que  j'avais  reconnu  déjà  vers  le  commencement  de  i885 
{Com/>tes  rendus,  t.  C,  6  avril  iS85,  p.  935). 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  1723 

fait  supposer  relativement  très  éloipjnée  de  ses  voisines  et  assez  bien  assimi- 
lable à  un  solide  unique,  noyé  de  la  sorte  au  sein  d'un  fluide  indéfini  qu'ani- 
merait un  mouvement  oscillatoire  commun. 

Même  la  partie  de  la  résistance  qui  se  trouve  proportionnelle  à  la  vitesse 
explique,  avec  une  étonnante  précision,  les  circonstances  que  présente 
l'absorption  de  la  lumière  par  les  cristauv  translucides  et  par  les  métaux 
opaques  ('  ). 

Y.  Mais,  dans  la  plupart  des  corps,  eu  ég^ard  à  l'excessive  brièveté  des 
périodes  vibratoires,  qui  annihile  le  rôle  des  vitesses,  la  seule  partie  notable 
de  la  résistance  opposée  par  les  molécules  pondérables  au  mouvement 
lumineux  est,  du  moins  à  une  première  approximation,  celle  qu'on  peut 
supposer  proportionnelle  à  l'accélération  et  sensiblement  indépendante  de 
la  période.  (_)r,  la  poussière  atomique  qu'est  rélher  a  si  peu  de  densité,  par 
rapport  aux  corps  et  surtout  par  ra[)|)ort  à  leurs  molécules,  disséminées  (.-à 
ellà  dans  son  intérieur,  (jue  ces  molécules  prennent,  dans  les  phénomènes 
lumineux,  une  fraction  notable  des  quantités  de  mouvement  sans,  pour  ainsi 
dire,  remuer;  de  sorte  que  l'accélération  relative  de  l'ensemble  de  l'éther 
ambiant  par  rapport  à  elles  [)eut  être  confondue  avec  son  accélération 
absolue  tout  entière. 

La  perturbation  du  mouvement  de  l'élher,  causée  par  chaque  molécule 
pondérable  dans  le  voisinage  immédiat  de  celle-ci,  é(juivaut  donc,  sur 
l'ensemble  de  celéther  ambiant  et,  d'abord,  quand  la  molécule  est  sphérique 
ou  isotrope^  a  une  réaction  exprimée  par  le  produit  d'une  masse  proportion- 
nelle au  volume  de  la  molécule  et  de  l'accélération  générale  de  cet  éther 
ambiant,  réaction  de  sens  d'ailleurs  opposé  à  la  même  accélération.  Et 
lorsque,  au  contraire,  la  molécule  est  hélérotrope  ou  non  sphérique,  elle 
admet  toujours  trois  directions  rectangulaires,  suivant  chacune  desquelles 
la  réaction  équivaut  encore,  à  part  le  signe,  au  produit  d'une  masse  propor- 
tionnelle au  volume  de  la  molécule  par  l'accélération  de  même  sens  de 
l'ensemble  de  l'éther,  mais  avec  trois  coefficients  de  proportionnalité  diffé- 


(  '  )  Voir,  par  exemple,  le  Tome  II  ile  m;i  Théorie  analytique  de  la  chaleur,  mise  en 
harmonie  atec  la  Thermodynamir/iie  et  acec  la  théorie  mécanique  de  la  lumière 
(p.  371  5  38o,  !\Si  à  493,  .^^83  à  587,  600  :i  623)  et,  dans  le  Bulletin  des  Sciences 
mathématiques  (2"  s,ér\e,  l.  XXIX,  mai  igoS),  mon  Mémoire  Sur  l'e.ristence  d'un 
ellipsoïde  d'absorption  dans  tout  cristal  translucide,  même  sans  plan  de  symétrie 
ni  axe  principal.,  et  sur  la  construction  des  rayons  lumineux  dans  les  milieux 
opaques. 

C.  11.,  ly.o,  1"  Seineslrc.   {T.   150,  N°  26.)  225 


1724  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

renls,  vu  la  iiou-parilé  de  forme  de  la  molécule  par  ra[)|)orl  aux  trois  axes. 
On  peut  donc  raisonner  comme  si  la  perturbation  locale  due  à  la  molécule 
n'existait  pas,  mais  que  l'éther  ambiant  eût  éprouvé,  dans  les  trois  équations 
de  mouvement  relatives  aux  axes  principaux  considérés,  trois  accroissements 
de  masse  bien  définis. 

VI.  En  superposant  toutes  les  réactions  analogues,  exercées  sur  un 
élément  de  volume  d'éther  par  les  molécules  qui  s'y  trouvent  immergées, 
on  forme  des  équations  de  mouvement  pareilles  à  celles  qui  auraient  régi 
cet  élher  sans  la  présence  des  molécules  pondérables,  si,  gardant  en  tous 
sens  l'élasticité  de  l'éther  libre  isotrope,  il  avait  eu  sa  densité  accrue, 
suivant  trois  certains  axes  de  symétrie  de  résistance  relatifs  à  l'ensemble, 
de  trois  petites  fractions  délenninées  des  densités  partielles  aflërentes  à 
chaque  espèce  de  molécules  du  corps. 

Ainsi  s'explique  naturellement  l'hypothèse  de  Fresnel,  attribuant  à 
l'éther  de  tout  corps  isotrope  même  élasticité  qu'à  l'éther  libre,  mais  une 
densité  plus  grande.  Fresnel  parait  avoir  parfois  pressenti  que  cette  suppo- 
sition d'une  densité  plus  grande  revenait  à  tenir  compte  de  la  participation 
de  la  matière  pondérable  au  mouvement  vibratoire,  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  de  ses  résistances  à^inerlie^  alternativement  positives  et  négatives. 

Si  ces  pressentiments  étaient  devenus  plus  nets  dans  son  esprit,  il  n'aurait 
pas  eu  besoin  de  chercher  d'autres  bases,  contradictoires  à  celles-là  et 
reconnues  depuis  longtemps  inadmissibles,  pour  expliquer  la  biréfringence. 
Cardes  accroissements  purement  fictifs  de  masse  pouvant  être  dillérenls, 
dans  les  trois  équations  de  mouvement,  quand  les  molécules  ont  des  formes 
inégalement  résistantes  suivant  les  divers  sens,  il  aurait  admis  pour  l'éther 
des  cristaux  trois  densités  distinctes  :  ce  qui  contiuisait  justement  aux  véri- 
tables et  définitives  équations  de  la  biréfrigence,  acceptées  aujourd'hui  par 
tout  le  monde. 

Mais,  faute  d'une  vue  assez  précise  de  la  nature  fictive  des  densités  parais- 
sant manifestées  ainsi  par  l'éther  dans  les  divers  corps,  son  bon  sens  n'a  pu 
(juc  reculer  devant  l'absurdité  d'attribuer  plusieurs  masses  distinctes  à  une 
seule  et  même  matière. 

VU.  Le  mouvement  vibratoire  lumineux  dans  les  corps  transparents 
semble  donc,  quand  on  y  oublie  le  rôle  de  la  matière  pondérable,  mettre  en 
défaut,  de  plusieurs  manières,  le  principe  de  la  constance  de  la  masse, 
savoir,  en  y  accroissant  dans  des  rapports  notables  la  densité  apparente  de 
l'éther,  et  en  l'accroissant  inégalement,  chez  les  cristaux  biréfringents,  pour 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  I']l5 

les  mouvements  efîeclués  suivant  les  divers  axes  dits  (  à  tort  )  cV élasticité.  Il  est 
vraisemblable  même  que  cette  densité  apparente  dépendrait  en  outre  de  la 
vitesse  actuelle  de  l'éther,  si  la  petitesse  supposée  des  déplacements  ne  per- 
mettait pas  de  réduire  les  équations  à  la  forme  linéaire,  par  la  suppression 
des  carrés  et  des  produits  de  ces  déplacements  ou  de  leurs  dérivées. 

H  me  reste  à  parler  d'un  phénomène  où,  les  vitesses  à  considérer  deve- 
nant énormes,  les  masses  fictives  qui  se  joignent  à  la  masse  vraie  pour 
exprimer  des  actions  oubliées  croissent,  en  effet,  très  vite  avec  la  vitesse. 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Action   de  la  chaleur  rouge  sur  la  for/naldéhyde. 
Note  de  M.  Au.maxd  Gautieh. 

Ayant  remarqué  que  lors  de  la  réduction  de  l'oxyde  de  carlione  par 
l'hydrogène  au  rouge,  il  apparaît  une  trace  de  formaldéhydc  ('),  j'ai  pensé 
que  ce  corps  pouvait  disparaître  peut-être  en  partie  aux  températures 
élevées,  en  cédant  son  oxygène  aux  réducteurs  et  donner  ainsi  des  polymères 
de  CH-. 

J'ai  donc  fait  passer  directement  de  la  vapeur  de  formol  dans  un  lulie  de 
porcelaine  porté  à  800".  Cette  vapeur  était  obtenue  en  chauffant  direc- 
tement du  trioxyméthylène  sec  et  pur  à  i8o''-20o''  et  entraînant  la  vapeur 
de  formol  ainsi  produite  par  un  lent  courant  d'hydrogène.  12  grammes  de 
trioxyméthylène,  chauffés  dans  un  tube  de  verre  sur  une  petite  grille, 
n'ont  laissé  qu'un  résidu  légèrement  goudronneux  insignifiant.  Après 
passage  au  rouge  à  travers  le  tube  de  porcelaine,  les  vapeurs  étaient 
condensées  dans  un  flacon  entouré  de  glace  et  de  sel  et  les  gaz  recueillis. 
Il  ne  s'est  fait  ainsi  aucun  hydrocarbure  condensable;  une  partie  du  formol 
passe  sans  se  décomposer  et  se  retransforme  ensuite  lentement  en  trioxy- 
méthylène dont  on  n'a  pu  retirer  aucun  hydrocarbure  par  l'éther  ou 
l'alcool.  On  a  recueilli  7  litres  environ  d'un  gaz  composé  pour  lou  parties 
de  : 

GO /i4,o3{^) 

H 55,63 

CH* 0,34 

GO' traces  (^) 

(')   Comptes  rendus,  I.  150,  p.  1067  et  iô68. 

(-)  On  avait  enlevé  la  totalité  de  GO  par  le  Gu'-CI-  d'abord,  puis  par  passage 
sur  PO'  à  100°. 

(^)   Il  est  intéressant  de  rappeler  que  MM.  D.  Berthelot  et  H.  Gaudechon   viennent 


l'Jo.G  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

En  tenant  compte  de  G3o""'  d'hydrogène  ayant  servi  à  entraîner  les 
vapeurs  de  formol,  le  produit  de  sa  décomposition  au  rouge  est  donc  formé 
pour  loo  volumes  de 

CO 48, 3ï 

II 5o,55 

CH' 0,37 

il  ne  reste  ni  charbon  ni  goudron  dans  le  tube  de  porcelaine;  à  peine,  à 
l'entrée,  une  coloration  brune  légère. 

La  décomposition  du  formol  au  rouge  (Goo°  à  700")  se  fait  donc  très 
sensil)lement  suivant  l'é(|uation 

CH^o~co+Il^ 


J'ai  pensé  que  peut-être  un  réducteur  plus  énergique,  et  [)articulièrement 
le  fer  qui  joue  un  si  grand  rôle  dans  les  phénomènes  géologiques,  pourrait 
au  rouge  enlever  l'oxygène  au  formol  et  donner  ainsi  naissance  aux 
pétrolènes  d'après  une  réaction  telle  que  la  suivante  : 

3CHUJ -i- 3  Fe  —  3  Fe  O  +  G' H". 

L'expérience  n'a  pas  confirmé  cette  hypothèse  :  1  ?>'  de  Irioxyméthylène 
dépolymérisé  à  180",  dont  on  entraînait  les  vapeurs  par  un  lent  courant 
d'hydrogène  à  travers  un  long  faisceau  serré  de  fds  de  clavecin  portés  à  GSo", 
ont  donné  seulement  un  mélange  de  CO  et  H-  presque  à  volumes  égaux 
accompagnés  de  o,H  pour  100  de  méthane.  Il  ne  se  produit  encore  ici  aucun 
gaz  absorbable  par  le  brome,  ni  aucun  hydiocaibure  condensaltle  à  froid. 


ELECTIOIVS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  l'élection  d'un  Associé 
étranger,  en  remplacement  de  M.  Alexandre  Agassi:-,  décédé. 

de  montrer  que,  par  l'action  des  rayons  ultraviolets  et  par  la  lampe  à  vapeur  de 
mercure,  l'aldéhyde  formiqiie  se  décompose  également  en  owde  de  carbone'  et  hydro- 
gène avec  un  peu  de  méthane  et  d'acide  carbonique  (Comptes  rendus,  t.  130,  p.  109?.). 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  17^7 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  40, 

Sir  William  Ranisay  oldient  ....      3^  sulTrages 
M.  llay  Lankester  »        ....        3  » 

Sir  VVii.UAM  Ramsay,  ayant  obtenu  la  majorité  des  suH'rages,  est  proclamé 
élu.  Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  M.  le  Président  de  la 
1  république. 

MÉMOIRES  LUS. 

SISMOLOGIE.    —    Sur    un    fioi/i'eaii  type    de    sismo^ra/i/ie 
pour  la  composante  verticale^  par  M.  R.  Gamt/.ixe. 

L'étude  de  la  composante  verticale  des  mouvements  sismiques  du  sol  est 
de  la  plus  baute  importance  pour  la  Sismologie  moderne  de  précision.  En 
effet,  en  combinant  cette  composante  avec  les  valeurs  absolues  des  dépla- 
cements borizonlaux  du  sol,  mesurés  au  moyen  de  pendules  appropriés,  on 
peut  parvenir  à  déterminer  l'angle  d'émergence  des  rayons  sismiques,  et 
par  là  contribuer  à  élucider  la  question  du  trajet  des  rayons  sismiques  à 
l'intérieur  du  globe  terrestre,  c'est-à-dire  jeter  ainsi  de  la  lumière  sur  la 
distribution  de  ses  différentes  couches  internes.  Malheureusement  jus(pi'à 
présent  il  y  a  fort  peu  de  stations  sismiques  munies  de  sismographes  pour 
l'étude  de  la  composante  verticale.  Pour  cette  raison  j'ai  construit  récem- 
ment un  nouvel  appareil  de  ce  genre,  auquel  j'ai  apphqué  les  mêmes  prin- 
cipes qu'à  mes  pendules  horizontaux,  savoir  l'apériodicité  complète  du 
mouvement  propre  de  l'appareil  au  moyen  d'un  fort  amortissement  magné- 
tique et  l'enregistrement  galvanométrique  :  celui-ci  comporte  non  seulement 
une  très  haute  sensibilité  et  renregistremcnt  à  distance,  mais  rend  com- 
plètement inutile  tout  appareil  de  compensation  pour  la  température,  vu 
(pi'au  moyen  de  la  méthode  galvanométrique  on  enregistre  non  les  dépla- 
cements de  l'appareil  sous  rinducncedii  mouvement  du  sol,  mais  les  vitesses 
correspondantes. 

La  ligure  i  représente  un  dessin  schémati(pie  et  la  ligure  2  une  repro- 
duction photographique  de  l'appareil  en  question. 

Un  double  cadre  OBIv,  portant  une  masse  cjlindiique  M  d'environ  l'^'f,  est  mobile 
autour  d'un  axe  horizontal  O,  constitué  par  de  petits  ressorts  plats  en  acier'.  Le 
levier  OK  est  retenu  dans  une  position  horizontale  au  moyen  d'un  fort  ressort  spiral  AB 
en  acier.  Les  deux  points  fixes  A  et  O  sont  reliés  au  support  de  l'appareil  AlJLF.  Le 


1728  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

réglage  ex.acl  de  l'appareil  se  fait  au  moyen  d'un  petit  poids  mobile  non  marqué  sur  la 

Fig.  I. 
D  -.A 


figure.  I  est   un  petit  cadre  contenant  les  bobines  d'induction  pour  l'enregistrement 

Fie.  1. 


galvanoniélrique  el  R  une  plaque  en  cuivre  pour  l'amorlissemenl   magnétique.   I  el  K 
se  trouvent  entre  les  pôles  de  forts  aimants  peimanents. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    IC)IO  1729 

Désignons  par  L  la  lonf^iieur  du  ressort  (environ  37'^'", 5  )  et  par  V  la  force 
de  traction  du  ressort.  P  est  d'environ  57'"^. 

AP 

Le  rapport  [3  =  ^t-  est  une  constante  qui  dépend  des  propriétés  élastiques 

du  ressort. 

Soient  encore  :  T  la  période  propre  d'oscillation  de  l'appareil  (sans  amortissement), 
£    une  constante  qui  dépend   de  la  valeur  de  l'amortissemenl,  ^'  l'accélération  de  la 

pesanteui-,  /  la  longueur  réduite  de  l'aijpareil  1    1,  c'esl-à-diie  la  longueui- d'un 

pendule  vertical  malliématic|ue  correspondant.  En  désignant  les  dislances  OC  et  CB 
par  a  et  /;,  par  9  la  déviation  angulaire  du  système  de  sa  position  d'équilibre,  par  A  le 
nioruent  d'inertie  du  système  par  rapport  à  l'axe  de  rotation,  par  z  le  déplacement  ver- 
tical du  sol  et  en  appliquant  les  principes  de  la  Mécanique,  ou  trouve  facilement  que 
6  doit  satisfaire  à  l'équation  dillérentielle  suivante  : 

(1)  B'+i^O'-h  n'-9  +  j=o, 


(9.)  T=  — 

n 

et 

ru  .       (3    ,       ,C  /«/         /i\ 

(3)  ,-=_„.___^(^,___). 

La  foruuile  (3)  montre  ([n'en  fixant  la  partie  inférieure  du  ressort  AH  au-dessous 
du  levier  OK  et  en  diminuant  a,  on  peut  facilement  allonger  la  période  propre  de 
l'appareil,  ce  qui  oITre  bien  des  avantages. 

J'ai  très  facilement  réalisé  T  :=  i3^. 

Si  l'on  relie  maintenant  ce  sismograjdie  à  un  galvanomètre  apériodique  de  période 

propre  (sans  amorlisseruenl  )  T,  =^ — >  on  tr'ouve  facilement,  pour  l'angle  de  déviation 

"1 
dir  galvanomètre,  cp,  l'équation  suivarrte  : 

(4)  9"-t- 2/(,(p'-t- rtj(p -t- />-5'=o, 

où  /.  est  le  coefficient  de  transformation  qiri  détermine  la  sensibilité  de  l'appareil. 

Supposons  maintenant  une  onde  sismique,  dont  la  composante  verticale  ;,  répon- 
dant à  l'équation 

t 


(5)  =  =  =„,  sin(2  7:^ 

vienne  frapper  notre  sismogr'apire. 


I7^0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Désignons  ])ar  y  ramplilude  du  point  lumineux  sur  le  cylindre  enreglslrenr  par 
rapport  à  sa  ))Osilion  d'équilibre,  et  par  A,  la  dislance  du  miroir  du  gahanonièlre  à  la 
surface  du  cylindre  tournant. 

Posons  encore 


T  T 

T  "        "       ~  ■ 


u=^,  .,=^,  /(")-(TT^y  -  ^='~(jy 


On  trouve  que  la  courbe  décrite  par  le  galvanomètre,  si  le  temps  t  n'est 
pas  trop  ])etit,  a  exactement  la  même  péinode  T,,  que  l'onde  sismiquc  cor- 
respondante, (^uant  à  l'amplitude  maximum _y,„  du  mouvement  galvanomé- 
tri(jue,  elle  est  reliée  à  l'amplitude  cherchée  z,„  du  mouvement  du  sol  par 
l'équation  suivante  : 


(6) 


■ni 


X" 


^(i  +  »;)('  +  "')\/'  — f^VC')^ 


("est  la  formule  fondamentale  qui  permet  de  déterminer  les  valeurs 
absolues  du  mouvement  vertical  du  sol.  Elle  est  identique  à  celle  que  j'ai 
donnée  antérieurement  pour  un  pendule  horizontal.  Les  différentes  con- 
stantes qui  y  entrent  se  laissent  facilement  déterminer  par  l'expérience.  Si 
l'appareil  est  placé  à  la  limite  de  l'apériodicilé,  ^.^  =  o.  Si,  en  outre,  on 
fait  T  =  T, ,  ce  qui  est  avantageux,  on  a 

il)  .„-_(.  +  .-).^. 

L'agrandissement  V  =  ^  dépend,  comme  dans  tous  les  appareils  sismi- 

ques,  de  T^„  mais  pour  ce  sismographe-ci  A  est  parliculièremeut  grand. 
En  effet  on  a 

/,  =  229,  /rzzSjS-^ra.e,  T=:l3\ 

i'ji   prenant  A,   égal  seulement  à   i'",  ou  trouve  pour  V  les   valeurs  sui- 
vantes : 

■I-,.  v. 

'." 190 

2,5 468 

5,0 780 

7,5 8i3 

10,0 760 

'2,5 649 

K),o 53 1 

17,5 425 

20,0 340 


SÉANCE    DU    27    JUIX    1910.  I7J1 

(  )u  voit  ainsi  que  ce  sismographe  comporte  une  très  liante  sensi- 
bilité. 

Pour  vérifier  rap])lication  de  la  formule  (6  ),  jai  placé  ce  sismographe 
sur  une  plate-forme  mobile  qui  pouvait  osciller  verticalement,  et  dont  j'ai 
mesuré  assez  exactement  le  déplacement  vertical  z„,  au  mo^'en  d'un  système 
de  leviers;  -,„  était  toujours  égal  à  o""",  10 1 . 

Or  j'ai  déduit  aussi  la  valeur  de  z.,„  des  courbes  décrites  par  mon  galva- 
nomètre et  j'ai  trouvé  pour  différentes  périodes  T^,  les  valeurs  suivantes  : 

-m  [calculé 
(|-i,,n-cs 
T  .  In  formule  (li)]. 

2,72 • O  ,  I  Oî 

3,o4 O,  102 

3,61 0,101 

3 ,  66 0,101 

5,82.  . o,  io4 

6,24 o,  io5 

10,33 0,111 

1 2, 85 0,110 

1 3 ,  86 0,101 

i4,52 o,  107 

(  )n  voit  que  l'accord  entre  les  valeurs  correspondantes  de  z,„  est  très 
satisfaisant.  Les  écarts  n'ont  jamais  dépassé  cjue  quelques  microns. 

Il  se  présente  un  autre  moyen  de  vérifier  la  théorie  précédente.  La  for- 
mule (3)  donne  la  possibilité  de  déterminer  la  valeur  du  coefficient  jî.  On 
trouve  p  =  33. 10'  C.  G.  S. 

Or  ^  peut  être  déterminé  directement  en  suspendant  le  ressort  librement, 
ajoutant  graduellement  des  poids  et  en  déterminant  l'allongement  corres- 
pondant. On  trouve  alors  [i  =  3i2. 10*  C.  G.  S. 

La  théorie  de  l'appareil  fait  encore  prévoir  qu'il  y  a  toujours  une  diffé- 
rence de  phase  entre  le  maximum  du  mouvement  de  la  plate-forme  et  le 
maximum  de  l'élongation  du  galvanomètre.  Cette  différence  peut  être  cal- 
culée et  observée  directement.  L'écart  entre  ces  deux  valeurs  n'a  jamais 
dépassé  o%4- 

L'ensemble  de  ces  faits  permet  de  supposer  que  ce  genre  de  sismographe 
pour  la  composante  verticale  peut  rendre  des  services  dans  la  sismométrie 
de  jirécision. 

c.  H.,  19.0,  1"  Semestre.  (T.   150,  N«  26.)  226 


1732  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE . 


MM.  Emile  Brumpt,  Wilmam-Wallacb  Campbell  adressent  des 
renierciraciUs  pour  les  distinctions  que  T Académie  a  accordées  à  leurs 
travaux. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
(correspondance,  les  Ouvrages  suivants  : 

l"     K0NINKLI.IK      NEDERLANDSCH      METEOROLOGFSCH      InSTITUT.       Ohsen'CUionS 

océanographiques  et  météorologiques  près  du  cap  Guardafui. 

2°  Lectures  on   t/ie  theory  of  elliptic  functions^    hy    H.vrris    Hancock. 
Volume  1.  Analysis. 

3°  Die  principien  der  Mechanik^  1''  édition  du  Tome  lll  des  OEuv/es  de 
Herz,  éditée  par  M.  Lenard. 


ASTRONOMIE.  —  Sur  l'éclat  de  la  comète  de  Ealley  et  la  composivon 
de  sa  lumière.  Note  de  M.  Charles  Xordmaxx,  présentée  par 
M.  Maurice  Hamy. 


Parmi,  les  mesures  que  j'ai  réalisé'es  sur  le  noyau  de  la  comète  de  Halley, 
au  moyeu  de  mon  photomètre  stellaire  hétérochrome  adapté  au  petit  équa- 
torial  coudé  de  TObservatoire,  celles  des  2^  avril,  iS  mai  et  23  mai  ont  été 
faites  dans  des  conditions  atmosphéri(jues  particulièrement  favorables. 

Les  principaux  résultats  de  ces  observations  qui  ont  été  rapportées  à  des 
étoiles  voisines  de  la  comète  et  convenablement  choisies,  peuvent  se  résu- 
mer ainsi  : 


SÉANCE  DU  27  JUIN  I910.  I73o 

1°  L'éclat  du  noyau  exprimé  en  grandeurs  stellaires  a  été  trouvé  respec- 
tivement éj^al  à  +  (:),S3  le  23  avril,  -1-  5,i4  le  i5  mai,  et  5,77  le  23  mai. 

D'autre  part  l'éclat  global  de  la  tête,  exprimé  de  la  même  façon,  a  été 
respectivement  aux  trois  dates  précédentes  estimé  égal  à  -+-  3  (le  2.5  avril 
par  Pechiile),  à  -t-  i  (le  i5  mai  par  Eddie)  et  à  +  1,9  (le  23  mai  par  moi). 
(  )n  en  déduit  facilement  en  appliquant  la  loi  de  Pogson,  et  en  tenant 
compte  de  ce  que  la  dilTérence  de  grandeur  slellaire  de  la  tète  et  du  noyau 
était  à  ces  trois  dates  égale  à  3,84,  <^  3,83  et  à  ^4,1^,  que  le  noyau  ne 
coiUrihuait  que  pour  un  trente-septième  environ  à  la  lumière  totale  émise 
par  la  tête  de  la  comète. 

1"  En  partant  de  là  et  en  utilisant  les  mesures  faites  par  divers  observa- 
teurs (et  notamment  par  MM.  Luizet  et  (îuillaume),  des  diamètres  appa- 
rents respectifs  du  noyau  et  de  la  chevelure,  on  peut  déterminer  facilement 
le  rapport  de  leurs  éclats  moyens  par  unité  de  surface.  On  trouve  ainsi  que 
vers  le  i5  mai  Y  éclat  intrinsèque  moyen  du  noyau  était  environ  19  fois  plus 
grand  que  celui  de  la  partie  loisible  de  son  atmosphère. 

3°  On  calcule  habituellement  l'éclat  théorique  des  comètes  en  fonction 
de  leurs  distances  r  au  Soleil  et  A  à  la  Terre  en  le  supposant  proportionnel  à 

-7-r->  ce   qui   s'est   trouvé  à  peu  près  vérifié  poar  un  certain  nombre   de 

comètes  antérieures.  Si,  en  parlant  de  la  valeur  de  l'éclat  du  novau  telle 
que  je  l'ai  déterminée  le  25  avril  (  et  en  supposant  à  cette  date  la  valeur 
théorique  égale  à  la  valeur  observée),  on  calcule  ses  valeurs  théoriques  pour 
les  dates  de  mes  observations  ultérieures,  on  trouve  que  les  dilférences 
«  Observation  —  Calcul  »  exprimées  en  grandeursstellairesontpour  valeurs  : 
le  20  avril  0,00;  le  i4  mai  -t-0,59;  le  23  mai  -4-  i,57-  H  s'ensuit  que  Vèclat 
du  noyau  de  la  comète  a,  entre  le  25  avril  et  le  28  mai.,  augmenté  d'une  quan- 
tité beaucoup  moins  grande  que  ne  le  voulait  la  théorie  habituelle. 

'f  Des  mesures  faites  à  travers  les  écrans  colorés  du  photomètre  le  i5  et 
le  23  mai,  il  résulte,  toutes  réductions  faites,  qu'à  ces  deux  dates  les  valeurs 

de  log-jT  (j'ai  défini  cette  quantité  dans  mes  Notes  antérieures)  correspon- 
dant au  noyau  cométaire  étaient  —  o,653  et  —  o,(J8o.  Je  rappelle  que  jai 
trouvé  pour  le  Soleil  log-p  =  —  0,090  (température  effective  =  532o°)  et 

pour  Aldébaran  log-jr  =  —  0,  388  (  température  effective  =  35oo°),  et  que 

l'erreur  probable  sur  ces  résultats  est  de  l'ordre  de  ±0,020.  Il  s'ensuit 
donc  les  conséquences  suivantes  :  la  répartition  de  l'énergie  dans  le  spectre 


1734  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conlinu  du  noyau  de  la  comcto  de  Halley  est,  aux  erreurs  d'expériences 
près,  très  sensiblement  la  même  que  dans  le  spectre  solaire.  Cela  tend  à 
prouver  que  la  lumière  du  noyau  est  presque  exclusivement  sinon  entièrement 
de  la  lumière  solaire  réfléchie. 


ASTRONOMIE.   —    Observations  photographiques  d'une  petite  planète. 
Note  de  M.  Jules  Baillaud,  présentée  par  M.  B.  Baillaud. 

Nous  avons  pu  obtenir  de  la  petite  planète  découverte  sur  un  cliché  de  la 
Carte  du  ciel  du  3  mars  {Comptes  rendus,  t.  150,  p.  672)  5  positions  photo- 
graphiques que  nous  donnons  ci-dessous. 

Si  la  recherclie  photographic[ue  d'une  petite  planète  est  souvent  plus  aisée 
que  la  recherche  visuelle,  par  contre  les  calculs  de  réduction  auxquels  elle 
conduit  sont  iucomparablenient  plus  longs,  et  donnent  à  la  métiiode  photo- 
graphique une  infériorité  notable  sur  Fautre.  On  peut  très  notablement 
réduire  ces  calculs  en  prenant  soin  de  donner  aussi  longtemps  que  possible 
le  même  centre  aux  clichés  successifs  sur  la  planète.  Il  suffit  alors  de  réduire 
complètement  un  seul  cliché  du  groupe;  et  des  formules  tout  à  fait  simples 
et  immédiates  permettent  de  calculer  les  coordonnées  rectangulaires 
qu'auraient  les  images  de  la  planète  si  les  clichés  où  elles  se  trouvent  avaient 
les  mêmes  éléments  que  le  cliché  réduit.  Ayant  ces  coordonnées  et  les  élé- 
ments du  cliché  réduit,  on  calcule  les  coordonnées  polaires  par  les  méthodes 
ordinaires.  Si  le  centre  commun  des  clichés  du  groupe  est  celui  d'un  des 
clichés  du  Catalogue  photographique,  on  n'a  même  plus  d'éléments  à 
calculer,  le  Catalogue  photographique  les  donne. 

Soient  A/>  hi  diflTérence  des  orietUalions  du  cliclié  de  ia  })lanèle  (I)  el  du  cliché 
réduit  (II);  A-r,,  Aji  les  différences  des  coordonnées  des  images  de  la  planète  el 
d'une  étoile  voisine  sur  le  cliché  I;  Ix^.  A/,  les  valeurs  qu'auraient  ces  dilî'érences  si 
I  avait  les  luémes  éléments  ({ue  II;  on  a,  en  supposant  que  la  difTérence  des  échelles 
des  deux  clichés  soit  faible. 


(<) 


Aa-,=  A,r,- AAAr, 
A>-.,  =  Av, +  AAAr, 


On  prendra,  pour  déterminer  l.i ,.  une  étoile  avant  à  peu  près  même  ordonnée  que  la 
planète  et,  pour  déterminer  A/,,  une  étoile  ayant  à  peu  près  même  abscisse.  \x^  el 
Aj,  étant  alors  très  petits,  il  suffira  de  déterminer  une  valeur  grossièrement  appro- 
chée de  Afr. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I910.  1735 

Si  la  différence  des  échelles  des  deux  clichés  est  trop  grande  ou  mal  connue,  on 
iûlerpolera  les  coordonnées  de  la  planète  entre  celles  de  deux  étoiles  de  comparaison. 
Si  Ax,.  AjCj,  Aji,  Ay^  sont  les  différences  des  coordonnées  des  deux  étoiles  sur  les 
deux  clichés,  AJ,,  Af,,  At),,  Ayij  les  différences  de  coordonnées  d'une  étoile  et  de  la 
planète,  on  a 

A;j  __  A;,  —  AAA-o,  A-A)o  _  Ari,  +  A6A^| 


A.r.,        A.i'i  —  10  A  )',  Ay,        Aj,  -\-  \b  Ao^, 

On  choisira,   pour  déterminer  Ai^  et  Aï)2i  deux  couples  d'étoiles  dillérents.   l'un   de 
même  ordonnée  et  l'autre  de  même  abscisse  que  la  planète. 

Des  5  clichés  que  nous  avons  pu  faire  sur  la  planète,  les  4  premiers  ont 
même  centre;  le  second  et  le  cinquième  seuls  ont  été  réduits  complètement 
avec  sept  étoiles  de  repère.  Les  positions  tirées  des  autres  clichés  ont  été 
obtenues  par  l'application  des  formules  (1)  (clichés  2340  et  2346)  ou  (2) 
(cliché  2344);  de  nombreuses  vérifications  nous  ont  indiqué  que  les  deux 
groupes  de  formules  donnaient  des  résultats  exacts,  aux  erreurs  de  mesure 
près,  mais  à  condition  de  ne  pas  prendre  comme  étoiles  de  comparaison 
des  étoiles  trop  faibles. 

Le  cliché  2349  a  été  réduit  par  M.  G.  Demetresco;  une  pose  de  ce  cliché 
avait  été  prise  par  M.  L.  Maneng. 

Voici  les  coordonnées  équaloriales  déduites  pour  1 900,0,  qui  doivent 
remplacer  et  compléter  les  coordonnées  provisoires  publiées  à  la  page  G72 
de  ce  Volume  : 


Numéro 

Époi|ucs. 

Ascension 

du  cliché. 

(Tem 

ps  moyen  de  l'aiis  ). 

droite. 

Déclinaison. 

23i0.... 

1910. 

Il       III      9 
Mars     3     9..50.53 

Il       m       s 
8.42.34,92 

+  17.    8 .  5o ,  2 

10. 18.49 

8.42.34,09 

-+-17.   8.55,3 

10.46. 44 

8.42.33,39 

+  17.  8.59,6 

23'i2.... 

Mars    5   10.29.54 

8.41.21 , o4 

-i-17 .  17  .   6,6 

1 0 . 5 1 . 5o 

8.41.20,51 

+  17.17.  9,3 

■2W, .... 

Mars    7     9.55.    7 

8.40.14,71 

+  17.24.44,4 

I0.25.     2 

8.40.14,08 

+  17.24.48,8 

10.59.57 

8.40. i3,45 

+  17.24.51 ,0 

'2UG.... 

Mars    8   1  3 .  17  .36 

8.39.38,96 

+  17.25.57.3 

23V9.... 

Mars  16   10. 19.33 

8.36.27,97 
8.36.27,41 

+  17.54.13,0 
+  17.54. 17,6 

17^6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉCANIQUE.  —  Etude  géométrique  de  la  distribution  des  machines 
à  distributeurs  séparés.  Note  de  M.  L.  Letombe,  présentée  par 
M.  H.  Léauté. 

L'emploi  de  distributeurs  séparés  commandés  mécaniquement  se  géné- 
ralise de  plus  en  plus,  non  seulement  dans  les  machines  à  vapeur,  mais 
encore  dans  les  machines  thermiques,  en  général,  les  soufflantes  et  les 
compresseurs. 

Quelles  que  soient  les  dispositions  adoptées,  il  s'agit  toujours,  dans  ces 
systèmes  de  distribution,  de  transmettre  le  mouvement  alternatif  d'un  levier 
mû  par  un  excentrique  ou  une  came  à  un  ou  plusieurs  distributeurs,  en 
passant  quelquefois  par  une  série  de  leviers  de  renvois  intermédiaires. 

L'étude  de  tels  modes  de  distribution  avait  paru  jusqu'ici  trop  compliqué 
pour  pouvoir  être  abordé  d'ans  toute  sa  généralité  (  '). 

Mais  tout  dépend  de  la  façon  dont  le  problème  est  posé. 

Si  nous  considérons,  par  exemple,  le  cas  particulièrement  compliqué 
d'une  machine  Cor/iss,  à  quatre  obturateurs  commandés  par  un  seul 
excentrique,  la  Géométrie  fournit  le  moyen  d'arriver  à  une  solution  rigou- 
reuse et  complète  du  tracé  de  la  distribution  lorsqu'on  se  donne  a  priori 
l'angle  de  calage  et  la  course  de  l'excentrique,  les  angles  d'oscillation  et 
l'orientation  des  leviers  des  obturateurs,  la  position  du  plateau  intermé- 
diaire de  renvoi  de  mouvement  et  l'orientation  des  rayons  de  ce  plateau 
sur  lesquels  devront  s^e  trouver  les  tourillons  de  bielles  de  commande  des 
obturateurs. 

Il  ne  reste  plus,  dans  ces  conditions,  qu'à  déterminer  la  longueur  des 
leviers  et  des  bielles  constituant  le  mécanisme  de  transmission  de  mouve- 
ment. 

Chaque  obturateur  décrit,  dans  son  mouvement  oscillatoire,  deux  angles 
adjacents  à  double  parcours  dont  un  seul  est  utile,  et  dont  l'autre  n'est 
(ju'un  angle  de  recouvrement.  L'excentrique,  de  son  coté,  donne  au  plaleau 
intermédiaire  un  mouvement  oscillatoire  qui,  pour  cliacun  des  obturateurs, 
détermine  également  deuxang^les  adjacents  à  double  parcours,  ((ui  doivent 
correspondre  exactement  aux  angles  engendrés  par  le  levier  de  l'obturateur 
considéré. 


I   Comptes  rendus,  janviev  1888,  Comiminioalion  île  M.  H.  1-éauté. 


SÉANCE    DU    «7    JUIN    I910.  l-j'i-j 

Le  problème  à  résoudre  peul  alors  s'énoncer  de  la  façon  suivanle  : 

Etant  données  deux  paires  d'angles  adjacents  décrits  par  des  leviers  orientés 
d'une  façon  quelconque  dans  un  plan  ^  déterminer  la  longueur  de  ces  leviers  et 
la  longueur  de  leur  bielle  d'accouplement,  de  façon  quà  la  double  amplitude 
de  l'un  des  leviers,  corresponde  exactement  la  double  amplitude,  fixée  d'avance, 
pour  l'autre  levier. 

Supposons  le  problème  résolu. 

Appelons  a  et  (3  les  angles  adjacents  du  plateau,  y  et  d  ceux  de  l'obturateur  ('). 
Désignons  par  OD  le  levier  de  l'obturateur,  et  par  PA  le  rayon  du  plateau  faisant 
office  de  levier. 

Considérons  les  leviers  OD  et  FA  lorsqu'ils  sont  respectivement  dirigés  suivant  les 
côtés  communs  de  leurs  angles  adjacents  respectifs.  Les  positions  extrêmes  du  levier  OD 
sont  OG  et  OC  ;  celles  du  rayon  FA,  FH  et  PB.  La  longueur  de  la  bielle  d'accouple- 
ment est  DA. 

Menons  les  bissectrices  des  angles  oc,  ^,  y,  0.  Ces  l)isseclrices  se  coupent  deux  à  deux 
en  des  points  Iv  et  Iv'. 

En  joignant  le  point  K  à  G,  D  et  II,  A,  et  le  point  K'  à  D,  C  et  A,  B,  on  détermine 
des  triangles  tels  que  KGH  et  KDA  qui  sont  égaux. 

En  retranchant  des  angles  en  K  et  K'  de  ces  triangles,  une  partie  commune,  on  voit 
que  les  angles  0K1>  et  FkA  sont  égaux  entie  eux  et  qu'il  en  est  de  même  des  angles 
Dk'O  et  AIv'P. 

Si  donc  il  ne  s'agissait  ([ue  de  faire  correspondre  l'angle  a  à  l'aûgle  y,  i!  suffirait  de 
choisir,  par  exemple,  OD  arbitrairement  et  de  construire  les  angles  égaux  OKD  et 
FKA  pour  trouver  le  point  A  permettant  d'achever  la  construction  du  quadrilatère 
articulé  ODAF.  Si  l'on  répèle  les  mêmes  opérations  pour  les  angles  ô  et  p,  on  troiu  era, 
par  l'intersection  des  droites  KA  et  K'A,  un  point  qui  ne  sera  pas  nécessairement 
sur  FA  et  en  déplaçant  le  point  D  sur  OD,  le  point  A  décrira  un^  lieu  géométrique 
qui,  par  son  intersection  avec  PA,  donneia  le  point  \  cheirché. 

Remarquons  que,  quelle  que  soit  la  position  du  point;  D  sur  01),  les  angles  DKA 
et  DK'A  sont  toujours  respectivement  égaux  aux  angles  fixes  OKP  et  OK'F. 

Le  lieu  des  points  A  est  donc  donné  par  rintersection  de  deux  des  côtés 
de  deux  angles  de  valeur  constante  tournant  autour  de  deux  points  fixes, 
lorsque  les  deux  autres  côtés  sont  astreints  à  se  couper  suivant  une  droite. 

On  sait  que,  dans  ces  conditions,  la  rotation  des  angles  donne  naissance  à 
des  faisceaux  homographiques  et  que  le  lieu  cherché  est  une  «  conique  », 
dont  on  connaît  trois  points  et  les  tangentes  en  deux  de  ces  points.  La  courbe 
se  trouvant  ainsi  déterminée,  il  reste  à  trouver  son  interseclion  avec  FA. 


(')  Le  lecteur  est  prié  de  faire  la  figure 


1738  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(".omiiic  P  lait  partie  du  lieu,  il  y  a  toujours  une  solution  el  une  seule.  Les 
propriétés  de  l'hexagone  de  Pascal  pennellent  alors  de  trouver  le  point 
<l  intersection  A  sans  tracer  la  conique  el  en  faisant  usage  simplement  de  la 
règle  et  du  compas. 

Connaissant  le  point  A,  on  en  déduit  la  longueur  PA  et  par  la  construc- 
tion des  angles  égaux  AKP  et  DKO,  le  point  D  qui  fixe  les  longueurs  du 
levier  OD  et  de  la  bielle  DA.  En  répétant  la  construction  pour  chacun  des 
distributeurs,  on  achève  le  tracé  de  la  distribution. 

Remarquons  que  les  hypothèses  faites  laissent  au  constructeur  toute  lati- 
tude dans  le  choix  des  phases  de  la  distribution  (]u'il  veut  réaliser. 

L'angle  de  calage  de  l'excentrique  se  déduit  en  effet  de  1'  «  avance  à 
l'échappement  »  et  du  «  degré  de  compression  »  adoptés.  D'autre  part,  pour 
déterminer  le  mouvement  angulaire  des  obturateurs  et  l'emplacement  du 
plateau  intermédiaire,  il  est  toujours  plus  commode  de  ne  se  laisser  guider 
que  par  des  considérations  de  construction. 

La  solution  est  donc  générale. 


PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  kl  propagation  (l'une  discontinuité  sur  une 
ligne  télégraphique  munie  d'un  transmetteur.  Note  de  M.  H.  Larose. 
présentée  par  M.  Jordan. 

Il  y  a  intérêt  à  avoir,  sous  forme  numériquement  calculable,  l'expression 
du  courant  sur  une  ligne  télégraphique  indéfinie  provenant  de  l'application 
brusque  au  départ  de  la  ligne,  à  partir  de  l'origine  du  temps,  d'un  pôle 
d'une  pile  de  force  électromotrice  constante,  l'autre  p<Me  à  la  terre  et  la 
pile  reliée  à  la  ligne  par  des  appareils;  la  méthode  d'intégration  employée 
par  M.  H.  Poincaré  pour  traiter  de  la  période  variable  avec  récepteur 
conduit  simplement  au  but;  je  me  propose  de  le  montrer  sur  un  exemple 
qui  rentre  dans  les  conditions  pi-atiques  d'exploitation. 

Le  transmetteur  comprend  en  série  une  résistance  R,  une  capacité  A~', 
une  self  L;  la  ligne  de  résistance,  capacité  et  self  unitaires  p,  y.  A,  s'étend 
de  a-  ^  -H  o  à  +  ce;  le  tout  à  l'état  neutre  avant  ^  =;  o. 

Par  symétrie,  rien  ne  sera  changé  sur  la  ligne  réelle  si  le  pôle  opposé  de 
la  pile  est  supposé  relié  en  .r  =  —  o  à  l'image  de  la  ligne  réelle  par  l'inter- 
médiaire d'appareils  identiques,  la  force  électromotrice  étant  doublée. 

Nous  devons  supposer  une  rupture  ou  saut  brusque  d'amplitude  ( —  i ,  -f-  i  ) 
à  la  pile  pour  l'oscillation  isochrone  e'"',  calculer  l'amplitude  de  l'oscillation 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I9IO.  1789 

isochrone  de  quantité  d'électricité  correspondante;  d'où  pour  l'expression 
du  courant  sur  la  ligne  provenant  de  la  rupture  permanente  (—  i,  +  i)  à  la 
pile  à  partir  de  /  ==  o  une  intégrale  définie  dans  le  plan  des  n,  fonction  paire 

de  X,  nulle  pour  /-  <[  —  et  qui  pour  a-  >  o,  /  >  -  se  ramène  à 


(') 


-i-f^^^-ï)f,nf 


avec,  à  un  facteur  numérique  près, 

^''■'     -^^'^  ~  ./i.-./-)^«/c-.;^'CU.;^+.(.-.;)^  =2;;'«./"- 

a,  è,  c  proportionnels  à  R,  A,  L;  l'intégrale  étant  prise  dans  le  sens  direct 
sur  un  cercle  de  rayon  très  grand  et  les  notations  de  ma  Note  précédente 

(  Vomptes  rendus,  p.  i4i8)  étant  conservées,  sauf  qu'iciy  =  —  '• 
Le  courant  est  donc  proportionnel  à 


(3)  .  ^v„„-.,--«j„(/z);    z=y/(^^y_^i-y. 

J'appellerai  f{j)  la  fonction  génératrice  du  courant. 

Le  potentiel  (fonction  impaire  de  a;)  aura  pour  fonction  génératrice 

Si  L  n'est  pas  nul,  a^  est  nul  ;  donc  avec  une  self  finie  au  départ,  le  poten- 
tiel et  le  courant  seront  continus  au  front  de  l'onde. 

La  courbe  du  courant  pour  a;  =  X,  X  constant,  temps  en  abscisse,  par- 
tira de  zéro  pour /  =  — avec  un   coefficient  angulaire   fini    proportionnel 

à  e   "■;  la  courbe  du  courant  pour  ^=T,  T  constant,  x  en  abscisse,  aura 
une   ordonnée  nulle  pour  x  =:  vT  —  o,  avec  un  coefficient  angulaire  fini 

_  ï 
proportionnel  à  —  e    ' . 

Il  y  a  rupture  au  front  de  l'onde  pour  les  coefficients  angulaires  des 
courbes  X  de  courant,  T  de  potentiel,  T  de  courant  et  X  de  potentiel 
(courant  de  déplacement),  les  fonctions  génératrices  correspondantes  étant 
respectivement 

'^/(')-   '~fn.r..    ^/./i. 

c.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.   150,  N»  26.)  .  227 


I^^O  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Au  contraire  avec  L  =  o  la  rupture  aura  lieu  pour  le  potentiel  et  le  cou- 
rant, comme  en  l'absence  de  transmetteur. 

Je  suppose  dans  ce  qui  suit  L  =  o. 

Si  R  est  nul,  A  très  grand,  de  même  ordre  que  la  force  de  la  pile,  on 
retombe  sur  l'expression  connue  du  courant  correspondant  à  la  communi- 
cation au  départ  à  l'origine  du  temps  d'une  cbarge  instantanée;  si  A  est 
fini,  la  suite  (3)  a  un  nombre  infini  de  termes. 

Soit  maintenant  R  fini,  la  suite  (3)  a  un  nombre  infini  de  termes,  sauf 
dans  deux  cas  particuliers  remarquables  pour  l'un  et  l'autre  desquels  on  a 


j'appelle  i/- résistance  d'absorption. 


I"  Avec  une  résistance  d'absorption,  si  la  constante  de  temps  de  la  résis- 
tance et  du  condensateur  en  série  est  égal  à  t,  le  courant  et  le  potentiel 
seront  respectivement  proportionnels  à 

e    ■'[J„(/Z)  +  2Çr->Ji((Zj-t-;;^i-U,(/Z)]; 
pour  la  ([uanlité  d'électricité  qui  aura  traversé  x  de  <»  à  /, 

rt„=iO.  f/|^ri,  f7„  ^=  2  («--2). 

2°  Avec  une  résistance  d'absorption  et  pas  de  condensateur  (A  =o),  le 
courant  sera  proportionnel  à 

r'[j„(r/.)-f-ç/-'.i,(/Z)i, 
et  l'on  aura  respectivement  pour  le  potentiel  et  la  quantité  d'électricité 

cr|>=:i,  (7,=  3,  «„  =r  4  («_2), 

«„  ^r  o,  «„  =:  2  «  —  I  («il). 


RADlOACTi\  ITÉ.  —  Sur  le  poids  atomique  de  réninnatioji  du  radium. 
Note  de  M.  A.  Debierxe,  présentée  par  M.  G.  Lippmann. 

Des  recbercbes  assez  nombreuses  ont  été  effectuées  dans  le  but  de  déter- 
miner la  grandeur  moléculaire  de  l'émanation  du  radium  ;  mais  les  méthodes 


SÉANCE    DU   27    JUIN    1910.  1741 

qui  ont  été  employées  jusqu'à  présent  ne  pouvaient  pas  conduire  à  fies 
résultats  très  certains,  et  les  nombres  obtenus  furent  très  différents  les  uns 
des  autres. 

La  méthode  que  j'ai  utilisée  est  plus  sûre;  c'est  une  modilication  de  l'an- 
cienne méthode  de  Bunsen  pour  la  détermination  de  la  densité  des  gaz, 
basée  sur  la  comparaison  des  ^atesses  d'écoulement  des  différents  gaz  à 
travers  un  petit  trou  percé  dans  une  paroi  mince.  Dans  la  méthode  de 
Bunsen  on  détermine  généralement  les  durées  d'écoulement  de  volumes 
égaux  des  différents  gaz,  à  l'état  pur,  à  la  même  température,  et  entre  les 
mêmes  limites  de  pression  ;  il  est  alors  inutile  de  connaître  la  loi  de  variation 
de  la  vitesse  d'écoulement  du  gaz  pendant  l'expérience.  Il  serait  extrême- 
ment difficile  de  procéder  ainsi  avec  l'émanation  du  radium,  et  j'ai  dû  réa- 
liser des  conditions  dans  lesquelles  l'écoulement  du  gaz  s'effectue  suivant 
une  loi  bien  déterminée  qui  n'est  pas  modifiée  par  la  présence  d'un  gaz 
étranger.  Il  a  suffi  pour  cela  d'opérer  sur  des  gaz  à  très  faible  pression  (en- 
viron -pj-^  de  millimètre  de  mercure),  et  de  provoquer  le  passage  du  gaz  d'un 
réservoir  où  les  pressions  très  faibles  pouvaient  être  mesurées,  à  un  autre 
réservoir  où  la  pression  restait  sensiblement  nulle. 

l-,'a|3pareil  utilisé  était  constitué  par  deux  récipients  de  verre  séparés  par  une  lame 
de  platine  très  mince  (~jf  de  millimètre  d'épaisseur),  percée  d'un  très  petit  trou.  Le 
premier  récipient  avait  45*^'"'  de  ca[>acité  et  constituait  une  jauge  de  Mac  Leod,  per- 
mettant de  mesurer  les  faibles  pressions  avec  une  précision  assez  grande  ;  l'autre 
réservoir  était  un  gros  ballon  ayant  un  volume  4o  fois  plus  grand  que  celui  de  la  jauge. 
La  communication  entre  Jes  deux  récipients  pouvait  être  complètement  interceptée 
par  un  robinet  à  large  voie  placé  contre  la  lame  de  platine. 

t)ifrérents  gaz.  purs  ont  été  d'abord  étudiés.  Le  gaz  était  introduit  dans  le  réservoir 
jauge  et  un  vide  complet  était  fait  dans  le  grand  réservoir.  On  déterminait  la  pression 
du  gaz  avec  la  jauge,  puis  on  étalilissait  la  communication  entre  les  deux  réservoirs; 
une  pompe  Gœde  fonctionnant  continuellement  maintenait  le  vide  dans  le  grand 
réservoir.  Après  un  intervalle  de  temps  déterminé,  on  interrompait  la  communication 
et  l'on  mesurait  la  pression  dans  le  petit  réservoir.  On  rétablissait  ensuite  la  commu- 
nication pour  laisser  écouler  une  nouvelle  quantité  de  gaz,  et  ainsi  de  suite.  Dans  ces 
expériences,  la  loi  de  variation  de  la  pression  en  fonction  de  la  durée  de  l'écoulement 
du  gaz  peut  être  représentée  très  exactement  par  une  exponentielle  simple/»  =/^(ie~l'-', 
la  pression  avant  varié  depuis  o""",  2  jusqu'à  o^^jOO'i  de  mercure,  et  la  pression, 
mesurée  à  la  jauge,  dans  le  grand  réservoir,  ayant  été  constamment  inférieuie 
à  o""",oooo5  de  mercure. 

Le  coefficient  ;jl  caractérise  la  vitesse  d'écoulement  du  gaz;  il  a  été  déterminé  jjour 
différents  gaz  à  la  même  température.  Il  est  inversement  proportionnel  à  la  racine 
orrée  de  la  densité  du  gaz.  Les  coefficients  obtenus  dans  une  série  d'expériences  ont 
été   les   suivants:    O*  —  o,  29'?  ;    CO^  —  0,248;   SO'^  —  0,207:   argon — 0,2.59;  '  étant 


1742  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

niesiiré  en  minutes.  Les  poids  moléculaires  calculés  en  comparant  les  différents  coeffi- 
cients à  celui  de  l'oxygène  sont  :  GO-  —  4,5  au  lieu  de  44,  SO-  —  63,8  au  lieu  de  64,06, 
argon  4o,5  au  lieu  de  89,9. 

On  voit  que,  dans  ces  expériences,  l'on  peut  comparer  l'argon  qui  est  monalomique 
à  l'oxygène  qui  est  diatomique. 

Celte  méthode  peut  être  très  utile  pour  déterminer  facilenienl  la  densité 
d'un  f^az,  en  employant  une  très  petite  quantité  du  gaz.  Il  suffit,  en  eflct, 
de  1'"™'  de  gaz  à  la  pression  atmospliérique,  pour  faire  une  mesure  dans  des 
conditions  assez  bonnes. 

J'ai  recherché  ensuite  si  dans  un  mélange  de  deux  gaz,  chaque  gaz  s'écoule  comme 
s'il  était  seul,  ou  bien  si  le  mélange  se  comporte  comme  un  gaz  pur  de  densité  inter- 
médiaire entre  les  densités  des  deu\  gaz.  Dans  le  premier  cas  la  loi  de  l'écoulement 
doit  être  rejirésentée  par  l'équation 

/j  — /?„  [Ke-!^.'-i-(i  —  K)e-l^.'], 

u,  étant  le  coefficient  du  premier  gaz  et  p-j  celui  du  deuxième  gaz;  K  étant  la  fraction 
du  premier' gaz  contenu  initialement  dans  le  mélange.  Dans  le  second  cas  on  doit  avoir 

P  =  /'o  ^  "  ^'  ) 

fx  correspondant  à  un  gaz  pur  ayant  une  densité  égale  à  celle  du  mélange  gazeux.  J'ai 
opéré  sur  un  mélange  formé  de  volumes  égaux  de  O-  et  de  SO'  et  j'ai  pu  constater  un 
bon  accord  avec  la  ])remière  loi.  Oji  peut  donc  admettre  qu'aux  très  basses  pressions 
et  pour  un  écoulement  qui  n'est  pas  très  rapide,  chaque  gaz  passe  à  travers  un  petit 
orifice  comme  s'il  était  seul. 

Pour  opérer  avec  l'émanatioii  du  radium,  on  élimine  d'abord  la  plus 
grande  partie  des  gaz  étrangers  qui  l'accompagnent  et  on  l'introduit  ensuite 
dans  le  petit  réservoir  jauge.  On  laisse  s'établir  l'équilibre  radioactif  et  l'on 
mesure  l'intensité  du  rayonnement  pénétrant  émis  par  ce  réservoir  à  l'aide 
d'un  condensateur  cylindrique  qui  l'entoure  complètement.  On  établit  eu- 
suite  la  communication  avec  le  grand  réservoir  pendant  un  temps  déterminé, 
puis  on  laisse  s'établir  l'équilibre  radioactif  et  l'on  mesure  de  nouveau  le 
rayonnement  pénétrant  du  petit  réservoir  ;  les  mêmes  opérations  sont  ensuite 
répétées  plusieurs  fois.  J'ai  pu  ainsi  constater,  en  tenant  compte  de  la  des- 
truction spontanée  de  l'émanation,  que  la  loi  d'écoulement  de  l'émanation 
à  travers  le  petit  orifice  est  représentée  aussi  par  une  exponentielle  simjiie. 
La  présence  des  gaz  étrangers  n'apporte  aucune  altération  à  celle  loi  ipii 
s'est  trouvée  vérifiée  avec  une  grande  exactitude,  la  pression  totale  des  gaz 
ayant  varié  depuis  o""", 002  jusqu'à  o""",o3,  et  la  proportion  d'émanation 
dans  ces  mélanges  complexes  ayant  varié  depuis  o,  )  pour  100  jusqu'à  -20 


SÉANCE    DU    27    JUIN    19IO.  1743 

pour  100  environ.  Si  Ton  compare  le  coefficient  a  de  rémanation  à  celui  de 
roxvyèiie  ou  de  l'argon,  on  trouve  pour  le  poids  moléculaire  de  l'émanation 
un  nombre  voisin  de  220.  Les  écarts  entre  les  difï'érentes  mesures  étant  de 
2  ou  3  pour  100.  Si  Ton  admet  que  l'émanation  est  un  gaz  monatomique,  ce 
nombre  représente  en  même  temps  son  poids  atomique.  Il  est  en  remar- 
quable accord  avec  celui  qui  peut  être  déduit  de  la  théorie  des  transforma- 
tions radioactives.  Le  radium  de  poids  atomique  22(),5,  se  transformant  en 
émanation  avec  émission  d'une  particule  a,  c'est-à-dire  départ  d'un  atome 
d'hélium  de  poids  atomique  '1,  le  poids  atomique  de  l'émanation  doit  être 
d'après  cette  théorie  222,0. 

SPKCTROSCOPIE.  —  Sur  la  durée  de  rémission  de  raies  spectrales 
par  les  vapeurs  lumineuses  dans  l'étincelle  électrique.  Noie 
de  M.  G. -A.  Hemsai.ecii,  présentée  par  M.  Lippmann. 

On  sait  que,  dans  une  étincelle  éclatant  entre  électrodes  métalliques,  de 
la  vapeur  lumineuse  est  projetée  dans  l'espace  voisin  et  y  perd  au  bout 
d'un  certain  temps  son  pouvoir  d'émettre  des  raies  spectrales. 

.Te  me  suis  proposé  de  déterminer  les  durées  relatives  de  ce  pouvoir 
d'émission  des  vapeurs  pour  les  différentes  raies  qui  constituent  son 
spectre. 

La  méthode  employée  était  celle  du  courant,  d'air,  déjà  décrite  dans  une 
Note  antérieure  ('  );  mais  |)our  la  présente  étude  il  était  nécessaire  de  sup- 
primer toutes  les  oscillations,  sauf  la  première,  de  sorte  que  la  vapeur 
produite  par  celle-ci  pouvait  se  refroidir  d'une  façon  normale  sans  être 
iniluencée  par  l'énergie  des  oscillations  suivantes. 

Les  électrodes  coiistiluées  du  métal  à  éludiei' sont  fixées  dans  l'appareil  à  coiiianl 
d'air  (^)  à  la  place  des  fils  de  platine.  L'étincelle  est  produite  par  la  décharge  d'un 
condensateur  à  plaques  (capacité  ma\.  :  0,013.  microfarad)  à  travers  une  bobine  de 
self-induction  (o,oi25  lienry)  dans  laquelle  on  peut  introduire  un  cylindre  en  tôle  de 
f^r  pour  la  suppression  des  oscillations  (^).  Le  condensateur  est  en  dérivation  sur  le 
secondaire  d'un  transformateur  au  légimede  résonance  et  donne  environ  i5  étincelles 
par  seconde. 

Un  courant  d'air  de  vitesse  constante,  diiigé'sur  l'étincelle  obtenue  dans  les  condi- 
tions  énnmérées,   met  en   évidence  les  dillérenles  parties  dont  elle  est  constituée,  à 

(')  IIkmsalech,  Comptes  rendus,  t.  CXLI,  1900,  p.  1227. 
(  -  )  Hkmsalech,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  1900,  p.  iio3. 
(  ■')  Hkmsalech,  Comptes  rendus,  t.  CXL,  1905,  p.  iSsa. 


I 


1744  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

savoir:  la  (lécharp:e  initiale,  la  première  oscillation  et  la  traînée  de  vapenr  métalliqne 
produite  par  celle  dernière.  L'étincelle  ainsi  décomposée  est  projetée  sur  la  fente  d'un 
spectrographe;  on  dispose  l'appareil  de  telle  façon  que  la  direction  du  courant  d'air 
est  parallèle  à  la  fente  el  que  cette  dernière  forme  la  bissectrice  de  la  traînée  de  vapeur 
métallique. 

Sur  les  spectrogrammes  obtenus  de  cette  manière,  la  position  de  la  décharge  initiale 
est  indiquée  par  le  spectre  de  lignes  de  l'air;  ce  spectre  est  généralement  très  mince 
et  il  sert  comme  ligne  de  repère  dans  les  mesures.  En  dessous  de  ce  spectre,  on  en 
aperçoit  un  autre  plus  large  dû  à  la  première  oscillation  et  constitué  par  les  bandes 
négatives  de  l'azote. 

Enfin  on  observe  un  troisième  spectre  dont  toutes  les  raies  prennent  naissance  jjrès 
du  spectre  de  la  décharge  initiale  et  forment  une  série  de  lignes  plus  ou  moins  longues  : 
ce  sont  les  raies  émises  par  la  vapeur  métallique;  leurs  longueurs  correspondent  à  la 
durée  de  luminosité  de  celle  dernière. 

La  mesure  des  longueurs  dos  raies  s'ellectue  au  moyen  d'un  réseau  à 
lignes  parallèles  etéquidistantes  et  qu'on  applique  sur  les  speclrogrammes. 
Ce  réseau  est  calibré  à  l'aide  d'une  photographie  sur  laquelle  on  a  obtenu 
les  spectres  de  toutes  les  oscillations  de  l'étincelle  et  dont  la  fréquence  a  été 
déterminée  par  la  méthode  de  la  pellicule  mobile  (  '  ). 

L'application  du  réseau  sur  cette  photographie  permet  d'évaluer  les  distances  entre 
les  lignes  parallèles  en  termes  de  micro-secondes.  Comme  il  a  été  dit  plus  haut,  le 
spectre  de  la  décharge  initiale  est  pris  comme  ligne  de  repère  pour  les  mesuies,  c'est- 
à-dire  on  suppose  que  l'émission  des  raies  métalliques  coïncide  avec  la  ilécharge 
initiale.  Or  sur  les  photographies  obtenues  sur  pellicule  mobile,  on  constate  que  la 
vapeur  métallique  est  projetée  des  électrodes  environ  lo  micro-secondes  après  le  trait 
de  feu.  Mais  pour  le  cas  spécial  de  l'étincelle  souftlée,  il  n'a  pas  été  possible  de  mettre 
en  évidence  une  séparation  certaine  entre  le  point  d'oiigine  de  la  décharge  initiale  et 
celui  de  la  vapeur;  aussi  je  n'ai  pas  tenu  compte  de  cette  correction  dans  mes  me- 
sures. L'erreur  introduite  par  suite  du  défaut  d'achromatisme  des  lentilles  a  pu  être 
évaluée  expérimentalement  et  la  correction  appliquée  aux  nombres  obtenus.  Des  er- 
leurs  ont  pu  être  commises  dans  l'estimation  du  point  exact  de  la  lin  d'une  raie,  parce 
f[ue  l'extinction  se  fait  lentement,  la  raie  devenant  de  plus  en  plus  faible.  Les  résultats 
peuvent,  en  outre,  être  influencés  par  le  temps  de  pose  el  les  variations  de  l'action 
actinique  des  différentes  régions  du  spectre. 

A  l'aide  de  cette  méthode  j'ai  déterminé  les  durées  relatives  de  près  de 
200  raies  du  spectre  du  fer.  Pour  la  plupart  des  raies,  ces  durées  setiiblent 
être  proportionnelles  aux  intensités,  c'est-à-dire  les  raies  les  plus  fortes 
donnent  généralement  les  durées  les  plus  longues  et  lice  versa;  il  y  a  cepen- 
dant certaines  raies  pour  lesquelles  les  durées  sont  plus  grandes  ou  plus 

(  ')   Hkmsalech,  Conipli's  rendus,  t.  CXWll,  1901,  p.  917. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I910.  1745 

petites  que  leurs  intensités  font  supposer.  Le  Tableau  suivant  contient  les 
durées  relatives  de  quelques  raies  du  fer  pour  différentes  capacités.  Toutes 
les  photographies  ayant  sei'vi  aux  mesures  ont  été  obtenues  avec  le  même 
temps  de  pose,  la  même  longueur  d'étincelle  (2""",  S  )  et  la  même  vitesse  de 
courant  d'air,  de  sorte  que  les  nombres  obtenus  sont  parfaitement  compa- 
l'ables  entre  eux. 

Durées  en  micro-secondes. 

Capacité 

Longueurs  d'onde  Intensités  (KOUl'i      0,Ulia     IJ,U04G       0,012 

{ Kayser  et  Runge).  relatives.  infd.  mfd.  mfd.  mfd. 

363 1,62 7  63  95  i3o  i85 

3647,99 7  63  97  iS;  186 

3705,70 5  74  io5  145  198 

3709.37 5  67  99  j39  1S9 

8763,90 7  78      107      162      2û6 

876.5,66 3  4o'?  59  95  i35 

38o5,47 3  »  57  90  182 

3820,56 10  go  180  i83  241 

4oo5,38 8  7.5  106  i5o  ig8 

4045,90 10  102  i44  201  272 

4o63,63 9  92  i34  188  245 

4071,79.... g  89  iSi  i84  236 

4271,62 9  100  i3i  192  24l 

4307,96. 9  94  i3i  190  243 

4825, ga 9  94  i3i  lyo  249 

4888,70 10  J09  160  212  282 

44o4;88 , 9  99  187  193  246 

44'5,27 8  84  116  176  210 

4422,67 2  »  61  c)9  i32 

4871,84 8  5i  84  i"i2  106 

4937,62 10  63  93  i3o  172 

Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  la  durée  de  toutes  les  raies  est  prolongée 
avec  l'augmentation  de  la  capacité. 

L'augmentation  de  la  longueur  de  l'étincelle,  ce  qui  équivaut  à  l'accrois- 
sement de  la  dillérence  de  potentiel,  a  également  pour  effet  de  prolonger  la 
durée  de  toutes  les  raies  ;  ainsi  la  raie  À  4o45,go  donne  pour  des  distances 
explosives  de  i'"™, 5,  2™"', 5  et  3°'"', 5  des  durées  de  9/4,  i44  et  160  micro- 
secondes (capacité  :  o,oo23  mfd).  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  les 
nombres  que  j'ai  obtenus  indiquent  seulement  l'ordre  de  grandeur  des  durées 
des  raies.  Mais  ces  nombres  considérés  comme  durées  relatives  des  différentes 
raies  me  semblent  représenter  des  données  plus  précises  à  établir  que  les 
intensités  relatives  de  ces  mêmes  raies. 


l'j/tô  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ACOUSTï'  I     .   —    Inscription  photographique  des  vibrations  d'un  diapason. 
Note  <ii-  V[M.  Gabriel  Sizes  et  G.  Massol,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

L'étud  Sur  la  multiplicité  des  sons  émis  par  les  diapasons  el  pailicii- 
lièremenl  Sur  les  harmoniques  graves  ('),  faite  à  l'aide  d'un  fd  niclallif|iie, 
jouant  le  rôle  d'amplificateur  de  vibrations  et  pouvant  s'appliquer  à  l'étude 
de  tous  les  corps  vibrants  affectés  en  même  temps  d'un  mouvement  d'ensemble 
à  peu  près  quelconque,  pouvait  faire  l'objet  de  certaines  restrictions.  JNous 
nous  sommes  proposé  de  démontrer  que  le  fil  métallique  n'avait  pas  de 
mouvements  propres,  susceptibles  de  modifier  sensiblement  les  vibrations 
des  corps  sonores. 

A  cet  effet,  sur  le  conseil  de  M.  Yiolle,  nous  avons  eu  recours  à  la  méthode 
optique. 

A  rexlrémité  de  l'une  des  brandies  du  diapason  //<o,  déjà  étudié,  nous  avons  li\é  un 
petit  miroir  très  léger,  dont  le  poids  était  compensé  à  l'extrémité  de  l'autre  branche; 
un  rayon  lumineux  (soleil  ou  lumière  électrique),  réfléchi  par  ce  miroir,  tombe  sur  un 
objectif  à  grande  ouverture.  Une  feuille  de  papier  extra-sensible  remplace  le  papier 
enfermé  sur  le  cylindre  inscripleur,  lequel  se  déplace  devant  l'objectif,  à  volonté,  à 
l'aide  d'un  dispositif  très  simple. 

Nous  avons  fait  vibrer  le  diapason  de  la  même  manière,  au  moyen  d'un  archet  de 
contre-basse.  Mais,  pour  ne  pas  déplacer  la  mise  au  point  du  rayon  lumineux  dans 
l'objectif,  nous  avons  dû  limiter  les  expériences  aux  précautions  nécessaires. 

Nous  avons  particulièrement  étudié  les  vibrations /;«/-rt//e/pi'  aux  plans  des 
deux  branches  du  diapason  ;  les  vibrations  perpendiculaires  à  ce  plan  et  les 
vibrations  tournantes,  obtenues  en  excitant  l'angle  d'une  des  brandies  du 
diapason. 

Nous  avons  obtenu  ainsi  des  résultats  identiques  à  ceux  obtenus  au  moyen 
du  fil  métallique;  nous  avons  cherché  de  préférence  les  grandes  amplitudes 
afin  de  démontrer  qu'elles  n'étaient  pas  dues  à  des  mouvements  propres  du 
fil. 

Comme  confirmation,  nous  avons  adapté  une  parcelle  de  miroir  à  l'extré- 
mité d'un  fil,  disposé  comme  il  a  été  dit  antérieurement,  et  nous  avons 
photographié  ses  vibrations;  malgré  la  difficulté  que  nous  avons  eue  de 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXLV,  1907,  p.  872;  t.  CXLVI,  1908,  p.  aô;   t.  CXLVllI, 
1909,  p.  i3i8. 


SÉANCE    DU    37    JUIN    19IO.  1 747 

maintenir  son  extrémité  libre  dans  l'axe  de  l'objectif,  nous  avons  o))tenu 
des  courbes  de  grandes  amplitudes  qui  confirment  les  résultats  précédents. 
Chaque  nouvelle  série  d'expériences  nous  ayant  donné  quelques  résultats 
nouveaux,  en  sus  des  confirmations  des  résultats  antérieurs,  voici  la  série 
d'harmoniques  obtenue  par  cette  nouvelle  méthode  expérimentale;  dans 
l'ordre  adopté  :  i"  noms  des  sons  ;  2°  nombres  de  vibrations;  3°  ordre  des 
harmoniques  et  rapport  à  la  fondamentale  de  l'échelle  générale  : 


\     (A'-7) 

"/-5 

/"-., 

ut-:. 

/ni 

4 

ni^ 

3     '»'! 

3     ■''"'-3 

Ut -2 

«i_, 

niiL^ 

.«^i     i<'_i 

,   iO 

1" 

pi 

2^ 

2" 

1 

4" 

4''3 

7 

8>- 

16' 

78'  = 

7s'      3o' 

1   (  .  ) 

3 

4 

6 

1 

12 

•  4 

2t 

24 

48 

56 

84       90 

\      ul. 

1      ré^ 

si^ 

Sl'o 

ul, 

sol. 

sol\ 

la^ 

M 

Kl; 

^^       1 

S2r 

'     36' 

56" 

60" 

64'- 

192- 

200' 

214' 

36o' 

5r2'' 

56o'      1 

'         96 

)    108 

.68 

180 

192 

576 

600 

64  0 

1080 

i5o6 

1680      ] 

Malgré  la  présence  de  dix  sons  nouveaux  dans  ce  Tableau,  dont  deux 
inférieurs  au  son  prédominant,  mii,^  et  «'_,,  un  seul  s'est  véritablement 
inscrit  pour  la  première  fois,  c'est /a^  ;  tous  les  autres  ne  sont  en  réalité 
(pie  des  octaves  inférieures  ou  supérieures  de  sons  déjà  publiés.  Ce  diapa- 
son «/„  nous  a  fourni  jusqu'à  ce  jour  un  ensemble  de  64  sons  différents. 

La  simultanéité  des  deux  sortes  de  vibrations  transversales  et  des  vibra- 
lions  tournantes  est  la  cause  de  particularités  curieuses  qui  feront  l'objet 
d'une  prochaine  Note. 


PHYSIQUE.   —  Sur  l'émission  des  gaz.  Note  de  M.  Edmo.xd  Bauer, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

l .  Dans  son  Rapport  sur  V Emission  des  gaz,  présenté  au  Congrès  de  Phv- 
sique  de  1900  (  '  ),  M.  Pringsheim  énonce  la  loi  générale  suivante  :  «  Pour  les 
températures  que  jusqu'ici  on  a  pu  atteindre  expérimentalement,  aucun  gaz 
n'émet  de  lui-même  un  spectre  de  raies.  Cela  n'a  lieu  que  sous  l'action  de 
phénomènes  particuliers  (chimiques,  électriques)  (-).  »  L'émission  d'un 
spectre  de  raies  n'est  donc  jamais  un  phénomène  pitremenl  thermique,  mais 
un  effet  de  luminescence . 

(')  HiiixjSHEiii,  Bap/jorls  présentés  au  Congrès  international  de  Physique  (1900), 
l.  II.  p.  100. 

(  ■)  Loc.  cit.,  p.  127. 

C.  R.,  1910,  I'  Semestre.  (T.  150,  N"  26.)  228 


V'.. 


1748  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  élablir  celle  loi,  M.  Piiiigslieiiii  se  fonde  sur  une  expérience  célèbre 
dont  voici  les  traits  essentiels  : 

Un  sel  de  sodium  (carbonate)  est  placé  dans  un  lube  de  porcelaine  non  vernie, 
rempli  d'hydrogène,  chaufl'é  au  rouge.  Les  bouts  sont  refroidis  et  fermés  par  des  glaces. 
Les  raies  D  apparaissent  dans  les  spectres  d'absorption  et  d'émission.  «  S'il  s'agit  d'un 
raj'onnement  calorifique  proprement  dit,  l'aspect  lumineux,  dans  le  lube  doit  rester 
invariable  quand  an  interrompt  brus(|ueniient  la  réduction  (du  sel  jiar  l'hYdrogène),  car 
la  vapeur  métallique  doit  émettre  de  la  lumière...  jusqu'à  ce  f|u'elle  ait  distillé  vers 
l'extrémité  froide  du  lube  à  l'e.vlérieur  du  foui'. 

X  Si,  au  conlraire,  le  phénomène  lumineux  a  pour  cause  les  réactions  chimiques 
mêmes,  il  doit  disparaître  dès  que  la  réaction  chimique  cesse.... 

»  Une  nacelle  de  nickel  contenant  le  sel  à  léduire  pouvait  être  déplacée  à  l'intérieur 
du  lube  fermé  au  moyen  d'un  aimant  extérieur;  on  pouvait  ainsi  l'introduire  dans  la 
partie  chautt'ée  au  rouge  ou  bien  la  faire  passer  à  l'extrémité  la  plus  froide  du  tube. 

>i  Ces  expériences  montrèrent  que,  dès  qu'on  retirait  le  sel  de  la  partie  portée  au 
rouge,  l'absorption  et  l'émission  du  sodium  (et  du  lithium),  dans  une  atmosphère 
d'hydrogène  cessaient  (').  )> 

2.  Mes  recherches  sur  le  rayonnement  des  llamnies  (  -  )  ont  montré  qu'aux 
erreurs  d'expérience  près,  la  loi  de  Kirchhotl'  est  applicable  (juantitative- 
menl  à  l'émission  de  la  raie  D  et  des  autres  raies  métalliques.  La  lumines- 
cence n'a  donc  pas  d''elï'et  appréciable. 

Il  restait  à  trouver  une  explication  des  phénomènes  observés  par  Print;- 
sheim. 

Guidé  par  les  belles  recherches  de  Wood  sur  la  vapeur  de  sodium,  j'ai 
refait  les  expériences  de  Pringsheim,  d'abord  en  me  plaçant  dans  des  con- 
ditions aussi  voisines  que  possible  des  siennes,  puis  en  remplaçant  le  lube 
en  porcelaine  de  Berlin  non  vernie  par  un  tube  de  fei'. 

Toutes  les  expériences  ont  été  faites  vers  1000",  dans  l'hydrogène  pur  et  sec.  On 
observait  le  spectre  d'absorption,  plus  sensible  que  le  spectre  d'émission. 

Les  diirérences  essentielles  de  mon  dispositif  et  de  celui  du  savant  allemand  sont  les 
suivantes  : 

1°  Mon  tube  était  chauflé  dans  un  grand  four  électrique  Heraeus  de  60""  de  long, 
au  lieu  d'un  fourneau  à  gaz. 

2°  Le  fer  formant  écran  magnétique,  au  lieu  de  me  servir  d'un  aiiuanl,  j  ai  déplacé 
la  nacelle  contenanl  le  carbonate  de  sodium  à  l'aide  de  lils  de  nickel,  glissant  à  frol- 
lement  doux  dans  de  petits  tubes  de  caoutchouc  placés  à  l'extrémité  froide  du  tube 
chaullé  et  serrés  par  des  pinces  de  Mohr. 

('  )  Loc.  cil.,  p.  12.).  —  Cf.  I",.  l'iiiNfisiiKiJi,  ]\  ieiL  Anit.,  t.  \L\  ,  p.  !\'ii,  1892. 
(-)  Comptes  rendus,   t.   CVLVIl,    190S,   p.  1097;    t.   GXLVIII,  1909,   p.   908;   Le 
lliidiiim,  1909. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I910.  1749 

3.  Dans  le  tube  de  porcelaine,  j'ai  retrouvé  exactement  les  phénomènes 
observés  par  Pringsheiin.  Dès  que  la  nacelle  était  ramenée  vers  la  partie 
froide  du  tube,  les  raies  D  disparaissaient  dans  le  spectre  d'absorption. 
(  lette  disparition,  cependant,  n'était  pas  absolument  instantanée;  elle  se 
faisait  dans  un  temps  difficilement  mesurable,  mais  de  l'ordre  d'une  frac- 
tion de  seconde. 

Dans  le  tube  de  fer,  au  contraire,  rien  n'était  changé  à  l'aspect  au  spec- 
Iroscope;  lorsque  la  nacelle  passait  à  l'extrémité  froide  du  tube,  les  raies  D 
s'ell'acaient  très  lentement.  I']lles  étaient  encore  nettement  visibles  après 
plus  d'une  heure.  La  disparition  était  plus  rapide  dans  un  courant  d'hydro- 
gène, mais  n'était  jamais  absolument  totale. 

Les  expériences  suivantes  sont  plus  probantes  encore. 

1"  On  introduit  la  nacelle  dans  une  région  du  tube  qui  n'est  chauffée  qu'au 
rouge  sombre.  Les  raies  D  apparaissent,  mais  peu  intenses.  On  fait-revenir 
la  nacelle  à  l'extrémité  froide  du  tube,  et  en  même  temps  on  envoie  un  cou- 
rant d'hydrogène  qui  ramène  les  vapeurs  formées  vers  la  région  la  plus 
chaude.  Au  bout  de  quehjues  instants  l'intensité  des  raiesD  augmente  d'une 
façon  considérable. 

2°  Si  l'on  fait  glisser  dans  la  partie  chaude  du  tube  de  fer  une  plaque  de 
porcelaine  non  vernie,  l'intensité  des  raies  D  diminue  bien  plus  rapidement. 

11  semble  donc  que,  dans  l'expérience  de  Pringsheim,  les  raies  du  spectre 
disparaissent,  non  pas  lorsque  les  effets  de  réduction  cessent,  mais  lorsque 
la  paroi  de  porcelaine  a  absorbé  toute  la  vapeur  de  sodium  présente  dans  le 
tube.  Le  phénomène  essentiel  est  donc  une  diffusion  vers  la  paroi  absorbante. 

4.  Il  reste  à  démontrer  que  cette  explication  rend  bien  compte  de  la 
rapidité  avec  laquelle  les  raies  disparaissent.  Au  point  de  vue  mathématique 
le  problème  de  la  diffusion  d'un  gaz  dans  un  tube  cylindrique  est  identique 
à  celui  de  la  conductibilité  calorifique  dans  un  cylindre  solide,  qui  a  été 
résolu  par  Fourier  (  '  ). 

Pour  exprimer  que  l'absorption  par  la  paroi  est  complète,  il  suffit  de  sup- 
poser que  la  conductibilité  extérieure  est  infinie.  Pour  simplifier,  on  peut 
admettre  de  plus  qu'à  l'origine  du  temps,  la  concentration  de  la  vapeur  de 
sodium  est  uniforme  dans  tout  le  tube  ;  c'est  d'ailleurs  l'hypothèse  la  plus 
défavorable.  En  première  approximation,  pour  un  temps  assez  long,  et  en 
faisant  sur  lé  temps  une  erreur  par  excès,  on  peut  écrire  pour  le  centre 

(')  FoL'RiER,  OEmres,  p.  332  et  suiv. 


17;>0  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

du  liibe  : 

G  el  Ço  étant  les  concentrations  au  temps  t  et  zéro;  K  étant  le  rayon  du  tube,  k  le 
coefficient  de  difl'usion  de  la  vapeur  dans  l'hydrogène,  «o  la  première  racine  positive 
de  la  fonction  J„  de  Bessel,  dont  la  valeur  est  2,40.5.  R  était  égal  à  i'''",5. 

Le  coefficienl,  de  difTusion  des  différents  gaz  dans  Tliydrogène  est  à  o", 
de  0,6  à  o,'^  C.  G.  S.  Il  croit  suivant  une  puissance  de  la  température  absolue 
variable  de  1,75  à  2. 

¥a\  adoptant  les  valeurs  les  plus  défavorables,  on  trouve 

« 

/li-S '-,'■■'  cni- 

K  =  0,6  X     — ^         =9 

\  27a  /  sec 


C            I 
Si  Ton  fait  ■—-  = '  on  trouve 

< .,,        1 000 


/  =  0,18  sec. 


PHYSIQUE.   —  Sur  les  rayons  du  potassium.  Note  de  M.  E.  He.vriot, 
présentée  par  M.  .1.  Violle. 

J'ai  décrit  précédemment  quelques  expériences  mettant  en  évidence  le 
fait  que  le  rayonnement  d'un  sel  de  potassium  constitue  une  propriété  nor- 
male de  ce  composé.  MM.  Elster  et  Geitel  ('),  dans  un  travail  récent,  ont 
confirmé  ce  premier  point  et  ont  montré  que  les  fractionnements  les  plus 
prolongés  n'amènent  aucune  modilicalion  dans  le  rayonnement  d'un  sel, 
ainsi  que  nous  l'indiquions,  M.  Vavon  et  moi,  dans  les  Comptes  rendus  du 
5  juillet  1909. 

La  question  de  savoir  si  le  rayonnement  est  une  propriété  atomique  a 
été  abordée  successivement  par  M.  (lampbell  et  Me  Lennan  qui  sont  arrivés 
à  des  conclusions  opposées. 

Je  me  suis  moi-même  occupé  de  la  question,  el  les  résultais  de  mon  étude 
feront  l'objet  de  cette  Note. 

La  divergence  entre  les  résultats  de  Campbell  et  de  Me  Lennan  doit  être  vraisem- 
blablement attribuée  à  une  erreur  de  technique  du  second,  el  les  expériences  dont  je 
vais  donner  le  résultat  sont  toutes  en  faveur  de  ce  fait,  que  le  rayonnement  du  potas- 
sium est  une  propriété  atomique. 

(')  Elster  et  Geitkl,  Phrsikalischc  Zeilschrift,  t.  Il,  1910,  p.  2-5-28.0. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  l'jSl 

Je  me  suis  assuré  d'abord  qu'il  existe  une  proportionnalité  assez  exacte 
entre  l'activité  d'un  sel  et  sa  teneur  en  métal.  Voici  quelques  nombres 
relatifs  à   des   sels   chimiquement   purs   du    commerce    : 

Bappoil  : 
Tencui'  lenetir 

Sel.  pfuii-  1011.  \ctivilc.  aclivilr' 

SO*K^ ',4,91  37,8  118 

RI '^Sj^S  21,0  ri2 

KBr 02,87  27,8  C18 

KCI .52,48  42,2  124 

KF ()7,32  .54,0  123 

CIO'K '-8,91  23, .5  MO 

AzO'K 38,69  3o,6  126 

Les  légères  variations  du  rapport  viennent  probablement  d'une  absorp- 
tion différente  des  rayons  par  la  matière  rayonnante  quand  on  passe  d'un 
sel  à  l'autre,  et  de  ce  fait  que  quelques-uns  des  corps  étudiés  sont  assez 
déliquescents.  Néanmoins,  la  vérilication  est  assez  concluante. 

Lorsqu'un  phénomène  est  atomique,  son  intensité  est  indépendante  de  la 
température.  Je  me  suis  rendu  compte,  entre  i4°  et  i/jo",  que  le  rayonne- 
ment qui  nous  occupe  présente  ce  critérium  d'atomicité. 

De  plus,  quand  on  passe  d'un  sel  à  l'autre,  le  rayonnement  garde  la 
même  nature  et  la  même  puissance  de  pénétration.  Voici  quelques 
nombres  (  ')  exprimant  l'absorption  par  des  feuilles  d'étain,  que  je  rappelle 
ici  pour  mettre  ce  fait  en  évidence  : 

Poids  d'écran   par  centimètre 

caiTo o     0,0109     0,0222     0,0337     0,0074     0,0811      0,117 

D  .  •     i  SO'K-...      1     0,75         0,60         0,4s         o,36         0,26         o,i(> 

Kavoiis  iran'-inis  '  >/  ;  71  >  ,  , 


KCI 1     o,7.>         0,63         0,49         0,34         0,27 


o,  13 


J'ajouterai,  à  l'appui  de  cette  manière  de  voir,  qu'actuellement  on  ne 
connaît  pas  de  phénomène  non  atomique  manifestant  des  électrons  de 
vitesses  aussi  considérables  que  ceux  du  phénomène  qui  nous  occupe. 

J'ai  effectué,  en  outre,  des  expériences  dont  le  résultat  met  en  évidence 
la  spontanéité  du  rayonnement.  Sur  ce  dernier  point,  le  fait  que  quelques 
expériences  de  MM.  Elster  et  Geitel  ont  été  effectuées  dans  les  mines  de 
carnallite  même  est  particulièrement  concluant. 

(')  IIe>riot,  Le  Hadiiini,  février  1910. 


1732  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  PHYSIQUE.  —  Action  de  l' hydrogène  sur  le  chlorure  de  soufre  et  sur 
h'  chlorure  de  thionyle^  sous  l'influence  de  l  effluve  électrique.  Note  de 
MM.  A.  Besso.v  el  L.  Fourxieu,  présentée  par  M.  Troosl. 

Chlorure  de  soufre  :  S^Cl^  —  Si  l'on  dirige  à  travers  un  appareil  à 
effluves,  de  Thydrogène  entraînant  des  vapeurs  de  chlorure  de  soufre  S'^Cl", 
on  voit  apparaître  bientôt  sur  les  armatures  un  dépôt  ayant  l'apparence  du 
soufre;  il  présente  l'inconvénient  de  former  des  plages  autour  desquelles 
éclatent  de  petites  étincelles,  ce  qui  est  une  cause  de  rupture  des  appareils; 
pour  éviter  cet  inconvénient,  on  est  amené  à  augmenter  le  déhil  en  S'-Cl- 
qui,  en  se  condensant,  dissout  le  soufre  mis  en  liberté. 

Le  lif|uide  condensé  est  jaune  clair  et  est  formé  exclusivement  de  chlorure  S^CI- 
lenanl  du  soufre  en  dissolution;  la  réduction  de  S^CI-  par  H  est  donc  totale.  La  vola- 
tilisation de  S'Cl'  se  faisait  dans  un  flacon  de  Durand  chaude  au  bain  de  valvoline, 
à  i5o°,  au  début  de  l'expérience  (S-CI^  bout  vers  i36"),  à  ijo"  vers  la  fin;  nous  avons 
constaté  que  ce  llacon  renfermait  après  l'expérience,  prolongée  pendant  plusieurs 
jours,  un  li(|uide  épais,  noir  foncé,  qui  renfermait  également  du  soufre  en  dissolution 
dans  S-CI''  (bien  qu'on  fut  parti  de  S'Cl-  bien  pur). 

Il  résulte  de  là  «jue  riiydrogène  avait  décomposé  le  chlorure  de  soufre, 
à  i;>o*'-i7o"  avec  mise  en  liberté  de  soufre;  ce  fait,  ainsi  que  celui  que  nous 
avons  observé  dans  le  fractionnement  de  produits  renfermant  S"  Cl%  a  attiré 
notre  attention  sur  la  stabilité  de  S^(U-  sous  l'action  de  la  chaleur.  Ce  corps 
est  considéré  comme  très  stable  (Dammer,  t.  I,  p.  ÔSp).  Nous  avons  soumis 
du  chlorure  de  soufre,  préalablement  distillé  sur  du  soufre,  à  une  simple 
distillation  au  bain  de  valvoline,  et  nous  avons  constaté  que,  dans  ces 
conditions,  il  passait  à  température  fixe(-i-  i37'^,5  corrigé  sur  760'"'");  mais 
si  l'on  emploie  un  appareil  de  fractionnement  tel  qu'un  ballon  deLadenburg 
(ballon  à  long  col,  d'une  vingtaine  de  centimètres  de  long,  portant  trois 
renflements),  la  température  du  bain  de  valvoline  devait  être  portée 
à  178"- 180"  pour  permettre  la  distillation;  le  liquide  distillé,  au  lieu  d'être 
jaune  orangé,  est  rougeàtre  et  des  fractionnements  successifs  donnent  des 
têtes  de  distillation  dont  le  point  d'ébullition  s'al)aisse  progressivement 
jusqu'à  atteindre  -^6^"^  température  d'ébullition  du  bichlorure  S  C!-;  il  y 
a  donc  décomposition  partielle  à  ces  températures  peu  supérieures  au  point 
d'ébullition,  en  S  Cl"  et  S  ;  c'est  un  fait  dont  il  faut  tenir  compte  toutes  les  fois 
qu'on  a  à  fractionner  un  liquide  pouvant  renfermer  du  chlorure  de  sodium. 

11  faut  remarquer  que  cette  décomposition  :  S-C^ll'-  =^  S("l-  +  S,  est  déjà 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  lySS 

sensible  quand  on  distille  S- CP  à  la  pression  atmosphérique,  même  en  se 
plaçant  dans  les  conditions  les  plus  favorables  pour  l'évacuation  des  vapeurs 
et  éviter  la  surchauffe  (cornue  à  large  col  plongée  dans  un  bain  de  valvoline, 
écran  protégeant  la  partie  supérieure  de  la  cornue  contre  le  refroidissement). 
Le  chlorure  déjà  rectifié  sur  S  distille  en  donnant  un  liquide  orangé  et  un 
léger  résidu  noirâtre  renfermant  du  soufre  ;  ce  même  produit  distillé  sous 
vide  (iS""")  commence  à  passer  à  la  distillation  vers  3o°  en  donnant  un 
liquide  fortement  coloré  en  rouge,  renfermant  une  forte  proportion  de  SC1-; 
puis  la  température  d'ébul'ition  s'élève  et  se  fixe  à  59"-'6o°  sous  i  S""""  en 
donnant  un  distillât  de  couleur  jaune  d'or;  à  vrai  dire,  la  composition  du 
produit  distillé  à  la  pression  atmosphérique  et  de  celui  distillé  sous  le  vide 
est  sensiblement  la  même.  Nous  noierons  encore  que  la  grande  volatilité  du 
chlorure  de  soufre  sous  pression  réduite  rend  son  ébullition  difficile,  et  il  faut 
chauffer  énergiquemenl  le  bain  de  valvoline  pour  obtenir  lébullition  cfl'ec- 
tive  du  chlorure  de  soufre,  faule  de  quoi  il  distille  activement  par  évapora- 
tion,  sans  ébullition. 

Chlorure  de  thionyle,  S0C1-. 

L'action  réductrice  énergique  qu'exerce  H  vis-à-vis  des  chlorures  sous 
l'influence  de  l'eftluve  électrique,  avec,  parfois,  fornialion  de  corps  peu 
stables  sous  l'action  de  la  chaleur  (P-Ci'),  pouvait  faire  espérer,  qu'en 
opérant  sur  SOCl^,  on  pourrait  isoler  le  radical  thionyle  ou  un  de  ses  pro- 
duits de  condensation;  cet  espoir  a  été  déçu,  comme  il  l'a  été  lorsque  l'un 
de  nous  a  autrefois  tenté  d'isoler  ce  radical,  par  un  procédé  purement  chi- 
mique (action  de  Hg  sur  SOBr-  )  (  '  ). 

Les  vapeurs  de  S(  )C1^  entraînées  par  un  courant  de  H  pur  et  sec  dans  les 
appareils  à  eflluves  en  activité  donnent  aussitôt  naissance  sur  les  arma- 
tures à  un  dépôt  ayant  l'apparence  du  soufre,  qui  contrarie  le  fonction- 
nement normal  des  appareils;  pour  éviter  cet  inconvénient,  on  augmente 
le  débit  de  SOCl-  dont  l'excès  dissout  le  dépôt  formé.  Le  liquide  jaune 
clair  condensé,  débarrassé  par  distillation  de  l'excès  de  SO Cl-,  laisse  un 
résidu  noirâtre  visqueux  que  la  distillation  sous  vide  sépare  en  S'Cl-  et  S. 
Quant  aux  gaz  issus  de  l'appareil  à  eflluves,  énergiquement  refroidis  par 
de  la  neige  carbonique,  ils  abandonnent  un  liquide  incolore  qui  n'est  autre 
que  SO-  liquéfié,  et  il  se  dégage  H  Cl;  si  l'on  fait  abstraction  de  la  produc- 
tion de  S,  la  réaction  peut  se  formuler  : 

iSO'C12+6H  =  S-^Cl^  -h  2  SO-^ -h  6  H  Cl; 

1  ')  A.   Besson,  Comptes  rendus,   lu  février  1896. 


1754  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'tiulrc  part,  la  production  de  S  peut  résulter  d'une  action  secondaire  de  H 
ou  de  SO-  sur  S^  Cl-  ;  nous  avons  déjà  vu  plus  haut  que  H  réduit  S-  Cl^  dans 
les  conditions  indiquées,  et  que  telle  pouvait  être  l'origine  du  S,  mais, 
d'autre  part,  nous  avons  été  amenés  à  examiner  si  SO-  ne  réagirait  pas  sur 
S- Cl-  sous  l'action  de  l'effluve. 

En  entraînant  les  vapeurs  de  S- Cl'  par  un  courant  de  SO-  sec,  nous  avons 
constaté  le  dépôt  de  soufre  sur  les  armatures  et  le  liquide  recueilli,  de  cou- 
leur jaune  rougeâtre  renfermé  à  côté  de  l'excès  de  chlorure  de  soufre,  sur- 
tout du  chlorure  de  thionyle  avec  une  petite  quantité  de  chlorure  de  sulfu- 
rjle;  la  réaction  de  S()-  sur  S- Cl"  sous  l'action  des  eflluves,  peut  donc  se 
formuler:  2SO-  -+-  d  S- Cl-  =  SO-  Cl-  -1-  2SO  Cl''  -l-  S.  Il  s'ensuit  que  la 
réaction  avec  eflluves  de  H  sur  SOCl*,  donne  naissance  à  SO-Cl-,  S^CP, 
SO",  S  et  HCl  (le  chlorure  de  sulfuryle  avait  passé  inaperçu  dans  la  réac- 
tion principale,  dilué  qu'il  était  dans  un  grand  excès  de  SOCl'-  non  altéré,  et 
par  suite,  du  voisinage  des  points  d'ébullilion  de  ces  deux  corps  :  S()C1-  à  78", 
SO-  Cl=  à  70"). 

D'un  autre  côté,  lors  de  l'enlraînement  par  S(  )'■'  de  S-(>1-  chauH'é  pro- 
gressivement de  i5o°  à  200°  au  bain  de  valvoline  nous  avons  constaté  une 
décomposition  de  ce  dernier  corps,  qui  s'est  traduite  par  la  présence  d'un 
grand  excès  de  soufre  dans  le  résidu  de  la  volatilisation;  nous  avons  été 
conduits  à  examiner  la  nature  des  produits  volatils  formés;  à  cet  elTet,  nous 
avons  répété  l'opération  en  entraînant  pendant  une  quinzaine  de  jours  S-(U- 
chauffé  à  i6o''-i70°  par  SO-  et  recueillant  directement  les  produits  dans  un 
mélange  réfrigérant;  le  liquide  rouge  clair  chauffé  an  bain-marie  avec  du 
soufré  au  réfrigérant  ascendant  (transformation  de  SCI"  en  S"  CY' )  devient 
jaune  clair  et  laisse  passer  en  tète  de  distillation,  exclusivement  du  chlorure 
de  sulfuryle;  donc,  sans  le  concours  de  reflluvc,  SO"  réagit  lentement  sur 
S'Cl"  chauffé  à  i6o°-i70°  suivant  l'équation  SO-  -;-S-Cl-  =  SO-Cl"  -I-  2S, 
et  le  rôle  particulier  de  l'eflluve  est  de  transformer  la  presque  totalité  de 
SO"Cl"enSOCP. 


CHIMIE  PHYSIQUE.  ~  Sur  ks  propriétés  électriques  des  alliages 
aluminium-argent .  Note  de  M.  Wiiold  Bkomewski,  présentée 
par  M.  H.  Le  Çh atelier. 

Les  alliages  aluminium-argent  sont  durs,  peu  altérables  et  ne  présentent 
pas  la  zone  fragile  propre  à  la  plupart  des  alliages  contenant  des  composés 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  lySS 

définis.  Il  est  donc  étonnant  que  ces  alliages  n'aient  suscité  que  peu  de 
recherches  sur  leur  constitution  et  n'aient  presque  pas  trouvé  d'emplois 
industriels. 

J'ai  étudié  la  constitution  des  alliages  aluminium-argent  en  me  basant 
sur  leurs  propriétés  électriques,  comme  je  l'avais  déjà  fait  pour  les  alliages 
aluminium-cuivre  ('),  mais  en  utilisant  cette  fois  en  plus  les  propriétés 
thermo-électriques.  Les  résultats  sont  exprimés  dans  les  graphiques  sui- 
vants, formés  en  prenant  pour  abscisses  le  pourcentage  des  métaux 
constituants  en  volume  et  pour  ordonnées  les  propriétés  électriques  des 
alliages  correspondants. 

La  figure  i  se  rapporte  à  la  conduclivilé  électrique  ;  la  figure  2  au  coefficient  de  tem- 
pérature de  la  résistance  électrique  entre  ©"et  100°;  la  figure  3  exprime  dans  sa  partie 
supérieure  (a)  le  pouvoir  thermo-électrique  à  0°  par  rapport  au  plomb,  dans  sa  partie 
inférieure  (b)  la  variation  de  ce  pouvoir  thernio-éleclrique  avec  la  température;  la 
figure  4  donne  la  force  électromotrice  de  dissolution  dans  du  chlorure  d'ammonium 
par  rapport  à  une  électrode  en  charbon  dépolarisée  par  du  bioxyde  de  manganèse. 

Dans  les  trois  premières  figures,  la  ligne  continue  se  rapporte  aux  échantillons 
recuits  et  la  ligne  en  pointillé  aux  échantillons  trempés.  Dans  la  figure  4  'a  ligne  con- 
tinue et  la  ligne  en  pointillé  représentent  respectivement  la  force  électromotrice  maxima 
et  la  force  électromotrice  limite  des  échantillons  recuits. 

L'existence  de  deux  composés  définis  Al-'Ag'  et  AlAg'  devient  manifeste 
si  nous  appliquons  aux  courbes  de  conduclivilé  et  du  coefficient  de  tempé- 
rature les  principes  établis  par  M.  H.  Le  Chatelier  (i8g5)  et  complétés  par 
M.  Guertler  (1907),  aux  courl)es  de  la  force  électromotrice  de  dissolution 
les  principes  indiqués  par  Laurie  (1888)  et  aux  courbes  du  pouvoir  thermo- 
électrique et  de  sa  variation  les  principes  que  j'ai  établis  dans  une  publication 
récente (  -). 

M.  Pelrenko  (igoô)  indique  par  la  mélliode  de  fusibilité  les  composés  AlAg-  et 
AlAg^.  La  divergence  avec  les  résultats  que  j'obtiens  s'explique  aisément  par  la  diffi- 
culté qu'on  éprouve  à  préciser  par  la  méthode  de  fusibilité  la  position  d'un  composé 
défini  englobe  entre  des  solutions  solides,  comme  c'est  le  cas  de  AI' Ag^.  Dilféremnient 
interprétées,  les  données  de  M.  Fetrenko  ne  contredisent  pas  les  miennes. 

M.  Pouchine  (1907)  trouve  en  étudiant  la  force  électromotrice  de  dissolution  un 
composé  défini  AlAg.  L'alliage  de  cette  composition  montre  au  microscope  une  striic- 


(')  Comptes  rendus,  t.  C\L1\,  190g,  p.  853. 
('-)  Revue  de  Mélalltirgie,  t.  \1I,  1910,  p.  34t. 

C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  36.)  229 


1756  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

lure  hétérogène  et  ne  .peut  pas  être  lui  composé  défini.  Ce  résultat  erroné  provient  pro- 
bablement de  ce  que  M.  Pouchine  avait  observé  la  force  électromotrice  limite  qui, 
comme  le  montre  la  ligne  en  pointillé  de  la  ligure  !\,  descend  avant  le  composé  Al'-Ag' 
à  cause  de  l'épuisement  de  l'électrode  et  ne  montre  pas  le  composé  AlAg'. 


PauroeaUge  de  Ag  eo  poids 


1  '  ]  1  1    1     1       1          i               : 

1 

1 

\ 

i\ 

', 

\ 

\ 

\ 

\, 

^ 

\ 

\ 

\ 

\ 

.1 

'^ 

s^ 

«„ 

A 

^■•'^^   ' 

;  1  ?"1i3  : 

Pourcentage  de  Ag  en  volume, 
l'^ie.   t.  —  Coiidiictivité. 


PouTGQnlage  de  Ag  en  puid» 

JS  K     K  80        90 


[i  1 1 

1      1        1 

i  "'fts 

(I 

1  '/ 

^^ 

, 

.  ^,1 

U^ 

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î  1 

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Al, 

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--^ 

\ 

■<i'~~ 

3 

•)l/,3 

1 

' 

1     1 

20     m     so     80 
Pourcentage  de  Ag  en  volume. 
1-ig.  3.  —  Pouvoir  thermo-électriqne. 


Pourcentage  de  Ag  en  poids 

ît  W     60  20       SO 


M  1  1   1    1     1        1          ,                1 

1 

i 

(\vm 

1 

h 

(inm 

1 

(im 

k 

>^ 

^ 

/\lU    I 

^ 

;■       Ijlli        1      ■ 

-- 

^ 

yVj^^ily 

0 

î  ,      il 

to       m      60      so 

l^ourccntage  de  Ag  eu  volume. 
;.  2.  —  Coefûcienl  de  teinpiTuLure. 


Pourcentage  de  Ag  en  poids 

îo  «)    M       io     so  .. 


111(11       1 

1 

?0 

■ 

tf. 

1 

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hl 

'~ 

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\ 

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Jl/ 

^     1 

o,'! 

1 

' 

~ 

* 

^^3 

/I9 

n 

! 

"1 

Pourcentage  de  .-Vg  en  volume. 
Kig.    'i.  —  K.  e.  m.  de  dissolution. 


L'argent  mélallique  pur  oblenu  par  la  réduclion  de  son  lohlomre  par  le 
carbonate  de  sodium,  raffiné  ensuite  par  l'électrolyse  et  fondu  dans  le  vide, 
a  donné  pour  le  coefficient  de  température  de  la  résistance  électrique  entre 
o"  et  100°  : 

a  :=  0,0041  0 


SÉANCE    DU    27    JUIN    19IO.  I'j5y 

MM.  Ramerlingh  Onnes  et  Clay  (1907)  avaient  trouvé  pour  ce  coeffi- 
cient a  =  o,oo4i  I.  La  valeur  que  je  trouve  se  rapproche  sensiblement  de 
celle  (a  =  0^00417)  qui  fixe  la  formule  établie  en  admettant  la  proportion- 
nalité entre  la  variation  de  la  résistance  électrique  avec  la  température  et  la 
variation  simultanée  de  l'espace  libre  entre  les  molécules  (') 

r(  =  (2F  +  T)Tx  const., 

où  F  est  la  température  absolue  de  fusion,  T  la  température  absolue  du 
métal  et  /•,  sa  résistance  électrique. 

L'étude  des  propriétés  électriques  a  l'avantage  sur  la  méthode  de  fusi- 
bilité de  noas  indiquer  la  structiure  des  alliag-es  à  la  température  ordinaire 
et  en  permettant  de  distinguer  plus  nettement  les  composés  définis  entou- 
rés de  solutions  solides.  Elle  présente  des  garanties  suflisantes  lorsque  les 
conclusions  tirées  de  toutes  les  propriétés  électriques  sont  concordantes  et 
confirmées  par  la  métallographie. 


CHIMIE   MINÉRALE.   —  Sur  les  azolures  et  les  oxydes  extraits  de  Valumimujn 
fé  à  l'air.  Note  de  M.  Koh.v-Abrest. 


Je  demande  la  permission  de  rappeler  qne  ma  Note  des  Comptes  rendus 
(ri  avril  1910),, criticpiée  par  M.  Serpek  dans  les  Comptes  rendus  du  6  juin 
dernier  (p.  1020),  renferme  en  première  ligne  l'indication  suivante  : 

J'ai  indiqué  en  igoS  quelques  résultats  obtenus  en  chauffant  dans  l'air  la  poudre 
d'aluminium,  j'ai  depuis  repris  celle  élude. 

(Bibliographie  :  C.  /?.,  juillet  igoS,  et  Pioptchon,  C.  /?.,  i8g3.) 

Au  cours  des  recherches  sur  l'aluminium  que  je  poursuis  depuis  plusieurs 
années  j'ai  pu  isoler  des  produits,  azotures  et  oxydes,  différents  de  ceux 
actuellement  connus. 

Tels  sont  les  résultats  nouveaux  que  j'ai  donnés  dans  ma  Note. 

M.  Serpek  affirme'  que  mes  résultats  sont  connus  depuis  longtemps; 
cependant  il  ajoute  un  peu  plus  loin  qu'il  n'a  jamais  obtenu  les  azotures 
que  j'ai  signalés.  Je  n'ai  qu'à  prendre  acte  de  cette  déclaration. 


(')  J.  C/iim.  p/iys.,  t.  IV,  igo6,  p.  285;  t.  V,  igoj,  p.  5-  et  6oy. 


1708  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Extraction  du  germanium  des  hiendes. 
[Note  de  MM.  G.  Lrbain,  M.  Blondel  et  Obiedoff,  présentée 
par  M.  A.  Haller. 

L'un  de  nous  a  montré  précédemment  que  la  présence  du  germanium 
était  fréquente  dans  les  blendes.  Comme  cet  élément  n'a  été  signalé  jus- 
qu'ici que  dans  de  rares  minéraux  :  argyrodite,  canfieldite,  frankéite, 
euxénile,  samarskite,  niobile,  tantalite  et  gadolinite,  et  que,  sauf  dans 
les  trois  premiers,  sa  présence  parait  être  accidentelle,  il  était  intéressant 
d'édifier  un  mode  de  traitement  des  blendes  en  vue  de  l'extraction  du 
germanium. 

Les  minerais  riches  en  argyrodite  qui  furent  traités  par  Winckler  en  i88(i 
(J.prakt.  Chem.  t.  XXXVII,  1887)  ne  renfermaient  que  o,36  pour  lood'ar- 
gyrodite,  ce  qui  correspond  à  une  teneur  en  germanium  de  l'ordre  de  ;„j|„„. 
(Quelque  faible  que  soit  cette  proportion,  il  serait  actuellement  impossible 
de  refaire  un  traitement  semblable  faute  de  matière.  Par  contre,  on  peut  se 
procurer  aisément  des  blendes  germanifères  et  obtenir  autant  de  germanium 
qu'on  le  veut,  à  la  condition  de  traiter  de  grandes  quantités  de  minéraux 
aussi  connus.  (Sur  64  échantillons  de  blendes  de  toutes  provenances  qui 
ont  été  examinées,  38  renfermaient  suffisamment  de  germanium  pour  que 
l'on  en  puisse  observer  les  raies  principales  par  l'analyse  spectrographique 
directe.)  Une  blende  assez  riche  en  germanium,  telle  que  la  blende  du 
Mexique  dont  nous  avons  traité  Sjo^^,  en  renferme  une  proportion  de  l'ordre 
du  cent-millième.  Nous  en  avons  pu  extraire  en  effet  environ  5^  de  ger- 
manium pur.  Ce  résultat  montre  que  c'est  aux  blendes  qu'il  faudra  s'adres- 
ser désormais  pour  préparer  des  quantités  suffisantes  de  germanium  pour 
pouvoir  en  faire  une  étude  chimique  étendue. 

Nous  nous  bornerons  à  décrire  ici,  parmi  les  méthodes  que  nous  avons 
expérimentées,  celles  qui  nous  semblent  les  meilleures,  tant  au  point  de 
vue  des  rendements  qu'au  point  de  vue  économique  qui  ne  peut  être  négligé 
dès  que  les  traitements  tiennent  moins  des  techniques  du  laboratoire  que 
de  celles  de  l'usine. 

La  blende  pulvérisée  est  attaquée  par  son  poids  d'acide  sulfurique  concentré. 

L'attaque,  vive  au  début,  doit  être  poursuivie  avec  le  concours  de  la  chaleur.  11  se 
dégage  principalement  de  l'acide  sulfureux.  On  cesse  de  chaulTer  qu«»d  Texcès  d'acide 
sulfurique  a  été  éliminé. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  1769 

La  masse  sèche  esl  ensuite  i-eprise  par  l'eau.  Le  résidu  insoluble  renferme  encore  ilu 
germanium  et  doit  être  attaqué  de  nouveau. 

Les  solutions  aqueuses  sont  traitées  peu  à  peu  par  une  solution  de  sulfure  de 
sodium,  jusqu'à  ce  que  les  liqueurs  ne  renferment  plus  de  germanium.  Des  sulfures 
ainsi  obtenus,  on  peut  éliminer  la  majeure  partie  du  zinc  en  les  traitant  par  décanta- 
lion  avec  d'as  dissolutions  d'acide  sulfurique  dont  la  concentration  ne  doit  pas  être 
inférieure  à  i5  pour  100.  Au-dessous  de  celte  teneur,  et  surtout  dans  l'eau  pure,  le 
germanium  passe  des  précipités  dans  les  liqueurs. 

Les  sulfures  germanifères  réduits  ainsi  à  un  faible  volume  peuvent  être  calcinés. 
Mais  il  est  alors  nécessaire  d'opérer  dans  une  atmosphère  franchement  oxvdanle,  car 
on  sait  que  le  sulfure  de  germanium  est  volatil.  On  peut  également  attaquer  ces  sul- 
fures par  l'acide  nitrique,  mais  non  par  l'eau  régale  :  la  volatilité  du  chlorure  de 
germanium,  déjà  signalée  par  ^^"inckler,  s'oppose  à  l'emploi  de  l'acide  chlorhydritjue 
dans  tout  traitement  où  la  chaleur  intervient.  La  solution  nitrique,  évaporée  à  sec, 
laisse  un  résidu  d'oxj'des  et  de  nitrates  germanifères.  Dans  l'un  ou  l'autre  cas,  une 
attaque  nouvelle  pai'  l'acide  sulfurique  permet  de  mettre  eu  solution  la  majeure  partie 
du  germanium. 

I^es  dissolutions  très  acides  sont  ensuite  traitées  par  Ihydrogéne  sulfuré  de  manière 
à  éviter  la  précipitation  du  zinc  et  à  gêner  celle  du  cadmium.  Tout  le  germanium  se 
retrouve  dans  le  précipité.  Ce  nouveau  sulfure  est  attaqué  comme  le  précédent.  En 
général,  la  concentration  en  germanium  est  suffisante  pour  que  l'on  puisse  effectuer 
une  dernière  précipitation  par  l'hydrogène  sulfuré,  après  avoir  ajouté  à  la  liqueur 
froide  la  moitié  de  son  volume  d'acide  chlorhydrique  concentré.  Le  précipité  de 
sulfures  contient  alors  la  totalité  du  germanium  et  de  l'arsenic  avec  une  proportion 
notable  de  molybdène. 

Si  la  concentration  en  germanium  était  encore  insuffisante,  on  pourrait  précipiter 
partiellement  la  liqueur  par  l'ammoniaque.  Le  germanium  s'accumule  dans  les  pre- 
miers précipités.  Ceux-ci  pourraient  eux-mêmes  être  dissous  dans  l'acide  sulfurique; 
et,  après  refroidissement,  la  liqueur,  additionnée  d'un  excès  d'ammoniaque  et  filtrée, 
laisserait  précipiter  par  l'ébullition  le  germanium  à  un  très  grand  état  de  concentration. 

Cette  manière  de  procéder  présente  quelque  avantage  en  présence  de  beaucoup  de 
cadmium  et  surtout  de  molybdène;  mais  l'arsenic  accompagne  le  germanium  dans  tous 
ces  traitements. 

Les  sulfures  précipités  finalement  en  liqueur  chlorhvdrique  très  acide  sont  alors 
traités  par  l'ammoniaque  sans  excès.  Les  sulfures  de  germanium  et  d'arsenic,  souillés 
de  molybdène,  se  dissolvent  instantanément.  La  liqueur  ammoniacale  jaune  est  neutra- 
lisée progressivement  avec  un  acide  de  plus  en  plus  dilué  à  mesure  que  la  dissolution, 
séparée  des  précipités,  esl  moins  colorée.  En  opérant  avec  précaution,  on  peut  préci- 
piter de  la  sorte  la  totalité  de  l'arsenic  et  du  molybdène  à  l'exclusion  du  germanium. 
Ce  mode  opératoire  diffère  peu  de  celui  de  Winckler  qui  traitait  les  sulfures  germani- 
fères par  les  sulfures  alcalins;  mais  il  est  préférable  parce  que  le  terme  de  la  réaction 
est  plus  net.  Le  germanium  est  ensuite  intégralement  précipité  en  liqueur  très  acide 
par  l'hydrogène  sulfuré.  Le  sulfure  de  germanium  que  l'on  obtient  alors  esl  blanc  et 
parfaitement  pur. 


1760  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Les  ixiiévilablea  résidus  d'oxydes  insolubles  qui  se  forment  à  plusieurs  reprises  dans 
ces  traitements  doivent  être  traités  par  les  alcalis  ou  les  carbonates  alcalins,  soit  par 
voie  aqueuse,  soit  par  voie  ignée,  pour  en  extraire  le  germanium  qu'ils  renferment.  Les 
liqueurs  alcalines  son*  additioninées  d'un  excès  de  sulfure  de  sodium.  Les  solu- 
tions filtrées  des  sulfosels  sont  ensuite  traitées  par  les  acides.  Les  sulfures  germani- 
fères  qui  se  précipitent  al<ars  sont  purifiés  par  le  procédé  à  l'ammoniaque  qui  vient 
d'être  décrit. 

Les  quanlilés  de  gernianium  qui  échappent  à  ces  traitemenls  sont  abso- 
lumenl  négligeables. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  caractère  acide  de  l'éther  oxalacélique. 
Note  de  M.  L.-J.  Simon. 

Dans  une  Note  insérée  dans  l'un  des  derniers  Comptes  rendus  de  l'Académie, 
M.  Gault  donne  quelques  renseignements  sur  l'acidité  d'e  l'éther  oxalacé- 
lique et  de  ses  dérivés. 

Au  cours  d'un  travail  sur  l'éther  oxalacélique  entrepris  et  publié  aveclacol- 
laborationde  M.  Conduché(.47m.r/e  C/iim.  etde  Phys.^  S''  série,  t.  XII,  1907), 
nous  avons  déjà  signalé  la  manière  de  se  comporter  de  l'éther  oxylaeétique 
à  cet  égard. 

Voici  d'ailleurs  le  texte  : 

O'n  sait  que  l'éther  oxalacétique  se  comporte  comme  un  acide  faible;  nous  avons 
vérifié  qu'on  peut  le  d'oser  atcalimétriquement  en  présence  de  phtaleine  du  phénoL 

os,j9g4  d'étlier  oxalacétique  neutralisent  ainsi  r9'^"'',3  de  potasse  (9  -^  0,219),  d'où 
M=i89.  Calculé  M  =i88(p.  24). 

Certaines  propriétés  de  l'éther  oxalacétique  se  retrouvent  dans  ces  dérivés  :  ils  ont 
un  caractère  nettement  acide  et  peuvent  être  titrés  alcalimétriquement  en  présence  de 
phénolphtaléine  ;  ils  sont  neutres  au  niétliylorange...  (p.  9). 

En  outre  j'ai  signalé  il  y  a  quelques  années  (Comptes  rendus,  t.  CXXXVIIf, 
1904,  p-  i5o5)  l'alléralion  spontanée  que  subit  l'éther  oxalacélique  et  qui 
s'accentue  avec  la  durée.  Il  se  forme  en  particulier  une  substance  qui,  avec 
les  alcahs  ou  les  sels  alcalins  d'acides  faibles,  produit  des  phénomènes  de  colo- 
ration. Cette  coloration  enlève  au  titrage  alcalimélrique  toute  précision 
lorsque  l'éther  oxalacétique  n'a  pas  été  fraîchement  préparé  ou  distillé.  (  )n 
ne  peut  donc  employer  qu'avec  réserve  le  titrage  alcalimélrique  de  l'éther 
oxalacétique  en  présence  de  phénolphtaléine  pour  apprécier  le  degré  de  son 
altération. 


SÉANCE   IMJ    27    JUIN    IQIO.  Ï761 

CHIMIE    ORGANIQUE.    —    Sii?^  î' hydrogénation    des   composés  acétylémques. 
Note  de  M.  Lespieau,  présentée  pai'  M.  A.  HalJ«r. 

Grâce  aux  recherches  poursuivies  de  divers  côtés  pendant  ces  dernières 
années,  nombre  de  composés  acétyléniques  sont  devenus  sinon  très  faciles 
à  obtenir,  du  moins  relativement  abordables;  aussi  n'esl-il  pas  absurde  de 
chercher  si  certains  d'entre  eux  ne  pourraient  pas  servir  à  préparer  les  eorps 
saturés  correspondants,  lorsqu'on  ne  connaît  pour  obtenir  ces  derniers  que 
des  procédés  assez  pénibles. 

L  hydrog-énation  des  composés  acétyléniques  est  habituellement  peu 
commode  à  réaliser  par  les  méthodes  anciennes  (enq)loî  de  Famalgame  de 
sodium,  du  sodium  et  de  l'alcool);  elle  se  fait  bien  quand  on  a  recom's  à 
l'action  catalylique  du  nickel,  dans  le  cas  où  l'on  peut  opérer  à  des  tempé- 
ratures auxquelles  résiste  le  compsosé  non  salMré  mis  en  œuvre,  mais  il 
arrive  souvent  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

L'action  catalytique  du  noir  de  platine  de  Low  s'effectuant  à  froid,  son 
emploi  permet  au  contraire  l'hydrogénation  des  composés  acétyléniques 
les  moins  stables.  On  sait  cjue  l'emploi  de  ce  noir  a  été  indiqué  par  Wills- 
tatter  qui  s'en  est  servi  pour  fixer  de  J'iaydrogène  sur  divers  composés  éllîy- 
léniques.  Il  était  presque  certain  a  priori  que  la  métJnode  réussirait  ■ég:a(le- 
ment  lorsqu'on  .aurait  affaire  à  des  composés  acétyléniqnj.es.  Appliquée  par 
M.  Vavon  et  nioi  dans  le  cas  de  l'acide  octadiine  à\o\mie  (Comptes  rendus, 
t.  CVLYIII,  p.  i33i),  elle  nous  a  permis  en  effet  d'arriver  à  l'acide  subé- 
rique,  avec  un  rendement  sensiblement  qnantiiLatif. 

Poursuivant  ces  recherches,  j'ai  vu  (|u'ou  arrivait  encore  à  des  ri'sultats 
fort  satisfaisants  lorsqu'on  avait  affaire  à  des  glycols  mono-  ou  biaoétvlé- 
niques.  C'est  ainsi  que,  parti  du  glycol 

CTi'OH  —iZ  =  €.  —  CH-^OH 

découvert  par  Jotsilch,  je  suis  arrivé  au  glycol  tétraméthylénique 

CH-OH  -  GIF^-  C1I-—  CliMJH. 

De  même,  en  prenant  comme  point  de  départ  le  glycol 

Cn^OH  ~c^C  —  C^C  —  CH^'OH 

que  j'ai  décrit  autrefois  (  Comptes  rendus^  i.  CWIII,  p.  1296  ),  je  suis  airivé 
à  l'hexaméiChylèneglycol 

CH^OII  -  CH^—  CH^-  Ctt^— CH'-  CH'OH. 


1762  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Les  deux  glycols  saturés,  dont  il  vient  d'être  question,  ont  été  obtenus 
pour  la  première  fois  à  l'état  de  pureté  par  M.  Hamonet;  les  mesures  que 
j'ai  effectuées  sur  les  produits  auxquels  je  suis  arrivé  (points  de  fusion  et 
d'ébullition  des  deux  glycols,  points  de  fusion  de  leurs  diphényluréthancs) 
sont  en  complet  accord  avec  les  données  de  ce  savant.  Les  voies  que  j'ai 
suivies  sont-elles  moins  longues  et  plus  rémunératrices  que  celles  indiquées 
par  M.  Hamonet?  N'ayant  point  pratiqué  ces  dernières,  je  ne  saurais  le 
dire,  mais  je  ferai  remarquer  que  l'hydrogénation  des  glycols  acétylénicjues 
m'a  donné  d'excellents  rendements. 

Quant  au  mode  opératoire,  il  est  des  plus  simples  :  le  glycol,  dilué  dans  l'éllier  ou 
l'alcool,  est  additionné  de  noir  de  platine,  puis  agité  dans  une  atmosphère  d'hydro- 
gène; quand  le  gaz  cesse  d'être  absorbé,  on  évapore  le  solvant,  il  reste  le  glycol 
saturé,  cristallisé  et  fondant  bien. 

Le  fait  que  le  produit  obtenu  fond  bien  de  prime  abord  pourrait  laisser 
croire  à  un  rendement  quantitatif.  Cependant  la  mesure  des  volumes 
d'hydrogène  absorbés  montre  que  l'hydrogénation  dépasse  un  peu  le  but, 
et  en  effet  l'hexaméthylèneglycol  n'est  pas  le  seul  corps  formé  dans  la 
réaction.  Il  est  accompagné  de  petites  quantités  d'hexane  et  d'iiexanol. 

On  pouvait  espérer  que  les  fonctions  alcools  seraient  protégées  par  leur 
transformation  en  éthers-oxydes;  il  semble  que  le  contraire  ait  lieu,  ainsi 
qu'il  résulte  de  recherches  faites  sur  les  éthers  diméthyliques  du  butine- 
diol  et  do  l'octa-diinediol.  Ce  dernier  (qui  fond  à  —  3°  et  que  j'ai  obtenu 
par  l'action  de  l'éther  chloromélhylique  sur  le  dérivé  dimagnésien  dubipro- 
pargyle)  fournit  par  son  hydrogénation  un  mélange  qui  parait  constitué  par 
un  peu  d'éther  saturé,  beaucoup  d'oclane  et  beaucoup  d'oxyde  de  méthyle 
et  d'octyle. 

D'après  ce  que  l'on  sait  relativement  à  d'antres  cas,  ces  hydrogénations 
supplémentaires  pourraient  sans  doute  être  évitées  en  grande  partie,  si  l'on 
faisait  usage  d'un  catalyseur  déjà  un  peu  épuisé. 


CHliMlE  ORGANIQUE.  —  Sur  un  nouveau  menlhol  terliaire  ;  passage  du  pinène 
au  menlhène.  Note  de  M.  A.  Béhal,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

MM.  Haller  et  Martine  {Comptes  rendus,  i*^''  sem.  1905,  p.  1298)  ont 
observé  qu'en  hydrogénant  le  terpinéol  par  le  nickel  réduit  et  l'hydrogène, 
on  obtenait  de  l'hexahydrocymène. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I9IO.  1 768 

En  me  plaçant  dans  des  conditions  ditî'érentes  j'ai  obtenu,  en  me  servant 
des  mêmes  réactifs  et  du  terpinéol,  un  alcool  d'hydrogénation  c{ui  est  un 
menthol  tertiaire. 

En  partant  de  terpinéol  fusible  à  3,)°  actif  ou  non  sur  la  lumière  polarisée, 
on  obtient  un  corps  qui,  à  l'état  de  pureté,  présente  les  caractères  suivants  : 

Son  point  d'ébuUilion  est  à  99°- 100°  sous  in'^'^  à  2o6°-2o8''  sous  la  pression  ordi- 
naire; sa  densité  à  20°  est  de  0,912.  Il  ne  possède  pas  de  pouvoir  rotatoire,  même  en 
partant  de  terpinéol  actif,  ce  qui  concorde  avec  l'absence  du  carbone  asymétrique  dans 
sa  formule  ;  son  indice  de  réfraction  est  à  18°,  pour  la  raie  D,  «  :=;  i  ,46874;  la  réfraction 
moléculaire  calculée  pour  C"'H^''0  est  de  47)'^3;  on  trouve  ^'j  ,6. 

Au  point  de  vue  théorique,  le  terpinéol  fusible  à  35°  peut  donner  par 
hydrogénation  naissance  à  deux  isomères  stéréochimiques,  un  cis  et  un 
trans,  comme  le  montre  sa  formule  de  constitution  : 

CtP  CH* 

C  CH 

GH\  JcHK  GH  =  I       IcfP 

CH  CH 

COH  GOH 

/\  /\ 

CH'  CH^  CH'  CH' 

le  méthyle  et  le  groupement  isopropylique  pouvant  être  en  position  cis  ou 
en  position  cis-trans. 

Je  me  suis  attaché  à  démontrer  l'existence  de  ces  deux  alcools  dans  le 
produit. 

A  cet  effet  j'ai  combiné  i58,6  de  menthol  avec  n'-^g  d'isocyanate  de 
phényle. 

J'ai  opéré  en  tube  scellé  et  à  froid. 

Les  cristaux  sont  broyés  avec  l'éther  de  pétrole  et  l'on  essore.  On  fait  alors  cristal- 
liser le  produit  solide  dans  l'alcool  à  95°. 

Il  fond  à  94°-95°.  On  caractérise  dans  le  résidu  de  la  diphénylurée  par  son  point  de 
fusion. 

L'alcool  régénéré  par  saponification  présente  les  caractères  mentionnés  plus  liaul. 

Il  ne  semble  donc  y  avoir  qu'un  seul  des  alcools  prévus  théoriquement. 

Traité  par  le  sodium  en  liqueur  benzénique  il  donne  un  dérivé  sodé  solubie  dans  le 
benzène,  fournissant  par  l'anhydride  acétique  un  éther  acétique  (éb.  io4°  sous  lô™"'). 
C.  R.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150,  N°  26.)  23o 


1^64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Traité  par  l'acide  acétique  en  présence  d'acide  sulfurique,  l'alcool  se  dissout  d'abord, 
puis  en  un  temps  plus  ou  moins  long,  environ  3o  minutes,  quand  on  dissout  l'alcool 
dans  deux  fois  son  poids  d'acide  acétique  cristallisable,  il  se  sépare  une  couclie  incolore 
qui,  lavée  à  l'eau  et  avec  un  alcali,  se  présente  comme  formée  essentiellement  d'un 
carbure,  d'un  menlhène,  comme  je  vais  l'établir;  la  majeure  partie  bout  à  lya^-iy^" 
sous  la  pression  ordinaire;  sa  densité  à  21°  est  de  0,819;  son  indice  de  réfraction  pour 
la  raie  D  à  21°  est  de  1,45862;  la  réfraction  moléculaire  trouvée  est,  d'après  cela, 
de  46,00;  calculée,  elle  est  de  45,63. 

On  a  oxydé  ce  carbui-e  par  le  permanganate  de  potassium  en  liqueur 
aqueuse  à  i  pour  100  à  froid,  on  a  opéré  sur  ioo«  de  carbure  en  agitant 
mécaniquement,  et  Ton  a  pu  isoler  seulement  de  la  propanone,  de  la  para- 
mélliylcyclohexanone  et  de  l'acide  p-méthyladipique. 

De  l'ensemble  des  produits  d'oxydation  on  peut  déduire  que  la  constitu- 
tion du  menthène  obtenu  est  la  suivante  : 

Or,  Wallach  (Liehig's  Ann.,  t.  CCCLX,  p.  72)  a  obtenu  synlhétiquement 
un  carbure  de  cette  formule  en  condensant  rétberbromoisobulyrique  avec 
la  ^-métliylcyclohexanone  et  en  saponifiant  et  déshydratant  le  produit 
obtenu. 

Récemment,  Auwers  {B.  d.  deutschen  cliem.  Gcs.,  t.  XLII,  p.  4<^95) 
a  reproduit  ce  même  carbure  en  partant  de  la  pulégone.  Les  caractères 
accordés  par  ces  auteurs  à  leurs  produits  concordent  sensiblement  avec  ceux 
(jue  j'ai  indiqués. 

L'action  de  l'acide  oxalique  sur  le  menthol  tertiaire  conduit  à  l'obtention 
d'un  carbure  qui  est,  pour  la  majeure  partie,  identique  au  carbiu'e  pré- 
cédent. 

11  possède  un  point  d'ébullition  situé  plus  bas,  il  passe  surtout  de  17(1"  i\  172°,  sa 
densité  est  plus  faible  (  D'"'^  =  o,  817.5);  son  indice  de  réfraction  est  de  1,45932  à  20, 5 
pour  la  raie  D  ;  sa  réfraction  moléculaire  trouvée  est  de  46, 1  ;  calculée  45,63. 

Le  carbure  sulfurique  acétique  aussi  bien  que  le  carbure  oxalique  s'iso- 
mérisent  plus  ou  moins  complètement  par  le  chauffage  avec  les  réactifs 
acides  ou  alcalins,  et  se  transforment  en  menthène  identique  au  menthène 
provenant  de  la  déshydratation  du  menthol  ordinaire. 

Il  semble  que  c'est  l'acide  sulfurique  à  5  pour  100  en  volume  à  réhuUition 
qui  produit  les  meilleurs  résultats,  ^^'allach  a  déjà  trouvé  ce  fait  pour  le 
carbure  qu'il  avait  obtenu  avec  la  /;-mélhylcyclohexanone  et  Auwers  l'a 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  1 766 

confirmé  pour  celui  qu'il  a  préparé  avec  la  pulégone.  Wallach  avec  le 
chlorure  de  nitrosyle  et  riiydrogénalion  ultérieure  a  obtenu  l'oxime  de  la 
menthone,  Auwers  a  répété  l'expérience  de  Wallach  sur  le  menthène  de  la 
pulégone  isomérisée. 

J'ai  caractérisé  le  menthène  en  le  transformant  en  menthone  par  l'iode  et 
l'oxyde  mercurique  (Bougpult)  et  en  décomposant  ensuite  l'iodhydrure 
restant  par  le  nitrate  d'argent. 

J'ai  pu  ainsi  obtenir  un  liquide  possédant  toutes  les  propriétés  de  la 
menthone,  odeur,  point  d'ébuUition,  mais  ne  donnant  à  froid  avec  le  semi- 
carbazide  qu'une  petite  quantité  de  carbazone  de  la  menthone. 

L'oxydation  au  permanganate  de  potassium  à  froid  faite  suivant  le  procédé 
Wagner  fournit,  à  côté  du  carbure  inaltéré,  un  mélange  de  corps  solubles 
dans  l'eau  qui  sont  sans  odeur,  possèdent  une  saveur  extrêmement  forte  de 
menthe  et  qui,  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  à  j  pour  100  à  l'ébullition, 
fournissent  entre  autres  produits  de  la  menthone  que  j'ai  pu  caractériser  par 
son  point  d'ébuUition  et  le  point  de  fusion  de  sa  semicarbazone. 

Ainsi  se  trouve  réalisé  le  passage  du  piiiène  au  menthène  :  pinène,  terpi- 
néol,  hydroterpinéol,  menthène  A  j,  menthène,  menthone. 

Je  me  propose  de  revenir  sur  les  produits  de  l'oxydation  du  menthène  et 
sur  l'action  de  l'acide  sulfurique  acétique  sur  ce  carliure. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  condensation  de  fa  p/iénylisoxazolone 
avec  l'éther  mésoxalique.  Note  de  M.  André  Meyeb,  présentée  par 
M.  E.  Jungtleisch. 

Dans  une  précédente  Communication  (')  j'ai  étudié,  en  collaboration 
avec  M.  A.  Wahl,  les  produits  de  condensation  de  la  phénylisoxazolone 
avec  les  aldéhydes  aromatiques.  Ces  corps  possèdent  la  constitution  sui- 
vante : 

C«tP-C        C  =  CI1  — K 

Il        >^'*^ 
N         O 

R  représentant  le  radical  aromatique.  La  même  réaction  a  été  étendue  aux 


A.  \\ahl  el  André  Meyer,  Comptes  rendus,  t.  CXLVI,  p.  638. 


I-GG  ACADÉMIE    UKS    SCIENCES. 

mélhoxypliénylisoxazolones  (').  lùifin,  M.  ^\  ahl  a  décrit  leurs  produits  de 
condensation  avec  le  chlorure  d'isatine  ('  ). 

La  pliénylisoxazolone,  donnant  ainsi  des  réactions  très  variées,  m'a  paru 
mériter  une  étude  plus  approfondie.  J'ai  d'abord  essayé  d'en  réaliser  la 
condensation  avec  des  corps  cétoniques,  tels  que  le  benzile,  ou  les  étliers 
mésoxaliques,  a-^-dicétoniques,  etc.,  qui  possèdent  une  aptitude  marquée 
à  cette  réaction.  La  présente  Note  a  pour  objet  de  faire  connaître  le  produit 
de  la  condensation  avec  l'éllier  mésoxalique,  c'est-à-dire  le  mésoxalale 
d'élhyle-his-phénylisoxazolone  et  ses  dérivés. 

L'éthcr  mésoxalique  a  été  obtenu  suivant  un  procédé  quelque  peu  diffé- 
rent de  ceux  indiqués  jusqu'ici  (''),  et  dont  les  détails  seront  publiés  dans 
un  autre  Recueil.  Sa  condensation  s'elTectue  dans  de  bonnes  conditions  en 
versant  i"'"',io  de  mésoxalate  d'éthyle  sur  a"'"'  de  phénylisoxazolone,  ce 
qui  produit  un  dégagement  de  chaleur  notable.  On  ajoute  de  l'alcool  à  gS" 
jusqu'à  dissolution  à  chaud,  et  l'on  achève  la  réaction  par  une  ébullition 
d'environ  3o  minutes  à  45  minutes.  Par  refroidissement,  il  se  dépose  un 
composé  incolore,  qu'on  purifie  par  des  cristallisations  dans  l'alcool  ou 
la  benzine  bouillants.  Le  rendement  est  de  85-90  pour  100;  il  est  abaissé 
par  l'addition  d'agents  de  condensation,  même  de  pipéridine,  ou  par  la 
prolongation  de  la  durée  de  chauffe,  par  suite  de  la  production  de  résines. 

L'analyse  assigne  à  ce  produit  la  formule  C^'^H-^O'N^;  sa  constitution 
peut  se  représenter  de  la  façon  suivante  : 

C'II  — C ^CH C HC G-C'll^ 

Il       z'^^*  Il  ^*"\       Il 

N        O  (GO  OC  H ')^         O        N 

Je  le  désignerai,  selon  l'usage,  sous  le  nom  de  mésoxalate  d'éthyle-bis- 
p  hénylisoxazolone . 

Il  cristallise  de  sa  solution  dans  l'alcool  dilué  en  gros  cristaux  octaédriques  incolores, 
fondant  à  187°  en  se  décomposant.  Insoluble  dans  l'eau,  le  chloroforme,  l'étiier,  la 
ligroïne  froids  ou  chauds;  il  est  soluble  à  rébullilion  dans  l'alcool,  la  benzine,  l'éther 
acétique,  l'acide  acétique.  L'acide  SO'H^  concentré  le  dissout;  l'addition  d'eau  le  pré- 


(')  Sii.BKRZWEiG,  Thùse,  Université  de  iXancy,  mai  1910.  |).  53. 

C)  A.  Wahl.  Comptes  rendus,  t.  CXL\  III,  p.  35-!. 

(')  SciisiiTT,  Ann.  de  Ph.  et  de  Ch.,  8"  série,  t.  XII,  p.  407.  —  Cl'RTISS,  Amer.  ch.  J., 
t.  XXXIII.  p.  6o3.  —  Voir  aussi  Boiveailt  et  Wahl,  Comptes  rendus,  t.  CXXVIII, 
p.  1221. 


SÉANCE  DU  2^  JUIN  rpio.  1767 

cipite  inaltéré.  Les  alcalis  caustiques  el  carbonates  le  dissolvent  à  froid  ;  de  la  solution, 
les  acides  minéraux  le  séparent  inattaqué.  L'action  prolongée  des  alcalis  caustiques 
produit  une  altération  profonde. 

Sels  métalliques.  —  Le  inésoxalale  d'éthyle-bis-phénylisoxazolone  forme  des 
sels  définis.  Lorsqu'on  le  traite  par  la  quantité  calculée  de  CO'Na'^  ou  d'éthylate  de 
sodium,  on  obtient  une  solution  neutre  à  la  phtaléine;  par  évaporation  de  la  solution, 
on  obtient  des  cristaux  hexagonaux,  incolores,  très  solubles  dans  l'eau  et  l'alcool  dilué. 
Le  dosage  du  l\a  dans  le  sel  desséché  correspond  à  la  formule  G"H-"0''N^Na-. 

Par  double  décomposition,  ce  sel  forme  des  précipités  blancs,  insolubles,  avec  les 
sels  d'Ag,  de  Pb,  de  Zn,  de  Hg;  FeCl'  donne  avec  lui  un  précipité  violacé.  Les  sels 
alcalins  et  alcalinoterreux  sont  solubles  dans  l'eau. 

Dérivé  diéthylir/ue,  C-''H^''0'N-.  —  H  s'obtient  par  l'action  de  a""-"'  de  CH'I  sur 
le  sel  sodique  précédent,  préparé  à  l'aide  de  l'éthylate  de  sodium  en  solution  dans 
l'alcool  absolu.  Par  addition  d'eau,  le  produit  de  la  réaction  se  dépose;  il  se  présente, 
ajirès  purification,  en  fines  aiguilles  incolores,  fondant  à  aco^-aoi»  sans  décomposition, 
insolubles  dans  l'eau,  les  alcalis,  solubles  dans  l'alcool,  le  benzène,  le  chloroforme. 

Dérivé  diacély lé,  C-'ri''''0"'N'-.  —  Sa  production  a  lieu  par  l'action  de  l'anhydride 
acétique  à  100°,  soit  après  addition  d'un  peu  de  SO*H-,  soit  en  solution  benzénique 
en  présence  de  pyridine.  Le  corps  obtenu  est  purifié  par  cristallisation  dans  l'alcool, 
puis  dans  un  mélange  de  benzine  et  d'alcool.  Prismes  incolores,  fondant  sans  se 
décomposer  à  166",  peu  solubles  à  froid  dans  l'alcool,  plus  solubles  dans  l'acétone,  le 
chloroforme  et  Téther  acétique,  insolubles  dans  les  alcalis. 

Dérivé  dibenzoyié,  C"H^"0"'N-.  —  11  se  prépare  par  l'action  du  chlorure  de 
benzojle  sur  une  solution  benzénique  additionnée  de  pyridine.  On  l'isole  en  cristaux 
incolores,  qu'on  purifie  par  ébullilion  avec  l'alcool  el  qu'on  fait  cristalliser  à  plu- 
sieurs reprises  dans  la  benzine  puis  dans  le  chloroforme  alcoolisé.  Il  fond  [à  194°  sans 
décomposition.  Peu  soluble  dans  l'alcool,  insoluble  dans  les  alcalis,  ce  corps  se  dissout 
assez  bien  dans  l'élher  acétique  el  l'acétone. 

Benzolazophénylisoxazolone,  C'^H"0-N^.  —  Lorsqu'on  fait  agir  2™"'  de  chlorure 
de  phényldiazonium  sur  une  solution  alcaline,  maintenue  à  0°,  de  1™°'  de  mésojcalale 
d'éthyle-bis-phényliso.razoloiie,  on  observe  un  vif  dégagement  gazeux,  en  même 
temps  qu'un  corps  jaune  se  précipite.  Par  des  cristallisations  dans  l'alcool,  puis  dans 
l'acide  acétique,  on  obtient  des  aiguilles  jaune  clair,  fusibles  à  lôS^-iôfi"  en  se  décom- 
posant. Ce  produit  esl  identique  avec  la  benzolazophénylisoxazolone,  décrite  par 
Claisen  et  Zedel  ('). 

Tous  ces  résullats  s'accofdent  coniplètemenl  avec  la  constitution  que 
j'ai  attribuée  au  mèsoxalate  d' élhyle-his-phénylisoxazolon»' . 


(')  Claisen  et  Zedel,  D.  ch.  Ges.,  t.  XXIV,  p.  1/42. 


17O8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

CRYPTOGAMIE.    —   Sur  quelques  Plasnwdiophoracées.    Note   de  MM.   Rexé 
Maire  et  Adriex  Tiso\,  présentée  par  M.  Guignard. 

Le  genre  Tetramyxa  Goebel  est  beaucoup  moins  connu  que  les  autres 
genres  de  la  famille  des  Plasmadioplioracées,  Plasmodiop/wt-a  W or.  et  Soro- 
sphœra  Schrôt.  Il  comprend  deux  espèces  :  T.  païasitica  Goebel,  parasite 
des  Ruppia  et  Zannichellia  et  le  T.  Trigtocliinis  MolL,  parasite  des  Tri- 
giochin. 

L'espèce  type,  T.  parasitica  Goeliel,  jiaralt  n'avoir  pas  été  étudiée  dej)uis 
sa  découverte  par  Goebel  et  Hisinger.  Nous  avons  pu  examiner  de  nom- 
breuses tumeurs  produites  par  ce  parasite  sur  le  Ruppia  roslellala  Kocli. 
dans  les  eaux  sauinâtres  de  la  côte  du  Calvados.  L'étude  cytologicjue  de  cet 
organisme  nous  a  montré  ses  affinités  étroites  avec  le  Plasmodiophora 
Brassicœ  Wor.  et  le  Sorosphœra  Veronicœ  Schrôt. 

Le  développement  des  tumeurs  se  fait  |iar  «livision  d'une  ou  plusieurs  cellules  pri- 
mitivement infectées.  Ces  cellules  demeurent  de  petite  taille  et  se  divisent  activement, 
formant  ainsi  un  massif  considérable  de  cellules  contenant  le  parasite.  Autour  de  ce 
véritable  néoplasme,  les  cellules  saines  se  multiplient,  moins  activement  toutefois,  et 
se  décolorent.  Les  cellules  infectées  restent  de  petite  taille  et  leur  noyau  se  déforme  à 
peine. 

Le  parasite  présente  d'abord  une  phase  schizogonique  qui  se  prolonge  pendant 
toute  la  durée  de  la  formation  de  la  tumeur.  La  schi/.ogonie  s'opère  ordinairemept  au 
moment  de  la  division  de  la  cellule-hôtesse.  Il  n'y  a  habituellement  dans  chaque 
cellule  infectée  qu'un  seul  schizonte  plasmodiforme  ;  quelquefois  cependant  il  y  en  a 
plusieurs  fusionnés,  au  moins  en  apparence,  en  un  plasmode. 

Dans  ce  dernier  cas,  l'individualité  des  schizonles  n'est  reconnaissable  que  par  le 
manque  de  synchronisme  des  divisions  nucléaires  dans  certaines  parties  de  la  masse 
du  plasmode. 

Pendant  la  phase  schizogonique,  les  noyau\  du  Tetramyxa  parasitica  se  divisent 
suivant  le  mode  particulier  décrit  par  Navaschin,  Prowazek  et  nous-mêmes  chez  les 
Plasinodiopliora  et  Sorosphœra.  Ces  divisions  sont  intranucléaires  et  comportent  une 
mitose  d'idiochromaline  combinée  avec  une  amitose  de  trophochromaline. 

A  la  phase  schizogonique  succède  une  phase  sporogonique. 

Au  début  de  cette  seconde  phase,  les  plasmodes  deviennent  pariétaux,  puis  la  struc- 
ture de  leurs  noyaux  subit  des  modifications  semblables  à  celles  que  nous  a\ons 
décrites  dans  le  Sorosphœra  :  le  gros  karyosome  du  noyau  des  schizontes  disparaît  en 
même  temps  que  le  protopiasma  se  charge  de  chromidies;  puis  le  noyau  acquiert  un 
réticulum  chromatique  très  net  et  un  petit  nucléole.  Les  énergides  composant  les 
plasmodes  se  séparent  ;  dans  chacune  des  cellules  nues  ainsi  formées,  le  noyau  subit 
deux  divisions  semblables  à  celles  que  l'on  observe  à  la  môme  phase  chez  les  Plasmo- 


SÉANCE    DU    27    JlIN    1910.  1769 

diophora  et  Sorosphcera.  11  en  résulte  la  formation  de  quatre  cellules-filles  qui 
s'entourent  chacune  d'une  membrane  ;  ces  cellules  constituent  les  spores  et  restent  le 
plus  souvent  unies  en  tétrade. 

Pas  plus  ici  que  chez  le  Plasmodiophora  Biassicœ  et  le  Sorosphœra  Veronicce, 
nous  n'avons  pu  trouver  trace  du  processus  d'autogamie  décrit  par  Prowazek  dans  la 
formation  de  la  spore  de  Plas/nodiopfiora  Brassicœ. 

Molliai'd  a  décrit  brièvement  un  Telramy-Ta  Ttiglochinis  qui  produit  des 
tumeurs  sur  l'axe  de  l'inflorescence  du  Tri gloclàn  palustre  L.  En  recherchant 
ce  parasite  sur  le  Trighchin  maritimum  L.  dans  les  marais  salés  du  littoral 
du  Calvados,  nous  avons  trouvé  des  tuineurs  de  l'axe  de  l'inflorescence 
correspondant  assez  bien  à  celles  décrites  par  Molliard.  Ces  tumeurs  con- 
tiennent des  cellules  hypertrophiées,  bourrées  de  schizontes  plurinucléés 
ou  très  souvent  uninucléés,  dans  lesquels  nous  avons  observé  la  mitose 
végétative  si  caractéristique  des  Plasmodiophoracées.  Il  est  donc  extrême- 
ment probable  ({uc  nous  avons  affaire  au  Telramyxa  TriglocInnis\  toutefois 
il  est  impossible  de  l'affirmer,  car  nous  n'avons  jamais  pu  observer  de 
spores.  IVous  avons  suivi  attentivement  le  développement  du  parasite  en 
1909  et  en  1910,  et  nous  avons  constaté  que  les  nombreux  Trighchin  atta- 
qués se  sont  tous  desséchés  sans  avoir  porté  aucune  spore  du  parasite.  Les 
derniers  stades  du  parasite  que  nous  observions  étaient  des  schizontes  uni- 
nucléés, arrondis  ou  en  croissant,  inais  toujours  nus,  remplissant  complè- 
tement les  cellules  infestées.  Dans  les  tumeurs  desséchées,  les  cellules- 
hùlesses  sont  vides.  Cet  extraordinaire  arrêt  de  développement,  qui  se  place 
avant  le  début  de  la  phase  sporogonique,  s'est  produit  régulièrement  sur 
des  centaines  de  spécimens  dans  deux  localités  différentes  (CourseuUes  et 
Sallcnelles).  Nous  avons  reclierché  si  le  parasite  en  question  pouvait  atta- 
(pier  d'autres  parties  de  la  plante,  et  nous  l'avons  retrouvé,  exceptionnelle- 
ment toutefois,  sur  les  feuilles,  où  il  forme  de  petites  tumeurs.  Dans  ces 
tumeurs  foliaires,  le  parasite  éveluc  absolument  comme  dans  les  tumeurs  de 
l'inflorescence. 

Il  est  difficile,  en  présence  de  ces  faits,  d'expliquer  comment  le  parasite 
du  Trighchin  maritinium  peut  se  conserver  d'une  année  à  l'autre.  Peut-être 
les  schizontes  uninucléés  sortent-ils  de  la  tumeur  avant  la  dessiccation 
complète  et  vont-ils  s'enkyster  dans  le  sol?  Nous  n'avons  pu,  malgré  de 
nombreuses  observations,  trouver  aucun  indice  de  nature  à  appuyer  cette 
hypothèse.  Aussi  avons-nous  jugé  utile  de  signaler  ce  phénomène  étrange, 
afin  de  provoquer  de  nouvelles  observations  qui  livreront  sans  doute  la  so- 
lution du  problème. 


1770  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Remarquons,  pour  terminer,  que  nos  observations  établissent  la  cons- 
tance remarquable  du  mode  de  division  nucléaire,  pendant  la  phase  schizo- 
gonique,  chez  toutes  les  Plasmodiophoracées  connues.  Il  en  résuite  que 
l'étude  cytologique  permettra  de  reconnaître  une  Plasmodiophoracée  dans 
les  tissus  d'une  plante  nourricière,  alors  même  qu'on  aurait  affaire  à  un  pa- 
rasite jeune,  n'ayant  pas  encore  produit  de  spores. 

CRYPTOGAMIE.    —    Siu'    la    culture  du    Rœsleria    de   la    lùgne.   Note 
de  MM.  P.  ViALA  et  P.  Pacottet,  présentée  par  M.  L.  Guignard. 

Le  Rœsleria  de  la  vigne  {Vibrissea  hypogœa)  est  un  champignon  qui  vit 
sur  les  racines,  surtout  à  l'état  de  saprophyte;  son  mycélium,  interne  aux 
tissus  qu'il  corrode  et  dissout,  produit  des  fruits  thécasporés  (les  seuls 
connus)  à  la  surface  des  organes  envahis.  Les  asques,  avec  5  à  8  acospores, 
mélangées  à  des  paraphyses,  sont  groupées  en  tète  verdàtre,  sur  pied  de 
-mm  ^  (juim  jg  haut.  Nous  avoHS  isolé  et  cultivé  le  Rœsleria  en  milieux 
liquides  et  solides;  le  champignon  a  donné  des  organes  de  reproduction  très 
particuliers,  non  encore  signalés. 

Sur  milieux  solides,  le  mycélium  forme  des  trames  très  épaisses,  d'un  vert  mala- 
chite foncé,  au  sein  desquelles  apparaissent  de  nombreux  conidiophores  blancs  ou 
d'un  blanc  grisâtre,  isolés  ou  tangents,  de  i™™  à  3"""  de  haut;  ils  sont  tronconiques, 
à  tissu  dense  dans  leur  axe.  Sur  le  pourtour  et  sur  toute  la  hauteur,  se  détachent  des 
filaments  llexueux  qui  donnent  aux  conidiophores  un  aspect  pileux;  certains  filaments 
restent  plus  petits  et  sont  stériles,  d'autres  se  renflent  à  leur  soiiimet  et  séparent  une 
conidie.  Ces  conidies  sont  à  peine  teintées  de  vert,  à  membrane  épaisse  et  mesurent 
5roiii  à  6""™  sur  4™™  à  5°"". 

A  la  surface  des  liquides,  se  forment  les  mêmes  lames  mycéliennes  d'un  vert  mala- 
chite. Dans  de  profonds  récipients,  le  Rœleria,  cultivé  ^immergé,  produit,  au  sein  du 
liquide,  des  splières  spongieuses  qui  atteignent  leur  complet  développement  au  bout 
d'un  dizaine  de  mois.  Ces  sphères,  fixées  sur  un  pied  aplati,  mesurent  de  3""  à  5™'  de 
diamètre  sur  i''"  à  S'™  d'épaisseur;  elles  sont  mamelonnées,  d'un  vert  malachite  très 
foncé  à  leur  surface  et  ressemblent  à  des  nostocs.  Le  centre  des  sphères  nostocoïdes  est 
constitué  par  un  mycélium  fin,  condensé,  identique  à  celui  des  autres  cultures  ou  des 
racines  rœslériées.  Dans  la  zone  externe,  la  seule  colorée,  la  trame  enchevêtrée  de 
fins  mycéliums  émet  de  nombreux  tubes  dont  quelques-uns  se  renflent  en  boules 
successives.  Le  nombre  des  dilatations  est  très  variable;  on  en  compte  au  moins  5  et 
jusqu'à  i5  et  20;  on  observe  souvent  4,  7  ou  8  renflements.  Une  dilatation  termine 
assez  souvent  le  tube,  mais  le  fait  n'est  pas  constant.  Les  renflements  se  limitent  en 
cellules  sphériques  superposées^  d'un  vert  malachite,  qui  se  détachent  en  vraies  spores 
verdàtresde  4'^.  ô!'- à  ôl'  de  diamètre,  à  membrane  épaisse,  analogues  aux  sporidies.  On 


SÉANCE   DU    27    JLIN    1910.  177Ï 

ne  trouve  les  chapelets  de  spores  que  dans  l'écorce  verl  malachite  de  ces  fruits  aqua- 
tiques, où  ils  sont  serrés  et  plus  ou  moins  enchevêtrés  dans  leur  direction  plutôt 
radiale. 

Comment  interpréter  la  nature  de  ces  productions  si  particulières  en  plein 
milieu  liquide,  presque  anaérobie,  et  obtenues  dans  ce  milieu  seulement? 
On  pourrait  comparer  ces  fruits  à  des  thèques  monstrueuses  de  liœsleria; 
mais  l'étude  cvtologique  du  développement  ne  permet  pas  l'assimilation. 
Ces  formations  sont-elles  des  fruits  composés  de  chlamydosporesse  produi- 
sant dans  ce  cas  de  façon  très  spéciale  par  rapport  à  ce  qui  a  été  constaté 
pour  d'autres  champignons?  Dans  ceux-ci,  les  chlamydospores  sont  dissé- 
minées irrégulièrement  et  jamais  groupées  en  fructification  régulière. 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  fibrine  du  sang.  Note  de  M.  C.  Gessard, 
présentée  par  M.  E.  Roux. 

On  décrit  souvent  la  fibrine  avec  certains  attributs  qui  ne  lui  appar- 
tiennent pas  en  propre. 

C'est  la  faculté  de  décomposer  l'eau  oxjgénée  d'une  part,  la  solubilité  dans  les 
solutions  salines  d'autre  part,  lesquelles  sont  dues  respectivement  à  la  catalase  et  aux 
globules  blancs  que  la  fibrine  a  fixés.  Ln  effet  plus  anciennement  connu  du  pouvoir 
fixateur  de  ce  corps  porte  sur  le  fibrine-ferment,  par  quoi  s'ajoute  aux  propriétés  ad- 
ventices susdites  la  propriété  de  coaguler  le  fibrinogène,  que  possèdent  les  solutions 
de  fibrine. 

Toutefois,  ces  trois  propriétés  ne  se  trouvent  réunies  que  dans  la  fibrine 
obtenue  par  battage  du  sang,  du  fait  que  celle-ci  pr<?nd  naissance  dans  un 
milieu  où  l'action  mécanique  diffuse  les  principes  porteurs  de  ces  propriétés. 
\u  contraire,  dans  le  plasma  obtenu  par  centrifugation  du  sang  au  sortir 
de  la  veine,  la  fibrine  se  forme  à  l'écart  des  éléments  figurés  du  sang,  qui 
sont  d'ailleurs  soustraits  dès  Fabord  aux  violences  capables  de  vider  leur 
contenu.  En  conséquence,  j'ai  vu  que  cette  fibrine  peut  être  introduite  dans 
Teau  oxygénée  sans  la  décomposer  (').  M.  II.  Uulot  a  montré,  d'autre 
part,  l'insolubilité  de  cette  même  fibrine  dans  les  solutions  salines  (-).  J'en 
conserve,  en  effet,  un  fragment  intact  dans  une  solution  de  chlorure  de  so- 

^')   Comptes  rendus,  t.  CXLNllI,  1909,  p.  1467. 

(-)  Méni.  Acad.  Belg.,  t.  LXllI,  1908.  et  Arch.  internat,  de  PhYsiolo,^ie,  t.  I, 
1904.  p.  là-!. 

C.  K.,  iç)io,  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  26.)  ^'3  I 


1^72  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dium  au  dixième,  depuis  le  ro  janvier.  (Hiant  à  la  propriété  coagulante, 
elle  ne  saurait  faire  question  ici,  la  constatation  en  étant  subordonnée  à  la 
dissolution  préalable  de  la  fibrine;  elle  manque,  en  tout  cas,  dans  l'eau  salée 
où  cette  fibrine  a  macéré  ce  long  temps  indissoute. 

C.ette  fibrine  aux  caractères  négatifs  se  retrouve  ailleurs  que  dans  le  plasma 
de  centrifugation.  C'estdans  le  caillot,  par  exemple,  dans  le  sang  de  cheval 
(fespèce  animale  qui  a  servi  à  mes  recherches)  abandonné  à  la  coagulation 
spontanée,  comme  on  fait  journellement  pour  en  obtenir  le  sérum.  On  dis- 
tingue au-dessus  de  la  couche  jaune  rougeàtre,  dite  couenne^  une  membrane 
mince,  blanc  grisâtre,  résistante,  élastique,  qui  se  sépare  assez  aisément  du 
reste.  L'examen  microscopique,  joint  aux  caractères  précédents,  révèle  la 
nature  exclusivement  fibrineuse  de  cette  membrane. 

Elle  olTre  d'emblée  la  texture  que  la  fibrine  de  plasma  n'acquiert  qu'après  que  la 
rétraction  du  caillot  a  vidé  et  tassé  les  mailles  du  réseau  où  le  sérum  est  emprisonné, 
et  elle  a  par  ailleurs,  comme  j'ai  dit,  les  propriétés  de  celte  dernière. 

La  couenne  exprimée  et  bien  lavée  jusqu'à  être  réduite  en  filaments 
fibrineux  de  parfaite  blancheur,  constitue  un  produit  encore  différent  des 
précédents.  Cette  dernière  fibrine  se  dissout  dans  la  solution  de  chlorure  de 
sodium  au  dixième  aussi  bien  que  la  fibrine  de  battage,  mais  à  l'inverse  de 
celle-ci,  sa  solution  est  sans  action  sur  le  lîbrinogène.  Comme  pouvoir  cala- 
lytique  aussi,  elle  lui  est  notablement  inférieure. 

Ainsi,  selon  le  mode  opératoire,  on  obtient  des  fil)rines  qui  sont  dilTé- 
renciées  dans  certaines  propriétés  :  propriétés,  répétons-le,  purement 
d'emprunt,  et  qui  sont,  par  suite,  diversement  appropriées  aux  buts  que 
l'on  peut  viser. 


MÉDECINE.  —  Reproduclioii  ex  péri  me  ni  aie  du  lyplais  cxanlhemalujue  chez 
le  Macaque  par  inoculation  directe  du  virus  luimain.  Note  de  MM.  Chaiu.es 
NicoLi-E  et  E.  Co.vsEiL,  présentée  par  M.  K.  Uoux. 

Dans  une  Note  antérieure  (  '  ),  l'un  de  nous  a  montré  que  le  t\  [ilius 
exauthématique  pouvait  être  reproduit  par  l'inoculation  du  sang  de  malade 
au  chimpanzé,  puis  avec  le  virus   de   cet  animal  chez  le   Macacus  sinicus 


(')  C.  NicOLi.K,    Comptes   rrriittis.    i  ;>  juillet  1909.   Cf.  également  notre  Mémoire 
d'ensemble  sur  le  lyplins  :  Anmilrs  de  l'/ntiiliit  l^axleur,  avril  1910. 


SÉANCE    DU    27    JllN    1910.  177^ 

(bonnel  chinois  ).  Deux  passages  avaient  pu  èlre  réalisés  ensuite  de  bonnet 
à  bonnet  après  lesquels  le  virus  s'était  allaibli  au  point  de  ne  plus  donner  à 
ce  singe  qu'un  typhus  abortif  et  non  inoculable.  D'antre  part,  les  tentatives 
d'inoculation  directe  du  sang-  humain  aux  macaques  (un  31.  sinicus,  un 
.1/.  cynomolgus)  avaient  échoué  et  le  virus  du  bonnet  chinois  s'était  montré 
inactif  au  premier  et  au  second  passage  pour  trois  espèces  voisines 
{M.  rhésus,  M.  cynomolgus  et  M.  inuus). 

Nous  avons  repris  an  printemps  1910  nos  expériences  sur  le  typhus. 
Grâce  à  la  libéralité  de  l'Institut  Pasteur  et  à  l'appui  bienveillant  que  nous 
avons  rencontré  auprès  du  Gouvernement  tunisien,  il  nous  a  été  possible  de 
poursuivre  avec  un  matériel  d'expériences  et  des  ressources  infiniment  plus 
larges  nos  recherches.  Elles  ont  précisé  dans  leurs  lignes  essentielles^  nos 
constatations  antérieures,  confirmées  déjà  par  des  travaux  étrangers  et  nous 
ont  permis  d'acquérir  en  outre  d'intéressantes  données  nouvelles. 

Nous  ne  parlerons  dans  cette  Note  que  de  la  reproduction  expérimentale 
du  typhus  chez  les  macaques  par  inoculation  directe  du  virus  humain,  c'est- 
à-dire  sans  passage  par  le  chimpanzé.  Nous  rapportons  à  cet  effet  huit  expé- 
riences dont  six  concernent  le  bonnet  chinois,  deux  le  M.  rhésus. 

Tous  nos  animaux  ont  été  inoculés  avec  le  sang  de  malades. 

Nous  ne  donnons  que  quatre  courbes  montrant  les  divers  types  de  typhus  expéri- 
mental du  singe. 

Rien  à  noter  de  bien  spécial  chez  nos  animaux.  Le  typhus  a  évolué  silencieusement 
dans  les  cas  légers,  mais  il  y  a  toujours  eu  faiblesse  et  amaigrissement  dans  la  seconde 
moitié  de  la  période  fébrile  ou  dans  la  convalescence.  Nous  n'avons  jamais  constaté 
d'éruption;  la  plupart  des  singes  ont  eu  les  yeux  injectés  pendant  la  maladie  et  ont 
présenté  ultérieurement  un  peu  de  desquamation  de  la  face. 

Nous  pouvons  conclure  de  ces  expériences  qu'il  est  possible  d'infecter 
avec  succès  le  Macacus  sinicus  et  le  Macacus  rhésus  directement  avec  le  sang 
des  tvpliiques.  l^e  succès  n'est  pas  certain,  la  meilleure  méthode  demeure 
le  passage  par  chimpanzé,  mais  l'infection  de  quelques-uns  de  nos  animaux 
a  été  en  tout  identique  à  la  maladie  humaine  ;  dans  un  cas  même  elle  a  déter- 
miné la  mort. 

[^'intensité  de  la  maladie  est  fonction  de  la  quantité  de  sang  injectée,  de 
la  voie  choisie  par  l'inoculation  et  plus  encore  de  l'activité,  très  variable 
suivant  les  cas,  du  virus  humain. 

<^es  faits  étaient  utiles  à  publier  sans  attendre,  car  les  auteurs  américains 
Anderson  et  Goldberger,  Ricketts  et  Wilder  qui  ont  repris  nos  expériences 
de  l'an  dernier  avec  le  virus  exanthématique  mexicain,  ayant  obtenu  l'in- 


I^n4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fecLion  du  M.  rhésus  par  rinociilation  direcle  de  sanj;-  drtibriné  de  malade 
dans  le  péritoine,  ont  déjà  conclu  prématurément  de  ces  désaccordsapparents 
de  nos  expériences  antérieures  avec  les  leurs,  que  le  typhus  du  Mexique 
{TabarMIo)  est  différent  du  tyfilius  de  l'ancien  monde  (  ').  Or,  à  tous  points 
de  vue,  ces  deux  maladies  sont  identiques.  L'ai;ent  de  transmission  dans  les 
deux  cas  est  le  pou  (sur  ce  point,  Rickells  et  W  ilder  viennent  encore  de 
confirmer  nos  expériences)  atteint  de  typhus  caractéristique  à  diverses 
périodes  de  l'infection. 


1          m'~               A                   H                 f  ^            s                   10                   f JJ                  "                   '■!                  ■"> 

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Il                                   i 

Nous  savons,  et  nous  prouverons  par  une  prochaine  Note,  que  le  sang  est 
virulent  dans  le  typhus  jusqu'à  la  fin  de  la  période  fébrile. 

Mais  à  ce  point  près,  les  conditions  de  nos  expériences  n'ont  pas  été  les 
mêmes.  Le  virus  provenait  (sauf  pour  un  sinicus  et  un  r/iesus)  de  cas  diffé- 
rents ;  les  quantités  inoculées  ont  varié  et  l'inoculation  a  été  pratiquée  tantôt 
par  voie  sous-cutanée,  tantôt  par  voie  péritonéale.  Ces  diverses  influences 


(  '  )  Le  Macacus  rhésus  sur  lequel  expérimentenl  les  auteurs  américains  est  un  mau- 
vais animal  pour  l'élude  d'une  infection  qui  ne  se  traduit  souvent  que  par  sa  seule 
réaction  fébrile.  Chez  ce  macaque,  la  température  normale  avoisine  souvent  4o°;  les 
courbes  thermiques  du  typhus  expérimental  sont  donc  chez,  lui  infiniment  moins  nettes 
que  chez  le  bonnet  chinois  qui  présente  une  température  plus  basse. 


SÉANCE  DU  27  JUIN  1910.  177.5 

se  sonl   traduiles  par  des  résultais  difTérents  que  mettent  en  évidence  le 
tableau  résumé  suivant  et  les  courbes  tbermiques  qui  l'accompagnent  : 

I.  J^J.  si/iiciis  IG.  Inoculé  avec  0'°^'.-')  de  sani;  du  malade  '.i  sous  la  peau.  Résultat 
négatif. 

II.  M.  sinictis  la.  Inoculé  avec  1''"'  de  sang  du  malade  1  sous  la  peau.  Typhus 
abortif  du  id"  au  20'' jmir. 

III.  M.sinicus  18.  Inoculé  avec  o""',5o  de  sang  du  malade  14.  sous  la  peau.  Typhus 
léger  du  24^'  au  26'' jour.  Amaigrissement  à  la  suite. 

W .  M.  siniciis  23.  Inoculé  avec  i"^"''  de  sang  du  malade  6  dans  la  cavité  péritonéale. 
I  \plnis  léger  du  même  type  que  le  précédent,  mais  après  12  jours  seulement  d"in<u- 
bation. 

V.  M.  sinicus  ^k.  Inoculé  avec  10""' de  sang  du  cas  7  dans  la  cavité  péritonéale. 
Typhus  grave  du  type  humain  de  lo  jours  de  durée  après  1 3  jours  d'incubation. 

VI.  M.  sinicta  17.  Inoculé  avec  o'^"'',66  de  sang  du  cas  C  sous  la  peau.  Typhus  très 
grave,  après  i3  jours  d'incubation,  se  terminant  par  la  mort  au  5"  jour.  (L!n  chimpanzé 
témoin  a  contracté  un  typhus  classique  du  type  humain.) 

VII.  M.  rhésus  2.  Inoculé  dans  les  mêmes  conditions  que  le  bonnet  lo.  Késultat 
négatif. 

VIII.  M.  rhésus  V.  inoculé  avec  5'^'"'  de  sang  du  cas  19  dans  la  cavité  péritonéale. 
Après  12  jours  d'incubation,  typhus  classique  d'une  durée  de  S  jours  environ. 


MÉDECINE  E.VPÉRlMENïALE.  —  Propriétés  neutralisantes  d'une 
substance  isolée  du  cerveau  normal.  Note  de  M.  A.  ^Iarie,  pré- 
sentée par  \1.  I'].  Ixoux. 

Nous  avons  déjà  montré  ('),  dans  la  substance  cérébrale  des  mamuii- 
fères,  la  présence  de  propriétés  actives  contre  l'action  patbogène  du  virus 
rabique.  Elles  existaient  dans  le  suc  obtenu  en  soumettant  la  masse  encé- 
phalique broyée  à  de  très  fortes  pressions;  on  les  retrouvait  aussi  dans  des 
produits  entraînés  par  des  précipités  offrant  les  caractères  ordinaires  des 
nucléoprotéines.  * 

Nous  désirons  revenir  sur  l'étude  de  ces  composés,  que  nous  sommes 
parvenus,  aujourd'liui,  à  isoler  de  la  substance  nerveuse. 

On  prépare,  avec  l'eau  distillée,  une  émulsiou  de  matière  cérébrale,  qu'on  additionne 
d'une  goutte  d'acide  acétique  cristallisable  pour  chaque  gramme  de  substance  ner- 
veuse. La  masse  est  jetée  sur  un  filtre,  puis  reprise  par  l'acide  acétique,  à  raison 
de  o'^"',  10  par  gramme  de  cerveau.  Après  centrifugalion,  on  précipite  le  liquide  surna- 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXLIX,  19 juillet  1909,  p.  284. 


I'j'j6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

geaiil  par  NaCl  à  30  pour  loo,  et  l'on  isole  enfin,  par  fillralion,  la  solution  active, 
qu'on  pourra  dialyser  de  mauièie  à  la  débarrasser  de  l'excès  d'acide  acétique  et  des 
substances  salines. 

Ses  caractères  chimiques  sont  ceux  il' un  acidalbuniinoïde  ('  )  :  il  est  précipité  de  sa  so- 
lution par  la  dialyse  et  par  neutralisation;  le  sulfate  de  magnésie  à  saturation  le  pré- 
cipite totalement.  La  température  de  l'ébullition  ne  coagule  pas  cette  substance  dis- 
soute. Enfin,  en  plus  de  ces  réactions  de  précipitation,  elle  présente  celles  de  coloration 
communes  à  tous  les  allsuminoïdes  (réaction  de  Millon,  xantlioprotéique,  du  biurel). 

Ses  jiropric'Lés  biolo!.;i([ues  sont  les  suivantes: 

Si  l'on  prépare  un  mélange  d'une  émulsion  centésimale  de  virus  rabique  et  de  celte 
solution  albuminoïde,  préalablement  débarrassée  de  l'acide  par  dialyse  ou  par  NaOIl, 
on  constate  que  le  virus  de  la  rage  a  perdu  ses  propriétés  pathogènes;  inoculé  dans  le 
cerveau  des  animaux  sensibles,  un  tel  mélange  se  montre  complètement  inoflensil 
pour  eux.  Nous  avons  traité  la  même  émulsion  virulente  par  du  sérum  normal  addi- 
tionné de  quantités  variables  d'acélate  de  soude,  ou  encore  par  des  solutions  plus  ou 
moins  concentrées  de  ce  sel,  et  toujours  le  virus  avait  conservé,  dans  ces  mélanges, 
ses  propriétés  pathogènes. 

[^a  substance  albuminoïde  que  nous  avons  isolée  du  cerveau  est  donc 
bien  douée  par  elle-même  de  propriétés  antiraliiques. 

(Celles-ci  sont  parfois  assez  prononcées:  ainsi  l'encéphale  d'une  femme 
qui  avait  succombé  à  un  érysipèle  nous  a  fourni  un  extrait  capable  de  neutra- 
liser jusqu'à  cinq  fois  son  volume  d'une  émulsion  virulente  centésimale. 

Dans  notre  première  Communication  sur  cette  question,  nous  avions  noté 
que  l'ancien  procédé  ne  permettait  pas  de  mettre  de  telles  propriétés  en  évi- 
dence dans  le  cerveau  de  tous  les  mammifères,  (^ette  préparation  nouvelle 
nous  a  montré  au  contraire  la  réalité  de  ce  pouvoir  neutralisant  dans  l'encé- 
phale des  diverses  espèces  en  usage  dans  les  laboratoires,  singe,  chien,  lapin, 
cobaye. 

De  tels  phénomènes  nous  paraissent  intéressants  à  plusieurs  points  de  vue. 
Quelle  que  soit  l'interprétalion  qu'on  en  puisse  donner,  quelle  que  soit  l'idée 
que  l'on  se  fasse  de  la  signilication  d'une  telle  substance,  un  fait  demeure 
ac(piis,  c'est  que  de  la  matière  nerveuse,  le  seul  milieu  de  culture  connu  pour 
le  virus  de  la  rage,  on  peut  extraire,  après  la  mort,  une  [)roduit  capable  de 
le  neutraliser.  Il  nous  semble  judicieux  de  tenir  compte  de  la  présence  de 
ce  produit  dans  les  essais  de  culture  in  vitro  cp'on  voudrait  faire  en  partant 
de  la  substance  nerveuse  virulente. 


(')   L'analyse  n'y  montre  pas  de  phosphore. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  1777 

Une  autre  constatation  intéressante  se  dégagée  de  l'étude  de  ce  composé 
albuminoïde,  c'est  qu'il  est  thermostabile.  On  sait  que  les  propriétés  anti- 
toxiques  des  sérums  thérapeuti({ues  cèdent  à  l'action  des  températures 
élevées  en  raison  des  processus  de  coagulation  qui  interviennent  alors. 
La  forme  sous  laquelle  nous  avons  obtenu  le  produit  actif  en  question  lui 
permet  d'échapper  à  de  senddables  processus  et  il  en  résulte  qu'on  peut  le 
soumettre  aux  températures  de  80"  et  9,5°  sans  lui  voir  perdre  ses  propriétés 
neutralisantes. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Sur  les  produits  de  décomposition  du  chloroforme 
dans  l'organisme.  Note  de  M.  M.*urice  Nicloox,  présentée  par 
M.  A.  Dastre. 

Dans  une  Note  pi'écédeute  (  '  )  j'ai  démontré  que  chez  le  chien,  pendant 
l'anesthésie  et  la  période  de  retour,  la  moitié  environ  du  chloroforme  lixé 
par  le  sang  et  les  tissus  est  décomposé  dans  l'organisme. 

Les  recherches  ([ui  suivent  ont  pour  objet  l'étude  du  mécanisme  de  cette 
décomposition. 

Des  recherches  anciennes,  et  notamment  celles  de  Kast  et  de  Vidal,  ont 
mis  en  évidence  ce  fait  intéressant  que  l'élimination  urinaire  des  chlorures 
alcalins,  chez  des  animaux  soumis  à  un  régime  déchloruré  ou  à  l'inanition, 
augmente  considérablement  tout  de  suite  après  l'anesthésie.  .]"ai  refait  des 
expériences  semblables  et  trouvé  les  mêmes  résultats.  On  a  signalé  aussi 
dans  l'urine  des  combinaisons  chlorées  organiques,  mais  ces  corps,  tou- 
jours en  petite  quantité  vis-à-vis  du  chlore  minéral,  n'ont  jamais  été 
isolés. 

Va  ainsi,  le  fait  de  la  production  de  chlorures  alcalins  lors  de  l'anesthésie 
chloroformique  implique  déjà,  et  de  toute  nécessité,  une  hydrolyse. 

Deux  réactions  permettent,  in  vitro,  de  se  rendre  compte  de  l'hydrolyse 
alcaline  (-)  du  chloroforme,  soit  par  la  potasse,  soit  par  la  soude;  la  pre- 
mière est  la  réaction  classique  de  J.-B.  Dumas 

(  1  )  CH Ci' -4-  ',K0 H  =  3 IvCI  -i-  Il CO^v  4-  a IPO, 


('  )   Comptas  rendus,  même  Tome,  séance  du  17  mai  1910,  p.  1260. 
C)  La  seule  à  considérer,  étant  donnée  la  réaction  alcaline  générale  du  milieu  ort; 
iiii|ue. 


1778  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  seconde  esl  la  réaction  très  intéressante  découverte  par  Desgrez  (  '  ) 
(II)  CHCP+  3K0H  =  3KCI  +  CO  -H  iHH). 

Toutes  deux,  donnent  naissance  à  la  même  quantité  de  chlorures,  mais 
dans  la  seconde,  en  lieu  et  place  du  formiate,  on  trouve  les  éléments  de 
l'acide  formique  :  l'oxyde  de  carbone  et  l'eau.  La  première  s'effectue  à  chaud 
en  milieu  alcoolique^  la  seconde  a  lieu  à  froid,  ou  à  température  peu  élevée, 
en  milieu  aqueux. 

Les  carbonates  et  les  phosphates  alcalins  onl  une  action  faible  ou  nulle. 

(^eci  posé,  comme  les  deux  réactions  ci-dessus  expliquent  la  formation  de 
chlorures  alcalins,  constatée  expérimentalement  ?V?  iiivo,  il  reste  à  savoir  si 
celle-ci  est  accompagnée  de  formiate  [réaction  (I)]  ou  d'oxyde  de  carbone 
[réaction  (II)]  ou  des  deux  composés  à  la  fois. 

C'est  ce  que  j'ai  cherché  à  élucider. 

Les  conditions  de  milieu  de  la  réaction  (II)  paraissent  réalisées  dans  l'orga- 
nisme, car  nous  avons  montré  il  y  a  plus  de  dix  ans,  Desgrez  et  moi  (-), 
qu'au  cours  de  l'anesthésie  on  voit  apparaître  l'oxyde  de  carbone,  en  quan- 
tités minimes  il  est  vrai,  mais  cependant  parfaitement  dosables,  et  tou- 
jours d'un  ordre  de  grandeur  bien  supérieur  à  celui  des  quantités  trouvées 
dans  le  sang  normal  :  jusqu'à  5  fois  plus. 

J'ai  entrepris  dans  un  autre  ordre  d'idées  deux  séries  d'expériences  qui 
confirment  les  résultats  précédents  en  les  complétant.  I^n  voici  le  résumé  (  •'  ). 

1°  Dccontposilion  de  petites  quantités  de  chloroforme  par  des  solutions  faibles  de 
soude.  —  J'ai  clioisi  à  dessein  des  quantités  de  chloroforme  de  l'ordre  de  grandeur 
de  celles  contenues  dans  le  sang  :  o,o4  et  o,o5  pour  100,  et  je  les  al  mises  au  contact 
de  solution  de  soude  dont  l'alcalinité  était  au  plus  égale  à  celle  admise  pour  le  sang. 
Avec  des  solutions  à  3s,  3  par  litre,  et  à  l'étuve  à  38°,  le  chloroforme  est  décomposé  dans 
la  proportion  de  76,5  pour  100  en  24  heures,  entièrement  en  'j:i  heures,  suivant  la 
léaction  (II);  l'oxyde  de  carbone  peut  être  enllammé  à  la  partie  supérieure  du  flacon. 
Avec  des  solutions  à  is  de  NaOlI  par  litre,  la  décomposition  est  moins  rapide,  mais 
cependant  très  notable  :  54.1  poui-  loo  en  9.!\  heures,  71,3  poiii-  100  en  f\S  heures, 
92  pour  100  en  8  jours. 

2°  Disparition  partielle  dit  clilorofornie  du  sang  in  vitro  avec  formation  siniul- 
tanée  d'oxyde  de  carbone.  —  On  ajoute  à  du  sang  normal  jjrélevé  aseptiquement  du 

(')  Comptes  rendus,  t.  GXXV,  1897,  p.  780. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXVI.  1898.  p.  708;  Archives  de  Physiologie,  5"  série, 
l.  X,  1898,  p.  377-386. 

(')  Un  Mémoire  d'ensemijie  paraîtra  prochainement  dans  \ii  Journal  de  Physio- 
logie et  de  Pathologie  générale. 


SÉANCE    DU    1-j    JUIN    1910.  I^^jj 

chloroforme,  ou  bien  on  recueille  aseptiqueraent  du  sang  d'un  animal  (chien)  anes- 
thésié.  On  place  les  sangs  à  l'éluve  à  38°  et  l'on  prélève  à  certains  intervalles  des 
échantillons  pour  y  déterminer  le  chloroforme  et  l'oxyde  de  «arbone  (dosé  par  l'acide 
iodique)  et  les  comparer  aux  quantités  du  début.  Voici  le  résultat  d'une  de  ces 
expériences    faite    avec    le    sang    de  i'aneslhésie   : 

Cliloi-oforme  CO 

pour  pour 

loocm' desaog.  loo'^'n' de  sang. 

Sang  du  début 48)6  0,28 

Après  24  heures  à  38" 45,8  o,3- 

Après  48  heures  à  38° 42,2  0,^9 

Après  1 44  heures  à  38° 4';7  0,84 

Dans  la  dernière  analyse  (après  i44  heures),  les  gaz  ont  été  extraits  de  loS*^"'  de 
sang  et  l'oxyde  de  carbone  a  été  caractérisé  et  dosé  par  une  analyse  eudiométrique. 

Deux  autres  expériences  m'ont  fourni  des  résultats  semblables.  Dans  le  san"  aci- 
difié (acide  lactique),  la  décomposition  ne  se  produit  pas. 

Ainsi  donc  la  seconde  série  d'expériences,  qni  U-ouve  dans  la  première 
lin  appui  évident,  démonlie  indubitahlement  la  production  d'oxyde  de  car- 
bone aux  dépens  du  chloroforme  contenu  dans  le  sang. 

Je  n'ai  pas  perdu  de  vue  la  possibilité  d'une  décomposition  du  chloro- 
forme avec  production  de  formiates  alcalins  suivant  la  réaction  (I),  et  j'ai 
recherché  ces  corps  dans  l'urine,  ijui  est  leur  voie  d'élimination,  d'après  les 
recherches  de  Gréhant  et  Quinquaud.  Kn  employant  la  technique  de  ces 
auteurs,  j'ai  pu  me  convaincre  que  cette  élimination  est  infime.  La  part  qui 
revient  à  la  réaction  (I)  dans  la  décomposition  du  chloroforme  dans  l'orga- 
nisme est  donc  très  faible,  à  moins  que  les  formiates  n'y  soient  décomposés 
et  brûlés  au  fur  et  à  mesure  de  leur  production. 

Finalement,  de  l'ensemble  de  ces  recherches,  on  peut  tirer  les  conclusions 
suivantes  : 

Le  chloroforme  est  décomposé  dans  l'organisme  en  proportion  notable  : 
la  moitié  environ. 

Tout  se  passe  comme  si  cette  décomposition  était  due  à  une  hydrolyse 
alcaline;  à  côté  des  chlorures  alcalins  qui  en  résultent  nécessairement,  on 
peut  affirmer  la  production  d'oxyde  de  carbone.  Si  les  formiates  se  forment 
en  même  temps,  ce  n'est  vraisemblablement  qu'en  petites  quantités. 

Le  sang,  il  y  a  tout  lieu  de  le  penser,  est  le  siège  de  cette  décomposition  : 
la  production  in  rivo  d'oxyde  de  carbone  dans  le  sitng  de  l'animal  anesthésic 
(Desgrez  et  ÎNicloux),  la  diminution  in  rilro  du  chloroforme  du  sang chloro- 

C.  H.,  lyio,  I"  Semestre.   (T.  150,  N°  26.)  232 


1780  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

formé  et  la  formation  simultanée  d'oxyde  de  carbone  (')  sont,  on  le  conçoit 
aisément,  deux  arguments  très  sérieux  en  faveur  de  cette  manière  de  voir. 
Le  rôle  éventuel  du  foie  n'est  pas  encore  étudié. 

J'ajoute  enfin  qu'il  est  inadmissible  de  faire  jouera  l'oxyde  de  carbone 
(dont  la  quantité  dans  le  sang  est  toujours  très  petite,  même  au  maxima  de 
l'anesthésie)  un  rôle  toxique  dans  la  pathogénie  des  accidents  post-chloro- 
formicjues (ictères  graves)  signalés  depuis  un  certain  temps  par  la  clinique. 
Faut-il  en  rechercher  l'origine  dans  la  diminution  notable  de  l'alcalinité 
générale  de  l'organisme,  la  soustraction  rapide  d'éléments  minéraux  indis- 
pensables dont  les  recherches  précédentes  ont  démontré  la  réalité  et  l'in- 
tensité? C'est  là  une  simple  hypothèse  cjue  je  me  permets  de  signaler. 

M.  Bouchard,  à  l'occasion  de  la  présentation  faite  par  M.  Dastre,  rappelle 
qull  a  eu  l'occasion  de  constater,  il  y  a  longtemps  déjà,  des  faits  qui  ont  été 
l'occasion  de  la  démonstration  par  M.  Desgrez  de  la  production  d'oxyde 
de  carbone  dans  le  chloroforme  en  présence  d'eau  et  de  potasse.  Il  s'exprime 
a  in. si  : 

«  Je  cherchais  à  extraire  les  matières  constitutives  du  corps  des  orga- 
nismes inférieurs  en  les  faisant  macérer  dans  de  l'eau  alcalinisée  par  la 
potasse.  L'organisme  sur  lequel  j'opérais  était  la  levure  de  bière.  Pour 
empêcher  tout  acte  vital  de  la  levure  et  pour  la  mettre  à  l'abri  des  germes 
de  putréfaction  j'ajoutai  du  chloroforme  au  magma  de  levure  et  d'eau 
alcalinisée.  Je  laissai  macérer.  J'eus  le  désagrément  de  trouver  le  flacon 
débouché,  le  bouchon  à  terre  à  quelque  distance.  Je  rebouchai  et  surveillai. 
J'assistai  à  une  explosion:  le  bouchon  fut  chassé  par  des  gaz  dont  je  con- 
statai rcfîervescence.  Je  bouchai  de  nouveau  et  quand  je  sentis  que  des  gaz 
accumulés  tendaient  à  expulser  le  bouchon,  j'approchai  une  allumette  et  je 
constatai  l'issue  d'un  gaz  inflammable.  J'eus  l'idée  qu'il  s'était  produit, 
comme  dans  certaines  fermentations  anaérobies,  de  l'hydrogène  ou  de 
l'hydrogène  carboné.  Je  ne  poursuivis  pas  la  recherche  et  je  la  confiai  au 
D''  Desgrez  qui  était  attaché  à  mon  laboratoire.  Il  reconnut  que  le  gaz  en 
question  était  de  l'oxyde  de  carbone  et  que  la  levure  n'intervenait  en  rien 
dans  la  réaction,  que  ce  dégagement  se  produit  pourvu  que  du  chloroforme 
soit  en  présence  d'eau  et  de  potasse.    » 

(')  Dans  des  roiulitioiis,  on  peut  le  dire,  nellement  défavorables;  on  sait,  en  tirel, 
f[iie  le  sang,  liors  des  vaisseaux,  perd  rapidement  une  grande  partie  de  son  alcalinité. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I910.  I781 

ZOOLOGIE.  —  Recherches  expérimentales  sur  les  phases  initiales  de  l'infection 
d'une  Ophiure  (Amphiura  squamata)  par  un  Orthonectide  (Rhopalura 
opliiocoiiife).  Note  de  MM.  M.  Caulleky  et  A.  Lavallée,  présentée  par 
M.  Yves  Delage. 

Comme  il  arrive  pour  la  plupart  des  parasites,  les  phases  initiales  du  dé- 
veloppement des  Orthouectides,  à  l'intérieur  de  leurs  hôtes,  sont  la  partie 
la  moins  connue  et  la  plus  difficile  à  étudier  de  leur  cycle  évolutif  :  elle 
offre  un  intérêt  spécial,  à  raison  de  la  structure  des  Orthouectides,  pendant 
leur  phase  parasitaire.  Nous  avons  essayé.  Tété  dernier,  à  la  station  zoolo- 
gique de  Wimereux,  de  réaliser  systématiquement  des  infections  expéri- 
mentales cï Amphiura  squamata,  par  rOrlhoneclide  qu'elle  héberge  {Rhopa- 
lura ophiocomœ,  en  vue  d'élucider  le  mode  de  pénétration  du  parasite  et  les 
processus  de  transformation  de  ses  larves  en  plasmodes.  Quoique  nous 
n'ayons  pas  encore  pu  résoudre  ces  problèmes  d'une  façon  complète,  nous 
croyons  utile  de  donner  ici  un  résumé  des  résultats  obtenus. 

Nous  avons  précédemment  (')  retracé  les  diverses  étapes  du  développe- 
ment intra-maternel  des  œufs  de  Rhopalura  ophiocomœ,  jusquà  la  consti- 
tution de  larves  ciliées,  qui  sont  émises  au  dehors,  dans  l'eau  de  mer,  18  à 
24  heures  après  la  fécondation.  Nos  expériences  ont  consisté  à  produire  ces 
larves  en  grandes  quantités  dajis  de  petits  cristaUisoirs  et  à  y  placer,  pen- 
dant des  temps  variables,  déjeunes  Amphiura.  Les  durées  des  expériences 
ont  été  de  4,  8,  12,  18,  24,  36  heures,  2,  3,  4?  •••,  10  jours.  Les  Ophiures 
étaient  ensuite  fixées  et  coupées.  Nous  en  avons  ainsi  examiné  environ  i5o. 

Au  cours  de  ces  expériences,  s'est  présentée  une  simplification  impor- 
tante pour  l'obtention  des  larves  de  l'Orthonectide.  Nous  avons  constaté, 
en  effet,  qu'en  plaçant  dans  un  petit  récipient,  une  centaine  d'Ophiures  ré- 
coltées à  Wimereux,  quelques-unes  parmi  celles-ci  émettaient  presque 
toujours,  spontanément  par  les  fentes  génitales,  de  nombreux  Rhopalura 
mâles  et  femelles,  aptes  à  la  fécondation.  Chose  curieuse,  ces  émissions  se 
sont  toujours  produites  à  la  fin  de  l'après-midi,  vers  5''.  Il  suffit  alors 
de  décanter  proprement  l'eau  renfermant  les  Orthonectides  ainsi  émis, 
pour  avoii"  une  culture  qui,  le  lendemain,  fournira  les  larves  destinées  à 
l'infection  des  Ophiui'es. 

1°  Pénétration  des  larves  dans  l'Ophiure.  —  Un  premiei-  résultat  se  dégage  de  nos 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXLVl.  p.  40,  et  Arcli.  Zool.  ea;p.,  4°  série,  t.  Vlll,  p.  421» 


1^82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expériences  :  rinfection  des  Ophiures  a  lieu  par  pénétration  des  larves  de  l'OrlIiojieclide 
dans  les  fentes  génitales.  Dans  les  coupes  d'assez  nombreuses  Amphiura  sqiiamala, 
ayant  été  en  contact  4,  8  ou  12  heures  avec  les  larves,  nous  avons  trouvé  de  celles-ci, 
soit  à  l'entrée  des  fentes,  soit  surtout  à  l'intérieur  et  principalement  dans  le  fond.  Plu- 
sieurs Ophiures  nous  ont  montré  une  quinzaine  de  larves  et,  dans  deux  cas,  il  y  avait  en 
infection  massive,  par  une  centaine  au  moins.  Ces  deux  derniers  cas  étaient  relatifs  à 
des  Ophiures  incubant  des  embryons  et  les  larves  de  Blwpalura  avaient  pénétré  jus- 
qu'au fond  des  poches  incubatrices.  Cela  indique  la  possibilité  d'une  infection  des 
Ophiures  avant  leur  éclosion.  I^a  pénétration  de  plusieurs  larves  dans  le  même  hôte 
explique  très  bien  la  présence  simultanée  des  deux  sexes  du  parasite  dans  la  même 
Amphiura,  Celte  contamination  n'a  pas  eu  lieu,  à  beaucoup  près,  dans  tous  les  sujets 
mis  en  expérience,  mais  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en  étonner,  la  réussite  dépendant  de  con- 
ditions assez  complexes  et  les  Ophiures  s'étant  souvent  soustraites  à  l'infection  en  sor- 
tant de  l'eau. 

2°  Formation  des  plasmodes  a  ko:  dépens  des  larves.  —  C'est  le  point  où  nos  recher- 
ches laissent  encore  quelques  lacunes.  Nous  avons  cependant  constaté,  dans  divers  cas, 
l'accolement  intime  de  la  larve  de  Rhopaltira  à  l'éplthélium  des  fentes  génitales  ou 
des  poches  incubatrices  et,  dans  deux  cas,  son  incorporation  nette  dans  l'épaisseur 
même  de  cet  épithélium.  Mais  nous  n'avons  pas  encore  de  données  précises  sur  les 
changements  qui  s'opèrent  dans  les  tissus  mêmes  de  la  larve. 

Dans  une  Ophiure  où  avaient  pénétré  une  quantité  considérable  de  larves,  ré|)ithé- 
lium  des  fentes  génitales  renfermait  un  grand  nombre  de  petits  plasmodes  d'Orthonec- 
tides,  oflTrant  i  à  4  noyaux  qui  s'individualisaient  déjà  en  cellules,  par  adjonction  de 
cytoplasme  différencié.  C'est  là  évidemment  le  premier  stade  succédant  à  la  larve  et 
c'est  par  la  multiplication  et  la  dissémination  de  ces  plasmodes  que  l'infection  s'étend. 

Aux  stades  suivants,  les  plasmodes  jeunes  sont  localisés  principalement  dans  le 
péritoine,  d'abord  et  surtout  au  voisinage  immédiat  des  glandes  génitales,  et  le  déve- 
loppement de  celles-ci  est  enrayé  dès  cet  instant.  Des  cellules  isolées  ou  de  très  petits 
plasmodes  se  répandent,  par  mouvements  très  vraisemblablement  amœboïdes,  dans 
divers  endroits  et  jusque  sur  la  paroi  intestinale. 

3°  Différenciation  des  plasmodes  :  cellules  germes,  embryons  et  noyaux  plasmo- 
diques.  —  Les  jeunes  Ophiures  provenant  de  nos  expériences  et  que  nous  avons  coupées 
(au  nombre  de  i5o  environ)  nous  ont  fourni  une  série  assez  jcomplète  des  stades  de 
l'évolution  des  plasmodes.  Ils  seront  décrits  dans  un  Mémoire  détaillé.  Il  est  clair 
toutefois  qu'une  partie  de  ces  plasmodes  ne  provenait  pas  de  nos  expériences  mêmes, 
mais  d'infections  naturelles  à  peu  près  contemporaines  et  qu'il  est  impossible  de 
discerner  extérieurement,  quand  on  constitue  les  lots  d'expériences.  Nous  ne  pouvons, 
à  cause  de  cela,  fixer  la  chronologie  des  divers  stades. 

Les  états  jeunes  montrent  de  petites  cellules  individualisées  et  proliférant  sous  forme 
de  morulas,  au  sein  d'une  substance  fondamentale  granuleuse  qui  va  en  se  développant. 
Il  est  à  noter  qu'on  ne  trouve  pas  de  karyokinèses  de  ces  éléments.  Des  cellules  se 
séparant  une  à  une  des  morulas  sont  le  point  de  départ  de  morulas  nouvelles.  ,\  un 
certain  moment,  se  différencient  des  embryons  :  dans  les  plasmodes  mâles,  aux  dépens 
de  cellules  isolées  détachées  de  morulas  et  qui  ont  fortement  grossi;  dans  les  plasmodes 
femelles,  par  transformation   globale  des  morulas  en  embryons.   Les  cellules  décrites 


SÉANCE  UU  27  JUIN  IQIO.  1 788 

ci-dessus  sont   des  cellules    germes,  au   même  sens   que  chez  les  Dicvémides  et  il  en 
persiste  toujours  quelques-unes  isolées  dans  les  plasmodes  âgés. 

La  substance  fondamentale  des  plasmodes  renferme  en  outre  des  formations  chro- 
matiques, décrites  en  même  temps  que  les  cellules  germes  par  l'un  de  nous  (').  Nous 
nous  sommes  attachés  à  préciser  l'origine,  la  structure  et  la  destinée  de  ces  noyaux 
plasmodiques.  Nous  les  avons  vus  se  former  simultanément,  en  grand  nombre,  dans  les 
stades  jeunes  de  certains  plasmodes,  par  un  processus  qui  paraît  une  division  multiple 
de  noyaux,  de  cellules  germes.  Il  est  ensuite  assez  difficile,  en  général,  de  les  délimiter 
dans  la  substance  fondamentale.  Nous  regardons  comme  très  probable  qu'ils  ne  se 
divisent  plus,  qu'ils  ne  peuvent  pas  reconstituer  des  cellules  germes  et  que  leur  rôle 
est  strictement  limité  à  la  vie  végétative  du  plasraode.  Par  leur  état  assez  imparfait, 
ils  font  même  songer  à  un  rapprochement  avec  ce  que  Ion  appelle  aujourd'hui  des 
chroinidies. 

Tel  est  le  résumé  de  nos  constatations,  que  nous  développerons  dans  un 
Mémoire,  après  avoir  encore  tenté  quelques  expériences  complémentaires. 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  Tremblement  (le  terre  du  i\  juin  1910. 
Note  de  M.  Alfred  Angot. 

On  remarque,  depuis  1  mois  environ,  une  grande  agitation  sismique. 
En  mai  dernier,  l'Observatoire  du  Parc  Sainl-Maur  a  enregistré  20  trem- 
blements de  terre  plus  ou  moins  éloignés  et,  pendant  \[\  jours  distincts,  on 
a  ressenti,  en  France  même,  des  mouvements  directement  perceptibles  sans 
instruments. 

En  juin,  parmi  les  nombreuses  secousses  enregistrées,  deux  ont  présenté 
au  Parc  Saint-Maur  une  intensité  exceptionnelle,  à  cause  du  peu  de  distance 
de  leur  foyer  :  ce  sont  celles  du  16  juin  (sud  de  l'Espagne)  et  du  •il\  juin 
(Algérie). 

D'après  un  télégramme  que  m'a  adressé  M.  Gonnessiat,  on  a  ressenti  à 
Alger,  le  24  juin,  deux  violentes  secousses  à  i3''38'"  et  i3''4i'";  leur  durée 
a  été  respectivement  de  14  et  11  secondes  et  leur  direction  JNE-SW;  des 
dégâts  sont  signalés  dans  les  régions  d'Aumale  et  de  Blida. 

Au  Parc  Saint-Maur,  les  premières  secousses  préliminaires  commencent 
à  1 3'' 39'" 22'  (temps  moyen  de  Paris)  pour  la  composante  Nord  et  à 
i3''39™29*  pour  la  composante  Est;  la  phase  maximum  se  présente  de 


(')  Gaullery  et    Mesnil,    Comptes    rendus,    t.    CXXVIIl,   p.  5i6,  et  Arc/i.   Anat. 
microsc,  t.  IV,  p.  890-470. 


it84  académie  des  sciences. 

i3''/|4"'  à  i3'''i8™'7  le^  oscillations  ont  alors  une  période  moyenne  de 
<)  secondes;  sur  le  tracé,  la  plus  grande  amplitude  totale  est  de  68'""'  pour 
1 1  composante  Nord  et  de  8()™'°  pour  la  composante  Est  ;  cette  dernière 
valeur  correspond  à  un  déplacement  réel  du  sol  supérieur  à  o'"'",4-  Les 
oscillations  diminuent  ensuite,  mais  elles  persistent  jusque  vers  i5''2o"'. 

Les  mi-mes  mouvements  ont  été  très  bien  enregistrés  aussi  à  l'Observatoire  de 
Besançon.  Les  sismogrammes,  que  M.  Lebeuf  a  bien  voulu  me  communiquer,  seront, 
bien  qu'obtenus  avec  un  instrument  moins  puissant,  très  intéressants  à  comparer  en 
détail  avec  ceux  du  Parc  Saint-Maur.  Le  début  des  secousses  a  eu  lieu  à  i3''39'°io" 
sur  la  composante  Nord  et  à  i3''39™7'  ^"'"  '*  composante  Est. 

Les  tremblements  de  terre  du  iG  juin  (Espagne)  et  du  24  juin  (Algérie) 
ont  leur  foyer  à  peu  près  à  la  même  distance  de  Paris;  ils  ont  donné,  à 
Saint-Maur,  des  sismogrammes  dont  l'apparence  générale  est  très  analogue 
et  dont  l'amplitude  maximum  est  presque  identique  (88"'"  le  16  et  Sô'^'^ 
le  24).  Il  est  intéressant  de  rapprocher  cette  valeur  de  celle  qu'on  a  observée 
le  26  mai,  lors  du  tremblement  de  terre  de  la  Suisse.  Bien  que  la  distance 
du  foyer  fût  alors  presque  quatre  fois  moindre,  l'amplitude  totale  du  tracé 
à  Saint-Maur  n'a  pas  dépassé  i"""  ;  on  a  ainsi  une  première  idée  de  l'intensité 
relative  de  ces  mouvements. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

Rapport  de  fa  Commission  chargée  de  proposer  pour  l'année  1910 
la  répartition  des  subventions  du  Fonds  Bonaparte. 

(Cette  Commission,  ([ui  comprend  le  pinnce  Roland  Bonaparte  comme 
membre  de  droit,  se  compose  cette  année  de  MM.  Emile  Picard,  président 
de  l'Académie;  Darboux,  Violle,  Deslandres,  Haller,  Delage,  Alfred  Picard; 
Pli.  van  Tieghem,  rapporteur.) 

La  Commission  nommée  par  l'Académie  pour  lui  faire  des  propositions 
de  subvention,  à  attribuer  sm-  le  fonds  Bonaparte  pour  1910,  a  eu  à  exa- 
miner trente-quatre  demandes  se  rapportant  aux  sujets  les  plus  divers.  A 
son  grand  regret,  elle  n'a  pu  en  retenir  que  onze.  Encore  était-il  que  le  total 


SÉANCE    DU    27    JUIN    I910.  l'jbS 

de  ces  onze  demandes  dépassait  de  beaucoup  le  chiffre  de  l'annuité  dispo- 
nible. Devant  cette  situation  critique  et  pour  éviter  à  plusieurs  d'entre  elles 
une  réduction  qui  eût  été  préjudiciable  aux  intérêts  de  la  Science,  le  prince 
Roland  Bonaparte  a  eu  la  généreuse  pensée  d'ajouter,  pour  cette  année, 
une  somme  de  oooo'''  à  son  annuité,  qui  se  trouve  ainsi  portée  à  Socoo''"". 
\  otre  rapporteur  manquerait  à  un  devoir  et  en  même  temps  se  priverait 
d'un  grand  plaisir  s'il  ne  commençait  par  adresser  à  notre  Confrère,  au  nom 
de  l'Académie,  un  surcroît  de  remerciments  pour  ce  surcroît  de  libéralité. 
La  Commission  vous  propose  de  répartir,  comme  il  suit,  cette  somme  de 
Soooo'^''  entre  les  onze  bénéficiaires. 

1°  5ooo"'  à  M.  Hartmann,  lieutenant-colonel  d'Artillerie  en  retraite, 
lauréat  de  l'Institut. 

L'étude  expérimentale  du  développement  et  de  la  répartition  des  forces 
élastiques  dans  les  corps  déformés  par  des  efforts  extérieurs,  pour  toutes 
les  valeurs  de  ces  efforts,  offre  le  plus  grand  intérêt  pour  la  Science.  En 
particulier,  un  grand  pas  serait  fait  dans  la  connaissance  des  propriétés  de 
la  matière  si  l'on  arrivait  à  trouver,  dans  le  jeu  même  des  déformations,  la 
cause  physique  de  la  résistance  croissante  que  les  corps  opposent  aux  actions 
exercées  sur  eux.  La  théorie  de  l'élasticité,  de  son  côté,  gagnerait  à  ne  pas 
rester  limitée  aux  premiers  instants  de  l'application  des  forces  extérieures 
et  à  être  étendue  à  toutes  les  phases  de  la  déformation. 

C'est  à  l'étude  expérimentale  de  cette  importante  question  que  M.  Hart- 
mann consacre  depuis  dix  ans  tous  ses  efforts.  L'Académie  a  récompensé, 
en  1902,  l'ensemble  de  ses  premiers  travaux,  par  le  prix  de  Mécanique  de  la 
fondation  Montyon.  La  subvention  actuelle  lui  permettra  de  compléter  ses 
premières  recherches,  qui  n'ont  été  que  qualitatives,  par  des  expériences 
([uantitatives.  Exécutées  suivant  un  programme  détaillé,  que  les  premiers 
essais  ont  permis  de  tracer  avec  une  grande  précision,  ces  nouvelles  expé- 
riences comprendront  l'étude  successive  :  1°  des  déformations  permanentes 
sans  plissements;  2"  des  forces  intérieures;  3°  de  la  période  élastique 
et  4"  des  déformations  permanentes  accompagnées  de  plissements. 

2°  looo'^''  à  M.  Urbain,  professeur  de  Chimie  minérale  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Paris. 

Découvert  par  M.  Winckler  dans  l'argyrodite  de  Freiberg  en  1886,  le 
germanium  est,  comme  on  sait,  un  élément  extrêmement  rare  et  très  inté- 
ressant au  point  de  vue  chimique.  Malheureusement  le  mince  filon  originel 


in86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

a  été  vite  épuisé,  sans  qu'on  en  ait  retrouvé  d'autres  jusqu'à  présent,  de 
sorte  que  nos  connaissances  sur  ce  corps  demeurent,  depuis  24  ans,  station- 
naires  et  incomplètes. 

M.  Urbain  a  montré  récemment  que  cet  élément  existe  normalement 
dans  un  grand  nombre  de  blendes.  Il  a  traité,  depuis  six  mois,  jusqu'à  Soo''^ 
de  blende  germanifère  et  espère  en  obtenir  plusieurs  grammes  de  germa- 
niuui,  de  manière  à  en  pousser  l'élude  plus  loin  que  n'a  pu  faire  M.  Winckler. 

La  subvention  lui  permettra  de  faire  traiter  industriellement,  sur  ses  indi- 
cations, plusieurs  tonnes  de  minerai,  de  manière  à  obtenir,  outre  la  quantité 
de  germanium  nécessaire  à  ses  propres  travaux,  l'indium  et  le  gallium 
qui  y  sont  associés  dans  la  blende  et  sur  lesquels  il  dirigera  les  recherches 
de  plusieurs  de  ses  élèves. 

3°  Sgoo*^''  à  MM.  Bauer,  agrégé  des  Sciences  physiques,  et  Moulin,  chef 
de  travaux  pratiques  à  TlOcole  municipale  de  Physique  et  de  Chimie. 

MM.  Bauer  et  Moulin  ont  entrepris  des  recherches  expérimentales  dans 
le  but  de  déterminer  la  constante  de  la  loi  de  Stefan,  dont  la  connaissance 
précise  a,  comme  on  sait,  une  grande  importance  à  la  fois  pour  l'Astro- 
nomie et  pour  la  Physique.  A  cet  effet,  il  leur  faudra  faire  construire 
quelques  appareils  spéciaux,  en  particulier  un  petit  four  électrique  en  pla- 
tine ou  mieux  en  iridium.  D'autre  part,  ils  projettent  de  reprendre  l'étude 
de  la  répartition  de  l'énergie  dans  le  spectre,  pour  vérifier  certaines  for- 
mules théoriques  importantes  qui  relient  le  rayonnementaux  théories  molé- 
culaires et  ces  recherches  nécessiteront  la  construction  d'un  radiomèlre  d'un 
type  nouveau.  La  subvention  leur  permettra  do  poursuivre  leurs  recherches 
dans  ces  deux  directions. 

4°  aSoG*^'' à  M.  Bi.AKiNGHEM,  doctcur  es  sciences,  chargé  d'un  cours  de 
Biologie  agricole  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris. 

A  l'aide  des  subventions  qui  lui  ont  été  allouées  sur  le  fonds  Bonaparte 
en  1908  et  1909,  M.  Blaringhem  a  pu  installer  et  poursuivre  ses  intéres- 
santes recherches  sur  les  variations  héréditaires  des  races  d'Orges,  de  Maïs, 
de  Pavots,  de  Nigelles  et  de  CapscUcs,  obtenues  brusquement  par  voie  de 
mutation.  La  nouvelle  subvention  sera  employée  à  continuer  les  premières 
cultures  ;  à  en  entreprendre  de  nouvelles  ayant  pour  objet  la  Courge,  le  Lin, 
le  Tabac,  etc.;  à  préparer  une  collection  complète  de  plantes  étudiées 
depuis  quatre  années,  en  vue  du  Congrès  de  Génétique  qui  doit  se  réunir  à 
Paris  en  septembre  191 1;  enfin,  à  l'achat  d'un  microscope  puissant  et  por- 


SÉANCK    DU    27    JUIN    I910  I787 

tatif  permettant  de  faire  sur  place,  en  pleine  campagne,  les  observations 
délicates  que  nécessite  ce  genre  d'études. 

5°  sioo'^''  à  M.  ]\icoi,Aiii)OT,  docteur  es  sciences,  capitaine  d'artillerie, 
chef  du  laboratoire  de  la  Section  technique  de  l'Artillerie,  à  Paris,  pour  lui 
permettre  de  poursuivre  les  études  qu'il  a  commencées  sur  le  columbium 
et  le  tantale/  Les  minéraux  qui  renferment  ces  deux  éléments  sont,  comme 
on  sait,  très  chers  (de  80'''  à  i4o'''  le  kilogramme),  et  pour  les  attaquer  il  est 
nécessaire  d'employer  l'acide  fluorhydrique  et  de  se  servir  d'appareils  en 
platine.  Les  réactifs  et  les  instruments  sont  aussi  fort  coûteux. 

6°  2000*^"' à  M.  Jules  Baillaud,  astronome-adjoint  à  l'Observatoire  de 
Paris,  pour  l'aider  à  achever  ses  recherches  sur  l'absorption  atmosphéricjue 
commencées  en  1909  au  sommet  du  Pic  du  Midi  de  Bigorre. 

La  subvention  lui  permettra  de  faire  construire  un  photomètre  spécial, 
dont  le  plan  a  été  décrit  dans  les  Annexes  aux  procès-verbaux  du  Congrès 
de  la  Carte  du  Ciel  de  1909. 

7°  2000'"'  à  M.  Chevalier,  docteur  es  sciences,  lauréat  de  l'Institut,  atta- 
ché au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  explorateur  bien  connu  de  l'Afrique 
tropicale,  qui  poursuit  méthodiquement,  depuis  dix  ans,  l'étude  de  la  végé- 
tation de  nos  colonies  dans  celte  région.  Commencé  en  novembre  1908, 
continué  en  1909,  grâce  à  une  première  allocation  sur  le  fonds  Bonaparte, 
son  voyage  actuel  pourra,  à  la  faveur  de  la  nouvelle  sul)vention,  devenir 
aussi  utile  à  la  Science  que  les  précédents. 

8"  2000'^'  à  M.  Eberhardt,  docteur  es  sciences,  inspecteur  de  l'Agricul- 
ture en  Indo-Chine.  Résidant  depuis  cinq  ans  en  Indo-Chine,  il  s'est  appliqué 
à  la  recherche  et  à  l'étude  des  végétaux  économiques  de  notre  grande 
colonie,  sur  lesquels  il  a  publié  déjà  bon  nombre  de  Notes  et  de  Mémoires  d'un 
grand  intérêt.  Fixé  à  Hué  depuis  deux  ans,  il  y  a  installé  un  laboratoire  qui 
prend  de  jour  en  jour  plus  de  développement  et  qui  est  appelé  à  rendre  de 
grands  services  à  la  Science  et  au  pays.  La  subvention  lui  permettra,  d'une 
part  de  poursuivre  et  d'étendre  ses  travaux  d'exploration,  de  l'autre  de 
compléter  l'installation  de  son  laboratoire. 

9"  2000*''  à  M.  Gaillot,  Correspondant  de  l'Académie  des  Sciences, 
astronome  honoraire  de  l'Observatoire  de  Paris,  pour  lui  permettre  de  faire 
exécuter  les  calculs  nécessaires  à  la  revision,  qu'il  a  entreprise,  des  Tables 

G.  H.,  1910.  I"  Semestre.  (T.  150,  N»  26.)  '-^33 


l'^SH  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  Jupiter  dressées  par  Le  Verrier.  On  sait  qu'il  a  déjà  fait  le  même  travail 
pour  les  Tables  de  Saturne,  d'Uranus  et  de  Neptune  et  qu'il  y  a  obtenu, 
pour  ces  planètes,  une  concordance  très  satisfaisante  entre  la  théorie  et  les 
observations.  Il  espère  arriver  au  même  résultat  pour  Jupiter  et  plus  tard 
pour  les  planètes  intérieures. 

io°  2000'''  à  M.  NoRDMANN,  doctcur  es  sciences,  astronome-adjoint  a 
l'Observatoire  de  Paris,  pour  lui  permettre  de  faire  construire,  sous  sa 
forme  définitive  et  tel  qu'il  l'a  décrit  dans  plusieurs  Notes  publiées  aux 
Comptes  rendus^  son  photomètre  stellaire  hétérochrome,  instrument  qui  lu 
a  fourni  déjà  des  résultats  intéressants  dans  le  domaine  de  la  pyrométrie 
stellaire. 

11°  2000''' à  M.  QuiDOR,  docteur  es  sciences,  instituteur  à  Paris,  pour 
lui  permettre  de  publier  un  Mémoire  étendu  sur  la  morphologie  externe 
des  Copépodes  parasites,  recueillis  à  Roscoff  de  1903  à  1909,  accompagné 
de  planches  stéréoscopiques  reproduisant,  par  la  phototypieet  pour  chaque 
animal,  les  clichés  obtenus  par  le  microscope  Quidor-Nachet. 

La  liste  suivante  résume  ces  onze  subventions  : 

fr. 

1.  M.  Hartmann 5 000 

2.  M.  Urbain 5ooo 

3.  MM.  Baieu  et  Moulin 3 000 

k.   M.  Blaringhem. aSoo 

5.  M.    IViCOLARDOT 2600 

6.  M.  J.  Baillaud 2000 

7.  M.  Chevalier 2000 

8.  M.   EnERHARDT 2  000 

9.  M.  Gaillot 2000 

10.  M.    NORDMANN 2  000 

11.  M.   QuiDOR 2000 

Total 3oooo 

montant  de  l'annuité  accrue,  mise  à  la  disposition  de  l'Académie  pour  1910 
par  la  généreuse  initiative  de  notre  Confrère. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


La  séance  est  levée  à  6  heures. 

Ph.  V.  T. 


SÉANCE    DU    27    JUIN    1910.  1789 


BUM.KTIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


OUVIIAHHS  «ECUS  DANS  LA  SÉA^CE  DU   l3  JUIN    19IO. 

Ministère  du  Travail  et  de  la  Prévoyance  sociale.  Direction  du  Travail.  Statistique 
générale  de  la  France.  Annuaire  statistique;  aS'' Volume,  1908.  Paris.  Imprimerie 
nationale,  1909;  i  vol.  in-8". 

Sommation  de  suites  terminées,  pav  Hato^  de  la  GoiiPiLLiÈRE,  Membre  de  l'inslilui. 
(Exlr.  des  Mémoires  de  la  Société  royale  des  Sciences  de  Liège,  3°  série,  l.  I\.  1909.) 
Bruxelles,  Hayez,  1910;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Carte  générale  des  gisements  de  coquillages  comestibles  des  côtes  de  France: 
feuilles  18  et  19,  dressées  par  M.  JoUBl.v  :  ces  deux  feuilles  comprennent  toute  la  b^iie 
du  Mont-Saint-Michel,  depuis  la  pointe  du  Grouin  jusqu'à  la  latitude  de  Coutanc<'s. 
Les  îles  Chausev  ysont  contenues.  Paris,  Erhard  frères;  2  feuilles  in-plano.  (Préseiilé 
par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco.) 

Hernie  de  Géographie,  publiée  sous  la  direction  de  M.  Cii.  Vélain;  t.  III.  annéf  1909. 
Paris,  Ch.  Delagrave;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  [)ar  M.  Appell.) 

Le  Botaniste,  Directeur  :  M.  P.-.\.  Danceahd;  i  i"  série,  mai  iQiu.  Paris.  J.-B.  Bail- 
lière;  Londres,  Dulau  et  C'°;  Berlin,  Friedlander  et  fds;  1  vol.  in-8".  (Présenlé  par 
M.  Guignard.) 

Notions  fondamentales  de  Chimie  organique,  par  (^h.  Moirel;  3"  édition,  revue 
el  mise  au  courant  des  derniers  travaux.  Paris,  Gaulhier-^  illars,  1910;  1  vol.  in-8".- 
(Présenté  par  M.  .\rraand  Gautier.) 

Comité  international  de  la  Carte  du  Monde.  Résolutions  and  Proceedings  of  the 
International  Map  Committee  assembled  in  London,  noveuiber  1909,  with  diagrams, 
plate  and  tables.  Londres,  Harrisson  et  fils,  1910;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté  par 
M.  Charles  Lallemand.) 

Die  neuen  chemischen  Institute  der  hôniglichen  technischea  Hockschule  zu  Miin- 
chen.  Munich,  C.  Wolf  el  fils,  1909;  1  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  la  «  K.  technische 
Hochschule  zu  Miinclien  n.) 

Comptes  rendus  des  séances  de  la  troisième  réunion  de  la  Commission  permanente 
de  l'Association  internationale  de  Sismologie,  réunie  à  Zermatt  du  3o  noût  au 
1  septembre  1909,  rédigés  par  le  Secrétaire  général  R.  de  Kôvesligetiiy.  Budapest, 
Victor  Hornyansky,   1910;   i  vol.  in-4°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  20  juin   1910. 

Ministère  de  Flnstruction  publique  el  des  Beaux-Arts.  Caisse  des  fiecherclœs  scien- 
tifiques; année  1909  :  Rapport  annuel,  par  M.  Paul  Dislère.  Melun.  Imprimerie 
administrative,  1910;  1  vol.  in-8". 

Sacants  du  Jour  :  F  mile  l'icard,  biographie,  bibliographie  analytique  des  écrits, 


1790  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

par  EaNEST  Lebon.  Paris,  Gauthier-Villars,  juin  1910;  1  fasc.  in-8".  (Présenté  par 
M.  Darboux.  Hommage  de  l'auteur.) 

Icônes  niycologicœ^  parBouniER;  6"^  série,  livraison  29.  Paris,  Paul  Kiincksieck, 
1910;  I  fasc.  10-4°. 

Recherches  sur  l'ionisation  produite  par  les  rayons  <x,  par  M.  Marcel  Moulin. 
Paris,  Gaulhier-Villars,  1910;  i  fasc.  in-S".  (Présenté  par  M.  Bouty.) 

La  Géographie  physique  du  Berry  d'après  M.  Antoine  Vacher,  par  Emm.  de  Mar- 
GERiE.  (Extr.  des  Annales  de  Géographie,  t.  XVIll,  1909.)  Paris,  Armand  Colin; 
I  fasc.  in-8°. 

La  structure  du  Jura,  par  E.m.m.  de  Margerie.  (Extr.  des  Actes  de  la  Société  helvé- 
tique des  Sciences  naturelles,  92"  session.  Lausanne,  1909;  l.  I.)  Bâle,  Emile 
Birkhœuser,  1909;  i  fasc.  in-8°. 

Théorie  physicochiinique  de  la  vie  et  générations  spQntanées,  par  Stéphane  Leduc. 
Paris,  A.  Poinal,  1910;  i  voL  in-8°. 

The  thrust-masses  in  the  Western  District  of  the  Dolomites,  by  Maria-iM.  Ogilvie 
Gordon.  (Transactions  of  the  Edimburgh  Geological  Society;  t.  IX,  spécial  part.) 
Edimbourg,  Turnbulland  Spears,  1910:  i  vol.  in-8°. 

The  Institution  of  Mechanical  Engineers  :  Proceedings,  1909;  parts  3-i.  List  of 
Menibers,  1*'  march  1910  :  Articles  and  by-latvs.  Londres;  2  vol.  in-8°. 

The  rat  problem,  the  practical  solution,  by  VVm.  Rodier.  Sydney,  1910;  1  fasc. 
in-4°. 

Oysler  culture  in  Louisiana,  by  Wm.  H.  Gates.  (Gulf  ISiological  Station:  Bul. 
n°  )o.)  Baton-Rouge,  rgio;  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(Séance  du  3o  mai   1910.) 

Noie  de  M.  E.  Routy,  Cohésion  diélectrique  du  néon  et  de  ses  mélanges. 
Analyse  quantitative  fondée  sur  la  mesure  de   la  cohésion  diélectrique  : 

Page  I  383,  ligne  11,  au  lieu  de  la  me^ure  du  gaz    mêlé   au  néon,  lisez  la  natuie  tlu 
gaz  mêlé  au  néon. 


FIN  DU  ÏO.ME   CENT-CINQUANÏIEME. 


COMPTES   RENDUS 

DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 


TABLES    ALPHAHETIQUES 


JViNVIEli  —  JUIN   1910. 


TABLE  DKS  MATIEIîES   DU  TOME  ioO 


Académie.  —  État  de  l'Académie  des 
Sciences  au  i"  janvier  igio 

—  M.  Ch.  Bouchard,  Président  sortant, 

fait  connaître  à  l'Académie  l'état 
où  se  trouve  l'impression  des  Re- 
cueils qu'elle  publie  et  les  change- 
ments survenus  parmi  les  Membres 
et  les  Correspondants  pendant  le 
cours  de  l'année  1909 

—  Discours  prononcé,  en  prenant  place 

au  fauteuil  de  la  Présidence,  par 
M.  Emile  Picard 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

blique adresse  ampliation  d'un  Dé- 
cret approuvant  l'élection  de  Lord 
Rayleigh  comme  Associé  étranger.  . 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

blique adresse  ampliation  du  Dé- 
cret approuvant  l'élection  de  M  Ilil- 
torf  comme  Associé  étranger 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à 

l'Académie  que  le  Tome  CXLVIII 
des  Comptes  rendus  (i"  semestre 
1909)  est  en  distribution  au  Secré- 
tariat       I 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce 

à  l'Académie  que  le  Tome  LI  des 

C.  \\..  1910,  I"  Semestre.  (T.  1.50.) 


Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences 

est  en  distribution  au  Sccrélariat.  .      1087 

M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 
qu'en  raison  des  fêtes  de  la  Pente- 
côte, la  séance  du  lundi  iG  mai  est 
renvoyée  au  mardi  17 1 1 55 

Le  Recteur  et  le  Sénat  de  l'Université 
de  Leipzig  adressent  à  l'Académie 
une  description  des  Instituts  et 
Séminaires  de  la  Faculté  de  Philo- 
sophie         3o  I 

S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco 
fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
exemplaire  de  la  médaille  frappée 
à  l'occasion  de  l'inauguration  du 
Musée  océanographique  do  Monaco.      l/Jo'J 

M.  le  Ministre  do  l'Instruclion  pu- 
blique adresse  ampliation  du  Décret 
autorisant  l'Académie  à  accepter  le 
legs  fait  à  son  profit  par  M.  Claude- 
Léon  Demolombe 447 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une 
dépêche  du  Président  de  l'Académie 
royale  des  Beaux-Arts  de  Florence, 
témoignant  sa  sympathie  pour  la 
Franco  à  la  suite  des  inondations. .  .         1  Vi 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une 
2  3/, 


^3J 


9? 


1792 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 


dépêche  de  M.  Blaserna,  Président 
de  l'Académie  royale  des  Lincei, 
transmettant  ses  profondes  condolé— 
léances  pour  le  fléau  qui  a  désolé  une 
grande  partie  de  la  France 363 

—  M.   G.  Darboux  donne  lecture  d'une 

lettre  de  la  Société  royale  de  Londres 
relative  à  une  souscription  poiir  les 
victimes  des  inondations  en  France.       5^1 

—  M.   le    Président   remercie,    au    nom 

de  l'Académie,  ses  Associés  et  Corres- 
pondants anglais  de  leur  générosité.        5^2 

—  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères 

transmet  le  désir  exprimé  par  l'Am- 
bassadeur d'Angleterre  de  voir 
l'Institut  de  France  se  faire  repré- 
senter au  service  funèbre  célébré  à  la 
mémoire  de  S.  M.  le  Roi  Edouard 
VII 1221 

—  M.  Armand  Gautier  est  désigné  pour 

représenter     l'Académie     à     cette 

cérémonie I22I 

Woir  Association  internationale  des  Aca- 
démies, Bureau  des  Longitudes,  Caisse 
des  recherches  scientifiques.  Candi- 
datures, Commissioris,  Congrès, Décès, 
École  polytechnique.  Élections,  Ex- 
ploration, Fonds  Bonaparte,  Mont 
Rose, Navigation,  Muséum  d  Histoire 
naturelle.  Océanographie,  Solennités 
scientifiques. 
Acides.  —  Transformation  de  quelques 
alcools  aromatiques  en  acides  phos- 
phineux  par  l'acide  hypophospho- 
reux  ;  par  M.  R.  Fosse 1 78 

—  Action  de  l'acide   hypoiodeux  nais- 

sant sur  les  acides  non  saturés. 
Acide  a-cyclogéranique;  par  M.  J. 
BougauU 397 

—  Sur    l'acide     a-cyclogéranique;    par 

M.  J.  Bougault 534 

—  Synthèses  effectuées  avec  le  cyanure 

de  benzyle;  par  MM.  F.  Bodroux  et 

F.  Tahoury 53 1 

—  Catalyse     des     acides    aromatiques; 

par  M.  J.-B.  Senderens 702 

—  Action  du  trichlorure  de  phosphore 

sur  le  gaïacol  ;  par  M.  Pierre  Dupuis.       622 

—  Sur    l'hydrogénation     partielle    des 

acides  de  la  série  stéarolique  et  sur 
l'isomérie  de  leurs  dérivés  monoiod- 
hydriques;  par  MM.  .4.  Arnaud  et 
5.  Pasternak u  3o 

—  Sur  deux  nouveaux  isomères  delacide 


Pages. 
stéarolique;  par  MM.  A.  Arnaud  et 
S.  Pasternak 1245 

—  Sur  l'isomération  de  l'acide  oléique 

par  déplacement  de  la  double  liaison  ; 

par  MM.  A.  Arnaud  et  S.  Pasternak.     iSaS 

—  Sur    l'acide    hexahydrophénylglyco- 

lique;  par  MM.  Marcel   Godchot  et 
Jules  Frezouls 1248 

Voir  Aldéhydes,  Célones,  Chimie  ana- 
lytique. Chimie  végétale,  Ethers,  Fer- 
mentation, Photochimie. 
Aciers.  —  Sur  la  cémentation  des  aciers 

au  silicium;  par  M.  L.  Grenet 921 

Voir  Chimie  inorganique  (C). 
Acoustique.  —  Sur  un  nouvel  inscripteur 

du  son:  par  Th.  Rosset l5ll 

—  Inscription  photographique  des  vibra- 

tions d'un  diapason  ;  par  MM.  Gabriel 

Sizes  et  G.  Classai 1746 

Voir  Élasticité,  Phonographe,  Voix. 

Acoustique  physiologique.  —  Con- 
tribution à  l'étude  de  l'audition  et 
de  son  développement  par  les  vibra- 
tions de  la  sirène  à  voyelles;  par 
M.  Rangard 724 

AÉRODYN.4MIQUE.  —  Sur  l'autorotatioii  ; 

par  M.  A.  Elevé 324 

—  Sur  la  résistance  de  l'air;  par  M.  Carlo 

Bourlet 382 

Voir  Aéroplane,  Résistance  de  l'air. 

AÉRONAUTIQUE.  —  Sur  la  façon  de  par- 
courir en  aéronef  un  itinéraire  recti- 
ligne  avec  une  dépense  minima  de 
travail  total;  par  M.  Paul  Renard.  .      1666 

AÉROPLANE.  —  M.  Carpentier  présente 
un  stabilisateur  automatique  pour 
aéroplane 829 

—  L'équilibre  longitudinal   et  la  cour- 

bure   des    surfaces    portantes    des 
aéroplanes;  par  M.  René  Arnoux.  .  ,        854 

—  La   poussée  sur  la  surface  portante 

des    aéroplanes:    par    JI.    Rodolphe 

Soreau iSgS 

Voir  Aérodynamique,  Insectes. 
Agronomie.  —  L'n  effet  du  drainage; 

par  M.  Biéler-Chatelan 884 

—  La  lutte  pour  l'eau  entre  les  orga- 

nismes  vivants  et  les  milieux  na- 
turels; par  M.  A.  Miinlz 1390 

Air.  —  Ouverture  d'un  pli  cacheté  ren- 
fermant une  Note  intitulée  «  Pro- 
cédé de  régénération  de  l'air  vicié  », 

par  M.   George- J.  Jaubert 1374 

Voir  Résistance  de  l'air.  Bactériologie, 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
Respiration,    Microbiologie,   Chimie 
agricole,  Comètes,  Frottement,  Houille. 

Albuminoïdes.  —  L'analyse  des  matières 
protoplasmiqucs;  par  MM.  .1.  Etard 
et  A.  Villa 1709 

Alcaloïdes.    —   Alcaloïde    du    Pseudo- 
cinchona    africana.     Saponification 
par  les  alcalis;  par  M.  E.  Fourneau .        976 
Voir     Chimie    physiologique,     Chimie 
végétale,  Cultures. 

Alcools.   —  — Sur  le  méthylacétényl- 

carbinol  ;  par  M.  Lespieau 1 1 3 

—  Condensation    de   l'alcool   butylique 

secondaire  avec  son  dérivé  sodé  ;  par 

M.  Marcel  Guerbet i83 

—  Sur  la  constitution  des  alcools  résul- 

tant de  la  condensation  des  alcools 
secondaires  avec  leurs  dérivés  sodés  ; 
par  M.  Marcel  Guerbet 979 

—  Sur  les  isoméries  de  quelques  "l'-glyools 

acétyléniques;  par  M.  G.  Dupont..  .      1121 

—  Action  des  agents  déshydratants  sur 

quelques  ï-glycols;  par  M.  M.  Tiffe- 

neau 1 181 

—  Méthode  générale  de  préparation  di- 

recte des  thiols  par  catalyse  à  partir 
des  alcools;  par  MM.  Paul  Sabalier 
et  A.  Mailhe 1217 

—  Surledéhydrodicarvacrol;parMM. //. 

Cousin  et  H.  Hérisse;/ i333 

—  Sur  une  nouvelle  synthèse  de  l'éry- 

thrite  naturelle  et  de  l'érythrite 
racémique;    par  M.  //.  Pariselle...      l343 

—  Sur  le   passage   de   quelques   alcools 

hydroaromatiques  aux  phénols  cor- 
respondants; par^l.  Léon Brunel.. .      i5a8 

—  Oxydation     des     Y'g'ycols     acétylé- 

niques. Synthèse  d'acides-alcools  a; 

par  M.   Georges  Dupont i523 

—  Sur  un   nouveau  menthol  tertiaire  ; 

passage    du   pinène    au   menthène; 

par  M.  A.  Béhal 1 762 

Voir  Acides,  Aldéhydes,  Catalyse,  Cé- 
tones.  Chimie  analytique,  Éthers, 
Fermentations,  Thiols. 
Aldéhydes.  —  De  la  production  de  pe- 
tites quantités  d'aldéhyde  formique 
dans  l'oxydation  de  l'alcool  éthy- 
lique  par  voie  chimique,  physique 
ou  biologique  ;  par  M.  E.  Voisenet.  .         4o 

—  Sur  la  désinfection  par  la  combustion 

incomplète  de  la  paille;  par  M.  .1. 
Trillat 339 

—  Action    de    la    chaleur   rouge   sur   la 


'793 

l'ages. 
formaldéhyde;     par     M.     Armand 
Gautier 1 725 

—  Sur  l'aldéhyde  dimère  de  l'aldéhyde 

crotonique  et  l'acide  correspondant; 

par  M.  Marcel  Delépine 394 

—  Errata  relatifs  à  celte  Communica- 

tion         894 

—  Sur  la  constitution  de  l'aldéhyde  di- 

mère de  l'aldéhyde  crotonique;  par 

M.  Marcel  Delépine 535 

—  Sur    l'aldéhyde    x-bromocrotonique; 

par  M.  P.-L.  Viguier i43l 

—  Sur  la  stabilité  des  S-cétoaldéhydes; 

par  M.  F.  Couturier 7o5 

Voir  Chimie  analytique,  Eleclrochimie, 
Vin. 

Aliments.  —  Sur  un  nouveau  composé 
contenu  dans  les  produits  alimen- 
taires; par  M.  A.  Backe 54o 

Voir  Biologie  végétale.  Botanique,  Chi- 
mie analytique.  Cultures,  Lait,  Océa- 
nographie, Pain,  Physiologie,  Patho- 
logie, Vin. 

Alliages.   —   Sur   les   propriétés   élec- 
triques    des     alliages     aluminium- 
argent;  par  M.  ^Vitold  Bronicwski .  .      1754 
Voir  Aciers,  Force  électromotrice. 

Altitude.  —  Voir  Cœur. 

Amidon.  —  Sur  la  coagulation  de  la 
matière  amylacée  par  congélation; 
par  M.  G.  Malfitano  et  M"e  A. 
Moschkojj 710 

Aminés.  —  Action  de  l'acide  sulfurique 
concentré  sur  quelques  nitramines 
aromatiques;  par  M.  Frédéric Rever- 
din 399 

—  Chloroplatinates  et  periodures  de  di- 

et  de  triméthylamine;  critique  de 
leur  emploi  pour  la  séparation  de. 
ces  bases;  par  M.  J.  Bertheaume .  .  .  .      io63 

—  Condensation  des  anunes  secondaires 

avec  l'éther  Y-bromodiniéthylacé- 
tique;pavUM.  H. GaultelG.Thirode.     II23 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage 

des  trois  méthylamines  et  de  l'am- 
moniaque mélangées;  par  M.  J. 
Bertheaume I25l 

Amphibiens.  —  Sur  la  structure  des  pro- 
tubérances épidermiques  de  certains 
Amphibiens  urodèles  et  sur  leurs  af- 
finités morphologiques  avec  les  poils; 
par  M.  Louis  Roule I2I 

Anaphylaxie.  —  Propriétés  du  sérum 
des  lapins  séro-anaphylactisés:  par 


1-JÇ)'\  TABLE    DES 

Pages . 
M.A.Briot 638 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion         822 

Voir  Médecine. 
Analyse   mathématique.   —   Sur   une 
application      des      transformations 
birationnelles;  par  M.  Ouivet io36 

—  Sur  la  convergence  des  relations  de 

récurrence;  par  M.  S.  Laites 1106 

—  Sur  les  propriétés  des  lignes  canto- 

riennes;  par  M.  L.  Zoretti i5o5 

—  M.  Ilaion  de  la  Goupillière  fait  hom- 

mage à  l'Académie  d'un  exemplaire 
de  son  travail   intitulé   Sommation 

de  suites  terminées 1673 

Voir  Ensembles,  Equations  différen- 
tielles,  fonctionnelles,  intégrales, 
Fonctions,  Formes,  Fractions  con- 
tinues. Groupes,  Intégrale,  Physique 
mathématique,  Séries,  Théorie  des 
nombres. 


AXATOMIIv 


—  Sur  la  structure  et  la  signification  de 

la  membrane  qui  enveloppe  la  sphère 
vitélline  de  l'œuf  des  oiseaux;  par 
M.  A.  Lécaillon o.t\0 

—  Une  fonction  supplémentaire  du  pied 

dans  la  race  jaune;  par  M.  Lanne- 
longue 5o3 

—  Station   bipède   et  muscles   fessiers; 

par  M.  J.  Chaîne 55l 

—  M.  Lannelon gue  rappelle  une  Com- 

munication de  J.  Regnauld  sur  le 

pied  des  Ilindoux 58y 

—  Les  dimensions  du  ciecum  et  la  typhl- 

ectasie;  par  M.  R.  Robinson 689 

—  Le  ganglion  d'Andersh  chez  le  Phry- 

nosome  cornu;  par  M.  H.-E.  Sau- 
vage          734 

—  La  partie  thoracique  du  grand  sym- 

pathique   chez    les    Sauriens;    par 

M.  H.-E.  Sauvage 799 

—  La  partie  abdominale  du  grand  sym- 

phatiqvie    chez    les    Sauriens  ;    par 

M.  E.  Sauvage 1077 

—  Courbure  lombaire  et  promontoire; 

par  M.  J.  Chaîne l449 

Voir    Cœur,     Cytologie,     Histologie, 
Muscles. 
Anatomie  végétale.  —   Influence  du 


MATIERES. 

Pages, 
terrain  sur  les  variations  de  l'appa- 
reil   sécréteur    des    Clusiacés;    par 

M.  H. -Jacob  de  Cordemoy i535 

—  Sur  la  structure  des  branches  courtes 
et  âgées  de  quelques  arbres;  par 
M.  Jean  Daniel 1611 


Anthropologie.  —  L'encéphale  de 
l'homme  fossile  de  La  Chapelle-aux- 
Saints;  par  MM.  Marcellin  Boule  et 
R.  Anthony l458 

—  Les  grottes  peintes  du  Soudan  fran- 

çais; par  M.  Fr.  de  Zeltner l46l 

—  Découverte  d'une  grotte   sépulcrale, 

probablement  néolithique,  à  Mon- 
touliers  (Hérault);  par  MM.  Lucien 

Mayet  et  Laurent  Maurette 1620 

Voir  Anatomie. 
Arc.  —  Sur  l'arc  au  mercure  dans  le  vide  ; 

par  A.  Perot l5l5 

—  Sur  quelques  particularités  de  l'arc 

au  mercure  dans  le  vide;  par  M.  .1. 

Perot 1684 

Voir  Speclroscopie,  Ultraviolet. 

Archéologie.  —  Sur  la  présence  de  ré- 
sidus tartriques  du  vin  dans  un  vase 
antique;  par  M.  Georges  Déni gès. . .     i33o 

Ausonvalisation  (d').  —  Voir  Circu- 
lation. 

Association  internationale  des  Aca- 
démies. —  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
signale  une  publication  de  l'Asso- 
ciation internationale  des  Acadé- 
mies        3oi 

—  M.  P.  Blaserna  annonce  à  l'Académie 

qu'en  1910  la  réunion  de  l'Associa- 
tion internationale  des  Académies 
se  tiendra  à  Rome,  du  9  au  1 5  mai . .        668 

—  M.  le  Président  de  la  Reale  Accademia 

dei  Lincci  invite  l'Académie  à  lui 
indiquer  le  nom  de  ses  Membres  délé- 
gués à  l'Assemblée  générale  de  l'As- 
sociation internationale  des  Acadé- 
mies, à  Rome,  en  mai  1910 896 

—  MM.   Emile  Picard,   B.   Baillaud,  et 

G.  /)ar6ou.r  sont  désignés  pour  repré- 
senter l'Académie 896 

—  M.  le  Président  rend  compte  de  la 

dernière  session  de  la  Réunion  inter- 
nationale des  Académies ï279 


TABLE    DES    MATIERES. 


ASTROiNO.MIl-:. 


Voir  Comètes,  Étoiles,  Lune,  Observa- 
toires, Planètes,  Soleil,  Spectroscopie, 
Trigonométrie. 


1793 

Pages. 


Aurore  boréale.  —  L'aurore  boréale. 

Lois   et  théories   héliodyiiamiques; 

par  M.  de  Kérillis 1296 

—  Photographies  des.  aurores  boréales 

et  nouvelle  méthode  pour  mesurer 

leur  altitude;  par  M.  Cari  Stormer.  .      l63l 


BACTERIOLOGIE. 

—  Sur  la  symbiose  du  bacille  butyrique 

en  culture  avec  d'autres  microbes 
anaérobies;  par  M.  G.  Seliber i545 

—  Sur  l'accoutumance  des  bactéries  aux 

antiseptiques  ;  par  M.  Louis  Masson.       189 

—  Les  bases  expérimentales  de  la  vacci- 

nation   antityphique;    par    M.    //. 

Vincent 355 

■ —  Fièvre  typhoïde  expérimentale;  par 

M.  Metchniko/1 755 

—  Sur  la  nature  du  parasite  de  la  lym- 

phangite épizootique;  par  MM.  J. 

Bridré  et  L.  Nègre 998 

■ —  Sur  la  présence  des  germes  virulents 
dans  l'atmosphère  des  salles  d'hô- 
pital; par  MM.  E.  Lesné,  R.  Debré  et 
G.  Simon looi 

—  Sur  le  traitement  curatif  du  charbon 

par  la  pyocyanase;  par  M.  L.  For- 

lineau l454 

Voir  Médecine,  Microbiologie,  Patho- 
logie, Syphilis,  Tuberculose,  Vaccin, 
Vigne,  Vin. 

Balance.  —  M.  J.  Carpentier  présente 
une  petite  balance  de  précision,  com- 
binée et  construite  par  M.  Collot....  74 

—  Frein  pour  balance  en  forme  de  fil  à 

plomb;  par  M.  G.  Lippmann i563 

Balance  de  torsion.  —  Sur  une  erreur 
systématique  qui  limite  la  précision 
de  l'expérience  de  Cavendish.  Mé- 
thode nouvelle  pour  l'étude  de  la 
gravitation;  par  M.  V.  Crémieu .  .  .  .  863 
Batraciens.  —  Action  physiologique 
du  mucus  des  Batraciens  sur  les 
animaux  eux-mêmes  et  sur  les  ser- 
pents; cette  action  est  la  même  que 
celle   du   venin   de   la   vipère;   par 

M™e  Phisalix 4l5 

Voir  Cytologie,  Immunité. 


BIOLOGIE. 

—  Analyse  biologique  du  phénomène  de 
la  génération  chez  Lineus  ruber 
(Miill.)  et  Lineus  lacteus  (Rathke)  ; 
par  M.  Mieczyslaw  Oxner 1618 

Biologie  végétale.  —  Etude  sur  la 
biologie  de  la  truffe  mélanospore 
(Tuber   melanosporum   Witt);    par 

M.   G.  Bayer 1 253 

Voir  Agroiiomie,  Botanique,  Mutations, 
Parasites,  Parthénogenèse,  Psycho- 
logie animale.  Ultraviolet,  Varia- 
tions. 


BOTAXlQUi:. 

—  Sur  le  mode  de  formation  de  la  gomme 

adragante;  par  M.  L.  Lutz 1184 

—  Sur  les  mycorhizes   endotrophes  de 

quelques  arbres  fruitiers;  par  M.  Vi- 
tal Boulet 1 190 

• — ■  Sur  les  Strychnos  de  l'Asie  orientale; 

par  M.  Paul  Dop 1256 

—  La  truffe  peut-elle  se  replanter?  par 

M.  Lecoq  de  Boisbaudran 1402 

—  Classification    nouvelle     du    groupe 

des    Inovulées;    par    M.    Pli.    van 

Tieghem 1715 

Voir  Agronomie,  Anatomie  végétale. 
Biologie  végétale.  Champignons,  Chi- 
mie végétale.  Congrès,  Cultures,  Cyto- 
logie, Flore  tropicale.  Graines,  Greffe, 
Histoire  des  Sciences,  Mutations, 
Paléontologie,  Pathologie,  Variations, 
Physiologie,  Phytécologie,  Racines. 


Bulletin  bibliographique.  — 191,  25o, 
293,  428,  570,  646,  820,  949,  loo4i 
1084,  ii53,  1206,  1377,  1468,  I7i4f 
1789 

Bureau  des  Longitudes.  —  M.  le  Mi- 


I  79^ 


TABLE  DES    MATIERES. 


nistre  de  r  Instruction  publique  invile 
l'Académie  à  lui  présenter  une  liste 
de  deux  candidats  au  poste  de 
Membre  artiste,  vacant  au  Bureau 
des  Longitudes  par  le  décès  de 
M.     Gautier 068,     822 

Liste  de  candidats  présentée  à  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique 
pour  une  place  de  Membre  artiste 
du  Bureau  des  Longitudes  vacante 
par  le  décès  de  M.  Gautier  :  1°  M.  J. 
Carpentier;  2°  M.  ,1.  Jobin 1024 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 


Pages. 
que  invite  l'Académie  à  lui  présenter 
une  liste  de  deux  candidats  au  poste 
de  Membre  du  Bureau  des  Longi- 
tudes,   vacant     par     le     décès     de 

M.  Bouquet  de  la  Grye 764 

Liste  de  candidats  présentée  à  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique 
pour  un  poste  de  Membre  titulaire, 
vacant  dans  la  section  d'Astronomie 
du  Bureau  des  Longitudes  par  le 
décès  de  M.  Bouquet  de  la  Grye  : 
1°  M.  Andoyer;  2"  M.  Hanusse i025 


c 


Caisse  des  recherches  scientifiques. 
—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  invite  l'Académie  à  dé- 
signer un  de  ses  Membres  qui  rem- 
placera, dans  la  Commission  tech- 
nique de  la  Caisse  des  recherches 
scientifiques,  M.  Bornet,  démis- 
sionnaire          758 

—  M.    Prillieux   réunit    l'imamité    des 

suffrages 758 

Camphre.  —  Sur  le  camphre  artificiel; 

par  M.  E.  Darmois gaS 

Cancer.  —  Etude  sur  le  cancer  des 
Souris.  L'hérédité  de  la  sensibi- 
lité    à    la     greffe    cancéreuse;   par 

MM.  L.  Cuénol  et  L.  Mercier i443 

Voir  Rayons  X. 
Candidatures.  —  MM.  F.Arago,  le  colo- 
nel Bourgeois,  Ch.  Lallemand,  te 
lieutenant-colonel  Monteil  prient 
l'Académie  de  les  compter  au 
nombre  des  candidats  au  siège 
vacant,  dans  la  Section  de  Géo- 
graphie et  Navigation,  par  le  décès 
de  M.  Bouquet  de  la  Grye 262 

—  MM.  Aljrcd  Angol  et  de  Fraysseix- 

Bonnin  prient  l'Académie  de  les 
comprendre  comme  candidats  à  la 
place  vacante,  dans  la  Section  de 
Géographie  et  Navigation,  par  le 
décès  de  M.  Bouquet  de  la  Grye 869 

Capillarité.  —  Mouvements  d'un 
liquide  dans  un  tube;  par  M.  Men- 
nerel g64 

Carbures  d'hydrogène.  —  Sur  la  ré- 
duction des  dérivés  nitrosés  de  l'acé- 


tyl-  et  du  benzoylhydrazobenzène; 

par  M.  Louis  Nomblol 338 

—  Sur   l'hydrogénation    des    composés 

acétyléniques;  par  M.  Lespieau.  . .  .      1761 

—  Hydrogénation  de  l'essence  de  térében- 

thine; par  M.  G.  Vaiion 1 127 

—  Sur   une   trinitro  — p— anisidiiie;    par 

M.  Fr.  Revcrdin i433 

—  Sur  certains  dérivés  de  la  choies térine; 

par  MM.  L.  Tchougaejf  et  W.  Fomin.     l435 
Voir  Acides,  Alcools,  Cycloltexune,  Elec- 
trochimie,  Ëlhers,  Mélanges  doubles, 
Pouvoir  rotatoire.  Thermochimie. 

Catalyse.  —  Sur  le  mécanisme  de  déshy- 
dratation des  alcools  par  catalyse  au 
moyen  de  divers  oxydes  métalliques  ; 
par  MM.  Paul  Sabalier  et  A.  Mailhe.       823 
Voir  Acides,  Célones,  Engrais. 

Cétones.  —  Alcoylation  des  cétones  ali- 
phatiques  par  l'intermédiaire  de 
l'amidure  de  sodium;  par  MM.  A. 
Haller  et  Ed.  Bauer 582 

—  Alcoylation  des  cétones  aliphatiques 

par  l'inlermédaire  de  l'amidure  de 
sodium.  Dédoublement  des  hexa— 
alcoylacétones;  par  MM.  Haller  et 
Ed.  Bauer 661 

—  Préparation  et  propriétés  des  ï-hydrin- 

dones-,S-dialcoylées  ou  indanones-l- 
dialcoylées-2.2;  par  MM.  .1.  Haller 
et  Ed.  Bauer l472 

—  Action  des  dérivés  organo-magnésiens 

sur  les  trialcoylacétophénones;  par 

jfile  Pauline  Lucas lo58 

— •  Sur  quelques  trialcoyiacétonaphtones 
et  leur  dédoublement  par  l'amidure 


TABLE   DES 


de  sodium;  par  M.  V.  Volmar 

—  Action  des  bromures  d'ortho-  et  de 

para-anisylmagnésium  sur  l'anthra- 
quinone  et  la  ^-méthylanthra- 
quinone;  par  MM.  A.  Haller  et  A. 
Comtesse 

—  Préparation  catalytique  des  cétones 

aromatiques;    par    M.    J.-B.    Sen— 
'  derens 

—  Cétones  dérivées  de  l'acide  benzoïque 

et  de  l'acide  phénylacétique;  par 
M.  J.-B.  Senderens 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  synthèse 

des  cétones  non  saturées:  par  M.  G. 
Darzens 

—  Condensation  de  la  pinacoline  avec 

les  éthers-sels;  par  M.  F.  Couturier.. 

—  Action  de  l'oxyde  d'argent  sur  l'éla- 

térine;  par  M.  .4.  Berg 

Voir  Aldéhydes. 
Chaleur.  —  Voir  Conductibilité,  Eva 

poralion,  Mélallisation,  Vapeur. 
Champignons.   —   Matériaux  pour  une 

classification  rationnelle  des  Fungi 

imperfecti  ;  par  M.  P.  Vuilleniin..  .  . 

—  Sur  la  végétation  de  quelques  moisis- 

sures dans  l'huile;  par  M.  Henri 
Coupin 

—  Sur  le  virage  du  pigment  de  deux 

champignons;  par  M.  G.  Seliber.  .  .  , 

—  Sur    quelques    Plasmodiophoracées  ; 

par  MM.  René  Maire  et  Adrien 
Tison 

—  Sur  un  nouveau  groupe  de  champi- 

gnons pathogènes  agents  des  Sporo- 
trichoses;  par  M.  Louis  JMatruchot. 

—  L'Ambrosia  du  Tomicus  dispar ;  par 

M.  J.  Benuyerie 

Voir  Spores. 


Pages. 
II74 


1290 


i336 


707 
928 


1192 
1707 

1768 

543 
1071 


CHIMIE  AGRICOLE. 

-  L'entraînement  du  limon  des  terres 

par  les  eaux  de  la  Seine;  par  M.  A. 
Miinlz 267 

-  Dosage  de  la  potasse  assimilable  dans 

les  sols;  par  M.  Biéler-Chatelan 716 

-  Rôle  des  micas  dans  la  terre  arable  ; 

par  M.  Biéler-Chatelan 1 1 32 

Voir  Agronomie,  Engrais. 


MATIERES.  i-jg-j 

CHIMIE  ANALYTIQUE. 

Pages. 

—  Nouvelle  méthode  permettant  de 
déceler  des  traces  d'alcools,  par  M. 

E.  de  Stœcklin 43 

—  Recherche  de  traces  de  méthanal 
en  présence  d'éthanal  par  la  fuchsine 
bisTdfatée;  par  M.  G.  Denigès 529 

—  Recherche  de  l'alcool  méthylique  en 

général  et  spécialement  en  présence 
de  l'alcool  éthylique  ;  par  M.  G.  Deni- 
gès         832 

—  Nouvelle  méthode  de  dosage  de 
l'acide  tartrique  droit;  par  M.  André 
Kling 616 

—  Sur  le  dosage  de  l'acide  tartrique  dans 

les    matières  premières   naturelles; 

par  M.  C.  Beijs laSo 

—  Etude  des  échappées  du  beurre  de 

coco.  Composition  de  l'essence  de 
coco;  par  M.  A.  Haller  et  A.  Las- 
sieur ioi3 

—  Sur  l'essence  de  criste-marine;  par 

M.  Marcel  Delépine 1061 

—  Détermination  de  la  provenance  d'un 

naphte  ou  de  ses  dérivés;  par  M.  iV. 

Cherchef/ski/ i338 

Voir  Aminés,  Chimie  agricole,  Diélec- 
triques, Hydrologie,  Mélanges  doubles, 
Vin. 


CHLMIE  BIOLOGIQUE. 

-  Détermination  des  acides  volatils 
dans  les  produits  de  fermentation 
dequelques  microbes,  d'après  la  mé- 
thode de  Duclaux;  par  M.  G.  Seliber. 

-  Sur  la  variabilité  du  pouvoir  protéo- 

lytique   de    la   bactéridie   charbon- 
neuse ;  par  M.  Jean  Bielecki 1 548 

-  Action  des  vapeurs  de  tétrachlorure 

de   carbone   sur  les   anhydrides   et 
oxydes;  par  M.  Pierre  Camboulives. 
Voir  Agronomie,  Aldéhydes,  Diasiascs, 
Fermentation,  Foie. 


1267 


175 


CHl.MIE  INOKIi.ANIQUK. 

Action  des  vapeurs  du  tétrachlorure 
de  carbone  sur  quelques  minéraux; 
par  M.  Pierre  Camboulives 221 


179^  TABLE    DES 

Pages. 

—  De  l'action  réductrice  des  formiates 

alcalins  sur  certains  composés  miné- 
raux ;  par  M.  \^ournasos 922 

—  Action   do   l'hydrogène   sur  l'oxyde 

de  carbone;  formation  d'eau  et  de 
méthane.  Action  de  l'eau,  au  rouge, 
sur  ce  même  oxyde.  Applications 
aux  phénomènes  volcaniques;  par 
M.  Armand  Gautier l564 

—  Ag.  Sur  les  difficultés  de  la  bibliogra- 

graphie  chimique;  par  M.  A.  Col- 
son  1 69 

Voir  S,  Alliages,  Cétones,  Electrochimie. 

—  AI.  Action  de  la  chaleur  sur  l'alu- 

minium dans  le  vide;  par  M.  E. 
Kohn-Abresl 169 

—  Sur  l'alumine   provenant   de   l'oxy- 

dation à  l'air  de  l'almagame  d'alu- 
minium; par  M.  P.-Roger  Jourdain.       891 

—  Sur  les  azotures  et  les  oxydes  extraits 

de  l'aluminium  chauffé  à  l'air;  par 

M.  E.  Kohn-Abresl 918 

—  Sur  les  azotures  et  les  oxydes  extraits 

de  l'aluminium  chauffé  à  l'air;  par 

M.  J,-0.  Serpek i  Sao 

—  Sur   les   azotures   extraits   de  l'alu- 

minium chauffé  à  l'air;  par  M.  E. 
Kohn-Abresl 1757 

—  Sur  l'oxydation  de  l'amalgame  d'alu- 

minium; par  M.  P.-Roger  Jourdain.     1602 
Voir  Alliages. 

—  Ar.  Voir  Diéleclriques. 

—  Au.  Voir  Minéralogie. 

—  As.  Sur  une  solution  colloïdale  d'ar- 

senic métalloïdique  pur;  par  M.  Le- 

coq 700 

Voir  Électrochimie,  Organométalliques, 
Toxiques,  Vignes. 

—  B.  Voir  Electrochimie,  Engrais,  Vin. 

—  Ba.  Voir  Physiologie  végétale. 

—  Br.  Voir  Ilg,  Thermochimie. 

—  C.  Sous-azoture  de  carbone  C'N^;  par 

MM.  Ch.  Mourcu  et  J.-Ch.  Bon- 
grand  225 

—  Quelques  remarques,  au  point  de  vue 

géologique  et  chimique,  relatives  à 
l'action  que  la  chaleur  exerce  sur 
l'o.xydc    de    carbone:    par   M.    Ar- 

maïul  Gautier i383 

Voir    Fe,    Aciers,     Chimie    physique. 
Houille. 

—  Ca.  Voir  Chimie  physiologique. 

—  Cl.  Voir  Aminés,  Zn. 

—  (  o.  Voir  Force  éleclromolricc. 


MATIERES. 

Pages. 

—  Cr.  Voir  Colloïdes. 

—  Cs.  Voir  Thermochimie. 

—  Cu.  Voir  Vigne. 

—  F.  Voir  Hydrolyse. 

—  Fe.  Sur  la  cémentation  du  fer  par  le 

carbone  solide;  par  MM.   G.  Charpy 

et  S.  Bonnerot 178 

Voir  Aciers. 

—  H.  Sur   la   réaction   de   l'hydrogène 

naissant  à  l'état  sec;  par  M.  A.-C. 

Vournasos '. 4^4 

Voir  Chimie  physique.  Eau. 

—  Hg.  Sur  les  dérivés  bromes  du  dimer- 

curammonium;  par  M.   H.    Gaude- 

chon 467 

—  I.  Voir  Acides,  Aminés. 

—  K.    Voir    Chimie   agricole.     Insectes, 

Radioactivité. 

—  Mg.  Voir  Organométalliques. 

— ■  Mn.  Sur     les     mangani-manganates 

alcalins;  par  M.  V.  Auger 47" 

—  N.  Voir  .1/,  C,  Hg,  Aminés,  Chimie 

physique.  Chimie  végétale.  Lait, 
Photochimie. 

—  Ne.  Voir  Diélectriques. 

—  Ni.  Sur  deux  nouveaux  phosphures 

de  nickel  ;  par  M.  Pierre  Jolihois. .  .  .        106 

—  O.  Action  de  l'ozone  sur  l'oxyde  de 

carbone  ;  par  M.  P.  Clausmann 1 332 

Voir  Zn,  Combustion,  Ktliers,  Phospho- 
rescence, Photochimie,  Stérilisation. 

—  P.  Sur  un  nouveau  chlorure  de  phos- 

phore;  par   MM.   .1.   Besson   et  L. 

Fournier 102 

Voir  Ni,  Acides,  Cryoscopie,  Diastases, 
Minéralogie. 

—  Pb.  Voir  Vigne. 

Pt.  Sur  la  dissolution  du  platine  par 
l'acide  sulfuriquc  et  sur  les  produits 
do   cette   réaction:   par  M.   Marcel 

Delépinc lo4 

Voir  Aminen. 

S.  Séparation  et  purificalion  dos 
dithionates  produits  dans  la  décom- 
position du  sulfite  d'argent  ou  de 
ses  sels  doubles;  par  M.  H.  Bau- 
bigny    4*^6 

Sur  la  constitution  des  dithionates 
et  des  sulfites;  par  M.  H.  Baubigny.        978 

Sur  la  solubilité  du  sulfate  d'ar- 
gent dans  les  sulfates  alcalins;  par 

M.  Barre iSai 

Voir  Pi,  Colloïdes,  Electrochimie,  Lait, 
Phosphorescence. 


TABLE    DES    MATIERES. 


1799 


-  Sb.  Voir  Organométalliques. 

-  Si.  Voir  Aciers,  Pouvoir  rotatoire. 

-  Th.  Sur    quelques    sulfates    doubles 

de  thorium;  par  M.  Barre iSgg 

-  Ur.  Voir  Phosphorescence. 

-  Zn.  Sur   les    oxychlorures    de    zinc; 

par  M.  Driot 1426 

-  W.  Voir  Pouvoir  rotatoire. 

Voir  Catalyse,  Combustion,  Électro- 
chimie,  Géologie,  Hydrologie,  Ions, 
Métaux  rares.  Radioactivité,  Stérili- 
sation, Terres  rares. 


CHIMIE  OUGANIOnv 

Voir  .icides,  Albuminoïdes,  'Alcaloïdes, 
.■llcools,  Aldéhydes,  Aliments,  Ami- 
don, Aminés,  Camphre,  Carbures 
d'hydrogène.  Catalyse,  Cétones,  Chi- 
mie analytique.  Chimie  biologique, 
Chimie  physiologique.  Chimie  végé- 
tale. Chloroforme,  Diastases,  Jilectro- 
chimie,  Élhers,  Fermentations,  Géla- 
tine, Hydrolyse,  Magnétisme,  Nitriles, 
Odeur,  Organométalliques,  Photo- 
chimie, Sang,  Spectroscopie,  Sucres, 
Thermochimie,  Thiols,  Ultraviolet, 
Vin. 


CEILMIE  PHYSIOLOGigUK. 

-  Formation,  dans  le  foie,  d'une  sub- 

stance anticoagulante  sous  l'in- 
fluence d'un  alcaloïde;  parM.  Doyon.       348 

-  Du  rôle  double  du  calcium  dans  la 

coagulation  du  sang  et  de  la 
lymphe;  par  MM.  //.  Stassano  et 
A.  Daumas 987 

-  Influepce  des  glajides  génitales  sur 

la  glycogénie;  par  M.  F.  Moignon. .        721 

-  Influence  de  la  saignée  sur  la  rési- 

stance des  animaux  à  l'urohypo- 
tensine;  par  MM.  J.-E.  Abélous  et 
E.  Bardier i439 

-  Propriétés  neutralisantes  d'une  sub- 

stance  isolée   du   cerveau   normal; 

par  M.  .1.  Marie 1776 

Voir  Chloroforme. 


CIIIMI!'   PHYSIQUE. 

Pages. 

—  Action     chimique     des     pressions 

élevées;  compression  du  protoxyde 
d'azote  et  d'un  mélange  d'azote  et 
d'hydrogène;  décomposition  de 
l'oxyde  de  carbone  par  la  pression; 
par  MM.  E.  Briner  et  A.  Wroczynski.     1 324 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion        1714 

Voir  Aciers.  Chimie  inorganique  (S, 
Th] ,  Cristallisation,  Cryoscopie,  Col- 
loïdes, Gélatine,  Magnétisme,  Mé- 
langes doubles.  Phosphorescence, 
Photoélectricité,  Radioactivité,  Terres 
rares.  Thermochimie. 


C.  K.,  1910,  I"  Semestre  (T.  150.) 


CHIMIE  VEGETALE. 

-  Sur  la  présence  de  la  gentiopicrine 

dans  la  Chlore  perfoliée  [Chlora 
perfoliata  L.)  ;  par  MM.  Em.  Bour- 
quelol  et  M.  Bridel 1 14 

-  Sur  le  développement  d'une  plante 

bulbeuse.    Variations    du   poids   de 

la  matière  sèche;  par  M.  G.  André.  .        545 

-  Sur  le  développement  d'une  plante 

bulbeuse;  variation  des  poids  de 
l'azote  et  des  matières  minérales; 
par  M.  G.  André   713 

-  Sur  les  étholides  des  Conifères.  Acides 

junipérique     et     sabinique;     par 

M.  J.  Bougault 874 

-  Variation  de  la  teneur  en  spartéinc 

du  genêt  à  balais  suivant  l'époque 

de  la  végétation;  par  M.  J.  Chevalier.     1068 

-  Du  rôle  de  l'oxygène  dans  la  forma- 

tion et  la  destruction  des  pigments 
rouges  anthocyaniques  chez  les 
végétaux;  par  M.  Raoul  Combes.  ...      1186 

-  Sur  le  dégagement  simultané  d'oxy- 

gène et  d'anhydride  carbonique  au 
cours  de  la  disparition  des  pigments 
anthocyaniques  chez  les  végétaux; 
par  M.  Raoul  Combes l532 

-  Sur  la  migration  des  alcaloïdes  dans 

les  greffes  de  Solanées  sur  Solanées; 

par  M.  M.  Javillier 1 36o 

Voir  Alcools,  Chimie  analytique.  Sucres, 
Vin.  

235 


i8oo 


TABLE    DES    MATIERES 


CHIRURGIE. 

l'ages. 
—  Résection  des  veines  afïluentes  de  la 
crosse  de  la  veine  saphène  interne  ; 
par  M.  R.  Robinson i352 


Chloroforme.  —  Décomposition  du 
chloroforme  dans  l'organisme; 
par  M.  Maurice  Nicloux 1260 

—  Sur   les   produits    de   décomposition 

du   chloroforme   dans   l'organisme; 

par  M.  Maurice  Nicloux 1777 

—  Remarques  au  sujet  d'une  Note  de 

M.  Nicloux  intitulée  :  «  Sur  les  pro- 
duits de  décomposition  du  chlo- 
roforme dans  l'organisme  »;  par 
M.  Bouchard 1 780 

Chronométrie.  —  Comparaison  de 
chronomètres  ou  de  pendules  à 
distance  par  la  méthode  des  coïnci- 
dences au  moyen  de  signaux  radio- 
télégraphiques;    par    MM.    Claude, 

Ferrie  et  Driencourt 3o6 

Voir  Télégraphie  sans  fil. 

Cinématique.  —  Sur  les  courbes  con- 
juguées dans  le  déplacement  relatif 
le  plus  général  de  deux  corps  ;  par  M. 

G.  Kœnigs 22 

Voir  Rapport. 

Circulation.  —  Sur  les  douleurs  né- 
vralgiques rebelles  qu'on  observe 
chez  les  hypertendus;  par  MM.   E. 

Doumer  et  G.  Lemoine 565 

Voir  Sang. 

Cœur.  —  Le  poids  relatif  du  cœur  et 
l'effet  des  grandes  altitudes.  Etude 
comparative  sur  deux  espèces  de 
Lagopèdes  habitantl'une les  Hautes- 
Alpes,  l'autre  les  plaines  de  la 
Laponie;  par  M.  J.  Strohl 1257 

Colloïdes.  —  Sur  la  nature  colloïdale  des 
acides    chromopolysulturiques;    par 

M.  Pablo  Martinez  Strong 1 172 

\ oh  Chimie  inorganique  {As). 

Colorants.  —  Textiles  et  matières  colo- 
rantes insolubles;  par  M.  Léo  Vi- 
gnon 472 

—  Pouvoir  de  diffusion  de  certaines  ma- 

tières   colorantes    artificielles;    par 

M.  Léo  Vignon 619 

—  Phénomènes  de  transport  électrique 

dans  les  solutions  de  certaines  ma- 


Piiges. 
tières   colorantes;   par  M.   Léo    Vi- 
gnon          923 

Voir  Indigo,  Magnétisme. 

Combustion.  —  Sur  les  lois  de  la  com- 
bustion à  marche  convergente;  par 

M.  Jean  Meunier 781 

Voir  Dynamique  des  fluides,  Ions. 

Comètes.  —  Sur  la  théorie  de  Fonte- 
nelle  relative  à  la  constitution  des 
comètes;  par  M.  Wiljrid  de  Fon- 
vielle 849 

• —  Influence  des  comètes  sur  l'atmo- 
sphère terrestre  d'après  la  théorie 
cathodique;  par  M.  H.  Deslandres .  .      1281 

—  Eléments   de   la   comète   Tempel  2; 

par  M.  E.  Maubani 201 

Comète  de  H.\lley.  —  Sur  la  comète 

de  Halley  ;  par  M.  Giacobini qSS 

—  Sur  les  transformations  de  la  comète 

de  Halley  ;  par  M.' Ernest  Esclangon.      logS 

—  Deuxième  série  de  recherches  sur  la 

comète  de  Halley  et  son  spectre  à 
l'Observatoire  de  Meudon;  par 
M.  M.-A.  Bernard  et  P.  Idrac 1161 

—  Observations      de      la      comète      de 

Halley,  faites  à  l'Observatoire  de 
Marseille  (équatorial  d'Eichens  de 
o'",26  d'ouverture)  ;  par  M.  Coggia  .      1 165 

—  M.  Bigourdan  présente  de  la  part  de 

M.  Iriiguez,  des  photographies  de  la 
comète  de  Halley 1212 

—  Observations  de  la  coniète  de  Halley  ; 

par  M.  E.  Esclangon 1222 

—  Observations  de  la  comète  de  Halley, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille, 
au  chercheur  de  comètes;  par 
M.  Borrelly 1225 

—  M.   Baillaud  fait  connaître   les  der- 

niers renseignements  reçus  concer- 
nant des  «  Observations  de  la  co- 
mète de  Halley  à  l'Observatoire 
Lick  et  à  Johannesburg  » laSS 

—  M.  Bigourdan  communique  une  dé- 

pêche où  M.  Eginitis  résume  ses 
observations  faites  à  Athènes,  sur 
la  comète  de  Hall«y ia85 

—  Sur  le  passage  de  la  Terre  dans  la 

comète  de  Halley;  par  M.  Ch. 
André lagS 

—  Observations  de  la  comète  de  Halley 

faites  à  l'Observatoire  de  Toulouse, 
à  l'équatorial  Brunner-Henry  de 
o'",38  d'ouverture;  par  M.  .1. 
Blondel 1 299 


TABLE    DES    MATIERES. 


1801 


Pat;es. 

-  Sur  la  eomposilioii  de  l'atmosphère 

après  le  passage  de  la  comète  de 
llalley  ;  par  M.  Georges  Claude.  ...      i3i  i 

-  Variations  magnétiques  et  électriques 

dans  la  nuit  du  18  au  19  mai  19 10; 

par  M.  Alfred  Angot ' iSyi 

-  Observation  de  l'ionisation   de  l'air 

en  vase  elos  pendant  le  passage  de- 
là comète  de  Ilallcy;  par  M.  J.-A. 
Lehel i  372 

-  Observations  des  variomètrcs  magné- 

tiques de  l'Observatoire  de  Four- 
vière,  à  Lyon,  pendant  la  nuit  du 
18  au  19  mai;  par  MM.  C.  Linib 
et  T.  Nanly 1 373 

-  Phénomènes  observés  au  Pic  du  Midi 

du  18  au  19  mai  (passage  de  la  co- 
mète d©  Halley  Sur  le  Soleil)  :  par 
M.  Emile  Marchand 1 4o4 

-  Observations  de  la  comète  de  Halley 

faites  à  l'Observatoire  de  Sofia  (Bul- 
garie), le  18  mai  19 10;  par  M.  A. 
Popoff    1 406 

-  Observations  de  la  comète  de  Halley, 

faites   à   l'Observatoire   d'Athènes; 

par  M.  D.  Eginilis i'io7 

•  Observations  photographiques  de  la 
comète  de  Halley  à  l'Observatoire 
de  Paris;  par  MM.  Jules  Baitliiiid  et 

G.  Deinelresco  1 409 

■  Sur  les  apparences  de  la  comète  de 
Halley;  par  MM.  Luizet  et  J.  Guil- 
laume         1492 

Observations  sur  le  passage  de  la 
comète  do  Halley,  à  l'Observatoire 
de  l'Ebre  (Espagne);  par  MM.  P. 
Cirera  et  Ubach l494 

Sur  la  comète  de  Halley;  par  M.  J. 
Comas  Solà l496 

Sur  la  comète  de  Halley;  par  51.  Gia- 
cobini 1496 

Photographie  de  la  comète  de  I  talley  ; 
par  M.  Jean  Mascdrt i497 

Nouvelles  observations  concernant 
les  effets  du  passage  de  la  Terre  dans 
la  queue  de  la  comète  de  Halley; 
par  M.  Emile  Marchand i5y5 

Résumé  des  observations  faites  sur 
la  comète  de  Halley  à  l'Observatoire 
de  l'Ebre  (Espagne);  par  MM.  Ci- 
rera et  Pericas iSyô 

Observations  de  la  comète  de  Halley; 
par  M.  D.  Eginilis 1578 

Changements  survenus  dans  le  novau 


Pages, 
de  la  comète  do  Halley;  par  MM.  J. 
Baillaud  et  .4.  Doinot 1579 

—  Résumé  des  observations  physiques 

faites  sur  la  comète  do  Halley;  par 

M.  J.  Comas  Solà 1639 

—  Sur  l'éclat  de  la  comète  do  Halley  et 

la  composition  de  sa  lumière;  par 

M.  Charles  Nordmann 1732 

Comète   1910  a.  —  Sur  la   comète   de 

Johannesburg;  par  M.  Ch.  André.  .        193 

—  Observation    de    la    comète    Drake; 

par  M.  E.  Esclangon igg 

—  M.     Bursaux     signale     l'apparition 

d'une  brillante  comète  à  Mellaoui 
(Tunisie),  le  20  janvier  1910 200 

—  Observations  faites  à  l'Observatoire 

de   Marseille,   de  la  comète   Drake 

igio  a;  par  M.  H.  Bourgel 200 

—  Premières  observations  de  la  comète 

Drake  à  l'Observatoire  de  Mcudon; 
par  MM.  H.  Deslandres,  A.  Bernard 
et  L.  d'Azambuja 253 

—  Observations   de    la    comète    1910  a 

faites  à  l'Observatoire  de  Paris 
(équatorial  de  la  Tour  de  l'Est 
o™,38  d'ouverture)  ;  par  M.  Giaco- 
bini 263 

—  Observations  de  la  comète  de  Johan- 

nesburg, 1910  a,  faites  à  l'Observa- 
toire de  Besançon  avec  l'équatorial 
coudé;  par  M.  P.  Chofardel 264 

—  Observations    de    la    comète    Innés 

(1910  a),  faites  à  l'Observatoire  de 
Lyon;  par  MM.  Luizet  et  ./.  Guil- 
laume        Soi 

—  Sur  la  comète  1910  a.  Observations 

faites  à  Nice;  par  MM.  Javelle, 
Charlois  et  Schaumasse 3o3 

—  Observations  de  la  comète   1910  a, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
au  chercheur  de  comètes  de  o"\i() 
d'ouverture  libre;  par  M.  Borrelbj .  .        3o4 

—  Observations    de   la   comète  1910  a, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
(équatorial  d'Eichens  de  0™,26 
d'ouverture)  ;  par  M.  Coggia 3o5 

—  Sur  les  transformations  de  la  comète 

igio  a  dite  comète  Innés;  par  M.  Er- 
nest Esclangon Sôg 

—  Sur  la  grande  comète   igio  a;   par 

M.  J.  Comas  Solà 372 

—  Observations  de  la  comète   1910  a, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
au  chercheur  de  comètes  de  0™,i6 


i8o-- 


TABLE    DES    MATIERES. 


d'ouverluie  libre;  par  M.  Borrellij .  . 

—  Observations  de  la  comète   1910  a, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
(équatorial  d'Eichens  de  o",26 
d'ouverture)  ;  par  M.  Coggia 

—  Sur  le  spectre  de  la  comète  19 10  a; 

par  MM.  H.  Deslandres  et  P.  Idrac.  . 
Commissions.  —  Commission  chargée 
de  juger  les  concours  du  Grand  Prix 
des  Sciences  mathématiques,  prix 
Francœur,  prix  Poncelet  pour 
l'année  1910  :  MM.  Jordan,  Poincaré 
Emile  Picard,  Appell,  Painlevé, 
Humhert,  Maurice  Levy,  Darboux, 
Boussinesq.  Cette  Commission  est 
également  chargée  de  présenter  une 
question  de  prix  Bordin,  pour 
l'année  igiS 

—  Prix    Montyon,     Fourneyron    : 

MM.  Maurice  Levy,  Boussinesq, 
Deprez,  Léauté,  Sebert,  Vieille, 
Schlœsing,  Haton  de  la  Goupillière, 
Poincaré 

—  Prix    extraordinaire    de    la    Marine, 

Plumey  :  MM.  Maurice  Levy,  Gran- 
didier,  Boussinesq,  Deprez,  Léauté. 
Bassol,  Guyou,  Sebert,  Hait,  Berlin, 
Vieille 

—  Prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz, 

Janssen  :  MM.  Wolf,  Radau,  Des- 
landres, Bigourdan,  Baillaud,  Ilamy, 
Darboux,  Lijipmann,  Poincaré 

—  Prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux,  Dela- 

lande-Guérineau  :  MM.  Grandidier, 
Bassot,  Guyou,  Hatt,  Berlin,  Ph. 
van  Tieghem,  Perrier,  le  prince 
Roland  Bonaparte.  Cette  Commis- 
sion est  également  chargée  de  pré- 
senter une  question  de  prix  Gay 
pour  l'année  igiS 

—  Prix      Hébert,      Hughes,      Kastner- 

Boursault,  Victor  Raulin  :  MM.  Lipp- 
mann,  Violle,Amagal,  Gernez,  Bouty, 
Villard,  Maurice  Levy,  Caillelel, 
Poincaré 

—  Prix  Jecker,  Cahours,  Montyon  (Arts 

insalubres)  ,Alhumbert:  MM.  Troosl, 
Gautier,  Lemoine,  Haller,  Le  Chate- 
lier,  Jungfleisch,  Schlœsing,  Carnot, 
Maquenne    

—  Prix     Desmazières,     Montagne,     De 

Coincy,  De  la  Fons-Mélicocq,  Bor- 
din (Sciences  physiques)  :  MM.  Bar- 
net,    Guignard,   Bonnier,  Prillieux, 


âges. 


45i 
653 


366 


367 


367 


367 


367 


367 


367 


l'ages. 
Zeiller,  Mangin,  Ph.  van  Tieghem, 
Perrier,  Chatin 368 

Commission  chargée  de  juger  les  con- 
cours des  pri.x  Savigny,  Thorc,  pour 
l'année  1910  :  MM.  Ranvier,  Perrier, 
Chatin,  Delage,  Bouvier,  Ilenneguy, 
Grandidier,  Lannelongue,  le  prince 
Roland  Bonaparte 445 

Prix  Montyon,  Barbier,  Bréant,  Go- 
dard, du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dusgatc  :  MM.  Bouchard, 
Guyon,  d'Arsonval,  Lannelongue, 
Laveran,  Daslre,  Chauveau,  Perrier, 
Roux,  Labbé,  Ilenneguy 445 

Prix  Montyon  (Physiologie  expéri- 
mentale), Philipeaux,  Lallemand, 
Martin-Dantourette,  Pourat  : 
MM.  Chauveau,  Bouchard,  d'Ar- 
sonval, Laveran,  Dastre,  Ilenneguy. 
Cette  Commission  est  également 
chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Pourat  pour  l'année  191 3  ..        445 

Prix  Montyon.  (Statistique)  :  MM.  de 
Freycinel,  Haton  de  la  Goupillière, 
Carnot,  Rouché,  Alfred  Picard,  le 
prince  Roland  Bonaparte,  Tannery..        445 

Prix  Binoux.  (Histoire  des  Sciences)  : 
MM.  Darboux,  Grandidier,  Poincaré, 
Emile  Picard,  Guyou,  Bouvier,  Tan- 
nery          445 

Médaille  Arago,  Médaille  Lavoisier, 
Médaille  Berthclot  :  MM.  Emile 
Picard,  Armand  Gautier,  Darboux, 
Ph.  van  Tieghem 445 

Pri.x  Gegner,  Lannelongue  et  Tré- 
mont  :  MM.  Emile  Picard,  Armand 
Gautier,  Darboux,  Ph.  van  Tieghem, 
Maurice  Levy,  Bornet 445 

Prix  Wilde  :  MM.  Maurice  Levy,  Dar- 
boux, Troosl,  Poincaré,  Emile  Pi- 
card, Lippmann,  Violle 445 

Prix  Lonchampt  :  MM.  Bouchard, 
Guignard,  Roux,  Prillieux,  Laveran, 
Dastre,  Mangin 446 

Commission  chargée  de  juger  le  con- 
cours du  prix  Saintoyr  pour 
l'année  1910  :  MM.  Ph.  van  Tie- 
ghem, Troosl,  -irmand  Gautier, 
Guignard,  Miintz,  Roux,  Maquenne.        5o7 

Prix  Caméré  :  MM.  Léauté.  Michel 
Lévy,  Humbert,  Alfred  Picard, 
Vieille,  Le  Chalelier,  Carpentier .  , .  .       5o7 

Prix  Jérôme  Ponti  :  MM.  Maurice 
Levy,   Darboux,   Chauveau,    Bornet, 


TABLE    DES    MATIERES. 


I  8o3 


Poincaré,  Penier,  Bouvier 5o8 

—  Prix    Iloullevigue    :    MM.   Darboux, 

Lippmann,  Poincaré,  Emile  Picard, 
Perrier,  Violle,  Deslandres 5o8 

—  Commission  chargée  de  présenter  une 

question  de  prix  Vaillant,  pour 
l'année  igiS  :  MM.  Jordan,  Dar- 
boux, Lippmann,  Poincaré,  Emile 
Picard,  Appell,  Humberl 5o8 

—  Commission    chargée    de    présenter 

une  question  de  Grand  Prix  des 
Sciences  physiques  pour  l'année 
191 3:  MM.  TroosI,  Bornet,  Perrier, 
Guignard,  Michel  Lévy,  Bouvier, 
Henneguy 5o8 

—  M.   le  prince  Roland  Bonaparte  est 

désigné  pour  faire  partie  de  la 
Commission  de  la  Carte  interna- 
tionale de  la  Terre  à  î7TiM]îï¥li 3oo 

—  MM.    Jordan,   Darboux,    Lippmann; 

Ph.  van  Tieghem,  Armand  Gautier, 
iîoux  sont  élus  membres  d'une  Com- 
mission qui  devra  proposer  des 
listes  do  candidats  à  deux  places 
d'Associés  étrangers    444 

—  MM.  Darboux,  Lippmann,  B.  Bail- 

laud,  Ph.  van  Tieghem,  Armand 
Gautier,  Edmond  Perrier  sont  élus 
membres  de  la  Commission  chargée 
de  présenter  une  liste  de  candidats  à 
une  place  d'Associé  étranger  va- 
cante par  le  décès  de  M.  Al. 
Agassiz 1491 

Conductibilité.  —  Sur  un  procédé  de 
mesure  du  coefficient  de  conducti- 
bilité thermique  des  corps  peu  con- 
ducteurs ;  par  M.  Biquard 268 

Congrès.  —  M.  le  Président  du  III^  Con- 
grès international  de  Physiothérapie 
invite  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter à  ce  Congrès,  à  Paris,  en  mars- 
avril  1910 758 

—  L'Académie     sera    représentée     par 

MM.  A.  Gautier,  Ëoux,  MM.  les 
membres  de  la  Section  de  Médecine  et 
Chirurgie  et  M.  Labbé 768 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

blique invite  l'Académie  à  lui  dési- 
gner ceux  de  ses  Membres  qui  pour- 
raient se  rendre  comme  délégués 
de  son  département  au  ///''  Congrès 
international  quinquennal  de  Bota- 
nique, à  Bruxelles,  en  mai  1910.  .  .  .        764 

—  MM.  Zeiller  et  Mangin  sont  désignés 


pour  représenter  l'Académie  au 
III"  Congrès  international  quin- 
quennal de  Botanique,  en  mai,  à 
Bruxelles 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

blique invite  l'Académie  à  lui  dési- 
gner ceux  de  ses  Membres  qui  pour- 
raient se  rendre,  comme  délégués 
de  son  département,  au  Congrès 
international  d'Hygiène  alimen- 
taire, à  Bruxelles,  en  octobre  igio. . 

—  M.  le  Secrétaire  général  du  XI^  Con- 

grès géologique  international  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à 
ce  Congrès  à  Stockholm,  en  août.  .  . 

—  M.  le  Secrétaire  de  l'Institution  of 

Naval  Architects  invite  l'Académie 
à  se  faire  représenter  au  Congrès  in- 
ternational des  Ingénieurs  des  cons- 
tructions navales  et  du  Génie  mari- 
time, à  Londres,  le  5  juillet 

—  MM.  L.-E.  Berlin   et  le   Prince  Ro- 

land Bonaparte  sont  désignés  pour 
représenter  l'Académie 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

blique invite  l'Académie  à  lui  taire 
connaître  ceux  de  ses  Membres  qui 
pourraient  se  rendre,  comme  délé- 
gués de  son  Département,  au 
XI^  Congrès  géologique  interna- 
tional à  Stockholm 

—  M.  le  Ministre  de-  l'Instruction   pu- 

blique invite  l'Académie  à  lui  dési- 
gner deux  de  ses  Membres  qui  pour- 
raient se  rendre,  comme  délégués  do 
son   Département,   au   11^  Congrès 

international  du  Froid 

Courant  alternatif.  —  M.  J.  Carpen- 
tier  présente  à  l'Académie  un  «  fré- 
quencemètre »  réalisé  sur  les  indi- 
cations du  commandant  Ferrie  .... 

—  Absorption  d'énergie  par  le  passage 

d'un  courant  alternatif  dans  un  gaz 
à  la   pression   atmosphérique;   par 

M.  A.  Chassy 

Voir  Physique  physiologique. 


764 


849 


1025 


1094 


i3o5 


CRIST.\LL0GRAPH1E. 

CRisTALLis-iTioN.  —  Cristallisation 
spontanée  du  sucre;  par  M.  G.  Fou- 
quet 


280 


1  Ho/, 


TABLE    DES    MATIERES. 


Poges. 
-   Températures   de  cristallisation  des 
mélanges  binaires  ;  par  MM.  E.  Baud 

et  L.  Gai) 1 687 

Voir  Dissolulions.  Pouvoir  roiatoire. 


Crustacés.  —  Sur  les  Crevettes  du 
genre  Saron  à  mâles  dimorphes;  par 
M.  //.  Coutière 1268 

—  Sur  la  protandrie  chez  les  Lernœo- 

podida>  ;  par  M.  .4.  Quidor 1 46 4 

Cryoscopie.  —  Sur  la  formule  de  l'acide 
hypophosphorique;  par  M.  E. 
Cornée 108 

—  Cryoscopie  en  solutions  concentrées; 

par  M.  E.  Baud 528 

Cultures.  —  Sur  les  types  sauvages  de 
la  pomme  de  terre  cultivée;  par 
M.  Pierre  BerthauU 47 

—  Influence  de  la  culture  sur  la  teneur 

en  alcaloïdes  de  quelques  Solanées; 

par  M.  J.  Chevalier 344 

—  Sur  l'exploitation  agricole,  dans  les 

Bouches-du-Rhône,  d'une  espèce  de 
Typha  spontanée,  non  signalée  en 


l'.lfîCS. 

France  {T.  aiiguslata)  ;  par  M.  J.-B. 

Gèze    408 

Voir  Greffe,  ^'igne. 
Cycles  mixtes.  —  Voir  Célones,  Indigo. 
CvcLonEXANE.  —  Cyclohexanetriols  et 

dérivés  ;  par  M.  Léon  Brunel 986 

—  Sur    le    méthyl-i-éthanoyl-i-cyclo- 

hexane;  par  M.  P.-J.  Tarbouriech  .  .      1606 
Cytologie.   —   Nouvelles   observations 
sur   la   cytologie    des   levures;    par 

M.  Guilliermond 835 

Voir  Indigo,  Magnétisme. 

—  La  division  longitudinale  des  chro- 

mosomes dans  les  spermatogonies 
de  Sabellaria  spinulosa  Leuck;  par 
M.  Armand  Dehorne I  igS 

—  Étude  physico-chimique  sur  la  struc- 

ture de  noyaux  du  type  granuleux; 

par  M.  E.  Fauré-Fréiniet l355 

—  Le   nombre   des    chromosomes    chez 

les  Batraciens  et  chez  les  larves  par- 
thénogéné tiques  de  Grenouille;  par 
M.  Armand  Dehorne  i45i 

—  La  valeur  des  anses  pachytènes  et  le 

mécanisme  de  la  réduction  chez 
Sabellaria  spinulosa  Leuck;  par 
M.  Armand  Dehorne    l6l5 


D 


DÉCÈS.  —  M.  Blaserna  adresse  d'Italie 
une  dépêche  exprimant  les  regrets 
qu'inspire  aux  membres  de  la  con- 
férence internationale  des  Poids  et 
Mesures  la  mort  de  M.  Bouquet  de 
la    Grye 24 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  la  So- 

ciedad  c*enlifica  Antonio  Alzaie 
adresse  à  l'Académie  l'expression  de 
ses  sentiments  de  profonde  condo- 
léance à  l'occasion  du  décès  de 
M.  Bouquet  de  la  Grye 83 1 

—  M.    lo    Président    annonce    à    l'Aca- 

démie la  mort  de  M.  Alexandre 
Agassiz,  associé  étranger 847 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel   annonce 

le  décès  de  M.  Julius  Kiihn,  Corres- 
pondant pour  la  Section  d'Economie 
rurale 953 

—  M.  le  Secrétaire   perpétuel  annonce 

la  mort  de  M.  Edouard  van  Beneden, 
Correspondant  pour  la  Section  d'A- 
natomie  et  Zoologie 1094 


—  M.  le  Président  annonce  la  mort  de 

M.  Stanislas  Cannizzaro,  Correspon- 
dant pour  la  Section  de  Chimie.  .  .  .      1207 

—  M.  le  Président  annonce  la  mort  de 

M.  Robert  Koch,  Associé  étranger, 
et  celle  de  Sir  11  iUiam  Iluggins,  Cor- 
respondant po>U'  la  Section  d'Astro- 
nomie        1 379 

Voir  Académie. 
DÉCHARGES.    —    Décharge    des   induc- 
teurs. Capacité  des  électrodes;  par 
M.  E.  Caudrelier 6l5 

—  Sur  la  dimension  des  éléments  maté- 

riels projetés  par  les  cathodes  des 
tubes  à  vide;  par  M.  Houllevigue.  .  .      ïi3y 

—  Errata  relatifs  à   cette  Communica- 

tion       1 470 

—  Sur  l'existence  de  deux  potentiels  ex- 

plosifs; par  MM.  P.  Villard  et  H. 
Abraham 1286 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion       1714 

—  Sur   l'action   mutuelle   de   deux   ca- 


TABLE    DES    MATIERES. 


l8o5 


l'agos. 
thodes  dans  le  champ  magnétique; 

par  M.  Gouy i652 

Voir  Courant  allernatif,  Éleclrochimie, 
Ëlincelle. 
DiASTASEs.   —   Nouvelles   observations 
sur  l'individualité  de  la  cellase  ;  par 
JIM.  Gabriel  Bertrand  et  M.  Holderer.       aSo 

—  Influence  de  la  réaction  du  milieu  sur 

la  fdtration  de  quelques  diaslases  du 
malt;  par  M.  Maurice  Holderer.  .  .  .        285 

—  De   la    fdtration   des   diastases;   par 

M.  Maurice  Holderer 790 

—  Action  des  phosphates  alcalins  biba- 

siques  sur  la  tyrosinase;  par  M.  J. 

^yoifi 477 

—  Sur  la  température  mortelle  des  tyro- 

sinases  végétales;  par  MM.  Gabriel 
Bertrand  et  M.  Rosenblalt 1 142 

—  Influence  de  la  réaction  du  milieu  sur 

la  formation  des  mélanines  par  oxy- 
dation diastasique;  par  M.  G.  -4g»- 
Ihon 1066 

—  Sur  le  dédoublement  diastasique  des 

dérivés  du  lactose  ;  par  MM.  //.  Bier- 

ry  et  Albert  Ranc l366 

Voir  Bactériologie,  Fermentations, 
Lait. 
Diélectriques.  —  La  cohésion  diélec- 
trique du  néon;  par  M.  E,  Bouty..  .        149 

—  Cohésion  diélectrique  du  néon  et  de 

ses  mélanges.  Analyse  quantitative 
fondée  sur  la  mesure  de  la  cohésion 
diélectrique;  par  M.  E.  Bouty i38o 


Pa:;es. 


1790 

1643 
l3l9 

270 

116 


—  Errata  relatifs  à  cette   Communica- 

tion  

—  Nouvelle  mesure  de  la  cohésion  dié- 

lectrique  dans    l'argon;   par   M.   E. 
Bouty 

—  Sur  l'effet  de  la  pénétration  dans  les 

diélectriques;  par  M.  Louis  Malclès. 

Diffusion.  —  Diffusion  et  théorie  ciné- 
tique des  solutions;  par  JI.  G.  Tho- 

vert 

Voir  Colorants. 

Digestion.  —  Recherches  sur  la  diges- 
tion de  l'inuline;  par  M.  H.  Bierry . 

Dissolutions.  —  Observation  d'une  dis- 
symétrie dans  la  vitesse  de  dissolu- 
tion des  cristaux  de  sucre  suivant 
leurs  différentes  faces;  par  M.  Gas- 
ton Gaillard 217 

■ —  Sur  les  pouvoirs  réfringents  spéci- 
fiques ou  les  constantes  optiques  des 
corps  dissous  dans  des  dissolutions 
très  étendues;  par  M.  C.  Cluhteveau . 
Voir  Cristallisation,  Cryoscopie,  Diffu- 
sion, Optique. 

Dynamique  des  fluides.  —  Impossi- 
bilité de  certaines  ondes  de  choc  et 
combustion;  par  M.  E.  Jouguet.  .  .  . 
Voir  Aérodynamique. 

Dynamos.  —  Loi  générale  du  rendement 
relative  à  un  générateur  ou  à  un  ré- 
cepteur avec  branche  dérivée.  Cas 
des  dynamos;  par  M.  E.  Haudié.  .  . 


8G6 


91 


E 


Eau.  —  Caractères  différentiels  des  eaux 
de  sources  d'origine  superficielle  ou 
météorique,  et  des  eau.x  d'origine 
centrale  ou  ignée;  par  M.  Armand 

Gautier 4  36 

Voir  Géologie,  Hydrologie,  Stérilisation. 

Ecole  Polytechnique.  — M.  le  Ministre 
de  la  Guerre  invite  l'Académie  à 
désigner  l'un  de  ses  Membres  qui 
remplacera  au  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'École  Polytechnique, 
M.  Bouquet  de  la  Grye,  décédé 368 

—  M.  Léauté  est  désigné  pour  faire  partie 
du  Conseil  de  perfectionnement  de 
l'École  Polytechnique  au  titre  de 
représentant  de  l'Académie  des 
Sciences   444 


Élasticité.  —  Essai  des  métaux  par 
l'étude  de  l'amortissement  des  mou- 
vements vibratoires  ;  par  M.  O.  Bou- 
douard Gg6 

—  Phénomène   de   l'extinction   du   son 

dans  le  ter;  par  M.Robin 780 

—  Sur  la  distribution  des  torsions  dans 

la    déformation    infinitésimale  d'un 
milieu  continu;  par  M.  J.  Le  Roux.      i4l5 

—  Sur  la  flexion  ;  par  M.  J.  Le  Roux ....      1 589 

—  Sur  une  série  de  solutions  des  équa- 

tions de  l'élasticité  de  Lamé  dans  un 
milieu  homogène  et  isotrope;    par 

M.  E.  Barré i  Sog 

Elections.  —  M.  le  Ministre  de  l'Inté- 
rieur invite  l'Académie  à  désigner 
l'un  de  ses  Membres  pour  remplacer, 


j8oG 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages, 
dans  le  Conseil  d'adniinistralion  de 
la  fondation  Carnegie,  M.  Bouquet 
de  la  Grye,  décédé 80 

-  M.  G.  Darboux  sera  désigné  à  M.  le 

Ministre  de  l'Intérieur,  pour  faire 
partie  de  ce  Conseil 80 

-  Sir  Patrick  Manson  est  élu  Corres- 

pondant de  l'Académie  pour  la  Sec- 
tion de  Médecine  et  Chirurgie 262 

-  M.  Adolf  von  Baeijer  est  élu  Associé 

étranger 262 

-  M.    van   der   Waals   est   élu   Associé 

étranger 3oo 

-  M.  Richard  Dedekind  est  élu  Associé 

étranger Sgo 

-  M.  Lallemand  est  élu  Membre  de  la 

Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, en  remplacement  de  M.  Bou- 
quet de  la  Grye,  décédé 667 

-  M.  Ilillorj  est  élu  Associé  étranger.  .        668 

-  M.   Albrecht  est  élu    Correspondant 

pour  la  Section  de  Géographie  et 
Navigation  en  remplacement  de 
M.  Augustin  Normand,  décédé 758 

-  M.  Jean  Bosscha  est  élu  Correspon- 

dant pour  la  Section  de  Physique, 

en  remplacement  de  M.  Crova 1161 

-  M.  Blaserna  est  élu    Correspondant 

pour  la  Section  de  Physique  en  rem- 
placement de  Lord  Rayleigh,  élu 
Associé  étranger 1221 

-  M.  Pérez  est  élu  Correspondant  pour 

la  Section  d'Anatomie  et  Zoologie  en 
remplacement  de  M.  Lortet,  décédé.      l4o3 

-  Sir  William  Ramsay  est  élu  Associé 

étranger,   en  remplacement   de  M. 

Alexandre  Agassiz,  décédé 1726 

Voir  Académie. 


ÉLECTRICITÉ. 

—  M.  Carpentier  présente  un  instrument 

de  mesure  électrique 826 

—  Le   thcrmophile   électrique   :   tissus, 

tapis,  tricots  chauffant  par  l'élec- 
tricité; par  M.  Herrgolt 1233 

Electricité  ATiMospiiÉRiQUE.  -  Voir 
Comète  de  Ilalley. 

Électrochimie.  —  Recherches  effec- 
tuées au  Laboratoire  central  d'Elec- 
tricité  sur   l'équivalent    électrochi- 


l'ilgCS. 

mique  de  l'argent;  par  MM.  F.  La- 
porte  et  P.  de  la  Gorcc 278 

—  Réduction  des  chlorures  de  bore  et 

d'arsenic  par  l'hydrogène  sous  l'in- 
fluence de  l'efïluve  électrique;  par 
MM.  A.  Besson  et  L.  Fournier 873 

—  Action  de  l'efïluve  sur  le  chloroforme 

et  le  tétrachlorure  de  carbone  en  pré- 
sence de  l'hydrogène,  ainsi  que  sur 
le  chlorure  de  méthyle;  par  MM.  A. 
Besson  et  L.  Fournier 1118 

—  Action  de  l'effluve  surl'aldéhy  de  éthy- 

lique  en  présence  de    l'hydrogène; 

par  MM.  A.  Besson  et  L.  Fournier.      1238 

—  Action  de  l'hydrogène  sur  le  chlorure 

de  soufre  et  sur  le  chlorure  de  thio- 
nyle,  sous  l'influence  de  l'efïluve 
électrique;  par  MM.   ,1.  Besson    et 

L.  Fournier 1752 

Voir  Ions. 
Électromètre.  —  Sur  l'élimination 
des  couples  directeurs  électriques  et 
des  effets  dus  à  la  dissymétrie,  à 
l'absence  de  réglage  et  aux  forces 
électromotrices  de  contact  dans  les 
électromètres  à  quadrants  ;  par  M.  L. 
Décombe l64 

—  Mesure  de  très  hauts  potentiels  au 

moyen  d'électromètres  sous  pression  ; 
par  MM.  C.-E.  Guye  et  .4.  Tscher- 
niavski    9H 

Electron.  —  Sur  la  variation  de  l'iner- 
tie de  l'électron  en  fonction  de  la 
vitesse  dans  les  rayons  cathodiques 
et  sur  le  principe  de  relativité;  par 
MM.  C.-E.  Guye  et  S.  Ratnovski. . .  326 
Voir  Photoélectricité,  Physique  cos- 
mique. 

Électrolvtes.  —  Sur  l'obtention  par 
dialyse  électrique,  d'un  sérum  extrê- 
mement  appauvri   en   électrolytos; 
par  MM.  Ch.  Dhéré  et  Gorgolewski.       ggS 
Voir  Gélatine. 

—  Détecteur  électrolytique  très  sensible 

fonctionnant  sans  force  électromo- 
trice auxiliaire;  par  M.  Paul  Jégou.      l307 

—  Mécanisme    électrostatique    de  l'hé- 

mipcrméabilité  des  tissus  vivants 
aux    électrolytes;    par    M.    Pierre 

Girard i446 

Électrotecunique.  —  Surintensités  et 
surtensions  dues  à  la  nianœuvre 
des  interrupteurs  de  tableau;  par 
M.  André  Léauté I  lio 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


Voir  Alliages,  Arc,  Courant  alternatif. 
Colorants,  Décharge,  Diélectriques, 
Dynanios,  Force  électromotrice.  Gal- 
vanomètre, Magnétooptique,  Ondes 
hertziennes.  Physique  mathématique. 
Rayons  cathodiques.  Rayons  X, 
Vision. 

Émission.  —  Sur  l'émission  des  gaz  ;  par 

M.  Edmond  Bauer 1747 

Vori  Etoiles,  Rayonnement. 

Engbais.  —  Emploi  du  bore  comme 
engrais  catalytique;  par  M.  H.  Agu- 
Ihon ". 288 

Ensembles.  —    Sur  les    ensembles   de 

points;  par  M.  Ludovic  Zoreiti 162 

—  Sur  la   mesure   des   ensembles;   par 

!M.  Armand  Denjoy 596 

- —  Contribution  à  la  géométrie  des 
courbes  planes  générales;  par  M.  Si- 

gismond  Janiszewski 606 

—  Sur  l'intégration,  par  la  méthode 
de  M.  Darboux,  des  équations  aux 
dérivées  partielles  du  second  ordre 
de  la  forme 

S  =  a[x,  y,z]p,+  b(.r,y,z)q 
+  c(x,y,  z)\ 

par  M.  P.-E.  Gau 1099 

Equ.\tions  aux  différences  finies.  — 
Sur  la  représentation  des  solutions 
d'une  équation  aux  différences  finies 
linéaire  pour  les  grandes  valeurs 
de  la  variable;  par  M.  Galbrun.  .  .  .  206 
Equations  différentielles. — Le  théo- 
rème de  M.  W.  Slekloff  (théorème 
généralisé  de  Jacobi)  et  les  formules 
généralisées  de  la  transformation  de 
contact  ;  par  M.  C.  Russyan 81 

—  £;Tata  relatifs  à  cette  Communication.       882 

—  Sur  une  application  de  la   méthode 

de  Jacobi;  par  M.  U.  Cisotti 160 

—  Sur  un  théorème  général  d'existence 

des  fonctions  fondamentales  corres- 
pondant à  une  équation  différen- 
tielle linéaire  du  second  ordre;  par 
M.  W.  Stekloff 452 

—  Sur  les  équations  différentielles  dont 

l'intégrale  générale  possède  une  cou- 
pure essentielle  mobile;  par  M.  Jean 
Chazy 456 

—  Sur  les  solutions  asymptotiques  des 

équations  différentielles;  par  M.  E. 
Cotton   5 II 

C.    li.,  i.jKi.    r     Semesirf.  {T.    l.'iC.) 


1807 

P.ISCS. 


— ■  Conditions  nécessaires  et  suffisantes 
pour  la  possibilité  du  problème  de 
Dirichlet;  par  M.  Serge  Bernslein.  .        5l4 

—  La   méthode   de   Jacobi   généralisée 

d'intégration  du  système  d'équations 
différentielles  partielles  du  premier 
ordre  ;  par  M.  C.  Russyan 1027 

—  Sur  les  changements  canoniques  de 

variables;  par  M.  //.  Vergne io38 

—  Sur  les  équations  différentielles  dé- 

duites de  certains  invariants  des 
formes  linéaires  ;  par  M.  Jean  Chazy.     i  io4 

—  Sur  la  recherche  des  intégrales 

intermédiaires   de   l'équation 

«  = /(a;,  2/,  2,  »-,?,?);  par  M.  P. -£.  Gau.     i\io 

—  Sur  la  généralisation  du  théorème  de 

S.  Lie  ;  par  M.  Saltykow 1 5o6 

—  Sur  les  applications  du  théorème  de 

S.  Lie  généralisé;  par  M.  N.  Salty- 
kow       ,585 

—  Sur  l'intégration  des  systèmes  com- 

plets ;  par  M.  E.  Vessiol 1662 

—  Sur   des   intégrales   irrégulières  des 

équations    différentielles    linéaires; 

par  M.  Richard  Birkeland 321 

Équation  de  Fredholm.  —  Existence 
de  solutions  singulières  pour  cer- 
taines équations  de  Fredholm;  par 
Joseph  Marty io3l 

—  Valeurs  singulières  d'une  équation  de 

Fredholm;  par  M.  Joseph  Marty..  1499 
Équations  fonctionnelles.  —  Sur  cer- 
tains systèmes  d'équations  fonction- 
nelles et'  l'approximation  des  fonc- 
tions continues;  par  M.  Frédéric 
Riesz 6yi 

—  Sur  l'équation  fonctionnelle  linéaire, 

par  M.  .4.  Blondel 957 

Equations  intégrales.  —  Une  re- 
marque sur  les  équations  intégrales 
de  première  espèce;  par  M.  Johannes 
Mollerup 3 1 3 

—  Un   théorème   général   sur  certaines 

équations  intégrales  de  troisième 
espèce;  par  M.  E.  Picard 489 

—  Sur    une     équation    intégrale;     par 

M.  Joseph  Marty 5i5 

—  Sur    certaines    équations    intégrales 

non  linéaires;  par  M.  G.  Braiu.  .  .  .        896 

—  Sur    les     équations     intégrales     non 

linéaires;  par  M.  Paul  Lévy 899 

Ér.os.  —  La  parallaxe  solaire  déduite  des 
observations  micrométriques  d'Éros 
faites  en  1900-1901  ;  par  M.  Arthur- 

236 


i8o8 


TABLE   DES   MATIERES. 


Pages. 

R.  Hinks .       953 

Errata.  —  252,  294.  362,  43o,  822,  894, 

1006,  1084,  1378,  1470,  1714,  1790. 
Ethers.  —  Oxydation  du  riciiioléate  de 

méthyle  par  l'ozone;  par  MM.  A. 

Haller  et  A.  Brochet 496 

—  Sur  les   méthoxybenzoylacétates   de 

méthyle;  par  MM.  .1.   Wahl  et  C. 

Silberzweig 538 

- —  Sur   l'éther   éthylique   de   l'allylcar- 

binol;  par  M.  Pariselle lo56 

—  Sur  le  produit  de  la  mélhylation  de 
,  l'éther     dicétoapocamphorique     de 

M.    G.   Konippa  ;    par    MM.   J.-F. 
Tliorpe  et  G.  Blanc 1 1 26 

—  Sur  les  éthers  chloranthraniliques  et 

sur  leur  condensation  avec  le  nitro- 
benzène;  par  M.  P.  Freundler 1 179 

—  Action  des  hydracides  sur  les  éthers 

glycidiques;    par   M.    Georges  Dar- 

zens 1243 

—  Condensation     de     l'éther    oxalique 

avec    l'éther    tricarballylique  ;    par 

M.  //.  Gaull i34i 

—  Remarque  sur  l'acidité  des  dérivés  de 

l'éther    oxalacétique;    par    M.    //. 
Gault 1608 

—  Sur  le  caractère  acide  de  l'éther  oxal- 

acétique; par  M.  L.-J.  Simon 1760 

—  Sur  la  condensation    de  la   phényl- 

isoxazolone    avec   l'éther    mésoxa- 

liquc;  par  M.  André  Meyer 1765 

Voir  Amides,  Célones. 
Ëtinceli-e.  —  Sur  la  durée  de  l'émis- 
sion de  raies  spectrales  par  les  va- 
peurs   lumineuses    dans    l'étincelle 


Pages, 
électrique  ;  par  M.  G.-A.Hemsalech.     1743 
Etoiles.  —  Carte  photographique  du 
Ciel.    Présentation   des   procès-ver- 
baux   du    dernier    Congrès;    par 
M.  BaiUaud 256 

—  Sur  les  atmosphères  absorbantes  et 

les  éclats  intrinsèques  de  quelques 
étoiles  ;  par  M.  Charles  Nordmann .  .       669 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion         894 

Voir  Photométrie  stellaire,  Spectroscopie 
stellaire. 
ÉvAPORATiON.  —  Sur  les  lois  de  l'évapo- 

ration;  par  M.  P.  Vaillant 2i3 

—  Sur  un  cas  particulier  d'évaporation; 

par  M.  P.  Vaillant fjSg 

—  Sur  une  loi  de  Stefan  relative  à  l'éva- 

poration;  par  M.  P.  Vaillant io48 

Exploration.  —  M.  le  Secrétaire  per- 
pétuel donne  lecture  d'un  télé- 
gramme de  M.  Jean  Charcot  relatif 
à  son  Expédition  au  pôle  Sud 368 

—  M.  Jean  Charcot  adresse  de  Punta- 

Arenas  un  résumé  de  son  expédition 
polaire 759 

—  Remarques  à  la  suite  de  la  Commu- 

nication du  Rapport  de  M.  Charcot; 

par  M.  .1.  Lacroix 763 

—  M""^  Charcot  adresse,  de  la  part  de 

M.  Jean  Charcot,  un  exemplaire  des 
Cartes  provisoires  levées  au  cours 
de  l'Expédition  du  Pourquoi  pas?.       953 

—  M.  J.  Charcot  adresse  à  l'Académie 
une  copie  des  Rapports  mensuels  de 
l'Etat-Major  de  la  deuxième  Expé- 
dition antarctique  française 1295 


Fermentations.  - —  Influence  de  la  con- 
centration en  saccharose  sur  l'action 
paralysante  de  certains  acides  dans 
la  fermentation  alcoolique  ;  par  M.  et 
M™e  M.  Rosenhlat.l i363 

—  Sur   le    fibrine-ferment;    par    M.    ('. 

Gessard 1617 

Voir  Diastases,  Pain,  Présure,  Sucres. 

Flore  tropicale.  —  Les  ressources  fo- 
restières de  la  Côte  d'Ivoire  (ré- 
sultats de  la  Mission  scientifique  de 
l'Afrique  occidentale)  :  bois,  caout- 
iliou<-  et  oléagineux:  par  M.  -lui;. 
Cliivnlier 4o3 


—  Les  ressources  forestières  de  la  Côte 

d'Ivoire  (résultats  de  la  Mission 
scientifique  de  l'Afrique  occiden- 
tale) :  excitants,  gommes  et  résines, 
divers;  par  M.  Aug.  Chevalier 623 

Fluorescence.  —  Voir  Hydrologie. 

Foie.  —  Sécrétion  normale  d'une  sub- 
stance anticoagulante  du  foie;  par 
M.  Doyon 792 

Fonctions.  —  Sur  la  définition  géné- 
rale des  fonctions  aiuilytiques;  par 
M.  Léon  Lichtenstein 1 109 

—  Sur  les  conditions  de  maximum  ou 

de  minimum  d'une  fonction  analy- 


TABLE    DES    MATIEUES. 


Pages. 
tique    d'une   inCnité    de    variables; 
par  M.  J.  Le  Roux 202 

—  Sur   les    fonctions    analytiques    uni- 

formes  à   singularités   discontinues 

non  isolées  ;  par  M.  Arnaud  Denjotj  .  32 

—  Sur  les  singularités  des  fonctions  ana- 

lytiques uniformes;  par  M.  D.  Pom- 

péiu 454 

—  Développements     suivant    certaines 

solutions  singulières;  par  M.  Jo- 
seph Marly 6o3 

—  Sur  le  développement  procédant  sui- 

vant les  polynômes  hypergéomé- 
triques;  par  M.  yicolas  Krylojl .  ...        3i6 

—  Sur  la  représentation  d'une  fonction 

arbitraire  par  une  intégrale  définie; 

par  M.  Michel  Plancherel 3l8 

—  Sur  le  développement  d'une  fonction 

arbitraire  en  séries  procédant  sui- 
vant certaines  fonctions  fondamen- 
tales; par  M.  IV".  Steklo/j 601 

- —  Sur  la  transformation  des  fonctions 

abéliennes;  par  M.  G.  Cotty 458 

—  Sur  les  fonctionnelles  continues;  par 

M.  Maurice  Fréchel I23i 

Fonds  Bonapabte.  —  MM.  VioUe  et 
Alfred  Picard  sont  élus  naembres 
de  la  Commission  du  Fonds  Bona- 
parte pour  1910  et  19U 590 

—  M.  Houard  adresse  un  Rapport  sur 

ses  travaux  exécutés  à  l'aide  de  la 
subvention  accordée  sur  le  fonds 
Bonaparte 1 655 


1  Hot) 


l'ages. 


—  Rapport  de  la  Commission  chargée  de 

proposer  pour  l'année  1910  la  répav- 
lion  des  subventions  du  Fonds  Bo- 
naparte; par  M.  Ph.  t'ait  Tieghem .  .      1784 

Force  électromotbice.  —  Étude  de 
quelques  alliages  de  cobalt  d'après 
leurs  forces  électromolrices;  par 
M.  F.  Ducelliez 98 

Formes.  —  Sur  les  formes  quadratiques 
définies  à  une  infinité  de  variables; 
par  M.  J.  Le  Roiu' 88 

—  Les  formes  quadratiques  positives  et 

le  principe  de  Dirichlet;  par  M.  J. 

Le  Roux 377 

—  Sur  les  minima  des  classes  de  formes 

quadratiques  linéaires  el  positives; 

par  M.  G.  Ilumberl 43l 

Fractions  continues.  —  Sur  une 
transformation  des  fractions  con- 
tinues arithmétiques;  par  M.  .4. 
Chatelei ' 769 

—  Sur  la  sommation  de  fractions  con- 

tinues   arithmétiques;    par    M.    .4. 

Chatelei uoi 

Frottement.  —  Rôle  lubrifiant  de  l'air 
dans  le  frottement  des  solides.  Frot- 
tement dans  le  vide;   par  M.   F. 
Charron 906 

—  Sur  le  frottement  intérieur  des  mé- 

taux aux  basses  températures  ;  par 

MIL  C.-E.  Guye  el  //.  Schapper 962 

Fhoid.  — •  Voir  Congrès. 


Galvanomètre.  — •  Bobine  symétrique 
pour  galvanomètre  à  cadre  mobile; 
par  M.  Ch.  Féry 324 

Gélatine.  —  Sur  la  préparation  et  sur 
quelques  propriétés  physicochi- 
miques de  la  gélatine  déminéralisée; 
par  MM.  Ch.  Dhéré  et  Gorgolewski .  . 

Géodésie.  —  Sur  les  jonctions  de  la 
chaîne  méridienne  de  Savoie  avec 
la  triangulation  fondamentale  ita- 
lienne et  suisse;  par  M.  Paul  Hel- 
bronner 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion   

—  Sur  une  erreur  systématique    de   la 

détermination  du  niveau  moyen  de 


934 


362 


la  mer,  à  l'aide  du  médimarémètre; 

par  M.  Ch.  Lallemand 205 

Géographie.  —  La  Carte  internatio- 
nale de  la  Terre  à  ri  \>  lu  oui  ?<*■■ 
M.  Aljred   Grandidier igS 

—  Errata  relatifs  à  celle  Communica- 
tion          4  3o 


GEOLOGIE. 


—  Sur  le  poids  atomique  moyen  de 
l'écorce  silicatée  terrestre;  par 
M.  L.  De  Launay 1270 


i8io 


TABM'     Dl'S    MATIERES. 


l'.igc-. 

Sur  le  forage  du  puits  artésien  de 
Maisons-Laffittc  :  par  M.  F.  Péroux.  Sg 

La  craie  de  Blois  ;  par  M.  Marins  Fil- 
liozat 1274 

Un  horizon  fossilifère  dans  le  Mus- 
chelkalk  de  Bourbonnc-les-Bains 
(Haute-Marne)  ;  par  M.  A.  Doby .  .  .      i553 

Prolongement  des  minerais  de  fer 
oolithique  siluriens  de  la  presqu'île 
armoricaine  sens  le  Bassin  de  Paris; 
par  M.  L.  Cayeur l34 

Sur  les  mouvements  préheroyniens  du 
Massif  breton  ;  par  M.  F.  Kerforne.  .        484 

Sur  la  formation  du  Marais  poitevin 
et  la  séparation  des  îles  de  Ré  et 
d'OIéron;  par  M.  Jules  Welsch.  .  .  .        844 

Sur  les  dépôts  de  tourbe  littorale  de 

_ l'ouest  de  la  France;  par  M.  Jules 
Welsch 1628 

Architecture  de  la  partie  centrale  des 
monts  du  Forez;  par  M.  Ph.  Gtan- 
geaud 804 

Les  formations  archéennes,  l'an- 
cienne couverture  et  les  plissements 
des  monts  du  Forez;  par  M.  Ph. 
Glnngeaud 942 

Sur  la  présence  du  Cénomanien  fos- 
silifère dans  les  Alpes  calcaires  de 
la  Haute-Savoie:  par  M.  Léon-W. 
Collet 242 

Le  Nummulitique  de  la  zone  du 
Flysch  à  l'est  et  au  sud-est  du  Mer- 
cantour.  par  M.  Jean  Boussac 67 

Interprétation  tectonique  du  Flysch 
dit  autochtone  de  la  Suisse  centrale 
et  orientale;  par  M.  Jean  Boussac.  .      Il48 

Distribution  des  niveaux  et  des  faciès 
dans  le  Nummulitique  dit  autochtone 
de  la  Suisse  orientale;  par  M. 
Jean  Boussac 1272 

Nummulitique  helvétique  et  Num- 
mulitique préalpin  dans  la  Suisse 
centrale  ot  orientale;  par  M.  Jean 
Boussac. 1 555 

Sur  la  classification  du  Pliocène  et 
du  Quaternaire  dans  l'Italie  du  Sud; 
par  M.  Maurice  Gignou.v 84i 

Sur  la  présence  de  couches  à  Ellips- 
actinia  aux  monts  Vardussa  et 
sur  la  zone  orientale  du  flysch 
d' Étoile  en  Grèce;  par  MM.  Consl.- 

A.  Ktenas  et  Ph.  Négris 748 

■  Sur  des  lambeaux  de  glace  fossile  en 
Nouvelle-Zemble;  par  M.  F.  Rous- 


Pages. 
sanof 807 

—  Sur  les  terrains  paléozoïquos  de  la 

Nouvelle-Zemble;  par  M.  V.  Hous- 
sanof I  55o 

—  Sur  l'existence  du  Trias  et  du  Méso- 

jurassique aux  environs  de  Djoulfa 
(Transcaucasie  méridionale)  ;  par 
MM.  P.  et  JV.  Bonnet 746 

—  Les  mouvements  orogéniques  dans  le 

Haut-Atlas  marocain;  par  M.  Louis 
Gentil 1 275 

—  Les  mouvements   tertiaires   dans   le 

Haut-Altas  marocain;  par  M.  Louis 
Gentil i465 

— ■  Sur  la  découverte  du  Trias  marin  de 

Madagascar  ;  par  M.  Henri  Douvillé.       260 
Voir  Chimie  analytique,  Chimie  inor- 
ganique (C),  Congrès,  Eau,  Glaciers, 
Hydrologie,    Nappes    de    charriage. 
Paléontologie,  Volcan. 

GÉOMÉTRIE.   —    Sur   les    corps    solides 

opposés  ;  par  M.  René  de  Saussure . .  .      l586 
Voir  Ensembles. 

GÉOMÉTRIE     INFINITÉSIMALE.     SuT    la 

transformation   de   Ribaucour;   par 

M.  A.  Demoulin 25 

—  Sur  les  systèmes  et  les  congruences  K  ; 

par  M.  .4.  Demoulin i56 

—  Sur  les  systèmes  et  les  congruences  K  ; 

par  M.  A.  Demoulin 3lo 

—  Un  problème  sur  les  systèmes  triples 

orthogonaux  ;  par  M.  G.  Tzitzéica .  .  29 

—  Sur  une  nouvelle  classe  de  surfaces; 

par  M.  Tzitzéica 955 

— •  Sur  une  nouvelle  classe  de  surfaces; 

par  M.  Tzitzéica 1 227 

—  Sur   les   surfaces   à   courbure   totale 

constante  qui  correspondent  à  des 
systèmes  singuliers  d'ordre  quelcon- 
que; par  M.  C.  Guichard 76 

—  Sur  un  mode  de  génération  des  sys- 

tèmes triple-orthogonaux  à  lignes 
de  courbure  sphériques  dans  un 
seul  système;  par  JI?C.  Guichard..      1090 

—  Sur   les   surfaces   algébriques   repré- 

sentables   sur    celle    de    Kummer; 

par  M.  L.  Remy 677 

—  Sur   quelques   nouvelles   familles   de 

Lamé;  par  M.  J.  Haag 767 

—  Sur  la  représentation  sphérique  de 

certaines    familles    de    Lamé;    par 

M.  J.Haag 852 

—  Sur    certains   systèmes   triple-ortho- 

gonaux; par  M.  J.  Haag 1096 


TABLE    DES    MATIERES. 


1811 


—  Sur  une   classe  particulière   de   sys- 

tèmes triple-orthogonaux;   par 

M.  Gaston  Darboux ii55 

—  Sur  l'emploi  do  nouvelles  méthodes 

de  récurrence  dans  la  théorie  des 
systèmes  orlhogonaux;  par  M.  Gas- 
ton Darboux 1208 

Glaciers.  —  Sur  la  théorie  mécanique  de 
de   l'érosion   glaciaire;    par   M.    E. 
de  Martonne 1 33 

—  Sur  la  genèse  'des   formes   glaciaires 

alpines;  par  M.  E.  de  Martonne .  .  .  .        a'tS 

—  Sur  la  théorie  mécanique  de  l'érosion 

glaciaire;  par  M.   Smoluchowski . .  .      i368 
Graines.  —  Sur  les  modes  d'ouverture 
des  akènes  et  des  noyaux,  au  mo- 
ment    de     leur     germination;     par 

M.  Auguste  Joxe 626 

Gravitation.  — \o\vBalance  de  torsion, 

Pesanteur. 
Greffe.   —    Sur   la    variation    dans    le 


Pai;es. 
grefl'age  et  l'hybridation  asexucllo; 

par  M.  Ed.  Griffon 629 

Voir  Chimie  végétale.  Vigne. 
Grêle.  —  Sur  l'effet  produit  lors   des 
orages  par  les  tirs  grélifuges;  par 
M.  Ch.  André 1023 

—  Sur  la  lutte  contre  la  grêle  dans  le 

Beaujolais;  par  M.  J.  Violle 1087 

—  M.     Georges    Lemoine    rappelle    les 

nombreuses      expériences      de      tir 
contre  la  grèlo  qui  ont  été  faites  en 

Italie 1090 

Groupes.  —  Sur  le  groupe  symétrique 
et  le  groupe  alterné;  par  M.  de  Sé- 
guier 599 

—  Errata    relatifs    à    cette    Communi- 

cation         822 

—  Sur    les     groupes     commiitatifs     de 

quantités    hypercomplexes;     par 

M.  Léon  Autonne l58l 


H 


Histoire  des  Sciences.  —  M.  Bornet 
fait  hommage  d'une  «  Collection  de 
dessins  publiés  ou  inédits  »,  par 
Alfred  Riocreux,  et  d'un  Ouvrage 
intitulé  Recherches  sur  les  zoospores 
des  Algues  et  les  anthéridies  des  Cry- 
ptogames.pav  Gustave  Thuret 

Histologie.  —  Sur  une  nouvelle  forma- 
tion de  la  gaine  myéline  :  le  double 
bracelet  épineux  de  l'étranglement 

annulaire  ;  par  M.  J,  Nageolte 

Voir  Nerfs. 

—  Sur    la    structure    des    cellules    ner- 

veuses ganglionnaires  de  la  moelle 
amyéliniquo  des  Cyclostomes;  par 
M.  .J.  Mawas 

—  Sur  la  structure  de  la  tectoria  ;  par 

M.  E.  Vaslicar 

—  Sur  certains  filaments  ayant  proba- 

blement la  signification  des  mito- 
chondries,  dans  la  couche  généra- 
trice de  l'épiderme;  par  MM.  M. 
Favre  et  Cl.  Regaud 

—  Sur    certaines     enclaves    protoplas- 

miques  de  la  cellule  hépatique  nor- 
male du  lapin;  par  M.  L.  Launoy. .  . 
Voir  Anatomie,  Cytologie. 
Houille.  —  De  l'action  de  l'air  sur  la 
houille;  par  JM.  P.  Mahler 


354 


56o 


Il  45 


l52I 


—  Examen    des    liquides    dégagés    par 

l'action  do  l'air  sur  la  houille  entre 
125°  et  200°;  par  MM.  P.  Mahler  et 

E.  Charon l6o4 

Hydrodynamique.  —  .Sur  la  manière 
dont  le  potentiel  des  vitesses,  dans 
le  problème  des  ondes  par  émersion, 
dépend  de  l'état  initial;  par  M.  J. 
Boussinesq 49' 

—  Intégration  des  équations  des  ondes 

d'émersion,  par  la  formule  de  Mac- 
Laurin,  en  séries  toujours  conver- 
gentes, pour  un  canal  profond  sans 
extrémités  et  pour  un  bassin  indé- 
fini en  tous  sens;  par  M.  J.  Bous- 
sinesq        5^7 

—  Propagation   verticale,    aux    grandes 

profondeurs,  du  mouvement  des 
ondes  par  émersion  dans  les  cas  d'un 
canal  ou  d'un  bassin  horizontale- 
ment indéfinis;  par  M.  J.  Boussi- 
nesq        655 

—  Sur  les  ondes  liquides;  par  M.   Ifa- 

damard G09 

—  Les    ondes    liquides;    par  M.  Hada- 

mard 77'-* 

Hydrographie.  —  Sur  l'évolution  de 
l'hydrographie  quaternaire  dans  la 
région    de    Constantine     (Algérie)  ; 


l8l2 


lAULE    DES    MATlElilCh^. 


par  M.  L.  Joteaud 1081 

Voir  Géodésie,  Océunographie. 
Hydrologie.  —  De  la  prédominance  do 
l'érosion   sur   la   rive   droite   d'une 
rivière  en  temps  de  crue  ;  par  M.  Jean 
Brunîtes 567 

—  Sur  les  crues  de  la  Seine  en  janvier- 

février  1910;  par  MM.  Nouailhac- 
Pioch  et  Edmond  Maillel 81 3 

—  Les    infiltrations    sur    le    niassiî    du 

Zaghouan  (Tunisie)  ;  par  M.  Noël.  .  .      1711 

—  Sur    la    minéralisation    et    l'analyse 

chimique  de  l'eau  du  puits  artésien 
de  Maisons-LafTitte;  par  M.  E. 
Péroux 1 4'2 

—  Méthode  prompte  et  sûre  pour  re- 

connaître dans  une  eau  minérale  la 
présence  en  bloc  de  métalloïdes  et 
de  métaux;  par  M.  F.  Garrigou  ....      1002 

—  Sur  la  présence  d'éléments  métalloï- 

diques  dans  les  eaux  potables.  Con- 
séquences pratiques;  par  M.  F.  Gar- 
rigou       l374 

—  Nouvelles   déterminations   de  la  ra- 

dioactivité des  eaux  therraiales  de 
Plombières  ;  par  M.  André  Brochet . .        1 45 

—  Radioactivité    de    quelques    sources 


l'ages. 
sauvages  des  Vosges;  par  M.  André 
Brochet 291 

—  Relation    entre    la    radioactivité    et 

la  richesse  en  extrait  sec  des  eaux 
thermales  de  Plombières  ;  par 
M.   André  Brochet 423 

—  Recherches    sur    l'ionisation    de    la 

source  chaude  des  thermes  d'IIam- 
mam-Salahin,  près  de  Biskra;  par 
M.  Albert  Nodon lo83 

—  De  la  recherche  des  substances  fluo- 

rescentes dans  le  contrôle  de  la  sté- 
rilisation des  eaux;  par  M.  F. 
Diéncrl 487 

—  De  la  recherche  des  substances  fluo- 

rescentes dans  quelques  eaux  mi- 
nérales; par  M.  F.  Diénert 891 

—  Etude  expérimentale  sur  la  spécifi- 

cité d'action  des  sources  de  Vichy 
employées  en  thérapeutique  ther- 
male ;  par  M.  H.  Sérégé Il35 

Voir  Eau,   Géologie. 

Hydrolyse.  —  Sur  l'hydrolyse  fluor- 
hydrique  de  la  cellulose;  par 
MM.  J.  Ville  et  W.  Mestrezal 783 

Hygiène.  —  Voir  Aldéhydes,  Aliments, 
Eau,  Électricité,  Siérilisalivn. 


I 


Immunité.  —  Immunité  naturelle  des 
Batraciens  et  des  Serpents  contre 
le  venin  muqueu.x  des  premiers; 
mécanisme  de  cette  immunité;  par 
Mme  ^]arie  Phisalix 635 

Indigo.  —  Sur  la  synthèse  de  l'in- 
digo tétrachloré-5  .  7  .  5'.  7';  par 
M.   Oberreit 282 

Inondation.  —  M.  Edmond  Perrier  îait 
connaître  l'état  du   Muséum  après 

l'inondation  de  janvier  1910 aSg 

Voir  Académie.  Chimie  agricole.  Hydro- 
logie. 

Insectes.  —  Sur  l'emploi  du  cyanure  de 
potassium  comme  insecticide  sou- 
terrain; par  M.  Th.  Mamelle 5o 

—  Sur  les  inclinaisons  du  voile  de  l'aile 

de    l'insecte    pendant    le    vol;    par 

M.  L.  Bull 1 29 

—  Recherches  sur  le  développement  de 

l'œuf  du  ver  à  soi©  univoltin;  par 

MM.  C.  Vaney  et  .4.  Conte 553 

—  Considérations     générales     sur     les 


tubes    de    Malpighi    des    larves    do 
Lépidoptères;  par  M.  L.  Bordas.  . .  .        737 
Intégrale.  —  Sur  l'intégrale  de  Stielljes 
et  sur  les  opérations  fonctionnelles 
linéaires;  par  M.  Henri  Lebesgue.  . .         86 

—  Sur  la  définition  de  l'intégrale  définie; 

par  M.  Emile  Borel 375 

—  Sur    une    condition    générale    d'iiité- 

grabilité;  par  M.  Emile  Borel 5o8 

Interférences.  —  Sur  les  interférences 
de  deux  faisceaux  superposés  en 
sens  inverse  le  long  d'un  circuit 
optique  de  grandes  dimensions;  par 
M.  G.  Sagnac i3o2 

—  Interféromètre  à  faisceaux  lumineux 

superposés  inverses  donnant  en 
lumière  blanche  polarisée  une  frange 
centrale  étroite  à  teinte  sensible  et 
des  franges  colorées  éti'oites  à  inter- 
valles blancs;  par  M.  G.  Sagnac.  .  . .  1676 
Ions.  —  Action  chimique  et  ionisation 

par  barbotage;  par  M.  L.  Bloch.  .  .  .       694 

—  Ionisation   par    pulvérisation    des 


TABLE    DES    MATIERES. 


l8l3 


Pages, 
liquides  :  par  M.  L.  Blùch 967 

Ionisation  par  barbotage  el  actions 
chimiques:  par  MM.  de  Brositie  et 
Brizard 969 

Sur  l'ionisation  des  gaz  par  les  ac- 
tions de  division  mécanique  des 
liquides:    corps    actifs   et    inactifs: 


Pages. 

par  M.  de  Broglie Ill5 

-  Electrisation  de  l'air  par  la  flamme 
d'oxyde  de  carbone  et  par  les  rayons 
du  radium;  comparaison  des  mobi- 
lités des  ions  présents;  par  M.  Mau- 
rice de  Broglie J^l5 

Voir  Grêle,  Photoélectricité. 


Jupiter.  —  Sur  l'aplatissement  de  lo, 
premier   satellite    de    .Tupiter:    par 


M.  J.  Comas  Solâ 1224 


Lait.  —  Sur  la  présence  dans  le  lait  de 
vache  d'une  anaéroxydase  et  d'ime 
catalase  ;  par  M.  J.  Sarthou 119 

—  Contribution  à  l'étude  des  réactions 

dues  à  l'état  colloïdal  du  lait  cru; 

par  MM.  F.  Bordas  et  Touplain  ....        34 1 

—  Sur  la  présence  accidentelle  dans  le  " 

lait  de  sulfocyanures  et  leur  origine; 


par  MM.  Stœcklin  et  Crochetelle .  .  .  .      i53o 
Voir  Présure. 

Liquéfaction  des  gaz.  —  Voir  Comètes. 

Lune.  —  Sur  la  polarisation  de  la  lu- 
mière lunaire;  par  M.  J.-J.  Lan- 
derer   1 164 

—  Sur  la  variation  dans  le  mouvement 

de  la  Lune;  par  M.  Nicolau i656 


M 


MAGNÉTISMIi. 

Sur  un  dispositif  simple  pour  la  me- 
sure d'un  champ  magnétitpje:  par 
M.  C.  Chéneveau 1046 

Sur  un  nouveau  modèle  de  balance 
pour  la  détermination  des  champs 
magnétiques;  par  M.  Pierre  Sève.  .  .      iSog 

Sur  une  méthode  de  mesure  d'un 
champ  magnétique  en  grandeur, 
direction  et  sens;  par  M.  Louis  Du- 
noyer 1 679 

Mesure  des  susceptibilités  magné- 
tiques des  corps  solides;  par  M.  P. 
Pascal io54 

Sur  la  précision  dans  la  mesure  des 
susceptibilités  magnétiques:  par 
M.  C.  Chéneveau l3l7 

Sur  la  précision  des  méthodes  de 
mesure  des  susceptibilités  magné- 
tiques; par  M.  P.  Pascal i5l4 

L'intensité  d'aimantation  à  satu- 
ration aux  très  basses  températures; 


par  MM.  Pierre  Weiss  et  Kamer- 
lingh  Onnes 686 

—  Sur   les   propriétés   magnétiques    du 

manganèse,  du  vanadium  et  du 
chrome;  par  MM.  Pierre  Weiss  et 
Kamerlingh  Onnes 687 

—  Variation   avec   la   température  des 

propriétés  magnétiques  du  fer  dans 
les  champs  magnétiques  faibles; 
par  M.  Ch.  Maurain 777 

—  Réaimantation  spontanée  du  fer;  par 

M.  H.  OUivier io5i 

—  Remarques  au  sujet  de  la  note  do 

M.  H.  Ollivier  intitulée  Réaimanla- 

lion  spont/mée  du  fer;  par  M.  Bouty.      lo54 

—  Analyse     magnétique     de     quelques 

groupements  chromophoriques;  par 

M.  Paul  Pascal 1 1 67 

Voit  Décharges,  Magnétooptique,  Terres 

rares. 

Magnétisme    terrestbe.     —    Sur    la 

valeur  des  éléments  magnétiques  à 

l'Observatoire    du    Val-Joyeux    au 


i8i4 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
I^"'    janvier    1910;    par    M.    Alfred 
Angot l38 

—  Sur   la   variation   séculaire   des   élé- 

ments magnétiques  dans  la  région 

de  Paris;  par  M  Alfred  Angot 568 

—  Recherches   sur  le  magnétisme  ter- 

restre; par  M.  Albert  Nodon 761 

—  Stabilité  d'aimantation  des  poteries 

lacustres;  par  M.  Paul  Mercanlon.  .  iSgS 
Voir  Comète  de  Halleij,  Physique  cos- 
mique. 
Magnétooptique.  —  Sur  les  triplets 
dissymétriques.  Exemple  d'une 
dissymétrie  de  position  proportion- 
nelle au  carré  du  champ  magné- 
tique; par  M.  A.  Dufour 6l4 

—  Sur   la   biréfringence  magnétique  et 

électrique  des  liquides  aromatiques 
et  sur  la  théorie  de  l'orientation 
moléculaire;  par  MM.  .4.  Cotlon  et 
H.  Mouton 774 

—  Sur  la  "relation  de  Ilavelock  entre  la 

biréfringence  et  l'indice  de  réfrac- 
tion; par  MM.  A.  Colton  et  H. 
Mouton 857 


Mars.  —  Nouveaux  canaux  de  la  pla- 
nète Mars  ;  par  M.  Percival  Loivell. .  . 


448 


MATHÉMATIQUES. 

Voir  Analyse  mathématique,  Géométrie, 
Nomographie,  Trigonométrie. 


Pas 


des  machines  à  distributeurs  séparés; 

par  M.  L.  Letombe 1736 

—  Sur  l'ébranlement  des  édifices;  par 

M.  B.  Galitzine 901 

— •  Sur  la  précision    des    appareils    qui 
servent  à  étudier  l'ébranlement  des 

édifices;  par  M.  B.  Galitzine I04l 

Voir  Aérodynamique,  Aéroplane,  Ba- 
lance, Balance  de  torsion,  Dynamique 
des  fluides,  Frottement,  Sismographes. 
MÉCANIQUE  CÉLESTE.  —  M.  Poincaré 
fait  hommage  à  l'Académie  du 
Tome  III  de  ses  Leçons  de  Méca- 
nique céleste 667 

MÉCANIQUE  RATIONNELLE.  SuT  l'équa- 

tion  dilïérentielle  du  mouvement 
d'un  projectile  sphérique  pesant 
dans  l'air;  par  M.  E.  Ouivet 1229 

—  Sur    le    mouvement    d'un    fil    dans 

l'espace;  par  M.  J.  Arnoult laga 

Voir    Cinématique,    Élasticité,  Hydro- 
dynamique, Pliilosophie  naturelle. 


.MKDECLNE. 


Mf'CANlQUE. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  De  la  com- 
pression d'air  adiabatiquOj  appliquée 
à  un  véhicule  mû  par  un  moteur  à 
explosion  pour  remplacer  les  trans- 
missions mécaniques;  par  M.  Ca- 
mille Hautier 

—  Sur  le  mode  d'action  des  roues  mo- 

trices ;  par  M.  A.  Petot 

—  Etude  géométrique  de  la  distribution 


960 


—  La  paralysie  infantile  expérimentale  ; 

par  MM.   C.  Levaditi   et  A'.  Land- 
steiner 55 

—  Recherches  sur  la  paralysie  infantile 

expérimentale;  par  MM.  C.  Levaditi 

et  A'.  Landsteiner i3l 

—  Moyen  d'éviter  les  accidents  anaphy- 

lactiques; par  M.  ^l.  Besredka i456 

Voir  Bactériologie,  Chirurgie.  Patho- 
logie, Radiographie,  Sérothérapie, 
Vaccin,  Voix, 
MÉLANGES  DOUBLES.  — SuT  une  nouvclle 
méthode  d'analyse  par  les  courbes 
de  miscibilité;  application  aux 
essences  de  térébenthine;  par  M.  E. 
Louise 526 

—  Sur  l'analyse  de  l'essence  de  térében- 

thine par  les  courbes  do  miscibilité; 

par  M.  M.  Vèzes 698 

Voir  Cristallisation. 
MÉMOIRES  LUS.  —  Sur  un  nouveau  type 

de  sismographe  pour  la  composante 

verticale;  par  M.  B.  Galitzine 1727 

MÉTALLiSATioN.  —  Nouveau  principe  de 

métallisation;  par  U.  Schoop 1044 

MÉTAUX  RARES. —  Extraction  du  srerma- 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 


nium    des    blendes;    par    MM.     G. 
Urbain,  M.  Blondel  et  Obiedoff  .... 


1758 


MÉTÉOROLOGIE. 

-  Sur    une    sorte    d'arc-en-ciel    blanc, 

observé  à  Paris;  par  M.  Louis 
Besson 

-  Sur  les   anomalies   de  la  répartition 

de  la  pression  atmosphérique  aux 
Etats-Unis  ;  par  M.  Henry  Arctowski. 

-  Le  P.  E.  Colin  fait  hommage   d'un 

Volume  intitulé  «  Observatoire  do 
Madagascar.  Observations  météoro- 
logiques faites  à  Tananarive  » 83 1 

\o\v  Aurore  boréale.  Comète  de  Hnlleij, 
Grêle,  Magnétisme  terrestre. 


',26 


753 


MIC.liOHIOl.OGIli;. 

-  Influence  des  atmosphères  viciées  sur 
la  vitalité  des  microbes  ;  par  MM.  .4 . 

Trillal  et  Sauton 

Voir  Baciériolo!>ie,    Médecine,   Patho- 
logie, Ultraviolet. 


MlNKliALOGII-:. 

Sur  la  reproduction  synthétique  du 
saphir  par  la  méthode  de  fusion; 
par  M.  A.  Verneuil i85 

M.  A.  Lacroix  fait  hommage  de  la 
deuxième  Partie  du  Tome  III  de 
sa  »  Minéralogie  do  la  France  et  de 
ses  colonies  » 83o 

Note  sur  un  filon  aurifère  situé  à 
Beslé  (Loire-Inférieure),  par  M.  F. 
Kerjorne 224 

Sur  la  constitution  minéralogiquc  des 


i8i5 

Pages, 
phosphorites  françaises;  par  M.  A. 
Lacroix I2l3 

-  Sur  le  minéral  à  structure  optique 

enroulée  constituant  les  phospho- 
rites holocristallines  du  Quercy; 
par  M.  A.  Lacroix l388 

-  Sur  le  gisement  des  pechsteins  asso- 

ciés aux  pyromérides  dans  l'Esterel  ; 

par  M.  Albert  Michel-Lévy 75o 

-  Sur   la   monzonite    de    Fontaine-du- 

Génia,  près  Cherchel  (Algérie)  et 
sur  les  micromonzonites  de  la  ré- 
gion avoisinante;  par  MM.  Pierre 
Termier  et  Jacques  de  Lapparent. . .      l484 

-  Nouvelle  contribution  à  l'étude  des 

latérites;  par  M.  H.  Arsandaux .  .  .  .      1698 
Voir  Chimie  agricole.  Chimie  inorga- 
nique, Nappes  de  charriage.  Pétro- 
graphie, Volcan. 


Mollusques.  —  Sur  une  jeune  Spirule; 

par  M.  L.  Joubin 4i4 

Voir  Océanographie. 

Mont  Rose.  —  M.  A.  Mosso  rappelle 
que  la  France  peut  disposer  de 
deux  places  d'études  sur  le  sommet 
du  Mont  Rose  et  dans  les  labora- 
toires du  Col  d'Olen 1 192 

Muscles.  —  Sur  les  homologues  du 
muscle  du  membre  postérieur  des 

Reptiles;  par  M.  Fougeral l54l 

Voir  Anatomie,  Poissons. 

Muséum  d'Histoire  naturelle.  — 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  invite  l'Académie  à  lui 
présenter  une  liste  de  deux  can- 
didats à  la  chaire  de  Zoologie  (Rep- 
tiles et  Poissons)  vacante  au  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  par  la 
mise  à  la  retraite  de  M.  Vaillant.  .  .  i655 
Voir  Inondation. 

Mutations.  — •  Une  nouvelle  espèce  de 
Bourse-à-Pasteur     :     Capsella     Vi- 
guieri  Blar.,  née  par  mutation;  par 
MM.  L.  Blaringhem  cl  Paul  Viguier.       988 
Voir  Variations. 


.Nappes  de  charriage.  —  Sur  les  gra- 
nités écrasés  (mylonites)  des  Gri- 
sons, du  Vorarlberg  et  de  l'AUgau; 

C.  H.,  1910,  1"  Semestre.  (T.   IjO.) 


par  M.  Wilfrid  von  Seidlilz 

Voir  Géologie. 
Navigation.  —  M.  le  Président  de  la 

■j')7 


9  il 


i8i6 


TABLE    DES    MATIERES. 


Ligue  maritime  française  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à 
l'Assemblée  générale,  en  avril  1910 
à  la  Sorbonne 

—  M.    L.-E.    Berlin   est   désigné   pour 

représenter  l'Académie 

Voir  Congrès,  Exploration,  Télégraphie 
sans  fil. 

Nerfs.  —  Étude  microscopique,  sur  le 
vif,  de  l'activité  de  la  myéline  au 
COUTS  de  la  dégénération  T\allé- 
rienne  des  nerfs  ;  par  M.  J.  Nageotle. 


849 


Pages. 

—  Activité  de  la  gaine  de  myéline  dans 
les    nerfs    en   état    de   survie;    par 

M.  J.  Nageotte 73l 

Voir  Anatomie,  Histologie. 

NiTRiLES.  —  Synthèse  de  nitriles  aro- 
matiques ;  par  MM.  F.  Bodroux  et 
F.  Tabounj 1241 

NoMOGRAPHiE.  —  Sur  la  disjonction  des 
variables  des  équations  noniogra- 
phiques  rationnelles  d'ordre  supé- 
rieur; par  M.  Farid  Boulad 379 


o 


Observatoires.  —  M.  B.  Baillaud  pré- 
sente, au  nom  de  M.  Cosserat,  le 
Tome  VI  des  Annales  de  l'Obser- 
vatoire de   Toulouse 366 

—  M.  Bassot  présente  à  l'Académie  le 

Tome  XII  des  Annales  de  l'Obser- 
vatoire de  yice i47' 

Océanographie.  —  M.  le  Président 
donne  lecture  d'une  lettre  du  Prince 
de  Monaco  invitant  l'Académie  à 
se  faire  représenter  à  la  cérémonie 
d'inauguration  du  Musée  océanogra- 
phique de  Monaco 4^! 

—  L'Académie  décide  qu'elle  sera  repré- 

sentée à  l'inauguration  du  Musée 
océanographique  de  Monaco,  par 
son   Bureau 43l 

—  M.    le    Président'  rend    compte    des 

fêtes  de  l'inauguration  du  Musée 
océanographique  de  Monaco 848 

—  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco 

fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
exemplaire  de  la  médaille  frappée 
à  l'occasion  de  l'inauguration  du 
Musée  océanographique  de  Monaco.     l4o3 

—  De  la  genèse  des  roches  sous-marines 

connues  sous  le  nom  de  mottes  :  par 

M.  J.  Thoulet 421 

—  Carte  lithologique  sous-marine  de  la 

côte  du  Languedoc;  par  M.  J. 
Thoulel 640 

—  Sédiments  marins  d'origine  éoUenne; 

par  M.  J.  Thoulet 947 

—  Sur  la  mesure  de  la  couleur  des  vases 

marines  actuelles  et  anciennes;  par 

M.  J.  Thoulel 1375 

—  Sur  le  régime  thermique  de  la  Médi- 


terranée littorale  algérienne;      par 

M.  J.-P.  Bounhiol 1197 

—  Sur  la  douzième  campagne  scienti- 

fique de  la  Princesse- Alice;  par  S. 

A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.  .  .      1396 

—  Sur  les  travaux  océanographiques  du 

Musée  de  Monaco;  par  S.  A.  S.  le 
Prince  Albert  de  Monaco i397 

—  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco 

présente  une  nouvelle  feuille  de  la 
«  Carte  des  gisements  de  Mollusques 
conaestibles  de  la  France  »,  dressée 
par  M.  Joubin 1398 

— •  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco 
présente  à  l'Académie  les  18^  et  19^ 
feuilles  de  la  «  Carte  générale  des 
gisements  de  coquillages  comes- 
tibles des  côtes  de  France  »,  dressées 

par  M.  L.  Joubin 1572 

Voir  Académie,  Géodésie. 

Odeuh.  —  Sur  quelques  relations  entre 
la  constitution  moléculaire  et 
l'odeur,  par  MM.  G.  Austerweil  et 
G.  Cochin 1698 

Oiseaux.  —  Anomalies  et  variations 
spontanées  chez  des  oiseaux  do- 
mestiques; par  M.  .4.  Conte 187 

—  Sur  un  oiseau  de  la  famille  des  Cou- 

reurs, particulier  aux  hauts  som- 
mets des  Andes  péruviennes;  par 
par  M.  M.-Emm.  Pozzi-Escot 888 

—  Influence  du  régime  alimentaire  sur 

l'intestin     chez    les     Oiseaux;    par 

M.  A.  Magnan 1 706 

Ondes  hertziennes.  —  Une  action  à 
distance  sur  le  cohéreur,  produite 
par   les    contacts    métalliques;    par 


TABLE    DES    MATIERES. 


M.  B.  Szilard 1670 

Voir  Télémécanique,  Télégraphie  sans 
fil. 
Optique.  —  Sur  la  relation  de  Pulfrich 
entre  la  contraction  du  volume  et  le 
pouvoir  réfringent  des  mélanges 
liquides;  par  M.  Edm.  van  Aubel..  .        210 

—  Sur  la  mesure  de  l'indice  de  réfraction 

des  liquides  au  moyen  du  micros- 
cope ;  par  M.  L.  Décombe 389 

—  Sur  un  nouveau  rèflectomètre;   par 

M.  Ch.  Féry 691 

—  Sources    lumineuses    à    surfaces    ré- 

duites employées  normalement  ou 
obliquement.  Sources  lumineuses 
en  mouvement.  Applications  pra- 
tiques; par  M.  Dussaud 904 

Voir  Arc,  Dissolutions,  Emission,  In- 
terférence, Magnélooptique,  Météo- 
rologie, Philosophie  naturelle.  Phos- 
phorescence, Photoélectricité,  Pouvoir 
rotatoire.  Rayonnement,  Spectro- 
scopie,  Vision. 
Optique  physiologique.  —  Consé- 
quences de  l'hypothèse  d'Young. 
De  la  sensation  du  blanc   binaire; 


,8i7 

I'Ht;es. 
par  M.  A.  Rosenstiehl 235 

—  Conséquence  de  la  théorie  d'Young. 

De  la  construction  chromatique 
dans  l'espace;  par  M.  .1.  Rosen- 
stiehl         35o 

Voir  Pliolographie,    Photométrie,   Slé- 
réoscopie. 
Organométalliques.     —    Sur    1  émé- 

tique  d'aniline  ;  par  M.  P.  Yvon ....        283 

—  Sur  l'émétique  d'arsenic  et  d'aniline; 

par  M.   P.    Yvon 834 

—  Action    de     l'acide     sulfosalicylique 

sur   le    phosphate    trisodique;    par 

M.  L.  Barthe 4oi 

—  Action  du  chlorure  de  thionyle  sur 

les  combinaisons  organomagné- 
siennes  mixtes;   par  MM.    V.    Gri- 

gnard  et  L.  Zorn 1 177 

Voir  Cétones. 
Orthonectides.  —  Recherches  expéri- 
mentales sur  les  phases  initiales  de 
l'infection  d'une  Ophiure  (Amphiura 
squamata]  par  un  Orthonectide  [Rho- 
palura  ophiocomse)  ;  par  MM.  Caul— 
lery  et  .1.  Lavallée 1781 


Pain.  —  Sur  le  rôle  de  la  levure  en  bou- 
langerie ;  par  M.  L.  Lindet 802 


PALEONTOLOGIE. 

Un  nouvel  exemple  de  phénomènes 
de  convergence  chez  des  Ammoni- 
tidés;  sur  les  origines  du  groupe  de 
V Ammonites  bicurvatus  Mich.  (sous- 
genre  Saynella  Kil.)  par  M.  W. 
Kilian 1 5o 

Remarques  sur  le  siphon  des  Ammo- 
nites et  des  Bélemnites;  par  M.  F. 
Granjean 11 5o 

Sur  les  Nodules  {Seplaria)  à  Ammo- 
nites triasiques  de  Madagascar  et 
sur  le  développement  des  Ammonea; 
par  M.   Fournier i56o 

Sur  quelques  Vertébrés  fossiles  du 
sud  de  la  Tunisie;  par  M.  Marcellin 
Boule 812 


—  Sur  les  Rhinocéridés  de  l'Oligocène 

d'Europe     et     leur     filiation;     par 

M.  Roman l558 

Voir  Anthropologie. 
Paléontologie  végétale.  —  Re- 
cherches sur  les  Diatomées  des  tra- 
vertins déposés  par  les  eaux  miné- 
rales de  Sainte-Marguerite  (Puy-de- 
Dôme)  ;  par  M.  Héribaud- Joseph .  .  . 

—  Les  Algues  calcaires  du  groupe  Gir- 

vanella  et  la  formation  des  oolithes; 
par  M.  L.  Caycux 

—  Les  caractéristiques  de  la  trace  fo- 

liaire   botryoptéridienne  ;   par  MM. 
C.-Eg.    Bertrand   et   F.    Cornaille . 

—  Sur  quelques  plantes  wealdiennes  du 

Pérou  ;  par  M.  R.  Zeiller I 

Voir  Géologie. 


61 


359 


1019 


Parasites.  —  Sur  un  nouveau  spirille 
du  Cercopilhecus  palas  ;  par  MM.  A. 
Thiroux  et  W.  Dufougeré i3a 


i8i8 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

—  Cnidosporidics    des    larves    d'Ephé- 

mères; par  MM.  L.  Léger  et  Ed. 
Hesse 4i  l 

—  Sur  l'adaptation  des  Nématodes  pa- 

rasites à  la  température  des  hôtes  ; 

par  MM.  L.  Jammes  et  E.  Martin.  .        4i8 

—  Sur  la  nature  du  parasite  de  la  lym- 

phangite épizootique;  par  MM.  L. 
Nègre  et  J.  Bridré 1265 

—  Le  Plasmodiophora  Brassica  Voronin, 

parasite  du  melon,  du  céleri  et  de 
l'oseille-épinard  ;  par  M.  Ernest- 
F.-L.  Marchand i348 

—  Sur    une     méthode     de     traitement 

contre  la  Cochylis  et  VEudemis;  par 

MM.  J.  Capus  et  J.  Feytaud 1 35 1 

y  o\T  Bactériologie,  Champignons,  Ortho- 
nectides,  Pathologie. 
Parthénogenèse.  —  Sur  l'existence  et 
les  conditions  de  la  parthénogenèse 
chez  Dinophilits  ;  par  M.  Paul  de 
Beauchamp 789 

—  L'embryogenèse      complète     provo- 

quée chez  les  Amphibiens  par  pi- 
qûre de  l'oeuf  vierge,  larves  parthé- 
nogénésiques  de  Rana  fusca;  par 
M.  E.  Bataillon 996 


PATH0LOG11-. 

—  La   fièvre  de  Malte  en  France;  par 

MM.  Lagriffoul  et  Roger 800 

\on  Bactériologie,  Chirurgie,  Médecine. 
Pathologie   animale.  —  Etiologie  de 
la  congestion  intestinale  du  cheval; 
par  M.  H.  Carré 358 

—  Reproduction       expérimentale       du 

bouton  d'Orient  chez  le  chien. 
Origine  canine  possible  do  cette 
infection;  par  MM.  Charles  Ni- 
colle  et  L.  Monceaux 889 

—  De  l'influence  du  régime  sur  la  pro- 

duction   de    l'athérome    spontané; 

par  M.  Weinberg 940 

Voir  Cancer,  Rayons  X,  Tuberculose, 

Vaccin. 
Pathologie    végétale.    —    Quelques 

observations  sur  le  pied  noir  de  la 

Pomme  de  terre  ;  par  M.  Hegyi ....        347 
Voir  Parasites. 


Pages. 

Pesanteur.  —  Sur  l'intensité  de  la  pe- 
santeur et  ses  anomalies  à  Bor- 
deaux et  dans  la  région;  par  M.  E. 

Esclangon iSg 

Voir  Balance  de  torsion. 

Pétrographie.  —  Sur  l'existence  à  la 
Côte  d'Ivoire  d'une  série  pétrogra- 
phique  comparable  à  celle  de  la 
charnockite;  par  M.  A.  Lacroix.  ...  18 

— -  Sur  les  roches  basiques  de  Saint- 
Quay-Portrieux  (Côtes-du-Nord),  et 
leurs  rapports  avec  les  filons  de 
pegmatite  qui   les    traversent;    par 

M.  Jacques  de  Lapparent 980 

Voir  Minéralogie. 

Philosophie  naturelle.  —  Sur  des 
principes  de  la  Mécanique  et  sur 
leur  applicabilité  à  des  phénomènes 
qui  semblent  mettre  en  défaut  cer- 
tains d'entre  eux;  par  M.  J.  Bous- 
sinesq i639 

—  Sur  la  conservation  de  masses  vraies, 

dans  divers  phénomènes,  principa- 
lement lumineux,  où  apparaissent 
des  masses  fictives  variables; 
par  M.  J.  Boussinesq 1721 

Phonographe.  —  Transformation  en 
courbes  des  tracés  du  phonographe; 
par  M.  Lioret i44o 

Phosphorescence.  —  Sur  un  nouveau 
moyen  de  restituer  aux  sulfures 
alcalino-terreux  leurs  propriétés 
phosphorescentes  ;  par  M.  D.  Cernez.       295 

—  Phosphorescence   des  sels  d'uranyle 

aux  très  basses  températures;  par 
MM.  Henri  et  Jean  Becquerel  et 
H.  Kamerlingh  Onnes 647 

—  Sur    quelques    composés    organiques 

spontanément  oxydables  avec 
phosphorescence;  par  M.  Alarcel 
Delépine 876 

— ■  Nouveaux  cas  d'oxydabilité  spon- 
tanée avec  phosphorescence;  par 
M.  Marcel  Delépine 1607 

Photochimie.  —  Effets  chimiques  des 
rayons  ultraviolets  sur  les  corps 
gazeux.  Actions  oxydantes.  Combus- 
tion du  cyanogène  et  de  l'ammo- 
niaque; synthèse  de  l'acide  for- 
mique;  par  MM.  Daniel  Berthelot  et 
Henri  Gaudechon 1827 

—  Synthèse  photochimique  des  hydrates 

de  carbone  aux  dépens  des  éléments 
de  l'anhydride  carbonique  et  de  la 


TABLE    DES    MATIERES. 


1819 


Pages. 
vapeur  d'eau,  en  l'absence  de  chlo- 
rophylle;   synthèse  photochimique 
des     composés     quaternaires;     par 
MM.    Daniel    Berlhelol    et    Henry 

Gaudechon 1 690 

Voir  Ultraviolet. 

Photoélectricité.  —  Sur  l'émission 
de  charges  électriques  par  les  mé- 
taux alcalins;  par  M.  Louis  Du- 
noyer 335 

—  Sur  les  courbes  de  saturation  dans 
l'efTet  photoélectrique  de  Hertz; 
par  M.  Eugène  Bloch 1 1 1 3 

Photographie.  — •  La  photographie  sté- 
réoscopique  en  couleur  et  ses  appli- 
cations scientifiques;   par   MM.    L. 

Boutan  et  J.  Feytaud 1424 

Voir  Radiographie. 

Photométrie.  —  Sur  le  phénomène  de 

Purkinje;  par  M.  Ch.  Gallissol.  .  .  .        594 

Photométrie  stellaire.  —  L'éclat 
intrinsèque  du  ciel  étoile;  par 
M.  Ch.  Fahry 272 


PHYSIOLO(;iE. 

—  L'addition   latente    et   ses    rapports 

avec  le  paramètre  chronologique 
de  l'excitabilité;  par  M.  et  M'"''  L. 
Lapicque 796 

—  Sur     l'action     cardio-vasculaire     du 

café  vert,  comparée  à  celle  de  doses 
correspondantes  de  caféine;  par 
MM.  V.  Pachon  et  Em.  Perrot.  .  .  ; .      1708 

—  L'association  des  sensations  chez  les 

animaux  (la  loi  de  récurrence)  ;  par 

M.  P.  Hachet-Souplet 238 

Physiologie  expérimentale.  —  Con- 
temporanéité  de  la  formation  et  de 
l'élimination  des  déchets  azotés 
chez  les  sujets  en  état  de  jeûne;  par 
MM.  A.  Chauveau  et  feu  Conlejean.      1478 

—  Élimination  des  déchets  azotés  dans 

l'acide  de  la  sécrétion  rénale,  chez  le 
sujet  en  état  d'inanition. Rapport  de 
cette  élimination  avec  celle  de  l'eau, 
véhicule  des  excréta  urinaires. 
Indépendance  réciproque  des  deux 
phénomènes;  par  MM.  A.  Chau- 
veau et  feu  Conte  Jean 1647 

Voir  Altitude,  Anaphylaxie,  Batraciens, 


Champignons,  Électrolytes,  Foie,  Im- 
munité, Mont  Rose,  Nerfs,  Patho- 
logie, Respiration,  Sang,  Venin,  Voix. 

Physiologie  végétale.  —  Sur  l'absorp- 
tion du  baryum  par  les  plantes;  par 
MM.  H.  Colin  et  J.  de  Rujz 1074 

—  L'éclairement  optimum  pour  le  dé- 
veloppement    des     végétaux;     par 

M.  Raoul  Combes 1701 

Voir  Photochimie. 


•IlVSIUUli. 


Voir  Acoustique,  Aérodynamique, 
Balance,  Balance  de  torsion.  Capil- 
larité, Chronomélrie,  Chaleur,  Diffu- 
sion, Élasticité,  Electricité,  Porosité, 
Optique. 

Physique  cosmique.  —  Sur  la  déviabi- 
lité magnétique  des  rayons  corpus- 
culaires  provenant   du   Soleil;   par 

M.  Kr.  Birkeland 246 

Voir  Aurore  boréale.  Comète  de  Halley. 

Physique  du  Globe.  —  Voir  Pesan- 
teur, Séismes,  Sismologie,  \'olcans. 

Physique  mathém.vtique.  —  Des  fonc- 
tions données  par  leur  valeur  sur 
une  partie  de  la  frontière,  et  celle 
de  leur  dérivée  normale  sur  le  reste 
do  la  frontière.  Développements 
correspondants;  par  M.  Marcel 
Brillouin 461 

—  Questions    de    Physique    mathéma- 

tique comportant  des  conditions 
différentes  sur  diverses  parties  d'une 
même  frontière;  par  M.  Marcel 
Brillouin 61 1 

—  Sur  l'équation  des  télégraphistes  ;  par 

M.  H.  Larose 680 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion         894 

—  Sur    deux    suites    de    solutions    de 

l'équation   des   télégraphistes;    par 

M.  H.  Larose l4l8 

—  Sur  la  propagation   d'une   disconti- 

nuité sur  une  ligne  télégraphique 
munie  d'un  transmetteur;  par 
M.  H.  Larose i738 

—  Quelques  propriétés  des  fonctions  de 

Green;  par  M.  Hadamard 1664 

Voir  Elasticité. 


820 


TABLE    DES    MATIERES. 


Physique  physiologique.  —  Effets 
physiologiques  produits  par  un 
champ  magnétique  alternatif;  par 
M.  Silvanus-P.  Thompson 991 

—  Observations  au  sujet  de  la  Note  de 
M.  Silvanus-P.  Thompson  inti- 
tulée :  «  Effets  physiologiques  pro- 
duits par  un  champ  magnétique 
alternatif  »;  par  M.  .1.  d'Arsonval.  . 
Voir  Acoustique  phijsiolo^ique.  Congrès, 
Optique  physiologique,  Radioactivité. 


992 


Phytécologie.  —  Sur  la  présence  de 
plantes  alpines  aux  basses  altitudes 
dans  le  Valais  central;  par  M.  Léon 
Marrel 1069 

Planètes.  —  Observation  d'une  petite 
planète  à  l'Observatoire  de  Paris; 
par  MM.  Jules  Baillaud,  J.  Cha- 
telu  et   Giacohini 672 

—  Observations  photographiques  d'une 

petite  planète;  par  M.  Jules  Bail- 
laud       1734 

—  Sur  la  nouvelle  méthode  de  photo- 

graphie    planétaire      employée      à 
l'Observatoire    Lowell,    à  Flagstafî 

(Arizona)  ;  par  M.  P.  Lowell 1026 

Voir  Eros,  Jupiter,  Mars. 
Plis  cachetés.  —  Ouverture  d'un  pli 
cacheté  contenant  une  Note  inti- 
tulée «  De  l'emploi  de  la  lumière 
bleue  artificielle  pour  le  blanchi- 
ment des  dents  »;  par  M.  Pierre 
Rosenthal i53 


iges. 


—  Ouverture   d'un   pli   cacheté  renfer- 

mant une  Note  intitulée  «  Procédé 
de  régénération  de  l'air  vicié  »;  par 

M.   George-F.  Jaubert l574 

Poissons.  —  Sur  les  Poissons  de  la  fa- 
mille des  Némichthyidés;  par 
M.   Louis   Roule 35a 

—  Sur  le  muscle  tenseur  de  la  choroïde 

des  Téléostéens;  par  M.  E.  Grynjeltl.       42O 
Porosité.  —   Sur   l'absorption   des   li- 
quides par  les  substances  poreuses; 

par  M.  J  .-H.  Russenberger l']5 

Pouvoir  rotatoire.  —  Sur  l'inégalité 
de  propriétés  des  deux  formes,  droite 
et  gauche,  du  silicotungstate  de  po- 
tassium et,  en  général,  des  cristaux 
doués  du  pouvoir  rotatoire;  par 
M.  H.  Copaux 475 

—  Sur  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhy- 

drate  de   pinène;   par   M.    Gustave 

Vavon 142& 

Présure.  —  La  caséification  du  lait  cru 
par  les  présures  du  lait  bouilli;  par 
M.   C.  Gerber 1202 

—  Comparaison  entre  le  mode  d'action 

de  certains  sels  retardateurs  et  des 
protéines  du  lait  coagulable  par  la 
chaleur,  sur  la  caséification  par  les 
présures  du  lait  bouilli;  par  M.  C. 

Gerber l357 

Psychologie  animale.  —  De  l'emploi 
du  dressage  comme  moyen  de  re- 
cherche psycliologique;  par  M.  P. 
Hachet-Souplet 735 

—  Sur  quelques  tropismes;  par  M. /îose.      l543 


Racines.  —  Sur  les  excrétions  des  ra- 
cines; par  MM.  Brocq-Rousseu  et 
Edmond     Gain 1610 

Radioactivité.  —  Sur  le  parcours  des 
projections  radioactives;  par 
M.  Louis  Werlenstein 86g 

—  Sur    les    mesures    quantitatives    de 

l'émanation  du  radium;  par  MM.  W. 
Duane  et  A.  Laborde 1421 

—  Sur  le  poids   atomique  de  l'émana- 

tion   du    radium;    par    M.    A.    De- 
bierne 1740 

—  Sur  le  polonium;  par  M™*  P.  Curie 

et  M.  A.  Debicrne 386 


—  Sur  la  radioactivité  des  composés  ha- 

logènes et  oxyhalogénés  du  tho- 
rium; par  MM.  J.  Chaudier  et  Ed. 
Chauvenet 219 

—  Sur  les    rayons    du   potassium;    par 

M.   E.   Henriot 1750 

—  Sur   la   radioactivité   persistante   de 

l'organisme  résultant  de  l'injectioa 
intra-veineuse  d'un  sel  de  radium 
insoluble  et  sur  ses  applications;  par 
MM.   //.  Dominici,    G.   Petit  et  A. 

Jaboin 726 

Voir  Hydrologie,  Ions,  Photoélectricité. 
RADioGR.iPHiE.  —  Posologie  en  radio- 


TABLE    DES    MATIERES. 


1821 


graphie  médicale  avec  ou  sans  écran 
renforçateur;  par  M.  //.  Guilk- 
minot 1 623 

Rapport.  —  Rapport  sur  le  «  Mémoire 
SUT  les  courbes  conjuguées  dans  le 
mouvement  relatif  le  plus  général  de 
deux  corps  solides  »,  présenté  par 
M.  Gabriel  Kœnigs  dans  la  séance 
du  3  janvier  1910;  par  M.   Gasloii 

Darhoux 4  4 1 

Voir  CinémcUique. 

Rayonnement.  —  Sur  la  constante  de 
la  loi  de  Stefan  et  le  rayonnement 
du  platine;  par  MM.  Edmond  Bauer 

et  Marcel  Moulin 167 

Voir  Émission,  Soleil. 

Rayons  cathodiques.  —  Sur  une  nou- 
velle circonstance  de  formation  de 
rayons  cathodiques;  par  M.  Louis 
Dunoyer 970 

—  Sur  la  fonnation  des  dépôts  cathodi- 

ques; par  M.  L.  Houllevigue i683 

Voir  Décharges,  Electron. 
Ray-ons  X.  —  Sur  le  radiochroïsme  des 
corps   organiques    vis-à-vis   des 
rayons   a,    3,   7  du  radium  et   des 
rayons  X;  par  M.  Guilleminot 332 

—  Immunisation,   contre  le  cancer,  de 

la  souris  inoculée  avec  des  tumeurs 
modifiées  par  les  rayons  X;  par 
M.   A.   Contamin 1 28 


l'iiges. 

—  Résorption  des  tumeurs  e.xpériuien- 

tales  de  la  souris  sous  l'influence  des 
rayons  X  (étude  histologique)  ;  par 

M.  A.  Contamin i537 

Voir  Cancer. 

Reptiles.  —  Voir  Anatomie,  Immunité. 
Muscles,  \'enin. 

Résistance  de  l'air.  —  Sur  imc  modi- 
fication de  la  résistance  de  l'air  pro- 
duite par  des  rugosités  convenable- 
ment disposées  sur  la  surface  d'un 
corps;  par  M.  A.  Lafay i3l2 

Respiration.  —  Etude  expérimentale 
des  combustions  intraorganiques 
chez  les  animaux  respirant  de  l'air 
progressivement  appauvri  en  oxy- 
gène et  des  procédés  de  défense  na- 
turels de  l'organisme  contre  l'anoxy- 
hémie;  par  M.  J.  Tissot 719 

—  M.  Carpentier  présente  à  l'Académie 

un  «  appareil  respiratoire  destiné 
au  sauvetage  des  hommes  compo- 
sant   l'équipage    d'un    sous-maiiu 

sinistré  » 1(90 

— -  Remarques  au  sujet  de  la  présenta- 
tion, par  M.  Carpentier,  d'un  «  appa- 
reil respiratoire  destiné  au  sauve- 
tage des  hommes  composant  l'équi- 
page d'un  sous-marin  sinistré  »;  par 

M.  Bouchard I  I9 1 

Voir  Air. 


Sang.  • —  Étude  médico-légale  de  la 
réaction  à  la  benzidine  dans  la 
détermination  des  taches  de  sang; 
par  M.  F.  Bordas 562 

—  Du  rôle  de  la  paroi  artérielle  dans  la 

mesure  de  la  pression  artérielle  en 
clinique;  par  M.  A.  Moulier n38 

—  Sur  la   fibrine  du  sang;  par  M.   C. 

Gessard 1771 

Voir  Chimie  physiologique.  Circulation. 

SÉisMES.  —  Rôle  des  dislocations  les  plus 

récentes     {post-tortoniennes)     lors 

du   séisme   du    it    juin    1909;    par 

M.    J.   Repelin 809 

—  Tremblement   de    terre   du   22   jan- 

vier 1910;  par  M.  Alfred  Angot.  .  .  .        248 

—  Enregistrement    d'un    tremblement 

de  terre  le  22  janvier  1910  à  l'Obser- 


vatoire    du     Puy-de-Dôme;    par 

M.  Bernard  Brunhes 249 

—  Tremblement  de  terre  du  24  juin  1 9 1  o  ; 

par  M.  Alfred  Angot 1783 

—  Sur  la   détermination   de   l'épicentrc 

d'un  tremblement  de  terre  d'après 
les  données  d'une  seiile  station  sis- 
mique;  par  B.   Galitzine 642 

—  Sur  la  détermination   de   l'épicentrc 

d'un  tremblement  de  terre,  d'après 
les  données  d'une  seule  station  sis- 
micpie;  par  M.  B.  Galitzine 816 

Séries.  —  Sur  une  paire  de  séries  de 
Fourier  conjuguées;  par  M.  Léo- 
pold  Fejér 5 1 8 

— •  Sur  les  sommes  partielles  de  la  série 

de  Fourier;  par  M.  Léopold  Fejér .  .  . .    1299 

—  Sur  les  séries  de  Dirichlet;  par  M.  Mi- 


1022 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
chel  Fekete Io33 

—  Sur  les  séries  de  Taylor  à  coefficients 

récurrents;  par  M.  S.  Lattes l4l3 

—  Sur    la    transformation    des    séries 

asymptotiques  en  séries  de  poly- 
nômes tayloriens  convergentes;  par 
M.  A.  Buhl i583 

SÉROTHÉRAPIE.  • —  Sérothérapie  de  la 
fièvre  typhoïde;  résultats  cliniques; 
par  MM.  A.  Rodel  et  Lagriffoul.  ...        741 

SÉRUMs.  —  Voir  Anaphylaxie,  Electro- 
bjtes. 

Sismologie.  —  Sisniograplie  à  colonne 

liquide;  par  M.  G.  Lippinann 363 

—  Sur  le  harographe  considéré  comme 

sismoscope  enregistreur  ;  par  M.  de 
Monlessus  de  Ballore 486 

—  Sur  un  nouveau  type  de  sismographe 

pour  la  composante  verticale;  par 

M.  B.  Galilzine 1 727 

Voir  Mécanique  appliquée.  Mémoires 
lus,  Séismes. 
Soleil.  —  Sur  la  répartition  des  raies 
ultimes  dans  le  spectre  des  diverses 
régions  du  Soleil;  par  M.  ^4.  de  Gra- 
mont 37 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion        4  3o 

—  Orage  magnétique  du  aS  septembre 

1909  et  phénomènes  solaires  con- 
nexes. Vérification  des  théories  pro- 
posées; par  M.  H.  Deslandres 65 

—  Distribution   des    filaments   dans   la 

couche  supérieure  de  l'atmosphère 
solaire;  par  M.  //.  Deslandres 1007 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion       1 378 

—  Sur  un  filament  extraordinaire;  par 

MM.    //.    Deslatidres,    L.    d'Azam- 

buja  et  V.  Burson i635 

• —  Sur  l'éclat  intrinsèque  du  Soleil;  par 

M.  Charles  Nordmann 448 

—  Remarques    sur    la    Communication 

précédente;  par  M.  Charles  Nord- 
mann        83i 

—  Sur  l'éclat  du  Soleil  et  la  constante 

solaire;  par  MM.  Edmond  Bauer  et 
Marcel  Moulin i658 

—  Observations  du  Soleil  faites  pendant 

le  troisième  trimestre  de  1909;  par 

M.  J.    Guillaume 692 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Ob- 

servatoire de  Lyon  pendant  le  qua- 
trième trimestre  de  1909;  par  M.  J. 


Pages. 

Guillaume ^65 

Voir  Physique  cosmique. 
Solennités  scientifiques.  —  M.  le 
Recteur  et  le  Sénat  de  l'Université 
de  Berlin  invitent  l'Académie  à  se 
faire  représenter  aux  fêtes  jubilaires 
de  son  premier  centenaire  en  oc- 
tobre 1910 198 

—  M.   le   Secrétaire   de   ï Aéro-Club   de 

France  adresse  une  réplique  de  la 
médaille  offerte  à  M.  Cailletel  pour 
son  jubilé  académique 3oi 

—  M.  le  Président  de  l'Œuvre  du  monu- 

ment Horace  Wells-Paul  Berl  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à 
l'inauguration,  le  27  mars  à  Paris  .  .        768 

—  M.  Dastre  est  désigné  pour  représen- 

ter l'Académie  à  cette  cérémonie  .  .        768 
Voir  Académie. 

Spectroscopie.  —  Prismes  à  faces 
courbes  applicables  à  la  spectro- 
scopie; par  M.  Ch.  Féry   216 

— ■  Sur  le  spectre  de  flamme  à  haute 
température  du  fer;  par  MM.  G.- A. 
Hemsalech  et  G.  de  Watteville 329 

—  Prolongement  du  spectre  de  bandes 

de  l'azote  dans  le  rouge  extrême  et 

l 'infra-rouge;  par  M.  F.  Crozc 860 

—  Prolongement  des  spectres  de  bandes 

des  gaz  carbonés  dans  le  rouge 
extrême  et  l 'infra-rouge;  par  M.  F. 
Crozc 1672 

—  Sur  certaines  conditions  d'apparition 

du  spectre  de  bandes  attribué  au 
cyanogène;  par  MM.  .4.  de  Gra- 
monl  et  Drecq 1235 

—  Sur  la  structure  des  raies  spectrales; 

par  M.  Georges  Meslin i3l5 

—  Sur  quelques  propriétés   électriques 

et  spectroscopiques  de  l'arc  entre 
métaux;  par  MM.  Ch.  Fabry  et  //. 

Buisson    1 674 

Voir  Métaux  rares.  Soleil. 
Spectroscopie  stellaire.  —  Sur  la  ré- 
partition des  raies  ultimes  dans  les 
spectres    slcllaires;    par   M.    A.    de 
Gramont i54 

—  L'organisation    de    la    spectroscopie 

stellaire  à  l'Observatoire  de  Paris; 

par  M.  Maurice  Hamy 372 

Voir  Comètes. 
Spores.  — -  Recherches  expérimentales 
sur  la  vie  latente    des   spores    des 
Mucorinées  et  des  Ascomycètes;  par 


TABLE    DES    MATIERES. 


1823 


Pages. 

M.  Paul  Becquerel l437 

Stéréoscopie.  —  Images  changeantes 
à  deux  et  trois  aspects  sur  plaque 
autostéréoscopique;  par  M.  E. 
Eslanave gS 

—  Obtention  simultanée  du  relief   sté- 

réoscopique  et  de  l'aspect  changeant 
dans  l'image  photographique;   par 

M.  E.  Eslanave 683 

Stérilisation.  —  Stérilisation  des  li- 
quides par  les  radiations  de  très 
courte  longueur  d'onde.  Résultats 
obtenus;  par  M.  B illon-Da guerre . .  .       479 

—  Sur    la    stérilisation    de    l'eau    par 

l'ultraviolet;  par  MM.  Ed.  Urbain, 

Cl.  Seal  et  .4.  Feiges 548 

—  Stérilisation    de    grandes    quantités 

d'eau  au  moyen  des  rayons  ultra- 
violets ;  par  M.  Gabriel  Vallet 1076 

—  L'eau  stérilisée  par  les  rayons  ultra- 

violets contient-elle   de  l'eau   oxy- 
génée? Pouvoir  stérilisant  de  l'eau 


Pages, 
oxygénée;  par  MM.  Jules  Courmont, 

Th.  Nogier  et  Rochaix l453 

Voir  Ultraviolet. 
Sucres.  —  Sur  la  séparation  du  saccha- 
rose et  du  lactose  par  le  ferment 
bulgare;  par  M.  L.  Margaillan 45 

—  Le  vicianose,  nouveau  sucre  réducteur 

en  C";  par  MM.  Gabriel  Bertrand  et 

G.  W eisweUler 180 

—  Sur    l'isolement    d'un    sucre    biose 

dérivant    de    l'amygdaline;    par 

M.  Jean  Giaja 793 

—  Sur  l'aloïnose  ou  sucre  d'aloïnc;  par 

M.  E.  Léger 983 

— •  Sur  l'aloïnose  cristallisé;  son  identité 

avec  l'arabinose-d;  par  M.  E.  Léger .      lôgS 
Voir  Cristallisation. 
Syphilis.   —   Considérations    générales 
sur  l'évolution   du   tréponème   pâle 
dans     l'organisme     humain;      par 
M.  Hallopeau i354 


TÉLÉMÉCANIQUE  SANS  FIL.  —  Sur  les 
résultats  obtenus  dans  la  torpillo 
radioautomatique  par  un  nouveau 
télécommutateur  et  radiocombina- 
teur;  par  M.  G.  Gabet 525 

TÉLÉGRAPHIE.  —  Voir  Plii/siqiie  mathé- 
matique. 

TÉLÉGRAPHIE     SANS     FIL.    Sur    IcS    si- 

gnaux  horaires  destinés  aux  marins; 

par  M.  H.  Poincaré 1471 

Voir  Chronomètre,  Eleclrolytes,  Ondes, 
Ondes  hertziennes. 

Terres  rares.  —  Sur  l'analyse  magnéto- 
chimique  des  terres  rares;  par  M.  G. 
Urbain 913 

Théorie  des  nombres.  —  Sur  le  der- 
nier théorème  de  Fermât;  par  M.  D. 
Mirimanojl   2o4 

—  Sur  le  classement  d'un  système  do 
Tableaux  équivalents  entre  eux; 
par  M.  A.  Chalelel l502 

Thérapeutique.  —  Voir  Hydrologie. 

Thermochimie.  —  Détermination  des 
quantités  de  chaleur  dégagées  lors 
do  l'addition  du  brome  à  quelques 
substances  non  saturées;  par  M.  W, 

C.   U.,  K,io,   1"  Semestre.  (T.    lôO.) 


Louguininc gi5 

—  (!)haleur  de  fixation  de  l'acide  brom- 

hydriquo  et  de  quelques  composés 
éthyléniques;  paz  MM.  W.  Lougui- 
ninc et  G.  Dupont i34() 

—  Chaleur   do  formation   du   peroxyde 

de  cîcsium;  par  M.  de  Forcrand  ....      iSgg 

TijiOLs.  —  Sur  la  formation  et  le  dédou- 
blement des  thiols;  synthèse  des 
sulfures  neutres  alcooliques:  par 
MM.  Paul  Sabatier  et  A.  Mailhe  ...      1 569 

Toxique.  —  Toxicité  de  l'arsenic  métal ■ 

loïdique;  par  M.  Lecoq 887 

Trigonométrie. —  Nouvelles  Tables  tri- 
gonomélriques  fondamentales;  par 
I\L  H.  Andoyer Sg  i 

Trypanosomes.  —  Voir  Ultraviolet. 

Tuberculose.  —  Des  propriétés  physio- 
logiques des  extraits  du  bacille  de 
Koch  condensés  et  sensibilisés;  par 
MM.  //.  Vallée  et  L.  Guinard ll4o 

—  Bacilles  de  Koch.  Milieux  aux  glycé- 

rophosphates.  Doses  maxima  de  fer 
et  de  manganèse;  par  M.  G.  Bau- 
dran    1 200 


l824 


TABLE    DES    MATIERES. 


u 


Pages. 
Ultraviolet.  —  Etude  de  l'action  des 
rayons  ultraviolets  sur  les  microbes  ; 
par  M"^  P.  Cernovodeanu  et  M.  Vic- 
tor Henri 52 

—  Comparaison   des   actions   photochi- 

miques  et  abiotiques  des  rayons 
ultraviolets;  par  M"^  Cernovodeanu 
et  M.  Victor  Henri 549 

—  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les 

microorganismes  et  sur  différentes 
cellules.  Etude  microchimique;  par 
Ml'«  Cernovodeanu  et  M.  Victor 
Henri   729 

—  Sur  les  effets  chimiques  et  biologiques 

des  rayons  ultraviolets  ;  par  M.  Mau- 
rice Lombard 227 

—  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  le 

vin  en  fermentation;  par  MM.  Mau- 

rain  et  Warcollier 343 

—  Pénétration  et  action  bactéricide  des 

rayons  ultraviolets  par  rapport  à  la 
constitution  chimique  des  milieux; 


Pages, 
par  M.  Gabriel  ^^allet 63a 

—  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les 

trypanosomes  ;  par  MM.  H.  Bordier 

et  R.  Horaud 634 

—  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les 

trypanosomes;  par  MM.  H.  Bordier 

et  R.  Horand 886 

—  Stérilisation    de    grandes    quantités 

d'eau  par  les  rayons  ultraviolets; 
par  MM.  Victor  Henri,  André  Hel- 
bronner  et  Max  de  Recklinghausen .  .       982 

—  Effets   chimiques   des   rayons   ultra- 

violets sur  les  corps  gazeux.  Actions 
de  polymérisation;  par  MM.  Daniel 
Berlhelot  et  Henri  Gaudechon 1169 

—  Effets    oxydants    des    rayons    ultra- 

violets sur  les  corps  gazeux.  Peroxy- 
dation  des  composés  oxygénés  de 
l'azote  et  du  soufre;  par  M.  Daniel 

Berlhelot  et  Henri  Gaudechon l5l7 

Voir  Photochimie,  Stérilisation. 


V 


Vaccin.  —  Sur  l'immunisation  active  de 
l'homme  contre  la  fièvre  typhoïde. 
Nouveau  vaccin  antityphique;  par 
M.  //.  Vincent 482 

V.\PEUR.  —  Sur  la  façon  d'évaluer  la 
température  de  la  vapeur  sur- 
chauffée ;  par  M.  J.-B.  Fournier.  .  .  .        521 

Variations.  —  Sur  une  forme  nouvelle 
de  Nigelie,  Nigella  damascena  poly- 
cephala,  obtenue  après  une  mutila- 
tion; par  M.  L.  Blaringhem 4o6 

—  Sur  une  variété  instable  de  Nigelie, 
Nigella  damascena  cristala,  obtenue 
après    une   mutilation;    par   M.    L. 

Blaringhem    785 

Voir  Mutations.  Oiseaux. 

Venin.  • —  Etudes  sur  le  venin  de  cobra 
et    le    sérum     antivenimeux;     par 

M""  Boleslawa  Stawska iSSg 

Voir  Immunité,  Batraciens. 

Vers.  —  Enkystemeut  de  protection 
d'une  Némerle  d'eau  douce  [Pros- 
toma  lumbricoïdeum  Dugès)  ;  par 
M.  Paul  Hallez 481 


—  Pontes  d'été  et  pontes  d'hiver  d'une 

Némerte  d'eau  douce  {Prostoma 
lum  bricoïdeum  Dugès)  ;  par  M.  Paul 

Hallez 556 

Voir  Parasites. 
Vigne.    —    Recherches    sur   l'influence 
spécifique  réciproque  du  sujet  et  du 
greffon   chez   la   vigne;   par  M.   L. 
Ravaz 712 

—  L'arséniate  de  plomb  en  viticulture; 

par  MM.  L.  Moreau  et  E.  Vinet  ....        787 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  traitement 

contre  le  mildew,  au  moyen  de 
l'oxychlorure  de  cuivre;  par  M.  E. 
Chuard 839 

—  Sur   la    culture    du    Rcesleria    de   la 

vigne;  par  MM.  P.  Viala  et  P.  Pa- 

collt't   1 770 

Vin.  —   Sur  la   présence  du  bore  dans 

les  vins  d'Algérie;  par  M.  Dugasl.  .  .        838 

—  Remarque  à  l'occasion  d'une  Note  de 

M.  Dugast  intitulée  :  «  Sur  la  pré- 
sence du  bore  dans  les  vins  d'Al- 
gérie »;  par  M.  Bertainchand 894 


TABLE    DES    MATIERES. 


1825 


Pages. 

—  Sur  la  recherche  de  l'hexaméthylène- 

tétramine  dans  les  moûts  et  les  vins: 

par  M.  E.  Vaisenet 879 

—  Formation  d'acroléine  dans  la  ma- 

ladie de  l'amertume  des  vins;  par 

M.  E.  Voisenet i6l4 

Voir  Archéologie,  Ullraviolet. 
Vision.  —  Sur  une  solution  du  problème 
de  la  vision  à  distance  ;  par  M.  H.-C. 


Saint-René 446 

Voix.  —  La  photographie  de  la  voix  dans 
la  pratique  médicale;  par  M.  Mu- 
rage         232 

—  Développement    de    l'énergie    de    la 

voix;  par  M.  Marage ngî 

Volcans.  —  Sur  l'éruption  de  l'Etna  du 

28  mars  1910;  par  M.  .1.  Ricco 1078 

Voir  Chimie  inorganique,  Eau. 


ZOOLOGIE. 

Voir  Amphibiens,  Anatomie,  Batra- 
ciens, Biologie,  Crustacés,  Cœur, 
Inondation,  Insectes,  Mollusques, 


Muséum  d'Histoire  naturelle,  Océa- 
nographie, Oiseauj:,  Orthoneclides. 
Parasites,  Poissons,  Psychologie 
animale.   Vers. 


TABLE   DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABÉLOUS  (J.-E.)  etBARDIER  (E.).— 
Influence  de  la  saignée  sur  la  résis- 
tance des  animaux  à  l'urohypoten- 
sine l44o 

ABRAHAM  (H.)  et  VILLARD  (P.).  — 
Sur  l'existence  de  deux  potentiels 
explosifs 1 286 

—  Errata  relatifs   à  cette  Communica- 

tion       1714 

AGASSIZ  (Alexandre).  —  Sa  mort  est 

annoncée  à  l'Académie 847 

AGULHON    (H.).  —   Emploi   du   bore 

comme  engrais  catalytique 288 

—  Influence   de  la  réaction  du  milieu 

sur  la  formation  des  mélanines  par 

oxydation  diastasique 1066 

ALBERT  DE  MONACO  (S.  A.  S.  le 
prince)  fait  hommage  à  l'Académie 
du  n°  162  du  11  Bulletin  de  l'Institut 
océanographique  » 767 

—  Présente  à  l'Académie  les  18^  et  19^ 

feuilles  de  la  «  Carte  générale  des 
gisements  de  coquillages  comes- 
tibles des  côtes  de  France  »,  dressées 
par  M.  L.  Joubin 1572 

ALBRECHT  (C.-Th.)  est  élu  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation  en  remplacement 
de  M.  Augustin  Normand,  décédé.        768 

AMAGAT  (E.-H.)  est  élu  membre  de 
Commission  chargée  de  juger  les 
Concours  des  prix  Hébert,  Hughes, 
Kastner-Boursault,  Victor  Raulin 
pour  l'année  1910 367 

ANDOYER  (H.).  —  Nouvelles  Tables 

trigonométriques  fondamentales.  .  .        Sgi 

—  Est  présenté  en  première  ligne  à  M.  le 

Ministre  de  l'Instruction  publique 
pour  une  place  de  Membre  titulaire 
vacante  dans  la  Section  d'Astrono- 
mie du  Bureau  des  Longitudes.  .  .  .      1025 
ANDRE    (Ch.).   —   Sur   la   comète   de 

Johannesburg 198 

—  Sur   l'effet   produit   lors  des  orages 

par  les  tirs  grêlifuges I023 


MM.  -  Pages. 

— •  Sur  le  passage  de  la  Terre  dans  la 

comète  de  Halley 1295 

ANDRÉ  (G.).  —  Sur  le  développement 
d'une  plante  bulbeuse.  Variations 
du  poids  de  la  matière  sèche 545 

—  Sur  le  développement  d'une  plante 

bulbeuse.  Variation  des  poids  de 
l'azote  et  des  matières  minérales.  . .  718 
ANGOT  (Alfred).  —  Sur  la  valeur  des 
éléments  naagnétiques  à  l'Observa- 
toire du  Val-Joyeux  au  i*"^  jan- 
vier 1910 i38 

—  Tremblement   de    terre   du   22   jan- 

vier 1910 248 

—  Sur  la  variation  séculaire  des  éléments 

magnétiques  dans  la  région  de  Paris.       568 

—  Variations  magnétiques  et  électriques 

dans  la  nuit  du  18  au  19  mai  1910.  .      iSyi 

—  Tremblement  de  terre  du  24  juin  1 910.      1788 

—  Prie  l'Académie    de    le    comprendre 

au  nombre  des  candidats  à  la  place 
vacante,  dans  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation,  par  le  décès  de 
M.  Bouquet  de  la  Gnje 369 

—  Est  présenté  en  seconde  ligne  comme 

candidat  à  la  place  vacante,  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Navi- 
gation, par  suite  du  décès  de  M.  Bou- 
quet de  la  Grije 645 

ANTHONY  (R.)  et  BOULE  (Marcel- 
lin).  —  L'encéphale  de  l'Homme 
fossile  de  La  Chapelle-aux-Saints.  .      l458 

APPELE  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  juger  les  Concours 
du  Grand  Prix  des  Sciences  mathé- 
matiques, du  prix  Francœur,  du 
prix  Poncelet  pour  l'année  1910..  . .        366 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question  : 

de  prix  Bordin  pour  l'année  191 3. .        366 

—  De  prix  Vaillant  pour  l'année  igiS.  .        5o8 
ARAGO    (F.)     prie    l'Académie    de    le 

compter  au  nombre  des  candidats 
au  siège  vacant,  dans  la  .Section  de 
Géographie   et   Navigation,   par  le 


1828 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

décès  de  j\l.  M.  Bouquet  de  la  Grye .        262 

—  Est  présenté  en  seconde  ligne  comme 

candidat  à  la  place  vacante,  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, par  suite  du  décès  de  M.  Bou- 
quet de  la  Gri/e 646 

ARCTOWSKI  (Henryiv).  —  Sur  les 
anomalies  de  la  répartition  de  la 
pression  atmosphérique  aux  Etats- 
Unis  753 

ARNAUD  (A.)  et  POSTERNAK  (S.).  — 
Sur  l'hydrogénation  partielle  des 
acides  de  la  série  stéarolique  et  sur 
l'isomérie  de  leiirs  dérivés  mono- 
iodhydriques I  l3o 

—  Sur     deux     nouveaux     isomères     de 

l'acide  stéarolique 1245 

—  Sur  l'isomération  de  l'acide   oléique 

par  déplacement  de  la  dotible  liaison,     i  SaS 

ARNOULT  (J.).  —  Sur  le  mouvement 

d'un  fil  dans  l'espace i5g2 

ARNOUX  (René).  —  L'équilibre  longi- 
tudinal et  la  courbure  des  surfaces 
portantes  des  aéroplanes 854 

ARSANDAUX  (H.).  —  Nouvelle  contri- 
bution à  l'étude  des  latérites 1698 

ARSONVAL  (d').  —  Observations  au 
sujet  de  la  Note  de  M.  Silvanus-P. 
Thompson  intitulée  :  »  Effets  phy- 


MM.  Pages. 

Biologiques  produits  par  un  champ 
magnétique  alternatif  » 992 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  do  juger  les  Concours  : 
des  prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 
Godard,  du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mègc,  Dugaste  pour  l'année  1910.  .        445 

—  Des  prix  Montyon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux,  Lallemand, 
Martin-Damourette,  Pourat  pour 
l'année  1910 445 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Pourat  pour  l'année  191 3.  .        445 

AL'GER  (V.).  —  Sur  les  mangani-man- 

ganates  alcalins 470 

AUSTERWEIL  (G.)  et  COCHIN  (G.).— 
Sur  quelques  relations  entre  la 
constitution  moléculaire  et  l'odeur.      1698 

AUTONNE  (Léon).  —  Sur  les  groupes 
commutatits  de  quantités  hyper- 
complexes i58l 

AZAMBUJA  (L.  d'),  DESLANDRES 
(H.)  et  BERNARD  (A.).  —  Pre- 
mières observations  de  la  comète 
Drake  à  l'Observatoire  de  Meudon.        253 

AZAMBUJA  (L.  d'),  DESLANDRES 
(H.)  et  BURSOX  (V.).  —  Sur  un 
filament  extraordinaire i635 


BACKE  (A.).  —  Sur  un  nouveau  com- 
posé contenu  dans  les  produits  ali- 
mentaires  ■ 540 

BAEYER  (Adolf  von)   est  élu  Associé 

étranger .'Ga 

BAILLAUD  (B.).  —  Carte  photogra- 
phique du  Ciel.  Présentation  des 
procès-verbaux  du  dernier  Congrès.       256 

—  Présente,  au  nom  de  M.  Cosserat,  le 

Tome  VI  des  «  Annales  de  l'Obser- 
vatoire de  Toulouse  » 366 

—  Fait  connaître  les  derniers  renseigne- 

ments reçus  concernant  des  observa- 
tions de  la  comète  de  lialley  à  l'Ob- 
servatoire Lick  et  à  Johannesburg.      1283 

—  Est  élu  Membre   de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de 
M.  A.  Agassiz 1491 


—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  1910 867 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  l'Assemblée  générale  de 
V Association  internationale  des  Aca- 
démies, à  Rome,  en  mai  1910 896 

BAILLAUD  (Jules).  —  Observations 
photographiques  d'une  petite  pla- 
nète        1 734 

BAILLAUD  (J.)  et  BOINOT  (A.).  — 
Changements  survenus  dans  le 
noyau  de  la  comète  de  Halley l579 

BAILLAUD  (J.),  CHATELU  (J.)  et 
GIACOBINI.  —  Observation  d'une 
petite  planète  à  l'Observatoire  de 
Paris 672 

BAILLAUD  (J.)  et  DEMETRESCO  (G.). 
—    Observations    photographiques 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages, 
de  la  comète  de  Ilalley  à  l'Observa- 
toire de  Paris l4o9 

BARBE  (Albert)  adresse  un  «  Projet 
de  bulle  de  sauvetage  pour  équipage 
de  sous-marins  » 644 

BARDIER  (E.)  et  ABÉLOUS  (J.-E.).  — 
Influence  de  la  saignée  sur  la  résis- 
tance des  animaux  à  l'urohypoten- 
sine 1 439 

BARRE.  —  Sur  la  solubilité  du  sulfate 

d'argent  dans  les  sulfates  alcalins.  .      l32i 

—  Sur    quelques    sulfates    doubles    de 

thorium I  Sgg 

BARRÉ  (E.).  —  Sur  une  série  de  solu- 
tions des  équations  de  l'élasticité 
de  Lamé  dans  un  milieu  homogène 

et  isotrope iSog 

BARTHE  (L.).  —  Action  de  l'acide 
sulfosalicylique    sur    le    phosphate 

trisodique 4oi 

BASSOT  présente  à  l'Académie  le 
Tome  XII  des  «  Annales  de  l'Ob- 
servatoire de  Nice  » l47l 

—  Est   élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  du 
Prix  extraordinaire  de  la  Marine, 
du  prix  Plumay  pour  l'année  1910.        867 

—  Des  prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 

Delalande-Guérineau   pour    l'année 

1910 367 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Gay  pour  l'année  191 3 867 

BATAILLON  (E.).  —  L'embryogenèse 
complète  provoquée  chez  les  Amphi- 
biens  par  piqûre  de  l'œuf  vierge, 
larves  parthénogénésiques  de  Rana 
fiisca 996 

BAUBIGNY  (IL).  —  Séparation  et 
purification  des  dithionates  produits 
dans  la  décomposition  du  sulfite 
d'argent  ou  de  ses  sels  doubles 466 

—  Sur   la   constitution   des   dithionates 

et  des  sulfites 978 

BAUD  (E.).  —  Cryoscopie  en  solutions 

concentrées 028 

BAUD  (E.)  et  GAY  (L.).  —  Tempé- 
ratures de  cristallisation  des  mé- 
langes binaires 1687 

BAUDRAN  (G.).  —  Bacilles  de  Koch. 
Milieux  aux  glycérophosphates. 
Doses  maxima  de  fer  et  de  manga- 
nèse        1 200 

BAUER   (Edmond).  —    Sur  l'émission 


829 

âges. 
1747 


MM.  P 

des  gaz 

BAUER  (Ed.)   et  MOULIN  (Marcel). 

—  Sur  la  constante  de  la  loi  de 
Stefan  et  le  rayonnement  du  pla- 
tine         167 

—  Sur  l'éclat  du  Soleil  et  la  constante 

solaire i658 

BAUER   (Edouard)   et  HALLER  (A.). 

—  Alcoylation  des  cétones  alii^ha- 
tiqucs  par  l'intermédiaire  de  l'ami- 

dure  de  sodium 582 

—  Alcoylation  des  cétones  aliphatiques. 

par  l'intermédiaire  de  l'amidure  de 
sodium.  Dédoublement  des  hexa- 
alcoylacétones 661 

—  Préparation    et    propriétés     des    »■- 

hydrindones-|3-dialcoylées  ou  inda- 
nones-i-dialcoylées-2.2 1472 

BEAUCIIAMP  (Paul  de).  —  Sur  l'exis- 
tence et  les  conditions  de  la  parthé- 
nogenèse chez  Dinophilus 789 

BEAUVERIE    (J.j.  —  L'Ambrosia    du 

Toniicus  dis  par 1071 

BECQUEREL  (Henri),  BECQUEREL 
(Jean)  et  KAMERLINGH  ONNES 
(H.).  —  Phosphorescence  des  sels 
d'uranyle  aux  très  basses  tempé- 
ratures           647 

BECQUEREL  (Paul).  —  Recherches 
expérimentales  sur  la  vie  latente 
des  spores  des  Mucorinées  et  des 
Ascomycètes   i  !(37 

BEHAL  (A.).  —  Sur  un  nouveau  men- 
thol tertiaire;  passage  du  pinène 
au  meuthène 1 762 

BENEDEN     (Edouard     van).    —    Sa 

mort  est  annoncée  à  l'Académie.  .  .      1094 

BERG  (A.).  —  Action  de  l'oxyde  d'ar- 
gent sur  l'élatérinc 981 

BERNARD  (A.),  DESLANDRES  (H.) 
et  AZAMBUJA  (L.  d').  —  Pre- 
mières observations  de  la  comète 
Draice  à  l'Observatoire  de  Jleudon.        253 

BERNARD  (A.)  et  IDRAC  (P.).  — 
Deuxième  série  de  recherches  sur 
la  comète  de  Ilalley  et  son  spectre 
à  l'Observatoire  de  Meudon 1 161 

BERNSTEIN  (Serge).  —  Conditions 
nécessaires  et  suffisantes  pour  la 
possibilité  du  problème  de  Dirichlet.       5l4 

BERTAINCHAND.     —     Remarque     à 

;  l'occasion  d'une  Note  de  M.  Dugast 
sur  la  présence  du  bore  dans  les  vins 
d'Algérie 89 '1 


i83o 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

BERTHAULT  (Pierre).  —  Sur  les 
types  sauvages  de  la  Pomme  de 
terre  cultivée 4? 

BERTHEAUME  (J.).  —  Chloroplati- 
nates  et  periodures  de  di-  et  de 
triméthylamine  ;  critique  de  leur 
emploi  pour  la  séparation  de  ces 
bases io63 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  de  dosage 

des  trois  mélhylamines  et  de  l'am- 
moniaque mélangées ïl5l 

BERTHELOT  (Daniel)  et  GAUDE- 
CHON  (Henri).  —  Effets  chimiques 
des  rayons  ultraviolets  sur  les 
corps  gazeux.  Actions  de  polymé- 
risation        1 1 69 

—  Effets   chimiques   des  rayons   ultra- 

violets sur  les  corps  gazeux.  Actions 
oxydantes.  Combustion  du  cyano- 
gène et  de  l'ammoniaque;  synthèse 
de  l'acide  formique 1827 

—  Effets    oxydants    des    rayons    ultra- 

violets sur  les  corps  gazeux.  Peroxy- 
dation  des  composés  oxygénés  de 
l'azote  et  du  soufre 1617 

—  Synthèse     photochimique     des     hy- 

drates de  carbone  aux  dépens  des 
éléments  de  l'anhydride  carbonique 
et  de  la  vapeur  d'eau,  en  l'absence 
de  chlorophylle;  synthèse  photochi- 
mique des  composés  quaternaires..  1690 
BERTIN  (L.-E.)  est  désigné  pour  repré- 
senter l'Académie  à  l'Assemblée 
générale  de  la  Ligue  maritime  fran- 
çaise, en  avril  1910,  à  la  Sorbonne.  .        849 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie au  Congrès  international  des 
Ingénieurs  des  constructions  navales 
et  du  Génie  maritime,  à  Londres, 
le  5  juillet  1910 8g6 

—  Est   élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
Prix  extraordinaire  de  la  Marine  et 
du  prix  Plumey  pour  l'année  1910.  867 
-^  Des  prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 
Delalande-Guérineau  pour  l'année 
1910 367 

—  Est  élu   membre   de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Gay  pour  l'année  1918 867 

BERTRAND  (C.-Ec.)  et  CORNAILLE 
(F.).  —  Los  caractéristiques  de  la 
trace  foliaire  botryoptéridienne. .  .  .      loig 

BERTRAND    (Gauhiel)    et    HOLDE- 


MM.  Pages. 

RER  (M.).  —  Nouvelles  observa- 
tions sur  l'individualité  de  la  cel- 
lase 280 

BERTRAND  (Gabriel)  et  ROSEN- 
BLATT  (M.).  —  Sur  la  tempé- 
rature mortelle  des  tyrosinases 
végétales 1142 

BERTRAND  (Gabriel)  et  WEIS- 
WEILLER  (G.).  —  Le  vieianose, 
nouveau  sucre  réducteur  en  C"  .  .  .        180 

BESREDKA    (A.).   —   Moyen   d'éviter 

les  accidents  anaphylactiques i456 

BESSON  (A.)  et  FOURNIER  (L.).  — 
Sur  un  nouveau  chlorure  de  phos- 
phore         102 

—  Réduction  des  chlorures  de  bore  et 

d'arsenic  par  l'hydrogène  sous  l'in- 
fluence de  l'effluve  électrique 872 

—  Action    de    l'effluve    sur    le    chloro- 

forme et  le  tétrachlorure  de  carbone 
en  présence  de  l'hydrogène,  ainsi 
que  sur  le  chlorure  de  méthyle.  ...      il  18 

—  Action    de    l'effluve    sur    l'aldéhyde 

éthylique  en  présence  de  l'hydro- 
gène       1288 

—  Action  de  l'hydrogène   sur  le  chlo- 

rure de  soufre  et  sur  le  chlorure  do 
thionyle,  sous  l'influence  de  l'ef- 
fluve électrique 1762 

BESSON    (Louis).    —    Sur    une    sorte 

d'arc-en-ciel  blanc,  observé  à  Paris  •        4^6 

BEYS  (C).  —  Sur  le  dosage  de  l'acide 
tartrique  dans  les  matières  pre- 
mières naturelles 1230 

BIELECKI  (Jean).  —  Sur  la  variabilité 
du  pouvoir  protéolytique  de  la 
bactéridie  charbonneuse l548 

BIÉLER-CHATELAN.    —    Dosage    do 

la  potasse  assimilable  dans  les  sols.        716 

—  Un  effet  du  drainage 884 

—  Rôle  des  micas  dans  la  terre  arable.  .      11  Sa 
BIERRY    (IL).   —    Recherches    sur    la 

digestion  de  l'inuline Il6 

BIERRY  (H.)  et  RANG  (Albert).  — 
Sur    le    dédoublement    diastasiquc 

des  dérivés  du  lactose. l366 

BIGOURDAN  (G.)  présente,  de  la  part 
de  M.  I /liguez,  des  photographies 
de  la  comète  de  Halley 1212 

—  Communique  une  dépêche  où  M.  Egi- 

nitis  résume  des  observations  faites 

à  Athènes,  sur  la  comète  de  Halley.      1285 

—  Est  élu  membre   de   la   Commission 

chargée  de  juger  IcsXoncours   des 


TABI-E    DES    AUTEURS. 


i83l 


MM.  rases, 

prix  Pierre  Guzmau,  Lalande,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  1910 367 

BILLON-DAGUERRE.  —  Stérilisation 
des  liquides  par  les  radiations  de 
très  courte  longueur  d'onde.  Résul- 
tats obtenus 479 

BIQUARD.  —  Sur  un  procédé  de  mesure 
du  coefficient  de  conductibilité 
thermique  des  corps  peu  conduc- 
teurs          268 

BIRKELAND  (Kr.).  --  Sur  la  dévia- 
bilité des  rayons  corpusculaires 
provenant  du  Soleil 246 

BIRKELAND  (Richard).  —  Sur  des 
intégrales  irrégulières  des  équations 
différentielles  linéaires 321 

BLANC  (G.)  et  THORPE  (J.-F.).  — 
Sur  le  produit  de  la  méthylation  de 
l'éther  dicétoapocamphorique  de 
M.  G.  Komppa 1 1 26 

BLARINGHEM  (L.).  —  Sur  une  forme 
nouvelle  de  Nigelle,  Nigella  dama- 
scena  pobjcephala,  obtenue  après 
une  mutilation 1106 

—  Sur  une  variété  instable  de  Nigelle, 

Nigella  damascena  cristata,  obtenue 
après  une  mutilation 785 

BLARINGHEM  (L.)  et  VIGUIER 
(Paul).  —  Une  nouvelle  espèce 
de  Bourse-à-Pasteur  :  Capsella 
Viguieri  Blar.,  née  par  mutalion.  .        988 

BLASERNA  (P).  adresse  d'Italie  une 
dépêche  exprimant  les  regrets  qu'in- 
spire aux  Membres  de  la  Confé- 
rence internationale  des  Poids  et 
Mesures  la  mort  de  M.  Bouquet  de 
la  Grye 24 

—  Annonce    à    l'Académie    qu'en    1910 

la  réunion  de  l'Association  inter- 
nationale des  Académies  se  tiendra 
à  Rome  du  9  au  l5  mai 668 

—  Est  élu  Correspondant  pour  la  Sec- 

tion de  Physique,  en  remplacement 
de  Lord  Rayleigh,  élu  Associé  étran- 
ger        1221 

BLOCII  (Eugène).  —  Sur  les  courbes 
de  saturation  dans  l'effet  photo- 
électrique de  Hertz iii3 

BLOCII   (L.).  — ■  Actions  chimiques  et 

ionisation  par  barbotage 694 

—  Ionisation   par   pulvérisation  des  li- 

quides          967 

BLONDEL  (A.).  —  Sur  l'équation  fonc- 
tionnelle linéaire 957 


c.  n.,  1910. 


Semestre.  (T.  150.) 


MM.  l':\-^e>. 

— •  Observations  de  la  comète  de  Halley, 
faites  à  l'Observatoire  de  Toulouse, 
à  l'équatorial  Brunner-  Henry  de 
o™,38  d'ouverture 1299 

BLONDEL  (M.),  OBIEDOFF  et  UR- 
BAIN (G.).  —  Extraction  du  ger- 
manium des  blendes 1768 

BOERLAGE  (G.-D.)  adresse  un  «  Essai 

sur  le  vol  à  vortex  » 1713 

BODROUX  (F.)  et  TABOURY  (F.).  — 
Synthèses  effectuées  avec  le  cya- 
nure de  benzyle 53l 

—  Synthèse  de  nitriles  aromatiques.  .  .      1241 
BOINOT  (A.)   et  BAILLAUD   (J.).  — 

Changements     survenus     dans     le 

noyau  de  la  comète  de  Halley i579 

BONAPARTE  (le  Prince  Roland) 
est  désigné  pour  faire  partie  de  la 
Commission  de  la  Carte  internatio- 
nale de  la  Terre  à   i\,'„-„u'uo 3oo 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie au  Congrès  international  des 
Ingénieurs  des  constructions  navales 
et    du    Génie    maritime   à   Londres, 

le  5  juillet  1910 896 

^  Est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  concours  :  des 
prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 
Delalande-Guérineau  pour  l'année 
1910 367 

—  Des  prix  Savigny,  Thore  pour  l'an- 

née 1910 445 

—  Du  prix  Montyon  (Statistique)  pour 

l'année  1910 445 

—  Est  élu  membre   de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Gay  pour  l'année  191 3 367 

BONGRAND  (.J.-Ch.)  et  MOUREU 
(Ch.).  —  Sous-azoture  de  carbone 
C'N- 225 

BONNAL  (Georges)  adresse  un  Mé- 
moire intitulée  «  La  réaction  de 
densité  » 819 

BONNET  (P.  et  N.).  —  Sur  l'existence 
du  Trias  et  du  Mésojurassique  aux 
environs  de  Djoulta  (Transcaucasie 
méridionale) 746 

BONNEROT  (S.)  et  CIIARPY  (G.).  — 
Sur  la  cémentation  du  fer  par  le 
carbone  solide 173 

BONNIER     est     élu     membre     de     la 

Commission    chargée   de   juger   les 

Concours     des     prix     Desmazières, 

Montagne,  De  Coincy,  De  la  Fons- 

239 


i832 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 
Mélicocq,    Bordin     (  Sciences    phy- 
siques) pour  l'année  1910 368 

BORDAS  (F.).  —  Étude  médico-légale 
de  la  réaction  à  la  benzidine  dans 
la  détermination  des  taches  de  sang.       562 

BORDAS  (F.)  et  TOUPLAIN.  —  Con- 
tribution à  l'étude  des  réactions 
dues  à  l'état  colloïdal  du  lait  cru.  .  .        34i 

BORDAS  (L.).  —  Considérations  géné- 
rales sur  les  tubes  de  Malpighi  des 
larves  de  Lépidoptères 787 

BORDIER  (H.)  et  HORAND  (R.).  — 
Action  des  rayons  ultraviolets  sur 
les  trypanosomes 634 

—  Action   des   rayons   ultraviolets   sur 

les  trypanosomes 886 

BOREL   (Emile).  —  Sur  la   définition 

de  1  intégrale  définie 875 

—  Sur  une  condition  générale  d'intégra- 

bilité 5o8 

BORNET  îait  hommage  à  l'Académie 
d'une  «  Collection  de  dessins  publiés 
ou  inédits  >',  par  Alfred  Riocreux,  et 
d'un  Ouvrage  intitulé  :  «  Recherches 
sur  les  zoospores  des  Algues  et  les 
anlhéridies  des  Cryptogames  », 
par  Gustave  Thuret 22 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  : 
des  prix  Desmazières,  Montagne, 
De  Coincy,  De  la  Fons- Mélicocq, 
Bordin  (Sciences  physiques)  pour 
l'année  1910 368 

—  Des    prix    Gegner,    Lannelongue    et 

Trémont  pour  l'année  1910 445 

—  Du   prix   Jérônie    Ponti    pour   l'an- 

née 1910 5o7 

—  Est  élu  membre  de  la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
do  Grand  Prix  des  Sciences  phy- 
siques pour  l'année  igiS 5o8 

BORRELLY.  —  Observations  de  la 
comète  1910  a  faites  à  l'Observa- 
toire de  Marseille  au  chercheur  de 
comètes  de  o"^,iG  d'ouverture  libre.       3o4 

—  Observations  de  la  comète   19 10  a, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
a\i  chercheur  de  comètes  de  o™,i6 
d'ouverture  libre 874 

—  Observations  de  la  comète  de  llalley, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille, 

au  chercheur  de  comètes 1225 

BOSSCHA  (Jean)  est  élu  Correspondant 
pour   la   Section   de    Physique,    en 


MAI.  Pages. 

remplacement  de  M.  Crova 1161 

BOUCHARD  (Ch.),  Président  sortant, 
îait  connaître  à  l'Académie  l'état 
où  se  trouve  l'impression  des  Re- 
cueils qu'elle  publie  et  les  chan- 
gements survenus  parmi  les  Mem- 
bres et  les  Correspondants  pendant 
le  cours  de  l'anziée  1909 i3 

—  Remarques  au  sujet  de  la   Commu- 

nication de  M.  Ccupenlier  sur  un 
«  appareil  respiratoire  destiné  au 
sauvetage  des  hommes  composant 
l'équipage  d'un  sous-marin  sinistré  ».      1491 

—  Remarques  au  sujet  de  la  présenta- 

tion faite  par  M.  Dastre  de  la  Note 
de  M.  Nicloux  intitulée  «  Sur  les 
produits  de  décomposition  du  chlo- 
roforme dans  l'organisme  » 1780 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  : 
des  prix  Montyon,  Barbier,  Bréant 
Godard,  du  baron  Larrey,  P.ellion, 
Mège,  Dusgate  pour  l'année  1910..        445 

—  Des  prix  Montyon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux,  Lallemand, 
Martin-Damourette,  Pourat  pour 
l'année  1910 445 

—  Du    prix    Lonchampt    pour  l'année 

1910 445 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Pourat  pour  l'année  I9l3.  .        445 

BOUDOUARD  (O.).  —  Essai  des  mé- 
taux par  l'étude  de  l'amortissement 
des  mouvements  vibratoires 696 

BOUGAULT  (J.).  —  Action  de  l'acide 
hypoiodeux  naissant  sur  les  acides 
non  saturés.  Acide  a-cyclogéraniquc.        897 

—  Sur  l'acide  x-cyclogéranique 534 

—  Sur  les  étholides  des  Conifères.  Acides 

junipérique  et  sabinique 874 

BOULAD  (I-'arid).  —  Sur  la  disjonction 
des  variables  des  équations  nomo- 
graphiques  rationnelles  d'ordre  su- 
périeur          379 

BOULE  (Mabcellin).  —  Sur  quelques 
Vertébrés  fossiles  du  sud  de  la  Tu- 
nisie         812 

BOULE  (Marcellin)  et  ANTHONY 
(R.).  —  L'encéphale  de  l'Homme 
fossile  de  La  Chapelle-aux-SainIs.  .      1 158 

BOULET  (Vital).  —  Sur  les  mycorhizes 
cndotrophes  de  quelques  arbres  frui- 
tiers        1190 


TABLE    DES   AL'TEL'IiS. 


l833 


BOUNIIIOL  (J.-P.).  —  Sur  le  régime 
thermique  de  la  Méditerranée  litto- 
ral» algérieune 1 197 

BOURGEOIS  (le  Colonel)  prie  l'Aca- 
démie de  le  compter  au  nombre 
des  candidats  au  siège  vacant,  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Navi- 
gation, par  le  décès  de  M.  Bouquet 
de  la  Gnje 262 

—  Est  présenté  en  seconde  ligne  comme 

candidat  à  la  place  vacante,  dans 
la  Section  de  Géographie  et  Navi- 
gation, par  suite  du  décès  de  M.  Bou- 
quet de  la  Clrije 646 

BOURGET  (II.).  —  Observations  faites, 
à  l'Observatoire  de  Marseille,  de  la 
comète  Drake  1910  a 200 

BOURLET  (Carlo).  —  Sur  la  résistance 

de  l'air 382 

BOURQUELOT  (Km.)  et  BRIDEL  (M.). 
—  Sur  la  présence  de  la  gentiopi- 
crine  dans  la  Chlore  perfoliée  [Chlora 
perjoUatn  L.) 1 14 

BOUSSAC  (Jean).  —  Le  Nummulitiquc 
de  la  zone  du  Flysch  à  l'est  et  au 
sud-est  du  Mercantour 57 

—  Interprétation  tectonique  du  Flysch 

dit  autochtone  de  la  Suisse  centrale 

et  orientale 1 148 

—  Distribution  des  niveaux  et  des  faciès 

dans  le  Nummulitiquc  dit  autoch- 
tone de  la  Suisse  orientale 1 272 

—  Nummulitiquc   helvétique   et    Num- 

mulitiquc  préalpin   dans   la   Suisse 

centrale  et  orientale i535 

BOUSSINESQ  (J.).  —  Sur  la  manière 
dont  le  potentiel  des  vitesses,  dans 
le  problème  des  ondes  par  émersion, 
dépend  de  l'état  initial '.....        491 

—  Intégration  des  équations  des  ondes 

d'émersion.  par  la  formule  de  Mac- 
Làurin,  en  séries  loujours  conver- 
gentes, pour  un  canal  profond  sans 
extrémités  et  pour  un  bassin  indé- 
fini en  tous  sens 577 

—  Propagation  verticale,   aux  grandes 

profondeurs,  du  mouvement  des 
ondes  par  émersion  dans  les  cas  d'un 
canal  ou  d'un  bassin  horizontale- 
ment indéfinis 655 

—  Sur  les  principes  de  la  Mécanique  et 

sur  leur  applicabilité  à  des  phéno- 
mènes ((ui  semblent  mettre  en  dé- 
faut certains  d'entre  eux iG39  i 


MM  1 

—  Sur  la  conservation  des  masses  vraies 

dans  divers  phénomènes,  principale- 
ment lumineux,  où  apparaissent 
des  masses  fictives  variables 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  Ju 
Grand  Prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques, du  prix  Francoeur,  du  prix 
Poncelet  pour  l'année  iQto 

—  Des  prix  Montyon,  Fourneyron  pour 

l'année  1910 

—  Du  prix  extraordinaire  de  la  Marine, 

du  prix  Plumey  pour  l'année  1910. 

—  Est   élu   membre   de   la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Bordin  pour  l'année  rgi'î  .  . 

BOUTAN  (L.)  et  FEYTAUD  (.1.).  — 
La  photographie  stéréoscopiquo  en 
couleur  et  ses  applications  scienti- 
fiques   

BOUTY  (E.).  —  La  cohésion  diélec- 
trique du  néon 

—  Remarques   au   sujet  d'une   Note  de 

M.  //.  OUivier  intitulée  <  Réaiman- 
tation spontanée  du  fer  » 

—  Cohésion  diélectrique  du  néon  et  de 

ses  mélanges.  Analyse  quantitative 
fondée  sur  la  mesure  de  la  cohésion 
diélectrique   

—  Errata  relatifs  à  cet  te  Communication. 

—  Nouvelle  mesure  de  la  cohésion  dié- 

lectrique dans  l'argon 

— •  Est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Hébert,  Hughes,  Kaslner- 
Boursault,  Victor  Raulin  pour  l'an- 
née 1910 

BOUVIER.  —  Est  élu  membre  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les  Con- 
cours :  des  prix  Savigny,  Thore  pour 
l'année  19 10 

—  Du  prix  Binoux  (Histoire  des  Sciences) 

pour  l'année  1910 

—  Du   prix   Jérôme   Ponti    pour    l'an- 

née 1910 

—  Est  élu   membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  Grand  Prix  des  Sciences  phy- 
siques pour  l'année  1913 

BOYER  (G.).  —  Étude  sur  la  biologie 
de  la  truffe  mélanospore  [Tuher 
melanosporum  Vitt) 

BRATU  (G.).  —  Sur  certaines  équations 
intégrales  non  linéaires 


366 
367 
367 

366 

1424 
ii9 

io54 


i38o 
1790 

1643 


367 

445 
445 
5o7 

5o8 

1253 

896 


1 834  TABLE 

MM.  P 

BRIDEL  (M.)  elBOURQUELOT  (Em.). 
—  Sur  la  présence  de  la  gentiopi- 
crine  dans  la  Chlore  perfoliée  (Chlora 

per/oliata  L.) 

BRIDRÉ  (J.)  et  NÈGRE  (L.).  —  Sur 
la  nature  du  parasite  de  la  lym- 
phangite épizootique 

—  Sur  la  nature  du  parasite  de  la  lym- 

phangite épizootique 

BRILLOUIN  (Marcel).  —  Des  fonc- 
tions données  par  leur  valeur  sur 
une  partie  de  la  frontière,  et  celle 
de  leur  dérivée  normale  sur  le  reste 
de  la  frontière.  Développements  cor- 
respondants  

—  Questions  de  Physique  mathématique 

comportant  des  conditions  diffé- 
rentes   sur    diverses    parties    d'une 

même  frontière 

BRINER  (E.)  et  WROCZYNSKI  (A.). 
• —  Errata  relatifs  à  une  Communi- 
cation du  27  décembre  1909  inti- 
tulée :  «  Réactions  chimiques  dans 
les  gaz  soumis  aux  pressions  très 
élevées;  décomposition  de  l'oxyde 
d'azote;  formation  du  chlorure 
de  nitrosyle  » 

—  Action   chimique   des   pressions   éle- 

vées; compression  du  protoxyde 
d'azote  et  d'un  mélange  d'azote 
et  d'hydrogène;  décomposition  de 
l'oxyde  de  carbone  par  la  pression. 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion  

BRIOT  (A.).  —  Propriétés  du  sérum 
des  lapins  séro-anaphylactisés 

—  Errata  relatifs  à  cette   Communica- 

tion  

BRIZARD  et  BROGLIE  (de).  —  Ioni- 
sation par  barbotage  et  actions  chi- 
miques   

BROCHET  (André).  —  Nouvelles  dé- 
terminations de  la  radioactivité 
des  eaux  thermales  de  Plombières. 

—  Radioactivité    de    quelques    sources 

sauvages  des  Vosges 

-^  Relation  entre  la  radioactivité  et 
la  richesse  en  extrait  sec  des  eaux 


DES   AUTEURS. 


MM. 


1265 


461 


294 

l324 

I7I4. 

638 
822 

969 

i45 
291 


thermales  de  Plombières 

BROCHET  (A.)  et  HALLER  (A.).  — 
Oxydation  du  ricinoléato  de  mé- 
thylc  par  l'ozone 

BROCQ-ROUSSEU  et  GAIN  (Edmond). 
—  Sur  les  excrétions  des  racines.  .  . 

BROGLIE  (Maurice  de).  —  Sur  l'io- 
nisation des  gaz  par  les  actions  de 
division  mécanique  des  liquides; 
corps  actifs  et  inactits 

—  Electrisation  de  l'air  par  la  flamme 

d'oxyde  de  carbone  et  par  les  rayons 
du  radium;  comparaison  des  mobi- 
lités des  ions  présents 

BROGLIE  (de)  et  BRIZARD.  —  Ioni- 
sation par  barbotage  et  actions 
chimiques 

BRONIEWSKI  (Witold).  —  Sur  les 
propriétés  électriques  des  alliages 
aluminium-argent 

BRUNEL  (Léon).  —  Cyclohexanetriols 
et  dérivés  .  .  .  . , 

—  Sur  le  passage   de   quelques  alcools 

hydroaromatiques  aux  phénols  cor- 
respondants  

BRUNHES  (Bernard).  —  Enregistre- 
ment d'un  tremblement  de  terre 
du  22  janvier  1910  à  l'Observatoire 
du  Puy-de-Dôme 

BRUNHES  (Jean).  —  De  la  prédomi- 
nance de  l'érosion  sur  la  rive  droite 
d'une  rivière  en  temps  de  crue 

BUHL  (A.).  —  Sur  la  transformation  des 
séries  asymplotiques  en  séries  de 
polynômes  tayloriens  convergentes. 

BUISSON  (IL)  et  FABRY  (Cu.).  —  Sur 
quelques  propriétés  électriques  et 
spectroscopiques  de  l'arc  entre 
métaux 

BULL  (L.).  —  Sur  les  inclinaisons  du 
voile  de  l'aile  de  l'insecte  pendant 
le  vol 

BURSAUX  signale  l'apparition  d'une 
brillante  comète  à  Metlaoui  (Tuni- 
sie), le  20  janvier  1910 

BURSON  (V.),  DESLANDRES  (H.) 
et  AZAMBUJA  (L.  d').  —  Sur  un 
fdament  extraordinaire 


Pages. 

423 


496 
1610 


1425 
969 

1754 
986 

i528 

249 
567 
i583 

1674 
129 
200 

i635 


CAILLETET  (Louis).  —  M.  le  Secré- 
taire de  l'Aéro-Club  de  France 
adresse  une  réplique  de  la  médaille 


offerte  à  M.  L.   Cailletet  pour  son 

Jubilé  académique 3oi 

Est  élu  membre  de  la   Commission 


TAl'.Ll'    DES    AUTELUS. 

MM.  I'.igcs. 
chargée   de  juger  les  Concours   des 
prix     Hébert,      Hughes,      Kastner- 
Boursault,  Victor  Raulin  pour  l'an- 
née 1910 367 

CAMBOULIVES  (Pierre).  —  Action 
des  vapeurs  du  tétrachlorure  de 
carbone  sur  les  anhydrides  et  les 
oxydes 17^ 

—  Action  des  vapeurs  de  tétrachlorure 

de  carbone  sur  quelques  minéraux  .  .  221 
CANNIZZARO  (Stanislas).  —  Sa  mort 

est  annoncée  à  l'Académie 1207 

CAPUS  (J.)  et  FEYTAUD  (J.j.  —  Sur 

une  méthode  de  traitement  contre  la 

Cochylis  et  VEudemis i35i 

CARNOT  (Adolphe). —  Est  élu  membre 

des  Commissions  chargées  de  juger 

les    Concours    :    des    prix     Jecker, 

Cahours,  Montyon  (Arts  insalubres), 

Alhumbert  pour  l'année  1910 867 

—  Du  prix  Montyon  (Statistique)  pour 

l'année  1910 445 

CARPENTIER  (J.),  présente  à  l'Aca- 
démie un  «  fréquencemètre  »  réa- 
lisé sur  les  indications  du  com- 
mandant Ferrie 72 

—  Présente  une  petite  balance  de  pré- 

cision  combinée   et    construite    par 

M.  Collot 74 

—  Présente   un  instrument  de   mesure 

électrique  dû  à  M.  L.  Joly 826 

—  Présente    un    stabilisateur    automa- 

tique pour  aéroplane  construit  par 

M.     Regnard 829 

—  Présente    un    appareil     respiratoire 

destiné  au  sauvetage  des  hommes 
composant  l'écjuipage  d'un  sous- 
marin  sinistré 149° 

—  Est    présenté    en    première    ligne    à 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique pour  la  place  de  Membre  ar- 
tiste du  Bureau  des  Longitudes 
vacante  par  le  décès  de  M.  Gautier.  .      1024 

—  Est  élu  membre  de  la     Commission 

chargée  de  juger  le  Concours  du  prix 
Caméré  pour  l'année  1910 5o7 

CARRE  (H.).  —  Etiologie  de  la  conges- 
tion intestinale  du  cheval 358 

CAUDRELIER  (E.).  —  Décharges  des 

inducteurs.  Capacité  des  électrodes.        6l5 

CAULLERY  (M.)  et  LA  VALLÉE  (A.). 
—  Recherches  expérimentales  sur 
les  phases  initiales  de  l'infection 
d'une    Ophiure     (Amphiura    squa- 


i835 


MM.  l'.ii;es. 

mata)  par  un  Orlhoneclide  [Hho- 
palura  opliiocoime) 1781 

CAYEUX  (L.).  —  Prolongement  des 
minerais  de  fer  aolithique  silui-iens 
de  la  presqu'île  armoricaine  sous 
le  bassin  de  Paris 1 34 

—  Les  Algues  calcaires  du  groupe  Gir- 
vanella  et  la  formation  des  oolithes .        359 

CERNOVODEANU  (M«"<=  P.)  et  HENRI 
(Victor).  —  Étude  de  l'action  des 
rayons  ultraviolets  sur  les  microbes.         32 

—  Comparaison  des  actions  photochi- 
miques et  abiotiqiics  des  rayons 
ultraviolets 549 

—  Action  des  rayons  ultraviolets  sur  les 
microorganismes  et  sur  différentes 
cellules.    Étude   microchimique....        729 

CHAINE    (J.).    —    Station    bipède    et 

muscles  fessiers 55 1 

—  Courbure  lombaire  et  promontoire.  .      l449 
CHARCOT   (Jean).  —  M.  le  Secrétaire 

perpétuel  donne  lecture  d'un  télé- 
gramme de  M.  Jean  Charcol  relatif  à 
son  expédition  au  pôle  Sud 368 

—  Adresse  de  Punta-Arenas  un  résumé 
de  son  expédition  polaire 759 

— •  Adresse  à  l'Académie  une  copie  des 
Rapports  mensuels  de  l' État-Major 
de  la  deuxième  expédition  antarc- 
tique française 1295 

CHARCOT  (M">e)  adresse,  de  la  part 
de  M.  Jean  Charcol,  un  exemplaire 
des  Cartes  provisoires  levées  au 
cours  de  l'expédition  du  Pourquoi- 
Pas? 953 

CHARLOIS,  JAVELLE  et  SCHAU- 
MASSE.  —  Sur  la  comète  1910  a. 
Observations  faites  à  Nice 3o3 

CHARPY"  (G.)  et  BONNEROT  (S.).  — 
Sur  la  cémentation  du  fer  par  le 
carbone  solide 1 73 

CHARRON  (F.).  —  Rôle  lubrifiant  de 
l'air  dans  le  frottement  des  solides. 
Frottement  dans  le  vide 906 

CHASSY'  (A.).  —  Absorption  d'énergie 
par  le  passage  d'un  courant  alter- 
natif dans  un  gaz  à  la  pression  at- 
mosphérique      i3o5 

CHATELET  (A.).  —  Sur  une  transfor- 
mation des  fractions  continues 
arithmétiques 769 

—  Sur  la  sommation  de  fractions  con- 
tinues arithmétiques I  loi 

—  Sur  le  classement  d'un  système  de 


i836 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  l'iises. 

tableaux  équivalents  entre  eux.  .  .  .      i5oa 

CHATELU  (J.),  GIACOBINI  et  BAIL- 
LAT'D  (Jules).  —  Observation 
d'une  petite  planète  à  l'Observa- 
toire de  Paris 67a 

CHi^TIN  (J.).  —  Est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
concours  :  des  prix  Desmazières, 
Montagne,  De  Coincy,  De  la  Fons- 
Mélicocq,  Bordin  (Sciences  phy- 
siques) pour  l'année  1910 368 

—  Des  prix  Savigny,  Thore  pour  l'année 

1910 445 

CHAUDIER  (J.)  et  CIIAUVENET 
(Ed.).  —  Sur  la  radioactivité  des 
composés    halogènes     et     oxyhalo- 

génés  du  thorium 219 

CHAUVEAU  (A.).  —  Est  élu  membre 
des  Commissions  chargées  de  juger 
les  concours  :  des  prix  Montyon, 
Barbier,  Bréant,  Godard,  du  Ijaron 
Larrey,  Bellion,  Mège,  Dugaste  pour 
l'année  1910 ^i? 

—  Des  prix  Montyon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux,  Lallcmand, 
Martin-Damourette,  Pourat  pour 
l'année  1910 445 

—  Du  prix  Jérôme  l'onli  pour  l'année 

1910 5o7 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Pourat  pour  l'année  I9i3.  .  445 
CHAUVEAU  (A.)  et  CONTEJEAN  (feu) . 
—  Contemporanèité  de  la  formation 
et  de  l'élimination  des  déchets 
azotés  chez  les  sujets  en  état  de 
jeûne 1478 

—  Elimination  des  déchets  azotés  dans 

l'acte  de  la  sécrétion  rénale,  chez  le 
sujet  en  état  d'inanition.  Rapport 
de  cette  élimination  avec  celle  de 
l'eau,  véhicule  des  excréta  urinaires. 
Indépendance  réciproque  des  deux 
phénomènes 1647 

CHAUVENET  (Ed.)  et  CHAUDIER 
(J.).  —  Sur  la  radioactivité  des  com- 
posés halogènes  el  oxyhalogénès  du 
thorium 219 

CHAZY  (Jean).  —  Sur  les  équations 
différentielles  dont  l'intégrale  géné- 
rale possède  une  coupure  essentielle 
mobile 456 

—  Sur  les  équations  différentielles  dé- 

duites  de    certains    invariants    des 


MM.  Pages, 

formes  linéaires i  io4 

CHÉNEVEAU  (C).  —  Sur  les  pouvoirs 
réfringents  spécifiques  ou  les  con- 
stantes optiques  des  corps  dissous 
dans  des  dissolutions  très  étendues.        866 

—  Sur  un  dispositif  simple  pour  la  me- 

sure d'un  champ  magnétique lo46 

—  Sur  la  précision  dans  la  mesure  des 

susceptibilités     magnétiques iSiy 

CHERCHEFFSKY.  —  Détermination 
de  la  provenance  d'un  naphte  ou  de 

ses  dérivés i338 

CHEVALIER  (Auc).  —  Les  ressources 
forestières  de  la  Côte  d'Ivoire  (ré- 
sultats de  la  Mission  scientifique  de 
l'Afrique  occidentale)  :  bois,  caout- 
chouc et  oléagineux 4o3 

—  Les  ressources  forestières  de  la  Côte 

d'Ivoire  (résultats  de  la  Mission 
scientifique  de  l'Afrique  occiden- 
tale) :  excitants,  gommes  et  résines, 

divers 623 

CHEVALIER  (J.l.  —  Influence  de  la 
cidture  sur  la  teneur  en  alcaloïdes  de 
quelques  Solanées 344 

—  Variation  de  la  teneur  en  spartéine 

du  genêt  à  balais  suivant  l'époque 

de  la  végétation 1068 

CHOFARDET  (P.).  —  Observations 
de  la  comète  Johannesburg,  1910  a, 
faites  à  l'Observatoire  de  lîesançon 
avec  l'équatorial  coudé 264 

CHOUCHAK  (D.)  et  POUCET  (J.) 
adressent  une  Note  «  Sur  l'absorp- 
tion de  l'acide  phosphorique  par 
les  plantes  » 427 

CHUARD  (E.).  —  Sur  un  nouveau  mode 
de  traitement  contre  le  mildew,  au 
moyen  de  l'o.xychlorure  de  cuivre..        889 

CIRERA.  —  Errata  relatifs  à  une  Com- 
munication du  6  décembre  1909, 
intitulée  :  «  Sur  la  perturbation 
magnétique  du  25  septembre  1909  ».       294 

CIRERA  et  PERICAS.  —  Résumé  des 
observations  faites  sur  la  comète  de 
Halley  à  l'Observatoire  de  l'Ebre 
(Espagne) ;  .  .      1576 

CIRERA  (P.)  et  UBACII.  —  Observa- 
tions sur  le  passage  de  la  comète 
de  Halley,  à  l'Observatoire  de  l'Ebre 
(Espagne) 1494 

CISOTTI  (U.).  —  Sur  une  application  de 

la  méthode  de  Jacobi 160 

CLAUDE  (Georges).  —  Sur  la  compo- 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

sition  de  ratmosphcrc  après  le  pasr 
sage  de  la  comète  de  Halley 1 3 1 1 

CLAUDE,  FERRIE  et  DRIENCOURÏ. 

—  Comparaison  de  chronomètres 
ou  de  pendules  à  distance  par  la  mé- 
thode des   coiiicideuces   au  moyen 

de  signaux  radiotélégraphiques ....        3o6 
CLAUSMANiN  (P.).  —  Action  de  l'ozone 

sur  l'oxyde  de  carbone l332 

CLEMENTS  (Hugh.)  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  The  causation,  perio- 
dicity  and  distribution  in  latitude 

of  sun-spots  » 293 

COCHLX  (G.)  et  AL'STERWEIL  (G.). 

—  Sur  quelques  relations  entre  la 
constitution  moléculaire  et  lodeur.      lôgS 

COGGIA.  —  Observations  de  la  comète 
1910  a,  faites  à  l'Observatoire  de 
Marseille  (équatorial  d'Eichens  de 
o™,26   d'ouverture) 3o5 

—  Observations  de  la  comète   1910  a, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
(équatorial  d'Eichens  de  o™,26 
d'ouverture) 45l 

—  Observations  de  la  comète  de  lialley, 

faites  à  l'Observatoire  de  Marseille 
(équatorial  d'Eichens  de  o™,26 
d'ouverture) 1 165 

COLIN  (II.)  et  RUFZ  (J.  di:).  —  Sur 
l'absorption  du  baryum  par  les 
plantes 1074 

COLIN  (le  P.  E.  )  fait  hommage  d'un 
Volume  intitulé  :  «  Observatoire 
de  Madagascar.  Observations  mé- 
téorologiques faites  à  Tananarive  ».       83i 

COLLET  (LÉON-W.).  —  Sur  la  présence 
du  Cénomanien  fossilifère  dans  les 
Alpes  calcaires  de  la  Haute-Savoie.        242 

COLSON  (A.).  —  Sur  les  difficultés  de 

la  bibliographie   chimique 169 

COMAS  SOLÀ  (J.).  —  Sur  la  grande  co- 
mète  1910  a 372 

—  Sur   l'aplatissement   de  lo,   premier 

satellite  de  Jupiter 1224 

—  Sur  la  comète  de  Halley 1496 

—  Résumé  des  observations  physiques 

faites    sur  la  comète  de  Halley...      1659 
COMBES  (Raoul).  —  Du  rôle  de  l'oxy- 
gène dans  la  formation  et  la  destruc- 
tion des  pigments  rouges  anthocya- 
niques  chez  les  végétaux 1 186 

—  Sur  le  dégagement  simultané  d'oxy- 

gène et  d'anliydride  carbonique  au 
cours  de  la  disparition  des  pigments 


AUTEURS.  1837 

MM.  Pages, 

anthocyaniques  chez  les  végétaux.  .      l532 

—  L'éclairement  optimum  pour  le  dé- 

veloppement des  végétaux 1701 

COMTESSE  (A.)  et  IIALLER  (A.).  — 
Action  des  bromures  d'ortho-  et  de 
para-anisylmagnésium  sur  l'anthra- 
quinonc    et   la   |i-niéthylanthraqui- 

none 1 290 

CONTAMIN  (A.).  —  Immunisation, 
contre  le  cancer,  de  la  souris  ino- 
culée avec  des  tumeurs  modifiées 
par  les  rayons  X 128 

—  Résorption  des  tumeurs  expérimen- 

tales  de   la   souris   sous   l'influence 

des  rayons  X  (étude  histologique) .  .      l537 

CONTE  (A.).  — Anomalies  et  variations 
spontanées  chez  des  animaux  do- 
mestiques          187 

CONTE  (A.)  et  VANEY  (C).  —  Re- 
cherches sur  le  développement  de 
l'œuf  de  ver  à  soie  univoltin 553 

CONTEJEAN  (feu)  et  CHAUVEAU 
(A.).  —  Contemporanéité  de  la  for- 
mation et  du  l'élimination  des  dé- 
chets azotés  chez  les  sujets  en  état 
déjeune 1 47^ 

—  Elimination  des  déchets  azotés  dans 

1  acte  de  la  sécrétion  rénale,  chez  le 
sujet  en  état  d  inanition.  Rapport 
de  cette  élimination  avec  celle  de 
l'eau,  véhicule  des  excréta  uri- 
naires.  Indépendance  réciproque 
des  deux  phénomènes l647 

COPAUX  (IL).  —  Sur  l'inégalité  de 
propriétés  des  deux  formes,  droite  et 
gauche,  du  silicotungstate  de  po- 
tassium et,  en  général,  des  cristaux 
doués  du  pouvoir  rotatoire 473 

CORDEMOY   (H.- Jacob    de).  —   In-     , 
flueuce  du  terrain  sur  les  variations 
de    l'appareil    sécréteur    des    Clu- 
siacés 1 535 

CORNAILLE  (F.)  et  BERTRAND 
(C.-Eg.).  —  Les  caractéristiques 
de  la  trace  foliaire  botryoptéri- 
dienne 1019 

CORNEC    (E.).   —   Sur   la   formule   de 

l'acide  hypophosphorique 108 

COTTON  (A.)  et  MOUTON  (H.).  — 
Sur  la  biréfringence  magnétique  et 
électrique  des  liquides  aromatiques 
et  sur  la  théorie  de  l'orientation 
moléculaire 774 

—  Sur   la   relation   de   Havolock   entre 


i8-i8 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages, 
la  Lirétringcnce  et  1  indice  de  réfrac- 
tion        857 

COTTON  (E.).  —  Sur  les  solutions 
asymptotiques  des  équations  dilTé- 
rentielles 5n 

COTTY  (G.).  ■ —  Sur  la  transformation 

des  fonctions  abéliennes 458 

COUPIN  (Henri).  —  Sur  la  végétation 

de  quelques  moisissures  dans  l'huile.      1 192 

COURMONT  (Jules),  XOGIER  (Th.) 
et  ROCIIAIX.  —  L'eau  stérilisée 
par  les  rayons  ultraviolets  contient- 
elle  de  l'eau  oxygénée?  Pouvoir 
stérilisant  de  l'eau  oxygénée i453 

COUSIN   (H.)   et  HÉRISSEY  (H.).  — 

Sur  le  déhydrodicarvacrol i333 

COUTIÈRE  (IL).  —  Sur  les  crevettes  du 

genre  Saroii  à  mâles  dimorphes.  .  .  .      1263 

COUTURIER  (F.).  —  Sur  la  stabilité 

des  [j-cétoaldéhydes 706 

—  Condensation  de  la  pinacoline  avec 


MM.  Pages. 

les  élliers-sols 928 

CROCHETELLE  et  STŒCKLIN.  — 
Sur  la  présence  accidentelle  dans  le 
lait  de  sulfocyanures  et  leur  origine.      l53o 

CROZE  (F.).  —  Prolongement  du  spectre 
de  bandes  de  l'azote  dans  le  rouge 
extrême  et  l'infra-rouge 860 

—  Prolongement  des  spectres  de  bandes 
des  gaz  carbonés  dans  le  rouge 
extrême    et   l'infra-rouge 167a 

CREMIEU  (V.).  —  Sur  une  erreur  sys- 
tématique qui  limite  la  précision  de 
l'expérience  de  Cavendish.  Mé- 
thode nouvelle  pour  l'étude  de  la 
gravitation 863 

CUÉNOT  (L.)  et  MERCIER  (L.).  — 
Etude  sur  le  cancer  des  Souris. 
L'hérédité  de  la  sensibilité  à  la 
greffe  cancéreuse l443 

CURIE  (Mme  p.)  et  DEBIERNE  (A.). 

—  Sur  le  polonium 386 


D 


DANIEL  (Jean).  —  Sur  la  structure  des 
branches  courtes  et  âgées  de  quel- 
ques arbres i6n 

DARBOUX  (Gaston).  —  Rapport  sur  le 
0  Mémoire  sur  les  courbes  conju- 
guées dans  le  mouvement  relatif 
le  plus  général  de  deux  corps  so- 
lides »,  présenté  par  M.  Gabriel 
Kœnigs  dans  la  séance  du  3  jan- 
vier 1910 44l 

—  Sur  une   classe   particulière   de  sys- 

tèmes triple-orthogonaux 11 55 

—  Sur  l'emploi  de  nouvelles  méthodes 

de  récurrence  dans  la  théorie  des 
systèmes    orthogonaux 1208 

—  Fait  hommage   à   l'Académie   de  la 

traduction  italienne  de  sa  Confé- 
rence «  Sur  le  développement  des 
méthodes  géométriques  » 1007 

—  Est  désigne  à  M.  le  Ministre  de  l'In- 

térieur pour  remplacer,  dans  le  Con- 
seil d'administration  de  la  fondation 
Carnegie,  M.  Bomiucl  de  la  Orije, 
décédé 80 

—  Est  élu  Membre  d'une  Commission 

qui  devra  proposer  des  listes  de 
candidats  à  deux  places  d'Associés 
étrangers 444 


Est  élu  Membre  de  la  Commission 
chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de 
M.  Agassiz 1491 

Donne  lecture  à  l'Académie  d'une 
Lettre  de  la  Société  royale  de  Lon- 
dres relative  à  une  souscription  pour 
les  victimes  des  inondations  en 
France 571 

Est  élu  Membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  : 
du  Grand  Prix  des  Sciences  mathé- 
matiques, prix  Francœur,  prix  Pon- 
celet  pour  l'année  1910 366 

Des  prix  Pierre  Guzman,  Lalando, 
Valz,  Janssen  pour  l'année  1910.  . .        367 

Des  prix  Binoux(  Histoire  des  Sciences) 
pour  l'année  1910 445 

Des  médailles  Arago,  Lavoisier,  Ber- 
thclot  poiir  l'année  1910 445 

Des  prix  Gegnor,  Lannelongue  et 
Trémontpour  l'année  1910 445 

Du  prix  Wilde  pour  l'année  1910.  .  .  .        445 

Du  ))rix  Jérôme  Ponti  pour  l'année 
1910 5o7 

Du  prix  llouUevigue  pour  l'année 
1910 5o8 


TABLE  DES  AUTEURS. 


l839 


MM. 


Paaes. 


—  Est   élu    Membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question  : 

de  prix  Bordin  pour  l'année  1918 .  .        366 

—  De  prix  Vaillant  pour  l'année  igiS..        5o8 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lec- 

ture d'un  télégramme  de  M.  Jean 
Charcot  relatif  à  son  Expédition  au 
pôle  Sud 368 

—  M.    le    Secrétaire    perpétuel    signale, 

parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
correspondance  :  divers  Ouvrages 
de  MM.  Franz  Xaver  Kugler,  25.  — 
Ernest  Lebon,  M.  Lœwy  et  P.  Pui- 
seux,  André  Bellot,  Louis  Wickham 
et  Degrais,  i53.  —  L.  Marchis,  La- 
chaud,  Jehan  Charlie,  André  Brochet, 
369.  —  Un  Ouvrage  relatif  à  la  fon- 
dation Andrew  Carnegie  et  un 
Traité  de  M.  Chwolson,  5o8.  —  Di- 
vers Ouvrages  de  M.  Ernest  Jovy  et 
de  M.  Carlos-E.  Porter,  et  la  copie 
d'un  manuscrit  de  Lebrun,  669.  — 
Divers  Travaux  de  M.  Henri  Dehe- 
rain,  de  M.  J.-H.  Eijkman,  du  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle  de  Ge- 
nève et  «  Les  prix  Nobel  en  1907  », 
1026.  —  Divers  Ouvrages  de 
MM.  Rodolphe  Guimaràes,  G.  Ron- 
cagli,  J.  Lewkowitsch,  D.  Sidersky, 
1161.  —  Le  <  Jubilé  académique  de 
M^  L.-P.  Cailletet  »,  un  Ouvrage 
de  M.  Armand  Billard,  et  le  «  Cen- 
tenaire du  Journal  de  Pharmacie  et 
de  Chimie  »,  1296.  —  Divers  Ou- 
vrages de  AL  H.  Lecomte  et  de  M.  F.- 
W.  Pavy,  I  '192.  —  Divers  Ouvrages 
de  MM.  Paul  Dislère,  Ernest  Lebon, 
Marcel  Moulin,  i655. 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  l'Assemblée  générale  de 
V Association  internationale  des  Aca- 
démies, à  Rome,  en  mai  1910 896 

DARMOIS  (E.).  —  Sur  le  camphre  arti- 
ficiel         925 

DARZENS  (G.).  —  Sur  une  nouvelle 
méthode  de  synthèse  des  cétones 
non  saturées 707 

—  Action  des  hydracides  sur  les  éthcrs 

glycidiques 1243 

DASTRE  est  désigné  pour  représenter 
l'Académie  à  l'inauguration  du  mo- 
nument Horace  Wells-Paul  Berl .  .  .        758 

—  Est    élu    Membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 

C.  K.,  1910.  1"  Semeilre.  'T.  I.iO.) 


MM.  !■ 

prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 
Godard,  du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dusgate,  pour  l'année  1910. 

— -  Des  prix  Montyon  (Physiologie  expé- 
rimentale!. Philipeaux,  Lallemand, 
Martin-Damourette,  Poural,  pour 
l'année  1910 

—  Du    prix    Lonchampt    pour    l'année 

1910 ..  . 

—  Est  élu  Membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Pourat  pour  l'année  I9i3.  . 

DAUMAS  (A.)  et  STASSANO  (H.).  -- 
Du  rôle  double  du  calcium  dans  la 
coagulation  du  sang  et  de  la  lymphe. 

DEBIERXE  (A.).  —  Sur  le  poids  ato- 
mique de  l'émanation  du  radium.  . 

DEBIERXE  (A.)  et  CURIÉ  (M™»  P.). 
—  Sur  le  polonium 

DEBRÉ  (R.),  SIMON  (G.)  et  LESN* 
(E.).  —  Sur  la  présence  des  germes 
virulents  dans  l'atmosphère  des 
salles  d'hôpital 

DÉCOMBE  (L.).  —  Sur  l'élimination 
des  couples  directeurs  électriques 
et  des  effets  dus  à  la  dissymétrie,  à 
l'absence  de  réglage  et  au.x  forces 
électromotrices  de  contact  dans  les 
électromèlres  à  quadrants 

—  Sur  la  mesure  de  l'indice  de  réfraction 

des  liquides  au  moyen  du  micro- 
scope   

DEDEKIXD  (Richard)  est  élu  Asso- 
cié étranger 

DEHORNE  (Armand).  —  La  division 
longitudinale  des  chromosomes  dans 
les  spermatogonies  de  Sabellaria 
spinulosa  Leuck 

—  Le   nombre  des   chromosomes    chez 

les  Batraciens  et  chez  les  larves  par- 
thénogénétiques   de   Grenouille.... 

—  La  valeur  des  anses  pachytènes    et 

le  mécanisme  de  la  réduction  chez 
Sabellaria  spinulosa  Leuck 

DELAGE  est  élu  Membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  juger  le  Concours 
des  prix  .Savigny,  Thore  pour 
l'année   1910 

DE  LAUNAY  (L.).  —  Sur  le  poids  ato- 
mique moyen  de  Tiicorce  silicatéc 
terrestre 

DELÉPINE  (Marcel).  —  Sur  la  dis- 
solution du  platine  par  l'acide  sul- 
furique  et  sur  les  produits  de  cette 


i45 
445 

115 

i:lo 

J8<3 


iG4 
;89 

■).)0 


i84o 


TABLE    DES   AUTEURS. 


M  M . 


Pages. 
io4 


reaction 

—  Sur  l'aldéhyde  dimère  de  l'aldéhyde 

crotonifiue     et     l'acide     correspon- 
dant         394 

—  Errata  relatifs   à  cette  Communica- 

tion          894 

—  Sur  la  constitution  de  l'aldéhyde  di- 

mère, de  l'aldéhyde  crotonique.  .  .  .        535 

—  Sur    quelques    composés    organiques 

spontanément  oxydables  avec  phos- 
phorescence          876 

—  Sur  l!essenoe  de  criste-marine loGi 

—  Nouveaux    cas    d'oxydabilité    spon- 

tanée" avec  phosphorescence 1607 

DEMETRESCO  (G.)  et  BAILLAUD 
(Jules).  - —  Observations  photogra- 
phiques de  la  comète  de  Halley  à 

l'Observatoire   de   Paris I^og 

DEMOULIN  (A.).  —  Sur  la  transforma- 
tion de  Ribaucour 25 

—  Sur  les  systèmes  et  les  congruencesK.        1 56 

—  Sur  les  systèmes  et  les  congruences  K.       3io 
DENIGÈS  (G.).  —  Recherches  des  traces 

de  méthanal  en  présence  d'éthanal 

par  la  fuchsine  bisulfatée 529 

—  Reclierche  de  l'alcool  méthyliqvie  en 

général  et  spécialement  en  présence 

de  l'alcool  éthylique 832 

—  Sur  la  présence  de  résidus  tartriques 

du  vin  dans  un  vase  antique i33o 

DEMJOY  (Arnaud).  —  Sur  les  fonc- 
tions analytiques  uniformes  à  sin- 
gularités discontinues  non  isolées .  .  32 

—  Sur  la  mesure  des  ensembles 5g6 

DEPREZ  est  éhi  Membre  des  Commis- 
sions chargées  de  juger  les  Concours  : 

des     prix     Montyon,     Fourneyron 

pour  l'année  igio 367 

—  Du  Prix  extraordinaire  de  la  Marine, 

du  prix  Plumey  pour  l'année  1910.  .        367 
DESLANDRES  (H.).  —  Orage  magné- 
tique du  25  septembre  1909,  et  phé- 
nomènes solaires  connexes.   Vérifi- 
cation des  théories  proposées 65 

—  Distribvition   des    filaments   dans   la 

cofiche  supérieure  de  l'atmosphère 
solaire 1007 

—  Errata   relatifs  à  cette  Communica- 

tion.. ." 1378 

—  Influence   des    comètes    sur    l'atmo- 

sphère   terrestre  d'après  la  théorie 
cathodique.  '. 1281 

—  Est    élu    Membre    des    Commissions 

chargées  ite  juger  les  Concours  :  des 


MM.  Peines, 

prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  1910 367 

—  Du    prix    HouUevigue  pour  l'année 

1910 5o8 

DESLANDRES  (H.)  et  IDRAC  (P.).  — 

Sur  le  spectre  de  la  comète  1910  n .  .        653 

DESLANDRES  (H.),  AZAMBUJA 
(L.  d')  et  BURSON  (V.).  —  Sur  un 
filament  extraordinaire i635 

DESLANDRES  (IL),  BERNARD  (A.), 
AZAMBUJA  (L.  d).  —  Premières 
observations  de  la  comète  Drake  à 
l'Observatoire  de  Meudon 253 

DIIÉRÉ  (Ch.)  etGORGOLEVVSKI  (M.). 
—  Sur  la  préparation  et  sur  quel- 
ques propriétés  physicochimiques 
de  la  gélatine  déminéralisée 934 

—  Sur  l'obtention  par  dialyse  électrique, 

d'iin  sérum  extrêmement  appauvri 

en  électrolytes. '.  .  .        993 

DIENERT  (F.).  —  De  la  recherche  des 
substances  fluorescentes  dans  le 
contrôle  de  la  stérilisation  des 
eaux 487 

—  De  la  recherche  des  substances  fluo- 

rescentes dans  quelques  eaux  miné- 
rales         891 

DOBY  (A.).  —  Lin  horizon  fossilifère 
dans  le  Muschelkalk  de  Bourbonne- 
les-Bains  (Haute-Marne) l553 

DOMINICI  (H.),  PETIT  (G.)  et  JA- 
BOIN  (A.).  —  Sur  la  radioactivité 
persistante  de  l'organisme  résultant 
de  l'injection  intraveineuse  d'un  sel 
de  radium  insoluble  et  sur  ses  appli- 
cations          72G 

DOP   (Paul).  —  Sur  les  Strychnos  de 

l'Asie  orientale 1256 

DOUMER  (E,)  et  LEMOINE  (G.).  — 
Sur  les  doideurs  névralgiques  re- 
belles qu'on  observe  chez  les  hyper- 
tendus         565 

DOUVILLK  (Henri).  —  Sur  la  décou- 
verte du  Trias  marin  de  Mada- 
gascar          260 

DOYON.  —  Formation  dans  le  foie 
d'une  substance  anticoagulante  sous 
l'influence  d'un  alcaloïde 348 

—  Sécrétion    normale    d'une    substance 

anticoagulante  par  le  foie 792 

DRECQ  (M.)  et  GRAMONT  (A.  de).  — 
Sur  certaines  conditions  d'appari- 
tion du  spectre  de  l)andes  attribué 
au  cvanogèuc; ia35 


TABLE    DES    AUTEURS. 


18 ',1 


MM.  I' 

DRIENCOURT,  FERRIE  el  CLAUDE. 

—  Coniparaisou  de  chronomclres 
ou  de  pendules  à  disljance  par  la 
méthode  des  coïncidences  au  moyen 
de  signaux  radio  télégraphiques .... 

DRIOT.  —  Sur  les  oxychlorures  de  zinc. 

DUANE  (W.)  et  LABORDE  (A.).  — 
Sur  les  mesures  quantitatives  de 
l'émanation  du  radium 

DUCELLIEZ  (F.).  --  Élude  de  quelques 
alliages  de  cobalt  d  après  leurs 
forces  électromolrices 

DUFOUGERÉ  (W.)  et  TIIIROUX  (A.). 

—  Sur  un  nouveau  spirille  du  Cer- 
copilhecus  patas 

DUFOUR  (A.).  —  Sur  les  triplets  dissy- 
métriques. Exemple  d'une  dissy- 
métrie de  position  proportionnelle 
au  carré  du  champ  magnétique.  .  .  . 

DUGAST.  —  Sur  la  présence  du  bore 
dans  les  vins  d'Algérie 

DUIIEM  (P.)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie de  la  deuxième  édition  de  son 
Ouvrage  :  «   Thermodynamique  et 


3o6 

1426 


MM.  V:,-c>-: 

Chimie.  Leçons  élémentaires  » 589 

DUNOYER  (Louis).  —  Sur  l'émission 
de  charges  électriques  par  les  mé- 
taux alcalins >j) 

—  Sur    une    nouvelle    circonstance    de 

formation  des  rayons  cathodiques.  .        1)70 

—  .Sur    une  .méthode    de   mesure   d'un 

champ  magnétique  en  grandeur,  di- 
rection et  sens , i'579 

DUPONT  (G.).  —  Sur  les  isoméries  de 

quelqvies  Y-glycols   acétyléniques. .      1121 

—  Oxydation      des     "l'-glycols     acétylé- 

niques. Synthèse  d'acides-alcools  ï.      i  323 
DUPONT  (G.)  et  LOUGULNLNE  (W.). 
—  Chaleur  de    fixation   de   1  acide 
bromhydrique     de     quelques     com- 
posés   éthyléniques 1 3 16 

DUPUIS  (Pierre). — Action  du  trichlo-     " 

rure  de  phosphore  sur  le  gaiacol ._.  .  .  G22 
DUSSAUD.  —  Sources  lumineuses  à 
surfaces  réduites  employées  nor- 
malement ou  obliquement.  Sources 
lumineuses  en  mouvement.  Applica- 
tions pratiques  '.)04 


EGINITIS  (D.).  —  Observations  do  la 
comète  de  Halley,  faites  à  l'Obser- 
vatoire  d'Athènes 

—  Observations  de  la  comète  de  Halley. 
ESCLANGON    (E.).   —   Sur   l'intensité 

do  la  pesanteur  et  ses  anomalies  à 
Bordeaux  et  dans  la  région 

—  Observation  de  la  comète  Drako.  .  .  . 

—  Sur  les  transformations  de  la  comète 

1910  fl,  dite  comète  Innés 

—  Sur  les  transformations  de  la  comète 


I  107 
1578 


139 
199 

369 


de  Halley 

—  Observations  de  la  comète  de  Halley .. 

ESTANAVE  (E.).  —  Images  chan- 
geantes à  deux  et  trois  aspects  sur 
plaque  autostéréoscopique 

—  Obtention  simultanée  du  relief  sté- 

réoscopique  et  de  l'aspect  changeant 
dans  l'image  photographique 

ETARD  (A.)  et  VILLA  (A.).  — -  L'ana- 
lyse des  matières  protoplasmiques .  . 

ETÉVÉ  (A.).  — Surl'autorotation...  .  . 


1093 

1-2  2  2 


683 


1709 

:>2/( 


FABRY  (Ch.).  —  L'éclat  intrinsèque  du 

ciel  étoile 27-2 

FABRY  (Cn.)  et  BUISSON  (H.).  — 
Sur  quelques  propriétés  électriques 
et  spectroscopiques  de  lare  entre 
métaux 167/1 

FAURÉ-FRÉMIET  (E.).  —  Etude  phy- 
sicochimique sur  la  structure  de 
noyaux  du  type  granuleux i355 

FAVRE  (M.)  et  REGAUD  (Cl.).  —  Sur 
certains   filaments  ayant  probable- 


ment la  signification  de  mitochon- 
dries,  dans  la  couche  génératrice  de 
lépiderme 56o 

FEIGES  (A.),  URBAIN  (Ed.)  et  SCAL 
(Cl.).  —  Sur  la  stérilisation  de  l'eau 
par  l'ultraviolet 548 

FEJER  (Léopot.d).  —  Sur  une  paire  de 

séries  de  Fourier  conjuguées 5i8 

—  Sur  les  sommes  partielles  de  la  série 

de  Fourier 1 299 

FEKETE  (Michel).  —  .Sur  les  séries  de 


li^fri 


TABLlî    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

Diiichlet lo33 

^FERRIE,  CLAUDE  et  DRIENCOURT. 

—  Comparaison  de  chronomètres  ou 
de  pendules  à  distance  par  la  mé- 
lliodc  des  coïncidences  au  moyen  de 
signaux   radiotélégraphiques 3o6 

Fl'^RY  (Ch.).  —  Prismes  à  faces  courbes 

applicables  à  la  spectroscopie 216 

—  JBobine    symétrique    pour    c;alvano- 

mètre  à  cadre  mobile 524 

- —  Sur  un  nouveau  réflectomètre 691 

FEYTAUD  (J.)  et  BOUTAN  (L.).  —  La 
photograpbie  stéréoscopique  en  cou- 
leuret  ses  applications  scicntiliques.      1424 

FEYTAUD  (J.)  et  CAPÛS  (J.).—  Sur 
une  méthode  de  traitement  contre 
la  Cochylis Ktl' Eudemis l35i 

FILLIOZAT  (Marius).  —  La  craie  de 

Blois 1274 

FOMIN   (W.)   et  TCHOUGAEFF   (L.). 

—  Sur  certains  dérivés  de  la  choles- 
térine i435 

FONTANEAU  (E.)  adresse  un  Mémoire 
«  Sur  l'intégration  générale  des 
équations  de   l'Hydrodynamique  ».        427 

FONVIELLE  (Wilfrid  de).  —  Sur  la 
théorie  de  Fontenelle  relative  à  la 
constitution  dos  comètes 849 

FORCRAND  (de).  —  Chaleur  de  forma- 
tion du  peroxyde  de  caesium 1 399 

FORTINEAU  (L.).  —  Sur  le  traitement 
curatit  du  charbon  par  la  pyocya- 
nase i454 

FOSSE  (R.).  —  Transformation  de 
quelques  alcools  aromatiques  en 
acides  phosphineux  par  l'acide 
hypophosphoreux 178 

FOUGERAT.  —  Sur  les  homologues  du 
muscle  du  membre  postérieur  des 
Reptiles i54i 

FOUQUET  (G.).  —  Cristallisation  spon- 
tanée du  sucre 280 


MM.  l'ages. 

FOURNEAU  (E.).  —  Alcaloïde  du  Pscu- 
docincltona  a/ricana.  Saponification 
par  les  alcalis 976 

FOURNIER.  —  Sur  les  Nodules  {Sep- 
laria)  à  Ammonites  triasiques  de 
Madagascar  et  sur  le  développement 
des  .1  mmonea 1 56o 

FOURNIER  (J.-B.).  —  Sur  la  façon 
d'évaluer  la  température  de  la  va- 
peur   surchauffée 521 

FOURNIER  (L.)  et  BESSON  (A.).  — 
Sur  un  nouveau  chlorure  de  phos- 
phore         102 

—  Réduction  des  chlorures  de  bore  et 

d'arsenic  par  l'hydrogène  sous  l'in- 
fluence de  l'effluve  électrique 872 

—  Action  de  l'effluve  sur  le  chloroforme 

et  le  tétrachlorure  de  carbone  en 
présence  de  l'hydrogène,  ainsi  que 
sur  le  chlorure  de  méthyle 1118 

—  Action    de    l'effluve    sur    l'aldéhyde 

éthylique  en  présence  de  l'hydro- 
gène        1238 

FRAYSSEIX-BONNIN  (de)  prie  l'Aca- 
démie de  le  comprendre  au  nombre 
des  candidats  à  la  place  vacante, 
dans  la  section  de  Géographie  et 
Navigation,  par  le  décès  de  M.  Bou- 
quet (le  la  Grye 369 

FRÉCHET  (Maurice).  —  Sur  les  fonc- 
tionnelles continues ii'il 

FREUNDLER  (P.).  —  Sur  les  éthers 
chloranthraniliques  et  sur  leur  con- 
densation avec  le  nitrobenzènc.  ...      Il 79 

FREYCINET  (de)  est  élu  Membre  delà 
Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Montyon  (  Sta- 
tistique)         445 

FREZOULS  (Jules)  et  GODCHOT 
(Marcel).  —  Sur  l'acide  hexahy- 
drophénylglycolique 1248 


G 


GABET  (G.).  —  Sur  les  résultats  obtenus 
dans  la  torpille  radioautomatiquc 
par  un  nouveau  télécommutateur 
et  radiocorpibinaleur SsS 

GAILLARD  (Gaston).  —  Observation 
d'une  dissymétrie  dans  la  vitesse  de 

^      dissolution    des    cristaux    de    sucre 

suivant  leurs  différentes  faces 217 


GAIN  (Edmond)  et  BROCQ-ROUSSEU. 

—  Sur  les  excrétions  des  racines.  .  .  .      1610 

GALBRUN.  —  Sur  la  représentation  des 
solutions  d'une  équation  aux  dif- 
férences finies  linéaires  pour  les 
grandes  valeurs  de  la  variable 206 

GALITZINE  (B.).  —  Sur  la  détermina- 
tion   de    l'êpicentre    d'un    tremble- 


TABLE  DES  AUTEURS. 


1843 


MM.  P.igi-. 

ment  de  terre,  d  après  les  données 
d'une  seule  station  sismique 642 

—  Sur  la  détermination  de  l'épicentre 

d'un  tremblement  de  terre,  d'après 
les  données  d'une  seule  station  sis- 
mique         816 

»—  Sur  l'ébranlement  des  édifices 901 

- —  Sur  la  précision  des  appareils  qui  ser- 
vent à  étudier  l'ébranlement  des 
édifices io4i 

—  Sur  un  nouveau  type  de  sismographe 

pour  la  composante  verticale 1727 

GALLISSOT  (Cit.).  —  Sur  le  phénomène 

de  Purkinje 594 

GANDILLOT    (Maurice)    adresse    un 

«  Mémoire  sur  l'audition  » 645 

—  Adresse  un  complément  à  son  «  Mé- 

moire sur  l'audition  » 734 

—  Adresse  une  «  Contribution  à  l'étude 

des  tuyaux  sonores  étroits  » r2o5 

GARRIGOU  (F.).  —  Méthode  prompte 
et  sûre  pour  reconnaître  dans  une 
eau  minérale  la  présence  en  bloc  de 
métalloïdes  et  de  métaux 1002  | 

—  Sur  la  présence  d'éléments  métallo'i-  1 

diqucs  et  métalliques  dans  les  eaux 
potables.  Conséquences  pratiques.  .  i374 
GAU  (P.-E.).  —  Sur  l'intégration,  par 
la  méthode  de  M.  Darboux,  des 
équations  aux  dérivées  partielles 
du  second  ordre  de  la  forme 
s=a(x,i/,z)  p+  b {x, y,z)q+c {x, y, 2).      1099 

—  Sur  la  recherche  des  intégrales  inter- 

médiaires de  l'équation 

s  =  l(.v,  1/,  z,  p,q) I4l0 

GAUDECHON  (H.).  —  Sur  les  dérivés 

bromes  du  dimercurammonium.  .  .        4^7 

GAUDECHON  (Henri)  et  BERTHE- 
LOT  (Daniel).  —  Elïets  chimiques 
des  rayons  ultraviolets  sur  les  corps 
gazeux.  Actions  de  polymérisation.      11 69 

—  Effets  chimiques  des  rayons  violets 

sur  les  corps  gazeux.  Actions  oxy- 
dantes. Combustion  du  cyanogène 
et  de  l'ammoniaque:  synthèse  de 
l'acide  formique 1327 

—  Effets    oxydants    des    rayons    ultra- 

violets sur  les  corps  gazeux.  Peroxy- 
dation  des  composés  oxygénés  de 
l'azote  et  du  soufre 1617 

—  Synthèse     photochimique     des     hy- 

drates de  carbone  aux  dépens  des 
éléments  de  l'anhydride  carbonique 


MM. 


et  de  la  vapeur  d'eau,  en  l'absence 
de  chlorophylle;  synthèse  photo- 
chimique des  composés  quaternaires.  1 690 
GAULT  (H.).  —  Condensation  de  l'éther 
oxalique  avec  l'éther  tricarbal- 
lylique l34l 

—  Remarque  sur  l'acidité   des  dérivés 

de  l'éther  oxalacétique 1608 

GAULT  (H.)  et  THIRODE  (G.).  — 
Condensation  des  aminés  secon- 
daires   avec    l'éther    -/-bromodimé- 

thylacétylacé tique 1 1 23 

GAUTIER  (Armand).  — ■  Caractères 
différentiels  des  eaux  de  sources 
d'origine  superficielle  ou  météo- 
rique, et  des  eaux  d'origine  cen- 
trale ou  ignée 436 

—  Quelques  remarques,  au  point  de  vue 

géologique  et  chimique,  relatives  à 
l'action  que  la  chaleur  exerce  sur 
l'oxyde  de  carbone i383 

—  Action  de  l'hydrogène  sur  l'oxyde  de 

carbone;  formation  d'eau  et  de  mé- 
thane. Action  de  l'eau,  au  rouge,  sur 
ce  même  oxyde.  Applications  aux 
phénomènes  volcaniques 1 564 

—  Action  de  la  chaleur  rouge  sur  la  for- 

maldéhyde 1725 

—  Est  élu  membre  d'une  Commission 

qui  devra  proposer  des  listes  de  can- 
didats à  deux  places  d'Associés 
étrangers 444 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de 
M.  Agassiz i49l 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Académie 

qu'en  raison  des  fêtes  de  la  Pente- 
côte, la  séance  du  lundi  l6  mai  est 
renvoyée  au  mardi  17 II 55 

—  M.  le  Président  annonce  la  mort  de 

M.     Stanislas    Cannizzaro,    Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Chimie.      1207 
— •  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 
démie   au    service    funèbre    célébré 
à    la    Mémoire    de    S.    M.    le    Roi 

Edouard  VII 1221 

Est  élu  Membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  : 
des  prix  Jecker,  Cahours,  Montyon 
(Arts  insalubres),  Alhumbert  pour 

l'année  19 10 367 

Des  Médailles  Arago,  Lavoisier,  Ber- 


IcS'i'l  TABLE    DES    AUTEURS. 

MM.  l'aies. 

thclot  pour  1  année  1910 415 

—  Des    prix    Gegner,    Lannelongue    et 

Trémont  pourl'année  1910 145 

—  Du  prix  Sainlourpourl'année  1910.  .        5o7 

GAY  (L.)  et  BAUD  (E.).  —  Tempéra- 
tures de  cristallisalion  des  mélanges 
binaires 1687 

GENTIL  (Louis).  —  Les  mouvements 
orogéniques  dans  le  Haut-Atlas  ma- 
rocain       1275 

—  Les   mouvements   tertiaires   dans  le 

Haut-Atlas   marocain i465 

GERBER  (G.).  —  La  caséification  du 
lait  cru  par  les  présures  du  lait 
bouilli 1202 

■ —  Comparaison  entre  le  mode  d'action 
de  certains  sels  retardateurs  et  des 
protéines  du  lait  coagulable  par  la 
chaleur  sur  la  caséification  par  les 
présures  du  lait  bouilli l357 

GERNEZ  (D.).  —  Sur  un  moyen  de  res- 
tituer aux  sulfures  alcalino-terreux 
leurs  propriétés  phosphorescentes.  .        295 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Hébert,  Hughes,  Kastner- 
Boursault,      Victor      Raulin     pour 

l'année  1910 867 

GESSARD   (C.).  —  Sur  le   fibrine-fer- 

meut 1617 

—  Sur  la  fibrine  du  sang 1771 

GEZE  (J.-B.).  — •  Sur  l'exploitation  agri- 
cole, dans  les  Bouehes-du-Rhône, 
d'une  espèce  de  Typha  spontanée, 
non  signalée  en  France  { T.  angus- 
tata  ) 408 

GIACOBINL  —  Observations  de  la  co- 
mète 1910  (I,  faites  à  l'Observatoire 
de  Paris  (équatorial  de  la  Tour  de 
l'Est,  o"',38  d'ouverture) 263 

—  Sur  la  comète  de  Halley g55 

—  Sur  la  comète  de  Halley 1496 

GIACOBINL    BAILLAUD    (Jules)    et 

CHATELU  (J.).  —  Observation 
d'une  petite  planète  à  l'Observatoire 
de  Paris 672 

GIAJA  (Jean).  —  Sur  l'isolement  d'un 
sucre  biose  dérivant  de  l'amygda- 
line , 793 

GIGNOUX  (Maurice).  — Sur  la  classifi- 
cation du  Pliocène  et  du  Quater- 
naire dans  l'Italie  du  Sud 841 

GIRARD  (Pierke).  —  Mécanisme  élec- 
trostatique   de    l'hémiperraéafcilité 


MM.  l'ages. 

des  tissus  vivants  aux  électrolytes.  .      i446 

GLANGEAUD  (Ph.).  —  Architecture 
de  la  partie  centrale  des  monts  du 
Forez 804 

—  Les  formations  archéennes,  l'an- 
cienne couverture  et  les  plissements 
des  monts  du  Forez 942 

GODCHOT  (Marcel)  et  FREZOULS 
(Jules).  —  Sur  l'acide  hexahydro- 
phényls'ly  colique 1248 

GORCE  (l\  DE  la)  et  LAPORTE  (F.). 

—  Recherches  elîectuées  au  Labo- 
ratoire central  d'Électricité  sur 
l'équivalent  électrochimique  de  l'ar- 
gent          278 

GORGOLEWSKI  (M.)  et  DIIÉRÉ  (Cn.). 

—  Sur  la  préparation  et  sur  quelques 
propriétés  physicochimiques  de  la 
gélatine  déminéralisée 984 

—  Sur  l'obtention,  par  dialyse  élec- 
trique, d  un  sérum  extrêmement 
appauvri  en  électrolytes 998 

GOUY.  —  Sur  l'action  mutuelle  de  deux 
cathodes  dans  le  champ  magné- 
tique        i652 

GRAMONT  (A.  de).  —  Sur  la  réparti- 
tion des  raies  ultimes  dans  le  spectre 
des  diverses  régions  du  Soleil 37 

—  Ërrala  relatifs  à  cette  Communica- 
tion         4  3o 

—  Sur  la  répartition  des  raies  ultimes 
dans  les  spectres  stellaires l54 

GRAMONT  (A.  de)  et  DRECQ  (M.).  — 
Sur  certaines  conditions  d'appari- 
tion du  spectre  de  bandes  attribué 
au  cyanogène 1235 

GRANDIDIER  (Alfred).  —  La  Carte 

internationale  de  la  Terre  à  iTûTô  .rô-        '9^ 

—  Erialu  relatifs  à  cette  Communica- 
tion         43o 

—  Est  élu  mcmlue  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  : 
du  Prix  extraordinaire  de  la  Marine, 
du  prix  Plumey  pour  l  année  1910.  .        367 

—  Des  prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 
Delalande-Guérineau,  pour  l'année 
1910 367 

—  Des  prix  Savigny,  Thore  pour  l'année 
1910 445 

—  Du  prix  Binoux  (  Histoire  des  Sciences) 
pour  l'année  1910 445 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Gay  pour  l'année  I9l3 367 


lABLE    DES 

MM.  r'Hgcs. 

GRANDJEAN  (F,).  —  Remarques  sur 
le  siphon  des  Ammonites  et  des  Bé- 
lemnites 1 1 5o 

GREiV'ET   (L.j.  —  Sur  la  cémentation 

des  aciers  au  silicium 9-*' 

GRIFFON  (Ed.).  —  Sur  la  variation 
dans  le  greffage  et  l'hybridation 
asexuelle 629 

GRIGNARD  (V.)  et  ZORN  (L.|.  — 
Action  du  chlorure  de  thionyle 
sur  les  combinaisons  organomagné- 
siennes  mixtes 1 1 77 

GRYNFELTT  (E.).  —  Sur  le  muscle 
tenseur  de  la  choroïde  des  Téléos- 
téens 4  20 

GUERBET  (Marcel).  —  Condensation 
de  l'alcool  butylique  secondaire 
avec  son  dérivé  sodé l83 

—  Sur  la   constitution   des   alcools   ré- 

sultant de  la  condensation  des  al- 
cools secondaires  avec  leurs  dérivés 

sodés 979 

GUICHARD  (C).  —  Sur  les  surfaces  à 
courbure  totale  constante  qui  cor- 
respondent à  des  systèmes  singu- 
liers d'ordre  quelconque 76 

—  Sur  un  mode  de  génération  des  sys- 

tèmes triple-orthogonaux  à  lignes 
de  courbure  sphériques  dans  un  seul 

système 1090 

GUIGNARD  esl  élu  Membre  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les 
Concours  :  des  prix  Desmazières,- 
Montagne,  De  Coincy,  De  la  Fons- 
Melicocq,  Bordin  (Sciences  physi- 
ques) pour  l'année  1910 368 

—  Du    prix    Lonchampt    pour    l'année 

1910 445 

—  Du  prix  Saintourpour  l'année  1910.  .        5o7 
. —   Est  élu  Membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  Grand  Prix  des  Sciences  phy- 
siques pour  l'année  191 3 5o8 

GUILLAUME  (J.).  —  Observations  du 
Soleil  faites  pendant  le  troisième 
trimestre  de  1909 692 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'Ob- 

servatoire de  Lyon  pendant  le  qua- 
trième trimestre  de  1909 765 


AUTEURS.  1845 

MM.  Pages. 

GUILLAUME  (J.)  et  LUIZEÏ.  —  Ob- 
servations de  la  comète  Innés 
(1910  a),  faites  à  l'Observatoire  de 
Lyon 3oi 

—  Sur  les  apparences  de  la  comète  de 

Halley 1 492 

GUILLEMINOT.  —  Sur  le  radio- 
chroisme  des  corps  organiques  vis- 
à-vis  des  rayons  »,  [3,  "f  du  radium 
et  des  rayons  X 332 

—  Posologie   en    radiographie   médicale 

avec  ou  sans  écran  renforçateur.  .  .      lôaS 

GUILLIERMOND.  —  Nouvelles  obser- 
vations sur  la  cytologie  des  levures.        835 

GUINARD  (L.)  et' VALLÉE  (11.).  — 
Des  propriétés  physiologiques  des 
extraits  du  bacille  de  Koch  conden- 
sés et  sensibilisés 1 1 4o 

GUYE  (C.-E.)  et  RATNOVSKI  (S.).  — 
Sur  la  variation  de  l'inertie  de  l'élec- 
tron en  fonction  de  la  vitesse  dans 
les  rayons  cathodiques  et  sur  le 
principe  de  relativité 320 

GUYE  (C.-E.)  et  SCIIAPPER  (II.).  — 
Sur  le  frottement  intérieur  des 
métaux  aux  basses   températures .        962 

GUYE  (C.-E.)  et  TSCHERNIAVSKI 
(A.).  —  Mesure  de  très  hauts  poten- 
tiels au  moyen  d'électromètres  sous 
pression 911 

GUYON  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  juger  les  Con- 
cours des  prix  Montyon,  Barbier, 
Bréant,  Godard,  du  baron  Larrey, 
Bellion,  Mège,  Dusgate  pour  l'an- 
née 1910 445 

GUYOLÎ  est  élu  membre  des  Commis- 
sions chargées  de  juger  les  Con- 
cours :  du  Prix  extraordinaire  do 
la  Marine,  du  prix  Plumcy  pour 
l'année    1910 367 

—  Des  prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 

Delalande-Guérineau    pour  l'année 

1910 367 

—  Du  prix  Binoux  (Histoire  des  Sciences) 

pour  l'année  1910 445 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Gay  pour  l'année  igiS 367 


H 


IIAAG.  —  Errata  relatifs  à  une  Commu- 
nication du  24  août  1908  intitulée 


«   Sur  la  viration   de   deux  surfaces 
réglées  » 


252 


i84G 


TABLE   DES   AUTEURS. 


MM.  P.ises. 

—  Sur  quelques   nouvelles   familles   de 

Lamé 767 

—  Errala  relatifs  à  cette  Communica- 

tion       1006 

—  Sur   la   représentation  sphérique    de 

certaines  familles  de  Lamé 852 

—  Sur  certains  systèmes  triple-orthogo- 

naux       1096 

HACHET-SOUPLET  (P.).  —  L'asso- 
ciation des  sensations  chez  les  ani- 
maux (la  loi  de  récurrence) 238 

—  De     l'emploi    du     dressage    comme 

moyen  de  recherche  psychologique.       735 
HADAMARD.  —  Sur  les  ondes  liquides.       609 

—  Sur  les  ondes  liquides 772 

—  Quelques    propriétés     des    fonctions 

de  Green 1664 

HALLER  (A.)  est  élu  membre  de  la 
Commission  chargée  de  juger  les 
Concours  des  prix  Jecker,  Cahours, 
Montyon  (Arts  insahibres),  Alhum- 

bert  pour  l'année  19 10 36; 

HALLER  (A.)  elBAUER  (Edouard).— 
Aleoylation  des  cétones  aliphatiques 
par  l'intermédiaire  de  l'amidure  de 
sodium 582 

—  Aleoylation  des  célones  aliphatiques 

par  l'intermédiaire  de  l'amidure  de 
sodium.  Dédoublement  des  hexa- 
alcoylacctones. .  .  .  » O61 

—  Préparation    et    propriétés    des    2- 

hydrindones-i-dialcoylées  ou  inda- 
nones-l-dialcoylées-2.2 I  172 

HALLER  (A.)  et  BROCHET  (A.).  — 
Oxydation  du  ricinoléate  de  mé- 
thyle  par  l'ozone 49^ 

HALLER  (A.)  et  COMTESSE  (A.).  — 
Action  des  bromures  d'ortho-  et  de 
para-anisylmagnésium  sur  l'an— 
thraquinone  et  la  [i-méthylanthra- 
quinone 1 290 

HALLER  (A.)  et  LASSIEUR  (A.).  — 
Etude  des  échappées  du  beurre  de 
coco.  Composition  de  l'essence  de 
coco loi  3 

HALLEZ  (Paul).—  Enkystement  de 
protection  d'une  Némerte  d'eau 
douce  [Prostoma  lumbricoideum 
Diigès) 181 

—  Pontes  d'été  et  pontes  d'hiver  d'une 
Némerte  d'eau  douce  {Prostoma 
lumbricoideum  Dugès ) 556 

HALLOPEAU.  —  Considérations  géné- 
rales sur  l'évolution  du  tréponème 


MM.  I' 

pâle  dans  l'organisme  humain 

HAMY  (Maurice).  —  L'organisation 
de  la  spectroscopie  stellaire  à  l'Ob- 
servatoire de  Paris 

—  Est  élu  membre  de  la   Commission 

chargée  de  juger  les  Concours  des 
prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz, 
Janssen  pour  l'année  igio 

HANUSSE  est  présenté  en  seconde  ligne 
à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  pour  une  place  de  Membre 
titulaire,  vacante  dans  la  Section 
d'Astronomie  du  Bureau  des  Lon- 
gitudes  

HATOiN  DE  LA  GOUPILLIÈRE  fait 
hommage  à  l'Académie  d'un  exem- 
plaire de  son  travail  intitulé  «  Som- 
mation de  suites  terminées  » 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Montyon,  Foumeyron  pour 
l'année  1910 

—  Du  prix  Montyon  (Statistique)   pour 

l'année  1910 

HATT  est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
Prix  extraordinaire  de  la  Marine, 
du  prix  Plumey  pour  l'année  1910. 

—  Des  prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 

Delalande-Guérineau  pour  l'année 
1910 

—  Est  élu  membre   de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
du  prix  Gay  pour  l'année  191 3 

HAUDIE  (E.).  —  Loi  générale  du  ren- 
dement relative  à  un  générateur  ou 
à  im  récepteur  avec  branche  dérivée. 
Cas  des  dynamos 

HAUTIER  (Camille).  —  De  la  com- 
pression d'air  adiabatique  appliquée 
à  un  véhicule  niù  par  un  moteur 
à  explosion  pour  remplacer  les 
transmissions  mécaniques 

IIECKEL  (Edouard)  fait  hommage 
à  l'Académie  du  Tome  VU  des 
'  .\nnales  du  Musée  colonial  de  Mar- 
seille » 

IIEGYI.  —  Ouehiues  observations  sur 
le  pied  noir  de  la  Pomme  de  terre. 

HELBRONXER  (André),  RECKLING- 
IIAUSElN  (Max  de)  et  HENRI 
(Victor).  —  Stérilisation  de  grandes 
quantités  d'eau  par  les  rayons 
ultraviolets 


âges. 

i354 


367 

I025 

1573 

367 
il  5 

367 
367 

367 

908 


■>\1 


9J2 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

HELBRONNER  (Paul).  —  Sur  les 
jonctions  de  la  chaîne  méridienne 
de  Savoie  avec  la  triangulation  fon- 
damentale italienne  et  suisse 208 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion         362 

HEMSALECH  (G.-A.).  —  Sur  la  durée 
de  l'émission  de  raies  spectrales  par 
les  vapeurs  lumineuses  dans  l'étin- 
celle électrique 1743 

HEMSALECH  (G.-A.)  et  WATTE- 
"V'ILLE  (C.  de).  —  Sur  le  spectre 
de    flamme    à    haute    température 

du  fer 329 

HE  NN  ECU  Y  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
Concours  des  prix  :  Savigny.  Thore 
pour  l'année  1910 445 

—  Des  prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 

Godard,  du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dusgate  pour  l'année  1910.  .  .        445 

—  Des  prix  Montyon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux,'  Lallemand, 
Martin-Damourette,  Pourat  pour 
l'année  1910 445 

—  Est   élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question  : 

de  prix  Pourat  pour  l'année  1910.        445 

—  De   Grand    Prix    des   Sciences   phy- 

siques pour  l'année  191 3 5o8 

HENRI  (Victor)  et  CERNOVODEA- 
NU  (Ml'c  P.).  —  Étude  de  l'action 
des  rayons  ultraviolets  sur  les 
microbes 52 

—  Comparaison    des    actions   photoehi- 

miques  et  abiotiques  des  rayons 
ultraviolets 549 

—  Action    des    rayons    ultraviolets    sur 

les  microorganismes  et  sur  diffé- 
rentes cellules.  Etude  microchi- 
mique 729 

HENRI  (  Victor  ),  HELBRONNER 
(An'drk)  et  RECKLINGHAUSEN 
(Max  dk).  —  Stérilisation  d(> 
grandes  quantités  d'eau  par  les 
rayons  ultraviolets 932 

IIENRIOT  (E.).  —  Sur  les  rayons  du 

potassium i75o 

IIÉRIBAUD-JOSEPH.  —  Recherches 
sur  les  Diatomées  des  travertins 
déposés  par  les  eaux  minérales  de 
Sainte-Marguerite    (Puy-dc-Dùme).         Gi 


1847 
Pages. 

i333 

1233 

411 


C.  H.,  191 


Semestre.  (ï.  I.'.O.) 


M, M. 

HÉRISSEY  (H.)  et  COUSIN  (H.).  — 
Sur  le  déhydrodicarvacrol 

HERRGOTT.  —  Le  thermophile  élec- 
trique :  tissus,  tapis,  tricots  chauf- 
fant par  l'électricité 

HESSE  (Ed.)  et  LÉGER  (L.).  —  Cnido- 
sporidies  des  larves  d'Éphémères.  . 

HINKS  (Arthur-R.).  —  La  parallaxe 
solaire  déduite  des  observations 
micrométriques  d'Éros  faites  en 
1900-1901 953 

HITTORF  est  élu  Associé  étranger 668 

HOLDERER  (Maurice).  —  Influence 
de  la  réaction  du  milieu  sur  la  fd- 
tration  de  quelques  diastases  du 
malt 285 

— •  De  la  fdtration  des  diastases 790 

HOLDERER  (M.)  et  BERTRAND 
(Gabriel).  —  Nouvelles  obser- 
vations sur  l'individualité  de  la 
cellase 23o 

HORAND  (R.)  et  HORDIER  (H.).  — 
Action  des  rayons  ultraviolets  sur 
les  trypanosomes 634 

—  Action    des    rayons    ultraviolets  sur 

les  trypanosomes 886 

HOUARD  adresse  un  Rapport  sur  ses 
travaux  exécutés  à  l'aide  de  la  sub- 
vention accordée  sur  le  fonds  Bona- 
parte        i655 

HOULLEVIGUE.  —  Sur  la  dimension 
des  éléments  matériels  projetés  par 
les  cathodes  des  tubes  à  vide 1287 

—  Errata    relatifs    à    cette    Communi- 

cation       1470 

—  Sur  la  formation  des  dépôts  catho- 

diques        i683 

IIUGGINS  (Sir  William).  —  Sa  mort 

est  annoncée  à  l'Académie 1^79 

HUMBERT  (G.).  —Sur  les  minima  des 
classes  de  formes  quadratiques  bi- 
naires et  positives 43l 

—  Est  élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  du 
Grand  Prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques, du  prix  Fraiicœur,  du  pri.x 
Poncelet  pour  l'année  1910 366 

—  Du  prix  Caméré  pour  l'année  1910. .  .        5o7 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question  : 

de  prix  Bordin  pour  l'année  191 3.  .  .        36G 

—  De  prix  Vaillant  pour  l'année  1913..        J08 


i848 


TABLE  DES  AUTEURS. 


I 


MM.  1 

IDRAC    (P.)    et    BERNARD    (A.).    — 

Deuxième  série  de  recherches  sur  la 

coini'lc  de  Halley  et  son  spectre  à 


MM.  Pages. 

l'Observatoire  de  Meudon 1161 

IDRAC  (P.)  et  DESLANDRES  (H.l.  — 

Sur  le  spectre  de  la  comète  1910  a  .  .        653 


J 


JABOIN  (A.),  DOMINICI  (H.)  et  PETIT 
(G.).  —  Sur  la  radioactivité  persis- 
tante de  l'organisme  résultant  de 
l'injecliou  intraveineuse  d'un  sel  de 
radium  insoluble  et  sur  ses  appli- 
cations          726 

JAMMES  (L.)  et  MARTIN  (A.).  —  Sur 
l'adaptation  des  Nématodes  para- 
sites à  la  température  des  hôtes ....        l^l'è 

JANISZEWSKI  (Sigismond).  —  Con- 
tribution à  la  géométrie  des  courbes 
planes  générales 606 

JAUBERT  (George-F.).  —  Ouverture 
d'un  pli  cacheté  renfermant  une 
Note  intitulée  :  «  Procédé  de  régé- 
nération de  l'air  vicié  » l574 

JAVELLE,  CHARLOIS  et  SCIIAU- 
MASSE.  —  Sur  la  comète  1910  a. 
Observations  faites  à  Nice 3o3 

JAVILLIER  (M.).  —  Sur  la  migration 
des  alcaloïdes  dans  les  greffes  de  So- 
Janées  sur  Solanées l36o 

JÉGOU  (Paul).  —  Détecteur  électro- 
lytique  très  sensible  fonctionnant 
sans  force  électromotrice  auxiliaire.      1807 

JOBIN  (A.)  est  présenté  en  seconde 
ligne  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  pour  une  place  do  Membre 
artiste  du  Bureau  des  Longitudes, 
vac^ante  par  le  décès  de  M.  Gautier.      1024 

JOLEAl'D   (L.).  —  Sur  l'évolution  de 


l'hydrographie  quaternaire  dans  la 
région  de  Constantine  (Algérie) 1081 

JOLIBOIS  (Piekre).  —  Sur  deux  nou- 
veaux phosphures  de  nickel loô 

JORDAN  est  élu  Membre  d'une  Com- 
mission qui  devra  proposer  des  listes 
de  candidats  à  deux  places  d'Asso- 
ciés étrangers 444 

—  Est  élu  membre  de  la   Commission 

chargée  de  juger  les  Concours  du 
Grand  Prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques; des  prix  Francœur,  Poncelet 
pour  Tannée  1910 366 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question  : 

de  prixBordin  pour  l'année  1913. . .        366 

—  De  prix  Vaillant  pour  l'année  191 3.        5o8 
JOUBIN  (L.).  —  Sur  une  jeune  spirule..        4i4 
JOUGUET  (E.).  —  Impossibilité  de  cer- 
taines ondes  de  choc  et  combustion.         91 

JOURDAIN  (P.-Roger).  —  Sur  l'alu- 
mine provenant  de  1  oxydation  à 
l'air  de  l'amalgame  d'aluminium.  .  .        391 

JOXE  (Auguste).  —  Sur  les  modes  d  ou- 
verture des  akènes  et  des  noyaux 
au  moment  de  leur  germination.  .  .  .        626 

JUNGFLEISCIl.  —  Est  élu  membre  de 
de  la  Commission  chargée  de  juger  les 
Concours  des  Prix  Jecker,  Cahours, 
Montyon  (Arts  insalubres).  Alhum- 
bert  pour  l'année  1910 367 


KAMERLINGH  ONNES  (H.),  BEC- 
QUEREL (Henri)  et  BECQUEREL 
(Jean).  —  Phosphorescence  des  sels 
d'uranyle  aux  très  basses  tempé- 
ratures  

KAMERLl.NGIl  ONNES  et  WEISS 
(Piehue).  —  L'intensité  d'aimanta- 
tion à  saturation   aux    très   basses 


températures 086 

—  Sur   les    propriétés    magnétiques    du 

manganèse,    du    vanadium    et    du 

chrome 687 

KERFORNE  (F.).  —  Note  sur  un  lilon 
aurifère  situé  à  Beslé  (Loire-Infé- 
férieurc)    224 

—  Sur    les   mouvements   préhercyniens 


TABLE    DES 

MM.  l'ages, 

du  Massif  breton 484 

KÉRILLIS   (de).  —  L'auTore    boréale. 

Lois   et  théories  héliodjTiamiques..      1296 

KILIAN  (\V.)  fait  hommage  de  divers 
travaux  relatifs  à  la  géologie  et  à  la 
paléontologie  du  sud-ouest  de  la 
Franc^  et  des  îles  Sevmour  et  Snow- 
Hill ." 80 

—  Ln  nouvel  exemple  de  phénomènes 
de  convergence  chez  les  Ammoni- 
tidés;  sur  les  origines  du  groupe  de 
l'Ammanites  bicurfatus  Mich.  (sous- 
genre  Saynella  Kil.  ) l5o 

KLIA'G  (André). —  Nouvelle  méthode 

de  dosage  de  l'acide  tartriquc  droit.        616 

KOCH  (Robert).  —  Sa  mort  est  annon- 
cée à  l'Académie i379 

KŒNIGS  (G.).  —  Sur  les  courbes  conju- 
guées   dans    le   déplacement   relatif 


AUTEURS.  1849 

MM.  Pages. 

le  plus  général  de  deux  corps 22 

Voir  Dcirbou-r. 
KOH.VABREST  (E.).  —  Action  de  la 

chaleur  sur  l'aluminium  dans  le  vide.        169 

—  Sur  les  azotures  et  les  oxydes  extraits 

de   1  aluminium  chaulfé  à  1  air  ....        918 

—  Sur  les  azotures  et  les  oxydes  extraits 

de  l'aluminium  chauJIé  à  l'air 1757 

KRYLOFF  (NicoL.Ys).  —  Sur  les  déve- 
loppements   procédant    suivant  les 

polynômes  hypergéométriques 3l6 

KTENAS  (CoNST.-A.)  et  NÉGRIS  (Ph.) 
—  Sur  la  présence  des  couches  à 
Ellipsaclinia  aux  monts  Vardussa 
et  sur   la  zone   orientale  du   flysch 

d'Etolie  en  Grèce 748 

KL'HN  (JuLius).  —  Sa  mort  est  annon- 
cée'à  l'Académie gSS 


LABBÉ  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  juger  le  Concours  : 
des  prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 
Godard,  du  baron  Larrey,  BeUion, 
Mège,  Dusgate  pour  l'année  1910. .  .        445 

LABORDE  (A.)  et  DUANE  (\V.).  —  Sur 
les  mesures  quantitatives  de  l'éma- 
nation du  radium 1421 

LACROIX  (A.).  —  Sur  l'existence  à  la 
côte  d'Ivoire  d'une  série  pétrogra- 
phique  comparable  à  celle  de  la 
charnockite 18 

—  Remarques  à  la  suite  de  la  communi- 

cation  du    Rapport  de  M.  Charcot 

sur  son    expédition  polaire. 768 

—  Fait  hommage  de  la  deuxième  Partie 

du  Tome  III  de  sa  «  Minéralogie  de 

la  France  et  de  ses  colonies  » 83o 

—  Sur    la    constitution    minéralogique 

des  phosphorites  françaises I2l3 

—  Sur  le  minéral  à  structure  optique  en- 

roulée constituant  les  phosphorites 
holocristalliries  du  Quercy i388 

LAPA  Y  (A.).  —  Sur  une  modification  de 
la  résistance  de  l'air  produite  par  des 
rugosités  convenablement  disposées 
sur  la  surface  d'un  corps i3l2 

LAGRIFFOUL  et  RODET  (A.).  — 
Sérothérapie  de  la  fièvre  typhoïde; 
résultats   cliniques 74 1 


LAGRIFFOUL  et  ROGER.  —  La  lièvre 

de  Malte  en  France 800 

LALLEM_AND  (Ch.).  —  Sur  une  erreur 
systématique  de  la  détermination 
du  nivau  moyen  de  la  mer,  à  l'aide 
du  médimarémètre 265 

—  Prie   l'Académie   de    le  compter    au 

nombre  des  candidats  au  siège 
vacant,  dans  la  Section  de  Géogra- 
phie et  de  Navigation,  par  le  décès 
de  M.  Bouquet  de  la  Gri/e 262 

—  Est  présenté  en  première  ligne  comme 

candidat  à  la  place  vacante,  dans  la 
Section  de  Géographie  et  Naviga- 
tion, par  suite  du  décès  de  M.  Bou- 
quet lie  la  Grye 645 

—  Est  élu  Membre  de  la  Section  de  Géo- 

graphie et  Navigation  en  rempla- 
cement de  M.  Bousquet  de  la  Grye.  .        667 

LANDERER  (J.-J.).—  Sur  la  polarisa- 
tion de  la  lumière  luuaire I164 

LANDSTEINER  (K.)  et  LEVADITI 
(C).  —  La  paralysie  infantile  expé- 
rimentale    55 

—  Recherches    sur    la    paralysie   infan- 

tile expérimentale l3l 

LANNELONGUE.  —  Une  fonction  sup- 
plémentaire du  pied  dans  la  race 
jaune 5o3 

—  Rappelle     tme     Communication     de 


i85o 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages, 

de  J.  Regnaiild  sur  le  pied  des  Hin- 
doux 58g 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Savigny,  Thore  pour  l'année 
1910 445 

—  Des  prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 

Godard,  du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dugaste  pour  l'année  1910.  .  .        445 

LAPICQUE  (M.  et  M-n^  L.).  —  L'addi- 
tion latente  et  ses  rapports  avec  le 
paramètre  chronologique  de  l'exci- 
tabilité          796 

LAPORTE  (F.)  et  GORGE  (P.  de  la). 

—  Recherches  effectuées  au  Labora- 
toire central  d'Electricité  sur  l'équi- 
valent électrochimique  de  l'argent.       278 

LAPPARENT  (Jacques  de).  —  Sur  les 
roches  basiques  de  Saint-Quay- 
Portrieux  (Côtes-du-Nord)  et  leurs 
rapports  avec  les  fdons  de  pegmatite 
qui  les  traversent 980 

LAPPARENT  (Jacques  de)  et  TER- 
MIER  (Pierre).  —  Sur  la  manzo- 
nite  de  Fontaine-du-Génie,  près 
Cherchel  (Algérie)  et  sur  les  micro- 
monzonites  de  la  région  avoisinante.     l484 

LAROSE    (H.).   — •   Sur  l'équation   des 

télégraphistes 680 

—  Errata  relatifs  à   cette  Communica- 

tion         894 

—  Sur    deux    suites    de    solutions    de 

l'équation  des  télégraphistes i4l8 

—  Sur   la   propagation  d'une   disconti- 

nuité sur  une  ligne  télégraphique 
munie  d'un  transmetteur 1788 

LASSIEUR  (A.)  et  HALLER  (A.).  — 
Etude  des  échappées  du  beurre  de 
coco.  Composition  de  l'essence  de 
coco ioi3 

LATTES  (S.).  —  Sur  la  convergence  des 

relations  de  récurrence 1 106 

—  Sur  les  séries  de  Taylor  à  coefficients 

récurrents l4l3 

LAUNOY  (L.).  —  Sur  certaines  enclaves 
protoplasmiques  de  la  cellule  hépa- 
tique normale  du  lapin Il 45 

LA  VALLÉE  (A.)  et  CAULLERY  (M.). 

—  Recherches  expérimentales  sur  les 
phases  initiales  de  l'infection  d'une 
Ophiure  [Amphiura  squainala]  par 
un  Orthonectide  (Bhopalura  ophio- 
comse) 1 78 1 

LAVERAN  (A.)  fait  hommage  à  l'Aca- 


démie du  Tome  II  du  «  Bulletin  de 
la  Société  de  pathologie  exotique  ». 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Montyon,  Barbier,  Bréant,  Go- 
dard, du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dusgate  pour  l'année  1910..  . 

—  Des  prix  Montyon  (Physiologie  expé- 

rimentale), Philipeaux,  Lallemand, 
Martin-Damourette,  Pourat  pour 
l'année  1910 

—  Du  prix  Lonchampt  pour  l'année  1910. 
— ■  Est  élu  membre   de  la   Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Pourat  pour  l'année  igiS. .  . 

LÉAUTÉ  (André).  —  Surintensités  et 
surtensions  dues  à  la  manœuvre  des 
interrupteurs  de  tableau 

LÉAUTÉ  (H.)  est  désigné  pour  faire 
partie  du  Conseil  de  perfectionne- 
ment de  l'École  Polytechnique  au 
titre  de  représentant  de  l'Académie 
des  Sciences 

— ^  Est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Montyon,  Fourneyron  pour 
l'année  1910 

—  Du  prix  extraordinaire  de  la  Marine, 

du  prix  Plumey,  pour  l'année  1910. 

—  Du  prix  Caméré  pour  l'année  1910. .  . 

LEBEL  (J.-A.).  —  Observation  de  l'ioni- 
sation de  l'air  on  vase  clos  pendant 
le  passage  de  la  comète  de  llalley. .  . 

LEBESGUE  (Henri). —  Sur  l'intégrale 
de  Stieltjes  et  sur  les  opérations 
fonctionnelles  linéaires 

LÉCAILLON  (A.).  —  Sur  la  structure 
et  la  signification  de  la  membrane 
qui  enveloppe  la  sphère  vitelline 
de  l'œuf  des  Oiseaux 

LE  CHATELIER  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
Concours  :  des  prix  Jecker,  Cahours, 
Montyon  (Arts  insalubres),  Alliuni- 
bert  pour  l'année  1910 

—  Du  prix  Caméré  pour  l'année  igio.  .  . 
LECOCQ  DE  BOISBAI  DRA.N.  —  La 

truffe  peut-elle  se  replanter? 

LECOQ.  —  Sur  une  solution  colloïdale 

d'arsenic  métalloïdique  pur 

— -  Toxicité  de  l'arsenic  métalloïdique. .  . 
LÉGER  (E.).  —  Sur  l'aloïnose  ou  sucre 

d'aloïnc 

—  Sur  l'aloïnose  cristallisé;  son  identité 


5o7 


445 


445 
445 


445 


444 


367 

367 
507 


1872 


240 


367 
5o7 

1402 

700 

887 

983 


TABLE  DES  AUTEURS. 


l85l 


M\l.  Pages, 

avec  l'arabinose-rf lôgS 

LÉGER  (L.)  et  HESSE  (Ed.).  — Cnido- 

sporidies  des  larves  d'Ephémères.  .        4ll 

LEMOLNE  (G.)  et  DOUMER  (E.).  — Sur 
les  douleurs  névralgiques  rebelles 
qu'on  observe  chez  les  hypertendus.        565 

LEMOIiNE  (Georges)  rappelle,  à  propos 
d'une  communication  de  M.  Vielle, 
les  nombreuses  expériences  de  tir 
contre  la  grêle  qui  ont  été  faites 
en  Italie 1090 

—  Est  élu  membre   de  la  Commission 

chargée  de  juger  le  Concours  des  prix 
Jecker,  Cahours,  Montyon  (Arts  in- 
salubres), Alhumbert,  pour  l'année 

1910 367 

LE  ROUX  (J.).  —  Sur  les  formes  qua- 
dratiques définies  à  une  infinité  de 
variables 88 

—  Sur  les  conditions  de  maximum  ou 

de  minimum  d'une  fonction  analy- 
tique d'une  infinité  de  variables ....        202 

—  Les  formes  quadratiques  positives  et 

le  principe  de  Dirichlet 377 

—  Sur  la  distribution  des  torsions  dans 

la  déformation  infinitésimale  d'un 
milieu  continu l4l5 

—  Sur  la  flexion l589 

LESNÉ  (E.),  DEBRÉ   (R.)   et  SIMON 

(G.).  —  Sur  la  présence  des  germes 
virulents     dans    l'atmosphère     des 

salles  d'hôpital lOoi 

LESPIEAU.  — •  Sur  le  méthylacétényl- 

carbinol 1 1 3 

—  Sur    l'hydrogénation    des    composés 

acétyléniques 1761 

LETOMBE  (L.).  —  Étude  géométrique 
de  la  distribution  des  machines  à 

distributeurs  séparés 1736 

LEVADITI  (C.)  et  LANDSTEINER 
(K.).  —  La  paralysie  infantile  expé- 
rimentale   55 

—  Recherches   sur   la   paralysie   infan- 

tile expérimentale i3l 

LEVY  (Maurice)  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger 
les  Concours  :  du  Grand  Prix 
des  Sciences  mathématiques,  prix 
Francœur,  prix  Poncelet  pour  l'an- 
née 1910 366 

—  Des  prix  Montyon,  Fourneyron  pour 

l'année  1910 367 

—  Du  prix  extraordinaire  de  la  Marine, 

du  prix  Plumey  pour  l'année  1 9 1  o .  .        867 


MM.  Pages. 

—  Des  prix  Hébert,  Hughes,  Kastner- 

Boursault,  Victor  Raulin  pour  l'an- 
née igio 367 

—  Des  prix  Gegner,  Lannelongue  et  Tré- 

mont  pour  l'année  1910 445 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1910.  ..  .        445 

—  Du  prix  Jérôme  Ponti  pour  l'année 

1910 5o7 

— ■  Est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Bordin  pour  l'année  1910. . .  366 
LÉVY  (Michel)  est  élu  membre  de  la 
Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  du  prix  Caméré  pour  l'an- 
née 1910 5o7 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  Grand  Prix  des  Sciences  physi- 
ques pour  l'année  191 3 5o8 

Voir  Michel-Lévij. 

LÉVY  (Paul).  —  Sur  les  équations  inté- 
grales non  linéaires 899 

LICHTENSTEIN  (Léon).  —  Sur  la 
définition  générale  des  fonctions 
analytiques U09 

LIMB  (C.)  et  NANTY  (T.).  —  Observa- 
tions des  variomètres  magnétiques 
de  l'Observatoire  de  Fourvière,  à 
Lyon,  pendant  la  nuit  du  18  au 
19  mai 1373 

LINDET  (L.).  —  Sur  le  rôle  de  la  levure 

en  boulangerie 802 

LIORET.  - —  Transformation  en  courbes 

des  tracés  du  phonographe i44o 

LIPPMANN    (G.).    —    Sismographe    k 

colonne  liquide 363 

—  Est  élu  membre  d'une  Commission 

qui  devra  proposer  des  listes  de 
candidats  à  deux  places  d'Associés 
étrangers 444 

—  Est  élu   membre   de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de 
M.  Agassi: l49I 

—  Frein  pour  balance,  en  forme  de  fil 

à  plomb i563 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Pierre  Guzman,  Lalande,  Valz, 
Janssen,  pour  l'année  1910 367 

—  Des  prix  Hébert  Hughes,   Kastner- 

Boursault,  Victor  Raulin  pour  l'an- 
née igio 367 


TABLE    DES   AUTEURS. 


M\l.  Tciges. 

—  Du  prix  \^'ilJe  pour  raniiée  1910.  ..  .        445 

—  Du    prix    Jloullevigue    pour   l'aunéo 

igio 5o8 

—  Est  élu  membre  de  la  Comnùssioii 

chargée  de  présenter  une  question 

de  prix  Vaillant  pour  l'année  19 10.  .        5o8 

LOMBARD  (Mauhice).  —  Sur  les  effets 
chimiques  et  biologiques  des  rayons 
ultraviolets ....        227 

LÛUGUININE  (W.).  —  Détermination 
des  quantités  de  chaleur  dégagées 
lors  de  l'addition  du  brome  à  quel- 
ques substances  non  saturées 91 5 

LONGUININE  (W.)  et  DUPONT  (G.).— 
Chaleur  de  fixation  de  l'acide-brom- 
hydrique  de  quelques  composés 
étliyléniques 1 346 

LOUISE  (E.).  —  Sur  une  nouvelle  mé- 


\1M.  Pages, 

tliode  d'analyse  par  les  courbes  de 
miscibilité;  application  aux  essences 
de  térébenthine 526 

LOWELL     (Percival).    —    Nouveaux 

canaux  de  la  planète  Mars 448 

—  Sur  la  nouvelle  méthode  de  photogra- 

phie planétaire  employée  à  l'Obser- 
vatoire Lowell.à  Flagstafï  (Arizona).      1026 

LUCAS  (Mi'e  Pauline).  —  Action  des 
dérivés  orgauo-magnésieus  sur  les 
trialcoylacétophénones Io58 

LUIZETetGUILLAUME(J,).  — Obser- 
vations de  la  comète  Innés  (1910  a), 
faites  à  l'Observatoire  de  Lyon 3oi 

—  Sur  les  apparences  de  la  comète  de 

Halley l492 

LUTZ  (L.).  —  Sur  le  mode  de  formation 

de  la  gomme  adragante 1 184 


M 


MAGNAN  (A.).  —  Influence  du  régime 
alimentaire  sur  l'intestin  chez  les 
Oiseaux 1 706 

MAHLER  (P.).  —  De  l'action  de  l'air  sur 

la  houille iSai 

MAHLER  (P.)  et  CHARON  (E.).  — 
Examen  des  liquides  dégagés  par 
l'action  de  l'air  sur  la  houille  entre 
123°  et  200" 1604 

MAIGNON  (F.).  — Influence  des  glandes 

génitales  sur  la  glycogénie 721 

MAILHE  (A.)  etSABATIER  (Paijl).— 
Sur  le  mécanisme  de  déshydratation 
des  alcools  par  catalyse  au  moyen 
de  divers  oxydes  métalliques 828 

—  Méthode  générale  de  préparation  di- 

recte des  thiols  par  catalyse  à  partir 

des  alcools 1217 

—  Sur  la  formation  et  le  dédoublement 

des  thiols;  synthèse  des  sulfures 
neutres  alcooliques 1 569 

MAILLET  (Edmond)  et  NOUAILHAC- 
PIOCII.  —  Sur  les  crues  de  la  Seine 
en  janvier-février  igio 8l3 

MAIRE  (René)  et  TISON  (Adrien).  — 

Sur  quelques  Plasmodiophoracées .  .      1768 

MALCLËS  (Louis).  —  Sur  l'effet  de  la 

pénétration  dans  les  diélectriques.  .      iSig 

MALFITANO  (G.)  et  MOSCIIKOFF 
(M"e  j^  )_  — .  gur  ja  coagulation  de 
la  malicrc  amylacée  par  congéla- 
tion         710 


MAMELLE  (Th.).  —  Sur  l'emploi  du 
cyanure  de  potassiuni  comme  insec- 
ticide souterrain 5o 

MANCEAUX  (L.  )  et  NICOLLE 
(Chaules).  —  Reproduction  expé- 
rimentale du  bouton  d'Orient  chez 
le  chien.  Origine  canine  de  cette 
infection 889 

MANGIN  est  élu  membre  des  Commis- 
sions chargées  de  juger  les  Con- 
cours :  des  prix  Desmazières,  Mon- 
tagne, De  Coincy,  De  la  Fons-Méli- 
cocq,  Bordin  (Sciences  physiques), 
pour  l'année  1910 368 

— ■  Du    prix    Lonchampt    pour    l'aunée 

1910 445 

— -  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 
démie au  III^  Congrès  intema- 
lioiial  quinquennal  de  Botanique, 
en  mai  1910,  à  Bruxelles 848 

MANSON  (Sir  Patrick)  est  élu  Cor- 
respondant de  l'Académie  pour  la 
Section  de  Médecine  et  Cliirurgie.  .        262 

MAQUENNE  est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
Concours  :  des  prix  Jecker,  Cahours, 
Monlyon  (Arts  insalubres),  Alhum- 
bert  pour  l'année  1910 867 

—  Du  prix  Saintour  pour  1  année  1 910.  .        5o7 
MARAGE.   —   La   photographie   de  la 

voi.x  dans  la  pratique  médicale 232 

—  Développement    de    l'énergie   de    la 


TABLE  DES  AUTEURS. 


[853 


MM.  Pages. 

voix 1 193 

MARCHAND  (Emile).  —  Phénomènes 
observés  au  Pic  du  Midi  du  18  au  ig 
mai  (passage  de  la  comète  de  Halley 
sur  le  Soleil) i4o4 

—  Nouvelles  observations  concernant  les 

effets  du  passage  de  la  Terre  dans 

la  queue  de  la  comète  de  Halley.  .  .  .      1375 

MARCHAND  (Erisest-F.-L.).  —  Le 
Plasniodiophora  Brassicps  Voronin. 
parasite  du  melon,  du  céleri  et  de 
l'oseille-épinard l348 

MARGAILLAN  (L.).  —  Sur  la  séparation 
du  saccharose  et  du  lactose  par  le 
ferment  bulgare 45 

MARIE  (A.).  —  Propriétés  neutralisantes 
d'une  substance  isolée  du  cerveau 
normal 1775 

MARRET  (Léon).  —  Sur  la  présence 
de  plantes  alpines  aux  basses  alti- 
tudes dans  le  Valais  central 1069 

MARTIN  (A.)  et  JAMES  (L.).  ^  Sur 
l'adaptation  des  Nématodes  para- 
sites à  la  température  des  hôtes.  ...        418 

MARTONXE  (E.  de).  —  Sur  la  théorie 

mécanique  de  l'érosion  glaciaire ....        1 35 

—  Sur  la   genèse   des  formes   glaciaires 

alpines 243 

MARTY  (.Joseph).  —  Sur  une  équation 

intégrale 5 1 5 

—  Développements     suivant     certaines 

solutions  singulières 6o3 

—  Existence    de    solutions    singulières 

pour  certaines  équations   de   Fred- 
liolm Io3l 

—  Valeurs    singulières    d'une    équation 

de  Fredholm '499 

MASCART     (.Jean).    —    Photographie 

de  la  comète  de  Halley '497 

MASSOL  (P.)  et  SIZES  (Gabriel). 
—  Inscription  photographique  des 
vibrations  d'un  diapason I74*i 

MASSON  (Louis).  —  Sur  l'accoutu- 
niance  des  bactéries  aux  antisep- 
tiques         189 

MATRUCHOT  (Louis).  —  Sur  un  nou- 
veau groupe  de  champignons  patho- 
gènes, agents  des  sporotrichoses.  .  .        543 

MAUBANT  (E.).  —  Éléments  de  la  co- 
mète Tempel 201 

MAURAIN  (Ch).  —  Variation  avec  la 
température  des  propriétés  magné- 
tiques du  fer  dans  les  champs  ma- 
gnétiques faibles 777 


MM.  1^1  ges. 

MAURAIN  et  WARCOLLIER.  — 
Action  des  rayons  ultraviolets  sur 
le  vin  en  fermentation 343 

MAURETTE  (Laurent)  et  MAYET 
(Lucien).  —  Découverte  d'une 
grotte  sépulcrale,  probablement 
néolithique,  à  Montouliers  (Hérault).     1620 

MAWAS  (J.).  —  Sur  la  structure  des 
cellules  nerveuses  ganglionnaires 
de  la  moelle  amyèlinique  des  Cyclo- 
stomes 126 

MAYET  (Lucien)  et  MAURETTE  (Lau- 
rent). —  Découverte  d'une  grotte 
sépulcrale,  probablement  néoli  — 
tbique,  à  Montouliers  (Hérault)....      1620 

MENNERET.  —  Mouvements  d'un  li- 
quide dans  un  tube 964 

MERCANTON  (Paul).  —  Stabilité  d'ai- 
mantation des  poteries  lacustres..  .      i5f)8 

MERCIER  (L.)  et  CUÉNOT  (L.l.  — 
Étude  sur  le  cancer  des  Souris.  L'hé- 
rédité de  la  sensibilité  à  la  greffe 
cancéreuse l443 

MESLIN  (Georges).  —  Sur  la  structure 

des  raies  spectrales i3i5 

MESTREZAT  (\V.)  et  VILLE  (J.).  — 
Sur  l'hydrolyse  fluorhydrique  de  la 
cellulose 783 

MEUNIER  (Jean).  —  Sur  les  lois  de  la 

combustion  à  marche  convergente  .        781 

MEUSEL  (Edward)  adresse  un  Mé- 
moire en  langue  allemande  sur  la 
«  Thermochimie  » G45 

METCHNIKOFF.   —   Fièvre   typhoïde 

expérimentale 755 

MEYER  (André). —  Sur  la  condensation 
de  la  phénylisoxazolone  avec  l'éther 
mésoxalique 1 7G5 

MICHEL-LÉVY    (Albert).   —   Sur   le 
gisement     des     pcchsteins     associés 
aux  pyromérides  dans  l'Esterel.  .  .  .        75o 
Voir  Lévy  (  Michel  ) . 

MINISTRE  DES  AFFAIRES  ÉTRAN- 
GÈRES (M.  le)  transmet  le  désir 
exprimé  par  l'Ambassadeur  d'Angle- 
terre de  voir  l'Institut  de  France  se 
faire  représenter  au  service  funèbre 
célébré  à  la  mémoire  de  S.  AI.  lé  Roi 
Edouard  VII 1221 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (M.  le) 
invite  l'Académie  à  désigner  l'un  de 
ses  Membres,  qui  remplacera  an  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'École 
Polytechnique,    M.    Bouquet   de   la 


TABLE   DES    AUTEURS. 


i854 

MM.  Pages. 

Grye,  décédé 368 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION 
PUBLIQUE  (M.  le)  adresse  am- 
pliation  d'un  Décret  approuvant 
l'élection  de  Lord  Rayleigh  comme 
Associé  étranger agS 

—  Adresse    ampliation    du    Décret   ap- 

prouvant l'élection  de  JM.  Adolphe 

von  Bayer  comme  Associé  étranger. .        363 

—  Adresse  ampliation  du  Décret  auto- 

risant l'Académie  à  accepter  le  legs 
fait  à  son  profit  par  M.  Claude-Léon 
Demolombe 447 

—  Adresse  ampliation  du   Décret  por- 

tant approbation  de  l'élection  que 
l'Académie  a  faite  de  M.  J.-D.  fan 
der  Waals  comme  Associé  étranger. .        489 

—  Invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 

liste  de  deux  candidats  au  poste  de 
Membre  artiste,  vacant  au  Bureau 
des  Longitudes  par  le  décès  de 
M.  Gautier 668 

—  Adresse  ampliation   du   Décret  por- 

tant approbation  de  l'élection  de 
M.  Richard  Dedekind  comme  Associé 
étranger 755 

—  Adresse  ampliation   du   Décret  por- 

tant approbation  de  l'élection  de 
M.  Charles  [.allemand  comme 
Membre  de  la  Section  de  Géogra- 
phie et  Navigation 755 

—  Invite  l'Académie  à  désigner  un  de 

ses  Membres  qui  remplacera,  dans 
la  Commission  technique  de  la 
Caisse  des  recherches  scientifiques, 
M.  Bornet,  démissionnaire 708 

—  Invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 

liste  de  deux  candidats  au  poste  de 
Membre  du  Bureau  des  Longitudes, 
vacant  par  le  décès  de  M.  Bouquet  de 
la  Gri/e 764 

—  Invite  l'Académie  à  lui  désigner  ceux 

de  ses  Membres  qui  pourraient  se 
rendre  comme  délégués  de  son  Dé- 
partement au  ///'■  Congri's  interna- 
tional quinquennal  de  Botanique, 
à  Bruxelles,  en  mai  1910 76} 

—  Invite  l'Académie  à  lui  désigner  ceux 

de  ses  Membres  qui  pourraient  se 
rendre,  comme  délégués  de  son 
Département,  avi  Congrès  interna- 
tional d'Hygiène  alimentaire,  à  Bru- 
xelles, en  octobre  1910 764 

—  Adresse  ampliation  du  Décret  approu- 


MM.  Pages, 

vant  l'élection  de  M.  Hittorf  comme 
Associé  étranger 828 

—  Invite   l'Académie    à   lui   faire    con- 

naître ceux  de  ses  Membres  qui 
pourraient  se  rendre,  comme  délé- 
gués de  son  Département,  au  XI'' 
Congrès  géologique  international,  à 
Stockholm I025 

—  Invite    l'Académie    à    lui    désigner 

deu.\  de  ses  Membres  qui  pourraient 
se  rendre,  comme  délégués  de  son 
Département,  au  //''  Congrès  inter- 
national du  Froid 1094 

—  Invite  l'Académie  à  lui  présenter  une 

liste  de  deux  candidats  à  la  chaire 
de  Zoologie  (Reptiles  et  Poissons) 
vacante,  au  Muséum  d'Histoire 
naturelle,  par  la  mise  à  la  retraite 
de  M.  Vaillant i655 

MINISTRE  DE  L'INTÉRIEUR  (M.  le) 
invite  l'Académie  à  désigner  l'un  de 
ses  Membres  pour  remplacer,  dans 
le  Conseil  d'administration  de  la 
fondation  Carnegie,  M.  Bouquet  de 
la  Grye,  décédé 80 

MIRIMANOFF  (D.).  —  Sur  le  dernier 

théorème  de  Fermât 2o4 

MOLLERUP  (JonANNEs).  —  Une  re- 
marque sur  les  équations  intégrales 
de  première  espèce 3l3 

MONACO  (S.  A.  S.  LE  Prince  Al- 
bert de).  —  Sur  la  douzième  cam- 
pagne scientifique  de  la  Princesse- 
Alice 1396 

—  Sur    les    travaux    océanographiques 

du  Musée  de  Monaco 1 397 

—  Présente  une  nouvelle  feuille  de  la 

«  Carte  des  gisements  de  Mollusques 
comestibles  des  côtes  de  France  », 
dressée  par  M.  Joubin iSgS 

— -  Fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
exemplaire  de  la  médaille  frappée  à 
l'occasion  de  l'inauguration  du  Mu- 
sée océanographique  do  Monaco..  . .      i4o3 

MONTESSUS  DE  BALLORE  (de).  — 
Sur  le  barographe  considéré  comme 
sismoscope  enregistreur 586 

MOREAU  (L.)  et  Vi:<ET  (E.).  —  L'ar- 

séniate  de  plomb  en  viticulture.  .  .  .        787 

MOSCHKOFF  (M"«  A.)  et  MALFI- 
TANO  (G.).  • —  Sur  la  coagulation  de 
la  matière  amylacée  par  congéla- 
tion         71» 

MOSSO  (A.)  rappelle  que  la  France  peut 


TABLE    DES   AUTEURS. 


l855 


MM.  Pages, 

disposer  de  deux  places  d'études 
sur  le  sommet  du  Mont  Rose  et  dans 
les  laboratoires  du  Col  d'Olen i492 

MONTEIL  (Le  lieutenant-colonel) 
prie  l'Académie  de  le  compter  au 
nombre  des  candidats  au  siège  va- 
cant, dans  la  Section  de  Géographie 
et  Navigation,  par  le  décès  de 
M.  Bouquet  de  la  Grye 262 

MOULIN  (Marcel)  et  BAUER  (Ed- 
mond). —  Sur  la  constante  de  la  loi 
de  Stefan  et  le  rayonnement  du 
platine 167 

—  Sur  l'éclat  du  Soleil  et  la  constante 

solaire 1 658 

MOUREU  (Ch.)  et  BONGRAND 
(J.-Ch.).  —  Sous-azoture  de  car- 
bone C-  N* 225 

MOUTIER  (A.).  —  Du  rôle  de  la  paroi 


\IM.  Pages, 
artérielle  dans  la  mesure  de  la  pres- 
sion artérielle  en  clinique 1 1 38 

MOUTON     (H.)     et     COTTON     (A.). 

—  Sur  la  biréfringence  magnétique  et 

électrique  des  liquides  aromatiques 
et  sur  la  théorie  de  l'orientation 
moléculaire 774 

—  Sur  la  relation  de  Havelock  entre  la 

biréfringence  et  l'indice  de  réfrac- 
tion         857 

MUNTZ  (A.).  —  L'entraînement  du 
limon  des  terres  par  les  eaux  de  la 
Seine 257 

— -  La  lutte  pour  l'eau  entre  les  orga- 
nismes vivants  et  les  milieux  natu- 
rels        1 390 

^  Est  élu  membre  de  la  Commission 
chargée  de  juger  le  Concours  du  prix 
Saintour  pour  l'année  1910 5o7 


NAGEOTTE  (J.).  —  Sur  une  nouvelle 
formation  de  la  gaine  de  myéline  : 
le  double  bracelet  épineux  de  l'étran- 
glement annulaire 123 

—  Etude  microscopique,  sur  le  vif,  de 

l'activité  de  la  myéline  au  cours 
de  la  dégénération  wallérienne  des 
nerfs 557 

—  Activité  de  la  gaine  de  myéline  dans 

les  nerfs  en  état  de  survie 73 1 

NANTY  (T.)  et  LFMB  (C).  —  Observa- 
tions des  variomètres  magnétiques 
de  l'Observatoire  de  Fourvière,  à 
Lyon,   pendant   la   nuit    du    18   au 

19  mai 1373 

NÈGRE  (L.)  et  BRIDRÉ  (J.).  — Sur  la 
nature  du  parasite  de  la  lymphan- 
gite épizootique 998 

—  Sur  la  nature  du  parasite  de  la  lym- 

phangite épizootique 1265 

NÉGRIS  (Ph.)  et  KTENAS  (Const.-A.). 
—  Sur  la  présence  de  couches  à 
Ellipsactinia  aux  monts  Vardussa 
et  sur  la  zone  orientale  du  flysch 

d'Italie  en  Grèce 748 

NICLOUX  (Maubice).  —  Décomposi- 
tion du  chloroforme  dans  l'orga- 
nisme        1 260 

—  Sur   les   produits   de   décomposition 

du  chloroforme  dans  l'organisme.  . .      1777 

G.  K.,  1910,  I"  Semestre.  (T.  150.) 


NICOLAU.  —  Sur  la  variation  dans  le 

mouvement  de  la  Lune l656 

NICOLLE  (Charles)  et  MANCEAUX 
(L.).  — •  Reproduction  expérimen- 
tale du  bouton  d'Orient  chez  le  chien. 
Origine  canine  possible  de  cette 
infection 889 

NODON  (Albert).  —  Recherches  sur  le 

magnétisme  terrestre 75 1 

—  Recherches    sur    l'ionisation    de    la 

source  chaude  des  thermes  d'Ham- 
man-Salahin,  près  de  Biskra io83 

—  Adresse  une  Note  intitulée  «  L'ori- 

gine   planétaire    des    perturbations 
solaires  » 249 

—  Adresse    des    «  Observations    astro- 

physiques    et    météorologiques    au 
Sahara  » 1278 

NOËL.  —  Les  infiltrations  sur  le  massif 

du  Zaghouan  (Tunisie) 171 1 

NOGIER  (Th.),  ROCHAIX  et  COUR- 
MONT  (Jules).  —  L'eau  stérilisée 
parles  rayons  ultraviolets  contient- 
elle  de  l'eau  oxygénée?  Pouvoir  sté- 
rilisant de  l'eau  oxygénée i4Vj 

NOMBLOT  (Louis).  —  Sur  la  réduction 
des  dérivés  nitrosés  de  l'acétyl-  et 
du  benzoylhydrazobenzène JJ^■ 

NORDMANN  (Charles).  —  Sur  l'éclat 

intrinsèque  du  Soleil 18 

242 


^ 


rSSfi 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

—  Remarques  au  sujet  de  la  Communi- 

cation précédente 83 1 

• —  Sur  les  atmosphères  absorbantes 
et  les  éclats  intrinsèques  de  quelques 
étoiles 669 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 


MM. 


Pages 


—  Sur  l'éclat  de  la  comète  de  Halley 

et  la  composition  de  la  lumière. .  .  .      1782 

NOUAILHAC-PIOCH  et  MAILLET 
(Edmond).  —  Sur  les  crues  de  la 
Seine  en  janvier-février  1910 8l3 


o 


OBERREIT.  -  Sur  la  synthèse  de  l'in- 
digo tétrachloré-5 . 7-5' .  7 282 

OBIEDOFF,  URBAIN  (G.)  et  BLON- 

DEL(M.).  —  Extraction  des  blendes.     1758 

OLLIVIER     (H.).     —     Réaimantation 

spontanée  du  fer lo5l 

OUIVET.  —  Sur  une  application  des 

transformations  birationnelles io36 


—  Sur  l'équation  différentielle  du  mou- 
vement d'un  projectile  sphérique 
pesant  dans  l'air 1 229 

OXNER  (MiEczYSLAw).  —  Analyse  bio- 
logique du  phénomène  de  la  géné- 
ration chez  Lineus  ruber  (Mùll.)  et 
Lineus  lacteus  (Rathke) 1618 


PACHON  (V.)  et  PERROT  (Em.).  — 
Sur  l'action  cardio-vasculaire  du 
café  vert,  comparée  à  ccUe'de  doses 
correspondantes  de  caféine I703 

l'ACOTTET  (P.)  et  VIALA  (P.).  —  Sur 

la  culture  du  Rœsleria  de  la  vigne .  .      1770 

PAINLEVÉ  (P.)  est  élu  Membre  de  la 
Commission  chargée  de  juger  le  Con- 
cours du  Grand  Prix  des  Sciences 
mathématiques,  des  prix  Francœur, 
Poncelet  pour  l'année  1910 366 

• —  Est  élu  Membre  de  la  Commission 
chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Bordin  pour  l'année  191 3.  .        366 

PARISELLE.  —  Sur  l'éther  éthylique 

de  l'allylcarbinol 10S6 

—  Sur  ime  nouvelle  synthèse  de  l'éry- 

thrite    naturelle    et    de    l'érythrite 

racémique 1 343 

PASCAL  (Paul).  —  Mesure  des  suscep- 
tibilités magnétiques  des  corps 
solides lo54 

—  Analyse  magnétique  de  quelques 
groupements  chromophoriques 1 167 

—  Sur  la  précision  des  méthodes  de 
mesure  des  susceptibilités  magné- 
tiques        i5i4 

FEREZ' est  élu  Correspondant  pour  la 
Section  d'Anatomie  et  Zoologie,  en 
tomplacomont  de  M.  Lorlet,  décédé.  . .      i4o3 

PERICAS  cl  CIRERA.  —  Résumé  des 


observations  faites  sur  la  comète  de 
Ilalley  à  l'Observatoire  de  l'Ebre 
(Espagne) ' : 1576 

PEROT  (A.).  -—  Sur  l'arc  au  mercure 

dans  le  vide 1 5 1 5 

. —  Sur  quelques  particularités  de  l'arc 

au  mercure  dans  le  vide 168  J 

PÊROUX  (F.).  —  Sur  le  forage  du  puits 

artésien  de  Maisons-Laflûtte Sg 

—  Sur  la  minéralisation  et  l'analyse  chi- 

mique de  l'eau  du  puits  artésien  de 

Maisons-LafBtte 142 

PERRIER  (Edmond)  fait  connaître 
l'état  du  Muséum  après  l'inonda- 
tion         :>.5g 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de 
M.  Agassiz , 1491 

—  Est   élu   membre   des    Commissions 

chargées  de  juger  les  concours  :  des 
prix  Tchiatchef,  Gay,  Binoux,  Dela- 
lande-Guérineau  pour  l'année  1910.        367 

—  Des    prix    Desmazières,    Montagne, 

De  Coincy,  De  la  Fons-Mélicocq, 
Bordin  (Sciences  physiques)  pour 
l'année    1910 368 

—  Des  prix  Savigny,  Thore  pour  l'an- 

née 1910 445 

—  Des  prix  Montyon,  Barbier,  Bréant, 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

Godard,  du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dusgate  pour  l'année  igJO. . .        445 

—  Du  prix  Jérôme  Ponti  pour  l'année 

1910 5o7 

—  Du   prix    Houllevigue   pour   l'année 

1910.. 5o8 

—  Est   élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question  : 

de  prix  Gay  pour  l'année  iQlS. . .  .        867 

—  De  Grand  Prix  des  Sciences  mathé- 

matiques pour  l'année  191 3 5o8 

PERROT  (Em.)  et  PACHUN  (V.).  — 
Sur  l'action  cardio-vasculaire  du 
café  vert,  comparée  à  celle  de  doses 
correspondantes  de  caféine 1708 

PETOT  (A.).  —  Sur  le  mode  d'action  des 

roues  motrices 960 

PETIT  (G.),  JABOIN  (A.)  et  DOMI- 
NICI  (H.).  —  Sur  la  radioactivité 
persistante  de  l'organisme  résultant 
lie  l'injection  intraveineuse  d'un  sel 
de  radium  insoluble  et  sur  ses  appU 
cations 

PHISALIX  (M"'»).—  Action  physiolo- 
gique du  mucus  des  Batracien?  «Kr 
ces  animaux   eux-iui'p 
Serpents;   riUto   " 
que  celle  du  •  _. 

—  Immunité   natn'-'^"^   ""*   lidtraci.jus 

et    des   Se>'-n>ent»    contre    le    vcuii. 
muqueu- -^  "^^  '"  '      "  ''t' 

decettr^'inm  1,3 

PICARD  (,f  A.LfBL 
Cù, 
Co 
tistû_î"  ■    jicjur  l'annét   Ij    "-*■■ 

—  Du  pfcx  Camcré  pour  l'année  lyto . 

—  Est  élu  membre  do  la  Commission  du 

Fonds  Bonaparte  pour  1910  «t  igî  i .       390 
PICARD  (Emile).  —  Discours  prononcé 
en  prenant  place  au  fauteuil  de  la 
Présidence 16 

—  1  Fn   théorème   général  sur  certaines 

équations  intégrales  de  troisième 
espèce 489 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  l'Assemblée  générale  de 
l'Association  internationale  des  Aca- 
démies, à  Rome,  en  mai  1910 896 

—  M.  le  Président  rend  compte   de   la 

dernière  session  de  la  Réunion  inter- 
nationale des  Académies 1279 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une 

dépêche  du  Président  de  l'Acadé- 


AUTEURS.  1857 

MM.  Pages. 
mie  royale  des  Beaux-Arts  de  Flo- 
rence,    témoignant    sa    sympathie 
pour  la  France  à  la  suite  des  inon- 
dations        253 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une 

dépêche  de  M.  Blaserna,  Président 
de  l'Académie  royale  des  Lincei, 
transmettant  ses  profondes  condo- 
léances pour  le  fléau  qui  a  désolé 
une  grande  partie  de  la  France  . .  .        363 

—  M.  le  Président  remercie,  au  nom  de 

l'Académie,  ses  Associés  et  Corres- 
pondants anglais  de  leur  générosité 
envers  les  victimes  des  inondations.        672 

—  M.  le  Président  donne  lecture  d'une 

lettre  du  Prince  de  Monaco  invitant 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à 
la  cérémonie  d'inauguration  du 
Musée  océanographique  de  Monaco.       43 1 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie à  cette  inauguration 43 1 

M.  le  Président  rend  compte  des  fêtes 
de  l'inauguration  du  Musée  océa- 
nographique de,  Monaco 848 

—  M.  \eM-,'^itdent  annonce  à  l'Académie 

la  mort  de  ;\I.  Al.  Agaisiz 847 

'  le  Président  aimoncr  la  mort  do 
M.  llobcrt  Koch,  Associé  étranger,  et 
j  celle  de  Sir  William  Iluggins,  Cor- 
responda'nt  pour  la  Section  d'Astro- 
uomie 1 379 

"■'   le  Président  annonce  à  l'Académie 
u'en  raison  des  fêtes  de  Pâques  la 
séance  'lu  lundi  28  mars  est  remise 
au  ma'^di  29 755 

i^st  élu  inembre  des  Commissions 
:(  irgées  de  juger  les  Concours  : 
!ii  Grand  Prix  des  Sciences  mathé- 

.laatiques,  des  prix  Francœur,  Pon- 

celet  pour  l'ar2:^i?  1910 366 

—  Du  prix  Binoux  (Histoire  des  Sciences) 

pour  l'année  1910 44  J 

— ■  Des  médailles  Arago,  Lavoisier,  Ber- 

thelot  pour  l'année  1910 445 

—  Des  prix  Gegner,  Lannelongue  et  Tré- 

mont  pour  l'année  19 10 445 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1910. .  .  .        445 

—  Du   prix    Houllevigue   pour   l'année 

1910 5o8 

—  Est   élu   membre    des    Commissions 

chargées  de  présenter  une  question 

de  prix  Bordin  pour  l'année  1913...        366 

—  De  prix  Vaillant  pour  l'année  191 3..        5o8 
PICARD   DU  CHAMBON  (R.)  adresse 


i858 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM. 

un  «  Mémoire  sur  l'électricité  dans 
les  végétaux  » 

PLANCHEREL  (Michel).  —  Sur  la  re- 
présentation d'une  fonction  arbi- 
traire par  une  intégrale  définie 

M.  LE  PRÉSIDENT  DE  LA  LIGUE 
MARITIME  FRANÇAISE  invite 
l'Académie  à  se  faire  représenter  à 
l'Assemblée  générale,  en  avril  1910, 
à  la  Sorbonne 

M.  LE  PRÉSIDENT  DE  LA  REALE 
ACCADEMIA  DEI  LINCEI  invite 
l'Académie  à  lui  indiquer  le  nom 
de  ses  Membres  délégués  à  l'Assem- 
blée générale  de  l'Association  inter- 
nationale des  Académies,  à  Rome 
en  mai  1910 

M.  LE  PRÉSIDENT  DE  L'ŒUVRE  DU 
MONUMENT  HORACE  WELLS- 
PAUL  BERT  invite  l'Académie  à 
se  faire  représenter  à  l'inauguration, 
le  27  mars  à  Paris 

M.  i.E  PRÉSIDENT  DU  Ille  CONGRÈS. 

1 NTER  N'A  ru.n'Ai:.  -V^E  r-H YSIO- 

THÉT^APi.  ;  •■■■■  !  ...:.o,  „;,.  .,  ... 
faire  rej:. 
Paris,  er 
PR  ILLIEUX 
Commis-: 
des  recherches  si  ientirKiuis 

—  Est   élu   membre   des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  : 
des  prix  Desmazières,  Montagne,  Do 
Coincy,  De  la  Fons-Mélicocq,  Bor- 
din  (Sciences  physiques)  pour  l'an- 
née    l'jlO 

—  Du^  prix    LonchavDpt.   pçuf    l'annti 

19»" ••• 

POINCARE  (H.)  faithomraage. 

demie  du  T^rj.-,  \\\  de  ses  «  Lui.un^ 
de  Mécanique  » 

—  Fait   hommage    à    l'Académie    d'un 

Volume  intitulé  «  Savants  et  Écri- 
vains » 

—  Sur  les  signaux  horaires  destinés  aux 

marins 

—  Est    élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  du 


Pages. 
819 

3i8 


896 


758 


MM. 

Grand  Prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques, des  prix  Francœur,  Poncelet 
pour  l'année  1910 

—  Des  prix  Montyon,  Fourneyron  pour 

l'année  1910 

—  Des  prix   Pierre  Guzman,   Lalande, 

Valz,  Janssen  pour  l'année  1910.  .  . 

—  Des  prix  Hébert,  Hughes,  Kastner- 

Boursault,VictorRauIin  pour  l'année 
1910 

—  Du  prix  Binoux  (Histoire  des  Sciences) 

pour  l'année  1910 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1910.  .  .  . 

—  Du  prix  Jérôme  Ponti  pour  l'année 

1910 

—  Du   prix    Houllevigue   pour   l'année 

1910 

—  Est    élu    membre   des    Cortimissions 

chargées  de  présenter  une  question 
de  prix  Bordin  pour  l'année  IQlS.. 

—  De  prix  Vaillant  pour  l'année  igiS.  . 
POMPÉIU  (D.).  —  Sur  les  singularités 

des  fonctions  analytiques  uniformes. 

POPOFF    (K.).  —  Obaervationfi  de  la 

comète  de  Ilalley  faites  à  l'Observa- 

■uv-o  ^a  Sofia  (Bulgarie),  le  18  mai 

■>ao ■. 

•■ISTERNAK  (?.)  e'{  ARNAUD  (A.). 
-  Siu-  l'hydrogénation  i  „.,rtielle  des 
acides  de  w  série  stéaroliqîï  ..g  g{  g^p 
l'isomérie  de  leurs  dérivés  moV  rjoiod. 
hydriques ' 

—  Sur  deux  nouveaux  isonirro^    '"^^^  j.g. 

cille   stéaroliqiief"  - 

—  Sur  I '«""1'^'"' ,ion-^. ,:  l'acide  oléique 

ment  de  la  double  liai- 


667 

II 60 

1471 


jPOUGl:;!  (J.)  at  CHOUCHAK  (D.) 
adressent  une  Nota  «  Sur  l'absorp- 
tion de  l'acide  phosphorique  par  les 
plantes  » 

POZZI-ESCOT  (Emm.)  adresse  une 
Note  sur  un  «  Oiseau  particulier  aux 
Andes  péruviennes  » 

—  Sur  un  Oiseau  de  la  famille  des  Cou- 
reurs, particulier  aux  hauts  som- 
mets des  Andes  péruviennes 


Pases. 

366 

367 
367 

367 

445 
5o7 
5o8 


360 
5o8 


140G 

u3o 
1245 

iSaS 

427 
819 


() 


QUIDOR  (A.).  — ■  Sur  la  protandrie  chez  les  Lernseopodidee l464 


TABLE  DES  AUTEURS. 


1859 


R 


MM.  Pages. 

RADAU  est  élu  membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  juger  le  Concours 
des  prix  Pierre  Guzman,  Lalande, 
Valz,  Janssen  pour  l'année  1910.  .  .        867 

RAMSAY  (Sir  William)  est  élu  Associé 
étranger,  en  remplacement  de  M. 
Alexandre  Agassiz,  décédé 1726 

RANG  (Albert)  et  BIERRY  (II.).  — 
Sur  le  dédoublement  diastasique 
des  dérivés  du  lactose i366 

RANGARD.  —  Contribution  à  l'étude 
de  l'audition  et  de  son  dévelope- 
ment  par  les  vibrations  de  la  sirène 
à   voyelles 724 

RANVIER.  —  Est  élu  membre  de  la 
Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  des  prix  Savigny,  Thore 
pour  l'année  1910 445 

RATNOVSKI  (S.)etGUYE  (C.-E.).— 
Sur  la  variation  de  l'inertie  de  l'élec- 
tron en  fonction  de  la  vitesse  dans 
les  rayons  cathodiques  sur  le  prin- 
cipe de  relativité 320 

RAWAZ  (L.).  —  Recherches  sur  l'in- 
fluence spécifique  réciproque  du 
sujet  et  du  greffon  chez  la  Vigne.  .  .        712 

RAYLEIGH  (Lord)  est  élu  Associé 
étranger,  en  remplacement  de 
M.   Simon  Newcomb 198 

RECKLINGHAUSEN  (Max  de),  HEN- 
RI (Victor)  et  HELBRONNER 
(André).  —  Stérilisation  de  grandes 
quantités  d'eau  par  les  rayons  ultra- 
violets          982 

RECTEUR  et  le  SÉNAT  DE  L'UNI- 
VERSITÉ DE  BERLIN  (Le)  in-  , 
vitent  l'Académie  à  se  faire  repré- 
senter aux  fêtes  jubilaires,  du  pre- 
mier centenaire  de  l'Université  en 
octobre  igio ig8 

RECTEUR  et  le  SÉNAT  DE  L'UNI- 
VERSITÉ DE  LEIPZIG  (M.  le) 
adressent  à  l'Académie  une  des- 
cription des  Instituts  et  Séminaires 
de  la  Faculté  de  Philosophie Soi 

REGAUD  (Cl.)  et  FAVRE  (M.).  —  Sur 
certains  filaments  ayant  probable- 
ment la  signification  de  mitochon- 
dries,  dans  la  couche  génératrice  de 
l'épiderme 56o 


MM.  Pages. 

REM  Y  (L.) .  —  Sur  les  surfaces  algébriques 

représentables  sur  celle  de  Kummer.       677 

RENARD  (Paul).  —  Sur  la  façon  de 
parcourir  en  aéronef  un  itinéraire 
rectiligne  avec  une  dépense  minima 
de  travail  total 1 66G 

REPELIN  (J.).  —  Rôle  des  dislocations 
les  plus  récentes  (post-tortoniennes) 
lors  du  séisme  du  n  juin  1909 809 

REVERDIN  (Frédéric).  —  Action  de 
l'acide  sulfurique  concentré  sur 
quelques    nitramines    aromatiques.       899 

—  Sur  une  trinitro-p-anisidine l433 

RICCO  (A.).  —  Sur  l'éruption  de  l'Etna 

du  28  mars  1910 107S 

RIESZ  (Frédéric).  —  Sur  certains  sys- 
tèmes d'équations  fonctionnelles 
et    l'approximation    des    fonctions 

continues G74 

ROBIN.  —  Phénomène  del'extinction  du 

son  dans  le  fer 780 

ROBINSON  (R.).  —  Les  dimensions  du 

cœcum  et  la  typhlectasie 689 

—  Résection  des  veines  aft'luentes  de  la 

crosse  de  la  veine  saphène  interne . .      1 352 

ROCHAIX,  COURMONT  (Jules)  et 
NOGIER  (Th.).  —  L'eau  stérilisée 
par  les  rayons  ultraviolets  contient- 
elle  de  l'eau  oxygénée?  Pouvoir 
stérilisant  de  l'eau  oxygénée i453 

RODET  (A.)  et  LAGRIFFOUL.  — 
Sérothérapie  de  la  fièvre  typhoïde; 
résultats  cliniques 74 1 

ROGER  et  LAGRIFFOUL.  —  La  fièvre 

de  Malte  en  France 800 

ROGER-JOURDAIN  (P).  — Sur  l'oxy- 
dation de  l'amalgame  d'alumi- 
nium       1 602 

ROMAN. — Surles  Rhinocéridés  de  l'Oli- 
gocène d'Europe  et  leur  filiation.  .  .      i558 

ROSE.  —  Sur  quelques  tropisraes i543 

ROSENBLATT  (M.)  et  BERTRAND 
(Gabriel).  —  Sur  la  température 
mortelle  des  tyrosinases  végétales. .      1 142 

ROSENBLATT  (M.  et  M»"»  M.).  —  In- 
fluence de  la  concentration  en  sac- 
charose sur  l'action  paralysante 
de  certains  acides  dans  la  fermen- 
tation alcoolique i363 

ROSENSTIEHL  (A.).  —  Conséquences 


i86o 


TABLE    DES"  AUTEURS. 


MM. 


Pai'e'; 


de  l'hypothèse  d'Young.  De  la  sen- 
sation du  blanc  binaire 235 

—  Conséquence  de  la  théorie  d'Young. 

De    la    construction     chromatique 

dans   l'espace 35o 

ROSENTHAL  (Pierre).  —  Ouverture 
d'un  pli  cacheté  contenant  une  Note 
intitulée  :  «  De  l'emploi  de  la  lumière 
bleue  artificielle  pour  le  blanchi- 
ment des  dents  » 1 53 

ROSSET  (Th.).  —  Sur  un  nouvel    ins- 

cripteur  du  son 1 5l  l 

ROUCHE  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  juger  le  Concours 
flu  prix  Montyon  (Statistique)  pour 
l'année  1910 /l/i5 

ROULE  (Louis).  —  Sur  la  structure 
des  protubérances  épidermiques  de 
certains  Amphibiens  urodèles  et 
leurs  affinités  morphologiques  avec 
les  poils 1)1 

- —  Sur    les    Poissons   de   la   famille   des 

Némichthyidés 357 

ROUSSANOF  (V.).  — Sur  des  lambeaux 

de  glace  fossile  en  Nouvelle-Zemble.       807 

—  Sur  les  terrains  paléozoïques  de  la 

Nouvelle-Zemble i55o 

ROUX  est  élu  membre  d'une  Commission 


MM.  Pa^es. 
qui  devra  proposer  des  listes  de  can- 
didats à  deux  places  d'Associés  étran- 
gers   

—  Est   élu    membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  :  des 
prix  Montyon,  Barbier,  Bréant,  Go- 
dard, du  baron  Larrey,  Bellion, 
Mège,  Dusgate  pour  l'année  1910.  . 

—  Du  prix  Lonchampt  pour  l'année  1910. 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1910. .  . 
RUFZ   (J.  de)   et  COLIN   (H.).  —  Sur 

l'absorption  du  baryum  par  les 
plantes 1174 

RUSSENBERGER  (J.-H.).  —  Sur 
l'absorption  des  liquides  par  les 
substances  poreuses 

RUSSYAN  (C.).  — Le  théorème  de  M.W. 
Stekioff  (théorème  généralisé  de  Ja- 
cobi)  et  sur  les  formules  généra- 
lisées de  la  transformation  de  con- 


tact 


elalifs 


cette    Coinmiini- 


lirrata 
cation 

T^a  méthode  «le  .lacobi  généralisée 
d'intégration  du  système  d'équations 
différentielles  partielles  <lu  premier 
ordre  


444 


445 
445 
5o7 


75 


81 


S 


SABATIER  (Paul)  et  MAILHE  (A.).  — 
Sur  le  mécanisme  de  déshydratation 
des  alcoools  par  catalyse  au  moyen 
de  divers  oxydes  métalliques 823 

—  Méthode  générale  de  préparation  di- 

recte des  thiols  par  catalyse  à  partir 

des  alcools 1 2 1 7 

—  Sur  la  formation  et  le  dédoublement 

des    ihiols;    synthèse    des    sulfures 

neutres   alcooliques i  Sôg 

SAGNAC  (G.).  —  Sur  les  interférences 
de  deux  faisceaux  superposés  en  sens 
inverses  le  long  d'un  circuit  optique 
de  grandes  dimensions i302 

—  Interféromètre  à  faisceaux  lumineux 

superposés  inverses  donnant  en 
lumière  blanche  polarisée  une  frange 
centrale  étroite  à  teinte  sensible 
et   des   franges   colorées   étroites   à 

intervalles  blancs 1 676 

SAINT-RENÉ  (H.-C).  —  Sur  une  solu- 


tion du  problème  de  la  vision  à  dis- 
tance          446 

SALTYKOW.  — -  Sur  la  généralisation 

du  théorème  de  S.  Lie 1 5oG 

—  Sur  les  applications  du  théorème  de 

S.  Lie  généralisé i585 

SARTHOU  (J.).  —  Sur  la  présence  dans 
le  lait  de  vache  d'une  anaéroxydase 

et  d'une  catalase 119 

SAUSSURE  (René  de).  —Sur  les  corps 

solides  opposés i586 

SAUTON    et   TRILLAT    (A.).    —    In- 
fluence des  atmosphères   viciées  sur 

la  vitalité  des  microbes 743 

SAUVAGE    (II.-E.).   —    Le   ganglion 

d'Andershchezle  Phi-ynosome  cornu.        734 

—  La  partie  thoracique  du  grand  sym- 

phatique  chez  les  Sauriens 799 

—  La  partie  abdominale  du  grand  sym- 

pathique chez  les  Sauriens    1077 

SCAL  (Cl.),  urbain  (Ed.)  et  FEIGES 


TABLE  DES  AUTEURS. 


1861 


(A.)  —  Sur  la  stérilisation  de  l'eau 
par  l'ultraviolet 

SCHAFFER  (H.),  et  GUYE  (C.-E.).  — 
Sur  le  frottement  intérieur  des  mé- 
taux aux  basses  températures 

SCIIAUMASSE,  JAVELLE  et  CHAR- 
LOIS.  —  Sur  la  comète  1910  a. 
Observations  faites  à  Nice 

SCHLŒSING.  —  Est  élu  membre  des 
Commissions  chargées  de  juger  les 
Concours  ;  des  prix  Montyon,  Four- 
neyron  pour  l'année  1910 

- —  Des  prix  Jecker,  Cahours,  Montyon 
(Arts  insalubres),  AIhumbert  pour 
l'année     1910 

SCHOOP  (U.).  —  Nouveau  principe 
de  métallisation 

SEBERT.  —  Est  élu  membre  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les 
Concours  :  des  prix  Montyon,  Four- 
neyron  pour  l'année  igio 

—  Du  prix  extraordinaire  de  la  Marine, 

du  prix  Plumey  pour  l'année  1910. . 

SECRÉTAIRE  de  l'AÉRO-CLUB  DE 
FRANCE  (M.  le)  adresse  une 
réplique  de  la  médaille  olïertc  à 
M.  CaiUelH  pour  son  Jubilé  aca- 
démique  

SECRÉTAIRE  de  l'INSTITUTION  OF 
NAVAL  ARCIllTECTS  (M.  le) 
invite  l'Aïadémin  à  se  faire  repré- 
senter au  Congrrs  international  des 
Itisiénieurx  des  rnnstnutions  niwalcs 
et  au  Génie  wnrilimc  à  Londres,  lo 
5  juillet   19  U) 

SECRÉTAIRE  GÉNÉRAL  V)\]  XP' 
CONGRÈS  GÉOLOGIQUE  IN- 
TERNATIONAL (M.  lk)  invite 
l'Académie  à  se  faire  représentera  ce 
Congrès  réuni  à  Stockholm,  en  août. 

SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  DE  LA 
SOCIEDAD  CIENTIFICA  ANTO- 
NIO ALZATE  (M.  le)  adresse  à 
l'Académie  l'expression  de  ses  sen- 
timents de  protonde  condoléance  à 
l'occasion  du  décès  de  M.  Bouquet  de 
de  la  Grye 

SÉE  (Alexandre)  adresse  um;  Note 
intitulée  :  <<  Formules  de  la  poussée 
des  hélices  propulsives  n 

SÉGUIER  (de)  —  Sur  le  groupe  symé- 
trique et  le  groupe  alterné 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communication. 
SEIDLITZ  (WiLFRiD  von).  —  Sur  les 


Pages. 
548 

9O2 

3o3 

367 

367 
lo'i'l 

367 
367 


89<-. 


819 


83 1 


839, 


MM.  Pages, 

granités  écrasés  (raylonites)  des  Gri- 
sons du  Vorarlberg  et  de  l'AUgau. .  .        944 

SELIBER  (G.).  —  Détermination  des 
acides  volatils  dans  les  produits  de 
fermentation  de  quelques  microbes 
d'après  la  méthode  de  Duclaux  ....      l'iii'j 

—  Sur  la  symbiose  du  bacille  butyrique 

en  culture  avec  d'autres  microbes 
anaérobies 1 54  5 

— •  Sur   le    virage   du  pigment  de  deux 

champignons 1 707 

SENCIER  (Gaston).  —  Remarque  à 
propos  de  la  publication,  dans  les 
Mémoires  de  V Académie,  du  projet 
de  dirigeable  du  général  Meusnier.      l2o5 

SENDERENS  (J.-B.).  —  Préparation 
catalytique  des  cétones  aroma- 
tiques         III 

—  Catalyse  des  acides  aromatiques.  . .  .        702 

—  Cétones  dérivées  de  l'acide  benzoïque 

et  de  l'acide  phénylacétique l336 

SÉRÉGÉ  (H.). — •  Étude  expérimentale 
sur  la  spécificité  d'action  des  sources 
de  Vichy  employées  en  thérapeu- 
tique thermale 1 1 35 

SERPEK  (J.-O.).  — ■  Sur  les  azotures 
et  les  oxydes  extraits  de  l'aluminium 
chaull'é  à  l'air I  5'20 

SERRANT  (Emile)  adresse  une  Note 
concernant  «  Certains  corps  explo- 
sifs »  1 205 

SÈVE  (Piehre).  —  Sur  un  nouveau 
modèle  do  balance  pour  la  détermi- 
nation des  champs  magnétiques.  .  .      i>i)9 

SILBERZWEIG  (C.)  et  WAHL  (A.).  — 
Sur  les  niétlioxyheuzoylacétates  de 
méthylc 538 

SIMON  (G.),  LESNÉ  (E.)  et  DEBRÉ 
(R.l.  —  Sur  la  présence  des  germes 
virulents  dans  l'atmosphère  des 
salles  d'hôpital looi 

SIMON  (L.-J.).  —  Sur  le  caractère  acide 

de  l'éthcr  oxalacétiquc 17G0 

SIZES  (Gabriel)  et  MASSOL  (G.).  — 
Inscription  photographique  des  vi- 
brations d'un  diapason 17  '|G 

SMOLUCllOWSKI.    —   Sur  la   théorie 

mécanique  de  l'érosion  glaciaire..  .  .      IjOS 

SOREAU  (Rodolphe)  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  La  poussée  sur  la  sur- 
face portante  des  aéroplanes  » 1278 

—  La  poussée  sur  la  surface  portante 

des  aéroplanes 1 593 

STASSANO  (H.)  et  DAUMAS   (A.).   — 


i862 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

Dvi  rôle  double  du  calcium  dans  la 
coagulation  du  sang  et  de  la  lymphe.       987 

STAWSKA(M"«Boleslawa).  — Études 
sur  le  venin  de  cobra  et  le  sérum 
antivenimeux iSSg 

STEKLOFF  (W.).  —  Sur  un  théorème 
général  d'existence  des  fonctions 
fondamentales  correspondant  à  une 
équation  différentielle  linéaire  du 
second  ordre 4^2 

—  Sur  le  développement  d'une  fonction 
arbitraire  en  séries  procédant  sui- 
vant certaines  fonctions  fondamen- 
tales         601 

STŒCKLfN  (E.  de).  —  Nouvelle  mé- 
thode permettant  de  déceler  des 
traces  d'alcools 43 

STŒCKLIN    et   CROCHETELLE.   — 


MM.  Pages. 

Sur  la  présence  accidentelle  dans  le 
lait  de  sulfocyanures  et  leur  origine.     l53o 

STORMER  (Carl).  —  Photographies 
des  aurores  boréales  et  nouvelle 
méthode  pour  mesurer  leur  altitude.     1 63 1 

STROHL  (J.).  —  Le  poids  relatif  du 
cœur  et  l'effet  des  grandes  altitudes. 
Étude  comparative  sur  deux  espèces 
de  Lagopèdes  habitant  l'une  les 
Hautes-Alpes,  l'autre  les  plaines  de 
Laponie 1257 

STRONG  (Pablo-Martinez).  —  Sur 
la  nature  colloïdale  des  acides  chro- 
mopolysulf  uriques 1 1 72 

SZILARD  (B.). —  Un  action  à  distance 
sur  le  cohéreur,  produite  par  les  con- 
tacts métalliques 1670 


TABOURY  (F.)  et  BODROUX  (F.). 
—  Synthèses  effectuées  avec  le  cya- 
nure de  benzyle 53 1 

—  Synthèse  de  nitrilcs  aromatiques...      124' 
TA>{NERYcst  élu  membre  des  Commis- 
sions chargées  de  juger  les  Concours: 

du  prix  Montyon  (Statistique)  pour 
l'année  ujio 445 

—  Du  prix  Binoux  (Histoire  des  Sciences) 

pour  l'année  1910 445 

TARBOURIECIl     (P.-J.).    —     Sur     le 

méthyl-l-éthaiioyl-l-cyclohexanc.  .      1G06 

TARRY  (Haroi.d)  adresse  une  Note 
intitulée  :  «  Les  grands  mouvements 
do  l'atmosphère  et  la  production  des 
inondations   » aSo 

TAVANI  (J.)  adresse  un  Mémoire  :  «  Sur 
la  théorie  des  séries  à  termes  positifs 
et  des  fonctions  entières  » 819 

TCHOUGAEFF  (L.)  et  FOMIN  (W.).  — 
Sur  certains  dérivés  de  la  choles- 
térine 1 435 

TERMIER  (Pierre)  fait  hommage  à 
l'Académie  d'une  brochure  intitulée  : 
Il  Deux  conférences  de  Géologie  al- 
pine  » 58ij 

TERMIER  (Pierre)  et  LAPPARENT 
(.Jacques  de).  —  Sur  la  monzonitu 
de  Fontaine-dii-Génie,  près  Cherchel 
(Algérie)  et  les  micromonzonites  de 
la  région  a  voisinante l484 


THIRODE  (G.)  et  GAULT  (H.).  — 
Condensation  des  aminés  secon- 
daires avec  l'éther  "/"hromodimé- 
thylacétylacétique Il  23 

THIROUX  (A.)  et  DUFOUGERÉ  (W.). 
—  Sur  un  nouveau  spirille  du 
Cercopithecus  patas 1 32 

THOMPSON  (Silvanus  P.).  —  Eflets 
physiologiques  produits  par  un 
champ  magnétique  alternatif 991 

THORPE  (J.-F.)  et  BLANC  (G.).  — 
Sur  le  produit  de  la  luéthylation  do 
l'éther  dicétoapocamphorique  de 
M.  G.  Komppa 11 26 

THOULET  (J.).  —  De  la  genèse  des 
roches  sous-marines  connues  sous  le 
nom  de  malles 421 

—  Carte  lithologique  sous-marine  de  la 

côte  du  Languedoc 64o 

—  Sédiments  marins  d'origine  éolienne.       947 

—  Sur  la  mesure  de  la  couleur  des  vases 

marines  actuelles  et  anciennes l375 

THOVERT  (G.).  —  Diffusion  et  théorie 

cinétique    des    solutions 270 

TIFFENEAU  (M.).  —  Action  des  agents 

déshydratants  sur    quelques  ï-gly- 

cols 1181 

TISON  (Adrien)  et  MAIRE  (René).  — 

Sur  quelques  Plasmodiophoracées.  1768 
TISSOT   (J.).  —  Étude  expérimentale 

des     combustions     intraorganiques 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

chez  les  animaux  respirant  de  l'air 
progressivemsnt  appauvri  eu  oxy- 
gène et  des  procédés  do  défense 
naturels  de  l'organisme  contre 
l'anoxyhémie 719 

TOUPLAIN  et  BORDAS  (F.).  —  Con- 
tribution à  l'étude  des  réactions 
dues  à  l'état  colloïdal  du  lait  cru. .        34l 

TRANIÉ  (H.)  adresse  un  «  Traité  tech- 
nique et  pratique  des  irrigations  ».  .        191 

TRILLAT  (A.).  —  Sur  la  désinfection 
par  la  combustion  incomplète  de 
la  paille SSg 

TRILLAT  (A.)  et  SAUTON.  —  Influence 
des  atmosphères  viciées  sur  la  vi- 
talité des  microbes 748 


MM.  I 

TROOST  est  élu  membre  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les  Con- 
cours des  prix  Jecker,  Cahours, 
Montyon  (Arts  insalubres),  Alhum- 
bert  pour  l'année  1910 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1910.  . . 
— -  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1910. 
TSCHERNIAVSKI     (A.)     et     GUYE 

(C.-E.).  —  Mesure  de  très  hauts 
poteatiels  au  moyen  d'éleotromètres 
sous  pression 

TZITZÉICA  (G.).  —  Un  problème  sur 
les  systèmes  triples  orthogonaux.. 

— -  Sur  une  nouvelle  classe  de  surfaces. . 

—  Sur  une  nouvelle  classe  de  surfaoes. 


[863 


367 

445 

5o7 


9" 

29 
955 

1227 


u 


UBACH  et  CIRERA  (P.).  —  Obser- 
vations sur  le  passage  de  la  comète 
de  Halley,  à  l'Observatoire  de  l'Ebre 
(Espagne) l494 

URBAIN  (Ed.),  SCAL  (Cl.)  et  FEIGE3        ^ 
(A.).  —  Sur  la  stérilisation  de  l'eau 


par  l'ultraviolet 548 

URBAIN  (G.).  —  Sur  l'analyse  magnéto- 
chimique  des  terres  rares 918 

URBAIN  (G.),  BLONDEL  (M.)  et 
OBIEDDFF.  —  Extraction  du 
germanium  des  blenies 1758 


V 


VAILLANT  (P.).  —  Sur  les  lois  de  l'éva- 

poratioa 2l3 

—  Sur  un  cas  particulier  d'évaporation.        689 

—  Sur  une  loi  de  Stefau  relative  à  l'éva- 

poration I048 

VALLÉE  (H.)  et  GUINARD  (L.).  — 
Des  propriétés  physiologiques  des 
extraits  du  bacille  de  Koch  conden- 
sés et  sensibilisés I  i4o 

VALLET  (Gabriel).  —  Pénétration  et 
action  bactéricide  des  rayons  ultra- 
violets par  rapport  .i  la  constitution 
chimique  des  milieux 632 

—  Stérilisation    de    grandes    quantités 

d'eau  au  moyen  des  rayons  ultra- 
violets        1076 

VAN  AUBEL(Edm.).]—  Sur  la  produc- 
tion d'ozoue  sous  l'influence  de  la 
lumière  ultraviolette 96 

—  Sur  la  relation  de  Pulfrich  entre  la 

contraction  du  volume  et  le  pouvoir 
réfringent  des  mélanges  liquides.  . .        210 
VAN    DER   WAALS    est    élu    Associé 

étranger 3oo 

C.   R.,  i;)i'i,  I"  Semestre.   (T.    \'M.) 


VANEY  (C.)  et  CONTE  (A.).  —  Re- 
cherches sur  le  développement  de 
l'œuf  de  Ver  à  soie  univoltin 553 

VAN  TIEGHEM  (Ph.).  —  Classification 

nouvelle  du  groupe  des  Inovulées.      1715 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à 

l'Académie  que  le  Tome  LI  des  Mé- 
moires de  V  Académie  des  Sciences 
est  en  distribution  au   Secrétariat.     1087 

—  M.   le    Secrétaire    perpétuel    annonce 

à  l'Académie  que  le  Tome  CXLVIII 
des  Comptes  rendus  {i"  semestre 
1909)  est  en  distribution  au  Secréta- 
riat        1087 

—  M.    le    Secrétaire    perpétuel    annonce 

le  décès  de  M.  Julius  Kiihn,  Cor- 
respondant pour  la  Section  d'Éco- 
nomie rurale 953 

—  M.   le   Secrétaire    perpétuel    annonce 

la  mort  de  M.  Edouard  van  Beneden, 
Correspondant  pour  la  Section 
d'Anatomie  et  Zoologie 1094 

—  Rapport  de  la  Commission  chargée 

de  proposer  pour  l'année    1910  la 


I  86  I 


TABLE    DES   AUtKURS. 


MM.  P 

répartition  des  subventions  du 
Fonds  Bonaparte 

—  Est  élu  membre  d'une  Commission 
qui  devra  proposer  des  listes  de 
candidats  à  deux  places  d'Associés 
étrangers 

—  Est  élu  membre   de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de 
candidats  à  une  place  d'Associé 
étranger  vacante  par  le  décès  de 
M.  Agassiz 

—  Est    élu   membre    des    Commissions 

chargées  de  juger  les  Concours  : 
des  prix  Tchihatchef,  Gay,  Binoux, 
Delalande-Guérineau   pour  l'année 

1910 

—  Des    prix    Desmazières,    Montagne, 

De  Coincy,  De  la  Fons-Mélicocq, 
Bordin  (Sciences  physiques)  pour 
l'année  1910 

—  Des  niédailles  Arago,  Lavoisier,  Ber- 

thelot  pour  l'année  1910 

—  Des    prix    Gegner,    Lannelongue    et 

Trémont  pour  l'année  1910 

—  Du  prix  Saintour  pour  l'année  1910. 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  question 
de  prix  Gay  pour  l'année  igiS. . . . 

—  M.     le    Secrétaire    perpétuel    signale, 

parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  :  un  «  Souvenir 
d'excursion  en  Roumanie  »  et 
divers  travaux  de  MM.  A.  Angot, 
Arthur  de  Claparède,  E.-G.  Paris,  80. 

—  Divers  Ouvrages  de  MM.  Charles 
Hiquier,  Friedrich  Fredde,  E. 
Perroncito,  et  une  brochure  inti- 
tulée :  (i  Onoranze  al  Pro/.  Luigi 
Cremona  »,  199.  —  Une  publication 
de  l'Association  internationale  des 
Académies  relative  à  la  réunion  du 
3  juin  1909,  3oi.  —  Divers  Ouvrages 
de  MM.  O.-D.  Chwolson  et  Ch.  Ber- 
trand, 448.  —  Le  Tome  XXXVIII 
des  <i  Travaux  du  Conseil  supérieur 
d'Hygiène  publique  de  France  » 
et  un  Ouvrage  de  M.  C.  Pérez,  Sgo. 

—  Divers  Ouvrages  de  MM.  Edmond 
Kayser,  G.-D.  Hinrichs,  Albert 
Petot,  et  un  Rapport  en  italien, 
relatif  au  tremblement  de  terre 
de  1908,  764.  —  Divers  travaux 
de  M.  Elie  de  Cyon,  du  Service 
géographique  de  l'Armée  et  de  l'Ob- 


1784 
444 

1491 

367 

368 

445 

445 
5o7 

367 


MM.  Pages. 

servatoire  royal  de  Belgique,  849.  — 
Le  Tome  XX  des  «  Opère  de  Gali- 
leo  Galilei  »,  divers  travaux  de 
M.  A.  Lcbeuj  et  de  M.  Albert  Oran- 
ger, 953.  —  Le  «  Quatrième  Congrès 
international  d'Aéronautique,  Nan 
cy.  Procès-verbaux,  Rapports  et 
Mémoires  »;  divers  Ouvrages  de 
M.  H.  Leconte,  de  M.  Emile  Haug, 
de  M.  le  Général  Berthaut,  logS.  — 
Les  Comptes  rendus  des  séances 
de  la  troisième  réunion  de  la  Com- 
mission permanente  de  l'Associa- 
tion internationale  de  Sismologie  », 
par  M.  R.  de  Kovesligethy,  1222.  — • 
Plusieurs  brochures  relatives  au 
«  Congrès  mondial  des  Associations 
internationales  sous  le  patronage 
du  Gouvernement  belge  »;  divers 
Ouvrages  de  MM.  Joubin,  Tilho, 
M.  Landeroin  et  J.  Tilho,  Ph.  Eber- 
hardt  et  M.  Dubard,  1404.  —  Di- 
verses publications  du  Ministère 
du  Travail,  de  MM.  P.-A.  Dan- 
geard,  Ch.  Moureu  et  Ch.  Vélain, 
de  l'École  technique  supérieure  de 
Munich,  du  Comité  de  la  Carte  in- 
ternationale, l574-  —  Divers  tra- 
vaux de  MM.  van  der  Stok,  Harris 
Hancock  et  Lenard lySa 

VASTICAR    (E.).   —   Sur   la   structure 

de  la  tectoria 354 

VAVON     (G.).    —    Hydrogénation    de 

l'essence  de  térébenthine 1 127 

—  Sur  le  pouvoir  rotatoire  du  chlorhy- 

drate de  pinène 1428 

VERGNE  (H.).  —  Sur  les  changements 

canoniques  de  variables io38 

VERNEUIL  (A.).  —  Sur  la  reproduc- 
tion synthétique  du  saphir  par  la 
méthode  de  fusion i85 

VESSIOT  (E.).  —  Sur  l'intégration  des 

systèmes  complets 1662 

VÈZES  (M.).  —  Sur  l'analyse  de  l'es- 
sence de  térébenthine  par  les  courbes 
de  miscibilité 698 

VIALA  (P.)  et  PACOTTET  (P.).  — 
Sur  la  culture  du  Rœsleria  de  la 
vigne 1 770 

VIEILLE  est  élu  membre  des  Com- 
missions chargées  de  juger  les  Con- 
cours :  des  prix  Montyon,  Fourney- 
ron  pour  l'année  1910 367 

—  Du  prix  extraordinaire  de  la  Marine, 


TABLIi:    Dl  S    AUTKUHS 

MM.  Pages, 

du  prix  Plumey,  pour  l'année  1910.       867 

—  Du  prix  Caméré  pour  l'année  1910.       5oy 
VIGNON  (Léo).  —  Textiles  et  matières 

colorantes  insolubles 472 

—  Pouvoir    de    diffusion    de    certaines 

matières  colorantes  artificielles.  .  .  .        619 

—  Phénomènes  de  transport  électrique 

dans  les  solutions  de  certaines  ma- 
tières colorantes Q^-^ 

VIGUIER    (P.-L.).   —   Sur   l'aldéhyde 

a-bromocrotonique l43l 

VIGUIER  (Paul)  et  BLARINGHEM 
(L.j.  —  Une  nouvelle  espèce  de 
Bourse-à-Pasteur,  Capsella  Viguieri 
Blar.,  née  par  mutation 9^^ 

VILLA  (A.)  et  ETARD  (A.).  —  L'ana- 
lyse des  matières  protoplasmiques.     1709 

VILLARD  est  élu  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  juger  le  Con- 
cours des  prix  Hébert,  Hughes, 
Kastner-Boursault,  Victor  Raulin 
pour  l'année  1910 867 

VILLARD  (P.)  et  ABRAHAM  (H.).  — 
Sur  l'existence  de  deux  potentiels 
explosifs 1286 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 

tion        1714 

VILLE  (J.)  et  MESTREZAT  (W.).  — 
Sur  l'hydrolyse  fluorhydrique  de 
la  cellulose 788 

VINCENT  (H.).  —  Les  bases  expéri- 
mentales de  la  vaccination  anti- 
typhique 355 

—  Sur  l'immunisation  active  de  l'homme 

contre  la  fièvre  typhoïde.  Nouveau 

vaccin  antityphique 482 

VINET  (E.)  et  MOREAU  (L.).  —  L'ar- 


i«65 

MM.  Pages. 

séniate  de  plomb  en  viticulture. . . .        787 
VIOLLE  (J.).  —  Sur  la  lutte  contre  la 

grêle  dans  le  Beaujolais 1087 

—  Est  élu  membre  des  Commissions 
chargées  de  juger  les  Concours  : 
des  prix  Hébert,  Hughes,  Kastner- 
Boursault,  Victor  Raulin  pour  l'an- 
née 1910 367 

—  Du  prix  Wilde  pour  l'année  1910. . .        445 

—  Du  prix  Houllevigue  pour  l'année 
1910 5o8 

—  Est  élu  Membre  de  la  Commission 
du  Fonds  Bonaparte  pour  1910  et 
191 1 590 

VOISENET  (E.).  —  De  la  production 
de  petites  quantités  d'aldéhyde 
formique  dans  l'oxydation  de  l'al- 
cool éthylique  par  voie  chimique, 
physique  ou  biologique 4o 

—  Sur  la  recherche  de  l'hexaméthylène- 
tétramine  dans  les  moûts  et  les 
vins 879 

—  Formation  d'acroléine  dans  la  mala- 
die de  l'amertume  des  vins i6i4 

VOLMAR  (V.).  —  Sur  quelques  trial- 
coylacétonaphtones  et  leur  dédou- 
blement par  l'amidure  de  sodium.      Il 74 

VOURNASOS  (A.-C).  —  Sur  la  réac- 
tion de  l'hydrogène  naissant  à  l'état 
sec 464 

—  De  l'action  réductrice  des  formiates 
alcalins  sur  certains  composés  mi- 
néraux         922 

VUILLEMIN  (P.).  —  Matériaux  pour 
une  classification  rationnelle  des 
Fungi  imperfecti 882 


W 


WAHL  (A.)  et  SILBERZWEIG  (C).  — 
Sur  les  méthoxybenzoylacétates  de 
méthyle 538 

WARCOLLIER  et  MAURAIN.  — 
Action  des  rayons  ultraviolets  sur 
le  vin  en  fermentation 343 

WATTEVILLE  (C.  de)  et  HEMSA- 
LECH  (G.-A.j.  —  Sur  le  spectre 
de  flamme  à  haute  température 
du  fer 329 

WEINBERG.  —  De  l'influence  du  ré- 
gime sur  la  production  de  l'athé- 


rome  spontané 940 

WEISS  (Pierre)  et  KjVMERLINGH 
ON  NES.  —  L'intensité  d'aiman- 
tation à  saturation  aux  très  basses 
températures 686 

—  Sur  les  propriétés  magnétiques  du 
manganèse,  du  vanadium  et  du 
chrome 687 

WEISWEILLER  (G.)  et  BERTRAND 
(Gabriel).  —  La  vicianose,  nou- 
veau sucre  réducteur  en  C" 180 

WELSCH  (Jules).  —  Sur  la  formation 


l866  lAliLH    Dl'S    AUTEUKS 

MM.  l'iiges. 

du  Marais  poitevin  et  la  séparation 
des  îles  de  Ré  et  d'Oléron 844 

—  Sur   les   dépôts    de   tourbe   littorale 

de  l'ouest  de  la  France 1628 

WERTENSTEIN  (Louis).  —  Sur  le 
parcours  des  projections  radioac- 
tives          869 

WOLF  (Charles)  est  élu  membre  do 
la  Commission  chargée  de  juger  le 
Concours  des  prix  Pierre  Guzman, 
Lalande,  Valz,  Janssen,  pour   l'an- 


MM. 

née  1910  

WOLFF  (J.).  —  Action  des  phosphates 
alcalins  bibasiques  sur  la  tyrosinase. 

WROCZYNSKI  (A.)  et  BRINER  (E.). 
—  Action  chimique  des  pressions 
élevées;  compression  du  protoxyde 
d'azote  et  d'un  mélange  d'azote 
et  d'hydrogène;  décomposition  de 
l'oxyde  de  carbone  par  la  pression. 

—  Errata  relatifs  à  cette  Communica- 
tion  


Pages. 
367 


i3a4 
1714 


YVON  (P.).  —  Sur  l'émétique  d'aniline.       283  |  —  Sur  l'émétique  d'arsenic  et  d'aniline.       834 


ZEILLER  (R.)  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie d'une  «  Notice  sur  M.  P. 
Fliche,  sa  vie  et  ses  travaux  » 193 

—  Sur  quelques  plantes  wealdiennes  du 

Pérou   1488 

—  Est  désigné  pour  représenter  l'Aca- 

démie au  3^  Congrès  international 
quinquennal  de  Botanique,  en  mai 
191  o,  à  Bruxelles 848 

—  Est  élu  membre  de  la  Commission 

chargée  de  juger  le  Concours  des 
prix  Desmazières,  Montagne,  De 
Coincy,  De  la  Fons-Mélicocq,  Bor- 


din  (Sciences  physiques)  pour  l'an- 
née 1910 368 

ZELTNER    (Fn.    de).   —   Les   grottes 

peintes  du  Soudan  français 1461 

ZORETTI  (Ludovic).  —  Sur  les  en- 
sembles de  points 162 

—  Sur  les  propriétés  des  lignes  canto- 

riennes 1 5o5 

ZORN  (L.)  et  GRIGNARD  (V.).  — 
Action  du  chlorure  de  thionyle 
sur  les  combinaisons  organomagné- 
siennes  mixtes '177 


OAUTHlEn-VlLLARS.IMPRIMEUB-LrBRAIRE  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES   DE  I.' ACADÉMIE  DES  SCIENCE». 
^6042  Paris.  —  Quai  des  Grantis-Auguslins,  55. 


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