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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PARIS. — IMPRIMERIE GAUTHIER-VILLARS, QDAI DES GHANDS-AliGUSTlNS, 55.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
EN DATE DU 13 JUILLET 1835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
TOME CENT- CINQUANTIEME.
JANVIER - JUIN 1010.
PARIS,
GAUTHIER-VILLARS. IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCE-,
Quai des Grands-Augustins, 55.
[910
S^--'i7>
ÉTAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
Al 1" JANVIER 1910.
SCIENCES MATHEMATIQUES
Section I". — Géométrie.
Messieurs:
Jordan (Marie-Ennemond-Camille) (o. s). •
PoiNCARÉ (Jules-Henri) (c. »).
Picard (,Charles-Émile) (o. »).
Appell (Paul-Émile)(c. *).
Painlevé (Paul) *.
HuMBERT (Marie-Georges) *.
Section II. — Mécanique.
Levy (Maurice) (c. *).
BoussiNESQ (Valentin-Joseph) (o. ft).
Deprez (Marcel) (o. *).
LéAUTÉ (Henry) (o. ft).
Sebert (Hippolyte) (c. *).
Vieille (Paul-Marie-Kugène) (o. *).
Section III. — Astronomie.
WoLF (Charles-Joseph-Etienne) (O. «).
Radau (Jean-Charles-Rodolphe) *.
Deslandres (Henri-Alexandre) *.
BiGOURDAN (Guillaume) *.
Baillaud (Edouard-Benjamin) (o. *).
Hamy (Maurice-Théodore-Adolphe).
Section IV. — Géographie et Navigation.
Grandidier (Alfred) (o. *).
Bassot (Jean-Léon-Antoine) (c. «).
GuYOU (Emile) (c. *).
Hatt (Philippe-Eugène) (o. *).
Bertin (Louis-Emile) (c. #).
N
ACADEMIE DES SCIENCES.
Section V. — Physique générale.
Messieurs :
LippMANN (Gabriel) (c. «).
ViOLLE (Louis-Jules-Gabriel) (o. *).
Amagat ( Éiïiile-Hilaire ) (o. «).
Gernez (Désiré-Jean-Baptiste) (o. *).
BouïY (Ediiiond-Marie-Léopold) (o. *).
YiLLARD (Paul).
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie.
Troost (Louis-Joseph) (c. *).
Gautier (Émile-Justin-Armand) (c. ft).
Lemoine (Georges) (o. *).
Haller (Albin) (o. *).
Le Ghatelier (Henry-Louis) (O. «).
JuNGFLEisCH (Emile-Clément) (o. *).
Section VII. — Minéralogie.
LÉVY (Auguste-Michel) (o. *).
Lacroix (François- Antoine-Alfred) ;*.
Barrois (Charles-Eugène) (o. *).
DouviLLÉ (Joseph-Henri-Ferdinand) (o. *).
Wallerant (Frédéric).
Termier (Pierre-Marie) (o. *).
Section VIII. — Botanique.
BORNET (Jean-Baptiste-Édouard) (o. «).
GuiGNARD (Jean-Louis-Léon) (o. *).
BONNIER (Gaston-Eugène-Marie) (*).
Prillieux (Édouard-Ernest) (o. *).
Zeiller (Charles-René) (o. *).
Mangin (Louis-Alexandre) (o. *).
ETAT DE L ACADÉMIE AU l" JANVIER 1910.
Section IX. — Économie rurale.
Messieurs :
SCHLŒSING (Jean-Jacques-Théopliile) (c. «).
Chauveau (Jean-Baptiste-Auguste) (g. o. *).
MiJNTZ (Charles-Achille; (o. *).
Roux (Pierre-Paul-Émile) (c. *).
ScHLŒSiNG (Alphonse-Théophile) *.
Maquenne (Léon-Gervais-Marie) *. .
Section X. — Anatomie el Zoologie.
Ranvier (Louis-Antoine) (o. *■).
Perrier (Jean-Octave-Edmond) (c. *).
Chatin (Joannès-Chaiies-Melchior) (o. «).
Delage (Marie-Yves) (o. *).
Bouvier (Louis-Eugène) *.
Henneguy (Louis-Félix) (o. *).
Section XI. — Médecine et Chirurgie.
Bouchard (Charles-Jacques) (g. o. »).
GuYON (Jean-Casimir-Félix) (c. *).
Arsonval (Arsène d') (c. ft).
Lannelongue (Odilon-Marc) (c. ft).
Laveran (Charles-Louis-Alphonse) (o. *).
Dastre (Albert-Jules-Frank) (o. «).
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
Darboux (Jean-Gaston) (c. *), pour les Sciences mathéma-
tiques.
Van Tieghem (Philippe-Édouard-Léon) (c. *;, pour les Sciences
physiques.
ACADEMIE DES SCIENCES.
ACADEMICIENS LIBRES.
sieurs :
Freycinet (Charles-Louis DE Saulses de) (o. *).
Hatonde la Goupillière (Julien-Napoléon) (g. o. *).
Cailletet (Louis-Paul) (o. «).
Carnot (Marie-Adolphe) (c. *).
RouCHÉ (Eugène) (o. «).
Picard (Alfred-Maurice) (g. C. *).
Labbé (Léon) (c. *).
Bonaparte (Le prince Roland).
Tannery (Jules) (o. *).
Carpentier (Jules- Adrien) (c. *).
ASSOCIÉS ÉTRANGERS (').
Lister (Lord), à Londres.
SUESS (Edouard), à Vienne.
HooKER (Sir Joseph-Dalton), à Kew.
ScHiAPARELLi ( Jean-Virginius). à Milan.
KoCH (Robert), à Berlin.
Agassiz (Alexandre) (o. *), à Cambridge (Massachusetts).
Monaco (S. A. S. Albert P*', Prince souverain de) (g. c. ^).
N
N
N
N
N
(') Un décret, en date du i" décembre 1909, a porté le nombre des Associés
étrangers de 8 à 12.
ÉTAT UE l'académie AU l"' JANVIER 1910.
CORRESPOI\DANTS.
SCIENCES MATHÉMATIQUES.
Sectiox I". — Géométrie (10).
Messieurs :
ScHWARZ (Hermann-Amandus), à Grûnewald, près Berlin.
Klein (Félix), à Gœtlingue.
MéRAY (Hugues-Charles- Robert) (o. *), à Dijon.
Zeuthen (Hieronymus-Georg), à Copenhague.
Mittag-Leffler (Magnus-Gustaf) (o. «), à Stockholm.
Dedekind (Julius-Wilhclm-Richard), à Briins\vick.
NŒTHER(Max), à Erlangen.
Volterra (Vite), à Rome.
GuiCHARD (Claude), à Clermont-Ferrand.
GORDAN (Paul), à Erlangen.
Section II. — Mécanique (lo).
Considère (Armand-Gabriel) (o. *), à Quimper.
Amsler (Jacob), à Schafîhouse.
Vallier (Frédéric-Marie-Emmanuel) (o. «), à Versailles.
Dwelshauvers-Dery (Victor-Auguste-Ernest) *, à Liège.
Bazin (Henry-Émile) (o. *), à Chenôve ( Côte-d'Or).
DuHEM (Pierre), à Bordeaux.
HoFF (Jacobus-Henricus Van't) ft, à Berlin.
WiTZ (Marie-Joseph-Aimé), à Lille.
N
N
Section III. — Astronomie (16).
LOCKYER (Sir Joseph-Norman), à Londres.
HUGGINS (Sir William), à Londres.
Stephan (Jean-Marie-Édouard) (o. *), à Marseille.
AuwERS (Arthur), à Berlin.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 1Û0, N" 1.) '
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Messieurs :
Backlund (Oskar), à Poulkova.
GiLL (Sir David) (o. ^'), à Londres.
Bakhuyzen (Van de Sande) (g. *), à Leyde.
Christie (William-Henry), à Greenwich (Angleterre).
André (Charles-Louis-François) (o. * ), à l'Observatoire de Lyon.
Weiss (Edmund) (o. »), à l'Observatoire de Vienne.
PiCKERiNG (Edward-Charles), à Cambridge (Massachusetts).
Gaillot (Jean-Baptiste-Aimable) (* ).
Turner (Herbert-Hall).
Hale (George-EUery).
Kapteyn (Jacobus-Cornelius) (o. *), à Groningue.
Section IW — Géographie et Navigation (lo).
TeffÉ (le baron de), à Rio-de-Janeiro.
Nansen (Fridtjof) (c. «;), à Bergen (Norvège).
Helmerï (Frédéric-Robert), à Potsdam.
Colin (le R. P. Édouard-Élie), à Tananarive.
Gallieni (Joseph-Simon) (g. o. *), à Saint-Raphaël (Var).
Davidson (George), à San-Francisco.
Darwin (Sir George), à Cambridge.
Brassey (Thomas, Lord) (c. «;), à Londres.
N
N
Section V. — Physique générale (lo).
Rayleigh (John-William Sïrutt, Lord) (o. *), à Essex.
Blondlot (René-Prosper) *, à Nancy.
HiTTORF (Wilhem), à Munster (Prusse).
Van der Waals (Johannes-Diderik), à Amsterdam.
Michelson (Albert-A.), à Chicago.
GOUY (Georges-Louis) (o. * ), à Lyon.
Benoit (Justin-Miranda-René) (o. *), à Sèvres.
Lorentz (Hendrik-Antoon), à Leyde.
Crookes (Sir William), à Londres.
N
ÉTAT DE l'académie AU l*"" JANVIER 1910. li
SCIENCES PHYSIQUES.
Section VI. — Chimie (10).
Messieurs :
Lecoq de BoiSBAUDRAN (Paul-Émile dit François) *, à Cognac.
Baeyer (Adolf von), à Munich.
ROSCOE (Sir Henry-Enfield) (o. *), à Londres.
Cannizzaro (Stanislas) (o. *), à Rome.
Ramsay (Sir William) (o. «), à Londres.
Fischer (Emil), à Berlin.
Sabatier (Paul) (o. *), à Toulouse.
FORCRAND de Coiselet (Hippolyte-Robert de) (o. s. ), à Mont-
pellier.
Henry (Louis), à Louvain.
Ladenburg (Albert), à Breslau.
Sectiox VII. ~ Minéralogie (^10).
Gosselet (Jules-Auguste-Alexandre) (o. «), à Lille.
Geikie (Sir Archibald), à Londres.
TSCHERMAK (Gustav), à Vienne.
DepéreT (Charles-Jean-Julien) *, à Lyon.
RoSENBUSCH (Harry), à Heidelberg.
OEhlert (Daniel) «, à Laval.
Brôgger (Wlademar-Christofer;, à Christiania.
Heim (Albert), à Zurich.
ZiRKEL (Ferdinand), à I^eipzig.
KiLiAN (Charles-Constant-Wilfrid) (o. iï), à Grenoble.
Section VIII. — Botanique (10).
Grand'Eury (François-Cyrille) *, à Saint-Étienne.
Treub (Melchior) *, au Caire.
SCHWENDENER (Simon), à Berlin.
Pfeffer (V^ilhelm-Friedrich-Philipp). h Leipzig.
Strasburger (Edouard), à Bonn.
Warming (Johannes-Eugcnius-Beilow), à Copenhague.
Flahault (Charles-Henri-Marie) (ô. «), à Montpellier.
Bertrand (Charles-Eugène) «, à Lille.
B0UDIER (Jean-Louis-Eniile), à Montmorency.
W^iESNER (Julius), à Vienne.
ACADEMIE DES SCIENCES.
Section IX. — Économie rurale (lo).
Messieurs :
HOUZEAU (Auguste) (O. «), à Rouen.
Arloing (Saturnin) (c. ft), à Lyon.
l'AGNOUL (Aimé) (o. »), à Arras.
Gayon (Léonard-Ulysse) (o. * ), à Bordeaux.
KuEHN (Julius), à Halle.
Winogkadski (Serge), à Saint-Pétersbourg-.
Yermoloff (Alexis) (c. *), à Saint-Pétersbourg.
Tisserand (Louis-Eugène) (g. o. »), à Vaucresson.
Heckel (Edouard-Marie) (c. *), à Marseille.
N -.
Section X. — Anatomie et Zoologie (lo).
Fabre (Jean-Henri) *, à Sérignan (\ aucluse).
Sabatier (Armand) (o. *), à Montpellier.
Retzius (Gustave), à Stockholm.
Lankester (Edwin-Ray), à Londres.
Maupas (Emile-François), à Alger.
Van Beneden (Edouard), à Liège.
Metchnikoff (Élie) (o. «), à Sèvres.
Waldeyer (Henri-Guillaume-Godefroi), à Berlin.
Simon (Eugène-Louis), à Lyons-la-Forêt (Eure).
N
Section XI. — Médecine et Chirurgie (lo).
Lépine (Jacques-Raphaël) (o. sX à Lyon.
Leyden (F>nst YOn), à Berlin.
Mosso (Angelo), à Turin.
Zambaco (Démélrius-Alexandre) (O. *), à Constanlinople.
Czerny (Vincent-Joseph), à Hcidelberg.
Baccelli (Guido), à Rome.
Calmette (Léon-Charles-Albert~) (o. »),à Lille.
i\
N
^
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 5 JANVIER 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
M. Bouchard, Président sortant, fait connaître à l'Académie l'état où se
trouve l'impression des Recueils qu'elle publie et les changements survenus
parmi les Membres et les Correspondants pendant le cours de l'année 1909.
EUttde L'impression (les Recueils de l' /Icadém.ie au i" Janvier 1910
Volumes publiés.
Comptes rendus des séances de l' Acadénne. — Le Tome CXLVII (2'^ se-
mestre de l'année 1908) a paru avec ses tables.
Les numéros des i'''' et 1^ semestres de l'année 1909 ont été mis en distri-
bution, chaque semaine, avec la régularité habituelle.
Mémoires des Savants étrangers. — Le Tome XXXIII a été mis en
distribution le 14 avril. Ce volume comprend les Mémoires suivants :
I" Mémoire sur les déplacements à trajectoires sphériques, par M. Emile
Borel; 2° Essai sur le calcul du nom,bre des classes de formes quadratiques
binaires aux coefficients entiers, par M. Mathias Lerch; 3° Mémoire sur
r ellipticité du géoide dans le tunnel du Simplon, par M. Marcel Ijrillouin;
!\° Mémoire sur le problème d'Analyse relatif à l'équilibre des plaques élastiques
encastrées, par M. Jacques Hadamard. Ee Tome XXXI\ a été mis en
distribution le 7 juin. Ce volume comprend les deux Mémoires suivants qui
ont remporté le Grand Prix des Sciences mathématiques en 1908 : Le
l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mémoire n" 1, ayant pour auteur M. Luigi Blanchi, professeur à l'Univer-
sité de Pise, est intitulé : Théorie des transformations des sur-faces appli-
cables sur les quadriques générales. — Le Mémoire n" 2, dont l'auteur est
M. C Guichard, Correspondant de l'Académie, est intitulé : Sur la défor-
mation des quadriques.
Volumes en cours de puhlicalion.
Mémoires de l'Académie ('^. — Tome LI. Ce Tome comprendra :
1° Deux Mémoires de M. Gaston Darboux, le premier portant pour titre :
Détermination des systèmes triples orthogojiaux qui comprennent une famille
de cyclides de Dupin et plus généralement une famille de surfaces à lignes de
courbure plane dans les deux systèmes; le second intitulé : Second Mémoire
sur la détermination des systèmes triples orthogonaux qui comprennent une
famille de cyclides de Dupin ; l'impression de ces deux Mémoires est achevée ;
2" Une réimpression des études faites, à la fin du xviii^ siècle, sur les aéro-
stats, par le général Meusnier ; 3" Une Notice historique sur le général Meus-
mer, par M. Gaston Darboux; 4" Une Notice sur la vie et les travaux de
Pierre Duchartre, par M. Ph. van Tieghem.
Changements siirvemis parmi les Membres
depuis le \" jamder 1909.
Membres décédés.
Section de Géographie et Navigation : M. Rouquet de la Grye, le 21 dé-
cembre.
Associé étranger : M. Simon JVewcomb, à Washington, le 1 1 juilli.'t.
Membres élus.
Section de Chimie : M. Jungfleiscii, le i5 février, en remplacement de
M. Dilte, décédé.
Section de Minéralogie : M. Termiek, le 22 mars, en remplacement de
M. Gaudry, décédé.
Section de Botanique : M. Maxgix, le 23 janvier, en remplacement de
M. Ph. van Tieghem, élu Secrétaire perpétuel.
Associé étranger : S. A. S. Albert 1'^'', Prince souverain de Monaco,
le 29 mars, en remplacement de Lord Kelvin, décédé.
(') Comptes rendus., l. (^XLVlll, p. i.'i, llyiie 1"), lire Tome L au lieu de Tome LI.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. l5
Membres à remplacer.
Section de Géographù' et Navigation : M. Bouquet de la Ghye, décédé
le 21 décembre Tgog.
Associé étranger : M. Simon Newcomb, décédé à >\ashinglon, le 11 juil-
let 1909.
Nouvelles places créées.
Associés étrangers. — Un décret, en date du i'"'' décembre 1909, a porté
le nombre des Associés étrangers de 8 à 12. Ces quatre nouvelles places ne
sont pas encore pourvues de titulaires.
Changements survenus parmi Les Correspondants
depuis le i" janvier 1909.
Correspondant élu Associé étranger.
Section de Géographie et Navigation. — S. A. S. Albert T''', Prince
souverain de Monaco, a été élu Associé étranger le 29 mars.
Correspondants décédés.
Section d'Anatomie et Zoologie : M. Brrgu, à Copeniiaguc, le io juin;
M. LoRTET, à Lyon, le 20 décembre.
Section de Médecine et Chirurgie. — M. Engelmaxx, à Berlin, le 20 mai.
Correspondan Is élus.
Section d' Astronomie : M. Kapteyx, à Groningue, le 5 juillet, en rempla-
cement de M. Baillaud, élu Membie titulaire.
Section de Chimie : M. Ladenbiuc;, à Breslau, le t3 décembre, en rem-
placement de M. Mendeléef, décédé.
Section de Minéralogie : M. Zirkel, à Leipzig, le 4 janvier, en remplace-
ment de M. Cari Klein, décédé; M. Kiliax, à Grenoble, le 18 janvier, en
remplacement de M. Peron, décédé.
Section de Botanique : M. Iîoudier, à Montmorency, le 29 mars, en rem-
placement de M. Tylden Masters, décédé; M. Julus Wiesner, à Vienne, le
5 avril, en remplacement de M. Clos, décédé.
Section d'Anatomie et Zoologie : M. Eugène Simox, à Lyons-la-Forèt
(Eure), en remplacement de M. Bergb, décédé.
ib ACADEMIE DES SCIENCES.
Correspondants à remplacer.
Section de Mécanique : M. Sire, à Besançon, décédé le 12 septembre 190G;
M. Zeuner, à Dresde, décédé le 17 octobre 1907.
Section de Géographie et Navigation : M. Augustin Normand, au Havre^
décédé le 21 décembre 1906; S. A. S. Alrert \'\ Prince souverain de
Monaco, élu Associé étranger le 29 mars 1909.
Section de Physique générale : M. Crova, à Montpellier, décédé le
21 juin 1907.
Section d'Ècononûe rurale : M. Fliche, à INancy, décédé le 29 no-
vembre 1908.
Section d' Anatomie et Zoologie : M. Lortet, à Lyon, décédé le 26 dé-
cembre 1909.
Section de Médecine et Chirurgie : Sir J.-S. Burdon Sanderson, à Oxford,
décédé en 1905 ; M. Herrgott, à ÎNancy, décédé le 4 mars 1907; M. Engei.-
MANN, à Berlin, décédé le 20 mai 1909.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
Kn prenant place au fauteuil de la Présidence, M. Emile Picard s'exprime
comme il suit :
Mes chers Confriîres,
Je suis sûr tout d'abord d'être votre interprète, en adressant à M. Bou-
chard tous nos remercîments pour le zèle et l'autorité avec lesquels il a pré-
sidé à nos travaux ; la durée de sa présidence a dépassé les limites ordinaires,
et il a eu en outre la charge de la présidence de l'Institut. Kn prenant place
à ce fauteuil, je vous dois tous mes remercîments pour l'honneur que vous
m'avez fait en m'appelanl au Bureau il y a dix-huit mois. C'est un grand
honneur, qui ne va pas sans mélancolie, puisqu'il témoigne de quelque
vieillesse au moins académique; mais nous devons nous souvenir ici que,
SÉANCE DU 3 JANVIER I9IO. 17
travaillant à une œuvre sans fin, la Science, sinon le savant, reste toujours
jeune.
Plusieurs de nos anciens présidents, si je me rappelle bien, ont vu une
preuve de cette jeunesse dans l'ardeur avec laquelle nous causons pendant
les séances, et j'ai déjà pu vérifier de cette place que le bruit dépassait,
à certains moments, les limites permises. Un de nos correspondants étran-
gers, membre d'une illustre Société scientifique, me disait un jour que dans
cette Compagnie régnait un silence parfait, mais qu'à coté de la salle des
séances se trouvait une autre salle où l'on prenait le thé. .le n'ose pas pro-
poser cette solution à nos secrétaires perpétuels, qui répondraient peut-
être que l'Académie ne dispose pas de fonds pour cet objet; mais, si nous
n'avons pas le thé, nous avons à droite et à gauche des salles disponibles.
Celle de droite en particulier, la salie de l'Académie française, est regardée
comme le lieu de conversation le plus distingué qui soit en France; je vous
la recommande donc tout particulièrement pour vos causeries.
A ce désir d'un silence relatif, je vous demande la permission de joindre
un souhait de plus haute importance pour l'Académie. Il est fort regret-
table qu'une ancienne tradition soit suivie d'une manière si intermittente,
je veux parler des Notices que chacun de nous devrait consacrer à son pré-
décesseur. Rien n'est plus difficile à écrire que l'histoire des Sciences; on
y rencontre tant de légendes, de fausses attributions, de silences parfois
intentionnels. Des Notices mûrement élaborées, écrites dans les années qui
suivent la mort d'un savant sans autre souci que celui de la vérité, peuvent
empêcher l'éclosion ou la propagation d'erreurs difficiles plus tard à cor-
riger. Bien souvent, on nous distribue des Notices sur d'anciens confrères
des Académies des Inscriptions, des Sciences morales et des Beaux- Arts,
qui toutes trois respectent fidèlement la tradition. Ne pourrions-nous pas
les imiter? il ne semble pas qu'un astronome doive avoir plus de mal à
parler d'un astronome, et un chimiste d'un chimiste, qu'un helléniste d'un
assyriologue. En remplissant un pieux devoir envers nos confrères disparus,
nous préparerions des documents de grande importance pour l'histoire de
la Science française et de l'Académie. Nos secrétaires perpétuels ne
peuvent, malgré leur zèle et leur talent, dans une unique Notice annuelle,
suffire à cette tâche si vaste, à laquelle chacun de nous devrait au moins
une fois collaborer. Je souhaite, mes chers confrères, que plusieurs d'entre
vous veuillent bien se rappeler que l'histoire des Sciences est de notre do-
maine, et que c'est à nous qu'il appartient de rappeler la grandeur du
patrimoine scientifique de la France.
0. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 1.) 3
l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE. — Sur l' existence à la Cote d' Ivoire d'une série pélro graphique
comparable à celle de la charnockile. Note de M. A. Lacroix.
M. Auguste Chevalier m'a confié l'étude des nombreux matériaux pétro-
graphiques, recueillis au cours du long voyage qu'il vient de faire de la
Guinée à la Côte d'Ivoire, en passant par les sources du Niger. Ces roches
apportent de précieux renseignements sur la constitution géologique d'une
vaste région, jusqu'ici inconnue à ce point de vue.
Les formations sédimentaires anciennes ne sont représentées que par un
très petit nombre d'échantillons de schistes ardoisiers et de quartzites à
magnétite, constituant les crêtes escarpées du massif du mont Nimba (no-
tamment aux environs de Nzo(') qui se développe à la frontière delà Guinée,
de la Cote d'Ivoire et de Libéria. Presque toute la région parcourue par
M. Chevalier est constituée par des granités à biotite, souvent riches en mi-
crocline (notamment aux sources du Niger), par des pegmatites, par des
gneiss (pour la plupart des orthogneiss), traversés par des liions de diabase,
souvent en voie de transformation en schistes amphiboliques, là où les
actions dynamiques ont été puissantes.
Ces différentes roches sont en moyenne assez banales et fort analogues à
celles du Fouta-Djalon et delà basse Côte d'Ivoire, il faut en excepter cepen-
dant les roches remarquables qui font l'objet de cette Note ; elles constituent
une vaste surface, comprise an sud et à l'est du massif schisteux du mont
Nimba, dans les hautes vallées du Nuon (Cestos), du Cavally et du Sas-
sandra. La portion de celte région située à l'est du Nuon et comprenant les
bassins du Cavally et de deux allluents du Sassandra, le Zô et le Koué, est
habitée par les Dans (Dyolas), alors que plus au Nord se trouve le pays des
Touras (bassin du Baling, afnu(.'nt du Sassandra).
Cette région est granitique; elle présente une topographie tout à fait
caractéristique que M. Qievalier a décrite ainsi (^) :
Entre ces deu\ profoudes vallées (celles du Cavally el du Sassandra) s'étendent,
d'une manière presque ininterrompue, des pâtés de montagnes, dont les pics, en nombre
incalculaisle, se dressent de 800'" à i4oo" au-dessus du niveau de la mer, sur un
ruban large de plus de So""" (allant du 7" 20' au 7° 00' de latitude Nord) et couvrant une
superficie de 6000''"'.. .. Toutes ces montagnes sont constituées par des dômes plus ou
moins abrupts, isolés nu souvent soudés les uns aux antres.
(') Ces quartzites reposent à Nzô sur un granité gneissique à biotite.
(*) La Géographie, t. X\, 1909, p. 2 10.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 19
Les principaux points OÙ les échantillons ont été recueillis sont dans le
pays des Dans, les environs de Danané (entre le Nuon et le ('avally), les
mont Momy et mont Dou (au sud-est de Droupolé), les environs de Man
(dans le bassin du Zô), Zoanlé, enfin dans le pays des Touras, les monts
Gouékouma et Gouréni et le mont Soulou ou Doulou plus près du confluent
du Sassandra et du Bafing (').
Toutes ces roches constituent une série continue très compréhensive,
allant d'un granité à hyperslhène presque uniquement constitué par du quartz
et des feldspaths, jusqu'à une norile dépourvue de quartz et renfermant au
moins 5o pour 100 d'hyperslhène. Parmi les échantillons recueillis dans
une même localité, il existe souvent plusieurs types (environs de Man,
Zoanlé, mont ÎNIomv, etc.). Aussi paraît-il assez vraisemblable que ces der-
niers ne soient pour la plupart que des faciès de variation d'un même massif,
bien qu'il soit possible que certains d'enti-e eux constituent aussi des indivi-
dualités géologiques distinctes, des filons par exemple ( ^).
A l'état frais, toutes ces roches sont grises, mais le plus souA'ent elles sont
colorées en jaune ou en chamois par des infiltrations ferrugineuses.
Le granité est à gros grains, il est parfois pegmatique. Il est essentielle-
ment constitué par de l'orthose, de l'oligoclase et du quartz, avec fort peu
d'hypersthène et de biotite. En général, quand l'iiypersthène devient plus
abondant, la biotite et l'orthose diminuent, le plagioclase augmente, et la
roche passe ainsi progressivement à des norites quartzifères, puis à des
norites sans quartz, dans lesquelles le plagioclase ne dépasse pas l'andésine
basique; il existe cependant quelques variétés de norites assez riches en
biotite. Dans les norilcs franches, l'hypersthène est associé à un pyroxène
monoclinique, incolore comme lui en lames minces (mont Momy). Enfin,
dans certains types, l'hypersthène prédomine sur le feldspath (Zoanlé) et
il me semble probable, étant donnée l'irrégularité de la distribution de
l'hypersthène dans les échantillons étudiés, que des recherches sur le terrain
y feraient découvrir des hypersthénites dépourvues de feldspaths. Dans ces
roches mésocrates, le pyroxène monoclinique est quelquefois associé à l'hy-
(') Un échantillon provenant de l^angiiira montre qne cette série pélrogiapliique
existe aussi pins à l'Est, dans le nord du Baoulé; mais la plupart des autres roches
recueillies par M. Chevalier, dans cette région, se rapportent à des types granitiques
normaux.
(^) M. Chevalier signale, en elTel, l'existence dans le granité de filons de diabase,
« dont le trajet est jalonné à la surface par d'énormes blocs de cette roche arrondis et
souvent entassés les uns sur les autres ». Il s'agit là de norites.
20 ACADEMIE DES SCIENCES.
persthène sous forme de fines bandelettes ; on rencontre en outre un peu
de hornblende d'un brun verdâtre et de biotite.
Notons enfin que, dans toute la série, il existe une quantité variable
d'apalile et de titanomagnétite. Les plagioclases varient, comme on vient
de le voir, entre rolij^oclase-albite et l'andésine basique, mais les macles
suivant la loi de l'albite sont toujours très fines et fréquemment associées
à celle de la péricline, elle-même li'ès polysynthétique. Dans tous les types
quartzifères, l'orthose et les plagioclases renferment en très grande abon-
dance ces inclusions incolores, fusiformes, disposées parallèlement, qui
sont si abondantes dans les roches granitiques de l'Inde, dont il va être
question plus loin. Enfin, les plages d'orthose sont souvent associées à des
groupements de quartz vermiculé et de plagioclase {myrmékite).
La structure de toutes ces roches est granulitique : quelques-unes d'entre
elles (les norites quartzifères en particulier) sont un peu rubanées (mon-
tagne de Oua, près Danané; environs de Zoanlé) par concentration des
éléments colorés dans des lits distincts. Des actions mécaniques puissantes
ont imprimé leur marque dans beaucoup d'échantillons ; celle-ci varie
depuis de simples extinctions roulantes dans le quartz jusqu'à la structure
cataclastique (avec orientation des débris), ne laissant aucun élément intact.
J'ai prié M. Pisani de faire les analyses de quatre échantillons représen-
tant les termes les plus caractéristiques de la série : ils proviennent tous du
pays des Dans :
a, granité pauvre en hypersthène (mont Gbon);-
h, granité à hypersthène, sans biotite (pied du mont Zan, près Zagoué);
c, norite à pyroxène monoclinique (entrée de la grotte du mont Momy;
d, norite très riche en hypersthène (village de Zoanlé).
Je fais suivre ces données de quelques-uns des paramètres magmatiques
correspondants :
a. b. c. il.
SiO' 71,80 'igiSo 53, 5o 54,33
Al-O^ l'iiyo 18,71 i5,2o '1,43
Fe^O' 1,10 2,82 5,40 6,10
l'^eO 1,08 3,96 6,93 7,47
MgO 0,39 3,49 4,95 11,70
CaO .'.,20 5,10 5,60 4,25
Na^O 4,17 3,82 4,35 3,52
K^O 4,1) 1,18 0,95 0,59
TiO- 0,26 1,68 2,25 o,i3
P^O' )) 0,07 0,09 0,06
Perle au feu 0,60 0,60 o,5o o,Go
100,61 100,43 99,72 100,18
SÉANCE DU 3 JANVIER I910. 21
a. b. c. d.
.c 4i2 i5,3 82,6 49)9
<I) 3,1 3,2 2,8 3,2
r I 0,3 0,2 0,17
y 5,6 1,8 2,3 1,2
U 1,0 1,2 2,2 3,2
An. total pour 100. i3 38 3i 27
An. du plagioclase. 21 43 32 82
Dans la classification chimico-ininéralogique, ces roches correspondent :
a, à la toscanose (I. \. 2. 3); />, à la lonalose (II. 4- 2. 3); c et rf, à la heer-
bachose (III. 5. 3. 5).
La caractéristique de la série réside dans la teneur en fer et en magnésie
élevée pour des roches relativement riches en silice et variant en sens
inverse de celle-ci ; dans le peu de variation de la soude, alors que la potasse
diminue très rapidement, en même temps que la silice, ce qui explique la
prédominance des plagioclases sur l'orthose, même dans des types encore
relativement très quartzifères; enfin dans des variations relativement peu
considérables de la teneur en chaux; celle-ci est presque toujours entière-
ment feldspathisée, ce qui, grâce à la richesse en fer et en magnésie, entraîne
la constance de l'hyperslhène. Le calcul de la composition du plagioclase
théorique fournit comme extrêmes 21 et 43 pour 100 d'anorthite, nombres
qui sont conformes aux résultats de l'examen optique.
f^e très grand intérêt de cette série pétrographique réside dans ce qu'elle
appartient à une famille jusqu'ici assez rare et sur laquelle tout récemment
M. Rosenbusch a appelé l'attention, en émettant l'hypothèse qu'elle cons-
titue peut-être un groupement parallèle à ceux des roches alcalines et des
roches alcalinocalciques, auxquels est rapporté aujourd'hui l'ensemble des
roches éruptives. Les trois principales régions dans lesquelles ces roches sont
actuellement connues sont l'Inde, oi'i elles ont été décrites par M. HoUand
sous la dénomination compréhensive de charnockite, puis le sud de la Nor-
vège (série : granité à hypersthène-adamellite-mangérite-anorthosite, dé-
crite par ^IM. Vogt et Kolderup), enfin le Canada et les monts Adiron-
dacks.
C'est de la série de la charnockite que les roches de la Côte d'Ivoire
doivent être rapprochées d'une façon plus particulière. II sera intéressant de
rechercher ultérieurement les relations magmatiques pouvant exister entre
cette série el les harzburgites, norites et diabases souvent hypersthéniques,
que j'ai signalées antérieurement dans de nombreux points de la Guinée et
sur la côte de Sierra Leone.
22 ACADEMIE DES SCIENCES.
Kii Lenuinanl cette Note, je signalerai, dans le Haut-Baoulé, entre Dia-
lacora et Buandougou, une autre roche remarquable d'une tout autre na-
ture, il s'agit en effet d'un granité rose essentiellement constitué par du
microcline, de l'albite, une amphibole sodique spéciale et quelques autres
minéraux ([ue j'étudie actuellement. L'existence d'un petit îlot de granité
alcalin, au milieu de granités de composition très différente, est à comparer
à celle qui a été signalée par M. H. Hubert à Fi ta, dans le Dahomey.
M. BoRNEï fait hommage à l'Académie d'une Collection de dessins publiés
ou inédits, exécutés entre i85/J et 18^3 par Alfred Riocreux, sous la direction
de Gustave Thuret, et d'un Ouvrage intitulé :
Recherches sur les zoospores des Algues et les anthéridies des Cryptogames,
par Gustave Thuret.
On lit sur la page de garde de ce Volume :
Exemplaire unique, renfermant deux stries de figures, les unes en noir avant la
lettre, les autres colorées par Riocreux d'après les dessins originaux.
Gustave Thuret.
M. le Président exprime à M. Bornel la gratitude de l'Académie à l'oc-
casion de ce nouveau don. jLes Ouvrages seront déposés à la Bibliothèque
de l'Institut.
MÉMOIRES PRÉSE.XTÉS.
Sur les courbes conjuguées dans le déplacement relatif le plus général
de deux corps, par M. G. Kœxkjs. (Extrait par l'auteur.)
(Commissaires : MM. G. Darboux, H. Poiucaré, G. Humbert.)
Dans le Tome CXLIV des Cojnptes rendus 'f ai ti\Tité, en plusieurs Notes,
la question des courbes (e) solidaires d'un corps solide S, qui, au cours d'un
mouvement de ce corps par rapport à un second S', restent tangentes à une
courbe (c') solidaire de S'. Je suis revenu depuis sur cette question et, dans
un travail que j'ai l'honneur de soumettre à l'Académie, j'ai développé
l'étude des questions géométriques que ces premières recherches avaient
soulevées.
V.n premier lieu, l'élude détaillée de la correspondance cubique, biration-
nelle et réciproque qui lie un point et son associé.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 23
En second lieu, rinlroduction d'un trièdre de référence mobile T consti-
tué par l'axe Os du mouvement hélicoïdal, la normale Or au point central O
commun aux deux surfaces réglées (*I>), (<ï>' ) qui luirent Tune sur l'autre et
l'axe Ox normal à Oy et à 0=, suggère de traiter le problème des courbes
douées d'enveloppe en considérant un point M mobile par rapport au
trièdre T et tel que ses lieux dans les corps S et S' soient les deux courbes
conjuguées (e), (e). Le lieu de ce point par rapport au trièdre T est une
courbe (e) que, par extension d'une locution usitée dans la pratique des
engrenages, j'appelle la courbe d'engrénement. Je montre que la détermi-
nation des courbes d'engrénement n'exige que des quadratures.
Dans certains cas même, comme dans celui qui est réalisé par l'engrenage
de Bélanger, ces quadratures elles-mêmes disparaissent.
Les équations différentielles des courbes d'engrénement contiennent une
fonction arbitraire a. Je fais voir que, si l'on prend tous les points mobiles M
qui correspondent à une même détermination de a, ces points constituent
un solide S,j. dont tous les points décrivent dans S et S' des couples de
courbes conjuguées (e), («'). Il y a même plus. De même qu'il y a des
courbes douées d'enveloppe, il y a aussi des développable^^ qui ont pour
profils conjugués des développables ^' qu'elles touchent à chaque instant
suivant une génératrice. Ces couples de développables conjuguées s'en-
gendrent de même en déplaçant dans S et dans S' un plan II solidaire d'un
des corps auxiliaires désignés par S^.
On conçoit qu'il me soit difficile, dans les limites qui me sont imposées,
de rendre compte de la multiplicité des relations que font naître les notions
précédentes. J'insisterai ici sur les plus importantes.
Dans mes Notes antérieures, j'ai défini dans le corps S le cône des
vitesses Fp, lieu des droites qui portent, au cours du mouvement, les
vitesses d'un point P de ce corps. Il y a lieu d'introduire aussi la courbe (C„)
située dans un plan II et qui est l'enveloppe des caractéristiques d'entraî-
nement de ce plan. Ce cône et cette courbe sont ceux qu'on rencontrerait
dans les définitions des surfaces intégrales I tangentes en tous leurs points
au cône des vitesses : le cône intervenant pour définir ces surfaces par une
propriété de leurs plans tangents et, suivant une notion introduite par
M. Darboux dans son Mémoire Sur les soliuions singulières, la courbe inter-
venant pour définir les surfaces par une propriété de leur point de contact.
Les courbes (e) douées d'enveloppe sont les courbes intégi^ales ; les déve-
loppables douées d'enveloppe sont les développables intégrales.
24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cependant un fait curieux se produit ici. A titre exceptionnel est courbe
intégrale toute hélice qui a pour axe et pas l'axe et le pas d'un mouvement
hélicoïdal tangent; et de même les hélicoïdes qui ont ces hélices pour arêtes
sont des développables intégrales exceptionnelles.
Sur toute surface (F) il y a en général deux familles remarquables de
courbes : i" les courbes (y) de contact avec le profil conjugué (F); 2° les
lignes (e) douées d'enveloppe ou lignes de glissement. Il y a des surfaces pour
lesquelles les lignes de glissement coïncident avec les courbes (y) de contact;
seulement les premières ne sont pas alors à proprement parler des courbes
douées d'enveloppe, ce sont des hélices exceptionnelles.
Si en effet à toute époque t du mouvement on construit une hélice I) ayant
pour axe et pas l'axe et le pas du mouvement hélicoïdal tangent, les lieux
de cette hélice dans le corps S et dans le corpsS' sontdeux surfaces (F), (F)
qui se raccordent à chaque instant le long de l'hélice commune.
Je me suis naturellement préoccupé aussi de la nature des surfaces inté-
grales I du cône de vitesses.
En premier lieu les normales à ces surfaces appartiennent au complexe
qui est le lieu dans le corps S des normales stalionnaires. Leurs profils con-
jugués sont les surfaces V intégrales du cône des vitesses dans le corps S'.
Si l'on considère la courbe de contact (y) de la surface T avec la sur-
face r, on constate par une application d'un théorème de Lie, comme aussi
par un raisonnement direct, que, tout du long de (y), la surface I a un con-
tact du second ordre avec l'hélicoïde qu'engendrerait (y) au cours du mou-
vement hélicoïdal tangent.
Ce raisonnement s'appliquant aussi bien à la surface L. on arrive à cette
conséquence :
Toute surface intégrale I du cône des vitesses a un contact du second ordre
tout du long de la courbe de contact (y) avec son profil conjugué V dans le
corps S', et cela à chaque époque du mouvement .
CORRESPONDAIVCE .
M. Blaserna, président de l'Académie Royale des Lincei, adresse à
l'Académie une dépêche dans laquelle il exprime les regrets qu'inspire aux
membres de la Conférence internationale des Poids et Mesures la mort de
M. Bouquet de la Grye, qui présida ses séances au titre de Président de
l'Académie des Sciences.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 25
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
SternJiimde und Sterndienst in Babel, von Franz Xaver Kugler, S. .T.,
II. Buch, I. Teil. (Présenté par M. G. Bigourdan.)
MM. Marbec, E. ]\icolle adressent des remercîments pour les distinc-
tions que l'Académie a accordées à leurs travaux.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la transformation de Rihaucour.
Note de M. A. Demoulix.
Nous rappellerons d'abord, en les complétant, divers résultats que nous
avons indiqués dans notre Note du 3i juillet igoS (t. CXLI, p. 3o2).
Soit (Mo) une surface rapportée au réseau («, c) de ses lignes de courbure. Par un
point variable M„ de (M„), faisons passer une sphère (S3) tangente à (M„)en ce point.
L'enveloppe de la sphère (S,) se compose de la surface (Mq) et d'une surface (Mi)
qu'elle touche en un point M,. Supposons la sphère (S3) choisie de manière que les
lignes de courbure se correspondent sur les surfaces (Mo) et (Mj) ; nous dirons alors
que ces surfaces se correspondent dans une transformation de Ribaucour. Par les
points Mo et M,, faisons passer deux sphères (S,), (Sj) respectivement normales, en
Mo et M,, aux lignes de courbure c = const., u = const. Soient enfin (S4) et (S^) deux
sphères orthogonales entre elles et aux précédentes. L'ensemble des cinq sphères
(S,), .... (S;) sera pris comme figure de référence mobile et admettra vingt rota-
tions p, q, /■, .... /.,, p.,, V,, (7|. Dix de ces rotations sont nulles; on peut en outre
annuler a- et n^ en choisissant la sphère (Si) de manière que ses points caractéristiques
appartiennent au cercle d'intersection des sphères (Sj) et (S.2) ; les huit rotations non
généralement nulles satisfont au système (A) de notre Note du 3i juillet igoS. Si
l'on pose
A, 0,4- //Jti = C, \ — «/. = A,, Y), — «f;.,=:C,,
ce système s écrit
(A)
(;a
dA,
^C dC,
(Je
_ '■^<'
du ■ du
G
~ G '
'1 =
A ~ A, '
dp. _
ôr
du "
- — (n>\ + -y AGj -(- A, G )
emestre. ('
T. 150, N° 1.)
4
26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les éléments linéaires des surfaces (M,,) et (M,) ont pour expressions
dsl = ( «4 + ««5 )-2 (A^-c/u'^-h C- dc^ ) , d.s] ={a,,— ia-, )-^(\ ] du"- + C J d^- ) ,
a,- désignant l'inverse du rayon de la sphère (S/).
Soit d'^ l'angle de la sphère (S3) et de la sphère analogue qui correspond aux valeurs
(m + du ^ V H- cfr) des paramètres u, r. On a
(/y- = y' dii- + p\ dv-.
Les R des sphères principales des surfaces (Mp) et (M,) ont pour valeurs
H--^,
9
-^^
H
'■-'r '■-
;enaat' compte du système (A), on déi
lui
l de ces relations les
suivantes :
à 1
() .
<^logA
(Jv H'
d logC On K"
dr
1 1
d r
Ou 1 1 '
îv ~ îr
à I
Ologfi,
(Jv h;
^;iog(:, On u,
Or
I 1
On 1 1
dW
()i\\
Ol\"
Oh]
à log(/ ai'
<ji'
0 log/)i _ dn
Ou
Oy. .,, 0^
-, h IV -r^ — 0,
^^r4
On On
Ov Of
(Jv R — K" R, — R'; Ou R — R" R', — r;
Soil (a, p) une solution du sysLème
(')
L'enveloppe de la sphère (^0) définie par l'équation
a j"3 — j3 ( a^4 + j'j~5 ) = o
se coin[)Ose de la surface (M„) qu'elle touche en M„ et d'une surface (Ma)
qu'elle touche en M^. Sur les surfaces (M^) et ( Mo ), les lignes de courbure se
correspondent. On obtient ainsi toutes les surfaces qui correspondent à ( M„)
dans des transformations de Ribaucour. Les coordonnées (j?,, ..., x^) du
point Mo ont pour valeiirs
a^3=j3, .i\-\- ix-,^=: (X, Xi, — i.v-z=fj^
Oa.
Oor.
Ou
A '
œ,^
Ov
"" c
SÉANCE DU 3 JANVIER igtO. 27
6 étant délinie par l'égalité
()x \
-
f ày.
Ou
A /
)4
4- 3-+ 3(5 = 0 (M.
L'élément linéaire de la surface (M3) est donné par la relation
rf..^-=( A,_A-^i r/n^-^{c,^C^\.h-K
Ou ' \ 0^'
Si l'on élimine successivement a et [3 entre les équations (i), on trouve
(2)
(i-|3 _ dlogr/ 0^ à\os:p, ai à'- y. __ JlogA Oy. t'IosC ôy.
Ou Ov Oi- Ou Oi' Ov Ou Or Ov Ou Ou Oc
On peut définir pareillement les surfaces qui correspondent à (M, ) dans
des transformations de Ribaucour. Soit (a', (30 une solution du système
,0, Oy' Op' Ox' „ d'fi'
Ou ' Ou ov Ov
L'enveloppe de la sphère (ïi, ) définie par ré(]ualion
y.' x-i — |3'{.r; — ix^ ) = o
se compose de la surface (M,) qu'elle touche en M, et d'une surface (M,)
qu'elle touche en M3. Sur les surfaces (M, J et (xM^), les lignes de courbure se
correspondent. Les coordonnées (x\, . .., ,r'.) du point M3 ont pour valeurs
.i-j -f- ICC. :
('1 On peut encore définir comme il suit les coordonnées (.f,, ...,./;,). ./'i et .r.2
, . , , Or, Ox.,
consliLuent une solution du système ^ — ;=:/■, a-.,, ^ r= — rx,. Les deux sys-
Ov 'du •'
0x3 Ox_s Ox y àx ^ ,
ternes -; — :=qx,, — -^ = — p.x.,: -— ^A,?,, -— ^ Cr., donnent ensuUe x-^ et x
Ou Ov I - jii j,.
par des (juadratures. Si l'on détermine enfin 0 par l'égalilé x'^-h .t'I-i- x'^-h xd ^o,
on aura
X!,-\- ix-^z X, .("4 — ix-^^z').
dx'
dx'
Ou
,
dv
A, ' .
' c,
28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
6 étant définie par l'égalité
.'d=.'\
2
/ da!
du
\
<h-
1 -+-
\ A. y
v<-,
L'élément linéaire de la surface ( M, ) est donné par la relation
(4)
du / \ ô\'
En éliminant successivement tx' et P' entre les équations (3), on trouve
<J-{3' d\o^q (1^' ô\ogpi d^' à- a.' dIogA, âx' t^log-C, d(x'
Ou ûf Ou Oh Ou Of Ou Oi' Oi' Ou ' Ou Ov
Ces formules sont susceptibles de diverses applications. Elles se prêtent
notamment à l'étude de la transformation des surfaces isothermiques due
à M. Darboux. Elles vont nous permettre d'établir et de compléter le théo-
rème suivant que M. Blanchi a obtenu en appliquant la transformation de
Lie à un théorème relatif aux congruences W :
Si (M,) el (Mo) sont deux surfaces déduites d'une surface (M„) par l'ap-
plication de transformations de Ribaucour, il existe une infinité simple de sur-
faces [M. j) gui correspondent à (M, ) et à (M^) dans des transformations de
Ribaucour.
D'après les développements qui précèdent, il suffira de démontrer que
l'on peut choisir la surface (M.,) de manière que cette surface corresponde
à (Ma) dans une transformation de Ribaucour. Nous assujettirons le
couple (a', p), qui définit (Mj), à satisfaire aux égalités
dx'
âx
0<x'
Ox
Ou
Ou
dv
Oi'
A, ~
^ A '
c, "
~ c
(5) -â:-^' c7=-cr' P-P-
Cela est toujours possible; en effet, la première équation (2) et la pre-
mière équation (4) étant identiques, on peut poser ^' = [3; ensuite, la com-
paraison des systèmes (i) et (3) fournit les deux premières équations (5).
Les équations (5) peuvent s'écrire .r\^x,, x'^^^x.,, x'^^x^; par suite,
les points M„, M,, M.,, M, sont concycliques. Or, on démontre aisément le
théorème suivant :
Deux sphères ( U , ) e< ( U^ ) touc/iant une troisième sp/ière ( l ., ) en A , et A.,,
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 29
si un cei-cle passant par A, et A. coupe (U,) et (U^) en B, et Bo, // existe
une sphère qui touche (U, ) f/ ( U^) e/t B, e/ B^.
Dès lors, il existe une sphère tangente aux sphères (2„) et (2,) en M.,
et Ms, et les surfaces (M^), (M,,) se correspondent dans une transformation
de Ribaucour.
Comme la fonction a' est définie par la quadrature
, /■'A, dy. , C, t'a ,
oc' = / -^ -r- du + 7^ -p di\
il Y a une infinité de surfaces (H3 ) jouissant de la propriété indiquée, et le
théorème de M. Bianchi est démontré.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Un problême sur les systèmes triples
orthogonaux. Note de M. G. Tsitzéica.
On doit à Ribaucour le théorème suivant : Lorsqu on connaît un système
triple orthogonal, les cercles osculateurs aux courbes d' intersection des surfaces
appartenant à deux des familles du système,, aux points où ces courbes ren-
contrent une sur/ace quelconque de la troisième famille, forment un système
cyclique. (Voirpar exemple Dauboux, Thèoriedes surfaces, 4' partie, p. i65.)
On connaît d'autre part le lien qui existe entre un système cyclique et la
déformation de la surface enveloppée par les plans des cercles, à savoir : il
Y a sur cette surface un réseau conjui^ué, déterminé parle système cyclique,
et qui reste conjugué dans une seule ou dans x' déformations de la surface.
Cela étant, il est' tout naturel de chercher tous les systèmes orthogonaux
dont les systèmes cycliques donnés par le théorème de Ribaucour conduisent
tous à des réseaux persistant dans ao' déformations.
J'ai complètement résolu le problème et je vais indiejuer ici la marche
générale de la solution et les résultats obtenus.
L'hypothèse géométriqueque nous venons de faire se traduit par les rela-
tions suivantes :
(0 T 7-log^ = o- -, ï— log!ï^ = o, — log^ — o,
ou^^Oa^ Ps, oii:sdai Pn uu,()u^ P23
OÙ les [ii^ sont les quantités
[3,7,^ i-^ {irz£/c; /,/.=i,2, 3);
H,- àiii
3o ACADÉMIE DES SCIENCES,
rélénienl linéaire de Tespace étant
ds'=ll\du]-i- MU/iiï-^Hldtil,
à l'aide des coordonnées curvilignes définies par le système orthogonal con-
sidéré.
Tout d'abord les égalités (i) prouvent que les systèmes orthogonaux
que nous cherchons et que je désignerai par il jouissent de la propriété de
rester des systèmes Cl après une transformation de Combescure.
Cela étant, il s'agit d'abord de déterminer les p,/^ à l'aide deS équations (i)
et des neuf équations connues que vérifient les p,vt pour tout système
orthogonal. .Te transcris ici deux de ces équations :
(B) —^. „..,,.
(B') ^ + ^+,3„,3,3=o;
il y a six équations du type (B) et trois équations du type (B'). Pour inté-
grer les douze équations (i), (B) et (B'), je donne à (i) à l'aide de (B) la
forme
(2)
à
)=?.
â
.-•l
' <)'h
\ S:,.,
TT ' H3r
3. —i^-A,
où il n'y a que trois dérivées essentiellement différentes. Je suppose que les
^,7. sont toutes différentes de zéro. Je suis conduit alors à considérer deux
cas, suivant que les dérivées précédentes sont nulles ou différentes de zéro.
I. Dans le premier cas, un calcul simple montre qu'on peut poser
^ ,3„=//P,, S,:,= AH,. 33, = /(P3;
^■"^ ' ,3i.= /'Q„ !3,,= /,Q,, P3,= /iQ3;
h, P,, Q, étant des fonctions inconnues, la première pouvant dépendre
des trois variables u,, u.,, Wj, les autres ne dépendant pas de ?//, et il faudra
déterminer ces fonctions de manière que les (B) et (B') soient vérifiées.
L'étude des équations obtenues montre qu'il faut décomposer ce cas I de
notre problème en deux autres, suivant que P, PoPa — Qi Q2Q:! = o ou :^ o.
a. Dans le cas PiPoP^ — QiQoQ:, = o on trouve, après des calculs
assez longs, pour /?, P,, Q, les valeurs suivantes:
m\c,c,C3
' '" to\ (•/ "' '« i\\
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 3l
OÙ m est une constante, c,- une fonction de «, seulement et c . la dérivée
de c,. En formant les ^,^ à Taide de f '3 ), on constate qu'elles sont vérifiées si
l'on prend
H,= -=^
v'c/(f, -H C2 + Cj)
Le système orthogonal correspondant est composé, dans cha(jue famille,
de sphères passant par un point fixe. Le système Ci le plus général e^t, dans
ce cas, le transformé de celui-ci par une transformation de Combescnrc
h. Le cas P,P^P,, — (\S\S\i 7^ «^ est plus difficile à étudier. On trouve
k
7.(e"' + e-">),
les autres j3 se déduisant de celles-ci par des permutations circulaii'es sur les
indices, h étant donné par
/. = (e"i-i-e-".)(t-".-i-6'-"0 i,e">H-e-"0 + (e".— e-''.j (e"^— e-"0 (Ct — t--".).
( )n vérifie aisément qu'on peut prendre
et que le système correspondant se compose, pour la famille //., ^ consl.,
de sphères ayant toutes le même rayon.
IL En supposant maintenant cpic les dérivées figurant dans {-i) sont
toutes différentes de zéro et en multipliant ces équations membre à
membre, on obtient
■-■ o ,0 '^t ' '^ ^
yi2i-'-23pJl |-'l3H32p»l-
On déduit de là, des étiuations (i) et des équations (B), qu'on peut poser
les Q, et R, étant des fonctions ne dépendant pas de «, , les autres ^ se
déduisant des précédentes par des permutations circulaires sur les indices.
En écrivant que ces valeurs des ^^ vérifient le système (B), on lrou\e
et des expressions analogues pour Q.^ et {)\ . Si l'on exprime que ers valeurs
de Q: ne dépendent pas de m, , on trouve
J2 ACADEMIE DES SCIENCES.
('•qualions renconlrées aussi par M. Darboux dans un problème difféivnt
{Leçons sur les systèmes orthogonaux, t. I, p. 228). En utilisant la méthode
donnée par M. Darboux, j'ai trouvé, dans le cas actuel, les résultats
suivants : En faisant abstraction d'une transformation de Conibescure, il
n'y a comme système O dans ce cas que le système orthogonal imaginaire de
Combescure (voir Darboux, Sysl. orth., p. 272) et le système formé par les
quadriques homofocales.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les fonctions analytiques uniformes à
singularités discontinues non isolées. Note ( ') de M. Arxaud De.v.ioy, pré-
sentée par M. Painlevé.
Dans la séance du 6 décembre dernier, M. Pompéiu a communicpK'
divers résultats relatifs aux fonctions uniformes possédant un ensemljle
parfait discontinu de singularités, l'osons
l:zz fl^{z)clz, i=lv(u)fl,>. F_,{z)= f F(z)dz.
C désigne un contour quelconque évitant les points singuliers C; F désigne
un contour absolument arbitraire pouvant contenir des points "l. Knfin, en
Z|, et z, V{z) est supposée holomorphe.
\I. Pompéiu envisage celles de ces fonctions F telles que toutes les inté-
grales 1 sont nulles. Ceci équivaut évidemment à supposer l'uniformité de
F_,(z). Car le prolongement analytique de F_, se fait en prenant tous les
chemins d'intégration possibles évitant les points 'Ç. Donc, dire que I e^t
toujours nul si le contour C évite '(, c'est dire que F„, est uniforme. Doue,
les fonctions étudiées par M. Pompéiu sont simplement des déiwées de fonc-
tions uniformes possédant un ensemble parfait discontinu de singularités,
l'ensemble E des points '(. Les propriétés de ces dérivées ont été énoncées
déjà, en particulier dans mes Notes des 26 juillet et 9 août derniers. Si
l'ensemble E a une longueur finie, non nulle, F ne peut pas être bornée
(c étant la distance de s à l'ensemble E, il serait peut-être possible de mon-
trer que Fo ne peut pas être infiniment petit au voisinage de E). Si E a une
aire nulle et une longueur infinie, j'admets volontiers ( ])arce que je crois que
(') Présentée dans la séance du ■y.'j décembre 1909.
SÉANCE DU ') JANVIER 1910. 33
la sinuosité d'un ensemble d'aire nulle est nulle) que F ne peut pas èlre
bornée (ni, sans doute, partout infiniment petite relativement à logâ~' ).
Mais, où je ne juge plus possible d'accepter sans réserves l'opinion de
M. Pompéiu, qui fut celle de tous les auteurs, et la mienne (quand je
croyais que deux points, infiniment voisins à vol d'oiseau, l'étaient aussi, et
au même ordre près, par un chemin extérieur à l'ensemble), c'est dans le
cas où l'aire de E n'est pas nulle. Cette opinion s'exprime ainsi :
Si F(^)est une fonction partout continue, partout analytique, sauf sur E,
il est impossible que F soil, eu deliors de E, la dérivée d'une fonction uni-
forme.
II est d'abord indiscutable que si la nullité de toutes les intégrales I en-
traine celle des intégrales .1. prises le long d'un contour F pouvant contenir
des points "C, comme l'intégrale qui donne F_,(-) se trouve être indé-
pendante du chemin d'intégration, absolument arbitraire, comme le
nombre F_, (::)est une fonction admettant en tout point pour dérivée F( c )
(à cause de la continuité de l'' ), alors, cette fonction de z admet dans tout
le plan une dérivée (continue, par surcroit). Elle est holomorphe partout.
Il y a contradiction.
Mais je ne crois pas, malgré l'affirmation de M. Pompéiu, qu'il soil
possible de montrer que la nullité de tous les I entraîne celle de tous les J,
quel que soit l'ensemble E, même si la sinuosité est infinie. Au contraire, si
la sinuosité de E est nulle, il est possible de trouver une famille de contours C
tendant vers F, et tels que la longueur de C tende vers celle de Y. Alors,
1 = 0 entraîne J = o; F ne peut pas être continue. Pareillement, si la si-
nuosité est finie. On peut alors supposer que la longueur de C reste finie,
quand C tend vers F. F ne jieut pas être continue. Il serait intéressant de
connaître le raisonnement par lequel M. Pompéiu a pu s'affranchir de la
considération de la sinuosité. Tant que la discontinuité nécessaire de F
n'aura pas été démontrée, les résultats suivants que j'ai établis garderont
leur intérêt.
Supposons que nous entourions les points de E par une famille ç„ d'un
certain nombre n de contours c„. Soient /„, r,, la longueur et la plus grande
dimension de l'un des contours r„. Supposons que, n croissant indéfiniment,
la famille o„ tende vers E. Soit S" la somme des produits /„ r'I relatifs à une
même famille -p^. Le développement en fractions rationnelles d'une fonction
F|=tl», singulière sur E, uniforme, et de ses dérivées, montre que, les ç;„
étant convenablement choisis :
1° Si S" reste borné, quand n croit indéfiniment ( il y aurait lieu de
c. I!., 1910, i" Semestre. (T. |.",0, .N ' 1.) 5
34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chercher si ceci n'équivaut pas a priori à une sinuosité bornée), la fonction F
qui coïncidé avec $' en dehors de E nerpeut pas être partout continue.
2° Si S',' reste bornée, la fonction F, qui coïncide avec <I>" hors de E ne
peut pas être continue, etc.
Mais les procédés que j'ai donnés dans ma Note du 6 décembre permettent
d'obtenir des ensembles pour lesquels S" est non borné pour n infini, quel
que soit p fixe. Pour de tels ensembles, est-il possible d'admettre qu'il
existe une famille de fonctions F,, F,,, ..., F„(:;), .... telles que : i" F„(c)est
une fonction de z partout continue; 2° en tout point extérieur à E, F„ est
analytique et est la dérivée de F„^, ; 3° F„ admet tous les points de E
pour points singuliers? Je n'ose l'affirmer, mai'; je crois que le contraire est
encore à prouver.
D'ailleurs, comme je l'ai fait remarquer dans ma dernière Note, rien ne
prouve que F_, soit bornée, ni a fortioii. F^., ..., F_,,. Peut-on affirmer que
ces fonctions cessent, à partir d'une certaine valeur de/?, d'êlrcs uniformes?
Je ne saurais répondre.
On voit quel intérêt il y aurait à démontrer un théorème tel que le suivant :
Les si/igidari/és d'une fonction uniforme intégrale d'une équation différen-
lielle algébrique ne peuvent former un ensemble discontinu de sinuosité infinie.
.l'ai dénîontré au sujet des ensembles parfaits le théorème général suivant :
Si ta distance à \\ de tous les points des contours c„ est comprise entre Iv î„ et K' £„
(K et Iv' positifs fixes), la longueur totale 1^,, des contours c„ peut être
supposée telle que I^„ £„ tende lyers zéro avec i„ .
Ceci permet de démontrer cpie toute fonction continue dans tout le plan,
holomorphe hors d'un ensemble 1% est développable en série de fraction ration-
nelle à pôles simples choisis sur 1'^ indépendamment de la fonction.
PHYSIQUE APPLIQUÉ::. — De la compression d'air adiabatique appliquée à un
réhicide ma par un moteur à explosion pour remplacer les transmissions mé-
caniques. Notc(' ) de M. Camille Hautier, présentée par M. d'Arsonval.
Si l'on comprime adiabatiqucment un certain poids d'air, i''« par exemple,
à la pression de loo"'"', et qu'on fasse détendre aussitôt cet iiir jusqu'à la
pression atmosphérique sans perte de chaleur extérieure {fig. i ), il rendra
exactement le travail qu'il aura coûté, sauf celui absorbé par les trolle-
(' ) l'rùseiiloc (liins la séance ilii ■>.- déceniljie 1909.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 35
ments dans les appareils de compression el d'ulilisalion. Le rendement
théorique sera donc égal à Funité et il en sera de même pour toute autre
pression de compression.
Compression
0 0
Fig. I. — Diagrammes de cumpressiou cl de délcnte adiabatiqiie.
Le travail de i''? d'air sera mesuré comme celui de la délenle par la formule comme :
T = 42.5X0, 17 {l — t')oi\. test la température absolue de l'air à la fin de la compression
et t' la température absolue à l'aspiration comme à la fin de la détente, le terme entre
parenthèses représentant ainsi la chaleur produite ou utilisée dont on sait tjue chaque
unité ou calorie équivaut à 423''S™. Que l'on comprime l'air adiabatiquement ou iso-
thermiquement, la compression dégage toujours une quantité de chaleur proportion-
nelle au travail de compression.
Jusqu'ici, cette chaleur était entièrement perdue, de sorte qu'on s'elTorçait de se
rapprocher d'une compression entièrement isothermif|ue pour réduire le tia\ail à dé-
penser.
Or, si Ton comprime isothermiquemenl i™' d'air, à 100"'"', on obtient uii
volume de 10', tandis que si la compression est adiabatique le volume
d'air produit est de 38', soit 3,8 fois plus élevé. Les travaux dépensés sont,
d'autre part, dans le rapport de 0,371 cheval-heure (compression adia-
batique) à 0,176 cheval-heure (compression isothermique), rapport égal
à 2,1.
r=/
U ''='^'^^
I /
II 1
Fig. a el 3. — Compression isothermique et adiabatique : V, V volumes; /, V travaux.
Les diagrammes I et II des figures 2 et 3 représentent ces deux méthodes.
On voit que le fonctionnement adiabatique est de beaucoup le plus avanta-
geux, ce qui pouvait se concevoir, a priori^ puisque dans cette méthode la
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chaleur produite esl utilisée, tandis qu'elle est totalement perdue dans la
compression isolliermique. En ramenant dans les deux cas le travail dépensé
à I, on trouve que le travail utilisé dans le fonctionnement adiabatique est
égal à î,8i fois celui utilisé dans le fonctionnement isothermique, soit une
augmentation de 8i pour loo par rapport à ce dernier.
Il faut voir dans la méthode isothermique les raisons qui ont limité l'ap-
plication de l'air comprimé à la traction, aussi avons-nous appliqué l'air
comprimé de la manière adiabatique, mais à basses pressions, à seule fin
d'éviter les températures excessives telles qu'elles résulteraient d'une com-
pression adiabatique à 100"''° et qui atteindrait 830" (].
Nous avons donc limité la pression maxima, dans notre application,
à iS"*", soit 363°; cet air arrive à l'appareil récepteur à cette même tem-
pérature, sauf la perte peu appréciable, due à la conductibilité des organes
de production et d'utilisation pendant les quelques secondes qui s'écoulent
entre sa compression et sa détente.
L'application de ce principe a été réalisée sur un véhicule automobile à
pétrole, en vue de donner au couple moteur, sur la transmission, sans avoir
recours aux appareils d'embrayage et de changement de vitesse générale-
ment employés, une valeur égale à celle d'un moteur à vapeur.
On peut représenter la fonction de chacun de ces organes par les dia-
grammes de la figure 4.
Couple moteur è pétrole ( sur arbre du moleiir )
V. M au moteur à air (suriesrmes).
-/' " >-/ . pêtpo/e t sur les roues).
. «. résultant (su, '
Déinarraj;c normal d'un \L'liiciiIe aornihcriiiique.
Le moteur à pétrole attaque dilTérenliellement par l'ioterniédiaire d'un Irain épicv-
cloïdal la transmission et un compresseur d'air. Le compresseur freine progressive-
ment la couronne extérieure et force les satellites montés sur Tarbre de transmission
à actionner cette dernière. L'air fourni par le compresseur est utilisé aussitôt sa pro-
duction sur un moteur.
Le couple moteur sur le ti-ain épicycloïdal est presque constant ; au démarratie le
couple sur la transmission provenant des satellites est proportionnel à l'eftorl de
SÉANCE DU 3 JANVIER 19IO. 37
freinage sur la couronne, tandis que celui fourni par le moteur à air vient finalement
contrebalancer le couple résistant.
Puis, à mesure que la vitesse s'accélère, le rôle de l'air devient de moins
en moins important pour, enfin, devenir nul. Le véhicule n'est plus alors
propulsé qu'en prise directe après être passé progressivement par toutes
les vitesses intermédiaires entre le moment du démarrage et celte position
dite prise directe.
Par l'adjonction d'une bouteille de réserve d'air ou accumulateur, un tel
dispositif permet d'obtenir :
La mise en marche automatique ; la douceur de démarrage et la progres-
sivité de la vapeur; une augmentation momentanée du couple moteur dans
les démarrages et dans les rampes ;- la marche arrière; l'application du
moteur à explosions, sur rails, quelle que soit la valeur du couple résistant.
ANALYSE SPECTRALE. — Sur la réparti/ion des raies ultimes dans le spectre
des diverses régions du Soleil. Note de M. A. de Gramont, présentée par
M. H. Deslandres.
Le spectre solaire et les spectres stellaires sont ordinairement assimilés
ou comparés à des spectres d'arc, parfois même à des spectres de flammes
très chaudes. Mais l'existence, dans les différentes régions du Soleil, des
spectres de lignes de l'hydrogène et de l'hélium, exclusivement obtenus
avec l'étincelle, montre bien que le spectre solaire comporte l'intervention
de phénomènes électriques. Les études récentes des taches et la découverte
par M. Haie du phénomène de Zeeman dans celles-ci confirment encore
celte manière de voir. Je me permettrai de proposer ici, à titre d'hypo-
thèse, une interprétation de ce fait que le spectre des éléments présents
dans le Soleil parait voisin d'un spectre d'arc, bien que sa production soit
vraisemblablement due à des décharges électriques ou accompagnée de
celles-ci. Si, dans le spectre de dissociation ( ') d'un composé métallique
ou d'un alliage, nous considérons l'ensemble des lignes d'un des consti-
tuants, et si nous constatons la présence de toutes les raies de son spectre
d'étincelle, comprenant aussi celles de l'arc, nous dirons que sa limite d'ap-
is) Comptes rendus, t. CXXI, 8 juillet iSgS; Ann. de Chim. et de Phvs., 8" série,
l. XMI, 1909.
38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
patitiun totale est atteinte ou dépassée. Si, au contraire, nous faisons
décroître sa teneur au-dessous de cette limite, les raies spéciales à l'étin-
celle disparaîtront les premières, successivement. La quantité de l'éléraenl
considéré continuant à diminuer, on arrivera à une teneur où il ne sera plus
représenté que par des raies de l'arc, puis seulement par les plus persis-
tantes de celui-ci, et finalement par les raies de la flamme du chalumeau.
J'ai observé cette décroissance régulière, avec un grand nombre d'alliages
ou de minéraux, aussi bien que pour les raies des métaux que pour celles
de certains métalloïdes, la teneur du corps décroissant ayant été parfois
réduite jusqu'au millionième. Les raies les plus persistantes, les dernières
à disparaître, sont donc communes aux différentes sources de spectres;
ces raies ultimes (') subsistent avec l'emploi d'une forte self-induction
(o, I henry). Si maintejiant, à titre d'hypothèse, nous appliquons au
Soleil les résultats précédemment énoncés, nous pourrons nous expliquer
ainsi, d'une part, que les raies ultimes se trouvent dans toutes les régions
solaires, depuis les taches jusqu'aux parties très élevées de la chromo-
sphère; d'autre part, que les raies de l'étincelle accompagnent celles de
l'arc dans le spectre des taches, régions basses et présumées correspondre
à une abondance de vapeurs métalliques denses où Ton se rappi'ocherait de
la limite d'apparition totale.
Mais dans les régions les plus hautes de la chromosphère, aux quelques
raies ultimes (jui s'y manifestent, viennent s'ajouter un très petit nombre
de raies de l'étincelle, les enhanced Unes ou raies renforcées que Sir Norman
Lockyer attribue aux proto-éléments résultant de la dissociation des corps
simples. Nous pourrons leur donner cette signification chaque fois que
nous les rencontrerons séparées de l'ensemble du spectre auquel elles
appartiennent. Elles correspondraient, au contraire, à une forte teneur de
l'élément ordinaire non dissocié, lorsqu'elles se trouveraient comprises dans
le spectre complet de celui-ci, où leur présence indiquerait que la limite
d'apparition totale a été atteinte. On trouverait donc, dans les zones élevées
de la chromosphère, à la fois des vapeurs très raréfiées de l'élément inté-
gral, et les produits de décomposition commençante de celui-ci. Kn résumé,
cette hypothèse revient à supposer que les spectres des diverses régions du
Soleil sont des spectres de dissociation et que leurs différences sont dues
principalement à la variation des proportions des éléments en présence. On
pourrait même espérer en tirer des indications quantitatives, portant, tout-
(') Comptes rendus^ t. CXL1\ , 21 mai 1907; l. C\L\ . .',2 juillet 1907.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 3c)
au moins, sur l'ordre de grandeur des teneurs relatives des substances qui
constituent les parties extérieures du Soleil.
Hauteur.
Lockyer. Mitchell.
Potassium 40^7 1 4
4044,4
Rubidium (?) ^202,0
Magnésium (A) 5i83,8* 3,2
3838,5 4,4
Calcium (11) 3968,6
» ( K) 3933,8* i3
Slrontiuui 421 5, 7 6 4
» 4077,9"* 6 4
Barvutn 5.535,3
>> 4>54,3* 2,5
Scandium ( ' ) :|247 ,0 4 2,5
Il 36i3,9*
Aluminium 3g6i ,7* 3,2
» 3944 .2 3,3
Silicium 3900 , 7
Titane 376 r, 5 3,6
Plomb 4o58,o*
« 3683,6
\ anadium 44o8,5
Clirome ■J2o8,7
» 4254,5* 2,5
Mangam-^e '1033 . 2
» 4o3o,9 2,4
Fer 4383,7
» 4045,9 2,4
Nickel 3858,5
), 3807,3
)i 36 [9, 5*
Cobalt 4 ' 2 1 , 5
» 4 ' I •'^ , 9
Quant aux spectres des métalloïdes qui n'ont pas été reconnus dans le
Soleil, et ne donnent pas de spectre d'arc, du moins dans la partie accessible
aux observations astronomiques, il n'y a lieu d'en conclure, ni que ces élé-
ments sont étrangers au Soleil, ni que le spectre de celui-ci doive être assi-
milé à un spectre d'arc. J'ai, en effet, montré récemment (°) que les raies
de grande sensibilité et les raies ultimes de plusieurs de ces métalloïdes,
(') D'après les travauN. de Crookes, et sans véiifîcalion de ma part.
(-) Comptes rendus, l. CXLVI,i8juin 1908.
4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
tellure, phosphore, arsenic, anlimoine, bore, sont situées dans la partie de
l'ultra-violet absorbée par l'atmosphère terrestre, c'est-à-dire plus réfran-
gible que X2920 environ. C'est dans cette région que se trouvent aussi les
raies sensibles de l'or et notamment ses ultimes : 2676,0-, 2428,1; c'est pour-
quoi il a été considéré comme étranger au Soleil.
Les raies ultimes que j'ai déjà antérieurement données ici pour un certain
nombre d'éléments avaient été établies par rapport à l'ensemble du spectre
visible et ultra-violet. Mais le champ de la spectroscopie astronomique est
lestreint non seulement par l'absorption atmosphérique, mais aussi le plus
souvent, d'une part, par la matière des instruments employés, télescopes k
miroir argenté, ou lunettes et spectrographes à partie optique en flint, et,
d'autre part, par la sensibilité des plaques photographiques courantes. J'ai
donc été amené à dresser, à peu près dans ces limites et avec un spectro-
graphe en flint, le Tableau (voir p. 89) des raies les plus persistantes et les
plus sensibles; il pourra servir pour les recherches chimiques dans les labo-
ratoires ne possédant pas de spectrographes de quartz. On y trouvera d'ail-
leurs pour les métaux alcalins et alcalino-terreux, le plomb et l'aluminium,
les raies ultimes vraies pour tout le spectre. Lorsqu'une raie est notablement
plus persistante que les autres pour un élément donné, sa longueur donde
y est accompagnée du signe *.
Les secondes d'arc mesurent le maximum de hauteur des raies dans le
spectre éclair d'après Lockyer (éclipses de 1898 et de 1900) et de Mitchell
(éclipse de 1901). Sauf celles du potassium et du rubidium, toutes les raies
du Tableau appartiennent à la chromosphère | Kvershed, Eclipses de 1900
{Phil. Irans., t. (.-Cl); Dyson, Eclipses de 1900, 1901, r9o5 (PliiL trans.,
t. CCV1)J. Je signalerai l'intérêt qu'il y aurait à rechercher, avec un matériel
peu absorbant, les doublets ultimes de l'argent 3 j8'3,o; 3280,8 et du cuivre
'i-2.'](\,o\ 3207,6, ce dernier déjà identifié dans la lumière totale du Soleil
par Rowland.
CHIMIE ORGANIQUE. — De la production de petites quantités d' aldenyde for-
mique dans l'oxydation de l'alcool éthylique par roie chimique, physique
ou biologique. Note (') de M. E. Voisenet, présentée par M. A. Gautier.
L'aldéhyde formique prend naissance sous l'influence de réactions très
variées. Celles (pii le produisent en petites quantités ou sinq)lement à la
(') I^résenlée dans la séance du >- décemijre 1909.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 4l
dose de traces, sont fort intéressantes; en particulier, celles dans lesquelles"
l'aldéhyde formique est le produit d'une réaction secondaire, parasite de la
réaction principale.
J'ai constaté la production de formaldéhyde à des doses souvent très
minimes, i^râce à une réaction distincte de celles que donnent les autres
aldéhydes grasses, notamment l'aldéhyde acétique : cette réaction (')
consiste dans l'obtention d'une matière colorante violette lorsqu'on traite
une substance albuminoïde par les acides sulfurique ou mieux chlorhy-
drique lég^èrement nitreux, en présence de traces d'aldéhyde formique.
Par sa spécificité et sa sensibilité (,^,,„'^„^^), cette réaction colorée peut
rendre de précieux services.
J'ai reconnu la formation constante de cette aldéhyde dans Toxydalion
ménagée de l'alcool éthylique, pur de toute trace de composés méthyliques;
cette oxydation étant le résultat soit d'une action purement chimique,
directe ou mise en jeu par un phénomène physique, ou encore par l'inter-
vention d'un être vivant. En appliquant ma méthode de détermination de
l'alcool méthylique (-) à la recherche de cette substance dans l'alcool du
vin, j'ai remarqué que tous les échantillons d'alcool éthylique les plus
purs du commerce donnaient eux-mêmes, après oxydation et élimination
de l'acétaldéhyde par distillation fractionnée, une légère coloration violette
sous l'influence du réactif albumine-acide chlorhydrique nitreux sur les
premiers centimètres cubes du fractionnement subséquent, comme si ce
fractionnement eût contenu des traces de formaldéhyde ou de ses acélals.
Les propriétés de la matière colorante et les caractères spectroscopiques
sont identiijues.
J'ai recontiu depuis que si, pour certains alcools, notamment ceux de
maïs, cette réaction doit être attribuée à la présence de traces d'alcool
méthylique, elle est due, le plus souvent pour la majeure part, à la for-
mation d'aldéhyde formique qui se forme dans l'oxydation ménagée de
l'alcool éthylique lui-même.
I. Oxydation de l'alcool éthyliqle pak voie chimiquk. — i" Oxydation au moven
du mélange chromique. — Gomme les alcools du commerce pouvaient contenir de
l'alcool méthylique dont il n'eût pas été possible de séparer les dernières traces par
distillation fractionnée ou congélation, j'ai dû préparer de l'alcool éthylique chimi-
quement exempt de composés méthyliques. Tout d'abord, employant une méthode
(') Bull. Soc. citini.. i. \\\1I1, 1905, p. 1198.
(-) Bull. Soc. chim.. t. XXW , 1906, p. 748.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. IMl, N° 1.) (j ,
42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rapide, sinon parfaite, j'ai préparé de l'alcool par feniienlalion de plusieurs saccha-
roses ou glucose : les divers échantillons d'alcool obtenus, traités après rectification,
par le réactif albumine-acide chlorhydrique nitreux, sont restés incolores. Cette véri-
fication était indispensable, notamment pour l'alcool de sucre de canne ou de bette-
rave, attendu que ces variétés de saccharose contiennent fréquemment de la formal-
déhyde originaire de la cuite. Chacun de ces échantillons d'alcool, soumis à l'oxydation
ménagée par mélange chromique, donna, après séparation de l'acétaldéliyde, un frac-
tionnement se colorant légèrement en violet par le réactif albumine-acide chlor-
hydrique nitreux, accusant ainsi la présence du méthanal formé par oxydation.
Incomplètement satisfait de ce résultat, je me décidai à préparer de l'alcool pur par
d'autres procédés : i" hydrogénation de l'acétaldéhyde pure régénérée de la métaldéhyde
ou de la paraldéhyde pures; 2° synthèse de Berlhelot par l'éthylène ; 3° action de l'acide
sulfurique pur sur l'éther pur et décomposition ultérieure par l'eau de Tacide éthyl-
sulfurique formé.
Je me borne à indiquer que par l'application de chacune de ces méthodes j'ai obtenu
quelques centimètres cubes d'un liquide alcoolique bouillant entre 78°-79°, dont
chaque échantillon a été vérifié exempt de toute trace de formaldéhyde. En soumettant
ensuite chacun d'eux à l'oxydation ménagée par le mélange chromique. j'ai toujfiurs
constaté la présence de l'aldéhyde formique.
.l'ajoute que la comparaison colorimétrique des teintes violettes fournies par les
échantillons d'alcool précédents et ceux de fermentation m'a permis de conclure à
l'absence de tout composé méthylique chez plusieurs de ces derniers; aussi est-ce
avec de tels produits que j"ai effectué les recherches suivantes.
2° Oxydation de l'alcool éthyliqae par divers agents chiniicjiics oxydants usuels :
ozone, eau oxygénée ou composés générateurs de ce corps, oxydes de l'azote, chlore et
hypochlorites, mélange manganique, etc.
J'ai reconnu que tous ces agents engendrent également des traces d'aldéhyde for-
mique avec l'alcool élhylique pur : en particulier, le réactif albumine-acide chlorhy-
drique nitreux permet de reconnaître cette aldéhyde dans le distillatum aqueux résul-
tant de la préparation du chloroforme par la méthode de Soubeiran,el aussi parmi
les produits de l'action de l'acide azotique dilué sur l'alcool.
II. Oxydation de l'auiool éthyliqie par voie physiquk. — i" Oxydation par catalyse.
— L'aldéhyde formique figure parmi les produits d'oxydation de l'alcool par action
de contact. On peut s'en rendre compte en répétant avec cette substance l'expérience
dite de la lampe sans flamme; après quelques minutes de réaction, on peut recon-
naître la présence de formaldéhyde, soit directement, soit après distillation. L'oxy-
dation de l'alcool par les métaux pulvérulents conduit à la même formation.
2° Oxydation par électrolyse. — La présence d'aldéhyde formique|parnii les produits
nés au cours de cette action n'a pas été encore signalée. Or, la formation de ce corps
en pareille circonstance est constante, qu'il s'agisse d'alcool concentré ou dilué; en
particulier, si l'on soumet un mélange de 5o'^"'' d'alcool à 90° ou à 3o°et de 5'°'* d'acide
sulfurique au quart, à l'action éleclroly tique du courant de quatre éléments Bunsen,
durant 2'( heures, le liquide soumis à la distillation fractionnée lentement conduite
donnera d'abord une coloration jaune par le réactif (coloration due à l'aldéhyde acé-
tique), puis une coloration violette due à la présence de formaldéhyde.
SÉANCE DU H JANVIER 1910. 43
III. Oxydation ue l'alcool ÉnivLiyiii I'ak voie iiiologiqle. — La fixalion d'oxygène
sur l'alcool par l'inlermédiaire des mycodenna vint ou aceli donne une trace d'al-
déhyde formique. En particulier, si l'on réalise une préparation de vinaigre d'alcool,
et si l'on soumet le liquide acide à une distillation fractionnée lente que l'on suit à
l'aide du réactif, on obtient d'abord une coloration jaune due à de l'acétaldéliyde, et
bientôt, avec le fractionnement ultérieur, une coloration violette bien nette accusant
la présence de formaldéhvde. La même expérience répétée avec du vrai vinaigre de vin
conduit à un résultat semblable : l'oxydation de l'alcool du vin par le inycoderma
vint donne lieu à une semblable observation.
La quanlitc d'aldéhyde formicjtie qui prend ainsi naissance varie avec
chacun des modes précités; elle est variable suivant les conditions expéri-
mentales; elle est surtout faible dans Toxydation par voie biolojiique.
Malgré ces doses inlinitésimales, ce cas particulier de production de
l'aldéhyde formique est très intéressant : en effet, il resserre le lien d'ana-
logie entre les résultats des phénomènes physiques ou chimiques et ceux
d'origine biologique, dette analogie se double ici d'un fait, paradoxal en
apparence, celui de l'élaboration d'un corps toxique par des êtres vivants
dans le milieu oti ils fonctionnent et se multiplient. Le chimiste devra tenir
compte de cette formation parasite dans la recherche fondée sur la trans-
foniialion en aldéhyde de l'alcool méthylitjue dans l'alcool du vin, au
moins quand cette impureté n'y figurera qu'à l'état de traces. A un autre
point de vue, ce mode de production invite le législateur à se mettie en
garde contre les dangers de la prohibition absolue de la formaidéhyde,
puisque cet antiseptique fait partie, au moins en proportion infinitésimale,
d'une matière alimentaire, le vinaigre.
CHLVIIE. ^ Nouvelle méthode permettant de déceler des traces d'alcools.
Note de M. E. de Stœckhx, présentée par M. Roux.
.l'ai montré dernièrement (') comment on peut, à l'aide de systèmes
peroxydasiques très simples, transformer instantanément la plupart des
alcools en aldéhydes correspondantes. On peut fonder sur cette réaction
une méthode permettant de rechercher des traces d'alcools.
A cet effet on ajoute au liquide à étudier de l'eau oxygénée et tel
composé organique du fer approprié réagissant catalytiquement sur le
(') E. DE Stokcklin. Comi)les rendus, 28 décembre lyoS.
44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peroxyde pour former avec lui un système peroxydasique susceptible
d'attaquer l'alcool. La plus grande partie de l'alcool oxydé passe, ainsi que
je l'ai montré (' j, à l'état d'aldéhyde que l'on met en évidence par le réactif
bien connu de cette famille de corps : la solution de fuchsine décolorée par
l'anhydride sulfureux.
Cette réaction est d'une sensibilité telle qu'il m'a suffi de quatre gouttes
d'une solution alcoolique au dix-millième pour y retrouver nettement la
présence du corps cherché ; encore n'ai-je pas atteint, ici, la limite de sen-
sibilité de la réaction.
Les manipulations qui interviennent au cours de cette recherche sont
d'une grande simplicité. On prépare d'abord les quatre solutions suivantes
■qui se conservent assez longtemps, surtout les trois premières :
1° Quiiihydrale de fer. — Elle contient r™s de fer par centimètre cube. On la
prépare en ajoutant un sel ferricjue à une solution saturée vers 80° de quinhydrone
fraîchement préparée.
3° Tannate de fer. — Elle contient également !'"<-' de fer par centimètre cube. On
la prépare en ajoutant un sel ferrique à une solution aqueuse de tannin à 3 pour 100.
3° Eau oxygénée à 5 pour 100. Préparée à partir du perhydrol de Merck.
4" Bisulfite de rosaniline. — On la prépare selon les indications données dans la
méthode d'analyse officielle des alcools.
Lorsqu'on est en possession de ces quatre liqueurs, voici comment l'on procède.
On prélève, si possible, environ i*^"' du liquide à essayer (si le liquide est précieux,
4 ou 5 gouttes suffisent) qu'on introduit dans un tube à essai; dans le cas où le liquide
est alcalin, on l'acidifie très légèrement par l'acide acétique; dans le cas contraire, si
l'acidité est notable, on la ramène vers la neutralité à la phtaléine sans y atteindre tout
à fait. Ce point acquis, on ajoute alors deux gouttes de quinhydrate de fer au liquide
contenu dans le tube, suivies aussitôt de trois à quatre gouttes d'eau oxygénée. On
agite le tube pendant quelques secondes, après quoi l'on additionne le tout de i""' à 2"^'"'
de bisulfite de rosaniline; on agite de nouveau et on laisse reposer. Si le liquide
contient de l'alcool, on constate au bout de quelques minutes l'apparition d'une
coloration violacée plus ou moins intense suivant la quantité d'aldéhyde respectivement
d'alcool contenue dans la liqueur soumise à l'oxydation.
De l'opération conduite comme je viens de l'indiquer, on ne peut
conclure qu'à la présence ou l'absence d'un alcool, cet alcool fùt-il la gly-
cérine (-). Pour obtenir plus de précision, il faudra répéter l'opération en
remplaçant le quinhydrate de fer par le tannate; une réaction positive indi-
quera qu'on est eu présence dun mono-alcool normal appartenant à l'tin
(') E. DE Stokcklix, Comptes rendus, iT) février 1909.
(-) E. DE Stoecklin et E. VuLQurn, Comptes rendus, mai 1909.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 45
des quatre premiers termes de la série grasse (voir Comptes rendus,
i5 février 1909).
Cette méthode combinée à celle de Denigès (') pour la recherche de la
glycérine donne pour ce corps en particulier des renseignements très sûrs.
Il suffit, en effet, de faire bouillir au préalable le liquide pour en chasser
les alcools volatils qu'il pourrait contenir, le séparer en deux portions; sur
Tune on fera réagir le bisulfite qui indiquera la présence d'aldéhyde glycé-
rique, sur l'autre la codéine suivant les prescriptions de Denigès, sans qu'il
soit nécessaire d'avoir recours au préalable à l'acide iodhydrique.
Cette seconde réaction est caractéristique de la dioxyacétone. Si les deux
réactions sont positives, on pourra conclure à la présence de glycérine avec
quelque certitude.
Cette méthode, ainsi qu'on le voit, possède des avantages appréciables
sur les méthodes similaires: elle est d'un emploi excessivement simple et
facile, d'une sensibilité plus grande qu'aucune autre, d'une netteté parfaite,
et elle n'exige aucun tour de main spécial. De plus, elle peut s'appliquer di-
recterrient aux liquides les plus divers sans que, la plupart du temps, il soit
nécessaire d'avoir recours à une distillation préalable. C'est ainsi que j'ai
obtenu des résultats très nets en agissant directement sur des liquides tels
que des préparations pharmaceutiques variées, parfums, macérations
d'organes animaux, extraits microbiens, sérums, liquides physiologiques, etc.
Il est cependant toujours préférable d'avoir recours à la distillation, si
l'on n'a pas obtenu de résultat positif sur le liquide primitif. Quelques
gouttes de distillât suffisent.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la séparation du saccharose et du lactose
par le ferment bulgare. Note de M. L. Margaillan, présentée par
• M. Roux.
Parmi les ferments lactiques vrais, le ferment bulgare qui a fait, ces
dernières années, l'objet d'un certain nombre de recherches d'ordre chi-
mique (^) ou physiologique (') mérite une attention toute spéciale par sa
(•) Denigès, Comptes rendus, 18 janvier 1909.
(^) G. Bertrand et G. Weisveiller, Annales de l Institut Pasteur, t. XX, p. 977.
— G. Bertrand et F. Duchaiiek, Annales de l'Institut Pasteur, t. XXIII, p. /Joa.
(') M. CoHENDY. Comptes rendus Soc. Biol. Paris, t. I, 1906, p. 558. — E. Metc.h-
NIKOFF, Essais optimistes, 4° Partie, V.
.'|0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
puissance de feniieiiLalion de certains liydrales de carbone qu'il Iransfoniio
presque exclusivement en acide lactique avec un rendement, supérieur à
97 pour loo.
MM. (j. l>erlrand et F. Duchacek ont montré {loc. cit.) que, cultivé dans
des conditions identiques dans des milieux contenant soit du lactose, soit du
saccharose, ce microbe détruit le lactose, mais ne touche pas au saccharose.
Certains auteurs (') avaient, d'autre part, sij^nalé l'attaque du sucre de
canne. .\os expériences ont pleinement confirmé la conclusion de MM. Ber-
trand et Duchacek.
Par analogie avec le fait observé par M. Bourquelot (*), que la fermen-
tation alcoolique du galactose peut être obtenue par une sorte d'entraîne-
ment à l'aide de dextrose, mannose ou maltose, nous nous sommes demandé
s'il ne serait pas possible d'obtenir l'attaque du saccharose par un entraîne-
ment de ce genre à Faide de lactose ou de glucose, ce qui explicjuerait la
contradiction signalée.
A cel effet, clans le niilieu de culture composé de lo'"'' d'eau de touraillons à i pour
100 de peptone Gtiapoteaut, 3oo'">' de caibonate de calcium précipité, nous avons
introduit un mélange à proportions variables de lactose pur et de saccharose pur de
façon à avoir un poids total de sucres égal à 4oo'"*-'.
La marche de la l'ermentalion était suivie par le pouvoir réducteur suivant la
méthode de M. G. Bertrand ('). Lorsque tout pouvoir réducteur avait disparu, le
lactose était détruit, nous procédions à l'hvdrolyse chiorhjdrique du saccharose et
nous dosions le sucre interverti.
En opérant ainsi, nous avons toujours retrouvé intégralement la quantité de saccha-
rose introduite. Il n'v avait pas d'entraînement. Nous n'avons pas eu plus d'action en
forçant la dose de pepfone qui est au plus haut point favorable au développement du
bacille, tandis que MM. ïollens et Stone (*) avaient pu, dans des conditions analogues,
])roduire la fermentation du galactose. Nous n'avons pas eu plus de résultats en rem-
plaçant le lactose par le glucose.
Nous avons pu dans ce milieu artificiel caractériser encore le dédoil-
blement du lactose par une lactase que nous n'avons pas encore réussi à
isoler ('). Ceci montre l'absence totale de sucrase et la spécificité très nette
de la lactase.
{ ') M. CoiiE.xDKY, loc. cit. — Iv Meich.mkoff, loc. cil.
C-) lioi'ityi Ei.OT, Comptes rendus, t CVl, p. 283.
(') G. Behtiiand, BkII. .Soc. cliim. Paris, 3° série, t. \X\\ , i()o(J, p. laS.T.
(') ToLLE.vs et Sto.ne, D. client. G., t. XXI, p. ih-i.
(') MM. Bertrand et Weisweiller (/oc. c«7. ) ont été les premiers à mettre en évidence
le dédoublement piéalable du lactose par la lactase du ferment bulgare dans le lait.
SÉANCE DU '^ JANVIER 1910. 4?
Kn conséquence, il nous a paru y avoir là le principe d'une mélhode de
recherche qualitative et quanlilalive du saccharose en présence du lactose
ou du glucose ('), par exemple, dans les milieux naturels; il sut'Iirait de
cultiver le bacille bulgare sur ces milieux : celui-ci détruira le lactose et
l'on dosera le saccharose par son pouvoir réducteur après interversion.
Cette méthode s'applique directement aux laits condensés avec addition de
saccharose ou aux laits inaternisés suivant la méthode de Budin et Michel.
BOTANIQUE. — Sur les types sauvages de la Pomme de terre cultivée. INote
de M. Pierre Iîerthault, présentée par M. Gaston Bonnier.
I^es Solanum sauvages que les botanistes et les horticulteurs ont à dillé-
rentes reprises rapprochés de la Pomme de terre cultivée sont assez nom-
breux. Parmi eux, les Solanum Maglia Sclilecht., Commersonii Dun.,
eluberosnm Lindl., et aussi certains Solanum sauvages rapportés au
.s', tuberosum L. ont été particulièrement remarqués des praticiens qui ont
espéré en obtenir par la culture des races nouvelles de Pommes de terre (-).
Si les Solanum Commersonii Dun., et Maglia Schlecht. sont des plantes
dont les caractères sont bien connus et pour lesquelles aucune confusion n'est
faite avec les espèces voisines, il n'en est pas de même du 5. etuberosurn
Lindl. et du S. tuberosum L. Récemment M. VVittmack (') montrait que la
plante décrite par M. Sutton ( ' ), sous le nom de .S. etuberosurti, ne corres-
pondait pas à l'échantillon de Lindley et qu'on était en présence de deux
plantes distinctes. Mes observations confirment l'opinion émise parle savant
professeur allemand; en outre, j'ai constaté qu'une confusion analogue
existe pour le 5. tuberosum. Sous cette même dénomination on rencontre
en effet des plantes bien différentes :
(') Le lactose et le glucose sont les deuv seuls sucres en présence desquels nous
ayons appliqué cette méthode séparative. Mais d'après les recherches de M. G. r5er-
trand et DucliaceU (toc. cit.), on doit pouvoir y ajouter d'autres sucres, notamment le
lévulose et le galactose.
(') J. Heckkl, Comptes rendus, 21 no\embre 1904; 26 décembre igoa; 24 dé-
cembre 1906; 3 juin 1907; 5 octobre 1908; i5 novembre 1909. — J. Labergerie, i5«//.
Soc. nat. Agr. France, décembre igo5; novembre-décembre 1906; janvier 1907. —
I'l.inchon, Bull. Soc. nat. Agr. France, novembre 1909.
(') WiTTMACK, Die Stampjlanze unserer Kartoffel (Landtvirt. Jahrh., 1909).
(') Sutton, Jouvn. of the lÂnn. Soc, 1909, p. 448-
48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1" L'ensemble de nos variétés cullivées; jai examiné à Grignon 368 d'entre elles;
sur toutes les fleurs étudiées le calice était à dents longuement niucronées, la corolle en
roue, le stigmate globuleux.
2° La plante sauvage mexicaine que de Candolle, dans le Prodromus ('), réunit à la
Pomme de terre, ainsi qu'à l'échantillon bolivien qui figure sous le n° lit'i- à l'herbier
du Muséum et qu'a récollé d'Orbigny. On aurait, d'après de Candolle, dans ces deux
plantes sauvages, le véritable .Ç. luberosum de Linné, c'est-à-dire une plante dont le
calice esta muerons réduits, la corolle en roue, le stvie mince, le stigmate globuleux,
les feuilles à nombreuses folioles.
3° l- ne plante que j'ai cultivée à Grignon sous le nom de 5. luberosum et qui provient
des collections de M. Sutton. Ce Solanum originaire du Mexique où l'a récollé
M. Poingle, difl'éie des échantillons précédents par son calice pointu, sa corolle
violette, ses feuilles à 5-7 folioles légèrement gaufrées où la foliole terminale domine.
J'en ai obtenu, à partir des graines, cinq pieds tous semblables.
4° Uq échantillon figurant à l'herbier Diake, sous le n° 333 de lleller. ([ui a tous les
caractères de la Pomme de lerre cultivée. Celle plante mexicaine, indiquée par le col-
lecteur comme S. luberosum sponlaneum in Cocuslence, difl'ère totalement des autres
types sauvages et a toutes les apparences de nos plantes agricoles.
5° Le 5. luberosum déjà distingué par Asa Gray sous le nom de 5. luberosum
boréale ou 5. Fendieri A. Gray.
A coté de ces types, les Solanées tiibérifèfcs voisines de la Pomme de terre
peuvent être comparées et groupées comme l'indifjuait de Candolle (^), et
plus récemment M. Wittmack ( '' ) d'après les caractères combinés de la corolle
et du calice. J'ai repris l'étude de ces caractères, et, la complétant parcelle
de la taille des muerons du calice, j'ai obtenu la classification suivante pour
les plantes que j'ai examinées vivantes dans les cultures de Grignon et dans
celles de M. de ^ilmorin à ^ errières, ou sèches dans les grands herbiers
parisiens.
En résumé :
1° Toutes les variétés de la Pomme de terre cultivée forment, au point
de vue des caractères lloraux, un groupe très homogène, distinct de l'en-
semble des Solanum tubérifères sauvages.
2° Sous le nom de 5. luberosum, on a réuni jusqu'ici, avec les variétés
cultivées, des plantes différentes parmi lesquelles j'ai pu distinguer quatre
types : celui de Poingle, ceux de de Candolle, de Heller et d'A. Gray. Cette
confusion est analogue à celle signalée par M. Wittmack à propos de
I ') IJe Candoi.i.k, Prodromus, \ol. XIII, p. 3i.
(-) Dk CAM)or.Ln, Arcli. Se. phys. cl nul. de Génère. i'> uiiii iSSti.
{'■' ) W'mywi.K. lier. il. deut. bot. licsel/s., ij octobre lyoïj.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 49
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Ô i2
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 1.)
5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
.*>. etiiberosum qui comprend bien, ainsi que je l'ai vérifié, deux types
distincts, celui de Lindley et celui de Sutton.
3" Deux plantes récoltées comme spontanées, le S. tuherosum de Heller
el le Papa d'Amarilla, sont très voisines de nos variétés agricoles et l'on
pourrait être tenté de les envisager comme leurs types ancestraux. Mais ces
échantillons, d'ailleurs peu nombreux, sont peut-être ceux de plantes sub-
spontanées échappées aux cultures depuis un temps plus ou moins long.
On ne peut donc tirer de leur ressemblance avec la Pomme de terre aucune
conclusion ferme. Même observation pour le S. tuberosum de Sutton, qui
apparaît plutôt comme un hybride, ainsi cjue le pense avec laison
M. Wittmack.
4° Tous les Solanum tubérifères dont la nature spontanée paraît bien
établie sont nettement difTcrents de nos plantes agricoles, notamment par
les caractères de la fleur. Ceux qui s'en écartent le moins sont les S. tube-
rosum que nous avons désignés : L., Pringle non L., Boréale A. Gray et le
S. Maglia Schlecht. Quant au S. verrucosum^ rapproché du S. tuberosum
par M. ^Yittmack, il s'en éloigne par son calice à dents régulières, ses
folioles poilues et pointues cjui en font une plante bien spéciale. L'examen
des seuls caractères botaniques place encore plus loin de nos types cultivés
les 5. CommersoniiTinn., O/irondii Carr. et Polyadenium Greenm.
Bref, l'élude de ces espèces ne montre pas que nous puissions trouver en
elles avec évidence le type sauvage de la Pomme de terre. Il convient, pour
résoudre la question de l'origine de notre plante agricole, de cultiver ces
formes sauvages, de noter les changements que peut leur imprimer la
culture ou de renouveler, en précisant les conditions dans lesquelles se
produisent les mutations gemmaires indiquées par MM. Heckel, Labergerie
et Planchon. Les S. Commersonii^ Maglia et tuberosum sont, en effet,
d'après ces auteurs, des souches d'où sont sorties par mutations nos variétés
agricoles. J'ai personnellement réalisé les conditions de milieu favorables à
la mutation, d'après .AL Heckel, et suivi dans les cultures, à Grignon et
dans le Cher, un grand nombre de pieds de S. Commersonii, mais je n'ai
constaté jusqu'ici aucune modification spécifique.
AGRONOMIE. — Sur l'emploi du cyanure de potassium comme insecticide
souterrain. Note de M. Th. Mamelle, présentée par M. Henneguy.
Actuellement, on détruit les insectes phytophages à vie souterraine en
injectant dans le sol des insecticides volatils ou décomposables qui y dif-
SÉANCE DU 3 JANVIER I910. 5l
fusenl des gaz toxiques. Le plus employé de ces insecticides est le sulfure
de carbone : il agit, en effet, très énergiquement, mais il pi'ésente les in-
convénients suivants :
1° Son odeur fait fuir les animauN. et permet à ceux qui gagnent la surface du sol
d'échapper à la destruction ;
2° Il est très toxique pour les végétaux et détruit souvent la plante qu'on voulait
protéger;
3" Il arrête les fermentations du sol et par ceJa même peut nuire à sa fertilisation
ou supprimer les effets calorifiques qu'on recherche dans celte fermentation, comme
ceux qu'on observe dans les couches des horticulteurs.
Le cyanure de potassium, utilisé de la même façon, a une action tout
aussi énergique et ne présente pas les inconvénients du sulfure de carbone.
Le cyanure de potassium injecté dans le sol, en solution aqueuse, y subit
une décomposition provenant, soit de Faction de l'anhydride carbonique,
soit de celle du bicarbonate calcique qui, par des réactions d'équilibre,
déplacent peu à peu l'acide cyanhydrique de son sel. Le gaz ainsi libéré se
diffuse dans le sol et sa présence se traduit pratiquement par la destruction
de tous les animaux qui s'y trouvent.
L'application du C3'anure de potassium est faite au moyen d'un pal injecleur du
modèle couramment employé en agriculture. Le sol reçoit une série de coups de pal
(de 6 à i5 par mètre carré), suivant la perméabilité du sol, en injectant, cliaque fois,
S""' à to""' d'une solution de cyanure de potassium à 200'' par litre d'eau, soit donc
environ |8,5 à 20 de sel pour chaque coup de pal et de los à 20s en moyenne par mètre
carré.
>L«s injections sont faites de 10'" à ao''"" de profondeur.
A cette dose, le sol, suivant sa composition et sa perméabilité, se charge
plus ou moins vile d'acide cyanhydrique, et l'on peut constater, à la fois,
la puissance de destruction de cet acide et les avantages qu'il présente sur
le sulfure de carbone.
1" L'action du cyanure de potassium est plus lente à se produire mais
elle est plus complète. Elle ne se manifeste bien qu'au bout de quelques
jours, tandis qu'avec le sulfure de carbone l'action est rapide et brutale, et
dans les sols très perméables s'observe même au bout de quelques heures.
De plus, les animaux ne paraissent pas s'apercevoir de la présence du cyanure
de potassium, ils ne fuient pas et en subissent d'autant mieux les effets; on
les retrouve toujours morts à la même place qu'ils occupaient alors qu'ils
étaient vivants, tandis que ceci ne s'observe pas avec le sulfure de carbone.
52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2" Les plantes en pleine végétation ne souffrent pas de ce traitement,
même en l'employant à de très fortes doses.
Des pélargoniums attaqués par des termites, et plantés dans des pots
de i' de capacité, supportent, sans inconvénients, lo"™' d'une solution de
cyanure de potassium au |, tandis qu'ils sont grillés avec i^ de sulfure de
carbone.
3° Les fermentations du sol ne semblent pas arrêtées ; dans tous les essais
et traitements appliqués on n'a pas observé d'arrêt de végétation, qui
serait la conséquence d'un arrêt de fermentation.
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — lïtude de l'action des rayons ultraviolets sur
les microbes. Note (') de M"*^ P. CEnsovoDEAisu et M. Victor Henri, pré-
sentée par M. Roux.
Depuis les premières recherclies expérimentales de Downes el Blunt (1877) sur
l'aclion de la lumière sur les microbes, un 1res grand nombre d'auteurs se sont occupés
de celte question ; les travaux principaux sont ceux de Duclaux ( 1 885 ), Arloing ( i885),
Koux (1887), Buchner (1892), Marshall Ward (iSgS), Ledoux-Lebard (1898),
Richardson (1898), Dieudonné (1894), Finsen el ses élèves Bie, S. Bang, Dreyer,
Jansen (1899 à 191)7), Tappeiner, Jodlbauer et leurs élèves (1905 a 1909), etc.
Nous nous sommes proposé d'analyser les différents facteurs physiques
et chimiques qui interviennent dans cette action.
Teclinii/ue. — Nous nous sommes servis de quatre lampes en quartz aux vapeurs de
mercure : lleraeus de 110 volts, 4 à 5 ampères; la lampe de la Quarzlampengesellschaft
de Hanau de 1 10 volts; la lampe de W'estinghouse Cooper Hewitt à Paris de iio volts
el la même lampe \^ . G. II. de 220 volts, 3 ampères.
L'émulsion parfaitement homogène était placée dans des vases cylindriques ou évasés,
sous la lampe à une distance plus ou moins grande. On prélevait à des intervalles de
temps déterminés, toujours du fond du vase, i""' à 2''"'" de liquide, qu'on répartissait
dans deux tubes de bouillon frais.
L'influence de la teneur en microbes étant faible, nous avons pris dans la plupart des
cas des émulsions contenant en mo\enne de loooo à 100000 microbes par centimètre
cube.
Les expériences oui élé faites avec les microbes suivants : B. coli, B. typhique. Sta-
phylocoque doré, Pneumobacilie de Kriedliinder, B. dvsentérique, V. cholérique, B.
{') Présentée dans la séance du 27 décembre 1909.
SÉANCE DU 3 JANVIER I910. 53
charbonneux (asporogène el sporogène), Sarcine orange et lilanche, B. pliléole, B*
tétanique, B. suhtilis, B. megalherUiin.
Résultats. — 1" Influence de la dislance et comparaison des lampes. —
L'action bactéricide des rayons ultraviolets décroît plus vite que le carré
de la distance. La lampe à 220 volts est pour les faibles distances cinq fois
plus active que la lampe à 1 10 volts et pour les grandes distances la difl'é-
rence entre les deux lampes est encore plus forte.
Voici les durées de destruction à\i B. coli par ces deux lampes :
Lampe W. C. H.
Distances. iio volts. 220 volts.
60 3oo 3o
40 180 l5
20 20 4
10 4 < '
2" Influence de l'épaisseur de la couche liquide. — L'action bactéricide est
un peu plus forte lorsque l'émulsion est en couche épaisse de aS*^" que lors-
qu'elle est en couche mince de 2*" ou o*^™,5.
3" Influence de la température. — L'action bactéricide se produit avec la
même vitesse aux températures de o", 18°, 2.5°, 35°, 45° et 55". Elle se pro-
duit aussi bien pour une émulsion congelée.
4° Action en V absence d'oxygène. — L'action des rayons ultraviolets se
produit à peu près avec la même vitesse, en l'absence d'oxygène, que dans
l'air. Nous avons obtenu ce résultat pour le B. coli, B. charbonneux, B. sub-
filis, B. du tétanos et les microbes de l'eau de source.
5° Irradiation du milieu. Râle de l'eau oxygénée. — Une émulsion faite
dans de l'eau irradiée pendant plusieurs heures n'est pas plus sensible aux
rayons ultraviolets que l'émulsion faite dans de l'eau ordinaire. On sait que
les rayons ultraviolets produisent la formation d'un peu d'eau oxygénée ; nous
trouvons que la quantité de H-0^ formée dans l'eau distillée en 3o minutes
par la lampe ^V. C. H. de 220 volts à 20*"" de distance correspond environ
à une solution o,ooooo5 normale, c'est-à-dire contenant J de milligramme
de H-O- par litre, or, l'eau oxygénée exerce une action stérilisante sur le
B. coli seulement à une concentration 4oo fois plus forte. De plus, si l'on fait
l'émulsion du B. coli dans une solution diluée de H^O^ (o,oo()o5 normale)
et qu'on l'expose aux rayons, l'action bactéricide n'est pas accélérée. Par
conséquent on ne peut pas attribuer cette action à la formation d'eau oxy-
génée.
54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
6" Influence de la nature des microbes. — Les difFérents microbes n'ont
pas tous la même sensibilité aux rayons ultraviolets. Ce n'est ni la résistance
à la chaleur, ni la forme, ni la taille, ni la pigmentation qui paraissent inter-
venir d'une façon prédominante dans ces différences. Voici les durées com-
parables :
Staphylocoque doré, 5 à lo secondes; vibrion cholérique, lo à i5; Bacillus coli,
i5 à 20 ; bacille lyphique, lo à 20; bacille dysentérique (Shiga, Dopter), 10 à 20;
pneumobacille de Friedlander, 20 à 3o ; sarcine blanche, 20 à 3o ; sarcine orange, 4o
à 60 ; bacille phléole, 3o à 60 ; bacille charbonneux (sporogéne), 20 à 3o ; Bacillus
subtilis, 3o à 60 ; bacille du tétanos, 20 à 60 ; Bacillus megatheriuni, 3o à (3o.
7" Nature des rayons actifs. — Le spectre de la lampe à mercure contient
un très grand nombre de radiations ultraviolettes qui s'étendent jusqu'à la
longueur d'onde 2224. Les raies fortes que nous avons repérées par com-
paraison avec le spectre de l'arc du fer sur des photographies que nous avons
faites avec le spectrographe de M. Lrbain sont les suivantes : 3908; 3663,
3654, 365o; 334i ; 3i3i, 3i26; 3027, 3026, 3o23, 3o22; 2967, 2925,
2894; 2857; 2820; 2804, 2803 ; 2709, 2702; 26995 2673; 2655, 2654,
2652; 2640; 2071; 2535, 2534; 2483, 2482, 2481; 2400; 2379; 2346;
23oi; 2276; 2262; 2224.
En interposant une plaque de verre blanc de 1'"'", on arrête tout le spectre
ultraviolet après les raies 3o27-3o22; ces dernières ne traversent le verre
que très affaiblies. Dans ce cas l'action bactéricide est extrêmement ralentie ;
il faut une exposition de 3 à 5 heures au lieu de i5 à 20 secondes pour stéri-
liser une émulsion de B. coli.
Une plaque de mica, deo'"",2 d'épaisseur, qui arrête les rayons ultra-
violets à partir de la raie 2739 et qui laisse encore passer 2804 et 28o3 affai-
blies, a, pour la lampe à 1 1 o volts, presque le même effet que l'écran de verre.
Une plaque de viscose de o"'"',2 d'épaisseur, qui arrête les rayons
extrêmes à partir de la raie 2483, retarde un peu la stérilisation ; on l'obtient
en 60 secondes.
Des traces de bouillon ajouté à l'émulsion retardent très fortement la
stérilisation; le bouillon arrête tous les rayons ultraviolets à partir de 2925.
Par conséquent, les rayons ultraviolets, de beaucoup les plus bactéricides,
sont ceux qui ont une longueur d'onde au-dessous de 2800 unités Angstrôm.
Remarquons que le protoplasme (albumine, gélatine, sérum, etc.) absorbe
les rayons ultraviolets au-dessous de 2900 unités. Ce sont donc les
rayons al)sorbés par le protoplasma des cellules qui exercent une action
alnoti(iue.
SÉANCE DU 3 JANVIER I910. 55
MÉDECINE EXPÉRIMENTALE. — La paralysie infantile expérimentale. Note
de MM. C. Levaditi et K. Landsteiner, présentée par M. Roux.
Dans deux Notes publiées antérieurement (') nous avons démontré la
transmissibilité de la poliomyélite aiguë de l'homme au Chimpanzé et la
possibilité d'inoculer la inaladie en série aux Simiens inférieurs. Nous avons
insisté également sur les propriétés du virus de cette maladie : sa filtrabiiité à
travers les bougies Berkefeld et Chamberland, sa résistance à la dessiccation,
ses voies de pénétration et d'envahissement. Voici les nouveaux faits enre-
gistrés depuis :
1. Résistance à la dessiccation. — Dans les expériences dé^jà publiées,
nous nous sommes servis de virus desséché suivant le procédé de Pasteur,
appliqué aux moelles rabiques. Depuis, nous avons constaté que la moelle
sim,plement desséchée dans le ride, sur de l'acide sulfurique, conserve an moins
pendant quinze jours sa virulence. Ainsi, une émulsion de moelle dans de
l'eau salée est desséchée dans ces conditions et gardée i5 jours à la tempé-
rature de la chambre. Triturée dans un mortier et suspendue dans de l'eau
salée, elle est injectée dans le cerveau et le péritoine du Cynomolgus n° 55.
L'animal se paralyse après une incubation de 9 jours et succombe le
dixième, avec des lésions typiques.
2. Filtration. — Les filtralions, dont les résultats ont été publiés antérieu-
rement, ont été faites à travers des bougies Berkefeld 12" et Chamberland.
Nous les avons répétées en nous servant du filtre Reichel à bougies Berke-
feld-Nordtmeyer. Contrairement aux affirmations de Leiner et Wiesner (-),
nous avons constaté que le rirus traverse ces filtres Reichel avec autant de
facilité que dans nos expériences antérieures.
Un fragment de moelle du Sinicus n" 28 {infecté avec la moelle d'un singe ayant
reçu du virus filtré) est trituré dans de l'eau salée et Témulsion est additionnée d'une
culture de Prodigiosus sur gélose. On (illre à travers deux filtres Reichel A et B, sous
un vide de 40"'". Les filtrats, ainsi que l'émulsion témoin, sont injectés dans le cerveau
(o, 5) et le péritoine (4°'"') de trois singes. Des portions de ces filtrats, gardées à 38°
ou ensemencées sur bouillon et gélose, sont restées indéfiniment stériles.
(') Lakustkiner et Levaditi. Comptes rendus de la Société de Biologie, t. LXVII,
séances du 27 novembre et du i8 décembre 1909.
{') Leiner et Wiesseii. }] iener klin. M'oc/t., n° 4-9, 1909. p. 1698.
.^f) ACADÉMIE DES SCIENCES.
Singes. Bougies. Inciibnlion. Odractéres de la maladie.
Rhésus 23 Reicliel V i i juins Paralysie généralisée, mort le 4'" jour
Cynoniolgus m . . . Reicliel b 8 jours Paralysie généralisée, » le 2'^ jour
Mandril m Témoin 4 jours Tiluhation, parésie, » le 2" jour
Conformément à ce que nous avions vu avant, Cincuhalion est., chez les
animaux ayant reçu les filtrats., plus longue que chez les témoins.
Ces résultats permettent d'écarter Vhypothèse d'après laquelle les accidents
obsen'és chez les singes inoculés avec les m^oelles filtrées seraient dus à une toxine
et non pas au virus. En effet, dans l'expérience citée plus haut, le virus
provenait d'un Sinicus inoculé lui-même avec une émulsion virulente filtrée;
d'un autre coté, la moelle du Cynomolgus m (fdtrat Reichel B), inoculée
à un cynocéphale, lui transmit la poliomyélite après une incubation de
4 jours. '
L'examen histologique des moelles des animaux inoculés avec les filtrats
a révélé l'existence des lésions typiques de poliomyélite.
3. Immunité des animaux ayant survécu à l'infection. — Trois singes
ayant survécu à l'infection et présentant des signes de paralysie (') ont été
réinoculés avec du virus actif, en même temps qu'un témoin (^Cynomol-
gus 54). Les deux premiers étaient paralysés depuis 11 jours (Rhésus 3.3
et 35), le dernier depuis 23 Jours (Cynomolgus 19). Le témoin, paralysé
le cinquième jour, était mourant le lendemain. Les animaux ayant con-
tracté une première infection se sont montrés insensibles à l'inoculation
d'épreuve; leur état n'a pas changé jusqu'à présent.
Une première infection paraît donc conférer l'immunité.
4. Sensibilité du lapin. — Parmi les nombreux lapins que nous avons
inoculés en même temps que les singes, dans le cerveau et le péritoine,
quelques-uns sont morts sans paralysie, mais la grande majorité a résisté à
l'infection. L'examen des moelles des lapins morts, fait on collaboration
avec M. Stanesco, n'a révélé aucun signe de poliomyélite, sauf dans un seul
cas, dont voici l'histoire : Lapin 9-57, inoculé le 29 novembre avec la
moelle du Cynomolgus 16, meurt le 23 décembre (^incubation de if\ jours),
sans que nous ayons pu observer chez lui des signes nets de paralysie. Or,
l'examen histologique montra des lésions typiques de poliomyélite, plus
intenses même que chez le singe. Il en résulte ({ue le lapin., tout en étant le
(') Chez un crenlre euK (Cynoiiio/ffiis 10, lillrat ) les troubles évoluaient vers la
"uérison.
SÉANCE UU > JANVIER IQIO. ^7
plus soment insensible, peut parfois réagir vis-à-vis du virus de la poliomyélite
aiguë. Krause et Meinicke ('), ainsi que Dalim (-), ont d'ailleurs soutenu
la transmissibilité de cette infection au lapin.
G.ÉOLOGIE. — Le \ii/nmuliti</ue de la zone du Flysch à l'est et au sud-est
du Mercantour. iNole Ç ) de M. Jean Boussac, présentée par M. H.
Douvillé.
On sait que la zone du Flysch, ou zone des Aiguilles d'Atve, se poursuit
vers le Sud-Est, en passant derrière le massif de Mercantour, pour aller
rejoindre la large zone synclinalc, grossièrement triangulaire, comprise
entre le col de Tende, \ intimille et Albenga. La Carie géologique à
I : 400000 des Alpes occidentales, publiée par le Service géologique ita-
lien, montre que la bande nunimulitique, en arrière du Mercantour, est un
pays de nappes, comme dans ri']mbrunais et dans TUbaye, mais ici très
étroitement resserré entre le massif hercynien et la zone du Piémont.
L'étude sur le terrain conlirme pleinement cette impression. Il était donc
utile d'étudier comparativement le Nummulitique autochtone, transgressif
sur le bord nord et est du Mercantour, et le iNummulili(|ue de la nappe
charriée, pour se rendre compte de la distribution des niveaux et des faciès,
et des conditions paléogéographiques de l'époque.
.]'ai été amené à distinguer, à ce point de vue. les trois zones sui-
vantes (yig. i) :
1° Une zone où le F'riabonien est transgressif. Cette zone comprend le Nnnnnn-
lilique autochtone de tonte la bordnre nord-orientale du Mercantour; on peut l'étudier
à Bersezio, à Démonte, à Naldieri, dans la Valle-Grande ; d'une manière générale, le
Nummulitique y est constitué, ;i la base, par des calcaires dépassant rarement une
cinquantaine de mètres, et renfermant des Nummulites voisines de IS. contortits-
striatus et de N. Rosai, et au-dessus par plusieurs centaines de mètres de schistes et
de grès très feldspathiques, passant à de véritables arkoses; c'est le macigno des
auteurs italiens équivalent certain de nos grès d'Annol.
2" Une zone oit le Lutétien est transgressif, mais peu épais, constitué par irî™
à 20™ de calcaires gréseux à Nummulites complanatus. aturicus, lirongniarti. Or-
thophraginina diseiis: l'Auversien et le l'i-iabonien sont fondus dans une puissante
l') KuAisE et Meimcke, Deutsche med. IVoc/i., U)oç). n° W, p. iSaS.
('•') Dahm, Miinchen. med. Wocli., 1909, n" 4-9, p. 2.553.
( ') Pré-sentée dans la séance du 27 décembre H)0().
C. R., 1910. !•• Semestre. (T. l.i I, N» 1.)
58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
série de scliisles micacés, plus ou moins gi'éseu\. Ce faciès se reuconlre dans les
nappes de la zone du Flysch, depuis le Val Gesso jusqu'au col de Tende; à partir de
là il passe dans l'autochtone (RioFreddo) et constitue tous les affleurements nummu-
litiques qui dominent à l'Est la vallée de la Hoja; c'est encore le même faciès àSospel,
à Menton, etc.
3° Une zone où le Liitétien eut transgressif^ mais em'ahi par le faciès schisteux.
Ce faciès est bien développé dans la nappe de la haute vallée du Rio Freddo, où le Luté-
lien présente à la base i5o"' de calcaires à N. aluricus et à .\ . Brongniarti, puis 200™
de schistes gréseux, et enfin So" de calcaires à Litholhamniuni avec N. aluricus et
N. Brongniarti; au-dessus viennent encore au moins 200™ de schistes gréseux repré-
sentant l'Auversien et le Priabonien, et recouverts parles bancs puissants des grès du
macigno:=grès d'Annot. Ce faciès du Nummulitique se retrouve dans l'autochtone de
la région de ïriora, où le Lutétien a une constitution analogue; dans les schistes au-
versiens ou priaboniens on trouve des lentilles calcaires a .\iiinmulites, Orthophrag-
mina, Lilliothamniuni el nombreuse; Glohigci tua.
';iux et de* faciès du Mrsoruininiulilitiue ii l'o-t el au sud-csl
du Mcicmlour. Scliémali(|ue.
' Conclusions. — i" Les zones sédinienlaires sont obliques par rapport aux
zones tecioni<iues. ]-]lles coïncident avec ces dernièfes depuis Bersezio
jus'jti'aux environs du col de Tende, mais à partir de là elles s'inllécliissent
rapidement vers le Sud et le Sud-Ouest poia- contourner le massif du Mer-
cniilour, (pii jouait un r(Me essentiel dans 1 Océanoiziapliic des temps num-
bÉANCE DU 3 JANVIER I910. 5g
mulitiques, comme M. L. Bertrand l'avait déjà montré pour les terrains
situés au sud-ouest de ce même massif.
2° Au fur et à mesure qu'on a affaire à des zones plus internes, on trouve
des niveaux plus anciens, des faciès plus schisteux, des épaisseurs plus
grandes; les transgressions se sont faites du centre vers l'extérieur du géo-
synclinal. En outre la dépression synclinale actuelle de la Riviera italienne
existait déjà en tant que dépression à l'époque nummulitique, puisque
dans cette région le faciès schisteux a envahi les sédiments dès le Lutétien,
alors que plus au Nord, dans toute la zone du Flysch, cet étage n'est formé
que de grès grossiers ou de calcaires très peu épais. Il faut aller jusque
dans la Suisse centrale et orientale pour retrouver le faciès schisteux du
Lutétien.
GÉOLOGIE. — Sur le forage du puils artésien de Maisons- Laf fit le.
Note de M. E. Péuoux, présentée par M. A. Lacroix.
Ce forage a été entrepris en août 1907, sur la rive gauche de la Seine,
à la cote 26, dans un ancien puits de o", 70, foré à /40'" dans le Sparnacien.
Envahi par les sables, ce puits avait été comblé jusqu'à 3()'". Deux tubes
de retenue de o,65o et de 0,600 durent être descendus jusqu'à 42'", i5
pour permettre le passage d'un tube de o,55o en tôle de o,ooG, qui devait
pénèti'er en pleine craie sénonienne et, cimenté à sa périphérie sur toute
sa hauteur, était destiné à préserver le forage des nappes d'eau supérieun.'s.
Après déblaiement de cet avaiit-puils, les soupapes ont remonté successivement
les terrains suivants qui, malgré les éboulements, ont mis en évidence : de 4o"' « 5o'"
des sables gris, des lignites, des argiles grises et bigarrées. Entre So"' et 56'" de la
marne blanche, à Sg"' de largile et vers 62"' dn calcaire jaune pisolithique. A la
profondeur de 63'", 87 on entre dans la craie blanche. Ouelques débris de coquilles
appartenant au Magas Pumilus permettent de classer celte assise dans \t Sénoniea
supérieur avec silex blond. Celte craie s'est poursuivie, plus ou moins blanche et
plus ou moins tendre avec lits de silex noirs, jusque vers 336'", sans que la nature de
la roche ou les débris fossilifères aient permis de tracer de subdivision dans celle
partie moyenne et inférieure du Sénonien. A 336'° le sondage est entré dans une craie
blanche, un peu grise, avec diminution progressive de silex, appartenant au Turonien.
A 4oi"°,5o le silex a entièrement disparu, et à 405'" un débris de TeiebraluUna
gracilis a confirmé cette attribution. Veis 425'" la craie est devenue plus grise,
même marneuse, toujours sans silex, et celte couche a pu être considérée comme
la base du Turonien ou le sommet du Cénomanien. Feu à peu, vers 455"", 475""
et 5oo™ la craie est devenue marneuse et franchement grise. Entre 497"' ^' 5oo'" a eu
6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lieu la première rencontre de la gaize. A âoj'". c'est une marne grise à Ostracées;
à 524'", une argile noirâtre avec sable très fin, noir, micacé et pyrites; et à Sag", elle
se chargeait de grains fins de glauconie avec un aspect franchement cénomanien.
A cette profondeur, la marne grise est sableuse, très ébouleuse, se détachant en cas-
sures conchoïdes. A SSS'". un banc fossilifère donnait entre autres : Pecteri Beavery
Sowerby, P. orhicuLaris Sowerby, espèces caractéristiques de la gaize, étage
Vraconien^ intermédiaire entre le Cénomanien et l'Albien, et que nous classons de
préférence avec le Cénomanien. Le Pectiii orbicularis avait été trouvé déjà dans les
mêmes couches ébouleuses, gaize siliceuse, dans les forages précédents, à Paris et à
Garrières-sous-Poissy ; l'assise est bien connue dans le pays de Bray, la Normandie
et dans tout le sud de l'Angleterre. Plus bas, à 540'", la sonde est entrée dans une
argile noire, compacte, micacée, plastique, nettement diflFérente de la gaize. A
566"", 5o, elle traverse une mince couche de sable ocreux, riche en carbonate de
chaux et de fer, qui pourrait passer inaperçue, mais que je crois devoir signaler
comme l'indice de la proximité des nappes aquifères. I<"nfin, à 569", 75 l'assise
argileuse se termine brusquement par la rencontre de sables verts, glauconieux et
pyriteux, d'où l'eau jaillit faiblement (20'"' à So"" a l'heure). De 570™ à 571™, le sable
remonté est blanc gris, formé de grains un peu plus gros de quartz, silex et moins
glauconieux. A 573", le sable est encore plus gros (o,oo3 en moyenne) et encore moins
glauconieux. L'eau jaillit abondamment et fournit environ 170™' à l'heure. A
574"*, 4o rencontre d'un conglomérat gréseux, constitué de pyrites, de sables et de
graviers cimentés, excessivement dur, ayant l'aspect du mâchefer, d'une épaisseur de
i'° à I™, 3o. C'est sous cette table gréseuse que le forage de Passy a trouvé son débit
maximum. Confiant dans cette expérience, cette couche fut traversée et, le 12 avril
1909, à 576'", jaillit impétueusement une colonne d'eau formant un paraboloïde de 0,73
de hauteur, chargée d'argile, de sables verts très (ins et de morceaux du terrain
traversé. Le débit, évalué à 16000'"', s'est maintenu depuis à 14 000'"" par jour. La
température est de 26°, 5.
Les sables de l'argile noire ont fourni les fossiles suivants, appartenant au Gault
{Âlbien) le mieux caractérisé :
Ammonites [Hoplites) inlerruptus Bruguière ('); Ammonites {Hoplites) Be-
netliœ Sowerby ; Panopea Beaumonti Goldfuss ; Cardiuni Raulini d'Orbigny ;
Nucula Arduenitensis d'Orbigny.
Ils ont donné, en outre, des pyrites, des nodules phosphatés, des cailloux noirs, des
lignites, des fragments de bois injectés de pyrite ; enfin un morceau de succin du poids
de9S,655; V^S'^^'"'. Le niveau du sol étant à la cote 4-26, la cote négative atteinte
est de — 576 -h 26 =: — 55o.
Le forage de Maisons-Laffitte a permis de constater qu'à la partie supé-
rieure des sables du Gault, les eaux circulaient dans des couches peu
épaisses de sable fin vert, glauconieux, ou blanc gris, siliceux et plus gros,
d'un faible débit d'abord, pouvant progressivement atteindre 35oo™"à 4000""'
(' ) Je dois à l'obligeance de M, G. Dollfus ridunlificalion de ces fossiles.
SÉANCE DU j JANVIER 1910. 61
au plus en 24 heures. Ces différentes superpositions de sables a({uifères
séparés par des lits d'argile reposent sur un fond dur, agrégat cimenté,
imperméable, de i" à i™,3o. C'est une cloison résistante, maintenant sous
pression la nappe peut-être la plus importante de l'Albien. Elle a fourni
les plus forts débits et circule dans un sable très iin et très glauconieux.
La minéralisation des deux eaux est sensiblement la même. Ces nappes
sont-elles séparées sur tout leur parcours ou, mélangées, s'est-il produit une
sédimentation des sables en raison de leur gravité? Les sables les plus fins
et les plus ferrugineux occupent la partie supérieure de chaque nappe et,
d'autre part les couches, même les plus minces, se différencient les unes des
autres par la grosseur des grains, leur coloration et leur teneur en minéraux
autres que la silice.
C'est après avoir pris connaissance des travaux des savants qui ont
coopéré aux forages de Grenelle et de Passy, que j'ai décidé de n'arrêter le
forage du puits de Maisons qu'après avoir traversé cette table gréseuse
rencontrée à 574"'7 4o. Pour avoir profité de leur expérience dans la mesure
de mes moyens et aussi pour avoir écouté les sages avis de M. G. DoUfus,
j'ai été largement récompensé par le succès de l'œuvre entreprise et la
situation nouvelle d'hygiène publique réalisée à Maisons-Laffitte.
Le forage commencé en septembre 1907 et terminé le 12 avril 1909 a été
exécuté par MM. Lefebvre frères de Quiévrechain (Nord).
BOTANIQUE FOSSILE. — Recherches sur les Diatomées des travertins déposés
par les eaux minérales de Sainte- Marguerite (^Puy-de-Dôme). Note de
M. Hëribaud- Joseph, présentée par M. R. Zeiller.
Comme complément à mes études sur les dépôts diatomifères du Massif
Central, j'ai entrepris de rechercher les Diatomées fossiles des travertins
déposés par les sources minérales de cette région ; ces sources sont au
nombre de plusieurs centaines, mais il n'y en a guère plus de 80 qui aient
déposé des travertins calcaires ; elles appartiennent surtout au Puy-de-
Dôme ; les départements limitrophes en comptent à peine une quinzaine,
et d'importance très inégale.
J'ai recueilli les travertins de plusieurs sources des environs de Clermonl,
parmi lesquelles se trouvent celles de Sainte-Marguerite, situées sur la rive
droite de l'Allier, près la gare de Vic-le-Comte, à 34o™ d'altitude, et dont
02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les eaux étaient déjà connues à l'époque t;allo-romaine ; elles comprennent
plusieurs sources, qui présentent une grande similitude de composition; la
principale est celle de la Grotte ; d'après une analyse qu'en a donnée le pro-
fesseur Truchot en 1878, elle renferme par litre 7^,629 de sels fixes, com-
prenant principalement des bicarbonates de sodium, de potassium, de
calcium et de magnésium et ■2^,:i~}Q de chlorure de sodium. Sa tempé-
rature est de 26°.
Les travertins déposés par cette source peuvent se diviser en trois zones,
inférieure^ moyenne et supérieure ^ qui se distinguent facilement les unes des
autres par leur faciès lithologique, et surtout par les florules diatomiques
qu'elles renferment. Ces florules comprennent, comme on va le voir, un
mélange très remarquable de Diatomées marines, saumàtres et d'eau douce.
Floiiile de la zone inférieure.
Diatomées niAitiNES : Amphora /i/ien/ata FJir., A. sa/ina W. Sm.; Campylodiscus
Clypeiis Ehr. ; CyinbeUa liungarica Panl. ; Epitliemia gibberula Klz. ; iSavicula
bohemica Ehr., J\av. Cari Elu-., A'ac. cincla Ehr., Nai\ elliplica Ktz., Nav.
hyalina Ktz., Nav. nnveanaGx'un.., J\av. sculpta Ehr. ; A'ilsschia bilobata VV. Sra.,
N. conunutala Griin., /V. Frusluluin Grun., A'. Iiungarica Grun., 1\. Triblionella
Ilanlz., yV. vilrea Norm. ; Scoliopleura gallica sp. nov. ; Stauroneis GregoriW.».\k\
SurirelLa elegans Ehr., .S', ovalis Bréb. ; Synedra affinis var. tabulata W. Sm.,
5. delicatissima W. Sm.
Diatomées saumàtres : Aniphora lineala Grég. ; Cynibella lanceolala Elir.,
C. pusilla Grun. ; Epitliemia gibba Ktz. ; Denticula valida Grun. ; Fragilaria
capucina Desm. ; Mastogloia Dansei Thiw. ; Naxicula ambigua Ehr., jVav. Bre-
bisso/iii Klz. ; Nav. gracillima Frilch., i\av. Bacillum Ehr. var. therinalis Grun.,
Nav. Heujleri \y. C, A'ac. inacra Grun,, Nav. lenella Bréb.; Nitzschia aniphibia
Grun., yV. co/Hm««« Rab., N. Kiltlii Grun.
Diatomées u'kau dobce : Amphora l'ediciilus Ktz. ; Cynibella cymbiformis Bréb. ;
Diatoma vulgare Bory ; Encyonenia venLricosuni Grun. ; Fragilaria virescens
Ralfs ; Navicula biceps Grég., Nav. limosa Ktz., Nav. gracilis Ehr., Nav. venlricosa
Ktz., Nav. subcapitala Grég.
La zone inférieure m'a en outre livré une dizaine de Diato:Diées nouvelles pour ta
flore générale et qui, à l'exception du Scoliopleura gallica, ne ligurenl pas dans cette
liste: elles appartiennent aux genres: Achnantlies, Navicula, Nitzsckia, Surirella et
Synedra; je me propose de les publier plus tard.
Four les florules des zones moyenne et supérieure, trop encombrantes pour le cadre
restreint de cette Note, je vais donner le résumé des résultats acquis.
SÉANCE DU 3 JANVIER 1910. 63
Floride (If la zone moyenne.
La lloiule de la zone moyenne diflere très notahlemenl de celle de la zone inférieure:
les deux tiers environ des Diatomées marines ont disparu, et ce sont surtout les plus
caractéristiques, comme Amphorn salina^ Navicula hohemica, yVrtc. Cari, yVac.
hyalina, I\itzschia hilohata, Nitz. Iiungarica, ScoUopleura gaUica, Slaiironeis
Gregori; le Campylopus Clypeus, qui est fréquent dans la zone inférieure, se
retrouve dans la zone moyenne, mais extrêmement rare, et ne peut tarder à dispa-
raître sans retour. Les Diatomées saumâtres sont encore nombreuses, et leur ensemble
est à peu près analogue à celui de la florule précédente. Les Diatomées d'eau douce
sont en plus grand nombre. Les espèces observées à ce niveau et que je n'avais pas
constatées dans la zone inférieure sont: Aclinanthes antiqua, Ceratoneis Arcus^
Cocconeis Placentula, Encyonema paradoxiini, Gomphonema constriclum^
Hanlzschia amphioxys^ /yaviciila viridala, Surirella ovula, Epithemia gibberula
var. prnducta. et une variété inédile de VEpithemia musculus.
La totalité des espèces ou variétés, observées dans les échantillons de la zone
moyenne, est d'Bnviron une soixantaine.
Florule de la zone supérieure.
La (lorule de cette zone est à peu prés identique à celle des eaux actuelles; les Dia-
tomées saumâtres sont assez nombreuses, mais les espèces marines ont disparu, excepté
Nilzschia vitrea el A'avicula cincta;ï\ est intéressant de constater que ces deux
espèces existent à Saijite-Marguerite depuis la zone inférieure jusque dans les eaux
actuelles ; les espèces d'eau douce, beaucoup plus nombreuses que les Diatomées sau-
mâtres, appartiennent surtout à la catégorie des Diatomées indifférentes à la nature
des eaux. Les espèces de la zone supérieure qui n'ont pas été observées dans les deux
zones précédentes, sont : Aclinanthes lanceotata, Cocconeis Pediculus., Cvclotella
conita, Cynibella Cis/ula, Epithemia Zébra, Gomphonema parvulum, Melosira
tenais et M. varians, Meridion circulare., Navicula major, Pleurosigma acumina-
tum, Nitzschia signioidea, Rhoicosphenia curvata, Surirella minuta et Synedra
Vlna var. œqualis.
Le nombre des espèces ou variétés de la zone supérieure est d'une cinquantaine
environ.
En totalisant les Diatomées de ces llorules et en négligeant les formes
communes aux trois listes, on obtient près de 80 espèces ou variétés très
distinctes, parmi lesquelles une vingtaine sont nouvelles pour le Massif
Central et une dizaine de formes inédites.
L'examen de ces llorules conduit aux conclusions suivantes :
1° De la présence de nombreuses Diatomées marines dans le travertin de
la zone inférieure, et de l'absence à peu près complète de ces espèces dans les
64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
eaux actuelles, il résulte que les eaux de Sainte-Marguerite devaient être
autrefois bien plus fortement minéralisées qu'elles ne le sont aujourd'hui ;
leur salinité a été constamment en décroissant de la zone inférieure à la
zone supérieure.
2° De l'absence de Diatomées marines dans les eaux actuelles, et de la
présence, au voisinage immédiat des sources minérales, d'un assez grand
nombre de plantes appartenant à la llore maritime exclusive, comme: Glaux
maritima, Trifolium marilimum, Plantago maritima^ Spergiilaria marina,
(Uyceria ilistans, Pottia Heimii, Chara crinita, etc., il ressort que les Diato-
mées sont plus exigeantes, sous le rapport de la minéralisation des eaux, que
ne le sont les plantes supérieures.
3" L'examen d'échantillons pris à des niveaux différents permet de suivre
très exactement les modifications successives de la florule diatomique, et,
comme ces variations doivent correspondre à celles de la salinité des eaux,
il s'ensuit que l'étude méthodique des travertins peut fournir sur l'histoire
des sources minérales de précieuses indications.
Je tiens en terminant à adresser à M. Maurice Peragallo, le savant diato-
miste bien connu, mes meilleurs remercunents poui" l'amabilité qu'il a eue
de m'aider dans l'examen laborieux des matériaux utilisés.
La séance est levée à 4 heures.
(i. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 10 JANVIER 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMCJIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Orage magnétique du aS septembre igog et
phénomènes solaires connexes. Vérification des théories proposées. Noie
de M. H. Deslaxdres.
Le grand orage magnétique du 25 septembre dernier, qui a troublé
pendant plusieurs beures les lignes télégraphiques et les aimants de toute
la Terre, retient toujours l'attention du monde savant. De nombreux
Mémoires (') ont déjà décrit, soit la perturbation terrestre, soit la pertur-
bation solaire qui est censée lui correspondre, soit la nature du lien précis
qui est supposé les réunir. La Note actuelle les complète utilement, car elle
expose les observations de l'atmosphère solaire supérieure, révélée à
Mcudon en 1908, et étudiée jusqu'ici seulement dans cet Observatoire.
Les orages magnétiques et les taches considérés dans leur ensemble ont,
comme on sait, les mêmes variations, avec la même période undécennale ;
mais la connexion n'est plus aussi nette lorsqu'on examine isolément chaque
orage et chaque tache.
En général, il est vrai, un grand orage coïncide avec la présence d'une
tache, au moins assez forte, près du centre de l'astre ; de plus, l'orage
éclate 45 heures en moyenne après le passage de la tache au méridien cen-
tral, d'après les derniers calculs de Ricco. Mais la grandeur de la tache
(') Je citerai en particulier les Notes d'Angot, Marchand, Cirera {Comptes rendus,
t. CXLIX. p. 357, 616 et io3.5); de Chree, Fowler, Sidgreaves, Oliver Lodge, Ricco
dans la A'alure anglaise; de Buss, Corlie, Fowler dans The Obseri-atorj; de A\illiam
Lockyer, Cortie, Michie Srailh dans les Monlhly Notices, etc.
C. U., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 2.) 9
0(3 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'est pas proportionnelle à la grandeur de l'orage, et souvent une grosse
tache passe au centi'e, sans être accompagnée d'un trouble terrestre.
Le désaccord est encore plus grand avec un petit orage et une petite tache,
et Cortie a signalé des orages survenus à une époque où le Soleil n'avait
aucune tache et même aucune facule notable.
De tous ces faits on ne peut conclure que le Soleil n'a pas une action
directe sur le magnétisme terrestre. Car la tache qui est la seule partie
étudiée sérieusement jusqu'ici n'est pas le seul élément du Soleil soumis à
la variation undécennale. Tous les autres éléments de l'astre subissent
aussi,. plus ou moins étroitement, la même période, et en particulier les
protubérances auxquelles Norman Lockyer rapporte l'action exercée sur la
Terre.
Il convient donc de relever d'une manière continue tous les éléments
variables du Soleil et de rechercher l'élément dont les variations soient en
rapport avec la perturbation terrestre. J'ai déjà proposé ce programme en
1893 et aussi après le grand orage du 3i octobre iQoS; mais il est plus
facile à tracer qu'à exécuter, car il exige un effort considérable.
Les Notes précédentes sur l'état du Soleil, avant et pendant l'orage magné-
tique de septembre, se rapportent surtout à la surface. Les observateurs ont
signalé la tache habituellement associée à chaque grand orage, qui, dans le
cas présent, a traversé le méridien central le 23 septembre, environ
45 heures avant le milieu de l'orage qui a duré le 25 de midi à 8''3o" du
soir. C'est la tache A des figures i et 2 ci-après (latitude 4" Sud, longi-
tude 3o5°). Elle est seulement moyenne ainsi que la facule qui l'entoure, et
elle est notée comme active en ce sens que l'ombre et la pénombre ont des
variations fréquentes, la pénombre offrant parfois avec netteté des spires
d'aspect lourbillonnaire. Fowler et Buss ont aussi signalé sur la tache et
autour d'elle des i-enversements des raies de l'hydrogène et de l'hélium.
Mais tous ces phénomènes sont ordinaires, alors que l'orage terrestre est
exceptionnel; des taches notablement jjlus larges et plus actives ont souvent
traversé le Soleil sans être accompagnées d'une agitation des aimants
terrestres.
L'élude de l'atmosphère solaire peut être plus fructueuse, car la plupart
des théories proposées placent le siège de l'action solaire dans l'atmosphère
et même dans l'atmosphère supérieure. Dans cet ordre de recherches une
première publication a été faite par William Lockyer, qui décrit les images
de la chromosphère moyenne, obtenues avec le spectrohéliographe de South
Kensinglon et la raie H^ du calcium, du 18 au 2/1 septembre. Les épreuves
SÉANCE DU lO JANVIER I910. 6j
du 24, faites à io''6'", 10'' 11'", 11'' 11'" et 11'' i5™, sont reproduites; elles
montrent la tache A successivement couverte et découverte en partie par les
nuages brillants du calcium ; elles décèlent une protubérance variable et
active qui est présentée par l'auteur comme une cause possible de l'orage
terrestre.
Ces observations sont trop peu nombreuses pour permettre une conclu-
sion, et je suis conduit à présenter celles de Meudon, plus complètes en ce
sens qu'elles s'étendent aux couches supérieures de la chromosphère.
Nous avons utilisé quatre appareils : un photohéliographe confié à
Coroyer; un petit spectrohéliographe, confié à Charpentier, qui donne les
couches moyenne et basse avec les raies Ko et K, du calcium; un grand
spectrohéliographe de 1/4™, confié à d'Azambuja, qui donne les couches
supérieure, moyenne et basse avec la raie K du calcium et la raie H^ de
l'hydrogène, et un spectro-enregistreur des vitesses radiales confié à Burson.
Le temps a été couvert le 23 et variable le 24 et le 25; aussi n'a-t-on pu
enregistrer la couche supérieure qu'avec l'hydrogène.
Les épreuves principales sont classées dans le Tableau ci-contre et les
plus intéressantes sont reproduites dans les figures annexées.
'élit spectrohél
iograplie
Grand
spectrohéliogr
aphe
Spe
:ctro-enregistreur
avec K.
avec diverses parties de H„.
des vitesses.
Le 24, K,à
Il m
8.12
Couche
liante
à
Il m
9.20
Kà
Il m
10. .5
» K2 à
8.24
»
liante
à
16.35
K à
10. t5
1) Kg à
16.42
Le 25, Kjà
8.17
»
basse
à
8.18
Ha à
8. 2
.. K, à
8.35
»
moyenne
à
8.40
Ha à
8.53
rt K, à
8.45
»
haute
9.03
Ha à
9-27
La figure i représente la couche supérieure de l'hydrugène le 24 sep-
tembre à 4''35°Mu soir. Klle montre le caractère habituel de ces couches
supérieures dans le calcium ou l'hydrogène, c'est-à-dire la présence des
lignes noires, appelées /î/aments, qui remplacent les taches absentes ou
diminuées, et ont une aire noire totale en général supérieure à celle des
taches de la surface. C'est ainsi que la tache B n'est plus visible et la
tache A est réduite à un point. Par contre, on aperçoit deux magnifiques
filaments C et D reliés quelque peu à la tache A. Ces filaments étaient
présents à la même place les jours précédents, et aussi, plus ou moins
développés, pendant les deux rotations précédentes de l'astre.. Or le len-
demain 25, dans la matinée, à 9'' 3™, lors de la traversée du méridien
central, ces filaments avaient disparu presque complètement, ne laissant
68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'une vague trace, là où existait une ligne noire bien tranchée. J'ai déjà
signalé dans une Note précédente les filaments comme susceptibles d'avoir
une action directe sur le magnétisme terrestre; ils sont toujours plus ou
moins accompagnés de protubérances; de plus, la matière qui les constitue
s'élève par rapport aux parties voisines et a, en général, des mouvements
plus notables. Les changements qui les affectent sont favorables à l'émis-
sion des rayonnements spéciaux et des particules électrisées, qui sont sup-
posés donner naissance à l'action solaire.
De toute façon, la modification profonde du filament, un peu avant
l'orage magnétique, est à noter. Elle a commencé, semble-t-il, dès le i[\ ; car,
le matin, le filament D était continu, et, le soir, divisé en no'uds qui sont le
prélude de la dissolution ('). Il faut regretter seulement de ne pas avoir
d'épreuves similaires de la couche supérieure K., qui montre en général les
filaments plus développés et les amorces de filaments reliées par des aligne-
ments.
Sur cette épreuve de l'hydrogène, les alentours de la tache offrent aussi
un filament courbe et de petites lignes noires fines, non représentés; mais,
dans leur ensemble, ils n'ont pas l'aspect d'un tourbillon, ainsi que dans la
plupart des taches relevées à Meudon; ce qui est contraire aux résultats
publiés par Haie. En fait, le seul tourbillon net de la tache se trouve sur
l'image de la surface, obtenue au même moment, et dans la pénombre qui
montre des spires bien distinctes, presque circulaires.
Celte même tache A et ses alentours (représentés agrandis dans la
figure 2) sont également curieux sur l'image Kj du même jour, qui cor-
respond à une couche moyenne. Du côté Ouest, la tache est entourée de
filaments concentriques alternativement brillants et noirs, dont la dispo-
sition spéciale a été observée rarement. Ces filaments ont une forme
nettement polygonale et, de plus, ils sont réunis à la tache B par une série
de llocculi qui ont aussi la même forme, ('ette structure spéciale, assez
fréquente dans ce que j'ai appelé le réseau chromosphérique , a été signalée
par moi en i8()9 et 1909, et le dessin ci-conlre en donne un exemple
frappant. Cet assemblage de polygones a absolument l'aspect du réseau
polygonal des cellules tourbillons dans les liquides; et si, comme il est
probable d'après des mesures récentes de vitesse radiale, le gaz solaire est
(') J'ai rapproclié déjà les lilaments solaires des lignes noires appelées canaux de
Mars. Or, ces derniers ont été signalés parfois aussi comme formés de nœuds alignés.
Dans le Soleil, celle disposilion n'esl que transitoire.
Fig. I. — Image de la oouclie supérieure de l'iiydroyéne, le ->4 septembre de i6'',i.S» à 16'' 43", avec
un grand speclrohéliograplie à réseau de l 'i™. La seconde fente, large de o*,i/(, isole le centre de
la raie H„, large de i^.iii.
Les parties avec hachures correspondent aux plages hrillantes de la couche au-dc-^sus des facules.
Les lignes et les points noirs correspondent aux filaments noirs et amorces de filaments, et aussi
aux taches dont une seule est visible en A et diminuée.
Fig. 2. — Portion agrandie de l'image de la couche moyenne du calcium, le 24 septembre de 8''33"
à 8''25", avec un petit spectrohéliographe. La seconde fente, large de u*,90, isole la raie K, du
calcium.
Les détails sont représentés schémaliquement et autrement que dans la figure i. Les parties avec
hachures correspondent aux portions visibles des taches, les lignes pointillées aux filaments noirs,
et les lignes niiires aux lignes brillantes de l'image ou aux tlocculi.
■yo ACADÉMIE DES SCIENCES.
descendant au-dessus du llocculus brillant et ascendant dans les intervalles,
la similitude avec les tourbillons liquides serait complète, le sens des mou-
vements intérieurs étant aussi le même ('). Cette division en tourbillons
de contour polygonal n'est pas indiquée par les calculs théoriques de
Helmhollz et d'Emden; elle est, dans les deux cas, pour le Soleil comme
pour le liquide, révélée par l'expérience.
Cependant cette division en cellules, qui était encore nette le 24 au soir,
implique un certain calme dans la région Ouest, autour de la tache; par
contre, dans la région Est, les flocculi sont très irréguliers ; c'est de ce côté,
du côté des filaments, qu'est la perturbation.
D'autre part, les épreuves de vitesse radiale du même jour n'ont pas
donné le résultat qu'on en pouvait attendre; elles ont été faites à un
moment où les images étaient devenues mauvaises, et elles sont trop faibles.
Elles montrent la vapeur brillante au-dessus de la tache A, signalée par
W. Lockyer, et sans vitesse radiale notable.
Le 25, dans la couche moyenne, les filaments successifs concentriques à
la tache A ont disparu, et les polygones entre A et B sont devenus moins
nets.
Tels sont les principaux faits recueillis sur les épreuves solaires de Meu-
don, avant l'orage magnétique. Ils ne conduisent à aucune conclusion
ferme sur le phénomène solaire vraiment actif; les observations étant encore,
malgré tout, trop peu nombreuses et séparées par de trop longs intervalles,
ainsi que dans tous les cas similaires précédents. Mais l'influence du fila-
ment et de ses variations apparaît clairement comme probable ou possible.
D'ailleurs, les autres orages magnétiques, plus faibles, d'août, septembre
et octobre 1909, relevés par Marchand et Cortie, ont pu être rattachés
aussi plutôt à un filament qu'à une tache.
Il convient donc de suivre à ce point de vue et continûment ces lignes
noires nouvelles des couches supérieures, au moins aussi importantes que
les taches, et de multiplier les grands spectrohéliographes et les enregis-
treurs des vitesses qui relèvent leurs formes et leurs mouvements.
Je terminerai par quelques remarques sur les théories diverses qui expli-
(') J'ai signalé aussi déjà la disposition inverse {Comptes remlits, t. CXLIX, 1909,
p. 493). I-'fi flocculus brillant est au centre de la cellule dont le périmètre est formé
par les intervalles noirs entre les flocculi. On aurait ainsi deux types de cellules tour-
billons dont les fdels tournent en sens opposé. Tous ces points seront élucidés par les
épreuves de vitesse radiale, malheureusement très longues k mesurer
SÉANCE DU lO JANVIER I910. 71
quent l'influence du Soleil sur la Terre. On peut les diviser en deux groupes,
d'après la nature de l'action solaire supposée qui se propage dans toutes les
directions de l'espace ou seulement dans un cône aigu dirigé vers la Terre.
Au premier groupe se rattachent le rayonnement ultraviolet de Shuster,
le rayonnement hertzien de Nordmann, le champ magnétique protubéran-
tiel de Bosler; au second groupe, le rayonnement cathodique de Birkeland
et Deslandres, et l'émission d'ions négatifs d'Arrhenius, par la pression de
radiation. Toutes ces théories sont admissibles ; or, on peut faire un
départ entre les deux groupes, en suivant les comètes qui sont visibles
lorsque la Terre subit un orage magnétique. D'après les théories, la comète
doit être aussi modifiée, et dans les théoi'ies du premier groupe au même
moment que sur la Terre.
En ce qui me concerne, je ne rejette aucune théorie et j'admets même
que toutes les actions supposées peuvent être simultanées. Mais j'ai consi-
déré surtout le rayonnement cathodique, qui est le phénomène principal
des tubes à vide auxquels l'espace interplanétaire est assimilable en remar-
quant qu'il suffit à tout expliquer (' ).
Il explique le retard de 45 heures de l'orage terrestre par rapport au pas-
sage de la tache active au méridien central. Le rayon qui part de la tache,
d'abord normal au Soleil, est courbé dans le champ magnétique extérieur
que forment les corpuscules circulant autour du Soleil à grande vitesse,
surtout dans le sens direct, et chargés positivement par la lumière ultra-
violette (-). Le sens et la grandeur du champ peuvent être tels que la
déviation produite impose un retard moyen de 45 heures (').
Le rayon cathodique solaire est alors comparable à la spire d'une
nébuleuse, et j'ai été conduit ainsi à une théorie des nébuleuses (Comptes
rendus^ t. CXLIV, 1902, p. ii34 et 1285 ) qui comporte un champ
magnétique analogue et deux rayons cathodiques courbés. Mais alors la
lumière des deux spires de la nébuleuse doit être polarisée, ce qu'il est
(') J';idniets aussi tous les autres rayons des tubes à vide, rayons secondaires, X,
anodiques, et ceux des corps radioactifs.
(^) Dans cette hj'pothèse, l'arrivée du rayon à la Terre dépendrait de causes mul-
tiples et variables; elle serait accidentelle. D'où l'allure capricieuse du phénomène,
qui n'aurait pas, en fait, de loi accessible pour nous.
(') J'ai calculé jadis qu'un courant circulaire équatorial de 3oo unités C.G.S. d'in-
tensité, et de même sens que la rotation solaire, produirait l'inflexion voulue du
rayon cathodique, de vitesse égale à 10'". Le rayon n'est pas dévié par le champ
magnétique dû à la rotation des ions solaires, puisqu'il tourne avec eux.
72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
possible de vérifier, en particulier sur les nébuleuses qui se présentent par
la trancbe. t ne théorie est utile lorsqu'elle suggère des expériences nou-
velles.
Enfin, dans cet ordre d'idées, la tache solaire peut offrir un phénomène
analogue. Le champ magnétique reconnu par Haie doit courber les filets
gazeux ionisés qui, d'après Evershed, se rapprochent du centre de la tache;
d'où peut-être les spires qui sont observées dans la chromosphère moyenne
et supérieure autour de certaines taches et seraient alors un efi'et et non la
cause du champ magnétique ('). De plus, chaque ion solaire mobile subit
le champ électrostatique et électromagnétique de tous les autres. Comme
l'effet n'est pas le même pour les atomes de masse différente, on aurait là
une explication des différences que présentent les images du calcium et de
l'hydrogène dans l'atmosphère solaire.
M. J. Caiipentihk présente à l'Académie, et fait fonctionner en séance,
un Fréquencemètre qu'il a réalisé sur les indications du Commandant
Ferrie, à qui notre armée est, pour une bonne part, redevable de l'orga-
nisation de ses services de télégraphie sans fil.
Ce qui mérite d'attirer l'attention sur l'appareil dont il s'agit, c'est que
c'est un spécimen d'une nouvelle famille d'instruments de mesure. La
particularité qu'il offre s'aperçoit à première vue. Bien que de forme
semblable aux ampèremètres et voltmètres que tout le monde connaît, pour
les avoir vus sur les tableaux de distribution, il comporte sur son cadran,
non pas une, mais deux aiguilles rectilignes mobiles autour de centres
éloignés l'un de l'autre. Ces deux aiguilles se meuvent dans deux plans
parallèles extrêmement voisins, mais elles ne peuvent se toucher. Cepen-
dant, leur point de croisement est facile à observer, et c'est en relevant la
position de ce point sur le plan du cadran qu'on lit l'indication que
l'appareil est destiné à donner. Pour faciliter la lecture et ne point
surcharger de chiffres le cadran, celui-ci a reçu le tracé d'une série de
courbes d'équifréquence, rappelant les courbes de niveau des cartes géo-
graphiques; chacune de ces courbes porte un nombre qui la repère : c'est
(') Ces spires (attribuables aussi à la rolalion de l'aslre) ont, en fait, une faible
inflexion; aussi le champ magnétique qu'elles subissent ou qu'elles produisent doit
être également failde. On en conclut que le champ magnétique intense, de 3ooo unités,
annoncé par Haie, doit avoir son origine plus bas, près de la surface, ou peut-être au-
dessous.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 7^
précisément ce nombre que Ton doit lire quand le point de croisement des
aiguilles tombe sur la courbe correspondante. Telle est la disposition qui
caractérise la nouvelle famille des instruments à deux aiguilles.
Un instrument à deux aiguilles n'est, en fait, que la réunion, dans un
même boisseau, de deux instruments indépendants portant cbacun son
aiguille. Chacun de ces deux instruments est approprié à la mesure d'une
grandeur d'où dépend la grandeur à déterminer, véritable fonction à deux
variables, et le tracé que porte le cadran joue le rôle d'un abaque
permettant de déterminer cette fonction sans calcul.
La fréquence d'un courant alternatif, ou le nombre de fois qu'il change
de sens en une seconde, peut être déterminée par divers procédés. 11 n'en
est guère qui soit plus simple, plus rapide, plus étendu que l'emploi du
nouveau Fréquencemètre Ferrie.
Le pelit appaieillage qu'il exige comporte deux circuits disposés pour être, l'un et
l'autre, reliés en dérivation sur les pôles de la source alternative dont la fréquence
est à déterminer.
L'un des circuits, sensiblement dépourvu de self, présente une résistance ohmique /■;
l'autre circuit, de résistance ohmique négligeable, possède une self dont le coefficient /
est supposé constant dans les limites des mesures auxquelles est destiné l'appareil.
Eeif. étant la tension entre les pôles de la source, les intensités qui traversent les
deux circuits sont respectivement
. Eçlf. . ISrir. .
' /■ ' l'j) '
d'où
'1 '■ / '1
^2 / I,
La fréquence est fonction seulement des deux intensités. Pour la déter-
miner, il suffit donc de déterminer i, et;.,. C'est à quoi sert le Fréquence-
mètre Ferrie, composé simplement de la réunion de deux galvanomètres
thermiques, de résistance et de self négligeables. L'un des galvanomètres
s'insère dans le premier circuit, l'autre dans le deuxième, et leurs deux
aiguilles, par leur point de croisement, fournissent la mesure cherchée,
comme il a été dit plus haut.
Dans le cas particulier qui vient d'être examiné, où la fonction est un simple
rapport, les courbes se présentent sous la forme d'un éventail. Pour compléter le
réseau et étendre les ressources qu'oflVe l'appareil, on peut repérer empiriquement
sur chaque branche de courbe, c'est-à-dire pour chaque fréquence, des points corres-
pondant aux différentes tensions. En joignant les points d'égale tension par de
nouvelles lignes d'une couleur spéciale, on superpose un deuxième réseau au premier,
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 15U, N° 2.) l 'J
7/| ACADÉMIE DES SCIENCES.
et l'on acquiert le moyen de connaître simiiltanément la fréquence et la tension de la
source étudiée.
Il va sans dire qu'en modifiaiil convenablement les circuits auxiliaires,
et déplaçant les positions zéro des aiguilles, on peut réaliser des Fréquence-
mètres d'échelles variées. C'est ainsi que, moyennant en outre certaines
précautions dans la constitution de ces circuits et des galvanomètres, le
Fréquencemètre s'applique aux courants de haute fréquence et devient un
Ondemètre.
La mesure des résistances, la mesure des inductances, la mesure des
capacités peuvent se faire au moyen d'un appareillage semblable, en rem-
plaçant l'un au moins des circuits auxiliaires par l'élément à mesurer ou
des grandeurs de comparaison. Les fonctions correspondant à ces grandeurs
se réduisent encore à des rapports et se traduisent par des réseaux en
éventail. Tous ces instruments et d'autres encore ont été réalisés.
On peut également mesurer des fonctions se ramenant à un produit,
telles que la puissance dépensée dans un circuit. Le réseau dans ce cas
change d'allure
Mais il est facile de comprendre que ce procédé s'appliquerait encore,
alors que la fonction ne pourrait recevoir d'expression algébrique ; c'est
même dans ce cas que s'affirmerait sa supériorité.
Enfin, on conçoit qu'il serait applicable à la mesure de grandeurs non
électriques, mais quelconques, et cela, par l'emploi de deux instruments
dont les index n'auraient même pas besoin d'être des aiguilles.
M. J. Cakpektier présente à l'Académie une petite balance de précision
qui a été combinée et construite par M. CoLLOT,dansle but d'abréger consi-
dérablement les pesées. Le modèle présenté a une portée de loo^.
(Je qui frappe à première vue quand on assiste à une pesée faite avec celte
balance, c'est que l'opérateur n'y emploie aucun des poids communément
en usage. Après avoir ouvert, une seule fois^ la cage de l'instrument,
pour introduire le corps à peser, il se contente de manœuvrer un certain
nombre de boutons disposés extérieurement, tout en suivant de l'œil les
mouvements du lléau, mouvements fort réduits par un très bon amortis-
seur. Quand l'équilibre est établi, la pesée est terminée.
L'opérateur lit alors sur les boutons de manonivre les nombres que leur
déplacement a mis en évidence et il en fait la somme : le total trouvé ex-
prime le poids du corps à un décigramme près. Veut-il connaître ce poids
SÉANCE UU lo JANVIER lyio. ^5
avec une approximation plus grande? Il vise, au travers cFun microscope,
disposé au centre de la cage, un micromètre posté sur Taiguille du lléau et
lit un nombre indiquant ce qu'il faut ajouter de dixièmes de milligramme à
la fraction principale déjà connue. L'o[)ération a duré an total un temps
très court.
Cette opération exige, cela va sans dire, Tintervention de poids étalonnés.
Mais, dans la balance de M. CoUot, ces poids font, pour ainsi dire, comme
ii va être expliqué, partie intégrante de l'instrument.
A l'extrémité droite du fléau, par rinlermédiaire de deux étriers indé-
pendants, s'enveloppant, sont suspendus deux plateaux fort rapprochés l'un
de l'autre. Le plateau supérieur est destiné à recevoir le corps à peser; sur
le plateau inférieur, très ajouré, repose une série de huit poids de valeurs
respectivement égales à :
grammes : 5o, 20, 10, 10, 5, 2, 1 et 1.
Les cinq premiers ont la forme d'anneaux plats, de diamètre décrois-
sant, logés concentriquement les uns dans les antres; les trois derniers se
réduisent à de petits cylindres bas et sont disposés à l'intérieur du plus
petit anneau. Au moyen de broches verticales que l'on fait, quand on veut,
saillir du socle de la balance au moyen des boutons de manœuvre dont il a
été question plus haut, chacun de ces poids peut être individuellement sou-
levé, et le plateau porto-poids peut être soulagé d'un nombre quelconque
de grammes compris entre i et 99.
D'autre part, sur une barrette fixée à la partie supérieure de l'étrier
du plateau porte-poids sont achevalés quatre cavaliers en fil métal-
lique pesant respectivement :
décigrammes : 5, 2, 2 el i.
Ces cavaliers, eux aussi, peuvent être soulevés au moyen de crochets com-
mandés par des boutons extérieurs, et former un appoint variable s'ajou-
tant à la combinaison des poids reposant sur le plateau.
Quant au micromètre porté par l'aiguille et observé par le microscope,
ce qu'il fait connaître, cela va de soi, c'est l'inclinaison sous laquelle le fléau
a pris son équilibre ; mais cette inclinaison, grâce à un tarage préalable, se
traduit immédiatement en un nombre de dixièmes de milligramme.
Pour .effectuer une pesée avec la balance CoUot, on pi'ocède de la manière
suivante :
On met en charge complète le plateau porte-poids (qui pend à droite du
nU ACADEMIE DES SCIENCES
lléau ) cl dans le plateau de gauche on place une tare équilibrant exactenicnl
les loo grammes engagés.
Si le corps à peser était alors placé dans sou plateau, il formerait sur-
charge. La manœuvre des boulons a précisément pour but d'enlever une
combinaison de poids équivalente à celle surcharge, et leur chiffraison doit
on indiquer la valeur. Aussi, avant Tintroduction delà surcharge, tous les
boutons marcjuent-ils zéro; après l'introduction, tous les boutons amenés
dans la position correspondant à l'enlèvement d'un poids présentent, à la
vue, la valeur de ce poids.
Sans qu'il soit nécessaire d'entrer plus avant dans le détail des opérations,
dont il sul'fit ici de saisir le sens, on conçoit quelles commodités présente la
balance Collot.
Mais les mérites réels de cet instrument sont plus profonds que ne le
font apercevoir ces premières apparences. Ils portent sur trois points ca-
pitaux :
I" La pesée est faite à l'abri des agitations de Fair et soustraite aux
troubles qui en seraient la conséquence.
2° La pesée est faite par la méthode de la double pesée. Eu efTct, elle ré-
sulte bien de la substitution, du même côté de la balance^ de poids marqués
au corps à peser. Elle est donc à l'abri des erreurs à provenir de l'inégalité
des deux bras du fléau.
3" La pesée est faite sous charge constante. En efîet, le fléau porte tou-
jours à ses deux extrémités des poids équivalant à loo'''. La pesée est donc
indépendante de la déformation du fléau, laquelle demeurant constante
n'intervient cpie dans le tarage initial de sa sensibilité.
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces à courbure fatale constante qui correspondent
à des systèmes singuliers d'ordre quelconque. iNote de M. C Guiciiard.
Soit q„ une solution de l'équation
(l) • - — '——f/cosw.
Ou ôr
on :p satisfait;! l'équation
Ou di'
, . O-o .
(2) - — y- = sincp.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 77
Je détermine /•„ et/?,, par les équations
(3)
l'n
(4)
du
'In
sin 9.
On
vérifie facilem
ent que
(5)
'In
+ 1 -— 1
" Or'
dp,. _
à(f dr„
ôv '^ ~d^
est une solution de l'équation (i ). On a ainsi une transformation de l'équa-
tion (i) que j'ai étudiée [Sur les surfaces à courbure totale constante, etc.
{A.E.N., 1890)].
Je vais montrer d'abord que, si l'on prend
d'-a
on peut former explicitement tous les termes p„, q„, r„. On a d'abord
Je pose ensuite
i ^'■' ~ a ^'^^ ~^ '"'■ ^' ^'''^' ~ '''^''' "*" '' '"'"
(6)
En diflérentiant par rapport à u et par rapport à t^ on trouve
dS/j dqi+,
du du
dS,, _ d(/,
dv - '^'^' di- '
/_> ', àS,j, dq,,+: d'/,+i t)S,./, d<jA , d</,
du au <;« oc oc oc
()T,., _ (k/^ dT^ _ dfu
du '' du ' ' Je ^ £>c '
du du du dv oc ' dv
Cela posé, si l'on remarque que les équations (4) s'écrivent aussi
dp,, d'il dp,, __ dq,,
78 ACADÉMIE DES SCIENCES,
on vé'iifie qu'on a
(8) /'„ = T,,„ - S,,, _, + T,,,_, - S,.„__, + . . . ,
où Ton poursuit la série jusqu'à ce que le premier indice ne surpasse pas le
second; on peut donc calculer de proche en proche/?,,, </„, r„. Ces expres-
sions ne renferment que les dérivées de ^ par rapport à t^; q^ jusqu'à
l'ordre 2// — i; /„ jusqu'à l'ordre in.
De ré(|uation (2) et de celles qui s'en déduisent par des dillerentiations
par rapport à v, on obtient les valeurs suivantes des dérivées de o prises une
fois par rapport à u et un nombre quelconque de fois par i'a|)port à (^ :
, , ,) ,hj . ô d^o do
(9) '\ 7^= 5111 œ, — r- ^ COSCO -T-^! ••••
^•" âii Or ■ du dv^ ' de
Si maintenant j'ai une expression (jui ne contient que les dérivées de a»
par rapport à v, la dérivée de cette expression par rapport à u sera, en
tenant compte des équations (9), de la forme
A coscû -I- B si 11
A et B ne contenant que les dérivées de f par rapport à v.
Je dis que si l'on opère sur/j„ et c/„ on aura identiquement
, , dp,, . dr„
(10) —, — =^/„sinai, — — =r(7„cos7.
du du ' ' : . .
En elfet, les deux membres d'une équation (10) deviennent égaux si 0
est solution de l'équation (2); si les deux membres n'étaient pas iden-
tiques, on en conclurait que toute solution de l'équation (2) est solution
d'une équation de la forme (10), ce qui est évidemment impossible.
(îela posé, j'arrive au théorème fondamental de celle Aote.
Thkouéme. — Si a,, a.^, ..., a„ sont des constantes arbitraires, il existe des
fonctions cp qui satisfont aux deux équations
i sino = rt, r, + rto/ , + ... + rt„/'„,
(11) • • fjl^
f du
■ a^rji + (i.,t/..-h . . .+ a„y„.
On volt loul de suite que ces fonctions ç sont solulionsde l'équation (2).
La première de ces équations ne contient pas u; elle est d'ordre 2». Pour
montrer (|ue le système (1 1) a des solutions, j'opère ainsi : je prends la
seconde équation et celles qui s'en déduisent par des dérivations successives
SÉANCE DU lo JANVIER I910. 79
par rapport à v^ en tenant compte de la première, je puis exprimer toutes
les dérivées prises une seule fois par rapport à 11 à l'aide de ç, -t^> •••>
^; 't; je porte les valeurs ainsi obtenues dans la dérivée delà première
équation prise par rapport à ii] je dis (\\\q j'obtiens une identité.
Kn effet, le premier membre devient
D'autre |)art, si Ton fait le calcul que je viens d'indi([uer. on trouve tout
de suite
ou fjf
donc les dérivées prises une seule fois par rapport à //, ou les valeurs (9);
le second membre
Oi\ dr, ôr„
fi —, h a,-^ +. . .+ a„ -^—
ou ou au
est donc égal (équations 10) à
cos9(rt,yi ■+-(!,(/, + .. . + u „>/„).
On voit facilement (juel est le degré de généralité du système (11); on
pourra pour u = i> = o prendre arbitrairement les valeurs de ç, y;) •••>
'-—; — ï; on pourra calculer alors les valeurs initiales de toutes les autres
or'-"~' '-
dérivées de tp. Il entre donc, en dehors des a, in constantes dans la solu-
tion générale du système ( 1 1).
Multiplions la première des équations (11) par -y/^^i '* seconde par
sinç></»; on aura, en ajoutant et intégrant,
(12 ) (i\lh+ a,p.,-h. . .-h c „/}„-+- 01 = — coscp,
co étant une constante qui peut prendre une valeur arbitraire.
Prenons la dérivée de la première des équations (11), ajoutons au résultat
l'équation ( i 2) multipliée par ^; on aura, en tenant compte de la for-
mule (5),
(i3) «,(/o+ i7o73 + . . . + a „(}„+, + (0(/,= o.
Les solutions du système (11) sont donc telles qu'il existe une relation
linéaire entre y,, q^, . . ., (/„+,. On démontre facilement l'inverse.
8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(^ette propriété rattache ces solutions aux systèmes singuliers. On dé-
montre facilement, en partant de là, l'existence de systèmes singuliers
d'ordre quelconque et dont les racines de l'équation caractéristique peuvent
avoir des valeurs arbitraires.
On peut obtenir ainsi de nouvelles surfaces ù courbure totale constante
qui, non seulement, sont bien distinctes de celles qui sont connues, mais
qui, de plus, ne peuvent pas s'en déduire par l'application de la transforma-
lion Bianchi-Bucklund.
M. W. KiLiAx fait hommage à l'Académie de divers travaux relatifs à la
géologie et à la paléontologie du sud-ouest de la France et des Iles Seymour
et Snow-Hill (Expédition du D'' Otto Nordenskjold au pôle Sud, 1901-
1903). Plusieurs de ces travaux ont été publiés en collaboration avec
MM.Termier, m. Boule, Ch. Dei'éret, Em. H.vug, Jules L.vmbeht, P. Reboul.
ELECTIONS.
M. le Ministre de l'Intérieur invite l'Académie à désigner l'un de ses
Membres qui remplacera, dans le Conseil d'admijiistralion de la fondation
Carnegie, iNI. Bouquet de la (jrye, décédé.
Il est procédé au vote.
M. G. Darboux, ayant réuni la majorité des suffrages, sera désigné
à M. le Ministre de l'Intérieur.
COUHESI»OM)AI\CE.
M""" V"" Kaphael Rit/, adresse à l'Académie des remercîments pour la
distinction qui a été accordée aux travaux de son fils, M. Walter Hitz,
récemment décédé.
M. le Secrétaire peri'f.ti'ei, signale, parmi les pièces imprimées de la
( !orrespondance :
i" Souvenir de l excursion des touristes français venus en ]{oumanie à l'oc-
casion de la croisière de 1" Ile-de-France du 23 au 29 septembre 1909.
SÉANCE DU lO JANVIER IpfO. Si
2° ]jes Tomes I (année 1903) et II (année 1907 ) des Annales du Ihireau
central météorologique de France, publiés par A. Angot.
3° Compte rendu des Irai'uwr du IX" Congrès international de Géographie,
Genève, 27 juillet-G aovit 1908, t. I; par Ahthur de Claparède.
4° Collectio nominum Brotherianorurn et indicis bryologici, auctore
E.-G. Paris. (Pour le concours du prix Montagne. )
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Le théorème de M . 11'. Stckloff {théorème géné-
ralisé de Jacobi) et les formules généralisées de la transformation de
contact. Note (') de M. C. Russvax.
Je vais présenter une généralisation du théorème de M. W. SteklofT,
àèmonivè à?in?,\Q?, Comptes rendus, 18 janvier 1909.
Les formules obtenues représentent la généralisation de celles de la trans-
formation de contact.
Le théorème de M. W. Stekloff s'exprime comme il suit :
Si, en i^erlu de o.n — q(q'Sn) équations
/,(x,. ..., jr,r, Pu . . .,/}„) — a, (' = 1, 2, ..., 211 — q),
l 'expression différentielle
/>, dxi + yo, dx., -+- . . .-h p„ dx„
devient la différentielle exacte dU, les in — q fonctions
F(j:,, ..., x„;/),, ..., /J„),
déterminées par les équations
F,= -r > S p, —— (j = I , 2, . . .,111 — 7),
satisfont aux relations
( 1 ) (/„„ F,. ) = 2^ '^"(/"" /^ ) + ^"'' ('^""■= °' "' ^ '■ ; ^""-^ ■ ' '« = '■)'
(') Keçue dans la séance du i3 décembre 1909.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 2.)
82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ {/„„ F/), {/,u, fs ) désignent les parenthèses de Poisson, prises par rapport
aux variables .r, /^ ( ' ).
On peut énoncer ce théorème de la manière suivante : .SV l'expression
différentielle
se réduit à la forme canonique
Pi dj^ + . . . + /j„ dj-,^,
on a toujours les relations (i) (^ ).
On peut généraliser ce théorème et le compléter de la manière suivante :
Si r expression différentielle
dX, - P, ,/X , — ...— P„, d\,„ ,
où \„, \,(i^ I, 2, . . ., m) sont indépendants, se réduit à la forme cano-
nique
rj{dz — /', f/.t'i — . . . — /'„ dx,,) ( //( \i n),
les variables X^, X,, P,(i'^::; 1,2,..., m), exprimées en fonction des ;,,
(') A savoir
(■-) s. Lie a démontré {Math. An/i., B. XI, § 1, p. 46", Salz 2) que si
dV H- F, f//| + . . . + F,, df,. = pi du-, +. . .-h pn dx„,
et si
(/■•/') = 0 (« = 2,3, ...,/•),
on a entre autres relations
(/„F,) = ,, (/,,F,,)=o (A- = 2, ...,«),
(/
■'>-Zd\dx, ûps dp s d-isJ'
On voit que ce dernier théorème n'est pas identique avec celui de M. \V . Slekloff,
contrairement à l'affirmation de M. N, SaL\ly]\oiY (Comptes rendus, 3o août 1909).
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 83
.r, p, satisfont aux équations
(Xo. P,)=:V-, A),(X„,X).)+pP, («•=:,., m),
1
(P^., p,) =:V>,;j,A):;,.(X-,, x„) (/.-, 1 = 1. 2, . . ., m),
A),,= -T^ + P'-W*' ^>!J = A),/, Apt,— Ap./,A)., («, À, // — I, 2, . . ., w)
et
Si les variables P,(«'=i, 2, ..., w), exprimées en fonction des X„,
X,(«"= 1,2, . . . , m) dépendent encore de in — m des variables x, p^ que
nous appelons a-,, yj,, on a encore
2'(Xa,X,)^^=o, 2'(^'.->''')j7;=o (A- = 0,1,2,..., m).
On voit aisément que ces formules représentent la généralisation de
celles de la transformation de contact, qui s'obtiennent dan.s la supposi-
tion m=^ n.
On démontre ces relations par la méthode connue de M. G. Darboux,
employée dans la théorie de la transformation de contact, en parlant des
relations
rfX„— P, rfX, — . . . — P„, dX,„=p{dz—pi dx,-~.. . — p„ dx„),
ôXo — P, ôX| — . . . — P„, oX,„= p{oz — yj, ôj-, — . . . — „ pèx„),
où ùz, o.r,, ùpi, dz, dx,, dpj(i= 1,2, . . . , n) sont deu.x systèmes quel-
conques des accroissements des valeurs des variables z, x,^ p,. Il s'ensuit que
2' (o'P/ ^X, - dPi oX, ) — dp i ô; -^jfj dxj \ + opl dz -^jpj dx, \
= p 7 / ( o/jy dxj — dpj oxj ) .
84 ACADÉMIE UES SCIENCES.
En supposant que dz = ^ j pj(/.ij, oz = '^j/)jixj et en égalant lescoef-
lîcients des accroissements arbitraires oXj, opj(J=i^ 2, ..., n), nous
obtenons
p''''=2:'(S^-^--i;''-').
,. ^ /ÔX, dX,\ , ^ dX/ ,
dxj '^' dz j ' ^ di>j
1 t
( / = 1 . 2 , . . . , m).
Si «(r, a-, /y) est une fonction quelconque des ;, >r, /?, et si
il résulte des formules précédentes que
pdu =^'{u, P,) rfX,— V,(„, X,) dPf.
1 1
Les fonctions X^, X, (i ^ i, '-^i • • •. "0 sont indépendantes par rapport
à r/i -i- I des variables s, a?, />, parmi lesquelles il y a, nous pouvons tou-
jours le supposer, la variable z.
Si nous introduisons au lieu de ces dernières les variables nouvelles X„,
X,(j ^ 1,2, . . . , ni), du et <'/P,(/ = 1, -2, . . . , m) auront la forme
SÉANCE DU lO JANVIER HJIO. 85
car, en vertu de la relation
dz ^y j Pj djc j,
1
on a
1
En supposant u = Xa.(^ = i , 2, . . . , m) et en égalant les coefficients des
accroissements arbitraires r/X,, dx^^ dp^, on obtient
(rt) (X/„ P,) = V-,(X,,, Xx)A).,H- p£,„ (£/,-/= o, k^i; ei,r=i,A = i),
1
{b) ^H^>^>^l)^^ = o, ^'iy^'.>^')'^^ = o (/,A-==.,2, ...,m),
1 1
OÙ
A>,= ^+P,^^.
En posant u = X„, il résulte de la même manière que
(c) (X„, P,) ^V).{X„\).) A-,,+ pP„
1 1
Si enfin u = P/,, on a
(P,,P,)=^>,(P,\),)A),, + pA,-,-,
1
La première de ces dernières relations devient, en vertu de («),
(e) (P,,P,)=.V>,,.(X-,X|,)A-;;;,
1
où
A^;^ = Au A|j., — Aji/,A),,- (i, k, 1, i^ = i, 2, . . ., m).
Les deux dernières sont les conséquences des relations (b), de sorte que
les relations indépendantes sont («), (b), (c), (d), (e).
c. Q. V. D.
36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur iinlègrale de Stieltjes et sur (es opérations
fonctionnelles linéaires. Note de M. Henri Lkbesgue, présentée par
M. Emile Picard.
On désigne sous le nom ^'intégrale de Stieltjes., et l'on représente par le
symbole / f[iv) do(.{oc), l'opération fonctionnelle faisant correspondre à
/(x) un nombre défini de la façon suivante. Divisons l'intervalle (a, h) en
un nombre fini d'intervalles partiels (j?,, it',+ i), dans chacun d'eux prenons
un nombre ^,, formons la somme ^ /(^,) [a(a7,vi) — <^(^i)]i puis passons
à la limite en faisant tendre vers zéro le maximum des longueurs Xi+i — Xi.
Pour qu'il y ait intégrale de Stieltjes il faut que ce passage à la limite
ait un sens; il en est ainsi comme l'a prouvé Stieltjes(')dans le cas où, /(a?)
étant continue, a(.'r) est une fonction croissante et par suite aussi lorsque,
f{x) étant continue, a (x) est à variation bornée. .D'ailleurs, cette condition
que «(a*) soit à variation bornée est indispensable si l'on veut que /(a;)
puisse être continue dans (r/, b) mais non soumise à d'autres conditions; on
le voit en faisant/(.r) se; i .
Je me bornerai à la considération de ce cas; y continue, a à variation
bornée. C'est le seul qui a été, je crois, utilisé jusqu'ici.
A l'occasion d'un résullat très intéressant donné récemment par
M. F. Riesz (-), je voudrais indiquer les liens étroits qu'il y a entre les
intégrales de Stieltjes et les intégrales de fonctions sommables.
Soit i'(a?) la variation totale de «(a?) dans (a, x). Faisons l'inversion de
cette fonction en convenant, si v{x) est constante et de valeur v^ dans tout
un intervalle ( /, //?), de désigner para?(('„) l'une seulement des valeurs de
(/, m); la plus petite /, par exemple.
Si i'(x') est discontinue pour x ^ x^, -r(i') n'est pas définie dans
l'intervalle [t'(a-|, — o), t'(.r'oH- o)J, sauf pour la valeur ('(.r„); convenons
que dans tout cet intervalle on aura x(i') = x^.
Alors a|.r(f)| a une valeur constante oi.(Xf,) dans \v(x„-- o), ('(a"o + o)]
et tend vers des valeurs déterminées a(j7„ — o), «.(x^-h o), quand i> tend
vers les extrémités de cet inlervalle par valeurs extérieures à cet intervalle.
(') Reclierclies sur les fractions continues {Annales de la Faculté des Sciences
de Toulouse, iSg/J).
(') Sur les opérations fonctionnelles linéaires ( Comptes rendus, 29 novenil)re 1909).
SÉANCE DU lO JANVIER 19IO. 87
Modilions a[a7 (»>)] dans l'intervalle considéré, de façon qu'elle devienne
linéaire dans chacun des intervalles [i>(x„ — o ), ç(a\)\, \v(x„-+- g), ('(a^'o )];
nous obtenons ainsi une fonction ^^(v) continue et à variation totale égale
à i' dans (o, t'). Or, il est évident qu'on a
HA-^)]=f A^r)d^(x)=J /[^U')]^.3(r);
seulement celte fois /|^((')| n'est plus nécessairement continue, mais
peut avoir des points de discontinuité de première espèce; par contre, p(r)
est continue et l'intégrale de Stieltjes existe.
Or, i3(»') est l'intégrale indélinie d'une fonction somniablc 6((') ne
prenant que les valeurs + i et — i, et l'on voit de suite que A[/(ic)] est
égale à
l'intégrale étant une intégrale de fonction sommahle. D'ailleurs, quand
a(j7) est donnée, -v^v) et 6(r) sont entièrement déterminées, sauf au plus
pour un ensemble de valeurs de r de mesure nulle.
La transformation d'une intégrale de Stieltjes en intégrale de fonction
sommable peut se faire de bien d'autres manières, parfois très simplement,
par exemple, quand cil{x) est une intégrale indéfinie. Pour le cas général, en
considérant y.(x) comme la différence de deux fonctions partout croissantes,
on voit (\yi étant donnée ly.ix) à variation bornée, on peut trouver des nombres
K,, Ko e/ des fonctions continues non décroissantes Xf(^t), x.,(^t) telles que l'on
ait
A[/(^)]=y/(^)^«(-^)=j[' \K,/[x,{l)]-K,f[x,(t)]\dt;
on arrive cette fois à une intégrale ordinaire de fonction continue. On a de
plus
Xt{o) --= x,{o) = a, .^,(1) = cToli) = *•
L'intérêt que peuvent présenter ces transformations apparaîtra bien si
nous nous en servons pour traduire l'énoncé donné par M. Riesz.
M. F. Riesz a prouvé que les intégrales de Stieltjes qui viennent d'être
considérées sont les seules opérations fonctionnelles qui fassent correspondre
un nombre A [/(^r)] à toute fonction f{x) continue dans (a, b) et qui
soient linéaires; c'est-à-dire telles que l'égalité/ = ^J], dans laquelle le
88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
second inciiihrc est une série uniformément convergente, entraine Féga-
lité A (/) = I A (/;■). ( )n a donc
HA^^n = f /{■<■) da(x)=j /[a-(l)]l(l)^ll = f ]KJlr,(t)]-KJ[.v,(t)]\de.
Le second membre exprime le résultat de M. Riesz ; a (x) est une fonc-
tion à variation bornée presque entièrement déterminée par A [y"(^)]-
Dans le troisième membre, ar (/) est une fonction non décroissante variant
de a à b quand t varie de o à M, X (t) est une fonction sommable ; si l'on
prend A (/) = zh i, M est déterminé; x(t) et A(/)le sont presque par-
tout. Les notations du quatrième membre sont précisées plus liant.
Parmi les 'avantages des deux dernières formes on peut noter, outre les
énoncés à vérifier qu'elles suggèrent pour le cas des fonctions / h ]ilusieurs
variables, le fait de permettre le prolongement de l'opération A (/), sup-
posée connue pour les fonctions continues, à tout le champ des fonctions
sommables bornées. On définit, en somme, ainsi l'intégrale de Stieltjespoury
sommablo bornée, a à variation bornée; ce qu'il parait difficile de faire sans
changement de variable, (^uant au prolongement obtenu, qui est évidem-
ment unique, on peut le caractériser en disant que c'est le seul avec lequel
on a le droit d'appliquer l'opération A terme à terme aux deux membres de
l'égalitéy"^ Sy,-, la série du second membre étant uniformément conver-
gente ou convergente et à termes positifs.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les formes quadratiques définies à
une infinité de i^ariahles. Note de M. J. Le Roux, présentée par
M. Emile Picard.
I. Soit /(a;) une fonction d'un nombre fini ou infini de variables. Con-
sidérons pour les valeurs de ces variables une suite indéfinie d'ensembles
E,, Ej, ..., dont chacun contienne le précédent; supposons que la fonction/
soit définie dans tous les ensembles considérés et admette dans chacun
d'eux, \\„. un minimum m,,. On a alors nécessairement
Par conséquent, si la fonction est bornée intérieurement, les nombres /«„
tendent vers une limite déterminée quand n croit indéfiniment.
(Jlelle remar(jue évidente, et la proposition corrélative pour le maximum.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 89
sont susceptibles d'applications nombreuses et intéressantes dans la théorie
des fonctions d'une infinité de variables, où l'on a souvent à considérer des
ensembles de plus en plus étendus et dont chacun contient tous les pré-
cédents.
Elles s'appliquent, par exemple, à quelques-unes des propositions de
M. Hilbert, relatives aux formes quadratiques infinies, et permettent d'ap-
porter aux démonstrations des simplifications notables, tout en complétant
les résultats par la suppression de restrictions inutiles.
L'application que nous allons en donner conduit à des résultats remar-
quables par leur grande généralité.
2. Considérons une forme quadratique réelle à une infinité de va-
riables a-,, .v.,, . • . ,
/(.f) = laa--r,-r/,. (a,/, — a,,,).
Si l'on attribue la valeur zéru à toutes les variables dont l'indice sur-
passe 71, il reste une forme quadratique à n variables que nous désignons
pary„(a-). Notre seule hypothèse sera quey„(a7) soit toujours définie positive
quel que soit n. Si nous faisons a;, = 1, les autres variables restant arbi-
traires, la formey„ admet un minimum positif m,„.
D'après ce qui précède les nombres positifs non croissants m,„ tendent
vers une limite [jt.,, positive ou nulle, cjuand n croît indéfiniment. Nous
appellerons [jl, le module de la forme/(;c) relativement à la variable .r,.
A chaque variable a:, correspond de même un module [Ji,. Si tous les mo-
dules sont différents de zéro, on peut dire que la forme proposée /"(.r) est
elle-même dey/nie. Il n'est pas nécessaire, pour cela, qu'il existe pour les
modules une limite inférieure différente de zéro.
Un calcul très simple donne l'expression de la différence positive
Soit A le discriminant do la formey], ; nous représenterons les mineurs
de A par la notation A^;^.; , les indices inférieurs correspondant aux lignes,
les supérieurs aux colonnes supprimées.
On a
A A«
'"'■"= A;' '"'■"- = A[^'
d'où
(')
AA|.',;^AJA',; __ (a;')2
a: A!-;; ai a;
C. a., 1910, I" Semestre. (T. 100, N° 2.)
Ç)6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La scrie ayant pour terme général ^i J;.„ est donc toujours, dans notre hypo-
tli.ése, une série positive convergente.
Nous poserons
3. Lorsque la forme f{x) est définie, les luileurs des variables qui corres-
pondent au minimum de /„, dans l'hypothèse a;, = i, tendent également
vers des limites déterminées pour n infini.
Gétle proposition qui a une grande importance pour la théorie des équa-
tions linéaires à une infinité d'inconnues, résulte de la remarque précédente.
En effe.t, soit iCo „ la valeur de la variable x., qui correspond au minimum
dey,,, pour ^r, = i.
On a
De l'identité
nous lirons
(2)
Faisons croître n indéfiniment, et désignons par |j.o., le module relatif
à a;,, de la forme définie positive qu'on déduit à.&fi^x') en y faisant x^ = o.
- L'équation (2) donne alors
x^_
,» = -
A?
Al'
^1^2-
-(Aï)'
= A1
ri A,
A?\'-
A^
Ali
A
ÂÎ)-
"Al
' Al
' Al
(^) \ A' / "~ fi u
Donc (a'j,,,)- tend vers une limite déterminée. Pour démontrer qu'il en
est de même de ifo.n, il suffira de faire voir que la différence x.,n-\ — ^2,n
tend vers zéro pour n infini. Par des réductions faciles, cette différence
prend la forme
• / /ÂfÂ!^ A; , y
A«(AJA?- A^A',') "•"V''"V AlAl;' Aj '"7-
(4)
ailaia;;-(A^)^] _a;^
A1-"
Les rapports de déterminants, qui figurent dans l'expression ainsi
obtenue, ont des limites exprimables à l'aide des modules, tandis que les £
tendent vers zéro. La valeur x.,^,^ tend donc aussi vers une limite déter-
minée, .r^. Ce qui fait la nouveauté et l'importance de ce dernier résultat.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. " 91
c'est que nous n'avons imposé a priori aux formes considérées aucune des
conditions relatives à la convergence ou à la limitation des valeurs des
coefficients, qui figurent dans les travaux de MM. Hilhert, Tœplitz ou
Schmidt sur les équations linéaires à une infinité de variables.
, ■ iMÉCANlQUE. — Impossibilité de certaines ondes de choc et combustion.
Note (') de M. E. Jou<iUET, présentée par M. Vieille.
f . Considérons les ondes de choc et combustion se propageant dans un
mélange constitué par des gaz parfaits dont les chaleurs spécifiques croissent
avec la température.
Reportons-nous aux notations et aux formules de notre précédente
Noie (^). La loi d'Hugoniot, si l'on y considère l'état initial comme donné,
définit />o en fonction de <j.,. On peut, avec M. Crussard, la représenter par
une courbe (H) avec n., en abscisse ai p., en ordonnée. Plaçons en A le point
de coordonnées a-,, /;,. La courbe passe par les points B et G représentant
respectivement les états auxquels on parvient par une combustion à volume
constant ou à pression constante. FJle est asymptote à Oyjou à une parallèle
à cet axe (pour T^ = y^) et rencontre (Jcr en un point G (pour T^ =^ o).
Une onde quelconque se propageant dans l'état a,,/», est représentée par
un point de la courbe (H). Mais tous les points de (H) ne correspondent
pas à des ondes réellement observables. On doit d'abord se borner aux
parties de la courbe où p.> est positif. D'autre part, au voisinage de G, la
température T^ est très petite et les flammes ne se propagent pas ainsi.
Enfin, pour les points de l'arc BG, la vitesse de propagation serait ima-
ginaire.
2. Pour mieux déterminer l'allure de la courbe, on peut supposer faibles
la dissociation et la combustion résiduelle. Cette hypothèse n'introduit pas
d'erreur grave pour les aixs de la courbe correspondant à des ondes réelle-'
ment observables. Le coefficient angulaire -p- [formule (2) de notre précé-
dente Note] peut alors s'écrire
djH _ —i{'i■l+^)|'■l+{^/■l—l)P^^ _
duï (7-2+ O^^s — (72— i)«^i
(') i'réseiitée dans la séance du 3 janvier ujio.
{^) Comptes rendus, 1- décembre 1909.
92 ■ ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le numéialciir est toujours négatif. On peut démontrer, en se servant de la
loi d'Hugoniot, que le dénominateur est toujours positif. Le coefficient an-
gulaire est donc toujours négatif.
3. Traçons les tangentes AP, AQ issues de A. On sait que les points P
et Q correspondent à des ondes de choc et combustion dont la vitesse D
est égale à la vitesse du son Ko en arrière; c'est le point P qui, dans les
mouvements reclilignes, donne Vonde exploske. iNous admettrons qu'il n'y
a que deux tangentes. Dès lors, moyennant les hypothèses du paragraphe 2,
on a, sur les arcs FP et CQ, D < K^ et, sur les arcs PB cl ( H i, 1) > \\,.
On peut montrer également, par des raisonnements du même ordre de
généralité que ceux qui précèdent, qu'on a, sur l'arc FB, D > E, et sur
l'arc CG, D «< E,, en désignant par E, la vitesse du son dans le milieu en
avant.
4. Appliquons maintenant le postulat qui a fait l'objet de notre pi-écé-
dente Note. C'est seulement sur l'arc FP qu'on a Eo> D >■ E,. Les seules
ondes de choc et combustion possibles correspondraient donc aux points
de cet arc et seraient par suite plus condensées que Tonde explosive.
Cela ne veut pas dire qu'il nepeutpasy avoir d'explosions propageant des
différences de pression inférieures à celle qui caractérise l'onde explosive.
Cela veut dire simplement que les explosions de cette espèce ne suivent pas
les lois simples des ondes de choc et combustion. I^es lois des ondes de choc
et combustion supposent que la zone où se font successivement réchauffe-
ment jusqu'à la température d'inflammation, puis la combustion, est et reste
assez étroite pour que son épaisseur puisse être regardée comme inliniincnt
petite. Cette condition n'est sans doute pas remplie dans les explosions dont
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 98
nous venons de parler. Pour les étudier, il doit être nécessaire de considérer
comme finie l'épaisseur de la zone d'échauffement et de combustion, et de
poser des équations tenanlcompte delà viscosité des gaz et desphénomènes
de conductibilité dont cette zone est le siège. Par cette intervention de la
conductibilité, on se rapproche du régime de la déjlagration ('), et il paraît
opportun de réserver le nom de délonalion aux explosions se faisant par
ondes de choc et combustion proprement dites.
5. Considérons une onde de choc et combustion sphërique, représentée
par un point M de l'arc FP et imaginons que le fluide, en arrière du front,
se détende, comme cela a probablement lieu, au bout d'un certain parcours,
dans une onde produite par une impulsion brève. Les formules données
dans une Note antérieure {"^ ) montrent que l'onde se modifie au cours de la
propagation; le point M se rapproche de P; quand il arrive en P, il fend
encore à descendre, mais il pénètre alors dans l'arc PB et, si les considéra-
tions ci-dessus sont exactes, les lois des ondes de choc et combustion cessent
d'être applicables. Ainsi donc, si l'on admet le point de vue adopté dans ce
qui précède, les détonations se propageant par ondes sphériques tendraient
spontanément à s'atténuer et à se rapprocher du régime des déflagrations.
OPTIQUE. — Images changeantes à deux et trois aspects sur p/at/ue
autostéréoscopique. Note de M. E. Estaxave, présentée par
M. G. Lippmann.
J'ai déjà signalé ici (') qu'on pouvait obtenir en projection sur un écran
spécial que j'ai appelé Vécran stéréoscope, deux images changeant d'aspect
suivant le point de vue de l'observateur. Ces images étaient fugitives
comme toute projection, et je me suis proposé d'en fixer le caractère sur une
plaque photographique, de telle manière qu'en observant celle-ci par
transparence, l'une ou l'autre des images apparaisse exclusivement. J'ai
ensuite généralisé la méthode et ai cherché à obtenir sur la même plaque
trois images différentes visibles chacune individuellement et exclusivement.
(') Sur les équations de la déflagralion, voir une Note insérée au\ Comptes rendus
du 4 mai 1908.
(^) Comptes rendus, 18 mars 1907.
(') Comptes rendus, t. GXLVII, 1908, p. Sgi.
;94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Après avoir obtenu ces résultats sur une plaque photographique ordinaire,
armée d'un réseau ligné, je les ai enregistrés sur la plaque spéciale que j'ai
fait connaître ici même ( ' ) et que j'ai appelée la plaque autostéréoscopique .
Pour exposer la marche quej'ai suivie pour obtenir ces résultats nouveaux, considérons
trois sources lumineuses R, V, J (fig. i ), que nous supposerons de couleurs différentes :
rouge, verte et jaune, uniquement pour les distinguer l'une de l'autre. Ces sources sont
disposées verticalement au-dessous l'une de l'autre devant une glace dépolie MN au-
devant de laquelle on a disposé un réseau ligné PQ à une distance convenable
calculée d'après le caractère du réseau utilisé, l'écârtement respectif des sources et la
distance de ces sources à la glace MN.
On obtient sur la glace dépolie des lignes horizontales rouge, verte et jaune adja-
cente», provenant respectivement des sources R, V et J. La figuré ci-dess\is montre clai-
rement le mécanisme de l'obtention de ces bandes colorées. Les bandes marquées /• sont
en ell'el données par la source R, el, en raison de l'opacité des traits du réseau, cette
source ne peut apporter de trouble dans les bandes c et /'. De même les bandes c et /
sont exclusivement produites par les sources V el J.
Si maintenant, à la place de la glace dépolie MN. on disposait une plaque autochrome
(') Comptes rendus, t. CXLVIII, 1909, p. 225.
SÉANCE DU lO JANVIER I910. g5
ou similaire, après développemenl el inversion on aurait des bandes liorizonlales
adjacentes rouge, verte et jaune. Et en disposant au-devant de cette plaque le réseau PQ
à la distance et dans la position qu'il occupait dans le tirage, on pourra observer, en
plaçant les yeux sur l'horizontale passant par R, toutes les bandes rouges de la plaqne
el uniquement celles-là; en sorte que la plaque paraîtra rouge. En plaçant les yeux sur
riioi izontale passant par V ou J, on observerait exclusivement soit les bandes vertes,
soit les bandes jaunes. Ainsi celle même plaque présentera trois aspects différenls el
paraîtra rouge, verte ou jaune, suivant le point de vue de l'observateur.
Ceci posé, uniquement pour fixer les idées, posons un objectif percé de trois
ouvertures R, V et J disposées >erticalement et fermons les deux ouvertures V et J. En
laissant travailler l'ouverlure R, nous obtiendrons sur une plaque photographique MN
une image de l'objet placé devant l'objectif, mais cette image sera incomplète et
formée d'éléments filiformes horizontaux r, /•, /•, .... En faisant travailler successi-
vement les ouvertures V et J nous obtiendrons des images incomplètes de l'objet situé
devant l'objectif, formées chacune d'éléments fdiformes horizontaux c el 7. Mais si
dans ces trois opérations successives nous disposons devant l'objectif trois sujets diffé-
rents, ou un même sujet qui prend des aspects différents, nous aurons finalement
enregistré sur la plaque trois images différentes, incomplètes i\ c et y.
El en disposant au-devant de celle plaque développée el inversée du noir au blanc,
le réseau qui a servi dans le tirage, on verra par transparence, du côté du réseau, l'une
ou l'autre de ces trois images, suivant (ju'on placera les yeux sur l'une des horizontales
passant par R, V el J.
La plaque présentera trois aspects différents. Par exemple, dans la position R on
verra seulement les éléments filiformes r, /•, /•, ... constiluanl l'une des images c et y',
les autres éléments c et j étant cachés par l'opacité des iraits du réseau.
Grâce au voisinage des éléments /■, /•, r, ..., l'image incomplète paraîtra continue.
Théoriquement, il est possible d'obtenir un plus grand nombre d'images
difTérentes sur la même plaque, mais il est à remarquer que la généralisation
semble pratiquement limitée, car les images sont de plus en plus incomplètes,
puisque les bandes filiformes qui constituent la même image sont de plus en
plus éloignées. Dans le cas de deux aspects les éléments d'une des images
sont adjacents à ceux de l'autre. Quand il y a trois aspects les éléments con-
sécutifs d'une des images sont séparés par deux éléments appartenant chacun
aux deux autres images.
Le caractère du réseau dans le cas de trois images doit présenter des traits
opaques doubles des espaces clairs, si les deux ouvertures R et J sont équi-
distantes de l'ouverture centrale Y. Cette condition résulte de la similitude
des triangles, comme le montre la figure.
96 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la production d'ozone sous l'influence de la
lumière ultranolette . Note de M. Edm. van Aubel, présentée par
M. Lippmann.
Lenard ( ' ) a le premier observé, en 1900, que la lumière ultraviolette
ozonisait l'air. Goldstein (-), Regener ('), Franz Fischer et F. Braeh-
mer (M ont confirmé ce résultat.
Franz l*'ischer el F. Braelimer ont étudié riniluence des divers facteurs sui- la pro-
duction de l'ozone, notamment l'importance de la température du gaz, tandis que
Regener a montré que la lumière ultraviolette n'agit pas seulement sur l'oxygène pour
l'ozoniser, mais désozonise aussi l'ozone formé, de façon qu'il se produit un équilibre
entre l'oxygène et l'ozone dans la lumière ultraviolette.
Il semblait donc que la production d'ozone, sous l'influence de la lumière ultravio-
lette, pouvait être considérée comme un phénomène bien établi, lorsque parurent
deux Mémoires de H. Hordier et T. .Nogier (^), sur la cause de l'odeur prise par l'air
soumis aux radiations ultraviolettes émises par la lampe à vapeur de mercure. Ayant
soumis à des analyses l'eau de lavage de l'air irradié, Bordier et Nogier n'ont pu cons-
tater la moindre trace d'ozone malgré la sensibilité des réactifs employés, et ont donné
alors une explication de l'odeur purement subjective d'un gaz irradié par la lampe à
vapeur de mercure.
Franz Fischer ("la critiqué récemment les expériences de Bordier et Nogier.
J'ai eu l'occasion de faire sur cette question quelques expériences, qui
me paraissent décisives et que je crois utile de signaler.
Une lampe à vapeur de mercure en quartz, fournie par TAllgemeine
Elektricilâts-Gesellschaft à Berlin et du modèle employé pour l'éclairage,
a servi à mes essais. Cette lampe est munie d'un grand globe protecteur en
verre. J'ai cherché à déceler la présence de l'ozone dans un liquide qui
avait été irradié sous le brûleur de la lampe.
On sait que l'ozone ne se dissout pas dans l'eau, mais agit sur ce liquide
pour donner de l'eau oxygénée. A cause des résultats des deux savants
{') Eder, P/to<oc/;e//H'e, S'^ édition, 1906, p. 1 10 et 1 1 1 .
("^) Ber. der deulscli. client. Gesellschaft, vol. 3(>, igoS, p. 3o42.
(•') Sitzungsber. der Konigl. pretiss. Akademic der Wissenscliaflen,^e\\ïn, 1904,
p. 1228.
(') Physiludische Zeilsclirift, vol. (i, 1905. p. 5^6; vol. 7, 1906, p. 3i2.
(") Comptes rendus, t. CXLVII, 1908, p. 354. et Arcfiifes d'électricité médicale,
Bordeaux, 16'' année, 1908, p. 799.
(^) Physihalisclie Zeitsclirift., 10'' année, !"■ juillet 1909, p. 4^3.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 97
français, il m'a semblé indispensable d'employer un liquide dissolvant de
grandes quantités d'ozone.
Une capsule en porcelaine contenant de l'huile d'olive, qui dissout faci-
lement l'ozone (' ), a été placée à l'intérieur du globe en verre de la lampe
à vapeur de mercure, à aS"" environ du brûleur en quartz. Au bout
de 7. heures ro minutes, cette huile était devenue totalement incolore.
On l'a retirée alors du globe et, après refroidissement, on a agité une prise
d'essai avec une dissolution d'iodure de potassium amidonnée. Le réactif
est devenu très nettement bleu, après /{S minutes. L'huile d'olive, non
irradiée, n'a donné aucune coloration bleue dans. ces conditions, même
après plusieurs jours.
La même expérience a été faite, en soumettant du pétrole du commerce au\ rayons
ultraviolets. Après 5 heures, ce liquide est devenu jaune et, traité par la dissolution
d'iodure de potassium amidonnée, il a donné une coloration bleue fort nette après
5 minutes. Un tube témoin, contenant du pétrole non irradié, n"a donné aucune colo-
ration bleue avec le même réactif (- ).
L'essence de térébenthine ne peut guère convenir pour celte e\|iérience, parce ([uellc
est presque toujours ozonisée.
Ayant réussi avec l'huile d'olive et le pétrole, j"ai placé une capsule en
porcelaine contenant de l'eau distillée à l'intérieur du globe en verre de la
lampe à vapeur de mercure, à la même distance du bn'tleur en quartz que
précédemment. L'eau a été soumise aux radiations ultraviolettes pendant
i4 heures. On l'a laissée refroidir ensuite et, afin d'y déceler la présence
d'eau oxygénée, on a utilisé l'action de cette substance sur la plaque photo-
graphicjue. Les recherches de Precht et Otsuki (')ont établi l'extraordinaire
sensibilité de cette action. Dans deux cristallisoirs identiques, on a donc
placé, d'une part l'eau irradiée, et d'autre part de l'eau prise dans le
laboratoire. Les cristallisoirs ont été recouverts par la même plaque photo-
graphique et le tout a été placé à l'abri de la lumière. Après 2 jours, la
plaque photographique a été développée : l'eau irradiée seule avait agi
sur elle.
Il convient de rappeler que Miroslaw Kernbaum (^), en employant des
(') Dam.mer, Handbuch dt^ranorganischen Cheniie^ t. IV, p. 12S.
(-) Nous nous sommes occupé également de l'action exercée sur la plaque photogra-
phique par le pétrole du commerce qui a été exposé à la lumière solaire.
(') Zeitschrift fur physikalische Chenue, t. LU, p. 286.
(') Comptes rendus^ t. CXLIX, juillet 1909, p. 2-3.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. lôO, N° 2.)
i3
go ACADEMIE DES SCIENCES.
mélhodes susceptibles d'une sensibilité moindre que la précédente, a prouvé
que les rayons ultraviolets décomposent l'eau, avec formation d'eau oxy-
génée. Enfin, nous avons encore fait une dernière expérience. Sur le fond
d'une petite cuvette plate en porcelaine, on dépose un moi'ceau de papier à
filtrer imbibé de la solution d'iodure de potassium amidonnée. Parallèle-
ment à la feuille de papier à filtrer et à une distance de i""",2, on place
une plaque de quartz de 4™'" d'épaisseur. La cuvette est mise au fond du
globe en verre de la lampe à vapeur de mercure et le papier à filtrer
est exposé aux rayons ultraviolets. Ceux-ci traversent le quartz; mais l'air,
qui est contenu dans le globe et s'ozonise, ne peut circuler facilement sous
la plaque de quartz, tandis qu'il peut agir librement sur le papier à liltrer
aux endroits qui ne se trouvent pas sous cette plaque. Aussi, au bout de
2 minutes, on constate que le papier à filtrer a fortement bleui, seule-
ment aux endroits qui ne sont pas sous la plaque de quartz. La mise en
liberté d'iode est donc produite, dans cette expérience, par l'air ozonisé et
non par la vive insolation.
CHIMIE PHYSIQUE. — Élude de quelques alliages de cobalt d'après leurs
forces éleclromotrices. Note de i\L F. Ditcelliez, présentée par
"m. a. Hallor.
Les résultats obtenus par l'observation des forces électromotrices des
systèmes
(I) Co - SU' GoN — GoM-^^
et
(II) M — SO'GoN — GoM-S
où M représente l'étain, l'aulimoine, le bisinulli, le plomb, le cuivre,
appuient en général les conclusions de nos études antérieures (').
Concurremment à nos études chimiques, l'analyse thermique de ces
alliages a été effectuée par divers auteurs (-); les forces électromotrices des
(') F. DicELLiiîz, Pr.-\'erb. Soc. Se. Bordeaux, 1907-1909.
(-) KrRN.iKow el Podkapajew, Journ. rass. pliys, clieni. GeselL, 1906. — Ko.nsta.n-
TiJiOw, Revue (le Méltilliirgie, 1907. — Sahmi;.n, Zeil. an. C/œ/iiic, 1908. — Lewko.nja.
Zeil. an. (Jhcinic. 19118.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 99
alliages de cobalt et d'étain ont été prises par Pouschine ('), l'électrolyte
étant constitué par une solution de soude ou d'acide sulfuricjue.
Nos éléments, correspondant à un système déterminé, sont montés d'une
façon identique; les valeurs relatives de leurs forces électromotrices sont
obtenues par la méthode d'opposition, au moyen d'un dispositif spécial,
permettant de les obtenir successivement dans un laps de temps relative-
ment court. Ces forces électromotrices se modilient avec le temps, d'une
façon spéciale pour chaque élément; aussi sont-ils maintenus en observa-
tion, juscju'à l'obtention de résultats sensiblement constants.
Les systèmes (!) et (II) conduisent à des courbes, dont les ordonnées
diffèrent approximativement de la valeur de la force électromotrice de
l'élément monté avec les métaux purs Co et M; aussi ne donnons-nous que
celles se rapportant au premier système.
a. Dans le cas des alliages de cobalt et d'élain {fig. i), un point de rebroussement
très net met en évidence la combinaison CoSn qui exige 66,76 pour 100 d'étain.
Vblts
0,3
02
01
10 20 30 40 50 Ç.0 70
90 100
Sji pour cent
h. Les alliages de cobalt et d'antimoine {Jig- r>.) présentent des forces électro-
motrices croissantes jusqu'à une teneur de 67, o^ pour 100 d'antimoine, correspondant
à la combinaison CoSb; ensuite elles décroissent et une inflexion de la courbe paraît
déceler CoSb^ qui exige 80,27 pour 100 d'antimoine.
c. Les alliages de cobalt et de bismuth comprennent deux phases, l'une riche en
cobalt, l'autre, plus dense, riche en bismuth. La présence du bismuth abaisse le point
(') Pouschine, Journ. russ. phys. chem. GeselL, 1907
lOO ACADEMIE DES SCIENCES.
de fusion lIu cobalt qui. à Télal liquide, est donc susceptible de dissoudie du bisniulii.
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
SL pour cent
T^a courbe ( fi^. 3) indique, pour la plupart di' ces alliages, des forces électromotiices
faibles: son d«''lail montre que le cobalt se sé|iare sensiblement à l'étal de pureté peu-
un.
0,4
0.3
0.2
0,]
]0 20 30 ^ i>0 30 60 70
Bi pour cenl
so -100
lant b; refroidissement ; d'autre part, elle donne ap[)ro\imativemenl la limite de solu-
jllité lin collait dans le bismutli.
SÉANCE DU lo JANVIER I910. lOI
(I. Le plomi) coiuliiil à ile'^ résultats analogues à ceux obtenus a\ec le bisnuitli ( /ig.if).
Kig. /,.
Volts
0,2
0,1
10 20 30 40 50 M 70
Pl? pour cent
90
90
}W
e. Pour les alliages de cobalt et de cuivre, la forme continue de la courbe {Jig. 5)
prouve l'absence de combinaisons; les deux extrémités OA et BD indiquent l'existence
de solutions et les limites A et B de saturation. La portion CB correspond vraisem-
blablement à un mélange liomogène, en proportions variables, de ces deux solutions
10
20
30 40 30 60 70
Cil pour ^ent
solides. Il n'en est probablement pas de même pour les alliages ayant fourni la
partie AC, presque horizontale de la courbe; la force électromotrice de la solution A
y prédomine, riche en cobalt; elle peut se trouver à l'état libre dans ces alliages, sa
cristallisation se produisant dans un liquide de composition C, susceptible de se soli-
difier ensuite de la même façon que les alliages compris dans la partie CB de la courbe.
I02 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur un nouveau chlorure de phosphore. IN'ote
de MM. A. Bessox et L. Fournier, présentée par M. Troost.
Dans une précédente Communication ('), nous avons montré que Ion
pouvait obtenir la série des clilorures saturés du silicium, en faisant agir
l'effluve électrique sur des vapeurs de Si Cl* entraînées par de l'hydrogène;
il faut remarquer que cela constitue un véritable phénomène de réduction,
caries termes successifs prennent naissance suivant les équations
2SiCI'+2H=Si=Cl«+2HCl, 3SiCl*+4H = Si3Cl»+/iHCI,
Dès lors, il nous a semblé que l'effluve pouvait être considérée comme
une source importante d'énergie chimique, capable de produire des corps
relativement instables sous l'action de la chaleur, tels que ceux que nous
venons de mentionner; cela tient à ce que les réagents se trouvent soumis
pendant un temps très court, sur le trajet de l'effluve, à une température
élevée pei'mettant à la réaction de prendre naissance, mais aussitôt, et sur-
tout dans le cas de faible volatilité des produits de la réaction, ceux-ci se
trouvent rapidement refroidis par l'atmosphère ambiante. Ce sont ces con-
sidérations qui nous ont amenés à étendre le champ de nos investigations
dans le domaine des réactions déterminées sous l'action de l'effluve, et nous
avons obtenu déjà quelques résultats intéressants.
On sait que l'on connaît le biiodure de phosphore P-P ainsi que l'hydrure
liquide P^H% mais qu'on ne connaît ni fluorure, ni chlorure, ni bromure
correspondants. Nous avons obtenu le bichlorure P-(^l' en soumettant à l'ac-
tion de l'effluve un mélange d'hydrogène et de vapeurs PCP.
Si l'on entraîne à travers des appareils à effluves munis de réservoirs appropriés,
des vapeurs de Irichlorure de phosphore par de l'hydrogène, on ne larde pas à voir se
former sur les armatures un dépôt rouge écarlale en même temps qu'il se condense
un liquide incolore, tenant en suspension un corps solide jaune; après filtration sur
l'amiante pour séparer celui-ci (qui est un produit de décomposition du bichlorure),
on soumet le liquide à la distillation dans un gaz inerte ou de préférence sous pression
réduite. Après éliminalion de l'excès de trichlorure, il reste une faible fraclion d'un
corps liquide qui distille à son tour à température plus élevée : c'est le bichlorure de
phosphore P-GI*.
Le bichlorure de phosphore est un liquide incolore, oléagineux, ayant
(') Comptes rendus, 5 juillet 1909.
SÉANCE DU lO JANVIER I910. Io3
une forte odeur pliosphoreuse ; il se solidifie sous l'action du froid et le
corps solide blanc obtenu fonda — 28"; il répand d'abondantes fumées à
l'air, non seulement parce qu'il est décomposé par l'humidité, mais surtout
parce que ses vapeurs s'oxydent énergiijuemenl, au point que ce corps
s'enflamme parfois spontanément à l'air; par exemple, si l'on en imbibe
une mèche d'amiante ou si l'on fait écouler le liquide par un tube effdé, il
prend spontanément feu à l'air en répandant d'abondantes fumées blanches.
Il est décomposable par l'eau, et les produits qu'il donne sont analogues à
ceux que donne dans les mêmes circonstances le biiodure; il y a formation
de HCI, d'acide phosphoreux et d'un corps solide jaune à composition mal
définie.
Le bichlorure est un cor[js instable; néanmoins, ou peut le distiller dans
un gaz inerte à la pression athmosphériquc sans qu'il éprouve une trop forle
décomposition; dans ces conditions, il passe à la distillation vers 180",
mais il est préférable de le distiller sous pression réduite où il n'éprouve pas
de décomposition sensible à 9')°-9G" sous lio'"'".
Le bichlorure de phosphore se décompose lentement à la température
ordinaire et à l'obscurité en tube scellé vide d'air; il se forme un précipité
jaune clair d'aspect homogène qui répond à la composition P'CP ; cette
décomposition est activée par la lumière et la chaleur (100°), mais le pro-
duit solide alors formé, dont la couleur varie du jaune orangé au rouge clair,
ainsi que les dépôts formés sur les armatures des tubes à effluves, ne parais-
sent pas homogènes et donnent à l'analyse des teneurs en chloi'e moindres
que celles qui correspondent au corps précédent; en poussant à fond la
décomposition à 100° en tube scellé vide d'air, le liquide résiduel renferme
une forte proportion de trichlorure de phosphore. On peut en conclure que
le bichlorure de phosphore se décompose en PCP et en chlorures plus chlo-
rés ou mélange de phosphore amorphe et de chlorures condensés.
Nous avons tenté d'obtenir le bibromure de phosphore par deux pro-
cédés :
I" Action de HBr sec sur P'CI* en dissolution chlorocarbonique refroidie au moyen
d'un mélange de glace et de sel. Après réaction et élimination du dissolvant, il est resté
un corps solide jaune amorphe.
a" Action des effluves sur PBr'+ H, soit sous pression réduite pour faciliter l'en-
trainemenl de PBr^ (qui bout à 1 7.5° sous la pression normale), soit à la pression atmo-
sphérique.
Dans l'un et l'autre cas, les armatures du tube à effluves se sont recouvertes d'un
dépôt rouge écarlate semblable à celui obtenu dans le cas de PCF; le liquide condensé
lient en suspension un corps solide jaune qu'on élimine par filtralion sur de l'amiante ;
lo/i ACADEMIE DES SCIENCES.
le liquide fillré est coloré eu jauue clair (PBr' est un liquide iiicoloie); après distilla-
lion dans le vide pour éliminer PBr^, il reste un corps solide jaune amorphe, semblable
il celui obtenu dans l'action de lIBr sur P-CI'; ces corps, ainsi que le dépôt formé sur
les armatures de l'appareil à effluves, renferment du brome et du phosphore, mais l'ana-
lyse ne conduit pas à leur attribuer une composition définie.
Nous pensons que ce corps solide jaune est un produit de décomposition
du bibromure de phospbore qui serait un corps particulièrement instable.
CHIMIE MliNÉKALE. — Sur la dissoluliun du platine /jar I acide suljurique cl
sur les jjroduits de celle réaction. Note de M. Marcel Dei.ëpine, présentée
par M. Armand Gautier.
Peu de temps après mon élude (') sur la dissolution du platine par
l'acide sulfurique, M. Quennessen (-) constatait à son tour la réalité de
celte dissolution auparavant controversée, mais il opéra dans des condi-
tions très différentes el obtint des résultais dont la discussion s'imposait;
au cours des nouvelles recherches entreprises dans ce but, j'ai pu établir la
nature des produits formés, de sorte que la question doit être considérée
comme résolue en ses points essentiels.
M. (Quennessen a constaté qu'en tube scellé chauflé à 4oo'\ l'attaque du
platine était beaucoup moins forte dans le vide que dans une atmosphère
d'oxygène, et il a cru pouvoir conclure que l'oxygène ou l'air inter-
viennent comme agent oxydant dans l'attaque avec des acides de con-
centration commerciale; il a aussi montré que l'atlaque était d'autant plus
énergique que l'acide était moins hydraté. Comme j'avais, sans l'avoir rap-
porté, fait certaines de mes expériences hors de la présence de l'oxygène,
j'avais la conviction, a priori, que ce gaz n'était pas nécessaire et que les
résultats obtenus par M. (Quennessen s'expliquaient parf;iitement en consi-
dérant comme réversible la réaction de l'acide sulfurique sur le platine,
réaction que la nature des produits formés, tout au moins au commence-
ment, doit s'écrire
■i Ht -(- 7 SO* W'-^^ ;. m ( OH ) ( SO'' H )^ -h 3 SO'^ ■+■ 4 H'^ O.
Doit cette première conclusion que la présence d'eau dans lacide doit
nuire, et cette seconde, que si l'on opère en tube scellé, l'eau et l'anhydride
(') M. Dkléi'ine, Comptes rendus, t. CXLl, igoô, p. 866 et ioi3.
(*) L. QuENNKssiiN, Comptes rendus, l. CXLll, 1906, p. i34i.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. I()5
sulfureux enfermés doivent contrarier la dissolution; mais, s'il y a de
l'oxygène dans le tube, ce gaz, surtout à \oa" en présence de platine,
s'unira au gaz sulfureux pour former de l'anhydride sulfuric|ue qui fera
disparaître presque toute l'eau accompagnant le gaz sulfureux.
Ces inductions, qui ne font jouer à l'oxygène qu'un rôle secondaire
postérieur à la réaction, s'accordent donc bien avec les observations de
M. Quennessen; mais il m'a semblé utile de les étayer par quelques nou-
velles expériences faites comme les anciennes sous la pression atmosphé-
rique, au point d'ébullition de l'acide sulfurique.
A cet effet, j'ai fait bouillir pendant une heure, dans un ballon convenablement dis-
posé, de la mousse de platine avec, chaque fois, So"^"' d'acide sulfurique pur et con-
centré, successivement dans un courant de gaz carbonique, d'air, d'oxygène, de gaz
carbonique encore, puis de gaz carbonique chargé d'un peu de gaz sulfureux. Dans le gaz
carbonique, l'attaque a parfaitement eu lieu avec un dégagement de gaz sulfureux en
rapport avec l'équation ci-dessus, un peu plus fort cependant. Dans l'air, la quantité de
platine doubla, bien que la dose de gaz sulfureux dégagé fût inférieure à ce qu'elle
était dans le gaz carbonique; dans l'oxygène, la dissolution devint piès de 4 fois plus
active que dans le gaz caibonique, la dose de gaz sulfureux étant encore plus faible
que précédemment. En restituant le gaz carbonique, augmentation de gaz sulfureux
et retour du taux de la dissolution à la première valeur; enfin, dans le gaz carbonique
sulfureux, dissolution nulle et même précipitation du platine quand l'acide sulfurique en
contenait. J'ai, en outre, constaté que l'oxygène ne s'unissait pas de façon appréciable
au platine en mousse au point d'ébullition de l'acide sulfurique, tandis qu'à cette
même température il se combine, lentement il est vrai, au gaz sulfureux dissous
dans de l'acide sulfurique tenant de la mousse de platine en suspension.
Ces résultats confirment de point en point les inductions et montrent
qu'à défaut d'oxygène un courant de gaz inerte suffit pour assurer la conti-
nuation régulière de la réaction par l'entraînement des facteurs antago-
nistes. Par contre, une expérience en tube scellé ne peut indiquer que
la diflerence des deux réactions inverses. Rien n'autorise à attribuer à
l'oxygène un rôle oxydant direct par formation d'un oxyde de platine que
l'acide n'aurait plus qu'à dissoudre. M. L. "S^ ôhler (') a trouvé, il est vrai,
que le platine fixe l'oxygène à 420''-/|ï<)'' pour former de l'oxyde platineuv, à
raison de 0^,0004 d'oxyde à l'heure pour i» de mousse; mais ici, c'est par
centigrammes à l'heure que la mousse se dissout, à près de 100 degrés plus
bas.
Les solutions contiennent, d'aillctirs, non un composé platincux, mais
(') L. WuHLER. D. c/i. G., t. \\\VI, 1903. p. 3'i75.
Ç, R., 1910, 1" Semestre. iT. lôO, N" 2,) '4
Io6 ACADÉMIE DES SCIENCES,
deu\ combinaisons cristallisées à acide sulfurique dissimulé, dérivées
du platine trivalent : l'une, jaune, est l'acide sesquioxyplatisulfurique
Pt(On)(SO'H)-, Aq de M. Blondel ('); l'autre, rouge brun, est une
combinaison nouvelle, répondant à une composition que j'écris provisoi-
rement Pt(OH)'-SO''H,H-0 pour la comparer à celle du corps acide.
Au début de l'allaque, l'acide sesquioxjplatisulfurique est aisé à mettre en évidence :
il suffit de faire bouillir So*^"' d'acide sulfurique pendant une demi-heure à une heure
avec 5p à lo» de mousse de platine, de laisser refroidir, de décanter le liquide jaune
orangé obtenu, de le mêler avec 2'^°' d'une solution étendue d'un sel de potassium
pour obtenir le composé Pt(OH)( SO*H) (SO*K). Il est bon de ne pas se servir de
"chlorure de potassium, ce sel transformant assez facilement l'acide sesquioxyplatisul-
furique en chloroplalinate et chloroplatinite.
Si Ton poursuit l'ébullilion, le liquide devient brun, presque noir et peut contenir
plus de 20? de métal par litre après 3o heures, mais il est moins riche qu'on ne s'y
attendrait en l'acide précédent, car l'ébullition transforme peu à peu cet acide en
composé brun. Ce dernier se sépare parfois directement en petites aiguilles dans
l'acide froid, mais on ne l'obtient en quantité appréciable qu'en diluant l'acide de
2^°' d'eau et laissant refroidir. Après avoir déposé le produit brun, les eaux mères,
rapprochées dans le vide sur l'acide sulfurique, abandonnent un peu d'acide sesqui-
oxyplatisulfurique en cristaux orangés. On peut aussi avoir le composé brun en éva-
porant la solution sulfurique à sec, dissolvant la masse dans un peu d'eau et préci-
pitant par un demi-volume d'acide sulfurique concentré; dans ce cas, l'évaporation
détruit complètement l'acide sesquioxyplatisulfurique.
Le nouveau composé se sépare dans les liqueurs très acides en petites lames losan-
giques qui recrislallisent dans l'eau en prismes rectangulaires bruns, noirs s'ils ont
quelque dimension, excessivement solubles dans l'eau, l'acide sulfurique concentré,
l'acide acétique, l'alcool, l'acétone en donnant des liqueurs très colorées. Au contact
de l'élher, il se liquéfie en donnant un liquide insoluble dans l'éther, pour recristalliser
dès que l'éther est parti. A 100°, il perd i ,5H^0.
L'oxydation nitrique du bisulfure de platine permet plus aisément de se procurer
ces combinaisons sulfuriques.
CHI.MIE .MiNÉRALr>. — Sur deux nouveaux phosphures de nickel. Note
de M. Pierre Jolibois, présentée par M. H. Le Chatelier.
Dans une Note précédcnte('-) j'ai décrit l'action du phosphore sur l'élain
qui donne avec ce métalloïde les deux combinaisons Sn^P^ et SnP'. Comme
(') M. Blondel, Ann. de Chim. et de Pkys., 8^ série, t. VI, 1905, p. 126; M. Blondel
écrit les formules de constitution :
Pt''(OH)*(SO')'{OH)'' ou Pt'0% 3S0^ SO*Fn, 2H2O.
{') Jolibois, Comptes rendus, t. GXLVIII, p. 636.
SÉANCE DU lO JANVIER I91O. IO7
je lai montré, ces deux composés perdent du phosphore avec la plus grande
facilité sous Faction de la chaleur. Il m'a paru intéressant d'étudier leur
action phosphurante en suivant une voie analogue à celle qui a été décrite
par Lebeau (') pour obtenir des siliciures par déplacement du silicium, du
siliciure de cuivre.
Mes essais ont porté sur le nickel. Pour effectuer la réaction je suis parti
d'un alliage de nickel et d'étain à 5 pour 100 de nickel. J'ai vérifié que l'on
pouvait isoler de ce dernier le composé NiSn déjà décrit par Yigouroux(^)
et par Guillet (^ ). En enfermant dans des tubes en verre d'Iéna vides d'air
21S d'alliage avec des quantités de phosphore variant de i^ à Zj*"' après avoir
chauffé le tube à 700°, j'ai isolé au moyen de l'acide chlorbydrique concentré
et chaud de petits cristaux prismatiques très bien formés. Leur composition
est voisine de NiP-.
p.
Ni.
52,2
5i,6
46,9
47.2
48,4
Culot à 38,5 de phosphore
Culot à I» de phosphore
Théorie pour NiP^.
l'our elTectuer la séparation du nickel et du phosphore j'ai précipité par la mixture
nnagnésienne le phosphore en présence du nickel en solution ammoniacale. Celte mé-
thode, qui paraît paradoxale, m'a pourtant donné un précipité de phosphate animouiaco-
magnésien totalement exempt de nickel.
Dans la préparation précédente, il convient de ne prendre que la partie inférieure
des culots pour la dissoudre et isoler le composé. En effet, au moment de la cristallisa-
tion, le composé qui se dépose vient flotter à la surface de l'étain liquide, et, comme sa
tension de dissocialion est inférieure à celle du phosphure d'étain, il absorbe du phos-
phore. Ainsi, en dissolvant sans cette précaution un culot à 4° de phosphore, j'ai isolé
un produit donnant à l'analyse 58, 5 pour 100 P, 4' ,' pour 100 Ni, qu'il était facile au
microscope de reconnaître pour un mélange.
Le composé NiP- présente l'aspect métallique. Il est soluble dans l'acide
azotique. La soude fondue l'attaque. Sa densité est D,g = l{,6-2. 11 perd son
phosphore à 65o°.
Dès que dans le culot considéré par suite de l'augmentation de la propor-
tion de phosphore le composé SuP' apparaît, on isole par l'acide chlorby-
drique un mélange de ce phosphure et d'un phosphure de nickel. Afin de
(') Lebf.au, Ann. de Chim. et de Phys.. -" série, t. X\\ 1, 1902, p, 2; t. XXVII,
1902, p. 27 I.
{^) ViGOUROLX, Comptes rendus, t. CXLIV, p. 63g et 712.
(') Guillet, Comptes rendus, t. CXLIV, p. 752.
K^
Ni.
P.
38, o
6i.6
38.3
6o,9
38.4
6i.6
Io8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les séparer, j'ai dissocié dans io vide de la trompe à mercure le phosphure
SnP' en chauffant le mélange à 3Go°. Ce dernier composé se transformant
en Sn^P', il devient facile par l'action de Tacide chlorhydrique d'isoler le
piiosphurc de nickel. Sa composition peut être représentée par la formule
Ni F'.
Ni. P.
Culot avec je de pliosphore
Culot avec los de pliosjjhore
Théorie pour NiP-*.
C'est un composé à aspect métallique se présentant en petits cristaux mi-
croscopicjues, mais très bien formés.
Il est soluble dans l'acide azotique et attaquable avec incandescence
par la soude fondue. Sa densité est D,j,^.'i?i9- Tl perd son phosphore
à 58()°.
b>n résumé, par dissolution du nickel dans le mélange-d'étain et de phos-
phure d'étain Sn'P', on peut isoler le composé NiP-; par dissolution du
nickel dans le mélange Sn'P^, Sn P', on peut isoler le phosphure NiP^
Ces deux phogphures, d'après leur mode même de préparation, ont le carac-
tère de composés définis. (^)uoique à très haute teneur de phosphore, ils ont
l'aspect métallique ; ils sont en outre très bien cristallisés.
CHIMIE. — Sur la formule de l'acide hypophospliorique. Note
de M. E. CoRXFX, présentée par M. H. Le Chatelier.
I)aiis les Ti'allés classiques, depuis les travaux de Salzer et de Joly. on adopte liabi-
luellement pour l'acide hypopliospliorique la formule double P^C'H'. Plus récemment
Rosenheim, Sladier et Jacobson ('), puis Rosenheiiii et Max Pritze (-) ont proposé la
formule simple PO^II-.
Le nombre des sels alcalins, Taclion de la chaleur sur l'acide et ses sels (Sal/er et
Joly). pas plus que la non-obtention d'acide hypophosphoriquc par fusion des acides
phosphoreux et phospliorique (Rosenheim, Stadier et Jacobson ). ne permettent de dé-
cider entre les deux formules avec certitude.
La préparation et l'étude des éthers ont fait l'objet d'un lra\ail de Siinger (^), mais
ces corps étant décomposables à haute température il n'a pas été possible d'en prendre
la densité de \npeur. Rosenheim, Stadier et Jacobson, puis Rosenheim et Max Pritze
(') RosK.MiiiiM, Stadi.eu et JACOBiON, BericlUc. 1906, j). 2857.
(^) Rosi:niii:im, Max l'itnzi;. licrichle. 1908, p. 2708.
(') S.vNiiEit, Aniialeiidei' Cliemie. Liehig, l. CCXXXIl, i8S(3, p. i.
SEANCE UU lO JANVIER I-QIO. 109
onl repris récemment Télude de ces composés. L'ébullioscopie a coiuliiit à la foinmle
L'étude do la conduclibilité éleclriqiie de Tacide et de ses sels a fait
l'objet de travaux de Rosenlieim, Stadler et Jacobson et de Parravano cl
Marini ('). Leurs conclusions sont contradictoires : pour les premiers la
formule est simple; pour les seconds, elle est double. Il n'y a toutefois là
qu'une différence d'interprétation et les résultats expérimentaux sont con-
cordants; il suffit pour le voir de les exprimer tous avec la même formule
et de les rapporter à la même concentration.
La comparaison des valeurs de la conductibilité équivalente et du coef-
ficient d'accroissement de conductibilité (valeurs qui sont les mêmes, que la
formule soit simple ou double), avec celles du pyropbosphate neutre de
sodium (*), montre entre les deux sels une analogie certaine. Elle doit cor-
respondre à une analogie de formules. Celle du pyrophosphate étant connue
sans ambiguïté : P-0'i\a', nous verrons dans cette analogie un argument
en faveur de la formule P-O^Na' pour l'hypophosphate neutre.
Nous nous sommes demandé si l'étude cryoscopique n'apporterait pas un
argument décisif. Dans ce but, nous avons déterminé les abaissements du
point de congélation de l'acide hypopliosphorique en solution aqueuse pour
différents degrés de concentration.
Formule
doiihle
Foi-mult
; simple
P- 0(
•11'.
PO
>H=.
. — -^_ -
■
^ ■!
- — .
T.
i.
■'',„•
A,„.
T,„-
A„,.
1 ,224
1.9^7
0,612
3i,8
I ,224
i5,9
0,734
'.'79
0,36-
32 , I
0,734
16,0
0,459
0,764
0, 229
33,4
0,459
'6,7
0 , 3o6
0,537
0, 153
35, 1
o,3o6
,7,5
0,262
0,47'
0, 1 3i
35,9
0,263
'7'9
\ est l'abaissement lu ; T,, le nombre d'atomes de pliosplioie au litre; T„, le nombre de
molécules et A,„ l'abaissement moléculaire; A„, = p X M; M étant le poids molécu-
laire, P le poids de substance contenue dan-s 100™' de la dissolution.-'!',,, et A,„ ont
été calculés dans les deux hypotlièses : formule simple et formule douille.
L'acide est certainement dissocié; nous le savons par Tétude des chaleurs
de neutralisation et l'action des réactifs colorés. Sans faire aucune hypo-
thèse sur le schéma ou sur le degré de la dissociation, nous pouvons affirmer
(') PAnRAV.\NO et Marini, Atli Ac. Lincei, rgoô, 2= sem., p. 2o3 et 3o5.
('-) ^^ ALDEN. Zèitscli. fiir pliysiL. C/ieinie, t. I, 1887, p. 529.
IIO ACADEMIE DES SCIENCES.
que rabaissement moléculaire doit être notablement supérieur à rabaisse-
ment des non-élcctrolytes, c'est-à-dire à i8,5.
Or on constate que, avec la formule simple, l'abaissement moléculaire
serait inférieur à i8,5. Cela constituerait un fait unique dans l'étude cryo-
scopique des électrolytes. Nous devons donc y voir un argument très fort
en faveur de la formule double. L'étude cryoscopique des sels de potassium
conduit à la même conclusion.
Nous avons enfin suivi la variation du point do congélation au cours de la neutrali-
sation de l'acide par une solution de potasse de même titre (o""'',5 par litre). L'abais-
sement ne varie pas d'une façon résulière entre l'acide et la base; il décroît jusqu'à la
solution contenant i="°' d'acide P-0°II* pour 4"'"' de potasse, puis croît ensuite jusqu'à
la potasse. La courbe représentative du phénomène accuse un minimum très net cor-
respondant au remplacement du dernier hvdrogène, et une brisure relative au rempla-
cement du premier.
Avec la soude ou l'ammoniaque nous ne pouvons opérer, sous peine d'avoir des
précipitations, qu'avec des liqueurs plus étendues. Les phénomènes sont donc néces-
sairement beaucoup moins nets. Nous nous sommes assuré toutefois qu'ils présentaient
bien la même allure.
La cryoscopie nous apparaît donc comme un indicateur de la dernière acidité de
l'acide hypophosphorique. acidité que les réactifs colorés ne mettent point en évidence.
On sait, en effet, qiie le virage au mélhjlorange se produit quand on a ajouté 2KOH
à 1'""' d'acide. Le virage à la phtaléine n'est pas brusque ; il commence toutefois nette-
ment à 3 KOH. Il a été indiqué comme se terminant à \ KOH. mais il nous a toujours
été impossible de saisir ce terme.
Un travail analogue a été effectué par Parravano et Marini en suivant la neutralisa-
lion par la soude à l'aide de la conductibilité électrique. Les résultats sont diflerenls :
ces deux auteurs observent en effet un minimum de conductibilité pour P-0'''H-Na-,
puis un changement de direction dans la partie ascendante de la courbe au point cor-
respondant à P-O'^Na*.
Il n'v a ])oinl là une contradiction. Nous avons eu en effet l'occasion de signaler, dans
une Note précédente ('), pour une série d'autres acides minéraux et oiganiques, de
semblables divergences entre les deux phénomènes.
La cryoscopie de l'acide ainsi que celle de ses sels de potassium, la com-
paraison de la conductibilité du sel neutre de sodium avec le pyropbospliate
de soude nous conduisent à adopter, pour l'acide hypophospborique, la for-
mule double.
De l'exaiTien critique des divers arguments en faveur de la formule simple,
un seul, la tonométrie des éthers, nous a semblé devoir être retenu.
Avant d'admettre que l'acide P'-O^H' donne des éthers de formule P()-'R-,
nous nous proposons de reprendre l'étude de ces corps.
( ') E. ConNKC, Comptes rendus, t. CXLIX, 26 octobre 1909, p. 6-6,
SÉANCE DU lO JANVIER I910. III
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation calalydque des cétones aromatir/ues.
Note de M. .Ï.-B. Sexderexs, présentée par M. G. Lemoine.
Je me suis tout d'aboi'd adressé au plus simple des acides aromatiques,
l'acide benzoïque, me réservant d'appliquer ensuite mon procédé (* ) aux
homologues de cet acide comme aussi de l'étendre aux acides incomplets
gras et aromatiques et aux acides polybasiques.
Il semblait d'après les résultats obtenus avec les acides gras (^), que l'acide
benzoïque employé seul fournirait, avec la thorine, la célone symétrique,
la benzopliénone. Je n'ai pu réussir à préparer cette cétone ni avec l'acide
benzoïque, ni avec son anhydride. Dans les deux cas, les vapeurs acides ne
paraissaient pas sensiblement altérées en passant sur la thorine, à des
températures qui ont varié de 38o° à 4t)o°.
Ces premières expériences permettaient de prévoir que si la thorine
réagissait sur le mélange de l'acide benzoïque avec un acide gras, il en
résulterait simplement une cétone mixte aromatique et une cétone grasse
symétrique, à l'exclusion de la benzophénone. On aurait donc, en supposant
la formation, à proportions moléculaires égales, de ces deux cétones :
C«H'CO.OH + 3RCO.OH=G'^H5COR + RCOR-h2CO«+2HM).
En parlant de celte é(|iiation, j'ai employé un niélange de i'""' d'acide benzoïtjue
et de 3"'°' d'acide gras. Ce niélange est solide à la température ordinaire, mais
bien plus fusible que l'acide benzoïi|ue, en sorte qu'il est facile de la maintenir
liquide dans le réservoir et la conduite capillaire qui l'amène dans le tube ren-
fermant la thorine, où il se tiansforme en vapeur. J'opérais à une température
moj'enne de 43o°, qui a pu s'élever sans inconvénient jusqu'à f\6o°.
Dans ces conditions, je recueillais un liquide qui, agité d'abord avec de la soude
diluée pour le débarrasser de toute trace d'acide et soumis ensuite à la distillation, se
partageait, très nettement en deux, fractions contenant : l'une, la cétone grasse symé-
trique, et l'autre la célone mixte aromatique. Dans aucun cas, je n'ai rencontré la
benzophénone. Par exemple, avec un mélange de i""»' d'acide benzoïque et de
3111,11 d'acide propionique, le liquide recueilli a donné à la première dislillalion :
Fractions distillées
Températures. pour 100.
< I io"> 44 ( propione)
1 1 o°-2 10° 6
2io°-2i4° 48 (propiophénone)
Résidu 2
(') Comptes rendus, 29 novembre 1909, p. 995.
(^) Comptes rendus, 5 avril 1909, p. 927, et 19 juillet 1909, p. 2i3.
112 ACADEMIE DES SCIENCES.
( )n se trouve ainsi en possession d'une méthode qui permet de préparer,
aisément et dans un grand état de pureté, des célones (jui ne s'obtenaient
jusqu'ici qu'avec beaucoup de difficulté.
J'ai préparé de la sorte :
La méthjlphény Icélone (y W" — CO — Cil' (acétopliénone), avec un mélange d'acides
benzoïque et acétique;
XJ'étltylphénylcétone CfiW" — CO — Cil- — CIP (propiophénone), avec un mélange
d'acides benzoïque et propionique;
La propylphénylcélone C"H^ — CO — CVV- — CIP — CIP, avec un mélange d'acides
benzoïque et butyrique normal;
/CH'
h'isopropylp/iéiiylcétone C" H^ — CO — CH^ _„jj avec un mélange d'acides ben-
zoïque et isobutyrique;
/CH'
L'isobiity/p/iénylcétone C'H" — CO — CIl^ — CH\ p. .3' avec un mélange d'acides
benzoïque et isovalérique.
En décrivant la préparation des cétones mixtes de la série grasse, j'avais
fait remarquer que celles-ci se formaient en plus grande quantité que les
deux cétones symétriques qui les accompagnent. J'ai constaté également
que la cétone aromatique mixte a une tendance à prédominer, et qu'elle se
forme même à peu près exclusivement lorsque, à une molécule d'acide ben-
zoïque, on oppose une seule molécule d'acide gras. On a alors
C« H=CO . OH -!- RCO . OH := C« H^CO R + CO^ + W-O.
Mais le mélange de molécules égales des deux acides doit être porté
à 5oo" et au-dessus, sans quoi une partie de l'acide benzoïque échappe à la
réaction. Or, à ces hautes tempéi\itures, la thorine se charbonne, et les
célones sont plus ou moins décomposées. De plus, ce mélange se maintient
difficilement à l'état liquide, ce qui rend son maniement peu commode. J'ai
été amené à reconnaître que, pratiquement, pour 1™°' d'acide benzoïque, il
fallait employer une quantité d'acide gras comprise entre 2™°' et 3'""'.
On peut remplacer l'acide benzoïque par son anhydride qui donne
d'aussi bons résultats, tout en ayant l'avantage de fournir, avec '^"'°' dacides
gras, des mélanges qui sont liquides à la température ordinaire. 11 convient
toutefois d'ajouter cpie son prix est très supérieur à celui de l'acide ben-
zoï(}ue industriel tiré du toluène, et qu'avec ce dernier j'ai obtenu les
mêmes rendements qu'avec l'acide benzoïque chimiquement pur.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. I l3
ClllMiK ORGANIQUE. — Si/r le mélhylacélénylcarbinol. Noie de M. Lespieau,
présentée par M. A. Haller.
On ne connaît actuellement que deux alcools acétyléniques vrais appar-
tenant à la série grasse : l'alcool proparofylique de M. Henry et le propar-
gylcarbinol que nous avons décrit M. Pariselle et moi {Comptes rendus^
t. CXLVI, p. io3.t).
Voici un procédé qui, permettant d'atteindre les alcools correspondant à
la formule générale
CH2=CBr-CH0H — R,
fournit une matière première susceptible de donner, quand on la traite par
la potasse, les alcools acétyléniques vrais du type
CH = C — CHOH-R.
On arrive aux alcools éthyléniques bromes en ^ en faisant réagir l'acro-
léine monobromée sur les composés magnésiens de M. Grignard; les ren-
dements sont bons si Ton a soin d'opérer à froid avec des matières très
diluées. Le seul inconvénient de la méthode, c'est que l'acroléine mono-
bromée ne s'obtient qu'à la suite de manipulations assez longues et que de
plus ce corps pique les yeux d'une façon extrêmement violente et persis-
tante.
Le passage de l'alcool brome à l'alcool acétylénique sous l'action de la
potasse est assez délicat; il faut une grande douceur et, quelles que soient
les précautions prises, on obtient toujours une notable quantité d'acétylène;
si même on utilise la potasse alcoolique, le rendement en acétylène est
presque quantitatif.
Voici les résultats obtenus à partir du dérivé magnésien le plus simple,
l'iodure de méthylmagnésium.
L'alcool CH- = CBr — CHOH — CH' est un liquide incolore bouillant
à 59°,5-6o° sous i4"""; sous la pression de ^32""" il commence à bouillir
vers i5i°, mais en subissant alors un commencement de décomposition
(.4na(>'^e; C 3i, 70 ; H 4,72; Br 53,oi; cryoscopie 136).
Sa phényluréthane s'obtient directement cristallisée par l'action du carba-
nile à 160"; purifiée par cristallisation dans un mélange d'eau et d'alcool,
elle fond à 62°, 5-63°, 5 {Analyse : Wv 29,64).
L'attaque très ménagée de ce corps par la potasse en solution aqueuse fournit des
résultats assez complexes : 1» il paraît se faire plusieurs sels de potassium, j"ai pu
Ç, R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 2.) 'p
Il/, ACADÉMIE DES SCIENCES.
extraire de ceux-ci un acide bouillant à i4i° et fournissant un anilide fondant à io8";
il y a donc lieu de croire que c'est l'acide propionique; 3° il se dégage des gaz; ceux-ci
précipitent le chlorure cuivreux ammoniacal en rouge, ils sont absorbés en grande
partie par le brome fournissant alors un bromure qui doit être le tétrabromure d'acé-
lylène, car il est isomorphe de ce dernier, bout au même point et donne le même
abaissement cryoscopique; 3" il se fait ua liquide qu'on isole par disliilaliou dans un
courant de vapeur d'eau et de gaz carbonique, suivie de saturation du liquide distillé
par le carbonate de potassium sec. Ce liquide est formé, en majeure partie, d'un
mélange d'eau et d'alcool acétylénique. On sèche par un long séjour sur le sulfate de
cuivre blanc et l'on redistiile. On obtient ainsi l'alcool suivant :
L'alcool CHs^C — CHOH — GH', pas absolument exempt d'eau (^na-
lyse : G 67,89; H 8,80; cryoscopie 71), bout de 107° à 109° sous 7G0™'".
Il précipite le chlorure cuivreux en jaune.
La production d'un dérivé triiodé
CP=CI — CHOH — GIF,
ell'ectuée à partir de ce dérivé cuivreux comme il a été indiqué à propos du
propargylcarhinol {loc. «/.),peut servir à caractériser l'alcool acétylénique;
elle réussit même avec de petites quantités d'alcool dilué. Ge dérivé iodé
fond à 96" {Analyse : I 84,66).
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur la présence rie la gentiopicrine dans la Chlore per-
folièe {Chlora per/oliata L). Note de MM. Em. Bourquelot et M. Bkidei,,
présentée par M. Jungfleisch.
La Chlore perfoliée est une petite plante de la famille des Gentianées,
caractérisée par ses fleurs jaunes et par ses feuilles opposées et soudées
autour de la tige.
Sa saveur est très amère. Elle a été employée comme tonique et fébrifuge. C'est
pourquoi nous avons pensé qu'elle pouvait contenir un principe glucosidi(|ue analogue
sinon identique à celui de la Gentiane jaune. Nous l'avons, en conséquejice, essayée
par la méthode habituelle à l'invertine et à l'émulsine (' ).
^'oici l(>s résultats que nous a donnés l'essai sur un extrait licjuidc, aqueux,
dont loo''™' correspondaient à 100''' de plantes fraîches (les plantes traitées
(') l'.M. liouRQLEi.OT, Recliefclie, dans les végclati.r, du sucre de canne à l'aide de
l'invertine et des glucosides à l'aide de l'émulsine (Comptes rendus, t. CXXXIH,
1901, p. 690).
SÉANCE DU lO JANVIER I910. Il5
avaicnl été cueillies aux environs de Paris, le 6 août, en pleine floraison) :
Rolalion initiale (/=: 2) — 5°^6'
Sucre réducleui- Initial os,5r6
Rotation après action de l'invertine — 6° 26'
Sucre réducteur après action de l'invertine is, ^aS
Rotation après action de Témulsine -1-5'
Sucre réducteur après action de l'émulsine 2", 178
Sous linlluence de l'invertine, il s'est produit un changement de déviation de 4o',
avec formation de oS, 90^ de sucre réducteur. Si le sucre réducteur produit avait eu,
tout entier, pour origine, du sucre de canne, on aurait dû observer un cliangemenl de
déviation veisia gauche de 90' ; comme on a observé un changement de 4o' seulement,
on peut en conclure que la Chlore perfoliée renferme un sucre livdrolysable par l'in-
vertine, qui n'est pas du saccharose.
Sous l'influence de l'émulsine, on a observé un retour de la déviation vers la droite
de 6°3i', avec formation de ob',755 de sucre léducteur. Si nous calculons combien
nous obtenons de sucre réducteur pour i" de retour, nous trouvons ob, 116. Or la
gentiopicrine fournit, sous l'action de l'émulsine, os, 1 1 1 de sucre réducteur pour un
retour de la déviation vers la droite de 1° (').
Ici les résultats sont donc tels qu'on était fondé à supposer l'existence de
la gentiopicrine dans la Chlore perfoliée; ils nous ont amenés à cherchera
isoler ce glucoside.
Ce n'est toutefois qu'à la fin du mois de scpteinbre que nous avons pu
reprendre nos recherches, n'ayant réussi à retrouver la plante qu'à cette
époque (aux environs de Richelieu, en Indre-et-Loire ). Elle était alors très
avancée : les fruits étaient arrivés à maturité et les tiges commençaient à se
dessécher. Malgré ces mauvaises conditions, nous avons réussi à en extraire
un produit que nous avons identifié avec la gentiopicrine, glucoside de la
Gentiane jaune.
On a é|Hiisé la plante, préalablement desséchée roinplétement et réduite en poudre,
par l'alcool à 80" bouillant. Ou a distillé l'alcool au baiu-marie; on a précipité les matières
résineuses que contenait encore le liquide résiduel par addition d'eau; on a filtré, puis
on a concentré le liquide clair jusqu'à consistance sirupeuse; on a précipité ce sirop
par l'alcool à gj"; on a filtré et évaporé à sec. On a épuisé l'extrait par l'élher acé-
tique hydraté; on a distillé Téther acétique, repris l'extrait par l'eau et évaporé de
nouveau à siccité. On a ensuite épuisé l'extrait, ainsi purifié, par l'éther acétique: la
( ') Kn. BouRQUELOT, Sur la recherche^ dans les végétaux^ des glucosides hydro-
lysahles par l'émulsine (Joiirn. de Pliarm. cL de ClUin., G" série, l. XXIII, 1906,
p. 369).
I l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SeiUiopicriiie ;t ciislallisé. On l'a purifiée en la faisant ciislailisor du noii\eau ilans
l'étlier acétique. <_)n a séché à Tair les cristaux obtenus.
Pou\oir rotatoire «11 = — igë^gS
(/* = 0^,091 -1 ; t';=i5'^"''; l-=2; a =: — '2°'îl\').
Sous l'action de l'éniulsine, une solution, accusant une rotationde — 2° 24' (/:=2),
avait, après 24 heures, une rotation de + 17'. Il s'était formé os,3o6de sucre réducteur,
ce qui donne, pour un retour de la déviation de 1" vers la droite, ob, i r3 de sucre réduc-
teur ( théorie: os, 1 1 1) ; de plus, le liquide limpide et incolore s'était légèrement coloré
en jaune sous l'action de l'émulsine; et il s'était formé un précipité cristallin de gen-
tiogénine. On a recueilli ce précipité cristallin qui a donné nettement la réaction de la
gentiogénine signalée par G. Tanret (').
En résumé, ainsi que nous l'avait fait prévoir l'essai préliminaire à l'inver-
tinc et à l'émulsine, la Chlore perfoliée renferme de la gentiopicrine, gluco-
side de la Gentiane jaune, dont nous avons déjà signalé la présence dans la
Gentiane P-neumonanthe (Gentiana Pneumonanthe L.). L'essai nous montre
encoiT que ce glucoside y existe seul et en quantité assez forte : environ 1 5'''
par kilogramme de plante fraîche, récoltée au mois d'août.
On pourrait donc utiliser la Chlore perfoliée pour le dosage de la gentio-
picrine aux difl'érents stades de la végétation, ce qu'on ne pourrait faire
aussi facilement avec la Gentiane jaune, dans laquelle ce glucosidese trouve
mélangé à d'autres glucosides également dédouhlables par l'émulsine.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Recherches sur la digeslion de l'inuUne.
Note de M. H. Hikhry, présentée par M. Dastrc.
Lu r(Jle alimentaire de l'inuliuc n'est pas douteux. On sait que les topinam-
bours, à une certaine époque de l'année, dans quelques régions de l'ouest
de la France, constituent la base même de l'alimentation du bétail. D'autre
part, les travaux de Cl. Bernard, de A. Dastre et E. Bourquclot nous ont
appris que les polysaccharides ne sont pas directement assimilables. Pour
servir à la nutrition de l'animal, ils ne doivent pas être absorbés en nature
par l'intestin; il faut qu'ils aient été préalablement digérés, c'est-à-dire
transformés en leurs monoses constituants par une série d'hydrolyses. On doit
(') G. Tamii;!'. Conliilniliim à l ctiidc de i<i GciUiaiic {Thrsc, Paris, igoô, p. 40).
SÉANCE DU lO JANVIER I910. II7
donc se demander où et comment se fail la digestion de l'inulinc? La ijnes-
lion est à la fois physiologique et médicale, puisqu'à rinlérct de connaître
la valeur alimentaire de l'inulinc chez l'individu normal ou chez l'animal
s'ajoute celui de son emploi (à la suite des travaux de Kiilz. Haykraft,
B. Naunyn, etc.) chez les diabétiques.
p]xiste-t-il cliez les animaux un fermenl spécilique, analogue à l'inulase (') des végé-
taux, et capable de saccharifier l'inuline? Personne n'a dénaonlré l'existence d'un
pareil ferment dans les divers sucs digestifs des animaux. En collaboration avec
M. P. Portier, j'ai cherclié vainement à mettre en évidence chez les chiens et les lapins
normaux ou nourris pendant un certain temps a\ec des topinambours, l'existence d'une
diastase capable de transformer l'inuline en lévulose. M. A. Richaud ne fut pas plus
heureux dans des recherches semblables chez le bœuf, le porc, le cobaye et le canard.
Ces "deux séries de recherches indépendantes ont été publiées en même temps C);
elles se confirment mutuellement. Nos conclusions étaient celles-ci : jamais le foie ou
l'appareil digestif des animaux supérieurs ne sécrètent d'inulase. La digestion de
l'inuline se fait dans l'estomac. Cette transformation n'est pas due à un ferment soluble,
mais à l'acide du suc gastrique.
Ces expériences avaient élé faites avec des macérations d'organes broyés (pancréas,
intestin, etc.). On pourrait penser que les résultats négatifs relalifs à la mise eu
évidence du ferment tenaient à l'emploi de liquides de macérations peu actifs. J'ai
donc repris ces expériences en opérant sur le suc pancréatique lui-même, si actif sur
l'amidon et le maltose.
Le suc pancréatique était obtenu par fistule temporaire du canal de Wirsung, chez
le chien, et après injection de sécréline.
L'inuline employée a été extraite des tubercules du topinambour et préparée suivant
la mélliode indiquée par C. Tanret (' ).
J'ai fait agir sur l'inuline, à l'étuve à 38", le suc pancréatique fraîchement recueilli,
pur ou dilué en milieu alcalin, neutre ou très légèrement acide. Je n'ai jamais observé
la transformation de l'inuline en lé\ irlose.
Par analogie avec l'amidon, on pouvait supposer que l'inuline passait par des pro-
duits intermédiaires comparables an maltose, et que la transformation commencée par
le suc pancréatique s'achevait au contact de la muqueuse intestinale. La solution
d'inuline, après avoir été soumise à l'action du suc pancréatique de chien, fut addi-
tionnée de macérations intestinales de lapin ou de chien. Diverses expériences furent
faites en utilisant des milieux difl'érents : légèrement alcalins, neutres on très légère-
ment acides, tous les résultats furent encore négatifs.
Ces faits viennent confirmer et compléter nos premières expériences. Il semble bien
aussi que l'inulase doive être distinguée de l'amylase, de la tréhalase, de la sucrase et
(') J.-R. Grken, Àniials of Dolany, t. 1, 1888.
(-) Comptes rendus de ta Société de Biologie, 5 mai 1900.
(') C. Tanret, Comptes rendus^ t. CXM, 1890, p. 5i4.
Il8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lie la maltase, ainsi qu'il ressortait déjà des reclierclies de lkiur(|uelot, Clievaslelon el
A. Richaud (•).
J'ai alors pensé à essayer sur l'iiniline le suc liépato-pancrcalique d'/Ze//./- /)o/»rt//a.
Celle fois le résultat fut positif. 1-e suc digestif d'//c//j- renferme un ferment soluble
capable d'hydrater l'inuline; mais comparativement à ce qui se passe pour ce suc vis-
à-vis des autres hydrates de carjjone, l'attaque de l'inuline est assez lente. Le pouvoir
réducteur des digestions, faible au bout de 24 heures, va progressivement avec une
grande netteté jusqu'à marquer au bout de 3 jours une hydrolyse de 20 pour 100
de l'inuline soumise à la digestion. Il s'agit bien d'une diastase, car. le suc perd son
pouvoir digestif vis-à-vis de l'inuline après un chauffage de 10 minutes à So".
Les digestions ont été faites en présence d'antiseptiques variés (loluol et campliie,
llivmol et toluol, fluorure de sodium).
Nous faisions constamment, après l'avoir dilué, trois parts du suc recueilli par iso-
lement du tube digestif d'//e/^'a^. La première était additionnée d'une solution d'inuline ;
la seconde, piéalablement portée 10 minutes à 80°, était après refroidiseeuient addi-
tionnée d'une même quantité de la solution d'inuline; la troisième, mise avec de l'eau
distillée, était destinée à éviter les erreurs dues aux apj)orts el aux transformations
possibles du suc digestif lui-même.
Pour se débarrasser des albuminoïdes, étant donnée la facilité avec laquelle l'inuline
s'hydrolyse, on ne chaufl'ait jamais à feu nu les îligeslions préalablement diluées, mais
toujours au bain-marie à 70°. Les dernières traces d'albuminoïdes étaient enlevées,
en additionnant à froid les liquides d'acétate de soude, perchlorure de fer, neutrali-
sant et portant au bain-marie à 70".
On peut plus simplement opérer ainsi : les liquides de digestion, préalablement
dilués 8 ou 10 fois avec de l'eau distillée, sont additionnés de nitrate mercurique,
neutralisés avec de la soude el filtrés. L'excès de mercure est éliminé par la poudre de
zinc ou par l'hydrogène sulfuré. On se débarrasse de II-S, à froid, au moyen d'une so-
in lion de sulfate de cuivre (-).
Les dosages ont été faits par la méthode de G. Bertrand.
On voit (]u<^ les divers animaux sont capables de digérer l'inuline, seule-
ment ils utilisent pour cette digestion des agents physiologiques différents :
chez les animaux supérieurs, la transformation de l'inuline se fait dans
l'estomac et cette transformation est due à l'acide chlorhydrique du suc
gastrique; les Mollusques, au contraire, sont capables de sécréter un
ferment soluble (jui pousse l'hydrolyse de l'inuline jusqu'au lévulose. C'est
ainsi qu'on rencontre l'inulase à coté des autres ferments digestifs des sucres
les plus divers, dans le suc gastro-intestinal d^Ifdix, qui constitue la source
la plus riche en ferments hydratants des hydrates de carbone.
(') A. RiciiAUD, T/iPse de Doctorat es sciences, Paris, igoo.
(-) Aders Pi.iMMKit, Journal nf Pliysiology, t, XXXIV, n°^ 1 et 2. — \ oli- aussi
M"'' lÎKi.i.rox, 7 /lèse de Doctorat es sciences, Ly(jn, 1909.
SEANCE UU lO JANVIER ipio. I I C)
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la préscnre dans le lait de vache d une
anaéroxydase el d'une calalase. Note de M. J. Sakthou, présenlre
par M. Dastre.
D'après MM. Bordas el Touplain, la caséine insoluble du lail a la pro-
priété de décomposer H-0- et, par suite, de produire l'oxydation de la
paraphénylènediaminc (').
Dans les Comptes rendus du 8 novembre, je n'ai pas relevé cette action
catalytique de la caséine.
La propriété de décomposer li-O" que les auteurs attribuent à la caséine
n'appartient pas à ce corps, mais à un mélange de catalase physiologique et
de catalase bactérienne; cette dernière sécrétée parles bacilles lacli(jues qui
sont ensemencés dans tout lait laissé quelques instants au contact des
germes de l'air.
On le démontre facilement.
(') Dans les Comptes tendus du 29 novembre dernier, MM. Bordas el Toii|)lain
écrivent :
« M. Saillioii, tout en reconnaissant, comme nous l'avions démontré, que la caséine
ou, plus vraisemblablement, le caséinate de chaux, décomposait H-0-, et non oxydait
la paraphénylènediamine, comme nous le fait dire l'auteur de la Note.... »
Il y a là une confusion facile à dissiper.
J'ai écrit, en effet {Comptes rendus, S nov.) : « Il ne reste plus sur le filtre que la
caséine et la catalase; cette caséine insoluble, en suspension, etc. »
Elle décompose l'eau oxygénée. C'est du mélange de caséine el de calalase que je
parle. Je ne décris, en effet, aucun procédé de sépaialion des deux principes qui
permette de penser autrement.
MM. Bordas el Touplain protestent paice que je leur fais dire que la caséine oxyde
la paraphénylène diamine. Je n'avais pas cru indispensable de mentionner la décom-
position de ll-O'. Toutes les réactions qui nous occupent ne se font qu'en sa j^résence
et grâce à sa décomposition visible ou invisible; elles sont tellement classiques que je
ne pouvais pas penser qu'il pût y avoir un doute. D'ailleurs, MM. Bordas et Touplain
eux-mêmes, dans leur Note des Annales des falsifications du 7 mai (dernières lignes
de la page iq'\), qui n'est que la répétition des Comptes rendus, n'écrivent-ils pas :
« Broyé dans quelques centimètres cubes d'eau, chaude de préférence, de manière à
gonfler la caséine, le produit donne une réaction positive à la paraphénylène-
diamine, el, de plus, nous avons constaté une décomposition très vive de H-0- par
le dégagement d'oxygène formant de nombreuses bulles à la surface du produit
«ssayé. »
I20 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La catalase physiologitjue existe :
Si Ton met dans un iiréomètre ^o*^'"' de lail liait au moment nit'me et lo''™" de H'^0^
que l'on agile à plusieurs reprises, on constate après 20 minutes un dégag_ement
d'owgène variant de o''"'' à n'""'.
La calalase Laclérienne existe également :
Stérilisons dii lait pai- la chaleur; il perd la propriété de décomposer H'O-. Si l'on
ensemence ce lail avec du bacille lactique, en prenant toutes les précautions usitées
en bactériologie, on constate qu'il se coagule el qu'il acquiert des piopriétés cata-
ly tiques qui peuvent être considérables; tout dépend de la race du bacille lactique
ensemencé.
Cultivé sur lactosérum stérilisé, ce bacille sy développe en cultures très épaisses
qui décomposent tumultueusement H-0-.
Ce n'est donc pas la caséine insoluble ou le caséinale de chaux qui, dans
les expériences de MM. Bordas etTouplain, décomposent H-Q-, mais bien
les bacilles lactiques ensemencés dans le lait cru qui résistent au traitement
de la caséine par l'alcool et l'étlier. ,1e ne fais pas entrer en ligne la calalase
physiologique, qui est toujours en très petite qijantité.
Une autre preuve de la présence de la catalase bactérienne réside dans le
fait stiivant :
Qu'on laisse 48 lieures au contact de l'air, à une température de 26° par exemple,
du lait nouvellement trait dont on aura dosé la catalase physiologique. Qu'on titre
après ce laps de temps le pouvoir catalytique du lait; il sera devenu considérable, les
bactéries lactiques ayant considérablement pullulé sous l'influence de la température.
La caséine n'a cependant pas augmenté.
Si, dans leurs expériences, les auteurs retrouvent dans les laits cuits celte
même propriété décomposante vis-à-vis de H'-O'-', c'esl que ces laits s'ense-
mencent de nouveau à l'air. Dans ce cas, le pouvoir catalylique est exclusi-
vement dît à la catalase bactérienne.
En second lieu, l'oxygène dégagé dans ces conditions est sans action sur
la paraphénylènediamine : c'est de l'oxygène inactif, contrairement à l'oxy-
gène actif <{ui provient de la décomposition sans dégagement visible de l'eau
oxygénée par les enzymes oxydants, en l'espèce par l'anaéroxydase.
Prenons du lait cuit ensemencé par du bacille lactique. Il décompose
abondamment H-Q-, mais ne colore ni la paraphénylènediamine (' ), ni
le gaïacol.
(') J'entends la coloration instantanée, comme celle qui se produit dans les laits
crus. La caséine sous certains états physiques peut, en effet, colorer la paraphénylène
SÉANCE DU lO JANVIER IQIO. 121
Des cultures sur laclosérum stérilisé par la chaleur décomposent de
même H-O^, mais n'oxydent en aucune l'aeon les réactifs.
L'oxygène visible se dégageant en bulles dans l'expérience de MM. Bordas
et Touplain n'a donc aucune action oxydante.
Nous croyons, en résumé, avoir suffisamment démontré que :
1° La caséine insoluble ne jouit d'aucune propriété calalylique;
2° L'action catalytique mentionnée par MM. Bordas et Touplain est due
à des ferments lactiques;
3" L'oxydation des réactifs facilement oxydables n'est pas sous la dépen-
dance de l'oxygène visible provenant de la décomposition de H-0'- par les
bactéries.
ZOOLOGIE. — Sur la slructure des protubérances èpidermiques de certains
Aniphibiens urodèles et sur leurs affinités morphologiques avec tes poils.
Note de M. Loins Roui.e, présentée par M. Edmond Perrier.
J'ai fait allusion, dans une (Communication précédente (séance du 6 dé-
cembre 1909), consacrée à la distribution géographique des Amphibiens
urodèles du genre Euproctus (iéné, aux papilles èpidermiques de ces der-
niers. La structure de ces protubérances a été étudiée par plusieurs auteurs,
notamment par Wiedersheim et par Lessona. Ces recherches, incomplètes
sur plusieurs particularités intéressantes, n'en font point ressortir le côté
important, à savoir une remarquable ressemblance avec les poils des Mam-
mifères quant à la disposition générale et à la composition histologique.
Ces proluliéraiices recouvrent le corps entier; elles sont pourlanl plus nombreuses
sur les régions dorsales et latérales que sur les autres. Leur distribution ne montre
aucune obligation particulière de dessin ni d'ornement ; elle est totale. Ces excrois-
sances mesurent un quart à un demi-millimètre de hauteur; leurs intervalles comptent
jmm à 3'ui>i^ rarement davantage. Chacune a l'aspect d'un cône, dont la large base s'at-
tache aux téguments, dont le sommet, pointu et solide, tranche sur l'ensemble par
sa teinte noire ou brun foncé.
Toutes ont une structure identique. Chaque protubérance olîre deux couches, l'une
diamine sous l'influence de II-O^. Que l'on mette sur du papier à filtrer, sur de la
ponce, comme l'ont fait MM. Bordas et Touplain, une goutte de H-0^ puis une goutte
de réactif de Storch, et il se développe à peu près instantanément la coloration bleu
indigo, caractéristique de l'oxydation. La paraphénylène ne doit donc être employée
dans la recherche des ferments qu'avec beaucoup de circonspection.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. lôO, N-Z.) 16
122 ACADEMIE DES SCIENCES.
siiperlicielle el enveloppante, l'iiulre centrale; les seuls noms qui conviennent pour
désigner ces assises sont, comme à l'égard des poils, ceux d'écorce el de moelle.
L'écorce consiste en une lame de cellules aplaties, dont le noyau a disparu ou est en
voie de disparition, dont le cytoplasme est fortement pigmenté; elle se continue, vers
la base de l'éminence, avec la couche cornée, plus mince encore, de l'épiderme nor-
mal. La moelle se compose de cellules polyédriques, non ])igmenlées, semblables à
celles de l'épiderme ordinaire, et ne dilTérant de ces dernières que par leur assem-
blage en plus grand nombre, comme par leur groupement en un organe surtout étiré
en hauteur.
Toutes proportions gardées, la ressemblance de ces appareils aux poils
est fra})pantc cpanl à la structure histologique. La seule difi'érence qualita-
tive concerne les follicules d'implantation, présents chez ceux-ci, absents
chez ceux-là. Ce n'est point le lieu de discuter en détail ces concordances
ou ces dissemblances, d'évaluer leur portée, en se demandant si elles
résultent d'une convergence secondaire, ou si elles sont essentielles et pri-
mitives, l'absence de complication dans le cas le plus simple tenant aux
conditions mécaniques liées à la petitesse de l'appareil. Les relations avec
les glandes tégumentaires mériteraient, en outre, de s'examiner. Sans aller
aussi loin, je terminerai en exposant les conclusions qui découlent de mes
observations.
On a l'habitude de décrii*e les Amphibiens comme privés, sauf les
écailles des Gy"iiiophiones, d'appendices tégumentaires du type des
phanères. On fait même de cette privation un caractère de la classe, en
l'opposant à la richesse du système glandulaire de la peau. Ceci n'est point
exact. Les papilles el verrues de nombreux Amphibiens ne méritent guère,
il est vrai, le titre de phanères, car elles n'ont aucune individualité, et cor-
respondent seulement à des saillies intéressant à la fois toutes les couches
tégumentaires; mais non les protubérances épideriniques mises ici en cause,
nettement individualisées et spécialisées. Du reste, ces dernières existent
aussi chez d'autres genres voisins à''Euproctus, tels que Pleurodeles.
Les théories proposées au sujet de la phylogénie des poils sont nom-
breuses. On a rapproché successivement ces organes: i" des écailles pla-
coïdes des Sélaciens et, par là, des dents; 2" des écailles cornées des Rep-
tiles el, par là, des plumes; 3° d'excroissances cutanées semblables à celles
que portent divers Poissons; 4" des corpuscules sensilifs tégumentaires de
la ligne latérale des larves d'Amphibiens.
A mon avis, ces diverses opinions sont pou acceptables. Les véritables
affinités naturelles des poils paraissent plutôt lournées vers des phanères
strictement épidermlques, implantés sur les téguments au lieu d'être inclus,
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. 123
de distribulion générale et non localisés, c'est-à-dire vers des appareils
comparables aux protubérances dont il est ici question. La rareté de ces
dernières ne saurait créer une objection; les organes représentatifs ne sont
pas forcément fréquents; et, du reste, les Amphibiens ainsi pourvus mon-
trent, par leur distribution géographique, qu'ils sont d'une grande an-
cienneté.
Les hypothèses relatives à la phylogénie des Mammifères ne sont guère
envisagées qu'à l'aide déconsidérations ostéologiques : les relations les plus
directes de la classe semblent dirigées vers les Reptiles primitifs du groupe
des Théromorphes. Les considérations, tirées du revêtement pileux si carac-
téristique, peuvent désormais entrer en compte, grâce à cette notion des
protubérances épidermiqucs d'Amphibiens. Certains groupes importants
des Reptiles anciens, les Ichthyosauriens par exemple, avaient la peau nue.
n est permis d'en conclure, considérant à la fois les Amphibiens actuels et
ces êtres disparus, que, en l'absence d'écaillés et de squelette dermique, de
telles protubérances pouvaient recouvrir les téguments de certains des pre-
miers Vertébrés adaptés à la respiration aérienne, et donner ainsi la base
organique d'oi'i les poils sont issus.
HISTOLOGIE. — Sur une nouvelle formation de la gaine de myéline : le double
bracelet épineux de Vélranglenu'nl annulaire. Note de M. J. Nageotte,
présentée par M. Henneguy.
L'étude des fibres à myéline, poursuivie au point de vue de la recherche
histologique des composants lipoides, m'a permis d'observer quelques faits,
dont les uns sont nouveaux et dont les autres viennent compléter les notions
classiques.
La présente Note est consacrée à la description d'une formation périaxile,
située au niveau des étranglements annulaires dans le système nerveux cen-
tral et dans les nerfs périphériques, à laquelle je propose de donner le
nom de double bracelet épineux.
Cette structure se colore sans difficulté par la technique d'Altmann, après
fixation au bichromate de potasse. Elle est formée d'une grande quantité
d'épines qui entourent le cylindraxe sur une certaine étendue au-dessus et
au-dessous de l'étranglement annulaire. La portion de cylindraxe embrassée
est rètrécie et régulièrement calibrée; au delà, on observe habituellement un
léger renflement et l'axone prend l'aspect irrégulier qu'il doit aux fixateurs.
124 ACADÉMIK DES SCIENCES.
Les épines sont régulièrement disposées en cercles parallèles; leurs pointes
se recourbent dans la direction du segment interannulaire auquel elles
appartiennent; leur longueur est à peu près uniforme, pourtant on en voit
souvent deux ou trois qui dépassent le rang et s'allongent pour se terminer
dans l'épaisseur de la myéline, soit par une pointe effilée, soit par une petite
nodosité. En plusieurs points il m'a semblé voir un filament incolore pro-
longer ces épines, qui ne sont peut-être que les pièces basales d'une structure
filamenteuse plus étendue. La trace de l'étranglement est marquée par un
espace clair qui partage en deux moitiés égales le cylindre épineux ainsi
formé. Dans les nerfs périphériques et dans les gros tubes de la substance
blanche de la moelle, cet espace est très étroit; dans les petites fibres des
centres il peut s'agrandir beaucoup. Le point de départ des collatérales dans
la moelle qui, comme on le sait, se trouve au niveau d'un étranglement, est
indiqué par la rencontre de trois bracelets simples.
2r/^
Tubes nerveux du Cobaye : a, Ij, fibres ilu sciatique, fixées au bichromate de potasse et colorées
par la technique d'AlLuuinn; c, </, fibres des cordons latéraux de la moelle, fixées et colorées de
même; e, fibre du sciatique observée à l'état vivant, au niveau d'un étranglement annulaire;
/', libre semblable, observée de même, au niveau d'une incisurc de .Schmidt-Lanlermann (obj.
apoclir. Zeiss, :>."""; ouv. i,'i"; oc. comp. S).
Cyl. axe, cvlindraxe: nty., i^aine de myéline: et., étriiii^iciMcnt iiiiniilairc; inc, incisure de Sclimiilt-
Laiitermann.
La ligure ci-dessus représente des tubes nerveux de (Cobaye dessinés à la
chambre claire, à un grossissement de 1200 diamètres : en a, on voit un gros
tube du sciatique, dessiné en mettant au point seulement le plan axial; dans
la fibre 6, le double bracelet a été dessiné dans son ensemble, en mettant au
SÉANCE DU lO JANVIER I910. 123
point tous les plans successivement; c et d sont deux fibres, grosse et fine,
des cordons latéraux de la moelle. On remarquera que la hauteur de chaque
portion du double bracelet est sensiblement égale à l'épaisseur qu'a prise la
gaine de myéline sous l'influence des réactifs ; c'est là un point à noter.
Pour comprendre exactement la signification de cette structure, il faut se reporter,
d'une part, à l'image fournie par le tube nerveux, vivant et, d'autre part, à la notion de
la structure lamelleuse de la myéline.
A l'état vivant on sait que le cylindraxe, dans toute l'étendue du segment inleran-
nulaire, est régulièrement calibré et beaucoup plus volumineux qu'après fixation au
bichromate. On sait aussi qu'il présente un rétrécissement sur une certaine hauteur, au
niveau de l'étranglement annulaire (fibre e de la ligure). Un examen attentif m'a montré
que la hauteur du rétrécissement, de part et d'autre de l'étranglement, est rigoureu-
sement égale à l'épaisseur de la gaine de myéline. Vue en coupe optique suivant un plan
axial, la couche de myéline, au voisinage de l'étranglement, se recourbe, comme sous
l'influence d'un emboutissage ; elle décrit un quart de cercle pour venir tomber nor-
malement sur le cylindraxe au niveau de sa portion rétrécie. Il s'ensuit que les rapports
de l'axone avec la gaine de myéline ne sont pas les mêmes dans le segment interan-
nulaire et dans la portion rétrécie; dans le premier, l'axone est en contact avec la
face interne de la gaine; dans la seconde, il adhère à une section transversale de cette
gaine. Cette différence se traduit à l'œil par le contraste qui existe entre la netteté de
la ligne de séparation, au niveau du segment interannulaire, et la difficulté qu'on
éprouve à distinguer l'axone de sa gaine, au niveau du point rétréci. Par l'eflel des
réactifs le cylindraxe se rétracte beaucoup dans sa portion interannulaire, tandis qu'il
change peu au niveau de son rétrécissement ; la gaine de myéline se gonlle notablement
et l'on voit la hauteur de la portion rétrécie du cylindraxe's'allonger d'autant, si bien
qu'elle reste toujours égale à l'épaisseur acquise par la gaine de myéline.
De ce qui précède je crois pouvoir conclure que le double bracelet
épineux siège au point de contact entre la portion rétrécie du cylindraxe et
une surface de la gaine de myéline qui répond à une section normale
devenue, par suite d'une inflexion, parallèle à l'axe de la fibre. L'ensemble
de cette disposition ne se comprendrait pas si la myéline était une substance
amorphe. En réalité sa structure est fort complexe ; elle contient des forma-
tions radiées, découvertes par Stilling, Lantermann et étudiées par les auteurs
récents, dans lesquelles j'ai démontré l'existence de nombreuses mitochon-
dries transversales; mais d'autre part elle se décompose souvent, après
fixation, en lamelles concentriques. Or l'examen attentif, pratiqué à l'état
vivant, permet d'aflirmer que cette structure feuilletée préexiste à l'action
des réactifs.
En elTet, si l'on examine les fibres en des points où elles ont été légèrement tiraillées,
sans avoir subi d'autre défoimation de leur myéline ou de leur cylindraxe, on constate
126 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'au niveau des incisurês de Sclimidt-Lanlermann les lamelles se sont disjointes,
comme s'il s'était produit un léger glissement au niveau de leur insertion sur la mem-
brane des incisurês; cet aspect, connu après fixation par divers réactifs, et attribué
généralement à un pur artifice, s'observe très nettement dans les fibres vivantes
(fibre /■ de la figure).
D'autre part il se produit souvent, dans les mêmes conditions et par le même
mécanisme, au niveau des portions rétrécies de l'axone, de petites fissures parallèles
qui partent de l'axone perpendiculairement pour s'étendre plus ou moins loin dans
l'épaisseur de la couche de myéline, en suivant ses inflexions ; cet aspect est figuré
dans la fibre e, au degré le moins accusé qu'il puisse présenter; il résulte de l'écarte-
nient des lamelles tiraillées au niveau de leur insertion sur le cylindraxe et exclut
toute supposition de précipité périodique, puisqu'en ce point le clivage se montre
perpendiculaire à une surface de la mjéline. •
En dernière analyse, je me trouve amené à considérer les rangées d'épines
des doubles bracelets périaxiles comme étant en rapport avec la disposition
feuilletée de la myéline, sans qu'il me soit permis de préciser davantage
pour l'instant.
HISTOLOGIE. — Sur la structure des cellules nerveuses ganglionnaires de la
moelle amyélinique des Gycloslomes. Note de M. J. Mawas, présentée par
M. Henneguy.
Mes recherches ont porté sur des moelles de Petromyzon marinus Lin. et
ai Ammoeeies hranchialis Bloch. fixées et colorées par différentes méthodes.
J'ai spécialement en vue dans cette Note l'étude des fragments fixés par le
bichromate-formol, suivi d'un long mordançage dans le bichromate de po-
tasse, avec coloration successive par l'hématoxyline au fer et le picropon-
ceau. Ce procédé, qu'a fait connaître mon maître, M. Regaud (1908-1909),
fixe admirablement le cytoplasma des cellules nerveuses de la grande Lam-
proie {Petroniyzon mar.), et il permet la mise en évidence de nombreux
détails et d'inclusions protoplasmiques, du plus haut intérêt.
Les cellules ganglionnaires de la moelle de l'animal adulte peuvent être
divisées en deux groupes : les grosses cellules nerveuses et les petites. Je
décrirai, pour chacun de ces deux groupes, d'abord le noyau, puis le proto-
plasma.
a. Petites cellules nerveuses. — Le noyau de ces cellules n'offre rien de particulier
à signaler, sinon un ou deux gros nucléoles se colorant intensément en noir par l'hé-
matoxyline. Leur position est très variable dans le noyau; le nucléole peut soulever
la membrane nucléaire et faire hernie dans le cytoplasma. Le protoplasme dans sa
majeure partie est rempli par une série de formations filamento-granuleuses, à direc-
SEANCE DU lO JANVIER 1910. I27
lion géuérale concentrique par rapport au noyau. Les granulations sont très fines,
rondes et paraissant liomogènes. Les filaments, comme les granulations, sont élecli-
vement coloérs en noir par riiémaloxyline.
b. Grosses cellules nerveuses. — Les grosses cellules nerveuses ont un noyau qui
ressemble de tout point à celui des petites cellules. Il n'en est pas de même de la
structure du protoplasma.
Déjà à un faible grossissement, le jJ'Otoplasma de ces cellules apparaît comme
moins dense, moins coloré que le précédent. En eft'et, ici point de formations fila-
mento-granuleuses, denses et serrées, occupant la majeure partie du protoplasma :
mais des vésicules, dont le centre est gris clair et l'écorce très colorée en noir. Ces
vésicules sont de beaucoup plus considérables que les fines granulations qu'on
voit dans les autres cellules. Elles sont le plus souvent arrondies.
C'est autour et dans. le voisinage du noyau qu'elles sont le plus nombreuses. Les
prolon;;emenls dendritiques en contiennent aussi, mais peut-être en moindre quantité.
Cela varie d'ailleurs suivant l'élément qu'on considère. Quoi qu'il en soit, leur position
est à ce niveau caractéristique; elle est ordonnée par rapport au grand axe du
prolongement dendritique. Bien plus, les vésicules s'allongent et s'étirent de façon à
simuler un bâtonnet plus ou moins trapu, sanspour cela perdre leur aspect vésiculaire.
Leur distribution n'est pas indillérente, ni partout égale : certains points du prolon-
gement dendritique en sont plus richement pourvus que d'autres. Après une première
dicliotomie du dendrite, et même à la périphérie de la moelle, loin de toute cellule
ganglionnaire, les prolongements protoplasmiques contiennent de ces mêmes forma-
tions vésiculeuses. Cependant, là, leur nombre commence à diminuer. Far endroits,
elles ont complètement disparu. En leurs lieu et place, et présentant la même orien-
tation, apparaissent des formations filamenteuses et de très fines granulations, colorées
également en noir par l'hèmato\\ iiiie au fer.
Quelle est la signitication et l'iniportauce de ces formations ?
En ce qui concerne les rilanient.«i et les grains des petites cellules nerveuses,
je crois qu'il s'agit bien ici de formations mitochondriales, comparables à
celles décrites par Allmann, Held, Levi, Meves, Nageotle dans d'autres
cellules nerveuses. Chez les Gyclostomes, elles sontexclusivementcanlonnées
dans les petites cellules. Quant aux autres inclusions que je viens de décrire,
les vésicules, leur présence n'a pas encore été signalée, Ces formations
vésiculeuses sont extrêmement solubles dans les réactifs ; un niordançage
prolongé dans le bichromate est nécessaire pour les insolubiliser et permettre
leur coloration sur coupe. Ces vésicules se colorent comme les mitochondries,
elles sont imprégnées de la même substance labile ; ce sont des enclaves, des
vésicules lipoïdes, comparables à celles découvertes et décrites par mon
maître, M. Regaud, dans le testicule, et qu'on trouve dans d'autres organes.
Leur présence dans la cellule nerveuse, et en nombre plus grand que partout
ailleurs, est très importante à noter, à cause précisément du rôle que jouent
les lipoïdes dans la physiologie et la pathologie de la cellule nerveuse.
128 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — linmitnisalion contre le cancer de la souris
inoculée avec des tumeurs modifiées par les rayons X. Note (') de
M. A. CoxTAJiix, présentée par M. Bouchard.
Nous avons vu, après de nombreux autres expérimentateurs, qu'une
souris, qui a résorbé spontanément sa tumeur, est immunisée vis-à-vis
d'une seconde inoculation (de la même tumeur).
Des expériences personnelles nous ont montré que la résorption, arlili-
ciellement provoquée par les rayons X (-), entraîne la même immuni-
sation.
Nous avons employé : soit la tumeur en voie de résorption sur la souris,
après irradiation de celle-ci, soit les cellules cancéreuses irradiées après
ablation de la tumeur.
Quand nous avons utilisé une tumeur en voie de résorption sur la souris,
nous avons eu des résultats inconstants; parfois, il y avait développement
de tumeur presque aussi prolifique qu'après inoculation de cellules
intactes.
Il est préférable d'utiliser des tumeurs irradiées après ablation, l'irradia-
tion étant ainsi plus facilement obtenue de façon uniforme.
Exemple :
Nous prenons les i5 souris du premier lot de l'expérience précédem-
ment relatée, pesant 240^. Nous les inoculons, ainsi que ij souris témoins
pesant 227^. 21 jours api'ès, les souris du premier lot pèsent 270^, avec
trois succès seulement sur i^ ; les souris témoins pèsent 36o^ avec 12 succès
sur i5. Le premier lot était donc en jurande partie immunisé.
Lorsque les tumeurs étaient étalées sur lame de plomb ou placées dans
un mortier de porcelaine, pour l'irradiation, leur inoculation n'a produit ni
développement de tumeur, ni plastron, ni immunité (probablement par
excès d'action dû aux rayons secondaires).
Dans un lot, nous avons même obtenu une hypersensibilité à l'inoculation
ultérieure.
En résumé :
i" Une souris cancéreuse, dont la tumeur s'est résorbée sous l'influence
des rayons X, est immunisée.
(') Présentée dans la séance du 27 décembre 1909.
(') A. CoNTAMiN, Hayons A! et souris cancéreuses {Comptes rendus. 27 dé-
cembre 1909).
SÉANCE UU lO JANVlKli I<)Io. l ..(j
2° L'iiioculalion d'une lumen f en voie de ivsorplion sur ranimai, ou
mieux d'une lumeur irradiée après ablation, peut également provoquer
l'immunilé.
3° Le mode et la puissance de* l'irradiation ont une grande imporlance,
puisqu'une irradiation trop intense peut neutraliser le pouvoir imnuuiisant,
ou même le transformer en pouvoir favorisant.
MÉCANIQUE ANIMALE. — Sur les inclinaisons du voile de l'aile de l'insecte
pendant le roi. Note de M. L. Bull, présentée par M. A. Dastre.
J'ai montré dans une Note antérieure (') la trajectoiredécrilepar laile de
l'insecte et les difïérentes inclinaisons du voile pendant les premiers instants
du vol. Dans la présente Note je chercherai à mettre en lumière la cause à
laquelle il faut attribuer ces changements d'inclinaison.
Ces changements ne sont certainement pas dus, comme le pensait
Marey (^), à la résistance de l'air seule agissant sur une surface à bord pos-
térieur flexible animée d'un simple mouvement de va-el-vient. Cette hypo-
thèse se trouverait vérifiée si le voile présentait une forme convexe dans le
sens du mouvement. Or il n'en est rien ; les photographies montrent au
contraire que le voile est concave. L'aile est d'une très grande rigidité pen-
dant tout son mouvement; ce n'est qu'à un seul moment de sa révolution,
celui où elle commence son mouvement de retour en arrière et où elle parait
éprouver une résistance considérable, qu'on observe une certaine flexion.
De plus, le moment le plus efficace du coup d'aile n'est pas au milieu de
chacune de ses phases, où il se trouverait évidemment dans le cas d'une incli-
naison passive du voile de l'aile. Les mesures efléctuées sur les images
photographiques montrent que, dans une révolution complète, le maximum
de vitesse ascensionnelle du corps de l'insecte, ainsi qu'un accroissement
notable de sa vitesse horizontale, s'observent toujours, du moins chez
l'Agrion, à la fin de la phase d'abaissement des ailes, lorsqu'elles contournent
la boucle inférieure de leur trajectoire. C'est alors que le voile de l'aile montre
la flexion et l'aspect tordu dont j'ai déjà parlé.
- Ces divers effets ne peuvent résulter que d'une action à ce moment plus
(' ) Bull, Recherches sur le vol de l'insecte {Comptes rendus, 22 novemlne 1909).
(') Maruv, Reproduction mécanique du vol des insectes {Comptes rendus,
i5 mars 1869).
G. R., 1910, I" Semestre. {T. 150, N" 2.) ^7
i3o
ACADEMIE DES SCIENCES.
énergique de la pai't de riusecte, car à rcxlrémité supérieure deleur trajec-
toire les ailes renversent leur mouvement sans montrer aucun effet analogue ;
le voile paraît tout à fait plan pendant qu'il change d'inclinaison en ce point.
Pourni'assurer que Tinsecle était capable de donner aux plans de ses ailes,
en dehors de toute action de l'air, ces différentes inclinaisons, j'ai fait l'ex-
périence suivante :
J'ai coupé à une Tipule, fixée devant l'apjiareil clironopliologiapliique. les sept
liuitièmes environ de la longueur de chaque aile. En excitant riusecte, j'ai provoqué
le battement de ses moignons et j'ai constaté sur les photographies prises pendant le
mouvement que, malgré cette suppression presque totale du voile, les inclinaisons de la
petite portion qui restait, au lieu de diminuer, s'accentuaient davantage.
J'ai eu d'ailleurs l'occasion d'obseiver, sur une série d'images d'un Agrion volant en
arrière et vers le haut, la part active que prend l'insecte en liberté aux changements
d'inclinaison du voile de ses ailes (voir la figure). On voit d'abord (pic l'animal incline
l'axe de son corps de lai-oii à rendre liorizonlalo la li aject<iiie de ses ailes. S'il n'appor-
tait aucune part active aux changements d'inclinaison du voile, celui-ci serait incliné
pendant chaque phase du baltomciU comme il l'est pendant le \ol horizontal en
SÉANCE DU lO JAîfVIEB IQIO. l3l
avant ('), c'est-à-dire à 4'^'' environ sur la direction de la trajectoire. L'action de la
résistance de l'air sur des surfaces inclinées de celte façon a pour effet probable de dirii;er
le vol verticalement vers le haut. Mais l'examen attentif des épreuves montre que pendant
le mouvement d'arrière en avant de l'aile, son plan se rapproche beaucoup plus de la
verticale que pendant son retour d'avant en arrière. Grâce à cette modification l'insecte,
tout en conservant un mouvement ascensionnel, se déplace vers l'arrière.
Quand l'insecte vole en arrière sans déplacer sensiblement l'axe de son corps, ce
qu'on voit souvent chez les Hyménoptères et chez les Libellules, ces modificalions de
l'inclinaison du plan doivent certainement s'accentuer davantage.
Ces expériences m'ont convaincu que c'est l'insecle lui-même qui déter-
mine l'inclinaison du plan de ses ailes et qu'il la modifie à volonté selon ses
besoins. C'est ainsi qu'il règle en majeure partie la direction de son vol, sa
stalnlité et aussi sa vitesse; car, à l'état normal l'insecte ne varie que dans
de faibles limites la fréquence de ses battements d'aile.
MÈDTXINE. — Reclierclies sur la paralysie infantile expérimentale. Note
do MM. C. Levaditi et K. Laxdstei.ver, présentée par M. E. l{oux.
Nous résumons dans la présente Note quelques nouveaux faits concer-
nant l'étude expérimenlale de la paralysie infantile (-).
1° Conservalion du finis dans la glycérine. — Dans des recherches antérieures,
nous a\ûns montré que le virus (fragments de moelle) conservé dans de la glycérine
(i partie poui' 2 parties d'eau salée) garde son activité au moins pendant 7 jours
(température de la glacière). J\ous ayons constaté depuis que cette conservation peut
durer 20 et 17. jours auinoins {Rhésus 45, reçoit en injection cérébrale et périlonéale
la moelle de Rhésus L. gardée dans de la glycérine pendant 20 jours; il se paralyse après
10 jours d'incubation; Rhésus 34, reçoit la moelle du Mandril 1, conservée pendant
22 jours ; paralysie le onzième jour).
2" Vaccination préventive. — Des moelles conservées d'après le procédé de Pasteur,
appliqué à la rage, sont triturées, additionnées d'eau salée et injectées sous la peau à la
dose de 2"^"'°, journellement. Les Rhésus 37 et 36 reçoivent du 3 au 10 décembre :
moelles de 9 jours, 9 jours, (5 jouis, 6 jours, 5 jours, 5 jours, /J jours, 3 jours.
Le Rliesus 37 est infecté en même temps que le témoin Cercopith. 51 (injection
dans le cei'veau et le péritoine) 10 jours après la dernière injection vaccinante.
Le témoin est paralysé le douzième jour et est mourant 3 jours après; le vacciné a
(') Une mauvaise orientation de la figure insérée dans ma Note du 22 novembre
représente la direction du vol comme ascendante, tandis qu'elle doit être horizontale.
(') Comptes rendus de la Société de Biologie, tgog, séances du 27 novembre et du
18 décembre; Comptes rendus, 3 janvier 1910.
1.12 ACADEMIE DES SCIENCES.
supporté sans troubles apparents rinoculation d'épreuve. — Le li/iesi/s 'Mi e^l infecté en
même temps que le témoin Cynoinolg. 39, 19 jours nprès la dernière inoculation
vaccinante. Le témoin est paralysé après une inculiation de '\ jours el est mourant le
lendemain ; le \ acciné ne montrejusquà présent aucun signe morbide.
// en résulte que la raccination préventive des animaux-, au mi»c/i des moelles
desséchées, est possible. Ajoutons que ces moelles sont virulentes en Injertion
intra-céréhrale; la plus ancienne d'entre elles, celle de neuf Jours, a conféré
la maladie à un singe, comme nous l'avons déjà dit antérieurement (' j.
Nous avons tenté de vacciner deux animaux en leur injeclant sous la
peau des émulsions de moelles d'animaux infeetés, préalablement chauffées
à 5(.)" pendant Jo minutes. Celle tentative a complèlemenl ('clioué ( -).
l'ATHOLOGllî. — Sur un nouveau spirille du Cercopilliecus patas. Note de
MM. A. TuiRoux et W. Oufouoerk, présentée par M. I.averan.
On a décrit jusqu'à ce jour de très nomlireuses spirilloses sanguines :
spirilloses de l'homme (fièvre récurrente, tick fever), du surmulot, du
bandicot (Indes anglaises), delà souris, de la chauve-souris, du bœuf, du
mouton, du cheval, ainsi que d'oiseaux divers (oies, poules, etc.) et d'un
(') L.vxnSTEi-NEii et Lf.vaditi, Comptes letulus de la Société de Bioloi;ie, séance du
18 décembre 1909.
(-) Une Note de NLVf. Flyxner et Lewis (7V(e Joiirn. of amerie. .l.ssoc, i'''jan-
\ier 1910). concerjianl des tentatives de culture du microbe liltrant de la poliomvélite
aigué, me détermine à rapporter les essais que j'ai faits dans la même direction, l'n
filtrat sur Beikefeld, ayant conféré la maladie à un Callitrich.. a été additionné de
bouillon el conservé i5 jours à 38°. A ce moment il paraît légèrement louche.
Une portion est ensemencée dans un mélange de bouillon et de séium de singe
et placée à l'étuve; une autre partie estinnoculée au Sinicus 12. L'animal est paralysé
le vingtième jour et sa moelle montre des lésions typiques. Le virus s'est donc conservé
jjendanl i5 jours à la température du thermostat. Quant ;\u tube jiouiilon-sérum de
deuxième ensemencement, ils'esl troublé le di.i ièinejour. |)eu\ passages ultérieurs sur
le même milieu (sérum de singe ou de lapin) ont également provoqué un trouble, mais
moins apparent que la première fols. L'examen microscopique, fait d'après les pro-
cédés ordinaires, ne révèle la présence d'aucun microorganisme bien défini et l'ense-
mencement sur gélose ou bouillon est resté stérile. Toutefois, eu me servant de la
méthode de Liifller, appliquée suivant les indications de Boire), j'ai pu déceler des
corpuscules très petits, difficilement colorables, ayant une forme ovalaire. En colo-
rant par la fuchsine diluée, ces corpuscules apparaissent comme de toutes petites
formations ovalaires, claires, entourées d'une zone rougeàtre et disposées parfois
en ama-. Lev.vditi.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. l33
requin. Les spirilloses se retroiivenl dans la série animale à peu près en
aussi grand nombre (jue les trypanosomiases.
(Hiez nn Cercopiilieriis palas pro\enantde Kaycs ( Soudan français) nons
a\()ns reneonlri!' un spirille (|ui se rapproche lieaucoiip, par ses caractères
morphologiques, du s[)irille de la lick fever de l'homme, Spiiillum Ikiiloni.
Il mesure i ^i^ à 20^* do long sur o'', 2,5 de large. Il comprend d'habitude > à
6 tours de spire lâches. On rencontre quelquefois des parasites complète-
ment enroulés sur eux-mêmes ayant l'aspect de cercles fermés, comme cela
s'observe souvenl pour le sj)irille des Rovidi''s (').
ï^a spirillose du C. palax provoque, chez cet animal, une maladie assez grave, carac-
térisée par des accès fébriles irrégnliers, sans que ces accès correspondent à la présence
dans le sang de parasites visibles à l'examen microscopique direct. Dans les intervalles
pendant lesquels les spirilles disparaissent de la circulation, le sang du singe reste
infectant pour les animaux sensibles, souris et rats. L'animal que nous avons eu entre
les mains était atteint d'alrophie du globe oculaire droit avec opacité légère de la
cornée, lésions qui nous avaient fait d'abord penser à l'examiner au point de vue de la
trypanosomiase. Enfin il a présenté, peu de temps après la disparition définitive des
spirilles de son sang, des crises épilepliformes très curieuses, qui nous ont amenés ;i
soupçonner une localisation des parasites dans les méninges, analogue à celle qu'on
observe cliez les malades du sommeil. \ous avons en effet retrouvé chez l'animal
sacrifié des spirilles dans le liquide d'un assez volumineux épanchement de liquide
céphalo-rachidien (10'"'' envii'on) qui rciiiipi imait |i!us spécinlemeiit la face postérieure
de l'hémisphère gauche, épanchenienl qui \\\a\\ pin\of|ur raliophie de Td'il du coté
opposé (<[ les crises épileploides.
Les plissages en si'iie du s[)irille tlu singe se l'ont facilement che/ les souris.
Le parasite apparaît 2 à G jours après l'inoculation. Pendant la période
d'infection, il est presque constamment présent dans le sang; il en disparait
souvenl quelques jours avant la mort, qui se produit au bout de :<'» à
26 jours.
Les rats, MusdecuinanitsaV Mas rattits^ dont nous nous sommes servis vi\enl
mal en captivité cl il est plus difficile de sui\re l'infection chez eux. ils sem-
blent moins sen>il)les à l'iuoculalion t\\\ spirille que les souris, quelques-uns
sont réfraclaires; nous n'avons pas encore réussi à pratiquer chez eux des
injections en série.
L'inoculation aux oiseaux et aux animaux à sang froid (varans, seiqoents)
est restée négative.
Nous proposons de nommer ce nouveau spirille Spinllum pitheci.
(') A. Laverax, Comptes rendus, 20 avrij 1908,
r3/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOLOGIE. — Prolongement des minerais de fer oolithiqite siluriens de la
presqu'île armoricaine sous le Bassin de Paris. Note de M. L. Caveux,
présentée par M. Michel Lévy.
Il est démontré qu'à l'époque silurienne, la mer qui couvrait une grande
partie de l'Europe était limitée à l'Ouest par un continent, situé sur l'em-
placement de l'Atlantique Nord.
Pour la presqu'île armoricaine, en particulier, celte notion ressort avec évidence
des transformations subies par les sédiments siluriens, quand on les suit de l'Est à
l'Ouest. L'accroissement d'épaisseur, parfois considérable, de plusieurs formations
détritiques cambriennes et ordoviciennes, le grand développement des poiidingues de
la base du Gambrien et la disparition progressive des calcaires de la vallée de la Laize,
dans la direction de l'Ouest, sont autant de faits témoignant de l'existence d'un rivage
du côté de l'Atlantique.
Si l'on figure sur une Carte de France, au millionième, les gîtes exploi-
tables ou exploités de minerais de fer oolithique siluriens de la presqu'île
armoricaine, on constate qu'ils se groupent tous en bordure du Bassin
parisien. Il en résulte que les conditions favorables à la genèse des dépôts
qui sont devenus, avec le temps, les minerais de fer que j'ai caractérisés
dans deux Notes récentes, n'ont été réalisées qu'à une grande distance de la
terre ferme. A cet égard, les minerais siluriens se comportent exactement
comme les calcaires de la vallée de la Laize : les uns et les autres se déve-
loppent dans la presqu'île armoricaine, en fonction de l'éloignement des
rivages.
Les sédiments, transformés en minerais de fer, correspondent, au même
titre que les marbres cambriens, à des conditions de sédimentation excep-
tionnelles pour la région considérée. Deux faits indiscutables découlent, en
effet, des recherches auxquelles je me suis livré. Ces dépôts étaient ooli-
thiques à l'origine, et les matériaux détritiques sont restés en moyenne
presque totalement étrangers à leur genèse, alors que tout le Silurien armo-
ricain est d'origine élastique. Ces conditions particulièix^s de sédimentation
ont donné naissance à des calcaires oolithiques à l'époque ordovicienne, à une
grande distance de la côle, comme elles ont engendré des calcaires durant
le Cambrien. Ce sont ces mêmes calcaires oolithiques qui, après de multiples
métamorphoses, sont devenus des minerais oolithiques de composition très
variée.
Il est acquis, en toute hypothèse, que les minerais siluriens en question
sont étroitement cantonnés à l'Est de l'Armoriqueet que certains gîtes sont
SÉANCE DU lO JANVIER 19IO. l35
exploités, ou simplement explorés, sous le bord occidental de la couverlnre
de terrains secondaires du Bassin de Paris.
Où s'arrête le minerai de fer oolithique dans la direction de l'Est ? Il doit
s'étendre bien loin sous le Bassin parisien, si l'opinion que j'ai exprimée
sur la nature première des dépôts ferrugineux est conforme à la vérité. Il y
a même une raison de supposer que son épaisseur est susceptible d'augmen-
ter graduellement, mais jusqu'à une distance inconnue. Je suis guidé en
cela par l'idée théorique suivante : Les minerais dérivent de calcaires. Or
il esl inlînimenl [)rohable que la formation calcaire s'épanouissait vers le
large, el partant que les minerais qui en occupent la place se développent
pareillement dans la même direction. Mon hypothèse est-elle fondée, les
gisements connus ne sont, dans leur ensemble, que l'extrémité de gites qui
ont leur principal développement sous le Bassin de Paris.
Il semble résulter, d'observations que j'ai faites dans la concession de
La Ferrière-aux-Étangs (Orne), que l'enfouissement des minerais, sous une
grande épaisseur de terrains secondaires, n'aui'ait qu'une faible répercussion
sur leur composition. La seule modification notable porterait sur les
substances introduites dans le dépôt par l'intermédiaire des eaux météo-
riques. La quartzification, en particulier, serait faible ou nulle.
Certaines réserves s'imposent, lorsqu'on envisage la question au point de
vue pratique. Il convient de ne chercher le minerai qu'en s'aidanl de toutes
les lumières de la Géologie. Le suivre de pi'oche en proche, dès qu'il
disparait sous les terrains secondaires, est assurément la méthode la moins
faillible. Il faut compter en profondeur avec toutes les dislocations qui
accidentent les bassins de Normandie et avec le relèvement et l'interruption
possibles des synclinaux. L'épaisseur des terrains secondaires à franchir, la
difficulté de déterminer l'emplacement des sondages, etc., doivent égale-
ment entrer en ligne de compte. En formulant ces réserves, mon dessein
n'est point de décourager les velléités de recherches dans le domaine à
explorer, mais d'inviter à la prudence ceux qui seront tentés de s'engager
dans cette voie.
GÉOLOGIE. - Sur la théorie mécanique de l'érosion glaciaire. iNote
de M. E. DE Martonne, présentée par M. Michel Lévy.
On ne peut douter que le travail fourni par un glacier alpin ne soit consi-
ilérable, [)uisqu"il est produit par la force nécessaire à l'élévation de sa masse
à l'altitude moyenne du névé.
l36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous a\ons iiionlré précédenimenl t;Complcs lendiis, 27 décembre 1909) par des
observations faites à rexli'éiiiité de glaciers en voie de recul, que la part qui revient
dans ce travail à l'usure du lit n'est pas nulle, même sous la lanjjue terminale où elle est
très faible, et que la répartition des traces d'érosion semble obéir à une loi indiquant
un rapport entre les possibilités d'usure et la forme du lit. Si nous pouvons démontrer
que cette loi répond aux conditions mécanii[ues du mouvement des glaciers, nous
aurons trouvé le véritable principe de l'érosion glaciaire et déterminé les limites dans
lesquelles elle peut agir comme facteur du modelé terrestre.
Le problème revient à peu près entièrement à déterminer la pari du frottement
contre le lit dans le travail fourni par le glacier et ses variations en fonction des iné-
galités du lit.
Dans le cas d'un solide glissant sous rinlluence de la pesanteur, le frotte-
ment interne est nul ou très réduit par rapport au frottement externe qui est
considérable. Il y a production de chaleur. Il peut y avoir des dislocations
dans le cas de variations de vitesse trop brusques en rapport avec des varia-
tions de pente.
Un lluide parfait s^écoii/ant a un frottement interne considérable, le
frottement externe est très réduit. La production de chaleur est en
raison directe du frottement interne. Il n'y a pas lieu de parler de dislo-
cations.
Nous savons qu'un glacier n'est ni un solide glissant, ni un fluide parfait
s écoulant, mais un Jhiide visqueux, comme les métaux soumis à des pres-
sions très grandes et très prolongées, et que la plasticité de la glace a des
limites, souvent dépassées, comme le prouvent les fentes superficielles et
profondes. Il y a donc dans un glacier un frottement interne considérable;
il y a production de chaleur, qui maintient toute la masse à une tempéra-
ture voisine du point de fusion; il y a des dislocations; il y a enfin frotte-
ment contre le lit. On ne peut nier le frottement contre le lit; ce serait un
paradoxe mécanique. D'autre part, on ne saurait admettre que ce frotte-
ment ait une valeur en rapport avec l'énormité des forces mises en jeu, car
il est limité par le frottement interne, la production de chaleur et les dislo-
cations. Il est donc prudent de se défier de toute théorie géologique qui
accorde aux glaciers un pouvoir d'érosion considérable.
En réalité, l'usure du lit est probablement très lente, mais elle varie très
notablement, comme le frollemcnt qui en esl le principe, suivant la forme
du lit glaciaire lui-même.
Le frottement dépend de la vitesse (ç) et de la pression de la glace, qui,
assimilée à une pression hydrostatique, varie comme le cosinus de la pente
superficielle (cosa), le périmètre du lit (P) et la profondeur (/i). On doit
aussi tenir conq)le de l'adhérence au lit (A) qui dépend des cassures et de
SÉANCE DU lo JANVIER 1910. 1^7
l'épaisseur de la moraine de fond
F =1 gv cosaP/iA.
Les observations faites sur les glaciers alpins permettent de fixer quelques
limites de ces variables et de déterminer l'allure de la courbe exprimant par
suite les variations du frottement.
On ne peut, comme on le fait pour les cours d'eau, négliger la pente superficielle,
qui varie liés notablement suivant les ruptures de pente du profil longitudinal du lit.
Un grand nombre de profils établis d'après les Cartes suisses nous ont donné comme
valeurs extrêmes moj'ennes de la pente superficielle 5 pour 100 et 00 pour 100.
A l'inverse des cours d'eau, la vitesse varie par contre très peu. Une statistique des
observations faites sur les glaciers alpins nous a donné comme valeurs extrêmes
moyennes 10™ et 80'" par an.
La vitesse varie en raison directe de la pente superficielle, sauf aux environs de lu
rimaje et à l'exlrémité de la langue, où l'épaisseur diminue rapidement. En dehors de
ces deux endroits, les variations de c et cosst sont de signe contraire; les lieux d'éro-
sion maximum ne peuvent donc coïncider oi'ec les plus grandes penles.
Les variations de l'épaisseur ne nous sont pas encore bien connues. Nous savons
cependant qu'elle diminue rapidement jusqu'à devenir nulle aux deux exlrémités du
glacier. Il en est de même du périmètre du lit. Nous sommes donc conduit à laisser
hors de considération, comme des lieux de frottement minimum, la langue terminale
et le haut névé. Or, dans ces limites, les variations de la vitesse sont encoie réduites,
sa valeur moyenne ne s'abaissant pas au-dessous de 4o'" i '' "'en est pas de même des
variations de la pente superficielle. On doit en outre noter que l'augmenlalion de la
vitesse se fait sentir en amont des ruptures de pente.
Une construction graphique très simple montrait que, dans ces conditions, les lieux
de frottement maximum doivent être en amont et en aval des ruptures de pente.
La considération de l'adhérence ne saurait modifier cette conclusion. Si nous ne
pouvons fixer exactement les limites de ses variations, nous savons qu'elle varie en
raison inverse de la pente, tant à cause des cassures qu'à cause de la distribution pro-
Ijable de la moraine de fond, et que les deux extrémités du glacier (riniave et langue
terminale) se signalent ])ar un manque d'adhérence très fiappani.
Les variations du profil transversal du lit sont aussi importantes à considérer que
celles du profil longitudinal. L'étude d'un certain nombre de grands glaciers, soit sur
le terrain, soit à l'aide des Cartes suisses, nous a montré que les étranglements ont les
mêmes efiets que les gradins sur le mouvement du glacier : la pente superficielle
diminue à l'amont, augmente à l'aval, les variations de la vitesse s'en déduisent. En
appliquant la formule disculée, on trouve que le frottement atteint sa \aleur maximum
à Tamont et à l'aval des étranglements.
Pour avoir une idée exacte du mécanisme de l'usure du lit, il faut encore tenir
compte, outre le frottement, de la décomposition des roches du lit glaciaire. Il a été
démontré expérimentalement (jue la chaleur produite par le frottement détermine une
fusion temporaire, suivie de regel sur le fond du glacier, et que les variations de tem-
C. a., 1910, I" Semestre. (T. lôO. N- 2.) 18
l38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pcTiUuie ijnl l'ii résulleiil pour les roches en conlacl avec la glace délermineiil une
désagrégation mécanique. Or, la production de clialeur varie comme le frottement
interne, ((ui est, de même que le frottement externe, fonction des inégalités du lit.
• En n'sumé, les lois de l'érosion glaciaire peuvent être ainsi formulées :
ïf au delà (F une certaine pente ^ l'érosion diminue quand la pente augmente ;
i" les lieux d'érosion maximum sont à l'amont et à l'aval des gradins et des
étj-anglements : 3° les parties supérieures du névé et l'extrémité de la langue
sont des lieux d'érosion à peu prés nulle.
On pourrait donner des deux premières lois une expression plus simple
en disant : L'érosion est proportionnelle au retard apporté à la progression du
glacier par les inégalités du lit .
Pour appliquer ces principes aux glaciers alpins, on doit s'imaginer des
vallées modelées par les eaux courantes avec un profil longitudinal irrégulier
et un profil transversal assez variable. Devenue le lit d'un glacier, une
pareille vallée subira forcément une transformation, qui aboutira à l'élabo-
ration de bassins avec contre-pente de part et d'autre des étranglements et
des brisures du prolil longitudinal. On peut tirer de ces considérations une
explication logique de la genèse de toutes les formes caractéristiques des
vallées glaciaires alpines.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la valeur des éléments magnélujues à l' Observa-
toire du Val-Joyeux au i""^' janvier 1910. Note de M. Alfukd Axgot.
Les observations magnétiques organisées en 1901 au Yal-Joyeux et qui
continuent celles du Parc Saint-Maur, ont été faites en 1909 par M. .1. Ilié
avec les mêmes appareils et réduites d'après les mêmes métbodes que celles
des années précédentes.
Les valeurs des éléments magnétiques au i^'' janvier 1910 résultent de
la moyenne des valeurs horaires relevées au magnétographe le 3i dé-
cembre et le i*"" janvier et rapportées à des mesures absolues. La variation
séculaire des divers éléments est déduite de la comparaison entre les valeurs
actuelles et celles qui ont été données pour le i*'' janvier 1909 (').
Il faut remonter jusqu'en 1 883 pour trouver une variation aussi rapide
de la déclinaison, et dans toute la série on ne rencontre aucun groupe de
deux années consécutives qui donne une variation totale aussi grande que
les années 1908 et 1909 (i3',(i5).
{') (^nDiplcs reii'liis. t. CXIjVIII, 1909. p. a"»). ■
SÉANCE l)V lo JANVIER I()IO. l'ig
] aleiirs absolues el vurialion séculaire des éléments inagnéluiues
à l' Obsen'atoire du Val- Joyeux.
Valeurs absolues Variations
pour l'époque 1910,0. séculaires.
Déclinaison (occidentale) i4°2g','55 — 7'. 06
Inclinaison 64° 43', 7 — o', i
Composante horizontale 0,19728 — ^o,oooo5
» verticale 0,41788 — o,oooi5
» nord 0,19101 +0,00006
» ouest 0,04935 ^o, ooo4i
Force totale 0,462 1 1 — 0,00016
La station chi Yal-Joyeux est située à Villepreux ( Seine-et-Oise),
par o°i9'25" de longitude ouest et 4H"l9'i6" de latitude.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur i iiUcnsitc de la pesanteur et ses anomalies à
Bordeaux et dans la région. Note de M. E. Esclangon.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un résumé des observations faites
sur l'intensité de la pesanteur dans la Gironde, au cours de l'été 1909.
Quelques observations anciennes avaient fait soupçonner dans la région
de Bordeaux des anomalies iiuportantes et singulières. M. Picart, directeur
de l'Observatoire de Bordeaux, après avoir consulté M. le colonel Bour-
geois, directeur du Service géodésiquc de l'Armée, ayant décidé, d'accord
avec lui, de faire procéder à de nouvelles recherches par les soins de
l'Observatoire, voulut bien me confier la direction de ces nouvelles déter-
minations qui devaient comprendre le plus grand nombre possible de
stations convenablement réparties dans le département de la Gironde. Il
m'adjoignit, pour me seconder dans cette besogne, pénible et délicate,
M. Stapfer, assistant à l'Observatoire de Bordeaux.
Les expériences, commencées en juillet dernier, ont été poursuivies jusqu'à
fin novembre, époque à laquelle le mauvais temps ne permettait plus que
de rares observations méridiennes; nous avons di'i les interrompre défini-
tivement.
Les instruments et appareils d'observation ont été mis obligeamment â notre dispo-
sition par le Service géodésique de l'Armée. Les méthodes employées sent celles
adoptées dans ce Service, d'après les indications du général Defforges, avec un pendule
symétrique à deux couteaux, réversible et inversable.
Toutes les intensités observées sont des intensités relati\es par rapport à l'intensité
l4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
absolue mesurée à Paris ('). Toutefois la station de Floirac-Observatoire nous a servi
de poste de comparaison intermédiaire, en sorte qu'on peut diviser en deux séries
l'ensemble des observations :
i" Celles qui ont concouru à la détermination aussi précise que possible de l'inten-
sité à l'Observatoire de Floirac devenant secondairement poste fondamental de com-
paraison ; 2° celles qui ont concouru à la détermination de l'intensité en chaque
station par rapport à celle obtenue à Floirac. Cette dernière a été déduite de 24 séries
d'expériences faites à l'Observatoire de F'ioirac, et 16 faites à l'Observatoire de Paris,
poste principal de comparaison.
La détermination de l'heure, et par suite de la durée de cha({ue expérience, a été
faite avec le plus grand soin : d'une part, par des observations méridiennes continues;
ensuite par la comparaison aussi précise que possible de l'horloije des coïncidences avec
rhorloi;e méridienne, au commencement et à la fin de clia(|ue expérience. La durée
d'une expérience se trouve ainsi déterminée à y|^ de seconde près.
Dans les stations éloignées de l'Observatoire, la comparaison entre l'horloge des
coïncidences et l'horloge méridienne de l'Observatoire était faite par téléphone au
cominencemenl et à la fin de chaque expérience. Les difficultés que présentait cette
manière d'opérer ont été vaincues aisément grâce à l'extrême obligeance de l'Admi-
nistration des Postes qui nous a donné toutes facilités à cet égard.
Dans clia((iie station le pendule reposait, par l'intermédiaire de son support, sur un
fort pilier en béton établi d'avance sur une fondation profonde. Le pendule oscillait
dans une cloche, sous un vide uniforme de ii""" de mercure. Le local choisi était
généralement une cave, par conséquent à température peu variable.
A Floirac l'intensité observé a été trouvée égale à ^^:9,8o633, en adoptant pour
e g de Paris-Observatoire la valeur g = 9,81000.
Voici le Tableau des résultats obtenus dans les diverses stations :
Dates (1909)
moyennes g réduit
Lieii\ des époques .\lli- à o"'
d observation, d'oliservalion. Latitude. tude. n'observé, d'altitude, "'calculé. Obs. — Cale.
9,81 000 9,81012 » ' O , 00000
9, 8060 3 9,8o65o 9,8o65o 0,00000
8,80624 9,80645 9,80645 0,00000
9, 8061 5 9,80620 9,89634 — 0,0001 4
9,80097 9,80602 9,80624 — 0,00022
9,8o63n 9,80640 9,80669 —0,00029
9,8o635 9,80644 9.8o(>75 — o,ooo3i
Paris
19-21 nov.
\ 24juill.,
48
)
5o.2
6î
Floirac. . .
22 sept.,
( 4 nov.
44
OO, 1
71
Créon
2 sept.
44
46,6
102
A.rcachon. .
i5 sept.
44
39,6
24
Langon. . . .
20 août
44
32,7
23
(Jouiras . . .
i3 août
45
2,5
l3
Cavignac. .
6 août
45.
6,7
42
(') On sait que si r et -' sont les durées d'oscillations théoriques d'un même pen-
dule en des lieux A et A', on a entre les intensités correspondantes la relation
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. l4l
La réduction à o'" d'altitude a été faite d'après la formule de Bouguer, la
densité des couches superficielles étant prise égal à 2,4- L'intensité normale
est calculée d'après la formule de Helmert
^Ç=^y+ 0,02.597 (COS 2 9 COS29').
Comparativement à Paris la pesanteur est donc normale aux stations de
Floirac et Créon qui sont les stations de plus haute altitude et appartiennent à
la région des plateaux assez élevés comprise entre la Gironde et la Dordogne,
région appelée VEntre-Deux-Mers, et dans laquelle la gravité est la plus
grande. Partout ailleurs oii l'altitude est beaucoup plus faible la pesanteur
est en défaut, l'anomalie étant la plus grande dans la région située au nord-
ouest de Bordeaux, sur les rives droites de la Gironde et de la Dordogne, et
paraissant se combler légèrement, au contraire, vers l'Ouest lorsqu'on se
rapproche de l'Océan, tout en restant encore en défaut.
Mais la valeur de g observée à Paris est déjà anormale par défaut si on
la compare à celle de Greenwich et plus généralement aux valeurs remar-
quablement concordantes observées au voisinage de la mer du Nord.
En partant de ces valeurs regardées comme fondamentales on obtient
ainsi :
Lieux g observé
d'observations. réduit ii o'" d'altitude. g calculé. Obs. — Cale.
Paris 9,81012 9,8io3i — 0,00019
Floirac 9,8o6.5o 9,80669 — 0,000:9
Créon 9,80645 9,80664 — 0,00019
Arcachon 9,80620 9,8o653 — o,ooo33
Langon 9,80602 9,80643 — o,ooo4i
Coutras 9,80640 9,80688 — 0.00048
Cavignac 9,8o644 9180694 — 0,00000
Ce Tableau montre que la région de Bordeaux est le siège d'une anomalie
d'ensemble par défaut, malgré le voisinage de l'Océan. Des expériences
anciennes de Biot et Mathieu faites en 1808, d'autres plus récentes de
M. Collet avaient déjà révélé cette anomalie. Toutefois l'accord n'est pas
parfait entre ces diverses observations. Les observations de Biot et Mathieu
limitées à Bordeaux avaient donné g = 9,80607 (réduit à o'" d'altitude),
celles de M. Collet faites en 1895 à l'Observatoire de Bordeaux(') donnent
au niveau de la mer g = 9, 80G28 ; enfin nos propres observations don-
nent ^ r= 9, 8o65o ; de sorte que d'après nos observations le défaut de
(M Comptes rendus, 1896, 1" semestre, p. 1260.
'l4-i ACADEMIE DES SCIENCES.
gravité serait beaucoup moins considérable que celui qu'on déduit des
observations antérieures.
Pi'ès d'Arcachon la discordance est beaucoup plus grande et mérite une
attention particulière. A Arcachon même, pbservant dans les caves du
Casino de la Forêt, mises gracieusement à notre disposition par la munici-
palité de cette ville, nos observations donnent pour g réduit à o'" d'altitude
g = 9, B0620 ; quantité toujours en défaut de 3 5 unités du cinquième
ordre. Au cap Féret, à H'"" d'Arcachon, M. Collet (') avait obtenu
g — 9,8o6()3, soit un excès sur la valeur normale g = 9,806^0 de 43 unités
du cinquième ordre. La faible distance de ces deux stations permet diffi-
cilement d'expliquer la différence observée de 76 unités du cinquième
ordre.
l^n résumé nos observations accusent un défaut généra/ de la gravité dans
la région de liordeaux. Par rapport à la normale, la pesanteur paraît la plus
grande, non au voisinage immédiat de l'Océan, mais sur les plateaux élevés
de l'Entre-Detix-Mers, la plus faible dans la région située au nord-ouest de
Boi'deaux, aux environs de Cavignac et Coulras. 11 serait du plus haut
intérêt de faire de nouvelles observations en vue : i" de délimiter au Nord-
Ouest l'anomalie maximum qui se présente dans cette direction; 2° de
trancher définitivement la question de savoir si, sur les côtes de la Gascogne,
la pesanteur est franchement en défaut, ou réellement en excès et appré-
cier, de cette manière, l'influence rélévatrice du voisinage immédiat de
l'Océan, qui semblerait assez faible d'après nos observations.
HYDROLOGIE. — Sw la minéralisation et l'analyse chimique de l'eau de
puits artésien de Maisons-Laffitte. Note de M. E. Péroux, présentée
par M. Armand Gautier.
1. I>'eal'. — Leau de ce puits jaillit à une température de 26",') ; elle est
limpide après repos; sa saveur est douce, légèrement alcaline. Du griffon se
dégage une odeur fade, d'origine sulfureuse ; mais les réactifs les plus sen-
sibles n'ont pas dontié trace de II- S, soit dans les gaz, soit dans leau.
Les analyses ayant porté sur six mois depuis le jaillissement, le pour cent
des éléments en a été un peu variable, principalement en fer, mais dans des
limites étroites, dont la moyenne est représentée par le résultat indiqué au
(') Complet rciutiis, i!^9<). ]" semestre, p. r<(j-.
SÉANCE DU lO JANVIER 1910. l/l^-J
Tableau suivant :
Analyse chimique-
Extrait sec à iSo" 164, 4°
AzH' 0,76
SiO^ 12, 5o
AP 0' 2 , 9.0
Fe-0^ 2,28
CaO 36, i5
MgO ■. 11,64
KO 6,3o
NaO 22,22
SO^ 7,76
CO' combiné 4' > '7
AzO= 0,53
HCI 8,o3
Chlorures exprimés en NaCl '2,87
i5i,54
Matières organiques en oxy- l En milieu acide. . . 0.8
gène du permanganate. ( En milieu alcalin.. 0,7
Degré hydrolimétriqiie total 10°
» permanent 6°
A Icalinité enCaOCO' i So"'?
Oxygène dissous 3"s
Gaz pour 1000'"'° : Oxygène 2™', 5
C6-- 7'="''
)) Azole et Argon ? 18'^"''
ftadioactiiité sur 10' en milligrammes par mi-
nute (électroscope lie MM. Cliéneveau et La-
borde ) : o">s, 0377
Bactériolosrie : Gélatine 1 r^ r . 1 ■ ui 1 1
. . '' . , / De 5 a 17 colonies semblables;
nutritive peptonisee ; . , ...
, '^ , i microcoques très nuibiles.
■?.8 jours de culture. '
Matières en suspension par litre.
3o avril i,2ir2 10 novembre 0,1090
iq mai 0,4866 26 novembre . 0,0292
3 septembre 0,2567 1 5 décembre o,oi55
Les parties en suspension dans l'eau ont été traitées par HCI à chaud.
Elles ontdonné 89, 18 pour 100 insoluble dans HCI (sables, silice, silicates)
l44 ACiDÉMIE DES SCIENCES.
et 10,82 pour 100 d'éléments solubles, en grande partie des carbonates,
dans lesquels Fe entre pour 36, i pour 100 et les oxydes alcalins et alcalino-
terreux pour 63, () pour 100.
Gaz. — Recueillis sur le mercure au moyen du vide et de l'ébullition après élimi-
nation de CO- et de O; le vide a été fait sur le gaz restant à la pression de 2""" en
tube de Plucker à partie capillaire et soumis au spectroscope. Résultat : spectre de
l'azote et deux raies qui correspondent aux XX 434,83 et 425,1)5 de l'argon (?), mais
moins intenses que dans le tube d'argon employé pour le contrôle. Ne disposant que
d'un prisme à faible dispersion dans le louge,' je ne puis que signaler le fait, d'autant
plus que le spectre de l'azote dominait. Je continuerai cette étude.
La présence des oxydes alcalins dans les proportions résultant de l'analyse ma
incité à en rechercher l'origine. L'examen détaillé delà Carte géologique fait ressortir
que tous les affleurements argileux de l'Albien, silicates feldspathiques et sables verts
recouverts en partie par une terrasse argilo-sableuse (P), constituent le sol forestier
de la région formant le bassin hydrologique de ces eaux. Les sables dans lesquels elles
circulent n'oft'rent que la glauconie, silicate de fer complexe dans lequel KO entre
dans la proportion de 7,97 pour 100 (Pisani). Mais d'une part l'argile du Gault m'a
donné à l'analyse 0,787 pour 100 en KO et 2,81 pour 100 en NaO. De l'autre, les
matières extraclives de l'eau ont donné .1,75 pour 100 en KO et i3,24 pour 100
en NaO.
Or, chose digne de remarque, le rapport _^ est exactement le même dans l'ar-
gile et dans l'eau, 3,5. Il est admissible de voir là l'origine de ces métaux alcalins
dont la mise en liberté, en même temps que celle du fer (2,28 pour 100) peut n'être
due qu'à la désagrégation des roches par voie organique (acide carbonique compris).
La disproportion du chlore et de la soude (8 HCI, 22NaO) viendrait confirmer cette
hypothèse. Quant à la faible quantité de AzH', je rappelle que les eaux de pluie
peuvent en contenir jusqu'à 3™s et 4"'*"' P<"" litre; en second lieu, qu'un azotate dans
un liquide alcalin au milieu duquel se forme de l'hydrogène naissant, se transforme
en AzlF. Ni les uns, ni les autres ne font défaut, et les eaux de pluie qui, après avoir
imprégné le sol superficiel, doivent pénétrer dans les sables, chargées de nitrates, n'en
présentent presque plus à leur émergence. De l'acide' azotique et de l'ammoniaque,
il ne subsiste plus que de l'azote en proportion assez élevée, 18'"'' par litre.
11 est donc vraisemblable de supposer que ces eaux d'origine directement météo
rique ne doivent leur minéralisation (ju'à la désagrégation des argiles du Gault.
Ainsi s'expliquerait leur faible minéralisation, leur richesse relative en carbonates et
leur pureté bactériologique.
La radioactivité du gaz de l'eau a augmenté après 24 heures. De deux expériences
exécutées à 3 mois d'intervalle, la seconde a donné un résultat plus faible que la
première. Les sables ont été négatifs.
Bactériologie. — Prélèvement eu tubes scellés et ensemencement sur gélatine
nutritive peptonisée en boites de Pelri et fioles de Gayon. Colonies punctiformes et
rares, développement lent. Après 22 jours, les plus larges mesuraient de 3"'" à 4™'" "is
SÉANCE DU lO JANVIER I9IO. t/J.')
diamètre. Coloration lilanc crème ou rosé. Microcoques très mobiles à l'ultra-
inicroicope.
Conclusion. — Légèrement alcaline, coUe eau est donc d'une rare pureté.
If. Ex\MEN soMMAiiiE Df SABLE VERT. — Densité apparente, i,,')2. Densité
réelle, 2,32. Porté au rouge faible après dessiccation, il devient jaune
rouge et perd p,73 pour 100 de son .poids. Traité par HC^l, il abandonne
1,01 pour 100 de minéraux solubles, dans lesquels le fer entre pour
33,6 pour 100. Le sable vert lavé laisse de la silice transparente, incolore,
rose et jaune, en petits grains arrondis (o,0()o3 à 4), de mica, de petites
masses amorphes blanches ou jaunes. L'eau de lévigation donne des sels de
fer au minimum; très lentement se forme un dépôt très ténu de consistance
argileuse, composé de grains, verts de glàuconie, noirs très petits et d'oxyde
de fer magnétique. Ce dépôt lavé donne encore une solution louche qui,
évaporée à siccité, laisse un extrait vert qui devient rapidement rouge,
soluble dans SO'H étendu (oxyde et bicarbonate ferreux). Le dépôt resté
sur le filtre n'est qu'en partie attaqué par l'eau régale (silicates?).
Ambre fossile ou succin trouvé dans les sables. — Couleur jaune ambre
foncé, avec interstices résineux. Très friable. ChaufTé, émet les vapeurs
odorantes du benjoin d'abord et de la résine ensuite. Se dissout dans le
xylène à chaud, après refroidissement donne un précipité blanc. Dans
l'essence de térébenthine se dissout entièrement et dégage une odeur de
camphre j^rononcée.
llvi)ROl>OG[E. — Nouvelles déterminations de la radinaciivité des eaux
tliermales de Plombières. Note de M. Andrk Brochet, présentée par
M. Armand Gautier.
Dans un travail publié précédemment ( ') nous avons donné un certain
nombre de résultats relatifs à la mesure de la radioactivité de quelques gaz et
eaux provenant des sources de Plombières. Ces déterminations avaient été
faites sur place en !907 ; depuis nous avons eu l'occasion d'achever l'étude
de cette question. Pour ces nouvelles recherches, nous avons utilisé le
mode opératoire que nous avons décrit il y a deux ans. En ce qui concerne
les eaux, la méthode consiste à agiter l'échantillon (SSS*^""') avec un égal
(') .\ndré Brochet, Comptes rendus, t. C.XI^VI. 1908, p. 673.
G. R., iqio, I" Semestre. (T. 150. N" 2.) ^9
(/it) ACADÉMIE DES SCIENCES.
volume clair, puis à traiter Tair, ainsi radioactive, comme un i;'az dans
l'appareil Cliéneveau-Laborde ( ' ).
Nos résultats sont réunis dans le Tableau ci-contre, pour lequel nous avons
conservé la classification de Jutier et Lefort (- ); il donne pour cliaque
source :
I" l.'alliUide (lu giiilon ;
2° Le débit par 24 heures ;
3° Une série de délerminalions de leui|)éralure au grifloji ; niaxima, niiniiiia et
moyenne des observations faites en 1 809-1 861 par Jutier el l^efoil ; déterminations faites
en septembre 1908 el août 1909;
4" La radioactivité des gaz spontanés en milligrammes-minutes pour 10 litres d'eau ;
5" La radioactivité de l'eau en milligrammes-minutes pour 10 litres;
6° La radioactivité totale par 24 heures, obtenue en multipliant la radioactix ité par
le débit de la source.
Les mesures de température nous conduisent aux remarques suivantes :
La température des sources très chaudes n'a sensiblement pas variédepuis
5oaris; celle des sources chaudes s'est sensiblement élevée. La dilTérence
est considérable en ce qui concerne les sources 7 et 8 de la Galerie du ihal-
^l'eg. Ces deux sources placées au fond de la galerie ont été découvertes lors
des travaux exécutés en 1859-1861. Leur température, assez basse dès le
début, s'éleva d'une façon constante pendant les deux années d'observation.
L'équilibre thermique n'étant pas atteint à la fin de cette époque, la tempé-
rature a continué à s'élever depuis. Les sources 4 qI 5 de la Galerie des
Savonneuses présentetit une augmentation analogue.
Des mesures de radioactivité nous lirons les conclusions suivantes :
I" Les eaux thermales de Plombières sont fortement radioactives;
2° Leur radioactivité est due à l'émanation du radium ;
3" La radioactivité totale de l'ensemble des 22 sources thermales que
nous avons examinées est de 'jliÔio milligrammes-minutes pour un débit
moyen de 67 2/|4"'' d'eau par 24 heures (soit approximativement, pour
l'ensemble des sources thermales qui débitent en moyenne ^io"' par jour,
80 à 85 grammes-minutes).
4" D'après ces chiffres, la radioactivité moyenne peut être représentée par
(') Par suite d'une erreur dans l'étalonnage de l'appareil, les cliidres de notre pre-
mière Note doivent être multipliés par 0,79, ils sont rectifiés dans le présent Tableau.
(^) Jutier et Lbfoht, Annales de la Société d'Hydrologie médicale de l'aris.
1. Vil, 1862.
SÉANCK IJi: lo JANVIER I910. 1 47
9.1)8.
S. 09.
pour lo'.
Késidu sec
— ■ —
pour
par litre.
Gaz. Eau.
7!,\
Kadioaclivité
'l'empiialure. en tiiilligrammes-inin.
18.59-1. SGI.
.\Ultuilp. p;n- .•V'- M.'ix- Min- Mo,\.
Sources très chauiles.
Rohlnel romain !\->.'^^o() 'io^'i'j 70,4 67,2 69, .53 69,4 68,7 0,00000 00,0 i,or 3o6o
Vauqueliii !\ii,y2 9,71 70,0 68,4 69,35 67,9 68,5 OjSgaSa 11,8 0,66 64o
Sources chaudes.
Galeile<lii ilialueg, n" 1. l'^o.So 67,20 55,3 52,6 53, 91 58, i 56, 1 0,25907
)) II" -2. n -28,99 57,2 54,0 55,81 58, o 58, o
» ii'lt. » 57,43 59,6 58, o 59,10 60,9- 61,3 10.8
)) 11" 4. » "3,49 *'"'' ^^'4 59,23 62,8 63,2
>i n"». 11 i53,i4 66,4 63,6 65,2 1 66,3 66,5 o,33o48
M 11° G. )) 26,67 ■^'^'' 47i7 5o.5i 55,0 54,0
» M" 7. » 24,77 56, o 5o,6 52,55 67,9 68,2
.. 11-8. » 14,67 4o,8o 64,6 64,2
Filets divers « 8,32 47,65
Mougeoi 421, 3o 6,70 60,1 53,5 58, 5o 55,9
Capucins. 420,88 63,17 52,4 49)8 5 1,00 o,2325o
Dames 427,54 29,65 52, o 5o,8 5i,4o 53,2 52,3 0,28718
Crucifix. 4'6,47 7,68 45,' 4')*^ 43, 21 46,6 46,5 o,34o5o
Sources tempérées.
Savonneuse, 11" -i 425,57 i4.92 3i,i 29,6 29,91 27,9 27,6 o,i32io 4,8
» n" :3 425,77 11,85 23,6 21,8 22,38 27,1 26,1 0,08120
» n° ^. 425,83 3,64 27,8 26,1 27,13 38,1 37,9
» n" o 425,90 8,57 4')' 39,5 4oi46 48,5 48,4 0,18654
n 11° 5 rt 49,2 49,3 :.
Puisard 420,70 24,08 39,0 32,3 34,70
Lannbinet 433,25 24, 3i 26,5 26,2 26,36 26,3 26,8 0.10091 2,18 53oo
Trottoir 432, 00 '4,27 26.1 24,8 25, 5o
Fournie 426,26 4,62 38,6 35,8 35,27
Mulier 436,80 7,20 28,00 24,5 o,4i 3oo
Simon
m3
7600
0,92
258o
1 ,01
58oo
0,88
1220
1,01
i55oo
0,9'
2420
0,25
620
0,20
290
1 ,60
10 100
i,47
4280
1,01
775
1,02
1490
1,46
1730
0,37
i35
0,35
3oo
Sources très tempérées.
Savonneuse, II" l 425,53 11,87 '9>6 '4,6 i5,6 21,6 21,6 o,.59 700
Hizot A 422,60 52,43 12,8 8,7 11,44 .... i3,i ) , i 1,57 825o
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1
l/j.S ACADÉMIE DES SCIENCES.
une teneur de i,it inilligranime-minute crénianation pour lo lilres d'eau.
La source Lambine! étant la plus radioactive (2, 1 S).
5" Il est possible de se rendre compte, hypothéliquement , de la quantité
de bromure de radium qu'il faudrait mettre en jeu pour radioactiver la
totalité des eaux. Kn co (jui concerne Plombières, dont le débit aqueux est
de 507' par minute, si i™''',ii de bromure de radium produit en i mi-
nute la quantité démanation nécessaire pour radioactiver 10' d'eau, il
faudra approximativement, pour la totalité, de 55"^ à 6o"'s de bromure de
radium. On se rend aisément compte combien cette quantité est miniiue,
d'autant plus que Plombières, qui se fait remarquer par l'abondance de ses
eaux, est probablement la station française dont la radioactivité moyenne est
la plus élevée. Nous proposons, d'une façon générale, de considérer cette
([uantité de bronmre de radium comme \^ puissance radioactive A^\?i's,\.dXvM\.
La radioactivité moyenne et \a puissance radioactive sont les deux valeurs
caractéristiques de la radioactivité d'une station. Elles seraient intéressantes
à déterminer d'une façon générale. Pour les sources riches en gaz, il faudra
naturellement faire intervenir, dans le calcul, la radioactivité et le débit
o'azeux.
La séance est. levée à 'i lieures et demie.
Pu. V. T
1
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 17 .1 ANViEU 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Émiliî PICARD.
MEMOIRES ET COMMUrVICiVTIO.\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ÉLECTRICITÉ. — La cohésion diélectrique du néon.
Note de M. E. Boutv.
J'ai prouvé anlérieurenient que les gaz monoatomiques : hélium, argon,
vapeur de mercure, possèdent des cohésions diélectriques beaucoup plus
faibles que n'en présentent, à poids moléculaire comparable, les gaz polya-
tomiques. De simples traces d'impuretés augmentent, dans une proportion
considérable, la cohésion diélectrique de ces gaz.
M. Claude a bien voulu mettre à ma disposition environ 3' d'un mélange
gazeux particulièrement riche en néon, mais contenant aussi de l'hélium
et, dans l'état où il m'est parvenu, encore un peu d'air. J'ai soumis ce gaz
à deux distillations fractionnées en présence de charbon de noix de coco
refroidi dans l'air liquide. Les premières éprouvettes doivent être riches
en hélium, les dernières souillées d'air. Le néon, à peu près pur, doit se
retrouver dans les éprouvettes moyennes, qui donnent en elVet un très beau
spectre de ce gaz.
Le poids moléculaire du néon se trouvant compris entre ceux de l'hélium
et de l'argon, je devais m'attendre à ce que sa cohésion fût aussi intermé-
diaire à celles de ces deux gaz. Il se trouve au contraire qu'elle est très
inférieure à celle de l'hélium. T^e néon est donc actuellement, de tous les
gaz expérimentés, celui qui possède la plus faible cohésion diélectrique. Le
Tableau suivant résume les résultats obtenus.
A, B, C sont les trois parts du gaz [)roveiiant de la jjremière distillation;
«, />, cont le même sens pour le deuxième fractionnement.
c. 1!., igio, 1- Semestre. (T. 150. N° 3.) 20
l5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Gaz Cohésion diélectrique.
1 1 !■ I i u m 1 8 , 3
Air P5
Mélange piimilif ^9,7
^ l^" '"'•'^
^ ^ A// 11,0
l Éprouvette 1 7i6)
Ba. -' Éprouvetle 2 8, ?w Moyenne 7,6
B . / ' ÉproiiveUe 3 7,0'
Eprouvette 1 12,0
Éprouvette 2 i5,o
Bh.
Il y a donc un minimum li'ès net, 7,6 en moyenne, pour les éprou-
vettes Ba. Celte valeur doit peu différer de la cohésion diélectrique du
néon dont elle fixe au moins un maximum. Il n'est que les ■— de la cohé-
sion diélectrique de Thélium, ou le jz de celle de l'air. Ainsi une couche
de néon de 5']"" d'épaisseur équivaut à une couche d'air de 1''" au plus, au
point de vue de l'obstacle opposé à la décharge.
Quand on fait le vide sur du néon pur, le gaz, dès la pression atmo-
sphérique, s'illumine d'une couleur de feu. On voit un anneau lumineux
suivre le mouvement du mercure dans la pompe, et, à chaque bulle d'air qui
rentre, c'est un vrai feu d'artifice. Il suffit même de transvaser du néon
d'une éprouvette dans une autre pour apercevoir, dans l'obscurité, des
lueurs distinctes. La dillérence de potentiel créée par le frottement du
mercure sur le verre est suflisaute [)our provoquer des décharges dans le
gaz.
Il y a lieu de remarquer que, dans le dernier Tableau des poids atomiques
de Meudéléeff (' ), le néon n'est pas considéré comme appartenant au
même groupe que Ihélium, l'argon, le cryplon el le xénon. Il lorme à lui
seul une classe dont on ne connaît pas d'autre terme.
PALÉONTOLOGIE. — Un nouvel exemple (le j)hén()mènes (le cowvcv'^cncG chez
(les Aminonitidès ; sur les origines du groupe de /'Ammonites biciu'vatus
Mieh. (^sous-genre Saynella Kil.). Note de M. 'VV. Kii.ia.v.
Une espèce d'Ammonites assez répandue dans les dépôts de l'Aptien
supérieur de l'Eui^ope septentrionale, V Ammonites bicurva/iis Micli. doni
M. Ch. Sarasin a fait connaître, il y a (juehpies années, les caractères et les
(') Sv. Aruiikniiss, Tlieoricn rler Chcntie, Leipzig, lyoi), p. 104.
SÉANCE DU 17 JANVIER I910. l5l
détails de la ligne sulurale, a été placée tour à tour dans les genres Desmo-
ceras, Cleoniceras et Sortneratia. L'étude attentive des Ammonitidés du Cré-
tacé inférieur, d'après d'abondants matériaux recueillis dans des fouilles
récentes effectuées dans le Barrémien de Comps (Var) avec le concours de
M. Paul Reboul, m'a permis, entre autres résultats intéressants, de reconsti-
tuer l'origine probable de cette espèce.
J'ai pu établir, en remontant la série des étages, une série phylogénètique
très nette, allant de THauterivien à l'Albien et rattachant le sous-genre /-eo-
poldia et plus spécialement Leop. castellanensis d'Orb. sp., au groupe de
VAm. Incurvalus Micli.
Cet ensemble de formes, auquel je propose de donner le nom de Saynella
et qui contitue un sous-genre bien caractérisé par la forme tranchante de sa
région siphonale, par ses côtes falculiformes et par sa ligne suturale (à lobe
siphonal peu [irofond, premier lobe latéral très large et très dissymétrique
et selles peu ramiliées ), comprend les espèces suivantes :
1. Saynella clypelforniis d'Orb. sp., île rKauteiivien de Valdrôme (Diùnie) et de
Saint-Martin près Escragnolles ( Alpes-Maritimes ). Grande espèce à peu près lisse,
rappelant fortement les LeopolJia par sa forme et par sa ligne cloisonnaire (notam-
ment par la largeur et la dissymélrie accentuée du premier lobe latéral).
2. Saynella Suearii Pict. et C. [yim. Ixion Pict. et C. (non d'Orb. )]. (>ette espèce,
dont l'Université de Grenoble possède des exemplaires pourvus de leur ligne suluiale,
se rencontre dans l'Haulerivien de Sainte-Croix (Suisse), de Trigance ( Var) et de Val-
drôme (Drôme). La ligne cloisonnaire se lapproclie de celle de l'espèce précédente.
3. Saynella nov. sp. Espèce voisine de la précédente, mais à côtes plus espacées;
de l'Haulerivien des Basses-Alpes.
4. Saynella Grossouvrei Nickl. sp. (= Cleoniceras Suessi Simionescu). Cette
forme, dont M. Nicklès a étudié les tours internes el les cloisons, a été décrite dans sa
forme adulte tous le nom de Cleon. Suessi par M. Simionescu. Elle esl commune
dans le Barrémien de Comps (Var) ; on la connaît aussi du Barrémien de Roumanie
et du sud-est, de l'Espagne.
5. Saynella FabreiTorcapel sp. Espèce à tours moins embrassants que la précédente
et à côtes plus fines. Barrémien inférieur des environs d'Euget (Gard), de Combe-Petite
(Monlagne-de-Lure), de Cobonne (Drôme), etc.
6. Saynella Davydovi Karakascli sp. ('). Forme figurée par M. Karakasch du
Barrémien de Sably (Crimée) et très voisine de .S. Grossouvrei Nicklès.
7. Saynella Nicklesi Karnkaich sp. (sub Pulcliellia). Barrémien de Sablj (Crimée)
et de Comps (Var). L'examen d'un grand nombre d'échantillons de celte espèce, qu'il
serait désirable d'étudier plus complètement que ne l'a fait M. Karakasch (qui l'a
attribuée par erreur au genre Pulchellia), nous a révélé l'existence d'un diniorphisnie
(') N. Karakasch, Le Crétacé inférieur de la Crimée el sa faune. Saint-Péters-
bourg, 1907. PI. ll,flg. 12.
102 ACADEMIE DES SCIENCES.
intéressant. Sur un certain nombre d'individus de petite taille, les côtes passent en effet
sur la région siplionale en y décrivant un bourrelet en chevron ogival accentué ;
d'autres, atteignant une plus grande taille, off'rent une région sipbonale arrondie
devenant moins tranchante dans le dernier tour, les autres caractères restant les
mêmes.
8. Saynella nov. sp. de l'Aptien inférieur (Bedoulien) de l'Homme d'Armes, près
Montélimar (Drôme).
9. Enfin Sayn. bicurvala Micli. sp., 5. Heinii Sar. sp., S. iindulata Sar. sp.,
S. raresiilcata Leym. sp., de l'Aplien supérieur, dont M. Sarasin a fait connaître la
ligne cloisonnaire et qui semblent localisées dans le nord de l'Europe.
La série qui vient d'être étudiée constitue, à côté des faits analogues
signalés par M. C^li. Jacob (') pour les Ammonites du Crétacé moyen et
par moi-même (") pour les Kossinaliceras du Néocrétacé des régions antarc-
tiques, un nouvel et remarquable exemple de phénomènes de com'ergence
qui se montrent dans les Anunonitidés et se manifestent par le retour
périodique, dans des familles d'origines différentes, des mêmes types
d'ornementation, de forme générale et de lignes suturales. Elle nous
montre avec évidence l'acquisition progressive, chez des formes dérivant
nettement des Hoplitidés (Leopoldid), de caractères attribués jusqu'ici aux
Desmocératidés (allure clypéiforme, asymétrie profonde du premier lobe
latéral, forme générale de la coquille, côtes falculiformes passant sur une
crête siphonale) jusqu'à la réalisation d'une analogie telle cjue la plupart
des espèces en question ont été par divers auteurs rattachées au genre
Desmoceras.
Nous voyons en outre, dans cette même série phylogénétique des Say-
nella^ la ligne cloisonnaire prendre tour a tour le type de celle des Cwlopo-
rera^ (Hyatt) du Crétacé supérieur (dans S. clypeiformis d'Orb.) et celui
des Sonneralia (Bayle) dans Sayn. bicur^'ata Mich. sp. dont les cloisons
arrivent à avoir un tracé très analogue à celles de Sonneralia Dutempleana
d'Orb. sp. et de Sonn. Cleon(^) d'Orb. sp., formes dont M. Ch. Jacob a
cependant récemment démontré (") l'origine distincte en les faisant dériver
de Paralwplites Puzoscanus d'Orb. sp.
(') Cii. Jacob, Eludes paléonlolo g iques et slraligraphiques sur la partie moyenne
des terrains crétacés, etc. {Thèse de l'Univ. de Paris et Trav. du Labor. de Géol.
Univ. de Grenoble 1907). — Id., Etude sur quelques Ammonites du Crétacé moyen
{Mém. Soc. géol. de France : Paléont., t. XV, 1907).
(*) W. KiLUN et I*. Reboul, Les Céphalopodes neocrétacés des lies Scymour et
Snow-Hlll. Stockholm, 1909.
(') Voir les ligures (Jonnées par MM. Sarasin et Jacob.
(*) Loc. cit. {Mém. Soc. géol. de France : Paléont., t. W, n" 38, p. 57).
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. l53
Ue semblables convergences ne peuvent s'expliquer, comme a tenté de le
faire récemment le professeur Steinmann, par des « persistances de race »
{Rassenpersislenz). Ces analogies trompeuses ont conduit à réunir, sous le
nom de Desmocéralidés, en un groupe essentiellement polyphylélique, au
moins trois séries de formes barrémiennes d'origines très différentes. Je
pense qu'il convient d'attacher désormais, dans la recherche des lois de
l'évolution paléontologique des animaux, une plus grande importance à
ces phénomènes de convergence dont le rôle a peut-être été trop négligé
jusqu'à présent dans les éludes de phylogénie et a conduit fiécpiemment à
établir prématurément des fdialions erronées.
PLIS CACHETÉS.
M. Pierre Rosexthvi. demande l'ouverture d'un pli cacheté reçu dans la
séance du 27 décembre 1909 et inscrit sous le n" 7573.
Ce pli, ouvert en séance par iM. le Président, contient une Note intitulée :
De l'emploi de la lumière bleue artificielle pour le blanchiment des dents.
(Renvoi à l'examen de MM. A. (jautier et Lavcran.)
CORRESPOND ANCE .
M. Hubert Latiiam adresse des remercîments pour la distinction que
l'Académie a accordée à ses travaux.
M. le Seciiétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Atlas photographique de la Lunp, publié par l'Observatoire de Paris,
exécuté par M. Lœwy et P. Puiseux (i i^ fascicule).
2° Exploration archéologique de Délos faite par l' Ecole française d' Athènes.
Introduction. Carte de l'Ile de Délos au -j-j^ avec un commentaire explicatif,
par André Bellot. (Présenté par M. H. Poincaré.)
3° liadiumthèrapie ., par le D'" Louis Wickiiam et le D'' Degrais. Préface
de M. le Professeur Fournier. (Présenté par M. Labbé.)
4° Gaston Darboux : Biographie, Bibliographie analytique des écrits, par
M. Ernest Lebon. (Présenté par M. Ph. van Tieghem.)
l54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur la réparti/ion des raies ultimes dans les
spectres stellaires. Note de M. A. de Gr.vmont, présentée par
M. H. Deslandres.
Ayant examiné récemment {Comptes rendus, 3 janvier 191 o) le rôle des
raies ultimes dans le spectre du Soleil, je me suis proposé de rechercher ici
leur répartition dans les spectres des étoiles et les conclusions qu'on en
pourrait tirer. J'ai eu recours, pour ce travail, à trois sources principales :
1° les Mémoires publiés sous la direction de M. E.-C. Pickerint;- dans les
Annales de F Observatoire de Harvard, t. XVIII (T*^ Partie: Miss Maury,
Speclra of hright stars; i>" Partie : Miss Cannon, Spectra of hright soutliern
sturs)\ 1° les nombreux travaux de Sir Norman Lockyer, spécialement
son Inorganic évolution ; 3° le bel Atlas o/stellar spectra de Sir William et
Lady Huggins. J'ai suivi la classification d'étoiles du Mémoire de Miss
Cannon ; c'est celle du Draper catalogue, modifiée et complétée (' ).
J'ai reconnu ainsi qu'abstraction faite de [H] et [K] du calcium,
presque partout présentes, les raies ultimes ne se rencontrent pas dans les
spectres des étoiles considérées comme les plus chaudes, c'est-à-dire dans
les étoiles nébuleuses ou du type de Wolff et Rayet (groupes O), et dans
les étoiles dites d'Orion (groupes B et B5 A inclus). Les raies ultimes font
leur apparition dans Algol (B8A), type de passage aux étoiles à hydro-
gène (groupe A), telles que Sirius ou Castor, où les raies ultimes nom-
breuses précèdent notablement le stage solaire (groupe G), qu'annonce
Procyon (F5G), et dont Capella (G) est le type, caractérisé surtout par
la prédominance des raies métalliques dont les raies ultimes se montrent
ainsi la première expression. Elles sont encore présentes dans le groupe K,
qu'Arcturus représente, et où la partie violette commence à s'airail)lir, type
de transition aux étoiles à bandes sombres cannelées, d'origine métallique,
dont Bételgeuse (M^) est la plus brillante, et qui montrent, elles aussi, les
raies ultimes dans la partie non obscurcie de leur spectre. Tout ce que nous
venons de dire s'applique à la très grande majorité des spectres stellaires,
c'est-à-dire à ceux que Miss Maury range sous la désignation de divisions a
et b. Sa division c, environ 16 fois moins nombreuse, comprend des étoiles
ne dépassant pas le groupe G, et dont les raies de l'hydrogène sont étroites,
tandis que les lignes d'origine métallique sont plutôt épaisses et présentent
(') Annuaire 'lu llincriii (/es Ia>ii pituites 190g, p. 228, 208; ii)ii>, p. •?-'i6) ^^g-
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. iS")
des intensités relatives tout à fait différentes de celles du spectre solaire ;
un certain nombre d'entre elles sont même étrangères à celui-ci. Les raies
renforcées, enhanced Unes de Sir N. Lockyer, y sont particulièrement in-
tenses et indiqueraient la dissociation de nos corps simples en proto-
éléments. Dans le Tableau ci-dessous, la colonne du milieu contient les
longueurs d'ondes, corrigées d'après Exner et Haschek, des raies ultimes et
de quelques raies de grande sensibilité. La division a et la division c ont été
réparties à droite et à gauche, afin que le contraste apparaisse mieux entre
les groupes d'étoiles se correspondant dans chaque division. Les lettres
désignant chaque groupe sont celles adoptées par Miss Cannon. Les chiffres
de chaque colonne donnent l'intensité des raies ultimes correspondantes
pour le spectre de l'étoile type du groupe; ces intensités ont été prises
dans les Tables V et YII du Mémoire de Miss Maury.
p J3 5 JJ, Kaics iilliincs .2 i ^ !Éi c
S ir ï ■'S ., , .i'' "a — m U O
— ;j <• :s Ires seusililcs. ^ ^_ ._- Cl ,g ,0
F5i'.. G. I\. M,,. >,. BS\. B.|A. A. A2F. F5G. I'8G
3 5 386o, I l'^e 3 ? 3
3 4 •' 3900,7 Si „ '.' r T '(
3 3 3 3941,2X1
3 D 6 0961 ,7 AI,, ■ 3 2 3
2 3 5 8 -'io3o,9Mii„ i 3 5
2234 4o33,3 Mil 323
? 1 I I 4034 , 3 Iv„
5 10 i3 - 4046,0 Fe„ 24^
I I 4047,3 k
3 2 2 3 405S,o t'l>„
3-45 4077,9 Sr„ ? 2 4 8
3 3 3 3 4'ï8j9Co„ I 1 4
1 I 3 3 4>2i ,5 (lo
3 3 3 I 4202 ,0 Rt)„ I I 3
3 5 7 9 421 5 ,7 Si- 1 4 j
3 I I 4 4247.0 Se 334
13 3 5 4254, 5 Ci„ ■ ? I 2
2 3 5 6 4275 ,0 Cr
3 II 10 i3 4383,7 l'V,, I 4 'î
2247 4408,7 \'a 2
I I I 3 4554,2 B;i,,
l56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On voil que dans la division c les raies ultimes apparaissent à un stade
notablement plus tardif que dans la division a et en moins grand nombre,
tandis que la prédominance des raies renforcées nous annonce un état de la
matière diJlérent de celui qui existe dans le Soleil ou dans les sources élec-
triques ordinaires de nos laboratoires; cet aspect particulier des spectres
est bien visible dans l'atlas de Huggins, spécialement pour Rigel et pour
Deneb (a Cygne). Ces deux étoiles sont aussi les types les plus caractéris-
tiques (groupes Rigelian et Cygnian) de la série à température ascendante
dans la classification de Lockyer, série qui correspond bien à la division c
et comprend des étoiles à un moindre degré de condensation, où prédo-
mine le tesl spectrum, spectre témoin, formé de raies renforcées (Jriorganic
évolution, Ch. Y et VU), tandis que l'apparition des raies ultimes ne se fait
pas ou subit un retard dans la série des groupes. Les raies ultimes du
calcium [H| et |K], que j'ai supprimées du Tableau parce qu'elles figuraient
dans toutes les colonnes, et les raies ultimes du strontium 42i5, 7 et 4077,9
sont considérées par Lockyer comme des raies renforcées, la dissociation
des métaux alcalino-terreux en proto-éléments étant d'ailleurs supposée
s'opérer à une température relativement basse.
Les clichés de spectres d'étincelle dans des mélanges de gaz m'ont tou-
jours permis de reconnaître, en faibles quantités, l'oxygène par le triplet
4076,1 ; 4072,4; 4070,0, et l'azote par les raies 4680,7, et surtout 3995,3.
C'est bien par ces mêmes raies que la présence de l'oxygène et de l'azote
a été découverte par Mac Clean dans les étoiles à hélium. Les raies les plus
sensibles des gaz n'ont d'ailleurs aucun des caractères des raies ultimes
des métaux ou de certains métalloïdes, et ne sont pas, comme celles-ci, com-
munes à l'étincelle, à l'arc ou aux llammes très chaudes ; elles indiquent donc
exclusivement dans les étoiles l'action de puissantes décharges électriques.
On voit (|ue la présence ou l'absence des raies ultimes dans les spectres
stellaires est susceptible de fournir des indications sur les températures
relatives ou le stage d'évolution d'une étoile. C^ette nouvelle sorte de lignes
trouve aussi bien sa place dans les classifications de Harvard que dans les
si intéressantes conceptions de Sir Norman Lockyer.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les systèmes et les congruences K.
Note de M. A. Demoumn.
Dans notre Noie du 3 janvier 1910 nous avons démontré et complété un
théorème dû à M. lîianchi. Les surfaces (M3) dont il est question dans
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. l57
l'énoncé de ce théorème dépendent d'une fonction a' qui n'est définie qu'à
une constante additive près. Pour plus de netteté, nous désignerons par (M,)
celle des surfaces considérées qui correspond à une valeur arbitraire, mais
déterminée, a'j de a' et par (M') la surface qui correspond à la valeur d'^-hw
de a'; la variation du paramètre «' donnera toutes les surfaces analogues
à (M,). Désignons par M' le point d'intersection de la surface (M') avec le
cercle (F) qui passe par les points M^, M,, Mj. Le rapport anliarmonique
des points M^, M', Mo, M, a pour valeur -^ Par suite, quatre sur-
faces (M') coupent le cercle (F) en quatre points dont le rapport anharmo-
nique est constant.
Les surfaces (Mo) et ( M3) correspondent à (M, ) dans des transformations
de Ribaucour; donc, en vertu du théorème de M. Blanchi, il existe une Infi-
nité simple de surfaces qui correspondent à (M„) et à (M,) dans des trans-
formations de Ribaucour. On les obtient comme il suit. Envisageons la
surface (M) décrite par un point M situé sur (F) et dont les coordonnées
(r,, . . ., r-) ont pour valeurs
0 " étant délinie par l'égalité
jr\ + .i-'\ 4- jrl + (.r + iv) 9"= o
dans laquelle (f désigne une constante arbitraire ('). Lorsque tv varie, la
surface (M) engendre la famille en question (^). Cette surface correspond
évidemment à (M^) dans une transformation de Ribaucour. Elle corres-
pond aussi, dans une transformation de Ribaucour, à une quelconque des
surfaces (M'); on l'établit en utilisant le lemme invoqué dans notre précé-
dente Communication.
n est clair que les surfaces (M) jouissent de la même propriété que les
surfaces ( M) : quatre sur/aces (M) coupent le cercle (F) en quatre points dont
le rapport anharmonique est constant.
Nous appellerons système K toute congruence de cercles tels que les
( ') La surface (Mj) correspond à la valeur zéro de te.
(/') Soient R', R" les rayons de courbure principaux de (Mj). On sait que chaque
1 . • / 1 ^ j . ■ à}^ ,,,<^y- à\ r,,, au 1 1 ■ /■ •
solution (A, u) du système -; h n -r- = 0, 1- H — ^ = o permet de définir une
' •' du du ai' ai'
surface qui correspond à (Mo) dans une transformation de Ribaucour. Si les sur-
faces (M,) et (M2) correspondent aux solutions (X,, pi), (/.o, fXj)) 'a surface (M)
correspondra à la solution (/., + C>.2, fx, + Cfjt,), C désignant une constante arbitraire.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 3.) -I
100 ACADEMIE DES SCIENCES.
cercles (F) et congntence K la congruence rectilignc formée par les axes de
ces cercles (').
Les propriétés établies plus liaul montrent déjà l'analogie qui existe entre
les systèmes K et les systèmes cycliques, les surfaces (VI) et les surfaces (M')
qu'il convient d'adjoindre à tout système K remplaçant les trajectoires
orthogonales des cercles d'un système cyclique. Cette analogie se mani-
festera encore à maintes reprises dans les développements (jui vont suivre.
Envisageons les normales aux surfaces (M) et les normales aux sur-
faces (M) aux différents points d'un cercle (T). La normale à une sur-
face (M) et la normale à une surface (M') se coupent toujours, et, si l'on
désigne par I leur point d'intersection, on a MI = MI.
Deux cas peuvent se présenter : i". si une des normales considérées est
située dans le plan oj de (F), toutes le sont et l'égalité ci-dessus montre
qu'elles sont de plus tangentes à une seule (F') concentrique à (F); ce cercle
engendre un système cyclique et les surfaces (M), (M') sont parallèles aux tra-
jectoires orthogonales des cercles (F'); 2° lorsqu'une des normales considérées
est extérieure au plan co, toutes le sont; alors les normales aux surfaces (M)
et les normales aux surfaces (^M ) engendrent deux dcmi-quadriqucs com-
plémentaires ; la quadrigue(() ) qui les porte est de révolution autour de l'axe a
du cercle (T).
{') Des syslètnei K particuliers ont été reiiconU-és dans plusieurs reclierclies de
Géométrie infinitésimale. Nous citerons les systèmes engendrés :
1° Par les cercles décrits dans les plans tangents d'une surface à courbure totale
constante, des points de contact comme centres avec un ravon constant arbitraire;
2° Par les cercles que M. Eisenharl a attachés à toute surface ayant même repré-
sentation de ses lignes de courbure qu'une surface à courbure constante ;
3° Par les cercles de rayon nul formés par les tangentes isotropes en un point
variable d'une surface de M. Guichard (Comptes rendus, t. CXXX, p. iSi)).
On doit à M. Blanchi une remarquable prO|îriété des surfaces isolhermiques :
Si (M|), (Mo) sont deux surfaces isot/iermiqucs déduites d'une sur/ace isother-
niit/ue (Mu) nu moyen de deux transformations D,„,, D,„^ de M. Darboux, il existe
une quatrième surface isolhermique (M3) qui correspond aux surfaces (M,), (Mj)
dans des transformations D,„., D,„ de M. Darboux. Ce théorème peut être complété
comme il suit : Soient Mo, M,, Mj, M3 des points correspondants des surfaces (Mo),
(M,), (M2), (M3). Ces points sont concycliques et leur rapport anharmonique
(MoMjMiMj) est égal à ■ — '-• On établit aisément ces propriétés en s'appuyant sur les
formules de M. Hianchi et en soumettant la figure à une inversion de pôle Mo', nous
les avons d'abord obtenues par l'applicalion de certaines des formules indiquées dans
notre précédente Communication. Le cercle qui renferme les points Mo. Mi, Mj, M3
engendre un système K.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. 169
Cette discussion conduit naturellement à une classification des sys-
tèmes K. Au premier des cas envisagés correspondront les systèmes Iv de
première espèce et au second, les systèmes K de seconde espèce.
La Géométrie va nous fournir de nouvelles propriétés des systèmes K.
Désignons par (M,,) et(M3) deux quelconques des surfaces (M') et par (M,)
et (^l-i) deux quelconques des surfaces (M). Soient C„,, G02, G, 3, C,^ les
centres des sphères qui ont pour enveloppes les couples (M,,), (M,); (M„),
(Ma); (M,), (M3); (Mj), (M3). Les plans tangents aux surfaces (Go,), (G02),
(Go), (G23) sont respectivement perpendiculaires aux cordes M„ M,, M^INL,
MilVr,, M^Mj du cercle (F) en leurs milieux, donc elles ont en commun
Taxe a de ce cercle.
Désignons par a,„ et a,v les plans principaux de la surface (M,)
(i = G, 1,2, 3) respectivement tangents aux lignes (M,„) et (M,„) ('). Les
tangentes aux courbes (G„,„), (G„.,„), (G. ;,,„), (G,j,„) sont respectivement
les intersections des plans «„„ et a,„, a„„ et a^,,, a,,, et y.^,„ a,„ et y..,„\ comme
elles rencontrent «, elles concourent en un point F' de a et les plans a,„ passent
par ce point. Pareillement, les tangentes aux- courbes (C„t_t.), (Ggo,,,), (Gas,,.),
(G,3 „) concourent en un point F de a et les plans a,^ passent par ce point.
Sur les surfaces (G,,), (G^o), (G23), (G13), le réseau («, v) est conjugué
(Dupin); donc, en vertu d'un théorème de M. Darboux {Leçons, IP Partie,
p. 2'3o), u et (' sont les paramètres des développables engendrées par la
droite a et celle-ci est tangente aux courbes (F„), (F^).
Les surfaces (M„) et (M,) étant fixées, on peut faire coïncider les surfaces
(INIj) et (M3) respectivement avec une quelconque des surfaces (M) et une
quelconque des surfaces (M'). Dès lors, les résultats que nous venons d'éta-
blir peuvent être énoncés comme il suit :
Soient F, F' les foyers de l'axe a du cercle (F), F correspondant à la dé-
veloppable v := const., et F' à la dé<,'eloppable u =^ const.
Les plans principaux des surfaces (M) e/ des surfaces (M'), tangents aux
lignes V = const., passe/it par le point F'.
Les plans principaux des mêmes surfaces, tangents aux lignes u = const.,
passent par le point F.
On déduit facilement de là que, dans le cas d'un système K de seconde
espèce, les foyers «ï>, $' des sections méridiennes de la quadrique (Q) sont
conjugués harmoniques par rapport aux foyers F, F' de la droite a.
(') Lorsque les coordonnées d'un point V d'une surface dépendant de deux para-
mètres u. (', nous désignons respecli\ement par (F„| et (P,,) les lignes i' = const. et
u = const. qui passent par ce point.
l6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une application de la méthode de Jacnhi
Note de M. U. Cisotti, présentée par M. Poincaré.
Dans une Note récente, M. Poincaré généralise (') la méthode de Jacobi
pour l'intégration des systèmes d'équations canoniques. En effet, le théo-
rème de M. Poincaré se présente comme une généralisation du théorème
de Jacobi relatif à un nombre de variables assigné d'avance. Mais, en aug-
mentant ce nombre d'une manière convenable, on reconnaît aisément que
le résultat de M. Poincaré peut être, à son tour, déduit du théorème de
Jacobi.
Soient .r,, y, (; ^ i, 2, . . . , «) un système de in variables, qui doivent
satisfaire aux équations canoniques de Hamilton
dxi dV dyi t/F
^'^ lÛ^d^i'' 'dT~dFi'
OÙ F(a:|j') est la fonction caractéristique.
Faisons un ciiangement de variables, en exprimant les x et les y en fonc-
tion de 2N>2n variables nouvelles /;,, p.,, ..., />,,; q^, q^, ..., q^, et
posons
(■'-) a'i-Xi(i>\fi), j, = y,(/)|r/).
Introduisons encore /■£2(N— «) relations indépendantes entre les
variables yo et q :
(3) fiÀp\'l)^o (A- = 1,2, ...,/■).
Les relations (2) et (3) doivent être choisies de façon que l'expression
{[^) N y d.r — 7 p dq ^^ une dilieienlielle e\acle i'i 2 N — /• variables.
On peut observer qu'il y a une inlinilé de changements de variables, qui
rentrent dans les conditions précédentes.
On y salisfail, par exemple, en prenant une fonction S des vaiiables v et </ I dont
, d''-'èi , , • 1 ■ \
la matrice, oui a iiour cléments les-; — —^ "« s annule iws laentiiiuenieiit , et eu
' ^ly^iq )
(') Sur une généralisation de la méthode de Jacobi [Comptes rendus, l. CAI.IX,
i3 décembre 190g).
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. 161
posant
dS dS
à ces relations on peut ajouter un certain nombre 55 N — n de relations (3).
Le changement de variables, dont se sert M. Poincaré, rentre dans ce type.
Supposons que les /• relations (3) soient résolubles par rapport à r des q :
nous les appellerons les Çi,: en indiquant les autres N — /■ par q„, et distin-
guant de même les variables conjuguées en deux groupes, les Ç/, seront des
fonctions des q^, des^„ et desp/,. Cela nous permet d'exprimer la fonction
caractéristique F en fonction des p^, des p/, et des q^] nous appellerons
^(Pa\Pb\Ça) ce que devient la F(x\y) après cette substitution.
Soit V((7„|(/4|a„| a,,), oiilesa„ et les a^ sont des constantes, une intégrale
complète de l'équation aux dérivées partielles
/■d\ IdW \ \ ,, . j
(jTa I = const. (tonclinn des a),
"(
dÇa I df/o i
et posons
(6)
dV d\
dqa d<ji,
dtXa dct.1,
où les p„ et les (3^ sont aussi des constantes.
Le théorème de Jacobi nous assure que les (6) rendent l'expression
(7) ^ pd<i — > (Z rf,3 =: une difFérentielle exacte,
si l'on regarde les ^ et les a comme des variables indépendantes, eX, a fortiori,
si les qi, sont liées aux autres variables par les relations (3), et si nous posons
aussi a4= o, en choisissant (ce qui est toujours possible) de tels ocj que le
déterminant -; T?r- ne s'annule pas.
Il rt^a "Pa II
Pour plus de clarté, nous indiquerons par W(^„|g'4| a„) ce que devient la
fonction ^ lorsqu'on y pose a^, = o.
Il va sans dire que toute intégrale de H = const., dépendant de N — r
constantes, pourrait être envisagée comme une telle ^^ , pourvu seulement
1 j, . Il rf-W II , ,
que le déterminant 5 — :; — ne s annule pas.
do a ^^-n I
On a, d'après (6),
"'/a d(]i, ' dy.„
iGa ACADEMIE DES SCIENCES.
quant au dernier groupe [i^ = ( ^ — j , on peut l'envisager comme la défi-
nition des [3a, et nous n'aurons pas à le considérer davantage.
Le (^7) devient après cela
(9) / /""''/ — X ^» i^Pa = une différentielle exacte à 2(N — /•) variables.
Les (8) et les (3), qui sont au nombre de 2N, nous donnent tout p et
tout q en fonction des 2(N — r) constantes a^ et |3„. Enfin, une substitution
dans les (2) nous donnera les £c,(a„| [3„) el lesj)/-,(a„| [3^), tels que, grâce aux
relations (4) et (3), l'expression
est une différentielle exacte à 2(N — r) variables.
Si l'on prend, en particulier, / = N — n [ce qui vérifie bien l'inégalité
/•52(N — n)], et si l'on suppose que les expressions des x-, y soient réso-
lubles par rapport aux a^ et aux [3„ (ce qui arrivera en général, en exigeant
seulement des restrictions qualitatives que j'omets de préciser), on a entre
les X, y et les a„, p„ un cbangenient de variables canonique.
c. 0- F. D-
Remarque. — Ayant fixé pour /■ la valeur N + n, pour retrouver les résultats de
M. Poincaré, il suffit :
1° D'indiquer par p' et q' les variables qu'il désigne par p et y;
2" De poser dans ce qui précède
Pa^p'.n '/«='/'«, Pb=—q'i„ qi. — p'h\ '^a — y.o P=^^«;
3" D'avoir recours aux relations (5) [en remplacement des (2) et (3)] a\ec
Les fonctions x(^q'^\q'i,) sont les expressions paramétriques, d'où |)arl M. Poincaré,
pour élever le degré de liberté du système.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les ensembles de points. Noie
de M. Ludovic Zoretti, présentée par M. Appcll.
I . Je me propose de développer dans cette Note certaines définitions qu'on
peut donner relalivcuient à un ensemble de points {ii deux dimensions, par
exemple) dans un ordre d'idées analogue à celui dont M. Denjoy s'est occupé
SÉANCE DU 17 JANVIER igio. l6'i
dans deux Notes récentes. La définition de ce qu'il appelle la sinuosité d'un
ensemble s'était présentée naturellement à moi, il y a déjà longtemps, avec
une légère différence que j'indique tout d'abord; tandis que, parmi les
chemins qui évitent les points de l'ensemble et joignent A et B, il considère
tous ceux qui sont dans un cercle de rayon r autour du point qu'on veut étu-
dier, je considère uniquement ceux dont l'écart AB est plus petit qu'un
nombre t que je fais tendre vers zéro en laissant r fixe. La limite inférieure
des rapports des longueurs de ces chemins à la longueur AB augmente
quand £ diminue et tend vers une limite. La limite supérieure de toutes ces
limites pour les différents couples A, B diminue avecr. Si sa limite pourr = o
est I -t- À, X sera la sinuosité.
On voit tout de suite que la définition ci-dessus fournit une valeur supé-
rieure (ou égale) à celle de M. Deujoy. On conçoit que les deux valeurs
puissent être différentes, car il peut être plus court pour aller de A à B de
s'écarter notablement de AU que d'en rester constamment très près.
IL Les applications actuelles de la théorie des ensembles à la théorie des
fonctions analytiques semblant nécessiter une étude de plus en plus appro-
fondie de la disposition dans le plan des points d'un ensemble, je crois utile
d'indiquer les points de vue suivants auxquels on peut encore se placer pour
une telle étude.
Entourons chaque point d'un ensemble borné d'un cercle de rayon /•,
L'ensemble de ces cercles couvre un nombre fini de domaines. Soit n ce
nombre. Quand r diminue, n croît. S'il reste borné, il atteint et conserve
une valeur fixe. S'il grandit indéfiniment, il aura un ordre d'infinitude par
rapport à -;; ce nombre ou cet ordre pourront s'appeler V ordre de morcelle-
ment de l'ensemble.
Il est facile de voir qu'on peut considérer au lieu de cercles une succes-
sion E,; d'ensembles jouissant des propriétés suivantes : i" chacun est une
somme de continus superficiels ; 2" chacun est portion du précédent; 3" ils
contiennent l'ensemble E donné; 4" chaque portion de E„ est à une dislance
de E inférieure à r, et tout point de E„ est à une distance de E inférieure
à 2 r. Le nombre des portions de E„ est une fonction croissante de r, qui a
la même limite que dans le cas précédent, pourvu que E soit fermé.
III. Le point de vue suivant se rapproche davantage de celui de
M. Denjoy. Soit a un point d'un ensemble à deux dimensions. Menons par a
une droite qui fait avec une droite fixe l'angle cp. Les points de l'ensemble
164 ACADÉMIE DES SCIENCES.
situés sur la droite et intérieurs à un cercle de rayon /• forment un ensemble
de mesure m (o) . Calculons l'intégrale (au sens de Lebesgue) :
1 r"-'^
• / in{ o ) (j?ca.
•iT.r, /
Cette intégrale tend, en général, (|uand r tend vers zéro, vers une limite
que j'appellerai ramification de l ensemble au point a.
Ce nombre est compris entre o et i. Il est égal à i pour un ensemble
superficiel lorsque a est un point intérieur. Il peut prendre une valeur quel-
conque pour un point frontière d'un ensemble superficiel. Il est facile de
donner des exemples d'ensembles non continus pour lesquels il prend une
valeur non nulle. Il est vraisemblablement nul pour un ensemble d'aire
nulle. Enfin il n'y a certainement pas identité entre cette définition et celle
de M. Denjoy. D'ailleurs elle a l'avantage de s'appliquer au cas d'un
ensemble continu, ce qui n'est pas le cas de la première. Il me semble
naturel de lui faire jouer un rôle dans l'étude des singularités d'une fonction
continue, de variable complexe.
IV. Je signale en dernier lieu la définition suivante : Entourons un
point a d'un ensemble d'un cercle de rayon r. Considérons l'ensemble des
points qu'on peut joindre à a par un cliemin évitant l'ensemble et de lon-
gueur inférieure ou égale à r. Ces points forment un domaine. Considérons
le rapport de son aire à ~r- . La plus grande limite de ce rapport, quand
/• tend vers zéro, est un nombre qui caractérise aussi l'enchevêtrement des
points de l'ensemble.
ÉLECTRICITÉ. — Sur iéliminalion des couples directeurs électriques et des
effets dus à la dissymétne^ à l'absence de réglage et au-r forces électromo-
trices de contact dans les électromètres à quadrants. Note de M. L.
Dëcombe, présentée par M. E. Bouty.
La méthode suivante permet d'obtenir, avec un électromètre dissymé-
trique et dépourvu de moyens de réglage, des résultats entièrement rigou-
reux; d'accroître en même temps la sensibilité de l'appareil et d'en sup-
primer l'étalonnage. Nous supposerons seulement que les déplacements
sensibles de l'aiguille se réduisent à une rotation.
Supportons le fil de suspension par un tambour dont la rotation puisse
être exactement mesurée. Soient 0 l'anele d'écart de l'aiguille relativement
SÉANCE DU I- JANVIER 1910. lG5
à une position initiale quelconque^ a l'anyle de torsion du lil, C son coeffi-
cient de torsion, W l'énergie potentielle du système formé par l'aiguille et
les quadrants. On a, pour l'équilibre,
(0 '-■-'■^im-
Or w est une fonction quadratique et homogène des potentiels V,, V,
et V des secteurs et de l'aiguille; les coefficients qui y figurent sont eux-
mêmes des fonctions continues de 6 développables suivant les puissances
de ô. L'équation (i) est donc de la forme
(2) Cs! = F(V„ V,, V) -h5P(9);
F désignant une fonction quadratique et homogène à coefficients constants
et P (0) un développement en 0.
Si, par rotation du tambour de suspension, on ramène constamment
l'aiguille dans sa position initiale, on a 0 = o et l'équation (2) se réduit à
(3) Ca = F(V,, V„V).
Ainsi se trouve éliminé le terme en P, c'est-à-dire l'ensemble de tous les
couples directeurs d'origine électrique, aussi bien ceux mis en évidence
par Hopkinson, M. Gouy, etc., et qui proviennent des termes constants
de P, que ceux résultant des autres termes de ce développement.
Ceci posé, il est possible, en combinant par différence deux lectures
convenables a et oc', d'obtenir des relations de la forme
(4) C(a- a') =:Kx ■(?%''',
■v? et <}' désignant deux potentiels donnés, de telle sorte que la sensibilité
dans la mesure de <^' soit rigoureusement proportionnelle à \'), et récipro-
quement. Dans les deux cas l'étalonnage est supprimé.
l. Inlercliaiigeons les potentiels des secteurs et ramenons l'aiguille rlans sa position
initiale. Soit a' la nouvelle torsion du fil. Nous aurons
(5) Ca'=F(V,.V„V).
En relranclianl (3) de (5), on obtient
C(a'- a) m A (^ , - V, ) ( V, + V, -i- A-V).
Si 1 on fait V , + \ „ r^^o {montage symétrique), on obtient
C(a'— a) = 2AAV,V,
relation de la forme (4).
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 15u, N° 3.) 22
i66
ACADEMIE DES SCIENCES.
II. Au lieu d'iiilerclianger les potentiels des secteurs, remplanoiis cliacun d'eux par
un potentiel égal et contraire. Nous obtenons
(6)
G«'=F(— V,, —V,, V),
et, par soustraction avec (3) :
C(a'-a) = Â'(V,+ A-'V,)V.
Pour ¥2=: o {montage hélérostadquc), on obtient encore une relation de la forme (4).
D'autres combinaisons sont également possibles. Nous n'y insisterons pas.
Les formules précédentes supposent négligeables les forces électro-
motrices de contact entre les secteurs, l'aiguille et le sol. Autrement, il
faudrait poser
On obtiendrait alors des relations de la forme
(7)
C(a'— a) = K(U + fji)0'.
Si besoin était, on éliminerait a au moyen de deux lectures correspondant
à i3 = o. Mais cela n'est généralement pas nécessaire. En particulier, la
formule (7) se prête directement à la mesure relative des jiotentiels i)'.
La méthode actuelle est facilement applicable à la mesure des charges.
Supposons, par exemple, qu'on emploie la méthode hétérostatique (V„ = o).
La charge q des secteurs isolés a pour expression q^mN -\- nV,, m et n
désignant des fonctions de 0 qui se réduisent ici aux termes constants de
leurs développements (puisqu'on fait toujours 6 = o).
Posons V, = U, + £,, £| désignant une force électromotrice de contact.
L'aiguille étant au potentiel Y, relions les secteurs i au sol (U, ^ o);
faisons tourner la suspension jusqu'à ce que^^o, puis supprimons la com-
munication avec le sol : les secteurs i gardent une charge y, =mV-l- «£,.
Si nous leur communiquons alors la charge inconnue x et si nous faisons
0 =; o au moyen d'une torsion a, ils prendront un certain potentiel
V, = U,-l-£, et leur charge actuelle s'exprimera par /w V-t- « (^U, 4- £,)•
D'où l'on déduit a;= «U,.
Pour mesurer U, on l'elie les secteurs i à l'une des extrémités d'un poten-
tiomètre sur lequel on agit, sans loucher à la suspension, jusqu'à réta-
Idir 0 = o. La torsion reprend la même valeur a et les secteurs i le même
potentiel V, = L,-l-£,. Remplaçons U, par — U,, rétablissons 0 = o et
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. 167
mesurons la torsion a'. On trouve :
C(a'-a) = B(V + ,;L)U,= B'(V + ;jt).r.
La mesure de x peut donc s'effectuer sans étalonnage et avec une sensi-
bilité proportionnelle à V + a.
Le dispositif expérimental et les vérifications seront publics ailleurs.
PHYSIQUE. — Sur la cnnsfanfe de In loi de Stefan et le rayonnement du
platine. Note de MM. Edmond Baiter et Maroei, Moimn, présentée
par M. Villard.
L Dans une récente Note(') nous avons décrit une méthode qui nous
a permis de déterminer la constante 1 de la loi de Stefan :
E = aT\
Nous comparions le rayonnement d'un corps noir à 1064° au rayon-
nement d'une lame de platine, connu, en valeur absolue, par des expé-
riences dans le vide.
Nous admettions que le rayonnement du platine suit très suffisamment
la loi de Lambert jusqu'à des angles d'émission très grands.
C'est ce que semblaient démontrer les expériences de MoJler ('^ ) sur le rayonnement
rouge du platine et les expériences de Knoblauch (^) sur le pouvoir réflecteur d'autres
mélau.x pour les rayons infra-rouges. Nous avions d'ailleurs vérifié que le pouvoir
émissif de notre lame de platine était le même dans la direction normale et dans une
direction voisine de 4o° ; niais nous n'avions pas pu dépasser cet angle avec les
appareils dont nous disposions.
Dans celte hypothèse qui nous semblait alors très probable, nous avons trouvé
ff^rôiO.io"'- (watt.cm"^ degré *).
IL M. Féry nous a signalé depuis qu'il avait essayé de faire vérifier,
comme manipulation, la loi de Lambert sur le rayonnement total du
platine et que le pouvoir émissif semblait augmenter beaucoup avec
l'incidence. Nous avons alors entrepris une série d'expériences, d'abord
(•) Comptes rendus, t. CXLIX, p. 988.
(") Môu.ER, Wied. Ann., t. XXIV, i885, p. 266.
(') Knoblauch, Wied. Ann., t. I, 1877, p. i.
i(j8 [académie des sciences.
avec une lame de plaline neuve (polie), iniis sur Tune de celles qui avaient
servi à nos expériences el dont la surface avait pris un aspect cristallin.
Nous avons trouvé que le pouvoir émissif, constant pour des angles
d'émission inférieurs à 4o", augmente notaljlement pour des angles plus
grands, comme on le verra dans le Tableau ci-dessous.
Nous nous sommes aperçu depuis que ce résultai avait été prévu, pour le ravou-
nement rouge, par M. Oulianine (') à partir des formules de la réflexion mélallique et
des constantes optiques du platine déterminées par Drude.
Le Tableau ci-dessous donne, dans la première colonne, les valeurs rela-
tives du pouvoir émissif calculé pour le rouge et, dans la deuxième, les résul-
tats de MôUer. On voit qu'il y a un désaccord entre la théorie et l'expé-
rience. M. Oulianine attribue ce désaccord à l'état de la surface. Nous avons
vérifié rapidement que, pour une surface polie, le pouvoir émisssif, pour le
rouge, augmente bien, comme le veut la théorie (colonne 3), alors que,
pour une surface rugueuse, le pouvoir émissif reste constant (colonne 4).
Enfin la dernière colonne donne la moyenne des résultats que nous avons
obtenus pour la radiation totale. On voit que l'augmentation du pouvoir
émissif avec l'angle d'émission est beaucoup plus grande pour la radiation
totale que pour le rouge seul.
I. 2. 3. i. 5.
Angle. CaIcLilo. iMiiller. PdII. liuguoux. liniissiMn totale.
O I,000 I,0OO I 1,00 1,00
lo 0)999 0'99'^ " " o,ç)S
20 i,ooo 0,998 » » 0,97
aS )> » 0,97 1 ,00 »
3o i,oo5 0,999 " " 0,97
(40 1 ,oi5 1 ,oo4 1,02 1,00 0,985
5o i,o46 1,008 1,00 1,00 j,o3
60 ijogo 1,008 1,07 1,00 1,1 4
70 i,'67 i,oi5 1,10 1,00 1,35
80 •)ià9 'j029 1,1 3 1,00 1,77
85 » » » » 1 ,90
Les résultats de la colonne 5 s'appliquent à la lame de platine rugueuse
qui avait servi à nos expériences antérieures. La lame polie a fourni les
mêmes nombres (-) qui semblent, de plus, indépendants de la temperaUire.
(') Oiii.iANiNK, Uii'd. .4nri.,(i-2, 1897, p. 536.
(-) Il faut remarquer qu'il s'agit ici de grandes longueurs d'onde.
SÉANCE DU 17 JANVIER I910. l6r)
III. A partir de ces données, nous avons pu facilement corriger Terreur
systématique qui s'introduisait dans notre résultat, en tenant compte de ce
que le télescope visait la lame sous un angle de i3° environ. Cette correction
variait entre 1 1, 5 et 12, 1 pour 100, ce qui permet de connaître à i pour 100
près la valeur de cr corrigée.
Nous obtenons ainsi :
(7 .— = 5, 3 . io~'- (walt.cni"- degré~^),
valeur qui est en bon accord avec le résultat de M. Ivurlbaum ( "),3-2 . 10'-).
CHIMIE. — Sur les dijficallês de la bibliographie chimique.
Note de M. A. Colson.
Dans le dernier \olume dos Comptes rendus {^. 1378), M. Baubigny tient
absolument à me convaincre d'avoir grossi une erreur en généralisant sans
preuve une réaction que je n'ai pas faite. Il affirme que, en compulsant
cinc| traités étrangers, qui sont, à son avis, les Ouvrages les plus autorisés
en Chimie minérale, il n'a pas trouvé le fait que j'ai relaté dans le Traité de
Moissan. Il est vrai que je n'ai pas aussi souvent cité ces œuvres que Y Rn-
cyclopédie Frémy où se trouve une excellente monographie de V Argent
écrite par M. de Forcrand, Correspondant de l'Institut. C'est là, et à propos
du sujet cju'il incrimine, que M. Baubigny aurait trouvé sans peine (p. 36-2,
lignes i5 et 16) l'affirmation qu'il persiste à m'attribuer.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de la chaleur sur Valuminium dans le ride.
Note de M. E. Koiix-Abrest, présentée par M. Arm. Gautier.
Au cours d'une étude faite pour extraire les gaz de l'aluminium, j'ai pu
observer quelques propriétés intéressantes de ce métal.
Quand on chauft'ede laluminium praticjuement pur (99,2 pour 100), ou
de la poudre d'aluminium dégraissée et séchée dans le vide, on constate un
dégagement très lent de gaz. Lorsqu'au bout de plusieurs heures après
refroidissement, on retire le métal ou la poudre du milieu, on s'aperçoit
que le résidu de l'opération possède un aspect très différent de la ma-
tière première, la poudre en particulier s'est agglomérée en globules ou en
amas fondus d'aspect brillant, et s'est séparée de l'oxyde préexistant dont
j'ai déjà signalé l'existence.
170 ACADEMIE DES SCIENCES.
On constate en outre une perte de poids qui est due à une volalilisalion
de l'aluminium. Cette volatilisation est suivie d'effets qui varient avec les
conditions de l'expérience.
Le dispositif que j'ai employé comprend un tulse de porcelaine de Berlin de 2<^"' de
diamètre et de o">,8o de longueur, chauiré électriquement; ce tube est relié à la
trompe à mercure d'Ogier, les deu\ extrémités du tube s'engageant dans des tubes en
verre garnis d'anhydride pliospliorique; l'une de ces extrémités comprend un tube de
Pliicker. Les températures sont mesurées, au fur et à mesure des expériences, au
pyromètre Le Ghatelier.
Lorsque, avec ce dispositif, on cliaulTe de l'aluraiiiium en morceaux ou en poudre
vers 1 100° dans des nacelles en porcelaine pendant 2 heures environ, on constate qu'au
cours de la volatilisation la nacelle est devenue brun foncé avec de beaux reflets iri-
sés ('). Avec un chauffage plus prolongé, on remarque que le métal a attaqué les na-
celles au fond desquelles adhèrent des amas d'un produit cristallisé en longues aiguilles
que l'analyse démontre être formé par un alliage d'aluminium et de silicium. J'ar
attaque dans l'acide chlorhydrique, le silicium est isolé en paillettes noires cristalli-
sées; selon la durée du chauffage, on obtient des siliciures diftérents. J'ai trouvé ainsi
un siliciure dont la formule serait AI- Si.
Dans le but d'éviter l'attaque de la nacelle et la présence du silicium, j'ai poursuivi
l'étude de la volatilisation de l'aluminium dans des nacelles en graphite ne renfer-
mant guère plus de i pour 100 de cendres. On constate, dans ces conditions, que les
jiacelles absorbent une partie notable des vapeurs de l'aluminium, l'autre se perd
dans l'enceinte chaude, le reste est aggloméré en globules recouverts d'un enduit
jaune soluble dans l'acide chlorhydrique.
J'ai étudié systématiquement la volatilisation de l'aluminium; les résul-
tats peuvent se résumer dans le Tableau ci-après :
Durée Poiils
Tempe- du de la
ratures. ciliaufTaae. matière.
770
8.5o
9.50
I 100
,0IC
,OIÎ
1 ,01';
1 ,01:
Expérience 1.
Gain Pei-Le
Inerte de la nacelle lotale
totale. seule. pour 100.
G , 0000 O , 0000
o.ooSo 0.0000
0,0000 0,0020
0,0720 0,0870
Observations.
Métal en morceaux allongés
Id.
Aux trois quarts fondu en
globules brillants
Globules
Globules
(') L'emploi des vapeurs d'aluminium me semble susceptible d'une application en
céramique.
SÉANCE DU 17 JANVIER IQIO. 17I
Expérience II.
Durée Poids Gain Perle
Tempe- Ju delà Perte de la nacelle totale
ratures, cliaulîage. matière. totale. seule. pour 100. Observations.
o II g
iioo 8 i,3.56o 0,28.50 0,2880 21,01 Globules affaissés et rétrécis
1100 20 1,0710 0,4280 o,3o5o 31,59 Id.
I Séparation en petits glo-
1100 44 0,9280 0,5340 o,4i8o 3g, 33 j bules et cristaux; l'aug-
iioo 52 o,go8o 0,5364 o,43io 4Iî09 t mentation du poids delà
iioo 60 » o,56o4 0,4460 42,85 J nacelle est due en partie
1 à ces globules
On voit que la volatilisation du métal ne se produit qu'à partir de 1 100°;
elle n'est pas proportionnelle à la durée du chauffage; très rapide au bout
des huit premières heures de ciiaulïage, elle se ralentit considérablement
ensuite au bout de 44 heures de chaullage,elle est négligeable. Ce ralentis-
sement n'est pas dû à l'influence des surfaces, car en introduisant dans la
nacelle des fragments d'aluminium de la même taille que ceux qui ont été
réduits par le chauffage, la volatilisation se fait dans les mêmes conditions.
Si l'on cherche à s'expliquer ce résultat singulier, on peut être conduit
tout d'abord à supposer qu'il existe dans le métal mis en expérience deux
parties, l'une plus volatile que l'autre.
J'ai cherché à vérifier cette hypothèse; dans ce but, j'ai examiné entre
autres expériences les globules restant dans la nacelle et constaté qu'ils
renferment par gramme o, 22G0 d'un corps en paillettes noires insolubles
dans les acides nitrique, sulfurique et chlorhydrique; ce corps répond à un
carbure de silicium C'SP. La quantité de ce carijure correspond à i5
pour 100 de la matière première.
Malgré qu'il fût peu vraisemblable d'attribuer la quantité considérable
de sihciuin qui a été trouvée, à celui qui existe dans les cendres des nacelles
en graphite, j'ai écarté cette cause d'erreur en employant des nacelles en
alumine pure, que j'ai préparées en suivant les indications de M. le pro-
fesseur Yerneuil-
Les expériences reprises dans les nacelles complètement exemptes de
silice m'ont donné les résultats suivants :
Perte
Température. Durée. pour 100.
u II
1 1 00 8 4o
1 100 24 5,33
1100 4o 3,3o
173 ACADEMIE DES SCIENCES.
De même qu'avec les nacelles en porcelaine ou en graphite, on constate
que les globules résiduaires sont recouverts d'un enduit jaune, que leur
texture est cristalline et laissent après attaque aux acides un résidu constitué
aux Y^ par du silicium (') en paillettes cristallines noires et brillantes. La
quantité de silicium trouvée correspond à 1 3, g pour 100 de la matière pre-
mière. En mettant à coté deux nacelles, l'une en alumine ouverte, l'autre
en alumine, mais fermée par un couvercle de même substance, on constate
au bout de 20 heures de chauffage que la nacelle fermée ne change pas de
poids et ne contient pas de silicium; la nacelle ouverte, par contre, a
perdu 23,8 pour 100 de son poids; ses globules résiduaires renferment
i3,7 pour 100 de silicium par rapport à la quantité d'aluminium mis en
œuvre.
Dans ces dernières expériences, la présence du silicium ne peut plus être
attribuée au corps immédiatement en contact avec raluminium. Pour
éclairer l'origine de ce silicium, j'ai opéré finalement dans un système com-
prenant extérieurement le tube de porcelaine; intérieurement, un tube en
fer doux et, dans le tube en fer doux, la nacelle en alumine renfei-mant
l'aluminium. Dans ces conditions, avec une perte de poids de 22 pour 100,
au bout de 20 heures de chauffage à 1100°, on ne trouve plus de silicium
dans le métal résiduel.
En résumé, ces expériences montrent qu'au cours d'un chauffage
à iioo", l'aluminium se volatilise; durant sa volatilisation et à la longue
seulement, tout se passe comme si l'aluminium réagissait sur les parois de
l'enceinte et mettait à nu du silicium. Celui-ci paraît subir une volatilisation
partielle très lente; au fur et à mesure de leur volatilisation, les vapeurs
de silicium seraient absorbées par l'aluminium liquide ; au cours du refroi-
dissement, ce silicium cristallise au sein de la partie non volatilisée de
l'aluminium.
Tj'intérieur du tube en porcelaine est uniformément enduit d'une couche
grise qui, par places, se soulève en feuilles. Nulle part, on ne remarque de
globules métalliques, ce qui tend à faire croire que le silicium rais à nu
serait du silicium amorphe. On ne saurait s'expliquer autrement le phéno-
mène intéressant que j'ai pu suivre.
Je poursuis donc l'étude de la volatilisation de l'aluminium en milieu
(') Le ix'sitlu coinpi'L'iui imi outre m, 'ipoui- 100 d'un o\N(le 1res tliflicile 11 jnécipiler
par rammoniaqiie. Je publierai iillérieurenienl l'analyse complète de tous les produits
obtenus.
SÉANCE DU 17 JANVIER KJIO. 17,3
exempt de silicium. J'ai voulu seulement, dans cette Note, indiquer les
modifications très inattendues que subit Faluminium dans les conditions
que j'ai exposées, modifications utiles à connaître même dans la pratique
industrielle.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la cémentation du fer par te carbone
solide. Note de MM. (i. Ciiarpy et S. Bonnerot, présentée par
M. H. Le Chatelier.
Dans une publication antérieure, l'un de nous a fait ressortir l'incertitude
qui subsiste au sujet de la possibilité de cémenter le fer par le carbone
solide, et montré que les résultats contradictoires obtenus dans les essais
effectués jusqu'ici pouvaient être attribués à ce qu'on n'avait pas pris assez
de soin pour éliminer les gaz carburants dans les expériences positives, ni
pour assurer le contact du carbone et du métal dans les expériences néga-
tives. Nous avons donc repris de nouvelles expériences et en résumons ici
les résultats, qui pourront être utilement ajoutés à ceux récemment publiés
sur le même sujet par MM. Guillet et Griffilhs.
La suppression complète des gaz occlus dans lacier est des plus délicates
à réaliser; les récentes observations de M. Belloc ont fait ressortir cette dif-
ficulté qui nous a conduits à recommencer plusieurs séries d'expériences
en augmentant graduellement la durée du chauffage préalable dans le vide.
D'autre part, le métal, après épuisement dans le vide, absorbe de nouvelles
quantités de gaz dès qu'il est manipulé au contact de l'air. Le charbon, enfin,
se comporte de même, surtout quand il est à l'état amorphe, et c'est pour-
quoi, sans laisser complètement de côté le charbon de sucre purifié qui a été
généralement employé jusqu'ici dans les essais de ce genre, nous avons
utilisé aussi, dans de nombreuses expériences, le graphite et le diamant.
Nous avons donc été conduits à adopter la technique suivante :
ChaufVer préalablement dans le vide à 1000° et dans des tubes séparés, le métal,
(acier doux Martin ne contenant que des traces d'éléments autres que le carbone et le
manganèse) et le carbone (charbon de sucre purifié, graphite purifié ou diamant blanc
transparent) jusqu'à ce que le dégagement de gaz, produit par un fonctionnement con-
tinu de la trompe à mercure, soit pratiquement nul (moins de o""',; à l'heure). Mettre
le fer et le carbone en contact en les laissant le moins longtemps possible à l'air, et
les chaulïer dans le vide jusqu'à cessation du dégagement gazeux, à une température
de 700" environ, nettement inférieure à la température de cémentation rapide; chaufl^er
ensuite jusqu'à 1000" et maintenir plusieurs heures cette température tout en faisant
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 3.) 23
17^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
fontionner contiiuiellemenl la trompe pour éliminer les traces de sa' qui pourraient
encore se produire.
Toutes les fois que nous avons opéré en suivant strictement ces précautions, l'ex-
périence a été nettement négative.
L'examen microscopique des surfaces de métal en contact avec le carbone n'a pas
fait constater l'absorption de la moindre trace de carbone ; au contraire, il a suffi de
laisser dans l'appareil des quantités de gaz très petites, en arrêtant le fonctionnement
de la trompe ou en employant du métal soumis à un vide imparfait avant l'expérience,
pourvoir apparaître la cémentation. Ceci se produit aussi bien avec le diamant qu'avec
le graphite ou le charbon de sucre, et nous croyons devoir le noter, car dans les essais
effeclués jusqu'ici avec le diamant, on avait généralement obtenu la formation d'une
fonte (par fusion), ruais pas la cémentation proprement dite.
On peut donc, ci'oyons-nous, considérer comme établi que le car-
bone solide ne cémente pas le fer à looo" en l'absence d'un véliicule
gazeux qui paraît être, dans la plupart de nos expériences, l'oxyde de car-
bone. Mais on ne peut en déduire que le carbone ne se diffuse pas dans le
fer, comme paraissent l'indiquer les changements de structure observés
dans les fontes et aciers chauffés au-dessus des points critiques. Si, d'une
part, il est bien difficile de dire quel peut être le rôle joué dans cette diffu-
sion par les gaz occlus, car on n'a jamais étudié jusqu'ici de métaux réelle-
ment privés de gaz, il faut remarquer aussi, d'autre part, c}ue le contact
n'est pas établi dans les mêmes conditions quand on considère du carbone
comprimé entre deux fragments d'acier ou bien une parcelle de graphite
ou de cémentite, englobé dans l'intérieur d'une fonte ou d'un acier. Diverses
observations et, en particulier, celles récemment présentées à l'Académie
par M. Carpentier (") et par M. llosenstiehl (-), portent à admettre que
l'adhérence enti^e deux corps peut varier dans des limites très étendues sui-
vant que le contact est plus ou moins parfait; or nous n'avons pu, même en
les comprimant très fortement, produire entre le carbone et l'acier une
adhérence comparable à celle qui existe entre le graphite et la ferrite de la
fonte. Dans nos derniers essais, le carbone était serré avec une presse
entre un cylindre et un piston d'acier autant que le permettait la limite
élastique de ce métal (environ Sooo"''"), et le piston était bloqué sous
pression par iincontre-écrou ; le carbone était donc fortement pressé contre
le métal à froid, mais il est bien certain que cette pression tombait rapide-
ment dès qu'on élevait la température, d'abord par le jeu des dilalalions
(') Gakpentier, Comptes rendus, avril 1909, p. 896.
(-) HosENSTiEiiL, Comptes rendus, août 1909, p. 897.
SÉANCE DU 17 JANVIER 19IO. I75
et aussi parce que la limite élastique du métal s'abaisse ; en fait, radhérence
obtenue entre carbone et métal a toujours été assez faible. Peut-être pour-
rait-on l'augmenter en maintenant la pression à chaud ; mais, comme la
limite élastique de l'acier est pratiquement nulle à 1000°, il ne paraît pas
possible de réaliser une pression notable dans un récipient chauffé à cette
température. Il faut, pour opérer sous pression à chaud, avoir recours à un
dispositif analogue à celui employé récemment par l'un do nous pour étu-
dier la séparation du graphite sous pression ('). Mais ce dispositif ne per-
met pas d'opérer dans un espace vide de gaz.
Si donc on peut admettre que le carbone solide extérieur à un fragment
d'acier ne peut y pénétrer sans l'intervention d'un véhicule gazeux, de nou-
velles expériences sont nécessaires pour décider si la diffusion du carbone
à l'intérieur des fontes et aciers se fait avec ou sans l'intervention des gaz
occlus.
CHIMIE MINÉRALE. — Aclioii des vapeurs de tétrachlorure de carbone sur les
anhydrides et les oxydes. Note de M. Pierre Cambouhves, présentée
par M. H. Le Chatelier.
L'action réductrice et chlorurante du tétrachlorure de carbone vis-à-vis
des composés oxygénés des métalloïdes et des métaux a déjà été signalée
par de nombreux auteurs.
Meyer (°), Demarçay (') et Quantin ( ') ont seuls donné un assez grand
nombre d'indications, sans toutefois fournir une étude complète. Les autres
expérimentateurs ont eu surtout en vue une opération isolée telle que la pré-
paration d'un chlorure ou une tentative de séparation analytique [C*) à (")].
(') Charpy, Comptes rendus, juin 1909, p. 1767.
(^) Meyer, BericlUe der deutschen cheinischen Gesellscliaft, t. XX, 1887, p. 261.
(') Demarçay, Comptes rendus, l. CIV, 1887, p. iii.
(') Quantin, Comptes rendus, l. CIV, 1887, p. 228; l. CVI, 1888, p. 1074.
{') Delafontaink el Li.nebarger, Journal 0/ the american chemical Society, 18,
i8g6, p. 235.
C) Roy D. Hall et Edgar Smith, Chemisches Central Blat, 18, t. 11, igoS, p. 1162.
C) Matignon el Delépine, Comptes rendus, t. GXXXII, 1907, p. 87.
(') Rosenhelm, Samteu, Davidshorn, Zeitschrift fur anorg. Chemie, t. XXXV,
1907, p. 448.
C) p. Jannasch et JiLKE, Berichte der deutschen chemisehen Gesellschaft, l. XL,
1907, p. 36o,5 el 36o8.
176 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÎNous avons pensé qu'il était intéressant de généraliser cette étude qui
pouvait ainsi conduire à une méthode pratique de préparation des chlorures
métalliques.
Le produit oxygéné placé dans une nacelle était disposé dans un tube en
verre de Bohème sur une grille à analyse. Un générateur de vapeurs de
tétrachlorure de carbone était relié à ce tube. Après avoir déplacé entiè-
rement l'air de l'appareil par les vapeurs chlorurantes, on élevait pro-
gressivement la température en continuant d'envoyer le tétrachlorure de
carbone.
Pour chaque corps nous avons déterminé la température à laquelle se
produisait l'attaque.
A cet eflel, dans le tujje de Bohème, aussi près que possiljle de la nacelle, nous
avons disposé une pince thermo-électrique de M. Le Chatelier.
Pour avoir des résultats cornparal)les entre eux, nous avons opéré avec des poudres
de même ténuité; cependant ces déterminations ne sont pas susceptibles d'une inter-
prétation rigoureuse et il ne faut y chercher qu'une indication. En ertet, deux corps
pulvérisés ayant des grains de même grosseur n'ont pas la même porosité. Il est certain
que l'alumine provenant de la calcination de l'alun d'ammoniaque est plus poreuse à
grain égal qu'un oxyde fondu ou cristallisé pulvérisé.
Le début de l'attaque était révélé :
1° Soit par une incandescence;
2° Soit par un dégagement abondant d'oxychlorure de carbone;
3° Soit par un changement d'aspect du produit;
4" Soit enfin par l'apparition de vapeurs de chlorure volatil.
Les températures d'attaque sont génét^alcmenl basses cl comprises entre
2i5°et 58o°.
Nous avons consigné les résultats obtenus dans le Tableau suivant :
NaLmc de l'nxMlc. ui-c tl'aLUi)ue. ^allir(■ du piodiiiL loiiiic.
Anhydride arsénious. 365 Trichloruru
» antimonieux 090 Trichlorure
» antimonique ^20 l'enlaclilorure
» vanadique 490 Tétrachlorure
» niobique 3i5 Oxychlorure -H chlorure
X tantalique a.io Chlorure
» silicique l'as d'attaque
Zircoiie 4oo (Jilorure
Anhydride borique l'as d'attaque
IJioxyde d'éliiiii SgS Télracliiorure
SEANCE DU 17 JANVIER 19IO. 177
Nature de l'oxjile. Teinpcraliirc il'aUiMiii.;. Naliiie du pnnliiil Inj iiir.
\rilivdiicla lilariique 43o Clilorure
0\ycle de baryum 33o »
» strontium 3io »
» calcium 3 10 »
» cérium 35o »
» lantliane 33o »
» néodyme 320 »
n praséodyme t'to »
» samariutn 230 »
)) thorium ^20 Chlorure + o\) chlorure
» glucinium 4oo Chlorure
» magnésium 390 »
» zinc 4oo - »
» cadmium 080 »
1) aluminium 390 »
)> cobalt 53o »
» nickel 55o »
n fer 245 »
» manganèse 4oo »
» chrome 58o »
Anhydride molybdique 5io Pentachlorure
;) tungslique 56o (Jxychlorure
Owde d'uranium 36o Tetra — h pentachloruie
On voit que presque toujours le produit est un chlorure et que la forma-
tion d'un oxychlorure est en quelque sorte exceptionnelle. C'est mieux
qu'un mode de formation, c'est un véritable moyen de préparation des
chlorures, notamment pour les chlorures de terres rares, pour ceux de
chrome, de nickel, de vanadium et titane, de zirconium, de gluci-
nium, etc.
On peut comparer celle méthode à celles de M. Matignon et de M. Bou-
rion qui utilisent le chlorure de soufre et le chlore ou le chlorure de soufre
seul.
Dans toutes ces réactions, il se produit de l'anhydride cai^bonique, de
l'oxychlorurc de carbone et, si la température est élevée, du chlore et du
chlorure de Julin.
Nous avons également appliqué cette action chlorurante du tétrachlorure
de carbone à l'étude de quelques produits minéraux.
178
ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Traiisfonnation de quelques alcools aromatiques en
acides phosphineux par l'acide hypophospJioreux . Note de M. R. Fo.sse,
présentée par M. A. Haller.
Nous avons précédemment établi que les anhydrides d'acides de la série
grasse se combinent à deux alcools de la série aromatique (dinaphlo- et
dipliénopyranol) d'une manière surprenante (').
Au lieu de former des éthers-sels
)CH — O — G-G1I3
/ Il
O
engendrés par soudure oxygénée
>
>
ils donnent naissance à de nouveaux acides
CH — CU'^COOM
résultant de la soudure carbonée des deux radicaux, pyryl et alkyloique
^CH - 011 + H - CIP— COOH > ^CH - Cll^- COOll.
Non moins curieuse et anormale est l'action exercée par l'acide nuito-
nique(-) sur un assez grand nombre d'alcools de la série du di- et du tri-
phénylméthane. Cet acide transforme ces alcools lum en élhers mais en acides
résultant de l'union, carbone à carbone, d'un radical d'alcool aux restes
CO^H
monovalents, propvldiuique — (W(^ ou élhYloi(jue — ( ;rPC(3 ' H :
\C0-H
^cii - OH + 11 - ch/[:JJ^]^ = ir^o + );CH - cii<^];'J^':|[,
^CH - 011 + M — Gll<^çJ^[" = H^O + CO^-H ^CH - GlP - COMi.
(') R. FossK, Comptes rendus, t. CXLllI,p. 59-61.
(^) R. Fosse, Dut. Soc. chini., l. XXXV, 1906, p. 1006; />'///., 4" série, t. 111, 1908,
p. 1078. — L. Bâillon, Thèse, Lille, 1909.
SÉANCE DU 17 JANVIER 191O. 179
De nouveaux exemples de cette singulière transformation d'alcools en
acides^ sous l'influence des acides^ nous sont encore offerts par la réaction de
l'acide hypophosphoreux sur le tryphénylcarhinol^ le dinaphtopyranol et
Yhydrol de Michler.
L'oxhydryle mobile de ces alcools s'unit à l'un des 2""" d'hydroEjène,
non moins mobiles, directement liés au phosphore, de l'acide hypophos-
phoreux. I™"' d'eau prend naissance et les deux radicaux résultants s'en-
chaînent, phosphore à carbone :
>cH-oii^ii-p<;;„=H-^o+>cii-p<;;„.
o o
Nous avons ainsi préparé les acides :
Triphénylméthylphosplïineux
G" H
Dinaph tojiyrylph osph in eux
\ /H
O
/C"'H«\ /H .
O
Bydrylph osphin eux
(CH3)'N<^ ^-ClI— <( >N(CH^
\0H
o = l>/"
A cette réaction s'en superpose une autre, ayant pour résultat la réduc-
tion d'une partie de l'alcool en carbure correspondant
R_0H + H2=ii-0 + R — H.
Le triphénylméthane, le dinaphtopyrane et le téiramêthyldiaminodiphe-
nylméthane se forment ainsi d'après un nouveau procédé.
Tandis que les alcools déjà signalés donnent avec l'acide hypophospho-
reux des produits de substitution, les aldéhydes et les acétones, au contraire,
engendrent avec cet acide des produits d'addition (Ville-Marie)
c/" + H^P^O V CHOH p/"
l8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(]ette discordance entre alcools et aldéhydes est d'autant plus intéres-
sante que ces deux classes de corps se conduisent, au point de vue du ré-
sultat, final, d'après une analogie frappante, à l'égard soit des anhydrides
d'acides, soit de l'acide malonique, pour ne citer que des réactifs condui-
sant à des synthèses d'acides. Les égalités qui suivent mettent ce paral-
lélisme en évidence.
Condensation des anhydrides d'acides. — \" Avec les aldéhydes (Réaction
de Perkin) :
II H
— C = Oh-|Î^CH — COOCOCH^ -^ -C==CH — COOH + CH'CO'H;
2° Avec les alcools pyranoliques :
II H
^C-OH + II — CH^-C00C0CH3 -> ^C — CHS- COOH -+- CIPCO-H.
Condensation malonique. — i° Des aldéhydes (Réaction de Claisen) :
H H
(A) _L_04-,^/L^^^^,j^ -> HO +_c_0^^^jj,
II H
(B^ -C = 0 + "^C;^^^'" -y H=() + CO= + — C=:CH-CO-H.
^ H/ XCO^H
2° Des alcools de la série du di- et du triphénylmélhane :
H 11
(A) \c_oii + ii-gh/^JïJ;[J ^v iiM. +)c-cii([:J-J;[J;
H H
\ I /COMl \
(H) pC- OH-1- 11 — Gll( ,;'/ -> Hn ) H- C02-(-)C-CH'— en- H.
/ ^ CO" H /
CHIMIE ORGANIQUE. — Le vicianose, nom'eau sucre réducteur en C".
Note de MM. Gabriel Bertiiand et G. Wf.isweim.er, présentée par
M. Maquenne.
Nous avons établi antérieurement (') que le glucoside cyanhydrique
découvert par l'un de nous dans les graines d'une vesce sauvage et appelé
(') Comptes rendus, l. (]\LV11, 1908, p. 2.52.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. 181
pour cela incianine ( ' ), était, comme l'amygdaline. un clérivc du nitrilc
phénylglycolique gauche. Nous avons ajouté que la vicianine différait du
glucoside des amandes amères par la nature du sucre qui est engagé dans
sa molécule. Depuis, nous sommes parvenus à séparer ce sucre à l'état pur
et cristallisé. C'est un biose réducteur, d'un type nouveau, auquel nous
donnerons le nom de ricianose. Voici comment nous avons opéré et quels
sont les principaux caractères du nouveau sucre.
Dans 3", 5 d'eau distillée, on a dissous 6os de vicianine et aSs d'une préparation
diastasique extraite des graines de Vicia angustifolia. Après avoir bouché le
flacon, on a abandonné le tout dans une étuve à SS^-S^", pendant 6 jours.
Le liquide a été distillé alors dans le vide, jusqu'au volume de aSo'^"'' environ, auquel
on a ajouté i' d'alcool à 90°. Après un repos de i à 2 jours, on a filtré pour séparer la
diaslase et le glucoside inattaqué, puis on a concentré la solution dans le vide, à con-
sistance de sirop épais, pesant 47^-
Ce sirop a été épuisé, en plusieurs fois, par 7' à 8' d'alcool à ,'/d- Chaque fois, on
fluidifiait le sirop sur le bain-raarie, par addition de quelques centimètres cubes
d'eau, on précipitait par l'alcool (i', 5 à 2') versé bouillant, on laissait reposer ■i!\ heures,
enfin on décantait le liquide clair surnageant et on le distillait dans le vide.
On a obtenu ainsi plusieurs fractions, dont celles de tète et de queue ont été frac-
tionnées à leur tour d'une manière analogue. Par un repos de plusieurs mois, une des
fractions de têle a donné des cristaux qui ont servi pour amorcer toutes les autres,
amenées à sirop. La cristallisation a élé très lente. Enfin, les sirops se sont pris, les
uns en masses dures (les premières), les autres en pâle de consistance mielleuse. On
a réuni le tout ensemble, au mortier, puis on a soumis la masse totale à une pression
lente et progressive, entre des lits absorbants de papier à filtres. La masse, à peu près
sèche, a été broyée avec quelques centimètres cubes d'alcool légèrement étendu,
pressée de nouveau et traitée encore deux fois de la même manière. Elle était devenue
alors blanche, friable et de saveur douce. Son poids était de 98,6.
Pour purifier ce vicianose brut, on l'a redissous à chaud dans l'alcool à ff^. On a
obtenu, par repos du liquide sursaturé et décanté, une belle cristallisation qui, re-
cueillie après plusieurs semaines et desséchée, pesait 5e,.').
Le vicianose ainsi obtenu est en petites aiguilles incolores, de plusieurs millimètres
de longueur, groupées en sphères ou réunies en croûtes légères, dont l'aspect rappelle
assez bien celui de la mannite.
Il est extrêmement soluble dans l'eau, très peu, au contraire, dans laicool foit, même
à chaud.
En solution aqueuse, il possède la n^ultirotation. Ainsi, à la concentralion de
8 pour 100, il a donné, sous une épaisseur de 3o'"''\ à la température de +20° à -1-22°,
(') Gabriel Bektrand, Comptes rendus, t. CXLIll, 1906, p. 83a. Dans celte Noie,
p. 83^, ligne i/|, au lieu de 0,12 à o,i3 pour 100, lire 1,2 à i,3 et ligne 18, ciU
lieu de -t- 160°, lire + i[\~-i[\^°.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 1011, N» 3.) ^4
l82 ACADÉMIE DES SCIENCES,
une déviation de
i5 minutes après la mise en dissolution +i5. 8
3o » .. -I-14. 4
2 heures >i » -t- 10.40
4 » » -1- 9-44
6 » » -1-9.35
22 1) 11 -t- 9.32
A ce moment, le pouvoir rolatoire, de\enu invariable, était donc
[a]i, = + 39", 72 (pour / -^ -t- 20°).
Le vicianose fond, au bloc Maquenne, dune façon peu précise, vers -+- 210°.
D'après l'analyse élémentaire, il répond à la formule C" IP"0'<' :
Trou\é.
Carbone.. 42, i5 4?->07 42)3i
Hydrogène 6 , 67 6 , 58 6 , 4 1
La détermination du point de congélation, pris comparativement avec des solutions
de vicianose et de sucre ordinaire ayant à très peu près la même concentration
(6 pour 100 environ), indique assez bien, d'ailleurs, qu'on est en présence d'un biose
de poids moléculaire correspondante la formule ci-dessus. On a trouvé, avec le vicia-
nose : PM =^ 279,5 et avec le sucre ordinaiie : PM = 300,9. ^'es chiftVes sont notable-
ment inférieurs aux cliiflfres théoriques, mais on sait que les saccharoses donnent des
abaissements anormaux conduisant, parle calcul, à des poids moléculaires trop faibles.
Le pouvoir réducteur, déterminé en suivant la technique exposée par l'un de nous ( ' ),
montre que le vicianose précipite un peu plus de cuivre que le maitose. Ainsi :
nig _ _ _ _ nif.-
20 de vicianose piécipitent 23,8 de ciiivie
40 » 46,8
5o 1) 60 , 4 »
60 » 70, 1 »
70 » 81,4 "
80 « 95 , 1 »
l^e vicianose possède une saveur légèrement sucrée. 11 n'est pas attaqué par la levure
de boulan£;erie après 2 jours de contact.
Le vicianose est le premier biose défini qu'on ait réussi à préparer par
hydrolyse diastasique d'un glucoside.
{') Gaii. I'krtra.M), /litl/. Soc. c/ii/ii., 3'' série, t. \'XX\', 1906, p. i285.
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. l83
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation de l'alcool hnlyliquc secondaire
avec son dérivé sodé. Note de M. Marcel Guerbet, présentée par
M. A. Haller.
Les alcools isopropylique C'H*0 et caprylique C'H"^0, chauffés vers
200° avec leurs dérivés sodés, donnent naissance, ainsi que je l'ai montré
(^Comptes rendus, t. CXLIX, p. 129), à des alcools deux et trois fois plus
condensés : les alcools diisopropylique C^H'''0, triisopropylique C°H^"*0
pour le premier, dicaprylique CH'^O, tricaprylique C^'H"0 pour le
second. Je viens montrer aujourd'hui que cette réaction parait générale
pour les alcools secondaires en l'appliquant à la condensation de l'alcool
butylique secondaire avec son dérivé sodé.
Elle se réalise suivant l'écpialion
C'-tP^-'OH -+-C"'H2"'+'0Na = NaOH + C"'+«H^'("'+")+'OH.
La soude ainsi formée oxyde ensuite une petite partie des alcools présents
dans le mélange en scindant chacun d'eux en deux acides.
L'alcool butylique secondaire C'H"'0 fournit les alcools dibutylique
C*H'*0 et tributylique C'-H-'O, en même temps qu'un peu d'acides for-
mique et propionique.
L'étude de la constitution des alcools ainsi produits nous montrera de
quelle manière se réalise l'enchainement des deux molécules réagissantes.
Ij'alcool but\liqiie secondaire, préparé par la mélliode de Grignaid, au moyen de
réllianal et du bromure d'étlivlemagnésium, a été desséché en le distillant deuv fois
sur la baryte caustique. 11 bouillait à 98°- 101°. Pour le faire réagir sur son dérivé
sodé, il a été préparé une série de tubes scellés renfermant chacun le produit de la
réaction de is,5o de sodium sur 208 d'alcool ; puis on a chauffé ces tubes durant
24 heures entre 200° et 220". A leur ouverture, on a constaté une assez forte
pression due à de l'hydrogène. Leur contenu a été traité comme il a été dit déjà {loc.
cit.) à propos de la préparation de l'alcool diisopropylique et l'on a obtenu d'une
part une solution aqueuse contenant les sels de potasse des acides formés, d'autre part
un mélange d'alcools que l'on a séparés par distillation fractionnée. On a d'abord
recueilli de l'alcool butylique secondaire inaltéré, qui forme la plus grande partie
de ce mélange, puis deux autres alcools bouillant l'un à i67°-i69° (corr.), l'autre entre
9.50° et 255" (corr. ). Nous verrons plus loin que le premier est l'alcool dibutylique
secondaire et le second l'alcool tribulylicpie secondaire.
La solution aqueuse, renfermant les sels des acides formés, a été acidulée par l'acide
suifurique, puis soumise à la distillation. I^e distillât, saturé par le carbonate de
baryte, a donné les réactions de l'acide formique. Après destruction de cet acide par
l84 ACADÉMIE UES SCIENCES.
le mélange cliromique el aj)iès éliniiiialioii ihi tliioiiie, ce mèiiie dislillat a élé salure
par le carbonate de baryle el Ion a oblenu nn sel présenlanl les caiaclères el la
teneur en baryum du propionate de baryte.
Alcool dibntylique secondaire ou mélhyl-^-heptanol-S . — L'alcool bouillaot
à i67°-iG9" (corr.) répond à la formule C*H'*(_) el nous verrons plus loin
qu'il doit être considéré comme le méthyI-3-heptanol-5
CIF-Cir^— CH(CH') — CH°-^CH2— CIIOH — CH^
qui n'avait pas encore été obtenu jusqu'ici.
Cet alcool est un liquide incolore, d'odeur forte rappelant la menthe; sa
densité à o° est 0,8493. Il est à peine soluble dans l'eau.
Son éther acétique C^H'0-C*H'' est un liquide incolore, d'odeur
agréable, bouillant à iB^^-iSS" (corr.).
Acétone dihulylique ou méthyl-'i-heplanone-^. — L'alcool dibutylique
secondaire, oxydé par le mélange chromique, donne l'acétone correspondante
de formule CH^O. C'est un liquide incolore, bouillant à tôi" (corr.),
dont l'odeur rappelle un peu la menthe. Elle est à peu près insoluble dans
l'eau et ne se combine pas au bisulfite de soude.
Sa semicarbazone C^H'" = Az — AzH — CO — AzH^ cristallise dans
l'alcool en fines aiguilles incolores, fusibles à 96", presque insolubles dans
l'eau, solubles dans l'alcool et l'éther.
Alcool tri.bulylique secondaire. — L'alcool bouillant à 25o''-255'' (corr. )
répond à la formule C'-H-"0. C'est un liquide incolore, huileux, d'odeur
forte et agréable. Oxydé par le mélange chromique, il se transforme en
acétone correspondante, l'acétone tributylique C'-H-^O, liquide incolore,-
huileux, d'odeur forte rappelant la menthe, bouillant à 247''-248° (corr.).
La semicarbazone de celte acétone cristallise dans l'alcool en aiguilles
incolores fusibles à i6i°-i62°; elle répond à la formule
C'^ H-' = Az — Az H - CO — Az H^
Conslttulion de l'alcool dibutylique secondaire. — Pour connaître la cons-
titution de l'alcool dibutylique secondaire el de l'acétone correspondante,
on a oxydé celte dernière par le mélange chromi(|ue en employant une pro-
portion de ce mélange un peu plus grande qu'il n'est nécessaire pour
dégager 3"' d'oxygène pour 1'"°' d'acétone. Les acides formés ont été
séparés en mettant à profit le fait que, dans la distillation d'une solution
aqueuse d'acides gras volatils, ces acides passent d'autant plus lot qu'ils
sonl plus élevés dans la série ( Firz, lierichte der deulsch. chem. Ges., t. XI,
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. IiS5
p. '[6, et Heciit, Liebig's Ann. der Chemit'^ l. C(_1IX, p. -^iS))- Les acides,
séparés ainsi par plusieurs distillations fraclioiuiées, ont été transformés en
sels de baryum et identifiés par le dosage du métal qu'ils renferment. On a
pu voir ainsi que l'oxydation de l'acétone dihulylique a fourni surtout de
l'acide acétique et un acide hcxylique, en même temps qu'un peu d'acide
propionique et d'un acide valérianique. On peut en déduire que l'acétone
dihutylique possède la constitution de la méthyl-3-heptanone-5
CIP— GIP— CII(CH^) - CH^ — GO - CH-— GIF.
La constitution de l'alcool dihulylique peut donc être représentée par la
formule
GH'-GH^-GH(CII')-GH- — GHOII— GH2— GIF.
et Ton peut conclure que l'enchaînement des 2'""' d'alcool butylique secon-
daire CH' — CH^ — CHOH— CH% qui l'ont engendré, s'est faite par le
groupe méthyle voisin du groupement fonctionnel.
Un fait analogue avait déjà été observé dans la formation de l'alcool
triisopropylique(CH^')- = CH - CH= - CH(CH') - CH"- CHOH — CH^
aux dépens des alcools isopropylique (CH^y- = CHOH et diisopropylique
CH' - CH( CH')-CH- - CHOH - CH^ {lac. cit.).
MlMiRALOGlE. - Sur la reproduction synthétique du saphir par la méthode
de fusion. Note de M. A. Ver.xklhl, présentée par M. A. Lacroix.
11 est admis, depuis les résultats obtenus par Sainte-Claire Deville et
Caron ( '), que le saphir oriental doit sa belle couleur bleue à la présence
d'une petite quantité d'oxyde de chrome à un degré d'oxydation inférieur
à celui du sesquioxyde.
La production simultanée, dans quelques-unes de leurs expériences, de
cristaux de rubis et de corindon coloré en bleu, a amené ces savants à
conclure, d'une manière du reste très dubitative, que la différence qui existe
entre la coloration du rubis et celle du saphir réside soit dans les propor-
tions de l'oxyde de chrome, soit peut-être aussi dans l'état d'oxydation du
chrome.
Depuis lors les essais synthétiques n'ont pas permis de réaliser cette colo-
(') Annales de Chimie et de P/nsiqiie, 4' série, t. \ , i865, p. 108, et Comptes
rendus, l. XLVi, i858, p. 765.
ï8fî ACADÉMIE DES SCIENCES.
ration bleue à l'aide de l'oxyde de chrome et des réducteurs. La inélhode de
Fremy et Verneuil qui se prête particulièrement bien à ces expériences, n'a
jamais donné de cristaux de saphir, lorsqu'on a ajouté, au noyau ou à la
brasque, des doses variables de carbone, pour créer une atmosphère réduc-
trice, et, au cours des nombreux essais entrepris dans cette voie, on n'a
jamais obtenu que du rubis plus ou moins pâle, ou du corindon incolore,
suivant que la réduction a été plus ou moins totale.
Au contraire, des essais analogues dans lesquels le peroxyde de fer
remplaçait le sesquioxyde de chrome, ont fourni, en milieu réducteur, des
cristaux colorés en bleu sombre prenant une teinte noire foncée à la lumière
artificielle. Cette coloration par un oxyde inférieur du fer paraît répondre
à celle des saphirs de faible valeur commerciale, tels que ceux qu'on
trouve dans certaines parties de l'Australie.
Bien que le colonel Caron ait montré que la flamme du chalumeau oxhy-
drique présente des propriétés réductrices, elles ne sont pas suffisantes pour
réduire notablement le sesquioxyde de fer; c'est dire que l'alumine fondue
avec quelques centièmes de cet oxyde ne présente qu'une faible coloration
jaune, la majeure partie de ce colorant étant rejelée à la surface de la masse
fondue sous la forme d'une couche ocreuse.
Les résultats obtenus en employant l'oxyde de fer magnétique sont à peu
près identiques, bien qu'une coloration grisâtre indique que l'oxydation n'a
pas été rigoureusement complète dans la flamme du chalumeau. On ne peut
donc pas obtenir, par la inélhode de fusion au chalumeau oxhydrique, un
saphir coloré par l'oxyde de fer au minimum.
Mais si l'on fait intervenir une petite quantité d'acide titanique, en même
temps que l'oxyde salin de fer, la réduction de cet acide à l'état d'oxyde de
titane peut devenir suffisante et demeurer telle, dans la flamme du chalu-
meau, pour permettre la fusion, ainsi que l'affinage et développer une belle
coloration bleue identique à celle du saphir.
Les proportions du colorant doivent évidemment varier dans certaines
limites, en raison du temps pendant lequel le mélange est soumis à l'action
de la flamme, pour obtenir sa fusion; elles doivent donc être fixées d'après
ces conditions de fusion.
Les ovoïdes fondus, d'une belle couleur de saphir, que je présente aujour-
d'hui à l'Académie, ont été obtenus avec de l'alumine additionnée de
1,5 pour loo d'oxyde magnétique de fer et j^ d'acide titanique.
Ce saphir de fusion, dont la fabrication présente encore de grandes diffi-
cultés, renferme donc 98 pour 100 d'alumine. M. Wyroubotf, qui a bien
SÉANCE DU 17 JANVIER 1910. 187
voulu examiner ces niasses au point de vue cristallographique, leur a trouvé
les mêmes propriétés que celles qu'il a constatées autrefois dans le rubis de
fusion. Ellcssontconstituéespar un cristal unique, uniaxe, négatif, peu biré-
fringent; ayant,. par conséquent, les propriétés optiques du saphir naturel.
Leur composition et leur constitution cristalline entraînent évidemment
l'identité de leurs autres propriétés avec celles que possède le saphir.
La coloration du saphir par l'oxyde de titane, mise déjà en évidence par
Gintl (') dans ses essais industriels sur le traitement de la bauxite au four
électrique parait, après cette réalisation par fusion au chalumeau oxhy-
drique, aussi conforme aux faits établis que l'attribution qui en a été faite
exclusivement à l'oxyde inférieur du chrome.
Dans l'état actuel de nos connaissances sur ce sujet, il me paraît donc
très vraisemblable d'admettre à côté du saphir coloré par l'oxyde de chrome,
suivant l'opinion de Deville et (laron, un saphir coloré par les oxydes de fer
et de titane.
La répétition des expériences de Deville et Caron ainsi que les recherches
analytiques que je poursuis actuellement, viendront bientôt, je l'espère,
confirmer cette manière de voir.
ZOOLOGIE. — Anomalies et varialions spontanées chez des oiseaux domes-
tiques. Note de M. A. Conte, présentée par M. Edmond Perrier.
On a constaté chez un certain nombre d'animaux des anomalies qui sont
les reproductions de caractères ethniques présents d'une façon constante
chez des individus d'espèces voisines ou éloignées. Tel est le cas des mésan-
ges à becs croisés qui reproduisent par cette variation accidentelle le carac-
tère si particulier du Loxia curvirostra.
Ce dernier caractère se rencontre également quelquefois dans les races
de poules; j'en ai observé deux cas.
Les poussins à becs croisés ne sont pas viables dans les conditions habituelles d'éle-
vage : ils sont incapables de prendie leur nourriture; pour les conserver il faut les
nourrir à la main, c'est ce que j"ai fait pour l'un d'eux. C'était un coq, hybride de
races Padoue et Houdan ; à l'âge de 8 mois il ne montrait encore aucun attribut sexuel
par suite, sans doute, des conditions très défavorables de son alimentation ; à la dissec-
tion j'ai constaté que ses testicules étaient tout à fait rudimenlaires.
(') Zeilschrift fur angewandle Clietnie, 1901, p. i 178.
l88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'une en(|uête que j'ai faite il résulte que le croisement du bec n'est pas
une anomalie très rare chez les poussins à l'éclosion. Aucune race de poules
à bec croisé ne s'est encore constituée : la nature même de ce caractère
empêchant l'alimentation est un premier obstacle; néanmoins la fréquence
de l'anomalie est en faveur d'une semblable création. C'est ainsi que dans
d'autres groupes on voit une race de chiens braques et une race de chats
sans queue résulter de la fixation récente d'un caractère qui apparaît assez
souvent à l'état isolé dans les difl'érentes races.
Les anomalies de même que les variations spontanées ont en générai une
origine que nous ignorons. J'ai eu l'occasion d'étudier dernièrement une
poule présentant une anomalie qui permet d'interpréter une variation spon-
tanée bien connue : le fanon sous-œsophagien de l'oie toulousaine. (_)n sait
que cette race d'oie présente un fanon sous-abdominal et, d'une façon moins
régulière d'ailleurs, un fanon sous oesophagien.
La poule étudiée, parfaitement adulte et pondant des œufs, piéseulait sous le lliorax
un énorme repli cutané intéressant près des deux tiers de la longueur du corps; en
arrière, sous l'abdomen, un autre repli plus petit. L'oiseau venant de manger, le repli
sous-thoracique est entièrement occupé par le jabot dilaté et a l'aspect d'une grosse
tumeur. Les téguments de ce repli, au lieu d'offrir la minceur caractéristique des
téguments d'oiseaux, sont fortement épaissis : le derme a piis un développement
inaccoutumé et s'est cliaigé de giaisse: structure qui lappelle bien celle ac(|uife |)ar le
fanon de l'oie de Toulouse.
Cette observation montre qu'une hypertrophie du jabot a entraîné, chez
cette poule, le développement exagéré des téguments sous-jacents et la
formation d'un fanon dont la paroi s'est épaissie pour résister au poids
de ce jabot qui, à l'état de pléthore, pesait 338^. Le fanon, caractère
accidentel chez cette poule, est très nettement lié à un développement
exagéré de la portion antérieure du tube digestif. Si l'on rapproche ces faits
de ce qu'on sait de l'oie toulousaine on voit que cette race, d'abord sans
fanon, a été longtemps sélectionnée au point de vue de l'engraissement et
soumise par suite à une alimentation intensive; de là une gymnastique
fonctionnelle de l'appareil digestif qui a nécessairement retenti sur ses
dimensions. Ce retentissement a eu pour conséquence une pesée plus grande
de la masse intestinale sur la paroi ventrale du corps ; celle-ci, soutenue sur
sa plus grande partie par les côtes, n'a pu céder qu'en deux régions : la
région préthoracique correspondant au jabot et la région sous-abdominale
correspondant à l'intestin. De là, comme dans la poule observée, la forma-
tion de replis tégumentaires ou fanons dans les régions de moindre résis-
SÉANCE DU 17 JANVIEK 1910. 1 89
lance. L'hori)oloj,ne de ces formations, dans les deux cas, est encore accrue
dn fait de l'hypertrophie du derme qui, chez l'oie de Toulouse, devient un
centre de dépôts adipeux comme il l'est à un degré moindre dans la poule
que j'ai décrite.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur l' accoutumance des bactéries aux anliseptiques.
Note de M. Louis 3Iassox, présentée j)ar M. Guignard.
On sait que les bactéries, soumises à l'action de quantités croissantes
d'une substance antiseptique, peuvent acquérir la faculté de supporter des
doses qui se montrent nocives pour les mêmes espèces non acclimatées.
On pouvait se demander si les races ainsi adaptées présentent un certain
degré de fixité : une longue série d'expériences entreprises sur un petit
nombre d'espèces à l'aide de quelques substances antiseptiques nous permet
de donner une réponse à cette question.
Quatre substances chimiques, la résorcine. Tiicide salicylique, le sulfate de cuivre
et le bictilorure de mercure, qui présentent, à des degrés divers, des propriétés anti-
septiques vis-à-vis des bactéries, ont été essayées sur le Bacillus pyocyaneiis, le Bacil-
lus'sublilis et le Bacillus anthracis.
Pour chaque espèce, on a déterminé la dose iiif'erlilisante de chaque substance à la
fin d'une série de repiquages en milieu nutritif additionné de quantités croissantes
d'antise|)tiques.
La première semence d'une seconde série de repiquages était empruntée à la der-
nière culture fertile delà série précédente et devenait ainsi, après un passage en milieu
normal, l'oiigine d'un essai en tout semblable au précédent. On déterminait de la
sorte une nouvelle dose infertilisante correspondant à cette semence déjà plus résis-
tante que la semence initiale.
Les chifties du Tableau suivant expriment les résultats obtenus. Chacune des lignes
liorizontales comprend, en grammes par litre, les doses infertilisantes successives
obleitues au cours de l'adaptation ; les semences ou races, qui diffèrent entre elles par
les doses infertilisantes qui leur correspondent, sont représentées par les lettres N, A,
B, C, etc., la lettre N désignant la semence initiale ou race normale.
L'examen de ces chiffres (qu'on pourrait avantageusement tiaduire en
graphiques d'une lecture plus facile) montre que la dose inferlilisante,
mesure de l'accoutumance de la bactérie à la substance antiseptique consi-
dérée, passe par des variations qui sont connparabies entre elles pour chaque
espèce et chaque antiseptique. La bactérie, en s'adaptant progressivement à
des doses nocives de plus en plus élevées, atteint un degré de résistance
c. R., 1910, I" Semestre. (T. lOO, N" 3.) 2t)
igo ^ACADÉMIE DES SCIENCES.
qireliene peut dépasser el qui est suivi d'iiiie cliute assez rapide; elle perd la
faculté de résistance acquise tout d'abord el peut môme, dans certains
cas, prendre une sensibilité plus grande que celle qui caractérise son état
iiiilial. En d'autres termes, raccoutumance des bactéries à des doses crois-
santes d'anliseplique est un phénomène temporaire. La propriété acquise
est toujours suivie d'un retour à la résistance initiale el normale. C'est un
exemple de résistance de l'espèce à la variation.
Il est important de noter que l'accoutumance se fait par étapes qui ne
sont franchies qu'à la condition de laisser la bactérie reprendre, pour un
temps, sa vie eu milieu normal avant de subir de nouveau l'action nocive à
laquelle elle s'adaplera plus avant.
Bacillus siibtilis.
N. A. B. C. D. E. F. r.. W.
Résorciiie 4.03 4,92 :"),fi' S.'io 6,4i 5,93 5,'|0 8,97
Acide salicvllquo 0,68 1,04 1,30 1,71 3,o5 [,44 i,ii i,4i I1O4
Sulfale de cuivre o,53 o,63 0,60 0,42 o,53 0,74 0,74 0,74 0,74
F>iciii(>iiire de mercure. . 0,07 0,11 0,23 o,3o o,44 0,98 0,90 0,59 o,o5
Dcicilliis (iiilliracis.
Hésorcine o, '|5 o,")^ o,3i o,5o 0,74 0,79 o,63 o,63 o,53
Acide salicjlique o,)4 i,o> 0,74 0,74 1,00 1,00 1,00 r,oo
Sulfate de cuivre o,44 o,ô3 o,63 o,63 o,63 0,79 0,79 0,26 o,o5
Hiclilorure de mercure. . o,o3 o,o3 o,o3 o,o3 o,o3 o,o3 o,o3
Hacilltis jiyocyaneiis.
Résorcine 3, 00 3,45 3,97 3,97 4i98 2,98 2,98 2,98
Acide salicylique i,<i2 1 , 20 i,4i '.44 i)44 i>7' 0,69 0,69 o.Gg
Sulfate de cuivre 1,71 2,01 2,27 2,27 2,27 2,ot i,48 1,48 'i48
liichlorure'de mercure. . 0,28 o,36 0,64 0,64 o.gS o,5i 0,18 0,18 0,18
Les ensemencements pratiqués en séries dans des milieux progressivement enrichis
eu substance antiseptique se montrent régulièrement fertiles quand la semence est pré-
levée, dès l'apparition du développement, dans les milieux peu nocifs au début; à
mesure que la dose nocive augmente, il faut un plus long contact avec l'antiseptique
pour que la semence prélevée devienne capable de se développer en s'adaptant aux
doses supérieures. Le retard dans la fertilité des semences peut atteindre ainsi 5 ou
6 jouis. Pour les bactéries sporifères comme le Bacillus subtitis et le B. anihracis,
c; délai correspond ii la sporulation; |)our le II. pyocyaneiis, il correspond à l'appa-
liilon des formes coccoïiles plus résistantes (ju'on [leut considérer comme des arthro-
!^ pores.
SÉANCE DU 17 JANVIER IftlO. 191
I.a spore, ou la forme tlurablc qui en tient lieu, semble donc jouer un
rôle important dans la transmission des propriétés acquises et, en particulier,
des variations de résistance aux antiseptiques. On sait depuis longtemps
que l'atténuation de virulence, chez la Bactéridie charbonneuse, peut se
transmettre de la même façon.
M. H. Tramk adresse un Traité technique et proliqiie des irrigations.
(Renvoi à l'examen de MM. Boussinesq et Léauté.)
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
BUI.I.I l'l\ ItlIlMOnKAPIIIOl'E-
OlIVRAOES IIFÇUS DANS LA SÉANCE DU 3 JANVIIR KJIO.
Collection de dessins publiés nu inédits, exécutés entre t854 et 1878 /ja'/' Alfred
liiocREUX, sous la direction de Gustave Tihjrkt; i3o planches contenues dans trois
cartons in-f° : i"'' carton, pi. 1 à 'i3; 2^ carton, pi. kï ;i 96; S'^caiton, pi. 97 à 130.
(Don de M. E. Bornet.)
Recherches sur les zoospores des Algues et les anthéridies des Cryptogames, par
Gustave Thuret, Paris, imprimerie de L. Martinet, i85(; 1 vol. in-S". [On lit sur la
page de garde de ce Volume : « Exemplaire iinif|ue, renfermant deux séries de figures,
les unes en noir avant la lettre, les autres coloriées, par Riocreux, d'après les dessins
originaux. Gustave Thuret. » (Don de M. E. Bornet.)
Sternkunde nnd Slerndienst in Babel. Assyriologische, astronoraisclie und aslral-
mythologische Unlersuchungen, von Franz Xaver Kuglek S. J. Buch I : IVatur, My -
tlnis und Gescliichte als Grundlagen babylonischer Zeitordnung nebst eingehenden
Unlersuchungen der âlleren Sternkunde und Météorologie: Tell I, mit 2 Figuren-
Tat'eln. Munster, 1909; i vol. in-4°. (Présenté par M. Bigourdaii.)
Missions scientifiques pour la mesure d'un arc de méridien au Spitzberg, entre-
prises en 1899-1901, sous les auspices des Gouvernements russes et suédois : Mission
russe; Tome I : Géodésie. 2' section : Travaux aux diverses stations. B : Observa-
1<)2 ACADEMIE DES SCIENCES.
tions de A. -S. Wassiliew. — 1. Cap Lee. Saint-Pétersbourg, Imprimerie de l'Aca-
démie impériale des Sciences, 1909; i vol. in-4°.
Klirtiatographie von Osterreich. IV : KUmatographie von Tirol and Vornrlbeig,
von D'' H. V. Fickkr; mil zoo- und phytobiologischen Beitragen, von Prof. K.-W. vON
Dalla ToHRE. N'ienne, 1909; 1 vol. in-4°.
Jaarboek van het Department van Landbouw irt iXedeilandscIt-Indië, 1908.
Batavia, 1909; i vol. in-4°.
Catalogue of Canadian Birds, by John Macoun and James-M. Macoin. (Canada
Department of Mines. Geological Siirvey Brandi, n" 973.) Ottawa, 1909; i vol. in-S°.
Anuario del Observatorio astronomico nacional de Tacubaya, para el ano de
1910, foimado bajo la direccion del Ingeniero Felipe Valle; ano XXX. Mexico, 1909;
I vol. in-i2.
Ouvrages reçus dans la séance du 10 janviek 191 o.
M. W. KiLiAN fait hommage à l'Académie de divers travaux relatifs à la géologie et
à la paléontologie du sud-ouest de la France et des Iles Seymour et Snow-Hill (Expé-
dition du D'Otto Nordenskjold au pôle Sud, igoi-igoS). l^lusieurs de ces travaux
ont été publiés en collaboration avec MM. Termier, M. Boule, Ch. Depérei , Êm. Haig,
JuLBS Lambert, P. Reboul. igoS-rgog; i fasc. in-4° et 8 fasc. in-S".
Annales du Bureau central météorologique de France, publiées par M. A. Angot :
Année igoS, I : Mémoires ; année 1907, II : Observations. Paris, Gautliier-Villars,
1909; 2 vol. in-4°.
Neuvième Congrès international de Géographie. Genève, 27 juiliet-6 août 1908.
Compte rendu du Congrès., publié par Arthur Claparède; t. I, avec 5 planches hors
texte et i5 figures dans le texte : 1. Organisation du Congrès; 2. Travaux scieiili-
Jiques. Genève, 1909; i vol. in-8°.
Souvenir de l'excursion des touristes français venus en Roumanie à l'occasion
de la croisière de l'Ile-de-France du 28 au 29 septembre 1909; Compte rendu fait
par le Secrétariat de l'Association roumaine pour l'avancement des Sciences. Bu-
carest, Socec et C'", 1909; 1 fasc. in-f". (Offert par M. G.-J. Istrati.)
Colleclio nominum Brotlierianorum et indicis bryologici, auctore li.-G. l^Aiiis.
I fasc. in-8°. (Pour le Concours du prix Montagne.)
Influence de l'intensité maximum du courant sur le spectre de la décharge
oscillante, par Paul Joye. Fribourg (Suisse), imp. Frugnière frères, 1909; 1 vol. in-8".
(Tr.insmis par M. de Kowalski. Hommage de l'auteur.)
.Alternating-current spark potentials and their relation to Ihe radius of llie cur-
vattire of électrodes, by Joseph de Kowalski. (Exlr. de Philosophical Magazine, no-
vembre 1909.) I fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Uemoirs and proceedings of the Manchester litterary and philosophical Society,
i909-i9io; I. LI\', |i;irt 1. Manriiester, 1909; 1 fasc. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 24 JANVIER 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIIIES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. -^ Sur la comète de Johannesburg.
Note de M. Ch. André.
Dans la soirée du 21 janvier (5'' 20™), et par une courte éclaircie,
M. Guillaume a pu voir la comète de Johannesburg. Elle était très
brillante, son noyau ayant un éclat un peu supérieur à celui d'Arcturus.
Entourant d'abord le noyau en lignes paraboliques concentriques, les
rayons formant la queue se développaient bientôt en droites sensiblement
parallèles s'étendant sur une longueur de 6'' à 7°.
M. 11. Zeii.ler fait liommage à l'Académie d'une Notice sur M. P. Fliclte,
sa vie et ses travaux.
RAPPORTS.
La Carte internationale de la Terre à , imomm,
par M. Alfred Cra.vdiiiier.
La diversité des échelles et des mesures adoptées dans les Cartes que
publient les divers pays présente de grands inconvénients pour les savants
comme pour le public, et il est vraiment fâcheux de voir tant de travail et de
dépenses consacrés à des œuvres sans coliésion et qui font double emploi.
L'utilité d'une uniformité aussi complète que possible, surtout en ce qui
regarde l'échelle, la projection et les unités géographiques, est évidente, et
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 4.)
2b
194 ACADÉMIE DES SCIENCES.
il n'est pas doulcux qu'une Cai-Le de la Terre à grande échelle exécutée dans
ces conditions serait non seulement un précieux instrument, aussi utile à la
Science qu'au commerce et à la civilisation, mais contribuerait, ce qui est
fort désirable, à l'admission générale d'un méridien initial et de mesures, de
signes conventionnels et d'une orthographe de noms de lieux uniformes.
Au Congrès de Géographie qui s'est tenu à Vienne en 1891, M. le pro-
fesseur Penck, frappé de l'intérêt que présente une œuvre semblable, a émis
le vœu que tous les gouvernements s'entendissent pour établir une Carte de
la Terre à l'échelle de ,„f,'„^„o et suivant le même système de projection, de
sorte que les feuilles, de quelque source qu'elles proviennent, puissent se
juxtaposer, et que les déformations que subit toute surface sphérique pro-
jetée sur un plan soient réduites à un minimum négligeable dans la pratique,
minimum résultant de la grandeur même de l'échelle. Sur la sphère ou
ellipsoïde terrestre dont il s'agirait de développer la surface et qui a une
circonférence de 40'" et un diamètre moyen de ia'",73.'), des sections res-
treintes paraissent plates, de sorte que le partage de la surface terrestre en
sections ou facettes se rapproche plus d'un développement que d'une pro-
jection proprement dite.
Ce projet a peu à peu reçu l'approbation de tous les géographes qui, tous,
ont admis le grand intérêt d'une coopération internationale uniforme pour
l'établissement et la confection d'une Carte de la Terre à TTnrjTïïi' ^^ ^" ' ^9^'
au Congrès de Géographie de Londres, il a été émis le vœu que les Etats
patronnassent cette œuvre et qu'on adoptât le système métrique et le méri-
dien de Greenwich, ainsi que la projection polyconiquc, chaque feuille
devant être construite indépendamment sur son méridien central : en se
prêtant à cet accord international, les délégués français, dont j'avais l'hon-
neur de faire partie, ont cru agir conformément à l'intéiél scientifique
général et, en même temps, bien servir la cause de la Science française.
Toutefois, pendant plusieurs années, ces vœux sont restés à l'état plato-
nique, et l'on pouvait désespérer de voir ce projet aboutir, lorsqu'on 1897
la France a ouvert la voie. En efl'et, lorsque la guerre de Cuba, lorsque les
troubles survenus en Perse et la révolte des Boxers en Chine appelèrent
l'attention des militaires sur ces pays lointains, le Service géographique de
notre armée, qui depuis plusieurs années étudiait la question dont elle avait
reconnu toute l'importance, se mit à l'œuvre et commença de suite la
publication d'une série de Caries de ces divers pays, à l'échelle uniforme
de ,^^1,^^^, et en feuilles de 4" de latitude sur 6" de longitude, limitées par
des parallèles et des méiidiens, conformément à la proposition de M. Penck:
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. igS
celles de l'Asie orientale (Empire chinois, Asie russe, Corée, Japon, etc.)
et de l'Asie centrale (Perse, Afghanistan, frontières anglo-russes, etc.),
commencées en 1897, ont été très utiles au cours des événements qui se
sont passés en Extrême-Orient pendant ces dernières années : lors de la
révolte des Boxers, toutes les nations durent, en effet, recourir à la Carte
française, et cette même (]arte a servi aux Russes pendant leur guerre avec
le Japon. Notre Service géographique a publié en même temps, en 1898, les
premières feuilles d'une Carte de l'Europe, toujours à 773-^77^, feuilles
consacrées à la frontière austro-russe, ainsi que onze représentant Cuba et
les Antilles.
Au lendemain de la guerre des Boxers, en 190 1 , le Service géographique
prussien s'est mis à son tour à l'œuvre et, en 1904, époque à laquelle nous
avions déjà fait 120 feuilles de la Carte à ,,, J^^,^ , a commencé à publier les
premières feuilles de la Chine orientale, conçues et exécutées comme les
nôtres, de manière à pouvoir servir à la confection d'une Carte générale de
la Terre. L'Angleterre a, de son côté, entrepris la publication d'une Carte
partielle d'Afrique à la même échelle de ,„ J^„o ^ "l*^'^ ^°'^ comprendre
i32 feuilles, limitées également par des parallèles et des méridiens.
L'Autriche-Ilongrie et l'Italie ont aussi suivi notre exemple.
Ces diverses publications constituent un progrès considérable au point
de vue géographique; malheureusement, l'uniformité n'est pas complète,
car, si elle existe au point de vue de l'échelle et à peu près au point de vue
de la limitation des feuilles, les Anglais et les Français ne comptent pas les
latitudes comme les Allemands, et une grande variété règne en ce qui
concerne les méridiens, de sorte que leurs feuilles ne peuvent se joindre ; il
y a aussi des différences dans les signes conventionnels, dans les mesures
d'altitudes, le mode d'écriture, l'orthographe des noms. Ces inconvénients,
très réels, ont amené le Cortgrès de Géographie tenu à Genève en 1908 à
exprimer le vœu qu'un Comité international se réunît à Londres en 1909,
pour y discuter la motion suivante : « Il est désirable qu'une série uniforme
de symboles et de signes conventionnels soit adoptée par toutes les nations
pour être employée sur la Carte de la Terre à , ^ J ^ ^ ^ et que les limites des
feuilles soient uniformes. »
Onze Etats ont répondu à cet appel, et envoyé des délégués à ce
Comité qui a tenu ses séances au Foreign Office, à Londres, en novembre
dernier : les délégués français étaient MM. Vidal delà Blaclie, de l'Institut,
Ch. Lallemand, directeur du Nivellement général de la France, le comman-
dant Pollachi, du Service géographique de l'armée, et Beurdeley, sous-
igfi ACADÉMIE DES SCIENCES.
chef du Service géographique au Ministère des Colonies. Les résolutions
prises et votées par ce Comité n'ayant pas encore été officiellement pu-
bliées ('), j'en dois la connaissance à M. le commandant Pollachi qui a bien
voulu me communiquer les Notes qu'il a prises au cours du Congrès, ce dont
je le remercie.
Le vœu du Congrès de Genève a été, dès le début, adopté à l'unani-
mité, et une Sous-Commission a arrêté la série uniforme des signes conven-
tionnels qui devront être employés sur la Carte à , „^,',^^^.
La limite des feuilles a été fixée, comme celles des feuilles déjà publiées
parla France, à une superficie de /i" en latitude et de 6° en longitude, comptes
à partir du méridien de Greenwich, ce qui donnerait un total de 2700 feuilles,
couvrant une surface de 191""', mais ce nombre sera sensiblement réduit,
car, au-dessus de 60" de latitude, on réunira ensemble deux ou plusieurs
feuilles de la même zone, la feuille unique embrassant 12°, 18" ou a/j" de
longitude.
A l'échelle dont il s'agit, les divers modes de projection sont à peu près
équivalents; comme il est important, avant tout, d'en avoir un qui facilite
la construction de la Carte et permette d'assembler exactement les feuilles
contiguës, on a adopté la projection polyconique modifiée avec des méri-
diens rectilignes, qui satisfait à cette double condition. Chaque feuille sera
donc établie indépendamment sur son méridien central. C'est M. Lallemand
qui a présidé, avec une grande autorité, la Sous-Commission qui a élaboré
ce programme.
Les zones d'altitudes comme les fonds sous-marins sont indiqués par un
système de teintes variées; les courbes de niveau normales seront tracées
à l'équidistance verticale de 100'" dans les régions montagneuses : elles
pourront être tracées à de plus larges intervalles pourvu qu'elles soient espa-
cées à 200", 5oo™ ou 1000™ d'intervalle; dans les contrées très plates, au
contraire, des courbes intermédiaires pourront être insérées, pourvu qu'elles
soient tracées à des intervalles de 10'", 20™ ou 5o". Pour les régions insuffi-
samment connues, le relief approximatif sera indiqué par des courbes en
traits discontinus et par la série des teintes correspondant aux altitudes.
Les altitudes seront cotées en mètres (mais on pourra y ajouter les hauteurs
en pieds ou toute autre unité de mesure nationale). Le niveau initial des
(') Le numéro de f.a Géographie du i5 décembre 1909. qui a été distribué dans la
journée du a/i janvier I910, et que j'ai trouvé en rentrant de Tlnslitut, contient ces
résolu lionSi
SÉANCE UU 24 JANVIER IQIO. I97
altitudes et des profondeurs de la mer sera le niveau moyen déterminé dans
chaque pays au moyen d'observations faites par lui sur ses côtes.
Les écritures seront établies en caractères latins. Dans tout pays faisant
usage de l'alphabet latin, l'orthographe usitée dans ce pays sera adoptée pour
tout nom de lieu, et, pour les colonies, on prendra le mode de transcription
en caractères latins usité dans le pays dont elles relèvent. Une légende
explicative indiquera, à propos des noms contenus dans la feuille, les lettres
latines dont l'emploi est nécessaire pour exprimer les sons de la langue usitée
dans cette feuille. Il est désirable que les gouvernements européens et extra-
européens, qui n'usent pas de l'alphabet latin, publient un système autorisé
de transcription. Pour les noms chinois, japonais, turcs, persans, etc., la
transcription adoptée sera celle en usage dans le service des postes et des
douanes.
Pour les signes conventionnels et les écritures, c'est le Tableau de notre
service géographique qui a été adopté avec quelques additions; les noms se
rapportant à l'hydrographie et ceux des voies de communication seront
écrits en lettres penchées; les autres noms seront en lettres droites; les alti-
tudes seront indiquées par des chiffres droits et les profondeurs par des
chiffres penchés.
En résumé, le Comité a arrêté toutes les indications nécessaires à l'éta-
blissement de la Carte internationale de la Terre, à looôoooi ceuvre colos-
sale qui exigera le travail de nombreux collaborateurs et coûtera cher : il a
été calculé en effet qu'elle reviendra à 5 millions de francs environ (le
centimètre carré étant estimé, tous frais compris, à 2'^'',5o); mais, comme
c'est une reuvre internationale, que chaque Etat civilisé aura à sa charge le
travail qui concerne son propre territoire et celui de ses colonies, et que le
reste du monde, soit une partie de l'Asie, l'Empire chinois, certaines con-
trées de l'Afrique et les mers seront partagés entre les divers États, la
dépense qui incombera à chacun d'eux et qui se répartira sur un assez
grand nombre d'années, sera en réalité assez faible.
Quoi qu'il en soit, l'exposé succinct que je viens de faire suffit pour
montrer la grande importance et la grande utilité qu'aura cette Carte, et je
demande à l'Académie de bien vouloir nommer une Commission pour
étudier le vœu qu'il me semble opportun de présenter aux Pouvoirs publics
afin qu'ils ne se désintéressent pas de cette question et accordent les moyens
de participer à la confection de cette Carte au Service géographique de
l'Armée, qui, depuis une quinzaine d'années, a du reste, comme nous l'avons
déjà dit, commencé une œuvre analogue, dont les feuilles, présentées par le
igS ACADÉMIE DES SCIENCES.
comiiiandanl Pollacclii au Comité international, ont été très appréciées
par tous ses membres. 11 y va de l'honneur scientifique de la France, qui a
été si longtemps à la tête du mouvement géographique dans le monde, de
ne pas se désintéresser d'une question si importante et de ne pas rester en
arrière des autres nations civihsées, d'autant qu'à l'intérêt scientifique s'en
joint un pratique de tout premier ordre.
Le vœu que je proposerais à l'Académie d'adopter est le suivant, déjà
approuvé du reste par la Section de Géographie du Comité des travaux
historiques et scientifiques du Ministère de l'Instruction publique et par la
Société de Géographie de Paris :
« Que la France prenne une part effective à rexécution de la Carte inter-
nationale de la Terre à l'échelle du millionième et que cette exécution soit
confiée au Service géographique de l'Armée qui, seul, est en mesure de
mener à bien ce travail. »
L'Académie décide de renvoyer l'examen du vœu émis par M. Gran-
uiDiER à une Commission composée de MM. les Membres de la Section de
Géographie et Navigation, auxquels s'adjoindront le Bureau de l'Académie,
M. Michel Lévy et M. //. Deslandres.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Associé
étranger, en remplacement de M. Simon Neivcomh, décédé.
A ce premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de 5o,
Lord Kayleigh réunit l'unanimité des suffrages.
Lord lÏAYLEiGii, ayant réuni l'unanimité des suffrages, est proclamé
élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
Uépublique.
CORRESPONDAIVCE.
M. le Recteur et le Séxat de l'IÎxiversité de Berlin invitent l'Académie
à se faire représenter aux fêtes jubilaires de son premier centenaire, du
lo au 12 octobre if)io.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 199
M. le Secrétaire PERPÉrrEL signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Les systèmes d' équations aux dérivées partielles, par Charles Riquier.
2° Les Tomes III à \ II (1906-1909) du Repertorium novarum specieruni
regnivegetabilis, publié à Berlin par M. Friedrich Fedde.
3° La malattia dei niinatori, par M. E. Perro^jcito. (Présenté par
M. Chauveau.)
4" Onoranze al Prof. Luigi Cremona.
M. G.-B. deToni, de Modène, adresse des remerciments pour la distinc-
tion que l'Académie a accordée à ses travaux.
ASTRONOMIE. — Obsenation de la comète Drake.
Note de M. E. I^sclanuon.
Une éclaircie qui s'est produite à Bordeaux le 22 janvier m'a permis
d'observer dans le crépuscule et au grand équatorial de l'Observatoire de
Bordeaux la comète Drake récemment découverte à Jobannesburg. Son
noyau est brillant et d'un diamètre apparent de 12" à i5". La nébulosité
voisine du noyau présente une analogie remarquable d'aspect avec la
comète Daniel (1907 d). La nébulosité semble émaner du noyau suivant
deux directions opposées perpendiculaires à la direction générale de la
queue, formant en quelque sorte deux courants de matière nébuleuse s'in-
flécliissant rapidement à mesure qu'ils s'éloignent du noyau, pour former
ensuite la queue proprement dite. Pendant les cours instants où j'ai pu
l'observer avant sou coucher, je n'ai pu, en l'absence de toute étoile de
comparaison voisine et visible, obtenir ses coordonnées par la méthode
différentielle des passages. Je n'ai donc pu noter que la position approchée
suivante, donnée directement par l'instrument et corrigée de la réfraction :
Tuinps moyen
de Paris
a. S. (33 janvier),
2o*'59"'5o° — 8''44' 6''o™24'*
La marche diurne moyenne qu'on en déduit par comparaison avec
l'observation faite à Johannesburg le 16 janvier est de -i-i2"'4^^en ascen-
sion droite et de -+-3° i' en déclinaison.
ACADEMIE DES SCIENCES.
Par l'intermédiaire de M. KiGoiiiiiiAx-, M. Hiiisaux, de Metlaoïii (Tunisie),
signale l'apparition d'une brillante comète qui a été aperçue là le 20 jan-
vier 19 10 : cet astre, visible à l'Ouest, après le coucher du Soleil, à 10" au-
dessus de l'horizon, était alors accompagné d'une queue de 6" de long.
ASTRONOMIE. — Observations, faites à l'Observatoire de Marseil/e,
de la comète Drake 1910^. Note de M. H. Bockcet, présentée par
M. B. BaiUaud.
La nouvelle comète 1910a a été observée à l'Observatoire de Marseille
au chercheur de comètes, les 19, 20 et 21 janvier. Sa faible hauteur et des
arbres ont empêché de pouvoir l'observer à Féquatorial Eichens.
Voici le détail des observations, les positions données étant simplement
des positions instrumentales, car on n'a pu apercevoir dans le voisinage
aucune étoile pouvant servir à une comparaison :
Temps moyen Ascension Distance
Dates. de Marseille. droite. polaire. Observateur.
Il m s h Cl s o , „
1910. Janvier 19... 5. 4- '9 20.80.58,7 '°7- 4-20 Borrelly
» » 20... 5. 3. 4 20.42.32,3 108.47.46 »
» » 21 ... 5.35.41 20. 58. I 100.52.25 »
Le 19, M. Borrelly Toliserve après le coucher du Soleil. Elle est très près de l'horizon,
superbe et d'un éclat supérieur à Mercure. Le noyau paraît ovoïde. La queue mesure 5°,
mais le crépuscule et l'éclat de la Lune en masquent certainement une grande partie.
Elle est très aisément visible à l'œil nu.
Le 20, MM. Borrelly et Bourget la cherchent, sans succès, vers 9'' du matin. M. Bor-
relly l'observe après le coucher du Soleil. Elle est toujours très belle. Son noyau paraît
complètement rond et mesure 12". La queue est aussi longue que la veille, séparée
longitudinalement en deu\ parties par une bande sombre, oITrant l'aspect classique
d'une comète au voisinage du Soleil.
Le 21, MM. Stephan, Bourget et Borrelly la retrouvent après le coucher du Soleil.
Elle est splendide et s'olTre comme une des plus belles comètes qui aient apparu. Le
noyau paraît allongé parallèlement à l'horizon, deux aigrettes s'en échappant à l'Est
et à l'Ouest, l^a queue paraît avoir i5". La bande longitudinale de la veille existe
toujours, moins accusée peut-être. Malgré un violent mistral qui fait \ibrer le
chercheur, la position en angle horaire paraît bonne. Dans une junielle à prisme, elle
présente un magnifique développement.
M. lî.viM.AUD, en présentant la Note précédente, signale que la comète
Drake a été observée soinmaironient à Paris, lésai et 22, par MM. Bigour-
SÉANCE DU 24 JANVIER I9IO. 20I
dan, Fayet et Giacobini. Elle a été vue et bien décrite le 20, à Fécamp, par
M. Gontier, professeur de dessin au lycée; le 21, à Ucel (Ardèche), par
M. Guabrot-Brousse, maire de celle commune; le 22, à Pienne, par
M. A. Voisin. Depuis le 16 janvier, jour de sa découverte à Johannes-
burg, jusqu'au 22, elle s'était déplacée de -(-i''8™ en ascension droite et
de + 16°, 5 en déclinaison. M. Giacobini signale que la queue offre deux
branches ayant chacune trois divisions distinctes.
ASTRONOMIE. — Éléments de la comète Tempel.^. Note de M. E. Maubaxt,
présentée par M. B. Baillaud.
Les éléments qui m'ont servi de point de départ sont ceux de 1904
publiés dans le n° 3962 des Astronomische Nachrichten par M. Schulhof.
J'ai calculé les perturbations par Jupiter et par Saturne de [\o jours en
4o jours; il a été nécessaire, au cours du travail, de modifier trois fois les
éléments osculateurs. Voici le Tableau des résultais principaux :
Éléments de 1904. Sommes Nouveaux éléments osculateurs.
Époque 1905, oct. 30, t. m. Paris. des perturbations Époque 1910, févr. 21, t. m. Paris.
de Jupiter et Saturne.
M...
n . . ■
SI---
357.51 .49,2
AM-H
1 .58.02 ,5
M
2 . 4 • 2 1 , 2
306.49.32 , 1 i
Alt +
27. 9,5
T. . . . .
307 . i6.4' )6
121. 4-43,1 1910,0 AtQ. —
26.44,4
0
120.37.58,7
12.38.52,8 '
li +
6.23,9
i
12 .45 . 16,7
32. 5o. 3,7
Ao -+-
■ 4-l7'2
0 . . . .
33.54.20,9
672", 175
Afx -h
3", 706
IX....
68.5", 881
o,48i683
1 0 g « . .
0, 47583g
1910,0
fi...
\os,a.
L'orbite de la comète TempeU se trouve entièrement à l'intérieur de celle
de Jupiter. Le moyen mouvement diurne augmente et la durée de révolu-
tion, un peu plus de 5 ans, se rapproche de celle de la comète d'Encke.
La comète sera difficilement observable, car, à l'époque du passage au
périhélie, avancé de 10 jours par suite des perturbations, sa position se
trouvera voisine de celle du Soleil. Lorsqu'elle s'éloignera de cet astre, son
éclat sera faible et la valeur de i : r-A^ un peu inférieure à celle de la der-
nière observation de 1904.
J'ai cependant calculé une éphéméride qui paraîtra prochainement.
C. R., 1910, I ' Semestre. (T. 150, N° 4.) 27
202 ACADEMIE DES SCIENCESir<
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur ks conditio/i^s rie maicùnum 'OU de mimmurn
d'une fonction analytique d'une infinité d&, variables ;.lSiOlQ de M. J.
Îje Roux, présentée par M^ Emile. Picard. .
Pour une fonction de pLiasieuirs vaciables^ donl-la.variaiiou premièrc'.fest
nulle en un point, l'étude de la variation seconde; fournit eB.,g«Q'épal :iîn
critérium pour reconnaître si la fonction présente au point considéré un
maximum ou un minimum relatif. Les propriétés que j'ai établies dans une
précédente Note sur les formes quadratiques permettent d'étendre le même
critérium aux fonctions d'une infinité de variables.
Soit f{cc) =y(a7,, X.,, . . .') une fonction analytique réelle des variables
X,, ,T„, ... s'annulantau point
et uniformément convergente dans un domaine (D), défini, par des inéga-
lités de la forme
(I) \^n\ia„.
Cette fonction est alors développable en série de Taylor généralisée,
comme je l'ai montré ailleurs. On peut écrire
(9.) /(.r)rr:V (s„ (>■,,, r„ ...^,
(fj, désignant une fonction homogène d'ordre p des variables considérées.
Toutes les fonctions homogènes ç^,, ainsi que la série Zcp^, sont uniformément
convergentes dans le domaine (D). (Dans les travaux de M. H. von Koch
et de M. Hilbert, c'est le développement considéré qui sert de définition à
la fonction.)
Supposons maintenant que le développement commenee«ux' termes du
second ordre, et que la fonction <^.; soit une forme qn«dpalique détiniiei
Je disque, dans ces conditions, on peut déterminer un d0maine.[D'), entou-
rant l'origine, et dans lequel la fonction /( x) est différente de zéro, sauf à
l'origine, et constamment du même signe que la forme quadratique ^.,.
Soit par exemple 92^0. Nous avons établi qu'à chaque variable '.r„
correspond un module positif u,,; si l'on donne à a;,, une valeur déterminée^,,,
on a constamment
SÉANCE DU 24 JANVIER I910. 2o3
.'La série (2) étant' convergente dans le domalae ( D), frontière comprise,
chacun des- termes ç,, 9., ...-reste, en valeur absolue, inférieur à un
norabr^M, dans tout le domaine considéré.
- ' Soit t un nombre positif , les inégalités
définissent un domaine D„'honlothéliqué à D. Dans le domaine D, la valeur
absolue de la fonction liom-ogène «pp reste inférieure à }Al'' .
Cela.posé,'Oonsiiidérons un système ide valeurs des variables x-,, x-^, . . ., et
formons la suite des rapports
I «1 I I «2 I I "« I
Nous supposerons que cette suite admette une limite supérieure f, inférieure
à I : aucun des rapports considérés n'est supérieur à /, mais il en existe qui
sont supérieurs à tout nombre t <[ /.
Si l'on a, en particulier, — -/\ il en résulte
I "n I "
La fonction coTisidérée /(a?) aura donc alors une valeur supérieure à
M''
f;L„ rt,^, /'- — iVI (/'-+-/• + ...) = ;ji„ a;, l •
Elle sera donc positive si les nombres t et l' satisfont à l'inégalité
, ,, M/'
(4) \>-na:,f^— j—-^ >0.
Pour' que la condition (4) puisse être vérifiée par des valeurs de t'
inférieures à ^, il faut et ibsuffit que l'oniait
t<
fJL„(7-
et, par suite,
(5) I x„ I <-j^|!^'"|'^2 ■ (égalité exclue).
Les inégalités (5) définissent un-nouveau dcmaaine; (D'). intérieur à (D)
et dans lequel la fonction f{x) est toujours positive, sauf à l'origine où
elle est nulle. Elle admet donc en ce point un minimum relatif, et notre
proposition est par conséquent démontrée,
2o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans le domaine (D) chaque variable se meut dans un intervalle fini,
mais il peut arriver que la suite de ces intervalles n'admette pas une limite
inférieure non nulle. La considération de domaines de cette nature que j'ai
appelés évanouisscinls s'impose dans l'étude de la plupart des questions
relatives aux fonctions d'une infinité de variables: pour la convergence,
la continuité, pour l'existence même des fonctions, comme pour les
conditions de maximum ou de minimum. Il est d'ailleurs facile, par une
transformation simple effectuée sur les variables, de passer des domaines
évanouissants aux domaines non évanouissants, et réciproquement.
Dans l'exemple suivant que j'emprunte à M. Hilbert {Rendiconti di
Palermo, t. XXVII, 1909),
la fonction y^( a:;) est nulle à l'origine, et positive en dehors de ce point,
dims tout le domaine évanouissant défini par les inégalités
(6) l-'^-Kr
On peut donc dire, contrairement à l'opinion exprimée par M. Hilbert,
que la fonction considérée admet à l'origine un minimum relatif.
La transformation
// .z-„ = )■„
remplacerait le domaine évanouissant (6) par un domaine non éva-
nouissant.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur le dernier théorème de Fermât.
Note de M. D. Mirimanoff, présentée par M. Appell.
M. A. Wiefricli (') a démontré récemment le théorème suivant : Si
l'équation x^ -\- y'' -\- z^ -=^ o est possible en nombres entiers premiers à p, le
quotient de Fermât q (2) = est divisible par p. Je ferai voir qu'il en
3p-i _ ,
est de même du quotient q Ç5) =z
(' ) Journal fiir reine u. anf(eiv. Math., t. 136, p. 298-302.
SÉANCE DU 24 JANVIER I910. 2o5
Désignons par o, ( / ) le polynôme
< — 2'-'r--^ 3'-'/' — . . .— (/j — !)'-'</'-',
et posons ^,(0 = ?/( ~ ' — ' }■
Il résulte des recherches de Kummer que chacun des six rapports -> ->
->->-)- vérifie les^ coneruences
z .r z y 2 '^
B, J/,,_2/(0 ^ o (modp) ( «' =: I, 2, . . . , -i \i
(i) 9p_,(0 = o,
B,- étant le ?"■"* nombre de Bernoulli.
Or les polynômes .p,(/) sont liés par une relation qu'on déduit très sim-
plement de la formule
; = 1 ( r- 1
où a,, a.,, .... a„,_, sont les racines de ^^ = o et m un nombre entier
. — j
quelconque que, pour plus de simplicité, nous supposons premier.
Posons e' =1 + /, d'où x = log(n-/), et développons les deux membres
de (2) suivant les puissances croissantes de / jusqu'aux termes en IP~' inclu-
sivement. Il est aisé de montrer que la série log*(i -ht) arrêtée au terme
en f'' donne, pour tout k<ip — i, un polynôme congru à k\ '^p-k{i)
(mod/?) (cf. Journal f. reine 11. angew. Math., t. 128, p. 60). Nous aurons
ainsi, après une transformation facile, la formule
( =- //i _ 1 ( = m — I
(3) o,-(0 2 T^rj;^^^'"-' 1 (t^^-7^^.J = --^=?-^')
1=1 / = 1
/ = V — 1
/ = 1
en posant
■ tp-
(— I + C(,)''-' (I — et,)''-' 2
Cette formule est une identité (modyo). Multiplions-la par le pro-
duit JjTJ (i — cti-ht). En faisant / =: — i, tous les termes en ?/,-,, ']'p--2i
266 ACADÉMIE DES SCIENCES.
s'annulent (mod/?) et il vient
(5) (_.)''-'('»"-'-.)— ^ = 7('«)= y -^.
p — I ! ^^ I — a,
formule qui fournit une expression générale du quotient de Fermât (/(m).
Si maintenant on substitue à / l'un ides rapports -, -• • • • > les termes
II y j-
en 9/,-i, 4'/'-2( tombent en vertu de (i). En remplaçant alors ( par — i — /,
ce qui est permis, nous aurons
(6) Yl (' + «') 2 T^,^'' (modp).
(=1 ;=1
On peut donc énoncer le tbéorème suivant :
Si l'équation xf-hY''-\- :■'' = o admet une solution x, y, s première à p,
chacun des rapports—, •—■,■■■ vérifie la congruence (6).
En faisant dans (G) w = 2, on retrouve le critérium de M. A. Wieferich.
Pour m = 3, la congruence (6) s'écrit
< (R, -h R.,) + a. R, -h a, Rs = o,
et comme le nombre des rapports -, —, ••■ distincts ( mod^) est au moins
égal à 2, on doit avoir R, h- Ho ^o, a^R, + a, R^^^so, d'où, en vertu
de (5), y(3)^o (modjo). c. o. f. d.
On voit que l'impossibilité de l'équation de F'erniat en nombres entiers
premiers h.p est établie pour tous les exposants premiers/?, tels que l'un au
moins des quotients de Fermât q{i), y (3) ne soit pas divisible par p. Elle
est établie, en particulier, pour tous les exposants premiers de la forme
2°3*dL I et de la forme ± 2"^: 3*.
D'autres critères peuvent être déduits de (6) en donnant à m des valeurs
supérieures à 3.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représentation des solutions d'une équa-
tion aux différences finies linéaire pour les grandes valeurs de la variable.
Note de M. GaliBbu>, présentée par M. Painlevé.
On sait que 4a rechcrcbe des solutions de l'équation aux différences finies
(,) A„/(.r + A) + A,/(,r + Â- - I) -. . .+ A;,/(.r) = o,
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 207
OÙ A, est un polynôme en x de degré p, se ramène au moyen de la transfor-
mation
/{j,)^fr(z)z-'-'dz,
à la résolution de l'équation différentielle
(2) =/'H„^-;+G/'->H,
\hr ' ' 'dz'--' -.,'-"•
où R,- est un polynôme en : de degré égal ou inférieur à^. Dans la pressente
Note, j'étudierai le cas où le polynôme Ro étant de degré inférieur rà X-,
toutes les solutions de l'équation' (2) peuvent être représentées asymptoti-
quement à l'infini par des séries normales du premier ordre de la forme
l-", = e-p' 3H-i / oj, -1- _l -+- . . . -i- —- 4- _ I .
Il existe une solution u,- de l'équation (2) qui, quand :; s'éloigne à l'infini
avec l'argument de [î,- changé de signe, est représentée asymptotiquement
par P,; je forme alors
..inoiXfU-.
a étant un point de la droite -O'-^ p,- situé entre O et x et l'intégrale étant
prise sur cette droite depuis a jusqu'à i'inlîni.
D'autre part, au voisinage de l'infini, l'équation (2) admet \es p solutions
indépendantes
Au moyen de ces fonctions on peut former p solutions W de (2) telles que
la fonction/", (.r) définie par
/, ( j-) = ï{i,, ) + f z^-' ( c, w, + c,w.,+ . . . -h c,A\,,rciz.
■ i.„
d'où solution de l'équation (i); le contour L„ iyânt pour origine et extré-
mité le point a, comprend à son intérieur l'origine et tous les points rapines
du polynôme R„ ; les constantes csont les coefficients des fonctions (^ dans
l'expression de m,- en fonction de t',, c^, . . . , c^ au voisinage du point a. La
fonction /) (a;) est méromorphe et admet pour pôles les racines des équations
ro e-"^"-' — 1 = 0,- ;■
où CD est racine de l'équation fondamentale relative au point à l'infini.
2o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quand le polynôme R,, est de degré k — :;, il existe :; séries P, où [3, est
différent de O ; au moyen de ces z séries, on forme z expressions Q,
H-
qui représentent asymplotiquement les fonctions fi{jc). Quand le point x
s'éloigne à l'infini dans le demi-plan situé à droite de l'axe des ordonnées,
suivant une direction différente de celle de l'axe des abscisses, la fonc-
tion y, (j;') est représentée asymptoliquemeiit parQ,(j;). Le demi-plan situé
à gauche de l'axe des ordonnées est divisé par des rayons S issus de l'ori-
gine en plusieurs, angles on J\{x) est représentée asymptotiquement par
des développements C,Q,- différents, C, étant une constante. Ces rayons
sont, d'une part, la direction négative de l'axe des abscisses, d'autre part,
les perpendiculaires aux côtés de la ligne polygonale convexe ayant
pour sommets ou comprenant à son intérieur les points |5^ des coordon-
nées (Ls,, — cî,), /•;• et d, étant le module et l'argument de ^, de module
égal ou supérieur à p,.
D'une façon analogue, on peut former des solutions de l'équation (i) cor-
respondant aux racines nulles du polynôme R,, si les solutions de la trans-
formée en - de (2) sont représentées à l'infini par des séries normales du
premier ordre; les solutions de (i) sont alors représentées asymptotique-
ment par des expressions de la forme
GÉODÉSIE. — . Sw les jonctions de la chaîne mérù/ienne de Savoie avec la
triangulation fondamentale italienne et suisse. Note de M. Paul
Helbro.vner, présentée par M. Michel Lévy.
Nos observations de 1907 et de 1908 pour l'exécution d'une Chaîne géo-
désique de précision, dite Méridienne de Savoie, dont nous avons présenté
le résumé dans nos communications des 7 octobre 1907 et 28 sep-
tembre 1908, ont donné lieu à de longs calculs consécutifs, qui sont
aujourd'hui terminés. Ces calculs qui avaient été établis, en premier lieu,
d'une façon provisoire, sur la méthode des compensations graphiques
successives par points isolés, l'ont été d'une façon définitive, sur la méthode
SÉANCE DU 2.\ JANVIER 1910. 209
des compensations analytiques, dite des moindres carrés, par figures coni-
prenantde six à neuf points ; chacune de celles-ci déterminant simultanément
de trois à cinq points nouveaux. Pour cette compensation définitive, la
triangulation a été décomposée en huit figures accolées, dont l'enchainement
s'est effectué du Sud vers le Nord.
Nous ne voulons pas attendre la publication du premier Volume de notre
Description géomclrique détaillée des Alpes françaises, qui sera consacré
exclusivement aux observations, calculs et tours d'horizon photographiques
de notre chaîne méridienne de Savoie, mais dont l'impression, qui com-
mence seulement, demandera vraisemblablement plusieurs mois, pour
présenter à l'Académie le résumé de quelques résultats caractéristiques
concernant, parmi les différentes jonctions de notre chaîne méridienne
avec les triangulations fondamentales préexistantes qu'elle rencontre, celles
notamment qui se produisent avec le réseau primordial italien, dans la
partie centrale, et avec le réseau primordial suisse, dans la partie septen-
trionale de notre enchaînement.
Triangulations fonda- Ciiaine méridienne
Noms des côtés ('). mentales suisses. de Savoie.
Coi'nettes de Bise-Dent d'Oche. .. . 468'. '3 [^&'$,\,!\[^ -i-o,3i
La Dôle-Ripaille 29987,27 29986,69 -1-0, 58
Dent d'Oche-Ripaille 19860,16 19360,75 +0,09
Mont Tendre-Kipaille 26o5o, iS 26o5i ,35 +1,17
La Dôle-Dent d'Oche 49234,76 49234,82 -1-0,06
Mont Tendre-Dent d'Oclie 42o65,o5 42066,89 -i-i,34
Mont Tendre-La Dôle 24804,40 24804, 53 -i-o,i3
Trélod-Colloney 49353, o5 49^54,28 -+-1,23
Trélod-La Dôle 81780,48 81781,33 -1-0, 85
Trélod-Les \ oirons 61024, 3o 61024,82 H-o,52
La Dole-Les Voirons 29270,50 29270,77 -1-0,27
La Dôle-Golloney 68o38,i8 68088,09 — 0,09
Collonej-Les Voirons 387617,68 38767,82 — o,36
Avec le réseau du premier ordre italien établi de 1879 à 1881, par
(') Nous devons la connaissance des côtés de la triangulation du canton de Vaud à
une obligeante Communication de M. le colonel Held, directeur du Bureau topogra-
phique fédéral suisse. Quant aux côtés de la grande triangulation suisse, ils ont été
publiés dans le Tome X de Das scluveizerisclie Dreiecknetz {Astronomisch-geodà-
tisclie Arbeilen in der Schweiz, etc.), p. 219 et suivantes. Zurich, chez Fasi et Béer,
1907.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 4.) 28
2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
Flnstitut géographique militaire de Florence, nous avons opéré notre
jonction par le côté Tête. Nord des Fours — Contrefort Nord de l'Aiguille-
Rouge du mont Pourri. (Ce dernier point que nous avons occupé, uniquement
en vue de cette soudure, ne se trouve qu'à i""" au nord de notre station
Sommet de l' Aiguille- Ronge, où passe l'enchaînement proprement dit de
notre chaîne). La comparaison des valeurs de ce côté dans la triangulation
italienne et dans la chaîne méridienne de Savoie s'établit ainsi :
Avec le réseau fondamental suisse, le nombre des points communs est
assez élevé pour permettre l'identification de treize côtés : sept d'entre eux
appartiennent à la triangulation de précision du canton de Vaud, datant
de i883 ; six autres appartiennent à la nouvelle triangulation fondamentale
suisse qui débuta en 1867. Cette seconde série est formée de côtés faisant
partie de grands triangles que nous n'avons pas mesurés directement dans
notre chaîne, mais qui ont pour sommets des points de celle-ci dont les
distances ont résulté des positions dues à notre compensation définitive
et que nous avons obtenues par le calcul de triangles auxiliaires.
Parmi les nombreux angles communs dont la comparaison complète ne
présente que peu d'intérêt, nous donnerons, à titre d'exemple, l'angle à
Deint d'Oche entre Mont Tendre et La Dole, et les angles du grand triangle
du premier ordre suisse Trélod-Les Voirons-La Dole.
Triangulation suisse
— ^^^^^_-~— _^ Chaîne
publiés transformés méridienne
en degrés. en grades. de Savoie.
Angle sphérique à Dent d'Oche ^
entre Mont Tendre et La Dôle.. 3o.i3..54,37 33. 5908,55 33.59io,3i
^. , 1 Trélod 16.47.56,07 18.6657,32 18. 6656, o5
,, . { Les Voirons 126. 8.57,16 i4o.i657,qo 140.1662,61
sphenque. ,rw., ,„. , r c i^ r a ko
^ ' ( La Dole 37. 3.oq,.j2 41-1096, o5 4i-'692,58
PHYSIQUE. — Sur la relation de Pulfrich entre la contraction du volume et
le pouvoir réfringent dès mélanges liquides. Note de M. Edm. van Avbel,
présentée par M. Lippmann.
Considérons un mélange de deux liquides. Désignons par :
/?, la quantité en poids d'un des liquides qui entre dans le mélange,
/>2 celle de l'autre liquide,
D| la densité du premier liquide.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 211
Do celle du second,
ç', = ^ le volume qu'occuperait le premier liquide s'il était seul,
ç'j = ^ le volume correspondant au poids du second liquide,
D la densité observée du mélange (résultat de la contraction ou de la dila-
tation des volumes),
D,, la densité qu'aurait le mélange s'il se formait sans changement de
volume.
On a les relations suivantes, dans lesquelles G représente la variation totale du
volume et c la contraction ou la dilatation rapportée à l'unité de volume :
(i) D,=rD,+ (D,-D,)— ^1-,
(2)
L=r(P', + f,)( l--g-
C D — D
D
Soit, d'autre part, R = « — i le pouvoir réfringent, n étant l'indice de réfraction,
et alTectons des indices 1 ou 2 les lettres R et «, qui se rapportent à l'un ou l'autre
des liquides qui constituent le mélange.
Nous aurons pour les pouvoirs réfringents la relation suivante, analogue à l'équa-
tion (1) :
(3) H„z^K, + (H,— H|) ''- _ -
R^ représentera le pouvoir réfringent que l'on obtiendrait pour le mélange si celui-ci
se produisait sans variation du volume.
Ces notations étant admises, appelons contraction du poin'oir réfringent l'expres-
sion — jr — -, analogue à la quantité c de l'équation (2).
Pulfricli (') a montré qu'on peut écrire la relation
R _ l>,,. D — D„
(4) — i^=./^_=r/c.
Le facteur de proportionnalité '/ est pratiquement comlanlel toujours positif, pour
les mélanges en diverses proportions de deux liquides déterminés. Cette relation de
Pulfrich a fait l'objet des recherches de Buchkremer, SchCilt, Chéneveau et surtout
V.-F. Hess (■-). Ce dernier physicien a prouvé que la formule (4) se vérifiait, quelle que
(') Zeitschrift fiir physikalische C hernie, t. W, i88g, p. 56r.
(^) Annalen der Physik, 4' série, t. XXVII, 1908, p. SSg.
i2I2 ACADÉMIE DES SCIENCES,
soil l'expression choisie pour le pouvoir réfringent R :
R = «— I, R= ""~ '. R = «2— I.
Il- + 2
el que le facteur de proportionnalité (] variait peu avec la température el la longueur
d'onde, q serait donc une constante, caractéristique des mélanges de deux liquides
donnés.
Pour sa Thèse de doctorat, intitulée Ueberden Einjhtss der Komplexbildung
auf Raumerfidiun g und Lichtbrechiing iii wâssrigen Lôsimgen von Sahen
und Sâurén, Université de Bonn, juillet 1908, Robert Wintgen a exécuté
un grand nombre de mesures très précises, dans un but différent de celui
qui nous occupe. Je me suis proposé d'utiliser ces résultats pour vérifier si
le facteur de proportionnalité q était toujours positif, el j'ai obtenu une
valeur négative de q, dans le cas d'un mélange à volumes égaux d'une solution
d'heptamolybdate d'ammonium avec une solution d'acide tartrique (Disser-
tation de Robert Wintgen, p. 5o).
Tfinpéraline : 25°. o.
a. Solution l : hcptamolybdate d'ammonium dans l'eau.
P, = nombre de grammes de substance dissous dans ç>, centimètres cubes de
la solution 1 = 200,00;
(', = 1000™' de la solution 1 ;
D, = I, i356o = densité de la solution 1 ;
n, = i,365i9 ('), d'où
R, rr= /(, — I =: o ,36019.
b. Solution 2 : acide tartrique dans l'eau.
Pj = nombre de grammes de substance dissous dans Co centimètres cubes
de la solution 2 = 200;
{>., = 1000""' de la solution 2;
D.^-— 1,08440;
n., = 1,35626, d'oii
Rjiir «2 — I =: 0,35626.
c. On mélange les solutions 1 et 2 et l'on trouve les résultats suivants :
D,,= 1 ,11000 calculée par la formule (1);
D=: 1,10927, valeur déduite des mesures;
(') Poui- la laie I) du sodium.
SÉANCE DU 24 JANVIER 19IO. . 2l3
R^= 0,36072, calculé au moyen de la formule (3);
R = 0,36229, valeur déduite des mesures.
On a donc
D<D, et R>R..;
la quantité q est négatue.
Les écarts observés dépassent de beaucoup les erreurs possibles dans les
mesures effectuées par Robert Wintgen (voir p. 26 et 28 de sa Dissertation).
C'est le seul cas qui ait été signalé jusqu'ici, pour lequel le facteur q est
négatif. 11 devient intéressant d'étudier des mélanges des mêmes solutions
en d'autres proportions.
Remarquons qu'il se forme, dans le mélange considéré, un composé com-
plexe, ainsi que M . Gernez l'a montré par des recherches polarimétriques ( ' ),
mais je n'ai pas trouvé la particularité que je viens de signaler, avec d'autres
mélanges étudiés par Robert Wintgen et donnant également lieu à des
composés complexes : un mélange d'une solution de chlorure mercuriquc
et d'une solution d'iodure de potassium, par exemple, donne
0 = 1,02469, 0^=1,02439,
R = 0,33733, R^= 0,33682,
c'est-à-dire une valeur positive de q.
PHYSIQUE. — Sur les lois de l'évaporation. Note de M. P. Vaillant,
présentée par M. J. Violle.
La plus grande difficulté des mesures de vitesse d'évaporation est la
détermination de la surface liquide qui s'évapore. Cette surface dépend non
seulement de la tension superficielle, mais de l'état de la paroi en chaque
point et pour les liquides à faible tension superficielle, comme l'éther ou la
benzine, elle croît avec le temps.
Pour des mesures comparatives on peut tourner la difficulté en employant
un vase fermé dont le couvercle, placé à une certaine distance delà surface
d'évaporation, présente une ouverture circulaire à bords nettement définis.
Si, comme a semblé le montrer l'étude des solutions aqueuses (°), la vitesse
(') Journal de Physique, 2« série, l. VI, 1887, p. 383. — \'oir aussi Qlinet,
Journal de Physique, 4" série, l. VIII, 1909, p. 278.
C^) Comptes rendus, 26 avril 1909.
21 4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'évaporalion est uniquement réglée par la vitesse de diffusion de la vapeur,
la quantité q de liquide évaporé par seconde doit dépendre uniquement de
Faire s de l'ouverture. J'ai en effet constaté que q n'est pas proportionnel
à *, mais cjue c'est une fonction de s indépendante de la nature du liquide.
Pour-une même valeur de *, j'ai trouvé :
H^O. CII'OH. CMPOH. CHCl'. (C=H-)=0. C«H'. C'H».
% ',936 1,9^7 1.9^7 •.934 i,942 1,912 1,983
Les écarts sont de l'ordre des erreurs d'expérience.
Cela posé, pour étudier l'influence delà tension de vapeur F et du poids moléculaire M
sur la quantité q, je me suis servi d'un petit crislallisoir de 3o°"'' environ fermé à
la seccotine par une plaque métallique, percée au centre d'une ouverture circulaire
de i"^"" de rayon. Ce cristallisoir, dans lequel on avait mis lo"^"' du liquide expérimenté,
était disposé sur l'un des plateaux d'une balance Curie et l'on déterminait le temps t qu'il
mettait à perdre un poids/) (variable de g'"^', 5 à l'i suivant la nature du liquide). On
en déduisait
Pour les liquides miscibles, à l'eau tels que les alcools, il fallait tenir compte du
poids de vapeur d'eau absorbé par le liquide pendant l'expérience. A cet effet, après
avoir déterminé q comme il vient d'être dit, on remplaçait le liquide par un volume
égal d'acide sulfurique dont on mesurait l'augmentation de poids q' par seconde. En
admettant (ce que j'ai vérifié pour l'acide phosphorique et la glycérine) (') que, dans
les mêmes conditions de température et d'état hygrométrique, la vitesse d'absorption
est la même pour tous les liquides miscibles à l'eau, on devait augmenter q de la
quantité q' .
Entre deux mesures, la cage de la balance était ventilée avec soin de façon à éli-
miner toute trace de vapeur.
La valeur de F correspondant à chaque mesure se déduisait de la température du
liquide prise avant et après l'évaporation à l'aide de deux soudures Fe-Cu en
opposition, l'une plongeant d'environ 1""° au sein du liquide, l'autre entourant le
réservoir d'un thermomètre à mercure immergé dans un tliermoslat. Les températures
ainsi déterminées étaient comprises entre 18° et aS". Chaque mesure était rapportée
à la pression de 760™"" en considérant q comme inversement proportionnel à la
pression.
Le Tableau qui suit résume les résultats obtenus : chaque nombre fourni
est d'ailleurs la moyenne d'au moins di.\. mesures.
(') Comptes rendus, 26 aviil 1909.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 2l5
Liquides. F,„. 9 x io«. 7 x F-' ^ 10' x M-'. 7 x F~' x lo'x M"' =0.
H'0 14,1 11,2 3,4o 1,290^8x0,^30
CS^ 398 680 3,02 0,452
CCI* 91 33i 2,08 0,444
C'H'2 (iso) 573 i45o 3,73 0,449
CH" (normal ) 120 i-;i 2,01 o,4o8
G" H' 75 io5 1,87 0,443
C'H' 22 27,6 1,37 0,469
CH=OH 95 82 2,37 0,498
C^H^OH 44 39,7 1,81 0,499
C'H'OH i5,2 12,2 1,39 0,529'
C'H'OII (normal)... 4,2 2,80 0,79 0,467
C'H'OH (iso) 8,6 5,93 o,85 o,4o4
CHCP 160 476 2,19 o,4o3
C^H^Br 387 1678 3,75 o,5o5
C^H^I 110 45o 2,37 0,478
{CJR^fO 433 1160 3,28 o,43i
(CH=')-CO 180 298 2,56 0,453
C^H'Cl 8,8 11,2 0,99 0,478
La colonne Foo contient, à titre d'indication, les tensions maxinia à 20"
des divers liquides expérimentés : elles varient de ^""^ à près de 600°""
de mercure. La colonne suivante donne, en millionièmes de gramme, les
poids de chaque liquide évaporés par seconde; ce sont des poids moyens,
ils varient évidemment avec la température. La troisième colonne repré-
sente les nombres de molécules qui passeraient par seconde à travers
l'ouverture si F était égal à i et la vitesse d'évaporation proportionnelle
à F; les poids des molécules sont évalués en cent millionièmes de gramme.
Ces nombres varient avec la nature du liquide dans le même sens que F,
mais beaucoup moins vite que F. Il est assez remarquable que leur quotient
par F' est sensiblement le même pour tous les liquides expérimentés
(quatrième colonne). Pour l'eau cependant, le quotient est triple de ce qu'il
est pour les autres liquides. Mais ce résultat peut, comme pour d'autres
phénomènes, s'interpréter par l'existence de la molécule triple (H-0)'.
En résumé, dans le cas particulier envisagé, celui d'un vase incomplète-
ment rempli ne communiquant avec l'extérieur que par une ouverture pra-
tiquée dans la paroi supérieure et relativement étroite, la vitesse d'évapo-
ration est donnée par la formule
9 = aMF*,
a paraissant ne dépendre qu'en faible proportion de la nature des liquides.
2l6
ACADEMIE DES SCIENCES.
(Les écarts entre les diverses valeurs de a peuvent d'ailleurs s'interpréter,
en dehors de toute hypothèse, soit par l'impureté des liquides expérimentés,
soit par ce fait que les valeurs de F étaient obtenues par une interpolation
assez grossière.)
OPTIQUE. — Prisme à faces courbes applicable à la Spectroscopie . Note
de M. C. Férv, présentée par M. E. Bouty.
Le but poursuivi dans la construction de ce prisme est de supprimer tout
dispositif de concentration étranger au prisme, entre la fente et l'oculaire
du spectroscope, ou entre la fente et la plaque photographique du spectro-
graphe.
11 en résulte une simplification de construction et de réglage de ces appa-
reils, ainsi qu'une diminution des pertes de lumière et aussi des aberrations
provenant des surfaces multiples rencontrées par le faisceau dans les appa-
reils actuels. Enfin les reflets parasites, qui prennent naissance entre les sur-
faces des lentilles, sont ici complètement supprimés.
Construction et propriétés du nouveau prisme. — Soil A le centre de courbure
de la surface d'incidence PQ du prisme; le lieu des points tels que C, et par lesquels
on peut mener des rayons CP et CQ faisant des angles égaux avec les normales aux
points P et Q, est un cercle qui passe également par ces deux points.
Plaçons par exemple une fente au point C; les rayons incidents, faisant en Q et P
des angles d'incidence /'égaux avec les normales en ces points, donneront aussi nais-
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 217
sance à des angles de réfraction égaux /'. Ces rayons PM et QN prolongés se coupent
en B; ce point est le centre de courbure de la seconde surface courbe MN.
On voit donc que, si la fente est éclairée par une radiation monochromatique de
longueur d'onde X, on aura réllexion normale sur toute la surface MN si la condition
sin i=ni sin /" est satisfaite. L'angle /• constitue aussi l'angle du prisme mesuré par
les tangentes à ses surfaces en M et P, ainsi qu'en N et Q.
Après réflexion normale sur la face MN, qui est argentée pour augmenter
son pouvoir réflecteur, les rayons se réfractent à nouveau en P etQ, et l'on
obtient, sur la fente même, un foyer exact.
Si au contraire le faisceau issu de C n'est pas monochromatique, on obtient
un spectre pur dans le voisinage de C.
Une autre position intéressante de la fente serait celle qui donnerait des
angles de réflexion tels, sur MN, qu'après cette réflexion, les rayons ren-
contrent norma/ement la surface d'émergence PQ.
Le calcul des rayons R' et R" est très simple. Si la distance PQ est négli-
geable vis-à-vis de R on a
R' = R cosr,
rV -- R cos /,
ce qui permet de calculer le rayon de la seconde surface et le foyer du sys-
tème, connaissant l'indice du milieu réfringent et se donnant R et l'angle
du prisme.
En remplaçant la fente C par un petit trou, les lignes spectrales ne sont
pas des points, mais de petites droites parallèles à l'arête du prisme, à cause
de l'astigmatisme.
On obtiendra donc un spectre stellaire sans adjonction d'aucune lentille
cylindrique donnant l'astigmatisme nécessaire, en se servant de l'image fo-
cale d'une lunette astronomique au lieu et place de fente, dette propriété,
qu'on rencontre aussi dans le réseau concave, s'oppose à la formation des
lignes longitudinales dans le spectre et qui sont dues aux poussières de la
fente.
PHYSICO-CHIMIE. — Obsenatiun d'une dissymétrie dans la l'itesse de dissolu-
tion des cristaux de sucre suivant leurs différentes faces. Note de M. Gastox
Gaillard, présentée par M. J. Violle.
Les recherches que j'ai faites sur le temps que la dissolution met à se
produire (') m'ont conduit à essayer d'en préciser les conditions et à en
(') Comptes rendus, 18 mai 1908.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 4.) -9
21 8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
faire une élude plus complète. Dans ce but je me suis proposé d'examiner
s'il existait une différence dans le temps nécessaire à la dissolution d'un
cristal suivant ses différentes faces et quelle valeur elle pouvait prendre.
Du reste, dans des expériences inachevées de Pierre Curie sur la crois-
sance des cristaux, d'après M™* P. Curie, « la vitesse d'accroissement
s'est montrée diflérente pour différentes faces, tandis cjue la solubilité était
la même » ( ' ).
Afin de rechercher s'il existait inversement une variation dans la dissolu-
tion au point de vue du temps selon la face, j'ai cru devoir m'adresser à des
substances douées de pouvoir rotatoirc et tout d'abord au sucre; d'une part
l'érosion des surfaces rendant difficile toute mesure directe d'une variation
qui ne saurait être d'un ordre très élevé, et d'autre part les faibles écarts
fournis par la méthode hydrostatique pour des cristaux de sulfate de cuivre
ayant conduit M. J. Schurr à admettre que « la vitesse de dissolution est la
même pour toutes les faces d'un cristal » (-).
En Taisant successivement rattaf[ue des différentes faces de cristaux de sucre candi
pendant des temps variant de 3 à lo minutes par exemple, à une même température
et sur un volume d'eau de 20''°''', d'après la déviation obtenue au polarimètre par
rapport à la surface de chacune des faces successivement attaquées, j'ai observé
constamment des différences que montrent les quelques exemples réunis dans le Tableau
ci-dessous, et qui sont surtout sensibles pour la face m par rapport à Ai et /?, car les
différences observées sont moins nettes pour les faces p et ai par rapport à /;, et m.
T,
smps de
la dissolu
lion r= 5
minutes. Volume
d'eau ^ 20'^°'
t :
= i5° environ.
Déviations relatives
■
Suifa
m.
ces de
à la dissolution de
ces faces.
S„,
/(,
P-
a,.
^hr ^,n- ■ip-
A,,,.
XT,
53<r
m'
23l
„
„
l?3o' 52' »
„
5,98
4,44
„
236,
■i5
194-1
'79
»
39' 29' 34'
»
6,o5
4,27
5,26
»
333
i/,8
»
85,5
58' 36' »
(20') (')
5,74
4,..
»
(4,27)
216
i48,68
»
85,28
4i' 37' »
16'
5 , 26
4,01
>)
5,33
248
108,8
»
76,65
40' 24' »
i5'
6,2
4,53
»
5,1!
272
133,25
338,20
»
54' 42' i^S'
»
5,o3
3,17
5,20
»
De même qu'il n'y a pas lieu de tenir compte de la modification très
petite de la valeur de la surface par suite du peu de durée de l'attaque, les
(') OEin-res de Pierre Curie, içioS, Préface, p. xviii.
(^) J. ScnLRR, Reclierclies sur la vitesse de dissolution des sels dans leurs solutions
aqueuses (Journal de Chimie physi(/ue, t. II, 1904, p- 269).
(•') Valeiii- trop forte duo à une inlillralion.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 219
différences de concentration peuvent également être négligées et l'erreur
qui en provient est certainement inférieure à celle des mesures, étant
données les très basses concentrations et les faibles différences de concen-
tration auxquelles on opère dans ces expériences.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la radioactivité des composés halogènes et oxyhalo-
génés du thorium. Note de MM. J. Chaudiek et Ed. Chauvenet, pré-
sentée par M. H. Le Chatelier.
Les propriétés radioactives du thorium et de ses composés ont été étudiées
par de nombreux physiciens (') qui ont utilisé dans leurs recherches soit
les minerais de thorium de constitution complexe, soit des sulfates et des
azotates de thorium, soit enfin l'oxyde ThO-.
L'un de nous (') ayant obtenu à l'état de pureté les composés halogènes
et oxyhalogénés du thorium, il nous a paru intéressant, en partant de corps
récemment préparés et de composition chimique connue, de faire une étude
comparative de leur radioctivilé, afin de mettre en évidence le rôle des
éléments associés au thorium et de vérifier que la radioactivité thorique
je présente bien comme une propriété atomique.
Dispositif expérimental. — Nous avons mesuré l'intensité du ravonuement émis
par ces diverses substances, en employant un électroscope de Curie. Le champ élec-
trique était produit entre un plateau électrisé en relation avec la feuille d'or de
l'éleclroscope et un plateau parallèle, en communication avec le sol, sur lequel on
plaçait la substance radioactive: sous l'action de l'ionisation de l'air, l'électroscope se
décharge et la durée du déplacement de la feuille d'oi entre deux, divisions fixes peut
servir de mesure à l'intensité du rayonnement. '•)& dispositif simple nous a donné des
résultats très concordants avec les diverses substances étudiées.
Le corps radioactif, préalablement pulvérisé, était répandu (') en couches uniformes
(') M™° GuiiiE, Comptes rendus, t. GXXVI, 1898, p. iioi. — Schmidt, Wied. Ann.^
t. XVI, p. i46. — Owens, Phil. Mag., octobre 1899. — Rutherford, Pliil. Mai;.^
janvier 1900. — B. Boltwood, A. -M. Dadourian, AL Coy et W.-H. Ross, Am. Jour.
ofS. V., XXI, n° 126, juin 1906.
('-) Ed. Chauvenet, Comptes rendus, t. CXL\"I, 1908, p. 978; Comptes rendus,
t. CXLVII, 1908, p. io46; Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. 289.
(') Nous avons obtenu des couches minces et uniformes en agitant d'un mouvement
régulier, au-dessus de la lame d'aluminium, la substance pulvérisée placée dans un
tamis à mailles très étroites; pour les substances oxydables et avides d'eau (chlorure
et bromure de thorium, oxychlorure, oxybromure et oxyiodure de thorium) les couches
minces étaient préparées dans le gaz carbonique sec. Avec ces dernières substances, il
était nécessaire d'opérer le plus rapidement possible.
220
ACADÉMIE DES SCIENCES.
très minces, loujours inférieures à o'""',!, sur un disque en aluminium de 4™ de dia-
mètre qu'on disposait sur le plateau de l'éleclroscope en relation avec le sol. Grâce à
la faible épaisseur de la couche, les effets dus à l'émanation du thorium pouvaient être
considérés comme négligeables.
Nous avons étudié simultanément la radioactivité du thorium métallique et celle de
l'oxyde de thorium de préparation récente, afin de les comparer à la radioactivité des
composés halogènes et oxyhalogénés du thorium.
200 250 300 350 itOO i.50 500 650
Foids en wgr. de thorium
HadioHCtivilé des composés lialogéiiés et uxylialogénés du thorium.
Les résultats obtenus dans ces recherches sont représentés par les courbes ci-dessus,
dont les ordonnées indiquent les durées en secondes du déplacement de la feuille d'or
de l'éleclroscope devant loo divisions du micromètre du microscope, et dont les
abscisses indiquent en milligrammes la masse de thorium contenue dans la quantité de
substance employée dans chaque expérience.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 221
Résultais. — De l'examen de ces courbes, on peut déduire les propriétés
suivantes :
1° La radioactivité des composés halogènes et oxyhalogénésdu thorium,
pour des quantités de substance contenant plus de io"6 environ de thorium,
varie avec la nature des éléments associés : Vintensité du rayonnement
diminue lorsque le poids atomique de ces éléments augmente.
Cette variation paraît due à l'absorption du rayonnement radioactif au
sein même de la couche de substance par les éléments qui entrent dans la
constitution de la molécule.
Cette absorption, dans les conditions où nous avons fait nos expériences,
tend vers une limite, pour chacune des substances étudiées, lorsque l'épais-
seur de la couche croit. On peut penser que cette absorption des rayons
thoriques par la matière qui les émet est considéi^able, puisque les rayons
provenant des couches les plus basses ne produisent que peu d'effet.
2° Les courbes de radioactivité des divers composés du thorium tendent
vers celle du thorium et se raccordent avec elle pour des quantités de ma-
tière suffisamment faibles. Au-dessous de 10""^ de thorium, dans les condi-
tions expérimentales où nous nous sommes placés, toutes ces courbes
viennent se confondre en une seule; d'où il résulte que la radioactivité tho-
rique est une propriété atomique, comme l'avait énoncé M""" Curie.
Ces résultats ont été obtenus en partant de substances définies et récem-
ment préparées; nous nous proposons de continuer nos recherches en faisant
une étude comparée de la radioactivité des composés du thorium de prépa-
ration ancienne et de minerais de ce métal.
CHIMIE MINÉRALE. — • Action des vapeurs de tétrachlorure de carbone sur
quelques minéraux. Note de M. Pierre Camboumves, présentée par
M. H. Le Chatelier.
Nous avons montré récemment que le plus grand nombre des composés
oxygénés des métalloïdes et des métaux subissaient à température relative-
ment basse l'action réductrice et chlorurante des vapeurs de tétrachlorure
de carbone. Nous résumerons dans la présente Note nos observations con-
cernant quelques composés oxygénés naturels.
La plupart des composés binaires oxygénés naturels sont attaqués par la
222 ACADEMIE DES SCIENCES.
vapeur de télrachlorure de carbone tout aussi facilement que les produits
de laboratoire. Il y a cependant quelques exceptions. L'alumine provenant
de la calcina tion de Falun d'ammoniaque se transforme complètement à
390°. Le corindon, dans les mêmes conditions, n'est attaqué dans une pre-
mière chauffe que dans la proportion de 11, 3 pour 100, et une nouvelle
action de la vapeur de tétrachlorure de carbone ne produit qu'une dimi-
nution de poids très faible, à peine i,G pour 100.
Cette différence est-elle due à une polymérisation du produit naturel ou à
une autre cause telle qu'une porosité moindre ? Dans cette dernière hypo-
thèse, il devait être possible de produire une attaque de même ordre que la
première après une nouvelle pulvérisation. L'expérience nous a permis de
constater en effet dans ces conditions une perte de poids tout à fait com-
parable, soit de i5 pour 100.
On pouvait dès lors penser que les produits artificiels cristallisés ou fondus
se comporteraient de même. C'est ce que nous avons reconnu pour le rubis
artificiel (procédé Fremy et Verneuil), pour le rubis fondu (procédé \ev-
neuil) et la glucine fondue.
Parmi les oxydes complexes naturels, nous avons particulièrement étudié
l'action des vapeurs de tétrachlorure de carbone sur le cymophane, le fer
chromé, la columbite, le vs'olfram,la scheelite, l'émeri et le spinelle.
Lorsque dans les chlorures formés on a des produits volatils, on peut
obtenir parfois des applications d'ordre analytique. Nous citerons comme
exemple l'attaque du wolfram.
Ce tungstate de fer et do manganèse est totalement transformé par les
vapeurs de tétrachlorure de carbone ; le fer et le tungstène passent à l'état de
composés chlorés volatils. Dans la nacelle restent les chlorures fixes de cal-
cium, de manganèse et la silice. I^'analyse de ce minéral est dès lors rendue
très facile.
La silice n'étant pas attaquée par les vapeurs de tétrachlorure, il élait à
prévoir que l'on pouvait trouver, par l'emploi de ce réactif, un mode de
séparation et même un dosage de la silice libre dans certains minerais.
Cette étude nous a conduit à envisager l'action du tétrachlorure sur les
silicates.
Les silicates anhydres s'attaquent d'autant plus facilement qu'ils sont plus
pauvres en silice. En effet, l'atbite, l'émeraude, l'orthose, Toligoclase, le
labrador et l'anorthite, composés qui sont ici énumérés dans l'ordre décrois-
sant de leur richesse en siUce, ont subi, après pulvérisations comparables
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 22.3
et des temps de chauffe égaux, des pertes inversement proportionnelles à
ces teneurs en silice.
Les silicates hydratés, eux, sont totalement transformés par les vapeurs
de tétrachlorure de carbone.
Ces propriétés étant connues, la silice libre pouvait donc être isolée dans
un très grand nombre de cas.
Nous avons pu la doser dans les oxydes de fer et dans les bauxites. Voici à
titre d'exemple les résultats fournis par une bauxite titrant 3 pour 100 de
silice totale :
I. II. III.
Poids de bauxite traitée 3,287 2,9- 0,4736
Poids du résidu siliceux o,o3 0,028 o,oo45
SiO^ pour 100 0,92 0,92 0,94
La concordance des résultats est ici parfaite. La silice libre trouvée est
bien inférieure à la silice totale. Ceci confirme l'opinion de M. Arsandaux ('),
qui considère que la silice de la bauxite est en partie combinée à l'étal de
silicate d'alumine.
On détermine aussi aisément la quantité de silice libre dans les argiles ou
dans un mélange de sable et d'argile, car le silicate d'alumine passe à l'état
de chlorure de silicium et de chlorure d'aluminium.
L'action sur les composés non oxygénés ne se différencie pas de celle du
chlore, le tétrachlorure de carbone n'intervenant qu'après sa décomposition
pyrogénée. Cependant, dans ce cas, la vapeur de tétrachlorure non décom-
posée, sans action sur le minéral considéré, peut servir à rechercher et à
doser les produits d'oxydation qui peuvent l'accompagner. Nous avons
ainsi reconnu la présence d'oxyde de molybdène dans une molybdénite.
En résumé, on voit que la vapeur de tétrachlorure de carbone agit sur
les oxydes métaUiques naturels, pour les transformer en chlorures, comme
sur les oxydes artificiels, pourvu que leur état de division soit suffisant. On
peut, au moyen de ce réactif, faire des séparations analytiques. La silice
étant inatlaquée, il est aisé d'en effectuer le dosage lorsqu'elle est à l'état
libre dans beaucoup de minéraux.
Les exemples que nous avons signalés dans ce travail nous permettent de
dire que l'emploi du tétrachlorure de carbone est susceptible d'applications
intéressantes dans l'analyse des minéraux.
(') .^RSANDEAIX, CouipteS /-f/ll/dS, l. CVL^'llI, 1909, p. II- i5.
224 'académie des sciences.
MINÉRALOGIE. — Note SUT un filon aurifère situé à Besié (^Loire-Inférieure).
Note de M. F. Kerforne, présentée par M. A. Lacroix.
En 1900, M. J.-B. Lehagre, expert agricole à Rennes, m'ayant com-
muniqué des échantillons de quartz micacé, minéralisé en pyrite et en
mispickel, provenant d'excavations qu'il avait découvertes à Beslé (Loire-
Inférieure) et qu'il pensait être d'anciennes exploitations, je me rendis sur
les lieux et je reconnus la présence d'anciennes galeries de mine remblayées,
établies sur un fdon quartzeux dont il ne restait que quelques débris;
l'exploitation paraissait remonter à une époque très reculée, et de l'examen
du quartz je tirais la conclusion que le minerai exploité avait dû être
de l'or ou de l'étain.
Des recherches, que j'ai dirigées l'année dernière à Beslé, m'ont permis
de faire les observations scientifiques suivantes :
L'ancienne exploitation remonte très probablement à l'époque gallo-
l'omaine, d'après des poteries et des briques trouvées dans les remblais; elle
ne s'est pas étendue à une grande profondeur par suite d'une venue aquifère
considérable, mais elle a existé sur une longueur de plus de -i kilomètres.
Des travaux poussés au-dessous du niveau hydrostatique m'ont permis de
reconnaître la présence d'un filon quartzeux minéralisé en or libre, pyrite
et mispickel. Le filon présente toutes les apparences d'un filon couche
encaissé dans les schistes ordoviciens, quoique en certains points, localisés
il est vrai, il les recoupe nettement; il envoie souvent, assez loin dans les
épontes, des apophyses sous forme de filonnets.
Le quartz est accompagné de larges salbandes argileuses minéralisées; le
tout contient abondamment de la muscovite, le plus souvent en masses tes-
tacées, colorées en vert clair un peu jaunâtre, mais pas de tourmaline. Les
paillettes de mica isolées sont blanc d'argent et un peu onctueuses au tou-
cher; dans les parties superficielles du gîte, le mica est au contraire jaune
doré et perd son onctuosité. Le filon et les salbandes sont richement miné-
ralisés en pyrite, se présentant en cristaux p, généralement déformés, en
petites masses amorphes et en croûtes cristallines avec a'; en mispickel
sous forme de jolis cristaux Ane% souvent maclés, de petites tramées ou de
masses amorphes occupant des cellules quartzeuses cloisonnées finement.
L'or natif se présente sous la forme de paillettes minces ou de fils con-
tournés; j'en ai trouvé dans le quartz massif, dans les masses de mica,
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 225
dans les cellules quartzeuses cloisonnées vides de leur mispickel, dans du
mispickel en voie d'altération et même dans un cristal de pyrite p altéré. 11
est abondant et l'on trouve quelquefois des pelotons de paillettes chiffonnées
atteignant jusqu'à la grosseur d'un pois. '^'-!^^
Les épontes du filon présentent, outre une minéralisation intense en
pyrite et même en mispickel, un métamorphisme comparable à celui
qu'aurait pu produire une roche éruplive.
Ce lllon aurifère me paraît présenter un grand intérêt tant scientifique
qu'industriel et appartenir à un type apparenté avec les pegmatites.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sous-azolure de carbone C*N^ Note de MM. Cii.
MouREU et J.-Ch. Bongrand, présentée par M. A. Haller.
En dehors du cyanogène, dont la découverte par Gay-Lussac remonte à
l'année i8i5, on n'a pas encore, à notre connaissance, obtenu d'autre
composé bien défini qui soit exclusivement formé de carbone et d'azote.
Nous venons d'isoler un corps de cette nature, qui répond à la formule
C*N^. Le cyanogène C^N^ étant Vazolure de carbone, nous appellerons la
nouvelle substance sous-azoture de carbone.
Nous l'avons préparée en soustrayant 2"°' d'eau à la butine-dia-
mide CONH^ — CssC — CONH". Sa structure et sa fonction chi-
miques découlent de ce mode d'obtention : c'est le butine-dinitrile
N^G — C^C — G^N ou dicyanacétylène; on peut l'envisager aussi
comme étant un cyanure de carbone G^ (GN").
Propriétés. — Le sous-azolure de carbone se présente en fines aiguilles blanches,
fusibles à 20°, 5-2 1° ; il bout à 76" sous la piession de 753""". Par son odeur, ainsi que
par les propriétés violemment irritantes de sa vapeur, il rappelle le cyanogène.
Très aisément combustible, le contact d'un corps en ignition l'allume instantané-
ment. Sa vapeur prend même feu spontanément à l'air vers la température de i3o°,
propriété analogue à celle bien connue du sulfure de carbone CS', dont le point
d'inflammation à l'air est voisin de i5o°. La flamme que le sous-azolure de carbone
présente à la combustion est pourprée, rappelant par là encore le cyanogène.
Sa densité d}^° est 0,9708. Nous avons déterminé, pour la raie D du sodium et les
trois raies «, (3 et y du spectre de l'hydrogène, son indice de réfraction à la même
température (25°), sa réfraction moléculaire et sa dispersion moléculaire. Réfraction
et dispersion sont notablement supérieures à celles que l'on calcule pour la formule
N ^ C — Ci ^ C — G ^ N, en attribuant à l'incrément de la liaison acétylénique les
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, N° 4.) 3o
226 ACADÉMIE DES SCIENCES.
valeurs (|ue l'un de nous a réceinmenl indiquées ('). Les exaltations, analogues à celles
que présentent d'autres composés acélyléniques (2), sont dues évidemment à la struc-
ture très spéciale de la molécule, où l'on voit trois triples liaisons : N^G, C^C
et G ^ N, se succéder sans discontinuité. N'oici ces différentes données :
Réfraction moléculaire.
Indice. Observée. Calculée. Exaltation.
Nf= 1,46021 Ma= 21,461 Ga- 18,299 Ma-Ga=3,l62
Nf=: 1,46471 Mr,=:2i,64i G„= 18,435 Mo— Gu= 3,206
Ny"= 1,47610 Mp= 22,095
N2^^'= 1,48593 My=: 22,484 Gy=:i8,79i My-Gy= 3,693
Dispersion moléculaire.
Observée. Calculée. Exaltation.
My— Ma=i,o23 Gy-Ga=o,492 (M.^— Ma) — (Gy--G5c) = o,53i
Analyse élémentaire. — De réelles difficultés ont du être vaincues. D'une
part, en elTet, le corps possède, dès la température ambiante, une forte
tension de vapeur, et il fallait, d'autre part, prouver cpi'il ne contient pas
d'hydrogène.
Nous avons, pour le carbone et l'azote, employé les procédés classiijues
(combustion par l'oxyde de cuivre), en observant certaines précautions, que
nous indiquerons dans un autre Recueil, et, d'un autre côté, MM. Breteau
et Leroux ont bien voulu doser eux-mêmes le carbone dans notre produit
suivant la méthode si élégante qu'ils ont instituée récemment (combustion
par l'oxygène, en présence de platine). Voici ces analyses :
c 11 N
Substance. CO-. p. 100. H=0. p. 100. N liUniicle. p. tOO.
I (Breteau et
Leroux)... o,22o3 0,5129 63,49 o,oo52 0,26
II (oxyde de
Cuivre)... o,3oo5 0,6954 63, ii 0,01 5a o,56
m 0,1407 45'^°'',o6 (ig''--58"") 36,5.j
IV.. 0,0905 28'^™', 4 (i7°-76i'°'") 36, 3i
Calculé
pour (C'N)".
C pour 100 63, 1 5
N pour 100 36,84
(') Gh. MoUrki', Béfi action moléculaire et dispersion moléculaire des composés à
fonction ncétyléniijiic {Annales de (J himie et de Physique. 8'' série, t. \\\, avril 1906).
C^) Loc.cit.
SÉANCE DU l/i JANVIER 1910. l'J.'J
Les résultats, comme on voit, sont très satisfaisants. Les petites quantités
d'eau pesées sont manifestement imputables aux erreurs d'expériences.
Densité de vapeur. — La méthode de V. Meyer nous a donné, dans la
vapeur de toluène (i 10°), les chiffres 2,89 et 2,78, dépassant sensiblement
la valeur 2,629 exigée par la formule C^N-. Nous avons pensé que la
distance des points d'ébullition du toluène et du sous-azoture de carbone
(iio"— 76°= 34°) était insuffisante.
D'un autre côté, le fait que le corps prend feu à l'air vers iSo" nous
interdisait d'opérer à une température notablement supérieure à 1 10". Nous
avons eu recours, en conséquence, à la méthode d'Hofmann. Six expériences,
exécutées à des températures allant de 56° à 184°, nous ont donné les
résultats suivants :
TenipéraUire. Densité.
56 { vapeur d'acélone) 2,6o4
80 ( » de benzène) 2,53i
1 00 ( i> d'eau) 2 , 5 1 6
I lo ( » de toluène) 2,. 54 3
I 35 ( » de xylène) 2,56o
184 ( M d'aniline) 2,5y4
Densité calculée pour C*N- 21629
Remarque. — Le sous-azoture de carbone, en raison de sa nature si simple
et si spéciale à la fois, mérite une étude approfondie au double point de vue
physique et chimique. Notre intention est de la poursuivre méthodiquement,
tout en cherchant à préparer d'autres corps analogues.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur les effets chimiques et biologiques des
rayons ultraviolets. Note de M. Maurice Lombard, présentée par
M. A. Haller,
Au cours d'une série de déterminations j'ai cherché à élucider quelques-
uns des problèmes qui se posent actuellement sur le mécanisme d'action et
sur les effets chimiques des lampes en quartz à vapeur de mercure.
Une série de Communications, du reste contradictoires, ont été faites, ici même,
sur les propriétés des lampes de Kromayer. Les uns admettent que leur action sur
228 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'air, nu sur l'eau, ne donne pas lieu à la formation d'ozone ou d'eau oxygénée (');
d'autres affirment le contraire ('). On admet aussi tour à tour que la présence de l'air
est indispensable pour que les rayons ultraviolets manifestent leurs propriétés anti-
septiques ('), puis que l'oxygène est inutile (*). Enfin MM. Courmont, Nogier et
Rochaix, expérimentant l'action de ces radiations sur divers composés ('), disent qu'il
n'y a pas d'action sur les nitrates et peu sur les matières organiques et les nitrites.
Les nitrites seraient même plutôt détruits.
Les expériences qui suivent ont été faites avec une lampe en quartz,
de l^o'"" de longueur. Elle fonctionnait immergée dans une cuve en laiton,
argentée intérieurement, ayant comme dimensions : o'°,5i de long, sur
o", 12 de large eto"',i25 de hauteur. On y mettait environ G' de liquide.
La lampe a fonctionné sous 5 ampères et iio volts.
Je me suis d'abord proposé de rechercher s'il se formait de l'eau oxygénée
et si, dans l'aftirmalion, elle était la cause des propriétés stérilisantes de la
lampe. L'eau traitée agissait très bien sur l'iodure de potassium en liqueur
acétique. J'ai cherché à suivre avec ce réactif commode la formation de
l'eau oxygénée, dont la présence me semblait démontrée, en essayant de
faire varier sa production. Espérant augmenter le rendement, j'ai substitué
à l'eau de Vanne alcaline, employée tout d'abord, de l'eau légèrement aci-
dulée. Le rendement a diminué. L'eau distillée essayée ensuite ne donnait
presque plus rien, mais celle-ci donne des résultats comparables à ceux de
l'eau de Vanne si on lui ajoute des nitrates.
La mise en liberté de l'iode n'était donc pas due, au moins pour la plus
grande part, à l'eau oxygénée, mais aux nitrites formés par réduction des
nitrates. J'ai caractérisé leur présence par divers réactifs basés sur la for-
mation de colorants azoiques; il ne peut donc y avoir aucun doute.
De l'eau distillée, additionnée de 20™s de NO'K au litre, donne, au bout de temps
variant de 5 à lo secondes, des traces de nitrites (moins de C^s, i au litre), mais par-
faitement nettes au réactif à l'acide sulfanilique et la naphlylamine. Ils seraient dosables
par ce réactif.
D'autre part, le procédé de Grandval et Lajoux, relalivemenl bien moins sensible,
accuse une diminulion très nette des nitrates au bout de 20 minutes.
(') Courmont, Nogier et Rochaix, Comptes rendus, 12 juillet 1909, p. 160, et
RoRDiER et NoGiKR, Comptes rendus, 10 août 1908, p. 354.
(-) MiROSLAW Kernbaum, Comptes rendus^ 26 juillet 1909, p. 270, et Van Aubel,
Comptes rendus, 29 novembre 1909, p. 988.
(■'') Victor Hb.xri <U Schnitzlkr, Comptes rendus, 26 juillet 1909, p. 3i2.
(') M"" Cernovodeani et Victor Henri, Comptes rendus, 3 janvier 1910, p. 52.
(■') Loc. cit.
SÉANCE DU 24 JANVIER 19IO. 229
NO=K au litre.
Au bout de i minute on trouve o,3
» 5 minute^ I) 0,5
» 1 5 » » 1,5
» 20 n » 2,5
Celte formation des nitrites est tellement nette, qu'elle pourrait certai-
nement servir à mesurer l'intensité d'action des lampes de Kromayer, en
les dosant avec le réactif de Griess.
Cette propriété des rayons ultraviolets est remarquable, surtout si l'on
admet qu'ils puissent aussi donner de l'eau oxygénée. Or je crois que les
conclusions de M. Miroslaw Kernbaum sont parfaitement acceptables. De
l'eau traitée, ne contenant pas de nitrites, m'a donné une décoloration du
permanganate de potassium en liqueur acide et une coloration de Kl. Ces
réactions dans ce cas sont faibles, mais suffisamment nettes. Pour ces
temps brefs d'action, l'acide titanique ne m'a rien donné. M. Kernbaum
ayant montré qu'il se dégageait de l'bydrogène qui se formerait en vertu de
la formule
2W0 = HHy-{-H\
il y a peut-être là une cause de la réduction des nitrates.
L'instabilité de l'acide nitreux explique les faibles résultats en liqueur
acide.
Dans ces différentes expériences, je suivais en même temps l'action bac-
téricide en ensemençant du hacillus coli. Je n'ai pas constaté de changement
dans la vitesse de stérilisation, avec la plus ou moins abondante formation
des corps considérés. J'ai fait les mêmes essais avec de l'eau bouillie, aérée
ou non, ou encore refroidie dans un courant de CO". Il n'y a pas non plus
de différences.
On doit donc admettre que le pouvoir stérilisant des lampes en quartz à
vapeur de mercure est bien dû à une action abiotique propre aux rayons
ultraviolets qu'elles émettent sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir
ozone ou eau oxygénée. Ces corps, une fois formés, ont sans doute leur
action, mais elle est incomparablement plus faible, étant donnée leur minime
quantité.
J'ai pu constater que les tubes de Geissier en quartz ont la même action
sur les nitrates. Elle est seulement plus faible.
23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Nouvelles observa/ions sur l'individualité de la
ccllase. JNote de MM. Gabrip.i, nF.KTR.wi) el M. Hoi.derer, présentée
par M. E. Houx.
Les expériences que nous avons publiées l'année dernière (') ont établi
la présence, dans le mycélium àWspergillus niger et dans les graines de
plusieurs plantes, d'une diastase pouvant séparer le cellose en deu\ molé-
cules de glucose. Mais, comme les préparations diastasiques utilisées au
cours de ces expériences renfermaient plusieurs espèces de diastases, nous
avons dû chercher si le dédoublement du cellose était provoqué par une
diastase déjà connue ou bien s'il y avait lieu d'admettre l'existence d'une
diastase nouvelle, d'une cellase.
Nous avons montré dans notre première Note que ni la mailase, ni la
sucrase n'agissent sur le cellose. E. Fischer et G. Zemplén ont publié,
d'autre part, une expérience d'après laquelle la lactase du kéfir est aussi
sans action sur le même sucre (-). 11 ne restait donc plus qu'îi examiner si
la cellase est différente de l'émulsine et de la tréhalase.
E. Fischer et G. Zemplén pensent que l'émulsine dédouble le cellose, mais
ils ont opéré^avec une préparation commerciale, tirée des amandes, qui
renfermait certainement plusieurs diastases. Nos expériences, basées sur la
lillrabilité différente des diastases et sur l'influence, signalée la première
fois par l'un de nous ('), qu'exerce la réaction du milieu sur cette filtrabi-
lité, montrent, au contraire, que la ccllase et l'émulsine se comportent
coinriK^ deux diastases distinctes.
De la inacéiciLiOii A' Aspcrgilliishxl ilivisée en tiois poilions : la jjremièie fui adili-
lioiinée de soude jusqu'à légère alcalinilé à la piilaléiiie; la seconde fut laissée à l'étal,
naturel; la troisième, enfin, recul de l'acide clrlorliydrique jusqu'à presque neutrali-
sation à riiéliantiiine. Les trois portions furent alors filtrées à la bougie : on rejeta le
pieinier tiers de chaque liquide, destiné au lavage et à la saturation des bougies, puis,
sur le reste, on préleva ase[)tiquement 5o'^"'°.
Le liquide alcalinisé reçut juste assez d'acide cliloi liylrique titré el stérilisé pour
rétablir la réaction naturelle. Celui qui avait été, au contraire, additionné d'acide
chlorli ydriqiio rerul de la soude aussi titrée et stérilisée. Quant au liquide de la
(') Comptes rendus, t. GXLIX, 1909, p. i385.
(^) .1/1/1. der Chein,, t. CCGLW, 1909, p. 1.
(') NL lloLi)i;ni;n, Conijilcs rendus, t. CXLIX, 1909, p. ii.jo.
SÉANCE DU 24 JANVIER 19IO. 23l
seconde portion, il Cul mél;inf;é à i:i fols d'aoiile et d'alcali de manière à rendre son
volume égal à celui des deux précédenls, sans toutefois en changer la réaction.
Ceci étant préparé, on fit agir séparément les trois solutions sur des (juaiitilés é<(ui-
nioléculaires de cellose el d'aniygdaline placées dans des lubes bouchés avec de l'ouate
et préalablement stérilisées à +113° pendant i5 minutes. On s'était assuré, par une
série d'expériences préliminaires, qu'une telle stérilisation ne transformait pas
l'amjgdaline (le pouvoir rotatoire reste absolument le même) et qu'elle n'hydrolysait
pas le cellose.
Les quantités mises en expériences ont été : avec le cellose, de os,o5o dans V"' des
liquides diastasiques; avec l'amygdaline, de 08,873 dans 20'''"" de ces mêmes liquides.
Les tubes qui contenaient les mélanges sucrés ont été mis au thermostat, simple-
ment bouchés avec leur tampon d'ouate; mais ceux qui renfermaient le glucoside ont
été, au contraire, scellés à la lampe pour éviter les pertes ultérieures d'acide cyan-
hydrique. Après 4o heures à -+- 87°, l'analyse a donné les résultats que voici :
I" Pour le cellose :
Cuivre Sucre dédciuljlé
réduit. |iijur ll)l) oiivirou.
Avec la macéialion (illrée alcaline 9.5 y^,~>
n filtrée à l'étal naturel 96 8!,o
» filtrée ajirès addition d'acide chlorhvdii(|ue. 77 :! 1 , j
2° l'our l'amviîdaiine ;
Aeidc Ciliroside dédni.l.lé
cv-inhydriquc. poiir 100.
Avec la macération filtrée alcaline i3 6(3
» à l'état naturel 16, 5 S4
» après addition de IICI 7,6 3S,.3
Il est l'acilc dt- voir, en eoiiiparanl ces résiillats, (jue la cellase el rémiil-
sine ont lilli'é dune manière dilléfente et, de plus, qu'elles ont été inilucncées
inégalement par la réaction du milieu. Tandis, par exemple, que la neutrali'-
sation presque complète de la macération cVAspergi/lus niger à Tliélian-
tliine a réduit à peu près au quart le passage de la cellase à travers la bougie
de porcelaine, elle a réduit seulement à la moitié environ celui de Témul-
sine. L'action légèrement destructrice de la soude s'est fait sentir, dautre
part, beaucoup plus sur l'émulsine que sur la cellase.
Ce sont là autant de différences qui tendent à faire considérer la cellase
comme distincte de l'émulsine.
Nous avons réussi enliu à différencier la nouvelle diastase de celle qui
attaque le trébalose en nous servant d'une préparation diastasique extraite
des amandes d'abricot. Tandis que cette préparation hydrolyse nettement
le cellose, ainsi que nous l'avons mentionné antérieurement, elle est tout
à fait inactive vis-à-vis du tréhalose.
232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En résumé il existe donc une diaslase spécifique du cellose. Cette dias-
tase, que nous proposons d'appeler cellase, se trouve, plus ou moins
mélangée avec d'autres espèces diastasiques, dans des organes appartenant
à des végétaux divers : amandes de l'abricotier et de l'amandier, graines de
l'orge, mycélium de VAspergillus niger, etc. ('). Nous n'en avons pas
trouvé dans le sérum de cheval, du moins en proportion appréciable, ni
dans la levure haute, ni, enfin, dans la macération glycérinée de Russula
quelelii.
ACOUSTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — La photographie de la voix dans la pra-
tique médicale. Note de M. Marage, présentée par M. d'Arsonval.
Si, au cours d'un traitement, il est indispensable de mesurer d'une façon
précise les variations de l'acuité auditive (^), il est tout aussi important,
dans les mêmes conditions, d'inscrire les notes que peut chanter un larynx
malade.
Dans un travail présenté à l'Académie des Sciences le 23 mars 1908, j'ai
décrit un appareil qui permet de photographier, sans aucune manipulation
spéciale, les vibrations de la voix sur une bande de papier de 25" de lon-
gueur {fig. i). Chaque ligne dure à volonté- de seconde, n étant égal à
1, 2, 3, 4, 5, G, 7.
J'ai pensé que cette méthode pouvait être utile aux médecins en leur per-
mettant de constater et de faire constater aux malades l'état de leur voix
avant et après un traitement.
Technique. — Je fais chanter une ou deux gammes sur une voyelle. A,
par exemple; les différentes notes (piquées) sont séparées les unes des autres
par un intervalle de repos (représenté sur le tracé par une ligne droite); des
épreuves sont prises au commencement, à la fin et au cours du traitement
si on le juge nécessaire.
(') Des expériences récentes de H. Pringsheim et G. Zemplén, sur l'action hydro-
lysante du suc extrait à la presse de i3 espèces de moisissures vis-à-vis de plusieurs
sucres, parmi lesquels le cellose, conduisent à faire admettre la présence de la cellase
dans 4 de ces espèces {Zeilsch. pliysiol. Clieni., t. LXII, 1909, p. 067).
( ' ) Mesure et déieloppement de l'audition par la sirène à voyelles : travail couronné
par l'Académie de Médecine (1902).
SÉANCE DU 2/4 JANVIER 19IO. 233
En comparant les épreuves prises à différentes époques, on peut voir et
faire voir au sujet les étapes vers la guérison.
i>
■■■■'. ■'''Vii'«lf;-,VM;j^,^,^.^, ,
•WffiRajj
Tracés de deux noies en^vraie grandeur : la^ bien clianto; si^ nuil olianlé;
voix chevrotante avec coup de glotte au début.
J'ai eu l'occasion de photograpliier un grand nombre de voix, je donne
aujourd'hui simplement deux exemples qui montrent les progrès réalisés
par deux malades du D'' (]onta : mon rôle a consisté simplement à prendre
les tracés, à les interpréter et à guider le traitement.
Premier cas : double nodule des chanteurs (tessiture de mezzo sol^ à ml^). — La
place manquant ici pour faire voir les tracés complets, j'ai choisi une seule note, le la^,
prise à dilTéreiites époques du traitement; la vitesse du papier n'était pas la niêmf
dans tous les tracés ; chaque fois elle était chronométrée et l'on savait exactement la
durée de chaque ligne.
Tracé 1 (début). — La voix est presque nulle et c'est à peine si l'on distingue les
vibrations.
Tracée (i5 jours après). — L'amplitude du tracé augmente un peu et par consé-
quent la voix a plus d'intensité, mais elle chevrote, ce que montre le tracé en fuseaux.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N- 4.) 3l
23/1
ACADEMIE DES SCIENCES.
TracéW ((> mois plus lard). — Ij'inlensilé de la voix auj^nieiile mais le chevrote-
ment persiste.
V\%. 2. — Echelle } : Pharyngite calarrhale; traies pris au début
et à la fin du traitement.
Tracé k- (i8 mois après le début). — L'iulensiléde la voix est normale et le chevro-
tement qu'on soupçonne sur le tracé n'est plus perceptible à l'oreille.
SÉANCE DU l[\ JANVIER 19ÎO. 235
Second cas : pharyngite catarrhale (tessiture de soprano la, à la^). — Les tracés
représentent les notes, de nii^ à ul^\ à gauche, au début; à droite, à la fin du trai-
tement {fig. 2).
Au début l'intensité des diverses notes est inégale, ce qu'on reconnaît à l'amplitude
variable des tracés. Les notes «li'j el fa^ sont chevrotantes; les notes io^^, la^, 54, "^4,
sont mal attaquées, car au début de chaque note on constate un coup de glotte très
marqué, caractérisé par la partie renflée qui se trouve au commencement du tracé
de chacune de ces notes.
A la fin du traitement, l'intensité est constante tiès sensiblement, le chevrotement
est à peine perceptible sur les deux premières notes et les coups de glotte ont disparu,
la voix a repris ses qualités antérieures.
Conclusions. — La photographie des viljrations laryngiennes permet de
faire voir d'une façon très nette l'état de la voix au début et à la fin d'un
traitement. Ce procédé est un guide pour le praticien dans la marche des
soins à donner et, dans certains cas, ces tracés pourraient ne pas être inu-
tiles au malade et au médecin.
Est-il possible, comme on le fait avec la sirène à voyelles, de diagnos-
tiquer la nature de la lésion d'après la forme du tt^acé ? C'est une question
que j'étudie en ce moment, mais que je n'ai pas encore complètement
résolue. Cependant il semble bien que certaines lésions soient caractérisées
par certains tracés.
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Conséquences de l' hypothèse d'Yoïing. Delà
sensation du blanc binaire. Note de M. A. Roskxstieui., présentée par
M. J. Violle.
11 existe un nombre indéterminé de lumières blanches binaires, ter-
naires, etc. Physiologiquement, la sensation est la même pour tous ces
mélanges (').
Mon but est d'appeler l'attention sur la sensation du blanc qui résulte
toujours du mélange de deux sensations colorées, quand elles ne sont pas
complémentaires. Cette sensation est inséparable de celle d'une troisième
couleur, qui se forme en même temps, et dont la nuance et l'intensité de
coloration peuvent être déterminées par l'expérience directe et par une
construction géométrique.
(') Comptes rendus, t. XCII, p. 244; t- XCIII, p. 207 et 357; l. XCV, p. 1273;
t. CXLVIII, p. i3.2.
236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il résulte de la théorie d'"^ oung qu'à la vue d'une surface blanche, l'œil
éprouve, à son insu, les trois sensations colorées primaires, dans leur plus
grande intensité pour un éclairage déterminé. Si à cette donnée on ajoute
la condition que la sensation du blanc provient de l'excitation égale des
trois sensations colorées primaires, le blanc devient l'unité de mesure pour
ces trois couleurs, dont chacune représente alors, en intensité, le tiers de
celle du blanc.
Cette dernière peut être mesurée avec précision à l'aide des disques tour-
nants.
Première expérience. — La surface d'un disque est formée par trois secteurs
colorés a, 6, c, représentant chacun l'une des couleurs fondamentales, dont l'inten-
sité de coloration est telle qu'on ait par rotation rapide
(i) i20rt + 1206 -t- I aoc = 70 blanc.
Deuxième expérience. — Avec les couleurs « et c on couvre un disque et l'on copie
avec des matières colorantes le résultat du mélange. Soit d cette couleur :
1 80 rt -h 1 80 r ^ 36o d,
ou
(2) i2oa + i2ot' = a^o'^-
Troisième expérience. — En formant un disque avec la couleur d et sa complé-
mentaire c, on trouve
289 a( + 12 I 6 := 70 blanc,
ou très sensiblement
(3) 24of/ + 120 ft ^ 70 blanc,
comme cela devait être d'après ( i ) et (2).
L'expérience (3) indique que l'intensité de coloration de d est moitié àc
celle de 6, mais que l'intensité lumineuse totale est restée la même. Malgré la
diminution considérable de la coloration, rien ne disparaît comme sensation
lumineuse; ce qui est perdu comme intensité de coloration se retrouve en
intensité lumineuse totale (').
En transportant ces données dans une figure géométrique, le point O
représente le noir absolu; de ce point partent trois lignes distantes de 120"
représentant les trois sensations fondamentales. Ces lignes auront des
(') Bulletin de la Société industrielle de Rouen, 1882, p. 887-389, et Comptes
rendus, t. \(;iV, p. i/jia.
SÉANCE DU 24 JANVIER I910. 237
longueurs proportionnelles aux intensités de coloration; à leur extrémité se
trouveront les trois couleurs A, B, C, que nous admettrons égales entre
elles. Une couleur binaire H aura sa place sur le côté AC du triangle ABC,
équilatéral. La ligne OH représente dès lors l'intensité de coloration et la
ligne OFj son intensité lumineuse totale.
La ligne OH variera de longueur avec les diverses positions de IL Son
maximum sera A() =77 et son minimum OD ^-r-
6 b
Ln ce point, situé à égale distance de A et de C, l'intensité de la sensation
du blanc binaire, représentée par DE, est égale à celle de l'intensité de colo-
ration OD, leur somme OE constituant l'intensité lumineuse totale, qui
reste constante pour tous les mélanges de A et de C et égale à -:,■ On voit
que si les sensations primaires peuvent être définies chacune par un seul
point^ il en faut deux pour définir chaque couleur binaire, l'un H situé
sur le périmètre du triangle, l'autre L placé sur la circonférence.
La table des couleurs ne doit donc pas être figurée par un triangle, ainsi
(jue le pensaient Maxwell ( ') et Helmholtz (-), mais par un triangle inscrit
dans un cercle.
On a ainsi des couleurs dont l'intensité de coloration varie du simple au
double, et qui sont d'autant plus lavées de blanc qu'elles sont plus rappro-
chées du milieu du côté du triangle.
(') Maxwell, Transactions of tlie Hayal Society of Edinbur^h, l. XXI, i855,
p. 27.5-298.
('-) IIelmiioltz, Optique physiologique (liaduclion E. Javal et Th. Klein), p. 373.
238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La form:Ulon de ce blanc binaire porte à trois le nombre des espèces de
blanc dont il faut tenir compte dans les études sur le mélange des couleurs.
Ce sont ; 1° la sensation du blanc due à la diffusion superficielle de la lumière
blanche incidente; i° le blanc binaire inhérent à la coloration; 3° le blanc
surajouté pour faire le rabat des couleurs.
En résumé, l'expérience et la théorie sont d'accord pour constater la for-
mation constante du blanc par le mélange de deux couleurs. De ce fait, l'in-
tensité de coloration des mélanges binaires varie entre j et ^ de l'intensité
du blanc pour un même éclairage, mais leur intensité lumineuse totale reste
constante. Dans la construction géométrique traduisant la théorie d'Young,
chaque couleur binaire est définie par deux points.
PSYCHOLOGIE ANIMALE. — L'association des sensations chez les animaux.
{La loi de récurrence.) Note de M. P. Hachet-Souplet, présentée par
M. Edmond Perrier.
Les expériences de dressage sont très instructives au point de vue des
lois de l'association des sensations chez les animaux.
Pour obtenir, d'après la méthode des dresseurs professionnels, qu'un
animal, à un signal particulier, n'ayant sur ses pareils aucun effet dynamo-
gène, exécute des mouvements déterminés, on commence par faire ce
signal en présence du sujet (c'est là une excitation n'éveillant que des
sensations représentatives), puis on détermine chez lui, aussitôt après, au
moyen d'excitations convenables, des sensations affectives et provoquant
naturellement les mouvements qui constitueront, plus ou moins grossiè-
rement, l'exercice que l'on a en vue. Or, quand on a répété fréquemment
le même signal, toujours avant les excitations provoquant des sensations
affectives dynamogènes, on peut finalement supprimer ces dernières
excitations : le signal est devenu, lui aussi, dynamogène. 11 détermine les
réactions parce que les sensations représentatives auxquelles il correspond
se sont associées aux sensations affectives et les rappellent dans le champ de
la mémoire. Plus tard, les attitudes que prend le dresseur, avant de faire le
signe déclencheur.^ deviennent également des signaux dynamogènes aux-
quels le sujet obéirait si l'on n'y remédiait, afin d'éviter le désordre. Il
faut en conclure que des associations successives se sont formées dans le
sens opposé à celui de la succession des excitations. Ce qui, d'ailleurs,
n'c'npèclii' pas la chaîne psychique de se reproduire invariablement dans
SÉANCE UV 24 JANVIER 1910. 289
l'ordre des excitations. Le phénomène consiste donc en ce que cette chaîne
est rattachée à des antécédents psychiques de plus en plus anciens.
C'est ainsi que, dans les exhibitions coniprenant plusieurs animaux sai'anls, un
sujet A, devant travailler après un sujet B, finit par ne plus attendre l'ordre du maître
et descend de son escabeau dès que B a terminé ses exercices. Ce sont alors les sen-
sations représeiitalives correspondant à la fin des exercices de B qui sont devenues
dynamogènes pour A. Plus tard encore, A n'attendra même plus la fin des exercices
de B pour venir au maître, il sera rois en mouvement parla vue de certains actes de B
et il faudra que le dresseur rétablisse l'ordre par un redressage.
Au point de vue purement psychologique, il s'agit ici de ce que nous
avons appelé la loi de récurrence (Congrès de Psychologie, août 1909).
Le dressage fait ressortir très clairement cette loi; mais elle s'applique
nécessairement aux animaux vivant à l'état de nature, et elle explique des
prévisions instinctives qui ont paru raisonnées à certains auteurs.
En effet, lorsque des phénomènes extérieurs se reproduisent à époques
fixes, si la chaîne psychique d'abord, exactement parallèle à certains
d'entre eux et aboutissant à une réaction, est rattachée successivement à des
souvenirs de plus en plus anciens, qui deviennent dynamogènes, la réaction
aura une tendance à se produire trop tôt, à devancer les circonstances exté-
rieures dans lesquelles elle se produisait d'abord. Il n'y a plus alors syn-
chronisme, mais prévision : ce qui peut être utile ou nuisible à l'espèce.
Dans le premier cas, la faculté de prévoir reste acquise et se développe. 11 est
permis de supposer que les espèces qui, à l'automne, quittent le Nord pour un climat
plus chaud, sont d'abord parties seulement à l'époque où la nourriture leur manquait,
puis, quand la diminution de la chaleur (qui précède et détermine la raréfaction de
la pâture) était venue; et qu'elles partent maintenant quand certains signes précur-
seurs du froid se produisent, par exemple, la diminution de la longueur du jour.
Il est peut-être nécessaire que plusieurs signes soient donnés ; et leur manque
éventuel de concordance pourrait expliquer certaines irrégularités dans les départs.
Le second cas se présente chaque fois qu'un fonctionnement organique ne peut se
produire qu'entre des limites de temps étroites, tracées par des phénomènes extérieurs.
Exemple : le rythme des marées, qui règle la vie des animaux marins littoraux.
Tout acte tendant à ce fonctionnement et arrivant trop tôt serait alors funeste; mais,
de ce fait même qu'un i-ythme physiologique existe nécessairement chez l'animal, le
synchronisme psychologique est maintenu; les sensations présentes, restant forcément
en relation constante avec le milieu, règlent la conduite de l'animal.
On pourrait objecter que si la loi de récurrence avait, à part le cas de
synchronisme imposé, une portée générale, les animaux purement instinctifs
ne s'adapterai-^ml jamais à des circonstances extérieures nouvelles se pro-
24o ACADÉMIE UES SCIENCES.
(luisant nécessairenienl à la suite des impressions anciennes; mais il se forme
de nouveaux noyaux d'association.
Il semble que le fait de pouvoir associer facilement toutes leurs sensations
dans les deux sens, aussi bien dans l'ordre des excitations que dans l'ordre
inverse, constitue, chez quelques animaux supérieurs (comme certaines
espèces de singes, que nous avons étudiées à ce point de vue) un immense
progrès, lié à la formation de rintelligence. En effet, tant qu'une association
est récurrente, le but d'un acte aucpiel les sensations représentives associées
sont liées, doit forcément échapper à ranimai, au moment même où l'asso-
ciation se fait. 11 se trouve au degré psychologique d'un homme chez qui
les impressions causées par toute phrase, écrite ou prononcée, s'associeraient
les unes aux autres dans le sens contraire à celui où la signilication de la
phrase se complète.
EMBRYOLOGIE. — Sur la structure et la signijicatioa de la membrane qui
enveloppe la sphère vitelline de l'œuf des Oiseaux. jNote de M. A.
Lécaillox, présentée par M. Henneguy.
On sait que la sphère vitelline, dans l'œuf des Oiseaux, est entouréejiar
une enveloppe assez résistante qu'on regarde généralement comme une
mendjrane vitelline, c'est-à-dire comme un produit de l'œuf lui-même.
Dans cette manière de voir, l'œuf sécréterait à sa surface, ou différencierait
dans sa région périphérique, l'enveloppe dont il s'agit. C'était l'opinion de
Balfour et c'est encore celle de R. Ilert^vig et de la plupart des embryogé-
nistes modernes.
Mais une autre opinion a été soutenue par quelques auteurs. Balbiani,
dans ses Leçons sur la génération des Vertébrés (1879), dit que la membrane
du jaune n'est pas homogène, mais formée de fibrilles entrecroisées dans
tous les sens. Il ajoute avoir vu, chez la Poule, à la surface et même dans
l'épaisseur de cette uiembrane, des cellules détachées de la paroi du follicule
ovarien, et il en conclut que la prétendue membrane vitelline doit être
regardée en réalité comuie un chorion.
J'ai repris l'élude de cette question en m'adressant non pas à la Poule
qui, surtout si l'on examine l'enveloppe de la sphère vitelline dans l'œuf
pondu, paiail être un type défavorable à ce point de vue, mais au Merle
{Turdus meruta L.).
Dans l'u'uf nouvellement pondu de ce Passereau, l'enveloppe de la sphère
SÉANCE DU Q'j JANVIER 19IO. ll\l
vitclliiie comprend trois couches superposées régulièrement l'une à l'autre
et (|ue je désignerai ici, pour la commodité de la description, par les noms de
couche interne {ceWc qui repose directement sur le vitellus), couche moyenne
et couche externe (celle sur laquelle repose l'albumen de l'œuf).
L'épaisseur totale de l'enveloppe parait être en moyenne de ï3^ à 20!^,
mais susceptible d'assez grandes variations, ce qui s'explique facilement,
comme on va le voir.
La couclie interne est ordinairement la plus mince des trois et a une épaisseur
assez constante d'environ 3!^. On n'y distingue aucune cellule ni aucun noyau cellu-
laire. Elle peut être assimilée soit à une membrane vitelline, si elle dérive de l'œuf,
soit à un chorion, si elle dérive de l'épithélium folliculaire. Actuellement je ne puis
me prononcer sur ce point.
La couche moyenne, environ 2 à 3 fois plus épaisse que la couche interne, est le
reste à'an épithélium formé d'une seule assise de cellules. Mais ces cellules sont
en voie de dégénérescence très avancée. Leur noyau est encore cependant très recon-
naissable pour un grand nombre d'entre elles. Leur cytoplasma est très vacuole. En
conséquence de l'état dégénérescent de l'épithélium, son épaisseur est un peu variable
suivant les points où on le considère.
La couche externe est formée de tissu conjonctif Jibiillaire. On y reconnaît la
présence de restes de petits noyaux allongés dans le sens tat^entiel par rapport à la
surfiice de la sphère vitelline et de fibrilles orientées dans le même sens.
Or, si l'on considère l'o-uf ovarien des Oiseaux à un stade avancé de son
évolution, on trouve autour de lui un follicule ayant exactement les trois
couches que je viens de décrire dans l'œuf pondu du Merle.
La couche interne, appelée ordinairement membrane vitelline de lœuf
ovarien, ne diffère pas de celle qu'on observe dans Fo-uf pondu.
La couche moyenne ou granulosa est un épithélium prismatique,
beaucoup plus net, il est vrai, que dans l'tfuf pondu, mais cette différence
tient uniquement à ce que, dans l'o'uf ovarien, l'épithélium n'est encore que
peu ou pas en voie de dégénérescence.
Autour de l'épithélium du follicule, la couche conjonctive ou theca est
beaucoup plus épaisse que la couche externe de l'enveloppe de l'omf pondu;
elle est en effet formée de nombreuses strates conjonctives superposées.
Mais il n'y a là qu'une différence de quantité.
Ces faits montrent que, en se détachant de l'ovaire, la sphère vitelline de
l'œuf des Oiseaux emporte autour d'elle une enveloppe cjui n'est ni une
simple membrane vitelline ni même un simple chorion dépourvu de struc-
ture cellulaire. Elle comprend la couche interne, la granulosa et une partie
dIus ou moins épaisse de la theca du follicule. Je propose de désigner cette
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N' 4.)
32
2^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
enveloppe sous le nom de capsule vilelline. Cette capsule protège la sphère
vitelline pendant qu'elle traverse i'oviducte, pendant qu'il se dépose autour
d'elle la couche aibumineuse, puis la membrane coquillièreet la coquille, et
ensuite pendant qu'il s'y forme un embryon. Mais la dégénérescence des
cellules qui entrent dans sa composition, déjà commencée au moment où
l'œuf se détache de l'ovaire, continue ensuite, de sorte que généralement,
dans l'œuf pondu, il est difficile ou impossible d'en retrouver les traces.
C'est ce (jui explique pourquoi, jusqu'ici, les embryogénistes se sont
trompés sur la vi^aie nature de l'enveloppe qui entoure la sphère vitelline
de l'o.'uf des Oiseaux.
GÉOLOGIE. — Sur la présence du Cenomanien fossilifère dans les Alpes cal-
caires de la Haute-Savoie. Note de M. Lko\-W. Collet, présentée par
M. Michel Lévy.
La présence de Cenomanien fossilifère n'avait pas encore été signalée
dans les Alpes calcaires de Savoie où, suivant les auteurs, les calcaires
sublilhographiques du Sénonien reposent directement sur les grès noirs
glauconieux de l'Albien.
En étudiant à nouveau la coupe géologique détaillée du versant sud de
la montagne des Avoudruz, sur la rive droite du GifTre en amont de Sixt,
j'ai eu la bonne fortune d'y découvrir la présence de Cenomanien à
Schloenbachia varians Sow. et Turrilites costatus Lam.
J'ai relevé sur la face sud des Avoudruz la coupe suivante des chalets de
Salvadon au sommet : une première série normale allant de l'Infra-
valangien au Crétacique supérieur, supportant une nouvelle série normale
qui comprend : Rhodanien, Aptien, Gault et Crétacique supérieur. Ce
dernier terme forme, un peu au sud-ouest du sommet, un synclinal avec
charnière visible tournée au sud et supporte sur le sommet même une
partie de tête antiolinale repliée dans laquelle apparaissent le Gault,
l'Aptien et enfin, au sommet, le Rhodanien. Cette coupe est ncllement
différente de celle d'Alphonse Favre, qui fut reproduite par tous les
auteurs qui ont traité de cette région.
C'est au-dessus du deuxième afileurement de Gault de la coupe ci-dessus,
à l'altitude d'environ 25oo™, ({u'on voit le Cenomanien fossilifère. Cette
couche, qui n'a pas o"',5o d'épaisseur, forme une zone de transition entre
les grès noirs glauconieux à Mortoniceras inflatum Sow., et les calcaires
sublithographiques, gris blanc, du Sénonien.
SÉANCE DU 2'i JANVIER 1910. 2'i3
En coupe mince, le Cénomanien apparaît comme un calcaire à ciment va-
seux extrêmement fin contenant des coquilles de foraminifères et des miné-
raux. Parmi les premiers, nous citerons tout d'abord les Orbulines, puis les
Globigérines et enfin de rares Pulvinules. Les minéraux sont représentés
par de la glauconie en grains, de la pyrite souvent décomposée et du quartz.
Ce dernier se rencontre parfois à l'état roulé ; son diamètre maximum ne
dépasse pas o""°,3. Sous le microscope on voit encore mieux que ce sédi-
ment marque bien un terme de passage entre les grès noirs terrigènes de
l'Albien, uniquement constitués par de la glauconie et du quartz, et les
calcaires à faciès pélagique du Sénonien à ciment vaseux calcaire très fin ne
contenant que des foraminifères. On suit ainsi, dans cette région, l'appro-
fondissement graduel du bord septentrional du géosynclinal daupliinois.
Le Cénomanien à Sc/t(. varians a été signalé par Renevier à Cheville dans
la nappe de Mordes, sur la rive droite du Rhône. Le massif autochtone du
Giffre étant le berceau de cette dernière nappe, nous devons nous attendre
à retrouver le Cénomanien soit dans les Dents Blanches de Champéry, soit
dans les Dents du Midi. Dans la nappe des Diablerets, le Crétacé moyen et
supérieur, comme l'a montré Renevier, manquent totalement.
11 faudra chercher désormais le Cénomanien plus au Sud-Ouest, de façon
à pouvoir raccorder le Cénomanien du Vercors avec celui du Giffre.
GÉOLOGIE. — Sur la genèse des formes glaciaires alpines. Note de M. E.
DE Mauto.we, présentée par M. Michel Lévy.
L'application des principes de la Mécanique physique à l'étude du frot-
tement sur le lit des glaciers nous a permis (^Comptes rendus du 10 jan-
vier 1910) de dégager les lois essentielles de l'érosion glaciaire : faible va-
leur absolue de cette érosion, qui est presque nulle aux deux extrémités du
glacier; variation différentielle très grande en fonction des inégalités du
lit avec maximum en amont et en aval des ruptures de pente et des étran-
glements. Toutes les formes principales des vallées alpines se déduisent lo-
giquement de ces lois, en supposant que la glaciation quaternaire a trouvé
dans les Alpes des vallées fluviales relativement jeunes, à profil longitudinal
discontinu et à profil transversal plus ou moins large.
Les bassins de surcreusement séparés par des verrous sont des lieux, d'érosion
maximum séparés par des lieux de moindre érosion, déterminés soit par une rupture
du profil longitudinal, soit par un resserrement du profil transversal. Un certain
2^4 ACADÉMIE DES SCIE^fCES.
nombre de bassins, pour lesquels la théorie de Penck est, de l'aveu même de son
auteur, sans explication, n'ont pas d'autre origine. Il est même probable que c'est là
l'explication la plus générale, à laquelle on peut ramener tous les cas précédemment
invoqués : difTérence de dureté des roches, confluence et diflluence.
Les vallées suspendues sont liées naturellement, comme les verrous, aux bassins de
surcreusement. L'explication qui invoque la vitesse et l'épaisseur plus grande du gla-
cier principal pour rendre compte de l'approfondissement plus marqué de la vallée
maîtresse, doit être complétée, suivant notre théorie, par une autre considération :
dans le système des vallées préglaciaires, il pouvait y avoir des ruptures de pente aux
confluents. L'érosion glaciaire plus grande de part et d'autre de pareilles ruptures de
pente peut seule expliquer uo trait morphologique important des vallées alpines : les
bassins de surcreusement, souvent lacustres, au-dessus du débouché des vallées sus-
pendues.
Les clrijues glaciaires sont des bassins de réception torrentiels, dont la topogra-
phie a été profondément modifiée par l'érosion glaciaire : l'étranglement du canal
d'écoulement a déterminé un creusement et un élargissement à l'amont. Les parois des
cirques sont, comme je l'ai déjà indiqué, la trace du début de l'érosion glaciaire. Notre
théorie est la seule qui rende compte logiquement des cliques étages (Kartreppe), en
les faisant dériver de vallées torrentielles à ruptures de pente très accusées.
Les bassins terminaux (Zungenbecken) sont dus en partie à la diminution de l'éro-
sion sous la langue terminale du glacier, en partie à l'augmentation de l'érosion que
devait déterminer les variations du profil longitudinal et de la section transversale du
lit au débouché des grands glaciers quaternaires sur le Vorland alpin. Telle est l'ex-
plication la plus générale des lacs subalpins. L'examen des Cartes de profondeur
confirmerait celte théorie, en montrant que les ombilics sont souvent au débouché des
vallées alpines.
Il est possible que les mouvements du sol antérieurs à la période glaciaire n'aient
pas été étrangers à la formation de certains lacs, comme l'a supposé Heim. Une dépres-
sion du bord subalpin, comblée par des sédiments, aurait donné une conlrepente
virtuelle, que l'érosion glaciaire aurait mise en évidence par un rapide déblaiement
des sédiments aux points où débouchaient les grands glaciers, et qui aurait ensuite
agi dans le même sens et avec plus de poids qu'une atténuation de pente. Une pareille
dépression a probablement existé sur le versant nord des Alpes suisses; elle existe
certainement sur le bord des Karpates méridionales (dépression subkaijiatique, voir
E. DE Martonne, Comptes rendus^ [^àècQmhrQ 1899 et 6 mai 1901), où, faute de grands
glaciers, elle n'a pas de lacs.
Nous avons donc, dans la théorie mécanique de l'érosion glaciaire, le
principe d'un groupement logiquQ des principales formes alpines, à condition
d'admettre une période d'érosion fluviale préglaciaire ayant donné des
vallées relativement jeunes. Cette supposition est contraire à la théorie des
formes glaciaires développée par Penck et Brûckner, qui suppose des vallées
préglaciaires mûres. Mais elle est d'accord avec les principes de la méca-
nique du mouvement glaciaire, de même qu'avec un grand nombre de
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 245
faits morphologiques, dont quelques-uns n'ont pas encore été mis en lu-
mière.
Divers auteurs ont signalé dans les Alpes suisses et françaises l'existence d'épaule-
ments formant des terrasses rocheuses plus ou moins continues, qui dénotent des
creusements successifs pendant la période quaternaire attribués par les uns aux gla-
ciers, par les autres aux rivières. Ces deux hypothèses contiennent une part de vérité.
Les creusements tluviatiles interglaciaires réduisent singulièrement la part de l'éro-
sion glaciaire dans l'approfondissement des vallées alpines, ce qui est d'accord avec
notre théorie; mais ce n'est que par l'intervention de cette érosion qu'on peut expli-
quer les anomalies du modelé quaternaire : bassins, verrous, vallées suspendues,
cirques et bassins terminaux.
L'alternance des périodes d'approfondissement du thalweg et de modelé glaciaire
actif donne seule la clef de traits morphologiques plus complexes observés par nous
dans un grand nombre de vallées alpines : doubles et triples épaulements sur les flancs
des bassins, liés à l'existence de doubles et triples verrous emboîtés, et de doubles et
triples vallées suspendues.
L'étude morphologique détaillée de diverses vallées, au moyen de profils transver-
saux établis de kilomètre en kilomètre d'après des Cartes en courbes et vérifiés sur le ter-
rain, permet de reconstituer le profil longitudinal de trois vallées glaciaires de plus en
plus profondes avec leurs verrous, leurs bassins et leurs vallées suspendues. II en résulte
que les ruptures de pente ont toujours été aux mêmes places, et sont en rapport soit
avec la nature des roches, soit avec la tectonique. Nous donnerons prochainement à
ce sujet des détails. Retenons seulement la conclusion générale qui se dégage de ces
faits : // est nécessaire d'admettre des mouvements du sol importants dans les
Alpes jusqu'à la fin du Pliocène^ mais il n'est pas nécessaire d'admettre une série
de mouvements correspondant à chaque phase de creusement interglaciaire. Il
suffit de supposer que le travail de l'érosion fluviale n'a pu être poussé jusqu'à l'éta-
blissement du profit d'équilibre avant la période glaciaire, ni pendant les premières
périodes interglaciaires.
En résumé, les formes alpines apparaissent comme d'origine très com-
plexe. Pour les expliquer, on ne saurait se contenter de considérer soit la
tectonique, soit l'érosion fluviale, soit l'érosion glaciaire. Ces trois facteurs
doivent entrer en ligne de compte.
Des mouvements du sol, poursuivis jusqu'au Pliocène supérieur, ont
donné des vallées jeunes à profil longitudinal tendu et irrégulier, à profil
transversal plus ou moins large suivant la nature des roches et suivant les
éléments tectoniques traversés. L'érosion glaciaire a profité de ces inégalités
pour former des bassins et des verrous, des vallées suspendues, des cirques
et des bassins terminaux. L'érosion interglaciaire tendait à réduire les rup-
tures de pente les plus fortes, à approfondir les thalwegs en les rapprochant
du profil d'équilibre et à régulariser les pentes des versants suivant la nature
ofC) ACADÉMIE DES SCIENCES.
des roches. Mais les périodes glaciaires retrouvaient toujours un modelé
encore assez heurté pour que la formation des bassins, verrous et autres
traits glaciaires reprît nécessairement.
C'est seulement en partant de ces considérations qu'on peut espérer arri-
ver, par une étude minutieuse de chaque vallée, à expliquer toutes les formes
alpines, en rapport avec les forces variées qui leur ont donné naissance.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la dévialnUte magnétique des faYons corpuscu-
laires provenant du Soleil. Note de M. Kr. Birkeland.
Dans la deuxième section du Volume I de l'Ouvrage : The Norwegian
Aurora Polaris Expédition 1 902-1903 qui paraîtra au cours de cette année,
j'ai traité la question de la nature des rayons qui donnent naissance aux
perturbations magnétiques et aux aurores polaires.
Ce nouveau Volume contient d'abord : des études sur les perturbations
polaires en 1 882- 1 883 ; puis une comparaison des résultats de mes recherches
sur les perturbations magnétiques positives et négatives avec les résultats
de nombreuses expériences faites avec une terrella magnétique dans un
tube de décharge; ensuite des études sur les courants telluriques observés,
accompagnées d'une analyse basée sur les recherches de Lamb(') et de
Hertz ('); des études sur les variations diurnes et annuelles du magné-
tisme terrestre; enfin, une hypothèse sur l'origine et la conservation du
magnétisme terrestre.
Dans mes expériences, je retrouve maintenant d'une manière tout à fait
satisfaisante les phénomènes qui, d'après ma théorie, doivent correspondre
aux phénomènes principaux des perturbations magnétiques et des aurores
polaires.
Mais il est toutefois nécessaire d'admettre que les rayons provenant du
Soleil ont une déviabilité magnétique énormément moins grande que les
rayons du groupe p que nous connaissons jusqu'ici. Si j'admets que ces
rayons sont constitués par des électrons et que les formules de Lorentz ('),
si bien vérifiées par Bucherer ( '), peuvent s'appliquer encore dans notre cas
(') PInlosophical Transactions^ t. GLXXIV, 1884, p. 019.
C) Gesanimclle ]f'erl,e, B. I, iSgS, p. 87.
(') T/ie Theory 0/ Electrons, 1909, p. 3i3.
(') Annalen der Physik, l. XXVIII, 1909, p. 3i3.
SÉANCE DU 24 JANVIER I910. 247
très extrême, je trouve ([ue la masse apparente m de ces électrons est d'un
ordre mille fois plus grand que la masse m,, d'un électron à petite vitesse.
Ces rayons corpusculaires du Soleil se meuvent donc avec une vitesse qui
n'est que d'une centaine de mètres à peu près inférieure à celle de la
lumière.
Ces résultats bien extraordinaires et presque décourageants au premier
coup d'œil se concilient pourtant bien avec certaines observations.
Plusieurs observateurs ont constaté, dans les régions polaires, que l'au-
rore peut descendre quelquefois très bas dans l'atmospbère et même jus-
qu'à la surface terrestre.
Il faut donc admettre que les rayons qui produisent ce phénomène, et que
nous supposons venir du Soleil, peuvent traverser notre atmosphère, ce qui
revient à pénétrer une couche de 760'""" de mercure, en admellant la loi de
pénétrabilité d'après les masses.
Cela est aussi d'accord avec l'idée que ces mêmes rayons, avant d'arriver
à la terre, ont dû pénétrer l'atmosphère solaire, puisqu'ils proviennent des
régions voisines des taches du Soleil.
Nous connaissons jusqu'à présent des rayons ji qui traversent i""™ de
mercure environ; ils sont accompagnés de rayons y, encore beaucoup plus
pénétrants.
Nous n'avons pas observé les rayons du groupe y venant du dehors qu'on
pourrait soupçonner correspondre à de pareils rayons [jl venant du Soleil,
à supposer toutefois qu'ils n'existent pas dans la radiation lumineuse du
Soleil.
Lenaid (') a fait des recherches pour trou\er une relation entre h» vitesse d'un
électron et les coelficients d'absorption pour les rayons correspondants dans des
matières dilTérenies.
11 est arrivé à ce résultat, que l'absorption s'accroit de plus d'un million de fois
quand on va des rayons p de radium à des rayons cathodiques avec une vitesse égale
à un centième de celle de la lumière.
11 paraît donc probable que la pénétrabilité de nos rayons doit être beaucoup plus
grande que celle des rayons p de radium : mais on n'a pas encore trouvé une loi simple
dont on puisse se servir pour calculer l'absorption quand on connaît la vitesse.
Plusieurs physiciens ont trouvé que les rayons (3 sont absorbés d'après une loi
exponentielle et que la vitesse ne change pas quand les rayons traversent la matière.
Mais il paraîtrait que ces résultats ne sont pas sûrs.
Il est possible de donner une explication plausible d'un phénomène étudié
(') Annalen dei Pliysil;, t. XII, igoS, p. 714.
2/48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par Riccô ( ' ) en admettant nos rayons énormément peu déviables émanés
des régions des taches solaires. Riccô a observé qu'il y a une diflérence de
temps de /jo à 5o heures entre le passage d'une grande tache au méridien
central et le maximum de perturbation magnétique qu'elle produit sur la
Terre. Riccô en conclut que la vitesse de propagation des rayons corres-
pondants doit être entre 900*"" et 1000*"" par seconde.
J'ai calculé, d'après des formules de Stôrmer (^), que le Soleil doit avoir
un moment magnétique 100 fois environ plus grand que celui de la Terre
et inversement aimanté, pour pouvoir dévier nos rayons d'un angle cor-
respondant à ce temps de retard de 4o à 5o heures. D'après mes hypo-
thèses, je me suis aussi attendu à ce que le Soleil fût aimanté en sens opposé
à celui des planètes, la rotation étant de même sens.
Cette aimantation générale du Soleil est évidemment indépendante dans
une certaine mesure de la forte aimantation locale des taches, découverte
par Haie.
SISMOLOGIE. — Tremblement de terre du 22 janvier 1910.
Note de M. Alfred Angoi'.
Un tremblement de terre éloigné, mais de grande violence, a été enregistré
au Parc Saint-Maur dans la matinée du 22 janvier 1910.
Les premières oscillations préliminaires ont débuté à 8''53"'5'' (temps moyen de
Greenwich), les secondes à 8''56"'55'' et les grandes oscillations vers 8''59™7'.
Le maximum absolu, pour la composante NS, s'est produit entre 9''2™ et 9''4"'; les
oscillations présentaient alors une durée moyenne de 8 secondes et une amplitude
totale qui a dépassé 110°"" sur le tracé, ce qui correspond à un mouvement réel du sol
de l'ordre du demi-millimèlre. Ce sont les oscillations les plus fortes qui aient été
constatées jusqu'ici au Parc Saint-Maur, depuis l'origine des observations. L'ampli-
tude des oscillations a diminué ensuite d'une manière irrégulière, présentant de temps
en temps des reprises notables. Les mouvements deviennent faibles à partir de 9'' 45'",
mais on les perçoit encore après 10'' So"".
L'examen des sismogranimes indique que l'épicentre se trouve à une
distance d'un peu moins de Booc**", probablement dans le Sud-Est, mais
sans que l'on puisse, d'après les observations d'une seule station, se pro-
noncer avec certitude entre cette direction et la direction opposée.
(') A'atiire. 4 novembre 1909.
('-) /Irc/ih'es des Sciences physiques el naturelles, t. XX1\ , Cliap. IV, 1907, p. 121.
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 24g
Ce tremblement de terre a été également enregistré de la manière la plus
nette sur les magnétograpnes du \al-Joyeux, ce qui montre bien l'intensité
exceptionnelle des secousses. On en retrouve la trace même sur la courbe
de la composante verticale, qui n'est pas affectée d'ordinaire par des mou-
vements de cette nature.
SISMOLOGIE. — Enregistrement d' un tremblement de terre le 11 janvier ic^io
à l'Observatoire du Puyde Dôme. Note de M. Bernard Brunhes, présentée
par M. E. Bouty.
Le sismographe Bosch-Mainka, qui a été installé au sommet du Puy de
Dôme à la lin d'octobre 1909 (dans des conditions provisoires, il est vrai),
est en fonctionnement régulier depuis le milieu de novembre. Le 22 jan-
vier 1910, après 9'' du matin, on a enregistré des secousses d'amplitude
énorme, présentant tous les caractères d'un tremblement de terre.
La première phase préliminaire, indiquée par une série d'écarts de faible ampli-
tude, a commencé à g'^i'^Si^. La seconde phase & commencé à g*" 5™ 57'. Enfin, luphase
principale a débuté à 9''IO™5o^ Les secousses sismiques proprement dites ont pris lin
à loi^S™. L'appareil est resté agité toute la journée (').
Les durées des intervalles qui ont séparé les débuts des diverses phases
indiquent une distance de l'épicentre de 3000*™ à 35oo'^".
Il y a quelques réserves à faire sur les heures absolues indiquées ici.
L'heure nous est simplement donnée, chaque matin, par le Bureau télégra-
phique de Clermont, qui reçoit l'heure de Paris. Mais nos dispositions sont
prises, depuis longtemps, pour recevoir à l'Observatoire, par télégraphie
sans fil, l'heure exacte de Paris, dès que la Station de la Tour Eiffel sera en
mesure de donner quotidiennement le signal de minuit. •
M. Albert Nodon adresse une Note intitulée : L origine planétaire des
perturbations solaires.
(•) On cite ici les nombres relevés sur le diagramme de la composante EW. L'exa
men de la composante NS conduit à des résultats très peu différents.
C. R., 1910, I- Semestre. (T. 150, N» 4.) 33
200 ACADEMIE DES SCIENCES.
M. Harold Tarry adresse une Note intitulée : Les grands mouvements de
l'atmosphère et la production des inondations.
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
Ph. V. T.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE .
Ouvrages reçus dans la séance du 17 janvier 1910.
Savants du jour : Gaston Darboux : Biographie, Bibliograplùe analytique des
écrits, par Ernest Lebon. Paris, Gauthier-Villars, 1910; i fasc. in-4°.
Institut de France. Académie des Sciences. Notice liistoricjue sur le général Meus-
nier. Membre de l'ancienne Académie des Sciences, par Gaston Darboux, Secrétaire
perpétuel, lue dans la séance publique annuelle du 20 décembre 1909. Paris, Gauthier-
Villars, 1909; I fasc. in-4''.
Atlas photographique de la Lune, publié par l'Observatoire de Paris, exécuté par
M. Loewv et P. Puiseux; 11' fascicule, comprenant : 1° Études sur la topographie et
la constitution de Vécorce lunaire (suite); 1° Planche k : Image obtenue au foyer
du grand équatorial coudé; 3° Planches LX à LXV : Héliogravures d'après les
agrandissements sur verre de quatre clichés des années 1901, 1902, 1904 ei 1907.
Paris, Imprimerie Nationale, 1909; (planches) i fasc. in-f" et (texte) i fasc. in-4°.
Radiunithérapie : Instrumentation, technique, traitement des cancers, chéloîdes,
na'vi, lupus, prurits, névrodermiles, eczémas, applications gynécologiques, par le
D'' Loiis WicKHAM et le D"' Degrais; préface de M. le professeur Fournier; avec
20 planches coloriées et 72 figures. Paris, J.-B. Baillière et fils, 1909; i vol. in-S".
(Présenté par M. Labbé, pour le concours du prix Leçon le.)
Exploration archéologique de Délos faite par l'École française d'Athènes.
Introduction : (Jarte de l'île de Délos au jôIô^ avec commentaire explicatif, par
André Bellot. Paris, Fontemoing et €'■=, 1909; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Poin-
caré, pour le concours du prix Binoux.)
Les principes biologiques de l'évolution sociale, par René Worms. Paris, V. Giard
et E. Brière, 1910; i fasc. in-12.
Annales del'Institut agronomique {Eco\e supérieure de l'Agriculture); 2'' série;
SÉANCE DU 24 JANVIER 1910. 25 1
t. VIII, fascicule 2. Paris, J.-B. Baillière et fils, et Librairie Agricole, 1909; i vol.
'in-8°.
Archives de Médecine et de Pharmacie mililaires, publiées par ordre du Minisire
de la Guerre, paraissant une fois par mois; t. LIV. Paris, Henri Charles-Lavauzelle,
1909; I vol. in-S".
Bulletin scientifique de la France et de la Belgique. Tomes I (1869) à IX et XI à
XLIII (1909). (Acquisition.)
Anuario del Observatorio de Madrid, para 1910. Madrid, 1909; i vol. in-12.
El regreso del cometa de Halley, por Luis-G. Léon. Mexico, 1909; 1 fasc. in-12.
Catalogue of the Hemiptera {Heteroptera) with biological and anatomical
références, lists of foodplants and parasites, etc. Prefaced b^' a discussion on no-
menclature, and au analytical table of familles, by G.-W. Kircaldy; t. I : Cimicidœ.
Berlin, Félix-L. Dames, 1909; i vol. in-8". (Hommage de l'éditeur.)
Report of the Commission of Education, for the year ended june 3o, 1909; t. I.
Washington, 1909; i vol. in-S».
Ouvrages reçus dans la séance du 1■^ janvier 1910.
Notice sur M. P. Fliche, sa vie et ses travaux, par R. Zeiller. (Extr. du Bulletin
de la Société botanique de France, t. LVI, p. 480 à 499-) Coulommiers, imp. Paul
Brodard; 1 fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Onoranze al Prof , Luigi Cremona. Ronie, G. Bertero et C", 1909; i fasc. in-8°.
Les systèmes d'équations aux dérivées partielles, par Charles Riquier. Paris,
Gauthier-Villars, 1910; i vol. in-8°. ( Présenté par M. Darboux.)
Guide géologique et paléontologique de la région parisienne, dans un rayon de
100'"", avec 162 figures dans le texte et 25 cartes hors texte donnant remplacement
des gîtes fossilifères, par P. -H. Fritel. Paris, les fils d'Emile Deyrolle, 1910; i vol.
in-12. (Présenté par M. Lacroix.)
Repertorium novarum specieruni regni vegetabilis : Centralblatt fur Sammlung
und Verôffentlichung von Einzeldiagnosen neuer Pflanzen , herausgegeben
von Fkiedkick Fedde; Bd. Hl-VII. Berlin, chez l'auteur et chez Borntraeger frères,
1907-1909; 5 vol. in-8°. (Présenté par M. Pli. van Tieghem. Hommage de l'auteur.)
La malatlia dei minatori dal S. Gottardo al Sempione, per E. Perroncito. Turin,
Carlo Pasta, 1909; i vol. in-8°. (Présenté par M. Chauveau. Hommage de l'auteur.)
Etude géométrique sur l'équilibre et la descente rectiligne de l'aéroplane, par
M. L. Lecornu. Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1909; i fasc. in-S". (Hommage de l'au-
teur.)
Recherches géologiques et pétrographiques sur l'Oural du Nord : Le bassin
de la haute Wichéra, par Louis Duparc, avec la collaboration de Francis Pearce et de
Marguerite Tikanowitch. Partie III, avec 82 figures et 4 clichés dans le texte. Genève,
imp. Albert Kundig, 1909; i vol. in-4''. (Hommage de l'auteur.)
252 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Yearbook of ihe Vniled States department of Agriculture, 1908. Washington,
1909; 1 vol, in-S".
Bulletin du département de l'Agriculture aux Indea néerlandaises; n"^ XXVIIl-
XXX. Biiilenzorg, 1909; 3 fasc. in-4°.
ERRATA.
(Séance du 24 août 1908.)
Note de M. Haag, Sur la viration de deux surfaces réglées ;
Remplacez partout le mot viriation par le mot viration.
Page 4i8. ligne 20. au lieu de axes, lisez arcs.
Page 420, supprimez les lignes 3 et 4-
Même page, remplacez la ligne 5 par
,„ , cota' — cota
(6) » = A i p.
^ ' ^ cot^J; — coti];
Page 421, ligne 7, au lieu de
4Rsin2 Vcos2<
1+ >
P
lisez
2Rsin2 Vcos2<
P
Même page, ligne 11, au lieu de
2COS2i COS2V + 3cOS2i
sin(t — V)sin(i + V) COS2V — cos2<
lisez
ces 2 1 2 ces 2 /
sin(t — V)sin(/ + V C0S2V' — cos2;
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 51 JANVIER lîilO.
nU'SIDKNCIî: UI-: m. Ejuli; ncAUl).
AIEMOIUES ET COMMUNICATlOiXS
DKS MEMBKES ET DES CORRESPONDANTS DE f/AGADE.MII':.
M. le PiiKsiDK.XT donne icclun' do la dépêche slli^a^le :
Ati Président de l InstiUil de Fiance,
L'Académie ro>ale des Beau\-Arts de Florence, émue du fléau qui dévaste Paris,
adresse une pensée afleclueuse au\ artistes et à tous les frères français en s'associant
sincércMienl à leur douleur. ,
Le P/esKic/iC,
lillll.VlU) -MAZZA!\ri.
ASTKONOMlE PHYSIQUE. — Premières obsenations de la comète Drake à
V Observatoire de Meiidon. NOlo de MM. II. Desl.wdres, A. Ber.vakd
cl L. n'Az\>iRiMA.
La comèle Drake, rccemmeiU d(''couvei'le dans le voisinage du Soleil, a
élé observée à Meudon depuis le 21 janvier.
Elle était très brillante et bien visible à l'œil nu les 1 1 et i-i janvier, dans
rilluniination du Soleil couchant. L'observation a élé seulement gênée par
les^nuages; niais, le 22, au moment même où lu comèle allait disparaître
C. R., 1310, I" Semestre. (T. lôO, N" 5.) 34
2^4 ACADÉMIE UES SCIENCES.
à riiorizon, le ciel s'csl cclairci hriisfjuemenl et nous avons pu l'observer
à la lunette et faire trois pli()tOi;i'apliies, une de la conièle et deux de son
spectre.
L'étude spectrale a êli- faite avec les chambres prisnialiipics déjà em-
ployées pour les comètes de Morehouse et de Halley, cl avec une chambre
prismatique à miroir concave, plus puissante et récemment organisée, avec
un grand prisme à angle faible. I^es pla(|ues orlhochronuitiques employées
avaient leur sensiliilité nuixima du coté du rouge.
L'épreuve la meilleure, obtenue juste avant le coucher de lastre, avec
une pose de 5 minutes, a donné les résultats suivants : Le noyau, très bril-
lant, offre un spectre continu cjui s'étend de A 700 dans l'extrême rouge, à
\l\-20 dans l'indigo, et qui offre plusieurs condensations nettes.
La condensation la plus brillante a une longueur donde voisine de A "iç^o
et est due vraisemblablement à la vapeur de sodium, déjà signalée, comme
on sait, dans plusieurs comètes antérieures au voisinage du Soleil. De celle
condensation part une queue bien délinie jusqu'à 20' d'arc et plus intense
sur ses bords. Celte radiation jaune offre ainsi sur le fond brillant du speclrc
général une image complète de la comète.
Du côté du violet on reconnaît une condensation plus faible vers A ")(>(>,
avec une queue encore assez nette et qui correspond à une bande des
hydrocarbures, et aussi une condensation encore moins nette vers A '170
et qui doit avoir la même origine.
Du côté de l'extrême rouge le spectre continu montre un renforcement
1res net de A 620 à A 700, qui se prolonge aussi dans la queue jusqu'à 10'
d'arc, et qui tient peut-être à un groupe de bandes intenses communes au
noyau et à la queue, et non signalées encore dans les comètes.
Cette élude a été poursuivie les jours suivants avec les mêmes appareils,
en particulier les 24, 20, 27, 29 et 3o janvier.
Or les épreuves successives obtenues révèlent une Iransforuuilion
curieuse du spectre cométaire :
La radiation du sodium, qui était de beaucoup la plus foile, diminue
progressivement; en même lemjis les bandes des hydrocarbures augmen-
lenl, le spectre continu s'étend jusijuà Fultraviolet et les bantles du cyano-
gène apparaissent .
lii'S -M) (i 3<>, le soilium ét;iil invisijjle el le s[)eclie des hydrocarbures
(longueurs d'onde appioximatives "iliS, ri 17, f\~]) el le spectre du cyano-
gène (Aj88, '^87, jiS6j, complets et intenses, se développaient du rouge
SÉANCE DU 3l JANVIER I910. 255
à Tultraviolet. Même le spectre des hydrocnrlnires a paru aussi s'étendre
dans la queue et à une grande distance ( ' ).
Ces transformations sont exactement celles subies par la grande comète
de 1882 et, d'une manière générale, par les comètes qui s'approchent beau-
coup du Soleil. Tout près de l'astre central, les raies métalliques prédo-
minent; puis, lorsque la comète s'éloigne, le spectre classique des hydro-
carbures et du cyanogène redevient le caractère principal du spectre
cométaire.
Les longueurs d'onde mesurées ne sont qu'approximatives, car, pour les
premières épreuves, on n'a pu juxtaposer un spectre de comparaison, à
cause du crépuscule (-); ce spectre a été ajouté avec les dernières, mais
le noyau et surtout la tète de la comète sont larges, la dispersion est
faible, et il en résulte une certaine confusion dans les images monochro-
matiques de l'astre. En fait, la chambre prismatique convient bien pour la
reconnaissance générale du spectre, cl peu pour la mesure précise des
longueurs d'onde. A ce point de vue le spectrographe à fente est supérieur
et il a été appliqué en même temps à la comète; l'Observatoire publiera
jjrochainement les résultats donnés avec ce dernier appareil.
On a fait en même temps des photographies ordinaires de la comète,
avec les chambres fixées aux équatoriaux. Le 22, la comète offrait une belle
queue courbe divisée en deux antennes, avec une ligne noire au centre.
Le 3.9, les épreuves révèlent une cjueue supplémentaire, presque aussi in-
tense que la première, et faisant avec elle, vers le Sud, un angle voisin
de 25°.
Des photographies ont été faites aussi avec le grand réflecteur de i"'. 1 ne
Note spéciale leur sera consacrée.
En résumé, cette comète est une des plus intéressantes étudiées à l'Ob-
servatoire depuis sa fondation. Elle est «/j/w/j remarquable par sa couleur
rongeàtre et par la grande largeur de sa queue, qui est aussi fort longue.
Le 29 janvier, le ciel était très pur. et nous avons eu, après le crépuscule
(') Celte extension dans la queue est surtout nette avec la bande '/. ^~j des hydro-
carbures ((ui correspond à un maximum de sensibilité de certaines des plaques
employées; mais la queue cométaire est large et la même apparence peut être
expliquée aussi à la rigueur par un spectre continu. On peut signaler aussi des con-
densations plus faibles à }.^'ii et >. 487.
(^) Le spectre de comparaison a été fait sur une autre plaque, et les deux, spectres
ont été rapprochés ensuite avec les bords des plaques. Dans ces conditions la mesure
ne peut être que grossière.
liS') ACADEMIE DES SCIENCES.
<•! ;i|irrs !<■ coiicliiT i\o la Lèle de la comète, un spectacle iiioiiblialiie. La
(|iieiie, tonjoiiis visible, se dressait presque verticale au-dessous du carié
de Pégase, et avec un crochet net vers le Sud, à son extrémité supérieurr.
A droite, apparaissait la voie lactée, et à gauche la lumière zodiacale, très
étendue et ce soir-là très lumineuse.
La queue de la comète, ol)servce à ce moment avec un simple nir()l,
montrait tuie polarisation forte et dans le plan qui contient le Soleil, la
comète cl la Terre, autant que l'on a ])U juger avec cet appareil rudi-
nienlaiie.
ASTROXOMIE. — Carie phologrdpliifjiie (lu Ciel. Prcscnlalion des procrs-
rerbaiix du dernier Congrès. N(Jle de M. I». i»AiLi,An>.
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau le premier exemplaire des procès-
verbaux de la réunion du Comité international permanent de la Carte pho-
tographique du Ciel. Ces procès-verbaux forment un Volume de 272 pages
et sont imprimés comme publication de l'Académie. Je tiens tout d'abord à
remercier M. (îauthier-^ illarsqni, en imprimant en quelques jours les Rap-
ports préliminaires et un grand nombre de Mémoires annexes, a gran-
dement contribué à assurer le succès du Congrès.
Je me fais un devoir de rappeler que la première allocution prononcée au
premier Congrès, en 1887, l'a été par notre illustre Secrétaire perpétuel
Joseph Bertrand. Dès ce jour l'Académie des Sciences a pris l'entreprise
sous ses auspices. C'est dans le même Congrès que l'amiral Mouchez a
annoncé qu'il croyait l'Académie disposée à faire les frais de l'impression
de tous les procès-verbaux. Rapports et Mémoires concernant la Carte du
Ciel. Depuis cette date, six réunions successives ont été tenues à Paris, pré-
sidées par les directeurs de l'Observatoire. Les six fascicules de procès-
verbaux en donnent l'histoire complète; mais il a été, en outre, imprimé
cinq Volumes de Mémoires, et, si l'Observatoire de Paris, dans les dernières
années, a contribué, en quelque mesure, auv frais d'impression, l'Académie
n'en a pas moins couvert la plus grande partie. Ces six fascicules et ces cinq
Volumes, comme ceux qui vont très prochainement suivre, constituent tou-
jours, essentiellement, une publication de rVcadémic
L'examen des résolutions prises dans les six Congrès montre les progrès
réalisés ou constatés dans chacun d'eux. Dans les deux derniers, renlreprise
s'est considéraltlemi'Ul l'Iargie. Sur la pr<i|)i)sili()n de Maurice Lo'w y, la
SIUNCIÎ nu '^ï JANVIRR 1910. 9.^*j
réunion de i;)ik) avail décide' ([Lie \c ijureau du ( louiité permanent centrali-
serait les travaux relatifs aux observations d'Kros et à la détermination de
la parallaxe du Soleil. Au dernier Congrès, cette œuvre si importante était
terminée, grâce à l'activité si féconde de Arthur' R. Hinks qui, dans votre
séance du 'iG avril, vous apporta le r(''sultat di-finitif de ces tr;i\au\ : i(''ceni-
nii'Ut le même astronome vous a l'ail connaître la valeur comiexe di' la masse
de la T.uue.
La réunion de 1910 a pris toutes les mesures qui [)euvenl assurer le
prompt achèvement de la Carte et du Catalogue, et tout fait penser que,
dans une quinzaine d'années, il y restera peu de chose à faire. Elle a décidé
la formation d'un nouveau Catalogue d'étoiles fondamentales qui pourra
servir de base auv réductions définitives et celle d'un Catalogue d'étoiles in-
termédiaires entre les fondamentales et les étoiles de repère proprement
dites. J'^lle a chargé une ( lommission permanente de tout ce qui concerne
ces étoiles, une seconde de la préparation d'une échelle de grandeur photo-
graphique et une troisième de l'é-lude des images photographiques elles-
mêmes.
Nous avons le plus grand espoir que, selon le vo'U émis au ban(piel de
clôture, une réuuidu uoiivelli> pourra être tenue utilement à Paris en iqi')
ou iqi '1 et (jii'à cette date les ([iiestions encore |iendantes seront résolues.
ClIlMllî AGHlCOLi:. — L'cnlrdineinc/il dit liiuo/i îles terres par les eaii.v
(le la Seine. Note de M. A. ]>Iitxt/.
.l'ai cherehi'' à me rendie conqjle de la ré[)ei'eussion (pie peut avoir,
sur la fertilité à venir des terres, l'enlèvement des particules fines par les
pluies persistantes qui déterminent la ci'ue actuelle de la Seine et de ses
affluents.
Les énormes ipiauliU's d'eau ([ue débile le lleuve enq^ortent avec elles
vers la merdes limons enlevés en giande majorité aux terres cultivées, et
il y avait iutéiêt à se rendre compte de l'appauvrissement que celles-ci
subissent par le fait de l'eutrainemeiit des éléments les plus utiles du
sol.
Dans ce but j'ai déterminé la proportion de limon contenu dans les eaux
pour pouvoir les rapporter au débit total. ( Jies essais ont été commencés
le 'iô janvier au matin, à un monienl où la crue était déjà forte, et se sont
continués sans interru[ili()u jusepTà ce jour, la crue s'élanl accentuée de
plus en pins.
258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Voici les résultats obtenus :
Limon contenu
flans i"'' d'eau de la Seine.
I^e 20 janvier iû4,o
Le 26 1) 1 o4 , -^
Le 27 )i ^4 > 7
Le 28 » 78,2
Le 29 » 55,0
On voit que la proportion de limon décroît, à mesure (|uc la crue se pro-
longe. Cela doit être attribué à ce fait que c'est surtout à Peau de ruisselle-
ment, qui court à la surface du terrain, qu'est due la crue actuelle. Les
premières eaux entraînent en plus forle proportion les éléments fins; celles
qui suivent, passant sur un terrain déjà lavé, en entraînent moins.
Pour déterminer à quelle masse correspond le limon ainsi enlevé au sol,
on peut établir le Tableau suivant :
r)(H)il d'i'aii imiinalici-
l.iiiion riiiiloiiii l'valiié eu niillinns l.iiijnn i'jii|i(iil(-
(laiis 1'"'. lie mètres cultes. |iar i'| heures.
25 janvier i3'i,o i'|0 18801)
26 >) io'|,5 i(io iGdoo
27 » ^'\^7 180 i53(_io
28 » 7^^''- '■'■'^'^ i5Goi>
29 » 55,0 200 I KIOO
Cet entraînement journalier de limon pourrait paraître élevé et de nalure à
compromettre la fertilité à venir des terres auxquelles il a été enlevé. Otte
quantité correspond à la masse des éléments fins contenus moyennement
dans 25''^ à 'io''", et Ton est ainsi porté à ne pas s'exagérer le dégât porté de
ce chef. En admettant que cette période de crue dure 20 jours, il y aurait
im enlèvement de limons correspondant à ceux cpii sont contenus dans 5oo''''
à doo'''' de terre arable. En comparaison de la superlicic de la partie du
bassin de la Seine située en amont de Paris, soit plusieurs millions dlicc-
tares, c'est insignifiant, et l'on voit (|ue cpiclcpies dix-millièmes sciilenicnl
des éléments fins de ce bassin ont été enlevés à l'agricullure.
En présence de l'importance du phénomène actuel, c'est donc peu de
chose, et l'on peut affirmer que, s'il y a des dégâts locaux dans les terres cul-
tivées, la situation générale de l'agriculture de la région du bassin de la
Seine n'est pas compromise, du chef de l'enlèvement des éléments fins, qui
sont les principaux agents de la fertilité. Même si cet enlèvement était
décuplé, la force productive du sol n'en serait pas diminuée daii< une jno-
|)ortiMn a])]>i(''ciab!c.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1910. aSg
M. ËDiMo.N'U Pekriek fait coniiailie Vé/at du Muséum après l'inondalion :
PeuL-êlre rAcadémie scra-l-elle intéressée par les nouvelles que je puis
lui donner de l'élat actuel du Muséum, dont ou s'informe avec inquiétude
de l'étranger.
L'inondation a euninieucé dès dimanche ^3 janvier, dans le sous-sol des
i^aleries d'Analomie comparée, où étaient déposées de précieuses collections
d'Invertébrés fossiles. La galerie a été aussitôt fermée et le sauvetage
eonmiencé. Mais dès le lendemain l'eau s'était élevée jusqu'à une hauteur
inaltendue; elle a successivement atteint les sous-sols de la Ménagerie des
lleptiles dont les calorifères ont été éteints, les fosses aux Ours, le labo-
ratoire de Pathologie comparée, le carré creux en face de l'IJrangerie, la
totalité des jardins français, la plus grande partie des parcs de la Ménagerie,
la grande Volière, le premier étage et les sous-sols des laboratoires de
Physique végétale et d'Analomie comparée, enfin la rotonde des grands
iicrbivores. Placé entre la Bièvre et la Seine, percé de canalisations et
d'égouls dont cpielques-uns remontent à 200 ans et qui ont crevé presque
partout, situé au-dessus des catacombes également envahies, le Jardin des
Plantes était un lieu d'élection pour l'inondation.
Grâce au dévouement admirable de tout son personnel, au courage des
gardiens et jardiniers de tout ordre, à l'activité du Service d'architecture,
à l'aide vigilante apportée parles pompiers et par la troupe, toutes les col-
lections ont pu être sauvées; des mesures ém-rgiques ont enqiéché l'extinc-
lion des calorifères des serres qui eût été un désastre. Ces magnifiques col-
Irctions sont entièrement indemnes et tout fait es])érer que nous n'aurons
pas de retour offensif.
La Ménagerie a causé de vives inquiétudes; le public s'est ému du sort
des animaux. Heureusement, nos pertes sont relativement faibles.
Les ours bruns sont demeurés quelques heures dans l'eau; mais on a |)u
rapidement épuiser leurs fosses, les enfermer dans leurs abris grillés et
les faire passer delà sans danger pour personne dans les caisses de transport.
Les difficultés ont été plus grandes pour les ours blancs; leur fosse, inondée
par la rupture d'un égout et qu'on ne pouvait vider, n'a pas d'abri grillé et
l'on ne pouvait risquer un corps à corps avec les hommes; enfin, en prati-
quant un trou dans un mur éloigné, on a pu les guider vers lui et les sauver
comme les ours bruns.
La rotonde des grands herbivores a été rapidement assez envahie
pour n'être abordable qu'en bateau. On ne pouvait songer à en retirer les
éléphants, les hippopotames, les girafes, les chameaux. Ces animaux
2f)0 ACADEMIE DES SCIENCES.
élaiciU fiiiiciix ou .sliipélios, al)¥oluiiiciil iniiccessil)lfs. Une dos i^iiafos a
consenti cependant à sortir; elle est aujourd'liui à l'abri et probablenieiil
sauvée. ]_i'autre a résisté à toutes les sollicitations, elle est morte bier
matin, victime de son agitation plulnl ijue du froid; elle avail été donnée
au MMs<''um par M. le gouverneur général Merlaud-Ponty. (^etle girafe,
lieux antilopes Ciuib et un lièvre de Patagonie représentent toutes les perles
acluellcs de la Ménagerie.
I^a mort des antilopes (iuib a été causée par revtincliou de laiipareil
lie cbanlfage de la retraite d'biver où elles élaienl cnienni'es; I rxlinetinn
des calorifères des sous-sols a l'ii' tlailleurs géni'rale, mais des clocbes de
cbaullage ont été immédiatement inslallces et ont donné d'excellents ré-
sultats. Le Jardin est maintenant à peu près dégagé; on a pu cbaullér de
nouveau la rotonde des berbivores, et récbaull'cr par des jets de vapeur
Teau du bassin des bippopolames.
I>e lièvre de Patagonie s'est nové.
Malbeureusemenl, lout le lorrain (\-.l miné; il a fallu faire évacuer
rOi'angerio, dont li'lal osl depuis loiiglemps lamenlable et au-dessous de
lai|uelle reaii onulail on vi'i'ilalilo r'ivièi'e dans les catacombes. Le laboratoire
f\f PliNsiijuo végétale est presque luiné et loulo la macbinerio installée dans
les s((us-sols est gravement endommagée.
11 est remarquable que des animaux despays cliauds, tels que les élépbants,
les bippopolames, les girafes, aient résisté au fioid d'une manière aussi
liourousc.
GÉOLOGIE. - Sur la (h'coawile du l'rias marin à Madagascar.
Mole de M. IIkniii Ihtuvii.i.r..
.luMpià oi's dernières années, le plus ancien niveau fossilifère à Mada-
gascar l'Iail re|)rr'seuir' pai' les calcaires Aw Lias supérieur. Au-flessous ou
coii>l.ilail roxislonoo d'un puissant s\slènio Av giès ol d'ar'gilos doul la
pai I II' su|)érieure de\ ait ropi'ésenter le l^ias niii\ iii li lo Lias iidi rnur, là go
ilo la parlie iulV'iieure restant encoi-e incorlaiii.
Lu ii)in>, M. Houle signalait dans le sud de l'île (^d'après les écbanlillons
]ecuoillis pai' le capitaine Colcanap) la présence à la base de ces coucbes
d'un niveau pennieu représenté par des schistes à Glossopleris indica, avec
empreintes de Reptiles et de Poissons.
Tout récemment la découverte de filous aurifères, dans la partie nord de
Madagascar, a eu ])Our résultat l'explora lion approfondie de cette région
et la constatation d'un nouvel horizon fossilifère caractérisé surtout par des
SÉANCE DU 3l JANVIKU t()lo. 2()I
nodules avec empreintes de Poissons. Ces fossiles viennent d'être étudiés
par M. Smith Woodvvard (Ann. mag. nal. hisl., n° 25, janv. 1910) qui a
assimilé ce niveau au Permien précédemment cité par M. Boule et y a
reconnu deux espèces nouvelles, Ecrinesomus Dironi eX Cœlacanlhus rnada-
gascariensis ; à lasuile de ce travail M. Bullen Newton décrivait deux petites
empreintes de Mollusques, provenant du même gisement, comme des
formes terrestre et d'eau douce.
J'ai moi-même re(.u des envois de fossiles de la même provenance recueil-
lis par deux de mes anciens élèves, MM. Callens et Bordeaux, ingénieurs
civils des Mines. Le premier m'a communiqué des nodules à Poissons et en
outre un très grand nombn- de nodules de forme différente (plus de 3oo ),
beaucoup plus arrondis, qui sont de véritables Septaria décalcifiés : ils
proviennent des environs d'Andongazo et m'ont fourni un petit nombre
d'empreintes d'Ammonites, quelques-unes avec leurs cloisons caracté-
ristiques. J'ai pu l'econnattre les espèces suivantes :
Cordillerites cf. anguiatus Hyalt et Smitli, reconnaissable à sa l'orme
extérieure et à ses cloisons;
Ophiceras Dieiieri \\. et Sm. ;
Meekoceras cf. gracilitatis While, un peu [>lus rcnllé ipie le ly[)e et j'i
ombilic un peu plus large;
Flemingites? cL RusselHH. etSm., avec son ornementa lion caraclérisliquc
Toutes ces formes se retrouvent dans le Trias inférieur de l'Amérique du
Nord; les couches à nodules et à septaria sont donc des dépôts mai-ins l'I
dont l'âge se trouve établi d'une manière précise.
M. Bordeaux m'a communiqué également des nodules avec empreinli-s
de Poissons, et quelques Ammonites parmi lesquelles un Cladiscites recon-
naissable à ses tours de section rectangulaire et à son orneinenlalion formée
de fines côtes spirales, et probablement un fragment de Joannilcs^ accom-
pagné d'empreintes de Mytiliis et autres Bivalves. En outre, il a reconnu
l'existence d'une couche de grès à Myophories à la base de la formation,
au contact des terrains cristallins.
Le niveau fossilifère principal, formé de schistes argileux à septaria,
avait été très bien distingué par M. Lemoine sous le nom d'argiles d" Amba-
rarata; il s'étend dans une direction N-N-E., depuis Andongazo sur le
Mahavavy, jusqu'à Ambararala sur le haut Loky; il est surmonté par
d'épaisses couches de grès et de conglomérats (grès d'Antsalava ), puis par
les calcaires jurassiques avec Ammonites et Spiriferina (Callens) qui cou-
roiment la falaise d'Andrafiamena.
C. R., 191U, 1" Semestrt. (P. 150. N" 5) 35
2b-2 ACADEMIE DES SCIENCES.
ÉLECTIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à Télection d'un Associé
étranger.
Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant 43,
M. Adolf von Baeyer réunit l'unanimité des suffrages.
M. Adolf vox Baeyer, ayant réuni Tunanimité des suffrages, est pro-
clamé élu. Son élection seia soumise à l'approbation de M. le Président
de la République.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section de Médecine et Chirurgie.
Au premier tour de scrutin, le nombre des volants étant 66,
Sir Patrick Manson obtient 35 suffrages
M. Pfliiger obtient i suffrage
Sir Patrick Manso.\, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
élu Correspondant de l'Académie pour la Section de Médecine et Chirurgie.
COUUKSPOiXDAACi:.
Lord Kavlkiuh, élu Associé étranger, adresse îles remerciments à l'Aca-
démie.
M. le comle vox Zeppelin adresse des remerciments personnels pour la
distinction que l'Académie a accordée à ses travaux.
MM. le contre-amiral F. Arauo, le colonel Bourgeois, Ch. Laixemand,
le lieutenant-colonel Monteil prient l'Académie de les compter au nombre
des candidats au siège vacant, dans la Section de Géographie et Navigation,
par le décès de M. liouqiiel de la drye.
Haie:
1910
Janv.
27
»
29
»
3o
SÉANCH nV il JANVIER I910. 2(33
ASTKON'OMlE. — Observations de la comète 1910a, faites à l'Observatoire
de Paris (équatorial de la Tour de l'Est, o"\38 d'ouverture). Note do
M. GiAcoBixi, présentée par M. B. Baillaud.
Nombre
lempsmoy. de Log. tact. I.og. f.n 1.
de Paris. A3\. A';t\ cnmp. IR apparente. parall. 'i.' apparente. parall. *.
h m 11 m > , „ h m •^ ^ o , ,
5.47.46 —0.27.33.00 -)-i.i'2,9 1:1 21.24.13,18 1,570 91. 7.51,5 0,825,, I
5.45.36 — i.3o. 9,99 H-i.5o,8 3:i 21.30.29,42 î,565 89.12.42,6 0,81 i„ 2
(i. 5.46 — o. 1.57,45 +5.53,6 8:3 21.33.11,73 1,575 88.22.7,5 0.818,, 3
Positions moyennes des étoiles de comparaison 1910,0.
Réd. Réd.
* G'. ai moyenne. au jour. Ç mojenne. au jour. Autorités,
h m s s o , „ „
I.... 8,3 21.51.48,02 — 1,84 91. 6.28,0 -Hio,6 Nicolajew 5533
2.... 7,2 23. 0.41,29 — 1,87 89.10.42,5 H- 9,3 Nicolajew 5779
3.... 8.0 21.35.11,08 — 1,90 88.16. 4i2 + 9,7 .\lbany 7567
Remarques. — Les observations du 27 el du 29 ont été faites en laissant la lunette
calée jusqu'au passage d'une étoile de comparaison.
D'autre part, nous donnons ci-dessous les lectures de cercles obtenues
par MM. J. Cliatelu et Giacobini, à des dates antérieures. Le mauvais
temps n'avait pas permis de rapporter la position de la comète à celle
d'une étoile de comparaison.
Dates. Temps moyen
1910. de Paris. iR. T. Observ.
b m s h m s o /
Janvier 22 5.54. 2 21. 0.28 98.41,5 G.
» 24 5.48.48 21.11.58 95.3,0 J. C.
» 25 5.54. 2 21. 0.28 98.41.5 G.
.lanvier 22. — I.a comète peut être estimée de deuxième grandeur et son noyau a
l'aspect d'un disque de i5' à 20" de diamètre. La queue s'étend sur
une longueur de 6" environ; elle comporte deux branches ollrant
chacune trois divisions.
» 24. — La comète est encore très brillante et la queue parait s'allonger.
» 25. — L'éclat de la comète a baissé, depuis la veille, de deux grandeurs
environ.
» 29. — A l'œil nu la queue de la comète s'étend sur une longueur de plus de 4-5".
Nombre
Tfnips moyen
de
Khiilcs.
<|p BpsaiKon.
MR.
A'r.
rompiir.
a
Il m s '
6.1/,. 8
—4
. 3o,33
- 5: iA
3:8
. h
6. 29. 17
-Hi
• 'i7'4y
- 7.i8.-i
3:4
264 ACADÉMIR DES SCIENCES.
ASTKONOMIE. — Ohsen'nlions fie la rontrlc de Joliarini'shurii;, i()i(>^/, jivics
à i' Observa foire de Besançon avec /'equatoriti/ coudé. INolc de M. I'.
CiioFARDET, présenter pai' M. B. Baillaud.
Dates.
1910.
Janvier 27 a
29
Positions moyennes des étoiles de comparaison pour 1910,0.
Ascension Réiluction Distance RcdiictiiMi
droite au polaire an
* (Ir. Catalogues. moyenne. jour. moyenne. joui-.
Il m s * o , „
a.... nébul. AG. Nicoiajew, .5/169 21.28.49,45 — 1,90 91.13.22,8 +10,7
h.... 7,8 « 5468 21.28.45,17 —1,89 89.18.46,3 +10,7
Positions apparentes de la comète.
Ascension Distance
Dates. droite Log. fact. polaire Log. fact.
191(1. apparente. parallaxe. apparente. parallaxe.
h m s 0 / „
J.Tiivier 27 21.24.17,22 9,595 91. 8.29,1 o,Si2„
11 29 2 1.3o..jo,73 9,600 89.11.38,8 o,8io„
/teinar//ues. — Le 27 janvier, la comèle nous apparaîl avec un noyau bien défini,
(le I"' grandeur, de forme circulaire et mesurant environ 12" de diamètre. Ce noyau
est entouré d'une légère chevelure. La queue, ou la portion de queue qui se voit dans
la Itinelte, est constituée par deux branches assez lumineuses vers le noyau, qui en-
suite s'estompent et s'étalent vers une même direction Mî. Les lueurs crépusculaires
donnent à ces images une teinte rose d'un très bel aspect.
A l'oeil nu, la queue, d'abord droite et mince sur une dizaine de degrés, s'étale et
se courbe vers le Sud et mélange ses lueurs à celles de la lumière zodiacale. En total
elle mesure au moins 25°.
Le 29 janvier, l'observation est faite dans une petite éclaircie de cirro-nimbus. A
l'œil nu, la queue semble être aussi longue et de forme couibée, comme le 27 janvier,
mais beaucoup plus large.
Déjà, dans la soirée du 22 janvier, la comèle a été vue à l'œil nu à rObser\atoire.
ICIle s'est présentée à nous un peu plus brillante que le 27, mince, recliligne sur une
étendue voisine de 7". l'aile n'a pu être observée dans la lunette, avec rexaclituile
utile, en raison fie l'absence d'étoile de comparaison.
SÉANCE DU 3l JANVIEK I9IO. 265
r.ÉouÉsiE. Sur une erreur syslémnlique de la dêterminalion du niveau
moyen de la mer à l'aide du mèdniiaré mètre. Note do \l. Ch. LAi,i.r:>iA\i>,
présentée par M. Berlin.
Le Mèdimarèniètre (' ), imag^iné par moi ponr la détermination du
niveau moyen de la mer, consiste essentiellement, on le sait, en un tube
étanche, fixé verticalement à demeure dans la mer et fermé à sa base par
un vase poreux. A travers ce vase, l'eau filtre et, intérieurement, s'établit à
un niveau dont les oscillations reproduisent, mais très atténués, les mouve-
ments de la nappe liquide extérieure. La cote du niveau intérieur s'obtient,
chaque jour, à l'aide d'une sonde ffraduée qu'on descend à fond dans le
tube.
La théorie démontre que le niveau moyen du liquide doit être exactement
le même à l'intérieur et à l'extérieur. Or, en fait, depuis de longues années,
pour tous les appareils en service et sans cause connue, le niveau intérieur
se montrait systématiquement trop bas de quelques centimètres.
L'énigme semblait indéchiffrable, lorsqu'une judicieuse observation de
M. Prévôt, ingénieur du Service du nivellement, m'a fait découvrir la
très simple explication du phénomène. L'erreur provient de l'entraîne-
ment de quelques gouttes d'eau, par la sonde, chaque fois qu'on la retire du
tube.
A raison de cette perte, en effet, le niveau intérieur se trouve anorma-
lement déprimé d'environ i°"",5; à cette dépression anormale correspond
une rentrée supplémentaire d'eau par le filtre. Théoriquement, au boni
d'un temps infini, la dépression se trouverait ainsi comblée ; mais elle ne
l'est qu'en partie, le lendemain, lorsqu'on vient derechef plonger la sonde
dans le tube et en extraire, une seconde fois, quelques gouttes de liquide,
déterminant de la sorte une nouvelle dépression, qui s'ajoute au reliquat
de la première.
La dépression totale grandit ainsi de jour en jour; mais, avec elle, croit
aussi la rentrée d'eau entre deux sondages. I^'équilibre est atteint lors(jne
cette rentrée compense exactement la perte, facile à mesurer, faite dans
chaque opération (-).
(') Comptes rendus, séances des 28 mai et 11 juin r888.
(-) Soient : V, le volume d'eau (environ o'^'"°,8) eniraîné chaque fois par la sonde;
oA, la valeur limite de la dépression correspondante; p, le module d'amorlissement
de l'appareil; S, la section du lnl)e, en centimètres carrés: ç, la surface du va^e po-
266 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Toutes choses égalos d'ailleurs, la valeur limite de la dépression est dau-
tant plus grande que le filtre offre plus de résistance au passage de l'eau.
Connaissant à peu près le module d'amortissement de chacun des appareils
en fonction, M. Prévôt a pu calculer approximativement (^ voir le Tableau
ci-après) la correction correspondante (ro\. 5 ) à faire suhir au niveau ob-
servé. Elle varie de i'^"^ à G*"".
Cotes, ad 1"'' jarnief 1909, du nierait moyen de la nier, d'après tes niédiinarémèlres
en sen'ice sur les cales françaises, aranf et après correction de l'erreur systématique.
Cotes rationnelles,
Altitudes rationnelles,
rapportées au niveau
moyen
Nombre
rapportées au zéro
normal
du médiniarémètre
n" 'l
d'aonées
du nivellement général.
à Marseille.
Dates
Ae
- - "-^—m
1— ^
—
d'enlrée
fonclion-
Altitude
Altitude
Cote
Cote
en
nement
brute Correction
corrigée
brute Correction
corrigée
>^tes d'observalion
l'unction.
noimal.
A. H.
A -4- s.
C. r-
C + y.
1.
■2.
3.
.'1. 5.
6.
7. 8.
9.
Ma.
nche.
Océan.
— 3
+ 3
0
-1- I
+3
+ 4
— 6
-l-a
— 1
-^ 6
+6
+ 12
H-"^
+4
+ r8
+ 16
+3
-+-19
Clierbours 1891 18 —12 -(-4 —
Camaret 1890 19
Quiberon 1889 20
l^es Sables d'Olonne 1892 i4
La Pallice 1891 10 -^ 6 -i-6 +12 +7 -H2 -t- 9
Biarritz 1889 17 +i4 +4 +'8 -hi3 — i -Hi4
Saint-Jean-de-Lii7. 1890 19 +16 +3 -+-IQ +17 — i -t-16
Nice 1888 21 —8 +2 —6 —7
La Ciotat 1893 iH -h 2 +2 -t- 4 +4
Marseille (Port- Vieux) 1890
Marseille l Médimarémèlre n° 1. 1883
(Anse Calvo). j Médimarémèlre n" i. 1890
Marligaes 189V
Porl-de-Bouc 189V i i — 5 -h4 — i — 4 + • — 3
Celle 1888 u — 4 -t-3 — i — 3 — i — 4
l'ort-Vendre 1888 !i —3 +2 — i —2 — i —3
reiix, en millimèlres cai-rés ; s, son épaisseur en millimèlres: t,), le roefficienl de
porosité de la substance du filtre, c'est-à-dire le nombre de cenlimètres cubes d'eau
Méditerranée.
21 - 8
-1-2
i(i -1-2
+2
19 - I
+3
24
4-5
19 — 1
-1-3
1:"» — 2
+4
I i — 5
+4
- 4
+3
-.1 — 3
4-2
SÉANCE DU 3l JANVIER 1910. 267
Toutefois, cette erreur ayant même signe pour tous les appareils, elle
s'élimine, au moins partiellement, dans la comparaison des niveaux moyens
déduits de leurs indications.
Aussi la cote brute (col. 7) et la cote corrigée (col. 9), calculées par
rapport au niveau moyen du médimarémètre n" 2 à Marseille, ne diffèrenl-
elles (col. 8) que de ± 2*^*" au maximum. L'égalité, autrefois signalée par
moi, du niveau moyen des deux mers qui baignent la France ('), n'en est
pas troublée.
Au 1^' janvier 1909, les altitudes du niveau moyen de la Méditerranée,
à Marseille, respectivement fournies, depuis leur entrée en fonction (i885),
par le marégraphe totalisateur et par les médimarémètres installés dans le
même puils, étaient les suivantes :
Obseifatoire inarégiapldfjue de l'anse Calvo.
AlUtudfj
du niveau moyen,
rapportées
au zéro normal.
1" Marégraphe lolalisaleur -(-20
,. . , ( Cote brûle non corrigée de l'erreur svslématiqiie. — 8
■2" iMedimaremelres , ^ . ,
( Uole corrigée -J-2.:>
qui filtrent, en un jour, sous une charge de i"", à travers une lame de celte substance,
avant i°""' de surface et i°"" d'épaisseur.
Le débit V étant proportionnel à la charge oit, à la surface c du liltre, à sa poro-
sité w et, d'autre part, inversement proportionnel à son épaisseur s. on a
0» - ÔA = V,
£
avec
£S
do il
V £ _ V
Si, par exemple,
p ^ 20
n a
oh = 32»""
(') Comptes rcnitus, séance du i6 juin 1890.
2rt8
ACADÉMIE bES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Sur un procédé de mesure du coefficienl de conduvtibdilé
thermique des corps peu conducteurs. Note (M de M. Biquard, présentée
par M. d'Arsonval.
Divers procédés de mesure des coefficients de coiiducliltililé lliernii(jiie des
corps très peu conducteurs ont été proposés par Péclet, (^oleuian, Lees-
Chorllon et Desvignes.
Ils comportent l'introduction d'hypothèses et de corrections peu cer-
taines, et susceptibles d'entacher les résultats d'erreurs systématiques, pir
suite de la difficulté de déterminer avec certitude les surfaces isother-
miques.
T^'eniploi de corps ayant la forme de sphères creuses, ainsi que Ta fait
Niisselt en 1908, permet seul d'obtenir des surfaces isothermiques régu-
lières, mais ce procédé est inapplicable pour des matières solides, telles que
le bois.
Nous nous sommes proposé d'établir une méthode permettant d'obtenir,
dans un corps peu conducteur, de forme plane, une transmission de cha-
lem- régulière à travers des surfaces isolhermi((ues de forme et de position
bien connues, et de mesurer avec certitude la quantité de chaleur trans-
mise.
Nous avons eu recours, pour assurer la transmission normale de chaleur à
travers le mur étudié, au principe de l'anneau de garde déjà employé par
licrget dans la mesure de la conductibilité thermique des métaux. D'autre
part, nous avons mesuré la quantité de chaleur transmise en l'employant à
fondre de la glace dont on recueille l'eau de fusion.
I^'a[)[iareil que nous avons réalisé est représenté par la figure suivante :
Un le place sur iiiio cliive plate, daus laquelle circule un cuuianl ileiiu luainleuue
(') Frésentée dans la séance du '.'^ janvier 1910.
SÉANCK DU '^t JANVIER I910. 2(19
à température constante par un régulateur, et dont le plafontl est formé d'une plai|iie
de cuivre rouge épaisse de /i""'" et très plane.
Par dessus le mur on dispose deux cuves concenliiques a, b^ c, cl et f, /, g\ A, di-s-
tinées à être remplies de glace pilée. Les fonds de chacune de ces deux cuves égale-
ment en cuivre épais et plan sont séparés par une rainure /v' large de 3""™.
L'intervalle entre les deux cuves, protégé de Peau de fusion par un couvercle A"A', est
rempli de plaques de liège. Des tubes t et l' servent à recueillir l'eau de fusion de
chacune d'elles.
Au moyen de couples cuivre-conslanlan isolés et disposés liorizontalenienl, siii' li!s
surfaces AB et CD, et aussi dans la masse du mur à des profondeurs connue'^, on
détermine la température à diverses hauteurs dans le mur.
Enfin, tout l'appareil est protégé contre la fusion de la glace extérieure au contact de
l'ail- ambiant par d'épais matelas de liège qui l'entourent de toutes parts.
Dans ces conditions, et lorsque le régime est établi, ce que l'on peut
constater à ce que l'écoulement de l'eau de fusion provenant de la cuve a,
h, c, d devient constant, on peut admettre que toute la chaleur fournie à la
enlace de cette cuve provient uniquement de la face cd^ par transmission
normale à travers la portion correspondante du mur A13CD.
l*our que cette hypothèse soit valable il faut que la largeur de l'anneau
de garde soit double de l'épaisseur du mur étudié, auquel cas la perturbation
due aux bords est absolument négligeable. Pratiquement l'appareil que nous
avons réalisé permet d'étudier des épaisseurs de ido""™.
La durée d'établissement du régime varie de i5 à 100 heures, suivant la
nalurc et l'épaisseur de la matière étudiée et l'intervalle de température
dans lequel se fait l'expérience.
Connaissant la quantité q d'eau de fusion écoulée de la cuve intérieure,
pendant l'unité de temps, la surface S de la plaque cd al la différence des
températures/, et t., de deux points de la masse dont la distance normale-
ment au mur est A, on obtient le coefficient moyen de conductibilité de la
matière étudiée, dans l'intervalle de température /o, /,, par la formule
V.n réalité, nous avons pris pour valeur de la surface S la surface délimi-
tée par le milieu de la rainure qui sépare les deuxplaquescr/et^j/t. h'tant donni'
(pie la surface de cette rainure est seulement -^'j de celle de la plaque cil,
cette correction ne paraît pas devoir introduire d'erreur appréciable dans
des mesures qui ne prétendent pas à une exactitude supérieure à r pour 100
en valeur relative.
D'autre part, en immergeant horizontalement un certain nombie de
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 5.) ^'*'
o-o ACADEMIK DES SCIENCES.
roupli's (laii-^ l;i iniisso. h différentes hauteurs, on peu! apprécier' Ih variation
du coeflîcienl de :onduclil)ililé avec la température, en évaluant Tinler-
valle correspondant à une même cliute de température à difTérentes hau-
teurs. Il est commode, pour bien déiinir la position des couples, de les lixer
à de longues bandes de bristol ipron insère dans des fentes étroites, à di-
verses hauteurs.
('anses d'erreurs. — Nous avons admis que la température restait uniforme sui'
toute la surface AB, et aussi sur CD, et par conséquent que les plaques cd et g/i ont
même lempéi-ature. En réalité, lorsqu'on étudie des corps peu conducteurs comme le
liège, le bois ou même la pier're. sous une épaisseur- supérieur-e à 5"", cette hypothèse
est justifiée, sensiblement, par suite de la valeur relativement considérable des
modules de transmission de chaleur- de la glace humide au cuivre et à travers le cuivre.
Le calcul montre également qu'on peut négliger les transmissions de chaleur, à
travers les parois de liège latérales et le plafond de la cuve a, l>, c, d, pouvant prove-
nir de petites irrégularités dans la température de la glace imprrre. Ces irrégularités
atteignent d'ailleirrs rarement o", i .
Four déterminer des coefficients de conductibilité dans des intervalles
dépassant loo", il est nécessaire de reinplacer l'étuve à eau par une plaque
chauffée électriquement, surmontée d'une plaque épaisse de cuivre des-
liiK-e à uniformiser la température.
l'IIYSlQl E. — Diffusion et théorie cinétique des solutions. Note
de VI. <i. TiiovKRT, présentée par M. ,1. Violle.
.l'ai sigiialé antérieurement {Comptes rendus., t. ("AXXV) que, pour les
substances non électrolytes en solution aqueuse, le coefficient de diffusion
varie en raison inverse de la racine carrée de la masse moléculaire. Les
résultats de très nombreux essais que j'ai faits sur la diffusion dans l'alcool
niéthylique s'interprètent moins simplement.
l*our certaines catégories de substances caractérisées par la liste sui-
vante de produits expérimentés :
Térébenthène, toluène, iiaphlnline, aiuliracène ; alcool .imvlii]uc, i;l\céiine, plicuol,
livdroquinone, pvr-ogalhil, rraphtol, vanilline, clilor-al ; acides formique, acétique, pro-
pionli|ue, lacriqiie, lartriqirc, benzoïque, sahcilique; ruonobenz\lamine, dibenzvla-
iiiine, :icét\ldiphérivlamiii('. anilirre, acélolnluidiiie ; acèriirnidi', acétjldiphénylhx -
(Irazirji-, sulf.Uc d'èr h\ lainlnc, chlorhvdiari' d'iiniline, ;inl ip\ rinc, pvridino. urèlhaiie.
|.lirnl.-iiio ilii plii-ncil :
SÉANCE UV il JANVIER 19IO. ■2-Jl
le coefficient de diffusion satisfait à la relation l) y M = 1 2 x 10^ environ
à la température de 18".
Celles de ces substances qui sont solubles dans l'eau ont un coeflicientde
diffusion eu solution aqueuse qui obéit à la même loi, le produit D\/M
ayant alors pour valeur 8 X io~*, chiffre qui est au piécédent comme la
viscosité de l'alcool méthylique est à celle de l'eau.
Poui- un plus grand nombre de substances essayées, le coefficient de dififusioii
dépasse celui qu indii]uerait la relation ci-dessus; le produit Dy M peut atteindre une
valeur double.
La liste des résultats, trop longue pour être citée ici, ne comprend ([ue des corps a
fonctions chimiques différentes de celles qui existent dans la liste précédente. On trouve
assez fréquemment des corps de même fonction chimique se groupant autour d'une
même valeur du produit D^^M. Par exemple, pour les dérivés chlorés de la benzine,
le chlorure d'éthylène, le chloroforme, on trouve que le produit DyM vaut 20 X I0~*.
Les corps, analogues à substitution bromée donnent un produit D^M =:. 32 X io~^.
Les dérivés iodés de la benzine, l'iodoforrae, les iodures d'éthylène, d'amylène, de
méthylène et d'éthyle obéissent à la relation Dy/M = 24 X lo""^. Mais tous les résultai
ne peuvent pas se rassembler aussi simplement en de tels groupements.
La relation ])\/M =:; const. n'apparaît donc pas comme absolument géné-
rale. Je ne crois pas inutile toutefois de rappeler qu'elle est facile à inter-
préter par les explications cinétiques de la diffusion.
Sous quelque forme qu'on envisage le mouvement moléculaire, si le
déplacement, sur une longueur î, demande un temps moyens, le coefficient
de diffusion est mesuré, à un facteur numérique près, par — •
En supposant que ce temps, relatif à un espace donné, varie pour les dif-
férentes molécules en raison inverse de la vitesse d'agitation, et que ces
molécules ont la même énergie de translation, on justifie la relation trouvée
expérimentalement.
Mais le raisonnement cinétique conduit relativement à la viscosité des
fluides, à une conséquence plus contradictoire que les exceptions relatives
à la diffusion signalées ici. En effet, toute explication cinétique de la diffu-
sion peut se transposer, presque terme à terme, à la viscosité qui esl inie
diffusion de quantité de inouvemenL; on trouve alors que le coefficient de
viscosité/] est égal au produit de la densité de la substance par 1<; cocfficii-nl
à^iater diffusion des molécules du licjuide.
On ne connaît jias expérinjenlalemenl cette interdiffusion de la substance liquide,
mais il semble bien diflicile. dans une coticeptioii cinélii|ue de la matière, de lui stip-
27^ ACADÉMI13 DIÎS SCIENCES.
poser un oïdie de grandeur diflTérenl de celui qui traduit la diflusion des molécules
étrangères introduites en dissolution dans le liquide, soit lo"'" ])our les coefficients
d'inlerdiflusion. La disproportion avec les valeurs de la viscosité, environ lo^-,
marque le défaut du raisonnement purement cinétique dans la théorie des liquide^.
()ii a envisagé le inouveinenl difl'usif comme un déplacemenL de molé-
cules soumises au frottement du fluide. Cela implique la variation du coefli-
cicnt de difl'usion d'une substance en raison inverse de la viscosité du
dissolvant, relation dont j'ai fourni déjà la vérilication expérimentale
{Com/i/es rendus, t. CXXWIH). Mais la formule 1) = — t^— ^ (|ui a été
proposée pour la premièio fois par W. Sutherland (Transactions de l' Asso-
ciation austra/asienne pour l'avancement des Sciences, Dunedin, janvier 190/j)
oii Ton suppose la molécule sphérique, et la loi de Stokes applicable au
froltcmeuL (pi'elle supporte, est certainement trop particulière pour l'in-
terprétation des faits. Pour les séries de corps cités qui obéissent à la loi
Dï] y/M = const. , il faudrait que le rayon moléculaire a soit proportionnel
à y/M. Les volumes moléculaires étant à peu près additifs, comme les masses,
il ne semble guère possible d'appliquer la formule de Sutherland aux
molécules mêmes.
(^ette i^éserve ne limite en rien les applications de la même formule
donnée par Einstein pour la diffusion des granules en suspension agitées
par le mouvement brownien.
l'il VSKJLîli;. — L'éclat inlri/isri/iie du ciel e/oilc. Noie de M. Cii. I''abu^,
présentée par M. H. iJeslandres.
Le nombre et la répartition dans le ciel des étoiles des diverses grandeurs
ont donné lieu, dans ces dernières années, à d'importantes recherches, aux-
(juelles sont liés quelques-uns des plus importants problèmes de Cosmogonie
et de Physique : l'absorption de la lumière et la répartition des étoiles dans
l'espace. Lne vérilication des résultats de ces travaux difficiles peut être
cherchée dans la mesure de la lumière totale envoyée par le ciel étoile, ou
mieux de l'éclat intrinsècpie du ciel (exprimé en grandeur stellaire par degré
carré) dans les diverses régions de la sphère céleste. L'importance de
pareilles déterminations a été bien mise en évidence par Newcomb, tjui
conclut que la valeur de l'éclat intrinsèque du ciel peut être considérée
eouiuie une des constantes fondamentales de l'Astrophysique.
SÉANCE UU 3l JANVIER 1910. 2']'^
INewcomb (' ) puis Burns (-) ont fait des essais de mesure, tous deux
visuellement et par des procédés rudimentaires. Leurs résultais peuvent
èlre résumés ainsi :
I" D'une région à une aulre du ciel, Il n y aurait pas de 1res grandes dillérences
d'éclat intrinsèque. 11 n'y aurait aucune dilléience entre les régions dont la latitude
galactique dépasse 25°. Dans les parties les plus brillantes de la voie lactée, l'éclat
serait seulement 2 à 3 fois celui du ciel non galactique.
2° Un degré carré de ciel non galactique équivaudrait, d'après Newcomb, à
1 ,i5 étoile de grandeur 5; d'après Bunis à 2 étoiles de grandeur 5. L'erreur probable
du premier de ces nombres est évaluée à 26 pour 100, et le second est la moyenne de
nombres qui varient dans le rapport de 1 à 2.
I^es auteurs d'études sur la répartition des étoiles ne paraissent [tas a\oir
pris ces résultats en grande considération, peut-être à cause du résultat
inattendu relatif à l'éclat intrinsèque de la voie lactée. De nouvelles mesures
n'étaient donc pas inutiles.
L'éclat intrinsèque du ciel étant très faible, les mesures photographiques
sont beaucoup plus faciles que les visuelles, à cause de la possibilité de faire
tomber sur la plaque un cùne de rayons très ouvert, ce qui n'est pas possible
pour un point de la rétine.
Un objectif (/= 48'^'°) porte, dans son plan focal, un diaphragme
percé d'une ouverture circulaire dont on peut faire varier le diamètre.
La lumière qui a traversé cette oiivertui^e tombe sur un système optique de
court foyer (/= S*^", 1 î j et de grande ouverture angulaire, ayant par
conséquent des qualités analogues à celles d'un objectif de microscope, (pii
projette sur la plaque photographique une image de l'objectif. Lorsque
l'appareil est dirigé vers le ciel, on a ainsi, sur la plaque photographiijue,
(luellesque soient l'ouverture du diaphragme et la répartition des étoiles, ini
petit cercle uniformément éclaiié, dont l'éclairement est produit par la
lumière de tous les points du ciel qui font leur image à l'intérieur di-
l'ouverture du diaphragme. La mesure de l'éclat intrinsèque d'une région
du ciel nécessite deux poses successives :
1° Une pose avec la seule lumière d'une étoile (la Polaire) choisie comme étoile de
comparaison, en donnant au diaphragme une très petite ouverture;
2" Une pose sui- la région étudiée du ciel, avec un diaphragme d'ouverture conve-
nable. On fait varier cette ouveituie jusqu'à ce que, dans le même temps, on obtienne
(') .4 crude altempt to détermine the total light of ail ths stars (Astrophysicat
Journal, t. XIV, 1901, p. 297).
O The total light 0/ ail the stars (Astrophysical Journal, t. -Wl, 1900. p. i6b)
274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la inêtuc iiiipiession que dans la première pose. Un calcul très siuiple donne alors la
valeur de l'éclal intrinsèque en fonction de l'intensité delà polaire.
.l'ai éludié seulement deux régions du ciel :
1° Une région voisine du pôle céleste, ayant 3o" comme latitude gaiac-
lique; l'intensité photographique de i degré carré y est égale à celle
de o,io'3 polaire, ou de 0,92 étoile de grandeur photographique 5; 2" une
région entre ^ et y du Cygne, une des plus brillantes de la voie lactée.
I degré carré y équivaut à o, 212 polaire, ou à 1,90 étoile de grandeur
photographique 5.
Les valeurs trouvées en fonction de l'étoile de grandeur 5 sont notable-
ment plus faibles que celles qui résultent des mesures visuelles, t^ela n'est
pas surprenant, étant donné que l'échelle adoptée pour les grandeurs pho-
tographiques (Polaire = 2,62) est choisie de telle manière que les étoiles
blanches (classe spectroscopique; A) aient la même grandeur photographique
<'l visuelle. Si l'on adoptait pour la Polaire la grandeur photographique
2, 12 égale à sa grandeur visuelle dans l'échelle de Pickering, on trouverait
que I degré carré de ciel non galactique équivaut à 1,46 étoile de gran-
deur 5, nombre intermédiaire entre ceux de Newcomb et de Burns. D'autre
|)art, comme rapport entre le ciel galactique et le ciel non galactique, mou
résultat est d'accord avec celui des mesures visuelles.
Comparaison avec les résultats d'études statistiques sur les nombres d étoiles.
— Les remarquables travaux de Kapteyn conduiraient à admettre une très
glande variation de l'éclat intrinsèque en fonction de la latitude galactique.
(]e résultat ne parait pas facile à concilier avec celui des mesures directes.
Les nombres de Pickering attribuent tine importance beaucoup moindre
il la voie lactée, mais ils conduisent à des valeurs de l'éclat intrinsèque au
moins deux fois trop petites.
Le désaccord entre les mesures d'éclat intrinsèque et le résultat des études
statistiques peut d'ailleurs ne pas provenir uniquement de l'imperfection des
deux séries de valeurs numériques. S'il était protivé que la somme des
intensités des étoiles observables est notablement inférieure à l'intensité
totale de la lumière du ciel, on pourrait faire deux hypothèses : ou bien
qu'il existe un nombre immense d'étoiles si faibles qu'elles échappent à nos
juoyens d'observation, ou bien qu'il existe dans tout le ciel une sorte de
nébulosité continue donnant un éclat uniforme ('). Si l'une de ces hypo-
(') Il est évident que, pour les mesures d'éclat intrinsèque, il faut se mettre soigneu-
sement à l'abri de toute lumière, d'origine terrestre, diffusée par le ciel. En particulier,
les mesures ne peuvent être faites ((ue très loin des villes.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1910. 275
thèses devenait nécessaire, il serait intéressant, et peut-être pas absolument
impossible, d'obtenir le spectre de la lumière totale du ciel.
La méthode de photoinétric photographique que j'ai employée pourrait
se prêter à des applications variées. En choisissant convenablement les deux
systèmes optiques, on pourrait mesurer Téclat intrinsèque moyen du ciel
sur une très grande surface (par exemple sur un cercle de i5° ou ao" de
diamètre), ou au contraire sur un cercle très petit (par exemple de i' de
diamètre), ce qui permettrait de comparer sans trop de difficultés l'intensité
totale avec celle des étoiles observables. Peut-être pourrait-elle aussi rendre
des services dans la simple comparaison des étoiles entre elles ; elle a l'avan-
tage de faire porter la comparaison des impressions photographiques sur
des cercles parfaitement uniformes, ce qui ne paraît pas être toujours le
cas pour les images d'étoiles hors du foyer, souvent employées en photo-
métrie.
PHYSIQUE. — Sur l'absorption des liquides par les substances poreuses.
Note (') de M. J.-H. EtussENBERUER, présentée par M. A. Dastre.
Mes recherches sur les substances dites colloïdales (-), m'ont conduit à
faire des expériences sur l'absorption d'eau par les substances poreuses en
général.
On sait, en elï'et, que certaines de ces substances, mises en présence d'eau,
absorbent celle-ci, se gonflent, parfois s'échauffent et même peuvent finir
par se dissoudre entièrement dans cette eau.
On peut donc comparer les substances poreuses à des machines élévatoires
ou à des accumulateurs d'énergie (puisque, en extrayant l'eau qu'elles con-
tiennent, on les rend capables de fournir un nouveau travail ).
11 m'a paru intéressant de tenter sur elles les mesures de force, puissance,
capacité, rendement en énergie, usure, etc., que l'on fait sur des pompes et
des accumulateurs électriques.
J'exposerai dans cette Note les principaux résultats obtenus dans l'étude
de ia puissance.
(') Présentée dans la séance du 9.4 janvier 1910.
{-) J'ai déjà attiré l'attention sur le peu de précision de ce terme (Thèse, Paris,
1907, p. 19), et tout récemment M. H. l.e Chatelier l'a également condamné pour de
nouvelles raisons.
276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Suspendons une mèche rie la substance à étudier (mèche de section constante s) à
Tune des extrémités d'un fil passant sur une poulie très mobile; équilibrons-la par un
contrepoids convenable suspendu à l'autre extrémité du fil. Si, maintenant, la mèche
absorbe de l'eau, elle fera de plus équilibre à une surcharge /> ajoutée au contrepoids.
Supposons l'équilibre réalisé, l'eau étant à une hauteur fi, telle qu'on ait sensiblement
h y<. s ^ p (dans les cas où le volume de la substance absorbante est né£;ligeable),
cette eau continuera à monter dans la mèche avec une vitesse — ;— > mais l'écniilibre
étant rompu, la mèche s'enfoncera, maintenant /; constant, et soulevant le poids/)
suspendu à l'autre extrémité du fil. Le travail eftèctué dans un temps rf/ sera donc /)^//,
d'où la puissance de la mèche est exprimée par
dh , dh
p —j- ou encore par lu
dt ^ dt
Grâce au dispositif que nous venons de décrire. -7- est constant; il nous est donm
par -r— si l'on prend A/( =: r'".
11 y a avantage à remplacer ce système un peu encombrant par un aréomètre (|ui ne
s'enfoncerait que sous une surcharge connue. I.a vitesse avec laquelle la mèche, placée
dans un tube en toile métallique sur l'aréomètre, efléctuera ce travail, nous donnera
sa puissance.
Les erreurs dues à la variation du Milunie du liquide déplacé puniraient être évitées
par un système de compensation; je me suis toujours placé dans des conditions lelles
que ces erreurs aient été négligeables.
Les expériences ont donné les résullals siiivanls :
i" La puissance d' absorption varie avec la qualité de la substance absor-
bante : éponge, sciure de bois, buvard, coton de diverses provenances, etc.
2" Pour le coton hydropbile, toutes clioses égales d'ailleurs, \n puissance
est proportionnelle à la section droite de la mèche.
3° Entre certaines limites que nous examinerons plus loin, \n puissance
d'absorption p -7- des substances étudiées s'est trouvée constante, quelle que
soit la hauteur à laquelle l'eau devait être portée, ou, ce qui revient au
même, quelle que soit la surcharge)» que la mèche avait à soulever (').
4" Entre certaines limites, que nous examinerons également plus loin, la
puissance d'une mèche est proportionnelle au poids Q de substance absor-
bante contenue dans l'unité de volume de la mèche.
f)" \jH puissance augmente considérablement avec la température.
(') Il en résulte que l'énergie mécanique utilisable diminue d'autant plus que le
travail est edectué plus rapidement.
SÉANCE UU 3l JANVIER IQIO. 277
Il en résulte (juc Ton peut caractériser la puissance spccifique \ (Vnui'
substance absorbante par les expressions
u dli
OU
h dli
constantes entre certaines limites, *et cela à une température donnée.
Coliiii A.
Q o,o5o o,o.'|S o.oJ- û,o52 o,o4i 0,0(1") 0,080 o,rii
s 0,71 0,71 '''•71 '^ t~ ^ " ■ 7 ■ '^ > 7 ' 'J • 7 ' "^ ' 7 '
/' 0,5 0,-5 1,10 i,5o I I I I
Ai moyen ... . 1 '- 18" ■>.'i" y. oc 18" i3,.V' 11"
1,20 1,22 1.18 o o 1 , 20 I , 2.J 1,06
nsdl
Colon A.
."^uli^laiire. Sciure. Kponge. lîiivaiil. Coloa G. ^ — ~ — -^
(^ 0,1 4 0,069 o,2() o,o.58 o.ooa o,o.54 0,019! o,u8
s 0,71 0,71 0,71 0,71 0,71 i,5o 0,71 0,71
/) 0,2 o . I 2 I 1 I 0,3 2
Il inoveii . . . 4 10" 87" 39" 4'" 2a" 10" 19" 21"
/' "'^' . ,, . . 0 Q /■ r
y 0,000.1 o,0'>,.-> o,7-.i o,.}q I , 20 1,20 1,10 1,14
On voit suffisamment par ces (piel({iies exemples, pris à 20°. en particulier
par les deux derniers, que les résultais ci-d(*Ssus sont vériliés dans de très
larges limites, àcondition que la hauteur à la([uelle l'eau doit être portée ne
dépasse pas une certaine limite, variable avec la compression.
Pratiquement il y aura avantage à adopter une température, unccomprcs-
sion et une liauteiu' de comparaison communes à toutes les mesures. Dans
ces conditions, Tinduslrie du colon ii\(lropliile, comme celle du papier
buvard, posséderont un moyen de mesurer la puissance absorhanlc de leurs
produits, et cela à moins de ^ pour 100 près, dans certains cas.
Si nous intégrons l'expression (2), nous sommes conduits à une deuxième
métiiode; il vient, en elVel,
(3) A2-2QxXx< + C.
Il suffit de placer la substance entre (juatre lames de verre et noter la hau-
teur à laquelle le liquide se trouve à chaque instant.
C. R., 1910, !" Semestre. (T. 150, N» 5.) ^'
■X-jH ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai pli coiislalcr (|iie l'expression [^ ) rlail vrriliée dans de très larges
limites pour le colon liydropliile, le buvard, le coton de verre, etc.
M. Goppclsrœder ayant fait des expériences analogues avec du papier
buvard absorbant un très grand nombre de liquides- divers, j'ai examiné ses
cbiffies et constaté qu'ils vérifiaient également cette expression, jusqu'à une
hauteur maxima variable aven les différents liquides, hauteur à partir de
laquelle la puissance absorbante ilu buvard diminue graduellement pour les
liquides volatils et assez bruscpiemenl pour les liquides peu volatils.
i^iilin, j'ai également vérifié ces phénomènes pour des substances absor-
bâmes (pii finissent par se dissoudre dans le liquide absorbé.
l':r.ECI RICll'l'^ — I\e(diprches effectuées au Laboratoire central d' Electricité sur
l'èquiadent èlecirochimique de l'argent. Note (') de MM. V. Lapobte
et P. ni; i,A (iloKCB, présentée par M. K. Bouty.
Pour comparer les valeurs de l'équivalent électrochimicjue de l'argent
obtenues par différents expérimentateurs, il iaut tout d'abord s'assurer qu'ils
emploient les mêmes unités et, dans le cas contraire, corriger en consé-
quence les nombres trouvés.
I^a valeur de iii correction peut êlre évaluée avec une a])|)io\inialioii ^ufll^anle poul-
ies tiois derniers travaux publiés par Sniitli, Mallier et l^ow ry {National Pliysical
Laltoralory), par .lager et Steinwelir {Pliysii^altscli-Tecltnische lieichsanslall), et
par 1^. Jnnet, 1'. I.aporle t:t l*. de la Gorce {Laboratoire central d'Electricité).
Va\ adoptant les unités anglaises, en reinar(|uanl que les éléments \\eston employés
(liirèrenl au plus de quelques cent-millièmes et en tenant compte des rapports des unités
de résistance, les résultats de ces travaux deviennent :
l'ar coiiliiiiili
NPI i"'m827
PTIi i,iiSt8
ij:t; t,m86:-;
l>a dernière convention inlernalioiiale avant défini l'ampère par le dèp('il dargeiil,
une (lilIV'i'pnre de \. ro ' i''tait inadmissible.
(iràci- aii\ fonds nus par la (laisse des llecherches scientifiipies à la dis-
posilion de \l. I'. .laiiel, directeur du Laboratoire central, à rinsligalion
et siu' li's conseils de (pii nous avons entrepris ce travail, une nouvelle série
(') Présentée dans la sèanie du >'| janvier 1910.
SÉAXCli: DU 3l JANVIEK I9I0. 27;)
de mesures a pu èlre exécutée de juin à décembre 190;); en voici les ré-
su liais :
Le monlage de rexpériencc cl la manière d'opérer étaient les mêmes que
dans notre précédent travail ( ' ). Cependant nous avons en général utilisé
doux voltamètres en série, dans le bul <le facililer les comparaisons. L'inlen-
silé du courant était d'environ | d'ampère, la durée j à G heures et la masse
du dépôt 7" à Su. Pendant l'essai, le courant était maintenu conslanlel l'ap-
proximation de ce réglage était supérieure à 2. 10'.
L'anode élait placée dans une poclie formée avec une feuille de pa|)ier a lillic, |iiiéc
régulièrement pour empêcher loul débris de l'anode de tomber dans la cathode pen-
dant Topéralion. Le papier à (illre provenait de la n)aison Schleicher et Schiill de
Diirren (n" o9o exempt de chlore).
I^es expériences tentées pour accroître l'action des impuretés ou irréj^ularités irilro-
duites pai' le papier à filtre n'ont pas donné de résultats bien nets.
Un lavage prolongé du papier à filtre ilans une solution d'azotale d'argent, lavage
eflectué au préalable, ne pai'aît pas diminuer le dépôt.
Nous avons emplové également un voltamètre composé d'une coupelle d'argent for-
mant anode, placée à côté d'une coupelle égale de platine formant cathode, les deu\
coupelles étant réunies par un siphon en verre de o"',o4 de diamètre. Dans ce cas, les
difficultés expérimentales sont très grandes pour maintenir avec précision la
constance du courant, par suite probablement de réchaulTement de l'éleclrolyte (|ui
produit ces variations de résistance. Cependant la moyenne de trois expériences semble
montrer qu'avec ce montage la masse du dépôt serait augmenlée de i.io"*.
l^iRiFiCATio.x i)E i.'azotatk i)'ARGENr. — Nous avoiis essavé successivement des èlec-
Irolytes obtenus en faisant des solutions à i5 poui- 100 de nitrates d'argent purifiés
par différents procédés. En général, nous n'avons traité à la fois que la f|uantité de sel
nécessaire pour une seule expéiieiice ; on s'assurait que la solution obtenue était neutre.
I" Crislallisalion à l'abri de l'aii\ à pression réduite et à température comprise
iiilrc 00° et 'xo". — Après deux cristallisations, la solution, préparée immédiatement
avant l'expérience, était transvasée dans le \ollamètre.
lui calculant nos mesures au moyeu di> unités anglaises, que nous avons choisies
pour rendre les résultats comparables, on trouve pour la nio\enne de huit expé-
riences :
Equivalent éleclrochimique de l'argent : i"'o, 11827 par coulomb a\ec des écarts
maxinia de — i3 et de + 8. 10^^ avec cette valeur moyenne.
■2" Cristallisation par éiaporation au bain-maric. — Ce procédé de purification,
employé dans notre précédent travail, nous avait conduit à des résultats trop élevés
de 3 à 4 dix-millièmes, sans doute parce que les précautions prises soit pour la
purification du sel lui-même, soit pour la conservation de la pureté de la solution
pendant tout le temps de l'expérience avaient été insuffisantes. La solution concentrée
(') Bulletin de la Société internalionalc des Eleclricicn^, 2" série, t. \ III. 1908,
p. jao.
2H() ACADÉMIE DES SCIENCES.
(le riiliale (raigeiit |iai';uL absorber facileineiiL les impiirelés île rair (' ). \Lii pieii.iiiL
soin de recouvrir la solulioii, pour éviter tout contact prolongé avec l'air, et en puri-
fiant le sel par deux cristallisations successives, en égoiittant les eaux mères et lavant
les cristaux, nous avons obtenu comme moyenne de (Quatre expériences :
]'2(|uivalent éleclrochimique de l'argent: i"'S.ii83i par couîomb, avec des dillerences
maxiiua par rapport à la moyenne de — 6 et + \!\. lo '.
3" M. Giazebrook, directeur du National l'bvsical Laboratory, a bien \oulu, sur
notre demande, nous envoyer du nitrate d'argent donnant à son Laboraloire le résultat
normal. Ce sel, employé dans six expériences, a donné :
l'équivalent éleclrochimique de l'argent : i"», i i8 ij par coulomb, et les did'érences
maxima avec la moyenne sont — 6 et -|-8.io~^.
4" M. Etaix, chef des travaux de Chimie à la Faculté des Sciences, a eu l'amabilité
de purifit'i- pour nous de l'azotate d'argent par cristallisation, en évaporant la solution
d;in-i le vide sec à la température ordinaire. Le résultat de quatre expériences a été :
Équivalent électrochimique de l'argent: i™». 1 1882 par coulomb, avec des différences
niaxima par rapport à la moyenne de — 11 eH- 7. io~°.
5" lin nitrate d'argent commercial vendu comme pur, essavé dans deux expériences,
nous a donné pour la constante de l'argent 1,1 iSaS.
Conclusion. — Ces expériences monlrent que les aiiiélioralioiis successives
iiilroduiles dans la technique 1res minulieuse de la purification de Tazotate
d'argent ont fait disparaître la dillérence de /|.io~'' qui subsistait entre nos
expériences de 1908 et les mesures du National Physical Laboratory.
L'accord parait donc satisfaisant atijourd'hiii entix^ les nombres oljtcnus en
France, en Angleterre et en Allemagne.
La moyenne générale de nos résultats est, en continuanl à adopter les
unités indiquées plus iiaut,
i,n89.9.
CHIMIE PHYSIQUE. — Criskillisalion spontanée du sttere. Note
de M. G. FouQUET, présentée par M. A. Haller.
La connaissance des conditions de cristallisation du sucre présente un
grand intérêt industriel. J'ai cherché tout d'abord à vérifier si la cristalli-
sation spontanée du sucre dans les solutions .sursaturées, suivait la loi
indiquée par Tatnmann pour les corps surfondus. Le nombre de germes
s[)onlanés formés dans un corps surfondu cioil d'abord avec la surfusion,
passe par un maximum pour décroître ensuite.
Les essais ont été faits sur des solutions à 82-83 pour 100 de sucre saturées à 102°,
refioidies à dinférenles températures entre 60° et lo", puis abandonnées à 60°. Il ne
(') Vhte solution de nitrate laissée pendant 3o minutes dans une atmosphère chargée
de fumée de tabac, puis employée dans le voltamètre, donne im dépôt supérieur
de .5. Il)""' à la valeur moyenne.
SEANCE UU )I JANVIER I9I0. 281
s'esl jiiiiKiis |)rocluil de cristallisation dans les solutions (H( repos. l'ciil-clrL' la \ilesse
de l'oniiatioii spontanée des germes est-elle très petite, mémo a 10".
]^a cfislallisalion dans les solutions agitées se produit au contraire d'une
façon régulière. Les Iravauv de Miers et de ses élèves ont établi que des
solutions sursaturées, agitées avec fric/ ion mécanique, cristallisent toujours
pour une concentration déterminée à une température parfaitement définie,
et ({ue la courbe ayant pour ordouiK'e la concentration de la solution cl
pour abscisse la température de cristallisation spontanée est très sensible-
ment i^arallèle à la courbe de solubilité. Miers appelle cette courbe cowhe
de supersolubilité : elle donne pour chaque concentration la température à
laquelle la solution passe de l'état métastable à l'état labile; au-dessus de
cette température, la cristallisation n'est possible que par amorçage en pré-
sence de germes déjà formés.
Ces résultats s'applitpient aux solutions de sucix^ pur dans l'eau. Les
expériences ont été faites un peu ditléreniment de celles de Miers, avec des
tubes à essais munis intérieurement d'une spirale en fil de laiton qu<' Ton
pouvait faire tourner, la spirale frottant sur les parois du tube. I^e tube,
rempli d'une solution sucrée pure, était maintenu pendant 3o minutes dans
un bain de glycéiMue chauffée au-dessus du point de saturation, puis refroidi
progressivement dans un bain d'eau chaude qu'on laissait refroidir natu-
rellement. On faisait tourner constamment la spirale et l'on notait la
température au moment de la cristallisation spontanée. L'observation est
très nette; on voit d'abord se former une petite couche de cristaux aux
points de frottement, puis presque instantanément on voit se développer au
centre du tube une traînée blanche de lins cristaux. La température de
cristallisation parait bien définie pour une concentration donnée.
l^e Tableau ci-dessous donne ipielques-unes des mesures :
(l'eaii.
78.7 -Wg-^
79.8 39.".
80,8 420.8
82 , 4 \m , 7
83 488, î
84,8 ô.'>7,y
8.5 , t 571,1
Sudo
pour ions d'eau
dans solution
Surre
saturée
en
e\eO(le
Tempélatuie
à la
p,u
V I r
- --- ^ — ^
tenipéralure
au
: ni'Uuei
Ar lie
dr
dr 1,1
^.Tturalion. rristallisalinn
. crislallisaliiin.
■ ■Hs
lallisiili
81", 5 3l"
23 1,3
14s.,
86,5 44,5
■^47
,48
9' 54,4
271 ,6
.49,2
97 . 5 69 , 5
3,8,7
'49,4
100 7.3
339,8
(48,3
88 , 5
4o6,9
i5o,3
92
428,8
142,3
a82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La courbe de supei-solul)ililê est ainsi sensiblement parallèle à la courbe
de solubilité, l'excédent de sucre restant à peu près constant.
Des essais en cours semblent indiquer que l'adjonction d'impuretés
conserve la même allure à la courbe de supersolubililé.
F-a coimaissance des courbes de supersolubilité des produits impurs peut
présenter un j^rand intérêt en sucrerie, où l'on produit la cristallisation
spontanée dans le système de la cuite en grains; elles permettrontd'explicpier
pourquoi on ne peut pas cuire en grains des sirops de pureté trop basse, et
pourront servir à conduire le travail des cristallisoirs.
CHIMIIÎ OKiiAMQUE. — >iir la synthèse de l' indigulélracliloré-^.~ .r>' .r' .
Note de M. Oberkeit. présentée par M. A. Haller.
Dans une Note parue aux. Cumples rendus de la séance du 27 dé-
cembre 1909, M. Danaila décrit la syntbèse de l'indigo télrabromé- kj.j'.^'
et de l'indigo têtrachlorê-5.7.5'.7' à partir des isatines dihalogénées cor-
respondantes. M. Danaila émet l'opinion que son tétrachlorindigo est pro-
bablement identique à celui (pii a été préparé par Gnehm(') en partant de
l'aldébyde o-nitrodicblorobenzoi(}ue, mais qui n'a pas été suflisamment
caiactérisé. (Quoique étant d'ini autre avisa ce sujet, je ne veux pas discuter
ici la constitution chimique du colorant de Gnehm, mais je tiens à complé-
ter la Communication de M. Danaila en faisant remarquer que le
5.7.5'.7'-tétraclilorindigo a déjà été décrit au brevet français n" 315180 du
ig octobre 1901. On le prépare selon ce brevet à partir de l'acide dichloro-
pliénylglycinccarbonique, obtenu lui-même par cliloruralion directe de
l'acide phénylglycine o-carbonique. Or, cet acide dicbloropbénylglycine-
carbonique étant identique à celui qu'on peut obtenir à partir de l'acide
'^.5-dicblorantliranilique selon le procédé du brevet fiançais n" 'iOI506,
exemple i, et qui, vu son mode préparatoire, ne peut répondre qu'à la
formule
Cl
/^NH-Cli^— COOH
cit Jcooti
le tét?-acb!()riiidi,t;o (pii en résulte ne peut avoir d'autre constitution (pie celle
(') Bcricliie fier dviil. c/icin. Gcs., l. Wil. i8Si, |). 7J3.
SÉANCE DU 3l JANVIl'K Kjlo. 2.H-5
ilim iii(lij;n |i''liiiclilor('-').~.5'.7' :
Cl Cl
Xp p/
,l> _ L..
cAJccy \coi jci
Il est donc néressairement identique au létrachlorindigo de M. Danaila.
Le colorant a été décrit au brevet français n" .'} 15 180, susmentionné
comme suit :
L'indigo létracliloié qui peiil se préparer au moven de illacélvldicliloiindoxvle esl
bleu aussi, mais se rapproche comme vivacité des couleurs d'aniline. Il résiste d'une
façon extraordinaire aux oxydants; ainsi, l'acide azotique ne le décolore pas. D'autre
part, il se réduit avec la plus grande facilité et forme en f|uel(]ue --inlc une cuve sur la
libre au moindre contact avec la soude caustique. Il s'ensuit qu'on peut l'impiimei'
sans mordant. Sa résistance l'i la lumière e>l |iarfiiile.
]^es propriétés typiques du ù.j.j'.^'-létraclilorindigo, qui motivent sa
supériorité industrielle relativement à Tindigo lui-même, savoir la vivacité •
de sa nuance, sa résistance auv owdanls et sa solidité à la lumière, étaient
donc déjà connues en 1901, et il était à prévoir que ces qualités se re-
trouveraient dans l'indigo létrabrotné correspondant, qui n'a été obtenu
([u'en 1907 par la Société pour Tlndustrie chimique de Bâie par bromu-
ralion directe de l'indigo. On pouvait seulement s'attendre à ce que le
colorant brome présentât une luianco légèrement plus verdàtre que le pro-
duit chloré. Les faits ont pleinement confit^mé ces prévisions.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'emélù/itc d'aiiitine. Note de M. P. Yvon,
présentée par M. E. Houx.
[^'émétique d'aniline, obtenu par l'action du protoxyde d'antimoine sur
le tarlrate acide d'aniline, se présente sous forme de cristaux hydratés ou
anhydrrs selon la température à laquelle s'est effectuée la cristallisation.
Sel HYDUA.TK. — Les cristaux d'éméticjue d'aniline qui prennent naissance
à la température ordinaire, vers + i.V', sont hydratés et .se présentent sous
forme de longs prismes pouvant atteindre jusqu'à 3"" et 4'"'"; le plus
souvent groupés en étoile et i\ayonnants autour d'un centre commun; leurs
faces ne sont pas terminées. Us sont incolores ou légèrement teintés en
jaune paille, translucides; mais deviennent peu à peu opaques et prennent
un aspect nacré lorsqu'on les conserve à l'air libre; ils perdent alors leur
284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
oaii de crislallisation. Celle transformation s'(>|}'ectiie d'autant plus vile que
la température est plus élevée.
Ces cristaux renferment pour loo parties :
Antimoine 3o, 190
Ea u 4,4^
ce qui correspond à la formule
rMvn'(ShO)C'iv\7..u-o.
AnlimoiiiL' 3o,3o
Eau 4 . à4
SiîL ANHVDHE. — Lcs crisUiux qui sc forment à + 35" sont anhydres. Leur
existence a été signalée par F. -AV. ( jlarke ( ' ) qui ne parait pas avoir obtenu
le sel hydraté. M. le professeur G. W yroubolîa bien voulu déterminer leur
forme el les caractérise delà numière suivante :
Cristaux hexagonaux assez irrégulièrement développés avec les faces
/>(000l ),//{ lUIl ),^'(20-2l) el//'(404l). Les deux premières se trouvent
à létal de rliondjoèdrcs. Il existe un clivage facile suivant la base :
I : i,,()o4(.
Angles. Caliulés. Mesui-és.
/>'/> [ uni 0001 ) 49" i4 49" ao'
/>-/> (HmOOOl) 66.40 66. ,0
//'/' (4.0410001) >. ■::••">»
b'' f>' {km OhM ) 58. 3a 68.26
Uniaxe positif : biréfringence assez forte.
Us sonl translucides el légèrement colorés en jaune paille.
La moyenne d'un assez grand nombre de déterminations indique pour ces
cristaux une proportion d'antimoine égale à ^2, 12 pour 100.
(À* ciiilVre correspond à la formule
C'ii^0''(Si)O)(;«irAz
aulériciireniiul (loiiiicc [jar Clarkeel dont la leneui' théori(|ue en antimoine
est de il, 7 '(() pour 100.
(') F.-\V. Ci.AnKK, Berichle der deulsclien chemischen Gesellschaft, p. i54o,
Berlin. 1882.
SÉANCE DU -)I JANVIER 1910. 285
Poi'vom IIOTATOIRK. — L'émélii|ue (l'iuiiline agit sur la lumièie polarisée et est fm-
temenl clexlrogyre.
Le pouvoir rolatoire par rapport à la liiinière jaune a été déterminé sur des solu-
tions aqueuses renfermant de 2i> à 5s de sel pour 100''"' de li(|uide.
Il a été trouvé égal à :
Sel hvdrale 1 i5'',6i à -i- 17»
Sel aiihvdre 121", 28 à +19°
Densité. — La densité a été déterminée par rapport à l'essence de térébenthine; elle
est égale à :
Sel hydraté i ,669 à 4-20°
Sel anhydre 2,1123+18°
Soi.iiBii-iTÉ. — L'émétique d'aniline est très soluble dans l'eau; les résultats obtenus
sont les suivants :
Eau à
+ 15». -I-20-. +35°. +100°.
I s de sel hydraté se dissout dans 6s, 07 5s, 06 4^1 ' 5 o», 54 1
is de sel anhydre se dissout dans 6*-', 36 5*^,82 4^'; 35 o(-', 567
La solubilité dans l'alcool est très faible; à la température de + 20° les chitlres
obtenus sont les suivants :
^el liydraté. Sel anhydre.
loot' d'alcool à 60" dissolvent 0^,626 oi-'jOgS
100" d'alcool à 90" dissolvent o", lofi C, 101
CHIM1I-: BIOLOGIQUE. — Influence de la rëoclion du milieu sur la fdlration
de quelques diastases du mail. Note de M. HÏArRicE Hoi.dkrkk, présentëf
par M. E. Roux.
Dans une [iiécrdeiUe Nole(' ) j'ai dénionlré (jiie, quand on nculi-alise à
la plK'iioljililaléine la inacéralion do XWsprrgillus niger, sa siicrase travei\si*
pfcs((iic coiiiplètcmenl les bougies de porcelaine. Si au eoiittaire on neu-
tralise au niélhylorange, la diastase est presque entièrenieiil retenue à la
tiltration. Dans une autre Note ensuite, en collaboration avec M. Gabriel
Bertrand ( - ) dans un travail sur la cellase, nous avons étendu ces mêmes
résultats à réinulsine, la cellase cl la maltase de la même moisissure.
(') Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. ii53.
(^) Comptes rendus, t. loO, 19 10, p. 23o.
C. R., 1910, 1" Semestre, (T. l.jO, N- 5.) ^^
,>.S(; ACADÉMIE DES SCIENCES.
Vujourd Imi jr \(Mi\ iiioiilrci' que la inrrne règle sappiicjiii' égalcriieiil au\
diasLases du mail : lamylasc, la dexliiiiase et la peroxydiastase.
6os de mail linement moulu sont mis à macérer :i l;i température ordinaire
avec 600"^'"' d'eau distillée, en agitant très souvent. Apiès une heure de contact on
filtre sur papier ordinaire. Le filtrat est divisé en trois jKirtions. La première A est
acidifiée avec HCl de façon à être franchement rose au njothvlorange. La seconde P>
est neutralisée avec NaOU, à la phtaléine. La troisième N ne reçoit que de l'eau
distillée pour l'amener à la même dilution que A et B. On procède ensuite à la fillra-
tion avec trois bougies en porcelaine Chamberland F. les premières portions du filtrat
sont rejelées. Sur un volume connu de la fin du filtrat ainsi que des témoins non filtrés
on rétablit la réaction naturelle en ayant soin d'amener avec de l'eau distillée et une
solution de NaCl les trois extraits diaslasiques à la même dilution et à la même
concentration en \a(JI.
I. Diaslase liquc/iu/ile (amy/asey — Comme l'extfail de malt esl très riche
en amylase, il faut prendre très peu d'extrait pour voir l'effel de la fdtra-
lion. i"" des diaslases diluées au vingtième est mis dans des flacons
coniques avec "io""' d'empois de fécule à -2 pour 100. Les flacons sont placés
snccessi\ein('iil une denii-lieure au hain-niaric réglé à /|3". Il y a ini llacou
pour cliacunc des macérations A, 15, ?S non liitrécs et les mêmes filtrées. Ku
plus il y en a un pour Textrail neutre X filtré et houilli. Le pouvoir liqué-
liaiit se mesure avec un viscosimètre, genre Kling, c'est-à-dire une pipette
nmnic d'un tube de Mariotle intérieur pour réaliser un écoulement sous
pression- constante. Dans la colonne II du Tableau suivant j'indique com-
bien de secondes il faut pour l'écoulement de 23""' des empois liquélii-s
par i'"'" des diaslases diluées. La colonne 111 donne les nombres oi)tenus en
employant i*^"'' des diastases non diluées, cesl-à-dire 20 fois plus.
AMVI.ASE.
Durée d'écoiilcninil dextrinask.
fie 3301"' d*emnois " . . ,
avec 1""' de\lr,nl
de ,, Millii;riiiMine~ Millii;iiininics |jniii- um
reMrait diasUHii|iii'. ililiir. non ililnù. deCiidi.'). de maltuse. ir.niiuluii,
i\ neutre io(J 77 09 .53,8 >.i,>
N filtré .J750 78 36 32,5 r!,.S
!\ filtré houilli GSoo 33oo o ou
A d'abord acidifié. .. . 558o '07(?) 9 8 o,o3
X filtré 65oo 106 traces traces traces
lî d'abord alcalinisé. . . 19a 77 45 4'>>8 16,1
B filtré ■!o3 78 4-'i,7 4o,5 16,0
(") Déduction faite du |ioinoir réilucteiii' dû à lexlriill, c'e<t-à-dire 3'"= de CuO.
SÉANCE UU 3l JANVIER 1910. 2S7
Pour permettre récoulcinent de 25""' d'eau distillée, il faut 77 secondes.
<-)n voit que racidilîcaliou a fortement affaibli l'amylasc, sans toutefois la
détruire, car dans la colonne II! il y a liijuéfaclion |ircsque complèle.
L'extrait A filtré donne un nombre plus grand que JN I ouilli, (jkjo au lieu
de ()3oo. Pourtant ce même extrait A filtré présente encore une certaine
activité, qu'on peut mettre en évidence dans la colonne III, où il v a éga-
lement liquéfaction presque complète. C'est que les erreurs d'expérience
ne sont pas négligeables. 11 suffit d'une très faible variation de température
pour avoir des écarts dans les résultats atteignant 2 ponr 100. Pourtant les
chiffres de la colonne II sont très nets pour montrer que la llUration alca-
line B n"a pas retenu la diastase, comme cela a lieu dans la liltration neutre
et acide.
II. De.vlrimist' ((liaslase saccluirijiaiilc). — Je me suis inspiré di' la mé-
thode de Ford et riuthrie ( ') pour comparer l'activité sacchariliaiile des
échantillons diastasiques.
V'"' des mêmes extraits de malt dilués au Aingtiènic sont mis en contact
avec .My™' d'une solution à î pour 100 d'amidon soluble préparé d'après la
méthode de MM. .1. Wolff et A. Fernbach. On opère dans sept fioles jau-
gées de 100"" , placées au hain-marie réglé à 5i". Après i heure on retire les
llacons. On arrête l'action diastasique par { gouttes de soude normale, on
amène à 100''"' et sur 20''°'' on dose le maltose formé par la méthode de (_r.
Bertrand. Les résultats se trouvent dans les colonnes IV, V, VI du Tableau
précédent.
Aux erreurs d'expérience près, il n'y a pas de différences entre la dextri-
nase de l'extrait alcalinisé, qu'il soit filtré ou non. Mais l'affaiblissement
par la filtration est de moitié djins la tilt ration neutre et de -^ environ dans
la filtration acide.
III. Peroxydiaslase. — .l'ai trouvé des résultats analogues avrc la per-
oxydiastase du malt. J'ai dû diluer au -^^ mes exliails et ne [U'euclic (pi'nne
goutte de ces diastascs. La macération filtrée alcaline colore pi'es(pii' aussi
vile le gayacol en j)résence de 11^0- que la macération non filtrée, tandis
que les filtrats sont bien moins actifs si la filtration s'est faite en milieu
normal et surtout (>n milieu acide. Je donnerai ailleurs les détails d'expé-
rience. En tons les cas il semble cpie des traces de NaCI favorisent beaucoup
cette oxydation ( - ).
(') Joiirn. /lis/, of l!rei.vin^. 190.!», p. «06.
(■-) Vdir l^'orAHU. Comptes rendus, l. (JXLti. \()nh, |i, ■^tjfi
288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il parait donc Irôs probable que hi rèt;le que j'ai établie pour la sucrase
à' Aspergillus niger est générale, car elle est déjà démontrée pour sept
diaslases très diiïérentes. Une restriction doit être faite pour les diaslases
qui, dans le transport électrique, vont à la cathode. L'expérience seule peut
répondre à ce sujet, .le compte étudier celte <(uestion et iiénéraliscr encore
la règle que j'ai établie.
CHIMIE AGRICOLE. — Emploi du bore comme engrais calalyliqiie.
Note de M. H. Aguijiox, présentée par M. E. Roux.
Un assez grand nombre de travaux rendent vraisemblaljle la présence
constante du bore chez les végétaux. J"ai moi-même confirmé cette donnée
par de nouvelles recherches (') à l'aide de méthodes très sensibles et très
précises étudiées en collaboration avec M. G. Bertrand (-). Le bore est-il
nécessaire ou tout au moins utile au développement du végétal"? L'emploi
de la méthode synthétique est seul apte à nous fournir des renseignements
à ce sujet.
< )n conçoit riniportance à la fois théorique et pratique de telles études :
leur ensemble permet la connaissance exacte de la composition cliimiqne
nécessaire et suffisante des êtres vivants; elles développent en agriculture
la notion nouvelle des engrais cataly tiques dont le manganèse est le premier
exemple ( ■').
Des expériences ont été faites d'abord sur les êtres inférieurs, levures,
Aspergillus niger, ferment laclicjue ; elles ne m'ont pas permis de trouver
des doses favorables de bore pour ces organismes (le bore était introduit
dans les milieux sous forme d'acide borique, comme d'ailleurs dans toutes
les expériences qui suivent).
Avec les végétaux supérieurs, au contraire, le bore a})parait comme un
élément très actif. J'exposerai les résultats obtenus en les rangeant d'après
le mode expérimental employé.
(') Voir pour ces reclierclies et le délail des expériences qui font l'objet de celte
Note: M. AcuLHOX, lîccherches sur la présence et le râle du horc cJiez les rés^élaii.r
[Thèse, Paris, 1910).
(/*) Cl. Bkhtrani) et H. âgui.iiox, Hall. Soc. c/u'm., ^' série, t. VII, iç)\o.
(■') Ci. Bertrani), Comptes rendus, t. C\LI. igoS, p. i255.
SÉANCE DU 3l JANVIER 1910. 289
1° CuUures en milieu liquide synthétique stérile.
Les graines, stérilisées par plusieurs lavages au sublimé el à l'eau stérile, sont ense-
mencées dans un appareil pailiculier stérilisable qui contient la solutiou nutritive
additionnée de doses croissantes de bore. Voici les résultats obtenus dans ces condi-
tions au printemps et à Tété 1907 avec du blé (le poids moyen porte toujours sur un
mininium de (pialre plants) :
Poids movtii Jiin plant sco
Bore en niiili^ranmies • -o ■ i ii .
'^ après 18 jonrs de culture
par litre __ — '
de solution. de la racine. de la lige. Total.
o 0,099 "1657 0,756
0,1 0,099 0,557 o,656
0,5 0,114 o,663 0,777
! 0,099 0,67-'! 0,773
■^,5 0,1 55 0,742 0,897
5 o , 1 5 1 0,845 (j , 9 1 6
r o o , I tio o , goo 1 , 060
20 o,o85 o,5j4 0,609
5o 0,042 0,319 n,.S<ii
100 0,00 1 o,o55 0,059
l'our des doses supérieiiics la piaule iiiennl.
Nous voyons nellemenl, piii- le simple examen de ces cliitlVes, l'existence
d'une courbe de l'aclion du bore sur la croissance du blé; roptimum esl silué
vers qs, oo5 à o''',oio pour ;ooo de liquide de culture. Pour les doses éle-
vées, la germination esl retardée, les plants restent jaunâtres; les racines
semblent être toucbées les premières par l'action toxique.
•j.° Culture en milieu solide synthétique.
iJcs pots de terre paraflinés sont remplis de ■i'-s de sable siliceu\ particulièrement
purifié. On arrose avec une solution nutriti\e additionnée de doses de bore croissantes.
On maintient dans les pots préalablement tarés une humidité de 10 pour 100 environ.
iJans ces conditions nous observons encore l'existence de doses favorables. La dose
oplima esl l'addition à la quantité de sable employée de o™s, o5 de bore. Les augmenta-
tions du poids sec des récoltes varient entre diverses expériences faites à des époques
dilTérentes : de 8 à 4o pour 100 pour le blé, de 16 à Sg pour 100 pour l'avoine, de 10
39 pour 100 pour le radis.
3° Cultures en terre.
I. Des pots paraffinés sont remplis d'un même poids de terre (i''s.2) rendue
aussi homogène que possible par passage au tamis. On ajoute dans chaque pot des
quantités d'acide borique correspondant à des doses de bore connues. Pour I addition
290 ACADEMIE DES SCIENCES.
de r)"'b' de hore les auyriientations du poids sec de la récolte sont de 28 poiii- 100 iioui
la luzerne, de g pour 100 pour le maïs, de 55 jiour 100 pour le pois, de 9 |)Oiii- 100
pour le radis; pour celte dernière plante, rojjliuuim est situé plus Ijas et l'augnien-
lalidii allenit 1 .''1 pour 100 avec la dose de o'"", 5.
iJans tous les cas l'action favorisanto se manifeste poiir plusieui's doses,
établissant ainsi l'existence d'une courbe de l'action du boi'e analogue à
celle de l'expérience en milieu stérile li(]uide. L'application possible du
bore comme engrais catalylique ressort de ces faits.
II. Des expériences en pleine terre confirment cette prévision. JJes
parcelles d'un mêine terrain de S'" de surface ont été arrosées de doses
vaiùéesde bore. Pour un certain nombre de piaules supportant bien le l)ore
(maïs, colza, navet) l'addition de o^, 5 de bore, c'est-à-dire de 3*'' environ
d'acide borique par mètre carré de terrain, donne les meilleurs résultats.
Pour d'autres (avoine, pois) celte dose esl trop forte et apparaîl comme
iudilVérente. \oici les résultats expérimeulaux :
Poids moyen d'un plant ?(c. l^oids de hi réeidle.
tîore ajouté i. — -^^ - — ■— — - — — -^ —
par inclre carré. M;iV^. Colza. Navet. P(>i<. Avoine.
Témoin o 18, 5 5,75 2,i5 84 618
» 0S.5 27,9 6,97 2,85 85 625
» 16 05,8 7,28 2,28 42 520
Les augmentations pour la dose de 0*^,5 par mètre carré sont de ."io pour
100 pour le maïs, de 21 pour 100 pour le colza, de 32 pour 100 pour le
navet.
Des dosages d'acide borique faits sur les maïs ainsi récoltés nioutteul ipu^
les cendres des plants poussés sur terrain additionné de la dose optima de
bore ne présentent pas une teneur en cet élément plus forte que celles des
plants poussés sur le lot témoin. Pareil fait a été observé par (1. iîetlrand
pour le manganèse. Au contraire, pour la dose su[)érieure, les ceudres icii-
fertuent une quantité de bore plus élexée ([ue la normale et l'on (djserx <• une
augmentation du poids de cendres pour 100 de plante sèche; la piaule .--ulùl
tine surminéralisation et par suite une augmentation de sa teneur eu cati,
tpii donne pottr les poids de plante fraîche une dose de bore opiiina phis
élevée que pour les poids secs (maïs, colza, navet). Fliche et (irandeau ( ' )
ont observé le même phénomène d'augmentation du taux des cendres sur le
(') t/iii. lie Cliim. ri (le l'Iiys.. 5'' série. I. II. 187'!. p. 354.
SÉANCH DU ')I JA.WIER 1910. ^91
oliàtaigiiier pousse en sol trop calcaire. Il semble qu'il y ail là une réaction
i^énérale des plantes à rexcès cruii élément utile. Voici les chiffres obtenus
avec le maïs :
Bore
Con.hu.
Eiiu
A
cide boiiiiui
par
pour Kjrj
pour 100
pour 100
mcire cm
T.-,
ilr> inalicire seclie.
,1. pi.
aille frai.
c\w.
le cendres.
0
] 3 , (')
88, 20
0, l/jO
* 0,5
1 3,0
1 ■> ) 7
88,90
89,98
0, i_',o
De cet ensemble de lésullats on peut tirer les conclusions suivantes : Le
bore est un élément utile aux végétaux supérieurs. L'addition de petites
quantités de bore dans un milieu de culture synthétique ou dans un sol
naturel augmente sensiblement le poids de matière sèche formée. Il pourrait
entrer facilement dans la pratitjue agricole étant donnés le peu de prix des
quantités actives et l'augmentation de récolte qui correspond à leur em[)l()i.
I^a valeur culturale du bore parait approcher celle du manganèse.
llYDliOLOGli:. — Hadioartivilé de (juelques sources sauvages des Vosges.
Note de M. Andiu': lîiiociiF/r, présentée par M. Arm. Gautier.
A côté des sources thermales de Plombières, Luxeuil, Bains, auxcpielles
on peut ajouter celles de Bourbonneet les eaux froides de Bussang (.lacquot
et Willm), il existe dans la région des Vosges des sources thermales non
captées dont nous avons cru intéressant de déterminer la radioactivité des
eaux et des gaz (août 1909).
Sources de la Chaiideaii. — t^os sources sont nombreuses et leur déi)ilpeut atteindre,
d'après .lulier et Leforl ('), joo'"' par 24 heures; quelques-unes sorleiil, de pou-
dingues et grès vosgiens, du lit même de la Semouse,' et lune d'elles, plus importante,
émerge d'une flaque d'eau en formant au-dessus du niveau de celle-ci une coupe de 5^^=^'
à 6'"' de hauteur, ce qui laisse à supposer qu'en raison de sa force ascensionnelle
l'eiiu ihermale n'est que peu ou pas mélangée d'eau de la rivière.
Pour faire une prise d'eau dans ce griffon, réduit à une fente entre deux rochers.
(') JuTiER et IjF.fort, Annales de la Société d' Hydrologie médicale de /'aris,
t. VII, 1862.
292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous avons enfoncé aussi profondément que possible (en\iron 20'^°') un tube de
cuivre de 1'"' de diamètre, coudé à angle droit, à l'autre extrémité duquel était fixé
un tube de caoutchouc de plusieurs mètres de longueur dont rexlréraité libre se
trouvait dans une bouteille vide. La panse de celle-ci était dans l'eau et le goulot
dépassait seulement de 2''"' le niveau de la rivière. Les lubes avaient été remplis
par aspiration et la dénivellation était suffisante pour permettre de siphonner l'eau
du grifl"on dans la bouteille et de remplir celle-ci complèlemenl. Le thermomètre
enfoncé au même endroit indiquait 22", 2, tandis que l'eau de la rivière était
à i3»,8.
11 y a lieu de remarquer que l'eau du griffon était exempte de gaz; ceux-ci se déga-
geaient de la même fente, mais à 20'"" environ en aval de la cloche formée par l'arri-
vée principale de l'eau; nous avons pu en recueillir en utilisant un petit entonnoir
métallique légèrement aplati.
Dans la prairie située sur la rive gauche de la Semeuse se trouvent plusieurs
sources dont une importante émerge d'un trou de plus de i'"' placé à une dizaine
de mètres de la rivière. Des bulles de gaz se dégagent en abondance de toute la
surface du fond sableux, nous avons pu facilement en faire une prise de 200''"' en une
demi-heure au moyen d'un collecteur formé d'un disque de métal à bord rabattu de
32'^'" de diamètre percé d'un trou. Nous avons également recueilli un écliantillon de
l'eau.
D'autres sources abondantes furent aussi mises à jour au cours de travaux elVectués
dans les forges voisines. Leur température élevée en rendait l'aveuglement fort dif-
ficile.
Source de Fontaines-Chaudes, — Cette source se trouve perdue au milieu des bois,
à G''™ à l'ouest de Bains, au pied d'une falaise formée par une faille dont le bord
occidental fortement relevé met sur presque toute sa hauteur le grès vosgien à
découvert. Cette source estcaptée dans un enchambrement en pieiTe de plus de 1™ de
cùlé; le fond est formé de pierres et de gros cailloux roulés et les gaz se dégagent en
abondance sous forme de bulles énormes. Nous en avons recueilli 200"^'"' en 3o minutes,
avec le même dispositif que pour l'eau de la prairie à la Chaudeau.
Source de Chaudes- Fontaines ou du lieherrey. — Cette source se trouve sur la
rive droite de la Moselle à 8""° au sud-est de Remiremont. Elle est placée exac-
tement à la séparation du granité porphyroïde et du granité commun de la région
(Jutier et Lefort), celles de Plombières se trouvant à une petite dislance de la sépa-
ration des deux granités. Le fond de la source est rempli de salile et de cailloux roulés.
Les gaz se dégagent abondamment de toute la surface et il nous a suffi de 10 minutes
pour en recueillir 200"^'"'. Ce dégagement gazeux est beaucoup plus important que celui
de l'ensemble des sources de Plombières, et cependant ici le débit aqueux est très
faible.
Les sources de la Chaudeau (prairie) et Chaudes-Fontaines sont envahies par la
végétation, plantes terrestres ou aquatiques et racines d'arbres. Dans ces deux sources,
et également dans celle de Fontaines-Chaudes, vivent poissons et grenouilles,
SÉANCE DU U JANVIEK 19IO. 293
fiCs valeurs de la radioaclivilc sonL données dans le Tableau ci-dessous :
l^cuil.j.iclivilé
m inilligiammes-iiiinutes
|..Mir 10'.
S..iirri->. TrMi|i.'r.iliirc. 1..1/ l':.iii.
,., I \ l!i\i<''i-e -n,! ."), \>< (i.8<)
(Jiaiiileaii ,, . . - .,
( l'rainu 2f , 1 '■,',)■' o,i^'.
Fonlaines-Cliaiide? '-'T'' '. 1'-' o,.)8
Cliaiides-FoMlaiiies ( lleljei it'v ». . . 22,9 '-'-'To t>,'>l>
lyd radioaclivilé des gaz et cau\ de ces sources esL donc assez élevée. Les
sources n'étant pas captées, l'eau lliermale c{u'elles émettent se trouve
certainement mélangée d'eau superficielle. .\ous ne connaissons pas le
débit de ces sources, mais pour toutes, el en particulier pour celle du
llelierrey, ainsi que nous l'avons fait renianpicr, le rapport du volume des
gaz au volume de l'eau est très important et beaucoup plus considérable
cpi'à Plombières.
M. Hi'<iH ('i.ioMK.vTs adresse une Note intitulée : The cdiisalioii . penodi-
cily (dul (lislrilmtion in laliliule nf siin-spols.
A l lieures el demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à ^ heures et demie.
G. \).
BUl.M'Vn.V ItlUMOtiRAPIIlOITE.
< )UVItA(iES UEÇLS DANS LA SIUNCK UIJ T I .IA>VU:i! l()IO.
Inslilnl de iMance. Académie des Sciences, licunion du ('omilr inlcnidlional jic/-
ma lient pour l'exécution de la Carie pholograpliùjiie du Ciel, tenue à rObsei\a-
toire de Paris en 1909. Paris, Gaulhiel■-^'ilial•s. 1909; 1 vol. iii-4"- ( l'rt'^enU' pai'
M. Baillaud.)
Altitude and aziniulli tables for facililaliiiy ihe détermination of Unes of posi-
tion and yeoi;rapliieaL position al sea t/ie simplvst and readiest in solution, hy
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 5.) '>9
2 9^ ACADEMIE DES SCIENCES.
Radlf.b dk \qi ino. Liindies, .!.-]>. l'otter; Rio de Janeiro, clie/. raiileui'. 1910; 1 xol.
in-8".
Die Magnetfeldcr der Sonnenllecki'n un'/ die Kalhodenalrahliing der ■'^'uinc,
von H. Rl'DOLpii. Stuttgart, Otto Sautter, 1909; 1 fasc. in-8".
Ueber den gegenwàrligen Stand dcr Théorie der ganzen Iranszcndenten Funl,-
tioncn, von G. \'ivanti. (Extr.de .4 rc/i/c der Matlicmatic lutd P/irsi/., III, Reiiie \\ .
llefl 4.) Leipzig, B.-G. Teubner; i fasc. in-8".
De l'influence des moui'emenls de i'écorce terrestre et de la pression atmosphé-
rifpte sur le dégagement du grisou, par K. Gamow. Saint-Pétersbourg. i9fo; i f:i-i-.
in-8".
Unlcrsurliungcn i'iber den Hhcotropismus der }] urzcin, von \\. Hrvmewikcki,
mit ?) Tafein und 9 Figuren ini Te\t. .Turjew ( Dorpal), (1. Malliesen. 1908; i fasc.
iii-4".
Tlioiiglils on natural philosnphy and llie origin of life. h\ \. Bidiu.it.ombr.
\p\vcastle, R. A\ ard et fils, 190g; 1 fasc. in-8".
Ksposizione deW attivi/a scienti/ica e'didtillira di LroNKimo Ricciaroi. Cava dei
'l'ireni, E. di Mauro, 1909; 1 fasc. in-8".
A nnual report of the curator of llic Muséum of comparative Zoôlogy al Ihir-
i'ard Collège for 1908-1909. Cambridge (Etats-Unis), 1909; 1 fasc. in-8''.
Rendiconti del Circolo malematico di Palcrmo^ Direltore : G.-R. GirriiA;
t. WIX, anno tgio, fasc. 1, 2. gennajo-aprile. Palerme; 2 fasc. in-S".
ERRATA.
(Séance du 6 décembre 1909.)
Note de M. Cirera., Stir la pcrturhalion magnétique du 13 septembre 1909 :
l'âge io35, ligne 7 en remonlaiU, au lieu de vitesse de i""", lisez vitesse de 1000'"".
(Séance du 9.7 décembre 1909.)
Note de MM. E. Rriner et A. \l'roc:-y/isii, Réactions chimiques dans les
gaz soumis aux pressions livs élevées : décomposition de l'oxyde d'azote ;
formation du chlorure de nitrosylc :
l'agt> iSj'i, ligne 7, au lieu de r'.8''"', lisez 280""".
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 7 FÉVRIER 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUrVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation d'un Décret portant approbation de l'élection que l'Académie a
faite de Lord Rayleigh pour occuper le poste d'Associé étranger vacant par
le décès de M. Simon Nencomh.
Il est donné lecture de ce Décret.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur un moyen de restituer aux sulfures alcalino-terreux
leurs propriétés phosphorescenles. Note de M. D. Gernez.
Dans les nombreuses expériences qu'il a effectuées sur les sulfures alca-
lino-terreux^ Edmond Becquerel a recherché les procédés les meilleurs
pour obtenir les produits les plus phosphorescents, en variant beaucoup
leurs modes de préparation. Il utilisait soit l'action directe du soufre sur les
carbonates ou les oxydes alcalino-terreux, soit les actions réductrices sur
les sulfates, en employant successivement comme matières premières les
composés naturels et les mêmes corps préparés à l'état de pureté. Il fut
ainsi amené à signaler l'influence qu'exerce, sur la phosphorescence du
corps obtenu, la présence, en petite quantité, de matières étrangères qui en
font varier beaucoup la couleur et l'intensité.
M. A. Verneuil, s'inspiranl de ce résultat, eut le mérite de préciser la nature de ces
matières étrangères. L'analyse complète d'un sulfure de calcium, dont la phosphores-
cence était très brillante, lui montra qu'il contenait quelques centièmes de composés
du sodium (carbonate et chlorure) avec quelques dix-millièmes d'une substance dont
C. R., igio, I" Semestre. (T. 150, N» 6.) 4»
296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
raction était prépondérante, le sulfure de bismuth ('). Le sulfure de calcium, préparé
avec la composition qu'il a déterminée, présente une phosphorescence violette à la fois
très intense et d'une remarquable durée.
Plus de 10 ans après, M. Mourelo (-), utilisant les indications données par M. A.
Verneuil .sur le sulfure de calcium, les appliqua à la préparation du sulfure de stron-
tium, en modifiant convenablement les proportions des matières employées, et obtint
des produits phosphorescents d'une remarquable intensité. Il varia, comme l'avait fait
Edmond Becquerel, les modes de préparation du sulfure de strontium en ajoutant
les matières dont M. A. Verneuil avait signalé l'importance, et fît une longue étude des
divers produits qu'il avait obtenus.
Dans le cout'anl de Tannée 1897, J''^ ^" '* curiosité de préparer les
sulfures de calcium et de strontium phosphorescents. En suivant avec soin
les indications données par M. A. Verneuil et M. Mourelo, j'obtins faci-
lement des produits comparables à ceux qu'ils avaient préparés.
Comme le sulfure de baryum ne me parut pas avoir été l'objet d'études
suivies, il me sembla qu'il suffisait de modifier les proportions de matière
recommandées par M. A. Verneuil, résultant de la substitution du baryum
au calcium, pour obtenir un composé phosphorescent. Les produits préparés
étaient remarquables par l'intensité de la phosphorescence, dont la couleur
variait du jaune d'or à l'orangé et au rouge.
Je renfermai ces divers sulfures les uns dans des tubes de verre scellés à
la lampe, les autres dans des vases mal bouchés qui les laissaient en commu-
nication avec l'extérieur.
Six ans après, en mai igoS, ayant examiné ces produits, je constatai que
ceux que j'avais mis en tubes scellés avaient conservé leurs propriétés
phosphorescentes ; il n'en était pas de même des autres qui les avaient
perdues, ou chez lesquels elles n'étaient perceptibles, après exposition à
une vive lumière, qu'à la condition d'être observées après un séjour
prolongé dans une chambre absolument noire. L'action de l'air extérieur
avait donc peu à peu enlevé à ces sulfures leur propriété.
M. Mourelo avait en 1897 (') fait une étude de la stabilité de la phosphorescence
des diverses variétés de sulfure de strontium qu'il avait préparées. A cet efTet il les
exposait, dans des tubes ouverts aux deux bouts, pendant 3 heures, à l'action des
rayons solaires, la température ambiante étant de 45°. Il reconnut que, pendant la
(') Comptes rendus, t. ClII, 1886, p. 600, et t. CIV, 1887, p. 5o6.
(*) Comptes rendus, t. CXXI\', 1897, p. 1024, 1287 et i544, et t. C\XV, 1897,
p. 462, 775 et 1098, etc.
(') Comptes rendus, t. GXXV, p. 462.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 297
durée de cette expérience, la phosphorescence du sulfure de strontium perdait beau-
coup de son intensité, lorsqu'il résultait de la réduction du sulfate ; un peu moins s'il
provenait de l'action du soufre sur le carbonate. Dans ces deux cas, il constatait une
transformation du sulfure en sulfate. Le produit obtenu suivant les indications de
M. A. Verneuil, dont les grains étaient comme vernissés, paraissait inaltéré après
l'opération. Mais, si on la réitérait plusieurs fois, sa phosphorescence s'affaiblissait
graduellement.
11 résuUait de là que le sulfui'e de sli'ontium, quel que soit son mode de
préparation, peut subir, de la part de l'air, dans les circonstances indiquées,
une altération qui en affaiblit la phosphorescence.
Très longtemps avant ces recherches, M. Abney ( ' ), opérant sur du sul-
fure de calcium phosphorescent en suspension dans l'eau, avait montré
qu'il perd lentement sa propriété et qu'elle disparaît complètement au bout
de 4 mois.
Ces résultats établissaient que la phosphorescence des sulfures de calcium
et de strontium et, vraisemblablement aussi, celle du sulfure de baryum
pouvaient s'atténuer lentement, puis s'éteindre sous l'action prolongée de
l'air et de l'eau. Si les échantillons de ces sulfures, préparés en 1^97 et
conservés dans des vases incomplètement fermés, se retrouvaient, en 1903,
peu ou pas phosphorescents, tandis que ceux qui étaient restés en tubes
scellés n'avaient rien perdu de leurs propriétés, il était naturel de supposer
que l'air humide agissant sur les divers sulfures, qui constituent chacun
de ces produits complexes, pendant 6 années, les avait en totalité ou en
partie transformés en sulfates qui ne sont pas phosphorescents. Il résultait
de cette induction qu'il y avait des chances de restituer à ces produits mo-
difiés leurs propriétés initiales, en ramenant par une action réductrice le
sulfate formé à l'état de sulfure. Pour en contrôler la valeur, j'essayai l'ac-
tion de l'hydrogène à haute température. Voici la manière d'opérer que
j'ai pratiquée en 1908 :
Je plaçais la matière à revivifier dans un tube effilé à une extrémité, formé d'un
verre aussi peu fusible que possible, logé dans une gouttière de tôle, garnie d'une
mince couche d'amiante, et disposée sur une grille à analyse, chaufTée par une rampe
de becs de gaz plats. L'autre extrémité du tube restait en relation avec une grande
éprouvette à ponce sulfurique, desséchant au passage l'hydrogène d'un réservoir.
Je chassais de l'appareil l'air qui sortait par la pointe effilée du tube, remplacé par
l'hydrogène, et je chauffais graduellement le tube de manière à l'amener à la tempéra-
ture de ramollissement du verre, que je maintenais de i5 à 20 minutes pendant les-
(') Philosoplucal Magazine, 3" série, t. Xlll, 1881, p. liia.
298 ACADÉMIE DES SCIENCES.
quelles passait le courant d'hydrogène. J'arrêtais alors le courant et fermais au chalu-
meau la pointe du tube dont le contenu se refroidissait dans une atmosphère d'hydro-
gène. Pendant cette opération, dès que le tube était arrivé à la haute température, il
se produisait une série de petites explosions qui indiquaient évidemment la combi-
naison de l'hydrogène avec l'oxygène de la matière, et en même temps il se condensait
des gouttelettes d'eau sur la partie du tube qui n'était pas chauffée, et souvent il se
déposait un peu de soufre. Après le refroidissement, les produits de cette opération
étaient devenus très brillamment phosphorescents.
J'ai conservé, dans des tubes de verre, scellés à la lampe, les résultats d'une
quinzaine d'expériences réalisées en mai igoS sur des sulfures de baryum,
de strontium et de calcium, et sur des mélanges de sulfures de baryum et
calcium, ainsi que de sulfures de strontium et calcium préparés en 1897.
Ils n'ont, depuis cette revivitication, rien perdu de leurs propriétés phospho-
rescentes, récupérées par l'action de l'hydrogène à haute température.
Détourné de cette étude, en igo'i, par d'autres recherches, je n'en ai pas
publié les résultats. Mais, comme il n'est pas à ma connaissance que cette
question ait été traitée jusqu'aujourd'hui, j'estime qu'il n'est pas inutile de
les signaler; je vais indiquer de plus les expériences nouvelles que j'ai ré-
cemment réalisées pour en élucider le mécanisme.
1° Expériences sur le sulfure de baryum en petits fragments. — La
matière première préparée en 1897 et contenue dans un vase mal fermé
n'était, en mars 1903, que peu phosphorescente; elle l'était moins encore
en décembre 1909. Il fallait séjourner longtemps dans la chambre noire pour
saisir la faible lueur qu'elle émettait, après exposition à une vive lumière.
J'ai cherché si la revivitication de ce sulfure de baryum ne pourrait pas
être réalisée par l'emploi de la chaleur sans hydrogène.
En le soumettant au chauffage, dans les conditions des expériences de igo3, j'ai
reconnu qu'on ranime une très faible phosphorescence en le maintenant pendant
i5 à 20 minutes à la température de ramollissement du verre de Bohême. Un second
chauffage pareil dans le même tube n'a pas produit d'augmentation dans l'intensité de
la phosphorescence. Mais, en chauffant de nouveau la matière laissée dans le même
tube, pendant le même temps, et la faisant traverser par un courant d'hydrogène sec,
j'ai constaté que les petites explosions indiquées plus haut se produisaient, avec
dégagement de vapeur d'eau. Le produit obtenu, examiné après refroidissement dans
une atmosphère d'hydrogène et, plus tard, après remplacement de l'hydrogène par
l'air, était doué d'une vive phosphorescence d'un jaune d'or très brillant.
La même matière première, chauffée immédiatement, dans les mêmes
conditions et traversée par un courant d'hydrogène sec, donne le même
résultat. D'où il faut conclure que la chaleur seule n'a qu'une très faible
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 299
influence pour ramener la phosphorescence du sulfure de baryum, tandis
qu'elle est pleinement rétablie par un courant d'hydrogène agissant, pendant
le même temps, à la même température.
2° Expériences sur le sulfure de baryum pulvérulent . — J'ai effectué ces
expériences parce qu'il a été affirmé que les sulfures alcalino-terreux en
grains ont une phosphorescence qui perd beaucoup de son intensité par la
pulvérisation.
La poudre que j'ai employée provenait d'une opération faite aussi
en 1897, contenue, depuis cette époque, dans un vase mal fermé et n'ayant
qu'une phosphorescence extrêmement faible. Je l'ai chauffée seule, pendant
20 minutes, dans un tube de verre fermé à une de ses extrémités et effilé, à
l'autre, en une pointe ouverte pour la sortie de l'air provenant de la dila-
tation et que je fermais au chalumeau à la fin de l'expérience. Après
refroidissement j'ai constaté que la phosphorescence s'était accentuée
davantage, mais restait faible.
Le tube, remis en place et chauffé pendant le même temps à la même
température dans un courant d'hydrogène sec, s'est trouvé, après refroidis-
sement, très brillamment phosphorescent.
3° Expériences sur du sulfure de baryum altéré par l'eau et l'air. — Enfin,
j'ai soumis aux mêmes épreuves un sulfure de baryum phosphorescent
dont j'avais modifié la propriété de manière à la rendre très difficilement
appréciable. Je l'avais, à cet effet, soumis à des séjours très nombreux et
longtemps prolongés dans l'eau, à la température d'environ 20°, alternant
avec des dessiccations au contact de l'air.
Soumis à l'action seule de la chaleur, et comparé, après refroidissement,
au produit non chauffé, pris comme témoin, il s'est montré plus phospho-
rescent. Chauffé ensuite dans un courant d'hydrogène sec pendant le même
temps et à la même température, il brillait, après le refroidissement ('),
d'un vif éclat, après exposition à la lumière du jour.
Les mêmes expériences répétées sur d'autres échantillons de sulfure de
baryum m'ont donné les mêmes résultats.
Expériences sur le sulfure de strontium. — J'ai réalisé des séries d'expé-
riences semblables aux précédentes et dans les mêmes conditions sur le sul-
fure de strontium.
(') J'insiste sur celle condition, car j'ai toujours constaté que le tube contenant ces
produits, exposé en pleine lumière et observé encore chaud, ne me semblait pas phos-
phorescent.
3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
.l'ai utilisé des échantillons de sulfure phosphorescent préparés en 1897.
Depuis 12 ans, ils étaient contenus dans des vases mal fermés et s'étaient
modifiés au point que leurs propriétés phosphorescentes étaient à peine
perceptibles.
Soit en fragments, soit en poudre, ils se sont comportés de la même
manière. Chauffés seuls, ils ont retrouvé un peu de leur propriété phospho-
rescente; soumis pendant le même temps aux mêmes températures à l'action
d'un courant d'hydrogène sec, ils ont dégagé de la vapeur d'eau en produi-
sant une série de petites explosions et sont devenus brillamment phospho-
rescents. Il en a été de même des produits phospiiorescents que j'ai intention-
nellement altérés par de nombreux séjours alternatifs, à la température
de 20", dans l'eau et dans l'air.
Je mentionnerai enfin des expériences semblables sur le sulfure de calcium
associé au sulfure de baryum et au sulfure de strontium et qui, réalisées
dans les mêmes conditions, ont présenté les mêmes caractères et donné les
mêmes résultats.
NOMINATIONS.
M. le Prince Roland Bonaparte est désigné par l'Académie pour faire
partie de la Commission chargée d'examiner le vo'U émis, dans la séance
du 24 janvier 1910, par M. Grandidikr, relativement à la Carte interna-
tionale de la Terre à ,,.,.', „^„.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Associé
étranger, qui occupera l'une des places créées par 1» Décret du 10 dé-
cembre 1909.
Au premier tour de scrutin, le nomlirc de votants étant '\o,
M. van derWaals obtient 36 suffrages
M. Hittorf » 3
M. van 't Hoff « i
M. VAN DER Waals, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est
proclamé élu. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président
de la Képublicpie.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 19I0. 3oi
CORRESPONDAIVCE .
M. le Secrétaire de i.'Aéro-Ci.ur de France adresse à l'Académie en
double exemplaire une réplique de la médaille offerte à M. Cailletet à
l'occasion de son Jubilé académique.
Ces exemplaires seront déposés dans le médaillier de l'Académie.
M. Adolf von- Baeyer, élu Associé étranger, adresse des remerciments à
l'Académie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, l'Ouvrage suivant :
Associazione internazionale. délie Accademie : Helazione dclle adunanze
tenute in Roma dal Comitato nci giorni i-3 giugno 1909 nella sede délia
R. Accademia dei Lincei.
Le Recteur et le Sénat de l'Université de Leipzig adressent à l'Aca-
démie cinq Volumes publiés à l'occasion du Sco*^ anniversaire de la
fondation de cette L niversité; l'un de ces Volumes est intitulé : Die Inslitule
iind Serninare der philosophischen Facilitât an der Vniversitât Leipzig. 2.
Teil : Dicmathematisch-naturwissenschaftlicheSektion.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète Innés (1910 a), faites
à l'Observatoire de Lyon. Note de MM. LrizET et J. Guillaume.
Observations de la comète.
Etoiles »^ — * Nombres
Dates de - — — — ^ de Obser-
1910. comparaison. Aa. a5. comparaisons. valeurs.
Janvier 26 «, BD — 2,5533 h-o.i4,52 + 5.32,9 (i :6 J. G.
29 6, L!D4-o,475o — o.i5,55 -t-i3.52,6 6:6 J. G.
3o c, BD-M,45i7 — 1.46,22 — 12.39,1 16 : i5 M. L.
3a c, BD-(-i,45i7 —1.44,69 — 12.14, 4 12: 12 J. G.
3o rf, BD-hi ,45i8 —1.55,46 —5.19,5 12:7 M. L.
3i e, BD-h2,44'4 —6.57,06 + 6.09,4 9: 10 M. L.
3i /, BD-h2,44o4 —4.28,82 —10.44,8 8:8 J.G.
3o2
ACADEMIE DES SCIENCES.
Positions des étoiles de comparaison pour igio,o.
Ascensions
Réduction
Réduction
droites
au
Déclinaisons
au
*
moyennes.
jour.
moyennes.
jour.
a. .
h m s
21 .20.27,37
— 1,92
— 2.22.34,3
— •o','7
b..
2 1 .30.48,26
-1,88
-!-0;34.35,0
— 10,7
c . .
21 .34 . Ô9,3o
— 1,88
-hi .5o. 17,9
-10,6
d..
21 .35. 10,94
-1,88
-hl .43.53,0
— 10,6
e . .
21.42.40,17
-1,86
4-2. 16. 9,7
-10,6
/••
21 .40. i4, 77
-.,87
+ 2.34.43,5
— 10,6
A. G. Strasbourg, 7481
A.G. Nicolajew, 6473
A.G. Albany, 7565
A.G. Albany, 7567
A.G. Albany, 7601
A.G. Albany, 7693
Positions apparentes de la comète.
Dates
1910.
anvier
26
»
29
»
3o
»
3o
»
3o
»
3i
„
3i
Temps moyen Asc. droites Log. fact. Déclinaisons Log. fact. Obser-
de Paris. apparentes. parallaxe. apparentes. parallaxe, vateurs.
h m s b m s o , „
5.52.57 21.20.39,97 -1-9,600 — 2.17.12,1 -(-o,8oi J. G.
6.10. 6 21. 3o. 30,82 +9,607 +0.48.16,9 +0,796 J. G.
5.55. 5 21.33.11,20 +9,602 +1.37.28,2 +0,794 M. L.
6. 8.34 21.33.12,73 +9,607 +1.37.52,9 +0,795 J. G.
6.25.26 21. 33. i3, 60 +9,612 +1.38.22,9 +0,796 M.L.
5.55.24 21.35.41,25 +9,6o3 +2.22.58,5 +0,793 M.L.
6.23.58 21.35.44,08 +9,612 +2.23.48,1 +0,795 J. G.
Remarques. — Les observations ont été faites à réquatorial coudé, par M. Luizet
(M. L.), et à réquatorial Briinner, par M. Guillaume (J. G.).
Les 21, 22, 25 et 28, la comète a été vue, mais les nuages ou l'absence d'étoile
visible dans son voisinage ne nous ont pas permis d'en avoir des positions exactes.
Le 26, elle était moins brillante que les jours précédents ; sa queue, dont Texlrémité
était incurvée vers le Sud, avait une longueur d'environ 25°.
. Les 29 et 3o, la queue avait une longueur de près de 3o° et, à i5° du noyau, sa
largeur était d'environ 1° ; elle était bien limitée au Nord, moins bien au Sud, et son
extrémité se confondait, comme éclat et comme teinte, avec la lumière zodiacale.
Le 3i, l'éclat avait sensiblement diminué et, i'i 7'' du soir, la queue, dont l'extrémité
était toujours recourbée vers le Sud, cessait d'être visible à 22° du noyau.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910.
3o3
ASTRONOMIE. — Sur la comète ipro a. Observations faites à Nice, par
MM. Javelle, Charlols et Schaumasse. Note transmise par M. Bassol.
Dates.
1910.
Janv. 2.j.
.) 26.
Févr.
Temps moyen
de Nice.
. 5". 54" 26'
5.56.24
. 6.17.23
5. 58.. 46
. 6. 7.17
Équatnrial de o'",76 d'ouverture (.Tavelle).
—0.80,17 — o.3o,6
-+-o.ii,5iS -1-4.49,0
— 3. 8,39 — 1 . 20,8
+ 1. 4,54 -M. 10, 9
-ho. 27, 1 1 — 5.29,0
Nonil)rc
de
Log. fact.
Log. fact.
compar.
a.ppur. «.
parallaxe.
ô appar. $.
parallaxe.
*
•7: 9
Il III s
21 . 16.33, 12
Ï,6l3
— 3.35.87
8
0,79'"
1
20: 10
21 .20.37,08
T ,6i3
— 2 . 1 7 . 56
0
0,792,,
2
12: 4
21.24.16,88
1,628
-I. 8.20
9
0,786,,
3
1 5 : 1 0
2 1 .37.59,56
T,6i8
-1-3. 4-23
8
0,779,,
4
21.40.10,80 1,628 -1-8.48. 8,0
79«
Equatorial de o'",38 d'ouverture (Cii.\rlois).
Janv.
25. .
5.
46.43
— 0.81,86
-0.58,5
18:
8
21
.16.81,43
T,Go8
-3.86.
•j, 7
0
792,
»
25. .
5
46.43
— 1 . 1 2 , 5 1
-5. 6,6
18 ;
8
2 1
.16.81 ,4o
î,6o8
-3.86
6,8
0
792
»
26..
5
54 . 36
+0.11,88
-1-4 -40, 2
20;
10
21
.20.86,83
T , 6 1 3
-2.18.
4,8
0
790,
Févr.
1 . .
. 6.
16.41
-1- 2 . 6 , 3o
-M. 38, 5
i4:
10
21
.38. 1,32
1,626
+3. 4.
5 1 , '1
0
780,
»
2 . .
. 6
10. 22
-1-2. 18,28
+ 2.46,0
18
8
2 1
• 4o- 1 1 ,4 1
1,624
-1-3.43
11,6
0
778
Jan\
Fév
Remar/iucs. — Janvier 25. — La coniùle a un no\au rond, bien défini, de 10" de dia-
nièlre; on aperçoit dislinclenienl deux aigrettes symétriques par rapport au nojau.
La queue, plus brillante sur les bords, est dirigée dans l'angle ae position de 36°.
Février 1. — La comète a sensiblement diminué d'éclat; on ne voit plus les deux
aigrettes signalées le 26 janvier.
Février 2. — La comète est encore plus faible que la veille; son nojau est main-
tenant allongé.
lùiuatorial coude de o'",4o d'ouverture (SriiAi'M.\ssE).
21.16.82,61 î,6o6 — 3.85.46,7
21.16.86,44 1,628 — 8.34.27,8
21.20.86,89 T,6ii — 2.18.11,4
21.24.17,78 1,625 — 1. 8.1 5,1
2 1.38. o,5i 7,625 +8. 4 .40,9
:>, 1 .40. i2,o3 1,628 +3.43.36,()
25
'). 5.53.26
— 1 . 1 I ,3o
— 4.4tJ, J
12:
8
25.
... 6.16.21
—0.26,85
+0.89,4
16
8
26.
... 5 . 5 1 . 5 1
+0.10,94
+4.33,6
18:
10
27.
... 6.15.23
-8. 7,54
— I . 20 , 4
l.J
10
1.
... 6.i3.3o
— 5. 55 , 20
—0.58,7
i5:
10
2.
6.28.25
+0.28,34
5 . 0 , 4
i3
9
8 .
... 6.80.88
— 1.43,99
-7.80,2
i5
10
0,
792
6
0,
7*^9
I
0,
789
2
0
786
3
0
780
8
0,
780
5
21 .42 . 15,6.1
^63o +4.19.16,9 0,781
(M Observation faite par M. Simonin.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 15U, N° 6.)
4i
3o4
ACADEMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des étoiles de comparaison.
« nioyeune
Uéiluction .
■ i moyenne
Rédiiclion
• •
Gr.
1910,0.
ail jour.
1910.0.
au jour.
Aulpi'ités.
I
8,()
Il m ^
21.17. 5,22
-1,93
-3° 34. 56", 4
— 10", 8
Strasbourg, 7457
2
8,1
21 . 20.27,87
— 1,92
— 2.22.34,3
— 10,7
Strasbourg, 7481
3
9.2
21 .27.27,17
— 1,90
— I. 6.44,4
— 10,7
Kam,, 5556
4
9.0
21 .35.56,89
— ',87
-1-3. 3.20,6
— 10,7
A.lbany, 7072
ô
8,9
21 .30,45,55
— 1,86
+3.48. 4-, 7
— 10,7
Albanj, 7590
6
7,0
21 , 17,45,84
— I ,93
--3. 30.49, 4
-10,8
Strasbourg, 7464
;
9''
21.38. 0,07
— 1,86
-t-3.4o.36,3
— 10,7
Albany, 7588
8
9.2
21 .43.57,57
— 1,86
-t-3. 5.5o,2
— 10,6
De Bail, 33-
9
8,8
21.44. 1,49
-1,85
-t-4.26.57.7
— M. ,6
Alljany. 761 1
ASTRONOMIE. — Observations de la comète 1910a, faites à l'Observatoire
de Marseille au chercheur de comètes de o", iG d'ouverture libre. Note de
M. B0RRELI.Y, présentée par M. 11. Baillaud.
Dates.
inio.
Janv. 23.
» 26.
» 27.
" 29.
» 3o.
Févr. I .
» 3.
Temps muyei
de Marseille.
Il in >
6 . I 7 . 36
6.16. 7
— I. 4,09
-t-o. 16, 3i
6. 6. 5 —8.37,20
6. 5.39 —7. 4 j ■'• '
5.59.35
6.20. 5
6. 18.27
— 1.47,58
—6.57,79
— 0.21 ,33
Ay.\
+ 3. 7,0
— 6. 6,8
— 20. 18,4
4- 4.46.1
-(-i3. 0,6
<le
comp.
3:3
M apparenle.
Loy. fact.
parall.
Log. fact.
'J. apparente. parall.
2 : 2
3:3
5 : 5
2 I . I 6 . 39 , 96
21.20.41,74
21 .24. 17,45
91 .3o. 32, 24
21.33. 9,89
î.63i 98.34. 6,9 — 0,790 a
î,63i 92.16.39,0 — 0,789 b
1.626 91. 8. 7,3 — 0,788 (■
1.627 89,12.26,2 — 0,784 d
î,625 88.22.5o,8 —0,782 e
+ 0.20,3 3:3 21.38. 2,53 -+-T,634 86.54.55,2 —0,782 /
— 20.28,8 6:6 21.43,15,80 -f-ï,635 85,40.29,5 — 0,779 o
Etoiles de comparaison pour 1910,0,
G'. M. inoyenno. au jour. 'i ino^entie.
Il in 9 s II > „
7.0 21,17.45,97 —1,92 93.80.49,1
8.1 21.20,27,35 — 1,92 92.22.35,0
6,7 21.82.56,54 — '189 90.47,38,3
6 21,37,88,82 — 1,87 89, 7.29,5
5,1 21.34.59,35 -1,88 88. 9.39,6
9,0 21.45. 2,18 —1,86 86.54,34,3
7,7 21.42.88,51 — 1,85 86. 0.47,6
•10,8 5387 Warscliau
-10,8 5401 A\ arscliau
■10,6 5888 Radclift'e, cat. 1891)
-10,6 1640 Radclitle, cat. 1900
-10,6 7565 A. G. Albany
-10,6 7619 A- G. Albany
-10,7 7600 A. G. AlbaiiN
liemar<mes. — Le 3 février l'éclal de la comète a çoiiaidérableuienl diiuinué; le
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 3o.5
novaii esl presque complèlement dépourvu de clievelure du côté dirigé vers le Soleil.
La queue, moins large, est toujours longue, mais plus faible et uniforme.
(Les logarithmes facteurs parallaxes ont été calculés avec des Tables construites
avec la valeur 8", 85 de la parallaxe solaire.)
ASTRONOMIE. — Observations de la comète igioa, faites à l'Observatoire
(le Marseille {équatoi-ial d'Eichens de o"", 26 d'ouverture). Noie de
M. CouGiA, présentée par M. B. Baillaud.
Dates.
Temps moyen
de
Log. fact.
Log. fact.
1910.
de Marseille.
AJI.
Ay:\
comp.
ai apparente.
parall.
^i apparente.
parall.
anv. 25.
Il m s
5.03.16
-.".' 9.86
-H 4-23
,4
l5: 5
h m s
21 . 16.34 ,o3
-T-T,6l3
93" 35'. 23", 6
-0,786
» 26.
6. 2.55
+ 0.18.99
— 5.25
3
12: 6
21 .20.39,44
+Ï,6l8
92.I7-I9.7
—0,783
» 29.
6, 5.46
-0.17.89
-i3.35
6
i4: 8
21. .30. 28, 24
+ T,622
89.12. 0,8
—^'111
.. 3o.
5.47. 3o
-'•47-97
+ I3.22
0
i5: 10
21.33. 9,5i
+T,6i3
88.23. i3, 4
-0,774
» 3o.
G. 8.45
— 1.57.68
+ 6.27
4
i5: 10
21 .33. 1 1 ,49
+T,624
88.22.42,2
— 0,776
év. I.
6 . 1 5 . 1 0
— 1.42.78
-17. I
2
i5: 10
21.38. 1,72
+1,628
86.55.14,0
—0,774
)> 3.
. 6. 5.33
—0.22.43
— 19,52
2
i4: 7
21.42.14,29
-1-1,626
85. 4i. 6,2
— 0,770
1 7,0
2 8,1
3 7.4
4 5,5
5 8,0
6 8,6
Positionx moyennes des étoiles de comparaison 1910,0.
^S moyen 11
M moyenne.
h m 8
21.17.45,82
2 1 .20.27,36
21 .30.48,02
21 .34.59,36
21 .35. II ,o5
21.39.46,36
21.42.38,57
Réd.
au jour
Kéd.
;iu jour.
-1,93
— >,9'
-•,89
— 1,88
-1,88
-1,86
— 1,85
93.30.49,4
92.22.34,3
89.25.25,7
88. 9.40,8
88.16. 4,2
87.12. 4,5
86. 0.47,7
-10,8
-10,7
-10,7
10,6
io,6
-10,7
7464 AG., Strasbourg
7481
i63o Radclill'e, 2" cat.
i636 » »
7067 AG., Albany
7591 AG., Albany
7600 AG., Albany
1900
Janvier 25. — Ciel très pur. .\. l'œil nu, la comète est brillante, la queue a en-
viron 15" et se divise en deux branches, l'une recliligne, l'autre se recourbant en
panache.
Dans la lunette, le no\au est rond, remarquablement brillant et net; il donne l'im-
pression d'un objet sphérique bien défini. Sa couleur est blanche, légèrement verdàtre.
La queue est de même nuance et se divise en deux branches, ne laissant entre elles
qu'un espace obscur assez restreint. Elles sont beaucoup plus éclaiiées sur leurs bords
extérieurs. Celle dont l'ascension droite est plus faible est plus lumineuse et paraît se
recourber légèrement en avant. Une aigrette d'environ 4' se dirige vers le Soleil.
3oG ACADÉMIE DES SCIENCE^;.
Janvier 3o. — A l'œil nu, la conièie est très affaiblie; la queue a environ 3o°, mais
elle est très peu lumineuse.
Dans la lunette, le noyau ne devient \isibie (ju'un peu aprè^ l'étoile 25 Verseau
donnée gr. 5,i par Albany et gr. 5,5 par RadcHfle 2.
Ce noyau est rond et a environ 5" de diamètre; il fait masse avec la chevelure dont
l'éclat diminue uniformément jusqu'il la périphérie. La queue devient plus sombre
vers l'intérieur, mais ne présente pas de séparation dans le sens longitudinal.
CHRONOMÉTRIE. — Comparaison de chronomètres ou de pendules à distance
par la méthode des coïncidences au moyen de signaux radiotétégra-
phiques. Note (') de MM. Claude, Ferkié et Drie.vcourt, présentée
par M. H. Poincaré.
Dès que la télégraphie sans fil est entrée dans la pratique, on a naturel-
lement songé à l'utiliser pour comparer deux insti^uments de mesure de
temps placés en deux lieux plus ou moins éloignés, en vue d'obtenir la diffé-
rence de longitude des deux lieux ou la différence des états des deux instru-
ments sur le teinps d'un même lieu suivant que la différence de longitude
est l'inconnue ou ime donnée.
Les expériences faites en 1904 et 1903 par M. Albrecht, de Flnstitut géo-
désique de Potsdam, ont montré que la télégraphie sans fil peut remplacer
simplement la télégraphie ordinaire pour l'envoi des signaux. Il nous a paru
(pic, au procédé chrono graphique employé par le savant géodésien, il y au-
rait avantage à substituer celui des coïncidences téléphoniques.
M. I']. Guyou a rendu compte ici même (-) des résultats des comparaisons
effectuées en 1906 entre Paris et Brest par ce dernier procédé et montré
qu'il ne comporte pas d'équation personnelle et tju'il est susceptible d'une
très haute précision (()'',oo3 dans de bonnes conditions).
D'autre part, dans la télégraphie .sans fil, on tend de plus en plus à
renqjlacer l'appareil enregistreur du récepteur par le téléphone.
H paraissait donc indi(jiié, pour obtenir le maximum de précision dans
les comparaisons à l'aide de signaux de T. S. F., d'appliquer la méthode des
co'incidenccs téléphoniques; pour cela il fallait imaginer im système per-
mettant d'envoyer des sortes de battements radiotélégraphiques aussi nets
que possible à des intervalles réguliers très légèrement différents d'un
(') Présentée dans la séance du 3i janvier 1910.
(') Voir Comptes rendus, t. G\LII, 18 juin 1906, p. 1879.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 3o7
multiple de ceux des battemenls des instruments à comparer. Voici celui
que l'un de nous s'était chargé de présenter à la Commission interministé-
rielle de T. S. F. :
Un pendille oïdinaire OA, à snspension à ressort, porte, fixé transversalement sur
sa tige, une barrette en ai'gent m. De part et d'antre de cette pièce sont disposés deux
contacts circulaires en fd d'argent c, c' pinces dans des glissières auxquelles des vis
niicromélriques fixées aux supports v, c' permettenl de donner de légers déplacements
dans le sens horizontal. Les supports sont mis en circuit avec une pile et un relais qui
commande le manipulateur à relais de la T. S. F. On voit par les figures i et 2 qu'à
chaque passage par la verticale, le pendule ferme le circuit du relais pendant un temps
■qu'on peut régler au moyen des vis micrométriques de manière à provoquer la produc-
tion certaine d'un signal radiolélégrapliique à chaque battement.
y
Le Bureau des Longitudes nous ayant invités au mois de novembre
dernier à expérimenter ce système avec le concours de la station radiotélé-
graphique militaire de la Tour Eillel et les ressources de l'Observatoire
de Monlsouris gracieusement mises à notre disposition par son directeur
M. Guyou, un pendule à entretien électromagnétique, du modèle de
M. Lippmann, muni du dispositif spécial décrit ci-dessus, fut installé
contre un pilier du poste souterrain, et les expériences dont le programme
avait été approuvé par le Bureau des Longitudes commencèrent aussitôt.
3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il s'agissait, en premier lieu, de voir si le pendule proposé, associé à un
manipulateur convenable, était susceptible de donner, dans le téléphone du
récepteur à détecteur électrolytique, un battement et un seul à chaque
passage du pendule par la verticale, autrement dit de provoquer l'émission
d'un train d'ondes et d'un seul, et, en second lieu, de vérifier si ces batte-
ments étaient régulièrement espacés.
Divers essais furent elïectués en intercalant plusieurs espèces de relais
entre le pendule et le manipulateur.
Le meilleur fonctionnement fut obtenu en faisant commander directement
l'électrode du manipulateur par les contacts du pendule. Le manipulateur
est du type à turbine. En réglant convenablement les divers organes et
appareils et en tenant compte de leurs inerties mécaniques et électriques,
on arrive assez aisément à ne produire qu'une seule étincelle à chaque os-
cillation du pendule.
Il a été reconnu nécessaire de donner aux oscillations de la barrette m une
amplitude assez grande et constante. Ce résultat est obtenu aisément au
moyen du dispositif d'entretien électromagnétique.
Des récepteurs provisoires ont été établis en transformant des récepteurs
électroly tiques portatifs de manière à permettre de percevoir dans les télé-
phones les battements d'un chronomètre placé à proximité en même temps
que les battements radiotélégraphiques du pendule.
On a donné au pendule une avance sur le chronomètre aussi faible que le
permettait sa longueur, un battement en 88 secondes.
Des comparaisons par coïncidences faites en local ont montré : \° que
l'erreur sur une coïncidence ne dépasse pas un battement du pendule;
2° qu'il n'y a pas de variation appréciable dans le retard de l'étincelle sur le
passage du pendule par la verticale; 3° que la méthode ne comporte pas
d équation personnelle; 4" que les moyennes de 8 comparaisons faites si-
multanément par deux observateurs s'accordent à moins de i^ de seconde.
Des comparaisons par coïncidences de deux chronomètres (l'un, temps
sidéral; l'autre, temps moyen) ont été effectuées dans la soirée du 1 8 janvier
entre l'Observatoire de Paris et l'Observatoire de Montsouris, où des postes
récepteurs avaient été installés avec de petites antennes fie manière à se
trouver dans les conditions de réception de signaux venant d'un poste très
éloigné, l^es comparaisons radiotélégraphiques furent précédées et suivies
de comparaisons directes par téléphone.
Les observateurs étaient MM. Claude et Lancelin à Montsouris,
Driencourt et Lamotte à l'Observatoire.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 809
Sept séries de 180 battements chacune furent envoyées par le poste de la
Tour Eillél. Dans les quatre premières, il y eut plus ou moins de ratés dus
à un réglage insuffisant du pendule et du manipulateur. Les trois dernières
furent parfaitement envoyées.
Le Tableau suivant donne pour MM. Claude et Driencourl les diilérences
entre la comparaison téléplioni(|ue de 9'' 55"" 5o* et les comparaisons radio-
télégraphiques ramenées à g^'b^'^Bo^ au moyen de la marche relative
moyenne des deux chronomètres entre 9''55"'5o*' et 1 1''24"'39'* :
séries. l'reiiiièro sorie. (JualriiMiic MTic Cingiiiùiiio M-rir. Sixième sêrir. Seplièmc s
Heures des compa- 1^ .^i.,',™ 10". j j"3i- ,0"!,!,"' i,>''l,b" in»,,.. ,o''53" lO-S.S." io''59- iii-o'
raisons. I
Comparaison téléplio- 1
nique — comparai- _ ^o',oo3 -t-0',003 — o%oi4 — o%o3i — o',024 — o',q33 — o-,020 — oSo35 — o-,o2.', — o%o
sons radiolélégra- (
phiques. '
L'allure de ces différences indique que la marche relative des deux chro-
nomètres a dû varier entre 9'' j5'"5o'' et 1 1''24'"39'. Si l'on prend les compa-
raisons téléphoniques, on voit qu'elle a varié en effet notablement dans
le cours de la soirée. A partir de )o''i4™, il convient d'adopter la marche
relative fournie par les comparaisons radiotélégi^aphiques elles-mêmes. Les
différences comparaison téléphonique — comparaisons radiotélégraphiques
deviennent ainsi :
— o%oo3 -t-o%oo2 — o%ooi — o\oo9 — o%ooi -+-o^,oo5 +o%oo;) ^o%oo2 — o%oio — o=,oo8
Une seule atteint o%oi. L'erreur moyenne d'une comparaison isolée
ressort ainsi à ±; o*, oooG.
Les dernières séries observées par MM. Lamotte et Lancelin donneraient
sensiblement les mêmes résultats. On peut donc d'ores et déjà affirmer que
le nouveau procédé de comparaison à distance, dont il est inutile de signaler
les avantages, donne des résultats exacts à moins de o%oi .
Ces expériences ont été faites avec la collaboration d'astronomes de
l'Observatoire de Paris et d'un officier de la Section de Géodésie du Service
géographique de l'Armée. M. le capitaine Fracque secondait ou suppléait
le commandant Ferrie au poste de la Tour Eiffel.
Elles devaient continuer par des comparaisons entre Paris et Brest. Les
dommages causés à la station radiotélégraphique nous obligent à les in-
terrompre momentanément.
JIO ACADEMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur les systèmes et les congruences K.
Note de M. A. Demoulin.
Reprenons les surfaces (M(,), (M,), (Mo), (M3) envisagées dans notre
Note du 17 janvier 1910. 11 est clair que leurs plans tangents passent par
un même point O situé sur l'axe a du cercle (F).
Désignons par ik une quelconque des combinaisons 01, 02, 23, i3. Les
surfaces (M,), (M^.) se correspondent dans une transformation de Ribau-
cour. Soient r/^ la droite d'intersection des plans tangents aux surfaces (M,),
(Ma), F,/( le point d'intersection des tangentes aux courbes (M,„), (Ma„) et
¥'■1^ le point d'intersection des tangentes aux courbes (M,-,,), (M^,,).
Sur les surfaces (M,), (M/;.), le réseau (w, v) étant composé des lignes de
courbure est conjugué; donc, en vertu du théorème de M. Darboux
invoqué dans notre précédente Communication, la droite clj^ est tangente
aux courbes (F,yi„), (F^^„). Comme les droites dj,, concourent en O, les
plans osculateurs des courbes (F^^„), c'est-à-dire les plans tangents aux
surfaces (F^), ont en commun la tangente /' à là courbe (0„). Par suite,
les tangentes aux courbes (F,7,^u) rencontrent la droite t' . Or les tangentes
à deux courbes (F^^y) sont dans un même plan lorsqu'un des indices i, k
relatifs à l'une d'elles est égal à un des indices i, k relatifs à l'autre, et ce
plan est le plan osculateur à la courbe (M„,), s désignant l'indice commun.
Dès lors, les tangeiiles aux courbes (F,^, „) se coupent en un point V de t' et
les plans osculateurs des courbes (M,u) (j = o, 1, 2, [^) passent par ce point.
De même, les tangentes aux courbes (F^^. ,,) se coupent en un point P de
la tangente t à (0,,j et les plans osculateurs des lignes (M,v) passent par ce
point .
Il a clé établi que les tangentes aux courbes (F^;,. ,,_) passent par O et que
les tangentes aux courbes (F;7t,u) passent par P'; or les réseaux («, v) tracés
sur les surfaces (F^) sont- conjugués; donc, en vertu du théorème de
M. Darboux, invoqué plus haut, la droite t' a pour foyers les points O etP'
etw, ('sont les paramètres des développables qu'elle engendre. Dès lors,
sur la surface (O), le réseau (w, v) est conjugué.
Fn appliquant le même raisonnement aux réseaux (m, c) tracés sur les
surfaces (F^^), on retrouve ce dernier résultat, et l'on démontre en outre que
les foyers de la droite / sont O et P.
Laissant de côté ce (jui concerne les surfaces (F^) et les surfaces (F^^.),
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 19IO. 3ll
nous réunirons dans l'énoncé suivant les résultats que nous venons d'ob-
tenir :
Les développahles de la congruence engendrée par la droite a découpent sur
la surface ( O ) un réseau conjugué (u, v).
Si P et P' sont les seconds foyers des tangentes aux courbes ((J^) et (0„),
les plans osculateurs dis lignes de courbure u = const. des surfaces (M) et
des surfaces (M') passent par P et les plans osculateurs des lignes de courbure
V = const. des mêmes surfaces passent par P'.
Supposons maintenant qu'il s'agisse d'un système K de seconde espèce.
Le point O est alors le centre d'une sphère ( S ) inscrite à la quadrique (Q)
suivant le cercle (F).
Envisageons une quelconque des surfaces (M) et une quelconque des
surfaces ( M'). Le cercle (y) qui coupe orthogonalement ces surfaces en M
et M' engendre un système cyclique. Comme il y a ce' surfaces (M) et -x'
surfaces (M'), il y a co- cercles (y); tous sont situés sur la sphère (S).
Lorsque u ( ou r) varie seul, chacun d'eux admet une enveloppe qu'il touche
en deux points; ceux-ci sont situés dans le pian tï, (ou u', ) de la caractéris-
tique de la sphère (S). Désignons par N,, N', les points caractéristiques de
cette sphère, et par «, la droite qui les joint. Des développements qui pré-
cèdent, on déduit les résultats suivants :
1° Les plans des cercles (y ) touchent leurs enveloppes (E) en des points E
situés sur a , .
2" u et (' sont les paramétres des développahles engendrées par a,.
3" Sur la surface (O), le réseau (u, c) est conjugué (résultat déjà obtenu)
et les tangentes t', t aux courbes (O^), (O,,) sont respectivement perpendicu-
laires aux plans 7z^, rJ^.
4° Soient F,, F', les points focaux de la droite a,, ces points étant
choisis de manière que les courbes (F,„), (F',^,) soient tangentes à «,. Les
plans -,, -', sont les plans focaux de a, ; ", est tangent à{F,) et -tî'^, à (F',).
5" Désignons par -, tt' les plans focaux de a, t: étant tangent à (F) et u',
à (F'). D'après le 3°, les plans focaux iz, -' de a sont respectivement perpen-
diculaires aux plans focaux -\, -, de a,.
Les coordonnées d'un point quelconque du cercle (F) ont pour expres-
sions
Xi, x.i, .73, -{(a + -]\J(xB, -(9 )v^<z5,
ç désignant un paramètre variable.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 6.) ^2
3 1-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsque a varie seul, (F) admet une enveloppe quil louche en deux
points 1, T' dont les ^ satisfont à l'équation
, .. Ou , Al
()u
Lorsque v varie seul, (T) admet une enveloppe qu'il touche en deux
points H, H' dont les o sont les racines de l'équation
O^ — 2 Cp .
~d7' . C,
-d^^ C -"•
(Je
On déduit de là les propriétés suivantes :
1° u, V sont les paramètres des développahles engendrées par a (résultat
déjà obtenu);
2° Les plans focaux ir, 7t' de a sont perpendiculaires aux droites HH', H';
3° Le plan <o de (F) touche son enveloppe au point O, d'intersection des
droites II', HH' ;
4° Le point O, est situé sur a,, car, le cercle (F) appartenant à (S), les
droites H', HH' appartiennent respectivement aux plans u,, u,, lesquels se
coupent suivant a^ ;
5° Sur la surface (O,), le réseau (m, v) est conjugué et les tangentes?,, /,
aux courbes (0,„), (O,^) sont respectivement HH', IF;
6" Le point O, est le centre d'une sphère (S,) dont les points caractéris-
tiques sont les foyers N, N' du cercle (F).
Nous aurons à nous appuyer sur les théorèmes suivants :
.SY une sphère passe par les foyers d'un cercle tracé sur une seconde sphère,
elle est orthogonale à cette sphère.
Si deux sphères sont orthogonales, tout plan diamétral de l une coupe l'autre
suivant un cercle dont les foyers appartiennent à la première.
De la première de ces propositions, on déduit que les sphères (S) et (S, )
sont orthogonales. En vertu de la seconde, le plan tangent eu, de la sur-
face (O) coupe (S|) suivant un cercle (F,) dont les foyers appartiennent
à (S); comme le plan w, est perpendiculaire à la droite a,, ces points coïn-
cident nécossaircmenl avec les points N,, N, . Ainsi les foyers du cercle (F, )
sont les points caractéristiques de la sphère (S). D'autre part, m, v sont les
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 3l3
paramètres des développables engendrées par la corde des contacts a^ de
celte sphère. Par suite, lorsque u varie seul, (F,) a une enveloppe qu'il touche
en deux points 1, I^ et, lorsque v varie seul, il a une enveloppe qu il touche en
deux points H , , H, .
D'après ce qu'on a vu plus haut, lorsque u varie seul, la caractéristique
de la sphère (S,) est située dans le plan 71 et, lorsque v varie seul, la carac-
téristique de celte sphère est située dans le plan rJ . Comme le cercle (F.)
appartient à la sphère (S,), on conclut de là que les points I,, \\ sont situés
sur la tangente t à la courbe (O^) et que les points H,, H', sont situés sur la
tangente t' à la courbe (O^).
Reprenons un des cercles (y) définis ci-dessus. La sphère dont les points
caractéristiques sont les foyers de (y) est orthogonale à (S); comme son
centre est situé sur a, (au point E), elle coupe a, en deux points conjugués
harmoniques par rapport aux points N,, jN', et, par suite, elle renferme (F,).
Donc les sphères dont les points caractéristiques sont les foyers des cercles (y)
renferment toutes le cercle (F,).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Une remarque sur les équations intégrales
de première espèce. Note de M. Johaxnes Mollerup, présentée par
M. Emile Picard.
M. Picard (') a trouvé les conditions nécessaires et suffisantes pour que
l'équation intégrale de première espèce
(0 /(^•)^J K(.r.j)F(7)rfy
puisse être résolue. Soient les deux équations conjuguées
i o{x):=.l K{x,y)é(y)dY,
i>{x)-AJ K(j, j:)9{v)£(y.
Il existe une infinité de valeurs réelles de A (qu'on peut supposer positives).
(') Comptes reni/us, i4 et 28 juin 1909. — Rend, del Circolo maleinatico di Pa-
Icrmo.^ t. \XIX, lyio,
3l/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
pour lesquelles ces équations sont satisfaites autrement que pour
(j) (.r)= iji {''f)=^ o.
Soient, rangées par ordre de grandeur,
K h, K ••-, y-n, ...,
ces valeurs de X et les valeurs correspondantes de cp et 'j/
o,, Oo, 93, . . . , 9„, . . . ,
4/,, '^y,, ']>3, ..., d;„,
Les s et ^ forment un système orthogonal. On peut énoncer les condi-
tions ainsi :
I. La fonction donnée f {x) doit être située dans l'espace o , c est-à-dire que
r'' ' [ r'' T"
j f[xydx=^ J /(j")9„(x)ar .
II. En désignant par a„ les coefficients de Fourier de /{■r) relatifs aux cp,
ta série ^ X,', a'I doit être convergente.
La solution cherchée V{x) aura donc relativement aux 9 les coefficients
de Fourier A„«„. Cette solution ne sera pas en général continue. Je vais
démontrer le théorème suivant :
Si ta série ^^X,^ (^i converge., ta série de Fourier
n — \
r''
F(x) =2 '>-n'^n{^r)j f{y)On{y)dy
sera unifor.nérnent corner génie et par suite F(.3;') sera continue.
On peut le démontrer ainsi. On a, en s'inspirant d'un calcul de M. E.
Schmidt,
y},„'|.,(.r)/ /(y)oAy)dyrr,^lf, j K{.r.r)oÀy)dy I f{y)'-?Ay)dy.
l^osons
J^ .tmd ^md
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 3l5
OÙ ^ est la somme des termes qui, pour la valeur considérée de x, sont
positifs. Alors on a, d'après l'inégalité de M. Schwarz,
V>,,^ r K(xr)9,.(/)^yy /(r)9.(7)<>'
= f K{a-y) rfjVo„(y)/^^ f /{y)o,(y)dy
u/fM^ryY-dyL/ f \y^o,.{y)\:.Jf{y)o.{y)dy\ dy.
On a
/"' \^'^^'^yy'"l /(/)?^(.>')<M ''y
= V7»
et, par suite,
^l.'^.U-)j'f(y)o,.{y)dy^^i/j K(x/)^ </ri / V /.; f f{y)o.{y)dy\ .
Donc la série de Fourier
r''
sera uniformément convergente et F(^) sera continue. Cette solulion sera,
dans l'espace 'ji, la seule qui est continue.
L'ensemble des solutions de l'équation (i) consiste en la fonction
trouvée V{x) augmentée d'une fonction de l'ensemble des fonctions qui
sont orlliogonales au système '.j;. Ce dernier ensemble se détermine par une
méthode toute analogue à celle qu'a employée M. Erhard Schmidt(') pour
un problème analogue.
(') Palenno Rend., t. XXV, 190S, n'"* 10 el 11.
3i6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
AAALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les développements procédant suivant les
polynômes hy per géométriques . Noie de M. Nicolas Kryloff, présentée
par M. Emile Picard.
Le problème de la possibilité du développement d'une fonction, dite
arbitraire, d'une variable réelle peut être posé comme il suit : On forme
une série dont la convergence absolue et uniforme est d'avance assurée,
moyennant certaines conditions, et puis on tâcbe de profiter de l'arbitraire
qui intervient dans la série pour l'identifier terme à terme avec le dévelop-
pement, supposé possible, qui représenterait la fonction qu'il s'aj^it de
développer. Ce point de vue paraît d'autant plus légitime que le dévelop-
pement en question, une fois possible, a toujours une forme unique, comme
on sait, et d'autre part la suite des polynômes (les limites des intégrales
intervenant étant finies) forme un système fermé.
Parlons de la série ( ' )
absolument et uniformément convergente aux conditions toutefois que
(i) / ''('ï')/(-^'; -) cU<M el / r(.r) <I>,„(.r)<l>„(x)f/a' = o si m^/i,
et envisageons par exemple les polynômes de Jacobi, vérifiant l'équation
difîérentielle
(i — a,-2)U';„-t-[a — |3 — (<z-i-|3).r]U„, + /«(w — i -t- « + ;5)U„,= o;
une combinaison facile nous donne
^ ' l,n~ pdx '
p et/>, étant des fonctions très simples de x. Intégrons entre — i et s;
remarquons que la constante d'intégration se trouve égale à zéro, et posons
/ p\J,„d.i:—l /(x, z)<i>,„{.r)d.r [on a l'ail eiilrer r(.z-) dans «1>,„ (.<•)].
(') SciiMiDT, Mallu-inattsche Annalen, t. LXIII.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 817
Prenons /(a?, s) ^ o si a? > s et /"(.r, z) ^=:/(x) si a: <^ ^; un calcul immé-
diat donne alors
/(7)' = p(x) = (, +.r)--'(r - .r)P-'
et la condition (i) est satisfaisante si a et ^ sont >• o. D'autre part, on a ( ' )
a.r '
donc nos considérations seront valables pour les polynômes de Jacobi, dont
les paramètres sont plus grands que un.
Pour l'identification des coefficients, il faut s'appuyer sur un théorème de
Riesz, lequel affirme l'existence effective d'une fonction donnée par les
coefficients de Fourier si la somme des carrés de ces coefficients forme une
série convergente. En se rapportant à notre cas, il faut affirmer l'existence
de 4'(^)? telle que
j <^(j')*m(.r)rfj7 = (m-ha-+-(3 — i) f F(,T)/;,(.r)U;„_,c?.r — (w + a + p — i)A,„;
or l'intégration par partie en combinaison avec (3) donne, vu la forme
C ,
de p, (.r), que A,„ = — ^> ou C„, est le coefficient de Fourier de la fonc-
tion — !^- — — ^^ — -; donc pour que 1 L,,„ = 1 A,, w forme une série con-
p ( J' ) Cl.V ri /" m
vergente, ce qui est notre but, les conditions restrictives pour la fonc-
tion F(x) s'imposent, et l'on peut énoncer le théorème:
Toute fonction continue intégrable et de carré intégrable., ainsi que sa pre-
mière dérivée entre — \. et -\- \^ se développe en série absolument et uniformé-
ment convergente, procédant suivant les polynômes de Jacobi, dont les para-
mètres a e/ j3 sont plus grands que un.
Un raisonnement analogue, convenablement modifié, nous montre la
possibilité du développement suivant les polynômes de Jacobi dont les pa-
ramètres a, j3 sont compris entre o et i, à la condition toutefois que ledit
développement soit valable en un certain point entre — 1 et H- i ; les
conditions imposées à F(x) seront ici moins restrictives : il suffitque F(j7)
soit intégrable et de carré intégrable.
Les polynômes de Jacobi n'ont été choisis qu'à titre d'exemple, car
(') PossÉ, Recherches sur les /raclions continues algébri(jues, p. 5o.
3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
loujours l'équation différentielle hypergéométrique donne le moyen de
construire la combinaison analogue à (2), et d'autre part on a, comme on
sait,
ce qui permet de refaire la démonstration dans chaque cas particulier; pour
les polynômes de Lcgendre, par exemple, tout cela se simplilie singulièrement
à cause de ce qu'on a ici p(x)=^ 1. Il va sans dire que la portée de la
méthode est bien plus générale, et même la plupart des restrictions, imposées
à la fonction qu'il s'agit de développer, pourront être levées probablement
dans une large mesure; on peut espérer, par exemple, établir par cette voie
la possibilité du développement procédant suivant les fonctions orthogo-
nales signalées pour la première fois par M. Appell (Comptes rendus, 1H79).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la représentation d'une fonction arbitraire
par une intégrale définie. Note de M. Michel Pi,a\cuerel, présentée
par M. Emile Picard.
1 . A côté des développements d'une fonction en séries de fonctions ortho-
gonales, qui ont fait l'objet de nombreuses et profondes recherches, se placent
des représentations d'une fonction par des intégrales définies. Le type le plus
simple de ces développements
(,) /(•«) = / d^o(s,-^)ff{f)c^it,iJ.)ct(
donne, lorsque A = « = o,B = è = oc,(p(i-, [j.)=::i /-cos^ui, une fornmlebicn
connue de Fourier. Jusqu'à ces dernières années, notre connaissance de ces
représentations intégrales était bornée à celle de quelques cas particuliers tels
que les intégrales de Fourier et de Bcssel ; les méthodes employées pour les
établir donnaient essentiellement des formules de la forme
=jim/ /(
de ces formules on déduisait ensuite les représentations intégrales de la
forme (i\ grâce à des propriétés très particulières des fonctions considérées.
Cette manière de procéder semble difficilement susceptible de généralisation ;
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 3l9
elle a, en toutcas,rinconvénienlde masquer la structure de '^(5, fji) et les pro-
priétés essentielles des deux transformations fonctionnelles successives qui
constituent le second membre de (i). Cette structure et ces propriétés ont
été pour la première fois mises en évidence par la théorie des équations
intégrales singulières, pour lesquelles la méthode de Fredholm n'est plus
applicable. On peut d'ailleurs les obtenir sans avoir recours à cette théorie,
comme nous allons le montrer sur le cas simple du type (i).
2. Soit ù l'ensemble des fonctions de carré sommable, détinies sur un
intervalle fini ou infini (a, b). Une suite [/„ (s)] de l'ensemble (2 converge
en moyenne si l'intégrale de {fm — fn)' étendue à l'intervalle (a,b), tend vers
zéro avec — ; -; il existe alors dans ù une fonction _/(*) unique, vers laquelle
convergent une infinité de suites partielles [/„ ] extraites de la suite [f„] ;
nous appellerons /(^) la fonction limùe de la suite [/„]. Un sous-ensemble e
de Q, est fermé, lorsqu'il contient les fonctions limites de toutes les suites
[/„] de fonctions de e qui convergent en moyenne. Nous définirons mainte-
nant une transformation fonctionnelle linéaire de e par les propriétés sui-
vantes :
1° A toute fonction f{s) de e la transformation fait correspondre une
fonction F(pi) définie sur un intervalle (A,B), de carré sommable sur cet
intervalle; 2° à a,f,(s)-ha.,f.^(s) correspond par la transformation
a, F,([ji.) -1- (:/2F2([a), F, et Fo étant les transformées de Z",,/,; 3° à toute
suite [fp^ convergeant en moyenne vers /correspond une suite [F^] con-
vergeant en moyenne vers la transformée F de f. Il existe pour toute
transformation fonctionnelle linéaire une fonction génératrice <I>(^, ja),
continue en^, jj., possédant des dérivées partielles -r-, -j— de carré som-
mable, la première en s sur (a,b), la seconde en [j. sur (A,B), telle que la
transformée F(a) de/(^ ) soit donnée, en général, par la formule
,,, , d r'' ^ à>^{t.u.) ,
dix
4>(i,a) n'est pas univoquement déterminé par ces propriétés.
[?/>(*)] étant un système orthogonal de fonctions relatif à l'intervalle
(a,ft), nous désignerons par [/(*}] ç | section de /par le système [;p]j la
fonction limite de la suite/,, =/, ^,(5)+ ... -)-/„9„(5), où/, désigne le
coefficient de Fourier de/par rapport à çi^. On démontre la proposition
suivante :
$(5, a) étant la fonction génératrice d'une transformation fonctionnelle
Semestre. (T. 150, N» 6.)
.i3
320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
linéaire Irans formant l'ensemble Q. en un ensemble défini sur l intervalle
(A, B), la condition nécessaire et suffisante pour que l'on ait, pour toute fonc-
tion f( s) de Q,
est que $(*, a) puisse se rnellre sous la forme
où ['!/,( [J-)] est un système orthogonal de fonctions, relatif à l'intervalle
(A,B j; rt|, A, deuv valeurs finies situées dans les intervalles (a, b), (A, B);
h, (s), h.fij.) des fonctions continues quelconques possédant des dérivées de
carré sommable.
Si<&(*, jj.) admet une dérivée , , = ^(s, [/.), sommable superficiellement
dans toute portion finie de l'aire fl!^*>è, A>u.>B, telle que
/ / !p(.$, ,a)a'5rf;j. = $(.s /^) — <I»(«i, ,a) — «I>(a-, A,) -+- a»(a,, A,),
et si de plus : i" il existe dans (a, b) une suite d'enseml)les e,, e.,, ..., dont
chacun contient le précédent, leur ensemble limite ne différant de l'inter-
valle {a,b) qu'aux points d'un ensemble de mesure nulle, sur lesquels ç(*, p.)
est, en général, de carré sommable en s; 2" il existe de même dans (A, B)
une suite analogue d'ensembles E,, E^, . . . , sur lesquels o(^, u.) est en gé-
néral de cai'ré sommable en [x, on obtient la proposition suivante :
Pour toute fonction fi^s) de 12, il erisle deux suites d'ensembles c„ , e„ , ...;
E„,_, E,„ , ..., contenus dans les suites {e„\, [E„], telles que, uniformément en
général,
[/(,?)]-=: Hm / d^o{s,iJ.)\'\m j /(t ) o( /, p.) dt.
Si pour d'autres suites d'ensembles (e„), (E„J les limites indiquées par la
formule précédente existent, la fonction ainsi déterminée est identique, en
général, à (./'(* )1-^.
Ce résultat montre la véritable signification des représentations intégrales,
à savoir d'être l'opération successive de deux transformations fonctionnelles
linéaires, inverses l'une de l'autre pour un certain sous-ensemble de 12.
3° Les méthodes de Weyl relatives à la convergence des séries de fonc-
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 191O. 321
lions orthogonales s'étendent à la convergence des représentations intégrales.
Snpposons, pour simplifiera = o, /> = i, A= o, B = -jz. Suro(5, u.) faisons
encore l'hypothèse qu'à tout nombre positif £ < i nous pouvons faire cor-
respondre un ensemble A^, intérieur à l'intervalle (0,1), de mesure 1 — î,
sur lequel | o{s, u.) | < Me, pour toute valeur de a, Me étant fini pour tout
£ ^ o. F(ul) élant mainlenant une fonction de carré sommahle dans ( o. oc),
telle que
soit Jt nie, la limite
I
lim I F(fj-) 'j(i-, lU) c/fx
converge unijormément en général sur (o, i ) et y représente une Joiielion de
carré sommahle .
Une application immédiate de ce théorème à l'intégrale de Fourier,
montre que pour toute fonction f{s) de carré sommable monotone non
croissante, telle que limy(5 ) = o, ou pour toute fonction différence de deux
telles fonctions, l'on a, en général,
/(i) = - lim / f/jji cos5p. lim / f{l)cosiiJ.dl.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur des intégrales irrégulières des équations
différentielles linéaires. ?S^ote de M. Richard Birkelaxd, présentée par
M. Kmile Picard.
1. Désignons par P„. P,, . . . , P„ des développements convergents suivant
les puissances de x et-) et par E„, E,, . . . , E„ certaines fondions auxi-
liaires simples (par exemple de la forme e '', a et y étant positifs) positives
ou nulles lorsque la variable réelle x du côté positif tend vers zéro ('), et
telles que les produits P, ]*>, = Q, tendent vers une limite finie lorsque x tend
vers zéro. En particulier, nous supposerons limQ^i^o. Cela posé, consi-
dérons l'équation différentielle linéaire
(I) P„j-"'=P,r(«-"+P,_v "--.'+ ...+ F„r
(') Nous supposerons toujours x positif et tendant vers zéro du côté posilif.
322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont nous allons chercher les intégrales au voisinage de l'origine. En intro-
duisant ?, = £,'' Q/ et en multipliant par x et par le plus petit commun
multiple des E,, nous avons, après avoir divisé par Qo,
E^=T,r,+ T,r., -+-... + T„v,„ ^=->'- (' = 2.3 «),
en désignant pour la symétrie v par j„. Le produit -E sera donc le plus
petit commun multiple des E^ divisé par E,,, et ce produit nous le suppose-
rons tendant A'ers zéro avec a^, car, dans le cas contraire où -E tend vers une
limite finie différente de zéro, les intégrales de l'équation (i) peuvent être
trouvées par des méthodes classiques, par exemple par des approximations
successives. Les T, sont des fonctions de x s'annulant avec a;, et, pour x
suffisamment petit, lT,|<M„a;(?'= 1,2, ...,«)) ^^u étant une constante
positive.
En posant j, = s,e '' , notre système sera
;^-..=.«(T...+ ...^T„.„), Eg
Elili-;,=zo)(T,s^+...^-T„5„), E^--^,= f,jE3,_, (j = 2,3,
en faisant co = i. Pour satisfaire à ce système posons
et conqjarons les termes de même puissance de w. De proche en proche
nous trouverons
J;^; e'^ (p=2, 3. ..., /i), ^ — ~\ IT'
les x\ .r,, ar., .. . , a-„ étant des constantes arbitraires positives, et ■\p une
expression linéaire de 9^!,, s^^!,, ..., ç^'j,. La fonction i tend vers zéro
avec X, car, en désignant par a (> i) une quantité positive telle que g > ;^
pour x suffisamment petit, l'intégrale
X
i"i^j'''=liî(i;T-â»'-'''<»'
entre x et x (a;<a;' et x' suffisamment petit). Donc — l = -^ tend
vers — 30 lorsque x tend vers zéro.
2. Soit /(s) une fonction continue réelle de la variable réelle z s'annulant
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 323
avec j. D'après le théorème de la moyenne, nous avons
I = e-'/"V(--)e'Ç=^-'/(;)/^'^=/(i
)(-
^ étant compris entre Xj et x (.r <^ a-,) et /,■ la valeur de t pour a; = a*, , et
pour a;, suffisamment petit,
|I 1 = 1/(1)1 5 l/(-^<)l?l/(-^o)|,
en désignant par x^ le plus grand des a;,-. En appliquant cela de proche en
proche aux intégrales (s) nous trouverons, en remplaçant dans W^'^ les
coefficients complexes des coefficients des T, par leurs valeurs absolues
(2) |<>|5MoX„, |o^'M?ll)/'(-^o)| (/. = 2. 3, ...,«).
Donc en calculant une suite de fonctions R',", R',", ..., successivement par
les formules
R'/:r=:MoX„, R^> = J;|/>(Ri''). ■■•- Rj;' = <!>;;' (Ri/i,), ■•■ (/=I, 2, ...,«);
il suffit de démontrer la convergence des séries
R','' fjj -1- R 2" co- + . . . ( i = 1 , 2, . . . , /i ),
pour des valeui's de .r,, suffisamment petites. Pour cela comparons ces séries
avec les développements
satisfaisant au système :
Y,:= oj(M„Xo-l- M„r„Y,-i- M„x„Y.H-. . .+ Mo.r„Y„).
En comparant les termes de co'' nous trouverons pour 0^" une expression
tout à fait analogue au R^" où seulement les fonctions T, seront remplacées
parM„j;o> |T, |. Donc6^|'> |Rp"| • Mais nous verrons que y, =^3 = ... =j'„
et par conséquent v, = M.roW(i — «M.r^w)"' qui sera développé suivant
les puissances de co en choisissant n Ma;,,^ <[ i ; c'est toujours possible pour
des valeurs de .r, x^, x.,, ..., x„ suffisamment petites. Pour w = i et
n Ma7„ <^ I nos développements de s, seront convergents. Mais ils s'annulent
aussi lorsque x du côté positif tend vers zéro. En effet, il suffit de démontrer
que l'intégrale I tend vers zéro, et cette intégrale sera de la forme o .00 pour
•T := o, et comme nous avons prouvé que 0.00 sera fini [| 1 1 < |./(^o)| J» on
peut appliquer la théorie des expressions de la forme - et démontrer sans
324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
peine que I tend vers zéro ]iarce que /'( z) tend vers zéro. De la même
manière, on peut démontrer de proche en proche que les o tendent vers
zéro. Comme nous avons
Vf, = „>■ = -« e ' ,
rintégrale de l'équation (i) sera
y = e ■ ' L?i ' + ?•"' + •••+ <?/;" + ••■■]'
où la série convergente o'"' 4- 9!," -f- . • . contient n constantes arbitraires
X, , X.,, . . . jc„ et tend vers zéro lorsque x du côté positif tend vers zéro.
AÉRODYNAMIQUE. — Sur l'niilorolalwn. Note(')de M. A. Etévk,
présentée par M. H. Deslandres.
Lorsqu'un disque immobile est placé dans un courant d'air dont la direc-
tion est normale à son plan, il se forme, en arrière et sur l'axe, un courant
secondaire dirigé en sens- inverse du courant principal ; ce courant secon-
daire s'épanouit au voisinage de la surface et se mêle au courant principal
lorsqu'il arrive aux environs des bords du disque. Le même phénomène
s'observe dans le plan de symétrie des surfaces allongées immobiles.
Lorsque la surface est inclinée par l'apport au courant d'air, l'axe du cou-
rant secondaire est rejeté du côté du bord de la sortie et les filets d'air déviés
vers l'avant de la surface sont plus longtemps en contact avec celle-ci que
les filets déviés en sens contraire ; au voisinage du bord d'attaque, en par-
ticulier, la vitesse de ces lilets d'air s'accélère et l'action due au frottement
y est plus importante que partout ailleurs.
Lorsqu'on prend une surface plane formée de deux secteurs opposés par
le sommet, mobile autour d'un axe perpendiculaire au plan de la surface et
passant par le sommet des secteurs, ^L Riaboutschinsky a montré (pie cet
appareil, ayant reçu une certaine impulsion initiale, continue à tourner
indéfiniment dans un courant d'air normal au plan des secteurs, quel que
soit le sens de l'impulsion, pourvu que les l)ords de la surface soient taillés
en biseau, ceux-ci étant placés du côté où va le vent. Ces phénomènes d'auto-
(') Fiéseutée dans la séance du 3i janvitM' lyto.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 325
rotation sont atlribués généralement à la forme du bord d'aHaquc : il est
facile de voir qu'ils sont dus au frottement de l'air sur le dos des secteurs.
On constate, dans l'expérience de M. Riaboutschinsky, comme dans le
cas du disque plein, l'existence d'un courant secondaire, dirigé en sens
contraire du courant principal; mais au voisinage de la surface, les filets ne
s'éciiappent plus suivant les rayons du disque, ils reçoivent un mouvement
de torsion dirigé en sens contraire de la rotation.
La vitesse relative du courant d'air reçu par un élément d'un secteur est représenté
en grandeur et en direction par la résultante W de la vitesse V du vent et de la
vitesse "V,, opposée à,la vitesse de l'élément considéré; par suite, celui-ci est frappé
sous un angle très faible quand V, est grande, et sous l'influence de la surface les filets
d'air sont déviés sensiblement parallèlement au plan de cette surface. L'observateur
qui regarde le mouvement du disque voit ces filets comme s'ils étaient animés d'une
vitesse égaie, au maximum, à la dilïérenoe W — V, et dirigée dans le sens du courant
d'air relatif, c'est-à-dire dans le sens contraire de la rotation. Pour ne pas retarder le
mouvement, le biseau du bord d'attaque doit évidemment être très aigu et placé au
dos des secteurs.
Surface immobile normale
au courant d'air.
Surface immobile inclinée
sur le courant d'air.
Surface se déplaçant vers la
sauche dans un courant d'air
normal à son plan.
En arrière de la surface et dans son voisinage immédiat il existe des courants dirigés
dans le sens de la rotation que l'examen direct ne met pas en évidence à cause de la
petitesse des angles d'attaque, mais si l'on augmente le coefficient de frottement de la
surface arrière des secteurs, on constate que l'appareil tourne anssi facilemenl que si
la surface est lisse; au contraire, si l'on augmente le frottement de l'air sur la surface
antérieure, l'appareil ne tarde pas à s'arrêter.
L'expérience de M. Kiaboutschinsky n'est, en somme, qu'une façon
«légante de montrer que la résultante des pressions supportées par une
J^ÎP?
Lu L I B R A R Yi
326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
surface plane est légèrement inclinée vers le bord d'attaque lorsque l'angle
d'attaque est très petit.
Quand l'air frappe obliquement un des secteurs, l'autre étant soustrait à
Faction du vent, on constate, en effet, que le secteur se met en mouvement
en sens contraire du courant d'air lorsque l'angle d'attaque devient inférieur
à une certaine valeur ('). M. Riaboutschinsky réalise la même expérience
en approchant d'un des secteurs une plaque recourbée en angle droit, l'un
des plans de la plaque étant dirigé vers le secteur et l'autre dans la direction
du courant d'air. En résumé, la composante dirigée dans le sens du mouve-
ment paraît être la conséquence du frottement de l'air sur le dos de la sur-
face, vers le bord d'attaque principalement, frottement dont l'importance
croît à mesure que l'angle d'attaque diminue, tandis que le frottement
retardateur de l'air sur la face attaquée diminue dans les mêmes conditions.
Ces phénomènes d'autorotation peuvent donc améliorer le rendement des
hélices : le côté des pales frappé par l'air doit être le plus lisse possible, tandis
qife le côté opposé peut être rugueux, principalement aux environs du bord
d'attaque ; il y a donc avantage à faire des stries longitudinales peu profondes
sur le dos des hélices tournant à grande vitesse.
ÉLECTRICITÉ. — Sur la i^ariation de l'inertie de l'électron en fonction de la
vitesse dans les rayons cathodiques et sur le principe de relativité. Note (^)
de MM. C.-E. GuYE et S. Ratnovsky, présentée par M. Lippmann.
Nos expériences ont été effectuées sur les rayons cathodiques par la mé-
thode de déviation électrique et magnétique, qui a l'avantage de ne pas
nécessiter la mesure exacte d'énormes différences de potentiel (^).
Comme source de rayons cathodiques, nous avons utilisé le courant d'un
alternateur haute fréquence (looo à i 200 périodes à la seconde) transformé
par une bobine d'induction (méthode indiquée par M. Villard). Dans ces
conditions, en plaçant une soupape sur le secondaire, on obtient un fais-
ceau qui, sous l'action d'un champ électrique ou magnétique, est étalé en un
( ' ) Le mouvemenl est d'aulaiil plus rapide que la surface arrière oppose plus de résis-
tance au glissement de l'air.
(") Présentée dans la séance du lojanvier igio.
(^) La méthode de M. Ilupka (électrons produits dans le phénomène de Hertz)
nécessite la mesure d'une différence de potentiel de plus de 80000 volts avec une
précision suj)érieure à ] |)Our 100.
SÉANCE UU 7 FÉVRIER IQIO. 827
spectre dont la partie la moins déviée est en même temps la pluslumineuse;
elle correspond aux rayons de plus grande vitesse sur lesquels on effectuera
le pointé. Une diminution de la tension de l'alternateur réduit d'ailleurs ce
spectre à une tache à peu près circulaire, mais cette condition n'est nulle-
ment indispensable à un pointé exact.
Grâce à la régularité de l'émission cathodique, on peut dans ces condi-
tions, par les dispositifs habituels, effectuer des mesures successives et alter-
nées de déviation électrique et magnétique, et, en poussant le vide autant
que possible, expérimenter sur des rayons cathodiques dont la vitesse
atteint presque la moitié de celle de la lumière.
Méthode de trajectoires identiques. — Pour rendre les mesures aussi com-
parables que possible, nous avons toujours expérimenté à déviation con-
stante, nous assurant qu'avec notre dispositif les rayons doux et les rayons
durs qu'il s'agissait de comparer suivaient rigoureusement ou pratiquement
des trajectoires identiques (' ). Dans ce cas, les deux sortes de rayons \.va-
versent des champs semblables^ et l'on peut sans inconvénient expérimenter
sur de plus grandes déviations (2j' = 4'"" dans nos expériences). Les dé-
viations électriques et magnétiques sont alors données par les relations
connues :
Tube mou.
Tube dur.
Déviation électrique
(1)
(3)
[AIêV
Dérivation magnétique.. .
(2)
(4)
D'où l'on tire
(I)
^
F
— v'p'
(II)
c'
V'I
^ VI' ■
Le rapport — se déduit des valeurs relatives de deux intensités et de deux
différences de potentiel mesurées sur un même instrument dont la gra-
duation a été soigneusement vérifiée.
Détermination de kl vitesse v. — Pour comparer le résultat expérimental
aux formules théoriques proposées, il est nécessaire de déterminer la valeur
(') Dans ce but nous avons annulé le champ lerreslre par un dispositif de cadres
parcourus par des courants. Nous ne reproduisons pas ici faute de place la démonstra-
tion de l'identité des trajectoires.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 6.) 44
328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
absolue de Tune des deux vitesses. Cette détcniiination revient à connaître
l'une des constantes [A] ou [BJ qui représentent les intégrales de champ et
le rapport- [formules (i ), (2), ( 3), (/OJ-
Dans ce l)ut nous avons effectué trois séries de mesures en employant
comme source de rayons cathodiques une machine électrostatique et en
mesurant le potentiel de décharge.
En combinant la relation \Ji = - ({J.)^- avec l'équation (^ i ), on obtient
t-^] = 4(^^»(':
Les résullals uni été :
u C).
V.
[A]-
g33o volts
174 ,0 Vllll^
212,6 J
15444 »
283,6 »
214,6 '
. 2l3,3
iSaoo »
244,5 »
213,0 '
1
Il importe de remarquer qu'une erreur de i pour 100 sur| A] a pour conséquence
une erreur de o,5 pour 100 sur r et sur c' [formules (I) et (H)] et qu'elle n'entraîne,
dans les conditions de nos expériences, qu'une erreur d'environ o, i pour 100 sur la
valeur =—
ur — calculée par les formules de I^orentz ou d'Abraham.
Ouant au rapport -> nous avons pris comme base la valeur — = i ,878 X 10' ( Si-
^ ,'^ M-»
mon), mais en Ini substituant la valeur — = 1,77 x 10' (Classen). La dillérence qui
en résulterait sur — ne serait que de 0,6 pour 100 environ dans nos expériences.
Hèsullats. — Nous avons effectué jusqu'ici 27 séries de mesures. Afin de
les grouper en un seul Tableau qui réunisse les expériences faites à des
vitesses voisines, nous avons pour chaque série (y et v' étant connus), calculé,
par les formules de Lorentz et d'Abraham, les rapports — et 7- •
On en déduisait alors
^ - if! liil
(') < )n sait que la masse (p.) dans la solution t.£=-(p.)r- dilTére un peu delà
masse transversale f/ [formule (1)].
C) L'électromètre mesurant le potentiel U a été comparé à un electrométre absolu.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. J29
Le Tableau suivant permet de comparer — à la valeur calculée | —
dans les deux hypothèses. Chaque chiffre est la moyenne de trois séries
d'expériences :
Hypothèses de Lorenlz. Hypolluses il'Abraliaiii.
Vitesse jj^ \'à-\ '■'- f'''' 1
des rayons. [J.,, \^[>.„ ) Did'érences. ;jl„ | |i„ | Dilléicnces.
80845 1,045 i,o38 +0,007 i,o4o i,o3o 4-0,010
96875 1,066 i,o5() 4-0, 010 1,060 i,o44 -1-0,016
III 610 'J072 '1O77 — o,oo5 i,o65 1,061 4-0, oo4
119050 1,082 'joSg — 0,007 ')074 I1O71 4-0, oo3
128940 i,ii5 1,098 4-0,017 I , io5 1,078 4-0,027
126570 i,ii4 i,io3 -^0,011 1,106 1,082 +0,024
i35 22o i,i33 1,120 -+-o,oi3 1,123 I ^094 +0,001
i4i 180 I , i36 I , i33 +o,oo3 1 , 127 I , io3 +0,024
147000 1,160 i,'47 +0,01 3 i,i5i 1,1 13 4o,o38
Il résulte de ces chiffres que des deux formules proposées, celle de Lorentz
paraît seule donner des résultats compatibles avec l'expérience. Les diver-
gences avec la formule d'Abraham atteignent presque 4 pour 100, alors
qu'avec la formule de Lorentz elles sont d'environ i à 2 pour 100. En outre,
sur les ij séries d'observations, l'expérience donne iG écarts positifs et
II écarts négatifs ( formule de Lorentz) pour 26 écarts positifs et i écart
négatif (formule d'Abraham).
Comme dans les mesures de M. Buclierer et de M. Hupka, le principe
de relativité se trouve en accord avec l'expérience.
SPECTROSCOPIE. — Sur le spectre de flamme à haute température du fer.
Note de MM. G. -A. Hemsalech et C. de Watteville, présentée par
M. H. Deslandres.
Nous avons exposé, dans ces Comptes rendus., les résultats que nous a
fournis l'examen du spectre du fer émis par des flammes de diverses
natures. Nous complétons aujourd'hui cette étude par quelques remarques
relatives au spectre que donne de ce métal la flamme du chalumeau oxy-
acétylénique.
Nous nous sommes servis de la même méthode que pour les autres
flammes, c'est-à-dire que l'oxygène alimentant le chalumeau traversait un
ballon, au centre duquel éclatait, entre des électrodes de fer, une étincelle
de capacité. Comme nous l'avons déjà observé pour le spectre du calcium,
33o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le cône de la flamme oxyacétylénique n'émet pas un spectre qui en soit
caractéristique : il ne donne même pas toutes les raies qui se trouvent dans
la flamme, seules les plus fortes de celles-ci sont également visibles dans le
cône.
Ayant des raisons de croire que toutes ces raies ont une origine ther-
mique, nous pourrions peut-être expliquer la non-présence, dans le cône,
de certaines d'entre elles, par le fait que, à cause de la forte pression des
gaz employés et de la petitesse de l'orifice du chalumeau, le fer, très divisé,
entraîné, traverse les parties intérieures de la flamme avec une vitesse assez
grande pour que la chaleur n'ait pas le temps d'exercer sur lui son action
dissociante.
L'identification des raies a été faite à la machine à diviser, à l'aide d'un
spectre de comparaison qui était celui de l'étincelle de self-induction du
fer. Si l'on compare les spectres du fer que donnent les diverses flammes à
celui de la flamme oxyacétylénique, on trouve que ce dernier est à peu près
le même que celui émis par le chalumeau oxhydrique ('), sauf qu'avec
l'emploi de l'acétylène, l'intensité de toutes les raies se trouve augmentée
à tel point qu'une pose de lo minutes suffit pour obtenir l'image d'un
spectre bien développé.
Ce spectre présente une particularité intéressante : on y constate l'appa-
rition de traces de quelques-unes des raies qui sont caractéristiques du cône
bleu du bec Bunsen, que ce cône émet exclusivement, et qui font partie de
ce que nous avons appelé le spectre supplémentaire (-). Dans le cône bleu,
ces raies sont dues à des actions autres que thermiques. Il est évidemment
possible que les raies de ce spectre puissent être produites également par
des actions purement calorifiques, mais très énergiques., et qu'alors la tem-
pérature du chalumeau oxyacétylénique soit voisine de celle qui est néces-
saire à leur émission. Le Tableau suivant donne les longueurs d'onde de
ces raies particulières que nous avons observées :
latensités relatives.
Flamme
>i oxyacélylénique. Cl^ne du bec Bunsen.
3883,39 0,5 I
3935,92 00 3 (raie renforcée)
4172 ,20 o o
(') Comptes rendus, 11 mai 1908.
(-) Comptes rendus, 21 avril 1908.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 33 1
Intensités relatives.
Flamme
X oxyacétylénique. Cône du bec Bunsen.
4233,76 00 2
4447^85 00 0
4528,78 0,5 I
î?0'^9 j ,, 3
489' '62 )
J9'9''i \ o 3
4920 '63 )
4957^43 I .
4957-80 i ° '»
Toutes ces raies s'obtiennent aisément dans le cône du bec Bunsen, mais,
comme on peut s'en rendre compte d'après les intensités qui figurent ci-
dessus, elles ne sont émises qu'avec difficulté par la flamme oxyacétylé-
nique. Il est intéressant de noter, parmi elles, la présence d'une raie ren-
forcée (enhanced Une de Lockyer), A := 3935,92; toutes les autres raies de
notre spectre oxyacétylénique sont, plus ou moins, des raies de basse tem-
pérature, lesquelles sont bien visibles dans toute la hauteur des diverses
flammes que nous avons examinées jusqu'ici. Grâce à une communication
particulière faite à l'un de nous par le D'' S. -A. Kinj;', de l'Observatoire du
mont Wilson, nous avons été mis à même de comparer nos résultats avec
ceux qu'il a obtenus dans le four électrique dont la température est du
même ordre de g;randeur que celle de notre flamme :
Raies absentes du four électrique Intensités relatives
ou ne s'y présentant — — ^^^i^^___--^— _^.^^""^ — ~
que sous forme dans la flamme dans le cône bleu
de faibles traces. oxyacétylénique. de la flamme Bunsen.
3997'49 » 2
4118,62 » 2
4i8i,85 » 2
4187,17
4187,92
4191 )37 00 1
4198-42 ) (2
4>99.'9 \ l 2
4233,76. 00 2
4235,09 o 4
4260,64. I 5
Comme on le voit, ces raies présentent le même caractère dans la flamme
332 ACADÉMIE DES SCIENCES.
oxyacétylénique que dans le four éleclrique, celui d'apparaître, dans les
deux cas, seulement sous forme de traces, quand elles ne sont pas absentes.
La troisième colonne du Tableau montre que, grâce à des actions spéciales,
ces raies sont, au contraire, Facilement émises par le cône bleu du bec
Bunsen.
Le Tableau suivant, non moins significatif, indique que les raies bien
visibles dans le four le sont aussi dans la flamme oxyacétylénique.
Raies
de basse température
bien visibles
dans le four ( Kiiig ).
4i32,i5.
4i43,5o.
4143,96.
4202, i5.
4271,30.
4271,93.
4307,96.
Intensités
relatives
dans la flamme
oxyacétylénique.
3
I ^
4
I «
6
lUies
de basse température
bien visibles
dans le four ( King ).
4-^25 -92
4376,04
4383,70
4404,88
44iô,27
44''.7,44
Intensités
relatives
dans la flamme
oxyacétylénique.
6
4
8
6
3, .5
4
Nos résultats corroborent donc ceux de M. King en ce qui concerne
l'origine thermique de la plupart de ces raies.
PHYSIQUE. — Sur le radiochroïsme des corps organiques iHS-à-vis des rayons x,
j3 et Y du radium et des rayons X. Note de M. Glillesii.vot, présentée
par M. Villard.
Quand on fait agir les rayons X de diverses qualités sur les tissus, les
effets biochimiques produits paraissent être fonction des quantités absorbées
par unité d'épaisseur ou de masse, quantités que j'ai proposé d'appeler
doses efficaces, quelle que soit la qualité de ce rayonnement.
Je me suis demandé si cette relation pouvait s'étendre aux rayons p du
radium et même aux a, comme le faisaient prévoir quelques expériences do
physiologie végétale que j'ai décrites antérieurement.
L'expérimentation est relativement simple, car il est inutile ici de dis-
socier par les champs magnétiques les trois rayonnements du raduim,
puisqu'il s'agit simplement d'apprécier la dose d'énergie globale abs ibée
parles couches successives de tissus.
D'une façon générale, voici à quoi se résument les données de ce gros
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 333
problème de biologie : quand on veut connaître la dose efficace agissant
sur un élément plasmique, par exemple, situé derrière 2'""' de peau, de
graisse, de tissu conjonctif, etc., il faut : 1° considérer les tissus inter-
posés comme des fdtres et étudier le rayonnement lel qu'il sort de ces
filtres; 2'' déterminer la courbe d'absorption de ce rayonnement à travers
un corps homogène, semblable à la substance de l'élément plasmique consi-
déré; 3° tirer de cette courbe, par graphique, la courbe des doses eflicaccs,
qui en est la dérivée : '-— (q, quantité absorbée, t, épaisseur traversée), ou
courbe du pouvoir absorbant.
Cette courbe donne à son origine le pouvoir absorbant de l'élément con-
sidéré évalué, dans mon système de mesure fluorométrique, en unités M
par millimètre.
Je vais indiquer ici le mode opératoire que j'ai employé pour déterminer le pouvoir
absorbant du radium par les corps, par un procédé rapide utilisable en Biologie expé-
rimentale. Je donnerai en même temps comme exemples les résultats relatifs à l'alumi-
nium et à la paraffine, corps dont Benoist a déjà étudié le radiochroïsme vis-à-vis des
rayons X.
Mode opératoire. — Je place au fond de mon fluoromètre un écran de platino-
cyanure de baryum, sans monture, c'esl-à-dire fait de cristaux agglutinés par le col-
lodion, sans doublure de bristol. Comme pour les mesures du rayonnement X, deux
plages voisines sont irradiées, l'une par l'étalon de radium placé à 2"^ dans un tube de
plomb, l'autre par le tube à rajons X, maintenu à régime constant par une flamme de
chalumeau permanente à l'extrémité de son osmo. Le fluoromètre glisse sur des rails-
Un ruban métrique donne les dislances à l'anlicalliode.
Ici c'est le rayonnement X qui sert d'étalon. Devant le sel de radium étudié op fait
passer les filtres d'épaisseurs croissantes de la substance à étudier. On note les dis-
tances, d, d , d" , auxquelles on doit se placer du centre de l'anticathode pour obtenir
l'égalité de fluorescence des plages quand le radium est à nu, ou quand des filtres de
o^^jOS, o™", 10, o'"™, i5. . . . , de différentes substances sont interposés ('). L'inten-
sité du rayonnement est inversement proportionnelle aux carrés d-. d"^, d"'-, . ... ou
directement proportionnelle à -^> — tt, -tt-- On pourcente les résultats pour 100 unités
d- d - d - "^ '^
initiales et l'on prend les moyennes d'une série d'observations.
Résultats expérimentaur. — Voici les résultats obtenus pour l'aluminium
(') J'ai obtenu ces filtres pour la paraffine en trempant du papier de soie, très
léger, dans de la paraffine fondue.
334 ACADÉMIE DES SCIENCES,
et la paraffine :
Quantités transmises.
Epaisseur des filtres. Aluminium. Paraffine.
mm M M
o I oo 1 00
o , o5 80 86
0,10 66 77
o, i5 54 67,5
0,20 45 59,5
0,25 38 53
o,3o 33 48
0,35 , . . . » 42,5
0,40 26 38
0,45 » 34
o,5o 22 3o,5
0,60.. 18,7 27,5
0,70 16,1 24,7
0,80 i3,9 23
0,90 12 21,5
i 10,3 20
1,5 3,7 i3,8
2 » 9,5
2,5 » 6,8
3 » 4,8
3,5 » 3,5
Si j'ai choisi ces deux corps, c'est pour montrer leur profonde différence de radio-
chroïsme. Si l'on observe ce qui se passe de o™" à o^^jSo d'aluminium ou de 0°"°
à o"",85 de paraffine, on voit que les épaisseurs de ces deux corps capables d'absorber
les mêmes doses globales de rayonnement sont dans le rapport de 5 à 8 environ :
5 d'aluminium équivaut à 8 de paraffine. Or ce sont les rayons « et (3 qui sont absorbés;
laissons les ^ de côté, ils sont si peu pénétrants qu'ils comptent à peine sur le réactif
à la première mesure, mais ce sont les (3 mous et moyens qui imposent leur loi à la
courbe. A partir de o""°,5o d'aluminium et o™"',85 de paraffine, on peut évaluer
qu'il reste i5 à 20 pour 100 de rayons (3 et la totalité des y : 10 pour 100. A partir de
ce momeat, le régime des (3 s'efface de plus en plus devant celui des y, et l'on voit ce
rapport I diminuer rapidement, il a déjà dépassé ~ à i'"",5 d'aluminium (i™™, 5 d'alu-
minium équivaut à peu près à 3™", 5 de paraffine). Si l'on compare l'aluminium à la
paraffine dans la gamme X, on sait que 3""°, 5 de paraffine équivalent à peine à o""", 2
d'aluminium.
De ces considérations il résulte que la paraffine, qui en cela se rapproche
des tissus organiques, possède, comparativement à l'aluminium, une puis-
sance absorbante remarquablement élevée pour les a et les j3 du radium, et le
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 335
taux d'absorption millimétrique est considérable pour les premières couches
traversées, d'où l'action si puissante du rayonnement du radium, même à
faible dose, sur les premières couches épidermiques et les lésions superfi-
cielles quand il n'est pas filtré. La courbe de ces taux d'absorption millimé-
trique apporte une confirmation à la loi que j'énonçais au début de cette
Note.
PHYSIQUE. — Sur remission de charges ëieclriqnes par tes mélaux alcalins.
Note de M. Louis Dusîoyek, présenb^e par M. P. Vil lard.
M. J.-J. Thomson a décrit une expérience (') dans laquelle le rubidium
ou l'alliage liquide sodium-potassium émettaient des corpuscules négatifs
même dans l'obscurité. Aucune indication n'étant donnée sur l'ordre de
grandeur du phénomène observé et les détails de cette importante expé-
rience, qui ne paraît pas, à ma connaissance, avoir été répétée, il n'est peut-
être pas sans intérêt de communiquer les observations suivantes, qui confir-
ment le fait énoncé et suggèrent une autre interprétation du phénomène:
L'appareil se compose d'un tube de verre dans lequel pénètrent deux, fils de platine
parallèles à l'axe du lube, et à 25""' environ l'un de l'autre. L'un de ces fils est soudé
directement à travers la paroi de verre; l'autre est soudé, au moyen d'une perle de
cristal, sur l'extrémité d'un petit tube de platine qu'il traverse axialemenl et dont l'autre
extrémité est soudée à la paroi du tube de verre. Cette électrode est reliée à une paire
de quadrants d'un électromètre Curie, dont l'autre paire est au sol, ainsi que le petit
tube de platine, qui sert ainsi d'anneau de i^arde; on peut obtenir, dans ces conditions,
comme je l'ai montré précédemment (-), un excellent isolement. L'autre électrode est
portée à un potentiel connu au moyen d'une batterie d'accumulateurs dont l'autre
pôle est au sol. Sur l'extrémité du tube de verre opposée à celle par où sortent les
électrodes, est soudé un tube étroit terminé par une petite ampoule contenant le rubi-
dium. Ce métal (^) y est amené à l'état de pureté par distillation lente dans le vide de
Crookes, et le lube a été séparé de la pompe à mercure après que, par chaufTage et
passage de la décharge, le vide se maintînt assez complet pour que la paroi de verre
ne manifestât plus la fluorescence verte. Pendant le passage de la décharge, la paroi
interne du tube se recouvre par projection cathodique d'une très légère couche Irans-
(') Phil. Mag., t. X, 190.5, p. 584.
(^) Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. 1120.
(') Le rubidium brut que j'ai employé, déjà très pur, a été préparé par la méthode
de M. Hackspill (réduction dans le vide du chlorure par le calcium) à qui j'en suis
redevable.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N- 6.) 45
336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parente île plaline. Il en résulte que le potentiel du rubidium est toujours de même
sif^ne que celui de rélectrode non isolée et, à cause de la symétrie du tube, sensible-
ment égal à la moitié de celui de cette électrode. Ceci permet de séparer les charges
émises directement par le métal et celles qui peuvent prendre naissance dans le gaz
résiduel sous l'action des premières. Les corpuscules étant émis, en effet, sous des
vitesses faibles, comme on le verra, on peut admettre, en première approximation,
que l'électrode isolée n'en reçoit aucun si elle est négative; les charges qu'elle reçoit
sont alors uniquement les charges + q produites dans le gaz; quand elle est positive,
au contraire, elle reçoit les charges négatives émises par le métal et, en outre, les
charges — q produites dans le gaz en même quantité qu'auparavant à cause de la dis-
position symétrique des électrodes par rapport au rubidium. La somme algébrique
des courants recueillis dans les deux cas donnera donc la charge émise par le métal
et parvenue à l'électrode isolée.
Pour faire les mesures, l'appareil était placé dans un tube de laiton noirci intérieu-
rement et extérieurement, les connexions sortant à travers le couvercle par de très
petits trous. Autour de ce tube en était un autre. Aucune lumière ne paraissait pou-
voir parvenir au rubidium. D'ailleurs, la salle était plongée dans l'obscurité complète
et le miroir de l'électromètre était éclairé au moyen d'une lampe électrique qu'on
allumait pendant (juelques secondes seulement pour faire les lectures. Par surcroît
de précaution, cette lampe était enfermée dans une boîle dont les rayons ne pouvaient
sortir que par une petite ouverture.
Voici ce qu'on observe : la sensibilité de l'électromètre étant telle qu'un
déplacement de i""" par seconde sur l'échelle corresponde sensiblement à
l'arrivée d'un courant de 2.io~'^ ampère sur l'électrode isolée, on con-
state l'arrivée certaine de charges négatives sur cette électrode, quand le
potentiel (négatif) du rubidium dépasse une vingtaine de volts. Ces charges
augmentent de plus en plus vite quand le potentiel du métal augmente.
Voici quelques nombres, à titre d'indication :
Polentiels ilu mùtnl. Courants.
volis ampiTc
— 5o 0,8. IQ-'*
— 60 1,2. I0~'*
— 70 3,0. lO""
— 80 ,5,0. I0~"
— 90 9.0. IO~'*
— 100 17,0.10-"
— 110 60,4. 10'''
Cette croissance rapide dans des champs faibles s'explique en supposant
qtie les corpuscules sont émis par le métal dans toutes les directions et sous
des vitesses faibles. Quand le champ électrique agissant sur eux augmente,
un nombre de plus en plus grand atteint l'électrode isolée. On sait que
SÉANCE DU 7 FÉVRIER IQIO. 337
M. Lcnard ( ' ) a constaté lo même phénomène pour les corpuscules émis par
le zinc, sous l'influence de la lumière ultraviolette.
La plus faible lumière augmente le phénomène dans des proportions
énormes. Si l'on fait passer à travers le tube, entre les électrodes, un faisceau
de lumière large de 2'"™, haut de 10™™, provenant d'un arc au mercure et
filtré par G'""" à 7""" de verre, dirige de telle sorte qu'aucun éclairemcnt
visible ne se produise, ni sur les électrodes, ni sur le métal, éloigné de plus
de j""", on obtient les résultats suivants (") :
Polenliels du niélal. Courants.
— 10 i4,6.io*'"
— 20 27 . io~"'
— 3o 38. 10-'»
— 4o '18,5.10-"
Le courant recueilli croît donc plus vite que le voltage du métal, mais à
peu près linéairement. Il n'y a aucune trace de saturation.
Lorsque l'électrode isolée est positive et que son potentiel est inférieur
à une centaine de volts, le courant est nul au degré de sensibilité employée.
Si l'on double ce potentiel, l'ionisation par les chocs commence à se pro-
duire et des charges positives à parvenir sur l'électrode isolée.
L'actiond'un champ magnétique perpendiculaire à la direction moyenne
du faisceau diminue l'arrivée des charges négatives dans une proportion
décroissante à mesure ([ue le champ clecirique augmente (5o pour 100 à
10 pour 100 ).
Dans cette opération, il semble certain qu'une certaine quantité de lumière,
très faible pourtant, parvient au métal par réflexion diffuse. L'expérience
suivante fait penser à «l'action possible des rayonnements de grande lon-
gueur d'onde. Les petites ouvertures de la boite de laiton utilisées dans
l'expérience précédente furent masquées par deux demi-lubes de laiton
places extérieurement et noircis, dont le haut était encore protégé par des
écrans. En revenant à l'emploi de l'électromètre sans capacité adjointe, j'ai
constaté que le fait d'allumer un bec Auer à'i^jSo environ doublait à peu
près la quantité de charges négatives recueillies. On peut se demander si le
(') Ann. de Phys,, l. II, 1900. j). 35(). — Mémoire Lrailuit dans /o/ii, h'ieetroiis,
Corpuscules^ t. I, p. 898.
(-) I-'our elTecUter les mesures il faut, dans ce cas, adjoindre à la paire de quadrants
une capacité de 0,1 microfarad.
338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
phénomène n'est pas produit par des ondes de longue période diffraclées
à travers les petites ouvertures masquées.
Cela conduit aussi à considérer comme possible l'explication du piiéno-
mène observé dans l'obscurité complète par i action sur le métal du rayonne-
ment d'équilibre existant à la température ordinaire à l'intérieur du corps noir
où est placé le métal. Ceci revient à admettre à la température ordinaire une
persistance suffisante de l'effet Edison, si les électrons mis en jeu dans le
phénomène photo-électrique sont des électrons libres ou de conductibilité,
sans que les faits expérimentaux paraissent rendre nécessaire riiypothèse,
proposée par M. J.-J. Thomson, d'une explosion spontanée des atomes,
analogue à la destruction des atomes radioactifs. Il semble donc qu'il y
aurait intérêt à répéter l'expérience à très basse température. C'est ce que
je me propose de faire prochainement.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la réduclion des dérivés nitrosés de l'acétyl- et
du henzoylhydrazobenzéne. Note de M. Louis jXomblot, présentée par
M. A. Haller.
La réduclion des nitrosamines secondaires fournit, comme on sait, dans
certaines conditions, des hydrazines dissymétriques. On pouvait supposer
qu'un processus analogue permettrait d'obtenir des dérivés du triazane à
partir des dérivés nitrosés des acidylhydrazo-benzènes :
G«H'_ N - N - C=H' -> C«H'— N - N — C-W-
R.CO NO U.CO NH^
C'est dans ce but que j'ai soumis à l'action de divers réducteurs les acétyl-
et benzoylnitrosohydrazobenzèncs.
Avec l'hydrate d'hydrazine en solution alcoolique, il y a, lentement à
froid, plus rapidement à chaud, départ d'ammoniaque et régénération de
l'acidylhydrazobenzènc.
7\vec l'amalgame d'aluminium, à froid, on obtient, à côté d'une certaine
quantité de dérivé acidylé, de l'aniline et de l'acétanilide ou de la benzani-
lide, suivant le composé d'où l'on est parti. Il en résulte que, dans une partie
du produit, la molécule du dérivé hydrazoïque est scindée entre les deux
atomes d'azote; cette réaction pourrait être utilisée en certains cas pour
établir la constitution des dérivés hydrazoïques.
Enfin la réduction de 1 acétylnitrosohydrazobenzènepar la poudre de zinc
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. iiJSg
et l'acide acétique, efl'ectuée entre 0° et + 5° dans les conditions indiquées
par E. Fischer ('), n'a fourni aucun produit réducteur.
En résumé, la réduction des dérivés nitrosoacidylés de l'hydrazobenzène
ne permet pas d'obtenir, même dans les conditions les plus favorables, de
dérivés du triazane.
Le nitrosoacélylhydrazobenzène s'obtient en faisant tomber à la lempéralure ordi-
naire une solution alcoolique d'acide chlorlivdrique en quantité calculée, dans une
éinulsion d'acélyihydrazobenzène dans raicooi, additionnée de la quantité théorique
de nitrite d'étliyle. Après une heure ou deux d'agitation, tout s'est dissous. On préci-
pite par l'eau; le dérivé nitrosé d'abord huileux se solidifie peu à peu; on le purifie
par cristallisation dans l'éther, d'où il se dépose -in gros prismes jaunes fusibles à 65°.
Modérément soluble dans l'alcool el l'éther.
Le nUrosobenzoylfiydiazobenzhie se prépare d'une façon analogue à partir du
benzoyihydrazobenzène, à cette différence prés que la nitrosation s'efl'eclue sans qu'il
y ait dissolution complète du produit. On essore et l'on fait cristalliser dans l'alcool;
il se présente en paillettes légèrement jaunâtres fondant à 116", 5. Peu soluble dans
l'alcool et l'éther.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la désinfection pw la combustion incomplète de
la paille. Note ( - ) de M. A. Trillat, présentée par M. A. Laveran.
.l'ai montré, dans un travail antérieur (') sur la composition des fumées
des divers combustibles, que ceu.v-ci, selon leur nature et le mode de com-
bustion, étaient susceptibles de fournir des produits gazeux antiseptiques
en proportions assez notables pour permettre d'obtenir la stérilisation en
surface de quelques germes pathogènes. J'ai fait aussi ressortir ('), dans une
étude bibliographique sur l'emploi des feux et des fumées dans l'antiquité,
que celte pratique, abandonnée aujourd'hui depuis l'avènement des mé-
thodes guytoniennes, reposait cependant sur un fondement scientifique et
pouvait être utilisée dans certains cas, notamment dans la désinfection en
surface de locaux ne craignant pas la détérioration.
Le principe de cette désinfection repose sur la présence en milieu acide
de dérivés aldéhydiques et polyphénoliques qui se produisent au cours de
la combustion incomplète de la paille.
(') E. FiscHHit, Alla. CliL'in., t. CXC, p. 174.
(^) Présentée dans la séance du 10 janvier 1910.
(^) Annales de t' tnslitiit Pasteur, nov. igo5.
( ' ) Ibid., nov. igoS,
34o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Leur formation est due à l'oxydation des gaz de la combustion sur le
charbon de paille porté à haute température : ce charbon, par sa texture
et sa surface, constitue en effet un agent catalytique très énergique qui pro-
voque la production de l'aldéhyde forraique à un état plus ou moins poly-
mérisé ; le mécanisme de cette formation se trouve donc expliqué par l'oxy-
dation des principaux produits de distillation de la paille, tels que les
alcools mélhylique et éthylique, l'acide acétique, l'acétate d'élhyle, les
hydrocarbures et l'acroléine elle-même. Je me suis assuré, par des expé-
riences publiées à part, que tous ces corps à l'état gazeux, y compris l'acro-
léine, étaient oxydés à une température d'environ 4oo°, en donnant nais-
sance à de l'aldéhyde formique ou plutôt à du trioxyméthylène (M.
Le dosage des dérivés polymérisés de l'aldéhyde formique a été fait en
recueillant les fumées dégagées d'une quantité donnée de paille sous une
cloche, dans un récipient contenant une solution aqueuse de sulfate de
diméthylaniline. On a calculé le poids de la formaldéhyde polymérisée
d'après celui de la base tétraméthylée obtenue ;
CH-^0 + 2C«tPAz(CH')^= H^O + CH='[C« H'A7.(C1P)]=.
Les proportions d'aldéhyde obtenues sont très différentes selon les
conditions dans lesquelles on opère. Elles ont varié dans mes expériences
de 2oo"'s à :i^ par kilogramme du poids de la paille. A ces doses d'aldé-
hyde formique polymérisée, il faut ajouter les polyphénols dont l'action
antiseptique vient s'additionner à celle des dérivés aldéhydiques. Enfin,
il y a lieu de tenir compte de deux facteurs qui augmentent considérable-
ment l'action antiseptique. Ce sont la présence de l'acide pyroligneux et
l'élévation de température. On sait que les antiseptiques, et c'est notam-
ment le cas pour l'aldéhyde formique, agissent d'autant plus énergiquement
que le milieu atmosphérique est plus acide et se trouve à une température
plus élevée.
11 résulte de ces considérations que, pour obtenir le maximum de rdlet
antiseptique, on devra observer certaines pi'écautions pour brûler la paille.
Il faut, tout d'abord, éviter une combustion trop complète, sans trop
dépasser la carbonisation. Dans ce bul, on dispose la paille en couche
alternativement sèche et humide, de manière que les fumées traversent
les parties charbonneuses, à demi consumées, en s'oxydant à leur contact.
(') Ce cliarbon jouil de propriétés aiUisepliquea dues en partie à la présence de
petites proportions de lrioxyinétli_)lène qui y restent incorporées.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I9T0. 34 I
L'élévation de température du local à désinfecter et qui doit atteindre au
moins 3o° pour être efficace, est obtenue par des feux de paille, placés en
divers points. On doit autant que possible boucher les ouvertures.
Voici un exemple de désinfection d'un espace de 140"'° dans lequel il a
été brûlé i8''6 de paille; la température de l'espace a atteint 35", et les
objets contaminés ont été ensemencés après 12 heures de contact avec les
fumées :
Témoins Coli-liacille. Bacille typhique. Charbon sporulé. Diphtérie,
pour — — — —
cliai|ue essai. Olijcls Objets Objets Objets
— contaminés : 10 contaminés : 12 contaminés : 12 contaminés : 10
contaminés : 12 ont ont été ont ont été ont ont été ont ont été
Observations. ont cultivé. cultivé, stérilisés. cultivé, stérilisés. cultivé, stérilisés. cultivé, stérilisés
Après 2 jours 12 o 16 o 12 o 12 o 10
)i 1 4 » » o 16 I II 2 10 o 10
» 20 » 0 o 16 I I i 5 7 o 10
La désinfection par la méthode discontinue, en répétant les opérations
de chauffage, donne encore des résultats plus probants.
On constate, après chaque opération, la formation d'un léger enduit jau-
nâtre sur les parois et les objets, ce qui limite l'application de la méthode à
des cas particuliers comme ceux de la désinfection des caves, des écuries,
des égouts, des tunnels, des cavernes, etc. Le procédé ne peut donner
qu'une désinfection de surface et A'espace : son efficacité, très nette pour
des germes pathogènes peu résistants, paraît douteuse pour lés formes spo-
l'ulées à moins de renouveler plusieurs fois l'opération.
Comme on le voit, les anciennes méthodes reposaient sur un véritable
principe scientifique; elles sont certainement encore susceptibles d'être
améliorées en utilisant ces notions nouvelles.
CHIMIE PHYSIQUE. — Contrihiition à l'étude des réactions dues à Vétal
colloïdal du lait cru. Note de MM. F. Bordas et Touplaiîî, présentée
par M. d'Arsonval.
Nous avons établi précédemment que la caséine du lait de vache, bien que
chauffé à 1 10°, décomposait encore l'eau oxygénée, et que sous l'influence
des sels de chaux contenus dans le lait, il se produisait, en présence de la
paraphénylènediamine, une coloration bleue.
342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Comme on ne peiil admettre l'existence d'enzymes dans nn liquide cliaull'é à iio°
et que d'ailleurs la réaction se produit en deliors de toute action diaslasique, ainsi que
nous l'avons précédemment établi, il était nécessaire d'étudier d'un peu plus près le
mécanisme de toutes ces transformations.
Nous sommes donc conduits à reclierclier les causes qui favorisent la décomposition
de l'eau oxygénée dans le lait : c'est ce point spécial qu'il faut élucider tout d'alxud,
puisque la théorie des enzymes peroxydantes du lait cru est basée exclusivement sur
cette décomposition spontanée de l'eau oxygénée.
< )n sait que l'eau oxygénée est décomposée par une foule de corps poreux (cellulose,
tripoli, pierre ponce, etc.) de corps insolubles finement pulvérisés et secs (talc, sable,
carbonate de chaux, etc.).
L'exporience démontre que tous ces corps inertes produisent, lorsqu'on
les ajoute à un lait préalablenient chaulTé, les réactions colorées, caractéris-
tiques attribuées jusqu'ici aux enzymes peroxydantes.
On sait aussi que les solutions métalliques colloïdales décomposent l'eau
oxygénée avec plus ou moins d'intensité, mais la plupart de ces collo'ides
sont déjà colorés et nous ne pouvions les utiliser dans les essais que nous
voulions entreprendre. Nous avons dt'i aussi laisser de côté tous les collo'ides
organiques puisque ces derniei^s posséderaient déjà des enzymes.
Nos recherches nous ont amenés à nous servir de l'oxalate de fer et du
lactate de fer. Ces deux sels jouissent de la propriété de décomposer non
seulement l'eau oxygénée, mais encore de donner toutes les réactions carac-
téristiques des enzymes du lait cru.
Le lactate de fer décompose iiiême l'eau oxygénée avec une telle intensité,
que ce sel devrait, d'après les théories admises, posséder une catalase 1res
active. Nous nous réservons de revenir plus tard sur ce point spécial.
(jn obtient des résultats tout aussi concluants en employant de l'argile
collo'idale, laquelle se prépare très facilement en suivant la technique
indiquée par Schlo^sing. L'expérience prouve que ce liquide collo'idal
décompose l'eau oxygénée, et l'on obtient encore toutes les réactions colorées
caractéristiques des enzymes peroxydantes du lait cru.
Nous devrions donc conclure que l'oxalate de fer, le lactate de fer,
l'argile contiennent des anaéroxydases, des catalases, etc., et ces conclu-
sions seraient aussi légitimes que celles qui découlent des travaux faits dans
ce sens sur le lait cru.
Mais si, abandonnant la théorie des enzymes peroxydantes du lait cru,
nous rattachons tous ces phénomènes à un phénomène catalytique provoqué
par l'état colloïdal du lait cru, nous aurons immédiatement l'explication de
toutes les réactions.
SÉANCE UU 7 FÉVRIER 19IO. 343
Nous avons voulu, pour que la démonslralion fut plus frappante encore,
rétablir en partie Tétat colloïdal d'un lait après l'avoir détruit par la chaleur.
On y arrive en faisant l'expérience suivante :
Prenons du lait cru, ou mieux encore du lail cru complètement écrémé, portons ce
lait à la température de 85° afin de n'avoir aucune coloration avec les réactifs géné-
lalement utilisés, puis faisons-lui subir une sorte de laminage, de façon à pulvériser
la caséine à un degré de finesse telle qu'elle reste en suspension dans le lactosérum;
ou y arrive en employant le procédé dit de fixation, qui consiste à faire jaillir un jet
très fin de lait contre un plateau d'agate sous une pression de Soc'"'".
Pour plus de précautions ce lait est ensuite stérilisé à iio". Dans ces conditions,
l'expérience démontre qu'alors que le lait initial chauffé à 85° était sans action sur
les réactifs, le lait pulvérisé et chauffé à 1 10° décompose l'eau oxygénée et se colore en
bleu avec le réactif de Storch.
Nous pensons que ces résultats démontrent suffisamment l'inutilité de
l'intervention d'anaéroxydases, de catalases, etc., pour expliquer les phéno-
mènes de décomposition de l'eau oxygénée dans le lait cru.
Pour ceux qui admettent la présence dans le lait d'enzymes variées, le
chauffage à 85" présente ce grave inconvénient d'en modilier profondément
les propriétés physiologiques.
L'expérience précédente montre, en ce qui concerne tout au moins les
peroxydases, qu'il n'en est rien, puisque l'état physique du lait est seul
modifié par ce traitement ; encore peut-il être rétabli par la fixation.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Aclion des rayons ultraviulels sur le vin en
fermentation. Note de MM. Mauraix et Warcollier, présentée
par M. E. Roux.
Nous avons exposé, dans une Note du 12 juillet 1909, les résultats
obtenus en faisant agir le rayonnement d'une lampe en quartz à vapeur de
mercure sur le cidre en fermentation.
Nous avons étudié, avec un dispositif identique à celui décrit dans cette
Note, l'action de ce rayonnement sur un vin blanc mousseux; nous avons
cherché pendant combien de temps il faut faire agir ce rayonnement sur
des couches de vin de différentes épaisseurs pour détruire la levure et
empêcher ainsi une fermentation nouvelle. Le vin qui a servi aux essais
avait subi la prise de mousse et était prêt à être dégorgé.
C. R., 19.0, I" Semestre. (T. 150, N» 6.) 46
3/)4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec des couches de vin de l de millimètre d'épaisseur, étalées entre une lame de
quartz de 5'"™ d'épaisseur et une lame de verre, et exposées au-dessus de la lampe de
manière que la lame de quartz fût à 4"" de la lampe, l'arrêt de la fermentation a été
obtenu toujours pour une durée d'exposition supérieure à ro secondes, et jamais pour
une durée inférieure à 5 secondes.
Avec des couclies de vin de i"'™,7 d'épaisseur, exposées directement à 4"" de la
lampe, l'arrêt de la fermentation a été obtenu toujours pour une durée d'exposition
supérieure à i minute (sauf cependant, sans doute par accident, pour une seule des
nombreuses préparations) et jamais pour une durée inférieure à 3o secondes.
Rappelons que, pour le cidre pur, la stérilisation nécessite une durée
d'exposition supérieure à 2 ou 3 minutes pour des couches de \ de mil-
limètre, et qu'elle n'est pas réalisée après i5 minutes d'exposition pour des
couches d'environ 1'"™.
Ainsi la stérilisation du vin blanc est plus facile que celle du cidre, ce qui
est lié à la plus grande transparence du vin pour les rayons efficaces.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Influence de la culture sur la teneur en alcaloïdes
de quelques Solanées. Note de M. J. Chevameis, présentée par
M. Armand Gautier.
La plupart des pharmacologucs admettent que les plantes médicinales
recueillies sur leurs stations naturelles sont plus riches en principes
actifs et par conséquent plus actives que les plantes cultivées industriel-
lement. Ce fait peut être exact dans la pratique à l'heure actuelle, mais cette
diminution d'activité provient unicjuement de ce que souvent ces plantes
sont cultivées sur un sol qui ne leur convient pas et dans des conditions
défavorables.
Les recherches que nous poursuivons depuis quelques années nous ont
montré qu'au contraire, sous l'inlluence d'une culture rationnelle, avec
l'emploi d'engrais appropriés pour chaque espèce de plantes, on obtient des
drogues possédant une teneur en principes actifs qui leur confère une
activité thérapeutique au moins égale à celle des plantes sauvages.
Les Solanées utilisées en médecine proviennent pres<pie toujours de
plantes cultivées. Aussi bien en France qu'à l'étranger, les quantités
recueillies à l'état sauvage tendent à diminuer de plus en plus et sont beau-
coup trop faibles pour suffire aux demandes toujours croissantes.
La Belladone de culture, d'après les dillerents travaux, est toujours moins
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 3!\S
active que la Belladone sauvage. Le fait, signalé encore dernièiement par
Forrester et par Warin, est exact.
Ce sont surtout les Belladones que nous recevons d'Italie qui présentent
une faible teneur en alcaloïdes (0,107-0,187 pour 100; même o,o58 pour
100, Warin).
Les lots de Belladone, qui nous arrivent d'Autriche, sont d'ordinaire plus
riches (0,2.51-0,372 pour 100). Les Belladones françaises de culture ont
encore une teneur plus forte en alcaloïdes, elles titrent en moyenne o,3oo-
o,45o pour 100, mais notre production est insuffisante et nous sommes
obligés de recourir à l'étranger pour plus de la moitié de notre consom-
mation.
En exécution de la mission qu'a bien voulu me confier M. le Ministre de
l'Agriculture, j'ai étudié systématiquement la culture desSolanées vireuses
et en particulier de la Belladone, pour essayer de l'améliorer, afin d'obtenir
un produit aussi actif que la drogue récoltée à l'état sauvage.
Grâce à l'obligeance de M. Fouché, à Hondan, j'ai pu faire ces essais sur
des champs entiers, et les résultats obtenus ont l'avantage de pouvoir être
considérés comme industriels.
Les champs de Belladone utilisés renferment environ Soooo pieds à
l'hectare; la récolte totale est en moyenne de i5ooo''k de feuilles fraîches
qui perdent à la dessiccation 80 à 90 pour 100 de leur poids. Les feuilles de
printemps sont beaucoup plus aqueuses que celles de l'été ou de l'automne;
c'est pour cette raison que la teneur en alcaloïdes des feuilles de la pre-
mière coupe est un peu plus considérable que celle des feuilles de la
seconde.
Etant donnée la fragilité de la Belladone, il ne nous a pas été possible de
faire état de l'âge des plants; dans les champs, on est obligé de renouveler
constamment les plants de Belladone détruits par les vers blancs et les
intempéries. D'après les essais faits en jardin, seuls les plants de première
année sont un peu moins riches en alcaloïdes que les autres.
Les terrains sur les([uels nous avons opéré sont assez perméables, plutôt riches
en chaux (3,22 à 4i8o pour 100); de richesse moyenne en acide phosphorique
(0,07 pour 100); les plantes reçoivent une quantité d'azote totale largement suffi-
sante (o, 12 à G, i5 pour 100 ).
Nous avons, en 1909, expérimenté sur ces terres l'influence des divers
engrais sur la teneur en alcaloïdes des feuilles de la Belladone, déjà guidés
par des essais faits antérieurement et dont les résultats avaient été incer-
346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lains. Nous avons obtenu les résultats suivants :
Alcaloïdes totaux
pour IOQk
lie feuilles sèches.
Champs témoins : Travail et fumure liabiluelle \ ' "
' ( o,336
/->! 1 1- ■ 1, • 1 1 ■ • \ 0,480
(jhamps avec addilion d acide pliosphorique et potasse ■
'^ I r i i I 0,490
Jardin; essais avec addition d'enijrais azotés, sans ( Plants de ?. ans 0,616
addition d'acide |)lios|}liorique ui de potasse. \ Plants jeunes o,4o6
,-,, , ■• • ( Champ Mallet (terre forte) 0,676
Champs avec addition ,^, . , ,,. , , ■„ , ^o
,, . , ( Cliamplier des Vicnes ( terre plus caillouteuse). o,oso
d eiT^rais azotés. J ^ \ 1
" " [ Tenant du séchoir (addition de fumier et nitrate). 0,756
Ces diverses récoltes vendues pour la fabrication de préparations galé-
niques ont donné, d'après le rendement et le titrage de ces préparations,
qs, 5io4 d'alcaloïdes totaux pour 100 parties de feuilles sèches (Boulanger-
Dausse).
Ces quelques chiffres montrent que l'addition d'engrais phosphatiques
et potassiques ne paraît pas influencer Inen sensiblement la belladone, mais
que, par contre, la teneur en alcaloïdes de ses feuilles est considérablement
augmentée par l'addition d'engrais azotés. Il semble qu'il y ait intérêt à
employer à la fois les nitrates et le fumier, c'est-à-dire à fournir de l'azote
utilisable immédiatement et aussi à échéance plus éloignée.
La culture de la Jusquiame et du DcUiira stramoniiim (variété à capsule
sans épines) nous a donné des résultats comparatifs. Nous avons pu
obtenir un lot de Jusquiame titrant 06,286 d'alcaloïdes totaux pour 100
de feuilles sèches, aloi^s que la moyenne est de 06,070-0^,180 et un lot de
feuilles de Datura titrant os,2oo d'alcaloïdes totaux pour 100 de feuilles
sèches au lieu de O", loo-o^, i25.
Chaque essai a porté sur .5os de feuilles concassées (lamis 12, laiton) qui ont été
épuisés par de l'alcool bouillant acétique (i pour 100 d'acide en volume) jusqu'à
disparition de la coloration de l'alcool. I^es liqueurs alcooliques évaporées dans le \ ide
jusqu'à disparition complète de l'alcool donnent un résidu qui est repris par iDo'^"'"
d'eau bouillante. On refroidit et l'on filtre. Le liquide jaunâtre est saturé par CO'K.-
et épuisé à i'éther; l'éther est séché par filtration sur du sel Solvay et distillé; le
résidu pesé après dessiccation dans le vide à 4o°C. jusqu'à poids constant.
Ce résidu encore impur est dissous dans SO' II- demi-normal et titré ensuite avec
le réactif de Mayer.
Ce sont ces derniers chiil'res que nous avons utilisés, ils sont en moyenne 3 à 4
pour 100 plus faibles que le poids des alcaloïdes totaux que l'éther laisse comme résidu.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 347
PATHOLOGIE VÉGÉTALE. — Quelques observations sur le pied noir de la
Pomme de terre. \ole de M. Hegyi, présentée par M. Prillieux.
Je me suis beaucoup occupé pendant ces dernièi-es années de la maladie
du pied noir de la Pomme de terre qui, tant en Hongrie qu'en Allemagne, a
considérablement diminué les récoltes.
Les caractères principaux de cette maladie sont les suivants : en été, la
région du collet, au-dessus et au-dessous du sol, devient noire et pourrit;
les parties aériennes de la plante dépérissent et la formation des tubercules
s'arrête.
Cette maladie est attribuée à des Bactéries et spécialement au Bacillus
pliytophlliorus Appel ; on admet qu'elle se propage par les tubercules de
semence infectés.
Il y a environ 3 ans, j'ai eu occasion d'observer souvent en Hongrie,
à la station de Magvarovàr, des plants de Pomme de terre atteints du
pied noir et j'ai isolé des tiges malades et cultivé plusieurs espèces de Bac-
téries qui n'ont pas encore été déterminées ; mais l'examen des cultures a
montré qu'on pouvait obtenir des tiges malades des espèces dilïérentos selon
les localités d'où elles provenaient.
J'ai été chargé par le Gouvernement hongrois, au commencement de l'année 1909,
d'acheter à l'étranger une quantité considérable de tubercules de semence dont une
partie (1000 quintaux) fut cultivée au domaine royal hongrois des Haras, à Bàbolna.
Dans le courant de l'été on m'annonça que les tubercules de semence donnaient des
plantes atteintes ùq pied noir. Comme j'avais pris les plus grandes précautions et que
je n'avais acheté que des tubercules complètement sains, le fait me parut inexplicable.
Dans les terrains lourds 5 à 10 pour 100, dans les terrains plus légers et même sablon-
neux 40 pour 100 des plants étaient atteints par la maladie. Par un examen attentif,
je pus constater que les parties de la lige placées sous la terre étaient rongées et perforées
par des insectes. Il ne fut pas difficile de déceler les auteurs de ces lésions. C'étaient
des larves de Taupin {Agriotes) ou vers Jil de fer qui se trouvaient en énorme
quantité dans le sol. J'examinai plusieurs centaines déplantes malades, mais je n'en
trouvai pas une seule dont la tige, dans la partie située au-dessous de la surface du
sol, n'eût été rongée et perforée en plusieurs endroits.
Cette observation me persuada que le pied noir, à Bàbolna, n'avait pas
son origine dans les tubercules de semence, mais bien dans les Bactéries du
sol, qui pénétraient, par les lésions, à l'intérieur de la tige et y provo-
quaient la pourriture des tissus.
Depuis, j'ai pu faire des constatations semblables dans d'autres points de
348 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la Hongrie, notamment à Magyarovàr, où la maladie du pied noir sévissait
avec intensité dans les champs d'expérience de la Station et dans ceux de
l'Académie d'Agriculture. Là, comme à Bàbolna, je constatai que sans in-
sectes il n'y avait pas la moindre trace de pied noir. Je me rendis éga-
lement dans la Hongrie septentrionale, la patrie de la culture de la Pomme
de terre, et y fis des recherches sur divers points (Nord-Ouest, Nord et
Nord-Est). Il ne me fut pas possible de trouver une seule plante atteinte du
pied noir sans que la partie du collet située en terre n'eût été rongée par
des insectes.
Au mois de novembre 1909, au cours d'une visite que je fis au professeur Eriksson,
à Stockholm, je pus observer dans sa collection de Pathologie végétale un échantillon
de Pomme de terre, atteint du pied noir et conservé dans la formaline, dont la lige
était également perforée et rongée dans sa partie inférieure. La maladie s'était donc
propagée en Suède comme en Hongrie. Je visitai ensuite à Munich la collection du
professeur von Tubeuf et j'y pus faire les mêmes constatations qu'en Suède.
Toutes ces observations contribuent à démontrer que la cause du pied noir, au
moins dans les cas indiqués ci-dessus, ne devrait pas être attribuée aux tubercules de
semence.
On ne peut conclure de ce qui précède que le Bacillus phytophthoriis
n'est pas un parasite capable d'engendrer le pied noir. Il est bien certain
que les blessures de la tige sont trop petites pour provoquer la mort de la
plante, et d'un autre côté Appel a réussi à produire artificiellement la ma-
ladie avec sa Bactérie. Le rôle des insectes consiste donc à ouvrir une voie
de pénétration aux microorganismes du sol.
Des recherches ultérieures devront permettre de décider si le Bacillus
phytopluhorus seul est capable de produire le pied noir ou si, dans certaines
contrées, d'autres Bactéries ne peuvent être incriminées.
PHYSIOLOGIE. — Formation dans le foie d'une substance anticoagu-
lante sous l' influence d'un alcaloïde. Note de M. Doyon, présentée
par M. Daslre.
I. J'ai démontré avec mes élèves KarefFet Claude Gautier les faits sui-
vants :
L'atropine détermine chez le chien l'incoagulabililé du sang lorsqu'on
injecte le poison dans une veine mésaraïque ou dans le canal cholédoque.
Additionnée au sang in l'itro, l'atropine est sans effet. Injectée dans une veine
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 349
de la circulation générale l'alropine est inactive, à moins que la dose ne
soit absolument massive.
II. L'atropine agit par l'intermédiaire du foie, par un mécanisme ana-
logue sinon identique à celui mis en évidence par M. Dclezenne pour la
peptone.
La démonstration nécessite l'intervention de deux animaux :
Premier chien . — On place dans une carotide une canule reliée à un tube
de caoutchouc. Ce tube servira à dériver le sang artériel vers la veine-porte
d'un second chien; il porte une tubulure permettant de recueillir du sang
artériel du premier chien avant le passage du liquide dans le foie du second
sujet.
Second chien. — L'animal est saigné à blanc; pour anémier au maxi-
mum les organes, on sectionne le bulbe au cours même de la saignée.
Lorsque le sang ne s'écoule plus, on place une canule dans la veine-porte et
une canule dans la veine-cave au-dessus de l'abouchement des veines sus-
hépatiques; la veine-cave est liée au-dessous du foie.
On relie la carotide du premier chien à la veine-porte du foie exsangue.
On recueille une série d'échantillons du sang qui a traversé ce foie. Puis
on injecte dans une jugulaire du premier chien, avec brusquerie, (juchjues
centimètres cubes d'une solution concentrée d'atropine.
On continue à recueillir le sang qui s'écoule du foie et l'on recueille en
plus des échantillons de sang carotidien avant son passage à travers cet
organe.
Les échantillons recueillis en aval du foie, avant l'injection d'atropine,
coagulent tous normalement. Le sang recueilli en aval du foie, après l'in-
jection d'atropine, est incoagulable; il a acquis la propriété d'empêcher
in intro le sang normal de coaguler. Le sang recueilli par la tubulure laté-
rale, après l'injection d'atropine, mais en amont du foie, coagule normale-
ment.
Exemple. — Un aide recueille quatre échanlillons de sang, de 10™' à 10™' chacun,
après le passage à travers le foie. J'injecle à ce moment 10°""' d'une solution de sulfate
neutre d'atropine à !\ pour 4o, dans une jugulaire du premier chien (20''*). Immédiate-
ment après l'injection, on recueille parallèlement une série d'échantillons de sang au
sortir du foie et une série avant le foie. 24 heures plus tard, tous les échantillons pré-
levés après l'injection et après le passage à travers le foie étaient encore absolument
liquides; seul, l'échantillon prélevé immédiatement après l'injection commençait à se
prendre, mais le caillot, très petit, était facile à dissocier par agitation. Tous les échan-
35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
tilloDs prélevés avant l'injeclion ont coagulé normalement. Il en a été de même des
échanlillons prélevés après l'injeclion mais avant le passage du sang à travers le foie.
J'ai ajouté à trois échantillons de sang incoagulable, respectivement, o™',5, r°' et a""'
de sang normal provenant d'un troisième chien. 24 heures après le mélange, tous ces
échantillons étaient encore liquides; seul le tube contenant 1™' de sang incoagulable
et 2*°' de sang normal présentait un petit caillot.
OPTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Conséquence de la théorie d''Young. De la
conslruclion chromatique dans l'espace. Noie de M. A. Uosexstiehi,,
présentée par M. J. Violle.
On sait que le mélange de deux sensations colorées non complémen-
taires produit à la fois du blanc et une troisième couleur.
L'examen quantitatif de ce fait montre que l'intensité de coloration de
la couleur ainsi produite est toujours inférieure à la moyenne des deux
composantes et peut s'abaisser à un minimum égal à la moitié de cette
moyenne ('). Ce qui disparaît comme sensation colorée se retrouve
comme blanc binaire mélangé à cette couleur.
En conséquence le diagramme des couleurs obtenues par le mélange de
deux sensations primaires prend la forme d'un triangle équilatéral ABC
inscrit dans un cercle {fig- i). Si Ton fait intervenir la troisième sensation
primaire, le diagramme devient une conslruclion dans l'espace {^fîg- 2).
Le blanc, étant la source de toutes les sensations colorées que l'œil peut éprouver
pour un éclairage donné, se trouvera à l'extrémité d'un axe dont la longueur est limi-
tée à trois rayons : 00'=: OA -1- OB -f- OC. Son point de départ est en 0, lieu du noir
absolu; et sur la ligne 00' se placent tous les intermédiaires constituant l'échelle des
gris.
La ligne AO' est le lieu des points qui représentent les couleurs intermédiaires entre A
sensation primaire et O' sensation du blanc ternaire. La coloration sera maximum au
point A, nulle au point O'.
L'intensité lumineuse totale ira en croissant depuis A où elle est de J jusqu'au
sommet O' où elle est égale à l'unité.
\ous savons qu'une couleur binaire est représentée par deux points, placés sur un
même rayon : l'un H, situé à l'intersection du rayon et de l'un des cotés du triangle;
l'autre L, placé sur la circonférence. La ligne HO' sera la place des intermédiaires
entre la couleur il et le blanc en O'.
lîlle fait partie de la pyramide O'ABC, cl la lii^ne LO' représentant lintensito
lumineuse totale fait partie du cône enveIopj)ant.
(') Comptes rendus, t. 150, p. 235.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I910. 35l
Toutes les couleurs qui peuvent se concevoir pour un éclairage donné
trouvent leur place dans cette construction, laquelle se résume en une
pyramide triangulaire à base équilatérale engagée dans un cône, qui a
même sommet O' et qui a pour base le cercle passant par les trois
points A, B, C correspondant aux trois sensations fondamentales.
Pour chaque couleur elle donne :
1° La distance angulaire, c'est-à-dire la nuance; 2° sa complémentaire;
3" l'intensité relative de coloration ; 4.^ l'intensité du blanc binaire ;
5° l'intensité du blanc ternaire.
A.r..L
f -pM'
~t""|m
Elle les définit par conséquent d'une manière précise.
Mais il y a un chiflre qu'elle ne donne pas, et sur lequel il est utile
d'appeler l'attention : c'est le blanc ternaire provenant de la lumière blanche
diffusée par la surface colorée. Or, ce chiffre est compris dans la somme
qui est représentée par l'angle du secteur blanc trouvé expérimentalement
[parles expériences (i) et (3) de la Note précédente].
De ce fait, cette donnée numérique est un maximum, et la proportion
du blanc qui résulte du mélange des seules sensations colorées reste
inconnue.
La construction dans l'espace est une conception théorique. Elle n'a pas
besoin d'être exécutée pour rendre service.
c. K., iç)io, I" Scnicslri'. (T. \:A), N« 6 ) 4^
352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les données que nous avons employées, savoir : le blanc, le noir el trois
types de couleurs équidistantes à la vue, représentant en nuance et en
intensité de coloration les trois sensations fondamentales, suffisent. Car les
relations que nous avons trouvées, pour un même éclairage, entre ces cinq
données sont constantes. En effet, les types qui ont servi à ces mêmes expé-
riences en 1873 à Mulhouse, en i88j à Paris, donnent encore aujourd'hui
les mêmes résultais numériques. Elles sont donc suffisamment indépen-
dantes du temps et du lieu pour acquérir une valeur générale.
Mais, sur ces cinq données, deux seulement (le noir et le blanc) peuvent
être reproduites partout et en tout temps identiques à elles-mêmes. Il n'en
est pas ainsi pour les trois couleurs dont il faudrait fixer les types par
convention : difficulté qui serait aisément vaincue si le besoin s'en faisait
sérieusement sentir.
ZOOLOGIE. — Sur les Poissons de la famille des Nèmichlliyidës. Note
de M. Louis Roule, présentée par M. Edmond Perrier.
Celle famille de Téléosléens apodes contient des espèces, abyssales le plus
souvent, surtout répandues dans l'Atlantique inlerlropical, ou dans son
voisinage. Un seul exemplaire lui appartenant fut signalé, à ma connaissance,
et en i<)o^, par Ariola, comme pris dans la Méditerranée, près de Gênes.
Cet auteur s'en est servi pour créer, dans le genre Nemic/i/hys, une espèce
nouvelle, qu'il a nommée N. mediterraneus ; il semble plutôt, d'après sa des-
cription assez incom[ilète el d'après la figure, qu'il s'agit d'un Avoceitina,
autre genre de la famille. Il devient important, en de telles conditions, de
signaler l'existence dans la Méditerranée d'un Nemichthys véritable, nette-
ment caractérisé, faisant partie du cycle des formes d'une espèce atlantique
déjà connue. A'. scolopaceus\\\c\\. I^'unique individu fut pris, en janvier 1908,
non loin de Toulon ; conservé dans les collections de la station de Biologie
marine de Tamaris, j"ai pu l'étudier, grâce à l'obligeance de M. le professeur
R. Dubois, directeur de cette station.
Celle élude m'a permis de compléter les notions déjà acquises sur la struc-
ture de Poissons aussi remarquables.
L'un des caractères du genre i\emichthys tient à sa possession d'une ligne latérale
munie de trois rangées de pores ; or, ces rangées sont inégales : deux se montrant vrai-
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I9IO. 353
ment continues, et l'inleimédiaire s'inleirompanl de place en place, par intervalles,
pour faire avec les autres une alternance des plus régulières. En outre, la tète porte
aussi trois rangées de pores : Tune nucale et mandibulaire, inférieure; la deuxième
post- et infra-orbitaiie; la troisième inter- et pré-orbitaire. La nageoire dorsale com-
prend, comme Brauer (1906) l'a reconnu le premier sur cette espèce, trois régiops :
deux extrêmes aux ravons filamenteux, une moyenne aux rayons courts et gros, en aci-
cules ; cette dernière possède aussi quelques rayons filamenteux, joints aux précédents.
Les dents diffèrent de la mandibule inférieure à la supérieure ; ceUe-ci en a trois ran-
gées, deux latérales et une médiane ou vomérienne ; celle-là ne porte que les deux
latérales.
La disposition la plus di£;'nc d'inlérct est celle des viscères.
On sait que la famille entière est caractérisée, mieux que la plupart des autres
Apodes, par le report en avant de l'orifice anal, Ce report est surtout accentué chez
NemiclUhys ; l'anus est situé à proximité de la tète, au niveau de la première moitié
des pectorales. Ceci entraîne de nombreuses déviations à la structure ordinaire, et
donne à ces Vertébrés, même dans leur groupe, une conformation peu commune. Le
tube digestif se recourbe sur lui-même, décrivant une boucle complète, au\ deux
brandies parallèles, comme celui d'un Bryozoaire ou d'un Plioronis. La zone terminale
du rectum se place au-dessous du cœur, et l'anus se trouve percé au niveau du ven-
tricule. Le foie, le rein, à leur tour, s'étirent et s'allongent. La cavité abdominale, qui
contient ces viscères, est courte, du reste, car son grand axe mesure, de sa région
cardio-anale à son extrémité postérieure, le septième seulement de celui du corps.
L'individu qui m'a servi dans celle étude a une forte taille, supérieure de
beaucoup à celle des représentants déjà décrits de La même espèce; ceux-ci
n'ont pas i'" de longueur, alors que celui-là compte près de i™,5o. Malgré
quelques particularités distinctives, je le rapporte à N. scolopaceus Uich.
déjà signalé dans l'océan Atlantique. Il ne convient guère, ici, de cré<^r une
espèce pour un seul exemplaire, en raison de l'extrême capacité de variation
que la biométrie dénote chez les Poissons.
Quelques données de géographie zoologique mérilenl , enfin, de se
prendre en considération. L'espèce visée a été recueillie, à plusieurs reprises,
dans l'Atlantique, au large des côtes d'Afrique. Le fait qu'elle existe aussi
dans la Méditerranée conliibue à corroborer cette opinion de Gûnther, que
cette zone de l'Atlantique pourrait se rattacher à la province méditerra-
néenne. Il dénote, en outre, que cette dernière contient une faune bathy-
pélagique, dont les divers représentants ne sont pas tous connus, ou le sont
à peine, malgré les nombreuses investigations dont cette mer est l'objet
depuis longtemps.
354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HISTOLOGIE. — Sur la Structure de la tectoria. Note de M. E. Vasticar,
présentée par M. Henneguy.
La véritable structure de la tectoria est la suivante : elle est composée
d'une membrane fondamentale d'une finesse extrême, de l'épaisseur de la
membrane de Reissner. Sur sa face supérieure est implanté verticalement
un chevelu cilié à filaments indépendants, pointus et absolument libres
par leur extrémité supérieure. Quelques-uns portent à leur extrémité un
petit corps ovoïde dénature cuticulaire. La face inférieure montre sur toute
son étendue des stries spirales qui sont formées par la succession des points
d'attache de courts ligaments cuticulaires qui la réunissent à l'épithélium
pavimenteux tapissant la surface des dents auditives, aux interlignes des
cellules du sillon spiral interne, à la surface des piliers internes, aux bras
de soutien des anneaux ciliés de la deuxième rangée qui appartiennent aux
piliers externes, aux anneaux ciliés, à quelques points des phalanges et
quelquefois aux interstices cellulaires du massif des cellules de Hensen.
Les sillons de la bandelette sillonnée sont remplis en totalité par des
cellules conjonctives à un ou plusieurs noyaux. Le protoplasma de ces cel-
lules déborde plus ou moins en hauteur la plate-forme des dents auditives,
se rejoint pour constituer un matelas protoplasmatique continu qui sécrète
la partie de la tectoria en rapport avec la protubérance de Huschke. Les
ligaments cuticulaires qui s'attachent sur les dents auditives s'insinuent
dans les espaces qui séparent plus ou moins les masses protoplasmatiques.
Le prolongement de la tectoria sur les cellules de Hensen s'observe sur
certaines préparations. Sur d'autres, concernant exactement la même région,
il n'existe pas. On le trouve lorsque le massif des cellules de Hensen ne
dépasse pas la hauteur des cellules ciliées. Je parle du point de jonction
seulement des cellules de Hensen à la surface ciliée. La tectoria ayant
besoin d'un point d'attache externe qui devient plutôt un point de retenue
envoie une expansion membraneuse sur la surface cochléaire des cellules de
Hensen.- Lorsque ces dernières font une saillie assez prononcée, le bord
tectorial prend sur elles un simple point d'appui et ne se prolonge pas.
Le bord libre de la tectoria est porteur de corps cuticulaires de forme et
de volumes variables, irrégulièrement distribués.
Dans l'épaisseur même du chevelu cilié correspondant aux cellules sensorielles, on
trouve des formations lenticulaires disposées de champ et qu'on aperçoit de face sur
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 1910. 355
des coupes frontales, qui sont en rapport par leur bord supérieur avec des arborisa-
tions volumineuses dépassant même le niveau supérieur du chevelu cilié. Elles se
juxtaposent intimement par leurs bords latéraux. Leur bord inférieur donne naissance
à des ligaments verticaux qui se terminent par un renflement cuticulaire situé sur le
bord inférieur de la membrane fondamentale et en regard de chaque cellule ciliée. Au
pourtour de ce renflement s'insèrent des ligaments culiculaires dont le point d'attache
inférieur est sur le pourtour des anneaux ciliés et en tout petit nombre, deux en
moj'enne, sur les bras de soutien, ainsi que sur les phalanges. Les cils de la cellule sen-
sorielle sont renfermés à l'intérieur de cetlecagecuticulaire et souvent fortement inflé-
chis dans le sens de leur longueur. Ils constituent comme un ressort destiné à main-
tenir constant l'écartement de la tectoria et de la surface papillaire.
Ces corps lenticulaires paraissent maintenus par le chevelu cilié dont les filaments
s'insèrent verticalement sur la membrane fondamentale.
On trouve enfin, sur la surface libre des cellules du sillon spiral interne,
des corps arrondis qui présentent un prolongement inférieur tronconique
s'implantant dans la substance protoplasmatique de ces mêmes cellules.
Leur aspect général est celui d'un clou à tête globuleuse. Ils font office de
corps isolateurs. On en retrouve du reste dans toutes les régions de l'organe
de Corti, au niveau du paquet de cils de la ciliée interne et sur toute la
hauteur du bord interne de la cellule de Deiters de la première rangée et
quelquefois dans la partie supérieure de l'interligne des cellules de Deiters
des deux autres rangées. On les voit principalement lorsque la cellule de
Deiters de la première rangée arrive presque au contact des piliers externes.
Ces observations ont été faites sur le limaçon du Lapin fixé pendant la vie
par une solution d'acide osmique.
MÉDECINE. — Les bases expérimentales de la vaccination antityphique.
Note de M. H. Vince.vt, présentée par M. A. Chauveau.
Les travaux de Frânkel et Simonds, Sirotinin, Beumer et Peiper, Chan-
temesse et Widal, etc., ont démontré la possibilité de vacciner activement
les animaux contre le bacille typhique par l'inoculation de cultures vivantes
ou tuées de ce microbe.
En raison de l'importance pratique de ce problème (Pfeiffer et KoUe,
Wright), j'ai recherché expérimentalement quel est le procédé de vaccina-
tion qui, après vérification chez les animaux, réalise le mode de protection
le plus efficace chez l'homme.
356 ACADÉMIE UES SCIENCES.
Il esL à remarquer que les animaux n'oiiL qu'une faible réceptivité locale
(intestinale) et générale pour le bacille d'Eberlh. Dès lors il semble dif-
ficile de conclure, des effets produits chez Tanimal par la vaccination anti-
typhique, à ceux qu'on peut attendre, chez l'homme, de la même vacci-
nation. Facile à immuniser, l'animal pourra d'autant mieux résister ensuite
à l'inoculation d'épreuve. Le môme mode de vaccination aurait-il déter-
miné, chez l'homme, une aussi forte immunité?
A l'aide d'une technique nouvelle, j'ai soumis les animaux vaccinés contre
le bacille d'Eberth à un mode d'infection tel qu'il amène, d'une manière
constante, la mort des animaux témoins, non vaccinés. Ceux-ci succombent
à une généralisation parfois considérable du bacille typhique dans leur
sang et leurs viscères.
L'animai d'expérience a été Je cobaye. Les animaux, divisés par lois, ont reçu sous
la peau, et à lo jours d'intervalle, de une à trois ou quatre injections de l'un des vac-'
oins antitjpliiques ci-après. i5 jours après la dernière injection, on leur inoculait
dans le péritoine i'"'' de culture typhique virulente de 48 heures en bouillon, et, sous
la peau, 2'^°'" à 4"^"' de solution de NaCl à 10 pour 100, ou bien J^ à J de centimètre
cube d'huile d'aniline. Suivant (jue le cobaye vacciné résistait ou succombait, après
cette épreuve, on concluait à l'efficacilé ou à l'insuffisance du vaccin.
Les vaccins essayés ont été; culture typhique (de 24 heures ou de 10 jours) vivante
ou tuée à 53"-.55°; bacilles tués, sensibilisés par un sérum anlityphiq.ue; extraits bacil-
laires obtenus par aulolyse dans l'eau physiologique seule, ou alcalinisée par i pour 100
de ÂzH', puis neutralisée par (JO-; bacilles vivants ou tués, absorbés à fortes doses
par la voie digeslive.
Sous chacune de ces formes, les vaccins ont déterminé, à des degrés
variables, la production d'anticorps bactériolysants, agglutinants et pré-
cipitants. L'immunité a été très inégale.
1. Kn cultuie en bouillon de 9,4 heures, le bacille viva/il a été injecté successive-
ment aux doses de |, ^, 1™'. On confère ainsi au cobaye. une protection complète et
durable pendant 3 à 6 mois. Le pouvoir baetériolylique devient très supérieur à la nor-
male. Les taux d'agglutination et de précipitation atteignent y^ et quelquefois fjVô-
Contrairement à Pfeillér et Friedberger, j'ai constaté une période d'exaltation de la
réceptivité (phase négative) d'une durée de 2 à 4 jours.
IL La culture vivante de 10 jours inoculée comme la précédente donne une immu-
nité assez analogue, peut-être un peu plus faible. Les symptômes morbides causés jiar
les injections sont plus accusés.
111. Faite aux mêmes doses, l'injection au.x cobayes de bacilles lues par chauffage
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 19IO. 357
à SS^-SS" (Leischmann ) donne souvenl rimniunité après la deuxième inoculation. Trois
injections sont, cependant, nécessaires pour assurer une protection sérieuse contre
l'infection d'épreuve.
Le pouvoir bactériolysant est un peu plus faible qu'avec le vaccin I ou 11; les litres
agglutinant et précipitant sont à peu près les mêmes.
IV. La vaccination pav bacilles morts et sensibilisés ( procédé de Besredka) nécessite
trois injections. Le pouvoir baclèriolvtiqiie, presque égal aux précédents, s'affaiblit
plus vite. Le taux d'agglutination est le même. La protection contre l'infection
d'épreuve a été moins durable qu'avec les vaccins non sensibilisés. Quelques animaux,
soumis, 2 mois après, à l'épreuve de contrôle, ont succombé.
V. L'aiilolysal de bacilles morts, proposé par Neisser et Shiga, Wassermann,
assure une protection plus faible et moins prolongée que les vaccins I, II et 111. Les
animaux ont montré un fort pouvoir agi;lutinant et précipitant de leur sérum.
VI. Uaulolysat de bacilles virants (culture sur gélose de 24 ou 4'*^ heures, macérée
dans o*^™' d'eau physiologique, à 87°, pendant 2 à 4 jours), employé après centrifu-
gation et stérilisation par l'élher ou le chloioforrae, a donné, aux doses ci-dessus, des
résultats aussi bons que les vaccins I, II et 111. L'immunité a persisté pendant 3 à
6 mois. Trois injections ont été nécessaires. Les phénomènes morbides (fièvre, dou-
leur, réaction locale) provoqués chez les animaux ont été insignifiants.
Vil. 'Jn a employé comme vaccin une culture en bouillon de 34 heures, additionnée
de I pour 100 d'ammoniaque, et aulolysée pendant 48 heures à 87°, en vase clos. Le
liquide a ensuite été neutralisé par un courant de CO^, puis centrifugé. Ce milieu n'a
pas immunisé suffisamment les cobaves.
VUI. La vaccination par absorption di^eslive de bacilles vivants, même en très
forte quantité, n'a amené aucune immunité générale. L'immunité intestinale n'a pas été
appréciée; peut-être n'a-t-elle pas ici l'importance que Cloetta a constatée pour certains
poisons chimiques.
En résumé, on peut conclure que c'est le bacille vivant, en culture de
i!\ heures ou même plus âgée (10 jours), qui donne au cobaye l'immunité la
plus solide. La macération de bacilles vivants, centrifugée et stérilisée ensuite
par l'éther ou le chloroforme, est également très vaccinante. L'utilisation,
comme antigène, d'une culture de 24 heures, tuée par la chaleur à 55°,
pendant i heure, confère également une bonne protection aux animaux. Le
vaccin sensibilisé donne une immunité satisfaisante, mais moins prolongée.
Les autres vaccins expérimentés ont été moins actifs.
358 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE VÉIÉRINAIRE. — Étiologie delà congestion intestinale du cheval.
Note de M. H. Carré, présentée par M. E. Roux.
On range parmi les maladies du tube digestif, chez le cheval, une entité
morbide assez bien caractérisée, cliniquement, par l'injection intense des
muqueuses et des coliques d'une extrême violence survenant brusquement,
le plus souvent, sur des animaux surmenés par un travail excessif. Les lésions
sont caractéristiques : le caecum et le gros intestin, plus particulièrement
lésés, sont rouge foncé, la muqueuse désorganisée est transformée en un
caillot rouge noirâtre; le foie peut avoir l'aspect cuit, la rate grosse, molle,
noire sur la coupe. L'insertion des vaisseaux sur l'intestin est noyée dans
un œdème parfois très abondant, sanguinolent. L'estomac et l'intestin
grêle sont parfois seuls lésés, ensemble ou séparément. L'urine peut être
plus ou moins foncée et même acquérir la teinte marc de café. Le cœur est
jaune, friable. L'endocarde gauche est parsemé de nombreuses hémor-
ragies sous-séreuses; les valvules présentent des végétations fibrineuses,
indice d'une inflammation toute récente (Petit).
Actuellement deux hypothèses sont en présence, concernant l'éliologie de
cette afl'ection.
I. La première en date, émanant de Bollinger, accuse la tluombose des arlères
coliques par un caillot émanant d'un anévrisme vermineux de la grande mésentérique
(action toute mécanique et notoirement insuffisante pour expliquer les lésions d'intoxi-
cation générale).
II. MM. Petit et Ligniéres reconnaissent qu'il est impossible d'expliquer la genèse
de ces lésions autrement que par l'action d'une toxine microbienne. Ligniéres place
dans la muqueuse intestinale l'origine de cette sécrétion toxique due à un microbe
encore hypothétique.
Lclairé par mes précédentes recherches sur le bacille de Preisz-PNocard
dans certaines affections du mouton {Revue générale de Médecine véiéri-
naire, i"' avril 1908 et i5 janvier 1910), j'ai pu facilement constater l'agent
'spécifique de la congestion intestinale du cheval.
Il suffit de parcourir les relations d'autopsie des moutons morts des
eaux rousses, cachexie aiguë de Delafond, mal rouge, etc., ou lues par
la toxine du bacille de Pi-eisz-Nocard, pour constater l'identité absolue
de ces lésions et celles qu'on rencontre chez le cheval mort de congestion
intestinale.
SÉANCE DU 7 FÉVRIER I9IO. 35i)
Les moutons morts de la maladie naturelle ne m'avaient pas permis jus-
qu'alors de constater avec certitude le lieu de culture du microbe.
Tout récemment, deux agneaux, envoyés d'une bergerie infectée, me
parvinrent mourants. Sacrifiés, ils montraient toutes les lésions des eauT
rousses et le sang du cœur me donna une culture pure du bacille de
Preisz-Nocard.
Je fus assez heureux pour avoir de suite, à ma disposition, quatre
chevaux atteints de coliques violentes.
(]es chevaux furent saignés à la jugulaire et leur sang fut ensemencé largement en
bouillon.
Deux chevaux guérirent; leur sang se montra stérile.
Les deux chevaux qui moururent firent voir les lésions typiques de la congestion
intestinale sur le tube digestif et sur le cœur.
Le sang de ces deux animaux me donna une culture du bacille de Preisz-
Nocard.
1. La congestion intestinale du cheval n'est pas une affection du tube
digestif; c'est une infection générale de l'organisme surmené, par le bacille
de Preisz-Nocard et les lésions constatées sont dues au poison sécrété par ce
microbe.
IL Le terme de congestion intestinale 'est inexact ; la lésion intesti-
nale peut être insignifiante ou même faire totalement défaut, l'action
tonique n'étant plus traduite que sur l'estomac et le cœur.
GÉOLOGIE. — Les Algues calcaires du groupe des Girvanella et la formation
des oolithes. Note de M. L. Cavkux, présentée par M. Michel Lévy.
En 1878, H. -A. Nicholson et R. Etheridge (') signalèrent, dans le
Calcaire silurien de Girvan (Ecosse), des tubes microscopiques flexueux ou
contournés, à section circulaire, formant des masses compactes libres,
auxquelles ils donnèrent le nom de Girvanella problematica. Parfois
répandues en grand nombre dans certaines roches primaires et secondaires.
(') ll.-A. iNiciioLSON and K. Ethëridge jun., A Monograph of tite silurian Fossils
of the Girvan District, in Ayrs/iire, t. I, 1878, p. ?. i et 2^, PI- IA',/ig. 24.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, iN° 6.)
/iH
36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
les Girvanella ont été successivement identifiées à des Rhizopodes, à des
Sironiatopores, puis à des Spongiaires; de nos jours, elles sont générale-
ment considérées comme des Algues calcaires.
Dès i885, leur présence était reconnue dans des oolithes calcaires par
M. H. -M. Seely ('). A partir de 1889, l'attention fut souvent appelée sur
ces singuliers organismes, et notamment par M. Wethered qui étudia dans
plusieurs Mémoires les rapports des Girvanella avec les oolithes et les
pisolithes calcaires. La principale conclusion des belles recherches de ce
savant peut se résumer en ceci : les oolithes et les pisolithes calcaires ne
sont pas des concrétions, mais des corps résultant de la croissance et de
l'enroulement des tubes de Girvanella autour de grains de nature organique
ou minérale.
La découverte d'une multitude de Girvanella dans les oolithes ferru-
gineuses des minerais siluriens de La Ferrière-aux-Etangs (Orne) et les
conditions d'étude exceptionnellement favorables qu'elles y présentent
m'ont tout naturellement conduit à vérifier la thèse de M. Wethered.
Les Girvanella des minerais de fer se présentent sous forme de tubes très
déliés, vermiformes, repliés sur eux-mêmes, pelotonnés et sans exception
inclus dans les oolithes. Quelle que soit la composition de celles-ci, les
Girvanella sont toujours fossilisées par de la sidérose très pure ou faible-
ment souillée par de l'hématite rouge. Les oolithes qui les englobent étant
le plus souvent hématisées, il en résulte que les Algues se détachent en
clair sur un fond brun opaque et que les relations entre les deux parties
en présence sont d'une netteté incomparable. De pareils éléments permet-
tent de fixer avec la plus grande précision ce qui appartient en propre aux
corps oolithiques et ce qui revient aux organismes qu'ils emprisonnent.
D'une manière générale, les tubes de Girvanella abondent à la périphérie
des oolithes; leur fréquence diminue graduellement vers l'intérieur, et un
petit nombre seulement en atteignent le centre. Tout une série de faits
établissent l'indépendance absolue de la structure concentrique des oolithes
de la présence de ces tubes :
I" Il apparaît évident au microscope (|iie les G«/('««e//a inlerionipent ou détiuisent
complètement la structure des oolithes. On voit, par exemple, des lignes concentriques
brunes très fines s'arrêter net à la rencontre d'une large section transversale de Girva-
(') H. -M. Sekly, a new Geniis vf Cluizy Sjju/i^cs, Slrep/ioc/iclus (Ani. ./uiirn.,
3'- srrie, t. .\X\. .885, p. 355-357).
SÉANCE DU 7 FÉVRIER 191O. 36l
nella ; on voit encore de gros tubes cheminer entre des couches concentriques, puis se
replier brusquement pour accomplir un long parcours radial, sur lequel toutes les
zones sont invariablement coupées. Tel tube qui traverse une oolithe, suivant une
ligne des plus capricieusement ondulées, ne se confond mille part avec une des enve-
loppes concentriques. Notons encore que, dans de nombreuses sections d'oolithes qui
se résolvent en un véritable feutrage d'Algues, il est toujours impossible de dévoiler la
moindre trace de structure zonaire. Bref, la structure concentrique des oolithes ferru-
gineuses s'efface d'autant plus que les Girvanella se multiplient.
2° Les noyaux oolilhiques envahis par les Girvanella ne laissent jamais reconnaître
la plus petite trace de structure zonaire, et cependant les Algues y sont représentées à
tous les états de fréquence. Les tubes les traversent en tous sens, les détruisent pour
en prendre la place et parfois même ne pénètrent pas du tout dans la partie de
l'oolithe caractérisée par une structure concentrique.
3° Enfin le diamètre des tubes de Girvanella^ si réduit qu'il puisse être, dépasse
toujours de beaucoup l'épaisseur des zones concentriques les inoins fines : c'est dire
que toute confusion, entre les unes et les autres, est impossible.
De l'analyse détaillée des oolithes à Girvanella il ressort avec évidence
qu'on ne peut expliquer l'orig-ine des corps oolithiques par un enroulement
de tubes. Les Girvanella ne construisent pas d'oolithes et travaillent au
contraire à les détruire. Toute oolithe qui en renferme est en quelque sorte
parasitée et condamnée à la perte complète ou partielle de sa caractéristique
la plus essonlielle, sa structure concentrique. En réalité les Girvanella des
minerais de fer sont des Algues perforantes, fixées dans les oolithes à la
manière de parasites.
On s'explique ainsi la prédominance des tubes dans la région périphé-
rique des oolithes et leur existence dans certains noyaux oolithiques,
c'est-à-dire dans des corps de nature variée et dépourvus de structure
concentrique. Cette opinion, seule, rend compte de la différence de compo-
sition minérale des tubes et de la grande majorité des oolithes et enfin du
contraste si frappant entre l'extrême finesse et la régularité des zones
concentriques d'une part, la grosseur, le calibre éminemment variable et
le dessin si irrégulier des tubes d'autre part.
.l'ai étendu mes observations aux oolithes calcaires à Girvanella, sans
noter le moindre fait qui en restreigne la portée générale ; elles sont, au
même titre que les oolithes ferrugineuses, des oolithes parasitées.
Il suffit, d'ailleurs, pour se convaincre que l'ingénieuse explication de
M. Wethered n'est pas fondée, de réfléchir à ce fait que l'enroulement d'un
tube sur lui-même ne saurait jamais engendrer une masse sphérique, ovoïde
ou ellipsoïdale, caractérisée par une structure concentrique.
362 ACADÉMIE UES SC1E^CES.
Ces raisons, et beaucoup d'autres que je ne puis exposer dans celle
Note, concourent à démontrer que les Girvanella et toutes les Algues
calcaires du même type sont absolument étrangères à la genèse de la
structure oolitbique.
La séance est levée à f\ heures et demie.
Ph. V. T.
ERRATA.
(Séance du 24 janvier 1910.)
Note de M. P. Helbronner, Sur les jonctions de la chaîne méridienne de
Savoie avec la triangulation fondamentale italienne et suisse :
Page 209, le Tableau doit être lepoité page 210 après la 16* ligne.
Page 210, après la ligne 7, lises :
Triangulalion italienne =2i8i8"',3o. — (Jliaîne niéiidienne de Savoie =21818"', 60.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 14 FÉVRIER 1910.
/
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de lT.vstrictiox publique adresse ampliation du Décret
en date du 5 février portant approbation de Félfiction que l'Académie a
faite de M. Adolphe von Baeyer pour occuper une des places d'Associé
étranger créées par le Décret du i"' décembre 190g.
Il est donné lecture de ce Décret.
M. le Président donne lecture de la dépôciie suivante :
Au Présidpiit de l'/ns/i/ii/ de France, à Pans,
L'A.cadémie royale des Liiicei n'a pas ouljlié la très vive part prise l'an passé par
voire illustre Institut au terrible désastre qui frappa l'Italie méiidionale. Dans sa
séance d'hier, elle m'a chargé à l'unanimité de vous transmettre ses profondes condo-
léances pour le grand fléau f|ui a aflligé et désolé une grande partie de la France, avec
son admiration pour l'exemple de force d'âme qui a été donné en d'aussi graves cir-
constances.
Le Président,
Blaserna.
SISMOLOGIE. — Sismographe à colonne liquide.
Noie de M. (». Lippmaw.
C'est un sismograplie auquel on peut donner une durée d'oscillation telle
que les courbes qu'il trace n'aient plus besoin d'être réduites. Un tube T,
plein d'eau, débouche à chaque extrémité dans un bassin B contenant le
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 7.) ^9
364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même liquide. l/é(iiiilil)i'e hydrostatique sVHablit dans ce système, qui n'est
autre qu'un niveau d'eau de grandes dimensions.
L'équilibre de la colonne li({uide serait indifférent si la section du bassin B
était infiniment grande par rapport à celle du tube T; et l'instrument serait
alors théoriquement parfait. En réalité il n'en est pas ainsi; l'équilibre est
stable; et quand il a été troublé par une secousse, il se rétablit par une
série d'oscillations; l'appareil constitue donc un pendule liquide dont la
période d'oscillation est T. (^ette période d'oscillation propre joue ici le
même rôle que dans le cas du pendule solide; il importe qu'elle soit aussi
grande que possible par rapport à la durée des mouvements sismiques (').
Cette condition, très difficile à réaliser pratiquement avec les pendules
solides, est au contraire réalisable facilement et sans réglage avec l'appareil à
colonne liquide.
Pour nous en assurer, calculons T en fonction des dimensions de l'ap-
pareil. Soient s la section du tube T, S la section de chacun des bassins B.
Quand le liquide du tube T subit un déplacement égal à i, la dénivellation
dans les bassins B est égale à ? ; la pression qui en résulte est égale à ^ g.
Il s'ensuit que l'on a
T=:27
T ne dépend donc que des dimensions de l'appareil : aucun réglage n'est
nécessaire, aucun déréglage appréciable ne peut se produire.
D'ailleurs on peut arriver à une valeur notable, avec un appareil de
dimensions modérées. On obtient, par exemple, les valeurs suivantes de T :
/. s. s. T.
r. 4"" 4"">' 14, 14
I 4 I'"' 68
4 4 •"'' i4i ,4
La partie hydraulique du système peut être construite très grossièrement
par un plombier. 11 reste à examiner le mode d'inscription du mouvement
(') M. Lo Siii<lo a proposé un accéléromètre conslilué par une colonne de mercure
et qui avait une période d'oscillation extrêmement courte, ^ de seconde, et qui
obéirait aux tremblements de terre très forts qui se produisent en Italie. Nous nous
proposons ici d'inscrire de très faibles déplacements et non de fortes accélérations.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 19IO. 365
du liquide : ici, il esl nécessaire d'employer un petit équipage léger et déli-
catement suspendu.
Un disque de mica très mince forme piston à 1'ex.lréniilé du tube : il suit les raou-
venients-de l'eau et communique ses déplacements à un miroir mobile qui sert à l'ins-
cription photographique.
Le disque de mica et le miroir sont portés par un fil de métal mince, vertical, et
soutenu par un fil de quartz; le disque de mica est excentré de manière que ce petit
équipage forme balance de torsion. Pour éviter tout frottement, le piston en mica ne
touche pas la paroi du tube; l'obturation est donc incomplète. Néanmoins, à cause de
la faiblesse de la masse mobile (poids total : quelques décigrammes), et de la faible
torsion du fil de ([uarlz, le piston n'oppose qu'une très faible résistance au mouvement,
et il le suit sans qu'aucune fuite d'eau notable puisse se produire.
Si Ton tenait à remplacer rinscriplion photographique par l'inscriplioil
mécanique, il faudrait, en raison du frottement du style inscripleur cjui
intervient alors, augmenter la masse liquide en augmentant ensemble les
volumes de 5 et de S.
Les pendules sismographiques solides ne permettent pas, comme l'appa-
reil à liquide, d'accroître à volonté la période T. Il paraît qu'en général on
se contente de faire T égal à 10 ou 12 secondes. Sans doute on peut amener T,
par un réglage soigné, à valoir 20 et même 3o secondes. Mais l'appareil
devient alors extraordinairement sensii)le à toute perturbation, ther-
mique ou autre, qui change la position apparente de la verticale : le
déplacement horaire du Soleil, l'approche de l'observateur changent la
sensibilité et déplacent la position d'équilibre. En appelant a l'angle de .
l'axe de rotation avec la verticale, T- est proportionnel à - et, par consé-
quent, —. — - est proportioimel à — ; c'est-à-dire que ce coefficient, qui mesure
la sensibilité de l'appareil aux variations de a, devient un infiniment grand
du second ordre quand on fait tendre a vers zéro. C'est pour cette raison
que Hecker, dans des recherches récentes, a dû installer son pendule hori^
zontal non dans une cave, mais dans une mine, à 1000'" de profondeur.
L'appareil à liquide n'aurait pas le même défaut. D'abord sa période est
invariable : elle ne dépend que de ses dimensions. Ensuite une variation
lente de la verticale ne s'inscrirait pas sur la feuille photographicjue. En
effet, lé piston de mica n'est pas étanche ; il permet donc une fuite d'eau
qui diminue légèrement les indications de l'appareil quand les mouvements
de la colonne liquide sont brusques. Au contraire, quand ces mouvements
sont dus au déplacement horaire du Soleil, la palette de mica n'est plus
366 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sensiblement entraînée, car, la fuite durant maintenant des heures entières,
elle suffit à maintenir l'égalité de pression des deux côtés du mica. Le
sismographe à colonne liquide ne peut donc indiquer les changements lents
de la verticale ; il n'en est que plus commode à employer pour mesurer les
déplacements rapides de la croûte terrestre.
M. lî. lÎAiLi-AUD présente, au nom de M. Cossekat, le Tome \ I des
Annales de f Observai oire de Toulouse:
En présentant à l'Académie le Tome VI des Annales de i Observatoire de
Toulouse, consacré aux taches du Soleil, je tiens à signaler le travail consi-
dérable qu'a demandé l'élaboration de ce Volume, qui est essentiellement
l'œuvre de M. Montangerand.
Des 5718 positions, obtenues par la méthode de Carrington, qui sont
discutées dans ce Volume, 2803 ont été observées, de 1879 à 1884, par
MM. Bigourdan,Perrotin, Jean,Rey, Saint-Blancat; 28^5, de i88/(à 1887,
par M. Montangerand, et 18, à la fin de 18S7, par M. Cosserat.
M. Saint-Blancat a revisé une partie des données; MM. Jean, Bey et
Montangerand ont fait une fois les réductions; M. Montangerand les a faites
lui-même une seconde fois. Les résultats de ces longs et pénibles calculs
constituent la première Partie du Volume.
La seconde Partie contient la discussion minutieuse des taches, donnant
pour chacune d'elles la valeur angulaire de la vitesse de rotation.
M. Montangerand se réserve de faire ultérieurement une discussion
d'ensemble des résultats obtenus.
La publication de ce Volume a été assurée en partie par des subventions
de M. le vicomte de Salignac-Fénelon, déjà signalé à l'Académie comme un
des généreux donateurs de l'Observatoire du Pic du Midi.
MM. Baillaud, Cosserat et Montangerand sont particulièrement heureux
(le saisir l'occasion qui s'oflre à eux d'exprimer à M. de Salignac-Fénelon
leur profonde reconnaissance.
îVO^IltVATIOrVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées de juger les concours de l'année 1910.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
MathÉMATIQUIîS : Grand Prix des Sciences mathématiques, j)riv Fran-
SÉANCE DU l/f FÉVRIER I9IO. 36'J
cœiii\ prix Poncelet. — MM. Jordan, Poincaré, Emile Picard, Appell,
Painlcvé, Humbert, Maurice J^evy, Darboux, Boussinesq.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Alfred Picard, Vieille.
Cette Commission est également chargée de présenter une Question de
prix fiordin pour l'année 191 3.
Méganique : Pri.v iMontyon, Fourneyron. — MM. Maurice Levy, Bous-
sinesq, Deprez, Léauté, Sebcrt, Vieille, Schlœsing, Haton de la (ioupil-
lière, Poincaré.
Ont ensuite obtenu le plus de suffrages : MM. Berlin, Villard.
Navigation : Prix extraordinaire de la Marine, Plumey. — MM. Maurice
Levy, Grandidier, Boussinesq, Deprez, J^éauté, Bassol, Guyou, Sebert,
Hatt, Berlin, Vieille.
Astronomie : Prix Pierre Guzman, Lalande, Vah^Janssen. — MM. Wolf,
Radau, Deslandres, Bigourdan, Baillaud, Hamy, Darboux, Lippmann,
Poincaré.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Emile l'icard, Appell.
Géographie : Prix Tcldlialchef, Guy, liinoux, Delalande-Guérineau. —
MM. Grandidier, Bassot, Guyou, Hatt, Berlin, Ph. van ïieglicm, Perrier,
le prince Roland Bonaparte.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Darboux, Lacroix.
Celle Commission est également chargée de présenter une Question de
prix Gay \>o\iv Wnnèe. 191 3.
Physique : Prix Héhcrl^ Hughes, lùistner-Boursault, Victor Raulin. —
MM. Lippmann, Violle, iVmagal, Gernez, Bouty, Villard, Maurice Levy,
Caillelet, Poincaré.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Emile Picard, Boussinesq.
Chimie : Prix Jecker, Ca/tours, Monlyon. (Arts insalubres), Alhumbert. —
MM. Troosl, Gautier, Lemoiiie, Haller, Le Chatelier, Junglleisch, Schlœ-
sing, Carnol, Maquenne.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Miintz, Roux.
3()8 ACADÉMIE DES SCIENCES.'
BoTAMQUE : Prix Desmazicres, Montagne^ De Vuincy, De laFons-Mélicocq,
Bordin {Sciences physiques). — MM. lîornet, Guignard, Bonnier, Prillieux,
Zeiller, Mangin, Ph. van Tieghein, Peirier, Chatin.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Bouvier, le prince Roland
Bonaparte.
GORUESPONDANCE .
M. le Secrétaike pekpétuel donne lecture du télégramme suivant,
transmis par M'"*^ Charcot :
Ue PunUi Arenas.
Je crois avoir rempli, dans la mesure de mes moyens, le problème scientifique que
nous avait donné l'Académie des Sciences. Après un échoiiage grave, nous avons con-
linué vers le Sud-Ouesl le lever de la côte des Terres Antarctiques, commencé lors de
notre expédition précédente, jusqu'à l'ile Adélaïde, ile très curieuse, longue de i3o''"'.
Au Sud, nous avons découvert un vaste golfe et relevé 120 milles de terres nouvelles.
Nous avons ensuite atteint la terre Alexandre I"", qui était le but principal de notre
expédition, et autour de laquelle les glaces sont très abondantes et la côte accore
sans mouillage. Revenant alors dans le Nord, nous avons hiverné à l'île Petermaun.
L'hiver a été relativement doux, mais pénible. Le temps était affreux, nous avons fait
des avaries et avons eu plusieurs malades qui sont maintenant tous rétablis. Les ex-
cursions ont été nombreuses et intéressantes, surtout sur les glaciers.
La deuxième campagne comprend des travaux aux Shetlands du Sud, notamment
aux Iles Déception et Bridgmau. Puis roule au Sud, découvert île nouvelle et retrouvé
lie Pierre l"''. Avons navigué entre le 69° et le 71" de latitude jusqu'au laG" longitude
Ouest.
Avions rê\é davantage. Avons fait du mieux possible.
Signé : Charcot.
M. J.-D. VAN DER Waals, élu Associé étranger, adresse des reinerci-
ments à l'Académie.
Sir Patrick Ma\so.\, élu Correspondant pour la Section de Médecine et
Chirurgie, adresse des remercîments à l'Académie.
M. le MisiSTRE DE i.A (ii'ERRE Invltc l'Académie à désigner l'un de ses
Membres qui remplacera, au Conseil deperfectionnement de l'Ecole Poly^
tecbni(|ue, M. Houquel de la Grye^ décédé.
SÉANCE UU l\ 1 i:vRiER 1910. 'i6g
M. le SEi:RKTAini-: perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Le navire aérien, par M. L. Marghis.
2" Pour la race. Notre soldat, sa caserne, par M. Lachaid. (Présenté par
M. Lannelongue.)
3" L'évolution économique de la brasserie française, par Jehan CnARLtE.
(Présenté par M. A. Miintz.)
4° La soude électroly tique : théorie, laboratoire, industrie, par M. André
Brochet. (Présenté par M. A. Hallcr.)
M. Alfred A.\got, M. le Capitaine de vaisseau Marquis de Fraysseix-
BoNNiiv, prient l'Académie de les comprendre au nombre des candidats à la
place vacante, dans la Section de Géographie et Navigation, par le décès de
M. Bouquet de la Grye.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur les transformations de la comète 1910a
dite comète Innés. Note de M. Ernest Esclaxgos, présentée par
M. H. Deslandres.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les observations, et quelques
dessins que j'ai pu faire récemment de la comète 1910 a, découverte à
Joliannersburg le 16 janvier dernier.
Le temps à Bordeaux a été particulièrement défavorable, et je n'ai pu
réaliser au grand équatorial de l'Observatoire que cinq observations com-
plètes et dans de bonnes conditions: le 11 et le 23janvier, les3oet3i janvier,
et enlin le 9 février. Entre le 22 et le 3o janvier la comète a subi des modi-
fications considérables de forme, indépendamment de la diminution très
rapide d'éclat.
La figure i représente la comète (région de la tête) sous l'aspect qu'elle présentait
le 22 et le 2.3 janvier." Le noyau est très brillant ; son diamètre est de i5" environ. De
chaque côté du noyau et normalement à la direction générale de la queue, semblent
s'échapper deuv courants de matière nébuleuse dont la trajectoire, presque recliligne
à la base, comme si la matière était projetée avec force, s'inlléchit ensuite rapidement
pendant que l'éclat diminue graduellement. A la base même, la luminosité de ces deux
courants est presque comparable à celle du noyau. L'aspect de la comète rappelle for-
tement celui de la comète Daniel (1907 d) vers le 26 août 1907 ('). Le 22 janvier la
(') Comptes rendus, 8 janvier 1908, el Bulletin astronomique, mars 1908.
3no
ACADEMIE DES SCIENCES.
comète igiort se Irouvail :i la distance 0,20 environ liii Soleil, la queue faisant avec la
direction Comète-Terre un angle d'environ 96°.
Kig. 1. — 22 janvier 1910.
m
Le 3o janvier l'aspect de la comète (Jîff. 2) est entièrement changé. L'éclat général
a considérablement diminué; le no^au est très \if, d'nspccl xlcllairc. c'esl-à-dire très
bien délimité, son diamètre de 3" à 4" environ.
Les deux courants de matière nébuleuse observés le 22 janviei' ont disparu pour
faire place à une sorte de nébulosité circulaire, evcentriqne par rapport au noyau et
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 191O. 371
(lonl l'éclat va en se dégradant à partir de celui-ci. A cette date la comète se trouve à
la distance o,55 du Soleil et la queue fait avec la direction Cométe-Terre un angle
de i33°. Observée à l'œil nu, la queue, très pâle, parait très longue, atteignant 2.5° de
longueur apparente.
Le 9 février, malgré un ciel très pur, la queue n'était plus visible. Dans l'instrument,
la comète apparaissait sous la forme d'une nébulosité circulaire de faible éclat; le
noyau avait perdu la si extraordinaire netteté qu'il présentait le 3o et le 3 1 janvier.
On voit qu'en quelques jours la comète a subi des transformations considérables,
principalement du 23 au 3o janvier; mais la nature même de son orbite paraît y avoir
joué un rôle.
Dans les transformations apparentes que présentent les cotnètes, deux
sortes d'éléments sont à considérer. En premier lieu ceux qui tiennent aux
transl'ormations réelles se produisant au sein de l'astre même; en second
lieu ceux qui correspondent aux manières diverses dont l'astre se présente
successivement aux yeux de l'observateur. En ce qui concerne la comète
1910 rt, les variations de l'angle de la queue avec le rayon visuel (Comète-
Terre) ont été considérables (gi^" le 22 janvier, 133° le 3o janvier). Or
une telle variation entraîne nécessairement de grandes modifications d'as-
pecl, au point que, ainsi qu'il résulterait d'un calcul facile et toutes choses
égales d'ailleurs, une comète présentant primitivement l'aspect indiqué par
la figure i pourrait arriver, par ce seul fait, à prendre l'aspect de la figure 2.
II n'est pas douteux que des transformations réelles et considérables se sont
produites au sein même de la comète 1910 a dans la période du 22 au
3o janvier; mais une part importante des modifications observées (surtout
(piant à la forme et indépendamment de la diminution d'éclat) doit être
certainement attribuée à la façon dont elle s'est diversement et successive-
ment présentée à nous durant celte même période.
Le 3o et le 3i janvier j'ai pu faite des observations de position dans
d'excellentes conditions : ciel pur, temps calme, images stables, avec des
étoiles de comparaison très voisines de la comète, en déclinaison; de plus,
le noyau était très net. Le g janvier, le ciel présentait bien les mêmes
qualités, mais l'étoile de comparaison était moins favorable. Voici ces
observations :
Nombre
Dates. Temps moyeu de
1010. Étoiles. de Itordcaiix. AM. A'i'. compar.
h Ml s ui s / >,
Janvier 3o. .. . a 6.i5.:4i,g — 1.54,53 +5.10,9 i6:4
» 3i.... /* 6. 3.24,0 — 4-25,72 -4-1.19,3 i6:4
» 3i.... h 6.37.34,1 — 4-22,35 -1-0.17,9 8:2
Février 9.... c 6.33. 3,6 h 0.49, 44 — ^-'dt? 3:2
C. R., igio, 1 ' Semestre. (T. 150, N° 7.) ^^
ACADEMIE DES SCIENCES.
Positions moyennes des clniles de eoni/Kiraison pour iqk
Ascension
1
lislilIlCC
droite
licchiction
polaire
Kéduilior
C:\
lalogiies.
moyenne.
au jour.
lojeniie.
au jour.
7567 A.
G. Albanv
h m s
2 I .35. I I ,09
-1^88
88 ',
.'16.' 4^
-t-J0,6
7092 A.
G. Albanv
21 .40. to, 86
-i,87
87
.34.55,6
+ 10,6
1 1 022 A.
G. I.eipzi^
II
21 .5i .5o, 10
-1,82
82
.52. 22,5
+ '0,9
Positions apparentes de la comète.
Distance
Lc.g. fact.
polaire
Loj;. fact.
parallaxe.
apparonic.
parallaxe.
+T,6l8
88.21 .25;
!6
-o>793
+ Î,6l4
87.36.20.
,5
-0,792
+ 1,624
87.35.24.
, I
—0,79''
+ 7,629
82.4-. i3,
<~
—0,792
.\sccn5i0n
Dates. droite
l'JlO. apparente.
Il m s
.hinvier 3o 31 .33. i4 ,68
» ji 21 .35 .43, 27
3i 21.35.46,64
Im':\ rier 9 2 1 . 52 . 37 , 72
ASTRONOMIE. — Sur la figure de la grande comète ic)io«. Note
de M. J. -Comas Soi. A, pn'senlée par M. Bigourdan.
.Vai pu observer cette comète pour la première fois le 19 janvier, à 4''?
partant en plein Soleil. A rétjnatorial on voyait le noyau, très brillant, avec
deux brandies nébuleuses un peu inégales, qui en se recourbant formaient
le commencement de la queue. y\près le coucher du Soleil, la comète fut
invisible ta Ttr-il nu comme à la jumelle, et je n'ai pu apercevoir la queue.
Le 20, tout le luoude a pu la voir ii l'œil nu, après le coucher dû Soleil. .l'obtins ce
jour-là une photographie, à l'équalorial double Mailhat de 38''"' de l'Observatoire
l'abra, avec 6 secondes de pose, suffisante pour bien donner la forme et les dimen-
sions apparentes de la tète.
La queue a été toujours birurquée. coinme si le noyau faisait écran à la réjiid^ioii
des gaz. Quant à sa longueur elle a été toujours énorme, et je pense qu'elle a atteint
plus de 5o". Vers le 25 janvier, on croyait la voir traverser le carré de Pégase, et la
lumière zodiacale gênait l'observation de son extrémité.
La comète a été photographiée tous les jours où le temps l'a permis, pendant la
période de son plus grand éclat ; la durée utile de pose a été jusqu'à 22 minutes (rap-
port de l'ouverture à la distance focale : -^-^). Dans ces circonstances de pose relative-
ment longue, et en employant les excellentes plaques Lumière violettes, de sensibilité
extrême, j'ai pu obtenir de belles images, très instructives par rapport aux nervures,
aigrettes, etc. de la queue. Ces détails sont très délicats et échappent à la reproduc^
tion typographique.
IjO but piliiripal de retle iNdle esl d'étudier la fig-ure de la comète.
D'abord, à l'ieil nu, on voyait [lail'ailemenl la forme courbée de la partie
SÉANClî DU I 'i Fl'Vnil'R 1910. 'in'^
principale de la ijiieue, dont la couibure élail surtout accusée vers son
extrémité. La convexité de cette partie principale était dirigée, comme
d'habitude, vers l'avant, par rapport au mouvement propre de la comète,
(blette partie principale a été toujours bifurquée et a présenté quantité de
détails très intéressants.
Mais je veux surtout appeler l'attention sar la partie gauche, ou queue
secondaire, beaucoup plus pâle que l'autre, quoique beaucoup plus large
près de la tète, et qui se continuait au delà du noyau, c'est-à-dire vers le
Soleil.
Cette courbure, comme on le voit dans les clichés, est co«care par rapport
au sens du mouvement.
Si nous admettons, ce qui paraît très logique, que les queues cométaires
sont constituées, au moins en grande partie, par un déplacement rapide des
substances émanées du noyau, sous un eflort impulsif agissant suivant le
rayon vecteur du noyau, la queue secondaire concave n'est pas compré-
hensible.
Pour expliquer cette anomalie, je suppose que la force répulsive décroît
à mesure que la distance augmente, mais plus rapidement que l'attraction
newlonienne. Dans ces conditions, une particule gazeuse sera soumise au
moins à la force attractive du Soleil, à la force attractive du noyau (faible
sans doute, mais qui n'est pas négligeable dans une grande comète comme
celle-ci) et à la force répulsive du Soleil. Je suppose, avec Faye, que cette
force répulsive, due au Soleil, dépend de la surface de la particule repoussée.
Cette répulsion étant prépondérante dans le noyau, pour certains gaz,
donnera lieu à la queue principale, convexe par rapport au sens du mouve-
ment. A une certaine distance du noyau, les forces se feront équilibre pour
les particules de nature déterminée; la vitesse de ces particules sera maxima
en ce point et, à partir de là, leur mouvement ira en se ralentissant jusqu'à
l'extrémité théorique de la queue relative à ces mêmes particules, où
celles-ci commenceront de tomber vers le Soleil.
La pluparl de ces particules, les plus petites, celles dont la masse est la plus
faible, ne pourront tomber jusqu'au Soleil et seront disséminées dans l'es-
pace; mais celles qui appartiennent à des gaz de poids atomique considérable
seront projetées jusqu'à une distance relativement faible du noyau, et tom-
beront, en passant, dans leur chute, assez proche de lui pour subir son attrac-
tion et se précipiter vers ce noyau; cette chute donnerait lieu à des trajec-
toires concaves par rapport au mouvement de la comète et à sa queue secon-
daire. Les particules considérées pourraient arriver juste au noyau et être
projetées à nouveau vers la queue première; mais la comète, pendant ce
37/1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
voyaj^e dos parlicules, s'est déplacée, s'esl éloignée du Soleil; par redel de
ce déplaceineiU, les particules, en arrivant au noyau, porteront un excès de
force vive, qui les emportera plus loin, et telle serait la cause de la protubé-
rance nébuleuse qui s'avance, obliquement, du noyau vers le Soleil. Dans
l'autre partie de l'orbite (avant le périhélie), cette queue ne devrait pas
arriver jusqu'au noyau. En tout cas, celte différence pourrait constituer un
contrôle de mon hypothèse; un autre contrôle serait une différence de
constitution chimique entre la queue secondaire ou de chute et la queue
primaire, à de grandes distances du noyau.
En admettant que toutes les forces que j'ai indiquées entrent en jeu dans
la formation de la queue, et en appelant r la distance au Soleil d'une parti-
cule ou molécule gazeuse de la queue, et r le rayon vecteur du noyau de la
comète, l'accélération a de cette molécule le long de la queue pourra se
représenter sensiblement, en négligeant le mouvement angulaire de la
comète autour du Soleil, par
fi" [x' jJ.
"■-■pr,- (r-i-y ~7^'
u. et |jl' étant des constantes dépendant respectivement des masses du Soleil
et de la comète, et a" une autre constante dépendant de la force répulsive
et de la relation de la surface à la masse de la molécule; enfin m peut être
supposé constant et doit, je pense, être supérieur à 2.
En mesurant, sur des photographies et en plusieurs points de la queue,
l'accélération approchée des bouffées de matière cométaire, on pourrait
évidemment déterminer la valeur de ces inconnues; malheureusement,
celte grande comète a 1910 ne s'est pas prêtée à de telles mesures.
ASTRONOMIE. — Obsenalions de la comêle 1910a, faites à l'Obsen'aloire
(le Marseille, au chercheur de comètes de o", 16 d'ouverture libre. Note de
M. lîonitEi.LY, présentée par M. B. Baillaud.
.\oiiilirr
l);iles. Temps moyen Ml- Loi:. f.H't. Lug. fact.
l'.Ud. (!.■ Marseille. Aai. AÏ. lomp. .1\ .np|)aienU-. parall. '.l'apparente. parall. *.
Il m s m s , „ Il m 5 _ " , j, ^
■Ivr. 4 <i. 12.53 —I. 7,26 — 5.12,0 0:6 21.44-11, '5 -1-1.627 Sa. 7.26,0 —0,771 a
a 5 0.16.28 +8.19,32 —7.10,2 2:2 21.46. 2,77 +1,629 84.36.49,4 — o,77' *
.. 5 6.26. 2 —0.11,57 —2.40,1 5:5 21.46. 3,4o +T,63o 84.36.20,2 —0.772 c
.) 7 6.18.22 — o. 0,59 +5.25,4 7:7 2i.49.25,53 +ï,632 83.89.13,7 —0,770 d
8 6.23.3 — o.55,4i + i.3i,o 5:5 21.51.3,57 +ï,633 83.12.45,7 —0,771 e
.. 10 0.25.51 —2.34,97 +i3.t9,9 5:5 21.54. 4,46 +ï,634 82.24. 3,o —0,772 /
0 II 6.28.10 — i.io.3i —9.11,0 4:4 21.55.29,11 +î,635 82. i.3i,2 —0,773 g
SÉANCIi: DU l4 l'KVRlER 1910. 376
Etoiles (If comparaison pour r 91 0,0.
Rédurlion Héilucliai,
)f. G'. ;r moyenne. au jour. 'A moyenne. au jour. .autorités.
Il m s s o , „ „
a 7,6 i\ . !ifl .■?.(> ,10 —1,82 8.5.12.28,3 4-10,7 7624 A-lbany A. G.
h 5,. 5 21 .37.4j,3o —1,85 84.43.48,7 4-10,9 10886 Albany A. G.
c 8,5 21.46.16,82 —1,85 84.38.49,4 4-10,9 10968 Albany A. G.
d 6,6 2t. 49. 27, 90 — 1,83 83.33.37,5 4-10,8 1 1000 Albany A. G.
e 8,5 21.52. 0,81 —1,83 83.ii. 3,9 4-10,8 1 1023 Albany A. G.
/ 6 21.56.41,24 —1,81 82.10.32,2 4-10,9 1 1071 Albany A. G.
ji,' 6 21.56.41,24 —1,82 82.10.32,2 4-10,9 1 1071 Albany A. G.
Remarques. — Le 7 février, l'éclat de la comète est de plus en plus faible; on ne
la voit apparaître qu'après les étoiles de 8° grandeur. Le 10 février, on l'estime 8", 5;
elle est presque ronde et son diamètre mesure 2', 5. On ne voit plus de queue. On a
adopté 8", 80 pour la valeur de la parallaxe solaire.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la définition de l'intégrale définie.
Note de M. Emile Borel.
La lecture de l'important Mémoire que vient de publier M. Lebesgue (' )
m'a suggéré une nouvelle définition de l'intégrale définie, au sens de
Lebesgue; cette nouvelle définition est, avec la définition de M. Lebesgue,
à peu près dans le même rapport que la définition que j'ai donnée de la
mesure des ensembles avec celle de M. Lebesgue : les deux définitions sont
identiques en ce sens que (en négligeant des cas exceptionnels) elles s'ap-
pliquent en même temps et conduisent aux mêmes nombres; elles sont
différentes, en ce sens qu'elles exigent des procédés de calculs différents, de
sorte que, suivant les circonstances, l'une peut être plus commode à utiliser
que l'autre.
Mon but est de rattacher le plus étroitement possible l'intégrale au sens
de Lebesgue à l'intégrale au sens de Riemann. On sait que la définition de
Riemann est étendue, par un raisonnement classique, à des fonctions
admettant un point singulier; je modifie légèrement la méthode classique;
soient «è l'intervalle d'intégration, c le point singulier compris entre a et è.
On enfermera c dans un petit intervalle ap, et l'on considérera n points de
(') Sur les intégrales singulières {Annales delà Faculté des Sciences de Toulouse,
'909)-
376 ACADÉMIE DES SCIENCES.
division o,, o^, ...,«„ compris eiUre a et b et non compris entre a et [i ;
parmi les intervalles ainsi obtenus, run a,fl,+ , renferme a,3 à son intérieur;
dans le calcul de la somme de Uiemann, on considérera comme longueur
de cet intervalle la différence entre le segment a,a,+ | et le segment ap, et
l'on utilisera la valeur de la fonction pour un point H, intérieur au segment
a,a,v,, mais non intérieur à a^. Si la somme de Tîiemana tend alors vers
une limite, quel que sait l'intervalle a^ pourvu qu'il satisfasse à la condition,
essentielle de renfermer c à son intérieur^ et si cette limite tend elle-même
vers une limite quand a[3 tend vers zéro, la fonction est intégrable au sens
de Riemann, malgré la présence du point singulier c. Tel est le cas pour la
fonction \x\'^ .
Considérons maintenant une fonction admettant une infinité de discon-
tinuités entre a et 6, et supposons qu'on puisse les enfermer dans une
infinité d'intervalles a„^„ tels que la définition précédente puisse être
appliquée mulatis mutandis. Si, quels que soient ces intervalles d'exclusion,
les sommes de Hiemann construites comme il a été dit tendent vers une
limite lorsque les longueurs des intervalles «,«,+, tendent vers zéro, la
limite de ces limites, lorsque la somme des intervalles d'exclusion tend
vers zéro, est précisément égale à l'intégrale au sens de Lebesgue, au moins
pour les fonctions bornées. Pour les fonctions non bornées, notre définition
est plus générale que celle de M. Lebesgue.
La définition précédente est en apparence moins constructive que celle
de M. Lebesgue, c'est-à-dire ne paraît pas fournir une méthode de calcul
aussi régulière. Mais il faut prendre garde que la méthode de calcul de
M. Lebesgue, dont l'intérêt théorique est très considérable, n'est pas
toujours aisée à mettre en œuvre pratiquement. De plus il y a un certain
intérêt, comme l'a précisément montré M. Lebesgue dans le Mémoire cité,
à ramener son intégrale à des sommes riemanniennes. Enfin, il y a certai-
nement des cas où le procédé de calcul par exclusion des intervalles renfer-
mant les singularités est de beaucoup le plus simple et le plus naturel;
c'est ce qui a lieu pour bien des fonctions définies par des séries et en parti-
culier pour les séries de fonctions non bornées, auxquelles ne s'applique
pas directement le mode de calcul de NL Lebesgue. Désignant par a„
les nombres rationnels compris entre o et i, on peut citer par exemple la
fonclion
V,--»|.,. — rt„f l
La dillerence entre le mode de calcul qui vient d'être indiqué et celui de
SÉANCE UU l4 FÉVRIER 19IO. 877
M. Lebes;;ue apparaît plus grande dans le cas de l'intervalle d'intégration
infini. La méthode de VI. Lebesgue rend les intégrales simples analogues
aux intégrales doubles, et non plus aux séries simples où l'ordre des termes
joue un nMe pour la convergence. (Test suivant les cas un avantage ou un
inconvénient.
Je serais heureux si les considérations précédentes, en rapprochant
l'intégrale de Lebesgue de l'intégrale de Riemann, contribuaient à rendre
plus rapidement classique son emploi, dont les avantages pour les recherches
ne sont plus à démontrer.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Lcs formes (iiiadrali(ji(cs positives cl le
principe de Diricidel . Noie de M. J. Le Roux, présentée par
M. Emile Picard.
J'ai signalé dans une Note récente cjuekjues propriétés des systèmes
d'équations linéaires dérivés des formes quadratiques positives infinies.
Dans les hypothèses considérées, ces équations admettent toujours des
solutions dont on peut calculer les valeurs limites par des suites d'opéra-
tions convergentes, bien que les déterminants infinis correspondants soient
généralement divergents. Il est possible de généraliser la méthode dans
diverses directions et de l'étendre même au cas où les inconnues, au lieu
de donner un ensemble infini dénombrable, correspondent, élément par
élément, aux points d'un espace continu. On se trouve ainsi conduit à
envisager, à un point de vue nouveau, certains problèmes du calcul fonc-
tionnel et du calcul des variations.
L'élude du principe de Dirichlet fournil un remarcjuable type d'applica-
tion et démontre par un exemple frappant le parti qu'on peut tirer de ces
théories dans diverses cjuestions d'analyse.
Pour la netteté de l'exposition nous envisagerons d'abord le cas du con-
tour polygonal.
Considérons dans le plan ■vOy un contour polygonal fermé P, limitant
une aire simplement connexe A. A chaque sommet de ce polygone nous
faisons correspondre une cote arbitraire z, ce qui détermine dans l'espace
une ligne polygonale L. Nous nous proposons de faire passer par cette ligne
une surface pour laquelle l'inlégrale double
=fim-m]"""
soil un mmimum.
S-jH ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au lieu de suivre la mélliodc de M. Hilbert, nous allons ra Hacher ce
problème à la théorie des formes quadratiques.
Menons d'al)ord par la ligne L une aire polyédralc à facettes triangu-
laires, qui soit coupée en un seul point par toute parallèle à O:;. Les
facettes se projettent sur le plan lOy suivant un réseau de triangles R qui
couvre toute l'aire A. Distinguons par les indices i, 2, i les coordonnées
des sommets de Tune quelconcjue des facettes et posons
^,z
Aj.r et A.,.^ ayant des signilicatious semblables.
Si Tordre des sommets a été choisi de telle façon que le déterminant A/.
soit positif, l'intégrale de 1 )iiichlel devient, pour notre surface polyédralc,
Considérée comme fonction des variables :, l'intégrale T est une forme
quadratique positive F (z).
Kevenant au réseau R, désignons par a,, a^, ... les nipuds intérieurs à
l'aire A; par p,, jS^, ... les sommets du polygone P, et respectivement
parSjj, Sj,, ..., Zp^, sp^, ... les valeurs correspondantes des cotes des sommets
de la surface polyédralc. Le réseau R étant choisi, et les valeurs des z^
supposées données, nous commencerons par chercher les valeurs des z^ qui
rendent minima la forme quadratitpie F ( z). Les inconnues doivent vérifier
le système d'équations
. , àF dl'
Le déterminant du système (i) par rapport aux z^ est le discriminant de
la forme quadratique à lacpielle se réduirait F(z) si Ton y annulait tous
les z^. Or il est facile de reconnaître, d'après la définition de la forme F,
que, si tous les z^ sont nuls, la forme ne peut s'annuler (juand un seul desc,
est différent de zéro. Le déterminant considéré est donc dilTérent de zéro,
et le système (i) donne les Zrj, en fonction linéaire et homogène des cp:
(2) ^a= ^C«P ^3-
Considérons maintenant une suite de réseaux de densité indéiiniment
croissante, et tels que les nœuds de chacun des réseaux appartiennent à
SÉANCE DU l'i FÉVRIER 1910. 879
tous les roseaux suivants, les sommets ^ restant fixes ainsi que les cp. La
suite décroissante des mininia de F tend vers un minimum minimorum.
11 reste à démonti'er que tous les coefficients de l'équation (2) tendent
également vers des limites déterminées, indé{)endantes des zi^.
En examinant avec attention la résolution du système (i), on reconnaît
que la valeur de l'une quelconque des inconnues, z^^ par exemple, pourrait
s'obtenir en clierchant d'abord le minimum /(:;«,, -p) de la forme F(s)
quand on y suppose données les valeurs des sp et de s^, puis en égalant à
zéro la dérivée -r^- On obtient ainsi l'équation linéaire
(3) i -—=«„,.«, ;»,-(- y "a,. p;i3=^o.
Or le minimum /(^a,) ^p) tend aussi vers un minimum minimorum quand
on fait croUre indéfiniment la densité du réseau, et, comme les coefficients
sont indépendants des valeurs numériques attribuées aux variables s, il en
résulte que cbacun de ces coefficients tend vers une limite déterminée.
D'ailleurs la forme / étant essentiellement positive, le premier coefficient
de l'équation (3) ne pourrait tendre vers zéro que si tous les autres coefli-
cients tendaient vers la même limite, ce qui conduirait à des résultats
manifestement inexacts.
En résumé nous arrivons donc à la conclusion que cliaque inconnue z^est
à la limite, une fonction linéaire déterminée des données ^p.
Dans le cas d'un contour curviligne il est possible d'employer un procédé
semblable. Il suffit de remplacer les facettes planes cjui ont leurs bases sur
le contour par des éléments coniques ayant pour sommets des points de
l'espace cpii se projettent à l'intérieur de l'aire A. Chaque élément corres-
pondant de l'intégrale 1 est encore une fonction du second degré de la cote
du sommet, de sorte cjue les calculs restent les mêmes; mais l'existence des
solutions est alors subordonnée à la convergence des résultats obtenus.
NOMOGRAPHIE. — Sur ta disjonction des variables des équations nomographi-
quenient rationnelles d'ordre supérieur. Note de M. Fakid Iîoui.ad, pré-
sentée par M. G. Humbert.
Le problème de la disjonction des trois variables 3,, -o, r^ de l'équation
F,33 = o en vue de la construction d'un nomogramme à points alignés, tel
qu'il a été posé par M. d'Ocagne, dans le cas où cette équation se présente
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 7.)
5i
F,
G,
H.
F2
G,
H,
F,
G,
H.
38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
SOUS la forme (' )
(0 F,F,3+G,G,3 4-H,n,3=o,
;ui })liis d'ordre nomographique 2 par rapport à une même variable ;,, con-
sisLe à délerminerdeux systèmes de trois fonctions (FajGjjHj) et(F3,G3,H3)
des deux autres variables s^ et :;.,, tels que l'équation proposée puisse se
mettre sous la forme
(2)
qui conduit à un nomogramme à simple alignement.
Ce problème se ramène à la résolution des deux identités suivantes :
(3) F.,Fo3-+-G2G23-+-H2H23=0,
(4) F,F,3-t-G3G,3+H3H,3=o,
lesquelles avec l'équation ( 1 ) donnent, par élimination, la forme chercliée(2).
Pour avoir l'un quelconque des deux systèmes de fonctions inconnues
ci-dessus, par exemple le système des trois fonctions F^, (t^, H., de la
variable z., qui doivent vérifier l'identité (3), ordonnons nomographique-
ment cette dernière par rapport aux fonctions de l'autre variable ^3.
Soit
(5) /39, + ^3J;2-+-A37.2 -+-•■•+ '3^2=0
la forme générale obtenue, d'ordre nomographique quelconque n par rap-
port à S3, et dans laquelle cp2, 'j^,? y^i • • •■> ^2 désignent des fonctions de z„
linéaires et homogènes en F^, G2, H,.
Pour exprimer que l'équation (5) doit avoir lieu quelle que soit la
variable ;,, appliquons le principe de la recherche des valeurs critiques,
adopté par M. d'Ocagne, en introduisant la notion de ces valeurs (-); nous
aurons le système de (n -+- 1) équations linéaires et homogènes
(6) ffi2=:0, (jj^rzio, y_.2:=0, ..., ôjzrio.
(') La notation ici employée est celle de M. d'Ocagne, qui consiste, en faisant cor-
respondre un indice à chaque variable, à affecter chaque signe fonctionnel des indices
de toutes les variables sur lesquelles il porte.
C^) Comptes rendus, l. CXLIV, i''' semestre 1907, p. 190.
M. d'Ocagne a d'ailleurs fait voir que, grâce à la considération de ces valeurs cri-
tiques, la construction du nomogranime, dans le cas des équations d'ordre nomogra-
phique 3 et 4i peut être effectuée sans disjonction préalable.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 38l
Cela posé, il suffit maintenant de vérifier la compatibilité de ce système,
quel que soit z-.,, et d'en résoudre ensuite deux équations quelconques, pour
avoir le système des trois fonctions inconnues Fj, Gj, Hj.
Si, en opérant de même pour déterminer les trois autres fonctions F3,
Cl 3, H3, on trouve que le système des équations linéaires et homogènes
obtenues
93=0, '-p3=0, X3=°' ••■! ('3=0
est aussi compatible, quel que soit ^3, la disjonction complète des variables
de l'équation (1) est effectuée sous la forme voulue. Sinon, on démontre
aisément que cette équation ne peut être ramenée à celte forme, à moins
peut-être d'une anamorphose non liomographique.
Telle est la méthode que nous proposons d'appeler méthode des coefficients
indéterminés.
Il convient de remarquer qu'en l'appliquant dans la pratique, il n'est pas
nécessaire d'écrire les deux équations (3) et (4); on les a immédiatement en
substituant successivement dans l'équation (i), au système F,, G,, H,, les
deux systèmes correspondant à z., et :-^.
Application. — Soit à effectuer la disjonction des variables de l'équation
suivante, d'ordre nomographiquc 6, la plus générale, écrite d'après la
notion d'ordre de M. Soreau :
dans laquelle on a, d'une manière générale,
Aj =«2/2-1- *2^2 -+- Cj.
L, = 4/2 -h Wj^a -H «21
^i—Pifi + qigi +'"2;
'"2= /'LA +92^2 +/-2,
fn S-ii ^^i désignent des fonctions de ;„, et ffo, b.^, . . . , y!^, i\ représentent des
constantes quelconques.
Appliquons la méthode ci-dessus d'abord à la recherche du système F,,
G|, H,. Pour cela, substituons cette lettre respectivement à. f.^, g^, A3 dans
l'équation proposée, et ordonnons nomographiquemcnt celle-ci par rapport
à Sg. En y annulant Tes coefficients de /.,, g^, i, nous aurons un système de
trois équations linéaires et homogènes en F,, G,, H, que nous apjjelle-
382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rons(i;,). Soil aussi (l^) le syslème de trois équations linéaires cl homo-
gènes correspondant à Fo, (îj, H,, qu'on obtient par la même marche.
Posons d'une manière générale
k-—a.2X+a'^y-i-a\, B — l/,.r -h b'.^ y -h b\ ..., R=z r^.e -\- r'„y -h ri.
Je dis que si le déterminant ,
A B
C
L M
N
P Q
R
est identiquement nul, les deux systèmes (il,) et (21^) sont simultanément
compatibles.
En effet, substituons, dans (H,), à F,, G,, H, respectivement x, y, i,
nous aurons un système de trois équations à deux couples corrélatifs (x", j')
et (y, , 0|). Or on exprime que le système (^,) est compatible en rendant
identiquement nul le déterminant complet correspondant à l'un quelconque
de ces deux susdits couples. En effectuant l'élimination du couple (/,, g,),
on obtient précisément la condition ci-dessus A=~o.
En faisant le même raisonnement sur le système (w,), on retrouve cette
même condition de compatibilité. D'où le théorème suivant :
Si le déterminant A est identiquement nul, l'équation d'ordre 6 la plus géné-
rale est représentable en un nomogramme à points alignés.
Si cette condition est remplie, les deux systèmes (2, ) et (E^) fournissent
immédiatement les fonctions inconnues. Au moyen de celles-ci, on forme les
équations des échelles (^,) et {z.,).
Quant aux équations en coordonnées cartésiennes des supports de ces
échelles, elles s'obtiennent en éliminant :;, et z., entre les rapports
A — oi _ J_ p, ll — El — l-,
Aa~A, ^A,, A«~A„ A/
dans lesquels les A^ sont les déterminants mineurs figurant dans les deux
développements suivants :
A = A Aa + L A/ -(- P Ap 3= A A„ + B A/, 4- G A^.
MECANIQUE. — Sur la résistance de l'air. Note de M. Carlo Boirlet,
présentée par M. Emile Picard.
M. G. Eiffel a présenté tout récemment, à la Société des Ingénieurs
civils, une Communication relative à de nouvelles expériences dans lesquelles
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 383
il mesure non seulement la poussée totale d'un courant d'air sur une surface
immobile, mais en outre les pressions normales aux divers points.
Il y a déjà longtemps que j'ai acquis la conviction que la mesure de la
poussée totale était insuffisante et qu'on ne parviendrait à des résultats
utilisables qu'en reclierchant la loi de distribution de la pression aux divers
points de la surface.
Pour entreprendre de pareilles expériences avec fruit, et les relier par
une formule, il est très utile d'être guidé par une idée a priori sur la forme
de la formule qu'il convient d'adopter.
Je me propose, dans cette Mote, de montrer comment, en partant d'un
résultat expérimental fort simple, j'ai été conduit à formuler une loi plau-
sible de la distribution de la pression sur une surface plane se déplaçant
dans l'air.
Considérons, à cet effet, un rectangle de dimensions a et / se déplaçant
dans un air calme d'un mouvement de translation rectiligne de façon que
les deux côtés parallèles, de longueur commune a, soient rectangulaires
avec la direction de la vitesse de translation. Nous n'envisagerons, dans ce
qui va suivre, que la composante de la poussée qui est normale au plan.
Des raisons de symétrie conduisent tout d'abord à admettre que la
pression normale est la même en tous les points d'une parallèle au bord
d'attaque a, sauf au voisinage des bords latéraux /. Si donc on raisonne sur
un rectangle de dimensions assez grandes pour pouvoir négliger les effets
perturbateurs des bords, on est amené à admettre que, toutes choses égales
d'ailleurs, la pression normale j) en un point est uniquement une fonction
de la distance x de ce point au bord d'attaque.
Dans ces conditions, la poussée normale totale sur une bande de largeur r/.r, à la
distance x du bord d'attaque, est égaie à ap dx, et son point d'application est le milieu
de cette bande.
La poussée normale totale F sur le rectangle entier est alors donnée par la formule
( I ) P == rt / p dx ;
et son point d'application (centre de poussée) se trouve sur la ligne médiane du rec-
tangle à une distance â du bord d'attaque telle qu'on ait
( 2 ) Po ^ a I p.v dx.
Four tirer parti des formules (1) et (2), posons
P =
384 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ç étaiil une fonction inconnue de .c ((ui conlienl linéniiement deux constantes arbi-
do . . .
traires dont on peut disposer de façon que 9 et -j-^ s annulent à la fois pour j;=:o.
Les formules (1) et (a) deviennent alors
(3) I'
(4) pa^rt/^_«o(/);
di:
d<s
'di
on en lire
dL
La position du centre de poussée a été étudiée expérimentalement par
Avanzani, Joessel, Langley, et plus réccmnient par MM. Soreau et Râteau.
Or tous ceux de ces expérimentateurs qui ont traduit les résultats de leurs
expériences par une formule ont été amenés à conclure, qu'au moins pour
les angles d'attaque inférieurs à 2.0°, le rapport -. est indépendant de /et est
uniquement une fonction de cet angle d'attaque a. Il en résulte que si cette
loi expérimentale est exacte, ce que je suppose provisoirement, on peut
poser ^ = r, r étant une constante par rapport à /, et l'égalité (0) fournit
une équation différentielle pour déterminer 9 en fonction de /:
('-'•)'^-?(0 = o,
qui donne
/•étant une fonction de l'angle d'attaque a, et C dépendant uniquement de
la vitesse \> et de l'angle a.
On en conclut
et
y' =
_rfî9 _ C/-
dx^ (i — /■)-
/■ variant de .', à { (environ) lorsque a décroit de 90° èi o, l'exposant de x est
négatif. ?Sous poserons
,(«)=!-iili.-
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 385
D'autre pari, en expiimant que pour a = 90°, r= -, la poussée normale
totale est égale à ^ulSc^, S étant la surface du rectangle, [t. la masse spéci-
C
fique de l'air et X- un coeflicient numérique, on conclut que — — ; est de la
forme
—— = Ap.c-/(a),
/(a) étant une fonction de a telle que /(o) = o,/(()o") = i. L'expression
finale de P est alors
(6) P = /.fxSrV'(a) /"'""*,
et la distribution de la pression est donnée par la formule
(7) p=AiJ.^'"-/(o':)(i-/i)x-"w.
Si l'on appelle P et P' les poussées normales totales sur le même rectangle, à la
vitesse c et sous le même angle d'attaque et, suivant que le bord d'attaque est a ou /,
on a, d'après la t'ornuile (6),
Par evemple, d'après les expériences récentes de M. Râteau (') pour x = 6°, on a
/• = y , d ou '' = TT
4 i
Je suis en possession de ces résultats depuis environ G mois. Sur mes
indications, mon ancien élève et ami, M. Armand de Gramonl de Guiche,
a entrepris, en son laboratoire, depuis 3 mois, une série d'expériences
pour étudier expérimentalement la distribution de la pression sur une
surface plane ou courbe et, en particulier, pour vérifier l'exactitude des
formules (6) et (■7) et déterntiiner les deux fonctions A (a) et /(a.) qui y
figurent. Les premiers résultats obtenus paraissent confirmer les prévisions
ci-dessus. Le dispositif expérimental adopté par le duc de Guiche a des
analogies avec celui de M. Eiffel; il en diffère essentiellement en ce que
dans ces expériences la surface étudiée est mobile dans un air calme
indéfini.
(') Comptes j'endus, 21 juin 1909.
386 ACADÉMIE DES SCIENCES.
RADIOACTIVITÉ. — Sur lepolonium. Noie de M'"*" P. Curie et M. A. Debiekne,
présentée par M. Lippniann.
On sait que parmi les substances nouvelles fortement radioactives le
polonium est celle qui a été découverte en premier lieu. Bien des efforts ont
déjà été faits en vue d'isoler cette substance et de la caractériser comme
élément chimique, mais malgré la très grande activité des produits obtenus
ce résultat n'a pas encore été atteint. La théorie des transformations radio-
actives prévoit que la quantité de polonium présent dans les minéraux radio-
actifs doit être très faible. D'après cette théorie le polonium est considéré
comme un descendant du radium, et la proportion relative de ces sub-
stances à l'état d'équilibre radioactif est égale au rapport de leurs vies
moyennes. La vie moyenne du radium étant environ jjoo fois plus grande
que celle du polonium, et le radium pouvant se trouver dans la pechblende
en proportion voisine de o*"', 2 par tonne, on voit que le même minerai ne
pourrait contenir que o™s^o4 environ de polonium par tonne. Plusieurs pro-
blèmes de grande importance en radioactivité se rattachent à l'isolement du
polonium. Ce corps est unélémentinstablequi paraît représenter le dernier
terme radioactif dans la série des dérivés du radium; on peut donc espérer
mettre en évidence la formation d'un élément inaclif à partir du polonium.
De plus le polonium donnant lieu à une émission de rayons a, doit produire
de l'hélium; or celte production n'avait pu être observée jusqu'à présent,
et il était important de savoir s'il y avait là réellement un fait incompatible
avec la théorie.
Nous avons entrepris récemment un traitement chimique ayant en vue
la préparation de polonium à l'état très concentré. Ce traitement était fait
sur quelques tonnes de résidu de minerai d'urane, dont nous pouvions dis-
poser pour cet usage. Le minerai était traité par une solution chaude d'acide
chlorhydrique assez concentré, ce qui a pour effet de dissoudre presque
complètement le polonium. La solution qui ne contient pas de radium a
été soumise dans une usine à un traitement ayant pour but l'extraction de
la matière active. Ce traitement qui a été fait sous notre direction et qui
sera décrit dans un Mémoire plus étendu, a fourni environ 200^ de matière
dont l'activité moyenne était 35oo fois plus grande que celle de l'ura-
nium et qui contenait principalement du cuivre, du bismuth, de l'uranium,
du plomb, de l'arsenic; l'activité était due au polonium. Nous avons
cherché à purifier cette matière par un traitement effectué au laboratoire.
pour cela, la dissolulidii clilorlivdii(|iie a été précipitée par l'ammoniaque pour éli-
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 887
miner le cuivre; les liydrates étaient soumis à l'ébullition avec une solution de soude,
afin de dissoudre le plomb; ils ont été traités ensuite par une dissolution chaude de
carbonate d'ammoniaque pour dissoudre Turanium. Tous ces traitements ont été
répétés plusieurs fois. Les carbonates insolubles, finalement obtenus, ont été dissous
dans l'acide chlorhydrique, et la solution a été traitée par le protochlorure d'élain.
Les traitements dans leur ensemble ont été très efficaces, l'activité primitive se retrou-
vant dans le précipité final d'une manière suffisamment complète, ce dont nous nous
sommes assurés par une méthode de dosage convenable.
Le précipité qui pesait environ iSa été redissous, et la solution chlorhydrique a été pré-
cipitée par l'hydrogène sulfuré; les sulfures ont été lavés au sulfure de sodium ; ils ont
ensuite été redissous, et la solution a été reprécipitée par le chlorure stanneux; le
précipité obtenu était de quelques milligrammes. L'analyse spectrale, eflectuée sur
cette matière, a mis en évidence la présence d'éléments très variés : mercure, argent,
étain, or, palladium, rhodium, platine, plomb, zinc, baryum, calcium, aluminium.
Quelques-uns de ces éléments devaient provenir de l'attaque des vases ulilisés. En
essayant de purifier la matière active, nous avons rencontré de grandes difficultés et
nous avons reconnu qu'il était très difficile d'obtenir sans perte une matière de com-
position plus simple. C'est ainsi que, en essayant de séparer le plomb par un traite-
ment à la potasse, nous avons constaté que le polonium avait passé en grande partie
en dissolution, alors que nous avions pu utiliser sans danger ce même traitement en
présence d'éléments insolubles dans ces conditions; de cette solution alcaline, le polo-
nium n'a pu être reprécipité que par addition de sulfure alcalin. Les réactions qui se
sont toujours montrées sûres sont : la précipitation à l'étal de sulfure en solution acide
ou alcaline et la précipitation par le protochlorure d'étain. Nous avons constaté aussi
que le polonium se dépose très facilement par électrolyse, et que ce moyen peut être
utilisé pour une séparation quantitative quand on veut extraire le polonium d'une dis-
solution acide. Mais on dépose en même temps les métaux tels que l'or, le platine, le
mercure, etc. Après de nombreux essais, l'activité se trouvait concentrée sur a'^s de
matière environ.
L'activité a été mesurée par la méthode électrique. Pour cela, une frac-
tion connue et très petite de la dissolution était évaporée sur une lamelle
de verre ; on déterminait en valeur absolue le courant de saturation
obtenu avec cette lamelle dans un appareil de mesure convenable. Connais-
sant la valeur de la charge d'un ion gazeux (4, 7 . 10^'" unité E. S.) et le
nombre d'ions produits par une particule a du polonium le long de son
parcours complet (environ 1,6. lo"), on peut calculer le nombre des parti-
cules a émises par seconde. Connaissant déplus la vitesse de destruction du
polonium (diminution de moitié en i4o jours), et le nombre des molécules
contenues dans une molécule-gramme (environ 6. 10-'), on peut calculer la
quantité de polonium, dont le poids atomique est supposé voisin de 200.
On peut aussi calculer le volume dhélium qui se forme en un temps donné,
en admettant que chaque particule a est un atome d'hélium.
G. R., 1910, 1" Semestre. (T. liO, N" 7.) ^^
388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons trouvé ainsi que la quanlilé de polonium obtenue devait
monter à environ o'"*^, i ; cette quantité est celle qui doit se trouver d'après
la théorie dans deux tonnes environ d'une bonne pechblende. Notre matière
active pouvait ainsi contenir quelques pour loo de polonium, de sorte que
l'analyse spectrale pouvait être tentée avec quelque chance de succès.
Plusieurs spectres d'étincelle ont été obtenus et photographiés; malheureu-
sement chacune de ces opérations entraine une perte assez importante de
matière.
L'aspect du spectre est compliqué; plusieurs éléments étaient présents :
or, platine, mercure, palladium, rhodium, iridium. Dans certains sj^ectres
on constatait aussi la présence de métaux alcalino-terreux qui provenaient
probablement de l'attaque des vases et qu'on éliminait par électrolyse.
Après examen attentif des différents spectres et identification aussi com-
plète que possible des raies connues par leurs longueurs d'onde (Recueils de
Exner et Hascheck, Watts) ou par des spectres de comparaison obtenus
avec le même spectrographe, il reste quelques raies qui peuvent être attri-
buées avec quelque vraisemblance au polonium. Voici les longueurs d'onde
de ces raies :
Faible . . , 4642 , o
Assez forte 4 '70, 5
Faible 3918,6
Très faible 3652, i
D'autres raies ont une attribution douteuse, ce sont les suivantes :
Moyenne, pourrait être une raie parasite 4^5 j ,5
Moyenne, peut être identique à 8961 ,7 de l'aluniinium . . . 8961,5
Faible, peut être identique à 8668,6 du platine 3668,5
La précision des mesures est assez bonne; l'erreur ne dépasse probable-
ment pas 0,3 unité Angstrôm. Pour ridenlilîcalion des raies, ou se base
non seulement sur la longueur d'onde, mais aussi sur l'intensité relative.
Nous comptons examiner à nouveau le spectre, quand le polonium sera
détruit, ce qui permettra d'avoir une opinion délinitive sur rallribution
des raies indiquées plus haut. On peut aussi espérer voir le spectre de l'élé-
ment formé aux dépens du polonium. D'après la théorie, cet élément pour-
rait être le plomb; le plomb n'est pas totalement absent de notre produit,
mais son spectre est très faible.
Nous avons constaté que la substance active obtenue ne donne lieu à
aucune production de radioactivité induite, ni à aucune émission appré-
ciable de rayons pénétrants. Nous avons constaté un dégagement extrême-
ment minime d'émanation du radiiuu.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 889
Une partie de la solution a été utilisée pour Fétude des gaz dégagés.
Cette solution était introduite dans un tube de quartz placé lui-même dans
un appareil qui pouvait être complètement purgé d'air. La solution dégage
beaucoup de gaz; il est facile d'observer la formation continue de bulles
gazeuses, ce qui prouve qu'il y a décomposition de l'eau; cette décomposi-
tion doit être attribuée à l'action des rayons a du polonium. Les gaz dégagés
sont presque totalement absorbables par l'action du cuivre et de l'oxyde de
cuivre chauffés, de la potasse et de l'anhydride phospliorique. Le faible
résidu gazeux était recueilli et examiné par l'un de nous suivant sa méthode
antérieurement utilisée pour l'examen des gaz dégagés par l'actinium et le
radium ('). Ce résidu est de l'hélium sensiblement pur, dont le spectre
complet était observé et dont le volume a pu être mesuré. Ce volume était
égal à i°""',3 sous la pression atmosphérique, l'accumulation ayant eu lieu
pendant 100 jours. Ce volume est très voisin de celui que prévoit la théorie
et qui est égal à r'°'',6. Le fait de la production d'hélium par le polonium
se trouve donc établi, avec l'ordre de grandeur prévu. Nous nous propo-
sons de faire une détermination aussi exacte que possible de ce volume
jointe à des expériences de numération des particules a émises, de manière
à obtenir la valeur du nombre de molécules contenues dans une molécule-
gramme. Cette méthode directe semble particulièrement avantageuse quand
on utilise une solution de polonium, les particules a pouvant être en ce cas
très complètement absorbées par le liquide.
Au cours des expériences, un curieux eflet des rayons a été constaté. Le
polonium étant conservé à sec dans une petite capsule de quartz, celle-ci
s'est trouvée fendillée en im grand nombre d'endioits en face de la sub-
stance; la production de ces fentes peut être attribuée à dos décharges
électriques.
Un dégagement aijondant d'ozone était généralement constaté au voisi-
nage de la substance.
OPTIQUE. — Sur la mesure de l'indice de réfraction des liquides au
moyen du microscope. Note de M. L. Décombe, présentée par
M. E. Bouty.
La méthode suivante dérive de la méthode de Brewster pour la mesure
de l'indice des liquides, mais elle est beaucoup plus précise.
L'ne lame de verre à faces parallèles L sur laquelle repose une lentille
(') Debierne, Comptes rendus, igoS-igog.
390 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plan-convexe C est disposée au-dessus d'un point lumineux A. Le liquide à
étudier a été introduit entre la lame et la lentille.
fA'
Au moyen d'un microscope M on pointe successivement les images O' et A^
que le système donne :
1° Du point de contact O de la laine et de la lentille;
2° Uu point lumineux A.
SoienI A le déplacement du microscope, v l'indice du licpiide. On trouve
(0
= A
A et B désignant deux constantes positives qui, dans le cas particulier où A
est à l'infini, ont pour valeurs respectives A = N, B = R ; N et 11 désignant
l'indice et le rayon de courbure de la lentille.
Le coefficient A = N, préalablement déterminé par les mélbodes gonio-
métriques, peut être supposé exactement connu ainsi cpie l'indice v, d'un
liquide déterminé qui servira à calculer li.
Des deux pointés d'où Ton déduit A, le premier, celui snr O', indépendant
à la fois des imperfections de la lameL, des aberrations de la surface courbe,
de la nature et de l'opacité du liquide, est susceptible de beaucoup de per-
fection ; on peut l'effectuer une fois pour toutes au début de chaque série de
mesures. La précision dépend surtout du second pointé. La discussion,
confirmée par mes essais, montre qu'en lumière monochromatique l'erreur
peut être facilement rendue inférieure à 0,001.
Pour perfectionner le second pointé on pourra employer un ménisque
SÉANCE DU l4 FÉVRIER IQIO. Sgi
ll({uide biconcave (au lieu de plan-concave), c'est-à-dire interposer le liquide
entre deux verres convexes en contact par leur sommet et choisir les
rayons de courbure de manière à rendre minima les aberrations spliériques
moyennes.
Dans les essais que j'ai efifectués, une croix tracée très légèrement au diamant sur
la lame L servait de réticule pour le premier pointé. Celle lame était sertie dans un
petit cadre circulaire qu'un système de quatre vis permettait de déplacer dans son propre
plan, à la manière d'un réticule de calhétomètre. La lentille C restant immobile, on
pouvait ainsi amener exactement la croisée du réticule au centre des anneaux d'in-
terférences qui se forment autour du point de contact 0. Les déplacements du micro-
scope M étaient obtenus à l'aide d'une crémaillère et d'un pignon, et mesurés au moyen
d'un vernier au j-^- se déplaçant le long d'une graduation en demi-millimètres.
Quant au deuxième pointé, je l'eUectuais sur un micromètre, tracé sur verre, disposé
au foyer d'un collimateur et éclairé latéralement à la manière des particules ultramicro-
scopiques. Dans ces conditions, les traits du réticule peuvent être r>.'ndus excessivement
fins: ils apparaissent néanmoins avec une grande netteté dans le champ du micro-
scope, alors qu'éclairés par transparence, ils seraient complètement invisibles. Un
écran Monpillard m'a permis d'opérer en lumière verte très sensiblement, monochro-
matique.
Le réglage effectué, un seul pointé suffit pour la mesure de Tindice. La
méthode n'exige d'ailleurs qu'une très petite goutte de li([ui(le et la petitesse
de l'épaisseur traversée la rend applicable aux liquides translucides. Enfin
le faible volume de la monture permet de communiquer facilement au sys-
tème optique une température uniforme et constante. ,
La construction d'un réfractomètre basé sur ces principes est en ce
moment à l'étude.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur l'alumine provenant de l'oxydation à l'air de
l'amalgame d'aluminium. Note de ÎNL P.-Rogeu Jouudaix, présentée
par M. H. Le Chatelier.
On sait depuis longtemps que l'aluminium amalgamé s'oxyde spontané-
ment au contact de l'air en donnant des masses très légères d'alumine.
Zunino (') a décrit cette matière comme un hydrate à 5'"°' d'eau. Plus
récemment, M. Robin (-) a reconnu que cette alumine pouvait servir au
(') Gazzet. ch. ital.. i''= série, t. X\X, 1890, p. 194.
(2) Rev. Métal., t. V, 1908, p. 751.
392 ACADÉMIE DES SCIENCES.
polissage des métaux les plus durs (l'acier trempé) et remplacer Falumine
calcinée provenant de l'alun ammoniacal, propriété qui conduirait plutôt à
envisager cette matière comme un corps anhydre, car la dureté des hydrates
est toujours relativement assez faible.
Je me suis proposé de déterminer la composition chimique exacte de ce
corps. Pour l'obtenir à l'état de pureté et en (pianlité un peu abondante,
j'ai employé le dispositif expérimental suivant :
Une plaque d'aluminium bien décapée est introduite au fond d'une cuvette de por-
celaine, chargée d'une lourde éprouvelte pour la maintenir en place et recouverte de
3rm ^ i^cm jg mercure. L'amalgame formé se dissout dans le bain de mercure et vient
s'oxyder à sa surface, en formant une masse ouatée blanche, dont l'épaisseur peut
atteindre 5''"' à 7*^™ en 4^ heures; cette matière est extrêmement légère, car elle pèse
environ is,5 au litre. Elle est encore transparente sous une épaisseur de 2'^'" ou 3'" avec
une coloration brunâtre; vue par réflexion, elle parait, au contraire, bleuâtre. Elle
paraît constituée par la juxtaposition de fibres parallèles perpendiculaires à la surface
du mercure.
On peut très facilement la diviser en fragments, parallèlement à la direction de ses
fibres, mais il est impossible de la couper perpendiculairement sans la désagréger
complètement.
L'analyse de six échantillons, provenant de préparations différentes, ont
donné des résultats très voisins, correspondant, en moyenne, aux chiflres
suivants :
Eau 46,5
• M erc u re 3,5
Alumine (par dillerence) 5o
Total 100,0
Le mercure paraît se trouver disséminé dans la masse en petits glo-
bules, visibles au microscope. La proportion d'eau est exactement celle qui
correspondrait à l'hydrate de Zunino. La formule APO'', jH-0 exige, en
effet, 46,9 pour 100 d'eau.
On ne connaît pas d'hydrate cristallis'' correspondant à celte formule;
on sait, d'autre part, que les corps extrêmement divisés, comme cette alu-
mine, exercent une condensation énergique sur la vapeur d'eau de l'atmo-
sphère. Pour rechercher si tout ou partie de cette eau n'était pas simple-
ment de l'eau hygrométrique condensée, on a placé cette alumine dans des
atmosphères à des degrés hygrométriques différents; Tune saturée de
vapeur d'eau par la présence d'une masse d'eau liquide, une autre des-
séchée par l'acide sulfurique. Une combinaison définie n'aurait pas dû
changer de poids.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I9IO. SgS
Or on a observé au contraire, dans cliaque cas, une variation de poids correspon-
dant à une absorption ou à un départ d'eau :
ÉchanliLlon en présence de SO' H*.
Perte en 17 heures 9, to5 pour 100
I. ô8 » i3,52 »
» 70 i> i4)5 »
Echantillon en présence de WO,
Gain en 17 heures n 1O9 po"'' '0°
» 58 ). 1 8 , 26
» 70 » 23, g3 »
Une seconde série d'expériences a été faite en chauffant l'alumine à différentes lem-
péralures, pendant des temps plus ou moins considérables, avec l'espoir d'enlever
l'eau hygrométrique. On aurait dû alors arriver à un poids constant, restant tel dans
un certain intervalle de température.
Cette condition n'a jjii être réalisée, car si les pertes d'eau, à une tempé-
rature donnée, sont rapides au début, elles décroissent progressivement
et continuent à se produire pendant des temps extrêmement longs; elles se
remettent à croître rapidement, dès qu'on élève la température.
Les pertes de poids sur un échantillon donné, maintenues à 100" dans
l'air, ont été les suivantes :
Heures.
4. 7. 22. 31. 4(j. 55.
Pertes pour 100 '^j'G i5,83 22,07 22,61 20,68 23,70
Au bout de S jours, on n'était donc pas encore arrivé à un poids inva-
riable. Un autre échantillon chauffé pendant 10 jours avait perdu un peu
plus, 23,9 pour 100, sans que rien autorise à supposer que la limite défini-
tive fiit atteinte.
En présence de cette impossibilité d'artnver à un poids constant à 100°
dans l'air, de nouvelles expériences furent faites à la même température en
présence de chaux vive dans le vide; on arrive ainsi assez rapidement à
une perte limite sensiblement constante de 24 pour 100, à peu près la même
que dans l'air. Mais en élevant la température, la perte limite devient toute
différente (à 200" dans le vide en présence d'anhydride phosphorique).
Voici, en résumé, les teneurs finales en eau des matières obtenues dans
394 ACADÉMIE DES SCIENCES,
différentes coiidilions de dessiccation :
1 jour, 1 5" dans l'air 46 pour loo
8 jours, 60° dans l'air 35 »
10 jours, 1 10° dans le vide 32 »
i/i heures, 200° dans le vide 9 »
Ces proportions d'eau ne peuvent se rattaclier à aucun des différents
hydrates possibles d'alumine :
Eau pour 100.
APO^ 511^0 46,87
A1=0^ 4H^0 39, i3
Al^OS SH^O 34,61
APO', 2H2O 26,08
Al=0% tPO i5
L'absence de combinaison définie entre Feau el l'alumine est encore con-
firmée par ce fait que la matière calcinée reprend peu à peu de l'eau à l'air
ordinaire, environ 10 pour 100 de son poids en 24 heures.
Les matières simplement desséchées à 100" ou 200" reprennent plus
rapidement que celles calcinées une partie de l'eau qu'elles ont perdue.
L'ensemble de ces mesures semble donc bien prouver que l'alumine,
obtenue par l'oxydation à l'air de l'amalgame d'aluminium, n'est pas,
malgré sa forte teneur en eau, constituée par un hydrate défini.
Celte matière, extrêmement divisée, possède des propriétés optiques et
un pouvoir absorbant pour les gaz donnant lieu à quelques particularités
intéressantes. Nous nous proposons de les étudier.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'aldéhyde dimère de i aldéhyde crotoniqae
et l'acide correspondant. Note de M. Makcei. Delépine, présentée par
M. A. Hallcr.
Dans la préparation de laldéhyde crotonique que j'ai indiquée, ^iu
moyen de l'acide sulfurique et de l'aldéhyde ou du paraldéhydc ('), il se
forme toujours un peu d'un composé CH'-O'-, dimère de l'aldéhyde cro-
tonique. Ce point est intéressant, car en 188'] W urlz (-) entreprit sans
(') M. Delépine, Comjjles rendus, t. CXLVIl, 1908, p. i3i6. — Ann. de Cltim. el
de Phys., 8"^ série, l. XVI, 1909, p. i36.
C) Ad. Wlrtz, Comptes rendus, t. XCVII, i883, p. 1169.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I9IO. SgS
succès des expériences spéciales pour obtenir l'aldol de l'aldéhyde croto-
nique qui aurait eu précisément la formule CVH'^O*, et l'on n'a jamais
signalé de produit de cette composition dans les réactions les plus propices
à sa formation.
Comme la nouvelle substance forme aisément des composés bien définis,
je me suis attaché à son étude en vue d'en élucider la constitution, et tout
d'abord j'ai cherché à me la procurer un peu plus abondamment, car
i''" de paraldéliyde n'en fournit guère que 20^ à 25''' après beaucoup de
peine. Guidé par cette idée qu'elle prend naissance dans l'action de
l'acide sulfurique dilué sur l'aldéhyde crotonique préalablement issu d'une
première réaction, j'ai entrepris un nombre considérable d'essais métho-
diques, plus de 3o portant chaque fois sur 10^' à So^ d'aldéhyde croto-
ni(jue, où j'ai fait varier la nature de l'acide, sa concentration, les rapports
entre l'aldéhyde et l'acide, la durée de contact, la température, etc., essais
d'ailleurs assez pénibles avec un liquide acre comme l'aldéhyde crotonique.
J'ai reconnu tout de suite que W urtz avait employé dans ses expériences un acide
cliiorhydrique trop concentré ; il ne pouvait obtenir de dimère; à sa place prennent
naissance des produits de condensation de l'aldol. I^es proportions les plus avantageuses
sont : aldéhyde crotonique, i partie; eau, 5 parties; acide chlorliydrique (ri= 1,18),
I partie. Ce mélange donne le meilleur rendement, 20-22 pour 100, .'i on le distille
après 5 jours de repos à la température ordinaire; si on le distille tout de suite, il ne
donne presque rien; si au bout des 5 jours on l'extrait par l'étlier, l'élher ne contient
pas de dimère.
Ces constatations curieuses démontrent que le dimère se fait au moment où l'on
cliauH'e, à partir d'un produit qui se forme progressivement à froid dans les conditions
de l'expérience, et les plus grandes vraisemblances indiquent qu'il doit naître par réac-
tion de l'aldol (issu de l'hydratation lente de l'aldéhyde crotonique) sur une autre
portion d'aldéhyde crotonique; en effet, si l'on distille tout de suite un mélange où l'on
a substitué moitié d'aldol à l'aldéhyde crotonique, on a 20 pour 100 de dimère. On eo a
aussi, mais moins, si l'on opère avec de l'aldol seul; il se forme en même temps de
l'aldéhyde crotonique, de sorte qu'on retrouve encore les conditions de formation du
dimère, mais sans pouvoir affirmer absolument si c'est l'aldol seul, l'aldéhyde croto-
nique seul ou le mélange des deux qui concourt à former le composé C*H'-0-.
Quoi qu'il en soit, j'ai pensé qu'un chauffage de courte durée pourrait remplacer
les 5 jours de repos à la température ordinaire et, en effet, en distillant le mélange
signalé plus haut après une demi-heure d'ébullition à reflux, j'ai obtenu de bons ré-
sultats. 600S d'aldéhyde crotonique, traités par fractions de oos, ont fourni loos de
dinièie passant à Sô^-Sj" sous ]8™™, en même temps que 200s d'aldéhyde crotonique
étaient récupérés. Ce Iota présenté rf^ ^11,0216 (j'avais indiqué 1,0191) et «u'^: i,4844i-
L'acide sulfurique donne de moins bons résultats en raison des fortes résinifications
qu'il provoque, mais l'acide phosphorique peut remplacer l'acide cliiorhydrique, à-
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 7.) ■^^
396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
une concenliation moléculaire beaucoup plus élevée toutefois; par contre, racide
oxalique et le chlorure de zinc sont tout à fait inefficaces.
Le composé C'H'^0^ est un liquide presque incolore, d'odeur spéciale;
c'est un monoaldéliyde: outre l'oxime et la seinicarbazone déjà signalées,
il fournit une aldazine (C*H'^0:N.)' qui cristallise en beaux prismes
transparents, couleur de soufre, fusibles nettement à 168°, insolubles dans
l'eau, solubles dans l'alcool, moins dans Féther.
Traité par la potasse alcoolique, il ne fournit que des quantités insignifiantes d'un
acide cristallisé, dans les conditions classiques où le furfurol et l'aldéhyde benzoïque
sont transformés régulièrement en alcool et acide; mais en appliquant le procédé d'oxy-
dation que j'ai indiqué avec M. Bonnet ( ' ), on arrive aisément à transformer l'aldéhyde
en acide.
L'acide, par évaporation de sa solution étliérée, cristallise avec la com-
position C* H'' O'; mais c'est un hydrate C'H^'O'+H-O comme le montre
la cryoscopie en milieu acétique (trouvé P. M., iHg-igS; calculé, 174);
il perd vite son eau à 60" ou sur l'acide sulfurique dans le vide; très lente-
ment, s'il n'y a pas de vide. Il est soluble dans i33 parties d'eau à 18*^, très
soluble dans l'alcool, moins dans l'éther, peu dans le benzène. Hydraté, il
fonda 68"-7i°, suivant la vitesse avec laquelle on le chauffe; anhydre, il
fond à 85°-87° et distille sans décomposition à 262°-264°. Ses sels sont très
solubles; je n'ai préparé que le sel d'argent et le sel de baryum à l'état cris-
tallisé.
Sonéther éthylique C'H" O .CO^.C^H'^ est un liquide incolore, d'odeur
agréable, fruitée, distillant à 107°-! 09° sous iS""™;
^» = i,o323; dl" — 1,01^0; N,',' = i, 46102.
Saponifié, il régénère l'acide.
L'acide en solution aqueuse est transformé quantitativement par l'eau de
brome selon l'équation
C*H'20'-i-H*0-hBr»=C«H'^0'Br-+- HBr,
en un acide C'H'^O'Br très soluble dans l'eau et l'éther, cristallisable en
beaux prismes monocliniques, transparents, incolores, qui est bien un com-
posé hydroxybromé et non l'hydrate de l'acide brome C H" O' Br -t- H ^O ;
il ne se déshydrate ni dans le vide, ni à roo'', et la cryoscopie en solution
acétique lui assigne bien un poids moléculaire (trouvé, 267; calculé, 253)
qui correspond à l'acide primitif dont une double liaison a fixé HOBr.
(') iM. Delépime et P. Bonnet, Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. Sg.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I910. 897
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de Vacide hypoiodeux naissant sur les acides
non saturés. Acide %-cyclogéranique. Note de M . J . Bougault, pré-
sentée par M. A. Haller.
J'ai déjà exposé dans plusieurs JNoles ( ' ) les résultats de mes recherches
sur l'action de l'acide hypoiodeux naissant (produit par I -t-HgO en pré-
sence d'éther aqueux ou par I + CO'Na'- en solution aqueuse) sur de nom-
breux acides éthyléniques. Tous les acides étudiés jusqu'ici possédaient
leur liaison éthylénique dans une chaîne aliphatique. Jai commencé l'étude
de la même réaction appliquée aux acides éthyléniques dont la double
liaison fait partie d'une chaîne fermée.
Un des premiers acides étudiés dans cette série, l'acide a-cyclogéranique,
m'a conduit à des résultats tout à fait inattendus.
I. D'après les plus récentes recherches de F. Tiemann, on considère
l'acide a-cyclogéranique (point de fusion : io(Y') comme un acide éthylé-
nique ^y, ayant la constitution ci-après :
CH' CH
{cwyc CHCOui
Cet acide, dissous dans l'éther saturé d'eau, puis additionné d'iode et
d'oxyde jaune de mercure, se décompose lapidement en perdant du gaz
carbonique et fixant d'autre part i^' d'oxygène. Le composé qui en résulte
est un liquide à odeur camphrée, de formule CH'^O, que j'ai caractérisé
comme alcool cyclique non saturé, un triméthylcyclohexénol, sans doute le
i.S.S-triméthyl-Ae-cyclohexénol-a. Outre cet alcool on trouve, parmi les
produits de la réaction, la cétone correspondante CH'^O et plusieurs
autres composés à point d'ébullition plus élevé que je n'ai pas caractérisés.
La cétone C''H"0 s'est trouvée identique à la triméthylcyclohexénone
obtenue par Wallach et dont l'oxime dérive du nitrosatc de cyclogéra-
niolène sous l'action du méthylate de sodium en solution dans l'alcool
méthylique (^).
(') Comptes rendus, t. CXXXIX, p. 864; l- CXLIII, p. 398; t. CXLM, p. i4o et
4ii. Pour plus de détails, voir Ann. de Cliim. et de Phys., 8" série, t. XIV', p. i^à,
et t. XV . p. 296.
(') Liebig's Annalen, t. CCCXX1\ , 1902, p. 97.
C\P
co
cw(^
^CGH^
{CH'yc
CH
(D-
398 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour vérifier ridentité des deux cétones, j'ai repris la préparation de la
cétone de Wallach en suivant rigoureusement la longue série des opérations
qu'il indique : citral, citraloxime, nitrile géramique, acide géranique, géra-
niolène, cyclogéraniolène, nitrosate de cyclogéraniolène, oximedela cétone
cherchée. Cette oxime fond à i29°-i3o° comme celle de la triméthylcyclo-
hexénone que j'ai obtenue avec l'acide cyclogêranique, et après leur
mélange intime le point de fusion ne change pas. Même vérification avec
les semicarbazones (point de fusion : 160°).
Wallach ayant attribué à sa triméthylcyclohexénone la constitution (1),
j'en déduis pour mon triméthylcyclohexénol la formule (II)
CH^ CHOH
(CH3)2C CH
(II).
J'ai vérifié, en effet, que mon triniéthylcyclohexénol est bien l'alcool
correspondant à la cétone, car il fournit cette dernière par oxydation au
moyen du mélange sulfo-chromique.
Si l'on essaie de repasser de la cétone à l'alcool au moyen du sodium, on
obtient, non pas l'hexénol, mais l'hexanol correspondant, la liaison éthylé-
nique étant hydrogénée en même temps que le groupement cétonique.
II. L'action de l'iode sur l'acide a-cyclogéranique dissous dans une
solution aqueuse de carbonate de sodium conduit au même résultat, mais
beaucoup plus lentement.
On n'observe pas la précipitation immédiate d'une lactone iodée comme
on pourrait s'y attendre ; au bout de quelques minutes se produit un trouble,
en même temps qu'on observe l'odeur camphrée du triméthylcyclohexénol.
La réaction est très lente et, même en maintenant constamment un excès
d'iode, elle n'est complète qu'au bout de plusieurs semaines avec 5^ d'acide
mis en expérience.
III. Tandis que la triméthylcyclohexénone se caractérise facilement
à l'aide de son oxime dans le mélange huileux fourni par les deux réactions
précédentes, le triméthylcyclohexénol s'isole avec plus de peine. On ne
peut songer à l'obtenir pur par distillation à cause de la presque identité des
points d'ébuUition de l'hexénol et de l'hexénone.
Après avoir séparé par dislillation les produits bouillaiU de 190° à 196", on les traite
par l'anhydride phlalique suivant la méthode de M. lialler, et l'on régénère ensuite
l'hexénol de son élher phtalique acide.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 899
Ce Irimélhylcyclohexénol, liquide incolore, peu fluide, à odeur camphrée, bout à
à 193° sous 760°"°. Sa densité est D"' == 0,9810. Il est insoluble dans l'eau el miscible
à tous les solvants organiques usuels. Il est facilement entraîné par la vapeur d'eau.
Par oxydation au moyen du mélange sulfochromique il fournit la célone correspon-
dante : le point d'ébullition que j'ai trouvé pour cette cétone est un peu inférieur à
celui indiqué par Wallach : 192» au lieu de 196°.
Une oxydation prolongée le convertit avec un rendement presque théorique en acide
acétique et acide ««-diméthylglutarique de BéhalCO^ H— GH^-CH2C(CH')'C0'H('),
ce qui s'accorde bien avec la formule de constitution.
L'éther acétique n'a pas l'odeur camphrée de l'alcool, il est un peu plus fluide;
il bout à 2o6°-207''.
IV. En résumé, en faisant abstraction des réactions intermédiaires, l'acide
hypoiodeux naissant agit comme oxydant sur l'acide a-cyclogéranique. Il le
transforme avec perte de CO^ en i.5.5-triméthyl-A6-cyclohexénol-2. C'est là
la réaction principale. En outre une partie de l'alcool est oxydée en cétone
correspondante et il se forme, de plus, des produits à point d'ébullition élevé
que je n'ai pas étudiés, produits qui doivent résulter vraisemblablement de
réactions entre la cétone et l'alcool préalablement formés.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide sidfurique concentré sur quelques
nitramines aromatiques . Note de M. Frédéric Reverdix, présentée par
M. A. Haller.
J'ai déjà eu l'occasion de constater que certaines nitramines peuvent être
réduites en nitrosamines correspondantes, sous l'influence de l'acide sulfu-
rique concentré ("); tel est le cas de Véther méthylique de l'acide dinitro-
"i.S-méthylnitramino-^-benzoïque et de la triniiro-méthylnitraniline :
COOCH^
N0=
N
'NO'
/CH'
NO-
NO-
.NO^ \N0-
Dans le premier cas, la nitrosâmine formée a été isolée; dans le second
(') Cet acide a été identifié par comparaison avec un échantillon d'acide ota-dimé
thylglutarique synthétique que je dois à l'obligeance de M. le professeur Biaise.
(') Archives des Sciences physiques et naturelles de Genève^ t. XXVI, 1908, p. 342
4oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
cas j'ai obtenu, en partant d'un produit ne donnant aucune trace de la réac-
tion caractéristique de Liebermann pour les nitrosamines (acide sulfurique
concentré + phénol), un composé donnant cette réaction d'une manière
très nette, mais qui n'a pas encore été analysé.
La réaction signalée n'avait pris naissance que sous l'influence d'une tem-
pérature supérieure à la température ordinaire ou d'une durée de quelques
heures et même de quelques jours, suivant les conditions de la température;
le phénomène observé n'incriminait pas, par conséquent, l'interprétation
de la réaction des nitrosamines, puisque celle-ci ne pouvait apparaître que
lorsque les substances à examiner étaient soumises à des conditions anor-
males pour ladite réaction.
J'ai trouvé depuis un autre cas dans lequel la transformation se fait dans
des conditions telles que l'interprétation à donner à la réaction des nitrosa-
mines en est troublée.
Lorsqu'on nitre la diméthyl-o-anisidine d'après les indications données
autrefois par Grimaux et Lefèvre ('), il se forme suivant les conditions
divers produits parmi lesquels un composé de F = i35° que van Romburgh
a caractérisé comme étant la nitrosarnine de la diniiro-'i.^-monomélhylani-
sidine et un autre de F= 1 18" qui est la nitramiiie correspondante (-) :
OCH3 OCH»
NO-
\no
NO^ NO-^
Nnc^
NO^
F=)35''. K = 11S".
La nitrosarnine se transforme facilement et quantitativement en nitra-
mine par l'action, à froid, de l'acide nitrique fumant; mais, chose curieuse
à première vue, cette nitramine, malgré des cristallisations répétées qui n'en
modifient aucunement le point de fusion, donne toujours et d'une manière
très nette la réaction de Liebermann.
Ce phénomène s'explique par le fait (jue la nitramine en question se
transforme instantanément et même à basse température, tout au moins
partiellement, en nitrosamine correspondante.
L'expérience a montré que cette transformation s'accomplit à — lo" au
(') Comptes rendus, l. GXII. p. 727-730.
(') M(V/., t. CXIIl, p. 5o5.
SÉANCE DU 14 FÉVRIER 1910. 4oi
fur et à mesure que Ton inlroduil la nitramine dans l'acide sulfurique
concentré, maintenu à celle température.
Cette réduction du groupe nitro en groupe nilroso est accompagnée
de la formation de produits accessoires d'oxydation avec laquelle elle est,
cela va sans dire, en relation; il sera intéressant d'en déterminer la nature.
Une observation analogue a été faite autrefois par Galtermann ( ' ) avec
la dinilro-p-crésyl-élhylamine
c«hm:.if (0 NOMS) No-^ (5) N\5o"' ^^'
dans des conditions qui étaient différentes au point de vue de la tempé-
rature.
Cet auteur cite entre autres, comme preuve de la constitution de ce
produit, qu'il donne la réaction de Liebermann pour les dérivés nilrosés,
« ce qui s'explique facilement, dit-il, parce qu'il élimine de l'oxyde d'azote
par échauffement avec l'acide sulfurique, fait qui prouve une position parti-
culière d'un groupe nitro ».
L'action de l'acide sulfurique sur les nitramines de la série grasse et de
la série aromatique a déjà fait l'objet de nombreuses recherches, mais la
formation directe d'une nitrosamine dans les conditions dont je viens de
parler n'avait, je crois, pas encore été signalée.
Je me propose de rechercher d'autres composés susceptibles de présenter
la même propriété et de déterminer, si possible, quelles sont les conditions
qu'ils doivent remplir au point de vue de leur constitution, pour se prêter
à la réaction observée.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'acide sidfosalicylique sur le phosphate
trisodique. Note de M. L. Bartue, présentée par M. Haller.
Dans une Note antérieure (^) j'ai fait connaître l'action de l'acide sulfo-
salicylique sur le borate de soude; il m'a paru intéressant de faire agir ce
même acide sur le phosphate trisodicjue.
A une solution aqueuse bouillante de 26^^80 de phosphate alcalin pré-
paré au Laboratoire, on ajoute une solution hydro-alcoolique de 43^, 60
(') BuUetin Soc. chim. de Paris, 2" série, t. XLV, p. 794; voir aussi t. XLIV,
p. 545.
(') Comptes rendus, t. CXLVI, p. 4o8.
4o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'acide siilfosalicylique. On fait bouillir quelques instants et l'on filtre. La
solution est abandonnée sous cloche au-dessus de l'acide sulfurique. Il se
dépose par refroidissement des aiguilles ténues d'acide sulfosalicylique,
parfois du sulfosalicylate de soude en très longues aiguilles atteignant jus-
qu'à o"\o5 à o^jOÔ de longueur, et enfin un composé cristallisant en fins
cristaux prismatiques, brillants, renfermant du phosphore, du soufre et
brûlant sur la lame de platine en laissant un résidu minéral fusible.
La solution aqueuse de ce composé fournit avec le perchlorure de fer une
coloration bleu violacé, disparaissant par addition d'acide chlorhydrique.
Additionnée de réactif de Millon elle se colore en rouge à l'ébuUition.
L'équation qui rend compte de la formation et de la constitution du com-
posé est la suivante :
/OH /ONa /SO'H
(1) P0'Na'+2C«H^-S0='H = P0-0C«H'— COONa-i-aH^O.
^COOH ^OCMl^/SO'H
\COONa
Le dosage de l'eau de cristallisation a montré que la molécule cristallise
avec 2H^0.
Le dosage de l'acidité, en présence des indicateurs phtaléine et acide
rosolique, implique deux fonctions acides.
L'estimation du soufre et du phosphore dans cette combinaison, après
oxydation par le mélange de carbonate et d'azotate de potasse, montre que
la constitution du produit obtenu s'accorde avec le schéma de l'équation ( i).
C'est un phosphate sodo-disulfone-salicytate de soude.
Toutefois l'équation suivante montre qu'on aurait pu aussi bien obtenir
le phospho-trisulfone-salicylate de soude :
^U(. H \cOONa
/OH / SO^H
(2) PO»Na'-H3C«H3-SOM4=PO-OC/-H»c^^^^^j^^H-3H20.
\GOOH \^
^^ " \C00Na
Mais la saturation de cette nouvelle molécule eût exigé un volume de
liqueur alcaline supérieur à celui que nous avons dépensé ; de plus, dans ce
dernier cas, la proportion de soufre est plus considérable et celle de phos-
phore moindre que les quantités de ces mêmes éléments prévues par l'équa-
tion (i) et que celles obtenues par l'analyse.
Ce qui nous laisse à penser que dans certaines conditions de concentra-
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I9IO. 4o3
lion, de dilution et de température, on peut aussi bien obtenir la molécule
ci-dessus [équation (^ 2)], c'est qu'en faisant agir à peu près delà même
façon l'acide sulfosalicyliquc sur l'arséniate trisodique, nous avons obtenu
une combinaison arsenicale dont les dosages de l'acidité et du soufre corres-
pondent exactement à la composition
\LOONa
Malheureusement, il nous a été impossible, quelles que soient les méthodes
employées, d'obtenir des dosages convenables d'arsenic, la molécule se
décomposant toujours avec violence à l'oxydation, ce qui donne lieu à des
pertes considérables d'arsenic.
En résumé, l'action de l'acide sulfosalicyliquc et probablement aussi de
nombreux acides organiques, sur des sels minéraux alcalins et neutres,
permet de concevoir l'échange, dans certaines conditions, d^un ou plu-
sieurs cations (identiques d'ailleurs) du sel minéral support avec un même
nombre d'anions sulfosalicyliques. Il en résulte, dans le cas particulier, une
nouvelle combinaison qui n'est pas un sel double.
On peut prévoir une inlinité de molécules semblables minéro-organiques
susceptibles de prendre naissance en vertu du même mécanisme.
BOTANIQUE. — Les ressources forestières de la Gâte d'Ivoire (^résultats de la
Mission scientifique de i Afrique occidentale^ : Bois, Caoutchouc et Oléagi-
neux. Note de M. Aug. Guevalier, présentée par M. Edmond Perrier.
Nos études sur la composition de la forêt vierge de la Côte d'Ivoire ont
commencé en igoS. Jusqu'à cette époque aucun renseignement précis
n'avait été publié sur la llore de cette immense forêt tropicale qui couvre
plus de 1 20000'""' d'étendue. Au cours de nos recherches poursuivies en
190J, puis en 1907 et pendant toute l'année 1909 sous les auspices du
Ministère de l'Instruction publique et du Gouvernement général de
l'Afrique occidentale, puis de l'Académie des Sciences (Fondation Roland
Bonaparte) depuis l'an dernier, nous avons cherché à inventorier les espèces
végétales de la forêt.
C. R., 19:0, I' Semestre. (T. 15U, M' 7.) ^^
'io4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Depuis les débuts de celle prospection jusqu'à la (in de 1909 nous avons séjourné
environ 600 journées au milieu de la forêt vierge en eilectuanl des abattages d'arbres
en vue de l'élude poursuivie dans les principales régions de ce territoire. En outre,
nous avons parcouru environ 4000"^™ d'itinéraires à travers les régions où la forêt est
très dense ainsi que sur sa lisière nord et sa bordure sud. Nos recherches permettront
de dresser bientôt un inventaire assez complet de la végétation. Le nombre des espèces
ne paraît pas dépasser iSoo à 2000. Sur ce nombre il existe environ 5o espèces d'arbres
dont la taille peut atteindre el parfois dépasser .5o™ de hauteur avec un tronc de
|in g ■2"',ôo de diamètre. Les arbres s'élevant de 25™ à 40™ de hauteur sont au nombre
de i5o à 200 espèces. Il existe aussi environ i5o espèces ligneuses atteignant de lo""
à 20™ de hauteur. Le reste de la végétation comprend des arbustes de sous-bois, des
lianes ligneuses herbacées grimpantes, de nombreux épiphytes (orchidées, quelques
bégonias et quelques mélaslomacées, divers ficus), enfin un nombre restreint de
|ilantes herbacées vivant sous l'ombrage des arbres.
Les indigènes de la forèl de l'Afrique occidentale n'en tirent qu'un parti
restreint, mais notre industrie européenne sera nécessairement amenée à
exploiter les nombreuses ressources qui y existent.
L'exploitation du caoutchouc, de l'huile fournie par le palmier Elaeis,
enfin du bois d'acajou provenant du Khaya nurensis A. Chev. est com-
mencée depuis longtemps.
Mais ces matières premières ne représentent qu'une partie restreinte des
produits utilisables ainsi que le montre le Tableau suivant.
Bois. — A la suite de la mission de 190", plus de 170 espèces arbores-
centes furent examinées au point de vue botanique et industriel. Les résul-
tats de ces études ont été publiés récemment. En 1909 nous avons précisé
Taire de chaque espèce et déterminé son degré de fréquence. Nous avons
en outre étudié une cinquantaine d'espèces qui n'avaient pas encore été
observées.
Les espèces fournissant les plus beaux bois appartiennenl aux familles
suivantes :
Méliacées (Khava, lintandrophragma.Trichilia, Bingeria); Lé^juniineuses (Lonclio-
carpub, Berlinia, Maorolobiuni, Delarium); Conibretacées (Terminalia ) ; Gulliféres
(Ochrocarpus, Symphouia); Sapolacées (Dumoria, Chrysopliyllum) ; Apocynées (Als-
tonia); Artocarpées (Chlorophora, Antiaris); Stercuiiacées (Cola proteiformis) ; Man-
soniées (Triplochilon, Achanlia); Euphorbiacées (Uapaca, Oldfieldia, Hasskarlia).
Les bois les plus remarquables se rapportent aux catégories dénommées
dans l'industrie, acajou, paHssandre, gaïac, teck, chêne, bois blanc, okoumé,
buis, cèdre. On sait que chacune de ces appellations désigne souvent des
SÉANCE DU I 1 FÉVRIER 1910. 4o5
bois d'origines botaniques très différentes, mais ayant des propriétés ana-
logues.
Caoutchouc. — T^'espèce productrice par excellence du caoutchouc de la
forètdela Côte d'Ivoire est le Funtumia elastica Stapf sur lequel nous avons
recueilli des documents nombreux qui seront publiés ultérieurement. En
second lieu viennent les lianes Landolphia owariensis P. B., puis Clitandra
elastica A. Chev. et Clitandra micranlha A. Cliev. , ces deux dernières n'étant
que des formes du Clitandra orienlalis K. Schum.
En dernier lieu il faut énumérer un assez grand nombre d'arbres et de
lianes dont le latex fournit un coagulum de qualité inférieure n'ayant qu'une
faible teneur en caoutchouc, mais cjue les indigènes de quelques régions mé-
langent aujourd'hui au coagulum de Funtumia pour en obtenir un produit
commercial nommé lump. Ces végétaux sont :
Trois ou quatre espèces de Ficus et en particulier F. Vogelii Mi(].; quatre
autres urticacées : C/ilorop/iora excelsaV^elw . , Anliaris toricaria Lesch. rar.
af ricana Scolt-Elliot, l'ontya excelsa A. Chev., Morus mesozygia Stapf;
des apocinées : Alstonia congetisis Engler, Funtumia africana Stapf, Car-
podinus dulcis Hua ; une euphorbiacée, Ela'ophorl>ia drupacea Stapf; une
sapotacée, Malacanlha robusta A. Chev.
Depuis peu de temps les indigènes coagulent ces mélanges de latex soit
avec une solution de savon, soit par l'adjonction en très faibles proportions
des latex d'apocynées des genres Stropkanthus et Alafia. L'arbre à caout-
chouc de Para (^Hevca brnsiliensis), introduit en i8()7 dans la région côtière,
réussit dans les points où on l'a planté, et sa culture doit être encouragée
jusqu'au septième degré de latitude.
Oléagineux. — Le palmierà huile (Elœis guinéensis )esl une plante domes-
tiquée plutôt que spontanée, mais il se multiplie seul partout où l'homme l'a
planté une première fois et il persiste sur l'emplacement des anciennes cul-
tures, de sorte qu'on le rencontre parfois loin des villages actuels et en
pleine forêt. Il présente cinq ou six variétés dont une particulièrement pré-
cieuse, le Cérédi, donnant des fruits à péricarpe épais et à graines la plupart
avortées, de sorte que le noyau est remplacé par une masse fibro-pulpeuse
gorgée d'huile.
D'autres essences de la forêt contiennent des substances grasses en fortes
proportions dans leurs graines. Nous avons déjà signalé à ce point de vue le
Dumoria Heckeli A. Chev., sapotacée géante voisine des Mimusops ( ' ). Dans
(') Comptes rendus, 1907.
4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la même famille, les Chrysophyllum. les Pachystela et les Omphalocarpum^
dont il existe des représentants à la Côte d'Ivoire, ont des amandes utilisables.
Enfin, parmi les arbres à graines oléagineuses communs dans la forêt, nous
devons encore citer : deux Carapa (méliacées), deux Penladesma et un
Allamhlackia (guttifères), un /V/?/ac/<^;/^ra (légumineuse), XftLophira procera
A. Cliev. (lophiracée), un Irvingia et un Balanites, le Coula edulis Bâillon
et VOngokea Klaineana Pierre (olacinées), le.Treculia af ricana Dcne. (arto-
carpée), le Bicinodendron a/ricana Bn. (euphorbiacée), le Pycnanlhus Komho
(myristicacée), enfin une liane de la famille des Cucurbitacées de très
grande taille : le Telfairia occidentalis Hook. f.
BOTANIQUE. — Sur une forme nouvelle de Nigelle, Nigella damascena
polycephala, obtenue a/irés une inutdation. Note de M. L. Blaringuen,
présentée par M. Gaston Bonnier.
L'espèce Nigella damascena L. est souvent cultivée dans les jardins à
cause de ses fleurs d'un bleu pâle et de son feuillage très découpé. On en
connaît des variétés à fleurs blancbes, d'autres à fleurs doubles, qui souvent
se multiplient spontanément par graines dans les jardins. La plante qui
me servit de point de départ pour ces essais fut observée en 190(3 dans un
jardin potager où l'on n'avait d'ailleurs pas fait de semis de celte espèce
depuis plusieurs années. F>lle était seule de son espèce et j'en récoltai les
graines pour cette raison, parce qu'elles devaient provenir d'une autofécon-
dation. Les fleurs d'xm bleu pâle étaient simples; aucune particularité autre
que le nombre élevé des carpelles (7 au lieu de "i) de la fleur portée par la
tige principale ne put être reconnue.
Les graines semées en 1907 à Bourg-la-Reine, dans le champ d'expériences,
donnèrent des plantules peu étudiées à la germination, si bien qu'il m"est
impossible de dire s'il ne se trouvait point parmi les plantules à 2 cotylédons
quelques-unes à 3 cotylédons. En juin, les tiges déjà fortes furent coupées
au ras du sol avant l'épanouissement des boutons floraux des tiges terminales
et, sur les rejets, il se développa des fleurs monstrueuses à sépales et à pétales
surnunu'raireS; surtout à carpelles très nombreux. Sur un fruit, on pouvait
compter 11 carpelles groupés en deux verticilles compacts, emboîtés l'un
dans l'autre; une autre fleur avait 9 carpelles distribués en deux fruits et
donnait l'impression qu'elle résultait de l'accolement de deux fleurs nor-
males à ,1 cl à '\ carpelles. Dans plusieurs cas aussi, en plus du fruit médian,
(li'S carpelles isolés et fermés sur eux-mêmes, i>\iiMt l'aspect du fruit mono-
SEANCE DU ï4 FÉVRIER I910. ^07
carpellaire de Delphinium ou tordus en spirale, pouvaient faire croire à une
déviation plus irrégulière encore.
Ces anomalies ont déjà été signalées par plusieurs auteurs. Penzig (') les classe
selon les descriptions plus ou moins complètes données par les observateurs, soit sous
le titre de métamorphose d'étnmines en carpelles libres (Jaeger), soit sous celui de
mulUplicntion anormale du nombre des carpelles (F.-L. von Schlechtendal), soit
même de prolifération centrale, sans que le mot soit écrit, car d'après Ducliartre (-),
les carpelles du N. damascena qu'il a observé « laissaient entre eux une cavité où
était logé un second verlicille carpellaire ». La désignation exacte de ces anomalies a
un certain intérêt, en ce sens qu'il y a lieu de chercher si, sous l'influence de la seclion,
il V a eu métamorphoses d'étamines en carpelles comme dans les expériences de
Klebs (') sur le Sempervirum ou si seulement le nombre des carpelles a élé augmenté
par la surnutrition des bourgeons floraux portés par les rejets. L'hypothèse de la méta-
morphose se soutient principalement dans les cas où les carpelles surnuméraires sont
isolés, mais dans aucun des exemples suivis depuis 1907 je n'ai pu observer une
étamine partiellement transformée en carpelle, ou même en lobe foliacé. Or ces cas
transitoires sont fréquents et accompagnent généralement les véritables métamorphoses.
L'anomalie doit donc être, à mon avis, distinguée de la variation stable et complète-
ment héréditaire présentée par le Papaver somniferum polycephalum. où la méta-
morphose est évidente, mais rapprochée des dissociations incomplètes, avec quelcpies
cas de soudures propres aux fascies (').
L'étude de la transmission héréditaire, incomplète malgré l'autofécondatioii et irre-
gulière selon les lignées, confirme celte interprétation. Les cultures de 1908 étaient
réparties en quatre lots désignés dans les livres de cultures sous les lettres A,, .\.2 et B,, B,.
Dans chacun d'eux, après le semis, j'ai compté les plantules tricotylées, d'ordinaire
très rares dans celte espèce (') el les résultats sont tout à fait concluants.
l-ot. Plantules levées. Tricotylées. Pourcentage.
Al 85 4 4,7
•'^5 72 7 9.7
B, 42 3 7,1
Bj 37 I 2,7
(') O. Penzig. Pflanzenteratologie, t. L Genua, 1890.
(^) DucHARTRE, Bulletin Soc. botanique de France, t. VI, 18.59, P- 27 • •
(') G. Klebs, Ueber Variationen der Bliiten, igoo. Dans ce Mémoire, j'ai fait
remarquer (C. /?. Société de Biologie Paris, t. LIX, p. 454) 'es variations qu'on pou-
vait attribuer à une mutilation el G. Klebs, dans un Mémoire publié en 1906: L'eber
kiinstliche Metamorphosen {Abh. der naturf. Gesell. su Italie, t. XXV). accepte
celte iulerprétation.
(') L. Bl\ri.\ghem, Mutation et trauniatismes, 1907, p. 88-92.
{') IL de Vries, pour loooo plantules de Nigella hispanica alba, a trouvé i5 cas
de tricotylie; il n'en observa aucun dans les semis qu'il fit de Nigella damascena.
{Mutationstheorie, l. Il, Leipzig, 1908, p. aSg ),
4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or les reclierches de M. H. de \ ries (') sur la Iraiisoiission héréditaire des fascies
et des torsions ont montré une liaison nette entre ces anomalies et les déviations des
planlules, en particulier en ce qui concerne le nombre des cotylédons.
L'hérédité du caractère anormal lui-même est assez difficile à évaluer. Il
faudrait la déterminer, soit par le nombre des carpelles surnuméraires, soit
par leur mode de groupement en un ou plusieurs fruits, ou encore par le
nouîbre de rameaux pour une plante portant des tleurs ou des fruits anor-
maux. Toutes ces catégories donnent des pourcentages de plantes anormales
différentes et doivent être décrites dans des Tableaux détaillés.
La moyenne du nombre des carpelles des lleurs portées par les tiges prin-
cipales (celle des rameaux latéraux est moins élevée) fut, pour les quatre lots
cultivés en 1908, 7 avec les chiffres extrêmes 4 et 14. La fleur qui offrait
i4 carpelles montrait deux verticilles emboîtés de 7 carpelles extérieurs très
développés remplis de graines et de 7 carpelles intérieurs dont^ assez déve-
loppés pour renfermer plusieurs graines fertiles; 3 tleurs à i3 carpelles ont été
observées dans la même culture, l'une ayant les caractères de la précédente
et correspondant à une prolifération, les deux autres offrant une dissociation
en trois groupes (6, 4 et 3 carpelles dans un cas; 5, 5 et 3 dans l'autre cas ).
En 1909, dix lots types provenant de plantes à fruits prolifères ou disso-
ciés dont six avec tricotylie montrèrent une transmission du caractère plus
accentuée encore qu'en 1908. Ce qui prouve l'obtention, à la suite de muti-
lation, d'une race instable de NigeAla damascena polycephala caractérisée
par la multiplication extrême du nombre des carpelles et la dissociation
des fruits en groupes verticilles superposés (prolifération apparente) ou en
groupes disjoints (soudure apparente caractéristique des fascies).
Une autre déviation, apparue dans cette lignée en 1907 et non signalée
jusqu'ici, à ma connaissance, caractérise la forme Nigella damascena cristata.
BOTANIQUE. — Sur (' exploitation agricole, dans les /iouches-du-Iihàne, d'une
espèce de Typha spontanée, non signalée en France (T. angustata). Note
de M. J.-B. Gèze, présentée par M. Gaston Bonnier.
On exploite dans les marais de Fos (Bouches-du-T»hône), des Massclles
( Typ/ia) donl on distingue sept variétés : trois Panes (blanche, rousse,
(') II. UE Vries^ Eine Méthode Z^vangsdreluingen aufzusucUen {lier. d. dent,
bol. Gesellscli., l. XII, 1892, p. 25) et Sur la culture des nionstruosilés (Paris,
(Jdinptes rendus, t. C\X\'II1. p. i25).
SÉANCE DU r4 FÉVRIER 1910. ^O^
noire), dont les feuilles servent à l'empaillage des chaises communes; trois
Houtarch {blanc, roux, noir), dont les feuilles et les tiges sont utilisées pour
garnir les joints des douves de tonneaux, et enfin le Pavel, qu'on emploie
pour des engins de pêche. Les variétés les plus appréciées sont la Pane
hUmche ( 1 8''' à 20'' les 1 00"^^ secs ) et le Jioutard blanc ( 1 5'' à 1 8*"'" ) ; la Pavie
/•o«we vaut seulement io'''à \b^', elle Boutard roux, 8''' à 10''''. (^uant à la
Pane noire et au BouUtrd noir, on ne les récolte que les années où les
variétés précédentes font défaut. Celte exploitation n'a jamais été étudiée
jusqu'ici.
Grâce au concours dévoué de MM. JNussbaum, ingénieur, et Icardenl,
chef mécanicien, à Fos, j'ai pu cultiver depuis 2 ans, près de Toulouse,
ces sept variétés de Typha et en examiner de nombreux exemplaires, en-
voyés à diverses époques. L'observation suivie des phases de la végétation
et l'étude anatomique de plusieurs centaines d'échantillons m'ont amené
aux conclusions suivantes :
1° La Pa\ie blanche est le Typha angiistata Bory et Chaubaid (=: T. œ/jualis
Schnizlein), espèce répandue dans la région orientale de la Méditerranée (Grèce, Asie
Mineure, Egypte, etc.) et de là vers l'Est jusqu'au Japon ; la Grèce est, jusqu'ici, le
pays le plus j-approché où on l'ait trouvée.
1° Le Boutard blanc est aussi ufl Typha angustala, probablement la variété
abyssiiiica (Graebner, 1900), signalée seulement en Abyssinie.
3° La Pavie noire^ le Pa^-el et le Boutard noir sont des formes plus ou moins
développées, suivant la nature et la profondeur de l'eau et peut-être du sol. du Typha
anguslifoUa L., commun en France. Le T. latifolia L., plus rare dans les marais de
Fos, y est appelé aussi Boutard noir.
4° Enfin la Pavie rousse et \e -Boutard roux semblent être des formes dérivées de
la Pairie blanche et du Boutard blanc, dont on les dislingue difficilement, plutôtque
des hybrides, T. angustata x angustifolia.
Le D'' Kronfeld, auteur de la monographie la plus complète du genre
Typha (Vienne, 1889), a bien voulu contrôler ma détermination de la Pane
Manche, et l'a confirmée avec une absolue certitude.
Je signalerai seulement, au sujet du Typha angustata, quelques détails
inédits, que j'ai observés sur la l'avie blanche, pour compléter les Mono-
graphies des D"'^ Kronfeld ( 1889) et Graebner (1900).
Espace vide entre les épis mâle et femelle : 6"'™-22'"™, moy. i3""". Grains de pollen
isolés, de i3!^-32l^, moy. iSl'-^Si^ de diamètre.
Epi femelle brun pâle, « couleur cuir saupoudré de blanc » (Schnizlein); teinte
plus claire au début de la saison, correspondant aux n"^ 128, 142. du code des
coiileui-s de Klincsieck (1908) (série du 3'^ orangé de Chevreul, c'est-à-dire tirant sur
4lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
le jaune); plus lard, n"'* 103, 108, le plus souvent io3 (série de l'orangé). Fleur
femelle toujours accompagnée d'une hracléole aplatie, à tète o\ ale-spatulée aiguë bru-
nâtre, large de o""", 06-0'"™, i4 ( — o""", 18), nettement distincte du pédicule, et souvent
brusquement rétrécie en une longue pointe terminaley?///'o/7ne plus ou moins flexueuse
atteignant o'""',5 de long sur i^V-.'ioV- de large seulement. Poils du gynophore larges
de &v--\Zv-, blancs ou roussàlre clair, à extrémité aiguë ou quelquefois légèrement
renflée ( i5l'--3ol'') sur o"'™,2-o™™,5 de long, parfois colorée en jaune orangé clair; plus
courts que la bractéole qui les dépasse quelquefois de toute la tète (o"'",2-o""",6).
Stigmate linéaire, de teinte rouille, large de o'""', 04-0™™, 08 ( — o™'",io), souvent courbé
en faucille, plus ou moins nettement crénelé sur le dos; dépassant peu [o>""',2-i™™,o
(moy. o'"'",5)] les poils, guère plus que la bractéole. Dimensions des protubérances de
l'axe femelle (sur lesquelles sont insérées les fleurs) : hauteur o""", 60-0°"", 80
( — i'"'",o4); largeur à la base o™"', 20-0""°, 4o ( — o""'',56) ; au sommet, o""", i5-o""",32.
^eujV/e.v des tiges florifères larges de 4'"™-io'°"', convexes à l'extérieur, planes ou par-
fois faiblement concaves à l'intérieur, couvent demi-cylindriques vers le bas du limbe;
dépassant peu (lô'^"" en moyenne), ou même pas, le sommet de l'épi mâle; glauques
(vert gris pruiné); devenant fauve clair blanchâtre en séchant sur pied (d'où proba-
blement le nom de Pavie blanche, Boutard blanc). Floraison : juin-juillet (en Grèce),
i5 juillet-fin août (Fos, Toulouse, où les fruits n'arrivent pas toujours à parfaite
maturité).
Le Typha angustifolia L., espèce la plus voisine du T. angiislata, s'en
distingue : 1° de loin, par ses feuilles vertes, non glauques, devenant brun
noirâtre en séchant (d'où le nom de Pavie noire., Boutard noir) ; par la teinte
plus foncée de ses épis femelles, tirant sur le rouge : n"* 53, 58 (série du
rouge orangé), 78, 79 (série du 3* rouge orangé), du code des couleurs;
2" de près, par ses protubérances, dont la hauteur n'atteint presque jamais
jyniD (3. par ses stigmates, dépassant longuement (i "'"'-3""") les poils; par ses
bractéoles, dont la tète arrondie, ou aiguë, mais jamais brusquement rétrécie
en longue pointe filiforme, ne dépasse ordinairement pas les poils; 3° par sa
iloraison plus précoce (de 5 à 6 semaines, à Toulouse).
Le Boutard blanc diffère de la Pavie blanche par un plus grand développe-
ment de toutes ses parties, et surtout par ses feuilles obtuséinent triquctres
vers la base, caractère du T. angustala var. y abyssinica Gracbner (^1900 );
le caractère essentiel de cette variété y ^st d'avoir les fruits seulement
2 à 3 fois plus longs que larges (dans le type, ce rapport va de 3 à 5 ). Je
n'ai pas observé des fruits de Boutard blanc complètement nuns, et n'en ai
trouvé que très peu dont les dimensions répondent à celles de la variété y;
mais comme, en se rapprochant de la n)aturilé, la largeur des fruits
augmente seule, je crois pouvoir attribuer le Boutard blanc au T. angustala
var. y abyssinica. Cette variété n'a été signalée que dans les marais des
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 4ll
sources du Nil (Nil blanc et Nil bleu) et en divers points de l'Abyssinie, où
il est fréquent.
La Pavie blanche et le Boulard blanc sont localisés dans les marais de Fos
alimentés uniquement par de l'eau douce (eau limoneuse du Rhône)
(étangs de Landres, de Ligagneau, de l'Etourneau) et dans les canaux en
relation avec eux. Ces deux plantes sont beaucoup plus sensibles que les
autres espèces au froid, qui rend certaines années leur production presque
nulle; elles craignent l'eau salée, aussi ne les trouve-t-on pas dans l'étang de
Galéjon, où pénètre un peu d'eau de mer, et où les autres Typha (surtout
T. angustifolia) existent seuls.
La présence du Typha anguslata dans une station restreinte comme les
marais de Fos, où il n'est même pas certain qu'il se reproduise par le semis,
peut être due au transport des graines par l'eau, les oiseaux, les poissons, le
vent surtout, qui emporte au loin les fruits minuscules à grandes aigrettes
des Typha, mais il ne semble pas impossible d'attribuer cet apport aux
navires qui, venant de la Méditerranée orientale, se rendaient en grand
nombre, pendant plus de six siècles, à Arles, la Rome gauloise, par le canal
maritime (Fossœ Marianœ), creusé l'an io3 avant J.-C, à travers les
marais de Fos. D'Alexandrie a pu venir ainsi la variété abyssmica. Les
fruits à longs poils des Typha donnent un duvet encore utilisé, dans cer-
tains pays, pour rembourrer des coussins, d'un usage beaucoup plus fré-
quent autrefois qu'aujourd'hui; le Typha an gustata est peut-être arrivé à
Fos sous cette forme.
La Note qui précède a une conséquence pratique importante ; il sera inu-
tile d'essayer, en dehors des marais de Fos, d'obtenir, par des soins spé-
ciaux dans l'exploitation des Typha:ççinv l'industrie, les qualités qui font la
supériorité de la Pavie blanche et du Uoulard blanc, si l'on ne plante pas
l'espèce Typha anguslata, et l'on n'aura des chances de réussir que dans un
pays relativement chaud ; on échouerait probablement sous un climat plus
froid que celui de Fos.
PARASITOLOGIE. — Cnidosporidies des larves d'Éphémères.
Note de MM. L. Léger et Ed. Hesse.
Nous avons rencontré dans les larves à^Epheme.ra vulgata L., trois genres
difîérents de Cnidosporidies : l'un vit exclusivement dans les cellules
épithéliales de l'intestin, c'est un Nosema typique qui paraît déjà avoir été
C. R., igio, I" Semestrt. (T. 150, N» 7.) ^^
4 1*2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
observé par Schneider, nous le désignerons sous le nom de N. Schneideri.
Le deuxième, localisé dans les corps graisseux, rentre également dans les
Microsporidies. Le type singulier de sa sporulation nous engage à créer
pour lui un genre nouveau ; nous l'appellerons Stempellia miitabilis. Le
troisième lial)ite comme le précédent le tissu adipeux ; il présente à la fois
des caractères de Micro- el de Myxospoi'idie, nous le nommerons Telomyxa
glugeifonnis, et nous discuterons plus loin sa position systématique.
Nosema Schneideri peut coexister avec lune ou l'autre des deux autres
formes, mais ces deux dernières, habitant le tissu graisseux, s'excluent
mutuellement.
Nosema Schneideri (' ) n. sp. — \^^ Nosema Schneideri se développe dans les cellules
épitliéliales de Finleslin au moyen de la larve d'Ephémère qu'il envahit parfois en
lotaiilé el où il évolue selon le type monosporé qui caractérise ce genre. Les schiz-
onles sphériques, de 2^ de diamètre, se multiplient activement par division binaire
el, finalement, la cellule est remplie de sporonles monosporés et de spores qui la
distendent. Fuis les spores mûres tombent pai- paquets dans Ja cavilè inlestinale.
Ces sfjores sont ovoïdes, de 4'^sur 2V-, avec un long filament de got"-. Le jiôle par lequel
s'échappe le filament montre une petite calotte chromatique. Le parasite ne semble
pas provoquer une hypertrophie notable de la cellule hôte dont il respecte le noyau.
Stemhellia MiTABiLis n. g., n. sp. — Stempellia mutabilis se développe exclusivement
dans le corps graisseux et se présente, au terme de son évolution, saus forme de kystes
sphériques ou ovoïdes disséminés dans le tissu adipeux et autour desquels les cellules
épargnées réagissent en formant une enveloppe conjonctive assez épaisse. Dans chacun
de ces kystes de dimensions variées, mais souvent de grande taille (jusqu'à laoS^), se
voient de nombreux parasites, la plupart au stade de sporontes aux divers états de leur
développement. Ces sporonles présentent cette particularité extrêmement reman|uable
d'évoluer, les uns vers le type octosporé (Theloha/iia), les autres (en nombre à peu
près égal aux précédents) vers le type tétrasporé (Gtirleya), d'autres enfin, plus rares,
vers le type disporé (Perezia), ou monosporé {Nosema).
La distinction entre tous ces genres de Microsporidies étant, comme on le sait, basée
sur le nombre des spores produites par chaque sporonte, il n'y a aucune raison pour
faire rentrer noire parasite plutôt dans l'un que dans l'autre, el nous créerons pour lui
le gtinre Stempellia (dédié au protistologue Stempell).
La taille des spores varie de 2!^ à 6!''; ce sont les spores isolées qui sont le plus volu-
mineuses; celles qui sont groupées suivant le tvpe Gurleya sont piriformes, les autres
sont en général ovoïdes.
Au terme de leur développement, les kystes peuvent tomber dans la cavité générale,
(') Lutz el Splendore en 1908 ont signalé dans l'intestin de larves à^Ephémêrides
du Brésil, deux variétés de Microsporidies qu'ils rapportent au genre Nosema. La
diagnose qu'ils en donnent est insuffisante el la détermination de l'hôte trop imprécise
pour qu'il soit possible d'en tenir compte.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 4l3
el, à un examen superficiel, on pourrait les prendre pour de grosses Glugea dans
lesquelles les spores seraient groupées suivant les types les plus divers; mais une ob-
servation plus attentive montre, parmi les sporontes avec leurs groupements variés de
spores, des stades végétatifs à contour à peine visible et de nombreux noyaux dégé-
nérés de cellules adipeuses détruites par le parasite.
Tblomyxa GLCGEiFOKifis n. g., n. sp. — De même que l'espèce précédente, Telomyxa
glugeiforinis se rencontre dans le corps graisseux des larves d'Ephémère. Au terme
de son développement, le parasite se substitue complètement à ce tissu, sans que
celui-ci réagisse contre l'envahisseinenl. Tous les autres organes sont respeclés. Les
larves fortement infestées sont d'un blanc crayeux; leurs mouvements sont 1res indo-
lents, et el'I-es finissent par périr. Le parasite se montre alors sous forme de spores
innombrables, remplissant 1« tissu envahi, tantôt libres, tantôt groupées en sphérules
de 8, 16 ou « éléments, dont chacune représente le terme de l'évolution d'un
sporonte.
Les spores mûres examinées in vh'o sont ovoïdes, brillantes, réfringentes et ne
montrent aucun détail de structure. Elles ont l'aspect des spores de Microsporidies,
avec une taille toutefois un peu plus grande (61^, 5o sur ti^) et, pour la plupart, leurs
deuàc pôles semblables et arrondis, ce qui leur donne un contour elliptique.
Après fixation el coloration, on constate que la spore présente deux capsules polaires
volumineuses, placées bout à bout el la remplissant presque complètement, laissant
seulement dans la zone équatoriale, autour de leur point de contact, un étroit espace
annulaire retenant fortement la couleur et dans lequel se trouve le germe décelé par
deux noyaux, punctiformes. On distingue en outre, mais plus difficilement, deux miniis-
eules noyaux valvaires et deux noyaux capsulaires. Dans chaque capsule se trouve un
long el grêle iilameTit de got"- environ. Les filaments s'échappent par les pôles opposés,
parfois laléralemenl.
Par la taille, la forme et l'aspect général de ses spores, la petitesse des
noyaux du germe et des noyaux accessoires, l'invisibilité des capsules à
l'état frais, la longueur des filaments, le mode de sporulation (trophozoïte
se transformant complètement en 8 ou n spores à la fin de son évolution),
le caractère de son parasitisme infiltrant puis généralisé dans la totalité d'un
même tissu, enfin son siège dans un Insecte, le Telomyxa est une Micro-
sporidie ou Cryptocyste. Mais d'autre part ses spores à deux capsules le
classent dans les Myxosporidies s. str. (Phénocystes).
Telomyxa présente donc à la fois des caractères de Micro- et de Myxo-
sporidie; à ce titre il mérite de constituer une famille transitionnelle (la
famille des Telomyxidœ que l'on rattachera à l'un ou l'autre de ces deux
ordres, selon que l'on donnera la prépondérance au nombre des capsules
(class. artificielle) ou à l'ensemble des caractères évolutifs (class. naturelle).
Nous discuterons plus longuement cette question en donnant les figures de
cette importante espèce. Pour le moment nous ferons seulement remarquer
4i4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
combien est fragile la barrière établie par les classiques actuels entre les
Phéno- et les Cryptocystes(Myxo-et Microsporidies). Elle est aujourd'hui,
en eiï'et, franchissable par deux voies différentes : par Telomyxa d'une part,
avec ses spores dicapsulées et ses caractères microsporidiens ; par
Coccomyxa d'autre part, avec ses spores monocapsulées et ses caractères
myxosporidiens.
ZOOLOGIE. — Sur une jeune Spirule. Note de M. L. Jovbin,
présentée par M. Edmond Perrier.
Au cours d'une des dernières croisières du prince de Monaco une jeune
Spirule fut prise dans le filet bathypélagique, descendu à 3ooo"', au sud-
ouest des îles Canaries.
On sait que quelques exemplaires adultes seulement de cet animal sont
connus et que j usqu'à présent personne n'a vu ni les œufs ni les jeunes de ce
Céphalopode. Cette lacune est d'autant plus regrettable que cet animal est
d'un grand intérêt, représentant le seul actuellement survivant des Cépha-
lopodes à coquille cloisonnée interne.
D'après ce qu'on sait de la dimension du follicule ovulaire de l'adulte,
l'œnfdoit être assez gros, et comme la Spirule que j'ai étudiée a un peu
plus de .)'"'" de long elle peut être considérée comme naissante.
Les points suivants ont pu être constatés sans détériorer l'unique
échantillon :
La coquille qui n'a que six loges, formant presque un lour, est complètement recou-
verte par le manteau, et nulle part elle n'apparaît à nu à l'extérieur, contrairement à
ce qui existe chez l'adulte. Les cliromatopliores sont disséminés sur cette surface
palléale qui recouvre la coquille comme sur tout le reste du manteau.
Pelsener avait supposé que la coquille devait se former extérieurement en arrière
du corps et être ensuite recouverte par deux prolongements latéraux du manteau,
se soudant finalement en arrière, en laissant ouvertes deux fentes, l'une dorsale, l'autre
ventiale, par lesquelles les loges calcaires de la coquille apparaissent à l'extérieur chez
l'adulte. 11 n'en est rien puisque chez la jeune Spirule la coquille est entièrement sous-
cutanée; les fentes ne se produisent donc que secondairement et l'invagination pré-
coquillère, très tôt fermée, est immédiatement sous-palléale.
Chez l'adulte lacoquille est masquée latéralement par deux gros diverticules latéraux
de la cavité générale, contenant les viscères, descendant jusqu'en arrière du corps et
déterminant par refoulement la position terminale des nageoires. Chez le jeune ces
deux poches manquent complètement, ce qui permet de distinguer par transparence
la spire entière de la coquille ; ces deux poches, diverticules de la cavité générale
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 4*5
viscérale, ne se forment donc que plus lard. probahlemeiU à l'époque de la raaturilé
sevuelle.
11 en résulte que chez le jeune les nageoiies ne sont pas terminales, mais latérales,
et insérées de part et d'autre du corps sur le centre de la coquille.
Cette position des nageoires est donc acquise secondairement chez l'adulte où elles
ne sont séparées l'une de l'autre, tout à fait à l'arrière du corps, que par une ventouse
impaire, médiane et postérieure qui n'a d'homologue dans aucun autre Céphalopode.
Or chez la jeune Spirule cette ventouse manque totalement ; il n'y en a aucune ap-
parence sur le manteau qui, à cette place, est lisse, mince, transparent. Celte ventouse
ne se forme donc que beaucoup plus lard.
Le bord du manteau qui chez l'adulte est pourvu de trois pointes fortement saillantes,
deux ventrales et une dorsale, est complètement lisse chez le jeune.
Les tentacules de l'adulte sont plus longs que tout le corps ; chez le jeune ils ne dé-
passent pas les autres bras et contribuent à former avec eux. une couronne à peu près
régulière de dix petits bourgeons autour de la bouche; celle-ci, pourvue d'une forte
paire de mandibules cornées, est très saillante et enveloppée d'une forte lèvre.
Les yeux, chez l'adulte, d'après le dessin fait par Cliun de la seule
Spirule qui ait été vue vivante, ont tout à fait l'aspect dit télescopique, carac-
téristique de beaucoup d'animaux abyssaux ; chez le jeune, les yeux sont
plus aplatis. La disposition télescopique ne s'acquiert donc que plus tard,
ce qui concorde avec les observations que Brauer a faites récemment sur
déjeunes Poissons de grande profondeur.
ZOOLOGIE. — Action physiologique du mucus des Batraciens sur ces
animaux eux-mêmes et sur les Serpents ; cette action est la même que
celle du venin de Vipère. Note (') de M"" Phisalix, présentée par
M. Edmond Perrier.
L Action du mucus de la Grenouille verte sur elle-même. — L'expérience
directe montre qu'on peut envenimer un Batracien déterminé avec son
mucus, comme on peut empoisonner un animal venimeux quelconque avec
son propre venin.
Paul Berl avait déjà vu que le produit du raclage de la peau dorsale du
cou d'une dizaine de Grenouilles vertes, introduit sous la peau, détermine
une action convulsivante sur les muscles et sur le cœur, et entraîne la mort
aussi bien de la Grenouille verte elle-même que du Chardonneret.
Mais le produit du raclage, en raison du lieu où il a été prélevé, était
sans doute un mélange des deux sécrétions cutanées; car si l'on répète la
(') Présentée dans la séance du - février iqio.
4l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même expérience en employant soit l'eau de lavage des animaux en suda-
tion, soit l'eau de macération de peau du ventre, on n'observe plus, sur la
Grenouille et le Moineau, que les effets stupéfiants et paralysants du
mucus, et pas de convulsions. Le mucus correspondant à cinq Grenouilles
tue l'une d'entre elles en i heure, par inoculation dans le péritoine.
II. Action réciproque du mucus sur les Batraciens. — La Grenouille verte,
qui succombe à une forte dose de son propre mucus, est semblablement
envenimée par celui delà plupart des autres Batraciens (Salamandre du
Japon, Salamandre terrestre. Triton, Alyte, Crapaud, Discoglosse, Rai-
nette verte, Crapaud sonneur); j'ai constaté en outre qu'il suffit du mucus
correspondant à la peau ventrale d'un yVxolotl pour la faire mourir en
9 heures, avec arrêt du cœur en systole.
Celle action syslolique, quoique incomplète, est constante chez la Gre-
nouille verte et la Salamandre terrestre; c'est un épiphénomène dû, comme
les nausées, à la sensibilité individuelle de ces animaux, au venin dorsal de
l'Axolotl, dont il existe inévitablement des traces dans les préparations
fraîches de mucus.
Ce qui le montre, c'est que le cœur de la (îrenouille est arrêté en diastole
par le mucus de la plupart des autres Batraciens, et que les mêmes prépa-
rations de mucus d'Axolotl manifestent des propriétés diastoliques vis-à-vis
des autres animaux réactifs.
"6° Action du mucus des Batraciens sur les Serpents. — Ce sont les venins
muqueux de Triton et d' Alyte qui se montrent les plus nocifs vis-à-vis des
Serpents, car il suffit de l'eau de lavage d'un seul Triton crête, ou d'un tout
jeune Alyte qui vient de se transformer, pour tuer en moins d'une heure
une Vipère aspic pesant de 5o« à Go^. Les mucus de Salamandre terrestre et
de Discoglosse peint se montrent les moins toxiques; et, entre ces extrêmes,
se placent les mucus de Grenouille verte, de Pélobate Cultripède et d'Axo-
lotl qui tuent la Vipère en i à 5 jours.
Les quantités de mucus correspondant à trois Grenouilles, à trois Pélo-
bates et à une peau de ventre d'Axolotl, qui tuent la Vipère aspic, n'ont
aucun effet appréciable sur la (Couleuvre vipérine.
Les symptômes déterminés par le mucus des Batraciens sont identiques
sur ces animaux eux-mêmes et sur les Serpents. Le Tableau suivant
résume son action et les conditions de Tenvenimation pour les venins
d'Alyle, de Triton et de Salaman^lre, et dans ce Tableau, on voit que les
chiffres qui expriment la résistance de i"**-' d'animal réactif sont quelquefois
plus élevés pour les Serpents que pour les Batraciens.
i.5o
1
0. i5
1 ,45
2. l5
1 ,5i
I .01)
ô, i5
en systole
2 »
i
»
I .45
3,5
en diastole
0.53
5,1
»
0.57
11,6
»
0.55
12
SÉANCE DU l/| FÉVRIER 1910. I17
Action comparée du mucus d^Alyle, de Triton et de Salamandre sur les Batraciens
et les Serpents.
Mode d'arrcL
lloses Lieu du ccrur. Durée Résist.
Poids de de — de la puiii- 1''=
en gr. mucus frais. linocuialion. \entricule. suivie. d'animal.
1" Mucus de Triton cristatus :
Biifobufo 58 Eau lav. f de Triton Sac iymp. dorsal en systole
Rana esculenia 22 Macér. i de peau Abdomen endiaslole
Vipera aspis 9<) Eau lav. 1 Triton \ Sous la peau »
Pélobates cultripes.. . 28 » Sac dorsal en systole
2° Mucus d' A If tes obstelricans :
Salamandra maculosa. 23 Eau lav. ,Vj Alyte Sous la peau
Bufo bufo 34 » I ..
Mpera aspis 49 >' ' » »
Rana esculenia 10 » { >■ Sac dorsal
Tropidonotus natrix. 19 » 1 » Sous la peau
3° Mucus de Salamandra maculosa :
Vipera aspis 5o Eau lav. 3 Sal. Abdomen en diastole 2 jours 1
Tropidonotus natrix. 5o » 6 » » guérison
Rana esculenia 25 » i5 » Sac dorsal » ic
Résumé des sympiémes ■et des lésions. — ■ Agitation pendant quel(|ues minutes avec
les doses moyennes ; stupeur immédiate avec les fortes doses. Ralentissement respi-
ratoire avec intermittences jusqu'à l'arrêt complet qui entraîne la mort. Mydriase,
paralysie ascendante, précoce et progressive. Affaiblissement, puis extinction de l'exci-
taliilité réflexe. Affaiblissemenl des battements cardiaques. Arrêt du cœur, ventricule
en diastole.
Exception : nausées, arrêt du cœur en systole, symptômes surajoulés du venin
granuleux ; mais pas de convulsions.
Lésions hémorragiques dans les muscles, le myocarde ventriculaire, le tissu
conjonctif, le tube digestif, le foie, les reins, moins intenses qu'avecle venin de vipère.
Dissolution du stroma des hématies.
Si l'on compare en ouli'e les effets du mucus sur les Batraciens et les
Serpents d'une part, les Mammifères et les Oiseaux d'autre part, on constate
qu'ils sont tout à fait superposables, avec cette seule remai^que que, chez les
\ ertébrés supérieurs, on observe une hypothermie croissante qui révèle les
4l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
progrès de renvenimation comme avec le venin d'Abeille ou de Vipère, et
qui ne saurait se manifester chez les Vertébrés à température variable.
Par ses eflets sur les divers animaux, le mucus des Batraciens se rapproche
beaucoup du sérum d'Anguille, ainsi que l'avait remarqué C. Phisalix, à
propos du venin de la Salamandre du .lapon ; il est voisin aussi, à ce point
de vue, du venin d'Abeille. Les expériences précédentes montrent de plus
(pie, vis-à-vis des Reptiles et des Batraciens (il en est de même vis-à-vis des
Vertébrés supérieurs), il se comporte tout à fait comme le venin de la
Vipère, déterminant aussi les mêmes lésions. La toxicité en est plus variable ;
mais elle est parfois tout aussi grande, si l'on considère qu'il suffit d'une
seule goutte de mucus de Discoglosse dans la veine de l'oreille d'un Lapin
pour le foudroyer, et que la Vipère elle-même, qui résiste à So^s de son
venin, est tuée, ainsi que la Grenouille verte et la Couleuvre à collier, en
moins d'une heure, par l'eau de lavage d'un très petit Alyte ou d'un seul
Triton crête.
En résumé, le mucus de la plupart des Batraciens est un véritable venin,
parfois aussi toxique que leur venin spécifique dorsal.
Il possède les mêmes propriétés chez tous ceux où il a été étudié jusqu'ici,
et exerce sur tous les animaux les mêmes effets stupéfiants, paralysants et
généralement diastoliques, qu'on peut rapprocher très intimement de ceux
du venin de Vipère.
ZOOLOGIE. — Sur l'adaptation des Nématodes parasites à la température
des hôtes. Note de MM. L. Jammes et A. Marti.n, présentée par
M. Dastre.
La recherche des températures les plus favorables au développement des
œufs de nombreuses espèces de ÏNématodes parasites nous a conduits à
répartir ces dernières en trois grands groupes, d'après l'élévation plus ou
moins grande du degré exigé.
1. Nématodes dont les embryons ne peinent se former quW une température plus
basse que celle de l'hôte. — Ascaris vilulorum, .1 suis, Heterakis columbœ, rentrent
dans cette catégorie. Les œufs A' Ascaris suis, par exemple, placés dans la solution
chlorhydrique à i pour i ooo et portés aux. températures de 33° et de 38°, réagissent
dirtéremment. A 33°, tous les œufs sont embrvonnés en lo jours. A 38°, l'évolution
ne va pas, dans le même temps, au delà de trois blastoméres.
Si, au huitième jour de l'expérience, on prélève sur chacun des deux lots une partie
qu'on porte à la température du lot opposé, on obtient les résultats suivants : les
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 4l9
œufs passés de 33° à 38" s'arrêtent dans leur évolution et ne tardent pas à dégénérer.
Au contraire, les œufs passés de 38° à 33° se segmentent aussitôt régulièrement. La
température de 33° est donc seule favorable au développement de cette espèce. Il en
est de même pour les autres parasites cités. Tous ces Vers se développent aussi à des
températures encore plus basses, celle du laboratoire notamment, mais l'évolution est
plus lente.
II. /Véniatodes dont les embryons se foiinent aussi bien à la lenipéralure de l'hôte
qu'à des températures plus basses. — Ces \ers sont nombreux. Nos expériences ont
porté i\i\- Ascaris ecjuorum, A. canis, Sclerostomum equinum, Sel. vulgare, Tricho-
ceplialus depressiusculus. Dans tous ces cas, aux températures de 33° et de 38°, les
évolutions restent superposables. Les embryons se forment aussi à la température du
laboratoire, mais plus lentement. Des constatations analogues ont été faites par
divers observateurs sur Ojcyuris vermicu/aris, Ankylostomum duodeaale, Synga-
nius trachealis, Syn. bronchialis, etc. Ce deuxième groupe se distingue du précédent
en ce que révolution embi-yonnaire devient possible à des degrés plus élevés.
m. /Yématodes dont les embryons se forment normalement à la température de
l'itôle. — Ici prennent place tous les parasites qui pondent des œufs embryonnés ou
des e'mljryons déjà éclos. Ce sont les Spirojttêres, les Pilaires, la Tricliine, etc.
Ces résultats nous paraissent susceptibles de généralisation. Par eux, on
comprend les étapes de l'adaptation des Nématodes parasites aux hôtes à
sang' chaud. Avant de se fixer sur ces derniers, les ancêtres des parasites
actuels ont dû évoluer à la température du milieu extérieur. La nécessité
actuelle pour certains Vers d'accomplir le développement embryonnaire à
des températures relativement basses apparaît ainsi comme une persistance
d'attaches aux conditions premières.
L'élévation du degré limite est la première étape vers l'adapta tiondéfinitive
au parasitisme sur les animaux supérieurs. Celte plasticité constituerait l'un
des rouages du mécanisme complexe et encore obscur par lequel le parasité
s'est accommodé aux conditions physicochimiques imposées par l'hôte.
Cet état se trouve détinilivement réalisé quand les embryons arrivent à
évoluer dans les voies maternelles sans quitter l'animal habité par leur géné-
rateur. L'adaptation la plus étroite a lieu lorsque l'embryon naît dans le
corps de la mère. La viviparité semble donc ici pouvoir se déduire d'une
question de température.
\\n résumé, nécessité d'une température relativement basse, indifférence
à l'augmentation progressive de celle-ci, subordination à la température de
l'hùle, étal vivipare, se présentent comme les phases successives de la lente
évolution par laquelle le parasite s'est adapté à la température élevée des
animaux supérieurs.
C. B., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 7.) 56
420 ACADÉMIE DES SCIENCES.
HlSTOLOGTli. — Sur le muscle tenseur de la choroïde des Téléostéens.
Note de M. E. Gryxfki/it, présentée par M. Henneguy.
La tunique moyenne du gloire oculaire, chez la plupart des Yertélirés,
est rattachée à la tunique externe par un ensemble de fibres formant un
système plus ou moins complexe, qui irradie du limbe scléro-cornéen sur la
zone ciliaire de l'uvée.
Les recherches anciennes deWallace, de Cramplon, de Briicke, de llouget. de Mill-
ier, etc. ont montré ([lie, chez les Vertébrés stipéiieurs, il s'agissait là de fibres mus-
culaires, et que le prétendu ligainenl ciliaire de leurs devanciers était en léalité un
muscle ciliaire dont les contractions, par nn mécanisme encore fort discuté, modi-
fient la forme du cristallin et servent à l'accommodation.
On connaît aussi, depuis longtemps, chez les Poissons osseux, une formation ana-
logue. Mais les auteurs (|ui ont étudié l'œil de ces animaux, Leydig, Lee, Leuckart,
Berger, Steinach, Herzog, ont tous affirmé la nature conjonctive de ses fibres. Lauber
cependant a émis quelques doutes à cet égard, sans se prononcer sur sa vraie signifi-
cation. Aussi les classiques admettent-ils encore à l'heure actuelle, chez les Téléos-
téens, un ligament, ciliaire, qui représenterait le muscle ciliiiire des Vertébrés supé-
rieurs. Interprétation d'autant plus rationnelle, semblerait-il, que, dans l'œil de ces
Poissons, toute dillerenciation contractile de lia zone ciliaire, analogue à celle des
Mammifères, n'aurait guère de raison d'être: on sait en efi'et que cette zone ne joue
aucun rôle actif dans les phénomènes de l'accommodation chez ces animaux. Les belles
expériences de Th. Béer ont démontré que celle-ci est sous la dépendance exclusive
d'un muscle ailleurs situé, le muscle de la campanule de Haller, auquel, en raison de
son mode d'action sur le cristallin, il a donné le nom de mtisculiis retraclor lenlis.
Des éludes tjue je poursuis depuis longtemps sur liris des Vertébrés
m'ont amené à examiner le segment antérieur de l'œil d'un certain nombre
de Téléostéens appartenant à une vingtaine de genres difl'érents. Chez tous,
à rencontre de l'opinion actuellement classique, j'ai trouvé (|ue le ligament
ciliaire des auteurs n'était autre chose (ju'un faisceau musculaire. Les
réactions histochimiques courantes, qui permetlenl de bien dillerencier
les fibres musculaires des élémi'uts conjonctifs (la picro-fuchsine, la lri[)le
coloration de Prenant, celle de Mann, le picro-|)ouceau de (Jurtis, etc. ),
ne laissent aucun doute à cet égard.
Sur les coupes méridiennes de ro-il, ci' muscle aH'ccli' chez les Téléostéens
la forme d'un mince faisceau appliipié contre la lace |)roibnde de la scléro-
tique. Par son extrémité antérieure, un [)eu plus laige, il s'insère sur la
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. ^21
membrane fibreuse, en général sur le bord de la cornée. Son exlrémité
postérieure, effilée, se perd sur les couches les plus superficielles de la
zone ciliaire ou de la partie antérieure de la choroïde, en regard de Vora
terminalis relinœ.
Comme chez les Mammifères, ce muscle est constitué par des fibres
lisses. Mais, chez les l'oissons osseux, il s'agit le plus souvent d'éléments
peu différenciés au point de vue morphologique. C'est là vraisemblablement
la cause pi'incipale de la coufusion commise par les auteurs qui ont pris ce
muscle pour un faisceau de fibres conjonctives, en l'absence de réactions
histochimiques suffisantes poiu' le caractériser d'une façon exacte.
Suivant les espèces, ce muscle ciliaire des ïéléostéens présente des varia-
tions notables, sur lesquelles je ne saurais insister ici. Chez la plupart, eu
égard à sa disposition générale et surtout à l'orientation de ses fibres, ainsi
(ju'à leur situation toute superficielle dans la tunique moyenne, il offre des
analogies intéressantes avec certains faisceaux homologues de l'œil des
Amphibiens, les tenseurs de la choroïde dorsal et ventral, que Tretjakofî a
ijien distingués, sous ce nom, d'un autre muscle qui parait, chez ces animaux,
plus spécialement aflécté à l'accommodation, le musculus prolractor lenlis.
En raison de ces analogies le terme de tenseur de la choroïde m'a paru
pouvoir servir à désigner, provisoirement tout au moins, le muscle que je
signale ici dans le segment antérieur de I'omI desTéléosléens et qu'on a pris
jusqu'à présent pour un ligament ciliaire. Ce terme me semble préférable à
celui de muscle ciliaire^ qui parait s'imposer tout d'abord, parce que, chez
les Vertébrés supérieurs, on désigne sous ce nom le muscle de l'accommo-
dation, dans laquelle les faisceaux en question ne jouent très vraisembla-
blement aucun rôle chez les Téléostéens, d'après les expériences si démons-
tratives de Th. Béer.
OCÉANOGRAPHIE. — De la genèse des roches sous-marines co/uiues sous le
nom de mattes. Note de M. J. Thoulet.
Les marins et les hydrographes français désignent sous le nom de mattes
des l'oches sous-marines demi-dures, quoique résistant au plomb de sonde,
gréseuses ou d'une pâle plus ou moins compacte, souvent bourrées de co-
quilles entières ou brisées et riches en déljris végétaux.
Elles sont assez communes sur les côtes de Languedoc el de Provence, jusque vers
422 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Hyères, ainsi que dans certaines régions du lil.toral atlantique, aux environs des em-
bouchures de la Gironde et de la Charente. Lorsqu'elles ne sont recouvertes que par
i^ne faible épaisseur d'eau et à peu de distance de terre, elles sont fréquemment arra-
chées de leur gisement par les \agues et rejelées sur la plage sous forme de blocs
sableux ou compacts, gris ou noirâtres et aussi percés de cavités dont beaucoup sont
occupées par des coquilles qui y demeurent emprisonnées, bien que détachées des pa-
rois de leur prison et isolées parce que l'ouverture au moyen de laquelle la cavité
communique avec l'extérieur est plus petite que la coquille. D'autres fois ces roches
offrent l'aspect d'un conglomérat coquillier dont les éléments sont cimentés entre eux
par du calcaire. Enfin on remarque que, quelle que soit leur texture, les fragments,
assez mous, tant qu'ils sont mouillés, durcissent au contact de l'air.
En 171 1 et 17 12, Réaumur avait, dans plusieurs Mémoires insérés dans V Histoire de
l' Académie des Sciences, attiré l'attention sur ces formations dont la présence avait été
signalée le long des côtes de la Saintonge, où elles sont connues sous le nom de bancke,
et il avait attribué leur formation à l'action d'êtres vivants en suite de la sécrétion par
ceux-ci « d'une glu animale qui se transforme en coquille et se colle en s'unissanl aux
pierres ». La hanche était, d'après Réaumur, « une glaise pétrifiée par ce qu'il y a de
visqueux dans l'eau de mer ».
J'ai recueilli des échantillons de ces roches sur le plateau sous-inarin qui
s'étend par une profondeur de 6'" à iS"", à faihle distance du rivage, entre
Celte et Maguelonne, dans la Méditerranée, et mon collègue, le professeur
Flahault, m'en a remis plusieurs autres trouvés par lui sur la plage, vers
l'embouchure du Lez, où ils sont particulièrement abondants lorsque la
mer a été agitée.
Ces échantillons, traités par lacide cblorhydrique étendu, donnent lieu à
une vive ellérvescence et se désagrègent; le résidu, sableux ou vaseux, est
absolument identique aux fonds meubles recouvrant le sol sous-marin dans
leur voisinage.
Ces formations sont dues, en effet, à des organismes. Quand un sol sous-
marin est, par sa nature même, en général à cause des herbes qui s'y
développent, particulièrement adapté à servir d'habitat à des coquillages, à
des animaux marins herbivores et carnivores, tous attirés par la nourriture
abondante qu'ils y trouvent, ces êtres, après leur mort, y laissent leur
dépouille. La matière organique, en se putréfiant, produit du carbonate
d'ammoniaque. Celui-ci, réagissant sur le sulfate de chaux dissous dans
l'eau de mer, donne par double décomposition du sulfate d'ammoniaque
soluble dans l'eau ambiante et du carbonate de chaux qui cimente le fond
meuble environnant en le transformant en matte.
Un échantillon particulièrement caractéristique m'a été envoyé par le
SÉANCE DU l4 FÉVRIER 1910. 4^3
professeur Flahault. C'est une valve de Venus dont re\térieur est empâté
dans une matle gréseuse de sable noir composé de grains de basalte, de
quartz et d'autres minéraux communs dans la région maritime de Cette,
cimentés par du carbonate de chaux parfaitement cristallisé en rhomboèdres
inverses de couleur jaunâtre. La coquille était enfouie dans le sol avec sa
concavité tournée en dessous. Cet espace étant ainsi rempli d'eau de mer
sensiblement limpide, la double décomposition s'y est effectuée, mais le
carbonate de chaux privé de son support de grains étrangers s'est déposé
en cristaux sur le fond même de la coquille.
Pareille action s'est effectuée à l'extérieur et, comme elle avait lieu au
sein de la masse sableuse, elle a cimenté celle-ci et l'a consolidée en la
transformant en grès.
II est probable que, soustraites à l'action destructrice des vagues, les
mattes ne peuvent manquer de s'exhausser lentement et de dépasser de plus
en plus le niveau du sol environnant. La remarque importe à la fois aux
hydrographes, aux marins et aux géologues.
HYDROLOGIE. — Relation entre la radioactk'ilè et la richesse en extrait sec,
des eaux thermales de Plombières . Note de M. André Brochet, présentée
par M. Armand Gautier.
Jutier et Lefort ont établi que les eaux thermales de l'iombières sont
formées d'un mélange d'eau de profondeur, dont la température est très
élevée et l'extrait sec très important et d'eaux froides à faible extrait sec; de
sorte que d'après la température de l'eau, au griffon d'une de ces sources,
on peut déterminer l'ordre de grandeur de son extrait sec et récipro-
quement.
La source du Cruciiix échappe à cette règle; mais cette exception est
apparente, le griffon véritable étant inconnu, de sorte que la tempé-
rature observée est plus basse que la température réelle.
L'émanation du radium, dont sont chargées les eaux de Plombières,
vient, comme les sels, de la profondeur; il semble donc a priori que cette
émanation doit subir la même loi et se trouver diluée de la même façon par
le mélange avec les eaux froides. Dans ces conditions, le rapport de la
richesse en émanation d'une source, à sa richesse en extrait sec, devrait être
un nombre constant.
/|24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais il n'en est rien. Nous avons, en eli'et, déterminé ce rapport pour onze
sources dont l'extrait a été déterminé. On voit d'après le Tableau ci-après
que, loin d'être constant, ce rapport croit d'une façon régulière et très
accentuée des sources chaudes aux sources froides, ou du moins, des sources
à fort extrait sec, aux sources à faible extrait sec.
La source du Crucifix, qui échappe à la règle de Jutier et Lefort, rentre
dans celle que nous venons d'énoncer, si nous la classons, non d'après
sa température, mais d'après son résidu sec.
Kmanalion lÎMrail sec.
cil niilligiaiiiiiio- —
iiiiiuite Gviiiuuic Kinuiialiun
Sources. Tc[i)péiature. par litre. par lilre. lixtrail sec
Vauquelin 68,5 0,066 0,892 0,17
Crucilix 4'ii5 o, 101 o,34o o,3o
Thalweg n" o 66,5 0,101 o,3.3o o,3i
Dames 52,3 o,i47 0,287 o,5i
Thalweg n° 1 56, i 0,1 13 0,259 o,44
Capucins 5i,o 0,160 0,282 0,69
Savonneuse n° .0 48,4 o,o4i 0,18- 0,22
Sa\onneuse n° "1 '.7,6 0,102 0,182 0,77
Lauihinel 26,8 0,218 0,101 ^.iS
Savonneuse n° 3 26, i o, i46 0,081 i ,80
Bizol 18,1 0,157 0,027 5,80
Babel (non minérale). 9,2 » 0,028 n
Le rapport de l'émanation à l'extrait sec, facteur qui, à première vue, ne
semble pas avoir de signification bien nette, correspond, dans une certaine
mesure, à la quantité d'émanation du radium apportée par l'eau de profon-
deur et conservée par l'eau thermale. A Plombières il y a donc, semble-t-il,
tout au moins pour les sources les plus cliaudes, perte de la majeure partie
de l'émanation.
Pour cpie l'émanation s'échappe il lui faut un support, celui-ci, dans le
sol, ne peut être constitué que par les gaz. Ils s'échappent d'autant plus
radioactifs que la richesse en émanation est plus grande et la température
de l'eau plus élevée. On est donc en droit de se demander s'il n'y a pas de
relation entre cette pez'te d'émanation et la rareté des gaz spontanés.
L'eau arrive latéralement dans le bassin thermal, celte remarque a con-
duit Jutier à creuser les galeries vers l'Est, ce qui a amené la découverte de
sources dont la température était plus élevée et notamment, la source Vau-
SÉANCE DU I 'i FÉVRIER 1910. 4^5
qiielin. 11 faul voir là la cause de la perle de la majeure partie de rémana-
tion des sources chaudes, les ynz ayant pu s'échapper soit par les diaclases du
granité compact, soit par les pores de la masse arénacée de première dé-
composition. Seules de petites quantités de gaz se trouvent entraînées par
les eaux.
Celte remarque est corroborée par ce fait que dans d'autres points de la i-é;;ion
vosgienne le dégagement gazeux, est iDP.aucoup plus important. Au Reherrey (') notam-
ment où ce fait est bien caractérisé, la source se trouve exactement à la séparation du
granité porpliyroïde et du granité ronimun de la région. On peut donc admettre (|u'eau
et gaz oni suivi le plan de séparation des deux roches.
A IMombières les eaux s'écliappenl à une petite distance de la séparation des deux
granités. Eau et gaz suivent encore ie plan de séparation pour se quittera une certaine
dislance du sol, les eaux venant sourdre en contrebas, les gaz se dégageant à la partie
supérieure.
Ces gaz rencontrant des eauK froides leur abandonnent une certaine partie de leur
émanation et ces eaux ainsi radioactivées viennent se mélanger aux eaux chaudes ap-
pauvries.
Celte interprétation permet de comprendre pourquoi la source Bizot,
par exemple, formée d'après ses constantes d'une petite quantité d'eau de
profondeur et de beaucoup d'eau froide (voir le Tableau ) est cependant très
radioactive.
Il résulte du mécanisme que nous venons d'étudier qu'il y a un transport
de l'émanation des eaux de profondeur, chaudes et riches en extrait sec, sur
les eaux froides, pauvres eu extrait ; la perte de l'émanation est donc beau-
coup plus faible que la comparaison des rapports entre émanation et extrait
permettait de le prévoir.
Jusqu'à présent une seule station thermale a fait rol>jet de recherches
complètes sur la radioactivité, celle de Bagnères-de-Luchon dont les eaux
ont été étudiées par MM. C. Moureu et A. Lepape (^). Il n'existe aucune
relation entïe la radioactivité et l'extrait sec des différentes sources.
Le mélange des eaux de profondeur avec l'eau des nappes superlicielles
doit se produire dans beaucoup de stations thermales, ce qui explique les
différences de température entre sources très voisines. L'étude systématicjuc
de la température, de l'extrait sec et de la radioactivité permettra, dans
certains cas, de tirer des conclusions intéressantes.
(') André Brochet, Comptes rendus, t. 150, p. 291.
(-) C. MouKEU et A. Lepapk, Comptes rendus, t. CXLVIll, p. 834.
/|26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur une sorte d' arc -en-ciel blanc, observé à Paris.
Note de M. Loris Bessox, présentée par M. K. Bouty.
Dans l'après-midi du 5 février 1910, nn arc presque incolore, occupant
sensiblement la place de Tarc-en-ciel, a été visible à l'Observatoire de
Montsouris.
Je l'ai remarqué pour la première fois à 2'' lo™. D'abord réduit à sa partie supérieure,
il s'est dessiné à gauche jusqu'à l'horizon vers 2''/40'", puis s'est elTacé presque entière-
ment vers 2''55™. Il a reparu à 3'' i5'"eta atteint vers 3''25"' son maximum d'intensité
lumineuse ainsi que son plus complet développement. Peu apiès 3''3o'", il a disparu
définitivement.
Cet arc avait une largeur de 3" environ. Il n'était pas d'un hlanc pur, mais légère-
ment teinté de rose au bord externe et de violet au bord interne. Vers 2''4o"' et 3'' 25™,
alors que sa lumière était la plus vive, il était bordé intérieurement d'une bande
sijmbre, peut-être un peu violacée, de 2°3o' de largeur environ.
A l'aide d'un niveau à mercure donnant le demi-degré, j'ai fait sept me-
sures de la bauteur angulaire du sommet de l'arc. Les valeurs qui en résul-
lent pour le rayon du milieu de l'arc varient entre 39" et [\\°. La moyenne
est de /(0°8'.
On a fréquemment observé, dans les montagnes ou dans les régions po-
laires, des arcs-en-ciel blancs sur les brouillards ou sur les nuages composés
de gouttelettes liquides. L'explication de ce pbénomène, connu aussi sous
le nom de cercle d' Ulloa, a été indiquée par Mascart. Ce n'est qu'un cas par-
ticulier de la ibéorie générale de l'arc-en-ciel donnée par Airy, laquelle
permet de prévoir un mélange des couleurs et un achromatisme de plus en
[)lus parfait, en même temps qu'un élargissement de l'arc et une diminu-
tion de son rayon, lorsque le diamètre des gouttes diminue et s'ap|Koche
d'une valeur optimum de 41*^-
Mais le phénomène du .") lévrier s'est montré dans des conditions bien
diU'érenles de celles oit l'on voit d'ordinaire le cercle d'Ulloa.
Le ciel était en majeure partie couvert d'une nappe nuageuse élevée, fibreuse, peu
dense (alto-stratus), généralement divisée en pommelures pins ou moins fines (allo-
cuniuliis et cirio-cumuhis). Du côté du Nord, on y distinguait parfois deux couches
superposées, paraissant d'ailleurs fort voisines l'une de l'autre. La plus basse, Ciirac-
lérisée ])ar sa couleur grise, cachait l'arc blanc lorsqu'elle se ])iojetail sur lui. Il pre-
nait donc manifestement naissance dans la couche la plus élevée. Celle-ci avait, dans
SEANCK UU ï/| FÉVRIER IQIO. 4^7
3es régions les plus claires, l'aspect d'un cirro-slralus. On voyait aussi, vers 3*", plu-
sieurs toufTes de cirrus denses parfaitement typiques, dont la direction et la vitesse
angulaire étaient sensiblement les mêmes que celles de l'allo-slratus.
D'après la grande hauteur et la forme des nuages producteurs, leurs éléments de-
vaient être plutôt glacés que liquides. Il en résulterait que le phénomène observé ne
serait pas un arc-en-ciel mais une forme de halo. Pernter a précisément établi une
distinction entre le véritable arc-en-ciel blanc et un halo incolore qui se montrerait à
peu près à la même jjlace dans le ciel et qu'il a nommé halo de Bouguer.
Toutefois, dans le cas qui nous occupe, il faut noter l'absence complète de toute
trace du halo ordinaire de 22°, circonstance peu favorable à l'hypothèse d'un halo, car
cette forme fondamentale accompagne ou suit presque toujours les autres.
Au contraire, l'hypothèse d'un arc-en-ciel blanc rendrait bien compte des dimen-
sions de l'arc et de la coloration de ses bords.
Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'un phénomène fort rare. Je ne connais
qu'une seule observation analogue, celle d'un arc blanc qui a été vu en An-
gleterre le 2 février 1908, également par temps clair et dans des nuages
cirriformes ( ' ).
• M. E. FoxTA\EAii adresse un Mémoire Sur V intégration générale des
équations de l' Hydrodynamique .
(Renvoi à l'examen de M. P. Appell.)
MM. J. PouGET et D. CiioucDAK adressent une Note Sur l' absorption de
l'acide phosphorique par les plantes.
A 4 heures un quart l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart.
G. D.
(') Symons's meteorological Magazine, february 1908.
C. R., igio,'!" Semestre. (T. 150, N' 7.) 5^
428 ACAUEMIK DES SCIENCES.
Bn.l.KTIX llllil.KXilt VPIIKjrE.
Ou\BAGi:S REÇUS DANS LA SÉANCE DU 7 FÉVRIER igiO.
Associazione itUeriialioiiale délie Accadeniie : Relazione délie adunanze lenule in
Roma dal Cornitato nei giorni t-3 giugno 1909 nella sede délia R. Accademia dei
Lincei. Rome, 1909; i fasc. in-4''- ('o exemplaires, adressés par M. le Président de
l'Association internationale des Académies.)
Icônes Mycologicœ, par Boudikr; 6° série, livraison 27. Paris, Paul Klincksieck,
1910; I fasc. in-^".
Le tremblement de terre de Provence^ 1 1 juin rgog, par MM. J. Repelin et L. Lau-
rent. (Extr. du Bulletin de la Société de Géographie de Marseille.) Marseille, 1910;
I fasc. in-8». (Présenté par M. Michel Lévj.)
Notice sur les travaux scientifiques de M. Ch. Lallemand. Paris, Gauthier- Villars,
igoS ; I fasc. in-4''.
Supplément à la Notice de M. Ca. Lallemand. Paris, Gaulhier-Villars, 1910; i fasc.
in-4°.
Notice sur les titres et travaux scientifiques du Lieutenant-Colonel Monter.
Paris, R. Chapelot et C'"^, 1910; i fasc. in-4°.
Les états physiques de la matière., par Ch. Maurain. Paris, Félix Alcan, 1910;
I vol. in-i2.
Scientific papers, by Sir George Howard Darwin. Vol. III : Figures of equilibrium
of rotating liquid and geophysical investigations. Cambridge, 1910; i vol. in-4°.
(Hommage de l'auteur.)
Feslschrift zur Feier des 5oo-jdhrigen Bestehens der Universilàt Leipzig., he-
rausgegeben von Rektor und Sénat; Bd. I-IV, 1409-1909. Leipzig, S. Hirzel, 1909;
5 vol. in-4°. (OlTert par le Recteur et le Sénat de l'Université de Leipzig.)
Journal and Proceedings of Ihe Royal Society of New South Wales : for 1908,
t. XLIl, and for 1909, t. XLIII, part 1. Sydney, 1908-1909; i vol. et t fasc. in-8°.
Bulletin de V Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg ; 6" série,
n" 1, 1 5 janvier 1910, Saint-Pétersbourg; i fasc. in-4°.
Transactions of the American malhematical Society; t. XI, number 1, ja-
nuarv 1910. Lancasler, Pa., et New-York, 1910; i vol. in-4°.
SÉANCE DU l4 FÉVRIER I910. 4^9
Ouvrages keçus dans la séance du 14 févrikr 1910.
Annales de l'Observatoire astronomique, magnétique et météorologique de
Toulouse; t. VI, renfermant une partie des travaux exécutés de 1879 à 1907, sous la
direction de M. B. Baillaud, Membre de l'Institut, publié par M. E. Gosserat; fasci-
cule 1. Paris, Gauthier-Villars; Toulouse, Edouard Privât, 1910; i vol. in-4°. (Pré-
senté par M. Baillaud.)
Le Navire aérien : architecture, équilibre, stabilité : Leçons faites en 1908-1909 à
la Faculté des Sciences de l'Université de Bordeaux, par L. Marchis. Paris, H. Dunod
et E. Pinat, 1909; i vol. autograpiiié, in-4°. (Présenté par M. Darboux.)
Pour la race. Notre soldat, sa caserne, par M. Lachaud. Paris, Henri Charles-
Lavauzelle, 1909; i vol. in-S". (Présenté par M. Lannelongue.)
L'évolution économique de la Brasserie française, par Jehan Charlie. Saint-
Amand (Cher), imp. Bussière, s. d.; 1 vol. in-S". (Présenté par M. Miintz.)
La soude électroly tique : théorie, laboratoire, industrie, par Andué Brochkt.
Paris, Bernard Tignol, s. d.; 1 vol. in-S". (Présenté par M. A. Haller.)
L'hygiène publique à Reims en 191 o : A propos -d'un projet d'établissement
insalubre de i"'" classe à Saint-Léonard, en amont de la nappe aquifère, par H.
Henrot. (Hommage de l'auteur.)
Das Daseins und Denkens Mechanik und Metamechanik, von Erich Ruckhaber.
Hirschberg, H. Springer, 1910; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
The University of Colorado Studies; t. VII, number 1. Boulder, Golo., 1909;
I vol. in-8°.
43o ACADÉMIE UES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du 3 janvier 1910.)
Note de M. A. de Gramont, Sur la répartition des raies ultimes dans le
spectre des diverses régions du Soleil :
Page 38, ligne 8, au lieu de aussi bien que pour les raies, lire aussi bien pour les
(Séance du 24 janvier 1910.)
Rapport de M. Alfred Grandidier^ Sur la Carte internationale de la Terre
1 000 000
Page 194, ligne 6, au lieu de Vienne, lisez Berne.
Page 195, ligne 1 3, a« lieu de 120 feuilles, lisez 45 feuilles (il y en a aujourd'hui 76 ).
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 21 FÉVRIER 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICAKD.
MEiMOlltES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président donne Icclnre de la Lettre suivante :
Monaco, le 13 février 1910.
MoNsiEiin LE Président,
Le Musée océanographique de Monaco sera inauguré le 29 mars prochain. Voudriez-
vous bien communiquer à l'Académie des Sciences l'invitation que je lui adresse pour
qu'elle veuille bien se faire représenter à la cérémonie?
Cet établissement, qui fait partie de l'Institut océanographique dont j'ai placé Je
centre à Paris, contient les matériaux récollés par moi, depuis 25 ans, à tous les
niveaux de l'Atlantique Nord et de la Méditerranée; il possède aussi les laboratoires
nécessaires pour toutes les études océanographiques.
L'Académie des Sciences mettrait le comble à la reconnaissance que je lui dois déjà
si elle voulait bien participer officiellement à une cérémonie aussi importante pour
les sciences de la mer.
Veuillez. . . .
Albert, Prince de Monaco,
Membre Associé de l'Académie.
L'Académie décide qu'elle sera représentée à celle inanguralion par
son Bureau.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sw les minima des classes de formes quadra-
tiques binaires et positii'es. Note de M. G. Humbert.
Dans des Notes antérieures (Comptes rendus, 21 octobre 1907 et 4 mal
1908) j'ai montré que la méthode indiquée par Hermile dans sa célèbre
Lettre à LiouiUle permettait d'introduire, à côté du nombre des classes de
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 8.)
58
4^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
discriniinaiil donné, les trois minima de ces classes. Dans cet ordre d'idées,
j'ai obtenu des relations arithmétiques nouvelles où figurent encore les
minima, et qui contiennent en outre un paramétre arbitraire, dont la
présence permet de varier les résultats et en outre, comme on va le voir,
d'introduire dans les formules nnc fonction numérique arbitraire.
Les notations ci-après sont celles de mes Communications des i'' juillet
et 21 octobre 1907.
I. Je pars du développement suivant, qu'il est facile d'obtenir :
0(x)0(«) ^^ ' \ — rf-
m = <S
» 2». ) I _
l > fl C~"'
écrivant ensuite la formule d'Ilermite
(2 ) ^A ^ = 7 2 '/~^( ■ + 27-' + • • ■ + 27-'"") [e<^'" + »-.. _ e-.a:« + .),xj,
0
je nuiltiplie ces deux équations membre à membre, et je cherche, dans le
second membre développé en série de Fourier (par rapporta la variable a;),
le terme indépendant de x. Si c^u est ce terme, on trouve
(3) ,to=42^^ 2d*=°*^ — "■
V -0
La seconde somme s'étend aux classes de formes quadratiques (binaires
et positives) de l'ordre propre et de discriminant 4 v + 3 ; ,•«, et m.^ désignent
les deux minima impairs {tn^'Sm.^) d'une quelconque de ces classes; la
première somme porte sur les valeurs entières de v, de o à -f- =0.
D'autre part, si l'on multiplie membre à membre les équations classiques
(pii donnent les développements trigonométriques (en x) des fondions
... H(.r)0,(x) ,,,
(4) '"'^'^-Vôi) ''' H(a- + «),
le terme indépendant de x, dans le développement du second membre, sera
'!„(■)(«), et Fou arrive ainsi à la formule
(5) .\.„%{c^^^^q"\-i?^<lco^'la.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 191O. 433
Laseconde somme s'étend aux décompositions 4 ^î + 3 = r/c/,, où deld,
sont entiers, positifs, avec d<^d^.
Si Ton remplace maintenant cig par sa valeur (3) et si Ton égale les
coefficients de q * dans les deux membres de ( j), on a
(6) y^ (-i)''cos2/,a V cos "^'-'"^ a—.{- i)^^d cosda.
/,=ii,±l.... '.N+3 — 4*"
Au premier membre, la seconde somme s'étend aux classes de l'ordre
et de discriminant 4N + 3 — 4^', avec les significations ci-dessus pour
m, et m.,'^ la première s'étend aux valeurs entières de k, positives, nulles
ou négatives, telles toutefois que 4^ + 3 — 4^"' soit positif; au second
membre, la somme porte sur les décompositions ci-dessus de 4 JM +3.
L'bypothèse f/ = o, introduite dans (6), conduit à une formule d'Hermite
sur les nombres de classes {^Lettre à Lioiwi/le), qui est une combinaison
de deux des formules classiques de Kronecker.
L'bypotbèse « = 7 donne la formule
t7> 1 (-0" 2 (^-^^\=(-)«V. î ,
où les notations s'expliquent comme celles de (G), et où ( - ) est le symbole
de Jacoiji pour /) impair.
11 est à observer que (7), dans le cas de N impair, coïncide avec la for-
mule (VII) de Kronecker ; car les symboles de Jacobi qui figurent au
premier membre ont tous la valeur ( — 1)^, ainsi qu'on le reconnaît aisé-
ment; an contraire, pour N pair, la formule est nouvelle et ne semble pas
susceptible d'une simplification analogue.
On peut donner à (6) une autre forme, en remplaçant, au premier
membre, le produit do deux cosinus par une somme de cosinus, et désignant
par o(./') provisoirement la fonction cosx:
Celle formule, étant vérifiée pour ç (a;), l'est également, à cause de la
présence du paramètre a, quand on remplace ç( j?) par toute puissance
paire et positive de r, et, dès lors, par une fonction paire que/conque; car
M. Borel a établi qu'il existe une fonction entière de x prenant pour les
Y')\ ACAOlhlIK DES SCIENCES,
valeurs entières de la vanahie les mêmes valeurs qu'une fonction donnée
([uclconque.
On peut donc écrire
(S) V V (_ , )'■ [9(4 /,■ + nu- m,) + o(4 A- -+- m, - /«.,)] = 2(- i ^ V (h{2d),
(p(m) étant une fonction paire quelconque de m, et qui n'a besoin d'ailleurs
d'être définie que pour les valeurs entières de la variable.
La formule (8) donne de nombreuses conséquences, dont nous n'indique-
rons ici que deux :
i" Les quantités qui y figurent sous le signe f sont des entiers de la
forme 4A + 2 ; dès lors, on peut prendre pour '^(n) la fonction u(— i) * , cjui
est manifestement paire; on trouve ainsi la relation
(9) !E ('"■2-'".)(-') * =2(-.)^V(--,) ■' riy
iN+3-U-'
que j'ai obtenue autrement dans ma Note du 21 octobre 1907.
2" Si l'on prend cp(M) = u^, et si l'on exprime P à l'aide de la relation
qui donne le discriminant d'une forme en fonction des trois minima m,, m.,^
m de cette forme (m est le minimum pair; m, et m.,, avec m, '^ m.,, sont les
deux minima impairs), on a :
La somme au premier membre porte sur les minima des classes de l'ordre
propre de discriminant 4N + 3 — 4^'^i ^ prend ensuite les valeurs o,
±1, ..., mais de telle sorte que 4N + 3 — 4'^"' soit positif; au second
membre, elle s'étend aux décompositions en facteurs f\?\ + 3 = dd^,
où d <^d,.
Les formules (()) et (10) sont analogues à celles de Kronecker ; il y figure,
au lieu du nond)re des classes, certaines combinaisons des minima d'une
classe, et, aux seconds membres, des sommes de carrés ou de cubes de
diviseurs.
IL Des calculs analogues conduiraient à la relation
Nesl kK ■■ Mal
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. f\^i^^
vraie quel que soil a. La somme y s'étend aux classes (ordre propre) de
discriminant 4N, et m,, m., sont (m, Srn^) les niinima impairs d'une quel-
conque de ces classes; au second membre, la seconde somme porte sur les
décompositions en facteurs N = rW, , avec d<d, et r/, r/, étant de même
parité. Passant des classes 4N aux classes N, on obtient, en égalant, dans
les deux membres de (i i), les coefficients de 7'*, la relation
^ (— i)''cos2/>a 7 [cos(»j + /«2— "'il a + cos(m -!-//;, — /«,) «]
rl + d.
=r2^( — 1) ^ d cos 2 da,
qu'on transformerait en y introduisant une fonction arbitraire. Il faut ob-
server que, si N est carré, le terme du second membre qui répond à la dé-
composition N = (/.d doit être divisé par 2 ; au premier membre, quand
N — >{- est un carré, soit A", la classe /ix'--hhy- ne compte que pour !,,
c'est-à-dire que les cosinus correspondants doivent être divisés par 2.
On déduirait de là, entre autres conséquences, la formule
(12) V (_ ,)A[,„^_ /»(,/,, 4- /H,,) + (wfo — /«,)-] = 2V (— ,) - d'-id^ — d).
III. Sans insister ici sur les relations analogues à (4) et (i i) ([u'on peut
encore obtenir, nous indiquerons des formules du même type que (10)
et (12 ), et que nous avons tirées des développements des fonctions
^,,,HH,0,0; ,., HH,0,H'
0,
qui ne contiennent que la variable x, à l'exclusion du paramètre a.
Ce sont les suivantes. D'abord,
(i3) V ,n^l^m,--m,)^[y^y^{èi,-Oi) + i^n\
8N — |2Â- + 1)'
OÙ k prend les valeurs posithes o, i , . . ., de manière que 8N + (2^ -H i)-
soit positif; m, et m., sont les deux minima impairs {m, <im„) d'une classe
(ordre propre) de discriminant 8 N — (2^ -4- i)- ; au second membre, S;
Pt Sfl 8QPt deiij^ diviseurs conjugués de 2N, c'est-à-diro (|ue 2lV = §,i$o,
436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec 0, ■< Oj„ et o, impair, 8^ pair; quant à o, c'est un diviseur quelconque
de 2 N inférieur à son conjugué et de parilé conlrairo à cellede ce conjugué.
Ensuite,
(i4) V [2ni'- - m{m^+ nu) — (>»,— ,11^)-] = \'^d^;
la signification du premier membre est évidente avec les notations habi-
tuelles, A prend les valeurs o, ± i , ... ; au second membre, la somme porte
sur tout diviseur r/, de N, inférieur ou égal à son conjugué et de même
parité que celui-ci ; enfin les modifications indiquées plus haut pour les cas
de N ou N — k- carrés, s'appliquent encore.
Les formules (i3) et (i4) sont intéressantes en ce qu'il n'y figure pas,
comme dans (lo) et (12), l'unité positive ou négative ( — i)*.
Si i\ est de la forme 4M + 2, il n'y a aucun diviseur tel que d et le
second membre de (i4) est nul.
HYDROLOGIE. — Caractères diffèrenlieb des eaux de source d'origine super-
ficielle ou météorique et des eaux d'origine centrale ou ignée. Note
de M. AuMAXD Cjautier.
Depuis qu'il a paru définitivement établi par les expériences de
Daubrée (1861) que l'eau peut pénétrer par capillarité à travers les roches
poreuses malgré une contrepression supérieure de vapeurs ou de gaz ('),
presque tous les géologues ont admis que les sources, froides ou chaudes,
qui viennent couler à la surface du sol terrestre sont alimentées par la
résurgence des eaux superficielles, météoriques ou marines. Après avoir
pénétré, en vertu de la pesanteur ou de la capillarité, à travers les failles ou
les pores des couches rocheuses, ces infiltrations reviendraient ensuite à la
surface, en vertu des pressions internes ou des difl'érences de niveau, sous
forme d'eaux potables ou minérales, froides ou chaudes.
(') Voir Comptes rendus, t. LII, p. laS. Ces expériences de Daubrée montrent
seulement que Veau à l'état liquide peul pénétrer les roches sous une faible épaisseur
en raison de la force capillaire et malgré une contrepression inverse de 2"'"' à 3""".
Mais ces expériences faites avec l'eau liquide ne sauiaient établir qu'à la profondeur
de 1 1000'" et plus, où l'eau arrive à la température critique de 365° et ne peut plus
être liquéfiée quelle que soit la pression, sa vapeur puisse traverser les roches po-
reuses et pénétrer par capillarité jusque dans les profondeurs malgré une pression
gazeuse plus forte et de sens contraire.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I910. 437
Telle est la lliéoric soutenue par Daubrée et par le célèbre ingénieur
hydrologue Jac(|uot pour les eaux thermales en particulier. C'est celle
qu'admettent encore aujourd'hui la plupart des géologues (').
Je pense, au contraire, qu'un grand nombre d'eaux minérales, froides ou
chaudes, sont des eaux de nouvelle formation, des eaux vierges, sortant
pour la première fois des profondeurs du globe. J'ai développé ailleurs les
raisons de cette thèse ('), dont je rappelle seulement ici les deux points
fondamentaux.
D'une part, de Thydrogène se dégage sans cesse du noyau terrestre et en
traversant les régions chaudes du globe y rencontre des composés, fixes ou
gazeux, qui lui cèdent de l'oxygène dont il s'empare pour former de l'eau.
D'autre part, del'eau de constitution, de l'eau combinée (ou ses éléments) fait
partie intégrante de presque toutes les roches cristalliniennes profondes ( ').
En raison de la pression des laves, et des effondrements ou fractures sur-
venues dans les couches rocheuses inférieures, celles-ci se réchauffant
perdent une partie de cette eau de constitution, qui, transformée dès lors en
vapeur, tend à s'échapper à travers les failles et arrive jusqu'à la surface
terrestre après s'être condensée sous forme d'eaux minérales froides ou
chaudes.
Telle est la double origine de ces eaux nouvelles.
En fait, soit qu'elles se dégagent d'une sorte de distillation des couches
rocheuses les plus profondes, soit qu'elles résultent de l'oxydation de l'Ii}-
(') « L'appareil souterrain qui donne naissance aux eaux thermominéraies, dit
3»c<[i\ol { Les eaux minérales de la France, Paris, 1894, p. 3/|), est comparable à
un siphon renversé dans une des branches duquel les précipilalions atmosphériques
descendent...; après s'être minéralisées, elles remontent dans la branche opposée en
raison de la diminution de la pesanteur spécifique due à leur ihermalité et de la diffé-
rence d'altitude d'entrée et de sortie. » De son côté M. de Launay s'exprime ainsi
dans un récent Mémoire (Comptes rendus, t. CXLIX, décembre 1909, p. ii5o) : « Les
sources thermales, quand on laisse de côté le petit nombre d'entre elles qui peut avoir
des relations avec les phénomènes volcaniques, me paraissent être la réapparition au
jour d'eaux infiltrées descendues à une profondeur suffisante pour se thermaliser,...
et remontées au jour, sous pression, après un circuit souterrain prolongé. Elles sont
l'exagération des sources dites vauclusiennes.
(^) Voir Annales des Mines^ mars 1906, p. 3iG et suiv.
(') J'ai établi {Comptes rendus, t. CXXXII, p. 60) que 1 mètre cube de granit
parfaitement desséché à 25o° dégage encore au rouge 26 kilogrammes d'eau, et la même
quantité de porphyre, jo kilogrammes d'eau environ. Voir à ce sujet Annales des
Mines (loc. cit.) el Congrès d' Hydrologie de Venise, octobre i9o5).
'|38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
drogène issu du noyau lerrestre, les eaux ainsi formées ou libérées ont tou-
jours une origine ignée (').
On ne saurait admettre (et l'on m'a quelquefois attribué bien gratuite-
ment cette opinion) que toutes les eaux thermales sont d'origine ignée,
que toutes les eaux froides sont météoriques. On sait que la température
des couches terrestres s'accroît en moyenne de i" par 3i™ d'approfondisse-
ment. La température des roches doit donc être supérieure à loo" à partir
de 3ooo™ environ de profondeur. Si donc, en suivant le trajet des failles
terrestres ou sous-marines, les eaux superficielles descendent à ces niveaux
inférieurs, elles s'y réchaufTcnt grâce à la chaleur des roches ambiantes et
peuvent revenir ensuite au jour sous forme d'eaux thermales après s'être
chargées de matériaux salins empruntés, plus ou moins, aux roches encais-
santes. y\insi se forment certainement beaucoup d'eaux minérales. La ther-
malité de ces eaux ne saurait donc caractériser leur origine.
Il en est de même de la radioactivité. Froides ou chaudes, les eaux
terrestres peuvent, en effet, transporter Vctnanalion (Curie, igo3), et
M. Laborde et d'autres observateurs ont montré que cette émanation
s'échappe lentement des eaux d'origine profonde et peut, comme les gaz,
se transmettre aux eaux météoriques qui parcourent le sol.
Il faut donc essayer de distinguer à d'autres signes que la ihermalilé ou
la radioactivité les eaux appartenant à chacun des deux grands groupes
dans lesquels doivent être partagées, suivant moi, les eau\ terrestres.
C'est la différenciation de ces deux sortes d'eaux qui fait l'objet princiijal
de ce Mémoire.
"Voici les caractères auxquels elles répondent, suivant moi, dans chacun
de ces deux groupes :
Eaux d'infiltralion nu météoriques. — a. I^es eaux d'oiigine superficielle
sortent presque toujours de failles qui n'ont aucun rapport de direction ou
de continuité avec les filons métalliques de la région, quand ces filons
existent, ou avec celles qui se rattachent à l'arrivée de matériaux ou des
roches éruptives. Ces eaux peuvent se rencontrer en tous pays, volcaniques
ou non. Elles peuvent être froides ou chaudes.
(') Le grand géologue allemand Iv Suess pense, comme moi, que l'hydrogène libre
issu du feu central donne naissance à de l'eau nouvelle, de l'eau jincnile suivant son
expression; mais il admet que c'est dans les couches supérieures de i'écorce terrestre,
et en particulier dans les couches et les cônes volcaniques, que cet hydrogène trouve
l'oxygène libre, l'oxygène aérien, qui lui permet de former de l'eau nouvelle ou
juvénile qui s'écoule par les failles d'origine éruplive ou par les cratères volcaniques.
SÉANCE UV -2 1 l'ÉVKIER 1910. /i'3()
h. Le débit des sources d'origine superficielle est généralement variable.
Il augmente après les pluies ou par la fonte des neiges; peut varier d'une
saison à l'autre et d'une année à l'autre.
c. r^a composition de ces eaux, fraîches ou non, suit la variation de leur
débit. Leur minéralisation s'appauvrit sensiblement si le débit augmente,
et vice veisa, sans cjue toutefois les variations des matériaux dissous soient
proportionnelles entre elles ni au débit de la source.
d. Si la température de ces eaux est supérieure à i5° ou 2o'\ elle peut
varier avec les saisons et le débit.
e. Ce qui caractérise tout particulièrement les eaux d'infiltration, c'est
qu'on n'y trouve pas, soit séparément, soit réunis, même à faible dose, les
éléments des émanations mélalloïdique ou métallique généralement pr(''sents
dans les déjections volcaniques et originaires des grandes profondeurs : le
bore, le phosphore, l'arsenic, le brome, l'iode, le lluor, le cuivre, les sels
sodiques et particulièrement les sulfures et carbonates, l'ammoniaque,
l'azote libre et ses compagnons (argon, néon, etc.), l'Iiélium, l'hydrogène
libre, etc. Au contraire, d'origine météorique et ayant nécessairement lavé
les couches et roches superficielles le plus souvent calcaires ou alumineuses,
ces eaux sont presque toujours minéralisées par des carbonates et sulfates
terreux, et contiennent des azotates ou de l'oxygène libre.
Tous ces signes distinguent les sources et les eaux d'origine météorique
ou superficielle de celles de la classe suivante :
Eaux vierges ou nouvelles, d'origine ignée. — Ces eaux se séparent des
précédentes par une série de caractères que nous opposons point pour point
aux précédents.
a. Les eauœ vierges sortent le plus généralement de failles éruptives ou
en l'elation avec les filons métalliques de la région quand il en existe. On
les rencontre surtout dans les pays volcaniques ou riches en minerais, très
rarement, ou pas, dans les régions même montagneuses, mais non volca-
niques ou parcourues par des failles de direction discordante avec celles qui
ont été provoquées par la venue au jour des roches primitives ou ignées.
b. Le débit de ces soui'ces est, dans une large mesure, indépendant des
saisons et des phénomènes météorologiques (pluies, fonlc de neiges, sai-
sons), à moins qu'elles ne reçoivent dans leur trajet souterrain une certaine
proportion d'eaux superficielles, dans ce cas presque toujours calcaires.
Mais le débit de ces sources a un caractère spécial, particulièrement
signalé par E. Suess pour les sources de Carisbad, les geysers de l'Islande
et généralisé par ce savant. Ce débit est rythme, à pulsations plus ou moins
c. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 8.) ^9
44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
régulières, pouvant, d'une source à l'autre, varier do quelques minules à
une heure et plus, rappelant ainsi le caractère strombolien de l'activilé
réduite, mais continue, de certains volcans, tels que le Stromboli, le
Semeroë, le Kilauea, etc. Cette émission rythmique est le plus souvent
ti'ès sensible dans le dégagement discontinu des gaz.
c. La composition des eaux vierges ou éruptives reste à peu près cons-
tante comme leur débit, aux diverses époques de l'année, et mieux encore
au cours d'une série d'années, sauf les circonstances assez rares de cata-
clysmes venant modifier le tréfond et les failles de la région.
d. La température de ces eaux peut être froide ; mais elle est plus souvent
chaude et, dans ce cas, elle peut dépasser 80°. Lorsque cette température est
élevée, elle varie peu avec les saisons. Si ces eaux sont froides, au contraire,
ou très peu thermales, leur température subit quelquefois des variations en
raison des mélanges possibles, au-dessous de la surface, avec des filets d'eaux
météoriques. Ce sont là des eaux mixtes.
e. Ce qui caractérise principalement les eaux vierges, c'est (pion y
trouve, le plus souvent en petites proportions, réunis ou non, les éléments
caractéristiques des émanations filoniennes ou volcaniques : le lluor, le
bore, Tarsenic, le phosphore, le brome, l'iode, le soufre à l'état de sulfure
sodique, le bicarbonate sodique, la silice et les silicates alcalins, le fer, le
cuivre, etc., l'ammoniaque, l'azote libre, l'argon, le néon, l'hélium, quelque-
fois un peu d'hydrogène et même de méthane, enfin l'émanation radio-
active. La plupart de ces corps caractérisent une origine ignée et d'autant
plus qu'ils sont associés à un plus grand nombre des autres principes que
nous venons de nommer.
/. Les carbonates terreux, tels que ceux de chaux ou de magnésie,
n'existent pas dans les eaux vierges, et les autres sels (chlorures, sul-
fates, etc.) de ces mêmes bases n'y sont que fort accessoires, aussi bien que
les azotates et l'oxygène libre (pii indiqueraient des mélanges avec les eaux
superficielles ( ' ).
Chacun des caractères que je viens de signaler successivement pour ces
deux classes de sources ou d'eaux minérales est indicatif.de leur origine
superficielle ou éruptive, mais la détermination de cette origine est d'autant
(') L'existence clans les eaux de mer de la pluparl des éléments ci-dessus nommés
en ferait des eaux d'origine primilivernent ignée, mais la présence simultanée des sels
terreux, parliculicrement des bicarbonates de chaux, montre bien que ce sont là des
eaux de l^pe et d'origine mixte.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. 44l
plus complète que ces divers caractères se confirment, s'accentuent et se
réunissent dans une même eau. Il ne saurait y avoir de doute ([ue lorscjue
plusieurs de ces signes font défaut ou se contredisent, auxcjuels cas il
faut songer à une eau d'origine éruptive mélangée plus iiaut à des eaux
météoriques.
L'apparition de ces caractères mixtes, ou leur disparition plus ou moins
complète, suivant que sont choisis et aménagés les divers griffons qui sou-
vent concourent à former une même source, peut donner d'excellents ren-
seignements lorsqu'il s'agit de poursuivre le captage rationnel de ces eaux.
M. Edouard Heckel fait hommage à l'Académie du Tome VU (2'' série,
1909) des Annales du Musée colonial de Marseille, publiées sous sa direction.
RAPPORTS.
Rapport sur le Mémoire sur les courbes conjuguées dans le mouvement relatif
le plus généralde deux: corps solides, présenté par M. Gabriel Kœnigs dans
la séance du 3 janvier 1910.
(Commissaires : MM. Poincaré, Humbert; Darboux, rapporteur.)
Dans différentes Communications, présentées à l'Académie au cours de
ces dernières années, M. Gabriel Kœnigs, professeur de Mécanicjuc pliy-
sique à la Sorbonne, s'est occupé d'une question des plus intéressantes con-
cernant le mouvement relatif de deux systèmes invariables. Si l'on consi-
dère, par exemple, une courbe quelconque liée au premier système, il n'ar-
rive pas en général que cette courbe demeure, au cours du mouvement,
tangente à une courbe invariablement liée au second système. Quand cela
a lieu, il existe un ensemble de deux courbes conjuguées, liées respective-
ment aux deux solides invariables et qui ne cessent pas d'être tangentes
l'une à l'autre au cours du mouvement relatif. C'est à l'étude, très impor-
tante à la fois pour la théorie et la pratique, de ces couples de courbes con-
juguées qu'est consacré le travail développé soumis par M. Kœnigs au
jugement de l'Académie. On s'était borné jusqu'ici à l'étude de deux cas
particuliers qui se rencontrent fréquemment dans la pratique : celui où un
plan lîxe glisse sur un plan fixe, et celui où une sphère fixe, solidaire du
premier système, glisse sur une sphère égale solidaire du second. Les re-
/|/|'. ACADÉMIE DES SCIENCES.
clicrclies rehilives àces cas spéciaux avaient conduità des résultais de i^iaiid
intérêt : la l'orniule d'Euler par exemple, les constructions de Savary et
de lîobillier ; mais l'étude du cas le plus général, celui où le mouvement re-
latif des deux solides est quelconc|ue, n'a été abordée pour la première fois
que dans les Notes antérieures de M. Kœnigs et dans le travail actuel, qui
est très développé. Ce travail marque un proférés décisif dans l'étude do
cette belle question de Cinématique.
11 serait trop long de faire ici l'analyse du Mémoire de M. Kœnigs. Bor-
nons-nous à caractériser la méthode qu'il y emploie. Désignons par S et S'
les deux corps qui se meuvent l'un par l'apport à l'autre. Si l'on considère
un point P du corps S, sa vitesse d'entraînement décrit dans le corps S,
au cours du mouvement, un cône F,, auquel M. Kcenigs donne le nom
de cône des intesses. De même, si l'on considère un plan H solidaire du même
corps S, la caractéristique de ce plan dans le mouvement, droite que l'au-
teur appelle la caraclérisliqae d'entraînement^ enveloppe dans le plan H une
courbe (Cn) qui se trouve être/dans le plan II, le lieu des sommets des cônes
r,. qui sont tangents à ce plan; en sorte que cette courbe (Cn) et ce cône
( r,,) sont précisément les deux éléments que votre rapporteur a introduits
simultanément, dans l'étude géométrique qu'il a faite des équations aux dé-
rivées partielles du premier ordre au début de son Mémoire sur les suintions
si/i^ulières (t. XXVII des Savants étrangers).
Au moyen de ces éléments, les courbes (e) du système (|ui sont douées
d'enveloppe se définissent très simplement : ce sont les courbes intégrales
du cône \\, c'est-à-dire celles dont les tangentes sont des génératrices de ces
cônes. [1 faut toutefois écarter parmi ces courbes intégrales les hélices qui
glissent, chacune sur elle-même, au cours des différents mouvements héli-
coïdaux auxquels se réduit, à un instant donné, le mouvement considéré.
De mêtue, si Fou considère l(\s développables dont cluupie généralrice
touche la courbe (Cn) contenue dans le plan il, chacune de ces dévelop-
])ables a une enveloppe, c'est-à-dire (ju'cllc touche constamment suivant une
généralrice une autre développahle solidaire du corps S', à une exception
près, présentée par les développables qui ont pour arêtes de rebroussement
les hélices exceptionnelles que nous venons de signaler.
l'our entreprendre son étude, M. Kœnigs a adopté la méthode du trièdre
mobile ; mais il a eu l'heureuse idée d'employer un système d'axes mobiles
placé en quelque sorte symétriquement par rapport aux deux corps S et S'.
On sait que, si l'on considère à un instant donné l'axe du mouvement
instaulané, il décrit dans les deux corps S cl S' deux surfaces réglées ($),
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 19IO. 443
(•!>') qui se raccordent conslainmenl suivant une génératrice. Le trièdre
mobile choisi par l'auleur est celui qui a pour axe des z la génératrice recti-
lignc commune à (<I>) et à (<!>'), pour origine O le point central commun de
(«l>) et de ($')sur cette génératrice, et pour axe des y la normale commune
en ce point à ces deux surfaces. Le choix d'un tel trièdre permet de réduire
au strict minimum le nombre des paramètres qui suffisent à définir les
mouvements. Il permet aussi à l'auteur de donner la solution complète du
problème qu'il s'est posé et la signification cinématique des différentes
équations.
Parmi les résultats qu'il a obtenus, je signalerai seulement les suivants :
A chaque courbe (e) douée d'enveloppe, on peut faire correspondre une
fonction a dont dépend la vitesse avec laquelle cette courbe est parcourue
par son point de contact avec la courbe (e) qu'elle enveloppe. Tous les
points M qui décrivent leurs courbes (e), (e') avec la même détermination
de la fonction a, tous ces points constituent un solide invariable S|j..
L'ensemble des solides S^, comprend comme cas particulier les corps
S cl S'; il jouit de nombreuses propriétés, qui ont été très complètement et
très finement analysées par l'auteur.
Un des Chapitres les plus intéressants du Mémoire est celui qui concerne
la courbure de deux courbes conjuguées (e), (e). Si l'on considère deux de
ces courbes, se croisant en un point M et y admettant une tangente fixe /,,
du cône F,,, leurs axes de ccnirbure forment, dans le plan normal commun, un
faisceau plan dont le sommet P, a de nombreuses propriétés. M. Kœnigs
l'appelle Vassocié du point P.
I^a correspondance enti-e P et I^, est soigneusement étudiée par l'auteur.
Elle est biralionnelle, involulivc et cubique.
M. Kœnigs étudie aussi avec grand détail la correspondance entre les
axes (le courbure des courbes conjuguées (e), (e' ). Pour toutes ces pro-
priétés, je ne puis que rcmvoyer à son travail, mais j'insisterai au contraire
sur une belle généralisation que l'auteur donne à l'un de ses théorèmes les
plus essentiels.
Envisageons, d'une manièi'e géuéi'ale, des coui'bes assujetties à vérifier
une seule équation de la forme
/(-.•••=-^''^)=»-
Quand cette fonction /a une forme particulière, on retrouve les courbes (e),
(e') définies plus haut. Considérons l'équation sans rien spécifier sur la fonc-
tion y. M. K.œnigs montre qu'on peut étendre à ses courbes intégrales lé\
444 ACADÉMIE DES SCIENCES.
propriété ('tiihlie dans un cas particulier. Si l'on considère toutes celles de
CCS courbes qui, passant en un point P, y admettent la même tangente, tous
leurs axes de courbure t^ont passer par un même point P, ; de sorte que le lieu de
leurs centres de courbure est un cercle décrit dans le plan normal et admettant
PP, comme diamètre.
(]e beau théorème rappelle et comprend celui (pi'on doit à Meusnier.
Nous ne poursuivrons pas plus loin cette analyse. iXous en avons dit
assez pour prouver que, dans ce nouveau travail, M. G. Kœnigs a donné
de nouvelles et éclatantes preuves de ce sens profond des choses de la Méca-
nique qui caractérise ses travaux antérieurs.
C'est donc sans aucune hésitation que nous concluons en demandant à
l'Académie de vouloir bien ordonner l'insertion du Mémoire dans le Itecued
des Savants étrangers.
L'Académie adopte les conclusions de ce Rapport.
ELECTIOIVS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à la formation d'une Com-
mission qui devra proposer des listes de candidats à deux places d'Associés
étrangers.
Cette Commission, qui se réunira sous la présidence du Président de
l'Académie, doit comprendre trois Membres choisis dans les Sections de
Sciences mathématiques et trois Membres choisis dans les Sections de
Sciences physiques.
MM. JoisDAX, Darijoux, Lippmaxx; Pu. va\ Tie(;iikm, Aumax» Gautier,
Roux réunissent la majorité des suffrages.
1^'Académie procède, par la voie du scrutin, à la désignation de Tun de
ses Membres qui devra faire partie du Conseil de perfectionnement de
l'École Polytechnique, en remplacement de M. Bouquet de la Grye^ décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant j\G :
M. Léauté obtient ^(J suffrages
M. Le Chatelier » 20 »
M. LiiAvri:, ayant réuni la majorité des suIVrages, est désigné pour faire
partie du Conseil de pjîrfectionnement de F.Ecole Polytechnique, au litre
de représentant de l'Académie des Sciences,
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. 44^
i\03IIÎVATI0AS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Commis-
sions de prix, cliargécs déjuger les Concours de l'année 1910.
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Zoologie : Prix Sangny, Thore. — MM. Ranvier, Peri'ier, Cliatin,
Delage, Bouvier, Ilcnneguy, Crandidier, Launelongue, le prince Roland
Bonaparte.
Ont obtenu eusuile le plus de suflVag(\s : MM. Miintz, Dt)uvillé.
Médecine et (^HIKURGIE : Piiv Monlyoït, llarhier, Bréanl, Godard, du
baron Larrey^ Bellion, Mcgc, Dusgale. — MM. Rouchard,Guyon, d'Arsonval,
Lannelongue, Laverati, Daslre, Cliaiivcau, IVrrier, Houx, Lal)l)é, Hcn-
neguy.
Ont obtenu ensuite le plus de sutlVaijes : MM. (iuiguard, Delage.
Physiologie : Prix Monlyon (Physiologie expérimculale ), P/iilipeaux,
Lallemand, Martin-DainoureUe^ Poural. — MM. Chauveau, ijouchard,
d'Ai'sonval, Roux, Laveran, Dastre, Henneguy.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Perrier, Cuignard.
(^ette Commission est également chargée de présenter une qucslion de
jjrix Poura/ pour Vannée 191 3.
Prix Monlyon. Statistique. — MM. de Freycinet, Hatonde ladoupillière,
Carnot, Rouché, Alfred Picard, le prince Roland Bonaparte, Tannery.
Ont obtenu eusuite le plus de suffrages : MM. Darboux, Poincaré.
Prix Binouv. Histoire des Sciences. — MM. Darboux, Crandidier,
Poincaré, Emile Picard, Guyou, Bouvier, Tannery.
Ont obtenu ensuite le plus de sull'rages : MM. Ph. van Tieghem,
Bigourdan.
Médaille Arago, Médaille Lavoisier, Médaille Berthelot. — M\L J'>niile
Picard, Armand (îautier, Darboux, Ph. van Tieghem.
Prix Gegner, La/inelongue, Trémont. — MM. Emile Picard, Armand
Gautier, Darboux, Ph. van Tieghem, Maurice Levy, Bornet.
Prix ]\ ilde. — MM. Maurice Levy, Darboux, Troost, Lippmann,
Poincaré, lùnile Picard, VioUc.
Ont obtenu ensuite le plus de suffrages : MM. Ph. van Tieghem,
Baillaud.
4'Î6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Prix Lonchampl . — MM. Boiicliard, (iiiignard, Roux, l'tillieiiv, La-
vcran, Dastre, Mangin.
Oui obtenu ensuite le plus de sull'rages : MM. Chauveau, Perrier.
PLIS CACHETES.
ÉLECnuciTÉ ET OPTIQUE. — Sur une soluliuii du problème de la vision à
dislance, par M. H.-C. Saixt-Rejjk. [IMi cacheté reçu le 8 juillet 1895 et
ouvert, sur la demande de l'auteur, le 27 décembre 1909 ( Extrait ).|
L'appareil que je vais décrire permet d'obtenir, à une distance indéter-
minée, l'image d'un objet placé devant le transmetteur, ainsi que ses mouve-
ments s'il est animé, mais non ses couleurs.
Il comprend : 1° un transmetteur, devant lequel se trouve l'objet; 2° une
ligne formée de fils métalliques où circule un courant; 3° un récepteur où
se forme l'image.
Transmelleur. — Je m'appuie pour le construire sur deux faits :
I. La conductibilité du sélénium pour l'électricité est beaucoup [)lus
grande à la lumière que dans l'obscurité et croit proportionnellement à Fin-
tensité de l'éclairement (cf. Graham Bell, Annales de Chimie et de Physique,
5* série, t. XXI, p. 399).
n. Pour avoir l'impression de la forme et des détails d'un objet, il n'est
pas nécessaire que l'œil reçoive les rayons émanés de tous les points, mais
seulement ceux qui proviennent d'un certain nombre de points et dont l'en-
semble donnera une image d'autant plus parfaite que ces points seront plus
nombreux.
D'après cela, le transmetteur se conqiose en principe d'une chambre
noire avec objectif. Le fond de la chambre, cpii reçoit l'image de l'objet, est
constitué par une lame de gutta-percha, portant un très grand nombre de
petites cavités à fond plat. Chacune d'elles reçoit un point de l'image; à
travers la gutta-percha viennent déboucher dans chaque cavité deux lils de
laiton isolés l'un de l'autre, qu'on contourne à plat sans qu'ils se touchent.
Le tout est recouvert d'une gouttelette de sélénium cristallisé.
Ciuupie élément est intercalé dans le circuit d'une pile. Suivant que le
point de l'objet dont il reçoit l'image sera plus «lu moins éclairé, Tinlensité
sera plus ou moins grande.
Il s'agit maintenant d'obtenir au récepteur un point lumineux correspon-
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. 44?
dant au point de l'objet dont l'image se forme surnotre élément au sélénium,
la lumière devant éprouver aux deux points correspondants les mêmes
variations d'intensité.
Récepteur. — Je fais arriver sur le point considéré du récepteur la lumière
d'une source quelconque ( de préférence la lumière solaire), en utilisant le
courant de la ligne pour régler l'éclairement de ce point, suivant l'intensité
du courant.
Divers dispositifs peuvent être employés. On n'en indiquera qu'un.
Une baguette de verre recourbée et coupée à ses deux extrémités perpen-
diculairement à son axe reçoit sur sa section inférieure, verticale, la lumière
qu'elle conduit (en agissant à la façon de la veine liquide dans les fontaines
lumineuses) à sa section supérieure, horizontale, où l'oeil la perçoit. Devant
la section inférieure se trouve une plaque de verre pouvant glisser de haut
en bas et graduellement noircie depuis le haut, qui est tout noir, jusqu'au
bas, qui est complètement transparent. Au repos, un ressort maintient la
partie noircie de la plaque devant la baguette et aucun rayon n'y pénètre.
Lorsque le courant passe, la plaque, sollicitée par un électro-aimant actionné
parle courant, se relève proportionnellement à l'intensité du courant reçu
et l'œil perçoit une quantité de lumière également proportionnelle. Ce dis-
positif a l'avantage de donner pour la construction les espaces nécessaires,
les diflerentes baguettes de verre pouvant être contournées à volonté, leurs
extrémités supérieures serrées les unes contre les autres.
La méthode que je viens d'exposer schématiquement exigerait un fil par
chaque pointde l'objetainsi transmis. Mais il serait possible de réduire consi-
dérablement le nombre des (ils, ainsi que celui des éléments au sélénium,
en faisant passer par un mécanisme convenable un même élément devant un
grand nombre de points, de telle sorte qu'il revienne au même endroit à des
intervalles de 7^ de seconde au maximum.
CORUESPOI\DA\CE.
M. le Ministre de i.'lNSTntxrio.v ptBLKiiE et des Iîeaix-Arts adresse
ampliation du Décret qui autorise notamment l'Académie des Sciences
à accepter le legs fait à son profit par M. Claude-JJon Dejnolomhe,
Il est donné lecture de ce Décret.
Ç, R,, 1910, j" Semestre, (T. t50, N' 8.) ^P
448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Le premier fascicule du Tome IV du Traité de Physique^ de
O.-D. Chwolson, traduit par E. Davaux, avec des Notes de MM. E. et F.
CossERAT. (Présenté par M. G. Darboux.)
2° Inventions relatives au graissage des machines marines, par M. Ch. Beu-
TR\ND. (Présenté par M. L.-E. Berlin.)
ASTKONOMIK PHYSIQUE. — Nouveaux canaux de la planète Mars. Note
de M. Fercivai, Lowem,, présentée par M. H. Deslandres.
Le 3() septembre 1909, deux grands canaux furent remarqués à FlagstafT
sur Mars à l'est du Syrtis Major, à un endroit où Ton n'en avait jamais
observé auparavant.
L'e\amen des Annales de l'Observatoire a monlré qu'ils n'avaient pas été observés
en juillet dernier et qu'ils manquaient sur toutes les Cartes dressées à l'Observatoire
depuis 1894. Les photographies prises en igoS et 1907 ne les montrent pas non plus.
Les archives de l'Observatoire qui contiennent plusieurs milliers de dessins et de
photographies ont permis de constater ce qui suit :
L'invisibilité des deux canaux précités avant septembre 1909 ne peut
être due à aucune cause inhérente à l'instrument, à l'observateur ou à l'état
du ciel. Elle ne peut être due non plus à la petitesse des images, à la dis-
tance de Mars ou à la grandeur de la phase. Un changement régulier occa-
sionné par les saisons ne peut également être invoqué.
Il ne reste donc qu'une seule explication : ces canaux ne sont pas simple-
ment nouveaux pour nous (nous en avons découvert plus de l\oo à Flag-
slaff); ils sont aussi nouveaux sur Mars. Le fait n'a pu être révélé que par
une période de i5 années d'observation assidue à FlagstafT.
Ces canaux nouveaux ont tous les caractères des autres canaux, c'est-
à-dire l'aspect d'une ligne uniforme d'apparence géoinétrique. Une plaque
prise par moi et qui accompagne celte Note les montre à la place indiquée ;
à cause de la petitesse des images, ils sont confondus en un seul.
ASTRONOMIE. — Sur l'éclat intrinsèque du Soleil. Note de M. Charles
IVoRDMA.vN, présentée par M. Maurice Hamy.
I. Je me propose de déterminer l'éclat intrinsèque du Soleil, en partant
de sa température effective qui, mesurée avec mon pyromètre stellaire hétéro-
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I910. 449
chrome, a été Irouvce égale à 532o° absolus, et correspond à une valeur de
log -p égale à — 0,(390 ( Comptes rendus, (i décembre 1909).
On sait que l'éclat d'un corps incandescent, qui émet de la lumière blanche,
varie sensiblement en fonction de la température, comme l'intensité de la
radiation correspondant au maximum de luminosité (A = oi^, 54). Celte loi
a été vérifiée avec les diverses sources lumineuses que nous pouvons réaliser
sur la Terre, et notamment par M. Féry sur les lampes à incandescence. Or
en mesurant à travers l'écran vert de mon appareil (dont la longueur d'onde
efficace est précisément égale à oi^, j4) les rapports des éclats d'un grand
nombre d'étoiles correspondant à des températures effectives comprises entre
2800° et plus de i5ooo°, j'ai trouvé que ces rapports sont en général iden-
tiques, dans les limites des erreurs d'observation, à ceux qu'indiquent pour
les éclats globaux de ces étoiles les grands Catalogues photométriques de
Harvard et de Potsdam. // s'ensuit que la loi précédente qu'on n'avait pu
Jusqu'ici vérifier que pour des températures inférieures à 4 000°, est valable
jusqu'à plus de loooo".
II. Donc, l'éclat intrinsèque du Soleil serait, d'après sa température
effective, et en appliquant la loi de Planck, inversement proportionnel à
(0 ^,fl,5Vx5320_ ,_
Mais le Soleil n'est pas rigoureusement assimilable à uncorpsnoir, puisque
sa photosphère est entourée d'une atmosphère absorbante. On connaît par
les recherches de Vogel-Seeliger la valeur des coefficients de transmission
de cette atmosphère pourles diverses longueurs d'onde et notamment de ceux
Pu ^^ Pli 4*'i sont relatifs aux longueurs d'onde efficaces de mes écrans rouge
et bleu (loc. cit.). On trouve ainsi que l'atmosphère solaire a pour elfet de
diminuer de 0,093 la valeur absolue de log 77 qui correspondrait au rayonne-
ment de la photosphère. Cette valeur serait donc égale à
^(0,690 4- 0,93) = — 0,783.
On en déduit, d'après ma courbe d'étalonnage, que la température effective
de la photosphère solaire est égale à 645o° absolus.
L'éclat intrinsèque de la photosphère est donc inversement propor-
tionnel à
(2) . eO,3*X6450_,_
Mais, d'autre part, les résultais de \ ogcl-Seeliger montrent que le coeffi-
45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
cienl de transmission global do l'alniosplière solaire pour la lumière blanciic
est très voisin de celui qui correspond à la longueur d'onde o^, 5^|, et sensi-
blement égal à o,()l). Il s'ensuit donc finalement que l'éclat intrinsèque du
Soleil est inversement proportionnel à
(3)
0,66
De la discussion des expressions (i), {2) et (3), on déduit ce qui suit :
1 ° Le Soleil émet 1 , G2 fois plus de lumière qu'on ne le calculerait d'api es sa
température effective de 5320°. Son éclat apparent correspond à une tempéra-
ture intermédiaire entre celle température effective et celle de sa photosphère, et
voisine de ,0870".
2° // s'ensuit que l'on ne trouvera pas, en général, la iw-me râleur pour
la température effective du Soleil suivant qu'on la mesurera au moyen de la
v>aleur absolue de telle ou telle partie de son rayonnement, ou au moyen du
rapport des intensités relatives à diverses longueurs d'onde. Le Soleil, dans son
ensemble, n'est donc pas, à ce point de vue, assimilable à un corps noir.
D'autre part, on sait que l'étalon VioUe est égal à 20 bougies décimales,
et sa température absolue voisine de 2043°. Son éclat, d'après la loi em-
ployée ci-dessus, est proportionnel inversement à
y.cm \
En outre, les expériences deHolborn et Henning ont établi que le rayon-
nement visible du platine en fusion est trois fois plus petit que celui d'un
corps noir de même température. On calcule alors, en tenant compte de ce
qui précède et des expressions (3) et (4), que l'éclat intrinsèque du Soleil est
égal à 3 1 9000 bougies décimales par centimètre carré.
III. De la discussion de toutes les observations faites depuis Bouguer, de
l'éclairement produit par le Soleil au zénith, Midler a conclu (') qu'il
équivaut sensiblement à celui de 60000 candies anglaises placés à i™. En
admettant avec Millier et d'après les résultats de divers observateurs que la
transmission zénithale moyenne de l'atmosphère terrestre est à très peu près
de 0,80 pour la lumière blanche, et que la surface agissante de la candie
est environ 3""' ('), on en déduirait facilement, en tenant compte de la
valeur de la candie et des dimensions et de la distance du Soleil, que chaque
centimètre carré de celui-ci a un éclat égal à celui de 3oi5oo bougies
(') MiJi.i.ER, Photometrie der Gestirne, p. 3ii el passim.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. 4^1
décimales. Ce nombre et celui que nous avons trouvé ci-dessus d'une
manière complètement indépendante ne diffèrent de leur moyenne que
de ± 3 pour 100.
On en peut conclure finalement ce qui suit :
i" Celte remarquable concordance tend à prouver que la photosphère du
Soleil se comporte très sensiblement comme un corps noir et que son pouvoir
émissif doit être voisin de r unité;
2° La simple mesure de l'éclairement produit par le Soleil fournit, en suivant
la marche inverse de celle que nous avons indiquée dans cette Note, un procède
très simple pour déterminer la température effective de cet astre.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète igioa, faites à l'Observatoire
de Marseille {èquatorial d'Eichens de o™, 26 d'ouverture). Note de
M. CoGGiA, présentée par M. B. Baillaud.
Dales.
1910.
Fé\
Temps moyen
de Marseille.
h m s
. 6. 3.TI
. 6. 26. II
6.29.42
. 6.t5.47
6.41.25
, 6.i8.5o
. 6.29.43
6.26.57
6.22. 9
-0.17
+8.19
-)-0. o
+0.37
— 0.56
—3.43
— 2.l5
- 4-19^2
- o. 9,3
- 8. 6,4
- 5.20,9
- o. 4,6
- 1.38,0
-12.47,9
-I0.44JO
de
comp.
i5: 10
i5: i3
M apparente.
.44.10,18
.44.12,47
•46. 2,95
i5: 10 21 .49.26,90
i5:io 21.49.28,89
1 5 : 1 o 2 1 . 5 1 . 2 , 93
12: 8 21.52.37,06
i5:io 21.54. 4)62
Log. fact.
parall.
f apparente.
Log. fact.
parall.
+1,624 85. 7.48,8 — 0,769
+1,637 85. 7.15, 5 — 0,773
+T,632 84.35.54,0 —0,778
+î,63i 83.39. 9>2 — 0,770
+T,634 83.38.35,4 —0,776
+T,632 83.12.52,7 — 0,771
+T,634 82.47.46,7 —0,773
+T,635 82.24.i4i9 — 0,773
9.19,8 i5:io 21.55.29,52 +1,635 82. 1.23,5 — 0,773
Positions moyennes des étoiles de comparaison 1910,0.
Réduction
Réduction
*
G'.
M.
moyenne.
au jour.
$ moyenne.
au jour.
Autorités
1 .
7-6
21
b m s
.45.20,26
— 1',85
85° 12'. 27" 3
-+-10,7
AG.
Albany,
7624
2 .
8,8
21
.44.32,07
— 1,85
85. 7.14,1
+ 10,7
AG.
, Albany,
7614
3.
5,2
21
.37.45,30
— 1 ,85
84.43^49,5
+ 10,9
AG.
Albany,
7582
4-
6,6
21
■49-27,95
— 1,83
83.33.37,5
+ 10,8
AG.
Leipzig
I, 1 1000
5.
8,9
21
•48.52,77
-1,83
83.38.20,0
+ 10,8
AG.
Leipzig
I, 10996
6.
8,5
21
52. 0,9!
-1,83
83.11. 3,9
+ 10,8
AG.
Leipzig
I, 11023
7.
8,4
21
.56. 22, 3o
— 1,82
82.34.48,0
+ 10,8
AG.
Leipzig
I, 11065
8.
8,4
21
.56.22,30
— 1,81
82.34.48,0
+ 10,9
AG.
Leipzig
I, iio65
9-
6,0
21
.56.41,24
-1,81
82.10.32,3
+ 1 1 ,0
AG.
Leipzig
I, I lo-i
452 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
Lu 4 février, la comète se montre dans l'instrument presque en même temps que
l'étoile 7624 A.lbaiiy. Elle s'est beaucoup alTaiblie depuis le 3o janvier. On voit encore
des Iraces'de la queue dans le voisinage du noyau.
Le II, la comète apparaît dans l'instrumenl peu après Tétoile i io65 Leipzig IL Elle
se présente comme une nébulosité brillante dont les bords se fondent dans les lueurs
crépusculaires.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur un théorème général d'existence ries fonc-
tions fondamentales correspondant à une équation différentielle linéaire du
second ordre. Note de M. W. Stkkloff, présentée par M. Emile Picard.
Dans un Article, inséré en 1896 dans les Communications de la Société ma-
thématique de Kharkow, ainsi que dans mon Mémoire : Problème de refroi-
dissement, etc. {Annales de Toulouse, 1901) j'ai indiqué une extension de la
méthode de Schwarz-Poincaré, qui permet non seulement de démontrer
l'existence des fonctions fondamentales Y^. (ic)(/f = i,2,3, ...) satisfaisant
à l'équation
(i) \l{x) + [li,p{x) - q{x)-\\i,{a-) = O,
mais encore conduit à certaines égalités imjiorlantcs résolvant, en outre, le
problème du développement d'une fonction arl)ilrairc en séries procédant
suivant les fonctions \j,{x).
Je me suis borné, dans les travauv mentionnés, au cas le phis simple, où
les fonctions p{-Tc) eiq{œ) restent positives dans l'inloivalle donné (a, />),
et les conditions aux limites ont la forme suivante :
(2) Vl.(a)-/(V/,(rt) = o, V;,.(/>) + HV/,(i) = o (h>o., H>o);
j'ai remarqué ensuite que la même méthode, convenald^Miient modifiée,
s'applique aussi au cas où la fonction p{r) satisfait à la seule condition
d'être continue dans l'inlervalle donné, et je l'ai montré dans un Mémoire
qui paraîtra dans les Memorie deW Accademia dei Lincei.
Je nie suis borné, dans ces dernières recherches, à la supposition que les
fonctions Y^(x) satisfassent aux conditions de la forme (2V MainlenauL je
me suis assuré que la même méthode s'étend aussi au cas où les fonc-
tions V/, (a*) vérifient les conditions aux limites de cette forme générale
\ at\i,(fi) -h a,\',,(a) + a:i\/.(/>) -^ ai\/.{l>)—o,
SÉANCE DU 21 FÉVRIER rgio. /|53
L'élude plus profonde des principes de cette méthode et des conditions
nécessaires et suffisantes pour qu'elle s'applique au cas général que je viens
d'indiquer, m'a conduit à un théorème général que je vais signaler dans
celte Note.
TiiÉOKÉMi:. — Quelles que soienl la fonclion p{cc) continue dans l'inter-
valle («, b) et la fonction q(x), positive dans cet intervalle^ d existe une in-
finité de nombres X/^ et de fonctions correspondantes Y^, vérifiant les équa-
tions (i) et (3), pourvu que les constantes ai, b^ satisfassent à l'un de ces
trois types de con filions rfont eh iciin contient deux cas, en général différents.
l'iiiîMiEii TVPE. — Les constantes «,, è, satisfont à l'équation
a-J); (1; ll:t^= Cil 1), rtoA,.
Ce premier type contient les dcu.r cas suivants :
l'ilFMII'li CAS.
A, — (7, /'■, — CI; A, ' (), (fii Aj — a^tj, ) Ai'io, {a-.t'i — «2 A-, )-^i - o-
Df.ixiIîmk cas.
^2= «,^3— «a^icO, {(t:ii>i — «,63)^2^0, {a,l);— a:J),)\,io.
Deuxié.me type. — Les constantes cii, h^ satisfont à la condihon
( «, b,, — a,^ t), ) {a3t)^ — ■ a,b^) ^ o.
Ce deuxième type contient les deux cas suivants :
I^REMIKR CAS.
A:, t= rt, 62 — a, bi '-' o,
(flj^:, — ''3^0) (a;/y, — «1 AJ = Aj,
.{(tibi^a-ib,_) {a^bi — «,/>3) 1:0, («,64 — a!,b,) (a.,b,-~ a^b^)t o.
Deuxième cas.
At = 0-364 — «463^0,
{aJ>3— a.ib.,){aibi — a,bi) — AJ,
(iijji — ciibi) {ciib-i— a-ibx )io, {a.^bi— a^b,^) {a,b^— a^b^)lo.
Troisième type. — Les constantes «,, />, satisfont aux conditions
a,bi — «i62=:o, a3 64 — «463=0.
454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce troisième type contient les deux cas suivants : •
Premier cas.
A5 := (7, ^3 — a, è, ^ o,
((7,1)!, — a;A,)^o, a^b, — «363^0.
DElXlfcME CAS.
{a^b, — a, 64)^0, a,b3 — a^b^-O.
Remarquons que ces derniers cas peuvent être ramenés à un seul de la
forme (2), si nous supposons que les constantes h et H puissent atteindre
leurs valeurs limites
li — H = o et /( = H = + 00.
Si la fonction p (x) reste positive dans (a, b) (ou négative), les nombres X/^
sont aussi positifs (ou négatifs)-^ si p(x) change son signe, les nombres k^
se décomposent en deux groupes dont l'un contient une infinité de nombres
caractéristiques négatifs, l' autre uneinfinité de nombres positif s . Les nombres'ki^
satisfont toujours aux conditions | A^| ^ aÂ".
ANALYSK MATHÉMATIQUE. — Sur les singularités des fonctions analytiques
uniformes. Note de M. D. Pompéiu, présentée par M. Painlevé.
Dans une Note récente (Comptes rendus, 3 janvier 1910), M. Denjoy a fait,
au sujet de ma Communication du 6 décembre 190;), des observations aux-
quelles je demande la permission d'ajouter quelques éclaircissements.
I. En gardant les notations de M. Denjoy, je vais montrer d'abord com-
ment, dans des cas très généraux, la nullité des I entraîne celle des J, quel
que soit l'ensemble E (quant à la sinuosité).
Pour cela je prends un ensemble E borné, parfait, partout non dense
(sans points intérieurs), d'aire partout non nulle et tel que son ensemble
complémentaire soil d'un seul tenant.
Sur cet ensemble E (ses points seront désignés par '( = ^ -f- iy]), je définis
une fonction fi'C), continue sur E et nulle en dehors de E, et je forme l'in-
t.égrale double
SÉANCE DU 2 1 FÉVRIER 1910. 455
C'est la même intégrale double avec laquelle j'ai construit (Comptes
rendus, 28 novembre if)o4) le premier exemple d'une fonction analytique
partout continue.
Je dis maintenant que si E est partout discontinu (d'après les propriétés
que je lui ai d'abord supposé, il peut aussi èlre d'un seul tenant), les inté-
grales I ne peuvent pas être toutes nulles.
En effet, autour d'un point 'C, où Ç'(î^) 7^ o, on peut tracer un contour C
(évitant les points "() et tel que les parties réelle et imaginaire f gardent le
même signe pour tout point t contenu dans C.
Cela posé, calculons [ : on obtient
.[t)dM
en commençant dans le second membre l'intégration par la variable s, et
désignant par (C) la région du plan contenue dans C.
Ce résultat montre évidemment que les I ne peuvent pas être tous nuls,
et l'on voit que la sinuosité de l'ensemble E n'intervient point dans la dé-
monstration.
Supposons maintenant que la fonction oÇC) soit discontinue sur E et
même qu'elle possède des zéros denses sur E. Dans ce cas, on peut avoir
recours à la sinuosité et prouver, comme l'a montré M. Denjoy lui-même,
que, lorsque la sinuosité est finie, la nullité des I entraîne celle des J.
Mais ce cas et l'autre, plus délicat, où o est discontinue et la sinuosité de
E infinie, demandent un examen détaillé que je ne peux pas résumer ici.
J'ai voulu seulement, par lexeinple donné, appuyer la conclusion sui-
vante :
Si le cas d'exception, signalé par M. Denjoy, existe réellement, il est dû
non seulement à la nature (sinuosité) de l'ensemble E des points singuliers,
mais aussi à la nature même de la fonction analytique F(:;) qui admet ces
points de E comme points singuliers.
II. D'ailleurs, dans ma Note du G décembre 1909, je n'avais introduit
les intégrales I que pour le cas où les intégrales plus générales J n'avaient
pas toutes un sens. Pour une fonction analytique partout continue, cette
difficulté ne se présente pas et alors ce sont les intégrales J que je consi-
dère, surtout parce que l'ensemble E peut être d'un seul tenant.
La propriété des J me sert dans la représentation des fonctions F(::),
avec F'(:;) bornée, par des intégrales doubles.
c. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 8.) OI
456 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équalions différentielles dont l'intégrale
générale, possède une coupure essentielle mobile. Note de M. Jean Cuazy,
présentée par M. Painlevé.
(Joinnie je l'ai montré dans des Communications antérieures, Tintégrale
générale de cliacune des équations (*)
(i) y'" = 1 yy" — 'i y" ,
(2) y"=27j"— 3/-+ ^g-^--^(6j'— y2)2 (« enlier>6),
est uniforme dans une région limitée par une coupure rectiligne ou circu-
laire, variable avec les constantes d'intégration. Elle peut s'exprimer
comme suit.
Soient l'équation hypergéométrique de Gauss
'(' — 0-777+r-irT77 — 7-37T — TiP = o (" entier > 6 ou n=x).
di- \2 i^y j dt 4 \3(i
et deux intégrales distinctes de cette équation :;et:r,; l'équation j? = -i(/)! z{i)
définit une fonction de Schwarz /(ic), dont le triangle fondamental a
comme angles -> -k-, -■> et cjui existe dans une région limitée par une cou-
pure rectiligne ou circulaire : l'intégrale générale de l'équation (2) ou (i)
est r (ic) = - -^; elle est définie et uniforme dans la même région. L'équa-
tion ( I ) admet l'intégrale particulière
6 C
y — 1 •
.3- -H A (.c-i-A)-'
son intégrale générale est holomorphe dans la région dans laquelle elle est
dcfitiie. L'équation (2) admet les intégrales particulières
— 6 II — 6 /( + 6
(J--+-A) 2(,.r-|-B)'
sou intégrale générale est méromorphe dans la région dans laquelle elle
est définie : elle admet les pôles de la fonction ^(r) comme pôles simples de
, . , Il — 6
résidu
(') Comptes rendus., 4 octobre 1909.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER IQIO. 4^7
Posons dans l'équation (i) y = " ~ — : la fonclion u satisfait à l'équa-
tion différentielle
, ,„ 3n(n — 2) „„
(3) ««'^— (n — 2) iiu a -h -TT, ^^" =0
^ ' ^ ' 3 {«+6)
12
dont l'intégrale générale est par suite u(x) = s""**; cette intégrale générale est
définie de même d'un côté d'une droite, à l'intérieur ou à l'extérieur d'une
circonférence. Elle est holomorpheen tout point de la région dans laquelle
elle est définie, sauf en général au point x = cc. Les intégrales délinies à
rintérieur de leur coupure, ou celles qui admettent une coupure recti-
ligne, sont uniformes. Les intégrales définies à l'extérieur de leur coupure
admettent en général le point a; = 00 comme point critique, et la coupure
comme ligne critique : une détermination de ces intégrales, suivie le long
d'un chemin qui tourne une fois autour de la coupure dans le sens direct,
12
est multipliée par e '""; elles ont un nombre de branches égal au déno-
minateur de la fraction irréductible é"ale à — ^; comme les intégrales par-
ticulières « = a?"'"", ;r'*""(a; -f- C), auxquelles elles se réduisent quand leur
coupure circulaire se réduit à un point.
De même, l'intégrale générale de l'équation transformée de l'équation (i)
en /r</;r = Y,
Y"'=2Y'Y"'— 3Y"«
est uniforme, si elle est définie à l'intérieur de sa coupure; si elle est définie
à l'extérieur, elle admet une infinité de déterminations, permutables autour
du point .c = oc et de la coupure, et différant d'un multiple de i2':ti', comme
G
les déterminations de l'intégrale particulière Y ^ — 61og.r + -•
La fonction u, rendue homogène de degré „ _" ; satisfait à l'équation aux
dérivés partielles remarquable
, d'il à' Il I d'il à^ Il .-, / d'' u Y
x^ désignant une variable d'homogénéité pour n = 2, 3, 4i 5; les intégrales
de l'équation (3) sont des polynômes connus.
Si dans l'équation (2) on pose
/i + 6 c'
458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la fonction v satisfait à l'équation différentielle
(5) t'C" + (« + 2) l''l'" ; p— l'"-=0.
L'intégrale générale de l'équation (5) est donc
(•(,r) = ; " + '■=1 lâ* ".
Elle admet comme points critiques les zéros de m, c'est-à-dire les pôles
de t{x). Autour de chacun de ces points critiques, et, si elle est définie à
l'extérieur de sa coupure, autour du point .r = oc et de la coupure, elle
acquiert un nombre de déterminations égal au dénominateur de la fraction
irréductible égale à — ^; si D désigne ce dénominateur, la fonction i'" est
" /i -I- 6 ^
uniforme dans tous les cas.
La fonction v, rendue homogène de degré — ^, satisfait à la même équa-
tion aux dérivées partielles que la fonction a. Nous obtenons donc l'inté-
grale générale homogène de degré ^ _'., de l'équation aux dérivées par-
tielles (4), pour les valeurs entières de N, sauf les suivantes : o, q= i, ±: 6.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la transformation des fonctions abéliennes .
Note de M. G. Cotty, présentée par M. G. Humbert.
Dans le Journal de Liouville (t. I, iSSS), M. Picard a établi l'existence
d'un groupe hyperabélien particulier déduit de l'étude des transformations
d'Hermile du premier ordre, laissant invariante la relation singulière
entre les périodes
d'un système de fonctions abéliennes. C'est ce groupe qu'a étudié M. Bourget
dans sa Thèse (Thèses delà Faculté des Sciences de Paris, iiSgS).
Nous avons trouvé un groupe analogue en recherchant les transfor-
mations du premier ordre d'Hcrmite laissant invariante une relation singu-
lière
où l'invariant
SÉANCE DU 21 FEVRIER I910.
A = B-— 4AC — 4DE
459
est un nombre impair (non carré parfait), nécessairement alors de la forme
4 n -I- I, « étant un entier positif.
M. Humbert ayant montré {Journal de Liowille, t. VI, 1900) que toute
relation singulière est équivalente à une relation singulière de même inva-
riant dans une transformation du premier ordre ordinaire, et ayant indiqué
comment on trouvait la transformation liant les deux i^elations, il nous
suffit de chercher les transformations d'IIermite d'ordre égal à ± r, laissant
inaltérée la relation
d'invariant A = 4 « + i •
Soit
h, h,
d„ d, d-i d^
le déterminant, égal à + i, des coefficients de la transformation.
Posons
ff = \/A — I ; p = \/A + I ;
^c7^ — Y)p^ . £i7 + -pp , _ t, — -n
g =
les substitutions sur g, h, g' peuvent se ramener aux substitutions sur ^, y]
que nous indicjuons ci-dessous. Bien que la méthode et les calculs soient
considérablement simplifiés par une interprétation géométrique de la trans-
formation d'Hermite due à M. Humbert, nous ne pouvons les exposer dans
cette Note où nous nous bornerons à indiquer les résultats fondamentaux.
Les substitutions (S) sur (^, -q) sont de la forme
(S)
(T)
,;. /a^-t- a a'-q + b
^''' '^' \ci-+-d' c'-n-hd'
a, -n)
c -n -+- d c' 'E^-h d'
Les a, b,... désignent des nombres de la forme
(i) M + Ny/Â,
46o ACADÉMIE DES SCIENCES.
M et N étant des entiers, ou de la forme
(2)
M M r-K
1 — V^,
M et N étant deux entiers impairs; d est le conjugué du nombre a,
obtenu en changeant y A en — y A et les déterminants ad — hc sont égaux
à ±1.
Ces substitutions (S) et (T) forment un groupe dont les (S) sont un
sous-groupe invariant d'indice i.
On voit que ce groupe renferme le groupe Picard-Bourget dans le cas où
le radical, dans celui-ci, porte sur un nombre de la forme \n -\- i ; il a des
propriétés analogues. Si l'on pose
çi+';5,
r,, + in-i.
on a les conditions H^^o, V]2<Co, qu'on déduit des inégalités fondamen-
tales entre les parties imaginaires des périodes g^ A, g . Les substitutions
fondamentales du groupe sont
(t, ï)), (ri, ^); (t, -fl), (-^, -n); (£,r,), (£-,,-/)-.)
(ï,r,), (-', -i); (£,r,),
V^,,,_x.i_Vj^
(2,^0,
VA
y/A
y/A
dans cette dernière, a et c désignent la plus petite solution positive de
["équation de Pell,
a- — C-A rr: !\.
Si les substitutions sur (E, yj) sont 1res voisines des substitutions obte-
nues dans le cas étudié par M. Picard, l'analogie ne se poursuit pas pour
les transformations d'Hermite laissant invariante la relation singulière
considérée. Ces transformations sont des deux types suivants :
«0— '"^1
(•■> — • nCi — Cj
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. 4^1
OÙ les «,, c, sont liés par les relations
(«c)o3+ («£■),,=: O,
(rtc)„2+ ('''c)i2+ "("f)n = ±i>
{ac)ik désignant la quantité aiCi, — «/,f ,•
Les transformations considérées forment un groupe dont les opérations
fondamentales sont les suivantes et leurs inverses :
I
0
0
0
II
1
0
0
0
0
- I
0
0
0
0
— I
o
O I
o I
Il o
où a'- — Ac- =: 4, en désignant toujours par a et c la plus petite solution
positive de cette équation. On voit aisément que a et c sont de même parité
et que les coefficients de cette dernière transformation sont bien entiers.
La recherche des transformations d'ordre ± i laissant invariante une rela-
tion singulière donnée se trouve ainsi complètement effectuée.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Des fondions données par leur valeur sur une
partie de la frontière^ et celle de leur dérivée normale sur le reste dé la
frontière. Développements correspondants. Note de M. Marcel Brilloui.v,
présentée par M. Emile Picard.
I. Dans un grand nombre de questions de Physique mathématique on
est conduit à déterminer une fonction par sa valeur sur une partie d'une
frontière simple (plan, cylindre, sphère, etc.) et par la valeur de sa dérivée
normale sur le reste de cette frontière. C'est sous cette forme que se pré-
sentent naturellement, lorsqu'on les pose correctement, les problèmes de
462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diffraction dont je m'occupe cette année dans mes leçons du Collège de
France.
La solution générale de tous les problèmes de ce genre s'obtient facile-
ment par la méthode dont je vais donner un exemple, quel que soit le
nombre des fonctions à déterminer, quel que soit le nombre de conditions
distinctes que l'on peut, d'après la nature de la question (membranes,
plaques, etc.), s'imposera la frontière.
'i. Dans un espace u^ v dont la frontière est délinie par v = o^ a^u^b,
je suppose que les propriétés générales du milieu et la forme de la frontière
fassent connaître une suite fermée de fonctions ^| , cpj, ...,©„, . . . , permet-
tant de représenter sans ambiguïté une fonction arbitraire ./("), donnée
sur la frontière, par une série convergente des fonctions 9„(m, o).
La suite des dérivées
d
Ov
cp„ ( Ll, (') z= à,i{u, l')
jouit de la même propriété.
On sait alors résoudre par des développements convergents en série de
fonctions cp„ les deux principaux problèmes simples :
a. Trouver une fonction ç(«, v) satisfaisant aux propriétés générales du
milieu^ et qui devienne, sur la frontière, égale à f(u).
h. Trouver une fonction oi^u, r) . . . , dont la dérivée -f- devienne sur la
frontière égale à gi^u').
3. Le problème complexe est de déterminer une fonction cp . . . , qui
devienne égale à f(u) sur une partie D, delà frontière, et dont la dérivée
normale devic/ine égale à g(u) sur le reste D., de la frontière.
La solution la plus simple s'obtient de la manière suivante :
Au moyen des fonctions o,,, 'j/,,, on forme de nouvelles fonctions
«!»„((/, (■) et •I'„(m, (■)=: --<1»„(;/, i')
av
ort/iogonalisécs pour la répartition considérée des domaines D,, D^, sur la
frontière ( formés d'un nombre //>»' de tenants distincts)
/ a>,il)^ (/// -+- I ^',Wj du — Q (v — o, i^J).
Il est facile de construire ces fonctions de proche en proche en posant
<!>/,(», <') =ici.a>, («,(•) -4-... + ci:-'<i>i._,(", !•) -H <?A-( «,«'),
SÉANCE UU 2 1 FÉVRIER 19 lo. /|63
et déterminant les coefiicients constants c par les formules
(r = o, /</,).
I <i>; du 4- / 1^?
du
Les fonctions $„ ainsi définies dépendent de la répartition des domaines
D|, Do sur la frontière, mais non des fonctions/ (a), g(u).
Cela posé, les conditions particulières au contour sont satisfaites en
prenant
9 = iA,a»,.(", '•),
A,.==
ff{ii)<^,,{(i,o)du + f ff(ii)W,,(ti,o)du
/ <I>/. {11,0)- du -H / W]. {u,o) du
4. Les conditions générales de convergence du développement sont mani-
festement les mêmes que pour les deux problèmes simples. Il reste à discuter
les valeurs relatives aux points de passage d'un domaine D, à l'autre Dj;
mais dans les problèmes d'origine physique, les fonctionsy(M), g(u) seront
naturellement associées de manière à éviter toute difficulté.
Il n'y a aucune difficulté à appliquer la même méthode à des problèmes
beaucoup plus complexes, soit par la nature des propriétés du milieu, soit
par la forme ou le nombre des diverses conditions données à la fron-
tière. On peut aussi former la fonction de Green pour le problème com-
plexe.
T^e cas où la frontière s'étend à l'infini, et où les séries sont remplacées
par des intégrales, mérite un examen particulier.
.1. (Jn peut même se poser les problèmes de dévetoppeme/its coiijuinls de
deux fonctions 'i(u) et '\i(ii), indépendantes Tune de l'autre sur les diverses
parties D,, D., d'un segment [connaissant les deux suites cp„(^/), ']^,^(ii),
qui convieiment à chacun des problèmes simples (^D, == o, ou D, = o )J tels
que, avec les mêmes coefficients a^,
satisfassent à
ixi^=f(u) (domaine iJi ),
<\i=zif(u) (domaine D,).
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N- 8.) t)2
464 - ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les formules de résolution sont les mêmes qu'au n" 3, lorsque le pro-
blème est possible; mais la discussion des conditions nécessaires et suffi-
santes, relatives aux suites cp„, <]/„, aux fonctions données /(w), g(u), et à la
distribution des domaines D,, Dj, pour la validité de la solution parait
devoir être très difficile.
Les questions d'origine physique abordables par la méthode indiquée
dans cette Note sont très nombreuses; j'en traiterai queUjues-unes ailleurs
avec les développements nécessaires.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la réaction de l'hydrogène naissant à Vètal sec.
Noie de M. A.-C. Vournasos, présentée par M. H. Le Chatelier.
L'action de la chaleur sur le formiate de sodium sec donne de l'hydro-
gène à l'état naissant; il m'a semblé intéressant de rechercher si cet
hydrogène ne pourrait pas se combiner directement à un certain nombre de
corps simples qui ne réagissent pas sur l'hydrogène libre, mais donnent
cependant des composés hydrogénés, obtenus généralement par réactions
indirectes.
Phosphore. — D'après les expériences de MM. Tichtchenkt et Zavo-
rico ('), il semble bien démontré que, contrairement à l'opinion de Roet-
gers (^), le phosphore pur et l'hydrogène sec ne peuvent pas se combiner
directement. J'ai cherché à obtenir cette combinaison avec l'hydrogène
naissant du formiate.
Du formiate de sodium fondu à 200" et soumis, après balayage par
l'hydrogène de l'air des appareils, à l'action de vapeurs de phosphore
obtenues en portant ce corps à des températures comprises entre 400°
et 430°, donne immédiatement de l'hydrogène phosphore, mêlé de vapeurs
de phosphore. Après purification dans une série de flacons laveurs, on
obtient de l'hydrogène phosphore, spontanément inflammable.
On peut répéter l'expérience plus simplement, en préparant un mélange
intime de i partie de phosphore rouge avec 5 parties de formiate de
sodium anhydre Ce mélange est introduit dans une cornue lubulée dont on
chasse l'air par un courant d'hydrogène sec et l'on chauiTe rapidement à 4oo" ;
le gaz lavé, pour le débarrasser des vapeurs de phosphore, est formé d'hydro-
gène phosphore gazeux, renfermant de petites quantités dé phosphure
spontanément inflammable.
(') y. Soc. c/u'/ii. /iJiv.s. rtisxe, l. \XVJI, p. iSj.
(-) Zeùsc/tr. aiiorg. CItein., l. Vil, p. 265.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 19IO. 465
Le formiate anhydre se décompose à 4oo° en oxalate et hydrogène,
2 HCOO Na = ÎVa' C^ O' + FP ;
avec le phosphore on a la réaction
6HC00Na + aP = 3i\a^C^0'-f- 2PIP.
Si, vers la fin de l'opération, on pousse la température au delà de 400°? 'a
décomposition de l'oxalate fournit de l'oxyde de carbone qui reste mêlé au
phosphure gazeux. On doit, d'autre part, éviter l'emploi d'un excès de for-
miate qui donnerait de l'hydrogène libre en excès.
Des résultats semblables ont été obtenus en chauffant des mélanges équi-
moléculaircs de formiate et de phosphite neutre de sodium ou de phosphate
disodique anhydre.
Pour les expériences de cours, au lieu de formiate seul, il est préférable
d'employer un mélange équimoléculaire de formiate et d'hydrate de sodium
avec du phosphore rouge ; il se produit dans ce cas du carbonate de sodium
au lieu d'oxalate.
Soufre. — La vapeur de soufre décompose de la même façon le formiate de sodium
et se combine à l'hydrogène naissant en formant de l'hydrogène sulfuré. Il suffit de
chauffer à 4oo° un mélange intime de i partie de fleur de soufre avec 4 parties de
formiate. La réduction du sulfite de sodium par le formiate donne également de l'hy-
drogène sulfuré. Enfin, avec les sulfures métalliques de mercure, plomb, étain, le
métal est mis en liberté avec dégagement d'hydrogène sulfuré.
En remplaçant le formiate de sodium par un mélange équimoléculaire avec l'hydrate,
on obtient facilement du gaz sulfhydrique parfaitement sec et ]nir, à un état très
convenable pour l'analyse chimique.
Arsenic. — Ce métalloïde libre ou combiné réagit facilement sur le formiate de
sodium en donnant de l'hydrogène arsénié. La réaction est particulièrement facile avec
l'arsénite de sodium, que l'on obtient très pur en traitant l'anhydride arsénieux par
une solution alcoolique de soude.
On obtient de petites quantités d'hydrogène antimonié en traitant delà même façon
un mélange d'anlimonile et de formiate de sodium.
Silicium. — Le silicium ne réagit pas sur l'hydrogène naissant du formiate. Les
chlorure et sulfure de ce métalloïde donnent, au contraire, un peu d'hydrogène silicié.
L'anhydride borique, chauffé dans un tube de fer en présence de sodium métallique
et de formiate anhydre de sodium, donnerait de petites quantités d'un gaz noircissant
le nitrate d'argent, qui paraît être le borure d'hydrogène.
Les autres métalloïdes et leurs composés donnent des réactions analogues
faciles à prévoir: les azoLures donnent de l'ammoniac; les cyanures, de
l'acide cyanhydrique; les carbures alcalins, de l'acétylène; etc.
466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Séparctlion el purification des dithionales produits
dans la décomposition du sulfite d'argent ou de ses sels doubles. Note
de M. H. Baubic.nt, présenlée par M. Troost.
Il m'a paru intéressant d'isoler à l'état de sels alcalins l'acide dithioniqiie
formé lors de cette décomposition. En parlant du sulfite d'argent, c'est le
dithionate de potassium qui se prépare le plus aisément; c'est au contraire
le sel de sodium, si l'on opère avec le sulfite double de ce métal. Tout
dépend des conditions de purification auxquelles on est astreint.
Avec le sulfite d'argent, on met ce sel en suspension dans l'eau chaude (65 à 8s pour
2QQcm' ^ 250""') et, dans le ballon qui contient le mélange, on porte le liquide à une
douce ébullition. En i heure au plus, la réaction est terminée. De la solution froide,
additionnée d'un peu de phialéine, on sépare d'abord l'oxyde d'argent, resté en solu-
tion, par un léger excès de potasse, puis les petites quantités d'acides sulfurique et
sulfureux par de l'eau de baryte, dont on élimine l'excédent par le gaz carbonique, en
ayant soin de chauffer à la fin pour détruire le bicarbonate alcalino-terreux soluble à
la faveur de l'acide carbonique. Le liquide filtré ne contient plus que du dithionate de
potassium avec un peu de carbonate. ,
Grâce à la déliquescence de ce carbonate et à la différence de solubilité
du dithionate à chaud et à froid (lo fois plus soluble à ioo° qu'à iG"), la
purification est alors facile, surtout si l'on procède aux lavages avec de l'eau
alcoolisée où la solubilité du dithionate est encore moindre.
On évapore donc la solution au bain-marie dans une capsule jusqu'à commencement
de cristallisation à chaud; on laisse refroidir el l'on décante la liqueur sirupeuse qui
renferme le carbonate alcalin. Le sel essoré, soumis à une recristallisalion dans l'eau
bouillante et à un lavage final à l'eau alcoolisé, donne du dithionate neutre aux réactifs
colorés. En concentrant les eaux mères et y ajoutant leur volume d'alcool, on en sépare
encore du sel qui, par lavage à l'eau alcoolisée et essorage, fournit une nouvelle quantité
de dithionate pur et en présentant, comme la première cristallisation, tous les
caractères.
A chaud, ce sel se scinde en sulfate et gaz sulfureux; chauffé progressi-
vement jusqu'à 450° dans un creuset taré, après dessiccation à l'air, il donne
très sensiblement comme résidu, lorsque l'odeur du gaz sulfuretix a disparu,
le poids de sulfate indiqué par la théorie : o^',3435 de K-S'-'O''' préparé par
ce procédé ont donné 0^,2491 de K-SO'.
Si pour précipiter l'argent, on substituait la baryte à la potasse, séparant
ainsi du même coup l'argentetles acides sulfurique et sulfureux, laliqueur,
filtrée à chaud après l'action du gaz carbonique, ne renfermant plus que le
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I9I0. 467
dithionate de baryum, donnerait ce sel pur par évaporation et cristalli-
sation.
Avec le sulfite double d'argent et de sodium, on met à profit pour isoler
le dithionate de soude, la grande solubilité du nitrate de ce métal alcalin
dans l'eau alcoolisée où le dithionate est fort peu soluble. A 18", en effet,
100™' d'un mélange à volumes égaux d'eau et d'alcool â 96 pour 100 dis-
solvent encore 20*^ de nitrate.
Le sulfite double ayanl été préparé en inélangeanl les solutions de nitrate d'ar-
gent (98) et de sulfite alcalin Na^SO' -f 7H*0 (208) ('), on porte le tout à 100°,
solution et sel déposé. La transformation achevée (en une demi-heure au plus), on
décante le liquide de l'argent déposé. Par une addition ménagée de nitrate de baryum
on précipite le reste du sulfite et la petite quantité d'acide sulfurique en présence, puis
on alcanise légèrement par le carbonate de soude de façon à séparer le petit excès
de baryum qu'on a pu employer. Si l'on filtre et lave, la liqueur ne conlienl plus
que du nitrate et du dithionate de sodium avec une trace de carbouate qu'on détruit
en neutralisant exactement avec l'aide de l'hélianline par l'acide nitrique.
On évapore alors les eaux au bain-marie dans une capsule jus(|u'à apparition de
cristaux. On laisse refroidir, on décante et on lave la masse cristalline avec de l'eau
alcoolisée préparée à volumes égaux. Des eaux mères on sépare encore du dithionate
en les mélangeant avec cette eau de lavage alcoolisée. Tous les cristaux réunis et
essorés, sont alors purifiés en les resoumeltant au même traitement après redissolu-
lion dans un petit volume d'eau. En répétant deux fois celte opération, on a finalement
le dithionate de soude cristallisé Na^S-O* H- aH'O parfaitement exempt de nitrate
(l'éaction à la diphénjlamine).
Comme le sel de potassium, ce composé dégage, par l'action de la chaleur,
du gaz sulfureux en laissant dans le creuset taré du sulfate de sodium,
o^, 56o de sel anhydre après dessiccation dans le vide ont laissé 0^,8842 de
sulfate, le poids théorique calculé étant oe,386o.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les dérivés bromes du dimercuriartunonium. Note (- )
de M. H. Gaudeciiox, présentée par M. H. Le Chatelier.
L'existence des composés AzHg'Br. AzH'Br et AzHg-Br.3AzH'Br ne
paraît pas douteuse pour les auteurs qui se sont occupés des produits de la
réaction 2HgBr- + 4AzH' en présence de l'eau; le désaccord ne porte que
(') Pour former le complexe Ag-SO' -i- Na'SO' -H Aq isolé par Svensson, celle
proportion de sulfite alcalin (soit 5o pour 100 en excès) suffit largement, car il y a lieu,
pour la facilité des purifications ultérieures, d'éviter un trop grand excès de ce sel.
(-) Présentée dans la séance du i4 février 1910.
468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sur la façon d'écrire les formules. Cependant, Pesci n'a pu isoler le com-
posé AzHg^Br. AzH'Br; il signale un composé 4AzHg-Br.5AzH'Br et
reconnaît l'existence du AzHg-Br.3AzH'Br.
Je me suis proposé d'étudier d'une manière plus approfondie la réaction
(i) 2HgBr"-4-4AzH' — AzHg''Br.xAzIl*Br-H(3 — a;)AzH»Br.
Dans ce but, j'ai mis en présence d'eau, à des concentrations variables, le système
2HgBr^+ 4'^zH^, opérant en vase clos, à l'obscurité, et à une température comprise
entre -h8''C. et -i-io''C., et, après un intervalle de temps de 21 à 45 jours, nécessité
pour atteindre l'équilibre, pendant lequel les flacons étaient fréquemment agités, j'ai
déterminé : 1° la composition du précipité formé; a° la concentration des solutions en
éléments Hg, Br et Az.
Dans tous les cas, on constate l'existence de AzIP libre en solution indice d'une
réaction limitée.
Chacun des systèmes étudiés comporte trois composants indépendants répartis en
une phase vapeur, une solution et une ou deux phases solides; suivant le nombre des
phases solides présentes à l'équilibre, ces systèmes, considérés comme isothermes,
seront bivarianis ou monovariants ; par suite, les courbes de concentration de la solution
seront continues ou présenteront des discontinuités suivant le nombre des phases
solides coexistant à l'équilibre : telles sont les prévisions de la règle des phases.
Pratiquement, une difficulté se présente dans la réalisation des concentrations
variables : le ligBr'^ est peu soluble dans l'eau; par suite, le champ des variations est
très limité. Pour l'étendre, j'ai dû recourir à l'emploi, dans l'état initial, d'un des
constituants du système qui se forme dans la réaction : le AzIl'Br; ce qui, dans
certaines limites, ne doit pas modifier l'état du système à l'équilibre; dans ces con-
ditions, j'ai pu solubiliser une [)liis grande quantité de HgBr-.
Les systèmes étudiés comportent trois séries : A, B et C.
Dans le cas où la composition du précipité ne répondait pas à celle de l'une des
phases cherchées, j'ai admis que c'était un mélange de la phase x qui le précède
immédiatement et de celle de y qui le suit dans la série des concentrations étudiées;
pour vérifier celte hypothèse, connaissant la teneur en Hg, Br et Az du mélange, j'ai
déterminé a; et y à l'aide de deux équations relatives à deux de ces éléments, et il
restait comme contrôle deux équations conditionnelles qui devaient devenir des iden-
tités pour les valeurs de x et j' ainsi calculées; l'une est relative au troisième élément,
l'autre est la condition X -h J = I. Or, dans tous les cas, ces vérifications se faisaient
aux limites des erreurs expérimentales près, c'est-à-dire à 0,01 près.
Toutes les phases solides analysées ont été séparées de la solution mère sur des
plaques de porcelaine poreuse, puis séchées vers 15"^ sur BaO.
^ oici le Tableau des résultats obtenus :
Composition centésimale calculée des phases solides cherchées,
{a) (Az[lg2Br)iIlgBr2, Hg = 77,o, Br=2o,5, Az=:2,4,
{h) AzUg^BrAzIPBr, Hg=i 67,56, Br=: 27,01, Az = 4,74,
(c) AzlIg^Br.SAzlPBr, Hg = 5Q,7G, Br =40,59, Az = 7,i2.
A,
A,
A3
Ai
B,
B.,
B5
Bc
C,
c,
C.
("oncentiations iniliales
cil molécules-grammes
par litre.
HgBr-, AzlF. AzH'15r.
0,0 125 o,o25o 0,0000
0,0166 o,o332 »
0,023 0,o5o »
o , o5o o , 1 00 1)
0,0 125 0,025 0,0875
0,025 o,o5o 0,075
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I910.
Solutions à l'équilibre.
Concentrations
en atomes-grammes par litre.
Phases solides à l'équililjre.
Composition
centésimale.
Ilg. lir. Az. Couleur. Hg. lir. Az. Nombre.
Traces o,oi54 o,oi85 Jaune 76,0 20,8 2,6 i
o,ooo32 0,0172 0,0202 » 71,0 24,6 3,9 2 I
0,00078 0,0241 0,025 1
0,0019 o,o52 5 o,o5i4
0,00178 o,o497 Oj0497
o ,oo4i o, io3 o, I 08
0,0828 o,o656 0,0984 0,0061 o,i33 o,i33
o,o365 0,073 0,1 og5 0,0060 0,182 0,1 33
Blanc 67,8 27,3 4i7
» 67,5 27,1 4i7
» 68,0 27,2 4i8
» 67,5 27, 1 4)68
» 66,2 27,9 4,82
« 57,0 35,9 5,70
0,030 O, 100
O, 100 0,200
0,0180 o,o36
o,o5o o, 100
o,o5o o. 100
o, 100 0,200
o, 120 0,25o
0
i5o
0,0070
0
170
0
169
0
3oo
0,0124
0
333
0
388
0
01875
0,001
0
o3i5
0
08 lî
0
006
0,0057
0
1172
0
-'7
0
100
0,0071
0
169
0
168
0
160
o,ooS3
0
,84
0
187
0
3o6
0 , 0 1 60
0
393
53,0
38,6
6,7
52,6
39,8
6,9
67,6
27,0
4,74
67,6
27,5
4,62
58,4
39,8
6,9-
53 , 0
38,9
))
02 ,4
39,6
6,82
En ce qui concerne les phases solides, on constate la formation successive
de trois phases distinctes. Celle qui se forme en présence des solutions les
plus concentrties désignées par C ne répond jamais exactement à la formule
AzHij;-Br. 3AzH'' Br, les résultats correspondant plutôt à la formule
AzHg-Br. 2,8 AzH'Br. Il faut donc admettre, ou que l'équilibre n'était pas
atteint, ou que dans l'essorage sur porcelaine il y a un entrauiement de
AzH^Br; en faisant des préparations de ce corps en présence d'un grand
excès de AzH'Br en solution concentrée, je suis arrivé à la composition
Hg = 5i,9; Br = 4o, i ; Az = 6,9.
Pour les solutions, en examinant les courbes de concentrations en élé-
ments, rapportant les quantités de Hg à Br ou à Az, on constate une
discontinuité entre A^ et A, qui correspond à la coe.\istence de deux phases
solides, a et è; dans la série B, une discontinuité entre B, et B,, deux phases
solides coexistent également dans cet intervalle.
En présence des phases b etc, c'est la réaction (i) qui paraît intervenir
en présence de a ei b; c'est évidemment une réaction différente.
Inversement, si le composé AzHg'Br.AzH^Br est mis en présence de
l'eau à 8"-io" en quantité telle qu'une fois l'équilibre atteint ce corps existe
(7^0,36
6=0,64
b
h
b
b
c =;o,o6
6^0,98
c =0,64
6 = o,36
470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore dans la phase solide en présence du composé (AzHi;-Br)''HgBr-, on
constate que la solution est voisine de celle du système Ag ; elle contient
AztP libre.
Le même AzHg^Br. AzH'Br, mis en présence d'une solution de AzH^Br
à 8"-! o" a fourni à l'équilibre une solution décomposition voisine de Bg avec
une phase solide répondant à peu près à AzHg-'Br. 3 AzH^Br; la solution
contenait encore de l'AzH' libre. Il s'agit donc bien d'une réaction
réversible.
A 3o° la réaction 2HgBr* + 4AzH'' fournit une solution plus concentrée
en HgBr et Az, preuve d'une décomposition plus avancée, ce qui est en
accord avec les mesures therraochimiques et avec le principe du déplace-
ment de l'équilibre.
Il résulte des données précédentes que je crois pouvoir conclure à l'exis-
tence des trois composés définis (AzHg-Br)*HgBr^, AzHg-Br. AzH^Br et
AzUg-Br. 3AzH'Br sous les réserves faites en ce qui concerne ce dernier
composé.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les mangani-manganatcs alcalins.
Note de M. V. Auger, présentée par M. A. Haller.
La décomposition du permanganate de potassium par la chaleur fournit,
comme l'a montré Rousseau, des manganites acides du lypc« MnO^.MM);
mais lorsqu'on opère en présence d'un excès d'alcali, le départ d'oxygène
est moins complet, et j'ai montré (') qu'en présence des bases alcalino-
terreuses, on obtient des mangani-manganates de la forme
Mn=0^2M"0.M"(01I)^
J'ai poursuivi cette étude en employant les hydrates alcalins, et bien que
mes expériences ne soient pas encore terminées, je uie vois forcé de les
publier à la suite d'un travail de M. O. Sackur sur le même sujet (-).
( !e chimiste a monlré que le bioxyde de manganèse, chaiiilé en [iré-
sence de l'air avec des alcalis ou des carbonates alcalins, J'oiiruit des
sels Mn'O". 5K-0 et Mn-O''. 2Na-0. Il n'a pas isolé ces sels, mais en a
démontré l'existence par l'analyse.
(') AiMiER, Comptes rendus, t. CXXXVIII, p. 5oo.
{-) O. Sackur, D. c/iein. Gcsellsc/i., i. XLIM, p. 3<Si el 'i^S.
SEANCE DU 21 FEVRIER I91O. /17I
De mon côté, en partant du composé suroxygéné, le permanganate, je
suis arrivé aux mêmes résultats, tout au moins en ce qui concerne le sel de
sodium et, de plus, j'ai réussi à isoler celui-ci.
Action de NaOIl sur MnO'K. — En laissant en contact le peinianganate avec la
soude pulvérisée humeclée d'eau, la décomposition a lieu à froid et, bien que lent, le
dégagement d'owgène se continue jusqu'à la formation du nianganale. A chaud, et
dans le vide, le départ d'ox3'gène est très rapide et, à 220°-26o", il correspond à la for-
mation d'un mangani-manganale Mn-0"'. h Na-0. A partir de cette température et
au delà de 36o", le produit obtenu reste stable, os,36o de KMnO' ont fourni 48""'
d'oxygène à 18" sous -60""° ; calculé pour Mn-0% 48'""'', 3.
Pour obtenir ce sel en plus grande quantité, j'ai fondu au creuset d'argent
108 KMnO'+ loos NaOU 4- 20'^'»' d'eau.
Lorsque l'oxygène a cessé de se dégager, on laisse la masse cristalliser lentement et
l'on peut constater, après détacliement du culot fondu, que le mangani-manganale
s'est déposé presque totalement au fond. La séparation du produit pur est très déli-
cate : au début, renonçant à l'eflectuer, j'ai constaté la présence de ce sel en le trans-
formant en mangani-manganate de baryum. Il suffit pour cela de le broyer avec de
l'hydrate de baryum, et l'on obtient facilement le sel cherclié qu'on peut isoler par
suite de son insolubilité dans l'eau.
Plus tard, j'ai constaté que le sel de sodium, bien qu'immédiatement hydrolyse par
l'eau qui le transforme en MnO- hydraté et MnO'Na-, est stable en présence de soude
concentrée. En traitant la masse pulvérisée, à froid, avec la soude à 4o° B'', on enlève
l'excès d'alcali et le sel reste en grande partie insoluble sous forme d'une poudre
micro-cristalline bleu vert, qu'on essore sur plaque poreuse dans un dessiccateur à
soude. A l'analyse, j'ai obtenu de bons résultats pour le rapport Mn : O actif;
théorie 2:3; trouvé 2 : 3, 02. Mais le dosage du sodium a donné des chiffres très
variables. De plus, la substance contient une forte proportion d'eau de cristallisation,
la moyenne de deux analyses sur un produit contenant certainement un excès de
soude conduit à Mn-0'. 3,5 NaMJ. SIL'O. Il faudra évidemment les recommencer
avec un produit mieux essoré.
Le mangani-manganate de sodium se présente au microscope sous forme
de petits prismes aplatis d'un beau bleu vert; il est altérable à l'air qui le
brunit en le décomposant. L'eau en provoque l'hydrolyse immédiate. Dans
la soude à 3o pour 100 environ, il se dissout avec une belle couleur vert
bleu; par dilution avec de l'eau, la liqueur loucliit, verdit, puis laisse
déposer de l'hydrate de bioxyde.
Par fusion d'un oxyde de manganèse avec un nitrate ou un chlorate et
de la soude en excès, on n'obtient pas de masse fondue contenant un oxyde
supérieur à Mn-0'; les oxydants ajoutés sont naturellement sans eftét
puisque le manganate formé n'est pas stable à la température à laquelle
C. 1!., iijio, 1" Semestre. (T. 100, ^^ S.) "~^
472 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on opère; ils ne servent qu'à amener plus rapidement Foxyde à Télat de
mangani-manganate.
J'étudie actuellement raction de la chaleur sur le permanganate en pré-
sence de potasse, en vue d'obtenir le sel de potassium analogue à celui de
sodium, mais étant données les expériences de M. O. Sackur, il est pro-
bable que ce résultat sera difficile à obtenir et que la décomposition du
permanganate s'arrêtera à l'oxyde Mn'0'\ Je ferai remarquer, à ce sujet,
que ces résultats conlirment les analogies observées entre Li et Na. Le
mangani-manganate de lithium se forme très facilement et n'est que très
lentement hydrolyse par l'eau; celui de sodium peut être obtenu dans les
mêmes conditions, et le potassium se sépare nettement du sodium et du
lithium en fournissant un sel de composition dilTérentc; il est vraisemblable
([u'il en sera de même avec le rubidium et le c;esium qui se rattachent
étroitement au potassium. En ce qui concerne la découverte de sels mixtes
manganeux-manganiques, c'est évidemment par suite d'une étude biblio-
graphicjue incomplète que M. O. Sackur a cru les avoir obtenus pour la
première fois, puisque j'en ai obtenu quatre et étudié complètement un
dans la Note citée au début.
CHIMIIî GliNÉKALli:. — Textiles el rnalièrcs colorantes insolubles.
Note de M. Léo Vig.xox, présentée par M. A. Haller.
J'ai \\u)n\.vi^ (Comptes rendus, 17 mai i()()(j)que le cluomatc de plomb,
précipité, insoluble, teignait également bien la soie, la laine el le coton.
Cette propriété n'est pas particulière au chromate de plomb, elle se re-
trouve dans toutes les substances, colorées ou non, insolubles dans le liquide
constituant le bain de teinture, à la condition qu'elles soient à un grand état
de division.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les expériences qui justifient
cette proposition.
Le bleu de /'russe, buv lequel j'iii (ipéié il'iilxiid, a élé ijrépaié par préci|>italion à
froid, (l'une solution (a) de clilorure l'errique (ào"-', i dans 5oo'"'' d'eau) el d'une so-
lution de feiTocyanure de potassium ( loo" dans Soo""' d'eau) ; le chlorure fcrrique doit
cire en léger excès; on obtient un précipité l)l.eu foncé très volumineux, qui a été
complèlement lavé, sous pression, à l'eau distillée froide.
Des essais de leintiiie ont été faits, avec ce bleu de l'russe humide, sur d-es (lottes de
soie, de laioe et de colon, en employant des proportions de bleu, calculé sec, par rap-
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 19IO. /\']'^
port aux tex.liles, de i pour '(Ooo, a pour 100, 5 pour 100, à la lempéraUire ordinaire,
et à gCC. après 3o minutes, les lloltes ont été complètement lavées à l'eau froide, pour
entraîner le bleu non fixé. Il n'a pas fallu moins de 12 lavages successifs pour les essais
à 2 et à 5 pour 100.
Les trois textiles se teignent à peu près également, sans que leur naiure cliimitiue ré-
vèle une diflférence : la proportion 4 pour 1000 donne des teintes bleu clair, les propor-
tions 2 et 5 pour 100 des teintes plus foncées sensiblement égales.
Le sulfure de ciiivie piccipilc, obtenu par mélange de solutions aqueuses de sulfure
d'ammonium et de sulfate de cuivre, teint la soie, la laine et le colon en gris foncé
verdàtre : l'intensité des nuances varie avec les proportions de sulfure employé : les
teintes sont sensiblement égales pour les trois te\tiles, à iS et à 90".
L'aiséiiile de cuivre, précipité, fournit des résultats analogues; il en est de même
du vermillon d'aniiinoine préparé par l'action d'une solution d'IiyposuHile de sodium
en excès sur le chlorure d'antimoine dissous.
Les propriétés colorantes de ces substances fraîcliement prépaiées diminuent avec
le temps : une élévation de température accélère cette diminution.
Le noir de fumée léger (10- ont un volume de ii'i""') possède des propriétés
tinctoriales très nettes : 2», 5 de noir ont été ajoutés à 5oo'"'° d'eau distillée; le
mélange, secoué mécaniquement pendant 3o minutes, donne un liquide noir liomogène
qui teint facilement la soie, la laine et le coton; on obtient, après lavage complet des
éclieveaux, des gris assez foncés.
Les matières colorantes artificielles, sohibles dans l'alcool el insolubles dans l'eau,
permettent de préparer des précipités colorés à un très grand état de division : il suffît
de verser la solution alcoolique de la matière colorante (os,o.j de couleur, 20""' d'alcool
dans 5oo''"'' d'eau) pour obtenir la matière colorante en suspension, à l'état insoluble
dans le liquide, en granules très petits; sous cette forme, étant fraîcliement précipi-
tées, ces matières colorantes se prêtent très bien à la teinture. H faut noter que le
temps et la chaleur amènent une sorte de coagulation de la matière colorante, qui se
sépare de l'eau, se dépose el devient moins tinctoriale.
La soie, la laine et le coton se teignent à peu près également avec ces substances;
lavées à l'eau jusqu'à ce qu'elles ne dégorgent plus, les flottes feintes, une fois sèches,
conservent des nuances foncées. Les teintes obtenues sont beaucoup plus intenses que
celles qu'on peut obtenir avec les précipités minéraux; la division plus giande des
matières colorantes explique ces diflerences.
l'our étudier rinfluence de l'elal de division des matières colorantes
insoltililes employées, stir l'intensité des nuances obtenues, j'ai fait inter-
venir sur les textiles des matières colorantes au moment même de leur
formation. Le chlorure de diazobenzène (1"'°') réagissant, dans les condi-
tions convenables, sur le fl-naplitolate de sodiutii (.V"°' pour éviter la
t'orinatton de goudrons), donne, par copulation, une matière colorante,
/)^4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rouge orangé, insoluble dans l'eau : roxynaphtoazobenzène
G«H'N^C'"H«.0I1((5).
Si Ton loitil delà laine, de la soie ou du colon, avec celte malière coloranle,
au niouicnl même de sa formalion (tempcralure o" à 2"), 3o minules (A),
ou, toutes choses égales, 4 jours après (B), après lavage à l'eau, les
échanlillons (A) sont beaucoup plus foncés que les échantillons (B).
Les couleurs insolubles teignent donc les textiles d'autant mieux qu'ils
sont plus près du moment de leur formation, c'est-à-dire qu'ils sont plus
divisés et qu'ils existent dans le liquide formant le bain en granules plus
petits.
Uexamen microscopique des échantillons teints, obtenus avec ces ma-
tières colorantes insolubles, révèle des particularités intéressantes : les
matières minérales préparées au préalable, par précipitation, le noir de
fumée, sont visibles sur les textiles teints, en granules superficiels, très dis-
tincts et adhérents; par contre, les matières colorantes organiques solubles
dans l'alcool, obtenues par précipitation dans l'eau, et utilisées immédia-
tement pour la teinture, ne montrent pas, avec les plus forts grossissements,
des granules isolés; le textile semble uniformément teint. Les couleurs
organiques employées étaient : bleues (bleu de Lyon, induline, bleu gras),
rouges (écarlates, rhodamine, autols, soudan, cérès).
Si l'on compare deux textiles teints avec la même malière colorante
au moment de sa formation (A), ou quelques jours après (B), le textile A
est plus foncé que B, et ne laisse pas voir au microscope, comme B, de
granules visibles.
En résumé, les couleurs insolubles, très divisées, se fixent indiflerem-
menl sur tous les lexliles, quelle que soit la nature chimique de ces- textiles;
deux circonstances inlluent : la division des couleurs insolubles et l'état de
la surface du textile.
Cette fixation des couleurs insolubles n'est du reste qu'un cas parti-
culier de la fixation de toutes les matières solides, très divisées, insolubles
dans le liquide servant de bain.
Elle doit être attribuée, évidemment, à l'attraction moléculaire (au sens
|)hysi(pic). Par suite de l'étal de division des textiles, les granules de ma-
tières colorantes, insolubles, quand ils sont suffisamment petits, peuvent,
au sein du li(piide formant le bain, présenter au textile des surfaces de
contact suffisantes, à des distances comprises dans le champ de l'attraction
moléculaire.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER I910. (75
crusTALLOGKAPHlE. — Siu' l' inégalilé de propriétés des deux formes, droite
et gauche, du silicotungstate de potassium et^ en général, des cristauœ
doués du pouvoir rotatoire. Note de M. H. Copaux, présentée par
M. A. Haller.
On admet généralement que les deux formes, droite et gauche, d'un
corps doué du pouvoir rolatoire cristallin sont rigoureusement identiques,
au signe de la rotation près. Dès lors, il n'y a pas de raison pour que Tune
des formes se produise mieux que l'autre et, dans une cristallisation, il
doit se déposer autant de cristaux droits que de ci'istaux gauches.
Il existe pourtant des cas où cette manière de voir se trouve en défaut et
le silicotungstate de potassium en est l'exemple le plus frappant.
M. Wyrouboff a montré que les cristaux de ce sel,
Si=0^34Tu0^4K••0 + 36IPO,
autrefois décrits par Marignac, sont doués du pouvoir rotatoire et qu'ils
se déposent de leurs dissolutions sous une seule variété, la variété dex-
irogyre(').
De mon C(Mé, j'ai trouvé, en reprenant l'étude de cette anomalie, une
variété lévogyre du silicotungstate de potassium.
l'aile s'oljiieiit accidenlellemenl, el toujours accompagnée de crislaiix droits, dans la
cristallisation spontanée dn sel non purifié, venant de la saturation de l'acide silico-
tungstique brut par le carbonate de potasse, quelquefois aussi, mais par une exception
très rare, dans la cristallisation spontanée des solutions pures.
Une fois en possession de cristaux lévogyres, il m'a été très facile de les reproduire,
en amorçant avec leurs fragments une solution saturée du sel ordinaire, évaporée
lentement à température constante. La liqueur obéit fidèlement à l'amorçage et rien ne
s'oppose il ce qu'on isole ainsi à l'état lévogyre la totalité du silicotungstate de potas-
sium contenu dans une dissolution. D'ailleurs, la forme gauche, dissoute dans l'eau et
recrislallisée, repasse complètement à l'état dexlrogyre.
Il est donc clair que les deux formes ont des stabilités inégales et très
|)rnl)able qu'elles diffèrent par d'autres propriétés.
I']st-ce par la forme géométrique, ou par quelque autre propiiété jjhysique'M )'est
ce qu'il s'agit d'examiner.
Géométriquement, la diUérence est douteuse.
(') WviiouBOFF, bail. Soc. t/inéràl., t. XIX, 1896, p. 21g.
[\']C-, ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les deux espèces cristallisenl en prismes incolores, très réfringents, dont l'aspect est
celui du quartz, mais qui jamais ne portent de facettes liémiédriques; ces prismes sont
hexagonaux et terminés par des pyramides liexagonales. L'angle bi 6, des faces pyra-
midales étant le meilleur, et suffisant d'ailleurs pour fixer la forme, je l'ai mesuré
soigneusement, mais les observations varient dun cristal à l'autre. 11 est, pour les
cristaux gauches, de 35°2' à 35°23', pour les cristaux droits de 34"4o' à 35"5o', les
meilleurs cliiflres étant voisins de35°25'.
Il n'y a pas de conclusion certaine à tirer de ces mesures.
Par conli'e, les deux variétés se distinguent de la façon la plus nette par
la solubilité.
(^uand on dépose des germes droits et des germes gauclies dans un même cristal-
lisoir contenant une solution saturée froide, les germes droits s'accroissent progressi-
vement, avec la durée de l'expérience et la concentration du li(|uide par évaporation,
tandis que les germes gauches restent à peu près slalionnaires.
La même expéi ience peut être répétée sous une forme un peu diflTérenle, en évaporant
lentement le litjuide avec des couples de germes déposés l'un sur l'autre, l'un gauche
et l'autre droit. Ouelles que soient les dimensions relali\es des deux germes, toujours
le droit se développe beaucoup plus que le gauche sans le faire disparaître néanmoins,
ni même l'empêcher de s'accroître un peu.
A température plus élevée, vers 35° par exemple, la difléience est encore appré-
ciable, mais elle diminue.
L'espèce droite, cristallisant plus vile, doit réciproquement se dissoudre
plus lentement et c'est bien ce que l'expérience vérifie.
Deux lubes pouvant contenir environ i5''°'' de liquide sont plongés côte à côte dans
un même bain à température constante. L'un reçoit des cristaux gauches, l'autre des
cristaux droits, pulvérisés en quantités égales, plus une même quantité d'eau. Le
contenu des deux tubes est agile mécaniquement et l'on prélève de temps en temps un
échantillon pour en déterminer la richesse.
\ oici les résultats exprimés en grammes de Si^(->'. 24TuO^. 4 K-0 pour loos il'eau
totale.
A la température de o'.
Duiée d'agitation en heures 3,5 ai 3i 45 55 6g 79 g3
Concentration ( Cristaux gauches . 1,07 2,23 4,82 11, 58 12,02 12, oG 12, o5 12,08
de la solution. ( Cristaux droits... 0,69 r,54 3,o3 5,o4 5,74 7,11 7.90 10,22
A la température de .>4°>2-
Première expérience. Iieuxiéme expérience.
Durée d'agitation en heures i5 22
Concentration j (jistaiix gauches. 35, 16 35,23
de la solution. \ th-istaux droits. . . 32,58 34,09
39
60
18
27
43
35,44
35,47
35,22
35,22
35 , 29
3^.97
35,18
30,26
34,34
35, 17
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 19IO. 477
JJnns les deu\ expériences faites à 24°, 2 les cristaux oui cté mis tlès le début en
contact avec une solution préalablement saturée à froid, pour abréger les opérations.
L'examen de ces nombres montre que les deux espèces lendenl vers une
même solubilité, mais que la variété dexli'ogyre est plus lentement soluble
et l'est d'autant plus que la température est plus basse.
En somme, les deux formes du silicotungstate potassi<|ue se comportent
comme deux variétés dimorphicjues, avec cette particularité curieuse qu'elles
sont voisines au point de ne pouvoir être distinguées géoinétriqucment.
Cette assimilation au dimorphisme des deux inverses optiques d'une rnéine
substance active a été proposée jadis par M. Lecocj de Boisbaudran poul-
ies tartrates ( '), plus tard par M. Wallerant dans le cas du quartz (- ), et
c'est elle qui explique le mieux les phénomènes cjue je viens de décrire.
Les mêmes phénomènes se retiouvent d'ailleurs, un peu moins accusés,
dans les isomorphes du silicotungstate, borotungstate, mélatungstate de
potassium, plus atténués encore dans le silicoinolybdate potassique et je
montrerai même, dans une publication plus étendue, ([u'on trouve des
indices d'inégalité entre les deux formes du chlorate de soude, le type des
corps à pouvoir rotatoirc cristallin.
CHIMIE lilOLOGlQUE. — Action des phnsplnilcs alcalins bihasiqucs sur la
lyrosinase. Note de M. J. Woi-fk, présentée par M. l'J. lioux.
Dans une Note antérieure (M j'ai indiqué incidemment, sans donner de
délails expérimentaux, (|ue la réaction du suc de Hiissiila delica, la pltis
favorable à l'oxydation de la tyrosine, correspond au voisinage de la neu-
tralité à la phtaléine.
Une publication récente de M. Agulhon (') m'oblige à revenir sur cette question en
apportant la preuve ex|)érinientale des faits (|ue j'ai avancés. M. Agulhon conteste, en
ellel, mes résultats, et assure que les phosphates bibasiques empêchent à toute dose
l'action de la lyrosinase sur la tyrosine; il insiste, d'autre part, sur l'inlluence nette-
ment favorisante du citrate Iribasique au point de vue de la coagulation des mélanines.
(') Liicoy UE BoisBAiDiiAX, liiill. Soc. c/iini., t. Wlll, 1872, p. 167.
(-) Wallkrasï, Crislallogiojjhie, 1909, p. 300.
{') Sur quelques propriétés nouvelles des oxydases de Russula delica (Co/n/iles
rendus, t. CXLVIII, p. 5oo).
(') II. Agulhon, Recherches sur la présence et le rote du bore chez les végétaux
(Thèse, février 1910, p. i44)-
47^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'avais égalemenl indiqué le rôle favorisant de ce dernier sel pour un grand nombre
d'actions oxydantes ('). Gomme le citrate tribasique est neutre à la plilaléine, ainsi
que le phosphate bibasique, il y avait lieu de faire quelques réserves au sujet de
riniluence empêchante du phosphate bibasique.
Kn ce qui concerne l'action du phosphate bibasique, je prétends qu'elle
est nettement favorisante à faible dose, et je conteste, à mon tour, les
affirmations de M. Agulhon. Les expériences suivantes fourniront la preuve
de ce que j'avance.
Dans une série de tubes renfermant chacun 2'-'"' d'une solution saturée de tvrosine,
on ajoute successivement des doses croissantes de phosphate disodicjue et l'on complète
avec de l'eau pour avoir partout 2'"'", 5. On additionne alors le liquide de chacun des
tubes de 4 gouttes d'une macération aqueuse fraîchement préparée de Riissula delica
(4 gouttes de cette macération n'abandonnent après calcination que o"s, i de cendres).
Tubes.
1. 2. 3. h. ~' .5. 0. 7.
l)ipliosphate ajouté o"'S i"",4 2™s, 8 v>'^"^Ç> 8"S, 4 11"'^, 2 i4"'^
Apparition de la coloration après. 6™ 7" 9"' 12™ i5'" 20™ 24"'
Il semble, à ne considérer que ces chiffres, que le phosphate disodique
soit gênant pour la réaction ; mais si l'on veut se faire une idée exacte de la
marche du phénomène, il faut observer ce qui va se passer ultérieurement.
Si donc nous comparons dans la suite la coloration des tubes à celle du
tube témoin, nous constatons qu'elle égale bientôt celle-ci dans les tubes 2,
;{ et 4 et que les tubes 5, 6 et 7 se colorent différemment eu prenant une
teinte violacée de plus en plus accentuée par suite de la formation des mé-
lanines. Enlin, à partir de /|j", la coloration du tube témoin reste sensible-
ment stationnaire, alors que les teintes de tous les autres tubes s'accentuent
rapidement. Si, après 18 heures, on ajoute quelques gouttes de CaCP,
comme le recommande M. Agulhon, on précipite de la mélanine dans tous
les tubes, sauf dans le témoin. Une goutte de HCI concentré permet de re-
dissoudrc le ph()s[)iialc de chaux (jui précipite en même temps que les mé-
lanines.
/'>////?, (les expériences où j'ai dosé les mélanines formées ne laissent aucun
doute sur la propriété activante du di phosphate.
Mélanines formées après 24 heures
Sans
Avec pliospliUle
phospliale.
(à 0'',ô6 pour UKIO),
., i 27-^5
4l"'B
46-^.2
(') J. Wiii.KK, Cimplt-s reiuliis, I. (.ALN III, p. (/((j.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 1910. 479
L''S mélanines ohlenues sans phosphate ont une teinte grisâtre; celles qui
sont obtenues en présence de phosphate sont d'un beau noir.
Ces faits monlrenl bien que raclioii de l'enzyme a été grandement favo-
risée par la présence de phosphate disodique. Il est vrai que, tout à fait au
début, le phosphate relarde la réaction, mais, comme on Ta vu, il la favo-
rise iioaucoup par la suite en donnant aussi des produits d'ovydation diffé-
rents, probablement plus avances.
J'ai eu l'occasion de constater, au cours des expériences mentionnées ci-
dessus, que la présence de glycérine n'est pas indifférente dans la produc-
tion de ces phénomènes d'oxydation, bien qu'elle n'apporte aucun change-
ment dans la réaction du liquide. Elle hâte le départ de la réaction et,
lorsqu'elle est présente, on n'observe plus, dans les limites de mes expé-
riences, le retard au délnit que l'on constate avec le phosphate disodique
seul.
()n trouve là un nouvel exemple de l'inlluence de la superposition de
divers facteurs dans les phénomènes oxydasiques.
HYGIÈNE ET SALUBRITÉ. — Stérilisation des liquides par les radia-
tions de très courte longueur d'onde. Résultats obtenus. Note de
M. Bili.ox-Daguerre.
Le <S novembre dernier (' ) j'ai décrit un nouveau mode de stérilisation
intégrale des liquides par les radiations do longueur d'onde inférieure
à 2G00 unités Angstrôm, nombre correspondant à l'ultraviolet. La région
invisible du spectre, entre io3o et 1100 unités, est le siège de radiations
possédant une action chimique environ 25 fois plus grande que celle des
rayons ultraviolets produits par les lampes à vapeur de mercure ou autre-
ment (chiOres vérifiés et publiés par Lyman de Harvard University ).
Voici les résultats abiotiques, ou bactéricides, obtenus avec un appareil
stérilisateur construit pour utiliser ces radiations.
11 se compose d'un lube en quartz, de aô'™ de longueur et de 20™'° de diamètre,
renfermant de l'hydrogène raréfié traversé par le courant induit d'une petite bobine
de RuhmkorlT donnant i5"'"' détincelle avec 2 ampères et 6 volts, fournis par trois
accumulateurs ou pris en dérivation sur un secteur, soit 12 watts.
(') Comptes rendus, t. C\L1\, p. 810.
C. K., 191U, i" Semestre. (T. 150, N- 8.) t)4
48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le liquide circule daus un lube en crislal, de 3"" de diamètre, au centre duquel est
plongé concenliiqucinent le tube à gaz en quartz éuieltanl les radiations.
I. Kau de Seine additionnée par lo' de 20 gouttes de culture de coli-
liacille datant de /(8 heures. Le nombre de colonies par centimètre cube
dépasse 29 000.
II. Cette même eau, soumise aux radiations du tube à gaz raréfié, avec
un débit de V à la minute, ne cultive pas daus un bouillon de gélatine
[jcptoni'e, et sur les plaques ou ne retrouve aucune colonie.
Stéi'ilisalinn c:luniesli(iiic.
La stérilisation est intégrale et sans éli''\alioii de température.
(>s résultais s'evplirpient par ce l'ail (prune lampe à vapeur de mercure
consommant '< ampères et iiovolls, ou i'io watts, n'utilise au maximum
que -M) pour 100 (()() watts) de Ténergie [xnir [U'oduirc des radiations
ultraviolettes cl (pu- afi'i watts seivent à produire inutilement des rayons
luniinenx visibles non abiotiques.
Au contraire les i-.>. watts consotnmés par la |)('tilc l)obine d'induction,
SÉANCE DV 21 FÉVIUER KJIO. l\Sï
(iiii illumine les liihes à i^az laréfiés, donnent un courant imluit de liante
tension transformé ensuite, pr'escjue complètement, en ladidlions invisibles
de très courte longueur d'onde, dont l'action chimicjue est au moins
20 fois plus grande que celle des lani[)cs et arcs à vapeur de mercure.
ZOOLOGIE. — Enkvsliinirit de prolcclion d'une Némerle d'eau douée (Pros-
toma lundjricoideum Dit^ès). Note de M. 1*aul IIai.i.kz, transmise par
M. Yves Delagc.
.l'ai trouvé, vivant eu abondance dans le vivier de rinslilut zoologi(|ue
de Lille, le Prosloma hunbrieoideiim Dtigès^ dont je ferai connaître Torga-
nisation dans un travail spécial.
Les Némertes tlcnii Joiico sont ;iujijui d liiii connues dans toutes les parties du
monde, à l'exception do rAusliiilie. Si l'on a décrit d'assez nombreuses espèces, sous
des noms dillérents cl i'ani,'ées dans les genres Prosloma, Tetraslemma, Polia,
.Vt'merlcs, Eniea et Scibhoslemma, leur conipaiaison peiinel de croire que plusieuis
des noms, donnés aux formes décrites, ne sont en réalité que des synonymies et que
toutes, sauf le Nemeiies polyhopla Sclimarda, doivent rentrer dans le genre Prosloma
Dugés. La grande dispersion de ces espèces peut s'expliquer par nue propagation de
proche en proclie et aussi, d'après l'observation de Mràzek, par leur transport, d'une
rivière à une autre, par l'intermédiaire des Oiseaux. Mràzek a eu eiVel constaté, en
1902, que Prosloma [Sliclioslcmma) gra'cense Bôhmig peut s'enrouler et s'entourer
d'une couclie muqueuse gluante, formant un kyste facilement transporlable.
.lai |)U, sur /'/'. Uindiiieoideiiin, oliscrver les circonstances de cet enkys-
temeut. Lorsque cette iNémerte se trouve dans de mauvaises conditions, soit
(ju'on ait négligé de renouveler l'eau, soit ({u'on l'ait soumise à un jcîine
prolongé ou à une basse température, elle s'enkyste en alteudant des
temps meilleurs.
La Némerle se plie d'abord en deux et reste ainsi, immobile, pendant
plusieurs jours. Si à ce moment on la fait sortir de sa torpeur, en lui
donnant, par exetnplc, de l'eau nouvelle, elle se remet à ramper. Mais dès
que les conditions devictincuL les mêmes qu'auparavant, elle se replie de
nouveau et se fixe sur le fond du vase, à l'aide du mucus qu'elle sécrète,
puis elle s'enroule d'une façon d'abord assez làclie. L'cnkystement coin-
mcnce alors. L'animal se met à tourner en sécrétant des fds de mucus cpii
se durcissent au contact de l'eau. A mesure que le travail se poursuit, les
/|8'i ACADÉMIE bËS SCIENCÉâ.
replis enroulés de l'animal se resserrent de plus en plus, la sécrétion et la
rotation lente continuant toujours. Ainsi se forment les couches concen-
triques du feutrage dense qui constitue le kyste. Celui-ci peut atteindre une
épaisseur de laoi^, tandis que l'animal est réduit à une sphère d'un dia-
mètre de i"", -23.
Dès que le kyste est suffisamment épais, la Némerte reste absolument
immobile. En mettant ces Némertes enkystées dans l'eau courante avec un
peu de vase, elles abandonnent parfois leur kyste au bout d'un jour ou deux.
Des Némertes enkystées le 9 janvier sont sorties spontanément de leur
kyste le 8 février.
Cet enkystement de protection n'est pas propre aux Némertes d'eau
douce. Au Portel, sur les rochers de l'Heurt qui découvrent à toutes les
marées, les Tubularia indivisa Linné portent souvent, le long- de leur tige,
un tube feuilleté et résistant, abritant un Tetrastemina dorsale Abildg. Va-
riété marmnraUan. Ces tubes, longs d'environ 20""", adhèrent fortement
sur toute leur longueur au Tiibidaria. Ils présentent la même structure que
les kystes de Prosloma et sont fermés aux deux bouts. La Némerte qui l'a
construit et dont la réclusion n'est que momentanée, y est assez à l'aise
pour pouvoir se retourner à l'intérieur, grâce à la grande conliaclilitè de
son corps.
MÉDECINE. — Sur l'immunisation active de iliomme contre la fièvre
typhoïde. Nouveau vaccin antityphique. Note (') de M. H. Vincent,
présentée par M. A. Chauveau.
J'ai précédemment fait connaître les résultats d'expériences faites en
vue de déterminer le procédé de vaccination antityphique le plus efficace
chez l'animal (-). Une épreuve sévère de contrôle a permis de vérifier avec
précision le degré d'immunisation obtenue. Il y a lieu de se demander
quelles en sont les conclusions applicables à l'homme.
Trois antigènes ont été plus particulièrement actifs : ( 1 ) les bacilles
vivants; (I I) les bacilles tués par chauffage à 53"-55" ; (111) l'autolysal en
(') l'résenlée dans la séance du i^ février 1910.
(, ■-' ) II. ViNi^KNT, Les bases expérimentales de la vaceinalion anlity[)lii<itie (Comptes
rendus, -février 1910).
SÉANCE bu 21 FÉVRIER ipto. 483
eau nliysiologlqiie, à ']-", de bacilles vivants, prélevés sur gélose en culture
de 2] heures. Cet autolysal est cenlrifugé, puis stérilisé par l'éllier; il doit
rester un peu louche.
Pour chacun de ces antigènes, trois inoculations à 8 ou 10 jours d'inter-
valle sont nécessaires.
Le vaccin I s'est montré le plus actif. Les vaccins II et II! ont un pouvoir
protecteur à peu près équivalent.
Le vaccin I {bacilles vivants), utilisé par Caslellani, de Colombo, était atténué par
cliauffage à 5o°. Ce procédé d'iinnuinisalion ne me semble pas sans danger. Il provoque
une douleur locale très vive et une réaction générale pénible. Il ne supprime pas la
« phase négative » de prédisposition à la (ièvre typhoïde. Enfin, il peut transformer le
sujet vacciné en un porteur de bacilles.
Constitué par des bacilles tués par ta chaleur, le vaccin II (PfeifTer et Kolle,
Wright, Leischmann), qui, chez l'animal, s'est montré très protecteur, est celui qui,
jusqu'ici, a été presque exclusivement employé chez l'homme. Inoculé à un très giand
nombre d'individus dans les colonies allemandes et anglaises, ce vaccin a diminué de
moitié environ le nombre des cas, et réduit beaucoup la mortalité des vaccinés qui
ont pris la fièvre typhoïde.
Mais ce mode d'immunisation n'échappj pas aux inconvénients très sérieux déjà
signalés pour le vaccin 1. La douleur locale, 1res vive et prolongée avec œdème et
pseudo-lymphangite, la fièNre qu'il détermine , ont empêché l'extension de son
emploi (' ) .
C'est pourquoi il nie pai\iit préférable de recourir à l'antigène III qui
n'a pas été jusqu'ici utilisé, et qui, d'après nies expériences, assure un haut
pouvoir protecteur : c'est Vautolysal centrifugé de bacilles vivants. Uenler-
luant les extraits des bacilles vivants, c'est-ii-dire pourvus de leurs qualités
biologiques normales; non atténué par la chaleur, ce vaccin se rapproche
donc par ses propriétés du vaccin I (bacilles vivants) qui est le plus aclil,
iiuiis qui ne peut être recommandé chez l'homme. Dans mes expériences,
l'autolysat a déterminé une forte production d'anticorps bactériolytiques
et assuré une immunité durable. Ne renfermant (pie très peu de corps micro-
biens, isotonique avec le sérum humain, ne contenant aucun antiseptique,
il ne provoque pas les douleurs pénibles qui constituent l'un des incon-
vénients les plus grands des vaccins bacillaires (-).
(') D'après Netter, le vaccin sensibilisé (Besredka) donnerait lieu aux mêmes
symptômes douloureux et ne supprime pas la phase négative.
('-) Neisser et Sliiga, qui ont injecté des autolysats de bacilles morls, chatij/'és à 60°,
signalent, en elFel, l'indolence de cette inoculation chez l'homme, mais il va sans dire
/iS'i ACAUÉMIli; DIÎS SCIENCIÎS.
Imi outre, racliori moins brutale des produits dautolvsc ne salure {)as,
comme l(î font les corps microbiens, les arilicor|)s préexislanls et, par con-
sé(pietit, ne sollicite pas, an même degré, la [n'oduclion de la pluise néga-
tive, si dangereuse en temps d'épidémie; celte phase étant, toutes choses
égales d'ailleurs, d'autant plus accusée que la (juanlilé d'antigène inoculée
a été plus grande.
.le conclus donc cjne la méthode immunisante la pilus rccommandablc,
pour riiomme, contre la lièvre typhoïde^ consiste dans l'emploi des anlo-
lysals de bacilles \ivanls. 11 y a heu de se servir d'un vaccin ])oly\alent
formé du mélange de bacilles d'origines diverses. Trois injections sont né-
cessaires, à doses progressivement croissantes.
CiÉOLOGlE. — Sitr les muLivemeiils prc/icrcynie/is dti Massif brclon.
Note de M. V. KiîBi'OnxK, présentée par M. A. Lacroix.
La tectonitjue de la Bretagne est considérée comme le résultat des plisse-
ments énergirjues (pii, à l'époque carboniférienne, ont édifié la chaîne
hercynienne. Des mouvements antérieurs à celle é[)oque ont éli'- cependant
signalés à plusieur's reprises: M. Bigot a «''ludié et ap[)uy('' j>ai- de nondjreux
exemples nue discordance très inqxirlanle existant en Noiinandie entre
l'Algonkien et le (landjrien; une discordance analogue a été signalée au cap
Fréhel ; j'ai moi-même montré (pi'elle existe aussi au sud de Tiennes cl
MM. .louidy et Azéma l'ont constaté récemment à l'extrémité du Finistèie
entre l'Algonkien et l'Ordovicien. Mais ces mouvements [iréhercyniens
sont difliciles à étudier en Bretagne, surtout dans la fosse se[)tenlrionale,
paic(! (jue les mouvements hercyniens les masquent. 11 existe une région,
véritable Houclier hrelon, on ces derniers mouvements se sont faits peu ou
pas sentir, c'est celle dont le centre est occupe par la forêt de Paimpont et
('oëltpiidon, entre Ploërmcl, Montforl et Rennes. On y voit les couches
cand)riennes et siluriennes pies([ne hoiizonlales ou décrivant des ondula-
tions à très grand rayon de courbure, reposer en discordance absolue sur
(|ci(' le cliiiull'ii;;»! fiilt [leiili'o à raiiliijrTic uiielios iioliible j)iirlie de son pdinoir o\ril;i-
leiii- do la funualioii des aiilicoi|)S. La lilli-ation, mii' bougie, des iiiacéi aliims de
bacilles vivants (Basseiigo et. l-iim))aii) ralléiiiie encore, (l-lle iiiéLliode c^l donc infé-
rieure à celle que je recommande.
SÉANCE DU 21 FÉVRIER 19IO. 485
les assises algonkieniics redressées presque jusqu'à la verticale et al)rasées.
Vers rOuest elle parait s'étendre jusqu'à Pontivy, mais elle y est moins
intéressante parce que l'érosion a fait disparaiti'e les formations siluro-cam-
briennes ; en allant vers l'Kst les plissements hercyniens se fout hientùt
sentir, mais graduellement; c'est la région du sud de Rennes, si remar-
quable par la régularité de ses plis. Il est intéressant de constater qu'au sud
et au nord de ce bouclier les deux fosses bretonnes sont plus éloignées (pie
partout ailleurs.
Après les dépôts de l'Algonkien, représentant une période dont nous ne
connaissons pas l'origine en Bretagne, mais qui a dû avoir une durée extrê-
mement longue et a présenté des faciès variés : schistes prédominants,
poudingues, grès, arkoses, grauvvackes, phtanites, ampélites, calcaires,
tufs, etc., il y a donc eu dans tout le Massif breton des plissements très
énergiques, aussi énergiques sans doute que les plissements hercyniens eux-
mêmes; puis il y a eu une période d'abrasion et c'est sur le Massif déjà
transformé une première fois en pénéplaine (juc sont venus se déposer les
premiers sédiments cambriens, en respectant toutefois, comme l'a montré
M. Bigot, un relief central ipie la mer ordovicieune est venue ensuite
recouvrir transgressivcment.
Avant ces mouvements de la llu de TAlgonkien, il y avait déjà eu du reste
des mouvements [)récurseurs, amenant la mise au jour, par érosion subsé-
quente, de roches granitiqties et de leurs auréoles mélamor|ilii(pies, ainsi
que le montrent les poudingues à éléments variés, intercalés à la partie
supérieure de l'étage.
Depuis ces importants moiivciiienls, antérieurs au Cambiien, jusipiaux
mouvements iiercyniens ])roprement dits, la Bretagne n'a pas subi de plis-
sements généi'aux; vers son extrémité Sud-Est seulement des discordances
ont pu être signalées par M. Bureau. Partout ailleurs l'étude détaillée des
terrains a montré que les contacts anormaux, -{jrisautiefois pour des discor-
dances, sont dus à des failles et que du Cambrien au Dévonien supérieur
existe une concordance si absolue que quelquefois on éprouve des diflicultés
à lixcr.avec précision la limite des étages. On constate seulement, pendant
ri'lte longue durée, des successions de faciès variés, témoins de variations
en (pielque sorte périodiques des courants on de la profondeur du géosyn-
clinal, [.es nomljreuses formalions (létrili(pies qui s'intercalent paraissent
iiuli(pier une plus grande [jroxiinité d'un continent qu'au inomcnl de la
mer aliionkienne.
/j86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SISMOLOGIE. — Sur Ir haro <^ra plie considéré comme sismoscope enregistreur.
Noie de M. DE MoNTESsus DE lÎAi.i.oKE, piéscnlée par \F. Barrois.
On sait (|iie frcqiiemincnl des treinlilenienls de terre ont été enregistrés
sur les papiers quadrillés des harographes et l'exemple le plus remarquable
serait, en raison de la distance et s'il était dûment démontré, celui du
désastre de Messine du 28 décembre 1908, soi-disant enregistré en Indo-
(]hine, cas auqucU'apparcil aurait fonctionné comme lélésismoscope. A un
double point de vue la question mérite examen puisqu'il serait intéressant
de savoir si, dans une région sismiquement instable, un barographe pour-
rait suppléer à un sismoscope enregistreur et si, d'autre part, certains
tremblements de terre sont ou non accompagnés de brusques et notables
variations de pression atmosphérique, dernier proI)lème qui dans l'opinion
de beaucoup reste encore ouvert en déj)it de nondjreuses statistiques néga-
tives quant à la démonstration de relalions directes entre les deux ordres
de phénomènes, sismiques et météorologiques. L'étude des barogrammes
obtenus pendant /) années, de U)oG à igoç), à l'I^cole normale d'Agricul-
ture de Santiago du Cliili, ])crmet de se faire une opinion.
Les liarogranimes présentent de temps en temps de l^rusques oscillations, toujours
uniques et faciles à distinguer des oscillations ordinaires de la plume de l'appareil.
Leur amplitude généralement faible, dixièmes de millimètre ou quelques millimètres,
n'atteint pas moins parfois j5""" el, pendant les deux journées qui ont suivi la catas-
trophe sismique de Valparaiso du 16 août 1906, le barographe en question n'a pour
ainsi dire pas cessé de se mouvoir, comme le sol lui-même agité par d'innombrables
secousses consécutives.
Rompu au tremblement de terre, le barographe a\ail été iniiiiédialement réparé cl
il faut noter qu'aux environs ne se présente aucune cause possible de mouvements arti-
ficiels du sol. Malheui-eusement les feuilles correspondantes à ces deux journées ont
été perdues. Quoi qu'il en soit, et sauf celte lacune, on a relevé durant ces quatre
années a3i tracés anormaux du barographe el 67 pour 100 correspondent à des
macroséismes de Santiago ou des environs. D'une façon générale la correspondance
avec des tremblements de terre est d'autarU plus fréquente qu'il s'agit de secousses
plus intenses et par suite de tracés anormaux de plus grande amplitude. Cette ixigle ne
soullre pus moins de notables exceptions et l'on p'^ul citer de grandes amplitudes.
jusqu'à 20""", en dehors de tout séisme d'origine locale ou simplement rapprochée.
Le barographe fonctionne soit parce que la pression barométrique varie brusque-
ment, soit parce que la colonne mercnrielle est mécaniquement mise en mouvement
par le phénomène sismi(|ue. De la proportion plus haut indiquée des coïncidences
résulte que les deux cas se présentent avec une égale fréquence, si l'on admet que des
SÉANCE DU 21 FÉVKIEK ir)IO. 487
tracés sans tremblements de terre sont dus aux variations de pression. Que si l'on
rejette cette hypothèse, il resterait à en chercher la cause ailleurs que dans des mou-
vements sismiques non sensibles à rbomme, ces tracés né coïncidant pas non plus avec
des mouvements mlcro-iismiques enregistrés à l'Observatoire sismologique. On a pu
lire aussi sur les barogranimes que les tracés anormaux correspoident à tous les cas
possibles de variations de pression pendant les quelques heures antérieures ou posté-
rieures et qu'il y ait eu ou non tremblement de terre.
En résumé le barogfaphe ne peut être considéré que comme un très
infidèle sismoscope enregistreur et, à Santiago du Chili, la statistique
comparée des phénomènes sismiques et barométriques ne décèle aucune
relation. Si l'on emploie le uiot sismoscope et non sismographe, c'est que
l'oscillation du barographe est toujours unique en raison, sans doute, de la
faible vitesse du papier de l'appareil.
On s'est enfin demandé s'il n'y avait pas quelque circonstance propre au
tremblement de terre qui fût plus ou moins favorable au fonctionnement du
barographe. Il était naturel de penser à la plus grande valeur relative de la
composante verticale ou de la période des longues ondes. La confrontation
avec les sismogrammes obtenus à l'Observatoire sismologique du Ccrro
Santa f^ucia, aux pendules Wiecherl horizontal et vertical, n'a donné, dans
ces deux sens,, que des résultats purement négatifs et aussi quant à la dis-
tance de l'origine du tremblement de terre, locale, voisine, ou plus éloignée.
On notera que des conclusions tout à fait analogues ont été relevées dans
mon Ouvrage : La science sismologique, quant aux enregistrements sur les
magné tographes.
hydroloijIE. — De la recherche des substances fluorescentes dans le contrôle
de la stérilisation des eaux. Note de M. F. Dienert, présentée par
M. E. Roux.
Dans une précédente Note [Comptes rendus, 23 mai 1908) nous avons
montré qu'il existait dans les eaux superficielles des substances fluorescentes
d'origine organique. Depuis cette époque, nous avons retrouvé en assez
grande quantité ces substances dans toutes les eaux superficielles ainsi que
dans les eaux de la nappe phréatique peu profonde. Dans les alluvions des
fleuves et des rivières les eaux souterraines renferment une quantité de
matières fluorescentes bien plus élevée que dans les terrains sablonneux
d'origine marine, comme les sables de Cuise ou de Fontainebleau. Ces
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 8.) ^^
488 ACADÉMIE DES SCIKNCES.
substances disparaissent en grande partie dans le sol, car elles sont destruc-
tibles par oxydation. Aussi n'existent-elles qu'en quantité infinitésimale
dans les eaux minérales bien captées et en proportion d'autant plus faible
que l'eau est plus chaude, c'est-à-dire d'origine plus profonde.
La recherche de ces substances s'effectue très simplement et très rapide-
ment (voir Bulletin Société chimique, t. V, 1909, p. 326) en dirigeant un
faisceau lumineux rouge bleu puissant dans la cuve contenant l'eau, et en
regardant l'image fluorescente de ce faisceau perpendiculairement à la direc-
tion de ce dernier. Nous avons pensé que ce moyen d'investigation pouvait
être précieux quand on se propose de rechercher si une eau a réellement
subi l'influence de l'ozone ou des rayons ultraviolets, même plusieurs heures
après sa sortie des appareils de stérilisation. Nous avons en effet constaté
que les (jaux réellement traitées par l'ozone et les rayons ultraviolets ren-
fermaient une quantité de substances fluorescentes nettement plus faible
qu'avant la stérilisation.
Ainsi :
Quantité
de (luorescéine
par litre
donnant
la même fluorescence
(en milligr.)
Procédé Marmier \ Eau de Chartres avant stérilisation 286 X io~'
AbrahanQ. / Eau de Chartres après stérilisation ^o,8xio~'
^ , , , , T-, . ( Eau de Marne avant stérilisation 25q X io~'
Procède de brise. 1 ,^ , ,, .,.,.. „
( L.au de Marne après stérilisation 07 X io~*
!Eau de Lyon avant action des rayons ultra-
violets 147 X 10"'
Eau de Lyon après l'action pendant 60 se-
condes des rayons ultraviolets . . . 4o X '0~'
Si l'on se rappelle que l'analyse chimique ne permet aucune différenciation
facile entre ces eaux, avant et après traitement, et que l'analyse bactériolo-
gique demande un temps assez long, on peut se rendre compte de l'utilité
que peuvent avoir les recherches des substances fluorescentes dans ces eaux
(méthode donnant des résultats au bout de 5 minutes) quand il s'agit de
surveiller la marche des installations de stérilisation.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Ph. V. T.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUiNDI 28 FÉVRIER li)10.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction pvbi.ique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret portant approbation de réleclion que rAcadémic a
faite de M. .f.-D. van der ^^'AALs pour occuper une des places d'Associé
étranger créées par le Décret du i" décembre 190g.
Il est donné lecture de ce Décret.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Un théorème général sur certaines équations
intégrales de troisième espèce. ISote de M. Emile Picard.
1. M. Hilbert appelle, comme on sait, équations intégrales de troisième
espèce les équations fonctionnelles de Fredholm, susceptibles de la forme
(0
/'(■0/(^)+^r K(.r, .0/(.r)£/x = cp(
y étant la fonction inconnue, pour lesquelles la fonction h{s) change de
signe en a et b. L'éminent géomètre a étudié avec ses méthodes 4e cas
où h(^s) prend seulement les valeurs -(- 1 et — i , K étant symétrique en x
ci s (équation intégrale polaire). Dans la dernière séance (' j, M. Marty a
examiné le cas de l'équation
(2) _/•(,) + >,y k{x)K{x,s)f{x)dx^o{s),
où A(a;), en général continue, peut avoir un nombre limité de sauts
(') La Note de M. Marty est insérée dans le présent numéro des Comptes reiirlits.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 9.) ^^
490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
brusques finis. Cette équation comprend les équations polaires et peut
d'ailleurs être résolue par la méthode de Fredholm. M. Marly a étendu très
heureusement à l'équation (2) certaines recherches de M. Schmidt, et a
montré notamment qu'à l'équation (2) correspond au moins une valeur
singulière de X, sous une condition très générale relative à la fonction K.
2. Je voudrais énoncer ici un théorème général relatif à certaines équa-
tions intégrales de troisième espèce, d'une autre nature cjuc la précédente.
Quand la fonction h{s) s'annule dans Tintervalle {a, è), une difficulté peut
se présenter quant à la nature de la solution de f{x), et des conventions
doivent être faites sur le sens même à attacher à l'équation fonctionnelle.
Nous allons supposer que A(i') ait un certain nombre de racines simples
entre a et é 5 on pourra se borner ici au cas d'une seule racine, le cas d'un
nombre quelconque de lacincs se traitant de la même façon. Posons
V{s)-h(s)f(s)
et envisageons l'équation
en représentant par L le champ d'intégration formé des segments (_a, c — t\)
et (c + £, />), en désignant par t et y) des quantités positives.
Cette équation (3) peut être résolue par la méthode de Fredholm, et
tout naturellement on doit se demander ce qu'il advient de la solution
trouvée quand e et Y] tendent vers zéro. Or, l'étude de cette solution conduit
au théorème suivant :
Sous des conditions 1res générales relatives auv données, la solution de l'équa-
tion (3) tend vers une valeur limite quand t et yj tendent vers zéro ; cette valeur
dépend de la limite du rapport — •
Au point de vue où je viens de me placer, la résolution de l'équation
intégrale de troisième espèce se présente dans des circonstances tout autres
que celle de l'équation de première espèce. Il n'est pas possible de parler de
sa solution sans faire certaines conventions. On pourra appeler solution
principale celle qui correspond à t^=r\.
3. Donnons comme exemple l'équation extrêmement sinqile,
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I910. 4qi
En posant
,r — c
on a, comme solution principale de l'équation précédente,
•' ^ ' s — c
I cp,(^) rt'a- + co{c) log
J ' '■ — '''
A loff
' c — a
4. Il y a des cas plus faciles que celui examiné au n" 2. Ainsi, si la fonc-
tion h (5) s'annule, pour s =^ c, comme
I s — c )«,
a étant plus petit que un, on rentre immédiatement dans les conditions
haliituelles.
Je développerai ailleurs les remarques énoncées dans cette Note.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur la manière dont le potentiel des vitesses, dans le
problème des ondes par èmersion, dépend de l'état initial. Note de
M. J. lîoUSSlXESQ.
I. Le résultat le plus intéressant des solutions originales que Poisson et
Cauchy ont simultanément données, vers i8i5, pour les problèmes des
ondes infiniment petites yoar èmersion ou par impulsion superficielle produites
au sein d'une masse liquide profonde, a consisté dans les séries conver-
gentes qu'ils ont obtenues pour y exprimer, en fonction des coordonnées x,
y, z et du temps t, le potentiel 5 des vitesses et la dénivellation h, dans
l'hypothèse d'une surface d' èmersion ou d'impulsion infiniment petite et
d'un bassin indéfini latéralement comme en profondeur.
Or leurs démonstrations de ces séries sont fort complexes; et comme
l'emploi de celles-ci reste à peu près indispensable, même dans la solution
plus récente que m'a donnée, vers 1880, une tout autre méthode ('), il
était bien à désirer qu'une voie beaucoup plus courte, pour arriver aux
séries en question, fût découverte. C'est précisément ce que vient de faire,
( ') \ oir, par exemple, mon Cours d Analyse infinitésimale pour la Mécanique et
la PItysique, t. II, fasc. Il, p. 496* à 5i5*.
/j92 académie des sciences.
dans sa Thèse, un jeune doclcui- es sciences mathématiques, M. Vergne('),
ingénieur des Arts et Manufactures.
Je me propose ici de réduire à sa plus simple expression cette démonstra-
tion de M. Vergne, en l'étendant pour cela, dans son esprit, au cas d'un
bassin limité quelconque. .le pourrai me borner aux ondes par émersion, au
calcul desquelles celui des ondes par impulsion se ramène, dans tous les
cas, en remplaçant simplement la fonction ç par sa dérivée relative au
temps t.
II. Commençons par rappeler les équations fondamentales des ondes
dont il s'agit, produites au sein de la masse d'eau que limitent, supérieure-
ment, à l'élat de repos, le plan horizontal des cç^, et, inférieurement ou
latéralement, des parois fixes, rencontrées en un point (que nous supposerons
d'abord unique) par toute verticale descendante émanée de la surface
libre 3 = 0.
L'axe des z étant dirigé vers le bas, le petit potentiel ç des vitesses, qu'il
faut déterminer, sur chacune de ces verticales, pour les valeurs de z com-
prises entre zéro (à très peu près) et l'ordonnée positive du point cor-
respondant du fond, est une fonction astreinte à vérifier l'équation de
Laplace A, a- = o (ou à être harmonique), et à avoir, de plus, contre toute
paroi fixe, sa dérivée -^ dans le sens normal, nulle, mais, sur chaque élé-
ment de la surface libre ^ = 0, sa dérivée analogue -j^ égale , en tous les
instants / positifs, à sa dérivée seconde par rapport au temps, -j^' si l'on
admet, comme nous le ferons pour simplifier, un choix d'unités de longueur
ou de temps qui fasse égale à i la gravilé g. A cette même surface libre ; = o,
la dérivée -j- exprime d'ailleurs la \)eùlQ dénivellation h , abaissement actuel,
sur la verticale (r, y), des molécules superficielles au-dessous de leur situa-
tion d'équilibre.
Enfin, les conditions d'état initial sont, d'une part, que, pour / = o, les
vitesses s'aïuiulant partout, leur potentiel (p s'annule, tandis que, d'autre
part, la surface d' émersion hg = /(a?, j) étant connue, la dérivée -jj reçoit
alors, pour ; = o, des valeurs données f(x, y), nulles (ou se réduisant, du
(') Conlribalioii à la théorie des ondes liquides (Paris, Gaulliier-\ illars, 1909),
p. 47 à 5o,
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 49,3
moins, à une constante) liors de cette surface d'émersion, c'est-à-dire hors
de la région du plan des xy occupée primitivement par le solide émergé.
III. Les équations ci-dessus, dilïérenliées un nombre quelconque ni de
fois en/, entraînent évidemment, pour toute dérivée de !p par rapport au
temps, la relation A^ -j-— = o, avec les conditions -j- -7-^ = o (aux parois)
et
(i) — J- = -; r-^ (pour 5 = 0).
Autrement dit, en premier lieu, la fonction -7—^ est harmonique, comme
le potentiel s, et vérifie aux parois la même relation monôme que ce poten-
tiel. Or il suit de là, comme on sait, que les valeurs de -7-^ à tous les ni-
veaux z seront entièrement déterminées par ses valeurs à la surface libre - = o
et que, par suite, leur dérivée en -, au niveau ^ = o ou à tout autre, en résul-
tera. Donc, en particulier, pour m= i, les valeurs initiales de la dérivée
première -7^ r/«nî toiil le fluide, ainsi que leur dérivée en z pour ; = o,
dépendront des seules valeurs données / (x,y) de cette dérivée première,
relatives aussi à la surface z ^ o.
En deuxième lieu, la condition (i) montre, si Ton y fait m = i, que celte
connaissance des valeurs initiales de -77 au niveau ; = o v entraîne finale-
ment celle des valeurs initiales de -j^; d'où l'on déduira de même, en faisant
successivement w = 3, = 5, = 7, . . ., les valeurs analogues, pour :; = o et
ensuite pour les divers niveaux z, de toutes les dérivées de zi en /, d'ordre
impair.
Quant aux dérivées d'ordre pair, elles sont initialement nulles. En effet,
les valeurs initiales de ç étant données égales à zéro à la surface libre et,
par suite, dans tout le lluide, la dérivée de o en :; est alors nulle pour :; = o ;
et l'équation (i), prise avec fii = o, montre que la dérivée seconde de o en /
se trouve, dans le même cas, nulle aussi à la surface et, par suite, à tous les
niveaux :;.D'où Ton déduit, en faisant successivement m = 2, = 4) = 6? • • •»
que toutes les dérivées paires de çp en / ont, pareillement, zéro comme valeur
initiale dans tout le fluide.
En résumé, le potentiel ^ des vitesses, considéré au point fixe quelconque
{x,y, z) du champ qu'occupe le fluide, a initialement loules ses dérivées par
rapport au temps t ou nulles, ou calculables à partir des seules valeurs qui
494 ACADÉMIE DRS SCIENCES.
soient données, f{oc,y'), de la dérivée première -^ à la surface s = o,
pourvu qu'on sache, pour tout le rhajnp, à ordonnées ; positives, qu'occupe
le fluide, et qui est constamment le même (^à des écarts près négligeables,
infiniment petits, au voisinage du niveau z = o), intégrer l'équation
^2 = 0 des fonctions harmoniques, sous la condition d'obtenir, pour la
fonction chcrcbée, des valeurs arbitraires à la surface - = o, avec une dérivée
première partout nulle aux parois suivant le sens qui leur est normal.
Si donc nous appelons cp^, ç'J, a- ,,,.,. les valeurs initiales, en (.r, y, a),
de -j-, -TTi y^> • • • > ainsi calculées à pai tir de* /(a?, j), ces valeurs régleront
la manière dont y naîtra la fonction cp; car, pour t assez petit, elles donne-
ront, en vertu de la formule de Mac-Laurin,
avec une approximation indéfinie pourvu que 9^,, '^'„', '^'„, . . . soient finies et
ne s'annulent pas identiquement. Et si cette série converge quel que soit /,
elle constituera évidemment l'intégrale générale du problème (').
(•) Il peut être bon d'observer que, le plus souvent, les équations aux dérivées
partielles déterminant dans l'état initial, comme il vient d'être dit, les dérivées — r— 7)
d'ordre impair, en fonction de leurs valeurs à la surface 5 zn o, s'intégreront par des
sortes d'intégrales définies du genre des potentiels d'atlraction, qui exprimeront ainsi
chacune de ces dérivées et aussi, par suite (en les diflérentiant), sa propre dérivée
première en z pour ^ =; o, à partir de laquelle se fera de même le calcul analogue de la
dérivée impaire suivante. Or il résulte de là que les valeurs initiales des dérivées
impaires successives de 9 contiendront, dans leur expression, des nombres de plus en
plus grands de signes/, ou qu'elles constitueront des intégrales définies ayant leur
degré de multiplicité de plus en plus élevé. Donc le calcul elfectif des termes de la
série (2) obtenue pour représenter le potentiel 9 des vitesses exigera, généralement,
de plus en plus d'intégrations à mesure que s'élèvera leur rang: ce sera une série dans le
genre de celles qu'Emile Mathieu, le premier ou l'un des premiers, a données pour
exprimer l'équilibre d'élasticité du parallélépipède rectangle, et avec lesquelles se
familiarisent actuellement les géomètres, à la suite de Fredholm et de M. Vollerra,
mais sans avoir pu encore, ce semble, aboutir au calcul e^'ecij/ d'aucun résultat (numé-
rique) nouveau, ni même, d'une manière générale, à l'élucidation purement théorique
du cas fréquent où se présente, à la frontière du corps étudié, une discontinuité soit
géoméliique, telle qu'un sommet ou une arête, soit seulement physique, dans le genre
par exemple d'une annulation de vitesse avec changement de direction. El il conti-
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I910. l^g5
IV. Les expressions de a>J,, ç*, 9),, ... se simplifient notablement quand,
le bassin étant assez profond et la fonction (p s'évanouissant, avec le mouve-
ment, pour les grandes valeurs de z, les seules parois qu'il reste à considérer
sont des bords verticaux, à normales dn parallèles en tous les points (x, y)
de chacune de leurs ordonnées z; de sorte qu'on puisse, le long d'une même
ordonnée, différentier par rapport à s la relation'^ = o, ou y écrire -r- -7^ = o.
Alors, si l'on appelle 1 la fonction, évidemment harmonique, -p; — -7^1 non
seulement sa valeur pour z infini, c'est-à-diic au fond, se trouve nulle, mais,
de plus, sa dérivée, suivant les normales horizontales dn aux parois, le sera;
et comme, en vertu de (i), ses valeurs à la surface 3=0 sont aussi nulles,
cette fonction harmonique s'annulera identiquement. La condition (i)
deviendra donc, pour régir cp, la nouvelle équation indéfinie
(3) tl-Ù..
C'est ce qu'avait remarqué déjà, au moins pour les bassins indéfinis laté-
ralement, Poisson, qui avait d'ailleurs reconnu que cette équation (3)
exprime la constance de la pression ^ — -?: exercée durant tout le mou-
vement autour de chaque molécule fluide. Appelons Z l'ordonnée verticale
mesurant hydrostatiquement celte pression invariable, ordonnée nulle
pour les molécules superficielles; et nous pourrons (ce qu'on démontre
aisément) regarder l'abaissement actuel s — Z de la molécule au-dessous
nuera probablement à en être ainsi, jusqu'à ce que celle belle théorie ail reçu quelque
complément capital susceptible d'en simplifier et d'en étendre l'application.
Toutefois, deux ailicles récents de M. Léon Lichtenstein, insérés dans les Comptes
rendus des séances des i8 octobre et ag novembre 1909 de l'Académie des Sciences
(t. GXLIX, p. 624 et 977), permettent d'espérer que la difficulté relative aux dis-
continuités pourra être levée ; car le second article, du 39 novembre 1909, la lève
déjà pour un contour anguleux, sous les deux conditions restrictives que les angles y
dillérenl de zéro et que la fonction dite noyau n'y devienne infinie que de certaines
manières. Mais une extrême complication, presque décourageante pratiquement, sub-
siste encore dans les calculs.
Pour revenir à la question de nos ondes, on verra ci-après (n" k) comment l'hypo-
thèse d'une profondeur infinie réduit aux dérivées successives en z d'une fonction
unique /;„ les résultais des intégrations de plus en plus multipliées destinées à donner
9o, 9'ôi 9J, •••: heureuse circonstance, sans laquelle le calcul des ondes d'éniersion
sérail probablement, jusqu'à ce jour, resté inextricable.
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
du niveau hydroslatique de sa pression efTeclive comme étant sa dènnella-
//on présente /t, par rapport à son niveau tant primitif que final de repos.
Nous aurons donc, d'une manière générale,
(4. /, = 1^.
Or, si nous différentions des nombres pairs de fois l'équation (3) par
rapport au temps, il vient successivement, vu, finalement, cette équation (3)
elle-même,
(V' 9 d d^Q d^w d^" df d'^ <o
7F ^ dz 'dF ~ dl^' '"' TF" ~ dz^'
puis, en différcntiant une fois de plus par rapport au temps /,
d"'+^<f ^ d^ d(f _ d"k
dt^"^ ^ ^ TIF' 'dT~ dz'' '
Faisons / = o dans cette équation et désignons par h^ la valeur initiale,
au point quelconque {x, j, z), de /?, déduite comme on a vu de ses valeurs
données /(a;, j) relatives à la surface libre. La formule (2) deviendra
(d) 9 = tho-i 3 -7- H 3-7-^ -r^ -I- • • • H 5 ; ^+
1.6 dz 2.d.4.o dz- 2.3...(2« + i) dz"
Ainsi se trouvera exprimée directement, en fonction des dénivellations
initiales de toute la masse Jluide, la suite de ses états ultérieurs.
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation du ricinoléate de mèthyle par l'ozone.
Note de MM. A. Hai.i.er et A. Brochet.
Des recherches nombreuses ont été faites sur l'action de l'ozone sur les
matières organiques depuis l'époque de la découverte, par Schœnbeiin, de
cette variété allotropique de l'oxygène ( ' ).
L'étude de cette action a été reprise dans ces dernières années par
M. Harries d'une part, et M. Molinari de l'autre.
Dans une série de recherches du plus haut intérêt, M. Harries a réussi à
montrer que l'ozone, en agissant entre autres sur des corps non saturés,
s'y fixait en raison de 1'"°' O^ par chaque double liaison.
(') A. HalLëR, Comptes rendus, l. CXLIII, p. 657; l. CXLIV, p. 465.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 497
En présence de molécules aldéhydiques, cétoniques ou acides, l'ozone
fournit des composés renfermant i"' d'oxygène de plus que la molécule
primitive.
Etendant son étude à d'autres substances, M. Harries est arrivé à codi-
fier en quelque sorte l'action de l'ozone sur la plupart des groupes de
molécules, de telle sorte qu'on sait actuellement comment se comporte ce
corps vis-à-vis des principales fonctions.
I. La facilité relative avec laquelle on réussit actuellement à obtenir les
éthers des acides gras en soumettant à ialcoolyse (') les matières grasses
nous a suggéré l'idée de faire agir de l'ozone sur l'un de ses éthers-sels, le
ricinoléate de methyle, pour nous rendre compte de ia nature des corps que
l'on obtient par le dédoublement de cette molécule.
On sait que l'acide ricinoléique est un acide-alcool non saturé répondant
à la formule C'H^'O^ Il fixe en effet 2"' de brome et se combine à
jinoi (l'acide acétique pour former de l'acide acétoricinoléique quand on
le chauffe à 100° avec de l'anhydride acétique.
On sait d'autre part que l'acide C'^H^'O'' est à chahie normale et qu'on
peut le convertir au moyen de l'iode et du phospliore en acide iodosléa-
l'ique et partant en acide sléarique.
Les positions respectives du complexe non saturé et de la fonction
alcoolique sont fixées par un ensemble de réactions, fort délicates, dont
nous ne citerons que les plus importantes.
Oxydé par rinlcrinediaire de l'acide azotique étendu, l'acide ricinoléique
donne naissance à de l'acide œnanthylique ou hepLanoïque C'H'''0^,
de l'acide oxalique C-O'H- et de l'acide azélaïque C''H"'0\
L'agent oxydant s'altaquant aux points de faible résistance de la mole'
eu le, il semblait légitime d admettre que l'acide eût la constitution suivante :
(I) CH^(CH-)»-CHUH.CH2.CiJ = CH(CH-j-.C0UH.
Mais l'acide ricinoléique subit d'autres dédoublements.
Soumis à la distillation sèche dans le vide, il donne naissance à de l'acide
undécylénique et à de l'aldéhyde œnaulhylique (' j. D'autre part, chauffé
avec de la soude caustique en excès, li louriut de l'alcool ocLylique (-), de
(') Krafft, Ber. d. delilsch. cliein. GeselLsch.f l. X, 1877, P' 3o34. En réalité,
M. Ivrafl't a opéré sur de l'huile de ricin. L'un de nous a nionlre que les élhers ricino-
léiques, notaiumenl les ricinoieates de mélhjle et d'élhjle, subissaient le même
dédoublement (A. Haller, Comptes rendus, I. GXLIV, p. 465).
(") GoLDSOBEL, Ber. d. deutsch. cliem. Gesellsch., t. XXVII, p. 3j2i.
C. R., igio, I" Semestre, (T. 150, N° 9.) 67
49^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
la mélhylhexylcétone et de l'acide sébacirjiie, toutes réactions qui, si elles con-
firment nettement la position de la fonction alcool dans la molécule, semblent
ne point corroborer Tliypothèse suivant laquelle la double liaison se trouve
située en 9-10 dans l'acide ricinoléique. Une formule où cette double liaison
serait en 10- 1 1 serait plus en harmonie avec les deux dernières réactions citées :
(II) CH' (CHOUCHOU. Cil = CH{CIP)«.CO OH
= CH'(CIP)'.GIIO-t-CH^=CH(Cir^)".COOII,
CIP ( CH-)^ CH OH . CH = CH ( CH-)» . GO^ H h- 3 J\a HO
= CH3(CH^)\GH0H.CH'-f-C0=Na(CH'')».C0-Na-+-H = .
Nous devons toutefois ajouter qu'un ensemble derecherches fort délicates
dues à Goldsobel ('), Behrend (^) et Kasanski (') confirment entièrement
la constitution (î) attribuée à l'acide ricinoléique. La contradiction qui semble
exister entre les réactions d'oxydation et celles de dédoublement, sous l'in-
fluence de la chaleur et de la soude, n'est qu'apparente et trouve son expli-
cation dans le fait du déplacement de la double liaison.
Le but de la présente étude a été de rechercher si, en oxydant l'éther
ricinoléique au moyen de l'ozone, il était possible de trouver, dans leur inté-
gralité, les deux moitiés en C provenant du dédoublement, sous la forme
d'aldéhyde-alcool ou d'acide-alcool pour la première moitié, et sous celle
d'aldéhyde-éther-sel ou d'acide-éther-sel pour la seconde moitié.
Ajoutons que cette tentative a déjà été faite par MM. Harries etThieme('') ;
mais ces savants, en oxydant l'acide ricinoléique par l'ozone, ont obtenu un
ozonide dont la composition se rapproche de la formule C^*H"0*, ozonide
qui par dédoublement ne leur a fourni, comme produit bien déGni, que de
l'acide azélaïque à côté d'une huile non étudiée.
L'appareil que nous avons fait établir pour la production de l'ozone
ressemble, à quelques modifications près, à celui imaginé par M. Berlhelot.
Nous en donnerons la description détaillée dans un autre recueil. Il nous
permet d'obtenir un oxygène renfermant environ i5o'"^ d'ozone par litre.
On a fait barboter le gaz dans du ricinoléate de méthyle distillant de
i'25° à 227° sous i5""" auquel on a ajouté 10 pour 100 d'eau.
Au commencement de l'opération on a soin d'entourer le flacon, dans
(') GoLusOBEL, Ber. ci. deiilsc/i. c/iem. Gesellsch., l. XXVII, p. 3i2j.
(-) Bemuknd. Ihid., t. XXIX, p. 806.
(^) Kasanski. Ibid., t. XXXIl, p. 149-
(*) Thieme. Diss. inaug. Kiel, 1906, p. 20.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 499
lequel se fait la réaction, d'eau mélangée de glace. Au bout de quelque
temps le liquide s'épaissit peu à peu, devient laiteux et mousse passable-
ment. Quand le gaz a de la peine à passer, on cesse de refroidir pour augmen-
ter la fluidité, et l'on arrête le passage du courant gazeux quand la mousse
est abondante et épaisse.
Par refroidissement, l'ozonide devient presque solide. On l'étcnd sur des
assiettes poreuses et on le sèche dans le vide. Le produit ainsi obtenu est
lavé à l'éther anhydre et de nouveau séché. Il constitue une poudre blanche
fondant entre 80° et 85° et qui se conserve très bien à l'abri de l'humidité.
Sa composition, déterminée par l'analyse élémentaire, répond à la formule
C"'H'°0'. L'éther ricinoléique a donc fixé /("' d'oxygène et, en se basant
sur la théorie émise par M. Harries, on peut attribuer à cet ozonide la
formule suivante :
CH'(CIP)^C110H.CH^CH — CH— (CH^)\CO — OGll'.
I I II
0 0 o
\o-^
bécomposilion de l'ozonide. — Une série d'essais nous ayant démontré
que les produits de dédoublement de l'ozonide pur sont les mêmes que ceux
obtenus avec l'ozonide brut, nous exposerons ici le traitement réalisé sur
le produit de l'action de l'ozone sur 2JOf^ de ricinoléale de méthyle et
2 5''' d'eau.
Etant donnée la nature aldéhydi([ue et acide des composés (jui se forment
lors de la rupture de l'ozonide, on peut concevoir un traitement au bisul-
fite suivi d'un autre au carbonate de soude ou la réciproque ( ' }. Remarquons
que la décomposition de l'ozonide au moyen du bisulfite est souvent très
violente, tandis qu'avec le carbonate de soude elle est beaucoup plus mo-
dérée.
Pour opérer la décomposition au moyen du carbonate on délaie l'ozonide
dans l'eau et l'on chauffe au bain-marie, en ajoutant peu à peu une solution
du sel alcalin. Après refroidissement on sépare les deux couches, et l'on
traite l'huile surnageante par une solution concentrée de bisulfite de soude
qui se combine aux corps aldéhydiques.
Partie soluble dans le carbonate de soude. — On acidulé la solution au
moyen de l'acide sulfurique et l'on sépare la couche huileuse qui est consti-
(') MM. Molinari el Soncini ont soumis au même traitement l'ozonide de l'acide
oléique (fier deiit. chem. Ges., t. XXXIX, 1906, p. 2785).
5oo ACADEMIE DES SCIENCES,
tuée par un mélange d'acides, d'aldéhyde acide et d'acide-éther-sel. Le pro-
duit est en effet réducteur. On le dissout dans Télher et l'on agite la solution
avec du bisulfite de soude qui' se combine à l'acide aldéhyde.
La solution éthérée fournit, après évaporation, environ 62*^ d'un mélange
d'acides de consistance butyreuse qui est formé par les trois composés :
CHMCH'')5 — CHOH.CH^CO''H COOH(CH*yCOOH COOH(CH»)'CO^CHs
Acide p-oxypélargonique. Acide azélaïque. Azélaïate acide de méthyle.
Comme il n'a pas été possible de séparer ces trois substances l'une de
l'autre, on a saponifié le tout par de la potasse alcoolique et évaporé la
solution pour chasser l'alcool. Le résidu est acidulé et agité avec de l'éther.
On recueille la liipieur éthérée, on l'évaporé, et la masse résiduelle est épui-
sée avec de l'éther de pétrole bouillant. La solution, après avoir été filtrée,
abandonne par refroidissement des paillettes cristallines de l'acide [3-oxy-
pélargonique.
Quant à la partie insoluble dans l'étlier de pétrole, elle est constituée par
de l'acide azélaïque qui, purifié par cristallisation dans l'eau, fond à 106°.
\J acide ^-ovypélargonique ou nonanol-'i-oïque C'H'^O' se présente sous
la forme de grandes lamelles blanches et brillantes, grasses au toucher et
fondant à l\']°-l\'è°. Insoluble dans l'eau, il se dissout à froid dans l'alcool et
l'éther, et à chaud dans l'éther de pétrole bouillant. Ses solutions dans l'al-
cool absolu dévient la lumière polarisée à droite, [a],, = -\- 2"26'.
Son sel d'argent CH'^O-'Ag est une poudre blanche qui cristallise par
refroidissement de sa solution aqueuse.
La synthèse de cet acide a été faite en collaboration avec le regretté
C. Martine en faisant agir le dérivi; organoniagnésien de l'éther bromacé-
tique sur l'œnanlhol. Toutefois le produit obtenu dans ces conditions, tout
en ayant la même constitution que l'acide dérivé de l'acide ricinoléique, ne
peut être qu'un acide inaclit' par conq:)ensation. Son point de fusion est en
etfet différent et est situé à Gi". Des tentatives faites pour le dédoubler n'ont
pas réussi jusqu'à présent.
L'opération décrite a fourni environ 3ob des deux acides j3-oxypélargo-
nique actif et azélaïque.
Dans le but de séparer les trois acides ji-oxypélargonique, azélaïate acide
de méthyle et azélaïque, nous avons soumis une autre portion du mélange
à la distillation fractionnée dans le vide de i5""".
La fraction passant de i5o° à 180° renfeimait un acide non saturé,
difficile à obtenir pur, mais (jui, oxydé par le permanganate de potasse,
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5oi
fournit de Vacide heptanoique distillant de 220" à 225" sous la pression
ordinaire.
On a préparé et analysé son sel d'argent C'H"0-Agqui se dépose en
paillettes cristallines de sa solution aqueuse.
L'acide non saturé ne peut être que Vacide nonènoïqiie-i formé aux dépens
de l'acide ^-oxypélargonique au cours de la distillation :
CH3(C1P)^CH0H.GH^C0U1 = CH3(CH2)'— CH:=CH.CO^H,
lequel doit fournir par oxydation de l'acide heptanouiueet de l'acide oxalique
CHnGH-^)\CHzrCII COHi -i- 0'=CH»(Cn^)'— GOOII + C^O'H^
Des analyses faites sur les portions d'acides passant au-dessus de 180'^
montrent bien qu'elles renferment de l'azélaïate de méthyle acide, mais il
n'a pas été possible d'isoler le produit à l'état de pureté.
Partie insoluble dans le carbonate de soude. — Cette portion (204^) est
agitée avec du bisulfite de soude concentré et abandonnée à elle-même
pendant i'\ heures. La masse étendue d'eau tiède est ensuite traitée par de
l'éther qui dissout environ 23^ d'un produit qui n'est ni aldéliydique ni acide.
La solution aqueuse, séparée de la liqueur éthérée, abandonne, après
concentration préalable, un corps blanc et parfaitement cristallisé en
aiguilles dont l'analyse conduit à la formule
CH'.O'CfCH-)'— CH<f^^".,
XSO^iNa
qui est celle de la combinaison bisullitique de l'éther-sel de la semi-aldéhyde
azélaïque ou nonanal-i-oate de méthyle-i) CH'O'C ( CH- )'CHO.
Cette combinaison chauffée avec de l'acide sulfurique étendu se dissocie
en donnant un mélange des deux aldéhydes
CH'.COHGH=)'.CHO H0»G.(CH2)'CH0
Noiianal-i-oale de méthyle-g. Acide nonanal-i-oïque-g.
ce dernier provenant de la saponification du premier.
On sépare les deux aldéhydes par le carbonate de soude et la partie
insoluble est fractionnée dans le vide. L'aldéhyde éther-sel est un liquide
qui bout à i4o°-i45'' sous iS™"".
Quanta l'aldéhyde acide HO-C( CH-)'CHO, mis en liberté de son sel
de soude, il constitue une masse solide fusible vers 'yO° et bouillant à i8i°-
182° sous i5'""\ Ces deux produits, dont le second a déjà été obtenu par
5o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Harrieset ses rlèves MM. Tliieme (' ) et Tiirck (■'), et par MM. Moli-
nari et Soncini (') en partant de Tacide oléique, s'oxydent tous deux très
facilement au contact de l'air.
On a tenté de préparer la semicarbazone des deux semi-aldéhydes, mais
seule la semi-aldéhyde acide a fourni la semicarbazone
C0=H(CH=)-'CHN2H.C0^NHS
déjà préparée par MM. Harries cl Thieme (") en partant des produits de
dédoublement de Tozonide de Tacide oléique.
Cette semicarbazone constitue une poudre blanche fondant à i62°-iG3°.
Oxydées par le permanganate de potasse, ces aldéhydes ont fourni toutes
deux de l'acide azélaïque.
Les eaux mères provenant de la cristallisation de la coipbinaison bisul-
filique CH^O-C(CH^)' CH :; -,., » fournissent un liquide brunâtre
quand on les chauffe avec de l'acide sulfurique étendu. Ce liquide, oxydé
par le permanganate de potasse, donne naissance à des acides parmi les-
quels nous avons réussi à isoler, par distillation fractionnée, de l'acide
heptanoïque passant de 222° à 220" et dont nous avons préparé et analysé
le sel d'argent.
Cet acide ne peut provenir que de la combinaison bisulfitique de l'al-
déhyde alcool CH»(CH=)»-CHOH.CH^CHO.
Produit résiduel. — Les 25^ de substance laissée par le carbonate sodique
et le l)isultite de soude sont constitués par des produits huileux non déter-
minés et par un mélange de palmitate et de stéarate de méthyle fondant
à 32°.
En résumé, l'ensemble des recherches auxquelles a donné lieu le ricino-
léate de méthyle montre :
1° Que cet éther donne naissance à un ozonide C"* 11"^ O' à côté de pro-
duits huileux, quand, mis en présence de 10 pour 100 d'eau, on le soumet à
l'action de l'ozone à iSo'"*'' par litre dans les conditions où nous avons
opéré ;
2° Qu' ozonide et produits huileux, soumis à l'action successive du car-
bonate de soude et du bisulfite de soude, fournissent :
(') Harries et Thieme, Liebig's Ann. der Cliemie, l. CCCXLIII, p. 354.
(») Harries et Ti hdk, Deut. chem. Ges., t. XXXIX, 1906, p. 8732.
(') MoLiNARi et Soncini, Deut. chem. Ges., t. XXXIX, p. 2735.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5o3
a. De l'acide [3-oxypélargonique CH'(CiI■-)^CHOH.COOH actif iso-
mère avec un acide j3-oxypélargonique inaclif préparé synthétiquement;
b. De l'acide azélaïque et son éther méthylique acide ;
c. La semi-aldéhyde de l'acide azélaïque et son éther méthylique; la
première de ces semi-aldéhydes a été caractérisée par sa semicarbazone;
3° (^ue, lorsqu'on soumet à la distillation le mélange d'acides provenant
du traitement au carbonate de sodium, on réalise la formation, aux dépens
de l'acide j3-ovypélargonique, d'un acide non saturé qui par oxydation
fournit de l'acide heptanoïque;
4° Que ce même acide heptanoïque prend naissance en oxydant les com-
posés huileux provenant de l'hydrolyse, au moyen de l'acide sulfurique
étendu, des eaux mères bisulliliques. De ce fait on est autorisé à admettre,
dans ces eaux mères, l'existence d'une combinaison bisulfitique de l'al-
déhyde CIl^CH^f - CH OH . CH^ CH O.
Tous ces résultats, obtenus dans des conditions où il est impossible
d'admettre un changement dans l'acide ricinoléique par suite d'un dépla-
cement de la double liaison, confirment la constitution qui est actuelle-
ment attribuée à cet acide. Sous linlluence de l'ozone la molécule donne
un ozonide qui se rompt suivant l'équation :
CH^(CH-)5.CH0H.CH^GH — HC(CH'•)^COOH + H'^O
i I
o o
\o/
= CH^(CH')^CHOII.CH^CHO + OHC(CH-^)'.COOH + li^O',
chacun des tronçons aldéhydiques subissant ultérieurement, plus ou
moins, l'atteinte de l'oxygène pour donner naissance à la série de corps
énumérés au cours de notre travail.
ANATOMIE. — Une fonction supplémentaire du pied dans la race jaune.
Note de M. Lanneloxgue.
Le pied de l'homme, partie essentielle de son appareil de locomotion, est
le soutien du poids du corps durant la marche ; sa surface plantaire est admi-
rablement configurée pour s'adapter aux inégalités du sol. Dans les attitu-
des couchées et assises la fonction du pied a un rôle tout à fait accessoire.
Telles sont esquissées en trois lignes les fonctions du pied dans la race
blanche et les exemples où le pied sert à la préhension des objets sont tout
à fait exceptionnels. On cite cependant quelques faits de peintres peignant
5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec le pied, Ducournet, par exemple. Le pied du montagnard a une
conformation spéciale pour agripper les roches qui assurent son aplomb
dans la montée ou dans la descente, comme le pied des gens du déserta,
inversement, une forme particulière.
Mais si, dans la race blanche, le corps de Thomme ne quitte guère la ver-
ticale que pour se coucher plus ou moins horizontalement ou pour s'asseoir
sur des sièges plus ou moins élevés au-dessus du sol, il en est tout autrement
dans d'autres races humaines, la race jaune par exemple.
Ici, d'une part, l'homme passe une partie de son temps dans une position
accroupie.
D'autre part, certaines populations vivent entièrement sur l'eau. Les
fleuves et tous leurs affluents, lesarroyos, constituent, dans certaines contrées
de l'Extrême-Orient, des surfaces d'eaux d'une étendue dont nous ne nous
faisons pas l'idée. L'homme y jette des bateaux en nombre considérable sur
lesquels il fait un établissement pour sa famille. La famille vit sur le
sampan ou la barque de transport et de pêche durant toute l'année, et la
femme est un habile batelier; les enfants sont en général nombreux.
Le point de départ des transformations fonctionnelles du pied se trouve
dans son adaptation séculaire à des usages spéciaux. Pour mieux répondre à
l'emploi qu'on lui demande, le pied n'est jamais enfermé dans une chaus-
sure plus ou moins rigide et plus ou moins étroite qui lui impose mécani-
quement une forme propre empêchant son développement fonctionnel. On
n'y voit pas, par exemple, l'avant-pied s'effiler en pointe et les orteils serrés
les uns contre les autres s'infléchir dans une position qui déforme la pulpe
et la force à s'appliquer comme un bourrelet ou un marteau sur la semelle
de la chaussure.
En Extrême-Orient, au contraire, le pied est tantôt, et le plus souvent, nu
(Indiens el Malais, Cliinois des champs et des villes du Sud), tantôt recou-
vert seulement par un bas en fourche peimettanl l'introduction d'une cour-
roie entre le premier et le second orteil (Japonais), tantôt recouvert d'un
bas dans un soulier, pauloufle large, en étoile, velours, etc. (Chinois).
Dans tous les cas, le pied repose soit directement sur le sol, soit sur une
plaquette en bois (gella) ou une semelle de cuir qui ne lui impose aucune
contrainte el le laisse se développer naturellement.
Examinons, d'après cela, les modifications fonctionnelles que prend le pied
par le fait des circonstances précédentes dans les deux altitudes principales
que prend le corps de l'homme durant l'étal de veille : Vatlitude accroupie
et Vattilude verticale.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5o5
Attitude accroupie. — Elle est très fréquente dans l'Inde, au Japon, en
Malaisie et même en Chine quoiqu'elle y soit plus rare. Elle oflVe trois posi-
tions différentes. Dans l'une, la plus ordinaire, le corps s'asseoit sur les
talons, ostéologiquemcnt sur les calcanéums (altitude tahnnière ou calca-
néenne)\ dans l'autre le corps repose sur le sol par les fesses, ostéologique-
ment par l'intermédiaire des ischions {altitude terrienne):, dans la troisième,
enfin, les ischions ne reposent sur rien et le corps reste en l'air (allilude
aérienne) .
Dans chacune de ces attitudes le pied est employé différemment. Prenons
l'accroupissement sur te sol ou terrien. Les membres inférieurs, fortement
fléchis en général, se placent en avant du corps; les genoux forment une
saillie angulaire et donnent un point d'appui aux membres supérieurs.
C'est la position favorite des Indiens, qui quelquefois dorment ainsi
accroupis, des Malais et aussi celle de beaucoup de nègres ou d'indigènes
Africains. Cette position se rapproche beaucoup de celle que prennent
habituellement les singes.
J'ai vu à Tokyo, dans une loge de théâtre, un adolescent de iGà 17 ans se
tenir accroupi avec ses pieds agrippés en manière de mains sur la rampe
d'une loge et ensuite se servir de son pied droit pour gratter sa cuisse et son
genou gauche ; c'était le gros orteil doué de mouvement de latéralité et
d'une légère rotation qui accomplissait cette besogne.
Dans l'accroupissement talonnien le tronc repose directement sur les
talons; c'est l'attitude familière aux Japonais qui s'asseoient couramment
sur leurs pieds durant les repas et chez eux, dans toutes les habitudes de la
maison, comme nous prenons une position assise sur une chaise, sur un fau-
teuil, sur un divan, etc.
Les diverses articulations de la hanche, du genou, du cou-de-pied, mises à
contribution dans les sens les plus extrêmes, y gagnent en souplesse et en
étendue. Le déplacement du centre de gravilé oblige le corps à se porter en
avant et souvent à faire un usage des mains quand surtout on n'a pas l'habi-
tude de ces positions. Le pied acquiert, par suite, une souplesse et une agilité
des plus grandes qui lui permettent d'endurer très longtemps ces attitudes;
de plus, l'extrême mobilité des orteils, du gros en particulier, font que ces
organes sont accommodés à de nombreuses fonctions, depuis celles qui as-
surent l'équilibre, jusqu'à celles qui consistent à prendre et à tenir les objets
qui sont à leur portée.
Accroupissement aérien. — Dans cette altitude le plan inférieurdu corps ne
repose plus sur les talons; il en est séparé par un intervalle plus ou moins
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, N' 9.) ""
5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
grand ; les ischions, en un mot, ne portent sur rien. Les pieds appuient sur le
sol à plat ou plus ou moins relevés en arrière, les membres inférieurs sont
fléchis et la face postérieure des cuisses s'applique sur le mollet. C'est l'atti-
tude que l'on prend quand on va à la garde-robe.
L'accroupissenient aérien est beaucoup plus rare que les deux autres ; il
semble être un délassement, bien qu'àpremièrevueil paraisse fatigant. Dans
cette attitude le pied est encore employé. J'ai vu un enfant, posé dans cette
attitude sur le bord d'un sampan, se servir de son pied pour accomplir un
acte que Rabelais eût compris dans les moyens dont il fait l'énumération en
certain Chapitre.
Durant la marche, l'ensemble du pied tend à se porter en dedans, vers la
ligne médiane du corps, et repose davantage sur le bord externe; la partie
antérieure du pied appelle l'attention, elle s'applique sur le sol en s'y éta-
lant, en s'élargissant comme un éventail dont les orteils seraient les lames;
on voit un vide entre les doigts du pied et surtout entre le gros orteil et le
second doigt.
Les orteils n'apparaissent plus infléchis, raccourcis comme chez les Euro-
péens; ils sont droits et bien développés.
Pour mieux favoriser l'isolement et l'indépendance du gros orteil, on
place souvent un corps étranger permanent, un anneau entre cet orteil et le
second doigt, sans parler des ornements particuliers dont sont parés les pieds
des Indiens.
J'ai dit que le gros orteil s'écarte des autres; mais, en outre, cet organe
peut exécuter un faible mouvement de rotation de manière que sa face
dorsale ou onguéale se porte un peu en dedans. Ce dernier mouvement
m'a paru se produire dans l'articulation métatarso-phalangienne.
Le gros orteil devient alors, comme le pouce de la main, un organe ser-
vant à la préhension des objets. Le petit orteil, lui-même, peut exécuter iso-
lément un certain degré d'abduction et une faible rotation qui porte en
dehors sa face dorsale; j'ai remarqué ce fait chez les femmes qui manient la
pagaie sur les sampans.
Tout en marchant, les indigènes se servent de leurs pieds pour ramasser
à terre, avec dextérité et précision, un objet quelconque : des feuilles
d'arbres, des fruits; ils poursuivent et prennent des souris vivantes; mais
c'est surtout dans certaines professions que l'usage du pied est important et
rend l'ouvrier plus habile.
Je fais surtout allusion à la profession des bateliers. Dans les fleuves, les
rivières, ou les canaux, les transports, comme la poste, se font à l'aide des
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I910. 5o7
sampans. Les femmes aussi bien que les hommes les manœuvrent toute la
journée et le pied prenant leur rend la tâche beaucoup plus aisée. Chaque
Chinois postier, étendu sur son bateau effilé, gouverne avec les mains et
rame avec les pieds; il tient la rame avec énergie entre le gros orteil et les
autres doigts et imprime un vigoureux mouvement au bateau par l'action
puissante des muscles du membre inférieur.
En appelant l'attention sur les faits précédents, j'ai voulu mettre en relief
le fait de populations nombreuses, possédant des membres inférieurs doués
d'une grande souplesse et d'une grande agilité.
Le pied n'est plus chez elles un organe exclusif servant à porter le corps.
Il peut, selon le genre de vie des gens, s'accommoder à d'autres fonctions et
devenir un organe de préhension au même titre que la main et la bouche de
l'homme, que la trompe de lélépliant, que la queue du singe d'Amérique;
il est toutefois infiniment moins préhensile que ces derniers organes.
En tant qu'organe de locomotion, le pied rend la marche plus sûre, plus
aisée et, dans les circonstances difficiles, moins exposée. En tant qa organe
prenant, il donne à celui qui le possède, à cette population considérable de
pêcheurs, bateliers, par exemple, de sérieux avantages pour les besoins
journaliers de l'existence.
M. A. Laveras fait hommage à l'Académie du Tome II du Bulletin de la
Société de Pathologie exotique.
XOMIIVATIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de Com-
missions de prix, chargées déjuger les concours de l'année 1910 :
Le dépouillement du scrutin donne les résultats suivants :
Prix Saintour. — MM. Ph. van Tieghem, Troost, Armand Gautier,
Guignard, Mûntz, Roux, Maquenne.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Schlœsing père, Michel Lévy.
Prix Caméré. — MM. Léaulé, Michel Lévy, Humbert, Alfred Picard,
\'ieille, Le Chatelier, Carpentier.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Poincaré, Carnot.
5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Prix Jérôme Ponli. — MM. Maurice Levy, Darboux, Chauvcau, Bornel,
Poincaré, Perrier, Bouvier.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Ph. vauTieghem, Lacroix.
Prix Houllevigue. — MM. Darboux, Lippniann, Poincaré, Emile Picard,
Perrier, Violle, Deslandres.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Maurice Levy, Armand Gautier.
L'Académie procède également, par la voie du scrutin, à la nomination
des Commissions suivantes :
Commission cbargée de présenter une Question de Prix Vaillant^ pour
l'année 1918 : MM. .fordan, Darboux, Lippniann, Poincaré, Emile Picard,
Appell, Humbert.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Boussinesq, Painlevé.
Commission cbargée de présenter une Question de Grand Prix des Sciences
physiques, pour l'année 1913 : MM. Troost, Bornet, Perrier, Guignard,
Micbel Lévy, Bouvier, Henneguy.
Ont obtenu ensuite le plus de voix : MM. Scblœsing père, Bouchard.
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire PERPÉTt'Ki. signale, parmi les pièces imprimées de la
CoiTcspondance, l'Ouvrage suivant :
The Carnegie Institution of Washington, founded by Andrew Carnegie.
Scope and organization.
Traité de Physique, par O.-D. Chwolson, Tome IV, i"' fascicule : Champ
électrique constant.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une condition générale d'intégrabilité.
Note ( ' ) de M. Emile Borei..
l'^n indi(|uant dans une JNole récente (- ) un point de vue nouveau pour la
définition de l'intégrale, j'ai insisté particulièrement sur les analogies avec
(') Reçue dans la séance du ai février 1910.
C) Comptes rendus du i4 février 1910.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. Sop
les ti'avaux et les idées de M. Lebesgue; je voudrais montrer aujourd'hui
comment on peut rattacher simplement cette définition à mes premières
recherches sur la mesure des ensembles; j'en profiterai pour préciser
quelques points dans la construction des intetralles d'exclusion gIt^ouv en
déduire une condition très générale d'intégrahilité des fonctions non bornées.
Je ne m'occuperai aujourd'hui que des fonctions d'une seule variable.
Je rappelle d'abord, sous la forme primitive que je lui avais donnée dans
ma Thèse (1894), le théorème fondamental sur lequel est basée la théorie :
Si l'on a sur une droite une m///»Ve (dénombrable) d'intervalles partiels, tels
que tout point de la droite soit intérieur à l'un au moins des intervalles, on
peut déterminer effectivement un nombue limité d'intervalles choisis parmi les
intervalles donnés et ayant la même propriété. De ce théorème on déduit la
consiruction générale des ensembles que j'ai appelés mesurables et la défi-
nition de la mesure pour ces ensembles ('). En particulier, un ensemble qui
peut être enfermé dans une infinité (dénombrable) d'intervalles de lon-
gueur totale aussi petite que l'on veut de mesure mille. De ces définitions
et du théorème fondamental on déduit aisément le théorème suivant :
Etant donnés, dans un domaine limité, une infinité (dénombrable)
d' ensembles mesurables tels que la mesure de chacun d'eux ne soit pas inférieure
à T, les points communs à une infinité d'entre eux forment un ensemble dont
la mesure n'est pas inférieure à o- (-); théorème dont la conséquence immé-
diate est que : la propriété pour une fonction d'être continue en excluant des
ensembles de mesure aussi petite que l'on l'eut se conserve à la limite ('). En
d'autres termes, étant donnée une série convergente de fonctions continues
(non uniformément convergente), on peut déterminer des intervalles d'exclu-
sion d'étendue totale aussi petite que l'on veut et tels que la fonction définie
par la série soit continue lorsqu'on néglige ces intervalles. On en conclut
(') La mesure d'un intervalle esl sa longueur; la mesure d'un ensemble formé par
la réunion d'ensembles sans partie commune (en nombre fini ou infini) esl la somme
des mesures; la mesure de la diflerence de deux ensembles, dont l'un est entièrement
intérieur à l'autre, est la difTérence des mesures; si un ensemble quelconque esl inté-
rieur à UQ ensemble mesurable, sa mesure esl inférieure ou égale à celle de l'en-
semble mesurable ; la mesure n'est jamais négative. L'utilité du ihéorème fondamental
est de prouver que ces définitions ne peuvent pas entraîner de contradiction {Leçons
sur la théorie des fonctions, Cliap. III, tSgS).
(^) Un théorème sur tes ensembles mesurables {Comptes rendus, t. CXXXVII,
17 décembre igoS, p. 966).
{') Ibid., p. 967.
5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
que celle fonction est inlégrable, avec la définition de ma précédente Note,
dans le domaine ol)tenu en faisant abstraction de ces intervalles d'exclusion.
Si la fonction est bornée, l'intégrale tend évidemment vers une limite lorsque
la somme des intervalles d'exclusion tend vers zéro. Il en résulte (jue toute
fonction bornée limite de fonctions continues est intégrable et ce résultat
s'étend sans peine aux fonctions bornées limites des fonctions précédentes,
et ainsi de suite, c'est-à-dire à toutes les fonctions bornées qui peuventêtre
définies analytiquement. Les résultats précédents équivalent à des résultats
obtenus par M. Lebesgue; ceux cjui suivent me paraissent nouveaux.
Si la fonction limite de fonctions continues n'est pas bornée, il est des cas
où elle n'est pas intégrable; citons comme exemple la fonction
/(.r) --=1
„ = » I H- n-r"
Il faut donc ajouter une condition supplémentaire; nous l'énoncerons
brièvement en disant que les pà/es doivent être d'ordre inférieur à l unité, ce
qui nous permettra de considérer aussi des séries de fonctions discontinues
intégrables, pourvu que ces séries soient convergentes e/i gênera/, c'est-à-dire
que l'ensemble des points de divergence soit de mesure nulle.
La seule précaution à prendre est la suivante : il ne suffit pas que la
somme des intervalles d'exclusion tende vers zéro lorsqu'on fait varier
l'ensemble de ces intervalles; il faut encore avoir soin, dans chaque choix
particulier que l'on fait de ces intervalles, d'assujettir leur décroissance
asymptotique à ne pas être trop rapide. Précisons ce point. On dit, en gé-
néral, qu'un poinl a est un pôle d'ordre au plus égal à a pour une fonction
f{x) lorsque, en excluant un intervalle d'étendue £, la fonction est infé-
rieure en valeur absolue à Aï""", A étant un nombre fixe. On dira de même
qu'un ensemble dénomhrable de pôles est d'ordre au plus égal à a lorsquon
pourra //.ter une loi de décroissance asymptotique des intervalles d'e.velusion(')
telle que, si l'on multiplie tous ces intervalles par un nombre arbitrairement
petit £, la fonction soit inférieure en valeur absolue à Kt'" . Tel est le cas
pour la fonction que je citais dans ma dernière Note :
L'ordre a est ici -; l'intervalle d'exclusion correspondant à a„ peut être
pris égal à —^ •
(') hien entendu, les longueurs de ces intervalles forment une série convergente.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5ll
On arrive dès lors à la conclusion générale suivante : toute fonction d'une
variable réelle définissable analyliquement estintégrable lorsque l'ordre maxi-
mum de ses pôles est un nombre inférieur à un. Le cas où l'intervalle d'inté-
gration s'étend à l'infini se ramène au cas de l'intervalle fini par un change-
ment de variable. On sait que, si l'ordre d'un pôle est égal ou supérieur à i
et si la fonction ne change pas de signe une infinité de fois dans le voisinage
de ce pôle, elle n'est pas intégrable. Le seul cas douteux nouveau qui reste-
rait à étudier est celui d'une infinité dénombrable de pôles dont les ordres
seraient tous inférieurs à i, mais ne seraient inférieurs à aucun nombre
plus petit que i.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les solutions asymptotiques des équations
dij^érenlielles . Note de M. Emile Coxpon, présentée par M. Emile
Picard.
Les lignes suivantes contiennent une démonstration nouvelle du théorème
d'existence des solutions asymptotiques ('), basée sur des hypothèses moins
restrictives que celles faites habituellement. La méthode suivie est celle des
approximations successives de M. Picard, mais elle est appliquée après
transformation des équations différentielles en des équations intégrales conve-
nablement choisies. Cet artifice augmente beaucoup la puissance de la
méthode et peut être avantageusement employé dans d'autres parties de la
théorie des équations différentielles (-).
i. Soit S une solution d'un système 2 d'équations différentielles, qui
reste régulière lorsque la variable indépendante t croit de zéro à -l- ce
(nous nous limitons aux éléments réels). Supposons que le système d'équa-
tions aux variations relatif à S et S appartienne à la classe des systèmes
réductibles de M. Liapounoff (Mémoire cité n° 10 et Note du n° 18). On
peut alors, par un choix convenable des fonctions inconnues a;,, .Tj, . . ., .r„,
ramener S k x^ = x.,= . . . = ,t„ = o, et les équations aux variations à des
(') Voir : PoiNCARÉ, Les mélliodes nouvelles de la Mécanique céleste, l. I,
Chap. VII; Picard, Traité d'Analyse^ t. III, Chap. VIII; le Mémoire de Liapounoff,
Sur la stabilité du mouvement, traduit par M. Davaux, Annales de Toulouse, 1908.
('•') On peut, par exemple, interpréter de celte façon la méthode d'approximations
employée par M. Bendixon dans l'étude des points singuliers. Pour le cas élémentaire,
où l'arc de caractéristique cherché est fini et régulier, voir un article du B illetin de
la Société mathématique de France.
-<^\6j~ f
'ox"/.
TIl'.BRARVj:
-9-
5 1-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
équations linéaires à coeflicicnls réels et constants de la forme suivante :
Nous voulons démontrer que, s'il y a p nombres p négatifs, H admet une
famille de solutions dépendant de p constantes arbitraires asymptotiques à S
pour / = + 30.
2. Pour abréger l'écriture, nous supposerons ici /i = 2 et /j = i . Ecrivons
alors les équations de "L,
(i) '-±^-',,.r-^'P{x.y,t), -£ = ^y + Qijr,y,t).
Nous supposons A>o, a^o, et nous faisons les hypothèses suivantes :
Pour toute valeur positive de/, et pour |£c|5^, | j|£^, PetQ sont fonctions
bien définies et continues de x,yelt, s'annulent pour x = y =^ o, admettent
par rapport à x e[ h y des dérivées premières continues, (jui s'annulent aussi
pour X == }' .= o. Alors, £ étant un nombre positif arbitrairement choisi, on
peut lui faire correspondre un nombre g tel que pour \x\';;^(j, y'Sa les valeurs
absolues des dérivées soient inférieures à i.
3. Un procédé d'intégration des équations linéaires non honiQgènes, dû
à Cauchy, amène à rattacher l'étude des solutions de (i) asymptotiques à zéro
à celle des équations intégrales
(2)
I y(t) =- / e'\''''-'>Q[x(x),y{o'.),y.]du.
Nous monlrerons qu'elles admettent des solutions en établissant la légi-
timité et la convergence des approximations successives de M. Picard,
i x„{t) =ae-'-', y„{() = o,
I J•,„^^(t) = ae ■''''+ I e'(«-" P[ar„,(a),,r,„l «), a] f/«,
(3) { "
Iy,„^,(t) — — I e-i't» ')Q[.r„,(a),_v,„(3c), alr/3!
{m ^=0, 1,9., . . .).
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 19IO. 5l3
4. Nous étudierons d'abord les équations intégrales linéaires de compa-
raison
(4) X(0 = Ae-"+c/ e':«-"[X(a) + Y(a)]f/3!, \ {t) - i f [\ (a) +¥(=<)] 6^a.
On suppose o</<A, A>|a|. Formons, par la méthode du n" .'{, les
approximations successives X,„(<), Y,„(/). On voit facilement qu'elles sont
bien déterminées, et que les différences X,„ — X,„_,, Y^ — Y,„., sont égales
aux produits de As'" f" par des polynômes en /, de degrés non supérieurs
à /«, à coefficients positifs et indépendants de e. Donc, pour / > o et fixe,
X,„(<) et Y„(^) croissent avec m.
D'autre part, on démontre de proche en proche que ces fonctions restent
inférieures à
(5) |(0 = Ae-P', ■/)(0= — ^Ae-P',
|(0 = Ae-
-P'
■fli
[0
p-
;me
i linéaire
dt
= -/c + i
Ki
: + ro,
d-n
dt
(6) -^=-li+^^i + r,). -=-a(> + ^)
correspondant à la plus petite des deux racines de l'équation caractéris-
tique : — p (ces racines sont réelles si |£| est assez petite). Les fonctions (5)
vérifient aussi les équations intégrales (4)-
Les séries entières en £, formées par 2(X,„ — X,„_,), S(Y„, — Y„,_,) sont
donc uniformément convergentes pour 1 1 \ assez petite; leurs sommes restent
inférieures à 6 Ae''", où o < A </ et ô> o, A et 9 étant indépendants de £.
On en conclut que ces sommes X(t) etY (l) vérifient les équations (l\) et (G)
et sont identiques aux fonctions (5).
5. Laissons à i une valeur positive fixe suffisamment petite, détermi-
nons (7 (n" 2), prenons A <| et | «| < A. Comparons x'„,e[.y„, à X,„ et Y,„,
puis x„, — j;,„_i, Xm — J';«-i à X„, — X,„_, et Y„, — Y,„_,, en utilisant des
inégalités de Lipschitz convenables. On voit alors que x„, et y,„ sont bien
définies, restent inférieures en valeurs absolues à X e^ à Y, et convergent uni-
formément vers des limites x et y vérifiant les équations (i) et (2). Comme x
et j dépendent de la constante arbitraire a et restent inférieures en valeur
absolue à 0 Ae '^', la proposition énoncée est bien établie.
C. H., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 9.) ^9
5l4 ACAUÉMIE UKS SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Conditions nécessaires el suffisantes pour la
possibilité du problème de Dirichlet. Note de M. Serge Ber\stei.\,
présentée par M. Emile Ficard.
Dans un Mémoire que je viens de publier (') je me suis occupé de
rechercher des conditions suffisantes pour la possibilité du problème de
Dirichlet. Je me propose de compléter ici ces recherches en indiquant des
conditions nécessaires.
Posons-nous, en particulier, le problème suivant :
Déterminer parmi les équations de la forme
(i) A;-4-2B.s-+-C< = D (AC — B^'>o),
toutes celles jiour lesquelles le problème de Dirichlet est toujours (^ ) pos-
sible.
Bornons-nous au cas où A, B, C, D sont des fonctions analytiques de .r,
r, z,p, q régulières pour toute valeur réelle finie de ces variables et telles
que, pour/?, q infinis, elles croissent comme des puissances entières de /),
q. Dans la présente Note je supposerai, en outre, A^ = B^ = C^ = o et
D^ > G, en me réservant de revenir prochainement au cas général.
Ceci posé, considérons l'expression
E = \/>= -1- 2 B/>(/ -^ Ce/- ;
il est évident que l'ensemble des termes du plus haut degré en/7, q ne peut
changer de signe; il arrivera très souvent qu'il ne pourra même pas s'an-
nuler pour/?, q différents do zéro. Si cette dernière circonstance se présente,
la condition nécessaire et suffisante pour que le problème de Dirichlet soit tou-
jours possible est que la croissance de E soit supérieure ou égale à la crois-
sance de D.
Ainsi, par exemple, le problème de Dirichlet pour l'équation
(9) (\ + 'f-)r—-ip>is^{x-^p-)t^z\,l{\+p'-+q^y\
sera toujours possible pour nii., il deviendra, en général, inqjossible
(') Matheinatischc A/m., t. lAVlII.
(-) Pour fixer les idées on peut préciser ainsi le mol lou jours : avec des données
analytiques sur un contour coinexe analytique quelconque.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5l5
pour A? > 2 (ici F, = p- + c/'). Au contraire, pour réquatinn
(3) (I +/->-)'• + ■^■Pl^ + (1 + <i-)t = :\\^ +p-+q-)",
le problème sera possible tant que n'S^^^ei sera, en général, impossible
pour n>4 [ici E =p- + </- + (p- -^(f)-\-
Dans le cas où pour certaines valeurs du rapport - l'ensemble des
termes du plus haut degré dans E s'annulle, on peut encore affirmer que le
problème de Dirichlet est toujours possible, si la croissance de E est, pour
toute valeur de -> supérieure ou égale à la croissance de D, et impossible dans
le cas contrcdre, c'est-à-dire, lorsque pour toute valeur de - la croissance de
E est inférieure à celle de D. Mais la question reste en suspens, si la crois-
sance de E ne devient inférieure à celle de D que pour des valeurs excep-
tionnelles du rapport -•
Je remarquerai en terminant que le cas où D^ peut s'annuler ou reste nul
identiquement, se distingue peu du précédent; il faut ajouter seulement
aux conditions indiquées plus haut pour la possibilité du problème de Diri-
chlet l'existence d'une solution particulière de réquation( i ) régulière dans
une région du plan aussi grande qu'on le veut. Ainsi, on vérifie facilement
que pour l'équation
(2') {i-^rf-)r-'2p,is -4- (, +/j5)< = v(i 4-/J^+ 'fY ,
le problème de Dirichlel n'est toujours possible que lorsque /i5 2, et |)0ur
l'équation
(3') (n-//-)/-+ ip,JS + {l -\-,f-)t = \!(i+p-+q'-Y',
lorsque « = 3, et devient, en général, impossible dans le cas contraire.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une équation intégrale. Note (')
de M. Joseph Marty, présentée par M. Emile Picard.
Je considérerai dans celte Note l'équation
(,) o{^x)-lf k{x)K{x,y)'^{y)cly =f{x);
(') Présentée dans la séance du 21 février 1910.
5l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A (a-) est continue dans Tinlervalle o,i sauf peut-être en un nombre fini
de points où elle possède une discontinuité finie; son signe est d'ailleurs
cjuciconque; K(a;, y) est une fonction symétrique, continue et définie^
c'est-à-dire que
K(r,7) u{x) u{y) d{j;,y)lo
//'
pour une fonction u (a-) analogue à A (a?). Cette équation intégrale du type
équalion de troisième espèce (Hilbert) peut se résoudre par la méthode de
Fredliokn ; je me propose de retrouver, simplement, les propriétés princi-
pales des valeurs singulières de cette équation.
Pour la théorie des équations de seconde espèce (E. Schmidt), l'ortho-
gonalité de deux solutions singulières appartenant à deux valeurs singu-
lières ditTérentes joue un rôle essentiel. Dans le cas actuel, ce sera le fait
pour ces solutions d'être conjuguées relativement au noyau, c'est-à-dire
telles que
r r
//'
Il résulte de la théorie de Schmidt (on peut d'ailleurs le démontrer direc-
tement) qu'une fonction !p conjuguée à elle-même est telle que
/
K-(-», 7)9(7) '</ = o-
Une telle fonction ne peut donc être solution singulière de (i). On en
conclut immédiatement :
1° Les valeurs singulières de (^i) sont réelles ;
2° Les pôles d' une solution de (i) sont simples ;
3" Si I K (j', /) A (/) K (/, r) dl ^ o, l'équation (i) possède au moins une
" 0
valeur singulière. — l'our démontrer l'existence de cette valeur, j'emploierai
la méthode de Schwarz, en m appuyant sur une inégalité fondamentale
[//^
K(,r,j)9(.r) J;(7)</(.r, j)
■r.J j'Kix,y)r^{x)<,{y)d{.r,y) j' JK{.v,y)'^{.v)'L{y)d{.v, y),
inégalité (jui s'obtient en écrivant simplement que
J'jK{x,y) [o{x) + /4(.r)] [o{j) -4- my)] d(a;y)lo,
quel (juc soit A.
SÉANCt: DU 28 FÉVHIER 19IO. 617
Les noyaux itérés seront les fondions
K„{x, y)::iz Ck^x, l) K(l)\^p.,{l,y) dt,
toute solution singulière de (i) est solution de l'équation
(2) <if{a-) -II' f k{x)Kp{a\ y) ^{y) dy = o,
et réciproquement à toute valeur singulière positive de l'équation (2) corres-
pond au moins une valeur singulière pour (1). Il existe une valeur singu-
lière positive pour le noyau '}^.,(^x,y).
En remarquant que
^■2P+^{-i--y)=j j K(,/,r)A(«)K,,(«,.r)A(r)Kp(.., j)f/{«, .■),
on vérifie :
1° Les noyaux itérés ne peuvent être identiquement nuls à partir d'un
certain rang que si le noyau
K,(.r, r)= /K(,r, OA(OK-(/.j)r//
est identiquement nul. Ko^^, (ic, a;), en effet, ne peut être nul que si
K^^i (x,y) est identiquement nul ;
2° Les noyaux d'indice impair, pour j;=jk, c'est-à-dire
sont positifs, quel que soit ^c, et non identiquement nuls. Parmi les constantes
U„= I K„{.r,j)dx,
celles d'indice impair sont donc positives cl non nulles.
Ln posant g,„ = y^ > on trouve
(3) o°„,^^„,+,.
D'autre part,
( f f\K,,„^,(x,y)\d(x,y)<l]„„^„
(4) r/,
j I j\K^^,(x,y)\d(.r,y) <hs/ij;;t;,
H étant une constante.
Ol8 ACADÉMIE DES SCIENCES,
Les relations (4 ) permettent d'établir que
u,„,+3<cu,„,_„
C et L étant des constantes, et d'obtenir des limites supérieures du module
de Ko/,+,(.T, r) en fonction des nombres l . La démonstration s'achève
aisément; g,,, tend vers une limite g et ""'^|.,„ ' tend uniformément
vers une fonction \{{x,y); A{x)l\(x,y) est une solution singulière
pour le noyau K^ijv^y) correspondant à la valeur singulière--
o
Dans le cas où Ko(^,j') serait identiquement nul, on a immédiatement
et il est visii)le qu'il n'y a pas de valeurs singulières.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une paire de séries de Fourier conjuguées.
Note de M. Lkopoi.b Fe.iér, présentée par M. Emile Picard.
(Considérons le groupe des 2.n nombres
III I I
Il II — I 1 ' ' ■?. Il
n étant un nombre entier positif. Formons successivement ce groupe pour
les valeurs suivantes de n :
Il := 2*', 2-', 2''', 2*', . . . , 2''", . . . ,
et écrivons ces groupes de nombres, l'un après l'autre, dans une seule ligne,
mais après avoir divisé les nombres du v'""'"" groupe par v-. Nous obtenons
ainsi une suite inlinic bien déterminée
«,, «2, «3, ..., «/,
Ses premiers termes sont
I I
X,^ -, at,=: t , «3 = — I, «» = '
I I
'' 4(2* — l) IO20
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 19IO. Sig
J'ai démontré anlérieuremenl ('), d'une manière simple et élémentaire :
La série
(1) "^0!/, cosA^/
k _ 1
représente la série de Fourier d'une fonction cp(^0) partout continue et de pé-
riode 2-,' cette série est divergente pour 0 = o (-).
La série (i) est donc un exemple très simple d'une série de Fourier, qui
montre pour Ô =: o la singularité de P. du Bois-Reymond.
Ensuite j'ai remarqué que la série conjuguèe'^aAsinX-O représente aussi
la série de Fourier d'une fonction '-p(O) partout continue et de période 2-.
Cela me permettait (en considérant la série de puissance^aA s* delà va-
riable complexe ::) de répondre à une question posée par M. Pringsheim (■').
Depuis, en examinant de plus près la série T^a^sin^O, j'ai trouvé le
résultat suivant :
La série
(■1) Va^^.sinA-f;
représente la série de Fourier d' une fonction 1(0) partout continue et de pé-
riode 2-; cette série est partout convergente, mais sa convergence est non uni-
forme dans chaque intervalle contenant la valeur 6 = o (').
La série (2) est donc un exemple très simple d'une série de Fourier, qui
montre pour le voisinage de 0 = o la singularité de M. Lebesgue.
( ' ) Voir le paragraphe 3 de mon Mémoire Lebesgue'sclie Koiislanten and dUergcnlr
Fourierreihen dans le Tome 138 du Journal de Crelle.
(-) Pour un intervalle si 6*1271 — £ (où £ >o), la série (i) est uniforménienl con-
vergente.
(') Voir ma Note Ueber die Polenzreilie an der Kom-ergenzgrenzc, dans les
Silsungsberichte der bayer. Akad.
(*) Pour un intervalle i'iQll% — t, (où £>o), la série (2) est uniformément
convergente.
520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est intéressant à reraarqnerqiie les singularités do P. du Bois-Reymond
et de M. Lebesguc se présentent respectivement pour la partie réelle et la
partie imaginaire d'une même série de puissance à loi de coefficient simple
série (jiii définit un élément d'une fonction analytique, partout continue
pour I z I = I •
La démonstration des propriétés indiquées de la série (2) est très simple.
Elle repose sur les remarques suivantes :
1° On a
sin(r+i)j" ^ siD(r+2)a;
c I r» I »■ I f 1 _1_ 1 \ >• C I n / /■ _1_ O /J ^ »^ I
< 26,
i\n{r -\- ii)x sin(/- + « + i).r sin ( /■ + 2/O-1'
pour n = entier positif quelconque, /•= entier non négatif quelconque,
X = quantité réelle quelconque.
2" On a
I >., sin(/- + i)j" 4- )>2sin /• + 2).r + . . . + X„, sin(/- + m)x |1
pour
eSx'ilTl — £ (£ > o),
où m = entier positif quelconque, r = entier non négatif quelconque, et A,,
A,, . . ., X,„ désignent des nombres quelconques plus petits en valeur absolue
que L, mais de signes égaux et toujours croissants ou toujours décroissants.
3" Pour
2 ( /■ + /()
on a
sin(/- 4- 1)»^ sin(/+2).r sin (/• + /i)-^ -~, V''^ . ["«T
n II —i 1 2 L 2 J
où «=cnlier positif quelconque, /= entier non négatif quelconque,
- = le plus grand entier contenu en -•
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5-21
PHYSIQUE APPLlQUÉii. — Sur la façon d'évaluer la lempéralure de
ta vapeur surchauffée. Note de M. J.-B. Foursier, présentée par
M. Lippmann.
Au point de vue thermique, il existe une grande différence entre les pro-
priétés de la vapeur saturée employée exclusivement comme force motrice
dans les moteurs à vapeur jusqu'à ces dernières années et la vapeur sur-
chauffée employée depuis quelques années seulement.
En effet, dans une chaudière, ne produisant que de la vapeur saturée, la tempéra-
ture est rigoureusement la même en tous les points de la masse gazeuse, le refroidisse-
ment contre les parois métalliques ou en tout autre point étant constamment compensé
par la chaleur de condensation que ce refroidissement provoque en ce point.
Si, au contraire, on suppose que celte même chaudière soit remplie d'une vapeur
surchauffée, c'est-à-dire d"uiie vapeur au-dessus de son point de saturation, on doit
as^imile^ complètement ce fluide à un gaz comprimé dans les mêmes conditions de
température et de pression.
En effet la vapeur surchauffée se comporte comme un gaz proprement dit, une masse
d'air, par exemple. Or on sait que l'air ainsi que les autres gaz, sauf l'hydrogène, sont
très mauvais conducteurs de la chaleur et, comme tels, peuvent être considérés comme
des isolants thermiques.
La température ne peut donc pas être la même aux divers points d'une
enceinte contenant de la vapeur surchauffée, à moins que cette vapeur ne
soit agitée constamment en tous les points de sa masse; la tempéiature de
la vapeur, en contact avec la paroi, sera plus grande ou plus petite qu'au
centre de l'enceinte, suivant que cette paroi sera chauffée ou exposée au
refroidissement extérieur. C'est là un point très important, digne de la plus
grande attention des personnes qui s'occupent de la surchauffe en général
et en particulier du rendement des machines à vapeur munies d'un sur-
chauffeur, car on peut dire que les dispositifs employés jusqu'ici pour éva-
luer la température de la vapeur surchauffée prouvent surabondamment que
ce dernier fluide a été trop assimilé à la vapeur saturée.
Ainsi, dans les locomotives à surchauffe, le réservoir tlti thermomètre
est contenu dans une niche A {Jîg- i) ou A, {Jig- 2), pratiquée dans un
bossage placé, soit sur la conduite d'adduction de la vapeur au cylindre
distributeur, soit sur ce distributeur lui-même. Or, il est facile de voir que,
dans ces positions, une partie seulement du réservoir sensible (y de ce
réservoir) plonge dans la vapeur en mouvement et que la vapeur contenue
dans la niche, dans laquelle elle séjourne et oii elle est refroidie par les
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 9.) 7"
ACADEMIE UES SCIENCES.
parois du bossage, esta une température très difl'érentc de la température
dans l'axe de la conduite d'adduction.
Dans celte position défectueuse de son réservoir, le thermomètre indique
une température inférieure à la température réelle moyenne de la vapeur,
la différence de ces températures pouvant atteindre ^S" comme cela a
été constaté sur les locomotives de l'Etat italien, groupe 640. Cette diffé-
rence n'a pas seulement pour eiTet d'exposer le mécanicien à manœuvrer
d'une façon intempestive les organes de sa machine, le thermomètre étant
son seul g^uide, mais aussi de donner une appréciation inexacte du ren-
dement.
[^a formule de (larnot
T'
R = l
dans la(|uelle z désigne celle dillV'rence, T et T' les lem[)éraLures absolues
réelles de la vapeur dans le surchaufl'eur et à l'échappement, montre, en
ellet, que le rendement varie en l'aison inverse de £, c'est-à-dire de la dif-
férence entre la température réelle de la vapeur et de la température lue
au thermomèlre.
On est donc conduit à calculer iin reiulenieut tro[) petit.
l'ositioii noriitdle du réservoir sensible du thermomètre. — (^uel (jue soit
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 19IO. 52^
le système du iheruiomètre employé, qu'il soit à dilatation ou à tension de
vapeur saturée, il est de toute rigueur que son réservoir plonge entièrement
dans la vapeur en mouvement, de façon que celle-ci en lèche entièrement
les parois.
Le réservoir du thermomètre devra donc avoir des dimensions assez
petites pour qu'il soit entièrement immergé dans le tourbillon de vapeur et
qu'aucun de ses points ne soit placé en dehors de la paroi de la surface
cylindrique formée par la paroi interne de la conduite de vapeur.
On évitera également, autant que possible, le contact des parois de la
conduite avec le réservoir.
En suivant ces prescriptions, on pourra adopter l'un ou l'autre des dispo-
sitifs suivants :
i" On pourra placer le réservoir dans la vapeur même, sans aucune enveloppe
proleclrice; mais, dans ce cas, il est utile de renforcer convenablement le réservoir
pour lui permettre de résistera l'action corrosive bien cojinue de la vajieur sur-
chauffée.
2° On pourra aussi, comme le représente le dessiii figure i, placer le réservoir sen-
sible dans une gaine métallique (acier de préférence) le protégeant contre la corrosion,
et disposé comme le représente en G la figure 1. Cette gaine, fermée par un joint
524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
hermétique, poiirra être ajourée (dispositif adopté réceminenl par les chemins de fer
de l'Etat italien ) ou bien non ajourée et remplie d'huile bouillant à haute tempéra-
ture, comme la valvoline, jusqu'à un niveau H, de façon à baigner constamment le
réservoir sensible R (dispositif adopté par les chemins de fer français, suisses, brfges,
russes, etc. ).
Il est évident, d'ailleurs, que l'évaluation de la température ne sera
rigoureuse qu'autant que la partie sensible du thermomètre sera entiè-
rement localisée dans le réservoir : il n'y a, jusqu'à présent, que les thermo-
mètres à tension de vapeur saturée qui réalisent cet avantage important.
PHYSIQUE. — Hobine symétrique pour galvanomètre à cadre mobile.
Note de M. Ch. Férv, présentée par M. d'Arsonval.
M. Lippmann a autrefois appelé l'attention sur les inconvénients pré-
sentés par le magnétisme du cuivre pour la construction des galvanomètres
très sensibles à bobine mobile.
Le cuivre chimiquement pur est dinmagnétique, mais l'étirage de ce métal dans des
filières en acier lui communique un magnétisme variable avec la fabrication, et qui
|ieut être suf(i>ant pour donner à la l)ol)ine suspendue dans le champ un couple direc-
teur [)lus grand que celui du fil de torsion.
IjB remède préconisé par M. Lippmann est d'employer des champs aussi uniformes
que possible, et de recouvrir d'autre part la bobine d'un vernis renfermant un corps
fortement diamagnétique, le bismuth par exemple, annulant 1res sensiblement le couple
présenté par la bobine.
La solution rjue j'ai l'honneur de présenter aujourd'hui, peut-être plus
facile à employer par les constructeurs, consiste à obtenir la symétrie magné-
tique du système suspendu par la symétrie d'enroulement du fil magnétique
autour de l'axe.
L'axe de la bobine est constituée par une lige légère en aluminium portant deux
petits plateaux /J et yo' en aluminium ou en mica.
Le fil e=t alors bobiné sur ce système à la fnçon d'un induit en tambour de dynamo,
et la bobine terminée se présente comme un cylindre, dont les deux bases sont consti-
tuées par les petit* plateaux p et p' , et dont les génératrices sont le fil lui-même.
On conçoit que dans ces conditions le système ne soit soumis à aucun couple direc-
J,eur dans un champ magnétique, puisqu'il est com])lètfment svmétrique par rapport à
son axe de rotation.
Le gain de sensibilité ainsi obtenu compense largement l'augmentation
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I9I0. SaS
de poids et de résislaiic.e de la bobine, dus à la présence de spires dont le
plan est perpendiculaire aux lignes de force.
Le couple moteur du galvanomètre se trouve diminué par cette disposi-
tion ; il est facile de voir, en intégrant l'action des diverses spires rangées
sur une surface cylindrique, que le couple est dans le rapport - = 0,61 , avec
ce qu'il serait si ces mêmes spires étaient toutes parallèles auv lignes de
force.
Ce petit inconvénient est largement compensé par les avantages indiqués
au cours de cette Note.
TÉLÉMÉCANIQUE SANS I"IL. — Sur les résultats obtenus dans la torpille radio-
automatique par un nouveau télècomnuitatew et radio-combinateur. Note
de M. G. Gabet, transmise par M. L. Cailletet.
Dans une Communication présentée à l'Académie le 7 janvier 1907,
j'exposai le principe général sur lequel reposent les appareils téléméca-
niques actuels : principe du retard au contact permettant la sélection des
commandes.
Les résultats pratiques que j'ai obtenus dans des nouveaux appareils
basés sur ce même principe ont été pleinement vérifiés par une expérience
prolongée dans la torpille radio-automatique . Cet engin sous-marin a eilectué,
dans le cours de l'été 1909, de nombreuses sorties en Seine, opérant des
52fi ACADÉMIE DES SCIENCES.
virages variés et franchissant les arches des ponts malgré l'exiguïté du
fleuve sillonné de trains de bateaux.
Le radio-combinateur, employé à la station d'émission, a pour but
d'alTrancliir complètement l'opérateur du soin matériel de la manipulation
hertzienne. Il porte lo touches numérotées correspondant aux commandes
à efl'ectuer. Il suffit d'appuyer sur la touche choisie pour que la torpille
opère, à distance, la manœuvre désignée.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur une nouvelle, méthode (Vanalyse par les
courbes de rniscihililé ; application aux essences de térébenthine. Note
de M. E. Louise.
La méthode d'analyse par les courbes de miscibilité que j'ai fait connaître
précédemment (') et dont j'ai indiqué les détails d'exécution dans un
Recueil spécial (^), permet de caractériser avec la plus grande facilité les
essences de térèbentine, ainsi que les produits servant ordinairement à leur
falsification : les éthers de pétrole connus sous le nom de VVhite Spirit et
les huiles de résine. Pour cette nouvelle application, le principe de la
méthode reste le même, ainsi que les définitions de points et de courbes de
miscibilité; toutefois, au lieu de prendre l'acétone comme nous l'avions fait
pour les huiles, nous avons dû rechercher un autre liquide capable de
donner un mélange double avec l'essence de térébenthine, mélange qui lui-
même permettrait d'obtenir des points et des courbes de miscibilité dans
des limites de température où les déterminations sont pratiquement faciles
à réaliser. Nous avons reconnu que l'acétone spécialement préparée, l'alcool
absolu, l'aniline, donnaient, avec l'essence de térébenthine, des mélanges
doubles; mais que l'aniline devait être préférée aux autres, en raison de la
netteté parfaite des phénomènes permettant la détermination des différents
points de miscibilité.
Les courbes représentées sont obtenues avec lo™' d'aniline et des
volumes variables d'essence, de White Spirit ou d'huiles de résine, bien
mesurés avec une pipette graduée.
L'aniline employée avait pour point d'ébullition 182° et avait été identifiée au
moyen de notre pétrole type, avec lequel elle donne un mélange double. Les traces
(') Compte'! rendus, t. CXF^V, 1907, |). i8i; t. CXLIX, kjo;). j). 284.
(-) Annales des ftilsi/ica lions, janvit^i- 1910.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I910. 027
fi'eai), qu'il faut éviter dans toute détermination de ce genre pour obtenir des courbes
identiques avec les mêmes produits, avaient été rechercliées dans les difTérents corps
étudiés avec de l'alcooiale de barvum.
Nous avons opéré exclusivement sur les essences des Landes, de beaucoup
les plus iuiporlantes au point de vue de la production française. Douze
échantillons aulhenti(|ues provenant de crus difTérents ont été soumis à l'ex-
périence. Nous avons pu constater que si les courbes de miscibilité qu'ils
donnent respectivement ne sont pas identiques, elles sont très rapprochées
les unes des autres, parallèles entre elles et viennent se grouper au-dessus
et au-dessous de l'essence de Mont-de-Marsan en s'en écartant de un degré
au plus.
Ouant au Wbite Spirit, sa courbe est de forme différente et se trouve si
éloiii-née de celle des essences qu'elle ne peut être représentée dans les limites
^•^H ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la figure sans faire dans le plan du dessin une coupure perniellanl de
diminuer les longueurs des ordonnées qui correspondent aux degrés de lein-
péralure.
Enfin les huiles de résine ont également une courbe de niiscibilité toute
spéciale située au-dessous de celles des essences et s'en écartant beaucoup.
La falsification au moyen de 20 pour 100 de White Spiril donne une
courbe très éloignée de la courbe de l'essence pure, et le mélange avec 5
pour 100 se reconnaît encore fort aisément. La falsification par l'huile de
résine donne également des courbes intermédiaires entre celles des deux
produits mélangés.
Nous avons appliqué également cette méthode aux pétroles, alcools purs
ou dénaturés, essences à parfum, corps gras bulyreux ou solides, produits
de graissage, huiles et baumes employés en piiarmacie, etc., et aussi à la
détermination des poids moléculaires dont nous avons commencé l'étude.
CHIMIE PHYSIQUE. — Crvoscopie en solutions concentrées. Note
de M. E. Baud, présentée par M. A. Haller.
La détermination des poids moléculaires par la cryoscopie est appli-
cable aux solutions concentrées, si l'on a soin de faire usage d'un dissolvant
non polyniérisé et de prendre, comme concentration, le poids de corps
dissous dans un volume constant (r 00""') de solution, comme dans les
calculs relatifs à la pression osinotique. L'équation devient alors
P,„ est le poids moléculaire du corps dissous; /) le poids du corps dissous exislanl
dans 100'"'' de solution ; A rabaissement du point de congélation ; K' une constante qui
est égale à la constante <lonnée par Haoult, divisée pai' la den^ilé du sohanl pur
l^irmi les dissolvants cryoscopiques usuels, le i)ihromiire d'éthylène et
le benzène ne sont pas sensiblement polymérisés à l'étal liquide, et le nilro-
benzène ne l'est que faiblement.
Je n'ai étudié, jusqu'à présent, que des solutions de liquides dans ces
divers dissolvants. (Je considère comme dissolvant celui des deux liquides
qui cristallise au début, par refroidissement. )
i" Cryoscopie dans C-H'Br-. — Une solution de (J'H" à 39s, (12 dans 100""" de
solution coiuluil au |)oids moléculaire yj (théorie : 78). Une suhitinn deC"H'' à^i",/©
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 191O. 529
dans 100^"'' donne P„, = 76, tandis que le procédé de calcul employé oïdinaiiement
donnerait io3 dans ce dernier cas. Le tétrachloiiii e de caibone donne P,„^i53
à i56 pour des concentrations variant de 7s à loS» pour loo"^""' de solution. Le sulfure
de carbone donne P,„ =: 78,7 à 84, 2 (concentration : 7 à 22,5 ) au lieu de ô.'j. Ce corps
est légèrement polymérisé, car on obtient des nombres analogues dans le benzène.
Le nilrobenzène est également un peu polymérisé et conduit aux poids moléculaires
i3^,9 et i36 pour les concentrations 47°, 55 et 6gK,42.
Le chloroforme a un poids moléculaire normal pour des concentrations allant
jusqu'à 40,70.
Cryoscopiedans le benzène. — Le bibromure d'étliylène donne P„, = 180 à 181
(théorie : 188) pour des concentrations de 6^,07 à 72K.
Le sulfure de carbone (005,89 dans 100'^"'') donne P„, ^=. 87.
Le bromure d'éthyle (29^,24 dans 100''"") donne ?,„ = 'o4 (théorie : 109).
Cryoscopie dans le nilrobenzène. — Le bibromure d'éthylène (44 à 3i pour 100)
donne P,„ = 190 à 191 (théorie : 188).
Lorsque leliqtiide cryoscopiqueest formé de molécules associées, comme
c'est le cas pour l'acide acétique, il se dépolymérise plus ou moins, en se
mélangeanl avec l'autre liquide, de sorte que le coefficient K' varie conti-
nuellement.
Dans ce cas, le coefficient établi pour les solutions étendues ne convient
plus aux solutions concentrées.
C'est ainsi que la cryoscopie du benzène dans l'acide acétique donne des
nombres trop forts. Il en est de même pour le tétrachlorure de carbone.
Il est à remarcjuer que le coefficient K' = -7 varie peu pour les trois sol-
vants faiblement polymérisés.
Ce rapport est :
PourC^H'Br^ 54,5
» CH^ 56,5
» C«H»N02 07,9
Je poursuis ces recliercbes.
CHIMIE ANALYTIQUE. — [{echeixhe (h' traces de mélhanal en présence
d'étharial par la fuchsine bisulftlée. ÎNote de M. G. Dk.mgès.
La fuchsine décolorée par l'acide sulfureu.x:, préconisée par SchifF(')
puis Caro (-), il y a plus de l\o ans, comme réactif des aldéhydes, qui la
(') Zeilscltri/l flir Chentie, 1867, p. 173.
('^) Bericlile der detitsch. clieni. Gesellschaft. t. XIIL p. 2342.
C. R., Kjn,, I" Semestre. (T. lôO, i\» 9-) 7^
5;^n ACADÉMIE DES SCIENCES.
colorent en ronge, est généralement considérée comme incapable de dif-
férencier les divers termes de cette famille avec lesquels elle fournit,
lorsqu'on emploie la technique ordinaire, des réactions trop voisines pour
pouvoir être distinguées.
Dans le cours de recherches sur les alcools polyvalents (' ), nous avons
trouvé au contraire qu'en faisant varier les conditions opératoires dans la
mise en oeuvre du réactif, ou simplement en tenant compte de la durée de
son action, on pouvait, pour quelques composés aldéhydiques importants
et particulièrement pour le méthanal et l'éthanal, constater des différences
très caractéristi(jues.
C'est ainsi que la coloration que donne le dernier de ces corps avec la
fuchsine bisulfîtée (volumes égaux de réactif et de solution aldéhydique
suffisamment diluée) s'atténue assez vite et tend à disparaître après un
certain nombre d'heures, tandis que celle qui est fournie par le méthanal
croît d'intensité avec le temps et reste très stable.
Mais c'est surtout en milieu fortement acidifié par l'acide sulfurique que
les différences s'accentuent et peuvent être utilisées pour rechercher des
traces de formol (^), notamment en présence de quantités relativement très
grandes d'aldéhyde éthylique.
Si l'on met en effet, dans un tube à essai, S*""' d'une solution aqueuse
d'éthanal ne renfermant pas plus de 2 pour 100 de ce produit par litre, si
l'on ajoute i''"',2 d'acide sulfurique pur (D = i ,66) et 5""' de fuchsine bisul-
fîtée ('), on constate, après mélange et un contact prolongé, que le liquide
n'a pas pris de coloration sensible ('). En substituant le formol à l'éthanal
•on observe, au contraire, la production d'une coloration violette d'autant
plus intense et plus rapidement obtenue que ce composé est plus abondant.
(') Annales de Chimie et de Physique, novembre 1909, p. i49-
(') Nous avons fait, autrefois, une application de cette propriété à la reclierche
du formol dans le lait {Journ. de Phann. et de Chimie^ année i8g6).
(') On a donné un grand nombre de formules du réactif de ScliifT; celles de Gayon
et de Leys sont parmi les plus recommandables. La formule que nous avons adoptée
est une variante de celle de ces auteurs; elle consiste à ajouter à i' d'une solution
de fuclisine au millième, 30'^°'" de bisulfite de soude à 36''-4o° Baume et, après 5 à
10 minutes de contact, à verser dans le mélange 20'^'"' d'acide chlorhydrique pur
(Diz: 1,18). En une heure ou deux, le réactif est suffisamment décoloré pour l'usage.
(*) L'aldéhyde du commerce, même réputée pure, renferme environ jj^jq-û de son
poids de formol et fournit une teinte bleutée extrêmement faible quand on la traite
comme il est dit plus haut.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I910. 53l
Après un contact de 5 à 10 minutes, on peut le déceler à la dose de -^ de
milligramme et même moins, dans la prise d'essai, par une teinte vio-
lette et une bande d'absorption dans l'orangé, l'une et l'autre très visibles
en faisant les observations suivant l'axe du tube. Il en est de même en pré-
sence de t'éthanal dans lequel on peut, en se conformant au mode opé-
ratoire précédemment indiqué, retrouver j^^ de son poids de niétbanal.
Applications. — I. Tous les dérivés du formol (ses acélals, tels que le mélhylal,
agissent comme lui) susceptibles de régénérer aisément ce produit sous l'influence de
l'acide sulfurique peuvent être recherchés par celte méthode. Tel est, par exemple,
l'urotropine ajoutée depuis quelque temps aux vins comme antiseptique et qu'on
pourra reconnaître soit, suivant la méthode officielle, par l'essai des vapeurs de formol
qu'elle dégage, mais accompagnées d'aldéhyde ordinaire, par distillation en milieu
acide, avec ce très grand avantage sur le procédé ordinaire que l'éthanal ne nuit en
rien à l'essai; soit directement, dans le vin, comme nous l'indiquerons ailleurs.
II. Les différents composés organiques qui, par un traitement approprié, donnent
plus ou moins aisément du mélhanal, sont justiciables de cette méthode. Tel est parti-
culièrement l'alcool méthyiique qui, par oxydation permanganique dans des conditions
détei minées, peut être décelé directement, en présence de mille fois son poids d'alcool
éthylique et à une dilution encore plus grande si l'on opère après distillation frac-
tionnée, laquelle s'impose quand les produits alcooliques sont accompagnés de
polyalcools comme la glycérine, la mannite, etc., dont les dérivés d'attaque par les per-
manganates, en milieu acide, agissent sur la fuchsine bisulfitée, même fortemeiU acidulée.
Des essais comparatifs, avec des étalons, permetleut même de faire des essais quan-
titatifs très rapides des méthylènes commerciaux et des alcools dénaturés.
CHIMIE ORGANIQUE. -- Synl/iéses effecluées acec le cyanure de hent,yle. Note
de MM. F. BoDHoux et F. Taboury, présentée par M. Troost.
L'amidure de sodium a été employé dans ces dernières années, par un
certain nombre desavants (Franklin et Stafford, Titherley, Haller, Claisen,
Haller et Bauer, Meunier et Desparmet, etc.), pour l'obtention des dérivés
sodés de différents composés organiques et comme agent de condensation.
Nous avons constaté que cette substance attaque très facilement, en pré-
sence d'étber anhydre, les nilriles de formule
R-CH'-CN et i^^CH — CN:
il y a dégagement d'ammoniac et formation de dérivés sodés de ces nitriles,
lesquels réagissent aisément sur un grand nombre de composés appartenant
532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à des fonctions dilTérenles, et sont, par suite' de commodes agents de syn-
thèse.
La présente Note a pour but de faire connaître les résultats que nous
avons obtenus en traitant par différents éthers simples de la séiie ejrasse le
dérivé monosodé du cyanure de benzyle
R _ CH Xa - CN + R'X = NaX + ^/CH - CN.
Mode opératoire. — Dans un ballon surmonté d'un réfrigérant ascendant, on place
iis d'amidure de sodium finement pulvérisé et ioob d'éther anhydre, puis, au moyen
d'un entonnoir à robinet, on fait tomber goutte à goutte dans le liquide 3oS de cyanure
de benzyle. La réaction commence au bout de quelques instants; le liquide entre en
ébuUition et de l'ammoniac se dégage. Lorsque l'introduction du réactif est terminée,
on chaufle pendant i5 minutes au bain-marie, puis on laisse refroidir. Le ballon con-
tient alors une li(|ueur brune ou rougeàlre recouvrant un dépôt solide, qui est constitué
par les impuretés de l'amidure et par une partie du dérivé sodé, facilement altérable à
l'air, qui a pris naissance. On fait tomber, goutte à goutte, dans le mélange | de
molécule-gramme de l'éther simple choisi; une réaction extrêmement vive, accom-
pagnée d'un dégagement d'ammoniac, se déclare; lorsqu'elle est terminée on chaulTe
i5 minutes au bain-maiie, puis on traite la masse pâteuse obtenue par l'eau. La couche
élhérée qui surnage ayant été décantée, on la lave, puis, après l'avoir desséchée sur
CaCI^, on chasse l'oxyde d'éthyle par distillation à la pression ordinaire et l'on rectifie
ce produit de l'opération sous pression réduite.
Le dérivé cherché est ensuite purifié par distillation à la pression ordinaire; on l'ob-
tient avec un rendement qui varie de 70 à 80 pour 100.
Nous avons ainsi préparé :
1° Avec l'iodure d'éthyle, le phényl-i-hiitanenitrile
CH3_CH'-CH-CN
liquide incolore, passant entre 238''-24o° sous 735'""\ d^^ = 0,977.
2° Avec le bromure de propyle, \o, phényl--î-pentanenitnle
CtP — CH^— CII-— CH — CN
liquide Incolore passant entre 254"-^ j8" sous ylJo'"™. d^r, — 0,960.
3° Avec le bromure d'isopropyle, le phényl-i-mèlhyl-Z-bulanenilvile
CH'-CH-CH— CN
Cil' C«H'
liquide incolore bouillanl entre H/i5°-2Zi»9° sous 7(J5""". r/,^,, = 0,967.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 533
4" Avec le bromure d'isobulyle, le phènyl--i-mélhyl-[\-penlanenitrUe
CH'— CH - CH- - en - CN
I I
CH' C«H'
liquide incolore bouillant entre '263"-26G° sous 765""". </,r, — 0,942.
Ces quatre nitriles chauffés avec une dissolution bouillante de potasse
(25s) dans l'alcool à q'î" (5ok), pendant 7 heures, nous ont fourni les com-
posés suivants :
Phènyl-i-bulanoïque
CH'-CH^-CH-COOH
1
C«H^
gros prismes, fusibles à 42°-
Phényl- i-penlanoique
CH'-CH^ — CH^— CH-- COOH
I
C«H5
prismes, fusibles à Si".
Phényl-i-inéthyl-^-bulanamide
CIP-GH-CII-CONH^
I I
CH' C«H»
aiguilles soyeuses, fusibles à iii*'-ii2''.
Phényl-i-mélhyl-[\-penlanoïque
CIP— CH - CH'- Cil - COOH
CH' C»H5
prismes, fusibles à 78"-79''.
Le phényl-2-butancnitrilc et le phL'nyl-2-pentanenitrile ont été anté-
rieurement obtenus par MM. JNeure (Lje/>«'g-',v Annalen, t. CCL, p. i54) et
Rossolymo {Berichte, t. XXII, p. i235) en chauffant les iodurcs d'éthyle et
de propyle avec le cyanure de benzyle en présence de la soude solide.
L'hydrolyse de ces nitriles par l'acide sulfurique a fourni à ces savants
les acides correspondants.
534 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'acide y.-cyclogéranicjue. TSote (')
de M. J. BouGAii.T, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note d'un précédent numéro des Comptes rendus ( ' ) j'ai montré
que l'acide liypoiodeux naissant oxyde l'acide a-cyclogéranique en donnant :
le i.5.5-lriméthyl-A„-cyclohexénol-2, la cétone correspondante et divers
autres composés à point d'ébullition plus élevé.
J'ai pu aussi préparer le même triméthylcyclohexénoi par une méthode
plus avantageuse, qui éclaire en même temps le processus des réactions
précédentes et montre que, comme je l'avais supposé, le triméthylcyclo-
hexénoi est le pi-emier terme d'oxydation de l'acide a-cyclogéranique : la
triméthylcyclohexénone et les autres produits dérivant ensuite du triméthyl-
cyclohexénoi primitivement formé.
I. J'ai observé tout d'abord que ra-cyclogéranate mercurique formé
par double décomposition, en solution aqueuse, est très instable : il y a
dégagement de C0% dépôt de mercure métallique et formation d'un
liquide camphré complexe, identique à celui fourni par l'action de 1 -h HgO
en solution étliérée, ou l-i- CO'Na- en solution aqueuse. En présence de
ces résultats, j'ai pensé que si je pouvais préserver, par éthérification par
exemple, la fonction alcool du triméthylcyclohexénoi, j'éviterais sa
transformation en cétone et sans doute aussi la formation des autres
produits à point d'ébullition plus élevé.
Je suis arrivé aisément à ce résultat par l'emploi d'une solution d'acétate mercu-
rique dans l'acide acétique. Lorsqu'à une telle solution, cliaufTée au bain-marie bouil-
lant, on ajoute peu à peu de l'acide ot-cyclogéranique, on observe à chaque addition
un rapide dégagement d'anhydride carbonique et une réduction du sel mercuriiiue,
qui se manifeste d'abord par un précipité miroitant d'acétate mercureux, puis, suivant
la proportion du sel mercurique, par un dépôt de mercure métallique. Avec i™"' d'acé-
tate mercurique pour 1™°' d'acide ot-cyclogéranique, il reste, à la fin de la réaction,
un défjôt de meicure et une solution acétique de l'acétate du triméthylcycloliexéiiol
cherché. Après filtralion, on précipite par l'eau.
L'acétate obtenu est très pur et fournit par saponification et avec de très bons ren-
dements le triméthylcyclohexénoi.
II. Tandis que, comme on vient de le voir, l'acétate du triméthylcyclo-
hexénoi n'est pas modifié par la solution acétique d'acétate mercurique, le
(') Présentée dans la séance du 21 février 1910.
(') Comptes rendus, t. 150. 14 février 1910, p. 897.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 535
triméthylcyclohexénol lui-même est rapidement oxydé à la température du
bain-marie bouillant et converti en triméthylcyclohexénone correspondante.
On a là un moyen excellent pour la préparation de cette cétone : l'oxyda-
tion s'arrêtant à ce terme, la réaction est plus facile à régler que lorscju'on
emploie le mélange sulfo-chromique.
Cette oxydation du triméthylcyclohexénol par les sels mercuriques ex-
plique la présence de la triméthylcyclohexénone dans les expériences faites
en milieu autre que l'acide acétique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la conslitution de l'aldéhyde dimère de
l'aldéhyde crolonique. Note de M. Marcel Delëpi.ve, présentée
par M. A. Haller,
Le caractère aldéhydique du composé C^H'-O'^ dimère de l'aldéhyde
crotonique étant établi ('), j'ai essayé de déterminer la structure du
reste C'H"0. Entre autres, se posait le problème de la fonction du
deuxième atonie d'oxygène. Je vais résumer ces recherches.
L'oxydation de l'acide par un excès de mélange chroniique a lieu presque quantita-
tivement selon l'équation
C»H'^0^+-5,50'-=r2GH'.CO=H + 4CO-^-t-?.FFO.
Celte réaction indique donc deux métliyles dans l'acide et, partant, dans l'aldéhvde ;
elle permet de rejeter toute formule normale, telle que
CIF.CH: CH.CH OH.CH^CH : CH.CHO,
ou toute autre ((ui en différerait par la position des doubles liaisons et de l'oxhydrile.
Mais la production de l'aldéhyde dimère par 2™°' en G*, aldéhyde crotonique
ou aldol, laisse place, d'après les travaux de M. Lieben et de ses élèves (^), à trois
autres schémas (I), (II), (IH), sans que la synthèse autorise un choix catégorique :
(I) CIP.Cn:CFI.CH.0H.C^^|j^^3 (II) GH^CH:GII.GH:C(^^|Jq
Xghoh.gh^
(III) GH^GHOH.GH:GH.G
/GllO
-^GII.GH'
Ces schémas s'accordent peu avec la stabilité de l'acide correspondant G'H'-O^ qui
distille sans altération; d'autre part, les tentatives de caractérisation d'un oxhydrile
dans l'aldéhyde ou l'acide ayant échoué, j'ai pensé que le deuxième atome d'oxygène
était oxydique.
(') M. Delépine, Comptes rendus, t. 150, 1910, p. Sg/J-
(') Ad. Lieben, Monatsh. f. Chemie, t. XXII, 1901, p. 289.
536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Quatre schémas cycliques (IV), (V), (VI), (Vil) sont alors possibles, qui dérivent
aisément des schémas ( II ) et (lll) par le jeu de l'hjdroxyle comblant une double liaison
en 1-4 ; ce sont :
CH^-CHzi; C.CHO Cil C.CHQ
(IV) I I (V) I I
CH^CH O — CH.CH^ CH^CH^CH-0-CH.GH'
CH = CH-CH.CIIO CH CH
/<
\GIP.C11»
(VI) I I (VII) I i/CHO
CIP.CH — O — CH.GH^ ClP.CH-0-G^
On noiera que le schéma (IV) résulte encore de l'élimination d'eau dans le produit de
crotonisation de l'aldol GH'.CHOll.Gir^CH : G (GIIO.GHOIl.CIF, qui est dihy-
dioxylé en i-5.
De ces formules, je m'aulorise à rejeter lespenlagonales(\jel (Vil), parce
que Toxydalion fouiniit de l'acide acétique sans acide propionique. La for-
mule (IV) semble, à son tour, préférable à la formule (VI), parce que l'acide
correspondant ne donne pas de lactone iodée si on le soumet aux réactions
indiquées par M. Bougault (') et que la formation des lactones iodées est
caractéristique des acides étbyléniques en [îi-y, comme dans le schéma (VI).
La fixation de Br.OH sur une liaison a-p, comme en (IV), est au contraire
très plausible; et la mobilité du brome constatée dans l'acide hydroxybromé
obtenu se comprend parfaitement si ce brome est en a sur un carbone
tertiaire.
J'ai alors essayé de démontrer indirectement cjue l'oxygène du résidu
C'H"0 était indifférent, en transformant la fonction aldéhydique en
fonction alcool par l'intermédiaire des composés organomagnésiens.
L'aldéhyde même, traité par G^HMMgl, a fourni un alcool G"H"O.GHOH.GH^CIF
à odeur menthée grossière, dont l'éther acétique s'est montré monoacétylé; si le
second atome d'oxygène eût été alcoolique, ou aui-ait dû avoir une diacétine. De plus,
j'ai obtenu l'oxycarbure GMi" O.GH : GH.GIP et il s'est montré réfractaire à l'acétyla-
lion ; c'est un liqutde incolore, mobile, d'odeui- menthée et anisée, de saveur sucrée
comme celle de l'essence d'anis; f/J = o, 92061; (/,|" — 0,90669; N^^ =; 1 ,'18567 ;
éb. : 82°-84° sous 18""".
L'étlier éthylique de l'acide a conduit par l'action de G'^IPiVIgl à un composé
G'^H^MD^ correspondant bien à la formule attendue G''II"O.C(0H) (G^P)^ mais ce
composé n'a pu être ni acélylé, ni déshydraté; il possède une odeur d'acétal de pina>-
cône, une saveur bi ùlante et amêre d'abord, puis fraîche et menthée ; d" ^ 0,9731 ;
(fJ'rrrOjgSgS; Ng" := 1,46291 ; éb. : 260° sous 760""" ; 1 Ji"-i 54'' sous 19""».
(') J. Bougault, Comptes rendus, t. GXXXIX, 1904, p. 864; Ann. de Chini. et de
Phys., 8» série, t. XIV. 1908, p. i45.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER I9Î0. ^3']
La réfractométrie de l'aldéliyde, de l'éllier élliylique, de l'acide, de l'owcarbiire et
du présumé alcool lerliaire a fourni les résultais suivants pour ia raie D :
Calculée pour les formules
Substance. rtMn observé. cycliques. acycliques.
C-H"O.GHO 4o,io 38, 3o 39,8^
OW'O.COKOti' 49,78 49,19 50,73
G'H"O.CH : CH.CH^ 48,27 46,92 48,47
C''H"0= 56,93 .58, o5 59, .59
Au premier abord, en ce qui concerne l'aldéhyde, il semble que la déter-
mination réfractométriquesoit en faveur des formules acycliques. Mais c'est
une apparence insoutenable; en effet, l'attention a été attirée déjà sur les
anomalies que présentent les composés à doubles liaisons conjuguées, y com-
pris celles des systèmes = C : CH . CH : O, et l'on sait qu'elles apportent un
excès notable de réfraction ( ' ) : o , 7 à i , 9 pour C : CH . CH : C ; o, 44 (acro-
léine) à 4, i3 (ald. cinnamique) pour = C : CH.CH : O. J'ai trouvé pour
la réfraction non encore mesurée de l'aldéhyde crolonique : Nù* = i , 4436i ,
d'où RMb= 21,55, alors que le calcul indique 20, 3o, soitune\cès de i ,25.
Donc, pour les schémas acycliques, ce n'est pas 89,84 qu'il faut prendre,
mais des nombres fort supérieurs, puisqu'il faudrait y comprendre à la fois
deux causes d'exaltation de la réfraction. Il est infiniment plus simple d'ad-
mettre le schéma cyclique (IV) résultant des recherches chimiques, en disant
que la double liaison en a-[i de la fonction aldéhydiqtie apporte un supplé-
ment de réfraction de 1,8.
L'excès 0,59, observé pour l'éther avec formule cyclique, est du même
ordre que pour le crotonate d'éthyle (excès de 0,75), alors que les for-
mules acycliques pèchent déjà par excès sur l'observation, avant qu'on
fasse entrer en ligne de compte les doubles liaisons conjuguées; ces for-
mules acycliques sont alors franchement inadmissibles. 11 en serait de
même pour l'oxycarbure C'^H'^O.
Le présumé alcool tertiaire n'est probablement qu'un double éthcr-oxyde
résultant de la disparition de la dernière double liaison par action de
l'oxhydrile tertiaire; d'où son indiiférence et sa stabilité. On aurait alors
RM„^ 5(i,jo.
Ces déductions, conformes aux dernières règles de la réfractométrie,
appuient donc, elles aussi, les formules cycliques, notamment la formule (IV).
C) Voir notamment J.-W. Brijhl, D. chem. G., t. Xl>, 1907, \>. 878.
C. R., 1910,1" Semestre. (T. 150, N° 9.) 7~
^38 ACADÉMIE DES SCIÈNCkô.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les méthoxybenzoylacètates de mèlhyle. Note
de MM. A. Wahi, et C. Silberzweig, présentée par M. y\. Haller.
Tandis que l'élher benzoylacétique a fait Tobjet de très nombreuses re-
cberches et peut être compté parmi les composés organiques les mieux
connus, ses dérivés de substitution dans le noyau pbénylique sont beaucoup
moins jjien étudiés.
En parliculiei', on n'a décrit jusqu'ici que deux métliovybenzoylacélales d'étlivle
L'un obtenu par Taliara (Z>. cJiem. Gesell., t. XXV, p. 1807 ) en condensant, d'après
Claisen, l'orlhométlioxybenzoale el i'acélate d'élli) le sous l'influence du sodium, est un
liquide que la distilialioii dans le vide décompose; son isomère para a été préparé en
traitant, par l'ammoniaque, l'anisoylacétylacétate d'étliyle, il est décrit comme bouillant
à i4o''-i42'' sous lo'""" (ScHOONJANS, I^ec. Trcn'atix c/i. des Pays-Bas, I. XVII, p. 238).
L'un de nous a déjà eu l'occasion de remarquer que le véritable anisojlacétate
d'jsthyle bout vers igo° sous io'"'"-i2™™, en se décomposant en majeure partie (Wahl,
Comptes rendus, t. CXLVIII, p. 352) et que, par suite, le pioduit de M. Schoonjans
devait être surtout constitué par de l'anisate d'éthyle dont il possède le point d'ébul-
lition (').
Désirant reprendre l'étude de ces étbers [Si-cétoniques, nous nous sommes
adressés, non plus aux étbers éthyliques que la distillation dans le vide
décompose, mais aux étbers métbyliques, pensant qu'ils pourraient être plus
facilement purifiés. Ku cfl'et, les mélboxybenzoylacétates de méthyle distil-
lent parfaitement sons pression réduite, et l'anisoylacétate cristallise.
Préparation. — Nous avons préparé ces composés par Ja métbode de
Claisen (condensation de l'acétate de métbyle avec les métboxybenzoates
par le sodium),
(GIPO)C«H*— COOCH'-hCtP-COOCH^
= (CHM3).C0H*-C0- en-— COOCH^ + CHK)
en adoptant le mode opératoire indiqué par l'un de nous dans le cas des
étbers benzoylacétiques (^Comptes rendus, t. CXLVII, p. 72). Lorsque la
réaction est terminée on décompose comme babituellement par H Cl,
reprend par l'étber, lave au carbonate de sodium, sècbe et cbasse l'étber au
bain-marie. Suivant l'étber [':J-cétonique dont il s'agit, nous avons trouvé
(ju'il est préférable de modifier la suite des traitements ultérieurs.
(') M. Schoonjans n'a analysé aucun des produits qu'il a préparés; il indique
comme densité de l'anisovlacélate d'étlivle (^/„.r=i,o3. Nous avons trouvé (/,5.=ri,iGo.
SÉANCE UU 28 FÉVRIER 19IO. 53c)
Dans le cas des étheis mêla- et paraméllioxjlés, on élimine l'excès de niéllioxyhen-
zoate qui n'a pas réagi, par di>tillation dans le vide en ne dépassant pas i4o''-i5o'' sous
10""" et l'on transforme le résidu en sel de cuivre. Pour cela, on l'agile dans un grand
llacon avec une solution aqueuse d'acétate de cuivre, en ajoutant peu à peu une solution
concentrée de cnrbonate de potassium pour neutraliser l'acide acétique mis en liberlé,
puis de l'alcool méthylique jusqu'à ce que le li(|uide soit homogène. Les sels de cuivre
à peu près insolubles dans ce milieu se précipilenl à l'étal cristallisé; ils sont essorés
et lavés à l'alcool bouillant. Leur décomposition, par un acide minéral étendu, fournil
les élhers céloniques qui peuvent encore être purifiés par distillation dans le vide.
Dans le cas de l'éther orthomélhox vlé, la formation du sel de cuivre est moins facile,
sans doute par suite de la transformation qu'il subit et dont il sera question plus loin ;
on isole l'éllier fi-cétonique en agitant le produit avec de la soude étendue (5 pour 100)
et acidifiant la solution alcaline.
Oilhoinéllioxybinzoylacélale de métliyle. — C'est un liquide légèrement ambré,
bouillant à 179°- 180° sous iS™™, en se décomposant très faiblement avec formation
d'acide o-inéthoxybenzoyldéhydracéliqtte en cristaux jaunes fondant à 2i4"-ai5°.
Son sel de citn're forme des cristaux verts de composition Cu(C"'H"0') fondant
à i70°-i72°. Ce sel normal subit une curieuse transformation quand on le fait
bouillir avec de l'alcool méthylique; il se dépose des cristaux bleus dont la compo-
sition e-t très difi'érente et répond à la formule Cu OCII' (C"1I" O') d'un sel basique.
Une réaction tout à fait analogue a déjà été constatée par M. Wislicenus
dans le cas de l'acétylacétale et du benzoylacétate d'éthyle (D. chem. Gesell. ,
t. XXXI, p. 3107). En adoptant l'explication qu'il en a donnée, celte
transfor.mation est représentée par l'équation
{CII'0)C''11>— C=:C11 -COOGH'
(CIl'O)CMl'-C=ClI-CO0CH^
Sel vert.
= (CH'O) - CH*- C = Cil - COOGH'-i- C'H'^O'.
0 -CuOCH'
Sel bleu.
Il est remarquable que les sels de cuivre des deux isomères meta et para
ne nous aient pas donné de réaction semblable.
Nous avons de plus caractérisé l'élber ^-cétonique par les dérivés suivants :
le dérivé nilrosé^ cristaux blancs fondant à i4j"-i47''; o-mèthoxyphényl-
phénylpyrazolone fondant à i33"-i34"; o-mélhoxyphényl-p-nitrophénylpyra-
zolone fondant à 2i7°-2i8''; henzéneazométhoxyhenzoylacétate de méthyle
fondant à i38"-i39'\
54o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Métamèlho.rybenzoylacétate de méthyle. — Liquide ambré bouillant à i8o"
sous i/j'"'" avec une légère décomposition qui fournil l'acide mèlamélhoxy-
henzoyldèliydracélique en cristaux jaunes fondant à 185°. Son sel de cuivre
forme des cristaux verts fondant à 172°- 173°; son dérivé nilrosè fond à i iS"^-
116". \yA ntélaméthoxyphénylphénylpyrazolone ionà k 124°- Le henzèneazo-
mélamétlwayhenzoylacétate de méthyle fond à 72''-73".
Anisoylucétate de méthyle forme des cristaux légèrement jaunes fonçlant
à 27"-28", bouillant à igo"-i92'' sous 10"'", en laissant un faible résidu
d'acide anisoy/déhydracétique tondanl k 190". Son sel de cuivre ïond k 2/(8"-
250". Le dérivé nilrosé fonda i5/|''- \jA paraméthoxyphènylphénylpyrazolune
fond à i3()"-i37". Le benzéneazoanisoylacétale de méthyle fond à i2i°-i22''.
Ce composé fournit un dérivé acétylé en cristaux blancs fondant à 1 1 i"-ii3°
dont la réduction ménagée donne de Tacétanilide. 11 semble donc bien pos-
séder la constitution
Cli'O — C«H' — CO — C — COOCH»
Il /C'H^
N _ 1\^
\COCH'
d'une acétylhydrazonc.
Les trois éthers p-cétoniques se dédoublent sous l'influence des acides
étendus et bouillants en donnant les mélhoxyacétophénones corx-espon-
dantes.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur un nouveau composé contenu dans les produits
alimentaires. Note ('") de M. A. Iîackr, présentée par M. L. Maquenne.
Au mois de novembre dernier la douane de Uio de Janeiro signalait la
présence de l'acide salicylique dans une farine lactée qui certainement en
était exempte. Recherchant la cause de cette erreur, j'ai montré qu'il se
forme dans la cuisson des différentes sortes de pains ou biscuits un corps
qui donne des réactions très voisines de celles de l'acide salicyli(jue (^).
Cette étude, qui intéresse hautement la recherche des fraudes, a été conti-
nuée à Rio de Janeiro avec la collaboration du D'' Henninger.
Les principales différences entre l'acide salicylique et le nouveau corps
sont les suivantes : la coloration que donne le perchlorure de fer avec
(') Présentée dans la séance du 21 février 1910.
('-) Annales dea falsifications^ novembre 1909.
SÉANCE UU 28 FÉVRIER 1910. 5^1
l'acide salicylique est violet pur; avec le nouveau corps elle est rouge si l'on
emploie seulement très peu de réactif et ne devient violette que si l'on en
ajoute davantage.
Avec l'acide salicylique la réaction n'a lieu qu'en liqueur neutre; au cas
du nouveau corps elle se produit même en milieu fortement acide. La
réaction de Jorrisen, très sensible pour l'acide salicylique, est négative avec
le nouveau corps; la réaction de Zipper est difïérenle; enfin le nouveau
corps est détruit par une cuisson prolongée avec une solution de soude, qui
n'altère pas l'acide salicylique.
Il ne se présente donc aucune difficulté sérieuse pour faire la distinction
certaine des deux substances ; il faut d'ailleurs reconnaître que les cas où
l'on peut commettre une semblable confusion étaient jusqu'ici fort rares : le
maltol, signalé par Brandi dans la bière, était une exception. Nous venons
d'en faire connaître une autre bien plus importante, puisqu'elle touche à
un grand nombre de produits alimentaires.
J'ai reconnu la présence de ce composé dans différentes sortes de biscuits
fabriqués par simple cuisson de farine de blé en pâte, puis sur la croûte de
pain. Plusieurs chimistes de Uio qui, à la suite de mes Communications, se
sont occupés de cette affaire, l'ont ensuite trouvé dans le café, le cacao
torréfiés, etc.
Pour déceler ce corps, on peut l'extraire par le chloroforme ou l'éther,
puis faire la réaction du perchlorure sur l'extrait; mais, comme il n'existe
jamais qu'en quantités minimes, il est plus sûr de distiller la substance
dans un courant de vapeur d'eau, après l'avoir acidulée par l'acide sulfu-
rique ou l'acide phosphorique ; on épuise ensuite le distillât par l'éther ou
le chloroforme. Dans tous les cas, nous ne parlerons, dans ce qui suit, (jue
de la réaction au perchlorure de fer.
La farine de blé chaufl'ée sans eau, à des températures de 120", i3o", i ^o"
et iSo", ne donne rien. La même, travaillée en pâte, puis chauffée 2 heures
à 120°: très faible réaction. A iSo": faible réaction. A i fo" : assez forte
réaction. A iSo": très forte réaction. Or c'est à la température de iSo"
(juc la croûte du pain ordinaire devient brunâtre.
Pour éclaircir le rôle que peut jouer l'eau ici, nous avons chauffé la
farine sèche à i5o°, puis nous l'avons transformée en pâte et cuite pendant
2 heures à i5o°, comme dans l'essai précédent : trace de réaction seule-
ment, due sans doute à ce que la farine chauflée à sec renfermait encore une
petite quantité d'eau hygrométrique.
Ceci montre qu'il s'agit d'une action diastasique ; nous avons alors traité
5^1 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la farine stérilisée par une infusion de malt. La pâte, niainlenue pendant
2 heures à i jo", a donné une réaction (rès forte. La solution de malt,
séchée seule avec une matière inerte, puis grillée, ne donnait d'ailleurs
absolument rien. La même étude a été poursuivie avec Tamidon et diflcrents
sucres.
Amidon sec cliaullé à i5o" : rien. Amidon en pâte, cliauiré à i5o° : rien.
Amidon traité par l'extrait de malt et chaufîé à i5o" : très forte réaction.
Amidon traité par une solution de diastase (de Merck), puis chauffé à i5o" :
rien.
(^e dernier fait est bien intéressant, car il démontre que ce n'est pas la
diastase ordinaire (amylase) (jui agit, mais bien un enzyme spécial, présent
à la fois dans la farine cl dans le malt. Ajoutons qu'avec la farine aussi bien
qu'avec l'amidon, il ne se fait jamais rien sans grillage, qu'on ait ou non
ajouté du malt.
Le D'' Henninger, à Rio, a obtenu la réaction avec le sucre de canne,
distillé en présence d'un acide minéral. Comme le lévulose agit de même,
mais non le glucose, il croyait à une relation élroite entre le nouveau corps
et les cétoses; je reviendrai sur ce point. En fait, aucun sucre, sauf les deux
mentionnés ci-dessus, ne donne la réaction après distillation en liqueur
acide. Il n'en est pas de même si on les caramélise; les expériences suivantes
ont été faites en chauffant les matières en vase clos avec de l'eau à i5o°.
Amidon : rien. Dexliine, avec ou sans eau : réaction faible ou nulle. Glucose :
faible réaction. Saccharose : forle réaction. Mallose cristallisé de Merck : forte réac-
tion { rien avant chaufTage). Il est clair qu'avec certains sucres la li'ansfornialion se fait
plus aisément qu'avec d'autres, et la différence entre le glucose et le maltose peut tenir
à ce que ce dernier, olUenu à l'aide du malt, retient des impuretés dont on ne peut le
dégager.
La distillation avec acide ( sulfuiicpie ou |)lios|ilioriqiie) produit le mêiiie etl'et que
la caramélisation, et cet ellel augmente d'intensité quand on accroît la proportion
d'acide; cette méthode, excellente pour préparer le nouveau corps, ne peut donc servir
à l'étude d'un produit alimentaire, puisqu'elle le fait apparaître là où il n'existait pas.
En résumé, ce corps se forme par l'action de la chaleur (caramélisation)
sur certains sucres et les matières amylacées, seulement lorstjue ces matières
ont au préalable subi l'influence d'un enzyme très répandu dans les
végétaux (céréales, cafés, etc.), mais dilTérent de l'amylase.
(^)u('lle estsa nature ? On pourrait croire ([u'il s'agit du conqiosé découvert
par iirandt dans le malt torréfié et étudié ullérieuromenl par Kiliaiii et
Harlen sous le nom de niallol. Après en avoir péniblement isolé environ
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 19IO. 543
0^,5 à l'élat sensiblement pur et cristallisé, nous avons pu faire la com-
paraison.
Le nouveau corps ressemble au niallol sans lui être identique; lesréaclions
colorées sont les mêmes et sans doute les deux composés appartiennent à la
même famille; tous les deux se subliment en beaux cristaux et possèdent
une réaction acide, mais les formes cristallines sont très diflérenles, ainsi
que les points de fusion : i5g° pour le maltol et 9:5" pour le corps extrait de
la poudre de biscuit; celui-ci est d'ailleurs beaucoup plus volatil que le
maltol et ne brunit pas à l'air comme ce dernier. J'ajouterai que parfois les
cristaux du nouveau coi'ps en renferment quelques-uns qui sont identiques
à ceux du maltol; les deux composés peuvent donc se produire simultané-
ment. Leur étude sera poursuivie.
BOTANIQUE. — Sur un nouveau gi-oupe ne Cliampignons pathogènes^
agents des Sporotrichoses . \ote de AL Louis M.itruchot, présentée
par M. Gaston Bonnier.
Le genre Spoi-olrichum, créé par Liuk en 1809, comprend tous les Fuiigi
i mper/ecti donl les filaments sporifères, cloisonnes et ramifiés, sont coucliés
ou légèrement ascendants, et dont les spores, toutes semblables et non
cloisonnées, naissent solitaires à l'extrémité ou sur le flanc des rameaux.
Un champignon pathogène, isolé, en 1903, par de Beurmanu et Kamnnd
(le nodosités sous-cutanées chez l'homme, présente tous les caractères géné-
raux des Spuroiric/ium : je l'ai fait rentrer dans ce genre et nous l'avons
décrit, Ramond et moi, sous le nom de Sporotrichum Beurmanni (').
Depuis celle époque, de nombreuses observalions cliniques nouvelles onl rnonlié
la grande fréquence de ces mycoses, diles aujourd'liui Sporolriclioses, donl i'agenl
esl un Sporolrichinn idenlique ou analogue au 5. fieurnianni; à l'heure acluelle,
plus d'une cenlaine de cas onl élé observés, el il n'est pas douteux qu'avanl les tra-
vaux, de De Beurmann et de ses élèves, les Sporolriclioses étaient aussi fréquentes
(|u'aujourd'liui, mais avaient élé méconnues. On les prenait pour des aireciions tuber-
culeuses ou syphilitiques : ce sont, en réalité, des maladies bénignes qu'un irailemenl
par ingestion d'iodure de potassium guérit en quelques semaines.
Depuis igoS, d'assez nombreux échantillons de parasites m'ont été communiqués,
grâce auxquels j'ai pu étendre les notions botaniques relatives à cet intéressant groupe
de champignons palhogènes.
(') Maïruchot et IIamond, Un t\/>e nou<,'ean de champignon pathogène chez
l'homme (Bail, de la Soc. de fiiologie. l. Ll\, 4 nov. igoD. p. 879 ).
544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'une façon générale, on peut reconnaître, dans les agents des Sporo-
trichoses actuellement connus, trois types différents :
I. Le premier est le type Sporotric/ium Beurma/ini. Sous ses modalités diverses,
il présente toujours les mêmes caractères botaniques fondamentaux que nous avons
déjà décrits {loc. cit.). La fructification se fait normalement sur les parties aériennes
de la culture, mais les filaments sporifères sont couchés, non dressés. Sur un mycélium
incolore, les spores, d'abord blanches, puis brunâtres, naissent isolément et sans ordre
apparent, en nombre variable, mais généralement très grand pour chaque article du
thalle. Exceptionnellement, sur de courts et minces rameaux latéraux qui semblent
être des stérigmates plus développés, peuvent naître, côte à côte et successivement,
2-5 spores, disposées dès lors à maturité en petit bouquet ; mais celle exception appa-
rente n'infirme pas la règle, qui est que les spores sont solitaires et naissent isolément.
La spore encore insérée sur le filament est généralement piriforme. Tantôt elle se
prolonge insensiblement par un pédicule qui aboutit à un stérigmate très fin : elle est
alors nettement pédicellée. Tantôt, tout en gardant la forme en poire, elle est fixée
directement sur le mycélium, sans interposition de stérigmate. Tantôt enfin, elle aune
base plus ou moins élargie par laquelle elle s'insère sur le mycélium. Dans ces deux
derniers cas, elle est parfaitement sessile.
II. Un deuxième type est le Sporotrichuni Scliencki. Ce dernier parasite a été
observé en Amérique. Isolé en 1898 d'abcès sous-cutanés par Sclienck, retrouvé et
étudié en 1900 par Hekloen et Perkins, il fut soumis au mycologue Krwin F. Smith
qui, après examen de son identité possible avec des Bolrytis^ Sporotrichitm et
Trichosporium., conclut à la parenté probable avec les Sporolrichum.
Une culture authentique de ce S. Sclienctd (') m'a permis de constater les affinités
réelles de ce champignon avec le .S'. Beiirnianni, mais aussi les difl'érences qui les
séparent. La culture était restée indéfiniment incolore; toutefois, à la suite de repi-
quages, un pigment brunâtre est apparu sur des portions aériennes de mycélium
agrégé. Les spores, toujours incolores et semblables entre elles, présentent une dispo-
sition difterente suivant les régions de la culture.
Dans les parties fertiles aériennes, où la fructification se fait normalement, se
forment de petits bouquets de spores nées isolément et successivement. En même
temps ou peu après, apparaissent sur les cellules sous-jacentes de nouvelles spores,
disposées en bouquets ou non. Ce mode de fructification rentre tout à fait dans le
type Sporotrichuni.
Mais dans les parties profondes et humides de la culture, le processus de formation
des bouquets de spores subit une modification singulière qui conduit à un type
aberrant de fructification. L'extrémité du filament sporifère, au lieu de former une
spore nouvelle à côté de la spore dernier-née, la forme au-dessous et sur le liane de
celle-ci; ce processus se répétant plusieurs fois, il en résulte que les spores peuvent
apparaître disposées en files irrégulières, à développement centripète. Cette formation
(') Cette culture ma été obligeamment communiquée par MM. de Beurmann et
Gougerot.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 5^5
se régularisant, on peut même obsei\er de véritables rhapelets de 5, 6 et 8 spores
CD file régulière.
111. Enfin, j'ai reconnu un troisième type de Sporolricliinn dans un échantillon qui
m'a été fourni par MM. de Heurniann et Gougerot. Il avait été extrait d'une gomme
assez profonde, développée dans les muscles de la jambe d'un malade.
Je le considère comme une variété stable du S. Beurmanni et le dénomme 5. Gou-
ge roli.
Les cultures poussent d'emblée noires; les filaments ont la membrane précocement
et fortement culinisée. Les fructifications aériennes présentent ce grand intérêt d'ollVir
un intermédiaii'C entre celles du Sporolrichum Beurmanni e\. celles du S. Schencki.
Sur certains filaments à fructification maigre, la disposition des spores est en petits
bouquets latéraux de 2-3 spores, rappelant ceux qu'on trouve si fréquemment dans
dans le .S. Schencid. Sur d'autres filaments, on observe, au contraire, la fructifica-
tion en Sporotrichuni type, qui est celle du 5. Beurmanni.
En outre, le 5. Gougeroti présente une remarquable abondance de formes bour-
geonnantes. Les spores, détachées et tombées sur les parties humides de la culture,
y germent en donnant un court mycélium sur lequel naissent, soit latéralement, soit à
l'extrémité, des spores secondaires ; il 3' a là une sorte de bourgeonnement en conidies-
levures qui nous paraît assez caractéristique du S. Gougeroti.
Outre rintérêt parliciilier qu'il présente par ses formes bourgeonnantes
et par son type intermédiaire entre les Sporolrichum Beurmanni et
S. Schencki, le S. Gougeroti nous fait voir que la pigmentation du mycélium
est un caractère d'importance très secondaire dans l'étude des agents des
Sporotrichoses et ne doit entrer en ligne de compte que bien après les ca-
ractères morphologiques tirés du mode de fructification.
Ces derniers caractères m'ont permis de reconnaître et de déterminer,
dans le petit groupe des Champignons qui produisent les Sporotrichoses,
trois types assez différents pour constituer trois espèces distinctes, dont
l'une est intermédiaire par ses caractères entre les deux autres. Notons
enfin qu'il y a entre ces divers Cliampignons des affinités morpho-
logiques réelles, qui en font un petit groupe naturel, et ceci s'accorde
bien avec ce qu'on sait d'eux au point de vue physiologique et patholo-
gique.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le développement d'une plante bulbeuse. Variations
du poids de la matière sèche. Noie de M. G. A\dré, présentée par
M. Arm. Gautier.
On sait que certains bulbes, ceux do l'oignon commun par exemple,
lorsqu'ils ne sont pas arrivés à maturité au bout de la première année de
C. R., 1910, I" Semestre, (T. 100. X" 9.) 7^^
.ViC) ACADÉMIE UES SCIENCES.
végrlalioii, cDiiliiuieiil à so dZ-velopper el à grossir ([iiand on los repique
en terre au printemps de Tannée suivante. C'est là un procédé très fré-
(pieniiuenl employé pour obtenir de gros oignons. Ceux-ci, à l'époque où
(III les enlève du sol, ont parfois des dimensions considérables et ne portent
pas de tiges florales, au moins la plupart du temps. Placés de nouveau dans
la terre au printemps suivant, ils se vident peu à peu en fournissant une tige
qui porte des fleurs, puis des graines.
En poursuivant les études que j'ai consacrées depuis plusieurs années
déjà aux phénomènes généraux de la germjnation, il m'est arrivé d'observer
les faits suivants : des bulbes d'oignon, de dimension moyenne, confiés au
mois d'avril à une bonne terre franche, riche en éléments nutritifs, non
seulement ne se sont pas épuisés au cours de leur développement, mais à
mesure <ju'ils grossissaient et que le poids de leur matière sèche augmentait,
une lige apparaissait bientôt qui portait des fleurs et des fruits. En sorte
(jue, le bulbe initial, s'il diminue légèrement de poids dans les premiers
temps de son évolution pour subvenir, partiellement, à la nutrition de la
portion aérienne du végétal, récupère bientôt, par suite de l'exercice de la
fonction d'assimilation de cette portion aérienne, les matières qu'il lui avait
d'abord abandonnées. A l'époque de la maturité des graines, le poids de ce
bulbe (et parfois double bulbe) avait presque quadruplé. Ainsi, la partie
aérienne de la plante a fourni à la fois des matériaux à la partie souterraine,
c'est-à-dire au bulbe, pendant que, d'autre part, se poursuivait le travail
de formation et de maturation des graines.
C'est ce phénomène particulier de nutrition (jue j'ai étudié au point de
vue des variations de poids que sidnssent la matière sèche, l'azote, les
cendres totales et leurs éléments, aussi bien chez la partie aérienne que
chez la partie souterraine de l'oignon. Ce phénomène n'est pas absolument
rare ; on voit même parfois, lorsqu'un oignon se vide pour former une tige
florale, des bulbes de remplacement se développer au voisinage du bulbe
flétri et acquérir des dimensions qui peuvent être supérieures à celles de ce
dernier. Dans le cas qui fait l'objet de cette Note, tous les oignons se sont
comportés de même façon ; aucun d'eux ne s'est vidé ; ils ont continué à
grossir régulièrement, malgré l'apparition des fleurs et des fruits. J'estime
que l'on peut mettre en grande partie ce résultat sur le compte de la
qualité du sol dans lequel ont évolué les plantes.
1, J'ai opéré sur un loi de 80 oif^nons de mèiiie espèce, présentant cliacnn, à très
peu près, le môme poids initial. 1-eur planlalion a en lieu le i3 a\ lil 1909, et j'ai
prélevé pour l'analyse, au\ dates des 2y mai, ■?.'\ juin. >J) juillel, 3 septembre, clia(|ue
SÉANCE DU 2H FÉVRIER I910. 547
fdi? îo oignons. Celle analyse a poilé sur la portion aérienne et sur la portion souter-
raine de la plante séparée de la précédente au niveau supérieur du bulbe. Voici le
Tableau des résultais obtenus, rapportés à 100 oignons et à 100 plantes complèles :
Miiliric lOiiii dans
l'uiils de iiiatit-ro déclic Hld parties
I — CriHlrc> moins de inaliére
fraîche, séclice à 1 10". lolalcs. les cendres. Iraklic.
Illal initial (10 avril), 100 oignons 12.JJ 147,086 io,io4S i36,gSi2 88,28
( Partie aérienne 4808 3i5,5oo 40, 7810 271,7690 93,44
'-/ '"'"■ I Partie souterraine... . 1750, .j 127, .■)0o 17.4290 110,0710 92,72
, . . ( Partie aérienne 12494 860,880 88,6777 777,2028 98,11
'''"'"' j Partie souterraine... . 4894 474. 74» 88,4689 44'>27ii 90,80
III. 26 juillet 1 Partie aérienne 1 33.")6 1064,490 98,894'! 965.59.j6 92,08
(doraison). ( Partie souterraine.. . . 5321 576,25 46.4'|6o 529.S040 89,17
1\ . 8 septembre ( Partie aérienne 11189 994-77 108,8022 885,9678 91.11
(fructification). / Partie souterraine.. . . 5o4o 517,46 44'i9'2 473'26^'^ 89>74
11. Je me bornerai à ])résenler aujourtl'luii ([uelques remarques générale^ concer-
nant principalemenl les variations du poids de la matière sèclie et celles de l'eau aux
dillërentes périodes de la végétation.
Le 26 juillet, au moment de la lloraison, les poids de la matière fraiclie et de la
matière sèclie (cendres déduites) ont atteint leur maximum, aussi bien dans la partie
aérienne que dans la partie souterraine. Le 3 septembre, à l'époque de la fructification,
ces deux poids ont légèrement diminué. Or comme la fonction cliiorophjllienne se
ralentit beaucoup en fin de végétation, on ])eut mettre cette perte de poids de la
nialiére sèclie sur le compte des phénomènes respiratoires. Cependant, la proportion
centésimale de Peau demeure très élevée pendant toute la durée de la végétation, tant
chez les organes aériens que chez les organes souterrains. Lorsque la tige porte des
fruits mûrs (3 septembre ), la proportion centésimale de l'eau (|u'elle contient est
absolument comparable à celle que présente cette même lige lorsque la végétation est
à son maximum d'activité. Il en est de même de la portion souterraine du végétal,
ce qui indique qu'il existe encore à celte époque un échange continu de substances
enlre les deux parties de la plante. Le poids des matières fixes contenues dans la plante
totale s'est accru de 5 pour 100 environ, entre le 26 juillet et le 8 septembre : ce
faible accroissement dont n'a profité que la partie aérienne, porte sur lous les éléments
à la fois, sauf la magnésie. La partie souterraine, au contraire, n'a bénéficié d'aucune
augmentation. 11 semble donc que, entre le 26 juillet et le 3 septembre, tout mou-
vement de migration ait cessé peu à peu entre la partie aérienne du végétal el sa partie
souterraine. La plante emploie, par conséquent, pour la maturation de ses graines, les
réserves disponibles qu'elle possède dans sa tige. En effet, les cendres totales ont
légèrement diminué dans les organes souterrains; l'azote total et l'acide phospliorique
restent à peu près stationnaires. Le poids de la matière sèche, cendres déduites, a
diminué de 10 pour 100 environ, cette diminution étant imputable, comme je l'ai dit
|)lus haut, à une perte respiratoire.
548 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la slèrilisalion de l'eau par lullraviolel.
Note de MM. Ed. Urbain, Cl. S^ai, et A. Fem;e, présentée par
M. E. Roux.
A la suite des très intéressants travaux de Mlle ('ernovodeanu et de
M. \'ictor Henri (') nous avons rechèî'clié si d'autres sources d'ullra-violet
que la lampe à mercure ou le tube de Geissler de M. Billon-Daguerre (-)
ne pouvaient pas être utilisées en vue de la stérilisation de l'eau.
Il importait d'abord de rechercher quel était l'état delà question au point
de vue de l'absorption de l'ultraviolet par les différents milieux, quartz,
air, eau.
1° Quarlz. — Dans ses expériences sur le qiiarlz, Scluimanii {') n'a pas élé au-dessous
de 1S20 UA, et il ressort que, pour cette longueur d'onde, le quarlz absorbe d'une
façon appréciable; d'autre part Pttuger (*) trouve le quarlz fondu moins transparent
que le quartz naturel. C'est ainsi qu'une plaque de quartz fondu de 2""" ,81 ne lais.=e
passer que 56 pour 100 pour 2100 UA et rien du tout au-dessous de 2000 UA.
2° Air. — Dans ses expériences, Schumann montre que i""" d'air absorbe tout au-
dessous de i65o UA et Kreussler (^) a mesuré la constante d'absorption de l'air.
Pour 1860 UA, une colonne de ao"'™ absorbe 8,8 pour 100 et pour igSoUA, il n'y a
plus d'absorption.
3° Eau. — Kreussler (*), opérant sur de l'eau fraîchement distillée, a vu que
l'absorption élait de 69 pour 100 sur une épaisseur de i""" pour 1860 UA.
Dans ces conditions, on voit clairement qu'il est inutile de chercher à
utiliser des longueurs d'onde inférieures à 1860 UA, le quartz et l'eau se
chargeant d'absorber la presque totalité des rayons de longueur d'onde
inférieure.
Enfin, on voit aussi que l'air est un milieu d'une Iransparence très suffi-
sante puisqu'on utilise pres(jue complètement à partir de 1860 UA, et en
totalité pour 1930 UA.
La limite inférieure du spectre solaire étant aux environs de 2900, il ne
peut donc y avoir d'utiles cjue les longueurs d'onde comprises entre 1860UA
et 2900 UA.
(') Comptes rendus, l. CL, p. 52.
(') Comptes rendus^ I. CXLIX, p. 811.
(') Pholograpli. Rundschau^ Heft 11, 1892.
(') Pjliïger Physik Zs.. t. V, 1904, p- 2i5-2i6.
(•'■) Drude's Ami., t. VI. 1901, p. Sgo-^aS.
('') Drude's A II II., I. \ I. 1901, p. 412-428.
sÉANcn: DU 28 FÉVRIER 1910. 5:^19
iSous réalisons un arc tiès riche entre ces limites, en employant, comme
mèche des charbons, un mélange de charbon et d'alumine par parties
égales.
L'arc se trouve placé à 10"" au-dessus d'une auge circulaire contenant
l'eau à stériliser. Dans ces conditions avec un arc de 2 ampères on stérilise
définitivement l'eau de la ville pour une durée d'illumination de i minute.
CHIMIE PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Comparaison des aciio-is plwlochimiques
cl abiotiqiirs des rayons ultraviolets. Note de M"*" Cervovodeaxu et
M. VicTOK llr.NRi, présentée par M. A. Dastre.
L'action des rayons ultraviolets sur les microbes, sur les difterentes
cellules des tissus animaux et végétaux, sur les ferments et sur les toxines,
présente ce caractère remarcjuable que ce sont les rayons ultraviolets
extrêmes, dont la longueur d'onde est inférieure à 2900 unités Angstrom,
qui sont de beaucoup les plus actifs.
Nous avons entrepris l'étude de l'action des différents rayons ultra-
violets sur toute une série de réactions photochimiques, et nous avons com-
paré les résultats avec les actions bactéricides des mêmes rayons.
Les réactions photochimiques dont nous avons suivi les vitesses sont les
suivantes :
1° Décomposition de l'eau oxygénée;
1" Décomposilion de Kl en présence d'acide cliloi'liyc!ii([ue ou sulfuii([ue ;
3° Décomposilion de Kl en présence d'amidon :
4" Réaction de Eder enlie le biclilorure de mercure et l'oxalale d'ammoniaque
llsG12+(NH')-^G'-0*=lIg=CI^+2CO-+ aNH'CI;
5° Réaclion entre le perclilorure de fer et l'acide oxalique
k
l<VCl»+H2C^0'=2FeGI'^-t-2C0^+2HCI;
6" Ovydation des leucodérivés de la (luorescéine, de l'éosine (tétrahromotluo-
rescéine) et du rose bengale ( tétrachlorlétraiodelluorescéine) ; ces leucodérivés ont
été préparés en liqueur alcaline par réduction avec la poudre de zinc ; les réactions
d'oxydation ont été étudiées soit sur des papiers filtre imbibés des solutions, soit sur les
N
solutions des leucodérivés dans NaOlI— ;
7" Noircissement du papier photographique au citrate d'argent.
Comme source lutïiineuse nous nous somtncs servis de lampes à arc de
'ï5o ACADÉMIE UES SCIENCES.
uicrcuie en quartz de la Société Weslingliouse Cooper lleuill marcliaiil
sur 1 lo volts et 3 ampères.
Pour éliminer les différentes régions du spectre ultraviolet nous avons
employé des écrans divers, dont voici les effets :
Unités
Ân^sU'oiii.
Le spectre ullraviolel du mercure s'éleiul de 4ooo à 323^
L'écran en viscose laisse passer les rayons de 4ooo à aSS'i
L'écran en acétate de cellulose laisse passer les rayons de 4ooo à 2699
L'écran en mica de o™"',o5 » 4ooo à aSo't
Ij'écran en verre blanc de i""" » 4ooo à 3o23
L'écr.in en verre eiiplios de i™"',3 » 4ooo à 8908
Afin de rendre les conditions d'aération et de température comparaljles,
nous avons employé pour le spectre total un écran formé d'une lame de
quartz.
Pour comparer entre elles les différentes réactions photochimiques, nous
désignons par 10 l'activité qui correspond à la partie du spectre qui
traverse l'écran de verre de i""" d'épaisseur. Le Tableau suivant donne les
activités des rayons qui traversent les différents écrans précédents. Un
certain nombre de déterminations de vitesses de réactions ont été faites par
nous en collaboration avec M. Cazaubou.
liraclions. Eiiplic.s. Nciic. M h ,i . Ac. de ccll.
}P0==: 11^0 + 0 0,8 10 1(1 4o
KI + HCI ■ » 10 1 I
Kl -f- amidon » 10 » "
llg(:P-:-(NlI>)-C-0- .- 10
Fe'Gl«-i-IP(:-0- " 10
Leucodérivéde la lluorescéinc 4 "J '■" ■'\'^
Leucodérivé de Téosiiie 4 "' ' •' •'•^
Cilrale d'argent i lo lo ia
Action bactéricide » lo r>. »
L'examen des nombres de ce Talileau montre <juc Faction Ijacléricide
des rayons ultraviolets extrêmes (au-dessous de 2800) se distingue par
leur intensité des actions produites par ces rayons sur les réactions photo-
chinii(iues étudiées par nous. Il suffit de comparer entre eux les nombres
des deux dernières colonnes pour les différentes actions.
Cette limite de 2900 on 2800 unités Angstrom, au-dessous de laquelle
les layons deviennent incompatibles avec la vie, (tbiotiqucs comme les a
us..'.
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SÉANCK DU 28 FÉVRIER I910. 55l
cU'-signés M. Dastre, est précisément la limite à laquelle s'arrêtent les radia-
lions ultraviolettes qui arrivent du Soleil à la surface de la Terre, ainsi que
l'avait montr('' Cornu. F^es êtres vivants ne sont donc dans la nature jamais
soumis à l'action des rayons ultraviolels ayant moins de 2900 unités.
Il semble donc qu'il y a dans ce fait une loi d' adaptation des organismes
rivants à la lumière solaire; le protoplasme de tous les êtres vivants est altéré
par les rayons ultraviolets extrêmes.
Cette altération du protoplasme peut être facilement constatée par l'étude
microsconiciue.
ANAïOMlE. — Station hipnle et muscles fessiers. Note de M. I. Chaîne,
présentée par M. Edmond l^errier.
Un fait digne de remarque est la disposition si spéciale des muscles fes-
siers de rilomnie, surtout du fessier superficiel, comparativement à ce qui
existe chez les autres Mammifères.
(^Iiez l'Homme en eU'et, le fessier superficiel est situé en arrière, tandis
que chez les autres Mammifères ce muscle est placé sur X&face externe de la
cuisse, et même cliez le plus grand nombre de ceux-ci (Equidés, Rumi-
nants, etc.); eu arrière de lui se trouvent d'autres muscles qui le bordent
jwstérieurement (Aemï-lenàmdus., demi-membraneux, biceps fémoral, etc.).
Un simple regard jeté sur les ligures des Traités d'Anatomie humaine et
vétérinaire suffit pour constater le fait.
Comment expliquer ces variations dans la situation des muscles fessiers?
Si l'on examine des squelettes ii'en wo///eV, d'Homme et de Mammifères
divers, on remarque des dispositions bien différentes dans la région du
bassin, dispositions qui ont un grand retentissement sur l'anatomie de cette
partie du corps et qui toutes sont une conséquence de ce que l'Homme a
une station hi\^liàc parfaite, tandis que celle-ci n'existe pas chez les autres
^ ertébrés, ou y est simplement ébauchée,
Cliez rilomme, l'os coxal est nellemeul vertical ; c'est-à-dire que l'ilion occupe
une situation supérieure par rapport à l'iscliion. Ciiez les autres Mammifères, l'os
coxal est plus ou moins oblique, ou même liorizonlai; l'ilion est alors antérieur et
l'ischion postérieur. De plus, cliez l'Homme, l'ilion est en gémirai plus large que chez
le plus grand nombre des autres êtres.
Cliez l'Homme, le plan géométrique, qui renferme les fémurs, contient aussi les deux
ischions; autrement dit, les iscliions sont situés sur la face interne des fémurs. Chez
les autres Mammifères le plan renfermant les fémurs ne contient plus les ischions; ces
552 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parties du squeleUe sont donc alors dans deux plans ditTéienls et les ischions s'étendent
en arrière des fémur s.
Chez l'Homme, rilion ne dépasse guère en avant le plan fémoral, il s'étend sur/ont
en arrière de celui-ci. Chez les autres Mammifères, au contraire, l'ilion s'étend
uniquement en avant du plan fémoral.
La direction des fémurs tend encore à augmenter les dispositions que
nous venons d'indiquer.
Chez l'Homme, les fémurs sont vcrticaua:; chez les autres Mammifères, ils sont
obliques en avant. Il en résulte que chez l'Homme le fémur se rapproche de l'ischion
et s'éloigne de l'ilion, tandis qu'au contraire, chez les Mammifères, il s'éloigne de
l'ischion pour se rapprocher de l'iliaque. L'obliquité du fémur concourt donc à placer
l'ilion en avant du plan fémoral et l'ischion en arrière de ce plan; tandis que leur
verticalité place l'ischion en dedans du fémur et l'iliaque en arrière.
Chez les êtres qui ont une tendance à se tenir sur les membres postérieurs
(Kanguroo, Gerbille, etc.), les dispositions que nous venons de décrire chez
les Mammifères autres que l'Homme persistent encore ; on les rencontre
aussi chez les Anthropoïdes, dans leur station normale, bien que beaucoup
moins accentuées ; il n'y a chez eux qu'ijne sorte d'ébauche de ce que l'on
rencontre chez l'Homme. Cela résulte de ce que ces Singes se tiennent
penchés en avant et marchent en s'appuyant sur leurs bras, au lieu d'avoir
une attitude verticale et franchement bipède comme l'Homme. Cette ma-
nière d'être retentit non seulement sur leur colonne vertébrale qui est
oblique et dont les courbures ne sont que très faiblement accusées, mais
aussi sur leur bassin qui n'est plus aussi vertical que chez l'Homme et sur
leurs fémurs qui sont légèrement obliques en avant.
Enfin, si l'on examine sur un squelette la région coxo-fémorale de
l'Homme, par sa face postérieure, on voit qu'il existe une vaste loge, très
largement ouverte en arrière, à coupe transversale triangulaire. Cette loge
est limitée : i° en dedans par l'os coxal ; 2° en avant, en haut par le bord
extérieui de l'ilion, en bas par le fémur; 3" en arrière et en dehors par un
plan fictif allant de l'épine iliaque antéro-supérieure et du fémur à la crête
sacro-coccygienne. Cette loge ne renferme aucune fortnalion squeletlicpie;
nous lui donnons le nom de loge fessiére. La loge fessière n'existe pas chez
les quadrupèdes.
Des remarques cjui précèdent, il résulte que :
1° La crête et la fosse iliaque, principaux lieux d'origine des fessiers, se
trouvant en arrière des fémurs chez rHomme, ces muscles ne peuvent, chez
lui, qu'être situés postérieurement. Chez les autres Mammifères, où ces
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 553
mêmes surfaces d'insertion sont placées en avant des fémurs, les fessiers ne
peuvent pas être situés eu arrière; ils sont placés sur la face externe de la
cuisse.
2° La portion du fessier superficiel qui s'attache au sacrum comble,
chez l'Homme, la fosse fessièrc et est, par suite, complètement postérieure.
Chez les autres Mammifères, elle n'est plus postérieure parce que la fosse
fessière n'existe pas et que sa place est occupée par l'ischion ; elle est alors
latérale.
3" La masse des muscles qui naissent de la tubérosité ischiatique (l)iceps
fémoral, demi-membraneux, demi-tendineux, etc.), par suite de la situa-
tion de l'ischion, est, chez l'Homme, située sur la face interne du fémur,
tandis que chez les autres Mammifères elle est postérieure et souvent même
longe, en arrière, le fessier superficiel.
ZOOLOGIE. — Recherches sur le développement de l'œuf de Ver à soie
unh'oltin. Note de MM. C. Vaxey et A. Co.vte, présentée par
M. Edmond Perrier.
Au cours de son développement, l'o'uf de Ver à soie présente les trois
phases suivants:
1° La période de constitution de la bandelette germinalive et des éléments vitel-
lins. A la fin de celle phase d'une durée de 5 jours environ, l'œuf monlre, en dessous
d'un chorioD doublé par un blasloderme pigmenlé, une bandelette d'épithéliuni
cylindrique : la bandelelte {;erminalive, recouverte par l'amnios et un n)assif de i;ros
élémenls polygonaux, formant le tissu vitelliu;
2° La période de vie latente, d'une durée d'environ 9 mois, où lenibryon ne
montre pas de changements appréciables ;
3° La période d'édification embryonnaire, pendant laquelle les cellules de la ban-
delette se multiplient activement, tandis que les éléments vitellins se résorbent. Il en
résulte une jeune chenille qui éclol après une douzaine de jours.
Pendant tout le développement de l'oeuf on constate une perte de poids
continue qui se décompose de la façon suivante :
Première période (durée 5 jours) : 2,67 pour 100 du poids initial;
Deuxième période (durée 9 mois) : 4)96 pour 100 du poids initial;
Troisième période (durée 10 jours) : 7,84 pour 100 du poids initial.
Les œufs de Ver à soie contiennent un certain nombre de substances de
réserve (matières albuminoïdes, glycogène, graisses). ISous avons étudié les
variations du glycogène et de la graisse au cours de l'évolution embryonnaire.
c. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 9.) 7^
5^)'l ACADÉvllE DES SCiENCES.
Au poiiil (le Mit' de lii Lciieiir en glycogène, nous cousialons (ju'uu |)()i(ls
initial de loo^ dVvufs de llomhyx niori reuf(M'uie, au uionient de la ponte,
3*^,080 de cet hydrale de carbone; à la fin de la première péinode, 1^,221 ;
à la fin de la deuxième période, i^^jS'i; et à la fin de la troisième
période, os,4i5.
On voit que, pendant les deux périodes d'édification (constitution de la
bandelette et édification embryonnaire ), la teneur en glycogène va constam-
ment en diminuant.
La période intermédiaire ou de vie latente répond à une pliase d'élabo-
ration de ce composé de réserve. Des coupes d'oeufs à cette période traitées,
en vue de la recherche du glycoj^ène, par les inéthodes à l'iode, de Lubarscb
ou au tanin, nous ont montré la localisation de ce corps dans les éléments
vilellins, où il se trouve d'ailleurs avec d'autres substances de réserve
{ matières albuminoïdes et graisses). Ainsi, au point de vue glycogénique,
la cellule vitelline du Ver à soie se comporte, vis-à-vis de l'embryon, comme
la cellule hépatique chez les Vertébrés : le glycogène s'y accumule pour être
ensuite utilisé an cours de l'édification du jeune Ver. Le tissu vitellin du Ver
à soie doit être considéré comme une annexe embryonnaire tpii, ainsi que les
annexes embryonnaires des Vertébrés, sert de centre d'élaboration du
glycogène.
Au point de vue de la teneur en graisses, Tceuf du fiombyx mori montre :
I" Fendaiil la période de constitution de la bandelette, une teneur en graisses assez
élevée el une très faible consoninialion de ces substances, leur pourcentage oscillant
entre 7-, lao et 6^,68 pour un poids initial de 1008 d'œufs;
2" Pendant la période de vie latente, la teneur en graisses e?t graduellement décrois-
sante, de 6s, 68 pour 100 elle s'abaisse à 4°j88 pour 100 (du poids initial) ;
3" Pendant la période d'édification embryonnaire, la teneur en graisses est assez
variable car, après une légère baisse, elle offre, vers l'éclosion, un relèvement impor-
tant où la teneur en substances grasses atteint 5s, 57 pour 100 du poids initial.
I^a comparaison des phénomènes nutritifs des deux périodes d'édification
embryonnaire ( première et troisième période de la vie de l'œuf du Ver à soie )
nous révèle, dans les deux cas, une forte consommation de glycogène. Pon-
dant la première période, où Ton ne constate que des phénomènes d'hys-
logenèse, celte consommation de glycogène é(|uivaul aux | de la perte
de poids total des oîufs. Dans la troisième période, quoiqu'il y ait simul-
lanément des processus d'hystogenèse et d'hislolyse, il y a également con-
soivimation de cet hydrale de carbone. Ces faits montrent que le glycogène
a un rôle important dans les phénomènes de multiplication cellulaire.
L'étude des phénomènes physiologiques qui accompagnent le développe-
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. )j5
jueiit du Vei' à soù?, rapprochée des recherches que nous avons faites sur
révolu lion du vilelUisdc cet insecte, nous conduit aux concUisions suivantes:
I" L'histogenèse s'accompagne toujours d'une forte consommation de
glycogène.
C'est ce qui résulte de hi couqjaraison des deux périodes dédilicaliou
embryonnaire (première et troisième période de Ja vie de l'œuf). Fendant
la première période, on assiste aune histogenèse rapide amenant la consti-
tution du blastoderme, de la bandelette germinalive et du tissu vitellin.
Pendant la troisième période, il y a histogenèse (formalion de la chenille),
et en même temps hislolyse (destruction du tissu vitellin). Uaiis les deux
cas, la liaisse imporlaute du pourcentage en glycogène montre bien le rôle
de ce composé dans les pluMiomènes de multiplication cellulaire.
2° Le développement du ^ cr à soie dans l'd'uf est en Ions points liomo-
logue au développement de l'insecte hms de l'cruf.
Pour établir cette comparaison on peut négliger la période de vie latente
au cours de laquelle on ne constate aucune modification anatomique appré-
ciable. D'ailleurs, celte période manque dans l'œuf polyvoltin d^ liombyx-
jnori Qi de plus elle peut être ictrouvce chez les Lépidoptères (pii liivcrnenl
à l'étal de chenilles complètement formées (Ex. : Chélonies ).
La première période de la vie, dans l'd'uf, est une période d'édilicalion
embryonnaire, elle est homologue à la [)ériode de croissance de la clienille.
La troisième période de la vie dans l'œuf, avec ses processus d'Iiyslol^sc
et d'histogenèse, est comparable à la nNm[)hose. La bandelette gei'uiinative
évolue tout à fait comme les (lis(pies imaginaux, dont elle a d'ailleurs la
structure. Les cellules vitelliues sont homologues aux cellules adipeuses :
elles ont même structure, même composition, mêmes fonctions. Ce sont de
grosses cellules à noyaux plus ou moins ramifiés, accumulant dans leur
intérieur des substances de réserve (glscogène, graisses, matièies albumi-
noïdes ), puis les élaborant ensuite eu composés servant à la multiplication
des cellules.
Au point de vue physiologicpie, la troisième période de vie dans 1 u'ul et
la nymphose montrent toutes deux une perte de poids total, une forte con-
sommation de glycogène, une baisse dans le pourcentage des graisses se
terminant par un relèvement liés important de leur teneur.
3° La période de vie ralentie du Ver à soie univoltin montre des [)héiio-
niènes physiologiques couqiarables à ceux signalés dans riiiberuation : perte
de poids total, forte consonnnation de matières grasses et élaboration de
"hco^ènr.
556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ZOOLOGIE. — Pontes d'efe et pontes d'hiver d'une Nénierte d'eau douce
(Prostoma hiinl)iicoideLim Diigès). Noie (') de M. Paul Hallez, pré-
sentée par iM. Yves Delage.
l'onles d'èlè. — Des exemplaires de Prosloma luinhricoideuni Diigès, mis
en observation depuis le mois d'octobre, m'ont donne, en octobre, novembre
et février, des pontes semblables à celles des espèces marines. Les œufs sont
déposés sur les parois du vase, réunis entre eux par une substance muqueuse
transparente, et formant de petits groupes allongés, ne contenant ordinaire-
ment que lo à i.5 a?ufs disposés sur deux, rangs, et n'adbérant que faible-
ment au verre. Une même Némerte peut déposer, en i ou 2 jours, quatre
ou cinq paquets d'œufs semblables, qui font en somme partie d'une seule
ponte. Certains exemplaires, qui m'ont fourni environ 70 œufs, sont morts
après la ponte. Outre l'enveloppe muqueuse commune, chaque œuf est en-
touré d'une coque hyaline d'une épaisseur de 5o'^, l'œuf lui-même a un
diamètre de 2 25^
Ces œufs se développent relativement vite : 10 ou 12 jours après la ponte,
à la température du laboratoire, il en sort une jeune Némerte. Celle-ci
mesure environ 200^ ; elle est ovoïde, un peu amincie en arrière, blanche,
opaque, complètement et uniformément ciliée, pourvue seulement de deux
yeux noirs qui représentent la paire postérieure des individus plus âgés ;
elle a déjà, dans ses téguments, des corpuscules calcaires, très nombreux
et très serrés, mais notablementplus petits que ceux de l'adulte ; ils mesurent
en effet 4'^, tandis que les corpuscules lenticulaires de l'adulte ont un grand
diamètre de iG^^.
Dans le mois de janvier, je n"ai pu obtenir aucune ponte, bien que les
exemplaires en observation fussent nombreux.
Pontes d'hiver. — Les pontes que j'ai obtenues en décembre sont très dif-
férentes des précédentes. Voici le relevé de mon observation :
Le 16 déceinbie j'isole, dans un verre de Bohème, deux Prosloma cliez lesquels
j'ai constalé la présence d'œufs à niaUirilé. Chaque Némerte se replie presque aussilôl
sur elle-même, restant absolument immobile et adhérant au fond du verre, grâce au
mucus sécrété.
I^e 18 décembre, Irs Némeitesse mettent à tourner sur place comme pour l'enkyste-
(') l'|■^■•^5cntéo iliin-. la séunco du x\ f.A'iier 1910.
SÉANCE DU jS rÉVRlEU 1910. 557
ment de prolcclioii, el à fabii((ucr un kysle sphérique adliéranl forleinenl au verre el
d'un diamèlrc d'environ 2"'"'. Le 20 décembre, mes Némerles qiiillent leur kysle qui,
après la sortie de la mère, prend un aspecl un peu piriforme, la partie allongée et
amincie correspondant au point de sortie. Ces kystes sont remplis d'œufs el ne pré-
sentent aucune ouverture, la Némerte ayant, sans doute, réparé l'orifice de sortie à
mesure qu'elle se retirait en déposant ses œufs. Le 24 décembre un des deux exem-
plaires s'enroule de nouveau comme il l'a fait le 16. Le aS au matin, je trouve un
deuxième kj'ste semblable au précédent et plein d'œufs; le cadavre de la Némerte gità
côté de sa deuxième ponte.
Dans ces deux pontes consécutives, elle a donné environ 70 œufs. Ouant à l'autre
individu, il ne donna plus de ponte durant l'observation que je prolongeai jusqu'au
3i janvier, mais ne mourut pas.
En examinant les coupes de ces pontes, j'obsei'vai, à rintérieur du feu-
tiage qui en constitue l'enveloppe, une substance granuleuse d'aspect coa-
gulé, se comportant comme le protoplasme avec les colorants, et contenant
un grand nombre de granules vitcllins qui se teignent comme la cliromatine.
C'est dans cette substance que sont plongés les œufs pourvus d'une coque
byaline, comme les u?ufs des pontes ordinaires, mais qui sont plus opaques
encore que ces derniers. Le développement de ces œufs est très lent, car
des coupes, pratiquées 8 et 10 jours après la ponte, m'ont montré que la
segmentation n'était pas commencée. Grâce à la réserve nutritive accumulée
dans ces pontes, les petits doivent pouvoir rester longtemps à l'intérieur,
probablement plusieurs mois, avant de s'échapper au dehors.
Les Prosloma, qui ont les plus grandes affinités avec les Tetraslcmmu rtia-
rins dont ils dérivent très vraisemblablement, présentent donc, au point de
vue de la ponte, une intéressante adaptation à leurs conditions de vie. En
outre, le transport possible de pareilles pontes, d'une rivière à une autre
par les Oiseaux, doit évidemment assurer la dissémination de l'espèce d'une
façon plus efficace que le transport des Némertes enkystées isolément.
HISTOLOGIE. — Etude microscopique^ sur le vif, de l'actii'ilé de la
myéline au cours de la dégénéralion wallérienne des nerfs. Note (')
de M. J. IVageotte, présentée par M. Henneguy.
Le mécanisme de la fragmentation de la myéline et du cylindraxe, dans
la dégénération wallérienne, ne peut être compris que par l'étude des tubes
(') Présentée dans h séance du 21 févi'iei 1910.
,558 ACADÉMIE DES SCIENCES,
nerveux |)riiti(|uée à l'élat vivant. Les réactifs, uièine ceux (|ui lixciil le
mieux la myéline, amènent de telles modifications morpliologi(|ucs que les
images obtenues ont perdu leurs traits caractérisliques.
Par contre, si l'on place sous l'objectif microscopique un fragment de
nerf dégénéré vivant, plongé dans une goutte d'humeur aqueuse ou de
sérum sanguin, on voit sans difficulté les moindres détails de la myéline,
tels qu'ils sont dans la nature; il faut seulement savoir distinguer, lorsqu'on
les rencontre, les altérations Irauniatiques dues aux manipulations.
Cette technique permet non seulement de reconstituer le mécanisme de
la fragmentation de la myéline par la mise en série des images observées,
mais encore de voir directement le processus se continuer pendant toute la
durée de l'examen; il n'est même pas indispensable pour cela de maintenir
la préparation à l'étuve, bien que la chaleur hâte l'évolution.
l'our éludier les preniières pliases de la seyiiieiilalioii des Uibes nerveux, on peiiL
s'adresser au scialique du Lapin, coupé depuis j jours; il existe un grand nombre
de tubes dont le cylindraxe est en iiécrobiose et dont la myéline se segmente, alors
(|ue les cellules de Schwann paraissent encore au repos.
I^es segments inlerannulaires se sont décomposés en segments plus rourls (|ui ^oiit
construits sur le type des segments primitifs, avec celte difl'érence qu'ils sont séparés
les uns des autres, au lieu d'être adossés par leurs extrémités, et que la cavité de
chacun d'eux est close, au lieu de communiquer avec ses \()isiues par les canaux oii
passent les portions étroites du cylindraxe. (llia(|ue segment contient un tronçon de
cylindraxe altéré ; la gaine de myéline a conservé son aspect normal, avec ses lignes
pures et son épaisseur rigoureusement uniforme. Les incisures de Sclimidt-l^antermann
se présentent sous des aspects variables; un certain nombre ont gardé leur forme
physiologique, mais beaucoup laissent apercevoir un clivage de la myéline.
Le mode de segmentation le plus fréquent et le plus intéressant est le suivant : un
étranglement se lorn)e, généralement au niveau d'une inci^ure, et se resserre au point
(|ue la ca\ilé est réduite à un petit trajet capillaire; l)icntot ce trajet est oblitéré par
deux ponts transversaux qui se forment à chacune des extrémités ( < , /, ); il se produit
alors un éliiement et une rupture qui libère les deux nouveaux segments {d, d^. ^, ff,).
Après la séparation les extrémités des segments achèvent de reprendre leur
l'orme ly|)ique, (jui est celle d'une calotte hémisphéri([ue, parfaitement régulière,
sans aucun vestige de soudure (e, l); cette forme est exactciuenl la même (|ue celle
des extrémités des segments inlerannulaires normaux, sauf (ju'il man(|ue l'orilice
cylindrique destiné au passage du cylindraxe ; cette similitude est intéressante, car
elle prouve c|ue la forme physiologique des étranglements est gouvernée non pas par
h" cylindraxe, mais parla gaine de myéline, cm \erUi des propriétés physiques ((ui
caraclérisenl les substances lipoïdes.
L'achèvement des exliémités se fait tanlùt par accolemcnt îles lamelles qui se sont
dissociées pendant la séparation, tantôt par ronlièiM'l edaccmcnl pioijre-sif du diver-
licule clos (|ui subsiste <iim\omI apiès rélireincnt cl la ruplui'c de la gaine de myi-liiie
SÉANCE DU 2S KFVRIIÏR If)IO.
I II m
Dégéiiéraliiin wallci-ienni" au ileiixièrjie jour ( sciatique du Lapin).
I/'ilisoivalion a dure "> heure*. I-ll, IIIII. III-1\ , portions consécutives d'une même fibre.
avec une cellule Hc .Seliwanu et son noyau, N.
Obj apoclir. 3'°"', Zeiss; oc. comp. S: dessiné à i ïoo diam., réduit ù floo.
,56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
(a, a,, a,, «s, c, c,, c,), lanlôl enfin par raccolemenl des lèvres d'une collerelle ilol-
lanle. Ce dernier cas se produit lorsque l'exlrémilé d'un segment est située du côté
de i'évaseinent d'une incisure ; le biseau interne de l'incisure s'est divisé en deux parties,
dont chacune s'est refermée par soudure au niveau de la ligne de rupture; le biseau
externe reste tout entier adhérent au segment d'où il provient et son extrémité aban-
donne le segment voisin après s'être étirée en tube effilé; les parois de ce tube revien-
nent ensuite sur elles-mêmes pour s'appliquer contre le ménisque convexe formé par
le biseau interne de l'incisure, et contribue ainsi à reconstituer l'extrémité du nouveau
segment (b, bf,f,/i, i, i,, m); lorsque l'extrémité de la collerette est trop mince, elle
s'élimine sous forme de sphéruie {k, Ai).
A mesure que le processus avance, la myéline se fragmente en segments de plus en
plus petits qui, finalement, comblent leur cavité, prennent un aspect homogène et sont
résorbés par les cellules de Sclnvann proliférées.
J'étudie le même phénomène de sei^-mentation dans l'aiitolysc aseptique
des nerfs.
HISTOLOGIE. — Sur certains filaments ayant probablement la signification
de mitochondries, dans la couche génératrice de l'épiderme. Note de
MM. M. Favre et Cl. Regaud, pi'ésenl''C par M. Henneguy.
Kn traitant de petits morceaux de peau de la paume de la main de
l'Homine, par les procédés appropriés à la coloration des formations mito-
chondrialcs ('), nous avons observé les faits suivants :
La partie profonde du corps muqueux de Malpighi (couche génératrice
et cellules à filaments unitifs de Ranvier) est teinte en jaune clair par l'acide
picrique, et tranche nettement sur le derme, dont les fibres conjonctives
sont colorées en rouge orangé par le ponceau. La couche génératrice ne
montre que des limites cellulaires peu distinctes, tandis que les cellules
polyédriques situées au-dessus d'elle sont (conforme "ent à la description
classique) parfaitement individualisées par des intervalles clairs, que
traversent les filaments unitifs ou fibrilles épidermiques. L'hématoxylinc
ferrique n'a coloré dans les noyaux (juc leurs nucléoles.
Le protoplasma, d'aspect syncytial, de la couche génératrice contient de
■(') Fixation des pièces par le formol, ou un mélange tie for:nol et de bichromate de
potasse; mordancage par le bichromate de potasse ; coloration des coupes par l'héma-
toxyline au fer et le picro-ponceau. Pour les détails de technique, \o\\' Cl. Hhgaud,
Arcli. d'Anal, microsc, t. XI, 1910, p. 291 et sui\'.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 56l
nombreux filaments noirs, flexueux comme des spirilles, mais dont la
direction générale est perpendiculaire à la surface de l'épiderme.
Ces filamenls sonl parfailemeiil individualisés au sein du proloplasnia et toujours
indépendants les uns des autres. Leur grosseur, uniforme dans toute la longueur d'un
même filament, varie quelque peu d'un filament à l'autre. La plupart de ces filaments
naissent tout près de la membrane basale de l'épitliélium, dans les denticulations par
lesquelles le protoplasma de la couche génératrice s'engrène avec le tissu conjonctif.
\
^\
;^:;?
Coupe de la eouclie profonde du coi-ps muqiieux de Malpiglii ; la peau de la paume de la main, Homme.
i>, membrane basale ou viuci;; A, couche génératrice; B, première rangée des cellules polyé-
driques à filamenls unilifs; c, lerriloirc parliculièrement riclie en filaments milocliondriaux ;
cl, espace inlercellulaire traversé par des filaments unilifs.
De là ils gagnent la zone des uo}aux et s'accolent souvent de façon intime ;i ceux-ci.
Tantôt (et le plus souvent) ils se terminent à la limite superficielle de la couche géné-
raliice; tantôt ils passent dans la première rangée des cellules polyédriques, cellules
qui sont souvent continues par leurs pieds avec la couche protoplasmique sous-jacente.
11 est rare de rencontrer de tels fiLimeiils dans la seconde et la troisième rangées des
cellules polyédriques.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 9.) 7^
562 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La ioj>;ii'tili()n des filamenls dans la couclie généralrice n'est pas régulière. Certains
lerriloires protoplasiniques périniicléaires en coiiliennenl peu; dans d'autres, au
contraire, les filaments sont groupés en véritables faisceaux. Il nous a semblé que ces
variations d'abondance des tilamenls corre^^pondeiii à certaines difl'érences d'aspect des
noyaux.
Deux li\ [lollièses se pi'ésenleiil pour e\[)li(|uet' la nalute de ces fiUnuenls :
a. D'apfès l'une, il s'agirail de formations mitochondriales, de clum-
driocontes indépendants des fibrilles épidenniques ;
h. D'après l'autre, les filaments en question représenteraient la partie
initiale du système des fibrilles cpidermieptes^ partie profonde, caractérisée
non seulement par une disposition particulière,, mais encore par une réaction
tinctoriale spéciale,, semblable à celle des milochondries en général. Deux
observations sont en faveur de cette hypothèse : d'une part, dans certains
points des préparations, les parties intercellulaires des fibrilles épidermiques
retiennent assez fortement rhématox\linc (quoique moins fortement cpie
ne le font les filaments que nous décrivons dans la couche génératrice);
d'autre part, nous avons vu quelquefois un des filaments en question,
coloré en noir, passer d'une cellule à l'autre en même temps cjue des fibrilles
épidermiques incolores, comme s'il tenait la place de l'une d'elles.
Nous espérons que desrecherches actuellement en cours nouspermcltront
d'étendre cl de préciser nos connaissances relatives à ce nouvel élément
de structure de l'épithélium ectodermique.
MliDECINE. — Etude médico-légale de la réaction à la benzidine dans la
détermination des taches de .uing. Note de M. F. Hokdas, présentée
par M. d'Arsonval.
La Ijenzidiue ou diamidodiphényle est la base de loute une série liés
intéressante de couleurs.
Oskar et lludolf Adier, en 1904, ont été les premiers à signaler la
l'éaclion caractéristique que cette substance exerce par oxydation en pri'-
scnce du sang.
Macweeney, professeur de Bactériologie à I l'niveisilé catlioLiquc de Dublin, a repris
cette ap|)Iication et l'a étendue à la leclierche si délicate des traces île sang sui' les
vêlements.
J^e procédé consiste à recueillir des fragments de tissu par grattage par e\<!mple et
à projeter la poudre dans une solution de benzidine dans l'acide acéli(|ue, additionnée
siUnciî du 2<S kévrikr rcjio. .563
d'eau oxygénée ; clia(|ue parlicule qui renferme du sajig se colore en hieii. D'après
Macweeney, la réaction est sensible à jôt'oôo-
Ayant eu, à la suite d'une expertise médico-légale, à déterminer la nature de taches
suspectes de sang répandues sur différents objets, j'ai, connaissant par expérience le
peu de valeur des principaux réactifs colorés préconisés jusqu'ici, essayé le procédé
nouveau indiqué par Macweeney.
('.oiiirne on le verra dans la suite, le mécanisme de celte réaction, si simple
en apparence, est des plus complexes. On est obligé de faire intervenir des
influences diastasiques, zymases peroxydantes, dont le rôle et peut-être
même l'existence sont loin d'être parfaitement démontrés.
Je vais d'abord montrer, contrairement à l'opinion émise par ( )skar et
Uudolf Adler, (|ue la benzidine oxydée n'est pas un réactif caractéristique
du sang.
11 me suffira, pour le démontrer, d'énumérer un certain nombre de
substances qui fournissent la réaction de Macweeney; parmi les liquides
organiques autres que le sang, je citerai le pus et les sérosités; certains jus
de fruits acides, pomme.*, poires, sont dans le même cas; certains sucs de
plantes, tels que épinards, oseille, cresson, carotte, donnent une réaction
très nette en présence de la benzidine.
On conçoit que cette liste puisse être plus longue encore, car que faut-il pour que
la réaction de Macweeney se produise? Il faut que l'eau oxygénée soit décomposée,
qu'il y ait ensuite oxydation de la diamidodipliényle en présence d'un sel de fer. Ces
conditions se rencontrent très fréquemment dans les liquides appartenant au régne
animal ou végétal. Il y a plus encore : une foule de liquides colloïdaux, l'oxalate
ferreux, l'argile colloïdale, réagissent avec une égale intensité; les matières minérales
finement pulvérisées ou poreuses comme le talc, le tripoli, le sable, l'alumine, la pierre
ponce, les matières organiques telles que la cellulose donnent aussi une réaction bleue
très vive avec la benzidine.
On le démontre très facilement de la façon suivante :
Prenez de la pierre ponce ordinaire, versez 3 ou 3 gouttes d'eau oxygénée sui- les
fragments et ajoutez ensuite quelques gouttes d'une solution de benzidine; au bout
de queU(ues minutes les fragments de ponce se colorent en bleu d'une façon souvent
inégale, suivant la répartition du fer existant dans la ponce.
Prenons niaintenant de la pierre ponce préalablement traitée par l'eau régale de
façon à lui enlever toute trace de fer, refaisons l'expérience et nous verrons qu'il n'y
aura pas de coloration.
Il résulte de ces faits que tous les corps pulvérulents ou poreux, qui
I
j61\ académie des sciences.
décomposent l'eau oxygénée et qui en outre contiennent du fer, seront sus-
ceptibles de produire la réaction bleue avec la benzidine.
Il nous reste maintenant à examiner ce qui se passe avec les liquides
coUoïdaux et avec le sang en particulier. Le sang décompose très vivement
l'eau oxygénée et le dégagement d'oxygène est tellement actif que certains
auteurs ont cru nécessaire d'admettre l'existence, d'ailleurs purement hypo-
tbélique, d'une catalase ou diastase spéciale, pour expliquer le phénomène.
Cette décomposition de l'eau oxygénée est due tout simplement à l'état
colloïdal, qui est d'ailleurs détruit vers 85".
Il en résulte que du sang qui aurait été chauffé au-dessus de cette tempé-
rature ne donnerait plus de réaction avec la diamidodiphényle. fia technique
indiquée précédemment par Macvveeney est donc en défaut.
Mais étant donné ce que nous savons sur le mécanisme de cette réaction
colorée, on conçoit qu'il soit très facile de suppléer à ce manque de
sensibilité.
Il suffira de rélablir le catalyseur détruit par la chaleur en faisant agir par
exemple de la cellulose pure. Cette remarque est intéressante au point de
vue médico-légal, car le sang peut, en effet, avoir été répandu sur une étoffe
qui aura été lavée ensuite avec de l'eau plus ou moins chaude.
Le procédé que j'indique est donc des plus simples et s'applique déjà à la
l'echerche du sang avec la teinture de gaïac, etc.
On fait une empreinte humide de la tache suspecte, en ayant la précaution de
n'employer à cet ell'et que du papier à filtrer, Uh-c aux acides, sans quoi les traces de
fer qui existent dans le papier ordinaire suffiraient à donner une réaction bleue. On
verse ensuite sur cette empreinte une goutte ou deux d'eau oxygénée, puis quelques
gouttes d'une solution de diamidodiphényle.
Dans ces conditions, la réaction se produit presque instantanément avec du sang
porté même à i lo".
Que doit-on conclure au point de vue médico-légal de l'ensemble des faits
que je viens d'exposer?
Je considère que l'expert doit, dans le cas d'une réaction positive avec la
benzidine, rechercher la nature des taches suspectes par des procédés plus
rigoureux avant de conclure. Au contraire, et c'est là, à mon avis, le prin-
cipal avantage de la méthode, lorsque la réaction aura été négative, il poiura
se dispenser de poursuivre ses investigations plus loin.
SÉANCE DU 28 FÉVRIER 1910. 56:
MÉDECINE. — 5;//' les douleurs névralgiques rebelles qu'on observe chez les
liypertendus. Noie de MM. E. DoumÉr et G. Lemoivk, présentée par
M. d'Arsonval.
On rencontre souvent des douleurs névralgiques, très rebelles, qui résistent
aux tentatives thérapeutiques les plus variées. Nous avons constaté que
souvent elles sont liées à un degré d'hypertension plus ou moins marqué et
qu'on les fait disparaître en ramenant la tension artérielle à la normale.
Voici quelques-uns des faits de cette nature que nous avons observés.
Obsers'atiom I. — Sciatiqiie chez un diabétique. — M. D. . ., docteur en médecine
de Madrid, soLifTre, depuis lin décembre 1908, d'une sciatique exlrêmen)ent pénible. A
essayé en vain toutes les médications d'usage, y compris les applications électriques
classiques : courants continué intenses, faradisation cutanée, effluvalion localisée de
haute fréquence et de haute tension. Ces deux derniers modes d'électrisalion
exagéraient même les douleurs à un point tel que le malade a dû y renoncer.
Le i5 juin, la tension est trouvée de 23"^" à la radiale. Le malade à cette date
élimine 33» de sucre par 24 heures. On le soumet à la médication hypotensive de
M. Moutier, avec champs magnétiques oscillants de 0,3(5 U.M.P. environ. Dès le
soir même de la première application, très grande amélioration.
Les séances quotidiennes de 5 minutes furent continuées jusqu'au commencement
de juillet 1909. Les douleurs s'atténuèrent progressivement et régulièrement et la
marche devint de plus en plus facile. La tension passa successivement de 23 à 22, 22,
ao,5, 21, 19,5, 19, 19,5, 18, 18 et 16.
L'élimination du sucre tomba à 5s, 35 par 24 heures au bout de la première semaine
du traitement et à o au bout d'un mois.
Le malade, de retour dans son pays, continua le traitement et les douleurs dispa-
rurent complètement.
Observation IL — Névralgie occipitale. — M™* F..., 55 ans, souffre par inter-
mittence de névralgie occipitale parfois extrêmement pénible. A essayé en vain une foule
de médications habituelles. Tension à la radiale, 36"". On la soumet le 23 janvier 1909
à la d'Arson validation avec champs de 0,295 à o,32o U.M.P. Trois séances de 5 minutes
par semaine. Dès la première séance les douleurs disparaissent, la tension tombe à 21.
Après la cinquième séance, la tension étant tombée à i5,5 et les douleurs n'étant pas
revenues, on cessa le traitement.
En septembre 1909, après 7 mois de tranquillité, retoui- des douleurs: la tension
était remontée à 21, 5. Une seule séance suffit pour les faire disparaître de nouveau :
la tensicjn était tombée à i6,5.
Observation IIL — Douleurs scinliques. — M""= M..., 48 ans, souffre depuis 6 mois
d'une sciatique gauche très pénible, peut à peine marcher, souffre même au lit. Le 10 dé-
cembre 1909, la tension à In radiale est de 23'"'". Soumise à la d'Arsonvalisation avec
champs de o,3oo L'. M. F. eiiviion en séances de 5 minutes.
)()() ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dès la première séance, très grande amèliDialidn : giièrison, qui se TnaintienI à ce
jour après la qualriènie séance. La tension a |)assé successivement de o.'i"" i\ i-"",
i5''"',5 et i5''"',5.
Observation 1\ . — Nc^'ralgie du trijumeau. — M. P..., 53 ans, soullVe depuisaans.
Devant l'insuccès des diverses niélliodes employées, son chirurgien propose l'ablation
du ganglion deGasser. En novembre 1908, on lui fit sans succès quinze séances de galva-
nisation intense, suivant l'excellente méthode de M. liergonié, et huit tentatives d'ioni-
sation salicylique. Le 3 décembre on essaye l'effluvation de la r'égion doulouieuse avec
les courants de haute fréquence et de haute tension. Les douleurs furent accrues à un
tel point que le malade se refusa à une nouvelle tentative du même genre. Le 5 décembre
1909, ayant constaté une tension de ai,.Ji 'e malade fut soumis à la médication hypo-
lensive de M. Moutier avec champs de o,a8o II. M. P. environ.
Les douleurs devinrent moins aiguës dès la première séance et disparurent après la
quatrième. I^a tension passa de 21, 5 à i6,.5, à i5. On fit treize séances en tout el l'on
cessa le traitement lorsque la tension fut abaissée à i4°.
Obseiivation V. — Douleurs fulgurantes. — i\L S..., docteur en médecine, !\i ans;
labèticpie dejHiis 18 ans, souflVe constamment depuis plus de a ans de crises de douleurs
fulgurantes qui se renouvellent plusieurs fois par jour. Kst devenu morpliinomane;
mais la sédation des douleurs produites par les injections de morphine n'est que
passagèie. Tension, i9'^'",d. On commence le traitement par la d'Arsonvaiisation le
25 novembre 1909, avec champs de o,33o U. M. P. environ. Les séances de 5 minutes
sont répétées trois fois par semaine, au début, puis une fois seulement.
Après la troisième séance, les crises sont beaucoup moins fréquentes, moins doulou-
reuses et moins longues. Après la sixième, elles disparaissent complètement.
La tension a passé successivement de 19,5 à 19, 18, 18, 5, 17, i5, ir),5, i5, \!\.
Sans tloulc tious lie pouvons alTiriner qtie Loiiles les névralgies rebelles
sont liées à l'hypertension arléricUe et causées par elle, cependant on ne
peut être que frappé du parallélisme étroit qu'on observe dans les cas que
nous venons de rapporter entre les douleurs et l'hypertension, ces douleurs
s'atténuanl à mesure que la tension artérielle diminue et disparaissant
lorsque celte tension est redevenue normale. Il semble donc que chez ces
malades les douleurs névralgiques étaient étroitement liées à une tension
artérielle exagérée. D'après d'autres observations nous pensons que cette
relation est assez fiécjuente et que les névralgies rebelles n'ont pas le plus
souvent d'autre cause.
Les observations 1 et IV fournissent d'ailleurs un autre argument en faveur
de cette opinion, car chez ces deux malades les douleurs furent manifeste-
ment accrues par les applications d'efiluves de haute fréquence et de haute
tension. Or on sait depuis les recherches de M. Moutier et depuis l'expé-
rience de M. Oudin que de telles ap|)licalions élèvent la tension artérielle
fil laisoii (le l'énorme vaso-conshiclloii iiii't'lles pi'(nltiis(Mit.
SÉANCE DU 28 FÉVHIE» 1910. 567
GÉOLOGIE. — De la prédominance de l'érosion sur la rive droite d'une
rivière en Icmps de crue. Note de M. Jean Bru.xhes, présentée par
M. P. Terinier.
J^es loiirbilloiis des eaiiv coiiiantes manifestent dans lliùniisphère Nord, comme
les louilnllons atmospliériques, une prédominance du sens de rotation en sens inverse
des aiguilles d'une montre. Nous sommes partis de ce fait d'observation, Bernard
Brunhes et moi, pour reprendre la discussion de la loi de Baer; mais cela ne peut se
comprendre et se soutenir que si l'on observe une prédominance réelle et actuelle de
l'érosion sur la rive droite des cours d'eau. C (lalciati a étudié et analysé en détail ce
fait de prédominance dans les méandres du canyon de la Sarine.
Je viens d'être frappé d'un fait analogue dans quelques vallées du haut
bassin de la Seine. En période de forte crue, un cours d'eau puissant a une
telle énergie d'attaque et de destruction qu'il tiavaille /;e«/-(^/7'e indistincte-
ment sur ses deux rives. Mais les affluents secondaires, qui n'ont que partiel-
lement débordé leurs rives, ne manifeslcnt-ils pas une inégalité dans la
répartition des faits d'érosion à droite et à gauche"?
Ayant noté cette inégalité sur les bords de l'Armançon et de la Brenne,
j'ai voulu suivre le phénomène de ti^ès près sur un cours d'eau répondant à
de bonnes conditions d'observation, et j'ai choisi l'Oze, cet affluent de la
Brenne dont la vallée est parcourue dans la traversée du département de la
Côte-d'Or par la ligne ferrée de Paris à Dijon. [>'()ze a un régime
particulièrement torrentiel à cause de l'imperméabilité des terrains basiques
sur lesquels elle coule. Elle a une pente moyenne de 3'", 70 par kilomètre.
J'ai suivi l'Oze, le i-i février 1910, méandre par inéandre, des Laumes
jus(pi'à Blaisy-Bas, sur une longueur en droite ligne de 3()'"", qui corres-
pond, à cause des sinuosités de la rivière, à un cours réel de /jo""'".
L'Oze, à Blaisy-Bas,. a environ 3'" à 3'", 5o de largeur, et aux Laumes
8'" à y"'. A peu près partout elle est dominée par de petites berges qui, à la
date iudicpiée, s'étendaient encore à .m'^'-So'^"' ou même en certains points
à 1'" ou i"',")o ou plus (surtout dans les parties concaves des méandres)
au-dessus du niveau de l'eau. La crue n'a dans cette vallée recouvert que les
bas-champs en bordure de la rivière, mais elle a déterminé des érosions sur
les berges qui peuvent être exactement mesurées et photographiées d'après
la teinte toute fraîche des parties récemment attaquées.
J'ai compté soigneusement les points d'attaque caractérisés dépassant
2'" de longueur : j'en ai compté 3G sur la rive droite et lo seulement sur la
rive gauche. JMicore un des deux points de plus forte attaque de la rive
568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gauche se trouvail-il correspond ic au pédoncule très rôlréci de la pres-
qu'île d'un méandre, et il avait été en réalité le résultat de l'érosion pro-
duite par un chenal nouveau ouvert par la rivière et coupant le pédoncule ;
la partie érodée correspondait à la rive droite du chenal, et, même après le
retrait des eaux, un grand mouvement tourhillonnaire en sens inverse des
aiguilles d'une montre expliquait clairement le mécanisme de cette érosion.
D'une manière générale, l'érosion opérée sur la droite, dans les méandres,
s'était surtout attaquée à l'aval de la courbe, soulignant le mécanisme bien
décrit par Calciati et qui tend à agrandir le méandre en le déplaçant vers
l'aval. Au contraire, à gauche, c'était plutôt la partie amont delà concavité
qui était le plus souyent visiblement écorchée^ comme si c'était presque
exclusivement le courant fortement rejeté de la rive droite du méandre
précédent qui eût déterminé le point d'attaque.
Une troisième série de faits pourrait être invoquée, encore que ceux-ci
ne soient pas susceptibles d'une observation aussi précise que les précé-
dents. Les bords immédiats de l'Oze sont presque continûment plantés
d'arbres, lesquels constituent une protection contre le travail de l'eau.
Celte protection, bien entendu, a été parfois inefficace ; en bien des points
les arbres sont aujourd'hui déchaussés, et le 22 février ils apparaissaient,
sinon au milieu de la rivière, du moins en plein courant. (>es portions des
rives aux arbres déchaussés ne représentent pas uniquement l'œuvre de la
dernière crue, mais elles représentent le résultat de l'effort cumulé des
crues habituelles. A ce titre il est important de constater encore l'incontes-
table prédominance du travail opéré sur la rive droite.
En faisant donc aussi large que possible le compte des érosions de la rive
gauche, le fait de la prédominance sur la rive droite me parait si manifeste
que, pour cette rivière examinée de près, il doit être exprimé par une pro-
portion qui n'est certes pas inférieure à 70 pour loo.
Je souhaite que d'autres obser\ allons faites en ce niomenl dans le bassin de la Seine,
au lendemain des grandes crues subies, viennent confirnier (ou infirmer) les conclu-
sions de mes observations sur POze.
MAGNÉTISME TEKRESTRE. — Sur la vaiiation séculaire des éléments
magnétiques dans la région de Paris. Note de M. Alfred Avgot.
L'augmentation constante de la composante horizontale H du champ
terrestre à Paris, constatée depuis l'origine des observations, avait paru
SÉANCE DU 28 FÉVRIEK 1910. 669
s'arrêter en 1907; mais on ne pouvait encore aflîrmer quon ne se trou-
vait pas en présence d'une de ces petites irrégularités qu'offre parfois la
variation séculaire. Le doute est levé maintenant et l'existence d'un maxi-
mum correspondant aux années 190G et 1907 ressort nettement du Tableau
ci-dessous, qui donne les valeurs moyennes annuelles des divers éléments
du magnétisme terrestre à l'Observatoire du Val-Joyeux, de 1901 à 1909.
]'aleiirs moyennes annuellefi des élémenls magnétiques.
AniKC. S. I. N. \V. H. Z. T.
1901...
i5
. 13
,0
64.
.58,9
Oj
18991
0 , o5 1 60
0,
19680
0
,4216^
0,
.46534
\m±. .
1.5.
08,
,6
64.
56,6
0,
19016
o,o5i46
0,
19700
0,
42139
0,
465 17
1903. .
i5
.04
.'1
64
. 54 , 7
0,
19033
o,o5i26
0,
'97"
0.
,42102
0;
,46488
l'JO'i-...
I ô
.00
,0
64
,5'2,4
0)
'9049
o,o5io4
0,
19721
0.
,42048
0,
, '16443
190.3. . .
M
.5.3
,7
64
. 5o , 7
0,
19062
o,o5o82
0,
19728
0:
,42008
0,
.464>o
190t).. .
• 4
..3 1
,3
64
•47-9
0,
igoSio
0 , o5o6 1
0,
•97 io
0,
,41946
0
,46359
1907...
14
• 4-5
.9
64
.46,5
0,
19088
o,o5o3i
0,
19740
0
, 4 ' 900
O:
,463 17
1908...
14
.39
,6
64.
.44,6
Oi
19093
0,04995
0,
19735
0
,4i83i
0
,46253
1909...
'4
.32
'9
64
43,9
0,
'9094
0,04955
0,
'9727
0
.41792
0
,46214
(ô, déclinaison; I, inclinaison; !\, composante Nord; W, composante Unest;
H. composante horizontale; Z, composante verticale; T, intensité totale.)
Tous les éléments, sauf H et i\, décroissent d'un bout à l'autre de la
séi'ie. La composante Nord, au contraire, augmente constamment, mais il
paraît vraisemblable qu'elle approche d'un maximum en 1909; dans ce
cas, la composante hofizontale H (H= y/iN^ -i-W^) présentera une décrois-
sance de plus en plus rapide, puisque les deux termes dont elle se compose
diminueront simultanément à partir de 1910 ou de 191 1.
A 4 heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 3 heures trois quarts.
G. D.
C. R . 1910, I" Semestre. (T. lôO. N" 9.) 7^
570 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
BUI.I.K'I'I.V ItlKl.lOGKAIMIKjL'E.
Ouvrages ueçus dans la séance du 21 fêvriek 1910.
Annales du Musée colonial de Marseille, publiées sous la direclioii île M. Edouard
Heckei.; 17= année, 2= série, t. Vil, 1909. Marseille, Musée colonial, tqog; i vol. iii-S".
(Hommage de M. E. Heckei.)
Traité de Physique, par O.-D. Chwolson, Ouvrage traduit sur les éditions russes
et allemandes, par E. Davaux ; édition revue et considéiablement augmentée par l'au-
teur, suivie de Notes sur la Physique théorique, par E. Cosserat et F. Cosserat;
t. IV, 1"'' fasc. : Champ électrique constant, avec i65 figures dans le texte. Paris, A.
Heiinann et fils, 1910; i vol. in-S". (Présenlé par M. Darboux.)
Inventions relatives au graissage des machines, par M. Ch. Bertrand. [Recueil
factice.] Paris, R. Chapelet et C'°, s. d.; i fasc. in-S". (Présenté par M. Bertin.)
Travaux du laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de l'Université de
Grenoble, 1908-1909; t. IX, fasc. 1. Grenoble, Allier frères, 1909; 1 vol. in-S".
Procès-verbaux des séances de la Société des Sciences physiques et naturelles de
Bordeaux, année 1908-1909. Paris, Gaulhier-Villars; Bordeaux, Ferel et fils, 1909;
I vol. in-8°.
Contributions to the Ilistory of anierican Geology,hy GEO\\G^E-l'. Mmrril. (N" 135.
From the Report of the United Slates National Muséum for 1904, p. 189-784,
with 87 plates.) Washington, 1906; 1 vol. in-8°.
Results of the Swedish soological Expédition to Egypt and the White :\ile 1901,
under the direction of L.-A. Jagerskiôld; part III. Upsal, C.-J. Lundstrom, 1909;
I fasc. in-8°.
Proceedings of the Royal Society of Edinburgh; session 1909-1910; t. X\X,
parts 1, 2. Edinburgh, 1909; 2 fasc. in-8".
Archives des Sciences biologiques, publiées par l'Institut impérial de Médecine
■expérimentale A Saint-Pétersbourg ; l. XV, n° 1. Saint-Pétersbourg, 1910; i fasc.
in-4°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 7 MARS 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MËMOilŒS ET COMMU.XICATÏO.VS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE I, 'ACADÉMIE.
M. Darbodx donne lecture de la Lettre suivante :
The Royal Society, Burlington House, London, !\ mars 1910.
Au Président de l'Inslitul de France, Paris.
Monsieur et cher Confrère,
Nous, ks soussignés, Membres Associés et Correspondants de l'Institut de France,
avons l'honneur d'exprimer par votre entremise notre sympathie profonde avec la nation
française à l'occasion de la catastrophe épouvantable qui vient de frapper la ville de
Paris et de vous remettre la somme de Sioo''' (jE 124) pour les victimes de l'inondation.
Vous sentirez bien que cette petite offrande n'est qu'un faible témoignage des
sentiments cordiaux qui nous unissent à nos Confrères français devant ce malheur
national.
Veuillez agréer, Monsieur et cher Confrère, avec nos vives sympathies, l'assurance
de nos sentiments les plus distingués et les meilleurs.
Edwin-A. Abbey, Corr. Beaux-Arts; The Rt. Mon. Arthur-James Balfour, Corr. Se.
m. et p. ; J.-E.-G. Bodley, Cori-. Se. m. et p. ; Lord Brassey, Corr. Se. ; The Rt. Hon.
James Bryce, Assoc. étr. Se. m. et p. ; Sir William Christie, Corr. Se; Sir William
Crookes, Corr. Se. ; Sir George Darwin, Corr. Se. ; Arthur Iîvans, Ass. étr. Belles-
Lettres; Rol)ert Flint, Corr. Se. m. et p.; Slanhope Forbes, Corr. Beaux-Arts; Sir
Archibald Geikie, Corr. Se. ; Sir David Gill, Corr. Se. ; Sir F. -Seymour Haden, Corr.
Beaux-Arts; D'' Barclay V. Head, Assoc. étr. Belles-Lettres; Sir Hubert Herkomer,
Assoc. étr. Beaux-Aits; Sir Joseph IIooker, Assoc. étr. Se; Sir William Huggins,
Corr. Se. ; W.-Goscombe John, Corr. Beaux-Arts; Sir E.-Ray Lankester, Corr. Se. ;
Lord Lister, Assoc. étr. Se; Sir Norman Lockyer, Corr. Se; Jolin-H. Lorrimer,
Corr. Beaux- Arts; Robert-W. Macbeth, Corr. Beaux-Arts; Sir Patrick Manson,
Corr. Se; Alfred Marshall, Corr. Se m. et p.; Sir E. Maunde-Thompson, Corr.
Belles-Lettres; Sir W.-Q. Orcharuson, Assoc. étr. Beaux- Arts; Sir Frederick Pol-
C. R., iqio, I" Semestre. (T. 150, N» lO.) 77
572 ACADÉMIE DES SCIENCES.
LOCK, Coir. Se. m. et p.; Sir Edward Poynter, Corr. Beaux-Arts; Sii' William
Ramsay, Corr. Se; Lord Ravleigh, Assoc. étr. Se; Lord Reay, Assoc. étr. Se. m.
el p.; Sir Henry Roscoe, Corr. Se.; John-S. Sahgent, Assoc. étr. Beaux-Arts;
R.-Phene Spiers, Corr. Beaux-Arts; Sir L.-Alma Tadkma, Assoc. éti-. Beaux-Aits;
H. -H. TuRNER, Corr. Se.
Après cette lecture, M. le Piikside.nt s'exprime en ces termes :
Je n'ai pas besoin de rappeler la sympathie déjà témoignée par l'An-
gleterre à notre pays dans le désastre qui a frappé Paris et ses environs.
Aujourd'hui, la pieuse pensée de nos Associés et Correspondants anglais
nous touche tout particulièrement, et l'Académie des Sciences associe
ses remercîments à ceux qui ont été adressés aux savants anglais par
M. le Président de l'Institut en réponse à leur don généreux.
ASTRONOMIE. — L'organisation de la spectroscopie slellaire à l'Obsen'aloire
de Paris. Note de M. Maurice Hamv.
Dans les dernières années de sa vie, Lœwy était très préoccupé de faire
reprendre, à l'Observatoire, les recherches de spectroscopie stellaire inter-
rompues en 1897, lors du départ, à Meudon, de M. Deslandres, avec le
matériel scientifique lui appartenant.
Chargé par lui de m'occuper d'organiser une installation nouvelle, je me
propose, dans ce qui suit, de faire connaître les traits saillants du spectro-
graphe, spécialement consacré à la détermination des vitesses radiales, qui
a été construit, d'après mes indications, par notre habile et regretté
constructeur P. (Jautier.
Cet instrument, inachevé à la mort de Lœwy, est aujourd'hui en service
régulier, grâce à M. Baillaud qui n'a pas hésité à engager les dépenses
nécessaires, pour le doter des accessoires propres à le mettre au niveau des
besoins de l'Astronomie moderne.
Comparé aux appareils analogues installés dans d'autres Observatoires,
le nouveau spectrographe est d'un type tout différent et réalise divers
perfectionnements qui ont pu être apportés à cause de l'emploi du grand
équatorial coudé (ouverture, o^jGo; longueur focale, 18") comme généra-
teur d'images.
L'équalorial coudé jouit, comme on sait, de la précieuse faculté de fournir
des images immobiles au centre du champ. Il y avait lieu de profiter de
5^4 ACADÉMIE UHS SCIENCKS.
cette circonstance exceptionnelle, et c'est ce qui a été fait. Au lieu de monter,
comme à l'ordinaire, l'appareil sur le tube même de la lunette, il a été
installé sur un support fixe, en regard du plan focal, afin de le laisser en
état de repos complet pendant la pose. Cette disposition supprime les effets
des flexions, contre lesquels il est si difficile de réagir, en cas de poses
prolongées, avec le matériel spectroscopique habituel adjoint aux équa-
toriaux droits, efîets qui se traduisent par l'altération des images enre-
gistrées sur la plaque pholograpliique. Pour le même motif, il n'a pas été
nécessaire de limiter la taille ni le poids de l'instrument, comme on y est
astreint quand il s'agit d'affecter un équatorial ordinaiie à la spectroscopie.
En conséquence, le spectrographe a reçu des dimensions inusitées. Son
poids, celui du support mis à part, atteint i3oo''^. La longueur focale
de l'objectif du collimateur qui sert également, ainsi qu'on le verra plus
loin, d'objectif de chambre, dans plusieurs des combinaisons optiques que
l'appareil comporte, cette longueur, dis-je, a été portée à s^j.to et son
ouverture à o™,09. Des dispersions considérables ont été réalisées en
faisant usage d'un petit nombre de prismes de grandes dimensions (faces
de 170™"" de longueur sur 90""" de hauteur).
Il eût été avantageux, au point de vue de l'utilisation rationnelle de la
lumière, de placer la fente dans le plan même de formation des images
stellaires. Cependant, ayant été astreint à ne pas immobiliser l'équatorial,
en ce qui concerne son emploi à la photographie du ciel, j'ai dû me résoudre
à projeter les images sur la fente, à l'aide d'un véhicule. Le spectrographe
peut ainsi être amené dans la position d'utilisation ou éloigné du plan focal,
en quelques instants, par un simple mouvement de rotation autour de la
colonne qui le soutient et sans démonter les pièces du porte-chàssis de la
lunette. La figure 1 représente une vue d'ensemble de l'appareil, tel qu'il
est disposé pendant la pose.
Les figures 2, 3, 4; 5 indiquent les diverses combinaisons optiques
réalisables, en vue de modifier la dispersion et le pouvoir lumineux du
spectrographe. La fente est représentée en F, la plaque photographique en $,
l'objectif du collimateur en O, l'objectif de chambre en O', les prismes en P ;
enfin M est un plan réfléchissant et V le véhicule servant à projeter, sur la
fente, les images localisées dans le plan focal E de l'équatorial.
Suivant la combinaison employée, la différence des trajets maximum et
minimum suivis par la lumière, à travers les prismes, varie de o"',o7 à
o'",6o.
A la disposition (2) correspond deux prismes d'angles différents fournis-
SÉANCE UV 7 MARS lf)Io. 373
sanl des spectres de 40"'" et de 1 10""" de longueurs eutre les mies H/5 et K
La disposition (3) donne des spectres de f)5'"™ de Lmgueur entre les
raies Hp et Hy (Xiso et A„. ).
Fig. 3.
Fig. 3.
jo.o- I Ç)'
r\-\'
rn
Cette dispersion est plus que doublée avec la disposition (4) qui donne
des raies quatre fois plus espacées environ, entre T^,,^ et A^^, que les spec-
troscopes stellaires les plus puissants existant dans d'autres Observatoires.
La longueur du spectre compris entre ces limites atteint i53'"'"('). Malheu-
3Ô de
(') Un grand réseau cojirave de Howland de 56S traits par millimèlre el de 6"', _ , --
rayon {instrument employé pour photogiaphier les Cartes du spectre solaire) donne-
rait, dan^ les mêmes conditions, un spectre ayant pour longueur N X 112'""', N étant
l'ordre du siiectre.
57t> ACADÉMIE DES SCIEKCES.
reusement, une dispersion aussi considérable entraîne des durées d'expo-
sition de la plaque sensible d'autant plus prolongées que beaucoup de
lumière se trouve perdue par le fait de la double réflexion sur les miroirs
de l'équatorial coudé. On ne peut donc en faire usage que pour quelques
étoiles très brillantes. Trois à quatre heures de pose paraissent nécessaires
pour Arcturus.
Enfin, la combinaison (5), à laquelle correspond un objectif de
chambre ()', de o"',4o de foyer, est particulièrement avantageuse, au
point de vue lumineux, avec les astres à diamètres sensibles. Elle fournit
des spectres de 35™™ de longueur entre les raies Hp et K (X.gg et Xa^a).
L'invariabilité de température duspectrographe, si importante à obtenir,
a été réalisée avec un soin tout particulier, afin d'éviter les variations
d'indices des prismes pendant la pose et les déformations de la partie méca-
nique. L'usage de grands prismes, dont l'équilibre thermique demande
plusieurs jours à s'établir dans une enceinte à température constante, aurait,
du reste, été à rejeter si des mesures efficaces n'avaient pu être prises sous
ce rapport.
Le but a été atteint : i" en installant à l'intérieur du spectrograplie un régulateur ( ')
de température automatique; 2° en l'entourant d'une cuirasse isolante destinée à le
soustraire le plus possible aux influences extérieures et à répartir uniformément la
chaleur dans toutes ses parties. A cet effet, les pièces ojjtiques de l'appareil ont été
montées à l'intérieur d'une grande caisse en fonte de fer, à parois de 1 5°""' d'épaisseur,
longue de 3"", large de o",5o et profonde de o™, aS. Celte caisse renferme une boîte en
cuivre feutrée qui contient les prismes et sur laquelle s'exerce directement la venti-
lation produite par le jeu du régulateur de température. Elle est elle-même feutrée à
l'extérieur et placée à l'intérieur d'une caisse en cuivre rouge, à parois de 3"™ d'épais-
seur, entourée extérieurement de feutre. Une seconde caisse en cuivre rouge, égale-
ment feutrée, renferme la première. Les choses sont disposées, du reste, de telle façon
que les enveloppes en cuivre puisï^enl se dilater et se contracter, sans exercer aucun
effort sur la caisse en fonte qui forme, à proprement parler, le corps même du speclro-
graphe.
Grâce aux mesures prises, la colonne thermométrique se maintient, pen-
dant des mois, au même point de l'échelle, à deux ou trois centièmes de
degré près.
(') On sait que les premières tentatives faites pour maintenir constante la tempé-
rature d'un spectrographe remontent à iSgS et sont l'œuvre de M. De>landres, qui
faisait usage, pour cet objet, d'une circulation d'eau provenant des profondeurs du sol.
Le régulateur actuel fonctionne électriquement, comme celui qui a été généralement
adopté dans les Observatoires, depuis quelques années.
SÉANCE DU 7 MAHS 1910. 077
De l'avis des astronomes français et étrangers qui ont été à même d'exa-
miner les épreuves stellaires obtenues avec le nouvel appai'eil, les résultats
supportent largement la comparaison avec ce quia été réalisé ailleurs, dans
cet ordre de recherches. Je me propose de les soumettre à l'appréciation de
l'Académie.
HYDRODYNAMIQCE. — Intégration des équations des ondes d'èmersion^ par
la formule de Mac-Laurin, en séries toujours convergentes^ pour un canal
profond sans extrémités et pour un bassin indéfini en tous sens. Note
de M. .1. lîoussi.\KSQ.
I. Quand le bassin proposé (') est horizontalement indéfini soit seule-
ment dans le sens des ^r (tant négatifs que positifs), ave.c largeur constante,
un, suivant les j, soit aussi dans le sens des y, et que, dans le premier cas,
le solide émergé étant, sur toute la largeur, un cylindre à génératrices
parallèles aux y, la variable x est la seule coordonnée horizontale qui doive
figurer, la dénivellation initiale h^ s'exprime aisément par le moyen d'un
potentiel ou logarithmique, dans le premier cas, ou newtonien, dans le
second. De plus, ce potentiel est relatif à une matière fictive s'étendant soit,
en file étroite, le long de l'axe des œ^ soit, en couche mince, sur le plan
des icj, avec une densité, par unités ou de longueur, ou d'aire, égale au
volume d'émersion donné, qui esty"(a7), ou f(^x, y\ aussi par unités ou de
longueur, ou d'aire, de la superficie du bassin.
Appelons d'abord, d'une part, \ l'abscisse, dans le plan vertical des a"s,
d'un point quelconque, contigu à l'axe des x, de la région cylindrique
d'émersion, ou, dans le second cas, ^, r\ les deux coordonnées horizontales
d'un point analogue de la région alors non cylindrique d'émersion; et,
d'autre part, (ar, 3) tout point du plan vertical des xz, sous l'axe des x, dans
le premier cas, mais (a?, y, s), dans le second, tout point appartenant à la
masse fluide, c'est-à-dire situé sous le plan des xy, à une distance quelcon-
que s de ce plan ; enfin , r la distance \jz^ -H (x — ^)- , ou \]z^ -f- (x — ^) -f- ( v — v])^ ,
de ce point intérieur, à l'élément quelconque
dm=:/{ç,)(it, ou dm ^^ f{i^, n) d^dri
de l'aire ou du volume d'émersion.
(') Voir le précédent numéro des Comptes rendus, p. 49'-
578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On sait que le potentiel logarithmique / (logr) dm, clans le cas du plan,
et le potentiel newtonien / ^-^ dans le cas de l'espace, étendus à tous les
éléments l dm de l'aire ou du volume d'émersion contigus au lieu :; ^ o,
satisfont respectivement, hors de ce lieu, avec toutes leurs dérivées par-
tielles, à l'équation correspondante, \.,h^^ = o, des fonctions harmoniques,
vérifiée par la dénivellation A„. Et l'on sait de plus que leur dérivée en z
devient, à la limite ^ ^ o,
rzdm , rzdm
J -p^ = -^/i-^)- -J -pî- = -'^r-/i^.y)>
ce qui montre que la fonction cherchée h^, qui doit se réduire à ./(a?)
, - / , . . I T- d'n 1 /' z dm
ou a/ (a;, j) pour s ^o, sera, respectivement, - / — — oa — / ., ; pourvu
que ces expressions tendent asymptotiquement vers zéro aux grandes dis-
tances de l'origine. Or il est clair qu'elles y tendent en effet.
On aura donc
[ . I rzdm
\ son - / — ,
(•) /'o= ^^ ,
i . 1 r Z dm
f sou — / — — •
II. Appelons 0 l'angle fait avec la verticale descendante par le rayon
vecteur r émané de l'élément quelconque dm de Faire ou du volume d'émer-
sion; ce qui permettra d'écrire
cos9 = - ^ " R^ étant soit {x — ^)', soit ( J? -^ ^)"+ ( „>' — ''i)';
'' ^fz^-h H-
et, devant évaluer les dérivées successives en r de hg, pour les porter dans
la série (5) obtenue à la fin de ma Note précédente comme expression du
potentiel ç des vitesses, cherchons à différentier n fois en :: le facteur va-
riable,— ^ ou — :5— > des éléments que donne pour /î„ la formule (i) ci-dessus.
Or une différentiation en := se fait sans que varient .r, ni j, ni, par suite, R;
d'où l'on déduit aisément la formule symbolique
(a)
d
c d
siwO d I
■ / cos 5 -
d . , rf
• h sin & —7
^= C0S7 -;- -
dz
dr
r dd ~ r
/
■ ,1 dh
d -
III. Commençons par le cas des ondes cylindriques, où l'expression à
SÉANCE DU 7 MARS 1910. J7C)
difTérentier n fois est — ^-- En employant le troisième membre de (2), une
première différentiation donne
d C0S5 I , , , ■ r ■ r, . ' r
— r= (cos Vcosy — sin '; sin '>) r= rcosav ;
ciz r r- r-
etil vient ensuite, en appliquant de même le troisième membre de (2),
f/- cos 5 2 , • û • ù N ' • 2 2 f,
-= = — (cos5rosa5 — sin9sin2&)=: — —coii'J, . . .,
^.2 /■ /-s r^
il" cos9 , 1 .2.3. . . /« . ,
-; ■ = (— 1)" — cos(/i + 1)^.
Par suite, la formule citée (5) de ma dernière Note devient, presque
immédiatement,
ftdin\co^O cns2^ t'
=/^[-
1.3 ^r I . 3 . .5
~ I . 3 . .) . . . ( > /( -i- I ) '. 2 /•./ ^ ■ " • J ■
C'était précisément la formule à obtenir de Poisson, sous la forme que
lui a donnée M. Rousier dans sa Tlièse ('), et dont la dérivée en / exprime
la dénivellation h :
dm \ . COS2 5 t- cos3 5//-
, , , , I ain . C0S9. 9 t- cos
4 /(=/ co,(/ \
J T.r \_ I 2 /• I .
COS( /( H- I ) 5 / '" ' "
1 . .5 . 3 . . . ( 2 /^ — I j \
(^r
Les séries placées sous le siyne / convergent visiblement, quelque grand
que soit l\ et l'on a ainsi l'intégrale générale du problème.
IV. Passons au cas de trois coordonnées .r, v, :;, où ce sont les dérivées
iccessives (
donne alors
COi5
successives on :; de — ;:;- qu'il faut prendre. Le troisième membre de (^-2)
(■*)
dz r-
d cosO 1.2/ I . ,\
= C0^- 'J ^ - SI 119-
'■' V 3 ;
1 . 2 r I 3 , 11 I .
~" ~Lî4
COS2 5 -I i '7<"0S( — 1O)
■}. 1 2 4
, (') Onrfe* /)«/• éme/«io/i, p. 4i (Pa'''s, 'linitliiei-\ illars, 1908).
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, \' 10.) 7^
58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Posons, en général,
(6) p,, = ('l^../dIL:Zl\cos«5+(-U-T---^-^^^)cos(n-2)5
^ \ 2 -4 2 « / V 2 ,' \ 2 4 111 — a '
3\/i3 2« — 5\ , ,,, / 1 3 2/( — 1\ ,
47 Va 4 2/i — 4; Va4 2/i y
L'expression — ^- d'où l'on est parti et la relation (5) se trouveront com-
prises dans la formule générale
(7) ^^=(-)'-^-^;^|^IV
Il suffit donc, pour démontrer celle ci, de faire voir que, si elle est vraie
pour une valeur de /î, elle sera vraie aussi pour la valeur suivante. Or, la
formule (2) de différentiation, a[)pliquée au second membre de (7), donne
rf" cos^i , , I .2.3. . .(« -4- 1) /,, , sin{/ f/l'„ \
de sorte cjue la relation à démontrer est
(8) P„+, = P,. cos 5 + ^^^ '-^ •
On la vérifie aisément en ell'ecluant le calcul du second membre de (H ),
sur l'expression (G) de Pn ( ' )•
Il importe de remarquer, dans (6), que chaque terme de P„ atteint sa
valeur absolue la plus grande quand ô ^ o, ou quand le cosinus y vaut i, et
que, tous les termes étant alors positifs, P„ est maximum. Orln valeur nulle
de G correspond k z = r, et la dérivée (« — lyime ç^ _ ^jg — ^ gg eonloiid
alors avec la dérivée n'™" en r de ;> c'est-à-dire avec (— i/'~' ' " '.„ ,' ,' ' ,
ce qui, d'après (7), donne P„ = i . Ainsi, toutes les fonctions P„ de 0, (jiii
sont, au fond, des polynômes en cos6, se réduisent à l'unité pour 0 = o cl
acquièrent alors leur valeur absolue la. plus grande.
V. T.a dérivée n'""'' en ; de la seconde expression ( i ) de //„ est donc
I . 2. 3. . . ( /( -4- I ) i'\',n.idin
'-"" -. J^^^-
(') La foriiuile (8 ), joiiUe à l'|=:cos^, perniul aiih^i de recoiuiaitre que les (|iian-
lilés P„, expi'iinées eu fondions de cos9, ne sont autre cliose que les polynorne? dits
de Lesendre.
SÉANCE DU 7 MARS 191O. aSi
Par suite, la formule ( .5) de ma XoLe précédente donne, pour le poten-
tiel Zi des vitesses, la valeur
(9)
C f dm r.
fp,-
r-
3
//*■■
( /( -I- 2 ) ( /( H- o ) . . . ( 2 /( -f- I )
..],
et, pour sa dérivée en /, c'est-à-dire pour la dénivellation /i, le développe-
ment
(10) h =
^/^['■'
o.b \
(rt-t-2)(/<-+-3)...(
îmIt)'-]
Considérons, par exemple, dans cette dernière formule, la série placée
sous le signe / . Le rapport, au terme général qui s'y trouve écrit, du terme
suivant où n -\- i remplacerait /?, y est, en valeur absolue, abstraction faite
des facteurs V;.... P„.,, au plus ég-aux à i, —-^ > ou, sensible-
"^" "^- 1 ^ ' (2/i -f l)(2« -H 2) /■ '
ment, pour n très grand, -p^, quantité tendant vers zéro, quelque grande
que soit la valeur actuelle de t. Donc, les séries sous le signe / de (9)
et (10) sont toujours convergentes, et ces formules expriment la solution
générale du problème.
VI. C'est sous cette forme que l'aobtenue M. VergnedanssaThèse(p. 4^
et 49)) après avoir reconnu que l'équation indéfinie (3) de ma précédente
Note indiquait le développement (5) de la même Note par la formule de
Mac-Laurin.
Déjà Poisson, plusieurs 'années avant de faire son Mémoire sur les ondes,
avait eu l'occasion de voir que l'intégrale générale de cette équation bi-
nôme (3) se composait de deux parties comportant, chacune, une fonction
arbitraire, et que l'une de ces parties avait précisément le développe-
ment (5) par la formule de Mac-Laurin. Mais, lors de la rédaction de son
Mémoire sur les ondes, et bien qu'il y ait remarqué l'équation binôme (3)
dans le cas d'une profondeur infinie, il ne parait pas avoir songé à en faire
usage. Cela aurait, cependant, bien abrégé sa démonstration de deux for-
mules fondamentales du n° 34 de son travail, qui, ensemble, reviennent à
582 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la seconde {[) ci-dessus et à la dernière, (n), de ma prt'cédente Noie. 11 n'en
a, du reste, pas dégagé explicitement l'intégrale générale sous la forme
définitive et complète (9) due à M. Vergne, s'étant contenté de trouver, au
n° 38 de son Mémoire, les expressions de «p et de h à la surface libre s = o.
CHIMIE ORGANIQUE. — Alcoylation des cétones aliphatiques par V intermédiaire
de l'amidure de sodium. Note de MM. A. Hai.leii et Ed. Bauer.
Les cétones aliphatiques se prêtent aux mêmes alcoylations que les cétones
cycliques (mélliylcyc)ohexanones, menthone, thuyone, etc.) (') et les
cétones mixtes de la série aromatique (méthyle, éthyle, propyle...phényl-
cétones) (-), quand on les traite par de l'amidure de sodium et des iodures
alcoyliques.
Avant d'aborder l'alcoylation des cétones normales non arborescentes,
nous avons opéré sur la pinacoline qui, par la nature quaternaire d'un de
ses atomes de carbone directement fixé sur le groupement fonctionnel céto-
nique, présente quelque analogie avec l'acétophénone
CH CH CH=
CH<^^G - CO - CH= GH'^G.CO.GH^
GM GH CH'/
Méthylation de la pinacoline. — Quand à i'""' de pinacoline, dissoute dans
trois fois son volume d'éther anhydre, on ajoute peu à peu 1™°' d'amidurede
sodium finement pulvérisé, on constate qu'il se produit une réaction déjà à
froid, avec un dégagement d'ammoniaque. En chauffant à l'ébullition, la
réaction est plus rapide et, suivant la finesse de l'amidure, on arrive à avoir
une solution complète du dérivé sodé au bout de i à 2 heures.
Quand toute l'ammoniaque est éliminée, on introduit par petites portions,
à l'aide d'un entonnoir à robinet, un peu plus de i'"'' d'iodure de méthyle.
L'éther entre en ébuUition, par suite de la vivacité de la réaction, en même
temps qu'il se précipite de l'iodure de sodium. Après addition de tout
l'iodure, on chauffe encore pendant 1 heure environ, on laisse refroidir et
l'on ajoute progressivement de l'eau froide. Les deux liquides sont séparés,
et la solution éthérée, préalablement lavée avec de Fcaii acidulée, cstséchée
(') A. Halleii, Comptes rendus, l. GXXW'llI, p. 1 l'ii); t. GXL, p. i?.- el 1626.
(2) A. Hali-hr (H l'd. Bauek, Comptes rendus, t. CALVllI, p. 70; l. GXLIX, p. 5.
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 583
et distillée pour éliminer l'étlier. Le produit restant est ensuite soumis à
plusieurs fractionnements au moyen d'une colonne Vigreux. On arrive fina-
lement à isoler une portion distillant à 124"- 126" à la pression ordinaire et
qui est formée par la monométhylpinacoline ou diméthyl-i.-x-penlatwne-'i
(CH')^C.CO.CrF.CHS
qui avait déjà été obtenue par Wischnegradsky ( ' ) en faisant agir du chlo-
rure de pivalyle sur le zinc-éthyle.
Elle constitue un liquide incolore à odeur spéciale rappelant celle du
camphre et du menthol, et bouillant à 12 '["-126°.
Son oxime (CH')'.C — G — CH-.CH' cristallise dans Falcool en magni-
II
NOH
fiques tables ayant la forme de losanges et fondant à 78°-8o°.
Les portions de tète et de queue provenant de la préparation de la mono-
méth} Ipinacoline sont retraitées en milieu éthéré par de l'amidure de sodium
et de l'iodure de méthyle en quantité moléculaire. Ce dernier doit être
ajouté peu à peu, de façon à transformer d'abord la pinacoline restante en
dérivé monométhylé, laquelle, réagissant ensuite sur l'amidure restant,
donne un nouveau dérivé sodé qui subit à son tour la double décomposition
avec l'iodure de méthyle.
On décompose finalement le produit de la réaction par de l'eau et on
rectifie l'huile débarrassée de l'éther. On obtient de la sorte une portion
relativement faible de produit passant de io5° à iSo", tandis que la
majeure partie distille de i3o" à i35°.
En reméthylant les portions de tête dans les mêmes conditions, on peut
avoir un rendement quantitatif en ce produit qui passe à i3o"-i35° et qui
n'est autre que \a pentamélliylacétone ou triinélhyl-'2..i.[\-pentanone-?>
(CH3)3.CO.Ch/J^[J;.
Cette cétone, qui constitue le produit ultime de la méthylation de la
pinacoline au sein de l'éther, a déjà été préparée par M. Nef (^) en chauf-
fant en tube scellé à i4o° de l'acétone ou de la pinacoline avec de la potasse
solide et de l'iodure de méthyle.
Étant donné son. mode de formation au moyen de la pinacoline, il est
(') Wischnegradsky, Liebig's A/inaten, l. CLXWIII, p. lo"!.
(-) Nef, Liebig's Annal., t. CCCX, p. 323*.
584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
facile de comprendre qu'il n'est pas nécessaire de l'aire l'opération en plu-
sieurs fois et d'isoler au préalable la monomélhylpinacoline. Il suflit en
effet de traiter successivement la pinacoline par de l'amidure et de Tiodure
de méthyle en quantité insuffisante pour réaliser la méthylalion totale, puis
d'ajouter de nouvelles portions d'amidure et d'iodure jusqu'à refus de
réaction. On réussit ainsi à transformer la presque totalité de la pinacoline
en pentaméthylacétone.
Cette cétone se présente sous la forme d'un liquide qui bout de i33°
à 134" et dont la réfraction moléculaire est normale;
(/l^ ^= o,So536, rtn=i,4o5i3, HMd^ 38,96; Calculé = 89,1 1.
Son oximc, déjà préparée par Nef (/oc. cil.), fond à i4i°.
Alcool penùanélhytisopropylique ou triméthyl-2.2.4-pentanol-3
(CH^)\C.CH.OH.CH(CH')^
Cet alcool se prépare en ajoutant une dissolution de cétone dans trois ou
quatre fois son volume d'alcool absolu, à du sodium en excès. Quand tout le
métal a disparu, on étend d'eau et on reprend par de l'éther la couche
surnageante.
Après distillation et rectification, on obtient un liquide à forte odeur de
bornéol qui bout entre i45" et i48".
Sa phènyluréthane C'^H--\0- est un corps blanc, peu soluble dans
l'éther et qui fond à 79°.
Hexamélhylacètone ou tétramélhyl--2..-iJ\.'\-pentanone-'i on pivalone
CH'\ /CH^
CH'— C — CO— G— CH=.
CH* C\V
Au sein de l'éther, l'amidure de sodium ne réagit plus sur la penta-
mélhylacétone. On n'observe, en effet, aucun dégagement d'ammoniaque
quand on chauffe à l'ébullition le mélange de ces trois corps.
Lorsqu'on opère au sein du benzène bouillant, la pentamélhylacétone
décompose au contraire l'amidure pour donner naissance à un dérivé sodé
insoluble; la réaction est pour ainsi dire totale au bout de 2 heures d'ébul-
lition. On ajoute alors un peu plus de la quantité théorique d'iodure de
méthyle. Il se produit une réaction très vive et le précipité gélatineux de
pentamélhylacétone sodée se transforme peu à peu en un précipité plus
dense d'iodure de sodium. Au bout d'une demi-heure d'ébullition on laisse
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 585
refroidir et on traite par de l'eau. Le liquide surnageant est lavé avec de
l'eau acidulée, séché et rectifié.
On obtient 10 à i5 pour 100 d'un produit passant de i35" à 149" et le
reste, 85 pour 100 environ, distille intégralement entre 149" et i5i°.
C'est l'hexaméthylacétone qui constitue un liquide mobile, à odeur cam-
phrée et dont la densité rf^' ^0,81992 et n„= 1,41702. Sa réfraction
moléculaire UM„ = 43,55 est bien celle d'un dérivé répondant à la formule
( CH' )' C - CO . C (CH^ ) '. Ri\I„ calculé ^3, 7 1 .
L'hexaméthylacétone ne se combine ni à l'hydroxylamine, nia la phényl-
hydrazine, ni à la semicarbazide, bien qu'elle renferme le groupement
cétonique. Elle peut en effet être réduite en alcool dans les mêmes condi-
tions que celles (|ui nous ont permis de convertir la pentaméttiylacétone en
alcool pentaméthylisopropylique.
L'alcool hexamélhylisopropyUque ou tètramélhyl-i .-i .'\.!\-pentanol-'\
(CFP)'.CCHOHC(CH')' se présente sous la forme d'un produit blanc,
très volatil, qui fond à 5o° et bout à i65°-i66''. Il possède une odeur
rappelant, tout à la fois, celle du poivre et du bornéol.
Sa phènyluréthanc. fond à i i8"-i 19°.
/OCHO
V èlher formiqm (CH*). C. CH -- C(CH^)',préparéen chauffant l'alcool
avec de l'acide formiq'ue en excès, constitue un liquide bouillant à i85° qui
par saponification régénère intégralement l'alcool.
Ethyldirnèthylpinacoline. Tétrainéthyl-i . •>. . 4 • ^-hexanone-'i.
(CH^)'.C.CO.C(CH»)-.
Eu faisant réagir, sur la pentaméthylacétone sodée au sein du benzène, du
bromure ou de l'iodure d'éthyle dans les conditions indiquées pour la prépa-
ration de l'hexaméthylacétone, on obtient, après une ébullition de 10 heures
et un traitement subséquent approprié, environ 80 à 90 pour 100 de la
théorie d'un liquide passant entre 172"-! 74° et qui est constitué par la
cétone cherchée.
Comme son homologue inférieur, cette cétone ne forme ni oxime, ni
phényliiydrazone, ni semicarbazone. Mais, réduite au sein de l'alcool ab
solu par du sodium, elle fournit l'alcool pentaméthylèthylisopropylicjue ou
tétraméthyl-2.'x.l\./\-heranol-'5, liquide à forte odeur de bornéol qui boni
à 187°- 188" à la pression ordinaire.
l86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sa phényluréthane, 1res soluble dans l'alcool, cristallise au sein du pétrole
en fines aiguilles fondant à 94°-9^°-
La méthode qui nous a servi à préparer les dérivés mélhylés de la pina-
coline nous a également permis de produire d'autres alcoylpinacolines.
(l'est ainsi qu'en traitant une solution éthérée de pinacoline par de
l'amidure de sodium, puis, après formation du dérivé sodé, par du bromure
ou de l'iodure d'éthyle, on isole un produit passant de io.5° à 176° avec des
points fixes situés entre 146° et i48° et i']!f-\'-jij°.
La fraction passant entre 146° et 148" n'est autre chose que de la niono-
éthylpinacoline on trimèthylèthylacétone ou diinèlhyl--i.n-hexanone'''> :
(CH' )'.('i.CO.CH-.CH-.CH\ C'est un liquide mobile à odeur camphrée un
peu plus fraîche que celle de l'hexaméthylacétone. Sa densité r/" = o,8io5'),
7tj,^ 1 ,40952. Réfraction moléculaire observée pour la raie D = 89,08;
calculée =: 39,1 1 .
.So/zo.rj'me cristallise au sein de l'alcool en fines aiguilles fusibles à ']^°-']''°-
L'alcool correspondant à cette cétone, le (lirnéthyl-i.-2-hexanol-3, est un
liquide à odeur de poivre et de bornéol et qui bout à i:j5°-i57°. Sa phényl-
urélhane fond à 70''-7i°.
La portion distillant de 174°. à 17(1'^ est formée de diéthylpinacoliiie ou
triméthyldiéthylacétone ou diméthyl-i . i-éthyl-[\-he:]canone-i
cil -2 PI 13
(CH';»G.C0.CH;^^',_j,^,j3.
C'est un liquide mobile dont l'odeur rappelle celle de la monoéthylpinaco-
line. r/!;'^ o,8'-î52r , nj,= 1,42227, d'où lî. M. pour la raie D = 48,o();
calculée ^ 48-3 1.
I">lle ne donne ni oxime, ni semicarbazoae. Mais, réduite par du sodium
au sein de l'alcool absolu, elle fournit Valcool trimèthyldiélhylisopropylifpte
ou diméthyl-1 . i-éthyl-l\-hexa/tol-Z
liquide à odeur de bornéol (|ui distille à i<S7" et dont la phénylurélhanc
fond à 107".
Comme dans le cas de la penlaméthylacétone, la dièlhylpinacoline ne
donne pas de dérivé sodé quand on la chaulTe au sein de Téther avec d(!
l'amidure de sodium. Ce dérivé prend au contraire naissance quand à l'éther
on substitue de la benzine. Dans ces conditions, la réaction est normale et
SÉANCE DU 7 MARS 1910, $87
s'elTectue comme dans la préparation de l'hexamétlivlacétone. Elle dure
environ 10 heures, tout en n'étant pas complète. On obtient de meilleurs
rendements en employant le toluène comme dissolvant.
La trièthylpinacoline ou dimé,thyl-i.n-diéthyl-l\.L\~hexanone-?>^ extraite du
produit de la réaction du bromure d'éthyle sur la diéthylpinacoline sodée
au sein de la benzine, se présente sous la forme d'un liquide mobile à odeur
fraîche et camphrée, qui bout entre 214° et iîiG°. 1 )e même que son analogue
riiexaméthylacétone, elle résiste à l'action de l'hydroxylamine et de la semi-
carbazide. Réduite par le sodium, elle fournit l'alcool trimètliyUriélhyliso-
propyliqiie o\idiméthyl-i.i-diéthyl-[\.'l\-hexanol-'i, qui forme un liquide épais
distillant à 226°-228'' et dont la phényluréthane fond à 110°.
Dans le but d'obtenir un isomère de la hexaméthylacétone, nous avons
chauffé, au sein de l'éther, de l'éthylpinacoline, sodée par la quantité théo-
rique d'amidure, avec de l'iodure de méthyle, et nous avons séparé le
produit de la réaction par les moyens ordinaires. Le liquide isolé distille de
148" à ir)G° et contient par suite un mélange déthylpinacoline et d'éthyl-
méthylpinacoline très difficile à séparer l'une de l'autre par la distillation.
Nous avons alors traité le mélange par le chlorhydrate d'hydroxylamine en
solution dans l'alcool.
Dans ces conditions l'éthylpinacoline seule donne une oxime. Le produit
de la réaction est traité par l'eau et le mélange de l'oxime et de méthylélhyl-
pinacoline est extrait à l'éther. On chasse ce dernier et le résidu abandonne
par cristallisation l'oxime de l'éthylpinacoline qu'on sépare par essora-
tion.
Les eaux mères sont distillées et passent à i5o°-i6o°. Le liquide étendu
d'éther de pétrole est additionné d'isocyanate de phényle et abandonné au
repos pendant quelques jours, afin de favoriser la formation de carbanili-
doxime avec le reste de l'oxime éthylpinacolique. On chasse ensuite l'éther
de pétrole et le résidu est distillé dans le vide. Il reste dans le ballon une
poudre blanche, tandis qu'on recueille dans le récipient un mélange d'isocya-
nate non entré en réaction et la méthyléthylpinacoline. On agite avec de
l'eau, qui convertit le carbanile en diphénylurée symétrique, et l'on reprend
parTélher. La liqueur éthéréefournit par évaporation l'éthylméthylpinaco-
line qu'il suffit de rectifier.
V élhylmélhylpinacoline ou Irimélhyl-i . 2.^-/iexanone-3
(cip)3.c.co.ch/^JJ;^jj,
C. I!,, îom, I- Seinesire. (T. l.MI, N" 10.) 79
;")HH ACADÉMIE DES SCIENCES,
est isomère avec rhexamétliylacélone, tout en ayant un point d"él)ullilion
(i55''-i50°) plus élevé que celui de ce dernier dérivé qui bout à i5i".
Réduite, elle donne l'alcool lètramèlhylétliyUsopropylique ou lnmèlhyl-'i.-x.L\-
hcvanol-'^ ( (IH' )''.C.(]HOHCH^ ^,2,.., liquide, bouilhint à iGr)"et ne cristal-
lisant pas.
La pliénylurétliane correspondante fond à 78° tandis que celle de l'alcool
hexamélhylisopropylique fond à i i8"-i 19".
Nous avons encore préparé un second isomère de l'hexamélhylacétone,
dans le but de nous rendre compte si, comme son homologue supérieur,
riioniopivalonc, elle se refuse à former une oxime ou une semîcarbozone. II
s'agit de V isopropylpinacolinc ou Iriinéthyl-i.i.j-hexanone-i
(C^p)^c.co.Cll^c^l^|"jJ'•
l'réparée en faisant agir de Tiodure d'isopropyle sur la pinacoline sodée au
sein du benzène, cette cétone bout à i57",5-i58", 5 et fournit une oxime
fondante ']']°-']^°- Nef signale également cette cétone, mais cet auteur semble
ne pas l'avoir obtenue dans un état de pureté suffisant, car l'oxime qu'il en
a préparée fond à G6°-7o° (').
Dans cette préparation d'isopropylpinacoline il se forme les dérivés diiso-
propylé et triisopropylé, dont nous n'avons pas fait l'étude.
Nous avons enfin cru devoir essayer la substitution de radicaux allylés à
l'hydrogène du groupe CH' de la pinacoline. En opérant comme avec les
radicaux saturés, nous avons oijtenu :
La monoaUylpinaroline ou dimélhyl-2.i-liepléne-(')-one-j
CH'-C.CO.CiI^CH».CH = Cll-,
liquide mobile à odeur assez agréable, mais rappelant toujours celle des
dérivés allylés. Il bout à 6i"-64'' sous i/|'"'"-
La diallylpinaculine ou diniethyl-'2.2-a/lyl-'\-/iep(ène-{')-one-3
(CAP y. c.co.cwQ:,^,-
C.elte cétone constitue nn liipiide moins mobile (pie le précédent et qui
distille à 83"-86" sous 1 f'"'".
(') iViiF, Llelng's Annalen, t. CCCW 111, p. 1G7.
SÉANCE DU 7 MARS IQIO. SSp
(lomnie nous le verrons clans une prochaine Communication, d'autres
cétones non arborescentes se prêtent aux mêmes substitutions que la pina-
coline. ( hielle que soit la cétone dont on parte, on peut toujours obtenir,
comme terme final de l'alcoylalion, une hexaalcoylacétone .
Les principaux résultats consignés dans cette Note peuvent se résumer de
la façon suivante :
I" Au sein de Téther anhydre, la pinacoline fournit avec l'amidure de
sodium un dérivé sodé soluhle qui, traité par des iodures alcooliques, donne
naissance à un mélange de mono- et de dialcoylpinacolines qu'on peut sé-
parer par distillation fractionnée.
1° Les trialcoylpinacolines ne peuvent pas se préparer au sein de l'éther;
leur préparation nécessite l'intervention d'un milieu qui bout à une tempé-
rature plus élevée, par exemple la benzine ou le toluène. Dans ces conditions,
on peut obtenir ces dérivés avec un rendement pour ainsi dire quantitatif.
3" Tandis que la pinacoline, les monoalcoylpinacolines et quelques
dialcoylpinacolines sont susceptibles de se combiner à l'hydroxylamine et
à la semicarbazide, les trialcoylpinacolines se refusent à former des oximes
et des semicarbazones.
4" Toutes ces cétones, sans exception, peuvent être réduites en alcools
secondaires correspondants, (piand on les traite par du sodium au sein de
l'alcool absolu.
M. Lawei.oxgte fait la Communication suivante :
M. .1. Regnauld, le i4 décembre 1891, a fait une Communication à l'Aca-
démie sur le pied des Hindous, qui confirme ce que j'ai eu l'honneur de dire
dans la dernière séance sur le pied en Extrême-Orient. Je suis heureux de
lui rendre hommage et de voir que d'autres ont vu ce que j'ai constaté.
M. PiEitRE TERMiiiiR fait hommagcà l'Académie d'une brochure intitulée :
Deux conférences de Géologie alpine.
M. I*. DuiiEM fait hommage à l'Académie de la deuxième édition de son
Ouvrage : Thermodynamique et Chimie. Levons élémentaires.
:k)0 ACADI'MIE DKS SCIENCES.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, au choix de deux Membres
qui devront faire partie de la Commission du Fonds Bonaparte pour i<)io
et 191 1 .
L'un de ces Membres, choisi dans la Division des Sciences mathéma-
tiques, doit remplacer M. liouquet de la (îrye., décédé; l'autre remplacera
M. L. Caillelet, Membre libre sortant, mais non rééligible.
MM. VioLLE et Alfred Picard réunissent la majorité des suiïrages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Associé
étranger qui devra occuper un des postes créés par le Décret du i''' dé-
cembre 1909.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant de \i :
M. Richard Dedekind obtient ... l\ï suffrages
Sir Norman Lockyer obtient .... i suffrage
M. Richard Dedeki.vd, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé
élu. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
liépublique.
CORRESPOIVDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Travaitr du Conseil supérieur (F Hygiène publique de France, t. XXX^ 111,
année 1908. (Adressé par le Ministère de l'Intérieur.)
•1" Recherches histologiques sur la métamorphose des Muscides (J'alliphoru
erythrocephala Mg), par JNL (]. Féuez. (Présenté par M. Dehige.)
M. V. Tatin adresse des remercimenls pour la distinction que l'Aca-
démie a accordée à ses travaux.
SÉANCE \iV 7 MARS 19IO. 'îQI
ASTRONOMIE. — Nouvelles Tables trigonométriques fondamentales.
Aole de M. H. Andoyer.
A quelques exceptions près qui ne correspondent qu'à des Tables
abrégées de très faible étendue, toutes les Tables de logarithmes trigono-
métriques publiées jusqu'à ce jour ne sont que des extraits plus ou moins
perfectionnés des trois (ouvrages originaux suivants :
1° La Trigonomelria britannica, de H. Biiggs et H. Gellibrand (Gouda, i633);
2° La Trigononietria arlificialis, d'Adrien Vlacq (Gouda, i633);
3° Les Tables du Cadastre, calculées en France de 1794 à 1799, sous la direction
de G. Riche de Prony, mais non publiées.
La Trigononietria britannica renferme les logarithmes des lignes trigo-
nométriques avec quatorze décimales de centième en centième de degré
sexagésimal, ce qui est insuffisant et incommode; d'ailleurs la dernière
décimale est généralement en erreur de plusieurs unités.
La Trigononietria artificialis donne les logarithmes des lignes trigono-
métriques avec dix décimales, de 10 en 10 secondes sexagésimales; mais
la dernière décimale est généralement incorrect?, Kerreur pouvant atteindre
six unités.
Le célèbre Thésaurus logarithmoruni complétas de G. Vega (Leipzig, i ']Ç)\),
reproduit dans ces dernières années à l'aide de la photozincographie par
rinstilut géographique de Florence, n'est qu'une réédition, avec quelques
améliorations, de l'œuvre de Vlacq; la dernière décimale y reste très géné-
ralement incorrecte. Les errata qu'on en a publiés sont très incomplets.
Quant aux Tables du cadastre.^ elles sont calculées de 10 en 10 secondes
centésimales avec quatorze décimales, mais de façon à assurer seulement
l'exactitude de la douzième; leur étendue a été jusqu'à ce jour un obstacle
insurmontable à leur publication et le Service géographique de l'Armée en
a donné seulement une édition réduite à huit décimales en i8'9i, en même
temps que M. de Mendizabal Tamborrel publiait des Tables analogues.
Les Tables trigonométriques n'ont donc bénéficié que de progrès insi-
gnifiants depuis l'invention des logarithmes, et l'œuvre même des fonda-
teurs, Briggs et Vlacq, non surpassée, demeure entachée des nombreuses
erreurs qui la déparent, tandis que les Tables du Cadastre restent inutiles
à l'étal de manuscrit.
D'autre part, les progrès de l'Astronomie de précision, dus en parti-
culier à l'emploi des méthodes photographiques, ont déjà montré, en
592 ACADÉMIE DES SCIENCES.
plusieurs occasions, l'insuffisance des Tables ordinaires à sept décimales; de
sorte qu'il sera nécessaire certainennent, dans un avenir rapproché, de
uieltre à la disposition des calculateurs des Tables sexagésimales à huit ou
plutôt neuf décimales; pour les obtenir correctes, le Thésaurus de Vega est
insuffisant.
Telles sont les raisons qui m'ont détermine à entreprendre le calcul
direct et complet de Nomelles Tables trigonométrùjues fondamentales qui
puissent servir en toute sécurité à toutes les recherches de haute précision,
et aussi assurer une base vraiment solide à toutes les publications ulté-
rieures du même genre, mais moins étendues et par suite plus appropriées à
la pratique courante.
Ces Tables, qui contiennent comme partie principale les logarithmes
des lignes Irigonométriques de 10 en 10 secondes sexagésimales, avec
quatorze décimales, et qui permettent même d'en obtenir dix-sept si c'est
nécessaire, sont maintenant complètement achevées en manuscrit et leur
impression va commencer, grâce à une subvention accordée par la Faculté
des Sciences de l'Université de Paris, sur les arrérages de la fondation Com-
mercy.
Les calculs nécessaires à leur établissement ont été faits entièrement par
moi, sans emprunter quoi que ce soit aux publications antérieures, les for-
mules fondamentales et les nombres initiaux eux-mêmes ayant été l'objet
d'une revision attentive, qui d'ailleurs ne s'est pas toujours montrée
superflue.
Les précautions prises pour ell'ectuer les calculs, et le soin que j'ai eu
de n'admettre aucun résultat qui ne se trouvât éprouvé, me permettent
d'affirmer l'exactitude des résultats à une demi-unité près du dernier ordre
décimal.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil faites à l'Observa-
toire de Lyon pendant le troisième trimestre de 11)09. Note de M. J.
GriLI.AUME.
Il y a eu ()-] jours d'observation dans ce Iriineslre et voici les principaux
faits (jui en résultent :
Taches. — Lv nombre des groupes el la surface totale tachée sont un peu plus forts
([ue dans le précédent trimestre : soit, 45 groupes et 2908 millionièmes au lieu de
il groupes et 2707 millionièmes de l'aire de riiémisphère visible.
On a enregistré deux jours sans taches (28 août el \!\ septembre) et le mois d'août
SÉANCE DU 7 MAliS I910. Sg'i
a présenté une grande diininulion dans l'aire totale tachée par rapport à celle des
deux autres mois.
Far contre, les deux groupes suivants du Tableau 1 ont été visibles à l'œil nu :
Juillet 23,4 M +*3° de latitude
Septembre 28,8 (') à — 6" de latitude
D'autie part, les groupes observés se répartissent ainsi : aS au lieu de 21 au Sud de
i'équateur et 20 au lieu de 11 au Nord.
Régions d'actùilé. — On a noté 86 groupes avec une surface totale de. 8g,o mil-
lièmes au lieu de 74 groupes et 82,0 millièmes dans le précédent trimestre.
Le nombre des groupes a été sensiblement stationnaire dans l'hémisphère ausiral
(49 au lieu de 48) et il a augmenté d'environ J dans l'autre hémisphère (3j au lieu
de 26). Remarquons enfin qu'un groupe de facules s'est montré à — 43° de latitude,
en août.
Tableau I.
Tache
Dates
Nombre
Pass.
talilnile
moyennes
Surfaces
Dates
Nombre
Pass.
Latitudes moyennes
Surfaces
ex(ri)meft
d'obserT.
dobser-
lalions.
.lu
cenira
iUet .
s.
C\W). — l
N.
moyennes
réduites.
oxti'i^iues
d'observ
d'obser-
vations.
au mer.
central.
A où
^~ N.
(suite).
moyennes
réduites.
27-1".
«
1 .0
_ 1
12)
1 2- 1 j
4
i3.7
— 8
G
I
1
1
5^5
ti,o
— Kl
-\- G
2
1 1 - 1 'i
'9
,
i(),7
■7, '
— 9
4
1
I
0,7
- —19
7
i3
1
17,2
■+■ 7
2
1
1
7,2
2
i3-iS
4
18, i
+ 9
23
7-9
-.
ij, 3
— 8
23
l5-20
j
'9, "'
— '9
21
12
1
14,3
1-1(1
7
li-24
9
20,3
-+- 7
5i
12- t.)
'i
1 ),ï<
+ 7
r(;
2V>.
I
2 1,1
-H ■>.
H
■y
1
17,0
-.4
10
17-27
4
22,3
— là
1)
1 1
2' ,7
-+- (1
1 (J2
3o-3i
■'-
28,7
— ■'
10
U)-22
3
23,1
+ i3
9
24 j-
— 12'',4 -H 5"
-
i()-3o
11
24,3
+ 6
480
^\)'i\
6
-'.4,3
-+-1 1
11
Septembre. - i),o5.
27
I
24,5
— 1 5
M
19-26
7
25,0
_ -
'I9
3o
'
1,8
— iG
G
22- 3
1 1
v8,8
+ ii
1 1 1
3o- 4
i
6,0
-t- 9
62
3i- 4
i
3 1 , 2
— 5
12
6-1 3
4-l3
r 1 I 3
5
6
3
7,9
8,0
14 ,0
— 2
il8
267
8
^4j.
— 9°
9 + 9",
1
-i3
i5
1
20,3
— iG
6
Aoiil
— 0,0'
18
I
21,8
-1-16
G
4
I
2,5
— 1 J
2
20-27
[\
22,4
— 18
41
'-'- 'J
7
5,9
I-
7(i
18-28
8
23,8
- 6
370
1 1
1
s, 3
— 1 1
5
22-24
3
28,0
+ 10
8
3- 7
5
9,i^
-Hlo
i5
■i\
I
29,8
-m4
8
11-12
2
10,3
-f- 3
(1
28- 2
3
3f ,9
-1- \
9
()- ' 5
(i
ir,6
— 13
33
'9j-
— ii",9 -hio"
"g
(') C'est 1,7 jour après le passage de ce groupe au méridien central que s'est pro
duite la très forte perturbation magnétique qui a fait l'objet de plusieurs Communi-
cations insérées aux Comptes 1 endus.
5q4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1909.
Tableau II. — Dislribulion des laclics en latitude.
Sud. Nurd. .Surrafc
I ^_ .^ ^ -^ .^ ^-, Tolaux totales
VO'. 30°. 20°. 10°. 0°. Somme. Somme. 0°. 10°. 20°. 30". 40°. 90°. mensuels. réduite
Juillet
■ : '
» 3
1) I
1) 2
5
1 1
1 1
.5
6
4
i3
19
Septembre
Totaux. . . .
1 .
» 6
27
I j
49
Juillet i> » » 3 6 9 8 5 3 » » 1) 17 iiiâ
Août ,; » ,) 6 3 9 7 7 » » » » '•' '^84
Septembre « » » 5 ■>- 7 5 3 9. » » » ii 1 J09
Totaux » » » i/i 11 25 20 i5 "> » » » 45 2908
Tableau 111. — Distribution des facules en latitude.
Sad. Nord. Surfaces
^ . __ ^ . _«^ _ ToUui totales
190?. 90°. tO°. 30". 20". 10°. 0*. Somroc. Somme. 0°. 10°. 20°. 30°. 40°. 90". mensuels. reluîtes.
Il 5 6 » » » 2,i 29,7
i5 8 5 2 » I) 34 34,5
M 3 7 I » 1) 28 24)8
37 16 18 3 » » 86 89,0
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur le phénomène de Purkinje. Note
de M. Ch. Gallissot, présentée par M. Emile Picard.
Les esliiaalions de grandeur d'étoiles, données dans les principaux cata-
logues photométriques présentent des différences systématiques qui \arient
avec l'éclat et la couleur des étoiles observées. L'attribution de ces dilTé-
rences à l'influence du phénomène de Purkinje donnant lieu à des contra-
dictions, j'ai entrepris une série de mesures de laboratoire, dans le but de
rechercher si l'on pouvait lever l'incertitude qu'il introduit dans la compa-
raison de points brillants diversement colorés.
Une première étude fut exécutée en comparant deu.x points lumineux,
rouge et bleu; on fait varier l'éclat d'une étoile artificielle rouge dans un
rapport connu, et l'on mesure la variation d'éclat par comparaison avec
une étoile artificielle bleue donnée par le photomètre hétérochrome de
M. Nordmann, et inversement. Comme dans chaque série de mesures l'image
bleue donnée par le photomètre a été étalonnée avec celle de la Polaire
donnée par l'équatorial coudé de l'Observatoire de Lyon, j'exprime les
éclats en grandeurs slellaires; l'éclat h grandeur signifie que le point lumi-
neux considéré a l'éclat que posséderait l'image d'une étoile de grandeur A
donnée par un objectif de 28*^" de diamètre.
La discussion de plus d.e 2000 mesures d'éclat conduit aux conclusions
suivantes :
I" Le plK'niimène de l'iirkinje ne paraît avoir d'inthience sensible ((u'à partir de la
SÉANCE OU 7 MARS 1910. bip
grandeur 6. (Les comparaiï'Oiis d'éclats trop brillants manquent de précision et les
pointés ne deviennent concordants qu'à partir de la grandeur 4 environ.)
2° La différence entre l'éclat observé et l'éclat calculé augmente au fur et à mesure
que l'éclat diminue pour atteindre près d'une grandeur slellaire vers la grandeur 11.
3° Le sens du phénomène pour les points lumineux est l'inverse de celui constaté
pour les plages, c'est-à-dire que, si l'on diminue dans le même rapport les éclats de
deux points lumineux rouge et bleu estimés de même éclat, le rouge parait plus bril-
lant.
4° Les mesures eflectuées sur les éclats faibles sembleraient indiquer que le phéno-
mène se passe alors pour les points comme pour les plages. A la limite de la visibilité,
les teintes ne se diflerencient pas; on est tenté d'observer par vision oblique, el, dans ce
cas, le point bleu jugé primitivement d'éclat plus faible que le point rouge, paraît
nettement plus brillant.
J'ai tenu à souinellfc la troisième conclusion au contrôle de divers obser-
vateurs à l'aide d'une expérience directe.
Deux faisceaux lumineux issus de deux trous A et B éclairés par la même lampe
électrique, dont on maintient le voltage constant, donnent par rintermédiiiire d'un jeu
de lentilles deux images voisines, que l'on observe à l'aide d'un oculaire. Devant
A el B on dispose les écrans colorés. Le faisceau A traversant un système de deux
niçois, on peut faire varier l'éclat de l'image de A jusqu'à ce qu'il paraisse être égal à
celui de l'image de B. Enfin les intensités des deux faisceaux sont réduites dans le
même rapport par l'emploi d'un disque tournant.
Ce dispositif permet de juger directement le sens du phénomène et d'eu mesurer
quantitativement l'influence. DiflTérents obser\ ateurs, en particulier mes collègues
M. Guillaume et M. Luizet, ont eu l'obligeance de faire quelques pointés; leurs obser-
vations confirment le fait signalé, à savoir l'inversion du phénomène de Purkinje,
quand on passe de l'observation de plages lumineuses, cas où la rétine entière est
impressionnée, à l'observation de points lumineux que l'on fixe, c'est-à-dire i|ui font
leur image sur la tache centrale.
La sensibililé complètement difl'érente du centre et de la périphérie de la létiiie
clE
entraîne comme conséquence (jue dans la formule — = Ac/S, qui traduit la loi de
Fechner, le coefficient A dépend non seulement de la longueur d'onde excitatrice, mais
aussi de la région de la rétine impressionnée.
Au point de vue photoniétrie stellaire, la discussion des observations
d'étoiles montre que le sens constaté pour le phénomène de Purkinje, dans
le cas où la région centrale de la rétine est seule intéressée; ne semble géné-
ralement pas convenir aux observations d'étoiles variables, faites par la
méthode d'Argelander, mais paraît nettement être celui qui intervient dans
les mesures effectuées au moyen de photomètres, notamment dans celles de
Pickering et de Pritchaid.
Semestre. (!'. I5ij, N" 10.;
80
Sç)6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le Tableau suivant traduit les résultats de mesures de comparaison par
rapport à une image bleue de teintes se rapprochant de celles d'étoiles, le
rouge excepté.
Bleu
(blanc bleuï
,tre)
Estimation
corres
pondante de
l'ima
ge-
^"
grandeur
Jaune verdàlre.
Jaune rougeâlre.
Rouge.
6,0
6,0
6,0
6,0
7>5
7,46
7,42
7,36
9>o
8,84
8,81
8,68
io,6
10, 25
10, j8
9,95
11,4
1 1 ,o3
10,87
10, 65
Ces valeurs, malgré le caractère personnel de leur délermination,
expliquent d'une façon très satisfaisante les écarts constatés dans les déter-
minations d'Harvard Collège, suivant l'instrument employé. Quant aux
observations de Potsdam, elles sont en moyenne peu alî'ectées par le phéno-
mène de Purkinje; ceci résulte delà façon même dont sont conduites les
mesures.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la mesure des ensembles. Note
de M. An\AUD 1)em.ioy, présentée par M. .Jordan.
On connaît le mode de mesure des ensembles proposé par MM. Borel et
Lebesgue. Un ensemble E réparti sur un segment AB a pour mesure exté-
rieure B la borne inférieure de la longueur totale des intervalles, en nombre
fini ou infini, où l'on peut enfermer les points de E. La mesure intérieure B
est l'excès du segment AB sur la mesure extérieure B de E', ensemble formé
par les points de AB qui n'appartiennent pas à E. Un ensemble est dit
mesurable B si sa mesure extérieure et sa mesure intérieure sont égales.
Leur valeur commune est la mesure de l'ensemble.
Il est utile, dans les applications si nombreuses de cette théorie, d'en
avoir présentes à l'esprit les conséquences suivantes. Elles sont aisées à
établir, mais, à ma connaissance, elles n'ont pas été signalées.
La condition nécessaire et sujjisante pour qu'un ensemble soit mesurable B
est qu il soit la somme d'une infinité dénombrable d'ensembles parfaits et d'un
ensemble de mesure nulle.
Va\ d'autres termes : Si un ensemble E est mesurable B, // est /lossible de
trouver un ensemble parfait dont tous les points appartiennent à E, et dont la
mesure dijfère de moins de £ de celle de E, quel que soit t supposé positif .
Ainsi, dans un ensemble mesurable, l'élément long, c'est l'ensemble
parfait.
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 597
Cantor avait proposé un mode de mesure des ensembles qui, dans le cas
des ensembles fermés, donne le même nombre que la mesure de MM. Borel
et Lebesgue. Entourons cliaque point de l'ensemble d'un segment concen-
trique à ce point et de longueur ip, la même pour fous. Les points inté-
rieurs à l'un au jnoins de ces segments forment un domaine constitué par
plusieurs intervalles. La limite de la longueur totale de ces intervalles
quand p tend vers zéro est la mesure de l'ensemble au sens de Cantor. Nous
l'appellerons mesure C.
Cette définition conduit à donner à tout ensemble la même mesure qu'à
son dérivé.
On peut songer à perfectionner la mesure C des ensembles en posant le
principe suivant : si l'on réunit une infinité dénombrable d'ensembles deux
à deux distincts, la mesure de l'ensemble total ne doit pas excéder la somme
des mes.ures des ensembles constituants; et aussi le suivant, plus précis.
Décomposons E en une infinité dénombrable d'ensembles; formons la
somme des mesures de ces ensembles. La borne inférieure de cette somme,
quand la décomposition change arbitrairement, est la mesure de E.
Après celte généralisation très naturelle, la mesure de Cantor coïncide-
t-elle avec celle de MM. Borel et Lebesgue pour tous les ensembles mesu-
rables B? D'après la structure de ces ensembles telle que je la décris ci-
dessus, il suffit de se poser cette question pour des ensembles de mesure
nulle.
Appelons, avec M. Baire, ensembles de première catégorie sur un
ensemble parfait P un ensemble constitué par la réunion d'une infinité
dénombrable d'ensembles appartenant à P et non denses sur lui. Alors :
Pour qu un ensemble de mesure B nulle ait aussi une mesure nulle dans le
mode de Cantor généralisé, il faut et il suffit que cet ensemble soit de première
catégorie sur tout ensemble parfait de mesure non nulle.
Donc, le progrés essentiel et irréductible réalisé par la mesure de Borel-
Lebesgue sur celle de Cantor réside dans la mesure des ensembles de mesure
nulle; plus exactement, de ceux qui sont de deuxième catégorie sur au
moins un ensemble parfait de mesure non nulle.
Toutes les fois que se présentera isolément un de ces derniers ensembles,
toute tentative de fusion des notions de mesure B et de mesure C, tout
essai de conversion de l'intégrale de Lebesgue en une infinité dénombrable
d'intégrales de Riemann, seront voués à un échec. (Ceci n'a aucun rapport
avec l'extension obtenue récemment par M. Borel de la notion de somma-
bililé due à M. Lebesgue.)
3()H ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tout ce qui précède s'étend sans cliangement aux ensembles à plusieurs
dimensions.
Dans un autre ordn^ d'idées, on sait qu'une fonction de .r est en général
(^ sauf aux points d'un ensemble de mesure nulle) la dérivée de son intégrale
de Lebesgue prise entre x^ et x (x^ fixe). Soit / la longueur de la portion
de l'ensemble comprise entre A et le point M de AB dont l'abscisse est x.
l est l'intégrale de Lebesgue d'une fonction égale à un sur l'ensemble et
à zéro au dehors. Donc, cU '. clx est, en général, égal à i, si M est sur l'en-
semi)le et nul si M est hors de l'ensemltle. Donc, l'élément d'un ensemble
mesurable B est en général un infiniment petit équivalent à son support, si ce
dernier a son origine fixe sur l'ensemble et tend vers zéro. C'est un infiniment
petit d'ordre supérieur à celui de son support, si celui-ci a son origine fixe
hors de l' ensemble. Les points oii ces énoncés sont inexacts forment au plus un
ensemble de mesure nulle.
De même, soit A{x,y) Taire de la portion d'un ensemble E^ mesurable,
à deux dimensions, comprise dans le rectangle limité par les droites X ^ o,
X = .r, Y ^ o, Y ^ y. Les points de Ej situés sur la droite \^ x entre
les ordonnées o et j' forment un ensemble en général mesurable ayant une
cerlaine longueur p[x, y), q{x, y) a une signification analogue, x el y
élant échangés, p est continu relativement 'a y, q relativement à x. On a,
sauf en un ensemble de points de mesure nulle A'^. = p, A'. -— y, et
ensuite^,. = y'^., la valeur commune de ces deux derniers nombres étant i
sur l'ensemble, o en dehors. Ces énoncés résultent aussi des théorèmes
de M. Monte! sur la condition d'intégrabilité de pdx-hqdy et me
paraissent en fournir une des applications les plus simples et les plus
générales.
On montre encore que, p tendant veis zéro, si un domaine contenu dans
un cercle de rayon p et de centre fixe M a une aire supéiieure à A-p- (k étant
fixe), l'élément de Ej contenu dans ce domaine lui est équivalent en mesure,
si M appartient à Eo, est infiniment petit relativement à lui, si M n'appartient
pas à Eo. Cela peut être inexact en un ensemble de mesure nulle.
De ceci résulte que le nombre appelé par M. Zoretti dans une Note
récente, ramification d' un ensemble parfait en un point, est partout égal à i
sauf aux points d'un ensemble de mesure nulle. 11 est d'ailleurs possible
qu'en ces derniers points sa connaissance rende des services. La ramifi-
cation en tout point d'un ensemble d'aire nulle est évidemment nulle,
puisqu'elle est l'intégrale d'une fonction nulle partout sauf aux points d'un
ensemble de mesure nulle.
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 099
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur le groupe symétrique et le groupe alterné.
Note de M. dk Skouier, présentée par M. Jordan.
1. Considérons le système d'équations
/ a^=:a, ^'=(3, (rtif')'-'=y, {ab-'aby—è, {ab^i ab'Y= Ej.
\ c, (3, y, 0, £y sont permutables à a, b\
(S) ' ieslia; y = i,3,...,T, Tetantleplusgrandenlierl-;
si < ^ 3," il faiil supprimer réquatiou (ab^J ab^ )-=z sj]
si Z =: 2, il fiuil encore supprimer (ab~' aby^d,
et le système (A) obtenu en adjoignant à (S) les équations
I c'r^k, (acy=K, {cb-''ab"Y—-nA,
(i) < (■ est permutable à a. [3, y, ô, £y ; A, Ç, y]/,. sont permutables à «, /y, c;
' /i := I , . . . , ^ — 2; si < ;: 3, il faut supprimer {cb-'^ab'')-z^ri/i.
Lorsqu'on réduit les seconds membres à i, (S) définit le symétrique de
degré t, et (A) l'alterné de degré n = / -4- 2 ( ' ).
2. Le système des consécjuences de (S) entre a, [î, y, 0, £, =£,...,£,.
équivaut au système
1£yi=£; £-=!«'; ô ::= «•" si / est impair; o =: «£ si < est pair;
(3'-'-/'£'a"'=:i;
,.„. , /=lilZll) si/ = 2.; ^^(^+0(r + 2) ^;^^^^^
'22
t{l-i) ,
2
Le système des conséquences de (A) entre a, [3, y, 0, £,, ..., e^, x, 'C,
"11! • • •! 'If-a équivaut au système (Au) formé de (So) et des équations
SI « = < + 2 est
?^'i,
^/.^■li,
■nl = ix''x-,
Ç==a£x^
si n =: 6,
■03 — nt,
Yl^=:r,? =«'•/%
Ç- = as ■/.'-
(') L'équation (rtè)'-'=:i qui ligure alors dans (S) et dans (A.) avait été omise
dans un travail précédent (/. M., 1902); mais j'ai reconnu depuis qu'elle était néces-
saire. Je me servirai dans ce f|ui suit de la même terminologie que dans ma Note du
29 juillet 1907 (Comptes rendus^ t. CXLV, p. 3o3; au n° 3, il faut lire \j.^^i au lieu
de [i.=^i) et dans mes Eléments de la théorie des groupes abstraits (Gautliier-
Villars, 1904) auxquels je renverrai par la lettre E.
6oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
3. Le symétrique' a deux figuratifs distincts qui sont définis par le sys-
tème (S) joint à
(3) «==£•'-, . p = £ ' , 7 = 13, ô = ï'+'^+', s-=i,
/ayant le même sens que dans (S,,); les deux fii^uratifs répondent aux choix
a? = o,i.
L'alterné de degré « =; z + 2 n'a qu'un figuratif défini par le système (A)
joint à
//J\ ) si n^6, « = £, (3 = £ ' , y = |3, S = î', Ç=rY),z=x^£, £^:=i;
( si /i:=6, « = (3 ^ y = Çr::-0i=03= X = £, 0 = 1, £^=I, -fl.^=:£,
/ayant le même sens que dans (Sj,).
L'ordre du multiplicateur pour « = 6 avait déjà été déterminé par
M. Schur(Crelk, t. 132, 19*7, p. 120).
Dans le cas n = 6, le groupe K défini par (A) et (4) pour t = i admet la
représentation imprimitive de degré 18
a = ai(32.(3,yj.yi«s.a3«4.p3[34.y3y4,
Z) = «, a, . «3 «4 «5 «6 . (3, Ps . p, Pi [Ss [3c . y, yj . y, '/>, y&yt,,
C = «iy3y2-[3i5(3«2-yi|33|32.a4y4pi-ai(3ôy»-
On en obtient une représentation linéaire en considérant les variables du
groupe de M. Valentiner (sous la forme donnée, par exemple, par M. Ger-
baldi, 1{. C. M. P., 1898, p. 33; cf. Maschke, M. A., t. LI, p. 253) comme
non homogènes et en multipliant chaque générateur par une substitution
de la forme | [Ji.r, [/.y, as |, de manière à réduire son déterminant à i .
4. La spécialité (E., i34) du groupe de Sylow G d'ordre//" du synié-
tri(jue S de degré //" est maxima. Les équations de G se déterminent par
récurrence en partant des équations suivantes relatives au cas m = 1:
l'l=i, t,tk—t/J, (/, A- = o, ...,/> — 1), si'=t„, *-'/,^ = <,■<;_', {t_^ — ^).
Il y a dans S p^(p — i)"'0^ ~ '^'" 'P') substitutions permutables à G (').
(') M. l^indlay a lUudié G à un aulie point de vue [Transaci. oj ihc Am. Mallt.
Soc, iyo4, p. 263-278).
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 60I
ANA[.YSlî MATHÉMATIQI E. — Sur le développetnenl d'une fonctinn arbitraire
en séries procédanl suivant certaines fonctions fondamentales. Note de
M. W. SrEKr.oFF, présentée par M. I^nile Picard.
Supposons que la fonction p(x) de l'équation (i) de ma Note précé-
dente (') reste positive dans l'intervalle (a, /)), et entendons par )^/, et V,, {x)
les nombres caractéristiques et les fonctions fondamentales correspondant à
l'équation (i), jointe aux conditions aux limites (3), où a, et bi satisfont à
l'un des trois types de conditions du théorème énoncé dans la Note que je
viens de citer.
La méthode développée dans mon Mémoire : Problème de refroidissement
d'une barre Itétérogéne (^Annales de Toulouse^ 190 1, n"^ 15-18, p. 3oo-3o5 )
s'est montrée applicable, presque sans changements, à toutes les fonctions
fondamentales tout à l'heure mentionnées.
En appliquant cette méthode, on obtient tout d'abord la proposition
suivante : Quelle que soit la fonction f(^x), continue avec sa dérivée première
dans l'intervalle (a, b) et satisfaisant aux mêmes conditions aux limites que
les fonctions considérées \/,. (a;) (voir les équations (3) de ma Note précé-
dente), on a toujours
r'' " r''
j p{x)p{x)dx^^Al, A,=J p{x)f{x)\',{.T)dx.
" k = \ "
De cette proposition on tire ensuite, moyennant la méthode indiquée
dans mes Mémoires : Théorie générale des fonctions fondamentales (^Annales
de Toulouse, 1905, p. [\i 1-419) et Sur certaines égalités communes à plusieurs
séries de fonctions, etc. (^Mémoires de l' Académie des Sciences de Saint-Péters-
bourg, 190 j, n°^ 5-9), ce théorème général :
Théorème. — Quelles que soient les fonctions f(x') et o (x), intégrahles
dans l'intervalle (a, h), on a, pour toutes les fonctions fondamentales V;; (ii-)
de ma Note précédente, le développement suivant :
r''
j p{x)/{x)cf(j,-)djc=^A,,B,„
" /, = i
A,,-=^ lji.r)f{.c)\,,(.c),l.i-, n,^-^f p{.r) '.{.>■) y, (,i:)dx.
(*) Comptes rendus, si février 1910.
6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il s'ensuit immédiatement le théorème suivant :
Théorème. — T ouïe suite de fondions fondamenlales dont l'existence est
établie dans ma Note précédente est fermée, pourvu que la fonction p (^x^ reste
positive dans l'intervalle donné (a, b).
11 est évident, en effet, que toute suite de fonctions V/,(.r) orthogonales et
normales satisfaisant à l'égalité (i) (l'égalité caractéristique) est nécessaire-
ment fermée (' ).
L'égalité caractéristique (i) conduit ensuite à ce théorème :
Théorème. — Soit V^(.'r) (A" = i, 2, 3, . . .) l'une des suites de fonctions
fondamentales satisfaisant aux conditions (3) de ma Note précédente,
où ai, bj sont des constantes appartenant à l'un des trois types signalés dans
cette Note {Comptes rendus , 21 février 1910).
Toute fonction fi^x) continue admettant la dérivée première dans {a, b)
et satisfaisant aux mêmes conditions aux limites que les fonctions Y^ (x) se
développe en série uniformément convergente de la forme
/ = 1 "
Pour établir ce théorème, il suffit de répéter, avec des modifications
légères, les raisonnements du n° 22 de mon Mémoire : Problème de
refroidissement, etc. (p. 3oy) ainsi que ceux de ma Note : Sur un problème
(V Analyse intimement lié avec celui de refroidissement d'une barre hétérogène
{Comptes rendus, le 8 avril 1907).
Dans certains cas on peut s'affranchir de la restriction que la fonction f (x)
satisfasse aux mêmes conditions aux limites que les fonctions Y^ (x), ce qui a
lieu, par exemple, pour toutes les fonctions fondamentales correspondant
au troisième type de conditions aux limites de ma Note précédente.
Les résultats généraux que je viens d'indiquer dans ces Notes contien-
nent comme des cas particuliers plusieurs résultats obtenus récemment par
d'autres auteurs à l'aide de méthodes différentes.
Je remarquerai, enfin, que la méthode adoptée dans ces Notes s'étend
(') 11 en résulte que tous les systèmes de fonctions d'une, de deux et de trois
variables, énumérés dans mon Mémoire déjà cité : Sur certaines égalités géné-
râtes, etc., sonl fermés.
SÉANCE DU 7 MARS 19IO. ()o3
aussi à certaines équations linéaires aux dérivées partielles, par exemple à
l'équation connue
OÙ />(if, y, z) est une fonction assujettie à une seule condition d'être
continue dans un domaine donné.
ANALYSE MAïHÉMAllQUE. — Dc\'eloppemenls suivant certaines solutions sin-
gulières. Note de M. Joseph 3Iarty, présentée par M. Kmile Picard.
Conservant les notations de ma précédente Communication ('), je vais
montrer comment il est possible d'obtenir certains développements (-) sui-
vant les solutions singulières de l'équation intégrale (i).
Des fonctions '^/fÇx), •\/.,(x), ..., telles qu'il n'existe aucune de leur
combinaison linéaire, en nombre fini, non identiquement nulle, qui soit
conjuguée à elle-même (c'est le cas pour les solutions singulières) peuvent
se remplacer par un système linéairement équivalent de fonctions ^, (a*),
^2(^), . . • , conjuguées deux à deux et normées, c'est-à-dire telles que
/■/
M^; y) 9p{-'-)?,,iy)(i {■>;}■)
o p^q'
dans ce qui suit nous supposerons les solutions singulières ainsi normées.
On aura alors, pour une fonction /"(a;) intégrable et de carré intégrable,
en posant
la relation
/(.')-2 A ?/.{,>') \(i(^;y)
=ff
^(■>;y)f{-r)Ay}-2,/l,
et, par suite, la somme V/j' converge; l'intégrale I„ a une limite pour
• fi • ''='
n innni.
(') Comptes rendus, 28 février 1910.
(2) Cf. HiLBF.RT, Gi/tl. JSachrichten, rgoG, p."462-472.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 10.) 81
(■)a/| ACADÉMIR DES SCIKNCRS.
Kn posant
/(.r) = A(.r)k(.r, ;),
OU ol)lienl :
i" Le nombre des solutions singulières linéairement indépendantes cor-
respondant à une valeur singulière A est fini ;
2" La série des inverses des cubes de toutes les valeurs singulières,
comptées chacune avec son ordre de multiplicité, converge absolument;
3" La série y ^^y^-^ converge uniformément.
D'autre part, si le noyau K(a7, /) a 1» solution singulière 0|(r), on
montre aisément que
?i('^')?i(7)
G
{.r,j)=:K(a-,j) — ^
\K{.x)\{y)
est défini et les noyaux G et K ont les mêmes solutions singulières pour les
mêmes valeurs singulières, sauf 9, (.r) qui n'appartient pas à G.
Comme application immédiate, dans le cas où le nombre des valeurs sin-
gulières est fini, on a
/■ = '
H(a7,^) n'ayant aucune solution singulière, c'est-à-dire
i\\{.r,l)K(l)\\{t,y)dl = o,
d'où ( • )
Des propriétés indiquées plus liaul on déduit la convergence pour/)^'i
des séries
et l'inégalité fondamentale jointe à l'inégalité qui s'en déduit
(«) ff^{-'--.y) "(■'■) "i.r)'fi-r,y)i/ I j K'-(.r,y),/{x,y)
'^j dx\ j K(.r,y)„{y)(ly\ .
(')Cf. /<„: ci/., |.. ',7
SÉANCE DU 7 MARS I910. 6o5
pernicl de montrer que
De la même manière, si la série So(.r,y) converge unilorniémenl, elle
esl égale à K^(a', y).
De ces développemenls on déduit la conséquence qu'une fonction /iÇl'),
conjuguée à toutes les solutions singulières de (i ), esl telle ([ue
I K.AJ-,y)/i{Y)(/y~o.
Etant don.iiée une (oucùon f(x) par la relation
/( u-) = A(.r)J'K,{.r. y)A-{y)dy,
g( y) étant continue comme A(,v), la série
,v(.r) rzry,cp,(j;) -+-/,9,(,l-) +. . .
converge uniformément; cette série est égale ^/(x) ( '); la démonstration
se fait en écrivant
J(^-):=A{x)jh(x,y),/{y)dx,
puis en posant
'/(-'■) = 7191 <■*■) + '/2?2('«-) + •••+ '/«?"(-*■■) + '\.{J--);
tenant compte de la formule trouvée pour le développement de K.j(x,y),
on voit que
J jK{j:.y)r„{.v)r„{y)ci{.i-,y)
tend vers zéro, propriété (pii, jointe à la relation (a), iiumlre (jue
I W^x,y)r„{y)dy
tend vers zéro.
D'une manière analogue, si une fonction / ( x ) est égaie à
f{a;) = \(,x)JK{j.;y)^'iy)dy,
on pourra écrire
( ' ) Cl', /oc. cit., |). 170.
6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pourvu (jue la série du second membre convcrg;e uuiformémenl, et la fonc-
tion h(x) sera telle que
jK(a;,r)/i{Y)dy = o.
En particulier, si le noyau K(.r, y) csl ferme, la série sera égafe à la
fonction /(a).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Contribution à la géométrie des courbes
planes générales. Note de M. Sir>isMO?iD Janiszewski, présentée
par M. Appell.
TuKORKMi: A. — Soil C une courbe /ilanr, qui a au plus un nombre limité de
points ou de segments communs avec chaque segment de longueur finie d'une
droite arbitraire ; je dis que C a au moins une tangente en chaque point.
Je nomme courbe un ensemble de points continu (au sens de G. Cantor)
ei sans points intérieurs; arc, une courbe faisant partie d'une autre courbe;
arc simple AB, un arc comprenant les points A et B et tel qu'on ne peut lui
enlever aucun point sans qu'il cesse d'être un arc ou de contenir A et B.
Je nomme tangente à une courbe au point A une droite / telle que pour
chaque angle S (aussi petit qu'on veut) on puisse trouver un cercle de
centre A assez petit pour que la droite AM fasse avec / un angle plus petit
que 0 pour chaque point M, situé sur un arc de la courbe intérieur au
cercle en question et contenant A, mais tel que l'arc simple réunissant deux
de ces points ne contienne pas A.
Considérons une suite de cercles y,, Yn, ... de centre A el de rayons p,,
p.j, ...; soit limp„=o. Considérons encore sur C un point P et un arc
simple r, joignant? à A. L'existence de F est garantie par le théoième
suivant, facile à démontrer : Sur une courbe quelconque il existe toujours
au moins un arc simple joignant deux de ses points donnés. Soit P„ un
point de V entre y,, et y„+, ; et soit c„ un arc, composé de tous les points
de C qui sont réunis avec P„ par des arcs intérieurs à y„ et ne contenant
pas A. La tangente sera définie au moyen de la suite des c„ et dépendra
donc uniquement du choix de l'arc F. Soit enfin c^, la partie de c„ située
entre yn et y«+i- Menons le diamètre AP„ el déterminons le plus grand
angle de sommet A qui renferme le rayon opposé au rayon AP„ et ne ren-
ferme aucun point de c',. Cet angle peut être égal à zéro, mais il est toujours
SÉANCIi: UU 7 MARS 1910. 607
cl(''leriiiiné. Soient 1*), el PJ, les points dec,',, situés respectivement sur l'un
et l'autre côté de cet angle. Je dis que AP„ et AP), tendent pour n inlini-
nient grand vers une droite limite commune /, et que l est une tangente
de C.
Supposons que la droite / n'existe pas. Alors, ou AP^, et AP^Î tendent
vers des limites diil'érentes; ou l)ien l'une d'elles au moins, AP',", ne tend
vers aucune limite. Dans ce second cas, l'ensemble de demi-droites AP^" a
au moins deux demi-droites limites ( ' ). Un des deux angles qu'elles forment
est entièrement couvert une infinité de fois par des angles PJ,APJ, (par
l'angle P^AP^ j'entends celui qui contient P„ à l'intérieur). Car deux angles
consécutifs P^,APJ, et P,',^, AP^^^, doivent avoir une partie commune; sinon
c,', et c^,^, n'auraient pas de points communs, ce qui est évidemment impos-
sible. Il est donc clair que dans chaque cas il y aura une droite g passant
par A et contenue dans l'angle P^^APJ, pour une suite infinie de valeurs
de « : «,, /?2, ....
Il existe par hypothèse un arc c, réunissant P„^ et P), , mais ne contenant
pas A. Soit 0, la plus courte distance de A à c^ et soit p*, <C ^i ; ^'x désignant
des nombres contenus dans la suite «,, n.,, .... A p^^ correspondent P^^ et
P^' , c^ , 0^, et à Oo correspond p;, . Continuant ainsi, nous obtiendrons une
suite infinie d'arcs c,, c^ , q > ••• sans points communs et dont chacun est
coupé par g. Alors, il y aurait sur un segment de longueur p, de ^ un
nomlire infini de points de C conlre l'hypothèse. Donc, la droite / existe.
Pour chaque £ positif donné on peut trouver un entier N tel que l'angle
de / avec AM soit plus petit que £, lorsque M est un point de Cy. 11 suffit de
prendre N tel que tous les angles P^^^;. Ai et Pl^^^ A/ soient plus petits que z.
Donc ^est une tangente à C en A.
Thkoiiéme B. — Une courbe C, n'ayant, dans un domaine Jlni quelconque,
(fu un nombre fini K de points multiples et jamais plus de N (^entier positif
//.le ) points communs avec une droite quelconque parallèle à l une de deux
directions fixes otet ^, est rectifiable.
.le nomme multiple un point A, si l'on peut trouver plus que deux arcs
simples se terminant en A et n'ayant pas d'autres points communs.
Lkmme 1. — Une ligne polygonale \j renfermée dans un losange de côtés
(') Dans le sens de la lliéorie des ensembles {llâufiingxstelle).
6o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de longueur d et ii'ayanl jamais plus de N points romnmns aire une droite
parallèle à un des cotés du losange a une longueur plus petite que \ Nd.
Divisons les segments de L en deu\ classes : la première, composée de
scgmenls, qui font un angle plus petit avec Tun des côtés du losange (que
j'appelle le premier) qu'avec l'autre; et la seconde classe, composée de tous
les autres. Nous projetons les segments de la première classe sur le premier
côté par des droites parallèles au second côté; et les segments de la
deuxième classe d'une manière analogue sur le second côté. Soit a' la
projection d'un segmenta. Il est évident cjuc
a < 2a' (îi V „' ., N'/
("parce <jue les a' d une classe ne pensent couvrir le côté correspondant du
losange plus de N fois). D'où
Il est facile de démontrer le :
Lemmk 2. — Soient n le nombre de points d intersection il une droite a\ec
une courbe quelconque et m le nombre correspondant pour la même droite
et une ligne polygonale inscrite, cest-à-dirc formée de cordes de la courbe,
de telle /ai,on qu'à un point quelconque <le la courbe corresponde une et
une seule de ces cordes, sauf pour les points communs à la courbe et aux
cordes. On a ni i n.
Je reviens au théorème 15. Considérons un losange de côtés parallèles aux
directions a et j5 et qui renferme C. Soit d la longueur de son côté. Je divise
ce losange en i-" losanges congruents. La longueur totale des lignes poly-
gonales quelconques inscrites aux arcs intérieurs aux losanges partiels,
contenant les points multiples, est plus petite que -^-^^ KX^; elle tend donc
vers zéro avec -• H y a au plus 4 N arcs, restant à l'intérieur et ayant leurs
extrémités sur la périphérie de chacun des autres losanges partiels. Chacun
de ces arcs n'a que deux extrémités. Enjoignant les extrémités appartenant
au même arc, j'obtiens une ligne polygonale inscrite, dont chaque segment
est plus petit que -;^, • Quand n croit, sa longueur totale L„ ne décroît
jamais cl reste toujours plus petite que 'i N^/. Donc lim L„ existe. Cette
limite est la louiiueur de C.
SÉANCE DU 7 MARS 1910. (iop
Car, soit L„ la loni;ueiir d'une lijinp polygonale inscrite quelconque
n'ayant qu'un nombre fini de segments tous infiniment petits avec -•
On peut trouver pour chaque s., n, m les entiers «,, w, tels (pi'on ait
l; < l„, + c. l„, < l;„, + s.
Ceci démontre que
lim L', = liiii L„.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur les ondes liquides. Note de M. Hadamaro,
présentée par M. H. Poincaré.
Je désire reprendre ici sommairement une indication qui figure dans un
Mémoire présenté antérieurement à l'Académie (' ) concernant la propaga-
tion des petits mouvements à la surface d'un lifjuide parfait. Celte propa-
gation a été étudiée pour les profondeurs très petites par Lagrange, pour
les profondeurs indéfinies ou constantes (avec dimensions horizontales in-
définies), par Cauchy, Poisson et enfin par M. Boussincsq (voir aussi les
Thèses de MM. Rousier et Vergne). Dans ces différents cas, l'équation qui
régit le phénomène a été formée.
Pour un vase de forme cjuelconrjue on a dû jusqu'ici, avec M. Poincaré,
tourner la difficulté en se bornant à considérer les solutions périodicjues de
la forme /(j7,j') cosA/.
Il y a cependant quelque intérêt à former l'équation générale à laquelle
doit satisfaire le mouvement dans des conditions initiales quelconques. Cet
intérêt ne peut qu'être augmenté par une circonstance remarquable qui
constitue une des difficultés du problème : à savoir la différence profonde,
de caractère analytique entre le mouvement interne et le mouvement de
surface qu'on doit en déduire.
Nous allons voir d'ailleurs qu'une autre raison a empêché, non seule-
ment d'obtenir cette équation, mais encore de la reconnaître comme telle
dans les cas même où on l'a possédée.
L'équation dont il s'agit revêt en effet une forme différente de celle qui
se présente en général dans les questions classicjues de Physique mathéma-
(') Mémoires des Sarants étrangers, t. WXIH, n" V, p. 'i'] (fin du Chapitre II).
(ilO ACADÉMIE DES SCIENCES.
lique. Ce n'est pas une équation aux dérivées partielles, mais une équation
intégro-différentieUe^ suivant une loculioii duo à M. Volteira (').
Pour l'obtenir, rappelons qu'on a
O'-z _ i)'L
or- ~~ ôz '
où 'j/ ^ -7y est la dérivée par rapport au temps du potentiel des vitesses. La
fonction harmonique -j; est définie par les conditions aux limites suivantes :
-r- =o sur la paroi mouillée .1;
du '
i{/ =: — gz sur la surface libre S du liquide.
La détermination d'une fonction harmonique par ces conditions est ce
que j'ai appelé (-) un problème mixte. On peut regarder un tel problème
comme résolu si l'on connaît \a fonction de Green correspondante i,' (M, V).
Du moment qu'on se borne à des mouvements assez petits pour que les
carrés des déplacements et des vitesses soient considérés comme négli-
geables, on peut d'ailleurs calculer g comme si le liquide était à l'étal de
repos, la surface libre étant réduite au plan z~ a. La formule qui fait
connaître '^ conduit alors à
^ ' dr 4i:' OzJ J du
où l'intégrale double est étendue à la surface libre, la valeur de z sous ce
signe / / étant la dénivellation à l'instant considéré.
Prenons le cas du liquide indéfini tant en profondeur que dans ses di-
mensions transversales. On a alors
en désignant par P' le symétrique de P par rapport au plan ^ ^ o, par r la
(') Rendic. Ace. dei Lincei^ 2 février 1909. L'équalion que nous éludions ici est
d'ailleurs d'un type tout diflTérent de celui qui a été traité par M. N'olterra. Dans le
Mémoire cité plus haut, j'avais employé pour le même objet la dénomination d'équation
intégrale mixte.
(") Voir mes Leçons siif la propagation des ondes, Clhap. 1, n° 7. L'étude des pro-
blèmes de celle espèce a été notablement perfectionnée dans une récente Note de
M. Brillouin.
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 611
dislance MP et par [/(M, P)] (quelle que soit la fonction/ des coordon-
nées de M et de P) la différence f(M.,p) — /'(M, P'). La formule (2)
donne, dans ces conditions,
Or cette équation avait été déjà écrite, sous une forme équivalente au fond,
par M. Boussinesq ('). C'est elle qui constitue, dans le cas où nous venons
de nous placer, l'équation cherchée.
Il y a lieu de se demander immédiatement si cette équation (4) donne
l'équation aux dérivées partielles de Cauchy, savoir
d'z ,d'z ô'z\
La réponse est affirmative. Mais si la première de ces équations a comme
conséquence la seconde, Vùn-erse n'a pas lien.
L'équation (5) admet une foule de solutions étrangères au problème.
Tel est évidemment le cas, tout d'abord, pour celles qu'on obtient en
changeant ^ en — g dans (j)- Mais il yen a une infinité d'autres, puisque
dans (5) on peut se donner arbitrairement :; et ses trois premières dérivées
par rapport à /, pour / = o, tandis que, en vertu de (4), s et j^, une fois
à'-: à^ -
donnés, déterminent -t-t et-r-^-
' at- Ot'
Ot
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Questions de Physique mathématique compor-
tant des conditions différentes sur diverses parties d' une même frontière.
Note de M. Marcel Brii.louik.
1. Je crois utile de préciser comment les principes que j'ai récemment in-
diqués s'appliquent lorsque le problème comporte plusieurs fonctions incon-
nues et plusieurs variables indépendantes sur la frontière.
Je suppose que les équations aux dérivées partielles, d'ordre n, en nombre
égal au nombre des fonctions inconnues, sont linéaires, et ont pour coef-
ficients des fonctions données des variables indépendantes, finies et continues
dans le domaine étudié; de mémo les conditions à la frontière peuvent être de
divers types, linéaires par rapport aux fonctiolis inconnues et à leurs dérivées
(') \oir la Thèse citée de M. N'eigne, p. 3^, équation (24).
G. K., lyi", I" Semesire. (T. 150, N" 10.)
82
6l'2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
langentiellcsou normales jusqu'à Tordre (« — i) ; on en associe un nombre
convenable dans chaque cas.
Soient ^, •/), t, T, les variables indépendantes, et L, M, N, les fonctions à
déterminer.
Supposons que la frontière soit définie par t = o, et que les ^, y], t restent
compris entre des limites qui excluent toute singularité.
Supposons que Ton connaisse trois smles/ermées d'intégrales simples /^y^,
niij/,, njj,,, à trois indices entiers, i,j\ k, s'il reste trois libertés sur la fron-
tière ; en sorte que les développements
ijk il h' If fi
Jouissent représenter trois fonctions arbitraires données sur la frontière.
Il est toujours facile, dans chaque question particulière, de trouver un
mode de groupement déterminé des indices i,j, k, permettant de ranger les
fonctions dans un ordre unique, défini à l'aide d'un seul nombre entier p :
(I) Lrr^flp/p, M='^a^m,„ N=V «,,«;,.
2. Substituons dans le premier membre d'une des équations à la frontière
les fonctions /^, nij,, np, et faisons t = o ; nous obtenons une fonction des
variables ^, y), '(, que je désigne par exemple par fp. Je désigne par F le
résultat des mêmes opérations sur les fonctions L, M, N. L'équation corres-
pondante à la frontière s'écrira
(II) ^c^pf.^V,,
en appelant F„ la valeur donnée à la frontière pour la combinaison F.
Supposons que la nature du problème comporte (comme pour les plaques)
deux conditions à la frontière pour chaque fonction inconnue.
Un premier groupe complet par lui-même (F) se composera de six condi-
tions analogues à (II) pour lesquelles j'emploierai les lettres F, G, H;
F', G', H. '
Un second groupe, également complet par lui-même (P), se composera
de six autres conditions, pour lesquelles j'emploierai les lettres P, Q, 11;
P', Q', K'. Il y en aura généralement d'autres possibles, mais deux suffisent
pour indiquer la marche générale à suivre.
Le problème que je me propose de résoudre est de trouver la/orme de
développement de L , M , N , qui convient pour satisfaire aux conditions du
SÉANCE DU 7 MARS ipiO. 6l3
premier groupe (F) sur une partie D, de la frontière, et à celles du second
groupe (P) sur le reste Y), de la frontière.
3. Pour cela, je forme d'abord, de proche en proche, les fonctions
orthogonales convenables en posant, avec les mêmes (^ — i) coeffi-
cients c',,..., c'I ', dans les quinze équations,
C/' = Cp Cl + c' j^ -+-... -t- cj;-' -!;p_i + /p,
.■fp= c'p s\ + c^f^ + . . . + cçr' rfp-i -t- /p,
A'^—ci,A\ -h c^,ft;+ . . . -t- cj; -' a;_, + /•;
et déterminant ces coefficients par les conditions d'orthogonalité de proche
on proche {f <ip)
- <'Û fi^ + tfv + • ■■+K")dl à-n dr 4- y (.r,5 +. . .-+- .^;/) ^^ dn d{\
= (fp -'v + op ff'/ +... + /*; 3e; ) di dn f/c 4- / ijjp f , + . . . + r; a; ) «'ç dn dz
du, dj,.
sur la frontière, où t ^ o.
4. Cela fait, on prendra les fonctions inconnues sous la forme de
développements en fonction des suites 4^^,, OTL^^, Sf^^, fermées comme les
suites Ij,, nij,, n^,, dont elles dérivent linéairement.
L=^b„':^p. M=^b„:)\lp, N=y^b^dL^.
Les coefficients bj, sont donnés, grâce à l'orthogonalité, par les formules
b,\ I {SI -+■ (jj, +...-(- K'/ ) di dri dl + / t '^i^^, + . . . -^-êi'p- 1 di dr, d^
= f{Foip-+- G„(,v + . . . + h; X],) d\ dr, d; -+- r(p„'-p„ + . . . -H h; a;,) rf« ^yi </;:.
5. On traitera par exemple ainsi un problème dynamique d'élasticité
avec une frontière de forme simple (sphère par exemple), sur une partie
de laquelle (D,) on connaît les déplacements en fonction du temps, tandis
que sur le reste (D,) ce sont les forces que l'on connaît. Dans ce cas, le
temps est une des variables qui subsistent à la frontière. On peut aussi bien
traiter un problème d'état initial donné; la frontière n'est autre que / = o.
Avec cette méthode, les problèmes n'ont que la difficulté qui résulte
6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de l'ensemble de leur frontière, tandis que jusqu'à présent la difficulté
semblait être colossalement accrue par la subdivision de la frontière en
domaines où les conditions étaient difîérentes (déplacements donnés, ou
tractions données, par exemple).
Dans tous les cas, quelle que soit leur complication, les formules sont
immédiatement fournies par la métliodc des moindres carrés, ainsi que les
éléments nécessaires pour une première élude de la convergence des déve-
loppements.
PHYSIQUE. — Sur les Iriplels dissymétriques. Exemple d'une dissymètrie
de position proportionnelle au carré du champ magnétique. Note de
M. A. Di'FouR, présentée par M. J. Violle.
J'ai signalé précédemment (') un certain nombre de raies du chrome se
décomposant dans le champ magnétique en plusieurs composantes dont les
positions admettent en première approximation, comme axe de symétrie,
non pas la raie initiale, mais une ligne déplacée par rapport à celle-ci vers
le violet, d'une quantité très faible, le déplacement observé étant de l'ordre
de quelques centièmes de l'écart normal d'un doublet magnétique. Cette
dissymètrie de position peut se comprendre, dans le cas des triplels, à
l'aide de la théorie de Lorentz, si l'on admet la possibilité d'une modifica-
tion des propriétés de l'atome auquel appartient l'électron vil)rant, sous
rinilucnce du chanqi magnétique, à la condition que cette modification
soit compatible avec la symétrie propre du champ ('-). Dans cette manière
de voir, des considérations de symétrie permettent d'établir que, au moins
pour les Iriplets, le déplacement de la ligne de symétrie des comjjosanles
par rapport à la raie initiale doit varier suivant une fonction du champ de
degré pair (jui, en première approximation, se réduit au carré du champ.
On sait que Gmelin et Zeeman ont trouvé antérieurement que la dis-
symétrie de position présentée par la composante centrale du triplet de la
raie \ = ^790 du mercure obéit à la loi du carré du champ, ce qui fournit
une vérification des conclusions précédentes. J'apporte une nouvelle véri-
cation de celte loi.
J'ai en ellet étudié à ce point de vue l'une des raies du chrome dont jai
(') Comptes re/u/iis. t. CXI^VIII, 1909, p. i")9'i; Le lUidiiiin, t. ^ I, 190g, p. •'.98.
(') Sociélc française (le Physique, séance du 3 décembie 1909.
SÉANCE UU 7 MARS 1910. 6l5
parlé plus haut : la raie X = 3247,56. L'étude de cette raie au réseau avait
montré que le triplet qu'elle fournit conserve un axe de symétrie qui est la
composante centrale; je me suis donc limité à l'étude du déplacement de
cette composante centrale par rapport à la raie initiale afin de voir s'il varie
aussi proportionnellement au carré du champ.
On a ulilisé un interféromèlre de Perot el Fabry, à lames semi argentées, distantes
l'une de l'autre de 5™'". On forme à l'aide du réseau de Rowland le spectre de la lumière
fournie par la flamme à oxyde de chrome afin d'isoler la radiation étudiée, qui sert à
éclairer l'interféromètre. On observe les anneaux à l'aide d'une lunette pointée sur
l'infini. Un nicol convenablement orienté ne laisse passer que les vibrations parallèles
aux lignes de force quand la flamme est dans le champ magnétique. On a aussi fait des
photographies des anneaux obtenus dans ces conditions pour difl'érentes valeurs du
champ magnétique; par exemple 0,20000 et 29000 unités.
L'observation visuelle des anneaux et celle des clichés montrent que le
diamètre d'un anneau d'ordre d'interférence donné croît quand le champ
augmente; ceci indique que la longueur d'onde de la composante centrale
du triplet diminue quand le champ croît, résultat conforme à celui fourni
par l'étude de cette même raie faite au réseau.
Les mesures faites sur les clichés conduisent au résultat suivant : l'accrois-
sement du carré du diamètre d'un anneau d'ordre d'interférence donné est
proportionnel au carré de l'accroissement du champ. La loi du carré du
champ est donc vérifiée. Malgré les difficultés expérimentales et la petitesse
du déplacement ('), la proportionnalité de ce déplacement au carré du
champ se vérifie à 10 pour 100 près.
lui résumé, la raie 0247,56 du chrome forme dans le champ magnétique
un triplet dont l'axe de symétrie est déplacé vers le violet; cette dissymétrie
de position par rapport à la raie initiale croit comme le carré du champ.
ÉLECTRICITÉ. — Décharge des inducteurs. Capacité des électrodes. Note
de M. E. Caudrelier, présentée par M. E. Bouty.
J'ai montré (^) que la présence de traits lumineux dans l'étincelle de dé-
charge des inducteurs est due, non pas à la capacité du circuit primaire,
( ' ) La variation maxima de l'ordre d'interférence au centre des anneaux est de
l'ordre de J, ce qui correspond à 0,09 UA pour une variation du champ de o à 82000
unités.
C') Comptes rendus, t. CXLIX, p. Sig el 11 17.
6l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mais à celle des électrodes et du circuit secondaire; je vais décrire aujour-
d'hui une nouvelle expérience que j'ai réalisée pour appuyer celte manière
de voir.
Je me suis servi d'un petit transformateur Rowland, dont les enroule-
ments sont formés de galettes juxtaposées et dont par suite. la capacité est
aussi réduite que possible; j'ai, d'autre part, constitué les électrodes par
des pointes, de façon à supprimer aussi presque complètement leur capacité.
Dans ces conditions j'ai pu vérilier que, du moins dans le cas des faibles
distances explosives, l'étincelle était dépourvue de traits lumineux.
Le schéma de montage était le suivant : sur un réseau à voltage constant de i lo volts
était branclié, avec interposition d'un rhéostat R, le primaire du transformateer Row-
land; le secondaire était relié aux deux électrodes « et 6 entre lesquelles on dirigeait
un courant d'air perpendiculaire à la ligne ab. On réglait la résistance R de façon à
obtenir au secondaire un potentiel disruptif, carrespondant à la distance ab.
Pour compléter cette expérience, j'ai vérifié qu'il suffisait, pour faire
apparaître les traits lumineux observés par Klingelfuss, de brancher entre
a et 6, en parallèle avec la coupure, un condensateur C de très faible
capacité.
J'ai fait successivement usage de trois condensateurs de dimensions différentes ; ils
étaient formés de lames d'étain carrées de S"™, iS"^™ et 50"™ de côté, séparées par
une plaque de verre ou de mica de 3""" d'épaisseur. Les traits lumineux apparaissaient
même avec le condensateur de 5"»; ils devenaient de plus en plus biillants, de plus en
plus laiges et de moins en moins nombreux à mesure qu'on augmentait la capacité C.
La cause essentielle de la production des traits lumineux est donc bien la
capacité du système formé par les électrodes et les portions attenantes du
circuit, c'est-à-dire Y Electrodenkapacitâl de Tôpler (').
CHIMIE ANALYTIQUE. — Noiuel/e mélliode de dosage de l'acide tartrique droit.
Note de M. André Klikg, présentée par M. Troost.
Tous les procédés de dosage de l'acide tartrique proposés jusqu'à ce jour
reposent sur la précipitation de cet acide à l'état de sel acide de potassium.
Or, sauf le cas, purement théorique, où l'on part d'une solution pure de
bitartrate de soude qu'on précipite par un sel de potassium, la réaction
de précipitation n'est jamais complète, gênée qu'elle est par un certain
nombre de substances qui peuvent se trouver dans la solution ou qui y
(') Ann. d. Phru., t. II, 1900, p. 56o.
SÉANCE DU 7 MARS I910. 617
prennent naissance du fait même de la réaction (^acide minéral mis en liberté
par action de Facide tartrique sur le sel de potassium, etc.).
Kn outre, on évalue la quantité de bitartrate de potassium formé à l'aide
d'un titrage acidimétrique. Or, dans les liqueurs tartriquesqui contiennent
des alcalino-terreiix, il se précipite, en même temps que le bitartrate alcalin,
des lartrates neutres alcalino-terreux qui, par suite de leur neutralité, échap-
pent au titrage acidimétrique et par conséquent au dosage d'acide tar-
trique. Enfin d'autres acides organiques, tels que l'acide malique, dans
les conditions où l'on a précipité le bitartrate de potassium, accompagnent
en partie ce dernier à l'état de malates, tartromalates, etc., qui viennent
également compromettre l'exactitude du dosage.
Pour ces diverses raisons j'ai cherché à précipiter l'acide tartrique autre-
ment qu'à l'état de bitartrate de potasse et, après divers essais infructueux^
je suis enfin piarvenu au résultat que je poursuivais en utilisant la formation
de racèmale de chaux (C' H*0*)^ Ca-, 8H-0. Ce sel se forme chaque
fois que, dans une solution contenant de l'acétate de chaux en excès, on
ajoute à une solution d'acide tartrique ou d'un tartrate droits (') une solution
tartrique gauche ou inversement, et celui des deux acides qui est en excès
détermine la précipitation totale de son isomère inverse. Le racémate de
chaux est, comme on le sait, un précipité cristallisé en fines aiguilles, à re-
flets chatoyants, presque rigoureusement insoluble dans l'eau froide, dans
l'acide acétique étendu, dans les acides tartriques ou leurs sels, dans les
solutions d'acétate de chaux ou de sels ammoniacaux étendues et froides,
mais aisément soluble dans les arides minéraux même très dilués. Sa
solution dans l'acide sulfurique réduit le permanganate de potasse à l'ébul-
lition dans la proportion de l'acide tartrique total qu'il renferme. Son
aspect et sa forme cristalline décelée par le microscope ne permettent pas
de les confondre avec les tartrates actifs de chaux.
En présence d'un excès de tartrate droit ou de tartrate gauche de chaux,
le précipité de racémate entraîne une petite quantité du tartrate actif en
excès (ce qu'on peutconstater polarimétriquement dans la solution du racé-
mate en H Cl et addition de molybdate d'ammonium qui exalte considérable-
ment le pouvoir rotatoire des acides tartriques). Mais si l'on redissout le
racémate dans l'acide chlorhydrique et qu'on le reprécipite par l'acétate de
soude en excès, on obtient la totalité du racémate complètement débarrassé
de tartrate actif.
(') On sait que les produits naturels ne renferment que l'acide droit ou ses dérivés.
6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai recherché quelle pouvait être sur la précipitation du racémate Fin-
fluence des diverses substances qu'on rencontre à côté de l'acide tartrique
dans les produits naturels. Les phosphates, sulfates, bisulfates alcalins; les
sels de chaux solubles, les acides acétique, rnalique, succinique, le glucose,
la glycérine, le tannin, les matières colorantes rouges sont sans action aux
doses auxquelles on les rencontre dans les vins, cidres, etc. Les sels d'alu-
mine, de fer, d'antimoine, etc., en un mot les sels d'oxydes susceptibles,
avec l'acide tartrique, de donner des émétiques gênent la précipitation du
racémate, comme ils gênent également celle du bitartrate (ce qui était à pré-
voir). Les éthers tartriques droits (éthers neutres ou éthyltartrates) ne
précipitent sensiblement pas de racémate par le tartrate gauche de chaux,
ni à froid, ni à l'ébuliition.
Technique du dosage. — 25"™' de solution tartrique droit à doser (à 3s à 4° par litre)
sont additionnés de loo'^'"' d'e.aii, de aS"^"' d'une solution à i6s au litre de sel de Sei-
i^nelle gauche (exempt de droit) et de 20'^"' d'une solution d'acétate de chaux pur
(à 3os par litre). Le précipité filtré, lavé, est redissous en 20'''"' d'acide chlorhjdrique
à 4os au litre; celte solution chiorhydrique étendue à iSo''"' est additionnée de 40'''"'
d'une solution d'acétate de soude (10 pour 100) et d'acétate de chaux (i pour 100),
puis soumise à l'ébuliition. Après refroidissement de la liqueur, on filtre; le racémate
recueilli est lavé à l'eau, redissous <lans de l'acide sulfurique à 10 pour 100 bouillant
et titré à l'ébuliition par une solution de permanganate (à i6b par litre environ) dont
le titre exact a été fixé à l'aide de bitartrate pur.
Acide tartrique par lilre.
Résultais. Trouvé.
Solution d'acide tartrique 3,68
Solution d'acide laitrique ' iQO
Solution de bitartrate de soude 3,3o
\\n fabriqué de toutes pièces au laboratoire. . . \ ' ,
^ ' ( 3 , 04 » »
Même vin plâtré 2,o5 0 i ,80
Une cinquantaine de dosages ayant porté sur des vins naturels d'origines
très diverses, analysés par la méthode au racémate, ont donné des résultats
toujours très comparables entre eux pour deux dosages successifs d'un même
échantillon (au chiffre de la deuxième décimale près) et toujours un peu
plus élevés que ceux obtenus par les méthodes au bitartrate qui, pour les
raisons que nous avons données plus haut, donnent des résultats entachés
d'erreurs par défaut.
Je me propose de poursuivre rap[)iicalion de cette méthode au dosage
d'acide lartri(pii' dans les divers produits alimentaires, les tartres et les lies.
Mélli
iode officielle
Théorie.
au
bitartrate.
3,61
..
'.92
»
3,33
»
2,025
»
SÉANCE DU 7 MARS 191O. 6l(
CHIMIE GÉNÉRALE. — Pouvoir de diffusion de certaines matières colorantes
artificielles. Note de M. Léo Vir,ivo\, présentée par M. A. Haller.
Parmi les matières colorantes artificielles employées comme étant solubles
dans l'eau, on peut supposer que les unes forment des solutions véritables,
et d'autres de fausses solutions ou solutions colloïdales.
Les dissolutions aqueuses de ces matières paraissent, du reste, également
limpides et se filtrent à peu près de même, sur les papiers à filtrer
usuels.
L'étude de la diffusion des matières colorantes m'ayant révélé de très
grandes différences dans l'état de leurs solutions, j'ai l'honneur de pré-
senter à l'Académie les résultats que j'ai obtenus dans cette voie.
Dispositif employé. — i*-' de chaque matière colorante a été dissous dans i'
environ d'eau distillée chaude ; la solution, après avoir été abandonnée au refroidis-
sement, a été complétée à i' avec de l'eau distillée, et filtrée sur un filtre en papier.
Les solutions limpides ainsi obtenues ont été soumises à la diffusion : dans certains
cas, la proportion de i pour 1000 a dû être diminuée, par suite de la solubilité insuf-
fisante, à froid, de la matière colorante.
10"="'° de chacune de ces solutions colorées ont été placés dans un tube de diffusion,
cylindrique, n° 579, de Schleicher et Scliiill, mesurant 100"°' haut, pour 16""" diam.
Ce tube de diffusion a été fixé par du collodion sur un tube en verre de même dia-
mètre. L'appareil diffuseur a été plongé dans un poudrier de verre, fermé par un bou-
chon donnant passage à l'appareil diffuseur, et contenant 25o""' d'eau distillée de ma-
nière que l'eau du tube de diffusion et celle du vase extérieur se trouvent au même
niveau.
Le diffuseur et Peau extérieure ont été laissés en contact pendant 24 heures à la
température ordinaire, pour toutes les déterminations. Dans certains cas la durée et
la température ont été élevées beaucoup.
J'ai observé, tout d'abord, que certaines matières colorantes passaient très rapi-
dement dans l'eau distillée; d'autres passaient plus lentement avec des vitesses varia-
bles; d'autres, enfin, ne sortaient pas du diffuseur, même au bout d'un temps très
long, et à une température voisine de la température d'ébullition de l'eau.
La coloration de l'eau extérieure a permis de mesurer les quantités de matières
colorantes passées dans chaque cas dans l'eau extérieure de manière à les comparer à
la quantité initiale placée dans le diffuseur.
Matières colorantes expérimentées. — J'ai choisi des matières colorantes
appartenant à divers groupes chimiques, en me guidant sur les formules
C. K., 1910, I" Semestre. (T. 1.50, \' 10.) 83
620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
moléculaires : voici celles qui ont été étudiées :
Matières colorantes.
Nitrées Acide picriqtte. hinitro-x-naplitnl, jaune naphtol S.
^Iolloazoïqlle5 Orangé II.
DifazoKHies Rouge Congo, noir diamine BH, bleu diamine 3 U.
'J'ri«azoïf|ues Rouge de Saint-Denis, vert diamine.
DérivéeR du Iriphénvlméthane. Vert malachite, fuchsine, violet cristallisé, fuchsine S.
bleu de dipliénvlaraine, vert au méthyle.
Pyroniques Rhodamine, éosine.
Thiaziniques Bleu méthylène.
Safrani(]ues Safranine G.
\ oici les résultats obtenus : (A) tube de diffusion, contenant lo"'' de
dissolution aqueuse de matière colorante à i pour looo; (B)eau du vase
extérieur, aao"" d'eau distillée.
Diffusion des mcUiè/es colorantes.
Fraction dilliisce un ( B)
Quantité initiale après "24 heures
Matières rolorantes. en (A). à la terapérature ordinaire.
Acide picrique o,oi 09 ,50 pour 100
Binitro-a-naphlol o,ooi.5 29,64 »
Jaune naphtol S 0,01 So.ôa »
Orangé II 0,01 24,73 »
Rouge Congo 0,01 0,00 »
Noir diamine BIl 0,01 0,00 »
Bleu diamine 3 R o,oi 0,00 »
Rouge de Saint-Denis 0,01 0,00 »
Vert diamine 0,01 0,00 »
Vert malachite 0,01 3, 12 »
Fuchsine 0,01 27,85 »
Bleu de diphénylamine 0,01 0,00 »
Vert au méthyle 0,01 6,65 »
Rhodamine 0,01 18,86 »
Eosine 0,01 2,00 »
Bleu méthylène o,or 0)99 "
Safranine G 0,01 o,5o »
L'expérience a été prolongée pour les matières colorantes n'ayant pas
diffusé au bout de 24 heures à la température ordinaire. Aucune diffusion
ne s'est produite jusqu'ici, pour le Congo (5o jours), le noir diamine
(20 jours), le bleu diamine, le rouge de Saint-Denis, le vert diamine (tous
les trois, io jours).
SÉANCE DU 7 MARS 19IO. 621
A la température de 90° maintenue à l'étuve, pour le tube de diffusion et
l'eau extérieure, le rouge Congo n'a laissé diffuser aucune trace de matière
colorante, au bout de ^S heures.
Si l'on classe les matières colorantes d'après l'ordre décroissant de leur
])Ouvoir diffusif, en inscrivant, à côté delà fraction diffusée :
I" Le nombre d'atomes de carbone;
2" Le nombre de noyaux benzéniques, contenus dans leur molécule.
(.)n oljtient le Tableau suivant :
Nombre
[■'laclions -~^ — ^~ — — ^
(lifTusées d'alonies de noyaux
Matières colorantes. pour 100. de carbone. benzéniiines.
Acide picrique y9)3o 6 i
Jaune uaphtol S 80,62 10 2
Binilro-a-naphlol 29,64 "> 2
Fuchsine 27,8.5 20 3
Orangé II ^.^jjo 16 3
Htiodamine 18,86 28 3
Vert méthyle 6,65 24 3
V ert malacliite 3 , 1 2 23 3
Fuchsine S 2 , 49 20 3
ICosine 2,00 20 3
Bleu méthylène 0,99 18 2
Safranine G o,ôo 20 3
Violet cristallisé 0,47 25 3
Rouge Congo 0,00 32 6
Bleu diamine 3R 0,00 34 6
Vert diamine 0,00 35 6
Rouge de Saint-Denis." . . 0,00 36 6
Bleu de diphénylamine. . 0,00 87 6
Noir diamine BU 0.00 82 6
Le type chimique ne paraît pas avoir d'inffuence sur la diffusion. Les
matières colorantes, dont le pouvoir diffusif est nul, se font remarquer par
uue forte condensation moléculaire; elles existent dans l'eau, à l'état de
fausse solution, sous forme de granules solides, extrêmement divisés, n'alté-
rant pas la limpidité apparente, à l'reil nu, de la solution.
Les matières colorantes de ce groupe sont celles qui forment la catégorie
des couleurs dites substantives ; elles se fixent indifféremment sur tous
les textiles, en vertu de Fatlraction moléculaire, suivant le mécanisme que
j'ai indiqué, k propos de la lixalion des matières colorantes insolubles
(322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
{Comptes rendus^ 21 février 1910) : leur fixation est facilitée par la très
grande division des granules qui les constituent.
En résumé, l'élude de la diffusion montre que les matières colorantes con-
sidérées comme étant solubles dans l'eau forment deux groupes très nets :
les matières du premier groupe donnent de véritables solutions (l'acide
picrique en est le type); celles du deuxième sont, à proprement parler,
insolubles et forment de fausses solutions (type rouge Congo).
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du I richlorurc de phosphore sur le gaïacol.
Note (' ) de M. Pierre Dupuis, présentée par M. A. Haller.
En réagissant sur le gaïacol le trichlorure de phosphore donne naissance
à trois composés :
Le chlorure monogaïacophosphorcux, CII'OC^H'OPCl-;
Le chlorure digaïacophosphoreux, (CH'()C°H''0)-PC1;
Le phosphite de gaïacol, (CH'OCH' 0)^P.
Ces trois corps se forment toujours, quelles que soient les proportions des
corps réagissants, et il n'y a pas de diméthylation sensible au-dessous
de 180°.
Les chlorures d'acide obtenus se décomposent instantanément en présence
de l'eau en gaïacol, acide phosphoreux et HCl et en aucun cas je n'ai pu
obtenir d'acide phosphoreux substitué. Le phosphite de gaïacol se décompose
intégralement en acide phosphoreux et gaïacol.
La décomposition lente de tous ces produits par l'air humide donne
toujours un peu de pfliosphore.
Diclilorure Dionogaïacophosphoreux : CtPOC''II'OFGl^ — Je l'obtiens en cliauf-
fant <Tu bain d'huile, dans un ballon muni d'un réfrigérant ascendant, loo» de gaïacol
et iSo'' de PGP entre ii5''-i2o° jusqu'à ce que HCl correspondant à la formule ci-
dessous soit entièrement dégagé
CH'OCFPOH -H PCI' ir ClI^OCMl'OPCl^ + HCl
Après avoir chassé PCF par distillation, le produit, fractionné dans le vide sous i3™"\
diiiine une portion passant à 135° qui constitue GH'OC^H*OPCI-.
C'est un liquide incolore, fumant à l'air, très réfringent /(j,'°^ 1 ,568, très soluble
dans la benzine, l'éther, le sulfure de carbone.
Poids moléculaire par cryoscopie dans OH":^ 2:>7 ; calculé -.325.
(') Présentée dans la séance du 28 février 1910.
I
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 62^
Tétrachlorure : GHMDCH'OPCr*. — Le dichlorure, dissous dans l'étlier anliydre et
refroidi 1res énergiquement, fixe a'" de Cl pour donner un corps solide, jaune, ana-
logue au PCI% et qui Irailé par SO'^ se transforme en CH^OC^H' OPOGI^ {').
E\lrêmemenl hygrométrique, il est très peu soluble dans les solvants organiques.
Chlorure digaïacophosphoreujc : (CH'0C''H'0)-PC1. — On l'obtient très facile-
ment en traitant loo» de gaïacol par 55» de PCI' jusqu'à dégagement complet de HGl
vers i5o°. Le produit fractionné dans le vide passe à 235° sous i3'""'.
Huile incolore, très réfringente. «^'"=i,586 soluble dans la benzine, l'éther et la
plupart des solvants organiques.
I^oids moléculaire dans C'H''rr 3oy, calculé 3i2,5.
Trichlorure : (CH^OCH^O)' PCI'. — Obtenu par le même procédé que le tétra-
cliiorure.
Traité par SO', il donne le chorurede digaïacopliosphoryle ( '). Corps blanc jaunâtre
très hygroscopique, très peu soluble dans les solvants organiques.
Phosphile de gaïacol : ( CH'OCMJ*0)'= P. — On l'obtient en traitant ioo«
gaïacol par 4o» de PCI', jusqu'à dégagement complet de tout l'acide clilorliydri(|ue
formé, sans dépasser 160°.
Le produit fractionné dans le vide à ayS^-aSo" sous i3""™ donne une huile incolore,
qui se prend par refroidissement en de beaux octaèdres cubiques fusibles à 5q°.
Ce corps ne présente aucune des propriétés du phosphile de gaïacol préparé par
Ballard (-), par l'action du PCI' sur le gaïacol sodé en présence d'alcool absolu. Le
produit obtenu par ce dernier mode de préparation laisse à la calcinalion au rouge vif
un résidu de 3o pour 100 de son poids d'un corps alcalin, très probablement du raéta-
phosphate de soude. En présence de l'eau ce produit n'est pas décomposé.
Le phosphile de gaïacol, obtenu en partant du gaïacol et du trichlorure de phos-
phore, est décomposable par l'eau quantitativement en gaïacol et acide phosphoreux.
C'est un corps blanc, cristallisant en octaèdres cubiques, sohibles dans l'éther et le
benzène.
BOTANIQUE. — Les ressources forestières de la Cale d'Ivoire (^résultais de la
mission scientifique de l' Afrique occidentale) : excitants, gommes et résines,
divers. Note de M. Aug. Chevalier, présentée par M. Edmond Perrier.
Excitants. — Deux Caféiers ont été rencontrés à l'état sativage dans la
forêt vierge : en 1907, nous avons décrit le Coffea humilis A. Chev. qui
croît dans la partie occidentale de la Colonie (^). Tout récemment un chef
de poste, M. de GandiUac, nous a fait observer près d'Assikasso un Caféier
arborescent sauvage tout à fait identique au Coffea excelsa A. Chev. que la
(') AuGEH et Dl'puis, Comptes rendus, i^'juin 1908.
(■') Ballard, Cliemisches Centr. Blatl, 1897, H' 49i '898, 1, 8'i; R- l^- P- 95578.
(') Comptes rendus, 1907.
62/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mission (^liari-Tchîul découvrit en 1902 et igo'j dans les bassins du Ilant-
Chari et du Haut-Oubangui ('). Ce précieux arbre donnant un café de
toute première qualité se rencontre en plusieurs points de la Côte d'Ivoire
de sorte (jue son aire de distribution géographique est beaucoup plus
étendue qu'on ne l'avait supposé.
Les Kolatiers doivent aussi être mis au rang des essences les plus utiles de
la Côte d'Ivoire. En beaucoup de points de la forêt jusqu'au sixième paral-
lèle ils existent à l'état spontané; ailleurs on les retrouve domestiqués
au loin- des villages ; enfin à la lisière nord de la forêt ils sont l'objet d'une
culture soignée (haut Cavally; pays des Bétés, des Los, des Gouros, des
Ngans).
Nos études ont apporté quelque lumière sur la systématique confuse des
espèces productrices de noix de Kola. Dans le bas Cavally, les Kroumen
possèdent des représentants de l'espèce Cola acuminata P. B., caractérisée
par ses amandes à 3 ou 5 cotylédons. Cette espèce non spontanée à la Côte
d'Ivoire a été certainement rapportée du Dahomey ou de San Tbomc, où
ces indigènes vont parfois travailler.
Sa multiplication ne doit pas être encouragée puisque les noix quelle
fournit sont de qualité inférieure.
Les noix à deux cotylédons, les plus recherchées, sont fournies par des
arbres tous d'aspect semblable et impossibles à distinguer dans les herbiers
mais qu'on peut cependant grouper en trois catégories sur le vif :
1° Le Kola rouge des Achantis {Cola astrophora Warburg), caractérisé
par ses noix toujours rouges et constamment à deux cotylédons. Très
répandu à la Gold-Coast, il existe à la Côte d'Ivoire, surtout à l'état sauvage,
dans les profondeurs de la forêt, où quelques noix atteignent le poids
exceptionnel de &q^ à go^. Les noix de commerce pèsent de i5^ à 3o^',
ce ([ui montre que la culture indigène n'a pas accru la dimension des
graines.
2" Le Kola blanc des ÎNgans, que nous proposons de nommer Cola alba
A. Cliev. C'est une espèce jordanienne caractérisée par ses amandes d'abord
blanches, puis blanc jaunâtre ou blanc verdàtre après la cueillette. Cénéra-
leraent les (leurs sont d'un blanc pur sans stries pourpres sur le calice, comme
cela existe dans les autres espèces affines et même dans l'hybride mentionné
ci-dessous. C'est cette espèce que M. Binger désigne sous l'appellation
inexacte de Kola blanc de l'Anno. Il existe peu de Kolatiers dans l'Anno,
(') Cnmples rendus, 1905.
SÉANCE DU 7 MARS 19IO. GaS
mais les Soudanais passent par l'Anno pour aller faire les achats fie Kolas
chez les Ngans. Nous avons rencontré aussi quelques plants de cette espèce
dans le Kissi (Guinée française). Contrairement aux assertions de diverses
publications coloniales, les noix blanches sont très appréciées et se vendent
aussi cher que les noix rouges sur les marchés du Soudan.
3° La forme la plus répandue dans les plantations de la Côte d'Ivoite,
du Libéria, de Sierra Leone et de la Guinée française est sans aucun doute
un hvbride qui a été propagé par la culture. Il se caractérise par la présence
d'amandes rouges et d'amandes blanches sur le même arbre et très souvent
dans les mêmes follicules ; enfin sur 100 noix on trouve environ 75 rouges
et 23 blanches, ce qui est une proportion conforme à celle qui est habituelle
dans les lignées d'hybridesT Aux noix rouges et blanches sont parfois asso-
ciées quelques noix de teinte rosée intermédiaire.
C'est certainement, d'après la provenance, celle plante que K. Schumann a nommée
Cola vera, désinence que nous lui conserverons, bien que l'auteur n'ait point soupçonné
l'origine hybride. Les deux espèces ci-dessus n'étaient, du reste, pas connues, et c'est
seulement par l'examen sur place de milliers d'exemplaires vivants de Kolatiers à
l'époque de la floraison et de la fruclificalioii, et dans les régions les plus variées de
l'Ouest africain, qu'il nous a été possible de préciser l'origine botanique des noix de
Kola.
La conclusion pratique qui découle de ces observations est qu'il n'y a pas intérêt,
selon nous, à cultiver l'hybride, mais il est préférable de cultiver les types purs en
recherchant les semences sur les arbres sauvages produisant de grosses noix.
Il sera toutefois nécessaire d'établir les plantations de chaque espèce loin d'autres
kolatiers, pour que la création naturelle d'hybrides puisse autant que possible être
évitée.
Gommes et résines. — Une Légumineuse, V Albizzia fastigiata E. Meyer,
répandue dans les clairières de la forêt, laisse exsuder une gomme très ana-
logue à la gomme arabique fournie par les quelques Acacias du nord du
Soudan.
Deux Burséracées du genre Canarium (C Che^'alieri Gu'ûlaum'm el C.
occidentalis A. Chev. ) produisent un étémi employé par les indigènes, mais
qu'on n'exporte pas encore. Il convient de signaler aussi un Bala/iiles encore
inédit qui fournit en grande quantité une résine brune, odorante, connue
sous le nom de Korobo et que les femmes emploient comme cosmétique après
l'avoir broyée et mélangée à l'huile de palme. Mais le produit le plus
intéressant pour l'Europe est la gomme copal fournie par le Copaijera
Guibourtiana Benth. Ce produit, que la Guinée française et Sierra Leone
exportent en grande quantité, n'est pas encore exploité à la Côte d'Ivoire
et cette colonie peut en produire des qiuintités illimitées.
()26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Divers\ — Plusieurs essences reconnues dans la forôt vierge de l'Ouest
africain peuvent fournir d'autres produits intéressants, fsous mentionnerons
seulement un palmier très commun dans les dépressions marécageuses de la
forêt, le Raphia longiflora Mann et WendI, qui donne des libres aussi
longues que celles des Raphia de Madagascar.
La même espèce de Palmier ainsi que le Raphia Hookeri Mann et Wendl
renferment dans les pétioles des feuilles des fibres rigides donnant le produit
connu dans le commerce sous le nom de piassava. Enfin une Urticacée,
V Antiaris toxicaria Lesch. var. africana Scott. Elliot, possède des fibres
entrecroisées qui fournissent aux indigènes, après rouissage de l'écorce, des
tissus tout confectionnés.
BOTANIQUE. — Sur les modes d'ouverture des akènes et des noyaux, au
moment de leur germination. Note de M. Auguste Joxe, présentée par
M. Gaston Bonnier.
Les akènes et les drupes appartiennent, comme on sait, à la catégorie
des fruits indéhiscents et sont reliés par bien des intermédiaires; akènes et
noyaux sont le plus souvent uniloculaires et uniséminés. Les embryons ren-
fermés dans ces fruits ne se libèrent du péricarpe que lors de la germina-
tion. On s'accorde généralement à dire que, sous les efforts de gonflement
de la graine germant, le péricarpe se brise ou se déchire d'une façon quel-
conque. Et tandis que d'importants travaux ont été consacrés à la déhis-
cence vraie des fruits à la maturité, par contre celte sorte de déhiscence
tardive qu'est l'ouverture du fruit à la germination a été presque complète-
ment négligée: de rares auteurs, pour quelques cas isolés, signalent très
incidemment que l'ouverture se fait avec une certaine régularité.
J'ai entrepris une étude d'ensemble sur ce sujet délaissé de la morpholo-
gie des plantes à fleurs. J'ai borné mon travail aux familles et aux genres de
la flore française, sauf pour quelques observations portant sur des plantes
étrangères presque toutes communément cultivées. La présente Note a pour
objet l'exposé des résultats généraux de cette étude, aujourd'hui en voie
d'achèvement.
Au point de vue très spécial que j'envisage, les fruits dont je m'oc-
cupe peuvent être classés en deux catégories: ceux dont le péricarpe reste
entièrement ou presque entièrement parenchymateux, traversé seulement
par les faisceaux conducteurs (akènes des Uubiacées indigènes, de cer-
taines Salsolacées); et ceux dont le péricarpe possède une couche scléreuse
SÉANCE DU 7 MARS I910. 627
plus OU moins développée (drupes; akènes des Rosacées-Drvadées, des
Renoncules, des Borraginées, etc.). Dans les premiers, une déchirure irrégu-
lière se fait à la germination; ils n'offrent aucun intérêt. Dans les seconds,
à part quelques exceptions, les lignes d'ouverture sont, dans leur position
sur le fruit, constantes pour une espèce déterminée.
V agent mécanique de l'ouverture ojiX. dans tous les cas la poussée interne
produite par la graine germant.
Celte poussée est presque toujours progressive, commençant par la crois-
sance de la radicule qui agit à la façon d'un coin, et se continuant par l'épa-
nouissement des cotylédons; de sorte que les lignes d'ouverture partent
presque toujours du point du péricarpe contre lequel s'appuie la pointe de
la racine : base du fruit dans les composées, les Renonculacées-Renonculées,
les Labiées à style basai; sommet du fruit dans les Renonculacées-Cléma-
titées et Renonculacées-Anémonées, dans les Borraginées à style basai, etc.
n s'agit donc ici, en quelque sorte, d'une déhiscence passive, comparable
à celle du fruit du Fusain (à laquelle M. Leclerc du Sablon a appliqué ce
terme).
Cependant, quelques noyaux ou akènes présentent une véritable déhis-
cence. Les noyaux des Amygdalées, soumis à la dessiccation, acquièrent
une fente ventrale très nette, due au décollement des deux bords car-
pellaires.
Remarques sur la place des lignes d'ouverture. — • La place des lignes
d'ouverture est déterminée histologiquement par des régions de plus faible
résistance : on retrouve pour les fruits indéhiscents les dispositions struc-
turales des fruits déhiscents.
a. Lames de cellules peu ou point ligniliées traversant la couche scléreuse du fruit.
Le plus souvent, ces lames sont longitudinales : chez les Chicoracées, où elles sont au
nombre de cinq dans le tiers inférieur du fruit ; chez les Juglandées, ou deux lames de
petites cellules aplaties et non lignifiées correspondent à la nervure médiane des deux
carpelles (Juglans, Carya^ Pterocarya). Rarement elles sont courbes, circonscrivant
un opercule qui sera repoussé et détaché par la radicule croissante (Beta, Biinêcts,
Erucago, Polamogelon).
b. Lames de cellules lignifiées ayant un diamètre plus petit, des parois plus minces
et moins contournées que celles du reste de la couche scléreuse. Le plus souvent longi-
tudinales, comme dans l'akène de Funiaria qui s'ouvre le long de ses deux bords, dans
ceux de certaines Gupulifères et Bélulinées; elles sont parfois courbes, circonscrivant
un opercule (noyaux des Cornus, et, avec quelque complication, akènes des Labiées
à style terminal et des Héliotropiées).
c. Orientation différente des cellules ou fibres lignifiées : Le noyau de l'olive
C. P., 1910, i" Semestre. (T. 150, N» 10.)
8^
(J28 ACADÉMIE DES SCIENCES.
souvre par deux fentes longiludinales. Le long des lignes de fente, les fibres scléieiises.
qui dans toulJe reste du noyau sont disposées à peu près langentiellement, se ilisposent
radialement. De même pour la ligne dorsale des noyaux et akènes de beaucoup de
Rosacées (certains Prunus, Potenlilla).
d. Simple décollenienl d'épidernies carpellaires rapprocliés. Jiguifiés {Cratœgus
Pyrucant/ia) ou non (Prunus).
Influence de la forme du fruit. — ] ^a forme du fruit peut avoir une influence
sur la distribution des lignes de faible résistance : aux angles des fruits de
Labiées à style basai, de Polygonées, les cellules scléreuses de l'épiderme,
gênées dans leur développement transversal, restent plus étroites, à parois
plus faibles. Des observations analogues peuvent être faites sur les fruits de
Cupulifères (Carpinus^ Ostryo).
Influence de la marche de la sclérification. — Les ( loniposées-Carduacées
présentent une grande constance dans Ja structure de leurs fruits, et dans
l'ouverture à la germination. Celle-ci se fait par deux lignes longitudinales
correspondant à des angles souvent peu saillants extérieurement. La sclérifi-
cation ne les gagnant qu'en dernier lieu, elles en gardent une certaine
faiblesse. Remarques analogues cbez des Cupulifères (Cai-pinus).
Applications à la systématique. — Les akènes ou les noyaux de certains
groupes naturels présentent un mode d'ouverture constant, correspondant
à une constitution morphologicjue et anatoiuiquc du fruit qui est constante
dans tout le groupe considéré. Tel est, par exemple, le grand groupe ancien
des Urticacées (Crticées, Cannabinées, LImacées, Celtidées, Morées, etc.).
Tel est encore le groupe des Composées-Liguliflores.
Ailleurs, les variations d'ouverture du fruit concordent av^c les subdivi-
sions de la famille naturelle, comme dans les Labiées et les Borraginées.
Les Labiées à style terminal ( Ajuga, Teucrium) ne difïèrent pas seule-
ment des Labiées à style basai (Lamium, Stachys ,_Melissa) par l'attache du
style et quelques autres caractères secondaires, mais, comme l'a montré
M. Van Tieghem, par une disposition très différente des carpelles. J'ai cons-
taté que l'ouverture des fruits, operculaire dans les preinières, longitudi-
nale dans les secondes, est en rapport avec l'organisation carpellairo et vient
s'ajouter aux autres caractères différentiels.
Chez les Borraginées, la même différence s'observe entre celles à style ter-
minal (Cynoglossum, Omplialodes) et celles à style basai (Pulmonaria^
fiorrago., Lit/wspermum, Echium).
Les Héliotropiées {Heliotropium, Tournefortia) owX, une ouverture oper-
culaire comme les Cynoglosses. Il y a là un véritable phénomène de con-
SÉANCE DU 7 MARS IQIO. 629
vergence, car l'organisalion carpellaire des Cynoglosses, des Héliotropes et
des Germandrées n'est pas la même.
Enfin, dans d'autres groupes naturels, les variations déstructure et d'ou-
verture du fruit peuvent venir s'ajouter à d'autres caractères pour la déter-
mination des affinités entre les eenres.
biologie; végétale. — Sur la vanalinn dans le greffage et l' hyhridalion
asexuelle. Note de M. Ed. Griffox, présentée par M. iùl. Prillieux.
En 1901, désirant me faire une opinion personnelle sur la cjuestion à
l'ordre du jour de X influence réciproque du sujet et du greffon dans ses rap-
ports avec Vhybridation asexuelle^ j'ai commencé des expériences en pre-
nant comme espèces et variétés celles qui avaient été utilisées par M. Da-
niel au cours de ses longues recherches.
Je n'ai rien piilîlié, ii paît, îles lésiiilals ol)l.enus en 190J, car je désirais simplement,
celte année-là, me familiariser avec un genre de recherclies encore nouveau pour moi.
J'ai repris, en 1906, une partie des essais de igoS; j'en ai exécuté d'autres et j'ai
continué en 1907, 1968, 1909 et 1910. Ces essais ont été efTectués sur des milliers
d'individus, dans le Jardin botanique de l'Ecole nationale d'Agriculture de Grignon
où de nombreux horliculteurs et botanistes ont pu les contrôler. J'ajoute qu'ils ont
porté principalement sur les variations morphologiques consécutives au ^relTage et
cela, avec des plantes herbacées seulement (').
Dans ces conditions, je ne puis avoir la prétention de tirer des conclusions délini-
tives et générales sur la variation dans la greiïe. Il y a bien d'autres questions à envi-
sager dans ce vaste domaine; je ne l'ignore pas, et plusieurs d'entre elles, du reste,
sont déjà à l'étude. En outie, je crois bon de faire observer qu'il est absolument
nécessaire de bien préciser la nature de semblables recherches, sans quoi on expose
le lecteur non averti à commettre des confusions étranges et à se faire une opinion
inexacte des travaux entrepiis et de leurs conséquences pratiques.
1" (^uand un greffon est implanté dans un sujet sous forme de rameau
ou d'écusson par une greffe simple, les bourgeons qu'il possède vont-ils
donner des pousses influencées spécifiquement par le sujet, c'est-à-dire pré-
sentant des caractères de ce dernier que le greffon ne possède pas lui-même
normalement? La question ainsi posée est déjà fort complexe. Il y a lieu, en
effet,' de distinguer, suivant les cas, des caractères morphologiques, bioloT
(M Ed. Giuffox, Huit, de la Soc. bot. de France, 1907, p. 699; T908. p. .597; 1909.
. 2o3 et 612.
G3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
giques, cliimiques et pathologiques et Ton n'a pas le droit de conclure de
Tapparilion des uns dans le grelîon, à celles des autres, sans expériences le
démontrant pour chaque type de plante. Bien entendu, la même question
peut se poser à propos des hourgeons du sujet qui, en se dévelop[)ant
(greffe mixte de Daniel), donneraient des pousses hybrides par suite de
l'influence spécifique du greffon. C'est grâce à cette dernière qu'on pour-
rait obtenir, dit-on, par des greffages systématiques, des variétés nouvelles
dont malheureusement, en dépit de promesses bientôt vieilles de vingt ans
et sans cesse renouvelées, nous attendons encore l'apparition.
2° D'autre part, s'il y a des variations dans les caractères des pousses du greflTon el
de celles du sujet, on peut se demander si elles ne sont pas de même ordre que celles
qu'on observe en dehors du gr-elTage (accidents divers) et dont celui-ci ne serait
nullement la cause.
3" En outre, et surtout, la nature des sujets employés peut provoquer
dans le grcfl'on des modifications quantitatives dues simplement aux condi-
tions nouvelles dans lesquelles ce dernier doit vivre. Mais d'abord, ces
modifications n'ont pas toujours lieu; ensuite, tjuand elles existent, elles
sont tantôt pour, tantôt contre la théorie du mélange des caractères des
deux plantes associées; elles augmentent ou amoindrissent certaines qualités
(richesse en sucre, en acide par exemple); elles sont identiques à celles que
provoquent des causes bien connues (milieux nutritifs, opérations cultu-
rales, etc.) et ne correspondent donc nullement à tout ce que produirait
une fusion de ])lasmas spécifiques.
Mais ces variations, dites de niitrition, personne, au fond, ne les nie. Seidenient il
ne s'ensuit pas de ce qu'on les a constatées çà et là, pour affirmer qu'elles se manifes-
teront souvent, sinon touiours, qu'oji ne pourra pas les combattre, ni surtout qu'elles
seront assez importantes pour altérer les caractères essentiels des variétés et de leurs
produits; pour amener, par exemple, dans la Vigne française grefl'ée sur américaine,
un abâtardissement des cépages, une détérioialion des vins notable. Sous ce dernier
rapport, en effet, il est établi par une expérience colossale qui se poursuit depuis
plus de 3o ans en divers points du monde, qu'avec des porte-grefles convenant bien
au sol, au climat, à la vaiiété indigène propagée, avec une taille appropriée et une
bonne culture, il n'est pas rare d'observer le contraire.
/}" A côté de ces prétendues variations speri/iqucs, de ces accidents ou
s/)i>ris, de ces variations de nutrition, il esl im cas fort intéressant, qui se
réalise rarement, il est vrai, et|)ar conséquent n'a qu'un mince intérêt pra-
tique, c'est celui qui consisterait peut-être dans la formation, au niveau du
bourrelet de soudure, d'un bourgeon h vbride, résultant de la fusion de noyaux
SÉANCE DU 7 MARS I910. 63l
des deux plantes, ou bien encore dun bourgeon composite dont les cel-
lules appartiendraient partie au sujet, partie au greffon (Strasburger, Le
Monnier).
Dans le premier cas, le bourgeon donnerait un véritalile livbride asexuel ; clans le
second, un pseudo-livbride de grelTe dans lequel les cellules des deux parents l'esle-
raient dislinctes. chacune suivant, plus ou moins exactement, les propres tendances
héréditaires. Ces pseudohybrides seraient des chimères, comme on les nomme en
Allemagne, si des parties entières ne renfermaient que des cellules provenant d'un
seul composant, des liyperchiinères (Strasburger) ou périclinalchiinères (Baur) si
les cellules d'origines dirt'érenles étaient soit intimement mélangées, soit disposées
par couches ou enveloppes régulières. Ce serait alors, en laissant de côté certaines
formes peu caractéristiques ou encore insuffisamment étudiées et suivies, le cas des
Cratd'goDiespiliis (repousses anomales, au niveau du bourrelet, de greffes de Mespiltis
^\w Cralœgiis), des Solaniiin de Winkler (plantes obtenues récemment par la section,
au niveau du bourrelet également, de greffes de .S. Lycopersicuni et S. nigrum),
enfin du Cy/fstis Adaini et des Orangers Bizarria dont l'origine, cette fois, est à peu
près inconnue et pourrait tout aussi bien élre attribuée à l'hybridation sexuelle.
Mais qui ne voit la différence considérable existant entre ces êtres singuliers et
rares et les greffes ordinaires où il s'agit de pousses dérivant des bour-geons qui appai-
tiennent exclusivement soit à l'un, soil à l'autre des deux individus associés (')? Kn
ipioi, par exemple, l'existence du Cyllsiis Adami e[. àQ% Cratœgnmespiliis implique-
t-elle celle de variations spécifiques dans les Vignes dont les sarments proviennent tous
du greffon seul ?
l'our ma part, je suis convaincu que si l'on voulait bien, à propos de
chaque cas, faire les distinctions qui viennent d'être envisagées ci-dessus,
ne pas tenir coin|)te des expériences et observations fausses ou non démons-
tratives (et il y en a plus d'une) ; si l'on voulait bien ne pas généraliser des
exceptions et ne parler que de plantes dont on connaît à fond les variations,
la culture et les produits, on linirait par se mettre d'accord sur cette ^ques-
tion si vivement controversée du greffage.
(^)uoi qu'il en soit, je puis affirmer qu'au cours de cincj aimées consécu-
tives de recherches sur les plantes herbacées (Solanées, Légumineuses,
(Composées, Cnicil'ères), avec des milliers de greffes et de témoins, les va-
riations morphologiques et biologi(pies ont été peu nombreuses et pas très
marquées. En aucun cas, je n'ai observé d'iniluence spécifique du sujet et du
greffon, d'altération des caractères fondamentaux d'espèce ou de variété,
d'hvbridation asexuelle.
(') I.. Daniki., (o/iiptcs reiidiix, t. (,\I^I\, 1909, p. 1008.
(l'i^'2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Pénétration et action bactéricide des rayons
ultraiioh'ls par rapport à la constitution chimique des milieu-v. Note de
M. Gabriel Vai.let, présentée par M. A. Chauveau.
On sait que Teau pure se laisse facilement traverser par les rayons ultra-
violets. Par contre, on a rencontré des difficultés considérables lorsqu'on a
voulu appliquer l'action bactéricide de ces radiations à certains autres
liquides, dont on n'a pu obtenir la stérilisation qu'en les disposant en couche
exlrèmement mince au-dessous des lampes de quartz. C'est ainsi qu'un
échantillon de moût de raisin, que j'ai étudié, n'a commencé à être sensible
à Faclion stérilisante de rayons ultraviolets que sous une épaisseur d'un quart
de millimètre. Des observations analogues ont été faites par divers expéri-
mentateurs pour le vinaigre, le cidre, le lait, la bière, etc.
Les milieux précités étant de composition assez complexe, il serait intéres-
sant de déterminer le rôle que joue, dansl'absorptiondesrayonsultraviolets,
chacune des substances qu'on y rencontre. Les présentes recherches, qui
ont eu pour but d'ébaucher cette étude, ont porté sur un certain nombre
de substances qui entrent presque toutes dans la composition des liquides
destinés à un usage alimentaire.
La source lumineuse élail constituée par une lampe en'quartz à vapeurs de mercure,
de 220 volts, du modèle du D' Nageisclimidt, fourni par la Quarlzlampen Gesellscliaft
(Hanau). l^'efliet bactéricide, obtenu dans des conditions déterminées, a servi de cri-
térium pour apprécier le degré de pénéirabilité des rayons ulli-aviolets à travers les
substances étudiées. Celles-ci étaient largement polluées avant chaque essai, au
moyen d'une émulsion deBac.coli. La pénétration des radiations était considérée comme
complète lorsque tous les bacilles élaienldétruits. Déplus, commecertains échantillons
pouvaient posséder une action antiseptique propre, des ensemencements témoins ont
toujours été pratiqués après un temps de contact suffisant (à la fin de l'expérience).
I^es substances liquides ou les dissolutions des corps solides dans l'eau distillée étaient
placées dans un récipient lectangulaire à 2'^^™ au-dessous du brûleur et exposées pen-
dant I minute à l'action de la lumière (un obturateur permettait de régler cette exposi-
tion, la lampe restant en régime normal de marche). L'épaisseur du liquide était de
i";"',5. A part des dérogations dont il sera fait mention pour chaque cas particulier, les
conditions de temps, de distance et d'épaisseur ont été uniformes dans cette série
il'expéiiences. iVlais chaque substance a été étudiée en faisant varier le tilie de sa di-
lution, et le degréde pénétrabililédes rayons ultraviolets a été déterminé en cherchant
la limite de concentration à partir de laquelle l'action bactéricide ne s'exerçait plus.
I" Sucres. — Dans les conditions de temps, de dislance et d'épaisseur énoncées
ci-dessus, les solutions de glucose se laissent traverser par les rayons ultraviolets
jusqu'au titre de 20 pour 100. Les cou ce n t rat ion « plus élevées ne sont pas stérilisées.
SÉANCE DU 7 MARS I910. 633
Le lactose a une perméabilité plus accenluée, car sa stérllisalioii est oompiéle en
solution saturée (35 pour 100 environ à 3o°).
2° Alcools. — La glycérine pure, sans addition d'eau, est toujours stérilisée dans les
conditions habituelles de l'expérience; toutefois, elle est moins transparente que l'eau,
car, si l'on fait varier ie temps et la distance, on voit qti'en 3o secondes, à 17'^'" du
brûleur, elle cesse d'être stérilisée, alors que l'eau l'est encore. Lorsqu'on étudie des
dilutions successives cValcool élltylique dans l'eau distillée, on constate que la stéri-
lisation a lieu jusqu'au moment où l'alcool exerce son action antiseptique propre. Mais
un dispositif spécial permet de voir comment se comporte l'alcool absolu employé pur:
dans un petit verre, on introduit de l'eau cliargée de colibacilles et à sa surface on
verse avec précaution de Talcool qui surnage. En augmentant progressivement
l'épaisseur de celle couche dans des essais successifs, on obseive que l'eau sous-jacente
est stérilisée même lorsque la couche d'alcool atteint i''™ d'épaisseur (temps, 1 minute;
distance, 2'"'). L'alcool éthylique est donc très perméable.
3° Acides. — U'acide acéliijue et Vacide lartrique, dissous dans l'eau, laissent agir
les rayons ultraviolets jusqu'à ce que leur action antiseptique propre empêche de
pousser plus loin l'expérience (7 pour 100 pour l'acide acétique, 12 pour 100 pour
l'acide lartrique). En ce qui concerne l'acide acétique crislallisable, non dilué et forte-
ment antiseptique sous celle forme, un dispositif analogue à celui employé pour
l'alcool semblait indiqué; mais comme l'acide acétique ne se maintient pas en couche
sur l'eau, il a fallu remplacer celle-ci par la glycérine. Dans ces conditions, une couche
d'acide acétique de i™™,5 a suffi pour faire écran à l'action stérilisante.
4° Sets niinératijs. — }^e chlorure de sodium est perméable jusque dans ses solutions
saturées (3o pour 100 environ). En diminuant le temps d'exposition, on constate qu'il
cesse d'èlre stérilisé à partirel au-dessous de a secondes, commeaussi du reste le témoin
constitué par J'eau distillée. La limite de pénétrabilité est de 19 pour 100 pouvV azotate
de chaux (choisi comme exemple de sel de chaux à cause de sa soluLililé) et de
22 pour 100 pour le carbonate de soude.
5° Sels organiques. — Les tartrates se laissent facilement pénétrer : le tartrale
neutre de potasse était encore stérilisé à 35 pour too; le hitartrate de potasse, dont
on ne peut guère obtenir au maximum que des solutions à i pour 100, voisines de la
saturation, a été stérilisé à ce taux en 5 secondes.
6° Matières grasses. — Un échantillon à^huile d'olive a servi aux essais. En couche
mince à la surface de l'eau, elle a empêché la stérilisation de celle-ci.
■ 70 Matières proléiques. — Les limites à partir desquelles les rayons ultraviolets
W n'exercent plus leur action bactéricide ont été pour la gélatine de 17 pour 100, pour
la peptone de 3 pour 100, et pour Yaibumine d« 1 pour too environ. L'albumine
étudiée était de l'albumine sèche provenant de l'œuf; ses soliUitions dans l'eau pure
sont difficiles à obtenir et leur titre exact ne peut être connu que par des dosages
consécutifs. Unesolution contenanlo,70 pour 100 a été stérilisée, une autre renfermant
1,10 pour 100 ne l'a pas été. En somme, parmi les substances protéiques, l'albumine
et la peptone sont assez fortement opaques pour les rayons ultraviolets.
8° Matières colorantes. — On peut avoir une idée de l'action des matières colo-
rantes en procédant par différence : un vin rouge non stérilisé, après avoir été soumis
en nature aux radiations, a pu être stérilisé après sa décoloration par le noir animal.
634 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais un moùl de raisin, d'ailleurs peu coloré et qui avait montré une grande opacité,
ne s'est pas modifié à ce point de vue par la décoloration.
Il existe donc entre les substances précédentes de notables différences
qtiant à leur pénétrabilité par les rayons ultraviolets. Les uns, comme
l'alcool élhylique, la glycérine et beaucoup de solutions salines, se laissent
facilement traverser; les autres, comme l'albumine, la peptone et l'Iiuile
sont fortement opaques. De plus il est probable que, rassemblées dans un
milieu complexe, elles y additionnent leurs effets. C'est du moins ce qui
semble ressortir de la constatation suivante : un milieu artificiel, conte-
nant iK, 5o de peptone, los de glucose, os,5o de bitartrate de potasse
pour 100"°° d'eau, n'a pas pu être stérilisé dans les conditions ordinaires de
l'expérience. Cbacune des substances entrant dans sa composition était
cependant assez loin de la limite à partir de laquelle elle confère l'opacité à
son dissolvant.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Action des rayons ultraviolets sur les try-
panosomes. Note de MM. H. Bordiek et R. Horand, présentée
par M. Armand Gautier.
Au cours d'expériences sur l'action des rayons X et des rayons ultra-
violets (') sur les bactéries et les protozoaires, nous sommes arrivés à
étudier cette action sur les trypanosomes et, en particulier, sur le Trypa-
nosoma Lewisi.
Nous avons trouvé que les rayons ultraviolets tuent ce flagellé même à
doses faibles : la gouttelette du sang d'un rat inoculé avec ce trypanosome,
placée entre lame et lamelle lutée à la paraffine, est exposée aux radiations
émanant de la lampe à vapeur de mercure et en quartz, modèle de Kromayer :
la lamelle est appliquée contre la fenêtre refroidie de la lampe pendant un
certain temps mesuré au chronomètre.
Nous avons déterminé le temps minimum nécessaire pour obtenir la mort
des trypanosomes et nous avons pu, grâce à la méthode de dosage des rayons
ultraviolets de l'un de nous (^), mesurer la quantité d'énergie radiante
absorbée par les protozoaires et correspondant à la dose mortelle. Cette
( ' ) Société nationale de Médecine de Lyon^ février 1910.
(') Chromo-aclinomi'lre {Archi'.-t. d'Electricité r?iédicale, 25 iuiUet 1908).
SÉANCE DU 7 MABS 1910. 635
(juaiitilé est de 0,7 unité ('), en tenant compte de l'absorption des rayons
par la lamelle de verre; avec noire lampe, il faut i5 secondes pour obtenir
cette dose.
Après Taction des rayons ultraviolets, l'examen à l'ultramicroscope de
la préparation montre que tout mouvement des trypanosomes a cessé; on
ne retrouve même pas leurs cadavres.
Leur forme s'est complètement transformée pendant l'irradiation.
On constate en même temps une altération des globules rouges qui appa-
raissent crénelés, et aussi une modification de leur couleur, l'hémoglobine
ayant été réduite par les rayons ultraviolets, ainsi que cela avait déjà été
démontré (- ).
Nous avons aussi soumis ces trypanosomes à l'action des rayons \ et nous
avons constaté que des doses même très fortes, allant jusqu'à i5 unités I (')
n'arrêtent pas les mouvements et ne modilient pas la forme de ce proto-
zoaire (|ui continue à vivre comme si l'irradiation n'avait pas eu lieu.
l'IlYSIOl.OGlE. — Immunité nalurelle des liatraciens et des Serpents contre
le venin muqueux des premiers; mécanisme de cette immunité. Note
de M'"* .Makii!: 1*iiisai.ix, présentée par M. Edmond Perrier.
S'il est possible d'envenimer les Serpents et les Batraciens avec le venin
muqueux cutané de ces derniers, il faut du moins employer des doses qui
sont très élevées relativement à celles qui suffisent à tueries Mammifères et
les ()iseaux.
C'est ainsi que le dixième de la dose de mucus de Discoglosse, qui tue en
iî4 à l\è heures la Vipère aspic et la (j renouille verte, suffit à foudroyer le
l^apin par inoculation inira-veineuse, et le Moineau par injection dans le
muscle pectoral.
Le même eftét se produit également chez le Lapin avec le mucus fourni
par une seule petite Grenouille verte, et chez le Moineau avec le (juart de
celte dose, alors qu'il faut le mucus de trois sujets pour tuer la \ ipère et
(') Quanlilomélric des rayons ti/lraviolels; unité de quantité {Société de Radio-
logie médicale de Paris, février 1910).
(-) BoKDiEii et N0GIEH, Archives d'Électricité médicale, 1908, p. 3i6.
(') L'unité I, nouvelle unité de quantité des rayons A' {Archives d'Électricité
médicale, 1906, p. 067).
G. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, N" 10.) 85
()3G ACADÉMIE DES SCIENCES.
celui de cinq pour envenimer morlelleraenl la Cîrenouille verte ellc-mèuie.
Si l'on prend comme unité de résistance au mucus de Grenouille celle de
i''*' de Lapin, on trouve que les résistances respectives de la Vipère et
de la Grenouille sont exprimées par les nombres igS et 58 1, celle de la
Couleuvre vipérine étant intermédiaire aux précédentes. Vis-à-vis du
mucus d'Axolotl, dont l'injection intraveineuse, quoique mortelle, n'est pas
foudroyante, on constate que la dose uiinima mortelle, pour une Vipère ou
une Grenouille du poids de 30^, n'est pas plus élevée que pour un Lapin
pesant i3oo^, et que cette dose n'a même aucun effet appréciable tant sur
la Couleuvre vipérine que sur la Salamandre terrestre.
La comparaison des doses minima mortelles pour les divers animaux,
étendue aux mucus d'Alyte, de Triton, de Pélobate et de Salamandre,
fournil des résultats qui concordent si bien avec les précédents qu'il serait
superllu d'en accumuler les détails.
Mécanisme de l'immunité. — J'ai monlré que les Serpents sont aussi résistants
que les Batraciens eux-mêmes à la salamandrine, et que leur immunité est due à
l'iiDlagonisme physiologique de celle substance el de réchidno-to\ine contenue dans
leur sang {Comptes rendus^ 29 juin 1909).
C'est par ce même mécanisme que les Batraciens, et la Salamandre en particulier,
sont protégés à la fois contre leurs sécrétions cutanées, Tune primitivement paraly-
sante comme le venin de Vipère, l'auti-e tétanisant d'abord le cœur, comme la salaman-
drine; et Ton comprend que la présence simultanée dans leur sang de ces venins à
elTels opposés, maintienne l'équilibre physiologique ciiez l'animal normal, el que cet
éi|uilil)re puisse êlre rétabli chez l'animal inoculé par l'apport immédiat et constant
du produit antagoniste.
Quant à l'immunité naturelle des Serpents contre le mucus, elle a la même origine
que celle que possèdent ces reptiles contre leur propre venin ; elle est due à l'antitoxine
dont C. Phisalix a montré l'existence dans leur sang, et qu'on met en évidence en
détruisant la substance toxique, soit par un chauffage approprié, soit par la précipi-
tation alcoolique : c'est ainsi que le mélange in vitro du précipité de 4'°'' 'le sérum
avec la dose de mucus d'Axolotl, mortelle pour la Vipère, inoculé dans la cavité
générale de celle-ci, ne produit plus qu'une asthénie passagère, alors que les témoins
meurent en un temps variant de quelques jours à quelques heures.
Ce qui confirme, d'ailleurs, que rimmunilé des Serpents et des Batra-
ciens est due plutôt à la composition de leurs humeurs qu'à la résistance
propre de leurs cellules nerveuses au mucus, c'est qu'on peut les paralyser
avec des doses minimes de ce dernier, porté directement sur les centres
nerveux; une Couleuvre à collier meurt en 3 heures, une Grenouille verte
en i5 heures, après avoir reçu sur le cerveau, à travers la membrane
occipilo-atloïdiennc, la vingtième j)arlie du mucus (pi elles tolèrent par les
SÉANCE DU 7 MARS I910. 63^]
autres voies. Et l'on constate qu'il en est de même vis-àcvis de la salaman-
drine; une dose de 0"^=, ^ de ce venin introduite dans le crâne convulsive
aussitôt, el lue en 3o minutes une Couleuvre à collier, qui en supporterait
15""^ par la voie sous-culanée; la Salamandre elle-même est tétanisée par
une dose de o"s,3o, et la Grenouille verte par une dose de o'"k, 10, alors
qu'il faudrait des doses 10 et 6 fois plus grandes pour produire le même
effet par injection dans l'abdomen.
De plus, les animaux dont on a renforcé l'immunité naturelle par une ou
plusieurs inoculations de venin se montrent aussi sensibles que les animaux
neufs à l'inoculation intra-crânienne de mucus ou de salamandrine. C'est
ainsi qu'une (Couleuvre à collier, qui avait supporté l'inoculation sous-
cutanée du mucus de six Salamandres, et une Couleuvre vipérine, qui avait
reçu le mucus de la peau ventrale d'un Axolotl, sont mortes de la même
façon et dans le même temps que les témoins.
La sensibilité des animaux à l'inoculation intra-crânienne est telle qu'elle
permet de déterminer expérimentalement les doses exactes suivant lesquelles
doivent être mélangés les venins antagonistes pour (jue leurs effets s'an-
nulent : quelques gouttes des solutions à j^ de salamandrine et de venin
de Vipère, mélangées dans les proportions de j de la première pour | de la
seconde, n'ont pas plus d'effet que l'eau salée physiologique; et il en est de
même quand on substitue au venin de Vipère le mucus de la Salamandre,
concentré par évaporation ou ébullition.
La résistance des cellules nerveuses des Batraciens et des Serpents ne
semble pas non plus augmenter par les inoculations répétées de venin à leur
surface, car une Grenouille verte qui avait reçu, à intervalles de quelques
jours, de petites doses de son propre mucus, s'est montrée aussi sensible à
la ([uatrième inoculation qu'à la première ; et il en a été de même pour une
Couleuvre à collier vis-à-vis d'inoculations répétées de salamandrine.
('es résultats, joints à ceux d'une précédente Note, établissent les rapports
d'immunité réciproque des Batraciens et des Reptiles; ils sont à rappro-
cher de ceux qui ont été obtenus par C. Phisalix avec la salamandrine dé-
posée directement sur les lobes optiques de la Salamandre elle-même, el
avec le venin de Vipère introduit dans le crâne de ce Serpent, de ceux de
MM. Roux et Borrel avec la morphine, les toxines tétanique et diphtérique,
de MM. Lingelsheim, Borrel avec la toxine tuberculeuse, et de ceux de
M. Gley avec les sérums d'Anguille et de Torpille.
De leur ensemble on peut tirer les conclusions suivantes :
i" Les lialraciens el les Serpents, qui résistent au renin granuleux dorsal des
638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
premiers, et en particulier à la salamandrine, manifestent une immunité natu-
relle aussi grande lis-à-vis du second poison cutané, le venin muqueux ;
2° Cette immunité ne se manifeste que lorsque les venins (mucus ou salaman-
drine) ne sont pas portés directement sur les centres nerveux, qui n'acquièrent
pas de résistance spécifique par les inoculations répétées à leur surface;
3" C'est donc une immunité, surtout humorale, due pour les Batraciens à la
présence simultanée dans leur sang des deux sécrétions antagonistes et pour les
Serpents au pouvoir antitoxique de leur sang, qui se manifeste aussi bien r^is-
à-vis du mucus que vis-à-vis de leur propre renia.
PHYSIOLOGIE. — Propriétés du sérum des lapins séro-anaphylactisés.
Note de M. A. Briot, présentée par M. E. Roux.
Les phénomènes d'anaphyiaxie, dont les exemples se sont multipliés
depuis quelques années, sont d'une explication difficile.
Parmi les nombreuses théories proposées, il en est une, formulée par
M. Nicolle, qui a le mérite de la simplicité et l'avantage de rattacher les
phénomènes d'anaphyiaxie à d'autres faits biologiques. Elle consiste à voir
dans l'anaphylaxie un phénomène d'albuminolyse. Cette albuminolyse
détermine, par action sur l'albuminoïde, la mise en liberté d'un produit
toxique, comparable aux poisons vrais de Vaughan, formés par l'action de
l'alcool absolu sodé sur des albumines ou des corps microbiens.
Un premier pas a été fait, dans l'établissement des conséquences de cette
hypothèse, par la mise en évidence de l'anaphylaxie passive. Une deuxième
conséquence était la possibilité de la production in vitro du poison anaphy-
lactique.
Kichel l'avait entrevue avec l'actino-congestine et nettement établie avec
la crépiline.
Chez les lapins anaphylactisés avec le sérum de cheval, j'ai mis en
évidence, avec la plus grande netteté, ces deux phénomènes d'anaphyiaxie
passive et d'anaphyiaxie in vitro.
Les lapins sont préparés par des injections intrapéritonéales presque quotidiennes
de S"^"', 5 de sérum de clieval non chauffé (3i injections en 4o jours). Après ce
traitement, ils sont sensibles, et ceux qu'on éprouve par une inoculation intra-
veineuse de 4*^"' Je sérum meurent en quelques minutes des accidents typiques
d'anaphyiaxie.
On fait des prises de sang à ces lapins préparés : une première fois, 8 jours après
SÉANCE DU 7 MARS 19IO. 63g
la dernière injection de sérum; une deuxième fois, 3 semaines après. Et, avec le
sérum obtenu, on fait les séries d'essais suivants sur des lapins neufs :
1. Phénomène d'anaphylaxie passive. — Des lapins reçoivent dans la
veine de l'oreille des doses variant de 2"'', 5 à S""' de sérum de cheval non
chauffé.
Ils présentent tous des symptômes très nets d'anapliylaxie. Les uns meurent dans
un délai de 5 à 20 minutes, les autres se remettent.
2. Phénomènes d' anaphylaxie in vitro. — On fait un mélange à parties
égales du sérum de cheval non chauffé et du sérum des lapins préparés.
Puis on l'injecte dans la veine de l'oreille à des lapins neufs, immédiatement
après sa préparation, à des doses deo"°' ou de 10™'.
Tous les lapins sont malades avec les symptômes d'anaphylaxie; les uns meurent en
3 à 10 minutes, d'autres se remettent.
On fait, le lendemain, une injection d'épreuve de 5"^"' de sérum de cheval à ces la-
pins qui ont résisté, et l'on constate qu'ils ne manifestent qu'un insignifiant malaise
passager.
De ces faits découle naturellement la conclusion que dans le sérum des
animaux sensibilisés existe un principe qui, en agissant in vitro sur le sérum,
de cheval, dégage le poison anaphylactique, d'une manière comparable à
l'alcool sodé.
ANATOMIE. — Les dimensions du cœciim et la typhlectasie. Note
de M. R. RoBi\so\, présentée par M. Lannelongue.
L'Anatomie comparée nous montre que le cœcum atteint le maximum
de ses dimensions chez les Herbivores, chez le Lapin par exemple, qui en
possède un très gros; chez les Fructivores, les Phalangistes et les Périsso-
dactyles (Rhinocéros, Cheval), chez les Galéopithèques et les Lémuriens,
les Prosimiens. Il est beaucoup plus petit chez les Carnassiers, mais chez le
Chat et le Macaque Rhésus il existe un cœcum assez développé avec un petit
vermium en plus. En rapprochant et en comparant ces faits, on peut con-
clure que dans le cours du développement des espèces il se produit une
adaptation dont le résultat peut être schématisé de la façon suivante : gros
cœcum, pas d'appendice; ciocum peu développé, petit appendice; caecum
moyen, appendice développé au maximum.
Chez l'Homme, les dimensions du ca'cum sont très variables et comme dit Mor-
gagni : « Pro varia nuper contenloruni copia producta, aut contracta reperitur. »
64o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sur 5o rirciiius que j'ai enlevés avec leur appendice, j'ai trouvé trois fois un c.Tcum
très petit à peine dirtérencié du colon ascendant et d'une capacité de 80'"'' à 100'"''
d'eau distillée; 87 étaient bien développés avec un verinium de calibre moyen. Je n'ai
trouvé aucun cas comparable à celui de Lusclika, qui a noté jusqu'à 28'='" de longueui-
pour l'appendice ciecal. Evidemment, j'avais aflaire aux sujets français, tandis que
l'auteur viennois a opéré chez les Autrichiens ou Allemands dont raliiiientation est
notablement tliil'érente de la nôtre.
De mes jo cas, 10 présentaient un caecum très développé jusqu'à coiicui-
rence de G""' à 800™' de capacité, dépassant non seulenienl anguliim roi/us,
mais plongeant dans la cavité pelvienne.
Non content de ces constatations sur le cadavre, j'ai eu le soin de les con-
trôler chez le vivant, sur la table d'opération, bien entendu. Nous avons vu,
M. Mauclaire, chirurgien des hôpitaux et moi, que souvent le cfocum est
démesurément gros et pend dans le bassin par sa portion déclive.
11 nous semble que cette /y/jA/ec/a^^e n'est pas un état pathologique, mais
un état d'infériorité, une infirmité. On l'observe, en général, chez les indi-
vidus, plus souvent cliez les femmes de petite taille, à gros ventre qui souf-
frent de stase stercorale, de douleurs netteiiient localisées à la fosse iliatjue
droite, et dont la paroi abdominale est dessinée de veines extrêmement
dilatées.
Une hypothèse sera peut-être permise pour l'interprétation de ces ly/ih/ec-
tasies. L'Homme, anciennement herbivore, est devenu plus tard omnivore,
et le cfecum et son appendice se sont développés proportionnellement
d'après le schéma que nous avons exposé plus haut. Actuellement, THomme
est plutôt Carnivore, mais son cti3cum reste souvent gros, contrairement
aux prévisions. La physiologie pathologique nous montre à cet égard que
les excréta des Carnivores présentent deux défauts : 1° la petitesse du
volume qui ne sollicite pas assez vigoureusement la contraction des parois;
2° leur toxicité plus grande qui irrite et dilate les mêmes parois.
C'est ainsi que se produit à notre sens la lyphleclasie de l'Iionime, qui ne
donne lieu habituellement à aucun trouble nosologique, mais qui est tra-
duite dans certain cas par des accidents pathologiques magistralement
décrits par M. Diculafoy.
OCÉANC^GHAPHIE. — Carte lithologique sous-marine de la côte du Languedoc.
Note de M. J. Thoulet.
.D'après des échantillons recueillis sur le terrain en 1908 et 1909, je viens
de terminer sur les feuilles 5172 et H(i7 du Service hydrographique de la
SÉANCE DU 7 MARS I910. 64^
Marine, la Carte lithologique sous-marine de la côte du Languedoc depuis
Palavas à l'Est jusqu'à l'embouchure de l'Aude à l'Ouest et atteignant une
dizaine de milles en mer; 128 échantillons ont été analysés mécaniquement
et chimiquement, 97 analysés microminéralogiquement. On a indiqué,
comme sur une Carte géologique continentale, par des teintes et des signes
conventionnels, les terrains et dépôts suivants : roche, sable, sable vaseux,
vase très sableuse, vase sableuse, vase, gravier, coquilles entières, brisées et
moulues, madrépores, herbiers. Les isobathes ont été tracées de 10'" en 10™.
Du rivage en savanraiU vers ia liante mer, la proportion du gravier, niilie sur le
bord, augmente régulièrement jusque vers 3o"' de profondeur pour diminuer ensuite
rapidement, de telle sorte qu'il n'en existe plus après 5o™. D'une manière générale,
les fonds côtiers sont d'autant plus sablaux qu'ils sont plus voisins de terre et
inversement, d'autant plus vaseux qu'ils en sont plus éloignés. ■
Le golfe d'Âgde est occupé par un delta sous-marin commun à l'flérault, à l'Orb et
à l'-Vude; il s'étend jusque par 35"" de profondeur avec une pente de (j'.')-" et est
parfaitement caractérisé par ses sédiments.
Les fonds marins de la région ont une teneur en calcaire uniformément comprise
entre 33 et 38 pour 100. Ils sont caractérisés minéralogiquement par la présence de la
dolomie provenant des calcaires magnésiens du jurassique supérieur abondamment
distribués en Languedoc, dans la chaîne de la Gardide et dont le mont de Cette est
uniquement formé, de basaltes et minéraux associés (magma, plagioclase, orthose,
magnélite, iiménite, augile, péridot, apatite, hornblende, zircon, etc.) venant des
nappes basaltiques voisines du mont d'Agde, des environs de Lodève et de Bédarieux
amenés par l'Hérault et de Monlferrier amenés par le Lez, enfin de minéraux verts ées
Alpes charriés par le Rhône et portés ensuite le long de la côte par le grand courant
méditerranéen.
La distribution des minéraux et leurs dimensions en chaque localité ont
permis d'établir les points suivants:
La proportion constante sur le fond des éléments minéraux des diverses
grosseurs est complète entre o'" et i5'" environ de profondeur ce qui
s'explique par le brassage continuel exécuté par la mer. Au delà de 5o"', le
mouvement des vagues cessant de se faire sentir, le fond demeure dans un
calme quasi absolu. Entre i5™ et 5o'", les sédiments agités doucement mais
continuellement par les vagues de la surface, sont maintenus en suspension
dans l'eau et obéissent au courant méditerranéen. L'axe de plus grande
vitesse contre le sol de ce courant parallèle à la côte, signalé sur le fond par
des sables vaseux, des vases très sableuses et des vases sableuses, se trouve
par 20'" à So" de profondeur et sa vitesse, mesurée expérimentalement
d'après la dimension des plus gros grains transportés par lui, est de Sao'" à
l'heure équivalant à | de nœud environ.
642 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le courant méditerraii(''en venant de l'Est et se dirigeant au Sud par
rOuesl accumule les vases sûr les faces des g;olfes d'Aigues-Mortes et
d'Agde qui regardent l'Ouest et les sables sur les faces opposées; il éprouve
sur le fond des remous irrégulièrement distribués. En avant du cap d'Agde
et des rocbes sous-marines qui le prolongent, l'obstacle en cul-de-sac qu'il
rencontre l'oblige à prendre un mouvement de tourbillonnement dans le
sens des aiguilles d'une montre qui ramène en arrière les minéraux. Plus
loin, au-dessus du delta qui occupe tout le golfe d'Agde, il subit un vaste
tourbillonnement, toujours dans le sens des aiguilles d'une montre et dont
le centre est placé à l'extrême pointe sud du delta, par une trentaine de
mètres de profondeur. Il lieurte ensuite presque perpendiculairement l'em-
bouchure de l'Aude, y éprouve un dernier remous de faible intefisité et
continue sa route vers le Sud, longeant de près la côte et là seulement il
possède une force suffisante pour nettoyer une étroite bande sableuse des
vases qu'il laisse se déposer à peu de distance dans des eaux ne dépassant
pas des profondeurs de 20™.
Ces considérations appliquées aux roches sédimentaires, anciens fonds de
mer actuellement exondés, fournissent de précieux renseignements sur la
genèse de celles-ci et sur les caractéristiques des courants susceptibles
d'avoir jadis présidé à leur distribution.
SISMOLOGIE. — Sur la détermination de iépicenlre d'un tremblement de
terre d'après les données d'une seule station sismique. \ote de M. 15.
Galitzixe, présentée par M. Bigourdan.
On sait aujourd'hui déterminer la distance de l'épicentre d'un tremble-
ment de terre, au moyen de la difTérence des moments d'arrivée des pre-
miers et des seconds avant-coureurs des ondes sismiques, lesquels corres-
pondent respectivement à des vibrations longitudinales et à des vibrations
transversales. Par suite, trois stations sismiques convenablement situées
suffisent pour déterminer le lieu approximatif d'un épicentre.
Si, outre la distance, il était possible de déterminer aussi V azimut d'où
viennent les ondes sismiques, les données d'une seule station suffiraient
pour atteindre le même but.
Dans une étude spéciale que j'ai entreprise pour celte détermination de
l'azinuit, j'ai employé deux pendules très sensibles de mon système (sus-
pension Zollner), avec fort amortissement magnétique poussé pres(]ue
SÉANCE DU 7 MARS 1910. G/i!^
jusqu'à la limite de l'apériodicité; renregistrement se fait au moyen d'un
galvanomètre apériodique excessivement sensible, du type Deprez-d'Ar-
sonval. Un de ces pendules enregistrait la composante NS et l'autre la
composante EW. Le cylindre enregistreur, recouvert de papier sensible,
avait une vitesse de rotation assez grande pour donner une inscription
de Si""" de long par minute.
Pour le but proposé, j'ai choisi sur mes sismogrammes, obtenus à la
station sismique de Pulkova, le premier écart y,„ du point lumineux par
rapport à sa position d'équilibre : cela correspond à la première arrivée
des ondes longitudinales, et l'on n'a pas à tenir compte d'une superposition
éventuelle d'ondes sismiques.
Soient, pour ce premier instant, Aj, et A^^ les vraies amplitudes des mouve-
ments du sol respectivement dans la direction NS et dans la direction EW:
S'il était possible de déduire des amplitudes y,„, mesurées sur les sismo-
grammes, pour les deux composantes, ces amplitudes vraies Aj, et A^, le
A . . .
rapport -~ donnerait immédiatement la tangente de l'azimut cherché,
/ , Ae
(i) langa = -— •
Apj
En tenant compte, en outre, du côté où s'est produit l'écart y,„ par rap-
port à la ligne d'équilibre, il n'y aura pas d'indétermination et l'on connaîtra
le quadrant de a.
Pour trouver le rapport entre j^,„ et l'amplitude vraie du mouvement du
sol J7„,, (A[^ ou Ae), supposons qu'une onde sismique longitudinale vienne
frapper notre station : on a
(2) X =^ jr„, si» pt et T„=:^^,
p
T^ est la période totale de l'onde sismique correspondante.
Supposons en outre ([ue le pendule, avec le galvanomètre correspon-
dant, soient exactement placés à la limite de l'apériodicité et que leurs
périodes propres (sans amortissement) soient égales entre elles et égales
à T.
Appelons G l'angle d'écart du pendule et <p celui du galvanomètre, par
rapport à leurs positions normales; nous aurons les deux équations dill'é-
rentielles suivantes :
(3) e"+9.ne' -i-n'9-h~ = o,
(4) ■ o' -H 3 «9' -H «^9 H- A"9'i= o;
G. K.. iç)in, I" Semestre (T. 1.^0, N» 10.) ^^'
644 ACADÉMIE DES SCIENCES.
/est la lonijueur réduite du pendule et k un coefficient qui détermine la
sensibilité de l'enregislrememenl galvanométrique.
Soit encore A, la distance de la surface du cylindre tournant au miroir
du galvanomètre. Posons, en outre, u = — et introduisons une nouvelle
variable z ^= pt.
En tenant compte de l'équation (2), des conditions initiales et intégrant
les équations (3) et (4), on obtient
(5) j=..r„/r,^.I.(^),
où
(6) <!>(;) =e^"~( i7„-i- f/,3 -h «2-"+ "a-'') -+- & 0 cosc -*-/((, >in s,
et les difîérents coefficients de la formule (6) sont des fonctions de u seule-,
ment :
I — 6m''+«'' ^^(3 — u"-) 1 w^(3 + h'') i «^ _
(i-l-«-)' " i, (I +«'-)- 6 I + (/'■'
Il s'agit maintenant de trouver la valeur de z,„ qui rend <I>' (:?,„) = o ;
alors
(7)
_ ■^^ J-
A-A, T„ <!>(.„,)
Le problème se simplifie extrêmement si les deux pendules ont la même
période propre, car alors il n'y a plus lieu de rechercher la fonction $(;„),
et l'on a simplement
(8)
x'aJ^^
les différentes constantes /, K et A,, qui entrent dans cette formule, se lais-
sent facilement déterminer, et les conditions théoriques indiquées ci-dessus
ont été approximativement réalisées pour les pendules que j'ai employés à
cette étude.
M. Ai.uicitr Barbk adresse un Projet de bulle de sain'elage pour équipage
de sous-marins.
SÉANCE DU 7 MARS 1910. 645
M. Gandii.lot adresse un Mémoire sur l'audition.
(Renvoi à l'examen de MM. Violle et Villard.)
M. Edward Meusel adresse un Mémoire, en langue allemande, sur la
Tliermochimie.
A 4 lieures et demie FAcadémie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
La Section de Gèographw et Navigation, par Forgane de son Doyen,
présente la liste suivante de candidats à la place vacante par le décès de
M . Bouquet de la Grye :
En première ligne M. Lali.emand.
MM. Angot.
F. Arago.
En seconde ligne, par ordre alphabè- \
tique
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures.
Bourgeois.
Ph. V. T.
646 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BUI.IJ'TIN IIIBMOGRAPHKjUE.
Ouvrages kkçus dans la sêancf. du 28 février 1910.
Carnegie InslUntion of Washington, founded by Andrew Carnegie : Scope and
organization. Washington, 1909; i fasc. in-S". (Présenté par M. Darboux.)
List of publications of the Carnegie Institution of Washington ; january 17, igio.
Wasliington, 1 fasc. in-8°.
Bulletin de la Société de Pathologie exotique; t. II, 1909. Paris, Masson et G'";
I vol. in-S". (Présenté par M. Laveran.)
Revue générale de Botanique, dirigée par M. Gaston Bonnikr, Membre de l'Ins-
titut; t. XXII, livraison du r5 janvier 1910. Paris, Librairie générale de l'Enseigne-
ment; I fasc. in-S".
Assemblée générale des actionnaires de la Banque de France, du 27 janvier 1910,
sous la présidence de !\1. Georges Pallain, Gouverneur. Compte rendu au nom du
Conseil général de la Banque et Rapport de MM. les Censeurs. Paris, imp. Paul
Dupont, 1910; I fasc. in-/4°.
Le puits artésien de la Compagnie des eaux de M a isons-Laffitle , 1907-1909, par
Etienne Pérou.x. Paris, A. La Fare ; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Manière facile et expéditive de préparer le grand sympathique, par Félix Cha-
VERNAC. Aix, Makaire, 1910; 1 fasc. in-8°.
Bibliothèque aéronautique russe, fondée par Jacques de Poliakoff. Traduction des
principaux Ouvrages français relatifs à la locomotion aérienne. Volume I : Elé-
ments de la locomotion aérienne, par L. Baudry de Saunier; avec une lettre de l'au-
teur à l'éditeur russe. Kiew, 1910; 1 vol. in-8° [en langue l'usse]. (Hommage de
l'éditeur.)
Fifth annual Report of Henry Phipps Institute, for the study, treatment and
prévention of tuberculosis; february i, 1907 to february 1, 1908. Philadelphie, 1909;
1 vol. in-B".
Tercere Congreso medico latino-amcricano, Montevideo, \'-'>.î\ de niarzo de 1907 :
Acfai y traba/'os; t. I-V. Montevideo, 1908-1909; 5 vol. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 14 MARS 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUi\ICATIO.\S
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PHYSIQUE. — Phosphorescence des sels d' uranyle aux très basses températures.
Note de MM. Henri et Jean Becquerel et H. Kamerli.vgh Onnes.
On a vu, dans un travail précédenl('), que les bandes d'émission et d'ab-
sorption des sels d'uranvle, plus ou moins larges et diffuses à la température
ordinaire, se subdivisent à la température de l'air liquide en bandes mul-
tiples parfois très fines.
Au laboratoire cryogène de l'Université de Leyde,nous avons pu étendre
les recherches jusqu'à la température de l'hydrogène solide ( i4° K). L'ap-
pareil employé a été décrit antérieurement en détail (-): nous rappellerons
seulement que le spectrographe comprenait un réseau plan de Rowland et
une lentille de i"\3o de distance focale fonctionnant par auto-collimation.
Les substances phosphorescentes étaient placées dans un tube de verre mince
et introduites dans un tube vacuum renfermant soit de l'air ou de l'azote
liquide, soit de l'hydrogène liquide convenablement protégé ; elles étaient
vivement éclairées par de la lumière violette.
Déplacement et position limite des bandes . — Lorsque la température s'a-
baisse jusqu'au point de solidification de l'hydrogène, les bandes de phos-
phorescence des sels d'uranyle deviennent de plus en plus fines. L'abaisse-
ment de température déplace les maxima d'émission vers les petites longueurs
d'onde: ce fait avait été signalé dans une Note précédente, mais il n'avait
(') Henri Becquerel, Comptes rendus, l. CXLIV, 1907, p. 409 et p. 671.
(■-) Jean Becquerel et H. Kamerli.xgh Onnes, Conim. Leiden, 11° 103; Le Radium,
t. V, p. 227.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 11.) 87
6l\S ACADÉMIE DES SCIENCES.
pas été démontré que le déplacement du maximum fût la conséquence d'un
changement de période des mouvements lumineux. L'observation des
spectres aux températures où les bandes sont nettement séparées, entre
80° K (azote liquide) et i4°K (hydrogène solide), permet de suivre les va-
riations de chacune d'elles et de constater qu'il s'agit bien d'un déplacement
sous l'influence des variations de température. Voici, par exemple, les lon-
gueurs d'onde (mesurées par compaiaison avec le spectre du fer) des bandes
les plus intenses du sulfate double d'uranyle et de potassium :
A 80» K (azote liquide) 5iil^|J-,48 534l'l^,24 559!'H-,o9 .586H-H-,3i
A 20° K (hydrogène liquide)... Siil'l^.SS 5341^1^,10 5581^(^,89 5861^!^, o5
Les déplacements sont beaucoup plus faibles que ceux qu'on observe entre
la température ordinaire et 80° K {'2^^ à 3^^).
Entre 20° R et i4°K les déplacements sont à peine perceptibles (ordre de
oi^i^,oi). Il semble que la position des bandes s'approche asymptotiqueinent
d'une position limite quand la température s'abaisse. Ce changement est de
même nature que le changement du volume et probablement que le chan-
gement de la constante diélectrique.
Comparaison des divers groupes de bandes d'un même sel. — Le spectre de
phosphorescence d'un sel d'uranyle est constitué par 7 ou 8 groupes qui se
reproduisent de distance en distance avec des aspects, sinon identiques, du
moins peu différents entre deux groupes consécutifs. Seuls les groupes les
plus réfrangibles possèdent souvent un aspect différent des autres.
Nous appellerons bandes homologues celles qui, dans les divers groupes,
occupent les mêmes positions relatives. Les différences d'aspect entre les
groupes proviennent seulement de changements progressifs dans les intensités
relatives des bandes de ces groupes.
On remarque que tous les sels d'uranyle contenant un même acide et
d'autres bases jointes au groupe uranyle ont des spectres de même aspect
d'ensemble.
La constitution du spectre dépend donc principalement de la nature
de l'acide (jui foiine le sel et n'est que peu influencée par les autres bases.
Ce fait, qui avait été signalé depuis longtemps par Edmond Becquerel, est
maintenant plus solidement établi parles observations à des températures
où les bandes n'empiètent plus les unes sur les autres.
Loi de succession des bandes. — On sait que les larges bandes observées à
la température ordinaire se succèdent à des intervalles tels que la difTérence
des noml)res de vibrations soit à peu près constante d'une bande à la sni-
SÉANCE DU l4 MARS I910. B^^y
vante ('). Mais ces bandes étant larges et complexes, on ne pouvait fixer le
degré d'approximation de la relation précédente.-
Aux basses températures, on peut déterminer avec une assez grande pré-
cision les positions des bandes fines. Nous donnons ailleurs (-)les tableaux
de mesures de plusieurs séries de bandes homologues de diflérents sels.
Entre deux bandes homologues conséculù'es la différence des fréquences est
sensiblement constante, non seulement pour une même série, mais pour toutes
les séries de bandes homologues d'un même sel. De plus, la constante qui
exprime la différence des fréquences entre deux bandes homologues consécu-
tii'es est peu différente d'un sel à l'autre.
Les écarts à celte loi sont très faibles: il est probable toutefois qu'ils ne
résultent pas entièrement des erreurs de mesure et que la dillérence des
fréquences diminue d'une quantité extrêmement petite lorsque les longueurs
d'onde augmentent.
Nous avons indiqué le rôle de l'acide dans la constitution du spectre. Il
faut remarquer maintenant que, bien que les spectres diffèrent d'un sel à
l'autre, l'uranium leur imprime un caractère qui lui est propre, en imposant
pour tous ses sels la loi énoncée.
Il convient de rappeler que cette loi, la plus simple qui puisse régir la
succession des bandes, était depuis longtemps considérée comme approchée.
Comme elle révélait une constitution moléculaire particulièrement remar-
quable au point de vue des phénomènes lumineux, elle a attiré l'attention
sur les sels d'uranyle et a été l'origine des expériences cjui ont amené la
découverte de la radioactivité (').
Caractère des spectres. — Les groupes les plus intenses, situés dans
le vert, sont formés de bandes nombreuses, mais les groupes orangés et
rouges sont plus simples et sont, pour beaucoup de sels, constitués par une
succession de bandes rapprochées qui affectent l'aspect des groupes de bandes
dans les spectres cannelés des gaz. Ainsi, avec le sulfate d'uranyle, les
groupes sont formés d'une tète assez intense située du côté des longueurs
d'ondes décroissantes suivie de 7 ou 8 bandes régulièrement espacées et de
plus en plus faibles. Chacune de ces bandes a un aspect légèrement dis-
symétrique, le bord côté violet étant le plus net.
Les bandes ne sont ni assez fines ni assez nombreuses pour qu'on puisse
(') Henri Becquerel, Comptes rendus, t. CI, i885, p. 1202.
(^) Akad. Amsterdam, 28 avril 1909, p. io45; Comm. Leiden, n° 110.
(^) Henri Becquerel, Comptes rendus, l. CXXII, 34 février 1896, p. 420.
65o ACADÉMIE UES SCIENCES.
affirmer qu'elles suivent les lois données par M. Deslandres pour les bandes
des gaz. Cependant la même relation se vérilie autant qu'il est possible de le
faire. Il nous semble donc que ces spectres sont des spectres cannelés d'une
nature analogue à celle des spectres de bandes des gaz.
Dans un champ magnétique dépassant 20000 gauss, nous n'avons obtenu
aucune action sensible sur les bandes fines observées à i4°K. Récemment l'un
de nous, avec le précieux concours de M. Pierre Weiss, a soumis quelques
sels d'uranyle, refroidis à — 190°, aux champs intenses obtenus avec le
puissant électro-aimant du Polytechnicum de Zurich; aucune influence ne
s'est encore manifestée dans un champ de 35 000 gauss. Ce résultat constitue
une nouvelle analogie avec les spectres de bandes des gaz, qui en général se
montrent insensibles à l'action d'un champ magnétique (').
Relation entre l'émission et l'absorption. Bandes renversables . — L'expé-
rience suivante montre d'une façon frappante que certaines bandes peuvent
être à volonté bandes d'émission ou bandes d'absorption : on fait passer un
faisceau de lumière blanche au travers d'une lame à'autunite (minéral dont
on obtient par clivage des lamelles transparentes); on observe le spectre
d'absorption, puis on diminue progressivement l'intensité de la lumière
transmise pendant qu'on éclaire avec de la lumière violette de plus en
plus intense la face tournée du côté du spectroscope. Certaines bandes se
renversent en se transformant sur place en bandes d'émission. Celte expé-
rience, réalisable aux plus basses températures, ressemble à l'expérience
classique du renversement des raies du sodium.
Dans tous les sels d'uranyle, les bandes renversables ne se rencontrent que
dans les deux groupes les plus réfrangibles du spectre d'émission. Les nota-
bles différences d'aspect entre ces derniers groupes et les groupes moins
réfrangibles sont dues principalement aux bandes renversables.
La série des bandes homologues non renversables, qui succèdent aux
bandes renversables dans les autres groupes d'après la loi de la différence
constante des fréquences, est liée tout entière par cette loi à une bande
d'absorption.
11 est important de rappeler que les bandes d'absorption des sels uraneux,
cjui ne sont pas phosphorescents., forment aussi des groupes régulièrement
distribués avec la même loi de succession.
Nature de la phosphorescence des sels d'uranyle. — Les sels d'uranyle
(') Il faul excepter toutefois les divers cas découverts par M. A. Dul'our.
SÉANCE DU l4 MARS I9IO 65l
doivent être considérés comme formant une classe nettement à part parmi
les substances phosphorescentes.
On sait, en effet, d'après les travaux d'Edmond Becquerel et de
MM. Verneuii, Lecoq de Boisbaudran, Lenard et Klall, Urbain, sur les
sulfureux alcalino-terreux et les terres rares, que les corps purs ne sont pas
phosphorescents. L'existence d'un phosphorogène, corps dilué en faible
proportion dans la sui)stancc principale, est nécessaire, et il existe pour
chaque bande un optimum (déterminé par une certaine proportion du
corps dilué) auquel correspond le maximum de lumière. Enfin, le spectre
de phosphorescence est caractéristique des traces de matières en état de dilution.
11 en est tout autrement pour les sels d'uranyle : pour aucune de leurs
bandes on n'a observé d'optimum, et les spectres sont dus à l'uranium lui-
même, puisque leurs caractères se retrouvent dans les speclres d'absorption
de tous les sels d'uranium, qu'ils soient ou non phosphorescents.
Les sels d'uranyle ne pourraient rentrer dans la même catégorie que les
autres substances phosphorescentes que si l'uranium était toujours accom-
pagné d'un métal inconnu auquel appartiendraient les spectres d'absorption
et de phosphorescence. 11 est plus logique de penser que les sels d'uranyle
émettent de la lumière par eux-mêmes, sans renfermer nécessairement à
l'état dilué une substance indépendante de l'uranium.
On remarquera toutefois que, comme dans les autres phosphores, les
centres lumineux doivent être très raréfiés. L'étude de la dispersion dans
les cristaux de terres rares a montré que les centres produisant l'absorption
sélective sont en très faible proportion par rapport au nombre total des
molécules (Jean Becquerel). Avec les sels d'uranyle, la liaison entre
l'émission et l'absorption lend probable la même conclusion pour les
bandes de phosphorescence.
L'origine des centres lumineux dans les sels d'uranyle reste encore
inexpliquée. Il n'est pas impossible qu'il existe une relation entre les pro-
priétés radioactives et les propriétés lumineuses de ces substances. L'émis-
sion des particules a et p met sans doute en mouvement toutes les parties
constituantes de l'atome d'uranium, et peut-être pendant cette phase d'ins-
tabilité l'atome se trouve-t-il particulièrement apte à subir, sous l'influence
de la lumière excitatrice, l'effet photo-électrique ('). Des molécules conle-
(') On sait que, d'après les belles recherclies expérimentales et théoriques de
M. Lenard sur les sulfures phosphorescents, la pliosphorescence a pour cause pre-
mière un effet photo-électrique.
652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
liant un atome en voie de transformation radioactive, ou encore des
groupements complexes renfermant de semblables molécules pourraient
êlre l'origine des centres lumineux. L'uranium porterait ainsi avec lui-
même la cause de la phosphorescence sans l'intervention d'aucun métal
étranger.
Cette hypothèse offre l'intérêt de rapprocher Tune de l'autre deux pro-
priétés exceptionnelles de l'uranium, mais il ne faut pas se dissimuler qu'elle
entraîne de grandes difficultés, surtout en raison de Textrème rareté des
atomes en évolution.
Nous remarquerons encore que la quantité de lumière émise ne paraît
pas diminuer d'intensité lorsqu'on abaisse la température jusqu'à il\° K
(— 259° C). L'émission est toujours de courte durée, et, même si l'excita-
tion est produite à i4° K, il ne se manifeste aucune thermoluminescence
pendant le réchauffement.
Toutes ces propriétés sont bien particulières aux sels d'uranyle et leur
donnent une place à part parmi les phosphores.
La conclusion de cette étude est que l'explication de la phosphorescence
des sels d'uranyle doit être recherchée dans des mouvements contenus dans
l'atome de l'uranium lui-même, et dans la structure des molécules qui ren-
ferment cet atome.
On peut imaginer que le mécanisme de la phosphorescence se produit,
soit dans des centres complexes où l'uranium est le seul métal actif, soit
simplement dans l'atome d'uranium et dans le groupe uranyle.
En suivant les idées développées dans la belle théorie de M. Lenard, on
peut admettre que, sous l'influence photo-électrique de la lumière, des élec-
trons sont projetés hors delà position qu'ils occupaient dans certains atomes
d'uranium, puis s'arrêtent dans une autre partie de l'atome ou du radical
et y restent temporairement. Après un temps très court ils reviennent
aux positions primitives d'équilibre en produisant une émission de lu-
mière.
Le retour rapide des électrons, presque immédiat même aux plus basses
températures, montre que la résistance à leur mouvement est toujours très
faible. Ce résultat est favorable à l'hypothèse d'une localisation des mouve-
ments dans l'atome d'uranium ou dans l'uranyle.
Bien entendu, ces mouvements des électrons, et par suite les bandes du
spectre, sont variables d'un sel à l'autre, car ils sont soumis à l'influence
du champ électrique des autres atomes unis à l'uranyle dans une même
molécule.
SÉANCE DU l4 MARS IQIO. 653
ASTRONOMiK PHYSiguE. — Sur le spectre de la comète if)ioa.
Noie de MM. H. Desi.anores et P. Idrac.
L'Observatoire de Meudon a déjà publié une Note sur la même comète,
sous le titre : Premières observations faites à Meudon sur la comète Drake ;
le nom de Drake étant d'ailleurs impropre comme on l'a su depuis (').
Cette première Note expose les recherches sur l'éclat et la forme de la
comète, faites avec l'œil ou la plaque photographique, et aussi l'étude
spectrale poursuivie avec des chambres prismatiques. Ces derniers appa-
reils conviennent en effet pour une première reconnaissance; ils donnent
avec la pose minima les traits généraux du spectre et pour la comète
entière.
Cependant l'Observatoire a employé aussi le spectrographe ordinaire à
fente, qui est supérieur pour la mesure précise des longueurs d'onde, et nous
donnons ici le résultat obtenu.
L'appareil, déjà utilisé pour les comètes Daniel et Morehouse, est simple.
Il comprend un objectif astronomique qui a seulement lo"" d'ouverture et
8o"='" de distance focale, et un spectrographe à deux prismes avec un collima-
teur de o"%3o et une chambre de o'", 12. Toutes les parties sont de petite
dimension ; mais la chambre finale offre une grande concentration de lumière,
le rapport d'ouverture étant voisin de x- De plus,- le spectrographe entier
est mobile autour de l'axe du collimateur, ce qui permet de placer la fente
sur la queue et le noyau de la comète.
Nous avons obtenu une seule épreuve vraiment bonne, et dans la soirée
du 29 janvier qui a été très belle. La pose, qui a été commencée avant la fin
du crépuscule, n'a pu être prolongée au delà de 4"> minutes; mais le spectre
cométaire, encadré entre deux spectres de l'étincelle de fer, est suffisam-
ment intense et s'étend de \ 5oo à X 38o.
Le noyau offre un spectre continu avec des condensations nettes, dont
quelques-unes se prolongent un peu dans la tête et dans la queue. La
mesure de ces condensations en longueurs d'onde est résumée dans le
Tableau ci-après.
(') Voir les Comptes rendus du 3i janvier 1910, l. 130, p. 2d3, par H. Deslandres,
A. Bernard et G. d'Azambuja.
654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Comcle. Corps observés au laboratoire.
Intensités Longueurs d'onde Intensités Longueurs
des radiations des radiations des d'onde Corps
observées. observées. radiations. des radiations. correspondants.
5 473,75 4 473,72 j Groupe de bandes
6 47 • , 65 3 47 1 , 53 , bleu des hydro-
8 468,65 I 468, 4o ) carbures
de 438 ^^^^''9 ^
à 435
Condensation ) ,„„ „„
J 436, 6o
nette a, . . .
437,13 > Hydrocarbures
436,5 )
Cyanogène
431,7 43i,5 Hydrocarbures (?)
430,75 43o,8o Raie noire solaire G
6 421,6 5 421,61
3 419.65 4 4'9.72
I. 412, 3 ?
/ O / ( 408,35 I II J 1
I ,a 4oo,.'|0 < 7 r, ! Hydrocarbures
{ 4o8, 17 ) -^
2 402,10 402,24 Com. Moreliouse ('?)
9 388, 3o 10 388,36 j
00c K o 1 387,15 j Moyenne ; Cyanogène
" ^^^'7-^ ^ \ 386,2, j 386,68 )
Le specti'ographe à fente confirme donc les résultats antérieurement
publiés des chambres prismatitjues pour la même date : la comète présente
les spectres complets des hydrocarbures et du cyanogène (').
De plus, la mesure exacte des longueurs d'onde et la séparation plus
nette des radiations, assurées par le spcctrographe à fente, décèlent et
mettent en relief plusieurs points curieux.
Les bandes du groupe bleu des hydrocarbures ont des intensités relatives
difléientes dans la comète et dans les sources de laboratoire; les bandes les
plus intenses sont les plus réfrangibles dans la comète, contrairement à ce
qui se passe avec l'arc électrique ou le bri'ileur Bunsen. Le mêine fait avait
été signalé déjà dans plusieurs comètes, dès le début de l'application de
l'analyse spectrale, et pour les bandes jaunes et vertes des hydrocarbures;
il est très net avec la bande bleue de la comète actuelle.
Un a aussi rapporté aux hydrocarbures le groupe de condensations de
k 438 à X 435, et la condensation ï. 4o8 ; car elles sont très voisines de bandes
( ' ) Le spectre du cyanogène a les bandes les plus intenses, mais il n'est pas absolu-
ment complet, le groupe ^460 faisant défaut ou se détachant mal sur le spectre continu.
SÉANCE DU l'i MAKS 19TO. (j)f)
que Deslandres, d'après une Note déjà ancienne ( 1891 ), a rallacliées par le
calcul au spectre des hydrocarbures, en partant de la loi générale de distri-
bution des bandes posée par lui en 188 j, et des bandes déjà connues des
hydrocarbures ^'). Le groupe À 'i38 a été retrouvé dans l'arc électrique,
mais le groupe À 4<^'8 n'a pas encore été signalé dans aucune source connue.
Le spectre des hydrocarbures, ainsi que celui de l'hydrogène, développerait
ses harmoniques plus aisément dans les astres que dans les sources ter-
restres.
La condensation A '\o2 a élé rapprochée de l'une des trois radiations
nouvelles et intenses qui ont été reconnues dans les comètes Daniel et More-
bouse; mais les autres manquent, et en particulier la radiation À/12G, qui
est légèrement la plus intense. Nous avions pensé que ces radiations pour-
raient apparaître pour une dislance déterminée de la comète au Soleil; celte
épreuve unique, de pose relativement courte, ne permet aucune conclusion.
Enfin l'épreuve montre un spectre continu avec les raies noires les plus
larges du spectre solaire; même la raie G se détache noire dans le spectre
du noyau. Comme la pose a commencé avant la iin du crépuscule, une
partie au moins de ce speclre continu est due à notre atmosphère.
Le 29 janvier, la comète 1910a, dont les varalions spectrales ont été déjà
décrites (voir la Note précédente), avait un spectre semblable, dans ses
traits généraux, à celui que présente actuellement la comète de Halley,
étudiée aussi et suivie à Meudon. L'Observatoire, qui a publié en décembre
dernier ses premiers résultais sur la comète de Halley, lui consacrera
prochainement une Note nouvelle.
HYDRODYNAMIQUE. — Propagation verticale, aiiv granch'S profondeurs, dit
moinement des ondes par émersion dans (es cas d'un canal ou d'un bassin
horizontalement indéfinis. Note de M. J. Iîoussixesq.
I. La méthode que j'ai suivie, vers 1880, pour traiter le problème des
ondes par émersion dans un canal ou un bassin indéfinis de grande profon-
deur (^ ), et qui consiste à diviser la difficulté en faisant intervenir successi-
(') Méthode no me lie pour la reclierclte des bandes faibles dans les spectres de
bandes. Application au spectre des hydrocarbures [Comptes rendus, t. CXII, 1S91,
p. 661).
(-) Voir, par exemple, mon Cours d' Analyse infinitésimale pour la Mécanif|ue el
la Physique ( t. Il, fascicule II. p. Î9(i' à ."nô" 1.
C. 1{.. K|i.., I" .sv/zics-^e. I T. ir.li, \' 11.1 88
Gf^Ci ACADKMll' Dl'S SC1E^'C^S.
vcmenl diverses équations aux dérivées partielles du probléjne, dont I une
est du quatrième ordre, conduit à mettre le potentiel œ des vitesses, dans les
deux cas du problème />/«/; (à coordonnées x, z) et du problème à /rois
coordonnées J',y, s, sous une forme commune
où '|( y) désigne la fonction particulière, évaluable de diverses manières,
(2) ■l(y)^j iïn(-/ — y.-) r/y.. rloiiiianl ■V'(y)^/ cos(y — jj.-) rlij.,
> • '-Il
et où /, fonction paire de sa preniTère variable, se trouve définie par l'une
des deux formules
, /(T, ,r, :.)= F (.r + ï, z) + F(.r-T, z).
(3) , ^f A ..
/ /(T, r, j, ;) = - -— ; / Tcos^y.r/jj. / P(.r^- l rofiij.cosO,y-^T cosiJ.f.'iu'}, z)(iO,
de manière à donner soit
'LL^'lîl, soit tl^'Ul.^ 'HZ.
dT- ffx^^ HT- dx- dy-
l"]nlin, la fonction F(x", z) ou F(.'', y, z), dont dépend l'expression de f,
désigne la dénivellation initiale h„, que représentent ici, d'après les for-
mules (i) de ma précédente Note {^Comptes rendus, p. J78), les deux inté-
grales définies
(.r - ; )■>■
(■') {^. , . /• zdm
¥{x,y.z)^
27: / 1^.
+ (.r— i]^^{y~r,\
(Ml pi'Ul \oir, à l'endroit cité de mon Cours d Analyse injinilesirnale et
aussi dans un Mémoire du Tome XIII (4" série, i885) de la Société des
Sciences, de l' Ag/iculture et des Arts de Lille ('), que cette méthode facilite
aijleniiMit l'étude des ondes visibles, c'est-à-dire des phénomènes pro-
not:
(') Applications des potentiels à l'élude de VéijHilibic et du mouvement des
solides élastiques, arec des A'oles étendues sur dire/s foinls de Plirsifjue tnathcnia-
tiijUf et d' Analyse i |>. '>->> ii (i,"iil.
SÙA.XCL 1)1' 14 MARS l()IO. i\'\j
(liiils à la siii'Iace : -^ o (^ ' ). Mais elle parail moins axaiilagcuse pour le
talcul des pliéiioiuènes intérieurs. Je vais montrer néanmoins qu'elle fait,
assez sinipleinunl, connaître les circonstances produites, suus la région
d'émersion^ aux jurandes ])rofoiideurs z, c'est-à-dire aux distances r- delà
surface considérables par rapport aux dimensions de celte région, circon-
stances (pi'avait étudiées déjà Poisson aux paragraphes l\ et \ II de son
Mémoire de 181 "i.
II. A CCS grandes ()rofondeurs j, le volume d'émersion est évidemment
assimilable à un simple élément dm, dont la verticale sera prise comme axe
des ;; en sorte que, dans (4), F(a', z) et F(.i-, >-, :;) deviendront —7^^;— — 77 et
; dm
-j- Les valeurs ( 3 ) de la fonction y, où .i- cl v pouri'out (Fai
leurs être annulés puiscjuoii se meut, ici, uni(|uenu'nt le long de l'a.xe
des r, deviendront respectivement
./•(T, o, --) =
! ; dm
T.{-^--
■V-)
. ,„ , ; dm d f ' T eus 'j. du.
/( r. o, o, ;)=-—- / :,
.y, (, :' 4- f- cos-p)'
Après avoir remplacé dans la seconde, sous le signe /, T-cos'''a par
T- — T- sin- [j., prenons comme variable d'intégration le produit T sin a r= A ;
et il viendra, par refTectualion de l'intégration indéfinie.
/(T, o, u, ;):
-. d„i j/
~ir~ dT
/.(;--(- T^-À-) 2
dm d
On a donc, en délinitive,
rî 3 dm
/(T,o, ;).
Tt^^^+TM
ji
yv, o, o, z)
dT z'-
dm
T.).'
et les deux foimules ( J ), di'i il reste à renqjlacer T par— > réduisent les deux
expressions (1) du [)otenliel o des vitesses à celles-ci,
(5)
2 V •-! dm
,^^''-
{') \ oir noliiiiiinenl les pagci 63') à (Jjy de ce Mémoiie, pages
ondes près du lieu d'éuiersiiui.
soiU éludiées
658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
III. Cherchons, par exemple, la dénivellation//, dérivée de o en t. Une
règle de difîérenliation exposée au.v endroits cités donnera inimédiatenienl,
en appelant ,3 le (juotient de / par 7. et posant, pour ahréger, '^^ ;= y ("vec
M. Uousier dans sa thèse de doctorat),
^^ " t:^ Jo l-^i-/?'+') =^■(y■^P'-^■)^|•V2r'^■
Kemplaçons ', — fl ^ ; ,' — ^.■respectivement, par
el par 1 —
i + y-p' ' i + y-?' {i + y-p')-
De plus, rappelons-nous rpie, parmi les propriétés de la fonction j^'
signalées aux endroits cités, se trouve celle-ci, / •];'( — j ^/p =^ — -;^;et
posons enfin, pour abréger.
Les deux formules respectives de k deviendront aisément
l\'. D'après l'expression (2) de la fonction ];', Tintégrale délinie (•])
revient à
ou hien, en écri\aut ,3 := \ 2v, à
(9^ '"-^\/ (TTTywi -■^(--.-'-/;-
Remplaçons [j. et v, assimilés aux deux coordonnées rectangulaires d'un
plan, par les deux coordonnées polaires p et co (pi'indiquent les formules de
transfornialiiin v^pcosco, [^. =:^psinco. Il vient aisément
■K
OS(p- COS2(,i). p dp
, r I I I cosip- cos-îdi). a dp
1/1 =V''- / "'»> / —, — ;: — : -r
.'„ .'„ (iH-'r/'o'cosW,,)"
SÉANCE DU l,i MAHS 'r)[o. GSg
AdupLoiis au lifu de p, comme variable d'inlégration , le produit
7. = ( i>Ycos- oj)p-, et posons en outre, d'une pari, lang to = ■]/, d'autre pari,
pour abréger,
cos i'>) t — 'L-
(>0)
Nous aurons enlii
(>■)
•3y(
■2 y
■2yV3-'o ^0
os(X(z) f/a
Or, ici, la valeur de l'intégrale en t., où le paramètre X est positif, se
déduit par n — i dilîérentiations en X de la formule de Laplace, bien
connue,
(12)
i
'" cos(Xa) r/x
II du
l cos II du r. _. .. ,
ou IllieUX ( ' ) / ^jT^; ; =r -e -^A '.
/. A--i- U- 1
Une seule ditférentiation suflit pour avoir L ; cl il vient
{'" cos{\7.) dx T. .. /■" cos(Xa) (/j: r. . i + X
J,, ; -H a- 2 J^^ (\-+-y.-)- i i
lien résulte immédialeinenl, vu la Naleur (lo) de X, des. expressions de
I,, L, sous forme d'intégrales définies simples: et les formules (8) de //
deviennent enfin
(.3)
Il -
dm
dm
/ • Il - / • 0 J
\ . Les intégrations en ■-}; qui y subsistent peuvent s'ell'ectuer en série
de deux manières, consistant, la première, à développer les fonctions sous
le signe / suivant les puissances ascendantes de i — '\i'-, et, la seconde, à
faire préalablement sortir des signes / le facteur e '-'' de l'exponentielle,
puis à développer suivant les puissances de i|^- les fonctions restées sous les
('l Voir, jjjr evemple, mon CoUis d' Anal \ se infuiilésimale pour la Mécanique
il la Physique, t. II, fascicule II, p. '.63*.
G6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
signes / > en inlégrunl, trailleurs, linaleineiil, terme à lei me dans chuque
cas. La première méthode redonne les développements de Mac-Laurln obte-
nus dans ma précédente Note [formules (4) et (lo)], appliqués au cas présent
où 9 = o et P„ = I. La seconde, plus avantageuse, conduit aux séries sui-
vantes, où j'ai désigné par q^ avec Poisson, le quotient de /- par \z^ c'est-
à-dire r inverse de '-tv :
dm I / 7- '/'
h— ^:rz ' — ■' ""' 'I ^- -— -^
'I
(l'i)
i .'î .'6 . . . [n — \) [1 II — \)
dm \ , 1 if q'*
'.- z- \ \ I .2..^. 5 I .0..J.7
. ( « — 3 ) ( // ~ I ) ( 2 /i — 3 ) ( 2 /( — I )
( )n eu déduit la vitesse desceiKlaute -7- = -; des molécules:
d/ d,/ 3 ;
■ d/i '''"',.-,,(' _^ '' '1'
dt -:■ \ 31.2.3.5
(,.•>)
/t(l/t — I) (2/1 -h \)
1+7 '—
dh I dm
d/ ^ - z'-' " \ ' ' ' 2.5 2.3.5
3./"
( 2 . 3 . . . /; ) ( 2 /i — 3 ) ( 2 n — I ) ( 2 /i 4~ 1 )
Ces dernières formules avaient été obtenues tout autrement par Poisson,
aux n°* 27 et 51 de son Mémoire. Il en avait déduit que, sur la verticale du
lieu d'émersion, le mouvement, d'abord ascendant, ne s'annule, pour deve-
nir ensuite descendant, qu'une seule fois dans le cas des ondes cylindriques
d'un canal, tandis que dans celui d'ondes propagées en longueur et en lar-
geur, il redevient une fois encore ascendant avant de s'éteindre. El, en
effet, la parenthèse des seconds membres de (i5), négative pour q — o,
mais sans cesse croissante dans la preuiière formule, y devient définitive-
ment positive dès qu'elle s'est annulée, tandis que, dans la seconde formule,
elle a sa dérivée d'abord positive mais sans cesse décroissante, en sorte que
cette parenthèse redevient elle-même délinilivement négative après s'être
annulée deux f(jis.
SÉANCE DU I 'i .MARS I910. 6(il
CHIMIE ORGANIQUE. — Atcoylalion des rélones aliphaliques par linleriné-
diaire de Tamidure de sodium. Dédoublement des hexaalcoylacélones. Note
de MM. Haller el Ed. Bauer.
Dans ses recherches sur h's cétoncs cycliques ( ' ), l'un de nous a montré
qu'il était possihlc de substituer quatre groupes mélhyle à l'hydrof^ène des
deux radicaux uiélhyléniqurs avoisinani la fonction cétone de la !3-mélhyl-
hexanoue.
Les cétones aliphatiques dr la l'orme R . CH^. CO . CH-.K, y compris
l'acétone la plus simple, (]H'.(]O.CH% se prêtent aux mêmes réactions.
Pour la présente étude, nous nous sommes adressés à la diélhylcé-
tone CH'.CH^COCH^CIP.
I. Mélhylation de la diélhylcclone. — Four éviter une réaction trop vive
entre l'amidure et la di'''lhylcélone, on a soin de n'introduire que progres-
sivement celte dernière dans un ballon contenant l'amidure pulvérisé et
l'élher anhydre. Quand le dégagement d'ammoniaque a cessé, on fait réagir
l'iodure de méthyle et on chauffe à l'ébuUition. Au bout d'une heure, on
laisse refroidir, et l'on ajoute peu à peu au mélange une nouvelle molécule
d'amidure,-puis, lorsqu'il ne se dégage plus d'ammoniaque, une seconde
quantité d'iodure de méthyle équivalente à la première. Après avoir porté
le tout à Fébullition pendant 1 heure, on soumet le mélange au trailement
habituel.
Une série de fractionnements a permis d'isoler :
i" Un liquide passant de 1 16° à 119" et qui est constitué par de Véthyl-
isopropylcélone ;
1" Un produit distillant de 123" à 124°, 5 et qni est formé par de la
diisopropylcétone ;
3° Une substance bouillant à une température beaucoup plus élevée
(i48"-i52° sous 18""°) C'^H-^O et qui parait être un produit de condensa-
tion de la cétone sur elle-même.
L'étliylisopropylcélone ,, .^ ^CH.CO. CH'-.CH^ est unliquide à odeuragréable qui,
nous le répétons, distille de 1 16" à i ig". Elle contient cependant encore un peu de
diisopropylcétone impossible à séparer- par distillation.
(') A. IIaijek. Coinp/es rendus, t. CWXN'III. p. i 1 Sy ; i. CXL, p. 127 et i6s5.
6(yi ACADÉMIE DES SCIENCES.
La diisopropYlciHone „|,.,yCII .CO.CIK ^^^ coiisliliie la partie la plus inipor-
laiile de la réaclioii et se présente sous la forme d'un liquide, à odeur légèrement
camphrée et bouillant i23°-iî>.4°,5à la pression normale. Obtenue jadis par Folelaje\v('),
puis signalée par Nef ("), elle a récemment été préparée par M. Senderens, en faisant,
passer des vapeurs d'acide isobntyrique sur de la tiiorine chauITée entre 3So° et f^'io" (■').
Sa seinicarbazone fond à i^S'-i/îV-
l^e compost- C'^'H-'O qu'on recueille en soumettant les portions les moins volatiles ù
la distillation fractionnée dans le vide forme environ ij à 8 pour loo de la diétliylcétone
mise en œuvre. C'est un liquide qui distille de i48" à i5s" sous 18'"'". Il décolore le
brome et ne forme pas d'oxime. La formule centésimale correspondrait à une pliorone
de la diéthylcétone :
Cm\ /cm CIPCFP\ /CH^CH'
CHV^-^" •'"*''•*"" -*'\CIP CH^CH^/^'^i \CH^CH=
CH' CH^
La diisopropylcélone dont nous venons de donner la préparation, nous
a conduit à préparer un troisième isomère de la hexaméthylacétone, la
tétraraélhyléthylacétone. Elle a été obtenue en faisant réagir l'iodure
d'éthyle sur la diisopropylcélone sodée, au sein de l'éther, au moyen de
Tatuidure de sodium et isolant le produit suivant le mode accoutumé.
La tcIraniclhyU'lliylacétone ou lrimiilhyl-3.i.r)-/ie.ranone-^
CMi^
^; '')ClI.GO-C— CH
Cl!./ \^,^,
est un liquide qui distille entre i58° et 161°, point d'ébullition qui est notablement
plus élevé que celui de la liexaniéthvlacétone (r5i"). I<^lle ne donne ni oxime, ni semi-
carbazone.
Fiéduite au moyen de l'alcool et du sodium, elle donne naissance à l'alcool Iclra-
métlivlélhylisopropyUqite ou /rt'méthyl-3 . 3 . 5-hej'anol-^
(CH^)-.CHIICOMCH^J^^,^jJ/ ,
liquide peu mobile, passant de 170° à 171". Il possède une odeur de bornéol moins
poivrée que celle de son isomère, l'hexamétliylisopropanol.
Sa phényliiréthane fond à 164°.
(') PoLETAJKW, Dciil. client. Ges.. t. X\l\", p. i3ot).
(') Liehig's Annaleit, t. CCCX, p. jî.'i.
(') Skndkbens, t'omples: rendus, t. CXIA'III.jj. y^y.
SÉANCE DU l4 MARS I910. 663
La tétraméthyldiéthylacélone ou tiiniélhyl-3.3 .ô .ô-hepUmone-^
CH' Cil'
GH' — CH^— G - GO . G— G^ W
CH'/ \gH'
prend naissance en éthylant la tétramélliylélhylacélone sodée au moyen de l'amidure
au sein du benzène. On rectifie le produit et, en soumettant les fractions passant
au-dessous de 190° à une nouvelle éthylalion, on arrive à transformer la presque totalité
delà cétone primitive en acétone hexasubslituée bouillant de 196" à 198" à pression
normale.
La tétramélliyl-3.3.5 .5-heptanone-4 est un liquide moijile, à odeur camphrée assez
agréable, ne donnant ni oxirae, ni semicarbazone.
Réduite par l'alcool et le sodium, elle est convertie en alcool tétrai)iétJiyldiétlirliso-
propy ligue symétrique ou tétramét/iyl-3.3.5.r}-hep(ano(-^ :
(CHT-/^-^"*^"-^\(CIF)=-
Liquide moins mobile que la cétone dont il dérive, et qui possède toujours l'odeur de
bornéol caractéristique de la plupart de ses congénères. Il bout à ?. io°-2 la" à la pression
ordinaire.
Sa phényluréthane fond à 6a"-63°.
Les exemples qui précèdent suffisent pour monli-er que n'importe quelle
cétone aiiphatique, normale ou arborescente, symétrique ou non symétrique,
est susceptible d'échanger les atomes d'hydrogène des radicaux hydrocar-
bonés voisins du groupement cétonique, contre un ou plusieurs radicaux
alcooliques, quand ou le traite par de l'amidure de sodium et des carbures
monohalogènes. Le terme final de l'alcoylalion de la cétone sera toujours
derhexaalcoylacétone symétrique ou non symétrique, suivantla constitution
de la cétone qui a servi de point de départ.
IL Les trialcoylpinacolines, et, d'une façon générale, les hexaalcoyla-
cétones qui ont fait l'objet de nos études se rapprochent, dans une certaine
mesure, des diarylcétones, comme la benzophénone, ou des trialcoyla-
cétophénones. Or, nous avons montré (M que lorsqu'on chauffe ces
combinaisons, au sein d'un carbure aromatique, avec de l'amidure de
sodium et qu'on traite ensuite le produit de la réaction par de l'eau, on
détermine le dédoublement des cétones en amides, carbures et acides, ces
derniers provenant, sans aucun doute, de l'action de la soude caustique sur
les amides.
(') A. Haller et Ed. Bauer, Ann. de Cli. et de Phys.^ 8*^ série, t. XVI, p. i45.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 11.) ^9
6G4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Avec les célones symétriques comme la benzophénone, on n'obtient natu-
rellement qu'une amide et un carbure, tandis qu'avec les cétones dissymé-
triques il se forme deux amides et deux carbures. Ainsi avec la p-tolyl-
phénylcétone, on produit un mélange d'amides benzoïque et/?-toluique.
Quant aux trialcoylacétophénones, elles donnent pour ainsi dire exclusi-
vement naissance à de la benzine et des trialcoyiacélamides.
Nous avons soumis les hexaalcoylacétones^ étudiées dans notre dernière
Communication et dans la première partie de cette Note, à la même action
dédoublante (').
On dissout l'acétone hexasuhstituée dans le benzène, ou tout autre hydiocarbure
aromatique anhydre, et l'on ajoute à la solution i""'',25 à 2™°' d'amidure de sodium
finement pulvérisé. Le mélange est ensuite chaulTé dans un ballon muni d'un appareil
à reflux, pendant 4 à 6 heures.
On remarque d'abord une dissolution partielle de l'amidure et la liqueur prend une
teinte brun jaune. Il ne se dégage pas de trace d'ammoniaque ni d'aucun gaz. Au bout
de 6 heures on ajoute alors, au moyen d'un entonnoir à robinet, de l'eau goutte à goutte,
tout en maintenant la liqueur en légère ébullition. Il se déclare aussitôt une vive
réaction avec dégagement gazeux, quand le carbure provenant du dédoublement de la
cétone est un gaz. On recueille ce dernier sur la cuve à eau ou sur la cuve à mercure.
L'ammoniaque résultant de l'action de l'eau sur l'amidure non entré en combinaison
n'apparaît qu'après le dégagement du carbure.
Si l'on opérait sur de grandes quantités de matière, il faudrait refroidir de façon :i
apaiser la réaction tumultueuse provoquée par addition d'eau au mélange.
Quand la réaction est terminée, on ajoute encore de l'eau pour diluer la soude for-
mée et l'on décante, si l'amide n'a pas encore cristallisé, car les amides trialcoylacé-
tiques sont en général peu solubles dans la benzine et les carbures benzéniques. Si
l'amide s'est précipitée, on essore tout le liquide et l'on sépare par décantation les deux
couches aqueuse et'benzénique. La première est évaporée et acidulée afin de recueillir
une partie de l'amide soluble à la faveur de'la soude caustique. Quant à la solution
benzénique, on la fractionne dans le but de rechercher les carbures aliphatiques dans
le cas où ils sont liquides.
L'ensemble des réactions peut se traduire de la façon suivante :
Rv /R R\ NU- /H
R'_:C.CO.C— R' +NH^Na = H'-^C.C^ C— R'
R"/ \k" R"/ \ui\a \r"
.\,
R V /NIP /R R \ R ^
R'— G.C G— R'-t- ÏV-0 =1V— G.COiMP-t-R'-^CH + NaHO.
R"/ \ONa \r" R"^ R'/^
(') A. H.vLLER et Ed. Baier, Comptes rendus, t. GXLViU, p. 127, et t. GXi.lX, p. 5.
SÉAXCE DU l4 MARS I910. 665
Dédoublement de la pwalone ou hexaméthylacétone
(CIF)'.C.CO.C.(CIP)'.
La molécule étant symétrique, on ne peut obtenir par dédoublement que
de l'amide pivalique et du trimétliylméthane.
On observe en eflet un dégag^ement d'un gaz brûlant avec une flamme
éclairante, quand on ajoute peu à peu de l'eau au produit de la réaction de
l'amidure sur la pivalone. On a, de plus, constaté qu'il se forme un abon-
dant précipité d'amide pivalique fondant à i54°-i55°, et que les eaux mères,
séparées de la benzine, en fournissent une nouvelle quantité quand on les
neutralise par de l'acide sulfurique. Ces eaux sursaturées par l'acide mani-
festent d'autre part nettement l'odeur d'acide pivalique provenant de la
saponification de l'amide.
Quant à la liqueur benzénique, elle laisse, après distillation, également
un petit résidu d'amide pivalique.
Dédoublement de la pentaniéthyléthylacétone (CH')'.C .CO .CH ^^aus •
— Cette cétone peut se scinder de deux façons différentes :
(0 (CH')^C.GO.c(^J.^J]'/ ^ {GWy CH-+-^^Î|JJ[^G.C0NH%
(2)
(CH')\C.CO.C<^^^JJP' -> ^^'^jj[^CII + (CH')^C-COINlP.
Dans le premier cas, il se forme du trimétliylméthane et de la diméthyl-
éthylacétamide, et dans le second cas, du diméthyléthylméthane et de
l'amide pivalique.
Les deux réactions se produisent en réalité.
Nous n'avons pas recueilli les gaz dégagés et nous nous sommes bornés à
isoler les amides formées. On obtient naturellement un mélange des deux
amides que nous avons tenté de séparer par cristallisations fractionnées au sein
de l'éther anhydre. La fraction la moins soluble est principalement constituée
par de l'amide pivalique légèrement souillée d'amide diméthyléthylacétique,
car elle fondait à i5o°-i5i" alors que l'amide pivalique pure fond à i54°-i55°.
Quant à la partie la plus soluble, au lieu de fondre à io3''-io4" qui est le
point de fusion de l'amide diméthyléthylacétique, elle montra le point Je
de fusion de io4"'-io5°.
Dédoublement de la tétraméthyldiélhylacétonc. symétrique
666 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Opérée au sein du benzène, la réaction a fourni un gaz brûlant avec une
flamme éclairante et de l'aniide diméthyléthylacétique pur du premier jet
et fondant à io3°-io/i"-
Dédoublement delà triéthylpinacoline (CH^)'.C.CO.C (C^H^)'.
En sa qualité d'acétone he\asubstituée dissymétrique, cette pinacoline
peut également donner lieu à la production de deux carbures et de deux
amides.
La scission a été faite au sein du métaxylène bouillant de iSg".
Après addition d'eau au produit de la réaction de l'amidure sur le cétone, on a
observé le dégagement d'un gaz brûlant avec une flamme éclairante.
D'autre part, le liquide essoré a fourni de l'amide pivalique qu'une seule cristalli-
sation dans l'éther ordinaire a permis d'obtenir à l'étal pur.
Les eaux mères aqueuses en renfermaient également. Il a suffi de les neutraliser et
de les concentrer pour en recueillir une nouvelle quantité.
Le xyléne renferme en dissolution un carbure qu'on réussit à séparer par une série
de fractionnements et de l'amide triéthylacétique fondant à 108° qu'on obtient par
concentration. La proportion de cette dernière amide est d'environ i partie par
5 parties d'amide pivalique.
Quant au carbure aliphatique formé, il bout à 91 "-92°, et son analyse a
donné des nombres correspondant à un corps répondant à la formule C H'*.
Ce ne peut être que le triéthylméthane (C-H^)^CH, bien que dans la litté-
rature on assigne à ce carbure le point d'ébullition j^5"-98°.
La scission de la triéthylpinacoline se fait donc principalement suivant
l'équation
(CH^)^C.GO.C(C^H°)^' -> (CH3)-'-C.C0NH- + (Cqi^)-'-CH.
En résumé ces recherches montrent:
1° Que les cétones aliphatiques des formes
R.CII^CO.GIIS R.C1I^C0.G1PR, R-.CH.CO.CIPR, R^CH.CO.CHR^
peuvent échanger l'hydrogène des résidus hydrocarbonés, voisinant le
groupement CO, avec des radicaux alcooliques quand on les traite par de
l'amidure de sodium et des carbures halogènes. Les termes ultimes de
l'alcoylation seront des hexaalcoylacétones de formule générale
R.^ /R
R'— G.CO.C— R'
iv' \R"
2° Que, seules ces hexaalcoylacétones se dédoublent, au sein du carbure
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 667
aromatique, en un carbure aliphatique et en une amide de la série grasse,
dans le cas d'une cétone symétrique, et en deuxamides et en deux carbures
quand il s'agit de cétones non symétriques. Dans ce dernier cas l'une des
réactions de dédoublement est dominante.
3° Si cette scission, à laquelle se prêtent les hexaalcoylacétones, ne cons-
titue pas un moyen pratique d'obtention des amides trialcoylacétiques, elle
permet, danscerlains cas, de préparerassezfacilementdestrialcoylméthanes,
notamment quand on s'adresse à des trialcoylpinacolines, celles-ci fournissant
dans les conditions de l'expérience, à côté de petites quantités de trimétyl-
méthane, gazeux à la température ordinaire, de notables proportions de
trialcoylméthanes de poids moléculaire plus élevé.
4° Que le meilleur mode de préparation des trialcoylacétamides et des
acides trialcoylacétiques consiste à partir des trialcoylacétophénones,
ainsi que nous l'avons montré dans une de nos précédentes Communi-
cations.
Nous continuons l'application de ces réactions dans notre laboratoire,
ainsi que l'étude de certains dérivés se rattachant aux trialcoylacétophé-
nones et homologues, et aux hexaalcoylacétones.
M. PoixcARÉ fait hommage à l'Académie du Tome III de ses Leçons de
Mécanique céleste. Ce Volume contient la Ihéorie des marées : après avoir
établi les questions différentielles rigoureuses du problème, l'auteur montre
comment la méthode de Fredholm permettrait de les intégrer; il expose
ensuite les procédés pratiques de l'Analyse harmonique, et consacre
quelques Chapitres à la synthèse générale des observations qui a été
récemment tentée par M. Harris. A la fin du Volume on trouvera la Théorie
des marées fluviales, celle des marées du noyau solide du globe et celle de
l'influence des marées sur la rotation terrestre. Ces Leçons ont été professées
à la Sorbonne en 1903 et en 1909; elles ont été recueillies par M. Fichot,
ingénieur hydrographe de la Marine.
ELECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Membre de
la Section de Géographie et Navigation, en remplacement de M. Bouquet de
la Giye, décédé.
668 ACADÉMIE UES SCIENCES.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5(),
M. Lallemand obtient 5i suffrages
M. Angot 7 »
M. Lallemand, ayant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Associé
étranger, qui devra occuper l'un des deux postes créés par le décret
du i'^'' décembre 1909 :
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant"53,
M. Hittorf obtient 43 suffrages
Sir William Ramsay 7 »
M. van 't Hoff i suffrage
Sir William Huggins i »
M. Lorentz i »
M. Hittorf, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est proclamé
élu. Sa nomination sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
République.
CORRESPOND AIVCE .
M. le Ministre de l'Instruction publique invite l'Académie à lui présenter
une liste de deux candidats au poste de Membre artiste, ayant rang de
titulaire, vacant au Bureau des Longitudes, par le décès de M. Gautier.
(Renvoi à une Commission composée de MM. les Membres des Sections
de Géométrie, Mécanique, Astronomie, Géograpliie et Navigation, Pliy-
sique.)
M. Richard Dedekind, élu Associé étranger, adresse des remercîments
à l'Académie.
M. P. Rlaserna, Président de l'Académie royale des Lincei, annonce à
l'Académie que la procbaine réunion de l'Association internationale des
Académies se tiendra à Rome du q au i5 mai.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 669
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces de la Correspon-
dance :
1° Une brochure intitulée : Quelques lellres inédites d' André- Marie
Ampère, par M. Er>est Jovy;
1° Plusieurs brochures relatives à diverses questions de Sciences natu-
relles, par M. C.vRLos-E. Porter, et plusieurs fascicules de la Revista Chilerux
de Historia natural (1908 et 1909), dirigée par le même auteur. (Présenté
par M. Edmond Perrier);
3° La copie d'un manuscrit de Lebrun, frère du Consul et arcliitrésorier
de l'Empire, intitulé : Réponse d'un cultivateur aux officiers municipaux de
sa cojnmune, qui lui av'aienl demandé un plan d'éducation. (Présentée par
M. Edmond Perrier, au nom de M. Lagorsse, époux de l'arrière-petite-fdle
de l'auteur).
ASTRONOMIE. — Sur les atmosphères absorbantes et les éclats intrinsèques
de quelques étoiles. Note de M. Charles Nord.wann, présentée par
M. Maurice Hamy.
L On manquait jusqu'ici de données sur les éclats intrinsèques des divers
types d'étoiles. Va\ utilisant mes résultats relatifs aux températures effectives
des étoiles, j'ai obtenu sur ce sujet quelques précisions nouvelles que je me
propose de résumer dans cette Note.
Soient T„ et T les températures effectives du Soleil et d'une étoile, E„ et E les
éclats intrinsèques qu'auraient respectivement ces deux astres s'ils étaient
rigoureusement assimilables à des corps noirs, et que j'appellerai éclats intrin-
sèques effectifs (par analogie avec l'expression de températures effectives ). Je
poserai
M
Or comme je l'ai montré récemment, la loi expérimentale d'après laquelle
l'éclat global d'un corps incandescent varie en général comme l'intensité de
la longueur d'onde du maximum de luminosité (o'°,54) est applicable au
Soleil et aux étoiles (ce Volume, p. 44^)- On a donc, en appliquant la loi de
Planck :
UGOO
gO,5'.XT(, I
^'«■^^ Tïôôô
670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai calculé à titre d'exemple et indiqué dans le Tableau ci-dessous les va-
leurs de £ç„ pour quelques-unes des étoiles dont j'ai mesuré les tempé-
ratures effectives. Ces valeurs donnent évidemment une première idée de
l'ordre de grandeur des éclats intrinsèques de ces étoiles. Mais, en réalité,
celles-ci, pas plus que le Soleil, comme je l'ai montré récemment (/oc. cit.),
ne sont rigoureusement assimilables à des corps noirs à cause des atmo-
sphères absorbantes entourant leurs photosphères.
De combien les valeurs calculées de t,„^ peuvent-elles différer des valeurs
des éclats intrinsèques vrais des étoiles considérées? C'est ce que j'exami-
nerai maintenant.
II. Considérons d'abord celles des étoiles du Tableau suivant pour
lesquelles j'ai trouvé des températures effectives plus petites, c'est-à-dire
des valeurs de log-r^plus grandes que pour le Soleil, la valeur correspon-
dante trouvée pour celui-ci étant log^r^- Ces étoiles appartiennent à des
types spectraux compris entre les types G et M de Harvard. Or les pho-
tosphères de tous ces types intermédiaires sont certainement moins chaudes
que celle du Soleil (type G); cela résulte nettement des faits suivants sur
lesquels tous les auteurs sont d'accord : à mesure ([u'on passe du type solaire
aux types K et M, les raies frauenhofériennes sont de plus en plus intenses
et nombreuses, les bandes caractéristiques des composétl apparaissent avec
une netteté croissante, les raies de basse température des éléments sont de
plus en plus nombreuses et intenses, au contraire des raies de hautes tem-
pératures (et notamment des enhanced Unes) qui disparaissent progrcssi-
R R
vement. D'autre part, et par conséquent, le fait que logîT> l^o tr tient aux
trois causes suivantes :
a. L'intensité et le nombre des raies frauenhofériennes (dont la fréquence
moyenne croit comme on sait vers les petites longueurs d'onde) sont plus
considérables dans ces étoiles que dans le Soleil ;
b. La température de leur photosphère est plus basse ;
c. L'atmosphère entourant cette photosphère exerce une absorption gé-
nérale de la lumière. (Il s'agit de cette absorption continue, due, comme
lord Uayleigh l'a établi, à la diffraction de la lumière sur les particules et les
molécules atmosphériques, et qui croit vers les courtes longueurs d'onde.)
Or nous avons vu que cette atmosphère, dans le cas du Soleil, a pour
effet de diminuer la valeur absolue de log-j^ qui correspondrait à la photo-
sphère de 0,093 (ce Volume, loc. cil.).
:= (/* — l) X 0,098.
SÉANCE DU l4 MARS I9IO. 67 1
Cela étant, soit un nombre n défini par la relation
Il est clair, d'après ce qui précède, que l'absorption générale de l'étoile
considérée est au plus équivalente à celle d'un nombre d'atmosphères
solaires égal à n.
On peut donc calculer de celte manière une limite supérieure de la valeur de
l absorption générale des atmosphères des étoiles dont les spectres sont compris
entre les types G et M de Harvard. La limite inférieure de cette valeur est évi-
demment zéro.
Les valeurs de n calculées pour trois étoiles de ces types sont indiquées
dans le Tableau ci-dessous. Or j'ai montré {loc. cit.) que l'effet de l'atmo-
sphère solaire sur la valeur mesurée de log ^^ (qui correspond pour lui à une
température de 5320°) est tel, que Véclal intrinsèque effectif du Soleil est
plus petit que son éclat intrinsèque vrai (qui correspond à celui d'un corps
noir de 5870"). Il s'ensuit qu'en posant successivement pour les étoiles consi-
dérées n = o et 71 = sa valeur définie par la relation ci-dessus, et en suivant
une marche analogue à celle que j'ai indiquée récemment pour le Soleil,
nous pouvons calculer pour les étoiles considérées une limite supérieure £„, et
une limite inférieure £„, approchées de leur éclat intrinsèque vrai en fonction
de celui du Soleil (que j'ai, je le rappelle, trouvé égal à Sigoo bougies
décimales par centimètre carré).
(^uant aux étoiles pour lesquelles j'ai trouvé une température effective
supérieure à celle du Soleil, si nous pouvons calculer une limite inférieure
de leur éclat intrinsèque vrai en posant n = o, en revanche, nous n'avons pas
le moyen d'évaluer une limite supérieure de cette quantité, puisqu'on ne
peut connaître dans ce cas la valeur maxima de n.
Les résultats de celte étude relatifs à 6 étoiles sont résumés dans le
Tableau suivant :
'rempéralure Type spectral.
Étoile. B absolue. Harvard. Lockyer. n. e,„. Eerr. £m.
pl'ersée... — 0,200 2870 Mb Ant. 5,05 0,008 o,oi3 0,127
a Taureau. — 0,(^06 .35oo K.5M Aid. '1,06 0,0:^14 0,071 0,279
Ç (lé|ilK'e . . — o,55i \i6o Iv » 2,48 0,174 0,281 0,541
Soleil — 0,690 5.820 G Arcl. i » r ,000 »
y Cygne. . . — 0,710 6620 FSGpec. Pol. » 0,81 1,02 »
Polaire.... — o,844 8200 F8G Fol. » 8,78 6,11 »
«Lyre.... — 0,946 12200 A Sir. >• 12,08 19, 55 »
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 11.) 9^
672 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Un saisira aisément la signification de ce Tableau. Pour ne parler que des
deux étoiles de première grandeur qu'il renferme, on voit quWldébaran a
une atmosphère au plus équivalente, au point du vue de son absorption générale,
à quatre atmosphères solaires, et que Véga émet par unité de surface au moins
12 fois plus de lumière que le Soleil et au moins 43 fois plus qu Aldébaran .
Deux étoiles de même volume et de même parallaxe, semblables respective-
ment à Aldébaran et à Véga, différeront donc par leur éclat de plus de
quatre grandeurs stellaires.
Il sera nécessaire dorénavant de tenir compte de ces faits dans les re-
cherches relatives à la statistique stellaire et à la répartition des étoiles en
fonction de leurs grandeurs et de leurs types spectraux; on était jusqu'ici,
dans ce genre de recherches, réduit à supposer égaux les éclats intrinsèques
du Soleil et des autres étoiles.
ASTRONOMIE. — Observation d'une petite planète à l'Observatoire de Paris.
Note de MM. Jules Baillaud, J. Cuatelu, Giacobimi, présentée par
M. B. Baillaud.
Les traces de cette petite planète ont été aperçues par M. Jules Baillaud sur
un cliché de la Carte internationale du Ciel pris le 3 mars 1910. Photo-
graphiée ensuite sur deux autres clichés, elle a été observée visuellement à
l'équatorial de la Tour de l'Est par MM. J. Chatelu et Giacobini. La plar
nète de la liste du Berliner J ahrbuch qui s'en rapproche le plus paraît être
(m) Emma. Cependant sa position calculée pour le 7 mars, d'après des
éléments osculateurs en 1901, serait en écart avec l'observation de +21™
en .R et de — 28' en u3.
Les positions photographiques de la planète sont le résultat d'une réduc-
tion sommaire et provisoire des clichés; elles sont rapportées à l'équinoxe
moyen de 1900,0.
Sa grandeur visuelle peut être estimée plus faible que i3,5; elle est
presque à la limite de visibilité dans l'équatorial de la Tour de l'Est de
38"™ d'ouverture. Photographiquement, comparée aux mêmes étoiles, elle
paraît de près d'une grandeur plus forte. Il est à remarquer que parmi
les sept planètes trouvées à Paris dans les mêmes conditions, toutes parti-
culièrement brillantes photographiquement, celles qui ont pu être iden-
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 6^3
tifiées ont donné sur les photographies des traînées plus intenses que ne
l'auraient laissé supposer leurs grandeurs à l'opposition.
Obsen'ations à l'équalorial photographique.
Temps moyen
1910. de Paris. Ascension droite. Déclinaison.
Il m s b m 9 o , „
Mars 3 10.18.49 8.42.33,9 4-17.8.46
» 5 io.5i..5o 8. 4 1.20,. 5 -1-17.17.10
» 7 10.25. 2 8.40.14,6 -t- 17. 29. 56
Observations à t'éqtiatorial de la Tour de l'Est.
Nombre
Haies. Temps moyen de Log. fact. Log. fact.
llllO. de Paiis. AB. A(0. compar. 35 apparente. parall. CÔ apparente. parall. -k .
h m s m s , „ I. m s o , „
Mars 8.... 12.57.0 -1-0.25,82 — 2.67,1 i4: 5 8.4o.i4,48 -1-1,498 4-17.26.47,4 +0,716 i
» 10... 11.38.2 —2.26,38 —2. 5,1 5: 2 8.39.17,78 -i-î,35o -H-17.33.38,3 -t-o,686 2
» II.... II. 56. 2 — 3.25,3o ■+- 0.28,5 6: 5 8.38.5i,o3 -i-ï,4oi -1-17.37. 4,4 -+-0,698 3
Positions moyennes des étoiles de comparaison 1910,0.
31 moyenne Réduction Û) moyenne Réduction
■*. Gr. 1910,0. au jour. 1910,0. au jour. Autorités.
h ih s s o , „ „
I 9,0 8.39.47,93 -1-0,71 -(-17.29.43,7 -+- 0,8 Anonyme rapp. à Berlin, A 3482
2 9,2 8.4i.43,4' +0,75 -1-17.35.42,5 -t-0,9 Anonyme rapp. à Berlin, A 3022
3 8,9 8.42.15,57 -1-0,76 4-17.36.35,0 ■+- 0,9 Berlin, A 3522
Les observations des 8 el 10 mars onl été faites par M. Giacobini; celle du 11 mars
par .M. .1. Clialelu. La planète est estimée i3,8.
«74
ACADEMIE DES SCIENCES.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certains syslètnes d'équations fonctiunnelles
et V approximation des fonctions continues. Note de M. Frédéric Riksz,
présentée par M. Emile Picard.
1. Appelons classe [L^] la totalité des fonctions /(a-), réelles ou non,
définies sur l'intervalle {a,b), sommables et telles que \f\^ est sommablc.
Nous supposons />>i. Les classes [L^"] et [L''~'J sont intimement liées;
entre autres, le produit de deux fonctions quelconques dont l'une, /(-r),
appartient à la classe [L^"], l'autre, g(x), à la classe [L''"'J, est toujours
sommable, et l'on a
£ [/(x)]/-./..!' / u-(^)i'-'f/.l
(i) I f{a:)g{x)dx
Envisageons le système d'équg^pns
(2) J f,{œ)i{œ)dx = Ck
les fonctions données /;t(^) appartenant à la classe [L''], nous assujettissons
la fonction cherchée ^ (ic) à être de classe [L''"'J. Si le système (2) admet
une telle solution, et si pour cette solution on a
{k
• );
(3)
/'■
\l(x)Y~' dxlMf-',
on en conclut, en se servant de (1), que l'inégalité
(4)
2 '^* '^''
<M
\f\
k = l
J , !
2 f^A/A(-r) du
a lieu quels que soient n et les nombres, réels ou non, [x^. Ainsi, la validité
de l'illégalité (4) est une condition nécessaire de ce que le système (2) admette
une solution telle que (.i). Dans un Mémoire qui est sous presse, j'ai montré
que la même condition est aussi suffisante.
Dans celte iN'ole je vais traiter un cas limite.
2. Supposons les/^(a:;) continues et tentons d'élargir les conditions por-
SÉANCE DU l4 MARS 19ÎO. 675
tant sur la fonction cherchée. Les résultats concernant la représentation
des opérations linéaires par des intégrales de Stieltjes que j'ai développées
il y a quelque temps dans ces Comptes rendus (29 novembre 1909) nous
suggèrent de substituer au système (2) le système
(5)
/ //.■{■x)doi.{x)-=Ck (k
nous assujettissons la fonction cherchée a (a;) à être à variation bornée.
Maintenant Vinégalité
(6)
2^^*'
£ M X max.
"SF/^/a^-)
exprime une condition nécessaire à ce que le système (5) admette une solu-
tion a. (a;) dont la variation totale ne surpasse pas M ; l'inégalité doit avoir heu
quels que soient le nombre entier n et les nombres réels ou non M^.
Nous allons voir que cette condition est aussi suffisante.
3. Envisageons d'abord le cas particulier d'un nombre fini n d'équations.
Supposons la condition remplie. Remarquons qu'une fonction continue/(a;)
appartient à toutes les classes [L^] et que, - tendant vers o, les valeurs
r > -.1
/ !/(*■) K*^-^ I tendent vers le maximum de [/(■*')](')• Ajoutons encore
que si l'on pose_/(.c) = V \>-kfk{^) ^^ si l'on assujettit les [i.;^ à ne pas sur-
A = i
passer en valeur absolue une certaine borne finie, cette convergence est
uniforme. Tout cela se démontre d'une façon assez élémentaire. On en
conclut aisément que, quelque petite que soit la quantité positive e, on a
pour les valeurs de p suffisamment grandes
i^kCk
:{M +t)
r
^y-kfk{x)
dx
Or nous l'avons vu pUis haut, cette inégalité exprime précisément la con-
{') Il me faut remercier M. E. Fischer d'avoir attiré mon attention sur ce fait
intéressant.
676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dition pour que le système
/
fk{-x)l{.r)dj; = Ck (Â = 1,2, /;)
admette une solution ^(x) telle que (3), M étant remplacé par M + £.
Posant a (a;) = / \{x)dx, on a une fonction ix{x) à variation totale
1
t(b — a)p(M-h e), solution du système (5).
Pour en déduire une solution, dont la variation totale ne surpasse pas M,
faisons tendre i vers o. On aura ainsi une suite de fonctions ae(^) à variation
bornée, bornées dans leur ensemble, dont chacune satisfait au système (5);
et quelque petite que soit la quantité positive 0, on est sûr que pour e, suf-
fisamment petite, la variation totale de y.c{x) ne surpasse pas M ■+- S. On en
conclut l'existence d'une solution a (a-) dont la variation totale ne surpasse
pas M. Pour définir une telle fonction, il suffit d'envisager la suite des fonc-
tions Ae(a:) = / 0L^(x)tlx, également continues et bornées dans leur en-
semble; on en tire, à l'aide d'un artifice bien connu, une suite partielle
j A,(a7) = / a,(it) dx qui tend uniformément vers une fonction continue
A(a;). On reconnaît aisément, en appliquant le critère donné dans ma Note
déjà citée, que A(a7) est l'intégrale d'une fonction a (a?) à variation bornée
dont la variation totale ne surpasse pas M. Des considérations analogues à
celles dont je me suis servi dans la Note citée, font aussi voir que l'intégrale
de f(x)da.i(x) tend pour i = 00 vers celle de/(x) d(x.(x), quelle que soit la
fonction continuey(j;). On en conclut, en particulier, que a (x) satisfait au
système (5).
4. Quand le système (5) se compose d'une infinité dénombrable d'équa-
tions, on applique le résultat que nous venons d'établir, aux systèmes partiels
finis de (5). D'après ce résultat, la condition (G) étant supposée remplie,
il existe pour chaque n une solution a''''(^) des n premières équations, dont
la variation totale ne surpasse pas M. Par le même procédé que nous venons
d'employer pour les fonctions oi^(x), la suite [a'"'(j;)j conduira à une fonc-
tion a,' (x), satisfaisant au système complet (5) et dont la variation totale ne
surpasse pas M.
On sait aussi bien que le cas d'une infinité dénombrable d'équations repré-
sente le cas général. Cela revient au fait que chaque ensemble non dénom-
brable de fonctions continues contient un sous-ensemble dénombrable tel
que chaque fonction de l'ensemble primaire en est fonction limite.
SÉANCE DU l/( MARS 1910. (177
5. En particulier notre résultat contient le tliéorème portant sur la repré-
sentation des opérations linéaires par des intégrales de Stieltjes. En voici un
autre corollaire qui décidera définitivement une question classique remon-
tant à Weierstrass, posée et traitée avec bien du succès par M. E. Schmidt
(^Dissertation ^ Gôttingen, 1903) : Etant donné un ensemble de fonctions con-
tinues dji (x)^ pour que la fonction continue /(x) puisse être approchée uni-
formément et indéfiniment par les ^{x) ou par leurs combinaisons linéaires,
il faut et il suffit que toujours quand une fonction ol(x) à mriation bornée
a (a;) satisfait à toutes les équations
(7) / <f(j-)dx{a^) — o,
on ait aussi
/{x)(/a{.v)=o.
f
En TparùcuWer pour que l'on puisse approcher toute fonction continue, il faut
et il suffit que toute fonction à l'arialion bornée qui satisfait au système (7)
soit constante sauf peut-être pour un ensemble dénombrable de valeurs x diffé-
rentes de a et b.
GÉOMÉTRIE. — Sur les surfaces algébriques représentables sur celle de Kummer.
Note de M. L. Remy, présentée par M. G. Humbert.
Toute surface algébrique représentable sur celle de Kummer est définie
paramétriquement par des équations de la forme
Xa:= ©aC") <') (a=l»2, 3, 4),
OÙ 0,, . . . , 0.i désignent quatre fonctions thêta, d'ordre «, de même parité,
supposées sans facteur commun et admettant les demi-périodes pour zéros
communs aux ordres respectifs de multiplicité /j,, yj^j •■■iPit,- A cette
représentation paramétrique est associé un système de nombres entiers
lesquels sont liés au degré d de la surface par la relation
(i) 2/t- — N yy,- = 2 (/ (t = 1 , 2, . . . , 16).
678 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A une même surface répondent d'ailleurs une infinité de systèmes
d'entiers [n, />,] qui se rattachent aux transformations birationnelles
n'altérant pas la surface de Kummer : il convient tout d'abord de caracté-
riser ces systèmes équivalents.
Une telle' transformation birationnelle fait correspondre à la famille
linéaire de courbes définie par l'cfjuation 0(m,(>) = o une autre famille
d'équations 6'(«, (') = o : les entiers [/',/^| et [/î,/?/] associés respecti-
vement aux fonctions (){ii, r) et 0'(«, c) sont liés par une substitution
linéaire à coefficients entiers
' P/. = ^k '> — «î /^i — • • • — «* Pu
Celte substitution laisse invariante l'expression 2 n^ — '^pj qui repré-
sente le degré du système linéaire de courbes caractérisé par les entiers
elle jouit en outre de la propriété de donner des valeurs n', p'., ..., p\^
positives pour tout système d'entiers n,p,, ..,, jo,„ attaché à une courbe
irréductible d'équation Ô(m, v) = o.
Inversement, étant donnée une substitution linéaire T jouissant de ces
propriétés, on peut démontrer que la surface dont les coordonnées d'un
point sont proportionnelles à quatre fonctions thêta de u, »' caractérisées
par les entiers 2 oJJ ; 2^7", ..., 2«",., est du quatrième ordre et possède
seize points doubles, et l'on déduit de là que les difierents systèmes
d'entiers [/?', p[\ homologues d'un même système par les substitutions T
ne définissent pas des surfaces distinctes.
Ceci posé, un système [«,/>,] sera dit réduclihie par une substitution T
si le système homologue [/î',yj',] est tel que n <^ n : d'après ce qui précède,
on peut se borner, dans la recherche des surfaces représentables sur celle
de Kummer, à envisager les systèmes irréductibles.
Parmi les substitutions T, nous en considérons trois particulières : la
substitution T'
n =z in — 2/>,
p\ — !in — ;^/5,
p'j=-Pj 0 = 2, 3, ..., 16),
qui se rattache à la transformation birationnelle associant les couples de
SÉANCE DU l4 MARS I9IO. (^-JÇ)
points en ligne droite avec un nœud de la surface ; puis la substitution T'
n' =^ ?> Il — Pi — Pi — Pi — p..
p\ = in -/>: — /'3— /';.
p'^=in—p^~-p.i — p,.
p'j—pj (/• = 5. 6. ..., 16),
qui correspond à la transformation
I ,1 , r .1
a; = -5 y'=-. ;■'=-, '=":'
X •' y z t
appliquée au tétraèdre formé par quatre nœuds de la surface; enfin la
substitution T'^
«' = 0« (pi-\-. . ■+J'ili),
«;. = «— -^/"a, (/=:|, 2. .. .. 16),
OÙ la sommation I^p^.- s'étend aux six demi-périodes annulant une même
fonction du premier ordre S',('/, t), substitution qui se rattacbe à la trans-
formation corrélative de la surface de Kummer.
Pour qu'un système d'entiers [«,/>,] soit irréductible par rapport aux
substitutions T', T* et T""', il faut et il suffit que le point de coordonnées
p^iPii ...,/7,6, dans l'espace à seize dimensions, soit intérieur au polyèdre
défini par les inégalités
Pl=Pi, •■ -, =/'.6=o,
nlpi,
211 =pi-\-. . .4-/J4,
4« lpi + . . .^Pit,-
Or on reconnaît que ce polyèdre est tout entier intérieur à la splrère
iir — "^p] = <5? abstraction faite de trois sommets situés sur celte splière ;
de plus, les points à coordonnées entières intérieurs au polyèdre satisfont à
une inégalité de la forme
111- — '^ pj > A/i + B,
A étant une constante numérique positive.
C. H., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 11.) 9^
68o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si Ton rapproche cette inégalité de la relation ( i ), on est conduit au
théorème suivant :
l^es surfaces algébriques de degré donné d, représen tables sur la surface de
Kummer^ sont en nombre limité : elles peuvent se déduire de cette surface par
des transformations birationnelles exprimées par des polynômes de degré
inférieur à \Ld, K désignant une constante numérique.
Va\ particulier, les surfaces du quatrième ordre représentables sur celle de
Kummer peuvent s'en déduire par des transformations birationnelles expri-
mées par des polynômes du sixième ordre au plus.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur i équation des télé graphistes.
Note de M. H. Larose, présentée par M. H. Poincaré.
Envisageons pour une ligne télégraphique indéfinie, comme nous l'avons
fait, dans une Note antérieure (') pour un câble indéfini, un Tableau de dis-
tributions d'électricité, correspondant à l'état neutre avant z = o et à une
perturbation créée en jj = o, en / = o : rupture permanente soit de courant,
soit de potentiel; ébranlement élémentaire soit de courant, soit de potentiel,
ce cjui donnera les distributions i, 2, 3, 4- Q, V, C, D satisferont à l'équa-
tion des télégraphistes
^'^ \ôt'- ' z àt ■ O.v
A un facteur numérique près positif, D se déduira de C, comme V de
Q par l'opération -r^ et D de V comme C de Q par l'opération — ; dans le
Talileau, il y aura identité des fonctions sur la ligne oblique correspondant à
la rupture et sur les lignes parallèles de deux en deux (^fonctions impaires
de.r); sur les lignes parallèles intermédiaires, l'identité n'aura plus lieu
que dé deux en deux (fonctions paires de a;); toutes ces fonctions seront
nulles pour /'-< ^ et successivement paires ou impaires; on pourra s'en
tenir aux .r positifs et se contenter d'écrire les expressions analytiques
pour/>^-
(') Comjilcs rendus, 22 mars 1909.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 681
En particulier Qi ou C^ sont proportionnels pour (^ - a
expression bien connue, établie de manières diverses; nous ne retiendrons
ici qu'une forme de la solution, donnée pour Q, par M. Poincaré (' ). Q,
est proportionnel à
I r^" , du-
pint -iq.r ggj yj-jg solution isocbrouc de ( T), c'est-à-dire
r^(/-= /;[« -I- 2(/t)""'] et pour .r > o A(-J>o;
la coupure ( o, ■? — ) a été pratiquée sui\anl lave, imaginaire des n\ pour 11 Uè^
grand, on a sensiblement vq =: /; ; pour t ■<_ — l'intégrale prise sur le demi-cercle inlini
du demi-plan inférieur des n est nulle, donc ir) est nulle, le contour fermé complet ne
renfermant pas de points singuliers; pour <>— l'intégrale prise sur le demi-cercle
infini du demi-plan supérieur est nulle, donc (i) est égale à l'intégrale prise dans le
sens direct sur un contour fermé entourant la coupure; le calcul elîectif, se fait par
un changement de variable et conduit au résultat donné ci-dessus.
Le courant de déplacement dans 2, de conduction dans 3, le potcnliol
dans /( sont proportionnels à (2) '
(2) ^ / e"''-'î^c?«,
nuls pour / ■< ^ et proportionnels à
De l'expression (2) nous remontons à la solution de (T) correspondante
à une rupture (-+-1, — i) en a; = (+ o, — o), à partir de / = o, solution
de (T) qui aura (2) pour dérivée par rapport à /.
t') H. FoiNCARÉ, Propagation du couranl en période variable sur une ligne
munie d'un récepteur (Conférences faites à l'I-^cole supérieure de Télégraphie).
(J82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celte solution est
(3) -^ / e""-"?-^ — ,
intégrale nulle, comme (i)et(2), pour / <-. en particulier nulle pour / = o
quelque soit .r>o, égale quelque soit/, pour x = -\-o, au résidu pour « = o
de — > c'est-à-dire k + \, tmie et determuiee pour t > —
Le calcul effectif de (3) pour t > ^ est immédiat à l'aide d'une transfor-
mation de M. H. Poincaré; il suffit de poser
[''+('-)-']'-7^'-==>Y(;^')'-(jy=>'"-
d'où
dn vq de I • ^ \ ,y
f ^
I r"^" ., . dn e^^- /*';^(?4-i)/i ^, ^„ J!" \
inïj_^ n 2 17: 1 \ç ■^-^ ç"+' /
^t,
la seconde intégrale étant à prendre, dans le sens direct, sur un cercle de
rayon très grand du plan des ^.
L'intégrale (3) nulle pour / < ^est donc égale pour ^ > — > d'après la dé-
finition même des fonctions de Bessel, à
expression très propre au calcul numérique, par les séries convergentes
|)our les petites valeurs de l'argument des J, parles expressions asymplo-
tiques pour les grandes valeurs de l'argument.
Pour.» = -t- o, (4) doit se réduire à -i- i, c'est-à-dire
e' = J„ ( <V ) -h 2 V [-'■ J„ ( ,V ),
SÉANCE DU l4 MARS IQIO. 683
formule remarquable qui se démontrera directement en ordonnant le second
membre par rapport aux puissances croissantes de /, ou simplement en fai-
sant ^ = i~' dans l'identité de définition des fonctions i„{it)
PHOTOGRAPHIE. — Obtention simultanée du relief stéréoscopiqiie et de
l'aspect changeant dans l'image photographique. Note de M. E. Estanave,
présentée par M. G. Lippmann.
Dans une précédente Communication ('), j'ai signalé qu'une plaque
photographique munie, sur la face qui ne porte pas l'émulsion, d'un réseau
ligné à lignes horizontales peut servir à enregistrer deux et même trois
images visibles chacune exclusivement. En sorte que l'image de la plaque
change d'aspect suivant le point de vision de l'observateur. J'avais déjà fait
connaître (-) que, lorsque les lignes du réseau sont verticales, on peut
enregistrer deux images stéréoscopiquement conjuguées, qui donnent la
sensation du relief à vision directe.
La présente Note a pour but de signaler comment on peut obtenir à la fois
sur une même plaque photographique des images à aspect changeant, mais
présentant en même temps le relief stéréoscopique.
On sait que pour obtenir la sensation de relief, on observe à travers un
réseau ligné verticalement une image composite forméed'éléments filiformes
verticaux, appartenant alternativement à l'une ou à l'autre des images du
couple stéréoscopique. Or, si l'on observe cette image composite à travers
un réseau de même caractère, quadrillé à lignes verticales et horizontales,
la sensation du relief persiste.
De même, pour obtenir des images à aspect changeant, on observe à
travers un réseau ligné horizontalement une image composite formée d'élé-
ments filiformes horizontaux, appartenant alternativement, s'il s'agit de
deux aspects, à l'une ou à l'autre des images. Or, si l'on observe cette image
(') Comptes rendus, t. CX'L, p. gS.
(^) Comptes rendus, t. CXLVIII, p.
684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
composite à travers un réseau quadrillé à lig^nos liorizontales et verticales de
même caractère, Taspect chansïeant a lieu lorsque le point de vision change.
C'est dire que les lignes horizontales du réseau ne troublent pas la sensation
de relief et les lignes verticales n'empêchent pas l'aspect changeant.
Par suite, un réseau quadrillé peut être considéré comme ligné horizon-
talement et servira l'obtention d'images à aspect changeant et aussi comme
simplement ligné verticalement et servir à l'obtention d'images donnant la
sensation du relief à vision directe.
J'en ai déduit qu'on pouvait, à l'aide d'un réseau quadrillé à lignes hori-
zontales et verticales, obtenir à la fois le relief sléréoscopique et l'aspect
changeant. Les images enregistrées ne sont plus ici composées d'éléments
liliformes, mais d'éléments punctiformes analogues aux pointillés de la
gravure à pointe sèche.
Pour en obtenir la réalisation, j'ai disposé un réseau quadrillé à lignes liorizon-
tales et verticales au-devant d'une plaque photographique qui reçoit la lumière
à travers un objectif percé de quatre ouvertures Oj, Oj, 0',, O'j placées aux quatre
sommets d'un carré dont deux, côtés 0,02 ^^ 0\ 0,, sont horizontaux. En fai>aul
travailler les ouvertures Oi, 0^ tout d'abord pendant que les ouvertures O, , O^ sont
obturées, on enregistre sur la plaque une image composite incomplète formée de points,
de l'objet A placé à ce moment devant l'objectif. Cette image composite est formée de
deux images stéréoscopiquement conjuguées de l'objet A, et serviront à l'observation
de l'objet A avec son relief à simple vision directe.
Si maintenant on obture Oi, Oj en laissant travailler les ouvertures Oj, 0^ et en
ayant soin de remplacer le sujet A par un autre sujet B, on obtiendra de même deux
images stéréoscopiques punctiformes qui donneront à vision directe le relief de
l'objet B.
En résumé, nous aurons ainsi enregistré quatre images formées chacune
d'éléments punctiformes. La plaque développée et inversée du noir au blanc
présentera l'aspect d'un damier dont les cases horizontales sont relatives
alternativement aux images de A et de B, et dont les cases suivant les co-
lonnes sont relatives alternativement à l'image de l'œil droit ou de l'a.'il
gauche dans la vision stéréoscopique. Le nombre de ces cases, et par suite
d'éléments punctiformes, constituant chacune des quatres images enregis-
trées, est considérable, ce qui assure en quelque sorte la sensation de conti-
nuité dans la vision de ces images pourtant incomplètes. Par exemple, dans
le cliché 9x12 présenté à l'appui de ma démonstration, j'ai utilisé un ré-
seau quadrillé ayant 4° traits au centimètre, ce qui porte à 172800 le
nombre des cases du réseau. C'est le nombre d'éléments punctiformes qui
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. 685
constituent chacune des quatre images. La plaque entière en contient
691200.
Si au-devant de cette plaque développée et inversée du noir au blanc on
dispose le réseau quadrillé dans la position relative par rapport à la plaque
qu'il occupait dans le tirage, on pourra observer par transparence soit les
deux images stéréoscopiques provenant de Fobjet A, soit celles provenant
de l'objet B, suivant le point de vision de l'observateur. En sorte qu'on
obtiendra deux images d'aspect diflérent, chacune présentant le relief sté-
réoscopique. La théorie du mécanisme de la séparation des images a été
faite séparément pour la vision stéréoscopique et pour les images à aspect
changeant (' ). Il suffit de synthétiser ce qui se passe dans le cas du réseau
ligné verticalement cl ensuite du réseau ligné horizontalement.
La plaque autostéréoscopique, suivant le sens de ses lignes, donne le relief
stéréoscopique ou l'aspect changeant. Si elle porte à sa surface non plus un
réseau ligné, mais quadrillé oupointillé, elle pourra donner à la fois le relief
et l'aspect changeant.
On a vu que par l'emploi des réseaux lignés on a pu enregistrer trois
images; grâce aux réseaux quadrillés nous en avons enregistré quatre et
l'on pourrait aller jusqu'à six. Mais ces images sont stéréoscopiquement
conjuguées deux à deux.
On peut varier l'expérience et obtenir trois images correspondant à trois
aspects dilTérents dont un seul présentera en même temps le relief stéréosco-
pique. Il suffit pour cela de disposer les diagonales qui joignent les quatre
ouvertures de l'objectif, l'une dans le sens vertical, l'autre étant horizontale.
En découvrant successivement les ouvertures placées sur la même verticale,
on obtiendra deux aspects différents de deux sujets A et B placés à ce mo-
ment devant l'objectif, et en découvrant simultanément les deux ouvertures
situées sur la diagonale horizontale, on enregistrera deux images stéréosco-
piquement conjuguées d'un troisième sujet C placé alors devant l'objectif.
L'emploi des réseaux quadrillés, en généralisant de beaucoup les résul-
tats obtenus déjà avec des réseaux lignés, permettra d'obtenir d'une manière
plus aisée la projection stéréoscopique à vision directe. On peut en effet
remplacer, dans l'écran stéréoscope que j'ai fait connaître, les réseaux
lignés par des réseaux quadrillés, de beaucoup plus faciles à obtenir.
(') Comptes rendim, t. CXLVI, p. Sgi.
68G ACADÉMIE DES SCIENCES.
MAGNÉTISME. — L'intensité d'aimantation à saturation aux très basses tem-
pératures. Note de MM. Pierre Weiss et Kameru\«ii Onnes, présentée
par M. J. Violle.
Depuis que Ton possède une théorie cinétique du ferromagnétisme, la
mesure de l'intensité d'aimantation à saturation dans le voisinage du zéro
absolu a pris un intérêt tout particulier. A cette température, en ell'et,
l'obstacle que l'agitation thermique oppose à l'alignement complet des
aimants élémentaires a disparu et l'on mesure directement la somme de
leurs moments magnétiques contenus dans un centimètre cube.
Nous avons comparé les intensités d'aimantation à saturation à la tem-
pérature ordinaire et à celle de l'hydrogène liquide sous la pression atmo-
sphérique (20° absolus) par la méthode du couple maximum exercé par un
champ magnétique très intense sur un ellipsoïde de la même substance à
étudier. Le champ a atteint 20000 gauss. Dans ce champ, l'intensité
d'aimantation ne diffère que de quelques dix-millièmes de l'intensité à
saturation. On a trouvé ainsi pour l'augmentation relative de l'aiman-
tation à basse température :
Nickel ( 17°, 3 ) I , o546
Fer ( 20° ) 1,0210
Magnélite (i5", 5) i ,0069
Le nombre entre parenthèses précise la température ordinaire.
Pour le cobalt, l'expérience n'a pas été possible par suite de l'interven-
tion de couples perturbateurs ayant probablement leur origine dans les
phénomènes magnéto-cristallins. Par analogie avec le fer et le nickel, on
peut estimer que pour ce métal l'accroissement est de i pour 100 environ.
Les saturations spécifiques a rapportées à l'unité de niasse des trois
métaux ferromagnétiques ayant été déterminées avec précision (') à la
température ordinaire, on en déduit, au moyen des rapports ci-dessus, les
saturations spécifiques <jg a très basse température, et par mulliplicalion
avec le poids atomique a, le moment de l'atome-gramme :
a. ff„. «. « J„.
Nickel 54,6 57,6 58,7 3 382
Cobalt 162 i63,6 69 96,10
Fer 217 221,6 56 12410
(') P. Weiss, Journ. de Pliys., 4" série, l. IX, mars 1910.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 687
Il n'y a pas de rapports simples entre les moments des atomes des trois
métaux ferromagnétiques.
^""•^
^^^^
^>
.* £
v\
^~~~^
^
Dans la figure, la courbe a représente la variation tliéorique de l'aiman-
tation spécifique en fonction de la température. On a marqué dans le voisi-
nage les résultats de l'expérience pour la magnétite. La courbe b repré-
sente les mesures sur le nickel à une échelle telle que la concordance soit
bonne dans le voisinage de la température 0 de perte du ferromagnétisme.
Les parties pointillées des courbes sont nouvelles.
Tandis que pour la magnétite les courbes expérimentale et théorique ne
divergent qu'à basse température, pour le nickel l'écart se manifeste pro-
gressivement dans toute l'étendue de la courbe.
MAGNÉTISME. — Sur les propriétés magnétiques du manganèse, du vanadium
et du chrome. Note de MM. Pierre Weiss et Kaiherli.\gu O.vnes, pré-
sentée par M. J. VioUe.
On s'est souvent demandé s'il y a une différence irréductible de propriétés
entre les métaux ferromagnétiques et paramagnétiques de la famille du fer
ou s'il suffirait d'abaisser suffisamment la température de ces derniers pour
faire apparaître le ferromagnétisme. Kn amenant le manganèse, le vanadium
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 11.) 9-
688
ACADEMIE DES SCIENCES.
et le chrome à la température de congélation de riiydrogène (i4" absolus),
nous nous attendions donc à constater soit Tapparition de phénomènes ferro-
magnétiques (non-proportionnalité de l'aimantation au champ, saturation,
hvstércsc), soit un paramagnétisme considérablement augmenté conformé-
ment à la loi de Curie. A la température de congélation de Thydrogène, la
susceptibilité devait être, en effet, d'après cette loi, environ 20 fois plus
forte cju'à la température ordinaire. Or ni l'une ni l'autre alternative ne
s'est produite. Les phénomènes magnétiques sont restés très faibles. Par
contre, nous avons constaté à basse température un accroissement énorme
des propriétés magnétiques d'un petit cristal de sulfate de fer.
Le ferromagnétisme n'a donc pas apparu, et il était nécessaire de choisir
pour ces métaux entre deux hypothèses : paramagnétisme d'un type nouveau,
n'obéissant pas à la loi de Curie, ou diamagnétisme. Un travail de Du Bois
et Honda ('), publié depuis, dans lequel ces trois métaux figurent parmi
ceux qui ont un paramagnétisme constant ou croissant avec la température,
montre que c'est la première supposition qui est exacte.
^^
^
4
^
«
î
M
- «^
>,
M M
h
>
jy
-"^
Dans la deuxième hypothèse, suggérée par Texemple du cuivre diama-
gnétique dont les sels sont paramagnétiques, le paramagnétisme apparent
du manganèse pur proviendrait d'impuretés ou de ses oxydes. iNons avons
préparé du manganèse pur en décomposant l'amalgame pur dans un courant
(') Acad. Amsterdam, t. XVIII, II, 1910, p. 666.
SÉANCE DU lf\ MARS igiO. 689
d'iiydrogène. Ce manganèse pulvérulent est paramagnétique . Fondu au
four électrique à résistance dans une nacellede magnésie et dans un courant
d'hydrogène, il à&\'ien\.feiTomagnétiqiie.V.i\.courhe ci-contre, dans laquelle
on a porté en abscisses les champs magnétiques et en ordonnées les aiman-
tations spécifiques, est un cycle d'aimantation de cette singulière substance,
cent fois moins magnétique que le fer et à champ coercitif dix fois supérieur
à celui d'un acier à aimants permanents.
Le manganèse ferromagnétique a déjà été observé par Seckelson ( ').
Les renseignements assez vagues qu'il donne sur son aimantation ne
semblent pas incompatibles avec nos mesures.
PHYSIQUE. — Sur un ca.'s particulier d' cvapuration . Note de M. l*. Vaillant,
présentée par M. J. \iolle.
Quand un liquide s'évapore en atmosphère cahne et illimitée, et que la
surface libre est voisine des bords du vase d'évaporation, il s'établit assez
rapidement un état de régime caractérisé par une vitesse d'évaporation
(quantité évaporée par seconde) indépendante du temps.
Il n'en est plus de même lorsque la surface libre est à grande dislance au-
dessous du bord du vase : l'état de régime tarde alors à s'établir et, pendant
une période assez longue, la vitesse d'évaporation diminue constamment.
Dans le cas limite d'un vase cylindrique indéfini, on peut, par application
des équations de diffusion, montrer que la vitesse d'évaporation ne devient
jamais constante et reste inversement proportionnelle à la racine carrée du
temps.
Soit, à l'instant t,f\a tension delà vapeur dans le tube à la distance j; de la sur-
face libre; soient, d'autre pari, F la tension niavinia de la vapeur (la température est
supposée constante tout le long du tube) et A le coefficient de dill'usion de la vapeur
dans l'air.
On a, '/ étant le poids de lii[uide vaporisé au temps t, en milli^raninies,
^ =, , ,393 X ^^ X ^ X M X |y"/./,r = XMf'/<f.r;
M poids moléculaire de la vapeur, S section du tube, T température absolue le long
( ') Seckelsox, Wied. !/(«., t. LWII, 1899, p. 3-.
690 ACADÉMIE DES SCIENCES,
de ce tube. On tire delà
àt J„ ât J^ da:-
ou, en admettant que A" est indépendant de/, ce qui est sensiblement exact,
=^-iS
Mais, d'après un calcul fait par Wiener pour la dill'usion des liquides et qui s'ap-
plique au cas actuel, on a
''■^ 2(7rAY)-' 2(rA-0'
d'où Ton conclut, tant que t reste fini,
27Ï-
J'ai étudié l'évaporation d'un certain nombre de liquides dans des tubes
cylindriques de laiton de 32'-'° de haut et de 2''" de rayon.
Ces tubes, librement ouverts à la partie supérieure, étaient fermés infé-
rieurement par un boucbon creux en laiton contenant le liquide à expéri-
menter.
Les tubes étaient immergés sur toute leur longueur dans une masse de So'-s d'huile
(|ui y maintenait la température très sensiblement uniforme. Je mesurais les quantités
de liquide évaporées dans les temps
<,, 3<,, 3^,, 4<,, *'>!,, 9/t, I2<,,
t^ représentant ordinairement 3oo secondes el, pour les liquides peu volatils, 600 et
même 900 secondes.
Les résultats obtenus peuvent, aux erreurs d'expérience près ( jL environ), s'inter-
[>réter par des formules de la forme
q = a{MV)( '
'^ zzz ma (MF) ( :^)""' = h {MP)( ~Y" ,
dt \ •'"' ' ' \ ■300 /
b avant une valeur peu différente pour les dilTérents Ii(|uides expérimentés et n étant
1111 peu inférieur à - et dépendant d'ailleurs de la nature du liquide.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 69Ï
* Liquides. Tcnipéradire. 6 X io~^. n.
(C^H'i^O 2o°7 279 o,4i
G»H'-(iso) 17,0 298 0,43
C»H»Br 17,2 274 0,38
CS^ 18,0 282 0,44
» 22,0 281 o,4'
CHCl^ 18,4 270 o,4i
» 22,4 266 o,4o
(CH=)2=C0 18,7 279 0,44
» 22,0 280 0,45
CH^I i5,o 236 0,44
» 16,2 241 o,4o
C" H" (normal) 22,8 293 0,49
C''H'-(hexamétliylène).. 18,7 25i o,4o
C«H« 18,0 285 o,4o
>, 21,6 278 0,42
CH='OH 21,0 288 0,45
CCI' 22,4 247 0,39
C'H« 21,2 299 o,38
C'H'CI 23,1 283 0,34
Le fait que n est inférieur à - s'explique aisément par le peu de longueur
des tubes (au bout de 5 minutes /à l'orifice du tube est déjà supérieur
On s'explique moins que n apparaisse d'autant plus petit que le liquide
est moins volatil. Quoi qu'il en soit, on voit que, même avec des liquides
aussi volatils que l'isopentane ou l'élber, au bout de i heure d'évaporalion,
la vitesse de formation de la vapeur diminue toujours suivant la même loi
et qu'on est par conséquent encore très loin du régime permanent.
OPTIQUE. — Sur un nouveau réjlectornélre. Note (') de M. Cn. Férv,
présentée par M. E. Bouty.
I^es réfractomètres, basés sur la mesure de l'angle limite pour la déter-
mination de l'indice de réfraction, et dits réjlectomêtres^ utilisent tous des
surfaces réfringentes planes.
L'emploi d'une surface spliérique, facile à employer pour les liquides,
conduit au dispositif très simple qui fait l'objet de celte Noie.
(') I^iésentée dans la séance du 7 mars 1910.
692 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans un bloc de verre d'indice N, supérieur aux indices' des liquides à
mesurer, on a creusé une cavité hémisphérique de rayon de courbure R.
Une demi-sphère polie, de même rayon de courbure et de même indice,
peut remplir exactement cette cavité {fig. i).
M
Interposons entre les deux surfaces courbes une goutte du liquide à mesurer: la
réilexion totale des rayons incidents parallèles, tels que 1, se produira depuis le point m
où l'angle de réflexion totale est atteint, jusqu'au bord n de la surface courbe.
Si donc on vise le système avec une lunette, on apercevra une couronne complète-
riient obscure limitée par deux cercles de rayons /• et H {Jig- ^V ce dernier étant
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. ÔgS
aussi le rayon de la demi-sphère; le reste du bloc se comporte comme une lame à
faces parallèles.
Or
/• = Rsina {fig.\)
et
X =rr N sin a,
x étant l'indice du liquide inconnu et c. l'angle limite.
On a donc finalement
En laissant une mince couche d'air entre les deux surfaces, le rayon /■' observé donne
de suite l'indice du bloc
(1) N = ^
en prenant l'indice de l'air pour unité.
De sorle que, finalement, il suffit de connaître le rayon /■' obtenu avec l'air, et
celui 7- donné par le liquide, pour avoir de suite l'indice de ce dernier
(2) ^=77-
Les mesures ainsi faites sur un appareil d'essai ont donné :
Diamètre 2/'', air interposé 28
Diamètre 2 /■, eau interposée 3o,8
Diamètre 2R 4o, i
La formule ( i ) donne N= „' =: i ,735
25, I
La formule (2) donne x =z ' =: i ,332
-^ de millimètre d'erreur sur la jnesure de 2r donne donc o,oo5 sur
l'indice, avec le rayon R choisi.
Bien qu'utilisant l'angle limite, ce procédé s'applique même à des
liquides très peu transparents, étant donnée la faible épaisseur de la lame
soumise à la mesure.
La température du bloc est donnée très exactement par un thermomètre
plongeant dans une cavité percée dans le verre et pleine de mercure; c'est
aussi celle de la mince lame de liquide interposée.
694 ACADÉMIE DES SCIENCES,
ÉLECTRICITÉ. — Actions chimiques et ionisation par harhotage.
Note de M. L. Blocii, présentée par M. E. Bouty.
• I. On a cru longtemps que les réactions chimiques, par voie sèche ou
par voie humide, sont accompagnées d'ionisation. Nous avons montré sur
différents exemples (oxydations, dissociations, combustions vives) que les
réactions par voie sèche ne produisent aucune ionisation ('). Ces résultats
sont en général d'accord avec ceux de MM. de Broglie et Brizard (-).
Il importait de confirmer ce point en étudiant une réaction susceptible
de se faire à la fois par voie sèche et par voie humide. Nous avons songé à
l'attaque du zinc par l'acide chlorhydrique. On sait que l'hydrogène pré-
paré ainsi par voie humide est toujours fortement conducteur. Nous avons
attaqué vers 225° du zinc en poudre par le gaz chlorhydrique sec. Bien
qu'il se forme dans ces conditions du chlorure de zinc en quantité notable,
nous n'avons jamais obtenu aucune trace d'ionisation.
II. La question se pose alors de savoir quelle est l'origine des ions pro-
duits par l'oie humide.
Kôslers, J.-J. Thomson, plus récemment MM. de Broglie et Brizard ont suggéré
l'idée que ces ions sont dus au barbotage. Le seul argument fourni par ces derniers
auteurs est l'absence de centres chargés dans les fumées produites par l'acide azotique
agissant sur la benzine ou la térébenthine (liquides inactifs par barbotage). Nous
verrons tout à l'heure ce que cet argument a d'insuffisant.
J'ai étudié spécialement l'action de l'acide chlorhydrique sur le zinc et
me suis rendu compte des faits suivants :
1° Si l'on étudie, au cylindre de Faraday, le signe de la charge totale em-
portée par le gaz, non seulement on constate une ou deux inversions de
signe au cours de la réaction, mais le signe initial lui-^jênie, pour un
liquide déterminé, dépend des conditions de l'attaque. Avec du zinc neuf,
qui s'attaque lentement, le signe est négatif; avec du zinc ayant déjà servi,
l'attaque est vive et le signe positif. Dans le premier cas, le dégagement
d'hydrogène se fait par bulles relativement petites; dans le second, par
grosses bulles. Lorsque la réaction s'épuise, les bulles diminuent et le signe
redevient négatif. Il y a là une différence, au moins apparente, avec les phé-
(') L. Bloch, Comptes rendus, 22 mars 1908, p. 782 et 8 novembre, p. 770.
(^) Cf. Comptes rendus, \!\ juin 1909, p. 1596 et 22 novembre, p. 928.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. ÔgS
nomènes usuels du barbotage, qui donnent lieu, môme quand on varie beau-
coup les conditions, à des signes constants. Ajoutons que le barbotage
direct de l'hydrogène à travers la liqueur employée donne un signe positif,
c'est-à-dire contraire à celui que donne le plus souvent l'action chimique ( ' ).
1° Malgré ce désaccord, les faits montrent que l'ionisation par voie
chimique, comme l'ionisation par barbotage, est un ejfet de surface. Elle
n'est nullement liée à la quantité d'hydrogène dégagé, les dégagements les
plus petits (o""',i à la minute par exemple) peuvent donner lieu à des effets
intenses. De plus, elle est supprimée complètement lorsqu'on verse à la surface
de l'eau acidulée de petites quantités de liquides étrangers. C'est ce qui ressort
des expériences suivantes :
La réaction étant disposée de façon à donner des elTets d'ionisation intenses (?.5o di-
visions de l'échelle en i5 secondes par exemple), on verse au-dessus du liquide
chlorhydrique quelques centimètres cubes de benzine, d'iiuile de vaseline ou d'huile
d'olive {liijuides inactifs par barbotage). I^es eftets sont immédiatement réduits à
néant. Quelques gouttes suffisent à diminuer beaucoup la vitesse de déviation de
l'électrométre.
Si, au-dessus de la couche de benzine, on verse une couche d'alcool ou d'acétone
( liquides actifs par barbotage), les effets ne reparaissent pas, bien que le dégagement
gazeux, ne soit pas sensiblement modifié. Il en est de même si l'on remplace la beEiziit^
par la benzine phéniquée (liquide actif par barbotage).
Si l'on verse directement, sur l'eau acidulée, une mince couche d'alcool ou d'acétoue
{liquides actifs), les effets sont supprimés sensiblement aussi bien que parla benzine.
Seulement comme il s'agit de liquides miscibles à l'eau, la suppression n'est que
temporaire et les effets reparaissent en partie ((uand la couche superficielle est dissoute.
Si l'on rajoute de l'alcool ou de l'acétone en quantité un peu plus grande, les effets
s'annulent et ne reparaissent plus. L'alcool amylique (liquide très actif par barbo-
tage), beaucoup moins soluble dans leau que l'alcool ordinaire, agit beaucoup plus
énergiquement que lui.
3° Sans rien changer aux conditions de la réaction, on peut se contenter
de faire varier la surface du liquide en la faisant affleurer, par une faible
dénivellation, d'un niveau large à un niveau étroit. On constate alors une
l'éduction considérable des effets. Il en est de même si l'on dispose, dans le
lif[uide, un obstacle qui modifie la structure des bulles. Dans les deux cas, à
une diminution d'effets correspond un grossissement marqué du diamètre
des bulles.
(') Avec un acide très dilué, nous avons obtenu des ellets d'ionisation piesi/ite
rigoureusement unipolaires.
C. K., 1910, i" Semestre. (T. 150, N' tl.) 9^^
696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous concluons de là que l'ionisalion par voie chimique (humide) est,
coa>ime l'ionisation par barbotage, un phénomène superficiel. Les diver-
gences observées entre les deux cas peuvent tenir à la différence de grandeur
qui existe entre les bulles formées par voie chimique et les bulles les plus
petites formées par barbotage ( ').
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Essai des métaux par l élude de l amorlissement
des mouvements vibra/oires. Note de M. O. Boudouar», présentée
par M. Bertin.
D'après M. A. Guillet, l'étude de l'amortissement des mouvements
vibratoires des fers et aciers doit permettre de caractériser les différentes
espèces de métaux (-); en particulier, dans les mêmes conditions d'expé-
riences, l'amortissement d'un U de fer doux est environ 3 fois plus grand
que celui d'un U d'acier doux. A la suite de cette Note, M. Henry Le Cha-
telier appela l'attention des savants et des ingénieurs sur le problème posé
par M. A. Guillet et insista sur l'importance qu'il pouvait avoir au point de
vue industriel ('). .l'ai entrepris, sous les auspices de la Société d'encoura-
gement, une étude d'ensemble de la question; ce sont les premiers résultats
obtenus qui font l'objet de cette Note.
Les essais ont porté sur un acier commercial de très bonne qualité, à o,3 pour 100
de carbone.
La barre métallique vibre transversalement dans le sens horizontal; elle est fixée
par une de ses extrémités dans une sorte d'étau s'élevant perpendiculairement à un
banc muni d'une rainure longitudinale le long de laquelle peut coulisser l'électro-
aimant destiné à l'attaque de la barre. Sur le côté du banc, qui est indépendant de
l'étau, est montée une tablette de laiton munie également de deux rainures longitudi-
nales le long desquelles peut se déplacer le contact d'entretien commandé par la lige
vibrante. L'étau et le banc sont fixés solidement à une table d'ardoise à l'aide d'écrous
de serrage, et la table fait corps avec les murs du bâtiment. Il importe en effet de
réaliser dans ce geiit-e d'expériences une rigidité absolue du support de la verge vibrante
pour que le mouvement vibratoire de la verge ne soit pas aflecté par des causes
(') Des mesures de mobilité nous ont fait voir que les ions des actions cliimiques
ont des mobilités comparables à celles que donne le barbotage. En particulier, à côté
des gros ions signalés par Townsend et E. Bloch, on trouve des ions de dimensions
moyennes dont les mobilités sont, par exemple, o"™, 4-0"", 6.
C) Comptes rendus, t. CIXLIX, p. 55 1.
(^) Jieviie de Métallurgie, 1909, p. 888.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 697
étrangères; l'installation que j'ai montée semble répondre à cette condition. Le contact
d'entretien électrique du mouvement vibratoire est monté d'après les indications
données par M. A. Guillet.
Pour la lecture des amplitudes, le filament d'une lampe à incandescence est placé
dans le plan focal d'une lentille interposée entre la règle transparente graduée et un
petit miroir plan fixé à l'extrémité de la lige vibrante. Avec un chronomètre, il ei-l
possible de mesurer la durée totale de l'amortissement, ou mieux encore les amplitude»
à des temps difTérents, mais l'opération est très délicate. Pour avoir plus d'exactitude,
et surtout pour éviter toute erreur personnelle, il est plus commode d'enregistrer
pliolograpliiquement le mouvement vibratoire normal et les courbes d'amortissement
sur un cylindre tournant, modèle Richard par exemple; comme source lumineuse, il
faut prendre alors une lampe Nernst. Une description très détaillée de toute l'installa-
tion, dont je viens de donner rapiilement le plan, paraîtra ultérieurement dans un
autre Recueil. Dans chaque série d'essais, on enregistre la courbe d'amorlissefnent de
la barre avant de la faire vibrer, puis les courbes d'amortissement à des intervalles de
tenips variés jusqu'au moment de la rupture; on compare ensuite les divers diagrammes.
J'ai ainsi étudié l'acier dont il a été question précédemment, brut de
laminage, recuit et trempé. L'élongation totale de l'extrémité libre de la
verge vibrante est de 'i*^"", 5 à 4""? ce qui correspond à un angle d'écartement
de 6° à 7° environ entre les positions extrêmes; on compte 3o vibrations
doubles par seconde. La barre d'acier brute de laminage s'est rompue après
12 lieures 3o minutes, soit l'iioooo vibrations; la barre recuite, après
4 lieures 3o minutes, soit 486000 vibrations; la barre trempée, après
3o minutes, soit 54 000 vibrations. La rupture se produit toujours près de
l'encastrement, et elle est annoncée qualitativement par un affaiblissement
du mouvement vibratoire; au moment de la rupture qui se produit dans
toute la section de la barre, la partie libre ne tombe pas d'elle-même, et il
faut même un certain effort pour séparer les deux morceaux; l'examen de
la section à l'œil nu montre des zones parallèles à partir de la face non
attaquée par l'électro-aimant avec une différence de grosseur du grain; la
mètallograpliie microscopique ne permet pas d'établir des différences bien
nettes au point de vue de la structure interne du métal. En chercbant à
analyser le phénomène d'une manière plus approfondie, on pouvait espérer
suivre l'altération du métal au fur et à mesure de sa progression, celte
altération devant se manifester par un accroissement rapide et très considé-
rable de la vitesse d'amortissement du mouveoient vibratoire; la compa-
raison des courbes enregistrées dans ces premières expériences ne parait pas
très démonstrative, sauf pour le métal trempé, et il semblerait ainsi que le
métal ne subit pas de transformation moléculaire notable avant la rupture.
De nouveaux essais sont nécessaires pour élucider ce point.
(igS ACADÉMIE DES SCIENCES.
En résumé, les résultats obtenus dans cette étude préliminaire m'engagent
à continuer ce travail, et je me propose d'étudier maintenant, d'une manière
systéiiialique, l'amortissement des mouvements vibratoires dans des métaux
de composition chimique différente ayant subi des traitements thermiques
différents, pour rechercher comment cette nouvelle propriété des métaux
varie avec les conditions qui jouent un rôle prépondérant dans la détermi-
nation de leurs propriétés mécaniques.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur l'analyse de l'essence de térébenthine par
les courbes de miscibilité. Mote de M. M. Vèzes, présentée par
M. A. Haller.
La publication par M. Louise, dans les Comptes rendus du 28 février
dernier (t. 150, p. 526), d'une méthode d'analyse des essences de térében-
thine basée sur la solubilité réciproque de ces essences et de l'aniline, me
fait un devoir de signaler les résultats obtenus depuis quelques mois par mes
collaborateurs et moi-même sur le même sujet. Comme on va le voir, ces
résultats confirment, d'une manière généi-ale, les vues de M. Louise : nous
avons, nous aussi, reconnu depuis longtemps que l'aniline constitue un
réactif de choix pour l'examen de l'essence de térébenthine ; mais nous avons
constaté en même temps cjue son emploi comporte certaines causes d'erreur,
qu'il est important de ne pas négliger.
]>a courbe de solubilité réciproque (ou courbe de miscibililé) de l'essence de téré-
benlhine el de l'aniline a été déterminée, durant l'année 1908-1909, par un de mes
élèves, M. Queysaiine, dans un travail qui lui a valu, en juin 1909,1e diplôme d'études
supérieures de Sciences physiques. L'essence employée était de l'essence landaise
récemment rectifiée, d'acidité nulle, de densité o,8656 à i5°, d'indice 1,4676 (à 25"
pour la raie D et par rapport au vide), donnant au polarimètre une rotation de
— 3i°,2o(à 20" dans un tube de 100°"° et pour la raieD). L'aniline employée bouillait
à 183°, 1 sous une pression de 759""", 3, et fondait à — 6», 28; sa densité était de i,o256
à iS", el son indice, mesuré dans les mêmes conditions que plus liaut, de i,.5826.
Rapportée, comme il est d'usage, à la concentration définie par le rapport de la niasse
de l'un des composants à la masse totale, la courbe obtenue par M. Queysanne est
sensiblement une parabole : son point critique coriespond à la température de i8°,o5
et à 45,4 pour 100 d'essence. Rapportée, comme le fait M. Louise, à la concentration
définie |)ar le rapport des volumes des deux composants, cette courbe diffère très peu
de celle que donne cet auteur pour l'essence qu'il nomme Mont-de-Marsan pure.
Depuis lors, nous avons déterminé la courbe de solubihté réciproque de
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. Ô99
l'aniline et d'un \^llite spirit commercial, d'acidité nulle, caractérisé par
une densité de 0,7615 à 25° et un indice de i ,43o5 (à 2.5" pour la raie D
et par rapport au vide), ainsi que celles que fournit l'aniline avec des mé-
langes en diverses proportions d'essence de térébenthine et de white spirit.
La première de ces courbes, rapportée aux coordonnées habituelles, est
non seulement déplacée, mais aussi très déformée par rapport à la para-
bole précédente: son maximum de température correspond à plus de So" et
à 25 pour 100 d'essence. Cette déformation concorde mal avec celle que
signale M. Louise pour la courbe fournie par le white spirit et construite
avec ses notations: le maximum de température de cette dernière corres-
pond à un mélange de 7'^'"' d'essence avec 10'^^'"' d'aniline, soit à '5"] pour 100
d'essence en poids, et à une température de 47° environ. L'écart de ces
résultats paraît dû à la variété des produits désignés sous le nom de whùe
spirit.
Quant aux courbes que nous avons obtenues avec des mélanges de white
spirit et d'essence, elles dénotent la déformation graduelle de la parabole
primitive à mesure que la dose de white spirit augmente. La courbe cor-
respondant à un mélange à 20 pour 100 de white spirit a son maximum
de température vers 20°; la courbe correspondante de M. Louise a son
maximum au-dessous de 23°. On voit par là que le dosage du white spirit
par cette méthode dépend, dans une certaine mesure, de l'échantillon de
white spirit employé.
Nous avons étudié, d'autre part, l'influence exercée sur la courbe de niis-
cibilité de l'aniline et de l'essence parles produits de distillation sèclie de la
colophane, huile de résine et essence vive de résine. Une huile de résine
raffinée, sensiblement neutre, ajoutée à la dose de 5 pour 100 à de l'essence
de térébenthine, abaisse sa courbe de miscibilité d'environ 1°. Nous avons
observé un déplacement plus notable avec une essence vive de résine légè-
rement acide (sa saturation à la phtaléine exigeait 3''' de potasse pure KOH
par litre), dont l'addition, à la dose de 5 pour 100, produit un abaissement
d'environ 2°. Il est difficile de comparer ces.résultats avec ceux que donne
M. Louise, car les indications que fournil son texte se rapportent à l'huile
de résine, tandis que la figure qui l'accompagne ne donne que la courbe
l'elative à l'essence vive; de plus, il ne fournit aucun renseignement sur
l'acidité des échantillons dont il a fait usage.
Il est à prévoir en effet, étant donnée l'alcalinité de l'aniline, que l'acidité
plus ou moins grande des essences qu'on lui mélange exercera une influence
notable sur leur solubilité réciproque. Or c'est par leur teneur en matières
700 ACADÉMIE DES SCIENCES.
acides ( colophane provenant de la gemme initiale, acides volatils formés par
oxydations dans les essences vieillies), en même temps que par leur teneur
en carbures moins volatils que le pinène, que les essences des Landes se
difFérencientles unes des autres. Nous avons donc été amenés à étudier l'in-
fluence des adultérants normaux de l'essence, et notamment de la colophane,
à qui elle doit toujours la majeure partie de son acidité. Sans entrer ici dans
des détails qui trouveront leur place dans une publication ultérieure, nous
signalerons seulement, comme un résultat important de cette étude, l'in-
fluence considérable exercée par la colophane sur le phénomène étudié :
une addition à l'essence de 5 pour 100 de colophane (de nuance M et d'aci-
dité correspondant à i63"'** de potasse KO H par gramme) suffit pour
abaisser d'une dizaine de degrés la courbe de miscibilité de celte essence,
c'est-à-dire pour réaliser un déplacement comparable — bien que de sens
inverse — à celui qui résulterait de l'addition de /[O pour 100 du white spirit
employé par M. Louise. La teneur en colophane des essences des Landes
variant de 0,0 à 0,6 pour 100 dans les essences commercialement pures, et
pouvant atteindre jusqu'à 3 pour 100 dans les essences de qualité inférieure,
on voit que cette colophane peut masquer, dans l'application delà méthode
dont il s'agit, jusqu'à près de 23 pour 100 de \vliite spirit.
Aussi nous parait-il indispensable, pour appliipier la solubilité réciproque
de l'aniline et de l'essence de térébenthine à la recherche des falsifications
de cette dernière, d'opérer non sur l'essence elle-même, mais sur l'une des
fractions obtenues au cours de sa distillation fractionnée, et dont on aura eu
soin de vérifier la neutralité. Ce fractionnement préalable ne constitue pas
pour l'analyste un supplément de travail : c'est en effet, parmi les opéra-
tions que comporte l'analyse des essences de térébenthine, l'opération fon-
damentale dont tous les spécialistes s'accordent à reconnaître l'importance et
sans laquelle, dans la plupart des cas, ils n'oseraient conclure avec certitude.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Sur une solution colloïdale d' arsenic mèlalloiditjue pur.
Note de M. Lecoq, présentée par M. A. Haller.
M. Augcr {Comptes rendus, t. (^XLY, 28 octobre 1907) a indiqué une
méthode permettant de préparer un arsenic colloïdal par réduction, à basse
température et en milieu alcoolique, du trichlorure d'arsenic par l'acide
hypophosphoreux. La variété d'arsenic ainsi obtenue ne donne de pseudo-
solution qu'en présence d'alcalis et retient des quantités variables de phos-
phore et d'alcalis dont il est impossible de la débarrasser.
SÉANCE DU l4 MARS I9IO. 7OI
On peut obtenir, par voie électrique, une solution colloïdale d'arsenic
exempt d'impuretés, stable en milieu neutre ou acide. Cette solution se pré-
pare soit en électrolysant une solution alcaline avec une anode d'arsenic,
soit par électroréduction d'une solution alcaline d'acide arsénieux.
I. Dans l'éleclrolyse des solutions alcalines, l'anode seule doit être en arsenic. Diffé-
rents métaux peuvent être employés comme cathode, parliculièremenl le fer et le pla-
tine. En opérant sous un potentiel de 80 à 100 voUs, avec une densité de courant de
I ampère environ, l'anode se pulvérise lentement en donnant une solution colloïdale.
La stabilité de la pseudo-solution ainsi obtenue est très augmentée si l'on fait l'élec-
troljse en présence d'un colloïde stable.
La concentration de la liqueur en alcali, la différence de potentiel et la distance de
deux électrodes semblent être les facteurs dont dépend la grosseur des granules du
colloïde. Mais dans tous les cas, la pseudo-solution ainsi obtenue, observée à l'ultrami-
croscope, se montre constituée par des grains de grosseur variable et, abandonnée à
elle-même après neutralisation, elle laisse déposer une partie de son métalloïde. Durant
la préparation, il y a formation de petites quantités d'acide arsénieux.
IL L'électroréduclion dé l'acide arsénieux en liqueur alcaline est susceptible de
donner naissance à une solution colloïdale d'arsenic à petits grains, beaucoup plus
stable que la précédente. Les meilleurs résultats sont obtenus dans les conditions
suivantes :
L'anode est constituée par une lame de platine de 4'"'' à 5''"', la cathode par une
surface de mercure couvrant le fond d'un crislallisoir de i' à fond plat de 18''" à 20°"'
de diamètre. On soumet à l'éleclrolyse une solution fortement alcaline d'acide arsé-
nieux très pur obtenue, par exemple, en dissolvant 3» d'anhydride arsénieux dans i'
de soude à 3 pour 1000. Le courant utilisé est réglé entre 2 et 3 ampères sous
100 volts environ.
La solution s'échauffe notablement et il est nécessaire de refroidir. Une certaine
quantité d'acide arsénieux, variable suivant les conditions de l'expérience, échappe
toujours à la réduction. On le sépare complètement par une dialyse suffisamment
prolongée.
Lorsque la solution d'acide arsénieux soumise à l'électroréduction n'est additionnée
d'aucun colloïde stable, la durée de la solution colloïdale obtenue est éphémère. Par
contre, en additionnant cette solution de petites quantités d'un colloïde stable, tel que
la gomme, elle peut se conserver très longtemps. Des pseudo-solutions contenant
oô,ooo8 d'arsenic et o",oo5 de gomme par centimètre cube n'ont pas précipité au bout
de 6 mois, après neutralisation par un acide fort et séparation de l'acide arsénieux
par dialyse. L'addition de glycérine augmente également la stabilité de la pseudo-
solution.
Propriétés de la solution colloïdale d arsenic. — La solution colloïdale d'ar-
senic est de couleur brun rouge très foncé. Observée à l'ultramicroscope, elle
laisse voir des granules très fins et de grosseur très uniforme lorsque le
colloïde a été obtenu par électroréduction de l'acide arsénieux.
^02 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le mouvement brownien est accentué et s'amplifie par addition de
petites quantités d'électrolytes.
La solution s'oxyde rapidement à l'air lorsqu'elle est alcaline : neutre ou
acide, elle reste inaltérée. En présence d'eau oxygénée, en milieu alcalin,
l'oxydation est immédiate. Il y a, dans ces deux cas, formation exclusive
d'arséniles. La liqueur décinormale d'iode oxyde extemporanément la solu-
tion colloïdale d'arsenic alcaline avec formation d'arséniates. La réaction
est quantitative.
La solution colloïdale d'arsenic n'oxyde pas la teinture de Gaïac.
La solution colloïdale d'arsenic, stabilisée avec de faibles quantités de
gomme, présente, vis-à-vis des électrolytes, une stabilité beaucoup plus
grande que les autres solutions colloïdales métalliques. Les alcalis concen-
trés ne la précipitent pas, même en grand excès, avant de l'oxyder. Les
sels et les acides faibles la précipitent difficilement. En présence d'un grand
excès d'acide chlorhydrique concentré, la précipitation est rapide et totale
à chaud. Cette propriété a été utilisée pour doser gravimétriquement l'ar-
senic en suspension et pour caractériser, dans la solution chlorhydrique
filtrée, par la réaction de l'acide hypophosphoreux, l'acide arsénieux ([ui
peut avoir échappé à la réduction et à la dialyse.
Analyse. — La solution colloïdale d'arsenic, préparée par électroréduclion
de l'acide arsénieux et dialysée jusqu'à ce que les liqueurs chlorhydriques,
après précipitation de l'arsenic, ne présentent plus la réaction de l'acide
arsénieux, a été soumise à l'analyse par pesée et par l'iodométrie. Il a élé
trouvé :
Par pesée, 08,0007 d'arsenic par centimètre cube (moyenne de trois
expériences);
Par iodomélrie, 0^,00077 d'arsenic par centimètre cube (moyenne de
trois expériences).
On doit donc admettre que l'arsenic se trouve dans cette solution ct)lloï-
dalesous sa forme métalloïdique pure.
CHIMIE ORGANIQUE. — Catalyse des acides aromatiques. Note
de M. J.-B. Sexdekens, présentée par M. G. Lemoine.
I. Catalyseurs. — .l'ai montré précédemment (') qu'en faisanl passer
sur la thorine les vapeurs d'acide benzoïque et d'un acide gras, on obtenait
(') Comptes rciiiliis, 10 janvier ii)io, |i. iir.
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. yo'i
la cétone aromatique dérivée de ces deux acides. Avant d'étendre cette mé-
thode aux autres acides aromatiques, j'ai repris, avec divers catalyseurs, les
expériences déjà décrites, afln de déterminer, par une étude comparative, la
valeur de chacun d'eux.
La chaux, Voxyde de zinc, Valamine, Voxyde chrotnique se comportent, vis-à-
vis d'un mélange d'acide benzoïque et d'acide gras, d'une façon à peu près identique
à celle qui a été relatée pour les acides forméniques employés seuls ('). Avec ces
oxydes, surtout avec les deux derdiers, on arrive à préparer l'acétophénone à partir
d'un mélange d'acide benzoïque et d'acide acétique; mais, lorsqu'à l'acide acétique on
substitue ses homologues, on constate qu'à mesure que la teneur en carbone augmente
les rendements deviennent de plus en plus mauvais.
Dans la famille du thorium, Voxyde cérique CeO', [['anhydride titanique
amorphe TiO", Voxyde stannique SnO" se sont montrés très inférieurs à la thorine.
Ils décomposent énergiquement les acides organiques; mais, au lieu de se borner à la
formation des cétones, ils fournissent en grande partie les produits de leur destruc-
tion.
Avec la zircone ZrO', les choses se passent autrement. Pour beaucoup d'acides for-
méniques employés seuls ou mêlés à l'acide benzoïque, les propriétés calalytiques de
cet oxyde sont tout à fait comparables à celles de la thorine, mais elles semblent fléchir
avec certains acides, notamment avec les homologues de l'acide benzoïque, alors que
pour la thorine la production des cétones se fait, dans tous les cas, avec la même
régularité.
Ij'oxyde vert d' uranium U'O', dont j'avais signalé l'action sur les acides formé-
niques, un peu plus lente que celle de la ihorine, conserve cette même activité lorsque
ces acides sont mêlés à l'acide benzoïque. Durant la réaction, l'oxyde vert est ramené
progressivement à l'étal d'uranyle, UO'', qui devient ainsi le véritable catalyseur.
Il résulte de ce qui précède, que pour la préparation des cétones aroma-
tiques je disposais de trois catalyseurs : la thorine, la zircone et Vuranyle,
et que la thorine se recommandait à mon choix par son action plus régulière
que celle de la zircone et plus rapide que celle de Turanyle.
II. Action catalytique. — Après avoir préparé par l'action catalytique
de la thorine, comme il a été dit plus haut, les cétones aromatiques déri-
vées de l'acide benzoïque, j'ai appliqué le même catalyseur aux homologues
de cet acide tels que : Vacïde phénylacétique ou ct-to/uique
C'H'-Cm— CO'H;
l'acide hydrocinnamique ou phényl-?>-propanoïque
C«H^— CH^— Cir— CO'H;
(') Comptes rendus^ 19 juillet 1909, p. 2i3.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N« 11.) 94
7()4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les acides toluiques C''H''(CH')CO^H ortho, meta et para. Mes expériences
ont également porté sur les acides naphtoiques a et [3 C'H'CO^H.
De même que pour l'acide beQzoïque, j'ai fait passer sur la tliorine chauffée vers
43o°-45o°, ces divers acides, soil seuls, soit mêlés à des acides gras. Ces derniers
mélanges sont généralement liquides à la température ordinaire, ce qui facilite les
opérations.
Le dédoublement catalytique est tout aussi aisé et aussi complet qu'avec l'acide
henzoïque. J'ai pu préparer de la sorte une trentaine de cétones aromatiques mixtes
dont je me réserve de donner, dans des Communications ultérieures, les constantes
physiques et les combinaisons caractéristiques. Parmi ces cétones, plusieurs n'ont pas
été décrites, et pour quelques-unes des cétones déjà connues, les constantes varient
selon les auteurs, ce qui s'explique par hi difficulté qu'on avait jusqu'ici à préparer ces
cétones et à les obtenir pures.
Une différence assez remarquable que j'ai rencontrée dans le cours de ces
recherches, c'est celle qui existe, au point de vue catalytique, entre les
acides où le groupe carboxyle est uni directement au noyau aromatique, et
les acides oiice carboxyle se relie au noyau par l'intermédiaire d'une chaîne
forménique.
Dans le premier cas, la cétone symétrique ne se forme pas. C'est ainsi
que l'acide benzoïque passant en vapeurs sur la ihorine ne fournit pas de
benzophénone, et celle-ci ne se retrouve pas non plus avec les cétones
mixtes provenant du mélange de l'acide benzoïque avec un acide gras (').
De même, il ne se produit pas de dicrésylcétone avec les acides toluiques,
ni de dinaphtylcétone avec les acides naphtoiques.
Dans le second cas, au contraire, la cétone symétrique se forme toujours.
L'acide phénvlacétique, par exemple, mêlé aux acides forméniques, donne
avec la thorine, en même temps que les cétones mixtes, une certaine pro-
portion de dibenzyicétone qu'il est facile de préparer à l'état de pureté par
la catalyse de l'acide phénylacétique seul. De même, l'acide phényl-3-pro-
panoïque catalysé seul fournil la cétone symétrique
C«H=>— ClI^— CIP— CO — CH--CH2— C''H^
la diphényt-i .^-pentanone-'i , laquelle se rencontre, en plus ou moins grande
quantité, dans les cétones mixtes provenant du mélange de l'acide phényl-3-
propanoïque avec les acides gras.
(') Comptes rendus, lo janvier 1910, p. iii.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 7o5
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la Stabilité des ^-céloaldéhydes. Note
de M. F. Couturier, présentée par M. A. Haller.
J'ai montré dans une Note précédente (Comptes rendus, t. CLX, p. 1695)
quelles paraissaient être les conditions de stabilité des cétoaldéliydes de
forme R — CO — CH = CHOH, obtenues au moyen de cétones saturées
à chaîne arborescente, et leur stabilité s'est montrée d'autant plus grande
que le groupement hydrocarboné de substitution se trouve plus rapproché
de la fonction cétonique. Je me propose, dans cette Note, de confirmer, par
un exemple nouveau, cette manière de voir, et d'étudier les produits de
condensation obtenus avec des cétones non saturées.
1° Dans la série des cétones saturées, la méthylheptanone
GH'— CH — CH^ — CH^— CtP-CO — GH^
GIP
a été condensée avec Féther formique au moyen du sodium métallique,
d'après la méthode que j'ai employée précédemment.
Le sel de cuivre (C'H"'0*)-Cu du mèlhyloctanonal ainsi obtenu se
présente sous la forme de cristaux bleus solubles dans l'éther, et fusibles
à 112°. Sa décomposition par l'acide sulfurique étendu à 10 pour 100 donne
un liquide assez fluide, fortement coloré, mais qui ne peut distiller sans
décomposition, même dans le vide. L'analyse de son sel de cuivre a pu
seule donner des résultats rigoureux. Cette cétoaldéhyde manifeste donc
une stabilité moindre que celles déjà décrites, et il faut en chercher la
cause dans la position de la substitution méthylée, qui se trouve à une dis-
tance de la fonction cétonique assez grande pour que la cétoaldéhyde se
comporte comme ayant une chaîne linéaire.
2° Les cétones non saturées de forme 11 — CO — CH', dans lesquelles le
radical hydrocarboné R présente un groupement éthylénique, se compor-
tent en général, dans la condensation avec l'éther formique, de façon à
donner des cétoaldéhydes instables, formant des sels de cuivre bien cristal-
lisés, mais d'où la cétoaldéhyde ne peut pas être isolée sans décomposition.
Ces condensations se font du reste, généralement, avec une assez grande
difficulté, et les rendements obtenus sont souvent faibles.
7o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai ainsi réalisé les condensations suivantes :
CH'X
hopropylidènecéloaldéhyde pC = CH — GO — CH = CH OH. — Celle célo-
aldéhyde a élé préparée par condensation de l'oxyde de mésilyle avec Télher for-
miqiie. Son sel de cuivre, oblenu par addilion d'acélate neutre de cuivre à 45°) est
d'abord traité par l'élher de pétrole à froid qui dissout les goudrons formés abondam-
ment à côlé du produit principal, puis par l'éther à chaud qui laisse déposer des
cristaux noirs très purs, fondant à i34°. Ce sel de cuivre étant peu soluble dans
l'éther, il est nécessaire de faire plusieurs épuisements à chaml pour le séparer de
l'acétale de cuivre auquel il était mélangé.
Avec aSs d'oxyde de mésilyle, on obtient 5oS environ de sel de cuivre pur, soit un
rendement de 52 pour loo.
La décomposition du sel de cuivre par l'acide sulfurique à lo pour loo donne un
liquide se décomposant en grande partie par la distillation dans le vide. Le sel de
cuivre seul a pu être analvsé.
Normalbiuylènecéloaldéhyde CH*i= CH - GH^— GH=— CO - CH = GH OH pré-
parée par condensation de l'alhylacétone avec l'éther formique. Le sel de cuivre de
cette céloaldéhyde est bleu pâle, peu soluble dans l'éther, assez soluble dans l'alcool à
chaud, d'où l'on relire par refroidissement de petits cristaux bleus, fondant à i36°.
La décomposition du sel de cuivre par SO*H^ à lo pour loo a permis d'isoler un
liquide bouillant à 58° sous iS"", mais subissant néanmoins une légère décomposition
à la distillation. Sa stabilité paraît toutefois supérieure à celle du produit dérivé de
l'oxyde de mésityle.
CHK
hhsornéthylhepténone „ ^GH — GH'^ — CH = CH — GO — GH^ n'a donné avec
l'éther formique aucun produit de condensation. La méthylheplénone synthétique
donne, au contraire, une cétoaldéhyde stable, ainsi que l'a montré M. Léser, et
il est probable que cette diflerence de résultat est due à la position de la liaison
éthylénique dans les 2™°'.
De ces réactions on peut tirer les conclusions suivantes :
La présence de la liaison éthylénique dans une cétoaldéhyde de la forme
indiquée ci-dessus donne de Tinstabilité au produit; en etîet Visopropyli-
dènecétoaldéhyde correspond exactement, comme condensation en carbone
à Visovalérylaldéhyde ; la première, à fonction éthylénique, n'est pas stable,
alors que la seconde, à chaîne saturée, peut distiller dans le vide sans
décomposition.
En second lieu l'instabilité paraît d'autant plus grande que la fonction
éthylénique est plus rapprochée du groupement cétonique, ainsi que le
montrent les propriétés comparées de l'isopropylidènecétoaldéhyde et de
la butylènccéloaldéhyde.
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. 707
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle méthode de synthèse des célones non
saturées. I\ote de M. G. Darzexs, présentée par M. A. Haller.
J'ai entrepris, il y a quelque temps, des recherches afin d'examiner si la
méthode de synthèse au chlorure d'aluminium de Friedel et Crafts, était
applicable aux carbures hydroaromatiques. Je me suis tout d'abord adressé
à l'action des chlorures d'acides, et j'ai tenté de préparer l'hexahydroacé-
lophénone par l'action du chlorure d'acétyle sur l'hexahydrobenzène.
L'expérience n'a pas confirmé ces espérances, car en traitant un mélange
équimoléculaire d'hexahydrobenzène et de chlorure d'acétyle par une
molécule de AlCP, il ne se produit aucune réaction à froid; en élevant la
température, on n'obtient que les produits de la réaction de Al Cl' sur
CH'COCI, l'hydrocarbure restant intact.
J'ai alors tenté cette généralisation sur le tétrahydrobenzène qui est un
carbure cyclique hexagonal présentant une double liaison comparable à l'une
des trois doubles liaisons qui existent dans la benzine. L'expérience a
entièrement confirmé mon induction, mais cette réaction présente un carac-
tère bien différent de celle de Friedel et Crafts. Elle constitue une nouvelle
réaction de synthèse plus générale que celle de ces deux savants qui n'en
est qu'un cas particulier.
Lorsqu'on ajoute lentement i338 de chlorure d'aluminium en poudre fine dans un
mélange bien refroidi au-dessous de 0°, de 788 de chlorure d'acétyle, de 8'28 de tétra-
hydrobenzène et de 600B de CS-, le premier terme de la réaction est un simple produit
d'addition de chlorure d'acide sur le carbure
CH CHC!
CH^j^^CH^ CH^^ \c\{ - CO - CIl^
-hCI — G0-CI1^ =
CH=I Ici! CH^I ICH^
CH'' CH-
Gette cétone chlorée donne ensuite avec Al CP une combinaison complexe assez
stable, ayant l'aspect d'une huile brune insoluble dans CS".
En reprenant le produit par l'eau glacée, cette combinaison se scinde et met en
liberté la cétone chlorée qui ne tarde pas à se décomposer elle-même partiellement en
se polymérisant, surtout si l'on cherche à l'isoler par dislillation. En la traitant au con-
traire de suite par une base tertiaire, comme la diethylaniline, elle se dédouble nette-
^o8 ACADÉMIE DES SCIENCES,
menl en H Cl el létrahydroacétophénone
Cl
-CO — CH'
= HCI
i^^-CO — CH' j^^-CO — CH3.
liquide incolore à odeur forte d'acétophénone el d'acélale d'amyle. Elle bout à 201°-
202°; sa semi-carbazone fond à 220°, son oxime à 99°.
M. Wallah ('), en soumettant le cyclohexène-élhane, de formule
/ \=CH — CH%
à l'action du chlorure de nitrosyle, a obtenu un nitrosochlorure qui, traité
par l'acétate de soude, a donné une oxime; cette oxime, saponifiée par
Facide sulfurique dilué, a fourni une tétrahydroacétophénone identique à
celle que je viens de préparer.
Cette identité établit sans doute possible la position de la double liaison.
Je ferai remarquer que, malgré les bons rendements indiqués par
M. Wallah, la méthode de préparation que je viens de donner est préfé-
rable à cause de sa simplicité ; elle donne, d'ailleurs, en une seu^e opération,
5o^ de cétone pure.
En présence de ce résultat, j'ai été amené à penser que la réaction de
condensation que je venais de découvrir ne dépendait pas de la forme
cyclique de la molécule, mais uniquement de la double liaison éthylénique.
J'ai alors entrepris une série d'expériences sur d'autres carbures éthylé-
niques, tant dans la série grasse que dans la série hydroaromatique.
J"ai constaté que, dans tous les cas, il y avait fixation du chlorure d'acide
pour donner naissance à une cétone chlorée, qui, à son tour, perd H Cl sous
l'action d'une base tertiaire, pour donner naissance à une cétone non saturée.
Il en résulte donc une méthode très générale pour la préparation de ces
corps.
Des idées théoriques que j'exposerai plus tard m'ont amené à supposer
que le chlorure d'aluminium n'était pas le seul chlorure capable d'entraîner
ces condensations. J'ai donc entrepris des recherches en ce sens, et j'ai été
amené à trouver qu'il s'agissait d'une propriété très générale des chlorures
anhydres.
(') Jl'STIN, lAebig's Annalen der Cheinie, i. CCCLX, p. ^<3.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 709
Les chlorures de soufre, de cuivre, de mercure, le chlorure stanneux,
sont sans action; parmi les éléments trialomiques, le chlorure de bore,
le chlorure ferrique, le trichlorure d'antimoine, déterminent la réaction,
mais avec de moins bons rendements que AlCI'. Pour les éléments télra-
lomiques, le chlorure de silicium est sans action, le tétrachlorure de titane
donne de bons rendements, le tétrachlorure d'étain donne une condensation
tellement nette qu'il paraît plus avantageux que AlCP, et j'ai été ainsi
amené à la préparation suivante de la tétrahydroacétophénone :
Dans une solution bien refroidie, de aSo» de SnCI* et 600? de CS^ on verse len-
tement un mélange de 78^,5 de chlorure d'acétyle, et de 82s de tétrahjdrobenzène. Ce
liquide ne tarde pas à se colorer en rouge foncé, puis il se dépose une huile qui occupe
bientôt près de la moitié du mélange. Pendant celle condensation, il ne se dégage pas
de HCI. Au bout de quelques heures, on reprend le produit par l'eau, et il se
décolore par suite de la décomposition du complexe stannique coloré. Après lavages
convenables de la solution sulfocarbonique, on ajoute une molécule-gramme de
diéthylaniline, on chasse le sulfure, et l'on chauffe pendant quelques heures à 180°.
Le produit de la réaction est ensuite lavé à l'eau acidulée, séché sui' SO'Na- et
rectifié.
On obtient ainsi environ 608 de célone pure, soit un rendement de 5o pour 100.
Cette méthode générale de synthèse des cétones non saturées me paraît
avoir un grand intérêt. Les carbures élhyléniques sont, en effet, des ma-
tières premières faciles à se procurer.
D'autre part, les cétones non saturées se prêtent à un grand nombre
d'autres réactions de synthèse.
Nous devons rappeler que M. KondakolT( '), en condensant le chlorure
d'acétyle sur l'isobutylène et le triméthyléthylène, en présence de ZnCJ-,
a déjà observé une addition du genre de celle que nous venons d'étudier,
et a obtenu l'oxyde de mésityle, et son homologue monomélhylé.
D'autre part, M. Blanc (-), en traitant l'isolauronolène par le chlorure
d'acétyle en présence de Al CI', a réussi à préparer la cétone correspon-
dante. Les rendements étaient médiocres, sans doute à cause du mode opé-
ratoire. M. Blanc n'a, pas expliqué cette réaction par fixation du chlorure
d'acide sur la double liaison, 'mais l'a considéré comme une application de
la méthode de Friedel et Crafts.
Ces deux travaux ne font que confirmer la généralité de ma réaction dont
ils sont des cas particuliers.
(') BuUelin de la Société chiniôjue, 3" série, t. VII, p. 5-6.
(-) IbicL, t. XIX, p. 699.
7IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il me semble également que la réaction de Friedel et Crafts peut s'ex-
pliquer en admettant la formation des mêmes produits d'addition chlorés
qui, dans la série aromatique, se décomposent spontanément par une simple
élévation de température.
Une suite de longues recherches entreprises avec la collaboration de
M. Rost, m'ont permis de préparer à l'aide de cette réaction un grand nombre
de cétones nouvelles, tant dans la série grasse que dans la série hydroaro-
matique.
Nous avons également réussi à condenser des halogénures alcooliques
sur un certain nombre de corps à fonction éthylénique.
Nous demandons qu'on veuille nous accorder le temps nécessaire pour
parfaire cette découverte.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Su?' la coagulation de la matière amylacée
par congélation. Note de M. (i. Malfitano et M"' A. Mosciikoff,
présentée par M. L. Maquenne.
Si l'on congèle en un glaçon compact une solution colloïdale de fécule
de pomme de terre, après fusion, la plus grande partie de la matière amy-
lacée forme un coagulum filamenteux au sein d'un liquide parfaitement
limpide, qui se colore en bleu par l'iode.
En opérant avec des liqueurs qui ne contiennent pas plus de 20s par litre et qui,
ayant été suffisamment chauffées, sont devenues très stables et tout à fait homogènes
à la lumière, la séparation est on ne peut plus nette. Dans le liquide retiré par cen-
trifugation ou par filtration, on trouve aux dosages une faible proportion de la
matière amylacée, et presque en entier les cendres, apportées avec la fécule.
Le coagulum, séparé du liquide et divisé de nouveau par chauffage dans de l'eau
très pure, donne une liqueur où, après congélation, pres{|ue toute la matière amy-
lacée est coagulée, et le liquide n'en contient que des traces accompagnées des matières
minérales dont la quantité est nécessairement très faible.
En repétant ces manipulations, on élimine de plus en plus les matières minérales,
et la matière amylacée ne forme alors que des solutions colloïdales fort hétérogènes,
même à chaud, et qui donnent un sédiment en se refroidissant. Dans ce cas, après
congélation, le liquide ne contient presque rien, et ne donne avec l'iode qu'une très
légère coloration rose.
Il n'y a qu'à ajouter alors des électrolyte» quelconques pour voir que la quantité île
matière, qui après congélation reste en solution colloïdale, dépend étroitement de la
nature et de la teneur des électrolytes présents.
SÉANCE DU 14 MARS 19IO. 7II
Comme il lallail s'y attendre, ladclition de petites doses d'acides forts et
de Ijases fait réapparaître dans le liquide la réaction bleue avec l'iode. A des
doses plus grandes, qui sont d'ailleurs variables avec la teneur en fécule, et
selon la température à laquelle le mélange a été exposé, rien ne sépare plus
par la congélation.
Les électrolytes moins forts, et parmi eux les sels neutres aussi, agissent
plus faiblement, mais dans le même sens.
Le fait de la coagulation de l'amidon par congélation avait été découvert
par ^ ogler ( '), nous l'avons retrouvé en répétant les expériences de M^L Ma-
quenne et Roux sur la rétrogradation dans les empois, qui n'est en somme
qu'une séparation analogue.
Les faits que nous apportons concernant la distribution des matières orga-
niques et des électrolytes entre le coagulum et la solution colloïdale montrent
que la congélation de ces liqueurs diluées est le procédé de choix pour puri-
fier la matière amylacée ("); les manipulations, en effet, peuvent être ainsi
menées comme lorsqu'on opère par cristallisation.
Ce procédé présente de plus un grand intérêt au point de vue théorique,
car il permet de démontrer ce que l'un de nous avait déjà avancé ('), à savoir
qu'on doit considérer la matière amylacée comme un corps insoluble, qui
forme des solutions colloïdales en s'associant avec des électrolytes.
Tout se passe comme si la fécule se divisait pendant le chaufl'age grâce à
la dissociation des électrolytes présents, voire même de l'eau ; ensuite,
lorsque la température baisse, l'ionisation diminue ; ce sont alors les micelles
qui gardent la charge électrique qui peuvent se maintenir dispersées dans le
liquide d'une manière stable et réversible ; les micelles qui' sont revenues à
létat électriquement neutre devraient se déposer, mais elles y mettraient un
temps d'autant plus long qu'elles sont plus petites, et que le liquide est-plus
visqueux; pendant la formation de la glace, ces micelles inertes étant com-
primées et collées les unes aux autres formeraient des coagulums qui ne se
diviseraient plus après fusion.
(') Wagneu, Die Stârkefabricalion. Braiinscliwei'g, 1886.
(^) J'entends par matière amylacée pure la matière organique de composition
C^IfO', que nous savons depuis les belles reclierclies de M. Miiquenne se transformer
intégralement en maltose.
C ) Malfitano. Les matières amylacées étudiées à l'aide de nos connaissances sur
l'étal colloïdal {Comptes rendus, 3 sept. 1906).
C. R., 1910, 1' Semestre. (T. 150, N° 11.) 9^
712 ACADEMIE UES SCIENCES.
BOTANIQUE. — liecherches sur t'injluence spècijique réciproque, du sujet
et du greffon chez la Vigne. ÎSolc de M. L. Kavaz, présentée par
M. Prillieux.
La recoiislilulioii du vignoble par le grelï'age met de plus en plus en évi-
dence ce fait important : que les vignes grelTées donnent les mêmes produits
que les vignes non gretlées. Les particularilés indiquées, notamment par
M. Daniel, comme étant la conséquence de la greiï'e, se retrouvent aussi
fréquemment chez les vignes franclies de pied. Elles sont le plus ordinaire-
ment sous la dépend.ance des pratiques culturales, et l'expérimentateur ou
le vigneron peut les produire à volonté : telles les modilications dans
Tallure de la végétation, dans la couleur et la nervation des feuilles, dans
la structure anatomiquc, la couleur, la grosseur et la saveur du raisin et de
ses grains; dans la composition chimique et la tjualité du vin.
.Lai tenu cependant à m'assurer si, en plaçant greffon et sujet dans les
meilleures conditionspourqu'ilspuissent réagir l'un sur l'autre, on n'obtien-
drait pas des modifications imporlanlcs et durables.
A cette fui, j'ai greflé :
1" t'ii cépage à saveur foxée (le Conconl) sur un céj)ai;e à saMuir iieulre (Aiamoii ).
puis j'ai enlevé, dès leur apparilioii,les feuilles du sujet, ainsi que les grappes du grell'on.
Les raisins du sujet ont été ainsi evclusivement alimentés ])ar les feuilles du grell'on.
L'expérience dure depuis - ans; et chaque année les fruits de l'Aranion sujet sont
identiques à ceux de TAramon franc de pied dans la forme, la couleur et la saveur.
La saveur fojsée du greffon n'est point passée dans le sujet.
2° Des variétés à raisins blancs : Melon, Chardonnay. sur des variétés de ganiay à
raisins tx'ès colorés : Teinturiers: et comme dans l'expérience précédente, les raisins
teinturiers sujets ont été exclusivement alimentés pai- les feuilles des variétés gretl'ons
à fruits blancs. Ici encore, chaque année, bien que les feuilles des greffons ne pro-
duisent pas de matière colorante, les raisins sujets se sont colorés et ont /iris les
caractères des teinturiers.
11 me parait difficile de réaliser des conditions plus favorables à la mani-
festation de Finnucnce :ç/;eq//(y«e réciproque du sujet et du greffon; et cepen-
dant les résultats que je viens d'indiquer ne la mettent point en évidence.
Ces expériences ont une autre portée. On admet encore généralement
(jue la matière colorante et les parfums prennent naissance dans les feuilles
d'où ils passent dans le fruit. 11 n'en est rien : le fruit, quelle que soit la
nature des feuilles qui le nourrissent, élabore lui-même la manière colorante
et les parfums cpi'il reiifei nie.
Sl-AN'CE DU I 'i MAliS I()IO. 7l3
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur le devetoppcnienl d'une plante bulbeuse : vaiialiuns
des poids de i azote et des matières minérales. Note de M. (j. Axnufi,
présentée par M. Armand Ciaulior.
Dans une Note récente (Comptes rendus, t. 150, p. 54 ))> j'''i montré
quelles étaient les variations du poids de la matière sèche, tant de la partie
souterraine que de la partie aérienne d'une plante bulbeuse (oignon
commun) au cours de l'évolution de laquelle le bulbe augmentait de poids.
Je donne dans la présente Note quelques indications complémentaires à ce
sujet et je me propose de suivre les variations de poids des éléments miné-
raux en particulier, ainsi que celles de l'azote total. ^ oici le Tableau des
expériences; j'y désigne par P. A. la partie aérienne de la plante, par P. S.
la pai'tie souterraine.
0,970,") o,î>94o 4i'6i5
6,8145 1,1670 I 5, 0490
2,5370 0,4335 4' 4750
i4,i''.oi 2,4o85 28,4910
5,84oo o,8535 11,1072
3" prise, -26 juil. ( P. A. 965,0956 98,8944 35,3392 i6,8i25 i4,7983 2,7784 3i,93o5
(lloraison). \ P. S. 529,8040 4G,446o 13,0717 "0,0778 6,7439 i,i4o9 i5,3264
4>prise, 3sepiem. ( P. A. 885.9678 108,8033 36,3547 i7,9f47 i7>i496 2,4883 35,i386
(friiclificalion). ( P. S. 473,2688 44,1913 13,8008 10,0887 6,7644 1,1896 i4,9033
I. On voit qu'tà la première prise d'échantillon (li; mai 1909), il y a dimi-
nution du poids absolu de la matière sèche des organes souterrains ^voir le
Tableau de ma Note précédente), comme si une certaine quantité des réserves
organiques de l'oignon s'était dirigée vers la partie aérienne de la plante ou
avait disparu partiellement par combustion respiratoire. Le poids de la
matière organique seule des oignons primitifs (i36'',98i2) s'est abaissé à
iioSjOTio, soit une diminution de 19,63 pour 100, alors que la matière
minérale, au contraire, passe de lo^, ro^H dans les oignons initiaux à
17*5,429. Mais cette dernière augmentation ne porte que sur la chaux, la
magnésie, la silice et très peu sur la potasse : l'acide phosphorique et l'azote
ayant diminué dans des proportions sensibles, l'azote de 39,6 pour 100 du
taux initial, l'acide phosphorique de 17,9.
Ii3ri< 1011 oignons
MaliiiesiVliL-
nu (l;iiis IIIO planlcs
moins
Cienilr.s
Azole
Sri-lics à 11(1".
les cendres
lolnlcs.
InUll.
POMI'.
iC(al iiiilial.
i3 avril, 100 oignons. .
1 36 , 98 I 3
10, io48
3!''833o
2"499'''
. i P. A.
i'" prise, 37 mai. j „
271,7690
1 10,0710
40,7310
17,4390
1 1 ,6100
3 , 3070
5,1110
a,o535
, . . \ P. A.
2'^ prise, 34 ,l«in • ] t) c
777,2023
441 ,2711
83,6777
33 , 4689
33,83i7
8,4473
)3,823I
7 15938
7l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(a^LIo première période est une période ger/mna(i\'e, car les organes
aérions hénélicient d'une certaine (piantilé des éléments organiques et nii-
néi'aux que renfermaient les organes souterrains. Si, pendant celte pre-
mière période, la portion aérienne de la plante s'est accrue parliellemenl
aux dépens de la portion souterraine, elle a néanmoins emprunté la majeure
partie de ses éléments organiques et minéraux à l'atmosphère et au sol. En
eiïet, la matière sèche de cette portion aérienne, cendres déduites, a doublé
de poids (i3G'^,98i2 chez les oignons initiaux, 27 1''', 7690 chez la partie
aérienne au 27 mai). Dans cette augmentation de poids, on ne peut estimer
exactement la quantité de matière que les organes aériens ont empruntée aux
organes souterrains dont le poids a diminué, comme je l'ai dit plus haut,
de 19,63 pour 100, car la respiration a fait disparaître, dans une mesure
impossible à définir, une partie de la matière organique.
( hielle est la part qui revient à l'azote dans l'accroissement du poids de
la partie aérienne? Sur les 11*^,6100 d'azote qu'elle contient, un poids de
i'', 5i55 provient de la partie souterraine (3s,823o — 2^,8075), soit donc
i3 pour loo seulement; le reste lui a été fourni par le sol. L'acide phospho-
rique cédé par les organes souterrains à la partie aérienne s'élève à
2*^,4995 — 26,0025 ^ os,44;0. Cette partie aérienne, contenant 5^,11 10
d'<icide phosphoricjue, n'a donc soustrait à la partie souterraine que
<S,7 pour 100 de sou acide phosphorique, le reste vient du sol.
II. Au delà de celte première période, la plante fonctionne comme une
plante ordinaire. L'augmentation du poids porte sur tous les éléments à la
fois et le système aérien envoie aux bulbes des quantités croissantes, tant
de matières minérales que de matières organicjues. Il existe dans la partie
souterraine un rapport sensiblement constant entre l'emmagasinement de
l'azote et celui de l'acide phosphorique d'une part, de la chaux et de la
magnésie d'autre part.
Si, en elFel, on divise d'un cùlé le poids d'azote conleou dans 100 bulbes par 28,
poids moléculaire de Tazole et de l'autre le poids d'acide phosphorique contenu
dans 100 bulbes par 98, poids moléculaire de cet acide, et si l'on prend ensuite le
rapport des deuv nombres ainsi obtenus, on trouve successivement, aux quatre
périodes d'observation, les chiflfres suivants : ^,1; 3,9; 4,2; 4i4- Ces chiflVes, peu
éloignés les uns des autres, montrent, une fois de plus, la corrélation intime qui existe
entre l'azote et le phosphore dans la genèse des éléments nucléiques et des phos-
phatides.
Qu'on divise maintenant le poids de la chaux contenu dans 100 bulbes par 56, poids
Mioli'culaiie de la riiaux, et le poids de magnésie contenu de même dans 100 bulbes
SÉANCE UU I^j MARS IQIO. 7l5
par /(O, poids moléculaire de la magnésie, et qu'on prenne le rapport des deux nombres
ainsi obtenus, on trouve, auv quatre périodes d'observation, les chiffres suivants : 4 i ' j
4,9", 4)2 ; 4,1. Or, les proporlions respectives de cliau\ et de magnésie contenues dans
le sol ont, vis-à-vis de la végétation, une influence notable, d'après les travaux, de Lœw
et de ses élèves. On peut donc s'attendre à rencontrer chez la plante une relation du
même ordre, au moins dans certains cas.
III. On voit donc, en résumé, dans le cas pai^ticulier de migration que
j'ai étudié, le bulbe initial concourir faiblement à la nutrition minérale et
organique de la partie aérienne de la plante. A l'époque du premier prélè-
vement (27 mai), l'azote et l'acide pliosphorique ont partiellement émigré
du bulbe vers la partie aérienne. Il est certain que si ce premier prélèvement
avait été effectué à une date plus rapprochée de celle de la plantation, on
aurait vraisemblablement constaté des pertes d'azote et d'acide pliosphorique
plus grandes du côté des bulbes. Le 27 mai, ces pertes étaient déjà
compensées en partie par un gain de matière venant du sol. Au delà de
cette première période, on assiste à un accroissement régulier de tous les
éléments salins, tant dans les organes aériens que dans les organes souterrains
de la plante. Ces derniers reçoivent directement du sol les matières miné-
rales, mais celles-ci montent en grande partie d'abord dans les organes
aériens où elles subissent une élaboration, puis redescendent dans le bulbe.
Cependant, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer, ce mouvement de migra-
tion de haut en bas cesse à peu près complètement pour tous les éléments
fixes, ainsi que pour l'azote, sitôt après la lloraison. A ce moment de l'évo-
lution du végétal, le mouvement principal de migration emporte vers les
graines les éléments minéraux et organiques maintenus en réserve dans la
tige : aussi la nutrition du bulbe s'arrète-t-elle complètement. Dans le cas
actuel, cette augmentation continue delà matière minérale dans les bulbes
d'oignon différencie la végétation de cette plante de celle de la carotte porte-
graine chez laquelle M. N.-T. Déléano (') a observé le fait curieux suivant:
les sels minéraux venant du sol traversent la racine sans en changer la con-
centration saline; cette racine, dans la deuxième période de la végétation,
ne semble servir que de régulateur.
Je me réserve de revenir sur la question de la nutrition des bulbes et
d'examiner, entre autres choses, la transformation des matières ternaires au
cours de leur évolution.
(' ) L'nû-ersilé de Genève : Institut botanique, 8" série, fasc. II,
-l6 ACADKMIE DES SCIENCES.
CHIMIE AGniCOr.E. — Dosage de la potasse assimilable dans les sols.
Note(') de M. Bn';i,ER-CHATEi.AN, présentée par M. Chauveau.
Comme de multiples expériences cullurales l'ont prouvé, les acides mi-
néraux, plus ou moins concentrés, employés couramment dans l'analvse
des terres, dissolvent des quantités de principes ferlilisants liors de propor-
tion avec les besoins réels des plantes. Ce procédé d'attaque n'est donc
guère susceptible de mesurer ce qui est assimilable. L'emploi d'acides très
dilués (azotique ou citrique) donne certainement de meilleures indica-
tions, néanmoins pas loujouis conformes aux résultats de l'expérience agri-
cole.
Etant donné que les racines puisent, sinon la totalilé, du moins la plus
grande partie de leur nourriture minérale dans les dissolutions très éten-
dues qui imprègnent le sol, comme M. Schlœsing fils l'a fort bien montré
pour des plantes de mais, il serait plus rationnel de considérer comme
assimilables, avant tout, les principes folubles dans l'eau et d'employer
celle-ci comme dissolvant. Nous avons voulu nous rendre compte jusqu'à
quel point ce mode d'exlraction, déjà employé en i85i par N'erdeil et
Hisler et préconisé depuis successivement par M. Scblo3sing fils et par
M. A. Mitsclierlicb (Konigsberg), est capable de renseigner pratiquement
sur les besoins du sol en tels ou tels principes fertilisants. A cet effet nous
avons analysé les terres d'un certain nombre de prairies naturelles, où la
Station agronomique fédérale de Lausanne (Suisse) avait expérimenté
l'action des engrais phospbatés et potassiques.
D'une part, nous y avons dosé la potasse soluble dans l'acide cblorby-
dri(|ue concentré froid après 'i^^ lieures de contact (procédé Petermann);
d'auUe part, la potasse soluble dans l'eau saturée de gaz carl)oni(pie aux
température et pression ordinaires, soit par agitation, soit par déplacement;
puis nous avons comparé les résultats de r,analyse avec les chiffres expri-
mant l'inlluence de l'engrais potassique sur les rendements en fourrage sec
à riieclare.
i" Procède par agilalion. — Lu poids de terre fine correspondant à So*^
de terre sèche était soumis à l'agitation continue dans "loo*^™' d'eau carbo-
nique pendant lo heures consécutives. Du liquitle filtré, on prélevait
4oo™' = 'il^^ de terre qu'on évaporait à sec dans une capsule de platine (la
(') l'i'ésenlée dans tn séance du - mais i()iii.
SÉANCE DU 1 '( MAHS 1910. 717
porcelaine (m le verre, cédant à leau des alcalis, doivent être proscrits).
Après calcination modérée, extraction par Tacide chlorhydrique, transfor-
mation des sulfates en chlorures et insolubilisation de la silice, le résidu sec
pouvait servir immédiatement au dosage de la potasse sous forme de noir
de platine (en réduisant le clioroplatinale par Facide formique).
•.i° Procédé par déplacement on lessivage continu. — Plus conforme à ce
qui se passe en réalité dans le sol en place après de fortes pluies. Un poids
de terre fine correspondant à loo** de terre sèche était tassé dans une allonge
maintenue verticale et bouchée au bas par un tampon de ouate bien pressée
faisant l'office de filtre. La terre était maintenue en place par un autre
tampon de ouate placé dessus, puis on y versait l'eau carbonique par petites
portions jusqu'à ce qu'on obtint, dans le flacon placé sous l'allonge, un
volume de solution claire égal à iiioo"" ( volume proportionnel à la quan-
tité d'eau tombée à Lausanne pendant la période de végétation amuielle).
Pour le dosage de la potasse, on prélevait Soo""' =^ 20" de terre, qu'on
évaporait et traitait comme ci-dessus.
Voici maintenant les résultats de l'analyse, comparés à l'inlluence pro-
duite par l'engrais potassique sur les rendements :
I. II.
Localilés. INalure du sol.
Hit'ie Argilo-siliceux liumiffic
l'alozieiiN Argileux
Val-d'Illiez Argileux
Ollon Vigilo-calcaire hiiniiCL'i c
Savigny Silico-argileux
liaulmes Aigilo-siiiceiix
Colloiiibey (').. Limoneux siiico-caldiiie
iNovalles Argilo-siliceux
Rarogne Limoneux luimifère
Allanian Ârgilo-calcaire
Longeville Argilo-siliceux
Serix Argilo-siliceux
(') Sol riche en uilcas potassiques (i5 à 20 pour 100).
('-) Les chilTres de la série VI, plus faibles que ceux de la série V, s'expliquent par
le fait que la teire, agitée dans Teau carbonique, forme en premier lieu ilu bicarbo-
Inllticiicr
l'oL.lsSC
—
l'uLassc
(le kl
S(,lllblc
l'olassc
solublc
pelasse .
ilaiis l'ucidi-
soliii)lc
eau cari).
sur les
clil..,l,v-
caii rarb..
agita-
.■iHlctiionls.
d.„|„e. .
Ii'|ilaceiiicnl.
li„n( = ).
iiuur u
Il, „u,,r liuo
[Hiur ilKlK
+ 3.',
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0,090
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H- 23
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0,112
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0,112
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- 3,6
1 .08
0, 290
0,24
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0,400
0,29
7l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(]oininc on pouvait s'y attendre, il n'y a guère de proportionnalité entre
les doses de jiotasse soluble H Cl et les chiflVes qui expriment l'efï'et de la
fumure potassique. Ainsi la terre de IJaulmes, où l'engrais potassique a
manifestement agi, se trouve être plus riche en potasse soluble H Cl
(i,i4 pour looo) que la terre de Longeville où son effet est négatif
(i ,08 pour 1000). En revanche les doses de potasse soluble dans Teau carbo-
ni([ue forment des séries croissantes, V et VI, sensiblement inverses de la
série décroissante 111. Autrement dit, plus la dose de potasse soluble dans
Feau augmente, moins l'effet de l'engrais potassique est sensible.
Au point de vue de l'exécution, c'est le procédé par agitation qui est le
plus expéditif. Sans être aussi précis que l'autre, il indiquerait néammoins
déjà suffisamment si une terre a besoin ou non d'engrais potassique. Le
procédé par déplacement, plus lent, est en revanche plus précis et surtout il
imite mieux celui de la nature.
De ces recherches, quant aux sols de prairies naturelles, il semble légi-
time de tirer les conclusions suivantes :
1" Mieux que les procédés d'attaque par les acides, concentrés ou dilués,
en moins de temps et avec moins de peine, l'extraction des terres par l'eau
carbonique donnerait une mesure de la potasse assimilable du sol sensible-
ment conforme aux données de l'expérience cullurale (' ).
2" Sauf cas exceptionnels ("), dans les terres de prairies naturelles qui
dosent moins de 0,1 5 pour 1000 K^O sol. eau carbonique par agitation ou
moins de 0,20 pour 1000 par déplacement, on peut s'attendre à un effet
sensible de l'engrais potassique répandu en plus de l'engrais phosphaté
nécessaire. Dans les terres plus riches, les fumures potassiques produiraient
peu d'effel, du moins tant qu'on n'épuise pas la réserve de potasse assimi-
lable par des fumures incomplètes.
'■\" Les terres plus ou moins calcaires livrent proportionnellemcnl un peu
moins de potasse à l'eau carbonique que les sols non calcaires.
4" Contrairement à une opinion courante, ce ne sont pas toujours les
nale de c1kui\ qui établit bieiilùl réqiiilil)ie de fatuialloii et contrarie ainsi la disso-
lution de la potasse. Il est bien entendu qu'il faut opérer une série d'extractions
successives pour épuiser le stock de potasse soluble, Nous nous bornons à une seule
pour des raisons pratiques.
(') Nous avons également obtenu ainsi des dosages d'acide plios|ilioi ique en liar-
inonie avec Fedet des engrais phosphatés.
(-) Terres riches en micas potassiques; terres fortement calcaires, sols placés dans
des conditions anormales d'aération et de drainage.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 71g
terres argileuses qui sont le mieux pourvues de potasse. Certaines terres
légères se montrent parfois plus riches. Ainsi les terres fortes de Palézieux,
Val-d'Illiez, Savigny et Baulmes se montrent reconnaissantes de la fumure
potassique qui, sur la terre légère de Rarogne, n'a produit aucun effet.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Étude expérimentale des coinhuslions inlra-
organiques chez les animaux respirant de l'air progressivement appauvri
en oxygène et des procédés de défense naturels de l'organisme contre
l anoxyhémie. Note de M. J. Tissor, présentée par M. A. Chauveau.
J'ai indiqué, dans des Notes antérieures, les résultats que j'ai obtenus en
étudiant les effets de la diminution de tension de l'oxygène de l'air sur l'or-
ganisme animal, à la pression barométrique normale. J'avais effectué mes
expériences en faisant respirer à des animaux des mélanges d'oxygène et
d'azote comprimés à iSo''^'"' et contenant 8 à 20,9 pour loo d'oxygène.
N'ayant pu me procurer ces mélanges avec une proportion d'oxygène con-
venable et inférieure à 8 pour 100, j'ai continué mes expériences en faisant
respirer trois fois de suite, à mes animaux, un mélange gazeux contenant au
début 7,9 pour 100 d'oxygène. Ce mélange en pénétrant pour la deuxième
fois dans le poumon ne contenait plus que 5,5 pour 100 environ d'oxygène,
et la troisième fois 4 pour 100. L'acide carbonique exhalé qui s'accumule
dans le mélange n'apporte aucun trouble aux expériences, car les résultats
numériques qui suivent montrent que le sang artériel contient moins d'acide
carbonique qu'à l'état normal, grâce à l'effet habituel d'un accroissement
notable de la ventilation pulmonaire.
Dispositif expérimental. — Le mélange gazeux, à expérimenter et que Tanimal
inspire est enfermé dans un gazomètre à compensation automatique d'une extrême
sensibilité.
L'animal refoule ce mélange, à l'expiration, dans un deuxième gazomètre de même
capacité et également sensible. La pression de l'air soit à l'inspiration, soit à l'expira-
tion conserve la valeur qu'elle possède dans les conditions de la respiration normale.
Le passage des gaz du premier spiromètre dans le poumon et du poumon dans le
deuxième spiromètre s'eftectue par l'intermédiaire d'un système de soupapes inspira-
trice et expiratrice adapté à un masque ètanclie qui se fixe sur le museau de l'animal
et ne modifie pas les conditions normales de la respiration. La valeur des combustions
intraorganiques a été appréciée par une double analyse de l'air inspiré et de l'air
expiré avec mesure du débit respiratoire. Il a été fait chaque fois, au même instant, un
prélèvement pour une analvse des gaz du sang veineux et du sang artériel. Voici,
C. R., 1910, !«■ Semestre. (T. 150, N» 11.) 9^>
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comme exemple, les résultats obtenus dans une expérience effectuée sur un chien
(le aSi-o- :
Mesure de la valeur des combustions respiratoires.
Coiiiposilion l'ression Acide
du baro- Oxygène carbunique
mélange inhalé inéliiqiie Altitude Débit consommé exhalé
(pour 100). ("J. ('). respiratoire, par minute. par minute,
uim m I cm' cra"
.\ir ordinaire 760 o 4io8 129,4 'o3,9
Oxygène 7,9; azoïe 92 ,1 .. . 291 7(380 8,48 i58 174
Oxygène 5 , .19 ; azote 91 , 68 ;
acide carbonique 2 ,73 .. . 204 loSai '';77 '62 i3o
Oxygène 4j 1 1 ; azote 91 ,75;
acide carbonique 4i i4 •• • '49 i3o34 i5j95 121 117
Gaz contenus dans loo*^'"' de sang arlériid et de sang veineux.
_^ Mélange à
7,9 pour ion 5, .5!) pour 100 i.ll pour 100
Air ordinaire d'oxygène. d'oxygène. d'oxygène.
.Sang Sang Sang Sang Sang Sang Sang Sang
artériel, \eineux. artériel, veineux, arlériel. veineux, artériel, \eineux.
Volume total de
gaz 76,08 75, a5 58,76 59,55 56,58 55, 21 54, 11 54,65
,\cide carbonique. Sa, 11 56,56 45,22 5o,83 45,94 48,62 44)6o 48,90
Oxygène 21, 8r 16, 52 11, 85 7,11 8,65 4,58 7,72 3,95
Azote 2,16 2,17 1,69 1,61 >,99 2,01 ',79 1,80
Ces résultats permettent de tirer les conclusions suivantes :
1° Lorsque la proportion d'oxygène de l'air inspiré décroît jusqu'à 4
pour 100, la ventilation pulmonaire tend à compenser cette diminution par
un accroissement à peu près proportionnel du débit respiratoire. La pro-
portion d'oxygène contenu dans l'air inspiré étant 5 fois moindre (4 pour 100
au lieu de 20,9 pour 100) le débit respiratoire devient à peu près 5 fois
plus considérable (17',') par minute au lieu de 3',(), débit normal pour une
moyenne de deux e.vpériences).
2" Lorsque la proportion d'oxygène de l'air inspiré décroit jusqu'à j, "i
pour 100 la quantité totale d'oxygène consommée pai' l'organisme s'accroît
progressivement par suite d'une augmentation du travail physiologique et
notamment d'une augmentation du travail des muscles respiialoires. Dès
que la proportion d'oxygène décroît au delà de 5, > pour 100, la consoinma-
(') Altitude et pression barométrique pour lesquelles la tension de l'oxygène de l'air
atmosphérique est la même que clans les mélanges gazeux inhalés.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 72 1
lion d'oxyg'ènc cesse de croître, puis s'abaisse rapidement, les moyens de
défense naturels contre l'anoxyhémie devenant impuissants à combattre
l'insuffisance de l'apport d'oxygène aux tissus.
3° Le besoin supplémentaire d'oxygène, créé par l'augmentation du travail
pliysiologique, paraît être à peu près satisfait tan t que la proportion d'oxygène
de Fair inspiré ne s'abaisse pas au-dessous de 8 pour 100 à 9 pour 100 environ,
c'est-à-dire tant que la tension de ce gaz ne s'abaisse pas au-dessous de celle
qu'il possède à l'altitude de 7000™ ou 7 loo™. Si elle s'abaisse au-dessous de
cette valeur, l'accroissement du travail des muscles respiratoires n'est plus
accompagné d'un accroissement suffisant de la quantité totale d'oxygène
consommée. Donc, dès ce moment l'organisme est en déficit d'oxygène. Ce
déficit s'accroît progressivement; sa progression est très rapide dès que
la proportion d'oxygène de l'air inspiré tombe au-dessous de 5,5 pour roc
à 6 pour 100.
4° La comparaison des proportions des gaz contenues dans le sang veineux
et le sang artériel montre que le système circulatoire intervient pour com-
penser les elîets de la diminution de la proportion d'oxygène dans le sang-
artériel. L'écart entre les proportions d'oxygène du sang artériel et du sang
veineux qui est de 5™°, 6 pour 100"°' de sang, par exemple, à l'état normal,
diminue jusqu'à 3™', 8 à mesure que la proportion d'oxygène de l'air inspiré
décroît jusqu'à 4 pour 100. L'accroissement de la consommation totale
d'oxygène de l'organisme, à mesure (jue la proportion d'oxygène de l'air
diminue, démontre qu'il se produit une accélération corrélative de la circu-
lation du sang résultant très probablement et au moins en partie, d'une
augmentation du travail du cœur. Il y a donc là un deuxième moyen de
défense de l'organisme contre l'anoxyhémie, entraînant une augmentation
du travail physiologique et de la consommation d'oxygène.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Influence des glandes génitales
sur la glycogénie. Note de M. F. 3Iaigxo\, présentée par
M. A. Chauveau.
Dans des recherches antérieures, effectuées sur le chien, nous avons
montré que le glycogène musculaire subit des variations quantitatives
importantes aux différentes époques de l'année. Les courbes de cinq années
consécutives, donnant les variations mensuelles du glycogène dans les
muscles biceps fémoraux du chien, ont toutes la même allure générale : elles
^22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
présentent un premier maximum au printemps (mars), un second moins
important à Tautomne (novembre) et un minimum au moment des fortes
chaleurs (juillet, août).
Des recherches semblables effectuées en 1908 et 1909 sur des cobayes,
des pigeons et des carpes, nous ont donné des résultats analogues; chez tous
ces animaux, il se produit une poussée glycogénique importante au printemps.
Dans ces dernières expériences, nous avons établi des courbes de varia-
tions distinctes pour les mâles et les femelles, et constaté que\ chez le cobaye et
la carpe, les muscles des mâles sont constamment plus riches en glycogéne que
les muscles des femelles. L'écart existant s'accentue au moment des poussées
glycogéniques du printemps et de l'automne, les mâles paraissent donc plus
fortement influencés par les saisons que les femelles.
Dans des recherches plus récentes, nous nous sommes proposé d'étudier
le mécanisme de ces influences saisonnières. Il ne saurait être question dé
température, car des cobayes maintenus en hiver dans une couveuse à 25°
ou 3o°, pendant trois semaines, renfermaient dans leurs muscles autant de
glycogéne, si ce n'est plus, que les animaux témoins.
Nous avons vu précédemment que, chez le cobaye et la carpe, le sexe
influençait la glycogénie ; nous savons d'autre part que l'activité des glandes
génitales est très variable aux diverses époques de l'année, et il est à remar-
quer que c'est précisément au printemps, au moment de la suractivité de
ces glandes, que l'on observe la poussée glycogénique la plus importante, au
point que nous nous sommes demandé si l'influence des saisons sur la gly-
cogénie ne s'exercerait pas par l'intermédiaire des testicules et des ovaires.
Ainsi, nous avons été amené à étudier de plus près l'influence des glandes
génitales sur celte fonction.
Dans ces expériences, qui ont porté sur le cobaye, nous avons eu recours
à la castration et aux injections de suc testiculaire.
a. Effets de la castration. — Nous donnons ci-après les moyennes de
plusieurs expériences :
Glycogéne
contenu
clans 20e de muscle.
( Cobayes mâles non castrés i65
I. I Cobayes mâles castrés 142
( Cobayes femelles castrées i^a
Cobayes femelles non castrées 1 Sa
Cobayes femelles castrées i3o
11 résulte de ces expériences que la castration opérée sur des cohayes mâles
SÉANCE DU l4 MARS I910. 728
a pour effet d'abaisser, d'une manière très sensible, la teneur des muscles en
glycogêne, et de niveler ainsi l'écart existant entre les deux sexes. Chez les
femelles, le glycogène musculaire ne semble pas sensiblement influencé par
cette opération.
b. Effets des injections de suc testiculaire. — Ayant constaté les eff'ets de
la castration sur la glycogénie, nous nous sommes demandé quels seraient
ceux de l'opération inverse : l'injection de suc testiculaire.
Préparation du suc testiculaire. — Les deux testicules d'un cobaye, prélevés dans
des conditions aussi aseptiques que possible, sont découpés en menus fragments dans
10"^'"' de glj'cérine neutre stérilisée. Après 24 heures de contact on décante et l'on étend
d'un volume égal d'eau distillée stérilisée.
Injection. — Nous avons injecté, sous la peau de la face interne de chaque cuisse,
1*^"'' du mélange précédent. Ces injections étaient faites deux jours consécutifs vers S""
du matin et l'animal sacrifié pour le dosage, le deuxième jour vers a"".
Nous donnons, dans le Tableau suivant, les moyennes des diverses expé-
riences, portant chacune sur plusieurs animaux :
Glycogène contenu dans ao» de muscle.
III. IV. V. VI.
Cobayes mâles injectés aSô"» ai4"° 208°°» igô^s
Cobayes mâles témoins 207™s laS^s i87™s i65"e
VII. VIII.
Cobayes femelles injectées iSg™? 124°'^
Cobayes femelles témoins . .... i6i'"s i32™s
Il résulte de ces expériences que les injections de suc testiculaire déterminent
chez les cobayes mâles une augmentation notable du glycogène musculaire,
tandis que les femelles ne sont pas influencées.
La poussée glycogcnique consécutive aux injections est immédiate, elle
se fait sentir dès le lendemain, mais elle n'est pas persistante; chez des
cobayes tués 6 jours après la dernière injection, le glycogène musculaire
était déjà revenu à son taux normal, il n'existait plus de différence avec les
témoins.
Ces mêmes injections effectuées sur des cobayes mâles castrés, ne produisent
aucune modification du glycogène musculaire ; la poussée obtenue chez les
non castrés est donc le résultat d'une stimulation de l'activité testiculaire
produite par l'injection.
Il résulte de toutes ces expériences que les glandes génitales influencent
manifestement la glycogénie.
724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il faut nous demander maintenant, si les saisons n'influencent pas d'une
manière directe, la nutrition des tissus, en dehors de l'action qui s'exerce
par l'intermédiaire des glandes génitales. Dans ce but, nous avons recherché
si, chez les cobayes castrés, la glycogénie est soumise à des variations
saisonnières.
Le Tableau suivant nous donne les résultats de cette expérience :
Glycogène
contenu dans 20E de muscle.
Mâles non caslrés. Mâles castrés.
ing mg
Mars 1 59 128
Avril 1 54 121
Mai 189 173
Juin 166 i3i
Septembre ifiS I42
Nous voyons d'après ces résultats que les cobayes mâles castrés subissent
encore une poussée glycogénique importante au mois de mai.
Les saisons exercent donc sur la glycogénie une double influence : une
influence indirecte, par l'intermédiaire des glandes génitales, et une influence
directe sur la nutrition des tissus. Le mécanisme de cette dernière, encore
à déterminer, est probablement en rapport avec des phénomènes cosmiques
sur la nature desquels il serait intéressant d'être fixé.
PHYSIOLOGIE. — Contribution à l'élude de l'audition et de son développement
par les vibrations de la sirène à i^oyelles. Note de M. Ranjard, présentée
par M. Yves Delage.
L'emploi de la sirène à voyelles, inventée par M. Marage, ne constitue pas
seulement la méthode la plus rapide et la plus sûre pour développer l'au-
dition et mesurer l'acuité auditive, mais encore il permet, par l'analyse
même de ses résultats, de déterminer expérimentalement un certain nombre
de points de la physiologie du sens de l'ouïe.
Ma statistique personnelle, confirmant celle de M. Marage, doime une
proportion moyenne de 75 succès sur 100 malades traités. Si nous élimi-
nons a yjn'o/v' les 20 pour 100 d'échecs, c'est-à-dire les cas où le dévelop-
pement de l'audition est insuffisant pour être constaté pratiquement, nous
pourrons diviser les résultats positifs obtenus de la façon suivante :
1" Un certain nombre des >ourds traités avec succès (60 pour 100) acquièrent une
SÉANCE DU l4 MARS I910. 725
audilion normale bilatérale (38 pour 100) ou unilatérale (22 pour 100), c'est-à-dire une
audition sinon très fine, d\\ moins leur permettant de suivre sans effort une conver-
sation générale, une conférence, une pièce théâtrale, un concert. Quand leur infir-
mité date de quelques années et n'a pas été très prononcée, il est impossible, une fois
le résultat acquis, de deviner qu'ils ont été sourds. Mais lorsqu'il s'agit d'Iiypoacousie
très prononcée et ayant duré 10, 20 ans au plus, les individus traités, bien que n'étant
plus sourds, gardent l'habitude de l'être. Celte habitude se traduit par des troubles de
l'attention sous ses deux formes : il y a hypertrophie de l'attention spontanée mise en
éveil constamment par les sons que le malade n'entendait plus et dont il ne sait plus
évaluer et proportionner l'intensité et l'importance; c'est une sorte rfV'6/o«j.we/wen<
auditif parîoh gênant au début.
Il y a aussi atrophie de l'attention volontaire, le sourd ayant pris l'habitude de
faire abstraction des sons qu'il entend mal.
Ces troubles disparaissent peu à peu.
2° Certains sourds arrivent à entendre bien la parole sans entendre beaucoup
mieux qu'avant la musique et les bruits : pratiquement le résultat est très satisfaisant;
3° J'ai observé dans deux cas une amélioration de l'audition pour les voyelles sen-
lement, les consonnes ne pouvant être distinguées ;
4° 33 pour 100 de mes malades ont tiré un bénéfice pratique des exercices acous-
tiques sans arriver à la normale, certains ne conservant qu'une très légère dureté
d'ouïe;
5° J'ai observé 4 sourds qui sont parvenus à entendre bien la voix, la musique et
les bruits en tant que sons, sans comprendre le sens de la parole. Ces faits déjà décrits
par M. Marage (') sont le résultat d'une lésion du centre de la compréhension des
mots. Cette surdité peut être uni- ou bilatérale, reliquat méningitique ou témoin d'une
dégénérescence nerveuse à point de départ clique.
6° Enfin dans un cas de surdimutité congénitale, je n'ai pu développer que l'audition
pour les bruits, à l'exclusion des deux autres.
Conclusions. — I. Considéré dans son ensemble, le sens de Touie est
un phénomène physio-psycliologique qu'on peut diviser en plusieurs étapes
ou phases :
1° Le son est recueilli par le pavillon et le conduit auditif externe (appa-
reil collecteur).
1" La vibration sonore est transmise par le tympan, les osselets, la
fenêtre ovale, les milieux labyrinthiques, la membrane de Corti (appareil de
transmission mécanique) jusqu'aux
3" Cellules de Corti qui l'enregistrent en tant que modifications de
pression, et dont
4" L'impression est transmise par le nerf auditif (f/'a^^mmion nerveuse) aux
5" Centres de sensation du son. Ces centres sont multiples et il en existe
(') Comptes rendus, 22 février 1904, 6 et i3 novembre 1903.
726 ACADÉMIE DES SCIENCES.
probablement un pour chaque genre de son (voix, musique, bruit). Ce
fait n'a pu être révélé parl'anatomie normale ou pathologique, mais semble
prouvé par les observateurs précédents, qui confirment celles de M. Ma-
rage(').
6" Ces centres sont en connexion avec d'autres plus élevés qui président
à la compréhension de l'impression sonore reçue (perception auditive). Leur
fonction est condition et dépendance de phénomènes psychologiques purs :
attention, mémoire, etc.
II. Les vibrations de la sirène à voyelles ont une action accessoire sur
l'appareil de transmission mécanique (massage vibratoire). Elles ont une
action prépondérante sur la fonction des centres de la sensation auditive,
qu'elles développent en totalité ou en partie, cette action étant prédominante
sur l'audition correspondante (parole), ou sur l'audition la plus respectée
en cas de lésions centrales. Il est impossible de déterminer quant à présent
si cette action est le résultat de l'hypertrophie des cellules nerveuses
soumises à un travail exagéré et répété, ou à l'accroissement numérique de
ces éléments.
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Sur la radioactivité persistante de i organisme
résultant de l'injection intraveineuse d\in sel de radium insoluble et sur ses
applications. Note (-) de MM. H. Dominici, G. Petit et A. Jaboiv,
transmise par M. Bouchard.
Il résulte d'une Note du 18 mai 1908 {''), que le sulfate de radium, intro-
duit dans l'organisme des animaux ou de l'homme, se fixe dans les tissus et
y séjourne très longtemps, jusqu'à i an et demi et plus, d'après les consta-
tations récentes (^) qui sont venues élargir les premières conclusions.
MM. Jaboin et Beaudoin ont, d'autre part, étudié le mode d'élimination
du bromure de radium soluble, administré par la voie digestivc ("), qui
met 4 ou :") jours à disparaître.
(') Comptes rendus, 12 octobre 1908.
^') Transmise dans la séance du 7 mars 1910.
(') DoMi.Nici et Faurk-Beauliec, Comptes rendus, 18 mai 1908.
(') DoMiMCi et Faure-Beaui.iel', Société de Biologie, séance du 8 janvier 1910.
(°) .Iaboin et Beaudoin, Société de Pharmacie de Paris, séance du 29 juillet igt
Journal de Pharmacie et de Chimie, i'''" janvier 1909.
SÉANCE DU l4 MARS I910. 727
Pour conférer à l'organisme une radioactivité durable, il convient de
recourir de préférence, comme l'ont fait expérimentalement, chez le lapin,
Dominici et Faure-Beaulieu, à un sel de radium insoluble, et d'utiliser la
voie intraveineuse.
Nous nous sommes livrés à des expériences sur le cheval. Le 12 juil-
let 1909, nous avons injecté dans la veine jugulaire droite d'un cheval
âgé, en bon état, un milligramme (mille micro gramm,es) desulfate de radium
insoluble préparé par Jaboin en application du procédé de Dominici et
Faure-Beaulieu, et dilué dans environ aSo""' de sérum physiologique.
Cette injection, dans le sang, d'une dose relativement forte de radium a
été supportée sans inconvénient par le cheval, qui n'a manifesté aucun ma-
laise pendant et après l'expérience, ce qui est conforme à ce qu'on savait
de l'innocuité des injections intra-veineuses des sels de radium insolubles,
même à des doses relativement importantes. Bien plus, le radium semble
avoir exercé une influence favorable sur la nutrition et l'état général de ce
cheval, dont le poids s'est élevé du chifTre primitif de 38o''''' à 4 1 o'^'^'.
Les analyses successives de l'urine, recueillie avec un urinai spécial, ne
nous ont montré que des variations insignifiantes de la teneur en urée qui,
de 18''', 07 par litre au préalable s'est élevée à 2os,./( le 1 3 juillet, pour se
maintenir à un chiffre voisin les jours suivants.
Mais le problème le plus intéressant était celui concernant la radioactivité
des excréta, qui a été mesurée au moyen du quartz piézo-électrique de Curie.
L'émanation contenue dans l'urine, mesurée un jour après les prises, a donné res-
pectivement les résultats suivants :
'déc.
Datedes prises. . .
i3 juin.
i5 juin,
, 3 1 juin.
26 août
2 sept.
3 oct.
Milligr. minutes.
3,8
2 . T
',S
1,6
0,9
0,5
Ces chitiVes démontrent bien la présence d'émanation dans l'organisme, maïs il
fallait connaître la quantité de radium qui a pu s'éliminer.
Le premier litre de l'urine du i5 juillet a été scellé, puis ouvert le 25 janvier 1910;
l'émanation produite était si considérable qu'il a été impossible de la mesurer; le
29 janvier nous avons recueilli l'émanation produite en un quart d'heure par ce litre
d'urine, elle correspondait à un poids de i5H-ô,i5 de radium éliminé. L'émanation
contenue dans l'urine du 2 septembre, scellée le n novembre, a été mesurée le 26 jan-
vier; nous avons trouvé environ ol^s,o33 par litre, soit par jour J de microgramme de
radium éliminé. Le i='' décembre, de l'urine avait été encore recueillie; la recherche
du radium a été négative, même après i5 jours de présence dans un vase clos.
Sang. — Le lendemain de l'injection, le i3 juillet, il a été prélevé i litre et demi
de sang. Le sérum a été enfermé en vase clos; au bout de 7 jours, le 20 juillet, il a été
reconnu actif.
C. R., 1910, :•■ Semestre. (T. 150, N" 11.) 97
720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
\ oici quelques mesures d'émanation du sang prélevé à des dates diverses :
iJales Temps écoulé Milligrammes-
des prises de la prise miiiules
de sang. à la mesure. par lilre.
3o juillet 3 o,o5
2 septembre 4 o, lo
i" octobre 2 o,o6
Des difficultés de transport et de manipulation ont pu faire disparaître une partie de
Fémanatiou, de sorte que ces chiflfres ne peuvent être donnés que comme démonstra-
tion de la radioactivité du sang. Mais il importait surtout de voirai le sang conservait
encore sa radioactivité plusieurs mois après et, en ce cas, d'y déceler la présence du
radium.
Le 29 novembre, i demi-litre de sang a été prélevé; la mesure de l'émanation a
donné 24 heures après la saignée, au quartz de Curie, 5os en i5 secondes, soit
o,332 mg : minute par litre, correspondant à oi^s,28 par litre. Ce même sang, après
avoir été enfermé en vase clos, a été mesuré le 27 décembre: il a donné 5os en 16 se-
condes, cliilTre du même ordre de grandeur que le précédent. Le i4 janvier 1910, un e
nouvelle prise d'un litre de sang n'a pas fait constater de radioactivité au premier
examen, mais, 7 jours après, la mesure de l'émanation a donné .jok en 22 secondes,
correspondant à oW, 17 de radium.
Il résulte de ces expériences que l'injection de sel de radium insoluble a
été suivie d'une décharge relativement abondante, mais passagère, de ce
sel, après laquelle l'élimination est devenue remarquablement faible en
stiivant une progression décroissante, laissant une partie du sel fixée dans
l'organisme. La radioactivité de cet organisme n'est pas encore disparue
[ilus de 6 mois après l'injection. C'est la démonstration formelle de la
radioactivité persistante du sang, partant de l'organisme tout entier, con-
sécutive à l'injection intraveineuse de sulfate de radium insoluble.
Conclusion. — Une certaine quantité de sulfate de radium reste donc en
circulation dans l'organisme de l'animal ayant servi de sujet d'expérience.
Ce sel de radium en circulation dégage de l'émanation qui difl'use dans le
milieu sanguin et se laisse ti^insporter dans toute léconomie. A cette source
il convient d'ajouter l'éinanation qui naît des particules ii.xées dans les dilfé-
rents tissus, poumons, foie, etc., qui en sont autant de foyers producteurs.
Il est logique de supposer que cette diffusion prolongée d'émanation est
capable d'agir sur la constitution intime des tissus et d'en changer la phy-
siologie. Ces transformations semblent peu accusées chez l'animal normal,
mais elles sont susceptibles de modifier les tissus et liquides organiques,
notamment le sérum, au point de conférer aux premiers une résistance et
aux seconds des propriétés thérapeutiques spéciales.
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. 729
CHIMIE-PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Action des rayons ultraviolets sur les
microorganismes et sur différentes cellules. Etude microchimique. iSote
de M"" Cer.xovodeanu el M. Victor Henri, présentée par M. A. Dastre.
Les rayons ultraviolets exerçant une action bactéricide très intense, nous
nous sommes demandé si par l'étude microscopique et par les réactions
microchimiques on ne pouvait pas déceler des modifications produites dans
les microorganismes par ces rayons.
Technique. — Les expériences ont été faites : 1° sur des émulsions
aqueuses des microorganismes; 2" sur des préparations desséchées sur
lame; 3° sur des préparations desséchées et fixées par la chaleur ou par
ralcool.
On recouvrait une moitié de la lame avec un carton noir ou un verre et
l'autre moitié avec une lame en quartz et Ton exposait ainsi aux rayons
ultraviolets émis par une lampe à arc de mercure. De cette façon on rendait
les conditions d'aération, de température et de coloration absolument
comparables pour les parties normales et celles qui avaient subi l'action des
rayons.
Résultats. — i'' Examen ultramicroscopique à l'état frais. — l^n faisant
agir les rayons sur des organismes assez gros, tels que des Paramécies et
sur des globules blancs, et en étudiant l'aspect à Tultramicroscope on voit
nettement que le protoplasma après exposition aux rayons devient plus
granuleux, il apparaît bien plus brillant à Fultramicroscope. In changement
d'aspect absolument de même genre s'obtient sur l'albumine d'œuf el sur
les albuminoïdes du plasma sanguin exposés aux ravons. Ces changements
correspondent à un commencement de coagulation.
2° Fixation des éléments par les rayons ultraviolets. Les microbes et les
éléments cellulaires les plus différents sont fixés lorsqu'on les expose aux rayons
ultraviolets. — Nous avons observé cette fixation pour les microbes (U. ty-
phique, B. coli, staphylocoque doré, streptocoque, B. charbonneux, B. té-
tanique, B. subtilis, B. de la phléole, B. tuberculeux), les spirilles (de
l'eau et de la syphilis), les amibes (d'une infusion de foin en culture pure
mixte), les trypanosomes (Tr. de l'huître, Tr. de la souris-surra), les infu-
soires (Paramécies), les levures (Sacch. cerevisifo, Sacch. saturnus), les
globules rouges et blancs (sang humain, de souris et de grenouille) et un
grand nombre de frottis d'organes.
■73o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette fixation par les rayons ullraviolels est produite seulement par les rayons qui
traversent le quartz et qui ne traversent pas le verre, c'est-à-dire qui ont moins de
3o2i comme longueur d'onde. La fixation est localisée très exactement aux points sur
lesquels tombent les rayons. On peut le montrer très nettement pour les globules
rouges. En elTel, si l'on recouvre par un écran une moitié d'une préparation de sang
desséchée qu'on expose aux layous, et si ensuite on met sur la lame une goutte
d'eau distillée on voit au microscope que du côté exposé les globules restent absolu-
n>ent intacts, tandis que du côté normal il y a hémolyse immédiate. A la limite de
séparation on trouve des globules qui sont à cheval sur la limite et dont seulement
une portion a été atteinte par les rayons; on voit alors que seulement cette tranche de
globule est fixée; on peut donc ainsi obtenir la fixation seulement d'une portion de
globule,
3° Coloration. Les microbes exposés aux rayons ultraviolets se colorent
plus difficilement par toute une série de colorants. — Nous avons employé
le bleti azur II (i pour looo dans l'eau), la rubine S (sattirée dans l'eau),
l'éosine (i pour loo dans l'eau), le violet de gentiane (i pour loo dans
l'eau), le violet de gentiane phéniqué, la thionine phéniquée et le ZiehI.
Lorsque l'action des rayons est prolongée, on n'arrive plus du tout à
colorer les microbes. Le corps microbien apparaît alors comme désagrégé,
on obtient des figures de bactériolyse.
Ces ciiangements de coloration s'observent aussi bien pour les microbes exposés en
émulsion dans l'eau, que pour les préparations sèches non fixées ou fixées par la
chaleur.
Pour des éléments plus gros, tels fine des globules rouges de grenouille, on observe
après exposition des changements de eolorabilité du protoplasme; ainsi, par exemple,
le bleu azur II, colorant très peu le protoplasme des globules normaux, le colore
fortement en bleu après exposition de ces glo])ules.
Certains éléments, tels que des spores qui normalement ne se colorent pas par les
colorants précédents, sans mordançage préalable, prennent ces colorants directement
après exposition aux rayons.
4" Réaction de Grarh. Les microbes qui prennent le Gram ne le prennent
plus après l'action des rayons ultraviolets . — Nous avons obtenu ce résultat
(l'une façon absolument constante pour les microbes suivants : B. cbarbon-
neux, stapbylocoque,streptoco(jue, B. subtilis, B. tétanique, B. tuberculeux
et pour les levures.
Le résultat est le même lorsque les microbes sont exposés en émulsion
ou lorsqu'ils le sont desséchés sur lame.
Cette perte de la réaction de Gram est un nouvel argument en faveur de
l'action directe des rayons sur les microbes ; en eilet, l'eau oxygénée même
SÉANCE DU l4 MARS 1910. ySî
en concentration forte (-— normale pendant 7 heure) ne modifie pas la
réaction de Gram.
5° Acido-résislance. Les microbes de la tuberculose et de la pliléole perdent la
réaction de l'acido-résistance après l'exposition aux rayons. — Cette perte de
l'acido-résistance ne s'obtient que si l'on expose ces microbes à l'état sec. Si,
au contraire, on fait agir les rayons sur les émulsions aqueuses, la réaction
d'acido-résistance subsiste.
En résumé, les rayons ultraviolets produisent dans le protoplasme des
transformations chimiques et physiques qui modifient complètement toutes les
réactions de coloration. Cette action des rayons est bien différente de celle de
la chaleur., de celle de l'eau oxygénée et des fixateurs ordinaires.
HISTOLOGIE. — Activité de la gaine de myéline dans les nerfs en état de survie.
Note(') de M. J. IVageotte, présentée par M. Henneguy.
Lorsqu'un fragment de tissu est séparé de l'organisme et conservé asep-
tiquement dans un milieu convenable, les éléments survivent quelque temps,
puis subissent la nécrobiose, avant que se produisent les phénomènes
chimiques de l'autolyse proprement dite. Pendant la période de survie, qui
ne dépasse guère 2 '4 heures à 38°, les tubes nerveux se segmentent par un
procédé identique à celui que j'ai décrit dans la dégénération wallérienne;
mais, dans le nerf séparé, la fragmentation est plus rapide, elle commence
dès la cinquième heure.
La dégénéralion du nerf séparé permet d'étudier les facteurs qui
l'influencent ; on peut constater ainsi que l'activité de la myéline est soumise
aux lois qui régissent la vie en général.
La segmentation se produit dans l'eau salée physiologique aussi bien que dans le
sérum sanguin; elle évolue à la température ambiante (Lapin, Cobaye), mais le séjour
à 38° l'active beaucoup. Presque nulle à 0°, elle est supprimée par le chaud'age à 45°,
par les solutions liypotoniques ou hypertoniques de chlorure de sodium, par la pri-
vation absolue d'oxygène, par l'acidité ou l'alcalinité du milieu (acide- organiques
^ TûTU"' soude à YôVir)- Dans une solution isoloriique de sulfate de soude, elle ne se
produit pas; les poisons l'empêchent, lorsque leur concenlration est suffisante : bile
à -jL, chlorhydrate de cocaïne et sulfate de strychnine à ,-L., sulfate de quinine basique
à saturation, eau chloroformée diluée à ^L.
(') Présentée dans la séance du 7 mars 1910.
7^2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
D'autre part, si Ton projette dans l'eau une solution alcoolique de
myéline chimique ('), on obtient, par l'etlet de la tension superficielle, des
l''ibrcs iiei'veiiscs en éUL de suivie, couseivées à l'éluve dans l'eau salée physiologique : I, liljie
nerveuse du Cobaye, 5 heures après la séparation d'avec l'organisme; N, noyau d'une cellule de
Schwann, entouré de granulations protoplasmiques colorées au rouge neutre; II, fibre nerveuse du
Lapin, après une survie de i!\ heures.
sphères et des cylindres creux à parois feuilletées, qui s'étirent et se divisent
par étranglement, pour donner des figures (jui simulent étonnamment des
aspects observés dans la segmentation de la gaine des tubes nerveux.
(') Je rrtinercie MM. A. Mayer et Scliivfrer qui m'ont procuré un échaiilillon de
myéline rhlniiquemenl pure.
SÉANCE DU l4 MARS I910. 733
Pourtant ces formations artificielles, si compliquées soient-elles, diffèrent
de la myéline vivante; celle-ci possède, en effet, une organisation qui
s'accuse à l'état frais par la présence des incisures de Schmidt-Lanterman,
se maintient pendant la segmentation et évolue en s'adaptant successivement
aux formes acquises; les gouttelettes de myéline chimique, au contraire,
présentent en tous leurs points une texture feuilletée uniforme. En un mot
il existe, entre les deux formations envisagées ici, la différence, non pas
d'essence, mais de complexité qui sépare la matière vivante des substances
inanimées.
De ce qui précède je crois pouvoir conclure que la gaine de myéline des
nerfs n'est pas un isolant inerte, mais une substance vivante, d'une nature
spéciale, caractérisée par sa richesse exceptionnelle en graisse. Pendant la
dégénération wallérienne et au début de l'autolyse, la forme de son activité
est gouvernée surtout par les propriétés physiques de son constituant prin-
cipal, la myéline chimique. Lorsque le nerf sectionné reste en place, la mort
de la gaine de myéline ne s'achève que dans une phase avancée, lorsque le
cylindraxe est complètement résorbé; dans l'autolyse, au contraire, la
cessation de l'activité de la my«?jine coïncide avec la mort du tissu tout
entier, qui survient rapidement.
J'ai pu me convaincre que la segmentation de la, myéline ne joue aucun
rôle dans le morcellement du cylindraxe, qui est un phénomène primitif; la
myéline ne fait qu'envelopper les fragments, lorsqu'ils se sont formés par
un processus complexe, qui mérite d'être étudié séparément.
Quant à la cause première de la segmentation et de la disparition de la
myéline, après section du nerf, elle ne pourra être complètement élucidée
que lorsque nous connaîtrons exactement l'histogenèse de cette gaine. Ses
relations génétiques avec les cellules de Schwann deviennent de plus en plus
improbables, à mesure que l'étude de sa structure progresse; les consta-
tations faites dans la dégénération wallérienne ne suffisent pas, toutefois, à
prouver que la gaine de myéline appartient en propre à la substance
nerveuse. En effet, si le début des transformations de la gaine se fait bien
avant que les cellules de Schwann commencent à réagir, par contre
l'activité de la myéline se prolonge longtemps après la nécrose du cylin-
draxe; les relations entre les trois éléments en présence ne sont donc pas
élucidées par des considérations de synchronisme dans la dégénération.
Mais, en fin de compte, l'activité de la myéline aboutit à la mort et, pen-
dant toute la durée du processus, les segments de myéline se comportent
comme des corps étrangers à l'égard des cellules de Schwann.
^34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est donc probable que la gaine de myéline n'appartient pas aux cellules
satellites, mais est constituée par une portion du protoplasma nerveux, dif-
férenciée en vue de fonctions végétatives ou accessoires, tandis que l'activité
spécifique est réservée au cylindraxe. Dans cette conception, les phéno-
mènes de segmentation et de destruction observés à la suite de la section du
nerf, tout en étant influencés par la nécrose précoce du cylindraxe, recon-
naîtraient pour cause première la séparation effectuée entre la gaine de
myéline et la portion nucléée de sa cellule d'origine.
ANATOMIE. — Le ganglion d' Anâersh chez le Phrynosome cornu. Note
de M. H.-E. Sauvage, présentée par M. Edmond Perrier.
Près de l'émergence du glosso-pharyngien et du pneumogastrique on
voit chez cet Iguanien un gros ganglion de forme grossièrement cordiforme,
à pointe dirigée en dehors, fusion du ganglion d'Andersh et du ganglion du
pneumogastrique ; la partie antérieure ô.\\ ganglion appartient au glosso-
pharyngien, la partie postérieure au pneumogastrique.
De la partie antérieure du ganglion part une courte branche nerveuse qui se divise
de suite en deux. Le rameau inférieur se rend dans les muscles slerno-liyoïdien et
omo-hyoïdien ; l'autre rameau, arrivé au niveau de l'hyoïde, se divise lui-même en
deux branches ; l'interne se distribue dans l'hyoglosse, donne des rameaux dont le
plus antérieur va s'anastomoser avec la branche externe ; celle-ci se termine au menton
et présente un petit ganglion d'où partent deux rameaux se rendant au ganglion de
Gasser.
Le pneumogastrique part de la partie postérieure du ganglion commun,
passe derrière le spinal et le grand hypoglosse, présente un ganglion placé
au côté droit, au niveau de l'avant-dernière branche du plexus brachial; du
côté gauche, au niveau de l'antépénultienne branche de ce plexus. Ce
ganglion reçoit des fdets du grand sympathique qui forme un plexus ; une
branche se rend au tiers externe de la branche courbe qui de l'origine du
nerf intercostal se réunit à la dernière branche du plexus brachial ; ce
ganglion est de forme ovalaire ; de son côté interne partent deux filets très
minces et longs qui se rendent au foie ; de la partie postérieure du ganglion
part un filet qui passe entre les deuxième et troisième branches du plexus
brachial et se rend au pouinon.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 735
ZOOLOGIE. — De l'emploi du dressage comme moyen de recherche psycho-
logique. ÏNole de M. P. Hachet-Souplet, présentée par M. Edmond
Perrier.
Définition. — Le dressage est l'éducation donnée par l'homme aux
animaux dans le but de les soumettre à ses commandements verbaux ou
mimiques. •
Le phénomène psychologique caractéristique du dressage est la substi-
tution d'une excitation (geste ou ordre vocal de l'homme) éveillant des
sensations représentatives, aux excitations qui, à l'état de nature, font agir
les animaux. Cette substitution peut être obtenue soit par simple association
de sensations, soit par la méthode de la persuasion ^ c'est-à-dire en faisant
appel à l'intelligence du sujet.
Il n'est pas exact de dire que les expériences dans lesquelles un animal
est forcé de parcourir un labyrinthe pour trouver sa nourriture et qui
permettent de constater qu'il accomplit ce parcours de plus en plus vite,
relèvent du dressage proprement dit. En effet, l'homme n'intervient pas
directement dans l'apprentissage que fait ici l'animal; et le résultat de cet
apprentissage n'est pas l'obéissance à un ordre. Il s'agit donc d'auto-
éducation. Mais il y a évidemment grand intérêt à mener parallèlement, et
de façon que les unes contrôlent les autres, des expériences d'auto-éducation
et des expériences de dressage.
a. Etude des facultés sensorielles. Actes-signaux. — Après avoir appris
à un animal à exécuter un acte déterminé quand on lui donne un ordre,
on peut substituer à cet ordre une excitation mesurable (en créant une
association par contiguïté). Dès lors, pour évaluer avec précision l'acuité
du sens auquel s'adresse cette excitation, on n'a qu'à provoquer, à
plusieurs reprises, l'exécution de l'acte en diminuant chaque fois l'intensité
de l'excitation. On arrive ainsi à un minimum au-dessous duquel l'acte-
sigaal ne se reproduit plus ; ce qui indique le seuil de la sensation.
h. Etude des lois des associations. — La méthode de dressage permettant
de savoir exactement quelles sont les excitations reçues dans des conditions
données par un animal, permettant de connaître leur ordre de succession et
de constater leurs effets dynamogènes, est particulièrement précieuse pour
l'étude des associations. La loi de récurrence, qui a fait l'objet de notre Note
du il\ janvier 1910, a été déduite d'expériences de dressage. Un grand
nombre de questions peuvent être éclairées d'un jour nouveau, grâce à cette
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 11.) 9^
736 ACADÉMIE DES SCIENCES.
méthode. Nous croyons, par exemple, avoir établi, en réalisant au moyen
du dressage, de véritables synlhéses^ d'instincts, qu'un animal peut se créer
une industrie, acquérir des mœurs spéciales, utiles à son espèce, sans en
connaître le but, par associations simples et sans aucun emploi de Tintelli-
gence.
Entre autres expériences de ce genre, nous avons fait naître et développer, chez un
Cacaloès, l'instinct du Mégapode constructeur de Cumulus, en décomposant l'ensemble
des mouvements nécessaires à celte construction, ce qui ne laissait aucune appa-
rence (l'utililé à chacun d'eux piis séparément.
c. Étude de r intelligence. — Pour étudier rintelligence proprement dite,
le dresseur peut se servir de la persuasion. Ce procédé ne comporte pas
d'associations par contiguïté, comme le dressage courant ; mais un emploi
raisonné de la mimique el de la voix, ayant pour le sujet la valeur d'une
explication et d'une sollicitation. L'animal n'a, dans ce cas, aucun moyen
de se soumettre à la volonté du maître s'il n'a pas compris ce qu'on attend
de lui. Il y a donc là un critère de l'intelligence.
Priorité. — Nous croyons avoir élaboré, le premier, une méthode pra-
tique de recherches basée sur le dressage el permettant d'embrasser l'en-
semble (IqS: facultés psychiques des animaux.
Les quelques pages consacrées par J. Lubbock aux prouesses de son chien (qui
aurait appris seul la lecture ! ).n'ont rapport qu'à une sorte d'auto-éducalion d'ailleurs
bien hypothétique. L'éminént biologiste anglais n'a jamais appliqué à son chien les
moyens du dressage ordinaire, puisqu'il les ignorait complètement ; il a même mani-
festé l'intention de s'en passer en écrivant ([ue, dans ses expériences: « On laissait le
chien agir à sa guise ». Il ne s'agit pas davantage dans ces expériences de persuasion,
puisque ce procédé explicatif est un moyen d'éducation et que Lubbock n'en cher-
chait pas. D'ailleurs, dans nos expériences de persuasion, au lieu déconsidérer comme
lui ce que l'animal, instruit par sa propre expérience, pourra faire de plus ou moins
compliqué, nous n'avons jamais eu en vue que l'efficacité des moyens explicatifs d'édu-
cation pour dresser les animaux à exécuter des actes absolument quelconques, mais
qu'ils ne peuvent réaliser que s'ils ont compris l'idée du dresseur. 11 y a là une dis-
tinction tranchée qui a échappé à nombre de psychologues.
Notre plan général d'étude de dressage scientifique auquel Ed. Claparède fait allu-
sion dans sa Bévue des méthodes en psychologie zoologique (') ne date pas de 1900,
comme le dit, par erreur, cet auteur; il se trouve dans notre Dressage des animaux
(1896), el a paru deux ans avant la publication des premiers travaux de Thorndike,
qui n'ont d'ailleurs qu'une parenté lointaine avec les nôtres.
(') Congrès de Francfoil-sur-lc-Meiii, avril 1908.
SÉANCE DU l4 MARS I910. 787
ENTOMOLOGIE. — Considérations générales sur les tubes de Malpighi
des larves de Lépidoptères. Note (') de M. L. Bordas, présentée par
M. Edmond Perrier.
L. Dufour (i843), de Leydig (iSSg), de Scliindler (1878), de Cholodkovsky (1887),
de Veneziani (igoâ), elc. se sont occupés des tubes de Malpighi des insectes. En i8g5,
dans un Mémoire sur les vaisseaux de Malpighi des Hyménoptères, nous avons cons-
taté que, chez les larves, ces organes sont toujours au nombre de quatre, qu'ils sont
d'origine ectodermique et proviennent de diverticules de l'intestin terminal ("). Cette
nouvelle élude porte sur les familles suivantes de Lépidoptères : iS'ymplialidœ, Spliin-
gidœ, Arctiidœ, Cossidœ, Liparidœ^ Salurnida\ Crmalophoiida', Nolodonlidœ,
Nocluidœ et Tortricidœ (^).
Les tubes de Malpighi des Chenilles de Papillons sont partout au nombre
de «.i' (sauf chez les Carpocapsa pomunelta, 011 il n'y en a que quatre), dis-
posés en deux groupes de trois, de chaque côté de l'origine de l'intestin ter-
minal. Les deux canaux collecteurs latéraux qui partent des deux vésicules
urinaires, ont leurs orifices terminaux opposés et situés aux extrémités d'un
même diamètre. Chez la plupart des larves de Lépidoptères, les tubes de
Malpighi sont irréguliers et variqueux, rarement cylindriques; parfois, on
rencontre, chez la même espèce, les deux dispositions : la première partie
du canal est à peu près régulièrement lubuleuse, tandis que le reste de
l'organe est moniliforme.
Chez la larve de Vanessa lo L., les vaisseaux de Malpighi débutent, de chaque côté
de l'extrémité antérieure de l'intestin terminal, par un tronc très court, qui se dilate
brusquement et forme une grosse vésicule ovoïde, ayant à peu près i'"'",5 suivant son
grand axe. Ses parois sont pourvues de quelques fibrilles musculaires entrecoisées et
sa cavité, à certains moments, est remplie d'une multitude de concrétions cristallines.
L'extrémité vésiculaire dislale se continue par un tube recourbé en arc qui se ramifie
tout d'abord et donne le vaisseau situé sous l'intestin moyen.
L'autre branche, un peu plus large que la précédenle, ne tarde pas à se bifurquer à
son tour et à fournir les deux vaisseaux malpighiens qui cheminent à la face supérieure
du canal intestinal. Dans la première partie de leur trajet, ces tubes présentent une
forme à peu près régulièrement cylindrique, et ce n'est que dans leur moitié distale
(') Présentée dans la séance du 28 février 1910.
(-) V. L. Bordas, Les tubes de Malpiglii des Hyménoptères {Bulletin scientiji<iuc
de la France et de la Belgique, t. XXVl, [\ pi., 189.5. p. i à 4o)'
(^) Les quelques considérations générales de cette Note font l'objet d'un travail plus
coniplel, actuellement en cours d'exécution.
■7.38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qu'ils deviennent sinueux, prennent des contours irréguliers et une appaience monili-
forme.
Chez les chenilles (VAcherontia atropos L. et de Sphinx co/nohtili L. on trouve
que les renllements latéraux des tubes de Malpighi sont beaucoup plus accentués que
dans la Vfinessa lo : ils alTeclent la forme soit de courts cœcunis, soit de ramuscules à
extrémité hémisphérique insérés perpendiculairement au tronc principal. Les vaisseaux
malpighiens du Sphinx coni.-oli,'iili^ cylindri(]ues au début, ne tardent pas à devenir
variqueux: ce sont tout d'abord de petites éminences latérales, des cœcums conique»
es|)acés de distance en distance; puis, peu à peu, les bourreletsaugmententen nombre
et en volume, deviennent cylindriques, tantôt courts, tantôt plus ou moins longs, don-
nant à chaque organe la forme d'une corde à nœuds. Au fur et à mesure qu'on se rap-
proche de l'extrémité postérieure du corps, les tubes paraissent hérissés latéralement
de petites digitalions cylindriques, dont la hauteur est supérieure au diamètre du
vaisseau et placées perpendiculairement à ce dernier. Ces éminences latérales sont dues,
ainsi que l'indiquent des coupes transversales, à des évaginations digitiformes de la
cavité interne des tubes urinaires.
Les vaisseaux malpighiens, dans leur première partie, cylindrique, ont
une teinte terne ou légèrement blanchâtre; tandis que, dans leur région
irrégulière, nioniliforme et à appendices latéraux, ils sont fortement colorés
en jaune plus ou moins foncé.
Chez les larves de Spilosoma fuliginosa L. et de VArcUa caja la vessie urinaire
comprend deux renflements ovoïdes réunis par un pédicule cylindrique très court, et
c'est du sommet du rendement distal que partent les tubes de Malpighi. Ceux-ci sont
cylindriques dans leur premier tiers et variqueux dans leurs deux tiers postérieurs.
Le réservoir collecteur des \a\-veiAe Pleretes inalrontila L. est simple, pirifornie, et se
continue, à ses deux extrémités, par deux appendices lubuleux, dont l'antérieur se divise
en trois branches formant les tubes de Malpighi. Ces derniers étaient, chez les larves
que nous avons examinées, littéralement remplis de concrétions cristallines. Les tubes de
Malpighi larvaires de Cnetocampa, de Pygœra. de Slauropiis. A'Asphalia. etc. sont
sinueux, moniliformes, et les cœcums latéraux existent sur toute leur longueur {Cneto-
campa. Plialera, etc.) ; le réservoir est généralement ovoïde ou parfois sphérique.
Enfin, cliez les larves de Carpocapsa pomonella Fr., qui ne possèdent que
quatre luhes de Malpighi, les deux vaisseaux urinairesde chaque côté, avant
de déboucher à l'origine de l'intestin terminal, se fusionnent, en un tronc
très court.
Au point de vue /listologiqiie, les tubes de Malpighi des larves de Lépi-
doptères comprennent, de dehors en dedans :
1" Une membrane péri/onéale externe très ténue, pourvue de dislance en distance
de petits noyaux aplatis, et contenant quelques fibrilles élastiques à direction ol)li(|ue:
■!° une membrane basitaire, également très mince, servant de support aux cellules
glandulaires sous-jacentes; 3" Vépilln-lium sécrcleur. Ce dernier est constitué par
SÉANCE DU l,\ MARS 19IO. 789
de grosses cellules polygonales, à bord interne conique ou rectiligne et limitant un
lumen généralement irrégulier. Les noyaux sont ovales ou allongés, mais généralement
irréguliers et ramifiés; ils portent des ramuscules latéraux courts et terminés par une
exirémité renflée (Arctia, Sphinx, Cnetocampa, Pleretes, Spilosoma, elc). Ceux
des larves à'Agrostis sont très ramifiés et comparables aux noyaux des glandes sérici-
gènes. Le prosloplasme est finement granuleux du côté interne de la cellule et légè-
rement slrié vers sa région externe. Il contient les produits de sécrétion. Ces derniers,
sous forme de productions cristallines, sont très abondants, non seulement dans les
éléments épitliéliaux, mais remplissent même parfois la cavité du vaisseau, de façon à
donner à la glande l'apparence d'un cordon rigide. Enfin, du côté interne, en regard
du lumen, l'épithélium est recouvert d'une bordure ciliée en brosse, très caractéris-
tique, et existant dans tous les tubes. Ces cils sont généralement plus longs au sommet
des cellules que dans les intervalles de ces dernières.
Le réservoir urinaire présente à peu pi'ès la iiièine structure histologique
que les vaisseaux malpighiens, avec cette diflërence que les cellules sont
aplaties, rectangulaires, et les cils plus courts; de plus, sous la membrane
péritonéale externe on trouve (juelques fibrilles musculaires à directions
circulaire (externes) et oblique (internes). Tous les tubes de Malpighi sont
parcourus par de nombreux filaments trachéens, dont les derniers ramus-
cules traversent la lunica externe et pénètrent même entre les cellules.
Comme produits snhdes, nous avons rencontré, dans les tubes de Malpi-
gbi, des larves de Lépidoptères, des cristaux d'acide urique, des cristaux
d'urate de soude, d'arnuioniaque, d'oxalate de chaux, et surtout, en abon-
dance, des concrétions cristallines de carlionate de chaux.
ZOOLOGIE. — Sur l'existence et les conditions de la parthénogenèse
chez Dinophilus. Note de M. Paul de Beauchamp, présentée par
M. Yves Delage.
On sait depuis près de trente ans que, tandis que, dans certaines espèce's
du genre Dinophilus leS individus des deux sexes sont tout à fait semblables,
il existe dans d'autres undimorphisme extrêmement accentué, le mâle étant
aussi petit et aussi rudiinentaire que les plus dégradés des mâles de Rotifères
(tandis que la femelle est beaucoup plus grosse que les femelles correspon-
dantes). Dans ce dernier groupe, le nanisme des mâles est lié à l'existence
de la parthénogenèse; chez Dinophilus, tous les auteurs qui ont eflleuré cette
question ont affirmé l'absence de celle-ci, sans qu'aucun semble avoir fait
des expériences pour la prouver.
y4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celle allégation repose sans (Joule simplement sur la présence simullanée, à peu près
constante, dans les cocons pondus par ces animaux, d'œufs des deux sexes, aisément
reconnaissables à la difTérence de leur taille; mais les (ihiIs mâles sont presque toujours
en nombre plus petit, parfois beaucoup plus petit. Ayant entrepris dans un autre but
(détermination du sexe) des cultures de Dinopliilus Conklini Nelson, espèce que j'ai
pu me procurer à Roscofl', je n'ai jtas tardé à être frappé d'un fait: malgré cette dispro-
portion et bien que le mâle soit évidemment trop petit pour suffire à plusieurs coïts,
toutes les femelles provenant d'une même ponte isolée pondent des œufs qui se déve-
loppent à leur tour normalement. La taille et la fragilité des mâles rendent l'accouple-
ment presque impossible à constater ; pour prouver la paitliènogenèse que je considérais
dès lors comme probable, il fallait doue détruire ou enle>er ceu\-ci à l'éclosion même
dans une ponte donnée (car, bien que les femelles mènent une dizaine de jours à
atteindre la maturité sexuelle, la possibilité d'une fécondation dans les premières
heures de la vie, comme Maupas l'a observée chez l'Hydaline, n'était pas exclue), et
isoler aussitôt les femelles. Après quelques insuccès j'ai réussi cette opération et suivi
le développement jusqu'à l'éclosion de plusieurs pontes d'individus incon/estnblement
vierges.
Je n'ai pu encore répéter cet isolement rigoureux sur plusieurs généralions; mais
d'après mes cultures imparfaitement isolées, j'affirmerai déjà que la parthénogenèse
ne peut se poursuivre que pendant un nombre très restreint de généralions, trois ou
quatre, semble-t-il; à la dernière apparaissent une série d'anomalies : malformations
somaliques (surtout variations dans le nombre des yeux), lenteur plus grande du déve-
loppement qui s'arrête souvent à un stade infantile. Parfois l'ovaire ne se développe
pas chez des animaux ayant la taille adulte, ou dégénère après s'être formé; si les œufs
arrivent à être pondus, ils se segmentent irrégulièrement, ou l'embrvon, anormal, suc-
combe au plus tard à l'éclosion. Tous ces phénomènes sont évidemment liés à l'absence
d'amphimixie, et leur côté cytologique sera très intéressant à étudier; il est vraisem-
blabe que le nombre des chromosomes est très au-dessous de la normale dans celle
dernière génération. Je puis déjà affirmer que les œufs femelles vierges émetlenl, comme
les autres, deux globules polaires (en réalité trois par division du premier). Il m'a paru
aussi qu'une femelle d'avant-deruière génération, dont les œufs donnaient des femelles
stériles, pouvait être fertilisée et faire souche à nouveau d'individus féconds.
En résumé, au dimorphisme sexuel esL lié, dans l'espèce considérée, lexis-
tence de la partliénogenèse naturelle (il sera nécessaire d'examiner au même
point de vue les Dinophilus non diuiorphes ) ; mais celte parthénogenèse qui
ne peut ipie suppléer pendant quelques généralions à l'absence des mâles et
entraîne en se prolongeant la dégénérescence de la lignée, est beaucoup
moins évoluée que chez certains animaux d'eau douce, où elle représente
une adaptation spéciale au miheu et où l'œuf fécondé (œuf d'hiver ou de
résistance) est dill'érent de l'œuf parthénogénélique. Son intérêt sera pré-
cisément d'aider à comprendre la naissance de celle-ci. 11 est très remar-
(piable de l'observerchez Dinophilus^ qu'on ne doit point considérer comme
SÉANCE DU 1 'i MARS 191O. 74l
l'ancèlre des Rotifères (il dérive sans doute d'Annélides déjà bien évoluées,
ce qui csl peu vraiseniblaljle pour ceux-ci, comme je l'ai dit ailleurs), mais
qui présente avec eux une convergence fort nette et peut être regardé aussi
au point de vue purement morphologique comme intermédiaire entre eux
et les Annélides.
MÉDECINE. — Sérothérapie de la fièvre typhoïde; résultats cliniques. Note
de MM. A. RoDET et Lagriffoul, présentée par M. A. Cliauveau.
Depuis plusieurs années, nous étudions les propriétés du sérum des
animaux immunisés à l'égard du bacille d'Eberth, nous proposant comme
objectif la sérothérapie de la fièvre typhoïde. Après avoir essayé divers
procédés d'immunisation, nous nous sommes depuis longtemps arrêtés aux
injections intraveineuses de bacilles vivants, comme réalisant la condition
la plus efficace à conférer rapidement au sérum les propriétés spécifiques
les plus multiples ; et notamment le sérum ainsi préparé est susceptible,
injecté préventivement, de prémunir le cobaye à l'égard d'une dose plus
que mortelle de bacilles typhiques vivants injectés dans les veines. C'est
surtout une action antitoxique qui est alors en jeu; et elle s'exerce sans
mélange d'effets nuisibles, si le sérum a été préparé dans des conditions très
précises d'immunisation. Après avoir longuement étudié notre sérum au
point de vue expérimental, nous nous sommes cru autorisés à tenter des
essais thérapeutiques. Nous ne viserons dans cette Note que les malades
dont le traitement par le sérum a été précoce, c'est-à-dire auxquels la pre-
mière injection a été faite du cinquième au onzième jour de la maladie.
Le nombre de nos malades ainsi traités précocement est actuellement
de 27. Les doses de sérum ont varié de 2'"' à 10'°'' ; 17 malades n'ont reçu
qu'une injection ; 9 en ont reçu deux ; i seul a reçu trois injections.
Plusieurs éventualités ont été observées après les injections de sérum.
Relevons les plus favorables.
Groupe 1 de malades. — Une baisse de température s'est brusquement dessinée, au
douzième jour de la maladie au plus lard, le lendemain ou le surlendemain de la pre-
mière injection de sérum. Ce groupe comprend i3 malades, soit 48 pour 100. Chez
la plupart d'entre eux, dans 11 cas (soit 40,7 pour 100 de l'ensemble des malades), la
défervescence s'est rapidement accentuée, atteignant en 2 à 6 jours l'apyrexie ou un
chiffre voisin de l'apyrexie; la maladie a pu être dite avortée (sous-groupe la).
Groupe II. — C'est encore une défervescence brusque, mais notablement plus tar-
742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dive, survenant seulement après une deuxième injection, du seizième au dix-neuvième
jour; ces cas sont au nombre de 5. Si l'on veut réunir ces deux groupes, c'est dans
18 cas (soit 66,7 pour 100) qu'on a observé une chute brusque de température, pré-
cocement après la première injection de sérum ou au cours du troisième septénaire
après une seconde injection.
Chez un certain nombre de malades, le séro-diagnoslic avait donné un
résultat négatif. Considérons les résultats limités aux cas où le séro-diag-
nostic a été pratiqué avant l'administration du sérum et a donné un
résultat positif. Ils sont au nombre de iG. De ces 16 cas, 10 (62 pour 100)
appartiennent au groupe I défini ci-dessus, dont 9 (56 pour 100) au sous-
groupe I a. Par conséquent, le pourcentage des éventualités très favorables,
loin de s'abaisser, s'élève si nous nous limitons aux cas ayant eu un séro-
diagnostic positif.
La proportion des éventualités heureuses serait encore bien plus élevée si
nous considérions à part les malades traités par un certain échantillon de
sérum qui a donné des résultats jjarliculièremcnt favorables.
Les modifications observées dans la courbe thermique ne peuvent pas
être mises sur le compte des bains; d'ailleurs, plusieurs des malades qui ont
présenté l'évolution la plus heureuse n'ont pas été baignés.
Les chutes de température ont toujours traduit, du moins lorsqu'elles
ont été soutenues, une amélioration générale, c'est-à-dire se sont toujours
accompagnées d'un amendement des autres symptômes. Signalons, comme
particularité digne d'attention, la polyurie, pouvant atteindre par jour 3' à 5'
en l'absence de bains froids.
Sur les 27 malades de cette première statistique limitée au traitement
précoce, nous avons eu 2 morts : mort subite en pleine convalescence chez
une malade qui avait présenté une évolution assez favorable (groupe 11);
mort presque subite dans un accès de collapsus cardiaque survenu au sortir
d'un bain chez un malade atteint d'une giave lésion cardiaque d'ancienne
date. Pour ce dernier malade, la séro-réaction avait été négative; pour le
premier elle n'avait pas été pratiquée.
Nous insistons sur la fréquence des améliorations rapides à la suite des
injections de sérum. Négligeant les cas où la guérison a succédé à une évolu-
tion plus ou moins favorable, nous signalons ce fait, que la maladie a tourné
court, au douzième jour au plus tard, dans une forte proportion de cas. Dans
unlot de cas de fièvre typhoïde pris au hasard, en deslieux et à des dates mul-
tiples, voit-on jamais une proportion aussi élevée de formes abortives? Il
nous paraît certain qu'il y a dans nos faits autre chose qu'une simple coinci-
SÉANCE DU l4 MARS 1910. 743
(lence, et nous interprétons nos résultats en disant que notre sérum, s'il est
administré à un malade atteint de fièvre typhoïde d'une façon suffisamment
liâlive, au onzième jour au plus tard, est susceptible d'influencer très favo-
rablement la maladie et d'en abréeer la durée.
PATHOLOGIE. — Inflfienee des al rnosphères viciées sur la vitalilé des microbes.
Note de MM. A. Trillaï et Saitox, présentée par M. A. Laveran.
La présence dans l'air de certains gaz provenant de la putréfaction ani-
male ou végétale exerce, sur la vitalité des germes pathogènes qui y sont
exposés, les mêmes influences protectrices ou microbicides que dans le cas
de la levure alcoolique (Comptes rendus, i.'i novembre 1909).
Poursuivant ce travail, noîis avons étudié sur quelques microbes l'action
de l'air vicié par la présence de gaz d'origines très diverses, provenant de la
décomposition de matières animales ou végétales, de vases marécageuses
d'eaux d'égout, etc. Les résultats obtenus, étant dans le même sens, quoique
d'intensité différente, malgré la diversité des modes opératoires suivis, nous
nous bornerons dans cette Note, à titre d'exemple, à résumer nos essais
etTectués sur quelques microbes pathogènes, dans un cas bien défini, dont le
principe consistait à exposer ces germes à l'influence de gaz dégagés par un
bouillon de bo'uf, ensemencé par le H. vulgans : cette méthode permet de
reproduire les mêmes conditions d'expérience.
Nous ferons remarquer, tout d'abord, que cette influence protectrice se
manifeste d'autant plus nettement, que les microbes exposés sont plus
atténués et plus privés de leur substratum nutritif.
Voici le mode opératoire suivi pour l'étude du bacille diphtérique.
Ou fait une émulsion très étendue dans l'eau physiologique, ou même l'eau distillée,
d'un raclage de culture jeune du bacille diphtérique sur sérum. On laisse déposer pen-
dant 5 minutes les parties lourdes et, au moyen d'une pipette effilée, on aspire le
liquide à peine louche; on le répartit sur des bandes de papier que l'on %uspend dans
des ballons stérilisés de 2', contenant, les uns (témoins), de l'eau ou du bouillon
stérile, les autres (essais), le même bouillon que l'on ensemence largement, à ce
moment, par le B. vulgaris. Tous les ballons sont j)lacés à l'éluve à 37°-38'' : après
un certain nombre d'heures, les bandes sont retirées et ensemencées dans 10'""
d un liquide nutritif, selon la méthode habituelle; on note la différence de temps d^ins
l'apparition du développement de la culture.
Comme on le voit, les témoins et les essais se trouvent dans des conditions rigou-
C. K., ir,io, . ■ Semestre. (T. i:,0, N» 11.) 99
744 ACADEMIE DES SCIENCES,
leusemeiil identiques de température, d'humidité et de durée d'exposition. Ils ne
diiïerent entre eux que par la présence ou l'absence, dans l'air des ballons, du gaz
dégagé en faibles proportions par le liquide en décomposition. Le dosage de l'alcalinité
de l'atmosphère des ballons, évaluée en ammonia<(ue quand on pouvait la constater
par le déplacement de plusieurs litres dans une solution titrée, ne dépassait pas
o™B,o2 par litre. (L'étude de la composition de ces gaz fera l'objet d'un travail
il part. )
Le Tableau ci-dessous résume nos résultats; ils ont comporté 120 obser-
vations sur 10 séries, comprenant chacune 6 témoins et 6 essais. Nous y
joignons les résultats des bacilles typhique et pesteux, pour Fétude des-
cpiels on a suivi un mode opératoire analogue.
Bacille diphtérique.
(Exposition variant de 6 à 36 heures.)
I. II.
Les essais cnllivpnt Essais dans lesquels les tcmoios
plus rapidenierit que les témoins. très atténués ne cultivent plus.
Témoins
Essais
Observations
avant
ayanl
après
cultivé.
cnilivé
p. 100.
p. 100.
24 heures.
0
28
48 heures.
10
5o
3 jours . .
.. 3o
87
Témoins
Essais
Observations
ayant
ayant
après
culli\é.
cultivé.
p. 100.
p. 100.
48 heures.
0
35
J jours . .
. . 0
00
4 jours . .
. . 0
83
■) jours . .
. . 0
1 00
III.
Bacille typhique.
(Exposition variant de 12 à 36 heures.)
Les essais |ioussciit plus rapidement.
Témoins Essais
ObserNations ayant ayant
après cultivé. cultivé.
p. 100. 11. <oo.
6 heures 20 65
18 heures 68 90
24 heures 85 100
48 heures 100
SÉANCE DU l4 MARS 19IO. yZfS
liaciUf de la peste (').
Témoins
Kssais
observations
ayant
avant
après
cultivé.
r. 100.
cultivé.
|.. 100.
24 heures. ,
0
63
48 heures. ,
, . 36
100
3 jours . . ,
, . 7a
Témoins
Essais
Observations
ayant
ayant
après
cultivé,
p. \m.
cultivé,
p. 100.
7.4 heures. .
0
.10
48 heures. .
0
7-5
3 jours . . .
G
88
8 jours . . .
0
Une exposition trop prolongée ou un excès de gaz putride donne des effets nettement
antiseptiques (^).
La difl'érence du développement de cullure est mise aussi eu évidence, si
Ton procède par numération des colonies. Ainsi, dans le Tableau III, la
numération des colonies provenant des bouillons ensemencés a donné :
Colonies'fournies
par une goutte de bouillon
pro\"enant
des microbes exposés.
.\prés 2 heures. Après 4 lieiu'cs.
Air vicié o 48o
Air normal o o
L'inspection de ce Tableau montre que l'exposition dans l'atmosphère des
ballons d'essais a non seulement permis aux germes expérimentés de cultiver
plus rapidement (Tableaux I, III, IV), mais elle a prolongé leur longévité
quand ils ont été convenablement atténués (Tableaux II, V).
L'influence du milieu gazeux varie avec la nature du germe : ainsi, dans
nos conditions d'expérience, elle est moins nette pour le bacille typhiquc
que pour le bacille diphtérique ou la peste. Inversement, d'autres essais ont
montré que l'influence exercée sur le même germe variait selon la nature
(') Les expériences sur la peste ont été faites au laboratoire de M. le 1»' DtijanJiu-
Heaumetz,à l'Institut Pasteur.
('-) Nous avons déjà signalé le même résultat pour le cas de la levure alcoolique. Il
esta rapprocher de celui de M. Fernbach {Comptes rendus, 28 août 1909), qui a reconnu
la présence d'un produit volatil antiseptique dans la macération de levure de bière.
-j/iCi ACADÉMIE DES SCIENCES,
du gaz. Toulefois, cette action sciiihle èlre très générale, puisque, ménie
les produits gazeux de la respiration animale nous ont donné des résultats
analogues quoique d'intensité très différente.
Ce qui fait le principal intérêt de ces observations, c'est que les gaz, dont
nous avons étudié l'influence favorisante sur des germes atténués, sont
précisément ceux qui sont susceptibles de se mélanger communément avec
l'air que nous respirons. Au point de vue de l'hygiène auquel nous nous
plaçons, ces premiers résultats, qui demandent encore à être confirmés par
d'autres expériences, permettent de supposer que les souillures de l'air par
ces mêmes gaz, provenant de la décomposition des matières organiques et
qui composaient, pour une partie, ce qu'on appelait autrefois les miasmes,
peuvent, avec le concours d'autres circonstances d'humidité et de tempéra-
ture, constituer des atmosphères plus favorables à la protection et à la lon-
gévité des germes pathogènes qui y sont véhiculés.
Nous avons précédemment indiqué (/oc. cit.) que l'hypothèse la plus simple
pour expliquer cette influence était d'envisager ces gaz comme étant des
aliments à très faibles doses : nous pensons que les essais en cours nous
renseigneront plus exactement sur la valeur de cette interprétation.
GÉOLOGIE. — Sta- l'existence du Trias et du Mésojurassique aux environs
de Djoulfa (Transcaucasie méridionale). Note de MM. P. et N. Bonnet,
présentée par M. Henri Douvillé.
I;'Araxe s'engagea Ivyzylvank dans un canon qui finit à Djoulfa, après
un trajet d'une trentaine de kilomètres. Nous avons pu parcourir sa rive
gauche (russe), déjà visitée par Abich, puis par Frech et Arthaber, et y
constater la présence de formations Iriasiques à Ammonoidés, ainsi que du
Mésojurassique.
La plus grande partie de la rive russe est constituée, dans la gorge, par
une puissante série de calcaires, souvent marneux, se débitant en plaques à
surface ondulée, et présentant exaclonient le caractère du Wellenkalk de
l'Europe centrale, comme l'a déjà fait remarquer Mojsisovics. Les couches,
fortement inclinées vers le Nord-Est, sont recouvertes, au sommet de la
falaise, en discordance angulaire, par le grès rouge nummulitique qui forme
le plateau plongeant doucement dans la même direction sous les couches
plus récentes.
SÉANCE DU l4 MARS 1910. ■y4'7
Il semble que ce soit dans un seul endroit, d'étendue assez restreinte, que
les formations plus anciennes sous-jacentes apparaissent au jour au-dessous
de ces couches calcaréo-marneuses. Celles-ci émergent du sol dans la gorge
de l'Araxe à 3''", 5 environ à l'ouest de Djoulfa-village, avec une inclinaison
de 45" NE, puis s'écartent de la rivière en se renversant au delà de la
verticale pour revenir après quelque distance border le lit de la rivière en
reprenant leur inclinaison première.
Dans l'espace lenticulaire, long de quelques centaines de mètres, ainsi
ménagé entre la rivière d'une part et ces calcaires marneux d'autre part,
surgit une série de couches également renversées qui s'adossent en concor-
dance à ces mêmes calcaires.
Nous avons relevé avec détails en cet endroit une coupe de l'ensemble,
épais de i5oo™ à 2ooo°\ et c'est là que nous avons pu découvrir, au-dessus
des couches à Otoceras déjà connues, une formation renfermant des Ammo-
nites triasiques.
La coupe peut être résumée de la manière suivante :
1° La base (près de la rivière) est constituée par des calcaires noirs, dans lesquels
nous avons trouvé en '^wùcnWtr Fusulinella sphœrica Abich et F. lenticularis Douv.
nettement carbonifériennes.
2° Les couches qui les surinonteni, à liclie faune permienne déjà bien étudiée, pré-
sentent une succession de trois niveaux difl'érenciés. Les Otoceras apparaissent ensuite
et semblent être compris dans un quatrième niveau indépendant, sans mélange de
Productits <p&vm'\eni, comme le cas se présente dans l'Himalaya.
3° Suit une formation calcaire rouge, qui apparaît Feulement à l'endroit précis par
lequel passe notre coupe. Nous y avons trouvé : <?, à la partie inférieure : des formes
identiques à celles décrites par Waagen sous le nom de Celtites dimorphus, C. armalus,
C. acuteplicatus (UpperCerat.limest.de la Sait Hange); h, à la partie supérieure, une
forme nouvelle que nous rapprocherons provisoirement de Danubiles nivalis Diener,
en raison de sa dernière loge courte et de son ornementation extérieure rappelant celle
de Tiroliles, mais dont la cloison possède un plus grand nombre d'éléments.
Ces couches semblent devoir être placées dans le Werfénien supérieur ou
tout au plus dans le Virglorien inférieur.
4° Viennent enfin, en concordance et continuité avec les niveaux précé-
dents, les calcaires en plaques recouverts en discordance par le grès rouge
nummulitique.
Ces calcaires renferment, avec de rares empreintes d'Ammonites, des
Pseudornonotis du groupe de Ps. Clarai Bronn, très semblables à celles des
Subrobustus-beds du Virglorien indien. Une forme analogue, Ps. cf. Clarai
j/fS ACADÉMIE DES SCIENCES.
(citée par Abich comme Pee/en tortilis Semen.) avec empreinte douteuse de
Tirolifes, avait été déjà sigrtalée par Mojsisovics dans ces calcaires, mais près
de la rivière ; le niveau en tut considéré à tort comme différent de la série
terminale de la coupe, alors qu'il s'agit en réalité d'uneseuleet même forma-
tion. Toute cette puissante série est d'âge triasique, non seulement en raison
des Lamellibranches qu'elle renferme, mais encore en raison de sa position
slraligrapliique. Il y a donc là un ensemble important de dépôls Iriasiques
se poursuivant dans la plus grande partie de la gorge.
Nous signalerons encoi'e, non loin de Negram, à une petite dislance de
l'Araxe, la présence de calcaires gris cendré, également fortement inclinés
vers le Nord-Est, et paraissant de même recouverts en discordance angulaire
par le grès rouge nummulitiqne. Nous y avons recueilli notamment :
Oppelia suhrodiata Sow., Phylloceras Delon gchampsi Brazil, Ph. Velaini
Mun., Ph. cf. dispiitabile Zitt., Cœloceras lingid fennn d'Orb., Parlinsonia
Parkinsoni 'èo^s .^ P. Sc/ifœnbac/i i SchUppe.
La présence d^ Oppelia subradiata et de Phylloceras Delongchanipsi permet
de reconnaître en particulier la zone à Cosmoc. subfiircalum deBayeux et des
Basses-Alpes. Faute de temps nous n'avons pas encore pu étudier avec
détail cette formation non plus que ses relations avec les terrains avoisinants;
il nous a paru néanmoinsinléressant d'en signaler dès maintenant Texistence,
le Mésojurassique étant encore inconnu dans cette région.
GÉOLOGIE. — Sur la présence de couches à Ellipsactinia aux monts
Vardussa et sur la zone orientale du flysch d'Étolie en Grèce. Note
de MM. CoNST.-A. Ktenas et Pu. Négris, présentée par M. Henri
Douvillé.
La zone orientale du llyscli d'Elolie de Philippson s'étend, à l'Est,
jusqu'aux crêtes calcaires nord-sud des monts Vardussa, dont la plus orien-
tale atteint au Prophète-Elie, 245f)™.
I^e llysch en question a été considéré par Philippson comme éocène (Zeit.
geoi. des., i. XLII, 1890, p. i55); on observe pourtant au-dessns de lui, à
l'ouest des Vardussa, des crêtes calcaires, formées, tantôt de blocs isolés de
calcaire gris, tantôt de calcaire clair compact, recouvrant très souvent une
formation rouge en forme de calotte. La calotte, y compris la formation
rouge, est tantôt à allure tranquille, tantôt au contraire elle est fortement
SÉANCE DU l\ MARS 1910. 7^9
plissée au-dessus du llysch, dont l'allure tranquille contraste avec celle des
formations superposées (chemin de Pataioxari à Arfo/ina).
La formation rouge se compose de calcaires en plaquettes, souvent rougeùlres, avec
jaspes et schistes rouges et bancs bréclioïdes, surtout à la partie inférieure. Ces brèches
contiennent souvent des fragnif-.nls de Rudistes, comme entre Palaiokatonna et Pen-
taghi près de Vathyrevma et sur le sentier de Pentaghi à Artolina; on retrouve les
mêmes brèches avec Rudisles à Plessia, plus au Sud. Des fragments de Rudistes se
retrouvent encore dans les blocs isolés de calcaire gris foncé, en sortant du village de
Pentaghi, sur le sentier vers Artotina.
Celle formation qui appartient ainsi au Crétacé se développe avec des dimensions
considérables pour former les sommets Souphiais et Alogorachi de la crête occidentale
des Vardussa.
D'autre part, le calcaire des couches inférieures de la crête orientale des Vardussa,
sur le versant ouest du Prophèle-I'llie, contient des Ellipaactinia d'après la détermi-
nation de M. H. Douvillé. Le calcaire en question est gris ou jaunâtre et quelquefois
bréchoïde, reposant sur du grès. Un autre échantillon, recueilli près de la source
Chaliki, formant une masse sphéroïdale de i5'^™ de diamètre, environ, a permis à
M. Ph. Skouphos de reconnaître V ElUpsaclinia ellipsoidea Steinm. (PaUeonlogra-
phica, t. XXV^ 1878, p. ii6).
Du col qui sépare la crête orientale des Vardussa, de la crêle occidentale,
on voit reparaître sur le calcaire à Ellipsactinia une formation rouge qui
pourrait correspondre à la formation crétacée mentionnée plus haut et pour-
rait ainsi faire admettre pour le calcaire à Ellipsactinia un âge jurassique
supérieur. Cette question cependant reste indécise, car on constate l'exis-
tence de Rudistes et à' Ellipsactinia dans le même massif calcaire, celui de
Kontsoros au nord de ^ ilrinitsa. Hapj)clons d'ailleurs qu'au col des Vardussa
Neumayr avait trouvé un fragment détaché d6 Rudiste {Denhc/ir. Ak. Wien,
t. XL, 1880, p. io5 ). En ce qui concerne l'observation de cet auteur, que
le calcaire de la crête occidentale plonge sous la formation gréseuse recou-
verte par le calcaire de la crête orientale, elle ne peut être prise en considé-
ration pour fixer làge relatif des deux calcaires, parce que le calcaire
occidental parait plutôt pincé dans la formation gréseuse, comme à Granilsa.
Les faits que nous venons d'exposer ne sont pas d'accord avec l'âge l'^ocène
admis jusqu'à présent pour le flysch de la zone orientale d'Etolie, à moins
d'admettre des phénomènes tectoniques de charriage.
En terminant, nous devons signaler l'existence d'une formation éruptive
considérable entre Pentaghi et Artotina; les roches éruptives appartiennent
aux familles des gabbro, des spilites et des porphyres.
'^So ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE. — Sur le gisement des pechsteins associés aux pyromérides
dans l'Esterel. Note de M. Albert Michel-Lévt, présentée par
M. Michel Lévy.
L'élude détaillée que je poursuis actuellementdes roches du massif permien
de l'Eslerel me permet de préciser les conditions de gisement des pechsteins
signalés dès 1877 par Potier comme un accident de la pyroméride ; d'après
cet auteur, ils forment desi^eines dans la pyroméride à la colle (colline) de
Grane^ prés Fréjus (Notice de la feuille d'Antihes); il y en aurait trois veines
principales^ se ramifiant à l'infini, sans qu'on puisse dire que ces reines
coupent cette roche ou que le pechstein lui soit postérieur (^Soc. géoL, 3* série,
t. Y, 187G-1877, p. 745).
Je n'ai pas retrouvé de pechstein dans la pyroméride de la colle de Grane ;
par contre, je puis indiquer un superbe gisement de ces roches vitreuses re-
marquahles à la colle de la Motte qui succède à cette dernière au Nord-Ouest
(crête dominant la rive droite du premier ravin au nord du Gargalon, affluent
de la rive gauche du Reyran). Les variétés entièrement vitreuses, noires,
vertes et rouges, s'y rencontrent, formant un banc puissant de 5'" à 10'", que
l'on peut suivre, sur Soo'" à 400'° de long, entre deux points bas de la colle
de la Molle, sur son flanc nord-ouest, à i'"" environ à l'est de la vallée du
Reyran ; ce banc puissant est à la base de la coulée de pyroméride qui [)araît
être descendue de plusieurs kilomèlres au Nord-Est, provenant de dykes avoi-
sinant le mont Vinaigre ; il repose directement sur des schistes verdàlres et
desarkoses fines, silicifiées et se délitant au plaquettes, riches en mica blanc
élastique et contenant des empreintes de plantes, qui paraissent appartenir
au sommetdu Permien inférieur de Potier. Ces arkoses reposent elles-mêmes
sur les puissantes coulées de porphyre pélrosiliceux amarante.
Ce peclistein est un verre trempé, présenlant une extrême abondance crenroulemenlb
perlitiques et dans lequel la trempe et le relrail sont dus à un refroidissement brusque
de son magma initial; l'analyse, due à M. Pisani, a donné une perte au feu de
7,3 pour 100, qui indique un départ considéral)le de gaz inclus. [TiO- 0,1 :
SiO'72,2; APO^ 10,7; FeO + Fe-0' 1,7; CaO o,4; MgO 0,6; K^0 3,2; NaM)':;,y;
p. f. 7,3. Noms dans la classification américaine : l'ersalaiie. Co/iiiii/iurc, .v près
Alas/xose. Paramètres magmatiques de M. Michel Lévy: ii> ^^Z.q L;ranitoiUoiiliqiie;
/■ = 0,8 mésopotassique: *F = 2,8 magnésien-ferrique ; V =: 4- 2 inicrocalcique.'\
.le crois pouvoir conclure des faits constatés que la production du
SÉANCE DU l4 MARS 1910. ySl
pechstein est due ici à l'arrivée de la lave de la pyroméride dans une nappe
d'eau locale, probablement un lac de l'époque. Cette hypothèse s'est
trouvée confirmée par la découverte de variétés de pyromérides fluidales,
contenant de fins lits de verre et passant au pechstein, dans une situation
identique, à la base de nombreuses coulées; telles sont les pyromérides
pechsteiniques des coulées au sud-est du sommet Pelet (SSV), de la
erête 3oo au sud-ouest de Théoule, du Signal de Théoule (sud de la pointe
de l'Aiguille), du sommet 170 à l'ouest des Petits-Caous.
Des variétés analogues paraissent s'être formées à la salbande des dvkes de
pyroméride, à faible profondeur au-dessous des anciennes bouches de
sortie; je citerai, comme exemple, la pyroméride vitreuse verte, contre les
conglomérats de base du Ferinien, à la salbande d'un dyke, dans le ravin
de Maure-Vieille.
Les variétés de pyroméride à gros sphéroliles se rencontrent, dans les
coulées, immédiatement au-dessus des pechsteins. Celles à sphérolites très
fins sont dans l'épaisseur des coulées, dans les parties supérieures des dykes
ou dans les filons minces.
Les filons profonds de pyroméride (ceux que l'on rencontre par exemple
dans le gneiss au nord de l'EsLerel) sont constitués par une roche porphy-
rique, moins fluidalc, généralement prismée.
En résumé, les pechsteins ne se présentent pas en veinules aberrantes
dans la masse des pyromérides, mais ils constituent localement la base des
coulées ou les salbandes des dykes. Leur genèse est donc en rapport avec
un refroidissement brusque du magma intéressant de ces roches, si riches en
gaz inclus qu'elles ont été appelées explosives et vivantes.
PHYSiQUi; DU GLOBE. — Recherches sur le magnétisme terrestre. Note
de M. Albert IVoikkv, présentée par M. E. Wolf.
Dans une suite d'observations poursuivies depuis plusieurs années, j'ai
constaté qu'il se produisait à certaines époques déterminées des variations
brusques et rapides dans la direction et dans l'intensité du magnétisme
terrestre. Ces variations magnétiques ne sont pas décelées parles magné-
tomètres habituels, mais elles sont mises en évidence à l'aide d'un
magnétomètre d'un modèle spécial, caractérisé par un très faible moment
d'inertie.
C. R., içiio, I" Semestre. (T. l.iO, N" 11.) 'l'C
^52 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'étude des variations brusques et rapides du maçnélisme terrestre parait
présenter une réelle importance dans la Physique du globe terrestre et dans
la Météorolof^ie, car ces troubles précèdent de 12 à .'4 heures l'apparition
des grands mouvements atmosphériques, et ils se produisent aux mêmes
époques que certaines perturbations solaires, telles que l'apparitiou ou la
disparition de taches ou de facules sur le bord du Soleil, la formation
rapide de centres d'activité, ou bien encore leur passage au méridien central.
Lors de ces perturbations, les variations du magnétisme sont très imj)or-
tantes, car l'aiguille du magnélomètre est brusc|uement projetée vers la
direction Est-Ouest, où elle stationne pendant une portion de seconde.
L'extrémité Nord est toujours portée vers l'Est dans notre hémisphère.
L'aiguille revient rapidement à sa position primitive et le nombre d'oscil-
lations varie de une à quatre par seconde. Leur durée varie, suivant les cas,
d'une heure à plusieurs jours.
Les aiguilles aimantées et les magnétomètres ordinaires présentent, pen-
dant ces périodes de perturbations rapides, un certain flottement dans leurs
indications, mais leur masse et leur moment d'inertie sont trop considé-
rables pour permettre de les déceler.
Ces perturbations rapides paraissent être d'origine électrique, et leur
siège se trouve probablement dans les régions supérieures de l'atmosphère
terrestre où elles correspondent à des décharges instantanées et successives
dirigées de l'équateur vers les pôles. Elles paraissent également être suivies
d'aurores polaires.
Ces perturbations magnétiques sont accompagnées de variations corres-
pondantes dans la charge électrique terrestre, ainsi que j'ai pu le mettre en
évidence dans un grand nombre d'observations antérieures.
La relation intime qui parait exister entre les perturbations électriques
de l'atmosphère et les grands mouvements cycloniques semble indiquer que
l'origine de ces derniers doit être surtout de nature électrique.
Des observations suivies des perturbations rapides du magnétisme et de
la charge terrestre permettront d'établir la loi probable qui relie ces phéno-
mènes aux mouvemeuts cycloniques.
Je signalerai, à titre d'eveaiple, les dernières perturbations (|ui ont été
enregistrées à Bordeaux.
Le 22 février 1910, de 9'' du matin à midi, des perturijations se pro-
duisent au moment du passage d\\\\ gioupc île lâches sur le bord ouest
du Soleil.
SÉANCE DU 14 MARS 1910. 738
Ces perturl)ations furent suivies de bourrasques et de mauvais temps du
24 au 27 février.
Le 7 mars, des peilurbalions analogues correspondirent à la disparition
de taches sur le bord ouest du Soleil, et le 9 mars à l'apparition de taches
sur le bord est. Elles furent suivies de troubles atmosphériques et de baisse
barométrique du 10 au 12 mars.
J'ai établi le nouveau magnétomètre cité précédemment, avec le concours
de M. Philippot, constructeur d'appareils de précision à Bordeaux.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les anomalies de la réparlilion de la pression atmo-
sphérique aii^r Ktals-Vnis. Note de M. IIr.xryk Arctowski.
Les corrélations qui existent entre les variations climatiques et les récoltes
nous permettent de croire que l'étude approfondie de la dynamique des
climats mènera à des résultats d'application pratique.
Poursuivant mes recherches dans cet ordre d'idées, j'ai abordé l'examen
détaillé des variations des moyennes annuelles de la pression atmosphé-
rique.
Utilisant les données des Tables publiées par Sir Norman Lockyer, celles
du Mémoire de Bigelow sur la pression atmosphérique aux Etats-Unis ainsi
que les écarts consignés dans les résumés annuels de Monthly Weather
Review^]'A\ formé des Cartes donnant la répartition géographique des écarts,
année par année, pour 1876 à 1908.
Ces Cartes, quoique enlacliées d'erreurs dues au défaut d'Iiomogénéilé des séries
d'observations d'un certain nombre de stations, démontrent à l'évidence l'existence d'un
phénomène excessivement curieux. Les aires d'écarts positifs et d'écarts négatifs sont
en efîet distribuées par zones qui se déplacent d'année en année, tout comme s'il
s'agissait d'une propagation extrêmement lente d'immenses ondes atmosphériques. En
calculant les moyennes consécutives, pour un certain nombre de localités, j'ai pu véri-
fier que, dans les cas examinés, il y a vraiment eu des déplacements progressifs des
centres de surplus et de déficit de pression. Le sens suivant lequel les aires d'hyper- et
d'hypo-pression se déplacent est généralement de l'Iist vers l'Ouest, de l'Atlantique vers
l'océan Pacifique. Cependant le phénomène est très compliqué en réalité. (^)uelques-
unes des Cartes annuelles (donnant la distribution des écarts par rapport aux pressions
normales) nous montrent en effet, très clairement, l'existence simultanée de deux
systèmes d'ondes entrecroisées, venant du nord-est et du sud-est des Etats-Unis.
Les moyennes consécutives pouvant être calculées jusqu'au dernier mois d'observa-
tions, il serait aisé de suivre, d'une façon continue, les changements de la ié|)artition
yS/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la pression atmosphérique, et de se servir évenluellement de ces Cartes pour des
prévisions à longue échéance. Cependant, comnne ce sont surtout les anomalies du
caractère des saisons qu'il importe de connaître, je compte examiner à présent l'in-
fluence du passage des aires d'hyper- et d'hypo-pression annuelles sur les valeurs des
moyennes mensuelles observées.
Je n'insiste pas sur les corrélations d'opposition des écarts notés en
Islande cl dans les États du Nord-Est, et je note simplement, pour finir, que
les sommes des plus grands écarts, observés aux centres des aires d'hyper- et
d'hypo-pression, semblent subir une variation dépendant du cycle des
taches solaires.
J'espère pouvoir publier sous peu un compte rendu complet des résultats
mentionnés dans cette Note.
M. M. Gandillof adresse un complément à son Mémoire sur l'audition.
(Renvoi à l'examen de MM. Violle et Villard.)
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 lieures un quart.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 21 MARS 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUNICiVTIOrVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce à TAcadémie qu'en raison des fêtes de Pâques
la séance du lundi 28 mars est remise au mardi 29.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts adresse
ampliation du Décret portant approbation de l'élection que l'Académie a
faite de M. Charles Lallemand pour occuper la place vacante, dans la
Section de Géographie et Navigation, par le décès de M. Bouquet de la Grye.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Ch. Lallemand prend place parmi
ses Confrères.
M. le Ministre de l'Instruction publioue et des Iîeaux-Arts adresse
ampliation du Décret portant approbation de l'élection que l'Académie a
faite de M. Richard Dedekind pour occuper l'une des places d'Associé
étranger, créées par le Décret du i'^'' décembre 1909.
Il est donné lecture de ce Décret.
MÉDECINE. — Fièi'/c typhoïde expérimentale.
Note de M. Metchnikoff.
Dans la période de '^o ans qui s'est écoulée depuis la découverte du
bacille typhique, la Science a réalisé de grands progrès dans l'étude de la
G. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 12.) If l
756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fièvre typhoïde. Mais elle a dû s'arrêter devant l'impossibilité de reproduire
cette maladie par la voie expérimentale. L'introduction des bacilles typhi-
ques dans l'intimité de l'organisme des animaux de laboratoire amène bien
une infection mortelle généralisée, mais qui ne présente pas les caractères
essentiels de la fièvre typhoïde de l'homme avec ses lésions du lube
digestif.
On a fait un très grand nombre de tentatives afin d'obtenir cette maladie
à la suite de l'administration du virus typhoïde par la bouche. Les résultats
n'ont pas été suffisants. M. Grûnbaum, àLiverpool, a même essayé de re-
produire la fièvre typhoïde chez les singes anthropoïdes (chimpanzés), mais
sans beaucoup de succès.
Dans ces conditions on conçoit facilemeul l'embarras de la science médi-
cale devant des questions comme celles-ci : Le bacille typhique est-il seul
capable de provoquer la maladie, ou bien exige-t-il le concours de quelque
microbe favorisant? Les méthodes préconisées pour la vaccination et la
guérison de la fièvre typhoïde sont-elles réellement capables de conduire à
ce résultat? Laquelle de ces méthodes doit être considérée comme la plus
pratique et la plus efficace? La fièvre typhoïde peut-elle être traitée
par des sérums? Ces sérums doivent-ils être anlibactériens ou anti-
toxiques ?
Etant donnée la grande iuq)orlance du problème, nous nous sommes
mis à l'étudier, profitant des ressources de l'Institut Pasteur pour l'étude
des maladies infectieuses. Nous avons commencé par le commencement
et nous avons d'abord essayé de reproduire la fièvre typhoïde chez un
animal des plus proches de l'homme, chez le chimpanzé, en le soumetlant
à l'infection, non pas avec des cultures du bacille typhique, mais avec le
virus contenu dans les excrétions de malades atteints de la fièvre typhoïde.
Dans cette intention il a été administré à un jeune chimpanzé, ne pn-sen-
tant aucun trouble intestinal' ni autre, un peu de matières fi'cales d'une
personne soignée à l'hôpital Pasteur pour une fièvre typhoïde des plus
typiques. Avant le début de l'expérience il a été bien établi que ces matières
renfermaient beaucoup de bacilles typhiques facilement cultivables. Pour
plus de sûreté la matière virulente a été donnée à notre chim])aiizé à liois
reprises différentes.
Le septième jour après le début de l'expérience la température du corps
a commencé à monter pour atteindre dcuxjours après le maximuin de V'"-^-
Seulement cet état fébrile n'a duré que peu de lenq)s, car deux jours plus
lard la tenq)érature est descendue aux environs de 38°. Le chliupiinzé.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 757
constipé au début de Texpérience, a été pris de diarrhée pendant la période
fébrile.
La maladie expérimentale, qui avait débuté d'une façon très semblable à
la fièvre typhoïde humaine, s'est compliquée dans la suite. Il s'est développé
sur elle un état dysentérique auquel le chimpanzé a succombé le treizième
jour après le début de l'expérience.
Le sang de l'artère fémorale, prélevé au moment de la température la
plus élevée, de même que les matières fécales diarrhéiques, ont donné une
culture pure du bacille typhique, agglutinable en très forte proportion (jj^)
par le sérum antilyphique préparé par M. Besredka.
A l'autopsie le gros intestin a montré des lésions caractéristiques de
dysenterie sous forme de petites érosions sanguines de la muqueuse. Mais
l'iléon a manifesté une hypertrophie considérable des plaques de Peyer,
correspondant au début de la fièvre typhoïde de l'homme. Il y avait en
tout onze plaques plus ou moins saillantes qui n'étaient pas à comparer à
ces organes lymphatiques très faiblement développés dans l'iléon normal.
Les plaques de l'eyer de notre chimpanzé n'étaient point ulcérées ni nécro-
sées, tandis que les ganglions rétrocœcaux, très congestionnés et hyper-
trophiés, renfermaient des foyers de nécrose contenant une masse de globules
blancs altérés. Ensemencés sur des milieux appropriés, ces ganglions, ainsi
que le sang du cœur, ont donné des cultures pures du bacille typhique,
tandis que la rate et le foie ont laissé pousser plusieurs microbes, parmi
lesquels beaucoup de Prote.us.
En résumé l'expérience sur le chimpanzé montre que l'ingestion des
matières fécales d'homme, riches en bacilles typhiques, est capable de pro-
duire la fièvre typhoïde, comparable à la maladie humaine. Il devient donc
possible et urgent de rechercher la solution des questions que nous avons
énumérées plus haut. Comme ces recherches sont très laborieuses, nous
nous sommes associés pour leur exécution à M. Besredka qui a fait déjà des
travaux très importants sur l'endotoxine typhique et lesinéthodes de vacci-
nation et ne sérothérapie de la fièvre typhoïde. Nous espérons, grâce à cette
collaboration, pouvoir mener à bien notre projet.
S. A. S. Albert de Mo.\aco fait hommage à l'Académie du n" 162 du
Bulletin de l' Institut océanographique^ qui contient un Mémoire intitulé :
Les campagnes scientifiques de S. A. S. le piince Albert I"^ de Monaco, par
J. Richard.
y58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à rélection d'un Corres-
pondant pour la Section de Géographie et Navigation, en l'emplacement
de 31. Augustin Normand^ décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 36 :
M. Albrecht obtient 23 suffrages
M. Hildebrandsson obtient ii »
M. Penck » i suffrage
M. SvenHedin » i »
M. Albrecht, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est élu
Correspondant de l'Académie.
NOMINATIONS.
M. le Président de l'OEuvre du monument Horace Veixs-Paul Bert
invite l'Académie à se faire représenter à l'inauguration, qui aura lieu le
27 mars à Paris.
M. Dastre est désigné pour représenter l'Académie à cette cérémonie.
M. le Ministre de l'Instriction publique et des Beaux-Arts invite
l'Académie à désigner un de ses Membres qui remplacera, dans la Com-
mission technique de la Caisse des recherches scientifiques, i'*^ Section,
M. Jiornet, démissionnaire.
Il est procédé au vote.
M. Prilueux réunit l'unanimité des suffrages.
M. le Président du III'^ Congrès international de Physiothérapie invile
l'Académie à se faire représenter à ce Congrès, qui se tiendra à Paris du
29 mars au 2 avril 1910.
L'Académie décide de se faire représenter par M. A. Gautier, Vice-
Président; M. Roux, MM. les Membres de la Section de Médecine et
Chirureie et M. Labbé.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 769
RAPPORTS.
M. Jean Charcot adresse de Punta-Arenas un résumé de son expédition
polaire :
En quittant Déception nous nous sommes rendus à Porl-Lockroy où
nous avons commencé nos travaux. Pendant ce temps je partais en vedette
avec Godfroy et Gourdon pour Wandel, afin de voir de là les glaces et d'éco-
nomiser le charbon et le temps. C'est un petit voyage de 4o milles qui a
été assez mouvementé, mais dont le résultat final a été satisfaisant. (Quelques
jours après nous arrivions avec le Pourquoi Pas? à ^\andel. De suite le
temps a été mauvais du NE. L'anse était un peu petite pour notre bateau,
nous n'avons pas eu le temps d'installer un barrage satisfaisant, les petites
glaces ne sont pas venues nous protéger, et, pendant une semaine sans pou-
voir en sortir, nous avons été en danger, assaillis par d'énormes ice-blocs
qu'il a fallu repousser, amarrer, etc., nuit et jour.
Le i*^"" janvier, avec Godfroy, Liouville et Gourdon, nous allons en ve-
dette chercher un meilleur abri, et nous trouvons à l'ile Petermann le port
que nous baptisons, à cause de la date, Port-Circoncision. Quelques jours
après nous y arrivons avec le Pourquoi Pas? échappé de Wandel sans avarie
importante en nous faufilant à travers les ice-bergs. Le même jour je pars
avec Godfroy et Gourdon explorer le Sud, pour monter surtout à un som-
met nous permettant de voir si nous avons des chances de passer avec le
Pourquoi Pas? entre les Biscoe et la côte. Nous comptions revenir le jour
même et n'avions emporté ni vivres, ni rechange de vêtements. Notre mis-
sion est facilement remplie; nous voyous que la côte est bloquée, mais
quand nous voulons revenir, nous nous trouvons bloqués à notre tour par
les glaces. Pendant /) jours, avec une neige continuelle, nous cherchons
à nous dégager; je passe sur les détails de cette odyssée. Nous risquions
de mourir de faim et de froid. Le quatrième jour, alors que nous partions
(nous avions nos sacs sur le dos) pour essayer de gagner à pied par la
falaise de glace un cap d'où à la première éclaircie on aurait pu voir nos si-
gnaux, le Pourquoi Pas? a fait entendre son sifflet dans la brume et les
neiges. Habilement et heureusement conduit par Bongrain secondé de
Rouch, il est venu nous tirer d'affaire.
Malheureusement, au retour, le bateau s'est échoué avec une grande bru-
talité sur un des innombrables récifs à fleur d'eau. L'arrière était dans
l'eau à marée basse, il a fallu décharger le bateau. Au bout de trois jours et
■760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trois nuils de travail nous sommes arrivés à le déséchouer, mais nous avons
laissé sur le rocher un gros morceau de notre avant, la quille enlevée jusqu'à
la rablure. C'est avec le bateau dans cet état que nous avons accompli toute
notre expédition.
De Petermann nous sommes partis vers le Sud, longeant la côte, complé-
tant la carte du Français. Nous avons retrouvé Ja baie signalée par Pendilon
(baleinier américain), puis découvert au nord de l'ile Adélaïde une grande
baie que nous avons appelée depuis baie Matha. Nous avons fait l'hydrogra-
phie de l'ile Adélaïde qui a une coniiguration bizarre et curieuse ; au lieu de
8 milles de long commue on le croyait, elle en a 70! Au sud d'Adélaïde, dans
une région jamais explorée ni vue, nous avons découvert un grand golfe que
nous avons baptisé baie Marguerite, où, malgré les récifs et les glaces très
compactes, nous sommes entrés, nous amarrant à la banquise, près d'une
petite ile que j'ai appelée l'ile Jenny (la femme de Bongrain). Là nous nous
sommes mis au travail, mais sans mouillage possible, en lutte perpétuelle
avec les ice-blocs, risquant d'être broyés par d'énormes ice-bergs. Nous y
avons été en perdition, surtout pendant 4 jours de gros temps. C'est miracle
que le bateau ait échappé. Un ice-berg a chaviré auprès de nous; seule une
manoeuvre rapide nous a sauvés (ceci par beau temps) ; une eudjarcation
a été broyée et rejetée sur la banquise.
Pendant notre séjour, Bongrain, Gain et Boland ont fait en traîneau une
excursion de deux jours, quia permis de faire l'hydrographie de la cote qui
sépare Adélaïde de la terre Loubet. Au sud de la baie Marguerite nous
sommes en lutte oontinuelle avec les glaces, les ice-bergs et les récifs, mais
nous découvrons et faisons l'hydrographie de 120 milles de côte inconnue.
Après deux essais, nous forçons notre route et atteignons enfin la terre
Alexandre P'', dont nous faisons l'hydrographie, et nous allons ensuite rele-
ver celle len-e d'un autre point. Quand nous l'avions quittée, il ne manquait
-qu'un petit coin pour l'avoir complètement, nous avons pu le relever l'été
suivant; malgré tous nos efforts nous n'avons pu hiverner en cet endroit.
Cela a été mon plus grand désespoir, mais il n'y a qu'une falaise de glace ;
partant pas d'abri, pas de mouillage. Si nous avions voulu hiverner dans la
banquise, ce qui eût été désastreux pour les observations, il aurait fallu nous
éloigner de terre pour ne pas être broyé; on aae s'imagine pas ce (jue sont
les ice-bergs et la banquise de cette région. En vain nous avons cherché dans
la baie Marguerite, la baie Matha et ailleurs; cependant nous nous serions
contentés de bien peu. Alors il a fallu se résigner à revenir à Petermann, ce
(jui nous permettait, avec une bonne installation, de compléter et amplifier
SÉANCE DU 2 1 MARS I9IO. 761
les observations du Français, aug'meiitant ainsi la valeur de Tune el de lautre
expédition. Cette campagne d'étil', malgré quelque mauvais temps, a été
favorisée par un ciel exceptionnellement clair, de sorte que nous rapportons
des photographies, je puis dire de toute la côte, y compris Alexandre I'^'', et
que nos observations sont des plus exactes. Partout où nous avons pu, il y
a eu des travaux et des débarquenaents; enfin de très nombreux sondages et
dragages ont été faits pendant toute la durée de la campagne. La lutte avec
les glaces a été très dure, mais le bateau s'est admirablement coi»porté.
Notre station d'hivernage a été organisée le plus confortablement
possible, les observatoires nombreux étaient éclairés par la lumière élec-
trique amenée du bord. Avec la vedette, en ti'ois jours j'ai ramené la maisoin
démontable du Français qui a fait un observatoire confoitable de plus.
En automne, en vedette et sur les glaciers, nous avons fait de longues et
nombreuses excursions. L'hiver a été doux mais affreux. En somme un
formidable coup de vent de NE qui a duré neuf mois. Nous n'avons vu le
Soleil que 5 jours et la quantité de neige tombée a été formidable. La
banquise se disloquait perpétuellement, le passage des icebergs était consi-
dérable. Malgré notre abri, les précautions prises, les barrages ont été
cassés les uns après les autres; le bateau a été souvent en danger et notre
gouvernail a été broyé. Nous en avons fait un autre avec les moyens du
bord, en coupant une vergue.
Cet hiver pénible a eu son retentissement sur la santé; plusieurs d'entre
nous ont été assez gravement atteints de scorbut, lun d'eux demyocardite.
Ce n'est que la viande de phoque cjui nous a tirés d'affaire, quand nous
avons pu nous en procurer.
Un raid pour traverser la terre de Graham a été préparé avec beaucoup
de soin, je devais le commander, mais j'ai été terrassé par le scorbut;
Gourdon m'a remplacé avec (iain, Senouque et les trois matelots Ijosnard,
Aveline et Hervé. Ils ont rapporté de très intéressantes observations, mais
sans avoir pu vaincre la vraiment infranchissable muraille à pic de granit et
de glace qui part des glaciers et borde la côte partout où nous avons cherché
à pénétrer. Nombre d'autres excursions ont été faites.
Avec beaucoup de mal, lin novembre, nous avons pu dégager le bateau.
Les glaces, malgré l'hiver doux, probablement à cause de la neige, étaient en
abondance considérable, et les difficultés de la navigation augmentées par le
nombre phénoménal des ice-borgs. Enfin, après de grands efforts, nous avons
pu gagner Déception, où nous avons trourvé les baleiniers gênés par les
glaces et le mauvais temps. Nous y avons été admirablement reçus, sur le
762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vapeur chilien Gobernador Bories, par M. Andresen et sa femme. Avec une
grande générosité, ils nous ont aidés dans la mesure de leurs moyens et nous
ont fourni, d'après les ordres delà Sociedad Ballenera Magellanes, 100'
de charbon. Comme notre bateau fait 2' d'eau par heure, le scaphandrier
qui chercha à renflouer le vapeur Telefon qui s'est échoué l'an der-
nier, a tenu à examiner notre coque ; il n'a pu que constater la gravité de
notre avarie de l'avant et quelques avaries de moindre importance. Nous
avons rapidement fait quelques installations à terre pour le sismographe,
et des dragages en même temps que l'hydrographie. Les naturalistes et les
géologues ont pu faire du bon travail. Le temps a été affreux. De
Déception j'ai voulu aller à la terre Joinville chercher des fossiles, mais
très vite nous avons été arrêtés par les glaces, et, ne voulant pas risquer
de compromettre notre campagne au Sud ou de subir dans les mêmes
parages le sort de V Antarctique, après une courte lutte, je me suis rabattu
sur l'île Bridgeman, où nous avons débarqué, puis sur Admiralty-Bay
et la côte Sud des Shetlands, où nous avons fait un très bon travail.
De là nous sommes partis vers le Sud. Le temps tout de suite a été mau-
vais et sombre, les glaces et les ice-bergs très abondants; néanmoins novis
avons pu dépasser toutes les latitudes atteintes au sud-ouest de la terre
Alexandre P'' et en terminer la Carte ; puis nous avons eu la chance de décou-
vrir une suite de terres nouvelles au sud et à l'ouest de la terre Alexandre I"',
dans un endroit inattendu, résolvant ainsi un problème important. La ban-
quise nous a empêchés d'y aborder, en i heure nous n'avancions pas de io"M
Nous avons continué notre route en suivant les variations de la banquise et
avons retrouvé bien à sa place l'ile Pierre L"' qui n'avait pas été revue depuis
que Bellingshausen l'avait découverte. Une tempête nous y a assaillis avec
brume ; nous avons eu la chance de pouvoir nous diriger parmi les ice-
bergs. A partir de ce moment les ice-bergs sont tellement nombreux que
j'évalue à plus de 5ooo ceux que nous avons vus en moins d'une semaine,
il faut tout le temps être sous vapeur, et sans cesse une brume épaisse à ne
pas voir à 1 5" devant, alternée avec les coups de vent. Néanmoins nous arri-
vons jusqu'à 126" de longitude, ayant navigué depuis l'endroit d'où la Bel-
gica est sortie des glaces entre 69° et 71° de latitude, c'est-à-dire bien au
sud de Cook ou de Bellingshausen. Notre provision de charbon était épuisée,
la santé de plusieurs devenait un peu alarmante ; Godfroy était repris de
scorbut. Nous avons donc dû mettre le cap au Nord. Pendant longtemps les
ice-bergs ont été nombreux, puis ils ont diminué et enlin nous avons vu le
dernier. La traversée de l'Antarctique au cap Pillar a été extrêmement ra-
SÉANCE DU 21 MARS I910. 763
pide, grâce à une série ininterrompue de grands coups de vent variant de
SW au NN W ; la mer était énorme. En 10 jours nous sommes arrivés à
l'entrée du détroit de Magellan, mais nous y avons reçu un formidable coup
de vent de NNW accompagné de temps bouché. Sur la côte nous avons
quelques heures d'inquiétude, (jràce aux magnifiques qualités du bateau
et à sa très bonne machine aidée de voiles, nous avons pu cependant
nous élever au vent et mouiller quelques heures après à la baie Tuesday.
L'état de santé des hommes, la nécessité de faire de l'eau douce pour la
chaudière, m'ont décidé à séjourner 4 jours dans le détroit. En raison de la
mauvaise situation dans la baie Tuesday, nous nous sommes rendus à Puorlo-
Gallanle, où nous avons pu nous procurer de la viande fraîche, quehjues
légumes et faire de l'eau ; les hommes ont pu se reposer. Nous mouillons à
Punta-Arenas, où nous avons été admirablement accueillis, après 1 4 mois
d'absence. Pendant celte seconde campagne d'été comme pendant la pre-
mière, de nombreux sondages et dragages ont été exécutés.
Le bateau à tous points de vue, tant dans les glaces qu'en mer, s'est mon-
tré excellent, et nous n'avons pas eu une seule avarie de machine. Pour avoir
supporté ce qu'il a supporté, il faut que ce bateau soit d'une solidité remar-
quable. L'équipage a été parfait. Quanta l'Etat-Major, c'est à son travail
incessant que sont dus les résultats de la mission ; le programme scientifique
a été scrupuleusement rempli.
M. A. Lacroix, à la suite de la communication du Rapport de M. Charcol^
signale à l'Académie qu'il vient de recevoir une lettre de M. Gourdon, le
géologue de l'expédition, qui donne quelques détails sur ses observations
géologiques.
Sans compter ce qui concerne les glaciers, l'hivernage à l'île Petermann
a permis de compléter les recherches faites par l'expédition précédente et
d'efl'ectuer un raid d'une quinzaine de jours sur la Terre de Graham. Là, de
même que sur la Terre qui fait suite aux Terres de Graham et de Loubet,
où plusieurs débarquements ont pu être opérés, il n'a été rencontré que des
granités et des diorites quartzifères. Sur cette dernière Terre, ces roches
grenues sont traversées par des filons minces et des dykes de roches volca-
niques : des brèches volcaniques ont été observées dans plusieurs îlots. Nulle
part il n'a été trouvé de roches sédimentaires.
Plus au Nord, l'expédition a fait des observations et des récoltes nom-
C. R., 1910,1" Semestre. (T. 150, N» 12.) I02
764 ACADÉMIE DES SCIENCES.
breuses dans les îles volcaniques Déception, Bridgeman et du roi (àeorges.
Les tufs basaltiques de cette dernière île notamment renferment de grosses
amygdales de zéolites, de quartz et de calcédoine.
COR RESPOND Ai\ CE .
M. le Ministre de i.'Instkuciiov publique et des Beaux-Arts invite
TAcadémie à lui présenter une liste de deux candidats à une place de
Membre du Bureau des Longitudes, vacante par le décès de M. Bouquet de
la Grye.
(Renvoi à une Commission composée de MM. les Membres des Sections
de Géométrie, Mécanique, Astronomie, Géographie et Navigation,
Physique et de M. le Secrétaire perpétuel pour les Sciences lualhé-
matiques.)
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts in vile
l'Académie à lui désigner ceux de ses Membres qui pourraient se rendre,
en qualité de délégués de son Département, au III" Congrès international
quinquennal de Botanique^ qui se tiendra à Bruxelles du if\ au 22 mai 1910.
(Renvoi aux Sections de Botanique et d'Lconomie rurale.)
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts invite
l'Académie à lui désigner ceux de ses Membres qui pourraient se rendre,
en qualité de délégués de son Département, au Congrès international
d'Hygiène alimentaire, qui se réunira à Bruxelles du [\ au 8 octobre 1910.
(Renvoi aux Sections de Médecine et d'Economie rurale.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
I " Microhiologie agricole, par Edmond Kayser. ( Présenté par M . A . M iintz.)
1° Quelques lettres (1873-1910) de quelques collègues. Membres de l'Institut
de France, adressées au D"" G.-D. Hinuicus. (Présenté par M. A. (iaulier.)
3" Relazione de la Commessione keale incaricata di designare le zone put
SÉANCE DU 21 MARS I9IO. 766
adatle per la ricoslruzione degli abilati colpiti dal terremoto del 28 dicemhre
1908 o di altri precedenti. (Adressé par M. Blaserna, président de la
Commission.)
4° Le premier fascicule, Tome II, de V Élude dynamique dest'oitures auto-
mobiles, par Albert Petot. (Présenté par M. Darboux.)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Observations du Soleil faites à l'Observa-
toire de Lyon pendant le quatrième trimestre de 1909. Note de M. J.
Guillaume.
On coTmple [\i jours d'observation dans ce trimestre, et les principaux
faits qu'on en déduit se résument ainsi :
Taches. — Le nombre des groupes esl très jjeu supérieur (5o au lieu de 45) à celui
du troisième trimestre, mais leur aire totale est presque double {55o8 millionièmes
au lieu de 2908).
Trois groupes ont atteint la visibilité à l'œil nu :
Octobre ^^^ à — i° de latitude
Novembre 27,9 à — 18° de latitude
Décembre 3i,6 à — 16° de latitude
D'autre part, le Soleil s'est montré dépourvu de taches dans deux des jours d'ob-
servation (11 et 12 décembre).
En ce qui concerne leur répartition entre les deux hémisphères, on a i groupe en
plus au sud de l'équateur (26 au lieu de 2») et 4 en plus au nord (24 au lieu de 20).
Régions d'activité. — Malgré un nombre de groupes moindre d'un quart (65 au
lieu de 86), la surface totale des facules est peu inférieure à celle enregistrée dans le
précédent trimestre (82,3 millièmes au lieu de 89,0). Cette diminution des groupes
de facules a été un peu plus forte dans l'hémisphère austral (87 au lieu de 49) que
dans l'autre hémisphère ( aS au lieu de 87).
Tableau I. — Taches.
il'obsen.
Talions
centra
Octobre
3o- 7
4
3,9
28- 9
7
4,2
28- 9
7
4 , 4
5
1
'' 1 '
■2-1 1
6
7,3
5-iG
9
1 1 ,0
i3-i6
'1
11,2
Surfaces
Dales
Nombre
rass.
moyennes
extrêmes d'obser-
au mér.
rédaites.
ci'obserT.
valions.
central.
Oclob
'4
5
11,4
i4:
7-18
10
l3,2
5o3
1 4- 1 9
i3,6
2
1 1
14,0
ii3
I 5
l5,2
400
i3-i4
19,1
17
i5
■',0,0
147
116
7G6
ACADEMIE DES SCIENCES.
Tableau I.
Surrac
moyen
Octobre (siiile).
14-23
1 1
20
7
21-22
2
iC>
i
23-30
3
28
6
23-3o
3
29
6
2Ï- 6
4
3i
4
25- G
4
3i
j
-+- 6
•53
H- 8
3[
-H 2
107
125
Novembre. — 0,00.
5- 6
:>.
3,5
5- 6
2
3,7
5- 6
2
6,1
5- 6
2
8,3
5- G
2
9,6
i4
1
11,6
14
1
1 ), 1
22
1
17,1
l4-22
2
17,2
22-23
2
22,8
22-29
4
2G,8
22-23
2
27,5
—18
23
171
26
3i
24
25
164
83
199
16
Taches (suite),
I Dates ^umb^e
3-23
!l-23
26
17
'.1-29
29-3 I
23
23-31
26
29-31
26-3 1
Novembre (suite ).
27,9
28,0
— 1 i",i) -+-1 i",G
22, 1
22,3
24 ,0
— 13
24,9
— 12
v.6,5
— '4
28,4
- 3
29,0
3o,G
— ij
3o,8
3r,6
— iG
24
200
220
86
142
'19
24
35
i5<j
3
16
5i4
16 j.
— I l°,G H- 9", 4
Octobre.. . .
Novembre. .
Décembie . .
Tolau\ .
Tableau II. — Dislribulion des taches en latitude.
Sad.
90*. lO". 30". 20°.
Son
Soi
Nord.
Surfaces
omme. C
". 1
20*. 30-.
10'
90".
mensuels.
réduites.
10
8
2 »
1)
20
'9Î9
7
2
5
»
14
1835
7
4
3
»
iG
>7i4
24
14
10 »
,
..
5o
55o8
Tableau III. — Distribution des facules en latitude.
190».
Octobre. . . . .
Novembre. . .
Décembi e . . .
Totaux.
•. 10°. 30°. 10". 10°. 0*. Sooime
I » 1 10 3 i5
» » » 6 2 8
» » 1 8 5 i4
1 » 2 24 10 37
Nord .
Surface
0'. !0'.
30"
. to*
90-.
Tolauj
.m..
0*.
réiluites
i3
G
6
,
„
„
■2 S
34,5
G
3
3
»
»
»
'4
'9,4
9
3
5
1
)>
»
23
28,4
_ —
—
_
—
—
28
12
14
2
»
»
65
82,3
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 767
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur quelques nouvelles familles de Lamé.
Note de M. J. Haag.
Dans une Note insérée dans les Comptes rendus du 22 juin 1891, M. Petot
a indiqué comment la recherche des systèmes triples orthogonaux composés
de surfaces dérivant de trois d'entre elles par une translation rectiligne con-
■ tinue se ramène à la détermination de certains systèmes sphériques ortho-
gonaux ((t), caractérisés par un élément linéaire de la forme
, , à'/. , , d't. , ,
ou âv
OÙ les variables u et t' sont convenablement choisies. (Nous leur donnerons
le nom de i^ariables canoniques.)
Ce géomètre signale comme système (tr) particulier le système des
ellipses et hyperboles homofocales et celui qui se compose de deux familles
de cercles orthogonaux . Comme il n'a rien publié à ce sujet, je me suis pro-
posé d'étudier ces systèmes particuliers, tout en les généralisant. J'ai été
conduit aux résultats suivants.
I. Systèmes (a) comprenant une famille de petits cercles. — On trouve
d'abord que les plans de ces petits cercles doivent être parallèles à une
même droite, O^ par exemple. A part cela, ils peuvent être choisis arbitrai-
rement, de sorte que si cosp et X désignent les coordonnées polaires dans
xOyàn centre d'un quelconque des petits cercles, p es t une fonction arbitraire
de X. On sait qu'à toute direction OT correspond une surface S et une seule
(à une homothétie près), qui admet (a) pour représentation sphérique de
ses lignes de courbure et qui engendre une famille de Lamé dans une trans-
lation parallèle à OT.
Pour que la surface S soit un périsphère, il faut et suffit que la direc-
tion OT soit perpendiculaire à Oz. La surface S, qui correspond à Ox, par
exemple, a pour équations
-^1=:— sin-X cosjut — / (cotp sin'/ ■+- tangp cos*>i)dX,
ji=: sin>, cosÀ cosp. -+- / cotap sin2>i dk,
5,=: sin)i cosf/.,
où [X désigne une variable auxiliaire qui a une signification géométrique
très simple.
768 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Sur ces équations on reconnaît facilement les différentes propriétés des
périsphères signalés par M. Maurice Lévy (Journal de Liouville, 1892,
p. 35 1).
On a des équations analogues pour la surface So qui correspond à (}x.
(^)uant à la surface S3 relative à Or, c'est la surface de Joachinistal la plus
générale engendrée par le mouvement de verrou d'une tractrice autour de
sa base (on retrouve ainsi un résultat de notre Note du 3 août 1908).
La surface S qui correspond à une direction OT quelconque se déduit,
suivant une règle très simple, des surfaces S,, S,, et S, par composition
géométrique.
Enfin les variables canoniques, qui permettent d'avoir sans calcul les
équations du système triple orthogonal, sont données par les deux qua-
dratures
c '^'^ 1 v- r ,-.
f ^ — / -: 5 u =lostans^ / colûrtA.
J sin p cos p ° •î _ / '
Ln cas particulier intéressant est celui où les deux familles de (a-) sont des
petits cercles, cas signalé par M. Petot. 11 suffit de supposer dans ce qui
précède
cosp = KcosX (K = const.).
On obtient des résultats élégants, que le manque de place nous empêche
de donner.
II. Systèmes ( ir) isothermes. — Il y en a de quatre espèces différentes :
i" Système de deux familles de cercles. Il vient d'être étudié;
2° Système orthogonal de loxodromies. Les systèmes triples orthogonaux
correspondants coïncident avec ceux obtenus dans (I), dans le cas où les
plans des petits cercles enveloppent un cylindre de révolution d'axe Oz.
3° Projection stéréo graphique des courbes du plan des xy qui ont pour
équations polaires
p'"cosw(ij=: coiist., p'" sinwi w =: coiist.
Les systèmes correspondants coïncident avec ceux de (I) dans le cas où
les plans des petits cercles enveloppent un cylindre à base épicycloidale ou
hypocycloidale.
4° Ellipses et hyperboles homo focales. — Parmi les familles de Lamé cor-
respondantes, citons la suivante :
// := ('-^'(cosij — COSCJ),
SÉANCE DU 21 MARS IpIO. 769
les constantes h et c étant liées par la relation
1 I
Le système triple orthogonal correspondant à des équations de la forme
suivante :
X rn: 2.t 0 sin 2 0 + coto log(sQ^f — sn^ Il ),
I , dn (■ — (In u
\ — -, — log -3 3 — ,
SU) © dnc + du M
«loi
en V — en M
ou 1 on a pose
" = pi — p> f =^ P2 — pi
et où sin o désigne le module de la fonction sn.
III. Systèmes (a) représentations sphériqties de surfaces à courbure totale
constante. — La détermination des éléments linéaires de ces systèmes se
fait comme celle des systèmes isothermes. Malheureusement, à part un cas
particulier déjà connu, nous n'avons pu obtenir leurs équations finies. Nous
nous contenterons de citer le suivant.
Si Ton pose
a = ?/- — c^,
et si (o satisfait à l'équation différentielle
d- 'i\ il'ti sinr.icosoj
dy' dy. [^
on a
(/t- = sln^ Cl) du"- -\- cos' w dv-.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur une transformation des fractions
continues arithmétiques. Note de M. A. Chatelet, présentée par
M. Emile Picard.
1. Etant donné le développement d'un nombre irrationnel 7- en fraction
P
continue, on peut, dans certains cas, en déduire par des opérations arith-
métiques simples le développement du nombre rj-^ — ~^, A, B, A', B'
étant des entiers et le déterminant K = AB' — BA' étant différent de zéro.
770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Etant donnée une telle transformation, on peut d'abord la décomposer
en un produit d'une transformation modulaire (qui ne changera que les
premiers quotients du développement) et d'une transformation définie par
le Tableau à coefficients entiers
a — X
o b
avec les conditions
a6 = K, o5a7<6.
Je me contenterai de traiter le problème pour cette dernière transforma-
tion, en supposant en outre x tia premiers entre eux (').
2. Soit alors | le transformé de -j. ^ étant supposé plus grand que i et
soit en outre -^ un quotient complet de -^^ Je supposerai essentiellement
qu'on peut trouver un tel quotient supérieur à 2K. On peut écrire la
relation entre -^ et ^ sous forme d'égalité entre Tableaux
« _ P„ P„-, a„
En multipliant à droite par le Tableau ( i ) on trouve
y a — .r a. a — x P„ Pn-i ^n
ô~o 6^(3^o b Q„ Q„_, ^p,,'
L'artifice consiste alors à remplacer le premier produit du deuxième
membre en se servant de l'égalité
a — X P„ P„_i S S' a, — y
o 6 ^ Q„ Q„_, "" T T' o i,
a,, i|, y seront déterminés de façon unique par la congruence et les condi-
tions
( (P„«-.rQ„)j-(P„_,«-^Q„_,)«i=o (K),
1 «,6. = R (o</<i),
y et rt, étant premiers entre eux. Les nombres S, S', T, T' seront alors des
entiers dont le calcul est facile et sur lequel je n'insiste pas. En posant
' = X
o,„ O ^, 3„
^ ' ) S'il n'en était pas ainsi, on pourrait la décomposer en un produit de deux autres
vérifiant chacune celte condition.
SÉANCE DU 21 MARS 19IO. 77 I
on peut démontrer sans difficulté dans le cas considéré que 4^ est un quo-
tient complet, ou une fraction convergente intermédiaire de (- On aura
par suite les premiers quotients incomplets en décomposant le Tableau
en un produit de Tableaux " . .
T T' ^ 10
3. On peut appliquer à nouveau le procédé au calcul de 4^) il suffit de
trouver un nouveau quotient complet -^^ supérieur à 2K, et ainsi de suite.
Pn + h
Le procédé sera indéfiniment applicable et donnera par suite le développe-
ment de X dans le cas où -^ a une infinité de quotients complets supérieurs
à 2lv ou, ce qui revient au un* me, de quotients incomplets supérieurs
à 2K — I .
4. Par l'application de cette méthode, j'ai pu démontrer un certain
nombre de propriétés et particulièrement les deux suivantes :
a. Sij à partir d'un certain ra/ig, certains quotients incomplets d un
nombre ^ se reproduisent périodiquement et si les autres, tout en augmentant
indéfiniment ont, relativement à tout module entier, des restes se reproduisant
périodiquement , la même propriété est encore vraie pour toute transformée
homographique de -, àcoefficients entiers et de déterminant différent de zéro ( ' ) .
C'est, en particulier, ce qui se produit pour toute fonction homographique
1
de e'", n étant un nombre entier. Les quotients incomplets se répartissent
alors à partir d'un certain rang en plusieurs progressions arithmétiques.
b. Etant donnés deux nombres -^ et ( liéshomographiquement, pour n suf-
fisamment grand, à tout quotient incomplet a„ de -x supérieur à 2K — 1 cor-
r
respond un quotient incomplet b,„ de \ compris entre ^ — 2 et Iv(a„-|- i),
.PS
et réciproquement. En outre, si ^y^ et =r^ sont les réduites précédant ces
quotients, dans chaque développement T,„ est compris entre ~ et KQ„, et
réciproquement.
(') Une propriété analogue a été énoncée par M. Hurwilz ( Viertelj. Nalurf. Ges.,
Zuricli, 1896), de même qu'une méthode de transformation différente de celle indiquée
dans celte Note.
C. n., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 12.) ïo3
77'
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il en l'ésulle que : si un nombre irrationnel j est tel qu'il existe une infinité
r
(le notnbres rationnels - vérifiant l'inégalité
\x al I
I .V .^ I .>''""' '
quel que soit i^ o et seulement un nombre fini vérifiant l'inégalité
I .r y. I I
quel que soit rj > o, cette propriété sera encore vraie pour toute transformée
homographique de ^- L'ordre de grandeur de l'approximation est donc la
même pour les deux nombres.
HYDRODYNAMIQUE. — Sur les ondes liquides. Note (') de M. Hadamard,
présentée par M. H. Poincarê.
Conservant les notations de ma Communication précédente, j'envisage
maintenant un liquide qui, au lieu d'être indéfini, est limité par des parois
solides données S. L'existence et la forme de ces parois interviendront d'ail-
leui"s uniquement par l'intermédiaire de la fonction que j'ai précédemment
appelée G.
Mais la recherche de cette fonction et son introduction dans la formule (2)
de ma Note précédente sont notablement facilitées par les deux circon-
stances suivantes, dont l'une a été établie dans le travail précédemment
cité (^).
En premier lieu, grâce à la forme plane de la surface libre S, la résolution du pro-
blème mixte peut ici se ramener à celle d'un problème hydrodynamique; autrement
dit, d'un problème dans lequel les données sont de même nature en tous les points de
la frontière.
Soient, en effet, Vj le volume obtenu en adjoignant au volume occupé par le
liquide son symétrique par rapport au plan S; y (M, P), la fonction de lYeiirnann cor-
respondanle. On aura, simplement,
G(M, P) = [y(M, P)],
le crochet ayant le sens qui a été indiqué dans la Note précédente.
C) Présentée dans la séance du i4 mars 1910.
(-) Leçons sur ta propaiialion des n/tdes, Cli. Il, § 2 (fin).
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 778
Le calcul de G pourra donc toujours s'elTecluer par la méthode de Neumann. Si les
jjarois ont des directions quelconques, la frontière de \\ présente une arête angu-
leuse (') le long de la courbe C commune a 2 et àS; mais, lorsque les parois sont ver-
ticales en chaque point de G, cette ligne anguleuse disparaît et la méthode de Fred-
holm est immédiatement applicable.
En second lieu, la fonction G relative au liquide limité ne diffère de celle qui est
relative au liquide indéfini, c'est-à-dire de la quantité définie par la formule (3) de
la Note précédente, que par un ternie /i analytique et holomorphe par rapport aux
coordonnés de M et de P, nicnie lorsque ceii.r-ci coïncident, pourvu qu'ils n'appar-
tiennent pas à la courlje C.
Ce second fait (mais non le premier) s'étend de lui-même au cas oi'i le
champ de forces n'est pas uniforme (de sorte que S n'est plus un plan),
ainsi qu'il arriverait si l'on voulait appliquer ces considérations à la théorie
des marées.
Il est fondamental au point de vue du calcul de -r4- Il montre, en effet,
que, pour obtenir la nouvelle valeur de cette quantité, il suffit d'ajouter au
second membre de la formule (4) (voir la Communication précédente) le
terme — f j z ■ ■ </S ( la dérivée seconde de H étant prise par rapport
aux deux déplacements normaux de M et de P).
On achève le calcul sans difficulté dans le cas d'un liquide remplissant un
récipient hémisphérique, puisque V, est alors une sphère pour laquelle la
fonction de Neumann est connue.
On reconnaît, sur cet exemple particulier, que -j^ est en général (loga-
rithmiquemcnt, infini au voisinage de C, même lorsque z est fini. Il en résulte
que les solutions admel/enl, en général, le long de cette courbe^ des sini^ttla-
rités dont la nature reste à étudier.
Ici encore la question se pose de savoir si z vérifie une écfuation aux déri-
vées partielles analogue à (5). En raison des singularités auxquelles je viens
de faire allusion, je nai étudié cette question que pour une catégorie parti-
culière de solutions s, celles qui sont telles (à l'instant considéré) que -t-4
soit régulier le long de C. On trouve dans cette hypothèse (en dirigeant le
.(') C'est la difficulté qui a arrêté M. ^erglle (voir p. 55, 72 de la Thcsc ciiéu).
l'.lle n'est pas essentielle dans notre manière de procéder, la méthode de Neumann
continuant à s'appliquer dans les conditions où nous nous sommes placés.
774 ACADÉMIE DES SCIENCES.
calcul avec les précautions nécessaires^
di'
^'(fe-^^)^^»'^^'''^^^'^"
où Iv(M, P) est une certaine fonction des coordonnées de M et P, symé-
trique par rapport à ces deux points.
A moins donc que cette fonction K(M, P) ne soit identiquement nulle,
ce qui ne semble pas être (sans que j'aie pu jusqu'ici m'en assurer d'une
manière rigoureuse, même pour l'hémisphère), z ne vérifie, pour le liquide
limité, aucune équation aux dérivées partielles analogue à celle de Cauchy.
J'ajoute que la même méthode permet |à l'aide des formules (') qui don-
nent la variation de G dans une déformation infinitésimale de la fronlièrej
une mise en équation relativement simple des mouvements finis de la surface
liquide.
PHYSIQUE. — Sur la biréfringence mngnélique et électrique des liquides
aromatiques et sur la théorie de l'orientation moléculaire. Note de
MM. A. CoTTON et H. Mouton, présentée par M. J. VioUe.
Nous indiquerons dans cette Note quelques résultats nouveaux relatifs à
la biréfringence magnétique et électrique des liquides aromatiques. Nous
avons en effet poursuivi nos recherches sur ces phénomènes; d'autre part,
Skinner et Me Comb(-) viennent de publier sur le même sujet un ensemble
important de mesures.
La biréfringence magnétique et la biréfringence électrique de la nilro-
benzine varient suivant la même loi en fonction de la longueur d'onde :
nous avons signalé dans une Note antérieure (') ce fait qui a été confirmé
par Skinner et Me Comb. Ces physiciens ont étendu cette règle à huit autres
liquides pour lesquels ils ont pu étudier les deux biréfringences dans
l'étendue du spectre visible. On est donc fondé à rechercher dans tous ces
cas une explication théorique commune aux deux phénomènes. Nous avons
(') Mémoire cité des Savants étrangers, t. XXIil, Cliap. I.
{-) Skinner, Pkys. /fec, i. XXIX, déc. 1909. p. S'ii- — Me Comb, Phys. Rcw
I. XXIX, déc. 1909, p. 525.
(') Comptes rendus, t. CXLMI, 20 juillet 1908, p. 198.
SÉANCE DU 21 MARS 19IO. 775
déjà proposé de rechercher la cause de ces biréfringences dans une orienta-
tion (incomplète) des molécules par les champs dans lesquels elles sont
placées.
Les résultats de l'élude que nous avons faite des variations de ces phéno-
mènes en fonction de la température viennent à leur tour appuyer cette
hypothèse de l'orientation. Nous avons indiqué antérieurement que la biré-
fringence magnétique de la nitrobenzine décroît quand la température
s'élève ('). Depuis, nous avons complété cette étude en mesurant sur le
même liquide à diverses températures la biréfringence électrique. La varia-
tion thermique de ce phénomène est de même sens, du même ordre de
grandeur, mais plus rapide que celle de la biréfringence magnétique,
comme on le voit par les nombres cités plus loin. Or l'hypothèse de
l'orientation rend bien compte tant de l'allure générale des deux phéno-
mènes que de la différence que l'on observe entre eux. D'une part l'agi-
tation moléculaire s'oppose à l'orientation; croissant avec la température,
elle fait décroître la grandeur de la biréfringence. D'autre part, si, dans un
même liquide soumis successivement à l'action d'un champ magnétique et
d'un champ électrique, nous considérons une même molécule anisotrope
semblablement placée par rapport aux lignes de force, nous pourrons voir
que le couple directeur auquel le champ la soumet ne varie pas notable-
ment avec la température dans le premier cas, tandis qu'il diminue dans le
second lorsque la température s'élève. C'est que, au contraire de la per-
méabilité magnétique, la constante diélectrique du liquide diffère beaucoup
de l'unité et varie très sensiblement avec la température.
Nous avons donc été amenés à tenir compte de cette variation : en divi-
sant les l'aleurs observées pour hi biréfringence électrique par les valeurs de
la constante diélectrique relatives aujc mêmes températures, on obtient des
nombres sensiblement proportionnels aux biréfringences magnétiques.
C'est ce que montre encore le Tableau que nous donnons ici, et où nous avons fait
figurer à la dernière ligne le rapport du quotient de la biréfringence électrique par la
constance diélectrique ii la biréfringence magnétique. On voit que ce rapport varie
peu avec la température. Il faut noter que nous avons dû emprunter à un travail
d'Abegg et Seitz les valeurs de la constante diélectrique pour les diverses tempé-
ratures : or ces auteurs indiquent que les mesures de celte grandeur sont difficiles
(') Comptes rendus, t. CXLIX. 2 août 1909, p. 34o.
^■76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
|)Our lii nltrol)enziiie ; de plus, le cilcul des rapports de la dernière ligne du Tableau
résulte de la combinaison des résultats de trois séries de mesures indépendantes.
Température 6° 16" 33" 54°
Constante diélectrique (k) 89,38 37,36 3/|,i6 3o,5()
Biréfringence électrique ((jc). .. . 68 â7,6 4S>8 87,3
Biréfringence magnétique ([3„, ). . 129 119,5 io5,a 90,8
lO^T^ '72,7 '•>4,2 l3-|,l \1[,ii
K
10'^^ — 02,7 40,2 -(•3j'J 4019
?,„
10'' ' / i33,9 129,0 127,4 i33,()
Notons que la considération de la constante diélectrique semble en même temps
jeter quelque clarté sur la grandeur considérable du phénomène de Kerr dans la
nitrobenziiie comparée à d'autres substances aromatiques. Les valeurs de K sont en
effet pai lictilièrement élevées pour ce liquide.
L'hy[)otlH''se de l'orientation inoléculaifc produite par une action direc-
trice nous semble donc rendre compte, sinon peut-être de tons les phéno-
mènes de biréfringence arlificielle, du moins de ceux dont nous nous occu-
pons ici. La cjuestion se pose alors de savoir coinment on peut, dans le cas
du champ magnétique, expliquer l'orientation moléculaire elle-inème en
partant des idées actuelles sur la nature du diamagnétisme. Les liquides aro-
malifjnos dont il s'ag'it sont, en effet, diamagnétiques ('). Or, dans la
théorie qu'il a donnée, l^angevin (*) ne prévoit d'orientation que pour les
molécules paramagnétiques. Mais P. Weiss a attiré notre attention sur ce
point qu'on peut prévoir une orientation d'une molécule diamagnétique en
supposant ([ue les plans des orbites des divers électrons ne sont pas orientés
dans la molécule de toutes les façons possibles, mais que leur ensemble
possèdi' une anisotropie caractéristique. L n schéma particulièrement simple
est celui (!<■ deux électrons seuletnent décrivant en sens inverse deux ori)iles
circulaires identiques centrées sur une même droite.
Sans entrer ici dans le détail ('), nous signalerons que la considéralion
(V) l'isa.vi,, Ann. de Chini. el de Pliys.. t. .\l\, 1910, p. 5.
(^) l>AN(;i!viiN, Anii. de Cltim. el de Phys.^ t. \ , igo5, p. 78.
(') Un tr:ivail plus étendu est actuellement à l'impression dans les Annales de
Chimie ci de Physique ; la première Partie a paru dans le numéro de févriei' (t. \1X,
p. i55 1.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 777
d'un diainagnétisme anisotrope permet d'expliquer d'autres faits, par
exemple la décroissance, observée par Faraday, du couple qui s'exerce sur
un fragment de spath d'Islande diamagnélique placé dans un champ quanti
la température s'élève, et aussi les variations constatées dans divers cas des
constantes dia magnétiques avec la température.
Il sera intéressant d'étudier à ce point de vue, à de basses températures
notamment, les liquides qui possèdent une biréfringence magnétique bien
marquée.
MAGNÉTISME. — Variation avec la température des propriétés magnétiques
du fer dans les champs magnétiques faibles. Note de M. Ch. 3lAt'UAi\-,
présentée par M. J. Violle.
' Je me suis proposé de chercher comment se comporte, aux températures
comprises entre la température ordinaire et la température critique, l'aiman-
tation qu'on obtient en réduisant l'hystérésis pour chaque valeur du champ
magnétique et que j'appellerai, brièvement, V aimantation anhystérétiqiœ.
J'ai naturellement étudié en même temps l'aimantation ordinaire, et l'en-
semble du travail constitue une élude des propriétés magnétiques du fer,
et de fers plus ou moins carbures, à ces températures dans les cham{)s magné-
tiques faibles.
Les expériences ont porté surtout sur trois échantillons en forme d'an-
neau, aimablement préparés par les aciéries et forges de Firminy, et conte-
nant les proportions suivantes (pour 100) de carbone, de manganèse et d-e
siHcium :
C. Mil. Si.
A 0,046 0,012 0,006
B 0,180 i,o4o 0,228
C o,8G6 o, 25 (env.) o, 22 (env.)
Les mesures étaient faites au galvanomètrebalistique; j'exposerai ailleurs
leur détail et la méthode particulière employée pour la mesure au galvano-
mètre balistique de l'aimantation anhystérétique; j'indiquerai ici seulement
les résultats généraux.
J 'ai montré antérieurement que les valeurs de l'aimantation anhystérétique
obtenues par différents procédés sont très voisines, mais cependant net-
tement différentes; j'ai vérifié de nouveau cette propriété, par une méthode
démesure entièrement différente, et j'ai constaté que les différences s'atté-
7^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nuent aux températures élevées, mais sans disparaître; par exemple, en ré-
duisant Fliystérésis par Taction d'oscillations électriques de haute fréquence,
on obtient des valeurs de l'aimantation un peu supérieures à celles réalisées
en réduisant l'hystérésis par l'action d'un courant alternatif de fréquence
ordinaire. On ne peut donc pas définir ainsi, même dans une région limitée
de températures, des valeurs de l'intensité d'aimantation représentables par
une fonction bien définie du champ magnétique et de la température. Loi's-
qu'on étudie la variation de l'aimantation avec la température pour des
champs intenses, comme l'a fait P. Curie de i3oo à 25 gauss, l'hystérésis
magnétique est sans influence sensible, et les courbes obtenues sont bien
définies ; pour des champs plus faibles, l'hystérésis prend une importance
deplusen plus grande, et les courbes qui paraissent continuerleplus naturelle-
ment la série des courbes correspondant aux champs magnétiques élevés, sont
les courbes représentant l'aimantation anhystérétique. A la vérité celle-ci
n'est pas entièrement définie, d'après ce que je viens de dire, mais les valeurs
obtenues par divers procédés de réduction de l'hystérésis sont très voisines,
et les courbes relatives à un procédé de réduction quelconque seraient très
peu difiérentes de celles obtenues dans mes expériences ; je superposais à
l'action d'un champ magnétique constant celle d'un champ magnétique
alternatif d'intensité décroissant graduellement jusqu'à zéro.
L'aimantation ordinaire (c'est-à-dire obtenue quand, partant d'une
aimantation nulle en champ nul, on produit un champ magnétisant donné)
correspondant à un champ magnétique très faible croît beaucoup quand la
température s'élève et atteint un maximum très accentué à une température
voisine du point critique. L'aimantation anhystérétique, très grande dès la
. température ordinaire, éprouve des variations relatives beaucoup plus
faibles jusqu'à une température peu éloignée de la température critique.
Voici, par exemple, pour le fer presque pur A, les valeurs de l'intensité
d'aimantation ordinaire I et de l'aimantation anhystérétique F pour le
champ H = 0,091 ; on a ajouté les valeurs correspondantes de la perméabi-
lité magnétique [l.
t 16° 100° 200° 3oo° l\oo° 300° 5.50° 600° 680° 700° 750°
1 10 » i> 16 >) 21,7 » 43,5 )) 108 166
u i38o » » 2200 » 3ooo » 6000 » 14900 2'.?9oo
1' 435 470 523 5o2 465 4 16 396 424 âoo 473 »
yj 60000 64800 72200 69200 64ioo 57300 54600 585oo 69000 60200 »
min. niax.
Dans ce Tableau se manifeste un minimum de l'aimantation anhystéré-
SÉANCE DU 21 MARS I9IO. 779
tique vers 55o°; cette particularité est manifestée par l'aimantation anhys-
térélique correspondant aux champs faibles ou moyens, et par l'aimantation
ordinaire dans les champs moyens ; elle a été signalée déjà par Morris ; elle
semble se rapporter à une modification du fer lui-même, car elle n'existe pas
du tout pour les échantillons B et C
Par contre, B et C présentent des particularités intéressantes à des tempé-
ratures beaucoup plus basses. Les courbes représentant en fonction de la
température l'aimantation ordinaire de B pour des champs supérieurs aune
dizaine de gauss sont très régulières, depuis les températures élevées jusque
vers 220° ou 280°; en deçà elles présentent un épaulement bien marqué,
qui se retrouve aussi sur les courbes représentant l'aimantation anhysté-
rétique pour les champs plus faibles. Il en est à peu près de même pour C,
mais l'épaulement devient ici un maximum très accentué dont la pointe est
vers i5o»ou 160°, et en deçà duquel l'aimantation décroit plus ou moins
rapidement jusqu'à la température ordinaire. Je pense qu'on peut rapporter
ces particularités à la variation des propriétés ferromagnétiques de la
cémentite, dont M. Wologdine a trouvé le point critique vers 180".
On peut remarquer l'intérêt qu'il y a, pour déceler les transformations
d'un noyau magnétique, à étudier son aimantation dans des conditions
variées, certaines particularités n'apparaissant que dans des conditions
déterminées.
On considère généralement les propriétés magnétiques des fers et aciers
comme peu variables avec la température au voisinage de la température
ordinaire. Ces variations peuvent être cependant assez fortes dans certains
cas. Par exemple, pour C l'intensité d'aimantation ordinaire varie entre 16°
et 100° de 4'-i7 à 610 pour H = 10,95 et de 164 à 2G0 pour H = 7,3,
c'est-à-dire que dans ce dernier cas la variation relative de l'intensité d'ai-
mantation est d'environ -^^ par degré à la température ordinaire.
J'indiquerai encore que des mesures analogues aux précédentes, faites sur
un faisceau de fils de fer fortement carbures par cémentation, ont révélé une
dépression extrêmement accentuée des propriétés magnétiques dans les
champs faibles autour de 58o°, et seulement dans un intervalle de quelques
dizaines de degrés; les valeurs de l'intensité d'aimantation s'abaissant
jusqu'au tiers ou au quart, par exemple, des valeurs correspondant aux
températures un peu plus basses ou un peu plus hautes.
Vers la même température l'aimantation présente au contraire une suré-
lévation légère, mais très nette, pour des champs magnétiques assez
intenses.
c. R., 1910, !" Semestre. (T. 150, N- 12.) Io4
^8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les résullats indiqués ici correspondent tous à des variations lentes de la
température (lo à 1 1 heures entre la température ordinaire et le point cri-
tique pour A, B, C, un peu moins pour l'autre moyen magnétique), j'expo-
serai dans le Mémoire où je donnerai le détail des mesures, les différences
observées à la chauffe et au refroidissement, difl'érences peu importantes
pour A, B, C, mais importantes pour l'autre noyau, ainsi que les résultats
d'expériences relatives au rôle de la vitesse des variations de la température.
PHYSIQUE. — Phénomène de V exlinclion du son dans le fer.
Note de M. Robix, transmise par M. H. Le Chatelier.
Si l'on suspend une tige de fer en un point voisin d'un nœud de vibration,
on obtient en la frappant un son musical, accompagné dans les barres suffi-
samment longues d'un son grave, sourd et très faible.
Le son principal est le plus pur en suspendant la tige en un point situé
au quart ou au tiers de sa longueur environ.
Cinq aciers relativement très purs (montrant au microscope une quantité
très faible de scories), recuits, de teneur variable en carbone, de teneur à
peu près égale en autres éléments, ont permis de faire les constatations sui-
vantes :
A la température ambiante, la hauteur du son émis par des barres de
dimensions égales semble varier en sens inverse de la teneur en carbone.
La différence des sons étant faible, il est indispensable pour l'apprécier
d'avoir une ouïe très sensible. Toutefois les battements qui prennent nais-
sance par la vibration simultanée de deux tiges voisines s'entendent très
nettement et seraient un guide assez bon dans la classification des aciers par
cette méthode.
Lorsque la température croît, à partir de la température ambianlev la hauteur du
son diminue d'une façon qui parait régulière.
L'intensité du son diminue rapidement.
Dans le fer et les aciers peu caiburés, le son s'éteint complètement un peu avant
100°; on n'entend alors qu'un bruit.
Si la température augmente, le son reparaît vers i5o°.
L'intensité du soti pa«se par un maximum, puis diminue pour s'éteindre au rouge
naissant. A cette température tous les métaux paraissent se comporter de la. même
manière.
L'anomalie constatée dans la variation du son en fonction de la tempé-
rature parait être spéciale au fer et peut-être au nickel.
SÉANCE DU 21 MARS I9IO. 781
Les températures d'aphonie de l'acier varient suivant la teneur en car-
bone ; le début et la fin du phénomène ont été appréciés à l'oreille. 'Leur
détermination exacte est difficile, car le phénomène est progressif. On
peut considérer que l'aphonie est complète entre 95° et lijS" pour l'acier
à 0,2 de carbone, et entre 85° et 120" pour l'acier à o, 45 de carbone.
Ces points semblent se déplacer légèrement vers les températures décrois-
santes en fonction de la teneur en carbone.
Dans un acier à cémenlite libre, à i,3 de carbone, le phénomène n'a pas
été observé; le son a présenté une intensité normale jusqu'au rouge.
Ge qui a été dit se rapporte au son principal. Le son grave des barres
assez longues, très faible et semblable à un bourdonnement, s'entend
encore quand le son principal a disparu.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur les lois de la combustion à marche convergente .
Note de M. Jean Meunier, présentée par M. Troost.
De nouvelles observations me permettent de préciser la nature de ce
mode de combustion que j'ai déjà fait connaître dans diverses Notes (Comptes
rendus, t. CXLYIII, p. 292, et t. CXLIX, p. 924).
Ce phénomène étant d'ordre catalytique, on pourrait penser que le cou-
rant gazeux amenant les molécules au contact avec le fil de platine, ce
contact suffit pour que la combustion et, par suite, l'incandescence puissent
se maintenir et qu'il est inutile d'admettre l'attraction des molécules; mais
le même phénomène a lieu quand on introduit le fil de platine, préalable-
ment chauffé, dans une éprouvette contenant un mélange de gaz comjjus-
tible et d'air, que cette éprouvette soit tournée en liant ou en bas. Dans cette
éprouvette, le courant gazeux n'existe pas; il n'y a d'autre mouvement que
celui du remous du gaz provoqué parle phénomène lui-même.
En outre, si la coml)ustion n'était due qu'au simple contact, plus hi
surface du fil de platine serait développée, plus serait grande la chaleur et
plus vif serait l'éclat. Or, c'est précisément le contraire que l'on observe.
L'e\|)éi'ience se fait coniniodément avec un Jjirijeur Uunseu, muni d'un verre de
lampe terminé aux deux bouls par des feuilles de mica repliées, qui résistent à la
chaleur sans se briser. Le brûleur étant ouvert et convenablement réglé, j'introduis
successivement dans le verre des fils de platine de diirérenles grosseurs : chacun d'eux
prend un éclat qui reste fixe, si la coTnposition du courant gazeux ne varie pas. Le fil
de I™'" de diamètre est simplement rouge, faiblement éclairant; celui de o"'"',5
782 ACADÉMIE DES SCIENCES.
devient rouge vif, celui deo^^ja devient blanc éblouissant el celui de o""", i plus vif
encore. L'intensité de la combustion par incandescence est 'donc en raison inverse
du diamètre des /ils, et ce phénomène est en tout semblable à celui d'une lampe
électrique {') qui, pour un même courant, donne d'autant plus d'éclat que le filament
est plus fin.
J'ai varié Ijeaucoup les expériences ; j'ai remplacé les fils de platine par
des plaques de platine contournées en cylindre, et j'ai remarqué que celles-
ci rougissaient d'autant plus que la paroi du verre était à une certaine
distance de la leur, 5'"'" par exemple. La convergence serait donc sensible
à une distance de 5™" pour la combustion convergente au rouge simple. Je
ne puis rendre compte ici de toutes ces expériences.
J'ai déjà signalé ce fait que l'éclat de l'incandescence dépend de la compo-
sition des mélanges gazeux (Comptes rendus, t. GXL\ III, p. 292); il n'existe
pas seulement pour le gaz d'éclairage, mais aussi pour tout autre gaz ou
vapeur combustible. L'analogie du phénomène de l'incandescence par
contbustion convergente et de l'incandescence par courant électrique se
poursuit donc entièrement; de même que l'incandescence électrique dépend
de la tension du courant ou voltage, de même l'incandescence catalyttque est
en rapport avec l'intensité explosive du mélange gazeux. Elle permet même
de mesurer celle-ci par les variations de l'éclat du fil et, en tout cas, de
suivre incessamment les variations de composition du courant gazeux où
elle a lieu.
Enfin la combustion convergente dépend de la nature du filament qui
devient incandescent. Il n'est pas nécessaire que ce soit un fil de platine; la
plupart des substances inoxydables la provoquent également, mais à des
tenq^ératures bien supérieures à celle où elle est amorcée par le platine. Ce
métal n'a même pas besoin d'être cliaufTé au rouge pour devenir incandes-
cent, quand il est plongé dans un mélange gazeux explosif; je n'ai pas
déterminé la température suffisante pour l'amorçage, mais j'estime qu'elle
doit être comprise entre 4oo" et 5oo° seulement. Si la température du fil
n'est pas spontanément entretenue et si elle baisse au-dessous de ce mini-
mum, l'incandescence cesse aussitôt. Il faut porter les autres substances au
rouge vif pour qu'elles puissent déterminer le phénomène; le nickel, parmi
les métaux communs, est peut-être celui qui, après le platine, exige la tem-
(') J'ai contourné un fil de platine de o""",2 de diamètre en lui donnant la forme
d'un filament de lampe électrique; je l'ai introduit ensuite dans le verre du brûleur;
il a donné ainsi l'apparence dune lampe électrique allumée.
SÉANCE DU 21 MARS I9IO. 783
pérature la moins élevée. Il faut en outre que les substances soient réfrac-
taires à la température où les porte la combustion par incandescence.
Les faits que je viens d'établir trouvent leur application dans les appareils
d'incandescence par le gaz ; en effet, le brûleur de ces appareils est réglé de
manière à donner spontanément un mélange contenant i5 à 18 pour 100 de
gaz, proportion du maximum d'intensité explosive, puis les oxydes qui com-
posent les manchons sont extrêmement réfractaires ; enfin, M. Auer a
reconnu, il y a longtemps, que l'intensité de l'éclat dépendait de la finesse
du tissu constituant le manchon, finesse que l'on ne peut pousser trop loin
en raison de la fragilité. La combustion du gaz par le manchon Auer est
bien un phénomène de combustion convergente et non une combustion par
flamme, car son spectre examiné au spectroscope ne présente aucune raie,
tout comme les solides incandescents. Il en est de même des fils de platine
incandescents : leur spectre est continu tant que la flamme ne s'est pas
allumée, mais quand l'allumage a eu lieu les raies apparaissent immédiate-
ment. C'est, du reste, au moyen d'un fil de platine que l'on opère dans les
méthodes d'observations spectroscopiques pour la recherche des métaux.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'hydrolyse Jluorhydiique de la cellulose. Note de
MM. J. Ville et W. Mestrezat, présentée par M. Armand Gautier.
Depuis les travaux de Braconnot sur l'hydrolyse sulfurique de la cellulose,
de nombreuses recherches ont été entreprises à ce sujet, en vue de trans-
former la cellulose en alcool. Mais ces recherches, effectuées avec différents
acides minéraux, n'ont jamais donné plus de 25 pour 100 de la quantité
théorique d'alcool.
Comme l'acide fluorhydrique parait exercer une action moins destructive
que les autres acides minéraux sur certaines molécules organiques, tout en
possédant une action hydrolytique très énergique, nous avons pensé qu'il
pouvait être intéressant d'étudier l'action hydrolytique de cet acide sur la
cellulose.
Nous avons employé, à cet effet, une marmite en plomb munie d'un
réfrigérant ascendant de même métal, appareil analogue à celui utilisé par
MM. Hugounenq et Morel dans leurs travaux récents sur l'hydrolyse fluor-
hydrique des matières proléiques.
Dans ces premières recherches, dont nous indiquons ci-dessous les
7^4 ACADÉMIE DBS SCIENCES.
résultais, nous avons fait agir l'acide sur la cellulose, de préféi-ence du
papier Berzélius, à la température du bain-marie bouillant et dans des con-
ditions variables de dilution et de durée.
Nous avons ain^i constaté que l'acide (hiorlijdiique, à des dilutions variant de o, 5
à 3o pour loo, agit assez faiblement sur la cellulose. C'est ainsi que, dans l'une des
opérations, 2os de cellulose, après 38 heures de chaufTe avec 3oos d'acide à Sopour loo,
n'ont donné que 3«, 20 de glucose. La détermination du glucose était faite à l'aide de
la liqueur de Fehiing, après neutralisation et décoloration auinoir animal.
Avec de l'acide iluorliydrique plus concentré, acide à 4o et 5o pour 100, le rende-
ment est bien plus élevé. Mais à cet état de concentration, l'acide exerce une action
destructive assez rapide sur le produit de l'iijdrolyse : la préparation prend une
coloration brune, qui va en s'accentuant , et l'on observe même, après un certain
temps, la formation de croûtes noirâtres. Nous avons, du reste, directement constaté
cette action destructive secondaire, en faisant agir, dans les mêmes conditions, de
l'acide fluorliydrique à 5o pour 100 sur du glucose. Cette destruction du glucose est
très importante et s'accentue avec le leiiaps de chauffe. C'est ainsi qu'en opérant sur
20B de glucose, nous avons noté, après 6 heures de chauffe, la disparition de
53,5 poar 100 de ce corps, et celte disparition a atteint 78 pour 100 après 12 heures.
On s'explique ainsi les variations que nous fwons observées dans la
courbe de transformation de la cellulose en glucose ; cette courbe, après
s'être élevée assez -vite^ s'abaisse de plus en plus avec la durée de l'opération ,
la transformalioTi présentant un maximum après 5 ou G heures.
Dans une opération effectuée avec de l'acide lliiorhydrique à 5o pour 100, nous
avons obtenu, après 6 heures, un rendement de 4'° de glucose pour loos de cellulose
sèche. Ce rendement est notablement supérieur à ceux réalisés jusqu'ici, et nous pen-
sons qu'il pourra s'élever encore en opérant dans des conditions de technique con-
venable.
Nous cherchons actuellement à établir ces conditions et en particulier à
éviter l'action destiuictive de l'acide lluorhydrique sur le produit de l'hydro-
lyse. Nous pensons y arriver en faisant agir, par exemple, l'acide lluor-
hydrique sur la cellulose d'abord à l'état concentré, puis à l'état dilué, ou en
soumettant cette substance à l'action successive des deux acides lluorhy-
drique ctsulfurique à des concenti\Ttions différentes, autrement dit en nous
plaçant dans des conditions de tel ordre que l'action hydrolytique de l'acide
lluorhydrifjue s'exerce sur de la cellulose préalablement désagrégée dans sa
complexité moléculaire par une action appropriée.
C'est dans cette voie que nous dirigeons actuellement nos recherches.
SÉANCE DU 2 1 MARS 1910. 7»5
BOTANIQUE. — Sur une variélé instable de Nigelle^ Nigella damascena
crislata, obtenue après une mutilation. Note de M. L. Blauixghem,
présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans une Note antérieure ('), j'ai décrit les caractères et le mode d'appa-
rition d'une forme nouvelle de Nigellc, Nigella damascena polycephala,
caractérisée par la persistance, dans les semis, de fascies de fleurs apparues
après une mutilation. Dans le même lot de plantes et par suite des
mêmes circonstances est née la forme Nigella damascena cristata qui pré-
sente, à un degré plus accentué encore, la multiplication des carpelles accom-
pagnée d'une dissociation des capsules et, en plus, une distribution tout à
fait normale des sigmates qui se transmet par hérédité.
Les Nigelles cultivées dans les jardins pour leurs lleuis et pour leurs graines aroma-
tiques se ratlaclient à deux espèces botaniques, i\igella damascena et N. satù'a,
ayant toutes deux une capsule résultant de la suture des carpelles tout le long d'un
axe central. La N. arve/isis, à fleurs plus petites non entourées d'une collerette de
bractées, a des carpelles libres sur la moitié de leur longueur, ce qui la distingue à
première vue des espèces précédentes. Les fruits de N. damascena sont globuleux,
aussi larges que hauts et lisses; les fruits de A', satii'a sont plus allongés, moins épais;
leur surface exterue est couverte de mamelons arrondis, irrégulièrement distribués;
sous le nom de N. hispanica, j'ai reçu, en 1909, un lot de graines qui ont donné des
plantes portant des séries de mamelons le long des lignes de suture des carpelles.
Dans tous les cas, les stigmates de ces espèces se distinguent facilement des mame-
lons par leur forme irrégulière, en papilles couvertes d'un liquide visqueux, et aussi
par leur distribution le long de la ligne de suture des carpelles qui correspond aux
styles allongés, dressés ou enroulés en tire-bouchon selon les espèces.
Le lot de plantes que je désigne sous le nom de TV. damascena cristata diûere de
toutes les espèces de Nigelles décrites jusqu'ici, à ma connaissance, par la présence de
papilles stigmatiques, non seulement tout le long de la ligne de suture des carpelles
correspondant aux styles, mais encore le long des nervures dorsales des carpelles, où
elles constituent des lignes régulières, crénelées, formant une sorte de crête. Par leur
constitution analomique, par l'exsudat qui les recouvre durant toute la période de
floraison, ces papilles ne peuvent se distinguer des véritables stigmates. Durant l'été
de 1909, j'ai fait de nombreux essais de fécondation par l'intermédiaire de ces papilles
surnuméraires, après avoir supprimé, dans le bouton floral non épanoui, les styles des
très jeunes capsules; soit que la pluie ail déterminé l'avortement des ovules fécondés
ou non, soit que les papilles ne puissent jouer le rôle de stigmate, ces essais n'ont
donné aucune graine. Sans préjuger des résultats des essais qui seront repris en 1910,
(') Comptes rendus, i4 février 1910.
786 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la forme N. damascena cristata se dislingue donc des autres formes de Nigelles con-
nues par les crêtes dorsales des carpelles qui ont la morpliologie des stigmates, sans en
avoir le rôle physiologique.
Les exemples de crêtes sur les organes foliacés ou floraux sont rares chez les Pha-
nérogames; les plus connus sont ceux de certains C^houx d'ornement, rangés dans la
catégorie des Choux frisés, et qui consistent en pointes, ou languettes, ou ascidies, ou
lames, résultant de la croissance désordonnée et de la ramification anormale des ner-
vures dans des plans diflerents de celui du limbe de la feuille; ces anomalies du (îliou
ont été fixées par la culture depuis longtemps, et elles ont été maintes fois signa-
lées ('). Dans cette catégorie rentre aussi une anomalie partiellement héréditaire des
feuilles de Zea mays, dont la transmission est suivie depuis igoS et qui sera décrite à
une autre occasion. Chez les Fougères, les variations anormales, connues sous le nom
de variétés crêtées, cristata^ sont les plus répandues {Nephrodittm, Polypodium,
Adianiii/n, Asplenium, etc.) et elles se transmettent par le serais des spores. En ce
qui concerne les carpelles, cette anomalie est extrêmement rare et peut-être unique, à
moins qu'on n'y rattache les énations et digitations des carpelles de Ci/rus, décrits
sous le nom Bizarria (^), ou celles de certains fruits de Solantim Lycopersicum. Il
est intéressant de remarquer que ces dernières anomalies correspondent toujours à
des déformations d'ovaires rappelant les fascies ou les proliférations.
Or les N. d. cristata présentent à un degré plus élevé peut-être que les N. d.
polycephala la multiplication anormale des carpelles avec groupements irréguliers,
montrant tous les passages entre les fascies et les proliféiations. Sur 128 capsules
récoltées au hasard en igo8, la répartition en classes, d'après le nombre des carpelles,
donne en eflet :
Nombre de carpelles 4 5 6 - 8 9 10 11 12
Nombre de capsules i 12 26 23 30 4 4 2 i
Pour un individu de choix non compris dans ce lot, dont la capsule terminale, dis-
sociée en trois fruits, offrait i3 carpelles, la répartition pour les fruits secondaires et
tertiaires était :
Nombre de carpelles 5 6 7 8 9
Nombre de capsules i 1 5 11 3
Les mêmes lois régissent la transmission incomplète de ce caractère par hérédité,
comme il résulte des cultures faites en 1908 et en 1909, citées déjà dans la Note indi-
quée plus haut.
Quant au caractère nouveau et spécial à ces plantes d'avoir des crêtes dorsales sur
les carpelles, malgré les isolements de deux lots en 1908, de six lots en 1909, dérivant
de plantes autofécondées à partir de 1908, je n'ai pu obtenir encore aucune lignée
pure. La disjonction en individus à crêtes et en individus sans crêtes peut faire croire
(') 0. Penzig, Pflansenteratologie^ t. I, p. 260. — O. M asters. Vegetable lerato-
logy, p. 3i3, fig. 166, et p. 445, /'^r. 210.
(■) O. Pknzk!, loc. cit., t. I, p. 343.
SÉANCE DU 21 MARS I9IO. 787
à l'existence d'un couple de caractères mendéliens associés par hybridation dans ces
lignées, mais les chiffres fournis ne sont pas suffisamment nets pour être démonstratifs.
Il nait d'ailleurs, des individus à crêtes, des plantes n'ayant point de crêtes, comme il
résulte des cultures de 1908. Les lots A,, Aj, provenant de plantes polycephala sans
crêtes, B, et Bj, provenant de plantes polycéphales à crêtes cristata, ont donné en
effet :
Plantufes Tri- Adultes Adultes
Lots. levées. eotylées. sans crêtes. à crêtes.
.\, 85 4 32 7
A2 72 7 28 i3
B, 42 3 II 24
B.J 37 I 19 12
De la note citée plus haut et des résultats décrits succinctement ici, il
résulte que la mutilation, consistant en la section des tiges au ras du sol au
début de la floraison, a fait apparaître les caractères anormaux de fruits
fasciés ou dissociés de la lignée A'^. damascena polycephala, et de crêtes
stigmatiques sur le dos des carpelles de N. d. cristata, anomalies très rares,
parfois réunies, qui se transmettent partiellement aux descendants par voie
de semis.
AGRONOMIE. — L' arsèniate de plomh en viticulture. Note de MM. L. Moreau
et E. ViNET, présentée par M. Schlœsing fils.
Nous nous sommes proposé de rechercher, à la Station œnologique de
Maine-et-Loire : 1° quelle quantité d'arséniate de plomb restait sur les
grappes après un ou deux traitements à cet insecticide; 2° dans quelle pro-
portion cet arséniate de plomb était éliminé au cours de la végétation ;
3" quelle quantité de ce produit pouvait rester sur les grappes à la ven-
dange et quelle proportion on en retrouvait dans les lies et le vin.
Dans un de nos champs d'expériences, nous avons prélevé, à différentes
époques et à chaque fois, de 5 à 10 grappes de raisin, sur lesquelles, le
27 mai puis le 6 juin, on avait pulvérisé, à raison de i'"' pour i 000 souches,
une bouillie à l'arséniate de plomb. Cette bouillie, préparée suivant la
méthode que nous avons indiquée dans un travail sur la Cochylis, contenait
environ 600^ d'arséniate de plomb par hectolitre.
Les grappes, desséchées et fragmentées, ont été épuisées, à plusieurs
reprises, par macération avec de l'eau à i5 pour 100 d'acide nitrique pur,
exempt d'arsenic. On s'est assuré que l'épuisement avait été complet, en
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 12.) Io5
788 ACADÉMIE DES SCIENCES.
incinérant ensuite les grappes et en y recherchant le plomh. Sauf dans un
cas, et nous en avons tenu compte, l'épuisement avait été complet. Les
liquides d'épuisement, amenés à un volume donné, ont été, pour chaque
loi, séparés en deux portions : la première a été évaporée à sec, et le résidu
incinéré pour la recherche du plomb; la deuxième a été évaporée presque
complètement , pour la recherche de Tarsenic.
Dosage de l'arsenic. — On a employé la mélhode de Houzeau, basée sur la réduc-
tion de Ag AzO^ par As H-', d'après la formule
i2AgAzO'+3H-0-Ho.AsH'= i2HAzO-'+ i2Ag + As^O^
On a, d'après cette formule, un poids d'argent métal égal à 8,64 fois le poids d'ar-
senic. Au lieu de doser voluniétriquement l'argent non précipité par une solution titrée
de NaCl, nous avons: /" pesé l'argent réduit et défalqué de ce poids celui qu'on obtient
dans une opération faite à blanc dans les mêmes conditions, avec les réactifs; 2° dosé,
comme vérification, l'argent restant en dissolution, par l'éleclrolyse. On employait une
N
liqueur de AgAzO''. On s'est rendu compte, au préalable, par des opérations de
100 '
contrôle, que ce procédé permettait de doser de petites quantités connues d'arsenic
de l'ordre de celles que l'on recherchait et de déceler nettement, dans i5o'^"'" de vin,
o'"8,oi6 de As. On pourrait déceler des quantités plus faibles encore.
Dosage du plomb. — N'ous avons employé l'électrolyse pour séparer le plomb. On sait
qu'en liqueur acidulée par H AzO', le plomb se dépose sur l'anode à l'élat de PbO^.
^ous avons eu recours à l'appareil de Riche, avec 3 éléments Daniell. Des essais préa-
lables nous ont permis de déceler ainsi jusqu'à o"^'<^,o- de plomb ajouté, à l'état d'ar-
séniate, à 35o'^'"' de vin. Le cuivre, en proportion un peu forte, gêne parfois le dépôt de
faibles quantités de l'bO'. Il ne nous a gênés que pour la recherche du plomb dans les
lies; aussi le chiflVe que nous avons trouvé pour le plomb, dans ce cas, doit-il être un
peu faible; nous n'avons pu refaire le dosage.
PbO^, déposé sur l'anode, était ensuite transformé en sulfate et pesé sous cette
forme. Nos chiffres ont été calculés en partant du sulfate. En dernier lieu, Pb était
caractérisé à l'aide de Kl.
Voici, exprimés en milligrammes, les résultats obtenus :
A. Un seul traitement à l'arséniate de plomb, pratiqué le 27 mai :
Prélèvement du 27 mai.
Pb^( AsO')^, pour I o grappes, correspondant à As )4,o-i
Pb'( AsO')-, pour 10 grappes, correspondant à Pb 14 r^o
Prélèvement du & juin.
Pb'(AsO')', pour 10 grappes, correspondant à As 8,72
Pi)'(AsO')'-, pour 10 grappes, correspondant à Pb .' 9,10
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 789
B. Deux traitements, avec la même formule, pratiqués le 27 mai et le 6 juin ;
' Au 6 Juin ( ').
Pb'(AsO')-, pour 10 grappes, correspondant à As 23,76
Pb^(AsO')'', pour 10 grappes, correspondant à Pb 23,3o
Prclèscment du n-y. juin.
Pb'(AsO')^, pour 10 grappes, correspondant à As 19, 16
Pb'(AsO'' )■-, pour 10 grappes, correspondant à Pb 20,47
Prélèvement du 1 août.
Pb^( AsO')'^, pour 10 grappes, correspondant à As 4i36
Pb'(AsO')*, pour 10 grappes, correspondant à Pb 5,70
Prélèvement du i4 septembre.
Pb'(AsO')^, pour 10 grappes, correspondant à Pb 2,78
C. Lies. — Pour i658 de lies bumides :
Arséniale de plomb, correspondant au plomb i ,38
D. Vins correspondants. — Arsenic, pas trouvé; plomb, pas trouvé (trois
recherches) .
E. Vins provenant de vignes traitées avec une bouillie trois fois plus concentrée
que la précédente en arséniate de plomb. — Arsenic (i échantillon), pas trouvé;
plomb (2 échantillons), pas trouvé.
La bouillie contenant un excès de plomb, on trouve naturellement plus d'arséniale
de plomb lorsqu'on le calcule d'après le plomb.
Conclusions. — i" La quantité de Pb'(AsO')- restant sur les grappes
après le traitemejit, bien que de l'ordre des milligrammes, est élevée, si on
la rapporte au poids moyen d'une grappe qui à ce moment-là (fin mai)
est très faible, de i^ à 2^ environ;
2° Cet arséniate de plomb s'élimine en partie au cours de la végétation;
3° Trois semaines ou un mois avant la récolte, on trouve encore de ce
poison jusqu'à o°'s^27 par grappe dans notre expérience, ce qui ferait par
(') A la suite d'un accident, l'analyse correspondant au prélèvement du 6 juin n'a
pu être faite ; les chifl'res indiqués ont été obtenus par le calcul en se basant sur les
résultats fournis, le 27 mai et le 6 juin, par un seul traitement.
790 ACADÉMIE DES SCIENCES.
kilogramme de raisins i™s,68, le poids moyen d'une grappe de Chenin
blanc pouvant être évalué, à cette date, à 160^ environ;
4° Il doit en rester encore sur les raisins à la récolte, puisqu'on en trouve
un peu dans les lies;
5° Nous n'avons pas retrouvé d' arséniate de plomb dans le vin ; il est éliminé
dans les lies et vraisemblablement aussi dans les marcs.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — De la filtration des diastases. Note de M. Maurice
HoLDERER, présentée par M. E. Roux.
J'ai établi précédemment (') l'importance de la réaction du milieu sur
la filtration des diastases. En alcalinisant de façon que la réaction soit
neutre à la phtaléine les diastases de V Aspergillus niger et du malt tra-
versent les bougies de porcelaine, tandis qu'elles sont arrêtées en réaction
neutre au méthylorange. Je viens aujourd'hui montrer que la catalase de
porc, la pepsine et l'émulsine d'amande précipitée suivent la même règle.
Cependant la pepsine, infiltrable à la neutralité au méthylorange, filtre
très bien à cette neutralité en ajoutant des sels neutres ou en acidifiant par
2 pour 1000 de H Cl. De même l'émulsine d'amandes, mais non précipitée,
filtre très bien quelle que soit la réaction, si l'on a eu soin d'enlever les ca-
séines en acidifiant le lait d'amandes par l'acide acétique jusqu'à la neutra-
lité au méthylorange.
I. Calalasc. — i jos de panne fraîche de porc, passée au hache-viande, sont triturés
entre les doigts avec Soo''"'' d'eau distillée. Ce liquide est très voisin de la neutralité à
la phtaléine. On neutralise une partie au mélliYlorange, une autre à la phlaléine. On
filtre et Ton ramène tous les échantillons à la réaction initiale. On dose l'activité diasta-
sique en ajoutant à (roid, à i"™' de ces liquides, à'^"'" d'une solution d'eau oxygénée à 2 ,5
pour 100. On laisse la réaction se faire pendanlg minutes, puis on l'arrête en acidifiant
les mélanges. On dose H^O" restant en ajoutant une solution titrée de IvMnO'. Je
donnerai ailleurs les nombres obtenus. .\ la neutralité au méthylorange, le filtrat ne
présente que o, 2 pour ioo de l'activité du même liquide non filtré, tandis qu'à la neutra-
lité à la phénolphlaléine 67 pour 100 de la diastase a traversé la bougie. En alcalini-
sant un peu plus, il est probable que la catalase aurait encore mieux filtré.
II. Pepsine. — J'ai pris une pepsine commerciale en paillettes, titre 100 du Codex.
La dissolution dans l'eau est presque neutre au méthylorange. J'ai filtré trois solutions.
Une neutre au méthylorange, fortement opalescente ; une autre franchement acide,
contenant 2 pour 1000 de HCI, sensiblement j)lus limpide, et enfin une troisième neutre
(') Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. ii53, et l. 150, 1910, p. 280 et 285.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 79I
à la plitaléine. Celle dernière était presque limpide. Pour doser l'activité de ces
solutions (elles étaient à i pour 100 environ), on en fait agir S"""' sur 2? de fibrine
desséchée du commerce qu'on a fait gonfler au bain-marie avec So'^'"' d'eau contenant
une dose de HCI telle que le tout présente une activité de 2 pour 1000 de H Cl. On
laisse au bain-marie réglé à 5o° et l'on dose après 4 heures et après 17 heures le degré
de digestion en mesurant, d'après la méthode de Srirensen ('), avec de la soude, en
présence de formol, combien il y a de groupes carboxyles formés. J'ai vu qu'en
réaction neutre au mélhylorange le filtrat est presque complètement inactif. Mais en
milieu franchement acide la pepsine traverse très bien les bougies. Il en est de même
en milieu neutre à la phénolphlaléine, mais cette alcalinisation a beaucoup affaibli la
pepsine. On peut cependant faire filtrer la pepsine en réaction neutre au mélhyl-
orange. Il suffit, comme je l'ai vu, d'ajouter à la solution i pour 100 de sulfate d'am-
moniaque par exemple. La solution s'éclaircit, et après filtration le liquide s'est
montré presque aussi actif que la portion non filtrée.
III. Eniulsine. — Si l'on triture avec de l'eau de l'émulsine précipitée en poudre
provenant d'amandes douces, on obtient une solution opalescente qui, fillrée, est presque
entièrement retenue par la bougie, quelle que soit la réaction, mais surtout en milieu
neutre au mélhylorange.
J'ai alors mieux solubilisé l'émulsine en la triturant avec très peu d'eau et en y
ajoutant deux fois et demie la quantité de soude décime nécessaire pour neutraliser la
diasiase à la plitaléine. Aussitôt la dissolution obtenue, ce qui est très rapide, on étend
d'eau pour obtenir une solution à i pour 1000 d'émulsine. Celte dilulion diminue
l'alcalinité par le fait de la dilution et par l'apport de CO' dissous dans l'eau. Cette
solution suit la règle habituelle : la diastase traverse les bougies en milieu alcalin et
elle est retenue en milieu neutre au mélhylorange. En tout cas, il ne faut pas prolonger
le contact alcalin, car j'ai vu qu'une émulsion traitée par de la soude -^r- est rapidement
détruite. En 3o minutes, elle perd les —^ de son activité.
L'émulsine d'amandes douces, obtenue en faisant un lait d'amandes, sous précipitation
par l'acool, se comporte tout autremenl. Ce lait contient beaucoup de caséines végé-
tales précipitables par l'acide acétique par exemple. La précipitation est à peu près
complète quand on arrive à la neutralité au mélhylorange. Le liquide filtre très bien
sur papier. L'émulsine de ce filtrat traverse les bougies quelle que soit ta réaction du
milieu. Si l'on n'ajoute pas d'acide au lait d'amandes, les caséines empêcheront toute
filtration des diaslases. J'ai vu que le premier filtrat (il est vrai seulement S"^"' en
quelques heures) était complètement inactif (').
De tout ce qui précède nous voyons que ce n'est pas seulement la réaction
du milieu cjui intervient dans la filtration des diastases, mais aussi, dans
certains cas, Tétat de dissolution plus ou moins parfait des substances qui
(') SôRENSEN, Comptes rendus Laboral. de Carlsherg, t. VII, 1907, p. i.
(-) Ces résultats sont analogues à ceux trouvés tout récemment par Sarthou avec la
peroxydiastase du lait de vache. Voir C. R. Soc. BioL, t. LXVIII, ipio, p. !\'i!\.
'jC)Q. ACADEMIE DES SCIENCES.
les accompagnent. D'une manière générale, en alcalinisant, on favorisera
la dissolution et la filtration des diastases, mais dans certains cas on aura
le même résultat par addition de sels neutres ou d'acides. L'aspect extérieur
du liquide est parfois un indice pour la filtrabilité d'une diastase, mais il
n'est pas absolu. Ainsi une macération de 24 heures à' Aspergilus niger,
acidifiée par i pour 100 d'acide acétique, est très limpide, pourtant elle ne
passe pas les filtres de porcelaine.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sécrétion normale d'une substance anticoagulante
par le foie. Note de M. Doyon, présentée par M. A. Dastre.
I. Le foie, isolé et lavé, puis soumis au passage du sang artériel normal,
sécrète de l'antithrombine. En effet le sang qui a passé à travei's le foie
dans ces conditions est incoagulable ou ne coagule qu'après de longs retards
et possède la propriété d'empêcher in ritro le sang normal de coaguler.
Expérience. — On pratique la saignée carolidienne chez un jeune animal (cliien
de i2''6 environ). Dés le début de la saignée on sacrifie l'animal par la section du bulbe;
on isole rapidement le foie; on pose une pince sur la veine cave inférieure au-dessous
du foie; puis on introduit deux, canules, Tune dans la veine porte, l'autre dans la
veine cave inférieure en aval du foie.
Pendant que le sang s'écoule encore par la carotide, on fait passer rapidement à travers
le foie !o' à 12' d'une solution de chlorure de sodium à 9 pour 100 chaulléeà 4o°-4i°;
on a soin de comprimer de temps en temps légèrement les lobes hépatiques pour bien
chasser le sang; on pose ensuite des pinces en aval et en amont du foie qu'on abandonne,
en place, très légèrement distendu, à la température du laboratoire.
35 minutes après le lavage on fait passer directement à travers le foie ainsi
préparé le sang carotidien d'un second chien. Le sang est reçu en aval du foie dans des
tubes à essais par échantillons de 20'''"' à 3o""'; entre chaque prise on comprime le tube
d'écoulement pendant quelques secondes de façon à provoquer une courte slase du
sang dans le foie. Les deux premiers tubes ne contiennent guère que de l'eau salée.
Résultats. — Tous les échantillons sont restés liquides le premier jour. Le lende-
main matin, les échantillons 4, 5, 6, 7 étaient pris en masse; les échantillons 8, 9, 10
et 1 1 présentaient quelques caillots moue; le soir l'échantillon 8 était pris en masse.
L'échantillon 9 était pris en bloc le surlendemain malin.
J'ai mêlé, à volume égal, du sang normal et du sang provenant des tubes 9 et 10.
Le mélange n'a coagulé en masse que le lendemain. L'eflet anticoagulant n'est pas dû
au simjile mélange du sang incoagulable à du sang normal, car si l'on mêle du sang
défibriné (4^"') à du sang noimal (1'"'), la prise en masse est instantanée ou tout au
moins très rapide. L'action anticoagulante n'est pas, non plus, exercée par l'eau salée.
Si l'on mélange, en elVel, 1'°' de sang normal à r°' d'une solution de chloiure de sodium
SÉANCE DU 21 MARS I9IO. 798
à 9 pour 1000, la coagulation du mélange est plus rapide que la coagulation du sang
normal seul. J'ai d'ailleurs constaté que le sang des échantillons 8 et 9 contenait près
de 6 millions de globules rouges par millimètre cube et par suite n'était pas dilué.
Le sang carotidien du second chien, prélevé en amont du foie lavé, coagulait en
2 minutes. Après la onzième prise, au moment de la cessation de l'expérience, il
n'existait aucun caillot dans les canules ef le tube de communication.. Les prises 10
et II ont été faites alors que déjà une pince avait été placée sur la carotide pour
interrompre la circulation.
II. Sur le vivant, chez le chien, le sang prélevé directement dans les
veines sushépatiques coagule généralement comme le sang qui provient
des autres territoires vasculaires ; toutefois j'ai recueilli, dans un cas, chez
un chien normal, dans les veines sushépatiques, du sang qui a coagulé
seulement plusieurs heures après la récolte. Cette observation est à rappro-
cher des faits exposés dans la première partie de cette Note et permet de
considérer la sécrétion, par le foie, d'une substance anticoagulante comme
un phénomène normal dont le déterminisme resïe à fixer.
Je rappelle qu'anciennement Lehmann a soutenu que la fibrine se détruit
dans le foie. Je crois avoir démontré, contrairement à cette assertion, que
la fibrinogène a une origine hépatique; j'ai prouvé que cette substance
disparaît du plasma lorsque les cellules hépatiques sont gravement lésées
ou lorsque le foie est excisé. Si donc, dans les conditions normales, le sang
sushépatique coagule mal ou ne coagule pas, le fait s'explique, non par
une destruction de la fibrine dans le foie, mais vraisemblablement par la
présence, dans le sang, d'une substance anticoagulante d'origine hépa-
tique (' ).
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur l'isolement d'un sucre biose dérivant de
ramygdaline. Note de M. Jean Giaja, présentée par M. A. Dastre.
Antérieurement (-) j'ai signalé quelques particularités dans la marche
de l'hydrolyse diastasique de l'amygdaline par le suc digestif de l'Escargot
(') On appréciera la diflférence de ces résultats et de ceux qui ont été obtenus par
d'autres auteurs. Delezenne a obtenu, par injection de peptone dans le foie lavé, un
plasma qui n'a que quelques-unes des propriétés du sang total du second chien. De
même notre expérience étend et explique l'observation de P. Volf. Ce physiologiste a
montré la réaction du chien à l'injection intra-veineuse des albuminoïdes isolés de
son sérum (1904). Camus et Gley (i 904-1905) ont étendu ce résultat au sérum lui-raêine.
(^) Thèse de doctorat es sciences, Paris, 1909.
794 ACADÉMIE DES SCIENCES.
{Hélix pomatia L.). Dans ce cas, de même que sous l'action de l'émulsine
d'amandes, l'amygdaline donne comme produits terminaux de son hydro-
lyse, du glucose, de l'aldéhyde benzoïque et de l'acide cyanhydrique, dans
les proportions que donne la formule classique
C"H"0"N -1- 2IPO = CNH + C^Hi^COH -+- 2C«H'=0«.
Mais ce qu'il y a de particulier, c'est qu'au cours de l'hydrolyse de l'amyg-
daline par le suc digestif d'//e/ix-, on trouve toujours une quantité de sucre
réducteur inférieure à celle qu'on devrait trouver par rapport à l'acide
cyanhydrique et à l'aldéhyde benzoïque, en supposant que la molécule
d'amygdaline se désagrège simultanément en les produits de son hydrolyse
complète. Tandis que l'acide cyanhydrique et l'aldéhyde benzoïque se
trouvent à n'importe quel moment de la réaction diastasique dans la pro-
portion qu'exige la formule énoncée plus haut, le sucre réducteur n'appa-
raît en proportions théoriques, par rapport à ces deux corps, que lorsque
la réaction diastasique est terminée; tout le long de la réaction on trouve
un déficit en sucre réducteur, qui est relativement d'autant plus important
qu'on se trouve plus près du début de la réaction; à ce moment on peut
ne trouver que le tiers ou le quart environ de la quantité théorique de sucre
réducteur.
Dans le cas de l'hydrolyse diastasique de l'amygdaline par rémulsine d'amandes,
c'est par contre an excès de sucre réducteur qu'on trouve au cours de la réaction, ainsi
que l'ont démontré Manson Auld (') et II.-E. Armslrong, E,-F. Armstronget Horton (-).
Ces auteurs ont trouvé Ja cause de cet excès de sucre réducteur. L'émulsine
d'amandes hydrolyse l'amygdaline en deux temps; dans le premier temps il y a
détachement d'une seule molécule de glucose, et il en résulte de l'amygdoiiitrile
glucoside; dans le second temps, l'amygdonitrileglucoside est attaqué à son tour par
le ferment et hydrolyse en glucose, acide cyanhydrique et aldéhyde benzoïque.
Pour interpréter les faits que j'ai observés dans l'hydrolyse de l'ainvgda-
line par le suc à'' Hélix,'] ai émis l'hypothèse de la mise en liberté d'unbiose
contenu dans la molécule, de l'amygdaline, au cours de cette réaction diasta-
sique. Dans ce cas aussi, l'amygdaline s'hydrolyserail en deux temps : dans
un premier temps il y a mise en liberté d'acide cyanhydrique, d'aldéhyde
(') Manson Auld, Journal of llie Chem. Society, t. XGlll, 1908.
(-) H.-E. Ahmstrong, E.-F. Ahmstiiong and llonrON, Proceedings oj the Roy. Society,
série H; 80, 1908.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 790
benzoïque et du biose ; dans un second temps le biose est attaqué à son tour
et hydrolyse en glucose.
Aujourd'hui il est généralement admis que les deux molécules de glucose,
contenues dans la molécule de Tamygdaline, se trouvent sous forme d'un
biose réducteur du genre du maltose, dont la fonction aldéhydique serait
masquée dans son union avec le reste de nitrile phénylglycolique. On admet
cela surtout depuis que Em. Fischer a montré queramygdonitrileglucosidc,
corps résultant du détachement d'une seule molécule de glucose de la
molécule de l'amygdaline, n'est pas réducteur.
Le fait que j'ai signalé, savoir que le pouvoir réducteur, au début de
l'hydrolyse de l'amygdaline par le suc à^Helix, est trois à quatre fois
inférieur à celui qu'on devrait trouver théoriquement, s'accordait mal avec
l'hypothèse d'un biose réducleur, les disaccharides, tel que le maltose,
n'ayant pas un pouvoir réducteur inférieur à la moitié de celui du glucose.
J'ai pu m'assurer, depuis, que le pouvoir réducteur qu'on constate à n'im-
porle quel moment de la réaction est uniquement dû à du glucose.
D'autre part, tout essai pour obtenir une autre phénylosazone que celle du
glucose, avec les produits d'hydrolyse incomplète de l'amygdaline, ne me
donna que des résultats négatifs.
A présent, je puis affirmer que le biose de l'amygdaline, mis en liberté
sous l'action du suc d^Helix, est un biose non réducteur. J'ai réussi à l'isoler
des autres produits qui l'accompagnent au cours de l'hydrolyse de l'amyg-
daline. Il n'a pas encore cristallisé, et jusqu'à présent je ne l'ai obtenu qu'à
l'état sirupeux ou sous forme de poudre amorphe, obtenue en déshydratant
le sirop par l'alcool absolu. Voici le principe du procédé qui m'a servi pour
l'isoler : on arrête par la chaleur l'action du suc digestif d'//e//j7 sur l'amyg-
daline à un moment des plus avantageux au point de vue du rendement en
biose; on se débarrasse du sucre réducteur par la levure de bière, le biose
n'étant pas fermentescible ou ne l'étant que très lentement. Ensuite on
défèque le liquide, on le concentre dans le vide jusqu'à consistance siru-
peuse. Ce sirop, traité par de l'alcool absolu bouillant, donne un précipité
abondant qui est ensuite épuisé, à plusieurs reprises, au réfrigérant ascen-
dant par de l'alcool à 93" et puis à 90", pour le débarrasser complètement
de l'amygdaline. On obtient ainsi une substance insoluble dans l'alcool fort,
très soluble dans l'eau et qui ne réduit pas du tout la liqueur de Fehling.
Chauffée avec les acides minéraux dilués, elle se transforme en glucose;
de même sous l'action du suc d'Helù- elle fournit promptement du glucose,
mais ne donne ni de l'acide cyanliydrique ni de l'aldéhyde benzoïque.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 12.) lO^'
796 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce n'est que lorsque ce sucre aura cristallisé qu'on pourra être fixé sur sa
nature exacte d'après ses constantes physiques et la façon de se comporter
envers les ferments. Je rappellerai seulement qu'on ne connaît jusqu'à pré-
sent qu'un biose non réducteur ne fournissant que du glucose à Ihydro-
1 yse : le trélialose. On a invoqué l'absence de pouvoir réducteur chez l'amyg-
daline et chez l'amygdonitrileglucoside pour faire admettre que le biose de
Tamygdaline doit être rédacteur. Cependant, en attribuant au biose de
i'amygdaline une structure semblable à celle du tréhalose
/CH -(CHOH)^— CH-CHOH — CH^'OH
\C11 — (CHOU )'— Cil — CHOU - GH^Otl
et en supposant qu'il soit uni au nilrile phénylglycolique CH^ — CH — CN
OH
par l'atome de carbone situé à l'extrémité non libre de l'un de ses deux
restes de glucose, on obtient une structure de I'amygdaline qui rend compte
à la fois de l'absence de propriétés réductrices chez le biose, I'amygdaline
et l'amygdonitrileglucoside.
PHYSIOLOGIE. — L'addition latente et ses rapports avec le paramétre chrono-
logique de l'excitabilité . Nole(') de M. et M™* L. Lapicque, présentée
par M. A. Dastre.
Ch. Richet a montré, en 1877, sur le muscle adducteur de la pince de
l'écrevisse, qu'on provoque une réponse si l'on réitère assez rapidement dés
excitations dont chacune, prise isolément, est inefficace ; il a appelé addition
latente ce phénomène qui, antérieurement étudié sous le nom de sommation
comme une fonction particulière des centres nerveux, est général dans les
tissus irritables (- ), mais apparaît tantôt très marqué, tantôt à peine per-
ceptible.
Nous voulons montrer que l'addition latente dépend essentiellement du
(') Présentée dans la séance du 1 4 mars 1910.
(*) Steinach, Arc/iii'es de PJliiger, t. CXXV, h
SÉANCE DU 21 MARS I910. 797
rapport entre la durée de rcxcitation et la constante de temps ou clivo-
naxie ( ' ) qui caractérise Texcilabilité de cliaque tissu.
>ious limitons notre examen aux muscles, cas plus simple et plus direct
que le réflexe, et à l'excitation électrique, seul stimulant maniable avec
une précision suffisante.
L'addition latente sur les muscles a été étudiée jusqu'ici exclusivement
avec la bobine d'induction; l'onde induite d'ouverture, seule en cause,
présente, dans les conditions usuelles, une durée de Tordre du millième de
seconde. Cette durée est déjà longue pour l'excitabilité du gaslrocnémien;
elle est brève, et parfois très brève pour d'autres excitabilités; c'est avec
celles-ci que l'addition latente s'est révélée.
Dans des recherches que nous avons en cours avec M"" \^eill, nous
avons observé, sur les différents muscles striés de la grenouille, que
l'addition latente, pour les chocs d'induction, augmente systématiquemenl
avec la chronaxie.
Réciproquement, pour un muscle donné, l'addition latente est fonction
de la brièveté de l'excitation.
Soit une série de conden5ateiu-s de capacités graduées entre i microfarad et 1 cen-
tième de microfarad. Une force éleclroraotrice constante et réglable peut être appli-
quée aux. extrémités d'une résistance R, sans self ni capacité, de 5ooo ohms environ, le
circuit étant alternativement fermé et ouvert par un appareil d'horlogerie. Aux deux
extrémités de la résistance R sont connectées d'autre part les deux armatures du con-
densateur; le muscle, ainsi que ses électrodes (d'argent chloruré), est interposé sur l'une
de ces connexions avec une résistance complémentaire, telle que la somme, muscle plus
résistance, fasse .5ooo ohms environ. A travers le muscle ainsi placé, le condensateur se
charge au moment de la fermeture du circuit, et se décharge au moment de l'ouver-
(') L. Lapic(jui;, Définition expérinicnlale de l'excitabililé {Comptes rendus delà
Société de Biologie, 14 juillet 1909). La constante de temps peut être mise algébrique-
ment en évidence de la façon suivante, si Ton accepte, en première approximation, la
formule de l'hyperbole équilatère pour la loi de l'intensité i nécessaire en fonction de
la durée t à laquelle est arbitrairement limité le passage du courant :
La valeur de r, ou chronaxie, a varié dans nos expériences depuis 3 dix-m,llliémes
de seconde (gastrocnémien de la grenouille verte) jusqu'à i seconde (fibres lisses de
l'estomac). B est une constante particulière à chaque expérience; elle est donnée
expérimentalement par l'intensité liminaire du' courant brusque indéfiniment pro-
longé.
79^ ACADÉMIE DES SCIENCES.
lure. Les formules de ces deux ondes, pour une différence de potentiel V, sont respec-
tivement
R et 2 H
Au voisinage du seuil, la première est seule efficace, comme l'onde d'ouverture de
l'appareil d'induction. Si l'on admet qu'elle est pratiquement terminée pour < = 2RC,
on voit que sa durée varie de -~ de seconde pour i microfarad, à yôqô« '^^ seconde
pour ï-ij de microfarad.
Un mécanisme simple permet d'obtenir, dans des conditions identiques, la charge et
la décharge, tantôt une seule fois, tantôt six fois de suite, au rythme de i5 ou de 3 par
seconde. Nous cherchions dans chacun de ces cas le voltage liminaire; l'abaissement
relatif de ce voltage, en passant de l'excitation unique aux excitations répétées, mesure
l'amplitude de l'addition latente. Voici quelques-uns de nos résultats:
Seuil pour excitation Addition
Capaeité ^ - ^ latente
en microfarad. viniquc . répétée. pour 100.
Pince d'écrecisse (rvlhme : i5 par seconde).
1 4-1 4,0 9
o,i 8,6 5,7 34.
Pince d'écrecissc (rythme : .3 par seconde).
1 3,2 3,2 0
0,1 io,o 9,2 8
Queue d'écrevisae (rythme : i5 par seconde).
1 2, là 2,i5 0
0,2 3,7 3,3 12
o,o5 6.5 5,5 18
Muscle columellaire d'escargot (rythme : 3 par seconde).
1 2,4 1,9 20
0,2 5,6 3,1 4-0
o,oj.. i4,5 7,0 52
Gastrocnémien de grenouille (rythme : t5 par seconde).
1 0,3s o,38 0
o,o5 0,80 0,80 0
0,01 2,1 5 ',90 12
SÉANCE DU 2r MARS 19IO. 799
Droit intérieur de l'abdomen, grenouille (rythme : i5 par seconde).
0,5 o,38 0,38 0
o, I o,5o o,5o 0
0,02 i,3o 1,00 23
Les chronaxies de ces divers muscles présentaient les valeurs suivantes (en mil-
lièmes de seconde, chiffres ronds) :
Pince A^Astacus leptodactylus 3
Queue A' Astacus leptodactylus i
Muscle columellaire à' Helijc pomatia 20
Gastrocnémien de Rana csculenta o,4
Droit antérieur de Tabdomen de Rana esculenta. . . 0,8
En résumé, l'addiiion latente ne dépend pas essentiellement de l'aptiîude parti-
culière à tel ou tel muscle de sommer des excitations quelconques plus ou moins
inférieures au Seuil. Dans tous les muscles, Taddilion latente tend vers zéro pour les
excitations suffisamment durables; elle apparaît quand les excitations sont brèves (et
par conséquent intenses) relativement à l'excitabilité en jeu; elle augmente avec la
brièveté relative de l'excitation (' ).
ANATOMlE. — La partie ihoracique du grand sympathique chez les Sauriens.
Note de M. H.-E. Sauvage, présentée par M. Edmond Perrier.
Au niveau de la seconde côte, un peu plus haut du côté droit que du côté
gauche, le grand sympathique présente chez le Lézard ocellé, contre Taorte,
un gros ganglion qui peutavoir 2'""\5 de long; ce ganglion se compose de
deux renflements de forme ovalaire dont le supéineur est le plus long et le
plus gros.
La partie postérieure et interne du ganglion antérieur donne un filet
récurrent qui pénètre dans la moelle. Au niveau de la première vertèbre
dorsale, du côté externe du ganglion part un filet qui accompagne l'artère
axillaire ; ce filet se divise lui-même en deux branches qui se jettent sur les
deux premiers nerfs intercostaux.
Chez les Lézard vcrt^ Seps c/ialcide, Gongyle ocellé, Uroniastix sacanthinus,
ce ganglion est unique, de forme ovalaire, de forme conique chez le Psudope de Pallas,
oblong chez le Zonure géant, plat chez le Varan du désert.
(') Les muscles d'Invertébrés, toute chose égaie d'ailleurs, présentent peut-être une
sommation plus accusée ([ue les muscles striés de N'ertébrés.
8oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Après le ganglion le grand sympathique ne larde pas à se diviser en deux jjraiiches;
la plus grosse, continuation du ganglion, donne un filet pour le nerf intercostal;
l'autre bianclie se rend à un petit ganglion situé au niveau du quatrième espace
intercostal; c'est ce ganglion qui commence la chaîne ganglionnaire.
Au niveau de la sixième paire nerveuse du plexus branchial chez le Zoniire géant
se trouve le ganglion cervical inférieur, la cinquième paire étant obliquement croisée
par le pneumogastrique, la carotide, la jugulaire et le rameau cervical du grand sym-
pathique; cette sixième paire reçoit quelques minces filets du ganglion cervical; de la
partie inférieure et externe de ce même ganglion part un filet qui se rend à la troisième
paire cervicale; un peu au-de>sus de cette paire, le grand sympathique présente un
faible rendement d'où part un rameau oblique qui se rend à la branche que la neu-
vième paire nerveuse envoie à la huitième.
Le plexus situé entre la tranchée artère, le cœur, les gros vaisseaux, est bien déve-
loppt' chez V Amphisbœna alba ; les ganglions qui reçoivent des rameaux du pneu-
mogastrique et du grand sympathique donnent des filets à la trachée-artère, au
poumon dans lequel ils pénètrent, à l'aorte, à l'œsophage; ce plexus est formé d'une
dizaine de ganglions. Un petit plexus se voit vers la moitié de la longueur du poumon
et se rend à l'estomac. Chez Salvator Merianœ les filets du médiastin, du bulbe
aorlique, viennent d'un plexus situé sur la tranchée artère et l'œsophage.
Chez le Varan du désert on voit quinze ganglions sur l'aorte, dont trois à trois
forment fleux petits plexus. Chez le Plalydactylus guttatiis les filets du pneumogas-
trique et du grand sympathique forment un plexus en mailles sur les vaisseaux qui se
rendent au cœur ou qui en partent.
MÉDECINE. — La Jièvre de Malle en France. Noie de MM. LAr.RiFFOui.
et Roger, présentée par M. A. Chauveau.
La fièvre de Malle, il y a quelques mois à peine, était à peu près totale-
ment inconnue en France. Quelques cas isolés, la plupart de provenance
étrant^ère, avaient bien été signalés depuis décembre 1908, mais il fallut
que la maladie éclatât sous formes de véritables épidémies pour que l'atten-
tion fût sérieusement attirée sur elle.
A la suite des épidémies de Saint-Martial (Gard) et de Sainl-Bauzillc de
Montmel (Hérault) nous avons entrepris une enquête sur la fréquence de la
fièvre di' Malte en France. La maladie sévissait-elle seulement sous forme
de petits foyers épidémiques, d'importation récente, localisés à ces deux
départements? A côté de ces foyers épidémiques n'existait-elle pas, et depuis
longtemps déjà, à l'état cndémitjue, en des régions diverses etplus ou moins
éloignées.
Nos premières constatations nous permettent d'affirmer <pie la fièvre de
SÉANCE DU 21 MARS I910. Soi
Malte s'observe fréquenimenl dans l'Hérault et le Gard. EWq y existe non
seulement aux environs immédiats des deux foyers épidémiques cités plus
haut, mais encore dans de nombreuses communes situées dans les points les
plus divers de ces deux départements. Dans les hôpitaux de Montpellier, la
fièvre de Malte, inconnue il y a trois mois, est observée maintenant avec
plus de fréquence que la fièvre typhoïde chez des sujets provenant soit de la
ville même, soit de localités plus ou moins éloignées.
Bien que notre enquête soit loin d'avoir pu encore s'exercer d'une façon
aussi complète en dehors de l'Hérault et du Gard, nous sommes à même
d'affirmer l'existence de la fièvre de Malte dans la plupart des départements
du Midi, en particulier l'Aude, les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse.
La fièvre méditerranéenne, en raison de certaines conditions de climat,
serait-elle donc localisée aux départements du Midi? Nous ne le pensons pas.
A l'appui de cette assertion, nous dirons que nous venons avec M. Rodet
d'en constater plusieurs cas à Lyon, où elle n'avait pas encore été signalée.
Divers auteurs en ont cité quelques cas isolés à Paris et dans ses environs.
La fièvre de Malte peut donc évoluer en dehors du climat méditerranéen.
Maintenant que l'attention a été appelée sur elle, il y a tout lieu de croire
que son existence sera constatée dans un grand nombre de régions de la
France, voire même dans d'autres pays.
Le diagnostic de la plupart de nos cas a été établi à l'aide de la séro-
réaction de Wright.
Tous ceux qui se sont occupés de la question sont unanimes à reconnaitie que cette
réaction est spécifique et possède une grande valeur diagnostique; c'est aussi la con-
viction que nous ont imposée nos observations })ersonnelles. Nous ajouterons que nous
avons pu dans quelques cas pratiquer Ihémoculture et que nous avons eu l'occasion
avec M. Bousquet de faire l'autopsie d'un malade ayant succombé à une fièvre de Malte,
à forme atypique, où seule la séro-réaction avait permis de porter le diagnostic. Nous
avons trouvé les lésions décrites par les auteui's et isolé le micrococcus melitensis de
la raie et du foie.
La persistance du pouvoir agglutinatif dans le sérum des malades ayant
été atteints de fièvre de Malte nous a permis en outre d'établir l'existence,
dans nos régions, de cette maladie à l'état endémique depuis plusieurs
années.
Dans beaucoup de cas, nous avons pu retrouver i'étiologie habituelle par
l'ingestion de lait de chèvres contaminées. Les brebis, tout autant que les
chèvres, peuvent jouer le rôle d'agents infectants. Dans les troupeaux con-
taminés, les avortements sont fréquents. Nous avons pu observer des réac-
8o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions de Wright nettement positives chez un certain nombre d'autres
animaux domestiques, en particulier les poules, les lapins et les chiens.
Dans un assez grand nombre de cas, il nous a été impossible de savoir
comment la contamination s'était produite.
Il faut donc désormais compter avec la fièvre de Malte en Finance. Si elle
y a été jusqu'ici méconnue, c'est sans doute à cause de la diversité des
formes cliniques qu'elle peut revêtir et (jui la faisaient confondre surtout
avec la fièvre typhoïde, la grippe et la bacillose.
BACTÉRIOLOGIE. — Sur le rôle de la levure en boulangerie. Noie de M . L. Lindet,
présentée par M. Schlœsing père.
Le boulanger obtient la levée de la pâte en y introduisant soit du levain,
soit de la levure; une technique délicate fixéepar une série non interrompue
d'observations bien faites lui permet de diriger le développement de la
levure, de modérer ou d'exciter tantôt sa fonction reproductrice, tantôt sa
fonction zymasique. Il m'a semblé qu'il serait intéressant de contrôler son
travail par des méthodes scientifiques.
1. Mode opératoire. ■ — Pour mesurer la multiplication de la levure, j'ai eu recours
à la numération des colonies cultivées sur gélatine, à 20°, pendant 4 jours, et j'ai rap-
porté le chiflVe obtenu à l'unité de poids de levure ensemencée. Pour estimer la quan-
tité de zymase contenue dans les globules en expérience, je n'ai pas fait agir ceux-ci
directement sur le sucre, puisqu'ils se seraient multipliés pendant l'opération ; je les ai
tués préalablement par l'acétone et l'éther, et j'ai exposé, dans des matras scellés,
24 heures à 3o°, la farine qui les contenait au contact d'une solution de glucose; puis,
j'ai extrait l'acide carbonique, et j'ai rapporté le volume de celui-ci à os.oi de levure
fraîche.
J'ai d'abord constaté que la quantité de globules contenus dans oe,ooi de levure
pressée est en moyenne de 5oooooo ; j'ai constaté, d'autre part, que des pâtes prélevées
au pétrin, non encore fermentées, renferment à peu près cette quantité par gramme,
soit YWâ» '^^ leur jioids.
II. Altéralions et rajeunissement des levains. — Ou sait que le boulanger
prélève vers le milieu de la nuit un fragment de pâle, qu'il rafraîchit avec
des quantités croissantes de farine et d'eau, à deux reprises dansla journée.
J'ai reconnu que ce rajeunissement a pour but moins de fournir à la levure
de nouvelles (juantilés de matières alimentaires (l'amidon se saccharifie au
cours de la fermenlalion ), que de lui permettre de lutter contre la fernien-
SÉANCE DU 2 1 MARS I910. 8o'^
talion bactérienne ou acide, et de diluer une substance toxique que Haydack
a reconnu se former aux dépens des proléides de la farine.
Lorsque la levure épuisée est envahie par des bactéries, elle perd ses
propriétés gerininatives. Alors que des levains normaux ont fourni de
12000000 à 1 5 000 000 de globules par gramme de pâte, colonisant après
4 jours à 20°, des levains acides en ont donné à peine 1000 000; puis,
lentement; des globules retardataires ont apparu, et, après (S jours, on en
a pu compter de !■- 000000 à 21 000000. Mais ces globules affaiblis n'avaient
pas perdu leur zymase, et si Ton rapporte le volume d'acide carbonique
dégagé au poids que les globules représentent le quatrième jour, on
constate qu'il est 9 fois supérieur à celui que fournit le même poids de
levure pressée : 2""', 9 au lieu deo™', 3 pour 0*5,01 de levure. Or on sait
qu'un levain très poussé assure la levée rapide de la pâte à laquelle on le
mélange, mais qu'il n'a pas de fondation^ c'est-à-dire ne maintient pas
la fermentation dans les pâtes consécutives; il épuise en effet son excès de
zymase à la première pétrissée et il n'apporte pour les suivantes qu'une
levure affaiblie; il convient alors de le rajeunir en l'aérant fortement.
Il faut le rajeunir également pour diluer la substance toxique dont j'ai
parlé plus haut; j'ai constaté que l'eau de macération des levains empoisonne
de 27 à 77 pour 100 des globules que l'on y a ensemencés.
m. Condilions (h conservation (les levains. — Pour éviter que la levure,
sous l'inlluence d'une fermentation trop active, ne soit exposée aux incon-
vénients ci-dessus signalés, le boulanger modifie l'hydratation de ses levains,
règle leur température, les soustrait au contact de l'air.
Influence de la compacité. — J'ai préparé trois pàtons ( , ^ „ „ de levure) avec des
quantités d'eau croissarUes 33, /40, 4-^ pour 100; au bout de 18 heures à 20°, les globules
ensemencés y ont multiplié dans les proportions respectives de 6, 5 ; 12,8; 19,9. D'autre
part, les volumes d'acide carbonique dégagés par la zymase se sont montrés d'autant
plus faibles que la multiplication a été plus abondante : 2'^"'',2 ; i""',6; o""',6 pour os,oi
de levure; or les boulangers ont remarqué que Vapprêt des levains fermes est lent à se
produire, que ceux-ci développent bien les pâles (à cause de leur excès de zymase) et
peuvent fournir une longue carrière. La pâte des levains doit toujours être raide.
Influence de la température. — Trois échantillons d'une même pâte (-pjjVô de levure)
ont été soumis 18 heures à 20°, 25", 3o° ; les globules y ont multiplié dans les
proportions respectives de 3,5; 11,8; 21,2. Mais, là encore, la zymase a été sécrétée
avec d'autant moins d'abondance que la levure avait proliféré davantage : acide car-
bonique : I ,5; o°'"',9; o"""', 7 pour oê,oi de levure. Or les boulangers maintiennent
leurs levains vers 20°-22° pour éviter une multiplication trop rapide, et pour accumuler
de la zymase.
Influence de l'aération. — • L'aération des levains au moment de leur fabrication est
C. R., igio, I" Semestre. (T. 150, N° 12.) IO7
8o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ulile pour assurer la prolifération de la levure, mais elle n'est pas indispensable, car
les cellules de la levure contiennent de l'air. En faisant fermenter un pàton pétri ù l'eau
de seltz et recouvert d'eau de seitz, j'ai constaté que la levure y avait nuilli[)lié après
i8 heures à 20° dans la proportion de 5,4- alors que le témoin placé sous une couche
d'eau ordinaire, donnait le chiftVe de 8,7. Une fois le levain pétri, l'air ne pénètre
guère et ne favorise que peu la reproduction. La levure contenue dans un pàton placé
18 heures à 20°, en présence d'un courant d'air humide, a multiplié dans la proportion
de 4,4-1 tandis que le témoin, enfermé dans un vase à couvercle, a fourni le chilTre de 3, 5.
Néanmoins, pour ralentir la prolifération des globules et éviter de rajeunir le levain
dans la journée, beaucoup de boulangers enferment leur levain c/ie/dans un éloufToir
à fermeture hydraulique.
IV. Travail sur levure. — Ce travail esl beaucoup plus simple, puisqu'il
consiste à pétrir la farine soit avec de l'eau dans laquelle on a délayé de la
levure pressée, soit avec une pâte claire additionnée de levure, dite pou-
liche, qu'on a préalablement laissé fermenter. La quantité de levure
ainsi ajoutée représente de ^^ à ^^ de la pâte, et la levure à cette dose
massive ne peut guère multiplier. J'ai constaté qu'après un séjour de
18 heures à 20°, des levures introduites à la dose de p^, f^, ^^ <2l j^
de la pâte prolifèrent dans les proportions de 8,4; 6,4; 3,7; 1,8. S'il y a
trop de levure, non seulement les globules ne reproduisent pas, mais ils
dépérissent, comme je l'ai vu plusieurs fois dans des pouliches et des pâtes
levées. Si, au contraire-, il y en a peu, ils multiplient, et j'ai constaté que la
levure se répartit ainsi d'elle-même dans la pâte.
GÉOLOGit:. — Architecture de la partie centrale des monts du Forez.
Note de M. Ph. Glakgeaud, présentée par M. A. Lacroix.
Si, dans leur ensemble, les monts du Forez ont une direction sensible-
ment NS, on doit les diviser géographiquement et géologiquement en deux
bandes montagneuses, de direction générale NO, séparées par l'importante
dislocation qui s'étend des environs de Cusset (Allier) à Boën (Loire).
Cette dislocation, étudiée récemment par M. AlbertMichel-Lévy, détache
au NK le tronçon des monts de la Madeleine et leur prolongement septen-
trional. Le reste du territoire qui domine la Limagne, le synclinal de la Dore,
le bassin d'Ambert à l'Ouest et le bassin de Montbrison à l'Est, constitue
plus spécialement les monts du Forez.
La partie centrale comprise entre Thiers, Ambert et MontJjrison est la
portion la plus élevée de cette chaîne : c'est également la plus accidentée et
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 8o5
la moins connue. Elle n'a s:uère fait l'objet, jusqu'ici, que de Notes très
sommaires de Griiner et de Le ^ errier.
Elle offre également une disposition en bandes et chaînons montagneux
de direction NO-SE, jusque vers Saint- Anthême où, sur l'axe orographique
qui se prolonge vers Monistrol-sur-Loire, s'en greffe un second NS, s'éten-
dant vers Craponne. Ces deux rides délimitent le bassin hydrographique
de l'Ancc.
La partie centrale des monts du Forez offre une dissymétrie géographique
el géologique dont une coupe menée des bords de la Dore : de Job (Puy-
de-Dôme) jusqu'au bassin de Montbrison, vers Pralong (Loire), à travers
les hauteurs de Pierre-sur-Autre, point culminant de la région (1640"^),
synthétise, en quelque sorte, les caractères généraux.
Le Versant occidental très escarpé, offre une série de dômes à pentes raidcs
et il est sillonné par des ruisseaux torrentiels encaissés qui ont donné nais-
sance à des deltas importants.
Coupe à travers la partie centrale des monts du Korez.
Y, granité, y, granulile, t, terrain;» archéens,^^ filons de quartz ancien jalonnant des failles,
S sources minérales, venues d'acide carbonique, de pétrole; ^ cheminées basaltiques, 01 oligocène.
Le Versant oriental, en raison de son étendue transversale deux fois plus
considérable, présente des croupes aux contours émoussés, des pentes plus
douces et des cours d'eau d'allure plus tranquille, au moins actuellement.
La limite du versant occidental est d'une netteté géométrique. Elle s'établit,
entre la Limagne, le synclinal de la Dore et le bassin d'Ambert, le long
d'une faille prolongeant celle de Thiers que j'ai pu suivre, au Sud, vers
Ambert, et reliée à celle qui a été étudiée par M. Termier, jusqu'à la Chaise-
Dieu (Haute-Loire). Cette fracture de 80""" de long, au pied de laquelle se
sont effondrés les terrains tertiaires el cristallins, a amené la formation d'un
escarpement de 100™ à 3oo'" de haut qui, sur une portion de son parcours.
8o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fait le pendant de Tescarpement occidental de la Limagne. Elle encadre
extérieurement le bassin oligocène d'Ambert, tassé à sa base, et elle est
jalonnée par des filons de quartz ancien (perino-triasique), de nombreuses
sources minérales, des dégagements d'acide carbonique et, en quelques
points, par de faibles venues de pétrole.
Dans une notable portion de son parcours, celte faille provient manifes-
tement d'une fracture ancienne ayant rejoué au tertiaire (mio-pliocène).
Sur le versant du bassin de Montbrison, il n'existe pas d'escarpement
prononcé, sauf en quelques points, ni de faille terminale.
La faille limite occidentale des monts du Forez n'est qu'un élément de
la tectonique de cette chaîne, dont les divers chaînons et la plupart des dis-
locations lui sont généralement parallèles ou perpendiculaires. Le cours des
rivières, comme la DuroUe, l'Auzon, le Fayé, la Vertolaye, l'Ance, etc.,
est en grande partie sous la dépendance de ce double système de fractures
qui imprime à la chaîne son caractère le plus saillant.
En outre, le versant occidental, des environs de Thiers, à Pierre-sur-
Autre et Saint-Martin-des-Olmes, est en grande partie constitué par des
dômes de graiiulite qui s'étagent en gradins^ depuis les bords de la Dore
(ooo") jusqu'au delà de l'arête de la chaîne (de iioo"' à 16^0"'). Il offre
aussi d'importants liions de pegmatite de direction NO et des îlots notables
de terrains archéens.
Le versant oriental, par contre, sauf quelques îlots de granulile et de for-
mations archéennes, est entièrement granitique. Mais il est criblé d'a/i-
ciennes cheminées volcaniques tertiaires, qui paraissent alignées également
suivant une direction NO, ainsi que le pensait Le Verrier. Aucune érup-
tion tertiaire n'avait été signalée sur le versant occidental; j'y ai découvert
une dizaine de pointements basaltiques.
Les deux versants du Forez ont donc été volcaniques dans des conditions
analogues aux autres régions de l'Auvergne, mais il y a rareté des éruptions
à l'Ouest et abondance à l'Est. Si les volcans du Forez sont aujourd'hui
réduits à des cheminées éruptives, c'est que de puissants agents d'érosion
dont je parlerai prochainement les ont démantelés.
Tous les caractères desmonts du Forez que je viens d'exposer s'expliquent
aisément si l'on envisage ce territoire comme formé par un anticlinal dissy-
métrique de direction NO et à grand rayon de courbure, dont les flancs
seraient découpés en une série de voussoii-s effondrés vers les régions syncli-
nates de la Dore et de la Loire.
Cette architecture est semblable d'ailleurs à celle des régions voisines du
Massif Central.
SÉANCE DU 21 MARS I910. 807
GÉOLOGIE. — Sur des lambeaux de glace fossile en Nouvelle-Zemble.
Note de M. V. Roussanok, présentée par M. A. Lacroix.
Des glaces fossiles ont été trouvées pour la première fois en 18 18 par
Kotzebue dans le nord de l'Alaska, où elles sont recouvertes par du limon
et par des tourbières.
En 1890, von ToU a observé en Nouvelle-Sibérie une couche puissante
de glace, recouverte par du sable contenant de nombreux ossements de
Mammouths.
Je désire faire connaître l'existence de glaces fossiles dans la Nouvelle-
Zemble, où elles n'avaient pas encore été signalées.
En 1909, j'ai pu observer des aftleurements de glace limpide, bleuâtre,
dépourvue de stratification. Cette glace se trouve dans la partie centrale de
la Nouvelle-Zemble, sur la côte ouest, c'est-à-dire sur la côte de la mer de
Barentz, tout à fait en amont du golfe Krestovaïa. J'ai vu deux affleure-
ments bien nets. Il y en a d'autres, mais ils sont plus ou moins cachés sous
le sol et sous la boue glaciaire. Celte boue est semi-liquide et visqueuse au
voisinage de la glace. Elle devient de plus en plus dure et fissurée en s'éloi-
gnant de la glace.
Un premier gisement glaciaire se trouve dans la vallée à laquelle mes camarades de
la Mission du commandant Benard et moi avons donné le nom de vallée du Nord^ sur
le prolongement du golfe Krestovaïa, à côté d'un lac. On peut poursuivre les affleure-
ments de glace, les éboulements du sol, les fractures et les écoulements de boue sur
une longueur de 5oo"'.
Le second gisement se trouve dans la vallée de l'Est, sur le capKrestovy. Ce dernier
gisement est particulièrement intéressant. On peut le suivre sur une longueur de i^"^
environ.
Vers l'Est, la glace se trouve à l'altitude de 20" au-dessus du niveau de la mer et à
la distance d'une centaine de mètres du rivage. Vers l'Ouest, elle s'abaisse très dou-
cement et se rapproche du rivage pour disparaître sous les Ilots. Dans celle partie
basse, occidentale, la glace n'affleure pas, mais on peut se rendre compte de sa direction
d'après les fissures, les afl"aissemenls du sol et d'après les écoulements de boue
glaciaire.
Dans la partie moyenne du gisement la glace a été observée sur trois points.
C'est l'affleurement le plus oriental, qui est le plus élevé et qui est aussi
le plus net; son épaisseur est de i^jSo. L'épaisseur réelle de la glace fossile
doit être beaucoup plus considérable, mais son soubassement est caché par
une couche épaisse de bohe. Celle-ci provient de la fusion de la glace.et
des éboulements successifs du sol qui recouvre la glace fossile.
8o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'épaisseur de la couche du sol au-dessus de la glace varie de i'" à 3".
Plu& loin, ce sol forme des collines dont la hauteur dépasse une dizaine
de mèlres. Le sol recouvrant la glace est composé d'argile verte, plastique,
avec des cailloulis non calibrés, souvent angulaires.
Sur quelques points, j'ai pu observer le passage latéral en zigzag de celle
argile glaciaire à un. sable fin. Dans le sable jai vu des couches nombreuses
et très minces de lignite d'environ i"" d'épaisseur.
L'origine glaciaire de l'argile à blocaux est incontestable; quant au sable,
son origine est probahlement marine. Je n'ai pas vu, il est vrai,, de fossiles
marins dans ce sable, mais à sa surface et sur les collines voisines, j'ai
ramassé des coquilles de Lamellibranches marins : Astarte borealis Chcmn.,
A. sidcala da Costa, A. ellipiica Barown., Saxicava arctica Lin., 5. pitoladis
Lin., Mya Iruncata Lin., Macoma calcaria Chemn.
Ces coquilles sont si bien conservées qu'on ne peut guère douter qu'elles
n'aient vécu sur place, et qu'elles n'ont pas été transportées par les glaciers.
La présence de lignite dans ce sable ne contredit pas l'origine marine du
sable. Il n'y a aucune preuve de l'existence de forêts quaternaires en
\ouvelle-Zemble. Les végétaux qui ont formé ce lignite n'ont pas dû croître
sur place; ce sont des bois flottants et des algues, que les vagues rejetaient
autrefois sur les côtes; actuellement encore les rivages de la INouvelle-
Zemble sont recouverts par des bois flottants en très grande abondance et
par les couches d'algues disposées en longues bandes.
La glaee fossile n'a aucune relation avec les glaciers actuels. Son exis-
tence prouve que dans la Nouvelle-Zemble la glaciation générale a été suivie
par le retrait plus ou moins considérable des glaciers.
Les preuves d'une grande et ancienne extension glaciaire sont innom-
brables; pour ne mentionner qu'un seul fait, je signalerai à l'extrémité sud-
ouest du cap Krestovy des schistes paléozoïques redressés avec surfaces po-
lies et striées par ces anciens glaciers.
L'interprétation des faits observés ne parait donc pas difficile.
Au momerU d'une grande extension des glaciers, une partie de la glace a
été recouverte par ses moraines. La glace cachée sous ces dépôts n'a pas
fondu après le retrait général des glaciers, la couverture protectrice ayant
été perpétuellement gelée comme tout le sol circumpolaire à partir de o'", 20
à o'",3o de profondeur.
Puis une transgression marine est survenu sur les côtes de la ÎNouvelle-
Zemble et la mer a recouvert la glace fossile en la dotant de nouveaux dé-
pôts protecteurs.
Imi été l'air peut s'échauffer cansidéira'blenïent; par exemple, en juil-
SÉANCE DU 21 MABS 191O. 809
let 1909, le thermomètre a monté à + 'iS^C. En même temps la tempéra-
ture de la mer n'a jamais dépassé 4- 7° à la surface. Quant à la température
du fond, elle est constante et voisine de — 2".
Après la régression marine, les glaciei's fossiles ont été mis à jour.
Actuellement ils sont cachés en partie sous les eaux, en partie sous les
formations glaciaires et marines.
Il ne me reste plus qu'à préciser l'âge de la glace fossile. Je dois dire que
j'ai cherché en vain les preuves directes de plusieurs extensions glaciaires
en Nouvelle-Zemble; la cause de ces résultats négatifs est due peut-être à
. ce que les retraits intergiaciaires ne sont pas arrivés jusque-là.
On ne peut donc attribuer la glace fossile qu'à des lambeaux des glaciers
pléistocènes.
GÉOLOGIE. — Rôle des dislocations les plus récentes (post-tortoniennes) lors
du séisme du 11 juin 1909. Note (') de M. J. Repelix, présentée par
M. Pierre Termier.
La publication dans divers Recueils, par M. Angot, des courbes sismiques
relatives au tremblement de terre du 11 juin 1909 m'a permis de pour-
suivre dans toute la contrée ébranlée les observations que j'avais faites
pour la région épicentrale ( ^). J'ai pu reporter sur une carte, que je joins à
cette Note, le tracé des isosistes, celui des principales dislocations post-
miocènes et les limites d'extension de la mer vers la fin du Miocène moyen.
L'examen de cette carte présente un grand intérêt. On constate en effet
une coïncidence remarquable entre les directions des failles et celles des
courbes.
Si l'on s'éloigne de la région épicentrale où le fait est évident, on observe, à l'est et
l'ouest du Ventoux, une déviation remarquable. Ce massif, ainsi que les dômes de
toute la rive gauche du Rhône, avait acquis sa forme définitive avant la fin du Miocène;
il paraît avoir mis obstacle à la propagation du mouvement vers le Nord.
Vers l'Ouest, les failles de Mormoiron, celles que l'on observe à l'est de Chabeuil,
toutes celles qui bordent les massifs crétacés, celles dont le Miocène et le Pliocène
mènae sont affectés, aux. environs de Montélimar, ont dû faciliter la propagation du
mouvement. Sur la rive droite, d'autres accidents à peu près parallèles, entre Livron
et \ iviers, agissaient dans le même sens. Sur celte rive, les dernières courbes sis-
miques présentent dans leur ensemble un parallélisme remarquable avec les failles
(') Présentée dans la séance du i4 mars 19 10.
(^) Comptes rendus, U CXLIX, p. 1028.
8io
ACADEMIE DES SCIENCES.
nombreuses qui bordent le Plateau central et qui sont postérieures au Miocène ou, du
moins, ont rejoué au moment du grand mouvement de bascule qui, vers la fin des
plissements alpins, a relevé le Plateau central dans sa partie sud-orientale. Ces failles
sont les suivantes :
La faille de Privas, accompagnée des cassures miocènes qui ont amené les épanche-
ments basaltiques des Coirons et des failles de tassement des rivages pliocènes; les
dislocations delà région d'Aubenas et des Plateaux des Gras; les failles limites du
bassin tertiaire d'Alais, grand synclinal où s'arrête la zone des plissements alpins;
celles des environs du champ de fracture d'Anduze qui se continuent jusqu'aux
Matelles avec une direction NNE-SSO, parallèle aux courbes sismiques; la grande
fracture de la Séranne; les accidents post-mollassiques NNE-SSO qui se montrent au
nord-ouest de Montpellier et jusqu'aux environs de Narbonne. Tout se passe comme
si le mouvement vers l'Ouest avait été arrêté assez brusquement au contact des plis
paléozoïques et dévié vers le Sud-Ouest à la faveur de toutes ces fractures. Il n'y a
d'exception que pour certaines vallées privilégiées, hautes vallées du Tarn, de la
Loire, de l'Agout, qui toutes ont subi le contre-coup des derniers mouvements alpins.
Si l'on revient maintenant au point de départ et qu'on se dirige à l'est du Ventoax,
on trouve, autour du bassin de la Durance, la série des failles NNE-SSO de la région
de Banon qui datent du Pliocène et dont le régime se poursuit jusqu'aux environs de
Mallemort et de Cabrières; puis celles qui passent par Moustiers-Sainte-Marie et sont
dirigées vers le Nord à la limite du Miocène supérieur et du Jurassique; et enfin celles
des environs de Digne, d'Astoin à Barles et d'Enlraix à Auribeau, véritables failles
é
SÉANCE DU 21 MARS IQIO. 8ll
d'etTondremenl de la région miocène au contact du Jurassique, et dont la direction est
parallèle à l'axe du bassin de la Durance. Il semble évident que ce sont ces failles qui
ont déterminé la déviation des courbes dans' la dépression miocène de la Duiance,
où le mouvement s'est propagé très loin jusque dans l'Embrunais et le Gapeneais.
Vers l'est de la région épicentrale, les failles qui, le long de l'ancienne vallée oligo-
cène de l'Huveaune, jusqu'à Barjols et au delà, ont rejoué à l'époque des mouvements
alpins, présentent aussi un parallélisme incontestable avec les courbes VII à VIII et
VI et VII et semblent avoir joué un rôle directeur. Enfin, il faut noter la grande
déviation vers l'Est des courbes et, en particulier, de la courbe V à VI, le long d'une
de ces grandes dépressions qui, selon Marcel Bertrand, ont joué un rôle important
dans la géologie provençale, la dépression permienne de Cuers. La présence des failles
qui limitent les plis de cette région au contact du Permien peut expliquer cette allure
spéciale. Ces cassures sont, en effet, des sortes de décrochements parallèles à la dépres-
sion et qui certainement se sont produits lors des poussées alpines, au moment où
s'est constituée, sur les plateaux triasiques, entre la dépression de Cuers et celle de
Barjols, la structure dite puslaleiise, produite par l'entre-croisement des plis proven-
çaux et des plis alpins. La propagation dans ce sens a été facilitée encore par la cas-
sure qui, entre Vence et Escragnolles, a abaissé le Miocène supérieur aux pieds d'une
falaise formée par les sédiments jurassiques.
Le tracé, sur noire Carie, des liiniles d'extension de la mer vers la lin du
Miocène moyen, nous permet en outre de constater que la région ébranlée
coïncide, dans l'ensemble, avec l'effondrement de la région du Sud-Est qui
a livré passage aux eaux miocènes.
Il est naturel de chercher à rapprocher tous ces faits des mouvements du
sol dans notre région provençale. Depuis longtemps un mouvement
d'affaissement du delta du Rhône se révèle par l'invasion de la mer dans
une région où, normalement, la terre devrait gagner sur le domaine mari-
time. Ce mouvement est sensible aux Saintes-Mariés, au Grau-du-Roy, sut
la plage du Galéjon et même aux environs de Fos. Aux abords même des
embouchures, les atterrissements diminuent d'importance. Par contre, à
Marseille, le niveau de la mer s'est abaissé brusquement d'une manière
notable, et il n'est pas certain qu'il ait repris sa position primitive.
En présence de ces constatations, on peut se demander si le récent trem-
blement de terre de Provence n'est pas en relation avec ces phénotnènes
actuels, s'il ne pourrait pas être considéré comme un épisode violent de ce
mouvement général d'affaissement de la région miocène du sud-est de la
France.
Dans cette hypothèse, la résistance opposée à l'affaissement par le Ven-
teux et les dômes crétacés environnants aurait occasionné un mouvement
de bascule du littoral entre Montpellier et la région marseillaise, et lasitua-
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 12.) 108
8 12 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lion de la rés^ion épicentrale s'expliquerait assez nalurellemenl, puisqu'elle
se trouve à l'intersection de la ligne d'ellondrement de la Durance et de
celle de la vallée du Rhône, dans le prolongement souterrain de la masse
stable du Ventoux.
PAT.ÉONTOLOGIE. — St/r quelijues Vertébrés fossiles du sud de la Tunisie.
Note de M. Makcellix Boulk, présentée par M. A. Lacroix.
L'éminent géologue dont la Science déplore la mort récente, Philippe
Thomas, m'avait prié de déterminer quelques ossements fossiles du Dràa-
ei-Djérid, au sud de la Tunisie. Ces ossements lui avaient été envoyés par
M. Bour>'aux, qui les tenait lui-même de l'auteur de leur découverte, M. le
D' Gober t.
Ces documents offrent un double intérêt; ils permettent de fixer lâge
d'une formation géologique importante et sur le degré d'antiquité de
laquelle les géologues ne sont pas d'accord; ils témoignent, en outre, dune
curieuse association de types africains et de types asiatiques.
La masse principale de l'isthme, à ossature crétacique, qui sépare le
Chott-el-Djérid et le Chott Rharsa, est formée par des sables siliceux,
blancs, parfois argileux et gypsifères, que surmontent des grès ferrugineux,
facilement désagrégés par les agfents atmosphériques et riches en bois sili-
ciiîés. Ce puissant atterrissement recouvre de vastes espaces dans le Sud
tunisien et le Sud-Est algérien. Tissot en faisait du Pliocène; Pomel et
Ficheur l'ont placé dans leur Oligocène continental. Ph. Thomas lui avail
assigné un âge mio-pliocène et cette vue est confirmée par les fossiles que
j'ai examinés.
Les plus intéressants sont quelques dents de Merycopolamus , curieux
Artiodactyle de certains dépôts des Siwaliks, où il était jusqu'ici étroite-
ment localisé. J'ai trois arrière-mollaires supérieures qui ressemblent extra-
ordinairement aux arrière-molaires du Merycopotamus dissimilis Falc. et
Cautl. J'ai aussi quelques prémolaires qui paraissent assez différentes de
celles de cette dernière espèce, de sorte que le Merycopotamus tunisien devra
probablement recevoir un nom nouveau : Merycopotamus afncanus.
Une cheville osseuse de corne de Ruminant formée dun tissu compact ressemble
beaucoup, soit à une corne de Tragocerus amaltheiis, soit à une corne de Vllemi-
Iragus Perimensis trouvée dans l'île de Perini avec Dinotheriiim et Acerolherium
ol décrite par Lvdekker.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 8l3
Le même lot comprend divers ossements d'Antilopes de quatre tailles et probable-
ment de quatre espèces dift'érentes. La plus grande atteignait presque la taille ihi
Palœotragus lioueni de Pikermi; la plus petite avait les dimensions d'une gazelle.
Enfin, une portion de mandibule d'un Crocodile peut être rapportée à Tune des deux
espèces des Siwaliks : Crocodilus palœiiidicus Falc. ou Crocodilus SU'alensis Lydek.
Malgré leur petit nombre, ces documents sont des plus précieux. Ils
révèlent d'abord, dans une région jusqu'ici peu explorée scientifiquement,
l'existence de gisements de Vertébrés fossiles; gisements qui pourront
fournir, un jour ou l'autre, de précieux matériaux d'études paléontolo-
giques. Ensuite, ils permettent d'assigner à une vaste formation géologique
de l'Afrique du Nord une date plus certaine que celles jusqu'ici entrevues
et de la considérer comme à peu près synchronique des diverses formations
continentales que jalonnent, sur une étendue immense, les gisenients des
Siwaliks, de Maragha, de Pikermi, deSamos, duLéberon, du Puy-Courn y,
de diverses localités espagnoles, etc.
Enfin, l'existence, dans l'Afrique du Nord, de types mammifères fossiles
essentielleinent asiatiques, comme les Merycopotamus elles Hemitragus, mé-
langés avec de nombreux Ruininants de la faune éthiopienne, comme les
Antilopes, est un fait nouveau très digne de remarque. Ce fait est de nature
à nous fortifier dans l'idée qu'à l'époque de la formation des sables à végétaux
silicifiés (aussi bien en Afriijue que dans l'Inde, oii le Merycopotamus dissi-
milis se trouve dans des fossil nood sands), l'Asie et l'Afrique étaient
réunies par de vastes étendues continentales. Nous savons d'ailleurs que
des relations, peut-être encore plus étroites, existaient, en même temps,
non seulement entre l'Asie et l'Europe, ce qui n'a rien de surprenant, mais
encore entre l'Europe el l'Afrique; la faune de Pikermi étant une faune de
caractère essentiellement africain.
HYDROLOGIE. — Sur les crues de la Seine en janvier- février 1910.
Note de MM. jVoiailhac-Pioch et Edmond Maillet, présentée par
M. Georges Lemoine.
La Seine vient d'avoir à Paris une crue absolument exceptionnelle, dont
le maximum, 8'",42, réalisé au pont de la Tournelle le vendredi 28 janvier,
de midi à minuit, est le plus élevé depuis celui de i658 (8'", 81 d'après
Belgrand), et dont la croissance a été très rapide.
Nous indi({uons ci-contre, pour l'échelle du pont d'Austerlitz, dont les
8,d
ACADEMIE DES SCIENCES.
cotes sont supérieures de o™, i5 à o"\ 20 à celles de la Tournelle, à la fois le
graphique des hauteurs d'eau et, approximativement, celui des annonces
faites (') pendant cette crue exceplionncllc et la longue période de crues
élevées qui a suivi. On sait que cette échelle est malheureusement, dans le
bassin de la Seine, une de celles où les prévisions, au moins 2 à 3 jours
d'avance, offrent le plus de difficultés au point de vue de la précision, même
dans les limites des crues qui ont servi à établir les formules de Belgrand et
de M. G. Lemoine et qui ne dépassent pas G'",5o (cote de 1876 à la Tour-
nelle).
Seine >i Paris. Pont d'Aiistcrlilz.
Seine
à Bezons.
Ici-TWvtl. 1910
.5 io, 25 il
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Jr
j
Sauf peut-être en certains points de la partie amont de la Marne et de la
haute Seine, où les renseignements anciens nous manquent, la crue n'a été
réellement très supérieure aux crues des 80 dernières années que sur la
Seine entre les confluents de la Marne et de l'Oise, à savoir de 1'" à
Bezons (cote 7"',9i) et de 2'° environ dans la partie amont de Paris
(cote 8'", 42). Vers l'aval, la crue a été atténuée grâce à la faiblesse
(') Les traits liorizontaux indiquent les niveaux à 8'' du malin, ou les annonces
de crue (traits pleins supérieurs), ou les annonces de décrue (traits pointillés
inférieurs). Ainsi le 21 janvier, pour Bezons, la cote étant ^^iQO à 8^ du matin, on a
annoncé 6'",3o pour une date ultérieure.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. 8l5
relative des flots de l'Oise et de l'Eure, aux marées de morte eau et aux
travaux d'amélioration du lit; la crue de 187G n'a été dépassée à Mantes,
après le confluent de l'Oise, que de o"\liG, et à Rouen, dans la partie mari-
time, que de o", 10.
La Marne à Chaliferl (en i844) et Ifi Seine à Melun (en i836) ont déjà
eu, au cours du siècle dernier, des crues aussi élevées à très peu près. Les
maxima corrélatifs de la Seine, G™, ^o en i836, 5"\89 en i844, au pont de
la Tournelle, ont pourtant été relativement modérés, et même inférieurs à
celui de 1876 (G^iSo). Il a fallu, en janvier 1910, l'arrivée presque simul-
tanée des maxima principaux à Clialifert et Melun pour déterminer l'impor-
tance colossale de la crue, du confluent de la Marne au confluent de l'Oise.
Il est intéressant de noter que, si la crue de la Marne avait été aussi forte
que celle de 1784 (5™, 90 à Chalifert), le niveau atteint à la Tournelle aurait
été à peu près celui de la crue de i658, la plus forte connue avec assez de
certitude pour cette échelle.
Le maximum a été dû nettement à la coïncidence de l'arrivée des maxima
de la Marne et de la haute Seine et d'une seconde crue du Loing, soutenus
par un mouvement modéré de la haute Yonne qui a retardé la décrue de
l'Yonne à Sens.
Il semble qu'au point de vue météorologique la crue extraordinaire soit
duc : i" à une saison chaude (i"' mai - i'^'' novembre) pluvieuse, où le
total moyen des pluies pour 120 stations environ dans le bassin de la Seine
est de 4^5'"™, la moyenne des totaux analogues de 29 ans n'étant que de
3^jmm. o" à des pluies abondantes en décembre, ayant produit déjà des
crues ordinaires atteignant au pont d'Austerlitz les cotes 3", 1 o le 7 et 3'", 45
le 3i : 3" à une période de pluies ou neiges considérables du9au 27 janvier,
comprenant le phénomène capital, à savoir, du 18 an 21 janvier inclus, des
chutes de pluie exceptionnelles, assez comparables pourtant, dans l'ensemble,
à celles qui ont occasionné la crue de septembre 1866; 4" à un dernier
événement accessoire : conformément aux règles de Belgrand(' ) sur l'écoule-
ment des crues de la Seine, le maximum à Paris a correspondu à une crue
modérée de l'Yonne, du Loing et du Grand-Morin ; mais la surélévation
finale que celle-ci a causée n'a guère dû dépasser o"',6o.
Notons à cette occasion que, pour les crues d'au moins 5"' au pont d'Aus-
terlitz depuis 1872, le plus fort maximum a eu lieu généralement, à un jour
près environ, en même temps qu'un maximum et de la Seine à Montereau,
(') La Seine, Etudes hjdrologiqaes, p. 287, énoncé n* 15. l^aris, Dunod, 1872.
8l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et de la Marne à (^halifert, ce dernier pouvant n'être que secondaire et dû
au Grand-Morin. En septembre 1866, au contraire, le maximum qui,
à Paris, correspond au maximum de Chalifert, n'est que secondaire.
Pour plusieurs stations d'annonces de crues, les niveaux des crues anté-
rieures connues en détail se sont trouvés sérieusement dépassés, et les pré-
visions numériques sont alors devenues fort délicates, parce qu'elles ne
pouvaient plus se faire que par extrapolation, alors f[ue les annonces
usuelles sont, au fond, basées sur l'interpolation. Désormais nous pouvons,
à Paris, jusqu'aux niveaux atteints par la crue de janvier 1910, faire, avec
une exactitude plus ou moins grande, des prévisions, d'abord 24 et 48 heures
d'avance, presque toujours pour la crue, et souvent pour la décrue, puis,
dans certains cas, 3 jours d'avance ou plus ('). Conformément à un prin-
cipe qui semble pouvoir être énoncé d'une manière générale pour chaque
station, on a d'autant plus de précision et d'autant moins de causes de per-
turbations (barrages mobiles, crues imprévues du Loing, du Grand-
Morin, etc.) cjue la prévision est à pljis courte échéance. Mais il ne faut pas
se dissimuler que les annonces continueront à être difficiles pour les grandes
crues à croissance rapide.
SISMOLOGIE. — Sur la détermination de l'épicentre d'un tremblement de terre,
d'après les données d'une seule station sismique. Note de M. B. Galitzixe,
présentée par M. Bigourdan.
Dans une Note précédente (^) j'ai indiqué le principe de ma méthode et
les conditions théoriques réalisées par les pendules que j'emploie.
Afin de vérifier celte méthode, je l'ai appliquée à 12 tremblements
de terre de 1909 pour lesquels on connaissait l'épicentre, qui d'ailleurs ne
peut aucunement être considéré comme un point; et les résultats de cette
comparaison sont résumés dans le Tableau suivant, où l'azimut vrai est rap-
(') D'après une formule île A. IJabinel, du type de M. Breuillé, el dont M. Nouailliac
Pioch fail varier chaque jour le coefficient, diverses formules ou graphiques de M. Ed.
Maillet, une formule de Belgrand, une de M. G. Lemoine, une de Belgrand et M. G.
Lenioine, etc. (G. Lemoike et de I^réavdeai', Manuel hydrologique, 1884, avec Sttp-
plcment de 1909).
(^) Voir p. fi!\2 de ce Volume.
SÉANCE DU 21 MARS I910. 817
porté à Poulkova et Taziniut calculé déduit de la formule (8 ) :
Coordonnées
de répicenlre Azimut
1909. 9. À. Lieu de l'épicentre. \iai. calculé.
9II 4o,2N 38, oE .Vsie-Mineure SE, lô" SE, i5°
10 II 4o,2N 38, oE » SE, 16 SE, 19
22II 4o,2N 38, oE >, SE, 16 SE, 16
12 m 38,0 N i46,oE Est du .Japon NE, 5o NE, 5o
i3 1II 39,0 N i48,oE » NE, 48 NE, 48
II IV 5o,3N 154,9!:: Kanilschatka, sud NE, 3; NE, 35
14IV 28,8 N 123,5 E Sud du Japon NE, 72 NE, 72
17V 16, 5S 68, oW La Paz (Bolivie) SW, 89 SW, 84
3oV 38,7 N 20,2 E Grèce SW, 21 SW, 17
3 VI I ,5 S loi ,4 Ë Rorintji (Sumatra ) SE, 73 SE, 79
II VI 43,6 N 5,3 E Sud de la France SW, 54 SW, 59
i5VI 38,3 N 22,5 E Grèce SW, 16 SW, 18
L'accord peut, en général, être considéré comme très satisfaisant. En
outre, le Tableau précédent montre que les ondes sismiques sont parvenues
à la station de Poulkova de trois quadrants différents; et chaque fois la
direction de l'épicentre a été nettement indiquée par les sisraogrammes.
J'ai appliqué la même méthode à la seconde phase des sismogrammes et
j'ai pu démontrer que, dans la grande majorité des cas, le plan des vibra-
tions transversales de la seconde phase diffère très peu du plan du grand
cercle mené par l'épicentre et par le lieu d'observation.
Cette étude démontre ainsi que si l'on dispose d'appareils convenables
(pendules séparés et apériodiques pour chaque composante, et enregistre-
ment galvanométrique, qui admet une très grande sensibilité ), il est possible
de déterminer l'azimut de l'épicentre et par conséquent de trouver le lieu
d'un tremblement de terre d'après les données d'une seule station sismique.
En outre, on peut considérer celte étude comme une démonstration
directe du fait que les ondes de la première phase correspondent véritable-
ment à des vibrations longitudinales.
J'avais lu mon Rapport sur ce sujet à la dernière réunion des sismolo-
gues à Zennatt, en septembre 1909. Depuis, j'ai eu l'occasion d'appliquer
cette méthode à la recherche des épicentres de deux grands tremblements
de lerie, (pii ont eu lieu dans ces derniers temps.
Dans la nuit du 20 au 21 octobre 1909 les sismographes de Poulkova ont accusé un
fort tremblement de terre dans la direction SE. Les données correspondantes pour la
8l8 ACADÉMIE DES SCIENCES,
dislance ^ jusqu'à l'épicentre et l'aziniul a élaienl
i = 455o'"", a=SE — 63°,
ce qui donne, pour les coordonnées géographiques de l'épicentre,
o = 3o°N, / 1:= jS" E de Greenwich.
Après la délerniinalion de ce point géograpliit|ue, j'ai reçu les données des stations
sismiques de Tiflis et Irkoutsk, qui perniellaienl d'évaluer la dislance s de l'épicentre
à ces stations. En combinant les valeurs de i pour Poulkova, Tiflis et Irkoulsk, j'ai
obtenu en moyenne les valeurs suivantes pour les coordonnées de l'épicentre :
(i) = 3o°N, X=r74°E,
ce qui est en excellent accord avec les valeurs indiquées ci-dessus.
Les nouvelles directes, parvenues plus tard, ont en efl^et confirmé qu'au jour indiqué
un violent tremblement de terre a sévi non loin de la frontière entie l'Inde septen-
trionale et le Beloutcliislan.
L'autre exemple se rapporte au grand tremblement de terre du 22 janvier de celte
année.
Les sismogrammes de Poulkova ont donné
5 = 2400'^"', tx =r NW — 49°>4-
Par suite, on obtient, pour les coordonnées de l'épicentre correspondant,
cp=;68°N et X = 17° W de Green« icii.
Ce point se trouve dans l'océan Glacial, un peu au nord de l'Islande.
Ce résultat m'a paru crabord assez inattendu, vu qu'il est très rare
d'observer à Poulkova des ondes sismiques provenant du quartier NW de
l'horizon. En outre, les premières nouvelles insérées dans les journaux indi-
quaient que difTérenles stations sismiques de l'étranger plaçaient l'épicentre
ou au Caucase, ou en Arménie. Mais les sismogrammes de notre station
sismiqueéta-ient à tel point clairs et précis que, sans aucun doute, l'épicentre
n'était pas à chercher au sud, mais au nord de l'Islande. Les nouvelles télé-
graphiques, survenues plus lard de Tiflis, d'Irkoulsk et d'Islande même,
ont complètement confirmé l'exactitude des résultats obtenus d'après les
données de la station de Poulkova seule.
Depuis lors, nous possédons les valeurs de la dislance de l'épicentre de
difléreiites stations sismiques, insérées dans leurs Bulletins.
Il est intéressant de confronter la distance s du point cjue j'ai trouvé
(!p = 6(S°N, X=i'^°W) aux diflërentes stations sismiques, avec les va-
SÉANCE DU 21 MARS I910. 819
leurs s' données par les stations elles-mêmes :
Hambourg. Aix-la-Cliapelle. Vienne. Otlawa (Canada).
S 2i4o 2290 2870 4'4o
s' 2 100 2800 2900 4 ' 00
S — s' +40 — 10 — 3o -(-4o
L'accord entre les valeurs de s et / peut être considéré comme des plus
satisfaisants.
Ces exemples démontrent clairement qu'avec ces instruments convena-
blement choisis et ajustés, on peut en effet trouver le lieu approximatif de
l'épicentre d'un tremblement de terre d'après les données d'une seule, sta-
tion sismique.
M. Em.m. Pozzi-Escot adresse une Note sur un Oiseau particulier aux
Andes péruviennes.
(Renvoi à l'examen de M. Edmond Perrier.)
M. J. Tavam adresse un Mémoire Sur la théorie des séries à termes
positifs et des fonctions entières.
(Renvoi à l'examen de M. Jordan.)
M. Re\é Picard du Chambon adresse un Mémoire sur l'électricité dans les
végétaux.
(Renvoi à l'examen de M. Bonnier. )
M. Georges Bo.v.vai, adresse un Mémoire intitulé : La réaction de densité.
(Renvoi à l'examen de M. Violle.)
La séance est levée à 4 beures et demie.
Ph. V. T.
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, N° 12.) IO9
ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIIIJ.KTI.X KIBI.IOGKAPIIKjUE.
Ouvrages iieçls dans la séance du 7 mars 1910.
Recueil des actes officiels et documents intéressant l'Hygiène publique : Travaux
du Conseil supérieur d'Hygiène publique de France; t. XXXVllI, année 1908.
Melun, Imprimerie administrative, 1909. (Adressé par M. le Ministre de l'Intérieur.)
Deux conférences de Géologie alpine^ par Pierre Tehmie'h, Membre de rinstitul :
Les Schistes cristallins des Alpes occidentales. (Conférence faite à Vienne, le
22 août 1908, devant le 9'= Congrès géologique international.) La synthèse géologique
des Alpes. (Conférence faite à Liège, le 26 janvier 1906, aux élèves des écoles spéciales.)
Paris, Ch. Béranger, 1910; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Thermodynamique et Chimie, Leçons élémentaires par Pierre Duhem, Correspon-
dant de l'Institut de France; 2' édition, entièrement refondue et considérablement
augmentée, avec 178 figures dans le texte. Paris, A. Hermann et fils, 1910; i vol. in-8°.
(H<immage de l'auteur.)
Détermination de la puissance des moteurs d'automobiles, par Ch. Faroux. Paris,
H. Dunod et E. Pinat, 1910; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Recherches spéléologiques et hydrologiques dans la chaîne du Jura, par M. E.
FouRNiER (1 1" Campagne : 1908- 1909), avec i4 figures. (Spelunca. t. VII, n° 38.) Paris,
1909; I fasc. in-S".
La letragonometria plana nelle scuole secondarie, per Giuseppe Delitala. (Extr.
i\es Atti del IV Congresso dei Malematici, Roma, 6-11 aprile 1908, t. III.) Rome,
1909; I fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Di letragonometrischen Problème in der Mittelschule, von Al. Lanker. (Extr. de
Zeitschr. f. mathem. u. naturw. Unterr., t. XL, fasc. 3.) Leipzig, B.-G. Teubner,
1909; I fasc. in-8°. (Adressé par M. G. Delitala.)
Les Mathématiques en Portugal : deuxième défense des travau.v de Antonio Ca-
breira. Lisbonne, chez l'auteur, 1910; i fasc. in-8°.
The fourtli dimension simply explaned a collection of essays selected froni those
submilled in the scienlific american's prize compétition, wilh an introduction and
éditerai Notes, by Henry-P. Manning. New York, Munn et C'", 1910; i vol. in-S".
Sulla costruzione dei mûri di approdo su fondo fangoso, par C. Barberis ; teste e
lavole. (Ministère délia Guerra.) Rome, 1910; i vol. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Die Winde in Deutschland, ira Auftrage der MotorluftschifT-StudiengeselIschaft in
Berlin, bearbeitet von Richard Assmann, mit i3 Tafeln enthaltend Windrosen, und
einer Stalionskarle. Brunswick, Friedrich Vieweg et fils, 1910; i fasc. in-^".
Annaes scientificos da Academia polytechnica do Porto, pub. seb. direcçâo de
F. GoMES Teixeira; t. V, n° 1. Ceïmbre, 1909; 1 fasc. in-8°.
SÉANCE DU 21 MARS 1910. «21
Ou\RAGHS REÇUS DANS LA SÉANCE DU l4 MARS IÇIO.
Leçons ds Mécanique céleste, professées à la Sorbonne par H. Poincaré, Membre
de l'Institut. Tome III : Théorie des marées, rédigée par E. Fichot. Paris, Gaulhier-
Villars, 1910; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Quelques lettres inédites d' André-Marie Ampère, par Ernf.st Jovy. Vitry-le-Fran-
çois, 1910; I fasc. in-8°. (Hommage de M. E. Jovy.)
Arcliii'es de Zoologie expérimentale et générale : Histoire naturelle, Morpho-
logie, Histologie, Evolution des animaux, fondées par Henri de Lacaze-Duthiers,
publiées sous la direction de G. Pruvot et E.-G. Racovitza; 5'= série, t. IV, n" 1 :
Recherches histologiques sur la métamorphose des Muscidés ( Calliphora erythro-
cephala Mg.), par C. Pérkz. Paris, Albert Scinilz, 1910; [ vol. in-8°. (Présenté par
M. Delage.)
Plusieurs brochures relatives à diverses questions de Sciences naturelles, par
M. Caklos-E. Porter, et plusieurs fascicules de la Revista Chilena de Historia
natural (1908 et 1909), dirigée par le même auteur. (Présenté par M. Edmond
Perrier.)
On the qualernion expression for the co-ordinates of a screi^' 1 eciprocal to Jive
given screivs; a paper read before the « Australian Association for the advancenient
of Science », by Sir Robert Ball. Brisbane, 1909; i fasc. in-8°.
Essay for solution 0/ Euclid's tivelfth axiom, by Arthur Paul. Melbourne, Mel-
ville et Mullen, 1910; i fasc. in-S".
Solar Obsen'atorr of the Carnegie Institution of Washington. Annual report of
llie director George-E. Hale, 1909. ( E\tr. du Vear Book, n° 8, p. iSq-iSo.) i fasc.
in-8<>.
Jahresbericht der Hamburger Sternwarle fiir das Jahr 1907, erstattet von dera
Direktor Prof. D'' R. Schorr. Hambourg, 1908; i fasc. in-8°.
On the Galaclic System wilh regard to ils structure, origin, and relations in
space, by Karl Bohlln, wilh 4 figures in the text and 6 plates. {Kungl. Svenska
Vetenskapsakademiens Handlingar, Bd. XLIII, n" 10.) Upsal et Stockholm, Almqvist
et Wiksells, 1909; i fasc. in-^". (Hommage de l'auteur.)
On a new hinary progression of the planetary distances, and on the mutability
of the Solar System, by Henry Wilde. Manchester, 1909; i fasc. in-8°.
Sur le dernier maximum des taches solaires, par A. Wolfer. (Extr. des Memorie
délia Societa degli Spettroscopisti italiani, t. XXXVIII, 1909.) Catane, i fasc. in-4''.
Nuefo metodo para determinar el didmetro del planeta Venus, por D. Vincente
Ventosa. Madrid, 1908; 1 fasc. in-8°.
Observations of southern double-stars, by R.-T.-A. Innés. (Transvaal Observa-
tory : Circular n° 1, i^'*" december 1909.) Pretoria; i fasc. '\n-[^°.
The future of Astronomy, by Edward-C. Pickeiu.\g. (Extr. de Popular Science
Monthlv, août 1909.) i fasc. in-S".
822 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ERRATA.
(Séance du lo janvier 1910.)
Note de M. Russyan, Le théorème de M. W. Stekloff (théorème géné-
ralisé de Jacobi) et les formules généralisées de la transformation de
contact :
Page 85, ligne 2 en remonlanl, au lieu de des relations {b), lisez des rela-
tions (a) et {b).
Page 85, ligne 7 en remontant au lieu de
Usez
2x(P.xo°-n=., 2»<>'.x.)2n=„
7 / (Fi-\>J -r Tr: p -; ) 7 A ( F/,.Xx) -; ^ p -;
^ ^ dx, ^ dxs Ji^ ^ ^' dp, ^ dp,
(Séance du 7 mars 1910.)
TNote de M. de Séguier, Sur le groupe symétrique et le groupe alterné :
Page 59g, ligne 10, au lieu de = A', lisez =r:x.
Page 599, ligne 1 1 , aw lieu de k, Ç, lisez x, Ç.
Page 600, ligne 28, au lieu de p'", lisez pi^.
Note de M. Briot^ Propriété du sérum des lapins séro-anaphylactisés :
Page 689, ligne 3 lisez : Phénomène d'anaphylaxie passive. — Des lapins neufs
reçoivent dans la veine de l'oreille de 2'^'°',5 à 5'="|' de sérum de lapins préparés. Le len-
demain ils reçoivent de 2'="'', 5 à 5'^°'' de sérum de cheval. . ..
(Séance du i4 mars 1910.)
Page 668, ligne 6 en remontant, ajoutez et du Secrétaire perpétuel pour les Sciences
malliématiques.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU MARDI 29 MARS 1910.
PRÉSIDEXCE DE AI. 11. POINCARÉ.
MEMOIRES ET COMMUrVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts adresse
anipliiition du Déercl portant approlialion de rélection que TAcadémie a
faite de M. Hùtorf pour occuper l'une des places d'Associé éti-anger créées
par le Décret du i" décembre 1909.
11 est donné lecture de ce Décret.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le mécanisme de déshydratation des alcools par
catalyse au moyen de dive?-s oxydes métalliques. Note de MM. Paul
Sabatier et A. 3Iailhe.
Nos recherches antérieures relatives à l'action des oxydes métalliques sur
les alcools primaires ont établi que plusieurs oxydes, thorine, alumine,
oxyde bleu de tungstène, etc., exercent sur les alcools, entre 3oo" et 35o°,
une catalyse à peu près exclusive de déshydratation avec séparation de car-
bure élhylénique (').
Dans quelques cas, en opérant à température assez basse, la déshydrata-
tion est incomplète et peut se borner à la production de l'éther-oxyde.
La réaction accomplie au contact des oxydes est tout à fait comparable
à celle qui est réalisée au contact d'acide sulfurique concentré. Dans ce
dernier cas, le mécanisme est bien connu, parce qu'il est facile de mettre en
évidence les étapes successives de la transformation.
(') I'aiil Sauatikr et A. Mailhe, Comptes rendus, l. CXLVI, 1908, p. 1376;
t. CXLVII, 1908, p. 16 et 106; i. CXLVIII, 1909, p. 1734.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 13.) I lO
824 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En opérant à iVoid sur un alcool primaire, on a 1res rapidement
(i) C"H^'"+'.0H + S0'H'=rll=0-4-S0»H.C''H-«+'. .
Acide
sulfofoiméniqiie.
Le produit obtenu, nommé acide sulfofonnénique ou étiier sulfurique
acide, est stable à froid avec la plupart des alcools primaires. Mais si Ton
élève suffisamment la température (à i4o° pour l'alcool éthylique),
on a
( 2 ) SO' H . C" H2'>+' + G" H"'+' . OH = ( C" H"'+' )^ 0 + SO» H^
Klher oxyde.
A température plus haute (170° pour l'alcool éthylique), on a
(3) S0'H.C"H=''+'=G''H5'' + S0»1P.
Carbiifd.
Dans les deux cas, l'acide sulfurique est régénéré; il pourrait répéter
indéfiniment le cycle de réactions, et serait un vrai catalyseur, s'il ne rete-
nait pas l'eau issue de la réaction (i), et ne devenait ainsi après quelque
temps incapable d'accomplir cette première réaction.
Le mécanisme paraît être le môme dans le cas dos oxydes métalliques,
qui agissent à leur surface Sur les alcools en vertu d'une fonction acide, et
donnent tout d'abord un éther-sel analogue à l'acide sulfoforménique.
Ainsi, avec la thorine, on pourra avoir
2(C''H^n+'.0H)4-Th0-^=H«0 -(-T1.0(0C"IP"+')-,
riioriiuitc.
puis à température suflisamment ménagée :
TliO(OG"H2''+i)2z:=ThO'i+(C"H-« + ')H),
Élller oxyde.
OU à température plus haute, supérieure à Soo" :
TliO(UG"H*"+')= = TtiO'-H IIHJ + 2G''ll-^".
Cette dernière réaction étant d'ailleurs, avec la thorine, presque
exclusive.
SÉANCE DU 29 MARS HJTO. SaS
La thorine est régénérée semblable à la thorine primitive, parce qu'elle
ne relient pas l'eau, qui est éliminée en môme temps que le carbure éthylé-
nique. Par conséquent, elle constitue un vrai catalyseur capable de recom-
mencer indéfiniment la même réaction.
La cause fondamentale de la catalyse par les oxydes nous parait donc être
la production rapide d'un composé intermédiaire instable, qui est l'éther-
sel fourni par l'alcool avec l'acide dont l'oxyde est l'anhydride. S'il en est
ainsi, on peut prévoir des conséquences importantes de cette formation
initiale, el la réalisation des prévisions formulées sera un argument puissant
en faveur de la théorie qui les suggère.
1° L'a^yde sulfurique mis en présence du mélange d'un alcool et d'un
acide organique accélère beaucoup la formation de l'éther-sel correspon-
dant, à cause de la production rapide du sulfate acide forménique, échelon
intermédiaire de la réaction : on dit que l'acide sulfurique est un catalysent
d'èlhêrification .
Nous pouvons de même prévoir que les oxydes catalyseurs de déshydra-
tation seront aussi, vers 3oo°-35o", des catalyseurs d'éthérification des
alcools vis-à-vis des acides organiques.
C'est ce qui a lieu réellement, à condition que l'acide organique ne soit
pas lui-même catalysé par l'oxyde. Cette condition exclut la thorine et
l'alumine, qui dédoublent rapidement les acides forméniques en célones et
anhydride carbonique (Senderens). Mais on peut employer \ oxyde tila-
niqiie, TiO".
En dirigeant sur une colonne d'oxyde titanique à 3oo° les vapeurs d'un
mélange à molécules égales d'alcool éthylique et d'acide acétique, on con-
state que la dose élhérifiée surpasse la moitié, tandis que, en l'absence du
catalyseur, le passage des vapeurs dans le même tube à la même tempéra-
ture ne procure qu'une éthérification sensiblement nulle.
2° L'ammoniaque réagit sur les éthers-sels des acides minéraux pour
donner naissance à des aminés. Il devait sans doute en être de même avec
les éthers-sels issus de la fonction acide des oxydes catalyseurs, et l'on pou-
vait espérer que, tout au moins pour quelqu'un de ces oxydes, la réaction
de l'ammoniaque sur l'éther-sel temporaire serait plus rapide que la dé-
composition de cet éther-sel en carbure éthylénique.
L'expérience a pleinement vérifié celte prévision, ainsi que nous l'avons
fait connaître antérieurement ('). Particulièrement avec la thorine, en
(') Paul Sabatier et G. Mailhe, Comptes rendus, l. CXLVIH, 1909, p. 898.
lS^4(i ACADÉMIE DES SCIENCES.
présence du gaz auunoniac, la rcaclion doiiilnaiile des alcools est, de beau-
coup, la formation des aminés, le dédoublement étbylénique étant relati-
vement peu important. On a vu que nous avions pu en déduire une nouvelle
méthode générale de synthèse directe des aminés à partir des alcools.
3° La fonction acide des hydrates métalliques dont les oxydes cataly-
seurs sont les anhydrides, étant faible, nous avons pensé que les éthers-sels
instables qui en résultent pourraient être décomposés par l'acide sulfh}--
driquc en donnant des t/iiols. Nos prévisions à ce sujet ont été pleinement
vérifiées et nous avons pu instituer de la sorte une préparation directe des
thiols par catalyse à partir des alcools- Nous aurons l'honneur de l'exposer
dans une prochaine Communication.
M. Carpestier présente à l'Académie un instrument de mesure électrique
dénommé logométre qui a été récemment réalisé dans ses ateliers et dont la
conception et l'étude sont dues à son collaborateur M. L. Joly.
Cet instrument, qui a extérieurement l'aspect classique d'un ampèremètre
ou d'un voltmètre, possède deux circuits et donne des indications qui ne
dépendent que du rapport des deux courants qui le traversent. Il appartient
ainsi à une classe dans laquelle on connaît déjà plusieurs modèles remplis-
sant la même fonction, et s'approprie comme eux à un certain nombre d'in-
téressantes applications.
Le nouvel instrument a pour caractéristiques sa grande simplicité, ainsi
que l'allure tout à fait favorable de sa graduation (les déviations de l'aiguille
sont sensiblement proportionnelles au rapport des courants actifs). lia reçu
le nom de logométre pour indiquer, autant que le permet la formation
étymologique, qu'il mesure une proportion, un rapport.
Le logométre, comme le galvanomètre Deprez-d'Arsonval, comporte
deux organes essentiels :
i" Un équipage mobile dans lequel circulent les courants actifs ;
2" Un champ magnétique fourni par un aimant, entre les pôles duquel
est disposé un noyau cylindrique en fer, dont le rôle est de répartir conve-
nablement les lignes de forces.
L'équipage mobile est constitué par deux cadres égaux en fd conducteur,
accolés côte à côte et dans le même plan sur un même axe, comme le montre
la figure i. L'ensemble peut tourner autour de cet axe qui est monté entre
pivots dans le bâti de l'appareil. Des rubans d'argent, extrêmement ténus,
SÉANCE DU 29 MARS 19IO. 827
permeltent de faire circuler des courants dans les deux cadres, en n'exerçant
sur l'équipage qu'une force directrice à peu près négligeable.
JL
V
Les pièces polaires de l'aimant de champ sont façonnées de manière à
laisser entre elles un vide cylindrique. Le noyau répartiteur est placé dans
ce vide, excentriqiiement comme on le voit sur la figure 2. Par suite de cette
disposition, la densité du champ, de part et d'autre du noyau, va en décrois-
sant régulièrement de A en B.
L'axe de l'équipage occupe le centre du noyau répartiteur; les côtés
extérieurs des cadres se déplacent donc suivant un cylindre concentrique à
ce noyau et sont plongés dans des régions de densité magnétique variable
suivant la position de l'équipage.
Lançons dans les cadres des courants d'intensités i^ et i^ et désignons
par A, et /<2 les densités magnétiques le long des branches extérieures de
l'équipage. Les forces qui solliciteront ces deux branches (supposées réduites
chacune à un fil unique) auront respectivement pour expressions i, /«, et
/o/io. Le sens des couraftts ayant été choisi de manière que ces forces soient
en opposition et dirigées vers les plages faibles du champ, on verra l'équi-
828 ACADÉMIE DES SCIENCES.
page tourner jusqu'à venir occuper une position pour laquelle on aura
on
^ = ii.
A, 4
Cette position ne dépendra donc nullement des intensités absolues des
courants, mais seulement de leur rapport. Une analyse très simple montre
que, sous les conditions énoncées précédemment, cette position est stable.
Il est donc possible de tracer sur le cadran de l'appareil une graduation
devant laquelle se déplacera son aiguille et dont les divisions correspon-
dront aux diverses valeurs du rapport -^•
La comparaison des courants ne présente guère d'intérêt direct. Mais,
comme on peut y ramener la comparaison des résistances et que celle-ci
donne lieu à de nombreuses applications, les instruments qui permettent de
l'effectuer d'une manière pratique sont d'une incontestable utilité. A ce
titre, le logomètre peut rendre d'appréciables services.
Supposons deux conducteurs dont on veuille comparer les résistances.
Mettons-les en dérivation sur les pôles d'une même source. Il s'y établira
des courants dont les intensités absolues dépendront évidemment du voltage
de la source; mais le rapport de ces intensités sera toujours l'inverse du
rapport des résistances; il sera invariable et indépendant du voltage. Qu'on
dirige donc les deux courants dans les circuits d'un logomètre, l'aiguille de
l'instrument déviera d'un angle fixe, quelle que soit la source empruntée,
quelques variations même que subisse le voltage au cours de l'observation.
L'instrument, pouvant être gradué pour indiquer l'inverse du rapport des
courants qui le traversent, donnera directement le rapport des résistances à
comparer.
Que l'une des résistances soit connue et toujours la même, l'instrument
pourra donner directement la valeur absolue de toute autre résistance à
déterminer. Il deviendra un ohmmètre, et un ohmmètre d'autant plus com-
mode qu'il suffira pour en faire usage de disposer d'une source quelconque,
constante ou non. L'accessoire indiqué d'un pareil ohmmètre est une petite
magnéto à manivelle, les variations de sa vitesse n'ayant aucune influence
sur la mesure.
Au lieu d'utiliser la déviation de l'aiguille du logomètre à l'évaluation
d'une résistance intercalée dans l'un de ses circuils, on peut, d'un poste
éloigné, par l'intercalationde résistances appropriées, commander la dévia-
SÉANCE DU 2g MARS I910 829
tion de Taiguille et faire de l'appareil un répétiteur de mouvement à distance,
un transmetteur d'ordres, etc.
Le logomèlre est de construction particulièrement simple quand on con-
stitue son champ magnétique par un aimant permanent. Mais l'aimant
permanent peut être remplacé par un électro-aimant, au besoin feuilleté, et
linstruuienl devient susceptible de fonctionner sur courants alternatifs.
Lue particularité intéressante du logomètre consiste en ce que l'allure de
sa graduation peut être, pour ainsi dire, modelée par un façonnage conve-
nable de l'entrefer dans lequel se meuvent les cadres de son équipage. Dans
le modèle présenté en séance, l'entrefer est compris entre deux cylindres
circulaires excentrés l'un par rapport à l'autre. Un simple changement
dans les diamètres respectifs de ces cylindres ou dans leur excentricité est
de nature à influer grandement sur la sensibilité de l'instrument, c'est-à-dire
sur l'écart des valeurs extrêmes (ju'il embrasse, l ne déformation plus pro-
fonde des pièces polaires agirait sur les régions intermédiaires de la fonction
de sensibilité.
M. Carpe.ntiek présente à l'Académie un stabilisateur automatique pour
aéroplane, conçu et réalisé par M. Regn\rd, ingénieur des Arts et Manu-
factures.
L'organe essentiel de l'appareil est un gyroscope qu'on installe en un
point convenable de l'aéroplane par l'intermédiaire d'un équipage à la
cardan, de manière à lui laisser une indépendance complète en direction
par rapport aux supports. La masse tournante de ce gyroscope se compose
d'un lourd volant parfaitement centré et de l'induit annulaire d'une petite
dynamo qui lui est accolé. L'inducteur fixe de la dynamo est de forme éga-
lement annulaire ; il est placé dans le même plan que l'induit et l'enveloppe.
Au moyen d'un courant emprunté à une batterie d'accumulateurs, le tore
mobile est mis en rotation et il est entretenu à une vitesse de plus de 10 000
tours par minute. Adoptant sous rinfluence de celte rotation, ainsi que
l'expliquent les lois connues de la Mécanique, une direction invariable, pa-
rallèle au plan de l'espace dans lequel il a été lancé, ce tore, grâce à sa
suspension, prend, par rapport à l'aéroplane, toutes les positions relatives
correspondant aux inclinaisons propres de ce dernier et, suivant que l'aéro-
plane pique du nez ou se cabre, suivant qu'il s'incline à droite ou à gauche,
il provoque l'établissement de divers contacts électriques. Ces contacts
électriques font entrer en mouvement des moteurs commandant les palettes
du gouvernail de profondeur, soit pour les relever, soit pour les abaisser.
83o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ainsi que les ailerons de redressement placés aux extrémités droite et
gauche des ailes de l'aéroplane. Ainsi ce gyroscope, suppléant par le fait
l'aviateur, donne à l'aéroplane une sorte d'instinct artificiel, tout à fait
comparable à celui qui gouverne les réflexes du cerveau chez l'oiseau et
chez l'insecte. *
Dans l'appareil de démonstration présenté en séance, le système gyro-
scopique, réalisé en grandeur, est placé dans un caisson parallélépipédique
vitré dans lequel sont contenus, en outre, les accumulateurs fournissant la
force motrice. Ce caisson, dont la position normale est droite, est installé
sur un socle de manière à pouvoir être incliné à la main dans toutes les
directions.
Au-dessus du caisson, en haut d'une colonnette, est fixé un modèle extrê-
mement réduit de monoplan, fort joliment exécuté et portant les organes
mobiles de stabilisation. A l'intérieur du fuselage sont disposés les moteurs
destinés à commander ces organes, moteurs réduits dans cet appareil à de
simples pistons plongés dans des solénoïdes.
Quand l'appareil est droit, les organes de stabilisation demeurent dans la
position neutre; mais, après le lancement du gyroscope, dont la position
d'équilibre a été choisie horizontale, vient-on à incliner l'appareil, des con-
tacts s'établissent et l'on voit les organes de stabilisation entrer en jeu soit
isolément, soit simultanément. Des dispositifs de réglage permettent d'ail-
leurs de faire varier les limites de leur intervention, c'est-à-dire la sensibilité
même de l'instrument.
M. Regnard, qui a été président de la Société de Navigation aérienne et
qui est familiarisé avec les problèmes de l'aéronautique, n'a pas la préten-
tion d'avoir inventé l'application du gyroscope à la stabilisation des aéronefs,
mais, en combinant les dispositions qu'il a réalisées, il a eu en vue de rendre
pratique l'utilisation d'un principe dont la fécondité nepaïaîtpas douteuse.
M. A. Lacroix s'exprime en ces termes :
J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie la deuxième partie du Tome 111 do
ma Minéralogie de la France et de ses colonies.
Ce Volume de 4i5 pages est consacré à l'élude des minéraux appartenant
aux classes des azotates et des carbonates; près de la moitié (i7(J pages et
■AM\ figures) est occu[)(''e jiar la description de la calcite. Je pense que la
lecture de cet Ouvrage, plus encore peut-être que celle des Volumes précé-
dents, montrera combien notre sol national renferme de richesses minéra-
logi(|n('S eu partie inconnues jusqu'ici.
SÉANCE DU 29 MARS 1910. 83 1
Le P. E.Coi.ix fail hommage à TAcadémie d'un Volume intitulé : Obser-
vatoire de Madagascar. Obsen^ations météorologiques faites à Tananarive par
le R. P. E. Colin. XX"' Volume, 1908.
CORRESPONDANCE.
M. HiTTORF, élu Associé étranger, adresse des rcmeicimenls à F Aca-
démie.
M. le Secrétaire perpétuei, de i.a Sociedad cientikica Antoxio Alzate
adresse à l'Académie l'expression de ses sentiments de profonde condo-
léance à roccasion du décès de M. Bouquet de la Grve.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Remarque sur une Communication précédente.
Note de M. Charles Nordmann, présentée par M. H. Poincaré.
J'ai récemment indiqué (ce Volume, p. 44^) une méthode nouvelle cpii
donne l'éclat intrinsèque du Soleil sans faire intervenir les dimensions et la
distance de cet astre. Ces quantités interviennent au contraire dans la
méthode hahiluelle de mesure de cet éclat, basée sur l'eslimation de l'éclaire-
ment solaire. .le dois à ce propos rectifier le résultat que j'ai cité d'après
Midler et cpii, par suite dune ambiguïté dans le texte de cet auteur, est trop
grand : c'est en réalité looSoo bougies décimales par centimètre carré, qui
résulterait pour la valeur de l'éclat intrinsèque du Soleil, de l'estimation
de l'éclairement solaire indiquée par Millier.
Par contre, des mesures plus récentes de l'éclairement solaire faites par
M. Charles Fabry (') et M. W. Pickering (^), on déduirait respectivement
pour cet éclat intrinsèque les valeurs 184000 bougies et 352 000 bougies
environ. Les grandes divergences existant entre ces différents nombres
prouvent que la mesure de la valeur absolue de l'éclairement solaire com-
porte encore une assez grande imprécision. Il y a lieu d'ailleurs de remarquer
(') Association française pour l'Avancement des Sciences, igoS,
(^) Annales oj llie Observatory of Harvard Collège, l. LXI, 1908.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N« 13.) m
83-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que k" iKtiiilini que j'iii obtenu par ma inélhodc dinértMiliclle ('3h)ooo bougies
décimales par centimètre carré), bien que complètement indépendant de la
mesure de réclairemenl solaire, est précisément compris entre ceux qui ré-
sultent des mesures de cet éclairement par M. Charles Fabry et M. Pickering.
CHBIIE ANALYTIQUE. — Recherche de l'alcool méthylique en générai et
spécialement en présence de V alcool éthylique. Note de M. G. Denicès.
i. La recherche de l'alcool méthylique en présence de grandes quantités
d'alcool éthylique est généralement considérée comme offrant de sérieuses
difficultés pratiques. Diverses solutions ont été proposées pour résoudre
cette question : celle de Trillat est une des plus ingénieuses et des plus
élégantes, mais elle est un peu longue et laborieuse. La suivante, extrê-
mement facile à mettre en œuvre, est très sensible et convient pour des
essais rapides.
Elle est basée : i° sur la propriété qu'a le permanganate de potassium,
employé dans des conditions déterminées, de ne donner que de l'éthanal
avec l'alcool éthylique et du méthanal avec l'alcool méthylique; 2° sur la
possibilité de déceler, à Taide de la fuchsine bisulfilée, des traces de métha-
nal, même en présence de très fortes quantités d'autres produits aldéhy-
diques, notamment d'éthanal, à condition d'opérer en milieu fortement
acide, ainsi que nous l'avons précisé récemment (') et comme nous l'avons
appliqué pour la première fois, en 1896, à la recherche directe du formol
dans le lait.
Le mode opératoire esl le suivant : dans un tube à essai d'assez fort calibre pour
pouvoir mélanger facilement, à l'aide de quelques secousses, les liquides qu'on y
introduira, on met o'''"', 1 de l'alcool à essayer, on ajoute 5'"'' de MnO'K à i pour 100,
qciii' 2 (2) d'acide sulfiirique pur et l'on mélange. Après 2 ou 3 minutes de contact,
on verse i''"'' d'une solution à 8 pour 100 environ d'acide oxalique (solution saturée
à froid des laboratoires) et l'on agite. Le mélange tend à se décolorer rapidement. Dès
(ju'il a pris une teinte jaune madère, on ajoute i'"'" d'acide sulfurique pur et l'on
agile : la décoloration devient alors complète. Aussitôt après, on verse 5''"' de fuchsine
bisulfilée, on mélange et l'on abandonne au re|io>; au bout de quelques minutes
(') Comptes rendus^ t. 130, 28 février rgio, p. 025.
('^) En portant la dose d'acide sulfurique à o"'™", 5 et a fortiori à un cliift're plus
élevé, il se produit toujours une certaine quantité de méthanal, même avec de l'alcool
éllivlique pur. Il est donc nécessaire de s'en tenir au rliillVe prescrit,
SÉANCE DU 29 MARS I9I0. 833
apparait une coloralitm violelle d'aulaiU plus intense que la teneur ilu produit essayé,
en alcool mélliylique, est plus considérable. Après i5 minutes, sauf pour les grandes
dilutions, cette teinte a généralement pris son maximum d'intensité. Elle est extrê-
mement intense avec 10 pour 100 d'alcool niétliylique, très forte encore avec
I pour 100 et appréciable à une dilution au millième.
En distillant 10'"'' d'alcool à essayer dans un petit et très simple déplileg-
niateur, formé d'un gros tube à essai surmonté d'un tube courbé à angle
aigu dont la branche ascendante, d'assez large diamètre, aurait une
longueur de 45'^'" à So*^'"; en recueillant 1 ""' à 2""' de produit et opérant,
comme plus haut, avec o™', i de distillât, on peut reconnaître jusqu'à
I à 2 dix-millièmes d'alcool méthylique. Il est même possible de porter la
limite de sensibilité au cent-aiillième et plus, en distillant, en fractionnant
une plus grande quantité de liquide à l'aide d'un déphlegmateur plus per-
fectionné.
Bien entendu, avec l'alcool éthylitjue pur, traité dans les mêmes cohdi-
tions, il ne se produit pas de coloration sensible, même après plusieurs
heures. Il est d'ailleurs toujours utile de faire un essai comparatif avec un
tel alcool, surtout quand on veut déterminer des traces d'alcool méthylique
dans un alcool donné.
En opérant par comparaison avec des solutions connues d'alcool méthy-
lique dans l'alcool éthyli(pie, ou peut exéctiter, très vite, des déterminations
quantitatives suffisamment précises.
Ce mode de recherche se prête fort bien à la recherche et au dosage de
l'alcool méthylique dans les alcools dénatuix's.
II. Nous avons remarqué que, loin d'être une gêne pour la caractéri-
sation de l'alcool méthylique, la présence d'alcool éthylique est avantageuse,
car elle permet la production transitoire d acétal du formol qui est particu-
lièrement apte à agir sur la fuchsine bisuKitée. C'est pour cette raison
qu'on opérera comme suit, dans la recherche de l'alcool méthylique, en
solution aqueuse a^/ec ou sans distillation préalable, suivant la composition
du milieu et après recherche préliminaire directe du formol.
On met dans un gi'os tube à essai 3'"'' de solution d'alcool méthylique, ne devant
pas titrer plus de 3 à 4 pour 100 de cet alcool, o"^'"',! d'alcool éthylique pur à 90''-95°
et 2™' de MnO*Iv à 2,5 pour 100. On agite, on ajoute o""'',2 d'acide sulfurique pur,
on agite encore, on laisse au p^jos pendant 2 ou 3 minutes et l'on termine comme
dans le cas précédent (action successive d'acide oxalique, d'acide sulfurique et de
fuchsine bisulfitée).
On peut ainsi déceler quelques milligrammes de méthanol dans 100""'
83/4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'eau et pousser la limite bien plus loin si Ton fractionne la solution par
distillation.
III. Quand il s'agit d'éthers inéthyliques, on les saponifie par un
alcali; de glucosides méthylés, on les hydrolyse par les acides dilués ou des
diastases appropriées; de méthyldérivés azotés, comme les méthylxantliines,
on les déméthyle puis on les saponifie, etc. Dans tous les cas, une fois ces
opérations préliminaires faites, on distille, on fractionne el, avec le distillât,
on caractérise, comme en II, l'alcool méthyliquc formé.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur rcmefùjue d'arsenic el d'aniline.
Note de M. P. Yvox, présentée par M. E. Roux.
On prépare ce corps en faisant réagir sur une molécule de lartrale acide
d'aniline, en solution aqueuse, une demi-moIécuIe d'acide arsénieux; on
évapore en consistance sirupeuse et, par refroidissement, il se dépose de
volumineux cristaux, rarement incolores, le plus souvent teintés en jaune
verdàtre plus ou moins foncé, parfois en rose.
Ces cristaux sont anhydres, même lorsqu'on les obtient à la température
de o", el se présentent sous forme de tables hexagonales, isomorphes avec
ceux de l'émétiquc d'aniline anhydre, cristallisé à +35°; ils renferment
2i>,a2 pour loo d'arsenic. Si on les maintient à une température de +100°,
ils perdent très rapidement i""'' d'eau de constitution et se transforment en
dérivé anilidé.
L'émétique arsenical d'aniline répond à la formule
C'H»0«,AsO,C«H-Az.
Il agit sur la lumière polarisée; mais son action, également dextrogyre,
est moins énergique que celle de l'émétique d'aniline, et présente des
particularités remarquables. Le pouvoir rotatoire, par rapport à la lumière
jaune, déterminé sur des solutions renfermant respectivement 2^, S** el 10^'
de sel par 100™', présenlc des écarts considérables et, contrairement à ce
qu'on observe avec l'acide tartrique ou avec l'émétique d'aniline, ce pouvoir
est d'autant plus élevé que les solutions sont plus concentrées.
Comme moyenne d'un grand nombre de déterminations, j'ai obtenu les
chiffres suivants, à la température de 18" :
[a]„.
Solution à 2 pour loo""' H-'-*4j '2
» 5 » +45,89
» 10 » -t-58,.")o
SÉANCE DU 29 MARS 1910. 835
Cette variation considérable du pouvoir rotatoire me parait due à des
phénomènes de dissociation qui ne peuvent être mis en évidence par la
formation d'un précipité, l'acide arsénieux étant soluble dans l'eau.
En déterminanl le pouvoir rotaloire de rémétique arsenical d'aniline sur des
solutions dont j'ai fait varier le titre de leà 3ob pour loo"^"'', j'ai obtenu pour la pre-
mière dilution à i pour 100 lecliilTrede -+- i4'',oo, sensiblement égal à celui de l'acide
lartrique (-1- i4''î93), ou à celui du tarlrale neutre d'aniline (+i4°,66) pour des
dilutions égales ; il y aurait donc dissociation complète.
A mesure que la concentration des solutions d'émétique arsenical d'aniline s'accioît,
le pouvoir rotaloire augmente d'abord très rapidement jusqu'à la concentration
de los pour 100'^"''; l'accroissement devient de plus en plus faible lorsque le poids de
sel dissous s'élève de loS à 5*6 pour 100'^'°' ; à partir de ce dernier chift're et jusqu'à 3os,
les variations du pouvoir rotatoire semblent ne plus se produire : il n'y aurait plus de
dissociation. Le pouvoir rotatoire maximum que l'on observe dans ces conditions et
(|ui est celui de l'émétique arsenical d'aniline en solution aqueuse stable est égal
à +68°,77.
La densité de l'émétique arsenical d'aniline est de 1,808. La solubilité
dans l'eau est considérable et s'accroît rapidement avec la température.
ioqs d'eau dissolvent :
A + 1 5 4 ', 84 de sel
A -H 20 4/ 1 66 »
A -F 35 1 89 , 60 >-
A -t- 1 00 7 56 , 00 »
L'émétique arsenical d'aniline est notablement soluble dans l'alcool :
A la température de 18",
loos d'alcool à 60° dissolvent 6^,42 de sel
ioqs d'alcool à 90° dissolvent 2", 21 de sel
BOTANIQUE. — Nouvelles obseivalions sur la cytologie des levures. Noie (')
de M. A. GuiLLiERMOND, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans un Mémoire paru en i8g8, Wager avait soutenu que les levures
offrent un noyau d'organisation rudimentaire, constitué par une vacuole
nucléaire et par un nucléole situé en dehors de cette vacuole, mais toujours
accolé à elle.
(') Présentée dans la séance du 21 mars 1910.
836 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dès 190 1, nous avons coiuballu celle opinion cl montré que la structure
des levures ne difière en rien de celle des autres champignons. La vacuole
nucléaire n'est, en effet, selon nous, qu'une vacuole sécrétrice, et les granules
colorables qu'elle renferme sont des grains de sécrétion (matières de réserve)
identiques aux corpuscules métachromaliques décrits autrefois par Bahès
dans les bactéries. Quant au nucléole de Wagcr, nous avons montré qu'il
présente la structure bien caractérisée d'un noyau.
Depuis cette époque, notre manière de voir s'est trouvée conlirmée par
les observations d'un grand nombre d'auteurs.
Cependant, ^^ag■er et Penislon ont repris tout dernièrement la question
de la cytologie des levures et reviennent à l'ancienne conception de la
vacuole nucléaire, lis admettent l'existence d'im noyau formé d'une vacuole
nucléaire et d'un nucléole. Les corpuscules métachromaliques, selon eux,
seraient surtout localisés dans le cytoplasme, et ce n'est qu'exceptionnelle-
ment qu'on en rencontrerait dans la vacuole nucléaire. Enfin, lachromatine
pourrait à certains stades se diffuser dans le cytoplasme.
En pré.sence de cette divergence de vue, nous nous sommes donc cru
obligé à reprendre nos observations sur la cytologie des levures. Ces nou-
velles observations, qui ont surtout porté sur le 5. cerevisicHj nous ont
amené à confirmer entièrement nos premiers résultats. L'opinion soutenue
avec tant d'instance par Wagcr et Penislon est absolument insoutenable et
cela pour deux raisons.
La première est que la vacuole nucléaire de Wager fi\e les coloranls vitaux. Si l'on
place des cellules vivantes de levures, prélevées au début de la fermentation, dans une
solution de jâuoTï ^^ l'ouge neutre, on constale que le cytoplasme et le noyau restent
absolument incolores. Le colorant se localise uniquement dans la vacuole i|u'il colore
d'une manière difl'use et se fixe électivement sur les corpuscules mélachromatiques
contenus dans ces vacuoles; ces corpuscules prennent alors une coloration d"un beau
rouge.
Contrairement à l'opinion de Wager et Peniston, ces corps sont donc à peu près
exclusivemeot localisés dans la vacuole. Le nojau et le cytoplasme ne se colorent
qu'après la mort de la cellule. Or il est actuellement admis que les vacuoles sécré-
trices et les grains de sécrétion sont seuls susceptibles de prendre les colorants pen-
dant la .vie cellulaire. Voilà donc là, selon nous, un argument très précis montrant
que la vacuole n'a aucun caractère nucléaire.
La seconde raison est que le nucléole de Wager présente, comme nous l'avons déjà
dit, s'il est convenaijlement fixé et coloré, une structure très différenciée avec char-
pente chromatique, nucléole et membrane colorable. C'est donc la pieuve définitive
que ce corps n'est pas un nucléole comme le pensent Wager et Peniston, mais repré-
sente bien un noyau typique.
SÉANCE DU 29 MARS 1910. S3-]
D'iillleiirs, la ^ll'uclul■e que nous avons décrite dans les levures ne dillère pas de
celle qu'on observe dans Inules les moisissures et dans les Ascomycèles supéricui'S.
Dans ces derniers, les liyphes ascogènes et les cellules mères des asques, à leur origine,
offrent de petits noyaux ne prenant pas le rouge neutre, absolument analogues à celui
des levures, et un cytoplasme parsemé de vacuoles renfermant des corpuscules méta-
cliromatiques qui seuls se colorent par le rouge neutre à l'étal vivant. Après la fusion
nucléaire de l'asque, le noyau qui en résulte oflfre des dimensions considérables et sa
structure est pailiculiérement nette. Enfin, il subit une série de mitoses nécessaires à
la formation des spores. Peut-on dire que ce noyau n'est qu'un nucléole?
La valeur nucléaire du nucléole de Wager ne laisse donc pas le moindre doute et
il serait superflu d'insister davantage.
Mais ce qui complique beaucoup l'élude cylologique des levures, c'est que ce sont
des cellules douées d'une fonction sécrétoire très active. Comme toutes les cellules
sécrétrices, elles présentent donc une série de phénomènes cytologiques en rapport
avec la sécrétion. Observons donc les modifications qui se produisent dans les cellules
du S. cerevisiœ au cours de la fermentation.
Après 24 heures de fermentation, la cellule, qui au début présentait la structure
que nous venons de décrire, subit des modifications très importantes. Le cytoplasme
se creuse d'un certain nombre de vacuoles remplies de glycogène et distinctes de
la vacuole qui renferme les corpuscules métachromaliques. Le cytoplasme prend ainsi
une stiucture alvéolaire. Le noyau se place toujours au centre; il semble se gonfler
et ortVe parfois un contour un peu amiboïde.
On observe à ce moment, dans tout le cytoplasme et surtout autour du noyau et le
long de la paroi cellulaire, l'apparition d'un grand nombre de grains de formes très
irrégulières, fixant très fortement l'hématoxyline ferrique et faiblement colorables au
contraire par les autres teintures nucléaires. Ces grains, qui n'avaient pas jusqu'ici
attiré noire attention, sont surtout abondants dans la période active de la fermen-
tation. Cependant, ils ne paraissent pas en relation directe avec ce phénomène, car on
les observe même dans les conditions de vie aérobie de la levure. Ce sont en tous
cas des produits de nutrition (grains de zymogène ou de réserve). Les grains baso-
pliiles, c'est ainsi que nous les désignerons, sont visibles sur le vivant sous forme de
granules brillants et se distinguent des corpuscules niétacliromatiques par le lait qu'ils
ne prennent pas le rouge neutre.
Après 48 heures de fermentation, les vacuoles glycogéniques se fusionnent en
une énorme vacuole qui occupe presque tout le volume de la cellule et refoule le
noyau, le cytoplasme et la vacuole à corpuscules métachromaliques, à l'un des pôles.
La cellule est alors transformée en une sorte de glande à glycogène. Les grains baso-
philes disparaissent complètement, mais on voit apparaître dans la vacuole glyco-
génique une quantité considérable de petits grains qui ne diffèrent des grains basophiles
que par leurs plus petites dimensions et leur moindre chromaticité, et qui paraissent
résulter de la transformation des premiers. A ce stade, le noyau subit une variation
de chromaticité très nette, il se colore intensivement et prend un aspect homogène. A
la fin de la fermentation, les cellules reprennent la structure qu'elles offraient au
début.
Ainsi le noyau persiste pendant tout le cours de la fermentation, et à aucun stade,
838 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on ne peut obser\cr de diflFusion de la cliromatine dans le cytoplasme, contrairement
aux. affirmations liàtives de Wager et Peniston. Il est probable qu'il s'opère des
échanges osmotiques entre le noyau et le cytoplasme, comme dans toute cellule
sécrétrice, mais il est impossible de constater le moindre passage de la cliromatine
nucléaire dans le cytoplasme; quant aux modifications de structure que nous avons
constatées au cours de la fermentation, changement de structure du cytoplasme, appa-
rition de grains de sécrétion, variation de chromaticité du noyau, ce sont des phéno-
mènes bien connus dans les cellules sécrétrices.
Les nouvelles observations que nous venons de faire sur la cytologie des
levures ont donc entièrement confirmé nos premiers résultats.
AGRONOMIE. — Sur la présence du bore dans les inns d'Algérie.
Note de M. Dugast, présentée par M. A. Miintz.
L'acide borique est très répandu dans la nature. On le trouve dans les
cendres de beaucoup de graines ou de fruits.
En 1889, Crampton a signalé sa présence dans les vins de Californie (').
Plus récemment, Azarelli a examiné 84 échantillons de vins de Sicile et
a trouvé de l'acide borique dans tous. Le dosage de l'acide borique effectué
sur 6 échantillons a donné des quantités variant entre 19™^ et 41™'' par litre
de vin (-).
L'application de la loi du i"'' aoiit 190J sur la répression des fraudes nous
a amené à rechercher l'acide borique dans les vins d'Algérie. L'examen d'un
grand nombre d'échantillons d'origine certaine et de pureté indiscutable a
démontré la présence constante de l'acide borique dans ces vins.
En outre, nous avons constaté la présence du bore dans les divers organes
de la vigne, notamment dans les cendres des sarments, des pellicules et des
pépins. La proportion est relativement forte dans les pellicules et les pépins.
Pour effectuer ces recherches, nous nous sommes servi du procédé officiel
français en opérant de la manière suivante :
On évapore So'"™' de vin dans une capsule de platine et le résidu est incinéré à basse
température, sans atteindre le rouge sombre ; de celte manière on obtient des cendres
blanches à peu près exemples de charbon. Les cendres sont introduites dans un petit
ballon d'environ loo"-'"', puis on ajoute 2"^' d'acide siilfurique qu'on verse d'abord dans
(') Champion, Ber. cheni. Gese/L, 1889, p. 1072.
(') AzARKLLi, Gazetla chimica i/aliana, 1906, p. âjS.
SÉANCE DU 29 MARS 1910. HSq
la capsule avant de les l'aire passer clans le ballon. Knsuile, on inlroiluil 8""' d'alcool
inétli3'lique pnr qu'on .njoule en deux fois en lavanl la capsule.
On adapte le ballon à un petit réfrigérant et l'on distille à feu nu jusqu'il l'aiipai ilioii
de vapeurs blanches dans la capsule de platine qui sei t à recueillir le produit distillé.
Le bore est ainsi entraîné à l'état d'élher métliylique.
On porte ensuite la capsule dans une pièce obscuie. on enflamme le liquide distillé
et l'on observe la coloration de la llamme.
On s'assure, au préalable, l)ar quelques essais à blanc, que l'acide niéll)ylii|ue et
l'acide siilfurique employés ne donnent aucune trace de coloration.
Tous los échantillons ainsi examinés ouL pi-éseulé la coloration vei'tc
caractéi'istiqno, mais avec une intensité et une durée très variables (').
CHIMIE AGRICOLE. — Sur un nuiweau mode de traitement contre le mildeiv,
au moyen de l' oxychlorure de cuivre. \ote de M. E. Cuuard, présentée
par M. Ad. Carnot.
L'emploi, actuellement i;énéralisé, du sulfate de cuivre dans les traite-
ments contre le mildew présente deu.v inconvénients sérieux, que, jusqu'ici,
on n'a pas encore réussi à éviter complètement:
1° Obligation de dissoudre, puis ensuite de précipiter le sulfate de cuivre, au moyen
de la chau\ ou d'un carbonate alcalin, de façon ù obtenir les bouillies cupriques,
mélanges d'hydrate ou de carbonate de cuivre et de sulfate de chaux. De là une
manipulation compliquée pour le viticulteur, ou tout au moins ennuyeuse, et surtout
une insécurité concernant la composition du produit ainsi préparé.
2"* Nécessité d'employer des doses massives de cuivre, puisque l'on compte au
moins al*» de sulfate de cui\re par hectolitre de bouillie cuprique et que les dosages
à 3 pour 100 sont encore très fréquents dans la pratique. Sans parler de la dépense
ainsi imposée à la viticulture, il faut attirer l'attention sur la diOusion qui en résulte
de quantités considérables de métal, désormais perdu et soustrait définitivement à ses
applications industrielles.
Cette diffusion du cuivre dans le sol des vignobles n'est pas sans
préoccuper ceux qui voient plus loin que l'avenir immédiat, surtout si l'on
prend garde que les traitements cupriques sont devenus réguliers et
s'appliquent quelles que soient les circonstances, leur rôle étant essen-
tiellement préventif.
(') Celte Note était écrite lorsque j'ai eu connaissance des travaux de MM. Gabriel
Bertrand et H. Agulhon sur la recherche et le dosage du bore.
C. 1".., lyiij, 1" Semestie. (T. 150, N" 13.) I '^
84o ACADÉMIE DES SCIENCES.
.lenippclleraiàce sujet que des recherches déjà publiées, effectuées en 1907
sur des échantillons de terre prélevés dans la vigne d'essais de la station
viticolo do Lausanne, m'ont permis de constater, après 20 ans de traite-
ments cupriques, une proportion de cuivre de 35"'" par kilogramme dans
la couche arable superficielle, soit sur une profondeur de 2o'^°\
Connaissant les quantités de cuivre dépensées durant celte période sur la
vigne en question, on calcule que, si la totalité avait été fixée dans la couche
analysée de 20*^'", celle-ci aurait dû doser 72'"'' de ce métal. L'entraînement
par les eaux et renlèvement par les produits sortis de la vigne ont eu pour
résultat de réduire ce dosage au chiffre constaté de 35'"".
('c sont là des quantités qu'on peut considérer déjà comme n'étant pas
négligeables. Mais, dès lors, d'autres déterminations ont été faites qui ont
révélé des dosages notablement supérieurs, surtout dans les terrains béné-
ficiant d'un climat sec, où l'entraînement par les eaux est i-éduit à un mi-
nimum.
y\insi, dans des terres de vignes do la vallée du Khône, en Valais, M. F.
Porcliet, de la station viticolc de Lausanne, a dosé récemment des quantités
de cuivre comprises entre 5'|'"^ d 112'"^ par kilogramme de terre de la
couche ai'aijlo superficielle.
Si l'on songe que les traitements cu[)ri(juos do la vigne contre le mildew
ne se sont généralisés que depuis un quart de siècle, on ne peut s'empêcher de
concevoir ([uelques inquiétudes, sinon pour la période actuelle, tout au moins
pour un avenir éloigné.
L ne diminution sérieuse de cette diffusion du cuivre est donc souhaitable
à tous les points de vue. On a tout d'abord essayé de la réaliser en employant
des solutions de sulfate de cuivre à faible concentration; mais sans succès
réel, par suite des propriétés corrosi\es et du manque d'adhérence du
produit. Puis on s'est adressé à l'acétate de cuivre, spécialement à racélalc
neutre, ou verdel, dont la production est plus facile. Une solution à i pour 100
de verdet réalise une économie notable de cuivre avec une efficacité à pou
égale à celle dune bouillie à 2 pour 100 de sulfate de cuivre.
Mais le verdet a l'inconvénient d'être, comme le sulfate de cuivre, entiè-
rement soluble et aisément lessivé j)ar une pluie survenant peu après son
application. ]\n outre, il ne laisse presque [)as de Irace visible sur les feuilles,
inconvénient (pii limite son emploi dans la pialicpio.
li'idéal serait do disposer d'un composé cuprique défini susceptible d'être
employé directement, après simple mélange avec Feau, et présentant des
ipialilés d'adhérence et d'action anticryptogamique qui permettent do
diminuer sensiblement la quantité de cuivre dépensée.
SÉANCE DU ■}() MARS IQIO. S'il
Ces avantages sont obtenus par l'emploi de l'oxydilorurc de cuivre, dont
j'ai commencé l'essai en 190O déjà et qui, durant la dernière campagne de
lutte contre le mildew, a été employé avec succès en France par de nombreux
viticulteurs de toutes les régions viticoles importantes.
Ce produil, acliiellenienl dans le commerce, est oJJlenu direclemenl du cuivie, dans
la fabrication éleclrol\ li(|ue ele la soude ou de la potasse, par le procédé Granier, hase
sur remploi d'anodes en cuivre métallique.
C'est une poudre veil clair, non cristalline, insoluble dans l'eau, mais qui demeure
suffisamment en suspension dans ce liquide pour permettre une application régulière
et qui présente une adhérence remarquable, propriété assez générale du reste des
oxychlorures.
Ce produit renferme environ ."io pour 100 de cuivre. \ la dose de 5oos par hectolitre,
il a donné régulièrement des résultats au moins équivalents à ceux obtenus d'une
bouillie à 2 pour 100 de sulfate de cuivre. C'est une diminution de '>ci poiii- roo <le la
<[uanlité de cuivre dépensée.
Or la France seule consomme annuellement plus de 12 millions de kilo-
grammes de cuivre pour la préservation de ses iG2')00o'''' de vignes ; l'i^u-
rope, comptant environ G millions d'bectares de vignes, en consomme, en ad-
mettant la même proportion, plus de 4? millions. Ces cbifffes montrent
l'importance cjue présenterait la substitution de l'oxyclilorure de cuivre au
sulfate. Sans parler de l'économie de main-d'œuvre qui en résulte pour le
viticulteur, cette substitution permettrait de conserver annuellement plus de
20 millions de kilogrammes de cuivre à ses nombreuses applications.
Quant à l'e.vplication de l'efficacité à doses réduites de ce nouveau produit,
elle est donnée par une observation sur lacjuelle j'aurai à revenir: l'oxy-
chlorure de cuivre exposé à l'air et à l'Iuimidité, comme il l'est après son
application sur la feuille, subit une oxydation cpii donne naissance progres-
sivement à de petites quantités de chlorure cuivrique soluble. Cette forma-
tion, dont j'étudie acluellemenl le mécanisme, d'un composé très facilement
ionisable, explique de la manière la plus claire et la plus satisfaisante la
supériorité del'oxychlorure de cuivre sur l'hydrate ou le carbonate, formes
incomparablement moins dissociables, sous lesquelles se trouve le cuivre
dans les bouillies cupriques.
GÉOLOGIE. — Sur la classification du Pliocène et du Quaternaire
dans l'Italie du Sud. \ote de M. j>I.4urice GiGxotx.
On connaît depuis longtemps dans l'Italie du Sud un ensemble de forma-
tions marines fossilifères plus récentes que le Pliocène ancien (Plaisancien
.S/|2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et Astien) cl appelèas postpliocénes, siciliennes, etc., par les divers auteurs.
Elles ont été caractérisées : i" par la disparition d'espèces pliocènes et l'ap-
parition d'espèces actuelles; 2" par l'apparition de formes spéciales aux mers
froides, dites « immigrés du Nord ». Pour établir une classilication chrono-
logique dans cet ensemble, on se basait principalement sur le pourcentage
des espèces éteintes, méthode donnant des résultats le plus souvent assez
confus. En cherchant à préciser les rapports stratigraphicjues des diverses
formations postpliocènes entre cHes et avec le Pliocène, j'ai été conduit aux
résultats suivants :
1. Le Pliocène supérieur. — En partant du Pliocène vrai, on voit d'abord
s'y superposer, en concordance et en continuité parfaite, un premier en-
semble de ces formations dites pos/pliocènns ; comme, d'autre part, entre le
Plaisancien et l'Astien, il y a également continuité, on a ainsi une puissante
série de remblaiement dans laquelle il est impossible de faire des coupures
straligraphiques. 11 esl donc naturel d'étendre le nom de Pliocène à toute
cette série. Mais il y a intérêt à distinguer de l'Astien ces formations dites
postpliocènes qui le surmontent en continuité; je proposerais pour elles le
nom de Calahrien ('). La faune calabriennc est, comme je l'ai dit au début,
différente, dans l'ensemble, de la faune astienne; mais il y a continuité
absolue entre les deux faunes, ce qui n'a peut-être pas été assez mis en évi-
dence; car : i" l'apparition des immigrés du Nord ne peut être considérée
comme propre au Postpliocène (on trouve la Cyprina islandica dans le Plio-
cène ancien de Castellarquato, du Modenais, d'Algérie); 2" la disparition
des espèces pliocènes est progressive, certaines d'entre elles, et des plus ca-
ractéristiques (/'<?c/e/2y7a/-'e//(/o/7«/>, Turrilella tornata),se trouvant dans des
couches à faune par ailleurs nettement postpliocène.
Ainsi une grande par/ie des formations dites poslpliocènes doit être rangée dans
un étage calabrien qui fait encore partie intégrante de la série pliocène: et du
Plaisancien an Calabrien on a des faciès de plus en plus littoraux, de sorte que, par-
lant des argiles plaisanciennes. on arrive à des alluvions conlinenlales qui couronnent
le Calabrien et marquent la fin du remblaiement pliocène. f]elte série est ])arliculière-
nient nette en Calabre où elle ofTre les gisements poslpliocènes célèbres du détroit de
Calanzarii, de Monosterace, des environs de lieggio; ici, en particulier, le « Quaternaire
;i 83o™ d'altitude », cité par les auteurs d'après Seguenza, appartient au Calabrien, et le
<^uaternoire supérieur {(j^) de la Carie géologi([ue au ,„uVoii (feu'"e Messine) est
formé par les graviers calabriens, en couclies fortement plongeantes vers la mer. De
(') Comme nous le verrons plus loin, le nom de Sicilien ne peut leur être appliqué,
;"ar les formations de I*alerme, tvpe du Sicilien, sont d'âge plus récent; quant au terme
le 1 illafi ancliien. il s'applique à un faciès continental.
SÉANCE DU ,29 MARS 19IO. 84.^
même, les formation!, qui ont achevé le leiiihlaiemenl de la dépression entre Apennin
et Fouilles (gisement de Gravina. etc.) appartiennent au Calabrien. En Sicile on re-
trouve leCalabrien à Gravilelli prés Messine, à Calane, Girgenti. etc.
Tl. Le Quaternaire. — En contre-bas de cette première série de rem-
blaiement, on observe des formations phis jeunes, qui reposent par
conséquent en discontinuité, et parfois en discordance, sur le Pliocène
qu'elles ravinent, .l'ai déjà montré (Comptes rendus, 28 décembre 1908)
que c'était précisément le cas pour le Postpliocène de Palerme, type de
l'étage sicilien. Il est naturel de faire commencer avec elles le (^)iiater-
naire. On peut y distinguer deux faunes successives :
1" La plus ancienne est typique dans le F'ostpliocène de Falerme : c'est la faune
« sicilienne » caractérisée par l'abondance relative des « immigrés du Nord », déjà
apparus dans le Calabrien, et même plus tôt, et par la très grande rareté des espèces
éteintes; par son faciès profond (Palerme, Hosarno), cette faune difiére très peu de la
faune calabrienne supérieure; son faciès littoral est à peu près identique à la faune
littorale actuelle (Milazzo, pancliinas sur toutes les côtes).
■'.■' La plus récente est bien connue des géologues français : c'est la faune des « coucher
à Strombes «, très nettement caractérisée par l'apparition de formes vivant aujourd'hui
dans TAtlanlique Sud (Sferracavallo prés Palerme, Ravagnese et Boveto près fieggio,
Postpliocène de Tarente, Gallipoli).
On peut donc résumer ainsi la classification des terrains ivcents dans
l'Italie du Sud :
i"^ Un premier cycle de remblaiement où le faciès et la faune permettent
de distinguer des étages plaisancien, astien (Pliocène ancien), calabrien
(Pliocène récent); 2" une série de terrasses marines quaternaires : les plus
anciennes renferment la faune sicilienne, les plus récentes la faune des
coucbes à Strombes.
Les formations postpliocènes des auteurs italiens se répartissent ainsi
entre le Calabrien, le Sicilien et 1(!S coucbes à Strombes.
h2ssayons d'étendre celte classification plus au Nord. Près de Rome, les sables du
Monte-Mario se rangent naturellement, par leur faune et leur position slraligraphicpie,
dans l'étage calabrien, tandis que les pancliinas de la côte romaine sont quaternaires.
En Toscane nous retrouvons : le Calabrien typique dans les sables de Vallebiaja, près
Pise, concordants avec le Pliocène ancien; le Sicilien dans les couches à Cyprina
islandica de LWourne, et les couches à Strombes dans une partie des panchinas de
Livourne ; le Quaternaire repose ici directement sur l'Eocène. Plus au Nord, les
formations dites vit lafranchie unes (Aslésan) qui recouvrent en concordance l'Aslien
et terminent le remblaiement pliocène se montrent stratigrapliiquemenl placées comme
le Calabrien marin de l'Italie du Sud, dont elles sont un faciès continental (d'ailleurs
dans l'ensemble, le faciès des différents termes de la série pliocène devient toujours de
plus littoral vers le Nord). Enfin, dans la vallée du Rhône, le remblaiement pliocène se
H/|/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
termine par les rtlliivinns des i>laleaiijc^ en conlre-bas desquelles apparaissent les
/>ecAe/isc/iotter, puis les fiantes et basses terrasses; ainsi nous serions conduits à
|)aralléliser les alluvions des plateaux avec, le Calabrien, et à ranger dans le Quaternaire
les Deckensclioller et les liantes et basses terrasses.
\ a-l-il dans les faunes de Mammifères (très mal connues dans Fltalie
du Sud) des raisons justifiant ces paiallélismes?
Dans le Sicilien de Pnlerme existe VElepkas aiitiquiis associé à des coquilles ma-
rines. Dans le Calabrien (Sicilien de Seguenza) de Gravi/elli, près Messine, on a
trouvé un Klépliant qui paraît être le meridionalis. Celte même espèce se retrouve au
.yfoitte-.tfario (Calabiien ) associée à des Oursins. Le Quaternaire de Li\'our/ie a fourni
de nombreux restes à'E. anliqiius. Enfin la faune Villofranchienne, bien connue du
nord de l'Italie, est caractéiisée par VE. meridionalis.
11 semble donc que V E. metidionalis persiste jusqu'à la lin du Calabrien,
qui se trouve ainsi raltacbéau Pliocène. Au contraire, le ()uaternaiie serait
marqué par l'apparition de VE. antiquus. Ce sont précisément les conclu-
sions auxquelles semljle conduire l'étude du Pliocène et du Quaternaire dans
la vallée du Uliône.
Dans un travail plus étendu, je me propose de préciser dans les détails
ces diverses conclusions et de me baser sur les synchronismes ainsi établis
pour l'étude des altitudes des anciennes lignes de rivage.
GÉOLOGIE. — Sur la formation du Marais poitevin et la séparation
des des de Ré et d'Oleron. Note de M. Jri.Rs Wfi.scii, transmise par
M. Mie bel Lévy.
I. ;\u milieu du Marais, on voit un certain nombre de mamelons qui le
dominent (juelquefois d'assez liant; on les appelle des des; la plupart sont
formées de calcaires jurassiques, comme l'île Délie dont le sommet atteint
l'altitude 27'", tandis (|ue la surface du marais ne dépasse guère l'alli-
lude 3'". Sur la partie cidininante de ces îles, on trouve souvent des restes
d'un ancien terrain de transport, composé de sable avec de l'argile terreuse,
avec de nondjreux galets roulés de quartz blanc etdes débris siliceux arracbés
à toutes les formations antérieures; il ne renferme pas de calcaire dans sa
masse; mais, à sa base, on retrouve les débris des formations antérieures
plus ou moins décalcifiées. Ce terrain de transport se retrouve sur les
sommets de Yix (ait. 29'" et 34™), de Sansais (ait. 3i'"), et en beaucoup
d'autres points; on peut le reconnaître et le suivre à l'état de lambeaux
jusque sur le Seuil du Poitou, où il constitue un terrain de transport des
•dateauT (ait. i/io'" el ï.\^"^). et jusque vers le Limousin (ait. 220'"). A
SÉANCE UU 29 MARS 1910. 845
rOiiest, sur la côte, on le voit à Saint-Michel-en-Lhenn (ail. 12'° ), au \ ieùx-
(]lialelaillon, sur 1« sommet des îles d'Aix et Madame, dans l'ile d'Oleron,
où il est particulièrement net en haut des falaises de Cliassiron (ait. 10").
L'épaisseur de cette formation ne dépasse guère quelques mètres; c'est une
assise très homogène et je l'ai retrouvée sur une étendue plus grande (juc
l'ensemble des Landes du sud-ouest de la France.
Déjà avant le dépôt du terrain de ti'ansport des plateaux, la légion cons-
tituait une immense plaine ; les dislocations antérieures peuvent être mises
en évidence par l'argument géologique pur, mais elles appartiennent, au
point de vue topographique, à quelque chose de très diflérent de l'aspect
actuel.
Après le dépôt de ce terrain de transport, Tcnsemble de la région formait
une sorte de plateau incliné vers l'Ouest ou le Sud-Ouest, quehpie chose
d'analogue à la surface des Ijandes actuelles. Il est difficile de dire jusquoi'i
s'étendait le continent à l'ouest de Chassiron ; peut-être s'ap})uyail-il sur les
roches cristallines de Rochebonne.
.T'ai toujours considéré, après d'autres géologues, ce terrain comme plio-
cène, et je l'ai indiqué ainsi sur diverses feuilles de la (^arte géologique
détaillée de la France, mais je n'y. ai jamais trouvé de fossiles. , T'ai constaté,
en divers points, sa superposition sur les falnns miocènes; notamment sur
les Cardila slrialissima, que l'on considère généralement comme représen-
tant le Miocène supérieur; je citerai la Moiclière, près Chassiron, dans l'ile
d'Oleron. Je puis ajouter le gisement de la l^resselière de Sceaux, au nord
d'Angers, pour indiquer en passant l'étendue que j'attribue à cette for-
mation.
Le terrain de transport pliocène est antérieur au principal creusement des
vallées du Seuil du l%iilou, à la formation du Marais et à la séparation
des îles.
Dans le Marais, sur l'ile de Maillezais, à l'altitude i4"', M. Gelin a signalé
un gisement marin isolé. J'ai trouvé là Cardium tuherculatum Linné, Nassa
( Buccinum) reticulata Linné, Cerithiitrn vii/ga/tim Brug., var. Ces espèces
se retrouvent encore aujourd'hui dans la mer voisine; on cite la dernière
depuis la Bretagne juscju'au Sénégal et à la Méditerranée, elle est en voie
de disparaître sur la côte de la Ivoire-Inférieure, d'après M. Louis Bureau ;
la variété trouvée présente quelques différences avec toutes les formes
actuelles, d'après M. Joly.
Cette faune de Maillezais, xjue je ra|)portc au Pliocène supérieur, indique
une incursion de la mer dans la région considérée, et un déplacement des
lignes de rivage dépassant de i4"' l'état actuel des choses. Cette transgres-
846 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sion n'a été possible qu'à la suite d'une première série de inouvemenls,
commençant peut-être les dislocations qui ont amené la séparation des îles.
III. Après le dépôt des couches de Maillezais, on constate de nouvelles
dislocations beaucoup plus considérables, qui ont déterminé la formation
des Perluis et celle du golfe du Poitou; la faille de Benêt, qui limite si net-
tement la plaine de Niort à Fontenay, esl de cette époque; j'ajoute que ce
peut être une ancienne faille post-éocéne qui a rejoué. Os failles, avec
efibndremenls, ont amené la fragmentation du massif jurassique qui existait
sur l'emplacement du Mai'ais actuel; la mer a pénétré jusque vers Coulon,
formant le golfe du Poitou. L'érosion continentale et l'érosion marine ont
pris un développement considérable, à ce moment, par suite des change-
ments de niveau du sol; c'est l'époque du principal creusement des vallées
de la Sèvre et de ses affluents, du Lay, etc.
IV. Dans le Seuil du Poitou, les alluvions du fond des vallées renferment
Elephas antiqims et Elephas primigenius^ qui caractérisent le Pléistocène;
l'époque du principal creusement des vallées est donc un peu antérieure et
peut répondre à la lin du Pliocène. Du reste on trouve des terrasses à divers
niveaux depuis le plateau jusqu'au fond des vallées.
Les alluvions anciennes des vallées se retrouvent à Coulon et eu d'autres
points du Marais poitevin ; elles se relient à des cordons littoraux de sables
et galets roulés laissés par la mer sur les bords de l'ancien golfe et autour
des lies. Cette mer était à la même altitude que la mer actuelle. J'ai re-
cueilli, en divers points, près de soixante espèces de coquilles marines;
toutes vivent encore dans l'océan voisin; peut-être y a-t-il deux ou trois
variétés qu'on pourrait distinguer. Il y a une discordance de situation très
nette entre les cailloux roulés du Pliocène des plateaux sur le sommet des
îles du Marais et le cordon littoral quaternaire qu'on voit souvent à la
base de ces coteaux.
V. Un changement de régime s'est produit ensuite; les rivières n'ont
plus amené de galets roulés; l'époque moderne des géologues a commencé,
et le golfe du Poilou s'est comblé par des dépôts de vase marine et d'allu-
vions lluviatiles, qui se continuent encore aujourd'hui.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 4 AVRIL 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Émii.e PICARD.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président, annonçant à rAcadéniie la mort de M. Agvssiz, s'ex-
prime comme il suit :
J'ai le regret de faire part à l'Académie de la mort de notre Associé
étranger Alexandre Ag\ssiz. Il y a quelques semaines, Agassiz, de passage
à Paris, assistait à une de nos séances; une dépêche annonce qu'il vient de
mourir sur le bateau qui le ramenait en Amérique.
C'était pour la seconde fois que le nom d'Agassiz figurait sur notre liste
d'Associés. Fils de Louis Agassiz, Alexandre Agassiz, né à Ncufcliâtel
en i835, a été digne de son illustre père. Il fut un grand zoologiste, et le
principal représentant en Amérique de la biologie marine. Il a donné une
\ive impulsion aux recherches embryogéniques, et étudié surtout à fond les
formes larvaires. Les Échinodermes l'ont particulièrement attiré, et on lui
doit la connaissance des formes transitoires des Etoiles de mer, des Oursins,
des Holothuries. Agassiz a montré aussi que certaines Annélides présentent
des phénomènes de génération alternante compliquée, si bien que les trois
formes neutre, mâle et femelle d'une même espèce avaient été classées dans
trois genres difl'érenls. Ces admirables travaux préserveront son nom de
l'oubli, ainsi que ses recherches sur les Poissons, qui ont eu un grand
retentissement parmi les paléontologistes. Agassiz avait fondé à Newport
le premier laboratoire de zoologie marine; je me rappelle avoir eu jadis
l'heureuse fortune de l'y rencontrer et avoir été le témoin de ses enthou-
siasmes scientifiques.
Agassiz fut aussi un grand explorateur des mers. Dès 18G8, reprenant
les explorations sous-marines commencées par son père, il visita les côtes
de l'Amérique, depuis le Massachusetts jusqu'à la Floride et le golfe du
Mexique. Il explora ensuite le Pacifique, rapportant quantité d'échantillons
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 14.)
ii3
848 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et d'observations précieuses pour la biologie marine. Quelques-unes de ses
recherches ont une portée géologique considérable, comme celles qui
concernent les récifs de coraux. Agassiz montre que les conclusions de
Darwin à ce sujet, supposant un lent abaissement du fond de la mer, n'ont
pas la généralité admise jusque-là.
La disparition d'un savant, dont la féconde activité a touché à tant de
sujets, est pour la Science une grande perte. L'Académie s'associe aux
regrets que cause aux Etats-Unis la mort de l'illustre naturaliste.
M. le Président rend compte, dans les termes suivants, des fêtes de
l'inauguration du Musée océanographique de Monaco :
L'Académie était représentée à l'inauguration du Musée océanographique
de Monaco. Plusieurs de nos confrères et moi avons assisté aux fêtes bril-
lantes données à cette occasion. Le Musée océanographique est situé dans
une position magnifique, presque à la pointe sud du rocher de Monaco,
dominant la mer de près de soixante mètres. Il i-enferme les admirables
collections provenant des campagnes effectuées par le Prince depuis 2 3 ans,
avec des représentants des faunes de diverses profondeurs, qui vont jusqu'à
plus de 6000'". On y trouvé aussi tous les instruments employés, tels que
sondes, thermomètres à retournement, bouteilles pour capter l'eau, iilels
variés et dragues. D'une façon générale, ce Musée, unique au monde, doit
contenir tout ce qui se rapporte aux chapitres des sciences physiques et
biologi(jues, qu'on réunit aujourd'hui sous le nom à'' Océanographie^ en y
comprenant aussi do nombreuses applications pratiques. Il possède en plus
des laboratoires où sont conviés les savants qui s'intéressent aux choses de
la mer.
De nombreuses Académies et Sociétés scientifiques avaient envoyé des
délégués à Monaco. Ils ont fait à votre Président l'honneur de lui demander
de prendre la parole en leur nom. J'ai donc joint leurs hommages à
l'expression du haut intérêt que porte l'Académie des Sciences de Paris aux
recherches du Prince éclairé dont le nom figure sur la liste de ses Associés
étrangers.
NOMINATIONS.
MM, Zkiij.er et Man»i\ sont désignés pour représenter l'Académif an
111" Congres iritcrnaliotial quinquennal de liotaniqtie, qui se tiendra à
Uruxcllcs (hi i/| an ■!■>. mai i<)io.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. S/jQ
M. le Président de la Ligue maritime française invite l'Académie à se
faire représenter à Y Assemblée générale qui aura lieu le dimanche 10 aviil à
la Sorbonne.
M. L.-E. Berti.v est désigné pour représenter l'Académie.
COURESPONDAIVCE.
M. C.-Th. Albre«;ht, élu Correspondant pour la Section de Géographie
et Navigation, adresse des remercîments à l'Académie.
Le Secrétaire géxf.ral du XI* Congrès géologique international invite
l'Académie à se faire représenter à ce Congrès, qui se tiendra à Stockholm
du 18 au 23 août prochain.
(lîenvoi à la Section de Minéralogie.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Dieu et Science. Essais de psychologie des sciences .^ par Klie de Cyon.
(Présenté par M. Ph. van Tieghem.)
2° Le Compte rendu des travaux exécutés par le Service géographique de
l'Armée en Indo-Chine, pendant l'année 1909.
3" Les planches LIX de la Carte photographique du Ciel, dressées par
rOeSERVATOIRE ROYAL DE BELGIQUE, à Ucclc.
ASTRONOMIE. — Sur la théorie de Fontenelle relative à la constitution
des comètes. Note de M. Wilfrid de Fo.wielle.
L'idée de comparer les comètes à d'immenses lentilles de verre concen-
trant derrière elles les rayons solaires et éclairant avec une vivacité consi-
dérable les objets matériels sur lesquels elles tombent, est tellement natu-
relle qu'on ignore en quelque sorte son origine. Elle fut indiquée par le
85o ACADEMIE DES SCIENCES.
philosophe Séiièque dès le commencement de l'ère chrétienne, dans un
chapitre de ses Questions naturelles. Mais elle fut abandonnée à l'exemple de
Kepler qui après l'avoir propagée avec enthousiasme y renonça, après avoir
constaté qu'une grande comète qu'il eut l'occasion d'observer possédait une
queue courbe. C'est l'impossibilité d'expliquer celte disposition singulière
qui modifia complètement son opinion.
Sans s'arrêter à cette objection, l'illustre Fontenelle, l'un des premiers
secrétaires perpétuels de l'Académie des Sciences, exposa avec une verve
admirable cette manière de voir dans sa Plutalité des mondes, un des chefs-
d'œuvre de la littérature astronomique.
On me permettra donc, je l'espère, de saisir l'occasion de l'apparition de
la comète de Halley et de plusieurs corps célestes du même genre pour
appeler l'attention de l'Académie sur les arguments qui recommandent en
ce moment l'opinion d'un grand français à l'attention du monde savant.
Actuellement, sur toutes les côtes civilisées, on rencontre un grand
nombre de phares qui reproduisent avec éclat des phénomènes analogues à
ceux auxquels Fontenelle attribue la formation des queues de comète. Les
poussières de l'air atmosphérique et les molécules des gaz qui le composent
jouent dans notre océan aérien le rôle que Fontenelle attribue aux matières
solides qui gravitent dans l'espace.
Aujourd'hui qu'on sait d'une façon incontestable que la substance
diaphane qui constitue les comètes est bien un gaz doué de réfringence, on
devrait se demander ce que devient la lumière traversant ces corps célestes et
s'y concentrant forcément, si l'on soutenait qu'elle ne constitue pas la queue.
L'explication de Fontenelle ne pourrait point être abandonnée sans résis-
tance, même dans le cas où l'on ne trouverait aucun moyen pour répondre
à l'objection qui, suivant nous, devait dérouler le génie de Kepler, mais
aujourd'hui ne possède plus aucune valeur sérieuse.
En effet, ce que l'immortel auteur des lois sublimes, représentant le mou-
vement des planètes et des comètes autour du Soleil, ignorait profondément,
ce dont il ne pouvait avoir aucune notion, c'est que la lumière met un temps
appréciable à parcourir les espaces célestes.
Les queues de comète ne se manifestent, avec des dimensions considé-
rables et des courbures appréciables, que lorsque l'astre d'où elles émanent
est situé dans le voisinage du Soleil; il faut deux conditions essentielles. La
première, nécessitée par les lois de la réfraction, c'est que la source lumi"
neuse soit rapprochée de la lentille pour donner une projection notable. La
seconde, c'est que la vitesse avec laipielle la lentille gazeuse se déplace soit
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 85l
considérable. Cette seconde condition, on le sait, en vertu même des lois
découvertes par Kepler, n'est remplie que lorsque la comète a un rayon
vecteur de dimension relativement faible. Mais, quand ces deux conditions
sont remplies, que la comète possède un diamètre suffisant, que sa trans-
parence n'est pas troublée par quelques conditions particulières et que la
Terre est placée dans une situation favorable, c'est alors que les courbures
apparaissent.
Peut-il en être autrement; est-ce que les rayons divergents auront le
pouvoir de conserver leur rectilignité pendant des millions de kilomètres,
si l'œil des astronomes et même de tous les babitants de la Terre aperçoit au
même instant, non pas une seule image, mais la combinaison de plusieurs
images successives?
Comment ne comprendrait-on pas que dans un éclairage aussi grandiose,
tous les rayons lancés par la queue d'une comète à un instant physique
déterminé ne viennent point frapper au même instant la rétine. Il est donc
incontestable que nous ne voyons pas pour ainsi dire une seule image, mais
bien la combinaison de plusieurs images successives.
Nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire d'insister plus longtemps sur
la signification réelle de ces beaux et grands phénomènes dont la géné-
lation s'explique si facilement. Mais je demanderai la permission de
rappeler qu'il y a dans les observations faites dans ces derniers temps,
surtout aux Observatoires de Paris et de Greenvvich, des points intéressants
qui viennent confirmer l'opinion de Fontenelle.
On a vu plusieurs fois des rayons interrompus, ce qui s'explique faci-
lement en admettant que le nuage de matière cosmique éprouve une inter-
ruption analogue. On a vu tout d'un coup surgir des points lumineux
distincts rayonnant d'un certain éclat. N'était-ce point quelques corps
ayant des dimensions assez notables; en un mot, dans les apparitions de
queues de comète, ne doit-on pas retrouver successivement toutes les péri-
péties qu'on observe en étudiant les étoiles filantes?
Ajoutons, en terminant, que l'incroyable multiplicité des observations de
ce genre dans tous les horizons terrestres nous montre jusqu'à quel point
l'océan des mondes est peuplé. Il nous prouve combien Fontenelle avait
raison en s'écriant avec enthousiasme à la fin de son entretien avec son
aimable marquise : « que les comètes étaient comme une lanterne sourde
dont l'Eternel se servait pour faire admirer aux humains les merveilles qui
complètent toutes les parties de son œuvre ».
852 ACADÉMIE DES SCIENCES.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur la représentation sphérique de certaines
familles de Lamé. Note (') de M. J. Haac.
Voici des généralisations, qui me semblent intéressantes, des résultats que
j'ai publiés dans \cs Comptes rendus au 22 novembre et du 27 décembre 1909.
Proposons-nous d'abord la question suivante, qui est une extension de
notre Note du 3 août 1908 :
Trouver toutes les familles de Lamé, composées de surfaces ayant pour re-
présentations sphériques de leurs lignes de courbure, des réseaux orthogonaux
égaux.
En nous appuyant sur une proposition qui nous a été communiquée der-
nièrement par M. Pelot, nous sommes arrivé aux résultats suivants :
Imaginons un trièdre Oxyz, pivotant autour de son soi«met O et entraî-
nant dans son mouvement un réseau sphérique orthogonal {s). Soient c,
c', c" les coordonnées, relatives à ce trièdre, du point m de la sphère où se
coupent les deux lignes de paramètre u et c; et soient r et r, les rotations,
relatives à mZ, du trièdre mXYZ attaché à chaque point m par le réseau (s).
Soient enfin X, jx, v les projections sur O.ryz du vecteur instantané de ro-
tation, relatif au mouvement de ce trièdre par rapport à un trièdre fixe
Ox^y,z,. Pour que les différentes positions du système (s) puissent servir
de représentations sphériques aux lignes de courbure des surfaces d'une fa-
mille de Lamé, il faut et il suffit qu'on puisse trouver une fonction A de u
et t et une fonction B de v e\, t (t désigne le temps dans le mouvement du
trièdre Oxyz), telles que l'on ait
(i) c^ 4- c'fjn- c"v = /-A H- /•, B.
Cette relation est très facile à discuter, si l'on remarque que c, c', r", r, r,
sont indépendants de t. On peut en déduire très facilement les conditions
nécessaires et suflisantes auxquelles doit satisfaire le système (s), ainsi que
le mouvement du trièdre Oxyz et les p^ des systèmes triples orthogonaux
correspondants, lorsque ces conditions sont remplies. Nous publierons
autre part les résultats auxquels nous avons été conduit.
( ' ) Keçue dans la séance du 29 mars 1910.
SÉANCE DU 4 AVRIL I9IO. 853
Posons-nous maintenant un problème analogue à celui que nous avons
résolu dans notre Note du 22 novembre 1909 :
Peut-on trouver deux familles de Lamé composées de surfaces ayant deux à
deux^ pour représentations sphériques., des réseaux sphèriques super posahles^
mais pas forcément superposés?
En raisonnant couime dans la Note que nous venons de rappeler, on
constate que chacun des réseauv sphériques précédents doit, en tournant
autour d'un ave convenable, engendrer une famille de réseaux capables de
servir de représentations sphériques aux surfaces d'une famille de Lamé.
Réciproquement, si Ton possède sur la spbère une famille de réseaux
jouissant chacun de cette propriété relativement à un certain axe de rota-
tion, et si cette famille peut servir de représentation sphérique à une
famille de Lamé, on peut en déduire une infinité de familles analos^ues,
dépendant d'une ou de deux fonctions arbitraires d'une variable, et com-
posées chacune des mènîes réseaux que la famille primitive, placés simple-
ment dans des positions relatives différentes. On peut, en partant de là,
généraliser complètement la théorie que nous avons exposée sur certains
groupes de familles de Lamé dans la Note déjà citée.
On peut imaginer un grand nombre d'applications de celte théorie.
Par exemple, cherchons les familles de Lamé dont les représentations
sphériques se composent pour chaque surface d'u/i réseau de révolution autour
d'une certaine droite OX.
Si Ton remarque qu'en imprimant à chaque réseau une rotation arbi-
traire autour de la droite OX correspondante, on retombe sur la même
famille de réseaux; on voit qu'on retombe sur la question précédente. Il
sera facile d'en déduire la solution du problème, de même que l'on peut
déduire de notre première théorie des groupes de familles de Lamé, toutes
les familles de Lamé composées dhèlicoïdes (et cela plus simplement
encore que nous ne l'avons fait dans notre Note du 6 décembre 1909).
De même, supposons une famille (F) de réseaux, représentations sphé-
riques d'une famille de Lamé. Prenons le symétrique de chaque réseau par
rapport à un plan variable tî. Nous obtenons une nouvelle famille (F').
Pour qu'elle puisse servir de représentation sphérique à une famille de
Lamé, il faut et il suffit que chaque réseau de (F) puisse engendrer une
famille de Lamé (par abréviation) en tournant autour de la droite D
suivant laquelle le plan - touche son enveloppe i. (Comparer avec notre
Note du 27 décembre 1909.)
854 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On peut trouver un énoncé analogue en remplaçant le plan iz par une
droite. Enfin on peut évidemment appliquer ceci à la recherche des
/ami/les de Lamé dont les représentalions sphériques sont des réseaux possé-
dant chacun un ou plusieurs plans ou axes de symétrie.
C'est ce que nous développerons dans un Mémoire détaillé.
AÉRONAUTIQUE. — L'équilibre longitudinal et la courbure des surfaces
portantes des aéroplanes. Note de M. René Arnoux, présentée par
M. H. Deslandres.
On sait que les surfaces portantes de tous les aéroplanes actuels présen-
tent à l'action de l'air une concavité tournée vers le sol, à courbure dirigée
d'avant en arrière, d'autant plus prononcée que le rapport desdites surfaces
au poids de l'appareil est plus faible. Cette courbure a évidemment pour
avantage d'augmenter, toutes choses égales d'ailleurs, leurs qualités susten-
tatrices. C'est ainsi que pour un angle d'attaque de 7° sous lequel fonction-
nent la généralité des appareils actuels, l'expérience fournit les valeurs sui-
vantes des coefficients de réaction de poussée K^ et de traînée K^ exercées
par l'air dans des directions respectivement normale el parallèle k son écou-
lement sous des surfaces planes ou ayant comme flèche maxima de cour-
bure 1^, ^,:i T7i .'., et 7 de la lareeur ou profondeur de la surface.
i _L 1 1 1 i.
7». 00 ■ 30' 20 ■ 16' Vi' 8'
K^ 2i4 283 3io 386 890 /i4o
K.,. 24 22 32 44 45 81 I
Les données de ce Tableau montrent que si la courbure ~ augmente de
3i pour 100 le coefficient K,. de sustentation des surfaces planes, la cour-
bure ^ l'augmente de 44 pour i<^0) celle de y^ de 79 pour 100, celle de /^ de
82 pour 100, et enfin la courbure | double à peu près la valeur de ce coeffi-
cient. Mais si la courbure ^ double les qualités sustentatrices des surfaces
planes, par contre elle augmente dans le rapport de 24 à 81 ou de i à 3,37
le coefficient K^, de résistance à la translation, alors qu'un accroissement de
vitesse de 4i pour 100 donné à une surface plane, en doublant également la
sustentation, ne ferait que doubler cette même résistance au lieu de la tripler.
Malheureusement si les surfaces concaves de faible courbure ont l'avan-
tage d'augmenter la sustentation dans une proportion plus grande que la
résistance à la translation, cet avantage est amplement compensé par le
SÉANCE DU /î AVRIL I910. 855
grave défaut de rendre V équilibre longitudinal à^s appareils actuels d'autant
plus instable que la courbure des surfaces portantes est plus prononcée.
L'étude technique de l'aéroplane présente celte particularité qu'elle peut
être faite à l'aide de simples planeurs (en papier ou en carton léger), avec
lesquels on peut avoir aisément toutes les formes désirables et vérifier immé-
diatement l'influence de ces formes sur l'équilibre de planement, aussi bien
dans le sens longitudinal que dans le sens transversal.
L'étude systématique des planeurs nous a amené à comparer l'aéroplane
en régime uniforme à un fléau de balance en équilibre susceptible d'osciller
dans tous les plans, avec cette différence que, dans le fléau de balance, c'est
le centre de gravité qui se déplace par rapport au centre d'appui, tandis
que dans l'aéroplane, c'est le centre d'appui sur l'air ou centre de poussée
qui se déplace par rapport au centre de gravité de l'appareil. Dans le cas
d'un planeur qui est aussi celui d'un aéroplane avec propulseur arrêté,
les surfaces portantes prennent, pendant la période de planement et par
rapport à la trajectoire, une position angulaire telle que le centre de
sustentation et le centre de gravité soient sur la même verticale. Dans le
cas d'un aéroplane propulsé, ses surfaces portantes prennent une autre
position angulaire d'équilibre réglée par la condition plus générale que là
somme des moments des dillérentes forces en jeu soit constamment nulle
par rapport à un axe perpendiculaire au plan de symétrie que possède tout
aéroplane, quel qu'en soit le système.
Mais, comme cet équilibre peut être stable, indifférent ou instable, alors
même que le centre de gravité se trouve placé au-dessous du centre de
sustentation, la connaissance de la loi qui lie le déplacement du centre de
réaction de l'air sur les surfaces portantes à leur angle d'attaque est
nécessaire. La méthode employée par nous pour cette recherche n'est autre
que celle dont se servit Joëssel pour les plans minces immergés obliquement
dans un courant d'eau. Elle est basée sur l'emploi comme girouette de la
surface rectangulaire à étudier dont l'axe vertical de rotation est susceptible
d'être déplacé parallèlement au bord d'attaque. Une alidade à fourchette
permet d'amener la surface dans toutes ses positions d^équilibre instable et
de déterminer celle-ci avec une précision aussi grande que les positions
d'équilibre stable.
C'est ainsi qu'ont été obtenues les courbes ci-dessus. La courbe ^ est
celle d'une surface />/«// e rectangulaire, elles courbes x'oi'^ ^^ "h ^^^ ^'*'* ^^^'
cessivement obtenues avec la même surface courbée cylindriquement. Enfin
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 14.) Il4
a56
ACADEMIE DES SCIENCES.
la courbe JJ est celle obtenue par Joëssel pour les plans immergés dans un
courant d'eau.
ss
J
'i
/'
à
/' //
'k\
\
r//
ft/Xt
r>
\lfH0
~\i/
%0
/ /
" \
\
X
2S
O 0,03 0^0 OJS OêO O^S 0^0 O^S 0,40 C^iS 0,S0 0,Sâr 0,60
L'examen de ces difFérentes courbes montre d'abord toute l'importance
de la position du centre de gravité de l'aéroplane, lequel, pour assurer à
l'angle d'attaque de ses surfaces portantes une valeur suffisante, doit être
porté d'autant moins vers l'avant que la courbure est plus grande. Il est
bien évident que si le centre de gravité qui règle en quelque sorte l'angle
d'attaque, est placé trop en avant, c'est-à-dire à moins de 24 pour 100 de
la profondeur de la surface lorsque celle-ci est plane, de 29 pour 100 pour
les surfaces ayant une courbure de jj, de 3i pour 100 pour celles de -^ et
de 35 pour 100 pour celles de ^, le centre de sustentation de l'aéroplane
ne pouvant jamais atteindre la verticale passant par le centre de gravité,
l'angle d'attaque s'annulera dès l'arrêt du moteur de l'appareil et celui-ci
piquera immédiatement vers le sol où il viendra se briser infailliblement
si l'aviateur ne réactionne pas assez vite et assez énergiquement avec son
gouvernail de profondeur.
* Mais supposons résolue la question de la position du centre de gravité et
examinons dans quel sens doit se déplacer le centre de sustentation des sur-
faces portantes pour assurer la stabilité de l'équilibre de l'aéroplane, lorsque
l'angle d'attaque vient à varier brusquement. Il est facile de voir que celle-ci
sera réalisée si le centre de sustentation se porte en avant de la verticale
du centre de gravité, lorsque l'angle d'attaque diminue, elenarriére lorsque
cet angle augmente, car la réaction sustentalrice de l'air et le poids de l'ap-
pareil cessant d'être directement opposés l'un à l'autre donnent, dans les
deux cas, naissance à un couple tendant à ramener l'aéroplane dans sa posi-
tion primitive d'équilibre angulaire.
SÉANCE DU 4 AVRIL igiO.- 85*/
Or l'examen des courbes précédentes montre (dans la région correspon-
dant aux faibles angles d'allaque seuls utilisés en aviation) que si les surfaces
planes répondent à ce desideratum pour toutes les valeurs de cet angle, il
n'en est pas de même pour les surfaces concaves dont le centre de poussée,
en se déplaçant en sens inverse de celui des surfaces planes, donne lieu à une
instabilité d'équilibre obligeant l'aviateur à une manœuvre de son gouver-
nail de profondeur aussi attentive et incessante que celle du balancier par
l'équilibriste sur la corde raide.
C'est cette instabilité de l'équilibre longitudinal des surfaces concaves qui
rend si délicate et si dangereuse la conduite des aéroplanes actuels, et auto-
rise à dire que l'Aviation est présentement à un tournant de son histoire, qui
va l'obliger à sortir de ses errements actuels si elle veut réellement progres-
ser et non se cantonner dans la construction d'appareils dont la conduite est
restée jusqu'ici l'apanage de véritables acrobates, ou d'hommes qui en ont
l'entraînement et les qualités de sang-froid et d'audace.
Pour nous résumer, nous ajouterons qu'avec les surfaces planes permettant
actuellement, à défaut d'autres, de réaliser un équilibre stable pour tous les
angles d'attaque et par conséquent d'enlever à l'aviateur toute préoccupation
du rétablissement incessant et délicat de cet équilibre, la conduite d'un aéro-
plane sera plus facile que celle d'une automobile dont le- conducteur n'a
devant lui que la largeur de la route, tandis que l'aviateur a l'espace.
PHYSIQUE. — Sur la relation de Havelock entre la biréfringence et l'indice
de réfraction. Note ( ') de MM. A. Cotton et H. Mouton, présentée
par M. J. Violle.
Dans un essai théorique où il cherche à ramener à une même explica-
tion les diverses sortes de biréfringence connues, Havelock (^) a prévu que
la variation do la biréfringence d'un corps avec la longueur d'onde doit
être reliée simplement à la variation de l'indice de réfraction du même
milieu à l'étal isotrope, la densité étant supposée la même dans les deux
cas. La relation à laquelle il est conduit peut s'écrire
(1) n'—n"—C^-^^~—^,
(') Présentée dans la séance du 2i mars igio.
(-) Havelock, Proc. Roy. Soc, A, t. LXXX, 1908, p. 28; Phys. Rev., t. XXVIII,
1909, p. i36.
858 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n étant l'indice du milieu isotrope, C une constante, n' et n" les indices
principaux du milieu biréfringent uniaxe. Havelock avait recherché en
particulier si sa formule s'appliquait à la biréfringence accidentelle des
liquides (dans ce cas n est l'indice de réfraction mesuré en dehors du
champ, et la quantité n' — n" est donnée directement par l'expérience), et
il avait trouvé qu'elle s'accordait pour le phénomène de Kerr avec les
mesures faites sur le sulfure de carbone. Il s'était demandé également si les
variations de la biréfringence magnétique des liquides se laisseraient repré-
senter par la même formule.
Nous avons donc mesuré les indices de la nitrobenzine qui nous avait
servi dans nos recherches, pour les radiations mêmes que nous avons uti-
lisées. La formule (i) représente bien les résultais obtenus, les écarts ne
dépassant pas les erreurs d'expérience; elle fournit donc au moins une loi
approchée. D'une façon indépendante, Skinner et Me Comb(') arrivent
au même résultat et trouvent la relation de Havelock vérifiée non seule-
ment pour la nitrobenzine, mais pour les huit autres liquides qu'ils ont
étudiés.
L'hypothèse qui a conduit Havelock à la formule (i ) consiste à admettre
que les molécules du liquide sont assimilables à des corps isotropes, dont
le champ modifie la réparlidon. Elle est donc distincte de celle que nous
avons admise, que plusieurs physiciens (^) avaient envisagée déjà à propos
de questions analogues, et qui consiste à admettre Vorientalion de molé-
cules anisotropes. Mais, nous montrons dans un travail plus étendu que
la formule (i ) peut être déduite de l'hypothèse même de l'orientation, qui
se trouve ainsi rendre compte des faits observés sur la dispersion.
Des calculs, à très peu près les mêmes que ceux de Havelock, nous con-
duisent à la formule (i). En revanche, une autre relation que Havelock est
conduit à établir entre les indices (') ne résulte pas nécessairement de notre
(') Skinner, Pliys. Rev., t. XXIX, déc. 1909, p. 54i. — Me Comb, Pliys. Bei\,
t. XXIX, déc. 1909, p. 525.
(-) iNolamment Boussinbsq, Théorie analytique de la chaleur, t. II, igoS, p. 600.
(■^) Dans le cas d'un milieu uniaxe, n' élanl l'indice ordinaire, Havelock trouve que
l'on doit avoir la relation
, V 2«'-t-«"
(2) n—
Nous avons trouvé antérieurement celle relation vérifiée dans le cas des colloïdes de
Majorana biréfringents dans le champ magnétique.
SÉANCE DU [\ AVRIL 1910. SSq
hypothèse, et nous pouvf)ns par suite considérer la formule ( 1 ) comme
valable même dans les cas où cette seconde relation ne serait pas satisfaite.
D'autre part, dans rhypothèse de Havelock, certains faits expérimentaux
s'expliquent difficilement : on ne comprend pas pourquoi la biréfringence
magnétique de liquides, tous diamagnétiques, est positive pour les uns,
négative pour les autres. La même difficulté se présente à propos du phéno-
mène de Kerr.
Les cristallographes sont d'ailleurs conduits à admettre aujourd'hui que,
même dans le cas des cristaux, ce n'est pas la répartition réticulaire qui
joue le rôle prépondérant dans l'explication de la biréfringence. Le fait que
Havelock a montré que sa formule s'applique à certains cristaux, au quartz
notamment ("), n'est pas un argument décisif en faveur de sa théorie,
puisque les particules cristallines que l'on considère (quelle que soit leur
nature) ne sont pas seulement ordonnées, mais orientées. Enfin certaines
propriétés des liquides anisotropes de Lehmann seraient, comme on sait,
très difficiles à expliquer si l'on devait les rapporter à une répartition et
non à une orientation des particules.
En résumé, de même que les autres résultats sur la biréfringence magné-
tique ou électrique des liquides (^), la relation de Havelock est d'accord
avec l'hypothèse de l'orientation moléculaire.
(') Dans noire Mémoire détaillé, nous reviendrons sur ces calculs de Havelock sur
les cristaux : ils ont été faits en utilisant soit l'ensemble des relations (i) et (2), soit
simplement la relation — — = const., à laquelle conduit directement la
/( - — \ n - — I
théorie.
Il y a encore une autre manière de vérifier la formule (1) dans le cas des cristaux :
elle consiste à mesurer les indices de la même substance à l'état amorphe et à tenir
compte du changement de densité. Les données expérimentales nécessaires ne sont pas
connues avec une précision suffisante pour la plupart des corps (tels que l'eau et la
glace) pour lesquels la vérification pourrait être tentée. Signalons toutefois un résultat
que nous avons obtenu eu comparant les indices du quartz cristallisé avec les indices
du quartz amorphe trouvés par Trommsdorf : dans l'énorme intervalle de longueur
d'onde compris entre 656 et 186, le rapport entre les valeurs de n — i pour le quartz
cristallisé [7^ étant calculé par la formule (2)] et pour le quartz fondu demeure très
sensiblement constant. Il ne varie dans tout cet intervalle que de 1,194 à 1,187 et
parait bien être égal au rapport des densités (densité du quartz cristallisé, 2,6-5;
densité du quartz fondu, moins bien connue, 2,22 environ).
(■) Comptes rendus, t. 130, 21 mars 1910, p. ']~^^
86o ACADÉMIE DES SCIENCES.
SPECTROSCOPIE. — Prulongemenl du spectre rie bandes de l'azote dans le
rouge extrême et i infra-rouge. Note de M. F. Croze, présentée par
M. H. Deslandres.
Les renseignements que nous possédons actuellement sur les spectres des
métalloïdes dans le rouge extrême et la première région infra-rouge sont
très incomplets. La plupart des relevés, obtenus au moyen du bolomètre ou
du radiomicromètre ne donnent pas une représentation suffisante de la struc-
ture du spectre. Grâce à la bienveillance de M. Deslandres, qui a misa ma
disposition le dispositif spécial préparépar lui pour l'étude spectrale des gaz,
j'ai pu aborder l'étude de ces spectres par la métliode photographique. Ce
sont les premiers résultats de ces recheiches que j'ai l'honneur de présenter
à l'Académie. Ils se rapportent au spectre de bandes de l'azote.
Ce spectre comprend dans les régions lumineuse et ultraviolette quatre
groupes distincts de bandes, dégradées vers les courtes longueurs d'onde.
Le groupe le moins réfrangible, appelé groupe de Thalen onprernier groupe
de Deslandres, s'étendait, d'après le rele\é de Thalen (iH'yS), entre X 687 et
X5oo. Il présentait quatre sous-groupes semblables (' ), chaque bande étant
caractérisée par trois maxima ou arêtes successives dont les plus intenses
sont la troisième qui forme la tête et la première. Ensuite Piazzi-Smilh et
A. Herschel (1880 et i885) reconnurent l'existence de bandes nouvelles
comprises entre la bande A du spectre solaire et la première bande de
Thalen. Mais, à cette époque, les lois de distribution des bandes dans les
spectres (Deslandres, 1886 et 1887) n'étaient pas encore connues, et, bien
que ces physiciens en aient eu une vague intuition, ils ne reconnurent pas le
vrai caractère de ces bandes et ne crurent pas devoir les rattacher au groupe
de Thalen. Récemment, Langley (1900), Drew (1903) et Coblentz (igoS),
étudiant les spectres infra-rouges au moyen du bolomètre et du radiomicro-
mètre, montrèrent que le spectre de bandes de l'azote se poursuit d'une
façon continue, jusqu'au delà de i"^. Leurs relevés ne donnent pas la struc-
ture du spectre et se bornent à indiquer des maxima d'intensité croissante
(') Il y a un groupe du pôle négatif, et trois du pôle positif numérotés du rouge au
violet, dans l'ordre de leur reconnaissance. Mais M. Deslandres estime qu'il vaudrait
mieux les numéroter de l'ultraviolet au rouge pour laisser la place aux. groupes de
l'infra-rouge. Le premier groupe serait alors le troisième.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 86ï
correspondant approximativement aux longueurs d'onde o'*,54'3, 0^^,667,
0^^,7.5, 0*^,90, ii^,o6.
Dans les premières expériences que j'ai faites, je me suis servi d'un tube
en bout du modèle ordinaire contenant de l'air à la pression de 2""™ de mer-
cure et excité par une bobine de 3.)'''" d'étincelle. Le spectrographe était
constitué par un collimateur de SS'^" de longueur et de rapport d'ouverture
égal à ~, deux prismes de flint moyen et une chambre photographique de
65"™ de longueur focale. J'ai employé des plaques sensibilisées d'après les
procédés indiqués à Meudon par M. de Moncetz (*).
J'ai obtenu tout d'abord une série de huit bandes en parfaite continuité
avec le premier groupe de Deslandres. Elles en ont la structure caractéris-
tique et forment ainsi un cinquième sous-groupe moins réfrangible qui vient
s'ajouter aux quatre précédents. En prolongeant pendant plusieurs heures
les temps de pose, j'ai obtenu ensuite une nouvelle série de huit bandes
encore moins réfrangibles que les précédentes, mais de même structure.
Les deux plus réfrangibles de ces bandes nouvelles appartiennent au cin-
quième sous-groupe, tandis que les six autres constituent au moins la pre-
mière partie d'un sixième sous-groupe. Le premier groupe de l'azote com-
prend ainsi, dans la région comprise entre X910 et X5oo, six sous-groupes
semblables.
Dans cette recherche j'ai été guidé constamment parla loi que Deslandres
a posée pour la distribution des bandes dans les spectres et qui lui avait
permis de grouper les bandes de ce premier groupe en trois ou cinq séries
arithmétiques. En 1902, Cuthbertson montra que toutes ces bandes pou-
vaient être distribuées suivant treize séries arithmétiques et il publia un
Tableau où ces treize séries étaient rangées suivant des colonnes verticales (-).
Peu de temps après Deslandres signala dans la distribution de ces bandes
une particularité très intéressante et qui a été retrouvée depuis dans d'autres
spectres : « Non seulement les intervalles horizontaux du Tableau de
Cuthbertson forment une série arithmétique de raison égale à 3o,3i9, mais
les intervalles verticaux dans ce même Tableau forment ainsi une progression
arithmétique de raison égale à 29,363. La combinaison de ces deux pro-
(') Comptes rendus, 2° semestre 1909.
(^) CvTBtitRTSos. P/ii/osophical Magazine, 6" série, t. III, 1902, p. 348-353. Son
Tableau est tout semblable à celui publié en 1886 par Deslandres pour le deuxième
groupe de l'azote.
862 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gressions fait que les bandes disposées sur les lignes diagonales ou inclinées
du Tableau forment ainsi des progressions arithmétiques de raisons
variables, et c'est à l'une de ces progressions nombreuses que se rapportent
les trois ou cinq séries annoncées en 1886. La distribution des ^2 bandes
du premier groupe a donc une simplicité remarquable, et il peut être repré-
senté par la formule suivante dont les deux paramètres n ei p prennent les
valeurs des nombres entiers successifs :
Les mesures faites sur les huit premières bandes du cinquième sous-groupe
ont donné des résultats qui s'accordent bien avec les nombres calculés d'après
la formule précédente, en donnant au paramètre n des valeurs allant de 55
à 48 et au paramètre/) les valeurs de 49 à l\-2. En réduisant ces nombres en
longueurs d'onde, on a en effet le Tableau suivant :
n.
P-
\ calculé.
>, observé.
n.
P
\ calculé.
)v observé.
55
49
774,7
774,2
5l
45
727,0
727,4
54
48
762, 1
762,8
5o
44
716, I
716,8
53
47
749,9
730,4
49
43
705,5
7o5,4
52
46
788,3
738,1
48
42
695,3
695,2
Les diftërences ne sont pas notablement supérieures à celles qui se ren-
contrent dans le reste du groupe; elles s'expliquent d'ailleurs par la précision
plus grande des mesures de Hasselberg utilisées par Cuthhertson et Des-
landres. Il est de plus intéressant de remarquer que grâce à l'adjonction de
ces bandes le Tableau de Cuthbertson prend une forme plus symétrique.
Il était donc naturel de pousser plus loin le calcul et de chercher la place
que devraient occuper dans le Tableau, de nouvelles bandes encore moins
réfrangibles et situées cette fois dans l'infra-rouge. Ce calcul fait, il était
nécessaire de le vérifier par le relevé de ces bandes infra-rouges. En prolon-
geant les temps de pose à Meudon jusqu'à des durées de 6 heures et en uti-
lisant à Paris un spectrographe plus lumineux mis à ma disposition par le
laboratoire des recherches physiques de la Sorbonne, j'ai obtenu quelques-
unes de ces bandes infra-rouges et mesuré leurs longueurs d'onde. La con-
cordance entre le résultat des mesures et les nombres donnés par le calcul,
(') Deslandrks, Comptes rendus, 1902.
n.
P-
X calculé.
>, observé.
57
5o
9'o.7
910,1
56
49
890,8
890,3
55
48
87', 3
870,5
54
4;
853,8
854, 1
SÉANCE DU 4 AVRIL I910. 863
est un peu moins satisfaisante que pour les bandes précédentes, à cause de
l'étendue plus grande de l'extrapolation, mais elle est encore suffisante.
n. p. >, calculé. X observé.
53 46 836,5 836,9
52 45 820. I 820,4
5i 44 8o4,2 8o4,3
5o 43 789, [ 788,7
C'est la seconde fois que des bandes indiquées par le calcul ont pu être
retrouvées par l'expérience, le premier exemple de cette méthode de re-
cherche ayant été donné par Deslandres au sujet du spectre des hydrocar-
bures (').
PHYSIQUE. — Sur une erreur systématique qui limite la précision de l'expé-
rience de Cavendish. Méthode nouvelle pour l'étude de la gravitation.
Note de M. V. Crémieu, présentée par M. E. Bouty.
J'ai montré précédemment (^) que : 1° lorsque le fil d'une balance de tor-
sion n'est pas dépourvu de toute flexion par rapport à la verticale, il n'y a
plus indépendance des oscillations azimutales et pendulaires que peut prendre
l'appareil. Par suite, tout changement de la verlicale se traduit par une va-
riation azirautale de la position d'équilibre, variation dont j'ai donné la loi
quantitative. Réciproquement, toute oscillation azinmtale entraîne une
oscillation pendulaire.
Le couple de torsion mis en jeu par les variations pendulaires est propor-
tionnel au poids supporté par le fil, de sorte qu'avec les fils très fins, utili-
sant toute leur force portante, ce couple supplémentaire atteint facilement
le Y^, du couple propre au fil.
2° Pour éliminer, dans les mesures de gravitation, l'erreur résultant de la
flexion du fil, j'ai proposé (') d'opérer, dans les mesures, un triage à l'aide
d'observations simultanées de la balance de gravitation et d'une seconde
balance de torsion servant de sismographe témoin.
Quatre mois d'essais m'ont démontré d'abord les grosses difficultés de ce
(') Deslandres, Comptes rendus, t. CXII, 1891, p. 662.
{^) Comptes rendus, t. CXLVIII, mai 1909, p. 1161.
(^) Comptes rendus, t. CXLIX, octobre 1909, p. 700.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N« 14.) "3
864 ACADÉMIE DES SCIENCES.
triage qui exigerait un double enregistrement photographique continu. De
plus, au cours des mesures, je suis arrivé à la conclusion suivante : Dans
une balance de torsion du type Cavendish, il est impossible de connaître à plus
du j-^ la valeur du couple antagoniste de la force à mesurer.
En efTel, on admet que ce couple anlagoniste est celui du fil de torsion, que Ton me-
sure par une opération préliminaire, en suspendant des masses de moment d'inertie
calculable. Or, en admettant même que, grâce à la symétrie de ces masses, on ait pu
opérer cette mesure sur le fil sans flexion (et ce n'est pas en général le cas), on intro-
duit toujours une flexion du fil lorsqu'on substitue le levier de gravitation.
De longs essais, qui seront décrits ailleurs, m'ont démontré qu'il est pratiquement
impossible d'arriver à un réglage de la balance du type Cavendish dans lequel on n'ait
pas une flexion entraînant un écart GO, du centre de gravité du système à la verticale
du point d'attache supérieur du fil, d'un dixième de millimètre.
Or cet écart suffit pour que le couple supplémentaire W,, qui est de la forme
W, ^= P^/sinasin(3sinu,
soit de l'ordre du yJ,,^ du couple de torsion W du fil.
En résumé la balance de Cavendish est soumise non seulement au couple
W de torsion propre du fil, mais à un couple supplémentaire W, résultant
de la flexion du til. lu l'on ne peut connaître ni la valeur absolue de ^^ , ni
la position initiale correspondant à co = o.
L'ensemble de ces constatations m'a amené à imaginer une méthode
nouvelle pour l'étude de la gravitation. Cette méthode utilise justement la
SÉANCE DU 4 AVRIL I910. 865
ilexion du fil de torsion el se trouve ainsi à l'abri des inconvénients de la
balance de Cavendish. En voici le principe.
Mélhofle nouvelle pour l'étude de la gravitalion. — Soient deux cylindres
creux ABCD, A'B'C'D', dont les axes horizontaux soient en prolongement
l'un de l'autre. En remplissant de mercure l'un puis l'autre de ces cylindres,
on produira dans la région centrale O de l'intervalle ABA'B' un déplace-
ment de la verticale calculable. Pour ioo''s de mercure passant de l'un à
l'autre des cylindres et pour un intervalle entre eux égal à i™, le calcul
montre que la verticale varie de près de -~ de seconde.
Disposons entre les deux cylindres un disque circulaire FF' suspendu à
un fil métallique fin SF de façon que le centre du disque soit au centre de
l'intervalle AA'BB'. Avec un disque plan formé de deux disques minces
semblables accolés l'un à l'autre et entre lesquels on pince le fil SF, on arrive
facilement à ce que le plan médian soit rigoureusement vertical et contienne
la direction SF. Le fil n'a alors aucune flexion appréciable par rapport à ce
plan. Mais il en a généralement une par rapport au plan vertical perpendi-
culaire à celui du disque.
Or cette flexion peut se mesurer et se régler par deux opérations très
simples. Le discjue porte un petit miroir M dont le plan est perpendiculaire
à celui du disque.
Première opération. — On fait passer ie mercure d'un cylindre dans l'autre. Le
disque tourne azimulalement d'un certain angle. A l'aide d'un contrepoids formé d'un
pelit vernier se déplaçant à la périphérie du disque, on arrive par tâtonnement à
trouver une position pour laquelle on n'a plus aucun déplacement azimutal du disque
quand on déplace te mercure.
On est alors sûr qu'il n'y a aucune flexion du fil. On repère la position du vernier
et, par réflexion, le plan du miroir M. D'ailleurs toutes les masses suspendues au
fil SF ayant des moments d'inertie calculables, une seule mesure de période d'oscillation
du système nous donne la valeur du couple W de torsion propre du fil.
Deuxième opération. — Cela fait, on donne au vernier un déplacement angulaire
connu; ceci entraine un déplacement connu du centre de gravité et il en résulte sur
le fil un moment de flexion calculable.
De plus l'image réfléchie par le miroir M se déplace et la mesure de ce déplacement
permet de contrôler le résultat de ce calcul.
D'autre part, la période d'oscillation du système varie et sa nouvelle valeur permet
de calculer le couple supplémentaire W| dû à la flexion. D'ailleurs, avec quelques pré-
cautions, on arrive facilement à ce que le plan dans lequel se fait la flexion soit très
exactement perpendiculaire à celui du disque, de telle sorte que la valeur de l'angle ti)
est connue pour chaque amplitude d'oscillation.
On a ainsi réalisé un microséismographe, de sensibilité réglable à volonté
866 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et permellant d'ailleurs d'apprécier des variations de la verticale de l'ordre
du -j-^ de seconde.
Pour mesurer la densité de la Terre il suffit alors de mesurer exactement
la déviation provoquée sur l'appareil une fois réglé par le passage du mer-
cure d'un cylindre à l'autre.
Cette méthode a l'avantage de nécessiter la connaissance d'un minimum
de constantes.
De plus, l'appareil étant, par construction, un séismographe de sensibilité
connue, les variations de la position de son zéro serviront directement à
opérer le triage dont j'ai parlé et qui, dans la méthode de la balance de Ca-
vendish, nécessiterait l'emploi d'un séismographe témoin.
Enfin la méthode se prête beaucoup plus simplement aux mesures de gra-
vitation au sein des liquides.
PHYSIQUE. — Sur les pouvoirs réfringents spécifiques ou les constantes
optiques des corps dissous dans des dissolutions très étendues. Note
de M. C. CiiKNEVEAU, présentée par M. E. Bouty.
Si l'on appelle pouvoir réfringent spécifique d'une solution le
rapport — - — (Gladstone) ou le rapport—^ — — ^ (Lorentz), « et r/ étant
l'indice de réfraction et la densité de la solution, on peut obtenir directement
la valeur de ce pouvoir réfringent par une simple mesure d'indice, faite à
l'aide d'un réfractomètre interférenliel. On n'a pas besoin de déterminer la
densité, ce qui est particulièrement avantageux dans le cas de dissolutions
très étendues. Connaissant ainsi le pouvoir réfringent d'une solution, et
admettant que l'action d'une solution sur la lumière est la somme des actions
du corps dissous et du solvant occupant le même volume que la solution, on
peut en déduire le pouvoir réfringent spécifique ou la constante optique du
corps dissous (').
(') Dans le cas où Ton utilise la t'onnule de Gladstone, le pouvoir réfringent spéci-
fique du corps dissous est — "— — -, n^ et dg étant l'indice et la densité du corps dissous.
La grandeur — -p — (C, concentration en grauini.s par litre), que j'ai appelée constanle
optique du corps dissous {Aiin. de Chiin. et de Phys., 8= série, l, XII, 1907, p. 298).
e>t le ujillièiue du pouvoir réfringent du corps dissous.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 867
J'ai appliqué celle méthode à un certain nombre de solutions aqueuses
très étendues de KCl, AzO'AzH^ et (AzO')^Mg. A cet effet, les deux
cuves d'un réfractomètre interférentiel étaient initialement remplies d'eau et
l'on ajoutait à l'eau d'une des cuves, centimètre cube par centimètre cube,
une solution type du sel étudié, de composition chimique bien connue.
Si l'on admet que la température est la même dans les deux cuves, on
obtient le résultat suivant (courbes I, 111, IV) : le pouvoir réfringent est
à peu près constant, sauf aux extrêmes dilutions où il varie très rapi-
dement.
o,wo..
0,250
0
AzO'Az//'
ni (AzO^Mj
V
5 10 J5 C
Ce fait est bien celui observé par Dijken ('>. Cependant l'ionisation des
solutions étant commencée depuis longtemps, cet effet ne peut lui être
attribué; d'ailleurs deux expériences successives faites avec un même sel
peuvent aussi bien donner une courbe ascendante qu'une courbe descendante
(courbes III et IV). Il ne paraît donc pas y avoir là d'erreur systématique.
Je vais montrer que l'erreur est due à l'influence de la température qui n'est.,
en général, jamais la même dans les deux cuves (^).
Appelons t et t' les tempéialiires mesurées, à chaque expérience, dans les deux cuves
(') DijKEK, Z. f.ph. Cil., i. \\l\, 1897, V- ^i-
(-) Sur 63 expériences, 11 seulement ont donné une même température pour les
cuves.
868 ACADÉMIE UES SCIENCES.
contenant l'eau et la solution, à l'aide de thermomètres très précis ; ces températures
diffèrent en général d'une quantité ± B. La différence des indices de la solution et de
l'eau, qu'on croît être H/ — «0,1 n'est en réalité, par l'observation du déplacement ô
des franges ou du compensateur, que iif — n^ . De celte didérence réellement obser-
vée, nous pouvons déduire la différence d'indices qui doit être considérée comme
exacte. Admettons en première approximation, largement suffisante pour de petites
limites, que l'indice de réfraction de l'eau est une fonction linéaire de la température,
c'est-à-dire que
«(.,== "(!,.[' — a(l — L')] = /(„,.(! ^iciQ);
on a alors
"( — "0,,^ "/' — "of^ '''^ ^= ^'ô z^z /if,^,aO ( ' ).
La quantité rtf, .aO représente donc la correction de température (^). En faisant
cette correction, on voit que l'anomalie observée au début des courbes I, III et IV
disparaît presque complètement; c'est ce que montrent les courbes II et V.
Les limites des différences de température B entre les deux cuves ont été, dans mes
mesures, — 00,08 et +o°,o8; les concentrations ont varié de oï, 5 à i6b de sel par litre
de dissolution. On s'explique d'ailleurs très bien que l'erreur due à la température
n'ait plus d'influence sensible sur des solutions de concentration suffisamment élevée
et que les résultats, non corrigés, puissent s'inverser, au début, suivant le sens de la
différence de température.
Le Tableau suivant donne une idée des écarts pour 100 qui existent entre
les pouvoirs réfringents déduits des deux solutions extrêmes d'une même
série lorsqu'on applique ou non la correction :
AzO'
1.
AzHV
(,\zO:
1.
■)=Mg.
4-(i, 1
4- 1,6
-1,3
+ 1,3
-4,6
-^-4>9
— 2,8
Sans correction... — 6,7 — 5,1
Avec correction... — 4>6 — ' >&
Étant donnée la difficulté d'obtenir en valeur absolue, dans les conditions
où j'opérais, une correction qui ne dépend que d'tme différence de tempé-
rature de quelques centièmes de degré, on peut dire qu'après correction les
écarts sont certainement de l'ordre de grandeur des erreurs d'expérience cl
n'ont aucun caractère systématique.
Si l'on tient compte de cette action de la température, on arrive alors aux
résultats suivants pour les pouvoirs réfringents des sels étudiés qui sont
( " ) Dans mes expériences, a = o,oooo85 ; /: =zi 2V-, 356.
(■• ) Eu réalité, si l'on ramène les expériences à une même température, il faut
encore tenir compte de la petite différence qui existe entre la variation de l'indice de
l'eau et celle de l'indice de la solution avec la température.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 869
comparés, dans le Tableau ci-dessous, aux résultats que j'avais obtenus avec
le réfractomètre de Féry :
K. K.
Réfractomètre Réfractomètre Différence
Corps. interférentiel. de Féry. pour 100.
KCI 0,2600 ( 19 exp.) 0,2544 (10 exp.) -1-2,2
AzO^AzH* 0,3309(24' » ) o,32i4 ( 6 » ) +2,9
(AzO^)2Mg 0,2533 (16 « ) 0,2449(12 » ) -H 3,3
De ces résultats on peut donc conclure que V ionisation ne parait pas
avoir d' influence sensible sur le pouvoir réfringent ou la constante optique d'un
corps dissous dans des solutions dont les concentrations sont supérieures à o^, 5
par litre.
Une autre conséquence sen dégage également, très importante au point
de vue de la construction des réfractomètres interfèrent iels. Il faut absolument
assurer l'égalité de température des deux cuves et, par exemple, les enve-
lopper d'un manchon d'eau courante ou les rendre concentriques; sans cela
les expériences faites avec des dissolutions extrêmement diluées peuvent
devenir illusoires.
PHYSIQUE. — Sur le parcours des projections radioactives. Note
de M. Louis Wertenstein, présentée par M. P. Villard.
La projection d'une matière radioactive par sa substance mère est un
phénomène qui accompagne toutes les transformations radioactives où les
particules a sont émises, ainsi que l'ont montré Hahn et Elise Meitner (').
Ce phénomène résulte probablement du fait de l'impulsion de recul subie
par l'atome radioactif lors de l'émission d'une particule a. Pour le cas par-
ticulier des transformations de la série du radium, les expériences de Russ
et Makower (^), faites dans le vide, ont montré qu'il s'agit bien là d'une pro-
jection, car le chemin des particules est rectiligne.
On sait que les particules a possèdent la propriété de se propager en ligne
droite sensiblement jusqu'au point où elles s'arrêtent en parcourant un
chemin bien déterminé pour chaque espèce de particules a. Je me suis
proposé de chercher, en me bornant au cas de la projection du radium B par
le radium A, si la projection ne présente pas un caractère analogue; si, en
(') l'erhandhingen d. d. phys. Ges., t. XI, p. 55-62.
(-) Radium^ ji'i" '909-
870 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'autres termes, les particules projetées n'auraient pas un parcours bien
déterminé.
Les expériences de Debierne (') ont déjà montré que le parcours, s'il y
en avait un, était sûrement inférieur à i'"™, à la pression atmosphérique.
En opérant sous des pressions plus basses, j'ai pu me convaincre de l'exis-
tence d'un parcours défini et mesurer sa grandeur.
Une lame posée en face d'une autre lame, portant du radium A, reçoit, pendant la
période de transformation de ce dernier, une certaine quantité de radium B. Cette acti-
vation peut être due soit à la projection directe, soit à la diffusion et à l'attraction
électrique des particules émises et arrêtées par le gaz. J'ai cherché à éliminer ces der-
niers effets. Pour cela j'ai profité du fait que le radium B projeté se comporte comme
un corps chargé positivement. Une forte électrisation de même sens de la lame à étu-
dier devrait donc en écarter toutes les particules qui n'arrivent pas avec une vitesse
suffisante.
Voici maintenant en quoi consistaient mes expériences.
Un disque de laiton de aS"" de diamètre était activé pendant 6 minutes par l'émana-
tion du radium. On le retirait au temps que j'appelle zéro. On le chauffait pendant
10 secondes dans l'air chaud de la flamme de Bunsen. On mesurait son activité au temps
i™i5*. Au temps 2"3o' le disque était transporté dans une petite cloche, où était fixé
un autre disque à distances variables du premier. La communication avec un grand
réservoir vide permettait d'atteindre rapidement des pressions voulues. Un champ
électrique fort était établi entre deux disques dans le sens indiqué plus haut. Au
temps 8™3o^ on ouvrait la cloche, on retirait avec précaution les deux disques et l'on
mesurait leur activité.
J'ai cherché à déterminer comment variait, sous diflérentes pressions, l'activité
reçue par le deuxième disque, en fonction de sa dislance du premier disque.
Les courbes de cette activité peuvent être identifiées avec celle du radium B. Dans
le Tableau ci-dessous sont représentés les rapports de l'ordonnée maximum de la
courbe à l'activité du premier disque, mesurée au temps i^iô*. On vérifiait que
celte activité était sensiblement proportionnelle à la quantité du radium A efTec-
tivement présente sur le premier disque, en mesurant à nouveau son activité au
temps 3o minutes.
Voici les résultats obtenus :
Pression iS""".
Distance en millimètres o 2 3 4 5 6 7
Activité relative en millièmes.. 8,7 6,2 !\,i 2,8 1,8 o,i5 très faible
Pression 20™°'.
Distance en millimètres o 2 3 4 5
Activité relative en millièmes. . 8,7 4>7 2,2 0,9 très faible
(') Radium, mars 1909.
SÉANCE DU 4 AVRIL 191O. 871
Pression 26"'"'.
Distance en millimètres 0284
Aclivilé relative 8,7 3,5 i,3 o
Dislance constante 2™".
Pression en millimètres o i3 20 26 36 54
Activité relative 8,7 6,2 4i7 3,5 1,8 o
Les nombres indiqués sont des moyennes d'un grand nombre d'expé-
riences, qui pour chaque cas présentent toutefois, surtout à grande distance,
des écarts assez sensibles que j'espère pouvoir expliquer bientôt.
Les quatre séries de mesures ont été faites en employant des différences
de potentiel comprises entre 20 et i 70 volts. La variation du potentiel s'est
montrée sans influence sur les résultats.
Les nombres correspondant à la distance zéro ou à une pression nulle
représentent l'activité relative totale pouvant être recueillie par projection.
Pour déterminer celle-ci on renversait le champ. Dans ces conditions, le
deuxième disque recevait non seulement les particules venant le frapper
directement, mais aussi les particules arrêtées par l'air.
Les nombres obtenus représentés graphiquement donnent des droites.
Les trois premières coupent l'axe desabscisses respectivement aux distances
de 6"'"', 2; 4""") 3; 3'"'", 5. La quatrième coupe l'axe des abscisses à une
distance qui correspond à une pression de 45'""^ (les activités sont les
ordonnées).
Ces résuUats s'interprètent le plus simplement en supposant que les par-
ticules du radium B projeté ont un parcours bien déterminé, et que ce
parcours est représenté pour chaque pression par la distance où la droite
coupe l'axe des abscisses, et qu'il est égal à 2""' sous la pression de 45™"".
En effet, si nous décrivons un hémisphère de rayon égal au parcours
présumé, et si nous faisons l'hypothèse que la projection par une source
placée au centre est la même dans tous les sens, une lame coupant la sphère
recevra une quantité de radium B, proportionnelle à la surface et par con-
séquent à la hauteur du segment.
On obtiendrait ainsi pour le produit du parcours par la pression les
nombres 81, 88, 90, go.
D'où résulterait que le parcours est inversement proportionnel à la
pression.
Il semble donc que pareillement aux particules a, les particules d'activité
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 14.) H^^
872 ACADÉMIE DES SCIENCES.
projetée vont en ligne droite jusqu'an point on elles s'arrrtent, ou que tout
au moins la région, où au régime ordonné des vitesses de projection succède
le régime désordonné des vitesses de diffusion, est relativement très peu
importante.
Il résulterait de ces expériences une valeur de o""", i pour le parcours à la
pression normale, ce qui correspond à une pénétrabilité /|00 fois plus faible
que celle des rayons a du radium A. Ainsi les feuilles en or battu de 01^,08
arrêtent complètement les particules. Des essais sont en train pour préparer
des membranes solides pouvant être traversées par les particules et aussi
pour déterminer le parcours avec une précision plus grande.
Remarque. — Le rapport de l'aclivilé projetée à celle qui devrait être projetée
théoriquement, si l'on admettait que la projection doit avoir lieu pour chaque atome
de radium A transformé, varie entre 76 et 80 pour 100. Pour déterminer ce nombre,
on activait le premier disque pendant un temps très court de i5 à 3o secondes, de
manière à n'avoir que du radium A. Du rapport de l'activité projetée à celle qui
l'esté sur le premier disque on peut déduire, par un calcul facile, le nombre cherché.
CHIMIE MINÉRALE. — Réduction des chlorures de bore et d'arsenic par l'hy-
drogène sous l'injluetice de l'ejjluve électrique. Note (' ) de MM. A. Iîesso.n
et L. FoL'RNiER, présentée par M. Troost.
Dans une précédente Communication (^) nous avons montré que le tri-
chlorure de phosphore, PCI', était réduit par l'hydrogène sous l'action de
l'effluve électrique avec formation du bichlorure P^Cl'; nous avons étendu
cette étude à d'autres chlorures.
Chlorure d'arsenic AsCl*. — Quand on entraîne des vapeurs de As CI' par de
l'hydrogène à travers un tube à effluves en activité, on voit apparaître aussitôt sur les
armatures un dépôt brun qui devient miroitant au bout d'un certain laps de temps et
ne tarde pas à revêtir toutes les parois du tube, en formant une couche continue. Le
dépôt, qui, au premier abord, paraît être de l'arsenic, étant isolé, lavé avec CCI* sec,
et desâéclié à 100° dans le vide, se présente sous forme d'un mélange de lamelles mi-
roitantes et (Je poudre noire; soumis à l'analyse, il se montre formé en majeure partie
par de l'arsenic (89,8 à 90,7 pour 100), mais il renferme toujours une notable quan-
tité de chlore (7,8 à 7,9 pour 100), et pas d'hydrogène; ces pourcentages correspon-
draient sensiblement à la formule As" Cl, mais aucun caractère ne permet d'affirmer
qu'on a afl'aiie à un composé défini ou à un mélange d'arsenic et d'un chlorui-e con-
(') Frésentée dans la séance du 21 mars 1910.
(') Comptes rendus, 10 janvier J910.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 878
dense. 11 esl à remarquer cependant que trois préparations successives nous ont donné
des produits de composition à peu près identique. Il nous paraît hors de doute, en
tous cas, que ce corps renferme un chlorure autre que AsCF, car ce dernier esl très
soluble dans CCI* et malgré un épuisememt prolongé au Soxhiet, la teneur en clilore
n'a pas sensiblement varié; la présence d'un peu d'oxj'chlorure d'arsenic ne nous pa-
raît pas probable non plus, car celui-ci est très soluble dans AsCl'^, et l'épuisement
prolongé du produit en vase clos vide d'air par AsCI' n'a pas modifié sensiblement sa
composition. Si l'on chauffe ce corps progressivement dans le vide jusqu'à 4oo''-5oo°,
on voit bientôt distiller quelques gouttes liquides que nous avons pu caractériser
comme étant As Cl', puis il se forme un sublimé d'apparence métallique qui est de
l'arsenic ne renfermant plus que des traces de Cl. 11 semble donc que, sous l'action
de la chaleur, le sous-chlorure d'arsenic présumé se décompose en As -H As Cl'.
Chlorure de bore BCl^. — Les vapeurs de chlorure de bore pur ne semblent pas
réduites par l'hjdrogène sous l'action de Wi'^y.wt proprement dite (dislance des arma-
tures 3™" à 5""™), mais le mélange de ce gaz et de celle vapeur paraît doué d'une grande
conductibilité électrique, de telle sorte que, si la disposition de l'appareil le permet,
il éclate des étincelles fulgurantes de plusieurs centimètres de longueur avec un bruit
strident qui rappelle la grêle frappant un vitrage, en même temps les tubes chaullent
beaucoup, et c'est à cette cause que nous attribuons la rupture fréquente de nos
appareils dans cette expérience. Dans la région sillonnée par les grandes étincelles,
soit, dans nos appareils, entre l'extrémité inférieure du tube central et les parties plus
éloignées du tube concentrique, et là exclusivement, on voit se former un dépôt d'un
corps solide. Dans nos premières expériences, nous n'avions pas pris de précautions
spéciales au point de vue de la pureté des réactifs; le chlorure de bore, préparé par nous,
avait été simplement rectifié, et l'hydrogène, préparé par' du zinc réputé dépourvu
d'arsenic et de l'acide chlorhydrique pur. Le dépôt de couleur jaune brun obtenu
était très altérable à l'air et se décomposait partiellement avec effervescence au con-
tact de l'eau en donnant un gaz combustible qui paraissait renfermer de l'hydrure de
bore (odeur de choux pourris, coloration verte de la flamme). La solution aqueuse
fortement réductrice renfeimait, outre de l'acide borique, une notable quantité
d'acide chlorhydrique, ainsi que du phosphore et un peu d'arsenic. N'ayant pu fixer
exactement la nature du ou des corps ainsi formés, nous avons recherché l'origine des
impuretés et évité leur présence; pour l'arsenic, la cause était facile à trouver dans le
zinc employé, et nous pûmes l'éviter en employant une autre qualité de ce métal et en
vérifiant qu'il ne renfermait pas pratiquement d'arsenic. Quant au phosphore, nous
reconnûmes que c'était notre chlorure de bore qui en renfermait de petites quantités
et nous l'éloignàmes par plusieurs fractionnements au tube Otlo à 5 boules. (Le bore
qui nous a servi avait été préparé par un procédé modificatif de celui de Moissan, par
mag nésium thermie : un mélange intime de 4 parties d'anhydride borique pulvérisée
et de 3 parties de magnésium en poudre est tassé dans un creuset de terre et l'on y
met le feu au moyen d'une cartouche de BaO--l-Mg en poudre et un ruban de
magnésium; la réaction amorcée se produit paisiblement et le produit refroidi est
mis à bouillir avec HCI, jeté sur un filtre et lavé à l'eau bouillante; le phosphore
provenait sans doute du magnésium employé ou de la réduction des phosphates dans
les parois du creuset de terre.)
874 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces conditions, le phénomène présente la même apparence, mais les dépôts
de couleur gris brun sont formés de bore amorphe à peu près pur; sans action sur
l'eau, ils ne renferment plus de chlore, à peine une trace de phosphore et d'arsenic.
On en conclut que BGI^ est réduit par l'hydrogène sous l'action des étincelles élec-
triques, avec mise en liberté de bore; quoiqu'ajant opéré sur i''s de BCP environ,
nous n'avons pas pu reconnaître la formation de sous-chlorure.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les élholides des Conifères. Achles junipérique
et sahinique. Note de M. J. IJougault, présentée par M. A. Haller.
Dans un travail, publié en collaboration avec M. Bourdier ('), nous
avons montré que les acides junipérique et sabinique, obtenus par saponi-
fication de certains élholides (-) retirés des cires de Conifères, sont des
acides-alcools de formule C'H'^O' et C'-H^'O', isomères par conséquent
des acides ovypalmitiques et oxylauriques.
J'ai réussi depuis à fixer leur constitution d'une façon certaine comme je
vais l'exposer dans la présente Note.
Je me suis proposé tout d'abord de rechercher s'ils sont réellement des
acides oxypalmitique et oxylaurique. Pour résoudre cette question, j'ai
transformé les acides junipérique et sabinique en leurs éthers iodliy-
driques C'"H"IO- etC'-H*^IO% par l'action de l'iode et du phosphore;
puis j'ai réduit ces éthers iodhydriques par le zinc en liqueur acétique. J'ai
obtenu ainsi des acides que j'ai pu identifier, respectivement, avec les acides
palmitique et lauiique.
Les acides junipérique et sabinique sont donc bien des acides-alcools
dérivés des acides palmitique et laurique.
Restait à fixer la place de l'oxhydriledans la formule de constitution. Ce
résultat a été atteint en ayant recours à l'oxydation chromique en milieu
acétique. J'ai obtenu, avec l'acide junipérique, un acide bibasique de
formule C"'H"0', fondant à 12/1°, et, avec l'acide sabinique, un acide
bibasique de formule C'-H-^O', fondant à 127°.
On voit que, dans les deux cas, les acides bibasiques ont conservé le
(') Comptes rendus, t. CXLVII, 1908, p. i3ii. — Pour plus de détails, \o\r Journ.
de Pliarm. et de Cliini., 6° série, t. XXIX, p. J6i, et t. XXX, 1909, p. 10.
(^) Je rappelle que nous avons désigné sous le nom A'étholides des principes
immédiats naturels, très répandus chez les Conifères, et qui sont formés par la combi-
naison d'un certain nombre de molécules d'acides-alcools unis par élhérificalion.
SÉANCE DU 4 AVRIL 19IO. 875
même nombre d'atomes de carbone que l'acide-alcool dont ils dérivent; on
en conclut immédiatement que la fonction alcool est primaire dans les deux
oxyacides considérés. Et comme, d'autre part, ils ont une chaîne normale,
fait démontré par leur transformation en acides palmitique et laurique, ils
ont nécessairement la constitution exprimée par les formules suivantes :
Acide junipérique CH-OH — (CH')>*- COM^
Acide sabinique CH=OH — ( CH' )'» - C0= H
Les acides bibasiques, résultant de leur oxydation, sont évidemment
(I) co-H — (cn-)"-co'-ri
et
(II) CO^H -(CtP)'"-CO'-H.
Ces deux acides ont déjà été signalés.
L'acide décaméthy.lène-dicarbonique (II) a été obtenu par Nôrdlin-
ger (') par action du cyanure de potassium sur l'étlier i i-bromoundécy-
lique CH-Br — ( CH^)" — CO-C-H% et saponification du nitrile formé.
Il fond à 126", 6-127° comme l'acide bibasique dérivé de l'acide sabinique.
Les acides des deux origines, ayant été préparés par des procédés qui
conduisent nécessairement à la même formule de constitution, sont évi-
demment identiques.
L'acide tétradécamélhylène-dicarbonique (I), dérivé de l'acide juni-
périque, s'est trouvé également identique à un acide déjà signalé, l'acide
thapsique, C"*H"'0'', retiré par F. Canzoneri delà résine extraite de la
racine du Thapsia Gar^anica\j. (^). Mais ici l'identité ne s'imposait pas,
car la constitution de l'acide tbapsique n'avait jamais été élucidée.
Pour décider des relations entre ces deux acides, j'ai été conduit à pré-
parer de l'acide thapsique avec la résine de Thapsia ('). La comparaison
de cet acide thapsique av.ec l'acide bibasique obtenu de l'acide junipérique
permet d'affirmer leur identité. Par là, se trouve établie la formule de cons-
titution de l'acide thapsique; c'est l'acide tétradécaméthylène-dicar-
bonique (I).
(') Ber. d. d. chein. GeselL, t. XXIII, 1890, p. 235;.
(2) Gaz. chiin. ital., t. XIII, i8S3, p. 5i4.
(') J'adresse ici mes remercîments à M. le professeur Bourquelol qui m'a obli-
geamment offert cette résine.
H76 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Je signale brièvement quelques composés nouveaux, préparés au cours
de ce travail :
Ether iodhydriqtic de l'acide junipérique ou acide i^-iodopabnilique
GII-1.(CH2)'*.C0^H.
^ Cristaux incolores, fondant à 76°. Peu soluble dans ralcool froid, très soluhle à
chaud. Sels alcalins solubles dans l'eau chaude, peu solubles à froid.
Ether iodhydiique de l'acide sabinique ou acide \iiodolaurique
CIPI.(CH-')'».C02H.
— Cristaux incolores, fondant à 63°-64°. Kn général, plus soluble que le composé
précédent.
Elhcr dièthylique de l'acide thapsiquc C^ H'0-C. (CM-)". CO-C'H^. — Cristaux
incolores, fusibles à 89°, très solubles dans l'éllier et l'alcool, assez solubles dans
l'éther de pétrole.
Conclusions. — J'ai fixé les formules de constitution de l'acide junipérique
ou i6-oxypalmitique CH-OH. (CH^)'\ CO^H, de l'acide sabinique ou
iii-oxylaurique CH-OH.(CH-)"'.CO^H et, incidemment, celle de l'acide
thapsiquc CO^H . ( CIP )' ''.CO^H.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques composés organiques sponlanément
oxydables avec phosphorescence. Note de M. Marcel Delëpine, présentée
par M. A. Haller.
Lors de mes recherches sur les éthers ihiosulfocarbamiques et imidodi-
thiocarboniques ('), j'avais eu l'intention d'étudier quelques éthers sulfo-
carbamicpies (R, R^)N. CS.OR,. J'avais même préparé le plus simple
d'entre eux (CH'')^N.CS.OCH% par aclion de la diraéthylamine sur les
éthers thiosulfocarboniqucs CH'S.CS.OCH^ et C-H'^S. CS.OCH'(-). En
manipulant ces trois composés sulfurés, j'avais fait une observation bien
singulière : ils émettaient dans l'obscurité des vapeurs très lumineuses, avec
une odeur ozonée. Mais, circonstance vraiment déplorable, je constatai que
l'iodure de méthyle cjui avait servi à faire l'un des éthers thiosulfocar-
boniques contenait du phosphore blanc, ce qui me fit abandonner mes
investigations.
(') M. Deléhine, Ann. de Chini. et de Phys. ']' série, t. XXIX. igoS, p. go.
(') 0{. Dictionnaire de ïFm/7^, à l'article Thiocarbamiques, 2'^suppl., t. VII, p. 786,
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 877
Avant eu dernièi emenl riiilenlion de compléter les essais suspendus, il y a 7 ans,
et a^ant employé du sulfate de inélliyle au lieu d'iodure, je fus bien surpris de
constater que les éthers lliiosulfocarboniques préparés à nouveau fumaient à l'air et
que les fumées étaient lumineuses dans robscurilé. La présence du phosphore blanc
dans un iodure de mélhyle mal préparé n'avait donc été qu'une coïncidence fâcheuse.
Je rappelle que les élhers thiosulfocarboniques se font régulièrement par les réac-
tions successives
R.0Na + CS2=:NaS.CS.0R et NaS.CS.OR + R'X = XNa + R'S.CS.OR.
Or, pour faire par exemple, CH^S. CS. OCH', j'ai pu prendre comme éther minéral
CH'I, (CH')^SO', CH' NO^; comme sulfure de carbone, du sulfure pur du commerce
digéré ou non sur du mercure, ou ce sulfure traité par un peu de brome, d'iode, ou
régénéré d'un xanthate de potassium cristallisé G^hPO.CS'K; le méthylate a pu être
fait avec du sodium et de l'alcool méthylique de l'oxalate ou de l'alcool pur du com-
merce, ou être remplacé par une solution méthylique de soude ou de potasse. Dans
tous les cas, le composé fumait à l'air et luisait dans l'obscurité. Il en a été de même
pour cet éther fait par action de l'iode sur le méthylxanthate de sodium. D'autres
élhersj comme CH'S .CS. OC'Il", C' H^S. CS.OCfP ont été pré|)arés avec les alcoo-
lates correspondants, du sulfure de carbone régénéré d'un sulfocarbonate de potassium
et les sulfates de méthyle et d'éthyle. Ils luisent aussi. Ces détails écartent toute hypo-
thèse d'introduction de phosphore blanc; toutes mes tentatives pour trouver du
phosphore ont d'ailleurs échoué.
J'ai constaté que les éthers (connus ou inconnus)
/OCH^ /OCMl^ /0CH3 /OrjW /OCni^ /OCH'
luisaient à des degfés divers, dans l'ordre décroissant, en allant du premier
au dernier. La durée suit un ordre inverse pour une même quantité, ce que
l'on conçoit, puisqu'elle est corrélative de l'évaporalion du produit et que
les points d'ébuUition sont respectivement 167°, i84", i84'\ iioi°-2o3°,
200" et 20i-2o3'^; la phosphorescence dure tant qu'il y a de la substance;
réchauffement des derniers composés la rend manifestement plus visible.
De deux isomères, c'est celui qui possède le SR le plus petit qui luit le
mieux; ainsi CH^S.CS.OC'H' luit incomparablement plus fort que
C^ H" S.CS. OCH'. Le premier terme CH' S. CS. OCH% sous l'inlluence
d'une active insufllation, forme aisément des nuages lumineux d'un demi-
mètre de dimension, dans lesquels on distingue nettement le contour des
objets.
Voilà donc une famille de composés organiques, les éthers ihiosul/ocar-
boniques, dont les vapeurs sont spontanément phosphorescentes dans l'air.
878 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ce n'est pas tout; les éthers sulfocarbamiques
/N(CH')^ /N{CIP)^ /N(C»H^)' /^{CHVy-
bouillant respectivement à 193", 206°, 210° et 224°-225'', émettent à l'air, à
la température ordinaire, des vapeurs qui s'opacifient encore plus fortement
que celles des éthers thiosulfocarboniques et qui luisent aussi dans l'obscu-
rité avec une intensité décroissante par rapport à l'ordre précédemment
écrit. Et cela qu'ils aient été préparés par l'une ou l'autre des réactions :
RS.CS.OR,+ (R,R3)NH=RSH + (R,R3)N.CS.OR,,
(RjR3)N.CSCI + NaOR,= ClNa + {R2R3)N.CS.OR,,
[(RjR3)N.CS]^S-i-!\aOR, = (R,R3)N.CS^Na-(-(R,R3)N.CS.OR,,
dont les dernières écartent l'hypothèse qu'un peu déther thiosulfocarbonique
soit resté indécomposé si l'on a opéré suivant la première. D'ailleurs, le
composé (CH^)-N.CS.O('H^, à vapeurs à peu près aussi lumineuses que
celles de CH'S.CS.OC^H', a pu être préparé avec la dimètliylamine et
l'éther C'H'S.CS.OCH' dont la luminosité n'est discernable qu'après un
séjour prolongé dans la chambre noire.
Si l'on compare les formules RS.CS.OR, et (R. R3)N.CS.0R,, on
constate qu'elles n'ont de commun que — CS.OR, ; il était donc logique de
penser que les éthers sulfocarhnniques CS(OR)^ seraient aussi phospho-
rescents. En fait, l'éther CS(OCH')- préparé avec le thiophosgène CSCl-
et le méthylate de sodium a fourni des vapeurs fortement lumineuses;
l'homologue CS(OC^H^)- n'a présenté qu'une phosphorescence douteuse.
Ces phosphorescences ont leur source dans une oxydation. Le nuage blauc,
opaque, formé par les éthers thiosulfocarboniques, nuage qu'il est extra-
ordinairement difficile de condenser, contient de l'acide sulfurique; il ne se
forme pas dans l'hydrogène, le gaz carbonique, mais se manifeste au moment
où ces gaz chargés des vapeurs organiques se répandent dans l'air ; un espace
vide d'air, puis rempli de vapeur d'éther CS(SCH')(OCH^), s'illumine
au moment où l'air rentre, etc. Je me propose d'examiner d'un peu près
quelques circonstances de ces phosphorescences dont une des conditions me
parait être un grand excès d'oxygène.
En résumé, j'ai fait connaître dans cette Note onze cas de phosphorescence
(jiii offrent l'intérêt de se rattacher à la présence dans une molécule organique
d'un groupement atomique constant ^ Cx X_ •
SÉANCE DU 4 AVRIL 19IO. 879
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur la recherche de V hexamèlhylèiic-télraminc dans
les moûts et les vins. Noie de M. E. Voiseset, présentée par M. Armand
Gautier.
Depuis quelque temps on signale l'emploi de rhexaiuéthylènc-létramine
ou urotropine, comme agent désulfitcur des moûts et des vins. Cet usage
est illicite d'abord, parce que ce composé, considéré isolément, devient
ainsi une source d'aldéhyde formique; l'acidité relativement faible du moût
ou du vin suffisant à provoquer le dédoublement de l'hexaméthylène-
tétramine en ses constituants, formaldéhyde et ammoniaque. D'autre part,
l'ingestion d'urotropinc, à doses même faibles, mais renouvelées, peut
occasionner des accidents. Enfin, l'aldéhyde formique, au fur et à mesure
de sa formation, se combine rapidement à l'acide sulfureux des vins sulfites,
en donnant une combinaison suffisamment stable pour masquer au dosage
une grande partie de cet antiseptique, quelle que soit la méthode employée.
Ce sont en général les vins blancs, contenant une notable quantité de
matières sucrées, qui, après avoir été mutés au soufre d'une façon souvent
inconsidérée, sont ainsi désulfités et ramenés en apparence à la dose légale
d'acide sulfureux, soit 35o"'s de SO" total par litre. F^e fait se présente plus
rarement pour les vins rouges, en raison de la dépréciation que subit leur
couleur par la pratique du mutage sulfitique. Cette désulfitation s'opère
aussi sur les moûts, lesquels peuvent alors entrer en fermentation sans le
concours de la chaleur qui donne toujours un goût spécial aux vins mi-
fermentés obtenus.
Les méthodes de recherche de l'hexamélhylène-tétramine sont fondées
sur la régénération de la formaldéhyde constituante, suivie de sa recon-
naissance. Indépendamment des procédés officiels, d'autres moyens ont été
préconisés, en particulier ceux basés sur l'emploi du bisulfite de rosaniline
(réactif des aldéhydes), par essai direct sur le vin fortement acidifié, ou
par essai après distillation du liquide acidulé par l'acide sulfurique; si le
vin a été additionné d'urotropine, le réactif se colore en violet.
Ces deux essais sont fondés sur une réaction qui n'est pas spécifique pour
la formaldéhyde : le bisulfite de rosaniline est en effet un réactif de classe, et
toutes les aldéhydes colorent ses solutions acides en violet. Or, des aldéhydes
diverses existent dans tous les vins, notamment de l'aldéhyde acétique,
surtout dans les vins vieux, où l'on peut rencontrer plusieurs centaines de
C. R., 1910, I" 5emes</e. (T. 150, N° 14.) / I'7
88o ACADÉMIE DES SCIENCES.
milligrammes d'éthanal par litre, ainsi qu'il résulte des récentes recherches
de M. Trillat : en particulier les vins blancs du Sauternois rentrent dans
cette catégorie. Il s'ensuit qu'on s'exposerait, à l'aide de la coloration
violette du réactif à la rosaline, à conclure à la présence du formol ou de
l'urotropine.
Pour rechercher et reconnaître sûrement rhexamélhylène-létraraine dans
les moûts ou les vins, il n'est qu'une méthode pratique fondée sur la facile
décomposition de cette substance par les acides, même diluées, avec régé-
nération de la formaldéhyde que l'on sépare par distillation et caractérise
ensuite colorimétriquement. Mais, pour appli(]uer cette méthode dans les
circonstances actuelles, il est nécessaire de tenir compte de plusieurs condi-
tions. En effet :
1° La plupart des réactions colorées employées pour caractériser l'aldéhyde formique
sont basées sur sa facile condensation avec d'autres substances, suivie de l'oxydation
du produit formé, ce qui fournit une matière colorante plus ou moins sensible à
l'action des réducteurs, en particulier de l'acide sulfureux qui, dans le cas d'un vin
muté au soufre, accompagne toujours la formaldéhyde.
■2° De l'aldéhyde formique prend naissance dans l'action des acides, même très
dilués, sur les solutions sucrées chaudes, et la quantité est fonction de la température
et de la richesse de la solution en acide et en substance sucrée.
Pour ces raisons, il faut pouvoir caractériser la formaldéhyde dans les
premiers fractionnements en employant une réaction colorée qui ne soit pas
trop influencée par l'acide sulfureux, et ne pas aciduler le vin à l'excès,
pour éviter la formation de formaldéhyde étrangère, surtout dans le cas de
vins sucrés. Enfin celte réaction colorée devra être spécifique.
Une telle réaction, dont j'ai fait antérieurement l'étude ('), consiste dans
l'obtention d'une matière colorante violette, lorsqu'on traite une substance
albuminoïde par l'acide chlorhydrique légèrement nitreux en présence de
traces d'aldéhyde formique, réaction dont la sensibilité atteint TTnrsVôïïu" Dans
les mêmes circonstances, les autres aldéhydes grasses donnent des réactions
incolores ou de colorations distinctes.
Pour appliquer cette réaction on se procure les réactifs suivants :
Réactif chlorhydrique nitreux. — On l'obtient en ajoutant à 200"" d'acide
chlorhydrique pur et concentré (</= 1,18), 77 de centimètre cube d'une
solution d'azotite de potasse pur à S^jG pour loo.
(^ ' ) Hidl. Soc. cltiin.. 1. XXMll, 1903. p. itçiS.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 88i
Réactif albumineiix. — On doit le préparer en prenant un hlanc d'œuf
qu'on bat avec S'"'' à 7""' d'eau distillée ; on filtre sur une toile en expri-
mant; on obtient ainsi une solution d'albumine à 10 pour 100 environ.
Mode opératoire. — On acidulé ■35''"'" de vin avec 2 gouttes d'acide sulfurique et l'on
introduit le liquide dans un ballon de 00"^°'' muni d'un tube de condensation entouré
d'un réfrigérant sur une longueur de aC"" ; la distillation doit être lente : on reçoit le
liquide distillé dans une éprouvelte graduée de 5o"'"'°. les cinq premiers centimètres
cubes sont rejetés et l'on recueille seulement les 5*^™° qui suivent, bien que de la
formaldéhyde continue à se dégager dans la suite de la distillation. Sur ce fraction-
nement, on fait l'essai suivant : dans l'éprouvette qui le contient, on ajoute i"""' de
réactif albumineux, puis trois volumes, c'est-à-dire 18'''"' d'acide chlorhydrique ni-
Ireux.-, on agite et l'on verse dans un tube à essai que l'on place dans un bain-marie
à 5o° ; si l'aldéhyde formique est présente, on obtient une coloration violette attei-
gnant son maximum d'intensité en lO minutes. Un vin contenant par litre l'^s d'uro-
tropine et 5oo™8 de SO^ total fournil ainsi une coloration violette intense.
Par cette méthode on peut reconnaître l'urotropine dans un vin à la dose de i™*'
par litre, même en présence de ^oo™? de SO- total, c'est-à-dire du double de la dose
légale; on obtient ainsi une coloration violette bien nette. Cette sensibilité se trouve
encore augmentée et portée à -nnrôViJTcr' ^^ ^I"' correspond à — de milligramme d'uro-
tropine par litre, pour un vin contenant la dose légale de 35o'"k de SO^ total.
Ces limites ont été établies avec des vins blancs ou rouges, soumis pendant plusieurs
mois à l'action combinée de l'acide sulfureux et de l'urotropine : en pratique, ces doses
infinitésimales ne se présenteront jamais, Us quantités de cet anti-soufre ajoutées à
un moût ou à un vin élant proportionnées à celles de l'acide sulfureux qu'elles doivent
dissimuler.
Un vin fortement sucré, à ioob ou même i5oS de sucre par litre, soumis à la distil-
lation en présence de l'acide sulfurique dans les conditions précédentes, ne donne de
formaldéhyde décelable par le réactif albumine-acide chlorhydrique nitreux, que dans
les fractionnements qui suivent les dix premiers centimètres cubes.
En résumé, cette méthode de recherche de l'urotropine présente les qua-
lités suivantes : spécificité, simplicité, et sensibilité. J'ajoute qu'elle peut se
prêter à un dosage colorimétrique au moins approximatif, à condition d'aci-
duler suffisamment le vin pour dégager toute l'aldéhyde combinée et d'uti-
liser pour la préparation de l'échelle, iwi vin à teneurs sulfilique et sucrée
équivalentes à celles du vin incriminé; ce dosage sera avantageusement
contrôlé par celui de Tiimmoniaque existant dans le liquide non distillé.
La foiMïiation d'aldéhyde formique dans l'action des acides sur les solu-
tions de sucres est un fait que je me propose de préciser ultérieurement :
enfin, si l'on envisage la genèse aussi fréquente que variée de cette aldéhyde,
en particulier son existence parmi les produits d'oxydation de l'alcool
882 ACADÉMIE DES SCIENCES.
élhylique, cette question de Turotropine dans les vins présente à l'esprit un
autre problème intéressant, à savoir si des traces de méthanal ne prendraient
pas naissance à côté de l'éthanal, dans les vins et les eaux-de-vie, en parti-
culier pendant leur vieillissement,
CRYPTOGAMIE. — Matériaux pour une classification rationnelle des Fungi
imperfecti. Note de M. P. Yuillemi.v, présentée par M. Guignard.
Dans les systèmes usuels, dont le caractère empirique saute aux yeux, les
Fungi imperfecti ou Deutéromycètes sont répartis en trois classes : Sphcero-
psidales, Melanconiales et Hypliales. Cette dernière est subdivisée, d'après
des apparences superficielles, en Mucédinées, Dématiées, Stilbellacées et
Tuberculariacées. Les deux premiers ordres réunissent toutes les espèces
dont les spores sont portées sur des fdaments disséminés, hyalins (Mucédi-
nées) ou fuligineux (Dématiées). Les Stilbellacées sont caractérisées par des
sporophores réunis en bouquet (coremium), les Tuberculariacées par des
sporophores groupés en coussinet (sporodoc/numy Ces caractères, quoique
très apparents, indiquent mal les affinités, car une même espèce peut, selon
les circonstances extérieures, répondre successivement à la définition des
Mucédinées (ou Dématiées), des Stilbellacées et des Tuberculariacées. Il
faut chercher des caractères plus fixes* auxquels les précédents seront subor-
donnés.
La conidie est l'élément le plus stable qui puisse, à défaut d'asque ou de
baside, servir de base à la classification des Champignons à thalle primitive-
ment cloisonné (^Hyphomyceta' sensu latiori).
La conidie, opposée au thalle (mycélium) dès son apparition, ne sera
confondue ni avec les tliallospores, éléments sporiformes qui ont d'abord
fait partie du thalle et se sont adaptés secondairement à la fonction repro-
ductrice {arlhrospores ou fragments de mycélium, blastospores ou globules
bourgeonnants, cidamydospores), ni avec les hémispores qui, primitivement
distinctes du thalle (protoconidies), continuent à végéter pour se fractionner
en deutéroconidies (Hemispora, Heliconiyces ^ Helicosporium, etc.). Les
conidies vraies caractérisent la classe des Conidiosporés, mieux définie que
les Hémisporés et les Thallosporés avec lesquels elle est généralement con-
fondue.
Les complications de l'appareil conidien permettent d'établir une grada-
tion parmi les Conidiosporés.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 883
Le rameau qui sert de support immédiat aux conidies a souvent la forme
d'un flacon avec un ventre et un col, rappelant une baside monosporée et son
stérigmate. Le nom de baside devant être réservé à l'organe caractéristique des Basi-
diomycètes, le rameau conidiophore en flacon prendra celui de phialide (cptocXT],
pliiala, flacon ). Abstraction faite des cas où elle se complique ou se réduit secondai-
rement, la phialide typique forme les conidies exclusivement au sommet du col.
Tantôt elle s'épuise en donnant une seule conidie, tantôt elle en produit plusieurs suc-
cessivement et en direction basipète. Celles-ci peuvent s'isoler au fur et à mesure de
leur formation, rester agglutinées ou former des chaînettes ou chapelets plus ou moins
longtemps cohérents. L'existence d'une phialide fournit le caractère taxinomique le
plus fixe après l'existence des conidies; elle caractérise parmi les Conidiosporés la divi-
sion des Phialidés.
Les rameaux qui portent les phialidés (phialophores) présentent, de leur
côté, des aspects particuliers diversement fixés.
S'il ne faut pas s'exagérer l'importance des renflements en tête des Aspergillus, des
vésicules interposées entre la tête et les phialidés chez les Slerigtnalocystis^ non plus
que des autres modifications liées directement à l'accumulation de nombreux rameaux
sur un espace restreint, il convient de tenir compte des branches spécialisées telles
que les palettes qui portent ces phialidés dans le genre Coemansia van Tieghem. Ces
phialophores comprennent une portion de forme particulière, qui, préparant la pro-
duction des phialidés, prendra le nom de prophialide. Cet organe est cloisonné chez
les Coémansiées; nous en connaissons une forme simple, néanmoins bien difléreuciée,
dans un nouveau genre que nous nommerons UropJnala et que nous prendrons pour
type des Prophialidés.
La prophialide des Urophiala nait, comme celle des Coemansia., de l'avant-dernière
cellule du rameau phialophore et porte les phialidés sur fa face concave ; elle en difleie
parce qu'elle reste indivise et se cutinise fortement. Dans V Uropltiala mycopinla nov.
sp., sa prophialide, d'un brun sonibie, ressemble à une palette brusquement coudée
vers le tiers supérieur et portant, sur le promontoire qui surplombe la concavité,
trois phialidés juxtaposées, hyalines, en forme d'estomac, terminées chacune par une
conidie ovale, lisse, incolore, unicellulaire, de 51^,5-7!^ X ^^-riV-. La prophialide, qui
mesure en moyenne i i!'' X 7!'' X 4'*. est surmontée d'un appendice terminal cvlindrique
et portée par un pédicelle 0-2 septé.
Dans un spécimen où la prophialide était avortée, l'appendice s'était allongé en un
phialophore normal. Dans de rares exemplaires, l'appendice terminal fait défaut; l'un
d'eux, en même temps dépourvu de phialide médiane, rappelait VUrobasidiuin rostra-
/«/« Giesenliagen. Ce dernier genre est déplacé parmi les Basidiomycèles; l'organe
décrit comme baside ressemble à la prophialide d' Urophiala; celui qu'on a comparé
aux slérigmates est peut-être une phialide contractée.
L'ordte des Prophialidés se range en tête des Conidiosporés avec les
genres Urophiala, dont le genre Urobasidium est probablement voisin, les
genres Coemansia van Tieg., Coronella Crouan. Dans ce dernier, les phia-
884 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lides avortent ou fonctionnent directement comme conidies en raison du pro-
grès et de l'association des prophialides.
L'ordre des Phialidés qui le précède est très vaste. Il rassemblera une
foule d'espèces disséminées jusqu'ici dans les classes, les familles les plus
diverses et même dans des genres hétérogènes. Le Sporotrichum roseiwi Link,
le Botrylis Bassiaim Bals., les genres Verlicillium, Acremonium, Pénicillium,
Aspergillus, etc., en font partie. Il sera subdivisé d'après le groupement des
spores, leur structure; on fera intervenir en dernier lieu les caractères em-
piriques jusqu'ici employés exclusivement ou placés au premier plan.
Viennent ensuite les Sporophorés moins déterminés et, au rang inférieur
des Conidiosporés, les Sporotrichésoù les conidies sont portées directement
par les filaments végétatifs.
CHIMIE AGRICOLE. — Un effet du drainage. Note de M. Biëi.er-Ghatelan,
présentée par M. A. Chauveau.
Les expériences faites par la Station agronomique de Lausanne (Suisse)
pour déterminer l'action des engrais potassiques sur prairies naturelles ont
révélé un fait intéressant qu'il vaut la peine de rapporter.
A Macheiry et à Golovrex près Genève, deux prairies voisines, quoique
situées sur des sols presque identiques de marne glaciaire (nommée diot
dans la région) ont été assez diftéremment influencées par l'engrais potas-
sique. Les excédents de récolte dus à la potasse étaient en moyenne (four-
rage sec à l'hectare) :
A Macheiry, de 17 pour 100
A Golovrex, de 6 pour 100
D'après ces chiffres, on serait tenté de croire que la terre de Macheiry, où
les excédents sont trois fois plus forts qu'à Golovrex, est la plus pauvre en
potasse. Or l'analyse chimique montre justement le contraire. Elle décèle :
Potasse
sol
ubie
dans l'acide
dans l'eau
chlorhydrique
rarboniqiie
concenlré froid,
par déplacement,
pour 100.
pour 100.
A Maclieiry
i>9
0, 108
A Golovrex
1,6
0,090
La terre de Macheiry se montre donc mieux pourvue de potasse que celle
SÉANCE DU 4 AVRIL ipio. 885
de Colovrex et pourtant c'est elle qui a le plus bénéficié de l'engrais potas-
sique. \ oilà une contradiction bien éniginatique dont l'analyse chimique
ne nous donne pas la clef, mais que des observations faites sur le terrain
permettent d'expliquer.
On remarque en effel que la prairie de Maclieiry occupe une sorte de cuvette, au bas
d'une pente où l'eau s'accumule et s'écoule difficilement, faute de drainage. 11 en résulte
que cette terre, déjà fort compacte de sa nature (plus qu'à Colovrex), souffre de l'excès
d'humidité et du manque d'aération. La nitrificalion paresseuse, la circulation pénible
de l'air et de l'eau font que les principes nutritifs solubles, notamment la potasse,
s'assimilent lentement et mal. On conçoit dès lors qu'il faille en quelque sorte suppléer
à cette nutrition défectueuse en donnant au\ plantes une nouirilure artificielle sous
forme d'engrais potassique.
A Colovrex, au contraire, la situation est plus favorable. La prairie est à ilanc de
coteau, au bord d'un ravin où l'eau trouve un écoulement facilité par le drainage. De
plus elle succède à une vigne dont le sol était fréquemment ameubli. Il en résulte que
la terre est moins compacte, plus perméable et plus saine qu'à Macheiry; elle est aussi
plus productive. L'air et l'eau y circulent facilement, favorisant l'assimilation de la
potasse soluble par les racines. Les plantes profitent ainsi mieux de ce que le sol lui-
même contient, en sorte que le besoin dnn engrais potassique s'y fait bien moins sentir
qu'à Maclieiry.
En résumé, il semble bien qu'il y ait là un elTel manifeste du drainage.
Celui-ci, en créant dans le sol une circulation d'air et d'eau, active et
renouvelle l'assimilation des principes solubles, sans compter que les racines
s'enfoncent davantage et peuvent ainsi utiliser un plus grand cube de
terre.
Cet exemple est non seulement intéressant en soi, mais encore il montre
que l'analyse chimique à elle seule ne saurait résoudre, dans tous les cas, le
problème de la fertilité du sol. L'analyse donne, il est vrai, des indications
fort utiles, mais elle n'est pas un critère infaillible et demande à être
contrôlée par l'expérience en plein champ. Pour l'interpréter sainement, il"
faut l'étayer sur l'examen des conditions topo graphiques e\. physiques du sol
en place : orientation, pente, profondeur du terrain, approvisionnement et
écoulement de l'eau, texture, surface d'attaque, perméabilité de la terre, etc.
Il est bien évident par exemple qu'à dose égale de principes assimilables,
une terre profonde, où les racines peuvent s'étendre à leur aise, sera plus
productive qu'un sol superficiel, ou bien qu'une terre perméable se montrera
plus fertile qu'une terre trop compacte, etc.
On remarquera que, dans ces deux terres de Colovrex cl de Maclieiry, la
dose de potasse soluble dans l'eau carbonique est notablcmeut inférieure au
886 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chinVe o, I :") à 0,30 pour 100, indiqué dans une Note précédente (^Comptes
rendus du il\ mars) comme limite en dessous de laquelle les engrais potas-
siques peuvent être efficaces. A Macheiry, ils ont produit de Teffet, mais à
Colovrex presque point. C'est un cas exceptionnel, qui s'explique à la fois
par le drainage et par le fait que cette teire, fortement calcaire (20
pour 100), livre relativement peu de potasse à l'eau carbonique.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Action des rayons ultraviolets sur les trypa-
nosomes. Note de MM. H. Bokdier et R. Horand, présentée par
M. Armand Gautier.
Dans une première Note ( ' ) nous avons fait connaître l'action rapidement
destructive des rayons ultraviolets sur le trypanosome Lewisi; nous disions
que la préparation, rapportée sur la platine de l'ultramicroscope après
l'action des rayons, ne permettait pas de retrouver les cadavres de ces
protozoaires. Nous nous sommes attachés, depuis, à résoudre le problème
suivant : Que deviennent les trypanosomes pendant et après l'irradiation?
Sa solution a été possible grâce à l'idée que nous avons eue de faire agir
les rayons ultraviolets sur la préparation placée sur la platine même de
l'ultramicroscope; ce dispositif nous a permis d'observer les trypanosomes
pendant l'action des rayons et d'assister à leur agonie, puis à leur mort.
Nous avons obtenu ce résultat en prenant, pour étaler la gouttelette de
sang, une lame de quartz perpendiculaire à l'axe, et de o"'",5 d'épaisseur
seulement; noire source de rayons ultraviolets, la lampe de Kromayer,
était placée en avant du miroir du microscope, à une distance telle que
le faisceau, d'abord horizontal, avait à parcourir 10*'" avant de venir
traverser la préparation; celle-ci était sûrement ainsi soustraite à l'action
de la zone calorifique de la lampe, qui ne s'étend qu'à 3"" ou 4'^'°. L'ab-
sorption des rayons ultraviolets par la substance formant le condensateur
de l'ultramicroscope et la modification ainsi apportée dans la qualité des
rayons ont été compensées par la durée de l'irradiation.
Nous avons eu soin de nous protéger les yeux avec des lunettes de verre
opaque pour les rayons, et la figure avec une grande feuille de papier noir,
laissant passer le tube du microscope; nos mains étaient recouvertes par
des gants absorbants.
(') Comptes rendus, séance du 7 mars 1910.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 887
Les choses étant ainsi disposées, nous avons reconnu que les trypanosomes éclairés
par les rayons de la lampe à vapeur de mercure sont très visibles, plus visibles même
qu'avec la lampe à arc; ils apparaissent avec une couleur or vert, les globules rouges
deviennent très rapidement crénelés et mûriformes, leur couleur est vert émeraude :
nous avons déjà mentionné la transformation de l'oxyliémoglobine en mélhémoglobine
et en hémoglobine réduite par l'action des rayons ultraviolets (').
Avec cet éclairage ultraviolet, le contour des trypanosomes est très net; le proloplasma
renferme, à peu près en son milieu, un noyau assez gros; autour de celui-ci dansent de
fines granulations colloïdales qui forment le bioblasle; vers l'extrémité antérieure, on
observe la volumineuse vacuole ou vésicule contractile. En arrière, se trouve la petite
masse chromatique, le centrosome, d'où part le long flagelle ; ce centrosome est le siège
d'une vive luminescence; enfin, la membrane ondulante se dessine 1res bien sur le fond
franchement noir.
Au bout de quelque temps, les mouvements des trypanosomes, d'abord très rapides,
deviennent plus lents; ils se fouissent sous les globules rouges altérés; ils prennent
des mouvements de contorsion et se laissent entraîner par les courants liquides. Ces
Flagellés ne tardent pas à devenir granuleux et le nombre de granulations augmente
avec la durée d'action des rayons, on assiste à la formation d'un grand nombre de ces
grains réfringents pendant que les trypanosomes deviennent de plus en plus immobiles.
Leur protoplasma s'est alors décoloré, l'indice de réfraction de ce qui reste du proto-
zoaire est devenu le même que celui du sérum ambiant et l'on ne peut plus distinguer
les cadavres du reste de la préparation. Le centrosome est difficilement perceptible.
Des préparations, fixées et colorées au Leishmann, nous ont permis de préciser ces
observations et de retrouver les formes de dégénérescence des trypanosomes.
Nos expériences montrent donc que, sous Tinlluence des rayons ultra-
violets, les trypanosomes deviennent rapidement très granuleux, et leurs
cadavres ratatinés, étant transparents et de même indice que le milieu
ambiant, sont impossibles à retrouver quand on tait agir à part les rayons
et qu'on rapporte ensuite la préparation sous l'ultramicroscope éclairé
avec une lampe à arc.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Toxicité de l' arsenic métalloïdique. Notede M. Lecoq,
présentée par M. A. Haller.
L'arsenic métalloïdique pur, non oxydé, administré à dose massive, par
la voie stomacale, est peu toxique.
La préparation d'une solution colloïdale d'arsenic métalloïdique a permis
(') Arch. d'Electr. médicale, 1908, p. 3i6 et 323.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. lôO, N» 14.) I 18
888 ACADEMIE DES SCIENCES.
d'évaluer la toxicité de ce métalloïde administré par voie sous-cutanée ou
intraveineuse et de poursuivre la comparaison avec la toxicité de ses com-
posés oxygénés solubles.
La solution utilisée contenait, par centimètre cube, 0*^,00078 d'arsenic
/jj/r, complètement exempt d'acide arsénienx. La toxicité a été évaluée suivant
la méthode de Bouchard et nous appelons dose toxique la dose de poison,
administrée en une seule fois, nécessaire pour tuer i'*« d'animal en moins
de 24 heures.
Les expériences ont porté sur le cobaye et le lapin.
Par voie sous-cutanée, la dose toxique pour le cobaye a été de oS,oi45.
Par voie intraveineuse, chez le lapin (injection lente dans la veine
marginale), la dose toxique a été de 0^,0086.
Lorsque la dose injectée est insuffisante pour provoquer la mort, on observe, chez
les animaux, de l'abattement, de la somnolence, un amaigrissement rapide, puis le
retour à l'état normal. On n'observe aucun des phénomènes de dj'spnée et de convul-
sions qui apparaissent rapidement avec les composés oxygénés. Ces symptômes appa-
raissent seulement quelques instants avant la mort, lorsque l'arsenic métalloïdique a été
administré au lapin par voie intraveineuse à dose mortelle.
Si l'on compare les chiffres obtenus dans ces expériences aux doses
toxiques d'acide arsénieux trouvées, dans les mêmes conditions et pour les
mêmes animaux, par Brouardel { L'arsénicisme, p. i5), on voit que la
toxicité de l'arsenic métalloïdique, administré par la voie sous-cutanée ou
endoveineuse, est très inférieure à celle de l'acide arsénieux.
ZOOLOGIE. — Sur un Oiseau de la famille des Coureurs, particulier aux
hauts sommets des Andes péruviennes. Note de ÎNL I>1.-ëmm. Pozzi-Escot.
(Extrait par M. Edmond Perrier.)
Dans la dernière excursion que j'ai eu l'occasion de faire pendant les mois
de janvier et février dans la région de la Sierra péruvienne, mon attention
a été particulièrement attirée, au milieu de la merveilleuse faune ornitho-
logique de cette région, par un Coureur particulièrement intéressant, qui
est probablement un Vanneau armé {Balanoplerus chilensis).
Ce n'est qu'à partir de 38oo°' d'altitude qu'on rencontre cet Oiseau,
dont le cri est très fort et ressemble à celui de la Crécelle ; il semble avoir
SÉANCE DU /( AVRIL IQIO. 889
son lieu de prédilection au voisinage des neiges éternelles et dans les grandes
punas de la Cordillère à 4ooo™-/j5oo'" d'altitude; on a l'occasion d'en
rencontrer plusieurs couples par jour; il vit seul ou par couple seulement
et se plaît à s'élever très fréquemment dans l'air en criant très fort.
Dans mes précédents voyages à la Cordillère je n'avais jamais rencontré
cet Oiseau, et il est probable que la rencontre que j'en ai faite cette fois est
due à ce que mon voyage a coïncidé avec la période hivernale et des grandes
pluies qui l'ont obligé à descendre des hauteurs peu accesssibles, où il
m'avait jusqu'à présent échappé, car, je le répèle, jamais je ne l'ai ren-
contré à moins de 38oo" d'altitude.
BACTÉRIOLOGIE. — Reproduction expérimentale du bouton d'Orient chez le
chien. Origine canine possible de celte infection. Note de MM. Charles
i\icoLLE et L. Manceaux, présentée par M. E. Roux.
Il est généralement admis que le bouton d'Orient est transmis à l'homme
par la piqûre d'un insecte. Le siège presque exclusif des lésions sur les
régions découvertes, la constatation faite par plusieurs malades de l'animaJ
piqueur au moment de l'inoculation, laissent peu de doutes à ce sujet.
Il semble cependant que les deux facteurs homme et insecte ne soient
pas suffisants pour expliquer l'éliologic de la maladie. Celle-ci, dans
l'Afrique Mineure, se montre toujours à la même époque de l'année et ne
paraît guère se contracter en dehors de septembre et octobre. Ces deux
mois sont, sans doute, ceux auxquels vit l'insecte inconnu qui transmet le
mal.
Quoique la durée du bouton d'Orient puisse atteindre (3 mois et plus, il
est difficile d'admettre que l'homme constitue l'unique réservoir du virus.
Les quelques lésions qui subsistent d'une année à l'autre ne sont plus, en
été, que des plaies banales où l'agent spécifique ne peut être rencontré, et
il n'est point vraisemblable que l'insecte piqueur vienne précisément s'y
infecter. D'autre part, s'il y a passage de la Leishmania dans le sang, ce
passage ne peut avoir lieu que dans la période de début.
Il faut donc admettre, pour expliquer le retour saisonnier de la maladie,
ou bien que chez l'insecte la transmission est héréditaire ou bien, ce qui
serait plus simple, qu'un animal à côté de l'homme joue le rôle de réservoir
890 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de virus. C'est vers la découverte de cet agent hypothétique que depuis
deux ans nous avons dirigé nos recherches.
La distribution géographique du bouton d'Orient, sous une même lati-
tude (probablement en rapport avec l'habitat de l'insecte piqueur ou les
conditions d'évolution chez lui de la leishmania)^ mais dans des pays très
différents: Afrique du Nord, Asie centrale, Sud Amérique, montre qu'il ne
peut s'agir dans notre hypothèse que d'un commensal de l'homme dont la
présence serait constante dans toutes ces régions. Nos recherches ont donc
visé principalement le chien, les équidés, le rat, la chauve-souris. Dans le
but de les poursuivre sur place, nous avons établi un laboratoire à Gafsa,
centre historique du bouton d'Orient en Tunisie. Le hasard a fait que durant
les deux années (1908 et 1909) que le laboratoire a fonctionné il ne s'est
produit chez l'homme aucun cas de bouton d'Orient ; le résultat entièrement
négatif de notre enquête sur le réservoir du virus n'eut donc point de quoi
nous surprendre.
Le seul foyer actuel du bouton d'Orient dans la Régence est la ville
minière de Metlaoui (45'"° à l'ouest de Gafsa). Avant de commencer une
enquête nouvelle dans ce centre, nous avons eu l'idée de chercher l'animal
réservoir par une autre méthode, l'inoculation du virus humain. Grâce à la
complaisance de M. Bursaux, directeur de l'exploitation des phosphates et
de notre très distingué confrère le D"" Coignerai, médecin de la Compagnie,
il nous a été possible de faire venir à Tunis trois malades atteints de bouton
d'Orient. Le matériel de nos expériences a été prélevé sur eux.
De tous les animaux inoculés : chiens, chats, ânes, cheval, moutons,
chèvres, rats, singes, seuls les singes et les chiens ont réagi. Chez le chien,
l'aspect clinique est celui du bouton de l'homme et l'examen microscopique
donne les mêmes résultats que chez celui-ci. Les observations suivantes que
nous résumons brièvement le prouvent :
Chien B. — Inoculé le 1'"' février au front el sur le nez, dans la peau. Rien jusqu'au
10 mars. A celte date ( incubation : 87 jours), induration légère et profonde aux deux
points inoculés. Même état le 16. Le 21 , les lésions ont progressé surtout le bouton du
nez qui fait une saillie nette à l'œil, rouge, dure, non douloureuse, de iS™"" environ
sur 7'"™; la peau est intéressée; ni suintement, ui desquamation.
Chien C. — Inoculé le 1"' février au nez et à la paupière supérieure droite, dans la
peau. Incubation ^'^ jours. Le 10 mars, induration nette des deux points inoculés.
Le 16, les lésions se sont accrues; le boulon de la paupière est saillant, de la dimension
d'une lentille, il est rouge, dur, non douloureux. On l'excise; sur les frollis présence
de Leishniania typiques exlracellulaires. Le 21, même état du boulon du nez.
SÉANCE DU 4 AVRIL 1910. 891
Chien D. — Inoculé le 7 février sur le nez, dans la peau. Début du bouton vers le
i5 mars (incubation : 36 Jours). Le 22, le bouton présente le volume d'un gros grain
de blé; il est saillant, dur, rouge_ non douloureux. On l'excise; sur les frottis présence
de Leis/iniania, très nombreuses extra et intracellulaires; aspect identique à la prépa-
ration du bouton humain le plus riche en parasites. Ce bouton a été utilisé pour de
nombreuses inoculations.
Chie.\ E. — Inoculé le 7 février à la paupière supérieure, dans la peau. Début vers
le i5 mars {incubation: 36 Jours). Le 21, bouton typique, du volume d'un petit pois,
rouge, saillant, dur, non douloureux, non ulcéré, non squameux.
Le chien est donc, au même titre que l'homme et le singe, sensible à
l'inoculation du virus. Cette réceptivité rend très plausible l'hypothèse de
l'origine canine du bouton d'Orient. Pour la démontrer, il sera nécessaire
de retrouver la maladie spontanée chez le chien dans les pays à bouton.
Plusieurs observations semblent y prouver son existence ; mais il faut
avouer qu'elles ne sont point très concluantes. Le contrôle microscopique
manque (Depéret et Boinet) ou a donné un résultat négatif (James). Un
chien du Caucasse étudié par Dschunkowsky et Luhs et atteint de leishma-
niose naturelle (Kala Azar sans doute) présentait des ulcérations dans
lesquelles la présence de Leù/irnania tropica ne semble point avoir été re-
cherchée. Ajoutons d'autre part que jusqu'à présent les tentatives d'inocu-
lation du virus humain au chien avaient échoué (Depéret et Boinet).
HYDROLOGIE. — De la recherche des substances Jluorescentes dans quelques
eaux minérales . Note de M. F. Die.vert, présentée par M. E. Roux.
Dans nos précédentes Notes ('), nous avons signalé la présence de
substances fluorescentes, d'origine organique, dans les eaux superficielles
et souterraines. Nous nous proposons, dans cette Note, d'indiquer les résul-
tats des recherches de ces substances dans quelques eaux minérales des
régions de Vichy, Clermont-Ferrand, des monts Dore et de Spa (^).
(') Comptes rendus, 25 mai 1908 et 21 février 1910.
(^) Ces eaux ont été prélevées par nous-mêmes aux griffons de la source, toutes les
fois que ce fut possible, ou à la vasque de l'établissement thermal quand le griffon était
inaccessible; grâce à l'iiuiiihililé du IJ' l'orkin, nous |iùmes également étudier les taux
des sources de Spa.
892 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les résultais obtenus sont consignés dans le Tableau ci-dessous ( ') :
Résidu fixe Quantité
Sources. Tenipéraluic. en grammes. de lluorescéine (').
Vichy :
Grande Grille 43° 5, 02 5,9x10'
Hôpital 34° 5,18 i2,4xio-*
Mesdames i5° » 8,8xio"*
Célestins Froide 4i77 5i,9Xio~*
Lucas '.«8" 5,02 10,6x10-*
Saint-Yorré :
Jacquin 15" » 7,0x10-'
Larbaud i5° » i3,oxio~'
Mont-Dore :
Margueritte Froide ] 1 4,7x10-*
Madeleine J_ „„ f 2^ à 3? 1 10,6x10-'
^. [ Entre 38'^ > ■• < / .
Gesar \ . ^ i par litre J 4,7X10-*
Ramond \ '^^ ^''' 1 f 8,8x10-*
Saint-Nectaire :
Papin 45" à 55" Peu minéralisée 17,7x10"'
Morange 10" à 12° Id. 17,7x10-*
Parc 18" Minéralisation moyenne 12,7x10-'
Coquille 18" à 24" Forte minéralisation 12,7x10-'
Gros-Bouillon 07" à 41" Id. 6,3xio"'
Royal :
César 28" 2,857 29, 5 X îQ— '
Sainl-Mart 3i° 4,47^ 23,6xio-'*
Saint-Victor.... ',0" 4,782 i3,6xio"'
Villeda i4",5 0,274 00,7x10^'
Sainte-Eugénie 35", 5 5,623 19,4x10 '
Clermonl-Ferrand :
Gassion » » 354, ox lo"'
Bourboule :
Choussy 56° 4,938 17,1x10"'
Croizat » » 8,2x10-'
Spa :
Position de Wellington. . » » 1,1x10-*
Position de Condé » » 44, 2x10-*
(') Toutes ces eaux, sauf la source goudronneuse Gassion, de Clerniont-Ferrand,
furent, pour ces recherches, évaporées au yô ^e leur volume.
(-) Cette tluorescéine est exprimée en milligrammes par litre et donne la même fluo-
rescence que les substances contenues dans les eaux ci-dessus (en lumière rouge bleu).
SÉANCE DU 4 AVRIL I9IO. 893
On tire de ce Tableau les conclusions suivantes :
A. Toutes les eaux étudiées contiennent des substances fluorescentes,
mais la plupart en très faible quantité;
B. Très souvent, on trouve que plus la température des eaux est élevée
moins il y a de substances fluorescentes;
C. Les substances fluorescentes sont d'autant plus rares que le résidu flxe
des eaux est plus élevé;
D. A Spa, la quantité de substances fluorescentes est d'autant plus faible
que la source est mieux captée. Cette remarque semble générale et peut être
appliquée aux autres sources;
E. Parmi les eaux étudiées, ce sont celles du mont Dore qui sont les
moins fluorescentes, et les eaux goudronneuses (') sont les plus riches en
ces substances.
Ces recherches peuvent être intéressantes, quand il s'agit de faire un
captage rationnel des eaux minérales et complètent les caractères indiqués
par M. A. Gautier dans sa Note du 21 janvier 1910, pour différencier les
eaux minérales des eaux d'origine superficielle.
Nos études actuelles pour différencier les différentes substances fluores-
centes ne nous permettent pas encore de classer dans des catégories
nettement délimitées celles provenant de la surface du sol de celles d'origine
profonde ('). Nous avons toutefois fait une remarque qui nous paraît pré-
senter le plus grand intérêt. A côté des substances organiques fluorescentes
les eaux possèdent d'autres substances organiques dont quelques-unes
deviennent fluorescentes par chauffage sous pression à i3o" pendant 3o mi-
nutes, action qu'on augmente encore en ajoutant à ces eaux une quantité
assez grande d'ammoniaque (5 pour 100). Toutes les eaux dites potables et
les eaux contaminées augmentent de fluorescence sous l'action de la chaleur,
les eaux minérales bien captées que nous avons essayées ne changèrent pas
de fluorescence. Ce dernier résultat s'explique fort bien puisque les eaux
minérales étudiées avaient été portées dans le sol à une température au
moins égale, sinon supérieure à i3o", et il était à prévoir qu'un nouveau
chauffage à iSo" serait sans effet sur leur fluorescence.
{') On devait, s'attendre à ce résultat, car toutes les substances goudronneuses sont
en effet riches en substances fluorescentes.
(■'') M. A. Gautier nous a fait connaître qu'en chauffant à 600° les roches, il a
obtenu avec l'eau condensée de petites quantités de matières goudronneuses.
894 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. Bertaixciiand, à l'occasion de la Noie présentée clans la dernière
séance par M. Dugasl, annonce qu'il a également trouvé de l'acide borique
dans les vins de Tunisie.
La séance est levée à 4 heures et demie.
Ph. v. T.
ERRATA.
(Séance du i4 février 1910.)
Note de M. Marcel De/épine, Sur l'aldéhyde dinière de l'aldéhyde crolo-
nique et l'acide correspondant :
Page 396, ligne i5, au lieu de trouvé P. M., 189-193, lire 89-98.
(Séance du i4 mars tgio.)
Note de M. Charles Nordmann, Sur les atmosphères absorbantes et les
éclats intrinsèques de quelques étoiles :
Page 671, ligne 20, au lieu de Sigoo, lire Sigooo.
Note de M. H. Larose^ Sur l'équation des télégraphistes :
Page 682, ligne 18, formule (4), «« Heu 'le
lisez
e'^jjo... +2 2 .
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 11 AVRIL 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COM3IUNICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Carpentier présente à l'Académie une dynamo minuscule qui a été
exécutée par M. Trevet, mécanicien de précision.
Il accompagne sa présentation des considérations et explications sui-
vantes :
« Ce modèle peut être assimilé à ces chefs-d'œuvre ouvriers dont s'enor-
» gneillissaient jadis les artisans épris de leur métier et qui témoignaient de
» leur savoir-faire. Rares maintenant sont les hommes qui, par amour de
» l'art, s'adonnent aux travaux de patience et ne se rebutent pas aux diffi-
» cultes des réalisations minutieuses. Les services qu'ils sont susceptibles de
» rendre à la Science sont à certains moments bien précieux. Aussi l'Aca-
» demie fait-elle œuvre utile en les encourageant par l'attention qu'elle veut
» bien accorder à leurs travaux.
» La dynamo de M. Trevet est du modèle Gramme, « type supérieur ».
» Peut-être n'est-elle pas la plus petite qui ait été faite, et sans doute ne
» serait-il pas impossible de faire plus petit encore. Mais, telle qu'elle est,
» elle s'approche des limites qu'il ne serait pas aisé de dépasser.
» Son poids est de 7s environ. Ses dimensions entre saillies extrêmes sont
» les suivantes : hauteur, i5™"^; longueur, iS'"""; largeur, i3°™ environ.
» Ses électros inducteurs, bobinés en fil de 0™"*, o5, isolé soie, portent
u 600 tours.
» Son induit, calé sur un arbre dont les portées n'ont pas plus de ©"""jD,
» mesure lui-même 6""", 2 de diamètre. Il est du modèle à dents, avec
» 12 sections. Son enroulement est fait avec du fil de o™"', o5 ; il en a absorbé
» une longueur de I™, 67.
» Son collecteur et ses balais sont confectionnés comme ceux des grands
C. R., 1910, 1» Semestre. (T. 150, N» 15.) 1^9
896 ACADÉMIE DES SCIENCES.
» modèles et sont composés de nombreuses pièces détachées. Le porte-
» balais est à calage variable.
» Toutes les pièces sont montées à vis, à l'exclusion de toute soudure ; la
» machine est donc entièrement démontable et remontable, comme les
» vraies machines. »
M. Carpentier, à l'aide d'une petite batterie d'accumulateur de poche,
fait fonctionner en séance la dynamo, comme moteur. A vide, elle tourne
avec une vitesse extrême et fait entendre un susurrement comparable à celui
d'un gros insecte. Elle absorbe 0,2 ampère, sous 3,5 volts : soit 0,7 watt.
Son rendement doit être évidemment très faible. Comme la vitesse, ce ren-
dement échappe à la mesure.
NOMINATIONS.
M. le Président de la Reale Accademia dei Lixcei invite l'Académie à
lui faire connaître le nom de ceux de ses Membres qui seront délégués pour
la représenter à l'Assemblée générale que V Association internationale des
Académies tiendra à Rome du g au i.5 mai 19 10.
MM. Emile Picard, B. Iîaillaud et G. Darroux sont désignés pour
représenter l'Académie.
M. le Secrétaire de l'Institution of Naval Architects invite l'Aca-
démie à se faire représenter au Congrès international des Ingénieurs des
constructions navales et du Génie mari tinte qui se tiendra, à l'occasion du
5o® anniversaire de la fondation de cette Institution, à Londres, le j juillet.
MM. L.-E. lÎRRTiN et le Prince Roland Bonaparte sont désignés pour
représenter l'Académie.
CORRESPONDANCE .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur certaines équations intégrales non linéaires.
Note de M. G. Bratu, présentée par M. Emile Picard.
L Inspiré par les belles recherches de M. Picard (') sur l'équation
d'y
djc
i--l-/('î-- j) = o.
(') Comptes rendus^ i4 février 1898, el Traité d'Analyse, t. 111, Cliap. Nil.
SÉANCE DU II AVRIL I910. 897
nous avons d'abord étudié complètement le cas simple
(i) -^-hAey=o (X = const. positive),
en recherchant les intégrales s'annulant en a et b.
Soit a = o. En étudiant directement la solution de l'équation (i^ ([ui
satisfait aux conditions j(o 1 = o, r'(o) = m et fu posanl m'- -f- 2 A = 2A/,
on trouve que cette solution passe par un maximum égal à log-/ pour
et qu'elle s'annule de nouveau pour
(2)
a- — b= 2i/^log(v/7 + v/«— 1).
Pour x'^ b, y reste négatif.
Soit, d'autre part, t = 3 , 27 . . . la racine réelle unique de l'équation
(3)
iog(\/^ + \/' - ' ) = y/Tzri '
et soit j3 = — = (/< = 1 ,87 . . .) la valeur de b pour t:=z.
s/'k
Pour X > o on a / > I et l'on voit que b, nul pour / = i , augmente, avec /,
jusqu'à la valeur p, où il arrive pour / = t.
Pour i > T, 6 diminue et tend vers zéro lorsque t augmente indéfiniment.
L'ordonnée maximum de la solution j croît toujours avec /. On a donc le
résultat suivant : l'équation (i) admet
2 solutions pour 6 < |3.
1 » » b — ^,
o ., » 6>j3.
D'autre part, nous savons que les solutions de l'équation (i), qui s'an-
nulent en o et è, satisfont aussi à l'équation intégrale non linéaire
(4) y(x) = lj G{x.i)eyi^)dl
G(^x, ^) étant la fonction connue de Green. Si b est fixe, en posant X, =^
on peut encore dire que l'équation (i) admet
2 solutions pour >.<;},,,
I » B X^?l,, ^
O » » >.>>.,.
h-
898 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans le premier cas les deux solutions sont : l'une supérieure et l'autre infé-
rieure à la solution singulière unique correspondant à 'k=z\^. Lorsque A croit
à partir de zéro, la solution inférieure augmente, la solution supérieure
diminue et les deux solutions tendent en même temps vers la solution singulière.
2. Ces résultats s'étendent facilement à une équation de la forme
(5) '^+l\(^-)er=o,
A(.r) étant une fonction positive. Il résulte des recherches générales de
M. Picard que cette équation admet, pour X négatif, une solution unique
s'annulant en « et è; il n'en est pas de même pour X positif. Nous prou-
vons qu'il existe un nombre positif A, tel que, pour o -< X < X, les approxi-
mations successives commençant avec j„ = o convergent vers la solution
inférieure de l'équation (5), tand^g que pour X^X,, ces approximations ne
convergent plus.
3. Considérons plus généralement l'équation intégrale
(6)
cf(x)=lj K{x,y)F[cf{y)]dy,
dans laquelle F(cp) est une série à coefficients constants
(7) F(9) = 6„4-è,cp +. .. + ^„9" -h.. ..
Nous nous proposons de chercher un développement en série entière
ordonnée suivant les puissances de X et satisfaisant à l'équation (6).
Posons
(8) 9(x) = «o(-^') -l-^«i(^) +•• • + ^" ''«(■*')+•• ■■
Les fonctions a^ya,, ...,«„ étant obtenues de proche en proche, on arrive
au développement (8) satisfaisant formellement à l'équation (6). Voyons
dans quelles conditions ce développement est convergent.
Si nous remplaçons F(ç) par une fonction majorante F,(cp) et K(.r,j)
par une fonction positive K, (x,y), telle qu'on ait
|K(.r,j)|<K,(.r,j-)-
pour X ely compris entre a et h, et si la solution de l'équation
(9) 9^i^)-'^^f i"^i(-^.j)iM9.(r)]f/7
SÉANCe DU II AVRIL 19IO. 899
est
(10) ç,(j.') = A„(a.-)-4->. A,(j?) +. . .+ /,"A„(.c) H-.. .,
on démontre qu'on a | a„ (.i') | <^ A„(.i-).
Si la série (7) est holomorphe pour | o | <^ p et si N est le maximum du
module de sa somme dans ce domaine, on peut prendre comme majorante
de F((p) l'expression
p-cp
Si l'on a en outre |K(j-,j')| ■< M pour a'Sx^b, a^ylib, pour prouver la
convergence du développement (8), il suffit de prouver que l'équation inté-
grale
admet une solution holomorphe autour de A ^ o.
$ (x) étant indépendant de x en posant $ (x) = C, nous trouvons comme
solution nulle pour X = o la fonction
(12) C().) = -[p-v/p=-4>'MNp(6 — «)],
solution holomorphe pour
(.3) |X|<
4MN(6 — ff)
Il en résulte que pour ces mêmes valeurs de A et pour a'^x^b la série (8)
est absolument et uniformément convergente.
Dans le cas particulier F (cp) ^e'', on a e"^ <^ e? pour | ^ | <[ p et l'inégalité
(i3) devient
1^1 </iMeP(6- a) = '"'■'
p' est maximum pour p = x.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équations intégrales non linéaires.
Note de M. Paul Lêvv, présentée par M. Emile Picard.
Les résultats de M. Schmidt sur les équations intégrales non linéaires
peuvent s'obtenir par une voie difTérente de la sienne. Proposons-nous de
chercher si l'équation
90O ACADÉMIE DES SCIENCES.
admet des solutions de la forme
(2) (f,{a-) = (f,„{a") -\-l(f,,{a::)+.. . + l"<D„{.r) +. . .,
(prêtant une solution donnée de l'équation (i) pour X = o. F est supposé
développable suivant les puissances de y — çjj et de X. On trouve
(3) <p„(.r)— / K(jr,y)(f„{y)df — ']j„{^e)=o.
-'0
Si le déterminant A relatif au noyau K n'est pas nul, !p„ est bien déterminé.
Si A = o, on a les conditions
(S„) S„ ,== o («■ =: I, 2, . . . , v)
et cpn dépend de v paramètres a„, , ..., a^,^. Les conditions (S„) sont des
équations entre a, ,, ...,a„_,_.,. Leur discussion n'offre aucune difliculté.
Les a„ sont en amènerai déterminés par le système (S„+,); il n'est jamais
nécessaire de considérer un système d'indice supérieur à Jcn+p^ k el p
étant indépendants de n. On évite d'ailleurs tout calcul en remarquant que
les équations
{!) l,=zlStj + . . .-hl"?>„,/ + . . .=.0
sont des équations ordinaires par rapport aux inconnues
a,r:= >ia,_,'-t-. . . + l"a„j~\-. . .
et peuvent remplacer les équations (5). Les a doivent être des fonctions
holomorphes s'annulant pour X = o.
Pour établir la convergence du développement obtenu, on commence
par écrire à la place de F l'expression j — — r r— -> où m ■< r; c'est
une fonction majorante de F à un facteur constant près. A la place de (p„ on
a une constante positive $„, et le développement obtenu est convergent.
loi
Revenant à F, on établit facilement, quand ^^ o, que '-^ est inférieur au
pleine terme d'une progression géométrique. Si A = o, le raisonnement reste
valable si l'on suppose que les développements a,- convergent pour X assez
petit. Alors le développement (2) et celui du premier membre de (i) seront
convergents. En multipliant ce dernier par certaines fonctions de or et inté-
grant, on trouve les expressions S,, dont on voit ainsi qu'elles convergent
pour X, a,, ..., (Xy assez petits. Le théorème d'existence des fonctions
implicites montre alors que les expressions a,- sont bien convergentes.
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 9OÏ
Les équations (S) peuvent n'être pas distinctes; dans ce cas les a„j
peuvent être choisis arbitrairement pour certaines valeurs de i; il faut
seulement que a, converge pour ces valeurs. A celte restriction près, tout
développement (2) vérifiant formellement Téquation (i) converge pour
X assez petit.
Les équations (S) peuvent avoir un nombre fini quelconque de systèmes
de solutions distincts. Elles peuvent n'en avoir aucun, par exemple si les
conditions (S, ) ne sont pas vérifiées. On cherchera alors des solutions de (i)
i_
développables suivant les puissances de pt = V', p prenant successivement
les valeurs 2, 3, ...; il suffira de remplacer X par u. dans (2) et par u.''
dans (i); ce nouveau problème est donc un cas particulier du précédent.
Si l'on trouve une solution de cette forme, on en déduit évidemment
p — i autres.
MÉCANIQUE. — Sur l'ébranlement des édifices. Note (' ) de M. B. Galitzine,
présentée par M. Bigourdan.
L'expérience montre que des moteurs plus ou moins puissants, animés
de grandes vitesses de rotation et qui ne sont pas bien équilibrés, par
exemple certains moteurs Diesel, produisent dans les édifices voisins des
ébranlements continuels très sensibles, de sorte que le séjour dans ces mai-
sons devient fort pénible. En outre, surtout si le sous-sol est marécageux,
il se produit avec le temps, le long des murs, des crevasses qui peuvent
devenir très menaçantes pour la solidité même de l'édifice.
Dans ces derniers temps, j'ai eu l'occasion de faire, à Saint-Pétersbourg,
une étude spéciale sur ce sujet, dans deux maisons qui se trouvaient dans
le voisinage d'un moteur Diesel à quatre cylindres, d'une puissance de
200 chevaux-vapeur, et dont les murs accusaient déjà quelques crevasses
assez inquiétantes.
Les sismographes ordinaires se prêtent très mal à ce genre d'études; c'est
pour cela que j'ai construit dans ce but un appareil spécial, basé sur l'appli-
cation d'un ressort plat en acier. Cet appareil devait réaliser les conditions
suivantes : être simple et facile à manipuler, assez sensible, servir à l'étude
des mouvements tant horizontaux que verticaux des édifices, et en donner
la valeur absolue. »
(') Présentée dans la séance du l^ avril 1910.
902
ACADEMIE DES SCIENCES.
La figure ci-dessous donne un aperçu général de l'appareil.
CJ est un socle en fonte du poids de 82''^, 4- Sur la partie supérieure de
ce socle se trouve fixée, entre des écrous, une lame plate en acier FA, dont
la largeur est de 81™", 7 et l'épaisseur 6""", 33. Soient L la longueur libre
de ce ressort et M la masse correspondante (M = a'-Sj^QÔ).
Un poids M, de 3''s,265 peut glisser le long de la lame FA, qui porte à sa
partie supérieure une échelle divisée en centimètres, et être fixé à diffé-
rentes distances ;■, de O, ce qui permet de varier la période propre T des
oscillations de la lame.
K est une plaque en cuivre, attachée à la lame FA, qui peut se mouvoir
entre les pôles d'un électro-aimant servant à amortir les mouvements
propres du ressort.
Enfin AB = D est un stylet dont la pointe B enregistre le mouvement
de la lame sur un cylindre tournant qui porte une feuille de papier couverte
de noir de fumée.
f&z
Supposons maintenant que le plancher sur lequel l'appareil est installé
oscille verticalement, et soit z le déplacement vrai du socle C de sa posi-
tion d'équilibre; - peut être une fonction quelconque du temps/ : :: =f(t).
Si nous désignons par y l'élongation de la pointe B de sa position nor-
male, on trouve, en appliquant les méthodes de la théorie de l'élasticité et
le principe de Lagrange, que y doit satisfaire à l'équation différentielle
suivante :
(i) r"-^ 2£/'+ H\r + ff;" = o;
t, n et cr sont trois constantes de l'appareil : £ dépend de l'amortissement.
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 908
n de la période propre de la lame sans amortissement {n^'^\-,(t\.r;t?X un
facteur qui caractérise à un certain point la sensibilité de l'appareil.
n- et a- sont donnés par les formules suivantes :
(2]
^TTTE'
2 H, / 3 D\
(3) ^=3ïî:(' + 2u)'
1-1,=: f M + iM,pi + M,p, ( I — [3^siiiy j -h M;,p3,
^2= i^M + ]Vl,p?+ M.p-^^i - 2(3^siny + P'--^") + M.pJ,
^'=(î)'('-îî,) «' ^='^^
' 3 L
/„ est la distance du centre de gravité et / celle du cercle d'inertie de la
masse ISL au point I; £ est le module d'élasticité.
L'expérience montre que, sous l'inlluence de la marche d'un moteur
Diesel, la pointe B décrit une sinusoïde singulière.
Posons, par suite,
(4) j = j,«siiW 27:^ +
L'amplitude j^„, et la période T^, peuvent être immédiatement déduites de
la courbe correspondante.
On trouve alors facilement que le mouvement du plancher doit suivre
aussi la même loi d'oscillation avec la même période T^, :
(5) z = z,„.
En posant
-Tif = " et — =r /(,
1 a
on trouve facilement, pour l'amplitude ^,„ du mouvement cherché, l'ex-
pression très simple qui suit :
'7
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 15.)
9o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette formule permet, si Ton connaît les trois constantes de l'appareil
(T, Il et (t) qui, du reste, se laissent facilement déterminer, de calculer
l'amplitude vraie du mouvement vertical du plancher.
Pour étudier les mouvements horizontaux, on n'a qu'il fixer la lame
d'acier sur un des côtés du socle en fonte en la tournant de 90°. Les mêmes
formules s'appliquent à ce cas. On peut ainsi étudier les mouvements de
déplacement du socle suivant les trois axes de coordonnées.
Si les vibrations z^ sont assez intenses, il est avantageux d'introduire
l'amortissement électromagnétique; mais si ;„, est très faible, il est mieux
de supprimer l'amortissement pour augmenter la sensibilité de l'appareil.
Dans ce dernier cas h- sera très petit et l'appareil atteindra sa plus grande
sensibilité quand u sera voisin de l'unité, c'est-à-dire quand la période
propre de la lame sera presque en résonance avec la période du moteur
Diesel.
On trouve en effet en déplaçant la masse M, le long de la lame FA, que
l'amplitude jn, augmente, passe par un maximum et diminue ensuite.
En utilisant l'effet de résonance, cet appareil assez primitif comporte une
très grande sensibilité et peut servir à la détermination de z^ avec une pré-
cision tout à fait suffisante, vu que l'erreur dans la valeur relative de 3„
est seulement de l'ordre d'un micron ou, dans des conditions favorables,
même d'une fraction de niicron.
OPTIQUE. — Sources lumineuses à surfaces réduites employées normalement ou
obliquement. Sources lumineuses en mouvement. Applications pratiques.
Note de M. Dcssaub. (Extrait.)
Je me suis proposé de comparer des sources lumineuses à surfaces
réduites employées normalement ou obliquement à une source lumineuse
fixe et connue.
Mes premières expériences ont été réalisées avec deux sources spéciales :
1" Une lampe électrique à incandescence de 100 bougies dont l'axe est horizontal
et qui est formée de filaments de a'"" de longueur. Ces filaments, placés dans des
plans parallèles, sont orientés à intervalles angulaires égaux de nianière que leurs lu-
mières ne se cachent pas les unes les autres.
On fait tourner la lampe et les filaments incandescents donnent à l'observateur qui
regarde la tête delà lampe la sensation d'un cercle de feu continu.
2° Une lampe électrique à incandescence de 100 bougies dont l'axe est encore
horizonlal et qui est formée de filaments de 2"" de longueur. Ces filaments sont
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 9o5
disposés dans deux plans verlicaiix dont l'angle dièdre se trouve à la douille de la
lampe, l'écart des pians à l'autre extrémité étant de 2'^"'.
On donne à la lampe un mouvement de translation alternatif rapide et peu étendu,
perpendiculaire au plan bissecteur de l'angle dièdre des plans verticaux; tes filaments
incandescents donnent l'impression d'un carré lumineux à l'observateur qui regarde
la tète de la lampe.
Les mouvements de rotation dans le premier cas et de translation dans le deuxième
cas ont pour objet de supprimer la vue diffusée des filaments et de leur substituer une
surface lumineuse continue telle que celle qu'on obtient avec un verre dépoli lorsque
remploi de ce verre n'occasionne pas une perte de lumière gênant le résultat qu'on
veut atteindre.
J'ai comparé ces deux sources à un arc électrique.
J'ai pris un poste cinématographique ordinaire fonctionnant avec un arc de plus de
2000 bougies alimenté par un courant de 110 volts et 25 ampères; la dvnamo était
actionnée par un moteur à pétrole de 3 chevaux. A cause du danger d'inflammation
des bandes de celluloïd, de l'énorme chaleur de l'arc, de la grande quantité de lumière
qui tend à s'échapper de la lanterne et à gêner les projections, le cinématographe était
installé comme à l'ordinaire dans la cabine de fer obligatoire ; on sait que le condensa-
teur ne recueille qu'une minime portion de la lumière de l'arc, la plus grande partie
étant perdue pour la projection.
Avec l'arc j'avais obtenu une projection satisfaisante de 3™ de largeur environ; à
côté de cette installation j'ai disposé sur une simple table un cinématographe iden-
tique; derrière la fenêtre de ce second cinématographe, j'ai placé successivement les
lampes de 100 bougies que j'avais réalisées; elles m'ont donné une projection sensi-
blement égale à celle que me donnait l'arc de 2000 bougies.
Mes lampes étaient protégées latéralement par un tube de métal et, comme elles ne
donnaient pas de chaleur dangereuse et incommodante, la lanterne, les condensateurs,
la cuve à eau alunisée, la cabine en fer devenaient inutiles.
Mes lampes de iio volts étaient branchées sur le courant du secteur ou, en son
absence, sur des accumulateurs de 6'''"' facilement transportables à la main et permet-
tant I heure de projection; enfin un groupe électrogène de y de cheval était suffisant
pour alimenter mes lampes, alors qu'il fallait 3 chevaux-vapeur pour alimenter l'arc.
Il est très important de faire remarquer que l'absence de chaleur permet
de ralentir à volonté le déroulement de la pellicule cinématographique ou
même de l'arrêter pour étudier, en les fixant sur l'écran, les différentes
phases d'un mouvement, ou de reposer l'œil sans interrompre le spectacle
dans les moments où la pellicule ne représente que des objets au repos.
Les dispositions précédentes s'appliquent au cas où la surface à éclairer
ne dépasse pas la surface de la lampe, comme dans le cas du cinémato-
graphe, de l'étude au microscope, mais mes lampes peuvent être appliquées
Ç(o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à tous usages avec un condensateur ou un réflecteur, par exemple aux
phares.
J'ai étendu mes recherches à des sources d'énergie variées en imprimant
un mouvement dd rotation à une portion de parabole à laquelle je puis fixer
à volonté soit une lampe à incandescence du commerce construite pour le
maximum de lumière ou de chaleur, soit une sonnerie électrique, soit des
sphères à décharges oscillantes; on a un renforcement des effets dans une
direction perpendiculaire au plan de rotation.
PHYSIQUE. — nô/e lubrifiant de l'air dans le fiotlemenl des solides.
FroUement dans le vide. Note de M. F. Charron, présentée par
M. E. Bouty.
I. Lorsque deux corps glissent l'un sur l'autre, il y a, en général, un
mutuel arrachement de particules, ce qui rend le phénomène complexe.
Réservons l'expression de frottement pur au cas de deux corps, parfaitement
polis, restant polis pendant le frottement.
Mais dans l'étude du frottement pur, un phénomène se présente, qui était
masqué dans le cas du frottement ordinaire. On remarque une diminution
progressive du coefficient de frottement quand la vitesse augmente, et
celui-ci s'annule presque pour une certaine valeur de la vitesse que j'appel-
lerai vitesse critique.
Cette diminution de frottement lient i'rune couche d'air qui s'interpose
plus ou moins entre les deux corps en présence pour des vitesses inférieures
à la vitesse critique, et qui les sépare complètement l'un de l'autre pour des
vitesses égales ou supérieures.
Hirn (') avait déjà remarqué, sans l'étudier ni préciser les conditions
sous lesquelles elle se produit, cette action lubrifiante de l'air.
Mes expériences ont porté sur des échantillons, polis suivant une face
plane, de cuivre, de fonte, de graphite, glissant sur une glace plane, nue ou
argentée.
L'appareil se compose d'un disque en bonne glace de Sainl-Gobain, mobile sans jeu
autour d'un axe vertical. Ce disque tourne paifaitenienl plan : les images des objets
exléi'ieurs données par la glace restent fixes quand le disque tourne.
Un flotteur constitué par un des échantillons ci-dessus repose sur le disque et est
(' ) Bulletin du la Société industrielle de :Uulltouse, i855.
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 907
attaché par deux fils fuis el souples, formant un triangle, à une sorte de fléau de
balance muni dun amortisseur. Un jeu de petits miroirs et une lunette portant une
échelle divisée permettent d'apprécier exactement les déplacements du fléau et d'en
déduire la force de frottement.
Les vitesses des points du disque en contact avec le frotteur sont dirigées suivant la
bissectrice des deux fils.
Avant chaque expérience, le disque était soigneusement nettoyé à Talcool et, pendant
l'expérience tout entière, un tampon de ouate frottait légèrement sur le verre, pour le
maintenir exempt de poussières et enlever les parcelles du frotteur qui auraient pu s'y
déposer.
La lunette était pointée sur le zéro de l'échelle, lorsque l'appareil était au repos, les
fils non tendus. On chargeait le frotteur d'un poids connu et l'on faisait tourner le
disque à faible vitesse. Soit 20 la nouvelle division de l'échelle au réticule de la lunette.
En augmentant progressivement la vitesse, on voyait la déviation diminuer et tomber
au-dessous de i , la force devenait si faible que les fils n'étaient plus tendus. Cette petite
force qui agissait sur le frotteur n'était due qu'à la viscosité de la couche gazeuse qui
le séparait du disque.
En plaçant une source lumineuse dans le plan du disque, on pouvait observer cette
couche gazeuse el même mesurer son épaisseur au moyen d'une lunette munie d'un
oculaire micromélrique. On constatait que, seulement pour des vitesses égales ou su-
périeures à la vitesse critique, elle séparait complètement le frotteur du disque. Son
épaisseur n'était pas uniforme, mais plus grande à l'avant qu'à l'arrière. La valeur
moyenne variait avec les conditions de l'expérience et pouvait atteindre quelques cen-
tièmes de millimètre. «
La vitesse critique, définie ci-dessus, doit varier avec la nature et l'état du lubri-
fiant, ainsi qu'avec la charge et les formes géométriques du frotteur.
Avec un frotteur en grapliite dont la base rectangulaire a 1""' de surface,
pesant 1^,4 et chargé de différents poids, j'ai trouvé les résultats suivants :
Charges Vitesses critiques
en grammes-poids. en centimètres par seconde.
1,4 192
2,4 262
3,4 290
6,4 437
11,4 770
Ces nombres ne doivent être considérés que comme une première ap-
proximation. La vitesse critique est assez difficile à évaluer. D'ailleurs le
frotteur et le disque sont électrisés en sens contraire et leur attraction élec-
trostatique s'ajoute au poids du frotteur.
II. Frottement dans le vide. — Puisque l'air agit d'une façon très sen-
sible, comme lubrifiant, surtout avec de faibles charges par unité de sur-
()o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
face, il est opportun de se débarrasser de celte cause perturbatrice et d'(''tu-
dier le frollemenl dans le vide.
J'ai fait construire une caisse en fonte ouverte en dessus; le contour en
est soigneusement raboté. Une boîte à cuir étanche, traversée par un axe,
permet de faire tourner le disque. Le dispositif décrit précédemment peut
être logé à l'intérieur de la caisse, et une glace suilTée, posée sur l'encadre-
ment raboté, ferme hermétiquement et laisse passer les rayons lumineux
qui repèrent la position du fléau.
A mesure qu'on raréfie l'air dans le récipient, on remarque que le frotte-
ment varie de moins en moins avec la vitesse. Toutefois les variations
sont encore très sensibles sous une pression de 2"" à 3''"' de mercure avec le
frotteur précédent chargé de 4^. En poussant le vide jusqu'à i""™, au moyen
d'une bonne machine à mercure, le coefficient de frottement a paru très sen-
siblement indépendant de la vitesse, ce qui confirme le rôle attribué à l'air
dans la première partie de ce travail.
Je poursuis l'étude du frottement dans un vide plus parfait, ainsi que
celle du rôle lubrifiant des divers gaz.
ÉtjECTRicrrÉ. — Loi générale du rendement relative à un générateur
ou à un récepteur avec branche dérivée. Cas des dynamos. Note de
M. E. Haudié, présentée par M. E. Bouty.
La loi du rendement de Siemens ne concerne que le cas simple d'un cir-
cuit unique. D'après cette loi, on n'obtient un bon rendement qu'à la con-
dition de recourir à de faibles intensités, par suite de ne mettre en jeu que
de faibles puissances; autrement dit, la loi de Siemens impose un travail
lent.
D'autre part toute dynamo industrielle, par le fait mènie qu'elle comporte
une branche dérivée, échappe à la loi de Siemens; elle donne effectivement,
dans toutes les circonstances usuelles de son fonctionnement, des rende-
ments élevés.
Pour rechercher ce que devient alors la loi du rendement, et pour dégager
la forme générale sous hujuelle elle est susceptible de s'exprimer, il con-
vient d'envisager les difl'érentes sortes de puissance utilisable, et de se placer
dans toutes les conditions usuelles de fonctionnement d'une génératrice ou
réceptrice avec branche dérivée. ( D'ailleurs le casd"un récepteur se ramène
immédiatement à celui d'un générateur.)
SÉANCE DU II AVRIL I9I0. go^
Les résultats auxquels on parvient sont les suivants :
Four tout générateur avec dérivation, et dans toutes les conditions de fonctionne-
ment, le rendement part de zéro quand l'intensité débitée est la plus faible possible,
et passe ensuite par un maximum dont il est toujours possible de calculer les éléments.
On désignera par R la résistance du circuit extérieur, par r' la résistance de la
branche dérivée, par r la résistance intérieure de la branche génératrice, et l'on posera
•+/•■ = /_),
R + /'
q.
A. Puissance extérieure disponible. — 1° Quand l'élément constant est la force
électrotnotrice E, le rendement maximum a lieu pour une intensité totale débitée I,
telle que
, E . E
y/ '•('•-+-'■')
et ce rendement a pour expression
ou I =
/pr
^ = >-^[v/''('- + '•')-'■] ('),
-(\/^V^)"
c'est-à-dire rj
s/^^^l
Dans le cas où il s'agit, non d'une dynamo en simple dérivation, mais d'une com-
pound en longue dérivation, /■ représente la somme des résistances /■, et /'a de l'induit
et de l'inducteur-série.
2° Quand l'élément maintenu constant est la différence de potentiel aux bornes e,
les expressions, comme il était à prévoir, sont exactement les mêmes, si E représente
toujours la force électromotrice correspondante.
En fonction de e, on aurait
-m
B. Puissance utilisable sous forme chimique ou mécanique. — Quand on envisage
seulement la fraction de la puissance extérieure apparue sous la forme chimique ou
mécanique, on trou\e encore que les expressions demeurent les mêmes, que l'élément
( ') L'existence d'un maximum de rendement dans ce cas a été établie par Lord Kelvin
qui s'est borné à une expression approchée du rendement. L'expression rigoureuse est
due à P. Silv. Thompson ( i\lach, dyn. électr., 3' édit. fr., 1900, p. igi ) ([ui s'est arrêté
à la forme
l{\/r{r + r') + r\
9IO ACADÉMIE DES SCIENCES.
constant soit la force électromotrice E ou la diiïérence de potentiel c aux bornes du
générateur. Dans i"un et l'autre cas, le rendement maximum a lieu pour une intensité
totale
(«) 1 =
et il a lui-même pour expression
{■/pq — sjpq — >■•-)-
On peut obtenir également l'expression directe de I en fonction de e.
Pour revenir au cas précédent, il suffit naturellement de supposer R = o; effective-
ment les expressions (a) et {b) se réduisent bien alors aux précédentes, qui n'en sont
par suite qu'un cas particulier.
C. Puissance disponible à l'extrémité d'une ligne. — Ce cas revient exactement
au précédent, sauf dans le cas de la dynamo lijpercompound, c'est-à-dire quand la
différence de potentiel maintenue constante est la différence de potentiel à l'extrémité
de la ligne.
Dans ce cas, le calcul conduit encore, pour l'intensité I et le rendement maximum,
aux mêmes expressions (a) et (6).
On peut remarquer que ce cas est en même temps celui de la dynamo compound en
courte dérivation avec différence de potentiel constante aux bornes, la résistance de
l'inducteur-série jouant alors le rôle delà résistance de la ligne.
Le cas d'un récepteur se ramène à celui d'un générateur.
On voit sans peine qu'un moteur avec dérivation revient au cas d'un générateur (B),
la différence de jiolenliel aux bornes du récepteur jouant le rôle de la force électro-
motrice du générateur.
Il suffit pour cela, dans le cas d'un moteur en simple dérivation, ou compound en
longue dérivation, de supposer /=: o, et d'attribuer à H une signification inverse, celle
d'une résistance intérieure, la résistance de la branche de l'induit comprise entre les
deux extrémités de l'excitation dérivée. R doit donc être remplacé par E, c'est-à-dire
/■) -(- r^ dans le cas du moteur compound.
Dans le cas du moteur compound en courte dérivation, on doit prendre /-^/o",
quant à R, qui conserve la même signification, il doit alors être remplacé par /■,.
Les calculs directs confirment rigoureusement ces prévisions.
De sorte que pour tout générateur ou récepteur, la présence d'une branche
dérivée détermine une transposition complète de la loi du rendement élec-
trique.
Le rendement maximum n'est plus du tout, comme dans le cas d'une
génératrice ou d'un moteur simple, un rendement limite dont on ne peut
s'approcher qu'en ayant recours à des intensités de plus en plus faibles.
Tout au cotitiaire, le rendement esl nul quand l intensité débitée ou absorbée
SÉANCE DU II AVRIL I910. 9I I
es/ la plus faibli' possible. Et c'est pour l'intensité finie
que le rendement est maximum et atteint la valeur
f) =
(\/pq — \/pc/--r"y-
Telle est la raison pour laquelle il est si aisé d'obtenir industriellement de
bons rendements. La loi n'est plus du tout celle de Siemens. Un rendement
élevé ne suppose plus un travail lent.
D'ailleurs, avec les données numériques usuelles des dynamos, ce maximum est loin
d'avoir lieu pour de faibles intensités; en outre, il est très peu accusé; de sorte que,
dans de très larges limites, le rendement variant peir, les expressions précédentes
donnent immédiatement les valeurs approchées des rendements industriellement
réalisés.
La loi de la puissance maxima de Jacobi se prête de la même manière à
une sénéralisalion analogue.
ÉLECTRICITÉ. — Mesure des très hauts potentiels au moyen d' électromètres
sous pression. Note de MM. C.-E. Guye et A. Tscherxiavski, présentée
par M. Villard.
La mesure des très hauts potentiels présente, comme on sait, de grandes
difficultés, particulièrement lorsque les sources d'électricité dont on dispose
ont un faible débit (machines électrostatiques).
Dès qu'on atteint 4oooo volts environ, les aigrettes apparaissent généralement de
toute part et limitent rapidement le potentiel qu'il est possible d'atteindre. En outre,
la distance que franchit l'étincelle disruplive augmentant très rapidement, on est
obligé d'éloigner toujours davantage les pièces mobiles entre lesquelles, dans un élec-
tromètre, agit la différence de potentiel et s'exercent les actions électrostatiques. On
est ainsi forcément conduit à l'emploi d'appareils volumineux et peu précis. Cette
imprécision peut, en outre, être accrue par l'actio» du vent électrique qui s'échappe
des pièces mobiles saillantes.
Nous avons évité totalement ces inconvénients en plaçant l'électromètre
dans une boîte résistante, à l'intérieur de laquelle on peut introduire un gaz
G. R., 1910, I" Semeslre. (T. 150, N» 15.) 121
912 ACADÉMIE DES SCIENCES.
comprimé. L'avantage qui résulte de ce dispositif peut être évalué, approxi-
i)d\
mativement ('), par la loi de Paschen V =/f^j; V potentiel disruptif,
p pression du gaz, d dislance des pièces entre lesquelles agit la différence
de potentiel, T température absolue du gaz.
Pour une même différence de potentiel, on pourra donc rapprocher
d'autant plus les pièces mobiles que la pression du gaz sera plus élevée, et
cette diminution de distance aura pour effet d'augmenter très rapidement
l'intensité des aclions électrostatiques, c'est-à-dire la sécurité des intiica-
tions de l'appareil.
/ — \i — \
-^ cec/rvnie/re.
On remarcjuera que la constante de l'instrument est à peu près indépen-
dante de la pression du gaz.
La constante diélectrique des gaz comprimés est, en efTel, régie par la relation de
(') En toute rigueur, la loi de Paschen ne s'applique qu'au cas d'un champ
uniforme, entre deux plateaux parallèles, par exemple.
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 9l3
Maxwell K = n^ el par conséquenl par celle de Loreulz — 5 — =: constante. La correc-
tion qui en résulte jusqu'à lo'""' est en général négligeable.
Il n'est donc pas nécessaire de mesurer la pression, il suffit de la maintenir assez
élevée pour empêcher la décharge disruplive et les aigrettes à l'intérieur de l'appareil.
Enfin, lorsque lappareil est muni d'un amortisseur à air, on peut régler convenable-
ment cet amortissement en faisant varier la pression du gaz.
En résumé, les avantages sont : 1° suppression des ejjliwes^ des aigrettes et
du t^enl électrique; 2" rapprochement des pièces entre lesquelles s'exercent les
actions électrostatiques et augmentation de l'intensité de ces actions ; 3° con-
stante de l'appareil à peu près indépendante de la pression du gaz ; tf amortis-
sement facilement réglable.
La figure ci-contre représente le schéma employé pour la mesure de la
tension d'une machine Wimshurst, au moyen d'un électromètre de Braun.
L'appareil une fois gradué avec un électromètre absolu pour un potentiel
de 20000 volts environ, on peut à volonté changer sa sensibilité par
l'adjonction d'une petite surcharge/; (feuille de platine) placée à une dis-
tance connue de l'axe de rotation de l'aiguille. Ce dispositif nous a permis
de mesurer sans difficulté 80000 volts (tension d'une machine Wimshurst
de faible débit}, avec une pression de 4""" à 9"'™. On peut espérer l'utiliser
pour la mesure de tensions beaucoup plus élevées.
CHIMIE PHYSIQUE. - Sur l'analyse magnéto-chimique des terres rares.
Note de M. G. Urbain, présentée par M. A. Haller.
Dans les séparations des terres rares, il est nécessaire de contrôler de
temps en temps le progrès des séparations. Qualitativement, on y parvient
par l'étude des spectres, mais au point de vue quantitatif, la seule méthode
générale est la détermination des poids atomiques. Quand il s'agit de corps
voisins dont les poids atomiques diffèrent peu, une très haute précision
devient nécessaire. Des mesures de poids atomiques au millième sont déjà
difficiles à réaliser et, dans ces conditions, la composition de tels mélanges
n'est donnée qu'avec une précision insuffisante.
Pour obtenir une différentiation quantitative plus précise, il y a avantage
à s'adresser à une propriété dont la grandeur varie beaucoup plus d'un terme
à l'autre de la série que celle des poids atomiques. Tel est le cas pour les
coefficients d'aimantation qui d'une terre à l'autre varient dans des propor-
()l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lions considérables, ainsi que cela résulte des recherches de M. Slephan
Meyer qui a le premier attiré raltention sur l'application qui fait l'objet de
celte Note et de celles que M. Jantsch et moi avons faites ensuite. (Stepiian
Meyer, Sùz. Ber. Wien. Akad., a3 janvier 1902; G. Urbain et Jantsch,
Comptes rendus, t. CXLVIl, p. 121G.)
La balance magnétique de P. Curie et Chéneveau convient parfaitement
à ce genre de mesures. On peut opérer soit sur des solutions, soit sur des sels
solides. Il est particulièrement commode de faire porter les mesures sur les
oxydes provenant d'une calcination récente des oxalates. C'est en effet à
cette forme que les terres rares sont constamment ramenées dans les traite-
ments.
Pour pouvoir appliquer cette méthode à l'analyse de mélanges de terres
rares, il fallait d'abord déterminer suivant quelle loi le magnétisme varie
en fonction delà composition. Les expériences ont porté sur divers mélanges
obtenus par voie chimique à partir des corps purs. Les résultais de chaque
série d'expériences ont pu être représentés par des droites. Avec les oxydes
l'écart n'a jamais dépassé le trentième et, avec des dissolutions suffisamment
concentrées, on peut obtenir une précision de l'ordre du cinquantième.
L'expérience a montré qu'en prenant les moyennes de plusieurs mesures, la
méthode magnétique permet de déterminer la composition d'un mélange de
deux terres voisines à deux ou trois centièmes près.
Si l'on considère qu'une mesure de coefficient d'aimantation se fait en
quelques minutes alors qu'une mesure de poids atomique au millième exige
plusieurs jours de travail pour donner finalement des résultats beaucoup
moins précis, on comprendra l'immense avantage que présente la nouvelle
méthode dans des recherches rendues déjà très pénibles par la difficulté des
réparations.
La combinaison des deux méthodes présente dans certains cas pour la
recherche un grand intérêt. On peut ainsi interpréter certaines particularités
que présentent les traitements, pour lesquelles l'étude toujours délicate des
spectres ne pourrait donner que des indications qualitatives.
L'exemple suivant qui se rapporte aux termes de mes fractionnements
compris entre le dysprosium et l'yttrium fera ressortir l'intérêt que pré-
sente la combinaison des deux méthodes.
En admettant que ces terres ne renferment que du dysprosium et de
ryttrium, il est facile de calculer le magnétisme correspondant à chaque
valeur des poids atomiques. On peut ainsi tracer une courbe théorique et
SÉANCE DU II AVRIL I910. QlS
lui comparer la courbe expérimentale :
Numéros .rin'
des Poids ~~. — ^ — — —
fractions. atomique. ralculé. trouvé. A.
43 162,0 299 3o2 -f- 3
45 i6i,8 298 296 -+- 2
47 160,9 296 2^4 —12
49 i52,6 274 268 — Il
51 125,0 184 i53 — 3i
53 96,1 45,0 45,5 -f- 0,5
55 9I12 i4j5 16,0 + 1,5
57 89,7 4,68 7,35 ■+- 2,67
59 89,1 0,67 3,44 +2,77
Si l'on néglige les deux premières valeurs trouvées qui se confondent
pratiquement avec les valeurs calculées, on constate pour les fractions com-
prises entre 47 et 51 un excès très notable des nombres calculés sur les
nombres trouvés. Cet excès est dû à la présence du holmium qui s'accu-
mule en effet dans celte partie du fractionnement. Par contre, on constate
pour les fractions comprises entre 55 et 59 un excès de signe contraire
entre les valeurs trouvées et les valeurs calculées. Cette différence est attri-
buable à une petite quantité d'erbium. L'ytlria pure est légèrement dia-
magnélique; j'ai admis dans le calcul que ce diamagnétisme était négli-
geable.
Cette méthode permet donc de s'assurer si dans les fractions intermé-
diaires d'une séparation de deux corps considérés comme voisins, il n'existe
pas d'autres corps dont la présence n'aurait pas été révélée par l'observa-
tion des spectres.
THER.MOCHIMIE. — Détermination des quantités de chaleur dégagées lors
de l'addition du hronie à quelques substances non saturées. Note de
M. W. LouGui.MNE, présentée par M. Jungfleisch.
Nous avons, dans une série de Mémoires publiés en collaboration avec
M. Kablukoff('), décrit une méthode permettant de mesurer directement
les chaleurs d'addition du brome à quelques substances non saturées et in-
diqué les résultats relatifs à plusieurs de ces corps. J'ai cherché, parla suite,
(') Journal de Chimie physique., t. IV, p. 209-221, 489-5o6; t. V, p. 186-202.
9l6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à étendre ces déterminations à un plus grand nombre de substances. Je me
suis heurté, dans cette voie, à des obstacles tels que la lenteur de réaction
ou la substitution trop forte du brome à l'hydrogène. J'ai pu toutefois,
malgré ces difficultés, étendre la méthode à six substances nouvelles. Ce sont
les résultats relatifs à ces corps que je publie aujourd'hui.
Le solvant employé a été, dans tous les cas, le télrachlorure de carbone, le brome
(8b environ) était lui-même dilué de son poids environ du même solvant. Le dispositif
expérimental restait le même que dans mes anciennes expériences. Les corrections de
température n'ont dépassé que rarement 3 pour loo de l'élévation totale di' tempéra-
ture du calorimètre.
Les substances utilisées, dont je n'indique pas spécialement l'origine, provenaient
de la manufacture de Kalilbaum. Elles ont été soigneusement purifiées et analysées.
Je dois ici remercier M. A. Meyer qui a bien voulu se charger de celte partie du tra-
vail et y a apporté le plus grand soin.
A. Les résultats obtenus ont été les suivants :
I. Capryléne. — Le caprylène secondaire, utilisé dans ces expériences,
bouillait à i22°-i23''. Deux expériences nous ont donné respectivement
28 366'^^''' et 28446''^') soit, en moyenne, 28 406''''' par molécule-gramme pour
la réaction :
C»H"-CH = GH — CH5-i-Brî=C^H"-CHBr-CHBr.CH\. +28 4o6'^»i
Le brome dégagé sous forme d'acide bromhydrique était inférieur à
0,5 pour 100 du brome employé.
IL Styrolène. — Ce liquide bouillait à 54"-55° sous 28""". J'ai obtenu
dans deux expériences, respectivement 23 gS')'"' et 24072*^"', soit, en
moyenne, 24 oo3''"' par molécule-gramme de brome; et l'on peut écrire la
réaction :
C'H'- CH = CH^-H Br^rr C«H^— CHBr - CH^Br -Ha/^ooS'"'
Le brome substitué était inférieur à o,3 pour loo du brome employé.
IIL Cychhexène. — Ce corps, obtenu par la déshydratation du cyclo-
hexanol, l)0uillait à 83°-84" sous 762""'". Deux expériences m'ont donné
28 910"' et 29 104*^"', soit, en moyenne, 29007''*' par molécule-gramme pour
la réaction :
C« H'» + Br^ — C« H'» Br^ -I-29 007"'
Le brome substitué était inférieur à i pour 100 du brome employé.
W . Méthylçyclohexéne-1.3. — Produit par la déshydratation duyj-méthyl-
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 917
cyclohexanol, il bouillait à io2"-io2°,5 sous 755""". J'ai obtenu dans
deux expériences les nombres 29I77''''' et 29199*^*', soit, en moyenne,
29188'"' par molécule-gramme dans la réaction qui peut se formuler :
CH'— C''H'-»-Br^ = CH3— CH'Br^ 4-29188"'
Le brome subslitué était inférieur à i,5 pour 100 du brome employé.
V. Phénylpropiolate d'élhyle. — Ce corps, produit par éthérificalion de
l'acide phénylpropiolique, bouillait à i37°-i38° sous i3"'"\ Deux expé-
riences ont donné comme résultat : 2918/1*^"' et 29056''*' soit, en moyenne,
29 120''*' pour la réaction :
C«H^ — C=G — CO'— CMlM-Br2 = C«H^ — CBr = CBr — COî-C^H'.. +29 i2o<^^i
On n'a pu déceler que des traces d'acide bromhjdrique.
VI. Pulégone. — Ce liquide bouillait à i02''-io3° sous i5""". Il m'a donné,
dans deux expériences : 21982''''' et 21811'^*', soit, en moyenne, 21897'"''
par molécule-gramme de brome fixé. La réaction peut s'écrire :
Ci»H'=0 H- Br^ = C'HO'^Br^ -1-21897^'"'
Le brome substitué était, ici encore, inférieur à o, 3 pour 100 du brome employé.
B. Tous les nombres donnés ci-dessus sont relatifs aux corps dissous dans
le tétrachlorure de carbone. Si l'on veut passer aux chaleurs dégagées par
les réactions entre les corps à l'état pur, les corrections sont négligeables
quand il s'agit de corps liquides. Seul le styrolène, parmi les corps étudiés
dans cette Note, donne un bromure solide.
En conséquence, la chaleur de dissolution du bromure de styrolène dans
le tétrachlorure de carbone a, été déterminée et trouvée égale à — 5415"*'.
Il s'ensuit que la chaleur de fixation du brome sur le styrolène à l'état pur
serait 24oo3 -1- 54 1 5 ^ 29418'*'.
C. Conclusions. — En rapprochant ces résultats de ceux de mes précé-
dents Mémoires, on constate les faits suivants :
1° Le nombre trouvé pour le caprylêne est très voisin des nombres déjà
trouvés pour ses homologues : il se place entre celui relatif au Iriméthyl-
éthylène (double liaison entre un carbone tertiaire et un carbone secon-
daire) et celui relatif à Vhexylène (double liaison entre un carbone primaire
et un secondaire).
2° Pour les carbures cycliques éthyléniques, les nombres trouvés sont
notablement plus forts que ceux relatifs aux carbures gras correspondants.
9l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° Conformément encore aux résultats déjà acquis, la présence d'un
groupe cétonique, dans la piilégone^ abaisse notablement la cbaleurdégagée
par la fixation du brome sur la double liaison.
4° Enfin le cas intéressant d'un éther-sel acétyiénique nous donne, pour
la fixation d'une seule molécule de brome, un nombre tout à fait compa-
rable à ceux relatifs aux carbures éthyléniques.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les azotures et tes oxydes extraits de l'alu-
minium chauffé à l'air. Note de M. E. Koun-Abrest, présentée par
M. Armand Gautier.
J'ai indiqué en 1900 (') quelques résultats obtenus en cbaufTant dans
l'air la poudre d'aluminium. J'ai depuis repris cette étude.
Lorsqu'on introduit dans un tube de porcelaine cbaufïé électriquement
des nacelles renfermant de la poudi'c d'aluminium, on constate que celles-ci
augmentent de poids. L'augmentation dépend des conditions de l'expé-
rience. J'ai décrit antérieurement les modifications d'aspect présentées parla
poudre d'aluminium au cours d'un cbauffage prolongé pendant 10 minutes.
En multipliant les expériences entre 5oo et 800, on observe un point sin-
gulier dans le tracé obtenu en prenant pour coordonnées la température et
l'augmentation de poids subi par la nacelle. Cette augmentation est due à
une fixation d'oxygène et d'azote en proportions variables. Le Tableau sui-
vant permet de se rendre compte de la marche de la fixation :
Augnienlalion
de poids pour loo
Températures. de matière première. Azoïc fixé. Oxygène fixé.
540 2,9 Traces 2,9
GIO (point singulier) 0,0 Traces 6,0
680 4,6 0,18 4,42
^10 t\,'i o,.53 ^ 'Il
740 5,2 1,3 3,90
810 [\,\ 0,56 3,54
890 11,6 5,68 5,92
925 12,7 6,3o 6,4o
1125 34,3 22,90 . 11,80
Durée de chauft'age : 10 minutes. ^
(') Comptes rendus, '^w'xWel igoS. — Voir aussi Pi().>chon, Comptes rendus^ 1890.
SÉANCE DU II AVRIL I()IO. 919
Ainsi, à 600°, il y a un maximum relatif de fixation d'oxygène el pas de fixation d'azote.
Lorsqu'on prolonge la durée du chauffage de la poudre à celte température, on constate
qu'au bout de 2 heures la fixation totale d'oxygène correspond à 8,80 pour 100 de la
matière première. Le produit obtenu possède alors une fixité remarquable. En prolon-
geant le chaulTage, même pendant plusieurs heures, il ne subit plus de changement de
poids. Il se présente sous l'ispect d'un mélange de particules brillantes et de grains
oxydés.
Pour doser la quantité d'aluminium métallique restant dans le mélange partielle-
ment oxydé, j'ai soumis celui-ci à l'attaque du gaz chlorhj'drique pur et sec, en em-
ployant la méthode décrite antérieurement ('). On constate que les particules métal-
liques existant dans la masse disparaissent peu à peu du mélange pour donner un
chlorure d'aluminium anhydre qui se sublime dans l'appareil.
La matière non attaquée par le gaz chlorhydrique et restant dans la nacelle est
constituée par un oxyde anhydre inerte vis-à-vis des acides, ayant les caractères de
l'alumine sans en avoir la composition (pour 16 d'oxygène, métal =r 23,95).
Le chlorure obtenu par attaque de la partie métallique n'a pas la composition du
chlorure Al CI'' : tandis que celui-ci exige un rapport d'aluminium au chlore égal à
0,2548, on trouve, pour le chlorure provenant du métal inoxydè existant encore dans
la poudre chauflTée pendant 10 minutes à 600°, un rapport de métal au chlore qui est
de 0,2680, soit de 4 pour 100 plus riche en métal que le chlorure AlCI'. Ajoutons que
des morceaux d'aluminium pur attaqués par la méthode au gaz chlorhydrique donnent
Al
un rapport -sq- égal à o,256o.
En résumé donc, à 600°, la poudre s'oxyde partiellement, sans fixation
d'azote. L'oxydation atteint très rapidement sa limite (8,8 pour 100).
L'oxyde formé, bien qu'inerte vis-à-vis des acides comme l'alumine
ordinaire, n'a pas la composition de celle-ci, et la partie inoxydée du métal
mis en expérience conduit à un chlorure dont la formule n'est plus celle du
chlorure d'aluminium connu.
A 800° (-), les phénomènes observés sont différents; l'oxydation conti-
nue même après 6 heures de chauffage. La fixation d'azote est notable;
cependant, lorsque le contact avec l'air est suffisant, il n'y a plus d'azote
dans le produit ayant été chaufiée pendant 4 heures environ.
A 1 100°, les oxydations et l'azotation de la matière sont des plus intenses;
au bout de 6 heures de chauffage, la poudre ne renferme plus d'aluminium
(') Comptes rendus, 1909; Bull. Soc. chim., 1909.
(-) C'est à 800° que, lors d'un chauffage brusque d'une poudre non encore chauffée
préalablement, on isole les globules métalliques dont j'ai révélé antérieurement l'exis-
tence et fait l'étude depuis.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 15.) 122
920
ACADÉMIE DES SCIENCES.
métallique et son poids reste sensiblement constant lorsqu'on continue à
chauffer à la même température de i loo".
Le Tableau suivant résume les résultats obtenus :
Poudre à 600°
Poudre à 800
Augnientalion
Poudre à iio
Augmentation
s».
Augmcnlation
Durée
pour 100 de
po
ur 100 de
pour 100 de
du chauffage.
maliére première.
Azole.
niali
■re première.
Azote.
maliére première.
Azote.
10 minutes..
6
Néant
7
0,33
34,5
22, 5o
I heure. . .
8
»
l5
»
4i ,0
»
2 heures. . .
8,So
n
27,2
Traces
5o,o
12,90
3 » ...
8,80
n
29,5
»
52,5
4 » ...
8,80
»
32,0
»
57,5
»
5 » ...
8,80
»
»
62,5
»
6 » ...
8,80
»
»
65,5
10,00
La lecture de ce Tableau montre qu'au-dessus de 800° il y a fixation
simultanée d'oxygène et d'azote, et en même temps déplacement de l'azote
par action prolongée de l'oxygène de l'air (à la pression atmosphérique).
Afin de vérifier directement ce point important, j'ai préparé de la poudre
d'aluminium saturée d'azote pour la soumettre à l'action de l'air. La poudre
d'aluminium possède pour l'azote une très grande affinité, alors que celle-
ci est presque nulle dans les mêmes conditions pour l'aluminium en
morceaux. Voici les résultats observés par chauffage direct pendant 10 mi-
nutes de la poudre dans une atmosphère d'azote exempt d'o.xygène et sec.
Observations.
Poudre noire, globules métalliques.
» » n
» » plus abondants et plus grands.
>) » »
» » petits et ternes.
» » »
» les globules ont disparu.
En prenant les précautions nécessaires pour éviter l'action de l'humidité
sur la poudre, j'ai préparé par chauffage direct dans l'azote vers 900° une
poudre saturée d'azote ne renfermant que de faibles proportions d'oxyde.
Cet azolure est gris foncé; il est stable dans l'azote, même vers 1 100°. J'en
indiquerai ultérieurement les propriétés.
Cet azoture n'a pas la composition de l'azolure actuellement connu
Température.
Azote.
540°
Traces
710
Traces
750
2
pour 100
800
5
pour 100
875
8,45
890
10,86
925
12,21
SÉANCE DU II AVRIL igiO. 921
AlAz dont le rapport aluminium à azote est de 1,92. Le rapport est, pour
l'azoture nouveau obtenu, de 2,i4-
Cet azoture inférieur qui, à mon avis, n'est pas un corps défini, lorsqu'on
le chauffe à l'air, se transforme en oxyde. Le déplacement d'azote com-
mence à 800°; il augmente avec la température. A 1100°, le déplacement
est proportionnel à la durée du chauffage,
Durée du chauffage. Azote déplacé.
10 minutes 16, 5
1 heure 58,8
2 heures 100,0
Le produit obtenu, après départ complet de l'azote, renferme moins
d'oxygène que ne l'exige la formule de l'alumine APO^. C'est un produit
blanc, inerte, ayant l'aspect de l'alumine calcinée (' ).
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la cémentation des aciers au silicium. Note de
M. L. Grenet, présentée par M. H. Le Chatelier.
Le silicium, comme on le sait, favorise dans les fontes la séparation du
carbone à l'état de graphite et s'oppose à la cémentation des aciers. Nous
avons cru intéressant de reprendre l'étude de la cémentation des aciers au
silicium en variant la nature des céments employés. Nous avons procédé par
comparaison entre un acier au silicium à 3 pour 100 de ce corps et un acier
doux de cémentation ordinaire. Les compositions de ces aciers étaient les
suivantes :
Carbone. Silicium. Manganèse. Phosphore. Soufre.
Acier de cémeiilalioii . 0,09 0,11 o,'i-'J o,oi5 Traces
Acier au silicium o,o.5 3, 20 0,19 o,o3o 0,020
La cémentation a été effectuée entre qSo" et 1000° dans les trois céments
suivants :
A. Charbon de bois de chêne préalablement calciné. — Durée de cémentation,
12 heures. Les échantillons étaient placés dans un tube d'acier fermé aux deux extré-
mités par des tampons d'argile.
B. Charbon de bois de chêne non calciné. — Mêmes conditions que pour l'expérience
précédente.
(' ) Il eût été trop long d'indiquer dans celte Note les détails des analyses. On les
trouvera dans le Mémoire en préparation.
()22 ACADÉMIE DES SCIKNCES.
C. Prussiale jaune de potasse. — L'échantillon était placé dans une capsule de
porcelaine enfermée elle-même dans une boite en acier iulée. Durée de l'opération,
6 heures. Toutes les 2 heures on remettait de nouvelles quantités de prussiate.
\oici les résultats du dosage de carbone sur une couche superficielle de
o"'™, 5 d'épaisseur enlevée après cémentation :
A. B. c.
Acier de cémentation o,85 1,00 i,43
Acier au silicium 0,09 0,1- i ,o5
Les aciers ^Tu silicium ne se cémentent donc pas en présence de céments
suffisants pour l'acier sans silicium, mais ils se cémentent bien au contraire
dans le prussiate jaune qui se décompose à la température des expériences
en donnant du cyanure de potassiuiTi.
Ce fait dorme la justification d'une pratique en usage dans certains ateliers,
qui consiste à cémenter la fonte grise avec des produits dégageant des
cyanures. C'est d'ailleurs la connaissance de ce traitement qui nous a engagé
à faire les expériences rapportées ici.
Les deux échantillons cémentés, refroidis lentement dans leur cément et
soumis à un examen métallographique, n'ont pas présenté trace de graphite.
L'acier à i,o5 de carbone et 3, 20 pour 100 de silicium ainsi obtenu par
cémentation est assez stable pour pouvoir être chauffé à 800" pendant un
quart d'heure hors de son cément sans apparition de graphite. Trempé à
cette température, il devient dur et raye le verre, comme les aciers sans
silicium de même teneur en cai'bone.
En résumé, nous avons cru intéressant de montrer que des aciers ne se
cémentant pas pratiquement dans le charbon de bois, se cémentent au
contraire très bien dans les produits cyanures. Cela conduit à supposer que
les éléments gazeux interviennent dans l'équilibre de solutions solides
carburées.
CHIMIE. — De l'action réductrice des formiates alcalins sur certains
composés minéraux. Note de M. Vournasos, présentée par
M. H. Le Chatelier. (Extrait.)
En poursuivant mes recherches sur l'action réductrice des formiates alca-
lins, j'ai obtenu avec l'azoture de bore, du bore amorphe et le dégagement
d'un mélange d'hydrogène, de gaz ammoniac et de borure d'hydrogène.
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 928
La proportion de ce dernier peut s'élever à i,5 pour 100. Le mélange brûle
avec une flamme verdâtre; il colore en noir les bandes de papier impré-
gnées de nitrate d'argent ou de sulfate de cuivre. Les borates et métabo-
rates ne sont pas réduits.
Les tentatives faites pour obtenir des composés hydrogénés du bismuth
et du zinc ont échoué.
La plupart des composés métalliques sont réduits en donnant le métal
pur. Parmi les plus intéressantes de ces réductions on peut signaler celles
des lungstates, molybdates, vanadales et uranates alcalins, et celles des
chlorures des mêmes métaux.
Ce mode de réduction appliqué aux composés du mercure donne un pro-
cédé très sensible pour la recherche toxicologique de ce métal. On chaufTe
la matière avec du formiate de sodium pur. Le gaz hydrogène chargé de
vapeurs de mercure est enflammé à la sortie d'un tube de dégagement
étroit et sa flamme est écrasée contre une plaque de porcelaine dépolie. On
obtient une tache noire présentant tous les caractères du mercure.
Dans le cas où l'on fait ces expériences de réduction avec des azotates
métalliques, on peut avoir des explosions violentes.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Phénomènes de transport électrique dans les solutions
de certaines matières colorantes. Note de I\L Léo Vig.vo.v, présentée
par M. A. Haller.
On sait que le transport électrique est le déplacement de certains colloïdes
en fausses solutions dans un liquide, sous l'influence d'un champ créé par
deux électrodes plongeant dans ce liquide.
J'ai constaté les faits suivants, en étudiant ce phénomène dans des solu-
tions aqueuses de matières colorantes artificielles de constitution chimique
connue.
Appareil :
J'ai employé des tubes de verre en U, de hauteurs variables, mesurant 16™"^ de
diamètre inlérieur, contenant les solutions colorées. Dans la solution plongeait, dans
chaque branche du tube, une électrode constituée par un fil de platine de 3""" de dia-
mètre, immergée de i"" dans la solution colorée; un petit index de benzine de i''™ de
hauteur, recouvrant le liquide coloré, permettait de suivre dans chaque branche les
dégagements gazeux provenant de la surface de la solution.
Uu courant continu, de ville, était relié aux deux électrodes; des résistances permet-
taient de faire varier le voltage. Le dissolvant étant de l'eau distillée, et les solutions
924 ACADÉMIE DES SCIENCES.
très étendues, le courant passant dans le liquide était extrêmement faible; son intensité,
mesurée par l'ampèremètre, a toujours été maintenue inférieure à i milliampère, en
réglant la distance des électrodes par la longueur de la colonne liquide interposée.
Dans ces conditions, l'électrolyse a été réduite à une très faible valeur.
Un appareil semblable permet, après 1 heure d'action, d'obtenir des phénomènes
de transport avec le noir de fumée, l'alumine et la silice gélatineuses, en suspension
dans l'eau distillée.
MATIÈRES COLORANTES EXPERIMENTEES :
Nitréei : acide picrique, jaune naphlol, jaune naphiol S.
Monoazoïqiies : orangé II.
Disazoïques : rouge congo, noir diamine BH, bleu diamine 3R.
Trisazoïques : rouge de Saint-Denis, vert diamine.
Dérivés du Iriphénylniéthane : vert malachite, fuchsine, violet cristallisé, fuchsine S,
bleu de diphénylamine, vert au mélhyle, bleus alcalins 6 et 3B.
Pyroniques : rhodamine, éosine.
Thiaziniijues : bleu méthylène.
Safraniques : safranine G.
Expériences. — Les expériences de transport ont été faites sur des solu-
tions contenant :
iB, G", I et 06,01 de matière colorante dans 1000'"' d'eau distillée froide : a, sous
17 volts, avec une distance entre les électrodes de 7'™, 71 ; b, sous 100 volts, avec une
distance entre les électrodes de SS'", 16.
L'intensité du courant, agissant pendant i heure pour ctiaque détermination, a
toujours été maintenue inférieure à i milliampère.
Résullats. — On constate que les matières colorantes en solutions colloï-
dales (voir Comptes rendus du 7 mars 1910) accusent avec intensité le phé-
nomène du transport.
Le rouge congo, le noir diamine BH, le bleu diamine 3R, le rouge de
Saint-Denis, le vert diamine, le bleu de diphénylamine, les bleus alcalins 3 B
et 6B, présentent de fortes augmentations de coloration au pôle positif, et
des diminutions notables et parfois totales de coloration au pôle négatif.
Souvent, au pôle positif, la liqueur est tout à fait opaque et noirâtre, comme
si elle renfermait un abondant précipité, en même temps qu'il y a décolo-
ration au pôle négatif.
En supprimant le courant, la liqueur redevient d'elle-même homogène
au bout d'un cet*tain temps, et setnblable à son étal primitif. Si l'on agite le
liquide, l'homogénéité est rendue immédiate; en filtrant la liqueur sur du
papier à filtrer ordinaire, on ne recueille sur le filtre aucun précipité, même
SÉANCE DU II AVRIL 1910. Ç)l5
quand on opère immédiatement après la suppression du courant : la liqueur
filtrée est identique à la solution initiale.
Les matières colorantes solubks, diffusant bien, présentent des phéno-
mènes qui diffèrent par des caractères très nets des précédents.
On n'observe jamais de formations opaques à Van des pôles, ressemblant
à des précipités abondants, pouvant occuper la moitié du volume total du
liquide; il se produit, d'ordinaire, des différences de coloration aux deux
pôles, parfois des formations de très faibles précipités incolores, qui semblent
dus à l'électrolyse (leucodérivés); quelques matières colorantes, n'ayant pas
subi d'ionisation, la rhodamine, la safranine, ne présentent aucune parti-
cularité.
En résumé, on obtient des phénomènes de transport très nets avec toutes
les matières colorantes en solution colloïdale, c'est-à-dire en granules non
dissous : ces granules possèdent donc des charges électriques appréciables.
Je rappelle que j'ai déterminé les matières colorantes qui forment des
solutions colloïdales par l'étude de leur diffusion {Comptes rendus, 7 mars
1910) : les deux phénomènes sont concordants.
Dans les matières colorantes en solution vraie, on ne détermine aucun
changement, ou des changements de coloration sans altération de la limpi-
dité, provenant du déplacement d'ions dissous.
CHIMIE ORGANIQUE. — Suj- le camphre artificiel. Note de M. E. Darmois,
présentée par M. A. Haller.
Le camphre naturel possède l'activité optique; son pouvoir rotatoire spé-
cifique est variable avec la dilution dans la plupart des solvants; j'ai trouvé
qu'il était très approximativement constantdans l'éther et dans l'hexane (').
Tout ce qui va suivre se rapporte à des dissolutions faites dans ces deux
liquides. Dans ces conditions, le pouvoir rotatoire est [a]., = + 57° pour la
radiation jaune du mercure X = 5^8 (-), le rapport des rotations pour les
deux raies bleue (43G) et jaune (378) est 2,77. Ce rapport mesure la dis-
persion rotatoire du corps (').
('j Les mesures ont porté sur des concentrations variant de 2 à 4°.
(') Le pouvoir rotatoire désigné par [a]j se rapporte dans ce qui suit à la raie jaune
du mercure ^^578 et non à la teinte sensible.
(') Cette dispersion est très considérable; le rapport pour le quartz est i, 83.
926 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le camphre artificiel fourni par l'industrie est au contraire peu actif.
Trois échantillons que j'ai eus entre les mains avaient comme pouvoir rota-
loire —2", —7", +5°, les deux derniers provenant respectivement des
essences de térébenthine française et américaine.
La faible activité du camphre provenant de l'essence française est sur-
prenante; on sait que les dérivés préparés avec celte essence (chlorhydrate,
camphène, etc. ) sont très actifs. Il m'a semblé que, par une série d'opérations
faites à température aussi peu élevée que possible, on pourrait préparer un
camphre à pouvoir rotatoire plus grand. J'ai obtenu un produit dont
l'activité est comparable à celle du camphre naturel, bien qu'un peu plus
faible.
L'essence, rectifiée pour éliminer les carbures passant au-dessus de lôS", est trans-
formée en bromhydrate de pinène C'H'^Br, celui-ci en bornéol C"'H"(OH) par l'in-
termédiaire du dérivé magnésien (' ) ; il se forme en même temps du dibornyle (G'" H")'.
Ce dernier corps étant peu volatil (Eb.: 325°), on sépare le bornéol par entraînement à la
vapeur d'eau. On le fait recristalliser dans l'élher de pétrole et l'on recueille de temps
en temps le bornéol déposé.
Le bornéol ainsi obtenu n'est pas un corps homogène^ le pouvoir rotatoire des
diverses fractions est t^ariable (solutions dans l'éther).
J'ai opéré d'abord avec l'essence de pin d'Alep qui renferme le pinène a
droit [oc]j= -4- 5o°,5.
Exemple. — Dans une opération donnant 1 00''' de bornéol, on recueille 80^
puis 20*-' à l'entrahiement.
l'remier bornéol entraîné [a]j
Deuxième bornéol entraîné [<z]j.. . .
Le bromhydrate avait été cristallisé dans 1 alcool; le bromhydrate cristallisé une
fois (Fus.: 87°) m'a donné les mêmes résultats que le bromhydrate cristallisé six fois
(Fus. : 94°).
Le bornéol ainsi préparé n'est donc pas un corps homogène, il se
comporte comme un mélange d'un corps droit avec un corps gauche plus
soluble et plus volatil. Ces propriétés sont précisément celles d'un mélange
de bornéol droit et d'isobornéol gauche. Une vérification simple était
(') La préparation du bornéol par le chloihydrate de pinène et le magnésium a été
indiquée par Houben et étudiée par A. liesse {lier, der deutschcn chemischen Ges..
t. WXIX. 1, p. 1127).
SÉANCE DU II AVRIL 19IO. 927
indiquée; on sait que l'oxydation d'un Ici mélange doit donner du camphre
droit.
L'oxydation a été faite à froid par l'acide chromique ou par l'acide
azotique. L'un quelconque de ces bornéoh donne un camphre très actif,
[a], = -t- 49° environ, la dispersion rotatoire étant celle du camphre naturel ;
il est donc constitué par du camphre droit mélangé à une petite quantité de
camphre gauche (7 pour 100). Malgré cette faible différence, la conclusion
précédente subsiste. Le hnrnéol synthéliijue obtenu à partir du pinène droit
est un mélange de hornèol droit et d'isohornèol gauche, dont l'un au moins est
mélangé à une faible quantité de son inverse optique.
Dans le but d'obtenir le camphre gauche, j'ai recommencé les mêmes
opérations sur l'essence française. Dans descommunications précédentes ( ' ),
j'ai montré que cette essence renferme dans la fraction utilisée les deux
pinènes a et p, j'ai indiqué comment on pouvait calculer la rotation du pi-
nène a présent dans une essence; le calcul donne dans ce cas [a], — — 46°, 5;
le pinènc a présent dans l'esseno* française renfermerait 96 pour 100 de
pinène gauche et 4 pour 100 de pinène droit. Les résultats sont analogues,
au signe des rotations près; le camphre obtenu est un peu moins
actif : [a]j = — 45" (10 pour 100 de camphre droit).
Les conclusions sont les mêmes. Le bornéol obtenu avec l' essence française
est un mélange de bornéol gauche et d'isoboniéol droit, avec une faible
quantité de leurs inverses.
Ce résullat semble en conlradiclion avec celui obtenu par M. A. Hesse {loc. cit.)
avec le chlorhydrate de l'essence française. D'après cal auteur, le bornéol obtenu ne
contiendrait que des traces d'isobornéol, le faible pouvoir rotatoire du bornéol tenant
à ce qu'il renferme du dibornyle. Ce dernier carbure est en effet de signe contraire à
l'essence génératrice [a]j^ — 4^" et [(z]j=r + 35'' avec les deux essences employées.
Outre que ce corps n'est pour ainsi dire pas entraîné parla vapeur d'eau, l'explication
n'est pas valable dans le cas que j'ai étudié ; il faudrait admettre que le bornéol renferme
[^o pour 100 de dibornyle. Je me propose d'ailleurs de reprendre la préparation du
camphre par le chlorhydrate de pinène.
En résumé, il est possible de préparer sous les deuœ formes droite et gauche
du camphre synthétique fortement actif. Chacun de ces camphres est mélangé
à une faible quantité de son inverse. Il peut se faire qu'en variant un peu les
conditions de préparation, en opérant par exemple à température plus
basse, on obtienne un camphre identique au camphre naturel.
(') Comptes rendus, t. CXLVU, p. igS; t. CXLIX, p. 730.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 15.) 123
928 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation de la pinacoline avec les éthers-sels.
Noie de M. F. Couturier, présentée par M. A. Haller.
Les nombreux travaux auxquels a donné lieu la pinacoline ont établi que
ce corps possède une formule dissymétrique et qu'elle présente la plupart
des caractères des cétones R — CO — CH''.
Le travail qui fait l'objet de cette Note apporte à cette manière de voir
une nouvelle confirmation.
On sait que les cétones de cette forme peuvent se combiner aux éthers-
sels en présence du sodium pour donner des produits, de condensation tels
que les dicétones. La pinacoline, en tant que présentant le groupement
fonctionnel — CO — GH', devait présenter des réactions analogues.
En faisant réagir sur ce corps des éthers-sels, tels que l'éther acétique et
l'éther oxalique, j'ai obtenu des produits de condensation dontles propriétés
nettement caractérisées les rattachent aux séries des ^-dicétones et des
éthers pyruviques. Pour obtenir la condensation, j'ai utilisé la réaction,
soit du sodium, soit de l'éthylate de sodium sec sur le mélange des deux
corps réagissants dilués dans l'éther absolu.
1° Acélylpinacoline , ou diméthyl-i .i-hexane-dione-?> .^,
(CH^)^C— CO — CH^ — CO — CH'
Cette |3-dicélone résulte de l'action du sodium sur un mélange de pinacoline et
d'éther acétique. Le sel de sodium formé est dissous dans l'eau glacée, acidulée par
l'acide acétique et agité avec de l'acétate de cuivre neutre. On sépare ainsi un sel de
cuivre (C'H'^O^)' Cu, qui, après purification dans l'éther de pétrole, se présente sous
la forme de longues aiguilles bleu foncé, fusibles à (75°. Ce sel, traité par SO'H- à
20 pour 100, donne l'acétylpinacoline, liquide bouillant à 168° à la pression ordinaire
sans décomposition; densité à zéro : o.gSS. Cette dicétone donne avec le sodium et le
cuivre des sels cristallisés. Avec le perclilorure de fer elle donne une coloration rouge
intense.
Elle fournit avec l'hydroxylamine en solution alcoolique un isoxazol CH'^OAz
fusible à 107° et, avec la phénylhydrazine, une hydrazone G"H-"OAz- cristallisée en
aiguilles fusibles à 85°.
1" Triméthylacét)lpyruvate d'éthyle {CH^)'C — CO - CH- — CO — CO^C^P.
La condensation avec l'éther oxalique se réalise mieux avec l'éthylate de sodium sec
à — i5°: avec une technique analogue à la précédente, on obtient un sel de cuivre
(C"'lI"0'')'Cu, qui cristallise dans l'éther en gros cristaux prisnialiques vert foncé,
fondant i'i 162°.
Jj'aclion de l'acide sulCurique à ao pour 100 sur ce sel met en liberté l'éther pyru-
vic|ue; c'est un liquide incolore, parfaitement stable, qui bout à 124° sous i3""'.
SEANCE DU II AVRIL 19ÎO. 929
Avec l'hydroxylamine, il ne donne pas de dioxime, mais un isoxazol, cristallisé en
aiguilles fusibles a 90°,
\
(CH')'C — G — CH = C — CO'C'Hs.
Il I
Az O
Cet éther se dissout intégralement dans une solution diluée de carbonate de sodium,
d'où l'on peut le régénérer par saturation avec un acide.
Il résulte des propriétés de cet éther qu'on doit lui attribuer une formule énolique
-CH=:G{OH)-;
les travaux de CInir-en et Tuigle (') sur le produit de condensation de l'oxyde de
mésityle et de l'étlier oxalique ont mis en évidence les deux formes tautomères,
célonique et énolique, la seconde seule donnant un sel de cuivre et pouvant se
dissoudre dans le carbonate de sodium. Avec la pinacoline, la forme énolique paraît
seule exister, et, quel que soit le mode de préparation employé, 11 n'a jamais été
possible de mettre en évidence la forme cétonique.
La saponification de l'étlier trimélliylacétylpyruvique par une solution diluée de
soude ou de carbonate de soude se fait aisément par agitation prolongée à froid, et il
se forme Vacide Iriinélhylacétylpyruvique
(GH^)'C - GO - CH = G (OH ) CO'^ H.
Cet acide se présente sous la forme de cristaux blancs fusibles à 60°, solubles dans
l'étlier et l'alcool, assez solubles dans l'eau bouillante, d'où 11 cristallise par refroidis-
sement en longues aiguilles.
Les propi-iétés de cet acide conduisent à lui attribuer aussi une forme
énolique, et le traitement à l'eau bouillante n'amène pas de transformation
en forme cétonique, ainsi que cela se produit pour l'acide a-mésityloxy-
doxaliqiie C*H' - CO - CH = C (OH) - CO^H ; en effet, l'acide tri-
mélhylacétylpyrtivique, éthérifié par l'alcool et l'acide sulfurique, reproduit
Téther pyruvique correspondant; son point d'ébuUition (124° sous i3™™)
l'identifie avec l'étlier obtenu précédemment. Les sels que forme cet acide
montrent que l'bydrogène du groupement — CH* — comprisentre les deux
fonctions cétoniqucs (ou du groupement — CH = dans la forme énolique)
et celui du groupement fonctionnel — COOH, interviennent dans leur
formation avec une valeur égale, ainsi que cela résulte de l'analyse des sels
de baryum et d'argent dans lesquels entrent 2"' de métal pour 1™°' de
l'acide.
L'action des alcalis ou des carbonates alcalins, à l'ébuUition, décompose
(') Liebigs Ann. Cli., t. CGXGl, p. i r i .
gSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'éther ou l'acide en question, en régénérant les deux composés primitifs,
la pinacoline et l'acide oxalique.
Ces réactions de la pinacoline, en caractérisant sa formule célonique,
sont en concordance avec les faits que j'ai publiés antérieurement (Comptes
rendus, t. CXL, p. lôpS), et par lesquels j'ai montré la formation de tri-
méthylacétylaldéhyde en mettant en jeu l'éther formique comme élément
de condensation.
PÉTRO(îRAPHiE. — Sur les roches basiques de Saint -Quay-Porlrieux (Côles-
du-Nord) et leurs rapports avec les filons de peginalite qui les traversent.
Noie de M. Jacques de Lapparkxt, présentée par M. Pierre Termier.
Les falaises qui bordent le littoral aux environs de Saint-Quay, jusqu'à
Portricux du côté de Saint-Brieucel jusqu'à Tréveneuc du côté de Paimpol,
sont constituées par des roches cristallines massives, noires et grises,
signalées par M. C. Barrois, sur les Cartes géologiques de la région, comme
diorites et gabbros.
Elles confinent des deux côtés à des micaschistes, en bancs plus ou moins
redressés, que certaines particularités permettent d'identifier et de rapporter
à la même formation métamorphique superposée aux roches cristallines en
question.
Au contact des micaschistes, on trouve les roches grises, jamais les roches
noires; de sorte que le massif de ces roches cristallines apparaît comme
formé d'un amas de roches noires bordé d'une zone de roches grises. Il
existe un passage graduel des roches noires aux roches grises, mais la gros-
seur du grain des roches grises est à peu près constante (c'est celui d'une
diorite), tandis que le grain des roches noires varie depuis un grain très fin
jusqu'à celui des roches grises.
Les filons de pegmatites qui traversent ces roches sont des filons de
pegmalites grajjhiques constituées par du microcline, de l'albite, du quartz,
avec un peu de muscovite et beaucoup de tourmaline. On les trouve en
abondance au voisinage des termes de passage des roches grises aux roches
noires, c'est-à-dire près des bordures du massif. Elles manquent au centre
même du massif.
Au contact des roches gxises, on trouve en général des roches noires à
grain fin ; mais les mêmes roches apparaissent en outre sous forme d'enclave
dans les roches crises et les roches noires à eros grain.
SÉANCE DU II AVRIL 19IO. 93l
Les roches noires à grain fin ont la composition et la structure de la
beerbachile des auteurs allemands.
On y voit un feldspath très hasique atteignant parfois une teneur de
•80 pour 100 d'anorthite, des grains d'hypersthène, de la magnétite et de
l'augite; et en plus, çà et là, quelques cristaux de biotite avec un peu de
quartz.
La roche noire à gros grain contient les mêmes éléments plus largement cristallisés,
mais elle contient un peu plus de quartz. Le feldspath est un peu moins basique: c'est
un labrador dont la composition oscille autour de celle du labrador à 60 pour loo
d'anorthite. Il n'est pas rare de trouver, dans des parties très fraîches de cette roche,
l'augite partiellement transformée en amphibole hornblende.
Cette transformation est complète dans les roches grises, elles-mêmes très fraîches.
Il ne reste parfois qu'un centre d'augite non transformée. Ces roches grises ne contien-
nent plus du tout d'hypersthène, mais par contre contiennent beaucoup de biotite et
de quartz. Leur feldspath est un labrador voisin du labrador à 5o pour 100 d'anor-
thite.
Cette bordure rie roches grises qu'on peut considérer comme des diorites est
due à l'action des éléments des pegmatiles sur le magma en voie de cristallisa-
tion gui devait donner la roche noire, beerbachite ou gabl>ro à liypcrsthène.
On peut s'en rendre compte en étudiant les modifications des roches
noires au voisinage d'un fdon de pegmatitc.
Là roche se charge de quartz, l'augite se transforme en hornblende et
l'hypersthène disparait, remplacée par la biotite, en même temps que le
feldspath, très basique dans les petits individus qui ont cristallisé les pre-
miers, devient un peu plus acide dans les gros individus de cristallisation
plus récente.
Mais ces transformations, qu'on tiouve réunies dans la roche grise qui
constitue la diorite, et qui manifestent l'action, sur un magma basique en
voie de cristallisation, de tous les éléments qui ont contribué à la formation
des pegmatites, peuvent être indépendantes. En d'autres termes, on peut ne
constater, sur le gabbro, que l'action d'un seul des éléments de la pegma-
tite.
L'action des éléments du feldspath potassique sur les grains d'hypersthène
est des plus caractéristiques. La biotite prend la place du cristal d'hyper-
sthène en conservant sa forme, et la silice en excès s'individualise sous
forme de quartz ; alors que, là où manque de l'hypersthène, du microcline est
venu cristalliser en moulant opliitiquement les cristaux de plagioclases.
L'étude des pegmatites nous apprend que le feldspath potassique s'y est
932 ACADÉMIE DES SCIENCES.
individualisé après l'albite. Comme, d'une part, c'est en bordure qu'on
trouve les dioriles à feldspath le plus sodique, et que, d'autre part, on
trouve également dans ces diorites des roclies noires à grain fin sous forme
d'enclaves, il faut admettre que, çà et là, avant tout mélange avec les élé-
ments qui devaient constituer les pegmatites, un gabbro à hypersthène
cristallisait, et que sa cristallisation a été modifiée par l'arrivée successive
des éléments sodiques et potassiques des pegmatites : les premiers ayant
agi piincipalement à la partie supérieure du magma, là où la cristallisation
n'avait pas encore commencé; les seconds, sur le magma tout entier, même
dans les portions déjà partiellement consolidées, qui, maintenant, jouent le
rôle d'enclaves dans la roche définitivement solide.
PHYSIQUE BIOLOGIQUE. — Stérilisation de grandes quantités d'eau par les
rayons ultraviolets. Note de MM. Victob Hemu, Axdhi'; Hei.bkonner
et Max de Recklinguausen, présentée par M. A. Dastre.
En nous basant sur les résultats obtenus par l'un de nous avec M"'' Cerno-
vodeanu ('), relatifs à l'action bactéricide des rayons ultraviolets à diffé-
rentes distances de la lampe et sous différentes épaisseurs de liquide, nous
avons construit au Laboratoire de Physiologie de la Sorbonne un appareil
d'expérimentation à grand débit pouvant donner jusqu'à laS"' à l'heure, ce
qui correspond à une alimentation en eau d'une ville de 20000 habitants
environ.
Les dimensions de cet appareil ont été calculées d'après les données expé-
rimentales suivantes :
Les rayons émis par une lampe à mercure en quartz du modèle Wes-
tinghouse Cooper Hewitt marchant sur 220 volts et 3 ampères stérilisent
complètement une émulsion de B. coli typhique, dysentérique, charbon-
neux, vibrion cholérique, staphylocoque doré, pneumobacille de Fried-
lànder :
A la distance de 60"^"
' en 3o secondes
4o
« i5
» 20
. 4
)) 10
)><;i seconde
Il y a donc intérêt de placer la lampe le plus près possible de la surface
(') M""" Cehnovodeà.mi et VicToit IIiînhi, Étude de l'action des rayons iillrai-iotels
sur les microbes {Comptes rendus, 3 janvier 1910).
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 933
d'eau et de faire couler Teau avec une vitesse suffisamment lente pour que
les microbes puissent être tués par les rayons.
Dans le cas de l'emjîloi de plusieurs lampes, il faut disposer l'appareil de
façon que la partie d'eau qui se trouve à la surface sous la première lampe
passe au fond de l'appareil sous la seconde lampe et inversement, c'est-
à-dire qu'il y ait un retournement de l'eau entre les lampes.
Le calcul des conditions optima nous a amenés à construire un premier
appareil (type W.C.H., B.V.) formé d'un canal en zig-zag dans lequell'eau
coule sous l'épaisseur de 3o"" et la largeur de 25^^™; par conséquent, pour
un débit de 100'"" à l'heure, la vitesse d'écoulement de l'eau est de 28''°'
par seconde ; avec un débit de 36'"' à l'heure, la vitesse de l'eau est de lo'^'"
par seconde,
Étant donné que l'eau qui arrive sous une lampe commence à subir l'action intense
des rayons déjà 4o'^"' en amont de la lampe et continue à subir cette action encore
jusqu'à 40''"' en aval de la lampe, la zone active de chaque lampe est égale à 80"''"; par
conséquent, avec le débit de 36°'", l'eau est soumise à l'action des rayons pendant
8 secondes sous chaque lampe. Avec deux lampes on a une durée d'exposition de
16 secondes. Si nous nous reportons aux durées indiquées plus haut, nous en concluons
que l'on doit s'attendre à obtenir une stérilisation de l'eau au débit de 36°' avec deux
934 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lampes. Celle conclusion que nous avons lirée au mois de décembre supposait que la
slérilisation de l'eau en mouvement se faisait de la même façon que pour l'eau immobile.
J.,'appareil d'essai se compose d'un réservoir R de 3""', d'une pompe centrifuge P,
d'un compteur à eau C et du stérilisateur formé d'un canal recourbé en zig-zag,
ayant 25"="° de largeur et 5o"" de profondeur. Quatre lampes à mercure en quartz, fabri-
quées à Paris par la Société Weslinghouse Cooper Hewitt, sont placées en LI, LU,
LUI et L IV. Ces lampes sont suspendues sur des flotteurs F qui les maintiennent à
une distance constante du niveau de l'eau; celle dislance est égale à 2'"'. Des rédec-
teuis spéciaux, sont placés au-dessus de chaque lampe. L'eau est mise en mouvement
par la pompe dans le sens indiqué par les flèches.
Pour faire les expériences on fait marcher la pompe, on allume les lampes et l'on
verse dans le réservoir une grande quantité (5' à lo') d'une émulsion très riche de
coll. On prélève ensuite avec de longues pipettes au fond du canal des échantillons
d'eau sur tout le parcours. On ensemence immédiatement des tubes de bouillon en
mettant plusieurs centimètres cubes d'eau dans chaque tube de bouillon, et parallèle-
ment on fait des plaques de Pétri pour la numération des microbes.
Voici, à titre d'exemple, les résultats d'une expérience au débit de 36""' à
l'heure :
Avant la lampe 1 525o microbes par centimètre cube
Après la lampe I 365o » »
Après la lampe II o » »
Les tubes de bouillon ensemencés avec les échantillons d'eau pris après
la deuxième lampe sont stériles.
Chaque lampe débite 66o watts par heure, donc dans cette expérience
36'"' d'eau sont stérilisés avec i32o wattheures, ce qui correspond/>ar/neV/'e
cube à 36 wattheures. Nous pouvons affirmer dès maintenant que nous pour-
rons obtenir des nombres meilleurs; ce nombre 36 wattheures ne doit être
considéré que comme une limite supérieure.
En résumé, on peut réaliser la slérilisation, par les rayons iillranolels, de
grandes quantités d'eau avec une dépense maximum de 36 wattheures par
mètre cube.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la préparation et sur quelques propriétés physico-
chimiques de la gélatine déminéralisée. Note de MM. Cii. Duéré
et .^1. 4iOR(:oLE\vsKi, présentée par M. A. Dastre.
On parvient à ('•limiuer presque complètement les impuretés minérales
(pie conticnneiil les gélalines du commerce en procédant, comme nous
allons l'indiquer, soit par dialyse, soit par congélation.
SÉANCE DU II AVRIL I910. qSS
1° Parificalion par dialyse. — Les feuilles de gélatine sont immergées dans de
l'eau distillée qu'on change fréquemment. L'opération a lieu à basse température
(de 0° à + 2°) et l'eau est addiliomiée d'éther : de la sorte, on évite, autant que pos-
sible, l'altération de la gélatine par hydrolyse chimique et n)icrobienne. On suit les
progrès de la purification en mesurant de temps en temps la conductivilé de l'eau de
dialyse. Pendant les derniers jours, la dialyse se fait dans des récipients en verre
d'Iéna, en présence à^eau de conduclivité {k:= i,5 X io~*) non additionnée d'éther.
On ari'ête la dialyse quand la gélatine ne cède plus d'électrolytes à l'eau après 48 heures
de contact. Ce résultat est obtenu au bout de i mois et demi à 3 mois, suivant la
qualité de la gélatine traitée.
2" Purification par congélation. — ■ Si l'on soumet à la congélation ( dans un mélange
réfrigérant) une solution de gélatine à o,5 pour 100, par exemple, on constate, au
moment du dégel, que la gélatine est précipitée en flocons qui, notons-le en passant,
ofTrent, à l'examen microscopique, une structure filamenteuse remarquable. Par
filtration sur un cône en fine toile de platine ou de nickel, il est aisé de séparer les
flocons de l'eau où ils se sont formés, et l'analyse des deux portions montre que les
impuretés minérales se sont accumulées dans l'eau. En réitérant plusieurs fois l'opé-
ration, on obtient une gélatine assez bien déminéralisée.
De ces deux procédés le premier semble être le procédé de choix; il est
le seul pratique si l'on veut préparer une quantité assez grande de gélatine
pure; le second offre, par contre, l'avantage d'être beaucoup plus rapide.
Dans ce qui suit nous n'aurons en vue que le produit purilié par dialyse
à limite; il est pratiquement sans cendres ('), si l'on est parti d'une bonne
gélatine commerciale. Néanmoins, cette gélatine est encore souillée par des
traces d'électrolytes qui peuvent lui être enlevées en la soumettant à l'action
d'un champ électrique, ainsi que le montre l'expérience suivante :
De la gélatine (de Griibler, Leipzig) dialysée à limite fut introduite en solution tiède
à 28,2.5 pour 100, au fond d'un lube en U en verre d'Iéna. Après gélification de la
liqueur par refroidissement, on remplit d'eau de conductivité chacune des deux bran-
ches du tube en U. Entre les couches d'eau supérieures des deux tubes, on établit, en
se servant d'électrodes de platine, une dilTérence de potentiel de 6 volts par centimètre,
et l'on constata au bout de 3o minutes que l'eau décantée avait une conductivité très
notablement augmentée, bien qu'elle ne contînt que des traces de gélatine en solution.
En renouvelant l'eau et en faisant passer le courant à plusieurs reprises, on parvint à
obtenir une gélatine encore mieux purifiée, comme le démontrèrent les mesures com-
paratives de conductivité (voir ci-après).
Indiquons maintenant, brièvement, les propriétés les plus intéressantes
de la gélatine déminéralisée.
') La combustion de 2S à 3s ne laisse qu'un résidu impondérable.
C.R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 15.) l 'M
936 ACADÉMIE DES SCIENCES.
1° Conductivité spécifique. — Les deux sortes de gélatines que nous avons
utilisées pour ces recherches présentaient, dialysées à limite, une conduc-
tivité sensiblement identique :
Solution à oB,5^2 (') pour loo (Grubler) /r = 5,6 X lo"^
Solution à os, 544 pour loo (Coignet) A' r= 5,9 X io~'
La gélatine Grubler ayant subi la purification complémentaire par ,1e
courant électrique n'avait plus pour conductivité que 5,2 X io"° en solu-
tion à G''', 726 pour 100. Cette petite différence de conductivité devient
importante en considérant la différence de concentration.
2" Charge électrique. — La gélatine Grubler, acide au tournesol, se trans-
porte à la cathode et est, par conséquent, éleclropositive. Parfaitement
déminéralisée, elle devient nettement électronégative, bien que son acidité
n'ait que fort peu diminué. Lorsqu'elle contient encore o''',o5 pour 100 de
cendres, elle reste électroposilive. Il doit donc y avoir un stade, au cours
de la purification, où elle ne présente plus de charge.
3° Opalescence. — Les solutions ou les gelées de gélatine déminéralisée
sont opalescentes entre certaines limites de concentration. Au voisinage de
2 pour 100, l'opalescence est très forte ; elle devient presque insensible au
voisinage de 8 pour 100 et disparaît à 10 pour 100. Cette opalescence
diminue ou disparaît par addition de traces d'alcali ; elle est moins
influencée par les acides, moins encore par la plupart des sels, sauf s'ils sont
hydrolyses. Cette opalescence ne peut être étudiée dans les vases faits en
verre ordinaire qui cède facilement de l'alcali. La température modifie aussi
le degré de l'opalescence. Les observations sont surtout nettes à une tem-
pérature peu élevée (de 0° à + i5°). Signalons, de plus, qu'à celte tempé-
rature les solutions contenant moins de i pour 100 de gélatine déminéralisée
sont le siège d'un processus de coagulation amenant à la longue la séparation
de flocons opalescents en suspension dans un liquide parfaitement limpide.
Ce processus est favorisé par l'abaissement de la température et accéléré par
une agitation modérée de la liqueur.
4" (lélificalion. — Contrairement à la supposition de Nasse (^1889), la
gélatine parfaitement déminéralisée se gélifie, mais moins bien qu'en pré-
sence d'éleclrolytes. L'addition de traces d'alcalis, d'acides, de sels divers
(même de ceux qui, comme Kl, diminuent le pouvoir gélifiant de la géla-
tine ordinaire) ou de cendres de gélatine favorise la gélification.
(') Poids de la gélatine supposée anhydre.
SÉANCE DU I I AVRIL I910. 987
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Du rôle double du calcium dans la coagulation
du sang et de la lymphe. Note de MM. H. Stassaxo et A. Daumas, pré-
sentée par M. A. Dastre.
En cherchant à approfondir le mode d'action des sels solubles de chaux
dans la coagulation, il nous a été donné de constater que le calcium
intervient à deux moments successifs de ce phénomène et il révèle son
maximum d'activité à deux concentrations bien différentes, cjuenous avons
pu préciser.
C'est par l'étude attentive du plasma salé que nous sommes parvenus à
ce résultat. Ce plasma offre, sur tous les autres plasmas sanguins considérés
comme incoagulables, ce double avantage : 1" d'être réellement incoagulable
pour une durée illimitée de temps; 2" et de conserver intégralement les
différents facteurs de la coagulation, à savoir : 1° \e fibrinogène (il coagule,
en effet, par addition de sérum sanguin frais) ; 2° les deux générateurs albu-
minoïdes du fibrin-ferment (aussi il coagule par simple dilution dans de
l'eau distillée et il fait coaguler la sérosité péritonéale de cheval, incoagu-
lable spontanément).
L'incoagubililé de ce plasma tient uniquement à sa forte teneur en chlo-
rure de sodium. Celle-ci, en diminuant le degré de dissociation des sels
calciques solubles, rend ces derniers inaptes à exercer la fonction qui leur
appartient dans la coagulation. On sait que la présence des sels solubles de
chaux, dans un certain état de dissociation, est nécessaire à la production
du caillot.
Il suffit de ramener sa concentration en chlorure de sodium de 5 à
1,25 pour 100 (en étendant un volume de ce plasma salé en trois volumes
d'eau distillée) pour le faire coaguler.
Si nous dialysons ce plasma dans l'eau salée de même concentration
(5 pour loo de NaCl), fréc|uemment renouvelée de façon à lui soustraire
aussi rapidement et complètement que possible les sels solubles de calcium
et généralement tous les sels métalli(jues, à l'exception du chlorure de
sodium, nous arriverons, au bout d'un certain temps (20 jours environ), à
ce que ce plasma ne coagule plus par simple dilution. Il faut, pour que
la coagulation ait lieu, y ajouter, après dilution, un sel de chaux dans (l(>s
conditions et des proportions convenables. Il faut que ce sel soit soluble et
dissocié en ions (Sabbatani) et que sa quantité né dépasse pas certaines
limites, au-dessous et au-dessus desquelles la coagulation ne se produit pas
()'^8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
on ne se produit qu'avec un retard considérable, de plus en plus grand au
fur et à mesure (^ue la proportion du sel de chaux s'éloigne de l'une ou de
l'autre limite.
C'est précisément en étudiant la manière de se comporter de ce plasma,
au cours de la dialyse et lorsqu'il a été dialyse à fond, à l'égard des sels
de calcium et d'autres métaux alcalino-terreux, que nous avons pu mettre
on lumière ce double rôle du calcium dans la coagulation.
I. Rôle 'kl calcium dans la formation du fibrin- ferment :
L'addition, de liés faibles qiianlités de CaCP, à du plasma salé dialyse à fond,
el dilué à trois volumes, n'est suivie d'aucune manifestation extérieure : le plasma
garde sa limpidité et toute sa fluidité. Mais il suffit d'y ajouter, quelques heures après,
une dose beaucoup plus considérable de chlorure de calcium et même de chlorure de
strontium ou de baryum, pour le faire coaguler avec une avance considérable sur les
échantillons témoins de ce même plasma. Ces échantillons témoins sont établis de la
manière suivante : l'addition de la trace de calcium et de la dose saline forte est faite
en même temps el aussitôt que le plasma salé vient d'être dilué; cette dernière cir-
constance mérite d'être retenue. Car l'expérience montre que l'addition de la dose
forte de sel fait coaguler beaucoup plus rapidement un échantillon de plasma (salé,
dialyse à fond) dilué depuis plusieurs heures qu'un échantillon du même plasma venant
d'être dilué. Moins ce plasma a été dialyse el plus accusé est l'écart entre les moments
d'ajjparition de la coagulation dans les deux échantillons. C'est, évidemment, à ce qui
reste de sels solubles de calcium, dans le plasma dialyse, qu'est dû l'écart en question.
La dose la plus favorable de chlorure de calcium pour ce travail intérieur correspond
à environ 06,000021 par centimètre cube .de plasma. Au delà de os,ooooi3 l'addi-
tion de CaCI^ est inactive. Ce travail intérieur correspond à la formation du iibrin-
ferment. II se traduit dans le même plasma, sous l'influence de la dose forte, par une
lapide formation du caillot de fibrine, résultant de l'action du tîbrin-ferment formé
sur le fibrinogène. Ce même travail peut se révéler, au dehors, autrement, en
faisant agir sur de la sérosité péritonéale du cheval { incoagulable spontanément)
comparativement deux échantillons d'un même plasma salé, dialyse à fond et dilué,
dont l'un a reçu la trace oplima de CaCI^, quelques heures avant, et dont l'autre la
reçoit seulement au moment de l'essai comparatif. Dans ces conditions, il arrive que le
premier échantillon fait coaguler la sérosité en beaucou|) moins de temps que le
second échantillon : difl"érence qui atteint et dépasse parfois 2 et 3 heures.
A cette même concentration moléculaire oplima agissent le chlorure de strontium et
le chlorure de baryum, mais bien plus lentement, le second particulièrement. Le
rôle du calcium n'est donc pas absolument exclusif; mais il se comporte bien plus
énergiquement.
II. Dans l'action du fibrin- ferment formé sur le fibrinogène :
Le sérum, fraîchement exprimé d'un caillot de sang, renferme du fibrin-fermenl tout
formé. La sérosité péritonéale du cheval, parfaitement incoagulable, peut être
considérée comme une solution de fibrinogène. Si nous ajoutons quelques gouttes du
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 989
premier à ce second liquide, il coagulera au bout d'un certain temps (de (|uel<|ues
niiiiutes à quelques heures, selon les proportions et la qualité du sérum ajouté). Or ce
moment arrive de beaucoup plus précocement par l'addition de chlorure de calcium el
de ([uelques autres chlorures, dans l'ordre suivant d'activité : strontium, baryum,
potassium, magnésium. Quoique l'action de ces dilTérents chlorures s'échelonne dans
cet ordre et se révèle, de plus, indépendamment de leur valence, le maximum d'ac-
tion pour chacun correspond à une concentration moléculaire qui est la même pour
tous : soit à 8 gouttes (20» par centimètre cube) d'une solution — de chaque chlo-
o V r 10
rure par S*^""' de plasma salé dilué.
Cette action du calcium et des autres métaux, à dose relativement forte, dans
la formation de la fibrine, peut être mise en évidence de dilTérentes façons (').
Ainsi, par exemple, du plasma non diaivsé qui coagulerait par dilution en 2 heures,
coagulera en quelques minutes à peine, par l'addition de chlorure de calcium à la dose
convenable.
Ce second rôle du calcium qui ne lui est, pas plus que le premier, entiè-
rement exclusif, ressemble beaucoup à celui des sels neutres en général dans
la coagulation de la silice à l'état colloïdal.
La ressemblance est encore plus grande avec la gélatinisation des acides et
des alcalis-albumines, sous l'action favorisante des sels et, précisément, sous
l'influence tout à fait prépondérante des sels solubles de calcium. La prise
en caillotde la fibrine peut être considérée également comme un pbénomène
d'bydratation. La molécule de fibrinogèue en s'bydratant, sous l'action des
sels, et des sels de calcium notamment, grossirait au point de devenir visible
à l'ultramicroscope et de retenir toute, ou presque, l'eau du milieu ambiant.
L'un de nous exposera ailleurs, en détail, les expériences qui nous ont
amenés à ces conclusions, qui peuvent se résumer ainsi :
Le calcium intervient à deux moments différents du phénomène complexe
de la coagulation du sang et de la lymphe :
L Dans la formation du tîbrin-ferment, en agissant sur ses deux géné-
rateurs albuminoïdes. Ce sont de très petites doses de calcium qui se
montrent le plus actives dans cette phase.
IL Dans la formation de la fibrine : il intervient alors seulement à dose
relativement forte.
Dans l'une et l'autre intervention, le calcium peut être substitué par
d'autres métaux, particulièrement par le strontium et le baryum, mais il se
révèle également, dans les deux interventions, doué d'une activité tout à fait
prépondérante.
(') ZojA, Zeilsch. fiir Cheniie iiiid Industrie der Kolloide: III. Band, 1908, lleft (i.
94o ACADÉMIE DES SCIENCES.
PATHOLOGIE. — De l'influence du régime sur la production de l'athérome
spontané. Note de M. Weinberg, présentée par M. E. Roux.
Les recherches déjà anciennes de Gilbert et Lion ont montré qu'il est
possible de reproduire chez le lapin des lésions aortiques de nature infec-
tieuse. Plus récemment, Josué a obtenu chez cet animal par des injections
d'adrénaline des lésions calcaires de l'aorte; celles-ci ressemblent par cer-
tains caractères à l'alhérome, tel qu'il est observé chez l'homme.
Depuis la première Note de Josué, les travaux sur l'alhérome expérimen-
tal se sont multipliés avec une grande rapidité. Il a été ainsi démontré que
maintes substances sont capables de produire des lésions athéromaleuses.
Il faut toutefois remarquer que nombreux sont les auteurs qui appuient
leurs conclusions sur un petit nombre d'expériences; or, ces résultats
peuvent être attribués à des cas d'athérome spontané qui ont été signalés
chez le lapin (Kaiserling, Kalamkaroff, Miles).
Personnellement, nous avons trouvé 3^ cas d'athérome sur 062 lapins
neufs destinés à l'alimentation. Nous avons également étudié 420 lapins
ayant servi aux expériences de nos collègues de l'Institut Pasteur. Suivant
les lots examinés, les lésions athéromateuses étaient trouvées dans 4 à
19 pour 100 des cas.
Le lapin, animal herbivore, est donc très souvent athéromateux. Cepen-
dant, quelques cliniciens très éminents ont prétendu que c'est surtout le
régime carné qui doit être considéré comme facteur étiologique de l'athé-
rome.
Celle discordance de l'observation clinique avec l'expérience de labora-
toire nous a incité à étudier l'alhérome spontané dans la série animale dans
le but de rechercher si vraiment le régime alimenlaire joue ua rôle dans
la production des lésions athéromateuses.
Nos investigations ont porté sur les animaux suivants: lapin, cobaye,
cheval, chat, chien, rat d'égout, urubu, chien de mer.
Lapin. — Les résullals sont déjà indiqués plus haut. Ajoutons seulement que nous
avons constaté quatre fois la présence de placards calcaires dans l'aorte de petits lapins
de 2 à 3 mois. Dans un cas, les lésions calcaires siégaient dans le foie, au niveau de
l'artère hépatique d'un espace porte.
Cobaye. — Sur plus de 5oo cobajes examinés, aucun ne présejitait de lésions
athéromaleuses.
C/ici'ol. — Ces recherches ont été faites en collaboration avec M. Vieillard. Nous
SÉANCE DU II AVRIL I9IO 94l
avons examiné i5ii clievaux tués à Faballoir de Vaugirard. ii5 fois, c'est-à-dire dans
7,6 pour 100 des cas, nous avons trouvé des lésions calcaires de l'aorte présentant
presque toujours un aspect analogue à celui de l'athérome spontané du lapin. Il
s'agissait d'une calcification de la tunique moyenne de l'aorte, sans lésions de
l'endartère.
Chien. — Grâce à l'obligeance de M. Martel, nous avons pu obtenir l'autorisation
d'examiner, dans un établissement d'équarrissage d'Aubervilliers, les cadavres de chiens
tués à la fourrière. Nous avons pu ainsi autopsier en l'espace de plusieurs mois
10^7 chiens. Sur ce nombre, 44 o"' présenté des lésions aortiques. Ces dernières
dilTèrent complètement, comme siège et caractères macroscopiques, de l'atliérome
spontané du lapin. Les placards athéromaleurs se trouvent presque toujours chez le
chien à la hauteur des valvules sigmoïdes dont ils dépassent rarement (4 fois sur 44) le
bord libre. Deux fois seulement, la lésion n'intéressait que la couche moyenne de
l'aorte comme chez le lapin. Dans d'autres cas, il existait des lésions d'endartérite.
Chai. — Nous avons autopsié, dans le même établissement d'équarrissage, 344 g'"os
chats. Leurs artères étaient indemnes de toute lésion.
Rat d'égout. — M. Marchoux s'étant procuré pour ses recherches un grand nombre
de rats tués au ratodrome de Paris, nous avons été à même d'examiner le cœur et
l'aorte de 926 de ces animaux, sans d'ailleurs rencontrer de trace de lésions arté-
rielles.
Urubu (Cathorlc aura). — Nous avons demandé à noire regretté ami, le D'' Brinionl,
de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane française), de nous procurer un certain nombre
d'aortes de cet oiseau de proie essenliellement Carnivore (aussi le désigne-l-on dans
le pays sous le nom de charognard, car il se nourrit presque exclusivement de
cadavres). A ce titre, il rend de tels services à l'hygiène de la voie publique que, dans
certaines contrées, la loi défend aux habitants de tuer ces oiseaux précieux sous peine
d'une forte amende.
M. Brimont nous a envoyé 5i appareils cardio-vasculaires de cet oiseau. Tous ces
organes sont intacts.
Chien de nier {Scyllii/ni canicula). — Grâce à l'obligeance de M. Delage, nous
avons pu nous procurera la station biologique de Roscoft" une trentaine de ces poissons
carnassiers. L'étude de ces derniers présente pour nous un double intérêt : non seule-
ment ils sont carnassiers, mais encore, se nourrissant exclusivement de poissons et de
crustacés, ils absorbent une quantité considérable de sels calcaires.
Nous n'avons cependant pas trouvé chez eux de lésions calcaires ni au cœur, ni au
bulbe artériel, ni au\ arcs branchiaux.
Avant de tirer les conclusions de ces faits, nous devons remarquer que
toutes nos recherches ont porté sur des animaux apparemment sains. Il
fallait, en effet, établir si le régime alimentaire est capable de provoquer à
lui seul des lésions athéromaleuses.
942 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il résulte de l'analyse de nos observations que rathérome spontané se
rencontre surtout chez certains animaux herbivores. Au fur et à mesure que
Ton se rapproche de la classe des carnivores stricts, les lésions alhéroma-
teuses deviennent de plus en plus rares.
L'état de putréfaction de la viande ingérée par l'urubu sain ne parait pas
produire l'alhérome chez cet animal.
GÉOLOGIE. — Les formations archèenncs^ l'ancienne couverture et les plisse-
ments des monts du Forez. Note de M. Pu. Gi.angeaud, présentée par
M. A. Lacroix.
Les formations archéenncs n'affleurent actuellement que sur une surface
restreinte dans les monts du Forez. Elles se montrent principalement à la
base des deux versants de la chauie, sous la forme de lambeaux discontinus,
d'étendue variable, disloqués par le granité et la granulite. Elles bordent
ainsi irrégulièrement : à l'Est, le bassin de Monlbrison et à l'Ouest le
synclinal de la Dore et le bassin d'Ambert.
L Série pétrographique. — Les termes pétrographiques de la série
archéenne ont été généralement très modifiés par les intrusions des roches
éruptives. Néanmoins, on observe une suite assez complète de types de
l'étage des gneiss comprenant; granité gneissique, gneiss granitique et
granulitique, gneiss gris, gneiss micacés et leptynites.
En quelques points apparaissent des gneiss à cordiérite et à pyroxène, à
amphibole, et à la partie supérieure de l'étage, des inlercalations fréquentes
d'amphibolites. (Environs de Valcivièresetde Saint-Pierre-la-Bourlhonne.)
11 n'est possible de rapporter à l'étage des micaschistes que quelques
lambeaux de la Renaudie et du Trévy.
IL Ancienne couverture archéenne des monts du Forez. — Le terrain
archéen a été disloqué, pénétré et injecté par le granité et la granulite qui
l'ont fortement métamorphisé. Les tranchées des nouvelles routes tracées à
travers le Forez (Vertolaye, La Croix du Fossat, AugeroUes, La Chamba,
OUiergues, Le Brugeron, Valcivières, etc.), fournissent à cet égard des
exemples suggestifs.
On observe 1res fréquemment des paquets, des blocs multiples de gneiss variés,
orientés dans toutes les directions et cimentés par le granité et surtout la granulite,
ils donnent lieu à de vérital)les brèches granitico ou granulilico-gneissiqucs.
Kn outre, les granités et les granulites de presque toute la chaîne du Forez oil'rent
SÉANCE DU II AVRIL 1910. 943
presque pailout, prlncipalemenl sur les flancs de l'anlicliiial, une quantité considé-
rable à'enclaves de gneiss, de taille variable atteignant i"" à a™'. Ces enclaves sont
surtout abondantes dans la vallée du Fossal, au\ alentours du Brugeron, entre
Saint-Marlin-des-Olmes et Valcivières, à l'est de Chaimazel, etc. Il n'est pas douteux
qu'elles représentent des frag/nent.i de l'ancienne couverture archéenne des monts du
Forez, entraînés dans les magmas granitiques et granulitiques au moment de leur mise
en place.
Les parties élevées de la chaîne ne renferment pas, en général, de semblables
enclaves. Il faut en conclure que les granités et granulites ont cristallisé sous un
manteau archéen, probablement conduit, qui a été presque complètement enlevé par
l'érosion dans les parties hautes.
En qtielques points (Valcivières, Saint-Pierre-la-Bourlhonne) j'ai observé
de petits ilôts de diorile à grands cristaux de hornblende, enclavés dans la
granulite.
Il est vraisemblable de penser que ces îlots résultent, comme dans le Beaujolais, le
Charolais et le Puy-de-Dôme, de l'endomorphisme de calcaires paléozoïques qui
auraient constitué une partie de l'ancienne couverture des monts du Forez, avant la
mise en place du granité et de la granulite. Il y aurait lieu alors d'augmenter l'exten-
sion des mers paléozoïques dans le Massif central en rapprochant ces faits de ceux
qui ont été signalés par MM. Aug. et Albert Michel-Lévy dans les régions précitées.
III. Direction varisque des plissements des terrains archéens. — Il n'existe
qu'une seule bande de terrains archéens traversant en écharpe les monts du
Forez, depuis les environs de Vollore- Ville, Aubusson, La Renaudie (Puy-
de-Dôme) jusqu'à Jeansagnières et Chaimazel (Loire). Cette bande de ao*""
de long, irrégulière comme contours, n'est interrompue que par le massif
granulitique de la Chambonie. Elle est peu modifiée, contrairement à tous
les autres affleurements archéens du Forez ; aussi y relève-l-on une série
gneissique complète présentant une direction d'affleurements NE sur le ver-
sant occidental et EME sur le versant oriental avec des plongements NO et
ONO.
On ne peut manquer d'être frappé par ces directions cjui sont précisément
celles de tous les plissements hercyniens de la région archéenne et paléo-
zoique du Beaujolais, du Charolais, du Morvan et celle aussi de la bande
disloquée Cussel-Saint-Germain-Laval, limitant au Nord les monts du
Forez, ainsi que l'a montré récemment M. Albert Michel-Lévy.
Il me parait qu'on peut déduire de ces faits que les plissements hercy-
niens avec direction varisque se poursuivent dans le Massif central jusque sur
le versant occidental des monts du Forez.
L'histoire archéenne et paléozoïque des monts du Forez se rattacherait
G. H., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 15.) 1-^5
944 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donc, au moins au point de vue tectonique, à celle de la région orientale du
Massif central, puisque cette région faisait partie de Vaire des plissements
hercyniens de direction générale varisque.
Les grands failles du Forez (faille limite occidentale, dislocation orientale)
qui sont sensiblement perpendiculaires à ces plissements sont dues princi-
palement à des fractures ou à des décrochements post-hercyniens jalonnés
par des venues siliceuses. Ce sont ces failles qui se rouvrirent de nouveau,
au Miocène, lors des grands mouvements du Massif central.
Les refoulements horizontaux qui exhaussèrent la région forézienne,
durant l'Oligocène et le Miocène, eurent pour résultat de former une zone
anticlinale NS qui constitua le relief actuel.
Les monts du Forez présentent donc, ainsi que MM. Michel Lévy et
Termier l'ont constaté dans les régions voisines, les traces d'au moins cinq
grands efforts orogé/dques :
I" Mouvements conduisant à la mise en place des granités et granulites ;
2° Mouvements hercyniens (plissements varisques) ;
3° Mouvements /J0.ç/-Aprcy/2îe/j.ç (failles NO, filons de quartz permotria-
siques) ;
4° Mouvements oligocènes préparant les dépressions oligocènes ;
5° Mouvements miocènes continuant les mouvements précédents terminés
par une activité éruptive sur les deux flancs de la chaîne.
GÉOLOGIE. — Sur les granités écrasés (^myloniles) des Grisons, du Vorarlberg
et de l'Allgàu. Note de M. Wii-kried von Seidlit/:, présentée par
M. Pierre Termier.
Nous savons, par les admirables recherches de MM. Pierre Termier,
Eug. Maury (') et J. Deprat (-), que, dans le pays de nappes de la Corse
orientale, les granités écrasés {mylonites 'granitiques) jouent le rôle d'un
véritable terrain géologique; et M. Pierre Termier (') a récemment montré
qu'il en est de même à l'île d'Elbe. Antérieurement à la découverte de
ce rôle des mylonites corses et elbaines, MM. Pierre Termier et Georges
(') P. Termier ei E. Maury, Comptes rendus, i. CXI.VI, p. 1426. — E. Maury,
Comptes rendus, l. CXLVIII, p. i448.
(') J. Deprat, Comptes rendus, l. CXLI, p. i5i.
{') I'. Termikii, Comptes rendus, t. CXLVIII, p. i44'-
SÉANCE DU I I AVRIL 19IO. 945
Friedel nous avaient appris l'existence, près de Saint-Etienne, dans une
chaîne anté-houiilère, d'énormes lames charriées de mylonites toutes sem-
blables.
Il y a des phénomènes d'écrasement aussi intenses et aussi évidents dans
le pays de nappes septentrional de la chaîne alpine, je veux dire dans les
Grisons et aux abords des Alpes orientales. Voici, à ce sujet, quelques
observations, faites. Télé passé, sur les affleurements graniti(jues et gneis-
siques des Grisons, du Vorarlberg et de l'Allgau, suivis par moi en partant
de l'Engadine.
Ces affleurements correspondent à des lames, réduites parfois à quelques mètres,
ou même (juelques centimètres d'épaisseur, de granités, de gneiss, de porphyres, de
diorites et de gabbros, écrasés et déchiquetés. Les roches décrites par moi (') en 1906
sous le nom A' Ueberschiebungsapopliysen, et qui ressemblent beaucoup au granité
du Julier (Engadine), sont des mylonites granitiques à feldspalhs verdis et à mica
chloritisé.
Aux points déjà décrits par Théobald et M. Rolhpletz, j'ai réussi à ajouter de nom-
breux témoins discontinus de ces mêmes roches, toujours compris dans rt^ewo^ /iO/'Jzo«5
tectoniques bien définis : l'un à la base de la série austroalpine (granités du type
Julier., micaschistes et gneiss laminés); l'autre plus profond, à la base de\a nappe des
Klippes (Fréalpes médianes), caractérisé par des débris d'une roche granitique
ressemblant parfois au porphyre de Rofna de l'Oberhalbstein et du Schams. Avec les
mylonites, il y a des brèches de friction (fenêtre de Gargellen) où le granité se mêle
au calcaire de la Sulzfluh (Jurassique supérieur). Ailleurs (Larel près de KIosters), on
voit des brèches cristallines., faites d'une pâte verte, raylonitique, et de débris de
gneiss, de micaschiste, et de granité presque intact.
En suivant les mylonites vers le Sud, on voit des lames granitiques {porphyre de
Rofna)., peu épaisses, s'intercaler entre les nappes. Les très intéressantes Notes de
MM. O. Welter (^) et H. Meyer(3) nous ont appris que, dans les montagnes du Schams,
chaque nappe renferme à sa base une lame de porphyre de Rofna. Là, on n'est plus
bien loin du lieu d'enracinement des plis couchés. C'est dans l'Oberhalbstein et l'Enga-
dine qu'on voit s'enraciner, en masses puissantes, le porphyre de Rofna et le granité
de Julier, intacts, dont les lames mylonitiques qui affleurent au Parpauer .Weishorn,
dans les environ d'Arosa et dans le Rselikon, tirent leur origine.
Je rattache encore aux mylonites les diorites et les gabbros du Tilisuna-Schwarzhorn
(') W. y. Seidlitz, Geolog. Untersuchungen ini ôstl. Rhœlikon [Berichte i\'aturf.
Ges. Freiburg i. B., t. XVI, 1906).
(-) O.-A. Weltkr, Stratigraphie und Bau der .Alpen zw. Hinterrhein und
Safiental [Eclogce geol. Heh'et., t. X, 1909, n° 6).
(^) H. Meyer, Geolog. Untersuchungen ani Nordostrande des S aretla massives
(Berichte /Yaturf. Ges. Freiburg i. B., t. XVII, 1909).
f)46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Rœlikon i, associés à des granités écrasés el à une brèche d'énormes débris triasiques
ou cristallins, brèche dont la pâte a l'aspect d'une seipenline.
Enfin, les témoins de roches cristallines, fréquents sur le bord septentrional des
Alpes et signalés par Giimbel, et par MM. Rothpletz et Tornquist, sont des lambeaux
de poussée {Ueberschiebuitgsapophysen) analogues aux précédents. Tels sont les gra-
nités du Bolgen. !«•; gneiss mylonitisés du Relterschwangertal el du Kiihberg
(Oberstdorf), situés à la base de la série austroalpine; tel encore le granité (du type
Julier) près du Feuerstadlerkopf, qui appartient probablement à la base de la nappe
des Klippes.
En résumé il y a deux nappes dont la base est formée partout, ou presque
partout, d'une lame de roches cristallines écrasées : la nappe des Klippes
et la nappe austroalpine. C'est un nouvel exemple, et très saisissant, de
l'importance du rôle tectonique des mylonites.
On peut suivre ces laines de l'Engadine à l'Allgau, sur plus de loo*"", en
partant des roches enracinées et intactes au Sud, longeant les affleurements
myloniliques déplus en plus déchiquetés, el arrivant enfin à des débris isolés
(blocs dits exotiques^ ou blocs empâtés dans des brèches à débris variés
d'autres assises). Plus on va vers le Nord et plus on observe, dans ces my-
lonites, des débris de granité, de micaschiste et parfois de serpentine. Au
Sud, il y a aussi des roches schisteuses, qui sont les Casannaschiefer de
Théobald; et je n'hésite pas, en ce qui concerne les Grisons, à rattacher
ces roches schisteuses aux mêmes phénomènes. Quant aux roches basiques,
plus on s'éloigne de l'axe des Alpes, el plus elles paraissent (par exemple
dans le Liechtenstein) charriées avec le Trias de la nappe austroalpine. On
n'a plus le droit, dès lors, dans ces régions de nappes qu'on peut nommer
régions de détente, de présumer une sei-ie spéciale partout où il n'y a que des
roch'es basiques.
Pour les lames granitiques, chacune paraît être le soubassement cristallin
de la série correspondante, entraîné passivement par le charriage de cette
série. C'est ce qu'Ed. Suess (') a établi dès 190$; et l'on ne peut rien dire
de plus pour le moment. Ce phénomène, régional qV non plus local, est lié
dans une certaine mesure à l'apparition des blocs exotiques, et vient donc à
l'appui de l'opinion de M. H. Schardt. Sans doute, la présence des blocs
exotiques n'implique pas nécessairement et partout l'existence de charriages
et de roches écrasées. Mais on se souvient qu'Ed. Suess (^) a comparé ses
( ' ) Ed. Suess, Das Innlal hei A'auders (Akad. d. Wissenscli., Vienne, 1905, p. 6).
( -) 1m). Suess, Sur la nature des charriages ( Comptes rendus, t. CXXXIX. p. 7 1^).
SÉANCE DU II AVRIL IQIO. 947
arcs de cliarriage aux blocs de moraine de fond transportés par les glaciers.
Beaucoup de blocs exotiques n'ont pas été apportés par des glaçons ( suivant
le mécanisme décrit par M. Arnold Heim), mais semblent plutôt appartenir
à une moraine de fond tectonique (M. Limanowski), c'est-à-dire à une lame
de charriage écrasée, laminée et fragmentée.
OCÉANOGKAPHIE. — ■ Sédiments marins d'origine éolienne.
Note de M. J. Thoui.et.
L'analyse microminéralogique des poussières atmosphériques accumulées
dans les parties les plus hautes des clochers d'églises conduit à des
conclusions intéressante la fois l'Océanographie et la Physique générale du
Globe.
Les poussières ont été récoltées à Gérardmer et à Epinal, région de
roches cristallines; à Nancy, Montpellier et Cette, régions calcaires et à
Horta, dans l'île de Payai, aux Açores, région de roches volcaniques. Elles
offrent un remarquable caractère d'uniformité dans leur composition;
toutes contiennent en effet une extrême diversité de minéraux parmi
lesquels prédominent ceux spéciaux à la région géologique à laquelle
appartient la localité examinée. C'est ainsi que si toutes renferment du
calcaire et des minéraux cristallins, lepremier est particulièrement abondant
à Nancy, à Montpellier et à Cette; les seconds à Gérardmer et à Epinal,
tandis que les minéraux volcaniques constituent la majeure partie des
poussières de Horta.
Tous les échantillons possèdent des chondres, globules noirs opaques,
fortement magnétiques ou blancs, plus ou moins jaunes ou bruns, formés
par des minéraux météoritiques fondus (péridot, pyroxène, eustatite, etc.) ;
leur présence à Horta, où ils ne sauraient provenir de fumées d'usines, est
une preuve de plus à l'appui de leur origine cosmique. Tous ont aussi de
la magnétite en grains anguleux, opaques, noirs, disposés en chapelets par
attraction mutuelle rémanente et également d'origine cosmique.
Tous renferment une forte proportion d'argile, tantôt amorphe, flocon-
neuse, plus ou moins poreuse, opaque, jaunâtre, brunâtre ou rougeâtre,
fixant le vert émeraude en dissolution dans l'eau ou la naphtaline mono-
bromée; tantôt en lamelles minces, conservant fréquemment l'aspect des
cristaux de pyroxène ou d'amphibole et au milieu desquelles s'aperçoivent
souvent des inclusions de magnétite restées intactes. Nulle part ces produits
948 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la décomposition des minéraux à l'air ne sont plus abondants qu'à Horta,
ainsi qu'on devait d'ailleurs s'y attendre. Mais partout l'argile, résidu
final du règne minéral, est en proportion considérable.
La poussière de Horla est encore remarquable par la présence de grains de feldspath
(anorlliite, labrador, satiidine et orlhose) et même de quartz (diam. tnoy. = o™™, 3)
arrondis. Elle contient en outre obsidienne, basalte, augite, péridol, hornblende, héma-
tite et chondres. Tous les grains étrangers, quelle que soit la localité où on les recueille,
ne peuvent avoir été amenés que par l'action du vent.
D'autre part, une mesure opérée synlhéliquement montre que ces grains, à la dimen-
sion qu'ils affectent communément, sont transportables par des vents dont la vitesse
atteint à peine 2™ à a^.So par seconde et même certains faits directement observés
dans la nature ( pluies de pierres, etc. ) sembleraient indiquer que celle évaluation est
un maximum. Il en résulte que ces poussières, enlevées aux continents et portées par
d'aussi faibles mouvements de l'air, puisqu'ils sonl qualifiés en Météorologie de calme
ou presque calme, sont dispersées, de quelque part qu'elles viennent, sur la surface
entière du globe.
L'examen d'un nombre considérable d'échantillons marins elparticulière-
ment d'échantillons profonds très éloignés des côtes, prouve que les résidus
minéraux, après suppression du carbonate de chaux par l'acide étendu,
offrent avec la poussière de clochers la plus complète identité de forme,
d'aspect, de dimension, de nature minéralogique variée, etc. Leur apport
éolienà la surface de l'océan et leur chute finale sur le solocéanique semblent
donc hors de doute.
11 en est de même de l'apport éolien d'une partie, sinon de la totalité, des
argiles sous-marines dont la distribution sur le sol océanique à l'état de vases
profondes bleues ou rouges serait à la fois fonction du régime des vents et
de celui des courants marins. Ces minéraux infiniment fins et (loconneux
s'accumuleraient particulièrement dans les parages de remous oii les eaux
tourbillonnant sur elles-mêmes ou plus tranquilles leur permettraient de
descendre sur le fond et de s'y accumuler.
D'une façon générale, les dépôts marins profonds seraient d'origine sur-
tout organique, animale ou végétale (foraminifères, diatomées, etc.), éo-
lienne, volcanique sous-marine et cosmique.
Les sédiments côtiers résultant de phénomènes d'abrasion (action de la
mer sur ses rivages), d'érosion (action des agents atmosphériques à la sur-
face des continents) et apportés par les fleuves, et dans certains |)arages,
d'exaration (action de la glace), se reconnaissent aisément à la dimension
notablement plus forte de leurs grains et à d'autres caractères. Ils s'éloignent
des rivages beaucoup moins tju'on ne l'avait supposé et se bornent à former
SEANCE DU II AVRIL 19IO. g^g
une étroite bordure autour des continents. L'aire occupée par ces fonds,
dits lerrigénes, est donc très petite par rapport à l'aire des fonds pélagiens
ou de haute mer. Le terme même de terrigènes, tel qu'on l'emploie d'ordi-
naire, est par conséquent d'une précision discutable car, en raison du rôle
important que jouent les débris enlevés aux continents par une action
éolienne et transportés sur la surface entière du globe, on serait en droit de
l'appliquer à tout le lit océanique.
La séance est levée à 4 heures.
G. D.
BUI.I.KTIN BIBI.lOORAPIIKjUE.
Ouvrages rkçus dans la séance du i4 mars 1910 (suite).
Die sechzelinte allgemeine Konfere/iz der internationale a Erdmessung zu
London-Cani bridge, September 1909, von F.-R. Helmert. (Extr. de Zeitschrift fur
Vermessungswesen^ année 1909, fasc. 36.) Stuttgart, 1909; i fasc. in-S".
Théorie der astrographischen Orlsbeslinimung^ von L. de Ball. Vienne, Alfred
Hoider, 1909; I fasc. in-8°.
The magnetic storm of september 2.5, 1909, and tlie associaled solar disturbance,
by WiLLiAM-J.-S. LocKYER. (Ex.tr. de Monlhly Notices of the Royal Astrononiical So-
ciety, t. LXX, n" 1.) Edimbourg, Neill et C'; i fasc. in-8°.
Die Tiefe der Ausgleichsflàsche bei der Prattschen Hypothèse fur das Gleich-
gewicht der Erdkruste und der Verlauf der Schwerestôrung vont Innern der
Konlinente und Oseane nacli den Kiïsten, von F.-R. Helmert. {Sitzungsberichte
der koniglich-preussisclien Akadeniie der Wissenschaflen, 25 November 1909.)
Berlin ; i fasc. in-8".
A report on the influence of forests on climate and on floods, by Willis-L.
MooRE. (House of représentatives, United States Conimittee on Agriculture.)
Washington, 1910; 1 fasc. in-S".
A barometer manual for the use of seamen; with an appendi.v on the thermo-
meler, liygrometer and hydrometer ; issued by the authority of ihe Meteorological
Committee. {Officiai, n° 61.) Londres, 1909; i fasc. in-8°.
Corne il ternioscopio ad aria fu transformato in termonietro a liquida: Memoria
del Prof. Ignazio Galli. Rome, 1909; i fasc. in-4"'.
Die Enlwicklung der Eisenindustrie in Deutschland, von W. Mathesius. Berlin,
Kôniglichen technischen Hochschule, 1910; f fasc. \n-[\°.
gSo ACADÉIvriK UES SCIENCES.
Zur Zerlegung des Ylterbiums, von C. Auer v. Welsbach. Vienne. Alfred Hôlder,
1909; I fasc. in-8°.
// vulcanismo nel terremoln Calabio-Sictilo del 28 diciembre 1908, par Leonardo
RicciARDi. (Extr. du Boll. délia Soc. di Nat. in /Vapoli, t. XXIII, 1909.) Naples,
Francesco Giannini et fils, 1909; i fasc. in-8°.
Catalogue 0/ publications of Ihe Geological Surt'ey, Canada, revised to january,
1909. Ottawa, 1909; I fasc. in-8''.
A descriptive sketch 0/ t/ie Geology, and économie minerai of Canada, by G. -A.
Yoing; Introduction, by R.-W. Brock. Ottawa, 1909; i fasc. in-8°.
United States Geological Survey. Professional papers. 6'» : The Yakulal bay
regeion, Alaska, Physiography and glacial Geology, by Ralph-S. Tarr. Areal
Geology, by Ralph-S. Tarr and Bert-S. Butler. — 66 : The Geology and ore depo-
silis of Gold/ietd, Nevada, by Frederick Leslie Ransome, assisled in ihe field by W.-H.
Emmons and G. -H. Garrey. — 67 : Landslidcs in Ihe San Juan Mountains, Colorado,
including a considération of their causes and iheir classification, by Ernest Howe.
Washington, Government Printing Office, 1909; 3 vol. in-4°.
Smithsonian Institution. Uniled States National Muséum. Report on Ihe progress
and condition of the U. S. National Muséum for Ihe year ending June 3o, 1908.
Washington, 1909; i vol. in -8°.
Report of the agricullural research Inslitute and Collège Pusa, including re-
port of the impérial cotton specialist, 1907-1909. Calcutta, superinlendent Govern-
ment Printing, India, 1909; i fasc. in-S".
Prospectus of the agricultural research Institule and Collège Pusa, sanctioned
by the Government of India, Revenu and Agricultural Department. Calcutta, 1909;
I fasc. in-8''.
Report on the progress of Agriculture in India for 1907-1909. Calcutta, 1909;
I fasc. in-8°.
Verslag omirent den staat van het Al gemeen-Proef station le Salatiga en de
daarbij hehoorende hulp-inrichlingen over hetjaar 1908. Java; 1 vol. in-4''.
Gulf biological Station. Cameron, La. Bulletin n° 14- : A few notes the habits, life
histor y and économie value of doves, by Wm-H. Gates. Baton-Ronge, 1909; i fasc.
in-S".
Annota ted list of the Asiatic Beelhles in Ihe collection of the Indian Muséum,
edited by the superinlendent Natural History Section; part 1 : Family Carabidœ,
subfamily Cicindelinœ, by N. Annandale and Walther Horn. Calcutta, 1909; i fasc,
in-8".
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 18 AVRIL 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUNIGATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel atinonce à l'Académie le décès de M. Julius
Kûhn, Professeur à l'Université de Halle, Correspondant pour la Section
d'Économie rurale, mort le if\ avril, à l'âge de 85 ans.
CORRESPOI\DAI\CE .
M™* Charcut adresse à l'Académie, de la part de M. Jean Charcot^ un
exemplaire des Cartes provisoires levées, au cours de l'Expédition du
Pourquoi- Pas?, par MM. Bongrain et Prouch, Enseignes de vaisseau.
M. le Secrétaire perpétuei, signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Le Tome XX et dernier de l'édition nationale des Opère di Galileo
Galilei.
1° Le XXI" Bulletin chronométrique de l'Observatoire de Besançon,
année 1908-1909, publié par M. A. Lereuf, Directeur de l'Observatoire.
3° Fabrication et emploi des matériaux et produits réfractaires utilisés dans
l'industrie, par M. Albert Granger. (Présenté par M. Troost.)
ASTRONOMIE. — La parallaxe solaire déduite des observations micrométriques
d'Éros faites en 1900-1901. Note de M. Arthur-R. Hi\ks, présentée
par M. B. Baillaud.
Les résultats de la discussion de l'ensemble des observations delà planète
Éros que j'ai eu l'honneur d'annoncer à la réunion du Comité permanent
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 16.) 12^
952 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de la Carte du Ciel, en avril 1909, comprenaient les résultats définitifs pour
les observations photographiques ; mais pour les observations micromé-
Iriques les résultats n'étaient que provisoires. Pendant ces derniers mois,
j'ai achevé la discussion définitive de ces mesures ; voici le résultat.
Il y a eu deux catégories d'observations micrométriques : 1° les mesures
proprement dites, dans lesquelles la planète est liée à une étoile par des
mesures micrométriques directes ; 2° les observations de passages, où les
distances sont en général beaucoup plus grandes, la lunette est restée fixe,
et les différences d'ascension droite entre la planète et l'étoile sont enregis-
trées par chronographe.
l. Mesures micrométriques. — Le mouvement diurne de la planète était si
grand qu'il n'était pas possible d'employer la même étoile le soir que le
matin. Par conséquent l'incertitude qui reste dans les positions des étoiles,
tirées de mon catalogue photographique normal, peut avoir une influence
sensible dans les équations de condition formées des observations d'un seul
observatoire. On peut éviter celte influence, en partie, par la combinaison
des observations de divers observatoires offrant de grandes différences de
longitude.
Dans cette recherche j'ai adopté l'erreur tabulaire de l'éphéméride de la
planète déduite des observations photographiques. La forme de l'équation
de condition devient donc
Ax -t- rt P -f- «i ^ o,
où Aa est le résidu de l'erreur tabulaire, a la parallaxe tabulaire avec
71: = 8", 80; (i + P) X 8", 80 la parallaxe véritable.
Comme autrefois, les observations sont divisées en groupes, par demi-
périodes de l'équation lunaire.
I. En combinant les observations des divers observatoires suivant les poids déduits
des observations mêmes, nous avons :
Groupe. P. Poids.
0 , — 0,0025i 91
I +o,ooo5i 345
II -HO, 00104 i3oi
III — 0,00166 1194
IV' +o,ooo56 ii46
V — 0,00072 '290
VI H-o,oo334 695
VU 4-o,ooo5o 490
SÉANCE DU l8 AVRIL 19IO. 953
d'où
7:-=8",8o3±o",oo34.
II. En combinant toutes les observations dans un seul groupe nous avons
III. En séparant les observations de chaque observatoire dans un seul groupe, on
peut déduire un résultat pour chaque observatoire. Si nous combinons ces résultats
selon leurs poids nous avons
7: = 8", 80- ± o",oo72.
On doit remarquer ici que, si nous n'avons pas introduit dans les équations de condi-
tion le facteur cosô, c'est parce que les observations pour lesquelles cosâ est plus
petit sont faites, au contraire, dans des conditions plus favorables, exigeant une telle
compensation des poids. Si néanmoins nous introduisons le facteur cosâ nous avons :
TT = 8", 8o4 ± o", oo35.
IV. (Modification de 1)
V. (Modification de II)
71 = 8", 808.
VI. (Modification de III)
TT = 8*, 808 ± o", 007/i ,
et les résultats sont à peu près identiques aux précédents.
2. Passages. — Si l'étoile de comparaison n'est pas tout à fait de la même
grandeur que la planète, la différence d'ascension droite enregistrée sur le
chronographe est affectée par l'équation de grandeur qui ne s'élimine que
si la même étoile est employée le soir et le matin. Cela peut introduire dans
les observations de celte catégorie une erreur assez grave. Dans la plupart
des séries les observations ne sont pas suffisamment nombreuses pour rendre
possible la détermination de cette erreur. Nous avons une seule série, propre
pour celte expérience, la grande série faite par Perrotin avec l'équalorial
de So''™ de l'Observatoire de Nice. Perrotin n'a publié qu'une solution pré-
liminaire pour cette série, sans explication précise de sa méthode de réduc-
tion. II trouve
71 = 8», 81.
Dans mes calculs pour cette série j'ai réduit chaque observation à la posi-
tion de l'étoile donnée par mon catalogue normal. Et comme autrefois j'ai
divisé les observations en groupes par demi-périodes de l'équation lunaire.
V. Si nor? employons toutes les observations (sauf quelques-unes très en désaccord),
954 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous avons
7[ = 8",8i6±o",o3o6.
VI. Si nous n'ulilisons que les observations employant les mêmes étoiles le soir et
le malin
T. = 8", 809 ± o",o3io.
Vil. Si nous comparons directement les groupes de la soirée et du matin, comme l'a
fait Perrotin, nous avons
7: = 8",8i6±o",o3i8.
Ces trois résultats sont donc en accord avec le résultat de Perrotin, tt =r 8", 81, sans
indication de l'erreur probable.
Les autres séries d'observations de passages sont beaucoup moins complètes et
donnent des résultats peu en accord avec les autres.
VIII. Si nous utilisons ces observations, nous avons pour résultat de toutes les
séries de passages
7r = 8",839±o",oi46.
IX. Si nous divisons toutes les observations de passages en groupes de 1 4 jours,
comme autrefois, nous avons
■K— 8", 835 ±0", 076.
Conclusions. — Il est bien évident que les observations de passages don-
• nent un résultat beaucoup moins précis que les mesures micrométriques, et
cette conclusion était bien attendue, seulement il est bien difficile de com-
biner ces solutions différentes avec des poids justes.
Les quatres résultats principaux sont :
1. 7t = 8", 8o3 ± o",oo34,
III. 7: = 8 ", 807 ±0", 0072,
VIII. 7r = 8",839±o",oi46,
IX. 7r = 8",835±o",oi76,
dont VIII et IX sont beaucoup plus sujets à des erreurs systématiques que
I et III. De plus, si nous jugeons seulement ces résultats YIII et IX par
leurs erreurs probables, nous ne pouvons leur donner un poids sensible.
Il me semble que nous pouvons conclure pour le résultat définitif des
observations micrométriques
TT = 8", 806 ± o",004,
résultat qui s'accorde absolument avec le résultat annoncé il y a une année
pour les observations pbotograpbiques, et qui clôture bien l'entreprise.
SÉANCE DU l8 AVRIL 1910. gSS
ASTRONOMIE. — Sur la comète de Halley. Note de M. Giacobini,
présentée par M. B. Baillaud.
J'ai riionneur de présenter à l'Académie les résultats d'une observation
delà comète de Halley, faite le 17 avril à l'Observatoire de Paris, de iG"
à 1%^ (temps astronomique).
Cet astre, qui nous apparut toujours très faible à M. Chatelu et à moi,
qui l'avons régulièrement observé à l'équatorial de l'Est du 5 novembre 1909
au 7 mars 1910, est considérablement grossi. Estimé 9,5 le 7 mars, sa
grandeur est actuellement comprise entre 2 et 2,5. Le Soleil était levé que
la comète continuait à être facilement visible au chercheur de 4 pouces.
Si l'on se base sur les distances au Soleil et à la Terre fournies par les
éphémérides et sur le nombre 2, ri adopté par le Bureau des Longitudes
pour fixer la relation entre l'éclat et la grandeur, la grandeur de la comète
de Halley atteindrait, les 18, 19 et 20 mai, les valeurs négatives de (— i,3)
à (— 1 ,8). C'est dire que l'astre deviendrait plus brillant que les étoiles de
première grandeur.
La tète de la comète est formée d'une nébulosité circulaire de 3o" à 35"
de diamètre avec forte condensation centrale. Son apparence est stellaire.
On ne distingue aucune queue, sinon un petit renflement de la nébulosité
circulaire, dans l'angle de position de 35o° et mesurant à peine une minute
d'arc de longueur.
GÉOMÉTRIE. — Sur une nouvelle classe de surfaces.
i\ote de M, Tzitzéica.
Considérons une surface S pour laquelle on a K :jo"= const., K étant la
courbure totale en un point M et p la distance d'un point fixe O au plan
tangent en M à S. Si l'on suppose S rapportée à ses lignes asympto-
tiques (», v), les coordonnées x, j, ~ de M sont trois intégrales linéaire-
ment indépendantes d'un système de la forme
et réciproquement. Dans le cas où S n'est pas réglée, on peut prendre
„^ ' à^' , ' ,1 ,, I û/i
« Ou h h h de
956 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et h est alors une intégrale de l'équation
^ ' Ou Oi- h^
peu différente de celle qui intervient dans l'étude des surfaces à courbure
totale constante.
1. Cela étant, on peut trouver pour ces surfaces S une transformation
dépendant de quatre constantes arbitraires et qui, appliquée successive-
ment, permet d'en déduire de nouvelles surfaces S contenant autant de
constantes que l'on voudra.
Posons en effet
\+ct) log H dx I — c {) log l{ dx
.c, = a; • —
/( de Ou II du
et des formules analogues pour y, et :;, ; R étant une intégrale du système
complètement intégrable
/> AM I _i_ /< T AM ,12 U
= AR,
I nu- Il (lu tlii I — !• h rlv fin {H-
(3)
&' K i dh àK I + c I ÙK
dU\
du- Il du du 1 — c h àv
du di
d'R i — cid\\ I dh àK
dv"^ 1 + c II du II dv di'
et e une constante arbitraire. Comme a;,,/, ,3, vérifient un système de la
forme (i), le point M,(x-,,>',, :?,) décrit une surface S, pour laquelle on
a, comme pour S, K:yj' = const. Or l'intégrale générale de (3) dépend de
trois constantes arbitraires; la surface S, en contient par conséquent quatre.
Les droites MM, quijoignent les points correspondants de S et S, forment
une congruence admettant S et S, comme surfaces focales. Comme sur ces
surfaces il y a correspondance des lignes asymptoliques, la congruence
est W.
Si l'on considère deux intégrales R, et R^ linéairement indépendantes
de (3) et les surfaces S, et So correspondantes, parmi les transformées de
S, et de Sj, il y a, en dehors de S, une et une seule commune.
2. A cette transformation géométrique des surfaces S coiTcspond une
méthode simple pour obtenir, à partir d'une intégrale /i de Férpiation (2),
d'autres intégrales dépendant de constantes en nombre indéfini. Si R est
en effet l'intégrale générale de (3),
, 2 dW Ol\
11^ du dv
est une nouvelle intégrale de (2) dépendant de quatre constantes arbitraires.
SÉANCE DU IiS AVRIL IQTO.
9''7
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'équalion fonclwnnelle linéaire.
Note (' ) de M. A. Blondel, présentée par M. Emile Picard.
La présente Note a pour but do montrer que, si l'on connaît les nombres
fondamentaux et les fonctions fondamentales d'un noyau K(j7, j'), on saura
résoudre l'équation fonctionnelle
(0 <?(J'i ^p)
où l'on a posé
-/■•■/V;:
■ ■■■yp/
K(x,.j,)
?(.ri
K.{.r,.jp) I
^i-fp-yp) 1
et de trouver le développement de certaines fonctions de plusieurs variables,
au moyen des fonctions fondamentales deK(aT, y).
Supposons d'abord K (x, y) symétrique en x, y, et continu. Soient A, , A^ , . . .
les nombres fondamentaux, qui sont réels, rangés par ordre de modules
non décroissants, (p,(cc), o^Çx), ... les fonctions fondamentales corres-
pondantes.
Pour simplifier l'écriture, nous poserons
?a,(.i'i)
t,,('r, Jr^):
'^aA-Tp^
où nous supposerons a, <^ a., <^ . . . < a^.
On aura alors les égalités
X--X'
,(-^1-
■^e,,) op, Pj,(j:i .rp)ctei ... dx,,
p\ (si «, = (3, a,,= j3p),
o (dans le cas conlrairo).
Théorème I. — Si la série \^
y,(.x-)?/(r)
't'i
est uniformément com'ergente,
on sait quelle représente K(a;, y). Dans ce cas, on pourra développer
K ( ' ' ' • ■ " ' ■ i'\ sous la forme
(2) IV|
.r,./
>..
r,{-Vi '^p)9o., a,,(,)-i.
.'V).
( '; Présentée dans la séance du 4 avril igu
gSB ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ ta série multiple du second membre converge uniformément , lorsque les x et
les j' sont compris entre a et b.
La démonstration consiste à appliquer le théorème de Cauchy au produit
des deux matrices
>.,^9,(.r,) ... l,^^- w„{xi)
^1 '?.(//>)
et à faire croître ensuite n indéfiniment.
De l'équation (2) on tire par intégration
K--- >'»
?a, (■/■)! ) ... 9a„ + ,,(-0i)
Il 9a, (-l,,) • •• 9a„+, (■'■;«)
et
/''V,, J„ Vnu ■■■, r;„; x,, ..., x,,J
<?a,(S.) ••■ 9a„+,,(4l)
9a, (t„) ••• 9a„ + ,,(H")
Remarquons que la formule (2) montre que, pour qu'un noyau symé-
trique soit défini positif, il est nécessaire que K ( ," '' ' j soit positif.
Cela résulte de ce fait que les X sont alocs tous positifs, et que le déve-
loppement de K(a7, j) est toujours possible. (MERCEn, Philos. Trans.,
vol. CCIX.)
TuKORÈME II. — Si une fonction *P(x,, ...,œ^,) peut se mettre sous la forme
elle peut se développer sous la forme
y,' /
/'(/,
r,,)drt . . . (/y,..
où A^^ 5( est donné par l'égalité
(*•) Aa, a,,= — j / ■■•f ^'^*{-fi- ■ ■■,^p)<?oi,.... c^yi-^i- ■ ■■^•'^i')drt . . . (/.r,,.
SÉANCE DU l8 AVRIL 1910. Ç)5g
Pour le démontrer, j'emploie le théorème de E. Schmidt sur le déve-
loppement des fonctions qui peuvent se mettre sous la forme
/"'■
y) f'(y)dy.
Théorème III. — Les nombres fondamentaux du noyau symétrique
\ri- • ••' .>'/'
sont — ^-^^^^i^ — -, et les fonctions fondamentales normales correspondantes sont
slp\
Il suffît de vérifier que ce sont bien des nombres fondamentaux et des
fonctions fondamentales. Il n'y en a pas d'autres; cela résulte du théorème
précédent et du théorème déjà cité de E. Schmidt, appliqué au noyau
■vr l^\> • • • > ^p
\Ji. ••-. Jp
Théorème IV. — U égalité {^^ subsiste encore, pourvu qu'on ait seulement
l'égalité numérique
-^ / ■■•j [^{x,., ...,j:p)Ydj-,...dXp-^Xl^ «,,.
Pour le faire voir, je démontre que la série multiple SA^, . ...» est con-
vergente et que SA^^^ „ ip„^ a,(^n • • ■ > ^/>) est uniformément conver-
gente.
A^e supposons plus maintenant Is^i^x, y) symétrique. Soient A,, A„, ...
les nombres fondamentaux, qu'on peut supposer positifs;
i|>,(j-), ^i{x), ...
les fonctions principales correspondantes.
Les théorèmes I, II et III se généralisent immédiatement. De III résulte
qu'on saura résoudre l'équation (i).
Je donnerai ailleurs les démonstrations complètes.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 16.) I27
960 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE. — Sur le mode d'action des roues motrices.
JNole de M. A. Petot.
Quand on étudie comparativement les divers genres de véliicules auto-
moteurs, la première question qui se pose est de voir, pour chacun d'eux,
de quelle façon les roues motrices entraînent le châssis. On croit générale-
ment que c'est par l'intermédiaire de leurs essieux et des organes annexes.
C'est en effet ce qui se passe le plus souvent, mais il n'y a rien là de
nécessaire; les essieux des roues motrices peuvent très bien retenir le châs-
sis au lieu de le pousser. Voici comment s'explique ce fait, d'aspect para-
doxal, dont nous donnerons plus loin un exemple tiré de l'étude de la
locomotive.
Chaque roue motrice est en relation avec le châssis, d'abord par son
essieu, qui porte une partie de la charge, comme celui d'une roue traînée,
et, en outre, par un certain mécanisme A, qui lui communique le mouve-
ment du moteur. Les actions motrices exercées par ce mécanisme peuvent
être réduites, en général, à un couple $ et à une force F appliquée au
centre O de la roue. Soient X la composante horizontale de F évaluée dans
le sens du mouvement, Y sa composante verticale comptée positivement du
bas vers le haut, et T l'effort de locomotion disponible à la jante de la
roue. On sait que l'essieu doit transmettre au châssis l'effort horizontal
X + T, somme algébrique de X et de T; il le pousse donc, ou le retient,
suivant que cette somme est positive ou négative. L'entraînement du châssis
se fait, dans le premier cas, par les organes annexes B de l'essieu, et, dans
le second, par le mécanisme A lui-même.
C'est le dispositif adopté pour le mécanisme A qui donne à chaque genre
de véhicule son caractère distinctif. Les organes B doivent en effet être
choisis d'après ce dispositif, et tous les autres éléments essentiels s'en
déduisent presque forcément, avec des variantes portant seulement sur des
détails. Si, par exemple, le mécanisme A est tel que la force X ait une
valeur positive élevée, ce mécanisme retenant énergiquement le châssis, qui
en reçoit la force — X dirigée vers l'arrière, il faut, par compeftsation, que
les organes B exercent un effort d'entraînement bien supérieur à T, et l'on
doit les établir en conséquence. Au contraire, si la force X est négative et
plus grande que T en valeur absolue, le mécanisme A exerçant à lui seul un
effort d'entraînement — X supérieur à T, il faut bien que les organes B
retiennent de leur côté le châssis, et l'on doit, cette fois, les disposer en vue
de cette seconde fonction différente de la première.
SÉANCE DU l8 AVRIL igiO. 961
Dans le cas des automobiles à chaînes, avec moteur à quatre cylindres,
la somme X + T a constamment, à part quelques instants très courts, une
valeur positive assez élevée, et l'on voit que les tendeurs de chaînes ont à
jouer le rôle de bielles de poussée. Ce résultat bien connu tient d'ailleurs
uniquement à ce que les pignons de chaînes sont en avant des roues mo-
uices. Si les roues d'avant étaient motrices et les pignons de chaînes en
arrière de ces roues, tout changerait; l'entraînement du châssis se ferait
par les chaînes et, en môme temps, les tendeurs deviendraient des bielles de
retenue.
Le problème se complique un peu dans le cas des voitures à cardans,
parce que le mécanisme A n'est plus complètement distinct des organes B.
On doit pour cela tenir compte, non seulement des forces X et T, mais
encore des multiples réactions qui s'exercent entre ce mécanisme et ces
organes. Les résultats que l'on obtient sont, à cause de la grande variété
des dispositifs adoptée, trop complexes pour qu'il soit possible de les
résumer ici. Je citerai seulement une propriété simple, commune à tous
ces dispositifs, à savoir que la force X y est beaucoup moins élevée, toutes
choses égales d'ailleurs, que dans le cas des transmissions par chaînes. Elle
explique que l'on ait pu, au début de l'automobilisme, quand les voitures à
cardans étaient de faible puissance, faire entraîner directement le châssis
par les ressorts, sans employer ni bielles de poussée, ni jauibes de force.
Dans le cas de la locomotive, le système A comprend pour chaque
cylindre : le fluide évoluant, le piston, sa tige, la crosse et la bielle; il fait
ainsi partie intégrante du moteur. On doit tenir compte des forces d'inertie
qui se développent dans sa masse, car elles se comportent comme des forces
extérieures et sont transmises au châssis en même temps que l'effort de la
locomotion T. En outre, comme on ne peut pas déterminer séparément cet
effort pour chacune des roues motrices et pour les roues des essieux accouplés,
du moins sans faire intervenir les propriétés élastiques du système, ce qui
présenterait de grandes difficultés, il faut considérer ici les sommes IX
et 2T étendues à toutes ces roues.
On a, avec les notations ordinaires,
et
(2) iX — S-S'-+-F,.
en désignant par S la somme des pressions de la vapeur sur les fonds arrière
962 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des cylindres, par S' la somme analogue pour les fonds avant, et par F,- la
résultante des forces d'inertie horizontales du mécanisme A, évaluée positi-
vement vers l'avant. Tous les éléments qui interviennent dans la question
peuvent ainsi être déterminés, soit par le calcul, soit à l'aide de graphiques.
Voici les résultats qu'on obtient dans le cas où la vitesse est assez faible pour
que la force d'inertie F, soit négligeable.
Pendant le demi-tour de roues où l'on a S > S', l'essieu moteur et les
essieux accouplés poussent constamment le châssis par l'intermédiaire des
plaques de garde avant. L'effort total de poussée S — S' + ST peut monter,
par exemple, jusqu'à 20000''^, tandis que ST ne dépasse guère 4ooo''8. Cela
tient à ce que la vapeur, qui fait partie du système A, exerce sur le châssis,
par les fonds du cylindre, un effort de retenue égal à S — S', qui doit être
équilibré par un effort de poussée supplémentaire de même valeur.
Au contraire, pendant l'autre demi-tour, où l'on a S'>>S, les mêmes
essieux retiennent le châssis par l'intermédiaire des plaques de garde arrière,
dès que la différence S' — S est supérieure à ST. C'est alors la vapeur qui
pousse directement le châssis, par les fonds des cylindres, malgré les efforts
de retenue exercés par les essieux.
Le châssis d'une locomotive est donc, à chaque tour de roues, alternative-
ment poussé et retenu par l'ensemble des essieux moteurs et accouplés. Pi'a-
tiquement, on doit répartir aussi également que possible l'effort total de
poussée S — S' -+- ST entre ces divers essieux. Le calcul montre que la dis-
position ordinaire des bielles d'accouplement est pour cela avantageux, et
qu'il faut, par contre, éviter le dispositif, employé quelquefois, qui consiste
à articuler ces bielles aux extrémités de deux manivelles spéciales, calées
à 180° des manivelles motrices. On s'expose en effet, dans ce cas, à ce que
les essieux accouplés retiennent précisément le châssis â l'instant où l'essieu
moteur doit le pousser.
PHYSIQUE. — Sur le frollemenl intérieur des métaux aux basses
températures. Note de MM. C.-E. Guye et H. Scuapper, présentée
par M. H. Le Chatelier.
Nous avons poursuivi l'étude du frottement intérieur des métaux aux
basses températures en employant la même méthode et le même dispositif
que MM. C.-E. Guye et V. Freedericksz (').
(') Comptes rcndiix. 6 décembre 1909.
SÉANCE DU l8 AVRIL I910. 968
Ces nouvelles recherches ont porté sur le cuivre, le zinc, l'or, le nickel, le
palladium et \q platine. Le Tableau suivant les résume; les plus grandes am-
plitudes étaient comprises entre i", 5 et 2°.
Cuivre. Zinc. Oi-. Nickel. Palladium. Plaline.
Longueur 22"»,5. 2-2'",3. 22'",3. 22°», 2. 22"", 2. 23"",0.
Diamètre 0"'»,6426. O-^SO-jT. 0'"°',6092. 0°'",4113. 0""»,5.5.32. 0"'",8117.
1 C„ 24,06 000,0 27,49 1,336 1,674 2,976
loo"' T 2%38i » 3^,010 3=,83i 2',.57(| i%i43
( Nxio~".... 3,320 » 2,549 7i539 5,o83 •''1769
1 Co 8,248 277,6 8,592 0,7664 0,9286 3,457
So-I T 2S358 4»,43o 2', 988 3%8oi 2%576 im35
(Nxio-".... 3,385 2,3i3 2,586 7,658 5,095 »
I C„ 5,877 197,3 4.818 0,4172 1,249 4,596
0° T i',336 ^4^,026 2%969 3^7.J4 2%57i i%i33
'nxio-".... 3,449 *2,383 2,620 7,85i 5,ii5 »
i Co 3,780 36,28 3,093 0,8372 1,175 4,276
— 80° < T 2',3o6 3% 622 2^,940 3^,677 2% 566 1', i23
( Nxio~".... 3,539 2,940 2,672 8,i83 5,i35 »
( Co 3,643 10,42 6.358 0,5558 0,7444 3,024
— 195° T 2% 274 3^539 2% 902 3% 577 2', 552 I*, III
(Nxio-".... 3,64o 3,084 2,742 8,647 5, 191 6,098
Co, coefficient d'amorlissement réduit aux amplitudes infiniment petites.
T, période d'oscillation.
N, second module d'élasticité.
L'examen de ce Tableau met en évidence les points suivants :
I" Le cuivre et le zinc ont des coefficients d'amortissement franchement
décroissants, comme l'argent, l'aluminium et le fer.
2° L'or a montré le même relèvement de coefficient à la température de
l'air liquide que dans les expériences antérieures.
3° Le nickel, le palladium et le platine (métaux peu fusibles) ont des
coefficients d'amortissement trop petits pour qu'il soit permis de conclure
avec certitude à une loi de variation de ce coefficient avec la température.
Cependant pour le platine (métal pour lequel les expériences ont été effec-
tuées sur g fils de trois diamètres difTérents) nous avons toujours trouvé
à 0° et à — 80° un coefficient Co plus grand qu'à -1- 100° et qu'à — 19'J".
4" Comme dans les expériences précédentes, nous avons constaté que le
coefficient Cq varie en fonction linéaire de l'amplitude et que le deuxième
module d'élasticité augmente lorsque la température s'abaisse.
En résumé, l'ensemble de ces expériences et celles de la Note citée ne
C)64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pei-melleiU pas de considérer en général le coefficient d'amortissement C
Gomme décroissant constamment au fur et à mesure que la température
s'abaisse. Chaque fois qu'on modifie la température ou l'action mécanique
(tension du fil, amplitude, etc.), il tend à se produire, plus ou moins rapide-
ment, un équilibre nouveau, et ce nouvel équilibre agit sur le coefficient il
alors qu'il laisse presque intacte la valeur du module d'élasticité. Des fils de
platine en apparence identiques, ayant subit simultanément le même recuit,
ont des coefficients C souvent très différents. 11 n'est donc pas possible, dans
ces conditions, d'établir une relation certaine entre les dimensions du fil et
le coefficient G. Le même fait a été observé sur des fils d'or recuits, malgré
la grande pureté de ce métal (' ).
PHYSIQUE. — ^Jou^>ements d'un liquide dans un tube. Note de M. Mexxeret,
présentée par M. E. Bouty.
I. Oscil/alions d'une colonne liquide dans un tube e/i U. — Soient «, et «3
deux amplitudes consécutives d'un même côté de la position d'équilibre;
l'amortissement est alors — que j'appelle A. Pour éliminer l'erreur de zéro
provenant de la petite quantité de liquide adhérente à la paroi, ou fait
l'observation (au cathètomètre) en produisant la même amplitude initiale a^
soit au-dessus, soit au-dessous de la position d'équilibre, et l'on prend pour «^
, a\ -H à'
la moyenne -^-^ — - ■
On sait que la période T du mouvement amorti est
T' T. / , '"S'A .
T'=Tl/ n- r-zr. — r-
T période, dans le cas d'un amortissement nul, est donné par
/ étant la longueur de la colonne liquide.
Les résultats obtenus sont les suivants :
i" Le mouvement oscillatoire se fait suivant deux régimes selon la nature
de l'amortissement.
(' ) C.-K. GuYK el V. Frf.ederk.ksz, Aich. de Genève, janv., févr., mars 1910.
SÉANCE DU 18 AVRIL I910. 9'i5
Le premier régime se produitlorsque A est >> .3,iG (c'est-à-dire >> v'io),
quels que soient le liquide et les dimensions de la colonne. Dans ce régime, —
est indépendant de l'amplitude.
Le second régime se produit lorsque — < 3,1(3, quels que soient le liquide
et les dimensions de la colonne. Dans ce régime, l'amortissement — est une
fonction de l'amplitude qui s'écrit
«3 \«3/o V ri '/
/■, rayon ; /, longueur de la colonne liquide. /,' est alors une constante indépendante de
la nature du liquide et des dimensions de la colonne liquide.
Pour les deu\ régimes, le coefficient de frottement n est le même, et l'on est conduit
à admettre (|ue la longueur du chemin suivant lequel s'elTectuenl les frottements
est l dans le premier régime, et — j — (pour amplitudes très petites) dans le second
1 log Aç
régime, ce qui indique la production d'un mouvement complexe (tourbillons),
car alogAo est < 1 dans le second régime.
2° Le coefficient de frottement rj (que Ton mesure par la méthode de
Poiseuillc) est donné ici par :
r \ n • ■ ■ U/'-logA
(i) r'remier régime Ti =1 -. —
4 r loge
, , r\ ■' • ■ y./--log"-A„
(2) Deuxième régime r, =^ ~r7T- — ^
Dans l'équation (2), T' se rapporte aux amplitudes très petites; u., masse
spécifique du liquide; r, rayon du tube. D'où deux méthodes simples pour
mesurer y] en valeur absolue, car il suffit de déterminer une seule valeur de
— pour obtenir soit A, soit A».
^3
3° D'après (i) et (2), le passage d'un régime à l'autre a lieu pour
logA = logA,, = -• J'appelle A^ cet amortissement critique; la période cri-
tique est alors
Loi du point critique. — 1° L'amortissement critique est toujours
logA,. = -; 2° la période critique est proportionnelle àrV.êj^ à --•
966 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l\° Les équations (i) et (2) s'écrivent alors :
T'
l'remier régime 2 logA = ^=7-
t:.
T'
Deuxième régime 4 'og^ AQr= — -
Loi des états correspondants. — Dans les deux régimes, pour des périodes
correspondantes, l'amortissement est le même quels que soient le fluide et
le rayon du tube.
II. Écoulemejil uni/orme d'un liquide dans un tuherectiligne. — J'ai repris
cette étude par un dispositif simple :
i" J'ai retrouvé (résultat connu) qu'il y a aussi deux régimes et que,
comme l'indique M. Reynolds, on a pour la vitesse critique V,.
P-r\,
■ = 1000.
1° Le premier régime, dit de Poiseuille, est représenté par
^__8yWD_ (H cl.arge, D débit)
■nr\£^lj.
lorsque le débit (ou la vitesse) est très petit.
J'ai trouvé que, quand V n'est pas très petit, il faut écrire
., D^ 8r,/D
(0
yT-ig'K'r'' r.r'-gix'
a (fonction du rayon seul) varie de — pour r= o à 0,06 quand /"augmente.
Le premier membre représente donc, dans tous les cas, la charge absorbée
par les frottements.
3° Le deuxième régime est caractérisé par l'équation
l J ^ ' \\,
quels que soient le liquide et le tube.
V, vitesse moyenne ; V^., vitesse critique calculée par la formule Reynolds ;
L, longueur calculée par
__ Tir''gHoiJ.
^"^ 8-oD '
Hfl, charge absorbée par les frottements, c'est-à-dire la charge totale H
SÉANCE DU l8 AVRIL I910. 967
diminuée de la perte de charge à l'origine du tuyau qui est donnée par 'J , ^
dans le deuxième régime.
L mesure alors la longueur du chemin suivant lequel se produisent les
frottements. On trouve toujours L ]> /, ce qui est d'accord avec la production
de tourbillons, constatés par Reynolds au moyen de filets liquides colorés.
4" Au point critique commun aux deux équations (i) et (2), on a
Les deux équations (i) et (2) peuvent alors s'écrire :
H„ V'
Premier régime.
Hoc V
Ueuxieme régime. . . ( -7-, r, ' ) ^ ' 1" tt
\Hoc V / \*c
Loi des états correspondants. — Dans l'un et l'autre régime, pour des
vitesses correspondantes, les charges H„ absorbées par les frottements sont
correspondantes.
L'équation (2) permet la mesure de y) par le deuxième régime.
5° Les résultats expérimentaux obtenus avec d'autres appareils (par
exemple, rotation uniforme d'un cyhndre à l'intérieur d'un autre de même
axe) conduisent à des équations et à des énoncés tout à fait analogues pour
les liquides et les gaz ; le coefficient i , 'i6 reste le même ; seul le coefficient i , 6
change de valeur avec le genre d'appareil.
ÉLECTRICITÉ. — Ionisation par pulvérisation des liquides. Note
de M. L. lii.ocB, présentée par M. E. Bouty.
Les gaz dégagés dans les réactions par voie humide sont généralement
conducteurs. JNous avons rapproché cet effet des effets d'ionisation par bar-
botage, en montrant qu'il a sa cause dans une rupture de surface par des
bulles gazeuses (').
Il était intéressant de rechercher si, en brisant une surface liquide par un
mécanisme autre que le barbotage, on trouve des effets d'ionisation compa-
rables à ceux que donne le barbotage.
(') L. Bloch, Comptes rendus, i4 mars 1910.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 16.) I28
968 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons eu recours à la pulvérisation des liquides en très fines gout-
telettes, telle qu'on l'obtient avec les appareils du type Vaast ou du type
Gouy. Le pulvérisateur Gouy convient bien à ce genre de recherclies, Il
offre l'avantage de fournir un jet pulvérisé qui ne rencontre aucun obstacle
solide. On évite ainsi l'ionisation par écrasement de gouttes d'eau, ou effel
Lenard.
Le pulvérisateur Gouy a déjà été employé par Elster et Geitel (') dans leurs recher-
ches sur l'électrisation par chutes d'eau (écrasement d'eau contre des parois solides).
Ces savants ont signalé, comme cause d'erreur possible, une électrisation parasite
créée par la pulvérisation même. Mais ils n'ont pas cherché à montrer directement
l'existence de cet effet, ni à l'étudier pour lui-même.
Nous nous sommes placé, au contraire, dans des conditions où l'elTet Lenard (effet
d'écrasement) est réduit au minimum et où l'ionisation est due essentiellement au
déchirement des surfaces liquides, à l'endroit même où se fait la pulvérisation.
Le pulvérisateur Gouy, placé verticalement, est alimenté au moyen d'un entonnoir à
brome rempli de liquide. Le jet pulvérisé traverse librement un très grand cylindre
métallique haut de i" et ^lai-ge de o"',3o environ. Les effets d'écrasement sont négli-
geables; il en est de même des effets d'égalisation de potentiel par action électrosta-
tique.
L'air transpoitant le jet pulvérisé traverse dabord un flacon purgeur où les gout-
telettes les plus grosses se déposent. 11 passe ensuite dans un condensateur cylindrique
relié à l'électromètre. Comme on n'emploie que des débits d'air modérés, on ne
recueille que les ions de faible mobilité.
Dans ces conditions nous avons obtenu des effets d'ionisation très nets
avec un grand nombre de liquides. Les courants recueillis sont généralement
du même ordre pour les ions des deux signes. Lorsqu'on augmente la pression
de l'air dans le pulvérisateur, les effets croissent beaucoup plus vite que le
débit.
Les liquides étudiés se classent en deux catégories. La première comprend
l'eau distillée, l'acide cblorhydrique étendu, la potasse concentrée, le sul-
fate de cuivre normal, l'alcool éthylique, l'alcool amylique, l'acétone. Tous
ces liquides, surtout les liquides organiques, donnent lieu à une ionisation
intense. L'autre catégorie comprend la benzine, l'essence de térébenthine,
l'essence minérale, les huiles d'olive et de vaseline. Ces liquides ne donnent
aucun effet.
Il est à remarquer que les liquides se classent de la même manière pour la
pulvérisation et pour le barbotage. Les liquides aclijs par barhotage sont
seuls actifs par pulvérisation.
(') A/m. ci. P/iys., t. XXXII, 1887, p. 74.
SÉANCE DU 18 AVRIL I9IO. 969
Ces expériences viennent à l'appui de l'hypothèse que j'ai émise autrefois
sur l'origine de la conductibilité accompagnant la détente des gaz (').
Elles permettent aussi d'interpréter certains résultats trouvés par
Faraday (*) dans le célèbre Mémoire qu'il a consacré à l'étude expérimentale
de la machine d'Armstrong.
ÉLECTRICITÉ. — Ionisation par harbotage el actions chimiques. Note
de MM. DE Brogije et Brixard, présentée par M. E. Bouty.
Le barbotage d'un gaz dans un liquide, en bulles très fines, tel qu'on
peut le réaliser en faisant passer le gaz à travers un tissu très serré, donne
les mêmes résultats généraux que dans le cas où l'arrivée se fait par un tube
étroit; mais l'agitation moindre delà surface permet alors de superposer au
premier milieu une couche séparée (de quelques millimètres à plusieurs cen-
timètres d'épaisseur) d'un autre liquide plus léger et non miscible.
Les bulles, en passant du premier milieu dans le second, éprouvent un
ralentissement dans leur montée, dû à plusieurs causes : traversée de la
surface de séparation superficiellement tendue, diminution de force ascen-
sionnelle par suite de la poussée hydrostatique moindre et lest de liquide
inférieur; elles ont tendance à se rassembler et à se briser moins violemment
à la surface supérieure liquide-gaz.
Un examen attentif du phénomène montre nettement yw'Mwe enveloppe du
liquide inférieur accompagne les bulles à travers le milieu supérieur et retombe
après l'éclatement; la surface liquide, pulvérisée par la petite explosion, ap-
partient donc, en partie au moins, au liquide inférieur et rend pratiquement
très difficile de raisonner dans ces conditions comme si un seul liquide |)ar-
ticipait au barbotage.
L'examen, par les méthodes électrométrique et ultramicroscopique, du gaz
sortant montre en effet que, même si le milieu supérieur appartient à la caté-
gorie des liquides inactifs par barbotage ('), une partie des centres produits
est chargée électriquement et porte même des charges multiples ; l'ioni-
sation cependant est notablement moindre que dans le cas où la couche
(') L. Bloch, Comptes rendus, l. 143, 1906, p. 1226.
(') Cf. Faraday, Ej-p. jRes., l. IL n»' 2075 et suiv., i843, p. 106.
(^) Comptes rendus, 1" sein. 1907, p. 172; Ann. de Pliys. et de C/iini.,
janvier 1909.
970 ACADÉMIE DES SCIENCES.
supérieure de liquide inactif n'existe pas, ce que les considérations précé-
dentes peuvent expliquer.
Ces résultats expérimentaux sont à rapprocher des efl'ets signalés récem-
ment par M. L. Blocli (') dans l'étude de l'ionisation de l'hydrogène
récemment préparé par voie humide, et qui Font conduit à conclure « que
l'ionisation par voie chimique (humide) est, comme l'ionisation par barho-
tage, un phénomène superficiel; les divergences observées entre les deux
cas pouvant tenir à la différence de grandeur qui existe entre les bulles
formées par voie chimicfue et les bulles les plus petites formées par bar-
bolage ».
En répétant ces expériences, nous avons toujours trouvé une complète
analogie avec le cas précédemment décrit (en constatant une ionisation
même dans le cas où le liquide supérieur est inactif). Un faisceau lumineux
dirigé au-dessus de la surface liquide-gaz permet, de plus, de comparer les
phénomènes observés, avec ou sans couche de liquide iuactif superposé,
dans le cas du dégagement de l'hydrogène.
Les caractères du dégagement sont nettement modifiés par la présence d'une couche
de benzine; avant de verser celte couche, les bulles, éclatant à la surface de l'eau aci-
dulée, projettent dans le gaz des couronnes de fumée constituées par de fines parti-
cules; dès qu'on verse sur le liquide une couche de benzine, les bulles arrivent à la
surface avec une vitesse notablement diminuée et éclatent moins violemment, les
couronnes de fumée sont plus rares et il se manifeste, au contraire, une abondante
pluie de gouttes beaucoup plus grosses. En outre, à chaque éclatement de bulle, une
enveloppe d'eau acidulée retombe à travers la benzine (même avec une couche de
plusieurs centimètres de ce liquide); c'est à la présence de celte eau acidulée, active
par barbotage, que nous attribuons l'ionisation du gaz.
La méthode ultra-microscopique permet de constater de plus qu'un certain nombre
de centres portent des charges multiples, qui peuvent donner à une particule, même
assez grosse, une mobilité considérable.
Tout ceci est bien conforme au rôle prépondérant du barbotage dans la
charge des gaz préparés par action chimique en milieu liquide actif.
PHYSIQUE. — Sur une nouvelle circonstance de formation des rayons
cathodiques. Note de M. Louis Du.vuykr, présentée par M. Villard.
Dans un tube à vide (fonctionnant sans incandescence de la cathode) on
considère généralement que les rayons cathodiques ont leur origine dans le
(') Comptes rendus, 1910, p. 690.
SEANCE DU l8 AVHIL I910. 971
gaz; la dliférence de potentiel entre les électrodes et les charges prises par
les parois font naître, par un mécanisme encore inconnu, une double cir-
culation sous forme d'afflux cathodique et de rayons cathodiques (').
La nature de la cathode est considérée comm'e sans importance. Je me pro-
pose d'indiquer un cas où, dans les conditions ordinaires de fonctionnement
d'un tube à rayons cathodiques, la nature de la cathode a une importance
capitale.
Prenons, par exemple, un tube de verre de 4'™ de diamètre; à chaque extrémité
sont soudés d'autres tubes plus étroits par lesquels pénètrent deux électrodes d'acier
parallèles à l'axe du tube; la figure i reproduit la photographie d'un pareil tube,
le plan des électrodes étant perpendiculaire au plan de la figure. En dessous du tube,
en A, est soudé un tube étroit (non visible sur la figure) communiquant, par un étran-
glement capillaire, avec une ampoule contenant un métal alcalin, du sodium par
exemple. Il est nécessaire d'employer du métal parfaitement purgé de toutes les
huiles extraordinairement peu volatiles qui imprègnent avec ténacité celui qui est
vendu sous l'huile de pétrole; le mieux est de préparer une petite ampoule de métal
obtenu par distillation dans le vide; l'ampoule est ensuite remplie d'acide carbonique
sec et ouverte; on l'introduit aussitôt dans le tube A. On fait le vide en purgeant
soigneusement de tout gaz occlus, par chauffage et passage de la décharge, les élec-
trodes et les parois du tube qui les renferme, en évitant de chauffer l'ampoule qui
contient le sodium. Pendant cette opération la fluorescence verte produite sur les
parois par les rayons cathodiques diminue d'intensité au fur et à mesure que le tube
durcit, mais reste uniformément répartie. Quand la longueur d'étincelle équivalente à
la résistance du tube atteint quelques centimètres, on laisse refroidir le tube et l'on
chaufïe l'ampoule contenant le métal alcalin.
Après l'expulsion des gaz occlus, il distille et vient se condenser en mince dépôt sur
les parois du tube et sur la région des électrodes située dans le voisinage plus ou moins
immédiat de A; pendant cette distillation on fait naturellement le vide sans arrêt
(l'emploi d'une pompe à grand débit, comme la pompe Gaëde, est particulièrement
commode); quand la pression est redevenue assez basse, on constate, en faisant pa>ser
la décharge, que la paroi est parsemée d' un grand nombre de petites taches fluores-
centes vertes, très brillantes, très bien définies et parfaitement fixes, du moins pen-
dant un certain laps de temps après le(|uel elles peuvent venir à disparaître plus ou
moins brusquement. La photographie ci-après, qui reproduit l'aspect du tube en
négatif, montre bien ces taches, surtout nombreuses dans la région ac. La netteté de
la photographie, obtenue avec une pose de 20 minutes, en alimentant le tube avec une
machine statique, montre la fixité des taches.
On peut diminuer suffisamment la pression pour faire cesser toute fluo-
rescence générale de la paroi, c'est-à-dire pour que la décharge, sous sa
(') ViLLARD. Rayons cat/todiq ites (CoUeci. Scientia), i" édition, p. 98.
972
ACADÉMIE DES SCIENCES.
forme ordinaire, ne passe plus, sans affaiblir les petites taches en question,
qui persistent, sans modifications, juscju'aux plus basses pressions que j'ai
réalisées (tube d'une dizaine de cenliinèlros d'étincelle). 11 semble donc
qu'il Y ait là un moyen d'obtenir des rayons cathodiques intenses^ commodé-
ment observables, et de très grande ritesse.
J'ai répété l'expérience avec un certain nombre de tubes de formes variées
contenant du sodium, du potassium ou du rubidium.
Pour soumellre la produclion du phénomène à un contrôle direcl, j'ai employé un
tube en forme d'H ; chaque branche verticale de l'H contient une électrode en acier
placée suivant l'axe ; on amène par distillation du sodium au bas de l'une des branches
après avoir fait le vide, de manière que la décharge ne passe plus, sous quelques centi-
mètres d'étincelle; le phénomène des taches se produit avec intensité dans la branche
où le métal a distillé, tandis que l'autre branche reste parfaitement obscure. Si l'on
fait monter le dépôt miroitant, la région des taches s'élève aussi dans le tube en restant
en dessus du dépôt, bien que quelques taches persistent encore à leurs places primi-
tives. C'est qu'en efl'el le phénomène ne se produit que si les gouttes condensées sont
suffisamment petites. Ainsi, la région ab correspond à une région de la cathode recou-
verte d'un dépôt en gouttelettes plus ou moins grosses, mais bien visibles. Les quel-
ques taches qu'on y relève, ainsi que dans la région cf/, pauvre en sodium, proviennent
de ce qu'en étudiant le tube, on a chauffé à différentes reprises certaines régions de la
paroi pour déplacer le dépôt miroitant, ce qui a un peu disséminé les centres d'émis-
sion. Les gouttelettes de la région d'émission maximum ne doivent être visibles qu'au
microscope, avec d'assez forts grossissements.
Le phénomène ne se produit pas sur tous les métaux. Je l'ai observé avec
l'acier et le platine. Il est nul avec l'aluminium. Je compte revenir ultérieu-
rement sur ce point.
SEANCE DU 18 AVKIL I9I0 973
Si Ton fait rentrer lentement de l'air, puisqu'on vitle de nouveau le tube,
les taches ne réapparaissent pas; l'état de la surface des centres d'émission
est donc important.
Outre les taches on remarquera, sur la photographie, dans la région a/>,
une large nappe très intense : elle est la section par la paroi d'un cône de
rayons cathodiques ayant pour sommet un point 1res brillant, orangé, sur
l'électrode (recouverte de sodium). Il semble qu'il s'agit là d'un phéno-
mène tout différent de celui des taches, mais différent aussi de l'émission
cathodique ordinaire.
L'explication du phénomène qui paraît acluellement la plus vraisemblable
consiste à supposer que, si basse que soil la pression, il existe un certain
afflux, incapable de provoquer la formation des rayons cathodiques ordi-
naires parce que son énergie est inférieure à une certaine limite; mais cet
afflux serait pourtant capable d'élever la température de gouttelettes extrê-
mement petites, à condition de supposer qu'elles ne touchent l'électrode que
par une très petite surface, de telle sorte que la perte de chaleur par con-
ductibilité thermique soit faible; ces gouttelettes de métal alcalin, ainsi
chauflees, émettraient alors une grande quantité d'électrons, le phénomène
Edison, pour les métaux alcalins, étant très grand; les électrons, accélérés
par le champ, constitueraient les faisceaux de rayons cathodiques observés.
On s'expliquerait ainsi l'influence de l'état de la surface, et celle de la
grosseur des gouttelettes. L'absence du phénomènesur des électrodes d'alu-
minium viendrait soit d'une combinaison du métal alcalin et de l'alumi-
nium, soit de ce que le métal alcalin mouillerait l'aluminium. Des recherches
sont en cours dans le but de contrôler ces hypothèses.
CHIMIE. — Sur la constitution des dithionates et des sulfites. Note
de \L H. liAUBiu.vY, présentée par M. Troost.
J'ai fait voir (') que la décomposition du sulGte d'argent et de ses sels
doubles alcalins par l'action de la chaleur (à 100°) ou celle de la lumière
donnait naissance à un sel neutre avec perte d'argent (la moitié pour le
sulfite simple, la totalité pour les sels doubles, le métal alcalin restant seul
en combinaison dans ce dernier cas) et que ce sel était du dithionate. Cette
réaction, cjui montre que l'acide dithionique résulte de la réunion de deux
(') Comptes rendus;, t. CXLIX, 1909, p. 735 et 858.
974 ■ ACADÉMIE DES SCIENCES.
radicaux salforyle, qu'inversement on peut séparer à nouveau par l'action
du sodium en régénérant du sullite [Spring (')],
SO''Na
I +Na« = o.(S03NaM,
SO'Na
est une nouvelle preuve en faveur de la formule de constitution
HO'S — SO'H
adoptée aujourd'hui pour ce corps. C'est donc un acide disul/oxylique, selon
le dire de Mendeleje{r(^). Il est, par rapport à l'acide sulfureux HSO'H,
ce que l'acide oxalique ou dicarboxylique HO-C — CO^H est à l'acide
f(jrmique HCO'-'H; et la formule SO^OH, que Kolbe (') avait attribuée à
l'acide ditliionique, qu'il considérait comme monobasique parce qu'on n'a
pu en obtenir les sels acides, ne saurait être admise.
Cette synthèse de l'acide dithionique apporte, en outre, un nouvel
argument en faveur de la formule dissymétrique des sulfites MSO^OM
proposée par Odiing d'abord, puis successivement par Strecker, par Grœbe
et d'autres savants pour représenter la constitution de ces sels, d'après
laquelle l'un des atomes niétallicjues est relié directement au soufre du
groupe sulfuryle SO^. Car si les deux atomes de métal dans le sulfite
d'argent se comportent différemment sous l'influence de la chaleur ou de la
lumière, c'est qu'ils doivent être de nature dissemblable et reliés de façon
difïérente au groupe SO^. Cela en parfaite concordance, d'une part, avec
la réaction qui a lieu lorsqu'on traite les sulfites par les iodures alcooliques
et permet d'obtenir ainsi des sulfonates ('), où il est admis aujourd'hui
définitivement que le carbone est en connexion avec le soufre, et, d'autre
part^ avec la formation des deux sulfites doubles isomères de potassium et
{') Bull. Acad. roy. Belgique, 2" série, t. XXXVIII, Î^Z' année (1874), p- 108.
(2) Berl. Ber., i. III, 1870, p. 871.
(') Jourii. prakl. Cli.., t. XIX, 1879, p. ^S.'i.
(') Voir Strecker {Ann. Ch. a. Pharm., t. CXLVIII, 1868, p. 90) el Groebe (.4/irt.
Ch. ti. Pliarm.^ l. CXLVI, 1868, p. 36) qui ont oblenu les alkylsulfonates en traitant
un sulfite alcalin par un iodure alcoolique. Avec le sulfite d'argent, il se forme
Télher f^SO'OR du même acide, lequel éther par saponification ne perd qu'un seul
radical alcoolique, en redonnant le sel alcalin de l'acide sulfoné. Or, non seulement cet
acide RSO^Otl est identique à celui obtenu en oxydant par l'acide nitrique le mer-
captan correspondant RSH ; mais inversement, de l'acide alkylsulfonique préparé avec
le sulfite alcalin el l'iodure alcoolique, on peut revenir au niercaptan par simple réduc-
SÉANCE DU l8 AVRIL 1910. 9^5
de sodium, NaSO-OK et KSO^ONa qu'on prépare à volonté et dont
Schwicker (') a prouvé l'existence de façon indiscutable.
Cette synthèse est également en harmonie avec la formation, par fixation
du soufre sur les sulfites alcalins, des hyposulfites de constitution
MSSO^OM ainsi que l'avait énoncé Odling et comme l'ont établi depuis
différents auteurs, notamment Bunte (-) par sa curieuse observation lors
de la décomposition de l'éthylhyposulfite de sodium, et Spring (') en uti-
lisant le mode d'action bien connu de l'iode sur les sulfures et les mer-
captides. Spring a en effet montré que si, au mélange en solution neutre
d'une molécule de sulfure de sodium et d'une autre de sulfite du même
métal, on ajoute une molécule d'iode, ce dernier corps disparait en don-
nant une liqueur claire qui, outre l'iodure de sodium, renferme beaucoup
d'hyposulfite; l'iode soudant les deux molécules par soustraction de métal :
NaSNa + NaSO^Na + V- = NaSSO^Na -4- aNal.
En résumé, l'acide dithionique serait donc un acide disulfonique, qu'on
peut considérer comme celui de l'hydrogène H% et l'acide sulfureux, qui
prend dans ses sels la forme dissymétrique HSO^OH, serait le dérivé
monosulfonique de ce même hydrogène
H SO'H SO'H
H H som
au même titre que l'acide hyposulfureux est l'acide sulfonique du gaz
sulfhydrique (Mendelejeff), et l'acide phénylsulfureux, celui de l'hydrure
lion du chlorure d'acide à l'aide de l'hydrogène naissant :
RSO^Cl +3H-==RSH + HCl-4-2H^O
(G. Vogl, 1861). Dans l'acide allvylsulfonique obtenu en partant d'un sulfite, le radical
alcoolique est donc relié au soufre, et par suite dans les sulfites un des deux atomes
de métal.
(') fierl. Ber., t. XXII, 1889, p. 1728. Schwicker l'a démontré en soumettant ces sels
à la réaction de Strecker et Grœbe. 11 transformait ainsi le premier en alkylsulfonate
de potassium, et, le second, en alkjlsulfonate de sodium.
(') Berl. Ber., t. VII, 1874, p. 646. Bunte a fait connaître que l'éther mixte
C'H^SSO^Na, obtenu par l'action du bromure d'éthyle sur l'hyposulfite de sodium, se
dédouble sous l'influence de la chaleur (vers 100°) en bisulfure d'éthyle et dithionate
SO'Na
alealin : 2( C^H^SSO^Na ) = (C^HM-S^ -H I
SO-'Na
(') Loc. cit.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 16.) I29
976 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de pliùnyle. Seulement, tandis que ce dernier est monobasique, l'acide sul-
fureux et l'acide hyposulfureux sont des acides bibasiques, parce qu'ils
renferment encore un atome d'hydrogène typique de la molécule initiale
H^ouH-S.
. CHIMIE ORGANIQUE. — Alcaloïde du Pseudocinchona africana. Sapo-
jiijïcalion par les alcalis. Note de M. E. Foukneau, présentée par
M. A. Haller.
L'alcaloïde du Pseudocinchona offre avec la yohimbine une grande res-
semblance, et l'on pourrait aisément les confondre si leur pouvoir rotatoire
n'était pas de sens inverse.
La composition centésimale de la yohimbine n'est pas établie avec certi-
tude. Elle a varié, suivant les auteurs, entre C"H'-N'0'', C^^H^'N^'O',
C-' H^' N= O ' et enfin C=^' H=» N= 0\
Si l'on observe que la formule que j'ai indiquée pour ralcaloïde du Pseudo-
cinchona est C-' H'-^N^O^ on ne peut s'empêcher d'être frappé par ce fait
que l'une des formules qu'a donnée Spiegel à la yohimbine diffère de celle de
mon alcaloïde par une molécule d'eau en plus. Mais, d'une part, Spiegel a
montré que, dans certaines conditions, la yohimbine perdait de l'eau et se
transformait en un anhydride qui pourrait être par conséquent formulé
C'^' H-'N-O''. D'autre part, l'alcaloïde que j'ai décrit aux Comptes rendus de
l'Académie des Sciences est obtenu anhydre ('). Si donc on compare la
yohimbine anhydre à l'alcaloïde du Pseudocinchona également anhydre, on
voit que ces deux substances ont la même composition centésimale. Si les
analyses faites par les divers auteurs avec la yohimbine ont donné des résultats
un peu divergents, cela tient à ce qu'ils ont opéré sur des échantillons
hydratés qui ne perdaient à 100° ou dans le vide qu'une partie de leur eau de
cristallisation et qui en conservait au moins une molécule, mais les analyses
faites par Spiegel sur le produit anhydre donne des chiffres qui s'appliquent
aussi bien et mieux à la formule C^' H^°N-0' qu'à toutes les autres qui ont
été données. Principalement les dosagesde chlore dans le chlorhydrate, qui
lui est facile à obtenir anhydre, s'appliquent parfaitementà la formule ci-dessus.
Voilà donc une première ressemblance entre la yohimbine et l'alcaloïde du
(') A vrai dii-e, Talisence ou la présence d'eau de cristallisation dépend souvent du
dissolvant employé, mais je crois cependant que l'eau qui se sépare de l'alcaloïde du
Pseudocinchona dans certaines conditions est réellement de l'eau de constitution et
non de cristallisation, car le départ de cette eau se fait avec dégagement de chaleur.
SÉANCE DU l8 AVRIL 1910. gy^
'Pseudocinc/iOTia. Je reviendrai du reste sur ce point dans un procliain Mé-
moire et je me propose d'étudier comparativement les deux alcaloïdes pour
décider s'ils sont nettement différents ou au contraire des isomères optiqiies.
Une autre ressemblance est tirée de l'action des alcalis.
La yohimbine, traitée par la soude ou l'éthylate de sodium, donne un
acide auquel Spiegel attribue la formule C-°H-*N-0'. Cet acide, cristallisé
de l'alcool méthylique, perd de l'eau et se sépai'e anhydre. Il possède alors
laformuleC'''H-■^^M3^
Or, quand on traite l'alcaloïde du corynantlie par l'éthylate de sodium, on
obtient un sel de soude dont l'acide, suivant les. conditions de cristallisation,
possède la formule C"H=' N-O' -f- H-O ou G-^H-'N^O', donc exactement
celle de l'acide yohimbique ou de son anhydride. L'étber méthylique de
l'acide yohimbique n'est autre chose que la yohimbine (Winzheimer ).
Il est très probable que l'alcaloïde du Pseudocinchona, différant de l'acide
qu'on en relire par CIP en plus, est également l'éther méthylique de cet
acide, mais je n'ai pas encore réalisé l'éthérihcation.
Préparation de l'acide du Pseudocinchona. — On chaulTe à rellux une molécule
d'alcaloïde el deux molécules d'élliylale de sodium en solution alcoolique à 10 pour 100
jusqu'à ce qu'une goulle de la solution ne précipite plus par l'eau, ce qui demande
5 heures environ. La solution est évaporée à sec dans le vide. Le résidu est repris par
un peu d'eau. La solution, décolorée par du noir animal, est filtrée, puis précipitée
par deu.N. molécules d'acide chlorhydrique qui détermine la formation d'une glu épaisse
presque insoluble dans l'eau. La couche aqueuse e^t décantée, et la glu redissoute à chaud
dans le moins possible d'alcool à gS". Après quelques heures, la solution alcoolique est
prise en une masse de cristaux; un peu colorés qu'on essore, qu'on lave à l'alcool absolu,
puis avec de l'acétone. La poudre, maintenant à peine colorée et qui constitue l'acide
brut cherché, est dissous rapidement dans de l'alcool méthylique ou éthylique absolu.
Presque aussitôt après que la dissolution est achevée, des cristaux se sépaienl dont la
quantité augmente rapidement et qui une fois séparés ne se dissolvent plus dans
l'alcool même en assez grand excès. 11 s'agit là d'un phénomène tout à fait comparable
à celui qui a été observé pour l'alcaloïde du Pseudocinchona, c'est-à-dire du passage
d'un corps hydraté à un corps anhydre. Si, au lieu de faire des cristallisations de l'acide
dans l'alcool absolu, on emploie l'alcool étendu, ou bien si l'on précipite la solution
alcaline de l'acide par l'acide acétique, on obtient un acide hydraté. Ce dernier se dis-
sout très facilement dans l'alcool méthylique et s'en précipite aussitôt anhydre ('), etc.
(' ) En employant les termes anhydre et hydraté, je n'entends point parler de l'eau
de cristallisation, caries deux modifications en contiennent; mais si l'on chauffe à 100°
la modification hydratée, elle conserve toujours une molécule d'eau; l'autre, au con-
traire, n'en retient pas. Spiegel a noté que les choses se passaient exactement ainsi
avec l'acide yohimbique.
978 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cristallisé de l'alcool méthylique, l'acide se présente sous la forme de
paillettes brillantes devenant opaques à l'air. Cristallisé dans l'alcool étendu,
il se sépare en fines aiguilles brillantes.
L'acide anliydre est peu soluBle dans l'eau, 1res peu soluble dans l'alcool méthylique
et l'alcool absolu, soluble dans les acides minéraux et les alcalis. La solulion alcaline
n'est pas précipitée par les acides minéraux, à moins qu'on ne sature exactement l'alcali
par l'acide. L'acide acétique, au contraire, précipite les solutions alcalines même
étendues en beaux prismes transparents. L'acide anhydre fond au bloc Maquenne
au-dessus de 3oo°.
Analyses. — Substance cristallisée de l'alcool méthylique et séchée dans
le vide sur l'acide sulfurique jusqu'à poids constant.
co^ H=o.
o,2338 donne o,6o5o o, la^a
0, 2336 donne o,6io4 0,1576
0,2774 donne 19'™', 5 d'azote à 10° et sous 768™'".
Calculé
pour
C™H"N'0' = 34o,3o.
70,55
70,58
7,io8
7.37
8,25
8,25
C 70,55 70,58 70,36
H 7,108 7)37 7,45
N
Tous les selsappartiennentà la forme hydratée. Le sel de soude cristallise
en paillettes assez solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool méthylique,
insolubles dans l'alcool absolu. 11 sert à préparer les autres sels par double
décomposition.
Beaucoup.de ces sels seront décrits ailleurs. Je signalerai seulement le sel
d'argent, qui est très important pour établir le poids moléculaire de l'acide.
11 se précipite à l'état gélatineux quand on mélange une solution de nitrate
d'argent avec une solution de sel de soude de l'acide. Après essorage et
lavages soigneux à l'eau, puis à l'alcool, on l'obtient sous la forme d'une
poudre jaune. Il contient exactement 23, 3o d'argent, ce qui correspond
bien au poids moléculaire 4^5,16 et à la formule C'H^'N^O' Ag, H^O
(calculé Ag = 23, 19).
SÉANCE DU l8 AVRIL îpTO. 979
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la constitution des alcools résultant de la conden-
sation des alcools secondaires avec leurs dérivés sodés. Note de M. Marcel
GuERBET, présentée par M. A. Haller.
Les alcools secondaires, chauffés au voisinage de 200" avec leurs dérivés
sodés, donnent lieu, ainsi que je l'ai montré {Comptes rendus, t. CXXXII,
p. 685; t. CXLIX, p. 129; t. CL, p. i83), à la formation d'alcools plus
condensés, suivant la réaction générale
C'"H'-"'+'OH + C''H'«+'Oi\a =C"'+"H2("'+'')+'OII-t-NaOH.
L'alcool isopropylique, C'H*0, donne ainsi les alcools diisopropy-
lique, CH'^O, et triisopropylique, CH^^O; l'alcool butylique secon-
daire, CH'^O, donne de même les alcools dibutylique, C'H"0, etlributy-
lique secondaires, C'^H-°0; et avec l'alcool caprylique, C'H'*0, il se
forme les alcools dicaprylique, C"'H'''0, et tricaprylique, C^*H"'0.
Il y a là une métliode générale de formation des alcools secondaires, qui
peut être aisément appliquée à la préparation des ternies élevés.
La constitution des alcools diisopropylique et triisopropylique, de même
que celle de l'alcool dibutylique secondaire ont été établies antérieurement.
I']n fixant aujourd'hui celle des alcools dicaprylique et tributylique secon-
daires, je viens montrer comment se réalise l'enchaînement des molécules
dans cette réaction de formation des alcools secondaires.
Constitution de l'alcool dicaprylique. — Pour établir la constitution de
l'alcool dicaprylique, on l'a oxydé par le mélange chromique, en employant
une proportion de ce mélange un peu inférieure à celle qui correspond au
dégagement de 4*' d'oxygène pour 1"°' d'alcool.
On a obtenu ainsi Tacélone correspondante et un mélange d'acides provenant de son
oxydation. Ceux-ci ont été séparés en acides insolubles dans l'eau en acidulant, par
l'acide sulfurique, la solution concentrée de leurs sels de soude et décantant Thuile
surnageante.
Les acides insolubles dans l'eau ont été desséchés sur le sulfate de soude anhydre,
puis soumis à une série de distillations fractionnées, qui ont permis de séparer quatre
fractions principales de 200° à 206°, de 220° à 226°, de 240° à 246°, de 265° à 270°. La
transformation de ces diverses fractions en sels de baryum ou la précipitation frac-
tionnée de leurs sels par l'azotate d'argent a permis de constater, par le dosage des
métaux, que la première fraction est formée surtout d'un acide gras en C, la seconde
d'un acide en G', la troisième d'un acide en G', la quatrième d'un acide en G'".
Les acides solubles dans l'eau ont été transformés en éthers élhyliques, que l'on a
soumis à la distillation fractionnée, et l'on a recueilli deux fractions principales
gSo 'ACADÉMIE DES SCIENCES.
entre -5° et 80", et entre 160° et 170°. Ce premier résultat et l'odeur des produits
HkoblreHt déjà que là première fraction doit être formée d'acétate d'éthyie (éb. ^=^77°)
çt que la seconde est probablement du caproate d'étlijle (éb.=: 167°), déduction que
confirme le dosage du baryum dans les sels d« bary.te provenant de leur saponification.
En résumé, l'oxydation de l'alcool dicapi'ylique a donné de l'acide acé-
tiqùe, de Facide caproïcfue, de l'acide décylique avec un peu d'un acide
héptylique et d'un acide nonylique. En même temps, il s'est produit une
hcrtablc proportion d'acide carbonique.
Si l'on passe en revue les diverses formules de constitution, que l'on peut
attribuer à l'alcopl dicaprylique issu de la soudure de deux molécules
d'alcool caprylique CH» -(CH^)'' - CHOH — CH', on voit que lasiùvante
seule s'accorde avçc les résultats fournis par l'oxydation :
_^^ij^ •^., . J ;' ;ÇH^.-^(CH^),= ^ai ( CHn— CFP - GHOH - ( QH')'- GH^
^ <' li'oxyHafion d'un tel alcool fournirait, en effet, d'abord l'acétone corres-
pondante non combinable au bisulfite de sodium, puis les acides décylique
el caproïque avec un peu des acides nonylique et œnantliylique. Enfin,
l'oxydation se poursuivant sur une partie des acides formés, il se produirait
de l'acide acétique, une nouvelle quantité d'acide caproïque et de l'acide
carbonique.
L'alcool dicaprylique est donc le méthyl-7-pentadécanol-9.
^ Vacétone dicaprylif/(ie. ou /néthyl-j-pentadccanone-g, est un liquide incolore de
densité 0.846 à o". Elle bout à i72"'-i74° sous 21""" de pression. Elle ne se combine
pas ail bisulfite de sodium. Sa semîcarbazone cristallise dans l'alcool en fines aiguilles
fusibles à t95°^i97"' (corr.).
Constitution de l'alcool trihutylique secondaire. — Pour déterminer la
constitution de cet alcool, j'ai oxydé par le mélange chromique l'acétone
correspondante et j'ai séparé les acides formés en acides solubles et acides
insolubles dans l'eau.
Ces derniers distillent presque entièrement entre a^o" el 270". Le dosage du baivuin
dans leurs sels, obtenus par cristallisation fractionnée, a montré qu'ils étaient formés
d'un acide nonylique, d'un acide décylique avec, sans doute, un peu d'acide caproïque.
Quant aux acides solubles dans l'eau, ils ont été séparés par distillation fractionnre
de leur solution aqueuse, ainsi qu'il a été dit à propos de l'oxydation de l'alcool dibu-
tylique secondaire (loc. cit.). Ils ont été ensuite transformés en sels de baryum, puis
identifiés par le dosage du métal qu'ils renfermaient. Ils se sont montrés formés sur-
tout par les acides acétique et propioni(jue avec, peut-être, un peu d'acide ca|)roï(|iie.
Si l'on examine les formules que l'on peut attribuer à l'alcool tribtity-
SÉANCE DU l8 AVfllL Ï9IO. 98.I
Hque secondaire provenant de la soudure d'une molécule d'alcool dibuty-
lique
C^H* — CH(CH') - CH^ — CIIOH — G^H^
avec une molécule d'alcool butylique secondaire ■■*f
Gll'— CHOH — C^IP, .7.,
on voit que la suivante seule s'accorde avec les faits :
C'-ll' - CH(CH') — CH- — <;H(C-'1P) — CII^ - CHOH — G^H^
L'oxydation d'un tel alcool fournirait, en effet, d'abord une acétone non
combinable au bisulfite de sodium comme racélone Iributylique, puis un
acide en C, un acide en C" et les acides acétique et propionique. L'oxy-
dation ultérieure des acides en C" et en C donnerait d'ailleurs de l'acide
caproïque dont la présence est à peu près certaine dans les produits d'oxy-
dation de l'acétone tributylique.
En résumé, les résultats acquis sur la constitution des alcools dicapry-
lique et tributylique secondaire généralisent les notions qui résultaient
déjà de la constitution des alcools diisopropylique, triisopropylique, dibu-
tylique secondaire :
1° La formation de tous ces alcools condensés peut être ramenée à
l'élimination d'une molécule d'eau entre l'oxhydryle de l'une des molécules
des alcools réagissants et le groupe méthyle voLsin du groupement fonction-
nel de l'autre molécule : .• n t n
:::ioi) silo ozYlr.ai; i i.
R - GH OH — GH» -H GH^ - GU OH — R'
= R - GH (GH') - GH'- — CHOH - R' + H-0.
2° Lorsque la réaction s'eflectue entre deux alcools secondaires diffé-
rents l'un de l'autre, l'élimination de l'eau se produit aux dépens de l'oxliy-
dryle de l'alcool le plus riche en carbone. ;, :
Cette seconde conclusion est tout à fait semblable à celle à laquelle on
arrive dans l'étude de la condensation des alcools primaires avec leurs
dérivés sodés (^Annales de Chim. et de Phys., ']^ série, t. XXVII, p. 67).
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de l'oxyde d'argent sur l'élatérine.
Note de M. A. Berg, présentée par M. A. Haller. ,."
J'ai employé pour ce travail, ainsi que pour mes recherches précédentes^
de l'élatérine que j'avais préparée moi-même et soigneusement. purifiée par
902 ACADEMIE DES SCIENCES.
cristallisation dans l'alcool où elle est peu soluble. Elle fondait à 23i'' et
possédait un pouvoir rotatoire gauche [a]„=: — 53°, 4- Cette remarque est
motivée par ce fait que M. F. Power et C. Moore, dans un travail récent,
ont avancé que Félatérine, telle qu'on la connaissait, est un mélange de
deux substances probablement isomères qu'ils dénomment a- et {3-éla-
térine. Le corps dont je suis parti et que j'ai toujours considéré comme
constituant l'élatérine proprement dite est identique à leur composé a.
Pour étudier la réaction qui fait l'objet de cette Note, j'ai chaulTé au réfrigérant
ascendant une partie d'élatérine avec de l'alcool à gS" et de l'oxyde d'argent bien lavé
et humide correspondant à 2 parties de nitrate d'argent. Au bout de peu de tennps, on
voit l'oxyde se réduire et une couche miroitante se déposer sur les parois du récipient.
Après I heure et demie de chaufle, on filtre le produit de la réaction, ce qui donne un
liquide brun foncé contenant de l'argent en partie à l'état colloïdal, en partie à l'étal
de composés solubles. En agitant avec une pincée de sel marin, on précipite complè-
tement ce métal et, après filtration, le liquide possède une belle couleur jaune orangé.
Après avoir évaporé à sec au bain-marie, on reprend par un peu d'alcool, on ajoute
une solution de soude en excès et immédiatement après de l'eau. Il se forme un préci-
pité abondant que l'on essore, puis reprend par l'éther qui le dissout en majeure
partie.
Par évaporation, l'éther laisse une substance amorphe jaune très soluble dans l'alcool
et l'éther qu'elle colore fortement. Contrairement à l'élatérine, et à l'élatéridine, elle
est insoluble dans les alcalis caustiques ou carbonates et ne colore pas le perchlorure
de fer. Sa coloration jaune, qui paraît lui être propre, disparaît par l'action de l'hydro-
gène naissant. Ce sont là les caractères d'une quinone.
A l'analyse elle donne des nombres très voisins de ceux de l'élatéridine
et qui correspondent à la formule d'une quinone dérivée de cette der-
nière C'^H'^O', ce qui m'a fait lui donner le nom à^élatéridoquinone. On
trouve d'ailleurs de l'acide acétique dans les produits de la réaction, et mes
recherches ont montré que l'élatérine se transforme en élatéridine avec
formation d'acide acétique. L'oxyde d'argent agit donc à la fois comme
agent oxydant et comme agent hydratant.
L'élatéridoquinone forme la majeure partie des produits de la réaction
(5o à 60 pour 100 du poids de l'élatérine employée). On trouve aussi une
petite quantité d'un corps de nature phénolique (peut-être élatéridine) et
un acide peu abondant qui paraît avoir avec l'acide élalérique les mêmes
rapports que l'élatéridoquinone avec l'élatéridine. Un acide tout semblable,
sinon identique, se produit rapidement par l'action de la soude ou de la
potasse alcoolique sur l'élatéridoquinone.
En l'absence complète de l'eau, l'oxyde d'argent est sans action sur l'élatérine. Pour
SÉANCE DU I(S AVRIL 191O. 988
que la quinone se forme, il semble donc qu'il doit y avoir en môme temps saponifi-
cation de la fonction élher acétique et dès lors on pouvait penser que l'on obtiendrait
facilement ce composé en partant de l'élatéridine. On oJjtient bien en effet, dans l'action
de l'oxyde d'argent sur l'élatéridine, un corps insoluble dans les alcalis, mais il ne se
forme qu'eu quantité extrêmement faible.
Remarquons en terminant que ces faits s'accordent très peu avec l'idée,
émise par quelques auteurs, de la présence d'une fonction aldéhyde dans
l'éiatérine, car alors le produit principal de la réaction devrait être un acide
cl non un corps insoluble dans les alcalis.
CHIMIE ORGANIQUE. — Surl'aloïnose ousucre d'aloïne. Note de M. E. Léger,
présentée par M. E. Jungfleisch.
.J'ai déjà indiqué la formation de ce sucre dans le dédoublement de la
barbaloïne et de l'isobarbaloïnc (').
La présente Note a pour but d'apporter quelques précisions à l'histoire
de cette matière sucrée.
Préparation. — 5o8 de barbaloïne privée d'isobarbaloïne ont été placés dans un
ballon bouché avec loo"^"' d'alcool à 90°. Après 3 ans de contact, le mélange était
devenu sirupeux et avait pris une coloration rouge brun. La saveur étant encore
amère, on a iijouté une petite quantité de SO'H' étendu de son volume d'eau et l'on a
prolongé la durée du contact pendant encore 2 ans et 5 mois. Après ce laps de
temps (5 ans et 5 mois) l'amertume du mélange avait presque complètement disparu.
L'addition de 5'°' à 6'°' d'eau précipite des dérivés anthraquinoniques, parmi lesquels
se trouve la méthyliso\ychrysasine ou aloémodine, tandis que le liquide filtré renferme
l'aloïnose.
Après une heure de digestion au bain-marie avec un excès de carbonate de baryum,
on filtre, on décolore au noir, à froid, et l'on évapore à sec dans le vide.
Le résidu est repris par l'alcool absolu et la solution filtrée est concentrée, de nou-
veau, dans le vide puis exposée sur SO'H^. On obtient ainsi 5s, 5o d'un sirop épais,
presque incolore, qui constitue le sucre d'aloïne ou aloïnose.
L'aloïnose possède une saveur légèrement sucrée, dépourvue d'amertume.
Il réduit la liqueur de Fehling, donne la réaction du furfurol avec l'acétate
d'aniline et la réaction de G. Bertrand (coloration violette avec H Cl et
l'orcine).
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, p. iii3; fiatl. Sciences pliarniacol., août 1904,
p. 65; Journ. Pliarm. et Cliini. 6'' série, t. XX, p. 1^5.
C. r.., lyio, .-' Semcslre. (T. 150, N" 16.) I^O
98''| ACADÉMIE IJES SCIENCES.
Ici cependanl, il faut rciiiarcjuer (juc la matière violelle passe plus facile-
ment à l'état insoluble que dans le cas des pentoses connus, de l'arabinose-/
par exemple. En ajoutant, après réaction, un peu d'éther au liquide acide
refroidi, la matière précipitée se redissout en communiquantà la solution une
coloration violette ou rouge vineux. Si l'on agite alors avec un excès d'éther
et qu'on laisse déposer, l'éther surnageant reste incolore tandis que la colo-
ration violette de la couclie acide inférieure s'affaiblit considérablement
pour passer au vert émeraude.
Cette coloration verte est très stable, elle peut se maintenir pendant
plusieurs jours après lesquels ils se forme un précipité bleu vert. Si l'on
ajoute de nouvel éther, pour remplacer celui qui s'est évaporé, le précipité
se redissout dans la liqueur acide avec une coloration j)lns intense et d'un
verl bleu. Après un très long temps, le précipité devient noir ; il cesse alors
de se dissoudre quand on ajoute de l'étber. Ces différentes colorations ne
sont pas spéciales à l'aloïnose ; tous les pentoses semblent les donner ; c'est
le cas de l'arabinose-/, de l'arabinose-r/, du xylose-/. Avec ces trois sucres,
Cependant, la coloration violette passe d'abord au bleu, puis au bleu vert
par addition d'éther. Cette diiférence est peut-être due à la présence de sub-
stances étrangères dans le sirop d'aloïnosc. Le rhamnose et le glucose, au
contraire, ne donnent, après traitement de la solution (orcine, sucre, IlCl)
par l'éther, que des colorations rose sale ou feuille morte, très atténuées.
L'aloïnose, chauffée pendant 3o minutes au bain-marie avec une solution
d'acétate de phéuylhydrazine, fournit en (juantité abondante une osazone
cristallisée en lamelles allongées et pointues, peu solublcs dans l'eau froide.
Poiuoir rotatoire. — L'aloïnose étant incristallisable, pour en déterminer
le pouvoir rotatoire j'ai établi le poids/» de sucre contenu dans loo parties
de solution en dosant ce sucre, à l'aide du procédé G. Bertrand ('), dans la
solution examinée au polariinètrc. Cette solution, observée dans un tube de
2'''", 2, a donné une déviation a = — 2", 9 à + 19".
Le dosage de la quantité p de sucre qu'elle renfermait a donné, dans
trois expériences, des valeurs variant entre 2'»', 20 et 2S,3o. En conséquence
\a.^\= - 5f,3k -58°, 5.
On a supposé dans l'étabHssement de p que le pouvoir réducteur de
l'aloïnose était semblable à celui du xylose-/. Si l'on avait pris comme terme
de comparaison l'arabinose-/, la valeur de a,, aurait été voisine de — 61°.
(') Ilii/l. Soc. c/niii., i'' série, l. XWV, p. laSS.
SÉANCE DU I(S AVniL 1910. 'gSS
Sucre de la nataloïne. — Si l'on met en contact, pendant 1 an, 5oi^ de nalaloïne
avec 100'™' d'alcool à 90» et 10"°' d'un mélange, à volumes égaux, d'eau et de SO'H',
on retrouve presque toute la nataloïne inaltérée. Du liquide obtenu en ajoutant 5'°'
à 6'"' d'eau et filtrant, j'ai pu extraire une petite quantité d'un sucre incristal-
lisab'e, ayant toutes les propriétés de l'aloïnose, lévogvre, mais dont la quantité était
trop faible pour qu'il m'ait été possible de voir si les deux sucres étaient semblables
ou dilTérents. Su formation était accompagnée de celle d'une quantité relativement
importante d'acide éthylsulfurique.
Nature de l'aloïnose. — Les réactions de ce corps le rattachent au groupe
des pentoses. Son pouvoir rotatoire gauche le difîérencie des pentoses dexlro-
gyres. La valeur de ce pouvoir rotatoire est très difTérente de celle de Tara-
binose-<:/, sucre également lévogyre.
Récemment, MM. F. Haiser et F. Wenzel (') ont obtenu un nouveau
penlose lévogyre à l'aide de la carnine, produit retiré de l'extrait de viande
de Liebig parWeidel. La carnine, selon ces auteurs, se dédoublerait en
hypoxanthine et inosine, laquelle, soumise à l'hydrolyse acide, fournirait
une seconde molécule d'hypoxanthine, ainsi qu'un pentose incristallisablc,
MM. P. -A. Levene etW.-A. Jacobs(-) ont réussi à faire cristalliser le pen-
tose de l'inosine. Ils lui attribuent un pouvoir rotatoire [«]„ = — 19",^).
Cette valeur est, comme on le voit, très différente de celle de l'aloïnose. Il
en résulte que le sucre de la barbaloïne apparaît comme un sucre nouveau
et que le nom d'aloïnose se trouve jusqu'ici justifié. Remarquons enfin que
l'aloïnose lévogyre provient du dédoublement de la barbaloïne dextrogyro
(en solution aqueuse), c'est-à-dire que le pouvoir rotatoire du sucre est in-
verse de celui de la substance qui le fournit, ce qui est la règle générale pour
les glucosides.
Dans la formule de constitution que j'ai proposée pour la barbaloïne (')
figure, non un pentose, mais un méthylpentose. Si l'aloïnose est réellement
un penlose, il y aura lieu de faire subir à la formule développée de la bar-
baloïne une légère modification.
D'autre part, on peut dire que toutes les formules de constitution de la
barbaloïne qui ne tiennent pas compte de la production d'un sucre par dé-
doublement doivent être rejetées. Il en est ainsi, en particulier, de la for-
(') Monatshefle, t. XXIX. p. 157.
(^) Berichte^ t. XLII, 1909, p. 335 et 1198
(^) Comptes rendus, t. CXXXIV, p. i584.
986 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mule proposée récemment par MM. Uobinson et Simonscn ('). Les expé-
riences récentes de MM. OEsterleel Hiat(^ ) confirment rexactilude de celte
conclusion.
CHIMIE ORGANIQUE. — Cyclohexanetriols et dérivés . NotedeM. LéoxBrunel,
présentée par M. E. Jungneiscli.
En faisant agir sur l'éther éthylique du Ao-cyclohexénol, dont j'ai décrit
antérieurement la préparation {Ann. de Chim. et de Phys., 8* série, t. VI,
p. 269), l'iode et l'oxyde de mercure en présence d'eau, j'ai obtenu un
liquide huileux, de formule C-H°0 — CH* — (OH)I, fournissant par
saponification un mélange de deux cyclohexanetriols isomères i-2-3. Je
n'ai pu résoudre la question de savoir si le liquide iodé est formé d'une
seule iodliydrine, dont une partie s'isomériserait pendant les diflérents trai-
tements poursuivis en vue de l'obtention des deux triols, ou si le liquide est
formé dès le début de deux iodliydrines.
L'étude de ces deux cyclohexanetriols et de leurs dérivés fait l'objet de la
présente Note.
Pour préparer l'iodhydrine, on dissout ■l'S^ de Ao-éthoxycyclohexène
dans 5o™' d'éther; on ajoute à cette solution 2*^' d'eau et 22^ d'oxyde jaune
de mercure puis, par petites portions, So^ d'iode; la réaction dégageant de
la chaleur, il est nécessaire de refroidir. La solution éthérée, séparée du
bi-iodurc de mercure formé, est lavée à l'iodure de potassium, puis sécliée
sur le sulfate de sodium anhydre; évaporée à basse température, elle laisse
comme résidu un liquide huileux, jaunâtre, odorant, dont les analyses cor-
respondent à la formule C-IVO - C«H"(OH)L
Si la réaction précédente est faite en employant l'alcool ordinaire comme
solvant, on obtient un liquide huileux, jaune, de formule
(C'H30)^=C41»-I.
Dans le premier cas, il y a eu fixation des éléments de l'acide hypoiodeux
sur la liaison élhylénique; dans le second cas, les cléments de l'hypo-
(') Journal of t/ie cheni. Soc, l. XXV, 1909, p. 76.
(') Schweii. Wochenschr. flir Chein, und Pliarni.^ l, XLMI, 1909, p. 71.
SÉANCE DU l8 AVIUL 1910. 987
ioditc d'élhyle ont été fixés. J'ai d'ailleurs fait connaître antérieurement ces
recelions {Comptes rendus, t. CXXW, p. io55).
La solution éthérée à' éthoxyiodocyclohexanol étant additionnée de potasse
récemment fondue et pulvérisée, une réaction assez vive, accompagnée
d'un dégagement de chaleur, se produit et il se forme Vëlher-oxyde interne
à^unéthoxycyclohexanediol, (i) C"H^O — C°H" = (OH)- (2.3). La réaction
terminée, on isole cet étlier et on le purifie par distillation fractionnée. On
obtient ainsi un liquide mobile, incolore, peu odorant, de densité inférieure
à celle de l'eau; il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther;
il ne cristallise pas par refroidissement à — 10°, il bout à go^-gi", sous 25"""
de pression et à i92°-ig3'' sous la pression normale.
Chauffé en vase clos avec une quantité équimoléculaire d'eau, pen-
dant 2 heures à 100°, il fournit ([uantitativement Véthoxycyclohexanediol
correspondant, (i)G'H'^O — CH''^ (OH)'- (2.8). Celui-ci est un liquide
huileux, incolore, inodore, très soluble dans l'eau, l'alcool, l'acétone, bouil-
lant à i48°-i49" sous 20""".
J'ai obtenu les cyclohexanetriols à partir de cet éthoxycyclohexanediol
par destruction de la fonction éther-oxyde au moyen de l'acide bromhy-
drique. A cet elFet l'éther-oxyde éthyliquea été chaufTéà 70° pendant 10 mi-
nutes, en vase clos, avec son volume d'acide bromhydrique en solution
aqueuse saturée à o"; le liquide a été neutralisé par le carbonate de potas-
sium pulvérisé et le magma résultant extrait par l'acétone. La solution
acétonique, séchéesurle sulfate de sodium anhydre, abandonne par distilla-
tion un résidu huileux, épais qui, exposé sur l'acide sulfurique, se prend
bientôt en une masse de cristaux. Ceux-ci sont constitués par un mélange de
deux cyclohexanetriols, C''H''^(OH)' (1.2. 3). Je désignerai par a celui des
deux alcools qui forme la presque totalité du mélange, par [5( son isomère.
Ces deux triols ne peuvent être séparés par des cristallisations fractionnées
dans les solvants usuels. Au contraire, en les transformant en éthers acé-
tiques ou en éthers benzoïques, la séparation par cristallisation de ces éthers
est relativement facile.
On chaurt'e, par exemple, pendant quelque temps, le mélange brut des
deux triols avec un excès de chlorure de benzoyle, puis, après élimination de
l'excès de chlorure acide par des lavages à l'eau alcaline, le mélange d'éthers
est soumis à des cristallisations fractionnées dans la benzine. On sépare
ainsi deux benzoates qu'il suffit de saponifier par la potasse en milieu
hydro-alcoolique pour obtenir les alcools correspondants.
Le [i-cyclohexanetriol peut d'ailleurs être formé par une réaction difië-
()88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rente de celle précédemment indiquée. Il suffit de faire réagir sur le
Ao-éllioxycyclolie\ène une solution étendue et froide de permanganate de
potassium.
On olitient ainsi directement un étlioxycyclohexanedlol
( , ) CMl^ O - C« H" = ( OH )' ( 2 . 3 ),
liquide sirupeux, incolore, qui est un composé unique car, traité par l'acide
hrondiydrique fumant, il fournit le [3-cycloliexanetriol pur de tout mélange.
CY(',LOHi:XANETiiioi.-a, C"IP^(OH)'(i.2.3). — Cet alcool ccislallise de Félher acéliqiie
en aiguilles incoloies. Il est soluble en toutes proportions dans l'eau, très soluble dans
l'alcool et l'acétone, peu soluble dans l'éther et dans l'éther acétique à froid, très
soluble à chaud dans ce dernier liquide; il est insoluble dans la ligroïne et la benzine.
Il fond à 108° et se subliine, enfuies aiguilles, un peu au-dessus de cette température.
L'éther Iriacéliqae de l'ijt-cyclohexanetriol, formé au moyen de l'anhydride acétique
en présence de pyridine, cristallise en prismes incolores, inodores; il est très soluble
dans l'alcool, la benzine, l'acétone, l'acétate d'éthyle. 11 fond à J26" en se sulilimanl
rapidement, dès celte température, en un feutrage de fines aiguilles.
L'éther Iribenzoïque cristallise en longues aiguilles brillantes, incolores, inodores.
Gel élher est très soluble à clipud dans l'alcool, la benzine, l'acétone. H fond à i!\i''-\L\'i'',
CvcLOiiEXAMîTitioi.-p, C" H'^fOH)' (i .3,3). — Cet alcool, obtenu par les deux procédés
indiqués, cristallise de l'éther acétique en ])etiles tables incolores, inodores. Il est très
soluble dans l'eau, l'alcool, soluble surtout à chaud dans l'acétate d'éthyle, insoluble
dans la benzine. Il fond à 124°.
L'éther Irincétique du p-triol est un liquide sirupeux, incolore, inodore; il n'a pu
être amené à cristallisation à — 15°. 11 est soluble dans l'alcool, le chloroforme.
L'ètlier tribenzoïque se présente en gros cristaux incolores, inodores. Il est à peu
près insoluble à froid dans la benzine, l'alcool, légèrement plus soluble à chaud. Il se
dissout plus facilement dans l'acétone. Il fond à 181°.
Les deux Iriols qui viennent d'être décrits ne sont pas identiques à l'alcool
de même composition obtenu par MM. Sahatier et MaiUie (^Comptes rendus,
t. GXLVI, p. iif)(j)dans riiydrogénation catalylique du pyrogallol.
BOTANIQUE. — Une /loui'clle espèce de liourse-à- Pasteur : Capsella Viguieri
Blar.^ née par mutation. Note de MM. L. Iîlari.\ghem et Paui. Viguier,
présentée par M. Gaston Boniiier.
L'un de nous 3 trouvé en avril 1908, dans la vallée d'Ossau (Basses-
Pyrénées), à une altitude voisine de .uio", le long de la voie du chemin de
fer de Pau à Laruus, à !io"' environ de la station d'izeste, une plante qui.
j
SÉANCE DU l8 AVRIL 1910. 989
par son feuillage, son port, ses grappes de (leurs allongées, rappelle la vul-
gaire Hourse-à-Pasteur (Capsella Bursa /*«5/om Mœnch), mais qui en diffère
entre autres caractères par un trait essentiel : les fruits, au lieu d'être plats,
triangulaires, à deux carpelles, présentent quatre valves et ressemblent en
petit à des fruits de fusain (Ei'onymus eurupœus).
Suivant en cela l'exemple donné récemment par Solms Lauhach au sujet
d'une autre mutation de la Bourse-à-Pasteur ( ' ), cette forme nouvelle a été
désignée sous le nom de Capsella Viguieri ( - ).
■ La piaille initiale fui rapportée à I^aris a\ec grand soin, et cultivée au laboiatoiie
de Bolaiii(|ue de l'Ecole iVorrnale supérieure en vue de la récolle des graines. D'une
roselte peu vigoureuse de feuilles à peine dentées s'élevait à 20"^"' environ une lige
unique portant alors plusieurs fruits, tous à 4 valves; quelques-uns étaienl déjà
tombés, les autres mûrirent leurs graines qui furent récoltées jour par jour. Les (leurs
terminales de la grappe, malgré les arrosages et les soins de protection ne s'épanouirent
pasi A cette époque, en raison d'une blessure visible à la loupe et que l'on pouvait
attribuer à la voracité d'une limace, les caractères de condensation de la grappe florale
furent peu apparents, mais la liampe terminale endommagée, conservée dans l'alcool,
montra à la suite d'une nouvelle élude des caractères très nets de fascialion. Celle-ci
se traduisait, non pas, comme en général, par un axe aplati, mais par une condensation
excessive des boulons ramassés en une grappe serrée, spiciforme, au lieu d'être étalée
au sommet en fausse ombelle. La croissance successive des bourgeons floraux et
l'épanouissement des fleurs de la Hourse-à-Pasleur du tjpe normal sont en eflfet accom-
pagnés d'un allongement des pédoncules qui amène les bourgeons les plus développés
et les (leurs épanouies à se trouver sur le même plan que les bourgeons terminaux à
peine visibles; ce n'est qu'après la fécondation et le (lélrissement des enveloppes
florales que l'axe central s'allonge, donnant à la grappe son aspect définitif. L'un de
nous a montré, par une élude des grappes de Maïs (^) qu'en dehors des fascies aplaties,
il existait des fascies cylindriques caractérisées par la succulence et l'épaississemenl
de l'axe, la croissance ralentie, et surtout la condensation excessive des bourgeons
floraux. Tous ces derniers caractères se retrouvent sur la hampe florale de la plante
récoltée à Izeste, et il est même permis de supposer que la déchirure des tissus attribuée
à une limace s'est produite spontanément comme il est fréquent de le constater dans
les véritables fascies.
La plante Capsella Viguieri était unique en sa station au printemps 1908; les nom-
breux individus de Capsella liursa Pastoris existant dans le voisinage avaient été
(') H. Solms L.iubach, Criieiferienstiidien. 1. Capsella Ilœggeri Solms eine
neuensiandene Form der deii/sc/ie/i Flora {liot. Zeit., t. LVIIl, PI. ]'//, lyog,
p. 167-190).
(-) BL.vni.xdiiEM, Capsella Viguieri Blav. n. sp. (Manuscrit inédit).
(^) L. Blauinghrm, Mutation et traumatismes {Bull. Se, Fr. et lîelg., Paris, 1907,
p. III et suiv.).
r)f)0 ACADEMIE DES SCIENCES.
examiués avec soin el ne présenlaienl aucune anomalie. Il n'est cependant pas très
rare de rencontrer des Bourses-à-Pasleur ayant quelques fruits à 3 ou 4 valves.
Penzig('), Wille (-) en signalent plusieurs cas; t'iin de nous en a conslalé sur deu\
espèces élémentaires distinctes [C. B. rubella à Val d'Isère (Savoie) el C. B. simplejc
Shull à Sceaux]; dans ces deux cas d'ailleurs l'anomalie concernait le bas de l'inflo-
rescence et n'alTectait que les 2 ou 3 premières fleurs. Aussi, sur nos indications, un
botaniste de Pau, au courant de la première découverte, M. Donnaj, voulut bien le
mois suivant examiner de nouveau la station et nous envoyer dans autant de sacs les
individus de Bourse-à-Pasteur, d'ailleurs tous normaux, qu'il y récolta.
Les graines de ces plantes furent recueillies isolément, et les 35 lots obtenus furent
livrés à la culture en 1909 dans un terrain défriclié au milieu du bois de Meudon pour
éviter tout mélange accidentel avec les Bourses-à-Pasteur indigènes. Les plantes obte-
nues sont toutes du type C. B. rubella d'Almquist ('), soit du type C. B. heteris de
Shull (*); les pousses de première année, comme les tiges développées sur des rosettes
ayant passé l'hiver el les rejets obtenus après section de la tige principale n'ont donné
que des fruits à 2 valves; seul, un individu du lot n° 3 a fourni un fruit à 3 valves
donné par la première fleur développée; ce fruit n'a malheureusement pas pu être
récollé.
Depuis IQ08, la station d'Izesle a élé de nouveau examinée plusieurs fois sans qu'on
ait pu y retrouver d'individus présentant la variation.
La forme Capsella Viguieri Blar., ayant tous ses fruits à 4 valves, est donc
apparue sans aucune transition dans un lot de Capselles à deux valves dont
elle s'est distinguée dès le début par une particularité florale remarquable.
Or, tous ses descendants, sans aucune exception, cultivés actuellement jus-
qu'à la troisième génération (soit environ 220 individus) ont présenté le
même caractère de fruits à 4 valves. Dans plusieurs cas on a pu compter 5 et
6 valves, une seule fois 8, ce dernier fruit résultant d'ailleurs de la suture de
deux Heurs voisines portées par un axe aplati. Dans ces mêmes cultures, les
caractères de fascic se sont développés à l'extrême, surtout pour les plantes
de l'automne 1909 cultivées à Bellcvue parmi lesquelles certaines tiges se
sont étalées sur une largeur dépassant i"". Nous reviendrons ultérieure-
ment sur leurs caractères.
Pour le moment, nous insistons sur les particularités qui font de celte
mutation de la Capselle, l'exemple le plus net el le plus frappant connu
(') I^exzk;, PJlanzcn-Teratologie, t. 1, p. 236 et 268.
(^) Wiu-E, Bot. Centr., t. XXVI, 1886, p. 121.
(') E. Ai.MQi'iST, Stiidicn ûber die Capsella Biiisa Pastoris (L.) {Acla Hoili
Bergiani, t. IV, 190^).
(*) G.- II. Shuli., Baisa Hursa-Pasloris and Bursa tlœggeri. Biolypes and
Ilyhrids, Wasliingloii, 1909.
SÉANCE DU l8 AVIUL 1910. 991
actuellement. Solins Laubacii a décrit sous le nom de Capsella Hœggeri une
plante à fruits presque globuleux comme ceux delà Cameline, qui se trans-
met régulièrement par semis, cl qui fut trouvée sur la place du marché de
Landau en Allemagne ; d'après Laubert (') et NoU ('■) cette mutation avait
déjà été observée, mais négligée. Il n'y a pas à notre connaissance d'exemple
cité d'une plante à caractères de Capselle n'ayant que des fruits à 4 valves,
et même il n'y a pas d'espèce dans la famille des Crucifères qui présente
cette particularité. La forme (lapsella Yiguieri est une l'ariation récente,
apparue sans aucune transition cl complètement stable.
Tous les descendants de l'individu unique d'Izeste ont été cultivés et
seront encore soumis à des observations sur une échelle étendue. Quelques-
uns ont été hybrides avec le Capsella Bursa Pastoris Mœnch, afin de suivre
pour cette forme nouvelle la méthode adoptée par Shull pour la Capsella
Hœggeri Solms. Mais, de plus, comme il a été possible de récolter des indi-
vidus vivant dans la même station, à la même époque, et appartenant bien
à l'espèce Capsella Bursa Pastoris, leur culture faite avec tous les soins néces-
sités en pareil cas permettra peut-être de retrouver le détail de la variation
brusque qui donne ainsi naissance à de nouvelles espèces.
ÉLECTKO-PHYSIOLOGIE. — Effets physiologiques produit par un champ
rfiagnétique alternatif. Note de M. Silvaxl's-P. Thompsox, pré-
sentée par M. G. Lippmann.
On a admis jusqu'à présent que le magnétisme ne produit aucun effet
physiologique ; on a constaté notamment qu'une personne qui introduit sa
tête entre les pôles d'un puissant électro-aimant n'en ressent aucun effet.
J'ai cependant obtenu une action positive, perçue par toutes les personnes
qui se sont prêtées à l'expérience, en opérant avec un champ alternatif
suffisamment puissant.
Ce champ était produit par une bobine de Sa tours d'un fil de cuivre, assez gros
pour porter jusqu'à 180 ampères : la bobine avait 8 pouces de long sur 9 pouces de
(') R. Laubert, Notizen iiber Capsella HϤ^fferi So\ms (Abh. Bot, Ver. Branden-
l/iu\i,'.,L XIA'II, igoS, p. 197-200).
{'-) l". NoLL, Ueber eine Hœggerl-àhnliche Forin der Capsella Biirsa-^-Pasloris
Mœnch {Silzsber. d. niederrh. Gesellsch. f. Natur. a. Heilkitnde sa Bonn, 1907,
p. 1-5).
Cit., ijio, 1" Semestre. (T. liO, N- 16.) l'^I
c)92 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diamètre. I,a période du courant était de 5o par seconde. La valeur maximum instauj
tanée du clianij) |)ou\ait atleindie au centre i^oo unités C. G. S.
En inetlanl la tèle dans celle bobine, Tobservaleur perçoit, dans l'obscurité
ou bien en fermant les yeux, une luinière faible et vacillante qui s'étend sur
tout le champ visuel, et qui est; incolore ou bleuâtre. La période de fluctua-
tion est mal définie ; ejle ne paraît pas la même dans tout le chainp, au même
nioment, et l'intensité n'en est pas uniformément répartie : elle est plus
Ijrillante à la périphérie qu'au centre. Même en plein jour et les yeux
ouverts, on a encore la sensation d'une fluctuation lumineuse qui se
superpose à la vision ordinaire.
Ces efl"ets augmentent ou diniinuent avec l'intensité du courant élec-
trique. Le courant supprimé, on ne ressent plus rien.
Les sens de l'ouïe et de l'odorat ne sont pas affectés; le sens du goût est
affecté comme celui de la vue.
ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. — Obseivnlioits au sujet de la Note
de M. Silvauus-P. T/iompson, par INL A. d'Arsowal.
Le phénomène signalé par MM. Silvanus-P. Thompson est connu des
physiologistes. Je l'ai indiqué en i8()3 et 1H9G dans deux Communications
dont voici des extraits :
l'rodiiclion des couranls de haute fréquence et de grande intensité;
leurs ejl'ets physiologiijues ('). iNote de M. d'Ahsonval.
IV. J'ai alors construit un solénoïde beaucoup plus grand dans lequel jai enfermé
des aniniiiux. J'ai fait traverser ce solénoïde par des courants alternatifs puissants,
mais à faillie fréquence (i4opar seconde), provenant d'un alternateur Siemens indus-
triel.
J'ai pu observer toute une série de phénomènes du plus haut intérêt, phéniimènes
dont la cause réside dans les puissants courants que le solénoïde induit alors dans les
tissus vivants se comportant comme des conducteurs fermés sur eux-mêmes.
Il y a là toute une technique nouvelle pour employer les courants sinusoïdaux, dont
j'ai introduit l'usage en électrothérapie, sans les faire passer à travers le coi-ps du
malade et sans risquer de produire chez lui soit de la douleur, soit des secousses
dangereuses.
(') Ctim/jtes rendus Soc. île liiologie, 4 févriet 1898, p. laS.
SÉANCE LtU iH AVIUL 1910. 998
Dispositifs pour la mesure des courants alternatifs à toutes fréf/ueiiccs (').
Note de M. d'Arsonval.
Dans une communication verbale faite il y a un mois à la Société, j'avais annoncé
qu'un champ magnétique alternatif intense (de iio volts, 3o ampères et ^2 périodes
par seconde) donnait naissance, lorsqu'on y plongeait la tête, ù des phosphènes et à un
vertige pouvant aller cliez quelques personnes jusqu'à la syncope. Il est inutile d'avoir
un champ aussi puissant pour constater la production des phosphènes. Avdc des
bobines ayant un faisceau de fil de fer doux de 5°" de diamètre sur So'"" de long, les
phosphènes apparaissent. Ce champ magnétique alternatif modifie également la forme
de la contraction musculaire et produit sur les êtres vivants d'autres effets qu'il esl
facile de mettre en relief et dont je poursuis l'étude en ce moment.
J'ajoute qu'il suffit de tenir le faisceau de lil de fer de la bobine appliqué
en bout contre la tempe en Factionnant par un courant alternatif ainsi qu'il
esl dit plus haut.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur roblanliofi, par dialyse électrique, d'un
sérum extrêmement appauvri eu élceirulytes. Noie de MM. Ch. Dhéré
et M. GoKGOLEwsKi, piéscntée par M. A. Dastre.
Dans une récente communication ('"), nous avons montré que la gélatine,
placée dans un champ électrique, cède à l'eau, avec laquelle elle esl en con-
tact, des électrolyles qui ne peuvent lui être enlevés par simple dialyse. Ce
procédé d'élimination des électrolyles liés aux colloïdes, sous l'action de la
force de diffusion combinée à celle d'un champ électrique, — procédé
que l'on peut nommer dialyse électrique (^), — s'est révélé d'une effica-
cité toute particulière pour la purification du sérum dont les albuminoïdes
retiennent, plus énergiquenienl encore que la gélatine, des électrolyles ;
c'est ce qui nous engage à faire connaître, avec quelques détails, noire
manière de .conduire la purification, ainsi que les résultats obtenus, dans ce
cas spécial.
Par la dialyse simple, même très prolongée, on ne peut obtenir qu un sérum de con-
(') Comptes rendus Soc. de Biologie, :i mai i8i)(), p. '(Si.
('-) Comptes rendus dvi i\ avril 1910, p. 984.
( ') Nous nous bornons, ici, à mentionner la Note de MM. Tribot et CHRÉriiiN, Sur un
hydrate colloïdal de fer obtenu par électrodialyse ( Comptes rendus^ l. CXL, p. 1 44 )j
qui se rappoi te à une technique assez dilléreiUe de la nôtre.
994 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diiclivilù siiécilîqiie lehilivenienl élevée. l'oiir noire pari, nous n'avons pas réussi à
faire lomber la conduclivilé spécifirpie au-dessous de 28 X io~^, la concenlralion en
albiiminoïdes (') élanl de i5° par litre ; et personne, crovons-nous, n'a préparé, jus-
qu'à présent, de sérum possédant, à concenlralion égale, une moindre conduclivilé.
Or, comme on va le voir, on peut aisément pousser beaucoup plus loin l'élimination des
éleclrolyles, au moj'en de la dialyse électrique efl'ecluée de la manière suivante:
On remplit de sérum un tube en U, retourné de 180°, dont les orifices des branches
parallèles sont obturés par des membranes de collodion (fixées au verre au moyen de
collodion) et qui porte au sommet une tubulure verticale servant à l'introduction de
la liqueur à purifier. Les membranes de collodion plongent chacune dans un petit
verre (-) rempli d'eau, au-dessus d'une électrode circulaire de platine. La tubulure
supérieure est hermétiquement fermée, au début de l'expérience, au moyen d'un bou-
chon traversé par un tube à robinet. Si alors on établit une diflféience de potentiel
suffisante entre les deux électrodes reliées par la colonne incurvée de sérum, on déter-
mine le passage rapide des électrolyles dans l'eau des verres. De temps en temps, on
remplace les verres contenant de l'eau chargée d'éleclrolytes par d'autres verres conte-
nant de l'eau pure.
Voici les résultats d'une première expérience. Le sérum (de cheval) utilisé,
déjà assez bien purifié par dialyse, avait une conductibilité de 91 x to~% sa
concentration en albuminoïdes étant de iS^, 840 par litre. Le cliamp était
de 5 volls-centiinètre environ. La quantité de sérum mise en oeuvre était de
55'°'' environ. Les verres à électrodes co^ntenaient chacun 40"'"' environ
d'eau distillée.
Eaux de dialyse élcclriijiie.
Aiindjqucs. Calliodiqucs.
De la 1'° à la 5" heure K := 9, 2 x lo"* Iv ^ l\^\ x io~°
De la 10" à la 2'2= heure Iv =: 4 ,8 x ic'^ K izn 26 X io'°
De la 22" à la 27= heuie Iv = 3,8 X io~* K := 10 X 10^'^
Le sérum retiré après 2G heures de dialyse électrique avait une conduclivilé
de 10,5 X io~*, sa concentration n'ayant pas changé. On avait donc, ainsi,
abaissé de près des deux tiers la valeur limite de la condiictii'itc du sérum
purifié par dialyse simple.
Une seconde expérience a été faite avec le même séruin de conductivité
91 X 10^° et dans les mêmes conditions opératoires, sauf que le sens du
courant était inversé chaque fois qu'on changeait les verres.
(') Délerininée par pesée d;i résidu d'évaporation desséché jusqu'à poids constant,
à I 1 G".
(-) Ces verres, ainsi que le tube à dialyse électrique, doivent être faits en verre
d'Iéna.
SÉANCE DU l8 AVRIL ig^o. 995
Eaux de dialyse électrique.
Anodiques. Calliodiques.
De la 1 1" à la 2lHieure K = 5,8xio'^ K = 22 x 10^"
De la 37= à la Si"' heure K = 4,6xio-'' K= 7,2x10^*
De la 73" à la 80" heure K = 3,6xio-''' K= 3,ixio-*
Le sérum purifié par 79 heures de dialyse électrique avait une conduclivilé
spécifique de 7,6 x io~°. Si l'on tient compte de la concentration en albu-
minoïdes qui atteignait près de i6«^ par litre, on voit que ces alburninoïdes
avaient, une conductivité spécifique du même ordre de grandeur que celle des
colloïdes minéraux les plus purs ( ' ).
Nous u'avoiis pas prolongé davanlage la dialyse électrique, craignant une allération
du sérum à la température assez élevée (18°) à laquelle nous opérions; mais nous
n'étions pas encore arrivés au terme de la purification, comme l'indique l'augmentation,
pendant les dernières heures, de la conductivité de l'eau de dialyse (K de l'eau utilisée
vaut 1,5 X 10'*). Cette augmentation de conduclivilé ne tient pas au passage d'albumi-
noïdes dans l'eau de dialyse, ainsi que nous nous en sommes assurés par l'examen du
pouvoir protecteur (-) des eaux de dialyse sur l'or colloïdal, examen qui nous aurait
permis de déceler i partie de notre sérum diluée dans 3ooo parties d'eau.
Remarquons que la conductivité des eaux de dialyse augmente beaucoup plus à la
cathode qu'à l'anode, sauf tout à la fin où c'est l'inverse (avec un bien moindre écart)
qui se produit. Nous signalerons encore qu'en procédant comme nous lavons dit, il n'y
a qu'un transport des albuminoïdes à-peu près insensible ; mais on voit se former, au
cours de la purification, un très léger précipité (de quelques millimètres de hauteur)
juste au contact de la membrane cathodique.
En comparant les pi"opriétés de notre sérum de conductivité K = 91 X lO"*
à celle de notre sérum de conductivité 7,6x10"", nous avons fait, entre
autres, les constatations suivantes :
Le sérum incomplètement dialyse, additionné d'alcool ou porté à la température
d'ébullition, devenait fortement laiteux, sans qu'il se formât de coagulation flocon-
neuse.
Par contre, le sérum pur coagulait en llocons par addition de très petites quantités
d'alcool et ces flocons ne pouvaient être redissous dans l'eau, en l'absence d'électrolytes.
(') Nos résultats sont à rapprocher de ceux obtenus, dans des conditions analogues,
avec l'or colloïdal, par Whitnev et Blake, Journ. amer, chein. Soc, 1904, p- i339.
(-) Il s'agit du pouvoir protecteur tel que l'a défini Zsigmondy, sur l'or colloïdal
préparé suivant sa formule. Celle préparation réussit à coup sûr avec de l'eau distillée
condensée dans un réfrigérant en étain ou avec de l'eau distillée ordinaire qu'on a
fait bouillir pendant quelque temps avec de l'étain pur (marque Kahlbaum).
()96 ACADÉMIE DKS SCllîNCES.
Enfin ce sérum pur non seulement coagulait en gras llocons à une température bien
inférieure à celle de l'ébullition, mais encore, chose remarquable, il devenait très
neltement louche déjà à 44°j si on le maintenait i5 minutes à cette température. Ce
louche tient à une coagulation partielle; il n'est pas stable et se transfornie au bout de
f|uehjue temps en flocons qui se précipitent.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — L'embryogenèse complète provoquée chez les Amplii-
biens par piqûre de Pœuf l'ierge, larves parl/iénogènèsiques de Uana fusca.
Note de M. E. Iîataim.on, présentée par M. ^ vcs Delage.
Les fenïcUes sacrifiées sont lavées soigneusement dans l'eau saturée de
bichlorures, de façon à éviter toute intervention accidentelle des sperma-
tozoïdes. Elles sont ouvertes avec des instruments flambés. Les œufs,
recueillis dans l'utérus, sont étalés à sec en une seule couche dans des réci-
pients à fond plat; et tous sont piqués rapidement an moyen d'un court
stylet de verre, de manganine ou de platine. Les calibres employés ont
varié dans mes opérations, entre -^^ et -j-jt, de millimètre. Une traînée
légère indique le point lésé; et, par la suite, il se produira souvent des
Jiernies plus ou moins volumineuses. .Lai opéré un peu au hasard, tout en
m'efforçant d'atteindre Fœuf en un point excentrique de riiémisphère noir.
Les œufs recouverts d'eau effectuent uniformément leur rotation en
4t minutes, comme les témoins fécondés. Les témoins vierges non piqués
sont orientés d'une façon quelconque. Au bout de 4 heures à une tempéra-
ture voisine de i5°, la segmentation débute sur les a-ufs traités, aussi vile
que sur les fécondés. Pour beaucoup d'entre eux (^ au moins dans certaines
expériences) elle est d'une régularité impressionnante. Jamais mes essais
antérieurs de parthénogenèse par les solutions, par la chaleur ou par le
froid, no m'ont rien donné de comparable. Les sillons s'étendent au pôle
vitellin dès le début; et les belles morulas qu'on observe à la lin du pre-
mier jour ne le cèdent en rien aux ébauches issues d'une fécondation. A
côté de ces divisions régulières,' il y a des divisions simultanées en 3 ou
en /| ; et, sur beaucoup d'œufs, un émiettement plus tardif, plus irrégulier,
rap[)elant la parlhénogenèse abortive déjà décrite. En tout cas, en (1 ou
^ heures les | des u'ufs sont segmentés, el l'on peut dire (|ue tous sont en
mouvement.
L'arrêt du développement s'observera à tous les stades. La gastrulation
débutant souvent sur plus de y,, des œufs, beaucoup ne franchiront pas le
SÉANCE DU l8 AVRIL I9IO. 997
stade du bouchon d'Eckor; d'autres, sérieusement lésés, péricliteront au stade
des bourrelets uK-dullaircs, ¥j , dans les neuf séries d'expériences que j'ai
faites, je n'ai obtenu en moyenne que i à 2 pour 100 d'éclosions à peu près
normales. Comme je sacrifiais toujours une part importante de mes stocks
sous diverses formes, témoins vierges, témoins fécondés, fécondation après
piqûre, on comprendra que ces neuf opérations ne m'aient donné qu'une
douzaine de larves libres. Mais j'ai la conviction qu'avec les stylets plus fins
et un contrôle systématique des effets de la piqûre en divers points, un
expérimentateur plus habile obtiendra un [tourcentage bien supérieur.
Cette partliénogenèse eflTective chez un Vertébré étsit, pour moi, un résultat ines-
péré. L'élevage des larves étant en général facile, un chercheur bien installé pourra
peut-être aborder sur ce matéiiel la solution de problèmes fondamentaux. Mais il
convient de s'arrêter sur le procédé mis en œuvre, car ce n'est pas au hasard que ces
expériences ont été faites.
Dans l'imprégnation hétérogène des œufs de Biifo calaniita parle sperme de Triton
alpestris^i'dii indiqué l'an dernier l'inertie des tètes spermatiques engagées dans l'œuf
depuis 3 heures 3o minutes, alors que la mise en branle est acquise, que l'œuf a
effectué sa rotation et est devenu réfractaire au sperme de son espèce, que la deuxièmç
cinèse polaire s'est achevée et que le pronuçleus femelle entre en mouvement pour là
première division ('). Il s'agissait' d'une véritable parthénogenèse, « exempte de toute
conjugaison piasmatique ou nucléaire ». L'émission des fluides, prinium mot'ens de
l'évolution, ne me paraissait plus liée nécessairement « ni au gonflement du pronuçleus
mâle, ni à l'apparition d'un spermaster ». Restait l'action mécanique de l'élément
mâle avec ses conséquences, le traumatisme local et la contraction de l'œuf modifiant
l'équilibre osmolique intérieur. Delà l'idée qu'une sj'mple piqûre pourrait isoler de
ramphiniiN.ie la condition initiatrice du développement. Le résultat fut plus ti'oublan),
que je ne l'attendais, n'ayant en perspective qu'une segmentation limitée. En tout
cas, la dissociation se produit ici comme dans l'imprégnation hétérogène. L'œuf ponc-
tionné oriente son axe anirnal-végélatif, et au moins sur les quelques-uns que j'ai
étudiés, la deuxième cinèse polaire sort du stade pla(|ue équatoriale pour entrer eri
anaphase. Il sera intéressant de rechercher les conditions d'inertie chez l'œuf vierge ;
à ce point de vue, une analyse expérimentale des phénomènes caryocinéliques, actuel-
lement sous presse (-), semblera peut-être suggestive.
(') E. Bataillon, Contribution à l'analyse eupériinentalc des processus de fécon-
dation chez les Amphibietis {Comptes rendus, 7 juin iqio). — L'imprégnation
hétérogène sans amphimixie nucléaire chez les Amphibiens et If s Echinodermes
{Arch.f. Ent^v.Mech., Bd. XXVIII, i. Heft).
(^) E. Bataillon, Contribution à l'analyse expérimentale des phénomènes caryo-
cinéliques chez Ascaris megaiocepliala {Arch. f. Entsv. Mcch., Jubelband v. W.
Roux, igio, sous presse).
998 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une action mécanique, suivie d'une réaction appropriée de l'cL'uf qui
élimine un fluide et modifie son état d'équilibre : voilà à quoi se ramène la
substance active commune à tous les spermes invoquée par Kupelwieser à propos
de l'imprégnation sans amphimixie. L'amphimixie seule est spécifique {an
sens large du mot), mais représente quelque chose de surajouté. La réaction
de l'œuf, au contz-aire, est une condition générale de développement, qui
peut être isolée, même par un procédé mécanique : on conçoit qu'elle ne
puisse facilement s'encadrer dans des formules chimiques; Loeb a dû s'en
apercevoir lorsqu'il s'est heurté aux sérums comme facteurs de parthéno-
genèse.
En tout cas, je me crois autorisé à dire cjue l'œuf d'Amphibien, actionné
indifféremment par un stylet de verre, de manganine ou de platine, ne
reçoit directement du milieu ni un catalyseur, ni un matériel chimique, ni
une polarité quelconque.
MICROBIOLOGIE. — Sur la nature du parasite delà lymphangite épizootique.
Note de MM. J. Iîridrë et L. Nègre, présentée par M. E. Roux.
La nature du parasite de la lymphangite épizootique reste très contro-
versée : certains auteurs le considèrent comme une levure; d'autres,
comme un protozoaire. Et cette question ne semble guère devoir être
tranchée que par la culture, jusqu'ici très problématique, du cryptocoque
de Rivolta.
Nous avons pensé que la méthode de déviation du complément pourrait
apporter un aperçu nouveau dans une discussion qui n"a, actuellement,
pour bases que des caractères morphologiques.
L Nous avons d'abord recherché la sensd>ilisatrice dans le sérum d'ani-
maux atteints de lymphangite épizootique, en employant [comme antigène
une dilution de cryptoco(jues dans l'eau physiologique.
Un cordon de lymphangite, fraîclienient excisé, i-enfeimait un certain nombre de
noyaux, de grandeur variable, pouvant être pris pour des abcès au début : il s'agis-
sait en réalité de colonies pures du parasite : une de ces colonies, de la grosseur d'un
petit pois, fut émulsionnée dans 8"^'"' environ d'eau |)li\sioioi;it(ue. C'est celle diliilion
qui nous a servi d'anligène).
SÉANCE DU l8 AVRIL 19IO. 999
Voici le protocole de l'expérience :
(L'alexine étant titrée, nous avons fait varier la dose d'antigène.)
SéruDi clidulTé
d'animal Alexine
Eau à lymphangite (sérum Après i heure Résultais
phvsiolo- épizoolique de cobaye à l'étuve à 36°, après 30 minutes
gique. (mulet). Antigène. auyô). on ajoulo : à l'étuve.
0,2 I ^, , , , / Très légère hémolyse
' Sérum de cheval ' °
0,0 0,1
a nli chèvre
(l'antigène était en
quantité insuffisante)
et
0,5 0,2 <^'^\iki A I- I ^^^ d'hémolyse
■ globules de chèvre , _ ,,, , ,
0,5 0,3 0,2 1 \ Pas d hémolyse
.7
0,1 0,2 J
1,6 0,2 0,2 » Id. Hémolyse
1,5 0,3 0,2 )
1,3 0,5 0,2 1
1,3 0,5 0,2 • Id. Hémolyse
1,3 0,5 0,2 1
Même expérience avec sérum normal d'àne : hémolyse dans tous les tubes.
Conclusion. — Le sérum d'animal atteint de lymphangite épizootique
renferme une sensibilisatrice pour le cryptocoque.
II. Si le cryptocoque est une levure, peut-être arriverait-on à des résultats
identiques à ceux de l'expérience ci-dessus en employant comme antigène
une culture de blastomycète connu.
Nous nous sommes servis d'une levure de raisin (') cultivée sur gélose et émul-
sionnée dans l'eau physiologique, autant que possible dans les mêmes proportions que
pour le cryptocoque.
Les doses de sérum, d'antigène et (l'alexine étaient exactement les mêmes que dans
l'expérience I.
Résultais. — 1° Avec le sérum d'animal malade, pas d'hémolyse dans les trois ])re-
miers tubes; hémolyse dans les tubes témoins.
1° Avec le sérum noimal, liémolvse partout.
Conclusion. — La sensibilisatrice du sérum d'un animal à lymphangite
épizoolique manifeste son action en présence d'une levure.
(') Levure fermentant à haute température, isolée en Indo-Chine par M. le D'' Cai-
mette.
G. R., igio, 1" Semestre. (T. 150, N° 16. ) 1-^2
Après I lieiiie
Résultats
à l'éluve à 'i-]°.
après 50 minutes
lexine.
on ajoute :
1 Sérum de cheval
à l'étuve.
O, I
' anlichèvre |
Pas d'hémolyse
0,2
1 et, 1
f globules de chèvre
l'as d'hémolyse
0, I
0,2
r -
Hémolyse
O, 1
! ij.
Hémolyse
lOOO ACADEMIE DES SCIENCES.
Nous avons renouvelé les expériences ci-dessus en nous servant de sérum
de cheval malade et de sérum normal de cheval.
L'antigène était soit le cryptocoque, soit la levure.
Comme le montre le protocole de l'expérience, nous avons fait agir les sérums eu
présence d'une dose fixe d'antigène et d'une dose variable il'alexine.
Sérum rliauiïé
d'animal
Eau à lymphangite Antigène
physiolo- épizootique (cryptocoque
gique. (cheval). ou levure).
1,1 0,5 O , 3
I 0,5 0,3
1,6 o,3
1,5 0,3
1.4 o , 5
1,3 o , 5 0,2)
Avec le sérum normal de cheval, hémolyse partout.
D'après ce Tahleau, on peut voir que ces nouvelles expériences ont
confirmé pleinement les résultats des expériences précédentes.
II fallait voir ensuite si un microbe quelconque, le Bact. coli par exemple,
ne pouvait agir, comme le cryptoooque et la levure, en présence de la sensi-
bilisatrice.
Mêmes doses (|ue ci-dessus en employant comme antigène une émulsion de />'. culi
cultivé sur gélose.
Le résultat est négatif : il y a hémolyse dans tous les tubes.
Il restait à voir si le cryptocoque ou la levure n'étaient pas capables de
fixer une autre sensibilisatrice que celle du sérum d'animal à lymphangite
Nous avons fait agir, toujours aux mènjes doses, du sérum antlpesteux en présence
d'émulsions de cryptocoque et de levure.
Flésuitat négatif : hémolyse partout.
Conclusions. — 1° Le sérum des animaux atteints de lyniphangite épizoo-
tique renferme une sensibilisalrice.
2" (]ette sensibilisatrice manifeste son action aussi bien en présence d'une
levure qu'en présence du parasite spécifique.
SÉANCE DU 1(S AVRIL 1910. lOOr
3° Un autre microbe tel que le //. co/i n'est pas sensibilisé par le sérum
d'animal à lympbangite épizootique.
4" Ni la levure, ni le cryptocoque ne sont sensibilisés par un sérum anti-
microbien tel que le sérum antipesteux.
V' Ces constatations plaident en faveur de la nature blaslomycélienne
du parasite de la lymphangite épizootique.
MICROBIOLOGIE. — Sur la présence des germes virulents dans l'atmosphère
des salles d'hôpital. Note de MM. E. Lesxé, R. Debrë et G. Simon,
présentée par M. E. Roux.
Pour déceler les germes pathogènes en suspension dans l'air d'une salle
d'hôpital, nous nous sommes servis de l'Aéroiîltre (') du professeur
Uichet. Cet appareil, au moyen d'un ventilateur, amène constamment l'air
au contact d'eau réduite en pluie, les poussières (lottantessont ainsi ramas-
sées dans le liquide. Nous avons opéré à l'hôpital des Enfants-Malades et à
l'hôpital Bretonneau, dans les pavillons de la rougeole et de la diphtérie.
Ces pavillons sont neufs, les enfants y sont isolés dans des boxes incom-
plets, ouverts en grand (rougeole) et complètement fermés (diphtérie). Le
sol carrelé est nettoyé chaque jour avec un linge humide. Les boxes sont
désinfectés ainsi que la literie après la sortie de chaque malade.
L'Aérofiltre, placé dans un box occupé par un enfant atteint soit de rou-
geole en période éruptive, soit d'angine diphtérique grave, a été chargé
d'un litre d'eau récemment bouillie. Il a fonctionné 6, 12 ou 2/4 heures, à
raison de 2, 4 ou 6 heures par jour; chaque fois cjue le récipient supérieur
était vide on y remettait l'eau écoulée dans le récipient inférieur; quand la
durée de l'expérience était jugée suffisante, le liquide était décanté et la
partie inférieure chargée de poussière était centrifugée. Le dépôt ainsi
recueilli était injecté dans le péritoine de cobayes (pesant en général moins
de .'îoo'^) aux doses variables de o™',5 à 6""". Les autopsies étaient prati-
quées de I à 2 heures après la mort, la sérosité péritonéale et le sang du
cœur ont été ensemencés sur divers milieux de culture.
Cinq cobajes ont été inoculés avec le dépôt de centrifugation provenant de l'eau de
rAér(. filtre qui avait fonctionné 24 heures dans le pavillon des enfants malades. Ces
(') Cu. PiicHBT, Bulletin Acad. de Médecine, juillet 1909.
I002 ACADEMIE DES SCIENCES.
animaux ont succombé après un temps variable de ii jours à 58 jours. Deux avaient
de la péritonite avec épanchement séro-purulent ou hémorragique. Ce dernier exsudât
renfermait un streptocoque virulent pour le lapin. Les trois autres animaux n'avaient
pas de péritonite, mais dans un cas le sang du cœur fournit des streptocoques viru-
lents pour le lapin. Aucun de ces cobayes ne présentait de lésions viscérales caractéri-
sant la diphtérie expérimentale. La |)résence du streptocoque n'a rien de surprenant
car on sait que celte bactérie est fréquemment associée au bacille diphtérique.
Dans le pavillon de la diphtérie, à l'hôpital Bretonneau, rAérofiltre a fonctionné
6 heures et 3 cobayes inoculés avec le dépôt de centrifugation sont morts de 9 à
20 jours après l'opération. Tous présentaient des lésions typiques de la diphtérie
expérimentale (congestion des capsules surrénales, épanchement pleural bilatéral),
L'exsudat péritonéal séro-purulent renfermait, associés à des staphylocoques et à des
streptocoques, des bacilles de Lœffler virulents pour les cobayes neufs.
Sept cobayes ont reçu dans le péritoine le dépôt du liquide de l'Aérofillre ayant
fonctionné de 1232/4 heures dans le pavillon de la rougeole de l'hôpital des Enfants-
Malades. Tous sont morts en un temps variant de i5 jours à 27 jours, sans présenter
de lésion périlonéale et viscérale apparente. L'ensemencement du sang du cœur et de
la sérosité abdominale est resté stérile, à part deux cas où les cultures ont donné du
bacterium coli, provenant sans doute de l'intestin pendant la période agonique.
L'Aérofillre est très commode pour de semblables expériences, car il
renouvelle sans cesse le contact de l'air de la pièce avec l'eau qu'il contient
et finit par le dépouiller de la plus grande partie des particules en suspension.
HYDROLOGIE. — Méthode prompte et sàre pour reconnaître dans une eau
minérale la présence en bloc de métalloïdes et de métaux. Note de M. F.
G.4RRIGOU, présentée par M. Armand Gautier.
Avant de commencer sur des centaines de litres une analyse complète
d'eau minérale, il est toujours bon de savoir rapidement si l'eau qu'on a
à traiter chimiquement contient ou non des métalloïdes ou des métaux pro-
prement dits.
Le procédé suivant, d'une simplicité parfaite et d'une sûreté absolue, est
celui que j'emploie depuis l\o ans, sans qu'il m'ait jamais procuré de
mécompte.
On évapore à siccité un litre de l'eau minérale à étudier. Le résidu sec est traité
par une petite quantité d'eau régale, puis l'on évapore de nouveau à siccité. Afin de
chasser complètement tout l'acide azotique, on ajoute un peu d'acide chlorhydrique,
et l'on évapore encore à sec. Celte opération est répétée deux à trois fois.
On verse ensuite, sur la solution chlorurée, une petite quantité de solution saturée
SÉANCE DU l8 AVRIL 1910. IOo3
d'acide sulfhydrique et l'on agite. S'il y a brunissement du liquide, coloration, ou
précipité noir, on peut affirmer que l'eau minérale contient des métalloïdes et des
métaux du sixième et du cinquième groupe, ou bien de l'un ou de l'autre (Sn, Sb, As,
Pt, Hg, Pb, Ag, Bi,Cu, etc.).
On filtre sur un tout petit filtre et, après avoir lavé le dépôt des sulfures restés sur
le filtre, avec de l'eau sulfhydriquée, on fait sécher le filtre et on le conserve.
Dans le fiUratum, on ajoute un peu d'ammoniaque et une goutte de sulfhvdrate
d'ammoniaque. S'il se forme un précipité noir, c'est qu'il y a au moins du fer et peut-
être, avec lui, d'autres métaux du quatrième et du troisième groupe (Fe, Co, Ni, Mn,
Gr, etc.). On filtre et l'on sèche le filtre pour le conserver aussi.
En se servant, pour étudier les caractères des métalloïdes et des métaux
ainsi obtenus et conservés sur les filtres à l'état de sulfures, de la méthode
des flammes de Bunsen (pour reconnaître les métalloïdes et métaux volatils),
de la méthode des perles de borax ou de sel de phosphore, du procédé des
réductions microscopiques sur baguettes fines de charbon, enfin duspectros-
cope, on peut arrivera caractériser les divers métalloïdes et métaux contenus
dans le simple litre d'eau employé, et à arrêter en très peu d'instants la
marche qu'on devra suivre pour faire l'analyse complète.
Dans tous les cas, les deux principales réactions que je viens de rappeler
(l'emploi de l'acide sulfurique, et celui du sulfhydrate d'ammoniaque) per-
mettent de s'assurer en 20 minutes, d'une manière indiscutable et immé-
diate, s'il y a dans une eau minérale donnée des métaux du sixième, du
cinquième et du quatrième groupe. C'est la rapidité et la sûreté de cette
méthode, plutôt que sa nouveauté, qui en font le mérite.
A 4 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
Ph. V. T.
lOoZj ACADÉMIE DES SCIENCES-
biti.m-:ti.v bibi.iograpiiiql'e.
Ouvrages heçus dans la séance du 21 mars 1910.
Les campagnes scientifiques de S. A. S. le Prince Albert I""' de Monaco, par Jules
Richard, Directeur du Cabinet scientifique de S. A. S. le Prince de Monaco et du
Musée océanographique de Monaco. {Bulletin de l'Institut océanographique, n° 162,
février 1910.) Monaco; i fasc. in-8°. (Présenté par M. Pli. van Tieghera.)
Quehiucs lettres, 1873-1910, de quelques collègues, Membres de l'Jnslitut de
France, sur le calcul des poids atomiques, sur l'unité de la matière et sur le monu-
ment Lai,'oisier, adressées au D'' G.-D. Hinrichs. Saint-Louis (Etats-L'nis), 1910;
I fasc. in-4". (Présenté par M. Armand Gautier.)
Relazione délia Commissione fieale incaricala di designare le zotie piu adatte
per la ricoslruzione degli abitati colpili dal terrenioto del 28 dicembre 1908 o da
allri precedenti; P. Blaserna, Présidente. Rome, imprimerie de l'Académie Royale
des Lincei, 1909; i vol. in-4°. (Présenté par M. Pli. vaii Tiegbem.)
Étude dynamique des voilures automobiles, par Albert Petot; Tome II : Équi-
librage et régularisation du moteur à explosions, embrayages, changements de
vitesse, freins ; i"' fascicule : Le moteur à un cylindre. Lille, imprimerie autogra-
phique G. Schaller et C'", 1910; i fasc. in-4°. (Présenté par M. Darboux.)
Microbiologie agricole, par Edmond Kaïser, 2' édition. Paris, J.-B. Raillière et
fils, 1910; I vol, in-12. (Présenté par M. A. JMiiiUz.)
Annales de l'Institut océanographique (Fondation Albert \", Prince de Monaco),
publiées sous la direction de MM. Joubin et J. Richard. Tome I, fasc. 2 : Madrépo-
raires des îles San Thonié et du Prince (^oMe de Guinée), par Ch. Gravier. Impri-
merie de Monaco, 1910; \ fasc. in-4".
La prétendue découverte de la syphilis chez les Egyptiens préhistorUfues, par G.
Elliot Smith. {Bulletin de la Société d' Anthropologie de Lyon; t. XXVIIl, 1909,
p. 76-86.) 1 fasc. in-8".
A propos de la prétendue découverte de la syphilis chez les Egyptiens préhisto-
riques, par M. Gandolpue. {Société d'Anthrojiologic de Lyon .■ séance du 12 juin 1909.)
Lyon, A.'Rey; i fasc. in-8°.
Deua; nains du Garhiani en Tripolilaine, par M. Ernest Chantre. {Bulletin de la
Société d'' Anthropologie de Lyon; t. XXVIIl, 1909, p. 70-72.) 1 fasc. in-8".
Livret de la Bibliothèque universitaire de Rennes, n° IV, 1910. (Exlr. de VAn-
nuaire de l' Université de Bennes, 1909-1910.) Rennes, imp. Fr. Simon; i fasc. in-12.
Feuilles d' Hygiène, publication mensuelle; rédacteur : Lotis Jolivet Cartelot;
5'' année, n"2, 28 février 1910. Douai, imp. Delarra ; 1 fasc. in-12. (Numéro spécimen.)
Journal de Chimie physique, publié par M. Philippe-A. Gl'ïe; t. VIII, n° 1, 28 fé-
vrier 1910. Paris, Gautliier-Villars; Genève, Georg et C'"; i fasc. in-S".
SÉANCE DU l8 AVBIL 19IO. lOOO
Year-Book of Ihe Royal Society, n" 14, 1910. Londres, Harrison el fils; i \o\. in-S°.
Opposition of Eros (4^3) iii 1910, by Edward-C. Pickeri>g. (Harvard Collège Ob-
servatory; Circulai' 153.) i fasc. in-4°.
Meridian-Beobachlungen von Sternen in der Zone GS^-jo" nordlicher Declina-
tion, von H. Geelmuyden iind J.-Fr. ScHRœTKR. I : Die Beobachliingen iind deren
Resultate. Christiania, A.-W. Brogger, 1909; i vol. in-'i". (Publication de l'Obser-
vatoire de l'Université de Christiania.)
Report of the Meleorological Service of Canada central Office, Toronto, for the
year ended december 3i, 1906, by R.-F. Stupart, director. Ottawa; i vol. in-^"-
Ouvrages reçus «ans la séance du 29 mars 19 10.
Minéralogie de la France et de ses colonies. Description physique et chimique
des minéraux, étude des conditions géologiques de leurs gisements, par A. Lacroix,
Membre de l'Institut; t. 111, 2= partie. Paris, Ch. Béranger, 1909; i vol. in-S". (Hom-
mage de l'auteur.)
Observatoiie de Madagascar. Ohseri'ations météorologiques faites à Tananarii'e,
par le R. P. E. Colin, Correspondant de l'Institut; t. XX, 1908. Tananarive, Impri-
merie de la Mission catholique, 1909; i vol. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Notice sur les titres et travau.r de H. Martel. Paris, Société générale d'Impres-
sions, s. d.; I fasc. in-^".
Nouvelle théorie céleste, par A. -A. Humbert. Marseille, Achard et C'"", 1889; i fasc.
in-8°, accompagné d'un Recueil factice de diverses notes, sur le même sujet, du
même auteur; i fasc. in-8°.
L' Intermédiaire des Mathématiciens dirigé par C.-A. Laisam, Emile Le.moi>e,
Ed. Maillet; t. X^'II, n" 1, janvier 1910. Paris, Gauthier-Villars, 1910; i fasc. in-S".
Annales des falsifications : Bulletin international de la répression des fraudes
alimentaires et pharmaceutiques; 3" année, mars 1910, n" 17. Paris, H. Roberge;
I fasc. in-8°.
Ministère des Colonies. Annales d'Hygiène et de Médecine coloniales ; i3" année,
n° 1, janvier-février-mars 1910. Paiis, Imprimerie nationale; i vol. in-8°.
Ihdletin des séances de la Société nationale d'Agriculture de France. Compte
rendu mensuel: t. LXX, année 1910, n° 1. Comptes rendus des séances de janvier igio.
Paris, Philippe Renouard ; i fasc. in-8°.
Revue semestrielle des publications mathématiques, rédigée sous les auspices de la
Société niaLhémaiique d'Amsterdam, par H. de Vries, J. Cardinaal, W. Kapteyn,
J.-C. Kluvver, p. -H. Schoute; t. WIII, i™ partie, avril-octobre 1909. Paris, Gau-
thier-Villars; Amsterdam, Delsman et Nokhenius, 1910; i vol. in-8°.
Office international d'hygiène publique : Bulletin mensuel; t. II, n'a, fé-
vrier 1910. Paris; I fasc. in-S".
Bibliographie des Sciences économiques politiques et sociales. .Journal mensuel
de r Institut international de Bibliographie sociale, Directeur : Jean Gautier; j^i'i-
vier 1910. Paris, Marcel Rivière; i fasc. in-8°.
IOo6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ouvrages rbçus dans la séance du 4 avril 1910.
Dieu et Science : Essais de psychologie des sciences, par Elie de Cvon ; avec
2 planclies hors texte, et le portrait de l'auteur par J.-C. Chaplaix. Paris, P^élix Alcan,
1910; I vol. in-8°. (Présenté par M. Ph. van Tieghem.)
Compte rendu annuel des travaux exécutés par le Service géographique de
V Indo-Chine, année 1909. Hanoï; i fasc. in-S". (Adressé par M. le Lieutenant-Co-
lonel Aube.)
Annuaire ds la Fondation Tliiers, 1910; nouvelle série. Issoudun, impr. Gai-
gtiault, 1910; I fasc. in-8°.
Publication bimensuelle de l'Institut international de techno-bibliographie,
2= année, n" 1, janvier 1910; parties 1-6. Paris, H. Diinod et E. Pinal; 6 fasc. in-S".
Revue scientifique du Bourbonnais et du Centre de la France^ publiée sous la di-
rection de M. Ernest Olivier; 22'' année, 1909, et 28'= année, 1910, i"''' trimestre.
Moulins, Etienne Auclaire; 1 vol. et i fasc. in-S".
Mémoires et travaux de la Société des Ingénieurs civils de France, 63'' année,
6= série, n° 1. Bulletin de janvier 1910; Paris, i fasc. in-8°.
Bulletin de la Société des Amis des Sciences naturelles de Rouen, .'(3' année,
5° série, i''' et 2'' semestres, 1908. Rouen, Lecerf fils, 1909; i vol. in-8".
Annuaire astronomique de l'Observatoire royal de Belgique, publié par les soins
de G. Lecointe, directeur scientifique du Service astronomique; 1910. Bruxelles,
Hayez, 1910; i vol. in-S".
Carte photographique du Ciel, dressée par l'Observatoire royal de Belgique, à
Uccle; planches 1-IX. Bruxelles, héliogr. J. Malvaux; 9 feuilles in-plano.
Bolelin del Servicio sismolojico de Chile : I, annos de 1906, 1907, 1908, por el
Conde DE Montessus de Ballore, Director del Servicio sismolojico. Santiago du Chili,
impr. Cervantes, 1909; 1 vol. in-S".
ERRATA.
(Séance du 21 mars 1910.)
Note de M. J. Haag, Sur quelques nouvelles familles île Lamé
Page 768, ligne 2, au lieu de M. Maurice Levy, lire M. Lucien L"v\.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 2o AVRIL 1910.
PRÉSIDENCIÎ DE M. Emile PICAIID.
MEMOIRES ET COMMUNICATïOrVS
DES MEMBRES ET DES GORKESI'ONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. G. Darboux fait hommage à l'Académie de la traduction italienne
delà Conférence qui! a faite, le 24 septembre 190^, Sur le développement
des méthodes géométriques^ au Congrès des Sciences et des Arts de Saint-
Louis.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Distribution des filaments dans la couche
supérieure de l'atmosphère solaire. Note de M. H. Deslandres.
Les couches supérieures de l'atmosphère solaire ont été récemment
révélées et photographiées à l'Observatoire de Meudon, dans la demi-sphère
entière tournée vers la Terre. Auparavant elles étaient obtenues mélangées
à une ou même à deux couches plus basses, qui, beaucoup plus lumineuses,
la masquaient presque complètement. Or, en 1908, après avoir organisé
un grand spectrohéliographe d'un type nouveau, j'ai pu, avec la collabora-
tion de d'Azambuja, séparer nettement les trois couches superposées de la
vapeur du calcium signalées par moi en 1892 et 1894 avec le spectrographe
ordinaire; et, en 1909, ce résultat a été étendu à l'hydrogène dont la divi-
sion en trois couches est moins apparente.
La couche supérieure, la plus nouvelle, est donnée par le centre de la
raie K pour le calcium et de la raie Yi^ pour l'hydrogène ; elle montre une
série de phénomènes nouveaux déjà exposés en partie dans plusieurs Notes
précédentes (').
(') Comptes rendus, t. GXLVII, 1908, p. 334, 467 et 1016; t. CXLVIll, J909,
p. loii et 1235; l. CXLIX, 1909, p. 179, 49^ et 011.
C. R., igio, I" Semestre. (T. 150, N" 17.) I 33
IOo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le phénomène principal est Tapparilion de lignes noires, souvent très
longues, appelées ^laments, qui remplacent les taches de la surface absentes
ou très diminuées. Les filaments se retrouvent les mêmes dans les images
de l'hydrogène et du calcium; mais ils se montrent surtout nettement dans
l'image de l'hydrogène moins riche en petits détails, aussi nettement que les
taches dans une image de la surface. D'autre part, surtout avec le calcium,
ils se rattachent à d'autres lignes moins noires et nettes de la couche supé-
rieui'e, appelées alignements, qui forment sur le disque un véritable réseau
plus ou moins régulier.
Les filaments ont une importance au moins égale à celle des taches ; comme
elles, ils sont le siège de grandes perturbations et sont accompagnés de
protubérances ('). Leur aire noire totale est supérieure à celle des taches.
Déjà, à la fin de 1908, ayantàma disposition les images du calcium pour
quatre rotations entières de l'astre," j'ai publié sur la question dans les
Comptes rendus une première Note intitulée : Caractères de la couche supé-
rieure de r atmosphère gazeuse du Soleil. Puis, en 1909, la recherche a été
étendue à l'hydrogène et poursuivie dans des conditions meilleures, l'appa-
reil ayant été peu à peu perfectionné.
Actuellement l'Observatoire a les images de la couche supérieure pour
20 rotations au moins avec le calcium et pour i4 avec l'hydrogène, et en
plus les épreuves d'un autre appareil, le spectro-enregistreur des vitesses, qui
enregistre au même moment les mouvements radiaux des vapeurs.
Tous ces documents rapprochés ont mis en relief d'autres propriétés de
la couche supérieure; ils ont permis de suivre les variations des filaments
dans l'intervalle déjà grand de 1908 à 1910. Le Soleil est actuellement dans
la phase de déclin, et se rapproche du minimum. Les taches ont diminué
sensiblement. En est-il de même des filaments ?
Dans le second semestre de 1908, et particulièrement en août, les taches
ont été nombreuses et importantes; mais les filaments y sont moins déve-
loppés que dans le premier trimestre de 1909, et dans les mois de mai et
juin où l'activité de l'astre est au contraire affaibUe. D'ailleurs les filaments
se montrent de préférence dans l'hémisphère et les méridiens où les taches
et facules manquent. Si l'examen se poursuit dans le second semestre de
[909 et en 1910, les filaments augmentent encore, contrairement à ce qui a
(') Les proliibérances métalliques doivent être liées aux. lâches et les protubérances
hydrogénées aux filaments et aux larges plages noires autour des facules, appelées
par moi circiinifacides.
SÉANCE DU 2.5 AVRIL 1910. IOO9
Images de la couche supérieure de l'atmosphère solaire avec les Jilarnents noirs caractéristiques.
20 Ma, 1909
15 Juin 1909
Ces images, obtenues avec l'aide de d'Azambuja, ont été relevées sur les épreuves monochromatiq^ues du Soleil obtenues
avec la partie centi-ale des raies H„ de l'hydrogène ou K du calcium. Elles montrent seulement les filaments noirs sans les
alignements. Les plages brillantes des épreuves au-dessus des facules n'ont pas été représentées.
lOIO ACADEMIE DES SCIENCES.
lieu pour les taches. Les variations des filaments ne sont pas exactement
parallèles à celles des taches, ou même leur semblent opposées. Mais, sur
ce dernier point, on ne pourra conclure qu'après une série d'observations
plus longue, étendue au minimum proprement dit et même à la période
undécennale (').
De toute façon, il convient dès à présent de mesurer l'aire totale des fda-
ments aussi exactement qu'on le fait pour les taches. Les épreuves de
l'hydrogène avec le centre de la raie (o*, 20 de la raie seulement) sont
celles qui conviennent le mieux pour cette mesure. L'Observatoire l'aurait
déjà commencée, s'il n'avait un personnel trop restreint, qui déjà est insuf-
fisant pour le maintien en service constant des appareils.
Les filaments ne sont pas, comme les taches, confinés à une zone étroite
voisine de l'équateur; et, dans la première Note sur la question, nous
avons, d'Azambuja et moi, annoncé leur présence sur tout le disque.
Mais leur distribution n'est pas irrégulière, elle est soumise, au moins dans
l'intervalle de temps considéré, à quelques règles simples.
Les filaments voisins d'un pôle se gi^oupenten général sur une courbe qui
entoure ce pôle, courbe plus ou moins circulaire, plus ou moins éloignée
du pôle (limites ordinaires 5o° et 70° de latitude), et souvent non confon-
due avec un parallèle. Parfois les filaments, presque aussi larges que longs,
se suivent comme les gi'ains d'un chapelet; et, lorsque les images sont
bonnes, apparaissent réunis par un alignement. Parfois aussi les filaments
bien noirs manquent, et la courbe polaire est indiquée par un simple aligne-
ment d'ailleurs suffisamment net. D'une manière générale, le cercle polaire
et ses filaments sont plus larges et développés dans l'hémisphère et les
méridiens où les taches et facules sont relativement faibles.
Dans l'intervalle considéré, je signale particulièrement le cercle polaire
Sud de septembre et octobre 1908, et le cercle polaire Nord d'avril et
mai 1909. Au milieu de juin, les couches supérieures offraient au centre de
l'astre de magnifiques filaments, alors que les taches de la surface étaient
extrêmement réduites, et en même temps, aux deux pôles, les courbes de
filaments étaient nettement indiquées. (Voir la figure ci-contre, qui donne
les filaments relevés pour quatre jours différents). La courbe polaire Nord
(') L'opposition peul u'êlre qu'appaienle; par exemple, si l'un des phénomènes est
simplement consécutif à l'autre, ou a une durée un peu plus longue. D'autre part,
comme on le verra plus loin, le filament est, par essence, entre deux groupes de taches
et donc se montre surtout dans les méridiens sans tache.
SÉANCE DU 25 AVRIL IQIO. lOII
de fin janvier, très rapprochée du pôle, est aussi curieuse; mais la plus
intéressante de toutes est celle de mars, qui, dans la première quinzaine
d'avril, a pris un développement extraordinaire. Le cercle, concentrique au
pôle, est fortement marqué, et les filaments, très larges, ont des pointes
dirigées vers l'équateur, comme si la matière dont ils sont formés était
violemment portée dans cette direction.
Les cercles polaires de filaments ont augmenté manifestement dans l'in-
tervalle de nos recherches, et il importera de les suivre sans arrêt pour
reconnaître si cette tendance est accidentelle, ou de courte durée, ou pro-
longée jusqu'au minimum. De toute façon, comme les filaments sont,
comme à l'ordinaire, accompagnés de protubérances, leur présence est en
accord avec la durée du maximum plus longue avec les protubérances
qu'avec les taches et peut correspondre à un maximum secondaire des pro-
tubérances.
Entre la courbe polaire et l'équateur se trouvent ordinairement les fila-
ments les plus noirs et les plus longs, et ce sont ceux-là qui ont été notés
déjà comme étant parfois parallèles à deux grandes directions. Plus exacte-
ment, l'angle qu'ils font avec le méridien qui les traverse est en général
voisin de o°, ou 3o°, ou 60°, ou 90°. Autrement dit, ils sont à peu près paral-
lèles à l'une des trois directions d'un petit hexagone régulier supposé fixé au
méridien, et dont un côté est parallèle ou perpendiculaire à ce méridien. Le
cercle polaire décrit ci-dessus peut être rattaché à cette dernière loi, car il
esta peu près parallèle à l'équateur, ayant d'ailleurs souvent l'aspect d'un
polygone plutôt que d'une courbe, autant que l'on peut juger, puisque la
courbe se présente par la tranche (').
Si l'on considère les filaments seuls et non les alignements qui les tra-
versent ou les prolongent, dans la grande majorité des cas, l'extrémité
ouest du filament est celui qui a la latitude la plus basse. Cette dernière
propriété est liée vraisemblablement à la rotation de l'astre. «
De plus, le long filament est en général isolé, avec des amorces de fila-
ments, qui s'en détachent de distance en distance et surtout aux extrémités,
et font avec lui un angle voisin de 120°. Tel est le cas du filament droite dans
le quadrant sud-est du Soleil du i5 juin 1909, représenté ci-contre. De l'ex-
trémité Est partent, au Nord et au Sud, deux amorces de filaments à 1 20°, si
(') La courbe offre alors des sortes de sommets, qui souvent sont le point de départ
de grands alignements dirigés vers l'équateur.
IOI2 ACADEMIE DES SCIENCES.
bien que l'on a un centre à trois rayons, comparable au sommet d'un dodé-
caèdre régulier projeté sur la spbère inscrite.
Lorsque les filaments sont courts, on trouve réunis jusqu'à trois côtés de
l'hexagone, et même plus, ainsi qu'aux points a et A du même Soleil du
i5 juin. Parfois on a plusieurs hexagones complets juxtaposés, tout sem-
blables aux cellules tourbillons des liquides; le Soleil du 5 août 190g, qui
sera publié prochainement, en fournit un exemple. Les angles de ces poly-
gones sont vifs à certains moments, mais en général s'arrondissent rapide-
ment.
Tous ces faits sont extrêmement curieux et décèlent la tendance des
filaments à une structure géométrique. Si l'on ajoute les alignements qui les
complètent, le réseau total est parfois très régulier et a l'aspect d'un
polyèdre sphérique, à faces nombreuses et semblables (' ).
L'explication complète de tous ces phénomènes est évidemment préma-
turée. On peut préciser seulement les analogues déjà signalées avec les
cellules tourbillons des liquides et avec les aires de haute et basse pression
de notre atmosphère.
D'après les premières mesures de vitesse radiale faites à Meudon au centre
du disque, la vapeur, au-dessus de la facule, descend, mais d'autre part
s'élève tout autour et aussi particulièrement au-dessus du filament. La couche
supérieure s'annonce ainsi comme formée de tourbillons cellulaires juxta-
posés, dont le mouvement est plus ou moins troublé. Si, à l'emplacement de
la facule, la vapeur descend plus vite, au lieu de s'écouler sur les côtés, ainsi
que dans le cas normal, elle s'enfonce au-dessous et fai t un trou dans la surface ;
d'où la tache ordinaire. Si cette môme vapeur, qui plus loin s'élève, a aussi
une vitesse plus grande, elle perce la couche supérieure et donne naissance
au filament et aux protubérances qui l'accompagnent (* ). Dans cet ordre
d'idées, le filament est la contre-partie de la tache et lui est à certains
égards opposé.
Or les taches et les facules voisines forment, tout près de Téquateur, une
(') Ainsi, le 5 août 1909, on a de grands pentagones juxtaposés, qui font penser à
un dodécaèdre régulier circonscrit à la sphère.
(^) La vitesse plus grande des gaz qui descendent ou qui montent peut tenir à
plusieurs causes. En tout cas, on conçoit que les gaz aient tendance à former un tour-
billon à axe vertical sur la tache et un tourbillon à axe horizontal sur le filament. Ce
dernier tourbillon est aussi possible avec la tache; d'où les petits filaments, minces et
courbes, qui parfois en émanent et sont les seuls filaments bien comparables aux cou-
loirs de grains de nos orages.
SÉANCE DU 25 AVRIL 191O. IOl3
zone dite zone royale, qui est bien développée au moment du maximum et
correspond à la zone de haute pression de notre atmosphère à la latitude
de 35". Dans la phase de déclin, les taches se rapprochent de l'équateur et
diminuent, et simultanément apparaissent avec netteté les cercles polaires
de fdaments, plus ou moins rapprochés des pôles, qui annoncent une zone
de basse pression. Il doit donc exister en permanence entre ces zones un
grand courant de convection, ou une ciicuhition méridienne, analogue
d'ailleurs à celle de la Terre dans les mêmes régions ('). De plus le grand
courant de convection est souvent divisé en tourbillons cellulaires, encore
grands, mais secondaires, qui sont séparés par les fdaments et alignements
signalés plus haut.
En résumé la reconnaissance des fdaments polaires est importante, d'au-
tant qu'elle explique la distribution et les variations spéciales des protu-
bérances, jusqu'alors jugées mystérieuses, et non reliées aux autres phéno-
mènes solaires. Elle sera poursuivie et avec l'appoint de mesures continues
de vitesses radiales, étendues au disque entier. Il faudrait seulement, pour
une solution rapide, une longue série de beaux jours et un bureau de
mesures, qui manquent encore à l'Observatoire.
CHIMIE ORGANIQUE. — Étude des échappées du beurre de coco. Composition
de l'essence de coco. Note de MM. A. Haller et A. Lassieur.
Comme le beurre de coco renferme les mêmes glycérides que le beurre
ordinaire, sauf la butyrine, on a cherché depuis une trentaine d'années à
l'introduire dans l'alimentation sous les différents noms de végétaline, de
cocosine, de lauréol, etc.
Mais, tandis que la matière grasse extraite, sur les lieux d'origine, des
noix de coco fraîches, possède l'arôme assez agréable de l'amande et est
consommée sur place, il n'en est pas de même du beurre employé en
Europe.
Celui-ci provient, ou bien des huileries installées aux Indes et à Ceylan,
ou bien de l'expression, faite sur notre continent, des amandes de coco
séchées au soleil ou dans des fours appropriés et qui nous arrivent sous le
{') Ce grand courant de conveclion, qui peut être doublé de deux autres, au Nord
el au Sud, peut expliquer aussi simplement la forme spéciale des jets coronaux lors du
minimum.
I0l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nom de coprah. La majeure partie de l'huile de coco traitée en Europe a
cette dernière origine. Des recherches entreprises jadis sur le beurre de
coco que nous avons soumis à l'alcoolyse nous ont conduits à faire l'élude
des produits fortement odorants qu'il contient ordinairement et qu'on
élimine par différents procédés, de façon à rendre cette matière grasse
propre à l'alimentation.
Parmi les substances qui communiquent à l'huile de coco brute son odeur
désagréable, il faut citer les acides gras (caproïque, caprylique, caprique,
laurique, etc.), provenant de l'hydrolyse partielle des glycérides, et des
matières fortement odorantes qui tiennent sans doute à l'origine de l'huile.
Les acides libres sont séparés par un traitement aux alcalis ou aux terres
alcalines, tandis que les autres produits malodorants sont éliminés en sou-
mettant la matière à un courant de vapeur d'eau surchauffée. Condensée,
cette vapeur d'échappement fournit un mélange de matière grasse entraînée
mécaniquement, d'acides gras résultant d'une saponification partielle des
glycérides et des produits neutres odorants.
L C'est un pareil mélange, livré sous le nom à^ échappées du beurre de
coco, que nous avons soumis à l'étude ( ' ).
Il se présente sous la forme d'un liquitle de couleur plus ou moins foncée, à odeur
extrêmement persistante rappelant celle de l'essence de rue. On le neutralise en l'agi-
tant avec une solution de soude étendue. Le produit neutre restant renferme de petites
quantités d'une aldéhyde déjà signalée, mais non caractérisée, par M. Bonloux C^), car
il réduit l'azotate d'argent ammoniacal et rougit la fuchsine bisulfitée. Il se combine
presque inlégralemenl au bisulfite de soude pour donner un produit blanc, soluble dans
l'eau froide, mais que l'eau bouillante dissocle en ses composants. Ce produit se dis-
sout également dans l'alcool, qui l'abandonne à l'étal cristallisé.
Après l'avoir lavée à l'éther, cette combinaison suKitique est décomposée jiar de
l'acide sulfurique étendu, on décante la couche surnageante qui se forme, on la lave
avec de l'eau alcaline, on la sèche et on la soumet à la distillation fractionnée.
Les produits qu'on obtient passent de 73" à 109" sous 12°"", avec une
portion principale (65 à 70 pour 100) qui distille de ()()" à 109" sous la même
(') Nous adressons nos vifs remerciinenls à MM. Hocca, Tassy et de Houx, qui ont
très obligeamment mis à notre disposition une certaine quantité de ces échappées.
(-) BoNTOUX, La Technique moderne, x'" année (1909), p. 6o5. C'est à propos d'un
article bien documenté où l'auteur fait un historique très complet des diflerentes mé-
thodes qui ont été préconisées et employées pour la purification et la désodorisation
du beurre de coco, que M. Bontoux appelle l'attention sur la présence d'aldéhydes et
de célones dans les échappées.
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. IOl5
pression. Aucune de ces fractions ne réduit plus sensiblement la solution
ammoniacale d'azotate d'argent ; il faut en conclure que la matière primitive
ne renferme que des traces d'une substance à fonction aldéhydique.
Les portions passant de 99" h 109°, soumises à de nouvelles rectifications,
fournissent finalement un liquide bouillant à loS^-ioG" sous 12""" et à 225°
sous 76o"^"\ Ce liquide se prend en masse à quelques degrés au-dessus de
zéro et refond de nouveau à i5°. Sa densité D = o,832.
L'analyse lui assigne la formule C'°H-"0(') ou plutôt C"H--0. Nous
verrons en effet, dans la suite, que ce corps répond en réalité à cette der-
nière composition.
Pour nous rendre compte de sa fonction, sur laquelle nous sommes déjà
renseignés par la propriété qu'il possède de se combiner au bisuliile de
soude, nous avons préparé son oxime et sa semicarbazone.
L'oxime C"H--?vOH, préparée par les procédés ordinaires, se présente
sous la forme de beaux prismes blancs fondant à 44°-45°. Chauffée avec de
l'anhydride acétique, elle donne naissance à un acétate C"H--AOCOCH'
qui constitue un liquide incolore, fort mobile, presque inodore et bouillant
à i()4''-i66'' sous 12""". Ce corps ne se solidifie pas dans le chlorure de
méthyle.
La semicarbazone C" H^- = N. NHCONH- cristallise en fort beaux
prismes blancs fondant à 120". 7\près solidification, le produit fond à i il\°.
Soluble dans l'alcool bouillant, cette semicarbazone l'est très peu dans
l'alcool froid.
Pour nous rendre compte de la constitution de cette cétone, nous avons
tenté de l'oxyder au moyen du permanganate de potasse et au moyen du
mélange chromique. Les deux essais n'ont pas conduit au résultat cherché;
la cétone est en effet à peine attaquée dans les conditions où nous avons
opéré.
On peut, par contre, l'oxyder au moyen de l'hypobromite de soude, en
ayant soin d'opérer à froid ; car si Ton opère à chaud, il se forme un acide
brome.
On dissout 126^ de soude en plaques dans 1260^ d'eau et, à la solution
maintenue à 0°, on ajoute peu à peu, tout en évitant une élévation de tem-
pérature, iSo^de brome. La cétone est ensuite mélangée à cette solution et
(') Dans une Communication préliminaire que nous avons faite au Congrès de
Cliimie appliquée de Londres en 1909, nous avions, à tort, appliqué la formule
QiofjîoQ à cette cétone, n'ayani pas encore réussi à ce moment à la dédoubler.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, IN" 17.) Iv34
lOlG ACADÉMIE DES SCIENCES.
le tout est agité pendant deux jours. Au bout de ce temps, on constate que
toute la cétone a disparu et qu'il s'est dépos(!' du bromoforme. On décante,
ou lave avec de l'étlier, et la solution alcaline est acidulée avec de l'acide sul-
furique. Le précipité huileux qui se forme est séparé, lavé à l'eau et distillé.
On recueille un produit qui passe à i()o°-iG4" sous 12""", et dont l'analyse
donne des chiffres conduisant à la formule de l'acide cuprique C'"H-''0^.
Solidifié, il fond à 3o°, point de fusion de l'acide normal. Ce point de fusion
ne chani^^e pas, quand on mélange cet acide avec celui préparé par saponi-
fication du caprate de métliyle pur provenant de la mélhanolyse du beurre
de coco.
Ce dédoublement du composé C"H--0 en bromoforme et en acide ca-
prique, en vertu de la réaction
(C'Mli\COCfP)4-3B.ONa=::CBr^CO.C'H'9-+-3NaHO,
CBr'.CO.C''H"+NaHO = CHBr^ + C'H^COONa,
montre nettement cju'on a affaire à de la mélhylnonylcélone normale. Cette
cétone est identique à celle trouvée dans l'essence de rue i^Rula graveolens)
et qui fut l'objet de nombreuses études, depuis l'année 181 1 où Mâhl la
mentionna pour la première fois dans le Journal de Trommsdorf l^i. XX, 2,
Longtemps considérée comme une aldéhyde en C'°H^''0, puis comme
une aldéhyde en C'H^^O, la constitution et la fonction de cette molécule
ne furent réellement établies qu'à la suite de la synthèse qu'en firent d'abord
Gorup-Besanez et Grimm par distillation d'un mélange d'acétate et de ca-
prate de calcium, puis Guthzeit par dédoublement de l'éther octylacéto-
acétique.
Bien que l'identité de notre cétone avec celle existant dans l'essence de
rue découle des données que nous avons signalées, nous avons cru devoir
traiter une certaine quantité de cette essence en vue d'en extraire la méthyl-
nonylcétone et en préparer l'oxime et la semicarbazone. Les deux composés
obtenus fondent respectivement à 4i°-45° (Carrette indique 4^") et 122°
(Thoms accuse i23''-i24°). La semicarbazone, après une première fusion et
refroidissement subséquent, fond à 114" comme celle obtenue avec notre
cétone. Déplus, cesoxime et semicarbazone, mélangées respectivement avec
nos dérivés, donnent des produits qui fondent aux mêmes températures
(44''-45°et ii4").
IlL Les difficultés rencontrées dans l'oxydation de la cétone nous
avaient conduits à essayer de résoudre le problème en passant par l'alcool
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. 1017
que nous avions l'intention de transformer en carbure éthylénique; celui-ci
devait ensuite être soumis à l'oxydation.
Au lieu d'hydrogéner la cétone par du sodium au sein de l'alcool éthy-
lique, nous avons employé la méthode de MM. Sabatier et Senderens en
nous servant d'un nickel réduit à 3oo°.
Pour opérer la réduction au sein d'un courant d'hydrogène, nous avons
dû porter la température progressivement de aSo'' à Soo", et avons alors
constaté qu'il se formait de l'eau en même temps qu'un liquide que nous
avons ensuite rectifié.
loos de cétone nous ont fourni :
ï _ 00 mm
I. i5 de produit passant de 65 à 70 sous 12
II. 45 » 1 jo à 1 15 »
III. 20 » 220 a 225 »
La fraction est constituée par un carbure distillant à i5o°-i55° sous
yGo™*" et dont la composition se rapproche d'un nonane C'H-°. Sa cryo-
scopie dans le benzène a fourni 122 comme poids moléculaire. Théorie = 128.
La fraction II est un mélange de la cétone primitive et du produit III.
Quant à la portion III, elle se prend en masse par le refroidissement.
C'est une matière blanche, cristallisant confusément et fondant à 27°.
L'analyse de cette matière a donné des chiffres conduisant à la formule
Nous en avons déterminé le poids moléculaire par la* cryoscopie dans le
benzène et avons trouvé M = 269 au lieu de 324.
La composition de cette substance, ainsi que son poids moléculaire très
élevé, nous font supposer qu'elle constitue une pinocaline de notre cétone.
Elle donne en effet une oxime C^-H''''NOH qui se présente sous la forme
d'un liquide épais, incolore, qui bout à 233°-237° sous i5'"™, et une semi-
carbazone qui fond à 225°-227°.
Pour nous renseigner sur sa constitution nous avons essayé de l'oxyder
au moyen de l'hypobromite de soude. Agitée pendant 8 jours avec ce
réactif, la matière ne s'est pas altérée et a conservé son aspect et ses pro-
priétés primitifs. Si l'on a affaire à une pinacoline il est donc probable que
sa constitution répond à l'une des deux formules
(I) CH3-1C.C0C»11'%
I0l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'H'
(II) C'H» -^C.COCH'
,/
et que des deux la plus plausible est la formule (I), puisque le corps n'est pas
dédoublé par rhypobromite.
IV. Ainsi que nous l'avons fait observer plus haut, le liquide soumis à
l'étude contient une fraction distillant de 75° à 99° sous 1 2""" et qui est beau-
coup moins importante que celle qui passe à une température plus élevée.
Quand on soumet celte fraction à une série de rectifications, on réussit à
isoler un produit passant de 75° à 80° sous 12°"" et qui a la composition de la
mélhyl/ieptYlcétone C^H'^COCH.^, cétone qui fait également partie consti-
tuante de l'essence de rue.
La semicarbazone C'H-'N-O de notre cétone fond à i i9°-i2o" comme
celle de la méthylheptylcétone contenue dans cette essence. Nous avons
mélangé les deux semicarbazones d'origine différente et avons constaté que
le point de fusion restait le même.
En résumé, les deux cétones que nous avons isolées dans la partie des
échappées du beurre de coco qui distille de 76° à 109° sous 12'"™ sont iden-
tiques à celles qui font partie intégrante de l'essence de rue {Ruta graveolens).
En présence de ce résultat, nous nous sommes demandé si, étant donnée
la haute température à laquelle est soumis le beurre brut pour amener sa
désodorisalion, il ne serait pas possible qu'il y eût formation de cétones
aux dépens des acides de saponification, au cours de ce traitement.
Bien qu'une pareille hypothèse ne fût guère admissible, puisqu'en l'espèce
nous n'avons trouvé que des méthylheplyl et méthylnonylcétones et que le
beurre de coco ne renferme pas de glycérides inférieurs à la caprolne, par
conséquent pas d'acéline, nous avons néanmoins cherché à avoir une matière
n'ayant pas subi les manipulations énergiques dont nous venons de parler.
Dans ce but nous avons traité 20''''' de beurre de coco brut par de l'alcool.
La distillation de l'alcool nous a donné un résidu qui a été entraîné à la va-
peur d'eau, et l'huile, en très petite quantité, qui a été isolée possédait l'odeur
caractéristique des échappées. De plus elle a fourni avec la semicarbazide
environ qb, 10 d'une semicarbazone fondant entre ii5°-ii9".
11 est donc permis de conclure que les deux cétones préexistent bien dans
le beurre de coco.
Ce qui le confirme dans une certaine mesure, c'est que les échappées exa-
SÉANCE DU 25 AVRIL 19IO. IOI9
minées au polarimètre montrent une déviation de -t- 19' dans un tube de
200""". Or l'on sait que dans l'essence de rue les deux méthyllieplyl et mé-
thylnonylcétones sont accompagnées de leurs alcools correspondants, le
méthylheptylcarbinol et le méthylnonylcarbinol, qui dévient respectivement
de — 3°3' et — 2°36' pour une longueur de 5o™". Il est vrai que la rotation
de ces alcools est de sens contraire à celle observée sur l'essence de coco.
Il se pourrait donc que l'activité de l'essence de coco piit être attribuée
à la présence des antipodes de ces mêmes alcools dans ce produit. Nous
n'avons pas eu assez de matière à notre disposition pour nous assurer de
cette présence, mais nous comptons revenir sur ce travail.
L'ensemble de nos recherches nous permet de formuler les conclusions
suivantes :
i" Le beurre de coco brut doit son odeur particulière a une essence dont
les deux constituants principaux sont la méthylheptylcétone et la méthyl-
nonylcétone. Malgré l'épuration la plus soignée, le beurre de coco alimen-
taire renferme encore des traces de ces cétones dont l'odeur particulière se
perçoit en chauffant la matière grasse.
2° Cette essence contient en outre de petites quantités d'une aldéhyde
non isolée, et dévie la lumière polarisée.
3° Ces caractères sont ceux de l'essence de rue {Ruta graveolens) qui,
nous le répétons, renferme les mêmes cétones, et dont la déviation est due
à la présence des méthylheptylcarbinol et méthyl-nonylcarbinol actifs,
alcools correspondant aux deux cétones précitées.
4° Quand on hydrogène la méthylnonylcétone en présence du nickel
réduit à une température de 200° à 300°, on la transforme partiellement en
un carbure C'H"", moins riche en carbone que la cétone primitive, et en
une pinacoline C-^H'''0. A notre connaissance, on n'avait encore jamais
observé, dans des conditions semblables, la formation d'une pinacoline à
poids moléculaire aussi élevé.
PALÉONTOLOGIE VÉGÉTALE. — Les caractéristiques de la trace foliaire
botryoptéridienne. Note de MM. C.-Eg. Bertrand et F. Cornaille.
B. Renault a défini son genre Botryopteris par la figure en petit oméga
renversé de la section transversale de la masse libéro-ligneuse de son pétiole.
Cette définition a été donnée d'après les pétioles primaires du iS. /bre/i^wBR.
I020 ACADEMIE DES SCIENCES.
On retrouve cette même figure dans les ramifications élevées de la fronde,
dans sa partie inférieure encore attachée au slipe et dans les rachis fructifères.
La meilleure figure publiée de cette trace est la figure 5, planche XXXII,
de la Flore/ossile du Bassin houiller d'Aulun et d'Epinac. Elle montre plu-
sieurs groupes trachéens sur la surface extérieure des branches latérales de
l'oméga. Elle montre aussi les groupes trachéens symétriques qui sont de
chaque côté de la pointe libre de la branche médiane de l'oméga. Dans les
pétioles primaires des Bolryopteris de la section Tridentala, la trace possède
seulement trois poiulements trachéens antérieurs. Par réduction elle ne
présente plus qu'un seul groupe trachéen dans les ramifications supérieures
de la fronde.
La trace foliaire botryoptéridienne est composée de deux pièces, une pièce
principale qui forme la branche médiane de l'oméga, et une pièce réceptrice
dont les moitiés symétriques forment les branches latérales. La pièce
réceptrice est beaucoup plus volumineuse que la pièce principale. Elle est
courbée en arc, la concavité et l'ouverture étant tournées vers le centre de
figure G du stipe. Elle entoure extérieurement la pièce principale. La pièce
principale est homologue de la totalité de la chaîne des Fougères actuelles.
La pièce réceptrice n'a pas d'équivalent chez nos Filicinées. Elle représente
une différenciation inattendue de la région des marges. On ne connaît de
pièces réceptrices analogues que chez les Zygoptéridées où elles sont autre-
ment agencées.
Les marges réelles L„, L,/, au nombre de deux, sont symétriques Tune de
l'autre par rapport au plan médian antéro-postérieur CS du pétiole, de
chaque coté du pointement antérieur de la chaîne principale. La ligne des
marges L„, L,/ est une perpendiculaire à la surface de symétrie, ou une
ligne très faiblement convexe en avant lorsqu'on la prolonge jusqu'aux
pointes antérieures du système récepteur. Elle garde cette orientation quels
que soient la réduction de la trace et le rapprochement de ses marges. La
trace botryoptéridienne est donc presque tout entière en arrière de la ligne
des marges comme la trace anachoropléridiennc. La ligne des marges ne
devient pas ligne de symétrie accessoire, contrairement aux Zygoptéridées à
pétioles primaires bisymétriques.
La pièce principale n'a que deux pôles Al, Af^, placés aux marges. Ils
sont cupuliformes comme ceux des Anachoropteris. Us agissent comme des
pôles doubles, car de chacun d'eux partent deux lames ligneuses A^y'', Aly",
ArfY'', A,, y". La première et la troisième se rencontrent en y'' sur la ligne CS,
SÉANCE DU 23 AVRIL 1910. 1021
les deux autres se rencontrent en y"; y" est plus éloigné du centre C i|ue y^-
On voit ainsi que le faisceau médian Ff^,, qui constitue à lui seul Varc pos-
térieur de la chaîne, est très petit et tend vers zéro lorsque, par réduction
de la trace, les pôles Ai, A^ se réunissent en un pôle médian A'" sur CS.
Les demi-arcs antérieurs rejetés derrière le faisceau F™ par une courbure
inverse semblable à celle des Anachoropteris se rejoignent largement sur la
surface de symétrie. L'arc antérieur entier est ainsi constitué par un grand
faisceau bipolaire F™ qui présente un grand pli inverse en son milieu.
L'ensemble de la chaîne principale est donc une chaîne binaire fermée,
symétrique, à courbure inverse, à faisceaux très inégaux, le postérieur très
petit, l'antérieur grand, plié en son milieu, et placé derrière le faisceau
postérieur. Dans le B. forensis il s'ajoute cette particularité spécifique que
chaque demi-arc antérieur présente un pli direct sitôt après la marge. Le
contact de la face dorsale du demi-arc antérieur avec la surface de svmétrie
est ainsi largement prolongé. Comme conséquences immédiates de cette
constitution élémentaire : i" Les plus gros éléments ligneux sont en y'' et
en y" sur CS. 2° Les plus gros tubes criblés sont sur les flancs de la chaîne
principale et aussi devant FJ, en son milieu. Les tubes criblés latéraux sont
remarquables par leur grandeur. Le liber entourant la chaîne inverse est
homologue du liber interne d'une trace d'Osmunda. Le liber externe fait
défaut. Dans cet état, la chaîne principale réalise aussi une réduite de nos
pièces quadruples. Elle comporte par suite une division facile dans le plan CS,
comme l'indique déjà l'étranglement de la chaîne chez le B. Renaulti ?,jy . nov.
La fermeture de la chaîne principale, l'absence de crosses enroulées, la
réduction du faisceau postérieur F™, différencient la pièce principale de la
trace botryoptéridienne de la portion homologue de la trace anachoropté-
ridienne.
La pièce réceptrice est aussi une chaîne binaire fermée à courbure
inverse. Son faisceau intérieur F"'" est plus petit que son faisceau exté-
rieur F""^. Ils sont accolés aussi par les faces externes de leurs lames
ligneuses. Cette structure est établie par les deux lignes de différenciation
issues de chaque pôle A^, A^, et par les modes de réception et d'émission
des traces latérales libérées ou reçues sous forme de divergeants simples.
La pièce réceptrice peut donc aussi se décomposer en deux divergeants
symétriques, également inclinés sur CS, et courbés d'où trois plis directs sur
le bipolaire F""^ et troL^ plis inverses correspondants sur le faisceau F™"^. L'état
relatif de ces plis donne de bonnes différences spécifiques. Par suite de sa
1022 ACADEMIE DES SCIENCES.
constitution élémentaire, les grands tubes ligneux de la pièce réceptrice sont
dans la région voisine de CS. Les grands tubes criblés sont près de CS, à
l'extérieur, et le plus près possible de CS sur la partie libre de sa face interne.
Les tubes criblés de la réceptrice sont beaucoup plus grêles que ceux de la
chaîne principale. Le liber entourant est homologue du liber interne d'une
trace osmundéenne. L'ensemble de la pièce réceptrice est aussi une forme
réduile des pièces quadruples avec point de division facile dans la région
des centres de figure ^,'""^, y'é"^^ des faisceaux F"'"^, F'^"^ comme le montre
le fi. Benaulti, sp. nov.
L'émission des pièces latérales se fait sur le côté externe des cupules
polaires Ai, A'/, sous la forme d'une petite masse ligneuse enchâssant un
groupe trachéen antérieur. Le bois est entouré parle liber. En cet état, la
pièce sortante «r est un divergeant simple. Ce cordon se jette sur la face
intérieure de la branche réceptrice voisine. Elle refoule extérieurement le
groupe trachéen de cette pointe directement ou après fusion préalable. Le
groupe refoulé s'échappe ensuite plus ou moins rapidement. Quand l'adhé-
rence se prolonge, on peut trouver jusqu'à cinq massifs refoulés, de plus en
plus éloignés de la pointe A', le long du faisceau externe F™*^. La réception
et l'émission des cordons latéraux excluent la possibilité d'homologuer la
pièce réceptrice à un faisceau bipolaire simple à pôles libres. Par la présence
d'une pièce réceptrice différenciée sur ses marges, la trace botryoptéridiemic
se montre plus compliquée que la trace anachoroptéridienne. qui en est
dépourvue. La pièce latérale de la fronde a, dès l'origine, la même orienta-
lion que la trace mère. Elle conserve cette orientation. Elle ne se bifurque
pas immédiatement. Des deux séries de pièces latérales émises par le pétiole
ou le rachis, l'une est en avance sur l'autre.
Lorsque la trace bolryopléridienne se réduit vers le haut de la fronde, la
pièce réceptrice devient de plus en plus prédominante dans l'ensemble. Les
marges Al., A^ se réunissent en A"' sur la ligne de symétrie CS. Le fais-
ceau F™ se réduit à zéro. La chaîne principale tombe à l'état de diver-
gent Y'". Elle représente aussi un faisceau bipolaire F'"", à pointes libres,
courbé par un pli médian inverse. Les éléments criblés antérieurs du fais-
ceau ¥"p disparaissent. Les bandes fibreuses libériennes des deux sinus dis-
paraissent aussi, après quoi ces sinus se réduisent à leur tour. I^a trace
réalise alors le faciès tridenté des B. hirsuta, li. antiqua, etc.
Dans un état de réduction encore plus grand, les sinus lil)ériens sépara-
teurs des pointements ligneux s'effacent complètement. Les poinlements
J
SÉANCE DU 20 AVRIL I9IO. I023
trachéens A', A'", 1^ s'émoussent, se rapprochent, puis se réunissent en un
seul groupe A"". La chaîne principale a perdu toute autonomie. L'ensemble
est constitué par la réceptrice condensée en un seul divergeant Y"'", remar-
quable par l'élargissement de son bois dans sa partie postérieure. Le liber
entoure le bois. Les plus gros éléments ligneux et libériens sont dans la sur-
face de symétrie et en arrière dans la partie dorsale du système. Lors de
l'émission d'un de ses lobes latéraux, la trace ainsi réduite présente dans
une certaine région deux groupes polaires plus ou moins écartés. En cet
état, la trace du B. antiqua d'Esnost a été confondue parfois avec le faisceau
bipolaire courbé de certaines racines.
Vers le bas de la fronde des Bolryopteris de la section Tridentata, nous
retrouvons le même faciès unipolaire du divergent simple, mais dans cette
partie la pièce principale intervient dans l'ensemble condensé de la trace et
il convient d'en rappeler toujours la présence. Plus bas encore, le groupe
polaire unique devient intérieur au bois et l'ensemble tombe plus ou moins
vite à l'état de pièce apolaire en se réunissant à la masse libéroligneuse du
stipe.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur l'effet produit lors des orages à grêle par les tirs
grélifuges. Note de M. Ch. André.
Au moment où la saison orageuse vient de commencer, il m'a paru con-
venable d'indiquer les résultats auxquels nous sommes parvenu dans
l'étude des effets du tir contre la grêle effectué soit avec des canons, soit
avec des fusées.
On sait que chaque année les communes envoient à l'Administration des
contributions directes des demandes de dégrèvement d'impôt en raison des
dégâts causés par la grêle avec l'estimation des pertes subies. Si le tir est
efficace, les pertes ont dû diminuer dans une notable proportion dans les
communes munies d'engins grélifuges. Partant de là, nous avons, pour cha-
cune des trente-deux stations grélifuges du département du Rhône, fait la
moyenne des pertes qu'elles avaient accusées pendant les vingt années 1881
à 1900 qui ont précédé l'installation du tir, et nous lui avons comparé celles
qu'elles ont signalées pour les années de la période 1901 à 1909 qui ont été
des années orageuses.
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, N" 17.) l35
I024 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Cette comparaison est résumée dans le Tableau suivant :
ORAGES ET DÉGÂTS.
Perles des stations grcUfuges comparées à la moyenne
de 1901 à 1908 incltiSH-emenl.
Dégâts.
Nombre — Différence,
de stations Année moyenne
grèlifuges déduite en plus en moins
atteintes de 20 années de de
Années. par la grêle. Dégits. (1881-1900). la moyenne. la moyenne.
IflOI I 55470 262^7 29193 »
190-2 8 1027033 717157 31017Ô »
1903 7 858 211 387288 470923 »
lOO'i 8 840229 227665 612554 »
I90o 4 149534 184178 » 34644
1900 2 128110 i3o5o6 )) 2396
1907 7 675 2S7 396 707 278 58o
1908 9 I 177603 418684 758919
Totaux 4^ 4911777 2488662 2 460 355 37040
Moyenne.... 6 613972 3iio57 3o29i5 i8520
Si l'on s'en tenait aux chifl'res seuls, on en conclurait que les canons et
fusées grèlifuges sont plutôt nuisibles; mais la seule interprétation qu'on
soit en droit d'en tirer est que ces tirs n'ont sur les orages à grêle aucun
effet ni en bien ni en mal.
PRESEiVTATIOIVS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste
de deux candidats qui sera présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique pour une place de Membre Arliste du liureau des Longitudes^ ayant
rang de titulaire, vacante par le décès de M. Gautier.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de
première ligne, le nombre des votants étant 4j •'
!\l. .T. Carpentier obtient 4o sulfrages
M. Andoyer obtient '\ suffrages
Il y a I bulletin blanc.
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. 1020
Au second tour de scrutin, destiné à la désignalioa du candidat de
seconde ligne, le nombre des votants étant qi :
M. A. Jobin obtient 40 suffrages
Il y a I bulletin blanc.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de Tlnstruction
publique conqirendra :
En première ligne ....... M. J. Carpextier
E71 seconde ligne M. A. Jobin
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une liste de
deux candidats qui sera présentée à M. le Ministre de Flnstruclion publique
pour une place de Membre titulaire, vacante dans la Section d'Astronomie
du Bureau des Longitudes par le décès de M. Bouquet de la Grye.
Au premier tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de
première ligne, le nombre des votants étant 43 :
M. Andoyer obtient 41 suffrages
M. Hanusse obtient i suffrage
Il y a 1 bulletin blanc.
Au second tour de scrutin, destiné à la désignation du candidat de
seconde ligne, le nombre des votants étant 35 :
M. Hanusse obtient l'unanimité des suffrages.
En conséquence, la liste présentée à M. le Ministre de l'Instruction
publique comprendra :
En première ligne M. Andover
En seconde lisne M. Haxusse
CORRESPOND AIVCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Reaux-Arts invite
l'Académie à lui faire connaître ceux de ses Membres qui pourraient accepter
de se rendre, en qualité de délégués de son Département, au XP Congrès
géologique international qui se tiendra à Stockbolm du 18 au a5 août
prochain.
I026 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
i" Henri Dehérain, Le classemenl et les catalogues des Oiwrages imprimés
à la Bibliothèque de l' Institut.
1° L' Internationalisme médical, par J.-H. Eijkman.
3° Les prix Nobel en 1907.
4° Muséum d'Histoire naturelle de Genève : Catalogue illustré de la
Collection Lamarck. Brac/nopodes fossiles. (Présenté par M. Ed. Perrier.)
ASTRONOMIE. — Sur la nouvelle méthode de photographie planétaire employée
à l'Observatoire Lowell, à Flagstaff {Arizona^ Note de M. P. Lowell,
présentée par M. Bigourdan.
Un nouveau procédé de photographie planétaire a été imaginé à Flag-
stafîpar mon assistant, M. Lampland, et a reçu, depuis, divers perfectionne-
ments de la part du directeur de l'Observatoire et de M. E.-C. Slipher.
Ce procédé consiste dans l'emploi d'un écran spécial associé à des plaques
convenablement choisies, de telle sorte que les rayons jaunes voisins de la
raie D sont seuls à agir sur la plaque; et ce résultat a pu être obtenu même
avec un objectif de o™,6i d'ouverture. En outre, les variations des condi-
tions atmosphériques ont été étudiées, de manière à exposer les plaques
seulement lorsque les images sont tout à fait nettes.
Ces recherches, qui ont été fort longues pour chacun des deux facteurs
qui viennent d'être indiqués, ont conduit aux résultats les plus satisfaisants,
comme le prouvent les clichés récemment obtenus de Jupiter et de Saturne.
Les détails visibles sur ces images sont d'une netteté tout à fait inattendue,
et leur réalité est d'ailleurs hors de doute en raison des précautions prises;
on obtient, en effet, de vingt à quarante images de suite sur la même plaque
en ayant soin de changer la place de l'écran après chaque exposition, de
sorte que les détails appartenant à la planète se distinguent bien de ceux
que pourraient produire les imperfections locales de l'écran et de la plaque.
Outre des détails qui demandent qu'on ait les clichés sous les yeux, les
images de Jupiter montrent :
1° Les petites sinuosités des bandes;
2° Le contraste bien accusé des diverses bandes et des calottes polaires;
3° Les filaments de la bande équatoriale, objets nouveaux et difficiles à
voir, même à l'œil;
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. IO27
4° Une plaque, qui a été mesurée, a donné pour l'aplatissement po-
laire -pf^, exactement comme les meilleures mesures micrométriques faites à
l'œil;
5° Enfin les clichés permettent de connaître les durées variables de rota-
tion des diverses bandes.
Les images de Saturne, de leur côté, montrent :
i" La division de Cassini;
2° L'ombre de la planète sur les anneaux et celle des anneaux sur la pla-
nète;
3° Les différences d'éclat que présentent le bord intérieur et le bord
extérieur de chacun des anneaux A et B;
4° L'anneau C, dont l'existence est révélée par son ombre sur la planète
à travers l'anneau lui-même, ce qui est remarquable;
5° Les filaments de la bande équatoriale, ce qui est tout à fait nouveau.
Nous appellerons spécialement l'attention sur l'enregistrement photo-
graphique de ces filaments de la bande équatoriale de Saturne; ces fila-
ments ont été découverts à l'œil, à Flagstalî, en septembre dernier; le fait
d'avoir obtenu sur les clichés des détails aussi difficiles à voir nous parait
démontrer toute la puissance de la nouvelle méthode photographique.
Comme on l'a dit, la méthode qui vient d'être indiquée se relie à l'étude,
faite à FlagstafT, des conditions favorables à la définition des images, tant
visuelle que photographique; elle a montré que la définition dépend de
l'ouverture, et diminue en qualité à mesure que l'ouverture augmente. Cette
définition dépend aussi des vagues atmosphériques, qui sont de diverses
natures, les dont certaines donnent les bords du disque très distincts
quoiqu'elles effacent les détails.
Lue longue expérience dans l'étude de ces conditions peut seule guider
pour obtenir les meilleurs résultats.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — La méthode de Jacobi généralisée d'intégra-
tion du système d équations différentielles partielles du premier ordre.
Note de M. C. Russyan.
Je vais présenter la méthode de Jacobi généralisée d'intégration du
système d'équations différentielles partielles du premier ordre en involution
dans la forme qui n'admet aucun cas exceptionnel, contrairement à 1 expo-
sition habituelle et qui, dans le procédé formel, n'est autre chose que la
I028 ACADÉMIE DES SCIENCES.
variation de la première méthode de Jacobi, due à M. G. Darboux ('),
généralisée sur le système d'équations en involution
(') ^^(•■'■l •!■„,--, /'i, ■ ■■, /'«) = C, {l=:i,-2, ..., m).
La détermination de l'intégrale complète classique du système(i ) consiste,
d'après la méthode de Jacobi généralisée, en la détermination de n ■+- i — m
fonctions F^(a7,, ...,ir„, z, p,, ...,p„)(s=:m + i, . ..,n -4-1), de manière (jiie les
fonctions Fy( .r,, . . ., a;„, :;,/?,, ...,/>„)(_/= i, 2, . . ., n -h 1 ) soient en involu-
tion et indépendantes par rapport àyj,, ...,/>„. La nécessité de ces condi-
tions se démontre de la voie élémentaire ; leur suffisance résulte de ce fait
Cjue le système d'équations différentielles ordinaires correspondant au
système d'équations
[F,./]=o is = i,2,...,p) C),
où
[F«,Fp] = o (o:,p = 1.2, ...,/.)
contient toujours l'équation
dz — />, f/j'i — ... — pi^ ci.v,i = o.
Supposons maintenant qu'on ait déterminé par le procédé connu de
Jacobi généralisé le système de n -h i fonctions V /(j = i , 2, ...,/? -i- i) indé-
pendantes en involution et que ces fonctions, cjuant aux variables/;, p„,
ne soient indépendantes que par rapport à p,, ...,Pq : soit, par exemple,
-77 — '" ' ' " — ^ :^ o (mSqSn). On a toujours
(2) rî';-/*,fl'.r, — ...-/)„^)'.r„=P,f/F, + ...+ F„+, rfF„+,,
ou bien
P P / ' \
piciz — p, (/.r, — . . . — p„dj.„) = r^— !— c?F, -i-. . .+ -pp-^r/F„+ f/F„+, ( p — ^ )•
11 vient, d'après un théorème récemment démontré (Comptes rendus,
t. 150, 1910, p. r)i)
[£;■"']
0 («•=/,), [ P, P/, 1
(') Darboix, lliilL, I'''" série, t. MU.
(^) C'est-à-dire le système généralisé d'équalinns canoniques d'Hamiiton. Voir, par
exemple, G. Ritssyan, Die Pfaff'sche Méthode der Intégration der partietlen DiJJ'e-
renzen i ,0 {Bull, de l'Acad. des Sciences de Cracovie, igoS).
SÉANCE DU 2,T AVRIL 1910. IO29
car
[Fa, F3] = 0 («,;3=: 1,2, ..,« + !).
P
Donc les fonctions Fy(/ = i, i>, ...,«-+- i ), —-^ (j'= i, 2, . . ., «) sont indé-
pendantes. Les 2/1 -+- 1 — q fonctions Fji'J = 1,2,..., // -f- i),
étant en involulion avec les fonctions F,, ..., F^, représentent toutes les
solutions du système complet
[F,./] = o (.9=.. 2,..., y).
et sont indépendantes par rapport à a;^+i, . . ., .r„, s,/»,, . . . ,yy„, car F,, . . . , F^
le sont par rapport à/?,_ . . . ,/j^( '). Or les fonctions Fj{J = i, 1, . . . . n -h i)
ne sont indépendantes, quant aux /;, , . . . , />„, que par rapport i\ />,,..., p^ ;
donc les n fonctions F,(« = i , 2, . . ., ^), — ^^(j =; i , 2, ...,« — y) en invo-
lution sont indépendantes par rapport ap, , . . . , /?„. Cela étant, si l'on élimine
les variables p,^ . . .,p„ k l'aide des équations
F,. = Cj, -r/^ = C^+, (.9 = 1,2, ...,</; J =ri , 2, . . ., n — q)
de l'équation dz — p, da\ — . . . ~ /;„ (lx„ = o et si l'on désigne par
<i>y+i(-^-, j^„,=,c,, ...,a,), ...,
P
(') Les équations Fy = Cy{/ = 1,2, ...,/(+ 1), "'"^' = T,,,-,-,- («:= 1, 9, . . . , « — m)
r «-M
représentent l'intégrale complète du système généralisé des équations canoniques
d'Hamillon pour le système (i). S'il suit des équations Fy = Cy(/=ri, 2, ...,
« + !) que ;=/(,r,,...,.^v, C,,...,C„+,), .r.,^, = f^^,-{j-, .r,„ C, ..., C„+,)
(i^=i, 2 Il — r/), cette intégrale complète peut être représentée dans la forme
Fj = C, {j= I, 2, .. .,« + 1),
où H =: / — iP,_)_,/,H.,-. C'est la généralisation du théorème connu de Jacobi-Liou-
ville (C. Rl-ssvan. loc. cit.). Comme enfin [F^, Fp]=ro, (a, |3 = i, 2, . ,. , « + i)
o ' ' ^7. ^ ] ,-^i\ («,/>:= 1 , 2, ..., /i ); or=.-- > on a la aénéralisalion du
système canonique d'intégrales du système canonique d'Hamilton des équations diffé-
rentielles ordinaires, liées avec le système (i).
Io3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
les résultats d'élimination des fonctions Fy^,, . . . , F„+| des variables jd,, . . .
à l'aide des équations F^ = C,(^ = i, 2, . . . , y), on obtient, d'après (2),
C,+ , tl^,,^ , -t- . . . + C„ </0„ -H d<b„+^ = o,
dont l'intégrale
,Pn
(3)
{^\,
.r,„z,C,, ...,C,).
+ C„<I»„(j",, . . ., x„, c,C,, G,)
(niSq'in)
est l'intégrale complète classique du système (i) en involution. Le système
de « + I fonctions ¥ j indépendantes en involution étant donc déterminé,
on obtient l'intégrale complète classique du système (i) en éliminant^,, ...,
/)„ des équations F, = C,, ..., F^= C^, Cy+,F^+, +...+ C„F„-f-F„+, = C„+,.
Si, en particulier, les équations données (i) ne contiennent pas explici-
tement r, on le peut toujours supposer de même par rapport aux fonctions
F,n+,, ..., F„; donc la fonction F„+, se détermine par les quadratures dans
la forme
-; + U(a;,, ...,,r,„F,, ..., F„),
de sorte que l'intégrale classique complète a dans ce cas la forme
5 = C,/+,0,H_,(,r,, . . ., .r,„ G,, . . ., G,) -t-. . .
-t-G„<I)„(.r,, . . .,J?„,G,, . . .,G,) 4- U(.r,, . . .,.2-,„G,,...,G,,<I>,+,,.. .,<l>„)-t-C„+,.
Le cas q = n est le cas normal dans l'exposition ordinaire ; mais celui
q<in est exceptionnel. Dans ce cas les équations Fy=C^ représentent
l'intégrale complète du système (i) dans le sens généralisé de S. Lie. On
voit, d'après la forme de l'intégrale complète classique (3), que ce cas ne
peut se présenter que pour le système (i) de la forme spéciale. On peut
donner aisément la méthode générale pour obtenir de tels systèmes. En éli-
minant Cj+i, C„, C„+, de l'intégrale (3) par des diflérentiations, on obtient
le système
(4)
Pi
Pi+i
Pn
d^o
Ox„
àz
OiK,
(/= 1,2, ...,(/),
qui, étant résolu par rapporta C,, ..., C,, donne entre autres le système (i).
bÉANCE DU 25 AVKIL I()IO. Io3l
Inversemenl, pour les fonctions (|uelconqut's 4»,^.,(a?,, ..., x„, z, C,, ..., C^)
(i = i, 2, ..., H -\- I — q) indépendantes par rapport à a;^^,, ..., ^„, z et
telles que le système (4) est résoluble par rapport à C,, ..., C^, on obtient
en le résolvant le système d'équations F,(.r,, ..., j_-„, z, />,, ...,/>„) = C,
(* = I, 2, ..., <^) en involution, résolubles par rapport à />,, ...,yjy, dont
chaque système de m^^' équations a une intégrale de S. Lie,
F,= C,. .V = I, 2, . . .. 9. K,_^, = C,_H, ((=i,a /i + i — r/),
où
F,+,-=<ï>y^, (■'■., •••, ■'■„, :J',. •••, I-'v).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Ea-isience de solutions singulières pour certaines
équations de Fredholm. No)** de M. Joseph J^Iarty, présentée par
M. Emile Picard.
Dans une Note antérieure ( 28 février 1910), j'ai indiqué comment il était
possible, par l'application de la méthode de Schwarz, de démontrer l'exis-
tence d'une valeur singulière pour un certain type d'équations intégrales. La
méthode est, au fond, une méthode d'approximations successives appliquée
à l'équation intégrale obtenue en itérant le noyau une fois et en commençant
l'approximation par le noyau lui-mémo. Voici un exemple encore d'un type
étendu d'équation de Fredholm où l'on peut procéder de manière analogue :
Soit l'équation
(I) 9(-*-) — > /H(^-, .v)9( Jia'r^ /(-r),
H(a-, y) étant une fonction bornée, intégrable et de carré intégrable. Nous
supposons qu'il existe une fonction K(.r,y), symétrique et telle que
G(jc, y) -- /K(.r, s)ll(;, y.)dz
soit aussi une fonction symétrique ; on peut toujours admettre quelv(.r, y)
est une fonction f/e/;>n>; car autrement on pourrait, au lieu de G(.r, y), con-
sidérer G' (x, y) :
G'(,/-. y)= i K(.r. t]G{l. y)dtz= i j Kir. t)K{t, :) H( z. y) dz dt.
Ceci posé, et si nous faisons abstraction des solutions singulières orthogo-
nales à K(.r, jj, on peut énoncer les théorèmes suivants :
L [.es râleurs singulières de l'équation ( 1 ) sont réelles. — Soient, en clTet,
c. K., 1910, I" Semestre. (T. lôO, N« 17.) I î(j
Io32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
À une valeur singulière, u(.t) -+- iv(.T) la solution correspondante; on aura
fl
Gi-i: y}[u{jr)-^ i^'(a-)][u{y) — i\'(y)](i{j:y
A est donc réel
2. Si G(x,y) n'est pas identiquement nul, il y a une valeur singulière. — Il
suffit de considérer [H„(a?, j) désignant, comme d'habitude, le n'"""" noyau
itéré] la fonction
<i>„{.r. y)^. flKi^-. z)\\„(z, y)dz
et les nombres
U„= I ^„{z.s)dz;
les quantités "•„ = j-. — '^^^— jouent le rôle des constantes de Schwarz, et,
comme dans ma première Note, le fait que K(.r, y) est défini permet d'écrire
les inégalités nécessaires.
On trouve ainsi une valeur singulière et, pour l'équalion associée avec le
noyau Ho(r, r), une solution singulière sous la forme
R(^, 3) = lim -^ f I lv(.v, t) H„(v,,r) H„{t,y) d{s, I
Si la fonction G(a7, v)esl identiquement nulle, toutes les solutions singu-
lières sont orthogonales à K (a-, y).
Comme exemples d'équations intégrales de seconde espèce rentrant dans
le type précédent, citons [R(j7, y} étant symétrique]
1° H(j?,j) = A(a')R(a-,^v),
on peut prendre
K(.r,_y) =: Vi(x.y) ;
2° H(x,,r) = A(,r)R(a-,j)B(j).
on peut prendre
K(.r,r) = B(.r)B(j)H(.r.,r);
dans cesdeuxcas, d'ailleurs, il ne peut y avoir de solution singulière ortho-
gonale à K(a?,j'). Si R(.r, J') n'est pas défini, on applique la remarque
faite plus haut, mais les conditions
l K.i{jc, z)\\(z, y)dz'^o ou =o
SÉANCE DU 23 AVRIL 1910. Io33
entraînent nécessairement
lK{u',z)H{:,j)dZyéo ou
On voit donc que la conclusion de ma Note du 28 février (') subsiste
encore, même si le noyau n'est pas défini.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les séries de Dirichlet. Note de
M. Michel Fekete, présentée par M. Emile Picard.
1. On sait que la série de Dirichlet D(*) = V — est uniformément con-
n = \
verjfcnte dans toute aire intérieure à son domaine de convergence, donc
elle définit une fonction analytique.
\ous allons montrer qu'une série de Taylor T(>r) = V a„j;", associée à
la série de Dirichlet, joue un nMe important dans la détermination du carac-
tère analytique de la fonction f{s) définie par D(5). En combinant le
théorème de M. Bohr (-) [d'après lequel la série de Dirichlet présente la
sommabilité uniforme d'ordre r dans le domaine R(5)>> R(.?o)? pourvu
que la méthode des moyennes arithmétiques d'ordre r soit applicable
pour 5 = .y,,] avec celui de M. Marcel Riesz (') (qui, à son tour, nous donne
la condition nécessaire et suffisante pour que la série de Taylor soit som-
mable en un point réguUer), j'ai pu démontrei' le théorème suivant :
I. Si la fonction analytique o(.r) définie par T(.r) est régulière au
point X :^ i (*), f(^s) est une Jonction entière.
(') Je profile de l'occasiou pour corriger une légère erreur de transcription : il faut,
à la dernière égalité, ajouter -+-f{a)).
(-) Comptes rendus, m janviei' 1909.
(') Comptes rendus^ 22 novembre 1909.
(*) Il suffit de nous borner au cas où la série T(x) a pour raj'on de convergence
l'unit'^. En effet, si la série D(5) est convergente en un seul point du plan, la série
T(x) converge au moins dans le cercle de rayon i ; d'autre part, si le rayon de con-
vergence de F(.r) était supérieur à 1 , la série D(i) serait convergente dans tout le
plan et cela rendrait notre théorème évident.
Io34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2. Dans ce cas, le prolongement analytique de la fonction y^*) est pos-
sible en dehors du domaine de convergence :
1° Par la méthode dex moyennes arithmétiques (l'abscisse de sommabilité
d'ordre r étant X^= A,, — r, où X„ est l'abscisse de convergence);
2" Par la sommation exponentielle de M. Sorel [par celte méthode, T)(s)
est sommable dans tout le plan] ;
3° Par des séries de polynôme de Dirirhlel ( en appelant polynôme de
Dirichlet les sommes de la forme ^ -7 ) •
71 = 1
Si
2 P„ ( X ) r=2 ( c',"'x ■+- c':'' .'■■ -4- . . . ^ <' X*")
est une des séries de polynômes de M. Miltag-Leffler de o{x), la série de
polynômes de Dirichlet de /(s ) sera
Celle-ci est uniformément convergente dans tout domaine finie du plan
des *.
3. Le problème suivant se pose : Déterminer le caractère analytique de la
fonction /(^s) dé/inie par V) (s) quand la /onction z^ix') dé/inie parF(.r) est
singulière au point .r = i . Est-ce que ./(v) aura nécessaireme/tt des singularités
à distance finie ?
Je ne suis pas arrivé à résoudre ce problème dans toute sa généralité,
mais je peux démontrer que :
II. Si l'ordre (au sens de M. Hadamard) de "Sfi^x) est — ao au point (sin-
gulier) r = I , la fonction f(s) est encore un/- fonction entière.
III. Si le point r = 1 est un pôle, ou bien un point singulier logarithmique
ou algébrique de la fonction CD(.i'), la fonction fis) a des singularités à
distance finie.
IV . Si les coefficients de D(s)sont des nombres complexes qui se trouvent
dans uti angle oc <^~ du plan complexe, le point réel de la droite de conver-
gence est un point singulier de la fonction f( s).
Le lliéorème dernier est l'analogue du théorème démontré par M. 1*.
SEANCE UV 20 AVRIL I910. Io35
Uienes ( ') relativement aux séries de Taylor et renferme, comme cas parti-
culier, un des théorèmes de M. Landau (-). La démonstration peut se faire
dans Tordre d'idées de M. Landau, nous appuyant encore sur le fait que la
convergfence absolue d'une série simple ou multiple résulte de la conver-
gence de cette série, si tous les termes tombent dans un angle a<^- du
plan complexe. .
4. Si nous connaissons la manière dont se comporte la fonction définie
par la série Va^s" au point 3 = 1, nous pouvons en tirer des conclusions
II — 0
relatives au caractère analytique des fonctions représentées d'une part par
des séries
(0 y__-"'
d'autre part par des séries
n = n
Les résultats sont analogues aux théorèmes I-IV, avec la seule différence
que dans le cas des séries factorielles (i), au lieu de fonction entière, il faut
dire fonction rnéromorp/ie .
Le prolongement analytique des fonctions définies par (1) et (2) est pos-
sible à l'aide des méthodes des moyennes arithmétiques, de la sommation
exponentielle de M. Bore! et à l'aide des séries de polynômes de factorielles,
pourvu que la série de Taylor associée soit régulière au point .r = i.
Les séries de polynômes sont de la forme suivante :
Pour la série ( i)
yrc ^^^^ __^ 2Ç^ — ^1
^\_v xy.v + i) .r(,,--+- (). ..(.r 4- A„) I
et pour la série ( 2 )
> C\'.' JC c\"'.xi.V — 1 1 -)-. . .-1- ( I \k„ iA
c\" ' JC — c'i" ' :.
.r(.r — i)H-.. .-!-(— O'^-T^j-i.; —\)...{.r — k„)
(') Comptes rendus, 20 février 1903.
(-) li. Laxdau, Uber einen Satz von Tschebyschef [Math. 4n/i., t. LXI, p. 536).
Io36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
en supposant que la série de polynômes de M. Mittag-Leliler pour la fonc-
tion définie par la série de Taylor associée s'écrive
2 ( C;,"' + C ," " 3 -1- . . . + C,'^' =*-" ) .
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur une application des transformations
birationnelles. Note de M. Ouivet, présentée par M. Appell.
Je ferai tout d'abord connaître la proposition suivante :
TukorÈiME. — Soient a,, u.,, //, trois variables; F,, Fo, F.j trois formes
homogènes et du même degré en u,, Wj, Wj ; si les équations
.r, .r.> .(■.,
(-^ f; = f; = f;
définissent une transformation hirationnel/e, les formules
.r, a-, .r,
(2)
où r,, r.j, r,, sont trois constantes distinctes, donnent, exprimée en fonction uni-
forme d'un paramétre, l'intégrale générale d'une équation différentielle du
premier ordre et du premier degré
(A) A,(x, f/.r, — .r., f/.rs) + A2( ^73 rfx, — x, f/x.,) -H .Ki(,.Xi ^x, — .CjrfjrJ^o,
oii les A sont trois formes homogènes et du même degré en x^, x„, x^.
l'ar suite des liy|)Olhèses faites, on a
C,>-'/ _ C,e'V _ C.e'-,'
9, fflî 9;,
<s,, Oo, O;, étant des formes homogènes en x^, -v.,, .r., et du même degré.
On déduit immédialement de là
— ! =A'>-'!, -^ — f.'-',. -^ -— = A',-S,
o',-~'» 92» '' Ci',' -
A étant la valeur rommiiiie des rapports (3); d'où par multiplication
(4) 9','>-''»9'j>-'''9'^i-'' — const.
SEANr.K UU 23 AVRIL ipiO. 1087
D'autre part, les équations (2) difFérentiées donnent
rfj7, t=: F, f/p -(- p F , f/<, (t.c, = F., r/p H- p F'j <y^ <^^3 =; Fj <yp -j- p F'3 rff ,
où p désigne la valeur commune des rapports (2) et F' la dérivée complète
de F. Eliminant f/p et p dt entre ces trois relations et remplaçant F,, Fj, F,
par les quantités proportionnelles x^, x.^, a\^ on trouve
F", {.1-.2 dx\— .r, f/.-Cn) -+- F^ (j:-, d.r^ — j:, djr.^) -t- F3 (x, dx.2 — x, dx,) = o.
C'est bien là l'équation aimoncée, car les trois fonctions F' homogènes et
du même degré par rapport à C,e'''', C^e'''', C^e^', sont d'après les équa-
tions (3) des fonctions homogènes et du même degré en x,, .i\, x^.
Ce théorème fait correspondre à toute équation différentielle du troisième
ordre à coefficients constants une infinité d'équations différentielles algé-
briques du premier ordre et du premier degré, dont l'intégrale (4) est
algébrique ou transcendante, suivant les valeurs assignées aux rapports des
constantes r, , r.,, /•,, .
La réciproque, dont la démonstration est immédiate, s'énonce ainsi :
Quand l'intégrale générale d'une équation du type (A) est de la forme (4),
les fonctions cp, homogènes et du même degré, définissant une transfor-
mation birationnelle, les trois variables r, , x.^, x^ sont proportionnelles à
trois fonctions uniformes d'un paramètre auxiliaire, rationnelles par rap-
port à la constante d'intégration.
Applications . — 1° Considérons la transformation quadratique biration-
nelle, dont les trois points principaux sont confondus,
un 111/ — Il - II'
où
Il =1 II i -1^ Il , -h II j. Il' := r, 11^ -+- r.,11.2 -i- l'i II 3, II" — r'\ 11 1-+- ri 11 ^ -+- r'I «3;
si nous formons l'équation (A) correspondante et si dans cette équation
nous faisons
nous trouvons l'équation d'Euler,
y dy -+■ [(3^ — /•, — r,— r.j) r ■+- (.r — /•,) ( j- — r,) {x — r,)] dx = 0,
dont l'intégrale est
[Y + (x-r,){x-r,)Y.-';
X [.'■ — {■''■— r-i){x — /•,)]'■.-'•. [,v -H (x — ri){x — r^ )]'■.-'■==: consl.
Io38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Remarquons, à propos de cette équation, qu'on peut la ramener par la
transformation quadratique birationnelle
à Téquation
v(i> div — IV (A' ) -I- f/i' — [/•, /■, /-j i' -I- ('"i -I- /'o -+- '",,)"■ — (''i ''2 + ''2 ''3 + ''3''! )] '^'■'' ^ o
qui est une équation de Jacobi.
2° En employant la transformation quadratique birationnelle à deux
points principaux confondus
M, u' , u" a3^ant la même signification que précédemment, ou la transfor-
mation générale à trois points principaux distincts
■^1 -''2 ''3
u' u" u" Il un'
on obtient des équations différentielles nouvelles dans lesquelles les coeffi-
cients F,, F!,, F, sont des formes biquadratiques en a;,, x.,, r.,, mais sans
facteur commun, tandis que dans le cas de Téquation d'Euler elles admet-
taient le facteur commun .Tj.
Je me borne à signaler la forme de Fintégrale. Dans le premier cas, on
trouve
n[ fj-i^a — ('"2 ~t" '"3 ) -t^i + '■2''3*'i''^3j'''~''^ oonst.
et dans le second
n[A', .Tj — ( r., ■+- /"a) ^3 '■, + /'j r-^.v,.v-iY~'''^ consl.,
OÙ Ton doit faire des permutations sur les indices des lettres r.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — 5;//- les changements canoniques de variables.
Note de M. H. Vergve, présentée par M. Emile Picard.
Considérons un système de m équations difTérenlielles canonit/tirs
, . dxj (JF dvi ôV , .
dt Or, dt â.c,
dans lesquelles F désigne une fonction des .r, et desj',. Soient
Pi- ?>i (5«. ^1- ^2 X-,
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. 1089
2n fondions des 2n variables .t et y. Nous pouvons faire un changement
de variables, en prenant pour variables nouvelles les ^ et les a. Si les rela-
tions qui lient les variables nouvelles aux variables anciennes sont telles
que l'expression
y P rfa - V .r dr = dS
soit une différentielle exacte, on sait que ce changement de variables
n'altérera pas la forme canonique des équations ( 1), qui deviendront
d^_dF_ du, _ ù¥
HT ~'ôl,' dt '^" O^i'
Nous dirons, avec M. Poincaré, qu'un tel changement de variables est
un changement canonique , et nous le désignerons par la notation
(,r. r)^(,3, a).
Je suppose que l'une des variables canoniques nouvelles, par exemple
j3,, soit précisément la fonction F elle-même : alors, avec ces nouvelles
variables (P,, a,), les intégrales du problème seront
les C désignant -xn constantes d'intégration.
Pour que ;}; = const. soit une intégrale des équations (i), il faut et il
suffît que, exprimée au moyen des variables [3,, a,- et /, la fonction çp ne
dépende que de
«,+ /, «2, ..., a„; [3i, (3.,, ..., (3„;
s'il en est ainsi, les dérivées -r^» -r^- ne dépendront aussi que des mêmes
quantités.
Soient alors ip,, ç^, . . ., différentes intégrales du système (i) : je consi-
dère une expression
dépendant des f et de leurs dérivées partielles (d'une ordre quelconque);
je suppose que tout changement de variables canonique (x, j)-^(p, a)
transforme cette expression en la suivante :
(3) -J' ?., 92, ...,;Ti^.-r^, •••' -W' T^' ••• '
\ à^i oc-i dp,- oxi J
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 17.) l37
lo4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
OÙ les -77^, 4-' remplacent simplement les -r— > -;— . qui fiiiurent dans (2),
ce que j'exprimerai en disant que l'expression (2) est invariante par lout
changement canonique de variables. Je dis que, dans ces conditions,
l'expression (2) est une intégrale du système (i); si, en effet, les (P,, a/)
sont précisément les variables canoniques que nous considérions tout à
l'heure (jB, = F), il est évident que (3) est une intégrale. Nous pouvons
donc énoncer ce théorème :
Toute expression telle que (2) invanaiitc par tout changement canonique de
i^ariahles est une intégrale.
En particulier, la parent/ièse de Poisson
est invariante par tout changement canonique, ainsi qu'on le constate aisé-
ment; c'est donc une intégrale : nous retrouvons le théorème de Poisson.
De même l'expression
D(.7-,, Y h •*/.-. J/f>
est invariante par tout changement canonique; c'est donc une intégrale :
c'est la généralisation du théorème de Poisson donnée par M. Poincaré
(Méthodes nouvelles de la Mécanique céleste, t. HT, p. 43).
Supposons maintenant que les équations (i) ayant été intégrées, les .i-, et
les j, se trouvent exprimés en fonction de ^ et de 2 n constantes d'intégra-
tion a,, a^, . . . , ajjj. Je suppose qu'une expression
dépendant des dérivées des variables par rapport aux constantes d'intégra-
tion, soit invariante par tout changement canonique (a;, r)->(|ï, a), c'est-
à-dire qu'elle se transforme en
r - — ) — — ) • ■ -1 - — ) - — ) • • • )•
\da, <)\\: ili\i (Va, /
Les mêmes considérations que tout à l'iieuro montrent aisément que cette
expression ( 4 ) est une intégrale du système (i ).
SÉANCE DU 2.') AVRIL 1910. Io4l
En particulier, le croc/iet de Lagrangc
est invariant par tout changement canonique; c'est donc une intégrale. De
même, l'expression
-^ D(.r,, V,,, .1-,,, .»•/,)
^d D(a,, a.,, «3, aj)
étant invariante, est une intégrale.
On pourrait aussi imaginer des expressions dépendant à la fois des
dérivées -p-, -~ des intégrales par rapport aux variables, et des déri-
dx, dy, 1 • I 1 ,,. , .
vees -p) -j- des variables par rapport aux constantes d intégration, et qui
seraient invariantes par tout changement canonique : ces expressions
seraient encore des intégrales.
Enfin la considération d'expressions différentielles invariantes par tout
changement canonique permettrait de retrouver les intégrales dépendant
de plusieurs solutions infiniment voisines, et les invariants intégraux des
équations (i), donnés par M. Poincaré (Méthodes nouvelles, t. III, Chap. II).
MÉCANIQUE. — Sur la précision des appareils qui servent à étudier
l'ébranlement des éditées. Note de M. B. Galitzixe, présentée
par M. Bigourdan.
Dans une Note précédente (voir p. 901 de ce Volume), j'ai décrit l'ap-
pareil que j'ai employé pour étudier les vibrations imprimées aux édifices
voisins par certains moteurs.
Avant d'appliquer cet appareil à l'étude des ébranlements des édifices,
j'ai entrepris des expériences spéciales pour en vérifier la théorie.
Les formules établies précédemment donnent la possibilité de calculer T
et 1 pour différentes distances /•, de la masse mobile M, .
T peut être déterminé directement par l'expérience et 7 au nuiven de la
formule (6), en plaçant l'appareil sur une plate-forme mobile qu'on fait
osciller d'un mouvement rythmique connu; on mesure directement z-,„
et T„.
Io42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le Tableau suivant donne les valeurs calculées comparativement avec les
valeurs observées de T et t.
r,. calculé. observé. calculé. observé.
57,4 0,19 0,20 2,1 1,8
47,5 0,16 0,17 2,5 2,1
37,. 5 o,i3 0,14 2,9 2,4
2-, 5 0,12 0,12 3,0 2,6
17,5 G, Il 0,11 2,7 2,5
L'accord entre les périodes calculées et observées est extrêmement satis-
faisant. Les valeurs observées de 1 sont un peu plus petites que les valeurs
calculées, mais la différence n'est pas grande et elle est sans importance,
car une erreur éventuelle de i5 pour 100 dans la valeur absolue de 3„, n'a
aucune importance pratique.
Avec cet appareil j'ai fait des études dans deux maisons différentes et à
divers étages.
Le plus grand déplacement que j'ai pu observer s'est manifesté à l'étage
supérieur d'une maison toute voisine du moteur Diesel. Dans la pièce où
j'observais, le plancher vibrait violemment, différents objets oscillaient et
je m'attendais naturellement à trouver une valeur assez grande pour z,„.
Mais pour le mouvement vertical dans ce lieu, j'ai obtenu seulement
;,„= o™'",o255.
Au niveau du sol on avait z,„ = o^^jOoaG.
On pourrait croire, au premier abord, que des oscillations aussi faibles
peuvent diflicilement occasionner des crevasses dans les murs. Mais il n'en
est pas ainsi.
Pour évaluer l'effet destructif des vibrations, il faut prendre en considé-
ration, non les amplitudes vraies du mouvement, mais les accélérations
correspondantes.
La formule (5) donne, pour t,), raccélération maximum cherchée.
Or T,„ vu la grande vitesse de rotation du moteur Diesel, étant très pelil, w peut
devenir très ïrand.
SÉANCE DU 25 AVRIL I9IO. £o43
Dans mon cas, la période d'oscillations de la courbe j', qui correspondait toujours
exactement à la période du moteur, était égale à o, 1161 seconde.
On trouve alors
oj ^ 7469 milligal.
En prenant pour j„, la moyenne des valeurs trouvées en haut et en bas de l'édifice,
3„, =: o'"™,oi73, on obtient
w z= 5067 milligal.
Le rapport de « à l'accélération de la pesanteur g- à Saint-Pétersbourg est
— = o,oo5iD.
S'
Soit P|, la pression normale que supporte i™' des fondements de rédiRce.
1^ = 24125"".
Jj'efîet des vibrations verticales peut être co^nparé à des coups de bélier
sur les fondements. La force correspondante est
P = 2P„^=249''8.
Ces coups se répétant 8,62 — fois par seconde, on peut bien se
figurer qu'à la longue, si le sous-sol a nn caractère marécageux, il peul ?e
produire des affaissements irréguiiers de l'édifice, et par suite des crevasses
dans les murs.
Les dilférents résultats obtenus avec cet appareil, qui se prête particu-
lièrement bien à ce genre d'études, peuvent se résumer ainsi :
1° Dans le voisinage immédiat d'un moteur Diesel, les vibrations verti-
cales sont prédominantes.
2° Pour un édifice plus éloigné, les mouvements verticaux et les mouve-
ments horizontaux sont à peu près du même ordre de grandeur.
3° Dans les étages supérieurs d'un même édifice, les vibrations sont plus
grandes qu'en bas.
4° Les vibrations horizontales sont plus grandes dans la direction per-
pendiculaire à la façade la plus longue de l'édifice que dans la direction de
la façade même.
5° A une distance de 75"* à r 00™ d'un moteur Diesel, du type indiqué,
l'effet nuisible des vibrations ne se manifeste plus.
6° L'appareil décrit dans cette Note peut aussi servir à l'étude des vibra-
tions des ponts, navires, etc.
I044 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Nouveau principe (le métallisation. Note(') de M. U. Schoop,
présentée par M. d'Arsonval.
Le principe nouveau pour obtenir des dépôts métalliques, découvert et
imaginé par M. Schoop, peut être considéré comme le complément des
procédés galvanicjues. Ce principe consiste à projeter du métal fondu et
pulvérisé sur les surfaces à recouvrir d'un dépôt métallique. La projection
du métal en fusion peut être efl'ectuée au moyen do buses appropriées, en
employant certains gaz ou vapeurs à température élevée et sous forte pres-
sion. Ces gaz peuvent jouer, suivant le cas, un double rôle, soit un rôle
purement piiysique en servant comme agents de pulvérisation, soit en même
temps comme agents chimiques.
Les gaz inertes ou réducteurs comme V azote ou V hydrogène se prêtent
particulièrement bien à la pulvérisation des métaux, surtout lorsqu'il s'agit
des métaux s'oxydant facilement. Étant donné le bon marché de l'azote,
qui est un sous-produit dans la fabrication de l'air liquide .(^système Claude-
d'Arsonval), c'est surtout ce gaz inerte qui sera appelé à des grands services
à l'avenir. D'ailleurs, la vapeur d'eau surchaufTée peut être employée dans
certains cas.
Le métal sortant de l'appareil sous pression est réduit en poudre impalpable, à
l'état de brouillard pour ainsi dire, et se trouve projeté sur la surface des objets avec
violence, de sorte que les gouttelettes se déposent sous forme de pellicules extrême-
ment minces et compactes, les recouvrant ainsi d'une couche adhérente et solide, et
qui est d'une homogénéité et d'un aspect remarquables. L'épaisseur de la pellicule peut
varier de ^ Ae millimètre à quelques millimètres, suivant la durée de l'exposition. On
comprend aisément qu'il n'est pas nécessaire d'avoir des surfaces conductrices. Le
nouveau procédé peut être employé par suite non seulement pour recouvrir d'une
couche métallique les métaux, mais tout aussi bien le plâtre, l'ébonite, le verre, voire
même le papier, le bois, le celluloïd, des pièces anatomiques, etc.
Un fait qui frappe au premier abord est la basse température de ces brouillards
mélalliinies^ qui varie entre iû° et 60°, ce qui permet de traiter des objets en matière
facilement fusible ou inflammable. La pression du gaz est relativement élevée entre
2o''fc' et 25''i''; la délente qui se produit à la sortie de la buse abaisse donc considéra-
blement la température initiale, qui est de iho" à Soo". l'ar suite de la grande
pression du gaz, le métal reçoit une vitesse énorme qui atteint jusqu'à 25'"" par
seconde.
(') l'rcsontée dans la séance du 18 avril 1910,
SÉANCE DU 25 AVRIL I9IO. Io45
Los métaux qui se prêtent particulièrement bien au procédé Sclioop sont
ceux qui deviennent très nuides( étain, plomb, cuivre, alliage d'aluminium)
à l'état de fusion. Par contre, la température de fusion plus ou moins élevée
du métal à déposer ne joue qu'un rôle secondaire.
Une application très intéressante du procédé est celle du dépôt d'alumi-
nium, le seul métal qui soit encore resté réfraclaire aux principes galva-
niques.
Comme on l'a vu, l'épaisseur et le caractère physique de la couche métallique peut
^varier dans de grandes limites, suivant la durée de l'exposition de l'objet à traiter et
suivant, naturellement, les condilions de marche de l'appareil, comme par exemple,
le diamètre de l'orifice de la buse, la nature du gaz employé, la température de fusion
du métal et sa pression initiale, etc. I^our les couches minces, le dépôt se fait instan-
tanément, pour obtenir une couche de 6""° par exemple, 8 à 10 secondes suffisent
largement. On se servira des couches épaisses, surtout lorsqu'il s'agit de remplacer le
procédé galvanoplastique, qui, lui, n'est applicable que pour les surfaces conductrices.
Avec un seul cliché négatif on est arrivé à faire en lo heures jusqu'à 3oo reproduc-
tions qui ne se distinguent en rien, à part le i>ti.v de revient^ bien entendu, des repro-
ductions galvanoplastiques.
En ce qui concerne la constitution et la densité du métal déposé par le
procédé Schoop, tout fait supposer que la structure n'est pas cristalline,
mais qu'elle affecte plutôt une forme amorphe. La détermination du poids
spécifique sur des couches de plomb a donné 9, 5 lorsqu'on se servait de la
vapeur d'eau surchauffée et 1 1,0 à 1 1,3 avec l'hydrogène, toutes les autres
conditions étant d'ailleurs les mêmes.
Le procédé d'application industrielle et le caractère physique du revête-
ment avec un métal donné sont donc fonctions d'un ensemble de conditions
qu'il est impossible de déterminer d'avance. Quelques essais pratiques per-
mettront cependant de fixer dans chaque cas particulier les conditions les
plus avantageuses.
En ce qui concerne les applications pratiques, on peut distinguer deux
grandes catégories :
L Lue pour les couches adhérentes, destinées à embellir les surfaces ou
bien à les protéger contre les intempéries et les diverses actions d'ordre
physique ou chimique ;
IL Une autre pour les couches à détacher de la surface.
Les applications de ces deux catégories sont tellement nombreuses, qu'il
n'est guère possible de les énumérer toutes, ni de les prévoir dès maintenant.
A titre d'exemple il convient d'en citer quelques-unes.
Io46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Première catégorie. — 1. Revêtement métallique des plâtres, bas-reliefs
et de tous moulages et de toutes les œuvres de sculpture.
2. Métallisatioa des objets en bois pour machines volantes, poteaux télé-
graphiques et téléphoniques, carène des bateaux, tout article en bois de
fantaisie, etc.
3. Métallisalion du carton et tout ce qui se rapporte au carton ; possi-
bilité de constituer des boîtes métalliques par la métallisation de papier plié
et collé à la forme voulue.
4. Protection du fer et de l'acier contre la rouille et le zingage, ceci
s'appliquanl à toutes constructions métalliques, fixes ou mobiles : ponts,
charpentes en fer, etc.
5. Fabrication d'étoffes métallisées imperméables aux gaz et à l'eau,
pouvant remplacer les étoffes caoutchoutées dans l'industrie des machines
volantes, les ballons et les pneus, toiles cirées, bâches, etc.
6. Métallisation des pièces céramiques et de verrerie d'art, fabrication
des miroirs paraboliques pour astronomie.
7. Capsulage et bouchage de flacons et de bouteilles (bouteille inviolable.,
tant recherchée).
8. Constitution de vases et réservoirs en grès, fonte, tôle plombée pour
l'industrie chimique.
9. Possibilité de faire adhérer à l'aluminium une couche d'un métal
quelconque.
Deuxième catégorie. — 1. Fabrication des clichés d'impression, planches
pour éditions stéréotypes, galvanos.
2. Fabrication des tubes sans soudures.
3. Fabrication des objets métalliques creux, etc.
PHYSIQUE. — Surun dispositif simple pour la mesure d'un champ magnétique.
Note (') de M. C Chéneveau, présentée par M. d'Arsonval.
Si l'on considère l'action d'un champ magnétique sur un liquide qui peut
se déplacer normalement aux lignes de force du champ, la dénivellation
produite est, en général, assez faible pour n'être mesurable qu'avec un
microscope, à oculaire microniélrique, de grossissement assez notable.
( ') PréseiUée dans la séance du i8 avril 1910.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1910. 1047
On peut déjà augmenter reflet du champ de façon à le rendre visible
sans le secours d'aucun instrument d'optique, en disposant dans un tube
en U, formé par deux gros réservoirs A et B reliés par un tube assez fin T
i^fig. i), deux liquides, l'un paramagnétique (solution aqueuse deSO^Mn
à 3o pour 100 environ) et l'autre diamagnétique (phénol, mélange de
CH" et CCI''). Les deux liquides ont des densités très voisines et peuvent
se superposer dans le tube T de façon à former un ménisque a qui sera placé
dans le champ magnétique.
L'expérience montre qu'avec deux liquides dont les densités différent de
0,023 on obtient une élévation du niveau dix-huit fois plus grande qu'avec
le liquide magnétique seul ; c'est-à-dire que par exemple, dans un champ de
2800 gauss, au lieu de o""",5, on obtiendra 9'"'".
Cependant, dans des champs non uniformes, cette méthode ne peut être employée
que pour de faibles valeurs du champ parce que, pour de fortes dénivellations,
l'intensité du champ ne serait pas la même au niveau initial a et au niveau final a';
d'ailleurs la dimension du champ peut s'opposer à une grande dénivellation.
Le dispositif suivant résout plus complètement le problème de la mesure exacte du
champ. Imaginons que le réservoir B de l'appareil précédent, qui ne servira plus alors
que d'indicateur, puisse être mis en commimication avec un petit compresseur P
{fig. I ), permettant d'exercer une légère pression à la surface du liquide du réservoir B,
et un manomètre diilerentiel M permettant de la mesurer. La pression exercée par le
champ au point a est
(I)
-— (x-hx,
H, intensité du champ; x et x,, susceptibilités magnétiques des liquides.
Lorsque le niveau tend à remonter, on comprime légèrement l'air pour exercer une
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 17.) l38
Io48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
pression en sens contraire de celle due au cliamp, qui ramène le ménisque au jjoinl de
départ a et l'y maintienne immobile; ce que l'on constate avec une grande précision
à l'aide d'un microscope m. Le niveau de séparation des liquides du manomètre difle-
rentiel (eau-phénol, eau-mélange CH" -1- CCI*, etc.) passera alors de b en b' . Soit A"
la dénivellation observée lorsque l'équilibre sera atteint; la pression appliquée sera
(2) h"{ç>.,— p^)g.
si P2 et p, sont les densités des deux liquides du manomètre ; ^^ g8i — • En éga-
lant les expressions (i) et (2), on a donc
jj»^ 2/<"(p,-p,),^
Celte formule, qui peut permettre ainsi de déterminer l'intensité du champ
magnétique, montre que la hauteur h observée peut être cent trente fois plus
grande que la hauteur observée avec le liquide magnétique seul, c'est-
à-dire que dans un champ de 2800 unités mesuré au fluxmèlre Grassot, au
lieu de o'"'",5on doit observer 6''™, 5 au manomètre ; l'expérience faite à
l'aide du modèle réalisé par la Société centrale de Produits chimiques
(?2 — fs = o,025) a donné 6'"", 7. Avec un champ quatre fois plus grand,
on aurait io4'^'".
L'appareil, qui peut être utilisé pour tous les électro-aimants de labo-
ratoire, permet la mesure d'un champ magnétique en une région extrême-
ment limitée de ce champ; la dénivellation du manomètre étant propor-
tionnelle au carré du champ, l'emploi de l'appareil est encore indiqué dans
le cas de champs alternatifs.
PHYSIQUE. — Sur une loi de Stefan relative à l'évaporation. Note
de M. P. Vaillant, présentée par M. J. YioUe.
La loi dont il s'agit vise la quantité de liquide évaporé dans un vase qui
ne communitjue avec l'extérieur que par un orifice en mince paroi.
Elle repose sur l'analogie admise par Stefan (') entre les phénomènes
d'évaporalion à l'état stationnaire et ceux d'électrostatique (la vapeur
s'échappant suivant des lignes qui sont les lignes de force que créerait un
disque électrisé circonscrit à l'orifice). Elle peut se formuler : « Toutes
(') J. Stefan, Wien. lier., t. LXXXIII, 2, 1881, p. g^S.
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. IO49
choses ég-ales d'ailleurs, la vitesse d'évaporation est proportionnelle aux
dimensions linéaires de l'orifice. »
Ayant employé pour l'étude de l'évaporation un vase auquel cette loi
parait devoir s'appliquer (' ) et n'en ayant trouvé que des vérifications peu
nombreuses et seulement qualitatives, j'ai tenté de la vérifier moi-même
dans les limites où je pouvais l'utiliser (diamètres d'ouverture compris
entre 3''" et o"^^'",5).
Mes mesures ont porté sur l'éther, le chloroforme et la benzine. Elles ont
consisté à déterminer simultanément le poids P évaporé par minute dans
quatre vases cylindriques de même diamètre, 3"", 80, fermés par des disques
en métal mince percés au centre d'ouvertures circulaires de diamètres D
respectifs :
3'", 2"", 1'", o'^'",5.
Les quatre vases contiennent la même quantité de liquide : celle-ci varie
de façon que la distance d de la surface libre à l'orifice prenne les valeurs
successives
2"'\io, r™,6'3, i"",2'2, o'''",78, o^i'iS^-
Le Tableau suivant contient les diverses valeurs du quotient f ^ t^
(P en milligrammes), lequel devrait, d'après Stefan, être constant pour un
liquide donné (les mesures se faisant sensiblement à une même température,
F est constan t)
d.
I>- 2.10. 1.66. 1.22. Û.7S. O.S'i.
[ 3 200 260 3 10 4oo 532
j£^|lg|. ) 2 227 266 3o6 373 /|02
i ) 202 227 a4i 260 270
l 0,5 192 204 208 211 214
S 3 84 102 120 157 209
2 85 95 1 08 1 28 1 4 (
' 77 82 89 92 95
0,5 75 76 78 80 82
3 28,6 32,8 4i,2 53,0 ' 64,8
r> ■ ] " 28,3 32,0 37,6 3q,0 45,2
lieiizine { , . '
22,0 24,6 20,6 27,0 28,0
,5 20,0 21,6 22,4 23,4 23,6
Les mesures sont trop peu nombreuses pour les rassembler dans une
( ') Comptes rendus. 24 janvier 1910.
Io5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
formule empirique. Mais de Texamen du Tableau découlent immédiatement
certaines conséquences :
La vitesse d'évaporation varie en sens inverse de la distance du liquide à
l'orifice (elle est grossièrement en raison inverse de la racine carrée de cette
distance). La variation est d'autant plus lente (le coefficient de proportion-
nalité d'autant plus petit) que l'ouverture est plus petite et le liquide moins
volatil.
La vitesse d'évaporation croît avec le diamètre de l'orifice, en général, plus
vite que ne l'indique la loi de Stefan. Toutefois la variation avec le dia-
mètre D est d'autant plus lente que l'orifice est plus grand, plus loin de la
surface libre et le liquide plus volatil. Avec un liquide aussi volatil que
l'éther il arrive même (pour r/> i,5 et D>2) que la vitesse d'évaporation
croît moins vite que le diamètre de l'orifice. Le même fait peut d'ailleurs être
observé sur le chloroforme et la benzine, même avec D <[ i, en faisante? suf-
fisamment grand. Voici, par exemple, les valeurs obtenues parle quotient a
avec d^ 'j^'" :
I). Rlliei-. Chloroforme. Benzine.
2 87 4l 12
r i3o 59 I-
0,5 r 5o 60 16
Enfin, toutes choses égales d'ailleurs, la vitesse d'évaporation dépend
aussi du diamètre D' de la surface libre, cette dernière influence étant
d'autant moins marquée que le liquide est moins volatil et la surface libre
plus grande par rapport à l'ouverture. On a comparé à ce point de vue
(juatre vases de diamètres respectifs :
S'-", 8, a"", 8, i<^'",9, !'",!,
munis d'ouvertures de même diamètre o*'",8 et dans lesquels la quantité de
liquide était réglée de façon à amener la surface libre à i*^" de l'orifice.
. P
Voici les valeurs correspondantes du quotient a = -j- •
D'. lillier. Cliloioforme. Henzine.
3,8 188 79 24,0
2,8 i36 74 23,6
1,9 118 71 23,2
1,1 80 59 32,2
Kn résumé, le rôle de l'orifice ne peut être isolé de celui que joue la surface
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. ro5l
libre à la fois comme grandeur et comme position. Pour une surface libre
donnée et un orifice partant de zéro et croissant d'une façon continue, la loi
de Stefan donne d'abord des nombres trop faibles, puis paraît sensiblement
exacte et au delà fournit des valeurs trop fortes. Les limites entre lesquelles
elle paraît exacte varient d'ailleurs avec le degré de volatilité du liquide.
PHYSIQUE. — Réaimantalion spontanée du fer. Note de M. H. Ollivier,
présentée par M. E. Bouty.
J'ai abordé l'étude de deux puissants électro-aimants droits, identiques,
formés chacun d'un noyau d'acier très doux de lo""" de diamètre et i5o<^"'
de longueur, et d'un enroulement régulier comprenant i'i'\o spires. Je
décris dans la présente Note un phénomène de réaimantation spontanée,
phénomène général, mais présenté à un haut degré par ces gros aimants.
Le phénomène en question a la même allure, qu'on étudie un seul des aimants ou
les deux, aimants placés bout à bout, avec ou sans entrefer. J'ai mesuré, en fonction
du courant i: 1° (au moyen d'un magnélomètre éloigné) le moment magnétique, d'où
l'intensité d'aimantation moyenne 3 ; 2° (au moyen d'un balistique) le flux qui s'échappe
d'un bout; 3° le flux dans l'entrefer. Sauf pour les très faibles aimantations, infé-
rieures à o, I C. G. S., ces trois quantités varient proportionnellement entre elles. Il
suffit donc de parler de l'aimantation moyenne ^.
Le courant i étant très inlensL' et d'un sens que nous appellerons positif,
coupons ce courant; l'aimanlation décroit lentement jusqu'à une valeur
positive -t,. Faisons passer un courant négatif pas trop intense i" (quelques
dixièmes d'ampère); l'aimantation prend une valeur fortement négative.
Coupons le courant i"; l'aimantation reprend une valeur positive A^ un peu
inférieure à-'^,. Faisons passer de nouveau le courant négatif /", coupons-le et
recommençons plusieurs fois; nous arrivons très vite à un cycle limite.
Cycle limite {fig. i ). — Pour i = o, l'aimantation -'^ a la valeur positive ->'
(plusieurs unités C. G. S.); pour i négatif et croissant en valeur absolue
jusqu'à i", -■) décroît presque linéairement et atteint la valeur négative -"^'cjui
peut être, en valeur absolue, 3o ou 4o fois plus grande que -5'. Puis, i ten-
dant vers zéro, 3 augmente (la courbe de retour est très peu concave) et l'on
retrouve rigoureusement l'aimantation première 5': il y a eu réaimantalion
spontanée et totale du fer.
Si l'on coupe brusquemeril le courant négatif 2" qui maintient la forte aimantation
négative ••■>", l'aimantation ne reprend sa valeur première ^' qu'au bout d'un temps
IOj52
ACADEMIE DES SCIENCES.
mesurable, <|iii peul atteindre i tninute. De petites boussoles placées près des novauv
se retournent brusquement quand raimantalion change de signe. La durée 6 qui
Fig t
■ fCO.S
F, g. 3
l'"ig. 1. — Cycle limite et rcainiaii-
talion spontanée ( un noyau ) :
.•i' = -^- 0,7')
-"i" = — iS, j5 (pour o""'>',23.'| ).
l'ig. ;!. — liéaimantation partielle
d'uni' longue tige (M. Maurain ).
+ 72 piiliiamp
Fig. 2
Kig. ;>. — Cycle parcDuiii enlie les
valeurs -i- i" et — i" ( ( = 72 mil-
liainpères). [Les deux noyaux
bout à bout.]
sépare les instants de la rupture du courant et du retournement des boussoles croit
avec -V. ^ est triplé si les bobines sont mises en court-circuit pendant que la réainian-
SÉANCE DU 23 AVRIL I910. Io53
talion se fail : ce sonl donc des couranls induits qui ralentissent ainsi la réaimanta-
tion. Si l'airaaat en ex.périence est parallèle au méridien magnétique, au lieu de lui
être perpendiculaire, et si l'aimantation ^ a le sens de celle donnée par la Terre,
9 diminue un peu; el inversement.
Autres cycles. — Le fer ayant été soumis d'abord à un fort champ positif,
faisons varier le courant i entre les deux limites -+- i" et — i" (i" < i ampère,
et même <^ o"™?, '^ pour que l'hystérésis soit négligeable ). L'aimantation -3
varie beaucoup en fonction de i, mais presque exactement suivant la loi
simple
3 = « + bi
quand il s'agit d'un seul noyau; quand les deux noyaux sont bout à bout,
l'hystérésis est plus visible (fig. 2) et b est environ trois fois plus grand.
Un noyau court se comporte donc, pour des courants pas trop intenses,
comme l'ensemble d'un aimant permanent en acier très dur (d'aimanta-
tion fixe a), et d'un solénoïde bien plus puissant que le solénoïde magné-
tisant.
En restreignant de plus en plus les limites H- i" et — i", les cycles d'hystérésis se
réduisent à un point {■)■=: a), mais le fer est loin d'être désaimanté. Il faut, pour
arriver à la désaimantation, employer des courants négatifs intenses.
J'ai retrouvé sur divers électro-aimants, sur des cylindres, des prismes, des tores, etc.,
des phénomènes analogues, mais d'autant plus affaiblis que les circuits magné-
tiques étaient mieux fermés ('). Les phénomènes présentés par les noyaux courts sonl
donc liés à l'existence d'un grand champ démagnétisant (à peu près égal, pour mes
aimants, aux. trois quarts du champ des bobines quand on part d'une aimantation
nulle. Ce rapport devient d'ailleurs petit pour des courants intenses.)
M. Maurain qui, à ma demande, a bien voulu faire des expériences analogues aux
miennes, a trouvé, sur diverses tiges d'acier, des réaimantations d'autant plus accusées
, longueur , . , . ,, . . ,,■,,, ,. i^
que le rapport ,. . était plus petit et rainianlation plus loin d être uniforme. Ln
^ ' ' diamètre '- ' ^
opérant sur une très longue tige de fer doux, M. Maurain a trouvé une ébauche de
réaimantalion (/iff. 3). Si, en parcourant un cycle d'hystérésis ordinaire, on dépasse
très légèrement le champ coercitif, on a une faible aimantation négative B; si Ton
coupe le courant, on obtient une faible aimantation positive C.
La réaimantation lente, spontanée et totale des gros cylindres de forme
ramassée n'est que l'exagération de ce fait normal.
(') Les dynamos présentent le phénomène décrit ci-desus; ce qui vient bien à l'ap-
pui de la théorie de M. Swyngedauw sur l'autoexcitation (Swyngedauw, Comptes
rendus, t. CXLVII, p. 3oi).
Io54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
A ce sujet, M. Bouty rappelle que, dès 187G ('), par de simples mesures
de moments magnétiques, il avait constaté qu'un barreau d'acier, aimanté
primitivement dans un certain sens et soumis à l'action d'un champ déma-
gnétisant tel que son moment magnétique soit nul (c'est-à-dire tel que le
moment résultant de la bobine et du barreau soit égal à celui de la bobine
employée seule), se trouve cependant aimanté dans le sens primitif quand
le champ démagnétisant a cessé d'agir.
PHYSICO-CHIMIE. — Mesure des susceptibilités magnétiques des corps solides.
Note de M. P. Pascal, présentée par M. D. Gernez.
Dans deux précédents Mémoires d'ensemble (-), j'ai montré comment la
méthode classique du tube en U pouvait donner à t.^- près les susceptibilités
magnétiques et servir ainsi dans l'étude de la constitution des sels minéraux
dissous et des liquides organiques, .l'ai été amené à chercher une méthode
aussi précise et aussi rapide, applicable aux solides, en particulier dans le
but de faire l'analyse magnétique des groupements chromophoriques des
matières colorantes, de caractériser certaines isoméries en Chimie minérale
et de préciser les circonstances de formation des roches ferrugineuses.
La méthode du tube en U revenant à mesurer par la dénivellation d'un
liquide la pression exercée par le champ à sa surface, j'ai eu l'idée de mesurer
cette pression à l'aide de la balance.
Le corps à étudier remplit à moitié un tube de verre T, à parois minces, de lo™
à 3o™ de long et de S"'" de diamètre intérieur. Ce tube est attaché par un fil F de 60''"'
à 70'^"' à l'une des extrémités du fléau d'une balance et pend dans l'entrefer d'un fort
électro-aimant E du type Weiss, dont le plan de symétrie longitudinal est placé hori-
zontalement. La surface terminale du corps est au centre du champ, qui reste prati-
quement constant dans un volume de 2'^"" pour un entrefer de r". Enfin un plateau
non magnétique P est attaché à la partie inférieure du tube, à portée de la main, et
tout l'ensemble est protégé par une étroite cage vitrée (en pointillé).
Les actions de l'électro-aimant sur les différentes parties du tube de verre se com-
pensent par symétrie, et le fléau, d'ailleurs peu magnétique, se trouve dans une région
où la résultante £ des champs opposés de l'entrefer et des fuites magnétiques est
négligeable. U est d'ailleurs facile d'en tenir compte dans les mesures. {£ = o"°8, 08 pour
un champ de 20000 gauss.)
On complète l'appareil par un microscope horizontal à oculaire niicroniétrique qui
(') Comptes rendus, t. JAXXII, p. io5o.
(-) Annales de Chimie et Physique, mars 1909 et janvier 1910.
SÉANCE DU 2.5 AVRIL I9IO.
io55
vise à poste fixe la surface terminale du corps et permet tout à la fois de placer cons-
tamnaent celle-ci dans la même partie du champ et d'évaluer les fractions de milligramme
de la force exercée par l'électro.
L'appareil étant en équilibre, on détermine le zéro; puis on modifie la
tare placée sur le plateau P et l'on rétablit l'équilibre en excitant l'électro.
On arrive facilement à connaître à -pj de milligramme près la force de
pression F exercée par le champ.
Si s est la section du tube, H, H' les champs aux extrémités de la substance, / et 5^,
les susceptibilités du corps et de l'air, on a
En remplaçant le corps par de l'eau, on observe une force de pression
2
d'où la relation, indépendante de la nature et des dimensions de l'appareil
F ,
X = Zo± p7(X — 7.o)-
On voit facilement que, si a et D sont les masses spécifiques de l'air et de la
substance, p la masse spécifique apparente de la charge du tube, la susceptibilité
G. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N« 17.) ^^9
Io56 ACADÉMIE DES SCIENCES,
spéciflque est donnée par la formule
qui se simplifie pour un liquide ou un solide continu (pr=D).
Dans le cas des liquides usuels organiques, F et F' sont de Tordre de
i5'"s à 6o™s pour des champs de loooo à 20000 gaussy eJles atteignent
plusieurs hectogrammes pour certains corps ferrugineux. Aussi, quand la
charge est bien régulière, les erreurs ne peuvent provenir que de la déter-
mination du champ. Avec les précautions indiquées dans les Mémoires
précités, on peut compter en moyenne sur le -|^, résultat qu'il serait peut-
être hasardeux d'attendre d'autres appareils courants, comme, par exemple,
le modèle commercial de l'appareil de Curie.
L'appareil que je décris ici me semble donc devoir rendre des services
dans les laboratoires de Chimie où l'on voudra introduire les méthodes
magnétiques d'analyse. Son dispositif robuste, ses indications rapides et
fidèles m'ont même fait abandonner pour les liquides la méthode du tube
en U, dans laquelle un manque de [propreté absolue expose à l'influence
perturbatrice des phénomènes capillaires.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'élher èlhyliqiie de V allylcarhinol . Note
de M. Pariselle, présentée par M. A. Haller.
En faisant réagir l'oxyde de mélhyle chloré sur le bromure d'allylmagné-
sium,M.Lespieau(Com/?ie*re/i(/«5, t. GXLIV, p. iiGi) a obtenu un mélange
composé d'éther méthylique de l'allylcarbinol et de biallyle ; il n'a pu séparer
ces deux corps par distillation.
En répétant cette réaction avec l'oxyde d'élhyl-mélhyle chloré
CMi^OCIPCl,
j'ai pu isoler l'éther éthylique
GH2— GH — GH^'— CH^OC-tP.
Point d'ébullilion, 90°; d^^^ o,8ri; «',7= 1,396; R^ = 3o,48; calculé :
3o,8o.
Lafîxalion du brome et de l'acide hypochloreux sur cetéther éthyléuique
m'a fourni deux composés dont l'étude sera l'objet de ce travail.
SÉANCE DU 25 AVRIL 191O. Io57
DérU'è dibromé CH= Br.CHBr.CII-.CH-OC-lP. - Point d'ébullition,
98° sous i3°""; f/o = i??^; "d = i,")i2; H,„= 45,2; calculé : '17.
Ce corps, saponifié par Feau à l'ébuUition, comme je Tai indiqué pour
Téther méthylique corres})ondanf, (CoTnptcs rendus, t. CXLIX, p. 2f)5), m'a
donné :
1° Véthyline CH-OH.CIIOH.CH-.CH-0(PH^; point d'ébullition, i3o°
sous i/|""". Je l'ai caractérisée par l'isocyanate de phényle qui m'a donné
une diuréthane fondant à 98''-9f)°, c'est-à-dire i3° plus bas que celle de la
raéthyline ;
2° Uoxyhydrofwfurane CH- — CHOH — (^H- — CH", que j'ai déjà
obtenu avecl'éther méthylique. Je l'ai identifié par son uréthane.
Fixation de l' acide hypochlnirux. — En opérant d'après la méthode indiquée
par M. Henry, j'ai obtenu un liquide bouillant à 88"-9o° sous 12""" et dont
la composition répond bien à une addition pure et simple. Restait à déter-
miner de quelle façon le chlore et l'oxhydrile s'étaient fixés sur la liaison
allylique.
En 1875, il 3' nvait en des discussiims entre MarkovnikofF et Henry ('), à propos de
la fixation de l'acide hypochloreitx sur le propylène. MarkovnikofT prétendait que le
chlore se fixait sur le carbone primaire, Henry sur le carbone secondaire.
En igoD, Henry (^) admet ((u'il se forme à la fois un alcool primaire et un alcool
secondaire avec prédominance du premier.
Dans le cas actuel, je crois avoir démontré que la majeure partie du
produit formé est constituée par le corps
(A) CH2G1.CH0H.CH^CH-'0C='H%
le corps
(B) CH^OH.CHCl.CH^CH^OCHl'
n'existant qu'en faible proportion.
En effet, le produit a été traité pendant 2 jours à 1 10" par un courant
d'acide bromhydrique. Dans ces conditions, (A) devait donner
(A') CH-GI.C^0H.GH^CH2Br
et (B)
(B') aPBr.ClICI.Cll^CH=Br.
(') liidl. Soc. cliiin.^ 3" série, t. XXVI, p. 28.
(-) Henry, Comptes rendus, t. CXXXIV, p. lojo.
Io58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Or les analyses m'ont montré que le corps (A' ) existait presque unique-
ment.
Seules les têtes de la distillation m'ont donné un peu plus d'halogène que
la quantité théorique, ce qui montre qu'il n'y avait que des traces de (B') et
par suite de (B).
Voici quelques propriétés des corps étudiés :
CH^C1.CH0H.CH^CH^0C*H^ - Point d'ébullition : 880-90° sous
12"""; rt'o=i,ii38; /îj;'=i,45; R„ = 37,9; calculé: 37,87.
CH^Cl.CHOH.CH-.CH=Br. - Point d'ébullition : loSo-ioG^ sous
1 3™'" ; /?[,'" = r , 52 ; rf„ = 1 , 7 I .
Traité par la potasse en solution élhérée, ce corps m'a donné répibromhydrine
CH' — CH — CH* — CH^Brdéjà étudiée (Pariselle, loc. cit.).
\/
O
Épiélhyline CH- — Cli — GH= — CH^OC-IF. — l'oint d'ébullition : i46<>-i47°.
\/ -
O
Elle s'obtient en traitant la chlorhydrine précédente dissoute dans l'éther par de la
potasse pulvérisée.
En la traitant par l'acide cliiorlijdrique, j'ai eu un liquide identique au corps (A).
CHIMIE ORGANIQUE. — .Action (les dérivés organomagnésiens sur les
trialcoylacétophénones. Note (') de M"*" Paulixe Lucas, présentée
par M. A. Haller.
MM. A. Haller et l'^d. Bauer ont montré que les alcoylphénylcétones se
laissaient soder en milieu anhydre au moyen de l'amidure de sodium, et que
le dérivé ainsi formé réagissait sur les iodures alcooliques pour donner des
acétophénones substituées en a. Ils sont ainsi arrivés, par des alcoylations
répétées, jusqu'aux trialcoylacétophénones (*)
.H
C«H' — CO — C— R'
Le présent travail a pour but l'étude de l'action des dérivés organoma-
(') Présentée dans la séance du 18 avril 1910.
(^) A. Haller et Bauek, Comptes rendus^ t. CXLVIll, 1909, p. 70, et t. GXLIX, 1909,
p. 5.
SÉANCE DU 23 AVRIL 1910. loSg
gnésiens sur ces cétones, ainsi que l'élude des propriétés des dérivés qui se
forment dans ces conditions.
Action de l'iodure de méthylmagnésiuin sur la triphénylacêtophénone. —
Lorsqu'on ajoute à une solution d'iodure de méthylmagnésium dans l'éllier 1™°' de
Iriméthylacétophénone, il y a une vive réaction et l'on observe au bout de quelqut
temps un abondant dépôt cristallin qui ne larde pas à occuper la presque totalité de
la solution.
On maintient pendant 2 heures à l'ébuUilion, puis on ajoute goutte à goutte de l'eau
à l'aide de l'entonnoir à robinet. Il se déclare une vive réaction en même temps que le
précipité cristallin entre en solution.
On acidifie la solution, on décante, on lave à l'eau, puis on chasse l'étlier
au bain-marie.
Le résidu est ensuite distillé dans le vide. Au commencement de la distil-
lation il passe des traces d'eau, puis vers 100°, sous 1 5'"'", quelques gouttes
d'un liquide à odeur spéciale. Le reste du produit distille ensuite intégrale--
menl de 116" à 117° sous iS""'" en ne laissant qu'un résidu insignifiant.
En partant de So^ de Iriméthylacétophénone, on obtient 52^ de ce produit
dont l'analyse correspon d au méthylpseudobutylphénylcarbinol, formé en vertu
de la réaction
( CH' )' = C — CO - C« H^ + CW Mgl :=: ( CH^ )
0-MgI OH
= G — C- C^H'-v (CH^) = G — C- G'll=.
^GH' ^GH'
Les rendements sont donc de 96 pour 100.
Le mélhYlpseiiflobulY/phe/ivlcarhinul conslhtie un liquide peu mobile, doué
de très peu d'odeur et distillant à i iG°-i 17° sous i5""".
Il ne donne pas de phényluréthane. Traité par l'acide formique normal
à l'ébullition, on obtient un produit passant de ()5° à 120° sous 1 5"'" ; en le
fractionnant, on arrive à isoler une portion de tête de 88" à 90" sous 1 1'"'" et
une portion de queue de 1 15" à 1 17° qui est de l'alcool non attaqué.
L'analyse de la portion de tète nous a conduit au carbure C'-H'" répon-
dant probablement à la formule OU' - C(== CH=')Chs(CH-^)'.
Ge même produit peut se préparer plus facilement en maintenant le métiiylpseudo-
butylpliénylcarbinol à l'ébullition à la pression ordinaire pendant quelques heures. Il
se dégage de l'eau, et le liquide passe alors de igS" à 200°. La déshydratation n'est
cependant jamais complète, et il est nécessaire de purifier le produit obtenu par
distillation.
lo6o ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est un carbure non saturé, car il fixe le brome et réduit lentement à
froid le permanganate de potassium.
Action du bromure de phénylmagnésium sur ta lriinelliylacèloi)hénone. —
La réaction se fait dans les mêmes conditions que la précédente. On
n'observe cependant pas de dépôt cristallin, mais le produit de réaction
prend une consistance gélatineuse. On décompose par l'eau acidulée, on
lave, on chasse l'éther, et le résidu, distillé dans le vide, passe entièrement
de 179° à 180° sous ii"^"".
Ici encore l'analyse nous a montré cjue la réaction a marché normalement
et que nous nous trouvons en présence du diphénylpseudobutylcarhinol
C\\\ /OU
CH'— C — C— C«H5
C'est un liquide plus dense que le dérivé mélhylé. Chauffé avec de l'acide formique,
ilne se dissout pas, el, après plusieurs heures d'ébullilion, on récupère de nouveau le
carbinol inaltéré.
Chauffé à Tébullilion à la pression ordinaire, il subit une déshydratation absolument
dans les mêmes conditions que le méthylpseudobulylphénylcarbinol.
Après fractionnement on obtient un liquide passant de i58°à 109° (ii""™),
les portions de queue pouvant être déshydratées à nouveau.
L'analyse nous a montré que le produit ainsi obtenu résulte de la déshy-
dratation du carbinol et correspond à la formule centésimale C"H'*.
Ce carbure décolore le brome et réduit lentement le permanganate de
potassium à froid.
Action du chlorure de beiizylmagnésiu?ii sur la irimctlirlacétophcnone. ■ — La
réaction se passe toujours dans les mêmes conditions. Au moment ou l'on ajoute la
triméthylacétophénone il y a réaction vive et l'on n'observe pas de précipité.
On décompose par l'eau après avoir chauffé pendant quelques heures ; on décante,
on lave à l'eau acidulée, on chasse l'éther, on distille sous pression réduite. 11 passe de
175° à 178° sous I I""" un liquide épais, incolore dont l'odeur rappelle les dérivés ben-
zylés.
L'analyse correspond bien au pscudobulylphénylbenzylcarbinol, auquel
nous devions nous attendre,
OH
(CH3)3=C— C— C«H5
\CH^C«H=
Comme pour le diphénylpseudobutylcarbinol l'acide formique est sans action sur ce
carbinol et l'acide oxalique sec n'arrive pas non plus à le déshydrater; il perd cependant
facilement de l'eau (piand on le fait bouillir à la pression ordinaire.
SÉANCE DU 25 AVRIL 19IO. I061
On obtient ainsi, après fiactionnemenl, un liquide passant de i64"-i65'' sous ii™™
dont l'analyse correspond à la formule CH-".
Ce carbure ne décolore pas le brome et ne réduit pas le permanganate de
potassium à froid. Nous en poursuivons l'étude.
Action de L'iodure de propylmagnésium sur la Irimélhylacétophénone . — La
triméihvlacétophénone réagit assez vivement sur l'iodure de propylniagné-
sium. Après décomposition par l'eau et traitement habituel on obtient un
produit distillant de 1 1\° à 1 1 5"sous 1 5"" et cristallisant par refroidissement.
On remarque tout d'abord que ce point d'ébullition est plus bas que le
point d'ébullition du méthylpseudobutylphénylcarbinol. Il semblerait donc
ayono77 peu probable qu'on se trouvât en présence du propylpseudobutylphé-
nylcarbino! cherché. Les cristaux n'avaient pas de point de fusion très net;
ils fondaient aux environs de /lO^-Zp". Traité par l'isocyanatede phényle ce
produit donne une phényluréthane fondant à ioc)°-iio° que nous avons pu
identifier avec la phényluréthane du pseudobutylphénylcarbinol obtenu par
réduction de la triméthylacétophénone par l'alcool et le sodium.
Le dérivé organomagnésien aurait donc agit dans ce cas comme réducteur.
Des faits analogues ont été déjà signalés maintes fois dans la littérature;
nous ne citerons que le cas du pseudobutylmagnésium qui réagit sur l'éther
formique pour donner l'alcool triinéthyléthylique (').
Nous continuons l'étude du mécanisme de cette réaction ainsi que des
propinétés des carbures obtenus par déshydratation des alcools déjà décrits
et nous espérons bientôt établir la constitution de ces derniers composés.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur V essence de criste-marine . Note
de M. Maucel Dei.épiîie, présentée par M. A. Haller.
J^ai poursuivi l'étude de l'essence de criste-marine, Crilhnuun mariiimum
L. Omb., sur un échantillon d'un peu plus de i''k. Après quatre séries
de rectifications toutes faites sous pression réduite, j'ai obtenu quatre
portions incomparablement plus fortes que les voisines, antérieures ou pos-
térieures : 1° à 44° et 440-46° sous i4"""; 2° à 62°-64'' sous iS"""; 3° à
94°-96° sous la"""" et 4° à i57°-i58° sous i3""°.
La dernière portion est l'apiol d'aneth précédemment identifié (^). Les deux pre-
(') liouvEAULT, Comptes leiiclus, t. GXXXVIIl, p. 1108.
(-) M. Dklépine, Comptes rendus^ t. GXLIX, 1909, p. 2i5.
Io62 ACADÉMIE DES SCIENCES.
mières répondent aux carbures que M. Borde (') a signalés, mais non identifiés; la
troisième est celle que je n'avais eue qu'en petite quantité lors de mes premières re-
cherches et en vue de laquelle la nouvelle préparation d'essence fut tout particulière-
ment entreprise.
Les fractions 44° et 44''-46° sont du f/-pinène et même du cZ-pinène très dextrogyre,
[a]D ayant atteint 4-47°45'; l'essence de pin d'Alep seule a fourni jusqu'ici un car-
bure plus actif (-). J'ai trouvé d'autre part rfj =z 0,8708 ; Ni' =: 1,46915, et vérifié que
le carbure avait les propriétés chimiques du c?-j)inène.
La portion 62°-64°, la plus abondante, possède une odeur suave de citron et de ber-
gamote. C'est un mélange de dipentène ou i-limonène et de paracymène, contenant
peut-être \ de ce dernier. Le dipentène a été caractérisé par transformation finale en
nitrolpipéridine fusible à 162° et le cymène, par transformation en acides p-oxyiso-
propylbenzoïque fusible à 157° et yo-toluique fusible à 177°. Ce dernier composé est
sûrement l'acide cristallisé que llérouard (^) avait obtenu par oxydation nitrique de
l'essence et appelé acide ciithmique.
La troisième portion bout à 210-214° sous la pression atmosphérique, possède les
densités f/°r= 0,9521, rf'j' r= 0,9887 et a une composition élémentaire fort voisine
de C" H'^O. Les constantes sont celles du thym a te de méthyle
C«HMCH')(„ [CH(CH'r],„ (0CH')(3,.
Effectivement, le produit déméihylé par l'acide bromhydrique (d ^ ii48)) en milieu
acétique suivant le procédé de M. Stornier (*), a fourni du thymol assez pur pour
cristalliser dès la dilution de la liqueur démélliylante. Distillé et cristallisé dans l'éther
de pétrole, ce thymol a été obtenu en magnifiques prismes limpides fusibles à 5o°; sur
128 de ce phénol, il n'est guère resté qu'une goutte d'une huile colorée non cristal-
lisable.
La troisième portion est donc constituée principalement par l'éther
méthylique du thymol. Ce résultat est d'autant plus intéressant que c'est la
première fois qu'on trouve un éther du thymol dans une essence et que
le thymol ainsi que son isomère, le carvacrol, passaient jusqu'ici pour pré-
senter cette singularité de se trouver toujours libres dans les essences, alors
que les autres phénols sont plus rarement libres et presque toujours élhé-
rifiés. Voilà une lacune comblée; l'essence de criste-marine que j'ai pré-
parée contenait environ un dixième de la portion renfermant le thymate de
méthyle.
(') F. Borde, Bull. Sciences pliannacologiques, t. XVI, 1909, p. 093.
(2) Vèzes, Bull. Soc. c/iim. 4" série, t. V, 1909, p. 981. — Darmois, Comptes
rendus, t. CXLIX, 1909, p. 780.
(') Hérouard, J. Pharm. et Chim., 4' série, t. 111, 1866, p. 824.
(') R. Stôrmer, D. cheni. G., t. XLI, 1908, p. 821.
SÉANCE DU 25 AVRIL igiO. Io(53
Mais cette portion contient évidemment quelques autres produits, car elle ollVe un
léger pouvoir rotatoire dextrogyre (o^So' environ) et un indice d'iode assez élevé.
Malgré divers essais, je n'ai pu, par l'action de divers réactifs, y déceler que quelques
dix-millièmes de deux phénols (par rapport à l'essence), des traces d'un éther d'acide
gras à poids moléculaire élevé et un alcool à odeur de rose. Le pouvoir rotatoire et
l'indice d'iode n'ont disparu que par un traitement au permanganate à 5 pour loo à
froid, sans que je n'aie d'ailleurs pu tirer aucun renseignement des produits issus de
l'oxydation.
En résumé, l'essence de criste-niarine contient sûrement du t/-pinène, du
paracymène, du dipenlène, du th} mate de méthyle et de l'apiol d'aneth (ou
diméthoxy-2.3-méthylènedioxy-4. 5-allyl-i-benzène). Il s'y trouve, en
outre, quelques produits, entraînés surtout dans la portion contenant le thy-
matc de méthyle, qui ne sauraient être caractérisés qu'avec plusieurs kilo-
grammes d'essence comme point de départ.
CHIMIE ORGANIQUE. — Chloroplatinatcs et periodures de di- et de Iriméthyl-
amine; critique de leur emploi pour la séparation de ces bases. Note de
M. .1. Bertheaume, présentée par M. .Jungfleisch. \
Si un certain nombre de procédés de séparation des aminés primaires,
secondaires et tertiaires ont été donnés qui permettent de séparer assez
exactement de grosses quantités de ces aminés (Hoffmann, Delépine), il
n'existe point par contre de méthodes, parfaitement inattaquables, permet-
tant d'opérer le dosage de ces bases mélangées, sur une quantité minime.
Les discussions qui ont eu lieu entre M. Vincent et MM. Duvillier et
Buisine (') le démontrent largement. Cependant, il serait très désirable de
posséder à cet égard une méthode rigoureuse, tant pour l'étude des produits
industriels que pour la caractérisation des aminés pures et l-3ur recherche
dans les liquides physiologiques. Nous nous proposons de rechercher un
procédé exact de dosage des trois bases mélangées. Mais auparavant, nous
passerons en revue quelques-unes des méthodes qui ont été données. La
première que nous considérerons est celle de Bresler (^), pour la séparation
de la di- et de la triméthylamine.
(') N'iNCKNT, Comptes rendus, t. LXXXIN', p. 2i/| et t. LXXXIX, p. a38 et 78S. —
fJiviLLiKR et BtistNE, Comptes rendus, t. LXXXIX, 1879, p. ^8 et 709.
(-) Bresler, D. dent. Zucker, T900, n<" 42 et Vi, p. 1 598 et 1627 et Ann. Ch. anal..
t. \ I, 1901, p. 28 et 29.
C U.. 19.0, I" Semestre. (T. 150, N« 17.) l4<>
Io64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Méthode de Breslcr. -^ Bresler se base sur l'insolubilité du chloroplalinale
de diniéthylamine et la solubilité du cbloroplatinate de Irimélhylaminedans
l'alcool. Le sel platinique de la diméthylamine est recueilli et pesé, la
trimétliylamine est évaluée par dilîérence.
Pour apprécier la A'aleur de cette mélliode, j'ai déterminé la solubilité des chloro-
platinates de di et triméthylamine dans l'alcool à diderentes températures. Je suis parti
de bases très pures, privées des dernières traces d'ammoniaque par le procédé Fran-
çois ('), à l'oxyde jaune de mercure. Leurs chloroplatinates, purifiés par cristalli-
sation, avaient été séchés dans le vide sec. Les solubilités ont été déterminées à zéro.
Nous résumons les résultats obtenlis dans le Tableau suivant :
A 0°, loo parties en poids dissolvent :
Alcoi.l
iibsolu. à go°. à 80». à 70». à 60°.
Cliloroplatinate de diméthylamine. o,oo48 0,110 0,325 o,."}.58 0,996
Cbloroplatinate de triméthylamine. o,oo36 0,070 0,2/(3 0,391 0,766
Comme on le voit, les solubilités des deux chloroplatinates sont peu
différentes et subissent avec la dilution de l'alcool des variations sensi-
blement proportionnelles. Elles sont extrêmement faibles pour l'alcool
absolu et les alcools de degré élevé. On ne peut donc les utiliser pour
séparer les deux bases l'une de l'autre. D'ailleurs, en appliquant la méthode
à des mélanges en proportions connues des bases très pures, je n'obtins
pas de bons résultats.
On ne peut, de même, accorder plus de valeur à la méthode proposée
par Eisenberg(-), pour la séparation de la triméthylamine à l'état de cbloro-
platinate, en présence des autres bases.
La deuxième méthode que nous envisagerons est celle de Weiss (■').
Méthode de ^Veiss. — ^^ eiss propose de séparer de la manière suivante,
dans un mélange commercial, la triméthylamine de la diméthylamine. Il
précipite leur solution chlorhydrique par l'iode ioduré, traite la masse des
cristaux obtenus par la lessive de soude froide, qui raiiîène le periodure de
(') M. François, Comptes rendus, t. CXL1\ , 1907, p. 568.
(-) EisENBEiui, Deitl. chem. Gesellscliaft, t. XIII, 1880, p. 1667, et Bull. Soc. c/iim.
t. LXXXVI, p. 75.
( ') Weiss, IJebig's Ann. der Client., t. GCLX\1I, p. .'.58.
SÉANCE DU 25 AVRIL I910. Io65
diniélhylaminc à Tétai d'iodure jaune et dissout le periodure de triinéthyl-
amine; celui-ci est additionné d'une solution d'acide sulfureux et la base est
dégagée à chaud de la liqueur alcaline. Au point de vue analytique, ce pro-
cédé n'est pas susceptible d'assurer une séparation rigoureuse des deux
bases, en raison de la décomposition rapide de l'iodure jaune de diméthyl-
amine, corps instable et mal défini. Il m'a paru intéressant, au contraire,
de déterminer exactement les caractères de chacun des deux periodures,
ainsi que leurs degrés de solubilité, pour en tirer parti, s'il y avait lieu, dans
la suite.
Le periodure de dimélhylamine, mal connu jusqu'ici et dont j'ai établi la formule,
est un triiodure d'iodiivdrate : (CH^)- Az H.Hl.l'. D'aspect huileux, au-dessus de i5°,
il cristallise, au-dessous de cette température, en tables hexagonales, dont l'angle _
du prisme est de iSo"; très stables à l'air sec, elles fondent entre 83° et 85°. J'ai déter-
miné le degré d'insolubilité de ce periodure à zéro, en partant d'une solution à
i5 pour 1000 de chlorhydrate dont j'abaissai progressivement le titre; il m'a fallu
atteindre la dilution i pour 1000, pour ne plus avoir de précipitation. Quelques sels
(NaCl, ICCl, SO*Mg) augmentent cette insolubilité, au point que l'on obtient encore
des précipités avec des solutions d'une teneur égale à i pour 1000. Le chlorhydrate
d'ammoniaque, au contraire, augmente la solubilité de ce periodure et rend non pré-
cipitables des solutions à 3 pour 1000 en chlorhydrate.
Le periodure de iriméthylamine, ( CH' )^âz. HI. I', a été étudié surtout par M. De-
lépine ('). Ses cristaux aft'ectenl la forme de tables hexagonales dont l'angle du prisme
est de 127°. Ils fondent nettement à 65'\
J'ai eflTectué sur ce corps la même série d'essais que précédemment et constaté, après
les auteurs qui s'en sont occupés, que son insolubilité était très grande. A 0°, j'ai pu
obtenir directement dans une solution de chlorhydrate de trimélhylamine au y^^^ij^ des
cristaux très nets que j'ai caractérisés par leur angles. Cette insolubilité est rendue
extrême par NaCi, KCi, SO*i\Ig et en particulier par le chlorhydrate d'ammoniaque
à saturation, contrairement à ce qui a lieu pour la diméthylamine. On peut, à l'aide de
ces sels, provoquer la précipitation du periodure dans des solutions au ttôVcTô'
L'insolubilité du periodure de triméthylamine est donc extrêmement
considérable,, celle du periodure de diméthylamine est encore très grande,
bien qu'à un degré moindre, fait qui semble avoir passé inaperçu jusqu'ici.
Ces propriétés ne paraissent donc pas pouvoir être utilisées pour la sépara-
tion des deux bases mélangées en quantité massive, mais, au point de vue
analytique, auquel nous nous plaçons ici, nous espérons montrer prochaine-
ment le parti que l'on peut en titrer.
(') Delépine, Thèse de Pharmacien de )'' classe, 1896, p. '.a
Io66 ACADÉMIE DES SCIE^XES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la réaction du milieu sur la formation
des mélanines par oxydation diastasique. Note de M. H. Agulho.v,
présentée par M. E. Roux.
J'ai observé antérieurement l'inactivité de l'acide borique vis-à-vis de
l'action de la tyrosinase en dosant pondéralement la quantité de mélanines
formées ('). Récemment, M. Wollï a pu décèlera l'aide de la même mé-
thode l'influence favorisante de petites doses de phosphate disodique (-). Il
m'a paru intéressant d'essayer de mettre au point la question de l'influence
de la réaction sur la formation oxydasique des mélanines.
Méthode de dosage des mélanines. — J'ai tout d'abord modifié la mélliode exposée
dans ma Thèse, pour la rendre d'une application moins longue. Après le temps d'action
désiré de la tyrosinase sur la solution de tyrosine, on détruit la diastase par ébullition
ou chaufTage à l'autoclave (la présence de diastase active empêche la précipitation en
bloc des mélanines). Après refroissemeiit, on ajoute au liquide 5 pour loo d'une solu-
tion de chlorure de calcium au dixième, puis quelques gouttes de lessive de soude.
On agile et on laisse déposer. Au bout de quelques instants, on voit les mélanines se
précipiter, sous l'influence à la fois du chlorure de calcium et du précipité de chaux
qui agit par entraînement. On abandonne quelques heures et l'on filtre sur filtres tarés.
On lave à l'acide chlorhydrique étendu qui dissout les matières minérales, puis à l'eau
chaude. On sèche à poids constant et l'on pèse. La quantité de cendres du produit
resté sur le filtre est négligeable.
Influence de la réaction. — Dans les expériences qui suivent, je faisais agir 3"°'' de
macération glycérinée de Russula r/ueleli Pr. sur roo'^'"' ou 200""' de tyrosine gauche
ou racémique. Une première expérience a donné après 18 heures les chiffres suivants :
Poids
' de mélanine
dosée.
• _ me
I . Témoin 33
II. Milieu neutre à la phtaléine 45,5
N
III. Milieu alcalin à la phtaléine 67
1000 "^
I\'. Milieu neutre à l'hélianthine 10, 5
.\ à l'h . , .
V. Milieu acide élianlhine 9
1 000
(') Comptes rendus, t. CXLVIII, 1909, p. i34o et Thèse Docl. Se. nat. Paris,
1910.
(^) Comptes rendus. 1. 150, 1910, p. ^77.
SÉANCE DU 25 AVRIL I910. I067
On voit que, pour ces diderents milieux, plus ou moins saturés par la soude ou par
l'acide sulfurique, la réaclion à laquelle correspond le poids le plus élevé de produits
d'oxydation insolubles est une certaine alcalinité à la phtaléine.
Action des acides foi ts. — J'ai étudié comparativement l'action des acides phosplio-
rique et sulfurique. Pour un témoin donnant après 22 heures i6"ô de mélanine, on
N , .
obtient seulement 11™', 5 dans une solution d'acide phosphorique, S^s dans une
2000
N . .
solution du même acide et le même poids pour cette même concentration en acide
1000
N
sulfurique, 5'"s,5 dans une solution i — -de ce dernier acide. Les acides sulfurique et
' 000 ^
phosphorique agissent donc comme empêchants et de façon équivalente pour une même
concentration moléculaire.
Action des sels neutres à l'hélianthine. — J'ai noté antérieurement l'inactivité de
l'acide borique. Le phosphate monosodique se comporte de même. Pour un témoin
donnant lô"» de mélanine, on obtient pour des concentrations en phosphate monoso-
N N N . „ .
dique > ■= — > > respectivement lo'^t'S, 17™?, 5 et la^s.S.
1000 5oo 100 '
Action des sels neutres à la phtaléine. — Le phosphate bisodique elle bicarbonate
N
de sodium sont favorisants; l'optimum est assez élevé, compris entre les doses de
■ N
et de
100
200
Poids de mélanine dosée pour des concentrations
iV N N N
5oo 30O 100 rio
Bicarbonate de Na. . .
Phosphate bisodique.
II.
26
3o,5
32
59
»
3/4,5
66,5
76
4o
69
Action des sels alcalins à la phtaléine et des alcalis libres. — Le carbonate de
sodium, le phosphate trisodique et la soude libre agissent d'abord comme favorisants,
N
jusqu'à la concentration optima ^ — environ, puis sont nettement défavorables.
Poids de mélanine dosée pour des concentrations
N
Soude. . .
C03 Na'- .
PO»N^^
Neutralité
à la
Témoin : 0.
phtaléine.
l.
. 26"'
3,°:%
II.
I.
. 32
3o
H.
28
..
I.
. 24,5
»
11.
32
»
54
N
> ôoo
N
200
66
)>"
58
I,
59
63
r.
3,5
80
Io68 ACADÉMIE DES SCIENCES.
De cet ensemble d'expériences on peut tirer les conclusions suivantes :
ies acides forts diminuent les i^endements en produits d'oxydation inso-
lubles; les acides et sels neutres à l'hélianthine sont parfaitement inactifs;
les sels neutres à la phtaléine el alcalins à Thélianthine sont favorables à la
formation de ces corps, même à des doses relativement élevées, leur opti-
IV
mum étant situé vers une concentration — ; les sels alcalins à la phtaléine
200 ^
et la soude libre sont favorisants jusqu'à la dose optimum t — > puis
rapidement défavorables.
Le poids des produits d'oxydation insolubles peut-il réellement servir de
mesure à la marche du phénomène d'oxydation diaslasique? Les observa-
tions que j'ai pu faire au cours des expériences précédentes me portent à
penser qu'il y a des difféi-ences entre les mélanines obtenues en milieu
alcalin artificiel et celles obtenues dans les témoins : différence de colora-
tion, différence dans les propriétés de coagulation, et surtout diiférence
dans le rendement total en mélanine par rapport à la quantité de tyrosine
attaquée : en présence' de phosphate bisodique, par exemple, j'obtiens
d'emblée 78 de mélanine pour 100 de tyrosine; en présence de bicarbonate,
76 pour 100; en présence du phosphate trisodique, 80 pour 100; or
MM. G. Bertrand et Rosenblatt ('), oxydant à fond la tyrosine par la tyro-
sinase, sans modifier la réaction naturelle, n'ont jamais obtenu plus de 60 de
mélanine pour 100 de tyrosine. Il ne semble donc pas, sauf démonstration
expérimentale du contraire, que l'on puisse considérer les variations pon-
dérales des produits mélaniques comme une mesure exacte du pouvoir
oxydant, mais plutôt comme la résultante de certains modes d'action de la
tyi'osinase sur la tyrosine; l'analyse chimique des produits d'oxydation et la
détermination des échanges gazeux pourraient seuls conduire à des résultats
exempts de critique.
CHIMIE VÉGÉTALE. — Variation de la teneur en spartéine du genêt à balais
suivant l'époque de la végétation. Note de M. J. Chevalier, présentée
par M. Armand Gautier.
Ayant eu l'occasion de constater des différences considérables de teneur
en spartéine de genêts à balais de même provenance, nous avons cherché à
(') ConiiininiciUion personnelle.
SÉANCE DU 25 AVRIL 191O. 1069
nous rendre compte des fadeurs susceptibles d'amener ces variations et
nous sommes arrivés à attribuer une inlluence prédominante à l'époque de
la récolte de ces plantes.
Nos expériences ont été faites sur des genêts récoltés en Seine-et-Oise de
mois en mois. Chaque expérience a porté sur lo''^ de plante sèche entière.
Nous avons pratiqué Textraction telle qu'elle s'opère dans l'industrie, et les
chiffres ci-dessous sont ceux du sulfate de spartéine cristallisé
C'° H" Az^ SO* H^ -t- 5 H^ O
o])lenu par kilogramme de plante traitée par saturation de la solution
éthéréc de spartéine par SO'H- à 2,5 pour too. Nous avons trouvé :
Janvier 4>oa
Février i > ' 3
Mars 6,So
Avril 3 , P.5
Mai 4,32
Juin 3,27
Juillet 3,00
Aoù t 2,33
Seplembre 3,58-
Octobre 4 ,07
Novembre 4 ,75
Décembre 4 ,07
De cotte série de dosages on peut conclure que la spartéine se produit
rapidement pendant la première période de la végétation etqu'elie diminue
brusquement au moment de la lloraison et de la formation du fruit. VAle
n'est que partiellement utilisée et se localise dans le fruit, qui, à maturité,
renferme jusqu'à 1 1^ de spartéine par kilogramme.
A l'automne se fait une seconde accumulation, mais beaucoup moins
importante que celle du printemps.
BOTANIQUE. — Su>- la présence de plantes alpines aux basses altitudes
dans le Valais central. Note de M. Léon Marret, présentée par
M. Gaston Bonnier.
L'étude des formations végétales dans les régions inférieures du ^ alais
central m'a conduit à robservation de quelques faits phytogéographiques et
historiques que je vais résumer ici dans leur ensemble.
1070 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans ces formations, on constate la présence d'un grand nombre de
plantes alpines, plus remarquables encore par le nombre d'individus de
chacune des espèces représentées que par la variété de ces dernières.
Ces espèces appartiennent à deux catégfories, les unes sont do transport
récent et caractérisent surtout les glariers de la vallée, les autres d'origine
historique se rencontrent exclusivement dans les formations steppiques ou
garides valaisanes, situées entre 400™ et 600™ sur les collines bien exposées,
principalement sur tout le versant méridional des Alpes Bernoises.
Parmi ces dernières espèces, les unes sonl extièmemenl abondantes dans ces forma-
tions, ce sont : Globularia coidifolia h, Sempercirum arachnoideiim L., var.
tomenlosam Schnillsp., Saxifraga aizoon L. La première est d'origine méditer-
ranéenne montagnarde, la seconde par sa variété est caractéristique des climats step-
piques, enfin le Saxifraga aizoon appartient au groupe des Enaizoon d'Engler pos-
sédant dans son ensemble une dispersion méridionale. On conçoit donc que ces
espèces soieni, eu conséquence, plus particulièrement adaptées à un climat à tendance
steppique comme celui du Valais central. Ce climat est en effet caractérisé : 1° par sa
grande intensité lumineuse, résultant dune pureté du ciel remarquable sous cette
latitude surtout dans l'Europe occidentale, renforcée encore par la réverbération du
soi généralement rocailleux; 2° par sa sécheresse; les pluies y sont en effet sinon fort
rares, du moins de courte durée, tantôt peu abondantes et ne pénétrant pas le sol pro-
fondément, ou au contraire en trombes brèves qui ravinent le sol laissant s'échapper
l'eau trop rapidement. Les rosées et le givre y sont presque inconnus, de même que
les brouillards. De plus, les courants d'air fréquents autant que violents remontent la
vallée et activent l'évaporation ainsi d'ailleurs que le rayonnement intense des nuits
presque toujours sereines.
Ces conditions climatiques expliquent les modifications «pie présentent
dans leur structure les Primula viscosa Vill. (/tirsuta Ail.), Saxifraga exa-
rata Vill., et Draba aizoides L., d'origine évidemment très ancienne, qui
végètent avec une incroyable exubérance dans une station steppique entre
Vernayaz et Martigny sur une dizaine de kilomètres. Les pieds de cette sta-
tion, comparés aux individus alpins de ces mêmes espèces, présentent les
caractères suivants :
Feuilles plus épaisses, surtout plus visqueuses (Primula viscosa, Saxifraga
exarata), inflorescence beaucoup plus fournie, fleurs plus grandes et d'un
coloris beaucoup plus accentué, énorme développement des organes sou-
terrains.
En dehors de ces six espèces, qui possèdent en \"alais deux centres d'extension bien
distincts, l'Oxytropis Ilalleri Bunge var. veltitùia Sieli. apparaît par contre dans la
région alpine comme sur un terrain conquis plus récemment. En ellet, cette e-^pèce
SÉANCE DU 25 AVRIL I910. IO71
possède en Valais non seulement les caractères morpliologiques précédemment cités,
mais encore un épais feutrage (comme Sempervirum tomentosum). Ces caractères
se maintiennent dans les stations alpines (à l'encontre des espèces précédemment
citées); de plus, ces dernières, clairsemées et se rencontrant surtout dans les Alpes
Pennines orientales, sont toutes en étroite relation avec les stations inférieures par des
étapes que l'on peut nettement établir. La très petite station isolée du Mont Fully
(igoo"" à 2TOO"), qui semble faire exception à la règle et qui, de plus, est l'unique sta-
tion de la plante dans la Chaîne Bernoise, peut fort bien provenir de la région infé-
rieure par l'intermédiaire de la Joux Brûlée, station steppique située à iSco™, et
qu'atteignent aisément les plantes de la région inférieure. Cette extension de bas en
haut de VOxylropis Halleri semble en quelque sorte confirmée par l'allure analogue
d'une plante compagne nullement alpine, VAstragalus exscapus L., dont la présence
dans la région alpine est beaucoup plus récente. Ces deux plantes ont bien certaine-
ment la même origine historique, VOxytropis appartenant aux basses régions step-
piques de l'Altaï, et V Astragalas aux steppes de la Hongrie et de l'Ukraine.
Si d'autre part, on recherche à quelles causes on peut rattacher l'origine
de ces différentes espèces dans les régions inférieures, il m'apparait néces-
saire de remonter aux phases climatiques postérieures à la dernière période
glaciaire, phases chaudes et sèches alternant avec des périodes de refroidis-
sement et d'humidité, séparées les unes des autres par des phases plus courtes
de transition. La pluralité de ces phases constitue la période dite xérother-
mique ou steppique post glaciaire ^ période qui, selon moi, n'a pas eu l'unité
d'action bien définie que lui attribuent encore certains auteurs.
Ce sont ces phases, moins importantes naturellement que celles du système
glaciaire proprement dit, qui durent, par un jeu alternatif d'influences con-
traires progressivement décroissantes, mêler tour à tour les plantes alpines
aux plantes steppiques et réciproquement. De ces migrations successives,
certains vestiges subsistent encore de nos jours dans les régions inférieures
du Valais central, les uns plus nombreux possédant deux centres d'extension
distincts, alors que, plus atteint sans doute par ces alternances climatiques,
et possédant d'autre part plus d'affinités avec les espèces steppiques, VOxy-
tropis Halleri aurait à un certain moment perdu son centre alpin qu'il recon-
quiert peu à peu.
BOTANIQUE. — L' Ambrosia du Tomicus dispar. Note de M. J. Beavverie,
présentée par M. Gaston Bonnier.
On comprend, sous le nom général à^ Ambrosia, des champignons de
diverses espèces qui tapissent les cavités des galles produites par les
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 17.) I4I
1072 ACADÉMIE UES SCIENCES.
Asphondylia, ou les galeries que creusent dans l'intérieur du bois certains
insectes xylophages dont la plupart appartiennent au groupe des Scoly-
tides. L'espèce de champignon est déterminée et constante suivant la
nature spécifique de l'insecte.
La connaissance d'un revêtement intérieur des galeries des Scolytides
est déjà ancienne; Schmidberger le signalait dès i83G, mais sans recon-
naître sa véritable nature; il voyait là une substance albuminoïde concrétée
provenant des sucs de l'arbre; Harlig, en i844) en reconnaît la nature
mycotique, et en fait, à tort, un Monilia. Il faut arriver à ces dernières
années pour trouver, avec les travaux de Hubbard (1897), et surtout de
Neger (1908 et 1909), une étude rationnelle sur ce sujet. Mous donnerons
ailleurs une mise au point détaillée de la question des champignons Ambro-
sia avec les résultats, éclairés de nombreuses figures, de nos propres
recherches; mais nous voulons, dès aujourd'hui, indiquer brièvement
ceux-ci à la suite des principales conclusions des auteurs.
Neger a montré que, dans les galles A'' Asphondylia^ l'insecte se nourrit
du champignon Ambrosia et il a établi par quelle adaptation ce dernier
puise sa propre nourriture dans les tissus de l'hôte; il a enfin déterminé la
nature spécifique de ces divers champignons qu'il f;iut rattacher au genre
MacropJioina .
Les champignons Ambrosia des galeries d'insectes xylophages ont pour
ces derniers l'utilité de drainer dans le bois un aliment parcimonieusement
réparti, surtout au point de vue des matières azotées, et de le mettre à la
portée des larves sous la forme d'une sorte de gazon mycotique sur lequel
elles reposent. Ces insectes à Ambrosia creusent leurs galeries seulement
dans les bois assez frais et dans l'aubier, car, dans ces conditions seulement,
le champignon trouvera l'eau etles aliments nécessaires à son développement.
Il rencontre encore dans les galeries une circonstance très favorable :
l'aération utile à ses exigences d'aérobie. Cette aération a, d'autre part,
pour conséquence d'entraîner une contamination assez fréquente du gazon
de champignon par des mauvaises herbes, autrement dit par des impuretés
diverses dont les plus répandues sont des Ceralostomella (Hubbard, ÎS'eger)
et des levures (Neger et nous-même). On peut dire, malgré cela, que ces
cultures des galeries de Scolytides, établies sur le milieu naturellement
stérile qu'est l'intérieur du bois, constituent des cultures pures. Il est
remarquable, à ce propos, que l'insecte ne fait jamais traverser à ses galeries
une région où le bois est préalablement altéré ou contaminé.
Certaines questions importantes que comporte cette étude ne sont
SÉANCE DU 25 AVRIL I()IO. lOyS
pas encore nettement éclaircies, ce sont notamment les deux sui-
vantes :
i" De quelle façon les champignons des Ambrosia sont-ils ensemencés
dans les galeries? 2" Quelle est leur identité spécifique?
Nous ne traiterons pas ici de la première question, mais seulement de la
seconde qui a fait le principal objet de nos recherches à propos du cham-
pignon Ambrosia des galeries de Tomicus dispar. Nous avons étudié ce
dernier à l'occasion de nombreux matériaux reçus de certaine région de la'
vallée du Rhône où l'insecte fait depuis quelques années sur les arbres
fruitiers des ravages dont nous avons signalé la gravité (').
Disons, tout d'abord, que les auteurs qui se sont efforcés de déterminer
l'espèce de champignon qui constitue l'Ambrosia des galeries de Tomicus
n'ont pu aboutir à un résultat; nous n'arrivons nous-même qu'à une con-
clusion hypothétique. Voici les faits nouveaux que nous avons obtenus :
i" Nous avons trouvé, sous le slroma qui supporte les cellules en files
caractériques de l'Ambrosia, entre lui et le bois, des massifs de cellules
levures. Ces levures étaient constantes dans nos échantillons, provenant tous,
il est vrai, d'une même origine. Lorsqu'elles faisaient défaut nous trouvions
toujours alors des sortes de kystes arrondis dans les cellules des rayons mé-
dullaires. Ces kystes correspondent à un état particulier du champignon qui
produit la levure, comme nous a permis de l'établir la méthode des cultures
pures.
I>es cultures nous ont montré (caractères morpliologiques et cytologiques) que les
cellules levures appartiennent à un Demalium. Celui-ci n'est peut-être qu'une simple
impureté de l'Ambrosia, mais son abondance et sa fréquence le rendent intéressant
presque au même litre que ce dernier.
2° Le stroma s'est creusé, après quelques mois, de très nombreuses cavités
ressemblant à des conceplacles, mais ils n'ont évolué ni en pycnides ni en
périthèces ; après plus de 5 mois ils étaient encore vides.
En culture sur milieux artificiels nous avons obtenu à la fois les formes
de l'Ambrosia proprement dit et le Dematium.
Il ne nous semble pas interdit d'envisager l'hypothèse de la continuité des
deux formes Ambrosia et Dematium qui ne constitueraient qu'un seul et
même champignon ; nous donnerons ailleurs les arguments qui militent dans
ce sens. Toutefois l'explication suivante nous parait moins sujette à caution.
(') Sur une maladie des pêchers dans la vallée du Rhône {L'Horticulture nou-
velle. Lyon, 1909).
1074 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les Aml)rosia de certaines galles présentent avec ceux des galeries du
Tomirits disparde grandes similitudes au point de vue morphologique. C'est
ainsi ({ue dans les deux cas, il existe, du côté de la cavité, des files de cellules
globuleuses identiques. Negera, en outre, montré que TAmbrosiadesylj/JÂo/i-
dylia produit des conceptacles qui tantôt restent vides, tantôt évoluent en
pycnides de Macrophoma. Étant donnés ces faits, il nous semble que l'on
puisse admettre, par analogie, que les conceptacles restés vides que nous
avons vu se former en grande quantité dans le stroraa de l'Ambrosia du
Tomicas sont des pycnides non évoluées d'un Macrophoma et que cet Am-
brosia doit être rattaché à ce genre de Funglii imperfecù.
Une longue adaptation à des conditions de vie tout à fait spéciales a pu
faire perdre au champignon la faculté de conduire à évolution complète ses
appareils reproducteurs.
BOTANIQUE. — Sur l' absorption du baryum par les plantes. Note de MM. H.
CoLi.N et J. DE lluFz, présentée par M. Gaston Bonnier.
La pénétration du baryum dans les plantes n'a été, jusqu'à présent, l'objet
que d'un petit nombre de recherches. Dvsorzak ('), en 1874, trouve, dans
le blé des alluvions barytiques du Nil, de très petites quantités de baryum
localisées principalement dans les feuilles. En 1899, Hornberger (-), à la
suite de Scheele aide Eckard, constate la présence du baryum, à l'état de
SO'Ba, dans les cendres du hêtre végétant en sol barytique. Enfin, plus
récemment, Demoussy ('), étudiant l'absorption des azotates sur le colza
cultivé en solution, voit les plantes végétant dans une solution de (NO')-Ba,
perdre leurs feuilles et attribue ce phénomène à la pénétration d'une légère
quantité de baryum jusqu'au niveau des feuilles.
Knop (') avait déjà signalé la toxicité du baryum et son incapacité à
remplacer le calcium dans les cultures.
Nous avons repris la question de l'absorption du baryum en opérant sur
diverses plantes, pois, mais, haricot, cultivées en solution diluée d'azotate
ou de chlorure de baryum.
(') 11. DwORZAK, Landw. Versuclistal., Bd. Wll, 187^, p. 2
(^) lioiiNBEiuiER, Landw. Versuchstat., Bd. Ll, 1899, p. 470.
(') Demoissy, Ann. agron.^ t. XXV, p. Sag.
(') Knop, Landw. Versuchstat., Bd. Vlll, i866, p. i43.
SÉANCE DU 2.5 AVRIL KJIO. 107$
Les pois sonl mis à germer dans l'eau distillée et transportés dans la solution bary-
lyque dès que la racine a pris un dévelopi^emenl convenable. Après avoir expérimenté
diverses concentrations, nous nous sommes arrêtés à celle de o,i25 pour 1000. Dans
ces conditions, le développement n'est pas sensiblement entravé, ainsi qu'en témoigae
la turgescence des racines, dont l'extrémité se flétrit, au contraire, pour une concen-
tration atteignant o,25o pour 1000.
Les pois, ainsi cultivés, renferment du baryum ; nous layons mis en
évidence par des dosages effectués sur la plante totale.
Après un séjour d'une quinzaine dans la solution, les pois sont lavés, jusqu'à ce que
les eaux, de lavage, concentrées, ne présentent plus trace de précipité par SO*H-; on
dessèche, calcine au moufle ; le baryum est dosé dans les cendres à l'état de SO*Ba.
Le baiyum est-il réparti uniformément à l'intérieur des tissus ; en parti-
culier, la tige en contient-elle autant que la racine? Dans de semblables
recherches relatives à l'absorption ou à la to.Kicité, les auteurs se sont bornés
à effectuer les dosages sur la plante entière. Nous sommes arrivés, par deux
méthodes différentes, examen microchimique et dosage, à cette conclusion
que la presque totalité du baryum se trouve localisée dans la racine.
Pour la recherche microcliimique, cinq ou six coupes sont placées sur un porte-
objet; on dépose une goutte de SO'H- à 66°, on chauffe jusqu'à destruction des coupes,
on recouvre d'une lamelle ; après quelques heures, on observe, au microscope, les cris-
tallites en forme d'X, caractéristiques du baryum.
Les coupes pratiquées dans la racine donnent toujours et abondamment
la réaction indiquée ; on n'obtient, au contraire, avec les coupes de tige, que
quelques croix très rares.
Les dosages confirment ces recherches qualitatives ; voici les données
numériques relatives à une expérience (d'autres, en grand nombre, ont
constamment fourni des résultats semblables) :
Racine 08,980 o,i46 o,oi5
Tige 2B,64o 0,178 Un louche
Il était intéressant de se demander si la localisation à peu près exclusive
du baryum dans la racine n'entraînait pas quelques particularités, obser-
vables au microscope, qui ne se retrouveraient ni dans la tige, ni dans les
racines exemptes de baryum. Nous avons constaté, en effet, sur les coupes
de racines renfermant du baryum, la présence constante, dans le péricycle,
de granulations abondantes, remplissant les cavités cellulaires, au point de
10-6 ACADÉMIE UES SCIENCES.
communiquer au péricycle, sur toute son étendue, une teinte sombre. Rien
de semblaiîle ne s'observe dans la tige et les racines normales.
Comment la présence de ces granulations est-elle corrélative de la teneur
en baryum ? Leur nature barytique semble indiquée par l'expérience sui-
vante. On pratique, sur le pois, la décortication de la racine; la plus légère
traction suffit à séparer les tissus au niveau des cadres subérisés de l'endo-
derme; on effectue sur l'écorce et sur le cylindre central la réaction micro-
chimique à l'acide sulfurique ; le résultat est négatif avec l'écorce ; les cris-
taux typiques de SO'Ba sont abondants avec le cylindre central.
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Stérilisation de grandes quantités d'eau au
moyen des rayons ultraviolets. Note de. M. Gabriel Vai.i.et, présentée
par M. A. Chauveau.
Les présentes recherches ont eu pour but de déterminer quelle est, au
point de vue du débit en eau stérilisée, la limite de puissance d'une lampe
donnée, en la plaçant dans des conditions de rendement aussi parfaites que
possible.
J'ai utilisé successivement deux lampes en quartz aux vapeurs de mercure:
l'une de 220 volts, longue de 3o'"^ (fournie par une maison de Paris) ; l'autre
de iio volts, à double manteau de quartz, dont le brûleur mesure 6''™ de
longueur (fournie par la Quartzlampen Gesellschaft). A tous les points de
vue, cette dernière s'est montrée supérieure, et les résultats qui suivent la
concernent seule.
La lampe était immergée dans un récipient clos, rempli et traversé par
l'eau sous pression de la canalisation de Montpellier.
Cette eau, souillée d'une façon fréquente, contenait 1000 colibacilles par
litre pendant les expériences et fertilisait le bouillon en 24 heures au -^ de
goutte; à cause du trouble qu'elle présentait, elle a dû être clarifiée au
moyen d'un dispositif spécial avant son arrivée dans l'appareil.
Il résulte des expériences faites qu'il est possible, avec une seule lampe
de iio volts, de stériliser une eau très polluée, sous un débit voisin de
10'"' à l'heure, en réalisant les conditions suivantes :
1° Donner préalablement une limpidité parfaite à l'eau ;
1° Amener l'eau dans l'appareil de telle façon que les masses nouvelles
arrivent bien progressivement au contact du brûleur;
3" Proportionner la capacité du récipient au débit, de manière que chaque
SÉANCE DU 25 AVRIL I9IO. IO77
molécule d'eau reste illuminée, pendant au moins une minute, dans la limite
de la portée utile des rayons ;
4° Recueillir l'eau, pour la conduire au dehors, dans la couche qui
entoure immédiatement le brûleur.
Je me suis efforcé de réunir ces conditions dans l'appareil qui a servi aux
expériences.
La stérilisation a toujours été complète avec un débit de 5"' à liieure; la mise en
culture de quantités d'eau notables (Soo'^"'' d'eau répartis dans des ballons avec une égale
proportion de bouillon) restait absolument stérile. Avec des débits variant entre 5ooo'
et 9200', quantité maximum que fournissait la prise d'eau, les résultats ont été
inconstants; tantôt la stérilisation était complète, tantôt un ballon ou deux culti-
vaient, queli|ifefois tardivement. On peut attribuer ces accidents partiels au trouble
primitif de l'eau qu'une clarification, forcément incomplète pour une si grande
quantité dans une installation de laboratoire, ne parvenait pas toujours à dissiper
complètement. Pendant la période des pluies notamment, l'eau contenait toujours en
suspension, après filtration rapide, de fines particules d'argile visibles seulement sous
une grande épaisseur et à la faveur de l'éclairage du brûleur. Malgré cela le colibacille
a toujours été détruit et même la stérilisation complète de l'eau, encore un peu
louche, a pu être obtenue, mais en diminuant alors le débit dans les limites conve-
nables.
Avec une clarification parfaite, on peut prévoir que le débit de 10°'' à
l'heure serait dépassé.
La consommation de la lampe à double manteau de quartz a été, au cours
des expériences, de 4 hectowatts-heure.
Cette faible consommation, jointe à la simplicité de l'installation et à la
qtiantité d'eau assez considérable qu'une seule lampe peut stériliser, font
donc espérer qu'on pourra prochainement appliquer l'action des rayons
ultraviolets à l'épuration en grand de l'eau des villes, mais à condition
d'avoir au préalable clarifié l'eau d'une manière parfaite.
ZOOLOGIE. — La partie abdominale du grand sympathique chez les Sauriens.
Note de M. E. Sauvagk, présentée par M. Edmond Perrier.
Le plexus mésentérique formé par l'union de lilets du pneumogastrique
et du grand lymphatique est, chez Lézard ocellé, constitué par des rameaux
partant des 9", 10*, 11", is*" et iS" ganglions vertébraux du côté gauche;
ces rameaux passent entre les feuillets du mésentère et se rendent à des
ganglions situés à l'origine des vaisseaux mésentériques, qu'ils accompa-
1078 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gnenl; ces filets remontent le long de la partie pylorique de l'estomac et s'y
distribuent; ces filets reçoivent directement quelques rameaux venant du
9* ganglion du sympathique.
Deux petits ganglions forment un plexus qui donne des filets fort ténus
qui s'accolent aux vaisseaux se rendant à la rate et pénètrent avec eux dans
cet organe. Chez Platydactylus gultatus un filet de ce plexus se rend à l'épi-
didyme.
Le plexus mésenlérique est moins développé chez Caméléon vulgaris et cl)ez Pla-
tydactylus guttatus que chez Lézard ocellé; il est au contraire formé d'un plus grand
nombre de ganglions chez Salvator Meriamœ^ Zonure géant, Stellion vulgaris.
Varan du désert, chez lequel les ganglions sont gros, tandis qu'ils sont petits chez la
première de ces espèces.
Du côté droit des 8", 9" et 10"' g;inglions vertébraux parlent des rameaux qui accom-
pagnent les vaisseaux hépatiques et se rendent dans le foie : chez Lézard ocellé, ces
branches sont au nombre de trois, présentent, la moyenne et la postérieure, un petit
ganglion d'où parlent plusieurs rameaux.
Le plexus ovarien et le plexus lesticulaire sont bien développés chez Zonure géant;
il en est de même pour le dernier de ces jjlexus chez Salvalor Meriamœ et chez un
iguanien Papaya orbicularis.
Le plexus génital donne des filets au plexus crural et forme, en se terminant, un
plexus hémorroïdal {Varan du désert) qui donne des filets à la partie terminale du
tube digestif et au cloaque. Chez Stellion vulgaris, on voit à la partie terminale du
tube digestif un ganglion un peu plus gros de forme ovalaire d'où partent des filets
s'anaslomosant avec le plexus crural : ce ganglion donne aussi un filet se rendant à
loviduc ou au canal déférent. Chez Caméléon vulgaris, au niveau des vertèbres
sacrées, un filet s'anastomose avec celui du côté opposé entourant les vaisseaux
hémorroïdaux.
Chez Varan du déserl, au niveau de l'extrémité pylorique de l'estomac, la
chaîne du grand sympathique se sépare de l'aorte, se portant un peu à
droite, et fournit des filets au testicule ou à l'ovaire, et au plexus crural se
terminant au plexus hémorroïdal.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur l'éruption de l'Etna du 28 mars 1910.
Note de M. A. Ricr.ô, présentée par M. A. Lacroix.
Dans la journée du 22 mars, les sismographes de l'Observatoire de
Catane ont enregistré quelques petites secousses. Depuis les premières
heures du 23, jusqu'à 8*" du matin, une vingtaine de faibles mouvements
ont été constatés, dont lo plus important a eu lieu à 2'' 55'" (temps de
SÉANCE DU 25 AVRIL 1910. IO79
l'Europe centrale). Ces secousses ont été exclusivement instrumentales et
rien d'anormal n'a été observé sur le volcan, bien que l'Observatoire de
l'Etna ait été bouleversé par les secousses, sans subir cependant de dom-
mages importants.
A 8'' i5™, on a vu surgir des brouillards au-dessus du Piano del Lago un
mince panache de fumée, ayant la forme caractéristique du pin éruplif;
c'était le signal d'une nouvelle éruption.
Eu effet, une fente s'était ouverte entre le Monte Castello et la Monla-
gnola, entre les altitudes de iQoo'^etde 23oo™, avec une direction Sud-Sud-
Ouest Nord-Nord-Est; elle se prolongeait vers le Nord, sur le Piano del
Lago, par deux grandes fractures principales.
Sur la fente éruplive, quinze à vingt bouches ont commencé à lancer des
bombes, des lapilli et des vapeurs. Une petite coulée est sortie tout d'abord
des bouches supérieures, mais elle n'a parcouru que 2'"", dans la direction
Nord-Sud, parce que le flux principal de la lave s'était établi, selon la loi
hydrostatique, aux bouches inférieures, près du pied sud du Monte
Castellazo. De ces bouches la lave coulait en plusieurs branches, qui ne
lardaient pas à se réunir en un magnifique fleuve de feu, dont la vitesse
était d'environ 6"' par seconde près des bouches et de 3'" plus bas.
La lave arrivait bientôtà l'est du Monte Faggi; ne trouvant entre celui-ci
et la première coulée de l'éruption de 1892 qu'un passage très étroit, elle
s'accumulait pour former ensuite une superbe cascade incandescente, large
d'environ lo", haute de 20"'. Le courant a gagné ensuite le pied oriental du
Monte Sona, puis la gorge située entre le Monte San-Leo et le Monte
Rinazzi, ne mettant que 7 heures 3o minutes pour effectuer 5''"'; sa vitesse
moyenne était, par suite, d'environ 700" à l'heure.
Les jours suivants, les laves ont continué à s'avancer vers le Sud, mais
avec une vitesse moindre. La coulée s'est élargie et s'est partagée en plu-
sieurs branches, dont la plus longue s'est arrêtée avant la Cislerna délia
Regina, à environ lo""" des bouches inférieures; une branche moins longue
s'est arrêtée le 10 avril.
Les cratères supérieurs ont émis des lapilli et des cendres, mais en quan-
tité très modérée et avec une faible quantité de produits gazeux, [)armi
lesquels il y avait peu de vapeur d'eau. Aussi, les détonations n'ont-elles
été ({u'inlermitlentes et d'une intensité médiocre; ce n'est que le 20 mars
({u'il s'en est produit d'assez fortes pour faire trembler les vitres à Catane.
La cascade de lave du Monte Faggi s'est consolidée le \ avril, les coulées
inférieures se sont arrêtées le 10; les laves supérieures ont continué à
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 17.) I V-
to8o ACADÉMIE DES SCIENCES.
ravager les campagnes jusque vers le 20 avril, mais aujourd'hui leur marche
est insignifiante et l'on ne voit plus d'incandescence dans les laves des
bouches effusives.
Je rappellerai que, lors de l'éruption de i883, le versant méridional de
l'Etna a été déchiré par une fente radiale (constatée par MM. Silvestri et
Arcidiacono), qui allait en serpentant du cratère central à ceux qui
venaient de s'ouvrir. Elle se bifurquait ensuite. Une branche était dirigée
vers le Monte Segreta et l'autre vers Monte Fusara et les Monti Rossi,
cratères de l'éruption de 1669. Les appareils éruptifs de 1886, de 1892 et
le milieu de celui de l'éruption actuelle sont tous sur les traces de cette
fente.
Dès lors, on comprend que les laves d'une éruption, avec leur tendance
à descendre, soudent et recouvrent la partie inférieure de la fente radiale,
en laissant ouverte la partie supérieure, qui, par suite, présente une voie
plus facile pour l'éruption suivante. Celle-ci, dès lors, aura une tendance
à se produire au-dessus du point de sortie de l'éruption précédente. Cela
a eu lieu ainsi pour les quatre dernières éruptions de l'Etna rappelées plus
haut :
Eniplion de r883 io5o ■
.) 1886 l'iSo
» 1 892 1 8do
» IQ'0 2125
La dillérence de chacune de ces altitudes est de 400™ pour les deux pre-
mières et de 273™ pour la dernière.
Je n'ai considéré ici ni l'éruption centrale de 1899, qui appartient à un
autre type, ni celle de 1908, qui a été avortée, probablement parce qu'elle
n'a pas trouvé un passage préparé par une fente précédente. On sait qu'elle
n'a duré qu'un jour ( ' ).
( )n pourrait remarquer que peut-être l'éruption de 1889 n'a fait que
rouvrir une fente préexistante, celle de l'éruption de 1669; j'ai fait voir
d'ailleurs, par une statistique de la position des cratères secondaires de
l'Etna, que leur nombre maximum se trouve dans la direction radiale Sud-
Sud-Est.
Il parail plus difficile de trouver une relation entre l'éruption actuelle et
(') A. Lacroix, Cnmplex rendus^ 2j mai et 12 juin 1908, el A. Ricco, Bull. Accacl.
Giocnia Se. nat. Catania, iqoS.
SÉANCE DU 2.5 AVRIL IQIO. to8l
celle de 1908, caria direction de leurs fracLures font entre elles un angle
de 45°, et jusqu'à présent on n'a pas trouvé sur le terrain de trace de la
continuation de l'une dans l'autre. Néanmoins, il faut remarquer que dans
chacune de ces éruptions, le Pianodel Lago a été fissuré ; les fentes principales
de 1910 sont dirigées au Nord jusqu'au pied oriental du Monte Fruniento,
comme en i883. S'il y a des fissures joignant les deux appareils éruptifs,
elles auront sans doute une allure très irrégulière, à cause de la complexité
de la constitution de la partie haute du Val del Bove et elles seront difficiles
à reconnaître, car cette région du volcan est d'un abord peu accessible.
Il y a lieu de remarquer enfin qu'au cours de l'éruption de 1910 les
cratères de 1908 n'ont présenté aucune trace d'activité.
GÉOLOGIE. — Sur l'évolution de l'hydrographie quaternaire dans la
région de Constantirie { Algérie). Note de M. L. Jole.4ud, présentée
par M. A. Lacroix.
L'Atlas tel lien est constitué par une série de plis plus ou moins paral-
lèles et de direction sensiblement oblique au rivage de la Méditerranée,
qui paraissent avoir déterminé, dès l'Oligocène supérieur, la formation
dans leurs intervalles d'un certain nombre de bassins fer/nés. 11 ne semble
pas que la grande transgression marine, qui se produisit au Miocène, ait
modifié considérablement le relief du pays, car au Pontien, au Plaisancien,
à l'Astien, des lacs lagunaires et des lacs d'eau douce occupaient toujours
nombre de bas-fonds de l'Algérie intérieure et, un peu partout, il s'y
formait des dépôts d'allure à peu près identique. La disposition des sédi-
ments ultérieurs, siciliens, pléistocènes et néopléistocènes, varie, par
contre, suivant qu'ils sont plus ou moins éloignés de la côte.
Aux. environs de Conslanline, dans la basse vallée du l3ou Merzoug, nous avons
observé six niveaux d'alluvions vers les altitudes relatives de i5"-20™, 3o", 5o™-6o'",
100"", i5o'", 200™ (') et, siir les plateaux d'Ain el Bey et du Mansoura, la nappe
de 200™ est directement superposée à des travertins, sables et argiles avec faune de
Mammifères caractéristique du Sicilien ancien, Elephas meridionalis Nesti, Hippo-
potamus amphibius L. var. major Cuv., Equus Stenonis Cocchi, etc. Il s'ensuit
que le creusement de la vallée près de Constantine est postérieur aux dépôts du
niveau de 200"'.
(') M. le général de Laïuotlie a reconnu également six niveaux de terrasses à ces
mêmes altitudes relatives dans le bassin de Tisser. ■
Io82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Dans la moyenne vallée du Bou Merzoug, au voisinage d'Ouled Rahmoun, les tra-
vertins et les sables du Sicilien ancien, qui ne dominent plus le lit du cours d'eau que
de 100" environ, sont ravinés par des terrasses se montrant les unes vers So™, les
antres vers So" et vers i5°'-20'" au-dessus de la rivière actuelle. Dans la partie méri-
dionale des monts de Conslantine, le creusement des vallées a donc dû commencer
un peu at'ant tri phase de sédimentation des cailloulis de 5o"'.
Dans la zone limitrophe des monts de Conslantine et des hautes plaines des Oulcd
Abd en Nour, particulièrement dans la moyenne vallée du Bou Merzoïig, autour d'El
Guerra, nous avons vu les travertins et les sables siciliens diminuer très sensiblement
d'altitude par rapport au niveau des eaux, actuelles, au-dessus desquelles ils ne s'élèvent
guère que de 3o'" environ. Les fermes du Gourzi sont installées sur la terrasse
de iS^-ao"", la seule qui paraisse exister. Le creusement de la vallée aurait donc
commencé, ici, un peu avant le dépôt de la terrasse de iS^-ao™.
Enfin, dans l'extrême nord des Hautes Plaines, entre Oued Seguin et Telergma, par
exemple, le Sicilien et le Pléislocène, qui occupent de larges surfaces doucement incli-
nées, présentent une série d'assises superposées dans leur ordre de formation : ainsi,
au-dessus des argiles du Pléistocène ancien à Equus cf. Burchelli Gray, Bubalus
antiquus Dur., viennent d'autres argiles renfermant des restes de l'industrie raousté-
rienne (') (Pléistocène moyen). Tout cet ensemble argileux est raviné par l'Oued
Seguin. Dans la partie nord des Hautes Plaines, le creusement des vallées actuelles
daterait donc seulement du début du ISéopléistocène.
Ces observations indiquent que les anciens bassins fermés de la région
envisagée ont été successivement captés par des cours d'eau tributaires de
la Méditerranée, et à des époques d'autant plus récentes que lesdits bassins
étaient plus éloignés du littoral. Ces captures se sont accomplies très
probablement lors des grands mouvements négatifs de la mer (-), au
Néopléistocène ancien dans le nord des Hautes Plaines, au Pléistocène
moyen dans la zone limitrophe des Hautes Plaines et des monts de Cons-
lantine, au Sicilien récent dans la partie méridionale des monts de Cons-
lantine, au Sicilien moyen dans les environs immédiats de cette ville (').
Et cette évolution se continue à Tlieure actuelle. Dans les Hautes Plaines,
au sud de la tète du Bou Merzoug, on rencontre d'abord les bassins mi-
fermés du cliott Tinecilt et de la sebka ez Zmoul, puis, plus à l'intérieur.
(') Thomas, Mém. Soc. Géol. Fr., S" série, t. III, n" 2, 1884, p. 36.
(^) Boule, Les grottes de Grimaldi, t. II, 1906. — L. Joleaud, Les terrains qua-
ternaires de ta plaine du Comtat, 1910.
(^) Suivant les observations de Ville, Pomel, de MM. Ficheur et Brives, la vallée
de l'Oued llarrach a été creusée à 300™ au-dessous du lit actuel et une large plate-
forme côtière a été émergée autrefois au nord de la Bouzaréa et sur l'emplacement
d'une partie du golfe de Gabès.
SÉANCE DU 2J AVRIL 19IO. I o83
les bassins encore complélement fermés de la sebka Djendeli et des Gueraa.
Les premiers reçoivent une partie des eaux du revers nord-ouest de
TAures (') et, en cas de crue excessive, ces eaux effluent vers le Bou
Merzoug (-).
HYDROLOGIC. — Recherches sur l'ionisation de la source chaude des thermes
d' Hammam-Salahin, prés de liiskra. Note de M. Albert IVodov, présentée
par M. Edmond Perrier.
Pendant un séjour dans le Sud-Algérien pour y remplir une mission
scientifique, j'ai eu la bonne fortune de pouvoir étudier l'ionisation et la
radioactivité de l'eau de la fontaine chaude d'Hammam-Salaliin.
Celle source est située à C"" au nord de Biskra, au pied des dernieis coutreforls
des monts Atlas.
Son débit est de i5oo' à la minute et sa température au griffon est de 46° C.
A sou point d'émergence elle présente une belle teinte bleu foncé; sa limpidité est
grande en temps habituel; mais par les journées orageuses comme celles du 27 et du
28 mars 1910, l'eau prend au contraire une teinte opalescente qui provient de la mise
en liberté de soufre pulvérulent provenant des sulfures qu'elle renferme.
L'eau d'Hamniam-Salahin est chlorurée, sodique et sulfurée. Sa saveur est franche-
ment salée et son odeur sulfureuse. Le soufre s'y trouve à l'état de sulfure de sodium.
Ces eaux sont employées en boisson, mais surtout sous forme de bains,
pour le traitement des affections cutanées, des voies respiratoires, de
l'arthritisme, du lympliatismc et dans les alï'ections utérines.
Grâce à l'obligeance du directeur de l'établissement, je pus me procurer
1' d'eau puisée au griffon même.
Le flacon fut complètement rempli et bien bouché, et je pus en effectuer
l'analyse radioactive à Biskra, 3 heures après la prise.
(') Une autre partie des eaux, du revers nord-ouest des montagnes de l'Aures,
situées à So''-" au sud du chott Tinecilt, a été plus ou moins parfaitement captée par
l'oued el Kantara au profit du bassin saharien du chott Melrir.
(2) Le chott Tinecilt et la sebka ez Zmoul se trouvent à 2""° à peine de ravines nor-
malement tributaires du Bou Merzoug. Les récents phénomènes de capture des Hautes
Plaines constantinoises ont fait l'objet d'une controverse entre MM. Grund {Sitzber.
d. fc. k. Akad. d. Wiss. su Wien, l. LXV, 1906, p. 525) et Passarge {Globus, t. XCIV,
1908, p. 169). — \oir, à ce sujet, L. Joleaud et A. Joly, Ass. franc. Ai'. Se,
l. XXXV'III, Lille, 1909, p. 200.
Io8Zi ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'utilisais clans ce bul un élecliomèlre à feuille d'aluminium, d'un modèle spécial,
que j'avais transporté pour eflectuer des recherclies sur la Plij'sique du globe terrestre.
Je m'étais également muni d'un étalon de is d'oxyde noir d'uranium en prévision
d'analyses sur la radioactivité.
Une petite balance complétait cet outillage qui me permit de déterminer le degré
d'ionisation de cette eau avec suffisamment d'exactitude.
En prenant pour unité l'ionisation produite par is d'oxyde noir d'uranium, l'ionisa-
tion y>OA77/re de l'eau fut trouvée égale à o,i par litre et l'ionisation négative à o,o5 par
litre.
L'eau est donc à la fois radioactive dans la proportion deo,o5 par litre, et ionisée
positivement dans la même proportion de o,o5.
La polarité nettement positive de cette source lui communique des pro-
priétés calmantes, sédatives et cicatrisantes analogues à celles que j'avais
déjà constatées dans diverses sources sulfureuses de la région des Pyrénées.
La radioactivité et l'ionisation des sources thermales parait donc être un
fait général, aussi bien en Europe qu'en Afrique, et le signe de la j3(r)larisation
de l'eau paraît jouer un rôle de premier ordi'e dans les propriétés thérapeu-
tiques et chimiques de ces sources thermales.
La séance est levée à 4 heures et quart.
G. D.
BUI.LRTIN RIBI.IOGRAPliKjVE.
Ouvrages reçus dans la séance du ii avril 1910.
Icônes niycologicœ, par Boudif.r, Correspondant de l'Institut; 6° série, livraison 28.
Paris, Paul Klincksieck, 1910; i fasc. in-4°. (Hommage de l'auteur.)
Rapport sur l'attribution du prix Fonlannes[de la Société géologique de France],
par W. KiLiAW, Correspondant de l'Institut. Paris, 1909; i fasc. in 8". (Hommage de
l'auteur.)
Sur le gisement bajocien de Villard-d' Arène {Hantes-Alpes) et sur un tc/iinide
nouveau du Massif du Pehoux, par MM. W. Kilian, Correspondant de l'Institut, et
Jules Lambert. Grenoble, 1909; i fasc. in-S".
Die Théorie des Fârbeprozesses, von L. I'elet-Jolivet, mit 14 Abbildungen und
melircren Tabellen. Dresde, Tlieodor SteinkopIT, igio; i vol. in-8". (Présenté par
M. Haller.)
Statistit/ue sanitaire de la France; i'" partie : ] illes de jooo habitants et au-
SÉANCE DU l>5 AVRIL 1910. IoS5
dessus, année 1908, 28° année. Ministère de l'Intérieur, Direction de l'Assistance et
de l'Hygiène publiques, 5'' Bureau; 1910. l vol. in-S».
Commission du Sen'ice géologique du Portugal. Mollusques tertiaires du Por-
tugal. Le Pliocène au nord du Tage (Plaisancien), par Gustave-F. Doli.fl's et J.-C.
Berkeley Cotter; F' partie : Pelecypoda, précédée d'une Notice géologique, avec
9 planches. Lisbonne, Imprimerie nationale, 1909; i fasc. in-4°.
Notes botaniques sur la région du bas et moyen Congo; fascicule 1 : Plantes
principales de la région de Kisantu, leur nom indigène, leur nom scientifique,
leurs usages, par J. Gillet et E. PÀytE. {Annales du Musée du Congo belge : Bota-
nique, 5" série.) Bruxelles, Spineux, 191 o; i fasc. in-f°.
Beric/it iiher die aerologische Expédition des kôniglichen aeronautischen Obser-
vatoriums nach Ostafrica ini Jalire 1908, erstallel von ilirem Leiter Arthur Berson;
mit i3 in den Text gedruckten Abbildungen und 21 Tafeln. {Ergebnisse der Arbeilen
des Aô/iiglich-preussiscben aeronautischen Observaloriums bei Lindenberg, heraus-
gegeben durch dessen Direklor Richard âssmann.) Brunswick, Friedrich Vieweg
et fils, 1910; I vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séajsce du 18 avril 1910.
Le Opère di Galileo Galilei, edizione nazionale sotto gli auspicii di Sua Maesta il
Re d'Italia; Volume X\ ed ultimo. Florence, Barbera, 1909; i vol. in-4°. (OiTert par
M. le Ministre de l'Instruction publique d'Italie. Présenté par M. Pli. van Tieghem.)
Observatoire national astronomique, chronométrique et météorologique de Be-
sançon. A'Â'P Bulletin chronométrique, année 1908-1909, publié par M. A. Lereuf,
Directeur de l'Observatoire. Besançon, J. Millot et G'", 1909; i fasc. in-4''. (Présenté
par M. Ph. van Tieghem.)
Fabrication et emploi des matériaux et produits réfractaires utilisés dans l'in-
dustrie, par Albert Oranger. Paris, Ch. Béranger, 1910; i vol. in-8°. (Présenté par
M. Troost.)
Le point sans l'horizon de la mer. Horizon gyroscopique de l'amiral Fleuriais,
modèle de MM. Ponthus et Therrode, constructeurs, par M. L. Favé. Paris, R. Cha-
pelot et G", 1910; I fasc. in-S".
On a certain cubic surface called the Môbius surface, by G.-E. Cullis; part 2.
{Bull, of the Calcutta Math. Soc, t. I, n" 2, july 1909.) 1 fasc. in-8".
Contributions to the theory of screws, by Sir Robert Ball. {Proceedings of tlie
Royal Irish Academy, t. XXVIII, sect. A, n" 2.) Dublin, 1910; i fasc. in-4°.
The fruits of médical research with the aid of anœsthesia and asepticism, by
Gharles-W. Eliot. Address delivered at the Massachusetts gênerai Hospital on the
sixty-third anniversary of Ether Davy, oclober 16, 1909. Boston, imp. Barta; i fasc.
10-8°.
Estudio anatomico de la piel ciel gallipato, por José Gogorza. {Mem. R. Soc. esp.
Jiist. nat.. t. VI, n° 3, 1909.) Madrid, i fasc. in-8''.
Annali deir Uf/icio centrale meleorologico e geodinamico italiano; série seconda,
Io86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
t. XVill, parle i", 1896; t. XIX, parle i\ 1897; t. XXVII, parle i% igoS; l. XXVIII.
parte i", 1906. Rome, Imprimerie nalionale de G. Bertero el C'°, 1907-1909; 4 vol.
Ouvrages reçus dans la séance du 25 avril 1910.
Studio siillo sviluppo dei metodi geometrici, Conferenza del prof. Gastone Dau-
Boux, lella il 24 seltembre 1904 al Congresso délie Scienze ed Arti, a Saint-Louis.
(Extr. de Periodico di Matemalica, 25" année, fasc. 4 et 5, 1910.) i fasc. in-S".
(Hommage de l'auteur.)
Rapport : La Carie iiilernationale de la Terre à rô^oôôô'i P^"" ^^- Alfred Grandi-
DiEH. (Extr. des Comptes rendus, t. 150, p. 198; séance du 2/4 janvier 1910.) Paris,
Gauthier-Villars; i fasc. in-4''.
Le classement et les catalogues des Ouvrages imprimés à la Bibliothèque de
l'Institut, par Henri Dkhérain. (Extr. du Bulletin de T Association des Bibliothécaires
français, janvier-février-mars 1910.) Paris, imp. Berger et Chausse, 1910; i fasc.
in-8°. (Présenté par M. Darboux. Hommage de l'auteur.)
Muséum d'Hisloire naturelle de Genève. Catalogue illustré de la Collection
Lamarck : Brachiopodes fossiles : 22 planches. Genève, Georg et G'''. 1910; un porte-
feuille in-4°. (Présenté par M. Edmond Perrier.)
Kataloge der Inkunabeln der Schwedischen ôffentlichen Bibliotheken, von Isak
CoLLiJN. m ". Katalog der Inkunabeln der Stifts- und Gymnasial-Bibliotek za
Linkôping. Upsal, Almqvist et Wiksell, et Leipzig, Rudolf Haupt, 1909; i fasc. in-8".
Observatoire national de Besançon. Règlement chrononictrique , applicable à
partir du \" mai 1910. Besançon, J. Millot et G'", 1909; i fasc. in-S".
Rapport sur le Concours de réglage de chronomètres de l'année 1909, présenté à
la Classe d'Industrie et de Commerce de la Société des Arts de Genève, le 21 février igio,
par M. le professeur Raoll Gautier, directeur de l'Observatoire de Genève, s. I. n. d.;
I fasc. in-8°.
Les prix Nobel en 1907. Stockholm, Imprimerie royale P. -.\. Xorstedlet fils. 1909;
r vol. in-8''. (Publication faite par ordre des corporations chargées de déierner les
prix Nobel.)
Unii'ersitati Lipsiensi sœcularia ijuinla diebus AAVJII-A^AA'mensisjulii A. D.
MCM/A' celebranti gratulantur Universitatis Upsaliensis Rector et Senatus.
Upsala, Almqvist et Wiksell, 1909; i fasc. in-4''.
Le centenaire du « Journal de Pharmacie et de Chimie n, 1809-1909. Ilistiure du
Journal et Notices biographiques, par Emile Bourquelot, avec 82 portraits. P;iiis,
Octave Doin et fils, 1910; i fasc. in-8°.
Fondation pour l'Internationalisme : L'Internationalisme médical, par l'.-H.
EiJKMAN. (Publication du « Bureau préliminaire de la Fondation pour l'Internationa-
lisme », à La Haye.) Anislerdam, F. van Rossen, 1910; i vol. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 2 MAI 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICAliD.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrét.ure perpétuel annonce que le Tome CXLVIII des Comptes
rendus (i*""" semestre 1909) est en distribution au Secrétariat.
M. le Secrétaire perpétuel annonce à l'Académie que le Tome LI des
Mémoires de r Académie des Sciences, accompagné d'un Atlas, est en distribu-
tion au Secrétariat. Ce Volume contient la reproduction de tous les Mémoires
et travaux de Meusnier relatifs à l'Aérostation et restés jusqu'ici inédits
pour la plus grande partie.
MÉTÉOROLOGIE. — Sur la lutte contre la grêle dans le Beaujolais.
Note de M. J. Violle.
J'ai déjà entretenu l'Académie ( ' ) de la lutte con tre la grêle, menée avec une
rare énergie par le Syndicat du»Beaujolais, et je lui ai fait connaître les pre-
miers résultats de la statistique des dégâts annuellement subis avant et
depuis la défense par les seize communes pour lesquelles le Syndicat avait
pu, dès le début, établir une comparaison raisonnée. Depuis lors, le temps
a marché, apportant son poids à la statistique; et, à la suite de son Tableau
des pertes occasionnées par la grêle depuis l'organisation de la défense dans
les seize communes témoins, de 1901 à 1909, le Syndicat remarque (') :
1° Que pour ces 9 années les pertes se sont élevées à i 700 435*^'' au lieu de
i3 millions pour les 10 années qui ont précédé la défense; qu'en moyenne
elles ont donc été près de huit fois moins fortes ;
(') J. \ lOLLii, Comptes rendus, t. CXL, 1900, p. 342.
(-) .1. CuATiLLON et B. Blanc, Compte rendu des expériences de lir contre la grêle
du Beaujolais en 1909.
C. K., 1910, I" Semestre. (T. 150, N- 18.) I^^
Io88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2° Qu'en 1901, rgo4et 1909, les seize communes témoins n'ont eu aucun
dégât, fait qui ne s'était produit qu'une seule fois, en 1894, dans la période
des 10 années antérieures;
3" Qu'enfin neuf communes ont été constamment et totalement épargnées.
De son côté, le savant directeur de l'Observatoire de Lyon a dressé une
statistique qui ne concorde guère avec celle du Syndicat; toutefois les dis-
cordances ne sont pas telles qu'elles puissent changer le sens du résultat.
Cependant ce sens est interverti; la récente Note de M. André dans les
Comptes rendus (') l'affirme. Il importe d'en chercher la cause.
Sur le nombre total des stations munies d'appareils grêlifuges, M. André
ne considère chaque année que celles qui sont atteintes, et il compare les
dégâts qu'elles ont subis aux dégâts qu'elles éprouvaient, année moyenne,
pendant la période des 20 années (1881-1900) antérieures à la défense.
Comme pendant cette longue période les stations considérées n'étaient pas
grêlées tous les ans, le dégât subi en cette année où elles sont touchées
sera presque nécessairement supérieur à la moyenne considérée; d'ailleurs
on ne s'occupera plus de ces stations les années suivantes où elles ne seront
pas grêlées. Les termes de la comparaison diffèrent ainsi d'une année à
l'autre.
En outre, M. André laisse intervenir les stations nouvelles au fur et à
mesure de leur création, ce qui complique encore les choses.
Le Syndicat opère d'une façon simple et correcte : il suit toujours les
seize communes témoins, et pour chaque année il compare la somme des
dégâts sur l'ensemble de ces communes à la somme des dégâts que le môme
ensemble de communes subissait, année ^noyenne, pendant la période
1891-1900 antérieure à la défense.
La Note de M. André nous présente un Tableau résumant les résultats de
sa méthode de calcul, .le l'ésumerai de même les résultats auxquels conduit
la méthode de calcul adoptée par le Syndicat. Et, pour ne pas faire intervenir
de complications étrangères au point considéré, je prendrai les évaluations
des dégâts données par M. André (-).
La période antérieure au tir pour laquelle le Syndical s'est trouvé suffi-
samment renseigné sur les dégâts éprouves par les seize communes témoins
(') Cil. André, Comptes rendus, t. CL, 1910, p. loio.
(') Ces nombres sont extraits de la brochure Sur le tir grêlifage et ses effets,
publiée par la Commission départementale de Météorologie du Rhône, sous les
auspices du Conseil général, Lyon 1907.
SÉANCE DU 2 MAI I9IO. 1089
ne comprend que les 10 années 1891-1900; il donne pour la somme des
dégâts subis par l'ensemble des seize communes, année moyenne, i332 8oG'''.
M. André a pu établir sa moyenne sur les 20 années 188 1-1900; d'après
ses chiffres la somme des dégâts subis par l'ensemble des seize mêmes
communes, année moyenne, est 1 196860'''. L'accord est d'autant plus
remarquable qu'il n'est pas nécessaire. Pourquoi cesse-t-il précisément
quand il devrait exister? (juoi qu'il en soit, j'adopterai, comme pour tout
le reste, le nombre de M. André touchant les dégâts que l'ensemble des
seize communes considérées éprouvait, année moyenne, avant le tir.
-l'ai alors pour les seize communes témoins le Tableau suivant dont, pour
la facilité du lecteur, je calque la disposition sur celui de la Note parue au
précédent numéro des Comptes rendus.
Pertes subies mensuellement par les seize communes témoins
comparées à la perte moyenne annuelle de l'ensemble avant la défense.
Diffc'rence
Nombre i« . -- ^ji" — ,
de communes Dégàls, en plus en moins
atteintes année moyenne de la de la
Années. par la grèlc. Dégdts. (1881-1900). moyenne, moyenne.
rr fr fr
1901 o I) I 196860 » I 196860
1902 5 743592 1196860 » 453268
1908 4 691563 I 196860 » 5o5 297
1904 I 5685 I 196860 » I 191 175
1905 3 188674 I 196860 » io58i86
19060 2 raSiio I 196860 » 10687.50
Tolaux i5 1707624 7 181 160 I) 5473536
^Moyennes... 2,5 28^604 i 196860 » 912256
Pendant ces 6 années, les dégâts sur le champ de tir considéré ont été les
0,2/1 de ce qu'ils étaient antérieurement. Dans tout le département pendant
le même temps ils ont été les 0,76 de ce qu'ils avaient été dans les 20 années
précédentes.
Il serait imprudent de tirer de ces nombres aucune conclusion formelle.
Peut-être cependant y trouvera-t-on quelque sujet d'encouragement.
Nous devons souhaiter qu'une expérience qui a déjà coûté tant d'efforts
généreux ne soit pas arrêtée par certaines divergences d'interprétation et
{') Je ne puis prolonger le Tableau plus loin, n'ayant pas les données sur les années
1907 et 1908.
1 090
ACADEMIE DES SCIENCES.
qu'elle se poursuive encore assez longtemps pour aider à la manifestation
de la vérité.
M. Gkorges Lemoi\e, après la Communication de iVl. VioUe, rappelle
les nombreuses expériences fie tir contre la grêle qui oui <''té faites en Italie,
notamment dans les environs de Vicence. Ces expériences, très variées, ont
duré plusieurs années : le résumé en a été publié dans V Annuaire de la
Société météorologique de France (1907, p. 72). Après une discussion très
approfondie et conduite d'une manière tout à fait scientifique, la conclusion
pour Futilité des tirs contre la grêle a été absolument négative, et le Gou-
vernement italien a fini par supprimer toute subvention.
M . J. VioLi.E répond que la situation particulière du clunnp de tir de Castel-
franco Venelo ne permet pas de généraliser les résultats des expériences
qui ont été faites. Pour arriver à des conclusions indiscutables, il est néces-
saire d'opérer, avec toute la précision possible, dans plusieurs localités
difleremment situées, de manière à éliminer les influences orogéniques. Tel
est précisément le système des expériences qu'il s'occupe d'organiser sous
les auspices du Ministère de l'Agriculture.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur un mode de génération des systèmes
triple-orthogonaux à lignes de courbure sphèriques dans un seul système.
Note de M. C. Guiciiakd.
M. Darboux (^Leçons., 4*^ partie, Cbap. XIl) a indiqué un moyen de
former ces systèmes. On part d'un système triple à lignes de courbure planes
dans un seul système et l'on en déduit les systèmes chercliés par une inver-
sion suivie d'une transformation particulière de Combescure. On a ainsi
une solution complète de la question. J'ai pensé cependant qu'il ne serait
pas inutile de se placer à un autre point de vue, d'autant plus que je pourrai
ainsi établir la réciproque d'une propriété de la surface des centres des
spbères, propriété indiquée par M. Darboux.
Soit M (X,, X,, ..., X-) un point qui décrit un réseau O à deux indéter-
minées U2, M3 dans l'espace à cinq dimensions. A ce réseau correspond un
déterminant O
A =
y^
y--
ayant pour rotations
SÉANCE DU 2 MAI I9TO.
a. e, g, m,
b, /, k. n.
[Ô91
[Les notations sont celles de mon Mémoire, Sur les systèmes orthogo-
naux, etc. {A. E. N., 1903, Cliap. VI).] On sait qu'on a
(>)
(2)
(3)
àa
du,
db
du.
=: bin.
de
ab -\- ef
dX,-
âUi
da
du.
dir, -■'•"■
du.
df
-T- = en,
du.
dk
du.
, dm
?k+ h
du?,
dn _
du, ~
bl.. p
du 3
^ l-m.
dl
m , -—
du.
z^hn.
^ km.
On peut poser
(4)
-lhJCi + Piyi + PiZi+qti+ r-fu
Si l'on différenlie l'équation (4) par rapport à a, et «3 on aura, en iden-
tifiant avec les formules (3) et en tenant compte de la valeur des dérivées
des éléments de A
(5)
(6)
dih
du,
du.
= cuj,
- br.
dp,
du, '
dp,
du.
/'-,
dp.
du,
àpi
du.
— A''/-
r= kr.
à<1
dq _
djr,-'
EL
du.
mq.
h =z— \^ap, + ep,-\- gp, + -T-^ -f- mr
bpi +fp, + kp, + nq+ -^
Cela posé, j'appelle tripel-orthogonal ^m réseau M, l'ensemble des points
dont les coordonnées Z,, Zj, . . ., Zg sont
Z,-= X,-f- V, X, -H Y2 JV+ V3;,.
Y,, Y.j, Y.| étant absolument arbitraires.
Je prends maintenant cinq fonctions de ;/, seul, Ô,, Oj, ..., 0,; telles que
(7)
i^'=°. 2(êy=-
1092 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il est facile de déterminer ces fonctions. Tout d'abord, on remarque que
si l'on multiplie tous les 9,- par une même fonction de m,, les équations (7)
ne cessent pas d'être vérifiées. On pourra prendre
T,, To, T3 étant les coordonnées d'un point qui décrit une courbe isotrope.
Des équations (7) on déduit
(9)
7 5,-;— =0. > 6',-j— 5-=o, > -j-^ -j-i- =0.
^^ dii^ ^^ dui ^4 dui du\
Pour employer un langage géométrique, je dirai que la droite issue de
l'origine et qui a pour paramètres directeurs 6,, 0„, ..., O5 décrit un cône
doublement isotrope; j'appellerai plan langent à ce cône l'ensemble des
points dont les coordonnées Z,, Z^, . . ., Z^ sont de la forme
Li— Ibi-h iJ--]—'
' du i
X et p. étant arbitraires.
Je prends maintenant les points communs au tripel-ortbogonal au réseau M
et au plan tangent au cône double isotrope; c'est-à-dire que je détermine
Y,, Yo, Y3, À, p. par les équations
(10) Z, = X,- + Y, u-, H- \, y, + Y3 z, = '//J, + :^- ^ •
Je dis que le point qui a pour coordonnées \ ,, \ ;,, Y3 décrit un système
cherché.
Tout d'abord, des formules (10) et (4) on déduit
(11) a;{\\- p,) -^ y,(\,- p,) + z,{\,—p,) - qi, - r-f„^lO,-+ p.^.
En élevant au carré les cinq formules (i 1) et en ajoutant, on a
(12) (Y,-y,,)»+(Y,-/A)^+(V,-/;;,)^-t-y^+'--^=o.
Ceci montre que si 11, varie seul, le point (Y,, Y,, Y.,) décrit une courbe
tracée sur une sphère S dont le centre G a pour (^ordonnées y^,, p.,, p^ et
dont le rayon p est donné par
(13) _p!=^î+,.î.
D'autre part, en diflérenliant les équations (10) successivement par rap-
(•4)
SÉANCE DU 2 MAI IpIO. IOqS
port k II,, II.,, 11^ on trouve
dit (9Y, rfYs dY,
OJ/i rf«i 0"i aii^
= 9,-5 ^ -7-^ P' + T^ + -W i^-
c>Z,- _ , ^. -- -, ^ t)Y, dY, dY,
d/'s ■ c^'/a •^ ()ll.2 Ou-i
_f. ^ dBj àiJ.
' au 2 du ^ au. 2
dZi , , , .- -,- , ., , <^Y, dY, dY;
_ ç, d\ dOi ô[j.
ôu-i du, ôu;
Multiplions, membre à membre, deux quelconques de ces formules et
faisons la somme pour toutes les valeurs de l'indice ?', on aura, si a et p sont
deux indices différents ayant les valeurs i, 2, 3, en tenant compte des
équations (7) et (9),
V 6)Z, dZj _ Y dYj ôYi _
^'^^ 2^du^rhi^~ 24du.^dui^~°'
Ce qui montre bien que le point ayant pour coordonnées Y,, Yo, Y,
décrit un système triple-orthogonal. On obtient d'ailleurs, par cette
méthode, tous les systèmes triple-orthogonaux à lignes de courbure sphé-
riques dans un seul système.
Au point de vue de la détermination de ces systèmes, ma méthode montre
que la seule difficulté analytique est de connaître le tripel-orthogonal à un
réseau O de l'espace à cinq dimensions. Comme beaucoup de ces tripel
peuvent être formés effectivement, on voit qu'on aura très simplement des
systèmes triple-orthogonaux possédant la propriété indiquée. Je laisse de
côté cette application pour examiner la congruence de sphères (S) et la
surface (G) décrite par les centres de ces sphères. Les formules (i), (2),
(5), (i3) ne diffèrent pas de celles qui ont été établies par M. Darboux
{loc. cit.) ; M. Darboux a montré que ces formules constituent des conditions
nécessaires ; je viens d'établir que ces conditions sont suffisantes.
On peut donner une interprétation géométrique de ces formules. Les
formules (5) montrent que les courbes u^ = const., «3 = const. tracent un
système conjugué sur la surface des courbes (G); les tangentes aux courbes
de ce réseau ont pour paramètres directeurs a, e, g d'une part, h, f, k
I094 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'autre part. L'équation (2) exprime que ce réseau est ce que j\ii appelé un
réseau (K). L'équation de Laplace de ce réseau est
d'O _ i dq 00 1 Or dO
^ ' àUi d«3 '/ dus da-y >' àu.2 duj
Cette équation admet la solution
D'autre part, on peut prendre pour coordonnées de la sphère S
Y,=/^l, "^2 — p2- ^3 — p3
\.-i- i\, = pl +pI -^pI -p'- = p]-+-pl -^pl + q-'+r\
V4— «¥5 = — I.
Les fonctions Y satisfont à l'équation (16) et l'on a
2y^ = -<7^+,'
La propriété caractéristique de la congruence de sphères (?>) est d'être une
congruence C.
CORRESPOINDAIVCE .
M. le Seckktaiue perpétuel annonce à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire en la personne de M. Edouard van Beneden, Correspondant pour
la Section d'Anatouiie et Zoologie, décédé à Liège le 28 avril 1910.
jyjme yve iHj^urice Lœwy adressc ses remercîments à l'Académie pour la
distinction qu'elle vient d'accorder à l'ensemble des travaux astronomiques
de son mari.
M. le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts invite
l'Académie à lui désigner ceux de ses Membres qui pourraient se rendre,
comme délégués de son Déparlement, au //* Congrès international du Froid,
qui se tiendra à Vienne en octobre ujio.
SÉANCE DU 2 MAI 1910. lOpS
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Quatrième Congrès international d'Aéronautique, Nancy, i8-23 sep-
tembre 1909. Procès-verbaux, Rapports et Mémoii-es. (Présenté par le Prince
Roland Bonaparte.)
2" Le fascicule 4, Tome I, de la Flore générale de i Indo-Chine, publiée
sous la direction de M. H. Lecomte. (Présenté par M. Mangin.)
3° Traité de Géologie, t. II : Les périodes géologiques, fascicule 2, par
M. Emile Haug. (Présenté par M. Michel Lévy.)
4° Topologie. Étude du terrain, par le général Berthaut. (Présenté par
M. Ch. Lallemand.)
ASTRONOMIE. — Sur les transformations de la comète de Halley.
Note de M. Er\est Escla\gox.
J'ai l'honneur de communiquer à FAcadémic une récente observation de
la comète de Halley que j'ai pu faire le 27 avril au grand équatorial de
l'Observatoire de Bordeaux.
La comète a subi, dans sa forme, d'importantes modifications depuis le
mois de mars dernier. La ïovme parabolique du contour limitant l'astre vers
son sommet (côté Soleil) s'est maintenant très nettement accusée. Mais
d'autres caractères importants ont fait également leur apparition.
Dans la masse nébuleuse et luminescenle qui constitue la tête, on distingue très
nettement à l'heure actuelle, deux surfaces de discontinuité se raccordant au noyau
sous un angle aigu. Le contour apparent de ces deux surfaces se présente sous la forme
d'un V fortement ouvert du côté de la queue, ayant son sommet au noyau, et dont les
branches courbes ont leur concavité dirigée vers le sommet de l'astre.
Ces surfaces, très apparentes actuellement, pouvaient déjà se soupçonner le
i3 février dernier.
Le noyait, d'environ 7" de diamètre, quoique très brillant, ne se sépare pas d'une
manière absolument nette delà nébulosité de la lête, ainsi que cela se produisait dans
la comète de Johannesburg dont le noyau paraissait, le 3o janvier, comme découpé à
l'emporie-pièce dans la masse nébuleuse. De courtes aigrettes émanent en éventail du
noyau vers le sommet; on les met très facilement en évidence en éclairant le champ de
l'instrument de façon que les aigrettes et le noyau seuls restent visibles.
Le 27 avril, la comète était voisine d'une étoile de 7® grandeur (+7",
n" 5101 , B. D.) et les deux astres étaient visibles à la fois dans l'instrument.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N« 18.) l44
IO(j6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En éclairant le champ, la nébulosité visible se réduisait de plus en plus en
se concentrant vers le noyau, et le point le plus brillant du noyau disparais-
sait au même instant que l'étoile. L'arrivée progressive du jour produisait
le même effet. On peut donc en conclure qu'à cette date, la partie la plus
brillante du noyau était très approximativement de 7* grandeur. Mais, bien
entendu, le degré de visibilité, et notamment le degré de visibilité à l'œil
nu, ne saurait être évalué de cette manière. Si Ton considère en effet que la
tête avait un diamètre moyen d'environ i', c'est-à-dire de l'ordre du
pouvoir séparateur de l'œil, ou en conclut que c'est l'éclat total, résultant
de la superposition des éclats des divers points de la nébulosité, qui doit
servir de mesure au degré de visibilité à l'œil nu, degré qui se trouve ainsi
de beaucoup supérieur à celui de la partie la plus brillante du noyau.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur certains systèmes triple-orthogonaux.
Xotc de M. J. Haag.
Dans une Note publiée aux Comptes rendus de la séance du 21 mars der-
nier, j'ai signalé comme réseau sphérique (ct) pouvant servir de représen-
tation sphérique commune à toutes les surfaces d'une famille de Lamé, le
réseau comprenant une famille quelconque de petits cercles, de plans
parallèles kOz. Je me suis proposé depuis de rechercher tous les systèmes
triple-orthogonaux (S) qui correspondent à l'un quelconque de ces réseaux.
Cela m'a conduit à des résultats (jui me semblent intéressants, tant au
point de vue de la Géométrie qu'au point de vue de la théorie de certaines
équations aux dérivées partielles.
Pour éviter des confusions, je change les notations de la Note dont il
vient d'être pai'lé. Supposons que les surfaces (p) d'un système triple-
orthogonal aient toute même représentation sphérique de leurs lignes de
courbure et admettent, en outre, des trajectoires orthogonales planes de
plans parallèles à Oz. Soient (a-') le réseau sphérique qui sert de représen-
tation sphérique à ces surfaces (p), et (a") sa projection stéréographique
sur irOj. Le réseau plan {1") est le réseau orthogonal le plus général tjui soit
composé dans chaque famille de courbes homothéliques par rapport au point O.
Appelons tD l'angle sous lequel le rayon vecteur d'angle polaire o coupe
toutes les courbes de la première famille. Cet angle est une fonction d* cp,
caractéristique du réseau. Si l'on pose
(0
r d9
■j, — 0, r= I —. — 3—^ 3- = (',
' ■ J sin^cosV
SÉANCE DU 2 MAI 1910. IO97
l'équation de Laplace relative au réseau (a") s'écrit
(J-&) /r/il» \ I àrj< . , , <h, \
(^) j^-ji. -^{.Tf^ •) [ ^ ""■* + ;j^ '^°^ '^) -- °-
Si w désigne la solution générale de cette équation, les équations du
système (S) le plus général qui admette la réprésentation sphérique consi-
dérée sont
\ \ ()pi Oo.,/
Dans ces équations, R désigne une fonction arbitraire de p et K' sa déri-
vée par rapport à p; X, Y, ... sont, suivaiit les nolalions habituelles, les
cosinus directeurs des normales aux surfaces coordonnées; enfin l'angle 0
que fait Oz avec la normale à la surface (p ) est donné par la formule
(4) lang-=e
qui, avec l'équation ( i), permet de calculer les cosinus X, Y, ... en fonc-
tion de p, p,, pa-
Les fonctions que l'on appelle habituellement P, et H, ont des expres-
sions extrêmement simples, que nous n'écrivons pas faute de place. La
considération de ces fonctions et de leur signification géométrique nous a
conduit à des résultats élégants relatifs à toute équation aux dérivées par-
tielles de la forme
00, dp, dp, ôp,
les coefficients « cl ^ étant des fonctions quelconques de la seule variable
(' ^ p, — po.
( ' ) L'éqiialion (2), qui est de celle forme, esl caiacléiisée |)ar la coiulilion
a' b'
7- +i{a-\-b — \) — o,
ah
a' el b' désignanl les dérivées de a et 6 par rapport à c.
Les considérations qui vont suivre s'étendenl sans aucune difllcullé au cas ou il y
aurait aussi un terme cm au premier membre de (5).
1098 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si co est une solution de celte équation, il en est de même de
<)',! d'il
quelle que soit la constante £. C'est là une propriété qui est d'ailleurs à peu
près évidente, du fait que a et i ne dépendent que de p, — p,. Mais, en
voici qui le sont moins. Soit w, une solution quelconque de (5). Considé-
rons l'équation
(^) ^-^^ +''" = "'■
Quelle que soit la constante £, il existe une infinité de solutions com-
munes à (5) et à (G). Ces solutions sont données par la formule
— - 1 pi + pj )
(7) cj = w„+e ■■' ^^(r)-
(o„ désignant uiTe solution particulière quelconque de (6) et g (c) l'intégrale
générale de l'équation différentielle
2\ ■.1/" \Oo^dp-2 'Jpi àù., ,1
de sorte qu'à des quadratures près, on est ramené à intégrer l'équation
différentielle suivante :
(9) g"+{b-a)g'~vUa + l>-
Si l'on sait intégrer cette équation différentielle, on voit qu'on pourra
déduire d'une solution particulière o), de (5) une infinité de solutions nou-
velles dépendant d'un nombre illimité de constantes arbitraires. En parti-
culier, on pourra toujours partir de la solution évidente co, ^ const.
Dans le cas de l'équation (2) nous avons obtenu la solution générale
(le (9) pour £ = I, et cela par des considérations géométriques. Nous en
avons déduit la transformation de l'équation, pour £ quelconque, en la sui-
vante :
ll'J • (1(3
où Ton a posé
l z= C0l2<I>, CT ~ I — £.
On voit (pie Ton jxuit intégrer par quadratures pour a = zt 1 . I/iiilé-
SÉANCE DU 2 MAI 191O. IO99
gration de Pf-quation (9) équivaut à la recherche de ceux des systèmes (S)
qui se composent de surfaces liomothétiques.
On pourrait appliquer les considérations qui précèdent à l'équation bien
connue d'Euler et de Poisson, qui est de la forme (5).
L'équation (2) a un invariant nul lorsque le réseau (a) se compose
uniquement de cercles. On peut avoir tous les systèmes triples correspon-
dants sans aucune quadrature. Si les cercles de chaque famille sont tangents
entre eux, les deux invariants sont nuls et l'on retombe sur des systèmes
déterminés autrefois par M. Darboux dans sa Thèse de Doctorat.
L'équation (2) a ses invariants égaux dans les deux cas signalés dans
notre Note déjà citée, où les plans des cercles de (ct) enveloppent un cylindre
do révolution ou à base hypocycloïdale. Dans le premier cas, on est ramené
à l'équation
t'pi àp-2
et dans le second cas à l'équation d'Kuler
d-'j) ni',)
àpi dû, (pi — Oo)"
(//( = const.).
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur l'intégration, par ta méthode de
M. Darboux, des équations aux dérivées partielles du second ordre
de la forme s = a(x,y, z)p + b(x, y, z V/ -hc(x,Y, =)• Note de
M. P.-E. Gau.
Je me suis proposé de chercher toutes les équations de la forme
,s — rt ( .r, y. z)p -h b( .r. y. z) q -h c ( ,r . v, s )
qui admettent une intégrale générale de la première classe.
Le problème a été traité par Sophus Lie ( ' ) pour les équations s = f( z
et par M. J. Clairin ( - ) pour les équations s =/(a-, y, ;).
11 faut exprimer rpie l'équation considérée admet deux intégrales inler-
(') Voir GouRSAT, Leçons sur l'intégration des équations au.r déri^-ées partielles
(In se.cond ordre, t. II, p. 182.
(-) Hiilletin des Sciences mal hé ma tiques, 2' série, l. \XI\, igoS, |). 177.
IIOO ACADEMIE DES SCIENCES,
niédiaires de la forme
<p{x. y, z, p^. />, yj„) =\{x). p,^—-—,
La fonction cp doit donc satisfaire aux deux équations linéaires :
do _
dqi " '
où l'on a posé
/ — op -+■ ùq -hc
et où l'on a désigné par le symbole [--r^,)> la dérivée A'^"" de /(.r,j, z,p, q)
par rapport à x, après qu'on n'a laissé dans son expression que les déri-
vées/;,, yj,, ...,/j„+,, y, (').
Le calcul est malheureusement long. Il consiste à réduire l'ordre des
équations et à les ramener à quelques types canoniques qui se discutent
facilement; cette réduction repose sur la remarque suivante :
Etant donnée une équation de la forme s =y(a;, y, z, p, q), on a
{tjJ'') "^ ^'"*' 1)^ 4-/>„m;; + />„__,m;;- ' + . . . + /j,,m;; + k«(.r. y, z, r/,. p p,^^,),
les coefficients M étant indépendants de />„+,, .. ., p^ et Tordre maximum
des dérivées contenues dans Mf; étant n — /i -h ■2. En posant, suivant le cas,
n = 211' ou n = in' -k- i, on aura donc k^n'-{- 2. On peut d'ailleurs avoir
facilement l'expression des quantités M par voie de récurrence. .
Ces calculs m'ont conduit au résultat suivant :
En siipposanl — ^ o, —^o, les seules eqtid/ions de la forme considérée
qui sont de la première classe peuvent, par un simple changement de variables,
se ramener, soit :
i" .1 une équation linéaire inlégrable par la méthode de Laplace ;
2° A l'équation de Liouville s = e~ ;
{') \oir GoiKS.iT, liechcrchcs sur ciiielqucs équalinns ai/.r dérivées juirlieltes rfii
second ordre {Annales de la Faculté de Toulouse, 1899, p. 459)-
SÉANCE DU 2 MAI 1910. IIOI
3° A l'un des types d'équations trouvés par M. Moutard (' ), c'est-à-dire,
dans le cas le plus général, à la forme
'^'' :^[A(x,/)e--J-A[B(^-,j).-].
Or il est facile de voir si une équation donnée, de la forme ^ =^ «/; + bq-\-c
peut se ramener par un changement de variables à Tune des formes précé-
dentes; ces résultats fournissent donc un moyen simple pour savoir si
l'équation donnée admet une intégrale générale de la première classe.
THÉORIE DES NOMBRES. — Sur la sommation de fractions continues ai-ithmé-
tiques. Note de M. A. Ciiatelet, présentée par M. Emile Picard.
I. Etant donnée une fraction continue définie par les quotients incom-
plets
(2i,, a, a„, . . . ,
je désignerai les quotients complets par
— ) — ) ■ • •;
ces nombres sont liés par des équations en nombre infini de la forme
(l) «„=; f/„M„+l H- H„ + 2.
Les quotients complets sont toujours supérieurs à i et si (»(,) ''o - • •> ''m ••
désignent une série de nombres satisfaisant encore aux équations (i) mais
tels que -^ soit différent de —, pour une valeur de n suffisamment grande,
-^ sera supérieur à i et sa partie entière sera a„ (-).
Ceci posé, considérons la foncdoii manifestement entière
y = (/o + u^ X + u^'—; -I- . . . + u„ — r + . . . ;
2 ! « !
les équations (i) montrent que cette fonction est solution de l'équation
(•) Comptes rendus, t. LXX, 1870, p. 834. — Darboux, Leçons sur la théorie des
surfaces, t. IV, Noie III de M. E. Cesserai.
(^) Cf. une précédenle Gommunicalion {Comptes rendus, 28 juin 1909).
II02 ACADEMIE DES SCIENCES.
fonctionnelle
(2) . y — y"=k(y'),
A désignant la Iransmutation linéaire définie par l'égalité
En outre, toute autre solution z de l'équation (2) analytique et régulière
à l'origine aura un développement de la forme
2 ! n\
Co, c,, ... satisfaisant aux équations (i) et -° étant différent de — •
Si, d'autre part, on considère les fonctions auxquelles z et x sont associées
f.
I
e-' y{tjc) dl zzz ii„-\- UiJc -Y- . . .-^- tt„x" -i-. . .,
e^' z{tx) dl ^ f„-+- i\x + . . .-¥- i'„ œ" -+-...,
la première sera finie au point d'affixe — r et la seconde infinie aux
points ± I. L'équation (2) a donc une solution entière J{x), et une seule
(à une constante près), telle que l'intégrale
/ e-'/i-t)dt
ait une valeur finie, et la valeur de la fraction continue est •{., , •
/ (o)
Ce critérium se simplifie dans le cas où la limile inférieure de - — — est
supérieure à o. Dans ce cas, la fonction:; n'est plus entière et la fonctiony(a;)
est la seule solution entière de l'équation (i).
II. Comme cas particulier, on peut citer le cas où a„ est un polynôme
entier en n qu'on peut toujours mettre sous la forme
a,^:^ p + (jn -t- /■/( ( /( — I ) + . . . ,
l'équation (2) n'a qu'une seule solution entière et devient l'équation diffé-
rentielle
j — y"— py' + y ■^■j" + />?•= j '" + . . . .
I-iOrsque a„ se réduit à un binôme du premier degré, on retrouve le déve-
SÉANCE DU 2 MAI 1910. Ilo3
loppement en fraction continue de tlia; ou de la dérivée logarithmique de la
fonction de Bessel pour un argument inverse d'un nombre entier.
On peut encore citer comme exemples
a„= «" ou fl/j^ «!
les équations correspondantes sont
f{.x)~f"{x)=f\ax),
/(x)-/"(x)=f e~'/'(tx)dx.
III. La méthode indiquée est susceptible de plusieurs extensions. En dési-
gnant par -^, -^> -^i ■•• des quotients complets non nécessairement suc-
cessifs, il existe entre eux des systèmes de relations de la forme
V„ = bu U,i+i + b'„ (',1^.,,
a„, bu, a,',, b[^ étant un système de quatre entiers de déterminant i. On est
alors amené à résoudre le système de deux équations fonctionnelles simul-
tanées
j = A(j'') + A'(-),
(3)
( = = B(y) + B'(-).
On peut faire à leur sujet les mêmes remarques que pour l'équation (2)
et la valeur de la fraction continue est , ,» v et s étant les solutions choisies
comme il est dit plus haut. Cette méthode donnerait en particulier les
développements en fraction continue de fonctions homographiques de
quelques-unes des fractions continues précédemment indiquées (').
On peut traiter d'une façon analogue le cas où les valeurs des nombres a„
sont données par un certain nombre de fonctions différentes de n, par
exemple se répartissant en plusieurs progressions arithmétiques. On serait
alors amené à résoudre un système de plusieurs équations fonctionnelles
simultanées.
IV. Enfin, ces méthodes peuvent encore s'appliquer à quelques fractions
continues, non arithmétiques, en particulier à des fractions à quotients
(') \oir aussi à ce sujet une précédenle Conimuiiiralioii [C'i'iipCcs rendus, ?.i mars
KJIO).
C. R., 1910, 1' Semestre. (T. 150, N» 18.) l^J
IIo4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
incomplets fraclionnaires de même dénominateur et tous supérieurs à i.
L'équation (2) prendrait dans ce cas la forme
i"^(j— /')==-'^(y)'
K étant un entier. On trouverait, par exemple, ainsi les développements
de tlij: ou de la dérivée Jogarilliniique de la fonction de Bessel pour un
argument entier.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les équalions différentielles déduiles de
certains invariants des formes linéaires. Note de M. Jea.\ Chazy, pré-
sentée par M. Appell.
Dans les Comptes rendus du 8 février 1904, M. Borel a groupé un certain
nombre d'équations différentielles dont l'intégrale générale est une fonction
entière, et a remarqué qu'en séparant dans ces équations les termes de poids
le plus élevé par rapport aux indices de dérivation, on obtient des invariants
usuels de formes binaires telles que
(i) u'-">-\- nlii'-"^^^-h " ' ~^'}:'u"'^'—. . .-1- ril"-^u' +l"ii.
^ ' . 1.2
Je voudrais ajouter quelques remarques à celles de M. Borel.
Désignons d'une façon générale par I„ l'équation difï'érentielle obtenue en
annulant un invariant quelconque de la forme (i). L'équation 1„, homogène
par rapport à la fonction et à ses dérivées, ne change ( ' ) pas si l'on change u
1 -1 > 17 ' • r • "" — """
en eu, quel que soit le paramètre a : 1 équation transtormee eu -^
est donc d'ordre n — 2. On peut abaisser encore de deux unités l'ordre de
celte transformée, en changeant de fonction et devariai)le, parce que l'équa-
tion I„ admet le groupe de transformations à deux paramètres (iP, ^x -+- y).
En définitive l'inlégration de l'équation I„ se ramène à l'intégration d'une
équation d'ordre n — 4, suivie de quatre quadratures. D'autre part, l'équa-
tion I„ est vérifiée, si l'on annule dans la forme (i) les premiers termes
pour n iMq)air, et les ^ — t- i premiers termes pour n pair. L'équation I„ admet
(') Cf. C. Stkphanos, Communication faite au Congrès de Rome (Atti, t. II,
p. i48).
SÉANCE DU 2 MAI 19IO. IIo5
donc l'intégrale (');/ = P*(^), etpar suite l'intégrale « = e*"'^P/,.(.:i7), A' dési-
gnant l'entier ou- — i. Cette dernière intégrale est l'intégrale générale
pour n = 2 ou n ^ 3.
L'intégrale générale de l'équation D„ obtenue en annulant le discrimi-
nant de la forme (i) est u = e'^'"P„_2(a;), l'intégrale singulière é''"V^_^{x),
l'intégrale singulière de l'intégrale singulière e*^^'P„_,(a;), et ainsi de suite.
De même les équations difl'érentielles de la suite
ont leur intégrale générale entière. Chaque déterminant est en efîet un
déterminant de Wronski, et l'équation obtenue en l'annulant équivaut à une
relation linéaire et homogène à coefficients constants et arbitraires entre les
éléments de la dernière ligne. L'intégrale générale, s'exprime encore par la
fonction exponentielle.
11 y a des classes d'invariants, au contraire, d'où l'on déduit une suite
d'équations différentielles dont les premiers termes seuls sont des équations
dont l'intégrale générale est entière. Ainsi les deux équations iiu" — «'- = 0,
S = uu" — [\u' u!" -H 3m"- = o, ont pour intégrales générales // ^ e"^ '"^",
u = e*''"^''a(a; -+- C, o, D). L'équation E„ (pour n pair),
n(n
n (n
m-y
["'îT
admet les intégrales particulières z/ = .r + c, (.r-i-C)-, (j:'+C)''...(a'+C)''
Pour que l'équation E„ ait son intégrale générale entière, ou même uni-
forme, il est nécessaire (-) que les équations aux rariations (ou é([uations
auxiliaires de M. Darboux) relatives à ces intégrales particulières, aient
elles-mêmes leur intégrale générale uniforme. Or l'équation aux variations
relative à l'intégrale u = (x -+- C)',
{.2--HC)'-('(")— 2 «(i- + C) (•'"-" -H «(«—!) '"'""" =0,
C) P/;(x') désigne un polynôme en ,r de degré/' à coefficients constants; A, 15, C ...
désignent des constantes d'intégration.
(-) C'est là une application particulière de la méthode que M. Painlevé a employée
systémaliquemenl à l'étude des équations du second ordre.
IIo() ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU
,,(«-21 _ (^ _,_ Qy^ ,-2_ (2« H- l)/- 4- «(/i — l) =o.
n'a son intégrale générale uniforme que si 8« + i est carré parfait. 8/? + i
estcarréparfaitpourn = G; j'ai obtenu pour l'équation E,, une intégrale entière
dépendant de cinq constantes u = e^'^''a-(;r + C; o, E)CT(a; + D; o, — E),
mais je n'ai pu décider si l'intégrale générale est une combinaison de fonc-
tions uniformes classiques, n'est pas uniforme, ou est une fonction uniforme
nouvelle. De même (pour n >0) l'équation aux variations relative à l'inté-
grale u = (x -h- (j)% n'a son intégrale générale uniforme que si 24^+1 est
carré parfait. Il existe une infinité de nombres positifs et pairs n, dépendant
d'une équation de Pell, tels que les deux nombres 8/; + i et 24^ + i soient
carrés parfaits; le plus petit est le nombre 210. Mais, pour que l'équation E„
ait son intégrale générale uniforme, il est encore nécessaire que les équa-
tions algébriques en r formées dans l'étude des équations aux variations
relatives aux intégrales n=(x-hCy, . . . (x -h Cy , aient toutes leurs
racines entières; par exemple, pour l'équation E^m, il reste à considérer
loi équations dont les degrés croissent de 4 » io4- H n'est pas vraisemblable
qu'il existe des valeurs de n pour lesquelles toutes ces conditions successives
soient remplies.
Enfin, la notion d'invariant usuel n'est pas précise, et l'on ne voit guère
comment préciser le choix des invariants qui fournissent des équations dont
l'intégrale générale est entière. Ainsi les équations I,, sont de la forme
S'4-aT* = o, a désignant une constante, et s'intègrent par quadratures;
parmi elles, seules les équations S = o, T = o, et S' — 27T- = o, ou D,, ont
leur intégrale générale uniforme.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sui' la convergence des relations de récurrence.
Note de M. S. Lattes, présentée par M. Emile Picard.
Soit une relation de récurrence d ordre p..
OÙ y est une fonction analytique des p variables. Cette relation détermine
la suite ii^„ ii,^t, ... si l'on se donne les^ premiers termes //„, //,, . . ., u^, ,.
Si u„ a une limite, cette limite a est racine de l'équation
(2) a=r/(oc, «, .... «).
SÉANCE DU 2 MAI I910. II07
Réciproquement, soit a une racine de l'équation (2). En partant de
valeurs initiales «„, m,, . . . , m^_, prises dans le domaine de a, dans quel cas
sera-t-on assuré de la convergence vers a de la suite des m„ ? La question est
résolue depuis longtemps dans le cas de /j = i : c'est la théorie de l'itéra-
tion des fonctions d'une variable ('). Voici les résultats qu'on peut établir
de même pour des relations d'ordre quelconque C^). Posons
^^ ^ / df
(j = i, s. 3,
P)-
et soient S,, S^,
(3)
Sp les racines de l'équation
Sp — «, S''-' — «2 S''-'' — . . . — rt/,
Supposons, en nous plaçant dans le cas le plus général, les racines dis-
tinctes, dilTérentes de zéro el de modules inférieurs à i : la suite u„ converge
alors vers a, quelles que soient les valeurs initiales Ug, //, , . . . , u^ prises dans le
domaine de a,
La question peut se traiter directement, mais on peut aussi la ramener à Tétucle de
l'itération d'un système de p fonctions de yo variables; posons en efl'et
(/,) X, = ^-„
X,
Xp-i :
'>^P=/i^fp
X,).
Si l'on donne à x,, ^2, ..., a-^ les valeurs ito, u^, ..., m^, on obtiendra pour X,,
X2, . . . , X^ les valeurs «/,, 11^, ..., Up+i. L'étude du système {^) et celle de l'équa-
tion (i) sont donc deux questions équivalentes : l'analogie est évidente avec les
équations différentielles d'ordre p qu'on ramène, d'une façon toute pareille, à un
système de p équations du premier ordre.
Etant ainsi ramené à l'étude de l'itération du système (4), il n'y a qu'i'i appliquer au
problème actuel la théorie de l'itération à plusieurs variables. L'équation en S, qui
joue un rôle fondamental dans celte théorie, est ici
— S
-S
et, en développant, on retrouve l'équation (3).
(') Pour la bibliographie, voir mon travail Sur les ét/uations fonctionnelles
{Annali di Matematica, 1906; Thèse-, Paris, 1906).
(-) On peut étudier, d'une façon analogue, le cas d'une convergence périodique de
la suite (/,,, «,, .... ;/„.
IIo8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
' Si les S ont des modules tous supérieurs à i^ on résoudra l'équation (i) par
rapport à ;/„ ce qui est possible, puisque ( -p- j ou a^, n'est pas nul : en
partant des valeurs initiales Up, Up_f, . . ., u^^ on pourra alors former la suite
à indices décroissants m^,, ;/ ,, . . . , m^„ et li'^ tendra vers a.
Si les S ont les uns des modules inférieurs à i, les autres des modules
supérieurs à i, à partir d'une certaine valeur de Ji, les h„ et les z/_„ sortent
du domaine de a, si les valeurs initiales sont quelconques, et il n'y aurait lieu
de poursuivre le problème, alors fort difficile, que si la relation de récur-
rence était définie quelles que soient les valeurs des variables, par exemple
si c'était un polynôme ou une fraction rationnelle. Mais si les valeurs
initiales sont choisies de façon à vérifier certaines relations analytiques
^P(Mi,, u^, '. . ., Up) = o (satisfaites pour ?;„ = ?/,=;... = w^, = a et définies
dans le domaine de ce point), il y aura encore convergence de la suite u„
ou de la suite «_„ vers a. Ceci se rattache à la question de la réductihililé des
relations (i), autrement dit à la question des relations de récurrence d'ordre
inférieur à p contenues dans une relation d' ordre p.
Soit, pour fixer les idées, une relation d'ordre 3,
(5) lln+i = .f{"n+l, "„ + ,, '<„)■
On dira qu'elle contient la relation d'ordre 2,
(6) ",,+2= ?("«+.. "„),
si les valeurs /<„, ?/,, u.,, u,,, . . . qu'on tire de (G) en partant des valeurs
initiales «/„, //, vérifient la relation (5), et cela quels que soient u„, //,.
Etant donnée la relation (5), où y est une fonction holomorphe des trois
variables dans le domaine du point limité a, on peut se proposer de cher-
cher une relation d'ordre a (et de même une relation d'ordre i), con-
tenue dans (5), vérifiée pour le point limite et telle que ^(«„^.,, «„) soit
une fonction holomorphe de //„, ^/„^^, dans le domaine de a. La question
se ramène à la recherche des courbes et surfaces analytiques invariantes
par la transformation ponctuelle
A loule racine s, telle que |*1< i, correspond en général (-), une relation
(') \i)ir mon travail cité ci-dessous.
C) Il peut y avoir exception si l'une an moins des deu\ autres racines S', S" est
une puissance entière de S.
SÉANCE DU 2 MAI 19IO. I 109
du premier ordre «,,4., = 9("rt) de la forme cherchée et contenue dans (5);
si l'on prend u^ = cp("„), «»= <p("i)) l<i suite u„ converg'e vers a, même si
les deux autres racines ont des modules supérieurs à i. De même, à toute
racine s, telle que |5|>>i, correspond en général une relation du premier
ordre «„+, = 'f ("«) contenue dans (5) et telle que la suite u^^ 'lit pour
limite a. On détermine de même les relations du second ordre contenues
dans (5).
On retrouve ici, comme dans la théorie de l'itération à trois variables,
une classification des points limites a toute pareille à la classification de
M. Poincaré pour les points singuliers d'un système différentiel; on est
amené à classer ces points en nœuds, cols, foyers^ cols-foyers, suivant le
nombre des relations holomorphes d'ordre i ou 2 contenues dans (5) et
par comparaison de |*, |, |*2J, \s^\k i.
Ainsi l'analogie bien connue que présente la théorie des équations
linéaires aux différences finies avec la théorie des équations différentielles
linéaires se poui^suit pour les équations de récurrence non linéaires.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la définition générale des fonctions
analytiques. Note de M. Léon Lichtenstein , présentée par
M. Emile Picard.
Soit/(:;) = u{x, y) + iv{x,y) une fonction des variables réelles a; et j,
continue à l'intérieur d'une aire simplement connexe T, C une courbe fermée
rectifiable quelconque à l'intérieur de T. D'après la proposition classique
de Cauchy on a / /(=) dz = o, chaque fois que la dérivée ■ ," existe et est
une fonction continue à l'intérieur de T. On doit à M. Goursatune démons-
tration élégante du théorème cité, qui ne fait usage que de l'existence de la
dérivée - ._ > celte dérivée n'étant pas nécessairement bornée dans T.
Dans un Mémoire récent, M. Montel a montré que les hypothèses de
M. Goursat peuvent être remplacées par les hypothèses suivantes moins
restrictives : les dérivées partielles
du du dv Je
^'' ^' ïïx' ôl' ôy'
existant en chaque point de l'aire considérée T, sont bornées dans T sauf
peut-être en un ensemble réductible de points ou de courbes rectifiables et
IIIO ACADÉMIE DES SCIENCES.
satisfont au\ équations
du ()(■ Ou d\'
^ ' ôx ~ dy^ Oy dx
Voilà un énoncé nouveau qui ne suppose poinll'existence des dérivées(i).
Posons pour abréger
A^/(5) =^^ [«(J- + h, y) + iv{x-^ h, j)] — \u{x, y) + tV(.r, y)\.
(3\
( Aj-/(s) = [«(a% J + /04-«V(^-,74-/0] — ["(.r,„r)-t-'V(x, V)], A>o.
/(s) est une fonction analytique régulière dans T chaque fois que
j- |A,/(^') — /Aj/(«)J désignant une fonction des variables x, j, h bornée à
l'intérieur de T.
La démonstration est des plus simples si l'on s'appuie sur le théorème
suivant de M. Osgood :
Soit
"i(-'%j)> "sC-i'. j), ...
une suite infinie des fonctions continues à l'intérieur et sur le bord d'une
aire simplement connexe T„, convergeant vers une fonction continue u{x^y).
Soit, déplus,
(5) |«/,(^, 7)|<M = const. ( A = i, 2, 3, . . .).
Alors, on a
(6) i \ u{x,y)dxdy—\\m j j u,„(x. y) dx r/y.
PHYSIQUE. — Surintensités et surtensions dues à la manœuvre des interrupteurs
de tableau. Note de M. André Léauté, présentée par M. H. Poincaré.
L'étude que j'ai entreprise des accidents auxquels donnent lieu les
fusibles pour hauts voltages m'a conduit à reprendre sur quelques points
la théorie des surintensités et des surtensions dans les canalisations souter-
raines. Ayant établi dans de précédentes Communications que de violentes
explosions de fusibles peuvent être provoquées par des courants électriques
d'une durée extrèmcnienl petite, j'ai dû rechercher tout d'abord suivant
SÉANCE DU 2 MAI I910. IIIT
quel mécanisme de tels courants prennent naissance dans les canalisations
industrielles.
Les grands feeders sont, actuellement, presque toujours munis de deux
interrupteurs, dont l'un, d\l de départ, est placé à l'usine génératrice, tan-
dis que le second est établi sur le tableau de distribution, à une distance
plus ou moins grande du premier. Lorsqu'on veut mettre en fonctionne-
ment la machine, on ferme d'abord l'interrupteur de départ; cette
manœuvre peut produire des surtensions que M. K.-W. Wagner (' ) n étu-
diées très complètement. Je me propose d'examiner les phénomènes, aux-
quels donne lieu la fermeture de l'interrupteur du tableau.
M. Poincaré (^) a montré que, même dans le cas d'oscillations extrê-
mement rapides, les équations aux dérivées partielles entre le potentiel V
et l'intensité I en un point d'une ligne monopliasée sont
D'autre part, dans la pratique, on ferme presque toujours l'interrupteur
de tableau sur une ligne terminée par un transformateur à circuit ouvert;
deux cas sont à distinguer, selon que le Iranforuialeur présente ou non de
la capacité.
Si l'enroulement primaire est formé d'une seule couche de lîl, j'ai montré
dans un travail précédent (') que sa capacité est négligeable, en sorte que
l'on a comme première condition aux limites, en négligeant l'hystérésis,
Il -T — h I^I — \ =: o pour ,r =; /,
cit
/désignant la longueur de la ligne. A celte condition il faut joindre la sui-
vante :
V =: E sin((o/ + £) pour x ^= o.
(3n formera d'abord le terme de régime, auquel on donnera la forme qu'a
étudiée M. Blondel ou plus simplement la forme sinusoïdale, ce qui est
permis puisque les lignes souterraines ne sont jamais très longues. Pour
obtenir la solution générale et satisfaire aux conditions initiales, on déter-
minera ensuite les solutions sinqjles, pour lesquelles la seconde condition
(') K.-W. \\"a(.ni;r. Ek'IUroinagn. Aiisgleiclisi'orgânge in lûibeln. Leipzig, 1908.
(*) Poincaré, L'Eclairage électrique, t. XL, 1904, p. lai.
(^) Comptes rendus, 9 juin 1908.
C. R., 1910, I" Semestre. \T. IJÛ, N° 18.) l46
Il 12 ACAUEMIE Dl-.S SCIEN'CI-S.
aux liiiiiles est
\ ^ o pour ./■ := o ;
ces solutions simples peuvent èti'e mises sous la forme
1 z= K e^''' coi (ij-t -+- 'j ) co<; ï -j >
V — i / - K e-'~' si n ( 'J. / -4- o -h '1/ ) si ii (7 — ,
■n posant
/ °' P"
lans'I/ = —
les coelHcienls cr sont imaginaires et sont déterminés par l'équation
(E) y/./,-a(a-f- // lan<;a)-+ yp/Alo- + /( langff) -H 7 == o,
dans la(|iielk'
7 yi/.K-Lo) "^^ 1/
En pratique, X' esl très grand et/; est inférieur à l'unité; il en résulte que
si hgn a un module assez petit, on pourra, au lieu de l'équation (1^), consi-
dérer l'équation plus simple
(E') 5- 4- /( lani;(7 =: o;
ceci revient à négliger la ou les racines de 1*^ qui sont inférieures à une cer-
taine limite M, dont la grandeur dépend des constantes électriques de la
ligne. On est toujours en droit de faire cette simplification, puisqu'on pre-
nant pour 1 les racines de l'équation ( E'), ou peut satisfaire aux conditions
initiales.
On est ainsi conduit au tlK'orème suivant :
Lorscfaon ferme une ligne indualrielle soulerraine au moyen d'un inter-
riipleur de tableau sur un Iransfurmateur sans capacité, tes surtensions et
surintensitcs ijui se produisent ont très setisihlcment la môme période que si la
ligne ét(dt ouverte à son extrémité.
(ie théorème présente de l'intérêt au point de vue de l'étude des réso-
nances.
Si rcnroulcmcnt primaire du transformateur est composé de plusieurs
couclii's sn|ii'r|)os(''es, il est nécessaire (rallribuer à cd enroulement un
SÉANCE DU 2 MAI 1910. IIl3
coeniciiMil de capacité linéaire, et l'introduclioii do ce coeflicieiil, s'il est
suflisaminent élevé, a pour eflét de rendre à peu près égales les surinlensilés
et surtensions qui se produisent en deux points différents de la ligue.
Enfin, il peut être intéressant de tenir compte, dans certains cas, de la
self-induction, de la résistance et de la capacité de ralternateur, placé en
tête de la ligne. Je me propose de donner les résultats de cette étude dans
un Mémoire plus détaillé.
PHYSIQUE. — Sur les courba de saluraliort dans l' effet pholoéleclriqite
de Hertz. Note de M. Ei'»;ène Iîi.och, présentée par M. J. Violle.
Dans une précédente Communication, j'ai exposé (juelques-uns des
résultats que j'ai obtenus dans l'étude de l'effet photoélectrique de Hertz,
.lai pu, en particulier, montrer rinnuenc(> de la longueur d'onde sur le
phénomène et sur la classilicatioii des métaux <jui en résulte. Toutes ces
expériences avaient été faites dans l'air à la pression ordinaire et dans un
champ électrique de l'ordre de 5o volts par centimètre.
Lorsque le champ électrique augmente, le courant photo(''leclriipie croit
également, mais en conservant le caractère commun à tous les courants
d'ionisation, cVst-à-dire que son accroissement est moins rapide tpie celui
du voltage. La courbe ainsi obtenue présente cependant une différence
notable avec les courbes ha])ituelles, dites r/r saturation. Le palier horizontal
qui précède d'ordinaire la période d'ionisation par chocs est remplacé par
une courbe nettement ascendante, ce qui revient à dire qu'une véritable
saturation n'est jamais atteinte. Ce fait, qui avait été constaté dès le début
par les auteurs (Stoletow, \'on Schweidler, etc.), (pii n'ont pas fait la
décomposition spectrale des radiations employées, a pu être vérilié pour
diverses longueurs d'onde prises isolément. Pour le zinc, par exemple,
une série d'expériences faites avec la raie 3 11 de l'arc au mercure a conduit
aux nombres suivants :
i;i'a ^
en viiUs-cciilirniLLCs.
i'
p6',
■>.',(3
36i)
Coin
ants
III
liliîs .
10
iirhiU-
16.
7.)
3i
. 2'i
36
. '!(l
IIl4 ACADEMIE DES SCIENCES.
L'allure généiale tics courbes est indépendanle du mêlai éuidié. Mais ta forme peul
changer légèremenl avec l'élal de la surface el avec la longueur d'onde emplovée. Je
donnerai ailleurs les détails à ce sujet. Je me borne à indiquer ici que la saturation
est généralement plus facile à approcher, pour les petites longueurs d'onde, f[ue pour
Jes grandes.
Enfin /e champ magnétique, agissant à la pression ordinaire, abaisse, s'il est
suffisamment intense, le courant photoélectrique, sans que la coube de saturation
change de forme. Avec un champ de i oooo gauss et le zinc, la diminution est facile-
ment de i4 pour loo. Celle action du champ magnétique était connue depuis
longtemps pour les basses pressions.
On peut chercher à interpréter théoriquement la forme des courbes de
saturation. Grâce aux précieuses indications de M. Langevin, il m'a été
possible de soumettre au contrôle de l'expérience une théorie dans laquelle
on considère les ions de l'eflet Hertz, une fois produits aux dépens des élec-
trons qui sortent du métal éclairé, comme ramenés partiellement vers lui
par la diffusion, ce qui diminue le courant qu'on peut extraire du gaz. Les
formules auxquelles on est conduit concordent remarquablement avec les
résultats expérimentaux, ainsi qu'en témoigne l'exemple suivant. I^a pre-
mière colonne donne les rapports successifs des courants observés dans
l'exemple ci-dessus, la seconde colonne donne les rapports calculés dans
l'hypothèse où l'émission des. électrons se fait d'une manière homogène
dans toutes les directions.
1 ,67.5 ' >67
I , 5o3 1 , 5 1
1.2', 1,22
1,16 ' 1 '7
I , og 1,08
On voit que la concordance a lieu au centième, ce qui est précisément la
limite d'exactitude des expériences. Si l'on se place dans l'hypothèse d'une
émission normale de tous les électrons, ou encore dans l'hypothèse d'une
émission suivant la loi du cosinus, la même comparaison donne une concor-
dance presque aussi l)onne. I'',n d'autres termes, la précision des expériences
est suffisante pour conlirmer l'exactitude du mécanisme indiqué ci-dessus
pour rendre compte de la forme des courbes, mais elle ne permet pas de
fixer, en outre, la nature de la loi d'émission corpusculaire.
On peut cepondaiit aller jdiis loin. I^a même théorie permet de déduire des
nombres préc(Mlenls la \aiçurdu j)arcoursque les éleclrous, sortant du métal.
SÉANCE DU 2 MAI 19IO. III3
clVccluenl librement dans le gaz avanl crèlre arrêtes et transformés en ions
négatifs ordinaires. Le nombre obtenu est 2,'|,io ' dans Fliypothèse de
l'émission homogène. Or, la théorie cinétique des gaz permet, par des
données thermiques, d'évaluer aussi le parcours moyen d'un électron, en ne
tenant compte que de son mouvement d'agitation moléculaire. On trouve
ainsi le nombre 0,57.10"^ Le fait que ce nombre est du même ordre de
grandeur que le précédent et eu même temps un peu inférieur, doit être
considéré comme une nouvelle et importante confirmation de la théorie.
lùilin, dans un champ magnétique transversal, les trajectoires des corpus-
cules deviennent des hélices, ce qui oblige à apporter une correction aux
formules utilisées. Le premier terme de celte correction a été calculé par
M. Langevin; rapproché de la variation expérimentale, il permet d'évaluer
la vitesse d'émission des corpuscules. On trouve ainsi un nombre de l'ordre
de 5.10', c'est-à-dire en bon accord avec celui que Lenard a obtenu par
mesure directe. C'est une nouvelle justification de la théorie.
Ét.ECTRlCITli. — Sur l'ionisation des gaz par les actions de diiision mécanique
des liquides; corps actifs et inactifs. Note de M. ni: l\muiiAK, présentée
par M. K. Bouty.
Lu iS()2, Lenard (' ), pour rendre compte de l'électrisation de l'atmos-
phère au voisinage des chutes d'eau, rechercha si l'air, dans lequel on agite
un liquide, est chargé ; il trouva ainsi que l'air d'une bouteille, dans laquelle
on a fortement secoué du mercure, est très notablement éleclrisé négative-
ment. En dehors des solutions acjueuses, le sulfure de carbone, l'essence de
térébenthine lui parurent également communiquer de l'électricité à l'air
environnant et prendre une charge complémentaire.
Depuis lors, plusieurs travaux ont établi que, dans le cas très analogue du
l)arl)Otage d'un gaz à travers un liquide, il s'agissait d'une mise en suspen-
sion d'ion* des deux signes et de mobilités diverses.
En 1907 (-) j'ai montré en particulier que, pour le barbotage, on trouve
une difTérence très nette entre les divers liquides qu'on peut diviser en
deux classes : les uns, actifs, donnent des centres à charge multiple ( dont
la mobilité est réduite par exposition au radium); les autres, iuaclifs, don-
(') Lf.naru, Wicd. Ànnalen, i8()'2.
(-) Bulletin de la Société française de Pliysiquc, 21 juin 1907.
IIl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nant seulement des centres neutres (chargeables par des rayonnements
ionisants).
Au premier groupe apparliennenl : l'eau, les alcools, l'éther, riicélone, l'aldélivile,
l'acirie sulfurique, l'aniline, elc.
Le second groupe comprend la benzine, le toluène, le xylène, le tétrachlorure de
carbone, le penlane, l'Iiexane, le sulfure de carbone, l'essence de térébenthine, le chloro-
forme, etc.
Quant au mercure il ne donne, par barbolage, ni cenires chargés, ni
centres neutres.
Il semble donc que pour certains corps, le mercure, la térébenthine,
le sulfure de carbone, l'agitation et le barbolage puissent conduire à des
résultats différents.
Pour examiner ces divergences, j'ai repris une étude générale des procédés
d'ionisation des gaz par les actions mécaniques de division exercées sur les
liquides, telles que : barbolage. écrasement de Jet , pulvérisation, agitation no-
ie nie en vase clos.
Disons de suite que tous ces procédés conduisent encore, comme nous
l'avons déjà dit, à diviser les liquides en deux groupes : les uns actifs, les
autres inactifs, et que ces deux groupes semblent bien être identiques, quel
(jue soit le procédé mécanitjue employé, les divergences ûpparehlés provenant
de la plus ou moins grande sensibilité que le phénomène offre à la présence de
traces d'eau.
a. liarboldge. Je ne reviendrai pas sur les résultais déjà publiés (' ).
b. Agitation.
Un appareil à violente agitation mécanique a été réalisé en montant un ballon de
verre sur une tige animée d'un mouvement de va-et-vient très rapide (5oo à looo
oscillations par minute); nous allons donner quel(|ues détails sur le cas du mercure,
parce qu'il est intéressant.
On met une petite quantité de ce métal dans le ballon ; on agile et l'on fait passer un
courant d'azote sec et filtré qui est ensuite dirigé dans les appareils de mesure en Ira-
versant un deuxième ballon où l'on peut pointer le faisceau d'un arc.
On observe d'abord une ionisation assez intense provenant d'ions des deux signes,
mais avec une prédominance marquée des charges négatives; ceci correspond vrai-
semblablement au phénomène observé par Lenard; mais un faisceau lumineux décèle,
en même temps, dans le gaz la présence de fines particules en suspension qui consti-
tuent le véhicule des charges électriques; ces particules sont de l'eau provenant des
couches d'iiuinidité adhérentes aux diverses surfaces : mercure, verre, elc. A mesure
(') l>li Hr()(;(.ii:, Ae Hmliiiiu, njo-; .tmirnal dr l'insii/iie, ii)io.
SEANCK DU ■! MAI 1910. III7
fine le coiiranl d'azote dessèche ces surfaces ( «e que l'agitalioii fa\oiise beaiicotip ), le
faisceau leiid à disparaitie eo même leuips i|ue rionisalioii.
On pouvait se demander si une émanation radioaclive contenue dans le
mercure n'aurait pas, au début, pu produire les charges constatées; outre
qu'on peut s'en assurer directement, le seul fait que les charges observées
soient multiples et ([ue des centres neutres mis en suspension dans le gaz ne
se chargent pas en liaversant le mercure, montre (pTil faul éliminer cette
explication.
Si l'azote est remplacé par un courant d'air sec, le mercure s'attaque et
l'on voit dans le gaz une suspension de poussières d'oxyde formé par voie
chimique en milieu sec; ces poussières ne sont pas chargées.
D'autres liquides, de l'eau, des alcools, etc., agités dans ces conditions,
donnent un gaz ionisé, analogue au gaz de barbotage; de même, les liquides
inactifs par barbotage restent inactifs par agitation mécanique, à condition
qu'ils soient suffisamment anhydres (').
c. Le brisemctil d'un jet liquide (très analogue à l'écrasement des gouttes,
étudié en particulier par Aselmann dans le cas des solutions aqueuses) donne
des résultats similaires. Xous avons employé un jet fin, mais homogène, de
liquide sous pression se brisant sur une paroi de verre au sein du gaz à
ioniser ; on trouve toujours la même division en liquides actifs et inactifs.
d. La pulvérisation , étudiée par Eister et Geitel et récemment par M. L.
Uloch(-), conduit à une division analogue ; ces résultats sont en accord avec
ceux que nous avons obtenus par un procédé un peu différent ; toutefois
l'inlluence de l'eau a là un rôle important; ainsi la térébenthine et même
la benzine peuvent donner des charges quand elles contiennent des traces
de ce liquide.
On est ainsi conduit à penser ([u'il faut, peut-être, rapporter l'activité
des liquides, tels que l'éther, l'aniline et même les alcools, à l'eau dont il
est presque impossible de les séparer complètement. Le fait q-ue les liquides
inactifs donnent des centres neutres susceptibles d'être chargés par la pré-
sence de faibles traces de liquides actifs explique bien comment l'activité
d'un mélange d'eau et d'éther, par exemple, peut être plus forte que celle
de l'eau, tandis que l'éther, tout à fait anhydre, serait peut-être inactif;
( ' ) Ces pliéiiomènes sont intéressants au point de vue de t'électrisation par frottement
entre solides et liquides.
(^1 Compte'! renrliis. 1"'' semestre lyio, p. 967.
III.S ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans cet ordre d'idées, il convient de citer le fait que rétlicr devient moins
actif quand on vient de le dessécher avec du sodium.
En résumé, l'iomsalion des gaz, par action mécanique rie division des liquides,
présente les mêmes caractères quel que soit le procédé employé et met toujours
en évidence les deux catégories de liquides actifs et inaclifs que j'ai signalées
en 1907, l'activité étant peut-être liée à ta présence de l'eau dans les corps
qui présentent cette propriété.
Quant à l'origine de l'électrisation, j'ai déjà eu l'occasion de la ratlac/ierà
la rupture des surfaces liquides (' ).
CHIMIE PHYSIQUE. — Action de l'effluve sur le chloroforme et le tétrachlo-
rure de carbone en présence de Vhydrogène, ainsi que sur le chlorure de
méthyle. Note de MM. A. Besson et Ij. Foubmeh, présentée par
M. froost.
Dans les lieritche du mois de novembre dernier (p. /(39^^), M. Losanitsch
a publié le résultat de recherches qu'il a faites sur l'action de l'eflluve sur
le chloroforme; le produit oléagineux condensé, soumis à la distillation
dans un courant d'hydrogène, lui a fourni un liquide liuileux auquel il a
attribué la composition C°H^C1'- et un corps solide identifié avec C-Cl".
L'opération ne semble avoir porté que sur de faibles quantités de matière,
si l'on en juge par le procédé de séparation sommaire auquel l'auteur s'est
borné.
Le présent travail était en cours à cette époque et nous nous sommes
astreints à préparer des quantités importantes de produit, de façon à pou-
voir faire une séparation rationnelle des composants. Nous avons entraîné
le chloroforme chauflé au bain de valvoline vers 'jo"-']i\° par un courant d'hy-
drogène pur; nous avons recueilli un liquide oléagineux de couleur rougeàtre
(couleur teinture de campêche concentrée), doué d'une odeur désagréable
que nous avons soumis à des distillations fractionnées, à la pression atmo-
sphérique pour les parties les plus volatiles, sous vide pour les parties plus
fixes. La séparation des constituants est rendue très ardue, tant par suite
de leur nombre que de leur entraînement réciproque, et ce n'est que par
de multiples fractionnements que nous sommes arrivés à une séparation
(') .I.-J. Thomson, Conduction of Electrity lliroiiglt gazes. — ■ De 1>roglie et
Bki/.aiiu, Comptes rendus, V semesU'e 1909, p. 1Ô96.
SÉANCE DU 2 MAI I910. TII9
satisfaisante des dilVérents composants; leur identité a été établie tant par
leur point d'cbullition que par l'analyse. Les premiers produits sont inco-
lores, les suivants sont jaune clair, les termes ultimes sont rougeâtres; la
matière colorante semble prendre naissance par l'action de l'oxygène de
l'air sur les produits très condensés ; elle se dépose parfois sur les parois des
vases sous forme d'un enduit violacé soluble dans les solvants organiques
auxquels elle communique une couleur jaune rougeàtre.
Nous avons ainsi séparé du produit brut de condensation les constituants
suivants :
1° Un liquide distillant vers 73" (CCP) ;
■2° Un liquide distillant vers 120" (C-Cl') :
3CHCP=?.IIG1 + C2C1';
3" Un liquide distillant vers 160° (C^HCl') :
2CHCP=1ICI + C=HCI^;
4° Un corps solide distillant vers i85" (C-CI") :
2CHCP=:2H-f-C-^Gl«;
5° Un liquide distillant vers 210" (CCI") :
3CHCI'=3HCI-i-C^GI«;
(3" Un liquide oléagineux distillant vers 120° sous i5'"'" de pression et
vers 245" à la pression atmosphérique, avec décomposition partielle et déga-
gement de H Cl (C H CI') :
3CHC1'=2HCI-+-C'HCI';
7° Un liquide très visqueux distillant vers i5")° sous i "i"'™ et vers 275° à
la pression atmosphérique (CCI*) :
4CHCP=.',HCI 4-C*GI'*.
Tels sont les principaux produits formés qui peuvent cire considérés
comme des dérivés chlorés des carbures C"H-""^- et C"H-"; nous avons dû
négliger de petites quantités de produits très visqueux distillant à tempéra-
ture plus élevée que C CI*. On voit que la formation de ces corps s'explique
rationnellement à partir de CHCl', sauf pour CCI' dont la genèse est
cependant indubitable. La formation de CCI' semble connexe de celle d'un
composé plus hydrogéné que ceux que nous avons cités précédemment et
C. R., igio, I" Semestre. (T. 150, N° 18.) I'l7
I120 ACADEMIE DES SCIENCES.
qui (lislillerail au voisinage de i:")o° à la pression alniospliérique; nous
n'avons pas pu l'isoler d'une faeun certaine, mais il est à penser qu'il s'agit
du perchlorure d'acélylène (^-H-CP qui distille à 147" : la formation simul-
tanée de ces deux corps s'e\pli(juerail alors par l'équation
3CHCP=HCI-F GCl^+C^tPCl*.
La proportion des diflerents constiluanls est liés inégale; en tout cas, c'est C-CI'
qui prédomine. Nous ferons enfin remarquer que le résidu du chloroforme employé,
qui est resté soumis à l'action de la chaleur au bain de valvoline vers yC-jS" pendant
un mois environ est un liquide noirâtre (100""" environ) qui, soumis à la distillation,
fournit une gamme de produits distillant de +70° à la pression atmosphérique
jusqu'à +i5o° et au delà dans le vide; il en résulte que le chloroforme subit à celte
température une décomposition lente sous l'action de la chaleur seule (en présence de
l'hydrogène) en donnant des produits semblables à ceux que donne l'effluve. On pour-
rait supposer que ces produits proviennent du reflux des appareils à effluves, mais
cette hypothèse est inadmissible, car le courant continu d'hydrogène s'}' oppose et, si
ce retour des vapeurs était possible pour les produits les plus volatils, il n'en serait
pas de même pour les produits fortement condensés qui sont très peu volatils dans les
conditions de l'expérience.
L'hydrogène et les vapeurs de tétrachlorure de carbone CCI' donnent, sous l'action
de l'effluve, à peu près les mêmes produits que le chloroforme; nous avons pu notam-
ment isoler et identifier les corps C'^Cl*, C/HCl', C-Cl'' très abondant, puis C*CI',
distillant vers 210° à la pression atmosphérique un liquide qui correspondrait à la
composition C*H^CI". Ce qui est surtout intéressant à noter, c'est que si l'eflluve
décompose les composés hydrochlorés du carbone, inversement elle peut, en présence
d'hydrogène, donner des produits de substitution hydrogénés.
Les vapeurs de chlorure de inéthyle C.H'Cl dirigées (sans hydrogène)
dans ure série de tubes à effluves disposés en batterie se condensent en
un liquide oléagineux noirâtre qui se différencie nettement au point de vue
des propriétés physiques du produit obtenu avec le chloroforme, il a une
odeur éthérée qui rappelle celle du chloroforme. La distillation, d'abord à
la pression atmosphét^que puis sous pression réduite, donne des liquides
parfaitement incolores. Nous avons pu en extraire successivement, d'abord
par fractionnement à la pression atmosphérique :
I" Un liquide distillant à 84''-86° auquel l'analyse conduit à attribuer la
composition C-H*CP : aCHM'.l = 2H + (,?1IH.U-, c'est le chlorure d'éthy-
lène ;
2° Un liquide distillant à i54°-ij6", c'esl (^HMJl'' homologue supé-
rieurdeC4i'(:inCH-Cl-ClICl — Cll»Cl):3CH^Cl = 4n + (:'lU(:i'.
La suite du fractionnement a été faite sous pression réduite, carà la près-
SÉANCE DU 2 MAI I9IO. II2I
sion almospliérique il y a une notable décomposition (avec dégagement
de HCl), mais la séparation des produits ultérieurs qui distillaient sous
T,")""', depuis 70° jusqu'à plus de 200", a présenté des difficultés extraordi-
naires, non par manque de produit que nous aviotis en assee grande abon-
dance, mais parce que la suite des fractionnements ne conduisait à aucun
résultat effectif; après une trentaine de fractionnements sous des formes va-
riées, nous avions des fractions à peu près égales s'échelonnant (sous iS™"")
de 10° en 10°, de 70° à 160" et au delà. L'analyse de ces différentes fractions
donne des nombres très voisins qui varient d'abord progressivement de 1&
composition correspondant à C'H^Cl' à celle correspondant àC^fPCl'qui
distille vers i35" sous i5'""; nous avons retiré ce corps de la fraction (i3o°-
i4o°) sous i5™"' où une certaine accumulation de liquide était manifeste,
4CHH;1 = I1(>1 + GII + C IPCi'. Enfin, les fractions supérieures s'ache^
minent vers la composition C'H'Cl', sans l'alleindre, pour la dernière
fraction isolée vers 180° sous i5'"'".
En généralisant ces résultats, on en déduit que l'eflluvalion du chlorure
de méthyle donne naissance à deux séries de produits, les uns se rattachent à
la série saturée (chlorure d'éthylèné et homologues supérieurs par CHCl),
les autres à la série éthylénique différant des précédents par HCl en moins,
mais dont nous n'avons isolé qu'un représen tant C'H^Cl^ = C'H^Cl* — HCl.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les isoméries de quelques y-glycols acétyléniques.
Note de M. G. Dupont, présentée par M. A. Haller.
A. Dans une Note précédente ('), j'ai indiqué comment, du produit de
la réactiotl de Jotsitch, j'avais pu extraire les deux isomères de Vhexine-'i-
dwt-2.5. J'ai, depuis, poursuivi l'étude des isoméries de qUelqUes aUtres
y-glycols acétyléniques de formule générale :
j^^COH - G = G - C OH<^]J, ,
dans lesquels la présence de deux carbones asymétriques fait encore pré-
voir l'existence de deux isomères stéréochimiques.
I. Isoméries du glycol : CGP- CHOU — G = G — CHOH — CGI'. — Obleiiù
par l'action du chloral sur le dibromomagnésium-acétjlène (-), il se présente, après
(') Comptes rendus, l. CXLIX, i90<), p. i38i.
(-) Jotsitch, Jotirii. Soc. pliys. chim. r.. t. XXXIV, p. 242-244-
II22 ACADEMIE DES SCIENCES.
cristallisation dans l'eau, sous forme d'une niasse cristalline fondant mal vers i3o°.
Ce corps a été soumis à des dissolutions fractionnées dans le létracliiorure de carbone
bouillant,
1° Les parties les moins solul)les, recristallisées dans le toluène, m'ont
donné un premier isomère en longues aiguilles soyeuses fondant à i35°
(c'est sensiblement le corps signalé par Jotsitch);
1° Les parties les plus soluhles dans le tétrachlorure de carbone ont été
dissoutes, à l'ébullition, dans de l'alcool étendu de 5 ou 6 fois son poids
d'eau. 11 se forme deux phases : la couche supérieure décantée abandonne,
par refroidissement, des cristaux d'un deuxième isomère fusible à 1 1 7°,5- 1 1 8°.
Le premier isomère donne, avec l'anhydride acétique, une diacétine fon-
dant à 66''-67° et, avec le chlorure de benzoyle, une dihenzoïne fusible
à l IO"-II2''.
Le deuxième isomère donne une diacétine fusible à 54°-55'' et une dihen-
zoine fusible à gS^-gô".
II. homéries du glycol: C'H^— CHOH — C = C — CHOU — C=H^ - Le produit
de l'action de l'aldéhyde benzoïque sur le dibromomagnésium-acétylène ('), détruit
par l'eau acidulée, a été lavé abondamment à l'éther. Une quantité assez abondante de
matière reste non dissoute.
i" Cette fraction, cristallisée dans l'alcool donne, directement un premier
isomère fondant à i42°;
2° L'éther de lavage, d'autre part, abandonne, à la distillation, un abon-
dant résidu cristallin qui, cristallisé dans l'eau bouillante, puis dans l'alcool,
fournit le deuxième isomère fusible à 103"- 104*^.
Traité parle brome, le premier isomère fournit un corps à consistance de
miel, duquel je n'ai pu retirer qu'une très faible quantité de cristaux fondant
à 172°. Le deuxième, au contraire, fournit presque uniquement un dibro-
mure cristallisable en belles paillettes fondant à 182°.
Le premier isomère donne une diacéline fondant à 88"; le deuxième
une diacéline fondant à 56"-57".
III. homéries du glycol : ^""'^COIl - C = C - COH<^J^j"'. — Ce i^hcol a
été préparé à partir de l'acétopliénone (-). Comme dans le cas précédent, une partie du
(') JoTSircH. Joiirii. Soc. p/iys. c/iiiii. r., t. \\\V, p. laticj-iT-j.
(-) JoTsri'CH, Joiirii. Soc. i^liy-'i- c/ii/n. r.. t. \\\\ 111, p. GôG-G'ig.
SÉANCE DU 2 MAI I910. I I 2 J
procluil, fourni par le magnésium, résiste à la dissolution |iar un abondant lavage à
l'étlier :
i" Cette fi'action, cristallisée dans l'alcool, fournit un premier isomère
fusible à i63°;
2° La masse cristalline extraite, d'autre part, de l'éther de lavage, a été
soumise à des dissolutions fractionnées dans l'éther. Les parties les plus
solubles ont été cristallisées dans l'alcool étendu, bouillant, puis dans le
toluène. On obtient ainsi un deuxième isomère fusible à 12 )"-i27°.
Ces deux corps fixent lentement 2"' de brome pour donner des dibromures
fondant, le premier à 124°, le deuxième à 99°.
Ces isomères, comme ceux, des glycols précédents, dinTèrent fortement par leur solu-
bilité dans les difTérents solvants : les seconds isomères sont, en général, beaucoup
plus solubles que les premiers. Dans l'éther, par exemple, la solubilité à 16° des
gljcols issus de l'aldéhyde benzoïque est de 1,10 pour 100 pour le premier isomère et
de 16,3 pour 100 pour le deuxième; pour les glycols issus de l'acétophénone, ces solu-
bilités sont, respectivement, de 1 ,o4 et 11, 56 pour 100.
B. Je me suis attaché, dans cette Note, à melire en évidence les diffé-
rences existant entre ces corps qui présentent, deux à deux, à l'analyse, la
même composition. L'étude des produits d'oxydation, étude que je réserve
pour une prochaine Communication, prouve, d'autre part, que ces corps
correspondent, deux à deux, aux mêmes formules symétriques indiquées.
Ce sont donc bien les isomères stéréochimiques que faisait prévoir la
théorie.
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation des ajnines secondaires avec l'éther
^'^-hromodimèthylacètylacètique. Note de MM. H. Gaclt et G. Thirodh,
présentée par M. A. Haller.
Les éthers acétylacétiqucs, substitués ou non, fournissent, par action
directe des halogènes, des dérivés a- ou Y-monohalogénés susceptibles, tout
au moins pour un certain nombre d'entre eux, de se combiner aux aminés avec
formation des dérivés aminés correspondants. Nous avons enti^epris, en nous
limitant au cas des aminés secondaires, létude de celte réaction qui conduit
à des résultats particulièrement simples dans le cas des éthers aa-dialcoyl-
acétylacéliques : il ne peut, en effet, se former dans ces conditions qu'un
seul dérivé monohalogéiié, sans qu'aucune transposition ultérieure soit à
redouter. C'est l'exposé de nos recherches sur la condensation des aminés
II 24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
secondaires avec l'éther Y~bi'oinodiinélliylacétiqiie qui foi'iiie l'objet de
celte Note.
L'éther y-broinodiniéthylacétylacétique se prépare très facilement ( ' ) par
action directe du brome sur l'éther diméthylacétylacétique. Le produit brut
obtenu est, après lavages répétés, dislillable dans le vide sans décompo-
sition appréciable et bout à i i3"-i i4° sous 12™"".
Alors que les aminés primaires se combinent à l'éther y-bromodiméthyl-
acétylacétique (^) en donnant naissance, par élimination simultanée d'acide
bromhydrique et d'alcool, à des dialcoylcétopyrrolidones, les aminés secon-
daires, comme il était aisé de le prévoir, se condensent, au contraire, nor-
malement en conduisant aux dérivés aminés correspondants.
Nous avons condensé successivement l'éther y-bromodiméthylacétylacé-
tique avec la diélhyiamine et l'éthylaniline.
Elher y-diclhjlaininodirnéthylacélylacétique
{CMi»)-^N — CH2-CO — C(CH')-^COOC^H».
On dissout 1"'°' de l'élher y-bromé dans l'éllier absolu et l'on ajoute avec pré-
caution et par petites quantités une solution de a"'"' de diélhyiamine dans l'éther
absolu. La réaction est très vive et doit être eftectuée à 0° dans un ballon surmonté
d'un réfrigérant suffisamment puissant pour éviter toute perle de diétlivlamine,
Le bromliydrale de diélhyiamine se précipite immédiatement : il suffit, au bout de
quelques heures, de l'essorer pour obtenir avec un rendement quantitatif une solution
éthérée de l'élher y-diélhjlaminé. Pour éliminer les dernières traces d'éther y-bromé,
il est commode, après lavages à l'eau, d'épuiser cette solution élhérée à l'acide sulfu-
lique étendu. L'aminoélher se dissout, la solution sulfurique est lavée à l'éther. puis
neutralisée au carbonate de soude : l'élher y-diélhylaminoacélylacétique est repris à
l'éther, lavé à l'eau, puis distillé. 11 bout sans décomposition à 118° sous i4'"™.
Les essais que nous avons eilectués pour obtenir des dérivés cristallisés de cet éther,
en particulier la phénylhydrazone et la pyrazolone, sont restés sans résultats. Lorsqu'on
cliaulle directement le mélange d'aminoéther et de phénylhydrazine entre i3o°et i5o°,
on observe un dégagement de diélhyiamine, indice d'une décomposition complète.
lùliery-c'lhylainlinodiméthylaci'tylacétique
C«Il'(C-H')N — GH^ — GO — C(CH»)2C00C«H\
On chaude 3o minutes au bain-marie un mélange de i'""' d'èlher y-bromé et de 2°'°'
d'élhvlaniline. Au bout de quelques minutes, le biomhydrate d'éthylaniline commence
à se précipiter et l'on obtient finalement une masse cristalline qu'il suffit de reprendre
(') Conrad et Kreichcauer, Berichte, l. XXX. p. 856.
(') Conrad et Hock, liericlite, t. XXXII, p. 1200.
SÉANCE UU 'J. MAI I910. 1130
à l'éllier alisolii et d'essorei'. La solution éthérée de l'éther y-étlijlanilinodiniéthylacé-
tjlacétique est ensuite traitée comme il vient d'être indiqué pour l'éther y-diéthvl-
aminé. L'éllier y-éthylanilinodimétliylacétjlacétique bout sans décomposition à 189°
sous iS"™. Rendement quantitatif.
EthylaiiilinomélhyldinK'lliYlphénrlpyrazolone
C«I1^(CMI»)N-CH^'-C — C(CH^)^
Il y*^^^
N — N(C'=H').
Il nous a été impossible d'isoler la plién^ lliydrazone correspondant à cet étiier : on
obtient directement par action de la phényltivdrazine sur le y-étliylanilinoélher, et
avec un rendement quantitatif, la pyrazolone correspondante stable même à la tempé-
rature de 200°, sous forme de petits cristaux incolores, recristallisant dans l'alcool et
fondant à 77°. Celte pyrazolone possède une constitution voisine de celle du pyramidon.
Ces éthers aminoacélylacétiques jouissent de la propriété caractéristique des étlieis
[3-cétoniques, aussi bien d'ailleurs que les cétopyrrolidones de Conrad, de se dédoubler,
sous l'inlluence des acides étendus à l'ébuliition, en donnant naissance aux aminocé-
tones correspondantes. .
/CH'
Dirlhylamiiiomi'lhylisopropylcclone {O\\')-'H — C\P — C0 — C\\(- On dis-
sout l'éther y-diétbylaminodiméthylacétylacélique dans l'acide chlorhydrique étendu
et l'on porte la solution obtenue à l'ébuliition. On recueille la quantité théoiique
d'anhydride carbonique et. après évaporation presque intégrale au bain-niarie dans le
vide et neutralisation ultérieure au bicarbonate de pelasse, on obtient la diéthylami-
nométhylisopropylcétone sous forme d'un liquide incolore bouillant à 75° sous i.'i""",
à 182° sous la pression atmosphérique.
/QJJ3
Éthylanilinomélliylisopropylcclonc G«H5(Cni')NCH-^ — CO — CH(^^jj3. — On
traite l'éthylanilinoéther comme il a été indiqué pour l'éther précédent. On obtient
ainsi l'éthylanilinomélhylisopropylcétone. liquide se colorant assez rapidement en
jaune à la lumière et bouillant à 154° sous i^"'"'-
Ces deux cétones se combinent à la phényihydrazine, mais, dans le cas de l'élhylani-
linométhylisopropylcétone seule, on obtient une phénylhydrazone ciistallisée fondant,
après recrislallisation dans l'alcool, à 87°. Celte phénylhydrazone est d'ailleurs elle-
même peu stable et se décompose intégralement, même dans le vide, au bout de deux
ou trois jours.
Nous avons l'intention de poursuivre nos recherclies dans cette voie et
nous nous proposons, en particulier, après avoir étudié successivement les
principaux termes des éthers acétylacétiques, d'appliquer la réaction de
Grignardaux aminocétones foiMïiées dans le but d'obtenir des aminoalcools
à fonction alcoolique tertiaire.
II 26 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le protluU de la mélliylulion de l'éther dicéloapo-
camphorique de M. G. Komppa. Note de MM. J.-ï'. Thorpe el G. Bi.axc,
présenlée pur M. A. Haller.
En Tannée 1903 ('), M. komppa annonça, dans une très courte Note,
qu'il avait réalisé la synthèse de l'acide camphorique par la série de réac-
tions suivantes : L'oxalate de méthyle se condense avec l'éther pp-dimé-
thylglutarique pour fournir le dicétoapocamphorate de méthyle (I). Ce
dernier, par méthylation, puis réduction, est converti en acide campiio-
rique.
\/ \/
G G
^CH'— GO^GH/\,CH — CO^GIIs^^GH'— C0^CH/\c/5î^' „.
\GO-GH'
GO- — ^GO Go' ^GO '
I. II.
GH^ GH^
\/
G
~^h.go=.gh/\g/^^^'
\C(r-\\
cw^- — 'gm^
tu.
Ce ne fut seulement que l'an dernier (-) que parut le Mémoire in extenso
renfermant tous les détails relatifs à cet important travail, et entre autres
ceux qui concernent V êther dicèlocamjdwrique (II)", matière première de la
synthèse de l'acide camphorique.
Nous avons répété le travail de M. Konqipa et nous avons pu obtenir
sans difficultés marquées cet éther, qui se présente, ainsi que M. Komppa
l'a annoncé, en cristaux définis, fusibles à cS5°-88°.
Or, ce corps (II) n'a pas la constitution que lui attribue cet auteur.
Lorsqu'on le traile par une dissolution faible de potasse, il entre en solution. Si, à
cette solution, on ajoute un excès de potasse concentrée, il se précipite peu à peu un
(') Z). ch. Ces., t. \X\VI, p. 4333.
(-) Licb. 1/in., i()09, t. GGGIAVIll, p. isO, et t.(^GGIA\. p. aog.
SÉANCE DU 2 MAI 1910. II27
sel insoluble. Ce sel. dissous dans l'eau et traité par un acide, régénère V étiier dicélo-
apocamphorique, et non Féther dicétocampliorique (rendement : 5o pour 100, par
rapport au supposé éther dicétocampliorique). D'autre part, les eaux mères d'où
ce sel de potassium s'est déposé contiennent une quantité considérable d'acide (3j3-di-
méthvlglutarique fondant à 102°, qu'on extrait facilement par acidification et épuise-
ment à l'éther (correspondant à 4opour 100 de la substance fusible à 85°-88°).
( )n n'a pu déceler la plus petite trace d'acide app-triméthylglutarique.
Ces faits montrent à l'évidence que l'éther dicétocamphorique de
M. Ivomppa possède la constitution
\/
C
CH'.GO'.CH|' \C-CO^CH^
Co' ^'c-OCH'
C'est donc en réalité un composé contenant un enchaînement de cf^ de
carbone et l'on ne voit pas bien comment la réduction d'un tel corps peut
conduire à l'acide camphorique, qui est en C".
Nous ajouterons que, pour obtenir la substance fusible à 85°-88'', nous
nous sommes placés rigoureusement dans les conditions données par
VI. Komppa; il ne peut donc pas être question d'une différence de consti-
tution entre la substance fusible à 85°-88" décrite par cet auteur et la sub-
stance fusible à 85°-88" obtenue par nous.
Peut-être, après tout, M. Komppa a-t-il omis, dans son Mémoire, un
détail important, absolument indispensable, pour arriver au résultat qu'il a
indiqué.
CHlMl):: ORGANIQUE. — Hydrogénation de l'essence de térébenthine.
Note de M. G. Vavo.v, présentée par M. A. Haller.
Dans une précédente Communication (Comptes rendus., 29 novembre iqof))
j'ai indiqué qu'en agitant de l'essence de térébenthine dans une atmosphère
(l'iiydrogène en présence de noir de platine, on obtenait un carbure actif de
formule C'^H'*. Celle essence n'étant pas un corps homogène, je me suis
proposé d'hydrogéner les différentes fractions fournies par la distillation du
proiluit commeixial et de comparer entre eux les hydrtires ainsi obtenus.
c. R., ijio, ]" Semestre. (T. 150, N° 18.) l48
1120 ACADEMIE DES SCIENCES.
J'ai opéré sur trois échantillons différents : essences française, allemande et améii-
caine dont les pouvoirs rotatoires sont respeclivemenl de — 36", 9, -t- r'i° et — r" pour
la raie jaiiue du mercure X = 5-8. Les distillations ont été faites dans le vide à l'aide
d'un tnbe Otto à cinq boules. Chaque échantillon a été rectifié plusieurs fois afin d'éli-
miner les corps bouillant au-dessus de rôS". Les fractionnements et l'hydrogénation ont
porté sur la jiartie de l'essence qui distille entre i55"et irt5"> et qui comprend au moins
les ,"„ du produit commercial.
Toutes ces frarlions m'ont donné mec un rendement quanlitati f le même
liydrure {^khwWxûow 166"; solidilicalion — '(5"; densité r/|; = 0,861). Seul
le pouvoir rotatoii-e s'est montré variable, ses valeurs restant comprises
entre + 23", 8 et — 23", 8.
Essence française (rotations sous 20'"' pour \ = 5^8 ) :
Essences — 76°j5 — 65" — 52", 5 — 39°,6
Hydrures — 37°, 5 — 38°, 3 — 38". 9 —1^0°, 6
Essence allemande :
Essences -\-^~°.'i -)-34°.5 +32°, 1 +5" — 7°. 5 — 16". 7 — 28°
Hydrures.... -1-22°. 3 -t-i2°,4 -+- 3". 1 -+-9", 1 — 18", 3 — 25'',4 — 32°
Essence américaine :
Essences.... -t-i3°.8 -4-7°. 2 — 1°.2 — 9° ~'7"'.7 — 26°, 9 — 33°, 4
Hydrures... -f- 5°, 8 o — 7". 5 — 14°,7 — 21°, 9 — 3o" — 35", 7
Si l'on porte sur deux droites parallèles les valeurs des pouvoirs rotatoires des essences
et de leurs hydrures, en joignant denx à deux les points correspondants, on obtient
des droites sensiblement concourantes. Ce résultat s'explique aisément à condition
d'admettre que l'essence est formée par le mélange de deux corps seulement donnant
tous deux le même hydrure.
Soient, en eft'et, OAel OB les pouvoirs rotatoires de deux essences; O'A', O'B' ceuK
de leurs hydrures; si l'on mélange ces essences en proportion j-et,r on obtient un coips
MA r . . . ■
de pouvoir rotatoire OM tel que — jj; = — (règle de Biot); le pouvoir rotatoire de son
Il 1 . /^i., , '^l'A r ., . , MV MA' ^
livdiure est de même U M tel que tttttt ^= —\ 1' e" resuite que t— n = ■,,,,,• Uonc
Al D a; Al n Al 13
les trois droites AA', UB' et M.M' sont bien concourantes.
L'oKaincu des faisceaux de droites ainsi olilenus mon Ire que les essences
étudiées, gauche, droite ou presque inactive, contiennent le même [i pinéiie
gauche, tandis que l'a pinène s'y trouve mélangé à son inverse optique m
SÉANCE DU 2 MAI 19IO. II29
proportions variables. On peut d'ailleurs trouver le pouvoir rotatoire des
pinènes a et [i et par suite en déduire la composition de l'échantillon con-
sidéré (pour la partie qui distille entre i55" et i65°).
En eli'el, le pouvoir rotatoire du ,3 piuène est déterminé par la droite correspon-
dant à l'hydrure | a]j= — 28", 8.
L'a pinène [ajj :^ 5o°, 5 donne un livdruie [:z]j = 23°, 8 ; si on le mélange à son
inverse optique, le rapport entre les pouvoirs lutatoires du mélange et de son hydrure
est encore de . ' • La droite du faisceau pour laquelle ce lappoit est vérilié donne le
23,8
pouvoir rotatoire de Va pinène.
On trouve ainsi (rotations sous 20'"'") :
Essence française.
X pinène [ x]i = — 79" 63 pour 100
^3 pinène [ a].i^ — ocf,6 3- »
Essence allemande.
a. pinène [3t]j^ -i- 48" 7^ pour 100
j3 pinène [a ]j^ — ^9°, 5 27 »
Essence américaine.
c. pinène [a]j;^ -t- i5° 72 pour 100
,3 pinène [ ^]j = — 38°. 5 28 »
On voit ainsi que le ^ pinène se trouve en quantité notable dans l'essence
de térébenthine. J'aî cherché à l'isoler. Après de nombreux et longs frac-
tionnements effectués sur 20''^ d'essence française, j'ai pu retirer un car-
bure de pouvoir rotatoire [5']j= — '22", 7 distillant à 164°. Il se solidifie
à — 5o°; sa vitesse de cristallisation à — 70" est de 70""" par minute,
vitesse bien supérieure à celle des fra'ctions voisines de pouvoir rotatoire,
soit inférieur, soit supérieur. Par hydrogénation, il fournit un carbure
[ajj = — 23", 5 symétrique de celui c{ue donne l'essence de pin d'Alep, cjui
est de l'a pinène pur (Dabmois, Comptes rendus, 2 novembre 1909). Avec
ce dernier on obtient, en elTet, un hydrure pour lequel [«], = — 2'3", 8.
En résumé :
1° Les pinènes a et j5l donnent le même hydrure;
2° Ce sont les deux seuls constituants de la fraction i55-i65 de l'essence
de térébenthine;
3° L'hydrogénation des essences droites ou gauches montre que le
Il3o ACADÉMIE DES SCIENCES.
p pinènc tranche y est contenu en quantité massive et permet d'en déter-
miner la proportion.
Ces résultais confirment les conclusions auxquelles est arrivé M. Darmois
par Tétude du pouvoir dispersif des essences (/oc. cil.).
CHIMIi; ORGANIQUE. — Sur l' hydrogénation partielle des acides de la série,
sléarolique et sur Visomérie de leurs dénvés inonoiodhydricjues. Note
de MM. A. Ar.\aud et S. Postervak, présentée par M. L. Maquennc.
I. La réduction incomplète des acides gras de la formule générale
C"H-"~''0-, en vue de leur transformation en acides de la série C"H'"~-0*,
n'a pas encore été réalisée. Overbeck (' ) essaya en vain de revenir de l'acide
sléarolique à Tacide oléique. Holt (-) annonça la possibilité de transformer
Facide béhénolique en acide brassidique par la poudre de zinc el l'acide
acétique en présence de quelques gouttes d'acide chlorhydrique concentré.
Nous avons repris ces dernières expériences el n'avons pas réussi, dans les
conditions indiquées par l'auteur, à obtenir une quantité appréciable d'acide
brassidique. Nous avons retrouvé la totalité de l'acide béhénolique mis en
œuvre, sans aucune altération. Les acides sléarolique et taririque se sont
comportés de même.
Nous avons pensé qu'il s.erait possible d'hydrogéner partiellement ces
acides par réduction de leurs dérivés monoiodhydriques. En effet, en
faisant passer un courant de gaz iodhydrique sec dans l'acide gras fondu
jusqu'à ce que le poids du gaz retenu corresponde à i™"' HI pour
jmoi d'acide, et en cliaulïanl le dérivé iodhydrique formé avec de la poudre
de zinc et de l'acide acétique cristallisable pendant 12 à 24 heures, nous
sommes arrivés à préparer avec l'acide sléarolique de l'acide élaïdique,
avec l'acide taririque un nouvel isomère de l'acide élaïdique, acide
tarélàidique et, enfin, avec l'acide béhénolique, de l'acide brassidique. Les'
rendements sont satisfaisants.
X'aciile eïrtif/i'/f/e Aa^jo— C'* H^'0^ obtenu par réduelion du dérivé monoiodliy-
drique de l'acide sléarolique, cristallise dans l'alcool en minces lamelles oblongues,
se formant, par soudure de lamelles rhombiques, et atteignant souvent la longueur de
2cm à S"»'. L'aspect diQ'érenl de l'acide élaïdique ordinaire semble être dû aux impu-
retés qu'il tient de l'acide oléique et dont il est très difficile de le débarrasser complè-
(') Annalen (ter C hernie, Bd. CXI^, 1866, p. 41.
(') liericiite d. deulsch. cliein. Oesell., Bd. XXV, iSg-î, p. 962.
SÉANCE DU 2 MAI I9IO. I l '^ 1
lenienl. Point de fusion : 44°)'>- (5° en conformilé. avec celui indiqué dernièrement
par Lewkowitcli ('). Oxydé par le permanganale de potasse en solution alcaline, il
donne l'acide (9, 10, cis) dio\y-stéarique C'*H"()* fondant dans un tube capillaire à
9.5°, 5, température à laquelle fond également l'acide obtenu par oxydation de l'acide
élaïdique ordinaire.
Acide tarélaïdique ou élaïdique Ao,, — C'If 0-. Petits prismes compacts fondant
à 52°, 5. Ne prend pas l'iode en solution acétique, fixe 3"' de brome, pareil en cela
aux acides élaïdique et brassidique.
Par oxydation à froid, en solution alcaline, par le permanganate de potasse, il
fournit Vacide (6,7, cis) dioxy-sléariijue C'*H^"0* : lamelles rectangulaires, peu
solubles dans l'éther, presque insolubles dans l'alcool froid, assez solubles dans l'alcool
chaud. Point de fusion : 117°, 5.
Vacide brassidique C^^H'^O-, préparé par réduction du dérivé monoiodliydrique
de l'acide béhénolique, ressemble tout à fait à l'acide brassidique connu. 11 fond un
peu au-dessus de 60°.
Le mode d'oblenlion des acides de la série élaïdique qui vient d'èlre
indiqué apporte une nouvelle preuve de la configuration cis qui leur fut
attribuée, il y a longtemps déjà, par Wislicenus, à la suite de considéra-
tions d'un ordre tout différent.
II. Lorsqu'on refroidit dans la glace les jiroduits monoiodhydriques bruts
qui ont servi aux expériences précédentes, on constate que tantôt ils se
prennent en masse cristalline (dérivés des acides stéarolique et béhéno-
lique) et tantôt restent huileux même à 20° au-dessous de zéro (dérivés de
l'acide taririque). Une étude plus approfondie de ces produits montre qu'on
est en présence, dans chaque cas, de deux composés monoiodés isomères qui
ont pu être séparés et nettement définis pour les acides stéarolique et béhé-
nolique.
Séparation des deux isomères du dérii'é innnoiodliydrique de l'acide stéarolique.
— Le produit brut est fondu au bain-marie et abandonné à la température de 18° à 20".
On observe bientôt l'apparition de gros cristaux prismatiques qui sont séparés au bout
de 48 heures par essorage. Recrislallisés dans la moitié de leur poids d'alcool, ils
fournissent une masse blanclie, cristallisée en aiguilles et fondant à 89°. Ce corps
répond à la formule C'^H'^IO-. Il se dissout dans son poids d'alcool et est soluble dans
l'éther et dans l'acide acétique.
Le deuxième isomère se trouve dans la partie huileuse essorée. Mélangée avec la
moitié de son volume d'alcool et refroidie à — i5°, elle dépose des cristaux qu'on sépare
par filtralion. Le liquide filtré est versé dans beaucoup d'eau chaude et le produit
(') Lewkowitcb, Huiles, graisses et cires. Paris, 1906, p. 147- M-, C. et Al.
Saylzeff avaient indiqué pour l'acide élaïdique .5i°-52° et, pour son dioxy-stéari(|ue,
99°-ioo° [J. f. prakt. Ch., Bd. L, 1894, p. 70-76).
Il3-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lniileii\ |jrécipité esl séché sur l'acitle sulfiii i(|iie. Refroidi à 5° environ, il se fige de
nouveau. On l'élend sur une pla(|ue poreuse froide el Fou recristallise le résidu sec
dans 1res peu d'acide acétique glacial. On obtient ainsi le second isomère inonoiodhy-
drique, fusible à 23''-24" et beaucoup plus soluble dans Falcool el les autres dissolv.Tnls
que le précédent.
Les deux isomères se forment à peu près en quantilés égales ( '). Traités
par la potasse alcoolique bouillante, ils perdent rapidement Tacide iodhy-
drique et régénèrent quantitaliveinenl Tacide stéarolique primitif. Réduits
par la poudre de zinc en milieu acétique, ils fournissent le même acide
élaidique A,j,,o. Ce sont donc des acides monoiodélaïdicjues.
Par une méthode un peu dill'érenle, nous avons pu séparer du dérivé
monoiodhydrique brut de l'acide béhénolique, un âcide monoiodobrassidique
C--H*' 10- fondant à 4''^'' et un acide isomère, fondant à 37°-38°, très soluble
dans l'alcool.
11 est évident (pie la fixation d'une molécule HI sur une triple liaison ne
peut donner naissance à des isomères stéréochimiques. Chaque paire d'iso-
mères, décrits plus haut, appartient nécessairement à la variété cis et doit
être exprimée par les formules
R-C1==CH — H' et R — CH = CI-H'.
Autrement dit, l'acide iodhydrique, contrairement à l'opinion généra-
lement admise, ne se place pas toujours d'une même façon déterminée dans
les produits d'addition, du moins dans les acides gras supérieurs de la série
stéarolique, les seuls étudiés par nous jusqu'ici, mais se fixe de manière à
mettre l'atome d'iode indistinctement du côté dit carboxyle ou du côté
opposé.
CHIMIE AGRICOLE. — Hôle des micas dans la terre arable. Note de
M. BiEleu-Chatei.an, présentée par M. Th. Schlœsing fils.
Par des expériences de culture en pots (-), M. Prianichnikow (_ Moscou)
a montré que le mica muscovite peut fournir aux plantes de la potasse en plus
forte proportion que le feldspath orthose. Ce fait s'expliquerait, selon nous,
par l'inégale solubilisation de ces deux minéraux.
l'iir exemple, tandis que du mica muscovite brové en paillettes plus ou moins fines,
(') 1^'isomère fondant plus li;uit semble prendre naissance en quantité prépondéra uto,
si l'on piovoque la foimalion ilu dérivé monoiodhydrique en milieu acétique.
( '•' ) Cf. Die laiHhvirlsvliiiJ'lliclirn Ve/suc/isstalione/i, animée iLp^>.
tiÉAi\CE DU 2 MAr I910. Il3'i
cédait à l'eau distillée jusqu'à o.qS pour 1000 de potasse, de l'orthose en poiidie impal-
pable ne lui en livrait que 0,2 pour 1000, soit nnoins de la moitié, et de l'oitliose en
poudre grossière (grains de i'"" à 2""" de diamètre) seulement des (races. La solubilisation
plus grande du mica paraît donc être une propriété intrinsèque de ce minéral, mais
elle résulte aussi de son aptitude particulière à se cliver indéfiniment en lamelles très
minces, présentant une grande surface d'attaque. Cette solubilisation augmente si l'on
ajoute à l'eau, soit de« acides, soit des substances employées comme engiais ou amen-
dements, comme le montre ce Tableau :
Potasse dissoule
lilssolvimls. pour tOOO.
Eau distillée pure . . . o,48
» plus plàlie .... 1,02
» » tourbe 1 ,0.5
» i> sulfate d'ammoniaque i,à.>
n » chaux vive < 176
» » acide citrique (1 pour 100). 1,8-5
» n phosphate monocalcique .. . 2,a4
Acide chlorhvdrique concentré froid 2,90
Les acides emplo3és pour l'analyse des terres attaquent donc assez fortement les
micas. Quant aux matières employées comme engrais ou amendements, elles augmen-
tent sensiblement le pouvoir dissolvant de l'eau pure. On remarquera surtout l'action
exercée par le phosphate monocalcique des superphosphates; elle égale presque celle
de l'acide chlorhydrique.
Ces fails ont une certaine importance pi^atiqne en raison de l'abondance
des micas dans les terres des régions granitiques, gneissiques et schisteuses.
Ainsi, par exemple, les terres d'alluvion du Rhône et de ses affluents, en
Valais (Suisse), contiennent souvent de i5 à 20 pour 100 de micas blancs et
accusent une teneur en potasse totale parfois supérieure à 3o pour 1000
(certaines terres molassiques également). Ces terres semblent donc aptes à
subvenir largement aux besoins des récoltes en potasse, et c'est bien ce qu'on
observe, et cependant elles présentent celle particularité inattendue de céder
relativement peu (') de potasse à l'eau carbonique ou même à l'eau bouil-
lante, sensiblement moins que la dose o, i5 à 0,20 pour 1000 indiquée dans
une Note précédente {Comptes rendus du i4 mars) comme limite en dessous
de laquelle les engrais potassiques seraient efficaces. Dans ces conditions, il
semble que ces engrais devraient produire un effet marqué. Eh bien, au
contraire, sauf pour les plantes à croissance très rapide comme les asperges,
ils n'augmentent guère l'effet des super[)hosphates appliqués seuls. Ce fait
pourrait s'expliquer jusqu'à un certain point par une action mobilisante des
(') C'est un des cas exceptionnels mentionnés dans noire Note du 14 mars.
Il34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
superphosphates à l'égard de la potasse du sol, mais il laisse supposer aussi
que les racines peuvent puiser de la potasse dans la réserve, non immédiate-
ment soluble, des micas, hypothèse plausible en raison de la grande finesse
de ces terres limoneuses, qui offrent aux racines une énorme surface d'at-
taque.
Pour vérifier cette hypothèse, nous avons institué l'expérience de culture
en pot que voici:
Du ray-grass fui ciillivé dans un sol artificiel composé de : i° sable quartzeux pur;
•>." mica muscovite en paillettes, complètement dépouillé de sa potasse soluble par de
nombreux lavages à l'acide clilorhydrique, puis à l'eau distillée; 3° phosphate Irical-
cique pur en petite quantité. Semé en juin 1908, le ray-grass fut d'abord arrosé d'eau
distillée, puis d'une solution nutritive complètement exempte d'alcalis, contenant par
litre : is de nitrate de chaux, le de nitrate de magnésie, os,2 de sulfate de manganèse,
08,2 de chlorure ferrique. A part une légère brunissure de l'extrémité des feuilles, signe
caractéristique de la pénurie de potasse, la végétation fut normale et se prolongea
jusqu'à la fin de l'année, mais sans produire de fleurs. Les cendres du gazon récolté
contenaient de la potasse, preuve que cet alcali avait été absorbé par les racines. De
quelle manière ? Deux explications se présentent à l'esprit : 1° la solution nutritive,
en attaquant le mica, aurait procuré aux racines de la potasse dissoute; 1° les racines
auraient elles-mêmes attaqué et solubilisé le mica. La première exjjlication doit être
écartée, car, dans le liquide recueilli sous le pot après avoir traversé le sol artificiel,
on ne pouvait déceler la présence de la potasse, à l'aide du réactif de Carnot, pouilant
si sensible. Il faut donc admettre que les racines avaient elles-mêmes puisé la potasse
nécessaire dans le reliquat censé insoluble du mica. Cette attaque était en elTet rendue
manifeste par l'adhérence prononcée des paillettes de mica aux racines, qu'elles en-
touraient comme d'une gaine.
Nous aurions ainsi démontré que les racines de certains végétaux peuvent
attaquer des silicates réputés insolubles, et nous sommes en droit de con-
clure que, dans les terres d'alluvion susdites, riches en micas blancs (et
peut-être dans d'autres analogues), les racines tirent une partie de la
potasse nécessaire de la l'éserve, censée insoluble, que recèlent ces micas,
ce qui rend souvent l'emploi des engrais potassiques superllu. Nous pour-
rions conclure aussi qu'il y aurait avantage à utiliser autant que possil)le,
mais sans épuiser trop le sol, le pouvoir mobilisant exercé par les supci-
pliosphates et autres engrais ou aiuendemcnts.
Notre expérience confirme les observations de M. Proost et de M. l*i-
cliarl, qui ont vu le trèfle et les plantes sarclées capables de s'alimenter de
potasse dans des terres presque dépourvues d'alcali dit assimildhle, luais
contenaut des réserves importantes de potasse inattaquable par les acides.
Au cours de ces recherches, nous avons remarcjué que le mica muscovite
SÉANCE DU 2 MAI 1910. I l35
en poudre fine, agité longtemps dans Teau distillée, ne se dépose ensuite pas
tout entier. Une partie reste fort longtemps en suspension, formant un
trouble opalescent qui présente l'aspect et les propriétés d'une argile col-
loïdale. On peut en inférer que les micas contriijuent, aussi bien que les
feldspaths et d'autres minéraux alumineux, à former les argiles. L'argile
dile crùlalline, notamment, paraît composée en bonne partie de paillettes
de micas excessivement fines, quelques-unes plus ou moins altérées, qui,
mises en suspension dans l'eau, y produisent un chatoiement, une sorte de
moiré, caractéristique.
En résumé, les micas peuvent jouer dans le sol un rôle assez important,
aussi bien physique que chimique.
Il convient de remarquer que la plupart des micas peuvent fournir aux plantes, non
seulement de la potasse, mais encore de la magnésie et du Jlitor. Les micas seraient
même, avec l'apatite et les tourmalines, une des principales sources de fluor dans le
sol arable. Ce fait n'est peut-être pas sans importance au point de vue de l'alinien-
tation des animaux et de l'iiomuie, étant donnée la |)résence du fluor dans l'émail des
dents.
PHYSIOLOGIE APPLIQUÉE. — Élude expérinienlale sur la spécificité d'action
des sources de Vichy employées en thérapeulique thermale. Note de
M. H. Sérégé, présentée par M. A. Dastre.
Les principales sources chaudes de Vichy, bien que présentant une miné-
ralisation à peu près identique, ont-elles, ainsi que le veut la Clinique, des
différences d'action thérapeutique susceptibles de créer à chacune d'elles
une individualité nettement définie? Nous avons essaye de résoudre cette
question en étudiant, chez des chiens, les modifications apportées à la nutri-
tion et au métabolisme des matières albuminoïdes par l'action successive des
diverses sources de Vichy données en injections sous-cutanées.
Deux chiens mâles de 6''s à "f^s, en parfait état de santé apparente, reçoivent comme
alimentation icob' de viande cuite et 800*^ de soupe (pain et bouillon à saturation). Ce
qui n'était pas ingéré dans les il\ heures était pesé et défalqué, pour permettre de
rectifier la normale urinaire obtenue avant l'expérience, on la rapportant à la quantité
d'aliments absorbés durant la période des injections. Deux récréations surveillées leur
étaient données matin et soir; les pesées étaient faites à jeun après émission des urines
et des matières fécales. Les chiens étaient déclarés bons pour l'expérimentation, un
mois seulement après leur introduction dans des cages spéciales permettant de recueil-
lir intégralement lés urines, alors qu'ils étaient en parfait équilibre de poids et parais-
G. R., igio, I" Semestre. (T. 150, N° 18.) l49
Il36 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soient Iiabiliiés à leur nouveau genre de vie. Voulant étudier les variations de l'acidilé
urinaiie, on laissait les animaux vider leur vessie ad libitum: la moyenne de H Jours
d'analyses consécutives nous donnait l'élimination urinaire des 2^ heures.
Les méthodes analytiques employées sont les méthodes classiques.
L'eau, arrivée en flacons stérilisés de loos, était employée en nature, dès sa ré-
ception, après avoir été ramenée, au bain-marie, à sa température initiale. Aucune
réaction locale n'a été observée; l'eau était résorbée rapidement; l'état normal était
récupéré 3 à 4 j'Jurs après la cessation des injections. La dose injectée, choisie après
des recherches préliminaires a été celle de •5'^"'' par kilogramme.
Nous avons successivement étudié l'action des sources Hôpital, Grande-Grille,
Chômai et Célestins.
Nos premières conclusions, établies d'après les résultats obtenus avec deux chiens
susceptibles de se contrôler l'un par l'autre, ont été déposées, en un pli cacheté, sur le
bureau de l'.^cadémie, le 28 juin 1909. Elles ont été contrôlées et confirmées, durant
cet hiver, par une nouvelle série de deux autres chiens. Pendant cette longue expé-
rimentation, les animaux se sont maintenus en équilibré pondéral parfait; leurs selles
ont toujours été moulées, régulières, sauf avec l'eau delà Grande-Grille où nous avons
constaté de la diarrhée. A part cela il n'y a rien à signaler d'anormal à leur sujet.
L'étude des moyennes générales, établies à l'état normal et pendant les injections,
d'après la moyenne de 8 jours d'élimination urinaire des quatre chiens placés dans
les conditions expérimentales précédente?, montre que l'action de chacune des
sources peut être envisagée : 1° sur \e foie, 2" sur Vaciditc urinaire, 3° surhi nutrition
générale.
ï" L'action sur le foie se manifeste par la propriété conjmune aux trois
sources chaudes de favoriser le métabolisme des matières albuminoïdes. Son
intensité toutefois varie avec la source. Alors, en effet, que le rapport azo-
turique augmente de 3 pour 100 avec Chomel, nous le voyons passer à 6
pour 100 avec l'Hôpital et à 10 pour 100 avec la Grande-Grille. Cette amé-
lioration des échanges se fait aux dépens des corps ammoniacaux et xantho-
uriques dont les rapports à l'urée diminuent d'autant plus que ceux de l'urée,
des phosphates et sulfates à l'azote total augmentent.
La Grande-Grille nous a montré, en outre, des propriétés spécifiques sur le
foie biliaire, ainsi que l'établit la diminution relative du rapport des sulfates
à l'azotetotal, comparée à l'augmentation obtenue avec V Hôpital àowl l'action
sur le foie digestif est moins intense. Ce fait, en apparence paradoxal, s'ex-
pliquerait par le passage dans la bile, pour former des sels biliaires en excès,
d'une partie du soufre urinaire. La coïncidence delà diarrhée, tant cheznos
animaux que chez l'homme, sous l'influence de cette source, nous paraît cor-
roborer cette manière de voir.
L'eau de t'/^ow^/ partage à un faible degré celte action ; celles de V Hôpital
et des Célestins nous ont paru indilTérentes.
SÉANCE DU 2 MAI I91O. 1 l3']
1" L'eau de VHôpùal est de toutes, celle dont l'action alcalinisante est
maxima. Alors que pour les trois autres sources cette action est équivalente
au titre alcalimétrique de chacune, exprimé en CO'NaH, pour Vllôpital
elle lui est bien supérieure. Cette propriété est un de ses caractères spéci-
fiques. Si nous la rapprochons de celle si remarquable des alcalins sur les
muqueuses, nous comprendrons comment cette eau, prise en ingestion,
présente une si grande efficacité dans le traitement des affections gastro-
intestinales.
3° L'action sur la nutrilion générale est différente suivant les sources :
Avec la Grande-Grille, nous avons constaté une diminution de poids de
nos animaux, coïncidant d'un part, avec une augmentation notable de l'azote
total par rapport à la normale, d'autre part avec une augmentation de la
densité, le volume de l'urine émise restant le même. Ces faits accompagnés
d'une exagération intense des oxydations générales, montrent que cette eau
favorise spécialement la désassimilation .
Avec l'eau de l'Hôpital, au contraire, nos chiens, malgré une diminution
de l'appétit, ont accusé une augmentation de poids qui, correspondant à une
diminution relative de l'azote total, par rapport à la normale, à un abais-
sement de la densité, accompagnée d'un relèvement modéré des oxydations
générales, accuse une action manifeste sur V assimilation.
L'eau de Chomel ne présente aucun caractère bien net de spécificité. Elle
tient, en effet, de l'Hôpital en ce qu'elle pai-aît plutôt favoriser l'assimila-
tion ; elle tient aussi de la Grande-Grille par son action modérée sur le foie
biliaire.
L'eau des Célestins, source froide, ne paraît avoir qu'une action modérée
sur la nutrition générale, à la dose où nous l'avons injectée. Par contre, elle
possède des propriétées diurétiques manifestes qui, coïncidant avec une aug-
mentation de l'azote total, des corps ammoniacaux et xantho-uriques élimi-
nés, sans que les rapports urologiques soient sensiblement modifiés, montre
qu'elle favorise aussi Félimination des matériaux de déchet.
La Clinique^ en confirmant en tous points les résultats que nous avons
obtenus, en reconnaissant à chacune des sources de Vichy, employées en
thérapeutique thermale, une action spécifique identicjue à celle cjue nous
avons décelée, nous permet de reporter à l'homme, par analogie, les conclu-
sions que nous venons de formuler. ' •
II 38 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉDECINE. — Du rôle de la paroi artérielle dans la mesure de la
pression artérielle en clinique. Note de M. A. Mol'tier, présenlée
par M. A. d'Arsonval.
Pour mesurer la pression artérielle chez Tliomnie, ne pouvant pas pénétrer diiec-
tement dans l'artère, on est obligé d'avoir recours à des procédés indirects: on exerce
soit une contre-pression localisée en un point sur une artère facilement accessible, soit
une contre-pression globale sur un segment de membre et la contre-pression nécessaire
pour arrêter le cours du sang, ce que l'on constate par des moyens divers, est considérée
comme égale ou comme ayant toujours le même rapport avec la pression intra-vascu-
laire maxima. On considère que la contre-pression nécessaire pour l'écrasement des
parties molles et même de la paroi peut être négligée et considérée comme nulle ou
pratiquement nulle, comme étant toujours égale à elle-même.
On en est arrivé à considérer comme ayant même signification ou au
moins même valeur deux termes bien différents : pression et tension arté-
rielles et, dans le langage courant, on emploie indifféremment l'un ou l'autre
lorsqu'on parle de pression systolique ou maxima.
Un certain nombre d'expériences, exécutées sur des sujets chez lesquels
on a pti, en même temps, pratiquer des mensurations directes et indirectes
viennent confirmer cette manière de voir. Mais, dans ces cas, il s'agissait de
sujets ayant une tension artérielle normale ou sensiblement normale. En
est-il de même chez les autres ?
Potain semblait en douter fortement et il exprime ainsi ses doutes ( ' ) : « Les troncs
artériels sont-ils le siège de contractions et de dilatations. . . susceptibles de modifier
la pression artérielle à quelque degré? C'est ce que la Physiologie ne nous dit guère et
ce qu'elle est disposée à nier. C'est ce que nous montreront cependant, d'une façon
évidente, certaines observations sphygraomanométriques. » Russel semble avoir été
plus loin encore en attribuant l'hypertension à un hypertonus.
Mais jusqu'ici aucune expérience n'est venue confirmer cette manière de
voir; or nous venons de pouvoir mettre le fait en évidence, en nous adres-
sant pour cela à une certaine catégorie de malades. Chez un grand nombre
de sujets, ayant une tension artérielle inférieure à celle qu'ils auraient eue
pendant un certain temps, des hypotendus ou des « hypertendus-déten-
dus », c'est-à-dire des sujets ayant eu pendant assez longtemps de l'hyper-
(') PoTAi.N, La pression arlérielle de l'Iioinme. p. 19. Paris, 1908.
SÉANCE DU 2 MAI 1910. IiSq
tension artérielle et dont la tension a été ramenée à la normale ou même
seulement abaissée, on peut observer, par une mensuration faite à l'aide
d'une contre-pression bien conduite, une hypertension artérielle locale en
excitant d'une façon convenable la portion d'artère explorée.
Nous ne rapporterons ici que quelques observations, car elles sont toutes
semblables. Il n'est pas besoin de dire que toutes les causes d'erreur ont
été évitées, autant qu'il est possible; dans chaque cas, les mensurations ont
été faites par le même observateur avec le même instrument, le sujet étant
dans la même position. Or, comme nous allons le voir, les dilférences obser-
vées sont telles qu'elles dépassent le coefficient d'erreur personnel de l'obser-
vateur, puisque nous avons pu observer des différences de 9*^™ de mercure.
Pour obtenir ces résultats, nous avons d'abord excité la paroi artérielle par
un courant faradique, mais nous avons bientôt reconnu qu'il suffisait de
frotter avec le doigt l'artère au niveau du point exploré pour obtenir le
même résultat ou tout au moins un résultat suffisant pour mettre le phéno-
mène en évidence.
Observation 1. — M™"= X. . .. hypotendue, présente au niveau de la radiale une ten-
sion de lo"^'" de mercure; après avoir excité cette artère, la pression est de i5; le même
résultat est obtenu sur chacune des radiales, l'une après l'autre. Le sujet est alors sou-
mis aux courants de haute fréquence et de haute tension, suivant la technique que
nous avons établie ( ' ) ; la tension monte à 17 dans chacune des radiales et aucune exci-
tation locale ne peut faire obtenir une nouvelle variation.
Obseiivatiox II. — M. Y. . ., arlério-scléreux de date ancienne, en voie d'améliora-
tion à la suite de traitements divers, a une tension à chaque radiale de 21; après exci-
tation de la radiale, on trouve 25; après une séance de d'Arsonvalisation, on a 18 et,
après une excitation locale, encore 26, à droite comme à gauche. Deux jours après,
avant la séance de d'Arsonvalisation, 18, après 16; avant comme après, à droite comme
à gauche, à la suite de l'excitation de la radiale, 25.
Il y a lieu de faire remarquer que l'hypertension ainsi provoquée est
d'une durée très courte, mais suffisante pour permettre l'observation du
phénomène, et l'on peut suivre avec l'instrument la disparition du spasme.
On peut ainsi faire un diagnostic rétrospectif d'hypertension artérielle
et peut-être même déterminer la valeur de cette ancienne hypertension,
bien qu'elle n'existe plus.
Par cette petite excitation, par ce simple frottement de l'artère, au
{') Comptes rendus, t. CXXXV, p. 33o.
I l4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
niveau du point exploré, on a pu modifier l'état de la paroi artérielle, mais
non pas celui de la pression intra-vasculaire ; on n'observe du reste aucun
changement au-dessus du point excité, ni en un autre point du territoire
artériel. Il en résulte donc que, dans nombre de cas, les mensurations
faites en clinique nous renseignent bien plus sur l'état de la paroi artérielle
que sur la valeur de la pression intra-vasculaire. Ces mensurations, dans la
majorité des cas, nous donnent la valeur de la tension artérielle et non de
la pression artérielle. Il ne faut pas en conclure que la pression intra-
vasculaire n'a d'influence dans aucun cas sur une telle mensuration; cela
serait trop exclusif et, à un moment donné, l'une peut s'ajouter à l'autre.
Ceci peut expliquer comment nous avons pu déterminer en plus ou en
moins des changements considérables, jusqu'à lo"" de mercure, sans avoir
constaté parallèlement des modifications du côté du cœur, sauf dans certains
cas d'arylhmie, comme l'ont si bien montré MM. Doumer et Lemoine ('),
les autres modifications cardiaques étant des modifications à longue
échéance.
Cette si facile excitabilité de la paroi artérielle permet de comprendre
pourquoi les résultats de la mensuration de la tension artérielle peuvent
varier, suivant le procédé employé de contre-pression globale ou de contre-
pression localisée et même suivant le mode de mensuration et la manière
de procéder dans un cas comme dans l'autre.'
Enfin, au point de vue clinique, si cela modifie la manière d'envisager la
genèse des affections liées à l'hypertension artérielle, cela ne modifie en
rien le pronostic, ni le traitement de ces mêmes affections.
MICROBIOLOGIE. — Des propriétés physiologiques des extraits du bacille de
Koch condensés et sensibilisés. Note (-) de MM. H. "Vallée et L. Gl'ixaud,
présentée par M. E. Roux.
L'un de nous a établi qu'il est possible d'amener le cheval à un très haut
degré d'hyperimmunisation contre la tuberculose en lui inoculant à maintes
reprises des quantités élevées de bacilles tuberculeux, peu virulents d'abord,
puis de bacilles humains à virulence complète ( '). L'état d'hyperimmunilé
(') Comptes rendus, l. CXLX'llI, 1909. |). 1628.
(-) Présentée dans la séance du 20 avril 1910.
(^) II. Vallée, Annales de l'Institut Pasteur, 1909, p. C65.
SÉANCE DU 2 MAI 1910. Il4l
peut être ensuite complété par rinoculation intra-veineuse d'extraits bacil-
laires complets obtenus par broyat^e de bacilles virulents à l'obscurité sous
une atmosphère inerte, soit dans de l'eau distillée, soit dans une solution
de chlorure de sodium à 9 pour 1000.
Le sérum des chevaux ainsi ti'ailés jouit de la propriété de précipiter,
instantanément et de façon massive, les bouillons ayant servi à cultiver Je
bacille de Koch, les diverses tuberculines et les extraits bacillaires complets
mentionnés plus haut.
La présente Note a pour but d'établir les propriétés physiologiques des
consti^luants tuberculiniques et bacillaires ainsi précipités et sensibilisés par
le sérum de cheval hyperimmun. Disons immédiatement que l'expérience
fournit, avec les divers extraits, des résultats identiques.
Toutes nos recherches entêté poursuivies à Taide de précipités obtenus des diverses
tuberculines ou d'extraits bacillaires en mélangeant i volume de l'antigène à 5 volumes
de sérum hyperimmun non chauffé. Le précipité formé est longuement lavé au centri-
fugeur à la solution physiologique de chlorure de sodium puis laissé durant i^S heures
au contact d'un large volume de sérum de cheval hyperimmun chauflé :i 55°. Il se fait,
en ces conditions, ainsi qu'il est aisé de le constater, une sensibilisation du précipité.
Après de nouveaux lavages ayant i)0ur but d'éliminer toute trace de sérum, le précipité
sensibilisé est émulsionné à un titre déterminé en eau salée physiologique.
Quelle que soit l'origine du précipité ainsi traité, ce produit se montre
inoflensif pour l'organisme tuberculisé lorsqu'on l'utilise à des doses déter-
minées. La tolérance du cobaye tuberculeux se montre extrême; des cobayes
tuberculisés depuis plus de six semaines par inoculation sous-cutanée de
bacilles bovins, résistent, en présentant des réactions thermiques insigni-
fiantes, à l'inoculation sous-cutanée de quantités du précipité sensibilisé
correspondantes à o*^,5, i^ et 2» de tuberculine brute. D'autres cobayes sup-
portent dans les mêmes conditions le précipité de quantités d'extrait complet
fournies par 6o'=s de bacilles.
Les bovidés tuberculisés fon t preuve eux aussi d'une tolérance considérable
à l'égard de ces précipités. Des sujetsinfectés depuis plusieurs mois reçoivent,
sans fournir de réaction thermique, des doses de précipité, correspondant
à ii''et2^de tuberculine brute, qui représentent dix et vingt fois la dose
hyperthermisante de tuberculine. Seules des quantités équivalentes à 3'^"''et
4'™' de tuberculine brute, ou bien encore Vïnocu\?il\onintra-\-eineuse de doses
correspondantes à i"'' ou 2""' de cette substance, provoquent des réactions
fébriles. Ces réactions sont d'ailleurs peu vives et peu durables si on les
Il42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
compare à celles fournies par les doses équivalentes de luberculine brute,
qui sont violentes et se prolongent longuement.
Ces expériences nous autorisent à considérer que les précipités mis à
l'étude représentent des poisons tuberculeux condensés et sensibilisés par le
sérum, analogues aux vaccins sensibilisés, étudiés par Besredka, contre la
peste et l'infection typhique, analogues aussi à la toxine diphtérique sensi-
bilisée de Th. Smith.
L'innocuité du produit, si évidente à l'égard des animaux tuberculeux,
nous autorisait à étudier son action sur l'homme en puissance de tuberculose.
Cette expérience a été poursuivie sur 3o femmes affectées de tuberculose
pulmonaire à des degrés divers et chez lesquelles ce diagnostic était confirmé
de façon certaine.
Tandis qu'avec l'injection des doses les plus infimes (7^^, jo' "l'o ^'^ milli-
gramme) de tuberculine de Koch des phénomènes fâcheux peuvent survenir,
nous n'avons obtenu ni réaction thermique, ni réactions de foyers en ino-
culant des quantités du précipité sensibilisé équivalentes à :,, i , 2, 3, 4 milli-
grammes de tuberculine pure précipitée par l'alcool. Une malade a même
toléré sans la moindre manifestation deax injections dont l'une correspondait
à 5™^' de tuberculine précipitée par l'alcool et l'autre à i'''^. D'une manière
générale les premières injections produisent localement un léger œdème;
l'accoutumance s'établit rapidement et très vite, les malades n'éprouvent
aucune gêne à l'inoculation des doses progressivement élevées.
Nous poursuivons l'étude de la valeur thérapeutique des divers extraits
bacillaires (tuberculines, bouillon filtré et extraits complets) ainsi co/i(/e«*ei
et sensibilisés par le sérum de cheval hyperimmun.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la tempéralure mortelle des tyrosinases végé-
lales. Note de MM. Gabriel Bertka\d et M. Uosenblatt, présentée
par M. E. Roux.
Lorsqu'on examine la manière dont se comportent les solutions de tyro-
sinase d'origines végétales diirérentes, quand on les soumet à un chauffage
progressif, on trouve que la disparition de l'activité diastasique a lieu à des
températures souvent très éloignéesles unes des autres : certaines tyrosinases
sont détruites vers + 65° à -+- 70°; d'autres résistent presque à la tempéra-
ture de l'ébullition.
SÉANCE DU 2 MAI I910. Il43
Celle observalion, liréc de fails publiés parliculièrement par l'un de
nous ('), peul s'expliquer par l'existence de plusieurs espèces de tyrosinases,
les unes 1res altérables parla chaleur, les autres plus résistantes. Toutefois,
étant donnée l'extrême sensibilité des diastases à l'action des l'éaclifs, il
était nécessaire de rechercher, avant d'admettre cette explication, si l'on
n'était pas simplement en présence d'une seule et unique tyrosinase dont la
température mortelle serait plus ou moins inlluencée par les substances,
variables dans chaque cas, qui l'accompagnent dans les milieux naturels et
dont il est, jusqu'ici, impossible de la débarrasser.
\os expériences ont porté sur deux sortes de préparations diastasiques :
1° De simples macérations glycérinées, obtenues en laissant quelques
jours en contact une partie d'organe végétal coupé en petits morceaux avec
deux parties de glycérine pure du commerce et filtrant ensuite au papier;
nous avons opéré ainsi avec les organes verts du Gui, avec les racines dçt la
Betterave, les tubercules de la Pomme de terre et avec tous les Champi-
gnons ;
2° Des préparations sèches, relativement purifiées, obtenues en sou-
mettant à une précipitation, par 3™' d'alcool fort, soit une macération
aqueuse (cas du son de Froment et des Lentilles), soit le suc végétal,
extrait à la presse (cas des racines de Betterave, des tubercules de Dahlia
et de Pomme de terre). Le précipité a été repris par l'eau, puis on a filtré
et l'on a précipité à nouveau par l'alcool; enfin, la tyrosinase a été séchée
dans le vide. Au moment de l'emploi, on a fait dissoudre la préparation
dans 5o fois son poids d'eau distillée.
Pour déterminer les lempéraUires morlelles, 011 a inlroduit i'^'"' de macération
glycérinée ou de solution aqueuse de tyrosinase dans un tube à essais très étroit, puis
on a placé celui-ci dans un bain-marie réglé d'a\ance et maintenu à une température
constante. A l'aide d'un tiiermomètre plongeant dans le tube, on a suivi réchauf-
fement du liquide diastasique et, à partir du moment où l'équilibre était atteint, c'est-
à-dire après 2 à 3 minutes, on a prolongé le cliaufTage exactement 3 minutes. On a
enlevé alors le tube du bain-marie et l'on y a ajouté i*^"' de solution de tyrosine au
millième. On a noté comme température mortelle celle qui rendait la diastase inac-
tive au point de ne plus donner de coloration avec la tyrosine, même après 34 heures
de contact.
Les températures mortelles n'ont été recherchées f(ue de 5° en 5". Il nous a paru
(') Voir surtout: G. Bertrand, Bull. Soc. chiin., 3« série, t. XV, i8g6, p. 1218. —
G. Bektrand et W. Mutermilch, Ibid., 4° série, t. I, 1907, p. 837.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 18.) I 5o
Il/|4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
inulile, étant donnée la contingence du phénomène, de pousser plus loin l'approxima-
tion. Voici les résultats que nous avons obtenus :
'l'cmpératnres mortelles
entre
Noms des espèces végétales. „
Amanita rubescens Fr., Tricholoma iiitdiim Bull., Laclnrius siib-
dulcis Bull., Lad. ru/us Scop., Clitocybe sp.? -1-60 et -i-6.">
Tricholoma grarninopodiuni Bull.. Laccaria laccala Scop., Lac-
larius plonibeiis Bull.. Russula lepida Fr., /?. emetica Sch.. /?.
nigricans BuU., Psalliota campesCri's h., Hfdnunt /ejiaiidumL. -i-65 et +70
Russula (jueletli Fr., R. rubra Fr., R. delica Fr., R. cyanoxan^
Iha Scli., Badhania popuUna Lister ('), tubercules de Dahlia,
tiges et feuilles de Gui +7"' et -i-j.î
Hypholoma fasciculare WMA'i..Vommç. A% terre ( précipitée) +7'^ ^^ +80
Lentilles, Pomme de terre (mac. gljc. ) -t-80 et +85
Detlerave (mac. glyc.) +85 et t-go
Son de Froment (précipit.ou mac. glyc), racine de Betterave (pré-
cipitée) -1-90 et -4-95
Ce n'est pas la nature du dissolvant qui permet d'expliquer ces diffé-
rences entre les températures mortelles. Lorsqu'on opère comparativement
dans l'eau et dans la glycérine, on trouve que ce dernier dissolvant protège
la tyrosinase contre l'action destructrice de la chaleur; mais l'élévation de
la température mortelle est seulement de quelques degrés. Ce n'est pas non
plus le mode de préparation, puisqu'on observe des écarts aussi notables
entre les simples macérations glycérinées qu'entré les préparations obtenues
par précipitation avec l'alcool.
Il faut donc supposer que les substances solubles ou précipilables par
l'alcool qui accompagnent la tyi^osinase dans les milieux naturels ne sont
pas la cause principale du phénomène examiné. Les différences tiendraient
beaucoup plus à la nature, variable suivant l'oiigine, des substances diasta-
siques elles-mêmes.
Pour mieux juger delà valeur de cette hypothèse, nous avons cherciié
comment se comporteraient au chauffage des mélanges de tyrosinase tlier-
moslahile et de tyrosinase thermolabile. Nous avons trouvé qu'en introdui-
sant de la tvrosinase du son de Froment ou de la racine de Betterave dans
la macération de Russula cjuelelti ou de Lactarius subdulcis, on n'abaissait
pas sa tcm[)éralure mortelle. Inversement, lorsqu'on mélangeait une macé-
(') Ce myxomjcéle, en culture pure, nous a été gracieusement fourni par 'S\. Pinoy.
SÉANCE DU 2 MAI 19IO. l l45
ration de Russule avec une solution préalablement chaufiée de tyrosinase
du son ou de Betterave, on n'augmentait pas la résistance à la chaleur de
la tyrosinase qu'elle contenait.
Il existe donc, chez les végétaux, des variétés de lyrosinases dont la
température mortelle est très difïérente. Ce sont les lyrosinases d'origine
mycologiques qui sont les plus fragiles ; les tyrosinases les plus stables
proviennent, au contraire, des végétaux supérieurs. La présence des sub-
stances qui accompagnent les catalyseurs oxydasiques dans leurs milieux
naturels ne suffit pas à expliquer les écarts observés entre les températures
mortelles. Ceux-ci doivent être dus surtout à la nature, un peu difTérenle
dans chaque cas, des tyrosinases elles-mêmes.
Nous ne voulons pas anticiper sur l'intérêt que ce fait présente au point
de vue de la constitution des diastases, mais nous tenons à signaler l'une au
moins de ses conséquences pratiques (') : c'est la nécessité qu'il y a, lorsqu'on
veut utiliser la température mortelle pour caractériser une diastase ou la
séparer d'autres substances analogues, de ne point admettre, a priori, comme
exacte la température mortelle déterminée avec une préparation ayant une
origine diftcrente.
CYTOLOGIE. — Sur certaines enclaves proloplasmiques de la cellule
hépatique normale du Lapin. Note de M. L. Lauxoy, présentée par
M. F. Henneguy.
L'examen de cellules hépatiques dissociées dans la solution physiologique
de NaCl permet de constater deux sortes d'enclaves intra-protoplasmiques;
les unes peu réfringentes, régulièrement arrondies, très nombreuses, surtout
faciles à examiner sur le foie d'animaux à jeun de plusieurs jours, remplissent
la cellule, ce sont les mitochondries; les autres beaucoup plus réfringentes,
moins nombreuses, sont réparties en particulier au voisinage des faces du
polyèdre cellulaire; ce sont ces dernières formations qui nous intéressent.
A l'uUramicroscope, elles se différencient facilement des mitochondries;
elles brillent d'un éclat beaucoup plus vif que celles-ci. Quand on examine
à Fultramicroscope des coupes de foie fixé dans le mélange alcool-chlo-
roforme, montées dans l'huile de cèdre, ces gouttelettes se présentent
(') Four les détails, consulter le Mémoire qui doit paraître procliainen eut.
Il46 ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore avec une périphérie très brillante; clans les mêmes conditions, les
mitochondries ne peuvent plus être dissociées de la trame grenue ou filamen-
teuse du protoplasraa.
L'aspect physique des enclaves dont il s'agit les a souvent fait confondre
avec les gouttelettes de graisse; cette conception de leur nature est rendue
d'autant plus vraisemlilahle, qu'elles se colorent in toto, quoique incons-
tamment d'ailleurs, par le scharlach en solution alcoolique et qu'elles ré-
duisent faiblement l'acide osmique; j'ajoute qu'elles sont isotropes. Cepen-
dant, ces enclaves intra-cellulaires possèdent une structure propre qui ne
permet pas de les identifier avec les gouttelettes de graisse et les éloigne
également de toute assimilation possible avec les mitochondries.
Cette structure s'observe facilement par l'emploi des procédés suivants :
1° Quand on dissocie les cellules hépatiques dans une solution de bleu crésyl bril-
''"'' ( loùoi) — 2T0TÔ")' ^^ dislingue la présence à l'intérieur des enclaves et à leur péri-
phérie d'une ou plusieurs granulations arrondies, réfringentes, sonvenl pigmentées en
jaune ou jaune brun, qui fixent éleclivement le bleu crésyl. Par le sulfate de bleu de
'^'' (tôVo — ToVô) ^'- '^ hleu de naphtol ( „}^^ ), ces mêmes granulations se colorent dans
le premier cas en bleu franc, dans le second en violet rougeàtre. Bien entendu, cette
coloration est élective, aucune autre granulation inlra-cellulaiie n'est colorée par les
colorants et avec les dilutions que j'indique.
Les granulations ainsi définies, sont insolubles dans l'alcool et le chloroforme en
présence d'acide acétique ('); elles réduisent faiblement l'acide osmique et seulement
à leur périphérie, semble-t-il.
2° J'ai indiqué ailleurs, en détail, les méthodes qui sur des pièces fixées m'ont permis
de retrouver la structure démontrée par la méthode des colorations supra-vitales. Les
figures ci-après représentent les résultats que donne la fixation à l'alcool-chloroforme-
acide acétique, suivie d'application de la coloration de Heidenhain à la laque fer-
rique (').
Conclusion . — Il existe toujours, normalement, dans la cellule hépatique
du Lapin adulte, des corpuscules particuliers de structure complexe. Ces
corps diffèrent essentiellement des mitochondries; ce ne sont pas non plus
de simples gouttelettes de graisse; ils paraissent avoir passé inaperçus dans
un certain nombre de recherches publiées récemment sur l'état normal ou
(') Ce résultat est indiqué d'après des pièces avant séjourné 3 jours dans l'alcool
.ibsoiu et 48 heures dans le mélange alcool-chloroforme.
(') L. Launoy, Comptes rendus Soc. BioL, n" 10, 1910, p. 44i' e' 'i° 1-. '9'o,
p. 610. Voir aussi Ann. Inst. Past., n" 1, 1909.
SÉANCE DU 2 MAI 1910. Iï47
pathologique de la cellule hépatique du Lapin. Ils sont peut-être à rappro-
N
,clp p^ '■"
Dessins à la chambre claire. En 1 • obj. i.Gimni., ocul. compensât. 6 de Zeiss; en 2 : "bj. i.Giriim.
Iiomoj; , ucul. compensât. 12 de Zeiss. Pour la reproduction, réduction du quart dp, corps
lipoïdcs pigmentés situés à la périphérie des vacuoles dont le contenu a été solubilisé pai- le lixalcur;
cb, canalicule biliaire intercellulaire; en 2, la paroi seule du canalicule est indiquée par un Irait
noir; en 1, l'imprégnation du canalicule était totale; cap, capillaire sanguin; N, noyju.
cher des grains pigmentaires ou des granulations biliaires de quelques
auteurs classiques. En les désignant sous le nom de corps lipoides pi unièmes ^
Il48 ACADÉMIE DES SCIENCES.
j'ai voulu rappeler un certain nombre de caractères morpliologi |iio.s sous
lesquels ils se présentent. Ces corpuscules paraissent être en relation tiès
étroite avec les canalicules biliaires inlercellulaires.
GÉOLO(;iE. — Interprétation teclonirjue du Flysc/i dit autocliLone de
la Suisse centrale et orientale. Note de M. .Jean Boussac, présentée
par M. Pierre Termier.
Depuis la Gemmi jusqu'au col de Surenen, le Nummulitique autochtone
appartenant à la série slratigraphique du bord septentrional du massif de
l'Aare est essentiellement constitué par du Prial)onien, trangressif sur le
Malm ou sur le Sidérolithique (formation continentale lutétienne ou auver-
sienne) et par de l'Oligocène; on trouve, en général, les termes suivants de
bas en haut : i" Priabonien : a. couches à Cerithium diaboli; h. grès à Num-
mulites Fahianii\ c. calcaires à petites Nummulites et Orthophragmines ;
d. schistes; - 2° Oligocène : grès de Taveyannaz ou grès micacés et feld-
spalhiques, dits grés du Flysch., se remplaçant en toutes proportions, et
prolongement direct des mêmes couches des Alpes françaises et vaudoises.
A partir du Tillis, vers l'Est, les clioses se compliquent, et sur le Flysch oligocène
reposent en parfaite concordance des couches à grandes Nummulites, certainement
lulétiennes, et connues depuis longtemps dans le Sernfthal, où elles ont été étudiées
surtout par M. Rothpletz ( 1898), el par M. Arnold Heim ( 1909) : ce dernier auteur
s'appuyait précisément sur la présence de ce Lulétien au-dessus des grès qui sur-
montent eux-mêmes le Priabonien, pour conclure que le Priabonien n'était qu'un
faciès du Lutétien.
La coupe du Joch Pass montre des faits extrêmement importants, que
M. P. Arbenz, de Zurich, a été le premier à observer, et qu'il a, par consé-
quent, le mérite d'avoir découverts; je revendi(jue seulement la responsabi-
lité de l'interprétation. Ces faits sont les suivants :
Au ))ied nord du Tillis, les grès priaboniens autoclilones, intensément plissés, su|i-
portent, en discordance tectonique, une nouvelle série slratigraphique qui plonge au
i\-NVV, sous les nappes helvétiques, el qui compieiid les termes suivants de bas en
haut : 1° grès de Taveyannaz; 3° schistes plus ou moins ardoisiers ; 3° schistes gréseux,
noirâtres, cliarbonneux dans les cassures fraîclies, à patine fauve sur les surfaces allé-
rées el contenant, dans les parties plus calcaires, Orthopliragmina disons: 4° grès et
quartziles, épais de 3o™ enviroji, avec des lentilles calcaires à A'a/n. coinplanaltis el
SÉANCE DU 2 MAI IQIO. Il49
alurtcus: 5" mince couche île schistes gréseux; 6° Malin, faisant partie du liane ren-
versé de la nappe helvétique inférieure.
Or, dans une zone de la nappe du ^^ ildhorn, s'étendant entre le Rawyl
et le Schimberg, on a la succession constante de bas en liant : i" grès et
calcaires à Num. complanalus (Lulétien); i° Schistes gréseux, ciiar-
bonneux, à patine fauve (Auversien); 3° schistes (Priabonien) ; 4° gi'ès
du Flysch. D'autre part, les grès de Taveyannaz ou grès du Flysch,
dans toutes les coupes normales des Alpes françaises et vaudoises, se
montrent toujours au sommet du Nummulitique, et sont d'âge oligocène
inférieur; ils représentent donc certainement le terme le plus récent du
complexe. En sorte que toute la série intercalée entre les grès prialjo-
niens autochtones et les nappes helvétiques se présente comme une série
renversée constituée de bas en haut par des termes qui, dans toutes les
coupes normales, se succèdent de haut en bas. Comme au-dessus d'elle vient,
d'après M. P. Arbenz, une série jurassique également renversée, on doit la
considérer comme le Jlanc renversé nummulitique de la nappe helvéticfue infé-
rieure.
Suivons cette série renversée vers l'Est : les grès de Taveyannaz et les
grès du Flysch reposent parfois en série parfaitement normale sur le
Priabonien autochtone (Seewli See) ; ils constituent le noyau du synclinal
plongeant qui sépare l'autochtone des nappes helvétiques, et la charnière
de ce noyau synclinal est bien visible dans les flancs du Schwarz Slôckli,
en face du synclinal de la Windgâlle; ces grès se suivent, parle Scheerhorn,
jusque dans les flancs du Kammerstock, toujours surmontés par FEocène
renversé ; au delà de la Linlh, ils dessinent, dans les parois du Muttenberg
et du Aiischenstock, une série de charnières synclinales aiguës, observées
par M. Alb. Heim et par M. llothpletz, et qui semboitentelles-mêmes dans
la grande charnière synclinale du Piz-da-Dartjès par où la nappe de Claris
se raccorde à l'autochtone. Ces grés constituent donc une série doublée dont
la partie supérieure est renversée, et les schistes et calcaires lutétiens qui les sur-
montent sous le massif du Kdrpfsont aussi en série renversée. Le même raison-
nement s'applique aux couches du lilaltengratt et du Weisstannenthal qui
surmontent les ardoises à j vissons de la vallée d'Elm, comme l'avait montré
M. Kotiqjletz dès 1898; cet auteur avait donné, du reste, la même inter-
prétation que nous du Flysch dit autochtone de la Suisse orientale.
Si les grès du Flysch ne renferment pas de fossiles, on peut cependant
démontrer qu'ils sont plus jeunes que le Lulétien qui les surmonte : au-dessus
Il5o ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'Altdori', ils renferment une lenlille de conglomérais où l'on trouve des
galets bien roulés de calcaires à grandes Ahéolines (y\. elongata) et à grandes
Nummuliles (N. coniplanatus , aluricus) appai tenant à un faciès sudalpin
(nappe de Bavière ou zone dinarique) inconnu en Suisse, et qui nous
montrent qu'il y a eu entre le dépôt du Lutétien et celui des grés du Flysch des
mouvements orogéniques dans le Sud, suivis de l'érosion des calcaires luté-
tiens, et de leur transport sous forme de galets jusque dans la zone helvé-
tique.
L'Auversien et le Lutétien renversés qui surmontent les grès oligocènes se suivent
sans discontinuité depuis le Joch-Pass jusque dans le Weisstannentlial; à partir du
Surenen, ils deviennent l'un et l'autre argileux-schisteux, très épais, et prennent fré-
quemment l'aspect dit Wildflvscii ; on les suit, au-dessus des grès d'Altdorf, dans le
haut Gruonthal, dans le Màttenthal ; ils renferment les couches à INummulites de
Spiringen et d'Unterschâchen. Au Kammerstock, ils se terminent, à leur partie supé-
rieure, par un banc de calcaire glauconieux à Assilines en contact slratigraphique
avec le Lochseitenkalk renversé de la nappe de Claris.
Il arrive fréqueminenl que des lames anticlinales de Malni ont été
entraînées dans ce flanc renversé intensément broyé et étiré, et c'est comme
une de ces lames, un peu plus grande que les autres, que doit être inter-
prétée la Griesstockdecke, qui paraît essentiellement différente des vraies
nappes helvétiques.
En résumé, la question du Nummulitique autochtone de la Suisse orien-
tale était une question de tectonique plutôt que de stratigraphie ; et la
solution que j'en donne ici, en même temps qu'elle lève toutes les difficultés
d'ordre stratigraphique tjui avaient paru insurmoulablesà M. Arnold Heim,
nous permettra de donner une synthèse nouvelle de la distribution des
niveaux et des faciès du Nummulitique de la Suisse orientale.
PALÉONTOLOGIE. — Iteinarques sur le siphon des Anunonites et des liélernnites.
Note de M. F. Guaxdjean, présentée par M. K. Zeiller.
Les auteurs qui ont étudié la structure des Ammonites et des Bélemnites,
Hyall et Branco notamment, ont admis que l'enveloppe du siphon était de
même nature chimique que le reste de la coquille, c'est-à-dire en carbonate
de chaux. Il n'en est rien cependant. La substance qui constitue l'enveloppe
siphonale se distingue à tous les points de vue de la calcite qui forme le test
SÉANCE DU 2 MAI 1910. IIOI
et les cloisons : par sa couleur plus sombre, parfois même presque noire,
par le défaut de clivages, et surtout par son isotropie parfaite, de sorte
qu'elle reste toujours éteinte entre niçois croisés. Elle contient peu ou
point de matière organique et sa couleur foncée persiste après une longue
calcination. Elle se dissout aisément dans l'acide azotique, mais le dégage-
ment de gaz carbonique est très faible et cesse bien avant la complète disso-
lution. La liqueur obtenue donne un abondant précipité jaune en présence
du réactif molybdique. Il faut donc admettre que cette substance est consti-
tuée surtout par du phosphate de chaux. Une analyse quantitative a pu être
faite sur une très petite quantité de matière extraite d'un exemplaire remar-
quablement conservé A'Oxynoticeras Guibalianus p'Orb. provenant de la
carrière d'Essey près Nancy- Cette analyse a donné les résultats suivants,
pour 100 parties de matière desséchée à 1 15° :
(POM'Ca' 84
CO'Ca 9,5
Substances non dosées 6,5 .
100,0
Il ne peut être question d'épigénie; car les caractères qualitatifs signalés
plus haut s'observent dans tous les gisements, pyriteux ou calcaires. La
paroi siphonale était donc en phosphate de chaux dans l'Ammonite
vivante.
A cette paroi viennent s'attacher de minces membranes également en
phosphate de chaux. Les unes lient le siphon aux parois calcaires avoisi-
nantes, c'est-à-dire au test et aux cloisons, et semblent être de simples
organes de consolidation. Elles se répètent dans les loges successives. Chez
les Ammonites et les Goniatites le caecum siphonal débouchant librement
dans le vide de la protoconque est soutenu par une ou plusieurs de ces
membranes relativement plus développées que celles des loges ordinaires.
Ces organes ont été décrits par Hyatt sous le nom de cônes sipho/iaux (')
et par Munier-Chalmas sous le nom de prosiphon (-). Ce sont des bande-
(') Ali'h. Hvatt, E mbryology {Bulletin of Ihc Muséum of comparative Zoôlogy^
Cambridge, t. III, n" 5).
(■) Munier-Chalmas, Sur le développement du phragmostracum des Céphalopodes
et sur les rapports zoologiques des Ammonites avec les Spirales ( Comptes rendus,
29 décembre 1878).
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 18.) I^ï
Il52 ACADÉMIE UES SCIENCES.
lettes plus ou moins longues el plus ou moins larges suivant les groupes,
mais toujours pleines et sans communication avec l'intérieur du siphon. Ce
ne sont pas, comme le croyait Hyatt, des cônes adhérant par tout leur pour-
tour à la paroi de la protoconque et pouvant même, chez les Goniatites,
constituer en partie la paroi du cœcum siphonal.
J'ai constaté en outre la présence, chez quelques Ammonites, d'un appen-
dice du siphon qu'on ne peut considérer comme un organe de soutien.
C'est une lame très mince de phosphate de chaux, grossièrement triangu-
laire, fixée au siphon par un de ses bords et s'étendant dans le plan médian
de la coquille à l'intérieur de chaque loge. Le sommet du triangle est fixé
à la pointe du goulot siphonal recourbé vers l'avant. La membrane ne
s'étend pas jusqu'à la cloison suivante. Elle ressemble, comme forme et
comme position générale, à l'organe qui emplissait la scissure des Bélemni-
telles.
J'ai observé celle membrane siplionale chez Oaynoticeras Giiibalianiis dOrb. du
lias d'Essey, près Nancj; Anim. lythensis Young et Bird, de Whilby; Arietites
Kridion Hehl., de Lyme Régis. Il est vraisemblable qu'elle e\iste chez la plupart des
Ammoniles.
L'extrémité siphonale, chez les Bélemnites, est très différente de celle
qu'on observe chez les Ammonites et Goniatites. Le siphon s'arrête au
contact de la première cloison, sans pénétrer dans la protoconque. Cette
cloison est formée par deux couches de phosphate de chaux compact sem-
blable à celui qui constitue la paroi propre du siphon. L'inférieure est
continue; la supérieure est perforée par l'extrémité rétrécie du siphon.
L'espace entre ces deux membranes est actuellement rempli par de la calcite
ou partiellement par du phosphate de chaux à texture poreuse. Il commu-
nique directement avec le vide du siphon. Cette structure rappelle beaucoup
celle du Maulile et s'éloigne de celle des Ammonites.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en (Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
Ph
SÉANCE DU 1 MAI 1910. Il53
BULLETIN BIBI.IOGRAPHIIjUE.
Ouvrages reçus dans la séance du 2 mai 1910.
Comptes rendus hebdomadaires des Séances de l'Académie des Sciences, publiés
par MM. les Secrétaires PEUPÉruELs; Tome GXLV'III, janvier-juin 1909. Paris, Gaii-
thier-Villars, 1909; i vol. in-4°.
Mémoires de l' Académie des Sciences de l'Institut de France ; 2" série, Tome LI,
accompagné d'un Allas « relatif au projet de machine aérostatique destiné à porter
trente hommes, qui avait été préparé et rédigé par le général Meusmer, Membre de
l'Académie des Sciences ». Paris, Gauthier-Villars, 1910; i vol. in-^" et i fasc. in-4°
oblong.
Rapport de M. Jean Gharcot donnant de Punta-Arenas un résumé de son expé-
dition polaire. (Extr. des Comptes rendus des Séances de l'Académie des Sciences,
l. 150, p. 759 [séance du 21 mars 1910].) Paris, Gauthier-Villars; i fasc. in-4°.
IV^ Congrès international d'Aéronautique, Nancy, 18 28 septembre 1909. Procès-
verbaux, Rapports et Mémoires, publiés par les soins de la Commission permanente
internationale d'Aéronautique. Paris, H. Dunod et E. Pinat, 1909; i vol. in-S". (Pré-
senté par le Prince Roland Bonaparte.)
Flore générale de i Indo-Chine, publiée sous la dii-ection de M. H. Leco.mte; t. I'''",
fascicule k : Hypéracées (fin) : Guttifères, Ternstrœmiacées et S tac hyu racées, par
C.-J. Pitard; Diptérocarpacées, par P. Guérin; Ancistrocladacées et MaU'acées, par
F. Gagnepain. Paris, Masson et G'"=, mars 1910; i vol. in-8". (Présenté par M. Mangin.)
Traité de Géologie, par Emile Haug; t. H : Les périodes géologiques, fasc. 2.
Paris, Armand Colin, s. d.; i vol. in-8°. (Présenté par M. le Secrétaire perpétuel au
nom de M. Michel Lévy.)
Topologie : Etude du terrain, parle général Berthaut; t. l et II. Paris, imprimerie
du Service géographique de l'Armée, 1909; 2 vol. in-4°. (Présenté par M. Ch. Lalle-
mand.)
Annales de l'Institut océanographique (Fondation Albert F', Prince de Monaco),
publiées sous la direction de MM. Joubin et J. Richard; t. I, fasc. 3, i, o. Imprimerie
de Monaco, 1910; 3 fasc. in-4°.
Statistique générale de la France. Résultats statistiques du recensement général
de la population effectué le 4 mars 1906; t. II : Population présente : Région du
Nord, de l'Est et du Sud-Est. Paris, Imprimerie nationale, 1909; i vol in-4''.
Statistique générale de la France. Statistique annuelle des Institutions d'Assis-
tance, année 1907. Paris, Imprimerie nationale, 1909; i vol. in-4°-
Observatorio de Marina de San Fernando. Carta fotografica del Cielo : Zona 7°;
hojas n°' 2, Ik, 26, 49, 51, 54, 55, 61, 64, 67, 76, 163, 164, 165, 175. 176, 177, 178,
179 y 180. Paris, héliog. et imp. L. Schutzenberger, s. d.; 20 feuilles in-plano.
Jl54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jyoucelles Tables nautiques. Azimut des astres sans l' heure, par Louis Bataille.
Dunkerque, L. Laloux, 1909; 1 fasc. in-8°.
Écriture et théorie octacinales de la Musique, par E.-L. Bazix. Nantes, chez rail-
leur, 1910; i fasc. in-^".
Compas divisor del angulo, sistema del D'' D. Pedro Valls. Barcelone, Eugénie
Subirana, 1910; i fasc. in-8°.
Roulette. Synthèse des chances simples combinées aux chances multiples, par
L.-M. Martin. Nice, A. Ilaliani, s. d.; i fasc. in-S".
Puisard « Emscher » : Nouveau procédé d'épuration des eaux d'égouts, par
Heinricii Scheven. Diisseldorf, s. d.; i fasc. in-12.
ACADÉlMÏE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI î) MAI l'JlO.
PRÉSIDENCE DE M. ARMAND GAUTlRIi.
MEMOÏilES Er <:<>MMIJ.\ÎCAriO.\S
DES MEMBRES ET DES COI\lîESI'O^IDA^TS DE E'ACADEmiE
M. le Prksidkxt aniionco à rAcatléiiiie qu'en raison des fêtes de la Pen-
tecôte, la séance du lundi iG mai est renvoyée au mardi i^.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur une classe pari Iculièn' de systcmes triple-
ortliogotiaa.r. Note de M. (ianio.v I>Aitit<tux.
On sait que, dans l'espace à trois dimensions, la détermination d'un sys-
tème triple-orthogonal dépend de l'intéi^ration des systèmes suivants
d'équations aux dérivées partielles.
11 y a d'abord les deux systèmes simultanés
qui définissent, lorsque varient p, p,, p^, les rotations du trièdre (T) l'ormé
par les normales aux trois surfaces coordonnées.
Lorsqu'on a obtenu les rotations, les cosinus directeurs des normales
à ces surfaces coordonnées X, Y , Z ; X, , Y, , Z, ; X., ^ o, Z^ sont définis par
les équations suivantes :
(C) g-P-^-
(D) :^=_p,,,x,-p„x„
c. U., igio, I' Semestre. (T. 150, N" 19.) 1^2
Il5(j ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui formeiil ini système complet et définissent sans amhignïlé les neuf
cosinus.
A pailir (le ce moment, deux voies dislinetes s'ouvrent pour la détermi-
nation complèle du système. Ou bien on peut prendre ])Our inconnues les
dislances P, de l'origine aux plans tangents des surfaces coordonnées, ayant
les expressions suivantes ;
(E) P,— X,A- + Y,j-|-Z,=.
Ces (pianlilés P, sont déterminées par le système
(F) 4^=P,.l'/„
(pii ne dill'ère (pie par les notations du système {C)- Due fois obtenus les P„
ou aura sans intégration les expressions suivantes des coordonnées :
(G) ^=2^'P'' ^=2^'''" ==2^^''*'-
Ou bien on cherche à déterminer les coelTicients H, H,, IL de l'élément
linéaire de l'espace. Ils sont définis par le système
puis les a", y, z sont obtenus par les quadratures
(J) a;:^ j l\,U,dp„ j= / iVll,'/p'- :=^ I 17.,U,dp,.
Le rapproclienienl des deux méthodes conduit aux formules importantes
(K) H,.= ^ - ^—^ = — + P.,P. + P;,l'„
dont nous aurons à faire usage.
La principale dilTiciillé du problème réside évidemment dans rinlégration
des é(piations simultanées (A) et (B) auxquelles satisfont les rotations (5,^.
Le système (A), qui se compose de six équations, a une propriété qui appa-
raît presipie immédiatement : il ne change pas quand on échange les premiers
et les seconds indices dea quantités [i,/,. 11 n'en est plus de même des trois équa-
SÉANCE DU 9 MAI 1910. Îl57
lions (B) qui se changenl .ilois dans le système suivaiil :
Si donc on joint ces é(jiiations (B') aux équations (A) et (B), on aura
constitué un système dont les solutions iront par couples : à toute solution
for/née par un système de valeurs des ^n, en correspondra une autre formée par
les valeurs p^, obtenues en échangeant tes premiers el les seconds indices.
l.e système des douze équations (A), (B), (B') a été considéré par M. Gui-
cliard dans un problème sur lequel nous reviendrons plus loin. M. Guichard
a fixé de la manière la plus simple le degré de généralité de leur solution.
Si l'on isole, dans ces douze équations, celles qui contiennent une dérivée
par rap[)orl à p^, ou aura d'aljord les six éipialions :
(0
t=^'^".
dp, dpi
t=^"^-
dp, dpi.
(3,7, r-u, -ô^ — ^ - p'"p''"
il ne restera plus que le système des six étpiatious :
\ -5 — p/7. p/,/' ^ P/./p,7, —^ 1 \ r p/, P//, — O,
I àpk '^ "^ àp, '^ "^ dp/ dp,.
1 dp,, '^ '^ dp, "^ dp, dpk
Or d'après le théorème de Caucliy, les six équations (i) résolues par
rapport aux dérivées des six fonctions inconnues, admettent une solution
pour laquelle les ^^z,' se réduisent à des fonctions arbitraires p",, de p, et de p^t
pour pz= p". Et d'autre part ces imleurs initiales ^\i^ doivent satisfaire aux
six é(piations (2) pour pz= p", ce qui est toujours possible puisqu'il y a six
inconnues pour six équations; de sorte (pie le système (2) fournit pour
les p)|^/ des valeurs dépendant de six fonctions arbitraires d'une variable, il
est facile de voir d'ailleurs, en répétant un raisonnement bien connu, que
les valeurs ainsi obtenues pour les j^yj// satisfont aux équations (2) non seu-
lement pour p^^ p", mais aussi pour toutes les valeurs de p^. Ainsi se trouvent
fixés le caractère et le degré de généralité de la solution la plus étendue des
systèmes simultanés (A), (B), (B'). Suivant la phraséologie courante, cette
solution dépend de six fonctions arbitraires d'une variable.
(]e point, qui a été établi par M. (iiiichard, étant rappelé, nous savons
ff=p'.-^-^
{!>')
')p.-
=-p„x;,-p
x',T',-h y;v' + z;--'
(F')
a^'=2ix;p;,
.y'=
àpk
=\iY;p;,
= Pu- 11.;
= iz;p;;
ri 58 ACADÉMIE DES SCIENCES.
que, dans h; cas actuel, couime dans tout autre, il y aura des systèmes
orlliogonaux correspondant aux rotations p^ et pour lesquels les X,, les H,-,
les P,-, les .r seront déterminés par les systèmes (C), (D), (E), (F), (G),
(I), (J). Mais, puisqu'on peut échanger les premiers et les seconds indices des
rotations p,^., il y aura une seconde série de systèmes orthogonaux correspon-
dant aux mêmes rotations. Si nous désignons par des lettres accentuées
tout ce qui se rapporte à celte nouvelle séiie, elle sera définie jtar les
équations
(C)
(I'') p;
(G')
(I')
(J') .t'= flX',U', dp,. y= I lY'/W, dp,, z'= f lZ',iV, dpr,
(K') 11,.= p, ^ '- = ^ + P..P.+ P.P.
analogues à celles (|ue nous avons obleruies pour les systèmes de la pre-
mière série.
De ces remarcpies si simples on peut [aire découler de très nombreuses
conséquences.
llemanpions d'abord qu'aux notations près, les équations (C) sont iden-
tirpies aux équations (I). De là résulte ipi'on aura des systèmes orllio-
gonaux de la première série en prenant les valeurs suivantes des 11, :
(3) ii,-=i«\', -t- /A'; + cz;,
les a, />, c désignant des constantes. Portant ces valeurs des H, dans les
équations (.1), on tiouve
!j" — o0„o + ^0„, + c (■)„,,
r = fl0,„+ //(■), , + f(-),, •
les (-),7, étant définis par les formules
i <■/(■)„„=: iX,X,f/p,-, d0„, — l\i\',dûi, d&,._=l\iZ,dp,.
(•>) ^ d(-),o=l\,X',dp„ (/{-),, = i Y, Y;^/p,-, f/0,,= iY,Z;.<-/p/,
( (/0„ == 2 z, \'i dp,, d&,t = i z, y; f/p,. f/0,, = 1 z, z; dp,-.
SÉANCE DU 9 MAI igio. IlSp
Pour raison de symélrie, il csl clair qu'on aura des systèmes ortho-
gonaux de la (leuxiénie série en prenant
; i-'=: rt'(-)„„ + Z/'0,„-|- c'0,„.
(.V) y = rt'0„, + ^<'0,, + c'0,,,
( 5'=rt'0o,+ //0,, + c'0,,.
«', U , c' désignant des constantes comme «, /;, c.
Ainsi, dès qu'on aura les cosinus directeurs pour les deux séries de sys-
tèmes orthogonaux, on aura, par de simples quadratures, des systèmes
orthogonaux compris dans chacune de ces deux séries.
J'ai dit plus haut que M. (luichard avait été conduit au système des
équations simultanées (A), (B),(B')par l'étude d'un problème particulier.
Ce savant et ingénieux géomètre a obtenu en elTet ces écjuations en se pro-
posant de déterminer les systèmes triples pour lesquels on a
(6) 11;^ + II?, + II/ = o.
Comme l'a remar(|ué M. (luichard, ces systèmes jouent dans res[Kice le
même rôle (jue les systèmes orthogonaux et isothermes tracés sui- une sur-
l'ace. Car si l'élément linéaire de la surface est
(/,v'=ii/,^p;4- ii|Vp|,
la condition d'isothermie [leut toujours être ramenée à la forme
li; +]\l^o,
tout à fait analogue à la relation ((1). Mais à cette relation (()), il vaut
mieux en substituer une beaucoup [)lus générale et qui conduira au même
résultat.
( 'cherchons les systèmes tri[)les pour lesquels on a
(7) ll7 + ll^ + li;=:«(a-= + j^+c2) + (3,
a et p désignant deux constantes quelconques. Lorsqu'elles deviennent
nulles, on retrouve la relation (G), de sorte cjue notre problème comprend
comme cas très particulier celui qui a été envisagé par M. Guichaid.
Did'érentions l'équation (;) par rapport à p,. Nous aurons
(8) ^ + [3„II,+ [3„II,= «P,-.
Si nous joignons à ces équations les systèmes (F), (I), (K), /mites les
IlGo ACADÉMIK DES SCIENCES.
dérivées des fonctions P,, II, seront déterminées; et les conditions d'inté-
grabilité nous donneront, il est aisé de le reconnaître, en même temps que
les équations (A) et (B), les équations (B').
Ainsi les systèmes orthogonaux pour lesquels la relation (7) est vérifiée
doivent rentrer dans la classe que nous étudions ici.
Récipit)quement si, supposant vérifiées les équations (A), (B), (B'),
nous envisageons le système complet défini par les équations (8), (F), (I),
(K), il est facile de voir qu'il admettra l'intégrale quadratique
(9) II; + 1I| -t- 11; = a{\'J + VI + PJ ) + [3
identi(pie à la relation (7), puisqu'on a, d'après les formules (1\),
(10) P? -)- P|. + p; = a-- + .>•- -(- 5-.
f^e cas particulier où la constante a est nulle mérite d'être signalé. Alors
les équations (8) ne contiennent plus que les H,; et les deux systèmes (I)
et (8) auxquels satisfont ces inconnues sont les mêmes, aux notations
près, que les systèmes (C') et (D') auxquels satisfont les X',, Y|, Z',. On a
donc pour les valeurs générales des H, les expressions suivantes déjà ren-
contrées
(11) H, — aX',+ 6Y; + fZ';
avec la condition
(12) «2+6-+c'=(3.
Dans le cas particulier envisagé par M. (îiiicliard, la constante ^ est nulle
comme a, et l'on doit avoir
(i3) a-+ b''+c- — o;
en sorte (jm- la délerniination des deux séries de cosinus fournit la solution
complète et générale du problème posé par M. Ciuichard.
Après ces applications particulières se présentent des remarques et des
C()nsé(piences générales. Ce sera l'ohjcl d'une autre (Communication.
M. II. PoiNCAitÉ fait liommage à l'Académie d'un Volume inlilulé
Savants et Ecrisains et où il a réuni diverses biographies de savants,
aii\(pielles il a joint son discours de réception à l'Académie française.
SÉANCE UU 9 MAI 19IO. IlGl
ÉLECTIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à réleclion d'un Corres-
pondant pour !a Section de Physiciue, en remplacement de M. Crova
décédé :
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 35 :
M. Jean Bossclia obtient lo suffrages
M. Cil. -Ed. Guillaume » 2 »
M. J.-J. Thomson » 2 »
M. S. Arrhenius » i suirrage
M. Jea\ Iîosscha, ayant léuni la majorité des sullrages, est élu Corres-
pondant de l'Académie.
CORRESPOIVDAIVCi:.
M. le SECiii'oTAïKE PERPÉTi-Ei. sigualc, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1" Les Mathcinatiqttes en Portugal, par M. Rodolpiik GuimahÂes.
2° Deux Ijrocluires du commandant (i. Moncagli, de la Marine italienne,
intitulées : La marina libéra et il preinio di trajjieo et H preinio di trajjico.
(Présentées par M. L.-E. Bertin.)
3" Technologie et analyse chimiques des huiles, giriisscs et cires, par M. .1.
LEWKowrrscii, traduil par M. Emue Bontoux. (Présenté par M. A. Haller. )
4" Les sécheries agricoles, par D. Siderskv. (Présenté par M. Miinlz.)
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Deujcièine sèi-ie de recherches sur la comète
de Halley et son spectre à l'Observatoii'e de Meudon. Note de MM. A.
Bernard et P. Idkac, présentée par M. H. Deslandres.
Une première Note sur le spectre de la comète de Halley a été présentée
par Deslandres et Bernard le i3 décembre 1909 ('). L'étude du spectre a
été poursuivie depuis cette époque avec les mêmes appareils, et aussi avec
(') Comptes rendus, l. CXLIX, n" ih, p. iio3.
Il()2 ACAOÉMIIÎ DES SCIENCES.
1111 appareil plus puissant, réconiiiient organisé jiar M. I )eslandrcs el déjà
utilisé pour la comète lunes. Ce dernier appareil est formé d'une chambre
piismali(jue, à prisme de llinl, de grande ouverture (o"',2à) et de 22°
d'angle, el d'un miroir parabolique de même ouverture el de <)'",75 de
distance focale, qui donne une grande concenlralion de lumière, le rapport
d'ouverture élanl ' .
Nous donnons ici les résullals de cette deuxième série de recherches.
La première Noie avait annoncé des condensations nettes qui correspon-
daient au\ bandes ultraviolettes A '^)88 du cyanogène el À 391 de l'azote; la
première de ces bandes, de beaucoup la plus forle, était bien visible sur les
é[)ieuvcs des G, 8, 12 el i3 décembre. D'ailleurs Frosl el Parkhursl (')
signalaient que la lumière de la comète de Halley était, le 3i décembre 1909,
due principalement à la troisième bande du cyanogène.
a. 7 janvier 1910 (■). Le spectre obtenu ce jour indique de plus que
la nébulosité qui entoure le noyau cométaire était principalement composée
de cyanogène. Donc, à cette époque, le cyanogène représenté par la bande
'à 388 dominait nettement les autres corps.
b. () février; 2, 3 et 4 mars 1910. Les dilîérents spectres obtenus sont
formés des radiations déjà signalées; ils montrent aussi ncltcmcnl une
bande forte dans le bleu, qui correspond vraisemblablement à la quatrième
bande du carbone, X 474- Deux autres bandes plus faibles ont été relevées
tout près de A 4o8 el A 4^8. De plus, l'intensité lumineuse relative des
deux radiations 388 el 474, qui donnait une prédominance nette au cyano-
gène sur les épreuves du 7 janvier et également sur celle du 9 février ('),
paraît s'être égalisée.
r^a comète de Halley paraissait donc avoir à ce moment la même compo-
sition chimique cjue la comète Innés 1910a! à une certaine dislance de son
périhélie.
c. 2:'), 2("), 29 avril el 4 et 5 mai 1910. l^a comète, ijui avait disparu
dans le rayonnement solaire, est redevenue observable le malin. Une obser-
vation de Giacobini (^) du 17 avril 1910 l'indique comme une nébulosité
circulaire de 3o" à 35" de diamètre, avec forte condensation centrale. Gia-
cobini ajoutait que son apparence était slcllaire, et tpi'on ne distinguait
(') Aslron. Nadir., n" 438L
(-) Temps aslrononiique.
(') Celte épreuve du 9 février a élé faile par d'Azanibuja.
(') Comptes rendus, l. loO, n" 10, iS avril 1910.
SÉANCE DU 9 MAI 191O. Il63
aucune queue, sinon un petit renflement de la nébulosité circulaire, mesu-
rant à peine i" d'arc en longueur.
Or le 25 avril (temps astronomique), son aspect s'était légèrement mo-
difié. Elle apparaissait, dans nos lunettes de 8 et de 6 pouces, comme une
condensation planétaire, très ronde (diamètre 5" d'arc environ), très bril-
lante, d'éclat uniforme. Elle était entourée du côté du Soleil d'une nébulo-
sité hémisphérique d'environ 3o" d'arc de diamètre, de laquelle s'échappait
à la périphérie et dans la direction opposée au Soleil deux jets très courts
formant un commencement de queue que seule la photographie a pu révé-
ler. L'ensemble de la comète avait un éclat perlé ; elle pouvait être estimée
de deuxième grandeur.
Les photographies directes faites les 20, 2G et 29 avril montrent le déve-
loppement de la queue; sur l'épreuve du 26, la queue, très faible, était
constituée par le prolongement des extrémités de la nébulosité, la partie
centrale restant sombre; cette queue s'étendait jusqu'à plus de i", elle
avait une forme conique d'angle faible (') (8° à 12°); à une certaine dis-
tance du noyau sa largeur était de 10' à i5' darc.
Les 4 et 5 mai, elle avait encore la même apparence, mais sa luminosité
avait beaucoup augmenté; on pouvait la considérer comme étant de pre-
mière grandeur environ.
Les observations ont été fort gênées par la Lune, l'aurore et les brumes
de Paris.
Les photographies spectrales prises le 2G avril avec plusieurs chambres
prismatiques ne donnent que la bande des hydrocarbures A 474-
Le 4 mai, deux clichés obtenus avec la chambre prismatique de o"\25
d'ouverture montrent nettement le spectre continu du noyau. Le spectre de
la chevelure est représenté par deux condensations bien définies corres-
pondant à la bande 474 des hydrocarbures et à la bande 388 du cyanogène.
Cette dernière n'est cependant pas visible sur le premier cliché, obtenu
quand la comète était encore basse sur l'horizon, quoique la bande des
hydrocarbures y soit aussi intense. Ce fait est dû peut-être à l'absorption
plus forte de l'atmosphère pour A 388 que pour X 474-
d. 7 mai. La comète a encore augmenté d'éclat; on peut l'estimer de
grandeur o,5 environ; la queue que nous n'avions pu encore discerner ocu-
lairement est visible très facilement à l'œil nu sur une longueur de i° environ.
(') Ceci confirme les observations photographiques relevées à Lick, les 11, 12 et
i3 décembre 1909 {Lick Observatory Bulletin, n" \lk, p. i83).
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 19.) l53
Il64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La forme de la lèle de la comète s'était modifiée légèrement depuis
l'avant-veille; le noyau paraissait quelque peu allongé dans une direction
perpendiculaire à celle Soleil-comète; aux extrémités du grand axe se
voyaient deux jets qui se perdaient dans la chevelure environnante.
Deux spectres de la comète ont été pris, l'un sur plaque S, l'autre sur une
plaque ^\ratten sensible à toutes les radiations de longueur d'onde inférieure
à X 700. Sur ces deux plaques, le spectre continu jdu noyau est intense et
s'étend de A = GGo à X =: SgS environ. La bande 474 des hydrocarbures,
qui correspond à une région de grande sensibilité des plaques, est très forte
dans la chevelure, et Ton distingue les autres X5iG et X568.
La bande 388 du cyanogène se voit aussi, mais elle est beaucoup plus
faible.
ASTRONOMIE. — Sur la polarisalion de la Iwniére lunaire. Note
de M. «I.-J. Landerer, présentée par M. Bigourdan.
Le procédé dont je me suis servi, en 1889, pour mesurer l'angle de
polarisation de la lumière de la Lune, a récemment donné lieu à quelques cri-
tiques. Aussi je demande à l'Académie la permission de compléter la Note
où ma méthode fut exposée (' ), en ajoutant les raisons suivantes, qui me
semblent de nature à éclairer la question.
La méthode dont il s'agit repose : 1° sur un fait d'observation, la polari-
sation de la lumière lunaire; 2° sur un fait en partie d'observation aussi,
mais qui découle, en outre, d'une induction rationnelle, savoir la nature
âpre ou raboteuse des mers lunaires, et l'unité de leur composition globale,
déduite du processus éruplif dont elles dérivent. On sait, eu effet, qu'à un
moment donné de l'évolution sélénologique, la matière ignée fit éruption,
en s'épanchant sur les vastes dépressions d'une large ceinture équatoriale
et en envahissant lescirconvallations ébréchées; et, bien que le phénomène
se soit reproduit plusieurs fois, ainsi que le prouve l'aspect échelonné de
certaines mers, il est évident que la teinte grise presque uniforme que
l'on y remarque, plaide en faveur d'un magma originaire unique. Quoi
qu'il en soit, il ne faut pas oublier que la polarisation bien sensible qu'elles
produisent est un effet d'ensemble.
Cet effet explique pourquoi les travaux de Lord Rose, en prenant pour
(') Coniplex rendus, l. CIX. p. 3Go-362.
SÉANCE DU 9 MAI I910. Il65
point d'incidence une surface restreinte du sol lunaire, n'ont pas abouti à
un résultat décisif, et c'est pour cela que l'auteur de ces lignes imagina la
méthode qui nous occupe. Ce même effet prouve encore que l'étude de la
polarisation par diffusion ne peut être réalisée avec succès que sur des sur-
faces d'une étendue considérable, telles que nous les offre notre satellite,
où, grâce à l'étendue du sol actif, la somme des aspérités produit un ell'et
comparable, quoique d'un ordre différent, à celui d'une plaque de verre
mal polie.
Des raisons faciles à Comprendre font voir que l'incidence des rayons solaires sur le
sol de la Lune sera d'autant plus efficace, pour la Terre, qu'elle se rapprochera
davantage du milieu du croissant. S'il s'agissait d'une surface parfaitement polie, le
point d'incidence serait unique; mais sur une surface raboteuse, et tel est notre cas,
l'incidence s'opère sur un champ assez étendu de la région centrale du croissant,
autour du'quel la polarisation se fait encore sentir. Or ce champ, tombant toujours sur
une mer ou sur un ensemble de mers, quelle que soit la position du salellite sur son
orbite, et le déplacement que cette surface éprouve pendant l'intervalle des obïcrvations
s'opérant entre des limites étroites, il en résulte que la proportion maximum de
lumière polarisée que la méthode permet de saisir, en suivant les variations qu'elle
éprouve au cours de la lunaison, répond bien à l'angle qu'il s'agit de mesurer (').
ASTRONOMIE. — Observations de la comète de Halley, faites à l'Observatoire
de Marseille (^èqaatorial d'Eichens de o"*, 26 d'ouverture). Note de
M. CoGGiA, présentée par M. Maurice Hamy.
Dalc?.
Temps moyen
de
Log. fact.
Log
f,ict
i!);o.
de Marseille.
AU.
Ay.\
comp.
iR apparente.
pai-all.
cô'j?
appa lente.
1:1.1
ull.
Mil |l>
h m s
16.33 . 19
+ 3!" 2,^76
- 5.'33;'5
1 5 : 1 0
h m s
23.54. 3,o3
— T,634
82
II -14, '7
^.
770
" ' 7
16.29.39
+ 2.19,41
— 4-43,0
1 5 : 1 5
2 3.53. I 9 , 70
-î,634
82.
12. 5,1
— 0
iH
M 18
16.35.48
-hi.38,3o
— 3.5- , 3
i5: 10
23.52. 38, 61
-î,63i
82.
I 2. 5o,7
— f.
766
1) •.'. 1
16.34. 19
+0. 3,39
- 3.12,8
1 5 : 1 5
23.5i. 3,75
-î,628
82.
i3.35,o
— 0
763
» ■'..'.
16.28. 5
—0.82,98
- 4. 8,2
i5:io
23.00. 27,42
— î ,627
82.
12.39,4
— G
763
« 2 G
16.23.28
— 0.32 ,o5
— 9- ^-9
1 5 : 1 0
23. 5o. 28,41
— T,625
82.
7.38,4
0
760
{ ' ) Je profite de l'occasion pour corriger une erreur de peu d'importance qui s'était
glissée dans la Note précitée, et qui porte sur le dernier terme de l'expression générale
de l'angle de polarisation. En me reportant au.x. notations employées dans le susdit
travail, l'expression générale doit être écrite ainsi :
P = - [À -H 9' sin /. — (/) sin« + i5'cos \ /.)].
i66
ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nombre
Dates.
Temps moyci
de
Log. fact.
Log. facl.
lOlC
de Marseille.
A.^.
AÇf.
comp.
M apparente.
parall.
(D$
apparente.
parall.
*.
Avril
27.
h m s
16.24. I
— 0. 13,95
— 12. 4^4
i4: 10
h m s
23.00.46,54
-T,623
82
' 4.'42','8
—0,759
7
»
28.
16.24.34
— 0.02,94
— 5.46,2
i5: 10
23. 5 I. I 5, 85
— T ,621
82
I. 2,9
— 0,758
8
»
29.
16. j6.21
+ 1.34,60
— 0.49,3
1 5 ; 1 0
23. 5i. 56, 98
—1,624
81
56.34,8
—0,759
9
Mai
2.
16.17. '6
— 2. 16,80
+ 3.43,8
i5:io
23.55.29,93
-ï,6i9
81
36.32,1
—0,755
lO
>'
3.
16. 25.41
— 0.28,42
— 5.41,4
i5: 10
23.57.18,33
-ï,6i3
81
27. 6,8
—0,751
II
»
4-
16. 7.59
+ 1. 4:07
— 5.44,5
1 5 : 10
23.59.26,99
— T,623
81
16. 8,5
—0,755
12
»
5.
16. 3.40
-t-O.34,80
+ i5.45,6
1 5 : 1 0
0. 2. 4,9t
—1,624
81
3. 1,5
— 0,706
1 3
»
6.
16.59.57
+ 3.43,85
+ 0.19,7
1 5 : 1 0
0. 5.i3,99
-1,626
80
47 .35,5
—0,756
'4
Etoiles de comparaison.
7.6
7,6
7.6
7.6
7,6
7,6
7.6
8,1
8,7
7,3
7,3
8,6
8,3
8,3
a moyenne,
1910,0.
23. 5i
23 . 5 (
23 .5i
23.5i ,
23 .5i .
2 3 . 5 1 .
23.5i .
1,49
1,49
1,49
1,49
I .49
1-49
1,49
23.50.23,89
23. 5o. 23, 33
23.57.47,65
23.57.47,65
23.58.23,77
o. i.3o,99
o. i.3o,99
Réduction (f moyenne,
au jour. 1010,0.
-I ,20
-l,.8
-1 , 1 3
-'.09
-I ,o3
-1 ,00
-0,98
-0,96
-o , 92
-0,90
-0,88
-0,88
-0,85
82. 16.39,0
82. 16.39,0
82. 16.39,0
82. 16.39,0
82 . 16.39,0
82 . 16.39,0
82 . 16.39,0
82. 6.40,9
81 .57. 16,0
8i .32.40,6
81 .32.40,6
8i .21 .45,5
80.47. ^'^
80. 4-. 8,5
Réduction
au jour.
-)- 9.2
+ 9,1
+ 9,0
+ 8,8
+ 8,6
+ 8,3
+ 8,2
+ 8,2
+ 8,1
-+- 7,7
+ 7,6
+ 7,5
H- 7,4
-^ 7,3
Autorités.
11818,
I1818,
I1818,
11818,
11818,
ii8i3,
Il8l2,
ii858,
ii858,
11864,
11874,
11874,
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
Leipz
g", AG
g", AG
g", AG
g",AG
g", AG
g", AG
g", AG
g", AG
g", AG
g",AG
g", AG
g", AG
g", AG
g», AG
Les 16, 17 et 18 avril, on voit un gros novan légèrement ovoïde. Aucune trace de
queue.
Le 21, la comète se voit à l'œil nu, comme une étoile de troisième grandeur; novau
ovoïde de couleur jaunâtre. Il est enveloppé d'une chevelure s'élendant comme deu\
ailerons sous un angle d'environ 120°.
Le 23 le noj'au a le même aspect que le 21; une chevelure uniformément brillante
l'enveloppe et se prolonge en une queue d'environ + o" séparée dans le sens de la lon-
gueur par une bande sombre. La Lune est presque pleine.
Le 26, la comète vue à l'œil nu paraît comme une étoile de deuxième grandeur
avec une queue d'environ 1°. La Lune qui vient d'être pleine en masque certainement
une bonne partie. Dans la lunette le noyau est plus petit que les jours précédents
mais il est extraordinairement brillant et d'apparence stellaire bien caractérisée.
Le 27, le noyau est moins brillant que la veille, mais il est plus étendu. La queue,
SÉANCE DU 9 MAI rpio. I167
beaucoup plus lumineuse sur les bords externes est nettement divisée en deux par
une bande sombre dans le sens longitudinal.
Le 3 mai la queue a environ 6° à l'œil nu.
Le 5 mai, vue à l'œil nu la comète brille comme une belle deuxième grandeur ; la
queue a environ 10° de long et se recourbe en panache à son extrémité.
Dans la lunette le noyau est rond, brillant. Il est enveloppé d'une chevelure très
lumineuse sur laquelle on voit nettement deux aigrettes en forme de triangle dont le
sommet parait s'implanter dans le noyau et dont l'ouverture, frangée, s'arrête au bord
delà chevelure. Ces aigrettes sont larges, symétriques par rapport au novau et perpen-
diculaires à l'axe de la queue.
Le 6 mai, vue à l'œil nu la comète est à peu près comme la veille.
Dans la lunette le noyau est plus brillant que le 5 et se continue par un secteur très
lumineux tourné vers le Soleil et de 70° d'ouverture environ. Les aigrettes vues la
veille ont disparu.
CHIMIE PHYSIQUE. — Analyse magnétique de quelques groupements chromo-
p/ioriques. Note (') de M. P.4ul Pascal, présentée par M. D. Gernez.
La susceptibilité moléculaire d'un composé organique A^B^CJ ... peut
se calculer en fonction des susceptibilités atomiques y, ... des constituants
par la formule
Pour ce qui nous occupe aujourd'bui, il suffira de rappeler que le terme
correctif X, relatif aux particularités de structure, est négatif quand il
correspond à un noyau benzénique ou naplitalénique, mais qu'il prend au
contraire une valeur positive relativetnent importante dans le cas de doubles
liaisons certaines.
J'ai donné pour \ les valeurs -i-d^.io"' et 120. lo"' suivant que la
molécule est éthylénique ou polyéthylénique; l'étude récente des oximes,
des aldazines, des azométhines m'a montré la généralité des remarques
précédentes. Une double liaison diminue toujours le diamagnétisme. Par
exemple, pour une liaison double entre carbone et azote, A= +90.10"':
pour deux liaisons, X = + ioo.io~'; enfin pour une double liaison entre
azotes, \= -t- 2i.io~'.
Cette sensibilité de l'analyse magnétique aux doubles liaisons et la fidélité
(') Présentée dans la séance du 2 mai 1910.
(^) Pascal, Ann. de Chiin. et de Phys., janvier 1910, p. 5.
Cal
cillé.
Aïoique.
inoniquc.
1238.5
'o44,5
i485,5
1
1291 ,5
i3i-
1
II23
I168 ACADÉMIE DES SCIENCES.
avec laquelle les propriétés magnétiques suivent les moindres particularités
de la structure moléculaire, m'a amené à appliquer mes recherches à l'étude
des matières colorantes. On sait que de nombreux chimistes veulent y voir
toujours un groupement chromophorique quinonique ; une telle structure
devait apparaître de suite dans le champ magnétique.
J'ai d'abord vérifié que les quinones se comportent vis-à-vis de ce réactif
comme des dicétones diélhyléniques. Ainsi, pour la quinone, ■/,„ est égal
à — 43o.io~', valeur très voisine du chiffre — .425.10"' calculé pour la
forme cétonique, et très différente de — 635.io~', qui correspondrait à la
forme phénolique.
Ces mesures préliminaires m'ont permis d'obtenir les résultais suivants :
Colorants azoïques. — 1° Les amiiioazoïques se comporlent inaynéliquement
comme des azoïques vrais. On trouve en effet :
Aniidoazobenzène r233
Amidoazotoluène 1481
Chrysoïdine i3i5
2° Les ON.3azoïques ont une constilulion dépendant des substitutions à l'oxygène et
de la température. A froid, les azoïques substitués à l'oxygène sont généralement de
vrais azoïques; les non-subslilués contiennent un mélange de l'azoïque vrai et du lau-
tomère quinonique. Ainsi, on a
— i"V.„.-
Oxyazobenzol io37
Méthoxyazobenzol i238
Benzolazo-|3-naphtol . . . i466
Paraazoanisol i537
Paraazophénétol 1786
Par échauffement ou fusion, ces corps rougissent et gardent plus ou moins cette
nouvelle couleur par la trempe. On peut même isoler une forme rouge bien définie du
paraazophénétol, instable au-dessus de 94°. Ces modifications, d'ailleurs endothei-
niiques, qui aboutissent à un corps plus coloré, correspondent à l'apparition d'une struc-
ture quinonique. comme le montrent les chiffres suivants :
Calculé.
— io"/,„. Azoïque. ihiinonique.
Paraazoanisol rouge. .. . laio i53o 1227
Paraazophénétol rouge. i46o '777 '472
En modifiant la vitesse détrempe, on obtient souvent des cristaux doiii la couleur
Calcu
ilé.
Azoïque.
Quinonique.
I22I ,
,5
101 1
l34l
1 l33,5
l566
i35i,5
1 53o
1227
'777
1472
SÉANCE DU 9 MAI I910. I 169
passe du rouge au jaune, el dont la suscepliliilité varie comme celle d'un mélange des
deux taulomères phénolique el quinonique. Avec le paraazoanisol, on olitient en elTel.
pour — io'/,„, les valeurs suivantes :
Cristaux jaunes, azoïques : 1 5.^-; jaune orangé : i^Sj; orangés: 1867 ; rouges, hvdra-
zoniques : 1210.
Dé/ii'és du triphcnylinc-tliane. — Dans ce groupe, Yaiirine se comporte encore
comme un dérivé quinonique. La susceptibilité moléculaire ■/_,„== — 1679.10^" (théo-
rie : 1693,5) est en effet très différente de la valeur — 1887. iu~' que devrait avoir la
forme phénolique.
Par contre, \<i fuchsine, entre autres dérivés aminés, a les propriétés d'un composé
normal. On trouve, pour elle, X/« ^ — aSoo.io"' (théorie 2268, 5), valeur très éloignée
du chiffre — 2o43,5.io""' correspondant à la forme quinonique.
Phénomènes de chronio-isoniéric. — L'analyse magnétique permet enlin de pré-
ciser la structure des sels métalliques de diverses couleurs dérivés des phénols nitrés,
halogènes, etc. Les formes incolores de ces sels se comportent comme des phénates
normaux, tandis que les variétés colorées ont exactement les propriétés des lauto-
mères ([uinoniques, beaucoup moins diamagnétiques.
Entre autres exemples, je citerai deux sels d'argent, taulomères, blanc el rouge,
du 3.4.6. tribromophénol. Pour la variété blanche, phénolique, / ;„ '^^ — iSôi.io"';
par contre, pour la variété rouge, quinonique, on a /,„ ^= — i.")6o. 10^'.
Conclusion. — Les exemples précédents, qui m'ont déjà apparu comme
susceptibles de généralisation, semblent montrer que l'existence d'une
coloration marquée est presque toujours corrélative d'une structure quino-
nique, au moins dans les corps à fonction oxygénée. Souvent, d'ailleurs,
la forme quinonique est accompagnée du tautomère phénolique, surtout à
froid, quand la substance n'est pas encore fort colorée.
Par contre, dans les matières aminées, correspondant aux types précé-
demment étudiés, où l'azote n'entre pas comme élément constitutif d'une
chaîne fermée, il ne semble pas exister de tautomère quinonique, dans les
conditions ordinaires.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Effets chimiques des rayons ullrm'iolels sur les corps
gazeux. Actions de polymérisation. Note de MM. Daniel Jîekïhei.ot
et IIexri Gaudechon, présentée par M. Jungfleisch.
Les actions chimiques des rayons ultraviolets, reconnues depuis long-
temps par la photographie, peuvent être produites aujourd'hui avec une
grande intensité au moyen des lampes en quartz à vapeur de mercure.
Nous avons employé, soit une lampe Ileraius de iio volls consommant
IiyO ACADÉMIE DES SCIENCES.
2,5 ampères en régime normal et dont l'arc avait 4'" de long, soit une
lampe Westinghousc de 220 volts, consommant de 5 à (J ampères et dont
l'arc avait de 4"" à G*"™ de long. Les gaz soigneusement desséchés, soumis
aux rayons, étaient enfermés dans des tubes en quartz d'environ o""",6
d'épaisseur. La pression était voisine de tS*''".
Dans ces conditions, les gaz s'ionisent et deviennent conducteurs, et il
se produit des effets chimiques remarquables.
Nous décrirons aujourd'hui les actions de polymérisation.
Polymérisation de l'acétylène. — i" Acétylène seul. — Tube soumis à
l'action de la lampe à iio volts durant i heure à 2"" de distance, i heure
à S*^^™, I heure à S'"". Volume initial : 2'°'', Go; volume final : 2""', 18. Con-
traction : iG pour 100. Au bout de quelques instants, on voit apparaître un
brouillard dans le tul)e, puis, se déposer à la surface du mercure et sur les
parois du tube une couche solide, d'épaisseur progressivement croissante,
qui présente les colorations des lames minces. L'action chimique, d'abord
très rapide, se ralentit bientôt, par suite de la non-transparence de ce
dépôt aux rayons ultraviolets.
Ce précipité est de couleur jaune faune, et présente l'odeur spéciale des
polymères de l'acétylène obtenus par l'action de l'effluve sur ce gaz.
Il n'y a pas de benzine liquide. Le gaz résiduel est entièrement absor-
bable par le chlorure cuivreux ammoniacal. Il y a donc eu polymérisation
sans décomposition.
L'action chimique précédente, comme celles qui sont liées à l'ionisation
des gaz, est favorisée par la diminution de pression qui rend les gaz meil-
leurs conducteurs. Elle l'est également par l'adjonction d'un gaz inerte, qui
diminue la tension propre du gaz actif dans le mélange.
2" Acétylène et hydrogène. — Même exposition que dans l'expérience
précédente. Volume initial : i""°',82 composé de o"'',97 C-H'-f- o"'',85 H-.
Volume final : i''"'",49 composé de o'"'',65 C*H--i- 0'°', 84H\
L'écart entre 0"°'°, 85 et o"""', 84 étant de l'ordre des erreurs de mesure,
on voit que tout l'hydrogène se retrouve à l'état libre. Il a donc joué le
rôle de gaz inerte. Mais la tension j^ropre de l'acétylène étant environ
la moitié de celle de l'expérience précédente, la contraction a passé de
16 pour 100 à 33 pour 100, c'est-à-dire a sensiblement doublé. Les parois
sont tapissées du dépôt jaune.
3° Mélange d'acétylène et d'azote. — Tube soumis 4 heures 3o minutes
à l'action de la lampe iio volts, à une distance moyenne de 5"". Volume
co-
forme.
ContracUon.
O cons
oiiimé.
Hésidu
?.'■'
'",48
2'^°'', 5o
3''"'
.7t
O.OI
•.V
■",48
2^"'', 48
3''"'
i7'2
o,oo
SÉANCE DU 9 MAI igiO. II7I
initial 3""', i4, composé de i""',68 C^H- + l'^'/iG Az-. Volume final 2""', 72,
composé de i'^"'',26 C'H- -h i'""',4<^ ^^z-. L'azote primitif se retrouve
intact; il n'y a pas eu d'acide cyanhydrique formé.
L'acétylène n'est pas modifié, mais son volume est diminué des o''"'°,/|2
qui correspondent au polymère jaune déposé sur les parois; sa contraction
a été de 23 pour 100.
Polymérisation de l'éthylène. — 1° Ethylène seul. — Tube soumis à
l'action de la lampe de 220 volts à 4'"' de distance, durant 2 lieures. Volume
initial 2""'', 72; volume final 2""', 42- Contraction 11 pour 100. Une partie
du gaz résiduel est analysée par combustion, puis par addition de potasse et
de pyrogallol.
Gaz total.
Observé i''"'\ 2.5
Calculé pour C'H'. i'^"'',24
Le gaz résiduel est donc de l'étbylène pur. Il s'est formé un polymère
liquide cireux, qui exhale une odeur de graisse rance, et bout un peu
au-dessus de 100°. C'est un corps qui rappelle le caprylène ou les jcorps
homologues obtenus dans la décomposition pyrogénée des cires.
Dans une autre expérience, après 3 heures d'exposition à 5*^''° environ de
distance de la lampe de 1 10 volts, l'éthylène s'est contracté de i3 pour 100
avec formation du même polymère. Le gaz résiduel, analysé comme précé-
demment, est de l'éthylène pur.
La facilité et la simplicité de cette réaction déterminée par les rayons
ultraviolets contraste avec les résultats négatifs antérieurs de Goriainoffet
Boutleroir qui déclarent dans leur Mémoire 5m/- les polyolènes : « Nous avons
cherché à polymériser l'étbylène, mais sans y réussir » (^Ann. derChem.,
t. CLXIX, 1873, p. 147).
2° Mélange d'éthylêne et d'acétylène. — Tube soumis durant 2 heures
au rayonnement de la lampe à 220 volts, à 4*"'" de distance. Volume
initial 3""', 22, composé de i'""',52 C-H-+i™\7o C^H''. Volume final
2'""V36. Contraction 26 pour 100.
Le tube de quartz est tapissé d'un revêtement solide jaune fauve, d'aspect
identique au polymère de l'acétylène, et, en plus, d'un enduit gras entraî-
nable par la chaleur au-dessus de 100", sous forme de vapeurs lourdes
d'odeur rance et semblable au produit de condensation donné par l'éthylène
seul.
POLYMÉRIS.VTION DU CY.VNOGKME. FORMATION DU PARACYANOGÈNE. \° Cytt-
C. R-, 1910, i" Semestre. (T. 150, N° 19.) l54
II72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nogène seul. - Tube soumis à l'aclion de la lampe iio volts, 1 heure
3o minules à 2*^'" de distance, i heure 3o minutes à 5*^™, i heure 3o mi-
nutes à 8'". Volume initial i''"'',g4. Volume final i'^"'',58. Contraction 18, 5
pour 100. Au bout de quelques secondes, on \oit se précipiter sur les
parois du tube un dépôt solide, de couleur marron, qui représente du para-
cyanogène; cet écran ralentit, puis arrête l'action ultérieure des rayons
ultraviolets. Le gaz résiduel est entièrement absorbable par la potasse; il
représente du cyanogène pur, sans azote; le dépôt solide est entièrement
soluble dans la potasse, et ne contient par suite pas de carbone libre.
2" Mélange de cyanogène et d'acétylène. — Tube exposé à la lampe de
1 10 volts, I lieure à 3''" de distance, puis 2 heures à 8™ environ. Volume
initial 3"°'', 8^, composé de 2''°'',i4 C-H- -1- i'"'',G8 CAz. Volume final 3'"'',37,
composé de i'"'',99 C-H- -i- i'°'*,38CAz. L'analyse a été faite par com-
bustion, puis addition de potasse et de pyrogallol.
La surface du tube est couverte d'un dépôt jaune brun, mélange de
paracyanogène et d'acétylène condensés qui, dans l'expérience précédente,
répond à la composition C-H-h-2C-Az-. Ce dépôt, chauffé, dégage du
cyanogène pur.
Polymérisation de l'oxygène. Formation d'ozone. — Tube soumis au
rayonnement de la lampe iio volts, dans les mêmes conditions que le
cyanogène seul. Volume initial 2"'", 93. Volume final 2""', 88. Contrac-
tion 1,7 pour 100. Le mercure est fortement oxydé à la surface.
Dans une seconde expérience le tube a été placé h a"" de distance de la
lampe 220 volts durant 3 heures. La contraction a été 2,8 pour 100. Le
gaz contenu dans le tube oxyde une lame d'argent et répand une forte
odeur d'ozone.
La formation d'ozone par les rayons ultraviolets se fait en proportion
assez faible, ce qui explique qu'elle ait été niée récemment par c<'rtains
observateurs; d'après ce qui précède, elle n'est cependant pas douteuse.
CHLMIE MINÉRALE. — Sur la nature colloïdale des acides chromopoly-
sulfuriques. Note (') de M. Pablo-Martinez 8trong, présentée par
M. H. Le Chatelier.
Il y a quelques années, le professeur Recoura se consacra à l'étude des
composés complexes du chrome et arriva à isoler diverses combinaisons
(') Présentée dans la séance du 2 mai 1910.
SÉANCE DU 9 MAI I910. II 73
sulfuriques dans lesquelles l'acide sulfurique se trouve dissimulé. Ces
composés ont la propriété, quand ils sont en dissolution aqueuse, de pré-
cipiter les dissolutions de la plupart des sels métalliques, même des alcalins.
Ces investigations classiques ont été le point de dépari pour mes expé-
riences et j'ai pu confirmer dans celles-ci ses conclusions.
Frappé par l'aspect uniforme de tous les précipités obtenus en traitant
les solutions des sels métalliques par dissolutions des acides chromopoly-
sulfuriques, j'ai songé qu'on pourrait avoir affaire à des matières colloïdales,
et alors ce ne seraient pas les acides chromopolysulfuriques les agents pré-
cipitants, mais bien les sels, qui seraient alors des réactifs de ces acides.
Cette idée est confirmée par le fait que les acides chromopolysulfuriques
présentent, en outre, d'autres caractères propres aux corps colloïdaux, celui
d'être précipités ou mieux, coagulés par les acides minéraux et par la chaleur.
Pour démontrer la nature colloïdale des acides chromopolysulfuriques et
de l'hydrate sulfochromique, j'ai étudié leurs dissolutions aqueuses en
employant l'ultramicroscope de Cotton et Mouton, d'après la technique
suivie par ces auteurs. J'ai remarqué la présence de particules brillantes et
nombreuses, animées de mouvements browniens caractéristiques, et ainsi
j'ai prouvé que ce sont des colloïdes; de plus, le fait que ces dissolutions ne
précipitent pas par l'ammoniaque conduit à considérer comme des colloïdes
négatifs les acides chromopolysulfuriques et l'hydrate sulfochromique de
Recoura, corps que j'ai préparé très facilement suivant les méthodes de ce
savant.
Les expériences de J. Duclaux nous ont appris que les colloïdes préparés chimique-
ment ne sont stables que si le liquide intermicellaire contient des ions en relations chi-
miques avec les radicaux constitutifs du granule.
Dans le cas qui nous occupe, après coagulation des solutions des acides chromopoly-
sulfuriques par les solutions des sels métalliques, il reste libres, dans le liquide, 3™°',
4°""' ou 5"°' d'acide sulfurique, selon le cas. On ignore si cet acide sulfurique est
mis en liberté quand on ajoute la solution métallique, ou s'il reste libre par le seul fait
de la dissolution de l'acide chromopolysulfurique. ou si, au contraire, il était déjà séparé
dans le composé solide complexe.
M. Wyrouboffse déclare partisan de cette dernière hypothèse. Mais, tenant compte
des relations existant entre la composition du liquide intermicellaire et celle du gra-
nule, je crois que rien ne s'oppose à ce que, au moment de la dissolution, l'acide sul-
furique reste libre, de telle sorte que le liquide intermicellaire pourrait contenir
l'acide sulfurique, et le granule serait formé par un corps coagulable de la formule
[Cr^ (SO*)' ] Ho, commun aux trois acides chromopolysulfuriques, comme on peut
le voir par les équations suivantes :
Acide chromotétrasulfurique :
Gr2{SO*)^ + 4H-SO'-3H2SO*=[Cr^(SO')^]H^
Iiy4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Acide cliromopentasulfurique :
C:r2(SO»)'+5HîSO'-/|H'-SO'=[Cr'(SO'y]H'.
Acide cliromohexasulfurique :
Gr'(SO'0'-t-6H2SO'— 5HîSO' = [Cr''(SO^)*]H2.
On remarque que le corps conslilulif du granule, semblable pour les trois acides com-
plexes, a la même formule que l'hydrate sulfocliromique [Cr'0^(SO^)*](OH)% qu'on
obtient en chauffant de i4o° à i5o° les trois acides chromopolysulfuriques, qui
perdent dans ces conditions 3™°', 4™°' ou 5™°' d'acide sulfurique, selon l'acide, de la même
manière que par le simple fait de la dissolution, 3™°', 4""°' ou 5"°' d'acide sulfurique
se séparent, laissant dans les deux cas, comme produit actif final, le complexe
[Cr2 0'(S0^)'](0H)S
appelé hydrate stilfochromique^ que je regarde comme le corps fondamental cons-
titutif du granule et qui est, pour ainsi dire, le squelette des acides chromopolysulfu-
riques.
Au cours des expériences, j'eus l'occasion d'observer le retour du sulfate
de chrome vert au sulfate violet cristallisé.
Les dissolutions, renfermant des proportions de sulfate de chrome vert
et d'acide sulfurique, qui servent dans la préparation des acides chromo-
polysulfuriques et concentrées par chauffage au bain-marie, donnent, quand
on les abandonne à la température ordinaire pendant 3 ou 4 jours, des cris-
taux octaédriques de sulfate violet de chrome, ce qu'on ne peut pas obtenir
par le simple chauffage, et refroidissement d'une solution de sulfate vert de
chrome dans l'eau, sans y ajouter de l'acide sulfurique.
On peut supposer que cela est dû à l'action hydratante de l'acide sulfu-
rique dilué, qui déterminerait le passage du sulfate vert au sulfate violet de
chrome.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques irialcoylacétonapluones et leur dédou-
blement par iamidure de sodium. Note de M. V. Volmar, présentée
par M. A. Haller.
MM. llaller et Bauer, en faisant réagir les iodures alcooliques sur les
acétophénones sodées, ont obtenu des mono-, di- et trialcoylacétophénones
(ComfHes rendus, t. CXLVIII, p. 70). En traitant ces trialcoylacétophé-
nones par Famidure de sodium, ils ont opéré leur dédoublement en benzène
et amides trialcoylacétiques (Comptes rendus, t. CXLVIII, p. 127). Nous
SÉANCE DU 9 MAI 191O. 1176
nous sommes proposé de préparer des cétones de la forme
C'»H'— CO-C — R'
et de leur appliquer la même réaction.
Nous avons préparé les méthylnaphtylcétones a et ^ par la méthode indi-
quée par M. Rousset (Bull., 3^ série, t. XV, p. 58). Ces cétones ont ensuite
été traitées de la façon suivante :
20*^ de cétone ont été dissous dans 70*-' de benzène sec et additionnés de k
quantité théorique d'amidure de sodium finement pulvérisé; le mélange a
été chauffé au bain-marie jusqu'à ce que l'amidure eut complètement dis-
paru; l'ammoniaque qui se dégage a été recueilli et dosé pour suivre la
marche de la réaction. On fait ensuite tomber goutte à goutte dans le
liquide brun, très hygroscopique, ainsi obtenu, de l'iodure alcoolique en
léger excès et l'on continue à chauffer 3 heures au bain-marie. On con-
state la formation d'un précipité blanc plus ou moins abondant d'iodure de
sodium. Le produit obtenu est ensuite traité par l'eau, décanté, lavé, séché
et distillé. On obtient ainsi un mélange de cétones substituées contenant
encore de petites quantités du produit primitif n'ayant pas réagi. La sépa-
ration de ces corps a été parfois pénible : quand l'une des cétones seule
donne un picrate, il est facile de faire la séparation; quand toutes les
cétones se combinent à l'acide picrique, on sépare les picrates par cristal-
lisation dans l'alcool; quand on se trouve en présence de cétones cristalli-
sées, on les sépare par cristallisations fractionnées.
Les monotnéthylacélonaplilones oc el (3, C" tr GO CH'^CH^, les diméthylacéto-
nap/itones c. el ^.C^" IV COCH pua' avaient déjà été préparées par M. Rousset au
moyen de la réaction de Friedel et Crafts et les constantes que nous avons trouvées
pour ces cétones et leurs oximes correspondent à celles qu'il avait indiquées.
,CtF
La triméthylcicélonaphtone a, C'^H'COC — CtP, obtenue par trois niéthylations
successives de Tacélonaphtone a, se présente sous forme de cristaux blancs, fondant
à ']'i°--[\° et bouillant à iS.'J'-iSô" sous 19™'". Traitée par l'acide picrique en solution
alcoolique, même très concentrée, elle ne donne pas de picrate; l'oxime obtenue péni-
blement en cliaulfanl la cétone avec du chlorhydrate d'iiydroxylamine et de l'oxyde
de zinc en présence d'alcool, se présente sous forme d'aiguilles blanches fondant
à i98''-i99°.
^GH3
La Iriméthylacèlonaphlone ^^ C"H' — GO — C — GH% obtenue par mélliylation
II'^Ô ACADÉMIE DES SCIENCES.
de racéloiiaplone ,5, est une huile épaisse, ii peine colorée, bouillant à i84°-i86''
sous )6""". Le picrate, en aiguilles jaunes, fond à 74°-75". L'oxinie, obtenue au moyen
du réactif de Crisiner, est en aiguilles blanches fondant à i93°-i94''.
La diniélhyl/H/iy/acétonap/ito/ie a, C'"ir — CO — C — CH^ , obtenue en mélhylant
\C-H'
deux fois et éthylanl une fois l'aeétonaphtone a, est une huile, légèrement jaune,
bouillant à i85''-i87'' sous 14"", ne donnant pas de picrate. L'oxime, obtenue au
moyen du réactif de Grismer, est en aiguilles blanches fondant à i']i''-i']'2°.
La diméthyléthylacélonaplitone (3, C'HP — CO — C— CH' , obtenue en méthylant
deux fois et éthylant une fois l'acétonapthone (3, est une huile peu colorée, bouillant
à i87°-i89° sous i4""", ne donnant pas de picrate. L'oxime, obtenue au moyen du
réactif de Grismer, est en aiguilles blanches fondant à i83"-i84°.
Les deux triméthylacétonaphtones cl les deux dimélhylélliylacétonaph-
tones ainsi obtenues ont ensuite été traitées par Taniidure de sodium de la
façon suivante :
6^ de cétone ont été dissous dans 4o''' de benzène ou de toluène secs et
additionnés d'amidure de sodium finement pulvérisé en léger excès; le
mélange a été maintenu 6 heures environ à l'ébuUition; pendant cette opé-
ration il ne s'est pas dégagé d'ammoniaque. Après refroidissement le produit
a été traité par l'eau et décanté. La liqueur alcaline a été acidulée par de
l'acide chlorhydrique jusqu'à acidité franche, puis épuisée à l'élher. La
solution benzénique a été privée de benzène par distillation au bain-marie,
puis le résidu a été rectifié dans le vide.
La IriiniLhylacélonaphloiie a ainsi traitée ne s'est pas coupée intégralement, même
après 10 heures de chaufTage au sein du toluène; en partant de 6s de célone, nous
avons obtenu ie,6 d'amide pivalique (CH»)» — C — CO P^H^ fondant à i54° et 2« de
naphtaline fondant à So°, après sublimation. Nous avons retrouvé 2» de cétone n'ayant
pas réagi.
Avec la diméthyléthylacétonaphtone c (6s), la réaction a été également incom-
plète; nous avons obtenu i» d'amide dimélhyiéthylacétique r^niii ^C — CONH^
fondant à io3°-io4° et is,8 de naphtaline fondant à So". 11 a été retrouvé, en outre,
2K de cétone n'ayant pas réagi.
Avec la Irimclhylacùtonaphtone jj (6s), la coupure a été presque intégrale, mais
elle s'est produite surtout en sens inverse; nous n'avons obtenu que de petites quan-
tités d'amide pivalique et de naphtaline, mais en revanche il s'est formé une notable
quantité d'amide naphtoïque qui d'ailleurs a été en partie saponifié par la soude nais-
sante; nous avons obtenu is d'amide {3-naphtoïque fondant à i92°-i93'' et ib,2 d'acide
SEANCE DU 9 MAI 1910. II77
j3-naplitoïqiie fondant à i78°-i79°. A. côté de Famide j3-naplito'tque, il a dû se former
un carbure gras gazeux ^,,, /CH — • CH^ que nous n'avons pas recueilli.
Avec la diinéthyléthylacélonaphtonc (3 (6s), la coupure s'est faite comme dans le
cas précédent; nous avons obtenu ce, 6 d'amide p-naphtoïque fondant à i92°-i93° et is,5
d'acide p-naphtoïque fondant à i78°-i79''. Il s'est toutefois produit également de petites
quantités damide diméthyléthylacétique et de naphtaline. Nous n'avons pas pu isoler
le carbure gras correspondant {CH^)^=:CH — C^ll'.
En résumé, les trialcoylacélonaphtones, traitées par l'amidure de sodium,
nous ont donné une réaction de dédoublement; avec les isomères a, ce dé-
doublement s'est produit comme dans le cas des trialcoylacétopliénones,
tandis quavec les isomères j3, il s'est produit surtout en sens inverse. Ces
résultats sont d'accord avec ceux qu'avait déjà obtenus M"'' Lucas en par-
tant des phénylnapblylcétones {Ann. de Phys. et Chim., 8" série, t. XVII,
p. .37).
Nous nous proposons de continuer ces recherches.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action du chlorure de thionyle sur les combinaisons
organomagnésiennes mixtes. Note de MM. V. Grignard et L. Zoriv,
présentée par M. A. Haller.
I^a courte Note que vient de publier M. Strecker (' ) sur ce sujet nous
oblige à faire connaître les résultats encore incomplets de recherches que
nous avions commencées il y a plusieurs années déjà, dans la même voie,
et que des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont obligés
d'interrompre.
On [)Ouvait prévoir a priori pour le chlorure de thionyle deux modes de
réaction. Le plus simple consiste dans la substitution des 2"' de chlore
par deux radicaux organiques, pour donner des sulfinones :
(i) S0CP+2RMgX=::!MgXCl + S0
\R"
Ou bien la réaction va plus loin, parallèlement à celle du phosgène,
étudiée par l'un de nous (^), de la manière suivante :
( a ) SO CP + 3 R MgX = -i Mg X Cl + ^^(^ ^„ ^
conduisant ainsi, par hydrolyse, à des hydrates de sulfines R'S. OH.
{' ) D. c/i. Ges., 1910, p. ii33.
(- ) Grignard, Comptes rendus, igo5, t. CXXXVI, p. 8i5.
II78 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En fait, la première réaction paraît se passer seule avec les organoma-
gnésiens aromatiques, tandis que la seconde semble intervenir, au moins
partiellement, avec les organomagnésiens aliphatiques. Seulement, dans ce
dernier cas, le complexe sulfonium qui prend naissance n'est pas stable et
il peut se dédoubler de deux manières :
(^) R><OMgT'= R)S-HC"H^"+MgXOH.
On obtient ainsi un sulfure organique à côté d'un alcool ou d'un
hydrocarbure éthylénique. L'organomagnésien fonctionne, en somme,
comme agent de réduction de la sultinone primitivement formée d'après la
réaction (i).
Voici, en effet, les résultats fournis par l'expérience :
I. Si l'on fait tomber peu à peu i"""' de chlorure de thionyle dans 3'""' de bro-
mure d'isoamylmagnésium, on observe une vive réaction, et la solution se partage
en deux couches. Après décomposition sur la glace, la solution éthérée fournit la
diisoainylsulfmone, bouillant à i/JS" sous 12™'» et cristallisant immédiatement en
aiguilles fusibles à 37° (rendement 5o pour 100).
On isole à côté, dans les portions inférieures, du sulfure d'isoamyle^ bouillant
à 98°- 100° sous i4""" (i4 pour 100), et de l'alcool ainylique en quantité beaucoup
trop forte pour que sa présence puisse s'expliquer par l'oxydation accidentelle de
l'organomagnésien. Nous n'avons pas réussi à déceler dans les eaux mères l'existence
d'un hydrate de sulfine, soit à l'état de base libre, soit sous forme de sel.
Pour vérifier que la formation du sulfure organique est due à l'action
subséquente de l'organomagnésien sur la sulfinone, nous avons fait réagir
1™°' de diisoamylsulfinone sur 1'"°' de bromure d'isoamylmagnésium.
La réaction est peu vive; on l'abandonne 12 heures à elle-même, puis on décompose
sur la glace. On retrouve environ les deux tiers de la sulfinone et, au lieu de l'hydrate
de sulfine, du sulfure d'isoaniyle et de lalcool amylique, comme précédemment.
La première réaction parait donc bien se conformer aux équations (2)
et (3).
Si l'on opère avec le bromure d'élliylmagnésium, on constate qu'il se
dégage un gaz fixant le brome, vraisemblablement de l'éthylène, et l'on ne
réussit pas à isoler autre chose qu'une quantité relativement faible de sulfure
d'étliyle. La réaction parait donc être, dans ce cas, très incomplète et obéir
aux équations (2) et (/()■
I
SÉANCE DU 9 MAI 1<)I(). II79
11. Avec les organoniagnésiens aromatiques, on n'observe plus que la
réaction (i).
Le bromure de phénylmagnésium nous a donné, comme à Strecker, la
diphénylsul/hiorie qui bout à 2o6''-2o8°(corr.) sous 1 3'"°\ et fond à 70° après
recristallisation dans l'éther (rendement 5^ pour 100).
Le/j-bromanisol-magnésium conduit, avec un rendement médiocre, à la
p-p' -dianisylsidfmone CH''0 — (C"H')-SO, qui fond, après recristallisation
dans l'alcool méthylique aqueux, à 96°, comme celle de constitution incer-
taine, obtenue par Loth et Michaelis (') en oxydant le thioanisol que leur
fournit l'action du chlorure de thionyle sur l'anisol, en présence de Al Cl'.
Enfin le magnésien de la bromodiméthylhydroquinone nous a donné,
avec un mauvais rendement, la his (diméthoxy--i..^-phénYl) sulfinone
2GH»0\„ „3 I „,
îH'll
encore inconnue, qui se dépose de l'alcool mélbylique en glomérules de
petits cristaux, fusibles à i24''-i25''.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les éthers chtoranthraniUques el sur leui' conden-
sation avec le nilrosobenzêne. Note de M. P. Frelixdi.er. présentée
par M. t\. Haller.
L'un des procédés qui m'ont permis d'accéder aux acides azoïques ortho-
substitiiés et aux oxy-indazols correspondants, consistait à condenser le
chloro-f)-anthranilate de méthyle avec le nitrosobenzène (-). J'ai amélioré
considérablement cette méthode en chlorurant directement l'anthranilate
de méthyle, et en effectuant la condensation à froid :
I. Une solulioii liaiilliianllale de niélhjle (1008) dan> l'acide acéli(|ue (25ob) addi-
tionné dacide chloih^drique conceniré (3oop), est soumise à l'action d'un courant
lent de chloie (i'"°'-fV)i "^ agite constamment et l'on maintient la température vers iS";
l'absorption est intégrale. La masse qui contient quelques cristaux est versée dans
5' d'eau, ce qui provoque la précipitation du dérivé dichloré-2> .^ formé (2os-25p) ; on
essore et l'on fait cristalliser dans l'alcool méthylique dilué; aiguilles fusibles à 63''-64°,
insolubles dans l'acide chlorh^driq^le. Les eaux mères, sursaturées par le carbonate
(') D. cil. Ges., i8g4, p. 2.54o.
(-) Comptes rendus, t. CXLIII, p. 909.
C. U., igio. I" Semestre. (T. 150, N° 19.) l55
Il8o ACADÉMIE DKS SCIENCES.
de soude, fournissent un précipité pâteux, consliluô |)ar un mélange d'anlhranilale de
mélhyle et de son dérivé chloré-^; ce dernier est purifié par cristallisation dans
l'alcool méthylique dilué, et fond à 76°. On' en obtient environ So? de premier jet.
Les eaux mères sont ensuite évaporées, et le résidu soumis à une nouvelle cliloru-
ralion.
En aucun cas, je n'ai pu limiter la réaction à la formation exclusive du monochloré;
il ne paraît pas y avoir de saponification au cours de la cliloruration.
II. La condensation du nitrosobenzène avec le chloranlhranilate de méthyle fournil,
en azoïque pur, un rendement de 10 pour 100 quand on opère à chaud {loc. cit.). et
lin rendement de 3o pour 100 lorsqu'on opère à la température ordinaire. L'acide
chlorobenzène-azobenzoïque formé peut être purifié facilement par l'intermédiaire de
son sel de baryum qui est très peu soluble dans l'eau ( paillettes jaunes, hydratées, ou
rouges, anhydres).
La réaction précédente fournit en outre un produit jaune, mordoré,
fusible à 137" après dessiccation, et de l'azoxybenzène. Ce produit jaune,
qui se sépare au bout de quelques jours de la solution acétique de nitrosé
et d'étber chloré, répond à la formule C'*H" Az-Q-'Cl; il diflere donc de
l'éther chlorobenzène-azobenzoïque par i"' d'oxygène en plus. Sa forma-
tion est représentée par l'équation
3C«H^AzO + HV\z.CMl'CI.C0^CH^=:C«H».A7.-O.C«H'+r,'*H"Az'O'CI + H*0.
En effet, les quantités respectives d'azoxybenzène et du corps jaune sont
sensiblement équimoléculaires; de plus, si Ton emploie molécules égales de
nitrosé et d'éther chloré, on retrouve, à la fin de la réaction, un excès de ce
dernier ou de l'acide correspondant.
Le corps jaune est une base faible ; il forme avec les acides minéraux concentrés des
sels bien cristallisés, rouge sang, dissociables totalement par l'éther en solution diluée;
chauffé avec de l'anhydride acétique, il fournit un dérivé acélylé. en aiguilles bronzées
fusibles à i24°-i25'', insolubles dans les acides. Il renferme un groupement éther-sel,
car il est insoluble dans les alcalis dilués, mais la soude alcoolique tiède le saponifie
facilement en donnant un acide brun-jaune. Si l'on traite la solution alcoolique-alca-
line de ce dernier par la |)Oudre de zinc, on la décolore complètement; mais la liqueur
filtrée devient peu à peu rouge au contact de l'air et elle réduit instantanémeni l'oxyde
jaune de mercure; elle renferme alors un acide rouge. Cette réuotion est caractéristique
d'un hydrazoïque, et elle implique l'existence d'une chaîne = Az — Az =r dans le corps
primitif. D'autre part, les chlorures d'acétyle et de benzoyle réagissent sur ce dernier
en solution pyridique en donnant naissance à des dérivés acidylés rouges: le dérivé
6e/J30j/e, C'H'^Az'O'Gl.GOCH', cristallise en paillelles rouges fusi4)ies à 166" et
possède également un groupement azoïque réductible par la poudre de zinc en solution
alcaline.
D'autre |)art, ni l'acide dibronio-3. 5-antinaMilique, ni l'éther dichloré-3 .5 ne four-
SÉANCE DU 9 MAI I910. I181
Dissent de j)ioduit analogue, tandis qu'on en obtient un avec ranlhranllale de méthyle.
La réaction en question ne peut donc avoir lieu que si la [josition ortho, par rapport
au groupement AzH-, est libre.
Il résulte de ce qui précède que deux forimilcs seulement rendent bien
compte de la formation et des propriétés du composé C 'H" Az- O'Cl.
Ce sont :
n-tr"\Az.CM1^ et n~^'^AzH.C»H^
Le dérivé acétyié brun serait substitué à l'azote, tandis que les dérivés aci-
dylés rouges auraient la constitution
Je montrerai prochainement que Tétude de la réduction complète de ces
corps confirme les formules précédentes.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des agents déshydratants sur quelques ''x-glycoh.
Note de M. IVI. Tiffeneau, présentée par M. A. Haller.
I. Dans la première partie de cette Note, j'ai eu surtout en vue la pré-
paration régulièio des acétates vinyliques RH'(] = CHO((^() — CH' ). Ces
acétates, et les alcools vinyliques correspondants, n'avaient été obtenus
jusqu'ici, par M. Daufresne et moi ('), que par une réaction transpositrice
assez complexe qui se produit au cours de l'action de l'acétate de potasse en
solution alcoolique sur les dibromures aliyliques. C'est ainsi qu'avec le
dibromure d'eslragol, nous avons pu obtenir l'alcool méthylanisylvinylique
OCH'— CH'— C(CHM = CHOH. Les réactions qui conduisent à cet
alcool peuvent s'interpréter par une élimination de HBr, analogue à celle
de HI, démontrée depuis, par moi, au cours des transpositions phényliques
des iodhydrines aromatiques (-).
Avec le dibromure d'estragol qui se transforme tout d'abord en acéto-
(') tjoniplcs rendus, t. CXLIV, p. 924.
(-) Bull. Soc. c/iii»., 4" série, t. li, p. i2o5.
Il82 ACADÉMIE DES SCIENCKS.
bromhydrine, on aurait successivement :
— H Ur ' '^
0CH3-C»H'-CH'-CHBi-CH'(0C0CH») y OCH' -C«H*-CH2 -C-CH-(OCOCH')
^"'-KcH^(OcocH') -"."i^^ i-h;;^ •'" ~^ , chok
Cette réaction Iranspositrice, dont je n'avais fourni jusqu'ici aucune inter-
prétation, est, on le voit, assez connalexe ; aussi était-il intéressant de
chercher à réaliser l'obtention des alcools vinyliqucs par des voies plus
régulières.
L'action de l'anhydride acétique, (|ui a donné de si bons résultats à
Senimier (') avec les aldéhydes monosubstitués R — CH'CHO ne m'a
conduit, avec les aldéhydes bisubstituées, qu'à des éthers diacétiques. J'ai
obtenu, avec l'aldéhyde méthoxyhydratropique, le diacétate
CHM3 — C«H'-GH(CH') — GH(OCOCH=)^
fusible à 47" (.éb. 294'')» et, avec l'aldéhyde méthylène-dioxyhydratropique,
• le diacétate CH=0^-C''H'-CH(CH^')-CH(OCOCH'V, fusible à 81°
(éb. 3o8°). Mais en aucun cas je n'ai pu passer de ces diacétates aux
acétates vinyliques correspondants, par perte d'une molécule d'acide acé-
tique.
Je suis toutefois parvenu à préparer les mêmes acétates vinyliques en
soumettant les a-glycols primaires tertiaires à l'action de l'anhydride acé-
tique :
RR'COH — CHMJHH-(CH'G0^^0 = RR'Cr=CH(0C0GH3)-t-GH' — GO*H.
1. Action de l'anhydride acétique sur le glycol du pseudo eslragol
OGH^— G'=H'— C(OH)(CH')- GH^OH.
Ge glycol (métiioxyphénylpropanediol) a été préparé à partir de l'ijo-chloracétophé-
none para-métho\ylée OGH' — G^H* — GO — GFPGl; l'acétate de K transforme ce
dernier en élher acétique fusible à Sg", qu'on saponifie ensuite au hain-marie en pré-
sence d'eau et de GO'Ba; le mélhoxybenzoylcarbinol ainsi obtenu,
OGIi'— C^H*— GO-GH-OH,
fond à io4"; il se transforme en le glycol cherché (éb. i85"-i87'' sous 16""") pai-
(') Sfmmi.eb, l). chem. <ies., t. XLII, 19(19, p. âS|. 1161, îoj^.
SEANCE UU 9 MAI IQIO. ' ri83
action de 2"°' de iVIglCM'. Ce glycol a été cliaufTé à (f.u nii pendant 12 heures avec
un excès d'anhvdride acétique; on obtient ainsi /40 pour 100 environ d'acétate de
l'alcool méthylanisylvinvlique bouillant à lô^^-iôS" sous 16'""" et à aSS^-aSg" à la
pression ordinaire.
Cet acétate est facilement saponifié par chaulTage au bain-niarie avec de l'eau de
baryte; l'alcool méthylanisvlvinylique cristallise spontanément [lar refroidissement de
la solution aqueuse; il fond à 79".
2. Action de l'anhydride acétique sur le di/nél/n l^lycol iliss\ niéirique
(CH=)^=C(OH) -CH-OH.
Ce glycol a élé chaulTé pendant 6 heures avec trois lois son poids d'anhydride acé-
tique additionné d'acétate de soude sec; on obtient go pour 100 de diacélate bouillant
à igoo-igi" et 10 pour roo seulement d'acétate vinvllque bouillant à i-20''-i25°; cet
acétate fixe le brome; il se transforme immédiatement par saponification, même à
froid, en aldéhyde isobutylique.
3. Action de l'aniiydride acétique sur le diphénylglycol diss) métrique
(CJWyC(OH) — CH-'OH.
Dans cette réaction, on obtient tantôt le diacétate fusible à 1 44°) tantôt l'acétate
vinylique fusible à Sg"; ce dernier s'obtient également dans l'action de l'anhydride
acétique sur l'aldéhyde diphénylacétique; mais il ne s'ensuit pas que cet aldéhyde soit,
comme le pense Michael ('), un alcool vinylique; j'ai pu, en effet, le transformer
presque quantitativement en acide correspondant par oxydation argenlique; enfin son
point d'ébullition correspond bien à l'aldéhyde diphénylacétique et non au vinylique.
Il ne m'a pas été possible d'isoler l'alcool vinylique par saponification de son acétate;
il semble que la stabilité des alcools vinyliques RR'=; G = CHOH dépende non seule-
ment, comme le pensait Bouveault (^), du caractère éiectronégalif des radicaux car-
bonés substituants, mais encore de leur dissymétrie.
n. Je me suis occupé de Faction des déshydratants sur les a-glycolsbise-
condaires et spécialement sur le glycol deTanétlioi. Balbiano(') a prétendu
que la déshydratation de ce glycol fournit l'aldéhyde mélhoxyhydrocinna-
mique et non l'acétone anisique comme nous l'avions signalé, M. Daufresne
et moi (*); mes nouveaux essais me permettent de confiriner complètement
nos conclusions antérieures. La réaction doit donc s'écrire
OCH^ - G" H- - CM 011 - CH OH - CH^ — -^ O Cil ' — C^ H' — CH- - CD — CH^
(') Michael, Liebigs Annalen, iqo8.
(') Bouveault, Bul. Soc. chini., l^' série, t. V, p. 3g6.
(') Balbiano, R. d. R. Ac. Lincei, 5"= série, t. XVI (1), p. 477-
(') TiFFENEAU et Daufresnk, Comptes rendus, t. CXLIV, p. i354.
II84 * ACADÉMIE DKS SCIENCES.
Sol-' de 8'lycol de ranéthol fusible à 6i" et préparé suivant la méthode de
Ball)ian() sont chaulVés avec iSo'""' d'acide sulfurique à 20 pour roo. On
ohlienl ainsi 22'' d'un produit bouillant à 1/(2" sous i5""°, entièrement
combinable au bisuUile de soude et constitué uniquement par l'acétone
anisique. Cette acétone ne colore pas le réactif de SchifT et ne réduit pas
l'azotate d'argent ammoniacal.
M. Balbiano ayant basé son opinion sur la seule réaction d'Angeli Himini,
il faut conclure que ce réactif ne saurait avoir aucune valeur pour la dia-
gnose des aldéhydes. Il n'est qu'une méthode vraiment rigoureuse pour ca-
ractériseï- les aldéhydes, c'est la transformation de ceux-ci en acides cor-
respondants; l'oxydation argenlique effectuée dans les conditions indiquées
par Delépine (') constitue le réactif de choix. T/azotate d'argent ammo-
niacal est sans doute un réactif plus rapide; mais, quand il donne des ré-
sultats positifs, il faut toujours ultérieurement isoler l'acide, car ce réactif
pourrait oxyder aussi les alcools acétones. Quant au bisulfite de soude et
au réactif de Schiff, il faut être très réservé dans les conclusions qu'on peut
tirer de leur emploi; j'ai en effet constaté que les aldéhydes trisubstituées
telles que CH^ — C(CH = )= - CHO et (C«H»)= C (CH» ) — CHO ne
réagissent avec aucun de ces deux réactifs; enlin parmi les acétones mé-
thylées R — CO — CH% il n'est pas que celles du type C^W — CO — CH'
qui ne se combinent pas au bisulfite; j'ai signalé, en effet, pareille inaptitude
avec les cétones CH ' — CH(R) — CO — CH', bien que les cétones voisines
phénylacétone C'H'* — CH- — CO — CIP et anisylacétone
OCU^.CmKGU\CO.C\P
donnent très facilement des combinaisons bisulfitiques cristallisables.
BOTANIQUE. — Sur le mode de formation de la gomme adra gante.
Note de M. L. Lutz, présentée par M. Guignard.
Depuis le travail classique de Hugo von Mobl, publié en 1807 (-), il est
resté admis que la gomme adragante prend exclusivement naissance à la suite
d'une gélificalion des cellules de la moelle et des rayons médullaires. Mais
(') Diii.fiPiM!, Comptes rendux, t. CXLIX, p 3ij
(-) IIiKiOvON Molli., Unleisitcliuns;en liber <lif h'ntsIe/iiinffSiieise des Traganlli-
yaninu (lint. Zeit., l. XV, iSSy, p. 33).
SÉANCK DU 9 MAI içjlo ri85
les observations de cet auteur n'ont porté que sur les tiges des Astragales et
j'ai pu, en étudiant à nouveau des plantes de la section Tragacanthoides^
provenant du Sud-Tunisien, ni'assurer que, dans la racine, les pliénomènes
sont plus complexes que dans la tige.
Les échantillons, fixés aussitôt après la récolle dans l'alcool à (io", ont été
traités par l'Iiématoxyline en solution hydro-alcoolique-glycérinée, ou par
le rouge de Cassella et vert acide JEEE ( Poirrier); j'ai également utilisé
comme réactifs le chloro-iodure de zinc ou le bleu de méthylène en solution
faible hydro-alcoolique.
L'observation des premiers stades de la gommose dans la racine est ren-
due assez difficile parce qu'ils se manifestent avec une grande irrégularité et
sur des racines d'âge très variable et que, d'autre part, les réactifs suscep-
tibles d'être employés sontcommuns aux gommes etaux matières pectiques,
de telle sorte qu'il est malaisé, tant qu'un gonflement des membranes ne
s'est pas produit, de dire si la coloration est due à l'une ou l'autre série de
ces composés. Il y a donc matière à interprétation quant à la région précise où
débute la gommose, mais cette incertitude est fort minime et de courte durée.
Les premièr.'s maiiifeslalions du phénomène doivent se chercher dans le liber ; elles
consistent dans un gonflement des parois affectant toute leur épaisseur, absolument
comme cela a lieu dans les Acacias gommifères. On ne peut d'ailleurs préciser la partie
du liber où la transformation commence que par une série de comparaisons des coupes
avec d'autres, provenant de tissus un peu plus âgés et dans lesquels le gonflement est
devenu perceptible. De celle manière, on constate une certaine irrégularité dans la
position des premières zones atteintes. Tantôt, et c'est le cas le plus fréquent, ce sont
les portions les plus éloignées du cambium qui se gonflent les premières, tanlôt ce sonl
des parties plus rapprochées de ce cambium, et il semble même quelquefois que ce soit
par le cambium que débute la gélification.
Les choses restent très peu de temps en cet état. Le gonflement des membranes s'ac-
centue avec lapidité, envahissant le liber, tantôt en entier, tantôt en partie seulement.
Les cavités cellulaires deviennent de plus en plus réduites et irrégulières, puis ne
lardent pas à disparaître, faisant place à une masse de mucilage.
La gomme s'insinue ensuite entre les fibres qui protègent extérieurement le faisceau,
par gélification pro'g'ressive de la couche mitoyenne de leur membrane.
Cette transformation du liber en mucilage entraîne d'ordinaire des modifications
importantes dans le mode d'accroissement des faisceaux. Quelquefois le cambium n'est
pas atteint par la gommose ; il continue alors à fonctionner en produisant par son
feuillet externe du liber qui se gélifie bientôt, mais c'est le cas de beaucoup le plus
rare. D'ordinaire les plages de tissu désorganisé ne s'arrêtent qu'au bois ; le liber s'ac-
croit alors dans ses portions les plus externes par simple différenciation cellulaire ; les
nouveaux éléments ainsi formés n'ont d'ailleurs qu'une durée éphémère et participent
ensuite à l'augmentation de volume des lacunes.
Il86 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
Los formations qui viennent d'être décrites sont seules à se produire
pendant un temps assez long et les rayons médullaires n'entrent en ligne
que beaucoup plus tard. Les premières traces de gommose apparaissent
alors çà et là dans la région interlignense de ces rayons. Le plus souvent,
elles suivent le processus indiqué par H. von MohI : gonflement des
membranes avec apparition de couches concentri(|ues qui refoulent le
contenu cellulaire et finissent par l'englober. Mais, parfois, au lieu que la
gélification ne frappe d'abord que les couches d'épaississement et n'atteigne
que plus tard la paroi primitive, la membrane peut se gonfler en masse
comme elle l'a fait dans le liber. Le résultat final est d'ailleurs le même
dans les deux cas : constitution d'une lacune qui s agrandit peu à peu aux
dépens des cellules voisines et tend à occuper toute l'étendue des rayons
médullaires. Lorsqu'elle a atteint le centre, elle y rencontre la plupart du
temps une ou plusieurs autres lacunes provenant d'autres rayons; il se pro-
duit enlie elles une fusion qui a pour effet de refouler latéralement les
faisceaux voisins, occasionnant une véritable dislocation des tissus.
Le phénomène s'étend à d'autres rayons; souvent certaines cellules du
parenchyme ligneux deviennent gommifères à leur tour, de telle sorte qu'il
se constitue, au centre de la racine, une cavité de volume croissant qui pour-
rait faire croire à l'existence primitive d'une moelle, si l'on ne s'était assuré
du contraire en étudiant la racine jeune.
Les lacunes s'accroissent également du côté de l'écorce; elles s'y évasent
largement sous forme de masses translucides, visibles à l'œil nu et de forme
sphérique ou ovoïde. A cet état, le moindre traumatisme occasionne
l'exsudation de la gomme.
Dans la tige, les phénomènes se passent comme l'a indiqué H. von Mohl;
la moelle et les rayons médullaires sont seuls le siège des formations
gommeuses et il n'y a rien à modifier aux données établies par cet auteur.
Enfin, aucun des échantillons que j'ai recueillis ne contenait de gomme dans
les tissus de la feuille, non plus que dans les rachis de ces feuilles transfor-
més en épines après la chute des folioles.
BOTANl(.)UE. — Du rôle de l'oxygène dans la formation et la destruction des
pigments rouges anthvcyaniques chez les végétaux. Note de M. Kaoui,
Cohues, présentée par M. Gaslon Bonnier.
Parmi les nombreux auteurs qui se sont occupés de la formation des
pigments rouges appailenaut au groupe ties anthocyanes, plusieurs ont fait
SÉANCE DU 9 MAI 1910. I187
intervenir l'action des oxydases pour expliquer celte formation; il faut
citer parmi eux, Buscalioni et Pollacci, Mirande, Wheldale, Laborde,
Grafe et Palladin ('), adoptant cette opinion, a précisé les conditions dans
lesquelles doit s'effectuer l'oxydation.
MoUiard (") a constaté, en faisant développer des Radis au sein de solu-
tions nutritives de compositions diverses, que les parties des plantes qui se
trouvaient à peu de dislance de la surface du liquide se coloraient en rouge
tandis que les régions qui étaient plongées dans la solution, à une grande
distance de la surface, ne se pigmentaient pas. Les conditions d'éclairement,
d'humidilé et de température étant identiques sur toute la longueur de cha-
cune des plantes mises en expérience, Molliard en a conclu que l'absence
de pigment rouge dans les parties des Radis éloignées de la surface des
solutions était due à la rareté de l'oxygène dans ces régions profondes. Ces
résultats constituaient donc une première confirmation de l'hypothèse for-
mulée par les auteurs précédemment cités.
J'ai ( ') fait observer de mon côté que l'étude des variations qui sur-
viennent, au cours du rougissement des plantes, dans l'intensité et la
nature des échanges gazeux, fournirait d'utiles indications sur le phéno-
mène de la formation des composés anlhocyaniques. Ce sont les résultats
de recherches effectuées dans ce sens que je vais exposer ici.
J'ai étudié les échanges gazeux qui ont lieu pendant le jour et pendant la
nuit entre la plante et l'atmosphère extérieure :
1° Comparativement chez des feuilles vertes et chez des feuilles dont les
tissus étaient en voie de rougissement ;
2° Comparativement chez des feuilles vertes et chez des feuilles dont les
tissus primitivement très rouges étaient en train de perdre leur antho-
cyane.
Cette étude a porté sur différentes espèces chez lesquelles l'anthocyane se
formait ou disparaissait sous l'influence de conditions extérieures diverses.
Les espèces étudiées et les cas de rougissement considérés sont indiqués
dans le Tableau ci-après.
(') \^'. Palladin, Ueber die Bildung der Almungschromogene in den Pftanzen
{Bej'ichte der deutschen botanischen Gesellscliaft, H. 6, 1908, p. 889).
(^) M. Molliard, Production expérimentale de tubercules blancs et de tubercules
noirs à partir de graines de Radis rose ( Comptes rendus, 1909, p. 073).
(') R. Combes, Rapports entre les composés hydrocarbonés et la formation de
l'anthocyane {Annales des Sciences naturelles, 9'- série, t. IX, 1909, p. ayo-SoS).
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 19.) l56
Il88 ACADIÎMIE DES SCIENCES.
Les feuilles ({ni devaienl être comparées entre elles étaient récoltées sur
les mêmes individus et les expériences étaient efl'ectuées dans des condi-
tions identiciues d'éclairement, d'état hygrométrique et de températm-e.
La technique employée dans ces recherches et les résultats obtenus seront
exposés en détail d'autre part, je ne m'occuperai ici que des variations con-
statées dans la quantité d'oxygène fixé ou perdu par les feuilles suivant
qu'elles sont dépourvues d'anthocyane, qu'elles sont en voie de rougisse-
ment, ou qu'elles perdent le pigment rouge qui les colorait.
Les résultais obtenus sont résumés dans le Tableau ci-dessous :
l'ormalioii el disparition de rantliocyanc, O t\\ti ou [jcrdu par licure
sous des influences exLérieures diverses, el par cerHimètre carré de surface.
dans des feuilles de plantes —^— -^
appartenant à diflérentcs espèces. Pendant le jour. Pendant la nuit.
Formation d'anthocyane sous V injluence de i éclair enie ni.
Ampclopsis hederacea : feuilles vertes O perdu 0,0020 O perdu o,oo25
Ampélopsis /lederacea : îeiiiUes rouges U fixé 0,00022 O perdu 0,00128
Formation il'anthocyane conséciilive à l'attaque de parasites.
Kumea; crispus : feuilles vertes O perdu o,oo56 O fixé o,oou
liumex crispus : feuilles rouges < > perdu o,ooi4 O fix.é 0,0022
Œnot/iera Lamarc/.iana : îeuiWes vevles. . . . O fixé 0,001^8 0 fixé 0,00002
Œnothera Lamarckiana : feuilles rouges ... O fixé 0,00192 O fixé 0,00016
Formation d'anthocyane sous l'injluence d'une decortication de la tige.
Spinea prit nifo lia : feuilles vertes O perdu 0,0089 *-^ perdu o,ooo3 '
Spireea pruni/olia ; feinUes rouges O fixé 0,00180 O fixé 0,00084
Malionia aquifolium : feuilles vertes O perdu 0,0006 O perdu 0,0019
Mahonia aquifolium : feuilles rouges O Cis.é 0,0020 O perdu o,ooo4
Rougissement automnal.
Bubusfrulicosus : {enU.le& verles O perdu 0,00824 O fixé o, 00244
Rubus fruticosus : feuilles rouges O fixé 0,00204 0 fixé o, 00084
JJisparition de l'anthocyane chez les feuilles jeunes.
AUantus glandulosa : feuilles vertes (> perdu 0,00970 O ni perdu ni ÇiiLé
Ailanlus glandulosa : feuilles rouges U perdu 0,01212 0 perdu 0,00279
On voit donc que la foruiatiou de l'anthocyane dans les feuilles est
toujours accompagnée de l'augmentation des phénomènes d'oxydation dans
ces organes, quelle que soit la cause (jui ait provoqué le roug^issement et
SÉANCE DU 9 MAI I9IO. I189
quelle que soit Tespcce végétale à laquelle on s'adresse. Dans certains cas,
les feuilles rouges perdent moins d'oxygène que les feuilles vertes; dans
d'autres, les feuilles rouges fixent plus d'oxygène que les feuilles vertes;
enfin le plus souvent les feuilles rouges fixent de l'oxygène tandis que les
feuilles vertes en perdent.
La disparition de l'anthocyane est accompagnée d'une perte d'oxvgène
plus grande c{ue celle qui se produit dans les conditions normales.
Ces résultats permettent donc de considérer comme très vraisemblable
l'hypothèse formulée par Buscalioni et Pollacci, Mirande, Wheldale,
Laborde, Grafe et Palladin ; ils confirment les conclusions tirées par Mol-
liard de ses recherches expérimentales. Quand les pigments anthocyaniques
se forment, de l'oxygène est retenu parles organes en raie de rougissement :
il y a donc à ce moment augmentation de l'actwtlë des phénomènes d'oxyda-
tion dans ces organes. Quand les pigments anthocyaniques disparaissent, les
organes dans lesquels cette disparition se produit perdent de l'oxygène.
Les variations subies par les échanges gazeux peildant la formation des
pign^ients rouges portent surtout sur la fonction chlorophyllienne; il semble
donc que la production de ces pigments soit intimement liée au phénomène
d'assimilation chlorophyllienne.
Létat actuel de nos connaissances sur la formation des pigment.s antho-
cyaniques permet d'admettre que la cause déterminante de ce phénomène
est l'accumu'lation, dans les cellules, de composés hydrocarbonés solubles,
cette accumulation pouvant être provoquée par des causes très diverses (' ).
Les présentes recherches, ainsi que les expériences de MoUiard, montrent
d'autre part ([ue l'oxygène est indispensable à la constitution de l'antho-
cyane.
L'apport actif des hydrates de carbone est donc accompagné de l'accélé-
ration des phénomènes d'oxydation. Peut-être les glucosides existant déjà
dans les cellules avant le rougissement subissent-ils une oxydation et se
transforment-ils en anthocyane. Toutefois, on peut affirmer que des com-
posés glucosidiquesse forment en grande quantité pendant le rougissement,
ces substances, prenant naissance dans un milieu plus oxydant que le
milieu normal, diffèrent de celles ((ui se forment dans les conditions ordi-
naires, par leur état d'oxydation plus avancé; ce sont elles qui constituent
les pigments anthocyaniques.
{') R. Combes, Recherches tjiochimiijue>: sur le dé\'e(oppeme/tt de l'anthocyane
chez les vé^'élatir [Comptes rendus. 22 mars 1909).
IigO ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Sur les mycorhizes endotrophes de. quelques arbres fruitiers.
Note de M. Vitai, Boulet, présentée par M. Gaston Bonnier.
Dans la famille des Rosacées, j'ai conslaniment rencontré des mycorhizes
endotrophes chez les arbres suivants : Amandier, Abricotier, Pêcher, Ceri-
sier, Prunellier, Prunier, Cognassier, Poirier, Pommier, Sorbier, provenant
du Pays toulousain, du Périgord, de l'Auvergne. Je n'ai pas connaissance
que, dans ce groupe, elles aient fait l'objet d'une description.
Les radicelles abondamment infestées sont fréquemment déformées, con-
tournées, claviformes, à surface mamelonnée; les radicelles normales, lisses
et régulières sont plus rarement atteintes. Les unes et les autres ont des
poils absorbants.
La manière d'être de l'endophyle est assez constante. Le mycélium tra-
verse l'assise pilifère, pénètre dans les cellules corticales, s'y ramifie parfois,
forme une ou deux anses dans les cellules longues et des tortils serrés dans
les cellules isodiamétriques et ne dépasse guère en profondeur les trois
quarts de l'écorce. Dans cette zone de pénétration les dimensions moyennes
du filament sont de 61^ à 'j^. Au début de l'infection l'endophyte est ainsi
réduit à quelques hyphes abondamment contournées dans les cellules, et,
dans cette phase de sa vie, sans aucun suçoir ni appareil absorbant différencié;
il semble bien qu'il se nourrisse du contenu des cellules qui l'hébergent; les
réserves amylacées de ces cellules ont en effet disparu et les fragments du
mycélium externe à la racine sont généralement vides. Cette partie du corps
de l'endophyte paraît avoir une organisation définitive, et il est peu probable
que les formations qui s'y adjoindront dans les cellules plus profondes aient
une influence sur elle.
Dans les assises plus internes de l'écorce, une partie des hyphes continue
à se développer dans les cellules, une autre partie s'insinue dans les méats,
remplissant leur cavité, s'y moulant si elle n'est pas trop grande, s'y divi-
sant en branches serrées si elle est plus spacieuse. Ce mycélium contient
souvent des matières de réserve et présente, surtout dans les assises pro-
fondes, de fréquentes altérations de forme el de structure (aspect variqueux,
membrane partiellement dissoute, protoplasma et inclusions extravasés
dans les cellules, etc.), comme si au voisinage de l'endoderme, qui n'est
i
SÉANCE DU 9 MAI I91O. IIQI
jamais franchi, l'endophyte trouvait encore une nourriture abondaiile, mais
aussi des conditions défavorables à son développement normal. Chez le
Sorbier, l'endophyte, intracellulaire, pénètre dans toutes les cellules de
l'écorce jusqu'à l'endoderme, s'y ramifie, s'y contourne en pelotons telle-
ment serrés, que la cavité cellulaire en est souvent remplie. J'y ai observé,
en outre, un second mycélium plus fin que le premier Çi^) rampant dans
les cellules superficielles et pénétrant jusqu'au fond des poils absor-
bants.
Certains filaments donnent des vésicules abondantes; les unes sont inter-
cellulaires, souvent volumineuses (1001^ X 54*^), déforme variable, groupées
parfois en plages serrées, sans localisation précise, remplies de réserves ou
à moitié vides, ou même réduites à leur membrane chiffonnée; d'autres
(Sorbier) sont intracellulaires, généralement plus petites (57^^x361*),
plus régulières, remplissant parfois la cellule et se moulant dans sa
cavité.
Les liyplies inlercellulaires envoient dans les cellules un rameau volumineuv assez
court qui ne tarde pas a produire, par une dichotomie plus ou moins régulière, un
Ijuisson d'aspect coralloïde, rappelant les arbuscules décrits par Gallaud. Ces branches,
terminées parfois par une extrémité arrondie, réfringente, portent le plus souvent de
petites masses ovoïdes granuleuses finement pédonculées. Ces sporangioles sont si
nombreux qu'ils remplissent quelquefois la cellule. Ils se désorganisent rapidement.
Tantôt l'appareil tout entier subit une dégénérescence analogue à celle qui atteint le
nivcéliurn : la membrane est dissoute, il n'en reste plus que quelques granules qui,
demeurés en place, figurent encore la division dichotomique de l'arbuscule (Cerisier).
I.e plus souvent les ramifications, après qu'une cloison les a isolées du reste du mycé-
lium, se flétrissent, se rident, deviennent filiformes. Quant au sporangiole proprement
dit, ou bien il se réduit en une masse granuleuse, puis floconneuse, et enfin en gra-
nules épars ; ou bien, le plus souvent, il se concrète en une masse solide et la dégéné-
rescence paraît s'arrêter là. Ces productions n'ont pas de localisation précise : toutes
les assises intérieures à la zone de pénétration en sont plus ou moins envahies; mais
elles sont surtout abondantes dans les cellules les plus voisines de l'endoderme.
L'endophyte parait se comporter comme un parasite. Les effets de ce
parasitisme sont généralement bénins parce que les organes essentiels de la
racine ne sont pas atteints et que la plante, dans des conditions normales,
lutte victorieusement contre l'infection. Mais il est à présumer que l'endo-
phyte peut devenir redoutable si, par suite de conditions défavorables à sa
vie, la plante faiblit dans sa résistance. .l'ai observé fréquemment des radi-
celles mortes dont les cellules partiellement désorganisées étaient remplies
1192 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par l'endophyte. Les différences individuelles parfois si marquées que loii
observe dans la production des arbres fruitiers, les phénomènes de dépé-
rissement souvent inexpliqués qu'ils présentent quelquefois pourraient être
déterminés par une vie parasitaire de l'endophyte. Des expériences que
j'ai entreprises contribueront peut être à résoudre cette question.
BOTANIQUE. — Sur la végétation de quelques moisissures dans l'huile. Note
de M. Henki Coupi.\, présentée par M. CiastonBonnier.
Lors({u'on laisse tomber au fond d'un llacon plein d'huile un corps orga-
nique humide quelconque, au bout de quelques jours on voit se former sur
celui-ci un tapis mycéhen composé de diverses espèces de moisissures, dont
la plus importante, de beaucoup, est le Pénicillium glaucum. Celui-ci,
comme M. van Tiegheni l'a montré, présente la curieuse propriété de se
couvrir, dans l'huile même, d'appareils sporifèrcs dont l'ensemble forme
une couche verte bien manifeste, fait remarquable, lorsqu'on le compare à
la végétation toujours stérile que présente le Pénicillium (juand il vil
immergé dans de l'eau.
Ces observations ont été faites dans des milieux naturels, non stérilisés.
On peut se demander si elles seraient les mêmes : 1° en milieux stérilisés;
2° avec différentes espèces de moisissures.
Pour le savoir, j'ai fait de nombreuses cultures de la façon suivante :
a. on prépare des tubes de carottes stérilisées à l'autoclave; b. on ense-
mence avec une espèce déterminée de champignons; c. on recouvre asepli-
quement la carotte d'huile prélevée dans un autre tube préalablement
stérilisé.
J'ai expérimenté avec de l'huile d'olive et avec les espèces suivantes:
Sporodinia grandis, Thamnidium elegans, Slerigmalocystis nigra, Cephalo-
ihecium roseum, Absidia cœrulea^ Cunninghamella africana. Pénicillium
glaucum, Phycomyces nilens, Mucor Mucedo, liotrylis cinerea, Rhizopus
nigricans.
Des observations faites sur les cultures, j'ai tiré les conclusions sui-
vantes :
1° Toutes les moisissures énumérées ci-dessus végètenl sur la carotte tout en tlant
immergées dans l'iiuile.
•1° Le mycélium reste toujours court, c'est-à-dire ne dépasse pas une épaisseur de
o''"'..^, alors que certains d'entre eux, comme par exemple le Phycomyces nite/is,
peuvent altt-iiidre dans l'air une longueur de près de ^o*^"".
SÉANCE DU 9 MAI I910. IigS
3° L'huile demeure limpide et il n'y a pas formation d'acide gras ainsi qu'on
l'observe en culture non stérilisée; ce qui, dans ce cas, est vraisemblablement produit,
non par les champignons, mais par des bactéries. La moisissure se nourrit manifeste-
ment aux dépens de la carotte et non de l'huile où elle baigne. D'ailleurs, les spores
ensemencées directement dans l'huile n'y germent pas ('). La seule modification que
l'huile présente est d'être, à la longue, parfois décolorée partiellement {Sporodinia,
Thamnidium, SLeriginatocyslis) ou presque totalement {Rhizopiis).
4" Le mvcélium immergé, vu au microscope, présente à peu prés la même apparence
que le mycélium aérien; il est cependant parfois en partie \'âv\(.\\iQws. {Sterigmalo-
cystix, Botrylis).
.j" Le mycélium, dans la majorité des cas. demeure stérile, même après une culture
de plusieurs mois {Macor, Botrylis, Stcrigmatocystis, Thamnidium, Cephalolhe-
ciu77i, Absidia, Phycornyces).
G" Parfois le mycélium présente des appareils sporifères extrêmement rares {fiiii-
zopus) et alors généralement déformé (Spoi'odiiiia).
-° Chez certaines espèces, le mycélium présente des appareils fructifères abon-
dants; tel est le cas du Pénicillium et du C unninglianiella . Dans ce dernier cas, les
tètes sporifères sont plus simples, moins fournies que dans l'air.
8" Les espèces qui, dans l'air, donnent des œufs (Sporodinia, Macor, Rhizopus)
ou des sclérotes (Botrytis) ne donnent rien d'analogue dans l'huile, ce qu'elles font
d'ailleurs aussi quand elles vivent immergées dans l'eau.
En résumé, la végétation de la plupart des moisissures dans l'huile se
rapproche beaucoup plus de la végétation dans l'eau que dans l'air.
ACOUSTIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Développement de l'énergie de la voix.
Note de M. Marage, présentée par M. d'Arsonval.
L'énergie de la voix étant donnée par le produit VH du volume V d'air,
qui s'échappe des poumons sous une pression H, il s'agit, pour un chanteur
ou un orateur, d'augmenter ces deux quantités.
Dans une Note présentée à l'Académie, le 11 novembre 1907, j'ai montré
comment on pouvait augmenter V au moyen de trois exercices respira-
toires, et. dans une seconde Note du i5 juin 1908, j'ai indiqué les résultats
obtenus sur les 180 élèves de l'école primaire de la rue Cambon.
(') 11 est cependant à noter que, lorsqu'on recou\re d'huile stérilisée une culture de
Phycomyces nitens ayant déjà des sporanges, les spores germent dans ceux-ci en en
perçant la paroi tout autour. Mais, dans ce cas, les spores empruntent la nourriture
au mycélium lui-même.
II94 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Aujourd'hui, je vais m'occuper du moyen d'augmenter la pression de
l'air, H, qui s'échappe des poumons pendant la phonation ( ' ).
Deux causes peuvent intervenir pour faire baisser H : la faiblesse des
muscles expirateurs, la faiblesse des muscles adducteurs des cordes vocales.
1. Muscles expirateurs. — Les muscles expirateurs qui, pendant la pho-
nation, ont le plus d'importance sont les muscles de la paroi abdominale :
les deux droits, les grands et les petits obliques. Chez les sujets à vie
sédentaire et dont la quantité de nourriture est supérieure à la ration d'en-
tretien, ces muscles cessent de se contracter suffisamment; il en résulte de
l'entéroptose et le gros ventre des hommes de 5o ans.
Pour rendre à ces muscles leur ancienne vigueur, il suffit de les faire
fonctionner de la façon suivante : on se couche sur un plan horizontal et
l'on relève le tronc, les jambes et les cuisses étant immobiles, sans s'aider
avec les membres antérieurs, cet exercice doit être répété dix fois de suite
chaque jour, loin des repas.
Si ce mouvement est impossible par suite de la faiblesse des muscles de
la paroi abdominale, il faut au début mettre sur les pieds un certain poids
dont on diminue peu à peu la valeur : l'entéroptose et le gros ventre dispa-
raissent, en quelques semaines.
2. Muscles adducteurs des cordes vocales. — Lorsque les cordes vocales ne
se rejoignent pas sur la ligne médiane, une partie de l'air s'échappe sans
entrer en vibration ; c'est ce que les artistes appellent chanter sur le soujfle :
il y a une fuite dans le tuyau. Il faut donc développer les muscles adduc-
teurs des cordes vocales.
Dans les notes aiguës le larynx remonte, tous les muscles adducteurs se
contractent, la glotte devient aussi étroite et aussi courte que possible; il
faut donc faire faire au chanteur des exercices sur les notes aiguës; de plus,
comme pendant l'émission des voyelles E et I, les cordes vocales sont bien
(') Travail développé pendant la plionation {Comptes rendus, 2- mai 1907).
SÉANCE DU 9 MAI 1910. I igS
plus tendues que pendant l'émission de OU, O, A, ces exercices doivent
être faits sur les voyelles E et I.
La note chevrote, lorsque les vibrations n'ont pas partout la même am-
plitude. Pour faire disparaître ce défaut, on doit habituer les muscles à
conserver leur contraction pendant un certain temps ; les notes doivent donc
être soutenues, de plus Texpérience apprend que le chevrotement disparaît
plus vite lorsque dans les exercices on va dans des notes aiguës aux notes
graves.
Conclusion. — Pour augmenter l'énergie de la voix, \H, après avoir
augmenté V par des exercices respiratoires, il faut augmenter H en forti-
fiant les muscles de la paroi abdominale et en forçant les cordes vocales à
se joindre sur la ligne médiane au moyen d'exercices sur les voyelles E et I.
HISTOLOGIE. — La division longitudinale des chromosomes dans les sperma-
togonies de Sabellaria spinulosa Leuck. Note de M. Armand Dehobne,
présentée par M. Yves Delage.
Après le tassement polaire consécutif à l'anaphase, les huit anses, primi-
tivement en contact, commencent à se dégager. Elles se détendent, et, en
se séparant, elles provoquent la formation d'anastomoses latérales, déliées,
entre toutes leurs branches qui présentent alors un aspect irrégulier
épineux. Bientôt les anses redeviennent indépendantes les unes des autres,
mais incomplètement. Pendant la durée du tassement il s'est formé, dans
le champ polaire, deux volumineux chromoplastes dont chacun embrasse et
agglutine en un seul magma fortement chromatique les pointes de 4 ^
chromosomiques. En sorte qu'on a afl'aire à deux groupes d'égale valeur,
et chez lesquels on est tenté de trouver l'expression objective de la gono-
méric nucléaire.
Déjà, à l'issue même du tassement polaire, peut-être même avant, les
chromosomes sont le siège de transformations curieuses. Ils subissent une
sorte d'alvéolisation interne qui se traduit tout d'abord par l'apparition de
cavités creusées à l'intérieur de leur substance; puis, par une réunion pro-
gressive de ces cavités les unes aux autres, ce qui détermine en fin de
compte la création d'une large fente axiale irrégulière, sur toute la longueur.
Pour Grégoire et ses élèves, l'alvéolisation interne explique simplement la
transformation du chromosome en un réseau, et celle de l'ensemble des
chromosomes en « un réseau de réseaux «. Ils ont ainsi prouvé la persistance
C.R., lyio, I" Semestre. (T. 160, N» 19.) 137
11^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
des chromosomes à travers l'élat quiescent. Mes observations démonlrent
que ces manifestations intrachromosomiques ont une signification plus
importante : elles sont, en réalité, le prélude de la rentable division longi-
tudinale.
Les anses, dès lors, subissent un allongement considérable. Dans le champ polaire,
elles sont fixées aux chromoplastes qui persisteront à travers toutes ces modifications;
dans le champ antipolaire, leurs extrémités sont libres. Le noyau, à ce stade, a repris
sa forme sphérique, et les branches des anses dont la position est superficielle
descendent de l'un à l'autre pôle à la manière de méridiens irréguliers. Elles sont
toutes reliées les unes aux autres par un système de minces anastomoses qui consti-
tuent une sorte de réseau primaire. Assez longtemps, les bandes doubles possèdent un
calibre uniforme, mais elles continuent de s'allonger en se contournant; et. en s'éli-
rant, elles se transforment chacune en un double filament moniliforme, grêle et irré-
gulier, mais dont les pleins et les déliés se correspondent assez exactement de l'un à
l'autre filament. A ce stade, le parallélisme entre eux est encoie continu, puis il subit
des altérations : les deux filaments tendent à s'écarter; le trajet de l'ui) ne reproduit
plus aussi fidèlement les irrégularités de l'autre; il y a des écarts et des rapproche-
ments brusques, parfois ils paraissent entrelacés. Cependant, un autre mouvement de
la substance chromosomique s'indique peu à peu : dans chaque filament, les pleins
s'accroissent aux dépens des déliés, en sorte que ceux-ci deviennent de très minces
tractus, tandis que les premiers se transforment en de véritables blocs de su])stance
chromosomique.
Dans les préparations trop décolorées, et dans le cas de certains noyaux, les tractus
sont si fins et si peu chromatiques qu'ils semblent avoir complètement disparu. Le
filament chromosomique n'est alors représenté que par des ])locs avides de colorant,
disposés sans ordre apparent, et à l'aide desquels il devient difficile de reconstituer la
réalité. En effet, les minces tractus qui correspondent aux déliés finissent par devenir
aussi grêles que les anastomoses latérales qui relient les filaments chromosomiques
entre eux. De plus, les moitiés de chaque chromosome, obtenues comme je viens de
l'exposer, continuent à s'écarter; elles chevauchent les unes sur les autres et s'en-
foncent librement dans le suc nucléaire où le système des anastomoses se développe et
se multiplie. Mais même dans ces conditions, elles circulent à une certaine distance les
unes des autres et ne se confondent pas. Au cours des transformations, il est toujours
possible d'observer leur individualité ; elles ne cessent jamais d'apparaître dans le réseau
nucléaire sous la forme de lignes principales plus épaisses et plus colorées. Du reste, dans
le champ polaire, elles conservent la régularité des anciennes bandes chromosomiques,
et. comme ces dernières dont elles proviennent par simple division longitudinale, elles
se rattachent aux chromoplastes.
Le noyau atteint alors l'état quiescent des auteurs. En réalité, la substance
des chromosomes est loin de s'y reposer; c'est là, au contraire, qu'elle est
le plus agissante, car c'est pendant cette durée que les moitiés longitudi-
nales individualisées vont suliir leur accroissement et se transforuier en
chromosomes propliasiques.
SÉANCE DU 9 MAI I910. I 197
Pour sortir de l'état quiescent, le processus est très simple :
Les filaments grêles, qui lie sont autres que les moitiés longilutlinales des huit anses
anaphasiques, se reconcenlrenl progressivement. Ils redeviennent régulièrement moni-
liformes, puis ils ne tardent pas à s'épaissir, en unifiant leur calibre. Ainsi le noyau con-
tient bientôt seize longues anses, sinueuses et à allure spirémateuse. Dans ce mouve-
ment de reconcenlration et de raccourcissement, les deux, moitiés longitudinales sœurs
se rapprochent l'une de l'autre, quelquefois jusqu'à l'accolemenl; mais, en général,
leur parallélisme demeure assez libre. Elles sont prêtes à entrer dans la constitution
de la couronne équatoriale, à la mélapliase, où elles seront dissociées définitivement.
En ce qui concerne la numération des chromosomes, pendant et après
l'état quiescent, et l'identification des moitiés longitudinales- moniliforiTies
avec les anses définitives de la mitose suivante, j'ai été aidé considérable-
ment par la présence des deu.v chromoplastes polaires. Ils persistent pen-
dant toute la durée des phénomènes décrits plus haut, et à l'endroit même
de leur formation. Ils ne disparaissent que fort peu de temps avant la fonte
de la membrane nucléaire, lorsque les chromosomes acquièrent leur forme
d'anses condensées par un dernier raccourcissement. Chacun de ces chro-
moplastes est une sorte d'aster chromatique qui double le nombre de ses
rayons au début de la reconstitution du noyau. Ainsi je compte huit
branches, soit quatre anses, à chaque chromoplaste lorsque celles-ci se dé-
gagent du tassement polaire; et seize branches, soit huit anses, lors de la
période de reconcentration.
En résumé, la division longitudinale des chromosomes est extrêmement
précoce ; elle se réalise au moment même de la reconstitution du noyau-fille
aux dépens des chromosomes de Fanaphase ; elle est intimement liée au fait
de l'entrée du chromosome au réseau. Tout noyau au repos a ses chromo-
somes nettement individualisées, et il en contient deuv fois plus qu'il n'en
est entré dans sa constitution. La division longitudinale ne s'opère donc pas
an cours de la prophase, encore moins pendant la métaphase. Elle est un
phénomène proprement télophasique. Tout noyau télophasique, dans les
spermatogonie de Sabellaria spinulosa Leuck., est déjà en mitose.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Sur le régime tliermique de la Méditerranée
liUorale algérienne. Note de M. J.-P. Bounuiol, présentée par
M. A. Dastre.
Les recherches biologiques comportent la connaissance préalable des
constantes physiques dumilie^u. Dans mes recherches sur la reproduction de
IigS ACADÉMIE DES SCIENCES.
la sardine et des autres poissons économiques de l'Algérie, j'ai été amené à
déterminer les caractéristiques principales du régime thermique de leur
milieu, c'est-à-dire de la mer cùtière algérienne.
La documentation et les mesures portent sur un peu plus de cinq années.
Elles ont été obtenues par l'emploi de deux catégories d'instruments : d'une
part, les thermomètres à renversement du type Chabaud-Thurneyssen;
d'autre part, les thermomètres enregistreurs de la maison J. Richard, pour
lesquels j'ai imaginé et fait construire une enveloppe protectrice qui les a
transformés en thermomètres sous-marins, d'un emploi commode et pra-
tique.
J'ai ainsi obtenu les résultats suivants :
I. D'une manière générale, la mer littorale algérienne présente un régime ther-
mique d'une assez grande uniformité. En ses divers points, les variations cycliques de
la température s'accomplissent avec une régularité à peu près exclusive de l'existence
de courants permanents.
La ditTérence de latitude existant entre ses points extrêmes introduit peu de variété
dans son régime thermique. Des moyennes plus élevées et aussi plus précocement
élevées chaque année attestent cependant, en faveur de la région occidentale, l'exis-
tense d'un régime moyen un peu plus chaud.
La proximité ou l'éloignement de l'Atlantique paraissent intervenir beaucoup plus
efficacement. Dans l'Est, le régime général est plus continental, moins « maritime »
que dans l'Ouest, avec des écarts nettement plus considérables entre les maxima et
les minima.
n. A la distance de i'"" du rivage, hors des baies, la température des couches
marines superficielles, comprises entre o'" et lo™ de profondeur, n'est jamais infé-
rieure à 1 1°, 2, ni supérieure à 27°, 3. L'écart total ne dépasse pas i4°ii pour Oran, i4°i9
pour Alger, 16°, 3 pour Bône. La moyenne des écarts annuels, calculée sur cinq années,
est de i3° pour Oran, 12°, 9 pour Alger, iS^.g pour Bône.
Les maxima mensuels moyens s'écartent peu des minima correspondants pendant
les mois de décembre, janvier, février et pendant les mois de juin, juillet et aoiU. La
chute principale des maxima mensuels se fait partout d'octobre à novembre et sa va-
leur oscille entre 3°, 5 et 5°,i. L'ascension principale des minima mensuels se fait, avec
la même régularité de mai à juin. Sa valeur numérique est comprise entre 3° et 5°, 3.
Cependant pour la région de l'Est, la plus grande ascension des minima se trouve en
retard d'un mois et se fait de juin à juillet; elle est alors de 4°>3.
111. La variation diurne est représentée par l'écart existant entre les maxima
mensuels moyens et les minima correspondants. L'amplitude de la variation diurne
de la température à la surface de la mer change suivant les saisons; elle oscille autour
de 2°, 6 en hiver, de décembre à février; elle atteint 3°, 7 en septembre, souvent davan-
tage en octobre. Si l'on s'enfonce, l'amplitude de la variation diurne va s'afl'aiblissant
assez rapidement, mais avec une vitesse inégale suivant les saisons. En novembre,
décembre, janvier, février, il n'y a plus guère trace de variation diurne, passés 25" à So"
SÉANCE DU 9 MAI 19IO. II99
fie profondeur. De mai à septembre, au conlraire, la variation diurne se manifeste
assez profondément, jusqu'à 60'" environ, même quand son amplitude initiale est rela-
tivement faible.
IV. La >ariation annuelle a été calculée en faisant la diiVérence entre les maxima
moyens du mois qui, chaque année, se révèle le plus chaud et les minima moyens du
mois qui, chaque année, se trouve le plus froid. L'amplitude de cette variation atteint
à la surface 10° pour Oran, 10° pour Alger, i3° pour Bùne. Si l'on descend, elle tombe
entre 35™ et 4o"\ à 5°, 6 pour Oran, 5°, 8 pour Alger, 5°, 4 pourBône. Plus bas, vers 60"',
elle a encore peu baissé sauf à Bône où elle n'atteint plus que !i°,i. Mais à 100™ de
profondeur elle tombe à o°,6 et s'éteint complètement bien avant 200'" où W. Thompson
et Carpenler avaient déjà observé une température constante de iS".
V. La distribution des températures, de la surface vers la profondeur, se fait d'une
manière très différente aux diverses époques de l'année. Si l'on considère les maxima
et les minima moyens annuels relatifs à cliaque horizon, on constate que la série ver-
ticale de ces maxima, à l'époque la plus chaude de l'année, présente un alTaiblissement
progressif et tend vers iS", limite qu'elle atteint entre 100™ et 200"'. ÎVIais à l'époque
la plus froide de l'année, la série verticale des minima n'offre point une marche
analogue. En partant de la surface, la série commence par manifester un accroissement
qui se continue jusqu'à un certain horizon, différent pour chaque période; après quoi
la série va s'affaiblissant plus ou moins rapidement et converge finalement aussi vers
celle même limite de i3° où elle rejoint la série précédente et à partir de laquelle, par
conséquent, la température reste constante.
La variation de la température moyenne en fonction de la profondeur est détermi-
née, aux différentes époques, par les positions correspondantes et la valeur des
maxima et des minima des diverses couches liquides superposées. Malgré l'instabi-
lité de la répartition verticale des températures, on peut dire, d'une manière générale,
qu'en décembre-janvier-février, les couches comprises entre 3o'" et 60"' ont des
températures différant de o",3 à o°,6, au bénéfice des couches inférieures. En mars,
le refroidissement superficiel gagne la profondeur, descend jusqu'à 80"' et 100'",
tandis que la température des couches supérieures, de nouveau chauffées par le Soleil,
s'élève peu à peu. En avril, le phénomène s'accentue et la température en marche
ascensionnelle des couches superficielles a une tendance à s'uniformiser au chiffre de
17° avec la température descendante des couches profondes. A ce moment, la tempé-
rature de j-° se trouve réalisée pour toute la masse d'eau comprise entre 10"' et
60"" de profondeur.
Un semblable équilibre, assez fugace, se réalise en septembre-octobre dans les
mêmes couches liquides, mais cette fois au chiffre de 22°, .5 en moyenne, quand, les
couches profondes étant déjà pénétrées par la chaleurdes mois précédents, les couches
superficielles commencent à se refroidir. Ces deux chiffres 17° et 22°, 5 sont tout à
fait remarquables et caractéristiques.
La connaissance du régime thermique de la mer littorale algérienne nous
permettra d'établir très prochainement les grandes lignes de la biologie
reproductrice de la sardine algérienne.
I200 ACADEMIE DES SCIENCES.
€HIMIE BIOLOGIQUE. — liacilles de Koch. Milieux aux glycérophosplialcs .
Doses maxima de fer el de manganèse. Noie (') de M. ti. Bauduax, pré-
sentée par M. d'Arsonval.
Il nous a paru intéressant de connaître, par le dosage, le bilan des phos-
phates minéraux et organiques qui enlrenl dans la composition du bouillon
ordinaire de cultures et dans celle de la tuberculine, son extrait.
I^'n lilre de bouillon renferme en moyenne 25,97 à 3s de phosphates minéraux
(potasse, soude, magnésie, chaux). Les composés organiques, -",00 à 8?, sont addi-
tionnés de iqs de peptones (^). L'acide phosphorique apporté par ces deux éléments
est de 2S,45 à 28,60, presque en quantité égale à celle des phosphates minéraux.
Lorsque la culture est terminée, les dosages sont les suivants pour 100""' de tubercu-
line :
Phosphates minéraux, os,6o; phosphates organiques, 4", 90; soit une perte de 2S,4o
en jihosphates minéraux.
Les corps organiques phosphores ont augmenté d'autant. Le microbe les
a utilisés pour son développement. Comme il renferme de gi^andes quan-
tités de lécithines, il y a lieu de supposer cpie le phosphore est le pivot de
la transformation. La glycérine s'oxyde et se transforme en acide glycéro-
phosphorique, noyau de cette lécithine.
Ainsi se trouve justifiée l'idée de Nocard el Koux {^Annales de i Insliuu
Pasteur, t. I, 1887, p. 17) cjui conseillèrent d'ajouter, aux liquides de cul-
tures du bacille de Koch, de la glycérine.
Dès lors, il convenait de faire un milieu où n'enireraient que des glycéro-
phosphales atia d'éviter au microbe les transformations ultérieures. Nous
avons observé qu'un seul glycérophosphate, celui de soude, était insuffisant
*et donnait des cultures peu abondantes.
L'analyse des cendres du bacille tuberculeux faite par Schweinitz et
Dovsel (Ceniralblatt f tir liacL, i8f)8) conduit aux résultats suivants :
Soude i3. potasse 6. chaux la. magnésie 11. qui, calculés d'après les poids molé-
culaires, donnent :
Glycérophosphate de soude 2 , 24
» de potasse 0,60
» de chaux i , 20
» de magnésie ' , 7''
(') Présentée dans la séance du 2 mai 1910.
(-) I^'analvse des peptones nous a toujours donné du manganèse.
SÉANCE DU 9 MAI 1910. I20t
Dans ces conditions la solution est instable; le citrate de soude permet
aux sels de rester dissous. La formule est la suivante :
e
Glycéi'ophospliale de soude 2 , 24
Il de potasse 0,60
D de chaux i ,20
» de magnésie i ,76
Albumoses Bvla 10
Glycérine 5o
Citrate de soude 4
Eau 1000
Stériliser à 100°.
On remarquera que nous avons maintenu la glycérine, mais des expé-
liences affirmatives nous ont prouvé qu'on pouvait la supprimer. Dans ce
cas, il y a lieu de porter la quantité de glycérophosphate de soude à 10'' et
de doubler celle de citrate de soude.
Notre milieu a donné entre les mains de M. le professeur Vallée et les
HÔtres des résultats excellents. Le bacille s'y développe fort bien et les cul-
tures sont abondantes. M. Vallée, ayant ensemencé ce liquide avec du bacille
homogène d'Arloing, a constaté ceci : le départ se fait plus rapidement;
après un temps d'arrêt, la vitalité reprend et se trouve finalement exaltée.
Au point de vue de la précipito-réaclion, M. Vallée a constaté que les
liquides de cultures ainsi obtenus précipitaient environ moitié moins que les
bouillons ordinaires. Il y a donc une modification dans les qualités sécré-
trices du microbe.
Le microscope n'y révèle aucun changemenl appréciable et l'expérimen-
tation conduit à des résultats identiques à ceux obtenus avec les bacilles
poussés sur les anciens milieux.
Fer et manganèse. — Nous avons tenu à ajouter à ces liquides, consé
quence de notre communication du i5 novembre 1909, du fer et du man-
ganèse, et voir jusqu'à quelle limite ces deux métaux pouvaient être suppor-
tés. En graduant notre teneur en sels précédents, nous sommes arrivés aux
maxima de 3«, 10 pour le fer et 3^ pour le manganèse (glycéroph.).
Remarquons que ces doses correspondent à la quantité de fer contenue
dans i' de sang, sous forme d'hémoglobine.
Les cobayes peuvent recevoir, sans inconvénient, i*''' de ces cultures,
émulsionnées, dans le péritoine, sans en être nullement incommodés. Ils
conservent leur poids et n'ont aucun signe (ganglions, adénite, etc. ).
Les séries que nous avons faites nous donnent, dès aujourd'hui, les résul-
t202 ACADEMIE DES SCIENCES.
tais suivants : sur 80, l\o indemnes, /jo témoins morts tuberculeux. ÎNous
poursuivons actuellement l'expérience sur de jeunes veaux. Elle semble se
présenter favorablement.
Sur ce même milieu fer nous avons ensemencé le bacille homogène. Voici
ce que M. le professeur Vallée a observé. Le départ est plus tardif, mais
ensuite le rendement est plus abondant que sur notre milieu normal. Mêmes
modifications morphologiques qu'autrefois, aussi bien que de coloration.
Les jeunes bacilles prennent difficilement le Ziehl et renferment à l'analyse
peu de cholestérine. Ils ne sont point virulents pour le cobaye.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — La caséification du lait cru par les présures du
lait bouilli. Note de M. C. Gerber, pi'ésentée par M. Guignard.
11 est bien établi actuellement qu'un grand nombre de diastases protéo-
lytiques coagulent très facilement le lait bouilli et n'agissent sur le lait cru
qu'avec la plus grande difficulté (Crucifères, Papayacées, Figuiers, etc.)( ' ).
On n'obtient, en effet, avec ce dernier liquide, que des coagulations ne niet-
i.y'^ tant pas plus de 2 ou 3 minutes à se manifester; avec le premier, au con-
' ' traire, on observe facilement des caséifications exigeant des temps très
longs (i heure et davantage ).
La lactoglobuline et la lactalbumine existent dans le lait cru et ont
disparu par coagulation dans le lait bouilli.
1° H existe une relation très étroite et., semble-t-il, de cause à effet entre la
présence de ces deux protéines et la résistance du lait à la caséification .
En cliaufFanl du lait cru à des températures comprises entre 67° et 81°, la proportion
de ces deux, colloïdes diminue. Entre 67" el 77°, la lactoglobuline coagule progressi-
veinenl; au-dessus de 77°, c'est la lacialbumine qui disparaît.
Prenons des laits ainsi chaufl'és et einprésurons-ies, à la température de 55". avec
une dose déterminée de Vasconcellea (/uercifolia Saint-Hil. ou de papayotine
(Merck) choisie de telle façon qu'elle ne détermine pas la caséification du lait cru
normal.
Dans le cas des laits préalablement cliaull'és à 6']°-']']", nous constatons une dimi-
nution de la résistance à la caséification. Cette diminution n'atteint jamais celle du
lait bouilli; elle est d'autant plus rapide que la température est plus élevée. C'est
ainsi que, dans les expériences relevées dans le Tableau I, il a fallu i5 minutes de
cliaiilTe à 72° pour que le lait devienne sensible, el cette sensibilité est cinq fois plus
(') (j. Gerbek, Les présures végétales (fleftie scic/ilijir/ue, 12 février 1910).
SÉANCE DU 9 MAI 1910. I 2()3
faible qu'après 60 minules de cliaiiPTe; au contraire, il a suffi d'un séjour de 5 uiinules
à ']6°-']j'' pour faire acquérir au lait toute la sensibilité dont il est capable à celle
température.
Dé-, que la température île chaiiire s'élève à la limite inférieure de coagulation de la
laclalbumine (77''-78"), on voit la résistance du lait à la caséificalion décroître gra-
duellement et alleiniire, en un temps d'autant plus court que la température est plus
élevée, le degré de sensibilité du lait bouilli. Dans nos expériences, il a fallu, pour
obtenir la sensibilisation rna\ima du lait, i5 minutes à 81° et seulement 5 minutes
à 100".
Taiileau 1.
Minutes nécessaires à la coagulation, à 55°, de Scni' de lait
Durée cru préalahlenient cliaufTé pemlanl des temps croissants
de la chiiuiïe aux leinpératures suivantes, et emprésuré avec une quan-
préalable tilé délerminèe de présures suivantes :
(lu lait ..
(en minutes). T2". 75". 77°. 81". 100".
Va.icoiicellea querci/ulia Saint-Hilaire.
o (') (') (') 1') (')
.5 (' ) 12 6 , 1 ,"> /i , 1 5 3 , .lo
1.5 l^4 5,3o 5,1.3 3,3o o,3o
3o 6 5 5 3,3o 3,4o
60 5 5 ^ , 45 3 , 3o 4
Papayotine Alerc/,.
o (') (M (') (') (■)
5 (') (' ) 8,45 6, i5 5,45
i5 45 8,3o 7,1 5 5,45 6
3o ro 8 7 5,45 6,45
60 8 8 7 5,45 8,i5
La présure des Crucifères (^) et celle des Figuiers (^) se comportent,
comme les précédentes; la loi est donc générale pour toutes les présures du
lait bouilli.
2" L'i lactoglubuline et la laclalbumine ne sont pas, à proprement parler, des
anlipresures.
{ ' 1 Pas de coagulation au bout de 24 heures.
(^) C. Gerbkr, La firésure des Crucifères{Comples rendus Soc. Biol., ■K^'ynn 1907,
p. 1224).
(') C. Gerber, Les actions antiprésurantes du tait cru vis-à-vis de quelques pré-
sures végétales {Comptes rendus Soc. Biol., 39 juin 1907, p. 1228).
C K.. ujio, I" Semestre. (T. 150, N° 19.) 13^
I2o4 ACADÉMIE UES SCIENCES.
Eniprésuions du lait cru avec une dose de cliastase de Vasconcelle ou de papayoline
incapable de déterminer sa coagulation ; après avoir laissé le mélange i heure à 55°,
emprésurons du lait bouilli : d'une part avec des doses croissantes de ce mélange,
d'autre part avec les doses correspondantes de diastase pure. Nous obtiendrons, dans
l'un et l'autre cas (Tableau II), des coagulations ; celles-ci evigent des temps sensible-
ment égaux il équivalence de doses.
Il est donc bien évident qu'il n'y a pas eu destruction de la diastase pen-
dant le temps où celle-ci, mélangée au lait cru, paraissait inactive.
3° Reste à envisager l' hypothèse d'une action directe de la lactalhumine et
de la lactoglohuline sur la caséine, protégeant celle-ci contre une attaque des
présures du lait bouilli. L'étude de certains sels dont l'action sur la caséiti-
cation du lait est identique à celle des substances albuminoides dont nous
venons de nous occuper, nous a permis de donner la théorie de ces phéno-
mènes.
Tableau II.
Doses
de solution
présurante.
o"'"', 27
o'^^"'',09
Minutes nécessaires à la coagulation, à 55°, de 5"^'»' de
lait cru emprésuié avec des doses décroissantes des
présures suivantes :
Vasconcellea quercifolia
Saint-Hilaire.
2, 45
(')
Papayoline Merck.
12
(')
Doses
du mélange
lait cru-
présure o'm'.og.
Minutes nécessaires à la coagulation, à 55°, de Scm' de lait
bouilli emprésuré soit avec des doses décroissantes du
mélange tait cru-présure o'^i"',09, mélange préalablement
maintenu i heure à 55° (a), soit avec des doses correspon-
dantes de présure pure (|î).
Vasconcellea quercifolia.
Papayotine Merck.
0,96
0,48
0,24
0,12
74
38
75
(')
(')
i3,3o
21
37
7'.
46
90
(') Pas de coagulation au bout de 10 heures
SÉANCE DU 9 MAI 1910. 1 2o5
M. Gaston Skxcier à propos de la publication, dans \es Mémoires de l' Aca-
démie, du projet de dirigeable du général Meusnier, qui comportait un
paratonnerre, rappelle les accidents causés par la foudre, dans ces derniers
temps, à des ballons et il demande à TAcadémie s'il ne serait pas utile de
discuter les moyens à employer pour préserver de la foudre les aérostats.
(Renvoi à la Commission des Paratonnerres.)
M. Emile Skrra.vt adresse une l\ote concernant certains corps explosifs.
(Renvoi à l'examen de MM. Vieille et Le Chatelier.)
M. Maurice Gaxuim.ot adresse une Contribution à l'étude des tuyaux
sonores étroits.
(Renvoi à l'examen de M. Violle.)
A 4 heures et quart l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures .
G. D.
I2o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
KITI.I.KTIX BIIII.I<>4:H«I>III<M'R.
OUVRAGKS REÇUS DANS LA SÉANCE DU 9 MAI I9IO.
Savants et Ecrivains, par H. Poincaré. Paris, Ernesl Flammarion, s. d.; i vol.
in-i2. ( Hommage de l'auteur.)
Malheniatical and physical papers: Tome IV : Hydrody nanties and gênerai
dynamics, by ihe Higlit Honourable Sir William Thomson, Baron Kelvin; arranged
and revised wilh brief annotations by Sir Joseph Larmor. Cambridge, University Press,
19 10; I vol. in -8". (Hommage de Lady Kelvin et de rédileur.)
Les Matliématiques en Portugal, par M. Rodolphe Guimaràes; 2° édition. Coïmbre,
Imprimerie de i'Uiriversilé, 1909; i vol. in-8°. (Présenté par- iM. Darboux.)
La marina libéra e il preniio di traffico, per G. Honcagli. {Exlr. de IS'uova Anto-
logia, 16 novembre 1909.) Rome, 1 fasc. in-S". (Présenté, ainsi que l'Opuscule sui-
vant du même auteur, par M. Berlin.)
Il preniio di Iraffico, per G. Roncagli. (Ii\tr. de la Hivista niariiinia, décembre 1909.)
Rome, 1909; I fasc. in-S".
Technologie et analyse chinii'/aes des huiles, graisses et cires, par M. J. Lewko-
WITSCH, traduit par M. Emile Bontoux; t. I-III. Paris, H. Dunod et E. Pinat. 1906-
1910; 3 vol. in-8". (Présenté par M. A. Hallei.)
Les sècheries agricoles. Etude économique et technique de la dessiccation des pro-
duits agricoles, par D. Siderskv; avec i4 figures dans le texte. Paris, Lucien Laveur,
1910; I vol. in-8°. (Présenté par M. Mùntz.)
Au Concile russe : Les Unislaves, 1906; Lettre ouverte du comte k. Orlowski.
Lyon, A. Hey, 1910; 1 fasc. in-S". (Hommage de l'auleur.)
The star list of the American Ephemeris for the year 1910. Washington, 1909;
1 vol. in-S".
Proceedings of the United States national Muséum; t. XXXVI. Washington, 1909;
I vol. in-8°.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCK DU MARDI 17 MAI 1910.
PUKSIDENCK DE M. ARMANI) C.AUTIKR.
MEMOIRES ET COMMUiXICATIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président s'exprime en ces termes :
On nous annonce officiellement la mort de notre illustre correspondant,
Slanislas Cannizzaro, ancien vice-président du Sénat italien.
M. Cannizzaro était le chimiste le plus connu de l'Italie. Il avait publié
ses premières recherches à Paris. Elève de Piria, lui-même formé dans le
laboratoire de J.-B. Dumas, Cannizaro s'était fait un nom dès ses débuts.
Dans son Cours de Philosophie chimique, professé à l'Université de Gènes
en iiS58, s'appuyant sur les densités de vapeur, les chaleurs spécifiques,
l'isomorphisme, etc., Cannizzaro prépara le triomphe définitif des idées,
aujourd'hui classiques, d'Avogadro et d'Ampère sur l'égalité du nombre
des parlicules par vohimes gazeux, sur la proportionnalité des poids
moléculaires aux densités de vapeurs, enfin sur la nécessité de doubler
la plupart des poids atomiques d'alors. Il fut du petit nombre des savants
de cette époque qui, avec Wurtz, Kékulé, Wislicenus, etc., contribuèrent à
faire accepter les théories de J.-B. Dumas, puis de Laurent et Gerhardt,
lh(''ories qui ont imprimé un si large essor aux progrès de la Chimie mo-
derne. Sa belle découverte des alcools benzyli(jue, toluique, anisique (i853)
et de leurs dérivés fit connaître une nouvelle classe d'alcools, alors bien
imprévus, les alcools aromatiques. Au laboratoire de Chevreul, avec son
ami S. Cloez, il obtenait la cyanamide et ses isomères. Plus tard il se fit
remarquer par un travail très délicat sur la sanlonine et ses nombreux dé-
rivés.
S. Cannizzaro fut le promoteur de la renaissance de la Chimie italienne :
à son école se sont formés Paternô, F. Sestini, Bertagnini, Oddo, Piutti-
Fabris et tant d'autres chimistes qui honorent leur pays.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 20.) l-jg
iao8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il tn ait dépassé le grand âge de 80 ans, mais il conservait dans sa vieil-
lesse toute son activité et sa verdeur et continuait à diriger Vlnstittit chi-
mique de rUnivei'sitè royale àe Rome, Institut qu'il avait créé et où il faisait
encore allègrement son cours public il y a quelques mois.
Il est mort sans soutVrance à la suite d'une assez courte maladie.
Je pense que l'Académie voudra bien s'associer avec moi au deuil de sa
famille, de sa patrie et de la Science chimique. (^Assentiment unanime.)
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. — Sur l'emploi de nouvelles méthodes de
récurrence dans la théorie des systèmes orlhoo;onaux. Note de
M. Gastox Dauboux.
Dans notre Communication du 9 mai dernier, nous avons considéré une
classe nouvelle de systèmes orthogonaux, et nous avons indiqué des appli-
cations particulières des systèmes de formules fondamentaux auxquels nous
avons été conduits. Aujourd'hui, nous nous proposons de faire connaître
deux nouvelles méthodes de récurrence qui permettent de rattacher, à toute
solution du problème envisagé, une suite, en général illimitée, de solutions
nouvelles.
Nous avons vu qu'à tout système de valeurs des rotations [5,/^ satisfaisant
aux équations (A), (B), (B'), correspondent deux séries de systèmes triples
orthogonaux, la première définie par les formules (C), (D), (F), (G), (I),
(J), la seconde par les formules analogues (C'), . . ., (J). Supposons, par
exemple, que l'on connaisse un système orthogonal (S) de la première
série, caractérisé par les valeurs H, et P,-. Comme les équations auxquelles
satisfont les H, de l'une des séries sont les mêmes que celles auxquelles
satisfont les P, de l'antre, on voit qu'on pourra déduire du système (S)
deux systèmes (S') de la seconde série, en prenant
soit P', = H„ boii h; = p,.
Commençons par étudier la première hypothèse
(0 p;.=.H,.
[>e système ( S') de la seconde série sera alors défini sans quadrature par les
équations
(2) x>-'-i-y;/'+_z;.3'=:H,-
SÉANCE DU 17 MAI 1910. '^09
qui donnent
(3) ^'=i;Xi.H,-, /=2Y;.H,-, :' = 1Z,U,.
Envisageons maintenant l'autre hypothèse
(4) H', = P,.
Alors les formules ( J') de notre précédente Communication donnent
(5) x'= flP,X'.dp^, y=i flP,Y',dp,; Z'= flP,7J,(lpi,
de sorte qu'il y aura, cette fois, trois quadratures à effectuer pour obtenir le
nouveau système (S').
\']n tenant compte des expressions des P, et des formules (5) de notre
première Communication, on pourra écrire
I x'=f{ v f/0o« H- J rf0,o -h - a?02o ) ,
(6) ! y= I {a-d&o,+yd&u + zd&,,),
f z' — j (.Td&,,-^-fd&,,+ zd&,.,);
de sorte que, si Ton pose
( 7 ) ii. ^f( &o, du^ + &u dj + &,t dz )
et si Ton suppose les £2, exprimées en fonction de x.,y, z, on aura
/ , dil„ ài>o dil„ ^
l dx ày dz
,0, ] , d^, dil, d9., ,^
{.o) I Y ^ Y -1- V + Z — il,.
^ ' \^ -^ dx ^ -^ ày dz "
De la double remarque précédente il résulte qu'on peut toujours, par
des calculs algébriques ou des quadratures, déduire du système (S), supposé
connu, une suite linéaire de systèmes nouveaux
(9) (S_3), (S_,), (S_,), (S), (S.), (S,), (83), ...^
les systèmes d'indices pairs appartenant à la première série, ceux d'indice
impair à la seconde, tous ces systèmes étant rattachés les uns aux autres par
I2IO ACADEMIE DES SCIENCES.
les formules
(10) a-f"'-^^>—lX',\V;-'-'\ _r<2'.+')— 2Y;.H;.'"-', z(^''-+'>—1Z',U)-'";
(11) ,r'") — i\,H;-^''-' , j-c-*' =:sv,n;-''- ". ^i"' =iz,u';-''-'>;
oiix^''\ y'", i''^' désignent les coordonnéesdu point qui décrit le système (S/,).
Si, au lieu de descendre la suite (9), on veut la remonter, on aura
(12) 1 y(^>--^>z= f{x(-''> f/00, + /('*) 6^0,,+ -'"' ^0-ii)-
f jC''-')— r(,r<2A) f/0„,-(-j(2/.) ,/©,, + ;(=<■) f/0,,);
.r(-*-) =r A.r'î''- ^o ^/0„„ -H j(^''-') r/0,„ + ct=''-" «;©„,,),
(r3) ^ j"'*) = r(^l=''-"f/0,„ + j(^''-'>fl'0,i4- ;"'■"-" û'0, 2),
qui devront être appliquées successivement.
En général, si H*, P''- désignent les valeurs des H, et des P, pour le système
de rang X', on aura
(i4) P'/-'=Hf-"
et par suite
(i5) p(.5/.-+n^Hi^*- =^^^ +(3/,./P^.'*' +i3/,IT*',
,)p(2*-l)
(16) pr- ^^ = H;.-^ ^- > > = ^-j— + (3,t l'i^ " ' ' + ;3,v Pi^ '- • ' .
Telle est la première méthode de récurrence, qui fait dériver d'une solution
du problème une suite de solutions nouvelles.
Cette suite, il est vrai, n'est pas toujours illimilée. Si, par exemple, on
prend pour le système (S) celui tpie nous avons déterminé précédemment
et qui correspond aux valeurs
H, = rtX; + ^Y;4-cz;-,
le système (S,) se réduit à un point, et tous les systèmes d'indice positif dis-
paraissent. Il ne reste que les systèmes d'indice négatif, obtenus par des
quadratures.
SÉANCE DU 17 MAI 19IO. 12II
Au lieu de chercher si la suite (9) se termine, nous allons examiner
si elle peut être périodique. Le cas le plus simple, auquel d'ailleurs se
ramènent tous les autres, est celui où tous les systèmes de même indice
seraient identiques, ou du moins homothéliques. Les formules ( i '1) cl (i())
nous donnent
(17) P<;-'=^+(3«.H,+ (3,vH,.
Si nous supposons que l'on ait
(iS) P;.^'=aP,-,
a étant une constante, le système (S.) sera homothétique au système (S), et
la suite (9) deviendra périodique. On retrouve ainsi les systèmes triples
caractérisés par la relation
(19) 11;-+ H;.4- H;= aiic" + _)■-+:■'-) + P
et déjà étudiés dans notre première Communication. Pour le système (5,)
de la seconde série qui leur est adjoint, on a
(20) P;*'=H„
et par conséquent la formule (19) nous donnera la relation suivante:
(21) j:l-hyl-i-zl=<x{x"--hy-'+ :'■) -h^
entre les coordonnées des points qui se correspondent dans les deux sys-
tèmes.
Le cas particulier où la constante ^ est nulle dans la relation (19) va nous
fournir la seconde des méthodes de récurrence que nous voulions signaler.
On a alors
(22) H?-t-[l|.-+-H?=:a(.r2H-^r-+5^).
Soumettons l'un des deux systèmes, (S) par exemple, à une inversion
dont le pôle sera l'origine des coordonnées. Il faudra alors remplacer par-
tout
II,, 11,,, II,, .r°- + j=+c2
par
H, H/, H, I
-y^+z- j;- + y--^-z- a' -h y^
Remarquons que cette suhstitution ne change pas la forme de la rela-
tion (22); elle transforme donc le système (S) en un système de même
'212 ACADEMIE DES SCIENCES.
iijilure et |)Oiir lequel, par conséquent, les [i,;, satisfont aux relations (A),
(B),(H').
Mais celte nouvelle méthode, à la diflérence de la première, change les
valeurs des rotations p,/,. Car si l'on désigne par la nolation"p,yilesnou«velles
valeurs des [3^, on obtiendra aisément la formule
Si l'on supposait a = o, on retrouverait une méthode de récurrence déjà
signalée par M. Guichard.
Il ne nous reste plus, pour terminer, qu'à jtrésenter la remarque sui-
vante :
Si, dans les équations (A), (B), on suppose
(■■^4) (3,7.=: (3,„-,
les équations (B') sont vérifiées d'elles-mêmes, et l'on retrouve des svs-
tèmes orthogonaux que j'ai signalés dès i86G et qui, depuis, ont été l'objet
des recherches d'un très grand nombre de géomètres. Les méthodes de ré-
currence que j'ai développées ici pour le cas général s'appliquent à ce cas
particidier, et elles deviennent précisément celles que M. Egorov a signalées
dans différentes Communications adressées en 1900 et 1901 à l'Académie.
Les résultats précédents peuvent donc être considérés comme une
extension et une généralisation de ceux qui concernent les systèmes triples,
si souvent étudiés, pour lesquels les trois relations (y.4) se trouvent vérifiées.
M. lîiGouKDA.v présente, de la part de M. Inignez, des p/iolograp/iies de
la comète de Halley^ obtenues à l'Observatoire de Madrid, au moyen de
deux lunettes différentes.
La première de ces lunettes, dont l'objectif a o'",20 d'ouverture et 2" de
distance focale, a donné les détails du noyau et de la chevelure environnante;
l'objectif de la seconde est un doublet de o'",i,) d'ouverture auquel on a
demandé surtout la représentation de la queue, du moins de la partie la plus
brillante; car sa longueur totale excédait la grandeur de la chambre noire;
elle atteignait environ 3o" le 10 mai 1910.
Le spectre de la comète a été étudié aussi, tant visuellement que par la
photographie; les 7 et 8 mai le noyau donnait un spectre continu sur lequel
se projelaiiMit les bandes 2, 3 et 4 des hydrocarbures, dans le jaune, le vert
SÉANCE DU 17 MAI I9IO. I2l3
el le bleu, celle du verl étant visuellement la plus intense. Le matin du 1 2 mai
on a entrevu dans le violet une nouvelle bande très faible ; et en même temps
le noyau se fondait davantage avec la cbevelure. L'éclat gloljalde la comète
surpassait alors celui des étoiles de première grandeur, et elle était encore
visible à l'œil nu 17 minutes à peine avant le lover du Soleil.
MINÉRALOGIE. — Sur /a conslitiition minéralogique des plwsphorites françaises.
Note (') de M. A. Lacroix.
Les pbospborites concrétionnées que l'on rencontre dans des cavités des
calcaires du Quercy (Lot, Tarn-et-Garonne et Aveyron), du Gard, de
l'Hérault, de l'Aude, de l'Algérie, ont parfois une structure cristalline;
aussi tous les auteurs qui les ont décrites, les ont-ils considérées comme
constituant une variété fibreuse d'apatite; la même opinion a été formulée
au sujet des sphérolites biréfringents, qui se rencontrent parfois au milieu
des phosphates sédimentaires, généralement amorphes du nord de la
France et de l'Afrique. M. Ad. Carnot a montré cependant que dans les
phosphorites, le rapport du fluor à l'acide phosphorique est toujours très
différent de celui qu'exige l'apatite et que, souvent même, la teneur en
fluor devient presque nulle.
Je me suis proposé de rechercher quelle est la constitution minéralo-
gique de ces produits minéraux, en m'attachant à l'élude d'échantillons,
dont la pureté a été soigneusement vérifiée par l'examen microscopique.
Les phosphorites des gisements précités sont le résultat de dépôts succes-
sifs, ell'ectués par voie aqueuse sur une paroi calcaire, ou bien produits à la
façon (les stalagmites ou, enfin, concrélionnés sous forme de rognons au
milieu d'argiles. Les couches concentriques ont des couleurs et souvent des
aspects différents, tantôt rappelant l'apparence de la porcelaine, tantôt, au
contraire, translucides ou même plus rarement transparentes sur quelques
millimètres d'épaisseur; ces variétés particulièrement pures ressemblent à
de la gomme. Parfois une structure fibreuse est distincte à l'œil nu; dans
d'autres cas, la cassure, est uniforme, sans apparence de cristallinité; ces
différences d'aspect extérieur n'inqtliquent pas toujours d'ailleurs une diflé-
rence de structure intime.
L'étude en lumière polarisée fait voir que toutes les phosphorites des
(') Présentée dans la séance du 9 mai 1910.
I2l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
gisements considérés oscillent entre trois types. Le premier est holocris-
tallin et toujours fibreux; le second est liomogène, incolore ou jaune en
lames minces, entièrement isotrope; le dernier enfin, paraissant paifois tout
d'abord entièrement cristallisé, contient en réalité toujours de la matière iso-
trope, mélangée à un produit cristallisé; elle est souvent en outre concentrée
dans des couches distinctes, alternant avec les précédentes; mais dans tous
les cas, l'union de ces deux corps est si intime, qu'il n'est pas possible de
les séparer entièrement par l'emploi des liqueurs denses.
L'indice de réfraction d'un échantillon isotrope brun, translucide, particulièrement
pur, provenant de Pouzillac (Gard), est de 1,569 i^^) et sa densité de 2,82.
L'élément cristallisé constituant le premier type ne présente qu'assez rarement
des fibres régulières, perpendiculaires à la surface extérieure de la concrétion, le plus
souvent, elles sont entrelacées ou palmées. Je réserve pour une Note ultérieure l'étude
de ce type qui présente des particularités remarquables.
Dans le troisième type, les couches successives des concrétions sont des rubans
cristallins ou lésullenl de la réunion de pinceaux coniques, dont l'axe est plus ou
moins perpendiculaire à la surface de dépôt. L'allongement des fibres est de signe
négatif, la biréfringence ne dépasse pas o,oo4. Les sections perpendiculaires aux fibres
se montrent sensiblement uniaxes (mais avec croix souvent disloquée) et optiquement
négatives. Les valeurs de l'indice moyen et de la densité varient avec la teneur plus
ou moins grande en produits isotropes; un échantillon, très translucide, provenant de
Mouillac (Tarn-et-Garonne), et qui est un des plus cristallins que j'aie rencontré,
possède une densité de 2,87, avec un indice moyen de 1,608.
Quelle que soit leur structure, cristallisée ou non, ces divers types de
pbospliorites se comportent de la môme façon, quand on les place dans une
goutte d'acide chlorhydrique; ils sont immédiatement attaqués et se dis-
solvent ra})ideuieut à froid, en faisant elTervescence ; tous renferment donc
de l'acide carlionitjuc et il est facile de voir, en outre, qu'ils contienuent une
proportion plus ou moins élevée d'eau.
Les analyses suivantes ont été faites par M. Pisani sur le type trois
de Mouillac (a) el sur le produit isotrope de Pouzillac (h) :
a. b.
CaO 5 1,85
V'O' 37,60
F 1 , 5o
CO' 4,00
\\H) 4,80
Al-O^
Fe=0^'
Na-0-hK'O
99.7a 99, 6r
49
7^
37
4o
0
88
0
7''>
7
OD
0
'4
0
36
0
3o
SÉANCE DU 17 MAI 1910. I2I0
Ces résultais montrent que le minéral cristallisé a une composition fort
voisine de celle du produit amorphe, dont il dilTcre surtout par une moindre
teneur en eau et une proportion plus élevée en fluor ; il n'est donc pas
constitué par de Tapatite normale, mais doit être, lui aussi, un composé
contenant un phosphate et un carbonate de calcium.
On connaît actuellement deux types bien définis de semblables sub-
stances: l'un, dépourvu de fluor, la dahUite [Ca" (PO')', CaC()% ^H-0];
l'autre, fluoré, h\ francolilc [(PO')'^Ca«(CaF)% CaCO', H-0], dont la
slaffèlite n'est (ju'une variété fibreuse. Ces minéraux ont des propriétés
optiques extrêmement voisines ; ils sont optiquement négatifs, souvent uni-
axes tout au moins par suite de groupements (' ), /?^ — ///; = o, oo4 à o,oo5
environ; il n'est pas possible de les distinguer l'un de l'autre à l'aide de
leurs indices de réfraction, car la structure fibreuse ne permet pas de me-
sures précises (l'indice médian des deux est voisin de i,625); leur densité
varie de 3,o5 (dahllite) à 3, 12 (francolite) (-). Il ne me parait pas douteux
que ce ne soit, suivant les cas, l'un ou l'autre de ces minéraux qui constitue
l'élément cristallisé des phosphorites et l'on peut comparer leur intime
association avec le produit isotrope à celle des fibres de quartzine ou de
calcédonite avec l'opale pour constituer la calcédoine ; la comparaison peut
être poursuivie dans les détails de la structure microscopique.
Cette assimilation est basée sur l'élude d'échantillons provenant du
Gard (La Capelle en particulier), dans lesquels ces produits à structure
calcédonieuse passent à des types à fibres dissociables, non accompagnées de
produit isotrope et identiques à des échantillons constamment holocristal-
lins trouvés près de Saint-Girons (Ariège), dans le niveau du carbonifère
contenant les phosphates noirs. Je fais allusion ici à un minéral fibreux,
concrétionné, décrit autrefois par Damour sous le nom à^hydroapatite et
dont j'ai retrouvé les échantillons originaux dans la collection du Muséum
(densité = 3,09; «„, = i,625). J'en donne ci-contre l'analyse a, comparée à
celle b de la francolite de Tavistock par Maskelyne et Flight, c de la staflé-
(') Les lames hexagonales de francolite se <li\isenl en secleurs biaxes avec axes
assez écartés ; le minéral devient uniaxe par mélange de ces diverses orientalioiis.
(') Ces données différent de celles concernanl l'apatite fluorée, dont l'indice médian
est de 1,643 et la densité moyenne de 3,2. M. W. Tschirwinsky a montré {Central-
blalL Miner., '907. p. 279) que les phosphorites de I^odolie renferment un minéral
hexagonal ou fibreux, auquel il attribue la formule 3Ca^(P0'*)-. CaGO'; cette
substance est à ajoutera celles décrites plus haut, si elle diffère réellement de la fran-
colite.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, iN° 20.) 160
*.
c.
d.
e.
54,09
54,67
53,8
53,00
38, i4
39,05
37,3
38,44
3,34
3 ,o5
3,4
»
1 3,25
3,19
3,9
6,29
1 1,59
i,4o
1,6
1 ,37
o.gi
0,07
»
0-79
»
»
«
1 ,00
»
0,69
»
»
12 16 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lite de Stalfel par Forster, d à la composition théorique de la francolite et
enfin e à la composition de la daliilite, d'après M. Brogger.
Dans son analyse, Damour, il est vrai, ne signale pas l'acide carbonique,
mais il est à remarquer que la teneur en eau qu'il indique est sensiblement
égale à la somme C0^-+- H^O de la composition théorique de la francolite
et, d'autre part, j'ai pu m'assurer par des essais directs que le minéral fait
bien effervescence sous l'action d'un acide.
CaO 52,32
Ï'^O» 4o,oo
F 3,36
H^O i ^'^°
Al^O'+Fe^O^ . . 0,43
K20 + Na=0
MgQ ;_
ICI, 4' 101,01 101,43 100,0 100,8g
Les observations tpii précèdent m'ont conduit à étudier le minéral désigné
sous le nom de coloplianile ( kollophan) ; cette substance, ressemblant à de
la gomme ou à de la colophane, a été trouvée dans les gisements de guano
de l'île Sombrero ; sa densité est de 2, 7 ; l'analyse originale a fourni les
résultats suivants : P-0' 89,10 ; CaO 30,70 ; MgO 0,80 ; CQ- 3,96 ;
H-0 5,03 ^ 99,58. Sandberger, supposant que l'acide carbonique pro-
venait d'un mélange avec de la calcite, l'a déduit, avec la quantité corres-
pondante de chaux, des nombres pi'écédents et a attribué au minéral la
formule Ca''(PO''/+ H-(), admise depuis lors dans tous les 'Traités de
Minéralogie.
J'ai examiné un certain nombre d'échantillons de ce minéral et de sa
variété, la monite, [)rovenant soit de llle de Sombrero, soit des gisements
analogues récemment découverts dans les archipels Tuamotu et Tubuaï ;
leurs propriétés physiques et chimiques ne diffèrent pas de celles du phos-
phate amorphe des gisements français ( ' ).
Cette étude comporte une conclusion au point de vue de la nomenclature
minéralogique ; le terme de phosphorite doit être abandonné comme nom
(') Il faut sans doute rapporler aussi à un type très iUioré de coloplianile les ])lios-
phales des gisements crétacés et éocènes du nord de la France, de l'.VIgérie et de la
Tunisie.
I
SÉANCE DU 17 MAI ipiO. 1217
de minéral; les produits auxquels il est appliqué étant fort différents. Je
propose de réunir sous le nom de colophanite les composés isotropes de
phosphate et de carbonate de calcium ('), et de désigner sous le nom de
quercvùe (du nom delà région française) ceux qui sont constitués par un
mélange intime de colophanite et d'un minéral cristallisé de composition
analogue.
En terminant, il me reste à signaler un dernier type de phosphorite,
représenté dans quelques gisements français seulement (Caylus et Mouiliac,
en particulier), et dont j'ai trouvé aussi des exemples parmi des échantillons
provenant de Sombrero et de Castillo de Belmez, près de Badajoz (Espagne).
Il présente les mêmes caractères extérieurs que les précédents; la structure
microscopique est également identique, mais les produits biréfringents
associés à la colophanite sont, les uns optiquement négatifs et semblables à
ceux décrits plus haut, et les autres optiquement positifs. La biréfringence
de ces derniers est environ le double de celle du corps négatif. Je n'ai pu
encore réussir à isoler ce minéral, qui a qualitativement la même compo-
sition que le précédent et dont je poursuis l'étude. Je désigne provisoire-
ment sous le nom de quercyile [3 ce type plus complexe de phosphorite (■).
CHIMIE ORGANIQUE. — Méthode générale de préparation directe des
tliiols par catalyse à partir des alcools. Note de MM. Paul Sabatier
et A. Maii.he.
Ainsi que nous l'avons indiqué dans une Note récente ('), l'activité cata-
lytique de déshydratation que possèdent certains oxydes métallicpies, tels
que l'alumine, la thorine, l'oxyde bleu de tungstène, vis-à-vis des alcools
primaires forméniques, nous a paru devoir être expliquée par la formation.
(') Je signalerai rexislence dans les giseinents du Quercy de curieuses jiseudoiiior-
plioses de gros crislaux. ( ii^™ à 2*="') de brushite en quercyite ; il est intéressant de
constater que la cristallisation du phosphate bicalcique a suivi la production des
rognons de quercyite et que plus lard ces crlstauv ont été transformés en la même
substance que celle sur laquelle ils reposent.
(^) Les observations qui font l'objet de cette Note donnent une importance pra-
tique aux recherches chimiques, elTecluées depuis quelques années par M. Barillé sur
le rôle de l'acide carbonique comme agent convoyeur des pihosphates dans la nature
(Comptes rendus, 12 octobre 1908 el 8 février 1909).
(^) Paul Sabatier el Mailhe, Comptes rendus^ séance du 29 mars 1910.
I2l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à partir de ces oxydes et des alcools, de véritables éthers-sels instables, qui,
aussitôt formés, se dédoublent en carbure éthylénique et oxyde régénéré.
Ainsi la ihorine pourrait fournir
2 ( C" IP"+' OH ) + Th 0^ = H2 0 -+- Th O ( OC" H^«+' )-,
puis, sous l'action de la chaleur,
ThO(OC"H=''+')2=Th02-HH20 + 2C"lI-".
Thorinate. Carbure.
On pouvait prévoir que si, dans le système où se trouve de la sorte
engendré le thorinate, on introduit un acide de fonction plus énergique que
celle de l'hydrate de thorium, cet acide pourra déplacer ce dernier, tout au
moins en partie, et produira l'éther-sel correspondant.
Ainsi on aurait
ThO(OG"H2«+')''-l-2AlI=:2(AC''H="^') +ThO=+ H^O.
Tliorinate Vcide. Kther-sel.
alcoolique.
Et si cet acide est en même temps incapable d'agir sur la fonction basique
de l'hydrate de thorium pour le transformer en un sel stable, cet hydrate va
régénérer l'oxyde de thorium, qui pourra recommencer indélinimenl le
même cycle de réactions.
L'acide sulfhydrique, n'exerçant aucune action sur l'alumine ni sur la iho-
rine, pouvait être essayé. Or, d'après les indications que fournit la Méca-
nique chimique, l'activité de ses deux fonctions acides doit surpasser, tout
au moins pour lune d'elles, l'activité de la fonction acide déshydrates d'alu-
minium on de thorium.
Nous avons donc pensé qu'on aurait successivement
ThO(OC"H5»+')-^-+-2H-S = 2(C»H-^«+'SH) -hTIiO^+H-O
Thorinate Thiol.
aIcnolit|ue.
et ensuiti', plus difficilement, à partir de la fonction acide tjui subsiste en-
core dans le thiol (sulfhydrate acide) :
TllO(OC"ll2«+')^^-2(C"lI^''+'SIl)=r2(C"H-"+')■^S-^ïhO^+H20.
Tliorinate Thiol. Sulfate neutre,
alcoolique.
i
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 1219
L'oxyde de thorium étant régénéré pourra l'éagir de nouveau sur les
alcools, et si l'on continue à faire intervenir de l'acide sulfhydrique, il pourra
fonctionner indéfiniment comme catalyseur pour engendrer des tliiols et
même des sulfures neutres alcooliques.
Nos prévisions ont été absolument vérifiées pai' l'exjjérience : il y a réel-
lement production de thiols, et, dans une moindre proportion, de sulfures
neutres.
Nous en avons déduit une méthode de préparation directe des thiols à par-
tir des alcools.
Il suffit de diriger sur une traînée d'oxyde de thorium, chauffée entre 3oo° et 36o°,
un mélange d'hydrogène sulfuré et des vapeurs de l'alcool que l'on veut transfor-
mer ('). Les gaz sont envoyés, au sortir du tube à oxyde, dans un réfrigérant, où se
condense le thiol, avec l'eau formée, les petites portions d'alcool non décomposé, et
une certaine dose de sulfure neutre. Le ihiol est isolé facilement de ce mélange par
une distillation fractionnée, précédée, s'il est nécessaire, par une décantation pour sé-
parer l'eau.
Une portion de ralcooi employé échappe à la réaction en subissant la déshydrata-
lion ; elle est peu importante avec les alcools primaires forméniques, si la température
n'est pas trop haute; elle est au contraire assez élevée pour les alcools secondaires,
où la formation des carbures élhyléniques est très facile.
Nous avons ainsi préparé à partir des alcools primaires forméniques cor-
respondants :
Ébull.
Le métlianethiol 6
L'élhanethio! 36
Le propanelhiol, 67
Le mélhylpropanethiol, 88
Le méthylj-butanethioli 116
Le rendement est très bon quand le thiol n'est pas trop volatil, et peut
être condensé facilement par réfrigération au sein du courant gazeux. Dans
le cas de l'alcool isoamylique, il a surpassé 73 pour 100.
Nous avons isolé de même, avec un excellent rendement, à partir de
l'alcool allylique, le propénethiol^ qui bout à 90°.
L'alcool benzylique donne avec un rendement assez satisfaisant le phényl-
mélhanelhiol, qui bout à 19 V accompagné d'une certaine dose de sulfure
(') On peut employer l'hydrogène sulfuré mêlé d'hydrogène que fournit l'attaque
du sulfure de fer par les acides minéraux.
I220 ACADEMIE DES SCIENCES.
neutre ('G*'H*CH-)-S, que la distillation détruit en donnant surtout du
stilbène solide fondant à laZj"-
Les rendements sont moins satisfaisants et ne dépassent guère un tiers,
avec les divers alcools secondaires. Nous avons préparé
Ébull.
Le propanelliiol^ 58
IjB cycloliexanelhiol 1 55
L'orthomélhylcyclohexanetliiol • i6i
Le niélaniéthylcyclohexanelliiol i68
Le paramélhylcyclohexanelhiol i6q
IjC cyclohexanelliiol avait été obtenu par Borsche et Lange en hydro-
génant le chlorure de cyclohexanesulfonyle, et décrit comme bouillant
à i58°-]6o° ('). L'un de nous l'a isolé avec M. Murât par action du soufre
sur le chlorure de cyclohexylmagnésium et indique comme bouillant
à i52° (-). Notre méthode directe nous a conduits à un produit bouillant
à i55°.
Le métaméthylcyclohexanethiol avait été isolé par Borsche et Lange ('),
et décrit comme bouillant à 172°- 174°. Nous avons obtenu comme point
d'ébullition 168°.
L'orthométhylcyclohexanethiol et le paraméthylcyclohexanethiol n'a-
vaient jamais été isolés antérieurement.
Production des ihiophénols. — Les oxydes catalyseurs de déshydratation
n'exercent sur le phénol et ses homologues aucune action appréciable au-
dessous de l\oo°. \ers45o", sur la thorine, on obtient avec le phénol une
faible formation ^''oxyde de phcnyle, bouillant à 200", issu sans doute do la
décomposition d'une combinaison instable engendrée par la thorine et le
phénol. On pouvait prévoir que l'action de l'acide sulfhydrique sur le
phénol, en présence de l'oxyde catalyseur, ne pourrait, si elle a lieu, se
manifester qu'au-dessus de 4oo".
C'est ce que l'expérience a vérifié. Kn dirigeant sur la thorine chauffée
entre ^\'5o" et 48o° le mélange des vapeurs de phénol ou d'un crésol et
d'acide sulfhydrique, on obtient effectivement le <A/oyj//e/zo/ correspondant :
mais le rendement est bien inférieur à celui que donnent les alcools, et, dans
le cas le plus favorable, a atteint seulement 17 pour 100. Une température
(') Borsche et Laj^gk, Ber. Cliem. Ges., i. \X\IX, 190G, p. 39?.
(') Mailiie et Mlrat, Bull. Soc. chini., 4" série, t. VII, 1910, p. 28S.
(') Borsche et Lange, Ber. Chem. Ges., t. XL, 1907, p. 2220.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. I22I
supérieure à 5oo" le diminue, à cause de la destruction déjà importante que
subit l'hydrogène sulfuré. La méthode appliquée aux divers phénols con-
stitue donc, plutôt qu'un procédé réel de préparation, un mode de forma-
tion, permettant de montrer commodément dans un cours la production
des thiophénols, pour en manifester les réactions caractéristiques qu'ils
fournissent avec l'acide sulfurique concentré, pourpre pour le thiophénol,
bleue pour le thiométacrésol, rose pour le thio-orthocrésol.
ELECÏIOIVS.
L'Académie procède, parla voie du scrutin, à l'élection d'un Correspon-
dant pour la Section de Physique, en remplacement de Lord Rav/eigh, élu
Associé étranger.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 3j,
M. Blaserna obtient 29 sull'rages
M. Ch.-Ed. Guillaume » 4 »
M. J.-J. Thomson » 2 »
M. lÎLASKiiNA, ayant réuni la majorité des suiîrages, est élu Correspuu-
dant de l'Académie.
IVOMINATIOIVS.
M. le MixiSTUii DES Ai'FAiRiis ÉTKAXGÈKEs transmct à l'Académie le désir
exprimé par S. ]']\c. l'Ambassadeur d'Angleterre de voir l'Institut de France
se faire représenter, par une délégation de cinq membres, au service funèbre
qui sera célébré le vendredi 20 mai à l'Eglise anglaise, à la mémoire de
5. M. le Roi Edouard VII.
L'Académie désigne son président, M. Armand Gautier, pour la repré-
senter à celte cérémonie.
CORRESPOIXDAIVCE .
M. Jean Bossciia, élu Correspondant pour la Section de Physique, adresse
des reraerciments à l'Académie.
1222 ACADEMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
Les Comptes rendus des séances de la troisième réunion de la Commission
permanente de l'Associ.vrwis intehnaiionale de Sismologie, réunie à Zermatt
du 3o août au 2 septembre 1909; rédigés par le Secrétaire général R. de
KbVESr.lGETUY.
ASTUONOMIE PHYSIQUE. — Observations de la comète de Halley. Note
de M. E. EscLAXGox, présentée par M. H. Deslandres.
Les figures schématiques suivantes, déduites des observations que j'ai pu
faire à l'Observatoire de Bordeaux (équalorial de o™,38 d'ouverture) se
rapportent (sauf la figure i ) à divers aspects récents de la tète de la comète
dcHallev.
I.a figure I repiésente l'aspect de la comète à une date déjà éloignée, le i3 féviier
dernier. l>a nébulosité est presque circulaire, ou, du moins, parait telle; mais le
noyau, encore mal limité, présente déjà deux prolongements, lui donnant un aspect
vaguement tiiangulaire.
Ajre de la Comète
Fi^. I. — i3 février. Fig. 2. — a-; avril. Fig. 3. — 10 mai. Fig. 4- — ■' niai.
Figures scliéniati(|ues ilùduiles des observations (').
La (igure 2 se rapporte à une observation du 27 avril. l..e faisceau d'aigrclles, à l'avant
du noyau, est très visible; le contour au sommet paraît nettement limité et parabo-
lique, le noyau restant un peu en arrière du foyer. Les deux surfaces de discontinuité
issues du noyau, s'ouvrant en forme de V à branches courtes, sont très apparentes et
nettement marquées. Le ciel était, du reste, très pur.
La figure 3 est relative à une observation du 10 mai (ciel également très beau). Les
aigrettes ont grandi en dimensions apparentes. Elles s'ouvrent en éventail sous un
{') Les dates sont exprimées en temps civil. Les tiaits pleins se rapportent aux
caractères très visthles et très nettement observés; les traits discontinus à ceux qu'un
état moins bon du ciel on des modifications de l'asire n'ont pas permis de distin-
guer aussi netleuient.
SÉANCE DU 17 MAI I910. 1223
angle de 70" el ont une longiieiir d'environ 00" aux bords extrêmes. Cependant les
surfaces de discontinuité en V paraissent un peu moins nettes que dans l'observation
du 27 avril. I^a queue de la comète m"a paru avoir le 10 mai une longueur d'envi-
ron 10".
Le 1 1 mai, le ciel était légèrement nuageux; les aigrettes de l'avant sont
cependant très brillantes, mais il m'a semblé que leur orientation moyenne
s'écartait très notablement de l'axe de la comète (axe Comète-Soleil), ainsi
que le montre la figure 4- Y aurait-il une oscillation des aigrettes, ainsi qtie
cela fut observé en i835? L'inconstance du temps s'opposant à la conti-
nuité des observations ne m'a pas permis, à Bordeaux, de vérifier ultérieu-
rement une telle variation.
Mais un caractère frappant (que je n'ai pas observé le 10 mai, à cause
probablement de l'heure un peu tardive et de l'influence de la clarté du jour
qui se faisait déjà sentir) dans l'aspect de la comète le 11 mai était la très
grande longueur de la queue; sensiblement rectiligne el très pâle, elle attei-
gnait 25° (la distance angulaire des étoiles y] et ^ de la Grande Ourse). Elle
était très visible, malgré les quelques nuages qui couvraient l'horizon est.
Vers son extrémité elle avait plusieurs degrés de largeur apparente. En
admettant que la queue puisse être courbe dans le plan de l'orbite, la cour-
bure doit être faible en raison de la rectitude apparente observée d'une part,
et de l'angle très sensible que, d'autre part, le rayon visuel faisait le 1 1 mai
avec le plan de l'orbite.
En adoptant le chiffre de 25° pour la longueur apparente, on trouve pour
la longueur absolue de la queue le 11 mai, en fonction du demi-axe de
l'orbite terrestre, 0,18, c'est-à-dire une longueur supérieure à la distance
qui, le K) mai, séparera la Terre du noyau de la comète. D'autre part, les
positions actuelles observées restent très approxiiuativement d'accord avec
les éphémérides. Donc, à moins de modifications importantes et rapides,
avec lesquelles, du reste, on doit toujours compter lorsqu'il s'agit des
comètes, il semble bien que la Terre doive, le 19 mai, traverser eft'ective-
ment la queue de l'astre.
Du reste, plus récemment encore, le iG mai, à 2''3()"' du malin, alors que
la tète de la comète était encore sous l'horizon, j'ai pu repérer avec assez
de précision l'extrémité de la queue. Celle-ci dépassait la ligne £ Pégase à
p Verseau; sa limite extrême paraissant être a l'élit Cheval. A 1 5" ou ao°
de son extrémité, elle avait 6° à 7° de largeur, mais elle allait ensuite en
s'amincissant notablement jusqu'à l'extrémité même. Elle était pâle, mais
cependant très visible.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 20.) l(Jl
1224 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On déduit de celte observation que la queue avait 65" de longueur appa-
rente, ce qui correspond à une dimension absolue égale à 0,20 (dans
l'observation du 11 mai j'avais trouvé 0,18, mais je considère celle du
16 mai comme meilleure). La distance de la Terre au noyau étant 0,16 le
i() mai, on peut en conclure que la queue s'étendra au delà de la Terre à
une dislance d'environ 5 millions de kilomètres.
ASTRONOMIE. — Sur i aplatissement de lo,, premier satellite de Jupiter.
Note de M. J. Comas Soi.a, présentée par M. Bigourdan.
Dès que, en igoi, je. ponmiençai d'pbserve}' Jupiter, avec Féqualorial
double Maiihat de 3t^'''° de l'Observatoire Fabra, je vis le sî^telUte Ip allongé
q\; très aplati. Ces premières observations firent l'objet d'une Note que
j'eus l'Iionneur (l'adresser a l'Académie (Comptes rendus du »o j^in 1907)
cl où i'aflîrmais la réalilé de ce surpren£ni| allongement.
Depuis lors j'ai continué à, abseryç.!; pe satellite, en proiltant des plus
Celles images, et le résultat a çté, poyir moi, une cqnfirmf^tion complète c^e
cet aplatissement. Maintenant, je considère comme sûr que lo est \rtis
aplati et que son aplatissem,ent est, par sa grandeur, supérieur à, tout ce
que l'oii connaissait dan^ notre système solaire.
Je n'insisterai plus sur les ellets optiques ou topographiques du disque
pour expliquer cet aplatisse.^iç.Dit; aucune de ces considération^ ne peut
^.endre compte de \a. fig\ire singulière de Iq. D'ailleurs son ombre sur l;^ pla-
nète est allongée aussi (Note citée).
Pour éviter toutç suggestion, quafld j'observe Jupiter je fais toujours
l'expérience de deviner le satellite I par son allongeJiicnt, et jamais je ne me
suis trompé. Dans les belles soirées, cet allongement est, en général, évident
avec un grossisse ment dp 55o; i^l çst très (rappant avec 750 (le plus fort (le
].'instru,ççiei:it).
La moyenne générale, jusqu'à présent (de igoSà 1910), de mes mesures
de l'angle de position, de la direction de l'allongement, par rapport au plan
de l'orbite du satellite, donne une valeur sensiblement nulle. On peut donc
admettre, au moins provisoirement, que le plan equaturial de lo coinci^ç
avec le plan de son, orbite.
D'autre part, l'allongement n'est pa,s tout à fait constant,. Ces variations
d'allongement, très difiiciles à obsçrvçr, seraient in,dépend,antes dç, la posi-
tion du satellite par rapport à la planète.
SÉANCE DU 17 MAI I9IO. 1225
Pour la détermination de la valeur de cet aplatissement, eu égard aux
très faibles dimensions apparentes de cet astre, au lieu de faire des mesures
micrométriques, j'ai préféré comparer la figure lélescopique de lo à des
ellipses dessinées sur du papier et d'aplatissements variés. De cette façon,
j'ai fixé l'aplatissement maximum à ^. Quant au minimum, jamais le
disque dii satellite n'a été pour moi un cercle, mais quelquefois je l'ai vu
très peu différent de cette figure.
Je hè crois pas que ce singulier aplatissement de lo ait pour origine un
très rapide mouvement de rotation de cet astre; et il semble bien pkis
naturel de chercher la cause dans l'attraction de .lupiter sur le satellite.
On peut, à ce sujet, faire deux hypothèses:
i" Le satellite, pendant son état de fluidité piimitive el par refTe't des marées pro-
duites par Jupiter, aurait subi un commencement de segmentation et pris ta forme
spéciale d'équilibre dite apiodale .'j'ai pu, en effet, observer plusieurs fois une sorte
d'étranglement du satellite vers sa partie moyenne; 2° le satellite aurait subi une seg-
mentation complète et produit deux corps qui tourneraient autour du centre de
gravité commtin, corps dont les masses seraient comparables, presque égales, et
dont les surfaces seraient presque tangentes, offrant ainsi une disposition très sem-
blable à celle de l'étoile variable U Optiiucbus. Plusieurs fois të satellite m'a produit
l'efTet d'une grosse étoile double trop serrée pour être nettement dédoublée. Dans
celte liypothése, la révolution des composantes aurait lieu eii plusieurs heures, ce qui
est compatible avec les observations, car elles me font croire que les variations d'alloTr-
gemenl sont sensibles dans l'intervalle d'une seule soirée.
II me serait très agréable que quelque astronome, disposant d'un très
puissant instrument et de très belles images, voulût bien se livrer à cette
étude, en vue de déterminer la cause des aspects surprenants que j'observe
depuis longtemps dans ce satellite.
ASTRONOMIE. ^ Observations de la comète de Halley-, faites à l' Observatoire
de Marseille^ au chercheur de comètes. Note de M. Boiskelly, présentée
par M. Maurice Hamy.
Comète de llalléy 1909 c.
Nombre
Dates.
Temps moyen
de
Log. facl.
Log. fact.
1910.
de Marseille.
A.il.
iai
coin p.
."R apparente.
paraît.
1.0 y. apparente.
parai! .
Avril 21.
h m s
16. 10. 3o
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Il m s
23.5t. 3,37
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—0,770
» 23.
16. 3.23
— Ô.32
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— 4.10,8
5:5
23.50.27,68
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—0,769
» 24.
iS.Dj . 33
— 0.4' :
.•7
— 5.21,5
5:5
23. 5o. 19,25
-T,634
82. rr.26,0
—0,770
I22()
ACADEMIE DES SCIE^CES.
Noiiilire
L) il les.
Temps mo\ei
de '
Log. fact.
Log. fact.
1!)10.
de Mai-sciilc.
A,«.
\'i\
C0II1|).
.11 aiipaieTilc.
parall.
i.O'i' apparcnle.
parall.
• •
vril 2.5
15'.' 3 7 '"4 s'
— o.4i , 12
- 7- '"'9
5:5
Il _ m s
23 .5o. 19, 32
-î,635
82". 9:45:5-
-0,772
4
» 2 f)
iS.Sg.Sr)
—0. 3,02
+ 2.57,0
5:5
23. 5o. 19,75
-T,633
So. 9.46,4
—0,-78
5
» 26
i5.47-25
+0. 5,38
+ o.5o,o
5:5
23. 5o. 28,24
-î,634
82. 7.39,3
—0,770
6
» 27
16. 5.53
+0.23,62
— 2 . 6,1
5:5
23.5o.46,5o
-T,63i
82. 4.43,1
—0,765
7
» 28
I 5 . 55 . 4o
+0.52,77
— 5.49,1
5:5
23, 5i. 15,67
— î,632
82. I. 0,0
— 0,766
8
» 29
I 5. 52. 25
+ i.33,o4
— 10.16,9
5:5
23. 5 r .55,96
— î,632
81. 56. 32,1
— 0 , 765
9
lai I
15.38.34
-3.46,21
+ 11.48,7
4:4
23.54. 0,-''O
— ï,633
81.44.37,0
— 0,767
10
» 6
i5. 39. 16
+0.47,44
+ 8.45,4
5:5
0. 5. I 1 ,28
-T,633
So. 47.56,0
—0,763
1 1
» 7
15.17.49
+4.31,90
— 9.23,0
3:3
0. 8.55,76
— T,637
80.29.47,5
—0,769
12
» S
i5. i3.20
+ 1 . 2 1 ,92
-7- 8,'
5:5
0. 13.28,75
— î,637
80. 8.18,7
— 0,770
i3
9
i5. 32. 42
+2.50,67
+ 10.56,3
5:5
0. 19. 6,27
-T,636
79.42.21 ,9
-0,763
14
» 10
15.17.47
— I. 2,42
+ I 4 ■ 5,0
5. 5
0. 25.47 '6'
— T,639
79.11 .59,8
-0,769
i5
G'.
7
7
8,1
8,1
8,1
8, 1
8,1
8
8
6 , 8
8.7
8
;r moyenne
1910,0.
Étoiles de comparaison.
Réduction 'jP moyenne. Itédnclin
au jour. lillO.O. an jour.
23.5l .
23. 5l.
23.5i .
23. 5i
',49
1 , 49
■.49
23.50.23,88
23.50.23,88
23. 5o. 23,88
23. 5o. 23, 88
23. 5o. 23,88
23.57.47 ,65
o. 4 -24 ,70
o. 4.24,70
0.12. 7,68
o. 16. 16,45
0.26.50,91
-',09
-1,07
-I ,o5
-I ,o4
-1 ,02
-1 ,00
-0,98
-0,96
-o , 94
-0,86
-0,84
-o,85
-o,85
-o,S8
82 . 16.39,0
82. 16.39,0
82. 16.39,0
82. 16.39,0
82. 6.40,9
82. 6.40,9
82. 6.40,9
82. 6.40,9
82. 6.40,9
Si .32.40,5
80.39. 3,4
80.39. 3,4
80 . I 5 . 19,9
79. 3(. 18,8
78.57.48,3
8,8
8,6
8,5
8,4
8,5
8,4
8,3
8,2
8,1
7,8
7-'
6,9
6,8
11818,
11818,
11818,
11818,
1181 3,
ii8i3,
ii8i3,
1 i8i3,
1 iSi3,
1 18.58,
n8i3,
1 i8i3,
1 1S61,
11887,
1 1 1 20,
Autorités.
, Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leipzig
Leijizig
Lei|i7.ig
Leipzig
II, AG
II, AG
II, AG
II, AG
II, AG
11, AG
II, AG
II, AG
II, AG
11, AG
11, AG
II, AG
11, AG
1, AG
I, AG
Remarques. — Le 16 avril, la comète de llalley odre l'aspect d'iin noyau coiuiensé,
presque dépourvu de chevelure, de 5° grandeur; elle hrille moins (]ue Tétoile w des
Poissons qui est dans son voisinage et disparaît bien avant elle dans la lumière du
jour. Le 18 avili, la comète a même apparence que Pavant-veille; elle est pourtant un
peu plus brillante. Le 21 avril, le noyau de la comète est ètalè, comme écrasé et
entouré d'une rlicvelure; la queue est bien visible, la branche principale est sensible-
iiRMil parallèle à la direction du mouvement diurne, elle se prolonge dans toute
l'étendue du cliainp de la lunette. L'éclat du noyau est de If-^" grandeur.
Le 23 avril, l'aspect de la conièlç a changé, la queue est divisée en deux branches
SÉANCE DU 17 MAI 191O. 1227
et une aigielte pari du noyau se dirigeant vers le Sud; te noyau a une teinte rouge
clair bien prononcée. Le 24, le noyau parait aussi brillant que Tétoile w des Poissons
et deux aigrettes se montrent au Sud et au Nord. Le 2.5, la comète a l'éclat d'une
étoile de 3''-4" grandeur, les deux aigrettes de la veille subsistent toujours. A l'œil nu,
on voit la queue sur une étendue d'environ 3°. Le 26, le noyau est lirillant, il surpasse
en éclat (,) des Poissons. A l'œil nu, la queue est très apparente. Les aigrettes subsistent
toujours et, par instants, on croit voir d'autres jets s'échapper du noyau. Le 27, le
ciel est brumeux, la comète est plus pâle tant dans la lunette qu'à l'œil nu. Le 28, la
comète est de 3° grandeur, le noyau d'apparence planétaire mesure 8", le diamètre de
la tête 2'. Elle reste visil)le jusqu'à i9''6"' t. s. et disparaît après l'étoile 11818 A. G.
de 7° grandeur.
Le 29 avril, la comète a presque l'éclat de y. Pégase; on voit deux aigrettes, l'une
plus brillante que l'autre. La queue a encore augmenté en longueur, elle atteint l'as-
cension droite de Vénus, mais se trouve beaucoup au-dessus. Le i'""' mai, le noyau
paraît allongé par suite de l'éclat des aigrettes; il a l'éclat de a Pégase. La queue
s'étend à lo" et passe à loo^o' au-dessus de \'énus. Le 2 mai, la comète est très belle,
le noyau a plutôt l'apparence slellaire aujourd'liui, la queue mesure 10° de longueur
et passe à plus de 10° au-dessus de Vénus. Le 4 mai, la comète est superbe; son éclat
est sensiblement celui de Markal. Le noyau mesure 10", la tête .5' à i5''i2"'. La queue
a 1.5° de longueur. Le 6 mai, la comète est magnifique; elle s'étend dans le cairé de
Pégase, de y à a avec Vénus au-dessous. IJeux belles aigrettes partent du noyau en
haut et en bas, la queue a une longueur de iS" à 16°. Le 7 mai, la comète a sensible-
ment le même aspect que la veille. On voit trois étoiles filantes qui parlent non loin
de la région de la comète. Le 8 mai, la comète a une troisième aigrette dirigée vers le
Soleil. La queue s'est encore allongée et atteint 18°. La comète est toujours liés belle,
le ciel est un peu nuageux dans la région le 9 mai. Le ciel est médiocre le 10 mai, la
comète est néanmoins très belle. Le 11 mai, le ciel est brumeux; on voit néanmoins la
comèle qui est toujours superbe. Une étoile filante d'un bel éclat traverse le champ de
la lunelte, maichant parallèlement avec la comète, mais en sens contiaireà i8''43"'47''
temps sidéial.
Le i3 mai, à i5'' t. m., la comèle paraît s'être brusquement et notablement trans-
formée. Son noyau brille comme une étoile de 1"^^ grandeur el mesuie 1 1" de diamètre.
Un trait brillant, qui n'existait pas les jours précédents, part du noyau à l'opposé du
Soleil et partage la queue rectiligne qui mesure actuellement 43° de longueur. L'extré-
milé de celle queue a l'intensité des étoiles de 6'^ grandeur et se trouve à la position
approchée
iR = 22''6™ et D = +-6°.
Il fait grand jour que la comète est encore visilile.
GÉOMÉTRIE INKINITÉSIMALI;. — Sur une nouvelle classe de sur/aces.
Note de M. Tzitzéica.
Je me propose de oompléler sut' plusieurs points les résultats de ma der-
nière CoiuiBwnicaùon (i8 avril 1910),
1228 ACADÉMIE DÈS SCIENCES.
1. Tout d'abord, si la surface initiale S est une quadriquea centre, toutes
les surfaces transformées sont aussi des quadriques ayant le même centre
que S.
On déduit de là, par une transformation homographique, les congruences
W les plus générales admettant comme surfaces focales des quadriques. (]e
résultat est d'ailleurs implicitement compris dans un travail de M. C Seyne
sur fes congruences AA' (Accarl. cli Toriiw^ 1907).
2. Si la surface initiale est simplement réglée, les surfaces transformées
sont aussi sinqalement réglées.
•\. Dans le cas où S est une surface quelconque pour laquelle on a
K : /?*=: consf.,
la première transformation exige rinlégration du sysléme
h ait ôii I — c II dv
(1) \ " ',' — h W (c = consl.),
I dh <m
Il <)v t)v
h étant une intégrale, nécessairement cennue en même temps que la sur-
face S considérée, de l'équation
.r-\oR/> _ .
>)ii ûv h-
Si, quelle que soit la constante c, on a olilenu l'intégrale générale du
système (i), alors l'application des transformations suivantes ne demande
plus d'intégration.
Pour démontrer cette proposition, je me suis servi de la propriété sui-
vante, analogue au théorème de permûtabïlité de M. Blanchi. Considérons
les surfaces S, et S2 obtenues par une première transformation de S, en
prenant dans le système (i) c = c, et c = c.,. Parmi les transformées de S,
et celles de S._,, il y en a une et une seule commune. S'.
4. Dans le cas où l'on prend c ^ o, les surfaces transformées se réduisonl
à des droites passant pai' l'oi'igine; si c = ce, elles sont rejetées à linluii,
chaque point dn plan de l'infini correspondâ^jt à un point déterminé de la
surface, lorsque la solution 11 est choisie.
SÉANCE DB 17 MAI 1910. 1229
5. Enfin, bien que rinlégrale générale du système (i) soit de la forme
R ^ f,Ri-f- c'jRs-H C3R3 (c,=: consl. ),
une des constantes c, disparait dans la première transformation, qui ne
contient par conséquent que trois constantes arbitraires : c, c, et c.,.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur (équation dijf'érenticlle du mouvement
d' un projectile sphèrique pesant dans iair. Note (') de M. E. Ouivet,
présentée par i\I. Appell.
I. On a entre la vitesse c du centre de gravité et l'angle a de cette vitesse
avec Thorizon, l'équation classique
M. P. jVppell (Arc/iiv der Malhematik und P/ijsi/i, lyo'l) la ramène par le
changement de fonction
(•[siiia -+- ^(i')] = ->
à l'équation
M. le colonel Jacob (Mémorial de l'Artillerie de Marine, 1899) lire des
équations du mouvement l'équation diflërentielle
( 3 ) -1-3 y" -H 0-3 y'S IZli- + ^c ( -1 H- Lii _ , \ ( ^ry'i + ('y' ) _(_ L — O,
?" \9 -^ / ?
(jui relie l'ordonnée v à la vitesse. Je ferai remarquer qu'elle admel l'inté-
grale particulière gy' = — {>, d'où, en faisant le changement de fonc-
tion g;y'= — V -h'Ç, l'équation
(4) i'5Ç'+-!-^^Ç'+ <•?(?-<•
r
elle est de même forme que l'équadon (2) et s'y ramène par le changement
de fonction t ^= i>-(^z.
(') Présenlée dans la séance du 9. mai fgio.
I23o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Je signalerai une forme d'équation balislifiue qui me paraît avantageuse.
Si dans Téqualion (i) on introduit, comme inconnue, la composante verti-
cale ^^ de la vitesse, on trouve simplement
(iW W o -H (•
(3)
(/(' VV + \'o
Cette équation admet les deux solutions ^\ = dz i> quelle que soit la résis-
tance ;p. Elles correspondent au mouvement vertical ascendant ou des-
cendant.
II. L'intégration du problème balistique peut être poursuivie sur l'une
des trois équations précédentes. A titre d'exemple, je signalerai quelques
cas que je crois nouveaux.
i" L'équation (2) est intégrable, les variables sont séparées, si 5 vérifie
l'équation
29 -H ('©'=: ci'(i — 9^) (c=;const.)
dont l'intégrale générale est
/ \ Ctic(c — (•„)
9(c) = i cT- -r ((•„=: consl.);
2" L'équation (2) est intégrable si elle admet une intégrale pro[)orlion-
nelle au rapport des coefficients V, et V, des termes en z^ et s'; la substi-
tution s = muY- : V sépare les variables. Posons cp =/', on obtient pour
déterminer y, l'équation
''^/"~') -+-m(w + !)((/' + /) -t-C = o.
Je prends c = o, m ^= et j'effectue la substitution (^ = e"", f^ye^\
prenant de plus y'^=yj comme variable, on obtient
dp p"- — 4
qui est une équation linéaire. On a alors cp(v) = y+yj, (' ^ e" '' ; on
obtient donc 9((') et v en fonction d'un paramètre.
3" L'équation (5) admet pour intégrale générale
(W — i')''(W-t- i')''(W — =)' = consl.,
OÙ a, h, c sont des constantes et z la fonction
{a + b + c)(^- — (« — b)(f — c
a — h — (a -h b)'j
SEANCE DU 17 MAI 19IO.
si ^ vérifie l'équation
d ( a + b -h c)'si- — i a ~ b)o — c
(6) {a -\- b + c)^ — {a ~ b)-
(h- {a — h) — (a -{- b)o
On peut trouver un ceitain nombre de cas d'intégration de l'équation (6)
qui conduisent à des lois de résistance nouvelles. Par exemple, pour a = b,
2a -h c = I, on trouve
y c^+A^,. ',
loi physiquement acceptable en donnant à c des valeurs négatives. De
même pour « + 6-t-c^o, o est une fonction homographique de la vitesse
et d'une constante arbitraire. Enfin si l'un des trois nombres a, b, c est nul,
on obtient une nouvelle loi de résistance par l'intégration d'une équation
linéaire. Ces exemples sont basés sur la connaissance d'intégrales particu-
lières de l'équation balistique; dans un Mémoire ultérieur, je montrerai
tout le parti qu'on peut tirer de ces solutions particulières pour l'intégra-
tion de l'équation.
ANALYSE MATHÉMATIQUE, — Sur les fonclionntUes continues.
Note de M. Mauuice Fréchet, présentée par M. Appell.
Je veux ajouter ici quelques compléments à une remarquable proposition
de M. Riesz( ').
D'après cette proposition, toute fonctionnelle linéaire Uy définie dans le
champ des fonctions J\x) continues de o à i peut s'exprimer sous la forme
^0
a(j?) étant une fonction à variation bornée et l'intégrale étant définie au
sens de Stieltjes. En supposant a(i) = o, la fonction ol{x) est définie, sauf
en un ensemble dénombrable de points.
I. On peut supprimer cette indétermination en assujettissant, en outre,
la fonction a(ar) à être partout régulière, c'est-à-dire en supposant
(x{x)=^—^ ^^ pour o<,f<i.
(') F. RiESZ, Sur les opcrations foiictio/uielles {Comptes re/ifliis du 29 no-
vembre 1909).
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 20.) I^-'-
1232 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Une telle fonction a(a;) existe et est unique. De plus, ce choix a l'avan-
tage suivant : a(ic) dépend alors de Uf de façon distributive et continue.
II. On obtient aussi une représentation unique de son espèce sous la forme
U/ ^f A ^ ) ('" (-'■ ) + ^ «'/( ■^.- ).
où u(x) est une/onction continue à variation bornée et nulle pour x =^i et où
les ai et les x, sont des constantes indépendantes de la/onction f(x). On a
o _ Xj I ;
et, ou bien les a, (supposés tous différents de zéro) sont en nombre iini, ou
bien la série Srt, est absolument convergente quand on suppose les Xj tous
distincts.
Celte représentation a l'avantage de mettre en évidence une sorte de
points singuliers fixes de la fonctionnelle U^, et de résidus correspondants «,.
Pour les déterminer, connaissant U^, on peut procéder ainsi. Soit gfj,(x)
une fonction égale à zéro pour £r = o, E — /î, ^ H- A, i, égale à i pour ar- = ^
et linéaire entre ces points [go,h(^) étant égale à i pour x ^= o, nulle pour
X = h, I ; gt^^ étant égale à i pour x ^ j , nulle pour a? = o, i — A]. La
quantité \J gi/,(x) a une limite déterminée quand h tend vers zéro. Cette
limite est nulle partout, sauf en un ensemble dénombrable de points qui
sont les points j?,, où la limite est a,-.
Quand Uy est donnée sous la forme (i), on peut procéder autrement :
les a, sont les sauts de la fonction a
«^ 1= a ( j-,- -+- o ) — 3! ( J",- — o )
[ff/z= «(+ o) — «(o) si .»",■= o, rt,=i 5((i) — o((i — o)si.r,= i].
Les Xj sont les points où ce saut n'est pas nul, c'est-à-dire les points où
a(a:) a une discontinuité non évitable.
111. En se servant de la remarque,!, on peut étendre la formule de Riesz
à ce que j'ai appelé des fonctionnelles d'ordres entiers.
Par exemple, une fonctionnelle d'ordre deux est une fonctionnelle con-
tinue telle qu'on ait identiquement
L'^+î+'i; — U/+y— V^+.i, — U^+y. ■+- Vf -h U^ + U,j, — - Uo — o.
Toute fonctionnelle homogène d'ordre deux peut être représentée par la
formule
(2) ^f-=f f{^r)d,J f{y)d,u{x.y
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 1233
(en indiquant par dj. qu'on prend l'intégrale au sens de Stieltjes en fai-
sant varier seulement x). Dans cette formule a{x, y) est une fonction
indépendante àc f{x) et telle qu'on ait
(3)
5 M ; u {ji\ i) ^ ii{\ ^ y) ^o,
M élant un nombre fixe indépendant de la fonction /'. La notation A désigne
l'expression
A «(x, /) s u{Xi, Yj) — ii{a:i_i, 7 J — ti(jri, ,ry-i) + «(^'i-i, Jy-i),
avec o = a-(, ^o;, . . .<;x-„ = I, o =^0 < Ji •• • < J/. = I- La condition (3)
doit avoir lieu quel que soit le choix des a-,, yj en nombre quelconque et
quels que soient également les signes des quantités s,, e^ égales à ± i.
Réciproquement, si u(x, y) est une fonction quelconque satisfaisant aux
conditions (3), le second membre de (2) a un sens et représente une fonc-
tionnelle homogène d'ordre deux.
IV. On voit ainsi qu'on pourra mettre toute fonctionnelle d'ordre entier
sous une forme plus simple que celle que j'avais d'abord indiquée ('). Au
contraire, la représentation que j'ai donnée des fonctionnelles continues
quelconques est plus simple que celle qu'on obtiendrait, si l'on voulait géné-
raliser le résultat précédent (§ III).
PHYSIQUE. — Le ihernioplnle éleclrique : /issus, tapis., tricots chauffant par
i électricité. Note (")de M. Herrgott, présentée par M. d'Arsonval.
La production si facile de la cliaieiii' au moyen du courant électrique a depuis long-
temps été appliquée dans quantité d'appareils de cliauiTage de formes surtout rigides,
mais elle a permis également de chaufTer des corps souples; aussi un certain nombre
d'essais ont été tentés avec succès dans ce sens particulier depuis quelques années.
D'abord des tissus usuels ont été chaudes par l'adjonction d'un conducleurélectrique
fixé à leur surface par divers moyens; puis des fils de résistances électriques ont été
tissés avec des fds d'amiante pour constituer des tissus assez grossiers et former ainsi
des rhéostats qui sont ensuite devenus, convenablement disposés, des appareils de
chaufTage à haute température; enfin un fil plus ténu et de grande résislivilé électrique
a été enroulé sur une âme soujjle en amiante pour former un fil éleclrique chauffant,
(') Reprcsenlalion def; fonctionnelles continues par une série d'intégrales mul-
tiples {Comptes rendus du 1"=' février ujoy).
(■-) Présentée dans la séance du 9 mai 1910.
Jl>'5/} ACADÉMIE DES SCIENCES.
encore lioj) gros poui' ùlre lissé, mais pouvant s'appliquer sur des tissus en leur lais-
sant une certaine souplesse.
Cependant, malgré leur intérêt poui- cliaullei' le corps humain, ces divers essais
avaient conservé à ces appareils et à ces tissus des dimensions encore assez reslreinles,
des formes un peu spéciales et des aspects plutôt rudes qui limitaient l'emploi de
chacun deux à des cas particuliers. On était bien arrivé à composer des tissus chauHé'*,
mais il restait mieux à faire pour réellement fabriquer des tissus chauflPants.
Ce qui caractérise les ihermophiles Herrgott, c'est ce fait que c'est au
tissage même que les fils clectrotViermiquos et textiles sont incorporés dans
ces tissus; ils en forment ainsi partie intégrante, de telle façon que les aspects
habituels de ces tissus ainsi que leur souplesse sont conservés avec la possi-
bilité de les exécuter en toutes dimensions.
Pour celte fabrication mécanique il fallait dabord composer le fil à la fois chaullant
et textile ; les fils éleclrolhermiques ihermophiles sont soigneusement fabriqués sur
une âme de laine autour de laquelle est enroulé en spirale un assemblage tressé à plat
de fils très ténus de nickel pur; le tout est enveloppé de fins guipages contrariés de
même textile que le tissu à exécuter. Ainsi ces fils sont très souples, ne bouclent pas
au tissage el sont aussi bien employés sur les métiers à lisser mécani(|ues que pour le
tricotage à la main ; leur conducteur électrique chauffant ne peut être facilement
sectionné, étant bien préservé, car ainsi c'est l'âme textile d'un tel fil qui résiste à la
traction en le supportant.
Les thermopliiles ont leurs chefs et leurs lisières non chauffants, car inlenlionnelle-
menl les fils éleclrolhermiques n'y parviennent pas, afin d'éviter leur usure préma-
turée par frottements; dans chacune des deux lisières sont enfermés un ou plusieurs fils
spéciaux amenant le courant électrique pour alimenter les divers circuits chauffants,
un pôle dans chaque lisière afin d'éviter tout court-circuit et toute fausse manipulation.
Les fils de lisières sont placés pendant le tissage ou après le tricotage; les diverses
sections de fil éleclrolhermiques, de longueurs prévues par la température à obtenir,
y sont reliées de façon que la fin d'un circuit chauffant el le commencement
du suivant se trouvent connectés ensemble au même point du même fil de lisière,
donc sur le même pôle; de cette manière la différence de potentiel entre deux circuits
consécutifs est nulle sans possibilité de court-circuit.
Ce genre de fabrication permet ainsi d'exécuter les thermophiles en
toutes dimensions, d'y incorporer autant de circuits qu'il est nécessaire et
même ensuite de les couper en longueurs déterminées dans lesquelles on
retrouve ce qui est nécessaire au bon fonctionnement.
Celte disposition bien spéciale aux thermophiles laisse possibles toutes les
combinaisons électriques des divers circuits el par conséquent de chauffage;
on peut en eiïcl disposer les fils de lisières pour alimenter les divers circuits
en dérivation ou en série à volonté.
Enfin ces tissus sont auto-résistants, c'est-à-dire que les circuits thermo-
philes sont mis en dérivation directe sous la tension du courant électrique à
SÉANCE DU 17 MAI I9IO. 1235
Utiliser cl prévus pour une température déterminée au-dessus de la tempé-
rature ambiante dans laquelle ils sont déployés.
Ce mode particulier de tissage permet de serrer les fils électrothermiques en trame
les uns contre les autres, ce qui peut paraître défectueux au premier abord; bien au
contraire, il faut remarquer que le fil électrothermique, n'ayant qu'à éciiaulTer une
très petite largeur de tissu, n'a besoin de se trouver qu'à une température très peu
supérieure à la température uniforme de ce tissu; car ce serait l'inverse si les fils
chaufTanls étaient très espacés. Enfin il est à remarquer que par suite de la grande
longueur possible de chaque circuit électrotliermique la différence de potentiel entre
deux duites cliaulTanles voisines est fort peu élevée et sans danger.
Le nickel pur, uniquement employé dans les ihermopliiles, est peu oxy-
dable, ce qui permet les applications bumides, mais surtout son coeflicient
de résistance au passage du courant électrique augmente vite avec la tem-
pérature, de sorte qu'il devient son propre régulateur; aussi, après avoir
écbauffé plus vivement le tbermopbile au début il entretient ensuite le déga-
gement de chaleur en dépensant de moins en moins d'énergie électrique.
Dans ces conditions, le rendement de ces tissus thermophiles est des plus élevés,
étant donné qu'il s'agit de transformer le courant électrique en chaleur par contact;
aussi la consommation d'électricité est minime.
Les fils électrolhermiques Herrgotlsont si souples qu'en laine ils se suffisent à eux-
mêmes et peuvent être tricotés en toutes formes, ces tricots sont montés comme les
tissus thermophiles.
Ils peuvent rendre de grands services au point de vue médical en per-
mettant l'application de températures variant de 4- 5° à + iSo". Les appli-
cations industrielles se révèlent chaque jour, qu'il s'agisse de tissus filtres
pour matières grasses ou de toiles sans fin theimophiles et mobiles pour le
séchage ou du satinage sous presse.
Les nombreuses applications des thermophiles viennent compléter tous
les autres modes de chauffage et la thérapeutique y trouvera en particulier
une aide puissante.
SPECïROSCOPlE. — Sur certaines conditions d'apparition dit spectre de bandes
attribué au cyanogène. Note de MM. A. de Gramokt et M. Drecq,
présentée par M. H. Deslandres.
Au cours de recherches sur les spectres des mélanges de sels fondus nous
avons observé, en dehors de toute flamme, de tout produit de combustion,
les bandes ordinairement attribuées au cyanogène. Nous les avons obte-
Ï236 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nues par la seule présence du carbonate de sodium exempt de cj^inure,
soumis sur une lame de platine emboutie, à l'action de l'étincelle très chaude
d'un transformateur alimenté parle secteur de la ville, et dont le secondaire
contient une capacité de 0,0 1 microfarad. Cette étincelle suffit, en l'absence
de toute source de chaleur, à liquéfier le sel, et son image est projetée sur la
fente d'un spectrographe à prisme Rutherfurd avec objectif de chambre
achromatique de 4o"" de foyer, antérieurement décrit ('). Voici les lon-
gueurs d'ondes des principales arêtes de bandes que nous avons photogra-
phiées et mesurées :
Cy n" II 421 5, 5 4 "96, 5 4 177, 5 4 '66,0
CyiT'III 3883,6 8871,6 8861,9 3855, o
Cette dernière bande n" III (3883,6) est de beaucoup la plus intense et la
plus caractéristique. Dès 1888 (-),M. Deslandres l'avait obtenue à la pression
ordinaire et avec l'étincelle condensée dans le cyanogène, et la considérait
comme faisant partie des spectres de haute température accompagnant les
spectres de lignes. D'autre part, Andrews et Tait ont montré que, sous l'in-
fluence des étincelles électriques, le cyanogène se dédouble en charbon et en
azote. Il semblerait donc résulter des conditions où nous avons opéré, en
dehors de tout cyanogène préexistant, que si ce spectre est bien altribuable à
la présence simultanée du carbone et de l'azote, il n'implique cependant pas
nécessairement la présence du composé cyanogène C^N-, dont le rôle dans les
expériences antérieures pouvait être simplement de fournir, par sa décom-
position, sous l'cfTet des étincelles, les éléments dissociés C et N nécessaires
à l'apparition des bandes que nous signalons. Celles-ci fournissent une
réaction spectrale fort sensible du carbone, car la principale (n" III) est faci-
lement visible encore dans des mélanges de chlorure ou de bromure de
sodium contenant j^ de carbone à l'état de carbonate; elle semble dis-
paraître pour j-jj^ environ. Les deux bandes sont très développées pour des
quantités de carbone de l'ordre du centième. Celte apparition des bandes
dites du cyanogène, sans la présence antérieure de ce composé toxique et
dans des conditions où celui-ci est détruit s'il se forme temporairement,
apporte une présomption de plus de l'innocuité de la rencontre de la Terre
avec les queues cométaires et spécialement avec celle de la comète de Halley
où la bande 388 a été observée.
(•) A. DK GiiAMONT, /iec/terc/ie.1 sur les spectres de dissociation [Ann. de Cliini.
et de l'hys., 8= série, l. XVH, août rgog).
. (') 11. Deslandiies. Spectres de bandes allraviolcls des nictalloïdes {Ann. deCliim.
et de J'Iiys., 0° série, l. XIX, 1888).
SÉANCE DU 17 MAI 191O. 1287
ÉLECTRICITÉ. — Sur la dimension des éléments matériels projetés par
les cathodes des tubes à vide. Note de M. Houllevigue, présentée
par M. E. Boiity.
J'ai décrit antérieurement (' ) un procédé d'étude des projections catho-
diques qui m'a permis, dans le cas de l'argent, d'estimer à lo^^ environ les
dimensions des particules projetées, supposées sphériques. J'ai repris le
même problème par une voie toute différente, en étudiant la naissance de
la conductibilité électrique dans les dépôts ionoplastiques.
Le dispositif employé consiste à effectuer les projections, dans la cloche
à vide, à la surface d'une bande de verre dont les extrémités, platinées et
recuites au four électrique, constituent d'excellents contacts; ces extré-
mités sont reliées, par des conducteurs isolés qui traversent la cloche, aux
bornes d'un pont de Wheatstone; on peut ainsi mesurer la résistance au
cours de la projection cathodique et sans arrêter cette projection.
J'ai opéré exclusivement sur des dépôts d'argent. Dans tous les cas, j'ai
conslalé qae la conductibilité ne s'établit qu'à partir d'une certaine épaisseur
de la couche métallique ; la pellicule apparaît d'abord comme un voile gri-
sâtre, qui vire au bleu en .passant par le rose; elle acquiert un pouvoir
réflecteur très accusé; examiné au microscope, avec un grossissement de
1 100 diamètres, elle ne montre aucune discontinuité (à part les granula-
tions décrites dans une communication antérieure); pourtant, sa résistance
est infinie; mais, si l'on continue à effectuer le dépôt, la conductibilité
apparaît brusquement.
Cette observation est favorable à l'hypothèse d'un dépôt effectué par
grains séparés; la conductibilité s'établirait alors au moment où les grains
en contact formeraient une ligne conductrice entre les prises du courant.
Supposons qu'il se dépose, d'une façon parfaitement uniforme, n particules par
seconde et par millimètre carré, ces particules étant sphériques et de diamètre d milli-
mètres; elles se loucheront au bout d'un temps 0 tel que
(0 ne^^,.
Si on laisse le dépôt s'effectuer, en régime constant, pendant un temps T, et si l'on
mesure (par ioduration ) l'épaisseur e millimètres de la couche d'argent déposée, on
aura
(2) e = /iTx z^d\
n
, (') Comptes rendus, t. CXLVIII, 1909, p. 1820.
1238 ACADÉMIE DES SCIENCES.
On lire de ces deux équations
"=ïr
Deux expériences ont donné les résultats suivants :
a 7"'i5» 6"'45^
T 20™ 20"" 3o'
e Ziv-V- ZÇ>V-V-
(3) donne alors
d 26!^-!^ iiW-
Les valeurs de d fournies par celle méthode sont donc du même ordre de grandeur
que celles obtenues antérieurement, de telle sorte que la grosseur^ tout à fait inatten-
due, des éléments projetés se trouve ainsi confirmée. Il faut d'ailleurs remarquer que
l'équation (3) donne des valeurs trop petites pourrfàcause de l'irrégularité inévitable
des dépôts ; en tenant compte de celte irrégularité, (3) s'écrit
(3 lus) d— =,
^ ' Il ■K i
où N représente le nombre des particules projetées par seconde et par millimètre carré
dans les régions d'épaisseur maximum et n le nombre mo3en des particules projetées,
dans le même temps et pour la même aire, sur toute la surface.
D'autre part, les dimensions des granules d'argent colloïdal de Bredig
sont comprises, d'après Zsigmondy, entre 5o'*'^ et 77'*'', nombre du même
ordre que ceux auxquels nous parvenons pour les projections cathodiques.
Dans les deux cas, les particules produites résultent d'une désagrégation.due
à des actions électriques ; on peut remarquer, en outre, que les métaux col-
loidaux sont négatifs, c'est-à-dire cheminent dans un champ électrique en
s'éloignanl de la cathode. Cet ensemble d'analogies permet de conclure avec
vraisemblance que les élémenls des projections cathodiques ne diffèrent pas
essentiellement des granules des métaux colloïdaux.
CHIMIE PHYSIQUE. — Action de l'ejjluve sur l'aldéhyde éthylique en présence
de l'hydrogène. Note de MM. A. Besson et L. Fourxier, présentée
par M. Troost.
Ce travail, commencé il y a plusieurs mois, et qui, d'après nos prévisions,
aura une étendue considérable, concerne l'action de l'effluve sur les princi-
paux représentants des types volatils des fonctions organiques. Ce sujet a
déjà été abordé par différents savants à des points de vue varjés, Hemptirine
SÉANCE DU 17 MAI 19IO. 1239
a publié dans la Zeitsclirift fur Physikalische Chemie de 1898 le résultai de
ses travaux où il a envisagé exclusivement l'étude des produits gazeux
formés dans l'action de l'effluve sur un certain nombre de composés orga-
niques. Berlhelol, dans la même année, s'est occupé spécialement de la
fixation de l'azote sur un grand nombre de composés organiques sous
l'action de l'effluve. Enfin, plus récemment, Losanilsch a publié dans les
Berichte (1909) les résultats d'un travail sur les produits gazeux et condensés
résultant de l'action de l'effluve sur un certain nombre de composés organi-
ques gazeux ou volatils; tout au moins, en ce qui concerne les produits
condensés, les indications de l'auteur au sujet des procédés de séparation
employés montrent que le travail a été fait très sommairement.
Dans noire étude nous entraînons les corps volatils au moyen d'un cou-
rant d'bydrogène pur et sec (Zn pur et H Cl pur, desséché sur NaOH ) en
limitant la quantité d'hydrogène au minimum nécessaire pour éviter la
rentrée accidentelle d'air dans les appareils; les tubes à effluves spéciaux
munis de réservoirs (distance des armatures 3""" à 5""") actionnés par des
transformateurs branchés sur le courant delà ville à i 10 volts, nous donnent
une effluve nourrie sous potentiel de 12000 à i5ooo volts. A la suite des
tubes se trouve un réfrigérant tubulaire entouré d'un mélange réfrigérant
de glace et de sel, puis mi laveur à eau séparé du réfrigérant par une colonne
desséchante de CaCl-. Nous nous bornerons dans ce qui suit à l'étude des
produits condensés ou dissous dans l'eau, ayant reconnu par des expériences
préliminaires que l'étude des produits gazeux des réactions, qui sont très
variés, nécessiterait un outillage spécial dont nous ne disposons pas; à notre
avis il faudrait, pour cette étude, opérer en vase hermétiquement clos, sans
adjuvant de gaz étranger; liquéfier les gaz produits aumoyen de l'air liquide
et séparer les produits par des moyens physiques et chimiques appropiùés.
Hors de ces conditions, nous estimons que cette étude sera toujours incom-
plète et sous cette forme elle a été faite dans la plupart des cas. En ce qui
concerne les produits condensés, nous en préparons toujours des quantités
importantes de façon à pouvoir nous livrer à une étude approfondie sur leur
composition.
Le passage de l'eflliive à travers le mélange des vapeurs d'aldétiyde éllivlii[Lie el
d'Iijdrogène donne lieu à un phénomène très brillant; il est accompagné de la produc-
tion de lueurs bleu verdàlre du plus bel effet. La production de gaz est abondante en
même temps qu'il se condense dans les réservoirs des tubes un liquide jaune rongeàtre
fortement acide, d'odeur désagréable ((ni rappelle celle de la saumure de harengs, et
dans le réfrigérant un liquide jaune verdàtre.
C'est sur l'ensemble de ces liquides que porte la séparation. Une expérience pié-
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 20.) I^'^
I24o ACADÉMIE DES SCIENCES.
liminaire nous ayant démontré i]ue les arrière-produits s'altéraient fortement à la
distillation même sous pression très réduite, en laissant un important résida charbon-
neux, nous nous sommes arrêtés au mode opératoire suivant : on distille d'abord le
produit dans une large cornue, au bain-raarie dont la température est portée progres-
sivement jusqu'à 100°, d'abord à la pression atmosphérique, puis sous le vide en
recueillant les distillais dans des mélanges réfrigérants; le résidu de l'évaporalion
prolongée dans le vide à ioo° est un liquide sirupeux rougeâtre, partiellement soluble
dans l'eau; la soltition aqueuse, évaporée dans le vide sec, laisse un liquide visqueux
qui correspond à la composition C'II*0' et possède les propriétés de l'acide .S-ox} bu-
tyrique; quant au résidu du traitement par l'eau, c'est une masse visqueuse brunâtre
dont nous n'avons pas pu tirer parti.
Le produit distillé initial est soumis à des fractionnements répétés à la pression
atmosphérique et sous le vide avec des appareils appropriés; la fraction do^-ôo" est
reconnue comme renfermant une forte proportion d'acétone, identifiée parses propriétés
caractéristiques (odeur, bisulfite, nitroprussiate, formation d'iodoforme) ; celle de -5°
à 85° est un liquide jaune verdàtre qui, à première vue, paraît être un composé défini;
mais en rapprochant sa composition élémentaire de son poids moléculaire déduit de
sa densité de vapeur, nous avons reconnu qu'il y avait incompatibilité et par suite que
nous devions avoir affaire à un mélange de corps aidéhydiques ou cétoniques (combi-
naison avec le bisulfite). Nous avons été conduits à considérer ce liquide comme un
mélange de butanone C*H'0 (liquide distillanlà 8o°) et d'une dicétone, d'une butane-
dione, le biacétyle C'IPO- (liquide jaune verdàtre qui bout vers 88°); car, traité
par KOH (qui détruit la butanedione), il passe ensuite incolore à la distillation;
rectifié sur CaCl'. il bout vers 80° et présente la composition et les propriétés de la
butanone.
Ensuite de io5°à 106° distille un liquide fortement acide qui se sépare partiellement
du précédent en deux couches superposées; l'analyse lui attribue la composition de
l'acide acétique hydraté à i™"' d'eau C^IPO^ -t- H-0 ; nous avons isolé cet acide de
son composé sodique et vérifié par les réactions caractéristiques que nous avions bien
afl'aire à de l'acide acétique.
Les fractions distillant plus haut renferment encore d'autres acides, mais en
moindre quantité; dans la fraction i35°-i4'>°, nous avons trouvé un acide qui possède
toutes les propriétés de l'acide propionique, ainsi qu'un composé cétonique distillant
de i4o° à i45° que nous n'avons pu identifier faute de quantité suffisante de matière;
enfin, dans les arriére-produits fractionnés sous vide se rencontrent encore des acides
dont la consistance est visqueuse et des corps cétoniques.
En résumé, dans racliou de l'effluve sur Taldéliyde clliylique en présence
de l'hydrogène, nous n'avons trouvé dans les produits condensés que de
l'eau, des acides (acétique et homologues) et des corps cétoniques.
La formation des cétones et dicétones que nous avons idenliOécs
s'explique par un mécanisme très simple :
aCH'CHO == 2H -h CO -+- GH^GOCIl'' propanone,
3CIPGHO = 4H -^aCO-t-G^H^COCH^ butanone,
2GH»CH0=:2H-<-GH'G0 — GOCH^iiacétyle, etc.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. I24l
Celle des acides :
2(CH^CHO)=C=H''-i-CH3C02H acide acétique,
4(CH3CHO)= C^H'-H aC'^H'CO-Il acide propionique, etc.
Suivant les conditions de rcflluvation, certaines de ces réactions peuvent
être prépondérantes. Quant à l'eau formée, elle peut provenir d'une
condensation des cétones avec formation d'oxyde de mésityle, pliorone et
homologues supérieurs, ou d'une destruction plus profonde de la molécule,
telle que
( on remarquera qu'il n'y a pas mise en liberté de charbon).
Cette manière d'envisager la formation des produits condensés de
l'aldéhyde éthylique sous l'action des effluves est confirmée par la nature
des produits gazeux formés : Heniptinne y a trouvé de l'hydrogène (20
pour 100), CO (4i pour 100), CH' (3g pour 100). Losanitsch a reconnu
en plus la présence de l'éthylène. La formation de méthane s'explique faci-
lement par une décomposition accessoire de l'aldéhyde avec production
de corps exclusivement gazeux dans les conditions de l'expérience
CHIMIE ORGANIQUE. — Synthèse de nilrilcs aromatiques. Note de
MM. F. BoDROux et F. Taboury, présentée par M. Troost.
Dans une précédente Communication {Comptes rendus, t. CXL, p. ")3i),
nous avons montré qu'on peut facilement obtenir les nitriles de formule
• C>H-CHR-C\,
en faisant agir les éthers simples des alcools gras sur le dérivé monosodé du
cyanure de benzyle en dissolution dans l'éther anhydre.
Au sein de ce dissolvant, les nitriles ainsi obtenus réagissent sur Tanii-
dure de sodium avec dégagement d'ammoniac, et les dérivés organo-métal-
liques formés font double décomposition avec les hydrocarbures gras mono-
halogénés :
C«H' — ClIR — CN + Na — NH^^NH'+CH'— GNaR — CN,
0 H» - G Na R ■ - GN + R' X = Na X + C« 11 ■ — GR' R — G,N .
Nous avons préparé avec un rendement de yS pour 100 environ :
1° Au moyen du phényl-2-butaneiiitrile et de Tioduie d'étliyle. Véthyl-y.-pkénjl-
1242 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2-ùii/ancnit/ ilc
C-M'
I
CH^-CIP--C — Cil
I
C«H^
liquide incolore, bouillaut enlre 125°,5 et i27°soiis i 3""", enlre 2.(7° et 249°sous 702™"' ;
2° Au moyen du pliényl-2-pentanenitrile et du biomuie d'isobulyle, le p/opyl-2-
phénYl-'i-inclliyl-\-pentancnilrile
CM!'
I
CH'— (11 — Cil-— C— CN
1 1
GlI' G«IP
liquide incolore, ne distillant pas sans décomposition à la pression ordinaiie et passant
entre i^S" et i5o° sons iS™""; f/^r^ 0,982.
Ces l'ésultats étant obtenus, nous nous sommes demandé s'il ne serait
pas possible de préparer les nitriles de formule
C«H»-Cir--CN
à partir du cyanure de benzyle en utilisant les réactions suivantes :
(>1I^- CH^— CN + 2Na — Nin=:= 2NI1'+ OIF— CNa^— CN,
C«ll»-CNa-^— Gi\ + 2R — X =2NaX-f-C'=fP— CR^— GN.
L'expérience a répondu affirmativement.
Avec le dérivé disodé du cyanure de benzyle en solution éthérée :
1" L'iodure d'éllivle fournil re^/M7-2-/D/ie'"j/-2-6(//rt/(e/ij7/7Ye déjà décrit, mais ce
composé est accompagné par une substance riche en azote, dont il est trop difficile de
le séparer; aussi pour sa préparation la méthode précédemment indiquée esl-elle pré-
férable.
2° Le bromure de propyle fournit le propyl-i-phényl-i-penlaneinLiile
I
CH' - GH^ - GII- - G — GIN
I
G«1I'
liquide incolore bouillant enlre 142°, 5 et l'is" sous i5"""'. entre 208° et 270° sous 758°"°;
"'u = <-i,94o.
3" Le bromure d'isobutyle fournil le mélliyl-2.--propyl-i-phéiiyl-'i-mélliyl-h-pen-
SÉANCE DU 17 MAI IQIO. 1243
tanenilrile
\
CH» — CH - CH^ — C — CN
I 1
CH' CII-
I
CH — CH'
CH'
liquide incolore, distillant entre 101° et i55° sous i5"""; di3=:^ 0,981 .
Ces deux derniers composés ont été obtenus avec un rendement de 60 pour 100.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des hydracides sur les éthers glycidiqnes.
Note de M. Georges Darzens, présentée par A. Haller.
Les éthers glycidiques sont des corps saturés, mais l'existence dans leurs
molécules d'une liaison oxydique en position a p leur donne une grande acti-
Yilé fonctionnelle; c'est ainsi qu'ils se combinent facilement aux hydracides,
aux anhydrides d'acides organiques, à l'ammoniaque, aux hydrazines, etc.
Je me propose d'exposer ici les résultats auxquels je suis parvenu par
l'action des hydracides sur les éthers glycidiques substitués de la série grasse
dont j'ai donné, il y a déjà quelque temps, une méthode générale de prépa-
ration (').
Lorsqu'on fait réagir à froid l'acide chlorliydrique sec sur une solution éthérée
rigoureusement anhjdre d'éther (3[3-diniélhylglycidale d'éthyle, on observe une réaction
immédiate qui s'accompagne d'un notable dégagement de chaleur.
Après avoir fixé un peu plus d'une molécule de HCl il suffit de chasser l'élher au
bain-marie et de soumettre de suite le résidu à la distillation fractionnée dans le vide
pour obtenir un liquide bouillant à g5°-ioo° sous 20°"" qui ne tarde pas à se prendre
en une niasse cristalline fondant à 28°; par essorage suivi d'une fusion et d'une recris-
lallisation ce point de fusion s'élève à Si^-Sa".
Ce produit d'addition est un éther oxychloré de l'acide isovalérianique
pouvant avoir l'une des deux formules de constitution suivantes :
I. II.
CH' Cl OH CH' OH Cl
\/ / \/ /
C — CH — CO^C^H» C-CH-CO^C^H-
X
H
CH' CH'
Ce que nous savons déjà sur l'action de HCl sur les acides glycidiques
(') Comptes rendus, t. CXXXIX, 1904, p. 1214.
1244 ACADÉiMIE DES SCIENCES.
monosubslitués peut, a priori, nous faire incliner vers la fornnile I; mais il
m'a semblé nécessaire de démontrer celte formule d'une façon plus certaine;
la présence d'un carbone tertiaire pouvant modifier profondément les pro-
priétés de la molécule.
J'ai tout d'abord essayé la désbydratation de monéther oxychloré. Je n'ai
pu y parvenir même avec V^O^ en présence de benzène bouillant. Ce
résultat négatif donne une grande probabilité à la formule I.
J'ai ensuite préparé par un autre procédé l'éther représenté par la for-
mule II, afin de pouvoir le comparer avec mon éther oxychlorovalérianique.
A cet effet, j'ai préparé l'acide a-chlor-[3-oxyisovalérianique en fixant,
conformément aux indications de Prentice ('), l'acide hypochloreux sur
l'acide diméthylacrylique. (^et acide m'a permis d'obtenir par simple éthé-
rification un éllier ayant, sans doute possible, la formule II.
Or, ce corps est tout à fait différent de celui obtenu par l'action de H Cl
sur l'acide diméthylglycidique. Il est liquide (point d'ébullition g6°-98°
sous 20™'"), ne cristallise pas, même par amorçage avec un cristal de mon
éther; déplus il se déshydrate facilement.
■le suis donc amené à conclure que l'action de H Cl sur l'éther j3jîl-diméthyl-
glycidique donne bien l'éther a-oxy-j^-chlorisovalérianique.
C'est un corps cristallisé fondant à 3i°-32°, distillantà 96^-98° sous 20'""',
ayant une odeur désagréable, facilement soluble dans l'alcool et les liquides
organiques. Traité par 1'"°' d'éthylate de sodium en solution dans l'al-
cool absolu, il régénère de suite l'éther diméthylglycidique. Saponifié
même par la quantité théoi'ique de soude, il ne m'a pas été possible de pré-
parer l'acide libre à cause de son peu de stabilité en solution alcaline et sa
transformation immédiate en aldéhyde isobutylique.
Dans l'espoir de le transformer en éther diméthylpyruvique, je l'ai traité
par la diéthylaniline, mais cette base s'est montrée sans action même à 200".
Ce résultat négatif prouve que dans la série grasse la forme glycidique est
plus stable que la forme pyruviquc.
L'action de H Cl sur l'éther triméthylglycidique m'a permis de préparer
dans les mêmes conditions un éther répondant à la formule
CJJ^ Cl OU
\/ /
C — C- CO^CMI'
/
CH' Cil»
liquide bouillant à io'|"-io(i" sous 21""".
(') Licbig's Annalen der Chimie, t. CCXCII, i8g6, p. 272.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. I2:iD
Avec Tacide bronihydrique les résultats sont tout à fait comparables;
c'est ainsi qne j'ai préparé l'éther a-oxy-,3-bromisovalérianique fondant
à 2i"-22'' et distillant à ioo°-ioj° sous iS'""'.
Dans toutes ces réactions il est très important d'opérer en l'absence de
toute trace d'eau si l'on veut éviter la formation d'éthers glycériques qui
diminuent les rendements et gênent les purifications.
L'acide iodhydrique donne un résultat tout différent.
Lorsqu'on fait arriver HI anhydre dans une solution éthérée d"élher dimétliylglyci-
dique, il y a, dès le début, forte coloration du mélange par suite de la mise en liberté
d'iode. Après avoir ajouté a III pour 1'"°' d'étheron agiteavec une solution deSO'Na II
|)Our llxer l'iode, la solution étliérée est ensuite évaporée et le résidu saponifn!' par un
excès de XaOH alcoolique.
On obtient ainsi un acide solide fondant à 69°, 5 que j'ai identifié avec
l'acide dimétbylacrylique. Il y a donc eu, dans cette expérience, simple
réduction conformément à l'équation
CIP CH'
\
G _ CM — CO^ C' ]¥ -H ?. II I = C =^ CH — GO^C^ IP -+- 1- + H^ 0.
/\/ /
CIP O CH'
(Jette réaction est générale et permet par suite de transformer un acide
glycidique en un acide non saturé en position ap.
CHIMIE ORGANIQUE. — SiiJ- deux nouveaux isomères de l'acide
stèarolique. INote de MM. A. Ar\aud et S. Poster\ak, jjré-
sentée par M. L. Maquenne.
Nous avons montré précédemment ( ' ) que l'acide stèarolique se combine
avec 1'"°' HI pour donner naissance à un mélange de deux isomères monoiod-
élaïdiques fondant respectivement à 23°-24" et 39°. Le même acide fixe
2'"°' HI, lorsqu'on fait passer un courant de gaz iodbydrique dans l'acide
gi'as fondu jusqu'à saturation complète. Le produit de la réaction se présente
sons forme d'une huile épaisse, très brune, qui peut être décolorée après dis-
solution dans l'éther par l'acide sulfureux.
Tandis que le dérivé monoiodhydrique fournit par réduction avec le zinc
cl lacide acétique de l'acide élaïdique et par traitement avec la potasse
(') Comptes rendus, t. (JL, p. 1100.
1246 ACADÉMIE DES SCIENCES.
alcoolique bouillante l'acide stéarolique primitif à l'état pur, le dérivé
diiodhydrique donne par réduction de V acide sléarique et par décomposition
au moyen de la potasse alcoolique un mélange complexe dont nous avons pu
isoler en plus de l'acide stéarolique primitif régénéré T,j ,„ ( ') deux nou-
veaux isomères de cet acide avec triple liaison déplacée d'un carbone à droite
et à gauche Tg g et T|„ ,,. A côté de ces produits cristallisés, nous y avons
trouvé une substance huileuse monoiodée, représentant environ le tiers du
poids du mélange et dont il était impossible d'enlever l'iode par la potasse
alcoolique, même à 160" (-).
La séparation des isomères stéaroliques présente de grandes difficultés
dues à leurs constantes physiques très rapprochées. Si nous y sommes
arrivés, c'est surtout grâce à la méthode simple de production des dérivés
diiodés d'addition des acides de la série stéarolique que nous avons décrite
antérieurement (^ ) et à la cristallisation fractionnée de ces dérivés.
Acide sléaroUijue Tj g. — Lamelles nacrées à contour de parallélogramme, solu-
blesdans tous les dissolvants des acides gras. Point de fusion 47°-5- L'acide fondu et
refigé sur l'eau a un aspect nettement cristallisé, sans qu'il soit cependant possible de
discerner les éléments cristallins. L'acide stéarolique ordinaire laisse apparaître, dans
les mêmes conditions, de grosses aiguilles prismatiques, réunies en groupeniei.ts
étoiles.
Oxydé par trois fois son poids d'acide azotique (D ^ >,52), de façon à éviter la pro-
duction de l'acide stéaroxvlique, il fournit 3o pour 100 environ à^ acide siih-
rique G'H"0*, fondant à i/ic, ce qui fait placer la triple liaison entre le luiilièine
et le neuvième carbone.
L'acide stéarolique Tg^g fixe 2"' d'iode en liqueur acétique, en donnant Vacidc
diiodo-S.Q-ctaïdique C'IP^I^O- : aiguilles blanches, peu solubles dans l'alcool froid
et fondant à 67°.
Par dissolution dans l'acide sulfurique concentré et précipitation avec de leau. il
fournit le céto-g-stéarirjiie C'*H'''0': lamelles rliombiques, ondant à 74", 5.
Acide stéarolique T,„ ,,. Présente absolument le même aspect que son isomère
précédemment décrit. Point de fusion 47°- Oxydé par l'acide nitrique dans les condi-
tions indiquées plus liant, il fournit près de 3o pour 100 d^ acide sdhaciqite C'^H'^O',
fondant à iSc-iSo", 5. La triple liaison se trouve dune entre le dixième et le onzième
carbone.
(') La majuscule grecque T est employée ici comme abréviation du ternie triyle
liaison par analogie avec le \, proposé par A. v. B^eyer pour désigner une liaison
double.
(^) Il s'agit là très probablement d'un mélange des acides monoiodoléiqiics qui se
sont formés par rotation de l'un de deux carbtines chargés d'acide iodliydrique autour
de leur axe commun pendant le traitement à la potassç.
(') Comptes rendus, t. CXLIX, p. 220.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 12^7
Son dérivé diiodé d'addition est Vacidc diioclo-iu.i i-élaïdi<jue C'*IF-l-0-.
Lamelles rectangulaires brillantes, plus facilement solubles dans l'alcool que l'isomère
précédent. Point de fusion 45°- L^acide célo-w-sléarique CH^'O' cristallise en
lamelles rhombiques, fondant à 73°, 5.
Toutes ces propriétés des acides stéaroliques T, , et T,„ ,, et de leurs dérivés les
distinguent nettement de l'acide stéarolique connu et de son isomère naturel, l'acide
taririque ICt-
Pour expliquer la formation de deux nouveaux isomères aux dépens du composé
diiodhydrique, il est nécessaire d'admettre que les 2™°' HI se fixent sur la triple liaison
de façon à placer les 2"' d'iode sur le même carbone, tantôt du côté du carboxyle,
tantôt du côté opposé, phénomène c(ue nous avons observé déjà pour les produits
d'addition d'une molécule III.
Il en résulte que le dérivé diiodhydrique qu'on soumet au traitement jiar la potasse
alcoolique n'est pas un produit unique, mais un mélange de deux isomères diiodo-
stéariques :
(i) CII'-(CH^)''-CP- (CH^')"-C001I
et
(2) Cfr— (CH^)' — CI-— (Cii^)"— cooii.
La potasse alcoolique, pour enlever 2'"°' III, emprunte 2"' d'hydrogène aux groupe-
ments CH- qui se trouvent dans le voisinage immédiat du carbone iodé, à sa droite et
à sa gauche, en donnant naissance, dans le cas de la formule ( 1), aux acides stéaroliques
Tg., et T9 10 et dans celui de la formule (2) aux acides Ta, m et T,o,ii'
Cette interprétation est corroborée par la possibilité de préparer isolément les deux
acides diiodostéariques par saturation avec du gaz iodhvdrique de chacun de deux
isomères nionoiodélaïdiques, mentionnés plus haut. En efl'et, l'isomère fondant à
23"-24" nous a donné l'acide diiodo-^-sléarique [formule (i)] qui, traité par la potasse
alcoolique, a fourni un mélange des acides stéaroliques Tg , et Tj^. Avec l'isomère
fondant à 89", nous avons préparé Vacide diiodo-io-sléarique [formule (2)] dont on
a obtenu les acides stéaroliques T, ,„ et T,,, ,i-
De là on déduit pour les isomères monoiodélaïdi(|ues eux-mêmes les formules de
constitution
CH' — (CH-)- — CH = C1 — (CH-^- — COOH (acide fondant à a3°-24'')
et
GH' — CHM" — CI = CH — (CH^)'— COOll (acide fondant à 39°).
Les considérations que notis venons de développei' ne sont pas spéciales
à l'acide stéarolique, mais s'appliquent également aux autres acides de la
même série. Elles ouvrent la voie à la préparation de nombreux isomères
de ces acides si peu accessibles jusqu'à ce jour.
0. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 20.) 1^4
1248 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. - Si/?- l'acide hexahydrophènylgfycohque . Note
de MM. Maucel Godciiot et Jlles Frezouls, présentée par
M., Éraile Jungfleisch.
Cette Commuiiicalioii a pour but de faire connaître l'acide hexahydro-
phénylgljcolique — C'H" .(^HOH .CO-H. Nous avons réussi à obtenir
ce nouveau composé en partant de raldéhyde hexahydrobenzoïque qui, par
union avec Facide cyanhydrique, fournit le nitrile hexahydrophénylgdyco-
lique; ce dernier, par saponification, donne Tacide correspondant.
Les recherches que nous poursuivions en vue de l'obtention de cet acide
étaient sur le point d'être terminées, lorscjue nous avons eu connaissance
d'un récent travail sur le même sujet, publié par MM. Zélinsky
et SchwedofF('). Nous dirons de suite cjue nos résultats sont, comme nous
le montrerons, différents de ceux obtenus par ces deux chimistes.
L'aldéhyde hexahydrobenzoïque, C*H".CHO, point de départ de nos
recherches, avait été obtenu antérieurement par Bouveault (-), MM. Saba-
batier et Mailhe (/'), M. Zélinsky ('' ), M. Wallach('). Nous avons adopté,
pour sa préparation, le mode opératoire généralement usité qui consiste à
oxyder par l'acide chromique, à basse température, l'alcool hexahydro-
benzoïque, G" H' ' . CH- OH, dissous dans l'acide acétique cristalUsable ; cet
alcool était lui-même obtenu en faisant réagir le trioxyméthylène sur le
bromure de cyclohexylmagnésium.
l"]n préparant l'aldéhyde hexahydrobenzoïque, nous avons constaté sa
facile polymérisation : une ti^ace d'acide le transforme assez rapidement en
un produit cristallisé en fines aiguilles, fusibles à 202"-2o3°, possédant la
formule (C'H'-'O)'. Ce fait avait été signalé antérieurement par Zélinsky
et par W allach.
Ayant remarqué les écarts existant entre les points de fusion de la semi-
carbazone de l'aldéhyde hexahydrobenzoïque indiqués successivement par
Bouveault (17G"), parM. Zélinski(i73°-i74"),par M. Wallach(i67''-iG8"),
nous avons préparé à nouveau cette semicarbazone et nous lui avons trouvé
(') Berichte der deulschen cheinischen Gese(lscha/t, l. XLl, 1908, p. 2677.
('■') Bullclin de la Société chimique, l. XXIX, p. lo^g-
{•') Comptes rendus, t. CXXXtX, 1904, p. 344-
('•) Berichte der dcutschen chemischen Gesellschaft, l. XL, 1907, p. 3o5i.
{') Annrd. der Chenue, l. CCCXLVIl, p. 333.
SÉANCE DU 17 MAI I9IO. 1-49
comme [)oint de fusion 168", chiffre qui concorde avec celui donné par
Wallach.
-Xitrile hexakydiophénylglycolique : C*H" .ClïOH. CN. — Onoblientc* composé
en faisant agir, à la température ordinaire, une solution aqueuse el conceûtrée de
cyanure de potassium (i partie) sur la combinaison bisulfitique de l'aldéhyde hexaliy-
drobenzoïque. On constate un léger échauffement, tandis qu'apparaît peu à peu une
lui i le légèrement colorée. Au bout d'une heure, ia réaction est terminée ; on extrait
alors le composé huileus avec J'étber ordinaire ; après lavage à l'eau et dessiccation de
la solution éthérée à l'aide du sulfate de sodium anhydre, on distille l'étlier, ce qui
fournit un résidu liquide constitué par le nilriJe hexahydrophényJgly<-olique. Il est
impossible de distiller ce produit; il est (railleurs suffisamment pur pour être traité
direcleraent.
He.vahydropliénylglvcolainide : C'^II".CHOH.CO NH-. ^ Le nitrile, obtenu précé-
demment, se transforme lentement en amide hexahydropbénylglycolique au contact
de l'acide chlorhydi-ique concentré. On maintient les deux, corps en présence pendant
24 heures, à la température ordinaire, en agitant fréquemment. Le nitrile, qui surnage
au début, disparaît lentement; on précipite ensuite par l'eau froide, ce qui provoque
l'apparition d'une huile qui ne tarde pas à cristalliser peu à peu ; on essore les cristaux
qui sont soumis à plusieurs cristallisations dans l'éther ordinaire : l'hexahvdrophéByl-
glycolamide est ainsi obtenu dans un grand état de pureté. Analysé, il a fourni des
chiflres satisfaisants. (Tiouvé, C pour 100 : 6) ,01; H pour 100 : 9,65; N pour 100 :
9,36. Calculé pour C*H'^0-M, C pour 100 : 61 , i5; H pour 100 : 9,55; N pour 100 :
8,9>-)
L'hexahydrophénylglycolamide se présente sous forme de feuilles nacrées, incolores,
fusibles à i55°. Insoluble dans l'eau, il est très soluble dans l'alcool, l'éther ordinaire
bouillant, l'acétone.
Acide /ie.rafiydrop/ié/iy/gl)Coliiftie : Oll" .CllOH.CO-H. — Le composé amidé,
décrit ci-dessus, peut servir à préparer l'acide correspondant : il suffît de le traiter
soit par l'acide chloihydrique concentré à 100°, soit par ia potasse aqueuse à l'ébulli lion.
\ous avons remarqué ■que le rendeaient en acide était notablement meilleur lorsqu'on
emp'oyail l'alcali; dans le traitement acide,' il se forme toujours une altération d«
produit avec apparition, en proportion notable, de composés de destruction. \'oici
comme il convient d'opérer : on maintient à lébullition, pendant 2 à 3 heures, une
solution de potasse à 10 |)our 100 renfermant l'amide en suspension; les cristaux
disparaissent peu à ]>eu ; on acidifie, après refroidissement, par l'acide suifurique
dilué et l'on extrait à l'étljer. La solution éthérée, après évaporalion, abandonne un
produit solide, qui est purifié par des cristallisations répétées dans l'élher Oixlinaire
ou dans l'acétone. L'anaivse élémentaire et le dosage acidiraétrique du composé ainsi
obtenu lui font attribuer la formule C'H".CHOH .CO'-H. (Trouvé, C pour 100 :
60, 33; 60,42; H pour 100 : 8,97; 9,07. Calculé pour C* H'*0'', C pour 100 : 60, 75;
11 pour 100 : 8,85.) Les sels de sodium et d'argent, analysés également, nous ont
fourni les chiflres suivants : Trouvé, Na pour 100 : 12. 4; Ag pour 100 : 4o;-)5;
théorie, iVa pour loo : 12,77; f^S pour 100 : 4o-7J-
L'acide hexahydrophényigh colique se présente sous la forme de beH-es aiguilles
I25o ACADÉMIE DES SCIENCES.
prismatiques fusibles à i3o°-i3i°, peu solubles dans l'eau ; loo parties d'eau à i4° dis-
solvent 0.7 partie d'acide. Il est très soluble au contraire dans l'éther. l'alcool,
l'acétone.
Zélinsky et SchwedolT ont décrit sous le nom d'acide hexahydrophénylglycolique
un co'mposé fusible à 166°, dont ils ne donnent qu'une seule analyse et qu'ils obtenaient
en faisant agir l'acide clilorhydrique à chaud sur le nitrile correspondant. Nous pensons
que ces chimistes ont dû avoir entre les mains soit un corps différent de l'acide hexa-
hvdrophénylglycolique, soit peut-être un mélange de cet acide et de l'amide. Le
composé, obtenu par nous, recristallisé dans plusieurs dissolvants, a toujours fondu au
même point rSo^-iSi".
L'acide hexahydrophénylglycolique. possédant un carbone asymétrique, est sus-
ceptible d'être dédoublé en ses isomères actifs; nous avons l'intention d'effectuer ce
dédoublement et d'étudier certains dérivés de cet acide qui nous ont paru intéressants.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur le dosage de l'acide tartrique dans les malières
premières naturelles. Note de M. C. Beys, présentée par M. Gernez.
On sait l'importance économique que comporte un dosage précis de
l'acide tartrique dans les composés que fournit, en quantités considérables,
l'industrie vinicole. Jusqu'ici, aucune méthode n'est à l'abri de la critique :
même le procédé Goldenberg et Géromont, classé pourtant parmi les
meilleurs, peut, dans les conditions les plus courantes, comporter parfois
des erreurs de plusieurs unités pour 100. La méthode, que je résume ici et
qui sera indiquée plus en détail dans un autre recueil, m'a, au contraire,
donné, dans les cas les plus variés, des résultats très satisfaisants.
On chaufl'e 3o minutes, au bain-marie, is-as du composé analysé avec son poids
d'acide sulfurique dilué au ^. Après refroidissement, on ajoute, peu à peu, 5'°'
d'alcool, puis 10'°' d'éther. Le mélange trouble s'éclaircit rapidement; on filtre et
on lave avec le même volume d'éther et d'alcool (à 2 pour i). Le liquide filtré, qui
renferme l'acide tartrique, est neutralisé,» la phénolphlaléine, avec une solution de
potasse dans l'alcool à 90°; on ajoute ensuite un excès (5^''"'-io'^'"°) de la même solu-
tion pour saponifier les éthers lartriques possibles; puis on amène à 38° et, après re-
froidissement, on décante facilement le liquide A du précipité formé B, très adhérent
au récipient.
Le liquide A, acidulé par un fort excès d'acide acétique glacial, précipite le peu
d'acide tartrique contenu, à l'état de bitartrate de potassium bien cohérent, qui est
filtré et lavé complètement à Talcool à 96".
Le précipité H, additionné de i2™'-i5""' d'eau et chaulTé à l'eau bouillante, donne
une solution homogène et chaude, qui reçoit S™' d'acide acétique glacial. Après
.") minutes d'agitation, on complète (à S^^-S'"» près) la précipitation commencée de
liilarlrale de potassium, en additionnant d'alcool fort, jusqu'à une proportion de
SÉANCE DU 17 MAI IQIO. 1231
65 pour 100; celui-ci empèclie, de plus, les entraînements d'impuretés salines ( nialates,
pectates, etc.). Le mélange, bien agité, est filtré au bout de i heure. On lave à fond
le précipité à l'alcool à 65°, puis à 96", et on le dissout, avec le précipité donné
par A, dans l'eau bouillante. Cette solution de sel acide est finalement titrée à la
phtaléine, en employant les précautions indiquées pour la méthode Goldenberg et Géro-
monl (').
CHIMIE ANALYTIQUE. — Sur une nouvelle méthode de dosage des trois inéthyl-
amines et de l'ammoniaque mélangées . Note de M. J. Beutheaume, pré-
sentée par M. Emile .Jungfleisch.
Dans des Notes précédentes (-), nous avons montré, M. François et moi,
l'imperfection des méthodes appliquées à la séparation quantitative des
méihylamines et de rammonia(jue mélangées. Il nous reste à étudier, dans
le même ordre d'idées, le procédé de Bresler (^) pour la séparation, par le
chloroforme, du mélange de ces bases en deux groupes et le procédé du
même auteur pour le dosage de l'ammoniaque et de la monométhylamine.
Enfin, nous proposerons une méthode exacte et complète.
D'après Bresler, en épuisant un mélange sec des chlorhydrates des quatre bases par
le chloroforme, on les sépare en deux groupes: d'une part, les chlorhydrates insolubles
d'ammoniaque et de monométhylamine; d'autre part, les chlorhydrates solubles de
dimélhylamine et de iriméthylamine. J'ai vérifié la rigoureuse exactitude de ces faits,
eu traitant par le chloroforme des sels purs et bien desséchés. Le chlorhydrate de
monométhylamine avait été préparé par l'acétamide brome, celui de diniéthylamine
par la nitrosodimétlivlaniline, celui de triméthylamine par la distilhition sèche de
l'oxyde de tétramèthylammonium. Les chlorhydrates d'ammoniaque et de mono-
méthylamine sont en effet complètement insolubles dans le chloroforme, à condition
que celui-ci soit exempt de toute trace d'eau ou d'alcool. Les chlorhydrates de
diniéthylamine et de triméthylamine s'y dissolvent totalement et avec facilité. Le fait
est encore exact, lorsqu'on opère sur des mélanges en proportions connues des chlor-
hydrates purs. Pour doser, dans la partie insoluble, l'ammoniaque et la monométhyl-
amine, Bresler transforme, après évaporalion du dissolvant, leurs chlorhydrates en
sulfates qu'il traite par l'alcool bouillant. Le sulfate de monométhylamine doit s'v
(') Riceixhe eseguite net lal)oratorio di Chiinica agraria délia R. Sciiola
stiperiore d'Agricultiira di Milano, 1908, p. 121.
('-) Maurice François, Comptes rendus, t. CXLVI, 1908, p. i'284. — Jevn Beutheaime,
Comptes rendus, t. CXLVI, 1908, p. 121 5, et t. CL, 1910, p. io63.
(') Bresler, D. deut. Zuc/ter, n°^k2elh3, 1900, p. lôgS et 1627, et An/t. Ch.anat.,
t. VI, 1901, p. 28.
1202 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dissoudre, le sulfate d'ammoniaque restei' insoluble. D'après mes expériences, la
solubilité extrêmement faible du sulfate de monométhylaraine dans l'alcool, qui a été
d'ailleurs mise à profit par Duvillier et Buisine ( ') pour la séjiaration de cette base,
rend impraticable cette dernière opération.
Nous allons maintenant passer à rétablissement d'un pi^océdé délinitil'.
Pour cela, nous utiliserons d'abord la méthode de séparation en dcu.K
groupes par action du chloroforme sur les chlorhydrates. Pour le dosage de
l'ammoniaque et de la méthylamine dans la partie insoluble, nous emploie-
rons le procédé de M. François (-).
L'oxyde jaune de mercure, en milieu alcalin, se combine avec ramiuo-
niaque pour former l'oxyde ammonio-mercurique insoluble, d'où l'on régé-
nère l'ammoniacjue pour la doser. La diméthylamine reste seule dans la
solution; on l'en retire par distillation. J'ai vérifié par de très nombreux
dosages la valeur de cette méthode et constaté son absolue exactitude.
Lnfin, pour doser dans la partie soluble, la diméthylamine et la trimé-
thylamine, nous aurons recours à un procédé nouveau, basé sur les pro-
priétés des periodures.
.J'ai montre, dans une Note précédente ('), combien était grande rinsoluliililé des
periodures de ces aminés, et en particulier du periodure de triméthylaraine. Tandis
que le chlorhydrate de diméthylamine cesse de précipiter à o°, par l'iode ioduré, à
partir de la dilution i pour looo; le chlorhydrate de Irimélhylamine, au conlraire,
précipite encore en solution au ^0^50 ^^ même moins. J'ai donc pensé qu'on pour-
rait, en se tenant dans ces limites, opérer la séparation analytique de ces deux bases.
L'expérience a confirmé cette opinion. J'ai vérifié que la triméthylamine, en solution
chlorhydrique très étendue (50^00)1 était totalement précipitée ; elle peut être régénérée
par distillation puis dosée alcalimétriquomenl.
D'autre part, la diméthylamine ne précipitant jjas pour la dilution indiquée plus
haut, on comprend qu'il soit possible de séparer quantitativement les deux bases et de
régénérer des eaux mères la diméthylamine. J'ai contrôlé ces faits par une série de
dosages sur des mélanges connus de chlorhydrates de diméthylamine et de triméthyl-
amine; les résultais obtenus ont été très satisfaisants. Les erreurs observées ne
dépassent pas i pour 100, sauf dans les cas extrêmes où l'on cherche à doser une partie
de l'une des bases en présence de loo de l'autre.
Nous résumerons ci-après la marche générale à suivre pour le dosage
des trois aminés et de l'ammoniaque mélangées, que nous supposerons
amenées à l'état de chlorhydrates.
(') lî. Duvii.LiER et A. liiisiNii, Comptes rendus, t. LXXXIX, 1S-9, p. 710.
(') M, François, Comptes rendus, t. t^XLlV, 1907, p. 857.
(') J. Bertiibal'me, Comptes rendus, t. lot), 1910, p. io63.
SÉANCE DU 17 MAI 19IO. 1253
Les clilorhydrates ( lî-' à ■i'^ environ), desséchés à 1 10" dans un tiilje bouclinnl'à l'émeri.
soni pesés exactement. On les dissont dans une petite quantité d'eau acidulée par l'acide
chlorliydriqiie et l'on mélange evaclement celte solution avec 206 au moins de sable
quartzeiix. Après dessiccation parfaite dans le vide sur l'acide sulfurique, le mélange est
introduit rapidement dans une petite allonge en verre, bien sèche, dont la douille est
garnie d'un tampon de coton de verre, et lixivié avec du chloroforme chaud, jusqu'à ce
qu'on n'observe plus aucun résidu par évaporalion de quelques gouttes du dissolvant.
Le soluté chloroformique.est évaporé à siccilé et, le résidu salin étant pesé, on le dissout
dans 2000 fois son poids d'eau distillée. On prélève 200"^"' à 3oo''°'' au plus de cette
solution qu'on refroidit à o" et l'on y ajoute, par loo'^"', une quantité minima de 3o™"
d'un réactif iodo-ioduré, refroidi également à o" et ainsi composé :
(1: 127 — Kl: i5o — II-O : quantité sufllsanle pour rooo'"'').
Après 1 heure de contact à 0°, les cristaux de periodure de triméthylaniine sont
séparés à la trompe, dans un entonnoir en verre dont la douille est garnie d'un tampon
de coton de verre fortement tassé; on les essore et on les lave avec 4""' « ^""^ d'un
mélange froid d'une partie de réactif iodo-ioduré pour trois parties d'eau. Ou les dissout
au moven d'une solution de sullite de soude neutre et l'on distille avec de la soude en
excès, dans un appareil de Schlœsing. Par un titrage alcalimétrique, en présence de
tournesol d'orcine, on obtient la iriméthjlamine. Les eaux mères de ces cristaux,
traitées de la même façon, donneront la diméthylamine. Le résidu insoluble dans le
chloroforme est débarrassé de ce dissolvant par dessiccation à l'étuve, puis lixivié à l'eau
chaude, jusqu'à ce qu'on n'ait plus aucune réaction avec le réactif de Nessler ou le
nitrate d'argent dans les eaux de lavage.
Sur la solution ainsi obtenue, on opère la séparation de l'ammoniaque et de la mono-
méthylamine par la méthode de M. François ('), à l'oxyde jaune de mercure.
BOïAA'IQUE. — Etudes sur la biologie de la truffe mélanospore {TuhQV
melanosporuiiî Vilt.). i\ole de M. G. Boyeiî, présenlée par
M. Gaston Bonnier.
Malgré de multiples reclierche.s dont je ne ferai pas ici l'historique, le
mode de formation de la truffe mélanospore n'est pas encore parfaitement
élucidé. L'évolution même du tubercule une fois produit n'a pas été décrite
d'une manière précise par les auteurs qui s'en sont occupés tels que : Tulasne
(Ftingi hypogcei), Chatin (la Truffe), etc.
En présence de ces lacunes, j'ai résolu de pratiquer des fouilles dans les
truffières, et celte élude, poursuivie patiemment depuis plusieurs années
(') ^L François, Comptes rendus. I. CXLIV, 1907, p. 8.')7.
1254 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans la Dordo^ne et spécialement cliez le D'' Pradel de Sorges, m'a permis
d'ap])orter (pielque clarté dans une étude difficile à plus d'un égard.
J'ai pu notamment déterminer l'époque d'apparition et le mode de déve-
loppement du tubercule.
J'ai indiqué ailleurs les raisons cpii militent en faveur de la production
hivernale de Terfezia Leonis Tul. ( ' ), el de la formation prin tanière de Tuber
œstiviim Witt (-). Pour ce qui concerne la truffe mélanospore ou truffe du
Périgord, qui nous intéresse plus particulièrement, les jeunes tubercules
cjue j'ai trouvés l'ont toujours été au plus lot en juillet. Il en apparaît aussi
au mois d'août. J'ai eu la bonne fortune de rencontrer le 'i août 1909 une
jeune truffe dont le poids total à l'état frais n'atteignait que 5''^. Jamais, à
ma connaissance, aussi petite truffe n'avait été signalée. Ce précieux échan-
tillon, ainsi que d'autres un peu plus volumineux trouvés en juillet, août et
septembre, m'ont permis de rectifier l'assertion àeTxAasn&ÇFungi liypogœi,
p. 59) d'après laquelle « les jeunes truffes sont de toutes parts enveloppées
d'un feutre parfaitement blanc, très dense, de i"™ à 3""" d'épaisseur, et
dont les fils constitutifs se prolongent ou s'étendent çà et là autour du
champignon sous la forme de filets déliés ou celle de flocons mal définis »
(voir PL III, Jig. 2 et PL XIX, fig. i5). Rien de semblable n'existe
autour des jeunes IrulTes que j'ai rencontrées, bien que beaucoup d'entre
elles fussent plus petites que celles de Tulasne qui, dit-il, « ne dépassaient
guère le volume d'une noix «. La truffe de 5'''' que j'ai récoltée est du volume
d'un très petit pois. J'ai d'ailleurs pu observer des truffes de toutes les dimen-
sions depuis ce minime volume jusqu'à celui d'une orange.
Les jeunes tubercules recueillis par moi en juillet et en août sont complè-
tement blancs à l'intérieur, mais ils sont revêtus d'un péridium verru-
cjueux. Les verrues déjà noires sont séparées par des dépressions de couleur
blanc rougeàtre.
A rencontre de ce cjue décrit Tulasne, aucun de ces tubercules ne
paraissait à première vue entouré d'une gaine blanche, ni même en adhésion
avec aucun mycélium. Toutefois un examen attentif permet d'apercevoir,
avec l'aide du microscope, dans les anfractuosités du péridium, quelques
minces fragments mycéliens isolés, d'environ 3'^ d'épaisseur qui, partant
(') G. BoYER. Sur une espèce de Terfezia récollée en Tunisie par M. le profes-
seur Devaux (P.-V. Soc. Lin. de bordeaux, 5 mai 1909).
(^) G. BoYER, Sur deux espèces c/e Morchella el une espèce de Tuber (7'. astivum)
Iroui'ées au début d'avril 1909 ( P.- ]\ Soc. Lin. de Bordeaux, 1 1 avril 1909).
SÉANCE DU 17 MAI I910. 1255
de la gleba, semblent se rattacher à des cordons de mycélium eux-mêmes
très déliés qui rampent dans le sol.
Certains champignons, les Morilles d'après M. Malruchot ('), \e Sclero-
denna verrucosian Bull. var. spadiceum Schœf. , d'après mes propres
constatations, sont en relation par leur mycélium avec certains mycorhizes
des arbres. Il semble bien en être de même pour la truffe et, de fait, les
racines des arbres truffiers présentent toujours semblables productions (-)
en abondance.
Que deviennent les jeunes truffes une fois formées? De mes recherches il
résulte qu'elles grossissent peu à peu pendant la belle saison. Leur déve-
loppement ne s'arrête qu'aux premiers froids, époque à laquelle la maturité
commence à se produire. Il est surtout provoqué par les pluies d'été et
d'automne après lesquelles le grossissement rapide des tubercules soulève
la terre qui les surmontent. Vienne ensuite un temps sec et chaud et aux
mêmes endroits la terre se fend, produisant ce qu'on appelle les marques.
Voici un exemple des mensurations que j'ai faites : dimensions d'une
truffe suivant deux diamètres, toujours les mêmes, le plus grand et le plus
petit : Le 4 septembre 1908 : i"",Gsur 2"", 2; le 23 octobre: 2*^^'", 5 sur 3'^'",2;
le 6 décembre : 3'^"',:| sur 4*^'", r .
A mesure que la maturation se produit, les verrues d'abord peu pronon-
cées, se développent ; le péridium s'épaissit et se fonce, la gleba d'abord
blanche acquiert des veines grises, puis noires lorsque les spores sont mûres.
D'où viennent les sucs nutritifs qui permettent ce grossissement pro-
gressif de la truffe? Le tubercule tire-t-il sa nourriture de la terre fortement
agrégée qui l'entoure? Il ne semble pas qu'il en soit ainsi, car ayant à plu-
sieurs reprises déplacé des truffes, j'ai constaté qu'elles ont cessé de croître
à partir de ce moment, malgré toutes les précautions que j'ai pu prendre,
telles que arrosage immédiat, etc.
En prévision de ce résultat, j'avais eu soin, dans les mensurations que
j'ai indiquées précédemment, de ne découvrir que la moitié supérieure des
tubercules sans déranger ceux-ci. Il est probable qu'en déplaçant les truffes
on brise les fragiles attaches mycéliennes issues des tubérhizes par où elles
se nourrissent. Même résultat a été obtenu avec divers champignons,
(' ) Matrucuot, Etudes sur la Morille (journal La culture des champignons
comestibles, novembre 1909, p. 45i).
C) M. Maltirolo leur donne très justement le nom de iMÔe'/'A/ses .' voir O. Mattirolo,
1 Tarlufi, 1909, p. i3 (Bev. Accademia d' Agricoltura di Torino).
C. R., 1910. I" Semestre. (T. lôO, N" 20.) 1^3
1256 ACADÉMIE DES SCIENXES.
Amanites, Russules, elc, qui, déplacées même avec adhésion d'une cer-
taine quantité de terre à leur pied, ont cessé de grossir d'une manière
appréciable à partir de leur transplantation.
De mes recherches il résulte (pie tout tend à prouver (pie la trulVe méla-
nospore est en relations étroites avec les racines des arbres dits truffiersr
L'appareil fructifère une fois formé présente une croissance et une matu
ration lentes, pouvant s'étendre depuis le début de l'été jusqu'à la fin
de l'hiver, ce qui différencie la truffe de beaucoup d'autres champignons.
BOTANIQUE. — Sur les Strychnos de l' Asie Orientale. Note de M. Paul Dop,
présentée par M. Gaston IJonnier.
La classification du genre Strychnos repose sur la longueur du tube de la
ileur. Dans un premier groupe, le tube de la corolle est plus court que le
calice ou presque nul (fleurs brévilubes); dans un second groupe, le tube
est plus long que le calice, mais inférieur ou égal à la longueur des lobes de
la corolle (fleurs intermédiaires); enfin, dans un dernier groupe, le tube de
la corolle est plus long que les lobes (fleurs longilubes).
J'étudierai successivement la distribution de ces trois groupes dans l'Asie
Orientale continentale d'après les matériaux de l'Herbier du Muséum, dont
l'étude m'a été confiée par M. le professeur Lecomte et qui renferme un
certain nombre d'espèces nouvelles qui seront décrites dans un prochain
travail.
Strychnos à fleurs hré^'Uabes. — • Dans ce groupe, les fornnes à ovaire glabre et à
ovaire velu se séparent nettement. Les premières, 5. micranltia "Wiyi,, S. Dalzellii
Clarke, S. Bertkami G\avke et 5. /?/)eef/et Clarke, sont localisées dans la péninsule du
Deccan et l'île de Ceylan. Les formes à ovaire velu, 5. acuminata Wall.. ■S', liypo-
gyiia Clarke, S. Maingayi Clarke, babitent, au contraire, Je Ténasserim, les îles
Andamans et la péninsule Malaise. Il n'_y a d'exception que pour S. colultrina Linn.
qui vit au Deccan et dont l'ovaire n'est d'ailleurs velu que dans sa partie supérieure.
Strychnos à fleurs inlerinèdiaires. — Ce groupe est localisé dans la région indo-
chinoise et la péninsule malaise, exception faite du 5. axillaris Colebr. du Bengale.
La Chine ne parait posséder que deux espèces subtropicales de l'île de Hong-Kong ;
5. augasliflora Benth., et S. paniculata Champ. Dans la Cochinchine. ce groupe
subtropical a un représentant S. polyantlia Pierre mss. sp. n. qui ne me paraît être
qu'une forme géographique du S. paniculata Champ. Par contre, les formes malaises
sont fréquentes en Indo-Chine : S. pubescens Clarke, 5. laurina Wall., S. Ridleyi
Ring et Gambie. Ces trois espèces, très communes dans la péninsule malaise ( King et
Gamble, Mat. FI. Malayan Peninsula, t. XLV. 1907) habitent généralement la Co-
SEANCE DU 17 MAI 1910. 12J7
cliinchine el même les deii\ premières remontent dans le haut Laos jusqu'au 19'" pa-
rallèle.
Slrychnos à Jleurs longitubes. — La distribution de ce groupe est plus inégale;
S. potatorum L. f. habite le Deccan et la Birmanie. S. Tieiité Lescli. la Malaisie;
mais ces deux formes ne sont pas connues en Indo-Chine. Par contre S. A'ii.r-vomica
L. existe dans l'Inde, le Ténasserim et l'Indo-Chine. La forme tvpe et la variété
oliffospernia v. n. caractérisée par une baie à 8-4 graines, sont spéciales à la Cocliin-
chine; la variété grarulLfolia \. n. à feuilles très larges et arrondies, souvent pubes-
centes à la face inférieure sur les nervures, remonte dans le Haut-Laos jusqu'à Luang-
Prabang. L'Indo-Chine possède, en outre, d'autres formes très voisines, dérivées
peut-être du 5. Niix-vomica L. Ce sont 5. rupicota Pierre mss. sp. n., à petites
(leurs du Cambodge et S. Gaulhierana Pierre mss. sp. n., du Tonkin. Cette dernière
espèce, voisine du 5. Tieiité Lesch., qui, par suite sans doute d'une erreur d'échan-
tillon, a été rapportée par Clarke {FI. Br. Iiidia, t. IV, i88.>) au .?. Malaccensis
lîeutli., est au contraire tout à fait distincte. Enfin 5. Wailichiana Beuth. de l'Assani
possède au Laos une forme affine nouvelle, S. Spircana sp. n.
Ces quelques faits relatifs à la distribution des S^rvc/««05 accusent nette-
ment le caractère mixte de la flore d'fndo-Chine composée d'une part d'élé-
ments indiens et chinois et de l'autre d'éléments malais.
Parmi les espèces nouvelles, mais insuffisamment connues, de l'Herbier
du Muséum, existe un 5. Thorelii Pierre mss. sp. n., de Birmanie et de
Cochinchine, qui présente un fruit drupacé monosperme à endocarpe
ligneux et bivalve alors que le fruit des Slrychnos est une baie. Ce caractère
n'apparaît pas brusquement dans cette espèce, car les fruits de 5. paniculala
Cliamp. et de S. putescens Clarke, offrent aussi un endocarpe dur quoique
très miuce. D'autre pari le S. Thorelii est un véritable Slrvchnos par ses
feuilles et sa structure, et en particulier parles ilôts de liber périmédiillaire.
Il y a lieu de le considéi^er simplement comme un intermédiaire entre les
Strychnées à baie et les Strychnées à drupe comme les CouUioria des îles du
Pacifique, de la Nouvelle-Calédonie et des Célèbes, qui ont d'ailleurs la
même organisation florale que les Slrychnos.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Le poids relatif du cœur el l'effet des grandes
altitudes. Etude comparative sur deux espèces de Lagopèdes habitant l'une
les Hautes-Alpes, l'autre les plaines de la Laponie. iNote de M. J. Stkohi,.
transmise par M. Yves Delage.
Le poids relatif du cœur est en rapport direct avec les dépenses énergé-
ti(|ues d'un animal, du moins dans les limites oi'i règne l'omœotbermie
1258 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(R. Hesse, 1906). Il n'est, par conséquent, nullement étonnant de constater
quelecœur des Oiseaux présente en général un poids relativement beaucoup
plus que celui" des Mammifères (Parrol, 1893).
Ayant rencontré des cœurs particulièrement grands chez des Lagopèdes
ou poules de neige, il me semblait permis d'admettre un rapport quelconque
avec l'habitat spécial de ces oiseaux. Afin de vérifier si, en effet, l'altitude
pouvait être pour quelque chose dans la grandeur du cœur, j'entrepris de
comparer entre elles les deux espèces de Lagopèdes habitant l'une la région
des Hautes-Alpes ( Lagopus alpiniis ou Lagopiis miiliis), l'autre les plaines
septentrionales de notre continent [Lagopus lagopus ou Lagopus alhus). Ces
deux espèces ne diffèrent que fort peu entre elles. Le Lagopède des plaines
est quelque peu plus grand que celui des hautes montagnes. Quant au
squelette, on n'arrive à distinguer les deux espèces que tout juste, grâce au
métacarpe et au tarso-métatarse. Leur vie, leur vol, leur cri sont aussi
pareils. Le Lagopède des plaines semble toutefois plus vif. Il vole plus loin
et plus souvent. De tout cela (grandeur diverse, vivacité plus grande) il
a été tenu compte, mais les différences ne sont pas telles qu'elles peuvent
entrer sérieusement en ligne de compte. Et si même cela était le cas, ces
facteurs ne pourraient avoir de répercussion que sur la grandeur du cœur
entier, laquelle précisément ne constitue pas le phénomène essentiel, comme
nous allons le voir.
Seuls ont été considérés des individus peu endomreiagés par le plomb ou le piège et
ayant, sans exception, un cœur entièrement intact. Les Lagopèdes alpins provenaient
tous d'une hauteur de 2ooo'"-3ooo"'; ceux de la plaine étaient originaires d'un endroit
en Laponie situé à environ 600"". La préparation et la dissection du cœur ont été faites
méliculeusement. J'enlevai successivement les vaisseaux cardiaques, les valvules, la
graisse de la région alrioventriculaire, puis les proventricuies ; enfin, avec des soins
jjarticuliers, je détachai le ventricule droit et le seplum, obtenant ainsi comme reste
le ventricule gauche. Proventricules, ventricules et septum furent débarrassés de tout
sang coagulé, puis pesés ensemble et séparément. Afin de trouver le rapport existant
entre la masse du cœur et celle du corps, j'établissais les valeurs pour 1000 du cœuret
de ses parties par rapport au poids du corps, soit tant et tant de parts de cœur ou de
ventricule sur looo parts de corps. On calcule d'une façon analogue la valeur des deux
\enlricules par rapport au cœur entier, et enfin celle du ventricule droit par rapport
au ventricule gauche.
Les chiffres ainsi obtenus nous montrent d'abord nettement une augmen-
tation de la masse totale du cœur chez l'espèce habitant les Hautes-Alpes.
En effet le poids relatif du cœur est en moyenne de 1 1 ,08 pour 1000 dans la
plaine, iG,3o pour 1000 dans les Ilautes-iVIpes. Il y aurait donc chez le
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 1259
Lag'opède alpin par rapport au Lagopède des plaines une hypertrophie fonc-
tionnelle du cœur. Celle augnienlation de masse n'est toutefois pas répartie
d'une façon égale sur toutes les parties du cœur. L'hypertrophie est asymé-
trique en ce sens qu'elle est beaucoup plus forte chez le ventricule gauche.
L'augmentation du ventricule droit dans les Hautes-Alpes dépasse celle du
ventricule gauche en moyenne de jj, soit de près du double, et en certains
cas extrêmes même de plus de trois fois ('). La valeur du ventricule droit
dans la plaine et dans les hautes montagnes peut être représentée par les
chill'res suivants qui constituent une moyenne :
o, 3.'i7 ; o , 562.
En un cas extrême, ce rapport a été de
o, 260 : 0,700.
A n'en pas douter raugmenlation du petit ventricule ou ventricule droit est
beaucoup plus marquée que celle du grand ventricule gauche.
La raison de cette hypertrophie dertroventriculaire ne peut être cherchée
que dans une résistance plus grande rencontrée -çav le sang dans la circula-
tion pulmonaire. Rappelons d'abord qu'un phénomène analogue a été cons-
taté par Grober (1907 et 1908) qui a comparé entre eux des lièvres domes-
tiques et des lièvres sauvages , des canards domestiques et des canards
sauvages. Les deux fois, l'espèce sauvage présentait une hypertrophie dextro-
ventriculaire par rapport à l'espèce domestique. Pour les lièvres, Grober a
admis comme cause une espèce d'emphysème pulmonaire, un gonflement
d'air dans les tissus du jioumon résultant d'un travail musculaire plus grand
et constituant une augmentation de résistance dans la circulation pulmo-
naire. Cette explication paraissait à Grober inapplicable aux Oiseaux, vu le
manque d'élasticité de leurs poumons. Soum (1896) ayant toutefois démon-
tré que l'élasticité du poumon des Oiseaux nest nullement négligeable, il
semijle permis d'étendre aux canards l'explication trouvée bonne pour les
Mammifères.
. ( )n pourrait, à première vue, alléguer la même cause pour expliquer
l'hypertrophie constatée chez les Lagopèdes des Hautes-Alpes, le terrain
escarpé devant entraîner un travail musculaire plus intense. Mais cette
(') Voir pour plus de détails mon Mémoire paraissant sous peu dans le premier
fascicule du premier Volume de la partie physiologique des Zoologische Jalirbûcher
|iiibllé-i par le professeur J.->\ . Spengel.
I26o ACADÉMIE DES SCIENCES.
explication ne paraît aucunement satisfaisante. En elîeL, les Lagopèdes des
hautes montagnes se meuvent plutôt moins que ceux des plaines et en tout
cas se tiennent dans des districts relativement restreints. Tout pousse à
chercher la cause du phénomène cai'diaque dans la circonstance qui repré-
sente la diirérence essentielle entre les deux espèces, c'est-à-dire le séjour à
une altitude sensiblement dilférente. l'^n ce cas toutefois, la théorie basée
sur un prétendu manque d'oxygène n'expliquerait rien du tout; car, même
en admettant que ce manque soit compensé par un passage plus fréquent
du sang dans le poumon, l'augmentation de travail qui s'ensuivrait pour le
cœur serait générale, s'étendrait à la circulation entière et par cela même
concernerait le ventricule gauche au même degré que le ventricule droit.
L'explication la plus plausible devra plutôt être celle d'un ej)'fl mécanique
de la diminution de la pression haromélrique . Celle-ci, selon la ihéorio déve-
loppée par Kronecker (igo3), entrauie tout juste une espèce de stagnation
du sang dans les capillaires pulmonaires et réclame donc une force plus
grande pour le seul courant pulmonaire, soit une augmentation do Iravad
diu ventricule droit.
Il s'agirait donc d'une hypertrophie compensatrice, [X)ur la dislinguordc
l'hypertrophie de travail. Celte hypertrophie dextro-ventriculaire compen-
satrice apparaît comme une adaptation spécifique au séjour dans la haute
montagne. Comme telle, elle semble même devoir être un caractère acquis
par sélection naturelle et transmis par voie d'hérédité; en effet, un tout jeune
Lagopède provenant d'une altitude de 3ooo'" la présentait au même degré
déjà que les adultes, tandis que le [)oids relatif duco'ur entier corre.sporuhiit
encore à celui des Lagopèdes de la plaine. L'augmentation du cojur eiilici-.
son hypertrophie générale serait, par conséquent, un caractère acquis
seulement au cours de la vie individuelle et se distinguerait en cela aussi de
rhy[)ertrophie de l'altitude.
ClIlMIl!: innsiOLOGIQUE. — Décomposilion du chloroforme dans l'organisme.
Note de M. Maurice Nicloux, présentée par M. A. Daslre.
Dans une série de travaux publiés en 1906-1907 et réunis en un volume
paru en 1908 ('), j'ai rapporté im certain nombre de recberches relatives
{') .Mauiuce NiCLOrx, Les unesihvslijLK-s ^ciiérau.t au poini de ouc flnmici-pliysio-
t(ii;iijuc. 1 \ol. 2i3 p., 3i> (i;;. ; kjdS. l'aris. (_). Doin, édileur.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 1261
à l'étude des anesthésiques généraux, considérée au point de vue cliimico-
pliysiologique.
Un des points qui ressort nettement de l'ensemble de ces recherches,
c'est le fait de l'imprégnation profonde de tous les tissus par l'an^sthésique.
Le chloroforme obéit à cette loi généi'ale, et ainsi il y a lieu de se demander
si cette fixation par les tissus n'est que temporaire, si le chloroforme, qui
produit au moment de l'anesthésie tous les phénomènes que l'on sait, est
éliminé en totalité par la suite, s'il ne fait que passer, en définitive, dans
l'organisme; ou si, au contraire, il subit au sein de ces mêmes tissus une
décomposition plus ou moins grande. C'est cette étude dont j'apporte au-
jourd'hui les résultats.
Principe des expériences. — Dans un vase clos, en l'espèce une grande cloche de
verre de 35', et où se trouve un animal (chien), on fait circuler de l'air chargé de
vapeur de chloroforme, de manière à ottenir une aneslhésie de 3o minutes environ,
puis de l'air pur. On détermine la quantité totale de chloroforme qui entre dans la
cloche et la quantité totale de chloroforme qui en sort ('). La comparaison des deux
nombres permet d'être immédiatement fixé sur le sort du chloroforme dans Torga-
nisme.
Une seconde méthode consiste à faire ingérer une quantité connue de chloroforme
sous forme d'eau chloroformée, puis à placer l'animal dans le même appareil, en vue
de déterminer la quantité totale de chloroforme éliminé. La comparaison de ces deux
quantités permet de calculer la proportion décomposée.
Le principe de ces expériences est, on le voit, extrêmement simple. Sa
réalisation présente toutefois une réelle difficulté. Il faut, en effet, faire cir-
culer autour de l'animal (chien de 3''^ à 5''5,5oo) un volume d'air considé-
rable, 80' à 100' à l'heure pour que sa respiration ne soit nullement Irou-
Ijlée, mais de ce fait le chloroforme rejeté par le poumon se trouve dilué
dans des volumes d'air relativement énormes, si bien qu'à la fin de l'élimi-
nation, sa proportion n'atteint que quelques milligrammes par 1 00' d'air. Le
problème se trouve donc ramené à arrêter et à doser la vapeur de chloro-
forme dans fuir quelle que soit sa dilution ., cet air circulant dans les appareils
absorbants avec un débit de 80' à 100' à l'heure. Voici comment j'y suis
parvenu.
(') Il est nécessaire, tout naturellement, de laisser l'animal dans la cloche aussi
longtemps qu'il n'élimine plus de chloroforme. Ce temps est variable avec les ani-
maux, il est de 36 heures environ et peut s^élever à 48 heures. L'urine. est recueillie et
le chloroforme dosé; la quantité éliminée par cette voie est d'ailleurs absolument
négligeable.
1262 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les gaz provenant de la cloche, appelés par une trompe, circuienl d'abord dans uu
barboteur, genre Villiers (simplement destiné à se rendre compte du débit), puis
de là dans un tube de verre de i™ de long, de 3""" de diamètre, tenu verticalement et
rempli de billes de verre de 3""" à o™" de diamètre. L'air chargé de vapeur de chloro-
forme circule de haut en bas, tandis que de l'alcool à goo-gS" ne cesse de couler de la
partie supérieure sur les billes de verre ('). Dans ces conditions, tout le chloroforme
est retenu et se retrouve entièrement dans l'alcool collecté à la partie inférieure du
tube-colonne, où il est facile de le doser par les méthodes que j'ai fait connaître (-).
Les expériences de contrôle, au nombre de 11, ont démontré que l'appareil fonction-
nant à blanc (sans animal) on retrouve avec une dilYérence minime, nulle ou de l'ordre
d'erreur de l'expérience elle-même, la quantité de chloroforme vaporisé qui a varié
de oK,oio à 5».
Ce problème résolu, rien n'était plus facile que de poursuivre les expé-
riences dans les conditions énoncées plus haut. En voici les résultats :
' Cliloroforine introduit dans l'organisme par respiration.
(hiantilé de chloroforme
Numéros Poids ^ ^ .^ ^
des de disparu par kilogramme
expériences, l'animal. vaporisé. retrouvé. disparu. du poids do l'animal.
kS _g _ S S K .
1 4)5 .5,620 5,122 0,498 0,111
II 3,7 4>63o 4j239 0,391 o, io5
III.... 5,5 5,340 4.712 0,628 o,ii3
IV.... 4)3 4>55o 4,i"o o,44o 0,102
Y 416 4)750 4i3oi 0,449 0,098
VI.... 4>'5 4)720 4)263 0,457 o,ijo
Ainsi donc il résulte de l'examen de ce Tableau qu'une proportion
notable de chloroforme disparaît; elle a été décomposée dans l'orga-
nisme.
Pour établir le pourcentage de cette décomposition, il ne faut pas natu-
rellement comparer la quantité disparue à la quantité vaporisée (une
grande partie de chloroforme ne faisant que circuler autour de l'animal sans
être respiré par lui), mais bien à la quantité réellement fixée par l'animal.
Or, de mes expériences antérieures, on peut déduire que cette quantité est
(') Le principe de celte circulation inverse est bien connu (tour de Glover,
colonne de Gay-Lussac); Hanriot et Ch. Richet dans leurs travaux sur les échanges
respiratoires, Maurice Billy (.Soc. cliim., 4° série, t. III, 1908, p. 758) ont fait con-
naître des appareils basés également sur le même principe.
(-) Voir Les aneslhésiques générau.v . . ., loc. cit., p. i et suiv.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 1263
de o*-', 2 environ par kilogramme de poids vif. Le Tableau ci-dessus indique
une (juantitê de o", 100 à o^, 1 10; c'est donc 5o à 55 pour 100 du chloro-
forme fixé au moment de l'anesthésie qui est décomposé dans l'organisme.
Les expériences sur l'ingestion du chloroforme où toutes les données
pour calculer la proportion décomposée sont fournies par l'expérience elle-
même permettent de formuler les mêmes conclusions; en effet, la quantité
de chloroforme décomposé par kilogramme de poids vif a varié entre 0^,097
eto°, io5, et la proportion décomposée entre 4^) 8 et 61,8 pour 100.
D'où la conclusion générale suivante : chez le chien, au cours de l'anes-
thésie et pendant la période de retour, le chloroforme fixé par le sang et par
les tissus est décomposé dans une proportion d'environ 5o pour 100.
ZOOLOGIE. — Sur les Crevettes du genre Saron à mâles dimorphes.
Note de M. H. Coutière, présentée par M. Bouvier.
Les Crevettes du genre Saron Thalwilz ont été pendant longtemps
représentées par les deux formes, Hippolyte marmoratus et H. gibbérosus
H. M. -Edwards, espèces indo-pacifiques à très vaste dispersion, dont les
femelles sont identiques. Kn 1898, Borradaile, contre la plupart des auteurs,
émit nettement l'idée (ju'il s'agissait d'une espèce unique à mâles dimorphes.
Depuis, de Man a séparé une seconde espèce, S. neglectus, qui explique les
prétendues variations relevées dans certains caractères de la première.
En étudiant ces diverses formes sur des matériaux des collections du
Muséum, j'ai pu arriver aux conclusions suivantes :
1° 5. marinoi'atus et gibbérosus sonl une seule et même espèce. La forme giljbe-
riisiis comprend toutes les femelles et la majorité des mâles. Quelques-uns de ces
derniers, toujours très adultes, atteignent à la forme marmoratus par une exagération
telle de leurs patles-màchoires et des pinces de la première paire, que la longueur de
ces appendices devient deux fois et demi plus grande et leur poids décuple, à taille
égale des spécimens. La dillërence d'aspect est telle qu'il existe certainement très
peu d'exemples comparables (').
lïn outre, on rencontre des mâles dont les appendices sonl exagérés à tous les degrés
intermédiaires. On assiste en partie ilier à l'espacement graduel, à la raréfaction, à la
disparition des épines distales des pattes-màclioires, d'une façon qui ne peut laisser
aucun doute sur l'identité spécifique des spécimens étudiés.
1° S. neglectus de ^L^n montre des faits identiques comme direction et inlen-
( ' ) Peut-être celui de Talorchestia Desliayesi, d'après Barrois, mais dans lequel il
s"ii;;it du passage du jeune à l'adulte, et. non de dillerences entre adultes.
C. 1!., 19.0, 1" Semestre. (T. 100, N" : 0. ) l'j''
1264 ACADÉMIE DES SCIENCES.
sité,niai< portant uni(|uement sur les pinces de la première paire; les palles-mâchoires
restent toujours identiques.
Les cas actuellement rangés sous le nom de dimorphisnie des mâles ne
sont pas comparables entre eux exactement, ni à celui des Saron. Chez les
Inachus, de beaucoup les mieux étudiés à ce point de vue par Geoffrey
Smilh, on trouve, parmi les mâles mûrs, des spécimens « low » et « high »,
les pinces de ces derniers étant relativement plus volumineuses. En outre,
des mâles moyens, à qui la nécessité d'accroître leur taille, en passant de la
première à la deuxième catégorie, impose un semi-hermaphrodisme
(glandes génitales réduites, pinces de 9). J'ai signalé les cas des Eurypo-
dius et du Palemon lar^ le premier au moins très analogue. Les Cambants
(Faxon),le Pandalus fl/!«M/i''co?y»'^(Wollebfek) possèdent ou non des carac-
tères sexuels secondaires, suivant l'état d'activité ou de repos génital. Je
laisse de côté les exemples tirés des Tanaïdés, et des Insectes tels que les
Lucanes, oîi le dimorphisme est « définitif » et non plus « facultatif »
(G. Smith).
Or, l'examen des glandes génitales des Saron mâles accentue encore l'oin-
ginalité de leur cas : tous les grands spécimens, dont les appendices sont le
plus démesurés, ont des testicules notablement plus réduits que les mâles
gibberosus ou très faiblement marinoratiis. Il semble que la tendance au
gigantisme des appendices, freinée pendant la période d'activité sexuelle,
n'ait pu pleinement se manifester cju'au déclin de cette activité, chez les
vieux mâles dont les glandes sont en voie d'atrophie. Ce serait un caractère
de sénilité.
Quelle que soit l'explication de ce fait, il est un rapprochement qui s'im-
pose : c'est la très proche parenté des Ilippolytida;' tels que Saron, Xaiilicoris,
Alope, avec les Alpheidœ inférieurs tels (inAlItanas, Betœus œquimanus. Les
ressemblances sont telles ('), en particulier le gigantisme des pinces de la
(') L'une des ressemblances les pins curieuses est la présence de pleurons articulés
sur le sixième pléosomite, vestige probable du même pléosomite dédoublé chez les
Lophogastridés. Naiiticaris et Saron d'une part, At/iauas, quelques Betœus et
Alpheopsis d'autre part, en sont les seuls exemples connus. Quant au\ yeux des
Alphéidés, abrités sous la carapace, il faut en chercher l'équivalent très loin aussi : les
larves d'EuphausidiP ont leurs yeux ainsi protégés sous l'avancée du bord frontal, et
les Apiis les ont enfermés dans une cavité entièrement close, sauf un minuscule canal
s'ouvranl au dehors. Le stylamblis des Pléopodes est un exemple d'une survivance aus>i
capricieuse : toute disposition réalisée une fois paraît ne plus pouvoir disparaître, et
resuiirir comme au hasard d'une combinaison de cliiihes.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. 1265
première paire, poussé très graduellement jusqu'à un degré extrême, chez
les A Ipheidie, que ceux-ci constituent la suite naturelle et comme Tépanouis-
sement des Hippolytidœ. Et si l'on suppose qu'à un moment de leur /«V/oiVe
les Crevettes eucyphotes aient pu ne pas comporter d'Alpheidœ, le méca-
nisme qu'on surprend à l'œuvre chez les Saron actuels permettrait de
comprendre la difîérenciation de cette famille.
On peut trouver des traces d'une semblable céphalisation dans la plupart
des familles d'Eucyphotes (Leander el Valctnon^ Coralliocaris et Pontonia).
A mon sens, ces Macroures, groupe parallèle à celui du reste des Décapodes,
mais de bien moindre envergure, ont subi ou subissent, en raccourci et pour
leur propre compte, la tendance générale qui a dirigé l'évolution des Déca-
podes, depuis les Pénéides nageurs à abdomen volumineux, jusqu'aux
Homards marcheurs et juscju'aux Crabes. L'explication valable pour les
rapports phylétiques entre Saron et Alpheidés apparaît ainsi comme suscep-
tible d'une grande aénéralisalion.
MICROBIOLOGIE. — Sw la nature du parasite de la lymphangite épizootique.
Note de MM. L. jXêgre et J. Bridré, présentée par M. E. Houx.
I. Dans une première Note (') nous avons montré l'existence, dans le
sérum des animaux atteints de lymphangite épizootique, d'une sensibilisa-
trice qui dévie le complément aussi bien en présence d'une levure de raisin
qu'en présence du parasite spécifique.
Nous avons recommencé les mêmes expériences en nous servant, comme
antigène, de levure de bière (culture sur gélose sucrée, émulsionnée dans
l'eau physiologic[ue) et en suivant le protocole que nous avons donné dans
notre précédente Note.
Les résultats ont été les mêmes qu'avec la levure de raisin ou le crypto-
coque.
Nous avons ensuite complété ces expériences en examinant l'action du
sérum d'animal à lymphangite épizootique sur la Leishmania infantum
(parasite dont on a voulu rapprocher celui de la lymphangite épizootique)
et sur un autre protozoaire, le Trypanosomâ respertilionis. L'antigène
était constitué par des cultures des protozoaires en milieu Novy-Neal-NicoUe
(') Comptes rendus, séance du 18 avril i()io.
J2b6 AGADEiMlE DES SCIENCES.
(liquide do condensation delà culture dilué par moitié dans Fcau phvsiolo-
g-ique).
Même réaclion avec le sérum normal.
Toujours même protocole. Nous avons fail des tubes témoins avec le crvptocoque
comme antigène.
Rcstillal'i. — 11 v a déviation dans les tubes lémuins (antigène crvptocoque et sérum
de lymphangite) et hémolyse dans les autres tubes.
La sensibilisatrice du sérum des animaux à lymphangite épizootique ne manifeste
pas son action en présence de protozoaires tels que Leislunania injanlinn et Trypano-
soma vexpertylionis.
II. Nous avons enfin tenté une contre-épreuve des expériences précédentes en faisant
agir sur les difTérenls antigènes, levure de bière, levure de raisin et crvptocoque, un
sérum anti-levure, en l'espèce, sérum de lapin, ayant reçu à plusieurs reprises, sous la
peau et dans le péritoine, de la levure de bière.
Les expériences ont été répétées avec un sérum normal de lapin, et en suivant tou-
jours le même protocole.
Résultat!;. — Dans toutes les expériences faites avec le sérum anti-levure de bière,
que l'antigène soit la levure de bière, la levure de raisin ou le crvptocoque, les résul-
tats sont les mêmes : déviation du complément dans les tubes renfermant le sérum
anti-levure et les différents antigènes, hémolyse dans les tubes témoins.
Avec le sérum normal, hémolyse partout.
Il ressort de cette série d'expériences :
1° (^ue la sensibilisatrice d'un sérum d'animal préparé avec la levure de
bière n'est pas rigoureusement spéciti(|ue pour cette levure; qu'elle mani-
feste également son action sur une autre levure telle qu'une levure de raisin;
1° Qu'un sérum anti-levure dévie le complément aussi bien en présence
du parasite de la lymphangite épizootique qu'en présence des levures.
Conclusions générales . — Puisque : i" le sérum d'animal à lymphangite
épizootique dévie le complément en présence des levures comme en présence
du cryptocoque; et que ce sérum ne dévie pas le complément en présence
d'autres microbes ou en présence de protozoaires; 2" qu'un sérum anti-levure
dévie le complément aussi bien en présence d'une levure autre que celle qui
a servi à le produire qu'en présence de celle-ci; et que ce même sérum
dévie le complément en présence du parasite de la lymphangite épizootique
comme en présence des levures; il résulte que, dans ces diverses expé-
riences, le sérum d'animal à lymphangite épizootique se comporte comme
un sérum anti-lrvare, et le parasite de la lymphangile épizootique comme une
levure.
SÉANCE DU 17 MAI I910. 1 267
Ces faits expcrinientaux semblent, sinon démontrer du moins étayer for-
tement riiypothcse de la nature blastomycétienne du parasite de la lym-
phangite épizootique ( ' ).
MICROBIOLOGIE. — DélermincUion des acides volatils dans les produits de
fermentation de quelques microbes d'après la méthode de Ducktux. ^'ote
de M. («. Selibek, présentée par M. E. Roux.
Au cours de recherches sur des produits de cultures microbiennes, nous
avons été amené à faire la détermination des acides volatils dans les fermen-
tations des microbes anaérobies suivants : b. bulyricus, b. perfringens et
b. putrificus.
\a\ fonction fermentative d'un niicroorganisme étant un de ses caractères
essentiels, il y a lieu de se poser la question de savoir si la composition des
matières élaborées n'est pas caractéristique pour tel ou tel microbe et si
cette propriété ne peut pas être utilisée pour la différenciation de certains
microbes.
Nous nous sommes proposé de résoudre cette question en utilisant la
méthode si pratique enseignée par Duclaux.
Nous a\ons employé la technique suivante : les cultures ont été faites dans des
ballons à long col de i5o""' de capacité; après avoir rempli les ballons avec de la
solution nutritive, on ajoute de l'eau distillée dans le tiaut col du ballon, de manière
à obtenir les conditions de vie anaérobie. Comme milieu de culture, nous nous
sommes servi du milieu nutritif suivant (-) : petit-lait, 1'; glucose, i5s; peptone
Chapoteaut, loe; gélatine, 3s, auquel on ajoutait du carbonate de calcium: un certain
nombre de cultures cependant en furent exemptes.
l^a détermination des acides par la mélliode Duclaux ( ') était faite après 3 à 7 jours
d'étuve à 37°, sur le quart des volumes des cultures, en neutralisant à Teau de cliaux
les acides distillés, le tournesol servant d'indicateur.
Les chiffres du Tableau ci-dessous expriment les rapports entre les quantités
d'acides volatils contenus dans les 10, 20, 3o, 4o, . . . premiers centimètres cubes
(') Nous adressons nos vifs remercîments à MM. Trouelte et Roig qui nous ont
fourni la plus grande partie du matériel de nos expériences et à M. Ch. Nicolle qui a
bien voulu nous envoyer des cultures de Leishmania et Aq Trypanosoma.
('^) CoHE.^DY, Comptes rendus Soc. biol., t. LVIII, i" sem., 1906, p. SSg.
(') DccLAU.K, Traité de Microbiologie, t. III, p. 384.
1268 ACADÉMIE DES SCIENCES.
qui passent à la tlistillalion et la quantité totale distillée avec ioo""\ Ces rapports
vous serviront à déterminer la mesure et la qualité des acides volatils libérés par
comparaison avec les chiftVes trouvés dans les Tableaux obtenus par Duclaux avec
des solutions d'acides connus.
Citons quelques résultats parmi de nombreuses expériences.
Cultures de bac. bulyriciis sans CO'Ca.
I.
Volumes tlistillés 30. 40. ',0. 607 70. 80. 90. 100.
Rapports trouvés 3i,i 40,5 49,6 .^S,; 6-, .5 76,6 8G,8 100
Rapports calculés 29,4 39,0 l\^,^ ^'1^1 ''J-^ 77 » »
correspondant à 1 p. de C>11*0'''+ 3 p. de C-H'O'.
II.
Rapports trouvés 33,4 41, 4 ^2,3 6i,3 69,6 78,3 87,6 100
Rapports calculés 3i,4 4 ',3 ho,'i 60,2 69,4 78,8 » »
correspondant à i p. de C*H»0--t- 2 p. de C^I'O^
Cultures de bac. hulyricus a\'ec CO'Ca.
I.
Volumes disùllés 30. 40. 50. 00. 70. 80. 90. 100.
Rapports trouvés 37,3 48,8 .58,0 67,1 76,0 83,2 91,0 100
Rapports calculés 37,8 48,8 .58,6 67,8 76,0 84,2
correspondant à i i p. de C*H*0--|- i p. de C-H'O^
II.
Rapports trouvés 38,8 .5o,.5 60,6 69,1 78,1 8.5,4 92,4 100
Rapports calculés 39,5 5o,8 60,7 69,8 78,0 85,6 » »
correspondant à 2 p. de C'II'O'-H- 1 p. de C'H'O'-.
Bac. [lerfringens sans GO'Ca.
Rapports trouvés 20, 3 27,0 35,3 44,6 54,0 65.3 80, 3 100
Rapports calculés 20, 5 28,2 36,5 45,6 55,4 67,0 81,2 100
Bac. perfringens avec CO'da.
Rapports trouvés 22,5 3o,9 39,6 48 3 37,0 67,7 80,6 100
Rapports calculés 20, 5 28,2 36,5 4^,6 55,4 67,0 81,2 100
corre'^ponilant à 2 parties de ClI-O^-t- 1 partie de CMI'O'-.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. I269
liac. piilrijicus sans CO^'Ca.
ipports trouvés 29,0 37,0 /J4,4 53, o 62,9 72,2 83,9 100
100
I^apports calculés 26,8 35,3 43,2 52,2 61,2 71,3 83,6
Bac. piilrijîcits avec CO'Ca.
Rapports trouvés 33, o 41, 3 48,3 58,8 67,2 76,1 8(5,2 100
Rapports calculés 33,4 42, o 5o,2 58,5 66,9 76,0 8(3,4 100
Ces rapports montrent que si les conditions de culture restent les mêmes,
la nature des acides formés ne change pas sensiblement pour la même
espèce :
Le b. butyrirus produit les acides butyrique et acétique;
Le b. perfringens, les acides acétique et formique ; dans quelques cul-
tures de ce bacille l'acide acétique s'est trouvé présent en plus grande quan-
tité; il y avait également de l'acide propionique;
Pour le b. putrificus il est difficile de préciser la nature des acides volatils,
une odeur spécifique signale la présence d'acides gras supérieurs, mais les
rapports trouvés constituent encore un caractère essentiel du micro-
organisme.
En eraployanl un autre milieu de culture (peploné et glucose) nous avons obtenu,
en présence de cai'bonate de calcium, pour le b. butyricus el\e> b. peffringens, >}&=,
clilffres concordant avec les rapports déjà trouvés et comparables, pour la fermentation
butyrique, aux chiftVes obtenus par Duclaux. (') et Grimbert (-). Si l'on cultive le
/'. biilyriciis dans ce même milieu, sans carbonate de calcium, la quantité d'acide
butyrique diminue sensiblement et l'on obtient des chifïres qui ne sont plus caracté-
ristiques.
Le b. perfringens^ placé habituellement dans le groupe butyrique, ne
nous a pas donné d'acide butyrique dans le milieu sucré ordinaire, mais
toujours cet acide s'est trouvé présent dans les milieux nutritifs contenant
de la caséine.
11 ressort de nos résultats que la nature des acides volatils peut, dans
certains cas, servir à caractériser un microbe, mais pour mettre en évidence
ce caractère, les cultures doivent être faites dans un milieu approprié et
(') DucLAU.v, Ànn. de Chimie et de Physique, (>'' série, t. \\\\, 1886, p. 55i.
(-) Grimbert, Ann. de l'Institut Pasteur, t. Vil, 1893, p. 365.
1270 ACADEMIE DES SCIENCES.
bien déliiii. C'est ainsi que certaines espèces exigent la présence de carbo-
nate de calcium {b. butyriciis); pour d'antres {b. perfringens) on doit
éliminer certaines matières albuminoïdes telle que la caséine, les produits
élaborés au\ dépens de ces matières pouvant influencer diversement les
résultats.
Nous n'avons travaillé qu'avec un échantillon de chaque espèce et nous ne
prétendons pas tirer de ces résultats des conséquences trop générales, ils
semblent cependant présenter un intérêt digne d'être signalé. Pour le
b. butyricus, en particulier, nous avons obtenu dans un grand nombre
d'expériences des chiffres toujours concordants qui plaident fortement en
faveur de l'emploi de la méthode de Duclaux dans les recherches des
propriétés biochimiques des microbes.
GÉOLOGIE. — Sur le poids o/omi(/ue moyen de l'écorce silicatée terrestre.
Note de M. L. De Launay.
J'ai cherché autrefois à montrer, par des considérations de métallogénie,
que la dislriliution des atomes s'était opérée dans la Terre, encore fluide, de
manière à leur attribuer une place d'autant plus éloignée du centre que ces
atomes étaient plus légers ('). On peut trouver une confirmation intéres-
sante de cette loi sur un point particulier dans la loi de Uosenbusch, établie
par une méthode toute différente et relative au nombre des atomes métal-
liques compris dans un même poids d'une roche ignée quelconque.
On sait que M. Rosenbuscli a traduit un 1res gi-and nombre d'analjsesde roclies en
cherchant, d'abord le nombre de molécules, puis celui d'alomes métalliques corres-
])ondanl à chacune d'elles. Pour avoir le nombre moléculaire de la silice, il divise le
chiffre représenlalif de la teneur en silice, 3o pour 100 par exemple, parle poids molé-
culaire de la silice, 60, eL multiplie par 100 pour éliminer les décimales, soit 5o; 5o re-
présente également le nombre des atomes de silicimn. Un poids moléculaire de ao
pour l'alumine Al'O^ correspond à 40"' d'aluminium. C'est en additionnant les
nombres ainsi obtenus qu'il a trouvé, approximativement, un nombre constant de i83
pour les atomes métalliques et de i5o pour les molécules d'une roche quelconque.
( )roii peut se proposer d'en déduire le poids atomique moyen des mélaux
(') Comptes rendus, i.) mars iQOq.
SÉANCE DU 17 MAI I910. I271
engagés dans les roches, ou le poids moléculaire moyen de leurs coniliinai-
sons oxydées.
Dans le premier cas, on doil remarquer que la mélliode de calcul adoptée consiste
à éliminer l'oxjgène, à envisager seulement les métaux qui se sont oxydés. Le nombre
i83 des atomes trouvés ne correspond donc pas au poids total de la roclie, mais à ce
poids diminué de la teneur moyenne en oxygène qui, déterminée par de nombreuses
analyses, est de 4",' pour 100. Si l'on veut obtenir le poids atomique moyen du métal
oxydé, il faut donc diviser 32,9 x 100 par le nombre constant des atomes métalliques,
ou i83. On trouve ainsi 28,9.
La loi de Rosenbusclipeut donc se traduire en disant que l'oxydation pre-
mière dont résulte la croiite silicatée, sur laquelle portent toutes nos obser-
vations, s'est faite sur un magma métallique dont le poids atomique moyen
était à peu près de 28,9.
Remarquons maintenant combien ce poids atomique moyen est voisin
de celui du silicium (28,4), un peu supéineur seulement. On peut donc
considérer le silicium comme ayant été l'élément représentatif de cette zone
où a eu lieu la scorification. Celle-ci s'est opérée sur les éléments d'une zone
ainsi caractérisée par la silice et par les éléments de poids atomique ana-
logue : zone où d'autres métaux provenant d'une profondeur plus grande,
et par conséquent plus denses, s'étaient diffusés de manière que le poids
atomique moyen de l'ensemble fût encore celui qui convenait à cette position
dans la planète. Nous avions déjà fait observer autrefois combien sont
rapprochés les uns des autres les poids atomiques des principaux corps
formant cette scorie silicatée : le sodium (aS), le magnésium (ii4)) l'alumi-
nium (27), le silicium (28), ce dernier étant le plus élevé. Ainsi se sont
constitués les deux magmas fondamentaux : l'un de silicate alumino-magné-
sien, l'autre de silicate alumino-sodi([ue. On s'explique maintenant comment
d'autres métaux plus denses, tels que le fer, le calcium, le potassium, ont
pu y être introduits. Chacun d'eux s'est trouvé équilibrée par un accroissement
simultané des plus légers, de telle sorte que le poids atomique moyen restât
encore le même, très légèrement augmenté seulement par l'addition de ces
métaux plus lourds. C'est sur cet ensemble si remarquablement équilibré
que s'est opérée l'action de l'oxygène appartenant à une zone plus éloignée
du centre. Le poids moléculaire de la scorie formée, calculé par la même
méthode, est de 66, 66 : moyenne entre les poids moléculaires de la silice
et de l'oxyde ferreux (60 et 72).
11 faut d'ailleurs noter que les roches sur lesquelles peuvent porter nos
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 20.) 167
1272 ACADEMIE DES SCIENCES.
recherches ont hien des chances pour avoir subi au moins deux ou trois
refusions, dans lesquelles ont dû s'introduire, par endoraorphose, des éléments
empruntés aux terrains sédimentaires qu'elles traversent souvent, en sorte
que nous ne connaissons peut-être nulle part la scorie première, à laquelle
devrait s'appliquer notre théorie. Les sédiments ayant eux-mêmes commencé
par se former aux dépens des roches cristallines, il existe, entre l'un et
l'autre groupe, une certaine analogie moyenne de composition, en sorte que
le magma cristallin prédominant a pu continuer à imposer sa forme d'équi-
libre ; c'est pourquoi la loi demeure approximativement vérifiée. Cependant
on conçoit que des phénomènes de ce genre aient pu, dans une certaine
mesure, influer sur la proportion des éléments concourant à cet équilibre.
Par exemple, la proportion de soude a pu se trouver diminuée, par suite de
l'entraînement constant qui a eu sans cesse pour effet d'entrahier les sels
solubles de sodium vers la mer et d'accroître la teneur de celle-ci en sodium
aux dépens des continents. La teneur en magnésium a pu être réduite pour
la même cause. Par contre la proportion relative de chaux et de fer a pu,
en raison des mômes dissolutions qui les épargnaient davantage, se trouver
finalement accrue.
GÉOLOGIE. — Distribution des niveaux et des faciès dans le Nummulilique
r/zV autochtone de la Suisse orientale. Note de M. Jean Boussac, présentée
par M. Henri Douvillé.
Tous les faits observés dans le flysch dit autochtone de la Suisse centrale
et orientale nous ont amené à cette conclusion qu'il y fallait distinguer deux
séries de couches : une série normale, seule autochtone, et une série ren-
versée appartenant au flanc médian de la nappe helvétique la plus pro-
fonde, les deux séries ayant un noyau synclinal, oligocène, commun. Nous
devons donc examiner séparément ces deux séries, si nous voulons essayer
d'embrasser d'une vue synthétique ce Nummulitique, et d'y distinguer les
grandes zones de sédimentation dues à la transgression graduelle des ni-
veaux et aux changements correspondants de faciès ; nous arrivons alors à des
conclusions curieuses et fort intéressantes pour la remise en place des nappes.
Dans l'autochtone véritable, nous distinguons les zones suivantes de
l'Ouest à rh>st :
1° Une zone dans la(|iielle le Piialionien est transgressif, comprenanl Jes couches à
SÉANCE DU 17 MAI 1910. lO.'j'S
Ceritkium diaboli, puis des grès à i\. Fabiani et des calcaires à Ortliophragmines;
celte zone lu'esl connue depuis la Gemrai jusqu'au Seewli See, et s'étend probable-
ment jusque dans le Brunnithal, à partir duquel elle disparait sous les nappes.
2° Une zone dans laquelle l'Auversien est transgressif, et représenté par un grès
calcaire, un peu schisteux, à patine fauve, à gros grains de quartz ressortant en saillie
à la surface des bancs, qu'on trouve dans le flanc renversé du synclinal de la \\ ind-
giille, et qui contient Num. slriatus et Orth. discus; c'est un faciès très voisin de
celui du grès du Ilohgant. Cette zone longe la précédente au Sud-Est, et occupe la
région des Windgalles et des Clarides.
3° Une zone on le Lutétien est transgressif, mais peu épais, et constitué par des
calcaires et des grès, parfois glauconieux et à grandes Nummuliles (A', complanalus,
aturicus). Celte zone apparaît aussi au sud-est de la précédente, dans la région du
Kistenpass, mais ses limites avec la suivante sont encore mal déterminées.
4° Une zone dans laquelle tout le Mésonummulitique est schisteux; le Lutétien est
très puissant, et représenté par une grande série de schistes où s'intercalent des bancs
calcaires lenticulaires à grandes Nunimulites; celte zone est connue avec certitude de-
puis le Calfeuserlhal jusqu'à Ragaz.
En résumé, nous rencontrons, dans le Nummulitique autochtone de la
Suisse orientale, la même succession de zones que nous avons trouvée dans
toutes les Alpes suisses transversalement à la direction de la chaîne, et que
nous avons constatée aussi, dans le sens longitudinal, le long du front de la
nappe du Wildhorn (') : Priabonien transgressif à l'extrémité sud-occidental
de cette nappe, puis Auversien transgressif avec les grès du 'Hohgant, puis
Lutétien transgressif à partir de la Grosse Emme, Lutétien schisteux enfin
dans la région de Sarnen et surtout dans le canton de Schwytz. Ce sont les
menées zones qu'on retrouve dans l'autochtone, mais avec un retard considérable
vers l'Est; ce retard atteint environ ton''"' pour la zone de l'Auversien
transgressif, 80'''" pour celle du Lutétien transgressif, 70*"" pour celle du
Lutétien schisteux. Mais il résulte de ce retard vers l'Est que si nous repor-
tons la nappe du Wildhorn dans sa position primitive, au sud du massif de
l'Aare, c'est-à-dire au sud-ouest de l'autochtone de la Suisse orientale, les
zones de faciès de l'autochtone et de la nappe, étant dirigées S\V-NE,
viendront se placer sur le prolongement direct les unes des autres.
Cherchons maintenant comment peut s'intercaler, dans cet ensemble, le
flanc renversé numrnulitique qui existe sous les nappes helvétiques, et
(') Un seul faciès ne suit pas cette loi de l'obliquité des zones de faciès par rapport
aux zones tectoniques: les grès de Taveyannaz restent constamment liés à l'autochtone
ou à la nappe helvétique inférieure Diablerets-Glaris.
1274 ACADÉMIE DES SCIENCES.
coinmenl ses faciès viennent s'encadrer entre ceux de l'autochtone et ceux
des nappes.
Pour le remeltre en place, nous devons le faire pivoter autour d'un axe
suivant le bord méridional du massif de l'Aare et situé sur le prolongement
de la charnière du Panixer-Pass; il vient alors se placer sur le bord méri-
dional du massif de l'Aare, au sud de l'autochtone, mais au nord des
nappes. Et les faits sont tels que la région du Joch-Pass se trouve à peu
près sur le prolongement de la région du Schimberg, où les faciès sont à
peu près les mêmes : Lutétien gréso-calcaire relativement peu épais, puis
Auversien représenté par des schistes gréseux ('). D'autre part la partie de
ce flanc renversé située entre le Surenen et Ragaz, où le Lutétien est
schisteux et très épais, vient se placer sur le trajet de la zone de faciès sem-
blables Sarnen-Schwyz, qui va rejoindre l'autochtone de Ragaz.
Cette parfaite concordance entre nos conclusions stratigraphiques et les
données de la tectonic|ue, qui nous permet de faire, par la remise en place
des terrains charriés, une harmonieuse synthèse touchant la distribution
des faciès et la reconstitution des principales zones sédimentaires, me paraît
l'argument le plus fort en faveur de nos méthodes de paléontologie strati-
graphique.
GÉOLOGIE. — La craie de lilois. Note de M. .^Iarius Filliozat,
présentée par M. Henri Douvillé.
.l'ai fait ressortir précédemment (-) les grandes affinités paléontologiques
que présentait la craie de Blois et Chaumonl avec les assises supérieures de
Vendôme à Marsupites testudinarius. A Blois, les couches crétacées subissent
une transformation pétrographique si complète que tous les géologues ont
( ' ) C'est préciséinenl dans ce flanc ren\ersé, entre le Joch-Pass et le Surenen, qu'on
penl observer le passage latéral des schistes gréseux fauves, auversiens, équivalent
des Peclinitenschiefer de KaufTmann, au faciès Wildflysch. A la Fiirrenalp et au
Surenen-Pass, ces schistes gréseux sont encore reconnaissables sous le Lutétien ren-
versé, mais leur habitus est dift'érent : ils sont contournés, broyés, les bancs de grès
qui y sont intercalés sont étirés et tordus; plus à l'Est, à partir du Schâchenthal, ils
sont fondus dans la masse des schistes variés qui séparent le Lutétien des grès de
Taveyanna/.
(') Coinples rendus des séances de la Société génb^^iqae de France, 8 no-
vembre 1909, p. iSa.
SÉANCE DU 17 MAI I910. 1276
cru y voir l'équivalent du Cainpanien inférieur de l'Aquitaine. La présence
à Chaumont d'un Micraster, rapporté par M. Lambert au Micrasler regularis
Arnaud, paraissait même, au premier abord, être un motif suffisamment
concluant pour justifier cette parallélisation (').
Depuis ma communication à la Société géologique de France, j'ai suivi
les travaux pour le creusement d'un puits, dans la propriété de Boisprieur,
à s""" de Blois, sur la rive droite de la Loire, en face précisément des affleu-
rements du champ de tir militaire, d'où provenaient la plupart des espèces
que j'ai signalées l'année dernière.
J'ai pu ainsi relever la coupe suivante, qui m'a permis de déterminer
très exactement la position de la craie de Blois :
1° Craie blanche, fine et traçante à Onychocella cyprœa, Coscinopleura vindoci-
nensis, Rosseliana crassa, Unicylis falcata : i5";
2° Craie micacée à Onychocella nerei : i"";
3° Craie blanche, assez dure à Rhynchonella vesperlilio : l'Oise;
4° Lit à Micraster turonensis, Onychocella nerei, Rhagasosloma œgon : 3";
5° Calcaire dur spathique, à CalUanassa, Valdeniunitella grandis, Rhagasosloma
Grossouvrei.
La couche 1° correspond à l'assise à Marsupites testudinarius : les couches 1°, 3°
et 4° représentent l'assise à Onychocella nerei, et la couche .5° l'assise à Crania
ignabergensis.
La correspondance des assises abyssales de Blois avec les assises subpéla-
giques de Vendôme et Villedieu se trouve ainsi nettement établie. \\ n'est
pas prouvé, dès lors, que les communications des bassins de Paris et d'Aqui-
taine aient persisté à l'époque campanienne.
GÉOLOGIE. — Les monvemetUs orogéniques anciens dans le Haut- Allas maro-
cain. Note de M. Louis Gentil, présentée par M. Pierre Termier.
La tectonique de l'Atlas marocain a excité déjà la curiosité d'un certain
nombre de géologues parmi lesquels Maw , J. Thomson, Oskar Lenz,
Blanckenhorn, Theobald Fischer, Brives, Paul Lemoine.
(') La présence du Micraster regularis dans la craie de Blois est une nouvelle
preuve, à l'appui de celles données par M. de Grossouvre {Recherches sur la Craie
supérieure, t. I, p. 16-22), que les Echinides ne peuvent être des guides bien sûrs
pour l'établissement des synchronismes, surtout à grande dislance.
1276 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai, lors de mon premier voyage au Maroc, en 1900, recueilli sur la
structure du Ilaut-Atlas occidental d'intéressants documents qu'une explo-
ration récente m'a permis de compléter; je me propose de soumettre à
l'Académie les conclusions que je crois pouvoir en tirer.
Les plissements les plus anciens de l'Atlas remontent peut-être à la fin
du Silurien. Les vestiges d'une chaîne calédonienne, en effet, sembleraient
résulter de certains faits, notamment de la présence fréquente d'un conglo-
mérat de base au début du Dévonien ; mais ces données, trop incertaines et
insuffisantes, méritent d'être corroborées par de nouvelles observations.
La chaîne hercynienne a, par contre, laissé des traces manifestes. Depuis
le col des Bibaoun, on constate partout, dans l'est, que le Silurien, le
Dévonien et le Carbonifère inférieur (Dinantien) ont pris part à un impor-
tant mouvement orogénique.
J'ai observé, entre Demnat et la plaine de Haskoura, la superposition discordante
des dépôts arénacés du Permien sur le Dinantien à Productus puslulosus Pliil. ; et
les schistes de la Zaouïa de Moulai Ibrahim, dans lesquels j'ai découvert une faune à
Chonetes papilionacea Phil.; Orthothetes crenistria Phi!., sont également recou-
verts en discordance angulaire par des poudingues ou grès rouges permiens; tandis
que la série paléozoïque antérieure à ces conglomérats n'a été intéressée que par les
dernières manifestations orogéniques de la chaîne primaire, dont les principaux mou-
vements sont ainsi compris entre la fin du Dinantien et un niveau permien encore à
préciser.
Quoi qu'il en soit, il est permis de conclure que la chaîne hercynienne,
dans le Maroc méridional, est contemporaine de la grande chaîne carbo-
nifère de l'Europe occidentale et centrale.
Les plis primaires ont, dans la partie occidentale de l'Atlas, une direction
NNE-SSW, déjà signalée par Thomson dans les Djebilet et dans les
premiers contreforts de la haute chaîne. Dans l'Est, au delà du col de
Telouet, ils prennent une direction ;^\^-SE et, dans l'intervalle, dans la
haute vallée du Draa, ils sont voisins de la méridienne; de sorte que les
différents faisceaux de ces Altaïdes ont un point de convergence dans la
région encore inexplorée des djebel Bon Ourioul et Tidili.
Cette partie inconnue de l'Atlas ollVira sans doute un vif intérêt paj' sa tectonique
et par un métamorphisme intense des terrains paléozoïques, métamorphisme que j'ai
constaté sur le revers méridional de la haute chaîne, et qui semble très probable dans
les régions élevées, si j'en juge d'après les matériaux pélrograpiiiques que j'ai
recueillis dans le thalweg des vallées qui en descendent.
SÉANCE DU 17 MAI 1910. '277
Enfin il me paraît intéressant de faire remarquer que les plis de la chaîne
carbonifère sont, en général, déversés vers le sud, c'est-à-dire vers le sud-est
dans sa branche occidentale, vers le sud-ouest dans sa partie orientale.
Après sa surrection, la chaîne hercynienne a été arasée, transformée en
une pénéplaine qui a recouvert l'emplacement actuel du Haut- Atlas et toute la
Meseta marocaine. Cette pénéplaine a subi de profondes modifications dans
la région axiale de la chaîne actuelle, mais elle est parfaitement conservée
au sud de l'Atlas dans le plateau des Ait Khzama. Au nord, elle apparaît
dans les Oulad Saïd et les Madkra (Chaouïa), dans le pays des Zaër.
Les dépôts permiens essentiellemenl détritiques, parfois torrentiels, ont été formés
sous un climat tropical avec les matériaux provenant du démantèlement de la chaîne
carbonifère; et il est impossible d'adraellre qu'ils ont pris part à ses grands mouve-
ments orogéniques. D'ailleurs j'ai montré que dans la Meseta marocaine la pénéplaine
est recouverte par les dépôts horizontaux du Trias supérieur et du Rhétien, ce qui fait
remonter sa genèse au plus tôt au Trias moyen. Il est vraisemblable qu'elle était déjà
formée avant le début des Temps secondaires.
La formation de la pénéplaine primaire a été suivie du morcellement de
la chaîne hercynienne, concomitant de puissantes éruptions volcaniques de
trachytes, d'andésites, de basaltes qui, commencées au Permien, ont pu
se prolonger durant Fépoque triasique ; il parait intéressant de remarquer
que ces éruptions ont atteint leur maximum dans la région de convergence
des plis carbonifères.
Le morcellement de la chaîne carbonifère a intéressé seulement l'enqjla-
cenient actuel du Haut-Atlas qui a été envahi par les mers jurassiques dont
les dépôts d'abord néritiques accusent ensuite une formation hathyale. Puis,
par suite d'un mouvement ou d'un simple gauchissement, ces terrains secon-
daires ont été émergés tout au début du Crétacé et complètement arasés
sur l'espace de plus de 120''" compris entre le col des Bibaoun et le col de
Telouet.
L'îlot ainsi émergé, que je désignerai sous le nom de Massif central du
Haut-Atlas, a été entouré, au moins sur la plus grande partie de sa péri-
phérie, par les mers du Crétacé inférieur qui ont laissé sur la plus grande
partie de son pourtour des dépôts arénacés parfois littoraux, souvent lagu-
naires. Il faut se porter à l'extrémité occidentale ou au nord-ouest de la
grande chaîne pour retrouver les formations nériticjues avec tendances
bathyales dans lesquelles (Ida ou Tanan) j'ai retrouvé les riches faunes à
Céphalopodes déterminées par M. W. Kiiian.
1278 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Il semble bien que ces faunes marquent le bord méridional du géosyn-
clinal qui entourait, à l'ouest, la Mesela marocaine pour aller se relier, au
nord, avec le géosynclinal dinarique dont les traces (Cénornanien, Sénonien)
sont indiscutables dans la région de Tanger où elles établissent la liaison
avec les dépôts similaires du Tell algérien.
La transgression cénomanienne a recouvert la première ébauche de
l'Atlas tandis qu'à partir du Turonien les mers crétacées sont en régression.
M. HoDoi.PHE SoiîEAu adrcssc une Note intitulée : La poussée sur la surf ace
portante des aéroplanes .
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. Ai.KXAXDRE SÉE adrcssc une Note intitulée : Formules de la poussée des
hélices propulsives.
(Renvoi à la Commission d'Aéronautique.)
M. Ai.BEitT i\oD()\ adresse des Observations astrophysiqites et météorolo-
giques au Sahara.
La séance est levée à 4 beures et demie.
Pb. V. T.
ACADEMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 25 MAI 19J0.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
3IEM0IUES ET COMMUiMCiVTIOIVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIb;.
M. le Président rend compte en ces termes de la dernière session de la
Réunion internationale des Académies :
M
ESSIEUKS,
Vous nous avez chargés, le général Bassot, M. Baillaud et moi, de vous
représenter à l'Assemblée générale trisannuelle de l'Association interna-
tionale des Académies. Pour la période 1908-1910, l'Académie directrice
est l'Académie de Lincei ; la réunion a donc eu lieu à Rome le 9 mai sous la
présidence de M. Blaserna, président de l'Académie de Lincei.
C'est le 16 avril 1901 que s'est réunie pour la première fois à Paris, sous
la présidence de M. Darboux, l'Association des Académies; elle vient ainsi
d'entrer dans sa dixième année d'existence, et Ton peut chercher à carac-
tériser les différents modes sous lesquels s'exerce actuellement son activité,
en prenant des exemples se rapportant aux travaux de cette année.
L'Association s'intéresse tout d'abord directement à certaines entreprises
scientifiques d'un caractère international, son action s'exerçant par l'inter-
médiaire de Commissions permanentes, nommées par elle et choisies parmi
les membres des Académies associées ou les savants que recommandent des
compétences particulières; c'est ainsi que la Commission du magnétisme
terrestre est en relations suivies avec l'Institution Carnegie, qui a fait con-
struire un navire destiné à des mesures magnétiques sur la surface des
océans. M. Mascart, qui faisait partie de celte Commission, vient d'être
remplacé par notre confrère le commandant Guyou. Pour prendre un
autre exemple, une Commission relative à la nomenclature lunaire est
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 1511, N» 21.) l68
I28o ACADÉMIE DES SCIENCES.
chargée de faire dans Irois ans des propositions sur cette question assez
complexe. M. liaillaud a été nommé dans cette Commission a la place de
M. Lœwy.
Dans d'autres cas, Faction de FAssociation est plus indirecte. Elle donne,
avec ses conseils, son patronage à d'importantes entreprises d'un caractère
général qui ont sollicité son approbation, les recommandant ainsi à ["atten-
tion des Gouvernements ou de Sociétés particulières. Pour être moins
directe, cette seconde forme n'est pas moins importante et montre l'influence
de l'Association, qui joue ainsi le rôle de grand Conseil scientifique.
Parfois, enfin, l'Association doit jouer un rôle diplomatique, recomman-
dant aux Gouvernements la création ou la modification d'organismes inter-
nationaux. C'est ce qui est arrivé cette année dans la question de la lutte
contre les maladies des plantes cultivées, où ont été envisagées des modifi-
cations à faire aux statuts de l'Institut International d'Agriculture, créé il
y a quelques années sur l'initiative du roi d'Italie.
Parmi les conclusions votées la semaine dernière, je signalerai encore le
patronage accordé au Comité international pour la publication des con-
stantes physico-chimiques, et l'approbation donnée aux dispositions prises
par la Société Helvétique des Sciences naturelles relativement à la publi-
cation des OEuvres d'Euler. Notre Académie s'était, dans les derniers mois,
tout particulièrement intéressée à ces deux entreprises.
Je n'ai pas à parier ici des travaux spéciaux à la section littéraire, comme
une édition du Mahâbhàrgta et une Encyclopédie de l'Islam. Dans un ordre
d'idées commun aux sections littéraire et scientifique, l'Association con-
tinue à préparer la publication des manuscrits de Leibniz; je dois aussi
mentionner l'admission de la Société Helvétique des Sciences naturelles
parmi les Académies associées, qui sont maintenant au nondire de vingt,
dont trois pour notre pays.
Cette première décade a montré combien la pensée des fondateurs de
l'Association Internationale des Académies avait été heureuse, et c'est
justice de rappeler ici que notre Secrétaire perpétuel, M. Darboux, fut un
des ouvriers de la première heure. Ce groupement international est assuré
de vivre, et son iniluence continuera à grandir.
Quelques modifications dans le règlement ont été proposées et adoptées.
Seule une question importante n'a pas été tranchée, et son examen a été
renvoyé à chacune des Académies associées : il s'agit des legs à recevoir
par l'Association. Malgré l'avis de la Commission, la majorité a pensé qu'il
SÉANCE DU 23 MAI I910. 1281
y avait là des points de droit très délicats, à l'étude desquels nous n'étions
pas suffisamment préparés. Certains fonds de roulement sont évidemment
nécessaires pour l'administration, d'ailleurs très simple, de l'Association;
mais est-il souhaitable que l'Association puisse recevoir des legs? On peut
différer là-dessus d'opinion, et, pour ma part, je serais tenté de voir dans
ces richesses futures une source de difficultés. Les Académies associées
constituent, semble-t-il, un pouvoir spirituel plutôt que temporel, conseil-
lant plutôt que dirigeant.
Je dois, en terminant, remercier l'Académie de Lincei de son aimable
hospitalité et des réceptions charmantes qu'elle nous a ménagées. Les délé-
gués conserveront aussi un respectueux souvenir du gracieux accueil qu'ils
ont reçu de leurs Mfijestés le Roi et la Reine d'Italie, et de sa Majesté la
Reine Mareuerite.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Influence des comètes sur l'atmosphère terrestre
d'après la théorie cathodique. Note de M. H. Deslamires (').
L'année l'jio est riche en belles comètes; dans ses quatre premiers mois,
elle en a eu deux visibles à l'œil nu : la comète de Innés, qui a brillé en
janvier, et la comète de Halley. Cette dernière offre un intérêt exceptionnel,
à cause de son passage prochain sur le disque du Soleil, et de la rencontre
annoncée de sa queue et de la Terre.
D'ailleurs, le grand éclat de ces deux comètes a coïncidé avec des troubles
atmosphériques, avec des orages, et chutes de pluie prolongées, ou même
avec des inondations; et une croyance populaire, très répandue^ attribue
ces phénomènes terrestres à la comète elle-même. On sait que, aux âges
antérieurs, les comètes ont été considérées comme ayant l'influence la plus
pewiicieuse, et on les a chargées de tous les méfaits. L'exagération a été
manifeste; mais il est permis de penser que la comète et sa queue peuvent
avoir une certaine action sur l'atmosphère terrestre. Cette idée n'est pas
absurde, et même elle est digne d'être examinée; car l'une des théories
cométaires actuellement la plus en faveur parmi les astronomes, implique
une influence directe de la comète sur la condensation des vapeurs et la
chute de pluie dans notre atmosphère.
(') Celte Noie ;i été présentée dans la séance du 17 mai.
1282 ACADÉMIE DES SCIENCES. -
l^ii llii'Oiic en (lueslioii esl la ihéorie dile cathodique, qui fait intervenir
lin rayonnement cathodique ou même un rayonnement corpusculaire, de
vitesse plus g'rande, analo<;uc au rayonnement ji du radium, et émané du
Soleil, lillc a été suggérée, eu nSSi, [)ar ( ioldstein [)Our expliquer la rela-
tion entre les taches du Soleil et le luaj^nétisme terrestre, puis reprise et
développée simultanément, en 11S96, d'une part par Birkeland, comme
étant la cause première des aurores boréales, et, d'autre part, par moi-même
pour expli(]uer les jets coronau\ et les queues comélaires, qui, toute théorie
mise à part, ont des points communs multiples. Arrhenius, qui a réuni tous
ces faits dans une synthèse générale, fait jouer le plus grand rôle à des
ions négatifs ou positifs chassés du Soleil parla pression de radiation; mais
il admet aussi l'émission de corpuscules plus petits qui sont les électrons
ou autrement dit le rayonnement cathodique. Dans ces théories, l'illumi-
nation singulière de la queue et aussi la force répulsive solaire s'expliquent
aisément.
Admettons donc avec les auteurs précédents une émission cathodique
solaire. Ce rayonnement spécial rencontre les particules de la queue comé-
taire repoussées parle Soleil, et, à leur contact, produit un rayonnement X,
ainsi que dans les tubes à vide ordinaires. Dans cet ordre d'idées, la queue
est une source de rayons X, rayons très pénétrants, comme on sait, et
même d'autant plus pénétrants que le rayon cathodique primaire est plus
rapide. Ces rayons nouveaux, analogues aux rayons y du radium, entrent
profondément dans l'atmosphère terrestre et peuvent atteindre des couches
relativement basses.
Or le rayonnement X a la propriété bien connue d'ioniser les gaz et
de provoquer la condensation immédiate des vapeurs sursaturées. La vapeur
d'eau qui est dans cet état spécial, prête à tomber, est aussitôt précipitée.
Cette action se produit seulement aux points de l'atmosphère oùja vapeur
est sursaturée ('); et elle cesse lorsque la chute de pluie a abaissé la tension.
Tous ces effets successifs sont admissibles, mais peuvent-ils avoir une
intensité suffisante à la grande distance où est la terre, et avec la très faible
masse de matière qui compose la queue. 11 est permis de répondre affirina-
livcinenl, lorsqu'on considère la surface énorme de certaines queues comé-
(') Aux poinls oii la vapeur d'eau ne se condense pas. il y a tout au moins une
ionisation de l'air, qui ne se manisfeste pas à dislance, mais qui pouiiail être con-
statée par des oi)servalions en ballon.
SÉANCE DU 23 MAI I9IO. 1283
taires. La matière composante a une faible masse, mais on sait que, suffi-
samment divisée, elle peut avoir une surface totale aussi grande qu'on le
veut; et, dans les conditions supposées, l'action eslproportionnelle à la sur-
face totale des particules.
J'ai observé plusieurs fois au commencement de l'année la comète lunes
igiort, et j'ai été frappé par le prodigieux développement de la queue, aussi
large que longue, qui occupait dans le ciel une surface apparente bien supé-
rieure à la couronne solaire des éclipses. Je prends comme terme de com-
paraison cette couronne, parce que, dans l'ordre d'idées où nous sommes,
elle doit être aussi une source de rayons X('). Mais le rayonnement X sup-
plémentaire fourni par la comète peut, être beaucoup plus grand, et provo-
quer des troubles spéciaux plus étendus dans notre atmosphère.
Ces troubles cependant sont limités, car ils cessent lorsque la vapeur sur-
saturée s'est résolue en pluie, et ils doivent être suivis d'une période de beau
temps ou de sécheresse, qui dure jusqu'à ce que les vapeurs sursaturées
soient reformées en quantité appréciable.
Il est inutile de développer plus longuement ces considérations, elles suf-
fisent à montrer la possibilité d'une action cométaire. Notre atmosphère,
qui est comprise entre la surface terrestre et l'espace stellaire, doit être
modifiable par les variations qui se produisent dans chacune des deux parties
qui l'enserrent. C'est ainsi que récemment Hildebrandson a fait ressortir les
conséquences dues aux fluctuations des glaces polaires et des courants
marins qui s'en détachent; la cause est alors purement terrestre.
Mais les causes cosmiques doivent aussi intervenir, en particulier par les
rayonnements divers, ondulatoires et corpusculaires tels que les rayonne-
ments ultraviolets et cathodiques du Soleil (^). Le grand problème delà pré-
(') Le rayonnement X solaire doit provenir surtout des points de la couronne qui
se projettent pour nous à une certaine distance du disque.
(^) Plusieurs auteurs, et Marchand en particulier, ont admis déjà l'inlluence des
pertiirlja lions solaires sur les varialions du temps à la surface de la Terre.
Les étoiles filantes, d'autre part, ont été nolées déjà comme ayant une action sem-
blable. D'ailleurs les corpuscules, qui passent près de la Terre sans rencontrer son
almosplière, sont électrisés au moins par la lumière ultraviolette solaire et peuvent,
lorsqu ils sont nombreux, exercer une action électrostatique et électromagnétique
sur les couches ionisées de notre almosplière; inversement, ces couches peuvent les
dévier de leur route.
Dans cet ordre d'idées, la queue dont les particules sont éleclrisées doit être déviée
par le champ magnétique interplanétaire et peut, même à son origine près du noyau,
ne pas èlre dirigée exactement vers le Soleil,
1284 ACADÉMIE DES SCIENCES.
vision du temps exige qu'on leur accorde aussi une grande attention et que
leur recherche, évidemment difficile, soit poursuivie par tous les moyens à
notre disposition.
La théorie cathodique n'est pas présentée comme la seule qui puisse bien
expliquer les phénomènes cométaires. Si je l'ai développée spécialement
dans mes publications c'est que le rayonnement cathodique est le phéno-
mène principal des tubes à vide de nos laboratoires, auxquels l'espace
interplanétaire est a priori assimilable. Cet espace offrirait ainsi en très
grand les phénomènes particuliers que nous observons journellement, mais
en très petit, grâce aux Machines, de plus en plus perfectionnées, qui per-
mettent de faire le vide.
Cette théorie a trouvé d'ailleurs récemment un appui sérieux dans l'ana-
lyse spectrale des comètes Daniel d 1907 et Morehouse igo8. La queue de
cette dernière comète, à tous égards exceptionnelle, offrait un spectre de
bandes intense, accompagné d'un spectre continu très faible ; ce qui implique
une composition presque purement gazeuse. Or, j'ai montré que l'une des
bandes principales de ce spectre est la bande ultraviolette caractéristique
de l'azote illuminé aux très basses pressions par le rayonnement catho-
dique; une autre bande ultraviolette, attribuée au cyanogène, se maintient
aussi aux basses pressions. Mais les bandes restantes, plus nombreuses,
n'avaient pu être identifiées ; or, Fovvler a reconnu cette année qu'elles étaient
duesàl'illutnination cathodique du gaz oxyde de-Carbone (' ). Bref la lumière
entière de la c|u6ue dans Celte comète a une origine cathodique (^).
J'ai adniis précédemment que le rayonnement cathodique ainsi décelé
par le spectre émanait du Soleil lui-même ; mais il peut provenir aussi du
noyau et de la tête de la comète, quoique, à mon avis, avec une probabilité
moindre ('). Dans les' deux cas, la production de rayons X par la queue appa-
{') Voir Comptes rendus, t. CXLVIll, 1909, p. 8o5, et aussi Montkly Notices^
l. LXX, p. 495-
(*) On a des raisons de penser que le spectre de toutes les queues cométaires est le
mélange d'un spectre contihu et d'un spectre cathodique. Le spectre classique des
hydrocarbures et du cyanogène serait, d'autre part, limité à la tète. Cette question
sera élucidée facilement par les moyens nouveauv dont ou dispose actuellement pour
l'élude s()eclrale des comètes.
(^) La queue cométaire émanée de la tête et le jet coronal issu de l'atmosphère
solaire sont manifestement semblables, et il est naturel de penser que 'a tête de la
comète et l'atmosphère solaire émettent en même temps un ^ayo^neme^t Calhodiqufe,
chacune des deux soin ces pouvant être prépondérante, suivant les conditions variables
SÉANCE DU 23 MAI I910. 1285
rait comme une conséquence nécessaire, production d'autant plus abondante
que la queue est plus riche en petites particules. Or, la richesse en particules
peut être évaluée par l'intensité du spectre continu émis par la queue. Avec
la comète Morehouse, le spectre continu de la tête et de la queue était très
faible ; il est au contraire intense avec les comètes Innés et Halley de cette
année, et l'on est conduit à penser que l'action exercée sur la Terre par ces
deux dernières comètes a été plus grande.
En résumé, les considérations et rapprochements qui précèdent font res-
sortir, d'une part, la possibilité d'une action à distance des comètes sur l'at-
mosphère terrestre et, d'autre part, l'utilité d'une étude physique complète
des comètes et de l'étude spectrale en particulier.
M. Baili.aud fait connailre à l'Académie les derniers renseignements
qu'il a reçus concernant des Observations de la comète de Halley à l'Observa-
toire Lick et Cl Johannesburg^ renseignements transmis jiar le Bureau des
télégrammes internationaux de Kiel.
Le 20 mai, M. Campbell, directeur de l'Observatoire Lick, indicpie que la
comète a été vue dans le ciel, à l'Est, le matin. La (pieue avait au moins 140"
de longueur; elle était bien en arrière du rayon vecteur, et M. Campbell
conclut que la Terre ne doit probablement pas traverser la queue.
Le 21, M. Campbell ajoute que la queue de la comète, à l'Est, vendredi
matin s'étendait à travers l'Aigle, i" plus au Nord, et que son éclat était le
tiers de celui de la veille.
Le 21, à Johannesburg, la comète est indiquée comme vue le soir du 20
avec une queue de 19° et vue aussi le matin du 11, à l'Est, avec une queue
embranchée.
M. ]iiGOURDAN communique la dépèche suivante, dans laquelle M. Eginitis
résurpe les observations qu'il a faites à Athènes, sur la comète de Halley, le
jour de son passage sur le Soleil (18 mai 1910), et les jours suivants :
(^)iieue (de la comète de) Halley observée vendredi matin exactement (à la) même
d'une comète à l'autre. Lorsque la queue offre en son milieu une ligne noire, le
rayonnement solaire serait le plus fort; mais, lorsque la ligne centrale de la queue est
plus brillante que les bords, ainsi que dans la comète de Halley en i835, a prédonni-
nance appartiendrait auN rayoïis cathodiques de la têfe. Ce dernier cas se présente
plus rarement. ^
1286 ACADÉMIE DES SCIENCES.
position (que dans les) dernières nuits. Vendredi soir aussi, dans (une) lunette (elle)
paraissait dirigée vers (le) Soleil. Par suite (de sa) courbure, samedi matin (elle a
été) invisible à l'Est. Samedi soir (elle était) tournée (vers) l'Est. Sa traversée (par la)
Terre (a été) retardée grandement, ou n'a pas eu lieu. (Le) passage de la tète (sur le
Soleil n'a été accompagné par) aucun phénomène sensible : ni diminution notable
d'éclat, ni taches, ni points noirs.
ÉLECTRICITÉ. — Sur l'existence de deux potentiels explosifs.
Note de MM. P. Villard et H. Abraham.
On sait que, lorsqu'on élève proi;ressivement le voltage aux hoiries d'un
éclateur à électrodes sphériques, on voit à un certain moment des aigrettes
apparaître, puis l'étincelle disruptive éclate et décharge complètement les
conducteurs, empêchant par cela même la différence de potentiel de croître
davantage; on a atteint le potentiel explosif ordinaire que nous désigne-
rons d'une manière générale par V,.
Nous avons reconnu que, moyennant quelques précautions, ce voltage
Y, en apparence infranchissable peut être considérablement dépassé sans
qu'il se produise aucune étincelle. Cet accroissement de la tension est
cependant limité, et, pour un éclateur donné il existe outre le potentiel V,, .
un deuxième potentiel explosif pouvant être double du premier, et carac-
térisé par un régime tout à fait différent de préparation à l'étincelle, l'écla-
tement de cette dernière étant précédé non plus par l'apparition des
aigrettes, mais par la formation, sur l'anode, d'une lueur persistante et con-
tinue, visible même en plein jour.
Pour isoler ce phénomène et l'observer dans l'air ordinaire qui n'est pas
cependant le gaz le plus favorable à l'expérience, il convient de constituer
l'éclateur par une anode sphérique de petit diamètre (i"^'" environ) et une
cathode de grande surface, telle qu'une grosse sphère ou un large plateau à
bords arrondis. La source électricjue sera de préférence une machine sta-
tique puissante, reliée au besoin à des condensateurs destinés à régula-
riser le régime; on aura soin d'éviter les contacts imparfaits dans les con-
nexions.
Cela étant, et le voltage \', étant atteint, il arrive très fréquemment, à la
laveur des inévitables « ratés » de l'étincelle de décharge, que ce potentiel
puisse être nettement dépassé. Aussitôt les aigrettes positives, qu'on s'atlca-
dait à voir augmenter d'importance, disparaissent complètement et déiini-
tivemenl jjour faire place à un aspect tout à fait différent. L'anode, sur
SÉANCE DU 23 MAI 19IO. 1287
toute la zone en regard de la cathode, se recouvre d'une gaine luminescente,
d'un rose violacé, qui augmente d'éclat et d'étendue à mesure que la diffé-
rence de potentiel s'élève; le reste du champ est tout à fait ohscur et
aucune lueur ne se montre sur la cathode; d'autre part, un vent électrique
intense, sensible à une distance de plus de i", s'échappe de la région qui
avoisine l'apode (').
Elevant encore le voltage, on voit la gaine lumineuse se renforcer à son
sommet, puis donner naissance à une pointe plus brillante dirigée vers la
cathode; ce poinleraent est l'amorce de la nouvelle étincelle disruptive
qui se produit tout aussitôt. Le second potentiel explosif \ ,, est alors
atteint.
Si, avant d'atteindre cette nouvelle valeur, on rétrogradait vers Y,,
l'étincelle ou tout au moins l'aigrette réapparaîtrait comme dans l'expé-
rience faite par voltages décroissants (^).
On peut aussi opérer à voltage constant et faire varier la distance des
électrodes. On trouve alors pour chaque potentiel deux distances explo-
sives, tandis qu'on n'a jamais d'étincelle pour les distances intermé-
diaires.
Ainsi, pour le premier potentiel explosif, V,, seul observé en général,
l'étincelle est sous la dépendance des irrégularités de l'aigrette préparatoire
et constitue, en quelque sorte, un accident qu'il est possible d'éviter. Le
second potentiel Vo, au contraire, semble correspondre à un phénomène
normal à préparation régulière. Entre ces deux valeurs, le régime lumines-
cent est parfaitement stable et une étincelle n'est possible que par l'inter-
vention d'une action étrangère.
La composition complexe de l'air atmosphéricjue semble avoir une
influence considérable sur l'établissement du régime de la gaine anodique
{') Plusieurs observations de Nicliolson (1787), de Faraday et de divers autres
physiciens, sur les décliarges par lueurs (glowdischarge, glimmstrom) et sur certains
relards à la décharge, se rattachent tantôt au phénomène bien défini que nous décri-
vons, tantôt à d'autres modes de décliarges qui en sont tout à fait distincts.
(^) Le phénomène devient tout à fait frappant en chargeant, à un voltage compris
entre \\ et V», un condensateur relié à l'éclateur. Aucune étincelle ne jaillira aussi
longtemps que le fonctionnement de la source électrique maintiendra cette tension.
Mais si l'on arrête la machine, le potentiel baisse 'spontanément peu à peu, et, au mo-
ment où il repasse par V,, des aigrettes se produisent, suivies aussitôt par l'étincelle
disruptive qui décharge complètement le condensateur.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 21.) l(>9
■.V:
/ij^
1288 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et sur l'éclatement accidentel de l'étincelle de bas voltao;e. On réussit mieux
l'expérience avec de l'air pur et sec qu'on renouvelle dès qu'on y a fait
éclater quelques étincelles. Dans de l'azote sec le phénomène devient plus
brillant et vraiment remarquable. 11 n'est plus nécessaire d'avoir une anode
de petit diamètre, et l'on peut même constituer l'exploseur par des boules
égales de /j'™ ou 5''"^ de diamètre. Dans ce gaz, le passage par la valeur V,
est toujours exactement indiqué par l'apparition de la gaine anodique, et
cependant on n'a|)erçoit que de faibles aigrettes, qui peuvent niêine ne pas
se produire dans une expérience conduite doucement. Le caractère acci-
dentel de la première étincelle devient alors tout à fait manifeste (').
Les phénomènes que nous venons de décrire peuvent être observés sous
différentes pressions, et on les suit aisément jusque vers 2"'" de mercure.
L'expérience réussit également très bien dans l'hydrogène.
L'établissement de la luminescence anodique est rendu au contraire
incertain, puis impossible par la présence de traces de gaz carbonique ou
sulfureux ou de quantités notables de vapeur d'eau. C'est ainsi que si l'on
a établi ce régime dans l'air ordinaire, il suffit de souffler avec la bouche
sur l'anode pour faire éclater l'étincelle.
La luminescence de l'anode, caractéristique des potentiels compris entre
V, et Vj, est l'indice évident du passage d'importantes quantités d'électri-
cité. On constate en effet que, pour maintenir ce régime, même à des vol-
tages modérés, on est obligé de recourir à l'emploi d'une machine statique
à plateaux multiples. Nous nous sommes servis d'une machine Bonetti-
Roycourt sans secteurs à six plateaux d'ébonite.
Dans ces conditions, l'intensité du courant absorbé par l'éclateur aug-
mente avec le diamètre de l'anode et peut, sous une centaine de mille volts,
être de l'ordre du milliampèrc. La puissance ainsi localement dépensée sur
l'anode, tout aussi importante que celle exigée par d'autres modes d'illu-
mination électrique des gaz, montre qu'il s'agit non d'un courant ordinaire
d'ionisation, mais d'une décharge véritable. Au surplus, la densité du
courant sur l'anode est tout à fait comparable à celle qu'on admet dans
l'électrolyse d'un liquide.
Voici, à ce sujet, les résultais de deux expériences faites à la pression
atmns[)hérique dans de l'azote sec (azote industriel, procédés G. Claude),
(') Rappelons à ce sujet que M. J.-J. Thomson a observé des élévalions considérables
du potentiel explosif dans les gaz rigoureusement secs.
SÉANCE DU 23 MAI 191O. I289
avec des anodes sphériqiies placées en regard d'une cathode plane à bords
arrondis
Diamètre
de
l'anode.
3o"
i5"
Distance
Courant
Klincelle
des
Potentiel
avant
éqi
uivaleaLe
électrodes.
explosif.
l'étincelle.
àl'
air libre.
3on„„
volts
l Vi:= 55 000
0,00
inm
28
1 V., = 78500
0,55
70 ■
40-
j V, = 40000
0,00
3o
l ¥2=: 80 000
o>49
1 10
Le courant qui traverse ainsi le gaz est absolument continu; à ce point
de vue le régime de la gaine luminescente ditrèi'e encore nettement de la
décharge par aigrette, laquelle est toujours discontinue.
Si l'on dépose sur l'anode des substances sensibles aux rayons catho-
diques, telles, par exemple, que la craie ou l'oxyde de zinc, ces substances
s'illuminent vivement quand le régime de la luminescence anodique est
établi. Ce fait suggère une explication assez simple du mécanisme de ce
mode particulier de décharge. Au voisinage direct de la surface de l'anode
dont la courbure est relativement forte, le champ électrique est particuliè-
rement intense et à variation rapide ('); l'ionisation du gaz se localise dans
celte région, oii elle s'accompagne de production de lumière. Les centres
négatifs, énergiquement attii^és, sont immédiatement absorbés par l'anode
sur laquelle ils arrivent avec de grandes vitesses. Certains d'entre eux
peuvent ainsi, même à la pression almusphcnque, former de véritables
rayons cathodiques et ce seraient ces rayons qui provoqueraient la phospho-
rescence de la craie. Les centres positifs, au contraire, repoussés par
l'anode, s'éloignent à l'état d'ions, entraînant le gaz ambiant et produi-
sant un vent électrique chargé positivement qui transporte par convection
la totalité du courant jusqu'à la cathode.
En résumé, pour un système donné d'élecli'odes, il existe deux potentiels
e.vplosifs. Le premier, qu'il conviendrait plutôt d'appeler potentiel d'aji-
grette^ peut accidentellement faire éclater une étincelle disruptive. Le
second parait être le potentiel explosif normal, et même le seul qu'on doive
observer dans certains gaz purs. Pour toute tension comprise entre ces
<leux limites, il s'établit un régime de décharge silencieuse et continue,
caractérisé par la luminescence épipolique de l'anode, et dont la constitu-
tion particulièrement simple présente une grande analogie avec le phéno-
mène de la gaine électi'olytiqiue étudiée par MM. \ iolle et Chassagny.
• (') Id est remarquable que le moindre uiéplal sur l'anode, quj modifie surtout le gra-
dient, se traduit par une taclie sombre dans la gaine lumineuse.
1290 ACADliMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action des broniurcs cVortlio et de para-anisylmagné-
siitrns sur (' anihraquinone et la '^-mèthylanthraquinone. Note de MM. A.
Halleh et A. Comtesse.
Dans une série de recherches pal:»llées par l'un de nous en collaboration
avec M. A. Guyot('), et poursuivies dans la suite par MM. A. Guyot et
Stfehling (-), il a été montre qu'en faisant agir les combinaisons organo-
niagnésiennes du phényle et du naphtyle sur l'anthraquinone et la méthyl-
anthraquinone, on obtient, suivant les conditions de l'expérience, des corps
du type phényloxanthranol (I) ou du type dihydrure d'anthracène YY-di-
phénylé, yy-diliydroxylé symétrique (11)
I.
II.
HO C^IP
110 C«1P
G
G
GO
C«H'/\c«ll»
G
HO G'H>
Le présent travail a pour but de montrer que les combinaisons magné-
siennes de Tortho et du parabromanisol agissent de la même façon sur les
deux anthraquinones. Nous n'avons toutefois pas cherché à préparer les
anisyloxanthranols et nous nous sommes bornés à isoler les diols correspon-
dant à la formule II.
Nous avons ainsi obtenu quatre diols sous la forme de cristaux blancs,
solubles dans la plupart des dissolvants organiques et donnant des colora-
tions très caractéristiques avec l'acide sulfurique concentré. La solution
acétique de ces corps a la propriété de décomposer l'iodure de potassium,
avec mise en liberté d'iode et formation d'un dérivé anthracénique, et de
donner avec la diméthylaniline des réactions colorées très intéressantes.
Comme les diols plus simples, nos combinaisons ont une tendance à
s'éthérifier et à s'acétyler très facilement; elles se laissent, en outre, réduire
sans difficulté pour donner naissance à des anthracènes yy-disubstitués
d'une couleur jaune plus ou moins prononcée, qui se dissolvent dans les
solvants organiques avec des fluorescences remarquables.
(') Hallkr et A, GuïOT, Bull. Soc. chim,, S' série, t. XX\1. 1904, p. 793 et 979;
t. XXXIII, 1905, p. 385.
(') A. Guyot et St«hlino, Bull. Soc. chim., 3= série, t. .\XX11I, 1900, p. iio4,
I i44i I i^'-i-
SEANCE DU 25 MAI I910. 129I
Nous allons donner le mode opératoire employé pour la préparation de
l'un de ces diols, les autres pouvant être obtenus par le même procédé.
Diliydrure'd'anthracène y(-p-(Iianisylé, Yi-(^^^\ydroxyle symétrique ou
dimét/ioxy-li'.io'-diphényl-Cf.io-diol-g.io-flihydroondiracène. — Le peu
de solubilité de l'antbraquinone dans l'éther nous a conduits à modifier
quelque peu la technique que nous avons suivie jadis avec M. Guyot pour la
préparation du dérivé déphénylé.
l^'appareil qui nous a servi se compose d'un ballon spacieux dans lequel se trouve
une solution éthérée de 4os (3™°') de /j-bromure d'anisylraagnésiunn ; ce ballon com-
munique avec un appareil à épuisement genre Vigreux ('), dans lequel on a mis i4°
(1™°') d'anthraquinone finement pulvérisée. Le tout est surmonté d'un puissant réfri-
gérant à reflux auquel on adapte un tube à chlorure de calcium, afin d'éviter l'intro-
duction de toute trace d'humidilé.
L'antbraquinone pulvérisée ayant une tendance à s'agglomérer et à former des gru-
meaux qui se dissolvent très difficilement, il est bon de la mélanger à des fragments de
substances poreuses (porcelaine, brique ou ponce pilées).
L'appareil étant monté comme nous venons de l'indiquer, on chauffe pendant plu-
sieurs jours au bain-marie jusqu'à ce que toute l'anthraquinone soit dissoute. On verse
alors la liqueur éthérée sur de la glace à laquelle on ajoute de l'acide chlorhydrique
dilué. On décante la couche éthérée et l'on essore le résidu insoluble qui est constitué
par le diol cherché mélangé d'un peu d'anthraquinone non entrée en réaction. On
sépare ce dernier corps en épuisant méthodiquement la masse par un peu de benzène
bouillant qui dissout le diol. 11 faut éviter l'emploi de l'alcool.
La solution éthérée contient aussi une certaine quantité de ce diol avec un peu d'an-
thraquinone, de l'anisol, du dianisyle, etc. On la sèche sur du chlorure de calcium et,
après avoir éliminé l'éther par distillation, on épuise la masse restante par du benzène.
Diméthoxy-l\' .io-diphényle-i^.io-diol-<^.io-dihydroanthracène :
( ■) Vigreux, Bull. Soc. ch., 4° série, t. V, 1909, p. 699.
1292 ACADÉMIE DES SCIENCES.
C'est un corps blanc, soluble dans la plupart des dissolvants organiques. Il
cristallise dans le benzène en petits cristaux microscopiques qui fondent
à 267° (non corrigé). Traité par de l'acide sulfurique concentré, ce diol
prend une coloration rouge sang qui passe au violet, puis au bleu et enfin au
vert par addition de quelques gouttes d'eau.
Sa solution acétique décompose l'iodure de potassium avec mise en liberté
d'iode. Avec la dimétbylaniline, cette solution donne une coloration bleu
vert qui passe au rose violacé ay bout de quelque temps.
Son éther diélhylique
CH'OCMl» OCni'*
C
C
/\
CH'OC'H* 00 W
prend naissance quand on fait agir sur une solution alcoolique du diol l'acide
sulfurique ou l'acide cbloiiiydrique.
Il cristallise dans i'alcol sous la foinue d'une poudre blanche fondant
à 28o°-28i° et est facilement saponifié par l'acide sulfurique ou Tacide acé-
tique pour régénérer le diol primitif.
Le dimèthuxy-i' .%' -diphényl-Ç).io-di()l-Ç). lo-dihydroanthracène
I lOCH»
OC — H
C-OH
se prépare dans les mêmes conditions. 11 se présente sous la forme de cris-
taux blancs microscopiques fondant à 285°.
Il se dissout dans l'acide sulfurique concentré en produisant une colora-
tion bleu« qui passe au vert, puis au brun sale lorstjue Ton «liauffe le mé-
lange ou que l'on y ajoute de l'eau goutte à goutte.
SÉANCE UU 23 MAI IQIO. 1298
p-dian isylanth racène
.C«H»0CHHi.4)
\C«H*0CH'(i.4)
Ce corps se prépare en ajoutant à une solution concentrée et bouillante
de diol dans l'acide acétique, du zinc en poudre. On maintient l'ébullition
pendant une demi-heure environ et l'on fdtre. La solution est versée dans
l'eau froide et le précipité formé est recueilli, essoré et mis dans la benzine
et l'acide acétique.
Le jD-dianisylanthracène est assez peu soluble dans la plupart des sol-
vants organiques auxquels il communique une fluorescence bleu violacé de
toute beauté. Il cristallise dans le benzène en petites aiguilles jaunes qui
fondent à 279°-28o° en se sublimant.
L' ortho-dianisylanthracêne , préparé dans les mêmes conditions, présente
des propriétés sensiblement analogues à celles de son isomère. Il se dissout
aussi assez difficilement dans les solvants organiques en donnant des solu-
tions d'un très beau bleu violacé.
Il cristallise dans le benzène et l'acide acétique en aiguilles jaunes qui
fondent à 28o"-28i° (non corr. )
On obtient des dérivés analogues avec la [3-méthylanthraquinone qui, en
raison de sa plus grande solubilité dans l'éther, donne des rendements
meilleurs.
Le mélhyl-i-diméthoxy-f\' . lo'-dip/iényf-C). lo-diol-y.io-di/iydroant/iracéne
0CH3
cristallise dans le benzène en petits cristaux blancs qui s'effleurissent au
1294 ACADÉMIE DES SCIENCES.
contact de l'air et fondent à 208" (non corr.). 11 se dissout dans l'acide siil-
furique concentré en produisant une superbe coloration rouge éosinc qui
passe au violet, au bleu et finalement au vert par échauiremonl ou dilulioii
progressive.
La solution du diol dans l'acide acétique déconqjosel'iodure de potassium
et donne avec la diméibylaniline une coloration verte qui passe au brun au
boul de cjuelques heures.
Le mélhyl--j.-diinélfioxy-i' .%'-dipliényl-(-).iQ-diol-c^.\o dihydroanthracéne^
obtenu dans les mêmes conditions que son isomère, cristallise dans le ben-
zène en cristaux blancs s'effleurissant à l'air et fondant à 260°. Il donne avec
l'acide sulfurique concentré une coloration vert malachite intense.
Sa solution acétique, mélangée avec de la diméthylaniline, donne éga-
lement une coloration verte très belle qui passe au vert olive au bout de
quelque temps.
Les produits de réduction correspondant à ces deux diols prennent nais-
sance dans les mêmes conditions cpie ceux dérivés de l'anlhraquinone. On
traite les solutions des diols dans l'acide acétique par du zinc en poudre ou
l'iodure de potassium.
Le ^-méthyl-p-dianisylanthracène
/
G
C
\
CMJ'-OGH'
est très soluble dans le benzène et moins dans les autres solvants organiques
auxquels il communique une très belle fluorescence bleu violacé. Il cristal-
lise dans l'alcool et l'acide acétique en petites aiguilles jaunes fondant à
2i4"-2i5". La masse fondue reprend l'aspect cristallin par le refroidisse-
ment.
Son isomère le '^j-métliyl-o-dianisylantliracène possède des propriétés ana-
logues. Cristallisé au sein d'un mélange d'alcool et de benzine, il constitue
des petits mamelons jaunes qui, chauffés vers i5o°, se boursouilent pour
fondre à i65"-i(j7° en doimant une masse visqueuse d'un jaune foncé, ne
cristallisant plus par le refroidissement.
En préparant toutes ces combinaisons, noire but était d'obtenir, par leur
déméthylation au moyen de l'acide bronihydrique, les dipliénols corres-
SÉANCE DU 23 MAI 1910. lagS
pondants. Or, quand on chauffe ces dérivés avec Tliydracide à une tempé-
rature de 180" à 190°, on isole des produits amorpiies, brunâtres, solubles
dans l'alcool el les alcalis, mais ne donnant pas à l'analyse des chiffres
concordants.
En résumé, l'anthraquinone ainsi que le [3-méthylanthraquinone forment,
avec les p- et o-anisols, des dérivés de substitution analogues à ceux qui
prennent naissance quand on fait agir le bromure de phénylmagnésium sur
ces quinones. Les diols ainsi obtenus sont facilement réduits en dérivés
yy-disubstitués de l'anthracène.
ASTRONOMIE. — Sur le passage de la Terre dans la comète de Halley.
Note de M. Ch. Akukë.
Notre programme d'observations pour ce phénomène comprenait :
1° L'étude des variations d'éclat que pourrait présenter le ciel pendant
la nuit du i\ au 19; et, si possible, la recherche de la comète sur le disque
du Soleil à son lever le 19;
1° L'enregistrement des variations que pourraient subir nos appareils
électriques et magnétiques par le fait de ce passage.
En ce qui concerne l'élude astronomique, le ciel a été constamment cou-
vert ou pluvieux et toute observation nous a été impossible.
Quant à l'électromètre et au magnétomètre, nous n'avons constaté, dans
les courbes qu'ils ont données, rien d'anonnal qui puisse être attribué à la
comète.
Ce résultat négatif, surtout en ce qui concerne le magnétomètre, a son
importance.
CORRESPONDAIVCE .
M. P. Blaserna, élu Correspondant pour la Section de Physique, adresse
des remercîuients à l'Académie.
M. J. Charcot adresse à l'Académie une copie des Rapports mensuels de
l'Etat-Major de la deuxième Expédition antarctique française.
Rien n'a été modifié à ces Rapports, rédigés en cours de Mission, qui donnent un
résumé des travaux entrepris el un aperçu des conditions dans lesquelles ils ont dû être
C.R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 21.) I;^
1296 ACADÉMIE DES SCIENCES.
exécutés et qui par conséquent ne doivent être considérés que comme des Rapports
préliminaires.
(Renvoi à la Commission composée de : MM. Bornet, Guyou, Perrier,
Miintz, Violle, Roux, Delage, Bouvier, Lacroix, Douvillé, \'illard,
Mangin, Tcrmier, Lallemand. Membre adjoint : M. Joubin.)
M. le Secuétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Un Volume intitulé : Le Jubilé académique de M. L.-P. Cailletet;
I % janvier 1910. ,
■j" Revision d'une parlie de la collection des Hydroides du British Muséum,
par M. Armand Billard. (Présenté par M. E. Perrier.)
3" J 809- 1909. Le Centenaire du Journal de Pharmacie et de Chimie.
(Présenté par M. E. Jungfleisch.)
ASTRONOMIE. — L'aurore boréale. Lois et théories /léUodynamiques. Note
de M. DE Kekillis, présentée par M. H. Poincaré.
L'essai de théorie de la lumière polaire dont nous soumettons ici l'exposé
a pour objet de démontrer, en s'appuyant sur des chiffres, l'intervention si
discutée jusqu'à ce jour de l'induction solaire dans les phénomènes au-
roraux.
Théorie héliodynamique. — T^'aurore boréale se présente souvent, on le
sait, sous forme d'arcs lumineux plus ou moins réguliers, simples ou mul-
tiples, paraissant appartenir à des anneaux, peut-être circulaires, peut-être
ovales, disposés concentri(jueinent autour d'un centre commun appelé
pôle des aurores.
Ce pôle est situe à peu près par Si"N et 97° W, c'est-à-dire grosso modo à mi-
distance entre le pôle, magnétique et le pôle géographique.
Ces anneaux célestes circumpolaires seraient, selon nous, formés d'une matière
aurorale, non lumineuse par elle-même, planant dans les hautes régions de l'atmo-
sphère et répartie suivant des couches en équilibre, dites isostaliques. cette réparti-
tion en anneaux concentriques étant une résultante de l'action magnétique terrestre.
Le magnétisme serait donc une des causes génératrices de l'aurore, le second fadeur
étant l'action solaire.
Pour représenter cette action, il faut imaginer un réseau de radiations hélioi-en-
triques, symbolisé par une zone d'inlluence dite zone dynarnitjiie attachée à la Terre
et la suivant dans son mouvement avec cette particularité qu'elle se maintient con-
SÉANCE DU 23 MAI 191O. I297
slamnient parallèle à l'écliptique et ;i l'opposé du Soleil, telle une queue de comète.
Cette zone dynamique antisolaire diûère toutefois de la queue de comète en ce qu'elle
n'a pas de lumière propre. Son point d'allache se trouve sur le rayon terrestre abou-
tissant au /joVe des aurores à une distance au-dessous du sol que, pour fixer les idées,
on supposera égale à igoo*"" comme première approximation.
Quand les couches isoslatiques circumpolaires, entraînées par le mouvement
diurne, passent sous la traîne de la zone antisolaire, il se produirait des phénomènes
d'induction d'où résulterait l'illuniinalion des couches isostatiques donnant ainsi nais-
sance aux arcs auroraux lumineux simples ou multiples.
L'aurore serait donc un pliénoniène produit par Faction combinée du
magnétisme terrestre et de l'induction solaire.
Vérifications de la théorie. — 1° Il est clair que pour déterminer les
courbes d'équifréquence aurorale (courbes joignant les positions géogra-
phiques oii l'on observe, chaque année, le même nombre d'aurores), il
doit suffire, d'après les hypothèses précédentes, de projeter sur le sol les
couches isostatiques célestes, et, puisque celles-ci, comme on l'a vu plus
haut, sont centrées sur le pôle des aurores, les courbes d'équifréquence
doivent l'être également.
EfTectivement on constate que le réseau de ces courbes établi par Hermann
Fritz remplit celle condition, du moins à peu près, et l'écart existant est
justifié par les explications données dans l'étude.
Telle est la première vérilication de la théorie héliodynamique..
2° L'heure du maximum en chaque lieu correspond au moment 011 le
grand cercle joignant ce lieu du pôle auroral passe à l'opposé du Soleil,
autrement dit elle correspond à minuit auroral, d'où l'on déduit, par un
théorème.
Heure maximum = 1 1^ (vrai ) ± a — £",
a, angle formé dans le lieu considéré par les deux méridiens géographique
et auroral;
£, correction locale fonction de la distance au pôle auroral.
3" La périodicité diurne dépend de l'heure du lieu et présente un nombre
maximum d'aurores à minuit auroral et un minimum à midi auroral :
N=/(/0;
N, nombre d'aurores;
h, heure du lieu; H dépend de A;
i\' = k(_ 5,3 -Hi,7v/3o- H^),
formule empirique expliquée dans l'étude.
l-ir)S ACADÉMIE DES SCIENCES.
3° La périodicité annuelle est fonction de la position de la zone dyna-
mique, laquelle fait avec l'axe polaire un angle variant, au cours de Tannée,
de 90° — 23°, 5 à 90°+ 23°, 5.
Comme conséquence, le maximum auroral doit se produire en hiver dans
les régions polaires, en été dans les latitudes moyennes, aux équinoxes dans
les latitudes intermédiaires; c'est ce que l'on constate effectivement :
N =. K + A/(y) + B/'(y) + C/"(-/);
L, latitude géographique;
X, latitude aurorale;
y, angle de l'axe terrestre avec le rayon de l'orbite.
5" La périodicité séculaire est fonction des déplacements du pôle des
aurores, lesquels sont en liaison avec ceux du pôle magnétique :
N =/(;:,/', a),
-n, p, a, périodicités solaire, terrestre, sidérale.
Tableau j- (extraits),'
Cap Lac
Heures. lîanow. Bossekop. Atliabasca. Cliristiania. Upsal. Obsei'vations.
Il m h m II m li m li m
Heures i calculées i.l\5 10. ao 12. 3o 9-4o 9-20 »
du maximum ( observées.... i.3o 10. 3o 12.22 10.00 9-3o »
N
nombre d'aurores. Miiuiil. i'' mat. 8'' mat. Midi. '1'' soir. 8'' soir. Observations.
Périodicité ) \ calculé.... 78-74 65-48 3o-2i 17-21 3o-48 65-74 ( Terre
diurne ) '( observé... 79 58 22 28 45 72 (de François-Joseph,
nombre d'aurores. Dec. Nov. Oct. Sept. .Xoùt. Juillol. Juiu. Observations.
,^,) calculé.... 60 78 ..7 .37 .23 91 74 Uew-York.
Périodicité 1 f observé... 60 75 98 118 i23 91 79 )
annuelle J ., l calculé.... 11 12, 5 i3 10,7 6,2 1.0 o } ^ .,
' N. , " ' . Suéde.
( observe... 11 11 i3,5 i3 o 1.0 o)
l'ériodicité ( La période principale des vaiialions séculaires doit être d'environ 600 ans, durée assignée
séculaire j à la nulation du pôle magnétique, et cette loi se confirme également.
SÉANCE DU 2^ MAI 1910. I 299
On voit que les chiffres calculés cadrent avec ceux résultant de l'obser-
vation directe.
Ainsi toutes les lois se vérifient mathématiquement, ce qui semble démon-
trer l'exactitude de la théorie héliodynamique.
ASTRONOMIE. — Observation de la comele de Halley, faite à l'Observatoire
de Toulouse, à l'èquatorial Brunner Henry de o*", 38 d'ouverture. Note de
M. A. Blo.ndel, présentée par M. B. Baillaud.
Date.
l'einps moyen
Nombre
1910.
de Toulouse.
AJR.
A3.
de compar.
Mai 8
l5''47'"20'
-+-l"'l6='
• '2
— o'46",3
l8:i5
Position de l'étoile de comparaison.
Asc. droite Réduction Déclinaison Réduction
Gr. moyenne, 1910,0. au jour. moyenne, 1910,0. au jour. .\ulorilé.
7,5.... o'M2™23*,76 — o'jSy 9°53'2i",o — 6", 9 Cal. photog. Toulouse
Position apparente de la comète.
Date.
Asc. droite
Log. fact.
Déclinaison
Log. fact.
1910.
apparente.
parallaxe.
apparente.
parallaxe.
Mai 8
.. o'm3™39%oi
-î,63r
9''52'27",8
0,763
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les Sommes partielles de la série de Fourier.
Note de M. Léopold Fëjer, présentée par M. Emile Picard.
Soient/(a7) une fonction intégrable dans l'intervalle {oSxSi-n)., M sa
limite supérieure et m sa limite inférieure pour cet intervalle. On peut
supposer (sans restreindre la généralité des considérations suivantes) que
M est positif et que m ^ — ^ ( ' ) •
Désignons par
(i) .<„ (a-) =; «0 -l- «1 cos.r -t- 6, sinx + . . . + rt„ cos,nx + b„ i'ianx
(') En efl'el, si w rz: — M, je prends au lieu de/(.r) la fonction /(.i) — - , dont
, ,. .. . . M — m ,,....,. M — /n
la limite supérieure est et la limite inférieure
l3oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
la somme des (« + i) premiers termes de la série de Fourier de f{x), et
par S„(.x) la moyenne arithmétique
„ .s-„(.r) + .ti(.;.-)-T-...+ .<„(.r)
(2) S„(.r) = ^^^-^
On connaît ( ' ) la propriété élémentaire
(3) |S„(^)|<M,
pour
o £ a; £ 2 7r,
n ^ o, 1 , 2, 3. . . . , 00.
Mais on sait aussi que pour les sommes de Fourier 5„ (a;) l'inégalité (3)
n'est pas vraie en général. Je cite pour cela les deux types d'exemples
suivants :
7t — iT
Premier exemple : /( J") ^= pour o < .r < 2 tt. Ici on a
M=:-, „>=z—M=—-,
1 1
, , h\nx sin i.v iinnx
S„ {x) — 1 1- . . . H
1 2 n
Mais pour x := '- — on obtient
« -H 1 l -
\ /i H- 1
donc
liin i„ ( • — '- — ) =: / ^ dx = 1,85....
„=« V" + i/ J, ■^
Cette valeur i ,85 . . . tiS. plus grande que M := — = i ,57 . . . [Phénomène de GibbsC)].
(') Voir Math. Aimalen, Bd. 58, p. 60.
(^) Voir par exemple le paragraphe 9 du Mémoire de M. Bâcher dans les Aimais
of Malliematics, 2' série, t. ^'ll, 1906.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l3oi
Seconr/ c.remp/e :
CCISX C0S2.!' coinx cos(«+i).)' C0S3/(.r
■' ^' ~ Il n — \ ' ' ' I T ' " ' /'
Pour .r r= o on obtient
s„(o) — — I h. . .+ I > logrt.
n n — 1
Donc (en choisissant n assez grand) la somme s„{o) pourra être aussi grande que
l'on veut, tandis que la valeur absolue de la fonction /(.r) reste plus petite que
26 pour o _ ./■ i 2 7: et /i = 1 , 2, . . . co ( ').
Dans les lignes suivantes, je donne un théorèine qui permet dans beau-
coup de cas de déterminer, pour les s,t{x') de Fourier, des limites assez
étroites. ^ oici ce théorème :
Soit f(\-v) une fonction^ intégrable dans l'intervalle n<x^-n:, pour laquelle
(I) !/(.?■) |_M pour o_.r_2 7r.
et
A B
(II) Irt,, I-:— ) \l>ii\-— pour /i :r= I, 2, 3, . . . , co.
Ici a^, b,, ..., a„, h„, ... désignent les coefficients de Fourier de /(-x'),
e^ M , A, B so/it des constantes positives (ou zéro). Alors, en désignant
par s„(x) la somme des premiers (n -+- i) termes de la série de Fo irier
de /(x), on a
\s„(.r)\^M-h\-\-\i
])0ur
olj"^27r, «^r0,I,2, ...,::c.
Démonstration. — On a, d'après les définitions ( i ) et (2),
2^'-'{u; cosv.r -\- l).j siiiv.r)
(4) .9„(x)=.S„(.r)+^
n + I
Donc, en tenant coniplr de la condition ( II\
/( ( A + B :
■««(*)|î|S„(j»)| +
(' ) Lebesgue'sche Konstanten und divergente Foarierreihen {Journal de Crclla.
t. 138, 1910). Par l'application de l'inégalité (6) de cette Note, on obtient
|/(.r) I < Ti: + 2 =5,1.',
l3o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Mais, en tenant compte de la condition (I), on a, d'après (3 ),
|S„(.f)|<M,
donc
|i„(j)|<M-t-A-h B,
et le théorème est démontré.
En considérant, par exemple, la fonction /"(a*) =; ■> on peut prendre
M = — > A = o, B = I . Notre ihéoréme fournil donc
Isinr sina .r sin/i./l tt
1 h ... H < - + I = 1,0-] . . .
(o'j. d; __ 2 71; // ^ 1 , 2, 15. . . ., 00 ).
Par lapplicalion de Téquation (4 ), on obtient aussi facilement
,„. Isin.j; sinS.i' sin(2/i — i)'|
(6) ■ — ■ 1 H. ..H <2..07...
1 I 2 H \ ■ '
{oSx^2t:\ 't = 1 , 2, 3, . . . , oc).
Etc. (').
Pour les inégalités (5) et (6), M. Landau a Inen voulu me communiquer
des démonstrations extrêmement élémentaires.
Remarque. — Une fonction à variation bornée, au sens de M. Jordan,
satisfait aux conditions (I) et (II) de notre théorème. La suite de Fourier
d'une telle fonction est donc certainement limitée en valeur absolue.
Par l'application de notre théorème, il est facile d'assigner cette limite
en moyennant seulement les variations totales positives et négatives de la
fonction à variation bornée /(.r) pour l'intervalle o^,r<2-. Mais l'inté-
grale de Dirichlet est aussi applicable pour ce but.
OPTIQUE. — Sur les interférences de deux faisceaux superposés en sens
inverses le long d'un circuit optique de grandes dimensions. Note de
M. G. S.\<;.\Ac, présentée par M. Lippmann.
.l'ai effectué des recherches sur certaines actions susceptibles de produire
une (lidcrcnce de vitesse de propagation entre les ondes lumineuses qui par-
(') Knesrh. Uat/i. Annalen, t. L\, !;( 1, oii Ton trouve dénionlrée l'existence cl'iuie
„ ,, I si 11.27 siii2.r sin«a;l
conslanie positive (j, telle que 1 h ... H < <j, ■ • • .
SÉANCE DU 2,3 MAI I910. l3o3
courent un circuit optique et les ondes qui parcourent le même circuit dans
le sens opposé.
Pour séparer d'un même faisceau lumineux les deux faisceaux inverses
interférents, j'ai utilisé d'abord une argenture transparente comme l'a fait,
le premier, M. Michelson.
1. Dispositif. — Les vibrations d'un faisceau lumineux CI, issu d'un
collimateur C, se divisent en 1, sur une face argentée transparente d'une
glace de verre, en vibrations transmises T et vibrations réfléchies R, qui se
réfléchissent ensuite sur des miroirs plans M,, M,, ... (verre argenté) et
parcourent ainsi un même circuit dans les sens respectifs opposés :
I.M,M,...I ei 1M,M,...I.
Au retour en I sur l'argenture transparente, les vibrations T sont une
seconde fois transmises (vibrations TT'), les vibrations R sont une seconde
fois réfléchies (vibrations RR'). Une lunette L reçoit les deux systèmes de
vibrations superposées TT' et RR', susceptibles de produire des franges
d'interférence à centre brillant localisées si la source de lumière est étendue
et visibles en lumière blanche.
J'ai pu obtenir d'excellentes franges Jnen nettes et fixes avec des ciicuits
optiques triangulaires ou pentagonaux faisant le tour de la salle d'expé-
riences (jusqu'à 3o'" de tour).
2. Le réglage principal est le réglage de superposition exacte des deux
faisceaux invejses. — La méthode que j'ai employée avec le plus de succès
pour les grands circuits consiste à définir le faisceau initial CI par une petite
ouverture ronde sur laquelle est projetée l'image de la source (filament de
Nernst ou charbon positif d'un arc électrique) et à allonger légèrement le
tirage du collimateur de manière à faire au milieu H du contour du circuit
(à une quinzaine de mètres) les deux images agrandies du petit trou dues
aux deuv faisceaux inverses T et R. Des réglages successifs et méthodiques
amènent ces deux images égales à coïncider exactement pendant que sur le
reste du circuit, spécialement près de la glace argentée, les mêmes réglages
amènent les sections circulaires des deux faisceaux inverses à coïncider,
ou, si ces sections sont inégales, les amènent à être concentriques à moins
de i™'" près. Dès lors, la lunette montre des franges localisées très larges
ou même, si le réglage a été particulièrement soigné, une plage brillante
qui occupe la plus grande partie du champ et qui résulte de l'élargissement
de la frange centrale.
3. Un agrandissement spécial des franges devient utile dans le cas des
c. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N« 21.) I?^
l3o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
longs circuits quand la largeur du champ de localisation des franges devient
trop restreinte. Au lieu d'allonger outre mesure la distance focale de la
lunette, ou de remplacer l'oculaire par un microscope qui a l'inconvénient
d'agrandir, en même temps que les franges, le diamètn; des fils du micro-
mètre servant aux pointés, j'emploie une méthode d' agrandissement par la
production de franges non localisées.
Cette méthode peut s'appliquer à d'autres inlcrféromètres. Elle consiste
à limiter la lumière incidente de façon à pouvoir dépointer notablement la
lunette-viseur en dehors du plan de localisation primitif et observer des
franges encore très nettes et agrandies. Cette méthode impose une limita-
tion de la lumière incidente et une diminution d'éclat du champ d'inlerfé-
rence d'autant moindres que les franges sont moins nombreuses.
Exemple. — Circuit de 3o" de contour. Collimateur et lunette de distance focale :
G™, 55. Ouverture utile de la lunette o™,o5. La source lumineuse est un filament de
Nernst dont l'image est projetée à travers un diaphragme rond de 3""" de diamètre, et
à i^jôo au delà de ce diaphragme, sur le petit trou rond (i'"",4 de diamélre) du col-
limateur; l'image de ce petit trou est faite par le collimateur au milieu du circuit
{fig. 2). Quelques franges seulement étant visibles dans le champ, on peut dépointer
la lunette-viseur de o"\o5 à partir du plan de localisation habituel sans cesser de voir
les franges très nettes, et elles sont alors séparées par des intervalles de i"""ou 2"" dans
le plan du micromètre à fils.
4. Inconvénients de i in 1er féromètre à glace argentée. — La frange centrale
est brillante, non pointable. Les deux franges qui la bordent sont des franges
sombres colorées en dehors; leurs milieux théori([ues ne correspondent pas
exactement à la différence de marche d'une demi-longueur d'onde parce
que l'argenture transparente produit une légère différence de phase entre
les vibrations TT' et WW .
SÉANCE DU 23 MAI I910. l3o5
L'absorption par l'argenture affaiblit la lumière. La réflexion parasite à
la seconde face de le lame de verre a un inconvénient analogue ; de plus elle
trouble la pureté des interférences étudiées si la glace a des faces trop voi-
sines d'être parallèles ; ou bien, si la glace est assez prismatique pour écarter
la lumière réflécbie sur la face non argentée, la dispersion angulaire altère
la symétrie des franges par rapport à la frange centrale.
La pureté des interférences n'est réalisable que si les amplitudes TT' et
RR' sont à peu près égales, la lumière étant supposée polarisée dans l'un
des azimuts principaux. Cette condition exige une incidence particulière
qu'il faut trouver par tâtonnements et qui doit être retouchée si l'argenture
transparente s'altère ou si l'on a dû la renouveler.
J'ai perfectionné l'interféromètre en remplaçant la glace argentée par un
séparateur de vibrations que je décrirai ultérieurement, construit de ma-
nière à supprimer les inconvénients signalés et donnant une frange'centrale
sombre ou colorée étroite, que j'ai pu pointer à —^ près de l'interfrange,
dans le cas d'un circuit de 3o™ de tour éclairé par un filament de Nernst.
PUÏSIQUE. — Absorption d'énergie par le passage d'un courant alternatif
dans un gaz à la pression atmosphérique. Note de M. A. Chassy, présentée
par M. Lippmann.
En soumettant un gaz à un champ électrique alternatif suffisamment
intense, ce gaz devient conducteur. On obtient ainsi ce que j'ai appelé le
second régime dans ma Note de juillet 1909. Le gaz ne se conduit pas
comme un conducteur proprement dit obéissant à la loi d'Ohm, car, si l'on
fait croître la tension, le courant augmente plus rapidement.
Cependant, le rapport des valeurs du courant et de la tension tend vers
une certaine limite qu'on atteint presque assez rapidement. D'après ce
résultat, je pensais qu'en faisant croître la tension le gaz s'approchait de
plus en plus de l'état de conducteur proprement dit, satisfaisant, par suite,
aux lois d'Ohm et de .Joule. Il est difficile de voir avec précision, en faisant
varier les dimensions, si le gaz suit la loi d'Ohm. Il est plus facile de
mesurer le dégagement de chaleur et de le comparer au courant débité.
L'appareil employé est un condensateur dont le diélectrique est formé de deux
cylindres de verre concentriques dans l'intervalle desquels se trouve de l'hydrogène à
la pression atmosphérique. Dans le cylindre intérieur, il y a un thermomètre. Ce
condensateur est placé dans un cylindre Dewar rempli d'un liquide isolant. Dans un
l3o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
autre dispositif plus sensible et suffisant pour des ntiesures relatives, le condensateur
est simplement plongé dans un vase plein d'air. Pour obtenir la chaleur dégagée dans
le gaz seul, il faut en retrancher celle qui se dégage dans le verre, car elle n'est pas
négligeable. On l'obtient en remplaçant le gaz par un liquide conducteur. Celui-ci,
ayant une résistance très faible, n'est pas le siège d'une dépense d'énergie appréciable,
de sorte que la chaleur n'est alors dégagée que dans le verre.
En unités arbitraires, soit I l'intensité du courant qui. alimente le condensateur et
soit Q la chaleur dégagée. Dès que le second régime est franchement établi, on trouve
que Q est presque proportionnel à l'intensité du courant, mais pas du tout au carré
de l'intensité. Voici quelques nombres :
0,21
1 ,62
2, .4
4,37
6,08
8,10
0,21
0,23
. 0,24
0,24
0,24
Le rapport^ varie donc peu. Cependant, pour les courants plus faibles que ceux
qui sont cités, ce rapport diminue, mais je n'ai pas pu mesurer sa valeur avec une
précision suffisante.
Quand le gaz est un diélectrique parfait il n'est traversé que par un cou-
rant de déplacement. Dans le second régime, il est traversé par un courant
de conduction mais il est probable qu'il est en même temps le siège d'un
courant de déplacement. C'est ainsi qu'on s'explique la variation du rap-
port p de l'intensité à la tension appliquée E. Ce courant total I est la somme
des courants de déplacement et de conduction. A mesure qu'on pénètre
plus avant dans le second régime, le gaz s'éloigne de plus en plus de l'étal
de diélectrique et la proportion du courant de déplacement devient de plus
en plus petite au profit du courant de conduction. On constate en effet que
le gaz devient de plus en plus conducteur, car le rapport r; augmente avec E.
Dès que la proportion du courant de déplacement devient négligeable on a
un phénomène plus simple et le rapport ^ devient presque constant. Dans
le Tableau suivant, E désigne des milliers de volts et ^ la valeur de ce rap-
port en unités arbitraires :
E 2,16 2,4i 3,i5 5,5 10 22
i^ 0,88 3 6,2 7 7,4 7,4
A propos de ces nombres, je rectifie une erreur de mon premier Mémoire.
Elle provenait de la trop grande épaisseur du gaz qui m'empêchait de péné-
SÉANCE DU 2'3 MAI IQIO. l3o7
trer assez avant dans le second régime, l^a courbe reliant I à E n'est pas
une droite; toutefois cette rectification n'altère en rien les conclusions du
Mémoire.
Je pense que les variations du rapport y pour les tensions relatives au
commencement du second régime proviennent des changements dans la
proportion du courant de conduction. Pour les tensions plus grandes,
j'attribue la petitesse de la variation de r; à la faible variation de la propor-
tion du courant de conduction, provenant de ce que le courant de déplace-
ment est négligeable et que, par suite, le courant de conduction est sensi-
blement égal au courant total I. J'admets que la même cause explique la
faible variation de y pour les mêmes tensions.
Il me semble donc que la proportionnalité de la chaleur dégagée à l'in-
tensité du courant doit être considérée comme une loi limite vers laquelle
on tend lorsque le courant total croît. En pratique, on peut appliquer cette
loi en faisant abstraction de la partie initiale du second régime. Dans
l'exemple cité, le rapport y est nettement variable pendant que la tension
varie de 2160 à 3i5o volts; c'est la période initiale. Au contraire, il n'oscille
que de 0,21 à 0,24 depuis 3i5o volts jusqu'à 22000 volts. Ce n'est d'ail-
leurs que pendant cette seconde partie, la plus longue, que ce rapport a le
plus d'intérêt pratique, car, dans la période précédente, le dégagement de
chaleur est faible.
ÉLECTRICITÉ. — Détecteur électrolytique très sensible fonctionnant sans
force électromotrice auxiliaire. Note de M. Paul Jëgou, présentée par
M. Lippmann.
Les détecteurs électrolytiques ont en général leurs deux électrodes en
platine et, pour déceler les ondes hertziennes, exigent l'application d'une
force électromotrice convenable (accumulateurs, potentiomètre).
Sans inconvénient pour le fonctionnement, l'électrode inactive (par
opposition à l'électrode très petite constituant la partie sensible ou active du
détecteur) peut être constituée en un métal autre que le platine en le choi-
sissant parmi ceux qui sont peu ou non attaqués par l'électrolyte employé.
l3o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Evidemment un léger couple éleclriqiie résulte de l'action de l'éleclrolyte sur les
électrodes en métal dillérent et l'on constate que ces délecteurs possèdent tous une
certaine sensibilité pour déceler les ondes sans le secours d'une énergie électrique
auxiliaire.
Avec le plomb, la sensibilité est nettement inférieure à celle réalisée avec les détec-
teurs ordinaires, mais, ce qui est rare avec ces détecteurs, la sensibilité reste invariable
dans le temps.
C'est avec un amalgame de mercure pur et à'élain pur, au contact d'un électrolvLe
d'eau acidulée avec de l'acide sulfurique dans lequel plonge la pointe sensible sem-
blable aux pointes sensibles des délecteurs ordinaires, qu'on obtient les résultats les
plus surprenants et pratiquement intéressants.
Ces détecteurs possèdent une sensibilité comparable à celle des détec-
teurs ordinaires; cette sensibilité est invariable dans le letnps et évidemment
n'est aucunement altérée par les chocs et par les trépidations.
£3u acidaJêe
Mercure - étain
Réceplion avec montage indirect par dérivation.
Ce détecteur a été essayé dans les conditions de la pratique avec les
montages indirects par dérivation et par induction.
En direct, il parait très favorai)lc de placer entre le détecteur et les récep-
teurs téléphoniques une légère self qui, sans doute, s'oppose à des diffusions
des ondes par les téléphones (fuite résultante d'un phénomène de capacité
joué par la membrane du téléphone).
Ce résultat d'expérience explique pourquoi dans le montage indirect par
dérivation, il a été reconnu que le rendement était nettement augmenté en
plaçant, contrairement au montage courant, le résonateur en série entre le
détecteur et les téléphones, suivant le schéma {Jig- i).
SÉANCE DU 23 MAI I910. 1809
PHYSIQUE. — Sur un nouveau modèle de balance pour la détermination
des champs magnétiques. Note de M. Pierre Sève, transmise par
M. J. Violle.
Une des meilleures méthodes pour la mesure en valeur absolue des
champs magnétiques uniformes et assez intenses est celle qui consiste à
équilibrer par des poids l'action électrodynamique exercée sur un élément
de courant de longueur et d'intensité connues placé dans le champ étudié
perpendiculairement aux lignes de force. Le dispositif le plus commode
pour réaliser cette expérience est la balance imaginée par M. Cotton ( ').
Dans cet appareil, pour éliminer l'action électrodynamique sur les éléments
de courants voisins de l'élément utilisé, on constitue les conducteurs
d'amenée et de sortie par des arcs de cercle concentriques ayant pour axe
le couteau de la balance. Un instrument de précision basé sur ce principe a
été étudié par M. Wciss et construit avec beaucoup d'habilelé par
M. Weber à Zurich (-). La concordance de mesures de champs effectuées
par M. Weiss avec cet instrument et par des méthodes balistiques a été
aussi bonne que possible.
Ayant eu à mesurer des champs magnéliciues en valeur absolue, j'ai été
amené à faire construire un appareil différant du précédent par quelques
perfectionnements ( ' ) qui en rendent le maniement plus commode.
L'appareil est représenté par la ligure i.
L'arc de verre ABCD, dont les faces utiles ont été travaillées à la façon des surfaces
optiques sur des matrices en bronze, est recouvert d'tine lame de cuivre laminée de -^
de millimètre d'épaisseur, soigneusement appliquée à l'aide d'une tresse de soie (*).
Le tout est ensuite recouvert d''un vernis non liygroméliique. Cet arc est beaucoup
plus robuste que l'arc métallique évidé de la balance Weber qu'il faut manier avec
beaucoup de soins, sous peine de déformations d'autant plus graves qu'il faut refaire
une élude géométrique de l'arc pour s'en apercevoii-. Eniin la longueur CB de l'élé-
ment utile se mesure aisément par l'application d'un palmer de précision avant et
après l'adaptation de la lame de cuivre.
( ') A. Cotton, /. de Phys., g' série, 1900, p. 383.
(■-) P. Weiss et A. Cotton, J. de Phys.., 6' série, 1907, p. 436.
( ' ) L'appareil a été construit par la maison Pellin, qui a mis tous ses soins à sa bonne
réalisation.
{'*) Des essais pour former la couche conductrice par argenture chimique, puis cui-
rage galvanoplastique, semblent devoir donner des résultats satisfaisants.
i3io
ACADEMIE DES SCIENCES.
Le courant arrive par l'extréinité AD de l'arc à l'aide du bras DF qui est formé de
deux pièces pareilles d'aluminium isolées l'une de l'autre et juxtaposées à petite
dislance, ce qui réduit au minimum les causes d'erreur dues au champ qui règne
encore à distance de l'élément utile ( ' ).
L'élément utile CB est horizontal, ce qui permet d'utiliser la balance à l'étude de
champs où l'uniformité est réalisée sur une faible hauteur et une étendue horizontale
notable, comme les champs fournis par les pièces polaires cunéiformes employés pour
les mesures relatives à la biréfringence magnétique, à la mesure des susceptibilités
parla méthode de Wills, etc. En outre l'horizontalité de l'élément facilite beaucoup
l'installation de l'élément dans l'entrefer d'un aimant ou d'un électro. C'est pour réa-
liser cette condition d'horizontalité qu'on a dû compliquer un peu la forme du fléau.
Deux butoirs très délicats 11 et réglables par des vis limitent la course du fléau. On
peut les écarter et libérer entièrement celui-ci en faisant basculer le système autour
d'un axe J. Cette disposition permet de faire tourner le fléau d'angles notables autour
du couteau F de façon à vérifier le centrage des pièces circulaires de l'arc. Les vis
E. D, A permettent de corriger la position de l'arc si celte condition n'est pas réalisée.
Deux V commandés par le levier M et s'engageant dans deux couronnes concen-
triques au couteau permettent d'immobiliser le fléau, quelle que soit sa position.
(') Dans les dispositifs antérieuis, l'amenée du courant se fait au milieu de l'arc.
SÉANCE DU 2) MAI 1910. l3ll
lînfin il est possible d'enlever rapidement le lléaii de son support, ce qui peut être
commode pour mesurer (par ex-empie au cathétomètrej les longueurs CF, BF et FG
(|ui interviennent dans la constante de la balance. Enfin des contrepoids permettent
de régler l'équilibre et la sensibilité.
(vomnie l'appareil supporte 10 ampères, les forces à mesurer atteignent ao» pour
loooo gauss et la sensibilité n'a pas à être exagérée, ainsi que la |)rotection contre les
courants d'air.
La mélliodc qui a paru la plus commode pour la mesure des champs esl
la suivante :
L'électro étant excité et aucun courant ne passant dans la balance, on place un poids
marqué P dans le plateau. On règle l'équilibre approximalWeinenl en se servant des
contrepoids I> et /. On règle les butoirs de façon que le fléau soit en bonne place
quand il appuie sur le butoir supérieur. On limite par l'autre butoir la course à 1""°
ou 2'"" de l'échelle. On enlève le poids P et l'on envoie un courant de sens convenable et
croissant. On note son intensité /, au moment où le fléau quitte le butoir supérieur.
On place alors un poids 2I'. On envoie un courant de sens inverse et décroissant. Le
Iléau quitte le même butoir pour une intensité — /,. Les valeurs absolues «', et 4 sont
naturellemejit très voisines. H esl bon de refaire la première mesure pour s'assurer de
la fidélité de l'appareil. On applique la formule liabitut-lle en prenant la moyenne
de t, et /'j-
Cette méthode élimine évidemment les actions magnétiques (l'action diamagnétif(ue
sur le verre est prépondérante) des matériaux de l'arc et de la balance.
Une mesure complète peut se faire en une fi\iclion de minute et l'on peut,
je crois, affirmer le millième sur le résultat d'une mesure soignée. Nous
n'en n'avons pas moins comparé les résultats obtenus d'une part avec la
nouvelle balance, d'autre part avec la balance à Iléau évidé de Weber. La
concordance a été aussi bonne que les erreurs sur la détermination des élé-
ments géométriques permettaient de le prévoir.
PHYSIQUE. — Sur la composition de l'almospltère après le passage de
la comète de Halley. Note de M. Georges Claude, présentée par
M. d'Arsonval.
Conformément à une suggestion faite par M. Ch.-K. Guillaume, j'ai uti-
lisé ma méthode d'analyse des gaz rares de l'atmosphère pour constater si
le passage de la Terre dans la queue do la comète de Halley ne modifierait
pas dans une certaine mesure l'atmosphère terrestre, du coté, du moins,
des gaz inertes peu condensables.
G. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 21.) I72
l3l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
J'ai eu l'occasion ( ' ) de dire la sensibiiilé de celte mélliode qui, dans notre usine de
Boulogne-sur-Seine, s'applique à un débit de Sooooo' d'air à l'heure. Or, cette nio-
tliode se prête aisément à une telle détermination. J'ai dit que le résidu non con-
densable qu'elle fournil (mélange deAz, Ne, He, H), traité par Mg et CuO, présente
une densité sensiblement constante, o,55 en moyenne, ce qui implique un rapport
également constant du néon à l'hélium atmosphérique. Si de nouveaux gaz inertes
(les autres pouvant être détruits avant leur dilTusion dans l'atmosphère) et peu conden-
sables (ceux dont il paraît le plus vraisem]3lal)le de supposer l'existence dans le froid
énorme des espaces interplanétaires) venaient à être captés, il en résulterait, après
dilTusion, une variation dans la densité des résidus. La captaiion, par exemple, d'un
seul millionième d'un gaz d'une densité égale ou inférieure à celle de l'hélium se tra-
duirait par 5 pour joo d'augmentation du résidu et par une variation de 3""? dans la
pesée de loo''"''. Cette faible captation serait donc très aisément décelable. Je néglige
le cas bien improbable où le gaz capté présenterait lui-même une densité voisine
de 0,55 ou serait un mélange Ne -h He dans la proportion même de l'atmosphère, cas
où la captation ne se traduirait que par l'augmentation des résidus, facteur moins sur
à apprécier que le changement de densité, et qu'au reste je n'ai pu constater.
Les résultats ont été les suivants :
Densité des résidus le 17 mai (4 heures d'observations). o,555 à o,565
» 19 mai, g*" à la*" (3 heures) o,56o à 0,670
» 20 mai o,55o à 0,570
» aS mai o,55o à 0,570
Les flifîérences sont de l'ordre des erreurs d'expérience. 11 esl donc pro-
bable que, de ce côté du moins des gaz inertes peu condensables, la com-
position de l'atmosphère n'a pas varié.
PHYSIQUE. — Sur une modification de la résistance de Pair produite par
des rugosités convenablement disposées sur la surface d'un corps. JNote de
M. A. LafAv, présentée par M. Maurice Haniy.
Lorsqu'on place dans un courant d'air, que nous supposerons hoiùzontal,
un corps poli cylindrique dont les génératrices, également horizontales,
sont perpendiculaires à la direction primitive du courant, l'air s infléchit
de part et d'autre de ce corps et l'on observe sur la face frappée par le vent
un ])oint oit ce fluide se trouve à très peu près à l'état de repos.
(') Comptes rendus, i"'juin 1909.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l3l3
En cet endroit la pression atteint sa plus grande valeur et surpasse la
pression atmosphérique ambiante d'une quantité qui peut pratiquement se
déduire de la vitesse du courant par la formule de Torricelli.
Si l'on s'éloigne de ce point, en suivant dans un sens ou dans l'autre le
contour de la section droite du corps, la pression diminue et devient égaie
à celle de l'atmosphère dès que le plan tangent au cylindre fait avec l'hori-
zon un angle de 60" à 5o°; au delà la diminution continue et Ton atteint
rapidement une zone où la dépression est maximum. Cette zone se trouve
du côté directement frappé et l'inclinaison correspondante de la tangente
au profil oscille suivant les conditions expérimentales entre 20° et 10°. Plus
loin la pression augmente et atteint une valeur, inférieure à la pression
atmosphérique, qui demeure à peu près constante dans toute la région
postérieure du corps.
l'our donner une idée précise de ces variations, nous indiquons, dans la première
lij;ne du Tableau ci-après, l'expression en millimètres d'eau des pressions supportées
par diflërenls points d'un cylindre circulaire de i ]"" de diamètre placé dans un cou-
rant de 22'" par seconde.
Les pressions ont été évaluées eu prenant comme origine celle de l'atmosphère et
les divers points du profil sont déterminés par l'angle a que fait le rayon correspon'-
dant avec le rayon horizontal dirigé contre le vent.
La valeur de la plus grande dépression atteint dans cet exemple les | de l'excès de
pression du point antérieur (a 1= 0°).
Dans tous les cas, le maximum de dépression, dont la valeur augmente
rapidement avec la vitesse du vent, est numériquement très nettement
supérieur à la surélévation de pression qui existe à l'avant du cylindre et il
est facile de vérifier qualitativement cjue dans la région où il se produit le
gaz contourne le cylindre avec une vitesse supérieure à la vitesse d'ensemble
du courant. La zone d'aspiration intense correspondanteest donc le résultat
d'une détente.
Dans ces conditions il était naturel de penser qu'en atténuant par un pro-
cédé cjuelconque la vitesse locale du fluide on obtiendrait une diminution
correspondante de la dépression ; or, il suffit, pour atteindre ce but, de
transformer cette région lisse en région rugueuse.
i'uur cela nous y avons collé de la sciure de liège obtenue à l'aide d'une râpe à gros
grains.
La seconde ligne de notre Tableau indique les résultats obtenus lorsque les lugosités
disposées en bandes longitudinales et sous une épaisseur de i™™ environ occupent
l'espace compris entre ot = — 20° et a r= • — 80°.
l3l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pressions en dùers points du profil.
Répion rugueuse.
Face inférieure a.. -iSo" -i5'.)° -120" -110* -loo* -90" -80" -~f>" -60" -So" -^n" -3o** -20'' -m"
Cylindre lisse - 9"'°' -lo"" -12"'» -ig'"» -37""" -'|.')""" --'19""" -48°"° -38""" -25""" -10"" + 7"°' +31""" +2,,""
Cylindre avee sec-
teur l'iisueux.... -10'"" -Kl'"" -II""" -ii"i" -II -iTiim _jç,iiir>i^5 -la'o^jS -lo^^iS - 6"" + 6"" +1.5°'™ +24"" +00"
l'"acc supérieure a...
iSo°
i5o" I
20" 1 1 o"
100"
90-
8o«
70°
60"
5o"
Cylindre lisse
- 9
-10'""' -1
a""" -ur"
-s,-"'
-43'""
. -49-....
-48»-
-38"'"
-25"
Cylindre avec sec-
tcui- rupiieux.. . .
-lO""'
-lO""" -li
:,n,„, _,,™„,
-35""»
-45">"
■ -53»"
_j-,„m
-40»"'
-38"'
La dépression est presque réduite au quart de sa valeur primitive et le cylindre
aspiré plus énergiquemeut par sa partie supérieure se trouve soumis à une poussée
verticale.
La mesure directe de celte poussée nous adonné i''i?,20o, la traînée correspondante
étant de o''e,870. Lorsque la surface est lisse cette traîni'e se réduit ;i o''s,74o. (Lon-
gueur du cylindre o™, 5o. )
Il y a également lieu de remarquer que l'obstacle opposé à la circulation de l'air sur
la partie inférieure a pour effet de rendre plus énergique l'écoulement dans la région
supérieure et la dépression s'y trouve par suite augmentée.
L'utilisation de rugosités convenablement disposées permet donc d'atté-
nuer l'effort néfaste dû à la zone de dépression qui se développe sur la face
inférieure des corps animés d'une translation parallèle au sol. Mais, quand
on cherche à appliquer cette méthode à un cylindre ayant pour section
droite le profil d'une aile bien étudiée on constate que par suite de la forme
donnée à ce prolil la zone d'aspiration inférieure n'existe pratiquement plus.
On peut cependant obtenir encore dans certains cas un léger bénéfice en
disposant convenablement des aspérités sur la face inférieure, car en
entravant la circulation de l'air elles produisent une surpression locale et
ont pour elfet indirect d'augmenter l'écoulement du fluide et par suite la
dépression sur la face supérieure qui doit être naturellement aussi lisse que
possible.
En opérant ainsi on peut obtenir une augmentation proportionnelle des
facteurs essentiels poussée et traînée, d'où la possibilité de réduire un peu
les dimensions de l'aile.
Les considérations précédentes s'étendent évidemment aux profils des
pales d'hélices et, comme dans ce cas des nécessités de construction em-
pêchent de réaliser sur toute la longueur de la pale le profil aérodynamique
optimum, l'application de stries convenablement placées pourra contribuer
à l'amélioration de ces appareils.
SÉANCE DU 23 MAI I910. l3l5
OPTlQUli:. — Sur la structure des raies spectrales. Note de M. Georges Meslin,
présentée par M. E. Bouty.
Ayant été amené à étudier la structure des raies spectrales avec des
appareils dont le pouvoir dispersif est considérable, tels que le spectroscope
à échelons de Michelson ou la lame de Lumnier et Gelircke, je voudrais
indiquer ici comment on peut lever Tindétermination qui se présente dans
l'emploi de certains de ces dispositifs.
Avec la lame de Lummer el Gehicke qui permet l'usage d'un faisceau large, on
aperçoit dans le champ un phénomène périodique qui, pour une raie spectrale simple,
se réduit à une série de lignes brillantes A, B, C, ..., séparées par des intervalles
obscurs, chacune de ces lignes correspondant à un maximum lumineux d'un certain
ordre dinterférence.
Avec l'échelon, qui exige l'emploi d'un faisceau limité par une fente étroite, l'inten-
sité est concentrée sur un petit nombre de maxima, et l'on peut, pour une position
convenable de l'échelon, avoir, dans le cas d'une radiation simple, un maximum prin-
cipal accompagné de part et d'autre de quelques autres maxima très atténués; en
tournant légèrement l'échelon on peut obtenir deux maxima voisins égaux entre eux
el c'est généralement dans cette position qu'il est commode d'utiliser l'appareil de
Miclielson.
Avec ce dispositif comme avec celui de Lummer et Gelircke, on a un
intervalle fondamental formé par deux lignes telles que B et C, par exemple,
qui correspond pour une même longueur d'onde X à une variation de l'ordre
d'interférence égal à l'unité, et, pour un même numéro d'ordre à une
variation de longueur d'onde égale à une certaine grandeur £ qu'on
peut calculer d'après les constantes de l'appareil (épaisseur, indices des
lames, etc.).
Dans ces conditions, lorsqu'on aperçoit dans l'intervalle fondamental une
raie brillante supplémentaire dont la position partage cet intervalle BC
dans le rapport de m à n on en conclut (si le retard augmente de B vers C)
que le satellite en q^uestion présente par rapport à la raie principale une
variation de longueur d'onde égale à
si cette radiation est rapportée à A, c'est-à-dire si sa longueur d'onde est
l3l6 ACADÉMIE DES SCIENCES,
supérieure à celle de la première raie el à
si on la rapporLe à B, sa longueur d'onde élanl supposée inférieure à celle
de la radiation principale.
Les conclusions seraient différentes el les valeurs possibles seraient
-^ — t et H — £, si le retard diminuait en allant de A vers 13; mais
m -+- Il m -+- n
il n'y a pas, en général, d'incertitude sur ce point, car on est renseigné ])ai'
l'orientation des appareils ou par l'aspect du champ, c'est-à-dire par la loi
de variation pour les largeurs des intervalles successifs AB, BC, CD, etc.;
cette loi est d'ailleurs différente el presque inverse dans les franges des lames
argentées de Fabry et Perot et dans les interférences de la lame de Lummer
et Gehrcke.
Il V a donc incertitude entre les valeurs
la première pouvant d'ailleurs être augmentée, et la seconde diminuée d'un
nombre entier de fois t, si le satellite considéré entre B et C doit être rap-
porté à d'autres origines telles que A ou D, en ce qui concerne son numéro
d'ordre. Pour lever cette indétermination ( ' ), il suffit de répéter ces mesures
en utilisant un dispositif semblable mais de constaïUe différente, si bien que
l'intervalle fondamental étant calculé et ayant une valeur différente î', la
radiation satellite divisant cette fois l'intervalle fondamental dans le rapport
de m' à «', on hésitera maintenant entre les valeurs
dont une seulement coïncidera avec une des précédentes, inditjuant ainsi
celle qu'on doit adopter.
.l'ai pu éprouver la valeur de cette méthode en utilisant des couples d'éche-
lons ou de lames de Lummer, qu'en vue d'études spectroscopiques j'ai fait
construire par Hilger sur des données différentes et j'indiquerai dans le
Mémoire complet le détail des mesures que j'ai faites à ce sujet.
(') Celle indélerminalion ne se présente pas lorsque le retard varie d'une fai'on con-
tinue el c'est encore là un des avantages ofTerts par le dispositif si remarquable du spec-
troscope interférentiel de Fabry el Perot.
SÉANCE DU 2 3 MAI 19IO. l3l7
MAGNÉTISME. - Sur la précision dans la mesure des susceptibilités magné-
tiques. Note de M. C. Chéneveau, présentée par M. E. Bouty.
Dans une iNote Sur la mesure des susceptibilités magnétiques des corps
solides, parue aux Comptes j'endus du 20 avril 1910, p. io5/|, M. Pascal dit,
enlrc autres choses :
" J'ai montré comment la mélliode du tube en U pouvait donner à ^-o? près les
susceptibilités magnétiques.... »; puis, <iprès avoir décrit une méthode nouvelle, ajoute
« on peut compter, en moyenne sur ie-,-i^, résultat qu'il serait peut-être hasardeux
d'attendre d'autres appareils courants, comme par exemple, le modèle commercial de
l'appareil de Curie »
Ces conclusions, étant présentées de cette manière générale, il m'a paru
nécessaire de résumer ici les résultats qu'on obtient lorsqu'on compare
quelques méthodes de mesure des susceptibilités magnétiques, au point de
vue de leur précision.
En toute logique, la comparaison des méthodes doit être faite avec un
même corps et un même champ magnétique.
Prenons l'eau comme corps de comparaison.
Dans la méthode de la balance de torsion de Curie, telle qu'elle est réalisée dans l'ap-
pareil à amortissement magnétique, dont le caractère réellement pratique est attesté
par de nombreux observateurs ('), on obtient, avec le fil de platine de ^-„ àe millimètre
de diamètre, une déviation d'au moins 10"™ sur une échelle placée à 2™, la correction
due au tube de verre contenant le liquide étant effectuée. L'expérience montre que la
détermination peut se faire à i""" ou 2™™ près, suivant le soin apporté à la mesure et
bien qu'on puisse nettement apprécier le \ millimètre sur l'échelle.
Cela fait donc une erreur relative maximum comprise entre i pour 100
pour les bonnes observations et 2 pour 100 pour les mauvaises.
Pour le champ maximum de l'appareil, 1000 gauss environ (-), la déni-
vellation, produite dans un tube en U et calculée par la formule de<^uincke,
serait de .''1^', c'est-à-dire inappréciable avec un microscope à oculaire micro-
métrique permettant de faire la mesure à 5*^ près. Dans la nouvelle mé-
thode proposée par M. Pascal, le calcul montre que la force à mesurer par
la balance serait o'"",i5. Ces deux dernières méthodes sont donc inappli-
( ') Voir, en particulier, G. Uub.vin, Comptes rendus, l. 130, p. QiS; 1)'' DiivsD.u.i; et
A.-C. JoLLEY, Pliys. Soc. of London, 22 avril 1910.
(-) En réalité, le champ, à l'endroit du maximum de la dérivée, est plus petit que
celui indiqué, ce qui avantage les autres méthodes.
l3l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cables dans le cas où la première esl possible, et il faut songer, pour les
utiliser, à employer des champs très intenses. Mais l'emploi de champs
très puissants, créés par de forts courants, peut entraîner une erreur, parfois
notable, due à la variation de température, et dont Tordre de grandeur est
difficile à estimer.
Par exemple, clans la nouvelle méthode que propose M. I^ascal, en admetlant la
sensibilité indiquée, un champ de loooo gauss donnerail, pour l'eau, une force de
de i5"'B environ et, pour obtenir l'erreur indiquée de j-|^, il faudrait déteiniiner cette
forceào"'S.i près. Or ce résultat esl inadmissible : d'une part, parce que l'erreur
dans une mesure n'est pas seulement celle de l'ins'lrument de mesure, mais dépend
aussi des conditions de l'expérience et, d'autre part, parce que ces conditions mêmes
s'y opposent. Une pesée au ^ de milligramme demande un équilibre de température
qui ne peut exister dans le dispositif de M. Pascal, à cause du couiant dair chaud
créé dans la cage de la balance par réchaufTement de l'électro-aimant. Dans le cas d'un
corps solide en poudre, peut-on répondre d'ailleuis d'une telle approximation?
Les conclusions précédentes sont encore plus valables si, comme dans la
méthode du tube en U, on emploie des champs de Tordre de 20000 gauss;
pour Teau on a bien une précision de ^ en admettant la lecture de la déni-
vellation à 3^ près; mais si Ton tient compte des difficultés expérimentales,
on arrive à la conclusion même de M. Pascal que cette méthode esl suffi-
sante quand on ne désire pas dépasser une précision de ,-^ ( ' ).
Si, d'ailleurs, Téchauffement notable de Télectro-aimant n'affecte pas
dune manière sensible la susceptibilité magnétique de Teau, il nen sera pas
de même avec des liquides ou solutions magnétiques.
Ainsi la sensibilité qu'on n'a, par d'autres méthodes, qu'avec des champs
très intenses créés par des électro-aimants encombrants, est obtenue dans
la balance de Curie, telle qu'elle est réalisée, avec des champs peu intenses
qui permettent alors l'emploi d'un aimant et n'introduisent aucune erreur
de température; néanmoins la précision est au moins équivalente à celle
des méthodes utilisant des champs puissants.
Evidemment, comme la précision, caractérisée par Terreurrelative, varie
pour une erreur absolue donnée, avec la grandeur du coefficient à déter-
miner, elle est plus grande avec des liquides ou des solides paramagné-
tiques qu'avec un liquide diamagiiétique tel que Teau; mais elle augmente
en même temps pour toutes les méthodes, et Tavantage restera toujours à
la méthode la plus sensible, si elle est la plus simple et la plus exacte, qu'on
accroisse la valeur du champ ou celle de la grandeur à mesurer.
(') ./oiirncil de l'/iy.sii/iie. décembre 190S.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. I^IQ
ÉLECTRICITÉ. — Sur l'effet de la pénétration dans les diélectriques.
Note de M. Louis Mai.clès, présentée par M. E. Bouty.
Nous avons comparé les résidus d'une lame isolante solide (gutta ou
caoutchouc) ou d'une nappe liquide (huile de vaseline) en posant d'abord
le plateau inétallicpie chargé sur l'une des faces de la couche résiduelle,
puis en interposant entre le métal et l'isolant un diélectrique parfait, c'est-
à-dire une matière certainement imperméable à l'électricité; nous avons,
dans les deux cas, obtenu des résidus identiques d'où il résulte que les ell'ets
résiduels ne peuvent être dus à une pénétration des charges (').
La substance choisie pour faire obstacle au passage de l'électricité n'est
autre que cette parafine dure extraite de l'ozokérite, exempte, comme on
sait, de tout résidu et dont les propriétés exceptionnelles ont fait l'objet
d'une précédente Note (- ).
Trois lames isolantes, dont deux en ozokérite, sont disposées entre les plateaux d'un
condensateur à anneau de garde en relation, par l'une des armatures, avec une source
de potentiel et par l'autre avec un électromèlre sensible. La substance à résidu est,
tantôt entre deux boucliers d'ozokérite, tantôt entre ce diélectrique et le métal. Ainsi
les éléments de la couche isolante totale se retrouvent dans les deux cas; il n'y a de
changé que Tordre dans lequel on les a superposés. Les charges induites sont com-
pensées, à tout instant, par l'action combinée d'un condensateur tare, de capacité con-
stante, chargé à un potentiel contraire, et d'un condensateur cylindrique à armatures
mobiles symétriquement chargées et entrainables dans deux directions opposées.
L'image observée sur l'échelle de l'électromètre étant, grâce à celte manœuvre, main-
tenue dans une position invariable, on note, à intervalles égaux les déplacements
effectués, lesquels varient proportionnellement aux charges mises en jeu par le com-
pensateur et, par suite, aux charges résiduelles qu'on veut mesurer.
Résultats. — I. Gutta. — 1° Nous avons groupé dans un Tableau les me-
sures du compensateur pendant la phase du résidu et exprimé en millimètres
et centièmes de millimètre les déplacements eO'ectués sur l'appareil pour
maintenir l'équilibre. La disposition expérimentale est telle que les chiffres
obtenus doivent décroître au fur et à mesure cjue les résidus augmentent;
(') Eu 1890, M. Bouty avait déjà démontré, par une méthode tout à fait différente
de la mienne, que le mica, diélectrique à résidu, ne donne lieu à aucune pénétraiion
des charges (Comptes rendus, t. CX, p. 846).
(-) Comptes rendus, 1907, p. 264.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 21.) l"]^
l320 ACADÉMIE DES SCIENCES.
leurcxtrôinc limite est 2,32; elle n'est atteinte qu'au bout d'un temps très
long.
Résidus il'uiie lame tie guUa.
Non cnntacl.
Coiitucl. — -~—~ -- — ^
Temps. \' = 2110 volts. V = 2on volts. V = 800 volls.
1'"'.". 8,88 8,91 8,94
;. 8,35 8,4i 8,48
:î 7,90, 8,06 8,oS
i 7.-^3 7.7° 7>77
.■) » 7 î-'^s 7; 46
10 6,21 6,1 3 6,27
20 4 )75 4>72
3o 4 4>o4 '
4o 3 ,09 3,53
.')o 3 , 24 3,23
La concordance des i^ésultats montre que le fait de modifier l'ordre de
superposition des lames et d'appliquer ou non le métal sur le diélectrique
à résidu n'entraîne aucune variation appréciable. Les écarts observés sont
de l'ordre de grandeur des erreurs d'expérience.
2° L'effet étudié pouvant devenir appréciable aux tensions plus élevées
nous avons fait des mesures à 800 volts au lieu de 200. Les résultats, groupés
dans la dernière colonne du Tableau précédent, ne présentent encore, par
rapport aux chiffres voisins, que des écarts négligeables.
. 3° Enfin nous avons trouvé que la compensation des charges instantanées
correspondait à 12""", 5 et que cette position convenait aux deux manières
de disposer la lame. La constante diélectrique calculée, d'après les formules
théoriques établies pour l'appareil, est 2,09.
11. Caoutchouc. — i" Avec une lame de pur para, touchant ou non le
métal, un équilibre rigoureux s'est produit au bout de i minute à 7™™, 20.
D'autre part, la compensation des charges instantanées correspond à 8'"", 9.
La constante diélectrique vraie est 3; la constante diélectrique apparente
correspondant à l'équilibre final serait 4,4- L'équilibre final étant d'une
stabilité parfaite, le nombre 4,4 est caractéristique de la substance, au
même litre que la constante diélectrique initiale.
2" Sur un échantillon de feuille anglaise, examinée aussi dans les deux
conditions, ré(juilibre a été obtenu presque instantanément dans la posi-
tion 2""", 32 à laquelle correspondrait une constante diélectriipie infinie;
SÉANCE DU 23 MAI 1910. iSai
c'est-à-dire que la lame est cojicluclrice. La compensation des charges
instantanées s'est faite au voisinage de G'"'", 3 nous en avons déduit k = i>.
III. Huile de vaseline. — Le liquide est contenu dans une cuvette cylin-
drique, en ozokérite, qui peut être fermée soit par un disque métallique, soit
par une lame d'ozokérite.
Les mesures au compensateur, faites de minute en minute à 200 volts,
ont donné les résultats suivants (la première ligne correspond au contact
du li(juide et du métal, la deuxième au contact du liquide et de l'ozokérite) :
5,5o 7,1 5 8,35 9,45 10, 3o 11,10 11,70 12,9.0 12, 65 i3
5,56 7,3o 8,58 9,68 15,45 11, 3o 11,90 12, ^ï 12,90 i3,25
Ici encore aucune dillèrence essentielle n'est assez manifeste pour déceler
une pénétration.
Va\ résumé, dans les limites ou nous avons opéré, c'est-à-dire jusqu'à
800 volts, on peut être certain qu'une nappe diélectrique solide ou liquide,
dont une seule face touche le métal, n'est pas /je«eV/-ee par l'électricité du
conducteur adjacent.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sur la sululnlilè du sulfate d' argent dans les sulfates
alcalins. Note (') de M. Barre, présentée par M. H. Le Chatelier.
Dans le but de recherciier si le sulfate d'argent était suscejjtible de donner
des sels doubles avec les sulfates alcalins, j'ai étudié la solubilité de ce corps
dans des solutions de concentration croissante en sulfate alcalin à diilérentes
températures, depuis la température ordinaire jusqu'à 100".
Je ne dirai rien de la solubilité du sulfate d'argent dans le sulfate de potas-
sium et le sulfate d'ammonium, qui ne présente aucune particularité bien
intéressante; elle croit régulièrement avec la concentration en sel alcalin.
Les courbes obtenus aux difl'érentes températures en portant en abscisse le
sulfate alcalin et en ordonnée Ag-SO' dans la solution, sont des droites
pour le sulfate de potasse, presque des droites pour le sulfate d'ammoniaque.
\V\Qn différents sont les résultats obtenus avec le sulfate d'argent et le sul-
fate de soude. Au-dessous de 33°, c'est-à-dire tant que le sulfate de soude est
à l'état hydraté, la solubilité du sulfate d'argent croit proportionnellement
•(' ) Présentée dans la séance du 17 mai 1910.
l322 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à la concentration en Na^SO'; on obtient par exemple à i4°, 5 :
Ag^SC Na^SO'
dans ino pallies d'eau. dans loo parties deau.
0,7^1
0,904
1 ,oo3
5,278
10, io3
i3,o45
Mais à partir de 33°, dès que le sulfate de soude est anhydre, il n'en est
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7.
^
<
Na-SO' en grammes dans mo parties d'caii.
|)liis do mémo. ^ oici les chiffres obtenus aux difforentes températures, rap-
SÉANCE DU 23 MAI I9IO. l323
portés à 100 parties d'eau :
I. — ïcrnpéiatuie. 33". II. — Température, 5i°.
As=SO'. Na=SO'.
0,972
5,345
I , i5o
I 0 , o56
I , 320
i5,i85
.,448
20,093
1,548
25,4l2
.,570
29,556
1,549
3£,,732
1,462
39-447
•'•99
44 ,693
0,912
46,976
m. - Tempe
lalure, -'>■'.
Ag-'SO^
Na-SO'.
1 ,458
5,. 368
■,697
9,8i3
.,934
15,260
2 ,075
'9.978
2, 161
■),5,556
■M 38
29,662
r ,910
35,278
1 ,6o3
38,944
I , 1 56
4 I , 365
Ag=SO'.
Na-SO'.
1 , 173
5 , 407
'-377
10,116
1,572
1 5 , I 46
1 ,705
20,247
',787
25,196
I ,802
29,23o
i>'V
34,625
1 . 540
39,302
1,188
42,914
0,882
44,464
IV. — Température,
Aa-SO'
i,65i
5,336
2,012
10, i53
2 , 3 1 2
i5,532
2,35t
25,45i
2,260
29,7'4
2,012
34,718
1,687
38,635
i,i58
4o, 160
Les courbes obtenues en ])orlant Na'-SO* en abscisse et Ag^SO* en
ordonnée ont, comme on le voit, une forme particulière; elles présentent
un maximum, mais pas de point anguleux. L'analyse du résidu solide m'a
montré la présence du sulfate de soude à côté du sulfate d'argent ; la quan-
tité de Na^SO' augmente régulièrement avec la concentration en sulfate
de soude de la solution : en un mot, il y a formation de cristaux mixtes,
comme le montrent les résultats suivants d'analyse :
Température :
75--
Sulfate de soude
dans 100 p. d'eau.
ilaiis r<M> p. <le set d)
issous.
dans ■
of] p. de sel
solide.
14,90
88 . 58
3,63
19, 16
90,33
6,90
23,22
«)i ,56
1 1 ,34
28,07
92 , 85
17,81
32 ,93
94,22
24,82
36.08
95,12
36,45
39,38
96,26
5o , 22
ï324 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les courbes de solubilité présentent en outre la particularité assez curieuse
de venir se couper sensiblement toutes en un même point, correspondant
à une concentration en Na-SO' d'environ 4opour loo. Donc, dans les solu-
tions contenant moins de 4» pour loo de Na- SO', la solubilité des cristaux
mixtes cioit quand la température s'élève; pour une concentration en
Na-SU' supérieure à /|Opour loo, elle décroit au contraire ; enfin pour une
concentration en Na- SO' de /\0 pour loo environ, la solubilité est indépen-
dante de la température. Cette particularité résulte de la différence de signe
de la chaleur de dissolution de Ag-SO' et de Na-SO\ Le premier sel se dis-
sout avec absorption de chaleur et, d'après une loi bien connue de la Mé-
canique chimique, sa solubilité croît avec la température. C'est exactement
l'inverse pour Na^ SO'. On conçoit que certains des cristaux mixtes de ces
deux sels pourront avoir une chaleur de solution nulle.
C'est précisément ce qui arrive pour les cristaux mixtes se déposant de la
solution à 4<> pour loo de l\a-SO\ La quantité de sulfate de soude con-
tenue dans ces cristaux aux différentes températures est la suivante :
Température. Na-SO' pour loo.
33 26 , gS
5i 34 ,68
75 5o,22
J'ai vérifié ce l'enversement du signe de la chaleur de dissolution pour les
deux températures de 33° et de 5i".
CHIMIE PHYSIQUE. — Action chimique des pressions élevées ; compression du
protoxyde d'azote et d' un mélange d'azote et d'hydrogène ; décomposition
de l'oxyde de carl>one par la pression. Note de MM. E. Bri\eu et A.
Wkoczyxski, présentée par M. G. Lemoine.
Dans une précédente Note (') nous avons signalé qu'on pouvait
décomposer le gaz oxyde d'azote NO à la température ordinaire, avec uiu^
pression suffisamment élevée.
( ' ) Contples rendus, l. CALIX, 1909. [t. 10-2. La pi-essioii i'i partir de laquelle celle
décoinposilion se manifesle, par la coloralion bleue caraclérislique de i\'U', ire>l
pas aS'"'", cijilire indiqué dans celle Xote à la suite d'une erreur d'impression,
mais 280-''"'.
SÉANCE DU 2) MAI 19IO. l325
Pour bien préciser l'action de celle pression élevée, assimilable à une
catalyse, nous avons étudié d'autres systèmes gazeux, dans des limites de
pression et de température aussi étendues que possible.
On remarquera que les traiisformalions qui nous intéressaient sont essentiellement
irréversibles, c'est-à-dire persistent après la détente.
Mode d'expérience. — L'ampoule, qui contient le gaz à comprimer se termine à sa
partie inférieure, par un tube capillaire, sur lequel on a tracé un repère.
L'ampoule étant remplie à une pression légèrement inférieure à la pression almo-
spliérique, on s'arrange pour que le ménisque de mercure arrive au repère et on lit
la pression au cathétomètre, en notant la température. Le gaz est ensuite comprimé,
après quoi, l'ampoule étant replacée sur la cuve i\ mercure, on lit de nouveau la
pression à volume constant.
Proloxyded' azote. — Sous plus d'un rapport il se comporte comme le gaz
oxyde d'azote NO; il est endothermicjue et il se décompose aussi en ses élé-
ments à une température élevée (' ). En maintenant le gaz pendant plusieurs
heures à Goo'"''"^ et à des températures allant jusqu'à 4^<>°i nous n'avons pas
observé, après détente, la plus petite augmentation de pression. Peut-être
l'action de la pression se inauifeste-t-elle aux températures supérieures
à 420°, que nous n'avons malheureusement pu atteindre, car les tubes ne
résistaient plus à la pression. Ces expériences montrent donc que le pro-
toxyde d'azote est beaucoup plus stable que l'oxyde d'azote à de hautes
pressions ; la condition nécessaire à sa décomposition semble être, avant
tout, une température élevée, capable de désagréger la molécule.
Azote et hydrogène. — Nous avons soumis ce mélange à des pressions
élevées. Là encore nous n'avons pu constater d'action chimique à la tempéra-
ture ordinaire, bien que nous ayons maintenu le mélangea des pressions voi-
sines de 900"'™, pendant plusieures heures. Il est possible cependant que des
pressions plus élevées agissaiit à des températures supérieures à la tempé-
rature ordinaire, provoquent la formation d'ammoniac, comme cela semble
résulter d'un récent travail de M. Haber ( - ) qui a eu recours à l'action com-
binée de la température, de la pression et d'un calalysateur.
Oxyde de carbone. — Ce gaz renferme en lui-même une réserve d'énergie
disponible puisque sa décomposition en (CO- -+- C) dégage 38'^''',7. Cette
décomposition a d'ailleurs été constatée par Henri Sainte-Claire Deville et
(') Berthelot, Comptes rendus^ t.LWVIl, iS-d, p. i448. — Meyeh. Pyrolechnisclie
Untersuchungen, p. 62. — Hunter, Zeil. fiir phys. Cheniïe, l. LUI, 1906, p. 44 ••
(-) Zeit. fiir Ele/iiroc/ieiuic, t. XVl, 1910, p. 2^4-
l326 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même au rouge sombre par Berll)elot(' ). La réaction de décomposition de
l'oxyde de carbone est notablement accélérée par des catalyseurs tels que:
charbon, poudres métalliques, etc. (- ) ; avec la poudre de nickel, la décom-
position devient déjà appréciable un peu au-dessous de Soc". Sans catalyseur
le gaz oxyde d'azote peut être considéré comme stable en tous cas jusque vers
55o°. Rappelons encore que la courbe des produits yjc en fonction de [>,
établie par M. Amagat à la température ordinaire et jusqu'à 400''''" environ,
revêt une allure absolument normale, ce qui démontre (jue dans ces condi-
tions aucune décomposition n'est intervenue. Après avoir maintenu l'oxyde
de carbone à la température ordinaire sous des pressions allant jusqu'à
800*"" pendant plusieurs jours, nous n'avons pu constater de contraction
permanente, même en présence d'amiante platinée. Il paraissait donc néces-
saire d'opérer à des températures plus élevées.
Nous avons alors soumis notre gaz à une pression de 400"'^'" tout en le
chauffant à 32o''-33o° ; nous nous sommes assuré que le ménisque de mer-
cure était en dehors de la zone de chauffe afin d'éviter toute action catalytique
de ce métal.
A celle tempéralure de Sao", tléjà à une pression de 4oo'""' après une dizaine
d'heures, il se produil une notable décomposition caractérisée par une légère conlrac-
lion permanente. Pour accélérer la décomposition, nous avons alors opéré à la pression
de tioo''"' toujours à la même température : après 9 heures, nous avons observé une
dénivellation de i 1'"'", soit une diminution de t,5 pour 100; après 20 heures, la déni-
vellation totale atteignait 67°"", soit une diminution tolale de 10 pour 100 environ. En
outre, dans la partie chaufTée du tube, nous avons constaté la présence d'un léger dépôt
gris noir; c'est sans doute à l'action catalj tique de ce dépôt qu'est due la marche de
plus en plus rapide de la décomposition. Un autre échantillon de l'oxyde de carbone
comprimé dans les mêmes conditions pendant 1 1 heures contenait 5,5 pour 100 d'acide
carbonique. Quant à la nature chimique du dépôt, nous ne pouvons encore nous pro-
noncer à cet égard, la quantité formée étant par trop faible. C'est soit du carbone très
divisé, soit un des oxydes inférieurs de carbone dont Berthelot(') a constaté la for-
mation dans l'action de l'effluve sur l'oxyde de carbone et qui se forment en même
temps que l'acide carbonique par décomposition de Toxyde de carbone suivant l'équation
/iCO=zC„_,0„_,+ CO,
(') Devilie, Comptes rendus, t. LIX. i864, p. 873. — Berthei.ot, Bul. Soc. c/iiiii.,
3« série, t. V, 1891, p. 567.
(') M. Boi'DOLARD, Ann. C/iim. el P/iys., -' série, l. XXIV, 1901, p. 5. — SciiENKet
ZiMJiERMANN, Der. der deatscli. chemisch. Gesellscha/t, t. XXX VM, 1908, p. i.23i. —
ScHMiTS et WOLFF, Zeit. fiir pliys. Chemie, t. XLV, 1900, p. 199.
(^) Essai de Mécanique chimii/ae, t. 11, p. i32.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. 1827
La décomposition de l'oxyde de carbone, comme celle de l'oxyde d'azote,
met une fois de plus en évidence l'action chimique d'une pression suffisam-
ment élevée. D'autre part, le fait que la pression agit comme catalysatricc
milite en faveur de l'hypothèse d'après laquelle l'action catalylique d'une
substance résulte d'une sorte de condensation des gaz à sa surface. Cette
condensation, de même que l'élévation de la pression, rapproche les atomes
et les met à même de réagir suivant leurs affinités les plus fortes.
Enfin cette action est plus ou moins efficace suivant les corps. Si l'édifice
moléculaire est stable comme cela paraît être le cas pour le protoxyde
d'azote, on aura plus de chance de décomposer les corps par une élévation de
tenq)éralure, qui désagrège la molécule, que par une élévation de pression
qui ne fait que rapprocher les atomes des différentes molécules.
CHIMIE GÉNÉRALE. — Effets chimiques des rayons ultraviolets sur les corps
gazeux. Actions oxydantes. Combustions du cyanogène et de i ammoniaque;
synthèse de l'acide for mique. Note (^) de MM. Daniel Behtiiei.ot et
Henri Gal^dechon, présentée par M. Emile Jungfleisch.
Les rayons ultraviolets jouissent de facultés oxydantes très marquées,
dues en partie à leur propriété d'ozoniser l'oxygène, mais surpassant celles
de l'ozone dans les mêmes conditions. Nous les avons étudiées suivant la
technique déjà décrite {Comptes rendus, r) mai 1910).
Co.UBLSiiON DU cvANOGÈNi!. — Mélange de cyanogène et d'oxygène. — Volume
iniiial, 3""', 56, formé de 2""', 10 G-Az- -+- \'''"' ,\& 0-. Exposition de 2 lieures à la lampe
220 volls à 4"" de distance. Volume final, 3'^"'', 02, formé de i'''"',46 CO- (volume égal
au volume primitif d'oxygène) + o<'"'', 72 Az- (volume sensiblement moitié du pré-
cédent) -+- o"^\^[^ C-Az- gazeux. Les o""', 54 de cyanogène manquants ont élé précipités
sur les parois du tube à l'état de paracyanogène; cette précipitation ne se |)roduit pas
en présence d'oxygène, et ne commence que quand lout l'oxygène a été brûlé. La
réaction a eu lieu suivant l'équation théorique de combustion du cyanogène
C^Az^-+-2 0- = 2C0^ + Az^
.vol /,v,„ /jvol 2VO..
\\n présence de l'oxygène, les rayons ullraviolels ont déterminé une combustion à
froid intégrale du cvanogène.
(') Présentée dans la séance du 17 mai iqici.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 21.) ï']t\
l328 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Nous avons trouvé des résultats analogues dans deux autres espériences où l'oxygène
était en excès; il est resté alors à la fin de l'oxygène non consommé; il n'y a pas eu de
dépôt solide de paracyanogène ; le mélange final contenait, outre l'anhydride carbo-
nique et l'azote, une petite quantité d'oxyde de carbone.
Les expériences précédentes permettent de supposer que, dans la rencontre
de l'atmosplière terrestre avec une queue cométaire riche en cyanogène, ce
gaz serait entièrement brûlé dans les couches supérieures raréfiées de l'air
ot'i le rayonnement ultraviolet est très actif.
Quant à l'absence des raies des carbures d'hydrogène dans les comètes,
puis à leur apparition quand elles s'approchent du Soleil, signalées par
M. Deslandres, ne tiendraient-elles pas à la polymérisation à l'état solide de
ces carbures, que nous avons signalée précédemment, dans les régions
froides de l'espace, suivie de leur volatilisation dans les régions plus chaudes"?
Combustion di; i-'AïuiosiAyiE. — Mélange d'ammoniaque et d'oxygène. — \ olunie
initial : 3''"', 80, composé de a'""', 29 AziP-i- i"^'"',.")! O'^. Mêmes conditions d'exposition
que plus haut. Volume final : i""',6.5, composé de i™', 10 .\z--i- o"'"',55 II'-. La surface
du mercure est légèrement oxydée, et les parois du tube sont couvertes d'eau contenant
en dissolution de l'ammoniaque, mais ne renfermant ni nitrates, ni nilrites, comme il
a été vérifié avec le sulfate de diphénylamine . Pour contrôler qu'on se trouve bien en
présence d'eau, on a vérifié que le point de fusion était voisin de 0°. 11 y a donc eu
une double réaction : tlécomposilion de l'ammoniaque en azote et hydrogène, et com-
bustion de l'iiydrogéne avec formation d'eau.
Sur les i*^™',.)! d'oxygène initial, i""',3- ont été transformés en eau, o""',i4 ont été
convertis en ozone et ont attaqué le mercure, dont la surface est oxydée ; o'"'',09 d'am-
moniaque sont dissous dans l'eau.
D'autres essais faits avec des proportions diflTérentes d'ammoniaque et d'oxygène
ont donné des résultats semblables.
Ces expériences montrent que, sous l'influence des rayons ultraviolets,
l'hydrogène est dégagé de l'ammoniaque à l'état naissant, puis oxydé par
l'oxygène et transformé en eau. Ce résultat mérite d'être souligné, car les
rayons ultraviolets ne déterminent, dans les conditions de nos expériences,
aucune combinaison appréciable de l'oxygène et de l'hydrogène libres,
comme le montrent les observations suivantes.
Mélange d'oxygène et d'hydi ogène. — \oluiiie initial : 2'"'', 68, composé de
!■:">", ^o IP-H o'^"'",98 O^ F.xposition de 4 heures à .'V"' de la lampe à 220 volts. Il n'y a
pas trace d'eau ; volume final : 2''"'", 60, composé de 1'^"'', 70 H--I- o'''"",90 O'. Le volume
(l'Iivdrogène n'a pas varié; la diminution de o''"'',o8 du volume total correspond
exactement aux o'^"'',o8 d'oxygène disparus, fixés sur le mercure.
Deux autres expériences ont redonné le même résultat négatif.
SÉANCE DU 23 MAI I91O. l329
Synthèse de l'acide formiqie. — Mélange d'acétylène et d'oxygène. — Lampe
220 volls. Tube à S"^"" de distance durant l\ heures. Volume initial : 4'"''; 32, composé de
i°"'",6o C'^H^4- 2"^'"',72 O"-. Le polymère jaune fauve de racétylène, qui se forme si faci-
lement quand ce gaz est seul, ne prend pas naissance en présence de l'oxygène libre.
La même remarque a été faite plus haut pour le polymère du cyanogène. Sur les parois
du tube se déposent des gouttelettes et sur la surface du mercure une légère couche
liquide, à réaction fortement acide, présentant l'odeur caractéristique de l'acide for-
mi(:|ue et précipitant l'azotate d'argent. ^ oUime final : 2'"' ,3?., composé de
11''"', 5- CO- -4- o''"'',6o O^ + i''"', 10 d'un mélange gazeux.
Sur une portion de ce mélange gazeux, on constate la présence d'acétylène par la
formation d'acélylure cuivreux, et la présence d'oxyde de carbone par la décoloration
du chlorure cuivreux acide bruni à l'air. On opère alors la combustion eudiomélrique
et l'analyse d'une seconde poilion. ce qui conduit à la composition
o'"'"', 88 CO -I- o'"', .iô C- II- + o'''"', 02 Az-.
Il résulte de là que i"'"',3.5 C^H- et 2'^"'',i2 0- ont disparu et ont donné o'""'',5- CO^
et o'"'',8S CO, plus un résidu liquide présentant une composition pondérale voisine de
celle de l'acide formique :
C = i2,o; 11 = 2,2; 0 = r.,8,4 au lieu de C=i2, 11 = 2, 0 = 32.
Dans une seconde expérience, le tube a été exposé 4 heures à à"^" de la lampe
à 1 10 volts. Volume initial : i^"'',i8 C-H'-t- 2""', 47 O"- ^ olunie final :
o'-'"",28 C-IL^-H i'"'',07 02 + o""'.4o CO^-t- o'^"'\57 CO.
On voit que o'^"'',90 C-II- et r'"',4oO" oui donné o^"'',4o (30' -H o*^"'',»? GO, plus un
liquide de composition pondérale Gr^i2; II =12,2; 0^27,6. Celte composrlion
indique de l'acide formique contenant une faible quantité d'un produit moins oxydé.
Celte synthèse de l'acide formique a partir de l'acétylène et de l'oxygène gazeux est
remarquable par sa simplicité.
Mélange d'éthylène et d'o.rrgène. — l^ampe 1 10 volls. Tube exposé 4 l"^ures à 4"'"
de distance. Volume initial : 4"", 07 composé de i™',37C-II* + 2'^"'', 70O-. Volume
final: 3"^"",o4 renfermant o''™",i4C0'- -h i""',650--i- i'^"'',25 de résidu, contenant de
l'éthylène, de l'acétylène et de l'oxyde de carbone, l-'éthylène ne s'est pas polymérisé
en présence de l'oxygène en excès. Le tube contient quelques gouttelettes à odeur pi-
quante, à réaction acide, précipitant l'azotate d'argent, et composées surtout d'acide
formique.
Une autre expérience a été faite avec un volume initial de S""', 55, composé de
i""',63C'H' +i™',92 O-, exposé à des distances de 2™, 4"" et 7""' de la lampe à
1 10 volts, I heure chaque fois. Le volume fin al a été S'^'iOO, composée de i'^°'',45 0- -f-i""',55
d'un mélange gazeux contenant C^H- et CO, mais ne renfermant pas C0-. Le tube est
couvert comme précédemment de gouttelettes d'acide formi(|ue.
l'iio ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE. — Sur la présence de résidus tartriques du vin dans un vase anti(fuc
Note de M. Georges Demgès.
Tout récemment et lors des fouilles pratiquées dans l'ancien cimetière
attenant à l'église Saint-Seurin, de Bordeaux, M. Courteault découvrait,
dans un sarcophage paraissant remonter au i"' siècle de l'ère chrétienne,
un récipient en verre vert, fermé à l'une de ses extrémités et légè-
rement évasé à l'autre, ayant grossièrement l'aspect d'une pipette de
laboratoire dont la partie renflée aurait 3''"' environ de diamètre et les
portions terminales, cylindriques, seraient des tubes de iS'"" de diamètre
extérieur et ayant, sensiblement, chacun, 18'^'" de longueur. Sa capacité
n'excède pas Oo'""'. Ce vase curieux qui vient de faire l'objet d'une commu-
nication de M. Jullian à l'Académie des Inscriptions, nous a été confié par
M. Courteault afin de chercher à déterminer, par l'analyse de ses résidus
ou incrustrations, la nature du produit qu'on aurait pu y avoir primiti-
vement introduit.
Les enduits ou résidus que présente le récipient examiné se montrent
sous (juatre aspects dilîérenls :
A. Extérieurement et surtoul près du col, s'étendent des traînées brun rougeàtre,
très minces et très adhérentes; quelques traînées analogues ont été remarquées en haut
et à l'intérieur du col.
B. Intérieurement on trouve, en certains endroits, très restreints en nombre et en
surface, des enduits un peu plus épais que les précédents, mais de même teinte,
pouvant, plus facilement que les premiers, être détachés en écailles très ténues, pré-
sentant un poli paifait et le phénomène optique des lames minces sur la face adhérente
au verre.
G. Intérieurement encore, se rencontre un enduit blanc grisâtre, plus abondant que
les précédents et ressemblant, lorsqu'on en détache des plaquettes, à de largile grise
desséchée.
D. Enfin, en renversant le récipient sur lui-même et en lui impriinaiU quelques
secousses, on a pu recueillir, parmi une poussière terreuse, un certain nombre de
granulations colorées et brillantes, ressemblant à de fins grains de sable, et dont
quelques-unes ont été, aussitôt, enfermées dans un tube scellé.
C'est celte dernière substance que nous décrirons tout d'abord, car, vus a
texture cristalline et sa composition d'apparence moins complexe que celle
des enduits A, B et C, elle nous a permis de tirer des conclusions fermes
sur sa nature, sur celle du contenu primitif du récipient et de déduire l'ori-
gine probable des enduits eux-mêmes.
. SÉANCE DU 23 MAI 19IO. l33l
Si l'on examine, même à la loupe mais mieux au microscope, ces granulations, on
les trouve formées de cristaux prismatiques striés, de couleur rougeàtre et dont l'as-
pect rappelle, à s'y méprendre, celui du tartre des vins. Des recherches directes ont
confirmé celte première indication. Une de ces granulations, mise au fond d'nn tube
à essais avec une goutte d'une solution aqueuse de résorcine à 2 pour 100 el l""' d'acide
sulfurique concentré, a fourni un mélange qui, chauffé vers iDO", a donné une belle
coloration rouge violacé avec une bande d'absorption correspondant au X =1527, 5.
Celle réaction est l'une des plus caractéristiques de l'acide tarlrique. On en a obtenu
une identique avec un cristal de tartre authentique pris dans une bouteille de vin très
vieux. Une autre granulation, dissoute dans une très faible quantité de potasse, a
fourni quelques gouttelettes d'un liquide qui, sursaturé par Tacide acétique, a donné
des cristaux microscopiques, mais extrêmement nets de bitarlrate de potassium, linfin
un troisième granulation, calcinée, a bruni puisa laissé un résidu faisant ed'ervescence
avec les acides et dont la solution chlorhydrique a permis, après traitement convenable,
d'identifier microchimiquement le potassium à l'état de ch!oro|)lalinate, de picrate et
de bitartrate.
Il n'est donc point douteux que le récipient examiné contenait de la crème
détartre, produit qui ne peut provenirque d'un liquide vineux primitivement
introduit dans ce récipient.
Quant à l'enduifC, il est en majeure partie composé d'une croûte de carbonate <le
chaux qui recouvre et pénètre une substance brunâtre dans laquelle le microscope
révèle des masses globuleuses de teinte foncée. Certaines portions seulement de cet
enduit ont présenté la réaction résorcino-lartrique, mais' un peu modifiée d'aspect
comme celle qui est réalisée lorsque, à de la crème de tartre pure, on ajoute une cer-
taine quantité de matière colorante du vin insolubiiisée.
Dans l'enduit B, le carbonate de chaux n'existe qu'à l'état de traces; par contre, la
matière colorée globuleuse y est prépondérante. La réaction résorcinique y a été fai-
blement constatée.
Enfin l'enduit A, très mince et peu homogène, rappelle assez bien, au microscope,
les enduits très adhérents et très résistants aux dissolvants que présentent les vieilles
bouteilles de vin, mais il n'a pu être autrement identifié.
De renscmlde de ces constatations, nous concluons que le récipient remis
par M. Courteault renfermait originellement du vin qui a probablement
abandonné, sur les parois du vase, des traces de sa matière chromotannique,
plus ou moins complètement recouverte de carbonate de chaux et qui a laissé,
en outre, déposer des grains très nets et caractéristiques de crème de tartre.
Ces grains, primitivement adhérents, ont dû, vraisemblablement, être désa-
grégés par le lavage sommaire du récipient, fait, lors de sa découverte, k
l'insu de M. Courteault, et se sont ensuite détachés facilement après des-
siccation.
l'i32 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE. — Action de l'ozone sur l'oxyde de carbone. Note de
M. P. Clausmax.v, présentée par M. Armand Gautier.
M. Bcrthclot ('), en soumettant à l'action des effluves électriques un mé-
lange d'oxygène et d'oxyde de carbone, avait observé que ce dernier gaz était
presque totalement transformé en acide carbonique.
D'autre part, Remsen et Southvvorth (^) firent passer de l'oxvgène ozo-
nisé et de l'oxyde de carbone, préparés chacun séparément, dans des ballons
exposés au soleil, puis dans de l'eau de chaux. Cette dernière ne s'étant pas
ti'oublée, même après un assez long passage des gaz, ils conclurent que
l'ozone était sans action sur l'oxyde de carbone.
Nous avons répété cette même opération en remplaçant l'eau de chaux
par de l'eau de baryte et nous avons obtenu presque immédiatement un
abondant précipité formé de carbonate do baryte et d'une faible quantité
de bioxyde de baryum.
L'action de l'ozone sur l'oxyde de carbone se compliquant de l'inlluence de leffluve
dans les expériences de Berthelol, et de la production de peroxydes quand on opère
en présence de chaux ou de barvte. nous avons dû opérer d'une autre façon.
Des luhes de verre parfaitement lavés aux acides, puis dans un courant d'eau pro-
longé et dans l'eau distillée, ont été fermés à une extrémité et étiré en canal étroit à
l'autre bout.
Ces tubes après dessiccation sont remplis d'oxygène ozonisé et d'oxyde de carbone,
préparés séparément. L'oxygène, avant de passer dans l'ozoniseur, ainsi que l'oxyde de
carbone, sont lavés à la potasse, à l'hj'drate de baryte humide; un dernier laveur à eau
de baryte ne se trouble pas. Lorsque les tubes de verre sont pleins du mélange des
deux gaz, on fait arriver dans la partie étirée un peu d'oxygène pur et l'on scelle d'un
coup de chalumeau.
Des tubes secs ainsi préparés et remplis de gaz secs (sur l'^O^) ont été
exposés sur le toit de la Faculté de Médecine à la lumière du jour. Nous
avons ensuite dosé l'acide carbonique formé, après destruction préalable
de l'ozone résiduel par passage sur le mercure. Nous avons trouvé, pour
des mélanges à volumes égaux d'oxyde de carbone et d'oxygène ozonisé
(') M. Bertiielot, Comptes rendus, t. LXXW'lil, 1879, P- ^o-
(-) Hemse.n et SoiJTiiwoRTH, D. cliem. Gesell.. t. VUI, p. \'\\!\.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l333
(oxygène contenant 200'°*^ d'ozone environ par litre), les nombres snivanls :
CO- formé
pour 100 d'oxygène
lolfll (ozone compris ).
Après 1 heure 3o iniiuiles o
1) 8 heures 0,7!
» ajours 1,35
» 8 jours 2 , 83
Un tube conservé à l'obsctirilé a donné :
Après 8 jours 0,88
Tous ces tubes, restés à la lumière ou à l'obscurité, contenaient encore,
même après 8 jours, de l'ozone.
D'autres tubes ont été remplis d'oxygène ozonisé et d'oxyde de carbone,
mais légèrement bumides; exposés à la lumière du jour, ils ont donné :
CO^ pour 100 d'oxygène
tolal (ozone compris).
Après 7 lieuies 2,5o
Après I jour 3,67
On constate encore dans ce cas que ces tubes contiennent, après un jour,
de l'oxygène ozonisé.
De ce qui précède il résulte :
i'' Que l'oxyde de carbone est directement transformé en acide carlm-
nique par l'ozone;
2" Que la lumière active cette oxydation, sans doute en activant la dé-
composition de l'ozone, mais qu'elle n'est pas absolument nécessaire;
3° ()u'une trace d'bumidité favorise cette réaction.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le déhydrodican'acrol. Note de MM. H. Cousin
et H. Hkuissey, présentée par M. Kmile Jungfleiscb.
Nous avons décrit antérieurement ( ' ) une métliode simple et avantageuse
de préparation du ditbyinol, consistant essentiellement à faire agir une solu-
tion diluée de perchlorure de fer sur une solution aqueuse et froide de
(') Comptes reiulits^ l. C.KLVI, 190S, p. 293; Journ. de Pharrn. et de Cliiin.,
6" série, t. WVII, 1908, p. 220; Bull. Soc. chiin., 4" série, t. III. 1908, p. 585.
l334 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lliymol ; dans le présent travail nous avons utilisé une méthode analogue, en
vue de préparer, à partir du carvacrol, l'isomère correspondant du dilhy-
mol (ce dernier serait plus exactement appelé dé/nr/roflil/iyrnol), c'est-
à-dire le déltydrodicarvacrol.
Dianine (') a déjà obtenu ce corps, au moins à l'état impur, en traitant
le carvacrol par l'alun de fer, suivant un mode opératoire semblable à celui
qui lui avait permis de préparer le dithymol; il l'appelait ^-dilhymol ; il
avait reconnu que ce corps agissait sur le chlorure de benzoyle, en donnant
un composé qui, sous l'action d'une solution de potasse alcoolique, se dé-
composait en fournissant du [i-dithymol et de l'acide benzoïque. L'analyse
élémentaire du [i-dithymol n'a d'ailleurs pas été faite par Dianine, non
plus que celle du dérivé benzoyle et l'étude de ces produits n'a pas été
poursuivie, sans doute à cause de la difliculté qu'a eue l'auteur à préparer
ces corps en quantité suffisante et dans un état de pureté convenable.
Prcparalion et propriétés du déliydrodicarvacrol. — On obtient facilement le dé-
liydiodicarvacrol de la façon suivante: on ajoute à loo' d'eau distillée .'|0'°'' de car-
vacrol préalablement dissous dans 4oo''"'' d'alcool à 93°; on agite fortement et l'on liltre
sur un papier mouillé. La solution ainsi obtenue est additionnée de 3oo""' de solution
officinale de perclilorure de fer (à 26 pour 100 de Fe-Cl') et le tout est abandonné au
repos pendant une dizaine de jours (< = iS^-iS"). Aussitôt après l'addition du perclilo-
rure de fer, il se fait un trouble ne tardant pas à se résoudre en un précipité blanc
jaunâtre qui, examiné au microscope, apparaît en grande partie cristallisé en longues
aiguilles. Le précipité recueilli après lojours, lavé, essoré et séché à 35°, pèse en-
viron 2ob'-23B. On le traite, de préférence encore humide, par une solution alcaline faible
(lessive des savonniers, 100™'; eau, q. s. pour 2000'"''). On filtre el l'on additionne la
solution d'acide acétique, qui précipite le déhjdrodicarvacrol dissous, sous forme de
llocons blancs devenant rapidement cristallins. Ce dernier est lavé à leau, essoré et
séché; on en obtient environ 8» en parlant de /|0'''"" de carvacrol, soit sensiblement
20 pour 100. On le fait recrislalliser en le dissolvant à froid dans l'alcool à 95° (1 5'"'' pour
rs de produit ); la solution alcoolique filtrée est chaufTée au bain-marie, puis addi-
tionnée de son volume d'eau : par refroidissement, le déhydrodicarvacrol cristallise en
longues aiguilles soyeuses, enchevêtrées en amas cotonneux extrêmement légers.
Il contient ainsi 2'""' d'eau de crislallisalion. Préalablement desséché, il fond à
i()5°-i66°. Il est insoluble dans l'eau, très soluble dans l'alcool et l'éther, niûins
-iiluble dans le chloroforme et l'acide acétique cristallisablc. très peu soluble dans
lillier de pétrole, facilement soluble dans les lessives alcalines concentrées ou diluées.
La crjoscopie a donné les résultats suivants : M nr 39 x J-j-j-"-)! — 293 (acide acé-
li |ue 47'"'i 4o; substance anhydre o«, 52 1.') ; A =r o", 1 '|6). Calculé pour C-''II-''0"= 298.
(') Jottrn. Soc. chiiu. russe, t. XIV, iS8>. p. i/ti-
SÉANCE DU 23 MAI I9IO. l335
L'analyse élémentaire a donné : C = 8o,6o; H=:9,24 (substance, O", 1^60;
C0% o5,43i5; H^O, os,£2i5). Calculé pour C-»H"0- : G = 8o,53; H = 8,72.
Le déhydrodicaivacrol ne donne pas de coloration avec Fe^Cl" bien que contenant
des groupements pliénoliques libres, puisqu'il est soluble dans la soude et fournil
facilement des élhers dont certains sont décrits ci-dessous. Ses propriétés conduisent
à la formule
(OH^C ,(CH^)(.)
(2) H0-^H'-C»-C''H^^0H(2)
(4) (H^C)2 = HC^ \CH = (CH3)2(4)
DimélhyldéhjdrodicarvacroL — Cet élher a été obtenu en faisant agir le sulfate
de méthyle sur le déhydrodicarvacrol dissous dans la soude étendue.
Convenablement purifié, il se présente sous forme de petits prismes incolores. 11 se
ramollit à 98°^ mais ne fond définitivement que vers 110°. Il est insoluble dans l'eau,
assez soluble dans Talcool froid, très soluble dans l'étlier, la benzine et le chloro-
forme.
Diacetyldéhydrodhcan'acrol. — Il a été obtenu par action de l'anhydride acétique
en présence d'acétate de sodium fondu. Il se présente sous forme de cristaux lamelleux
blancs ou d'aiguilles aplaties. Il se ramollit vers 169° et fond complètement à 182°-! 83°.
Il est insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool surtout à chaud, très soluble dans
l'élher, la benzine, le chloroforme et l'éther de pétrole. Son indice de saponification a
été trouvé à 294,9 (calculé pour C-^IF'O* = 293).
Dibenzoyldéhydrodicarvacrol. — On l'a préparé par action du chlorure du ben-
zoyle sur le déhydrodicarvacrol, en liqueur alcaline. Il cristallise en longues aiguilles
prismatiques, incolores. Il se ramollit à i82''-i83° et fond complètement vers i85°. Il
est très peu soluble dans l'alcool, même à chaud, assez soluble dans l'élher, la benzine
et le chloroforme. Son analyse élémenlaire, ainsi que celle des éthers précédents,
conduisent à des chilTres tout à fait satisfaisants.
En résumé, ce travail a surtout pour résultat l'acquisition d'une méthode
simple et facile de préparation du déhydrodicarvacrol. Des recherches
spéciales nous ont montré que, contrairement au processus observé avec le
thymol, le déhydrodicarvacrol ne saurait être obtenu par action du ferment
ovydant des champignons sur le carvacrol. La méthode que nous avons in-
diquée pour la préparation du déhydrodiisoeugénol (') n'est pas applicable
non plus dans le cas présent; on obtient alors, comme avec le ferment oxy-
dant, un produit d'oxydation insoluble dans les lessives alcalines, soluble
(') Comptes rendus, l. CXLVII, 1908, p. 247; Journ. de Pliarm. t't de Cliim.,
t. \XVIII, 1908, p. 193.
C. [?., 1910, I" Semestre. (T. lôO. N" 21.) l^^
l336 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dans l'éther, précipitable de ses solutions élhérées par l'alcool fort, tout
à fait différent, en un mot, du déhydrodicarvacrol, dont nous avons décrit
les principales propriétés.
CHIMIE ORGANIQUE. — Cetones déi-ivées de l'acide benzoïqiie et de
l'acide phénylacélique . Note de M. J.-B. Senderens, présentée
par M. G. Le moine.
Ces cétones ont été préparées par le procédé calalytique que j'ai fait
connaître ('), et dont je poursuis, sur d'autres acides, les applications.
On connaît quelques-unes de ces cétones, mais sauf de rares exceptions,
leur défaut de pureté résultant des difficultés de la préparation avait conduit
à des constantes physiques inexactes, et l'on ne possédait que très peu de
données sur leurs combinaisons caractéristiques. J'ai préparé les oximes et
les semicarbazones en chauffant la solution de la célone dans l'alcool à 85°,
avec les chlorhydrates d'hydroxylamine ou de semicarbazide en présence de
l'aluminate de soude pur. Cette méthode, dont les détails seront exposés
dans un autre recueil, m'a donné les meilleurs résultats.
Toutes ces cétones ont une odeur aromatique généralement agréable;
elles sont insolubles dans l'eau et très solubles dans l'alcool.
I. — Cétones dérivées du mélange de l'acide benzoïque
AVEC UN ACIDE GRAS.
Leur mode de préparation a été déjà décrit (-); j'ai étudié les suivantes :
Acélophénone C II* — CO — CH' rnrthylphénylcélone. — Je l'ai oblenue en lamelles
parfaîlemeni blanches, fusibles à 19°, 5, présentant le pliénomène de surfiision, qui leur
permet de rester liqnides dans la glace fondante. Elle bout à 201", 5 (corr.) sous 746""°.
Sa densité d\'' =:z i,o3o. Son oxime fond à 38°, 5 et sa pliénylhjdrazone à io5°.
Ces diverses constantes sont sensiblement identi(jLies à celles déjà attribuées à celle
célone qu'on obtenait le plus facilement et qui a été la mieux étudiée.
Propiophénone G" FF — CO — CH^ — CtP. Élhylphénylcéto/ie. — Celte célone
étail ilécrile jn>(|u'ici comme un /ic/iiic/c ixntillanl à iio", ce qui est inexact.
(') Comptex rendus^ t. CXLVIII. p. 927; t. CXLIX, p. 2i3 et 995 ; t. ioO, p. 111
et 702.
(') Comptes rendus, t. 150, p. 111, 10 janvier 1910.
SÉANCE DU 23 MAI I910. l'M"]
Je l'ai obtenue sous la forme de lamelles blanches, fusibles à i^'',5, présentant le
phénomène de surfusion, mais cristallisant en masse dans la glace fondante. Elle bout
à 2i5° (corr.) sous 746™™- Sa densité d\^ ^ i ,008.
Son oxline cristallise en prismes fusibles à 54°.
Propylphénylcétone C«H= — CO — GH^ — CH' — CH\ — Elle se trouve décrite
par les auteurs comme un liquide se colorant à l'air, bouillant à 2i8"-22i" d'après
PopolT, à 220°-223° d'après Schniidt, et ne se solidifiant pas à — 20".
J'ai obtenu cette cétone à l'état cristallisé, dans la glace fondante, en y ajoutant un
cristal d'acétophénone ou de propiophénoue. Elle se présente alors sous la forme de
lamelles blanches, fusibles à 8°, 5, bouillant à a^g" (corr.) sous 7:^6™™. Sa densité
c?° := 1 ,001.
Son oxime cristallise en aiguilles fusibles à 48''-
Isopropylphénylcétone O'IV' — CO — CH-. „.,j- C'est un liquide légèrement jau-
nâtre qui bout à 330° (corr.) sous 746™". Sa densité c?J=r 0,999. PopofT la faisait
bouillir à 209"-2i7° etCiaus à 22o°-222°.
Son oarime, cristallisée en prismes, fond à 58° (à 61° d'après Clans).
/GH'
Isobiity/phénylccHone C^H^ — CO — CH^ — CIK „.,j' D'après Claus, c'est un li-
quide bouillant à 225°-226° et fournissant une oxime fusible à 74°.
J'ai trouvé pour le point d'ébullilion de cette cetone 286", 5 (corr.) sous 764™"'. Sa
densité dl ^0,986.
Son oxime cristallise en fines aiguilles fusibles à 64°, 5.
II. — Céto'e dérivée de l'acide phénylacétique employé seul.
Dibenzylcétone C'H^ — CH^ — CO — Cil- — C°H^. — J'ai signalé (') la présence
de cette cétone dans la catal3'se du mélange d'acide phénylacétique avec les acides
gras. Elle s'obtient facilement et avec qn rendement théorique en faisant passer sur la
thorine les vapeurs d'acide phénylacétique, à une température de 43o° qui peut être
portée jusqu'à 47°°, sans décomposition notable de la cétone.
Elle se présente sous la forme de très beaux prismes incolores, fusibles à 33° et
bouillant à 829° sous 753™™. Ces constantes se rapprochent de celles de Sydnej-Young
(fus. 33°, 9; ébull. 33o°. 5), tandis que Popoff faisait fondre cette cétone à 3o° et
bouillir à 32o°-32i°.
Son oxime fond à 118" (à 119°, 5 d'après Rattner).
J'ai obtenu, en outre, à l'étal cristallisé, sa phéiiy Ihydrazone qui fond à 121° et sa
semicarbazone qui fond à i33°.
') Comptes rendus, t. 150, i4 mars igiû, p. 704.
l338 ACADÉMIE DES SCIENCES.
III. — CÉTONES dérivées du mélange d'acide PHÉNYLACÉTIQUE
ET d'un acide gras.
Les deux premieis larmes de la série a\ aient été signalés. La préparation des o\imes
a donné des produits huileux, incrislaliisaliles; mais j'ai oljlenu très liien cristallisées
toutes les semicarbazones et deux phénylliydrazones.
Méthylbenzylcétone : C H° — CH'— CO — CH'. — Liquide incolore, bouillant
à 216°, 5 (corr.) sous 755"™. Sa densité <iJ=i,oi9. On connaissait sa phénylliydra-
zone fusible à 83°, aiitsi que je l'ai vérifié. Sa semicarbazone se décompose dès i65°,
et se détruit rapidement, sans fondre, vers 180°.
Eiliylbenzylcétone : CH^ — CH- — CO — CH- — CH^ — Liquide incolore qui bout
à 280° (corr.) sous ySS'"'^ (à 223°-226'' d'après Popoif). Sa densité dl^ï,oo2. Sa
semicarbazone fond à i35°,5.
Propylbenzylcétone : CH»- CH^— CO - CH^— CH^— CH'. - Liquide incolore
bouillant à 1t^[^° (corr.) sous 760™"'. Sa densité (^^ = 0,984. Sa semicarbazone îonA
à 82°.
/CH^
Isopropylbenzylcétone : CH* — CH^— CO — CHcf pit^- — Liquide incolore bouil-
lant à 287° (corr.) sous 760™". Sa densité f/^ = 0,985. Sa semicarbazone fond à 126°,
en se décomposant légèrement.
Isobulylbenzylcctone : CH* — CH'' — CO — CH' — CH<r p„j. — Liquide incolore
qui bout à 2500,5 (corr.) sous 760""°. Sa densité c?J =10,969. Sa semicarbazone fond
à 80°. La phénylàydrazone cristallise en aiguilles jaunes fusibles à 67°.
CHIMIE ANALYTIQUE. — Détermination de la provenance d'un naphte
ou de ses dérivés. Note (') de M. N. Chercbeffskv, présentée par
M. A. Haller.
La détermination delà provenance d'un naphte ou de ses dérivés raffinés
importés peut être effectuée en coordonnant les caractères des distillats
obtenus par fractionnement au r^ (en volume) du produit examiné, les
observations étant faites sur les fractions distillant au-dessous de 3oo'^ (la
présence de produits de dissociation élève le point d'ébuUition et l'indice de
réfraction).
(') Présentée dans la séance du 17 mai 1910.
SÉANCE DU 2J5 MAI 19IO. l339
Les observations à faire sont :
1. La densité des fractions, qu'on ramène à la température noriviale de i5°C.
2. Le point d'éhullition, ([u'on obtient en admettant que la moyenne des tempéra-
tures entre lesquelles distille une fraction est le point d'ébuUition correspondant à la
densité de cette fraction. La courbe des densités en fonction des températures d'ébul-
lition (courbe d'origine) permet l'évaluation par interpolation du point d'ébuUition
correspondant à une densité donnée et vice versa.
3. L'indice de réfraction complétant les indications précédentes. Cette constante
comporte une proportionnalité avec la densité, car les courbes de réfraction en fonction
des densités sont presque des droites.
Les courbes de réfraction en fonction des températures sont par contre aussi carac-
téristiques que les courbes dites d'origine.
k. Uindice de solubilité, déterminé d'après la méthode de Riche et Halphen, mais
en opérant sur un volume (aS"^""' par exemple) qu'on ramène par calcul à ioo<'"''au lieu
d'un poids (4^) comme les auteurs l'ont prescrit à l'origine. Ce mode opératoire est
plus expéditif et plus précis. De plus, limité par les auteurs aux provenances russe et
américaine, le procédé a été étendu par nous aux. autres provenances.
5. Température critique de dissolution, ou température à laquelle une solution
d'un produit dans un dissolvant approprié (nous avons adopté C'H''01I à 96", 5), ob-
tenue par chaulTage à volumes égaux en tube scellé, jusqu'à limpidité, se trouble par
refroidissement.
6. Température de trouble ou température à laquelle une solution d'un produit
dans un dissolvant approprié (nous avons adopté l'anhydride acétique), mélangés préa-
lablement à volumes égaux et chauffés en tube ouvert jusqu'à limpidité, se trouble
par refroidissement.
7. L'indice d'iode, permettant de constater la présence de carbures de dissociation
(cracking) préjudiciables au rendement photométrique et des distillats pyrogénés du
schiste, boghead, etc.
A l'aide de Tableaux de caractères moyens, on est rapidement orienté au
point de vue de la provenance, et, si Ton dispose de Tableaux régionaux, le
produit exaininé peut même être localisé.
Les exemples cités sont limités aux densités de 0,780; 0,800; 0,820 et
aux températures de iSo", 200", aSo" et aux provenances importées : améri-
caine, russe, roumaine, galicienne, schiste.
Nous avons dressé un certain nombre de Tableaux complets (densités
variant de 0,010), cjue nous nous proposons de publier. Les Tableaux
suivants résument quelques exemples d'observations basées sur les caractères
énumérés et représentent les moyennes de nombreux essais de différentes
l34o ACADÉMIE DES SCIENCES.
régions de chaque provenance :
I. — Caractères distinctifs en fonction des densités.
Température
Indices
Températures
critique
ae rcjractio,
des tempe
Température
ri a iD°L.. en
ratures d'éb,
Jonction
ullilion.
Indice
d'obiillition
—
de dissolution
de trouble
d'ébullilion
de
Densité
en degrés
de réfraction
de
en degrés
en degrés
en degrés
Densité
réfraction
l'rovenniirc.
à i5'C.
cenli};rades.
à i5°C.
solubilité.
centigrades.
centigrades.
centigrades.
à.r.°c.
à i5"C.
Américain. .
. 0,780
•9'
1,4345
93
5o
78 , 5
l5o
0,754
I ,42o3
»
800
227
453
'.'7
68,5
91
200
785
372
»
820
266
564
,54
87
io4,5
2 5o
811
5i5
Russe
0,780
i58,5
1,4309
75
36
66
l5o
0,775
1,428a
»
800
182
419
85
47.5
72
300
812
488
»
820
219,5
533
92
60
limpide
79.5
i
25o
84a5
670
Roumain . . .
0,780
i53
1,4334
73
à la
température
ambiante
(.
i5o
0,7785
1,4324
» . . .
800
•79
458
79.'^
3o
57
200
8i4
538
» . . .
820
207 ,5
572
90,5
42
63,5
25o
861
799
Galicien. . . .
0,780
i6fi
1,4356
74
3i
60
i5o
0,7665
1,4278
»
800
202
466
94
53
75,5
200
799
460
» ....
820
242
586
125,5
72,5
89,5
25o
824
610
Scliisle
0,780
167,5
1,4373
74
3i
54,5
i5o
0,766
1,4302
»
800
198
469
92,5
42,5
63
200
801
474
«
820
227,5
568
109
54
7'
25o
835
883
8. Indice d'iode. — Cette constante est variable suivant la teneur en
hydrocarbures inicoinplets, par conséquent fonction du dcijré de pyro-
génation. A titre d'indication :
L'indice d'iode du raffiné américain contenant des produits de dissocia-
tion (cracking, moyen) varie de 20 a 25; l'indice d'iode des produits du
schiste varie pour les essences de ^5 à iio; pour les lampants, de 65 à yS.
Pour les dérivés normaux du naphte, l'indice d'iode oscille entre o et 7.
Remarque. — Pour les huiles de graissage nous poursuivons notre travail,
mais dès maintenant nous pouvons mentionner un exemple pour préciser
la partie à tirer des procédés précipités :
Huiles
russe (à broches). américaine ( à cylindres).
Densilé à i5''C 0,894 0,891
Indice de réfraction à i5'>C i,48S8 i,495o
Température critique de dissolution. iSo^C. I94''C.
Degré d'inflammabilité (Luchain)... igS^G. 255°G.
Congélation Iliiide à — r^^G. solide à o'C.
SÉANCE DU 23 MAI 191O. l34l
Enfin, pour la recherche de la paraffine dans la ccrésine, notre méthode
guide sûrement l'essai. Les exemples qui suivent précisent notre pensée :
Paraffine 3RB Paraffine 4K Cérésine
(pétrole). (schistes). (ozokérite).
Point de solidification (tube capillaire). 5^'',7 47°>6 66°, 9
Indice de réfraction à ioo°C i,4'85 i,4i6i r,4268
Température critique de dissolution. .. . 148" i4i° 172°, 5
Solubilité dans CS^ à i5° (pour 100'^'"'
de solution saturée) '19,07 34", 65 1,97
Indice d'iode o,3 0,1 o,5
Conclusion. — Par rapprochement des résultats observés par les divers
procédés, on constate qu'ils permettent non seulement de déterminer
l'oiigine d'un naphte ou de ses dérivés, mais la composition approximative
des coupages commerciaux. -
CHIMIE ORGANIQUE. — Condensation de l'étlter oxalique avec l' éther Iricar-
ballylique. Note (') de M. H. Gault, présentée par M. A. Haller.
L'élher oxalique, en présence d'éthylate de sodium sec, se combine molé-
cule à molécule à l'éther tricarballylique en conduisant à un mélange à'éther
monoxaltricarballylique et àHélher dicètopentaniéthylène-{cyclopenlanedione)-
tricarbonique . Les proportions respectives de chacun de ces éthers dans le
mélange varient avec les conditions dans lesquelles on effectue la conden-
sation.
L'étude de l'élher monoxaltricarballylique devant former l'objet d'une
communication ultérieure, je me bornerai à exposer dans cette Note le
résultat de mes recherches concernant l'éther cyclopentanedionetricar-
bonique.
Ce composé, qui s'obtient avec un rendement d'environ 70 pour 100, a
été déjà préparé dans des conditions différentes par Wislicenus (-). Il fond
à 127° (au lieu de i23°), colore le perchlorure de fer en rouge violacé et
fournit facilement une diphéuylhydrazone et une disemicarbazone.
La constitution de cet éther peut être vérifiée à l'aide d'une propriété
commune à tous les dérivés oxalacétiques : l'acidité de l'atome d'hydrogène
(') Présentée dans la séance du 17 mai 1910.
(') Wislicenus et Schwaîihauseb, Ànn., t. CCXCVII, p. io5.
l342 ACADÉMIE DES SCIENCES.
énolique. Celle acidité est telle que la plupart de ces composés se laissent
titrer facilement en présence de phénolphtaléine, à condition d'observer
certaines conditions sur lesquelles j'aurai l'occasion de revenir dans une
Communication prochaine. Dans le cas du composé qui nous occupe, en
particulier, un simple titrage, révélant l'existence de deux hydrogènes
acides dans la molécule, permet de lui attribuer la formule suivante :
HO — C- — C-OH
C{C00C^H5)— .CH(C00G°-H5 — C(COOC^H^
L'éthcrcyclopcnlanedionetricarboniquese laisse 1res facilement saponifier
par l'acide chlorhydrique étendu à l'ébuliition, contrairement aux indica-
tions de Wislicenus (') qui insiste sur l'impossibilité de saponifier ce
composé, soit par les alcalis, soit par les acides étendus à l'ébuliition.
Suivant les conditions dans lesquelles on se place, on peut obtenir deux
produits différents. l*]n arrêtant la saponification dès que la dissolution du
produit primitif est complète, ce qui correspond à peu près au dégagement
d'une molécule d'acide carbonique, on oblienl, par évaporation de la solution
chlorhydrique au bain-marie dans le vide, Véther acide cëlopenlanedione-
dicarboniqite
CO GO
CH- — GH(COOH) — CH(COOC^IF)
sous forme d'une huile épaisse qui, abandonnée à elle-même, ou mieux,
redissoute dans une petite quantité d'acide acétique à chaud, se prend en
masse par refroidissement. Le produit obtenu est très soluble dans l'eau et
l'alcool, peu soluble dans l'éther et l'éther acétique, insoluble dans le
benzène et l'éther de pétrole. 11 fond à i 3^°, colore le perchlorure de fer en
rouge violacé et fournit facilement une diphénylhydrazone recristallisant
dans l'alcool [fus. : igo° (décomp.), par projection sur le bain de mercure] et
une disemicarbazone recristallisant dans l'eau bouillante. Ce composé, titré,
est monoacide à l'hélianthine, diacide à la phénolphtaléine. On peut donc,
d'après la propriété des dérivés oxalacéliques que j'ai signalée au début de
cette Note, lui assigner la formule de constilulion suivante, vérifiée d'autre
part par l'analyse et celle de ses dérivés :
CO C-OH
CYi} — CH(COOH 1 — C(COOC^H\
(') Wislicenus et Sciiwanhaûser, Ann., t. CGXCVll, 1896. p. 107.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l343
En prolongeant, au contraire, la saponification chlorhydrique jusqu'à
cessation du dégagement gazeux, ce qui correspond au départ de deux molé-
cules d'acide carbonique, on obtient, par évaporation de la solution rési-
duelle au bain-marie dans le vide, un produit se prenant instantanément en
masse et qui n'est autre que l'acide cyclopentanedionemonocarbonique. Ce
composé, très soluble dans l'eau et l'alcool, peu soluble dans l'éther et
l'éther acétique, insoluble dans le benzène et l'éther de pétrole fond à 137"
(le mélange avec Fétlier précédent fond à 112°) et colore le perchlorure de
fer en rouge, mais plus faiblement que les produits précédents. Il fournit
également une dipbénylhydrazone [fus. : 220" (décomp.), par projection sur
le bain de mercure] et une disemicarbazone, hygroscopique, recristallisant
dans l'eau bouillante. Le titrage de cet acide à l'hélianthine ne donne pas de
résultats, le virage étant incertain. A la phénolphtaléine, au contraire, il
indique dans la molécule T'existence de deux fonctions acides. Sa solution
aqueuse, d'autre part, décolorant instantanément le permanganate de
potassium à froid et réduisant le nitrate d'argent ammoniacal, on est
conduit à lui attribuer la formule de constitution suivante, analogue à celle
indiquée par Dieckmann pour la cyclopentanedione,
CO C — OH.
CH-CH(COOI1)-CI1
.lai Tintention d'étendre ces recherches aux homologues de l'éther tricar-
ballylique et à un certain nombre d'éthers tribasiques, en particulier à
l'éther citrique.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle s,ytilhèse de i érylhnte naturelle et
de l'érythrite racérnique. Note de M. H. Pariselle, présentée par
M. A. Haller.
Dans une précédente Communication sur le butane-triol (' ), j'ai indiqué
la préparation de l'épibromhydrine
CH^— CH — CH'-CH^Br.
O
(') I'ariselle, Comptes rendus, t. CXLIX, p. 290.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 21.) I76
l3/|/i ACADÉMIE DES SCIENCES.
(Je corps cliaulîé avec de la potasse pulvérisée m'a donné, après rectifica-
tion, un licjuide présentant les caractères des oxydes d'éthylène et des corps
cthyléniques. Son étude fera l'objet de la présente Note.
Oan-i.2, buténe-'5.[\
GI1=— Cii — OU = CtP.
\/
o
C'est un liquide incolore, très mobile, dont l'odeur rappelle celle de son
isomère l'iiydi'ofurfurane. Voici quelques constantes physiques de ce corps
(point d'ébullilion, 70" sous -60'"'" ) :
d„ o , 9006
d, 0,87
«iV 1 ,4i6
R„, r. . 20,10
Calnulé 19>72
A partir de cet oxyde, j'ai pu, en suivant les indications de M. Lespieau,
préparer l'érythrol non encore obtenu synlhétiquemcnt et ultérieurement
les deux érythrites inactives.
BuTÈNE-DiOL OU ÉRYTHROL CH-OHCHOHCH :=CII"-. — En agilani ro\ybulène avec
de l'eau additionnée de quelques gouttes d'acide sulfurique, il se produit un grand
dégagement de chaleur. La réaction calmée, le tout est chaufFé pendant plusieurs
heures dans un appareil à reflux. Il se forme sur les parois du ballon un produit solide
provenant de la polymérisation d'une partie de J'oxyhuténe. La solution aqueuse,
débarrassée de ce solide, est distillée dans le vide.
Après rectification, j'ai obtenu un lic[uide sirupeux, distillant à 91 "-93°
sous 12"^"'.
Tj'érytlirolqu'Henninger (' ) avait obtenu à partir de l'érytluite naturelle
bouillait à 196" sous 760""".
'/u i-o5
"11' 1,469
R,„ 23,34
Calculé 23, 16
C^c g'iycol chaufl'é en tube scellé avec de l'isocyanate de phényle, dans les
proportions de i"'"' de glycol pour 2"*°' d'isocyanate, m'a donné une diuré-
tliane[iNHC«H'CO^]=C'H'' fondant à 12^-^26".
(') llKNMXii.R, Aiin. dr Chim, el de J'hrs., 6'' série, l. \'I1, p. 21 3.
J
SÉANCE DU 2.3 MAI 1910. - 13/(5
Érylhrite naturelle. — Par fixation de deux oxhydriles sur ce bulène-diol
je devais retomber sur rérytliiile.
M. Lespieau, à qui Ton doit une synthèse de l'érythrite naturelle ('), ayant employé
ayec succès le permanganate de baryum, j'ai utilisé ce sel de préférence au perman-
ganate de potassium.
l'ans la solution aqueuse de l'èrythrol, maintenue constamment à une température
inférieure à 0°, on fait tomber goutte à goutte une solution de permanganate de ba-
ryum à T pour 100. Après filtration, la barvte est précipitée par l'acide sullurique.
L'eau est chassée par ébullition dans le vide.
J'ai obtemi ainsi un liquide épais qui a d'abord laissé déposer des cristaux
d'oxalate de manganèse
r=0'Mn + 3iP0.
Le sirop restant, après introduction d'un germe d'érytlirite naturelle, a
été placé sous une cloche à vide pendant 1 5 jours. Au bout de ce temps la
niasse contenait une grande quantité de cristaux. Le tout étendu sur des
assiettes poreuses a laissé déposer un solide blanc qui, après cristallisa lion
dans l'alcool bouillant, fond à i iG^-riH". C'est Térythrite naturelle.
Je l'ai caractérisée par son acétal dibenzoïque préparé d'après la méthode
de Fischer Ç). L'érythrite dissoute dans l'acide chlorhydricjue est agitée
.avec de l'aldéhyde benzoïque. L'acétal obtenu fond à 200° (non corr. ).
Érylhrile racémique. — Les assiettes poreuses qui avaient absori)é le
liquide englobant les cristaux ont été pulvérisées puis épuisées à l'eau bouil-
lante. L'eau ayant été chassée par ébullition dans le vide, il est resté un
sirop qui, étendu d'acide chlorhydrique et agité avec de l'aldéhyde ben-
zoïque, s'est pris en une masse cristalline.
Ce corps dissous dans une grande quantité d'alcool bouillant, cristallise
par refroidissement sous la forme d'aiguilles soyeuses fusibles à 2i7°-2i9"
(non corr.). Il est identique, par sa composition, sa forme et son point de
fusion, à l'acétal dibenzoïque de l'érythrite racémique dont la découverte
due à M. Griner (■' ) a été confirmée par les recherches de MM. Bertrand et
Maquenne ( ' ).
(') Lespieau. Comptes rendus, t. CXLI\ . p. i^ô.
(-) Fischer, Ber. cl. deulsch. chem. G., t. XW'II, p. 1024.
(') Gri.n'er. Comptes rendus, t. CXVII, p. 553.
(*) Bertrand et Maqienne, Bull. Soc. chim., i' série, t. XXV, p, 743.
l346 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'obtention simultanée des deux érythrites, à partir du butène-diol,
montre que la fixation des deux oxhydriles sur la double liaison s'est faite
suivant les deux modes que la théorie permettait de prévoir.
THERMOCIIIMIE. — Chaleur de fixation de l'acide hromhydrique de quelques
composés èlhy Uniques. Noie de MM. W. Lougci.vixe et G. Dupont, pré-
sentée par M. Emile Jungfleisch.
A. Berthelot (') a déterminé la chaleur de fixation des hydracides sur
Famylène, par l'action, sur le carbure, d'une solution aqueuse d'hydracide.
Cette méthode présentait une forte imprécision tenant, surtout, à la faible
traction du carbure entrant en combinaison et à l'impossibilité de déter-
miner, avec exactitude, cette fraction.
Amenés, comme suite naturelle des travaux de l'un de nous(-) sur la
chaleur d'addition du brome à quelques composés éthyléniques, à étudier
la chaleur de fixation de l'acide hromhydrique sur ces mêmes corps, nous
avons cherché une méthode de détermination plus précise que celle de Ber-
thelot. Nous sommes arrivés à des résultais satisfaisants en remplaçant
simplement, comme solvant des hydracides, Teau par le xylène. Les avan-
tages de cette substitution sont multiples : i° le milieu est homogène et, par
suite, la réaction est plus régulière et rapide; 2° le dégagement de chaleur
osl plus fort pour une même quantité d'acide combiné, car la chaleur de
dissolution de cet acide dans le xylène est beaucoup moins forte que dans
l'eau; 3° enfin, et c'est là l'avantage le plus important, il nous a été pos-
sible, par un excès suffisant d'hydracide, d'obtenir des réactions complètes,
éliminant ainsi les erreurs de dosage de l'hydracidc combiné.
Nous étions avertis de la totalité de la réactix)n, par la constance des résultats
obtenus en se plaçant dans des conditions de concentration très différentes. Des dosages
acidimétriques venaient, d'ailleurs, contrôler ce fait avec toute la précision qu'on
pouvait attendre d'eux. Dans tous les cas dont nous nous occupons aujourd'hui les
icactions étaient pratiquement totales dès que la quantité d'acide bromliydrique était
supérieure au double environ de la quantité théorique. Les concenlrations initiales des
solutions bromliydriques étaient voisines de 8 pour 100.
Le dispositif expérimental était le suivant: le corps était placé dans une ampoule,
au sein de la solution bromhvdrique. au fond d'un vase de platine placé dans le calo-
(') BiîRTiiEi.OT, Ann. de Pliys. et de Chim., 9= série, t. V, 1876, p. 295.
(■-) W. l^oiîGiiiNiNE. Comptes rendus, t. l.ïO, 1910, p. 91 5.
SÉANCE DU 23 MAI I91O. 1 3^7
rimèlre. Un écraseur, dont la lige traversait le bouchon de caoutchouc qui fermait
hermétiquement l'appareil, permettait de briser l'ampoule au moment voulu. La
réaction était en général complète au bout de 7 à 8 minutes.
B. L'utilisation de cette méthode nous a obligés à étudier la chaleur de
(lissolulion de l'acide bromhydrique dans le xyléne. Nous avons construit la
courbe représentant la chaleur de dissolution Q de 1™°' d'acide bromhy-
drique en fonction de la concentration x de la solution. Pratiquement,
dans les limites utiles, cette quantité Q peut être représentée par la for-
mule
Q =: 6,344 — âl coco: -f- 18800OX-,
X étant le nombre de molécules d'acide dissous dans loo^ de solution. Con-
naissant la concentration initiale et la concentration finale en acide brom-
hydrique dans une expérience, il nous est aisé d'en déduire la chaleur de
dissolution de l'acide bromhydrique qui a été fixé par le composé éthylé-
nique.
G. Voici les résultats relatifs à six corps sur lesquels nos recherches
ont débuté :
Ces corps sont généralement les mêmes que ceux qui ont été utilisés pour les expé-
riences sur la chaleur de fixation du brome. Leur origine et leurs constantes physiques
sont les mêmes.
I. Styrolène. — Nous avons trouvé, dans deux expériences, idôpi^'^'et
iG6i5"'''', ce qui donne en moyenne 16653"^' par molécule-gramme pour la
réaction
OMI'- CH = CH,l„,.-h riBr,,,= C«H->— CHBr — CIl'.M,, . . .+ i66;j3"'.
II. Caprylêne. — Trois expériences nous ont donné, avec des concentra-
tions finales très différentes, iGSoi'^-'"', 16475*''''' et 16467'"'', soit, en moyenne,
16 481™' pour la réaction
C'H" — CM =: CH — Cll,]i,, + H Biv,,^ C»Hi> — CHBr — CH'' -CH' . . . + 16481'=''.'.
III. /Imj/fi^e (méthyl-2-butylène-2) ('). — Les résultats de deux expé-
riences ontété i7687''-'''et 17541''''', soit, en moyenne, i76i4™'par molécule-
(') Bf.kthelot {loc. cit.) indique iSaoo"' pour cette réaction; peut-être son carbure
n'était-il pas identique au nôtre?
\'dl\S ACADÉMIE DES SCIENCES.
gramme. La réacdon peut s'écrire
(CH')^ = C=CH-CH,L,.-+-IIBr,,.,z=(CIP)^=:CHBr-CH-— GH,^,, ...-r-i76i4<^'i.
IV. MéthYl-i-penlène-:i. — Ce corps, oblenu par désli}dratalion du
diméthylpropylcarbinol, bouillait à (34°-65°. Il nous a donné 19053''''' et
19964™', soit, en moyenne, 19008''"' par molécule-gramme pour la réaction
(CH3)2 = Gr;:CH — G^llji^^.-H H Br,,,= ( CH^ )== GBr — GIP— G'-H.fi,,. . . . ^ igooS-'.
Y. Cyclohexène . — Ce corps nous a donné pour deux expériences
16304"""' et 16280""', soit, en moyenne, 16292""' pour la réaction
C«H,1,^,. H- HBr„,= G«H"Br,L.. • • . -f- 16292"!.
^ 1. Pulëgone. — Deux expériences sur ce corps nous ont donné i(l94o''''
et 16881""', soit, en moyenne, 16 910""' par molécule-gramme pour la
réaction
G'ni'^Odiss. + IIBi-g„,= G"'H'"Br(JtIiss. .. . -i- i(J()io"'.
Tous les nombres indiqués sonl relatifs aux corps dissous dans le xyléiie. Mais ces
corps étant liquides, ainsi que leurs bromhydrates, leur chaleur de dissolution est très
faible. Par suite, les nombres indiqués représentent encore sensiblement la chaleurqui
serait dégagée par les corps pris à l'étal pur.
D. Les résultats sont jusqu'ici en trop petit nombre pour pouvoir en tirer
des conclusions précises. Toutefois, nous trouvons des nombres notablement
plus forts, lorsque la double liaison est voisine d'un carbone tertiaire, et ce
fait est lié à une plus grande vitesse de réaction. D'autre part, le cas de la
pulégone semble nous montrer que l'existence d'une fonction cétone ne
diminue pas notablement la cbaleur de fixation. Nous poursuivons ces
recherches.
PATHOLOGIE VÉGÉTALiî. — Le Plasmodiopliora Brassice Voronin,
parasile du melon, du céleri et de l' oseille -épinard. Noie de
M. Er.\est-F.-L. Marcuand.
.Jusqu'il ce jour on avait pensé ([ue l'artection parasitaire connue sous les noms de
lalndie di^itoire. i>ros-]iied, hernie du chou, niasse ('), si dangereuse en raison des
(') Dans la région nantaise, on donne à celle maladie le nom de masse; les ternies
Ae gros- pied ow liernic sont ii:norés.
SÉANCE DU 23 MAI 19IO. 1 349
dommages considérables qu'elle cause, ne se rencontrait que chez les jjlantes apparte-
nant à la famille des Crucifères. On savait que non seulement toutes les variétés du chou
commun pouvaient être atteintes, mais que les raves, les navels et les radis n'étaient
pas à Tabri de ses attaques; que des plantes telles que les Sinapis, Lepidiiim, Capsella,
Matthiola. Iberis pouvaient servir d'hôtes au Plasmodiophora Brassicœ.
Mais on ignorait que le MvKomycète découvert et étudié par Voronin. il y a
SaansC), pouvait, dans certaines conditions, infecter des plantes maraiciières de
première valeur, n'oli'rant aucune affinité avec les Crucifères, ses seuls hôtes connus.
La découverte du paiMsilisme du plasmodiuin chez les (^ucurhitacées,
les Oiiibellifères elles Polygonacées est d'un intérêt capital pour la culture
maraîchère, surtout l'intensive. Les résultats que j'expose dans cette Note
ont été obtenus à la suite d'une infection expérimentale, bien involontaire,
due à l'absolue confiance dans la spécificité non contestée des hôtes ilu
parasite et semblant conférer, jusqu'à aujourd'hui, une sorte d'immunité
aux plantes appartenant à une famille autre que celle du chou.
Le 2 mai je recevais la visite de M. Louis Cassard, propriétaire-exploitant d'une
des plus importantes cultures maraîchères de la banlieue de Nantes. M. Cassard
apportait, pour la faire examiner, une lige racinée de melon parisien (Prescoll hàtif),
présentant de nombreux, renflements et nodosités en chapelet. Ouestionné, M. Cassard
me dit que, l'automne dernier, il avait observé, dans une culture de choux-fleurs,
quelques pieds massés qui avaient été détruits; mais, cette maladie étant assez fiè-
quente chez les choux, il n'y avait pas attaché d'importance.
D'après tous les Traités de culture maraîchère et les ouvrages de pathologie végétale,
la masse ne sévissant que sur les choux et autres Crucifères, la contamination lui
semblait improbable. Il avait donc, sans la moindre appréhension, employé, pour
recouvrir le terreau de ses couches à melon, delà terre provenant de l'ancienne culture
de choux-fleurs; i5o châssis sur 1200 consacrés à la culture forcée du cantaloup pari-
sien en furent couverts.
Voyant une partie de ses melons dépérir, il éprouvait quelque inquiétude devant le
dommage causé dans ses couches et était venu nous trouver pour savoii- à quoi s'en
tenir.
Grâce aux matériaux remis par M. Cassard, des coupes multiples furent
pratiquées dans les nodosités de la racine du melon et dans le renflement
turbiné du pivot de la racine d'un jeune chou.
Ces préparations extemporanées montrèrent qu'il n'y avait malheureusement pas le
moindre doute à avoir quant à la nature de l'affection du melon ; le Plasmodiopliora
(') VonoNiN, Mittlietl : Plasmodiophora Brassic.e, Ueber der KohlplJanzen-hernie
(i'ringsheim Jahrb. Bolan., t. \I, 1878. p. 5^8-574).
l35o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Brassicœ Vor. se développait dans les tissus aussi peu résistants que succulents de
son nouvel hôte avec une luxuriance extraordinaire.
Les cellules où le plasmodium était arrivé au terme de son évolution atteignaient
une taille énorme; les spores avaient une dimension double de celle constatée dans le?
tissus du chou servant de terme de comparaison. Le jour même, M. le D'' J.-E. Che-
nantais examina les plantes, confirma la détermination et constata qu'en dehors de
l'énorme taille des cellules sporulifères, les spoies du parasite, chez le melon, atteignent
au moins dH-, tandis que chez le chou elles oscillent entre iV- et 2f^, 5; dimensions colos-
sales si on les compare à celles assignées par Voronin aux spores du Plasiiiodiophora
qu'il étudia en Russie (il^,6).
Cette difTéfence de taille lient tout simplement à la dillérence de consis-
tance du ti^su de l'hôte et au forçage de la cultufe qui le place dans des
conditions éminemment favorables au développement du parasite; absorp-
tion exagérée des racines dans un terreau riche où la chaleur et Thumidité
sont constantes.
Au cours d'une visite faite le 18 mai chez M. Cassard pour me procurer,
en vue d'expériences, une provision de racines de melons infectés, nous
découvrîmes dans un des châssis atteints delà masse quelques jeunes plants
de céleri oubliés au moment du repiquage en pleine terre, ils furent
arrachés sur ma demande et, au grand étonnemenl de M. Cassard, les racines
de rOmbellifère présentaient les déformations caractéristiques du parasi-
tisme du Plasmodiophora.
Une parelle (oseille-épinard), poussée par hasard près la paroi du
coffre, arrachée également, présenta les renflements et nodosités observés
chez le chou, le melon et le céleri.
Parelle et céleri furent sérieusement examinés au Laboratoire par
M. Chenantais et par moi. Le microscope nous montra le fait brutal : le
myxomycète, découvert par le savant russe dans les racines du chou, vit
très bien dans le céleri et l'oseille-épinard! Chez cette dernière plante, qui
semble lui offrir une plus grande résistance que le chou, le melon et le céleri,
le plasmode parasite évolue dans des conditions un peu différentes.
En présence d'un fait acquis et en raison de la facilité avec laquelle le
Plasmodiophora lirassico' change d'hôte, l'alternance des cultures intensives
et forcées devient illusoire comme moyen de défense. Dans l'intérêt delà
culture maraîchère, il y a lieu de rechercher au plus tôt un moyen pratique
de destruction des germes du parasite qui restent dans le sol sans danger
pour les plantes qu'on lui confie.
.le liens à la disposition des phytopathologistes qui voudront bien m'en
faire la demande des racines de melons parasités.
SÉANCE DU 23 MAI I910. l35l
VITICULTURE. — Sur une méthode de traitement contre la Cochylis
et /'Eudemis. Note de MM. J. Capus et J. Feytaui», présentée par
M. Henneguy.
La Cochylis {Cochylis amhiguella Hubner) et \ Eudemis (Euderyiis botrana
Schiff.) sont des Microlépidoptères parasites des grappes de la vigne. Leur
extension au cours des dernières années en a fait un redoutable Héau pour la
viticulture.
Leurs mœurs les rendent très difliciles à combattre; en ell'et, les chenilles
de la première génération se cachent dans des fourreaux formés de Heurs
agglomérées par des fils de soie; celles des générations suivantes vivent à
l'intérieur des grains de raisin.
Les traitements insecticides dirigés contre les chenilles de Cochylis et
à^ Eudemis iv oui pas donné jusqu'à présent de résultats pratiques suflisanls.
!\ous avons poursuivi, de i<)07 à 1901), une série de recherches ayant
pour but de déterminer l'époque la plus favoral)le à l'application de divers
insecticides (sels d'arsenic, sels de baryum, nicotine, etc.).
Nous avons reconnu, dès 1907, que les meilleursrésultats étaient obtenus
par l'application de ces insecticides avant la naissance des chenilles.
En 1909, nous avons voulu déterminer la durée de la période favorable
au traitement. Nous avons choisi pour cette étude deux formules types : la
bouillie cuprique nicotiriée et le chlorure de baryum mélasse.
Nous avons divisé notre champ d'expériences en une série de parcelles,
dont chacune ne devait recevoir qu'un seul traitement, à une date déter-
minée. Les applications ont été faites de 4 en 4 jours, depuis la sortie des
premiers papillons jusqu'au plus fort de l'invasion des larves, c'est-à-dire
du 28 avril au 10 juin pour la première génération, et du 5 juillet au
6 août pour la seconde.
Jjorsque l'invasion s'est manifestée, nous avons observé sur chaque par-
celle les résultats des traitements, en comparant le nombre des larves
existant sur les ceps témoins et sur les ceps traités.
Les chiffres d'efficacité de ces traitements successifs nous donnent une
courbe d'abord ascendante, puis descendante.
Nous convenons à' a.ppele\' période favorable la période pendant la(juelle
l'efficacité se maintient au-dessus de ^5 pour 100.
Nous avons obtenu les résultais suivants:
a. Nicotine. — 1° Pour le traitement contre la première génération (printemps), la
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 21.) 177
l352 ACADÉMIE DES SCIENCES.
période favorable a duré du iSmaiau i"'' juin; i° pour le Irailemenl contre la
deuxième généralion (été), du i6 juillet au 2 août.
b. Baryum. — 1° Pour le Iraitemeul de printemps celte période a duré du i3 au
28 mai; 2° pour le traitement d'été elle s'est étendue du 5 au 26 juillet.
Si nous comparons la courbe d'efficacité de ces insecticides avec les courbes repié-
sentanl le nombre des papillons, puis le nombre des larves existant dans le vignoble le
jour de l'application, nous remarquons que la période ascendante correspond à l'aug-
mentation du nombre des papillons, que l'optimum correspond sensiblement à la date
de leur plus grande abondance, et que la période de décroissance correspond à la nais-
sance des larves.
La période favorable s'étend de la sortie générale des papillons à l'apparition géné-
rale des larves.
Les résultats pratiques obtenus par les traitements dans cette période dépassent de
beaucoup tous ceux qu'on avait obtenus par l'application des mêmes insecticides au
cours de l'invasion des larves.
Divers essais faits au laboratoire et dans le vignoble nous ont montré que la supé-
riorité du traitement préventif, appliqué pendant cette période favorable, est due aux
causes suivantes :
1° Il produit une action inseclifuge à l'égard des papillons et diminue les pontes;
2° Il exerce une action insecticide externe sur les œufs déjà pondus;
3° Comme il est répandu uniformément sur les capuchons des Heurs ou sur les
grains avant la ponte, les larves, au sortir de l'œuf, subissent une action insectifuge
qui les fait mourir de faim ou une action insecticide interne qui les empoisonne.
Les traitements effectués pendant l'invasion ont une efficacité atténuée :
1° Parce que les larves cachées à l'intérieur des capuchons, des agglonaéralions ou
des grains, sont à l'abri du contact de l'insecticide et restent en présence d'une nour-
riture non empoisonnée;
2° Parce que les larves âgées résistent beaucoup plus que les jeunes tant à l'action
externe qu'à l'action interne, et que, pour détruire ces larves âgées, il faudrait aug-
menter la puissance de l'insecticide en l'utilisant à des doses que la vigne ne sup-
porte pas toujours.
ANATOMIE CHIRURGICALE. — Résection des reines afflnenles de la crusse
de la veine saphène interne. Note de M. R. Robixson, présentée par
M. Labbé.
Kn iirappuyaiil stir mes expériences d'injections veineuses chez le
cadavre, et sur trois cas de chirurgie expérimentale chez l'homme vivant
variqueux, je suis arrivé aux résultats suivants, dont l'importance n'échap-
pera pas, j'espère, à l'attention de l'Académie.
La circulation veineuse des membres inférieurs est agencée par la ris a
tergo^i par la contraction des muscles environnants, par la disposition des
SÉANCE DU 23 MAI I910. l353
valvules, etc. Ces difFérents agents ne sont pas toujours à même d'assurer la
circulation ; la preuve en est que la station debout prolongée rend pénible
le mouvement du sang dans les veines et donne naissance aux varices, ainsi
que Ton voit souvent dans certaines professions. Tout cela est très connu
depuis bien longtemps, et Poiseuille a établi ici même il y a 80 ans les lois
générales de la circulation veineuse dans un Mémoire couronné par l'Institut.
Mais aucun auteur à ma connaissance n'a insisté suffisamment sur un fait
qui me préoccupe dans cette Note.
La circulation de la saphcne est favorisée paR les facteurs connus et énu-
mérés ci-dessus; elle est contrariée, empêchée par les veines affluentes qui
viennent se jeter sur la crosse de cette veine, l'allés sont nombreuses ces
dernières, de l\ à 8, et sont constituées par les veines superficielles de la
paroi abdominale, et celles des enveloppes des organes génitaux externes.-
Leurs valvules sont disposées en sens contraire de celles de la sapliène et
l'on comprend aisément pour quelle raison.
En établissant une circulation artificielle j'ai observé que selon la disten-
sion ou la rétraction de la paroi abdoniinale la pression dans les veines pou-
vait varier entre 4 et i(3 de mercure, et le liquide injecté jaillissait comme
d'une artère. Dans les opérations chez l'homme vivant j'ai constaté le
même phénomène. Ce qui m'a amené à formuler la théorie suivante : le
sang n'ayant dans la saphène qu'une pression variable entre o et 3-4 et, au
contraire, une pression variable de f\-\ii dans ses affluentes, ne pourra cir-
culer que grâce à la parfaite suffisance des valvules ; dès que celles-ci
deviennent insuffisantes, la circulation ne pouri'a plus s'effectuer physiolo-
giquement.
En me basant sur cette théorie, j'ai prié M. Kendirgy, chef de clinique, et
M. Jacoulet, interne à l'Hotel-Dieu, d'exécuter chez les grands variqueux
la simple opération suivante : mise à nu de la crosse de la saphène, sépara-
tion de toutes ses affluentes, section de ces dernières entre deux fils, ferme-
ture de la plaie; anesthésie locale. Trois malades gravement atteints et dont
l'un était déjà opéré par un procédé classique, mais sans succès, virent leurs
grosses veines variqueuses s'affaisser pendant l'intervention même et dispa-
raître complètement malgré la station debout prolongée permise au bout
d'une semaine, (^uand on pense qu'une grande infirmité, telles les varices,
peut céder à une intervention si simple, il paraît légitime d'attendre de la
part des chirurgiens l'extension de ce procédé qui est basé sur les notions
exactes de l'Anatomie et de l'expérimentation.
1354 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PATHOI^O(;iE. — Cotisidérntinns générales sur révolution du tréponème pâte
dans Porganisme humain. Note de M. Hai.i.opeau, présentée par
M. Lannelnnfiiie.
i" Contrairemenlà l'opinion généralement admise, cette évolution, dans
sa période primaire, est presque exclusivement localisée à la région infectée,
à ses lymphatiques et à ses ganglions ;
2° On ne trouve, à cette période, des tréponèmes pâles, qu'exceptionnel-
lement, et en très petit nombre, dans la circulation générale;
3" L'immunité que l'on constate après le ii'' jour, à l'égard de nouvelles
inoculations, ne peut être due cpi'au passage dans le sang de produits so-
•luhles;
V Les tréponèmes pâles sont suracfi/s, dans la période primaire de leur
évolution, au niveau de l'accident primitif, dans les tissus qui l'entourent
et dans ses ganglions satellites;
5" Cette suractivité, ressort des caractères mêmes de l'accident primitif,
du développement considérable que prennent souvent les éruptions qui en
émanent directement et de celle cjui résulte de l'ouverture accidentelle
d'un de ses ganglions satellites;
()° Ces ganglions forment une étape dans laquelle les tréponèmes pâles
suraclifs font place à des tréponèmes pâles de virulence atténuée;
;7" ]jA roséole est fonction de ces adénopathies ; elle fait défaut lorscju'on
évite leur intervention par des injections spécifiques dans les régions d'où
émanent leurs vaisseaux afférents;
8° L'infection générale par le tréponème pâle au dél>ut de la période
secondaire de son évolution est de courte durée;
C'est à tort qu'on a admis l'existence d'une diathèse syphilitique;
9° Un syphilitique en pleine éruption secondaire réagit le plus souvent
comme un sujet sain sous l'influence d'un traumatisme;
lo" Pendant toute la durée de leur évolution, les tréponèmes pâles se
multiplient par auto-inoculations:
\ i" Celles-ci se divisent en extra-inoculations et intra-inoculatwns :
12° Les extra-inoculations , malgré l'insuccès habituel des tentatives d'ino-
culation, jouent un nMe prépondérant dans la multiplication locale des
manifestations de la péiiode secondaire au milieu des plis nuKjueux et
cutanés;
SÉANCE DU 23 MAI IQIO. l355
13" Les int.ra-inoculations constituent le mode prépondérant de propa-
g:alion des tréponèmes pâles pendant tout le cours de la maladie;
i4° Lorsqu'un nouveau foyer tertiaire se forme, les tréponèmes de son
élément initial sont d'ordinaire suractifs;
i5° Les éléments éruplifs sont dus à la réaction variable des tissus sous
l'influence des toxines produites par les tréponèmes pâles;
i()'* (]es toxines diffèrent dans leurs effets, et, par conséquent, en leur
nature intime, dans les phases successives de l'évolution tréponémique,
contestée à tort;
17° Il est indiqué, par la localisation prolongée du tréponème pâle dans
la période primaire de son évolution, de l'y attaquer par un traitement
intensif local, sans préjudice du traitement général.
CYTOLOGIE. — Etude physicochiniique sur la structure de noyaux du
type granuleux. Note de M. E. Fauré-Frémiet. présentée par
M. Henneguy.
De précédentes recherches sur la structure intime du macronucléus des
Infusoires ciliés (*) m'ont engagé à étudier celle des noyaux granuleux de
quelques cellules glandulaires.
Les glandes salivaires des Hydrocorises sont constituées par des cellules
très volumineuses à l'état adulte et contenant un gros noyau dont
A. Pettit (^) a très bien décrit la structure granuleuse et le gros nucléole
plasmatique.
Quelle est la signification de cette structure granuleuse? Les observa-
lions suivantes ont été effectuées sur les glandes salivaires des Notonecta
glauca et marinorea et de Nepa cinerea. Examinés à l'état frais dans la
cellule encore vivante, ou après dissociation dans un liquide ph} siologique,
le noyau des cellules de ces glandes se présente, chez les trois espèces
sus-nommées, comme un corps ovoïde limité par une membrane résistante
et renfeimant un liquide dans lequel on peut observer: i" de très fins gra-
(') Fauré-Frémiet, Conslilution dit macronucléus des Infusoires ciliés {Comptes
rendus^ 8 mai 1909).
( = ) A. Pettit et A. Krohx, Structure des glandes salivaires du Notonecte {Arc/i.
d'Anal, microscopit/ue, t. VII, 1905).
l356 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nules; 2" le gros nucléole acidopliile; 3" de petits globules réfringents,
basophiles, dont la présence n'est pas constante.
Si l'on examine ces noyaux avec l'éclairage ultramicroscopique (Spiegel-Condensor
de Reichert), on observe les faits suivants, [n vivo, dans la cellule encore inaltérée,
le contenu du noyau présente une luminosité très faible et égale, sans qu'on puisse
distinguer de granules brillants. C'est l'état de nébuleuse amicronique. Sur ce fond
uniformément éclairé, on distingue le nucléole et, lorsqu'ils existent, les globules baso-
../ NN\
philes. Si l'on alcalinise faiblement le milieu ( NaOH— — à ) la luminosité dis-
V 700 1000/
paraît progressivement et les nucléoles ainsi que les globules basophiles restent seuls
visibles sur fond obscur. Si l'on isole le noyau dans l'eau distillée, on revient au slade
nébuleux amicronique, puis quelques granulins animés de mouvements browniens
apparaissent. Si l'on fait agir un sel de métal lourd ou un acide à très faible concen-
tration, les granulins deviennent beaucoup plus nets et plus nombreux, et le contenu
du noyau paraît fortement lumineux; l'aspect devient identique à celui qu'on observe
après l'action des réactifs fixateurs. Mais ces structures granuleuses sont réversibles
si les réactifs précipitants ont été employés à des concentrations suffisamment faibles
et l'on peut repasser successivement et inversement de l'état granuleux à l'état obscur
avec l'état nébuleux comme intermédiaire.
Indépendamment de ces variations de structure, l'action des alcalis à faible concen-
/ N . N \ , .
tration ( à -z — i détermine l'apparition de erros et nombreux globules basophiles
V700 5oo/ " " ^ '
quand ceux-ci ne préexistent pas et, dans le cas contraire, augmente considérablement
leur nombre et leur volume. Ces globules, qui ne peuvent plus repasser à l'étal
dissous, sont identiques par leur aspect et leurs réactions aux nucléoles chromatiques
qu'on rencontre dans un grand nombre de noyaux. Il s'en forme quelquefois un seul
très volumineux qui, accolé au nucléole plasmatique, est une réalisation expérimentale
du nucléole double classique.
Les conclusions suivantes résultent de ces faits :
I" La substance intranucléaire que les liistologisles nomment chrnmatl/ie
se trouve, dans le noyau normal des cellules des glandes salivaires des
Hydrocorises observé in vivo, à l'état de solution colloïdale.
Cette solution est précipitée à Tétat de granulum ou de réticulum sous
Faction des réactifs fixateurs.
In l'ii'o, sa structure est liée à la réaction alcaline ou acide du milieu et
comprend tous les intei inédiaires entre l'étal de gel homogène, obscur avec
l'éclairage latéral, et celui de sol avec granulins hrillanis, animés de mouve-
ments browniens, d'autant plus vifs qu'on dilue le solvant par absorption
d'eau, en milieu liypotonique par exemple.
2° Si les réactifs alcalins ou acides sont employés à dose très faible, la série
de ces états est in !■ Uniment réversible, même dans un noyau isolé.
SÉANCE DU 23 MAI 191O. l357
3° Indépendamment de ces variations d'èlat physique^ la chromatine peut
subir sous l'action des alcalis une transformation irréversible à'ordi-e chimique
qui en fait un composé insoluble, visqueux, et aboutit à la formation de
gouttelettes identiques aux nucléoles nucleïniens, tant ])ar leur aspect que par
leur colorabilité.
Ces conclusions relatives aux gros noyaux de la cellule adulte sont égale-
ment vraies pour ceux, iSofois moins volumineux, de la glande jeune, longue
de 0'"'°, 5. Or, ces petits noyaux présentent, après l'action des réactifs,
le même aspect réticulo-granulé que presque tous les noyaux des petites
cellules glandulaires, épithéliales ou autres.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Compa/riison entre le mode d'action de certains sels
retai'dateurs et des protéines du lait coagulable par la chaleur, sur la
caséification par les présures du lait bouilli, ^fote de M. C Gerbek, pré-
sentée par M. Guignard.
Le cuivre, le mercure, l'argent, l'or, les métaux du groupe du platine,
jouissent, ainsi que nous l'avons établi ( ' ), de la propriété de retarder consi-
dérablement, à doses minimes, la caséification par les présures du lait
bouilli. Pour ne citer qu'un exemple : l'^^s de HgCl" par litre de lait bouilli
rend à peu près 2 fois plus lente la caséification de ce liquide, à 55°, par
une dose déterminée de papayotine (Tableau I); avec2'^s^ cette caséification
devient 8 fois plus lente; avec 4*"^, Go fois, et avec 8'"''', i5o fois; dès qu'on
dépasse cette dernière dose et jusqu'à is environ, il est impossible d'observer
de coagulation dans les limites de l'expérience (3o heures). Avec le lait cru,
l'arrêt est encore plus brusque; le même Tableau montre, en effet, que le
retard dans la caséification, peu important pour 4'** de HgCP (caséification
3 fois plus lente), est considérable pour 8' '^ (caséification 60 fois plus lente),
et fait rapidement place à un arrêt total ({ui s'observe encore pour 4'" de ce
sel.
Tout, dans l'allure du phénomène, fait penser à une action anti, et porte
à admettre que les sels des métaux en question agissent sur le diastase. Il
n'en est rien. La diastase reste intacte dans les laits incoagulés. Si l'on
emprésure du lait bouilli pur avec des doses croissantes de ces liquides, on
obtient de très belles coagulations, obéissant à la loi de proportionnalité
(') Réunion biologique de Marseille, séances de février, mars, avril, mai 1910.
l358 ACADÉMIE DES SCIENCES,
inverse et se faisant, en général, dans des temps sensiblement égaux à ceux
qu'on observe avec des quantités de présure neuve équivalentes. Mais,
ces caséifications ne se produisent qu'autant que la proportion de lait incoa-
gulé ajoutée au lait bouilli pur est inférieure à une certaine limite, d'autant
plus élevée que la teneur du premier liquide en électrolytes empêchants est
plus faible.
Tableau I.
Temps nécessaire à la caséilication, à .V'i", de 5""" lail empiésiiré avec ot%oi pa-
payotine Merck el préalablement additionné des doses croissantes suivantes
de HgCI- par litre :
17.
3'i.
(iS.
136. -^
71. ô'ci.
1084.
Î168.
4300
'7
i/lo"
360""
(') (
') (')
720
45""
I 2
9
i6
3 00
{') (
') (•)
(')
(')
(')
Milligrammes. 0. 1iS,5.
l>ail bouilli . . 2 .^o A-^o
Lait cru 5.4'J 6. i,5
Kn tiii mot, ce n'est que lorsque les doses des sels empêchants iiilioduiles
dans le nouveau lait emprésuré sont inférieures à celles qui étaient fortement
retardatrices dans le lait emprésurant que la diaslase se comporte d'une
façon normale. Ces faits ne sont pas en faveur d'une action directe du sel
empêchant sur la diastase. D'ailleurs cette dernière, mise en présence d'une
dose de sel 25 à loo fois supérieure à la limite inférieure empêchante, re-
couvre graduellement son activité primitive par une dialyse prolongée. Au
contraire, le lait additionné d'une quantité de sel légèrement supérieure à
cette limite inférieure empêchante, reste incoagulable par les présures du
lait bouiUi, même après une très longue dialyse, l'analyse du liquide dialyse
montre que tout le métal est resté; il est entré en combinaison avec la
caséine.
On p€ut donc dire que les sels empêchants de cuivre, argent, mercure, or,
des métaux du groupe du platine agissent non pas sur la diastase proléoly tique
(juils détruiraient, mais sur la caséine qu'ils rendent très résistante auv présures
du tait huudli, en se combinant avec elle. Ve sont des retardateurs, non des anti-
corps.
Le lait bouilli, contenant des sels des métaux précédents, se con)porte
rigoureusement comme le lait cru dans sa caséificalion par de fortes doses
de présures du lait bouilli.
Dans l'un et l'autre cas, en effet, la loi reliant la vitesse delà caséification
à la masse de diastase s'écarte de la même manière de celle qui régit le lait
( ') Pa.s de coagulation au bout de 3o heures.
SÉANCE DU 23 MAI I910. l359
bouilli pur. C'est ce qui ressort nettement de l'examen des chiffres gras
du Tableau II ( ' ).
Tableau II.
Temps nécessaire à la raséification de 'jcm' lait pur ou contenant CiiSO' et HgCl-, emprésuré
avec des doses décroissantes des présures suivantes :
Vasconcellea quercifolia, 55". Ficus carica, 5o°.
Lait Lait
liouilli : CuSO',">aq. par litre. bouilli : HsCI- par litre.
OsOOO. Os, 015. 01, (m. Oe,-250. pur. 0^000. Of.Oli. Oi.-,016. 0«,019.
,' 3r lOf oo.- / / ^/ 12/ Vif
i"' ' 4.".' va' Ckn' \%Q ^M 2'" ' C'iQ ^M
«.i.ï 10.30 13.30 30 GO 3.1.3 2.45 45
Dose
de solution
présurantc
cru
dans
pur.
i' lait.
iv
cm"
0,32. .. .
4."° 15
0, i6. . . .
45
0,08
]
0,04. . . .
\ r-)
0,02. . . .
0,01 . . . .
11.30 25 35 70 1 G 5.45 70
20.20 70 100 180 f ,5, i3 i3 iio
43 180 280 36o I 35 3o i65
100 36o 5io 600 ] 210 80 225-
Dans l'un et l'autre cas également, il suffit d'une très légère augmentation
dans la teneur du lait en sel empêchant ou en lactoprotéine pour exagérer
fortement la perturbation.
C'est ainsi d'une part (Tableau II) qu'en portant la teneur du lait bouilli
en HgCl-, de i4'"'* à \6'"^, on voit ce liquide, qui se comportait aussi
normalement que le lait bouilli pur, se comporter aussi normalement que
le lait cru, vis-à-vis des fortes doses de présure de Figuier. C'est ainsi
d'autre part qu'en s'élevant de 4'"') 10 à 5°,9o par litre de lait cru, les lacto-
protéines font succéder, à une très légère dérogation à la loi de proportion-
nalité inverse, une très forte (').
Dans l'un et l'autre cas, enfin, la diastase protéolytiquc ne s'altère pas
dans les laits incoagulés.
Nous pouvons donc étendre aux lacloproléines coagulables par la chaleur
nos conclusions concernant les sels des métaux retardateurs et dire : Les
(') Ces chillVes correspondent à des doses fortes de présure. Ceux qui correspondent
à des doses faibles accusent, au contraire, des difl'érences profondes entre les deux
types de lait. C'est qu'alors intervient, dans le cas des laits à sels empêchants, un tout
autre phénomène que celui que nous étudions actuellement.
(.'^) Pas de caséification au bout de 10 heures.
(^) Réunion biologique de Marseille, 21 janvier 1908.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 21.) I?^
n
l36o ACADÉMIE DES SCIENCES.
lactoglobuline et laclalhumine^ causes de la résistance du lait cru à la coagula-
lion par les présures du lait bouilli, agissent non sur la diastase, mais sur la
caséine. Ce sont des retardateurs et non des anticorps. Le lait cru les contient
non à l'état libre, mais à l'état de combinaison arec la caséine, ces trois sub-
stances constituant un complexe. Ainsi se trouve confirmée Thypothèse que
nous avons émise autrefois (').
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la migration des cdcaloides dans les
greffes de Solanées sur Solanées. Note (-) de M. M. Javillier, pré-
sentée par M. (iuignard.
En octobre 1908 et octobre 1909, M. Ed. Griffon cjui, depuis cinq années,
poursuit d'importantes rechercbes sur « la variation dans le greffage et
l'hybridation asexuelle », m'a confié, pour en faire l'étude chimique, un
certain nombre de greffes de Solanées sur Solanées. L'élude de la migration
des alcaloïdes du sujet au greffon et réciproquement n'est certes pas nou-
velle, mais les résultats douteux ou contradictoires en présence desquels
nous nous trouvons jusqu'ici, nécessitent de nouvelles recherches (■').
M. Griffon m'a confié, entre autres greffes, les suivantes :
Greffes simples ." ( i ) Belladone sur Pomme de terre.
Greffes miœtes (''): (2) Tabac sur Pomme de terre ; (3) Belladone sur
Tomate ; (4) Tomate sur Belladone.
Les analyses ont porté: pour la recherche de V atropine, sur les tubercules
de Pomme déterre [greffes (i)], les fruits des Tomates-sujets (3), les fruits,
feuilles et tiges de Tomates-greffons (4); pour la recherche de la nico-
tine, sur les tubercules, tiges, feuilles et racines des Pommes de terre
[greffes (2)].
(') C. Gerber, Les actions anliprésurantcs du lait cru vis-à-ris de quelques
présures x^égétales ( Comptes rendus Soc. liioL, 29 juin 1907).
(') Présentée dans la séance du 17 mai 1910.
(•) Voir, pour la bibliographie, le Mémoire qui paraîtra dans les Annales de
l'Institut Pasteur.
(*) On sait que dans la greffe mixte (Daniel) on laisse sur le sujet même une ou
plusieurs pousses feuiilées qui assurent en partie sa nutrition ; on les pince pour éWler
que, par un dévelojipeinent exagéré, elles ne viennent à compromettre la vie du greffon.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l36l
Les techniques analytiques employées ont été : pour la nicotine, celle que nous avons
indiquée, M. G. Bertrand et moi (' ) ; pour l'atropine, une méthode basée également
sur la précipitation de l'alcaloïde à l'étal de silicotungstate, méthode dont le détail
sera donné dans le Mémoire relatif à celle question {'). L'atropine a été caractérisée au
point de vue chimique par la réaction de Vitali, au point de vue physiologique par
son action mydrialique.
Voici les résultats obtenus :
1. Greffe simple de Belladone sur Pomme de terre. — La recherche de
l'atropine a porté sur 85os de tubercules. Je n'ai pas obtenu la réaction de
Vitali et Teffet physiologique a été négatif (').
2. Greffe mixte de Tabac sur Pomme de terre. — La recherche de la nico-
tine a été faite sur 4;»^ de tubercules. La liqueur distillée était légèrement
alcaline à l'alizarine sulfoconjuguée (alcalinité correspondant à 5'"^ de nico-
tine). Cette liqueur, acidulée par l'acide chlorhydrique, louchit par addition
d'acide silicotungstique; il se fait, à la longue, un très faible pi^écipité
amorphe. Ce précipité ne saurait être identifié avec le silicotungstate de
nicotine cristallin qu'on obtient dans les mêmes conditions. Il ne paraît
pas possible de conclure à la présence de nicotine ('').
Un autre essai a porté sur les organes aériens et sur les racines du sujet.
Le résultat a été identique au précédent.
3. Greffe mixte de Belladone sur Tomate. — Deux essais ont été faits l'un
sur 65o^, l'autre sur l\io^ de Tomates (fruits). Dans les deux cas, la réac-
tion de Vitali a été douteuse. La réaction physiologique a été positive, très
faiblement dans le premier cas, la mydriase ne s'étant produite qu'au bout
(') littll. Soc. ckiin. /te Fraiicu, 4'' série, t. V, 1909. p. 241.
(') Annales de l'Institut Pasteur.
(^) Un essai analogue (Datura sur Pomme de terre) a été tait pour la première fois
en i885, par Klinger. Cet auteur, dont Strasburger rapporte l'analyse, aurait trouvé
de l'atropine dans les tubercules, mais en proportion extrêmement faible. Depuis lors,
l'expérience, reprise par Lindemulh et Lewin, puis par Arthur Meyer et E. Schmidt,
a fourni des résultats négatifs. D'après un nouveau Mémoire qui vient de paraître
(Flora, mars 1910), ces derniers auteurs ont reconnu l'atropine dans la tige de
Solanum tuberosum, sujet; ils n'ont pu la caractériser avec certitude dans les tuber-
cules. Ils pensent que l'atropine passe de la Stramoine à la Pomme de terre, mais que
l'alcaloïde peut atteindre ou non les tubercules.
{') Dans leur récent Mémoire {loc. cit.), A. Meyer et E. Schmidt donnent les ana-
lyses de plants greffés analogues à ceux-ci (greffes simples de Tabac sur l^omnie de
terre); ils croient pouvoir conclure au passage de la nicotine, mais on ne peut s'em-
pècJier de trouver bien fragiles les preuves chimiques qu'ils fournissent en faveur de
cette opinion.
l362 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de 3o minutes environ et de façon peu accentuée, mais plus nettement dans
le second cas.
4. Greffe mixte de Tomate sur lielladone. — Un premier essai porte sur
5ooB de Tomates (fruits). Il est très nettement positif, aussi bien pour
l'épreuve chimique que pour l'épreuve physiologique. Un deuxième essai
porte sur isS^de Tomates provenant d'un autre individu. Ces fruits avaient
été, avant toute manipulation, divisés et en partie desséchés dans le vide sul-
furique, si bien que le poids de laS*-' indiqué correspond en fait à un chiffre
4 à 5 fois plus élevé de matière première. L'épreuve chimique et l'épreuve
physiologique ont été ici encore très nettement positives. Un troisième
essai porte sur 25os de tiges et feuilles de Tomate-greffon. Les deux réac-
tions ont été négatives.
De ces expériences, que je compte d'ailleurs poursuivre et faire porter sur
des greffes différentes, est-on en droit de tirer quelques conclusions? D'un
côté, il y a des résultats négatifs; ils signifient qu'avec les cjuantités de ma-
tière première mises en œuvre, étant données les limites de sensibilité des
méthodes, il n'a pas été possible de déceler l'alcaloïde cherché. On ne sau-
rait dire plus et affirmer qu'aucune trace d'alcaloïde n'a franchi le bouri-elet
de la greffe.
Il y a d'autre part des résultats positifs; les uns le sont entièrement et ne
laissent aucune place au doute; d'autres sont moins nets et n'acquièrent
leur valeur que rapprochés des précédents. Ces résultats, qui s'appliquent
aux greffes mixtes de Tomate sur Belladone et réciproquement, témoignent
nettement du passage de l'alcaloïde de la Belladone-sujet ou de la Belladone-
greffon à travers le bourrelet. Il importe de remarquer que cette migration
d'alcaloïde est quantitativement très faible (') (elle se réduit à quelques
milligrammes dans le cas le plus favorable) et, d'autre part, qu'elle n'est
acconqjagnée, d'après les observations de M. Griffon, d'aucune modification
morphologique digne de remarque.
Mes expériences confirment, comme on le voit, les expériences de
M. Ch. Laurent qui, le premier, a décelé la présence d'un alcaloïde
mydriatique dans les Tomates provenant de greffes simples ou mixtes de
Belladone sur Tomate; mes expériences étendent d'ailleurs et complètent
celles de cet expérimentateur, car M. Laurent n'avait pu déceler l'alcaloïde
dans les Tomates provenant de greffes de Tomate sur Belladone, et
(') Inlenlionnellement je n'ai j)as c<insigné dans celle Noie de déterminations (|uan-
litalives, Ijien (]ue celles-ci aienl élé laites. Je reviendrai plus lard sur ce point.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l363
c'est précisément dans ce cas que j'obtiens les résultats les plus indiscu-
tables.
L'ensemble des faits maintenant connus laisse à penser que la migration
d'une substance spécifique de 1 un des individus dans l'autre dépend : et de
la substance envisagée, et des espèces associées.
Sans doute, il est vrai que « dans la symbiose artificielle que réalise le
greffage, chacune des plantes associées conserve sonchimisme propre » ('),
si l'on entend par là que l'un des conjoints ne devient pas, du fait du
greffage, capable de fabriquer telle substance normalement élaborée par
l'autre. Mais il faut ajouter aussi ([ue si « certaines substances peuvent
rester localisées dans l'un ou l'autre des conjoints », comme c'est le cas
pour les glucosides cyanogénétiques (-), d'autres peuvent passer de l'un à
l'autre et qu'on ne saurait ici énoncer de règle générale.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Influence de la concentration en saccharose sur
l action paralysante de certains acides dans la fermentation alcoolique.
Note de M. et M'"*" M. IIosexblatt, présentée par M. E. Roux.
Dans une Noie publiée antérieurement ( ■') nous avons indiqué pour cer-
tains acides les concentrations limites qui paralysent complètement la fer-
mentation alcoolique du saccharose.
Toutes ces recherches avaient été effectuées avec la même concentration
en sucre (1,26 pour 100). Nous avons repris cette étude en faisant varier
la dose de saccharose, afin de voir si la marche de la fermentation en serait
influencée. Au cours de cesnouvelles recherches, dans lesquelles nous avons
utilisé les acides sulfuriquc, azotique, acétique et oxalique, nous avons
examiné trois cas :
i" Cas des acides aux concentrations limites déterminées antérieu-
rement (' );
2° Cas des acides aux concentrations très inférieures à ces doses limites;
3° Cas des acides aux concentrations moyennes comprises entre les deux
précédentes.
Les e\périences ont été eft'ectuées d'après le mode opératoire suivant : on préparait
(' I L. GuKiNAHU, Ann. des Se. iiat. : fiolanique, 9' série, t. VIL 190-, p. 2(>i.
(-1 L. GuiGNARD. loc. cil.
(^) Co/>i/>(es rendus, l. CXLX, 1909, p. Sog.
l364 ACADÉMIE DES SCIENCES.
trois séries de tubes à essais contenant chacun io'^'"'de solution acide avec des concentra-
tions diflférentes en saccharose, soit i,25 pour loo; 3.5 pour loo; 5 pour loo; lo pour
loo et 12,5 pour loo. Chaque série de tubes était accompagnée de tubes témoins con-
tenant des quantités correspondantes de sucre dissous dans l'eau pure. Tous ces tubes
contenaient en outre loo^ede levure de bière haute (') et étaient placés dans un bain-
marie réglé à -t- 28°, 5. Une série a été analysée après un délai de 4o heures, l'autre
après 80 heures, et la troisième après 200 heures: le sucre restant dans chaque tube était
interverti, puis dosé par la méthode de M. Gabriel Bertrand (-) que nous avons employée
dans nos études précédentes.
Les résultats obtenus sont les suivants :
1° Cas des acides aux concentrations limites. — Pour des solutions de
saccharose à i,25, 2,5 et 5 pour loo, les concentrations limites sont restées
les mêmes; nous avons trouvé, en effet, pour
M -
L'acide sulfurique — (^) ou 9,8 par litre
M
azotique —
ou 7
M
acétique —
ou 3o
oxalique —
ou 9
(^uand on augmente la quantité de sucre, ces doses dacides deviennent
insuffisantes pour arrêter toute fermentation ; ainsi, à partir d'une concen-
tration en sucre de 10 pour 100, une petite proportion du saccharose
(3 à 4 pour 100) subit la fermentation alcoolique.
On n'arrête complètement l'action de la levure que si l'on augmente la
concentration des acides; aussi bien pour la dose de 10 que 12, 5 pour 100;
il faut atteindre pour
L'acide sulfurique ~ ou 19, t> par litre
M
T> azotique — ou 9 »
7
» acétique 2 M ou 120 »
1) oxalique — ou 12,800 »
(') De la même origine que dans les expériences antérieures.
(■-) fJtiU. Soc. citini. de France, S"" série, t. XXXV, 1906, p. 1285.
(■') Concentration en molécule-gramme par litre.
SÉANCE DU 23 MAI IQIO. l365
Les résultats sont à peu près les mêmes, quelle que soit la durée de l'expé-
rience; il n'y a pas eu de différence appréciable entre 4o heures, 80 heures
et 200 heures.
2" Cas des concentrai ions 1res inférieures à la limite. — Soit pour
L'acide sulfurique — — ou o.o^Q par litre
' 2000 ^ ^
» azolifiue — — ou o,o63 »
1000
M
» acétique;— ou r,2oo »
oo
■ • ^ï «
» oxalique •; — ou 0,100 »
' OÛO
D'après nos recherches antérieures ('), les acides n'avaient à ces concen-
trations presque pas d'influence sur la fermentation.
Nous avons reconnu à présent que les variations de la teneur en saccha-
rose n'avaient pas non plus d'effet appréciable. Les quantités de sucre
fermenté dans les tubes contenant les acides très dilués ne différaient que
peu de celles de tubes témoins.
3" Cas des concentrations moyennes. — Comprises entre les deux précé-
dentes, soit pour
M e
L'acide sulfurique ou 0.980 par litre
100
ou o, 126
» acétique — ou 0,000 »
^ 10
» oxalique ou o,45o »
^ 200
Dans ces conditions, une partie notable (de 3o à 80 pour 100) du sac-
charose subissait la fermentation. En augmentant la concentration en sucre,
les quantités de saccharose fermenté n'augmentent que peu. La protection
de la levure contre l'action empêchante des acides est moins grande que dans
les cas jirécédents, mais elle reste encore très nette comme on peut s'en
(') Loc. cit.
l366 ACADÉMIE DES SCIENCES,
rendre coniple par les expériences suivantes :
Saccharose liisparu dans locni' de solution après 4" heures
avec les acides
Saccharose ,, . M .M , . M ,. M
sulturiqiic azotique; — • acétique oxalique
employé. lemoins. loo .)oo ^ iti ^ mio
B B " ^ ^ " -
0,125 0,121 o,o35 G, 110 o,o35 o,o86
0,25o G, 225 f',o44 G.igS 0,o5o 0,098
o,5oo o,35o o,o52 0,211^ 0,068 0,1 4o
£,000 0,460 0,1 o4 0,274 0,104 0,1 4o
i,25o 0,5 10 0,1 3o o,3oo 0,120 0,1 3o
On peut résumer tous ces résultats en disant que le sucre protège la
levure contre l'action des acides, mais que celte action, d'autant plus grande
que la quantité de sucre est plus forte, ne devient appréciable qu'à partir
d'une certaine dose d'acide, elle est niaximuuiau voisinage des doses limites
de réactif qui arrêtent complètement la fermentation alcoolique. On arrive à
constater dans ce dernier cas qu'il faut employ.er deux fois plus d'acide sul-
furiqne et quatre fois plus d'acide acétique, quand il y a lo pour loo de
sucre que lorsqu'il y en a seulement 1,23 pour 100.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur le dédoublement diastasique des dérivés
du lactose. Note de MM. H. Bierry et Albert Ranc, présentée par
M. A. Dastre.
La lactase que renferme le suc gastro-inlestinal de V Hélix pomatia L. est
capable d'bydrolyser, non seulement le lactose, mais encore des dérivés de
ce sucre comme l'acide lactobionique et la lactosazone (') qui résistent à
l'action des lactases jusqu'ici connues (lactases extraites des amandes ou de
l'intestin des Mammifères). Voulant voir jusqu'où s'étendrait le pouvoir
hydrolysant de celte lactase sur les dérivés du lactose, nous avons fait agir
le suc à'Helix sur l'azotate de lactose-aminoguanidine, la lactose-semi-
carbazone et la lactose-urée.
Nous faisions conslaininent, après l'avoir dilué, trois paris du suc recueilli par isole-
ment du tube digestif A' Hélix. La première était additionnée d'une solution du dérivé
laclosique à étudier; la seconde, préalablement portée à 100°, était après refroidisse-
(') 11. BiERRV et ('iiAJA, Comptes rendus, 2-' juillet iyo8.
SÉANCE DU 23 MAI 1910. l36']
ment atldilionnée d'une même quantité de solution du dérivé lactosique; la troisième,
mise avec de l'eau distillée, était destinée à éviter les erreurs dues aux apports et aux
transformations possibles du suc digestif lui-même.
Azotate de lactose-aininoguanidine (C'MP^O'") (GN'H'), NO^H. — Wolff ('),
qui a découvert ce dérivé, indique seulement qu'il cristallise en aiguilles microsco-
piques qui fondent à 200° en se décomposant. Il ajoute sans préciser qu'il est
dextrogyre.
Nous avons préparé ce corps en fondant ensemble vers i5o° des quantités é(|uimo-
léculaires d'azotate d'aminoguanidine et de lactose pur. Le produit obtenu a été
purifié par quatre cristallisalions dans l'alcool à 80°; recueilli, essoré à la trompe, des-
séché pendant i5 jours dans le vide sulfurique, puis pendant 3 lieures à l'étuve à 110°,
il a perdu une quantité d'eau coirespondant à une demi-molécule d'eau de cristallisa-
tion. 11 fond alors à 2a5°-227" (fusion instantanée au bloc Maquenne); is de ce corps
anhydre réduit la liqueur cuprique d'après la méthode de G. Bertrand comme os,^^ de
lactose anhydre.
Le produit hydraté a un pouvoir rolatoire de [otju., =^ + 8",4, à 20°, en solution
à 2 pour 100. Il ne présente pas de raultirotation.
Si l'on fait agir sur ce corps le suc digestif A'Jfeli.c on observe son dédoublement en
galactose et glucose-aminoguanidine.
Laclose-semicarbazone C'^H-^N^O", 2H-O. — Ce composé a été obtenu suivant
les indications de MM. ^^aquenne et Goodwin (■) en abandonnant à la cristallisation
un mélange de lactose en solution aqueuse concenirée avec un léger excès de semicar-
bazide pure en solution alcoolique. Il a été purifié par cristallisation dans l'eau.
Les cristaux obtenus, en solution dans l'eau, avaient un pouvoir rolatoire
de [a]i)^ -H 11°, 2, chidVe correspondant à celui indiqué par les auteurs.
En^-aison de l'hydrolyse facile de la laclose-semicarbazone en solution, à l'étuve,
nous avons fait nos recherches dans certaines conditions. Le suc digestif était ajouté
assez abondamment à la solution de lactose-semicarbazone et le mélange abandonné à
la température du laboratoire. On devait obtenir l'hydrolyse dans le minimum de
temps.
Par suite du dédoublement rapide de la laclose-semicarbazone, à l'ébullition, la
recherche du galactose dans les digestions est délicate. Nous avons réussi, en opérant
sur de grandes quantités, à obtenir, par traitement à l'alcool, un produit cristallisé qui
par son osazone (point de fusion 2i2°-2i4° au bloc) a pu être identifié au galactose.
Lactose-urée (C'^H^O'») (N.CO.NH^), iPO. — i\. Schoorl (') a montré que les
aldoses pouvaient, sous l'influence catalylique des acides étendus, se combiner avec
l'urée : d'un côté l'aldose est actif par un de ses groupements G =; O, de l'autre l'urée
(') Wolff, Ber. d. d. cliein. Gesell., t. XXMI, p. 971; t. XXMII, p. 26i3.
('^) Maquenne et Godwin, Bulletin Soc. chimique^ t. XXXl, 1904, p. io-5.
(') N. SciiooiiL, Rec. Irav. chimiques Pays-Bas^ 1908.
C. lî., !<,..), 1" Semestre. (T. 150, N- 21.) ' 179
l368 ACADÉMIE DES SCIENCES.
par un de ses groupeineiils NH-, de sorle que la constitution de l'uréide devient
H
C — N _ CO — Nir^
ce qui la rapproche des oximes et des hydrazones.
Nous avons préparé la lactose-uréide, par le procédé de Sclioorl ; le corps obtenu
avait un pouvoir rotatoire [a]D.„^ 4- 2°, i.
Par l'action du suc à' Ifelix. ce dérivé se dédouble en galactose et glucose-urée.
Dans ces recherches nous avons isolé le plus souvent le galactose au moyen de ralcool ;
nous l'avons aussi obtenu à l'état de benzjlphénylhydrazone en suivant les indications
d'Otto Rufl".
Dans le, cas de l'azotate de lactose-aminoguanidine et de la la close- urée, en cliaufTiint à
l'ébuUition, pendant un lemps relativement court, les liquides digestifs avec l'acétate
de phényihydrazine en présence de beaucoup d'acétate de soude, nous avons réussi à
obtenir une osazone qui purifiée avec l'acétone étendue de son volume d'eau avait le
point de fusion de la galactosazone.
Conclusions. — Ainsi, qu'il s'agisse de lactosazone, d'azotate de iaclose-
aminoguanidine, de lactose-urée, l'action hydrolysante de la lactase
d'//e//a; sur ces corps se traduit toujours par une mise en liberté de galactose,
le glucose restant lié à la phényihydrazine, à Furée, à Taininoguanidine.
Une pareille hydrolyse n'est possible que par les ferments; les acides,
eneftet, scindent tous ces dérivés en mettant seulement le lactose en liberté.
Ces faits viennent à l'appui de la manière de voir de E. Fischer qui consi-
dère le lactose comme un galactoside de glucose. •
L'urée ne se combinant pas aux cétoses, la combinaison uréique d'un
sucre permettra, comme l'a déjà fait remarquer Schoorl, d'affirmer que ce
sucre possède une fonction aldéhydique. Dans certains cas, l'hydrolyse, par
le suc digestif d'/Ze/ù- du composé uréique de ce sucre, permettra de déter-
miner à quel monose constituant appartient cette fonction aldéhydique.
GÉOLOGIE. — Sur la ihéorie mécanique de l'érosion glaciaire. Note
de M. Smoluchowski, présentée par M. Pierre Termier.
Dans une Note récente ('), M. E. de Marlonne a fait un essai très inlé-
ressant d'établir les lois de l'érosion glaciaire par des raisonnements ihéo-
(') Compter reiiiius. t. LiO, p. loj.
SÉANCE DU 23 MAI IQIO. 1 369
riques, basés sur les pi'incipes de la mécanique du frottement. I! trouve que
les résultats obtenus s'accordent avec l'observation directe des faits morpho-
logiques (' ). Comme l'importance du problème paraît exiger une discussion
approfondie de cette théorie, je me permets d'adresser quelques remarques
concernant la déduction théorique de ces lois, sans aborder du reste la
partie expérimentale.
Considérons le travail eil'ectué par la gravité contre les forces du frotte-
ment entre le glacier et son lit (ce travail étant rapporté à l'unité de surface
horizontale et à l'unité de temps), et désignons-le par/. C'est cette gran-
deur évidemment qui définit l'érosion du lit du glacier dans un certain
point, et non pas le travail total sur le périmètre P du lit, calculé par
M. de Martonne.
Pour évaluer ce travail, envisageons successivement deux hypothèses :
1. Si nous assimilons le glacier à une plaque solide (de poids yj, d'épaisseur verti-
cale h, et de densité égale à l'unité), glissant a\ec la vitesse c sur une surface inclinée
sous l'angle a, on aura la force de frottement A/)cosa, où A désigne le coefficient de
frottement, et par conséquent
y, ::= A /( fg cos c.
La même formule se déduirait aussi d'une supposition plus rationnelle : en considé-
rant le glacier comme un amas de prismes verticaux de hauteur h.
2. Si la pression de la glace peut être assimilée à une pression hydrostatique, eu
égard à la lluidité ou plasticité de la glace, ce qui parait être l'hypothèse faite par
M. de Martonne, la pression normale à la surface du lit aura la valeur — ^- > par unité
cos a
de surface horizontale et l'on obtient
_ A /»■,£-
"" cos a
On voit que le facteur cosoc devrait apparaître au dénominateur dans ce cas. Du
reste son importance ne semble pas être très grande, puisque les limites de sa variabi-
lité sont comprises entre l'unité et (pour une inclinaison excessive de 5o pour loo)
0,894, tandis que les facteurs A, /i, c sont beaucoup plus variables, sans aucun
doute.
Même si l'on adopte la formule de M. de Martonne et la supposition, très
plausible en général, que les variations de cosa sont de signe contraire, on
n'en peut lùen conclure, pas même que les lieux d'érosion maximum ne
(') Comptes rendus, t. CXLIX, p. i4i3; el t. 130. p. 243.
iS-o ACADÉMIE DES SCIENCES.
peuvent pas coïncider avec les plus grandes pentes, jusqu'à ce qu'on ait des
connaissances plus exactes sur l'importance relative de ces facteurs.
Mais on pourrait essayer de pousser plus loin l'analyse d'une manière
rationnelle en adoptant la supposition que le mouvement du glacier obéit
à la condition du régime permanent, c'est-à-dire que des quantités égales
de glace traversent, par unité de temps, toutes les sections transversales du
glacier. En supposant dans ce cas la vitesse dans une certaine section indé-
pendante de la profondeur et de la position latérale, on aurait la condition
Se cos;z i^ c,
où s désigne l'aire de la section, égale approximativement au produit du
j)crimètre P et de la hauteur/*; c, une grandeur constante.
Donc les deux formules, entre lesquelles on a à choisir, se simplifient par
l'élimination de deux facteurs inconnus :
p cos^a
On voit que c'est le coefficient de frottement A qui y joue le rôle le plus
important, mais malheureusement on ne sait rien d'exact, ni en ce qui
concerne sa valeur absolue, ni quant à sa dépendance de l'épaisseur de
la moraine du fond, ni quant à sa dépendance de la pente, et il paraît très
hasardeux de faire des hypothèses là-dessus.
En tout cas, on voit que le pouvoir érodant varie dans une proportion
inverse au périmètre P du glacier. Donc les étranglements devraient être
des endroits d'érosion maximale.
On pourrait faire des objections graves contre les suppositions de ces
calculs, surtout contre la supposition que la vitesse v est la même dans tous
les points d'une section. Sans doute elle sera plus grande à la surface du
glacier que dans les points de contact avec son lit, ce qui peut entraîner des
changements dans la condition du régime permanent.
Il n'est nullement évident que la pression exercée sur le lit soit définie
uniquement par l'épaisseur de la glace dans ce point. Il est possible qu'elle
dépende aussi des tensions exercées par les parties environnantes du gla-
cier, ce cjui se ferait sentir surtout dans les points d'un changement abrupt
de la pente. Ne faut-il pas s'attendre à des phénomènes analogues à la ten-
sion d'une corde dans les endroits de courbure convexe du iil, et à des phé-
nomènes inverses dans les endroits de cotirbure concave? ?Sous n'en savons
rien.
SÉANCE DU 2'^ MAI 1910. iSyi
Nous n'avons déduit ces formules que pour établir les résultats qu'on
obtient en poursuivant, avec plus de précision, l'ordre d'idées indiqué
par M. de IMartonne, et pour montrer que l'état actuel de nos connais-
sances du mécanisme de ces phénomènes ne nous donne point moyen d'en
tirer des conclusions léefitimes concernant les lois de l'érosion daciaire.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Variations magnétiques et électriques clans la nuit
(lu 18 au 19 mai 1910. Note de M. Alfred Ax«or.
J'ai l'honneur de présenter à l'Académie, à titre purement documentaire,
les résultais des observations relatives à la physique du globe faites pendant
la nuit du i8-n) mai.
Le diagramme ci-dessous donne la reproduction exacte des magnéto-
grammes obtenus à la station du Yal-Joveux :
23 h
Z*!
H
La composante verticale V ne présente aucune variation appréciable.
La composante horizontale a varié, au contraire, d'une manière notable ; le prin-
cipal mouvement est, de o''3o" à l'Mg™, une augmentation progressive du champ,
suivie d'une diminution égale; l'amplitude totale de cette variation est de 0,00087 unités
C.G.S. Il faut remarquer, du reste, que l'on se trouvait alors à une époque de pertur-
bations et qu'il y a eu, dans les journées du 18 et du 19, des oscillations plus grandes
et plus rapides.
Pour la déclinaison, enfin, on remarque surtout, de o''55'° à i''58"', une diminution
totale de 9', 4 suivie d'une augmentation à peu près égale. Contrairement à ce qui s'est
produit pour la composante horizontale, cette variation est la plus grande qui ait été
observée pendant les deux journées du 18 et du 19, où la courbe de la déclinaison a
été beaucoup moins agitée que celle de la composante horizontale.
l372 ACADÉMIE DES SCIENCES.
IjCs vitrialions du potentiel électrique ont été enregistrées, au Parc Saint-
Maur, au moyen d'un éleclromèlre de Benndorll', récemment installé.
Daus la soirée du i8. des oscillations violentes ont accompagné Forage qui sesl
produit de 19'' à 21''; la courbe est redevenue à peu prés tranquille à partir de 23'' iS™,
après la fin de la pluie et, depuis ce moment jusqu'à 6'', le 19, la valeur du champ
électrique n'a varié que de -+ DO" à -i- go^', sauf une seule oscillation brusque : le
potentiel, qui était de +68^ à 3'' 16™ est tombé à — jo' à 3'' 19'" et est remonté à
-I- Sg" à 3'' 22"^ et à -)- 54* .à S'' 24™. Le passage d'un nuage orageux produit souvent des
variations de même sens et bien plus fortes.
En résumé, les variations du magnétisme terrestre et de rélectricilé
atmosphérique observées dans la région de Paris pendant la nuit du
18-19 niai nont pas présenté ^^ caractères inaccoutumés. On ne pourrait
les attribuer à une cause exceptionnelle que si, notamment pour l'électri-
cité atmosphérique, on les retrouvait, au même moment et avec des appa-
rences analogues, dans des stations très éloignées.
Les divers éléments météorologicjues, température, pression, humidité,
vent, n'ont montré, pendant cette même nuit, aucune variation notable.
Une mesure actinométrique faite le 18 avait donné une valeur assez grande
(i^^',28); l'état du ciel n'a malheureusement pas permis de faire de nou-
velles déterminations le 19, le 20 et le 21.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Observation de i ionisalion de l'air en vase clos pen-
dant le passage de la comète de llaUey. Note de M. J.-A. Lebel, pré-
sentée par M. Armand Gautier. ^
L'instrument d'observation se compose d'un condensateur cylindrique clos en zinc,
maintenu à 3oo volts environ par une batterie d'accumulateurs. La déperdition par
l'air intérieur charge une armature isolée reliée à l'électromètre. Pour limiter lac-
crolssement continu de la charge, un second déperditeur (à l'urane) est également
relié à l'électromètre et l'on obtient pour chaque valeur de l'ionisation une dérivation
fixe; on peut suivre, par simple lecture, les variations des rayons qui ionisent l'at-
mosphère.
Mes observations pendant les heures supposées du passage de la Terre dans la queue
de la comète ont donné les résultats suivants :
iS mai, I i'' du soir, déviation 20,6
19 mai, à 2''4 j"'. minimum 19.1
19 mai, à 4'' ï5"' 21,0
SÉANCE DU ■2^ MAI 1910. 1 378
Il y a donc eu une variation importante presque au moment du passage;
néanmoins cette coïncidence d'heure est la seule raison qui puisse faire
attribuer le phénomène au passage de la comète; en effet, j'ai constaté
(jue des variations de 2^^'" k 3"" sur les déviations de l'électromèlre ont
précédé assez régulièrement depuis les deux derniers mois l'arrivée des
dépressions barométriques venues du Nord, lesquelles donnaient lieu à des
crises atmosphériques importantes. Je signalerai, en particulier, la pertur-
bation si curieuse du 12 mai.
Je conliiuie l'élude de ce dernier pliénomèiie, car il serait prématuré de formuler
des règles après 2 mois d'observation seulement. Mais ce qui s'est produit peut se
reproduire, et l'on pourrait admettre, dans le cas du passage de la queue de la comète,
que la baisse du déperdileur a été en rapport avec la dépression barométrique qui
nous atteignait en ce moment. Ouoi qu'il en soit, j'ai cru bon d'enregistrer cette ob-
servation.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Obseivalions (les rariomètrcs magnéliques de
l'Observatoire de Fourviére, à I^yon, pendant la nuit du 18 au 19 mai.
Note de MM. C. Li.mb et T. Na.vty, présentée par M. Lippmann.
A l'occasion du passage de la comète de Halley, nous avons été autorisés
à réinstaller les trois variomètres, remisés depuis plusieurs années ; le temps
nous ayant manqué pour remonter le dispositif d'enregistrement photogra-
phique, nous avons dû nous borner à relever, à heures fixes, leurs indi-
cations, depuis le mercredi 18, à 10'' du soir, jusqu'au jeudi 19, à 6'' du
matin ( heure de Paris ).
Les variations ont été fort peu importantes. De 10'' du soir à a** du matin, la décli-
naison a diminué de 5', 55 (le pôle nord du barreau se dirigeait vers l'Est), la compo-
sante horizontale ayant diminué dans le même temps de o,ooo3 environ de sa valeur.
A 3'' du matin, le pôle nord du déclinométre était revenu vers l'ouest de 4',7> sans
variation appréciable de la composante horizontale ; mais à 4''; la déclinaison avait
diminué de nouveau de i',3, pendant que la composante horizontale avait augmenté
de 0,0002.
Quant à la composante verticale, elle a diminué de 10'' du soir jusqu'à 3'' du matin
de 0,001 environ de sa valeur, puis avait augmenté, de 4'' à 5'', de 0,00026.
A 5'' et à 6'', moment de notre dépari, tous les appareils avaient presque repris leurs
positions initiales.
Ces variations peu importantes sont donc de l'ordre de celles qu'on
l374 ACADÉMIE DES SCIENCES.
observe couramment. Aucun orage magnétique ne s'est manifesté ; les
trois aimants semblaient parfaitement tranquilles.
A l'extérieur, un bolide très brillant a été remarqué un peu avant minuit,
du côté de l'Est; étant montés sur l'une des tours, nous n'avons pu observer
aucune lueur, aucune odeur particulière, ni phénomène spécial, le temps
étant d'ailleurs assez couvert.
HYDROLOGIE. — Sur la présence d'éléments métalloïdicjnes el métalliques dans
les eaux potables. Conséquences pratiques. Note de M. F. G.4rrigou, pré-
sentée par M. Armand Gautier.
■l'ai fait connaître (^Comptes rendus du i8 avril 1910) un procédé rapide
de reconnaître dans les eaux minérales la présence de métalloïdes et de
métaux, des groupes VI, V, IV, III (As, Su, Sb, Au, Pt, Cu, Ag, Hg, Bi,
Mn, Fe, Co, M, Al, Ci-, etc.).
J'ai appliqué ce même procédé aux eaux de boisson.
Les résultats obtenus intéressant au plus haut point Thygiène, la méde-
cine et la minéralogie locale, je crois pouvoir dire que la grande majorité
des eaux potables, qu'elles proviennent de la montagne ou de la plaine,
permettent de constater d'une manière indiscutable qu'elles renferment,
(juelquefois en quantités très notables, des métalloïdes et des métaux des
(juatre groupes cités plus haut.
C'est sur plus de 2000 sources étudiées à ce point de vue dans tous les
terrains, et particulièrement dans le bassin pyrénéen, dont je dresse la (]!arte
hydrologique depuis 1860, que mes constatations ont été faites.
J'ai pu ainsi me rendre compte des rapports existant entre les sources et
les terrains superficiels ou profonds, au point de vue de la richesse minérale
de sources, richesse qui m'a souvent permis de déterminer l'existence de
gîtes métallifères profonds.
Je conclus, de mes recherches géologiques et hydrologiques, que la con-
naissance d'un district niinéralogique d'une région non encore étudiée,
peut être singulièrement éclairée par la détermination des éléments mé-
laUiques d'une eau, soit minérale, soit simplement potable, d'après
les procédés que j'ai donnés, et dont les indications sont rapides et
sûres.
Je pense qu'on n'a pas encore mis à profil le moyen d'investigation (jue
SÉANCK OU 23 MAI 1910. 1875
je viens d'exposer, pour aider à la recherche des minerais en profondeur.
J'ai la certitude qu'il peut être d'une utilité majeure pour les géologues, et
pour ceux qui s'occupent de la recherche de gisements métallifères.
OCÉANOGRAPHIE. — Sur la mesure (le la couleur des vases marines acluelles
et anciennes. Note de M. J. Thoii.et.
La couleur des vases marines dépend de la nature des matériaux qui ont
contribué à les former ( foraminifères, minéraux volcaniques, etc.), de la
quantité de matière organique qui y est ou y a été contenue, ainsi que des
phénomènes chimiques de sulfuration et d'oxydation plus ou moins com-
plètes du fer qu'elles renferment. (]es phénomènes sont eux-mêmes en
relation avec la durée et, par conséquent, avec la vitesse de la sédimenta-
tion. Pour ces motifs, il peut être utile d'évaluer la couleur des vases au
moyen de chiffres, c'est-à-dire avec plus de précision que n'en comporte
une description verbale.
Je me suis servi, pour obtenir ce résultat, d'un petit disque en bois de
couleur blanche recouvert en totalité ou en partie de ?.o secteurs en zinc,
égaux, peints en jaune, en rouge ou en noir. J'ai fait usage des couleurs à
la gouache : jaune de chrome clair, vermillon et noir divoire, fabriquées
par Lefranc et qui se trouvent partout. Le disque lui-même, installé sur
l'axe d'une centrifugeuse à main, est susceptible de tourner avec une
grande rapidité. La roche homogène, vase ou argile, dont on désire éva-
luer la couleur, est grattée au couteau quand elle est assez tendre ou, s'il
s'agit d'un calcaire, usée sur une meule horizontale, ou bien encore déposée
en poudre dans un verre de montre dont la convexité est peinte en noir, et
l'on aura soin, dans ce dernier cas, d'en bien lisser la surface.
On identifie alors la couleur à celle du disque mis eu rotation et recouvert, sur son
fond biaiic, d'un nombre convenable de secteurs. (Quelques tâtonnements conduisent
au résultat. Le disque possédant exactement la surface de 20 secteurs, comme cer-
tains d'entre eux sont \ partie et même pour {- de deux couleuis différentes; on
apprécie les nuances jusqu'à -^ des couleurs qui la composent.
La nuance est notée par le nombre des secteurs de chacune des quatre couleurs
élémentaires inscrits toujours diins le même ordre : blanc, jaune, rouge, noir. Ainsi le
symbole 7-8-0,25-9,75 dont le total des chiffres est évidemment égal à 20, indique la
teinte uniforme résultant par rotation de 7 secteurs blancs, 3 jaunes, o,25 rouge
(ou { de secteur) et 9,76 noirs.
C. K., 1910, I" Semestre. {T. 150, N" 21.) I 80
l'i'^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Ces quatre sortes de secteurs, ou, pour mieux dire, ces trois sortes, puisque le blanc
est constitué par le fond niêtïie du disque, suffisent pour établir le symbole colori-
métrique des vases, des calcaires, des argiles et autres roches sédimentaires homo-
gènes. La nuance bleue résulte d'un mélange de noir et de blanc. L'argile deVanves,
par exemple, d'aspect franchement bleu, possède le symbole 6-0-0-1 4 ne comportant
que du blanc et du noir. L'observation optique est par conséquent d'accord avec
la théorie qui admet que les argiles bleues contiennent du sulfure de fer noir en par-
ticules infiniment fines. On s'explique encore le fait énoncé par M. Pruvot, que plus
une vase est bleue et moins elle renferme de matière organique, cette dernière ayant
tout entière été employée à sulfurer le fer.
J'ai noté colorimélriquement i65 vases provenant principalement de
l'Atlantique nord et recueillies par le prince de Monaco, 118 échantillons des
parages de Monaco, 23 récoltés par moi-même le long de la côte du Lan-
guedoc, enfin divers fonds marins des sondages du Challenger dans
l'Atlantique et le Pacifique, ainsi que des fonds de lacs, des calcaires, des
ardoises, etc. Cet examen a établi les faits suivants :
Bien qu'il puisse arriver que deux observateurs obtiennent la nuance d'un
même échantillon en employant deux combinaisons différentes de secteurs,
les différences sont trop faibles pour infirmer les conclusions résultant de
cette sorte d'analyse optique des roches sédimentaires homogènes actuelles
et anciennes.
A ne s'en tenir qu'aux vases marines actuelles, la surface du lit océanique
est recouverte, sur des espaces juxtaposés, plus ou moins étendus selon les
conditions ambiantes, de sédiriients de nuance sensiblement la même pour
un même espace, différente pour des localités différentes.
Si l'on observe des boudins découpés verticalement au nioyen du tube
Buchanan dans le sol sous-marin et dont la longueur habituelle est d'une
soixantaine de centimètres, on remarque tantôt que la nuance du boudin
est absolument la même sur toute la longueur, et l'on est ainsi averti que la
sédimentation s'est effectuée dans des conditions ambiantes identiques et
régulières; tantôt, au contraire, que la nuanccestdifférenle sur celte longueur
et Ton possède alors la preuve d'événements survenus plus ou moins brus-
quement et qui ont troublé la sédimentation antérieure. Ces caractères
sont quelquefois fonctions et, par conséquent, fournissent l'indicalion de
mouvements de transgression et de régression éprouvi's par les conliuents
voisins.
11 est donc possible de reconnaître colorimélricjuement Taire d'un dépôt
sous-niariii et même, dans quelques cas, d'être approximativement renseigné
SÉANCE DU 23 MAI IÇjIo. 1 377
sur l'époque à laquelle se sont accomplis cerlains événemenls géologiques
dont l'analyse mécanique et surtout microrninéralo^ique vient accuser
avec plus de précision le caractère.
A 5 heures l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et quart.
G. D.
BITI.I.KTIM ItIBI.IOCRAPHIQUE.
OtVRAGES IIIÎÇUS DANS LA SÉANCE DU I7 MAI I9IO.
Jubilé de l'enloinologiste J.-H. Fabre, reconstitution du discours prononcé par
M. EoMONU Perrier, à Sérignan (Vaucluse), le 3 avril 1910. {Revue scientifique, n" 19,
7 mai 1910, p. 577-579.) Paris; i fasc. in-4".
Comptes rendus des séances de la troisième réunion de la Commission permanente
de l' Association internationale de Sismologie réunie à Zermatt, du 3o août au
2 septembre 1909, rédigés par le Secrétaire géiiéial R. de Kôvksugethy. Budapest,
Victoi- Hornyanskj, 1910; i vol. in-4''. (Présenté par M. l'h. van Tieghem.)
Rapport sur les travaux du Rureau central de l'Association géodésique interna-
tionale en 190g, programme des tra^'aa rpour l'exercice de 1910. Levde, E.-J. Brill,
1910; I fasc. in-4°.
Manière facile et expéditive de préparer le « Grand Sympathique », par Félix
Chavernac. Aix, Makaire, 1910; i fasc. in-S". (Hommage de l'auteur.)
Détermination indirecte de l'extrait du lait de vache, origine et fondements des
formules qui servent à en faire le calcul, manière de les déduire, formules dérii'ées,
par MM. D. Giribaldo et A. Peluffo. (Le Moniteur scientifique Quesnecille ; li-
vraison 812, août 1909, p. 489-499.) 1 fasc. in-4°. (Hommage des auteurs.)
La Section électrique, par le P. J. Garcia Molla. (Mémoires de l'Observatoire de
l'Èbre, n° k.) Barcelone, Gustave Gil, 1910; i fasc. in-4''.
Agric.iltural research Instilule, Pusa. Second report the fruit e.iperiments at
Pusa, hy Albert Howard. Calcutta, 1910; 1 fasc. in-S".
Kepiiblica de Chile. Annuario del Seivico meteorolùgico de ta Direccion del
territorio maritimo, t. X, 1908. Valpaiaiso, 1909; 1 vol. in-4°.
iJyS ACADÉMIE DES SCIENCES.
Twentv-fi/tli annual Report of the Bureau of Animal liuluatry, for tlie year 1908.
Washington, 1910; 1 vol. in-8".
lieporl of the cliief of the Weather Bureau, 1907-1908. Wasliinglon, 1909; 1 vol.
in-4°.
ERRATA.
(Séance du 25 avril 1910.)
Note de M. H. Deslandres, Dislrihiition des filaments dans la couclie
supérieure de l'atmosphère solaire :
Page 1011. ligne i, au lieu de fin janvier, /('ce: fin janvier 1910.
Page 1012, ligne i.5, au lieu de les analogues déjà signalées, lisez les amilogies déjà
signalées.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 30 MAI 19dO.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président annonce dans les termes suivants la mort de M. Robert
Koch et celle de Sir William Haggins :
La mort frappe à coups redoublés sur nos Associés et Correspondants
étrangers. Il n'y a pas deux mois, nous perdions Alexandre Agassiz, et
aujourd'hui nous apprenons la mort de M. Robert Koch. Le grand bacté-
riologiste allemand avait été nommé en 1903 Associé étranger de l'Aca-
démie.
Koch avait trouvé en 1876 les spores charbonneuses. Il était célèbre
depuis sa découverte, en 1882, du bacille de la tuberculose, auquel son
nom restera attaché. Les procédés de culture microbienne lui doivent
d'importants perfectionnements et, en particulier, il employa les cultures
sur milieux solides. Ces méthodes nouvelles lui permirent de faire, en 1884,
la découverte du bacille du choléra ou bacille virgule. On se rappelle le
bruit qui fut fait en 1890 au sujet de la tuberculine de Koch; quoique
d'une autre façon que l'avait espéré l'illustre savant, celte substance rend
couramment de grands services, ses réactions étant précieuses pour le
diagnostic.
Travailleur infatigable, Koch avait fait dans ces dernières années de loin-
tains voyages pour étudier les maladies redoutables de certaines contrées
tropicales. Il disparaît brusquement à 67 ans; sa mort est une grande perte
pour la Médecine.
Je dois encore annoncer la mort de Sir William Huggins, Correspondant
de l'Académie dans la Section d'Astronomie depuis 1874. Sir Huggins fut
G. R.. ir,io, I" Semestre. (T. 150. N" 22.) l8l
l38o ACADÉMIE DES SCIENCES.
vraiment le créateur de la Spectroscopie céleste. En 1862, sur le conseil de
KirchhofTet Bunsen, il entreprenait d'appliquer le spectroscope à l'élude des
corps célestes, et dès 1864 une observation capitale mettait son nom en
évidence. Une nébuleuse dans la constellation du Dragon présente un
spectre discontinu composé de trois raies brillantes. Ce n'était donc pas un
groupe d'étoiles, mais un gaz lumineux : constatation suivie d'autres ana-
logues, et dont l'intérêt philosophique est considérable.
On sait l'importance qu'a prise aujourd'hui en Astronomie la mesure des
vitesses radiales. Ici encore Huggins a été un initiateur. Le premier, il appli-
quait les idées de Dôppler et de Fizeau, et, en 1868, au moyen de la dévia-
tion de la raie F de l'hydrogène, calculait la vitesse avec laquelle Sirius
s'éloigne de la Terre.
Je ne puis que rappeler les travaux de Huggins sur les protubérances
solaires, sur les transformations rapides des spectres des étoiles temporaires,
sur les spectres des comètes où il signale des hydrocarbures, etc. L'année
dernière, âgé de 85 ans, le grand astronome éditait de nouveau l'ensemble de
ses Mémoires scientifiques. Au début de cet Ouvrage, se trouve le portrait
de Lady Huggins, qui fut pour Sir William pendant toute sa carrière scien-
tifique une collaboratrice admirable. L'œuvre considérable signée de ce
double nom restera dans l'histoire de l'Astronomie physique.
ÉLECTRICITÉ. — Cohésion diélectrique du néon et de ses mélanges.
Analyse quantitative fondée sur la mesure de la cohésion diélectrique.
Note de M. E. Houty.
Dans le cas des gaz rares monoatomiques, la mesure de la cohésion
diélectrique ne fournil pas seulement un contrôle précieux de la pureté de
ces gaz, elle donne encore une méthode précise d'analyse quantitative.
1. Je rappelle que pour purifier soit le néon, soit l'hélium, par l'action
du charbon, à la température de l'air liquide, j'ai pu me guider exclusive-
ment sur la mesure de la cohésion diélectrique, comme un chimiste se guide
d'après l'examen des spectres. C'est ainsi que j'ai été amené à découvrir
que la cohésion du néon est très inférieure même à celle de l'hélium. Après
deux rectifications, et en opérant chaque fois par fractionnements à partir
du mélange initial que M. G. Claude avait eu la gracieuseté de me fournir
en abondance (mélange dont la cohésion était 39,66), j"ai obtenu un
échantillon de gaz dont la cohésion 7,7 était inférieure aussi bien à celle
SÉANCE DU 3o MAI 1910, 1 3S I
des gaz plus condensables qu'à celle des gaz moins condensables ( ' ). Après
une troisième opération, particulièrement soignée, la cohésion minimum
s'est abaissée à 6, 1 .
Ces observations suffisent à calculer avec vraisemblance la cohésion à
laquelle on parviendrait par une infinité d'opérations identiques. On doit
en eftet penser que chaque opération nouvelle rapproche la cohésion
minimum mesurée j',, de sa limitej'^ proportionnellement à l'écart j„ — y^.
Un calcul facile fournit ainsi la limite y^ = 5,(325, ou pratiquement 5,6,
nombre que nous adopterons.
2. La cohésion de la fraction la moins condensable, après la troisième
opération, a été trouvée égale à 22,4, nombre nettement supérieur à la
cohésion 18, 3 de l'hélium. On en conclut avec certitude que le mélange
initial contenait une très petite quantité d'hydrogène (cohésion 2o5), seul
gaz qui, avec l'hélium, puisse échapper à la condensation dans l'air liquide.
3. En vue d'arriver à une méthode d'analyse quantitative, j'ai fait une
étude spéciale des mélanges de néon et de gaz polyatomiques.
Pour eflFectuer avec une précision suffisante les dosages, quand le gaz ajouté au
néon est en proportion très faible, je commence par faire un vide rigoureux dans
l'appareil de mesure. J'y introduis une petite quantité du gaz polyatomique g dont je
mesure la pression à l'aide de la jauge de Mac Leod. J'ajoute une quantité relative-
ment considérable de néon, je mesure la pression totale au manomètre, puis je déter-
mine la cohésion. Le vide étant fait de nouveau, j'introduis une seconde fois un peu
de gaz g^ j'ajoute le néon déjà impur de l'opération précédente, je réalise une nouvelle
mesure de cohésion, et ainsi de suite.
Quand on est arrivé à introduire en tout environ 1 pour 100 de gaz g, on forme les
mélanges suivants à la manière ordinaire, c'esl-à-dire en mesurant les volumes dans
des cloches graduées en dixièmes de centimètre cube.
Ce procédé a l'inconvénient d'accumuler les erreurs de dosage, mais il est imposé
par la nécessité de n'employer en tout, pour chaque série d'essais, qu'environ 200'"'
de néon.
4. Je prendrai pour exemple les mélanges de néon et de gaz carbo-
nique CO^.
Quand on ajoute à du néon presque pur de très petites quantités de gaz
carbonique, l'accroissement de la cohésion est d'abord beaucoup plus con-
sidérable qu'on ne le calculerait en appliquant la règle ordinaire des
mélanges. Mais cette règle se rapproche de plus en plus de l'exactitude, à
mesure que la proportion de gaz carbonique devient plus forte.
(') Comptes rendus, \\. 149 de ce \ohime.
l382 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'échantillon de néon employé avait une cohésion égale à 6,8. La
cohésion du gaz carbonique est 4i8. Cela posé, désignons par n la propor-
tion pour loo en volume de gaz carbonique. La cohésion résultante j' est
représentée par la formule
n ( 1 oo — n)
V = 4 , 1 8 « + o , o68 (lOO — «)+o,i6
0,6
Les deux premiers termes, respectivement proportionnels à n et à loo — «,
donnent, parleur somme, la cohésion calculée d'après la règle des mélanges.
Le dernier terme s'annule pour n = o et pour n ^ loo; il mesure l'excès
(toujours positif) de la cohésion par rapport au nombre calculé par cette
règle :
0,000
'77
Différence.
,5
o,4o6 i3,5 i4,9 +1)4
o,65o 17,1 17,8 -+-0,7
0,973 20,3 20,6 +0,3
1,66 24,8 25,0 -HO, 2
3,11 33,1 32,6 —0,5
4,86 4i,8 4o,4 —1,4
6,85 49,0 48,6 —0,4
9,26 58, o 58,5 4-0,5
12,71 71,0 72,4 +1 ,4
100,00 4i8,o 4'8.o »
La valeur maximum de l'excès est 18,70, pour 71 = 7, 119. Pour une
même proportion infiniment petite de gaz carbonique dans le néon ou
de néon dans le gaz carbonique, l'excès prend une valeur limite 169 fois
plus grande dans le premier cas que dans le second.
Si, au lieu de considérer l'excès par rapport à la règle des mélanges
(dernier terme de la formule), on veut connaître l'effet total produit sur la
cohésion diéleclriquc de l'un des gaz purs par une trace de l'autre, on peut
dire que le gaz carbonique est 7, 2 fois plus actif pour accroître la cohésion
du néon que le néon pour diminuer celle du gaz carbonique.
5. Les autres gaz étudiés (air, hydrogène, acétylène) produisent des
eÉFets analogues. L'air, dont la cohésion (419) est sensiblement égale à celle
du gaz carbonique (4 18), provoque les mêmes variations de la cohésion,
tout au moins pour des valeurs de n inférieures à 2,5.
Pour les autres gaz, on commettra une erreur assez faible en admettant
SÉANCE UU 3o MAI IQIO. l383
que, dans les mêmes limites, l'action de chacun d'eux est proportionnelle
à sa cohésion diélectrique.
6. Toutes ces expériences ont été faites à partir d'échantillons de néon
dont la pureté n'était pas parfaite. Mais on peut s'appuyer sur les résultats
précédents pour calculer très approximativement, par extrapolation, la
proportion d'impureté. On trouve ainsi que le néon (de cohésion 6,8) em-
ployé dans les mélanges avec le gaz carbonique contenait un peu moins
de j^ d'impureté, celle-ci étant évaluée en gaz carbonique ou en air.
L'échantillon de néon le plus pur que j'aie eu en ma possession (cohé-
sion 6, i) devait contenir moins de j^ d'impureté.
Ajoutons que, si le spectroscope a révélé la mesure du gaz mêlé au néon,
la mesure de la cohésion diélectrique détermine avec certitude la propor-
tion du mélange. Il ne subsiste plus aucune ambiguïté.
CHIMIE MINÉRALE. — Quelques remarques, au point de vue géologique et
chimique, relatives à l'action que la chaleur exerce sur l'oxyde de carbone.
Note de M. Armand Gautier.
L'examen de la composition des laves et la notion de la densité moyenne
des roches primitives rapprochée de celle du globe terrestre qui dépasse
un peu cinq foiscelle de l'eau, ont amené la plupart des géologues à penser que
l'enveloppe pierreuse de notre planète repose sur une pyrosphère formée de
matériaux de composition très analogue à celle de nos roches éruptives.
Ces matériaux sont tenus en fusion, grâce au feu central, à partir de
35ooo à /40000 mètresde profondeur. Ces laves, formées surtout de silicates
alcalins, alcalino-terreux, magnésiens et ferreux, enveloppent elles-mêmes
un noyau central métallique d'une densité de 8 environ, densité qui est
celle de la fonte de fer. Toutes les éruptions volcaniques amènent à la
surface des silicates contenant du fer, et quelquefois le fer lui-même. Des
gaz, l'acide carbonique, l'oxyde de carbone, l'acide chlorhydrique, l'hydro-
gène libre, la vapeur d'eau, l'azote, assez souvent l'hydrogène sulfuré,
l'ammoniaque, le méthane accompagnent les éruptions de laves.
C'est ce même ensemble de gaz que j'ai obtenu en portant au rouge,
dans le vide, les poudres des roches éruptives les plus diverses préala-
blement desséchées avec soin (').
(') Comptes rendus, t. CXXXII, p. 60 el 189.
l'384 ACADEMIK UES SCIH.NCES.
Les gaz volcaniques proviendraient-ils donc iinic(uement de la fusion des
couches rocheuses les plus profondes? Je ne le pense pas; mais l'examen
de la nature de ces gaz ne permet pas davantage d'admettre qu'ils puissent
se dégager tels quels de la région ignée d'où viennent les matériaux
éruptifs. En effet, ceux-ci contiennent toujours des silicates ferreux qui, à
la température de i25o° à i3oo°, qui est celle de la fusion des roches les
plus profondes, décomposent l'eau et l'acide carbonique en donnant des
oxydes fixes, de l'hydrogène et de l'oxyde de carbone.
Dans quelle mesure ce dernier gaz est-il à son tour atteint par l'hydro-
gène ? Quelle est l'influence, dans ces réactions, des matériaux métallicjues
en présence? Le méthane, qu'on rencontre si souvent dans les gaz éruptifs,
peut-il provenir de l'action de l'hydrogène sur l'oxyde de carbone agissant
dans ces conditions? Le gaz ammoniac peut-il lui-même prendre naissance
grâce à l'action de l'hydrogène sur l'azote aux très hautes pressions et en pré-
sence de certains métaux; ou bien ceux-ci forment-ils d'abord des azotures
ou carbazotures au contact de l'azote et de l'oxyde de carbone, azotures et
carbazotures que l'eau décomposerait plus tard? Pour examiner l'ensemble
de ces hypothèses, il faudrait faire réagir ces divers facteurs, et d'autres
encore, successivement deux à deux, trois à trois, aux températures et aux
pressions élevées des régions d'où viennent les laves. Pour aujourd'hui
j'examinerai seulement le point le plus simple, mais aussi l'un des plus
importants, à savoir si la chaleur est bien apte à dissocier l'oxyde de car-
bone aux hautes températures. L'acide carbonique, l'eau, l'acide chlor-
hydrique, l'hydrogène sulfuré ne peuvent directement venir des régions
ignées du globe; mais l'oxyde de carbone peut-il nous arriver sans décom-
position des profondeurs de la pyrosphère?
Action de la chaleur sur l'oxyde de carbone. — Elle a été examinée déjà par
divers chimistes, en particulier par Henri Sainte-Glaire Deville, Marcellin Berlhelot
et Lothian Bell.
H. Deville annonça que, lorsqu'on cliaulTe l'oxyde de carbone au rouge blanc {i3oo"
à iSSo") dans un tube chaud et froid (lube de porcelaine parcouru suivant son axe
par un lube de laiton plus étroit où circulait un courant d'eau froide), cet oxyde
de carbone se dissocie en partie dans ses deux éléments, laissant sur le tube froid
un léger dépôt de charbon, tandis que son oxygène donne avec l'oxyde de car-
bone ambiant une quantité proportionnelle d'acide carbonique ('). Mais M. Ber-
thelot (') remarqua que déjà veis la teiM|iiratiire de 55o° et sans t/u'il se fasse le
(') Comptes rendus, I. LIX, p. 871.
(') Ann. de Cliini. et de Pliys., G'' séi'ie, t. \X1V, p. 126.
SÉANCE DU 3o MAI I9IO. l385
moindre dépôt de charbon, l'acide carbouique apparaît en faible proportion. Berlhelol
cliauilalt l'oxyde de carbone dans un lube de verre peu fusible, scellé à ses deux bouts
après l'avoir séché et complètement rempli de gaz oxyde de carbone sec. Cet oxyde de
carbone provenait lui-même de l'action de l'acide sulfurique sur l'acide oxalique; il
passait ensuite deux fois par sa combinaison avec Cu-Cl-, puis il était parfaitement
privé de gaz carbonique.
Four expliquer la décomposition de l'oxyde de carbone avec formation de CO^ sans
dépôt de charbon, M. Berthelot admit qu'à chaud GO se polymérise d'abord, sans
doute, pour se décomposer ensuite, en donnant un sous-oxyde volatil tel que C'O,
corps qu'il ne parvint cependant pas à isoler. La réaction s'expliquerait, selon lui, par
une réaction telle que la suivante :
SCO =C'0-|-GO^
J'ai repris l'examen de cette singulière décomposition de l'oxyde de car-
bone. Je préparais ce gaz, comme Berthelot, en le retirant de sa combi-
naison avec le protochlorure de cuivre.
Après avoir exactement chassé l'air de mes appareils par un courant d'hydi'ogène sec,
puis d'oxyde de carbone, ce gaz était encore lavé soigneusement au pyrogallol potas-
sique, à la potasse concentrée, à la baryte, séché enfin sur l'acide sulfurique. ,11 péné-
trait alors dans un tube de porcelaine de Berlin vernissé sur ses deux faces et parcouru
suivant son axe par un tube de verre mince assez large où coulait un rapide courant
d'eau froide. Les deux tubes, porcelaine et verre, avaient été, au préalable, bien dessé-
chés à 3oo° dans le courant de gaz sec ('). En remplaçant ainsi le tube central de laiton de
H. Deville par un tube de verre refroidi destiné à condenser les particules de charbon
ou autres qui pouvaient se produire, j'ai voulu éviter l'influence possible du métal ou
de ses oxydes sur la décomposition du gaz oxyde de carbone.
Dans une première expérience, 3750'"°' de ce gaz sec (calculé à 0° et 760"")
sont passés en 8 heures et demie dans le tube de porcelaine chauffé d'abord
à 820°. Il s'est ainsi produit 4™^, 7 d'eau et 10"*°, 7 d'acide carbonique. Sur
le tube de porcelaine, ni sur le tube de verre, il n'est apparu aucune trace
de charbon ou d'autre dépôt sensible (-).
La même expérience a été répétée à i2oo"-i25o" en séchant au préalable
le gaz sur P^O'. Il s'est formé encore une quantité très sensible d'acide
(') Il faut veiller aussi à ce qu'il ne reste pas sur les tubes la moindre parcelle de
matière organique qui, donnant des traces de charbon en se décomposant au rouge,
agirait alors, comme on le verra, sur l'oxyde de carbone pour le transformer en G -t-GO-.
(-) Le tube de verre, grâce à sa transparence, permettait de voir les plus légers
détails ou dépôts.
l'SHG ACADÉMIE UES SCIENCES.
carbonique (non dosé) et i3"^ dVaii, sans qu'il se déposât la moindre
parcelle de charbon sur la porcelaine et le verre.
Surpris de ces constatations, une troisième expérience fut faite à 800°
en desséchant aussi soigneusement que possible à 400° les tubes de porce-
laine et de verre, laissant refroidir dans le courant de gaz sec, réchauffant
au rouge blanc et recueillant seulement alors les produits qui se forment.
Avant de circuler dans le tube, l'oxyde de carbone était séché dans mon
laveur spiraloïde chargé d'acide sulfurique bouilli, puis sur l'anhydride
phosphorique. J'ai fait passer à 1200° en 7 heures 45 minutes, le volume
de 33oo""' de gaz CO (calculé à 0° et 760'""'); j'ai obtenu :
CO2 08,0667
H^O 08,0071
C ou aulre dépôt nul
Cette expérience contrôle donc les deux autres.
Il est certain qu'au rouge et même au rouge blanc (du moins jusqu'à 1250°
à iSoo"), l'oxyde de carbone ne se dissocie pas, même partiellement, en
donnant du charbon suivant l'équation de Deville
2CO = c-|-co^
Sur ce point je suis en parfait accord avec Lolhian Bell ( ' ).
Mais il reste à expliquer comment se produit l'acide carbonique; d'où
vient l'eau ; que devient le charbon correspondant à l'acide carbonique
formé?
Pour les traces d'eau, chacun sait combien il est difficile de sécher parfai-
tement un tube de verre ou de porcelaine qui, sec en apparence à Soo" ou
4oo°, laisse encore échapper quelques traces d'eau au rouge. Mais ici, il y a
plus; je me suis assuré que l'oxyde de carbone obtenu par l'acide oxalique,
puis condensé dans le protochlorure de cuivre et régénéré de sa combinai-
son avec ce corps, contient toujours un peu d'hydrogène (0,21 au minimum
pour 100 du gaz oxyde de carbone recueilli) (-). Or je montreraiultérieure-
ment qu'au rouge le gaz hydrogène réduit en partie CO pour donner de l'eau
(') Voir Ann. de Chim. et de fhrs., -' série, l. XXIV, p. 8, dans le Mémoire de
M. Boudouard.
(*) Le CO était recueilli dans une éprouvetle sur le mercure au-dessus de Cu^CI- qui
l'absorbait. La partie non absorbée du gaz, toujours en très faible proportion, passait
ensuite sur l'anhvdride iodique qui lui enlevait les dernières traces de CO, enfin le
résidu était brûlé à l'eudiomètrepar l'oxygène; la contraction permettait de calculer
le volume de H.
SÉANCE DU 3o MAI 191O. l387
qui, réagissant à son tour sur ce gaz, produit de l'acide carbonique. Je ne
pense pas toutefois que l'acide carbonique que j'ai obtenu ait tout entier
cette origine, (juant au carbone qui devrait cire ainsi libéré, il s'unit lui-
même à l'hydrogène pour donner un hydrocarbure. Mais l'action du gaz
hydrogène sur l'oxyde de carbone est trop importante et trop spéciale
pour être ici traitée incidemment; j'y reviendrai donc.
Comme H. Sainte-( Claire Deville, et dans une seule de mes nombreuses
expériences, j'ai obtenu à 900"^' un peu de charbon amorpiie en faisant cir-
culer l'oxyde de carbone pur et sec à travers le tube de porcelaine où péné-
trait un tube plus petit et de même matière, portant le thermomètre Le
Chatelier. C'est à l'extrémité fermée de ce tube central, et du côté de
l'arrivée du gaz, que s'est déposé le charbon. Je pense qu'il faut attribuer
ces dépôts tout à fait exceptionnels à l'influence d'impuretés et spécia-
lement à un peu de matière organique qui laisse au rouge une trace de
charbon amorçant la réaction. Les moindres parcelles d'oxyde de fer
agissent de même. C'est une des raisons pour lesquelles, dans mes expé-
riences, j'ai remplacé le tube de laiton de H. Sainte-Claire Deville par un
tube de verre refroidi par un courant d'eau à i 1°.
J'ai voulu examiner aussi si, conforméuient à l'hypothèse de Berthelot,
la chaleur peut décomposer l'oxyde de carbone en donnant de l'acide car-
ljoui(pie et un sous-oxyde tel que C-'O et même C^O' ou C'O^ (').
Pour cela, j'ai fait circuler le gaz GO sec, préparé comme il a été dit ci-dessus, dans
des tubes de porcelaine chaufles à Goo" et à 800". Au sortir de l'appareil, les gaz par-
couraient un laveur spiraloïde plein d'eau de ciiaux froide ou à l'ébullition. Je me suis
assuré qu'il ne se forme ainsi ni acide oxalique (C'O'-l- H-0 = C^H^O*), ni acide
glycolique, ni glyoxal (C-0 -+- II-O ^ G-H-0-), glj'oxal qui, on le sait, en s'hydratant
;'i cliaud en présence des alcalis, donne des giycolales que je me suis assuré ne pas se
former :
c^hm:)^ + ii2o=^(:-ii>0'.
Aussije pense que l'observation delà production d'acide carbonique à 5(30"
aux dépens de l'oxyde de carbone et sans dépôt de charbon dans l'expérience
de Berthelot et dans les miennes s'explique en partie parla présence d'une
trace d'hydrogène dans l'oxyde de carbone suivant une réaction telle que
2CO- 11'= CO^ 4- CHS
ce que j'essayerai de montrer très prochainement.
(') Obtenu par M. Berthelot dans l'action de l'eflluve à haute tension l'ur l'oxyde de
carbone. 11 donne, entre autres, C'O' en se décomposant facilement.
C. 1;., 1910. I" Semestre. (T. 160, N° 22.) 182
l388 ACADÉMIE DES SCIENCES.
.le conclus que, porlé au rouge blanc à iSoo", à la pression ordinaire,
dans des tubes de porcelaine et à l'abri de toute matière organique et de tout
métal (' ), l'oxyde de carbone ne subit pas de dissociation sensible meltanl
du charbon en liberté.
MINÉRALOGIE. — Sur le minéral à structure optique enroulée com/ituanf les
phosphorites holocristallines du Quercy. Note de M. A. Lacroix.
Dans une Note récente (-), j'ai montré que les phosphorites du (Quercy
sont constituées par des composés hydratés de phosphate et de carbonate
de calcium se rapportant à plusieurs types distincts : i" un type isotrope,
la colop/ianile ; 2° des types hétérogènes rubanés (rjuercyites ), résultant
d'un mélange intime de colophanile et de produits cristallisés, opticjuement
négatifs | suivant les cas, francoiile iibreuse (slaffélite) ou dahllitej {quer-
cyite a.), auxquels s'adjoint, dans la quercytte^^ un minéral optiquement
positif, plus biréfringent; 3° un type holocristallin.
.Te me propose dans la présente Noie de compléter l'étude des quercyites
et de décrire les remarquables propriétés du type holocristallin.
N'ayant pu parvenir à isoler le produit uniaxe positif, qui caractérise la
quercyite {3, soit parce que sa densité est trop voisine de celle du minéral
optiquement négatif, soit parce que le mélange de ces deux minéraux avec
la colophanite est trop intime, j ai dû me contenter de trier des portions
aussi riches que possible en ce minéral et j'ai prié M. Pisani de faire
l'analyse de deux échantillons provenant : «, de Mouillac (Tarn-el-
(laronne); />, de Castillo de IJelmez (province de Cordoue).'
Ca 0 5o , 4.S 52 , 50
V-0- ;56,6o 37,70
F o,83 »
CO- 4 . ^2 5,70
11-0 6,00 3,20
Vl-O'-f- Fe-0' i,3o o,85
99 '80
(') J"ai essa\é de revèlir mon luhe centiMJ tie verre de lames minces de tailon,
nitvre, arp;ent, oxydées ou non. Sur aucune d'elles il ne s'esl fait de dépôt de cliarljoii.
( >h verra qu'il n'en est pas de même en présence du fer, du nickel ou de leurs oxvdes.
(') Ciiniptes rendus, 17 mai 1910, p. iai3.
SÉAXCE DU jo MAI 1910. l3^'j
Ces analyses, comparées à celles données dans ma précédente rSole.
mettent en évidence de bien faibles différences avec la quercyite a.
La pauvi'eté en fluor on l'absence du fluor et la richesse en C(J- font
penser que le minéral positif doit se rapprocher, comme composition, de la
dahllite et la teneur élevée en eau doit être attribuée à Tabondance de la
colophauite. Il parait inutile de chercher à préciser davantage jusqu'à ce
que la découverte d'un échantillon particulièrement pur permette d'isoler
ce produit cristallisé.
Plus intéressant est le type holocristallin. Il constitue des concrétions,
affectant la forme des gros champignons appelés polypores ; elles ont été
recueillies sur les parois des fentes à phosphorite de Mouillac. Ce type forme
aussi, au milieu des argiles du même gisement, des rognons, ayant la forme
de ceux de quercyite; ils sont peut-être dus à la transformation de ces der-
niers; ils ne sont plus régulièrement zones comme les précédents. La cas-
sure, d'un blanc mat, à aspect pierreux, montre de longues libres, parfois
groupées parallèlement, plus souvent palmées et enchevêtrées, ce qui
explique la ténacité du minéral.
L'examen microscopique met en «''vidence la structure caractéristique de
la calcédonite à enroulement .
l^e loiiy dune même libre, on voil en lumière jsolarisée parallèle, la biréfringence
décroître régulièrement du maximum à zéro, mais, à l'inverse de la calcédonite, le
signe de l'allongement est ici positif et Taxe optique unique que les plages monoréfrin-
gentes montrent en lumière con\erj;ente est de signe négatif. On se trouve donc en
présence d'un enroulement hélicoïdal de l'indice «,j autour de l'axe d'allongemeui,
qui correspond avec n^. Dans quelques échantillons, le minéral est nettement biaice
et l'on constate, dans ce cas, que l'enroulement a lieu autour de «,„, dont la valeur est
d'ailleurs fort \oisine de celle de n„, l'écartement des axes optiques étant très faible.
La biréfringence peu élevée du minéral ne permet pas de préciser davantage, car, dès
que les préparations ont quelques centièmes de millimètres d'épaisseur, les superpo-
sitions de fibres rendent les images en lumière convergente indéchillVables.
Depuis la découverte, faite par M. Michel Lévy, des enroulements
hélicoïdaux dans la calcédonite, cette même structure a été reproduite expé-
rimentalement par M. ^^ allerant, en fondant divers corps organiques, qui
ne la possèdent pas à l'état norinal, avec des corps doués du pouvoir rota toire,
et M. P. (Jaubert l'a observée dans quelques substances organiques, qui
paraissent homogènes.
Il est intére'ssant de rencontrer cette structure dans un minéral associé à
la quercyite, qui partage avec la calcédoine la particularité d'être constituée
iSpo ACADÉMIE DES SCIENCES.
par un mélange inlinie d'une substance cristallisée (calcédonite)et d'un corps
isotrope (opale) de composition voisine. On pouvait donc se demander si cette
structure enroulée ne provient pas, comme dans les expériences de M. \^ al-
leranl, de l'union plus intime de ces deux catégories de produits. L'ana-
lyse a n'est pas convaincante à cet égard, car elle montre que notre minéral
possède une composition chimique extrêmement voisine de celle (6) que
prévoit la théorie pour la dahllite :
a. h.
CaO 53,65 53,7
l-"- 0° 38 , 4o 3g , o
CO- 5,3o 6,0
H^O 2,io 1,3
Al20^+Fe'^0'+ F 0,57
100,02 100.0
La plupart des propriétés physiques sont également les mêmes cpie pour
la dahllite ('), dont le minéral du Quercy constitue une variété caractérisée
par une propriété optique remarquable. On sait que, dans la calcédonite,
il existe aussi des types ne présentant pas la structure enroulée.
L'importance principale des observations, cjui viennent d'être exposées,
consiste dans la découverte d'un second minéral possédant cette structure
à enroulement hélicoïdal, si intéressante au point de vue théorique. Je
signalerai, en terminant, que je viens de l'observer dans une troisième
substance naturelle, dans un phosphate ferrique, la dufrènite de Rocheforl-
en-Terre, dans laquelle elle est même visible à l'aide d'un seul nicol, grâce
à un pléochroïsme intense.
AGRONOMIE. — Im lutte pour l eau entre les organismes vivants et les milieux
naturels. Note de M. A. Mïtstz.
L'eau est indispensable au développement des êtres vivants ; si, à la
rigueur, quelques organismes peuvent conserver une vie latente à l'état de
siccilé, toute manifestation vitale, c'est-à-dire toute nutrition et multipHca-
lion de la cellule sont intimement liées à la pi'ésence de l'eau, ou plutôt à la
présence d'une suffisante quantité d'eau.
(') La densilé est de 2,97 au lieu de 3,o5; mais celle difl'érence s'explique par la
sli'uclure filn-euse, qui rend difficile l'expulsion complèle des bulles d'air comprises
enire les lilires; N = r,62.
SÉANCt: DU bo MAI 1910. IJpi
Par sa mobilité, soil à l'état liquide, soit à l'état de vapeur, l'eau ost
conslaniinent en mouvement et se répartit d'une manière très inégale à la
surface du globe. Malgré sa masse totale énorme, elle est rare en bien des
points et là, la vie animale, comme la vie végétale, sont soulFreteuses ou
suspendues. D'une manière générale, ii ce point de vue, la surface des conti-
nents manque fréquemment d'eau; celle-ci, qui leur est apportée incessam-
ment par les agents atmosphériques, en est incessamment aussi enlevée
par l'évaporation et par les drains naturels qui la ramènent à son grand
réservoir, la mer. (]e n'est qu'à certains moments, par intermittences de
courte durée, que les continents disposent de la quantité d'eau nécessaire à
une vitalité intense. Si nous envisageons l'exemple le plus simple et le plus
frappant, celui du sol et de la végétation qu'il porte, nous voyons combien
la répétition d'un apport d'eau, soit par les pluies, soit par les arrosages, a
d'iniluence sur le développement des plantes. L'air contient toujours de
petites quantités d'eau; mais c'est presque en totalité à la terre, qui en a été
abreuvée et qui l'a pai'tiellement retenue, que les plantes l'empruntent par
l'intermédiaire des racines.
Mais ce n'est pas seulement la présence d'une certaine masse d'eau qu'il
faut à l'activité végétale, c'est la présence d'une certaine masse d'eau
disponible. L'eau contenue dans la terre affecte deux états nettement diffé-
rents. Une partie est intimement liée à la terre, qui se l'est appro[)riée par
une sorte de combinaison que nous avons pu mettre en évidence, M. Gau-
dechon et moi ('), par l'emploi des méthodes calorimétriques. La terre
sèche dégage en effet, quand on la mouille, un nombre de calories variable
avec sa nature; elle five alors, et retient avec une certaine énergie, une quan-
tité d'eau en rapport avec réchauffement produit. Nous donnerons provi-
soirement à cette propriété le nom à'afjinité spécifique. Lorsque cette
affinité est satisfaite, aucun échauffement ne se produit par une nouvelle
addition d'eau. La limite de saturation est alors dépassée et il y a de l'eau
libre, entièrement disponible pour les organismes vivants, tandis que celle
qui est liée à la terre par cette affinité, due en partie à des effets purement
physiques, en partie à la formation d'hydrates instables, ne se prête qu'à
un équilibre entre le milieu inerte et les organismes vivants. Ces derniers,
ainsi limités dans leurs besoins en eau, sont incapables de développer leur
(') Comptes rendus, t. CXLIX. p. 877, et Ann. de l'tnsl. agion., 1' série, t. VIII.
fasc. 2, p. 33.
l3()2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fonction vitale. Ils n(.' peuvent le faire que ((uand il y a de l'eau en excès sur
celle tjui correspond à l'affinité spécifique de la Lezre.
Cependant l'eau ainsi liée à la terre ne l'est pas tout entière au même degré; il v a
là des actions en tout comparables à celles qu'on observe dans les plfénomènes de dis-
sociation. Ce soDt les premières parties d'eau ajoutée à la terre sèche qui dégagent le
plus grand nombre de calories, les dernières le moins, comme nous l'avons montré
précédemment ( ' ) et nous avons appelé limile de satii ration la quantité d'eau, exprimée
en teneur centésimale, à partir de laquelle l'efTet tliermique est nul, lorsqu'il inlervienl
une nouvelle quantité d'eau.
Nous avons constaté que c'est presque exclusivement dans l'humus et dans l'argile
conl/euus dans les terres que réside cette afïinité ; les proportions de ces matériaux
étant variables entre des limites très écartées, l'eau ainsi fixée dans la teire varie elle-
même de 1 à 20 pour loo.
La terre sèche, c'est-à-dire absolument privée d'eau, n'existe pas dans la nature, pas
plus que l'air absolument sec, et il s'établit toujours un équilibre entre ces deux élé-
menls(*).
Après avoir à ce point de vue e.vaniiué la terre, considérons l'organisme
vivant qui s'y développera. Nous avons montré que ces organismes, eu
tant que substance organique, de même que les substances organiques en
général, ont également pour l'eau une affinité spécifique, mesurable par
leur échauffement au contact de l'eau, et se comportent vis-à-vis de celte
dernière comme la terre elle-même, ou, plus exactement, comme l'humus
de la terre. Mais cette eau n'est pas suffisante pour les manifestations
vitales et il faut à l'organisme, en tant que tissu vivant, animal ou végétal,
plus d'eau que la quantité qui satisfait à l'affinité spécifique.
Ces idées demandent à être précisées par des faits. Prenons comme
exemple la germination du blé dans deux terres de nature différente :
i" Une terre légère, qui renferme 2 pour 100 d'eau lorsqu'elle est à
sa limite de saturation, est ensemencée de grains de blé contenant les
if) pour 100 d'eau qui correspondent également à leur limite de saturation.
Aucun échange d'eau ne se produira entre la terre et le grain, et celui-ci ne
pourra pas germer, puisqu'il doit contenir environ 36 pour 100 d'eau pour
que la germination ait lieu. Mais si cette terre vient à contenir 3 pour 100
d'eau, il y a excès sur la quantité satisfaisant à sou affinilé spécifique; il y
(') MiMv. et Gaidecuu.n, loc. cit.
(^) Pour plus de simplicité, nous ne faisons pas ici intervenir les échanges d'eau entre
la terre et l'air, admettant qu'ils donnent lieu ù des équilibres oscillant entre cer-
taines limites et constituant un état moven, ce (|ui esl d'ailleurs conforrue à la réalité.
SÉANCE Dr '3o MAI 1910. l393
a donc de Fcaii libre et la graine peut alors en absorber suffisamment pour
que la germination s'ell'ectuc.
2" Une terre humitère, contenant i8 pour 100 deau et dont raflinilé est
satisfaite avec cette quantité, est ensemencée des mêmes grains de blé. Ces
derniers, puisque l'écjuilibre est établi entre les deux milieux en présence,
ne peuvent pas prendre d'eau à la terre et la germination n'a pas lieu. Mais
si cette terre vient à être mouillée de manière à contenir 19 pour 100 d'eau,
il y a de l'eau disponible; le grain en absorbe et germe.
Nous venons de voir ce (pii se passe lorsque l'équilibreprimitif est rompu
par suite de raugmenta.tion de l'eau de la terre; mais lorsqu'au lieu d'une
augmentation, il y a une diminution, cas très frécjuent, et que, au lieu de
18 pour 100, il n'y en a plus que 17, l'équilibre est également rompu et
alors c'est la graine qui cède de l'eau à la terre, jusqu'au rétablissement de
l'équilibre. Dans ces conditions, la graine, loin de pouvoir germer, se des-
sèche, malgré la forte quantité d'eau qui reste dans la terre.
(^)uand on considère que dans la nature, comme dans la pratif|ue cultu-
rale, la proportion de la graine à celle de la terre avec laquelle elle est en
contact est bien inférieure à , „ ^ „ ^ , on voit que la graine peut se trouver en
présence d'une masse d'eau énorme, sans qu'elle puisse en prendre les petites
([uanlités nécessaires à son activité végétative, puisque cette eau n'est pas
disponible.
Comme application aux faits naturels, citons l'exemple suivant : une terre
contient i.) pour 100 d'eau qui satisfont à son affinité spécifique. On y sème,
par hectare, ioo''s de grains de blé, avec leur humidité normale de i5
pour 100. Pour pouvoir germer, ces grains doivent absorber encore
■20 pour 100 d'eau. Quoique se trouvant en présence des45oooo' d'eau con-
tenue dans la couche arable, la graine ne peut pas prélever sur cette masse
les 20' qui sont nécessaires à sa germination, puiscjue les deux milieux sont
en équilibre, Mais s'il intervient une petite quantité d'eau, par pluie, rosée
ou brouillard, et si la terre s'humecte juscju'à ij,5 pour roo, par exemple,
au lieu de i5 qui est sa limite de saturation, il y a dans la couche arable
ijooo' d'eau disponible, sur lesquels la graine prélève sans difficulté les
(pielques litres qu'il faut pour arriver à la germination ( ' ).
(') M. I*. Lesage a observé {Comptes rendus, l. CWXIII, p. 174 et 706) que la
geiniiiialion des spores de Pénicillium dans un air liumide dépend plus de l'état liygro-
niétri((ue de cet air que de la quantité absolue de vapeur d'eau en présence de laquelle
se lrou\eiit les spores.
l394 ACADÉMlli DES SCIENCES.
Ces résultais monlrenl quel rùle les affinités pour l'eau jouent dans les
manifestations vitales à la surface du globe.
Nous venons de voir ce qui se passe entre les éléments terreux et la
graine. Lorsque la plante est développée, les relations entre les deux
milieux se compliquent du fait de Févaporation dont les organes foliacés
sont le siège ; c'est entre le système radiculaire et la terre que se produit
alors la lutte pour l'eau; mais la plante en pleine végétation ayant une plus
grande aptitude à attirer et à retenir l'eau, l'équilibre entre elle et la terre
est incessamment rompu et tend incessamment à se rétablir par une sous-
traction de l'eau du sol au profit de la plante.
Ce que nous venons de dire du partage de l'eau entre la graine et la terre
n'est qu'un exemple d'un phénomène qui a une grande généralité. C'est
ainsi que si nous envisageons les micio-organismes, qui sont partout pré-
sents dans la nature, nous constatons des faits identiques; les bactéries
nitrifiantes qui peuplent les sols, et dont l'activité peut se mesurer par la
quantité de nitre qu'elles forment, se conqiortent comme les graines. De
même que tous les êtres vivants, elles ont besoin d'eau, non seulement de
la petite quantité qui satisfait à leur affinité de substance organique, mais
de ce qu'on peut appeler l'eau de végétation, qui gonfle les cellules et pro-
voque leur multiplication et leur fonctionnement, (^uand on étudie le
processus de la nilrification dans des terres de natures diverses, on est frappé
de voir qu'elle peut être active dans des sols qui ne contiennent que 2 à
3 pour 100 d'eau, nulle dans d'autres qui en contiennent 18 à 20 pour 100.
Dans les premières, dont l'affinité est satisfaite avec 1 à 2 pour 100, les
organismes trouvent de l'eau disponible ; dans les secondes, argileuses ou
bumifères, et dont, par suite, l'affinité nesl satisfaite qu'avec 20 à
22 pour 100, il n'y a pas d'eau disponible pour ces organismes, qui se
Ijornent à se mettre en équilibre hygroscopique avec le milieu ambiant et
ne peuvent absorber l'eau nécessaire à leur activité microbienne.
Nous n'avons jusqu'ici envisagé que la terre comme support. Si nous
étudions au même point de vue les matières organiques les plus variées,
nous voyons que, vis-à-vis des organismes de la fermentation, de la moisis-
sure, de la pourriture, elles se comportent comme les matériaux terreux.
Toutes ces matières ont une affinité spécifique pour l'eau et en conlienuenl
le plus souvent dans une proportion voisine de i5 pour 100.
Nous avons également pu mettre celte aptitude en évidence par l'emploi
du calorimètre. Les germes des micro-organismes les plus divers se trouvent
dans ces matières et sont en équilibre hygroscopique avec elles; mais ils ne
SÉANCE DU 3o MA.I igio. 1 390
peuvent pas se développer, l'eau, fixée par l'affinilé, irétant pas à leur
disposition. Mais s'il intervient une très petite quantité d'eau en plus de
celle qui satisfait à l'affinité du milieu, les germes en ont à leur dispo-
sition, bourgeonnent et produisent le pullulement îles organismes des-
tructeurs.
Voici un exemple de ces effets : la farine de blé contient i5 à iG pour 100
d'eau lorsqu'elle est à sa limite de saturation. Lme infinité de germes s'y
trouvent, qui restent inertes aussi longtemps que l'état d'humidité ne
change pas. Mais dès que la proportion d'eau dans la farine vient à
augmenter quelque peu, si elle monte à 17 ou 18 pour 100, immédiatement
il y a de l'eau disponible, sur laquelle les germes peuvent prendre ce qui
leur est nécessaire pour manifester leur vitalité. Rapide et profonde est alors
l'altération de la farine.
Toutes les substances alimentaires, tous les produits de nos récoltes,
donnent lieu aux mêmes phénomènes. Aussi longtemps qu'elles ne
contiennent pas plus d'eau que celle qui répond à leur affinité spécifique,
elles sont incapables de céder assez d'eau aux micro-organismes pour leur
donner l'activité vitale. On sait de quelle importance est, pour la conserva-
tion des denrées, leur maintien à l'abri des causes d'humectation.
Nous n'avons jusqu'ici considéré comme supports que des milieux inertes;
mais si le milieu est lui-même vivant, végétal ou animal, de pareilles actions
ne peuvent-elles pas intervenir, et le développement des maladies micro-
biennes ne tient-il pas, dans beaucoup de cas, à la présence, dans les tissus,
de quantités d'eau supérieures à celles qui sont strictement nécessaires à
leurs affinités"? Cet excès favoriserait alors la germination et le développe-
ment des microbes pathogènes en contact avec ces tissus.
Pour les plantes tout au moins, il semble bien en être ainsi; exemple : le
développement du mildevs' sur les feuilles de vigne contenant 7.5 pour 100
d'eau; la résistance de celles qui n'en ont que 65 pour 100.
Ces dernières considérations mises provisoirement à part, il résulte de
l'ensemble de mes observations que l'activité vitale n'est possible que là où
l'équilibre hygroscopique entre le milieu inerte et le germe auquel il sert de
support est rompu par l'apport d'une quantité d'eau telle que la limite de
saturation du milieu soit dépassée.
C. n., 1910, i" Semestre. (T. 150, N" 22.) l83
1396 ACADÉMIE DES SCIENCES.
OCÉANOGRAPHIE. — Sur la douzième campagne scientifique
de la Princesse-Alice. Noie de S. A. S. Albert, Pri.\ce de 3Ioi«aco.
Pendant Tannée 1909, j'ai exéculé sur la Princesse-Alice les opérations
suivantes :
20 sondages en eau profonde jusqu'à r>9/io">, dont i5 avec prélèvement d'écliantillnn
du fond et 4 avec prélèvement d'échantillon d'eau.
4 dragages jusqu'à 46oo'" et pour lesquels un chalut à étriers était employé.
1 pose de nasse à 0940™ et 2 suspensions de nasse entre deux eauv.
10 lignes de fond (palancres) jusqu'à 5940'".
2 poses de tréniails sur des fonds littoraux.
5 pêches au haveneau dont deux sous un projecteur électrique.
«1 descentes de filet vertical jusqu'à 55oo™.
5i traînages de filet fin à plankton.
I photographie en couleurs d'aniniauK frais.
I envoi de ballon-sonde participant au lancer international du mois d'août.
Des échantillons du fond et des échantillons d'eau ont été envoyés au
professeur Gockel, de l'Lniversité de Fribourg, pour la recherche de la
radioactivité. Ce savant vient de ine faire connaître que les sédiments
marins venant de i54o'" à j54o™ sont plus riches en radium que les roches
sédimentaires de la surface de la Terre. Les vases sont d'autant plus actives
quelles sont moins calcaires (résultat déjà obtenu par M. Joly ). Leau de
mer est inoins active que l'eau de source ordinaire.
Lne fois de plus, on a constaté au large, et à une centaine de milles dans
l'ouest de Gibraltar, une température de 12", à la profondeur de 1270"^
conftrmanl l'influence chaude des eaux de la Méditerranée qui séconlent
par-dessus le seuil de (iibraltar. Car, à cette profondeur de l'Atlantique, la
température normale est de 6" à 7°. Dans la même région, le 17 juillet 1908,
la Princesse-Alice avait trouvé 10" à 1329'" et, le 20 juillet, 12°, 7 à 749'"-
Les résultats les plus intéressants de cette campagne, au point de vue
zoologique ou biologique, sont les suivants.
Le chalut a donné, notamment dans la Méditerranée et par 930'", un
Cruslacé rare Calliaxis adriatica^ sans doute, et un Sipunculus.
La nasse a fourni, de ,1940"' et dans l'Atlantique, des petits Amphipodes.
Le palancre a ramené du fond à 2718'", notamment un Centroscymnus
cœlolepis ; c'' Qsl ÏH plus grande profondeur de laquelle un résultat me soit
revenu au moyen d'hameçons.
Les projections électriques ont permis de capturer, avec un haveneau,
SÉANCE DU 3o MAI I910. 1397
certains Poissons et ( Crustacés de la surface ou de ses environs, et aussi
deux (lalmars de taille assez grande (environ '|0''™) et qui montent de la
profondeur pendant la nuit.
Le filet vertical à grande ouverture de 9"' m'a livré, au milieu de récoltes
très abondantes, deux exemplaires de SteUosphœra (larve très particulière
de Stelléride, découverte par la Prùicesse-Alice)-, puis, entre la surface et
i5oo™, sur un fond de 594^""» cet appareil a permis la capture, plus remar-
quable encore, faite entre o™ et 1209" au-dessus d'un fond atteignant
2^35'", de deux Etoiles de nier bien caractérisées, quoique très jeunes, et
qui dérivent peut-être du S/ellosphœra.
Un certain nombre de poissons intéressants ont été obtenus des pêcbeurs
en eau profonde, que l'on a rencontrés sur les côtes d'Espagne et de
Portugal.
Cinq journées et cin(| nuits de celle campagne furent consacrées à une
station sur un point situé par :i3°o3 lai. N. et i9°4i' long. ^^ . (Gr. ),
vers 920'"" au large du Portugal. La profondeur atteignait près de Gooo'"
(59/10™) et tous les niveaux depuis la surface ont été explorés.
Cette étude, faite suivant les méthodes que j'applique aux stations com-
plètes, offre le cas d'une absence presque totale de vie organique depuis
le fond jusqu'à la surface. Des organismes très rares el chétifs ont seuls
été recueillis par le tilet vertical. Quelques Aiguilles et quelques Céphalo-
podes ont passé dans la zone lumineuse du projecteur. Les Oiseaux eux-
mêmes ne se montrèrent pas, non plus que les Cétacés, dans toute celte
région d'un caractère désertique difficile à expliquer autrement que par les
migrations du plankton de la surface.
En elîél, non seulement celui-ci alimenle les animaux au milieu desquels
il vit, mais il envoie vers la profondeur des nappes de matière organique
morte dont les éléments sont utilisés par les populations ambiantes.
Le ballon-sonde, lancé le 6 août, est monté à 12200'" et il présente celle
particularité que, depuis la surface de la mer jusqu'à la hauteur, il a ren-
contré un vent de la même direction; car, en suivant ce ballon pour le
reprendre, nous avons fait 90'"" au Sud à 2° près.
OCÉANOGRAPHIE. — Sur les Iravau.v océanographiques du Musée de Monaco .
Note de S. A. S. Albert, Prince de Moxaco.
Le Musée océanographique de Monaco a été inauguré au mois de mars
dernier, mais je n'avais pjas allondu jusque là pour faciliter le travail des
iSpS ACADÉMIE DES SCIENCES.
savants étrangers dans ses laboratoires. Ainsi, depuis 1907, VEider, un petit
bâtiment à vapeur construit exprès et muni de l'armement nécessaire, était
attaché au service de ces derniers, ^'oici un résumé des opérations pour-
suivies, d'autre part, avec cet auxiliaire, pour le compte du Musée lui-même
et sous la direction du directeur de l'établisssement, le docteur Richard.
De 1907 à 1909 on a obtenu daus i4' sorties :
177 sondages avec le sondeur Léger.
gSi écliantillons d'eau avec la bouteille Richard.
961 températures avec le thermomètre Hichter:
9,")! déterminations de salinité par la méthode Knudsen.
364 prises de plankton de profondeur avec le filet Nausen.
217 prises de plankton de surface avec le filet étroit.
Progressivement ces premièi^es opérations se sont régularisées suivant
une méthode qui leur donne leur principale valeur ; ainsi elles se font deux
fois par semaine pendant inie partie de Tannée et elles se feront bientôt
pendant toute l'année, aux profondeurs suivantes : o"\ 25™, 5o"\ tj'",
100"', i5o'", 200™ sur deux points de la mer, toujours les mêmes. L'un est
situé à 2485"" au large du Musée, au-dessus d'un fond de 228"' ; l'autre à
38i5'" plus loin sur le même alignement et au-dessus d'un fond de 444'"-
M. Nathansohn, professeur à l'Université de Leipzig, a déjà publié un
important Mémoire sur les rapports des variations des éléments océano-
graphiques avec celles du plankton, basé sur les recherches de VEider \
nous construisons maintenant des courbes de température et de salinité.
Ces travaux du Musée océanographique de Monaco vont donc au-devant
du programme d'études internationales que prépare la Commission océano-
graphique de la Méditerranée dont la présidence m'a été confiée. Ils
répondent d'abord au besoin reconnu d'observations locales dont il est
important de généraliser la pratique.
S. A. S. le PniNCE DE Mo.vAco présente à l'Acadéinie une nouvelle feuille
de la Carte des gisements de Mollusques comestibles des côtes de France, dressée
par M. .louBiN. Cotte feuille, la 17'' de l'Atlas, comprend toute la baie de
Saint-Malo, du cap Fréhel à la pointe de Cancale. Klle est intéressante par
la variété des conditions biologiques qu'y rencontrent les animaux, notam-
ment dans l'embouchure de la Rance qui constitue un véritable fjord.
Les gisements huitriers, qui autrefois étaient riches et nombreux, sont
aujourd'hui presque complètement ruinés et il a fallu tous, sauf un, les
SÉANCE DU 3o MAI 1910. i3gg
déclasser administrativement. Les Coques (Cardium edule) sont très ahon-
danles et, dans la seule baie de la Fresnaye, on en récolte plus de 20000'''
par an. Les autres coquillages ne fournissent pas, dans cette région, de
commerce important.
ÏHERMOCHIMIE. — Chaleur de formation du peroxyde de ctesiurn.
Note de M. de Forcrand.
Les peroxydes des métaux alcalins (sodium, potassium, rubidium,
caesium) des types M-Q-, M-O', M-O' forment aujourd'hui une série à
peu près complète; mais, à part le bioxydede sodium Na^O-, on ne connaît
pas encore leur chaleur de formation.
M. Rengade, qui a obtenu, il y a 4 ans ( '), le tétroxyde de ctesiurn
Cs-0* à l'état de pureté, ayant bien voulu me demander d'en faire l'étude
thermique, j'ai entrepris les expériences suivantes.
L'un des deux échantillons qui m'ont été remis par M. Rengade était un
peu altéré à la surface, et son examen ne pouvait conduire qu'à une pre-
mière donnée approximative. L'oxyde pesait i8,3855; il était contenu
dans une nacelle d'aluminium. La dissolution faite dans 200*""' d'eau addi-
tionnée de ao""™' d'acide sulfurique étendu (à 20^ de SO'' par litre) a donné
-I- 34*^"', 22 pour Cs'- O '' .
Le second échantillon, non altéré, pesait i''',3oo2. Il était formé par
une matière jaune en couche mince, rougeâtre en couche épaisse, étalée
au fond de la nacelle d'aluminium où elle avait été fondue. La réaction
Cs^O' sol. + SO' H^ diss. =: Gs^SO' diss. -1- H* O diss. + O^ gaz.
a fourni -i- 32*^"', 84 à + 10° (-).
Il y a lieu d'ajouter à ce nombre d'abord 4-0*^*', 06 pour tenir compte de
l'excès d'acide employé, puis +0^"', 12 pour la vaporisation de l'eau entraînée
par l'oxygène. On trouve donc finalement -i-33^''',02.
Et comme on connaît
r.ai
Cs- sol. + Aq -+- 96,90
2CsOH diss. -H SO'H^ diss + 3i ,64
IP-h 0^+ Af[ + -v>,()\
(') Comptes rendus, l. CVLll, 1906, p. i 1 .'19.
(-) L'analyse a donné: Cs pour 100 : 80,24 (tliéorie 80,61) el O à l'élat d'eau oxy-
génée : 4^93 (tliéorie 4i85). C'est donc bien du tétroxyde pur.
i4oo
ACADÉMIE DES SCIENCES
on en déduit
Cs'sol.
+ 0*gaz. = Cs'0'sol
et
Cs-Osol
.-+-0^'gaz.=r:Cs-^0*sol
,4i,46
58,76
Le premier de ces nombres est voisin de ceux fournis par Li- + O ou
Sr-t-0, soit +143,32 et -|-i3S,6/|; d'où il résulte immédiatement que
les métaux alcalins doivent s'oxyder au maximum (M-0*) pour montrer
vis-à-vis de l'oxygène autant d'affinité que les métaux alcalino-terreux dans
leurs protoxydes. Et déjà la chaleur de formation des bioxydes alcalino-
terreux dépasse sensiblement la valeur précédente (Sr -i- O* = + i5i,7i ).
On remarquera encore que la fixation des 3"' d'oxygène sur Cs-0 dégage
beaucoup moins de chaleur (-1- 08,76) que la fixation du premier atome
(+(S2,7o)et que la moyenne, soit le tiers de 58, 7'), donne -f- 19^"', 5;) pour
chaque atome d'oxygène supplémentaire fixé, soil, en moyenne, le quart
de + 82,70.
Et il vient tout d'abord à l'esprit l'idée de rapprocher ce nombre moyen :
-+- 19*^"', 59 de la chaleur dégagée dans le passage de Na-0 à Na-'O-. On a
en effet :
donc
Na- -H O + 1 00 , 70
Na^+ O' + r 19,77
Na«0 -h () — Na"-0= + i(f-^',oy
ce qui est la même valeur, sensiblement.
Mais il est certain que ce rapprochement n'est que fortuit. On ne doit pas
en conclure notamment que l'on aurait :
Cal Cnl
.\a''0-+-0 -(-19,07 Cs-O-t-0 -4-19,59
JOlt
'9-07
Cs^O
19.07
Cs'O-
19,07
Cs>0'
yiaHy--^-o -+-19,07 Cs'0'--hO +'9.^9
Na'0»-f-0 -1-19,07 Cs»0'h-0 -l-uh^'P
Na^-i-O' -t- i57P''',9i Cs^^-hO' -i- i4ic^'',4(3
car il arrive toujours que la suroxydation dégage de moins en moins de
chaleur à mesure qu'elle se complète; les nombres vont donc certainement
en décroissant.
On sait en outre que le bioxyde de sodium Na-0- est le dernier terme
réalisable par oxydation directe du métal, lorsqu'on opère dans les condi-
SÉANCE DU 3o MAI 19IO. l4oi
lions ordinaires, c'est-à-dire à la pression ordinaire et à une température
de 200" à Soc" au moins, nécessaire pour sortir de la zone de repos chimique
dans ces sortes de réactions. Les peroxydes ÎNa'O' et Xa^T)' sont donc
complètement dissociés à ces températures, ce qui conduit à attribuer aux
réactions
Na-O'+.0 et même I\a- 0-4-0
une valeur inférieure à 7^"' ou S^"K
D'autre part M. Rengade a constaté que Cs-O' a déjà une tension de
dissociation sensible (environ 7°"") vers /iSo", bien qu'on puisse cependant
la faire fondre à 5i j", sans altération, dans un courant d'oxygène pur. Ces
observations conduiraient à attribuer à Cs-O' une température de dissocia-
tion de ,55o° environ et par suite une valeur de -+- 12'^''', 5 à peu près pour la
réaction
Cs20'-t-r» = Gs'0-.
Il resterait donc -h 5^,'jij — i'-î,5, soit 4*''^"'j26 pour la fixation de O-
sur Cs*0, et encore ce nombre devrait-il se décomposer en deux fractions
inégales pour mesurer le passage de Cs*0 à Cs-O* d'abord, puis de Cs-O'
à Cs-O^, la première réaction dégageant plus de chaleur que la seconde.
De sorte que le Tableau des chaleurs de formation du proloxyde et des
peroxydes de caesium aurait l'allure suivante :
Cs^ +0 =Cs^O + 82,";
Cs^ +0' = CsîO>-+-i4i,46
par différence :
CsM » + O' =: Cs^ O ■' H- 58 , -a
cette différence se décomposant k peu près de la manière suivante :
Cs^ O H- O = Cs- O- + 28 ','26
Cs2 O- -H O = Csm:»3 ^- 1 S , o
Cs'-0'4-o = Cs5 0--H 12,:)
+ 58, 7<;
La connaissance de quelques autres termes de la série des peroxydes
alcalins permettra de préciser la signification de ce Tableau.
Mais, dès à présent, la valeur de suroxydation : ■+■ 58'"'',76 permet d'expli-
quer pourquoi la caesine hydratée du commerce, soit CsOH + H-'O, ne peut
être déshydratée complètement lorsqu'on la chauffe à l'air, vers 450°, au
creuset d'argent, sans qu'il se forme un peroxyde.
l/|02 ACADÉMIE DES SCII-NCES.
Il s'agil en somme de comparer les deux réactions suivantes, que nous
connaissons complètement mainlcnanl :
C!,20+ IPOgaz. ^2CsOH-i-6o':"'.oi
.S2,7 5(),35 il 100° 203,06
et
Cs^O 4- 0^= Cs'-0'+ .j8c»i.76.
Les deux valeurs sont extrèmemoni voisines, la diftercnce étant seulement
(à luo") de -f- i'^''',25 en faveur do la première. Mais déjà à 200° cette difTé-
rence s'annule, car le nombre 59,35 devient 58,2, et elle devient nénative
à 3oo° ou /|Oo°. C'est alors la seconde réaction qui dégage le plus de chaleur
(2^"' à 3^^"' de plus environ), surtout si le mêlai de la nacelle d'argent inter-
vient en s'oxydant lui-même.
Dès lors, à celte température, l'oxygène doit réagir sur 2CsOH, chasser
l'eau et forjner le peroxyde Cs'-O'.
On aurait même là un moyen très simple de préparer (^s^O' (chauffer
CsOH à 5oo-' dans un courant d'oxyg-ène), mais la réalisation de rexpérience
se trouve gênée par l'altaque des nacelles, ce qui ne permet pas d'obtenir le
peroxyde pur par cette méthode.
Je discuterai prochainement des faits analogues pour les autres métaux
alcalins en faisant connaître la chaleur de formation du peroxyde de potas-
sium K^ (_)■'.
BOTANIQUE. — La truffe peitl-elle se replanter?
Note de M. Lecoq de Boisbaudran.
\)Ai\?,\e?> Comptes rendus (^l'j mai 1910, p. i255), M. (î. Boyer a décrit
d'intéressantes observations faites par lui sur la croissance de la truffe noire
et d'après lesquelles il ne semblerait pas que le tubercule pût se nourrir
dans la terre après la section de ses attaches mycéliennes.
.l'ai autrefois remarqué un fait qui m'avait conduit à penser (juc si
l'ablation du mycélium nuisait, dans une certaine mesure, au dévelop-
pement de la truffe, il ne l'empêchait pas absolument; soit que la truffe
absorbât les sucs de la teri^e, soit plutôt, peut-être, qu'elle se remît en
communication avec l'arbre (chêne noir) par un nouveau mycélium.
Vers la fin d'août, j'arrachai une truffe pesant quekjues grammes. Le
terrain, très peu profond, argilo-calcaire et rouge, reposai! sur un rocher
calcaire (crétacé inférieur), à la (Irolette, près Cognac ( (Charente).
SÉANCE DU 3o MAI I910. l/joS
Extérieurement, la truffe était noire. D'un coup d'ongle, on enleva un
petit éclat de chair, laquelle était ferme et très blanche.
La truffe fut alors remise en place, après qu'on eut noté la forme de sa
blessure et repéré sa position sur le terrain.
A l'époque ordinaire de la récolte, la truffe fut retrouvée et identifiée ;
elle avait beaucoup grossi et était noire à l'extérieur; la forme générale
avait peu varié; l'intérieur était noir et même un peu plus que ne le sont
les truffes en moyenne; il y avait peu ou point de marbrures blanches; la
chair était sensiblement plus ferme que chez les truffes ordinaires; le goût
m'a paru être presque normal, quoique certainement un peu inférieur à celui
des autres truffes voisines.
S. A. S. le Prince Albert de Monaco fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de la médaille frappée à l'occasion de l'inauguration du Musée
océanographique de Monaco.
ELECTIOIVi^.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Corres-
pondant pour la Section d'Anatomie et Zoologie en remplacement de
M. Lorlet^ décédé.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5o,
]\L Pérez obtient /[5 suffrages
M. Sauvage » 3 »
M. Bataillon » i suffrage
M. Renaut » i »
M. Pérez, ayant réuni la majorité absolue des suffrages, est élu Corres-
pondant de l'Académie.
CORRESPOIVDAIVCE .
MM. Andrew C.-D. Cromnemn et P. -H. Cowei.l adressent des renier
ciments pour la distinction que l'Académie a accordée à leurs travaux.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 22.) l84
l4o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
M. le Secrétaike perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1° Plusieurs brociiures relatives au Congrès mondial des Associations
internationales sous le patronage du Gouvernement belge (Bruxelles, 191 o).
(Présenlé par M. le Prince Roland Bonaparte. )
2° Plan de travaux océano graphiques à exécuter dans les stations maritimes,
adopté à Monaco par la Commission de la Méditerranée le i*'' «(7771910. Texte
rédigé par M. Joubin. (Présenté par S. A. S. le Prince Albert de Monaco.)
3" Documents scientifiques de la Mission Tilho (1906-1909). Tome I.
(Présenté par M. Charles Lallemand.)
4" Dictionnaire haoussa. Grammaire et contes Iiaoussas, par M. Lakheroin
et J. Tilho. (Présenlé par M. Ch. Lallemand.)
.j° L'arbre à caoutchouc du Tonkin et du Nord-Anna/n, Bleekrodca tonki-
nensis Dub. et Eber., par Pn. EBEnnARDT et M. Dubahd. (Présenlé par
M. G. Bonnier.)
ASTRONOMIE. — l'iiénoménes observés au Pic du Midi du 18 au 19 /tiai
(passage de la comète de Halley sur le Soleil). Note de M. Emii-e Makciiaxd.
présentée par M. J. Violle.
Dans les deux stations de l'observatoire (^Pic du Midi et Bagnères-de-
Bigorre) toutes les dispositions avaient été prises pour observer aussi bien
que possible les divers phénomènes auxquels pouvait donner lieu le passage
de la Terre à travers la cjueue de la comète de Halley. Mes collaborateurs
et moi-même sommes restés en observation toute la nuit; malheureusement
le temps a été très peu favorable ; pendant la nuit le ciel est resté presque
entièrement couvert de strato-cumulus dont la partie inférieure (située vers
2800"' ) balayait souvent le Pic du Midi. Cependant, il y a eu des éclaircies
étendues, à travers lesquelles nous avons [)u voir les étoiles et la Lune, mais
sans apercevoir aucune étoile filante (il en avait été de même d'ailleurs,
pendant les nuits précédentes, avec un état du ciel à peu près semblable).
Dans ces éclaircies, aucune lueur anormale n'a été constatée au voisinag<'
duzénith. Mais, un peu avant 3'', M. Lalreille au Pic, a vu à l'horizon du >
au NNE, puis un peu plus tard du NW à TE, une bande lumineuse, assez
large, de couleur jaune orangé, que j'ai observée moi-même, à Bagnères,
entre 3'' et 4''. Cette bande n'était autre chose que l'un des phénon)ènes qui
précèdent normalementle lever du Soleil ; cepend;mt, c'est seulcmeiiL lorsque
SÉANCE DU 3o MAI 19IO. l4o5
l'atmosphère est chargée de poussières très fines et très élevées (comme cela
s'est produit, par exemple, en 1902 et 1903, après l'éruption delaMartinique)
qu'elle prend une grande étendue et qu'elle précède ainsi, de 2'', le lever
du Soleil.
D'autre part, dans les éclaircies, la Lune s'est montrée entourée d'un cercle
de lumière verdàtre, de i",5 à 1" de diamètre, tout à fait semblable à celui
que j'ai souvent observé en 1903.
Ce phénomène a été encore plus marqué dans les soirées du 19 el du 20. De plus,
dans la soirée du 20. ce cercle présenta d'abord une teinte rouge cuivré très prononcée
en même temps qu'on voyait, à l'Iiorizon NW, des strates rougeàtres d"aspecl poussié-
reux, assez élevées, et absolument diiiérentes des cirro-stralus. Mais l'horizon même était
chargé de strato-cumulus, et, par suite, il n'y eut pas de segments roses après le coucher
du Soleil, ni de bandes colorées, longtemps prolongées à l'horizon. Plus tard, la
couronne lunaire, toujours intense, devint verdàtre, comme les jours précédents, sans
autre coloration sensible sur le contour extérieur.
Le 19, une couronne analogue existait autour du Soleil, avec un diamètre
de 2" à 3"; elle était plus visible encore les jours suivants et parfois assez
colorée en rouge, sur le bord, pour frapper même des observateurs peu
attentifs.
Considérés comme phénomènes de difTraction, ces couronnes supposent
l'interposition de poussières dont les grains auraient un diamètre moyen
de 20^^ à 30^* (microns).
Il y avait grand intérêt à étudier la variation possible de la radiation
solaire du 18 au 19 mai, et M. VioUe avait bien voulu m'écrire pour me
recommander les observations actinométriques. Malheureusement, l'état
du ciel a été des plus défavorables, non seulement les jours précédant le 19,
mais aussi depuis cette date jusqu'à ce jour (28 mai), et il n'a été possible
d'observer utilement que le 19 même, de 11'' à i.V, au Pic du Midi.
Le 19, les observations de M. Latreille ont donné 2,40 à n''3o"' et 2,23
à i3''3o™ pour intensités de la radiation solaire directe (en unités arbi-
traires dont la valeur est voisine de 0,6 calorie-gramme par minute et par
centimètre carré) ; ces nombres sont beaucoup plus faibles que ceux obtenus
ordinairement vers la même date et aux mêmes heures (2,8 à 3,o); ils sont
même inférieurs à cetix donnés par les mesures faites en mars et avril 1910.
Il a été impossible de faire de nouvelles observations depuis le 19. Malgré
cela, il semble bien résulter, de tous les faits exposés précédemment, que
des poussières très ténues, d'origine cosnu</ue^ se sont répandues, du 18 au
19 mai, dans l'atmosphère terrestre.
l4o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le 19, à 7'' du malin, M. Lalreille a pu, au Pic du Midi, observer
le Soleil, par projection, à Téquatorial Eichens de o'"22 : il n'a rien aperçu
d'anormal sur l'image projetée. Un groupe de taches et facules important,
que nous suivions depuis plusieurs jours, arrivait alors au méridien central
du disque solaire, et il semble que ce soit simplement à celte circonstance
qu'il faille attribuer (selon la loi que j'ai énoncée en 1887) la perturbation
magnétique qui s'est produite dans la nuit du 18 au 19.
Cette perturbation n"a pas été forte; les plus grandes variations, en déclinaison,
n'ont atteint que 5',o au Pic du Midi et 4',7 à Bagnères. 11 y a eu en même temps des
variations et des cliangements de signe (que j'ai observés toute la nuit) du courant
lellurigtie sur la ligne télégraphique de l'Observatoire, mais ces variations n'ont rien
présenté d'exceptionnel.
Enfin, des mesures du champ électrique de l'atmosphère ont été faites, au
Pic du Midi^ dans la soirée du 18 et la matinée du 19; le brouillard, fréquent
dans la nuit, n'a pas permis de les continuer entre 21'' (du 18) et 6'' (du 19):
on n'a rien constaté d'anormal. A /iagnéres, M. Dort a trouvé, à 7'', une
valeur extrêmement for le du champ (33o volts par mètre), la moyenne de 7''
étant de i4o, en mai) d'autant plus anormale que le ciel était alors couvert
de strato-cumulus uniformes et élevés (vers 2000"*) ne présentant aucun
aspect orageux, circonstance qui diminue ordinairement la valeur du champ.
Malgré cela, l'ensemble de nos observations ne semble comporter aucune
conclusion nette en ce qui concerne l'action électrique possible de la matière
cométaire.
ASTRONOMIE. — Obsen'ations de la comète de Halley , faites à l Obsersatoire
de Sofia {Bulgarie), le 18 mai 1910. Note de M. K. Popokf, présentée
par M. Bigourdan.
Pendant la nuit du 18 mai le ciel était brumeux, et il n'y a eu rien qui ait
attiré l'attention jusqu'au moment du coucher de la Lune. Dès ce coucher,
les brumes légères se sont dissipées et ont laissé voir là queue de la comète,
qui était moins lumineuse et un peu plus longue que le jour précédent. Elle
n'était pas changée d'aspect : large de 10° près de l'horizon, elle se rétré-
cissait peu à peu et n'avait que i'' de largeur à son extrémité, qui touchait
la voie lactée près de "C Aquila». On a pu l'observer jusqu'à i5''3™, temps
local.
SÉANCE DU 3o MAI 1910. 1407
Dès le lever du Soleil, je me suis mis à examiner la surface solaire avec
une lunette de 9(S""" d'ouverture. Ces observations, qui ont duré de ly'^S'"
à i8''o"*, temps local, étaient souvent empêchées par les nuages. Je n'ai
pas pu surprendre de trace de la comète sur le disque solaire.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète de Halley, faites à V Observatoire
d' Athènes. Mote de M. D. Eginitis, présentée par M. Bigourdan.
Les observations relatives à la comète de Halley ont été favorisées, à
Athènes, durant toute la nuit du 18 mai, par un ciel très beau. La Lune,
assez forte, gênait beaucoup l'observation de la queue; on n'a pu l'aper-
cevoir bien que tout de suite après le coucher de notre satellite.
\Jéclat de la queue, qui diminuait déjà constamment depuis plusieurs
jours, était sensiblement plus faible que pendant les trois précédentes nuits;
elle était moins lumineuse de beaucoup que la Voie Lactée et elle avait un
aspect sombre de fumée. Sa longueur était de 117°; son extrémité, d'en-
viron 5° de largeur, paraissait aboutir vers l'étoile "( Aigle, près de la Voie
Lactée, qui, très probablement, empêchait, par son éclat intense, son
observation au delà de cette limite; car, pendant plusieurs nuits consécu-
tives, on la voyait se terminer exactement à cette même place.
La queue fut visible, sans aucune variation sensible, jusqu'à i5''5o'"du
matin (t. m. d'Athènes); elle n'a disparu qu'au moment où l'aube, déjà
trop lumineuse, l'a rendue invisible.
Pendant la nuit du 18 mai, il ne se produisit dans l'atmosphère terrestre
aucun phénomène extraordinaire; toutes les courbes de nos instruments
enregistreurs météorologiques présentent une marche régulière. De même
les courbes de noire magnétographe Mascart ont l'aspect ordinaire, avec
quelques perturbations très faibles.
On n'a vu tomber que deux étoiles filantes pendant toute la nuit, et aucun
bolide. Ce n'est qu'en Thessalie, près de Volo, qu'on a aperçu à i3'm5™
(t. m. d'Athènes) un bolide splendide, qui éclata avec un bruit assez fort
pour effrayer la population. Le ciel n'a présenté ni illumination particulière
ni aucune lueur phosphorescente.
La queue de la comète a continué d'être visible, à l'Est, exactement à la
même position que la veille, mais un peu plus faible, le lendemain encore,
19 mai, vers i5'' du matin; elle a été bien vue, à l'œil nu, par un grand
nombre de personnes. Le soir du 20 mai, vers 7'' à 8'', nous l'avons observée
l4o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
au moyon de noire grand équatorial; elle était encore dirigée rejs l'Ouest,
soit (lu cùlé du Soleil.
L'aspect de la tête, de coloration jaunâtre, a subi des transformations
importantes depuis le 12 mai :
Le noyau, plus étendu mais moins brillant, ne se sépare plus d'une manière aussi
nette de la nébulosité de la tête. Le contour qui limite la tète de la comète vers son
sommet, paraît, au contraire, très net et très brillant; il se présente sous la forme
d'un arc parabolique bien lumineux, non frangé extérieurement, ayant son sommet
tangent intérieurement au noyau; il tourne sa convexité à l'Est, soit, en apparence^
à l'opposé du Soleil. La queue paraît, relativement, trop courte; on dirait que la
comète était tronquée ou en partie occultée. Elle a la forme de la phase de la Lune un
peu avant son premier quartier; la longueur de l'axe de la queue est d'environ 2',
presque quatre fois plus petite que la largeur de la corde qui limite la queue ('). La
queue est complètement invisible à l'œil nu.
.\ous avons cherché la queue de la comète, le lendemain matin, 20 mai,
à l'Est, de i4'' à i5''3o"'; mais nous ne l'avons pas vue.
Il est vrai que la Lune était plus forte, et quelques nuages couvraient en partie le
ciel; mais il est certain aussi que, par moments, nous l'aurions bien aperçue, si elle
existait. Il est évident qu'il ne s'agit ici que d'un efl'et apparent de perspective ou de
projection sur la voûte céleste de la (\y\^w&, fortetnent recourbée en arrière, du côté
d'où venait la comète, comme d'ordinaire; ces apparences ne sont donc que le résultat
de la grande courbure caudale, en combinaison avec la position de la Terre rela-
tivement à la comète et au Soleil, aux environs de la conjonction de ces trois corps.
La queue, par conséquent, s'est montrée de nouveau dans sa direction
régulière, soit à l'opposé du Soleil, aussitôt qu'elle a passé de l'autre côté
de la Terre.
De ces observations il résulte évidemment cjue le passage de la Terre
à travers la queue de la comète n'a pas eu lieu dans la nuit du 18 mai;
la courbure très forte de la queue l'a considérablement retardé, si
elle ne l'a pas rendu impossible. En tous cas le passage de la queue de
l'autre côté de la Terre ne peut avoir eu lieu avant le soir du 20 mai, et pro-
bablement pendant la nuit de ce jour, c'est-à-dire presque deux jours plus
tard que le passage du noyau de la comète devant le disque solaire. Pen-
dant celle nuit, vers 5''3o'" du matin, un orage empêcha d'autres observa-
(') Les nuages, qui ont bientôt couvert l'astre, ne nous ont pas permis, malheureu-
sement, de mesures plus précises.
SÉANCE DU 3o MAI 19IO. 1409
lions du ciel ; mais dans les éclaircies nous n'avons pas vu tomber des étoiles
filantes.
Dans sa Note, publiée dans les Aslroitoinische Nacluichten (n° 4-739) avec l'éplié-
méride de la comète, M. A. Grommelin donna comme date {non dé/i/iitive) du pas-
sage de la lêle de l'astre devant le disque solaire le 18,6 mai ( l. m. de Gieenwicli);
d'après ces éléments, donc le passage devait être invisible à Athènes ainsi que
dans toute l'Europe occidentale. Mais la discussion des dernières observations de )0
comète nous avait conduit au résultai que ce passage aurait lieu un peu plus tard(');
il devait commencer, d'après nos calculs, quelques minutes après le lever du Soleil à
Athènes. D'un autre côté, une dépèche du Bureau central de I\iel, aiTivée à l'Obser-
vatoire le soir même du 18 mai, confirmait ce résultat : elle fixait le passage de 17'' 4°'. 2
à i8''4'".o (t. m. d'Athènes).
Le disque solaire, observé au moyen de noUe grand équatorial Gautier
{o'",i)o) aussitôt après son lever, pendant plus dune heure et demie, n'a
présenté rien de particulier. La tèle de la comète a passé complètement
inaperçue et aucune diminution sensible de Téclat du Soleil n'a été
constatée; le noyau cométaire, ainsi cjue ses parties constitutives, projetées
sur le disque solaire, ont été tout à fait invisibles; on n'a vu aucune tache
ni aucun point noir traverser la surface du Soleil.
ASTRONOMIE. — Observations photographiques de la comète de llallcy
à l'Observatoire de Paris. Note de MM. Jules Baii.lauu et
Ci. Demetkesco, présentée par M. B. Baillaud.
Par suite de l'étal du ciel, très défavorable à Pari.s, nous navons pu
photographier la comète de Halley que les 23, 24, et 28 mai, avec des
poses très courtes, au voisinage de l'horizon. Dans ces conditions nous
n'avons pu obtenir de renseignements sur la queue, mais seulement sur le
noyau .
Le 23 mai, dans les éclaircies, quelque temps avant le coucher de la
comète, nous avons fait quatre poses de j minutes, 2 minutes, i minute et
3o secondes.
Les images quelles ont données ont la forme d'une ellipse dont le grand axe a pour
angle de position 5o°. Sur l'image posée 3o secondes, les axes de l'ellipse ont pour lon-
( ') Xous avons publié ce résultat dans le journal d'Athènes « Estia «, la ^L■illu d 1
jour du passage, et préparé l'observation du passage au grand équatorial.
l4lO ACADEMIE DES SCIENCES.
giieur i8" et i[\". L'ellipse est assez nettement limitée; sur un fond uniformément
gris, se détache, à l'extrémité NE, une condensation plus foncée de diamètre 6'. Sur les
images posées i minute et 2 minutes, l'ellipse devient de plus en plus noire, mais garde les
mêmes dimensions; limitée assez nettement à l'extrémité NE de son grand axe, elle
se fond des autres côtés dans une nébulosité qu'on aperçoit jusqu'à une dislance de
90" du centre, et qui paraît s'allonger surtout dans les prolongements du petit axe de
l'ellipse, symétriquement par rapport au grand. Les caractères précédents s'accentuent
dans l'image posée 5 minutes, mais cette fois, quoique nettement limité à son extré-
mité NE le noyau se détache en ce point sur un fond nébuleux.
Le il\ mai le ciel était plus brumeux que la veille ; nous avons fait des poses de
I minute et 20 minutes. La pose de i minute a laissé une trace à peine visible ; celle
de 20 minutes a donné une image assez nette. Le noyau a la forme d'une ellipse comme
la veille, ayant sensiblement les mêmes dimensions, mais plus mal définie; uniformément
grise, sans condensation, et d'une opacité plus faible que celle de l'image du 28 po;ée
3o secondes. Far contre, on aperçoit une nébulosité d'au moins 2 minutes de long qui
s'épanouit entre les angles de position, 200° et 3oo° ; elle possède une arête vive ayant
pour angle de position 200°, et sa forme rappelle assez celle de la nébuleuse de Maïa
des Pléiades. Son opacité est dans toute son étendue plus grande que celle de l'image
du 23, posée 2 minutes.
La photographie du 23 posée 10 minutes est tout à fait faible, on y
aperçoit une condensation ayant sensiblement les mêmes dimensions que
le noyau des photographies précédentes.
Si l'on voulait conclure quelque chose de ces observations trop peu
nombreuses, ce serait d'abord que le noyau avait le 28 et le il\ mai la forme
d'imc ellipse dontles axesavaient pourlongueur iS" el i/|"; puis, qu'il possé-
dait le 23 à l'extrémité NE une petite condensation lumineuse de 6' de dia-
mètre invisible le lendemain; que le it\ le noyau paraissait plus faible que
la veille relativement aux nébulosités qui l'entouraient et qu'il était plus
mal défini; enfin que ces nébulosités avaient sensiblement changé de forme
d'un jour à l'autre.
Les photographies que nous venons de décrire ont été faites en double et
simultanément à l'équatorial de la Carte du ciel el à l'équatorial Mailhat de
o'",25 d'ouverture et 3'", 70 de foyer.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la recherche des intégrales intermédiaires
de l'équation s = f{x, j, z, p, q). Note de M. P.-E. Gau.
litant donnée une équation aux dérivées partielles du second ordre de la
forme .V = /(.r, V, z, p, q), on sait que toute équation formant un système
SÉANCE DU io MAI 1910. ijn
en involulion avec celle-ci peut se mettre sous l'une des deux formes (')
(') /'« + ?(-p,.r, --,/'., •■•,7J«-i) = o, pi.~
(2) 7„+']/(j-,/;, 3, Y,, ..., y„_,)=:0, V/,r=
Considérons la première forme. Si l'on suppose (jue l'équation (i) n'est
pas conséquence d'une équation de même forme et d'ordre moindre, for-
mant également un système en involution avec l'équation proposée (ce qui
n'entraîne aucune restriction), on voit facilement que cp satisfait identique-
ment à l'équation
()f ' dz •' <)j>, < (ixj dp,
'f"-'\f\ d(ç, (d"--\f\ _ df
)„_i \dx"-^ ) àj'i '
r/.r" -'- / f)/
en supposant toutefois n^2. Le symbole ( -j^. ) a ici sa signification ordi-
naire (^).
Ceci posé, supposons que l'équation s=/(x, y, g, p, q) admette une
intégrale intermédiaire, qu'on peut toujours écrire sous la forme
A et B sont alors déterminés par les équations suivantes :
d!^ d\ ^.d\ fd"'-'f\ dX . df
dy à: dj), \dj;"'-' J dp,,, dpi
dB dB ^.dB fd"-^f\ àB ,[/d"''r\ àf]
dy^'^di-^-^djr,'^----^[d^)d]j;:r.-^-^[[z^0~''''4-.\=''-
M. Goursat a fait remarquer (') que, si m^i, on peut conclure de ces
équations que l'on a
A =
la fonction vj/ satisfait alors à une équation de la forme (3), ce qui montre
(') Goursat, Leçons sur l'intégration des équations aux dérivées partielles du
second ordre ^ t. II, p. 106.
(^) Voir ma précédente Note, séance du 2 mai 1910.
(*) Annales de la Faculté de Toulouse^ 2= série, t. I, 1899, p. 46i.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 22.) 18Ô
l4l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cpie réijiia lion />,„-+-']> = o forme avec la proposée un systèuie en invo-
liition.
On peut faire une remarque analogue pour le terme B; posons B = Acf* :
on peut alors niellre l'équation qui détermine ^ sous la forme (3), A dispa-
raissant. Donc p^-\- o r= o forme également un système en involulion avec
Téqualion proposée.
On déduit de là plusieurs conséquences intéressantes :
i" Toute intégrale intermédiaire, dont le terme A dépend des dérivées
d'ordre supérieur à i, peut se mettre sous la forme — v ==X(.i), les
équations p„-\- '^ = o et/7„, + '\i = o formant chacune avec La préposée uma
système en involution.
Réciproquement : si l'équation * =^ f(x, y, :, p, q) forme avec deux équa-
tions distinctes, du même type ( i) par exemple, un système en involulion, elle
admet une intégrale intermédiaire et, par conséquent, peut s'intégrer par la
méthode de M. Darhoux.
Cette intégraleintermédiaire se construit d'ailleurs sans difficulté, qiaand
on connaît les deux équations en involution.
1° Soit { S) ua« surface intégrale de l'équation
(|ui n'est intégrale d'aucune des é([iiations/>„+ ç = o, Pm + '\i = «. Lorsqu'on
se déplace sur une caractéristique x = const., les quantités y, :-,.p, . ■ . , p„
sont des fonctions de la seule variable y. Si l'on fait la substitution, on a
donc, sur celte caractéristique,
Or d'après la remarque précédente, l'expression — est un invariant
pour ce système de caractéristiques; donc
M(_y) ^ /,N(j'), /. élaiit une constante.
Les deux (juanlitésy^, h- o el/>„, -f- j^, qui sont les premiers membres des
équations en involution avec la proposée, sont àe?, covarianis pouir les caraic-
téristiques x =^ const. La réciproque est évidente.
Toutes ces remarques subsistent dans le cas où A ne dépend que des
dérivées d^ordre inférieur à 2, avec de très légères modifications qu'on
aperçoit facilement en écrivant les équations qui déterminant A et B dans
ce cas j)articulier.
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l4l3
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Suj- les séries de Tavlor à cneffîcienls récnrrenls.
Note de M. S. Lattks, présentée par M. Emile Picard.
Dans UTi MémoiTe récent ( M, M. Fa ton a étudié les séries de Taylor
( I ) «„ -I- "1 ::-!- «^ ;'- ^ ...-)-(/„::'' -4- ... ,
dans lesquelles //„+, est lié à //„ par une relation de récurrence analytique,
/<„^i = /'('(/„), et il a établi la proposition suivante :
S? la valeur initiale u„ est choisie dans le domaine d'un point limite
régulier a et si le nombre S =/"'(a) a un module inférieur à 1, la série (i)
représe/i/e une fonction méromorphe de z admettant pour pôles simples les
T 1 1 ...
points I , i^' ^1 ' ■ • • ' ^' • ■ ■ ^ ou certains de ces points.
Je voudrais indiquer ici comment on peut étendre la proposition de
M. Fatou au cas où un coefficient quelconque ;/„ de (1) est lié aux p précé-
dents par une relation de récurrence analytique, à coefficients indépen-
dants de //, et comment on peut transformer alors la série de Taylor en
une série de fractions rationnelles. J'utiliserai dans ce but les résaltats que
j'ai énoncés récemment au sujet des relationsde récurrence (-). Supposons,
pour simplifier l'écriture, yj = 3 et soit la relation
(■2) w„+..,=/{«„. </„^„, «„+.,),
admettant le point limite a; soient S,, S», S3 les racines de l'équation en S
relatives à ce point ('). jN'ous supposerons que |S,|, IS^I, |S.,| sont infé-
rieurs à I, différents de zéro, et qu'il n'e.visle aucune relation de la forme
à exposants a, [îl entiers, positifs ou nuls. On peut alors énoncer les résultats
suivants, dont je réserve la démonstration pour un travail plus étendu.
Les valeurs initiales u„, u., , u.^ étant prises dans le domaine du point limite a,
la série (i) représente une fonction méromorjj/ie de z, admettant /lour pôles
r' ) ¥Kvm!,S:tir une classe reniarquaùte de séries de Taylor {Annales de iKcolf
Normale, 1910).
(-) Sur la convergence des relations de récurrence [Comptes rendus, 2 mai lyio).
(') Noir la Note précédente.
l4l4 ACADÉMIE UES SCIENCES.
simples les points
^ = S"S^S'- {p,'],r eoùerslo),
ou certains de ces points.
La série (i) peut se transformer en une série absolument convergente de
fractions rationnelles, de la/orme
dans laquelle les a sont des constantes numériques, indépendantes des râleurs
initiales u^, ",, u.^; /„, ('„, (r^ sont trois fonctions de u„, //,, u^ liolumorphes
dans le domaine du point limite u„ = «, = u., = a.
Pour des relations de récurrence particulières, certaines des con-
stantes y-i,,,,. peuvent être nulles; les pôles correspondants disparaissent
alors ('). De plus, quelle que soit la relation de récurrence, une infinité de
pôles disparaissent si les valeurs initiales u^, u,, u., annulent une ou deux
des fonctions /„, (•„. »'n : ces dernières fonctions égalées à zéro donnent les
conditions pour que les u„ soient liés par une relation de récurrence ana-
lytique d'ordre i ou 2, contenue dans la relation donnée (-), de sorte que
une ou deux des quantités S,, S., S., interviennent seules.
Réciproquement, soit donnée, a priori, une série de fractions rationnelles
de la forme (3), les constantes a^,^,. étant telles que la série ila^,^,.^''^''"''^ soit
convergente lorsque /, v, w sont pris dans des cercles de rayons R, R', R"
et soient /„, („, »„ des points pris à l'intérieur de ces cercles de convergence.
La série (3) est évidemment une fonction méromorphe de z; si on la déve-
loppe en série de Tavlor, on obtient une série (i) dont les coefficients u„ sont
liés par une relation de récurrence d'ordre 3, almettant pour point limite le
point a„ 0 0-
On détermine celte relation de la façon suivante. Posons
w„+,= 9(S'| t, S'5 ('. S',tv) (' — o, I. 2, 3),
(') C'est ce qui arrive dans le cas bien connu d'une relation de récurrence linéaire;
on sait que la série (1) a alors pour somme une fraction rationnelle de dénominateur
(.-S,3)(..-S,;)(i^S;.-).
(-) Voir ma Note pi'écédenle.
SÉANCE DU 3o MAI IQIO. l4l5
et éliminons /, c, n' entre les quatre relations. On obtient ainsi une relation
(jiii donne u„_^.j en fonction analytique de «„, //„+,, u„+., : c'est la relation de
récurrence cherchée.
H.riinolc. — Soit la série (3), avec y.„ „ .~ —, — ; — r et la convention o!r= r. On
'■ plijlil
a ici
a{l. f, U-) = (?'+"-*-"■.
Le calcul précédent donne alors la relation de récurrence
Si l'on suppose /||:=o, celle relation d'ordre 3 peut être remplacée par la relation
d'ordre 2, contenue dans elle
Si l'on a en même temps /„ ■= o, i'„ = o, on peut réduire de même la relation à une
relation du premier ordie
"«+1 = "*'.
contenue dans la relation d'ordre 3'.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. Sur la distribution des torsions dans la défor-
nialion infinitésimale d'un milieu continu. Note de M. J. Le Rorx,
présentée par M. Kinile Picard.
I. Dans la défornialiou intinilésiinale d'un milieu continu, la dilatation
et la rotation moyenne constituent les éléments différentiels du premier
ordre, dont le rôle peut être comparé à celui de Télément linéaire et de
la normale dans la théorie des surfaces. L'étude de la torsion et de l'incur-
vation au voisinage d'un point conduit à la considération des éléments
tlifférentiels du second ordre, qui présentent des propriétés géométriques
et mécaniques d'un intérêt comparable à celui de la courbure des surfaces et
des lignes.
Je m'occuperai d'abord de la torsion. (Considérons une fdjre rectiligne
infiniment ténue; supposons que tous ses éléments soient soumis à des
rotations dont les axes co'incident avec celui de la fibre. La torsion totale de
la fibre est égale à la diil'érencc des rotations de ses extrémités. La torsion
moyenne est le rapport de la torsion totale à la longueur de la fibre, l'our les
I?îl6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
êlëments de fibres de longueur infiniment petite, nous ne considérerons que
la torsion moyenne et nous rappellerons simplement la torsion r\c l'élément.
Imaginons maintenant, dans un milieu soumis à une déformation inlini-
tésimale, un élément rectiligne infiniment petit MM', de longueur </*, ayant
pour cosinus directeurs a, [3, y- Désignons par
•^ , {P\^ Pi, Pi ) el \\ -t- r/R , ( /^i + (lp^ , p, + dp^, p., + dp, )
les rotations moyennes aux points M et M'
a
~ds
La dérivée géométrique d« la rotation-^ =R' a pour composantes sui-
vant les axes de coordonnées ;
K
dx ' <)y ' <)z
ds
h;
- "■ ,).L- ■ ^ <)Y ' ')-■
dp,
~ ds
R.
dp,
^ ds
La rotation dérivée peut se décomposer en deux autres : Tune, dirigée
suivant l'élément MM', donne la torsion de cet élément; l'autre, qui lui est
perpendiculaire, correspond à une flexion.
2. L'expression de la torsion t de l'élément MM' résulte immédiatement
des considérations précédentes; on a
(•}
-"■ ds ^"^ ds
^■r^
<).r <)j
-t'^Mt-t)
-''(t-^-)-?(£-t
La torsion d'un élément de fibre au voisinage d'un point est donc repré-
sentée par une fonction du second degré des cosinus directeurs de l'élément.
La formule (i) est semblable à celle de la dilatation; elle s'en déduit en
remplaçant les composantes du déplacement par celles de la rotation. Les
deux résultats se rattachent d'ailleurs à une même propriété générale de la
théorie des vecteurs.
Comme dans toutes les questions semblables, on est conduit à représeuter
la distribution des torsions autour du point M par une surface du second
degré, ou mieux par deux surfaces conjuguées dont Fensemlile constitue
SÉANCE DU ;
ÎO MAI
1910.
V indicatrice des torsions
du- dy
"*" dz.
Z^ +
\ày
ty
-(t
-1-
âJC
De
l'identité
dp,
dx
di>,
' ^ dv
-t =
; 0,
+
dpi
1417
zx
XY=:±I.
on déduit que le cône asymptote de l'indicatrice des torsions est toujours
réel, et capable d'un trièdre Irirectangle inscrit. Les fibres dirigées suivant
les génératrices de ce cône ont une torsion nulle; nous l'appellerons pour
celte raison le cône d'intorsion.
L'indicatrice des torsions met inaiaiédiatement en. évidence un cerliain
nombre d'élcmenls qui jouissent de ])ropriétés intéressantes par rapport à
la torsion, et aussi par rapport à la flexion.
Aux fibres dirigées suivant les axes, je donne le nom de fibres des torsions
principales.
La somme algébrique des torsions de trois fibres rectangulaires est
toujours nulle; c'est en particulier le cas des torsions principales.
Les six composantes de la torsion s'expriment facilement à farde des
dérivées premières des composantes de la dilatation ( ' ).
3. Appliquons cette théorie à la déformation définie par les forœiuies
suivantes :
To étant un infiniment petit et $ une fonction harmonique. C'est la défor-
mation q^ui définit la torsion des prismes dans le problème de Saint-Venant.
L'axe Oz est parallèle aux fibres longitudinales du prisme.
Nous avons
'd^
.à y
'd^
dx
ip.,— i-:i^z.
La torsion est définie par la formule
( ' ) Le calcul de ces composantes se trouve indirectement dans la démonstration des
équations de Barré de Sa'int-Vena'nt par la méthode de Bettra'mi.
2/'l =
id*^
-y
l/,l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'élude des torsions principales est toujours parallèle à O:;; sa valeur
est constante et égale à Tq. Les lignes des torsions principales transversales
sont définies par l'équation suivante :
dx dy \ dy-
d.r dy "^
[dx-
0"^ \
qui, en tenant compte de ce que $ est harmonique, se ramène à
<P^ , d-*b ^^ >^r2 —
d-r^ " dx dy dy-
Ce sont les lignes asymptotiques d<' la section droite déformée.
La torsion mécanique des fibres transversales est liée à la torsion géomé-
trique par une relation remarquable. Dans la section déformée, il existe une
ligne géodésique tangente à toute fibre transversale MM'. Désignons par t„
la torsion géométrique de cette ligne géodésique. On a
En tenant compte de la relation (3), et faisant dans la formule (2)
y = 0. a- -1- [j-r^ I ,
on trouve
27 =— (ToH-T,.).
Par conséquent, la torsion mécanique d'une fibre transversale quelconque est
égale, au signe prés, à la moyenne arithmétique entre la torsion mécanique des
fibres longitudinales et la torsion géodésique de la fibre transversale considérée
dans la. section droite déformée.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur deux suites de solutions de l'équa-
tion des télégraphistes. Note de M. H. Larose, présentée par
M. H. Poincaré.
Dans une Note antérieure, jai montré (pie la solution de l'équation des
télégraphistes
correspondant îi l'état neutre avant / = o d'une ligne indéfinie dans les deux
SÉANCE DU 3o MAI I910. 1419
ens et à une rupture permanente (+ i, — 1) établie en .r = (4- o, — o) à
partir de / = o.cst Tintégrale
(1) -!- fe'"'-">-^— (,-z=y/^7),
■2ir.J n ^ * ^
e""-"/-^ est une solution isochrone de (T) avec pour
x>o, a(-\>o.
L'intégrale est une fonction impaire de x, s'en tenant aux x- positifs, le
contour d'intégration est pour / < - une courbe fennec du plan des n n'en-
tourant pas la coupure ( o, ii-:~' ), et pour / > ~ une courbe fermée décrite
dans le sens direct, entourant la coupure.
La solution de (T) correspondant à une rupture
bm-im^
établie en a- = (-+- o, — o) à partir de / = o, solution qui a (i) pour
dérivée v"^""" par rapport à -, est l'intégrale
(2) ^ j e-"'-"/-^ -. ,
iir.j n[uf:)'
prise suivant les mêmes contours que (1).
L'intégrale (2) fonction impaire de x est, pour a: > o, nulle pour t < -
et, pour ^> -> d'après la transfornialion employée par M. H. Poincaré
dans une question analogu>', égale à
le contour d'intégration étant un cercle de rayon très grand du plan des ?.
C. K., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 22.) 186
l420 ACADEMIE DES SCIENCES
Dans le crochet, sous le signe intégral, rer
loppons suivant les puissances croissantes de X
Dans le crochet, sous le signe intégral, remplaçons — p par A et déve-
(4) /(X)=(2-/.r '"T "=!]«« ^'n
il vient pour (3) l'expression convergente
,5) «-'i«"--^.['V'G7^]'
qui, pour x = + o ("C = i), se réduit à ( ; j — ; de là une règle très simple
pour obtenir les coefficients du développement de —, e' en une série de
fonctions i~",],i(il), règle qui se vérifie directenienl en identifiant la fonction
à développer
^ ^" ~7i — i '
avec
'^ a„i-" i„{il),
d'où a„ fonction linéaire et homogène de a„, a,,^, . . . , les coefficients étant
ceux du développement de 2Cos«5 en fonction de (2 cos;)", (acos^)""', —
I^a rupture considérée peut être interprétée physiquement, soit comme
une disconliimité de potentiel, _ soit comme une discontinuité de quantité
d'électricité.
Dans le premier cas, la fonction correspondant à /(A) pour le courant
sera
(4') /.(>■
(2/)''
(.-).r-"
dans le second cas, pour le potentiel
(4') /,(X) = (2/y'->^,^^^-
La construction est ainsi achevée du Tableau de distributions élémen-
SÉANCE DU 3o MAI I910. 1^21
taires simples d'électricité possibles sur une ligne télégraphique indéfinie,
Tableau à deux suites infinies de functions, avec rupture, soit de potentiel,
soit de quantité d'électricité à partir de l'origine du temps en un point de
la ligne.
RADIOACTIVITÉ. — Sur les mesures quantitatives de l émanation du
radium. Note (') de MM. W. Duane et A. Laborde, présentée
par M. G. Lippmann.
L'un de nous a étudié en 190J (^) les lois qui régissent l'ionisation pro-
duite dans l'air par les rayons de l'émanation du radium qu'il renferme, à
la pression atmosphérique et vers i5° C. Il a établi que dans différents con-
densateurs cylindriques, dont la longueur était environ le double du dia-
mètre, la valeur I„ du courant initial de saturation dû à la présence, dans le
condensateur, d'une quantité donnée d'émanation, dépendait de la surface
intérieure S et du volume V de ce condensateur suivant la loi simple
(A) I„=C-k|,
C et K étant deux constantes déterminées par l'expérience. Ces constantes
sont utiles à connaître, car elles permettent de mesurer quantitativement
l'émanation du radium parla seule détermination du courant initial de satu-
ration qu'elle produit dans un condensateur de dimensions connues. Elles
ont été déterminées par l'un de nous en igoS. A cette époque, la technique
du titrage des solutions de radium était insuffisamment connue. Nous nous
proposons d'indiquer ici la valeur qu'il convient d'attribuer à ces constantes,
d'après des expériences effectuées avec des solutions conservées actuelle-
ment comme étalons au laboratoire de M"** P. Curie.
Il est évident, d'après la signification même de ces deux constantes,
qu'elles ont été, l'une et l'autre, affectées d'erreur dans une même propor-
tion. Leur rapport doit donc être considéré comme bien déterminé par les
expériences de M. W. Duane. Si nous écrivons aFors la formule A sous la
(') Présentée dans la séance du 28 mai 1910.
(') W. Duane, Comptes rendus, 27 février igoS, p. 58i; J. de Physique, t. IV,
4° série, igoj, p. 6o5.
l/i22 ACADÉMIE DES SCIENCES.
forme
soit, d'après les données obtenues en igoS,
(,) I„3.cn — o,5i7
il nous suffira de connaître la vraie valeur de C pour que la correction cher-
chée soit effectuée.
Le Tableau ci-après résume nos expériences :
Courant
Courant
initial I,
maximum Imax
produit
produit
par l'unité
par l'unité
d'émanation
d'émanation
exprimé
exprimé
en U.E.S.
en U.E.S.
Longueur
Diamètre
Longueur
Diamètre
- - - ^^- — .
. — -i.^ - ^— —
du
du
de
de
Surface
calculé
calculé
Dési{;nalion. cylindre
cylindre
l'électr.
l'électr.
Volume
intérieure
d'après
d'après
l«
du en
en
en
en
en cm^
en cm'.
S
la
la
Ima
T
condensateur, centim.
centim.
centim.
centim.
V.
S.
\
mesuré. forni.(3).
mesuré. (oTm.(?i).
pour I
00
Grand . . 37 ,5
18,5
35,5
0,90
10057
2818
0,
279
4,45 4,44
II, 04 II,o5
4o
|2
Moyen. . 26,73
1 I ,92
24,75
0,27
2984
1244
0,
417
4.09 4,07
10,01 10,01
40 :
,8
Pelit 12,5
6,70
11,5
0,28
44o
344
0:
,782
3,11 3, 10
7,25 7,27
4^:
,8
Tous les courants sont exprimés en unités électrostatiques et sont rap-
portés à l'ionisation qui provoque l'unité d'émanation, c'est-à-dire l'éma-
nation que produit i^ de radium en i seconde.
Le procédé le plus précis pour déterminer le courant initial I„ est le
procédé indiqué en 1905 par l'un de nous : il a été utilisé dans ces diverses
mesures.
Les courants initiaux calculés lo du Tableau (10* colonne) ont été ob-
tenus en donnant à la constante C de la formule (i) la valeur C = 5,i9.
Il semble donc que les courants initiaux expérimentaux !„ du Tableau
(9* colonne) sont très bien représentés par la formule
(2) Io=5,i9 M — o,5i7y
Les expériences de 1905 ont montré que celle formule sérail applicable à des réci-
pients plus grands que ceiiv qui sont mentionnés au Tableau ci-dessus. D'autre part,
il est évident que celle formule ne peut pas s'appliquci' à de très petits récipients, car
S
pour de grandes valeurs de :^ elle devient négative.
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l423
Au cours des expériences actuelles, nous avons d'ailleurs vérifié que celle formule
esi applicable à des récipients dont les dimensions sont :
Diamètre ^ 18"™, 7 ; hauteur = 1 1"^'", 2 ; diamètre de l'électrode 1= o"", y ; longueur de
.S
l'électrode =io"°, 2 ; volume := 3o68'-'"'' ; surface =1 286"^"''; ^=ro,4o2. La hauteur d'un
tel cylindre n'est que les ^ de son diamètre.
Pour calculer en gramme-seconde d'émanation de Ra la quantité d'ém,i-
nation de radium qui a produit un courant initial mesuré de I unités électro-
statiques, il faut employer la formule
3.'9('-o.5'7y)
Nos expériences nous ont montré que le courant maximum I^a^ (qui se produit
3 heures environ après l'introduction de l'émanation dans le condensateur) peut
s'exprimer par une loi analogue à celle qui se rapporte au courant initial.
Dans le cas du courant maximum, les constantes relatives à l'expression de la loi
conduisent à la formule
(3) I^a.x=i3,i5
( ' — Oj '
Nous estimons que, dans la praticjue, lorsqu'il aura été difdcile de déterminer la
valeur du courant initial, une quantité .v d'émanation pourra être assez bien connue en
gramme-seconde d'émanation de Ha, après avoir déterminé le courant l,„i,x en U. E. S.
par l'application de la formule (3), soit
i3,i
>[.-o,:.:.\^
jyjme p Ciirie a pu obtenir des données très précises au cours d'un tra-
vail effectué parallèlement à la dernière détermination du poids atomique
du radium ('). Elle a trouvé que l'unité d'émanation (i g-sec d'émanation
de Ha) produit, dans un condensateur pareil au condensateur le plus petit
que nous ayons employé, un courant maximum de 7,27 U.l']. S. Cette
grandeur, déduite de nos expériences, prend la valeur 7,25 (voir Tableau):
ceci montre que notre solution étalon est bien dosée par rapport au radium
employé par M™* Curie lors de sa détermination du poids atomique du ra-
dium : 226,5.
(') M°" P. Curie, Le Radium, mars 1910.
l424 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — La photographie stéréoscopique. en couleur et ses applications
scientifiques. Note de MM. L. Boutan et J. Feytaud, présentée par
M. Yves Delage.
Nous avons voulu nous rendre compte si la photographie stéréoscopique
à l'aide de plaques autochromes, omnicolores ou dioptichromes, se prêtait
au travail scientifique et pouvait entrer dans la pratique courante du labo-
ratoire. Nous avons utilisé l'appareil de M. Quidor ('), construit spé-
cialement pour obtenir des images stéréoscopiques à des grossissements
variés.
Pour un travail scientifique, il y a avantage à pouvoir rétablir les condi-
tions dans lesquelles on a opéré. Seule une source artificielle constante peut
répondre à ce desideratum, car l'éclairage et par conséquent la coloration
donnés par la lumière du jour sont extrêmement variables. En outre,
l'emploi d'une source artificielle de lumière permet de mesurer, une fois
pour toutes, la durée du temps de pose nécessaire pour obtenir une colora-
tion exacte.
Une double difficulté se présentait : i° la coloration d'un objet vu à la
lumière artificielle est différente de celle du môme objet vu à la lumière
solaire; i° les plaques actuellement employées ne reproduisent pas les
couleurs exactes, si l'on ne fait pas intervenir un écran compensateur. Nous
avons dû chercher à établir un écran permettant de corriger ces défauts,
ceux que nous trouvons dans le commerce ne nous satisfaisant pas.
L'écran qui nous adonné les meilleurs résultats a été établi sur le principe suivant :
une cuve en cristal, en forme de parallélépipède rectangle, remplie d'un liquide dont on
fait varier à volonté la coloration, selon la nature de la source lumineuse et l'épaisseur
de la couche liquide. Par exemple, l'écran qui nous a servi pour quelques-uns des
clichés qui accompagnent cette Note, était constitué par une cuve mesurant iS'""'
d'épaisseur intérieure, et contenant une solution de vert lumière Griibler à diverses
dilutions, de ,^'007 à jôôW-
Pour que l'application fût générale, il fallait étudier si l'on pouvait
pratiquement prendre des clichés d'apimaux plongés dans l'eau ou l'alcool,
à travers la surface libre du liquide. Il fallait avant tout éviter le miroite-
ment de cette surface.
(') A. QuinoR et Naciiet, Sur un nouveau microscope et ses applications à ta
microphotographie stéréoscopique (Comptes rendus, séance du 29 avril 1907).
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l425
Un dispositif simple nous a permis de tourner cette difficulté; l'objet à
photographier est placé dans une petite cuve rectangulaire revêtue d'une
cache noire ne laissant arriver la lumière que par un côté seulement, au-
dessous de la surface du liquide. L'objectif photographique est lui-même
isolé de manière à ne recevoir que la lumière provenant de l'intérieur de
la cuve (').
Pour un grossissement donné et un éloignement donné de la source, le temps de
pose est toujours le même; un calcul très simple permet de le modifier pour d'autres
grossissements. C'est ainsi, paf exemple, qu'avec une source lumineuse (bec intensif
Koliinoor) débitant la lumière à travers une lentille biconvexe de i4"° de diamètre
et i^""™ d'épaisseur, placée à une distance de o^^So du foyer lumineux et à une
distance de o^joS de l'objet, nous avons obtenu des photographies stéréoscopiques
d'une branche de corail, d'une petite méduse {Oceania conica) et d'une porpite
(Porpita mediterranea) vues à un grossissement de 3 diamètres, avec un temps de
pose de 3 heures, alors que pour photographier les mêmes objets grandeur nature
il avait fallu seulement un temps de pose de 20 minutes.
Il est à remarquer que les dispositifs que nous avons employés permettent
de prendre des photographies à une heure quelconque, puisque nous faisons
dans la chambre noire et à la lumière artificielle les diverses manipulations
qu'on fait ordinairement dans la chambre noire et à la lumière solaire.
ÉLECTRICITÉ. — Éleclrisation de l'air parla flamme d'oxyde de carbone
et par les rayons du radium; comparaison des mobilités des ions présents.
Note de M. Maurice de Broglie, présentée par M. E. Bouty.
J'ai eu déjà l'occasion de signaler (-) que la combustion de l'oxyde de
carbone, quand les gaz réagissant sont soigneusement desséchés et filtrés,
donne des ions très différents de ceux dont on constate la présence dans les
gaz issus des flammes hydrogénées ; en particulier leur mobilité est d'un tout
autre ordre de grandeur et se rapproche de celle des petits ions.
Il m'a paru intéressant de comparer directement et par des mesures plus
précises la mobilité de ces centres électrisés, produits par la flamme de
(') Ce dispositif peut convenir pour toute photographie stéréoscopique ou non,
prise avec un appareil à chambre verticale.
(') Comptes rendus^ i" sem. 1907, p. 563. Il convient naturellement d'éliminer tout
produit condensable, buée des parois, etc.
1426 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'oxyde de carbone, et celle des ions dont la formation est provoquée par le
rayonnement des corps radioactifs.
La seule méthode de mesure applicable, celle des courants gazeux, a été
employée et a fourni dans les deux cas des courbes dont on déduit aisément
la quantité cherchée; les conditions étaient rendues aussi semblables que
possible et, notamment, on a vérifié que la température des gaz de flamme
ne dépassait pas 25° C. à l'endroit où se faisait la mesure.
Le rapport des mobilités des ions du radium et des ions de flamme de
l'oxyde de carbone a été trouvé égal à i , 2 1 pour les ions positifs et à i , 70
pour les ions négatifs.
Ces résultats, eu égard au degré de précision dont est susceptible ce
genre de mesure et au fait qu», dans le second cas, les ions se meuvent dans
un milieu contenant une faible proportion de gaz carbonique (*), con-
duisent à la conclusion suivante :
Les ions libérés par action chimique et haute température dans la combustion
de t oxyde de carbone et ceux que produisent les rayons du radium ont des
mobilités très voisines et sont probablement identiques.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les oxychlorures de zinc. Note de M. Dhiot,
présentée par M. H. Le Chalelier.
M. Schindler (^rt. Mag. de Pharni., t. XXXVI, i83t, p. 45), Kane {An.
Ch. Ph., 2"^ série, t. II, 1839, p. 72-296), André (An. Ch. Ph.., 3* série,
t. VI, 1884, p. 94) et Mailhe {B. Soc. ch., 3« série, t. XXV, 1901, p. 786)
ont préparé de nombreux oxychlorures en traitant par l'eau les chlorures de
zinc ammoniacaux et en précipitant des solutions de chlorure de zinc par
des bases ou par leau. Les principales formules trouvées sont les suivantes:
2Zna^-t-3Zn0 4- iiH'O, ZnCl^ -h /JZnO -4- 61P0.
2ZnCI^-l-5ZnO + 26H20, ZnCP-l- 6ZnO -(- loIPO.
ZnCI»+3ZnO+ 2H'0, ZnCr^ -H gZn O + i^H'O.
Il m'a paru intéressant d'étudier les oxychlorures obtenus par action
directe de l'oxyde sur les solutions de chlorure de zinc, en étudiant préala-
blement les conditions de formation de ces oxychlorures. Toutes les autres
(') A. Blanc, Radium, 1908, p. 211.
SÉANCE DU 3o MAI igtO. I '127
mélliodes donnent des produits blancs amorphes dont on ne peut vérilier
rhoniogénéité.
J'ai d'abord étudié la solubilité des oxychlorures dans des solution., de
chlorure de concentrations diverses à la température ordinaire.
Jai obtenu les résultats suivants :
ZnCI= pour luo-Il-O. ZnO pour iooeH-0.
8,22 0,0187
28,24 O, 188
45,95 0,497
5i ,5 o,6o4
56,9 0,728
62,85 0,884
96,00 '1792
124 ,7 3 ,2i3
i44-8 2,64
2o3 I , 59
La courbe ainsi obtenue présente un maximum très net pour 123*'' de
chlorure pour loos d'eau. Sur la première branche, la phase solide en équi-
libre avec la solution est un oxychlorure de formule: ZnCP, 4 ZnO, 6H-0.
L'analyse a donné :
TrouvO.
— — — — — - Calculé.
ZnCl'^ 28,7 28,8 28,9
ZnO 57,3 57,3 37,1
C'est un corps blanc amorphe qui perd S""^' d'eau à 200", mais la dernière
ne part qu'à température élevée, accompagnée d'acide chlorhydrique et
même de chlorure de zinc.
I^a seconde branche correspond à un autre oxychlorure de formule
Zu('-l,Zn(>, 1,5 H- O, dont voici l'analyse:
ZnCI- 54'9 54,7 55,7
Zn < > 3-2,5 82,6 33 , 2
C'est un corps cristallisé en cristaux microscopiques. Il perd 1'"°' d'eau
à 2'3o°; le reste à température plus élevée, avec dégagement d'acide chlor-
hydrique.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 22.) 187
1428 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pn\ir avoir ces oxydilorures à l'état de pureté, il faut laisser plusieurs mois, en con-
tact avec une solution de chlorure de zinc, de l'oxyde très fin obtenu par précipitation
et retirer de temps en temps la masse solide pour la pulvériser, de façon à détruire les
enveloppes protectrices qui se forment autour des grains d'oxyde; ou bien il faut dis-
soudre l'oxyde dans la solution chaude et le laisser précipiter par refroidissement.
Ne pouvant être lavés, les oxydilorures à analyser étaient essorés rapidement à la
trompe, puis comprimés d'abord entre des plaques poreuses, et ensuite, à la presse et
pendant plusieurs jours, entre plusieurs doubles de papier filtre. Du carbonate de
])aryte traité par l'eau et essoré de celle façon n"a retenu que i,5 pour [oodeson poids
d'eau.
En outre, j'ai éludié, à dill'érentes lenipératufes, Téquilibre du système
oxyclilortire solide à 4ZnO, oxyde de zinc solide et solution de chloi'ui-e.
•T'ai trouvé, comme composition de la solution :
T(rii|](-r:iliiro 18". '1.")". 71". :ill'. 100"..
Zn CI- pour 100 , 0,5o 0,81 1,287 1,85 2,87
Tl y avait de Foxyde dissous en très faible quanlité que je n'ai pu douer.
J'ai étudié de môme le système oxychlorure solide à iZnO, chlorure de
zinc hydraté solide el solution, ce qui m'a donné :
Tcniprialiue 1 S°. W". &}'. 71».
Zii Ci- pour 100- d'eau 2o3 270 ,440 Ji)9
Zn O pour io(.)" d'eau i .59 2,o4 4 7 ,06
Toutes ces courbes sont régulières et sans aucun point d'inflexion, ce (|ui
prouve que la constitution de ces oxydilorures ne varie pas avec la l('in[)é-
rature. Je n'ai donc trouvé que deux oxydilorures dont l'un n'avait pas
encore été signalé ; je n'ai pu obtenir aucune indication confirmani Texis-
Icnce de huit des owchlorures signalés antérieurement.
CHIMIE PHYSIQUE. — Sii)' le poiwoir rolatoire du chlorhydrate de pinène,
iNote de M. Gustave Va von, présentée par M. A. Haller.
On sait que le chlorhydrate de pinène obtenu à partir de l'essence de
térébenthine française est gauche. et fortement actif. Au contraire, celui des
essences allemande ou américaine est peu actif; déplus, il peut être gauche,
le carbure générateur étant droit.
T/hydruredc pinène présente ces niêmcs anomalies, anomalies faciles à
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l4a9
e\j)li([uer ainsi (jue je lai montré {Comptes rendus, 2 mai i<)io). J'ai repris
sur le clilorhydrale une élude parallèle à celle que j'avais faite sur Thydrure.
Les e\périences ont porté sur les dillérenles fractions obtenues entre i55° et i65°
dans la distillation d'essences française, allemande, américaine ( voir toc. cit. ). Chacune
de ces fractions traitée par un courant de gaz chlorhydrique sec, vers 30". donne avec
un même rendement (55 pour 100 environ ) uu chlorhydrate solide qui, débarrassé du
liquide par essorage, fond entre ii5° et 120°. Si on lui fait subir une série de cristal-
lisations dans l'alcool, le point de fusion s'élève et le pouvoir rolaloire augmente.
Ainsi avec le chlorh\drate de la fraction [j!].j=: — 44°- 3, j'ai obtenu successivement :
foi.U [aj.,
di- fusiiin. jiour a = 57S.
( ililorhydrate brut ii5-iiy — 3o
Cristallisé i fois 1 28-1 20 — 3 i , '\
» a > 12<i-I27 —32,9
» 3 )) i2()-i3o — 33, (i
» 4 » i3r-i3'>. — 34,7
» 5 » 1 3^) — 34 , 5
« (i 1) 1 3 3 , .'( — 34 , 5
Il était donc important, pour comparer les pouvoirs rotatoires, d'avoir les chlorhy-
drates aussi purs que possible; toutes les mesures ont porté sur des échantillons ayant
subi cinq ou six cristallisations et fondant vers i32"-i33°. Elles ont été faites dans
l'étliei', la concentration dans ce solvant navant aucune inlluence sur la valeur du
pouvoir rotatoire.
Le Tableau suivant indique les résultatsoblenus (pouvoirs rotatoires pour?> = 578).
Essence française.
Essences [5<].|
Chlorhydrates [*c |,|.
Hydrures [a]j
— 14,3
-3-
,5
— 3o, I
— 22.-
— 34,5
-3.5
,2
-36,7
-37,5
—21,8
—22
i2
— 22,6
— 23,6
Essence allemande.
Essences [a |,| +27,3 -1-19,
Chlorhydrates |z |.| ... . -+-20 -f-'i,
Hydrures [x].i +12, 5 -f- 7,
12
,8
^-2,9
- 4,3
- 9.'i
~i6,i
3
,2
—8
— iG,3
— 22, a
^3. ,2
j ,
,8
-5,3
— 10,6
— '4'7
— IÇ),I
Essence américaine.
Essences [a ].| +!^ H-4,2 — 0,7 — 5,7 — 10,2 — 15,6 — 19,1
.; Chlorhydrates [ajj. . +5 +0,7 — 6,8 — 12,7 — 20,8 — 26,8 ^32,7
Hydrures [a]j -1-3,4 o —4,4 — ^,5 —12,7 —17,4 — 20,7
l'iSo ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on porte les pouvoirs rolatoires des essences et ceux des chlorhydrates
sur deux parallèles, et si l' on joint deux à deux les points correspondants, on
obtient des droites concourantes. Il en résulte [loc. cit.) que les pinénes y. et |3
donne/it le même rendement en chlorhydrate solide, et par suite contribuent
pour une même part à la formation du chlorhydrate liquide.
On peut d'ailleurs vérifier ces conclusions par une autre voie. Si elles
sont exactes, on peut calculer d'avance le pouvoir rotatoire du chlorhydrate
fourni par un mélange, en proportions connues, de pinènes a et ^ et de leurs
inverses optiques. Or l'étude des hydrures donne, comme je l'ai montré,
la composition de chaque fraction employée, et par suite le pouvoir rota-
toire du chlorhydrate correspondant. L'hydrure et le chlorhydrate de l'es-
sence d'Alep( a pinène) ayant comme pouvoirs rotatoires 4-32*^,8 et +37", 8,
37 8
on obtient les valeurs cherchées en multipliant par -^^^ les pouvoirs rota-
toires des hydrures. On a ainsi les résultats suivants :
Essence française.
Ti'oii\é3 ... — 34°, 5 — 35°, 2 — 36°, 7 — 37°, 5
Calculés — 34°, 5 — 35°, 2 — 35°, 8 — 37°, 3
h'ssence allemande.
Trouvés 20" H-u°,7 -t- 3°, 2 — 8° — 16°, 3 —22°, 2 —31°, 2
Calculés 20", 5 -t-ii°,4 -t-2°,9 — 8°. 4 — 16°, 7 — 23°, 3 — 3o",3
Essence américaine.
Trouvés -t- 5° H-o°.7 — 6°, 8 — 12°, 7 — 26", 8 — 32°, 7
Calculés + 5°, 3 o — '^°.9 — '3°, 5 — 27°, 6 — 32°, 9
La concordance entre les nombres calculés et trouvés est suffisante pour
légitimer les conclusions données plus haut.
Enfin l'étude du bromhydra te, faite il est vrai sur un nombre plus restreint
de fractions (7), m'a conduit aux mêmes résultats. Le pouvoir rotatoire du
bromhydrate d'Alep est [a||= + 34"; celui d'un bromhydrate quelconque
est donc les -^ du chlorhydrate et les :^ de l'hydrure correspondants.
En résumé ce qui précède vérifie complètement l'hypothèse émise par
Semmler et reprise par Ahlslrom et par Aschau ('), d'après laquelle les
pinènes a et p donneraient le même chlorhydrate solide. De plus les rende-
ments fournis par les deux carbures sont les mêmes.
. —
(') lierichle, t. XXXIX. igoô. p. i44i.
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l43l
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'aldéhyde oL-hromocrotonique. Note (')
de M. P. L. ViGuiER, présentée par M. A. Haller.
J'ai indiqué précédemment ('-) une préparation de l'acétal hromocroto-
nique, puis de l'aldéliydc libre; ce procédé étant assez long, j'ai cherché à
obtenir l'aldéhyde par une voie plus directe, .l'y suis parvenu en utilisant
une méthode analogue à celle par laquelle Piloty et Stock (') ont obtenu
l'acroléine monobromée :
V 35s d'aldéliyde ciotonique refroidi dans un mélange de glace et de sel on ajoute
goutte à goutte Sos de brome, puis on introduit rapidement l'aldéhyde bibromobuly-
rique obtenu dans un ballon contenant 85» d'acétate de soude dissous dans 85» d'eau,
et plongé dans un bain à irto°-i'jo''. Aussitôt l'addition terminée on entraîne par un
courant rapide de vapeur d'eau le produit de la réaction : on recueille ainsi une huile
dense, peu colorée, qu'on sèche au sulfate de soude et qu'on fractionne ensuite sous
pression réduite. Au-dessous de So" passe un liquide riche en acide acétique, puis de
55° à 65°, sous iS""", on re«ueille laldéhyde bromocrotonique à peu près pur {35sà 4o°).
Le rendement (-25 pour 100 environ) est donc très médiocre; de plus, le
produit obtenu est moins pur que celui qu'on obtient par liydrolyse de
l'acétal : il s'altère et noircit plus vite. Mais ce nouveau procédé a l'avantage
d'être extrêmement expédilif, et, d'ailleurs, dans les diverses réactions qui
ont été étudiées, je n'ai constaté aucune différence sensible pouvant être
attribuée à la provenance de l'aldéhyde.
On peut prévoir, théoriquement, l'existence de quatre aldéhydes bromo-
crotoniques ou bromoisocrotoniques isomères; l'élude de l'oxydation du
composé étudié a permis de préciser sa constitution. J'ai ensuite étudié
l'action de l'aldéhyde sur divers réactifs : la présente Note donne les résul-
tats obtenus avec l'acide malonique et l'acide cyanhydrique.
I. Oxydation de l'aldéhyde bromocrotonique. — Le meilleur résultat a
été obtenu par l'emploi de l'oxyde d'argent : en suivant exactement les indi-
cations données par MM. Delépine et Bonnet ('') on obtient facilement et
avec un bon rendement un acide qui cristallise par refroidissement de sa
solution aqueuse en aiguilles incolores fondant à io6°-io7°.
(') Présentée dans la séance du 28 mai 1910.
('-) P.-L. ViGUiEii, Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. 4o4.
(^) Piloty et Stock, Ber. il. deulscli. chem. GeselL, t. XXXI, 1898, p. i385.
('•) M. Delépine et V. Bonnet, Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. 39.
l432 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'oiii' iil'assurer que cet acide est Ijien identitjiic à l'acide a-bromocrolo-
nique, doni il a le point de fusion, je l'ai traité en solution cliloroforniique
par la (|uantité tliéoritjue de brome : le mélange se décolore peu à peu et
l'on obtient bien quantitativement un acide tri]ironiobut\ rique fondant
à ii6".
Il résulte de là que, dans l'aldéhyde bromocrotonicjue étudié, le brome
est placé en a par rapport à la fonction aldcliydique : résultat qu'on pouvait
prévoir par analogie avec la constitution admise de l'acroléine monobromée,
obtenue par une voie analogue.
II. Condensation de l'aldéhyde 'j.-bromocrolonique avec l'acide malonique.
CeUe condeiisaliou a été réalisée en cliauffaiil 6 lieuies au baiii-inarie à jo°-8o° un
mélange de 25s d'aldéhyde bromocrolonique, 17S d'acide malonique el 205 de pjridine;
on laisse ensuite refroidir el l'on traite la masse bruiie et épaisse obtenue par de l'eau
glacée acidulée par de l'acide sulfurique, ce qui précipite uu corps pulvérulent qu'on
recueille. Pour purilier ce produit, on le redissout dans une solution alcaline, on lilire
et l'on leprécipite par un acide; on termine par une série de cristallisations dans l'eau
alcoolisée bouillante où le corps cristallise en longues aiguilles finalement incolores.
L'analyse de ce composé correspond bien à la formule
Cil» - CH z= CBr — CH = CH — CO^H.
L'acide hromosorbique (bromo4-hexadiène-2_3_,i_5-oïquej ainsi obtenu fond
à i33°; il est soluble dans l'alcool et l'éther, extrêmement peu dans l'eau
froide, l'^n le dissolvant dans l'alcool et le précipitant ensuite par l'eau on a
pu le titrer par la potasse en présence de phtaléine. Le sel de potassium
obtenu, redissous dans l'alcool bouillant, cristallise par refroidissement en
lamelles nacrées incolores anhydres.
III. Condensation de l'aldéhyde 7.-bromocrotonicjne avec l'acide cyanhydri-
que. — Tandis que la combinaison des deux corps purs ne se produit pas,
même si l'on chauffe le mélange pendant plusieurs heures à 100" en tube
scellé, j'ai constaté que l'addition d'une petite quantité (i à 2 pour 100)
de cyanure de potassium produit immédiatement la réaction dès la tempéra-
ture ordinaire: le mélange s'échauffe fortement et peut même entrer en
ébullition; il convient alors de n'introduire l'acide cyanhydrique que peu à
peu, et en refroidissant. Le mélange est ensuite aljandonné quelques heures
à la température ordinaire, il a alors complètement [lerdu l'odeur irritante
de l'aldéhyde.
Dans une première expérience, ayant soumis le produit ainsi obtenu à la
distillation sous pression induite, j'ai constaté que la majeure partie distille
SÉANCE DU 3c> MAI I910. l/|33
de 140" A i5o"sous i5"'" à 20'"", mais celte distillation est accompagnée
d'une décomposition manifeste, et l'on perd une portion considérahie de la
substance. Aussi ai-je renoncé à isoler le nitrile vraisemblablemeni formé ;
le passage à l'acide a alors été réalisé de la façon suivante :
Le produit brut de la condensation, refroidi dans Ja glace, est additionné j)eii à peu
de deux fois son volume d'acide clilorhydrique concentré, (^uand tout l'acide a été
introduit, on abandonne pendant i à 2 heures à la température ordinaire, puis on
termine eu ciiaullanl au bain-marie le même temps. Après refroidissement on sépare
à la trompe le chlorhydrate d'ammoniaque formé, et l'on extrait à l'étlier un grand
nombre de fois le liquide ; par évaporation de l'éther on obtient une masse ciislalline
qu'on purifie par un passage à l'état de sel alcalin, puis par des cristallisations dans
l'acétate d'étliyle.
/.'acide bromangélaclique (^bromo3-pentène3_ .-olo-oi(|ue)
Cil ' — ( ;i I = C Br - CH OFI — CO' H
ainsi préparé fonda i jj^-i-^i"; il est très soluble dans l'eau, l'alcool, rétiicr,
l'acétate d'étliyle, très peu soluble à froid dans la benzine elle cblorofornie,
assez soluble dans la benzine bouillante. Sa solution aqueuse a été titrée par
la potasse en présence de piitaléine ; le sel de potassium obtenu cristallise
aniiydre dans l'alcool en prismes incolores. Le sel d'argent est peu soluble à
froid; par refroidissement de sa solution cbaude il se dépose en longues
aieuilles brillantes.
CHIMIE ORGANIQUE. -- Sur une irinitro-p-anisidine . Note
de M. V\\. Keverdin, présentée par M. A. Haller.
.l'ai obtenu inie trinitro-/>-anisidine correspondant à la constitution sui-
vante :
OCH^'
en parlant de la bcnzoyl-/>-anisidine; lorsqu'on nilre celle-ci au moyen de
HNC de I ) == 1 ,4 à 70''-8o°, il se forme un dérivé diniiré de F = i85°, dont
la constitution a été déterminée et correspond à
c«H^ocH^NO^^o^NH.C"H50.
l434 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En soumettant ce produit à une nouvelle nitralion avec HNO' deD = i, j2,
on obtient un dérivé trinilré dans le noyau et mononitré dans le résidu
benzoyle
C" H . O CH^ N0= . NO^ . NO'- . NH . C H' O ( NO^).
■Il) (31 ( 8 ) I f. ) ( 4 i
( Iclui-ci cristallise en aiguilles feutrées coniplèlenient blanches; il com-
mence à se ramollir vers 242" pour fondre complètement à 2/17".
Il se forme en même temps dans cette nitralion un produit cristallisant
en aiguilles jaune pâle et soyeuse de F = 209", correspondant à la formule
c'''H'»o«N*.
Celte dernière combinaison n'est pas saponifiée par H-SO*.
La préparation de ces deuv produits a été faite avec la collaboration de
M. A. de Luc.
La trinitro-p-amsidine correspondante cristallise dans l'eau en paillettes
rouge brun et dans l'alcool en aiguilles rouges à reflet mélallicpic vert; elle
fond à I 27"- 128°.
Je l'ai obtenue par évaporalion lente de sa solution acétonique, en beaux
cristaux grenat de 2"""-5'"'", groupés en faisceaux et qui ont été mesurés
par M. Sabot, assistant de M. le professeur L. Duparc {Archives des Se.
phys. et nat. de Genève^ 4'' série, t. XXIX, 1910, p. 47^^ ) ; ils appartiennent
au système orthorliombique.
Le dérivé acélylé est en aiguilles blanches de F = 242".
Cette trinitro-/;-anisidine renferme un groupe nitro facilement mobile
(c'est probablement par analogie avec d'autres faits connus, le groupe ^()^
placé en ortho relativement à ^H" ), aussi fournit-elle avec les aminés des
dérivés dans lesquels un groupe \0^ est remplacé par le résidu de l'aminé.
1.1' dérivé de l'aniline fesl en paillettes brunes de F = i4^°; celui de la
p-tdluidine en petits cristaux bruns de F = i39° et celui de la mononiétlivl-
«mf/ie en belles aiguilles rouge violet de F=i99"-20o". lùilin, en faisant
réagir en solution alcoolique et au bain-marie Tacétale de soude sur la
lrinitro-/j-anisidine, on obtient une dinilro-liydroa:y-p-aiiisidine en aiguilles
brunes à reflet métallique vert de F = i()i", dont le dérivé acétylé est
en aiguilles blanches de F ^:= i93''-i94"-
La lli(''orie ne permet de prévoir que deux Irinitro-yj-anisidines ; la coiisli-
lulion de celle dont nous venons de parler est établie par le fait que ce
produit diffère par ses propriétés et par celles de son dérivé acélylé d'une
liinilio-/;-anisi(linc récemment préparée par Mcldola et Kunizcn (J'rans.
SÉANCE DU 3o MAI I9IO. l435
nf c/iern. Soc, l. \(;VII, 1910, p. 444)- ^es savants ont en effet obtenu en
méthylant le sel d'argent du trinitio-/?-acétylaininopliéno! de la formule
C«H.0H.N0-.N0-.N0'.NH.C-I1=0
II) 121 (:il (S) (41
un dérivé acélylé de F = 194° qui leur a fourni par saponification sulfurique
une trinitro-/i-anisidine de F'= i38"-i39", isomère de celle que je viens de
décrire. Je me réserve de poursuivre les recherches sur les dérivés de la
nouvelle lrinitro-/>anisidine.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur certains dérivés de la cholestérine. Note
de MM. L. TtBouGAErF etW. Fomi.\, présentée par A. Haller.
L'un de nous a démontré depuis quelque temps ('), en commun avec
M. Gasteff, que la cholestérine se laisse transformer bien facilement en
cholestérylxanthogénate de méthyle
C"H*5_ OCS — S.CH^
qui se décompose à son tour avec formation de la cholestérylène à la tempé-
rature de 200" :
C^' II" - ces. SCH' = C^- H» + CSO + CII'SH.
En poursuivant cette étude, nous avons trouvé que pendant la décompo-
sition de la cliolestérylxanthogénate de méthyle, deux carbures isomères
prennent naissance en même temps.
Nous proposons de les désigner comme a- et ^-cholestérylènes.
On peut effectuer leur séparation au moyen des recristallisations répé-
tées dans de Téther additionné d'alcool.
A l'état de pureté l'a-isomère représente des aiguilles fusibles à 77"; le
point de fusion de l'autre isomère est situé vers 59°. Tous les deux corres-
pondent à la même formule moléculaire C^'H'*.
Poids moléculaire déterminé d'après la méthode cryoscopique dans du
benzène : mod. a, 355; mod. p, 342; théorie, 368.
(,') lierl. lier., l. XLII, p. 463i.
C. R., 1910, i" Semestre. (T. 150, N» 22.) 188
l436 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les deux clitolestérylènes dévient le plan de polarisation à j^auche et pos-
sèdent la dispersion rotatoire normale. Ils montrent toutes les réactions
caractéristiques colorées de la cholestérine.
Ils décolorent énergiqtiement le brome et ^fixent de l'hydrogène pur en
présence du noir de platine à la température ambiante.
Cette dernière réaction, exécutée dans les conditions indiquées récem-
ment par M. Wilstaetter et Mayer ('), a conduit à ce résultat remarquable
que les deux isomères engendrent en fixant 2"' d'hydrogène le même
cholestane C'-'H'% carbure saturé et dextrogyre, fusible à 79° et ne
donnant aucune des réactions colorées de la cholestérine. De plus, ce car-
bure est évidemment identique au cholestane obtenu par J. Mauthner (-)
en partant du cholestène C*'H''* au moyen de la même méthode élé-
gante de Wilstt'Ptler et Mayer (point de fusion 79° à 80°; [a]„ = + 24,26
à -1-2/4,67).
Dans le Tableau suivant, nous résumons les constantes physiques des
carbures dérivés de la cholestérine que nous avons étudiés :
Point
[«]
F
S\il)slancc. (1(
B fusion. Dissolvant.
pO-
[û.],
[
«In
[«].
(«]
!=■
''■"
Clioleslérylène a.
77
Toluène
t'i , .5o3
-84,
i4
—
'09:
,3
-.47
,0
—
iS5;
,3
a ,
,2l3
Choleslérylène (3.
■''9
Toluène
3,785
—58,
■^9
—
76
,68
— 1 02
>9
-
129
,0
■i;
,202
Cholestane prove-
nant du choles-
lérylène <z . . . .
79
Chloroforme
6,:;!83
+ '9.
,9.5
-+-
«4
,59
+ 3i
,49
+
38
,39
l
.99'i
Cholestane prove-
nant du choles-
lérylène [3
79
Chloroforme
3,280
H-'9.
•7
-(-
a4:
,59
-1- 3i
,52
-+-
38,
,46
2 :
,006
En résumant les faits obtenus par nous et tenant compte de la formule
développée récemment pour la cholestérine par M. Windaus ( *), on peut
(') /ierl. Ber., l. XLI, p. 1475.
(') Silzungsber. kais. Akad. Wien, t. CXVIII (II), 1909.
(') Les valeurs de [ajc, [«Jd, ••• sont calculées d'après la formule [a]=—— -
dans la<|uelle a est la déviation observée, / la longueur du lube polarimétrique, p la
concentration et d la densité de la solution à la température de l'expérience, soit
à 20°. Les mesures correspondent aux lignes du spectre (], D. V et F.
(*) Berl. Ber., t. XLII, p. 3770.
SÉANCE DU 3o MAI I910. l437
représciiler coiiiiiie il siiil la coiistilulion de deux chuleslérylèiies ael ^(') :
Cil» CH^
^"^^GH-CH=— (Jll-— C'^ir^'-Gll = Cir- CM
CH ^\ I II
a-Cliolestérylènc.
\ > Cil- CH
JÎJ'^CH — Cll= - CH« - G" H" - CH = CH' G" H"
( . ) GH=( \CH ( 2 ) > CH-^/ \CH'
CH CH'
fl-Cholestéiyléne. Clioleslane.
Kn terminant, nous tenons à remarquer que la cholestérylène lévogyre,
décrite il y a quelques années par M. Blocli (-) (point de fusion 75°, 5), est
probableiiient en majeure partie constituée par le cholestérylène «.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Recherches eœpéiirnentales sur la vie latente des
spores des Mucorinées et des Ascomycèles . Note de M. Paul Becquerel,
présentée par M. L. Maquenne.
Les nombreuses expériences sur la physiologie des graines qui ont été
publiées dans ces derniers temps, ont fait voir que la théorie classique de
la vie latente doit être complètement modifiée. La vie latente des graines
n'est jamais une vie aérobie ralentie, mais la plupart du temps une vie
anaérobie extrêmement lente, (juelquefois même, dans certaines circon-
stances, une vie parfaitement suspendue ( ').
Il était intéressant de savoir si cette nouvelle conception de la vie latente
était applicable aux spores des Champignons, particulièrement à celles des
Mucorinées et des Ascomycètes.
Des spores de Mucor niucedo, de Mucor racemosus, de Rliizopus niger^ de
Slerigtnalocyslis iiigra el à' Aspergillus glaucus ont été dessécliées lentement, dans
(') Nous désignons tout arbilrairament par (i) el (2) les i"- de carbone du noyau
choiestérylique, voisins du groupement CH(OU).
(') Bull. Soc. chim., 3' série, t. XXXI, p- 71.
(') Pail Bkcqi'erel, Reckefches sur lavie latente ilea graines {Annales des Sciences
naturelles : /lotani/jue, p. iy4-3i2,9« série, 1907, el Comptes rendus, 19 avril 1909).
l438 ACADÉMIE DES SCIENCES.
de petits tubes de verre stérilisés, en présence de baryte caustique anliydre, pendant
2 semaines, ii la température de 35° Ces tubes ont ensuite été soudés à la trompe à
mercure de Berlemonl, et le vide sec le plus parfait a été réalisé. Lorsque les dégage-
ments gaieux ne se produisirent plus, les tubes furent fermés à la llamme, et
délacliés. La jauge de Mac Leod indiquait un vide inférieur au millième de milli-
mètre.
Le 5 février 1908, ces tubes furent emportés par M. Henri Becquerel cliez M. Kamer-
lingh Onnes, l'éminent physicien, directeur du Laboratoire cryogéne de l'Université de
Levde, auquel je renouvelle encore ici tons mes plus vifs remercîments. En ell'et, c'est
grâce à son précieux concours et à son merveilleux outillage que tous ces tubes con-
tenant les spores ont pu être soumis, dans le courant du mois de février 1909, pen-
dant 3 semaines, à la température de l'air liquide ( — 180°) et, sans réchauffemeul
préalable, pendant 77 heures, à la température de l'hydrogène liquide, c'est-à-dire
à 233° au-dessous de zéro.
Ces tubes, qui m'ont été renvoyés, ont été ouverts cette année, le 9 mai, avec toutes
les précautions nécessaires pour empêcher dans leur intérieur l'introduction des germes
de l'atmosphère. Les spores ont été ensemencées dans des liquides nutritifs stérilisés.
Au bout de 16 heures de séjour dans une étuve à température constante, toutes les
spores des Mucorinées ont germé; elles ont commencé à produire des sporanges.
Deux jours après, les spores des Sterignialocystis et des Aspergillus avaient aussi
donné un feutrage très serré de filaments ramifiée portant de nombreux appareils
conidiens.
Ces résultats obtenus sur des organismes unicellulaires viennent géné-
raliser d'une façon remarquable ceux que j'ai publiés antérieurement sur
les graines. La conservation de ces spores pendant les 20 mois qu'elles
ont séjourné dans le vide ne peut, en effet, être interprétée, selon la
doctrine classique, comme conséquence d'une vie aérobie ralentie. On
pourrait peut-être admettre une vie anaérobie extrêmement lente, confinant
à la vie suspendue. Mais pendant les 24 jours d'action des grands froids
de l'air et de l'bydrogène liquides sur ces spores desséchées dans le vide,
il ne peut plus être question de vie anaérobie, même très atténuée. Par
suite de la superposition des effets combinés de la dessiccation, du haut vide
et des basses températures, le protoplasma de ces organismes, .sans eau,
sans gaz, ayant perdu son état colloïdal, ne peut plus du tout posséder
aucune trace de son activité vitale. La vie est alors réellement suspendue
et, ainsi que je l'ai déjà signalé, le grand principe de la continuité des phéno-
mènes vitaux mis complètement en échec.
La preuve expérimentale de cette interruption de la vi&, sans porter pré-
judice à son retour, aussi bien dans les spores des champignons que dans les
graines, est l'exemple le plus convaincant pour démontrer la réalité du
rigoureux déterminisme des phénomènes vitaux. Il prouve le peu de solidité
SÉANCE DU 3o MAI 19IO. 14^9
do la définition de la vie, acceptée et propag^ée par des savants d'une grande
valeur, comme Grasset, Bundge, Ueinke, Lodge ('). Selon cette définition,
la vie serait une force particulière, une puissance directrice spéciale « issue
d'un monde où la Physique et la Chimie n'auraient aucune prise, monde qu'il
nous est impossible de connaître avec le secours de nos sens ». Or d'après les
résultats de toutes mes expériences sur la vie latente qui confirment la con-
ception de Claude Bernard (-), on ne peut plus affirmer que la vie est un
[irincipe, ni une force directrice mystérieuse échappant au déterminisme des
phénomènes naturels.
La vie n'est pas autre chose que le fonclionneuient physico-chimique extrê-
mement complexe des organismes protoplasmiques, provoqué par leurs
rapports incessants avec les éléments de la matière et les différentes formes
de l'énergie.
PHYSIOLOGIE. — Influence de la saignée sur la résistance des animaux
à r urohypotensine. Note de MM. J -E. Abelous etE. Bardier, présentée
par M. Bouchard.
Avec la toxine que nous avons étudiée sous le nom à'' urohypotensine,
nousavons pu reproduire, chez les animaux, tous les symptômes de l'urémie.
Sans insister, pour le moment, sur cette urémie expérimentale dont l'impor-
tance mérite une étude particulière, nous devons dire (pie c'est l'observation
même de ces symptômes qui nous a amenés naturellement à étudier les effets
de la saignée sur la résistance des animaux à l'inloxicalion par l'urohypo-
lensine. Nos expériences ont porté sur les chiens et les lapins.
La saignée élail praliqiiée ■i!\ heures avant l'injection, pour permettre à la
leucocylose post-liémorragique d'atteindre son niaxinitim. La soustraction de sang
était assez copieuse (2oS-3o8 pour des lapins d'un poids moyen de i5ooS-20oos ; iSo»
pour des chiens de l\^''--^'s). De plus, les chiens, mis en expériences, étaient des animaux
sains et jeunes, sans trace d'albuminurie ou de glycosurie. Ils étaient au préalable
soumis à un régime alimentaire abondant, de façon à se trouver dans les meilleures
conditions possibles au moment de l'injection de la toxine.
Nos expériences nous ont montré que la saignée préventive augmentait
(') LoD&E, La vie et la matière, traduction Mavwell, collection Alcan, 1907.
('^) CtALDE Bernard, Leçons sur les phénomènes de la vie, t. I, 1878-1879, p. 69.
î44o ACADÉMIE DES SCIENCES.
beaucoup la résistance des animaux à l'intoxication. Non seulement les
troubles immédiats sont atténués, mais, par la suite, la nutrition descliiens
saignés est bien meilleure que celle des témoins, comme l'atteste la courbe
des poids.
Lapins. — Les animaux saignés au préalable ne présentent que des troubles immédiats
atténués. La prostration et la narcose sont moins marquées, le myosis et le vaso-
dilatation auriculaire moins intenses et moins durables, l'abaissement de température
moindre que pour les témoins. Dans les jours qui suivent l'injection, les témoins pré-
sentent une diminution progressive du poids et ne récupèrent que lentement leur poids
primitif. I.,es animaux saignés, au contraire, ne présentent ({u'une baisse de poids très
passagère; ils récupèrent et mèmedépassent vite leur poids primitif.
Les effets immunisants de la saignée sont surtout remarquables pour les lapins qui,
par une injection antérieure, sont en état d'anaphjlaxie. bans ce cas, les lapins
saignés résistent admirablement, tandis que les autres présentent des signes de dénu-
trition profonde que témoigne un amaigrissement considérable. Ouelques-uns même
meurent au bout de ([uelques jours.
Four les chiens, les résultats sont de même sens que pour les lapins. Les signes
immédiats de l'intoxication, prostration, vomissements, lénesme, diarrhée, hémorra-
gies intestinales sont moins mar([ués chez les saignés. De plus, comme pour les lapins,
alors que les chiens témoins présentent, les jours qui suivent l'injection, un abaisse-
ment de poids souvent considérable, les animaux saignés ne. perdent pas de poids et
même arrivent à dépasser au bout de quelques jours leur poids primitif.
Les uns et les autres, durant 3 ou 4 jours, ont un peu d'albumine et de glucose dans
les urines.
11 résulte en somme de nos expériences que la saignée pratiquée 24 heures
avant l'injection d'urohypotensine crée une résistance marquée à l'intoxi-
cation. Ces faits constituent une justification nouvelle de l'usage de la
saignée dans les troubles de l'insuffisance rénale.
l'HYSIOLOGIE. — Transformalion en courbes îles tracés du phonographe.
Note de M. Lioket, présentée par M. d'Arsonval.
M. Marage a publié plusieurs travaux importants sur l'analyse et la
synthèse des voyelles ; les résultats, tous concordants lorsque les causes
d'erreur étaient évitées, lui ont été fournis par diftérents procédés: les
flammes manométriques, la méthode graphique, la photographie directe
des vibrations et le phonographe ; dans celte dernière méthode, les tracés
en creux du phonographe étaient transformés en courbes par un levier
SÉANCE DU 5o MAI 1910. l44l
amplificateur. J'ai repris l'étude des voyelles par le plionoj4;raphe en y
introduisant un certain nombre de perfectionnements.
L'appareil de M. Marage, qui était un instrument de laboratoire, est ainsi
devenu un appareil très pratique, dont tout le monde peut se servir sans
aucun apprentissage.
Les modifications ont porté sur les points suivants :
1° hnpresdon du cylindre de cire. — Comme M. Marage l'avait fait remarquer, on
peut à volonté compliquer les tracés en y introduisant des vibrations accessoires pro-
duite$ par l'appareil lui-même ( embouchure, tube, etc.). J'ai donc suivi les indications
Fig. ■■
OU
Tracés agrandis environ tin fois en hauteur et en longueur.
données par cet auteur en supprimant les causes d'erreur; de plus, dans les phono-
graphes ordinaires, le saphir coupant, fixé à la plaque vibrante, s'appuie sur le cylindre
de cire, grâce au poids du cadre métallique qui le soutient; ce poids est essentielle-
ment variable avec les divers instruments, et de plus ce cadre est sujet à des trépi-
dations; j'ai donc placé, à côté du saphir coupant, un saphir mousse qui glisse sur la
cire et sert simplement à maintenir le cadre à une distance que l'on peut régler au
moyen d'une vis micrométrique ; la lame vibrante est donc indépendante de ^on
cadre et ses déplacements ne dépendeqt que de la voix.
l/|42 ACADÉMIE DES SCIENCES.
9." Tracé des cniirhes. — Le cylindre île cire est animé d'un double mouvement de
rotation et de translation suivant son ave, grâce à une vis sans fin : le cadre de la pla<|ue
vibrante est fixe, ce qui n'existe pas dans les autres plidflograplies.
Quand on veut transformer les plionogrammes en courbes, on remplace le cadre par
un levier dont le rapport de longueur de la petite branche à la grande brandie peut
varier de yg ^ ihî i '^^ levier est en métal liège dont la densité ^ 1,7; il reste toujours
sensiblement vertical ; le saphir, qui est fixé à la petite branche du levier, est articulé
sur le levier de manière à fouiller tous les replis du sillon creux; la bande de papier
recouvert de noir de fumée a 2™ ; on a donc des tracés très longs; pendant la trans-
formation en courbe, le cylindre de cire tournant très lentement (5o à 200 fois moins
vite qu'au moment de l'impression), l'inertie du levier ne peut pas introduire de causes
d'erreur.
liésultats. — i" On obtient pour les voyelles parlées, OU, O, A, K, I,
des tracés tout à t'ait semblables à ceux qu'avait obtenus M. Marage; pour 1
et OU, les vibrations sont groupées par une; pour E et O, par deux; pour A,
par trois (/^. 1).
2° Ces tracés sont exacts puisque le phonographe répète les voyelles
inscrites; d'ailleurs M. Marage, en partant de tracés semblables, avait fait
la synllièse au moyen de sa sirène à voyelles. On peut fournir une autre
V;«V,A/H*VWWV
j,^,vvvvVVVvVW\|iWVWW^^^
fj\lpflpl^^1^v
yKK)\^J#\#^
TraC(''s ;i^riiiuli
preuve de cette exactitude en découpant le tracé agrandi de A par exemple
sur le bord d'un disque circulaire en zinc; une lame de mica qui frotte sur
ce disque, tournant rapidement, répèle la voyelle.
3° En augmentant la longueur du levier et en diminuant la vitesse de
rotation du cylindre, on peut obtenir des courbes analogues à celles trouvées
SÉANCE DU 3o MAI IQIO. l4/i3
par d'autres expérimentateurs ('); mais ces courbes {_ftg. 2) me semblent
moins exactes, car si le tracé est agrandi N fois en hauteur, il faut qu'en
longueur il soit agrandi de la même ([uantité.
Conclusion. — L'appareil que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie
permet donc de bien impressionner le cylindre et de transformer facilement
en courbes les tracés en creux du phonographe.
PHYSIOLOGIE. — Etudes sur le cancer des Souris. L'hérédilè de la sensibilité
à la greffe cancéreuse. Note de M.VI. L. Cuéxot et L. Mercier, présentée
par M. A. Dastre.
Lorsqu'on pratique des greffes de tumeurs cancéreuses sur Souris, il est
bien difficile de comprendre pourquoi un groupe de Souris donne un certain
pourcentage tandis qu'un autre groupe pris dans le même élevage, et que
l'on a toutes raisons de croire identique au premier, donne un pourcentage
trop différent pour que l'on puisse invoquer le hasard. C'est ainsi, par
exemple, qu'en opérant avec la tumeur B, nous avons obtenu un certain jour
une prise sur un groupe de 1 1 Souris et un autre jour 8 prises sur un groupe
de 10 Souris.
Cette inconstance dans les résultats de la greffe, qui a frappé tous les
expérimentateurs, n'a pas reçu jusqu'ici d'explication satisfaisante ; ce n'est
pas une question de technique opératoire, pas plus que des différences de
régime alimentaire, d'âge ou de sexe, car il est facile de se placer dans des
conditions qui éliminent ces facteurs. Peut-on invoquer une variation de
virulence de la tumeur se traduisant par un pourcentage plus ou moins
élevé de prises? Sans nier absolument l'existence de ce facteur, nous l'an-
nulons en inoculant simultanément des lots différents avec une tumeur
unique.
L'explication de ces différences de pourcentage est tout autre. Elle cor-
respond à des différences dans le patrimoine héréditaire des Souris.
Depuis longtemps, nous étudions l'hérédité de la sensibilité à la greffe
cancéreuse ; sachant qu'en Angleten-e et en Amérique, des laboratoire?,
mieux installés que le nôtre poursuivent des recherches analogues, nou^
(') M. MaràGë, Différents tracés d'une même voyelle chantée {Comptes rendus.
novembre 1908).
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 22.) 189
l/|44 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous décidons à publier nos résultats, bien qu'il reste encore des détails à
préciser, pour ne pas être exposés à perdre le fruit de deux ans de travail.
I. La prise et la non-prise ne sont pas des caractères mendéliens. — On
pouvait concevoir que la prise et la non-prise étaient des caractères men-
déliens symétriques, correspondant à la présence dans le patrimoine géno-
typique de un, deux, ou n gènes (déterminants). Nous avons examiné suc-
cessivement ces diverses hypothèses ; aucune ne rend compte des faits d'une
façon complète.
Nous discuterons seulement Thypothèse la plus simple (un seul gène)
pour laquelle nous nous trouvons en parfait accord avec les résultats récents
de Tyzzcr ( ' ),
a. Supposons que le gène de la prise est dominaiU sur le gène de la non-pii^ie : par
conséqiienl des Souris réfractaires croisées entre elles doivent donner une descendance
homozygote indéfininnent réfraclaire. Or, sur a3i petits provenant de parent»; tous
deux réfractaires. 6o ont pris la greffe (25,9 pour 100).
b. Supposons au contraire que le gène de la prise est dominé : par conséquent des
Souris sensibles croisées entre elles doivent donner une descendance homozygote dont
tous les membres sont sensibles. Or, sur 119 petits provenant de parents tous deux
sensibles, 61 seulement ont pris la greffe (5i,9 pour 100).
Ces résultats, s'ils prouvent avec certitude que les caractères de prise et
de non-prise ne sont pas des caractères mendéliens simples, montrent net-
tement qu'il y a néanmoins quelque chose d'héréditaire puisque, d'une
façon globale, les descendants de Souris sensibles donnent un pourcentage
bien plus élevé que les descendants de Souris réfractaires.
II. Un certain pourcentage de prises est un caractère familial. — Après de
longs tâtonnements, nous avons isolé de notre élevage de Souris, en appa-
rence homogène, des familles qui ont la propriété de donner un certain pour-
centage de prises et qui transmettent celte propriété dans les croisements
in ter se.
Par exemple, une de ces familles, depuis le couple originel, comprend
53 petits qui ont donné 4^3 prises, soit 8(), 7 pour 100, et à chaque généra-
tion la grellé donne toujours autant de succès. Nous appellerons cette fa-
mille la lignée riche, voulant rappeler par ce terme les lignées dont les
botanistes et Jennings (-) ont démontré l'existence, d'une part chez les
végétaux et d'autre part chez les Infusoires.
(') TïzzEU, -I stady 0/ inheritance in Mice willi référence to llieir suscej>ti/'ili/y
Co transplanlable tumors [Jour, of med. res., t. XXI, n" 3, 1909, p. 019).
(-) Je.nxings. Ileredily and variation in llie simplest organisme {American
nalii.-Cicijc, i. XLllI, 1909, p- 32i).
SÉANCE DU 3o MAI 191O. l445
A cette lignée riche nous opposerons lUie lignée pauvre qui, sur 82 petits
provenant d'un couple originel, a donné seulement 16 prises, soit
19,5 pour 100.
Nous nous sommes naturellement attachés aux cas extrêmes, mais nous
savons qu'il existe d'autres lignées donnant des pourcentages compris entre
86,7 pour 100 et 19,5 pour 100.
La propriété de donner une lignée pauvre ou riche est inhérente au
patrimoine génotypique des parents, mais n'a aucun rapport avec leur
réaction personnelle vis-à-vis de la greffe (résultats identiques à ceux de
Jennings pour la taille dans les lignées d'Infusoires). Ainsi des Souris
réfractaires appartenant à une lignée riche, donnent une progéniture qui
fournit le même pourcentage de succès que celle qui provient de Souris
sensibles de la même lignée. De même pour les Souris de lignée pau-vre.
Exemples :
t" 20 petits de lignée riclie mais dont les parents étaient réfractaires ont
fourni 19 succès;
1" Inversement, 17 petits d'une lignée pauvre, mais (ipnt les parents ont
été pris parmi les rares sensibles de cette lignée, ont donné seulement deux
prises.
On conçoit d'après ces faits combien il est difficile d'isoler une lignée
homogène, alors que cela ne souffre pas de difficulté chez les Infusoires dont
un individu isolé fournit immédiatement une lignée pure par multiplication
asexuée.
Conclusions. — On voit d'après ce qui précède qu'un élevage de Souris
peut comprendre des individus appartenant à des lignées riches, pauvres,
moyennes; suivant la prédominance, dans un lot donné, d'individus appar-
tenant à telle ou telle lignée les résultats des greffes pourront être infiniment
variés. 11 n'est pas possible de comprendre pourquoi à l'intérieur d'une
même lignée il y a des individus sensibles et d'autres réfractaires, alors qu'en
fait ils sont capables de transmettre la même potentialité de pourcentage
de prises. Il y a là une question tout à fait intéressante à creuser au point de
vue de l'hérédité.
Si, comme nous le croyons, les facteurs ou tout au moins certains des
facteurs héréditaires qui déterminent la prise d'une greffe cancéreuse sont
les mêmes que ceux qui permettent le développement d'une tumeur spon-
tanée, il s'ensuit que la connaissance de la lignée à la(juelle appartient un
individu a une grande importance: en effet, une descendance issue de deux
l446 ACADÉMIE DES SCIENCES.
parents cancéreux de lignée pauvre aura beaucoup moins de chances de
présenter des tumeurs qu'une descendance issue de deux parents réfractaires
mais d'une lignée riche. Dans le problème du cancer, déjà si complexe, il
faut sans aucun doute faire une place à un facteur d'hérédité.
PHYSIQUE PHYSIOLOGIQUE. — Mécanisme éleclrostalique de V hémiperméabi-
lilé des tissus vivants aur étectrolytes. Note (') de M. Pierre Girard, pré-
sentée par M. A. Dastre.
La couche la plus externe du protoplasme des cellules vivantes (mem-
brane cytoplasmique) présente une hémiperméabilité relative aux électro-
lytes. Par rapport au sérum, par exemple, les globules rouges renferment
une proportion lo fois plus grande de KCl et u> fois moindre de NaCl. Ces
chiffres donnent la mesure de ce qu'est cette hémiperméabilité. L'objet de
cette Note est de montrer que le mécanisme de celle-ci est essentiellement
électrostatique.
Dans une Communication antérieure (^'-) nous avons décrit un phéno-
mène de polarisation très particulier dont les membranes inertes (en géla-
tine, vessie de porc, etc.) peuvent être le siège.
Les conditions nécessaires et suffisantes pour le produire sont : i° une
structure capillaire de la membrane; 2" un excès fùt-il très léger d'ions H"^
ou OH" dans le milieu liquide qui i)aigne la membrane; 3" une diflerence
de pression osmotique d'une face à l'autre de la membrane.
L'inlensilé de celte polarisation E s'exprime, comme nous l'avons montré, par
l'équation d'Helmhollz relative à la force électiomotrice de filtration
E= P^,
où p désigne la résislivité de la liqueui-, i la différence de |)otenliel des couclies
doubles dues aux ions, p une différence de pression osmotique et Y) un coefficient de
viscosité.
En outre nous avons montré que l'interposition d'une membrane ainsi
polarisée, entre une solution d'un sel neutre et de l'eau, modifiait considéra-
(') Présentée dans la séance du 17 mai 1910.
(') '9 a^'"'' '909-
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l4^7
bleinent le jeu des forces électrostatiques qui interviennent dans la diffu-
sion et qu'il en résultait au point de vue de la vitesse de diffusion, ou ce qui
revient au même de la perméabilité de la membrane au sel envisagé, des
conséquences importantes.
En polarisant, par exemple, par une trace de HCI une membrane en vessie de porc,
on réduit au i et davantage sa perméabilité au MgCP; en inversant le sens du champ
de polarisation par une trace de NaOH, on accroît du double celte perméabilité.
Si l'on suppose fixé le sens du champ de polarisation de la membrane,
celle-ci témoignera (en prenant comme point de comparaison la même
membrane non polarisée) d'une imperméabilité relative ou d'une perméabi-
lité accrue vis-à-vis de deux sels ayant même coefficient de diffusion mais
dont les champs électrostatiques de diffusion sont orientés de sens con-
traire.
On comprend l'intérêt de ces faits au point de vue biologique, surtout si l'on réflé-
chit que, le protoplasme n'étant jamais absolument neutre, les membranes ectoplas-
miques étant constituées, suivant la conception de Nifgeli, par des micelies juxtaposées
et les éléments minéraux n'ajant pas dans le liquide plasmatique la même concentra-
tion <(ue dans le sérum, les trois conditions nécessaires à la polarisation de ces mem-
branes cellulaires, conformément à l'équation d'HelmhoItz, se trouvent ainsi réalisées.
^ l'aisemblablement la différence de potentiel qu'un tissu vivant présente
d'une face à l'autre n'a pas d'autre cause que cette polarisation des mem-
branes ectoplasmiques cellulaires (') et cette différence de potentiel doit se
comporter, au point de vue de la perméabilité de ce tissu aux différents sels,
comme les champs de polarisation envisagés plus haut; si donc on suppose
fixée l'orientation de cette différence de potentiel le tissu devra accuser une
perméabilité différente pour des sels de coefficients de diffusion voisins,
mais dont les champs électrostatiques de diffusion sont orientés de sens con-
traires.
Ou bien encore si l'on envisage un seul et même électrolyte dont le
champ de diffusion est alors fixé, un tissu vivant devra témoigner pour cet
électrolyte d'une perméabilité différente suivant l'orientation, dont on est
maître, de la différence de potentiel qu'il présente d'une face à l'autre.
C'est sous cette forme que nous avons soumis la question à l'expérience.
Le tissu en expérience (peau ou paroi abdominale de grenouille) était interposé
dar.s un osmomèlre, l'une des faces en contact avec la solution saline diffusante
(') PibRRE Girard, Comptes rendus, séance du 2.5 avril 1909.
l448 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(toujours isotonique à une solution de \aCl à 8 pour looo), l'autre face en contact
avec une solution sucrée isotonique à la solution saline. Le système entier était
immergé dans un thermostat et la diflerence de potentiel du tissu (déduite de la difTé-
rence du voltage du système total et du couple liquide : solution saline-solution
sucr.'e) était suivie pendant la durée de l'expérience à l'issue de laquelle un dosage
était fait.
Chaque expérience était en deux phases de même durée.
Dans la colonne n" 5, nous avons convenu de faire précéder du signe + la différence
de potentiel du tissu lorsqu'elle est orientée de même sens que celle du couple liquide,
solution saline-solution sucrée, et du signe — dans le cas contraire.
Solution
saline.
NaCl
III.
Rincer
Tissu.
Peau Eana i
esciilenta \ interne
l'iice < irienliilidn \ aleur
en conlacl de \,\ de la
avec diUércnce difiérence Quantité
la solution de de de sel
saline. potentiel, potentiel, difl'usée. Observations.
(éthérisée)
Ringer
Ringer acidifié
Peau R. e. interne
» externe
Peau \
/?. fusca interne
i
(après 18'') ;
» externe
voll g
0,000 0,010
0,000 0,010
La quantité
, , dosée
o,0!2 0,004 I
, { se rapporte
0,010 0,004 A ,
i au Cl dose
en NaCI.
O,004 0,012
o , 004 0,012
Même
observation
Rino;er
Peau H. e. interne
n externe
0,020 0,008
o,oi-^ 0,001
Ringer
Peau fi. e. externe
» interne
0,0 14 traces
0,012 0,006
VI.
NaCl
Peau /?. e. interne
n externe
o , 020 o . o I I
0.020 0,002
i Paroi 1
VU. Na-SO' al)domtnale 'externe —
interne
-h
o , o I b 0,012
0,018 o,oo3
Vlll.
IvCl
Peau A'.
exteine
interne
0,022 o,oi3
0,018 o , 00 I
SÉANCE DU '^O MAI 1910. l449
En ce qui concerne le KCl l'absence de voltage du couple solution saline-
solution sucrée due à l'égale mobilité des deux ions du sel ne permettait pas
dans la cinquième colonne la notation habituelle, mais les deux clii lires
o,o2'2 volt et 0,018 volt correspondent à des différences de potentiel
opposées et le maximum de perméabilité correspond à la même orienta-
tion du voltage qui assure le minimum de perméabilité au NaGl. Celle
remarque nous parait fournir une explication très simple des différences de
concentration en KCl et NaCl à l'intérieur des éléments histologiques et
dans le milieu qui les baigne.
Comme on voit, les différences de perméabilité ne sont bien dues tpi'au
seul facteur dont nous éprouvions Finlluence : la valeur et l'orientation du
voltage du tissu.
r^es expériences 1, Il et III excluent l'objection d'une différence de per-
méabilité qui serait due à une différence de structure liistologique d'une
face à l'autre et les expériences l'V et YI excluent l'hypothèse d'un accrois-
sement de perméabilité due à un vieillissement des tissus pendant la durée
de l'expérience.
Conchision. — Le mécanisme de l'hémiperméabilité, qui n'est jamais que
relative, d'un tissu vivant aux électrolytes est essentiellement électrosta-
tique.
ANAïOMlH. — Courbure lombaire el prornonloire. Note de M. J. Cu.uxk,
présentée par M. Edmond Perrier.
On a bien discuté sur le redressement de la colonne vertébrale de
l'homme, mais il est un ensemble de considérations anatomiques en rapport
avec ce fait, qui semblent n'avoir pas été suffisamment mis en lumière.
Dans cette Note je ne m'occuperai que de la région lombo-sacrée.
Pour la même raison qui fait que le sacrum se développe à mesure que
le corps s'élève sur les membres, dans la station bipède, où l'être ne repose
que sur ses membres postérieurs, la ceinture pelvienne contracte avec la
colonne vertébrale (sacrum) une union plus intime qu'ailleurs; il va immo-
bilité à peu près absolue. De plus, celte attitude spéciale a entraîné une
orientation particulière du bassin, mais dans ce mouvement les os iliaques
et le sacrum ont conservé leurs rapports réciproques ; l'os coxal est devenu
nettement vertical et le sacrum a acquis une direction très oblique, mais
l45o ACADÉMIE DES SCIENCES.
non verticale; il en résulte que si notre colonne lombaire n'avait pas formé
une courbure concave en arrière et était restée dans le prolongement du
sacrum, l'ensemble de notre colonne vertébrale aurait été très oblique, et
le corps de l'homme fortement incliné en avant.
En somme donc, l'homme devant se relever pour des raisons que je n'ai
pas à analyser ici, dans le redressement du bassin, par suite de sa fixité aux
autres parties du squelette, le sacrum a pris une situation oblique et c'est
cette position qui, à son tour, a été la cause efficiente de la formation de la
courbure lombaire ( ' ).
Le sacrum formant une région immobile, la colonne vertébrale a pivoté
autour de la première vertèbre sacrée en prenant sur elle son point fixe. Ce
mouvement n'a pu se produire que par l'action des muscles des gouttières
lombaires. Certains états pathologiques viennent ici en aide à l'expérience
et au raisonnement; dans la contracture permanente des extenseurs dorsaux,
il y a exagération de la courbure lombaire dans leur paralysie ; au contraire,
la partie inférieure de la colonne vertébrale est en ligne droite avec le bassin
(Duchenne de Boulogne). La courbure lombaire est maintenue, entre autres
causes, par l'action continue des muscles lombaires et probablement aussi
par celle des carrés des lombes qui sont situés dans un plan légèrement
postérieur à l'axe solide de la colonne vertébrale, axe constitué par la
succession des corps vertébraux.
Le redressement de la colonne vertébrale a eu un grand retentissement
sur la constitution de la région lombo-sacréc.
Par suite de leur action continue, les muscles dorsaux de la région lombaire
de l'homme sont beaucoup plus développés que ceux des autres Mammifères.
Chez les Anthropoïdes, dont le rachis est oblique, ils sont intermédiaires
entre ceux de l'homme et des autres Mammifères.
Ces muscles étant très développés ont besoin d'une large surface d'inser-
tion; aussi le sacrum de l'homme est-il, en général, plus large que celui
des autres Mammifères.
Les espèces qui se tiennent accidentellement sur leurs membres posté-
rieurs (Ours, Singes, quelques Rongeurs) ont généralement un sacrum,
toute proportion gardée, plus large que leurs voisins quadrupèdes.
(') On a cvo([in; bien d aulies liiisons pour expliquer ce phénomèue ^sUibililé du
corps, llexibililé de la colonne verlébrale, lulle contre le )ioids des viscères, etc.) ; je
n'ai pas la place de les discuter ici, je le ferai dans un Mémoire actuellement en
préparation. Mais dès maintenant je crois devoir dire que la plupart d'entre elles ont
joué un certain rôle, mais que leur action a été simultanée.
SÉANCE DU 3o MAI IQIO. l/|JI
Les disques intervertébraux de la région lombaire de l'homme sont plus
minces en arrière qu'en avant; il en est de même du corps de la cinquième
lombaire. Chez les autres Mammifères, cette disposition ne se proiluil
jamais; un léger amincissement antérieur des disques ou des corps peut
même quelquefois s'oljserver.
Les régions lombaires et sacrées se rencontrent suivant un angle très
obtus qui fait saillie dans la cavité pelvienne {promontoire). Si la région
sacrée avait été malléable, au lieu d'un angle saillant il se serait constitué
un passage graduel entre ces deux parties de la colonne vertébrale, comme
cela s'est produit entre portions lombaire et dorsale. La raison de Texi-
slence du promontoire se trouve dans la rigidité et la fixité du sacrum qui,
offrant une forte résistance, a obligé la colonne lombaire à se courber brus-
quement à partir d'un point déterminé (l'expérience démontre le fait).
Chez les Mammifères où la courbure lombaire n'existe pas, il n'y a pas de
promontoire; lorsque la courbure est légèrement accentuée (Anthropoïdes)
le promontoire est peu indiqué.
CYTOLOGIE. — Le nombre des chromosomes chez les Batraciens et chez les
larves parthénogênétiques de Grenouille. Note de M. Armakd Dehorxk,
présentée par M. Yves Delage.
Nombre des chromosomes chez les batraciens. — Tous les Batraciens étu-
diés jusqu'à ce jour possèdent le même nombre de chromosomes, et tous
les auteurs, invariablement, fixent ce nombre à 2l\. Or, je suis en mesure
de prouver que les numérations entreprises sur ces animaux ne sont pas
exactes : le nombre des chromosomes des Batraciens est 12 seulement.
On peut s'en assurer du premier coup, en s'adressant aux figures du
diaster anaphasique dans le tissu épidermique des larves de Salamandre,
par exemple, où elles sont remarquablement claires. Douze anses chromo-
somiques composent ce diaster anaphasique à chacun de ses pôles. Mais il
est peu probable que les auteurs aient essayé la numération à ce moment.
Je pense qu'ils se sont, au contraire, attachés exclusivement à dénombrer
les chromosomes de la fin de la prophase, ou ceux de la métaphase. En
effet, à la prophase et à la métaphase, on compte toujours 24 chromosomes.
Dans ma Note du 9 mai dernier j'ai montré, à propos des spermato-
gonies de Sabellaria spinulosa Lenck, que les anses de la plaque équatoriale
ne devaient pas être considérées comme des anses sur le point de subir la
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 22.) I90
l452 ACADÉMIE DES SCIENCES.
division, mais comme des anses-filles résultant de cette division. L'étude
des noyaux des Batraciens m'a conduit aux mêmes résultats. Dans le cas de
ces derniers animaux, les 12 anses anapliasiques entrent dans la constitu-
tion du noyau-fils, en subissant à la télophase leur véritable division longi-
tudinale. Désormais, le noyau contient, non plus 12, mais 24 chromosomes
nettement individualisés. Lorsque la phase d'accroissement sera terminée,
lorsque la membrane nucléaire disparaîtra et que le fuseau s'ébauchera
dans le cytoplasme, 24 anses chromosomiques seront disposées à la place
du noyau, prêtes à être réparties en deux groupes de 12, pour la formation
de deux autres noyaux, fils du précédent.
Nombre des chromosomes chez les larves parthénogénétiques de Grenouille.
— Le nombre somatique étant 12, le nombre réduit des chromosomes de
la spermatideet de l'ovotide est 6.
Au moment où je me préoccupais de déterminer ces cliiffres, Bataillon fit paraître sa
Note sur la parthénogenèse artificielle des œufs de Grenouille. J'ai refait l'expérience, et
j'ai pu m'assurer que le procédé de la piqûre est aussi simple qu'efficace. J'étais surtout
intéressé par la question de savoir si les noyaux des embryons parthénogénétiques
obtenus son* i\ n, ou bien ;i — chromosomes. Quelques embryons furent fixés an bout
de 2 jours, d'autres au bout de 6 jours et demi.
Dans un cas comme dans l'autre, les noyaux renferment 6 chromosomes,
le nombre réduit.
Le nombre normal ne s'est donc pas rétabli. Peut-être cela doit-il se
réaliser plus tardivement. En tout cas, la persistance de l'autonomie des
chromosomes à travers le noyau quiescent, si facile à démontrer chez les
Batraciens, s'oppose à l'explication d'une auto-régulation par remaniement.
Si le nombre normal se rétablissait, cela ne pourrait avoir lieu, dans chaque
cellule, qu'à la faveur de deux divisions longitudinales consécutives des chro-
mosomes, sur place, dans le même territoire. Le fait n'est pas impossible,
mais je n'en connais pas d'exemple. Cela n'arrive même pas dans le cas delà
maturation. D'autre part, en admettant que le rétablissement du nombre n
se réalise à un moment donné, il est certain que, plus on s'éloigne de la pre-
mière mitose somaticjue, cl plus le processus du rétablissement se complique
et devient difficile à imaginer. Enfin, on n'en voit pas la nécessité. Meves a
montré que dans la spermatogenèsc de l'Abeille et de la Guêpe, la pre-
mière mitose de maturation ne se produisait pas. Elle ne fait que s'esquisser;
la seconde seule aboutit à une division du corps cellulaire et du noyau. Or,
tontes les cellules'constituant l'oroanisme mâle chez l'Abeille et chez la
SÉANCE DU 3o MAI I910. l/j53
Guêpe sont des cellules réduites provenant de la division répétée d'une
ovotide non fécondée. Si les embryons parthénogénéliques de Grenouille
arrivaient à maturité sexuelle, ils ne se comporteraient sans doute pas
autrement. Leurs spermatocytes, ou leurs ovocytes de premier ordre, déjà
réduits, n'auraient pas besoin de l'être une seconde fois; et leurs éléments
reproducteurs posséderaient le même nombre de chromosomes que ceux
provenaat d'individus ordinaires.
MICROBIOLOGIE. — L'eau sléfi/isee par les rayons iillraviolels contienl-elle
de l'eau oxygénée? Pouvoir stérilisant de l'eau oxygénée. Note de
MM. Jules Courmoxt, Th. IVogier et Rochaix, présentée par
M. Guignard.
On sait, depuis nos travaux ( '), quel est le pouvoir bactéricide qu'exer-
cent les rayons ultraviolets sur les microbes de l'eau. Une eau, contenant
i.Sooooo colibacilles par centimètre cube, n'en renferme plus un seul, au
litre, après quelques secondes d'irradiation. Les microbes à spores sont
également détruits (Miquel, utilisant l'appareil NogierV
1° Celte action microbicide est directe. Elle n'est due ni à la production
d'ozone, ni à la production d'eau oxygénée.
Pour Vozone l'accord est aujourd'hui établi; une lampe en quartz à
vapeur de mercure, immergée dans l'eau, ne produit pas d'ozone, pendant
le temps d'irradiation nécessaire à la stérilisation.
2° Reste la production à.' eau oxygénée. Certains l'admettent encore; on
a même émis quelques craintes sur les qualités de potabilité d'une eau qui
renfermerait de l'eau oxygénée.
Miroslaw Kernbaimi, \aii Au])el onl constaté la présence d'eau oxygénée après
10 et i'\ lieures d'iiiadiation. Lombard ne donne pas le temps d'irradiation. Cernovo-
deanu et V. Henri ont obtenu, en 3o minutes, un cinquième de milligramme de
H-()= par litre.
Tous ces temps sout très supérieurs à celui qui est nécessaire (quelques secondes à
une minute) pour la stérilisation.
Xous avons refait des expériences. Nous n'avons trouvé aucune trace
(') J. CouRMONT et Th. .Nugieh, Comptes rendus, 22 février, 8 mars, 12 juillet et
2 août 1909.
-^►S^, .iiJ
^;.,
l454 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'eau oxygénée (') dans l'eau en contact, pendant 20 minutes et plus, avec
une lampe immergée,
11 est donc impossible d'admettre que l'eau potable qui sort d'un appa-
reil à stérilisation (lampe en quartz immergée) contienne même des traces
d'eau oxygénée. Nulle crainte ne doit subsister de ce chef.
3° Quel est d'ailleurs le pouvoir stérilisant de l'eau oxygénée? Les
chiffres des auteurs ne sont pas concordants. On admet en général ceux
de Reichel (1908): i,5 pour 1000, et un contact de 6 heures, pour tuer le
bacille d'Eberlh dans l'eau.
Nous avons fait plusieurs expériences sur l'eau polluée (voir plus haut) avec
I 800000 colibacilles par litre. Il faut, pour stériliser cette eau (que les rayons ultra-
violets stérilisent en quelques secondes), ajouter à un litre : 80'^°'' d'eau oxygénée
à 9'"', 80 (^) soit 18, i88 d'eau oxygénée pure par litre) et maintenir un contact
de 3 heures. Cette dose d'eau oxygénée est 6000 fois plus forte (sans parler du contact
nécessaire de 3 heures) qye celle trouvée par Cernovodeanu et V. Henri après 3o mi-
nutes d'irradiation.
Ces chiffres donnent aussi, par comparaison, une idée du formidable
pouvoir des rayons ultraviolets, qui stérilisent en quelques secondes une
eau que l'eau oxygénée ne stérilise qu'en 3 heures, à la dose de 18,188 par
litre (i, r 88 pour 1000).
MÉDECINE. — Sur le trailemenl curatif du charbon par la pyocyanase.
Note de M. L. Foutiseau, présentée par M. E. Roux.
Au cours de recherches sur l'antagonisme du charbon et du bacille
pyocyanique, nous avons été amené à reprendre les expériences de
MM. Bouchard et Chassin (^) d'une part, Woodhead et Wood ('') de
l'autre.
Ces expériences nous ayant donné.chez le cobaye et le lapin des résultats
intéressants, nous avons traité par ce moyen des moutons charbonneux et
(') lieclierclie ])ar la solution d'iodure de potassium amidonné, le chlorhydrate de
niélaphénylène-diamine en solution ammoniacale, le réactif sulfomolybdique décoloré
par une goutte de solution de permanganate de potassium.
(') Solution commerciale débarrassée au préalable des acides, etc., qu'elle peut con-
tenir, et titrée au début de l'opération.
(^) BocciiAHD, Les microbes pathogènes {Compter rendus^ 1889).
(') Woodhead et Wood, Comptes rendus, 1889, p. 985.
SÉANCE DU 3o MAI I910. l455
un cas de pustule maligne, et c'est le résumé de ces traitements que nous
allons exposer ici.
1° Les cultures mixtes de charbon et de pyocyanique ('), les cultures de charbon
dans du bouillon additionné de pyocyanase présentent une virulence atténuée et les
bactéridies charbonneuses développées dans ce milieu montrent des altérations morpho-
logiques.
2° Les injections préventives de pjocyanase précédant de moins de ■! jours l'inocu-
lation de charbon sont impuissantes à enrayer la maladie chez le cobaye et le lapin.
3° Les lapins vaccinés contre le bacille pyocyanique sont réfractaires au charbon,
même au bout de quelques mois.
4° Les to\ines des diverses races du bacille pyocyanique, injectées au lapin et au
cobaye dans un délai de 2^ heures après l'inoculation virulente, possèdent un pouvoir
curatif contre le charbon. Cette action est rarement suffisante contre l'inoculation
du sang charbonneux ou des cultures provenant de l'animal.
Les toxines employées étaient des bouillons de cultures de 3 semaines
filtrés et portés 1 heure à 70°.
Après quelques essais destinés à déterminer la virulence de notre culture
pour le mouton, nous nous sommes arrêté à la dose de o'''"',5 de bouillon
de culture de 24 heures qui, injecté sous la peau, tue un animal de So"*» à
35'^s en 4o-44 heures.
Les moutons traités, au nombre de 4» ont tous résisté. La pyocyanase
fut injecté aux deux premiers au point d'inoculation du charbon, à la dose
de 10''°'", au bout de 6 heures pour l'un et de 24 heures pour l'autre; une
seconde injection identique fut faite dans les mêmes conditions au bout de
24 heures chez les deux animaux.
Les deux autres ne reçurent qu'une seule injection, l'un G heures, l'autre
24 heures après l'inoculation virulente.
Cette dernière expérience fut particulièrement intéressante, car ici la
pyocyanase et le charbon furent inoculés dans deux régions dillérentes :
l'animal traité au bout de 6 heures ne présenta pour toute réaction qu'un
œdème passager au point d'inoculation; celui qui fut traité au bout de
24 heures guérit également, bien que l'injection curative ait été précédée
chez lui d'infection profonde.
En présence de ces résultats et de la faible toxicité de la pyocyanase,
dont nous avons injecté 5o™' à la fois sous la peau d'un chien de 5''^ sans
(') D'Àgata, de iVaples. a vacciné des Ovidés par ce procédé {A' VI' Congrès inler-
natioiial de Médecine, Budapest, avril 1909; Annales de l'insliltit Pasteur, 20 avril
1910).
l/j56 ACADÉMIE DES SCIENCES.
déterminer d'autre symptôme qu'un amaigrissement passager, nous avons
employé ce mode de traitement dans un cas de pustule maligne, où il
semble s'être montré nettement favorable.
MÉDECLNE. — Moyen d'éviter des accidents anaphylactiques. Noie
de M. A. Besredka, présentée par M. E. Roux.
La fréquence des accidents sériques chez l'homme, d'une part, le doute
que certains savants (') ont formulé sur la réalité de l'antianaphylaxie,
d'autre part, nous font un devoir de revenir sur le procédé de préventions
par petites doses (^) et d'en préciser la technique.
On sait que tout animal ayant reçu, à un moment donné de sa vie, du sérum d'un
animal étranger, demeure pendant des années sensible vis-à-vis de toute nouvelle
injection de séium de même espèce; celte sensibilité particulière, ou anaphylaxie, se
traduit, comme on le sait, chez les animaux, par des accidents d'extrême gravité ou
par la mort, suivant la dose de sérum injecté. Des accidents de même ordre s'obseivent
aussi chez rhonime.
Des expériences sur les cobajes, que nous poursuivons depuis longtemps à l'Institut
Pasteur, nous ont amené :i conclure qu'on peut vacciner l'animal contre les dangers
de la deuxième injection, en créant chez lui un état particulier que nous avons désigné
sous le nom d'antianaphylaxie.
Pour réaliser cet état chez le cobaye, plusieurs moyens sont à notre disposition;
nous les avons décrits ailleurs ( ' ) ; ici, nous voulons exposer le procédé de vaccination
qui nous paraît appelé à rendre le plus de service dans la pratique humaine.
Les expériences nous ont montré qu'un cobaye anaphylaclisé passe rapi-
dement à l'état d'antianaphylaxie, si on lui injecte une très faible dose de
sérum sous la peau, dans le péritoine ou dans les veines. Prenons un
exemple concret.
Un cobaye a reçu, il y a i") jours, i mois, ou i an, un peu de sérum de
cheval sous la peau; quoique ne différant en rien en apparence de ses congé-
nères, le cobaye se trouve de ce fait anaphylaclisé, ce qui veut dire que si un
jour on lui introduit de nouveau du sérum de cheval sous la peau, dans le
péritoine, dans le cerveau, dans le rachis ou dans les veines, on le lueia eu
(') Aiiïuus, Arc/i. iiilcrn. l'hysioL, t. Vil, jo avril lyoy, p. 019.
(') Comptes rendus Soc. Biolog., t. LXVI. p. isj.
(■') Bull, fnslitut Pasteur, t. Vil. septembre 1909. Uapport au Congrès de Bu-
dapeslli.
SÉANCE DU 3o MAI 1910. ll\3'J
quelques minutes avec des doses variant de V"' à ,,', de centimètre cube, sui-
vant le lieu de l'injection.
Injectons à ce cobaye anapliyiactisé ~ de centimètre cube de sérum de
cheval sous la peau, ce qui est une dose au moins 5o fois inférieure à la mor-
telle. Le cobaye la supporte sans le moindre inconvénient, et du coup il
devient antianaphylactisé; cela veut dire qu'on peut maintenant lui injecter
une dose sûrement mortelle ou même deux fois mortelle dans les centres
nerveux ou dans le sang, sans lui porter le moindre préjudice.
La petite dose de sérum injectée sons la peau (^ de centimètre cube dans
notre cas) remplit donc l'office d'un véritable vaccin; pareil effet s'obtient
aussi par l'injection d'une petite dose de sérum dans le péritoine, dans les
veines ou dans le cerveau.
Suivant le point où l'on porte cette faible dose de sérum, l'immunité
s'acquiert avec une plus ou moins grande rapidité; chez le cobaye, elle
s'établit environ 3 heures après l'injection sous-cutanée, i heure après l'in-
jection intrapéritonéale; elle est presque instantanée après l'injection intra-
veineuse.
Cette rapidité avec laquelle s'établit l'état antianaphylactique est très
précieuse, car elle permet de réaliser, en peu de temps toute une série de
vaccinations subinlrantes conférant une immunité à toute épreuve.
Je m'explique. I^a petite dose de sérum qui jouait tout à l'heure le rôle de
vaccin ne préserve, en réalité, comme nous l'avons fait remarquer plus haut,
que contre une ou deux doses mortelles de sérum; il est vrai que, lorsque la
deuxième injection est pratiquée sous la peau, dans le péritoine ou dans le
cerveau, il n'est guère possible matériellement de dépasser sensiblement ces
doses. Mais il n'en est pas de même chez le cobaye lors de l'épreuve intra-
veineuse, ni chez l'homme auquel on est obligé d'administrer, dans les cas
graves, des doses massives de sérum; c'est alors que le procédé des vacci-
nations subinlrantes devient tout indiqué.
\ oici en quoi il consiste : au lieu d'une seule injection vaccinante, on en
fait deux, trois ou quatre; à chaque nouvelle injection qui suit de quelques
miuutes (3 à 5) la précédente, la dose de sérum augmente et, comme chaque
nouvelle injection renforce davantage l'immunité de l'animal, on arrive très
rapidement à créer un état anlianaphylactique d'une solidité remarquable.
En voici un exemple : un cobaye anaphylactisé reçoit, à titre de vaccin,
,j de centimètre cube de sérum dans les veines, la dose mortelle étant
de t;^ de centimètre cube; à la suite de cette première injection qui est
absolument inoffensive, l'animal est à même de supporter, 5 minutes plus
l458 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lard, ~ de cenlimèlre cube do sérum, soit une dose deux fois mortelle; celle
deuxième injection fait à son tour office de vaccin, et de ce fait l'animal est
susceptible de recevoir, 2 minutes plus lard, \ de centimètre cube, soit 5 doses
mortelles; si nous attendons encore 2 minutes, nous verrons l'animal
accepter, sans le moindre troulile 1"'"' dans les veines, c'est-à-dire 20 doses
mortelles; ces injections peuvent même être faites sans qu'on ait besoin de
retirer la canule de la veine.
Donc, en moins de m minules, on arrive par ce procédé à vacciner
contre 20 doses mortelles; et il esl plus (|ue probable (ju'on peut vac-
ciner de la même manière contre autant de doses mortelles qu'on voudrail.
Le cobaye ainsi vacciné résiste à toutes les épreuves; que celles-ci soicnl
faites par les voies intrapéritonéale, inlracérébrale ou intrarachidienne,
l'animal leur oppose une indifférence complète.
C^e que nous venons de dire au sujet de la vaccinalion par la voie vei-
neuse s'appli({ue intégralement à toutes les autres voies; un cobaye vacciné
comme il vient d'être indiqué, c'est-à-dire en plusieurs temps, par la voie
sous-cutanée, par exemple, résiste ensuite aux épreuves les plus sévères,
que celles-ci soient faites dans le péritoine, dans le cerveau, dans le racliis
ou dans les veines.
La résorption du sérum sous la [)cau étant plus leute que dans les veines,
l'antianapbylaxie demande naturellement plus longtemps à s'établir par la
voie sous-rulanée (pjc par la voie veineuse; ainsi, un cobaye au(juel on a
injecté, à titre de premier vaccin, \ de centimètre cube de sérum sous la
peau, puis, 2 heures plus tard, 5""' ou io'''"'de ce sérum, également sous la
peau, est un animal qui peut faire face, 3 heures plus tard, c'est-à-dire
5 heures a|)rès la première vaccination, à des doses mortelles multiples
injectées en n'importe quel point de l'économie.
ANTHROPOLOGIE. — L'erwép/tale de l'Homme fossile de La Chapelle-
aux-Saints. Note de MM. Marcelun Bodi.e et R. Antiio.w, présentée
par M. Edmond Perrier.
Dans une récente Communication (17 mai 1909), l'un de nous a
annoncé l'étude de la surface endocrânienne de l'Homme fossile de La
Chapelle-aux-Sainls. Voici les principales conclusions de cette étude au-
jourd'hui terminée.
Le moulage de l'intérieur de la boite encéphalique, habilement exécuté
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l459
par M. Barbier, chef de l'atelier de moulage du Muséum, est d'une netteté
très satisfaisante. Nous l'avons comparé à des moulages endocraniens de
Singes Anthropomorphes, de l'Homme de Néanderthal et d'Hommes actuels
de diverses races.
A première vue, l'encéphale de l'Homme de La Chapelle-aux-Saints,
comme le crâne, parait long, large et surbaissé. Cette forme encéphalique
se retrouve presque identiquement chez les Hommes de Néanderthal et de
Spy. Toute question de volume mise à part, elle se rapproche de celle des
Anthropoïdes. Quelques autres caractères méritent d'être examinés de plus
près.
On est frappé par la réduction cérébrale antérieure qui, sans atteindre
celle qu'on observe chez les Singes, est néanmoins très accentuée et par la
présence d'un bec encéphalique, dont le développement offre ici un aspect
intermédiaire entre celui des Singes Anthropoïdes et des Hommes actuels.
La région cérébrale postérieure surplombe au-dessus du cervelet (fortes
saillies sus-iniacjuesV Ce surplombement s'observe aussi chez les Hommes
actuels et ne se retrouve, parmi les Singes, que chez certaines formes de
petite taille, telles que les Hapales. Il nous paraît tenir surtout, chez ces
derniers, comme chez l'Homme de la Corrèze, au mode spécial de répar-
tition d'une matière cérébrale abondante dans ces crânes surbaissés.
Sur les moulages endocraniens des races humaines dites supérieures, les
deux lobes cérébelleux sont très saillants et si rapprochés l'un de l'autre
qu'ils ne sont séparés que par une fente très étroite, ne laissant rien voir du
vermis. Sur des moulages d'Australiens, nous avons constaté que les lobes
cérélielleux sont moins saillants et plus largement séparés. Chez les Singes
anthropoïdes, l'écartement de ces lobes, encore plus considérable, s'accuse
surtout dans les régions inférieures du cervelet; le vermis est découvert.
L'Homme de La Chapelle-aux-Saints se rapproche extraordinairement des
Singes sous ce rapport.
Autant qu'on peut en juger par la faible partie du moulage qui lui corres-
pond, la moelle allongée devait avoir une direction plus oblique d'avant en
arrière que chez les Hommes actuels et moins oblique que chez les Singes,
même les Anthropomorphes.
La topographie cérébrale est aussi des plus intéressantes. Il faut d'abord
noter la simplicité générale et l'aspect grossier du dessin de toutes les circon-
volutions.
La scissure de Sylvius est largement béante en avant, ce qui indique un certain degré
d'exposition de Vinsula. Ce caractère doit être considéré comme le signe d'une infério-
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 22.) 19^
l46o ACADÉMIE DES SCIENCES.
rité notable, l-a scissure de Sjlvius présente, 1res bien développées, les deux, brandies
présjlvienues et dont la postérieure, propre au genre Homo, apparaît cependant quel-
quefois chez les Anthropoïdes les plus évolués à cet égard.
La scissure perpendiculaire externe semble avoir été dépourvue de plis de passage
pariéto-occipitaux superficiels, ce qui (constituerait un caractère essenlielleuicnt
simien.
\ous avons essayé d'évaluer approxiinalivemenl el numériquement le
développemenl relatif des divers lobes cérébraux en mesurant leurs surfaces
extérieures. Par l'étendue de ses lobes frontaux et occipitaux, l'Homme de
La Chapelle-auY-Saints se place parmi les Anthropoïdes et s'éloigne des
Hommes actuels.
La troisième circonvolution frontale, la plus intéressante, a laissé une
empreinte très nette. D'après notre moulage, l'étage métopique de cette
circonvolution parait avoir pix^senté une disposition comparable à celle
qu'on observe chez les Anthropoïdes les plus évolués au point de vue céré-
bral (Orangs) : la branche présylvienne postérieure parait séparer, sur le
moulage, la région postérieure du cap de l'extrémité inférieure de la
frontale ascendante, alors que chez l'Homme la circonvolution de Broca
présente toujours une sinuosité de plus, la branche présylvienne postérieure
étant séparée de la frontale ascendante par un repli supplémentaire de
celte troisième circonvolution, qu'on nomme Ispied.
Les faits anatomiques que nous venons de rapporter permetlcnt de se faire
une idée du développement intellectuel de l'Homme de La Chapelle-aux-
Saints. Nous avons vu que le dessin général des circonvolutions est ici très
simple. Or, la complication des circonvolutions en relation avec le dévelop-
pement de la substance grise est bien, toutes choses égales d'ailleurs, en
rapport avec le degré de développement des facultés nobles.
S'il est, en matière de physiologie cérébrale, un fait sur lequel les spécia-
listes soient d'accord, c'est l'importance attribuée aux régions antérieures
des lobes frontaux pour les manifestations psychiques. Les lésions de cette
partie du cerveau ne retentissent ni sur la sensibilité, ni sur la motricité et
n'occasionnent (jue des troubles intellectuels. Il est donc très intéressant de
constater que le développementrelatif des lobes frontaux range notre homme
fossile tout près des Singes Anthropoïdes et l'éloigné des Hommes actuels,
même des races inférieures.
Si, partant des théories de Flechsig sur la différenciation des sphères sen-
sorielles et des s[)hères d'association, on cherche à établir, sur le cerveau de
l'Homme de La Chapelle-aux-Saints, la part revenant à chacune de ces deux
SÉANCE DU 3o MAI 1910. ^ l46l
catégories, ii apparaît clairemenl que ce sont les territoires sensoriels qni
sont ici, comme chez les Anthropoïdes, très développés aux dépens des ter-
ritoires d'association.
Il semble donc que, malgré le volume absolu de sa substance cérébrale
blanche et grise, en rapport d'ailleurs avec le volume de l'ensemble de son
squelette céphalique, l'Homme fossile de la Corrèze ne devait posséder qu'un
psychisme rudimentaire.
La théorie de Broca, sur la localisation du langage articulé dans le pied
de la troisième circonvolution frontale, a été récemment très discutée. Si
cette théorie était définitivement confirmée, nous devrions penser que
l'Homme de La Ghapelle-aux-Saints ne possédait qu'un langage articulé
rudimentaire.
Enfin, une légère prédominance de l'hémisphère gauche sur i'hémisphèrr
droit, observée également sur les encéphales des Hommes deNéanderlhal et
de Gibraltar, nous indique que ces Hommes primitifs devaient être déjà
unidevtres et ordinairement droitiers. O caractère, (]ui semble être l'apa-
nage de l'homme, à l'exclusion des autres Primates, parait être une consé-
quence de la spécialisation exclusive de la main pourle tact et la préhension.
ANTUKOPOLOGIE. — Les grottes peintes du Soudan /rançais. .Note (^')
de M. Fr. de Zei.t.ner, présentée par M. Edmond Perrier.
Au cours de mon dernier voyage en Afrique, j'ai eu l'occasion de cons-
tater l'existence, dans les massifs montagneux de la haute vallée du Sénégal,
de cinq grottes décorées de peintures paraissant remonter à une époque
assez ancienne, et non encore décrites.
Elles présentent plusieurs particularités, qui leur sont conmiunes, et les
distinguent de leurs similaires françaises ou espagnoles :
1° Elles sont toujours situées à une certaine liauleur au-dessus du niveau actuel de
l'eau. Celte constatation a son importance, les gisements préhistoriques se trouvant au
contraire sur les bords et presque au niveau des cours d'eau;
2° Les peintures sont toujours placées dans la partie antérieure de la grotte qui e>t
largement ouverte et bien éclairée jtar les rayons solaires. Les artistes qui les ont
tracées n'ont eu par conséquent besoin d'aucun éclairage artificiel.
3" Elles sont toujours situées dans des points faciles à atteindre à la main, san>
(') J'résenlée dans la séance du 28 mai 1910.
l462 ACADÉMIE DES SCIENCES.
échafaudage ; souvenl même leur position accessil)Ie a nui à leur conservation et elles
ont été parfois usées par le frottement des gens qui s'appuvaient aux parois.
Les matières colorantes employées sont l'ocre rouge, le bleu d'indigo, le noir et une
couleur blanche, d'ailleurs peu employée, dont l'origine m'est inconnue.
La tfi'olle n" I se trouve sur la route de Bamako à Koulouba, à mi-r
hauteur d'une falaise dont le soinniel est désigné sous le nom de point G.
Ses peintures, toutes géométriques, sont faites à l'ocre rouge et figurent
des hommes, des chevaux, des cavaliers, rendus par des traits rectiiignes
d'égale grosseur. De vastes espaces sont couverts de pointillés; on voit
aussi des cercles croisés et des signes triangulaires, sans qu'aucun ordre
apparent préside à leur groupement, ni qu'il paraisse y avoir de corrélation
entre ces divers groupes. A l'endroit oi'i la pluie poussée par le vent a pu
les atteindre, les peintures sont très eflacées. La plupart des indigènes de
Bamako en ignorent l'existence, ceux qui les connaissent les considèrent
comme anciennes, sans y attacher aucune importance.
Les fouilles que j'ai faites dans celte excavation sont restées sans résultat,
le sol, formé de dalles, n'étant recouvert (jue de quelques centimètres de
poussière apportée par le vent. Une molette en grès fin et un objet indé-
terminé ressemblant à une hache ont été trouvés à la surface.
La grotte n" 2 est située à quelques kilomètres de Kita, en face du petit
village de Boko. Le grès rose oii elle est percée a un grain très lin et peu de
défauts, circonstance qui a permis d'obtenir des figures très nettes avec de
l'ocre rouge. La plupart ont été disposées sur le plafond, cjui est presque
horizontal; quelques-unes sur la paroi postérieure, à peu près verticale
mais ces dernières sont presque eflacées. Elles représentent des signes alpha-
bétiformes et quelquefois des hommes ou des animaux. Les indigène
malinkés les nomment cëbé, qui veut dire écriture, et les attribuent aux pre-
miers hommes, des géants aujourd'hui dis|)arus appelés niamara.
Dans la grotte n" 3 nous voyons apparaître un nouveau genre de dessins,
toujours faits à l'ocre rouge. A côté de représentations zoomorphes, on
remarque des signes de formes variées dont l'intérieur semble divisé en
compartiments et porte un pointillé serré. L'analogie est grande avec
certains signes du lac des Merveilles, oii l'on croit letrouver des divisions
territoriales vues de haut.
La grotte n° 4 est de beaucoup la plus intéressante, tant à cause du
nombre des dessins que de leur variété et de leur étrangeté, ainsi que des
couleurs employées.
SÉANCE DU 3o MAI 1910. l463
On y distingue en premier lieu un groupe de six quadrupèdes peinls en blanc, à
museau et à oreilles pointues, à queue longue et fournie. Leur taille varie entre o"',5o
et i™; ils sont rendus d'une façon très réaliste et disposés sans ordre apparent. Deux
animaux identiques, mais de petite taille et assez mal conservés, sont peinls en rouge
sur la paroi du fond.
A côté d'eux se voient deux dessins faits d'un large trait blanc ponctué de rouge :
l'un a la forme d'un B majuscule; le second, plus compliqué, est ovale, et divisé inté-
rieurement par un cloisonnement irrégulier ; un signe piriforme blanc, accosté de quatre
points de même couleur, semble être son prolongement.
A l'entrée d'un couloir obstrué, j'ai relevé un dessin bien particulier, formé de deux
lignes blanches, courbes et parallèles de o"',3o de longueur. Au-dessus de la supé-
rieure se trouvent une série de onze points blancs et dix points allongés rouges; entre
les deux lignes, treize points rouges; au-dessous, dix points blancs allongés. Le tout
est assez efTacé et évoque à première vue l'idée d'une représentation de pirogues. Je me
garderai bien toutefois d'affirmer que telle a été l'intention de l'artiste.
A côté a été figurée une silhouette de main, identique à celle de Gargas et à celles
que font les Noirs, aujourd'hui encore, en plaçant leur main gauche contre un mur et
en projetant tout autour de la crème ou>de la bouillie de mil, obtenant ainsi une
silhouette réservée très nette.
Mais ce qui caractérise le mieux noire n° 4, c'est la présence d'un signe
qu'on ne peut mieux comparer qu'à la queue d'un squelette de poisson,
ipiclque peu irrégulière. Le plafond et même les parois sont décorés d'une
centaine de ces signes, peinls en blanc et placés pêle-mêle. Un certain
nombre est enfermé dans une ligne blanche pointillée de rouge, qui n'em-
piète jamais sur eux. En quelques endroits ils ont été obtenus à l'aide d'une
couleur spéciale et se délaclienl en rose clair sur fond sombre. J'ai pu en
prélever un échantillon, qui caractérise cette technique, laquelle a permis
d'obtenir également sur la paroi extérieure deux quadrupèdes rendus
indistincts par les intempéries.
Cette grotte a une autre sortie, plus petite, sur un ravin voisin, mais qui
ne contient pas d'images.
La même disposition se retrouve dans la grotte n° 5, qui traverse un
rocher haut d'une quinzaine de mètres et isolé de la montagne, non loin du
village de Bondonfo. Les deux extrémités de cette sorte de couloir sont
ornées de dessins rouges ou noirs. On remarque de suite que les premiers
représentent des animaux stylisés, tandis que les seconds reproduisent ces
signes à cloisonnement intérieur que j'ai déjà signalés. Parmi les premiers
on est assez surpris de trouver à plusieurs reprises une représentation qu'on
ne peut attribuer qu'à un myriapode, et d'autres qui, par la brièveté de la
queue et la longueur des pattes et du cou, ne peuvent être attribuées qu'à des
l464 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cliameaux. Une autre figure peul indiquer un bœuf chargé. Toutes sonlbieu
conservées.
Devant l'une des entrées se trouve une dalle en grès horizontale, ornée
de trente-cinq cupules disposées assez régulièrement à la périphérie. C'est
la première qu'on signale en Afrique occidentale.
Tel est, brièvement résumé, l'ensemble que présentent nos grottes peintes
soudanaises.
Il semble bien que nous sommes en présence d'un art à son déclin, ou
plutôt à l'étal de survivance. Il n'y a donc pas lieu d'être surpris s'il a
disparu, même chez les populations musulmanes, presque sans laisser de
traces.
ZOOLOGIE. — Sur la prolandrie chez les Lernœopodidœ. Note
de M. A. QuiDOK, présentée par M. Yves Delage.
L'observateur rencontre assez fréquemment sur les femelles adultes de
Lernœopodidœ des formes pygmées considérées comme mâles et fixées géné-
ralement sur le thorax ou les pattes-mâchoires postérieures. La taille de ces
mâles est d'ailleurs variable et les plus petits, caractérisés par la présence
de glandes mâles très nettes, sont toujours fixés sur le mamelon génital. ( )n
trouve aussi, mais plus rarement, des formes mâles fixées directement sur
l'hôte, soit isolément, soit en même temps que des femelles adultes.
D'autre part, nous avons, dans l'étude des Copépodes de la Mission
Charcot, appelé l'attention sur le rôle locomoteur des pattes-mâchoires
antérieures et postérieures d'une jeune Aiichorelta intermedia (^uidor. Les
premières sont en elfet dirigées vers la partie postérieure du corps et non,
comme chez l'adulte, vers la partie antérieure et les secondes ne sont pas
encore soudées.
Après de longues et patientes recherches quelques observations heureuses
nous ont permis de confirmer les conclusions que nous avions tirées des
faits précédents.
Nous avons trouvé sur le lliorax d'une femelle adulte de ISrachiella insidiosn
Ileller, une forme parasite analogue au mâle pygmée de celte espèce mais beaucoup
plus grande puiscju'elle- mesure 4""" alors que le mâle, fixé sur le mamelon génital de
la femelle, ne dépasse guère i""". Les appendices de cette forme sont identiques à
ceux du màic m;)is la partie antérieure du corps a déjà sul)i un allongement très net
SÉANCE DU 3o MAI 19IO. l4^5
tandis que la région postérieure s'est fortement développée. Les organes génitaux
manquent mais le tube digestif est nettement visible par transparence.
Une forme analogue fut trouvée directement fixée sur la brancliie près d'une femelle
adulte. Elle mesurait 5™'" et les antennes postérieures, fortes et vigoureuses, étaient
devenues préhensiles.
11 résulte donc des observations précédentes que, chez les Lei-nœopodidœ,
tout au moins pour les genres Anchorella, Brachiella QiLernœopoda, le même
animal est successivement inàle et femelle. Cette évolution sexuelle, dési-
gnée sous le nom de protandrie, ne serait d'ailleurs pas absolue.
Nous avons trouvé en eiîet, fixée directeinent sur la branchie, une jeune
brachielle qui atteignait à peine 3""" et dans laquelle on dislingue nettement
une région céphalique et une région abdominale. La première porte antennes
antérieures et postérieures, rostre buccal avec mandibules et maxilles et
deux paires de pattes-mâchoires armées de crochets terminaux fortement
recourbés. La seconde se termine par un appendice fourciiu et massif dont
chaque branche comprend une pièce basilaire supportant deux articles ter-
minaux.
Les appendices, rigoureusement identiques à ceux des deux formes citées
précédemment, témoignent de l'identité spécifique des trois parasites.
Le plus petit s'est donc lixé directement sur les branchies du gade et n'a
pu jouer le rôle de mâle. Si l'on rapproche de cette observation la décou-
verte de formes mâles fixées directement et isolément sur l'hôte, on voit
qu'une nourriture abondante paraît déterminer l'apparition des organes
femelles alors même que la fonction de mâle n'a pas été remplie. Ce qui est
nécessaire à la dissémination et à la continuité de l'espèce.
L'étude de Nicolhoa aslaci parait justifier ces conclusions.
GÉOLOGIE. — Les mouvements tertiaires dans le Haut- Atlas marocain.
Note de M. Louis Gentil, présentée par M. Pierre Termier.
J'ai montré dans une précédente Note l'importance des mouvements car-
bonifères dans le Haut-Atlas marocain.
Des plis tertiaires sont -venus s'y superposer, dont l'allure a été déter-
minée par le bord fracturé des anciens plis après le morcellement de la
chaîne hercynienne ; ce qui revient à dire que la direction de la chaîne du
Haut- Atlas s' est dessinée dès la fin des temps primaires.
l466 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le principal mouvemeiu lerliaire a remanié les plis anciens et alleclé les dépèls
secondaires en même temps que les grès rouges du Perniien. 11 s'est établi ainsi un
régime d'anticlinaux et de synclinaux parallèles à la direction générale de la chaîne et
qui, par leur structure, rappellent le régime plissé de la chaîne saharienne très bien
décrit par E. Ritter ('). Cette parenté tectonique des deux chaînesafricaines ne permet
pas de les séparer : le liatU- Allas fait suite à la chaîne saharienne comme le Pelil-
Atlas ou ni/ forme le prolongement de C Allas lellien.
Les plis tertiaires du llaul-Atlas occidental sont en outre poussés vers le .\ord. lis
forment fréquemment des faisceaux de plis imbiiqués, dans l'Est et dans la vallée du
Sous, tandis que dans la zone littorale on observe des anticlinaux séparés, mais tou-
jours déversés vers le Nord. La même règle s'applique à toute une série de bracliy-
anliclinaux qui émergent dans la région crétacée et éocène du Haouz de Marrakech.
Nous sommes ainsi conduits à voir dans le Haut-Atlas un suhstratum primaire ancien-
nement plissé avec déversement de ses plis vers le Sud el une couverture secondaire
jurassique ou crétacée, en partie géosynclinale, qui a subi plus tard des mouvements
tertiaires marchant, en sens contraire, vers le Nord.
Les épisodes de l'Histoire géologique de l'Atlas marocain permettent un
rapprochement avec les Pyrénées (-). Ils permettent également un paral-
lèle avec les Alpes dont les plis tertiaires, poussés vers l'extérieur de la chaîne,
ont été charriés vers le Plateau central; or, l'iesl manifcsle que les plis récents
de r Atlas avaient des tendances à venir s'écraser contre la Mesela marocaine,
comparable par sa structure au Plateau central de la France. Ce cjui dis-
tingue les Alpes de l'Atlas marocain c'est le degré d'intensité des efforts
orogéniques mis en jeu, infinement moindres dans le dernier cas.
Après la grande phase des plissements tertiaires il s'est produit, par
rémission des forces tangentielles, des tassements sur les deux versants, de
part et d'autre du Massif central de l'Atlas déjà dessiné au début du
Crétacé. Les fractures qui ont produit le morcellement de la chaîne ont
rejoué et il en est rèsuili les régions effondrées d'architecture tabulaire du Haouz
de Marrakech au Nord, du Sous et du Draa au Sud. Une autre conséquence
de ces tassements a été la décompression dans la partie axiale de la chaîne
el une tendance à la structure en éventail des plis carbonifères, notamment
dans la zone anticlinale des Aït-Mdioual dans l'I'^st, et dans le Massif central
(') Le Djebel Amour et les monts des Oulad-Nayl ( />'. 5e/c, Carte géol. Algérie,
Alger, 1902).
(*) Léon Bertrand, Contribution à l'élude stratigraphique et tectonique des
Pyrénées orientales et centrales {IJ. Serv. C. géol. Fr., n° 118, t. CXVII, p. 173.).
SÉANCE uu 3o MAI rgio. 1467
de l'Atlas, loul en conservant néanmoins leur déversement plus accusé vers
le Sud.
Si l'on parcourt le Haiil-Atlas de l'Esl vers l'Ouest, on voit que les plis tertiaires,
surtout bien marqués dans les terrains jurassiques, passaient primitivement sur le
Massif central, actuellement débarrassé de ces dépôts secondaires par l'érosion, pour
s'incliner ensuite avec un abaissement d'axe très accusé et s'enfoncer finalement sous
les eaux, de l'Océan. Les deux anticlinaux du cap R'ir et d'Agadir n Ir'ir doivent être
considérés comme formant le prolongement de la haute chaîne pour aller s'ennoyer
sous l'Atlantique et réapparaître aux îles Canaries ('), tandis que les brachyanticli-
naux qui surgissent plus au Nord, jusqu'au Djebel Hadld, sont situés en dehors de
l'Atlas proprement dit.
Le chenal qui sépare la côte sud-occidenlale du Maroc de l'Archipel canarien est
comparable au détroit de Gibraltar qui correspond, ainsi que je l'ai montré, à un
ennoyage des plis de la chaîne Rif-Cordillère bétique (^). Il reste à savoir à quelle
époque il a pu se produire par elTondremenl de l'aire d'ennoyage des plis tertiaires,
autrement dit à quelle époque s'est produite la séparation des îles espagnoles du
Continent africain.
La solution de ce problème implique d'abord la connaissance de l'âge des plis ter-
tiaires ou, ce qui revient au même, de I âge de ["Atlas; mais les documents sur cette
importante question font en grande partie défaut. Je suis seulement porté à croire que
l'Atlas constitue une chaîne très jeune.
J'ai observé à mon dernier voj'age, tout le long de la côte Atlantique, entre Moga-
dor et Agadir, des grès lortoniens à Oslrea crassissima qui sont antérieurs aux plis
tertiaires de la région. De plus, une bande presque continue d'un Plaisancien bien
caractérisé par des faunes de Pectinidés, borde la côte depuis Tanger et j'ai pu la
poursuivre jusqu'à la plaine du Sous. Oron voit dans le Sud ce Pliocène inférieur s'élever
depuis le niveau de la mer, sur le (lanc septentrional de l'anticlinal du cap R'ir, puis
recouvrir jusqu'à Agadir des plateaux côtiers d'une altitude de 200" à aSo"". Ce
terrain a pris part aux derniers mouvements de la chaîne et les plissements du Plai-
sancien sont encore visibles dans les brachyanticlinaux qui, dans la région littorale,
surgissent, comme au Djebel Hadid, du Crétacé tabulaire.
Le puissant volcan trachytique et plionolitique dont j'ai révélé l'existence au Djebel
Siroua, au sud du Haut-Atlas, daterait approximativement de cette époque; il paraît
être en relations avec les fractures qui ont de ce côté produit le tassement de la
(') L'hypothèse que j'ai antérieurement formulée du prolongement de l'Atlas sous
l'Atlantique pour se relever en plusieurs points, aux Canaries, aux îles du Cap Vert et
dans le groupe des Antilles a reçu récemment une éclatante confirmation parla décou-
verte d'Ecliinides cénomaniens dans l'île de Fuerteventura, par le botaniste Pitard et
signalée par MM. Cottereau et Paul Lemoine {C. /?. somm. séances Soc. fféol. Fr.,
séance du 21 février 1910, 4° série, t. X, p. 3i-32).
(^) Louis Gentil, Sur la formation du détroit de Gibraltar, séance du 3 mai 1909.
C. R., 1910, I" Semrxlre. (T. 150, N" 22.) IQ^
l468 ACADÉMIE DES SCIENCES.
région l;ibiilaiie du Sous et du Draa el il n'est peut-être pas inutile de faire retiiaic|uer
en onire qu'il se trouve dans la région métamorphique où convergent les plis carboni-
fères. Ce volcan néogène semblerait jalonner ainsi, au même litre que les volcans
perrniens, une zone faible de l'écorce teirestre.
11 fésulte de ce qui précède que l'Atlas marocain, bien qu'offrant les ana-
logies que j'ai signalées plus haut avec les Pyrénées éogènes, s'en écarte au
point de vue de son âge pour se rapprocher des Alpes, de formation néogène
et que la séparation du Continent africain de l'Archipel des Canaries est de
date encore plus récente, de la fin du Pliocène ou plus vraisemblablement
encore du Quaternaire.
Cette dernière conclusion est de nature à jeter un jour nouveau sur Fhis-
toire de VAtlanlis, de celte vaste terre décrite par Platon et d'où serait par-
tie, avant son effondrement sous l'Atlantique, l'invasion des Atlantes
qui auraient donné naissance aux premiers peuples d'Europe. Une étude
géologique minutieuse qui consisterait à établir le synchronisme d'anciennes
plages soulevées à des altitudes comprises entre o"" et loo™, dont j'ai
constaté les vestiges sur les côtes sud-marocaines avec les dépôts similaires
qui doivent exister dans l'archipel canarien, pourrait apporter quelque
éclaircissement sur cette question si, contrairement à l'opinion de certains
philosophes qui ont commenté l'œuvre de Platon, de Humboldl en particu-
lier ( ' ), V Histoire de I Atlantis et des Allantes n'est pas un mythe.
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 6 heures.
Ph.v. T.
BUI.I.KTIiX BIBMOGKAPHUjUB.
OuVRAGliS IlEÇUS DANS LA SÉANCR DU r>'i MAI I9IO
Le Jubilé acadéinUjue de M. L.-P. Caillepet; \'i janvier 1910. Paris, Julien
Krazier; 1 fasc. in-8°. (Présenté par M. Darboux.)
Le Centenaire du « Journal de Pharmacie et de Chimie », 1809-1909. Histoire
(') Cosmo'i, iraductlon lie H. Faye, l. 11, p. i43.
SÉANCE Dl) 3o MAI ipiO. l/jCç)
(lu Journal el Notices biographiques, par Emii.k Bourqielot ; avec St portraits. Paris,
Octave Doin et fils, rgio; i i'asc. Li-8°. (Présenté pfir M. Jungfleisch. )
/ievision d'une partie de la coLleclion des Hydroïdes du Brilish Muséum^ par
M. Armand Bill\rd. (E'^ir. des Ann. 5e. nal. ZooL, 9= série, l. XI, p. i-6J.) Paris,
Massoii et C"''; 1 fasc. ln-8". (Présenté par M. Edmond Perrier.)
Sur les propriétés thermo-électriques des alliages^ par M. Witolo Bromkwski.
(Extr. de la Rei-iie de Métallurgie, t. VII, n" 5, mai 1910.) 1 fasc iu-4°.
L' Hydrologie souterraine aux Etals-Unis, par E. A Martel. {Spelunca : Bulle-
tin et Mémoires de la Société de Spéléologie, t. VIII, n" 59). Paris, 1910; ! fasc.
in-<S".
Preliminarv Notes ou photographie and speclrographie olisen-ations of Halley's
cornet, bj V.-M.Sliphkr and C.-O. Lampland; Falgslall, Arizona, mai 1, 1910. (Lowell
Observatory, Bulletin, n"47.) 1 fasc. in-4°.
Hipotesis y leorias relativas a los comelas y colas conietarias. y consideraciones
sobre las posibles consecuencias del encuentro de estas con la Terra, por iloRACin
Bemabol y Ureta. Madrid, 1910; i fasc. iii-12.
Memoirs nf tlie Brilish aslronomical Association : Vol. XVI.— Part ;?: Fourteenth
Report of tlie section for the observation of Jupiter. — Parti : Sirth lirport of the
section for tht obseri-ation of Mars. Londres, 1910; 2 fasc. in-S".
Report of the Chief Astronomer for the year ending mardi 3i, 190S; printed
liy ordei- of Parliament. Oitawa, 1910; i vol. in-S".
Report of the Commissioner of Education for the year ended june 3o, 1909;
t. 11. Washington, Governn)ent l'rinling Office, 1910; 1 vol. in-S".
Missouri Bureau of Geology and Mines. Geology of the disseminaled lead
deposits of St. François and Washington counties, hy Ehnest Babebtson Buoklky;
t. IX, paît I and II. JelTeison Cily, mai, s. d. ; 2 vol. in-8°.
Memoirs of the Geological Siin'ey of India; Vol. XXXVII : The manganese-ore
deposits of India, by I.. Leigh Fermor ; pari IV : Description of deposits; Y>uh\\%\\eA\iy
order of ihe Government of India. Calcutta, 1909; i vol. in-4°.
Abhandlungen der lônig/ich-preussischen Akademie der Wissenschaften; Jalir-
gang 19OLI : PliYsika/isch-niathematische Classe; mit i5 Tafeln. Philosophisch-
hislorische Classe; mit 2 Tafeln. Berlin, Georg Reimer, 1909; 2 vol in-4°.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique; 4' série, l. XXIV, n"" 1-2.
Bru\elle,s, Hayez, 1910; i fasc. in-8°.
Uitiversidad de la Habana. Revista de la Facultad de Letras y Ciencias :
t. X, n° I; enero de 1910. i fasc. in-4".
Ouvrages reçus dans la séance du 3o mai 1910.
Université de Paris. Fondation B. Bischotïslieim. Annales de l'Observatoire de
Nice, publiées sous la direction de M. le Général Bassot, Membre de l'Institut et du
Bureau des Longitudes, Directeur de l'Observatoire; t. XII. Paris, Gauthier- Villars,
1910; I vol. in-4°.
l470 ACADÉMIE DES SCIENCES.
iVlinistère des Colonies. Documents scientifiques de la Mission Tilho [Mission
Niger-Tchad], 1906-1909; t. I, et 3 caries h. t. : 1. Lac Tchad; 2. Bahr el Ghazal;
3. Bodeli, Borkou, Bilina. Paris, Imprimerie nationale, 1910; 1 vol. et i étui in-S".
(Présenté par M. Ch. Lallemand.) [1 exemplaire du volume el 2 e.\emplaires des
cartes.]
Dictionnaire haoussa, comprenant haoussa-français el français-haoussa, par
M. Landeroin et J. Tilho. Paris, Imprimerie nationale, 1910; i vol. in-12. (2 exem-
plaires.)
Grammaire et contes /laoussas, par M. Landeroin et J. Tilho Paris, Imprimerie
nationale, 1909; i vol. in-12. (Présenté comme l'Ouvrage précédent par M. Ch. Lal-
lemand.)
Plusieurs brochures relatives au Congrès mondial des Associations internationales
sous le patronage du Gouvernement belge {Bruxelles, 1910). (Présentées par M. le
prince Roland Bonaparte.)
Plan de travaux océanographiques à exécuter dans les stations maritimes,
adopté à Monaco par la Commission de la Méditerranée le x'^' avril 1910; texte
rédigé par L. Jourin. {Bulletin de l'Institut océanographique, n" 168, 22 mai 1910.)
Monaco; i fasc. in-S". (Présenté par S. A. S. le Prince Albert de Monaco.)
Carte des gisements de coquilles comestibles de la partie des côtes de l'Ille-et-
Vilaine comprise entre le cap Fréliel et la pointe du Grouin, dressée par M. L.
Jouhin; la Carie représente l'état des gisements en octobre 1908; s. 1. n.d.; i feuille
in-plano. (Présentée par S. A. S. le Prince Albert de Monaco.)
L'arbre à caoutchouc du Tonkin et du Nord-Annam, Bleekrodea tonkinensis
Dub. et Ebr.^ par Ph. Eherhardt et M. Dubard. Paris, Augustin Challamel, 1910;
I fasc. in-S". (Présenté par M. Gaslon Bonnier.)
ERRATA.
(Séance du 17 mai 1910.)
Note de M. HoutlcK'igue, Sur la dimension des éléments matériels projetés
par les cathodes des tubes à vide :
Page 1237, ligne 5, au lieu de \oV-, lisez lool'-l''.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 6 JUIN 19J0.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIOIXS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
\I. Bassot, en présentant à l'Académie le Tome XII des Annales de
l'Observatoire de Nice, s'exprime en ces termes :
« Ce Volume contient la suite des observations méridiennes, faites prin-
cipalement pour la revision du Catalogue d'étoiles doubles de Dorpat : la
fin des observations concernant ce long travail, qui n'a pas duré moins de
i6 ans, ainsi que le Catalogue, établi èi Nice, qui en résulte, est en cours
d'impression et formera le Tome X[V.
» Le Tome XII renferme, en outre, le relevé de toutes les observations,
non encore publiées, de comètes et de petites planètes, exécutées aux trois
équatoriaux que possède l'Observatoire de Nice, le grand équatorial
de o",76 d'ouverture, le petit de o"\38 et le coudé de o",4o. Il donne
enfin les découvertes et calculs d'orbites de comètes obtenus à Nice. »
CHRONOMÉTRIE. — Sur les signaux horaires destinés aux marins.
Note de M. H. Poincaré.
Je crois devoir, au nom du Bureau des Longitudes, communiquer à
l'Académie quelques détails sur une intéressante application de la T. S. F.
à la navigation. C'est M. le lieutenant de vaisseau Tissot qui en a le pre-
mier conçu le projet; il a pensé que d'un poste radiotélégraphique suffi-
samment puissant, on pourrait envoyer à de très grandes distances aux
navires en mer des signaux quotidiens qui leur permettraient de régler
leurs montres et même de se passer de chronomètre. Il a même construit
C. R., igio, I" Semestre. (T. 150, N° 23.) '9^
l/|72 ACADÉMIE DES SCIEACES.
des iipj);ux'ils récepleurs, dont ie prix est très modique et fort inférieur à
celui d'un ciiroiiomèlre, dont le luaiiiemenl est facile et (jui pourrait être
facilement acquis, même par les caboteurs.
Le Bureau des Longitudes, saisi de la proposition, en confia l'étude à
M. le (Commandant Guyou ; notre confrère démontra que la réalisation
était possible, et l'on put obtenir sans peine des Pouvoirs publics les crédits
nécessaires. Nous ne pouvions naturellement rien faire sans le concours de
l'Observatoire et sans celui du Service radiotélégrapbique militaire de la
Tour Eiflel. En ce qui concerne la partie astronomique, M. Baillaud a
cbargé de celte mission M. Boquet qui s'en est acquitté avec son zèle,
son dévouement et sa ponctualité accoutumés. Nous devons également
remercier M. le Commandant Ferrie c|ui a organisé les appareils pro-
ducteurs de signaux et dont la compétence spéciale et l'esprit inventif nous
ont été très utiles.
L'installation a été retardée de plusieurs mois par les inondations de la
Seine, (|ui ont amené la destruction complète du poste de la tour Eiffel.
Aujourd'hui le désastre est réparé et le service fonctionne régulièrement
depuis le 23 mai.
De ii''59'" à 1 1''.')9'"55** on envoie une série de traits à titre d'aver-
tissement ; à minuit o"'o'* un signal court est envoyé automatiquement par
la pendule. De mimiit i"'o* à minuit i"'55% nouvelle série d'avertissement
comprenant un Irait, deux points, un trait, deux points, etc.; à minuit 2"'o%
nouveau signal court automatique. De minuit S^'o* à minuit 3™ 55% troisième
série d'avertissement comprenant un trait, quatre points, un trait, quatre
points, etc.; à minuit '\"^o', dernier signal court automatique.
De cette f;u;on, les navires auxquels le premier signal aurait échappé,
recevront l'un des deux derniers, et grâce à la diilérence des séries d'aver-
tissement, aucune confusion ne sera à craindre.
CHIMIE ORGANIQUE. — Préparation et propriétés des ix-hydrindoties-'^-dial-
coylées ou iiidanones-i-dia(coylées--i.i. Note de MM. A. IIallek et
Ed. lÎAlER.
Parmi les divers modes de formation des a-hydrindones ou indanones-i,
celui consistant à porter des chlorures des acides |3-phénylpropioniques,
qu'on traite au sein de l'éther de pétrole par du chlorure d'aluminium,
compte parmi les plus simples et les plus pralitjues.
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. 14^3
C'est ainsi que M. S. Kippiiii;- (') a oblemi l'indanone-i on s'adressant
au chlorure de l'acide pliénylpropionique et, plus tard, la p-mélhylhydriii-
done-a, ou li-mcthylindanone-i, en condensant dans les mêmes conditions
le chlorure de l'acide a-méthyl-|3-phény1propionique on benzylméthylacé-
lique (■- ).
Ce même composé avait d'ailleurs été préparé par MM. Miller ei IWiodc
en chauffast, à i5o°, l'acide même avec de l'acide sulfuri(}ue concentré (^ ).
Le mode d'obtention, que nous avons signalé ( ' ), des acides henzvldial-
y"^ ^ ■
coylacétiques CH'CH- . ( -— CO-lî, nous a suggéré 1 idée d appliquer la
Ml
méthode de M. Kipping pour la préparation des dialcoyl-2 .2-indanones,
Grâce à l'amidure de sodium que nous avons fait réagir sur l'indanone-i
au sein du toluène, nous avons d'autre part réussi à alcoyler directement
ce produit et avons, en particulier, obtenu une 2.2-diméthylindanono
absolument identique à celle préparée par condensation du chlorure de
l'acide diméthylbenzylacétique.
■2.-±-DunélliyUndanone-i CH'' ^C = (CH-' )'• — Le chlorure do
CO
l'acide benzyidiméthylacétique s'obtient très facilement en chauffant cet
acide au bain-marie avec un pou plus que la quantité théorique de chlorure
de ihionyle. (^)uand il ne se dégage plus d'acide chlorhvdrique, on chasse
le chlorure de thionyle en excès dans le vide et l'on distille, sous pression
réduite, le résidn qui est à peine coloré.
Le chlorure de Tacide benzy Idimé tliy lacet iqueC*H^CH-C( CM')' — (^OCl constitue un
liquide mobile, incolore, à odeur piquante et distillant à laS^-iaô" sous i5""". Refroidi
dans un mélange de glace et de sel, il se prend en une masse de cristaux se fondant
à + 5°.
Pour transformer ce chlorure en diméihylindanone, on o])ère de la façon suivante :■
On ajoute dans un mortier i"""' d« chlorure dissous dans l'éther de pétrole (pour '?.0'
de chlorure on emploie environ iSoS de carbure). La solution est ensuite additionnée
de chlorure d'aluminium finement pulvérisé qu'on introduit par petites portions. Il se
( ' ) S. Kipi'iMi, Joarn. <if chem. Soc, 1894, p. 4S0.
( - ) S. kippi.NG et CtAKK«, Proc. chem. Soc, 1901, p. iSi.
(") iMiLLGR et Rhode, DeiU. chem. Ges., t. XXIIl, p. 189S.
('•) A. Uallër ei Ed. Baier, Comptes rendus, t. C.VL\'lll, p. 70 ; i. C\LL\, p. 5.
l474 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dégage de l'acide clilorhydrique, en même temps qu'il se dépose une huile brun clair,
insoluble dans l'éllier de pétrole et se prenant en une masse cristalline. On continue
à ajouter le chlorure d'aluminium en a^ant soin maintenant de broyer la masse jusqu'à
ce qu'il ne se dégage plus d'acide chlorhydrique, ce qui arrive après addition de i""'
à i'"°^,2 de chlorure. Quand on a soin de prendre les précautions indiquées, le produit
de la réaction se présente sous la forme d'une poudre cristalline jaune clair, sous une
couche d'éther de pétrole incolore.
On verse alors le contenu du mortier sur de la glace additionnée d'acide chlorliv-
drique. La combinaison aluminique se dissocie peu ù peu, l'alumine entre en dissolu-
lion, tandis que la diméthylindanone formée se précipite en flocons blancs, cristallins,
presque purs. On reprend par l'élher, on lave à la soude, on chasse l'élher et l'on distille
le résidu dans le vide.
Le produit passe intégralement de ii8°à 119° sous iS""" en ne laissant qu'un résidu
insignifiant quand l'opération a été bien conduite. Les rendements sont de 80 pour too
par rapport à l'acide benzyldiméthylacéti(|ue employé.
La (li/iH'ihylindanone, formée en vertu de la réaction
CICO kA^.o/KcH3-^»^''
cristallise au sein de Téther de pétrole bouillant, en magnifiques cristaux
fondant à 44°-45°. Elle est plus soluble dans l'éther ordinaire et dans l'alcool.
Ne possédant plus d'hydrogène substituable en a par rapport au groupe
cétonique, la diméthylindanone devait se comporter, vis-à-vis de l'amidure
de sodium, cotnmc le fénone et la camphénilone de Semmler (' ), ou encore
comme le dimélhylcâmphre (-) et nos trialcoylacétophénones (-).
La rupture d'un des noyaux pourrait toutefois se faire suivant deux
schémas différents exprimés par les équations suivantes :
CO
CO
:C<^": + NFPNa - (^ ^^
^\CIP^ - [ JCH^C\^3CONHS
1 1 ><-i;^N...a = rr.,y^
■Cip V \CIP
Dans le premier cas on aurait de l'amide de l'acide diméthylbenzylacéli(|tic
et dans le second l'amide de l'acide orthoisobutybenzoïquc.
{' ) l'.-\V. Se.mmi.ei(, Deul. chem. Ges., t. XXXIX, p. 2577.
{-) A. Hambr et E. Bauer, Com/Ues rendus, t. CXLVill, p. 1662 et p. 70.
SÉANCE DU G jriN 1910. I^jS
L'expérience a monlré que la réaction s'etfeclue suivant la première
équation, l^n effet, quand on chauffe la diméthylindanone en solution dans
la benzine anhydre, avec 2'""' d'amidure de sodium finement pulvérisé
pendant 3 à 4 heures et qu'on décompose par de l'eau, dans les conditions
indiquées pour la scission des trialcoylacélophénones, on obtient en quan-
tité théorique de l'amide diméthylbenzylacétique fondant à 63°. Nous
avons identifié cette amide avec le même produit obtenu par scission de la
diméthyll)en2ylacétophénone.
Contrairement à l'indanone, le dérivé diméthylé résiste très bien à
l'action de l'acide azotique à zjo pour 100 bouillant.
NXHCONH^
C
Uiinéthylindanone semicarhazone (^'H*:^ ^(l(CI-P)*. — Ce dérivé
CH-'
prend naissance quand on chauffe pendant 4 heures un mélange de dimé-
thylindanone et de semicarbazide au sein de l'acide acétique cristallisable.
On verse dans l'eau et le précipité est mis à cristalliser dans l'alcool. On
obtient des aiguilles blanches peu solubles dans l'éther de pétrole et fondant
à 209°-2I0''.
Il est à remarquer que cette semicarhazone se forme plus difficilement
que la semicarhazone de l'indanone non substituée.
Nous avons réussi à dimélhyler l'indanone directement en employant la
méthode qui nous avait servi pour la préparation .des alcoylhexanone,
menlhone, camphre, etc.
Nous sommes partis à cet effet de l'indanone que nous avons préparée
parla méthode, légèrement modifiée, de St. Ivipping. Il sul'fil, en effet,
d'opérer la condensation du chlorure de l'acide hydrocinnamique sur lui-
même, à basse température, et de verser le produit obtenu sur de la glace
acidulée par de l'acide chlorhydrique. On obtient, dans ces conditions, des
rendements de 80 pour 100.
L'indanone pure, dissoute dans l'éther anhydre. réa};it déjà à froid avec de l'ami-
dure de sodium avec formation d'un précipité et dégagement d'ammoniaque. Pour
terminer la réaction, on cliaull'e au bain-marie, en ajant toutefois soin d'éviter toute
entrée d'air qui pourrait oxyder le produit. Quand il ne se dégage plus d'ammoniaque,
on introduit peu à peu l'iodure de niéthyle. 11 se produit une réaction assez vive avec
dépôt d'iodure de sodium. Au bout d'une heure d'ébullition, on laisse refroidir et l'on
isole le dérivé par les moyens connus. 11 distille de 1 16° à 120° sous 16™"".
Ce produit est ensuite soumis à la même série de traitements qui, cette fois, s'effec-
1476 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lueol au sein de la benzine. On obtient finalement un corps qui passe à iiy", sous
16""", et qui ne tarde pas à se prendre en une masse cristalline, fondant à .J4" et
absolument identique au produit obtenu par le premier procédé.
ChaufTé au sein de la benzine anhydre avec de l'amidure de sodium, celte dinié-
ihylindanone subit la même rupture et donne naissance à la même dimétliylbenzvl-
acélaiiiide fusible à t>,'î°.
n-, r J ,.,,,,/ CO\,,/C-H» ,-, , , ,
■2.2-Dielhylindrinone-\ L'll\ ^„., ,{^. ...u- — ^^- coniposo a rie
oblenu eti passant par le même cycle de réactions que celui suivi pour la
préparation de riioiaologue inférieur.
A cet effet on commence par préparer Yélhyll'enzylacélophénone
en-Cil-— CH - CO — C/ H>
en faisant réagir, au sein de l'éllier anhydre, d'abord de Famidure de
sodium, puis du chlorure de benzyle sur la /z-propylphénylcétone
c«H'Com;;h- — chh;ip.
En opérant comme il a été décrit dans nos Mémoires précédents, on
ohùi'nV Vétli y l}>cnzylacétophénone c\wic\\(iQ HOU?, la forme dun liquide pas-
sant de 183° à i85" sous i/i""" et fournissant avec le réactif de Oisnier une
oxime en fines aiguilles fusibles à 70°.
( )n constate que dans cette préparation la Jienzyiation va plus loin et
que le résidu laissé par la benzyléthylacétophénone, soumis lui-même à
une rectification sous un vide de i3""", fournit, vers 258", un liquide qui se
prend en masse par le refroidissement. Dissous dans l'alcool, ce corps
cristallise» en aiguilles fondant à b^MlS" qui ont la composition de la
C'H'
dihenzylél/iylacctophénone OWKi \0 . C ( CH- C H' )- .
MnnohcnzyldiHhylact'tonhénonc ( "."H''. C( ) .(], . — L'élliyla-
tion de la monobenzyléthylacétophénone s'est faite au sein du benzène eu
chauffant la cétone, d'abord avec l'amidure de sodium, puis avec de
l'iodure d'élhyle. Après les traitements d'usage, on réussit à isoler un
produit passant de 190" à 202° sous iS"'" et tpii ne tarde pas à cristalliser.
Par dissolution dans l'alcool bouillant et refroidissement subséquent, on
l'obtient sous la forme de tablettes fondant à 8o°-8o'',5.
Cette cétone, chauffée avec le réactif de Crismer, ne fournit pas d'oxime.
SÉANCE DU 6 JUIN I910. 1477
Cet le même benzyldiéthylacétophénone a été produite en élhylant d'abord
la propylphénylcélone sodée au moyen de l'amidure en solution élhérée,
puis benzylant, suivant le même processus, la diéthylacétophènone obtenue.
''C-H''
Cette dernière cétone C H' CO . Cil; _ ,, se présente sous la forme d'un
\C-H* '
liquide distillant à 2/ii"-243° sous 742""" ( ')•
Son oxime fond à 90°.
La benzylation de la diéthylacétophènone conduit avec de bons rende-
ments à la même monobenzvldièthylacétophénone fondant à 8o"-8o", 5.
Monobenz-yldièthylacétamide. Acide et chlorure monobenzvldièthylacétiques.
— Le dédoublement de la cétone par l'amidure de sodium a été essayé au
sein du benzène, du toluène et du xylène et, dans aucun des essais, il ne s'est
effectué avec de bons rendements.
On isole des produits qui distillent de 1 10" à 180°, sous 20""", dont nous
poursuivons l'étude, puis une fraction, passant de 180° à 200", qui contient
l'amide cherchée à côté de cétone non altérée, et enfin un résidu goudron-
neux distillant à une température beaucoup plus élevée.
Sans chercher à purifier l'amide, nous avons directement traité la portion,
passant de 180° à 200" qui la contenait, par de lacide chlorhydrique et de
l'azotite de soude, et avons réussi à obtenir une certaine quantité d'acide
soluble dans le carbonate de sodium, d'où l'acide sulfurique le précipite de
nouveau sous la forme d'une huile épaisse distillant à ig-^-iQg" sous 17""°.
Chauffé avec du chlorure de thionyle, cet acide fournit un chlorure
/'■
CH'CII-.C— COCI
à odeur piquante qui distille à 148° sous i3™"\
La diéthylindanone prend naissance dans les mêmes conditions que son
homologue inférieur : traitement d'une solution du chlorure de l'acide
benzyldiéthylacétique dans l'éther de pétrole par du chlorure d'aluminium
pulvérisé, puis décomposition par la glace et l'acide chlorhydrique du pro-
duit cristallin formé.
Elle se présente sous la forme dun liquide distillant à i38" sous i3""" et
(') Bayer et Pkrkin indiquent comme point d'ébullition de cette cétone 229°-23i°,
sous 710"™ {Detit. chem. Ges., t. XNI, p. 2i3i). Claisen l'a sans doute également
obtenue par éthylation de l'acétopliénone sodée au mojen de l'amidure {Deut. chem.
Ges., t. XXWIII, p. 697).
1478 ACADÉMIE Dl'S SCIENCES.
se prenant en masse dans un mélange réfrigérant. Les cristaux fondent
à -4-7°.
Traitée en milieu acétique par de la semicarbazide, elle ne fournit pas de
semicarbazone, alors (jue la diméthylindanone se combine à ce réactif.
En résumé, les résultats consignés dans ce Mémoire sont les suivants :
1° Notre nouveau procédé de préparation des acides lrialcoylacéli(jues
nous permet d'obtenir assez facilement les acides benzyldialcoylacétiques
dont les chlorures, en présence du chlorure d'aluminium, se condensent sur
eux-mêmes à la façon du chlorure de l'acide ^-phénylpropionique, pour
donner naissance à des 2.2-dialcoylindanones-i;
2° Ces mêmes dialcoylindanones peuvent être préparées en partant de la
plus simple, l'indanone-i, qu'on traite par de l'amidure de sodium et des
iodui'es alcooli(|ues;
3" (^uel que soit leur mode de formation, ces dialcoylindanones, une
fois formées, redonnent l'amide de l'acide benzyldialcoylacétique dont on
est parti, de telle sorte qu'on se trouve en présence d'une nouvelle méthode
de production de ces acides si l'on considère qu'on peut préparer les dial-
coylindanones en alcoylant l'indanone simple;
4° Pour arriver à la diéthylindanone, nous avons dû préparer les benzyl-
éthyl-el benzyldiélhylacétophénones, inconnues juscju^alors, et avons obtenu
en outre, comme produit secondaire, de la dibenzyléthylacétophénone qui
n'avait pas encore été signalée.
Nous nous proposons de préparer, par notre méthode, les acides aa-dial-
coyl-y-phénylbutyriques, de les condenser, toujours suivant la méthode de
St. Kipping, en 2.r^-dialcoyl-I-tétrahydronapllténone, et d'essayer sur ces
composés l'action de l'amidure de sodium pour nous assurer si ce réactif
détermine également la rupture des chaînes hexagonales.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Contempomnnlc de la formation el de
l' élimination des déchets azotés chez les sujets en état de jeûne. Noie
de MM. A. CiiArvEAu et feu Contejean.
L'importante constatation annoncée dans le litre de la présente Note a
été faite au cours d'expériences sur la marche de i accroissement des excréta
urinaires^i de nature azotée, sous l'influence d'une cause excitatrice du mou-
vement de rénovation de la matière vivante, c est-à-dire de la désintégration
des substances albuminoïdes qui entrent dans la constitution des tissus de
SÉANCE DU 6 JUIN I910. l479
l'orgaiiisinc. Il convient crindiquer tout d'abord le but dans lequel celle
élude a été entreprise.
Les substances albuniinoïdes de l'organisme ont-elles un rôle à jouer
comme source du potentiel auquel s'alimente la dépense énergétique liée à
l'exécution du travail musculaire"? Deux Notes, publiées au commencement
de l'année 1896 ('), apportent à la solution de cette grosse question une
contribution très précise, partant très précieuse. Nos expériences se sont
prononcées en faveur d'une réponse nettement négative.
Ces expériences ont consisté dans la comparaison des excréta azotés de
l'urine, chez des sujets inanitiés mis alternativement au repos et en étal de
travail. On a contrôlé cette première série d'expériences par une autre, où
la comparaison des excréta azotés de l'urine était faite sur un sujet de l'espèce
canine nourri à la viande crue, parfaitement dégraissée.
Dans les deux cas, rintervenlion du travail n'a pas modifié sensiblement
la quantité des uréides formés au cours des expériences. Les très faibles et
tout à fait négligeables difTércnces qui étaient constatées se produisaient
aussi bi(?n à l'avantage des périodes de repos que de celles de travail. Par
cette inaptitude de l'intervention du travail musculaire à modifier la valeur
de l'excrétion courante des uréides, on était autorisé à conclure, sans hési-
tation, que « les albuminoides ne sont pas au nombre des substances consliluant
le potentiel dans la combustion duquel les muscles puisent directement l'énergie
nécessaire à leur fonctionnement ».
C'est surtout sur le sujet en état de jeûne que se sont manifestés, dans
tout l'éclat de leur très belle simplicité, les résultats, déjà entrevus par
d'autres, qui imposent cette conclusion. Dans cette condition, les excréta
azotés de l'urine ont pour source unique la désintégration imprimée, par la
fonction rénovatrice de la matière, aux albuniinoïdes de l'organisme. A un
moment donné, la courbe bi-horaire de celte excrétion d'azote ne subit plus
que de faibles oscillations. Toute dépense supplémentaire d' albumine ne pour-
rait donc alors manquer d'élewr sensiblement la hauteur de cette courbe. Or,
ceci n est jamais arrivé au cours des expériences. La conclusion qu'on en a
tirée est donc une proposition sûre.
( ' ) Le trai'ail musculaire n'emprunte rien de l'cneri;ie ipi'il ilépen'ic aux ntalières
albuniinoïdes des liunieurs cl des éléments anutomirpies de t'or'ga/iisine [Comptes
rendus, l. GXXII, 24 février 1896).
Le travail musculaire emprunte-l-il directement de l'cneri^ie au.r albuniinoïdes
des aliments? (Ibid., 2 mars).
C. 1!., i,)io, I" Semeslre. (T. l.M), N° 23.) '94
l48o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Elle a été pourtant contestée. Tout au moins a-t-on voulu prétendre que
les expériences d'où découle ladite proposition comportaient trop de diffi-
cultés et étaient de nature trop délicate pour légitimer une pleine et entière
confiance dans Texaclitude des résultats négatifs de la comparaison. Voici
les principales objections produites :
Premièrement, on a objecté (pie la grandeur du travail musculaire qu'on
a fait intervenir était trop petite pour provoquer, dans ces expériences,
une dépense d'albumine capable de se manifester clairement par un accrois-
sement de l'excrétion azotée.
Deuxièmement, l'absence totale de cette excrétion azotée, au cours du
travail efl'ectué, à la supposer indiscutable, ne saurait être considérée comme
une preuve certaine de la non-participation des albuminoïdes à la mobilisa-
tion de l'énergie qu'exige la production du travail intérieur représenté par
la contraction musculaire. Il se pourrait qu'il y eût formation d'uréides au
moment de la mise en activité des muscles, mais que l'élimination n'en fût
pas terminée, ni même commencée, au moment de la cessation du travail.
Rien ne prouve, en effet, que cette élimination des déchets azolés soit néces-
sairement contemporaine de leur formation.
Examinons rapidement les deux objections.
La première est fondée sur une équivoque. Les contradicteurs ont sup-
posé que le nombre de kilograinmètres effectués par le sujet dans les expé-
riences représentait la valeur de toute Ténergie mise en œuvre par son
système musculaire. Ce n'en était qu'une faible partie. Faut-il rappeler la
disproportion qui existe toujours entre la dépense énergétique du travail
intérieur de la contraction musculaire et la valeur du travail extérieur dont
celle-ci est l'agent? Ne sait-on pas qu'en certaines conditions, celte dispro-
portion peut devenir énorme? Incontestablement les travaux intérieurs
ell'ectués dans les expériences eussent été largement suffisants, pour accroître
la hauteur de la courbe de l'excrétion azotée, si l'énergie nécessaire à ces
travaux avait eu pour origine la dislocation des substances albuminoïdes de
l'organisme. Cette courbe ne s'est point élevée quand le sujet a travaillé
parce (pic c'est une autre substance, un potentiel non azoté, (jui a fouini
cette énergie. Et elle n'est point de médiocre valeur, celte énergie, comme
rallcslo le haut accroissement des échanges respiratoires qui accompagne
toujours le travail musculaire. Le lumineux contraste que cet accroissement
fait avec l'immobilité de la valeur de l'excrétion azotée était déjà signalé
dans le récit des expériences de 1896. Comment s'expliquer (pi'on n'en ait
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. l4«I
pas tenu compte? Jamais cette première objection n'aurait dû être formulée :
elle ne s'appuyait tpie sur des arguments mort-nés.
La seconde objection n'a point de fondements plus sérieux. Les faits nous
l'avaient déjà démontré dès 1895. Mais ces faits, partie d'un grand ensemble
de constatations expérimentales restées incomplètes, sur la fonction fonda-
mentale de la rénovation de la matière, n'ont jamais été publiés. Il importe
de ne point les laisser perdre. C'est le but de la présente Note. On y va voir
que, chez le sujet en état de jeûne, les déchets azotés contenus dans l'urine
y apparaissent toujours avec une telle rapidité, après l'intervention des
causes provocatrices des désintégrations des albuminoïdes, qu'un long
espace de temps ne pourrait prendre place entre le moment de la formation
et celui de Vé/inu'nafi'on desdits déchets. C'est la dêmonstralion de la qitasi-
conlemporancité des deiu- phénomènes et de la sûreté de la promptitude avec
laquelle, dans leur cas, l' effet d' accélération répond à la cause accélératrice.
Expérience. — Elle a élé faite, au cours d'une période de jeûne qui a duré 6 jours
(exactement i4o heures), sur une chienne du poids moyen de iS'*-', 200, dressée depuis
longtemps aux expériences de même nature. Pendant cette période de jeûne, le sujet
continuait à recevoir cha(|ue soir, à l'aide de la sonde œsophagienne, /loo""' d'eau de
boisson.
Les opérations ont commencé à la soixantième heure de l'inanition et se sont pro-
longées sans arrêt jusqu'à la cent-quarantième. Elles ont consisté en cathétérismes
répétés de la vessie, permettant de recueillir les urines toutes les 2 heures, sauf pen-
dant les deux premières nuits, où l'urine de i4 heures fut retirée d'un seul coup. Les
périodes de temps entre lesquelles se répartissent les opérations forment trois groupes.
Le premier comprend les opérations du premier jour; le second, celle du deuxième
jour; le troisième, les opérations des troisième et quatrième jours.
Les interventions à l'aide desquelles on a cherché à influencer la marche des désin-
tégrations sont au nombre de quatre : aucune dans les périodes du premier groupe,
qui servent de point de comparaison; une dans celles du deuxième groupe (douche
froide de i5 minutes) ; trois dans le troisième groupe (deux douches froides et l'ingestion
quotidienne d'eau de boisson, ingestion adaptée à l'étude de son rôle d'agent excitateur
de la désintégration rénovatrice).
L'urine recueillie au cours de l'expérience forma donc 27 lots, dont aS absolument
comparables entre eux, parce qu'ils représentent l'urine des courtes périodes, qui ont eu
exactement la même durée. Chacun de ces 27 lots a été soigneusement mesuré et ana-
lysé pour en déterminer, en bloc, d'après la valeur de l'azote total, la teneur en urée
et autres uréides.
Toutes ces déterminations sont consignées dans le graphique ci-joint. Ne nous atta-
chons qu'à celles qui permettent de voir comment ont répondu les excréta azotés de
l'urine dans les 4 périodes où se sont produites les interventions accélératrices des
désintégrations intimes de l'organisme.
Considérons d'abord, dans le deuxième groupe des expériences, l'intervention de
ll^ii'2 ACADÉMlli: DES SCIENCES.
la douche ailminislrée à lo'' du matin, i /leure fi'^ minutes après son application,
l'azote total des excréta urinaires a alteinl son maximum; il est passé de 245»s
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3* et 'f? Jours
A. En abscisses, succession des temps ou périodes de l'expérience. — B. Echelle des ordonnées,
représentant les valeurs suivantes : 1° en l<ilogrammes, le poids du sujet (combe V); 'i' en
centilitres, le volume de l'urine sécrétée [courbe Ur); 3^ en centigrammes, le poids de l'azote
total des excréta urinaires [courbe Az). — Les lettres, en haut du graphique, indiquent le mo-
ment où sont intervenues les diverses causes acccléralrices de la désinlégralion des albuminoïdes
lie l'orsanisme ; a. injection à la sonde de '|onciu> d'eau b, r, d, douche froide de i.î minutes.
SÉANCE DV (^ JUIN l()IO. i483
à 3o9"'B. 2 lieiiies plus lard, Tiizole uiinaire est toujours à peu près à la même
valeur, 3o8"'*-'. Il lui fiuil cucoie 2 hfurus pour outrer frauchement en décroissance et
descendre à 280"'^. La rt-ponse de ces uxcrela azotés est donc des plus explicites. Pour
que leur élimination soit arrivée aussi rite à son summum, il a fallu qu'elle clé-
bulâL de bonne heure cl qu'elle siiii'il de très près leur formation, elle-même très
précoce. C'est e.iacteniciil te contraire de ce qui aurait dû se produire en cas de
disjonction accentuée des deux phénomènes et l'indication nette île leur quasi-
conteinporanéité.
Dans le troisième groupe, où deux douches sont intervenues, Tune à 10'' du matin,
l'autre à 2'', la marche ascendante qu'elles ont pro^^oquée dans l'excrétion de l'azote
urinaire s'est engagée également d'une manière fort rapide. Et cette très grande
rapidité se retrouve, encore accrue même, dans le très notable accroissement que la
dernière intervention, celle de l'ingurgitation d'eau, à 8'' du soir, imprime à la valeur
des excréta azotés contenus dans l'urine éliminée. Les chidres constatés donnent à
cette marche ascendante une signification précise, qui échappe à toute contestation.
Ainsi, après la première intervention (douche) de cette troisième série, l'azote
excrété monte d'abord, en 1 heure 45 minutes, de 207"'? à 27o'"e, puis, dans les 2 heures
qui suivent, à 283"'s,
Après la deuxième intervention (douche) l'excrétion azotée, partie de ce dernier
chiffre, 284™s, reçoit un nouveau coup de fouet, qui l'élève, en i heure 45 minutes,
à 3i4'"'', puis à 324"°^ dans la période de 2 heures qui succède à celle au début de la-
quelle l'intervention s'est produite.
Enfin, après la troisième intervention (ingurgitation d'eau froide), la couibe de
de l'excrétion azolée, qui était retombée à 291™=, s'élève, en fin de période, à la hau-
teui' de SG-'"*-', par un saut brusque, suivi d'une chute encore plus Ijrusque, qui fait
redescendre celte courbe à 2j3"'s dans la période suivante.
C'est dans ce dernier cas que l'effet accélérateur s'est montré le plirs considérable,
le plus firgiiif aussi et, de ce fait, tout particrrlièrement concluant corrjme preuve de
l'étroiiesse des rapports qui existent entre l'elTet et la cause dans le cas des inter-
ventions capables d'exciter- les désintégrations rénovatrices.
Ainsi, Ions les faits de l'expérience s'accordent pour démontrer nettement
que, dans le cas de jeûne, la formation des déchets azotés dus à l' accroissement
de la désintégration des albuminoides de V organisme ne précède que de très
peu leur élimination .
Ces faits prouvent aussi que i appaiition de ces déchets dans l'urine suit de
très prés l'inleivention de la cause qui en a déterminé l'accroissement.
Donc, ce sont les létnoins fidèles de toute intervention qui met en suractivité
la désintégration des éléments quaternaires de l'organisme.
Il en résulte que tout acte physiologique qui s'accomplit sans modifier en
rien la marche de l'excrétion azolée n'emprunte pas à ces désintégrations
l'énergie nécessaire à son exécution.
D'où l'on est amené à conclure à la pat faite exactitude des expériences qui
l4H4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
onl démontré que l' énergie mobilisée pour les besoins de la fonction musculaire,
chez, les sujets en état d'inanition, ne provient pas du potentiel albumine.
La Physiologie générale, qui a si grand intérêt à être renseignée, tant au
point de vue de la Science pure qu'à celui de ses applications utilitaires, sur les
sources de l'énergie mise en jeu dans les actes de la vie, ne peut qu'enregistrer
avec salis/action les enseignements complémentaires donnés par la présente
étude.
r'i'.TROGKAPHlE. — Sur ta monzonile de Fontaine-du-Genie, prés C/ier-
c/iel ( Algérie) et sur les microtnonzoïntes de la région avoisinanle. Note
de MM. Pierre Terjiier et Jacqles de Lapparent.
Le principal objet de cette Note est de rappeler ratteation des lilholo-
gistes et des géologues sur les roches éruptives, d'âge tertiaire, du pavs de
Chercliel, signalées depuis longtemps, sommairement décrites par MM. J.
Curie cl G. Flamand (') il y a une vingtaine d'années, et retombées dans
l'oubli. Le pays de Cherchel nous paraît être, en réalité, une province pétro-
graphique extrêmement curieuse, par la variété de ses roches tertiaires,
l'étendue et la beauté de leurs afileurements, l'indubitable parenté c|ui lie
la plupart d'entre elles. 11 serait à désirer qu'un jeune géologue, connais-
sant bien les méthodes de la pétrographie actuelle, entreprît l'étude détaillée
de cette province, depuis El-Affroun et le Chenoua à l'Est, jnscju'aux envi-
rons de Ténès à l'Ouest : c'est un admirable sujet de thèse.
L'un de nous a visité, au mois d'octobre de 1909, la région de Sidi-
Simiane dans la partie orientale du bassin de l'Oued Messelmoun, etlepeti
massif de roche grenue qui domine Fontaine-du-Génie etc{ui est décrit par
MM. Curie et Flamand sous le nom de Djebel Aroudjaoud (/oc. cit., p. .58).
Au sujet de l'âge de ces roches, nous n'avons rien à ajouter aux indications
de MM. Curie et Flamand. Les roches de Sidi-Simiane sont en amas, ou en
cheminées grossièrement cylindriques ou coniques, ou encore en liions,
dans les marnes et les calcaires du Crétacé supérieur; les roches de Fon-
taine-du-Génie et celles qui sont voisines de l'embouchure du Messehnoun
forment des amas ou des cheminées dans le Miocène inférieur (Burdiga-
lien, étage eartcnnien de Pomel).
(') Explication de la deuxlime édiUon de la Carie géologique procisoire de
l'Algérie; 1" Partie : Roches ériiptii-es., p. 5o el suiv. Voir aussi la Thèse de M. Delage
sur le Saliel d'Alger, pour les roches de la région comprise entre Zurich et Kl-AflVoun.
SÉANCE DU 6 JUIN 19IO. l^^O
Les unes el les autres — et probablement toutes les roches tertiaires de
la province — sont à peu près contemporaines : elles sont donc post-burdi-
galiennes, et l'on ne peut rien dire de plus. Tous les gisements, même celui
de Fontainc-du-Génie où la roche est du type grenu, sont nettement hypo-
abyssiques, c'est-à-dire que la roche s'y est consolidée à une faible profon-
deur au-dessous du jour. Les sédiments encaissants sont très faiblement
modifiés au contact, sans que, nulle part, la transformation mérite vraiment
le nom de métamorphisme. Dans les roches de Sidi-Simiane, il y a de nom-
breuses veinules, el même quelques petits fdons, de sulfures métalliques
mélangés (pyrite, galène et blende), à gangue de barytine ou de sidérose.
Les minerais sulfurés apparaissent aussi, fréquemment, dans les contacts
des roches éruptives avec les sédiments, ou encore dans les sédiments eux-
mêmes non loin des contacts. Dans ce dernier cas, on observe la production
d'un peu de calamine lorsque les sédiments sont calcaires.
La plupnrt des roches de la région de Sidi-Simiane sont des ntirroi?ionzo/ii/es à
mica noir el pyroxène, faiblement quartzifères, c'est-à-dire des loclies porphyroïJes,
de couleur grise, offrant, avec deux temps de consolidation, la même composition
chimique el minéralogique que la monzonite grenue de Fonlaine-du-Génie. Ces
micromonzonites — que l'on pourrait encore appeler (racftyandcsites s'il ne valait
pas mieux réserver ce dernier nom aux roches volcaniques de même nature — sont
rarement fraîches. Les grands cristaux de feldspalhs se montrent, presque toujours,
fortement muscovitisés ; ceux de mica noir, presque entièrement chloritisés. Par
contre, le pyroxène, qui est un diopside vert pâle, est, le plus souvent, très bien con-
servé. Les cristaux de ce pyroxène sont arrondis, et comme corrodés par la pâte.
Celle-ci est un fin mélange, parfois micropegmalitique, d'orthose et de quartz. Les
quartz de première consolidation sont rares, très petits, et plus corrodés encore que
les pyroxènes. Il y a quelques grands cristaux d'actiiiole, à peine altérés.
Avec ces micromonzonites, on observe, dans les profonds ravins des environs de
Sidi-Simiane, quelques amas ou quelques cheminées de roches beaucoup plus claires,
blanches ou jaunes, malheureusement très altérées, et qui sont des niicrograniles, ou
des microdioiites quarlzifèrea^ correspondant, avec une forme porphyroïde, aux types
acides grenus signalés par MM. Curie et Flamand. Mais les micromonzonites grises
sont, de beaucoup, les roches prépondérantes.
Le massif de Fontaine-du-Génic (Djebel Aroudjaoud) est formé d'une
très belle monzonite, à un seul temps de consolidation, souvent parfaitement
fraîche. On exploite près de la route les gros blocs éboulés de la montagne,
et cette exploitation a fait, pendant longtemps, donner le nom de Granité
au village de Fontaine-du-Génie. La roche était déjà utilisée à l'époque
romaine. Nous avons retrouvé les deux types décrits par MM. Curie et Fla-
mand : l'un, aplitique, à grain très lin; l'autre, largement granitoide avec
i486 académie des sciences.
de niiigiiilHitirs crislaux de mica noir qui oui jiis(jir;'i 2"" de lari;'eur. lùilre
les deux, il y a des tonnes d'un forain moyen, où le mica noir est encore
très visible. Les relations du type aplilique et du type granitoïde ne sont
pas nettes : la démarcation, habituellement très tranchée, ne semblant pas
épouser une surface régulière et continue, mais paraissant, au contraire,
fort capricieuse.
Au microscope, on constate la présence des mêmes minéraux dans tous
les types : l'aplitique, le graniloïde ou l'intermédiaire. La différence est
seulement dans la structure, et aussi dans l'abondance du quartz. Rare
dans la roche granitoïde, où la teneur en silice s'abaisse à ~>\ pour 100, ce
dernier minéral devient assez abondant quand la roche est aplitique, et la
teneur en silice peut alors s'élever à 66 pour 100 (MM. Curie et Flamand),
de sorte que ces aplites sont comparables, pour l'acidité, aux lonalila-
pliles des Alpes orientales.
JNous n'avons pas observé la néphéline, signalée par MM. Curie et
Flamand. La pauvreté de la roche en sodium rend la présence de ce minéral
très peu vraisemblable. Les seuls minéraux observés par nous, dans les
échantillons frais, sont : la biotite; le diopside vert pâle; raclinolc très
claire, souvent groupée en houppes; l'orthose; un plagioclase, qui, tantôt
est homogène avec une teneur en anorthite d'environ 70 pour 100, et tantôt
est zone avec une périphérie à [\o Au et un cœur à 80 An; le quartz;
l'apatite, et quelques grains de minerai de fer, ceux-ci et celle-là très peu
abondants.
Voici la composition cliimiqiie de la roclie granitoïde à grands cristaux de mica
noir :
SiO- 53,5
Al^O^ • 20,0
Fe^O' 2,5
FeO 3,7
MgO 2,2
CaO 7,9
K^O 6,2
Na^O 1,1
11^0 2,4
Total 99>5
L'acide titani(|ue et l'acide pliosplioriqiie (enviidn o,''.5 pour 100 chacun) n'ont pas
été dosés.
Si l'on fait abstraction de ces deux acides, et si, écartant l'eau d'imbihition et con-
servant seulement l'eau du mica noir, on rajiporle la composition à 100, exactement.
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. 14^7
on obtient le Tableau suivant (la deuxième colonne renferme les quotients molécu-
laires, multipliés par 100 I :
SiO' 54,87 Qt,Â'>
Al'O'' 20,52 20,12
Fe'^0^ 2,5; 1,61
Fe 0 3,81 5,29
MgO 2,25 5,62
CaO 8,10 i.'4,46
K^O 6,36 6,77
Na^O i,i3 1,82
H^O 0,39 2,17
Totaux 100,00 '49^3i
Celte composition correspond très sensiblement au mélange minéralogique :
Ortliose 33,0
Anorthile 27,0
Albile 10,0
Biotile 10. o
Diopside 11,0
Actinote 5,o
Quartz 3,o
Apatite 0,5
Minerais de i'ii\- o,5
Total 100,0
en supposant qu'on ait afiaire a un mica très peu magnésien et, au contraire, assez
ferreux, et que le diopside et Taclinole soient à peu près exempts d'alumine.
Les nombres caractéristiques, sui\ant la méthode de M. Osann, sont :
«=^61,2, a = 5,2, (■ = 6,7, /'r=8,l, /irr. 2.1.
Les caractéristiques, suivant la méthode de M. Michel Lévy, se déduisent immédia-
tement de la composition centésimale exacte. En particulier, le paramètre $ (rapport
de la silice pour 100 des éléments blancs aux alcalis) est égal à 2,6.
La roche en question est une monzonite typique, assez voisine de certaines bana-
tites, ou encore de certaines tonalités. Elle est seulement moins sodique et plus potas-
sique que la plupart des monzonites.
Il est extrêmement probable que la série des roches tertiaires du pays de
Gherchel, analogue à celle que M. Brôgger a cherché autrefois à définir
pour les Alpes oinentales, montrera, quand elle sera étudiée dans ses
détails, tous les passages entre une monzonite basique (on peut-être une
diorite) et des tonalités très quartzifères, et que la roche de Fontaiue-du-
C. H., 1910, I" Semestre. T. 150, N" 23.) If)^
l/i88 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dénie a|)paraitra comme une sorte de moyenne, cl comme le type le plus
habituel de celte série. C'est pour cela cjue la description un peu précise de
ce type prépondérant nous a semblé présenter dès aujourd'hui quelque
intérêt.
PALÉOBOTANIQUE. — Sur quelques plantes wealdiennes du Pérou.
Note de M. R. Zeiller.
M. le (Capitaine Berthon a récolté, au cours de ses explorations géolo-
giques au Pérou, un grand nombre d'empreintes végétales dont il a bien
voulu me confier l'examen, et sur quelques-unes desquelles j'ai pu faire
des observations qu'il me paraît intéressant de faire connaître, en attendant
une publication plus détaillée. Ces empreintes viennent des gisements
wealdiens de Pinonate, près de Lima, et de la Caleta del Paraiso, dans
l'île San Lorenzo, en face de Callao, gisements déjà explorés par M. Stein-
mannetparM. Lisson, et dont un certain nombre d'échanlilloiis ont été
décrits par M. ]\eumann(').
Sans parler de quelcjues formes spécifiques nouvelles de Fougères et de
Cycadophytes, qui seront décrites ultérieurement, je mentionnerai
d'abord la présence, à Pifionate, de nombreuses pennes fertiles de Fou-
gères appartenant à une Pécoptéridée ti'ès analogue et peut-être assimilable
au Pecopteris Browniàna Dunker; les pinnules en sont chargées de gros
sporanges ovoïdes bisériés, munis d'un anneau élaslicpie apical, tel qu'en
possèdent les Schizéacées, et elles offrent ainsi tous les caractères du genre
Klukia Uaciborski, qui n'avait été observé jusqu'à présent que dans le Lias.
Les restes végétaux les plus abondants sont des fragments de pennes de
Fougères bipinnées, à nervation arêolée, identifiables au Weichselia relicu-
lata Stokes et Webi) (sp.) (TT'. Mantelli Brongt.), si souvent rencontré
dans le Wealdien; quelques-uns dentre eux sont fertiles, ainsi cjue la déjà
signalé M. Neumanu, et portent, à la face inférieure de leurs pinnules, des
sores arrondis, qui semblent formés de sporanges coriaces, peut-être sou-
dés en synangium*, mais dont on ne peut préciser la constitution, faute
d'une conservation suffisante. Aces pennes feuillées sont associés, principa-
lement à Pinonate, des empreintes d'axes aplatis, portant suivant leur
ligne médiane, parfois un peu à droite ou à gauche de celle-ci, une série
(') l{. Nfx'mann, BeiLragt: zar Kciinliiiss der Kreideforination in Miltel-l'eru
{.Xei/csJahrh.f. Min., XXIV. Beilage-Bd., 1907, p. 74-87. i27-i3i, PL I, 11).
SÉA\CE DU G JUIN 1910. 1489
lougiludinale de petites dépressions ponctiforuies, espacées de 8™" à io'""\
correspondant sur l'organe en relief à de petits tubercules faiblement sail-
lants; les recberches 'que j'ai faites m'ont montré qu'il s'agit là de racbis
de Weichselia ayant perdu leurs pennes de dernier ordre, conformément à
ce qui a lieu chez certaines Fougères vivantes à pennes caduques; l'un de
ces axes, où la file de cicatrices était exceptionnellement très rapprochée
de l'un des bords, m'a offert, en eiïet, sur l'autre bord, des pennes encore
en place munies de pinnules nettement reconnaissables pour des pinnules
de Weichselia.
On trouve, en outre, à Pinonale des axes beaucoup plus gros, larges de
2cin ^ 5cm^ munis de cotes longitudinales, qui ont été décrits par M. Neumann
sous le nom à'Equisetites Penianus, mais qui ne montrent jamais, quelle
que soit la longueur des tronçons observés, aucune trace d'articulalion
transversale comme on devrait en trouver sur des liges d'Equisélinées.
On constate, d'autre part, en examinant avec attention les échantillons les mieux
conservés, que les côtes dont ils sont ornés, au lieu d'être toutes semblables comme
celles des Équisétinées, sont le plus souvent de largeur inégale, les unes fortes, les
autres plus fines, alternant régulièrement. Sur certains échantillons, qui semblent avoir
conservé leur épiderme, ces côtes deviennent parfois presque invisibles, et la surface
se montre marquée seulement de très fines stries longitudinales qui paraissent corres-
pondre à des files de cellules allongées et toutes semblables entre elles, qu'il s'agisse de
côtes ou qu'il s'agisse de sillons, contrairement à ce qui a lieu en général sur les em-
preintes de tiges d'Équisélinées, où le réseau cellulaire n'oflfre pas celte uniformité.
Sur d'autres fragments, qui semblent dépouillés de leur épiderme, on voit parfois cer-
taines côtes manquer sur une longueur variable, comme si elles avaient été arrachées,
et l'on est amené à penser que ces côtes correspondent en réalité à des cordons sous-
épidermiques, tels que faisceaux libéroligneux ou plus probablement faisceaux de
sclérenchyme, comme on en observe chez les Myelopteris ou chez les Angiopleris asso-
ciés à des canaux gommeux. Enfin, sur un autre échantillon, j'ai observé, à un niveau
un peu plus bas, de très fines stries parallèles, très rapprochées, qui semblent indiquer
l'existence d'une série de faisceaux grêles, à peu près contigus, situés plus profon-
dément.
Ces diverses particularités excluent évidemment l'attribution aux Equi-
sétinées, et l'interprétation de ces sortes de tiges demeurerait incertaine si
je n'avais constaté sur les fraginents de rachis portant ou ayant porté les
pennes feuillées de Weichselia, la présence de côtes rectilignes parallèles,
absolument semblables à celles des axes dont je viens de parler, et ne diffé-
rant que par leur saillie moins accusée et leur moindre espacement.
Tous ces axes costulés apparaissent ainsi comme étant de même nature,
c'est-à-dire comme appartenant les uns et les autres au ]\'eic/tselia reticulata,
l490 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et représentant senlement des rachis d'ordres différents. Il y avait, dès lors,
à rechercher si les tronçons d'axes les plus larges n'offriraient pas des traces
de ramilicalion, et j'ai reconnu, en effet, sur quekjues-uns d'entre eux, en les
dégageant sur une plus grande longueur, des cicatrices ovales, disposées
deux par deux à peu près à la même hauteur, assez rapprochées l'une de
l'autre, marquées de fines dépressions ponctiformes, et dont les dimensions
correspondent hien à celles des rachis portant les pennes feuillêes.
Les frondes du Weichselia reliculala devaient donc être des frondes tri-
pinnées, à pennes primaires suhopposées, et VEquisetites Ptruaniis ne repré-
sente autre chose que des tronçons de leurs rachis primaires. On ne peut,
sans doute, d'après les empreintes que j'ai eues en mains, préciser déliniti-
vement les affinités de cette Fougère, mais la coslulalion des rachis de divers
ordres, indiquant l'existence de faisceaux hypodermiques parallèles régu-
lièrement répartis, donne à penser qu'il pourrait bien s'agir là d'une Ma-
rattiacée, et l'apparence coriace que semblent avoir eue les sores Viendrait
à l'appui de cette attribution. Des échantillons mieux conservés, permettant
de se rendre un compte exact de la constitution de l'appareil fructificateur,
pourraient seuls trancher la question, mais, à leur défaut, il m'a paru que
les renseignements nouveaux fournis sur celte espèce par les récoltes de
M. le Capitaine Bcrthon méritaient d'être signalés.
M. Carpentieu présente à l'Académie un appareil respiratoire destiné au
sauvetage des hommes composant l'équipage d'un sous-marin sinistré. Cet
appareil, dont la réalisation a eu comme point de départ les travaux
de M. (ieorge-F. Jaubert^ a été mis au point en Angleterre où l'Amirauté
l'a adopté et l'a rendu réglementaire: L'existence de cet engin a déjà été
signalée l'année dernière; mais c'est la première fois qu'en est montré en
France un exemplaire muni d'ailleurs des derniers perfectionnements tout
récents.
L'appareil se compose essentiellement de deux parties :
I" D'un vêlement à manche en lissii caoulclioulé spécial tout à fait imperméable,
descendant jusf|u'à la ceinture autour de laquelle il se serre, et complété par un casque
métallique très léger recouvert d'un tissu également caoutchouté;
■i" D'un appareil purificateur d'air, garni d'oxylitlie Jaubert, disposé à l'intérieur
du vêlement sur la poitrine de l'homme qui en fait usage, et permettant à celui-ci de
vivre pendant i heure dans l'enceinte confinée où il se trouve enfermé.
L'appareil constitue comme un scaphandre indépendant de toute source
d'oxygène extérieure. 11 donne à l'homme qui a été enlrainé au fond de
SÉANCE DU G JlIN I910. 1491
l'eau, non seulement le moyen de respirer, mais encore de remonter à la
surface, grâce au pouvoir ascensionnel de l'espèce de vessie qu'il constitue.
Un sous-marin étant muni de casques respiratoires en nombre au moins
égal à celui des hommes, la manoeuvre à exécuter en cas de sinistre est la
suivante: A la première alerte, chaque homme revêt son casque (dans les
sous-marins anglais, un aménagement spécial tend à assurer la possibilité
de procéder à cette opération même dans les cas les plus foudroyants). Tout
le monde étant équipé, on fait l'ouverture du capot et par cette issue chaque
homme passe successivement pour gagner la surface de la mer. Là chaque
homme peut surnager en attendant du secours. Afin de prolonger la flot-
taison, l'eni^n'n comporte un dispositif simple et efficace. Le vêtement esta
double enveloppe et entre elles, grâce à un ajustage spécial, l'homme peut
insufller de l'air avec sa bouche et s'entourer d'une bouée de soutien. Les
choses étant ainsi, il ouvre la fenêtre vitrée dont le casque est muni, et res-
pire désormais à l'air libre sans avoir plus à utiliser le purificateur.
M. Bouchard, à propos de la présentation de M. Carpenlier, prend la parole
pour rappeler à l'Académie les travaux qu'effectuèrent jadis les D'"'Desgrez
et Balthazard sur la régénération de l'air confiné par le bioxyde de sodium.
Plusieurs Notes insérées aux Comptes rendus (6 février 1899, i3 août 1900,
12 novembre 1900, 11 novembre 1901) témoignent des résultats que ces
savants obtinrent alors, résultais qui les conduisirent à l'établissement d'un
vêtement de scaphandrier, dont celui qui est en usage dans la marine
anglaise parait ne différer que par de simples détails.
ÉLECTÏOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la formation d'une Com-
mission chargée de présenter une liste de candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de M. Agassiz.
Cette Commission, qui se réunira sous la présidence de M. le Président
de l'Académie, doit comprendre trois Membres choisis dans la Division des
Sciences mathématiques et trois Membres choisis dans la Division des
Sciences physiques,
MM. Dauboux, Lippman\, lî. Baillaud, pour les Sciences mathématiques;
Ph. VAX TiEfiHEM, Arma.n'd Gautier, Edmoxd Perrier, pouT Ics Scicnccs
physiques, réunissent la majorité des suffrages.
i492
ACADEMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE .
M. A. Mosso, Correspondant de rAcadémif, rappelle que la France peut
disposer de deux places d'études sur le sommet du Mont Hose et dans les
laboratoires du Col d'Olen, pour les recherches de Botanique, de Bactério-
logie de Zoologie, de Physiologie, de Physique terrestre et de Météoro-
logie.
Les demandes pour l'occupalion des places doivent être adressées au
Ministre de l'Instruction publique et des Beau\-Arts.
M. Jean Pérez, éki Correspondant pour la Section d'Anatoraie et Zoo-
logie, adresse des remerchiients à l'Académie.
MM. Barbilmov, Stéphane Javelle adressent des remercimenls pour
les distinctions que l'Académie a accordées à leurs travaux.
M. le Seckétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i" Le fascicule 5, Tome 1 \Mah'acées (fin), Slerculiacées et Tiliacèes, par
F. Gagnepain I de la Flore générale de l' Indo-Chine, publiée sous la direc-
tion de M. H. Lecomte. (Présenté par iNL Mangiu.)
2° Pathologie et traitement du diabète sucré, par M. F.-\\ . Pavy. (Pré-
senté par M. Bouchard.)
ASTRONOMIE. — Sur les apparences de la comète de Halley.
Note de MM. Ldizet et J. (iuillaume.
Du i3 décembre 1909 aux premiers jours de février 1910, la comète de
Halley a conservé l'aspect d'une nébulosité sensiblement circulaire pré-
sentant une condensation centrale bien accusée; l'éclat de cette conden-
sation a été noté, lors de la première observation, comme étant compa-
rable à celui d'une étoile de ii"" grandeur, et fin février on l'estimait de
grandeur 8'', 9'".
SÉAXCE DU (■) JUIN I()IO. 1-'|9^
Le r' et le 3 mars, le diamètre de la nébulosité est d'environ i'; le noyau parait
excenuique à l'intérienr de la clieveltue qui montre un faible allongement dans
l'angle de position 33o"-, avec un très faible grossissement, on entrevoit une queue,
terminée en pointe, de 3' à 4' '^^ longueur.
Le 8 mars, le noyau, dont l'éclat est estimé de 8'' grandeur, est allongé dans le sens
perpendiculaire à Taxe de la comète.
Le 23 avril, la comète, \ ue à l'œil nu. a une queue d'environ i" de longueur, et
l'éclat total de la tête est comparable à celui d'une étoile de 2' à 3' grandeur. La
queue est évasée, son axe dirigé vers l'angle de position 337°, ^' '^ côté austral est
plus brillant et plus long que le côté boréal. Le diamètre apparent du noyau est de 4
environ. La comète s'éteint, dans l'éciairement de l'aurore, très peu avant l'étoile
B. D. -I- 7«',5o97 (8, t minutes).
Le 2- avril, à l'œil nu, la comète a un éclat comparable à celui de y Pégase (2,8fçr.);
la queue, longue de l'So' environ, est rectiligne et présente deux nervures. La comète
disparaît dans la lumière du jour i minute 3o secondes après l'étoile B.D.-i- 7°. 0097
(8,1 minutes) et 5 minutes 3o secondes avant l'étoile B. D. -h 7°, oiot (7,0 gr.). Le
diamètre du noyau est d'environ 6".
Le 3o avril, il semble y avoir, à l'avant du noyau, une projection de matière lumi-
neuse qui se recourbe ensuite vers l'arrière; cette projection est plus abondante au
Sud-Est; il en résulte que la branche australe de la queue est mieux marquée et plus
longue que l'autre. A l'œil nu, la comète brille comme une étoile de 2'' à 2.5 gr. ; la
queue rectiligne, orientée vers 358°. a environ 4° de longueur.
Les i'^^'' et 2 mai, la comète a été vue dans des éclaircies ; son aspect était peu difl'é-
rent de celui du 3o avril; toutefois, le 2, la chevelure semblait un peu plus brillante
au !\'ord-Est. et le noyau était sensiblement circulaire.
Le 4 mai. la queue, orientée vers 35o°. a une longueur de 10° et une largeur de 6'.
L'éclat de la tête est intermédiaire entre celui de y et a Pégase. Le noyau est cir-
culaire; il s'en détache à l'avant trois aigrettes tournant leur conca\ité vers l'arrière
de la comète, la plus australe étant la plus longue et la plus brillante.
Le i3 mai, la queue est rectiligne et visible sur une longueur de 4'°; sa largeur
à l'extrémité est de 2° à 3°. et son intensité est comparable à celle de la Voie lactée dans
la région de l'Ecu de Sobieski. Le diamètre de la tête est d'environ 12' et celui du
noyau de 6". On remarque deux aigrettes recourbées tournant leur concavité vers la
(|ueue, l'aigrette australe est la plus longue et la plus intense.
Le i4 mai, la queue est plus longue que la veille (nuages). Du noyau, très aplati,
partent deux aigrettes rectilignes dans une nébulosité qui est plus développée et plus
brillante au Sud-Est qu'ailleurs.
Le i5 mai. à i4''i3™ (t. m. Paris), la tète de la comète est encore sous l'horizon,
mais la queue, tout à fait rectiligne, est visible jusqu'aux | environ de la distance
entre £ Pégase et 9 Aigle, soit sur une longueur, comptée à partir du noyau, de
85° environ. Son bord Nord passe sur l'étoile Ô Pégase, et sa largeur vers cette
étoile est alors sensiblement la moitié de l'intervalle entre 9 Pégase et a Verseau, soit
3° à 4°. La lueur du jour fait disparaître la queue à i4''53'". Le noyau a environ
10" de diamètre; il en part deux aigrettes afl'ectant la formed'un papillon, leur conca-
vité étant tournée vers le Soleil. L'aigrette australe est. comme les jours précédents.
j494 académie des sciences.
plus longue et |)liis biillanle que l'autre. Le noyau est aplati dans un sens perpendicu-
laire à celui du i4-
Le 21 mai, la Lune empêche de voir la queue de la comète. La tête est comparable
à une étoile de première grandeur, vue au travers d'un voile de cirrus. Deux aigrettes
à peu près rectilignes et sensiblement opposées l'une à l'autre, partent du noyau ;
celle du Sud-Est toujours plus marquée que l'autre.
Le 24 mai. la tête est aussi apparente qu'une étoile de grandeur i,5 à 2; malgré la
Lune, on voit une queue de 5° environ. Le noyau a un diamètre de 2 ".5; il s'en
détache deux aigrettes très simples, tournant leur concavité vers la queue de la comète ;
celle du Sud est la plus longue et la plus brillante.
Le 26 mai, la queue a une longueur d'en\iron 10° (nuages). Des projections lumi-
neuses partent à l'avantdu noyau, s'étalent dans un angle de 120" environ d'ouverture
et donnent à l'avanl de la tête l'aspect de la flamme d'un bec de gaz dit papillon.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Obseixations sw le passage de la comète de Hallev.
à r Observatoire de l'Èbre (^Espagne). Note de MM. P. Cirera et Ubach,
présentée par M. H. Deslandres.
L'Observatoire de l'Èbre, outillé pour les observations de Pbysique
cosmique, a porté surtout son attention sur les phénomènes électriques et
magnétiques.
L'ionisation atmosphérique est observé régulièrement tous les jours entre 10'' 3o"'
et ii'^So"' du matin. On détermine le coefficient de dispersion électrique par l'appa-
reil d'Elster et Geitel, et le nombre d'ions, leur vitesse relative et la conductibilité
électrique par l'appareil de Gerdien, type primitif. 6 jours avant et 6 jours après
le passage de la comète entre le Soleil et la Terre on a fait le soir une autre détermi-
nation du coefficient de dispersion. Le potentiel électrique de l'air a été enregistré
continuellement, et l'on a déduit des courbes photographiques la valeur correspondant
aux observations d'ionisation. Nous ne donnerons pas ici le Tableau complet des résul-
tats, ce serait trop long; mais seulement les valeurs moyennes. Soient M la valeur
moyenne des 1 3 jours (du 11 au 26 inclusivement, excepté les 16, 18 et 20, à cause de
l'humidité), mi la moyenne des 6 jours avant et m, celle des 6 jours après le passage
de la comète; a^ et rt_ les coefficients de dispersion positif et négatif. Nous avons :
'1 =
«+ "
Polenliel —
Ch.uIuc-
Moljilil.-.
Noinlji-i.-
d'ions.
•
•
tibililO.
' •
^
iMatin.
Soir.
IMalin, .Soir
M
2 • 79
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92 81
m ., . . .
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-r Io3o
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1 .00
1,11
i38 1Ô9
19 mai.
3,26
4-0,9 —0,8
-1-1920
— 16S0
0 , 8].)
1,36
90 63
SÉANCE DU () JUIN l<)IO. lli[p
Le iq, à l'heure de robservation, a fonctionné frécjuenimcnl l'eniegis-
trcur de tempêtes : pression barométrique "4i^"'"'? température i8", 2, luimi-
dilé relative 70, ciel couvert et vent presque calme, l'air assez transpa-
rent.
On voit que les résultats obtenus le 19 sont assez extraordinaires : con-
ductibilité forte, mobilité petite, et le nombre d'ions remarquable; c'est
le maximum de la période considérée pour les deux signes. Le potentiel
donné en valeurs absolues volts à i'" du sol, accuse une valeur assez
petite.
Les conditions almospliéiiques ont été mauvaises en général pendant la période
considérée. La pluie a été abondante le 18 (77"^"') ; le 19 nuageux, heures de soleil 4,5)
et i'""',3 d'eau tombée. Il a plu encore les 21, 22, 23, 20, 26; de sorte qu'il faut
remonter jusqu'aux années iSg^-iSt)^ pour trouver un mois de mai aussi pluvieux que
celui de 1910. Mais il faut remarquer que cette péiiode do pluie a commencé avant le
passage de la comète. Les i3, 14 et 16 on a recueilli 20""" d'eau.
Pour le magnétisme teiTestre et courants lelluriqucs on a enregistré une
perturbation peu intense.
Elle a commencé le 18 à midi et a (ini le 19 à 1 C'^j'" assez brus(iuement. Cependant
on a encore enregistré quelques ondes très légères jusqu'à 21''.
Le 18 on remarque trois périodes de perturbation : (a) de 12'' à 16'', la composante 11
atteint le maximum de variation (65ï); {b) de 20'' à 2('' et (c) de 23'' 3o'" à 24''. Dans
cette période il faut remarquer les pulsations c|uionteu lieu à 23''3o'"et à 23''45™dans
tous les éléments magnétiques et dans les deux courants lelluriques.
Le 19 il V a quatre périodes de perturbation : (a) de o''45" à 2''3o"\ c'est le maximum
pour D( — 45); {*) i^Ie 3''3o'" à 10'' 3o™; (c)de 10'' 3o"' à i2''3"', pendant cette période,
les cinq courbes, trois magnétiques et deux des courants lelluriques, sont fortement
dentelées; (d) de 16'' So'" à i6''45'"; dans cette courte période il y a eu une onde
brus(|ue dans les cinq courbes, c'est le maximum de perturbation pour Z; pour le
courant lellurique NS la variation a été de 6") milliv : km; pour celui de W'E de
7 milliv : Um.
Entre ces périodes d'agitation, il en faut notei' deux de calme j)resque absolu : le 18
de 21'' à 23'' So'" et le 19 de 2''3o"' à 3''3o'".
Dans cette perturbation, comme d'ordinaire, les mouvements sont plus forts dans les
courants lelluriques, surtout dans celui dirigé NS suivant le méridien magnétique :
c'est ce qui facilite beaucoup l'élude des perturbations peu intenses.
Il peut se faire que le passage de la comète n'ait pas exercé quelque
action sur la perturbation qui nous occupe; mais il nous semble prématuré
de nous prononcer d'une manière définitive.
c. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N' 23.) IQ^
l/,g6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE. — Sur la comêle de Halley. Note de M. J. Comas Solà,
présentée par M. Bigourdan.
Le 3i mai dernier, pendant que je faisais une photographie de la comète
de Halley, à l'équatorial doul)le de 38"" de l'Observatoire Fabra, je remar-
quai une boulTée très brillante à i' environ du noyau, et placée juste à
l'opposé du Soleil. Le cliché (83 minutes de pose) montra une grande pro-
jection de gaz à i million de kilomètres environ du noyau.
Le i"' juin, le ciel était brumeux; cependant, je fis une photographie de
3o minutes de pose, qui révéla un rayon très vif sortant du noyau. Visuel-
lement, à l'équatorial, la bouffée élail invisible. Mais, le "j. juin, par un ciel
très pur, je vis de nouveau la boufiee à peu près à la même distance du
noyau et dans la même position que le 3i mai; elle était très brillante, et,
ce qui est plus important encore, elle avait une condensation stellaire en son
centre; autrement dit, le noyau était double. Du noyau principal au noyau
secondaire, il y avait, le 2 juin, une dislance de 4o", et son angle de position
correspondait sensiblement à celui de la queue, à l'opposé du Soleil. I^a
différence globale de grandeur des deux noyaux pourrait être de 3 magni-
tudes.
Enfin, les deux noyaux étaient liés par une trahiée nébuleuse très visible
où, dans les meilleurs instants, on croyait voir un alignement de très faibles
points stellaires, dont l'existence toutefois n'est pas bien sûre, à cause de la
grande difficulté de l'observation. Le cliché de ce jour (pose 90 minutes)
montre, à part d'autres détails très intéressants, une longue aigrette sortant
du noyau et suivant la ligne moyenne de la cjueue.
Le 4 juin, le noyau secondaire du 2 fut invisible, mais le noyau principal
de la comète était accompagné d'un amas de quatre condensations secon-
daires s'éloignant rapidement : en i heure 5o minutes, la principale se dé-
plaça sous nos yeux de 5", 9, dans l'angle de position de i23''23', qui est
celui même de la queue.
ASTRONOMIE. — Sur la comète de Halley. Note de M. Uiacobini,
présentée par M. B. Baillaud.
.J'ai l'honneur de communiquer à l'Académie une Note sur (juelques
changements survenus dans l'aspect de la coinèle de Halley. Le plus rcinar-
SÉANCE DU 6 JUIN I910. l497
quable de ces changements, qui rappelle les phénomènes de désagrégation
déjà constatés dans plusieurs comètes, a été observé le 2 juin dernier.
A celte dale. la comète se montrait, dans réquatorial de la tour de FEst de o™,38
d'ouverture, de TObservatoire de Paris, nettement dédoublée. Les deux tronçons,
comportant chacun une nébulosité à peu prés ronde, avec, au centre, un noyau bien
défini, ne se dilTérenciaient que par l'éclat. Le plus faible, de 10^ grandeur environ,
passait après et au-dessus dans le champ de la lunette. Voici le résultat des mesures
did'érentielles faites sur les deux novaux :
Premier noyau-Deuxième noyau.
Temps moyen de Paris. — ^ ."-. — .^ ■
io''9™o' i\'J4 y% I
Le mauvais temps ne permit pas de revoir la comète le lendemain. Les 4 et '' jui'i
des mesures de position purent être efl'ecluées au travers des brumes et la comète nous
apparut simple. En dépit du très mauvais état du ciel, nous croyons, par induction
sur l'éclat relatif des deux tronçons, qu'il en est réellement ainsi, et que le tronçon le
plus faible n'existe plus (dans le voisinage immédiat de la comète tout au moins).
Une autre particularité, moins récente, mais digne d'être signalée, est
Taspect stellaire pris rapidement ces jours-ci par le noyau. Avant son pas-
sage sur le Soleil, fin avril et commencement de mai, le noyau ofl'rait une
surface de forme sensiblement elliptique, mesui\ant de 4" à 4) 5 de grand
axe. Depuis le 24 mai, le noyau n'est plus qu'un point s'ell'açant de jour en
jour. Enfin, ajoutons que ni M. Chatelu, observant àl'équatorial de TOuest,
ni tnoi, observant à l'équatorial de l'Est, qui mesurons la comète tous les
soirs de beau temps depuis le mois d'octobre 1909, n'avons jamais perçu
une trace de queue, vraisemblablement à cause des mauvaises conditions
atmosphériques de ces derniers mois à Paris.
ASTRONOMIE. — P/ioto graphie de la comète de Halley. Note
de M. Jeax Masc^rt, présentée par M. B. Baillaud.
Sous les auspices de l'Association internationale contre la Tuberculose,
dont le Président est M. Léon Bourgeois, le Secrétaire général honoraire
de cette Association, Professeur Pannwilz, a organisé une Mission scienti-
fique dans l'île de Tenerife. Le programme de l'expédition était très large
et comportait l'étude de toutes les radiations qui traversent l'atmosphère
terrestre : bien entendu, la plus grande part des recherches dépendait d'un
ordre physiologique, mais, comme l'occasion était favorable, on a bien voulu
l/|q8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nous domaiidcr de venir cludicr la conièle de Halley dans une station de
moiilai^iie et roclicrclier si les conditions climatériqucs de Tîle se prêteraient
à des observations régulières, soit au point de vue météorologique, soit au
point de vue pliysique et astronomique.
Sur la demande de M. le CommandaiU Giiyou, le Bureau des Longitudes voulut bien
nous prêter un pied équatorial sur lequel nous devions monter un instrument de o"',t?
visuel photographique, misa noire disposition parla maison Mailhat; MM. de la Baume-
Pluvinel, .lobin et Vienncl nous avaient prêté le nécessaire pour faire de la speclros-
copie photographique; un amateur éclairé, M. le Comte Boselli, nous avait confié un
rérracto-réllecteur de o"',i3ô; enfin, grâce à M. Quénisset, nous pûmes encore faire
des photographies de la queue avec un objectif à portraits de 34° de champ.
Nous avions étaijii un caiu|ieinerii sur le mont Guajara, à 2715"" d'altitude, sommet
le plus élevé du massif après le Bico de ïeide, sur l'emplacement même où Piazzi
Smith vint faire ses remarquables éludes speclroscopiques en i858. Le lieu est parlicu-
lièremenl favorable ; placé au-dessus des nuages normaux de l'île, on a partout à sa
disposition l'horizon de la mer, sauf un peu au NE vers le pic principal ; on voit le
Soleil de son lever à son coucher; Il c^t fort rare que les cirrus viennent entraver les
observations, soit le jour, soit la luiil. Durant deux mois, par exemple, les nuages
nous ont caché le ciel une seule fois: le vent, il est vrai, nous a empêchés plusieurs fois
d'utiliser les instruments en plein air.
Mais, d'autre pari, le régime météorologique îsl très loin de celui dont les ouvrages
classiques nous donnent la description : la sécheresse extrême entraîne des exigences,
et le nombre des travaux qui pourraient être utilement tentés en ce point est tel que
nous en ferons l'exposé ailleurs. Comme observations astronomiques, nous avons fait
des observations de très belles lueurs zodiacales, des dessins de la surface de Jupiter,
des dessins de la tête de la comète, des photographies de la lête et de la queue : nous
rapportons environ 70 photographies utilisables. Pour les mesures visuelles de la lon-
gueur de la queue, nous avons noté iioole 16 mai; pendant plusieurs jours, l'éclat
apparent fut supérieur à celui de Vénus.
Par suite de circonstances indépendantes de notre volonté, nous n'avons
pu utiliser le spectroscope et notre écjuatorial a dû rester avec une orienta-
tion défectueuse, d'ot'i il résulte que, sur les photographies, les traces des
étoiles sont circulaires au lieu d'être rectilignes : ce point est négligeable
pour les photographies de la tête et, en tout cas, l'erreur de second ordre
correspondante n'empêche pas l'utilisation scientifique de nos documents.
Nous allons nous borner ici aux observations effectuées dans la nuit du
18 au i() mai, nuit du passage dans la queue.
8'' 10™ (temps local). Ijumière zodiacale faible, jusqu'à 40° environ.
La Lune a une couronne peu prononcée qu'elle va conserver toute la nuit.
g''3(V". Lumière zodiacale, So" de hauteur en\iron.
sÉA^fCE uu 6 JUIN Mjio. i499
io''37'". La lumière zodiacale <]isparait.
i2''47"'. La scintillnlion des étoiles a beaucoup diminué.
3''. La Lune esl coucliée; luiil splendide, voie lactée très distincte. Lumière zodia-
cale étonnante, inclinée à 58" sur Thorizon (elle est rarement aussi inclinée) montant
jusqu'au zénith. Nuit complètement calme. Deuv météores lumineux, les premiers de
la nuit: l'un tombant vers l'Est, l'autre sillonnant le ciel du Sud au Nord; depuis
quelques jours il paraît y avoir une diminution dans le nombre des étoiles filantes.
3'" 37"". La même lumière zodiacale très intense : largeur en bas, à l'horizon, 10"; n°
à 12° lors de la plus grande largeur, vers 20" au-dessus de l'horizon.
3''/)9™. L'Est commence à blanchir : la lumière zodiacale est peut-être encore devenue
plus distincte.
4''20™. La lumière zodiacale ilis|)araîl dans le crépuscule. On voit encoi'e tomber un
météore vers l'Ouest.
Les phénomènes du crépuscule ne présentent rien d'anormal. La marche de la tem-
pérature (courbe d'enregistreur) tout aussi peu : la nuit a été moins froide que les
précédentes, minimum +3°, .5 contre 1° à 2° habituels.
En bas, à Orotava, ciel demi nuageux : rien de particulier au ciel.
Toujours sur le mont Quajara, état du vent dans l'échelle de 12" : 9''20"', \V 2 à 3 ;
io>'4o'°, W2 à 3; ii''4o"', SW 2; 13'' .50"', N i; l'^So-, 2\ S2 à 3; SW 3; 3'' 10, o.
Somme toute, à part une très belle lumière zodiacale du matin, il ne s'est
produit aucun phénomène spécial.
ANALYSE MATHÉMATIQUi;. — Valeurs singulières d'une équation de Fredholm.
Note de M. Joseph Maktv, pi-ésentée par M. Emile l*icafd.
I. Soit H(.r, y) une fonction bornée et intégrablc, et considéfons les
deux équations intégrales associées
(I) (p(.r) — Xy Il(.r, j)9(y)f/y = 0,
'(2) ,i,(,^)_>. I in,r, x)')^(y)dy^o.
Je supposerai que toutes les valetus singulières sont réelles et pôles simples
pour la résolvante de Fredholm.
On pourra alors (') déterminer un système biorthogonal de fonctions
fondamentales correspondant aux valeurs singulières X,, A.^, ..., A„, ... :
CB,, ©2, ■ • . , 0;m . . . , / := O, /) 3; (I,
(') Cf. GoLUSAT, Annales de Toulouse, 1908, p. 78.
l5oo ACADÉMIE DES SCIENCES.
les 9 étant solutions de (i), les '^ de (2). Considérons alors la fonction
les u. étant des constantes positives assujetties à la seule condition que la
série converge uniformément. Or, on aura
J ^^ [J-i.tp
et
K(x;z)o,{z)dz^ ^ Mo.
Donc on peut d'une infinité de manières trouver une fonction K(,r, v),
symétrique, dé f nie, telle que G (.r, y) soit symétrique et qu aucune solution
de (i ) ne soit orthogonale à K {■i\y).
Ce résultat, rapproché de ceux de ma Note(') du 25 avril, montre que la
condition nécessaire et suffisante pour qu'une équation intégrale n'ait que
des pôles réels et simples est l'existence d'une pareille fonction K(;r, y).
La méthode de Schwarz [qu'on peut appliquer si l'on connaît directe-
ment une fonction K(;r, y)] donne une valeur singulière ; or, soit A, celte
valeur singulière; on peut lui faire correspondre un système biorthogonal
nor/né àe fonctions fondamentales et écrire
H(,z:, r) = -^ V r^„(.r) .-.„(_y)+ R(.r, y),
1
le premier terme du second membre étant le noyau principal /i,(x,y) cor-
respondant à }^,. On aura, H„(;r, j) étant le «"'""' noyau itéré.
(') Le procédé par loipiel j'avais cru pouvoif me passer de Tliypollièse K(.r,j)
déliiiie est inexact ; il faut sup[iiiniei' les Irois lignes oii il est question de G'(.r,j) et
les se|)t dernières lignes. J'inditiueiai ici un aulie exemple :
\1{.T, y) = j A(x,z)li{z, y) rfz
A(.*-,j) étant symclrii[ue; R(.r, v), comme dans les précéderas exemples, symétrique
el définie. On peut prendre
K(j;j) = \\(.r,y).
SÉANCE DU 6 JUIN 19IO. l5oi
et l'on voit que
l'iJ'Kia-, z) H„{z, y) dz = V ■l>^(y)J'K{jr, z) '^,{z) dz + /.',' j'K{.r,z)\\„{z, y)dz;
on en déduit ( ' ) que le dernier terme tend uniformément vers zéro
quand n augmente indéfiniment, ce qui montre que la limite du premier
membre est
x,j'K{x,z)h,{z,y)dz,
et aussi que A, est la plus petite valeur singulière. Il suffit alors d'appliquer
de nouveau la méthode à R(a7, y); les constantes qui y figurent s'expriment
en fonction des constantes relatives à H, et l'on peut ainsi successivement
calculer toutes les valeurs. On trouve (-)
/.„^,=:lim
-^-
K. K^^V
II. Reprenons l'équation (i) avec, sur les valeurs singulières, des hypo-
thèses moins restrictives [elles peuvent être réelles ou imaginaires; il(œ,y)
lui-même peut être égal à P(x,y) -h iQ^(cc, y)]; supposons le noyau mis
sous la forme
u^,(x) -\- i Vj,(x) étant une solution singulière correspondant à A^, pour le
noyau
H(-,J')-2
[///..(■r) -^iv/,.(jr)][iii,(y) — ivki.y)]
(') Je suppose, pour plus de simplicité, que \{{x,y) désigne le premier noyau
itéré.
(^) Dans le cas du noyau symétrique, ces formules ne dilTèrent pas de celles que
Kneser {Palermo Rendiconti, t. XXII, 1906) établit par des considérations emprun-
tées à la théorie des fonctions.
l5o2 ACADÉMIIÎ DES SCIENCES.
choisie de telle sorte que
On aura alors
l'iHia; y)[^ d(,r, r)^ f\U(,r, j )\'-d{^; y) -y^j^^. ,
Kn considérant des condiinaisons linéaires des fonctions «^,(:r) + i ('^,(.r),
on montre aisément ijue les A ne sont autres que des valeurs singulières
pour (i) et, comme je le montrerai ultérieurement, on peut déduire de là
un certain nombre de propriétés des (onctions principales (Goursat).
THÉORIE DES NOMBRES. - Sur le classcmciil d'un système de Tableaux
équivalents entre eux. Note de M. A. (hiATKr.EP, présentée
par M. Emile Picard.
1. Je me propose de nionlrer couiment (in peut classer un système de
Tableaux équivalents entre eux et par suite équivalents à lun d'eux A.
Suivant une notation de CI). Ilermile, j'ap|iellrrai nduit pri/iripaf (' ) loul
Tableau
a a'
T =
? ,3'
écpiivalenl à A et satisfaisant aux inégalités
a. a'
Dans la \ole citée, j'ai niontn'' commeni on jiouvait langei' ces Taljleaux
en une suite, lùanl donnés alors deux Tableaux réduits priiicijiaux suc-
cessifs, T„ et 'l'„ , I, liT's par uik^ ('■galih'' de la forme
I o
dans le cas où p est supérieur à i, j'ap[)ellerai confornnMnent à une nota-
(') (]e sont les Tableaux que j'avais appelée sini])lement réduits dan? une Noie pré-
cédente {C'uuptci rrndiis, aS juin ii)<>ii).
SÉANCE DU G JUIN I910. l5o3
tion de Serret réduit intermédiaire un "l'ahleau T^^^, défini par l'égalité
.01
ou l'égalité équivalente
p - /> I
T„'+, = X T„_,
Ses termes vérifient le système d'inégalités
, , y. a!
(2) «>o, ->,, â^<-'-
En intercalant les nouveaux Tableaux dans la suite déjà définie, on
obtient ce qu'on peut appeler la suite complète des réduites. Deux Tableaux
consécutifs T et T' de cette suite sont liés par une des égalités
II II
T= xT' 0,1 T=: xT',
01 10
suivant que T' est intermédiaire ou principal.
Dans l'un ou l'autre cas, ils ont toujours une ligne commune, et je dési-
gnerai par semi-réduit le Tableau formé par les deux lignes non communes.
Les termes d'un tel Tableau vérifient le système d'inégalil(''s
, T , a a'
(•^) 'y->o, ^>i, o<— <i.
et il est lié au Tableau i-éduit suivant par l'une des égalités
0= ' ' xT' ou 0)=: ' ' xT',
10 01
suivant que T' est intermédiaire ou principal.
Enfin, de chaque Tableau semi-réduit 0, on peut déduire une suite de
Tableaux non réduits U„ par l'égalité
in I I I I"
u„= x0=: X e,
01 I O I I
n prenant toutes les valeurs entières positives successives. De chaque U„
ou de 0, on peut déduire une nouvelle suite U,,^, ou U,,.^, par l'égalité
pi II
U,,„=' xU„=r X
X U,„
I I ''-
o I I
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 23.) I97
l5o4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
el ainsi de suite. Les termes de tout Tableau U ainsi obtenu vérifient le
système d'inégalités
(4) «>o. \>'-- 37>'-
II. On vérifie aisément que tous les Tableaux T, 0, U ainsi obtenus sont
tous différents, équivalents à A et par suite équivalents entre eux.
Réciproquement, étant donné un Tableau équivalent à A, en le mullipliaiil
au besoin à franche par l'un dos Tableaux
on peut amener les termes de sa première colonne à vérifier les inégalités
a
.>o, p>..
Il appartient alors à l'une des classes précédemment définies, suivant que ses
termes satisfont aux inégalités (i), (2), (3) ou ( 4)-
111. Ce classement des Tableaux équivalents à A n'est pas puromenl
arbitraire. J'ai signalé précédemment des propriétés des réduites princi-
pales (loc. cit.); on peut de même indiquer des propriétés de la suite com-
plète des réduites. Si l'on considère la suite des formes indéfinies réduites (par
la juétbodc d'Hermite) (aa; + pv)(a\r -f- l^'y) équivalentes à une forme
(ax -+- by)(a'x ■+- h' y), la suite des Tableaux
est la suite complète des réduites équivalentes à
a a'
à la condition d'y intercaler, s'il y « Heu, certains Tableaux semi-réduits, il
ify aura jamais lieu de faire cette addition qu'entre deux réduites princi-
pales consécutives, et seulement lorsque la ligne commune aux deux réduites
ne donne pas un minimum de la forme ^^ ;- 4- /cq".
\\. Dans le cas où t' -r, sont des irrationnelles coniuiiuées réelles du
second degré, tous les Tableaux équivalents à A peuvent être obtenus à
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. 1 5o5
partir d'un nombre fini de Tableaux réduits et des Tableaux semi-réduits
et non réduits qu'on en déduit eu multipliant tous les termes de la première
colonne et en divisant les termes de la seconde par A", n prenant toutes les
valeurs entières positives ou nêj^atives et X étant une unité du corps qua-
dratique contenant j-, -p- La formation de la suite des réduites constitue,
par conséquent, une méthode de calcul de ces unités. Dans le cas parti-
culier
a I -t-- y/5 a I — \/l>
h 2 h 1
il n'y a pas de réduites intermédiaires, et tous les Tableaux é([uivalents sont
obtenus à partir d'un seul Tableau réduit principal.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les propriétés des lignes cantoriennes.
Note de M. L. Zoretti, présentée par M. Appell.
Je me propose dans un prochain Mémoire de tirer de la définition canlo-
rienne de ligne une théorie aussi complète et aussi géométrique que possible.*
Je rattache celte définition aux postulats de la Géométrie et parviens ainsi à
des définitions et des propriétés précises relativement aux lignes fermées,
aux tangentes, etc. J'indique dès aujourd'hui quelques-uns des résultats que
j'ai ainsi obtenus.
C'est la notion de ligne irréductible ( ') qui joue dans cette étude le rôle
le plus important. Il est donc bon de démontrer d'abord que, étant donnés
deux points a et 6 d'un ensemble continu quelconque, on peut trouver une
portion de l'ensemble qui soit entre a et 6 un continu irréductible (-).
L'importance des ensembles continus irréductibles (plus généraux,
remarquons-le, que les lignes simples de M. Jordan) tient à ce qu'on peut
sur un tel ensemble définir un ordre de succession des points, parler de l'arc
qui joint deux points. C'est l'ensemble continu irréductible qui me parait
le plus conforme à la notion vulgaire de ligne.
J'appelle ligne simple /e/7;(ee l'ensemble de deux continus irréductibles entre deux
points rt et 6 n'ayant que ces seuls points en commun; et je démontre qu'un tel en-
( ' ) Voir mon Mémoire Sur la notion de ligne {Annales de l' Ecole Normale^ 1909).
(■-) S. Ja.mszewski, Comptes rendus, t. CL, p. 606.
l5o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
semble divise le plan en deux régions connexes dont il constitue la frontière. La réci-
proque a déjà été démontrée dans mon Mémoire cité plus haut.
Voici maintenant ce que j'appelle tangente en un point ;?i d'un continu irréductible.
Soit/) un point de l'ensemble. Joignons m aux différents points de l'arc /«/*, et con-
sidérons l'ensemble des coefficients angulaires de toutes ces droites. Ajoutons ;i cet
ensemble son dérivé. L'ensemble obtenu a, quand p tend vers m sur l'arc pin, un en-
semble continu limite. Toute droite passant par m et dont le coefficient angulaire est
un nombre de cet ensemble, est dite tangente à l'ensemble.
Les diflérents cas suivants sont possibles. En un point il y a soit une,
soit deux tangentes, soit un, soit deux angles dont toutes les di^oites sont
tangentes.
J'ai démontré que ces deux derniers cas se présentent certainement
quand l'ensemble n'est pas ce que j'ai appelé un ensemble complètement
fermé. Donc, au contraire, si une ligne a en tous points deux tangentes au
plus, c'est un ensemble complètement fermé et par conséquent une ligne de
M. Jordan.
II. Je termine cette Note en indiquant la possibilité d'étendre à l'espace
les définitions canloriennes, et de distinguer ainsi les lignes, les surfaces,
les volumes. J'y parviens en transformant la délinition de M. Cantor
d'après le tbéorème suivant : Pour qu'un continu plan soit linéaire., il faut et
il suffit qu'en tous ses points on puisse trouver une droite au moins qui n'ait pas
avec l'ensemble tout un serment commun.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la généralisation du théorème de S. Lie.
?Sote(') de M. S.4i-tykow, présentée par M. P. Appell.
Le théorème de S. Lie (^) s'étend de la manière suivante aux équations
partielles contenant explicitement la fonction inconnue :
Soit le système normal de q équations partielles
(i) .fiUi, -r-i. . .., .'■„, ;. /',./-)2, ..., p,,)— y., {/=i. 2, ..., 5f).
(') Présentée dans la séance du jS mai 1910.
(^) Ce théorème, intimement lié au problème de S. Lie, est formulé par S. Lie dans
les Mathematische Annalen, t. \I, p. 469- Vne démonstration élémentaire de ce
théoième résulte de mes recherches pnl)liées en 1908 et 1903 (Comptes rendus,
2.'i août 1903, et Communications de la Société mathéni. de Kliarkow, 1900). M. \V.
Stekloll'leur a apporté un complément en changeant aussi l'énoncé de S. Lie du théo-
rème considéré. Or tous ces résultats sont équivalents, au point de vue de la théorie
des équations partielles. En elVet. toutes les démonstrations du théorème dont il
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. l5o7
résolubles par rapport aux variables p^, p.,, . . ., p^, le système linéaire corres-
pondant
(2) U'h/) = 0 (j = l.o,...,r/).
admettant n -h 0 (* ) intégrales distinctes
(3) /„ /„ ..., /„ A+„ ..., /„.p.
^i l'expression
d:=y p,(tx,
s'agit revienneiU au calcul des paienllièses de I^oisson formées par les intégrales
donnéesetles nouvelles fonctions. M. W. SleklolV se borne, dans l'énoncé du théorème,
à rindicatioii seulement des valeurs de ces dernières parenthèses. Quant à S. Lie et
moi, nous formulons le résultat qui en déroule immédiatement, sans appliquer du
reste aucun nouveau calcul. Par conséquent, je ne suis pas d'accord avec M. C.
Russvan {Comptes rendus, 10 janvier 1910), attribuant à M. W. Slekloff le théorème
de S. Lie et m'objectant que leurs résultats n'étaient pas identiques. Encore faut-il
remarquer que M. C. Russyan avait cité non le théorème de S. Lie, mais son lemmeâ
{Matli. An/i., t. XI, p. 466-46-, Salz 2) pour réfuter mon affirmation.
S. Lie considérait son théorème comme généralisation des résultats obtenus par
Jacobi [voir Mai/i. An., t. XI, §2, n"> 3, p. 470-471)- H ^'^ sans dire que les conditions
de S. Lie sont plus générales que celles du théorème classique de Jacobi. Or les inté-
grales résultant de ces deux théorèmes sont essentiellement distinctes, le théorème de
.lacobi définissant un sj'stème complet d'intégrales sous forme canonique. Cependant
les intégrales définies par le théorème de S. Lie, vérifiant les conditions sous forme plus
générale, sont dépourvues des propriétés canoniques. Or cela ne veut pas dire qu'il
n'e\iste point d'intégrales jouissant de pareilles propriétés. S. Lie avait bien noté cette
circonstance, en complétant son théorème par des considérations concernant l'existence
d'un groupe canonique engendré par les intégrales du théorème en question {Mal/i.
An., t. XI, p. 469, 470, Salz k, Satz 3). J'insiste donc que le nom de S. Lie convient
le mieux au théorème en question, d'autant plus qu'il existe un autre théorème présen-
tant une généralisation immédiate du théorème classique de Jacobi [voir mes iN'otes,
Comptes rendus, 28 et 3o janvier, 24 juillet 1899; Journal de Mathématiques, 1899,
p. 435 : Mémoire sur l'intégration des équations aux déri^'ées partielles du premier
ordre; et les Communications de la Soc. math, de Kharkow, 190J). En effet, les inté-
grales qui en résultent forment un système canonique, et le résultat de Jacobi ( Vor-
lesungen iiber Dynamik, 35. N'orlesung) s'ensuit comme cas particuliei-, quand le
nombre d'équations partielles devient égal à i. Aussi ai-je démontré que ce théorème
généralisé de Jacobi suffit, à lui seul, pour résoudre les problèmes fondamentaux de
la théorie moderne des équations partielles {Comptes rendus, 3o août et i3 septembre
«909)-
C) S. Lie désigne par la lettre /' le nombre « -t- o des intégrales connues.
l5o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
devient une équation aux différentielles totales, moyennant les équations
(4) fk^y-k u, -\. 9.. ...<,, <! -^-i « + o).
a^+, , «^+2, . . • , «n+p désignant /< + p — q constantes arbitraires, l'intégration
des équations (i) et (2) s'achève par l'intégration de cette équation aux diffé-
rentielles totales et par des opérations de différentiation et d'élimination.
Soit l'intégrale de celte dernière équation
(5) /„+p+i=ra„+p+,,
^n+ç+\ étant une constante arbitraire. Supposons que les équations (4)
donnent
et (5) donnent
j = 9(.r,, a-2, ..., .r„+p; 3:,, y,. .. .
, a„+p+i
.r„_p_,.= 9,.(a:i, Xj, . . ., .r„^p; a,, x,. ..., a„+p^,
) ('•
p,— ^s{^i. -Xî, . • ., .-Ph-p; 5?,, s:,. . . ., a„+p+,
,) {s
Cela posé, la démonstration de notre théorème résulte évidemment des
mêmes considérations dont je me suis servi pour résoudre le problème de
S. Lie (^Comptes rendus, i3 septembre 1909), car le théorème généralisé de
Jacobi s'étend aux équations de la forme (i) (voir Recherches sur la
théorie..., p. 175-177).
Or le but de cette Note est d'établir de nouvelles formules présentant la
généralisation de celles que j'ai données en 1903 (^Comptes rendus, i'5 août).
l'osons donc
la dérivée -j-^ — étant distincte de zéro; pour qu'il en soit ainsi, il suffit, par
exemple, d'introduire, au lieu des constantes arbitraires ay^.,, ol^^-,, . ■ . , x„^p^|,
les valeurs initiales des variables ;, a-„_,^^.i, x„_.^.j, ■ • ■ ,-i'n, Pg-,, l>q+ii •••>/-'«•
Cela étant, les rapports
(6) (-^^^j (/.=., 2,. ..,« + p-,/)
Oy.,, .0-
représentent n -h p — q intégrales du système ( 2 ). les parenthèses désignant le
résultat d'élimination des constantes a, moyennant les équations (li) : parmi
ces dernières intégrales il e.viste n — q — 0 intégrales formant avec les fonc-
tions (3) cf /„+p^| un système complet de -m — </ -+- i intégrales distinctes du
système (2).
SÉANCE DU 6 JUIN IQIO. I DOQ
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur une série de solutions des équations
de l'élasticité de Lamé dans un milieu homogène et isotrope. Xote
de M. E. Barré, présentée par M. Appell.
Nous nous proposons dans la présente Note d'indiquer sonimairemonl la
méthode que nous avons suivie pour rechercher systématiquement toutes
les solutions des équations de Lamé,
... àO . .db . .. d5
(i) Jo H -4- i -r— = o, Ao r -f- c-T— = O, a.,iv' -h ; ^^ = o,
' (/(• ■ ' ày ' ' 'iz-
qui sont de la forme suivante où les X sont des fonctions de x seul, etc. :
(2) « = \,Y,Z,. r~\,Y,Z,, .t^X^Y^Z,.
Les limites restreintes d'une Note ne nous permettraient pas de développer ici
toutes les solutions de cette question ; aussi nous bornerons-nous à en indi-
quer quelques-unes afin d'illustrer l'exposé de la méthode suivie. Les équa-
tions (i) deviennent :
(1)
( Ui
A,X, + li,\,-t-C,\,-i-
D
,X3 = o.
(a)
A2x;-hB,X5-+-(:,x', +
D
A. = o,
((3)
A3X;^B:,X3+C:iX- -^
r>
:,X,^0,
A>=(
" + ;)V,Z,,
B, = Y1Z.-^Y,Z,,
C. = 4Y,Z„
D, = n,z
A,=:
Y,Z,.
b,=^y;z,(;h-ç) + y,z;.
c.=;y;z„
Ds=a3Zi
A:i =
v,z„
B3=y,z;(,-^ï)-^y;z„
C3=;Y,Z',,
D3=n;z
(H)
L'étude de la question met en évidence la nécessité d'étudier séparément
le cas où ^ est nul, égal à — i ou infini (ces cas correspondent aux relations
7. -I- [x = o, X -+- 2 [X = o, u. = o entre les coefficients de Lamé). Nous y revien-
drons ultérieurement : observons toutefois que bien des solutions trouvées
pour le cas généi'al conviennent encore dans les cas spéciaux. La méthode
employée qui repose sur une proposition d'analyse, d'ailleurs connue, est la
suivante : nous rechercherons toutes les solutions de l'équation (I, i), et nous
exprimerons qu'elles satisfont aux équations (I, 2) et (I, 3). Pour cela nous
écrirons d'abord que les foutions X'^J, X,, Xj, X!, qui figurent d'une façon
linéaire el homogène dans (I, 1) sont liées par trois, deux ou une relation
linéaire à coefficients constants, puis au moyen de ces relations nous expri-
merons trois, deux ou une de ces fonctions par rapport aux autres et nous
substituerons dans(I, i). Nous écrirons ensuite que les coefficients des seules
l5lO ACADÉMIE DES SCIENCES.
fonctions X restant alors dans (I, i) sont nuls. Les relations obtenues sont
linéaires par rapport à A,, B,, C,, D,, c'est-à-dire sont, par rapport aux Y'
ou aux Z qui y figurent, de la même forme que (I, i) par rapport à X, , etc.
On les traitera de même. Puis tenant compte des résultats obtenus pour
transformer (I, 2) et (I, 3), on sera conduit à traiter ces équations trans-
formées d'une façon analogue, quand la solution n'apparaîtra pas immé-
diatement. Pour passer en revue toutes les solutions possibles, il restera à
envisager :
1° Le cas où l'on suppose nulles ensemijle les quatre fonctions X,, X,',
X!,, X'3. Mais alors la fonction u est nulle;
•1° Le cas où l'on a A, = B, = C, = D, — o sans autre condition pour
satisfaire à l'équation (I, i). Mais alors u est encore nulle.
On met ainsi en évidence la nécessité d'étudier à part le cas où l'une des
trois fonctions u, c, «■ est nulle. On est ainsi conduit à étudier les séries sui-
vantes :
I. Solutions correspondant au cas où l'une des fonctions «, c, iv est nulle, par
exemple ir. Il y a intérêt, comme nous le faisons d'ailleurs, à étudier les solutions plus
générales caractérisées par la condition n' =: o (i).
II. Solution correspondant au cas 0(1 le produit X, YjZ', est nul.
III. Solutions correspondant au cas où X'[Y'ÔZ!J est nul.
IV. Solutions correspondant au cas où X], XJ,, X', s'expriment d'une façon linéaire
et homogène par rapport à X'[.
V. Cas où les fonctions X'j, X,, X|, et X', sont liées par deu\ relations linéaires et
homogènes.
\ I. Cas où les fonctions X';, X,, X'^ et X';, sont liées par une seule relation linéaire
et homogène. Il faut remarquer qu'on est conduit à démontrer que cette hypothèse ne
mène à aucune solution ne rentrant pas dans l'un des types précédents.
Quelques types de solutions :
» = o ^/ = (Â_r-t-c<)(C---t- D).
v — {ach',uv+ otsh'.ij;) (icosf.j; -+- (3sinw;) r == (E .r -h F) (G: -+- H),
It
(com[)rend la torsion simple);
Il — {Kx H-oe) (C; -t- 7),
C(A-+-B)
2(i: + i)
(A-i-B)Cc
iz'+ D;-h E,
-t-(A + m-/ -t- D
SÉANCE UU 6 JUIN 1910.
(comprend rcxtcnsion simple pour C ^= o);
« =:(,),(« cil o),,r + X sh(,j,a-)(^sinf,)o )• — ÎÎcosojj j)(Ccos y Oj — oij ;-(-•/ si 11 y oif — '.15 ;),
(' = f.),(asli w,i-4-a!,clio),.i-)(<;cosfj)2y+|3siii ûJoJ) (Ccos y/oi; — r.tl z --i-y siii v''')'| — 'jK :),
;< = {b.,sh<j)y -+- ^Sjcli'.i 1) KCiCosoi; + Ky, sin oj ; — ' ' ' '' (c'3COS6)j + yj siiio) ;) ,
X (^iChf.iy + j32sliw/) (C;, sinoj; — y^ coswc),
(j' = ',1 f,i-; ( p.3 ^ -H V., — j H- ( rtî -^ p-s ) .'■ + 3:. + V.,
X (626110/+ |3.2chw/) (C3COS&); -!- y:, sinojj),
0=1 — rA-{b,sh(,>y + [3jchw v) (cjsinos — yjcosw;) {iJ.:,x + v^);
M rr (j3.i--+ yj^ -I- â) (/chco V -i- «tslif,jj-) ((7, cosco; -4- b, sinwc),
(' = ( L! 5x -(- y) ( /slifjij + //i cil wj') a., cos&ic + br,sin(,) : -1- -(a, sin w; — /;,cos(i) ;) ,
w ^ (2(3.r + y ) (/choj )• -t- /«sli'.i v) « ,coso); -f- Z^^sin w: h- - («(Cosoj ; -^ bi^inr,) z) ,
0 ^ — -^ (2|3.r + y ) {/choi V + «isli f,)_v) (ffiCosto; -r- il, sinoj;),
avec les relations de condition
/ 3c H- 2\ /3:
a3=bi(— — —]+b.2, bi — —
\ 2 M- ]
PHONOGRAPHIE. — Sur un nom'el inscripleiir du son. Note de M. Th. Rosset,
présentée par M. .1. VioUe.
Poursuivant depuis 5 ans des recherches de phonétique expérimentale,
j'ai été amené à chercher un inscripteur des sons qui put donner des \ i-
brations sonores un graphique aulhenlique, vérlfiable et capable de repro-
duire le son inscrit.
Le phonographe seul possède cette propriété essentielle; il traduit les
ondes sonores en courbes creusées dans l'épaisseur d'un cylindre de cire,
et celle courbe peut reproduire le son. // a deux dëfauls:
x" Il altère toujours le timbre; mais celte altération est en somme assez faible puis-
qu'on distingue toujours deu\ cylindres enregistrés par deux, personnes et qu'on re-
C. K., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 23.) I98
l5l2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conn;iil les divers cjlindres enregistrés par une même personne. Il n'y a pas là de vice
rédliibiloire.
•?." On ne peut pas lire directement, à l'œil nu, à la loupe ni au microscope, la courbe
f;ravée dans la cire; il faut la transcrire.
Comme MM. llernnann de Leipzig et Scripture de \ale University, j'ai
pu ol)lenir de très Jseaux j^raphiques, avec un dispositif optique de trans-
cription.
Mais je me si>is aperçu, à l'usage, que le inèiue sillon plionographique
donne parfois des transcriptions graphiques différentes. Cela tient sans
doute à ce que le gra[)hi([ue est déterminé non seulement par la forme du
sillon lui-même, mais aussi parla position de l'appareil transcripteur par
rapport au sillon. Cet appareil peut suivre le fond du sillon, ou bien l'un
des bords, ou passer de l'un à l'autre; il peut encore se présenter plus ou
moins normalement à la génératrice du cylindre, etc., toutes conditions
expérimentales qui ont une influence certaine, mais impossible à déterminer
exactement, sans qu'on puisse être assuré de les réaliser identiques dans
deux transcriptions successives.
Si même on parvenait à trouver un dispositif ((ui donnât d'un même
sillon une transcription toujours identique, on ne saurait jamais si ce gra-
phique est la copie fidèle, sans addition ni soustraction aucune, de la courbe
pbonographique; leur comparaison est impossible, puisque l'une est invi-
sible, tandis que l'autre est muette.
Pour avoir un graphique authentique, la solution serait non pas de trans-
crire une courbe déjà ci'eusée, mais d'inscrire les mouvements du saphir
qui creuse cette courbe pendant cju'il la creuse. On aurait ainsi pour les
mêmes mouvements du saphir deux courbes jumelles, dessinées en même
temps par le même appareil, l'une dans la cire, sonore, l'autre sur un
cylindre inscripteur, lisible.
Voici par quel procédé expérimental, j'ai réalisé cette idée.
On place sur un mandrin mobile autour de son a\e un cylindre de cire, sur lequel
est enregistré un texte cjuelconque; sur un mandrin parallèle et mobile également, on
place un cylindre vierge; entre les deux cylindres, on dispose un appareil destiné à
copier sur le cylindre vierge le sillon du cylindre original. A. cet ell'et, un saphir
mousse qui glissera sur le cylindre imprimé et un saphir tranchant qui frottera sur le
cylindre vierge sont fixés chacun à l'extrémité d'un levier; ces deux leviers, réunis
par une tige articulée, oscillent dans un même plan vertical, autour de deux axes
parallèles, et les déplacements du saphir coupan.t sont identiques à ceux du saphir
mousse, à l'annplitude près. Toutefois la position de l'appareil entre les deux cylindres
lait <|ue les saillies du cylindre original se traduisent en creux dans le cylindre copie.
SÉANCE DU (3 JUIN 1910. l5l3
el les creux en saillie. Les axes sont solidaires des leviers; chacun des axes peut rece-
voir un miroir de manière à transcrire les rotations proportionnelles aux oscillations
des leviers porte-saphirs par les déplacements d'un ravon lumineux enregistré phûlo-
graphiquement.
L'appareil transcripleur étant installé entre les deux cylindres, on fait tourner simul-
tanément les deux cylindres dans le même sens, à la même vitesse; le saphir mousse,
en suivant, les dépressions du sillon sonore, fait osciller autour de son axe le levier
porte-saphir; ses mouvements, transmis par la tige rigide à l'autre levier, font péné-
trer le saphir tranchant dans la cire vierge et creusent ainsi une courbe idenlitpie à la
courbe originale, inversée.
A l'oreille, on n'entend aucune différence entre ces deux courbes sonores, à l'inten-
sité du son près. On remarque ainsi qu'il est sans importance que les creux soient
traduits en saillie et réciproquement.
Pendant cette transcription, on dii'ige un rayon lumineux sur le miroir
fixé à l'axe solidaire du levier qui porte le saphir tranchant et l'on recueille
le rayon réfléchi sur un cylindre garni de papier photographique et
enfermé dans une chambre noire; toutes les rotations de l'axe se traduisent
par des déplacements proportionnels du rayon réfléchi.
Il n'y a entre les déplacements du sapliir dans la cire èl les déplacements
du rayon lumineux sur le papier photographique cju'ime diflérence d'ampli-
fication; ce sont les mêmes rotations de l'axe qui déterminent les oscilla-
tions du levier porte-saphir et les mouvements du rayon lumineux.
De plus, et c'est un deuxième résultat très important, on a sur le papier
photographique une transcription de la courbe du cylindre original, et l'on
peut en vérifier la fidélité. Lorsque l'appareil est bien réglé, il n'y a aucune
diff'érence sonore entre les deux cylindres. J'ai vérifié que l'identité du son
correspondait à l'identité des courbes, en installant un miroir sur chacun
des deux axes, et en inscrivant par le même procédé et en même temps les
deux mouvements ; les deux courjjes sont identicjues à l'amplitude près.
Donc l'identité du son suffit pour garantir l'identité des courbes.
Dès lors, quand la transcription phonographique satisfait l'oreillf;, la
courbe creusée sur le cylindre-côpie reproduit fidèlement dans la cire le
sillon du cylindre original, et l'inscription photogi^aphique, image visible
de cette copie sonore, est en même temps la transcription fidèle du sillon
original.
Par ce dispositif de double transcription simultanée, il me semble qu'est
résolue la difficulté exposée au début de cette Note; on obtient ainsi des
graphiques dont on connaît la valeur; la transcription phonographicjue est
le témoin et le garant de la transcription graphique.
l5l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PHYSIQUE. — Su?- la précision des mélliodes de mesure des susceptibilités
magnétiques. Note de M. P. Pascal, présentée par M. D. Gernez.
Dans une Note parue aux Comptes rendus du ^3 mai 1910, page i3i~,
M. Chéneveau a voulu comparer, au point de vue de leur sensibilité, les
diverses méthodes de mesure des susceptibilités magnétiques.
Je ne puis me rallier complètement à cette idée première que « en toute
logique, la comparaison des méthodes doit être faite avec un même corps
cl un même champ magnétique », mais je voudrais cependant contribuera
la discussion en y apportant quelques faits purement expérimentaux,
destinés à fixer la sensibilité des méthodes en litige, dans les limites où
chacune d'elles est pratic|uemenl utilisable.
1° Sans vouloir en rien porter atteinte à l'appareil de Curie et Chéneveau, j ai cru
devoir indiquer qu'il était peut-être hasardeux d'en attendre le ^y. La Note de
I\l. Chéneveau assigne à sa sensibilité une valeur comprise entre jL et j\-^; d'autre
part, certains savants (') auxquels l'auteur se réfère en indiquent une valeur légèrement
inférieure, au moins pour ce qui concerne les poudres infusibles à grain irrégulier.
Tout cela justifie mon appréciation discrète.
1° Quelques centaines de mesures faites sur les liquides avec des appareils de
torsion de divers types m'ont fait préférer la méthode du tube en U. Dans mes
premiers essais sur les sels complexes, auxquels seuls il est fait allusion, j'ai indiqué
une sensibilité probable de j|^, car les nombres obtenus pour un même corps différaient
au plus de .cette quantité. Plusieurs milliers de mesures ultérieures, plus soignées,
relatives aux composés organiques, m'ont fait dire qu'on pouvait atteindre le y^j. Je
suis bien obligé de maintenir ce nombre, qui m'est donné par l'expérience (-).
3° La méthode de la balance, particulièrement visée et vivement critiquée par
^L Chéneveau, exige une technique comparable à celle du tube en U, elle donne e\pé-
l'imentaleriient une précision du même ordre, que j'estime à y4^ en moyenne. L'échauf-
fenient des pièces polaires de mon appareil est insensible dans les conditions où
j'opère, et ne trouble pas les pesées, qui d'ailleurs n'ont pas besoin d'être faites
à Jj^ de milligramme pour donner la précision annoncée, quand on emploie des
champs de j5ooo gauss en moyenne.
En résumé, les méthodes que j'ai proposées ont présenté entre mes mains
une sensibilité deux fois plus grande au moins que celles oit l'on utilise une
balance de torsion, et pour ces dernières j'ai oJJtenu exactement la sensi-
bilité (ju'indique M. Chéneveau (').
(') LiiiiAi>, Co/n/jles rendus, t. CXLN'II, p. r.'.87.
(-) I-'ascal, Annales de Cliiinie et de Physique, janvier 1910, p. S.
(■■*) I'ascal, toc. cit.. p. 8.
SÉANCE DU 6 JUIN 19IO. Iti5
Bien que la complication de mes méthodes ne soit qu'apparente, je n'ai
jamais songé à leur faire correspondre le moindre appareil commercial, et
je laisse à ceux qui voudront rouvrir cette discussion le soin de monter les
dispositifs proposés. Une longue pratique les mettra alors à même d'en
vérifier les avantages.
PHYSIQUE. — Sur l'arc au mercure dans le vide. Note de M. A. Perot,
présentée par M. Villard.
L'arc au mercure dans le vide est particulièrement intéressant à étudier
quand on le fait jaillir à l'intérieur d'un ballon, de façon à le soustraire à
l'action des parois du récipient, et à lui permettre de se produire à de basses
pressions de la vapeur.
Si aux deux extréuiités du diamètre horizontal d'un ballon d'une dizaine
de centimètres de diamètre sont soudés deux tubes recourbés verticalement
et remplis de mercure, on peut, à l'aide d'une électrode parasite, faire
jaillir un arc d'un tube à l'autre.
1 . La décharge peut revêtir dans ces conditions plusieurs caractères : si
le vide a été préalablement parfaitement fait dans le récipient, pour des
pressions très basses de la vapeur de mercure, le ballon tout entier est
reuipli d'une luminosité blanche; la pression s'élevant par suite, soit de
réchauffement de l'appareil, soit d'une rentrée d'air, cette luminosité se
concentre autour du diamètre horizontal qui joint les deux électrodes.
Dans les appareils que j'ai étudiés, pour une pression comprise entre i el 3 cen-
tièmes de millimètre, mesurés à la jauge, il se produit d'habitude une colonne rosée
donnant au spectroscope les raies de l'arc ordinaire, mais avec un éclat relatif très
grand des raies d'importance secondaire, en particulier des raies rouges et de certaines
raies ultraviolettes qui, pour une pression très basse, sont extrêmement faibles sinon
absentes, le spectre visible se réduisant presque exclusivement aux raies jaunes, verte
et violettes. Si la pression dépasse 3 à 4 centièmes de millimètre, la lumière blanche
réapparaît sous la forme d'un cordon analogue à la colonne positive étudiée par
M. Villard, et la section du cordon ainsi constituée est d'autant plus faible que la
pression est plus élevée. Il présente tous les caractères de l'arc contenu dans un tube:
même aspect, même éclat, mêmes raies spectrales. Un champ magnétique a sur lui la
même action que sur la colonne positive d'un tube à gaz raréfié.
2. Le transport du mercure de l'anode à la cathode, qui, dans les arcs
ordinaires, peut être attribué en partie à la différence des températures
des deux électrodes, existe encore dans les arcs de cette forme, bien qu'entre
1)1 6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les (]eu\ surfaces de ranode el de la cathode se trouve placé le ballon (jiii.
étant froid, joue le rôle de condenseur.
Pour le vérifier, il suffit de graduer les tubes contenant les électrodes et d'observer
les niveaux. Dans une expérience de ce genre, j"ai constaté qu'une masse de o™s,86 de
mercure était transportée par Coulomb. Ce chilTre est certainement très inférieur à la
réalité par suite de Tévaporation de la cathode; toutefois si on le rapproche de l'équi-
valent électrochimique du mercurosum, 2™8,07, on est amené à penser que le transport
électrique s'effectue par des ions mercureux.
."). L'action delà vapeur d'eau sur la décharge est particulièrement intéres-
sante : si, la décharge se produisant à très basse pression, on introduit dans
le ballon de la vapeur d'eau en chauffant une ampoule, soudée à l'appareil
et contenant de la potasse caustique, on voit le ballon devenir complètement
obscur, les raies spectrales du mercure s'eil'açant alors que le courant est
de plusieurs ampères ; en même temps la différence de potentiel s'élève.
Les décharges obscures observées jusqu'ici dans les tubes à gaz raréfiés sont de
quelques milliampères seulement, tandis que dans cette expérience le courant est de
quelques ampères. Si l'on observe que le spectre de la vapeur d'eau comprend des
laies ultraviolettes observables seulement au travers du quartz, on peut supposer que
les radiations de la vapeur d'eau se sont substituées à celles du mercure. Comme
d'autre part rien n'est changé dans le reste de l'arc, il est loisible d'admettre soit que
les ions qui transportent le courant sont des ions mercureux el que le phénomène de la
luminescence n'est pas indissolublement lié à celui du transport électrique, les ions,
véhicules du courant, étant distincts des centres lumineux; soit que le transport
électrique se fait par ionisation des centres neutres rencontrés par les ions émanés de
l'anode.
4. Si, pour étudier le mouvement de ces centres lumineux par des
mesures speclroscopiques, on applique le principe de Dôppler-Fizeau, on
constate un déplacement dans le sens du courant, de l'anode à la cathode.
Les mesures ont été faites en employant comme appareil spectroscopique un étalon
inlerféi'entiel à lames argentées el observant les anneaux que donne, dans une lunette
pointée pour l'infini, le satellite principal de la raie verte (546i''). les anneaux de la
composante principale permettant des pointés moins précis que ceux du satelliie à
cause de leur largeur. Les erreurs de la mesure du diamètre étaient telles que la
longueur d'onde fût, en valeur relative,«connue à moins d'un dix-millionième; je pense
que les vitesses déterminées sont exactes à une quinzaine de mètres près par seconde.
La seule difficulté sérieuse réside dans une variation progressive de la différence de
marche due soit aux variations barométriques, soit à une compensation inexacte de la
variation de l'indice de l'air avec la température par la dilatation de liinar avec
lequel l'appareil est construit. Pour parer à cette cause d'erreurs, j'ai cioisé les
observations.
SÉA^•CE DU 6 JlIN 19IO. l")I7
Ea général, j'ai eil'ectué les pointés avec la lumière émise par une région
déterminée de Tare dans deux directions inclinées sur la normale et en plus,
dans quelques cas, suivant la normale. Un grand nombre de mesures ont
été faites sur des arcs en ballon, quelques-unes avec des arcs en forme de H.
Les nombres trouvés, de même ordre de grandeur, varient suivant la
pression de 4oo™ à 3o'" par seconde; la vitesse est dirigée de l'anode vers
la cathode, elle diminue quand la pression croit. J'ai trouvé ainsi :
Vitesfe 340'"'* aôS"'-* 186"'* 142"'' lag'"-' Sa"'-'
Pression à la jauge ou
au manomètre o">"\o2 o™"'.35 o™™."! 3™", 00 3""", .m 7""",o
Ces vitesses sont très faibles, eu égard à celles qu'on rencontre d'habi-
tude dans les tubes à vide.
Le mouvement matériel de Tanode vers la cathode peut encore être mis
en évidence à l'aide d"une lame de platine suspendue à un fil; le courant
entrahie fortement cette lame vers la cathode, l'angle avec la verticale
pouvant atteindre jusqu'à io". (3n peut encore l'illustrer à l'aide d'une roue
à palettes placée dans le ballon où jaillit l'arc; partiellement plongée dans
la région où se fait la décharge, elle prend un mouvement de rotation
extrêmement rapide ; la roue s'arrètant dès qu'on la sort de la colonne
positive, c'est donc bien à celle-ci qu'est dû le mouvement.
Toutes ces expériences ont été faites avec des courants comjiris entre
2,5 et 5 ampères.
CHIMIE GÉNÉRALE. — mfets oxydaiils des rayons ultra-viulels sur les corps
gazeux. Peroxydation des composés oxygénés de l azote et du soufre.
Note ( ') de MM. Daniel Bertuelot et Henri Gaudechox, présentée par
M. E. Jungfleisch.
Les facultés oxydantes des rayons ultraviolets se manifestent dans la pro-
duction des composés oxygénés de l'azote et du soufre.
Nous avons examiné d'abord leur effet sur des mélanges d'azote et d'oxy-
gène en suivant la techniquedéjà décrite (Comptes rendus, 9 et23 mai 1910),
On sait que l'étincelle et l'arc électriques combinent ces gaz, secs ou hu-
mides, en donnant les divers composés oxygénés de l'azote, et que l'effluve
(') Présentée dans la séance du 23 mai 1910.
l5l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
donne avec les gaz Inimides uniquement de l'aride azotique ( ' ). l^'efTel des
rayons ultraviolets est tout autre. Ils sont sans action appréciable sur les
mélanges précités.
1° Air atmosphérique. — Lampe iio volu. Ttibe exposé i Jieure à 2''"' de distance;
I lieuie à 5""; i lieure à S''"'. Aucune variation du volume gazeux. Pas de vapeurs ni-
treuses. l'as d\i/.one en proporlion appiécial)le. Mercure non oxvdé.
Autre expérience sur l'air, prolongée une fois et demie aussi longtemps dans les
mêmes conditions d'exposition. Même résultat négatif. L'anaivse des 2'"'". 77 résiduels
donne o''"'\ 57 ()^+ 2'''"', 20 Az-, ce qui est bien la composition de l'air.
Dans les expériences précédentes, comme dans toutes les expériences analogues, sauf
indication contraire, les gaz étaient secs, avant été maintenus plusieurs semaines en
présence de potasse ou de chlorure de calcium fondus ou d'acide sulfurique.
2° Air saturé de vapeur d'eau. — Action prolongée, 4 heures 3o minutes, comme
la précédente. Même résultat négatif.
3° Mélange d^azote et d'oxygène. — r '"". iT) Az--+- 2'^"''.62 0-. Lampe iio volts.
Tube placé 1 heure à Y'"-, ' heure à 6""°', 1 heure à 8'"'. l^as de variation de volume
appréciable. .Mercure légèrement oxvdé.
La formation d'ozone qui, même avec l'oxygène pui'. est toujours très faible, parait
ralentie |)ar la présence d'azote, et dans les expériences précédentes, ce n'est qu'avec
le dernier mélange, le plus riche en oxvgène, qu'il s'en produit une trace.
La non-combinaison de l'azote et de l'oxygène par les rayons ultraviolets
est d'accord avec l'observation : sinon les rayons ultraviolets émanés du
Soleil, (]ui agissent avec une grande intensité dans les couches supérieures de
l'atmosphère, détermineraient la disparition de l'azote et de l'oxygène de
Tair.
l'iioDiicTioN DES MTIUTES liT DES NITRATES. — 4" Protoxyde d'azote. — Lampe i lo volts.
Tube exposé 4 heures et demie à 2'^'" de distance et 2 heures à 7"". ^"olume initial i""',76 ;
volume final i""',6o ne contenant ni O^ni AzO et composé deo""',a9.\z-0 -hi'^"'',3i Az'.
II a disparu i"^"'", 47 Az-O, qui ont donné i""',3iAz'- libre -+- o"'', 16 Az- fixé sur
le mercure -t-o""',73 0- fixé sur le mercure. La surface de mercure est couverte
d'un sel blanc, qu'on dissout dans l'eau distillée; le sulfate de diphénjlamine donne
une coloration violette (nitrite ou nitrate); le réactif de Griess une coloration rose
(nitrite); le réactif de Giandval et Lajoux, une légère coloration jaune (nitrate). Le
sel est donc du nitrate de mercure, mélangé d'oxyde et d'une faible quantité de
nitrate.
Le protoxyde d'azote s'est décomposé sous l'influence des rayons ultraviolets, en
azote et oxvgène; l'oxygène s'est porté sur le protoxyde non décomposé pour former
les owdes supérieurs de l'azote ((ni ont attaqué lo mercure.
(' ) -M. Iîkuthki.ot, Synthèse de l'acide azoti<jue et des azotates à la lenipcTature
ordinaire ((Jontples tendus, t. (^\LI1. ifjoG, p. 1367).
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. iSlQ
L'expérience a été répétée en exposant le tube 2 heures à ?."", 5 ; 2 neures à 5"" ;
2 heures et demie à S"^"^ de la lampe 1 10 volts. Le mercure s'est recouvert de même
d'une croûte d'oxvde, de nitrite et de nitrate, mais l'écartemenl de la lampe étant
plus grand, la décomposition du gaz Az^O est moins avancée. Volume initial : 3^"', 35.
Volume final : 3""', 22, composé de 1°"', 81 Az-0 -i-i'''"", 4i Az-. 11 a disparu i'^'"', 54 Az-0
qui ont donné i'^"'',4i Az-libre + o"'"', i3 Az-, fixés et 0'='"', 77O- fixés.
5° Bioxyde d'azote. — Lampe 1 10 volts. Tube exposé 3 heures à 3'^"' de distance.
Volume initial: 3""\83. \'olunie final : 3^'"', 27, composé de 2'°'\8i AzO + o'^"'',46 Az'-.
Le mercure est fortement attaqué, et sa surface recouverte d'une couche d'oxyde, de
nitrite et de nitrate. Il a disparu i'^"'",02 de AzO qui ont fourni o'^'"',5f 0° fixés sur le
mercure et 0'°'', 5i Az- dont o'^'"', 46 se retrouvent à l'état libre et o''"'',o5 ont été lixés
sur le mercure.
6° Mélange de proioxyde d'azote et d'oxygène. — Lampe 1 10 volts. Tube exposé
3 heures à 3"^"' de distance. Noiu me initial : 4'^"'\4o, composé de 2"^"'',4oAz^O + 2'^">',oo0^.
Volume final: 3""", 5i, composé de i'"'',07 Az-0 -H o"^"', gS Az- + i"^"', 5i 0-. Les va-
peurs nitreuses ont apparu au bout de peu de temps et persisté tout le cours de
l'expérience. Le mercure est couvert d'une croûte saline. Les volumes de gaz fixés sur
le mercure sont dans le rapport de 4o d'azote à ii5 d'oxygène,' ce qui répond à un
mélange de nitrates et de nitrites que l'on caractérise comme plus haut.
Un second essai a donné des résultats analogues. Ces réactions sont analogues à
celles obtenues en 4° avec le protoxyde d'azote seul.
Eu résumé, sous rinfluence des rayons iilti\tviolets, dans les conditions
des expériences précédenle.s, l'oxygène n'oxyde pas l'azote lil)re; ce qui
peut tenir à ce que, la réaction étant fortement endothermique, les rayons
ne sont pas a2:)les à fournir rénergie en quantité voulue ou au potentiel clii-
luicjue nécessaire à la combinaison. Par contre, les rayons ultraviolets
d(''terminenl la peroxydation du protoxyde et du bioxyde d'azote : réac-
tions presque indifférentes an point de vue thermique ou même exotlier-
mifjues.
Prot)L"(.tion des siLFATKS : 7" Auliydridc sul/tireiix. — Mêmes conditions d'exposi-
tion qu'au i". Volume initial : 2'^'"', 38; volume final : 2''°'', 20. Gaz résiduel entière-
ment absorbable par la potasse : donc, anhydride sulfureux sans oxygène. Mercure
couvert d'une croûte saline qui, dissoute dans l'eau, donne un précipité avec le chlo-
rure de baryum en solution acide : donc sulfate de mercure. Sur la face du tube est
un dépôt Itlanchàtre de soufre, volatilisable par la chaleur avec l'odeur piquante de
l'anhvdride sulfureux.
Les choses se passent ici de même qu'avec l'effluve (').
(Jette production d'acide sulfurique aux dépens de l'anhydride sulfureux
(') Berthrlot, Mécanique chimique, t. II, 1879, p. 077.
C. R., 1910, j- Semestre. (T. !50, N° 23.) I99
l520 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est analogue à la [n-nducliou d'acide nitrique aux. dépens du [)i'otoxyde
d'azote ou du bioxyde d'azote. Dans les deux cas, il y a décomposition avec
oxydation d'une partie des produits.
8" Mélange d'anhydride sulfureu.v el d'oxygène . — Mêmes conditions rl'expo-
silion qu'au i°. Volume initial : 3''"'',25j composé de 2'"'',o5 SO- -4- i'^"', 20O-. N'ohime
final : 2'^"'',55, où l'on a dosé séparément i'='"',6o SO' et o""'',94 0-. Il a donc dispaiu
o™', 4-> SO^ -H o''""', af) O', soit en tout o"''"',-i, ce qui s'accorde avec la diminution
globale de volume observée o""'. 70.
Sur les parois du tube, on voit le dépôt blanchâtre de soufre qui s'est produit, fait
curieux, en présence de l'oxygène en excès. A la surface du mercure est une petile
croi'ite (le sulfate.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les azolures et les oxydes extraits de
r aluminium chauffé à l'air. Note de M. J.-O. Seupek, présentée
par M. d'Arsonval.
Dans les Comptes rendus du 11 avril dernier C) M. Kohn-Abrest a
publié une Note Sur les azolures el les oxydes extraits de l aluminium, dans
laquelle il a cru donner comme nouvelle l'action de l'air et de l'azote sur la
poudre d'aluminium cbauffée.
Les résultats de M. Kohn-Abrest sont connus depuis longtemps.
1° M. Matignon (-) a déjà indique que la combustion de Faluminium fournit siniiil-
lanément de l'alumine el de l'azoture.
2° M. le professeur l'ichter (^), sur ma demande, a liieu voulu ci>m|)létei' mes con-
naissances jusqu'ici très rudimcnlaires sur la préparation et les propriétés de l'azoture
(l'aluminium. Dans son travail, il a montré en particulier que l'azote, sans action sur
l'aluminium à 600°, commence à réagir avec la température de fusion de ce dernier,
soit 657°, pour donner une transformation rapide vers 720"-74o"; que, en outre, l'azo-
ture s'oxydait progressivement, et enfin, il a défini les conditions de préparation de
l'azoture à parlir de l'azole et donné les principales propriétés de cet azoture.
3° Depuis 1900 je me suis occupé de la préparation technique de l'azoture d'alu-
minium. M. Bronnerl (') a exposé mes procédés eu même temps qu'il indiquait les
propriétés plus précises que je lui avais reconnues.
(') Voir t. j.'lO, p. ()i8.
[') Comptes rendus, t. CWX, 1900, p. 1890.
(') Zeils. anorg. Chemie. t. \A\ . 1907, p. 822.
(■') Bull. Soc. inil. Mulhouse, janvier et février 1909.
SÉANCE DU () JllX I910. l5al
.l'ajouterai de plus que M. Kohn-Abresl cite comme nouvelle la forma-
lion d'un azoture d'aluminium de composition différente de celle de AlAz;
ni M. Fichter ni moi, dans mes nombreux essais, n'avons jamais constat/'
la formation de ce nouveau produit.
CHIMIE MINÉRALE. — De l'action de l'air sur la houille. Aote
de M. P. Mahler, présentée par M. Ad. ( larnot.
Dans l'étude calorimétrique des combustibles que jai publiée en 1892,
sous lesauspices de la Société d'Encouragement pour l'Industrie nationale,
j'ai inséré une Note sur VAÙération des Iiouilles à l'air. J^es recherches que
je poursuis, au Laboratoire de l'ivcole des Mines, sont un développement
de cette Note.
I. Ces nouvelles recherches m'ont conduit à soumettre la houille à
l'action d'un courant d'air atmosphérique, à des températures relativement
basses, et plus particulièrement au-dessous de la température d'ébullition de
l'eau.
La houille esl placée dans un tube de cristal chauffé dans une étuve, et qui peut re-
cevoir 2008 de charbon pulvérisé. Le tube admet un courant d'air pur et sec; d'autre
part, il est en relation avec des appareils qui permettent d'arrêter et de mesurerl'eau.
le gaz carbonique et l'oxyde de carbone pouvant résulter de Taction de l'air sur le
charbon, à la température du tube. Depuis les travaux de M. A. Gautier et de
M. Nicloux, l'emploi de l'anhydride iodique pour doser l'oxyde de carbon^e est devenu
d'une sûreté incontestable. Dans le cas présent, il était nécessaire de débarrasser le
courant gazeux des traces possibles d'hydrocarbures non saturés, susceptibles d'agir
comme l'oxyde de carbone sur l'anhydride iodique. J'ai eu recours au lavage de ce
courant gazeux dans l'acide sulfurique chauffé à lyS^C.
.l'ai ainsi éludié des houilles provenant des mines de Courrièrcs, d'Anzin,
d'Azincourt et de Decazeville. Avec des prises d'essai exactement privées
d'eau hygroscopique et de gaz occlus, j'ai observé que l'air, dès une tem-
pérature de jo" à 4"° C., exerce sur ces houilles une action déshvdrogé-
nanle, avec mise en liberté d'eau, de gaz carbonique et d'oxyde de carbone,
en quantités mesurables et croissant, en général, avec la température. Les
chiffres que j'ai obtenus ne sauraient avoir de valeur absolue; l'état phy-
sique de la houille plus ou moins pulvérisée, la vitesse de l'air pouvant, in-
dépendamment de la température, avoir un effet sur l'importance de la
réaction. Ces chiffres précisent, cependant, le sens du phénomène. Voici,
l^ll ACADEMIE DES SCIENCES.
à liire crexeniple, ceux qui concenieiil la veine Joséphine de la concession
de Courrières.
J^'evpérience a consisté i'i porler làoi^ de charbon par période de 3o heures, à 2Ô°,
40°, etc., et à mesurer l'eau, le gaz carbonique et l'oxyde de carbone mis en libeité
sous l'action de l'air-
Gaz caibonii|uc. Oxyile tic rarljoni'.
Températures. I'".au. C. C'.
9.5 à 3o I I ,00 2,88
45 / _ 1 ,55 3,78
C5 I 0.290 4i25 5)39
85 I 12,00 4-97
io5 3o,oo 6,67
J"ai étudié les mêmes houilles, non plus à l'élaL sec, mais brutes, c'est-à-
dire retenant un peu d'humidité. J'ai ainsi observé que l'action de l'air, à
une température déterminée, dégage bien moins d'oxyde de carbone avec
une houille humide quavec la niéme houille desséchée. La houille de
Courrières, par exemple, non desséchée, portée pendant 3o heures à 35",
n'a dégagé que i""',i3 d'oxyde de carbone. Il faut remarcjuer, en effet, que
la réaction dont je parle, lente et limitée à chaque température, dégage une
certaine quantité d'eau. Dès lors, il apparaît que l'humidité, soit dans la
houille, soit dans l'air, doit retarder cette réaction et en particulier s'oppo-
ser au dégagement de l'oxyde de carbone.
J'ai mis en évidence, qualitativement, le dégagement de l'oxyde de carbone de la
houille par l'action de l'air, dans une autre série d'expériences. Elles ont consisté à
faire passer un courant d'air pui- très lent sur un poids important, icoo^' à 1200s de
charlion légèrement chaufTé, et à laver ensuite le courant gazeux dans un tube de
Winkler, garni d'une solution très étendue de sang. J'ai ainsi constaté, au spectro-
scope, au bout d'un temps variable, suivant réchanlillon, la formation de l'oxycarbo-
hémoglobine, c'est-à-dire l'intoxication du sang.
En somme, il paraît résulter de mes expériences que les traces d'oxyde
de carbone que l'analyse a pu révéler dans l'atmosphère des houillères, y
existent non point accidentellement, mais normalement.
II. Enfin, l'examen de l'action de l'air sur les houilles de Courrières,
d'Auzin, etc., aux températures comprises entre 100° et 200" C, m'a fourni
quelques observations.
A l'aide de l'appareil dont j'ai indiqué plus haut le principe, j'ai constaté, au-dessus
de 125° environ, un accroissement considérable de la production de l'eau, du gaz car-
boni(|ue et de l'oxyde de carbone, et simultanément, dans l'eau condensée l'apparition
SÉANCE DU 6 JUIX 1910. 1323
de traces d'hydrocarbures odorants. Puis, au-dessus de i5o", j'ai observé lacidilé
croissante de l'eau de condensation. Je reviendrai prochainement sur le liquide à
odeur nettement acétique, recueilli dans ces conditions.
Ce phénomène d'oxydation acide coïncide, par ailleurs, avec la forma-
tion, aux dépens de la houille, d'une grande quantité d'acide ulmique. Sa
constatation contrôle l'exactitude des vues avancées, dès iS()r>, dans ma
Note sur V Altération des houilles à l'air.
CHIMIE ORGANIQUE. — Oxydation des -^'-glyvols acétyléniques. Synthèse
d'acides -alcools a. Note de M. Geokges Dupont, présentée
par M. A. Haller.
I. Dans une précédente Noie ('), j'ai indiqué la production d'acide lac-
tique par oxydation des isomères de Y he.rine-3-diol-2-o par une solution
neutre de permani;anate de potassium à i pour 100. Il m'a paru intéressant
d'essayer de généraliser ce procédé de synthèse des acides-alcools a, à
partir des y-glycols acétyléniques, d'après la réaction
I . ,l^,^co II — c ~ r: — co 1 1 { H + o ■ + 11-0 = 2 '''^ co 1 1 - co^ ii .
Ce procédé est parallèle au procédé classique consistant à hydrater les nilriles-
alcools, car tous deux ont, comme point de départ, les aldéhydes ou çétones. Le pro-
cédé que j'ai étudié utilise, intermédiairemenl, la formation des glycols acétyléniques
à l'aide du dibromomagnésium-acétylène, réaction qui donne, en général, de très bons
rendements et ne présente pas les dangers de la préparation des cyanhydrines utilisées
dans la méthode classique.
Malheureusement, la réaction se complique, dans le cas des glycols
secondaires, d'une oxydation ultérieure de l'acide-alcool et, dans le cas des
glycols tertiaires, de la formation d'acide oxalique et de cétone d'après la
réaction
]|,^C01I - C = G - C01I<^J|, + O' = 2^,^C0 + COMl - COMI.
Mode opératoire. — La réaction est généralement assez rapide et doit se faire dans
un bain d'eau glacée. La concentration de la solution permanganique peut être portée
à 2 ou 3 pour 100 dans le cas des glycols tertiaires. Lorsque les glycols étaient inso-
(') Comptes rendus, t. CXLIX, 1909, p. iSSi.
l524 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lubies dans l'eau, ce solvant élail remplacé par de l'acétone pure ou diluée. Ouand le
permanganate, ajouté en quantité théorique, était complètement réduit, la liqueur
était filtrée et distillée (dans le vide dans le cas de l'eau). Le résidu, contenant le
sel de potassium de l'acide cherclié. était lavé à Féther, puis acidulé par de l'acide
sulfurique étendu ; une extraction à léther l'ouriiissail l'acide.
II. ^ oici les résultats obtenus avec un certain nombre do glycols :
CH' \ /CH'
1° Le glycol „„3^COH - C^eC — COH\ „„, ( ') m'a àonnéVacIf/r
oxyisohittYriqup fondantà 78" et caraclrrisc par son sel de zinc ZnA-, aH-O;
2° Le glycol ^.Vj^^^COH - C = C - C0H( ^'j^., ('>"'=' lionne qu'une
très faible quantité d'un acide, fondant à C)-'^ et qui doit être de Vacit/e mé-
ihylélhylglycolique, mais, au contraire, une assez forte jMoportion d'acide
oxalique et de méthylétbylcétone;
i" Les deux isomères du glycol ""„„,. C0H — Cîî^C — ('0Hvp„3 (^)
donnent, avec un assez bon rendement, de V acide alrolactujue qui, anhydre,
fond à 9i°-9'2". II était accompagné d'acide oxalique et d'acétophénone ;
r Le glycol ro|î'. V^OH - Ce^C -- <-0H('[^[^,' donne, sans diffi-
culté, de X acide diphénylglycolique, fondant à i49"-i5o", accompagné
d'acide oxalique et de benzophénone.
Ce glycol, à ma connaissance non encore décrit, s'obtient aisément par l'action de la
benzopliénone sur le dibromoniagnésium-acétylène. Cristallisé dans le toluène, il fond
à 19.3".
'io Lesdeuxisomèresdu glycol CCl^'-CHOH-C-C-CHOH-CCPr')
m'ont donné, en évitant soigneusement tout écliaufîement, Vacide Irichluro-
laclique fondant à ii6"-ii9". Le rendement atteint l\o pour 100 et ici,
comme ])0ur les autres glycols secondaires, on ne trouve pas trace d'acide
oxalique.
(i° Enlin le glycol 041 ■— CHOU _ C = C - CHOH - C'W (y) ne
m'a donné que de l'acide benzoïque, tandis qu'une partie restait inaltérée.
Il ne m'a pas été possible d'isoler d'acide phénylglycolique ni d'acide
phénylglyoxylique.
(') JoTsrrcii, ./. Soc. pliys. cliirn. /■., t. \W1\ , p. a^a-a^^-
(^) JoTsncii, /. Soc. pliys. cltiin. r., l. XXXV, p. 1269-1275.
(■') Comptes rendus, t. loO, p. laai.
SÉANCE DU 6 JllN 1910. 1025
En résumé, roxydiillon ponnaiiganique de ces glycols donne, sauf dans
le dernier cas où elle dépasse le but, les acides-alcools attendus, mais les
rendements sont médiocres et très variables avec les conditions.
III. .J'ai été naturellement amené, dans le but d'améliorer les rende-
ments, à bloquer les fonctions alcools en les transformant en fonctions
étliers-oxydes ou élhers-sels. Dans ces conditions, la métliodc donne des
résultats très satisfaisants.
Dans le cas des éllieis-sels, Towclalion esl Jente et demande plusieurs jouis; l'acé-
tone diluée, servant de solvant, s'attaque dans ces conditions; un excès de perman-
ganate esl donc nécessaire pour ijue l'oxydation soit complète.
1" Le (limélh().rv-i.\-lnitme'i (^'), traité par une solution peiMuanganicpie
aqueuse, donne, à peu près uniquement, V acide méthoxvglycolique caracté-
risé par son sel de zinc ZnA-, ill-O.
2" Les diacélines des deux isomères du glycol
(> 1 1 ■ — Cil 01 1 — C = C - Cl l OH — C" H'
donnent, avec un Ijon rendement, de Vacide acétophénylglycvlique . Ce corps
cristallise dans l'eau avec i'""' d'eau et fond, alors, à 38°-39°; il se déshy-
drate dans le vide sec ou à 90° et son point de fusion devient alors 7.1".
']" Les diacétines du glycol
C CI'— CH OH — C = C — CH OH - C Cl'
donnent, de même presque exclusivement, de Vacide acélolrichlurolaciiqiie
qui, cristallisé dans l'eau, fond à 56°-57° et perd 1"°' d'eau de cristallisa-
tion vers 80°.
Ces c|uelques exemples semblent bien démontrer que, si la méthode n'est
pas très avantageuse pour obtenir les acides-alcools eux-mêmes, elle le
devient pour la pi'éparalion de leurs éthers-oxydes ou de leurs acétiues.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'isoméfisatiofi de l'acide oléique par déplacemenl
de la double liaison. Note de MM. A. Arnaud et S. Posteknak, pré-
sentée par M. L. Maquenne.
L'hypothèse de l'isomérisation par déplacement de la double liaison lui
émise en 1887 par MM. Saylzefï'(-)
(') Lespieau et DiPONT, litill., 4° série, t. 1. p. \.
(-) Journ. f. praki. C/iemie, t. XXXV, p. 386.
l526 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En traitant par la potasse alcoolique l'acide iodostéarique f)btenu par lixatiim de Hl
sur l'acide oléique ces auteurs ont observé la formation d'un mélange d'acides gras
composé presque exclusivement par de l'acide oléique régénéré et un isomère solide,
différent de l'acide élaïdique. Cet isomère, désigné sous le nom d'acide isooléique.
fondait à 44''-45'' et donnait un acide dioxvstéarique fondant à 'Jj°-'j8°. MM. Savlzelf
ont admis que ce corps renferme sa double liaison en A, ;. l'acide oléique la présentant
en Aj.v ; il dérivait donc de ce dernier pardéplacement de la double liaison d'un carbone
à droite, vers le carboxjle.
Or, la plupart des auteurs admettent que la double liaison de l'acide oléique est
située entre le neuvième et le dixième carbone ('). D'autre part, Ponzio ('-) et, plus
récemment, Le Sueur ('), en débromant par la potasse alcoolique l'acide a-bromo-
stéarique, ont préparé le véritable acide isooléiijue A, 3 qui ne ressemble nullement au
corps de MM. SaytzefI, car il fond à aS^-ag" et donne un acide dioxvstéarique fusible
à 126°.
Ayanl repris celte question nous n'avons pas lardé à reconnaître que
l'expérience de MM. Saytzeff conduit à un mélange beaucoup plus complexe
qu'ils ne l'avaient supposé. Nous y avons caractérisé déjà quatre acides dif-
férents, et la liste ne semble pas épuisée; ces corps sont: l'acide élaïdique
ordinaire Agio, l'acide élaïdique A^.^, l'acide oxysléarique C"H"0' et de
l'acide oléique régénéré A,,.,,,.
L'expérience suivante, qui en donne la preuve, a été réalisée sur 700" dacide
oléique pur.
On fait passer un courant de 111 sec dans l'acide oléique jusqu'à ce que le poids
augmente de 3i8f; puis on dissout dans la potasse alcoolique et l'on fait bouillir
pendant 3 heures. Les acides gras désiodés, mis en liberté par l'acide sulfurique étendu,
se prennent, par refroidissement, en une masse cristalline, imprégnée d'une substance
huileuse qu'on sépare à la presse hvdraulique. On obtient ainsi un gâteau sec pesant
285s et 4i5^ de produit liquide, contenant encore des acides solides en solution. On
précipite ceux-ci en majeure partie, en solution alcoolique, sous forme de sels de ma-
gnésie cristallisés, ce qui donne une nouvelle portion d'acides solides, pesant iios et
en tout semblables aux précédents. Par recristallisation dans beaucoup d'alcool, à
l'état de sel acide de sodium, ce qui les débarrasse des dernières traces d'huile adhé-
rente, ils se présentent sous la forme d'un corps blanc, à texture cristalline, qui fond
vers 36° et sur lequel on commence les fractionnements. Pour cela on le dissout
dans 6'°' d'alcool et l'on ajoute une quantité de soude alcoolique titrée juste suffi-
(') OvKRBECK, Ann.d. Cheniie, t. C.VI>, p. Sg. — IIariues et Thieme, /(/., t. CC(JXLlll,
1905, p. 36o. — Baruch, lier. d. chem. Ges., t. WYII, 1894, p. 173. — Moli.nari et
SoNCiM, Id.. t. X\XI.\_, 1906, p. 2735.
(-) Gazz. c/iim. ital., t. \X\1V, igoS, p. 77.
(') Joiirn. chem. Soc, t. LWXV, 1904. p. 1708.
SÉANCE DU 6 JUIN 19TO. l527
santé pour neutraliser un sixième du mélange. Dans ces conditions, un tiers des acides
cristallise, à l'état de sel acide de sodium ; après essorage et recrislallisation dans l'al-
cool, on retire de ce sel de l'acide élaïdique ordinaire, cristallisé en lames oblongues
fusibles à 45° et donnant par oxydation de l'acide g. lo.cii-dioxystéarique, corps bien
connu qui fond à QO^jO. On a pu ainsi en isoler i5 pour 100 du poids de l'acide
oléique mis en œuvre.
Les deux tiers des acides gras i-estés en solution alcoolique ne se laissent
plus fractionner et simulent une substance définie fondant à 3G",5-37° ;
cependant son indice d'iode est 79,2 (90,07 paur un acide oléique) et
l'analyse élémentaire y accuse un déficit en carbone de 0,9 pour 100, ce
qui s'explique aisément par la présence dans le mélange de 12 à i 5 pour 100
d'acide oxystéarique. Nous avons alors essayé de le convertir en acide
stéarolique, par le brome et traitement ultérieur à la potasse alcoolique.
A 110° on n'enlève qu'un seul HBr, comme c'est la règle pour les acides
gras non saturés de configuration cis. A 180° nous avons pu en débromer
complètement une partie et obtenir un mélange d'acides stéaroliques dont
on a isolé l'acide ordinaire Tg.n, et son isomère Tg g, fusible à 47°)5 et
donnant un dérivé diiodé d'addition fusible à 67°.
L'acide Tg.g n'a pu se former qu'aux dépens de l'acide élaïdique Ag.g
préexistant; nous apportons donc la preuve de l'isoinérisation de l'acide
oléique par déplacement de la double liaison. Contrairement aux idées de
MM. Saytzeff ce déplacement a lieu dans le voisinage immédiat du neuvième
carbone.
N'ayant pu isoler directement l'acide élaïdique Ag ,, nous l'avons préparé
par hydrogénation partielle du stéarolique correspondant ( '). Tablettes à
contour de parallélogramme, peu solublesdans l'alcool froid, fondant à 53°
et donnant un dioxysléarique cristallisé en lames minces allongées, fusibles
L'acide oxystéarique se trouve avec l'acide oléique régénéré dans les
eaux mères alcooliques du sel de magnésie extrait de la partie huileuse. Ces
eaux mères se séparent en deux couches dont la plus lourde, insoluble dans
l'alcool froid, n'a pas encore été étudiée. De la couche surnageante on a
isolé près de 3o''' d'acide oxystéarique pur C"H"0% cristallisé en tablettes
hexagonales peu solubles à froid dans l'alcool et l'élher, fusibles à 83''-84°
et identiques au produit préparé par MM. Saytzeff par la méthode de Fremy.
L'acide isoléique de MM. Saytzeff n'est donc pas une individualité
(') Comptes rendus, t. liiO, |>. ii3o.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 23.) 200
l528 ACADÉMIE DES SCIENCES.
chimique. En fixant sur l'acide oléique une molécule de HI et Fenlevant
ensuite au moyen de la potasse alcoolique on provoque au moins trois
réactions diflerentes : i° transformation de Tacide oléique en son isomère
stéréochimique; 2° déplacement de la double liaison vers le carboxyle;
3" remplacement de l'iode dans l'acide iodostéarique par un hydroxyle.
Si, par analogie avec les faits observés par nous sur les dérivés diiodhy-
driqucs de l'acide stéarolique ('), l'iode de l'acide iodostéarique n'est pas
placé uniquement du côté du carboxyle, mais aussi du côté opposé, il doit
nécessairement se trouver dans le mélange encore un autre isomère, soit
élaïdique, soit oléique, ayant la double liaison déplacée à gauche, ainsi
qu'un deuxième acide oxystéarique. Nous poursuivons ces recherches.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le passage de (juelques alcools hydroaromatiqnes
aux phénols correspondants. Note de M. Léon Brcnel , présentée
par M. Emile Jungfleisch.
J'ai fait connaître dans des Noies a nlérieures(Cow/j/e5 /Y W/M, t.CXXXVII,
p. 1268; t. CXL, p. 252, et t. CXLI, p. 1245) comment, par fixation, en
présence du nickel divisé, de G"' d'hydrogène sur le thymol et sur le car-
vacrol, j'avais obtenu les alcools hexahydroaromatiques correspondants,
le ihymomenthol et le carvomenthol.
Pour qu'aucun doute ne subsistât sur la constitution de ces deux alcools,
il restait à établir cju'au cours de l'hydrogénation catalytique des phénols,
réalisée vers iGo", c'est-à-dire à une température notablement élevée et en
présence d'un agent catalyseur, le nickel, qui s'était, dans nombre de cas,
montré très actif, il n'y avait pas eu de transposition moléculaire dans la
chaîne hydrocarbonée. Le groupement isopropylique, par exemple, aurait
pu être atteint.
Je me suis proposé de lever toute hésitation sui' cepoinl; dans ce but,
j'ai ramené les deux alcools hydroaromali(jues aux phénols qui avaient
servi à les préparer.
I. Dans une |)rcmière méthode, mise en œuvre seulement avec le thymo-
nienthol, j'ai utilisé une réaction applifjuée au menthol naturel par
MM. liecUmanu et Eickelberg (Beric/ite chem. Ges., t. \XIX, p. Ai""^)-
(') Compli's rcniliis, i. loO, p. i24:>.
SÉANCE DU 6 JUIN IpIO. 1 529
A cet efTet, le tliymomenlliol est oxydé à froid par l'acide cliromique en solution
acétique; il se forme ainsi la thjmomenthone. Cette cétone, mise en solution dans le
cliloroforme, est additionnée, par petites portions, de 4"' de brome pour i"""'. Chaque
addition provoque un abondant dégagement d'acide bromliydrique. Lorsque la réaction
est terminée, on lave la solution clilorofoimique à l'eau et l'on distille pour chasser
le chloroforme. Le résidu est un liquide huileux, jaunâtre, qui se prend bientôt en une
bouillie cristalline. Les cristaux ont la composition d'une ihymomenthone bibromée
C'H'^Br-O; dissous dans l'alcool chaud, ils se déposent, par refroidissement de la
liqueur, en gros prismes incolores, inodores, fusibles à 97°. Ce composé brome est
insoluble dans l'eau, peu soluble dans l'alcool à froid, très soluble dans l'alcool à
chaud.
La ihymomenlhone hlbromée, cliaiifrée pendant quelques minutes avec
un e\côs de (juinoléine, fournil, par pcfte de 2'""' d'acide hioniliydrique, du
thymol.
Ce composé est séparé de la quinoléiiie par des lavages à l'acide chlorhydrique étendu.
Le résidu passe en presque totalité à la distillation entre 232° et 234°; i' se prend bientôt,
surtout lorsqu'on y projette un cristal de thymol, en une masse cristalline, fusible à 5o".
L'analyse montre que sa composition est celle du thymol. Ces cristaux possèdent
d'ailleurs l'odeur caractéristique du thymol et en présentent toutes les réactions; ils
donnent notamment de l'arislol par l'action de l'iode en présence de soude.
II. Une deuxième méthode m'a fourni des résultats encore meilleurs ; elle
consiste dans la déshydrogénation catalytique, en présence de cuivre divisé
et chaud, des alcools hydroaromatiques. MM. Sabatier et Senderens ont
constaté qu'à haute température, entre 3oo° et 380°, en présence de cuivre
réduit, le cyclohexanol et les hydrocrésols sont, pour une certaine partie,
dédoublés en hydrogène et phénols correspondants (^Ann. de C/iirn. et de
Phys., 8" série, t. IV, p. 378 et 4GG).
Avec le liiyniomenthol, le menthol naturel et le carvomenthol, j'ai constaté que ce
dédoublement peut être total à une température notablement inférieure, voisine de 23o°.
Le cuivre, qui doit servir d'agent déshydrogénant, est introduit dans le tube à catalyse
sous forme d'oxyde déposé sur de la ponce granulée. La réduction de cet oxyde de
cuivre doit être elTectuée vers 3oo°; en opérant à cette température, on évite d'avoir
du cuivre réduit, trop actif au début, qui agirait sur les alcools hydroaromatiques en
les dédoublant en carbures et eau.
L'alcool hytlroaromatique étudié étant introduit dans le tube à catalyse, chauffé
à 23o°-24o°, avec une vitesse de 3s à l'heure, on constate au début, pendant une heure
ou deux, que l'action déshydratante est particulièrement marquée, puis elle s'atténue
rapidement pour disparaître bientôt complètement ; la déshydrogénation de l'alcool
l53o ACADÉMIE DES SCIENCES.
li^'droaromatique s'opère alors régulièrement. Les produits ainsi obtenus dans l'action
catalytique désliydrogénante sont purifiés par distillation.
III. Dans le cas du thymomenthol et dans celui du niontliol naturel, la
presque totalité du liquide passe à 232°-233". Le liquide ainsi obtenu se
prend bientôt en une masse cristalline constituée dans les deux cas par du
thymol pur. En effet, le produit fond à .')0° et bout à 232°. Il présente à
l'analyse la composition du thymol. Il donne la réaction de Taristol. Le
rendement en thymol avec le menthol naturel ou le thymomenthol est voisin
de 85 pour loo.
La déshydrogénation catalytique du carvomenthol est plus lente. Il est nécessaire de
passer à deux ou trois reprises le même liquide dans le tube. Finalement le produit
obtenu passe presque entièrement à la distillation à 236°-237°; c'est un liquide huileux,
à odeur de carvacrol, cristallisant vers o". L'analyse lui assigne d'ailleurs la composition
du carvacrol.
Au début du fractionnement par distillation des produits de déshydrogénation
par catalyse, il passe de l'eau et un carbure d'hydrogène C'H'": un mentliène bouil-
lant à i66°-iG8'' dans le cas du thymomenthol ou dans celui du menthol, un carvo-
menthène bouillml à l■]/^"-l'J6'' dans le cas du carvomenthol.
IV. Les recherches dont je viens d'exposer les résultats établissent que
dans l'hydrogénation catalytique des phénols possédant une chaîne ramifiée,
comme le thymol ou le carvacrol, celle-ci n'est pas modifiée.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la présence accidentelle dans lelail de sulfocyanures
et leur origine. Note de MM. Stœcklin et Crocuetklle, présentée
par M. L. Maquenne.
Le 20 avril dernier, on soumettait simultanément aux deux établis-
sements que nous dirigeons, pour procéder à son analyse, un échantillon
de lait de vache dont la teinte rose chair rappelait la coloration des sels de
manganèse.
Tandis que l'un de nous recherchait ce métal dans le lait, puis dirigeait
ses investigations vers la bactériologie, supposant la couleur due à la pré-
sence d'une espèce microbienne, l'autre décelait une teneur exagérée des
cendres en oxyde de fer et découvrait que la présence de sulfocyanure de
ce métal était la cause de la coloration anormale du lait.
Y avait-on ajouté un poison? Le sulfocyanure était-il tombé acciden-
SÉANCE DU 6 JUIN 19IO. l53l
tellement dans le liquide, ce qui était possible, car le fait se passait dans un
hôpital? D'où pouvait provenir, en dehors de ces deux causes, l'accident
constaté?
Tels sont les points sur les(pels se portèrent nos recherches.
La coloration réapparaissant encore le lendemain 21 avril, il fallait rejeter l'iiypo-
tlièse d'un accident fortuit. L'un de nous, s'occupant précisément des tourteaux de
crucifères, pensa que l'essence de moutarde pourrait bien être l'origine du produit en
question. Une enquête nous apprit que le fer pouvait facilement provenir du chau-
dron servant à la cuisson du lait. La laitière nous affirma d'abord ne donner à ses
animaux que du seigle vert et du tourteau de lin garanti pur, puis elle nous fit remar-
quer que celui qu'elle employait alors ne lui semblait pas aussi beau que d'habitude
et que son petit vacher qui croquait voionliers les tourteaux précédents ne voulait pas
mordre à celui-là. Le tourteau, examiné au laboratoire, contenait en efiet des quan-
tités notables d'impuretés, notamment des crucifères : moutarde, navette, colza,
cameline et des coques d'amaudes.
Un essai nous montra que, après une heure de contact avec l'eau, loos de tourteau
donnaient 94°»8,6 d'essence de moutarde. Chaque vache recevant par jour 3''s de tour-
teau, pouvait ainsi produire dans son estomac 28,85 d'essence de moutarde en une
heure ; cette essence pouvait ensuite se transformer dans le tube digestif en sulfo-
cyanures alcalins et passer dans le lait. La laitière ayant continué, malgré notre avis,
à donner du tourteau à ses vaches, mais en moindre quantité, on observa pour le lait
la même coloration rouge, seulement un peu plus faible, dans la marmite de fer.
Ayant alors supprimé complètement le tourteau de la ration, pour certaines vaches,
la coloration disparut rapidement; c'étaient précisément celles qui étaient d'intro-
duction récente dans l'étabie et qui, par conséquent, n'avaient reçu celte nourriture
que pendant peu de jours. Au contraire, pour certains animaux, la présence des sulfo-
çyanures persista longtemps, surtout pour deux d'entre eux, qui éprouvèrent de
sérieuses indispositions.
Notons en passant que la recherche des sulfocyanures dans le lait est assez délicate :
elle peut s'effectuer dans le lait entier ou dans son sérum au moyen de la réaction
classique par le chlorure ferrique acide, sous réserve de certaines observations parti-
culières. Dans le lait entier et surtout en présence de très faibles quantités de sulfo-
cyanures, cette réaction colorée est fugace et souvent difficile à saisir, le coagulum
formé entraînant une partie du sulfocyanure de fer. Dans le sérum obtenu à froid,
après précipitation de la totalité de la caséine par le sel de fer, le sulfocyanure n'est
décelé que s'il existe en quantité appréciable.
La présence des sulfocyanures dans le lait peut donc être attribuée à l'ali-
mentation des vaches laitières avec des tourteaux de crucifères ou autres
tourteaux falsifiés par des crucifères ; elle permet d'expliquer les accidents
survenus à de jeunes bovidés et même à des nourrissons. L'un de nous
s'occupe de rechercher comment se forme l'essence dangereuse et quelles
sont les conditions qui favorisent ou entravent sa production.
l532 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BOTANIQUE. — Sur le dégagement simititonè d'oxygène cl d' anhydride
carbonique au cours de la disparition des pigments anthocyaniques chez
les végétaux. Note (') de M. Uaoui. Combes, présentée par M. Gaston
Bonnier.
J'ai fait connaître dans une précédente Note(-) les résultats auxquels ont
abouti nos recherches sur le rôle joué par l'oxygène dans la formation et la
disparition des pigments anlhocyaniques, et j'ai montré que de l'oxygène est
fixé par les tissus dans lesquels ces composés prennent naissance, tandis que
de l'oxygène est perdu par les tissus dans lesquels les pigments rouges sont
en voie de disparition.
Les recherches que j'ai faites sur les échanges gazeux qui s'effectuent,
au cours de la disparition des anthocyanes, entre l'atmosphère et les tissus,
m'ont permis de constater que ces échanges sont de nature très parti-
culière.
On sait que chez les plantes vertes ordinaires, exposées à la lumière,
l'assimilation chlorophyllienne l'emporte sur la respiration , et que le résultat
global des échanges qui s'eflectuent entre la plante et l'almosphère exté-
rieure, dans ces conditions, est une diminution de la quantité de gaz carbo-
nique contenue dans cette atmosphère et une augmentation de la quantité
d'oxygène.
Or, chez les plantes dont les pigments anthocyaniques sont en voie de
disparition, les échanges gazeux sont très différents.
Les expériences dont je vais exposer ici les résultats ont été faites en même
temps sur des feuilles rouges àWilantus glandulosa récoltées au moment où
le pigment qu'elles renfermaient était en voie de disparition, et sur des
feuilles vertes de la même plante, chez lesquelles l'anthocyane avait com-
plètement disparu.
Les résultats obtenus sont réunis dans le Tableau ci-après; ils sont rap-
portés à une surface foliaire de i"'' et représentent les échanges gazeux
ayant eu lieu pendant une heure; pour les expériences à la lumière, les
feuilles ont été placées dans de l'air contenant lo pour loo de gaz carbo-
(') l'résenlée dans la séance du 3o mai 1910.
(') R. Combes, Du rôle de l'oxygène dans la formation et la destruction des pig-
ments rouges antliocyanitjues chez les végétaux {Comptes rendus, 9 mai 1910).
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. I 533
nique; pour les expériences à l'obscurité, elles ont été placées dans de l'air
ordinaire.
Feuilles rouges. Feuilles vertes.
-s , . , 1 •. CO^ dégage o.ooAqa CO' absorbe o,ooqoo
h/Changes gazeux a la liimiore. < ,, ... ^ ,, , n
" ° ( O dégage 0,00720 O dégage 0,01070
Echanges gazeux à robscurité l CO- dégagé 0,00786 CO^ dégagé 0,00820
(respiration). \ O absorbé o,oo5o7 O absorbé 0,00820
On voit que les feuilles rouges exposées à la lumière ont dégagé, en même
temps que de l'oxygène, une forte proportion de gaz carbonique qui a
échappé à la décomposition par l'assimilation chlorophyllienne. H y a par
conséquent, pour les feuilles rouges, pendant cette période du développe-
ment, à la fois perte de carbone et perte d'oxygène, cette dernière comprenant
l'oxygène libre et l'oxygène contenu dans le gaz carbonique. On constate,
d'autre part, que les feuilles vertes ont dégagé de l'oxygène mais qu'elles ont
absorbé de l'anhydride carbonique. Il faut observer de plus que la respiration
des feuilles rouges a été beaucoup plus active que celle des feuilles vertes.
Il résulte de ces faits que lorsque ranlhocyane est en voie de disparition,
l'assimilation chlorophyllienne ne se produit pas normalement et qu'il y a
alors un dégagement simultané d'oxygène et de gaz carbonique.
Ce phénomène n'a été signalé jusqu'ici que chez des plantes grasses telles
que certaines espèces de Cactées et de Crassulacées.
En ce qui concerne les Crassulacées, Mayer ( ' ) a montré que la principale
source de l'oxygène dégagé à la lumière était la décomposition de l'acide
isomalique contenu dans les tissus. Aubert (^) a également attribué à la
décomposition des acides un rôle important dans les réactions qui abou-
tissent au dégagement simultané d'oxygène et d'anhydride carbonique
observé par lui chez certaines Cactées. Enfin Mangin ( ') a montré expéri-
mentalemenlque la présence de certains acides organiques dans les tissus
détermine, à la lumière, l'émission d'oxygène sans absorption corrélative
d'anhydride carbonique.
Aubert a constaté que, chez les Cactées, le dégagement simultané danhy-
(') Mater, LJeber die Sauerstoffausscheidung eiiiiger Crassulaceen {LandwirLh-
schafll. Versuclis-Stationeii, i. XXI, 1880, p. 277).
(') Aubert, Note sur le dégagement simultané d'oxygène et d'acide carbonique
chez les Cactées {Comptes rendus^ 3i mars i8ç)i).
(•*) L. Mangin, Sur les modifica lions apportées dans les échanges gazeux normaujc
des plantes par la présence des acides organiques {Comptes rendus^ novembre 1889).
l53/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
dride carbonique cl d'oxygène se produit lorsque la respiration est activée
(par une température élevée) et l'assimilation ralentie (par un éclairement
peu intense); le gaz carbonique émis en quantité notable par la respiration
active n'est alors assimilé qu'en partie, l'assimilation étant faible, la plus
grande partie se dégage donc dans l'atmosphère ; quant à l'oxygène mis en
liberté, il provient, pour Aubert, de l'acide maliquc détruit à la lumière.
Le phénomène semblable qui se produit au cours de la disparition de
l'anthocyane parait être dû à des causes analogues à celles qui ont été invo-
quées par Aubert à propos des Cactées. Dans les feuilles à' Ailantus glamlu-
losa sur lesquelles les expériences ont été faites, la chlorophylle est en petite
quantité, l'assimilation se trouve par conséquent assez faible ; d'autre part, la
respiration est très active ainsi que le montrent les expériences comparatives
effectuées sur des feuilles rouges et sur des feuilles vertes; cette activité des
échanges respiratoires est due à ce que les phénomènes de nutrition sont
très intenses dans ces organes jeunes incomplètement développés. Une
quantité importante d'anhydride carbonique est donc mise en liberté dans
la respiration; une partie seulement de ce gaz carbonique est assimilée, et
l'autre partie se dégage dans l'atmosphère.
Quant au dégagement d'oxygène, il doit être attribué à la décomposition
du pigment anthocyanique. l'^n effet, plusieurs auteurs ont mis en évidence
l'existence de groupements acides dans la molécule des anthocyanes; tout
récemment encore, Grafe (') a caractérisé deux radicaux acides dans une
anthocyane isolée par lui.
Or, une série d'expériences dont les résultats ont été exposés précédem-
ment m'a permis de constater que la formation de ces composés acides est
accompagnée d'une fixation d'oxygène, la destruction de ces mêmes
composés mettant en liberté une certaine quantité de ce gaz. Par conséquent,
l'anthocyane joue ici un rôle comparaide à celui de l'acide malique dans le
phénomène étudié par Aubert. C'est à sa destruction qu'il faut attribuer le
dégagement d'oxygène qui accompagne le dégagement d'acide carbonique.
En résumé, nos expériences montrent (|ue/e dégagement simultané d'oxy-
gène et d' acide carbonique n est pas particulier aux plantes grasses ; ce phéno-
mène est plus i^énéral et peut également se produire chez les végétaux dans
lesquels des pigments acides sont en voie de disparition.
(') V. GnAKE, Sludien. îifjer das Anthokyan {Silzungsbericlilen (1er kaiserl. Aka-
demie der Wissenscliaflen in Wien ; Bd. CXV, Abl. I, 1906; et Bd. CXVllI, Abt. I,
SÉANCE DU G juix 1910. l535
BOTANIQUE. — Injluence du terrain sur les variations de l'appareil
sécréteur des Clusiacées. Note ( ') de M. H -Jacob de Cordemov, pré-
sentée par M. Gaston Bonnicr.
Dans ses importantes recherches sur les canaux sécréteurs des plantes
(1872 et i885), M. van Tieghem fut le premier botaniste à bien faire con-
naître la structure et la localisation de l'appareil de sécrétion des Clusiacées.
Il établit, en outre, que la disposition anatomique de cet appareil permettait
de caractériser les divers genres de cette famille et contribuait à déterminer
leurs affinités réelles.
Mais la constitution de l'appareil sécréteur n'échappe pas, autant du moins
qu'on l'avait admis jusqu'ici, à l'influence des conditions de milieu. Des
observations anatomiques faites sur des Clusiacées du nord-ouest de Mada-
gascar (-) nous ont montré que ces conditions de milieu, principalement la
nature et la composition du terrain, entraînent, chez des plantes de même
espèce ou d'espèces très voisines, des variations parfois considérables dans la
sécrétion résineuse, et qu'il en résulte des modifications très appréciables
de la disposition, du nombre et des dimensions des organes renfermant les
substances résineuses sécrétées.
Les Clusiacées étudiées appartiennent aux genres Garcinia, Hheedia^ Tsi-
matirnia (nov. gen.), Symphonia, Ochrocarpus et Calophyllum. Pour la plu-
part d'entre elles, nous possédions des indications précises concernant les
diverses conditions du milieu où elles avaient poussé : nature du terrain ;
stations humides ou sèches, dans les bois ou en forêts, sur les bords des tor-'
rents ou sur les plateaux ; altitude.
Or, l'influence possible de certaines de ces conditions de milieu a été en-
visagée en des travaux antérieurs : notamment par M. Léon Dufour, dans
son étude expérimentale do l'action de l'intensité lumineuse sur les feuilles
ou les liges, et, plus récemment, par M. Maheu, dans ses recherches sur les
plantes cavernicoles soumises à la fois à un faible éclairement et à une humi-
(') Présentée dans la séance du a3 mai 1910.
(^) Ces plantes nous ont été très obligeamment communiquées par M. le professeur
Jumelle; elles proviennent des récoltes de M. l^errier de la Bathie. Ces deux auteurs
en ont fait l'objet d'une élude descriptive qui paraîtra prochainement, en même temps
du reste qu'un exposé détaillé des observations anatomiques que la présente Note ré-
sume.
C. R., 1910, I" Semestre. {T. 150, N» 23.) 20I
1,536 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dilé parfois excessive. La conclusion de ces auteurs est, en somme, que les
(lifl'érences créclairement ou d'état hygrométrique ne font apparaître aucune
modification notabledans la structure de l'appareil de sécrétion des plantes,
sauf peut-être un certain élargissement des canaux sécréteurs à la lumière.
Mais les variations constatées chez nos Clusiacées consistent surtout dans
l'augmentation du nombre, et aussi, avec une grande netteté pour certaines
formes, dans raccroissemenl des dimensions des organes composant l'appa-
reil sécréteur de la tige et de la feuille. Nous sommes ainsi amené, en con-
sidérant l'influence des autres conditions de milieu seulement comme secon-
daire, à attribuer ces variations à l'action du sol, ou, en termes plus précis,
à la nature et à la composition des terrains sur lesquels ces plantes ont
poussé. Certaines de ces espèces, particulièrement plastiques, ont été ren-
contrées sur des terrains très difTérents et présentaient en conséquence un
remarquable polymorphisme.
D'après le degré de développement de l'appareil sécréteur, défini surtout par le
nombre et aussi par les dimensions des organes qui le constituent, nous avons donc
réparti nos espèces de Clusiacées ou leurs formes en deux groupes :
1" Les formes des terrains primitifs (gneiss, schistes cristallins) ont constamment
un appareil sécréteur développé.
Mais il y a, dans ce développement, deux modes à distinguer :
a. Dans une première série d'espèces, les formes du gneiss multiplient tout d'abord
leurs canaux sécréteurs primaires, ceux de l'écorce et de la moelle, puis, un peu plus
lard et avec une précocité variable, de nouveaux canaux, en plus ou moins grand
nombre, se dill'érencient dans le liber secondaire.
b. Dans une seconde série d'espèces, les formes du gneiss ont leurs canaux sécré-
teurs primaires, corticaux et médullaires, relativement réduits, du moins en nombre;
mais alors, par compensation, il se forme, dans le liber secondaire, de nombreux et
larges canaux disposés assez régulièrement en cercles concentriques et anastomosés en
réseau dans chacun des cercles.
2" Les formes des terrains scdimenlaires (calcaires, grès, schistes, sables) ont
toujours un appareil de sécrétion réduit.
Cette réduction se manifeste tout d'abord parmi les organes sécréteurs primaires,
ceux de l'écorce qui néanmoins persistent dans tous les cas, et surtout ceux de la moelle
qui peuvent faire entièrement défaut; en outre, les canaux libériens se différencient
tardivement et en petit nombre dans le liber secondaire.
Toutes ces variations de la disposition de l'appareil sécréteur de la tige sont accom-
pagnées de modifications corrélatives dans la feuille: développement des organes de
sécrétion filiaires dans les formes des terrains primitifs et réduction dans les formes
des terrains sédimeutaires.
La sécheresse du milieu détermine certainement chez plusieurs de ces plantes un
appauvrissement de l'appareil sécréteur primaire, qui porte surtout sur les organes
médullaires; car alors la moelle devient plus étroite, se sclérilie et ne renferme plus
(|ue de rares canaux qui, d'ailleurs, peuvent disparaître totalement. Mais, dans ce cas,
SÉANCE DU 6 JUIN 19IO. l537
sur les terrains favorables, dans les formes du gneiss, par exemple, l'appareil libérien
acquiert, par compensation, un développement relativement considérable; tandis que
sur les sols gréseux ou calcaires, qui sont les plus défavorables, cette compensation ne
s'observe pas, les canaux libériens sont toujours peu nombreux, et l'appareil sécréteur
reste, en définitive, réduit dans toutes ses parties.
Pour certaines espèces, recueillies à des altitudes variant entre 800"' et 1-00'", l'acti-
vité de la sécrétion résineuse, toutes les autres conditions restant les mêmes, parait
diminuer à mesure que l'altitude s'élève.
IMiysiologiqucment, ces variations de l'appareil sécréteur peuvent s'expli-
quer. Les substances résinenses étant considérées comme des produits
d'excrétion, leur abondance est d'autant plus grande cliez les plantes que
la végétation est plus active Or, c'est précisément ce qui a lieu pournos
Clusiacées qui paraissent rencontrer des conditions de végétation beaucoup
plus favorables sur les terrains primitifs que sur les terrains sédimen-
taires.
Le Calophyllam rccedens .(um. et Perr., seule espèce de ce genre que nous
ayons examinée, constitue une exception : ses deux formes, l'une du gneiss
et l'autre d'un calcaire jurassique, n'offraient que de faibles dill'érences dans
les caractères et la disposition de leur appareil sécréteur. Les Calophylliim
sont peut-être moins influencés par les conditions de milieu.
Eli résumé, dans les mêmes conditions de milieu, les caractères et la dispo-
sition de l'appareil sécréteur de la tige et de la feuille des Clusiacées
peuvent. sans doute contribuer à la détermination ânatomique des divers
genres de cette famille. Mais si les conditions de milieu varient, la consti-
tution de cet appareil offre elle-même des variations parfois considérables.
Celles-ci se manifestent dans le nombre et les dimensions des organes de
sécrétion, qui augmentent ou diminuent; et toutes ces modifications se
produisent principalement sous l'influence de la nature el de la composi-
tion du terrain.
PHYSIOLOGIE. — Résorption des tumeurs expérimentales de la souris sous
i influence des rayons X. ( Luide histologique). Note de M. A. Contamin,
présentée par M. Boucbard.
Nous avons montré, dans une Note précédente ('), que, sous TelTet des
rayons X, une lunieur greffée de souris pouvait se résorber rapidemenl.
(') A. CuNTAMLN, Rayons A' el souris cancéreuses {Comptes rendus, 29 déc. 1901)).
l538 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L'examen liislologique de ces tumeurs, en voie de résorption rapide,
nous a permis de faire d'intéressantes constatations. INos expériences ont
été entreprises avec la tumeur B.
I. La tumeur B est constituée par un épitliélioma glandulaire, de dispo-
sition lobulaire, à cellules petites (protopiasma peu visible, noj^aux ronds
ou ovales).
Le slroma est à fibre hyaline, grêle, infiltré de nombreuses cellules dont le proto-
plasma est invisible et dont les noyaux ont une tendance à prendre une forme allongée
et en bâtonnet. Les grosses travées de ce stroma subdivisent la tumeur en gros lo-
bules primaires; de ces grandes cloisons partent ces cloisons plus nombreuses et plus
grêles, qui subdivisent les lobules primaires en lobules secondaires et tertiaires. Des
sulTusions sanguines se rencontrent parfois dans ledit slroma, quelquefois en plein
lobule épitiiéliomateux.
IL Quand on examine celte tumeur, dans les 4 ou 5 jours qui suivent
l'irradiation, voici généralement, ce que l'on constate :
Au sein des loljiiles de la tumeur, on voit a])paraitre des cavités kystiques. Le tissu
épilhélial, cependant, ne fait pas à ces kystes une paroi propre régulièrement tapissée
par des cellules cubiques rangées en palissade ; celles-ci se sont simjjiemenl tassées,
comme refoulées par le contenu. Les plus grands kystes sont souvent le siège d'hémor-
ragies. On voit alors leur contenu constitué, partie par une nappe hénioiragique,
partie par une nappe granuleuse ; dans cette dernièi-e, la nappe hémorragique jiousse
des pointes et fait des encoches circulaires ou ti'iangulaires, ce qui prouve bien que
l'hémorragie est un phénomène subséquent el secondaire.
Dans le reste de la tumeur, si des kvsles ne se sont pas formés, il est du moins très
net que le tissu du stioma est notablement plus abondant que sur la tumeur jjoint de
dépait. Certains lobules se présentent avec des formations épithéliomateuses très
réduites, fragmentées par le strome qui les subdivise en lobules plus petits, et même
en menus groupes de cellules épithélioïdes.
On peut dire, somme toute, que les surfaces de la coupe, occupées par le
tissu fibrille, sont devenues supérieures à celles occupées par les lobules de
cellules épithéliales. De plus, ces groupements épithéliaux ne sont plus en
contact avec le stroma, les îlots de cellules désagrégées qui les composent
s'étant comme rétractés.
Les coupes de tissu, non en voie de résorption, montrent, au contraire,
une liaison étroite entre le stroma et le parencliyme ; il y a non seulement
contact, mais, à Fevamen des bandes de slroma, on constate une intimité
telle qu'à un grossissement suffisant on voit des cellules intermédiaires
ayant déjà pris l'hématéine, ayant déjà une forme moins allongée, plus
cylindrique, qui semblent indiquer un trait d'union entre le parencbyme el
le stroma.
SÉANCE DU 6 JUIN I9IO. iS^g
L'examen des tumeurs, presque complètement résorbées, pratiqué environ
huil jours après l'irradiation, ne montre généralement plus de formation
kystique, mais seulement cette abondance du stroma.
III. Il est intéressant de noter celle évolution pseudo-kystique des tumeurs
en voie de résorption sous l'influence des rayons X. On sait que la présence
de kystes est une des caractéristiques de la bénignité des tumeurs. Mais,
en réalité, les pseudo-kystes des tumeurs irradiées sont un simple résultat
de la résorption, et ne peuvent être entièrement assimilés aux kystes véri-
tables. Ces pseudo-kystes se retrouvent, d'ailleurs, dans les fragments de
tumeurs greffées sur sujets immunisés et qui se résorbent (Bashford).
PHYSIOLOGIE. — Etudes sur le venin de cobra et le sérum antivenimeux.
Note de M"*" Boleslawa Stawska, présentée par M. A. Dastre.
En comparant les courbes de pression carotidienne obtenues cliez le lapin
intoxiqué par injections intraveineuses de venin de cobra, on constate des
différences absolues entre les effets des doses faibles et des doses fortes.
Pour tes premières (i"'? de venin sec par Ivilograrame par exemple), à une période
d'incubation sans troubles circulatoires graves, succède une période d'accidents car-
diaques, dans laquelle on peut distinguer trois phases successives : 1° ralentissement
du cœur avec augmentation considérable des oscillations cardiaques de la pression
artérielle et conservation de la valeur de la pression moyenne; 2" augmentation consi-
dérable de la pression carotidienne; 3° chute rapide, mais progressive et non instan-
tanée, de la pression conduisant à l'arrêt du cœur.
Pour les secondes (5""s à 6"'e de venin sec par Ivilogramme par exemple), il se
produit, presque aussitôt après l'injection, une chute brusque, instantanée de la pres-
sion artérielle, chute ayant la grandeur et les caractères de la chute de pression qu'on
observe dans la réaction générale d'anaphvlaxie ou d'intoxication proléique.
Pour des quantités intermédiaires (S^sà 4'"? de venin sec par kilogramme par
exemple), les elTets se combinent; on noie d'abord la chute de pression (chute d'in-
toxication protéi([iie), puis le retour progressif de la pression à sa valeur primitive et
enfin les accidents indiqués pour les faibles doses.
La chute primitive de pression, atténuée en grandeur et eu durée, s'ob-
serve même avec les doses faibles : elle peut être considérée comme l'indice
d'une intoxication proléique légère, distincte de l'intoxication venimeuse
proprement dite. On relève d'ailleurs, dans un assez grand nombre, sinon
dans la totalité des tracés respiratoires, au moment de la dépression arté-
rielle, une accélération respiratoire généralement modérée et de courte
durée, indice, comme la dépression, d'une légère intoxication proléique.
I.)4o ACADÉMIE DES SCIENCES.
Si l'on injecte dans les veines du lapin i™" de venin sec (en solution à i j)Our looo
dans l'eau salée) par kilogramme, on peut ne pas tenir compte de cette intoxication
protéique dont les accidents apparaissent et s'évanouissent durant la période d'incuba-
tion de l'intoxication venimeuse proprement dite. Avec cette dose de venin, les acci-
dents évoluent de la façon suivante : pendant lo minutes, on ne note ni accidents
respiratoires, ni accidents circulatoires; à ce moment, la respiration commence à se
ralentir et à prendre les caractères de la respiration d3'spnéique (contractions des
muscles élévateurs des côtes et des muscles respiratoires de la face), le ralentissement
et la dyspnée s'accentuant piogressivement jusqu'à l'arrêt respiratoire qui se produit
20 minutes environ après l'injection du venin. Les troubles circulatoires apparaissent
brusquement i5 minutes environ après l'injection du venin : ils présentent l'évolution
ci-dessus décrite et se terminent, après une période d'afTaiblissement progressif, par
l'ari'èt du conir, de 2t à o.S minutes après l'injection.
Si, chez des lapins de -2^^ ayant reçu en injection intt'aveineuse 2'"° de
venin, on injecte dans les veines S""' de sérum antivenimeux (dose plus
que suffisante pour neutraliser in vitro les 2™° de venin) à divers moments
de la survie, on note les résultats suivants :
1° Si le sérum est injecté après l'apparition des modifications respiratoires et au
début des accidents cardiaques, il est rigoureusement inefficace : les accidents évoluent
avec les mêmes caractères et, à très peu près, avec la même vitesse qu'en l'absence du
sérum; 2° les résultats sont les mêmes si le sérum est injecté après l'apparition des
premiers changements respiratoires, mais avant l'apparition des troubles cardiaques;
3° si le sérum est injecté pendant la seconde moitié de la période d'incubation, avant
l'apparition des premiers troubles respiratoires, l'évolution des accidents d'envenima-
tion est modifiée : les changements respiratoires débutent bien au même moment
qu'en l'absence du sérum, mais ils s'accentuent moins vite; les accidents cardiaques
n'apparaissent qu'avec un important retard et les arrêts respiratoire et cardiaque sont
très notablement retardés (4o minutes environ); 4° si le sérum est injecté pendant la
première moitié de la période d'incubation, il empêche l'apparition des accidents et
assure la survie de l'animal.
Or M. Arthus établit que les accidents essentiels de l'envenimation par
le venin de cobra sont les accidents respiratoires, dont tous les autres dé-
rivent (au moins pour la dose de i™^ par kilog-ramme); donc, dans les
conditions expérimentales que j'ai adoptées (et j'insiste sur cette réserve),
le sérum antivenimeux n'est efficace que s'il est introduit dans l'organisme
avant l'ajjparition, assez longtemps même avant l'apparition des accidents
essentiels de l'envenimation. Le sérum antivenimeux se montre donc, dans
les conditions expérimentales que j'ai adoptées (j'insiste encore sur cette
réserve ), dépourvu de toute action curalive et ne possédant qu'une action
préventive.
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. JdI[1
Les auteurs, qui ont cherché à élucider le mode d'action de l'antitoxine
du sérum antivenimeux sur le venin, ont ciiaufTé le mélange de venin et de
sérum à 68" pendant 3o minutes, estimant qu'en opérant ainsi, ils ont
détruit totalement l'antitoxine et respecté complètement le venin. Les
méthodes d'analyse très précise auxquelles j'ai eu recours m'ont montré :
I" que le sérum antiveninieux ne perd totalement son activité antitoxique
à 68" qu'à la condition d'être maintenu au moins 90 minutes à cette tempé-
rature, et qu'après 3o minutes il est seulement atténué; 2" ([ue déjà après
3o minutes de chauffage à 68" le venin est légèrement atténué, très légè-
rement d'ailleurs, cette atténuation augmentant avec la durée du chauffage,
pour être déjà Irèsnolahle après 90 minutes; 3° qu'à la température de 68",
l'antitoxine agit encore sur le venin. Donc les expériences des auteurs n'ont
pas la signification précise qu'ils leur prêtent. J'ai pu, en me plaçant dans
des conditions plus parfaites que celles qu'ils avaient adoptées, établir que
l'antitoxine agit réellement sur le venin et que cette action s'accomplit in
vilro avec une très grande rapidité.
ANATOMIE. — Sur les /lomologies des muscles du membre postérieur des Reptiles.
Note de M. Fougerat, présentée par M. Edmond Perrier.
Le membre postérieur des lleptiles oll're dans sa myologie une évo-
lution à deux pliases distinctes, savoir : 1° première phase (ou état de
devenir) dans laquelle des muscles, tendons et ligaments, par l'association
de leurs dispositions mal individualisées et non homologables constituent un
ensemble de cordages en partie parasquelettiques. Cet ensemble est ration-
nellement organisé et jouit d'un certain degré d'indépendance à l'égard de
la division des axes osseux sous-jacents; 2" deuxième phase (ou état
devenu) dans laquelle des muscles tendons et ligaments sont au contraire
caractérisés parleur dépendance étroite à l'égard de la division du squelette
en axes principaux et par leurs attaches disposées et proximalemenl et
distalement de façon à les maintenir appliqués sur ces derniers. De là
découle pour eux une homologie manifeste. Les muscles tendons et
ligaments demeurés dans la première phase ont deux centres de conver-
gence : 1° un centre péricoxofémoral ; 2'^' un centre rétropost-tarsien; et de
l'un à l'autre de ces centres ils offrent des dispositions réciproquement com-
plémentaires. Les autres, au contraire, parvenus à la deuxième phase, ont
un seul centre de convergence : le genou. Mais des Sauriens aux Croco-
l542 ACADÉMIE DES SCIENCES.
diliens et aux Chéloniens une évolution se dessine tendant à faire passer
les dispositions non liomologables de la première dans la seconde phase.
Cette évolution, contrairement à l'opinion d'A. Perrin (Thèse de doctorat
es sciences, 1H93), ne dérive pas directement de la myologic plus primitive
des Urodèles. Car chez ceux-ci il y a seulement deux ensembles de cor-
dages parasquelettiques dont le premier englobe le bassin, dont le deuxième
englobe le larse. Par suite, le membre postérieur en shypertrophiant chez
les Anoures devait forcément produire une soudure du bassin, un axe til)io-
tarsopédicux doublement coudé à parties inséparables et une réduction
extrême ou suppression de la queue. Chez les Reptiles au contraire le double
dégagement du bassinet du larse, par des dispositions formant intersection,
détermine dans les cordages musculoleudino-ligamenteux les Irois modes
de convergence vers les trois centres déjà signalés. Ce dégagement rend dès
lors possible l'évolution dans le sens Vertébré supérieur, car celle-ci a pour
conditions essentielles au membre postérieur : 1° le rapprochement jusqu'à
coïncidence entre la direction résultante de la puissance (poussée du
membre) et la direction résultante de la résistance (pesée du corps); 2° la
possibité pour les dispositions produisant l'état dynamique locomoteur
d'assurer l'état statique dont il est précédé et suivi. Ces conditions ne sont
pas encore réalisées chez les Reptiles et sans le dégagement dont il s'agit
aucune d'elles ne pourrait être remplie pour permettre l'évolution des
Reptiles aux Vertébrés supérieurs, l'^n effet, par suite : i" de la grande pré-
pondérance de la masse du tronc sur la masse des membres; 2° des mouve-
ments de latéralité truncocàudaux il y a ; (a) situation appendiculaire du
membre à côté du tronc; (p) sustentation centrale de celui-ci; (p) sus-
tentation ventrale de celui-ci; (y) nécessité de dispositions pour rabattre
tout le membre au long de la queue; (0) puis nécessité de bridements péri-
coxofémoraux, et enfin (i) nécessité d'un arc-boutant latéral cruro-
jambien.
Dès lors, parmi ces cordages cpii chez les Urodèles vont du tronc au pied
il faut chez les Reptiles des intersections de dégagement en de(;à et au-
delà de l'arc-boutant crurojambien. Celles existant en deçà permettent la
locomotion par la seule poussée des membres (fait non réalisé chez les
Urodèles); celles existant au delà sont compensatrices des bridements péri-
coxofénioraux; elles déterminent dans le pied des complexités extrêmes.
En outre des liens unissent l'ensemble non homologable péricoxofémoral à
l'autre non homologable rétropost-tarsien. Tout cela coïncide avec une
incomplète division du travail entre les parties. Que maintenant insérées
SÉANCE DU 6 JUIN IQIO. 1 5/48
aux OS coxaux dégagés eux-mêmes du membre, certaines dispositions
placent Farc^boulant crurojambien dans un plan vertical, ipso facfo, les
parties produisant l'état dynamique locomoteur assureront l'état statique
et l'évolution s'effectuera dans le sens Vertébré supérieur : les cordages
désormais tous appliqués sur les axes squelettiques deviendront homolo-
gables en se simplifiant du fait de la division du travail. Celle-ci est en
effet le facteur essentiel déterminant Thomologabilité. Ainsi s'établissent
les bomologies musculaires. Mais pour arriver à les comprendre et à élu-
cider par suite la grosse question des bomologies ( importante puisqu'elle
est la base de toute une science : l'Anatomie comparée), il est nécessaire
d'étudier méthodiquement les dispositions non homologables. Or l'étude
de ces dernières ne saurait être faite par la méthode traditionnelle d'isole-
ment et de description d'entités anatomiques; car cette méthode seule uti-
lisée dans tous les travaux relatifs à la myologie du membre postérieur chez
les Reptiles est seule cause des données artificielles et des erreurs où abou-
tissent tous ces Ouvrages. La nécessité s'impose donc d'une autre méthode
appropriée à la recherche des états de devenir ou dispositions non homolo-
gables. Celle employée dans la circonstance consiste à chercher les rapports
des faits en tant que relativités causales et que relativités conséquentes.
Elle se maintient systématiquement dans le domaine du relatif, seul domaine
accessible aux données du transformisme et s'oppose nettement à la mé-
thode traditionnelle dérivée des antiques croyances à un absolu préétabli,
c'est-à-dire dérivée du causefinalisme. Cette nouvelle méthode est appli-
cable non seulement à l'étude des muscles tendons et ligaments, mais
encore à celle de dispositions d'un autre ordre existant non homologables
chez les Sauriens, comme on le verra plus tard. Elle devrait être applicable
pareillement à la recherche de toutes dispositions non homologables qui, à
coup sur, se montreraient, à seulement les chercher, nombreuses chez les
Invertébrés.
BIOLOGIE. — Sur quelques tropismes. Note de M. Rose,
présentée par M. Yves Delage.
Iléliolropisme. — Nous l'avons étudié chez les Daphnies (Daphne lon-
gispina ) .
Dans l'eau ordinaire, à l'obscurité, les animaux prennent une répartition régulière.
Si l'on éclaire le vase horizonlalement. ils se groupent du côté le plus éclairé. I.eur
C. K., i.,io, 1" Semestre. (T. 150, N" 23.) 202
l544 ACADÉMIE DES SCIENCES.
héliolropisme est positif. Les acides (HCil ; — , SO'll- ^ — > etc. ) renforcent cette
\ OOO JOO /
action, mais surtout C0-. Dans un vase qui en contient, les animaux nagent vers la
source, littéralement embrochés par les ravons lumineux. NaOII — — , CaCI-— ^
0 00 2.ÎO
laissent les animaux très positifs. L'urée ^ les rend très positifs, de même l'urate de
oo '^
potassium, un peu moins actif cependant. KCl — — diminue fortement et même détruit
OOO
la réaction. IVloCI- —;r- l'affaiblit également.
200 '
Les substances qui prennent naissance dans le corps semblent exagérer l'héliotro-
pisme.
L'âge influe sur le sens de la réaction; ainsi de vieilles Daphnies sont souvent néga-
tives dans des conditions où les jeunes sont très positives.
L'intensité lumineuse a aussi un grand rôle; une intensité trop forte peut renverser
le sens de la réaction. Ce sont les radiations violettes, bleues, un peu les vertes f[iii
sont actives; la partie jaune et rouge du spectre est sans action directrice.
La température a une grosse influence sur le sens de l'héliotropisme. Au-dessous
de 18°, 5, les Daphnies sont positives pour la lumière solaire directe. Au-dessus de
22°,. '1, elles sont négatives. De 18° à 22", il y a une zone critique où le tropisme s'at-
ténue fortement ou disparaît. Mais, dans cette zone, les animaux sont très sensibles
aux moindres variations d'intensité lumineuse.
Sensibilité lumineuse dijférenlielle.
Toute variation lumineuse brusque produit un déplacement vertical des animaux,
en expérience. Si l'intensité croit brusquement, ils s'enfoncent; si elle décroît, ils
s'élèvent. La variation doit être lirusque et atteindre au moins une certaine valeur
qui est fonction de l'intensité originelle de la source.
La loi de Weber s'applique intégralement aux oscillations verticales des Daphnies.
1.,'intensité doit toujours varier de la même fraction de sa valeur pour produire un
déplacement vertical.
line bougie à i^^ôo doit être rapprochée brusquement de 10'^'" pour produire un
déplacement vertical ; un bec papillon, une lanterne à acétylène, un bec Auer, 4 bou-
gies doivent être déplacées respectivement de So'^-SS'"", So"^™, -5'^'"-8o""', 35""'-40'''"
pour arriver au même résultat. Les intensités relatives sont 1; 8,097; ^i^^ï 7>^-4'! '^•
Thermotropisnif.
Il semble net chez les Daphnies. Si l'on chaufle par-dessous, avec un dard de iha-
iumeau, un vase qui en contient, on les voit se précipiter comme des llèciies sur le
point chaufl'é.
Sensibilité ihcrniKjuv (lij)érenliclle.
Tiiule variation thermique i)ru'que provoque un déplacement vertical. Si la tem-
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. l5./|5
péralure grandit brusquement, il y a chute instantanée; si elle baisse, les Daplinies
s'élèvent, mais moins vite. Une variation continue et lente n'agit que très lard, La loi
de Weber doit encore s'appliquer.
La répartition verticale des Daphnies est fonction : 1° de l'intensité lumineuse;
2" de la température des couches d'eau superposées.
Ces deux actions doivent contribuer dans une large mesure à régler le niveau de
flottaison d'un grand nombre d'animaux planktoniques.
(iah an otropism e .
A. peu près nul chez les Daphnies, il est très net chez les (ianuiiarus d'eau douce, les
Gardons, les Lymnées.
Les Gaminarus se portent au pôle négatif, les Gardons au pôle positif. Le courant
peut permettre la séparation des deux espèces dans un aquarium.
Si l'anode est garnie de pointes, les Gardons se précipitent sur elle, s'embrochent
et se tuent; pour un courant convenable, si l'anode est un lllet métallique souple, ils
se'jellent dans l'engin et se prennent.
Stét 'éo II -op (Sine .
Très intense chez (iammaïus. On peut faire un piège à Gammariis en repliant une
toile métallique plusieurs fois sur elle-même.
MICROBIOLOGIE. — Sur la symbiose du bacille butyrùjue en culture avec
d'autres microbes anaérobies. Note de M. G. Sei.iber, présentée
par M. E. Roux.
Nous avons voulu éludier les concktions de culture et les modifications qui
se produisent dans les produits de fermentation quand on cultive en sym-
biose le bacille ]:)utyrique avec les bacilles perfrinjiens et putrificus.
Les milieux de culture employés ont été :
Milieu A.
Petit lait 1'
Glucose ! 5s
Peplone Chapoteaul io«
Gélatine 3^'
Milieu B.
Solution nutritive minérale de Grimbert (' ). i'
Peplone Chapoteaul 28, 5
Glucose aoK
(') Ann. de l'InstiluL Pasteur, l. VU, 1898, p. SSg.
l!)^6 ACADÉMll- DES SCIENCES.
âf il l'eu C.
Milieu B aïKjuel on ajoute 7", 5 de peploue.
jyjilieii D.
Milieu B auquel on ajoute laf-'.o de peplone.
La plupart de ces milieux avaient la réaction alcaline, mais en outre ils
contenaient du carbonate de calcium précipité. Les cultures étaient prati-
quées en série selon la technique déjà indiquée (') et ensemencées simulta-
nément avec des germes de cultures jeunes (i8 à 24'') de chaque mi-
crobe.
La vigueur du développement du bacille butyrique était jugée d'après
la quantité d'acides volatils formés, l'examen microscopique servant de
contrôle.
L Le bacille putrificus en symbiose butyrique se développe bien dans le
miUeu C (en présence de carbonate de calcium) ainsi que dans le milieu D.
Ce développement se manifeste par l'odeur caractéristique dégagée des cul-
tures et par la diminution de la quantité des acides volatils de la fermenta-
tion butyrique.
Le bacille perfringens en symbiose butyrique se développe bien dans le
milieu D (expérience sans carbonate de chaux).
Au contraire dans les autres milieux (A et B), le bacille butyrique prend
le dessus sur les bacilles perfringens et putrificus.
IL Si, dans certaines conditions de milieu, le bacille butyricus en sym-
biose avec les microbes cités arrête leur développement, ces microbes à leur
tour, peuvent avoir une influence sur les produits de la fermentation buty-
rique (acides volatils ).
Le Tableau ci-après montre quelques valeurs d'acides formés avec ou
sans symbiose. La quantité d'acide mesurée dans chaque analyse est expri-
mée par le nombre de centimètres cubes d'eau de chaux employés pour la
neutralisation de 100'"'' distillés pour la détermination des acides d'après
la méthode de Duclaux : 21""' de cette eau de chaux correspondant à 10'"'
deSO'H'^--
C) Comptes rendus du 17 mai, p. 1267.
SÉA>'CE DU () JUIN 1910. iS'iy
SiiitlK I. - Cultures en milieu L! avec CO'Ca.
Durée.
Bac. butyricus (4 ciiluires pures) 56, 2 08,7 56 58,6 7 jours
Bac. bulyr.-t- bac. perfringens (4 culture'- ). . 54,8 55,4 S-iiQ 72,8 kl.
Bac. bulyr.+ bac. pulrificus (4 cultures) .. . 55,3 61,9 64,9 71,8 Id.
SfiRiE 11. — Cultures en milieu C «cet CO'Ca.
Bac. biii> ricus (4 cultures pures) 55,8 55,8 5-, 8 53,8 7 jours
Bac. luilyr.+ bac. perfringens (3 cultures). . 59,9 66,1 67,9 » Id.
Bac. butvr.-(- bac. putrificus (3 cultures) .. . 42,5 47,3 47)3 » Id.
Série 111. — Cultures en milieu A m'ec CO'Ca.
Durée de la fermenlation : 3 jours. '1 jnuis. 7 jours.
Bac. butyrique pur (4 cultures) 69,8 9^,4 90 et 95,3
Bac. bulyr.-+- bac. perfringens ( 2 cultures) . » 126,6 1^9, 6
Bac. butyr. 4- bac. putrificus ( 2 cultures). . . 77,5 » ''3,9
Cultures pures de 7 jours de bacilles : perfringeiis 18, 5
» » » : putrilicus 21 ,3
En comparant les chifTres d'acidité obtenus avec les cultures en sym-
biose (3 à 7 jours) aux chiffres correspondants obtenus avec les cultures de
bacille butyrique .pur, on constate que, dans un grand nombre de cas, la
quantité d'acides volatils a aufjmenté dans les culturessymbiotiques.
Dans ces cultures, l'emploi de la méthode de Duclauv a permis de dilTé-
rencier la nature des acides volatils :
Moyennes des rapports de Duclaux pour la série II.
Volumes tlistillés. ;10. 40. .50. 60. 7(1. 80. 90. 100.
Bac. butvr. + bac. perfringens. . 37,4 47,9 •37,5 66,7 74,8 83, o 90,0 100
Bac. bulyr. pur 35,2 4^,9 55, i 64,5 73,5 82,5 90,2 100
Bac. butyr.4-bac. putrilicus... 33 42,0 5i,8 61,0 69,0 79,0 87,8 100
Il résulte des rapports que nous venons de citer que, dans les cultures
symbiotiques (butyrique -H perfringens), l'acide butyrique se trouve en
plus grande quantité dans les cultures symbiotiques (butyrique -h putri-
licus) oîi le développement du bacille putrilicus gène la fermentation buty-
rique, l'acide butyrique se trouve en moindre quantité.
Les cultures en symbiose, oii le bacille butyrique arrête le développement
des bacilles perfringens et putrificus, offrent presque toujours une augmen-
tation de la quantité d'acides volatils dans leurs produits de fermentation.
l5:'|8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Celte aiigmentalion peut être cau:^ée par un accroisseiiienl de la fonction
fennentalive du bacille butyrique en symbiose. Il est possible aussi que
les autres microorganisnies donnent eux-mêmes au début de leur dévelop-
pement une petite quantité d'acides; dans ce cas, la mesure des rapports
de Duclaux devrait donner pour les cultures symbiotiques des chiffres
inférieurs à ceux du bacille butyrique pur ('). Or, dans nos essais de
symbiose, ces chiffres sont le plus souvent supérieurs ou égaux aux chiffres
obtenus avec les cultures butyricjues pures. C'est pourcjuoi on est en droit de
conclure que le bacille butyrique produit en symbiose une acidité totale plus
grande ou bien qu'il produit de l'acide butyrique en plus grande quantité.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur la variabilité du pouvoir protéolylique de
la haclèridie charbonneuse. Xote de M. Jeax Bielecki, présentée
par M. E. Roux.
Pour étudier l'activité protéoly tique de la bactéridie charbonneuse on
l'ensemence dans un milieu nutritif; après développement on arrête la cul-
ture par addition d'un peu de toluène, et Ton plonge dans celle-ci l'extrémité
de petits tubes gradués de i""" de diamètre intérieur remplis de gélatine.
La hauteur de gélatine dissoute en un temps donné, appréciée en fractions
de millimètre, mesure le pouvoir diastasique de la culture ( -).
La première constatation cpii frappe dans ces expériences c'est 1 incons-
tance de la faculté protéolytique des bactéridies, même lorsqu'elles sont
cultivées dans les milieux identiques et qu'elles sont issues d'une seule
colonie ('). C'est là une difficulté considérable lorsqu'on veut étudier sys-
tématiquement l'influence de la composition du milieu sur cette fonction
de la cellule.
■T'ai cherché comment on pouvait expliquer cette inconstance et tourner
la difficulté. Il est vraisemblable que dans une culture se trouvent des
bactéridies douées à un degré différent du pouvoir protéolytique, et j'ai
voulu essayer de les sélectionner par des ensemencements successifs (/).
( ' ) Comptes liendus du 17 mai, p. 126S.
C^) MALFri'A.NO, C. J{. Soc. de Biol, 9 janvier 1904.
(^) M"^' E. Lazakl's, C. h. Soc. de lUoL, 22 mai 1909.
(') Ces recherches sont la conlinuation du programme d'études sur la protéolyse
microbienne, que M. Mallilano poursuit avec quelques collaborateurs à rinstitut
Pasteur depuis 1898.
SÉANCE DU () JlIN 1910. l549
Expérience. — Cinq tubes de peptone Defresne à a pour 100 sont ensemencés
uniformément avec des bactéridies puisées dans une même colonie; après 3 jours
de développements à 36° le pouvoir protéolvlique de 5 cultures est :
a 2,8 ; /' 3,ô ; f 4,0; d 2,5 ; e 4,2. Moyenne 3,4-
Avant la mesure de l'activilé proléolvtique chacune de ces cultures étiiil à son
tour ensemencée dans de nouvelles séries de 5 tubes.
On a choisi le terme e comme le plus et le terme d comme le moins protéolvlique,
et l'on a examiné parmi les nouvelles séries celles ensemencées avec e et d. Avant d'v
plonger les tubes de gélatine on avait prélevé la semence pour les séries successives.
Voici les résultats :
ea 6.2; el> o\ cco; ed 1.2; ee 3,5. Moyenne 2,1.
da 5,7 ; db o\ de 2,0; dd o; de 6,4. Moyenne 2,8.
eaa 2,0; eab i,4; voc i,4; ead 1,6; eae 1,9. Moyenne 1,6.
dbo 1,8; dbb 1,8; dbc 1,8; dbd 1,8; dbe 1.9. Moyenne 1,8.
On voit que les moyennes de ces séries ne dillérent pas sensiblement entre elles et
sont inférieures à celles de la culture primiti^■e.
Au Hpu de réussir à sélectionner les Ijactéridies on aboutit à des cultures
moins actives. Des tentatives pareilles avec d'autres races de bactéridies
cultivées dans des solutions de différentes peptones n'ont pas donné un
meilleur résultat. La présence de la peptone dans les milieux parait entraî-
ner une perte de l'activité protéolytique; et j'ai pu le constater encore
mieux en m'adressantà des races récemment isolées d'autopsie d'animaux
charbonneux. Les cultures successives étaient dans ce cas de plus en plus
abondantes et de moins en moins protéolytiques.
Dans le milieu Frœnkel qui ne renferme pas de peptone, le pouvoir pro-
téolytique de la bactéridie persiste davantage et va même en augmentant
dans les cultures successives. Celles-ci ne peuvent être réussies qu'en
alternant les cultures en milieu Fnenkel avec les cultures en milieu peptone.
\ oici les cliiflVes exprimant le pouvoir protéolytique après 4 jours de séries de
cultures faites alternativement et successivement dans ces difTérenls milieux :
l'eplone Defresne. .. . 3,7 2,6 a, 6 3,7 Milieu Frirnkel. . 0,2 1,9 2,8 2, g
» Wiltealc... o o 0,2 o,3 r> .. o.S 1,! i.S 2,0
» Witte acide. 4jO 3,4 3,2 3,*8 » .. o,5 1,6 1,9 2,6
Le pouvoir protéolytique croit-il au fur et à mesure que les vieilles cel-
lules se désagrègent par autolyse et des nouvelles se développent dans les
milieux ? S'il en est ainsi, les vieilles cultures doivent être plus pi^otéolytiques
l55o ACADÉMIE DES SCIENCES.
que les jeunes. Cela ne se vérifie pas toujours. Au contraire, j'ai pu mettre
en évidence le fait que par une autolyse avancée des cellules préexistantes
d'une part et par le développement de nouvelles générations de cellules
d'autre part, le pouvoir protéolytique peut soit augmenter, soit diminuer.
Expérience. — Une série de cultures esl partagée en trois lots : le premier est
placé clans la glace pour arrêter le développement, les deux autres sont chauflés à
^S^-So" de I à 4 heures. Une partie de ces tubes chauffés, où les bacléridies élaienl
fortement auloljsées, était mise dans la glace, l'autre partie à Fétuve où les spores
germent et donnent une nouvelle génération de bactéridies. Ensuite on examine
comparativement le pouvoir protéolytique de toutes ces cultures.
On aurait pu croire que dans les trois lots successifs le pouvoir protéolytique aurait
dû aller en augmentant; il n'en est rien. Telles cultures étaient plus actives après le
chauffage et telles autres moins actives. Tanlôt le développement de nouvelles cultures
augmentait le pouvoir protéolytique et tantôt il l'abaissait jusqu'à l'abolir com-
plètement.
Les produits de l'autolyse peuvent donc gêner Tactivité diastasique; les
nouvelles cellules peuvent détruire la diastase foiMiiée par les générations
précédentes.
Bien que l'expérimentation aitélé ramenée à des conditions relativement
simples, ces phénomènes de la protéolyse microbienne sont encore très
compliqués. Il n'est pas inutile que ces faits soient connus pour éviter les
diflicultés (|ue présente leur étude.
GÉOLOGIE. — Sur les terrains paléozoïques de la Nouvelle-Zemble. Note
de M. V. RoussA.NOF, présentée par M. A. Lacroix.
Les terrains paléozoïques les plus anciens de la Nouvelle-Zcnil)le se
trouvent stu' la côLe Esl, le long de la mer de Kara. Ce sont surtout des
schistes argileux ayant de looo'" à i "îoo™ d'épaisseur au moins. Ces
schistes, très plissés et disloqués, sont orientés généralement INNE ou NE,
comme tous les autres terrains paléozoïipics de File.
Va\ l'absence de données paléontologiques et en me basant sur les carac-
tères stratigraphiques et lithologiques,, j'attribue ces schistes au Silurien
inférieur ou même peut-être au Gambrien.
Eu ellèt, au centre de la Nouvelle-Zemble, vers le 74*^ degré de latitude, .sur une
petite presqu'île, au fond du golfe Nesnaemy, ces schistes semblent passer sans discor-
dance aux schistes verdàtres à Gonioceras, genre de Céphalopodes, complètement
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. l55l
inconnu en Europe, mais très caractéristique du Silurien inférieur de l'Amérique du
Nord.
Les schistes à Gonioceras sont à leur tour surmontés par une bande de 12™ d'épais-
seur de schistes gris foncé, quelquefois bruns, à Calymene cUntoni Vanux., Prœlus
cf. waigatschensis'Yic\\^vn.^ Leperditia formosa Barr., Beyrichia cf. Hallii Jones,
Orthocer as decipiens Baivr., O. Rich/eri Barr., 0. triincatum Barr., O. Bohemicum
Barr., O. cf. imbricalum Wahl., O. cf. Steiningeii B^vr., O. reciiannulatum Hall.,
O. amplicameratuin Hall., O. cf. niultiseptuni Hall., O. cf. latiannulalum Hall.,
Cyrtoceras normatiim Barr., C. Stygiale Barr., C. imbricans Barr., C. consimile
Barr., C. conlrastans Barr., C. cf. latens Barr., C. cf. medullosum Barr., C. simu-
lons Barr., C. netei/s Hall., C. mullicameratum Hall., C. Hoiighloni Clarke, Onco-
ceras Can'eri Clarke, On. plebeiuin Hall., On. cf. minesotens Clarke, Triptoceras
cf., planodorsatum Whit., Planitrocus amicus Barr., Cyclotropis indocilis Barr.,
Strapaiollus sodalis Barr., Callomena amabile Barr., Phynialifer plicaluliis Barr.,
Sinuspira tenera Ban., Murchisonia viltala Hall., Avicula cf. pseudomira Barr.
Cette faune a un caractère mi.xte, mais les espèces de l'étage E 2 (Silurien
supérieur) de Barrande dominent sur les formes voisines du Silurien infé-
rieur de l'Amérique du Nord.
Puis viennent des couches franchement gothiandiennes à Céphalopodes
très spéciaux : Karoceras n. g. {Cyrtoceras) laminare Barr., avec Cyrtoceras
velox Barr., C. abditum Barr., C. o/nissum Barr., C. decipiens Barr., C. re-
trojlexum Barr., C. cf. Alina Barr.
Les terrains siluriens se terminent, sur la côte Ouest de la presqu'île du
golfe Nesnaemy, par des schistes à Strophomena corrugatella David et à
Orlhoceras decipiens Barr.
Plus à l'Ouest, à l'intérieur de l'île, on trouve des couches isoclinales
abrasées et maintes fois répétées d'un calcaire coraliigène. Ces couches
appartiennent au Dévoiiien inférieur et au Dévonien moyen.
Sur le bord de l'océan Glacial, au milieu d'une presqu'île que j'ai nommée
presqu'île du Glacier, y ai trouvé un gisement très fossilifère. Là, des calcaires
noirs contiennent :
Orthoceras annulatum Sow., O. iirbanuni Barr., O. cf. VicaiiiVifUïAh., Cvrto-
ceras citiini Hall., Trochoceras ohliqualiun Philipps, T. dislorlum Barr., T. cf.
Ftca/u Whidb., T. cf. Barrandei Hall., Naulilus insperalus Barr., Phragmoceras
n. %., Belleroplion Hicksii\\\n(\h., B. Thalia Hall., Pleurolomaria sulconiarginata
Hall., P. «ea/?o///a«a Whidb., MichcUna depressaRœm., Euomphalus cf. circularis
(') RoussANOF, Sur le Silurien de la Nou\'clle-Zenible (Comptes rendus, 12 juillet
'909)-
C. R., 1910, I" .'semestre. (T. 160, N° 23.) 2o3
iSSa ACADÉMIE DES SCIENCES.
Philipps, Ai'icula ala Barr., Cyathophyllum Sedgwicky Mil. Edw., Favosites golh-
landica Lin., F. asper d'Orb., F. Goldf iissi d'Orh., Aulopora serpens Goldf.
J'ai observé dans la partie occidentale de la Nouvelle-Zemble, sur la côte Nord du golfe
Kreslovaïa, à l'ouesl de la montagne Stanovaïa, une falaise de calcaire gris anthracoli-
liiique à Productus cora d'Orb., P. tenuislrialus Verneuil, P. lineatus Waagen,
/'. grueiuvaldti Krotow, P. impressiis To\i\a, Atliyris ambigna Sov/., Posidonella
variabilis Brown. Ce sont des fossiles de l'étage ouralien et de l'étage permo-carboni-
fère de géologues russes.
J'ai trouvé un autre gisement anthracolithique dans le golfe Machiguina,
à 8o''"'au nord du précédent. C'est un calcaire gris à Productus cf. cancrini-
formis Tschern., Spirigera ambigna Sow., Dielasma boliviens Morton, Fenes-
lella cf. Morrisii M. Coy.
Un troisième gisement de même âge, avec des fossiles admirablement
conservés, m'a été signalé par un botaniste, M. Simanovsky , sur la même côte
occidentale, au sud du Matolchkin-Cbar, en amont d'une petite rivière
Pestchanka, à une centaine de kilomètres au sud du gisement du golfe Kres-
lovaïa. Malheureusement je n'ai pu encore explorer ce gisement; M. Sima-
novsky m'a donné un échantillon de Cyathophyllum limanicum Lebcdew.
Ce fossile est caractéristique du Carbonifère de la chaîne du Timane. On
avait souvent rapproché le Timane de la Nouvelle-Zemble, mais jusqu'à
présent sans aucune raison paléontologique sérieuse.
L'épaisseur des couches anthracolithiques ne paraît pas moins grande que
celle des couches duDévonien; elle atteint certainement plusieurs centaines
de mètres.
La grande épaisseur de toute cette série sédimentaire, son uniformité
lithologique et paléontologique du Nord au Sud, dans le sens longitudinal de
l'île, en opposition avec les changements brusques des faciès dans le sens
transversal, de l'Est à l'Ouest, enfin l'existence de roches métamorphiques,
comme des micaschistes dans le golfe Sulmeneva du Nord, nous paraissent
démontrer l'existence d'un ancien géosynclinal, orienté, pendant les temps
primaires, dans le sens de l'allongement actuel de la Nouvelle-Zemble.
Au Silurien inférieur et moyen, des couches très épaisses ont été
déposées dans une mer profonde à Orthoceras.
A la lin du Silurien et surtout au Dévonien, la profondeur de la mer à
Cyrloceras et Trochoceras paraît être considérablement diminuée et les récifs
coralliens d'une mer chaude prospèrent sur l'emplacement actuel de l'océan
Glacial. La mer Anthracolithique à Productidés ne parait pas avoir été plus
profonde que la mer Uévonienne à Favosilidés.
SÉANCE DU 6 JUIN I910. 1 553
Une discordance importante sépare les couches du Dévonien moyen et
de l'Anthracolilhique; elle se révèle aussi bien par les données paléonto-
logiques que par les observations straligraphiques. On constate dans la série
paléozoïque une lacune au-dessus du Dévonien moyen. Parmi les 212 espèces
fossiles que j'ai déterminées, je n'en peux citer, avec certitude, aucune qui
appartienne exclusivement"" soit au sommet du Dévonien, soit à la base du
Carbonifère. Sur beaucoup de points du bord occidental de la Nouvelle-
Zemble j'ai pu observer, en effet, des conglomérats et des brèches très
épaisses, séparant le Dévonien moyen de l'Anlhracolithique.
Des diabases basiques et très altérées sont largement développées au
nord et au sud du '][\^ degré de latitude. Sur la presqu'île du Glacier, les
filons de diabases s'entrecroisent en réseau à travers les calcaires. Ces dia-
bases, étant plus récentes que les calcaires, leur âge est probablement
anthracolithique supérieur. D'ailleurs ces roches éruptives sont redressées
et quelquefois plissées par un mouvement orogénique intense. L'intrusion
des diabases doit être contemporaine des plissements hercyniens.
GÉOLOGIE. — Un horizon fossilifère dans le Muschelkalk de
Bourhonne-les-Bains {Haute-Marne). Note de M. A. Dobt,
présentée par M. Henri Douvillé.
Dans les Vosges méridionales, le Muschelkalk se distingue parla pauvreté
de sa faune et même, dans la région de Bourhonne-les-Bains, il a longtemps
passé pour dépourvu de fossiles ; récemment nous avons découvert dans une
carrière ouverte à Goo"" à peine de la ville, au lieu dit Les Joyeux^ un banc
fossilifère, aussi remarquable par le nombre que par la taille des individus.
Le tableau suivant montre le niveau qu'occupe ce banc fossilifère dans la
série des couches constituant le Muschelkalk, au sud-ouest de Bourbonne-
les-Bains :
KoHLENKEUPER : Lelte/ikolile.
2. Grès jaunâtre à grain fin (8").
1. Argile grise, avec traces charbonneuses (r",5o).
MuscHELCALK SUPÉRIEUR : Assisc Supérieure (3i™).
8 (altitude 829™). Calcaire gris de fumée {Nautilus, Pecten), en bancs deo^jiS à
o™,4o (5™).
1,^54 ACADÉMIE DES SCIENCES.
7. Marne schisteuse et calcaire feuilleté bleuâtre (2™).
6. Calcaire ijlanc jaunâtre, parfois silicifié, avec agates, en dalles de o™,03 à o"',o5
(.2-).^
5. Calcaire en bancs minces, décalcifié à l'affleurement (8'").
4. Sable et calcaire feuilleté (2"').
3. Argile jaune {o",6o).
2. Sable calcaire cristallin, avec polypiers? (i",25).
1. Zone à Pcmphyx. Calcaire sableux avec Pemphyx, Myophoria, Mytilus,
Lima, Avicula, llôrnesia, Chemnilzia^ Natica (o",i5).
Assise inférieure (25"").
8 (altitude 2y8'"). Calcaire fissile, grenu et siibcristallin, en bancs de o™, 10 à o™,i5
(.-,5o).
7. Calcaire compact, gris de fumée, avec druses tapissées de cristaux rliomboé-
driques {Lima striata), en bancs de o^iOS à o^jSG (S").
6. Calcaiie blanc crayeux, empâtant des cristaux de calcite ( i"", 20).
5. Sable et gravier (2™, 5o).
k. Calcaire roux en bancs de o", 25 à o™, 3o, avec débris de Sauriens (2™).
3. Calcaire en plaquettes, avec enduit manganèse et nombreux granules mangano-
ferreux ( i™,5o).
2. Bancs de o"',o5 à o"", iode calcaire sableux scoriacé, souvent fragmenté, avec
intercalations, à divers niveaux, de sable calcaire et de gravier. Silex à la base (10").
1. Brèche calcaire (2™) et sable oolithique (o™,3o).
MuscHELKALK MOYEN : Assisc Supérieure (9'").
3. Dolomie grenue vacuolaire, gris verdàtre, à Encrinus lilii/orniis et dénis de
Poissons {Acrodus minimus)^ en dalles de o'",o5 à o™, 10 (S™, 20).
2. Calcaire dolomitique, gris rosé, en bancs de o™, 3o à o™,4o, séparés par des
argiles vertes (4™, 10).
1. Sable quarlzeux à grain fin (i",5o). Marnes et dolomie en plaquettes (o'",2o).
Assise inférieure (5o™).
2. Marnes bariolées, avec gypse, sans sel gemme (45™).
1. Marnes schisteuses alternant avec des psammites micacés schisloïdes (5™).
Le niveau fossilifère, récemment découvert, se trouve à la cote 298™. Ce
niveau parait constant, aussi l'avons-nous pris pour base d'une nouvelle
division du Muschelkalk supérieur en deux sous-étages, un peu différente
de celle adoptée par l'auteur de la feuille de Langres. Les vestiges d'orga-
nismes apparaissent à la partie inférieui'e d'une couche de sable, consolidée,
sur une épaisseur de o'",oG ào™,i5en calcaire sableux, reposant sur une
SÉANCE DU 6 JUIN 19IO. I.lSS
doloniie greniio et siibcrislallinc, dont la surface porte des traces nom-
breuses d'érosion et des débris d'Algues de la famille des Dasycladées, pro-
bablement du genre Diplopora. Une couclie d'argile jaune, épaisse d'envi-
ron o'",6o, recouvre le banc de sable. Dans ce calcaire où les eaux météoriques
pénètrent facilement, le test des Mollusques a subi une dissolution complète,
et si les moules et empreintes des coquilles ont été en partie épargnés, c'est
grâce aux o'",Go d'argile qui le recouvrent, car partout où la couche argi-
leuse fait défaut, on ne trouve plus que des empreintes informes et indéter-
minables.
Outre ce banc fossilifère, nous avons rencontré, à divers niveaux dans les
calcaires du Muschelkalk, d'autres fossiles, mais en petit nombre, parmi
lesquels Encrinus liliiformis dans la dolomie verdâtre couronnant le Mu-
schelkalk moyen et, plus haut, Lima striata dans un calcaire blanc grisâtre
subcrislallin. C'est en vain que nous avons cherché Ceratites nociosiis, au-
dessus de la zone à Pemphyx, et, au sommet du Muschelkalk, Ceratites semi-
partitus; mais nous y avons trouvé Nautilus, Pecten et çà et là des nids de
fossiles agglomérés, au milieu de bancs qui en paraissent dépourvus.
Il ressort du tableau ci-contre que le Muschelkalk atteint, au sud-ouest de
Bourbonne-les-Bains, une épaisseur visible de 1 16"'. Encore se trouve-t-on
à la cote 32g'" dans les calcaires bien caractérisés et inférieurs aux argiles
de la Leltenkohle, et d'après ce qu'on voit au nord de la ville, à la cote
de 347'", on peut lui attribuer encore au moins 18'" de calcaires blancs
friables, alternant avec des calcaires gris compacts. La puissance totale de
la formation serait donc de 1 34'".
GÉOLOGIE. — Numinulilique helvétique et Nummulitique préalpin dans
la Suisse centrale et orientale. Note de M. Jean Boussac, présentée
par M. Henri Douvillé.
On a jusqu'à présent confondu, dans la Suisse centrale et orientale, le
Nummulitique qui appartient bien effectivement à la nappe de Wildhorn,
et une masse considérable de Flysch qu'il faut rattacher à un groupe de
nappes plus élevées : le groupe inférieur des nappes préalpines. Le but de
cette Note est de préciser certains points de la stratigraphie de ce Nummu-
litique helvétique et d'en séparer ce qui est préalpin.
1° Nappe du Wildhorn. — J'ai déjà fait connaître les changements de
faciès qui affectent le Nummulitique entre le Harder et les Ralligstôcke, et
qui sont les mêmes qu'on observe plus à l'Ouest entre le Rawyl et les plis
l556 ACADÉMIE DES SCIENCES.
frontaux de la nappe du Wildliorn ('); mais l'âge des grès du Hohgant
restait indécis. Or ces grès contiennent juscju'à leur partie supérieure
Nummulites aturicus, N. conlortus-striatus et Orthophragmina disciis; c'est
certainement là de TAuversien, et cet âge auversien est confirmé par la
présence de Pectuncuhis Jacquoli, P. grandis, Modiola modioloides, etc. de
la Palarea, Campanile defrenalum de Roncà et Clavella longœva des sables
moyens du bassin de Paris.
Ces grès de Hohgant sont envahis graduellement, vers le Nord-Est
comme vers le Sud-Est, par le faciès des schistes gréseux fauves, qui, dans la
région du Schimberg, sont fossilifères; on y trouve, outre des Globigé-
rines, une faune de Nummulites et de Mollusques des plus intéressantes,
parce qu'elle établit un lien entre quatre faunes auversiennes jusqu'ici un
peu isolées : la villa Marbella près Biarritz, la Palarea, le Niederhorn et
Roncà; les espèces les plus importantes sont : Num. aturicus, Brongniarli,
N. cf. striatus; Pectuncu/us grandis(Pii\i\\eii, Niederhorn ); Dentalium nicense
(Palarea); Cerithiu?n Johannœ (Villa Marbella); Cerithium rarefurcatum
(Roncà); Rimella multiplicala (Palarea); Rostellaria goniophora (Palarea,
Niederhorn); Conus sulciferus (sables moyens du bassin de Paris).
2° Flysch préalpin. — Dans la région de Habkern, les schistes priabo-
niens à Globigérines, avec intercalations répétées de bancs de Ralligmarmor,
qui recouvrent les grès du Hoghant, sont coupés en biseau par le complexe
du a Wildflysch », dont M. Beck a montré l'étroite liaison avec les « Lei-
mernschichlen », ou couches rouges du Crétacé préalpin; il contient,
empaquetés à sa base, des blocs de Ralligmarmor; il est essentielle.ment
constitué par des schistes argileux à Globigérines, broyés et contournés, et
où s'intercalent (indépendamment des blocs exotiques):
1° Des grès el des quartziles verls, dits à tort ea-o^jVywei, et contenant, là où le ciment
calcaire est conservé, des Globigérines et des fragments de Lilholhamnium, Nummu-
lites, Orthophragmina ; 2° ces quartzites verts passent à des brèches polygéniques,
très glauconieuses, contenant aussi des débris de Lithothamnium, Orthophragmina.,
Assilina, et de Nummulites granuleuses des groupes de N. fiouaulti et complanatus,
établissant ainsi l'âge lutétien du M'ild/lysch de Habkern; 3" des calcaires compacts,
à nombreux petits Foraminifères (Globigérines), identiques aux parties blanc jaunâtre
des couches de Leimern, mais, ici, d'âge certainement nummulitique. Il doit y avoir
(') 11 faut donc considérer les plis du Waldegg, du Niederhorn et toute la chaîne
du Hoghant. comme les équivalents des plis fiontaux de la nappe du Wildliorn par
rapport au grand anticlinal couché Mittaghorn-Harder; le synclinal de Habkern et de
la région des Sclilieren est donc un synclinal dans la nappe de Wildliorn.
SÉANCE DU 6 JUIN 1910. l557
aussi des bancs calcaires à IV. complanaius, car j'en ai trouvé uu bloc dans le lit du
Bohlbach .
M. Lugeon a considéré le premier le Wildflysch de Habkern comme
préalpin, et cette opinion est généralement adoptée aujourd'hui ; la déter-
mination de l'âge lulétien la conlirme absolument, puisqu'il repose en discor-
dance sur du Priabonien. Mais plus loin vers le Nord-Est, dans la région
du Schlieren, on a la même succession anormale. Au-dessus des schistes
qui surmontent, soit les grès du Hohgant (Junkholz), soit les schistes gréseux
fauves (Schimberg), on voit un système de schistes argileux noirs ou ver-
dâlres, très tourmentés, à Globigérines, contenant des lentilles de quartzites
verts et des calcaires fins à Globigérines (faciès des couches de Leimern) et
par places (Feuerstein, Unlerrisch), des calcaires glauconieux ou un peu
ferrugineux à N. complanatus et Assilina; c'est du Lutélien préalpin, sur-
monté par la grande masse des grès, souvent très bréchoïdes, des Schlieren
(Silvanschichten), vraisemblablement priaboniens (on y trouve des débris
d'Orlhophragmina), et qu'il faut ranger aussi dans le Préalpin, comme
M. Buxtorf en a déjà émis l'idée, sans en donner une démonstration précise.
C'est également au Préalpin qu'il faut attribuer la majeure partie du
flysch subalpin, accompagné de Klippes, sur lequel reposent, sans flanc
renversé, les chaînons frontaux de la nappe du Wildhorn; il possède un
faciès tout différent du Nummulitique de ces chaînons : ce sont des schistes
à Globigérines, avec des inlercalations de calcaires à Nu/n. complanatus et
Assilina décrils par Kaufmann (Slein, Thoregg, etc.); exactement sur le
prolongement de la même zope tectonique se trouvent les couches du lac de
Lowerz, qui supportent aussi, sans l'intermédiaire d'un flanc renversé, le
chaînon frontal Rigi-Hochfluh, et en continuité avec elles viennent les
couches d'Einsiedeln-Sleinbach, qui s'étalent largement entre Einsiedcln
et Iberg, recouvrant complètement le front de la nappe helvétique, et sup-
portant les Mylhen; le même flysch remplit le synclinal Aubrig-Fluhbrig,
et dans le Wildflysch du Barlauibach on a trouvé une lentille de gypse.
Tout cela est du Préalpin.
LesPréalpes ont enveloppé le front des nappes helvétiques dans la Suisse
orientale comme dans la Suisse occidentale.
On sera sans doute amené plus tard à mettre dans le Préalpin le Flysch
qui suit le front du Sentis (Flyijarli, etc.) et surtout celui de la zone helvético-
bavaroise (Kressenberg, Matlsce, etc.) qui présente un faciès identique.
Cette zone est aussi acconqiagnée de Klippes; on y a découvert des conglo-
mérats polygéniques et des blocs exotiques de granités du type de Habkern.
l558 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PALÉONTOLOGIE. — Sur les Rhinocéridés de l' Oligocène d'Europe
et leur filiation. Note de M. Roman.
Si les grandes lignes de l'évolution du groupe des Rhinocéridés fossiles,
pendant le Miocène, le Pliocène et le Quaternaire, sont assez bien établies
d'après des travaux récents, il n'en est pas de même des formes plus
anciennes de cette famille, dont les rapports phylétiques laissent encore à
désirer.
En reprenant l'étude des espèces oligocènes, j'ai été conduit à modifier
plusieurs des filiations admises, et j'ai pu constater que l'on trouvait dès
l'origine des formes très différentes et formant un plus grand nombre de
rameaux qu'on ne l'avait pensé jusqu'à ce jour ; les uns se raccordent faci-
lement avec ceux du Tertiaire récent, les autres s'éteignent dès la fin de
l'Oligocène.
Les Rhinocéridés sont, comme on le sait, une famille d'Ongulés d'origine
très probablement américaine, immigrés en Europe vers le commencement
"de l'Oligocène. Leur arrivée coïncide avec celle des Amynodonlidés (Cadur-
cotherium) et des Achœnodontidés (Entelodon). Les plus anciens Rhinocéridés
ont été trouvés dans les marnes de Ronzon (Sannoisien) par Aymard et
plus récemment par M. Vasseur dans les molasses sannoisiennes du Froii-
sadais.
\J' Acerotherium velaunum (') de Ronzon, de grande taille et pourvu de
fortes canines inférieures, est la souche de VA. Filholi Osh. du Stampien.
Avec le Stampien, le groupe des Rhinocéridés se développe et montre les
rameaux suivants :
L Formes de petite taille à dentition supérieure continue, à prémo-
laires liélcrodon les et bourrelet basilairc très développé, pourvues d'une
canine supérieure assez forte opposée à une canine inférieure insérée
verticalement sur le maxillaire. Un nom générique nouveau est nécessaire
pour désigner cette série : Je propose le nom iVEggysodon (s^yuç, près)
(= Ronzolheriuni aucl. non Aymard), type Ronzotherimn O.v/'o/vu' Sclilosser.
IL Formes de moyenne taille à dentition supérieure homéodonte et à
canines inférieures à section triangulaire, aplaties en dessus : type du
groupe Acerothcrium minutum Cuvier (syn. excl. ).
(') Le nom fionzotheriiiiii Aymard ci-éé pour \\4c. velauniim, qui est un véritable
Acerotherium, doit disparaîlie de la nomenclature, d'aulanl plus qu'il a été employé
par divers auteurs pour des espèces se rapporlanl à des groupes tout différents.
SÉANCE DU 6 JUIX 1910. I SSp
lll. Trrs ijTandes espèces à dentition supérieure lioméodonte, à molaires
à vallée médiane largement ouverte, sans crochet ni anticrocliet, et canines
inférieures à section ovalaire, en forme de poignard : type du groupe Acero-
iherium FilhoU Osborn.
\\ . Espèces pourvues de deu\ cornes latérales nasales, à dentition
lioméodonte, molaires pourvues d'un crochet développé et d'un faible cro-
chet antérieur, canines inférieures relativement faibles : genre Diceratherium,
type lilnnoceros pleuroceros Duvernoy.
Avec l'étage Aquitanien apparaissent de très petites formes pourvues
probablement d'une petite corne nasale, à dentition lioméodonte, molaires
à vallée rétrécie par un crochet et un anticrocliet bien développés : forme
aquitanienne du groupe Ceratorhinus tagiciis Uoman (type du genre L'era-
torhinus sansaniensis Lartet).
Les diverses espèces de Rhinocéridés oligocènes peuvent se répartir de la
façon suivante dans ces diverses séries :
Premier rameau. — Le genrQ Eggysodon débute dans le Starapien inférieur avec
VE. Gaudryi Rames des argiles de Brons (Cantal) et de Lalou près Trémous (Haule-
Garonne). Il se développe dans le Slampien moyen avec VE. Osborni Sclii. des
phosphorites du Quercy et du bassin de Mayence {Ronzotherium lie ic lie naui Xi en'in-
ger); 0:1 le retrouve dans le Stampien supérieur du bassin de Paris (la Ferté Aleps).
A ce même genre il convient de rapporter E. Pomeli nov. sp. {Rhiiioceroa Croi-
itfi^t Pomel) ( ' ) du Slampien supérieur de Gannat et peut-être aussi Rli. Cadibon-
nense Rogers, encore trop incomplètement connu.
Deuxième rameau. — La série des Acerotherium de moyenne taille débute dans
les mollasses du Starapien moyen du Sud-Ouest avec VA. albigense nov. sp. et se
continue dans le Stampien supérieur de Moissac (Lot-et-Garonne) par V Ac. minutum
Cuvier (synon. excl.) qui a été retrouvé au même niveau à Auzon, dans le Gard et à
Pyrimont (Ain) (Aquitanien).
Troisième rameau. — Les grands Acerotherium débutent dès le Sannoisien avec
VA. veldunum de Ronzon et continuent par 1'^. Filholi, espèce très répandue dans
tout le Starapien : Allias (Gironde) dans le calcaire à Astéries; phosphorites du
Quercy; La Milloque et la Comberatière (Lot-et-Garonne); Puy-Laurens (Tarn);
environs de Marseille (Stampien supérieur); Pernes (Vaucluse), Slampien moyen;
La Ferté Aleps, Stampien supérieur : Ivlein-Blauen, près Bàle (Suisse), etc.
Ce groupe passe dans le Burdigalien avec V Acerotherium plalyodon Mermier.
A côté de ces formes, et consliluant peut-être un petit rameau parallèle, se trouve
V Acerotherium lemanen.se l'omel, de Gannat, Sainl-Gérand-le-Puy (Ailier), de la
(') Le type de Pomel étant perdu, il est nécessaire de faire disparaître, au moins
provisoirement, le nom de Croizetli, employé pour des Rhinocéridés divers, qui n'ont
aucun trait commun.
C, H., 1910, 1" Semestre^, (T. ITiO, N' 23.) 2o4
l56o ACADÉMIE DES SCIENCES.
raollasse d« Lausanne (Suisse), etc., qui se rattache à la série miocène de VAcero-
theriuin iiicisivuni.
Qualrièinc rameau. — Les espèces du genre DiceiaUierium sont de petite taille au
début et apparais^ent dans le Stampien supérieur avec le Dlc. pleuroceros Duvernov
(les calcaires de Gannat et de Billy ( Ailiei). ( )n les retrouve dans les assises de passage
de l'Oligocène au Miocène (Aquitanien auct.) avec le Diceratherium asphaltense
Depéret et Douxami, de Pyrimont (Ain), puis dans le Burdigalien où ils sont repré-
senlés par le Die. Douvillei Osborn.
Cinquième rameau. — Avec l'Aquilanieii seulement apparaît le groupe des Céra-
lorhinés ou Rhinocéros à cornes, plus spécialement miocène. Le Ceratorliinus tagicu.'s
Roman, du liurdigalien inférieur de Lisbonne, ancêtre probable du sansanie/isi.s
Lartet, se retrouve avec tous ses caractères dès l'Aquitanien. A cette espèce doivent
en effet se rattacher : fa petite forme de Selles-sur-Cher (Loiret), celle d'Ulm
(Bavière) et celles de la mollasse grise de Lausanne (Suisse) et de l'yrimont (Ain).
On voit, d'après cet exposé que, sut- les cinq rameaux menlionnés, le pre-
mier apparaît au début du Stampien pour s'éteindre sans laisser de descen-
dants dans le Stampien supérieur, et le dernier débute seulement dans les
assises de passage de l'Oligocène au Miocène. Les trois autres se montrent
dans tout l'Oligocène et se relient assez facilement aux séries du Miocène.
Il est en outre intéressant de remarquer que des formes de gi~ande taille
ayant déjà acquis tous les caractères des Acerolherium. telles que l'.-l. velau-
num, étaient apparues dès le début de l'Oligocène, c'est-à-dire dès l'appari-
tion des Rhinocéridés en Europe. Cette constatation implique nécessairement
l'existence de formes ancestrales sur un autre point du globe.
A côté de ces espèces, et à la même époque, se développaient aussi des
formes plus primitives que je rattache au gem^e Eggysodon, dont le degré
d'évolution est tout à fait coi^parable à celle de certaines formes améri-
caines, telles que V Acerotheiiuin mite et le LejUaceroiherium trigonodon,
indiquant que l'évolution des formes de Rhinocéridés se poursuivait à peu
près parallèlement sur les deux continents avec des espèces distinctes.
Ces conclusions et les descriptions de ces différents types seront déve-
loppées dans un travail plus ('tendu actuellement en préparation.
PALÉONTOLOGIE. — Sur Les nodules ( Seplaria) à Ammonites triasiques
de Madagascar et .mr le développement des Ammonea. INote de
M. FoiR.viER, présentée par M. Henri Douvillé.
Dans la séance de la Société géologique de France du 7 février 1910,
M. Douvillé a déjà signalé dans les nodules rapportés de Madagascar, par
SEANCE DU 6 JUIN 1910. l5* 1
MM. C.allens et Bordeaux la "présence d'Aiiimonites d'âge triasique et de
Poissons.
M. Merle, contrôleur principal des Mines, qui vient de faire un long-
séjour dans l'île, a bien voulu me soumettre un nombre considérable de
nodules renfermant aussi des Ammonites et des Poissons qui sont du même
âg'e que ceux décrits par M. Douvillé.
En cassant rjuelques centaines de ces nodules, j'avais été, comme M. Dou-
villé, frappé de ce fait (piun très çrand nombre d'entre eux présentaient à
leur intérieur une cavité centrale remplie le plus souvent d'une matière pulvé-
rulente argileuse et siliceuse renfermant parfois un peu de calcaire, et dans
latjuelle une analyse qualitative sonunaire m'a permis de déceler la pré-
sence du fer, d'une quantité notable de manganèse et d'im peu de cobalt.
J'avais remarqué, en outre, que dans les nodules allongés, non écrasés, celle cavité
avait toujours la même forme et que ses parois présentaient des stries et ondulations
régulières qu'il paraissait difficile d'expliquer autrement qu'en admettant la nature
organique du corps ayant donné naissance à la cavité. Ce corps se compose de deux
pallies : l'une allongée un peu fusiforme, légèrementincurvêe, mesure dans tes échan-
tillons de taille moyenne 5'^°' à 6"" de longueur; l'autre, réunie à la précédente par un
élranglement, est grossiéremeni; eJltplique ou pyriforme et parait avoir joué, par rap-
port à la précédente, le rôle d'une sorte de pédoncule; dans certains échanlilloas, ce
pédoncule est replié sous la partie fusiforme. Les parois internes de la cavité sont
souvent tapissées d'une matière charbonneuse provenant sans aucun doute d'un orga-
nisme.
Or, en examinant à la loupe plus de cent nodules présentant celte
énigmalique cabale, nous avons découvert dans la gangue siliceuse cjui
l'enveloppe un nombre incalculable de minuscules Ammonites dont les plus
grandes ont 3""" à 4"""' de diamètre et les plus petites environ un demi-milli-
mètre; un grand nombre d'entre elles sont réduites à leurs premières loges
et parfois même à leur loge initiale. Dans certains écbantillons, une seule
surface de section présente une centaine au moins de ces petites Ammo-
nites, ce qui suppose que le nodule entier en comporte au moins un millier,
car, quelle que soit la direction dans laquelle nous avons opéré la section,
nous avons toujours trouvé autant d'empreintes.
Les nodules à Poissons de la même formation ne paraissent pas, eu
général, présenter de traces de ces jeunes Ammonites, tandis qu'elles
abondent d\ine façon constante dans les nodules présentant la cavité que je
viens de décrire. Si l'on tient compte, en outre, de la difficulté de la con-
servation d'organismes aussi frêles et du fait que ces jeunes Ammonites
l562 ACADÉMIE DES SCIENCES.
n'occupant pas le noyau de la concrétion n(^ peuvent, en aucun cas, être
considérées comme ayant été le point de départ de sa formation, il parait
bien difficile d'adm^ettre qu'un groupement aussi constant d'un nombre
aussi considérable de jeunes individus, autour d'une cavité de forme éga-
lement constante, soit un effet du hasard.
Deux interprétations se présentent alors à l'esprit : ou bien l'organisme
qui a donné naissance à la cavité a pu servir de nourriture aux jeunes
Ammonites, ou bien cet organisme est un flotteur ayant supporté les œufs,
sur lequel les jeunes évoluaient jusqu'à un certain stade et qui servait
d'organe de dissémination.
Il n'est pas difficile de réfuter la première hvpolhè*e : si le corps avait servi de
nourriture aux Céphalopodes, il ne serait pas conservé d'une façon constante; on
trouverait aussi, près de lui, des Ammonites de plus grande taille et d'autres orga-
nismes; enfin il varierait certainement de forme et de nature.
Nous ne croyons donc pas dépasser les limites d'une induction légitime,
en proposant d'envisager la deuxième hypothèse qui, d'après le peu que
nous connaissons sur le développement des Céphalopodes et de quelques
autres Mollusques pélagiques comme les Janthines, n'a rien de nature à
nous surprendre.
Nous ajouterons que, dans les gros nodules siliceux renfermant des
formes adultes, nous avons reconnu la présence du genre Ophiceras, déjà
signalé par M. Douvillé, et du genre Otoceras. Ces CéphalojJodes, ainsi que
les nombreux Poissons que l'on rencontre dans les mêmes couches,
permettent de rapporter ces formations au Trias le plus inférieur, proba-
blement au niveau des couches à Otoceras Wooihanli àe l'Himalaya.
Xous publierons incessamment, en collajjoration avec M. Merle, une
étude plus détaillée sur ces formations.
A '\ heures et demie l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures.
G. D.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 15 JUIN 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
3IËM0IRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PESANTEUR. — Frein pour balance, en forme de fil à plomb.
Note de M. G. Lippmaxx.
(3n sait qu'une balance sensible oscille plusieurs fois avant de prendre sa
position d'équilibre, et que ces oscillations rendent très longues les opéra-
lions de la pesée. J'ai réalisé un petit dispositif qui permet d'empêcher les
oscillations inutiles, et qui par suite rend les pesées beaucoup plus rapides.
C'est un simple fil à plomb, formé d'une fibre de soie tendue par un
poids d'environ o.^. Il pend à l'intérieur de la cage, sans toucher le fléau.
Mais l'opérateur peut à volonté, en agissant sur un petit levier placé sous sa
main, déplacer horizontalement de quelques millimètres le point de com-
pression du fil à plomb, de manière que la libre vienne appuyer légèrement
sur le fiéau : il y a alors contact, frottement et freinage. Un mouvement de
levier en sens inverse écarte de nouveau la fibre et rend au fléau sa liberté.
Cela posé, on opère de la manière suivante :
Quand on voit la balance acquérir une vitesse notable, on serre le frein, ce qui
annule la vitesse en quelques secondes ; puis on le desserre pour rendre au fléau sa
liberté. On recommence cette double opération, serrage et desserrage, chaque fois que
la vitesse de la balance devient notable. La troisième ou la quatrième fois, la balance
se trouve être arrivée, sans avoir pu osciller ni acquérir de vitesse notable, très près
de sa position d'équilibre. Il va sans dire que l'on finit toujours par un desserrage,
afin de n'observer la balance que quand elle est entièrement libre.
Afin de marquer par un exemple particulier l'efficacité de l'appareil, voici
un exemple d'une de ces séries d'opérations. Une balance chargée au maxi-
mum (5o^ dans chaque plateau) oscille avec l'amplitude maxima. On fait
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 24.) 200
l564 ACADÉMIE DES SCIENCES.
jouer le frein trois ou quatre fois : au bout de 25 secondes, la balance est
arrivée au zéro, immobile, et libre. Il eût fallu, sans le frein, 5 ou 6 minutes
pour arriver à ce résultat. Le frein a donc rendu Topéralion dix fois moins
longue.
En résumé, le petit appareil décrit plus haut a un double avantage : i" il
n'exige pas que l'on modifie en quoi que ce soit une balance déjà construite ;
2" il n'exerce aucune action sur cette balance au moment où l'on vérifie
l'existence de l'équilibre.
CHIMIE MINÉRALE. — Action de l'hydrogène sur l'oxyde de carbone \ for-
mation d' eau et de méthane. Action de l'eau, au rouge., sur le même oxyde.
Applications aux phénomènes volcaniques. Note de M. Arhaxd (iArriER.
A. Action de l'hydrogène sur l'oxyde de carbone. — Il semble inadmissible
que la vapeur d'eau qui accompagne les éruptions de laves puisse venir
directement du foyer incandescent d'où elles émergent. En effet, ces laves
contiennent toujours des silicates ferreux qui, décomposant l'eau au rouge,
passent à l'état ferrique et dégagent l'hydrogène. L'acide carbonique lui-
même est réduit par l'hydrogène aux hautes températures et transformé en
oxyde de carbone avec formation de vapeur d'eau que détruisent à leur
tour les silicates et sulfures métalliques. La réduction de l'acide carbonique
s'arrête-t-elle là, et l'oxyde de carbone peut-il céder à l'hydrogène en excès
tout ou partie de son oxygène pour donner des corps nouveaux au confact
ou en l'absence des métaux "?
J'ai cru intéressant d'examiner ces questions et d'abord de savoir si l'oxyde
de carbone est réduit par l'hydrogène et s'il peut donner naissance à de l'eau.
Dans ce bul, j'ai fait passer de l'oxyde de carbone pur, mélangé de trois fois- son
volume d'hydrogène, dans un lube de porcelaine de Berlin, muni d'un pviomètre
Le Chalelier, lui-même contenu dans un tube central de même nature, fermé à son
extrémité intérieure. Les températures ont varié dans mes multiples expériences de
3oo° à j25o°. Les gaz mélangés circulaient avec une vitesse de 45o''"'' à 475'^'"' à l'heure.
Après purification ('), ils étaient sèches sur l'anhydride phosphorique avant de pénétrer
dans le lube.
(') Le (jO était extrait de sa combinaison avec le protochlorure de cuivre, puis
lavé à l'eau, à la potasse et séché. L'hydrogène était lavé au permanganate de potasse
alcalin bouillant, au nitrate de mercure et au nitrate d'argent. Le mélange des deux
gaz, bien exempt d'air, était encore, par précaution, lavé au pyrogallol potassique
dans mon laveur spiraloïde, puis les gaz étaient séchés sur SO'H- et P-0' avant
d'entrer dans l'appareil.
5,4
1 ,7
0,86
'5,4
11,4
5,8o
21,2
20, r>
io,4
27,5
I9'2
9-7
21,3
4,"!
2 , 1
SÉANCE DU l3 JUIN I910. l565
L'eau produite était arrêtée dans un tube en U rempli de V^0° déposé sur de la
laine de verre; à la suite, l'acide carbonique, qu'on avait reconnu se former, était fixé
par la potasse et l'hvdrate de baryte, suivis d'un tube à P^O''.
Voici les résultats obtenus :
H-0 formée par litre de CO. CO- produit par litre de CO.
Températures. En milligr. En cent, cubes. En milligr. En cent, cubes.
4oo 4,4
600 12,4
900 > 7 . •
1230 22,2
1200 '7 î2
Ces expériences montrent d'abord que l'oxyde de carbone donne bien
de l'eau lorsqu'on le chauffe -en présence de l'hydrogène. Sa réduction
commence près de 200 degrés avant le rouge. La production de l'eau passe
par un maximum vers 1 100° à 1200°. Son voluiTie n'a pas dépassé dans mes
expériences, sous la pression atmosphérique, 28 millièmes du volume du
gaz CO en expérience.
L'acide carbonique qui se produit en même temps, augmente jus-
qu'à 900° sans atteindre 11 millièmes du gaz CO présent, puis il tend à
diminuer à mesure que monte la température en raison de la réaction
bien connue CO- + H- = CO + H'O, qui explique que la quantité d'eau
formée se maintienne à peu près constante à celte haute température
malgré la réaction inverse CO + H^O = CO- + H-.
On voit que, vers 900° à 1000°, les quantités relatives de H^O et CO-
formées satisfont assez bien à l'équation
4 CO -f- aH^ = 2 H^O + CO- + 3 G.
4 vol -2 TOI
Reste à savoir ce que devient le carbone répondant à la production
des deux corps oxygénés CO" et H'O. Le plus souvent, dans ces expé-
riences, le carbone ne se dépose pas, même à l'état de trace.
Remarquons la singulière chute de l'acide carbonique dans les deux expé-
riences ci-dessus exécutées à des températures presque identiques, 1220" et
1200°. Une observation analogue a été faite pour l'eau : à 900°, toujours
avec le mélange CO + 3H^, passant avec un débit d'un demi-litre à l'heure,
on a obtenu, en deux expériences consécutives et dans des conditions
i566
ACADÉMl
lE DES SCIENCES.
toutes semblables :
H'O par
litre de CO.
CO- par
litre de CO.
Tempéra Unes.
En milligr.
En cent, cubes.
En milligr.
En cent, cubei
I- 900"
II. 900".....
17,10
... 9,3
2 1,9.
1 1,5
20,5
21,4
.0,4
10,8
Mais dans l'expéiicnce II, il s'était déposé dans le tube une quantité assez
sensible de cbarbon, qui ne se forma pas dans rexpérience I. En tenant
compte de ce dernier fait et des volumes des gaz H-0 et CO- produits
dans ce second cas à volumes presque égaux, on arrive à l'équation
SCO -1- H2= H'O + CO» H- C^
■J vol. 2 vol.
Dans le cas I, au contraire, où le charbon n'est pas apparu, le volume
de l'eau produite a été presque le double de celui de l'acide carbonique
formé, mais, comme on va le voir, il est alors accompagné de gaz formène,
circonstances qu'explique l'équation
4 CO + 8 H^ --= 2 HHd + CO' + 3 CM>.
Il me reste à montrer qu'il se fait bien du gaz méthane dans ces condi-
tions singulières.
Je rappellerai d'abord que Brodie a déjà signalé la formation du méthane
par l'action de l'étincelle électrique jaillissant dans un mélange d'oxyde de
carbone et d'hydrogène (1873), et que MM. P. Sabatier et B. Senderens
ont obtenu aussi le formène en chauffant à 25o°-'3oo" un mélange d'oxyde
de carbone et d'hydrogène en présence du nickel réduit ('). Mais ce sont
là des conditions artificielles qui ne se prêtent pas à l'explication directe des
phénomènes géologiques.
Il n'en est plus ainsi de la formation du méthane par simple réduction
de l'oxyde de carbone par l'hydrogène au rouge, conditions mêmes des
gaz volcaniques. Mais lorsqu'on chauffe le gaz oxyde de carbone mêlé-
dhydrogène à ^00° et au-dessus, la petite quantité de méthane qui se forme
(quelques millièmes)] l'a fait jusqu'ici échapper aux recherches et, pour
le retrouver, j'ai été obligé de recourir à des moyens indirects.
Je me suis assuré d'abord que la réduction de l'oxyde de carbone par
l'hydrogène au rouge ou au-dessous du rouge ne donne aucun gaz absor-
(') Comptes rendus, t. CXXXIV, 1902, p. 5i4.
SÉANCE DU l3 JUIN I910. 1067
bable par le brome ou condensaljle à basse température, et qu'il ne se fait
aussi ni aldéhyde étbylique, ni acide formique, mais seulement une trace
de formol ( ' ).
La même expérience a été faite à iaoo°, cette fois sur le mélange C0-h6H^, non
préalablement séché. Avec un courant de i litre à l'heure, et après enlèvement de
CO par Cu-CI-, puis 1*0' à loo", on obtint par combustion à l'eudiomètre
H = 99>8>
CH'= 0,2.
Avec ce même mélange porté à iSoc", mais en faisant passer les gaz trois fois plus
rapidement, après lavage au Cu*Cl-, puis passage sur 1-0° et KOH, on obtient
H = 98,60,
CW^ 1,35.
I>a vitesse du courant de gaz parai* donc empêcher la destruction ullérieure du mé-
thane et la formation des hydrocarbures supérieurs et du charbon.
On remarquera que dans cette dernière expérience, 8 pour 100 de l'oxyde de car-
bone primitif se sont transformés en métliane à i3oo°. Il ne s'est pas formé sensible-
ment d'autres hydrocarbures.
Ces expériences établissent les points suivants :
La réduction de l'oxyde de carbone par l'hydrogène commence vers 4oo",
c'est-à-dire bien au-dessous du rouge. De l'eau résulte de cette réduction, en
même temps il se produit de l'acide carbonique et il se fait un peu de méthane.
Ces réactions réciproques sont limitées et ont leur optimum vers 1000°.
La formation du gaz méthane augmente avec la proportion relative
d'hydrogène qui l'accompagne et la rapidité avec laquelle l'hydrocarbure
qui se produit est soustrait à l'action de la chaleur rouge, sa pyrogénation
devant amener, d'après les anciennes observations de Marcelin Berthelot,
(') 1 à 2 millionièmes à peine à 4oo"-5oo°; ce corps disparait à 900°. On l'a re-
cherché et approximativement dosé par la méthode de ^'oisenet. Le mélange GO -H 3 11^,
séché au préalable sur P-0% passait dans le tube de porcelaine porté d'abord à
400°. Le gaz sortant était alors lavé au chlorure cuivreux concentré contenu dans
deux barboteurs spiraloïdes successifs qui lui enlevaient la majeure partie de son
oxyde de carbone, puis il traversait deux laveurs à potasse caustique et un tube
à P-0». 11 circulait ensuite à 100° sur l'anhydride iodique, et de là sur la potasse et
la baryte; dès lors, privé de sa dernière trace d'oxyde de carbone, il arrivait, mé-
langé d'un léger excès d'oxygène pur, sur une colonne d'oxyde de cuivre portée au
rouge. 2680'^"' du mélange primitif C0-+ 3 H*, portés à 4oo°, ont ainsi donné li""^, 7
de CO', répondant à i™5^-t2 deCU'ou 2'^"', 4, soit j-ô^j environ du volume total des gaz.
l568 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la formation d'hydrocarbures cycliques et mèrric de charbon ( '). On s'ex-
plique donc ainsi l'existence du gaz méthane toujours mélangé d'acide
carbonique et de vapeur d'eau dans la plupart des émanations volcaniques.
En outre, à la température de 45o° à ()5o", l'hydrogène donne avec l'oxyde
de carbone une trace de formol qui disparait entièrement à gSo" et au-
dessus. Il n'est pas accompagné d'acide formique ou d'une trace douteuse.
B. Action de l'eau sur l'oxyde de car hune aux hautes températures. — J'ai
déjà, en 1906, étudié l'action que l'eau exerce sur l'oxyde de carbone à
haute température ('-). Dans une expérience où je faisais passer dans un
tube à i3oo° un mélange d'oxyde de carbone pur et de vapeur d'eau avec
excès de cette dernière, j'ai obtenu pour 100 volumes de gaz :
CCP=37,9; 11=38,9; C0 = 22,5; Az (de l'air) =0,7.
J'ai repris ces expériences pour savoir si un peu d'acide formique ou
d'aldéhyde formique se produisent en \ njême temps aux températures
de 5oo° à 900°.
Le gaz CO pur se cliargeail d'Iuimidilé en iraveisanl de l'eau maintenue à la lem-
péralure de 70° à 80°; il circulait alors, avec une vitesse de 1 litre à l'heure environ,
dans le tube de porcelaine muni du lliermomètre Le Clialelier. A la sortie, l'eau était
condensée dans un tube entouré de glace et de sel. Les gaz traversent ensuite un
laveur à potasse.
A 550° on a ainsi recueilli 2*^"" d'eau. Elle contenait environ 3 millionièmes de for-
mol ('). Je n'}' ai trouvé qu'une trace très douteuse d'acide formique.
A 800° j'ai recueilli de même a<^°'',5 d'eau contenant 1 millionième de formol et pas
d'acide formique.
Que l'on admette que de l'acide carbonique et de l'hydrogène nous ar-
rivent primitivement des profondeurs du globe ou qu'on parte de l'oxyde
de carbone et de l'hydrogène, dans tous les cas en réagissant au rouge,
ces gaz donneront de la vapeur d'eau, de l'acide carbonique et du méthane,
et tous ces corps, acide carbonique, oxyde de carbone, hydrogène, eau,
gaz méthane, devront se trouver réunis dans les émanations volcaniques.
C'est ce que confirme bien l'observation des faits. Au contact des chlorures.
{') Je ne pense pas que le cliarbon, lorsqu'il se dépose, ait principalement celte
origine ainsi que je le montrerai ultérieurement.
(•) Comptes rendus, t. CXLIl, p. i383.
(') Cherché et approximativement dosé par le réactif \oisenet (voir Butl. Soc.
chiin., 3" série, l. XXXIII, p. 1 198).
SÉANCE DU l'] .iriN IQIO. 1369
des azotures métalliques, etc., et aux hautes pressions, ces produits ignés
subiront nécessairement ensuite des transformations nouvelles. iNous nous
proposons de faire connaître sous peu l'influence que le fer et ses oxydes
exercent sur ces composés primitifs.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la formation et le dédoublement des ihiols;
synthèse des sulfures neutres alcooliques. Note de MM. Paul Sabatiich
et A. Mailhe.
1° Formation des ihiols. — Dans une Communication récente (' ), nous
avons fait connaître une méthode générale de préparation directe des thiols,
par action de l'acide sulfhydrique sur les vapeurs des alcools au contact
d'oxyde de thorium anhydre, au-dessus de 3oo°. Ce procédé, très avantageux
pour les alcools primaires, donne des rendements moins bons avec les
alcools secondaires, et ses résultats sont peu satisfaisants pour les phénols,
avec lesquels il exige une température plus haute et ne conduit qu'à des
rendements très médiocres.
Il y avait un certain intérêt à rechercher si les autres oxydes métallicjues
anhydres que nos recherches antérieures ont signalés comme capables de
provoquer la catalyse des alcools (- ), seraient ou non préférables à l'oxyde
de thorium pour la synthèse directe des thiols. Nous avons examiné, à ce
point de vue, deux oxydes catalyseurs exclusifs de déshydratation, l'alu-
mine et l'oxyde bleu de tungstène, et divers oxydes catalyseurs mixtes de
déshydratation etdéshydrogénation: oxyde chromique, oxyde de zirconium,
oxyde uraneux, oxyde bleu de molybdène, tous pris sous leurs formes les
plus actives.
Vis-à-vis de l'alcool isoamylique, la température de l'oxyde étant main-
tenue de 370° à 384", les rendements approximatifs en thiol ont été pour
100 parties d'alcool détruit:
Ovvde de tlioriiiiu 70
Oxyde de zirconium 44
Oxyde uraueux ' 3o
Oxyde bleu de tungstène ■'.■?.
Oxyde clironiique (Cr-O'') 18
Oxyde bleu de molybdène .' 17
Oxyde d'aluminium m
(') Paul Sabatieu et A. Mailiie, Comptes rendus., l. 150. 1910, p. 1317.
{'-) Paul Sabatier et A. Mailhe, Comptes rendus, t. GXLVII, 1909, p. 106.
l570 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Tous les oxydes essayés se sont montrés très inférieurs à la thorine.
L'alumine n'a donné que des résultats fort médiocres, la plus grande partie
de l'alcool ayant été détruite en amylène.
Yis-à-vis du phénol ordinaire, la température de l'oxyde étant voisine de
45o", la dose de thiophénol produite a été faible dans tous les cas. Cette
dose est évaluée facilement au moyen d'une solution alcoolique titrée d'iode
qui transforme quantitativement le thiophénol en disulfure ( ' ).
On a trouvé de la sorte comme rendements :
Pour 100.
Oxyde d'aluminium o,4
Oxyde de zirconium i , j
Oxyde bleu de molybdène i ,8
Oxyde bleu de tungstène i ,.j
<!)xyde chromique 2,5
Oxyde uraneux 3,8
L'oxyde de thorium a donné un rendement de H pour loo, et s'affirme
donc comme très supérieur aux autres oxydes, de même que vis-à-vis des
alcools.
2° Dédoublement des thioh. — L'alumine, qui est un catalyseur actif de
déshydratation, dédouble les alcools primaires en donnant soit l'éther-
oxyde, soit le carbure éthylénique, selon que la température est maintenue
assez basse ou s'élève davantage. Ces deux stades successifs s'observent
bien avec l'alcool éthylique, et même avec l'alcool propylique. Au-dessous
de 3oo°, on a
(i) 2(C''H-^"+'.0H) = H=0 4-(C"FP''+')2 0.
lillier-oxyde.
Au-dessus de 35o°, on a seulement
(o.) C''fP''+'.0H = H20 + C"lP".
Carbure.
L'analogie des thiols et des alcools nous a conduits à penser que certains
sulfures métalliques pourraient exercer sur les thiols des réactions de dédou-
blement, parallèles à celles que certains oxydes exercent sur les alcools. Nos
essais ont porté sur le sulfure de cadmium qui présente les avantages de
pouvoir être préparé facilement pur, d'être très stable et d'indiquer par les
changements de coloration les altérations dont il a été l'objet.
Nos prévisions ont été absolument vérifiées.
(') Klason et Caklsod, Ber. cliem. Gesell., t. XXXIX, igoG, p. -38.
SÉANCE DU l3 JLIN 19IO. 1571
A tempéralure modérée, on a une réaction semblable à la réaction (i),
dédoublement du thiol en acide sulfhydrique et sulfure neutre alcoolique
2(C'»H-^"+'.SH)=H-S4-(C"H^"'+')-S.
Sulfure neutre.
A température plus haute, le dédoublement plus rapide est analogue à
celui de la réaction (2), et fournit seulement de l'hydrogène sulfuré et le
carbure éthylénique
C"H'«+'.SH = H-^S + C''H2«.
Carbure.
Par exemple, les vapeurs de V étlianethiol C-H".SH (qui bout à 36°)
dirigéessur une traînée de sulfure de cadmium à 32o''-33o", se transforment
partiellement en sulfure neutre (bouillant à 92°), facile à isoler, avec
dégagement d'hydrogène sulfuré sensiblement pur.
En élevant au voisinage de 38o° la température du sulfure, le thiol est
totalement dédoublé en volumes égaux d'hydrogène sulfuré et d'éthylène,
sans condensation d'aucun produit liquide.
De même Visoainylthiol C^H".SH (qui fond à iiG") est dédoublé régu-
lièrement vers 36o°-38o°, en hydrogène sulfuré et sulfure d'isoainyle
(C^H")-S, qui bout à 21 3°. En opérant au-dessus de 400°, le dédoublement
fournit surtout de l'amylène.
L'action du sulfure de cadmium sur les thiols forméniques primaires,
réalisée à température ménagée, constitue donc une véritable méthode de
préparation des sulfuresfoi'méniques neutres.
Quant au mécanisme du dédoublement, il nous parait être semblable à
celui qui règle le dédoublement des alcools, c'est-à-dire dû à la production
d'un composé temporaire instable, qui serait, dans le cas actuel, un ihiolate
de cadmium, destructible selon la tempéralure, soit en sulfure neutre, soit
en carbure éthylénique, avec régénération du sulfure de cadmium qui
recommence indéfiniment la même transformation et joue par conséquent
le rôle de catalyseur.
On a d'abord
CdS-i-2(C«H-^"+'.SH) = (C"IP''+'.S)2Gcl + \V-%,
Thiol.
puis
(C"H2«+'.S)^cdr=c.is + (r/'tp''+i)-^s,
Sulfure neutre.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 24.)
20()
iSyS ACADÉMIE DES SCIENCES.
OU, à température plus haute,
(C"H'-"-'.S)-Cd =CdS -+- H^'S + aCH^".
La formation transitoire du thiolate de cadmium est d'ailleurs indiquée
par le changement de coloration du sulfure, qui prend une teinte orangée
très différente de la teinte jaune vif du sulfure primitif, et conserve cette
teinte, quand on refroidit l'appareil, par suite du maintien d'une certaine
dose du thiolate.
Cas des thiols secondaires. — Ainsi que le font prévoir les analogies, les
thiols secondaires ont une tendance heaucoup plus marquée au dédouble-
ment en carbure éthylénique, mais peuvent néanmoins fournir du sulfure
neutre.
Le cyclohexane-thiol, C*H".SH (qui bout à i jS''), dirigé sur le sulfure
de cadmium vers 3oo°, fournit seulement t2 à i5 pour loo de sulfure
neutre, la majeure partie se dédoublant en acide sulfhydrique et cyclohexène
(qui bout à 81°). A température plus élevée, la transformation en cyclo-
hexène est complète.
S. A. S. le Prince de Monaco présente à l'Académie deux nouvelles
feuilles (18'' cl 19'') de la Carte générale des gisements de coquillages comes-
tibles des cotes de France, dressées par M. L. Joubin.
Ces deux feuilles comprennent toute la baie du Mont-Saint-Michel, de-
puis la pointe du Grouin jusqu'à la latitude de Coutances. Les îles Chauscy
y sont contenues.
Elles sont très importantes, car elles donnent le plan complet des gise-
ments d'huitres de (lancale et Granville, qui sont les plus étendus de tous
ceux qui existent encore sur les côtes de France. I-es bancs qui les conqjosent
sont de forme ovale ou ronde; ils font comme de grandes taches sur le fond
vaseux de la baie. Les uns sont riches, ce sont surtout ceux cjui sont situés
au fond de la baie, au sud d'une ligne tirée de Cancale à Granville; les
autres sont de plus en plus pauvres à mesure qu'on remonte vers le Nord.
Les huîtres y atteignent de gi'andes dimensions, et quand elles sont
adultes prennent la forme d'iie pied de cheval, caractéristique de la variété
cancalaise.
Les bancs s'accroissent par la périphérie et dépérissent par le centre; ils
se déplacent donc lentement. Mais leur ensemble est sujet à des périodes de
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. l573
richesse et de pauvreté dont les causes, faute de n'avoir pas été étudiées
depuis assez longtemps, sont inconnues.
Actuellement les bancs sont, depuis plusieurs années, en état de prospé-
rité ; la pèche, qui ne dure que quelques jours chaque année, a fourni en 1909
plus de 18 millions d'huilres.
La baie du Mont-Saint-Michel est partagée en deux parties par une
réserve ou cantonnement, où la pêche est toujours interdite. Ce can-
tonnement a la forme d'un long fuseau dont une pointe est au Mont-Saint-
Michel (Tombelaine), l'autre au phare de Ghausey.
Il sert, en quelque sorte, d'étal-tampon entre les pécheurs de (Jranville
et ceux de Cancale dont les rivalités sont aiguës; il a aussi pour but de
conserver intacte une région où les huîtres peuvent se développer à l'abri de
la drague. On pourrait croire qu'elles y pullulent, il n'en est rien. Les
huîtres ne prospèrent pas sur ces amoncellements de vieilles coquilles toutes
remplies d'animaux qui leur nuisent. Ce fait vient à l'appui de la théorie en
vertu de laquelle les bancs pour prospérer doivent être débarrassés des
parasites et nettoyés par la drague. D'autres Mollusques abondent dans la
région, notamment les Coques {Cardium edule), dont on exporte au moins
3oooo* par an de la seule plage qui va de Cancale au Mont-Saint-Michel.
On peut aussi noter un important banc de coquilles Saint-Jacques à l'est
de Chausey.
M. Haton de la GoupiLLiÈRE fait hommage à l'Académie d'un exemplaire
du travail qu'il vient de pubher dans les Mémoires de la Société royale des
Sciences de Liège (t. IX, 1909) sous ce titre : Sommation de suif es ter-
minées.
Il y emploie l'intégration par parties, non pas comme à l'ordinaire pour
réduire une quadrature inconnue à une autre différente, mais en partant
d'une intégrale, connue d'avance, pour la ramener à elle-même. On répète
n fois cette opération en la modifiant consécutivement d'après une loi régu-
lière dépendant d'un paramètre. Si l'on substitue finalement la valeur
connue, celle-ci disparaît d'elle-même avec la variable d'intégration, et il
reste une identité en n constituant la somme d'une suite terminée. Or on
sait que ce genre de résultats est beaucoup moins répandu dans l'analyse que
les sommations de séries illimitées.
Quelques-unes des formules obtenues se vérifient d'ailleurs pour n = 00,
sur des séries indéfinies envisagées par Catalan, par Stirling, etc.
l574 ACADÉMIE DES SCIENCES.
PLIS CACHETÉS.
M. Geoh«e-F. Jaubert demande rouverture d'un pli cacheté reçu dans
la séance du 2 mai 1898 et inscrit sous le n" 6007.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Président, contient une Note intitulée:
Procédé de régénération de l'air vicié.
La Note est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Ch. Bouchard, Armand Gautier et J. Carpentier. La Commission
dépose le Rapport suivant :
Il résulte de cette Note, datée du 28 avril 1898, qu'à cette date M. G. -F.
Jaubert avait employé les bioxydes alcalins ou alcalino-terreux, avec ou
sans addition d'un peu de peroxyde de fer ou de manganèse, pour recon-
stituer les atmosphères confinées, en faire disparaître l'acide carbonique et
peut-être d'autres produits de la respiration et restituer en même temps
l'oxygène consommé.
L'idée sur laquelle porte la revendication de M. Jaubert, maintenue
secrète dans son pli cacheté, n'avait donc pu inspirer les recherches et les
applications faites un an après par MM. Desgrez et Balthazard (').
Quant à l'appareil présenté par M. Carpentier dans la séance du G juin
1910, il offre la plus grande analogie avec celui de MM. Desgrez et Baltha-
zard, et le pli cacheté de M. G. -F. Jaubert n'en donne que le principe.
CORRESPONDANCE.
MM. Jci.es Gaultier, Louis Vaillant adressent des remerciments pour
les distinctions que l'Académie a accordées à leurs travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° MiNisTicRE DU Travail et de la Prévoyance sociale. Direction du
Travail. Statistique générale de la France. Annuaire statistique, ■2S'' Volume,
1908.
(') Voir ce Volume, p. i^gi.
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. l5']5
2" Le Botaniste. Directeur : M. P. -A. Dangeard, ii* série, mai 1910.
(Présenté par M. Guignard.)
3" Die neuen chemischen Institule der kôniglichen technischen Hochschule
zu Mûnclien.
4° Notions fondamentales de Chimie organique, par M. Ch. Moureu,
3* édition. (Présenté par M. A. Gautier.)
5° Resolutions and Proceedings 0/ the International Map Commillee assem-
hledin London^ november 1909. (Présenté par M. Ch. Lallemand.)
()" Le Tome III (année 1909) de la Revue de Géographie, publiée sous la
direction de M. Ch. Vélain. (Présenté par M. P. Appell.)
ASTRONOMIE. — Nouvelles observations concernant les effets du passage de
la Terre dans la queue de la comète de Halley, Note ( ') de M. Emile
Maucua.vd, présentée par M. J. Violle.
Il y a lieu de faire d'abord une rectification à la Note présentée le 3o mai.
Une erreur de date s'est glissée dans la transmission télégraphique des
observations du Pic du Midi, et c'est seulement le 20 mai, non le 19, qu'ont
été faites les observations de radiation dont j'ai donné les résultats. Cela ne
change rien d'ailleurs à mes conclusions : des poussières cosmiques parais-
sent s'être introduites du 18 au 19 dans la haute atmosphère terrestre et y
avoir persisté assez longtemps.
Le 19 mai, une courte éclaircie avait permis à M. Lalreille d'examiner le Soleil par
projection, mais le ciel est resté couvert ensuite toute la journée, avec brouillard fré-
quent. Du 21 au 3o mai, il en fut à peu prés de même; on n"a pu refaire des observa-
tions de radiation que le 3i mai et le 2 juin. Elles ont donné :
Le 3 I mai 2 ,58 à lo*" 4 5™, 2,78 à i3''4o™
Le 2 juin 2,83 à 10'' 5o"', 2,78 à i3''4o"'
l'unité restant la même que le 21 mai (environ 0,6 calorie-centimètre-minute). Ces
nombres sont encore un peu faibles, surtout ceux du 3i mai, mais sans sortir des
écarts qui se présentent assez souvent.
Comme phénomènes connexes, j'ajoute que la couronne, aperçue autour
du Soleil du 19 au 25 mai, était encore visible le 3i mai et le 2 juin, avec le
même diamètre de 3° à 4") mais assez pâle et sans aucune coloration. L'état
(') Présentée dans la séance du 6 juin tgio.
1576 ACADÉMIE UES SCIENCES.
du ciel n'a pas permis, du 21 au 3o mai, d'observer les pliénomènes crépus-
culaires; mais le 3i, le deuxième segment a été très sensiblement coloré en
rouge cuivré de 21'' i5'" à 2i''4o'"(le Soleilsecouchantcejour-làà i9''4o'").
Nous n'avions pas observé, depuis plusieurs années, ce phénomène, qui
paraît très rare en dehors des périodes où, d'après d'autres indices, l'atmo-
sphère doit contenir des poussières très ténues et très élevées.
ASTRONOMIE. — Résumé des observations faites sur la comète de Halley,
à l'Observatoire de l'Èbre {^Espagne). iNote de MM. Cirera et Pericas,
présentée par M. Bigourdan.
La comète a été observée visuellement depuis le i^'' mai : ce jour-là on la distinguait
à l'œil nu ; mais, le 2, l'observation n'a pas été possible à cause des nuages. Le 5, le
spectacle fut superbe; la queue, très brillante, embrassait i5°; au-dessus se trouvait
Pégase, en bas et à droite Vénus, et la Lune en son dernier quartier était à l'horizon;
en outre, quelques étoiles filantes croisaient l'atmosphère, dont une parallèlement et
près de la queue vers l'Est. Les jours suivants, 7, 8 et 12, on voyait s'allonger la queue;
ce dernier jour, elle embrassait 3o° ; le 19, sa longueur était plus que suffisante pour
atteindre la Terre.
Après celte date, le ciel a été généralement nuageux; on a vu la comète le 21 et
le 23, mais on l'a observée dans de bonnes conditions seulement les 26, 27 et 3o mai
et les 2, 5 el 6 juin. Malgré la pureté du ciel, le 3o, l'éclat du noyau et de la queue
avaient diminué sensiblement : diminution qui a continué les jours suivants.
Avec les données d'observation et à l'aide de l'éphéméride de la comète on a calculé
les longueurs réelles correspondantes à 4*^ du matin, pour les jours qui ont précédé
le 19 mai, et à 9'' du soir pour les jours qui ont suivi.
De la sorte on a trouvé, en supposant la queue rectiligne et dirigée dans le sens du
rayon vecteur :
■^ Mai.
Dates '..... 1. 5. 7. fi. \l. ^6. 27. 30.
Longueur apparente 3° i5° iS" 20° 30° 25° 3o° 25°
Longueur réelle (en
unités astronomiques). o,o43 0,170 0,177 0,182 0,189 0,140 0,206 0,267
Juin.
Dates 2- 5. ti.
Longueur apparente 22° 17° 14°
Longueur réelle (en unités astronomiques).. o,3o2 0,284 0,242
On remarquera combien la marche des nombres change tout à coup vers
le milieu du mois. La queue, dont la longueur croît sans interruption jus-
SÉANCE DU l'i JUIN 191O, iri'J']
qu'au 12, se trouve plus courte le 26, et cependant elle continue de se déve-
lopper encore au commencement de juin. On dirait que la Terre lui a capturé
plusieurs millions de kilomètres de longueur pendant le passage du 19.
Il faut noter que de la marche décroissante que l'on observe dès le commencement
de juin, on ne peut pas conclure d'une manière absolue une cessation du développe-
ment réel ; car par Teflet de l'éloignement rapide de l'astre, l'éclat de la queue devient
toujours plus faible et par suite, toutes circonstances restant pareilles, la partie qu'il
est possible d'observer est toujours moindre.
Les longueurs apparentes ont été toutes estimées par le même observateur, l'un de
nous, ce qui les rend plus comparables entre elles.
L'équatorial astrophysique, dont l'objectif mesure 2'", 10 de distance
focale et 160"*"' d'ouverture, a été employé à cette occasion pour l'obtention
de photographies.
Dans ce but nous avons dû lui adapter un régulateur électrique, qui eçt commandé
par un pendule distributeur de courants. Il a été construit dans notre atelier par le
mécanicien de l'Observatoire. L'isoclironisme du pendule se communique à une des
roues de l'appareil d'horlogerie par un dispositif très simple, et l'on obtient la lixité
rigoureuse de l'image en ascension droite, pendant le temps, toujours long, de la pose.
Il est facile de changer en marche la longueur du pendule pour l'adapter aux diverses
vitesses de la comète ou d'un astre quelconque.
La première pliotograpliie qui ait bien réussi est du 5; mais, à cause du mauvais
temps, nous en avons seulement aux dates suivantes : 5, 6, 7, 8, lO, 1 1, 12, 36, 37 et
3o mai et 2, 5, 6 juin.
Dans nos plaques 9x12, 1""' coirespond à i',.5, de sorte que le champ embrassé est
très petit. Pour photographier une plus grande étendue du ciel, on a adapté à l'équa-
torial une chambre photographique 18 x ^4 avec objectif Goerz de 24'^'" de distance
focale, qui a donné des vues d'ensemble assez intéressantes. Malheureusement le 5 et
le 6 on n'avait pas encore arrangé ce dispositif, qui aurait pu donner ces jours-là de
très beaux, clichés.
La série que nous possédons, quoique très incomplète, montre assez bien les inté-
ressantes transformations qu'ont éprouvé les différentes parties de la comète, tant pour
l'éclat que pour la forme et la grandeur. Elles sont dues aussi, peut-être, aux diffe-
lentes conditions dans lesquelles les photographies ont dû être prises : les temps de
pose n'ayant pu être les mêmes, et l'état de pureté du ciel ayant aussi varié extraordi-
nairenient. Cependant il y a des jours où ces conditions ont été tout à fait semblables :
ce sont, par exemple, les 27 et 3o, où le ciel était absolument i>ur. lîn examinant les •
photographies prises ces deux jours, on est frappé aussitôt delà forte diminution d'éclat
de la comète. Le 27, les dimensions de la tête et de la chevelure se montrent, dans la
photographie, exceptionnellement grandes, comparativement aux jours précédents :
la matière brillante du noyau s'étant élargie en forme de croissant de 3', 5 d'éten-
due, de sorte qu'il fut difficile pendant la pose de viser sur un point de repère
déterminé. La chevelure qui l'enveloppait de tous côtés étant aussi remarquablement
1578 ACADÉMIE DES SCIENCES.
abondante, l'ensemble produisait une forte impression sur la plaque sensible. Le 3o,
un temps de pose presque égal n'a donné qu'une impression bien inférieure, tant en
étendue qu'en intensité. Les joursqui suivent montrent aussi de profonds changements
d'aspect sans loi de continuité apparente. C'est ainsi que le 2 juin le noyau et la che-
velure affectent la forme singulière de deux disques concentriques à bords presque
tranchés, pour reprendre ensuite la forme de croissant plus ou moins accentué. En
somme, en tenant compte de l'influence exercée par le manque d'uniformité dans les
circonstances où les photographies ont été obtenues, on peut, par l'examen des deux
séries, confirmer et compléter assez bien les résultais fournis par l'observation
visuelle.
ASTRONOMIE. — Observations de la comète de Halley. Note (' ")
de M. D. Egiivitis, ptésenlée par M. Bigourdan.
Dans une Note précédente (^) nous avons indiqué sommairement les
observations que nous avons faites à Athènes sur cette comète à l'occasion
de son passage devant le Soleil, le t8 mai dernier (jeudi matin). Ce jour là,
jusqu'à environ une heure avant le passage calculé de la tête devant le
Soleil, nous avons vu la queue, presque droite, avec une courbure légère,
évidemment parce que la Terre se trouvait près du plan de l'orbite de la
comète.
Le lendemain matin (vendredi), vers i5'', nous l'avons revue : elle s'éten-
dait comme la veille jusqu'à la voie lactée, vers 0 Aigle, et avait donc i3o"au
moins de longueur apjîarente ; elle était sensiblement plus pâle que la veille.
Mais le surlendemain matin (samedi) je l'ai cherchée vainement, avec mon
aide, M. Alibertis, à travers des éclaircies de nuages.
Dans l'intervalle, le vendredi soir, avec notre grand équalorial de o"',4t>
d'ouverture, nous avons aperçu la comète, comme on l'a déjà indiqué, en
forme de croissant rappelant la Lune un peu avant son premier quartier. Et
le samedi soir la queue était visible sur au moins So" de long.
Jamais nous n'avons aperçu de queue anomale.
Nous pensons que dans l'observation du vendredi soir la queue était à peu
près dirigée vers la Terre, et il semble résulter de là que la tête, et proba-
blement aussi la queue, a une section lenticulaire. En outre, il nous parait
probable que la Terre a traversé la queue, et que cela s'est produit le
vendredi soir, ou un peu plus tard, à moins de modifications grandes et
(') Présentée dans la séance du 6 juin 1910.
(^) Voir ce Volume, p. 1407.
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. 1379
rapides, mais très peu probables, de la courbure de la queue, ou encore à
moins de supposer que la section de la queue, à la distance de la Terre, eût
une largeur insuffisante.
L'observation du passage de la tète de la comète devant le disque solaire a été faite
au moyen de noire équatoriai Gautier (o'n,4o)- Les grossissements des oculaires suc-
cessivement employés étaient de 75,285 et 6i5 avec différents verres colorés; le mou-
vement d'horlogerie, bien réglé, nous a permis d'observer le disque avec beaucoup de
facilité et d'une manière parfaite.
L'horizon oriental, un peu avant le lever du Soleil, ne présenleVien d'exceptionnel;
il est complètement clair, sans le moindre nuage. L'atmosphère est tout à fait calme
pendant toute la durée de celte observation. Le lever du Soleil, qui devait avoir lieu
à 16'' 49", est un peu retardé par la colline du Lycabette; le Soleil a paru à ij^ti"^ soil
presque en même temps que le commencement du passage, suivant les derniers cal-
culs (i7''4™> 2).
Nous avons d'abord commencé par observer avec le plus grand soin la zone centrale,
aux environs de laquelle devrait passer le noyau de la comète; c'est une section de 6'
de part et d'autre du centre du disque solaire, fixée d'avance à l'aide du cercle de
position de noire micromètre. Après avoir bien observé, sans rien trouver, cette partie
du disque pendant 20 minutes, nous avons exploré pendant 20 minutes encore, avec
beaucoup d'attention, le reste du disque solaire. Le résultai de cette recherche ayant
été également /ie'^«i«y, nous sommes revenu sur la partie centrale, pendant i5 minutes
encore; ensuite nous avons recommencé l'exploration des autres parties du disque et,
plus particulièrement, de deux zones, de part et d'autre de la partie centrale, de 4' de
largeur. Ainsi nous avons continué jusqu'à 18'' 35"", observant successivement, lantôl
la partie centrale, tantôt le reste du disque solaire, sans rien voir, sauf quelques taches
solaires; aucune autre tache, ni point noir, ni affaiblissement sensible de l'éclat n'a
été ajierçu.
L'aspect de la plus grande tache solaire fut observé plusieurs fois et avec la plus
grande attention pour y apercevoir le passage de quelque corps étranger au Soleil.
ASTRONOMIE. — Changements survenus dans le noyau de la comète
<le Halley. iSole (M de MM. J. Baillaud et A. Boinot, présentée
par M. B. Baillaud.
Le noyau de la comète de Halley vient de subir des modifications tout
à fait notables qui apparaissent avec beaucoup de netteté sur des photo-
graphies faites à l'Observatoire de Paris les 3o mai, 3i mai et 2 juin avec
l'équatorial de la Carte du Ciel.
Le 3o mai. la forme du noyau est toul semblable à celle qu'indiquent les pholo-
( ' ) Présentée dans la séance du 6 juin iqio.
C. R., .910, I" Semestre. (T. 150, N» 24.) 207
l58o ACADÉMIE DES SCIENCES.
graphies du 33 et du 24 : une condensation sensiblement elliptique, limitée assez net-
tement sur un tiers de sa périphérie et se fondant sur le reste dans une nébulosité
sans limites précises et sans détails. Les principales difterences sont des dimensions un
peu plus faibles pour la condensation : 1 1" sur 1 5" au lieu de 14" sur iS" et une orien-
tation différente de son grand axe (angle de position 100° au lieu de 5o°).
Le 3i mai l'image est complètement transformée. De la condensation centrale à peu
près circulaire (diamètre 9") partent trois rayonnements relativement étendus. Le plus
important a pour angle de position 110°; il se raccorde à la condensation centrale au
point qui, la veille, était le plus net. Sa longueur est de 4o''sur une image posée ;î mi-
nutes, et de 54" sur une image posée 4o minutes ; mais son extrémité n'a pas de limites,
et il aurait sans doute paru plus étendu sur une pose de plus grande durée. Il n'est pas
d'un éclat uniforme, mais à 3o" environ du noyau on aperçoit une concentration lumi-
neuse. Les deux autres rayonnements, plus faibles, ont pour angle de position ih"
et 5o"; le premier est le plus net et le plus long (60"). Tout l'intervalle compris entre
ces rayonnements est rempli d'une nébulosité intense ; le reste du pourtour de la con-
densation centrale est aussi couvert de nébulosité, mais qui s'étend beaucoup moins
loin, de sorte que la forme de l'image rappelle celle d'un triangle.
Le 2 juin la condensation centrale, circulaire, n'a plus que (V de diamètre. <3n aper-
çoit, comme sur les images du 3i, un rayonnement lumineux ayant pour angle de
position io<)", mais sa longueur est beaucoup mieux définie; sur une image posée
[\o minutes, comme sur une image posée 2 minutes, elle est de 40 . Sa largeur est de 10"
environ. On aperçoit, comme le 3i, une condensation secondaire à 3o' du centre: il
est difficile de juger quel jour elle est le mieux définie et fait le plus de contraste avec
le reste du rayon. Les deux autres rayonnements visibles le 3i ont presque disparu
le 2. A l'ouest de la condensation principale on aperçoit deux aigrettes lumineuses
(angle de position 275° environ). Enfin la nébulosité qui entoure la comète a une
forme beaucoup plus régulière que le 3i ; elle est presque circulaire et comprend deux
zones concentriques : l'une de 80" de diamètre est très intense; l'autre de 220" de
diamètre est beaucoup plus faible, mais toutes les deux sont très nettement limitées,
caractère qui les différencie des nébulosités des jours précédents.
De ces photographies il résulte donc que le noyau de la comète a suhi
une perturbation profonde du 3o au 3i mai. Des condensations secondaires
ont apparu, dont certaines n'ont été que temporaires. L'une d'elles sub-
sistait encore le 2 juin dans la même position et avec la même intensité que
le 3 1 . Est-elle l'indice d'un dédoublement de la comète, analogue à celui de
la conièle de Biéla ? On ne peut guère jusqu'à présent le supposer. Cette
condensation secondaire, qui a des dimensions transversales presque deux
fois plus grandes que la condensation principale, est incomparablement
moins photogénique : la matière qui la forme n'est donc pas dans le même
état, et l'on ne saurait parler d'un sectionnement du noyau en deux mor-
ceaux de même nature. Il aurait été intéressant d'observer quelle répercus-
sion a eu sur la queue celte perturbation du noyau; malheureusement le
ciel de Paris ne nous permet pas cette étude.
SEANCE DU l3 JUIX I9IO.
[58i
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur tes groupes commutatifs de
quanlilés hy per complexes . Note de M. Léon Autonne, présentée
par M. Jordan.
Soit (r, ) un groupe de quantités hyperconiplexes
x—'y^tgXg (gJi.k=o, 1,2, m),
dont les n =^ />i -\- i unités £„ se multiplient suivant la formule
OÙ «;;„/, est une quantité ordinaire, réelle ou complexe. On sait que (r;) est
connu dès cpi'on possède la matricedu groupe \s„f,(x)\,
J'ai ramené la construction des groupes <^yj) commutatifs (à multiplica-
tion commutative ) au cas où la matrice est
1 = V«a3Y.2?Y; a. p,
y rr: 1 , 2 , . . . , ;»
)■■
■X •'''ai ■'>a,x-l 'i"o
■«a?=0 pour 3!^ p.
La matrice /?;-aire 8.^= S (:c) = (.Tap) est celle d'un groupe //i-aire (e),
dont la connaissance assure celle de ( y]"). Par commulalivité, les matrices
Sj, et S, sont échangeables. De plus, Scf, = - -p-^' où /, == forme quadra-
tique ^a^py-v^iX^. Le groupe est défini sans ambiguïté quand on possède
les f.^ ; on écrira
(H)==(/„/., •..-.4, ...,/,„).
i582
D'ailleurs
ACADEMIE DES SCIENCES.
Désignonspari', , ...,g;, ..., i;-^, X- entiers positifs avec A- < m, w = ^ ir; •
On peut, par un choix convenable de variables, mettre la matrice S^. sous
wne forme réduite que voici {jy,^, est un Tableau à gx lignes et g^ colonnes
ayant les ^^p pour cléments) :
S.=
PU Pl2
l'kX Pu
Piv-
PI.
Pl.Jc-\
Répartissons les x,^, £„, f^ en systèmes X), E>, F) de la façon suivante :
X,, par exemple, contiendra les «, premières a^ai les g^ suivantes x^, figure-
ront dans X.j ; ... ; X^. contiendra les g^ dernières x^. Alors, dans la forme
réduite, « le système F), : l'^ne dépend pas de X), X)+,, . . . , X^^. ; 2° dépend
de chacune des variables de X>_, ; 3" dépend des variables de X,, Xn, . . .,
Xx-a »•
Soient, dans la suite i, 2, .... X:, trois entiers A, A', A", dont le premier
est le plus petit entier supérieur aux deux autres. « Le produit de deux unités
de E)/, et de E)», ne dépend que des unités de E) , E>+, , . . . , E;^, »
La forme réduite permet d'établir un procédé régulier de calcul pour
passer d'un groupe m-aire à un groupe (m -+- i)-aire. Comme application,
j'ai construit tous les groupes (t) pour m = 2, 3 et 4- Les voici, sous
l'expression {i) = (/,, ...,/„,..., /„) :
m r= 2 : (o, x\) ;
m =zo : {o.o,iXiX.,), (o, o, .rj), {o, x\,iXiX,);
1)1 =r 4 :
{o, o, o, xl-h 2XiXj), (o, O, O, Xj), (o, o, .(■;, .X'5 + 2a-',.X':,),
(0,0, 2.i-,,i-,, «4,1 '^1 -1- «iiiXl ), (o, x\, 2.^■,.^^, o),
(o, x'I, 2XiX.,, xl -h a^i-rj).
Si, dans un groupe /n-aire (e), la matrice S^ a le rang r, les m expres-
sions /"jj sont liées par m — r relations distinctes, algébriques et homogènes.
Le groupe sera dit normal, si ces relations sont toutes linéaires; sinon,
(s) est anormal.
SÉANCE UU l3 JUIN IQIO.
Le seul groupe anormal, pour m <C 6, est le groupe quinaire
(o, o, iXiX.2. a^^^x\-\- a;.2iX\^ a-,nx\-\- a-,^_.-^x\),
t583
^o.
On a r=2. Les cinq expressions /"a sont liées par les deux relations
linéaires /, =f« = o et la relation quadratique
^yi
f, «laî I I «ui /i
f-. «322 M «511 /ô I
Le rang r a w — i pour maximum. Pour r = m — i , on a
S, est
j'i a\ o
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur la Iransfonnalion des séries asymploliques
en séries de polynômes layloriens convergentes. IXote de M. A. liimi.,
transmise par M. H. Poincaré.
M. H. Poincaré, pour montrer que les séries de la Mécanique céleste
n'ont qu'une convergence asymptotique, a établi d'abord le fait pour des
séries plus simples et plus symétriques ayant notamment la forme
(•)
^("-•)=i;7^'
ir étant plus petit que l'unité et a„ croissant indéfiniment avec «, sans cepen-
dant que la limite du rapport de a^^., à a„ puisse surpasser i {Méthodes nou-
velles de la Mécanique céleste.^ t. I, p. 35 1, et t. II, p. 3).
Ces séries ( i) donnent des développements tayloriens toujours divergents.
Je me propose d'établir qu'on peut, en leur appliquant les méthodes que
j'ai étudiées dans mes Mémoires du Bulletin des Sciences mathématiques
l584 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(1907 el 1908), du Journal de Malhématiques (1908), ainsi que dans un
Mémoire qui doit paraître prochainement aux Acta matliematica, les déve-
lopper en séries de polynômes convergentes.
Ecrivons d'abord (i) sous la forme
F( lï', X) r-: "y (,'" ( I + <I„X + ...-;- Cl'.; ' .»■''-' + -'^'"''' \ ,
^^ \ I — a...r '
OU encore
(2) F(«vr)=r.sv + V,,.«_<£!L.
Je désigne par s^, rensemble de tous les termes tayloriens dont le degré
est inférieur à />; c'est là ce que j'ai appelé \x\\ polynôme taylorien.
De (2) on conclut immédiatement que, si x tend vers zéro,
.. F(.r. x)-.v
lim -, = o.
xi'-^
ce qui est la propriété capitale utilisée par M. Poincaré.
Je vais procéder autrement. Soit
une fonction entière ayant l'origine pour zéro. Soit c^, = Y/<s''-
Si l'on multiplie la formule (2) par Cp et si l'on sonmie par rapport à p
de I à l'infini, il vient
/(ç) F(u', j,j — 2 c,„V/, n-^ "■"■73-^-
/■- 1
Telle est la formule fondamentale qui réalisera un développeinenl de
F(a-, .r) en série de polynômes s^,, si l' on peut annuler le dernier sigma.
Or il y a bien des manières d'arriver à ce but, et je me contenterai ici
d'en indiquer une en partant d'hypothèses simples. Soient
• TTC ,. > • T:ia„x
y(i:)T=sin -, /(ir/„.î-) = sin— ^-
Admettons de plus que les a„ soient toujours des nombres entiers et les x
toujours des nombres rationnels de la forme
2(/
/• étant constant. Alors, si H = 2/--t- i, f(^a„x) est toujours nul./( ? ) ne
l'est jamais et le développement désiré est effectué.
SÉANCE DU l3 JUIN 19IO. l585
Donner à x une valeur rationnelle de la forme indiquée n'esl pas plus
étrange ijue de donner à n'importe quelle variable continue une forme
rationnelle dès qu'on désire Tinlroduire dans des calculs. Je me suis d'ail-
leurs expliqué sur ce point dans mes publications précitées.
Etendre ce qui précède aux séries de la Mécanique céleste présente des
difficultés assez graves provenant du manque de symétrie, mais je ne les
crois pas du tout insurmontables. Il n'y aurait là, bien entendu, qu'un
appoint à la théorie analytique de ces développements, les habituelles séries
divergentes restant, malgré tout, beaucoup plus pratiques que les séries de
polynômes convergentes.
Enfin je dois ajouter que, bien que la convergence des séries de cette
Note me paraisse résulter très suffisamment du procédé de formation, je
me suis attaché à chercher des démonstrations basées sur l'étude de l'ex-
pression \j\Cj,Sp\.
On trouve, dans cette voie, de nouveaux. résultats fort intéressants.
ANALYSE MATHÉMATIQUE. — Sur les applications du théorème de S. Lie
généralisé. Note de M. j\. Sai.tykow, présentée par M. P. Appell.
Le théorème démontré dans ma Note que j'ai eu l'honneur de présenter
dernièrement à l'Académie est successible d'importantes applications.
Ce théorème résout immédiatement, en premier lieu, le problème de
S. Lie pour les équations partielles contenant explicitement la fonction
inconnue, sans appliquer la théorie des caractéristiques généralisée. On
sait bien que, dans ce cas, S. Lie transformait les équations données en
un nouveau système d^équations indépendant de la fonction inconnue.
Secondement la théorie des caractéristiques, elle-même, peut être Jjasée
sur notre théorème. Considérons, en effet, le cas limite qui va suivre :
Soit le système normal de q éf/uations partielles
résolubles par rapport aux variables p^^^p.^, . . ., />„ le système linéaire corres-
pondant
(2) (/,./) = o, «•==■, '.î, ...,7,
admettant le système complet d'intégrales
(3) fuj,. .. ../,. ./,-M, ...,./■.„-,+,.
Égalant ces dernières à des constantes a,, a„. .... a,, a^^-i, •••» a.„_^^.,,
]586 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dont les 2« — 27 -4- I dernières étant arbitraires, supposons qu'on en tire
I ; = 9 (.r,, X., r,, et,, X,, 3C,„_^+i).
(4) .r,/+,.= 9,(x,, Xj, . . .. .r,/, «1, «2 a2„_,+ ,) /• =r r, 2, . . ., /i — r/.
En posant
-7+1 ,
S s 9 — V/)y+,.y,.,
les formules
/ '^s ■
(5)
/ <)x,^,.
àS
définissent les intégrales du système (2), en vertu du théorème de S. Lie
généralisé, la dérivée étant distincte de zéro et les parentlièses dési-
gnant le résultat d'élimination des constantes a. moyennant les équations (4).
Par conséquent, les formules (5) représentent des fonctions des inté-
grales (3), acquérant, en même temps qu'elles, des valeurs constantes.
Évaluant ces dernières par les valeurs initiales des variables et nous rappe-
lant les fonctions Uc que j'avais introduites (Co/nj>l es rendus-, i6janv. 1899),
on a
Ua,„_,^, ~ U§t.„.
/.■ 1;= 1 , 2, . . . , 7H — 2(/.
11 s'ensuit, en vertu de l'hypothèse Ua.„ ^,<o, que, dans un certain
domaine, la fonction U„ étant aussi distincte de zéro, les fonc-
tion Ujt ^|, s'annulent donc en même temps que leurs valeurs initiales. Or,
ces dernières conditions, je les avais étudiées en détail antérieurement
{Comptes rendus , i6janv. i8gg,elJournal de Mathématiques, 1899, p. 435).
Le théorème démontré dispense donc des calculs complémentaires néces-
saires pour établir la théorie des caractéristiques généralisée, ainsi que la
théorie classique de Cauchy.
GKOMÉTRlE. — Sur les corps solides opposés. Note de M. René de Saussure,
présentée par M. Emile Picard.
L'ensemble de toutes les positions A que peut prendre un corps solide
dans l'espace constitue une multiplicité; toute série continue de positions A
SÉANCE DU l'i JUIN 1910 1^87
coiislitue dans celle multiplicité une forme géornélrù/ ne dont A esirélémenl
spatial primitif. Les systèmes de corps solides A donnent donc naissance à
une géométrie spéciale, tout comme les systèmes de points donnent nais-
sance à la géométrie ponctuelle, les systèmes de plans à la géométrie ten-
gentielle ou les systèmes de droites à la géométrie réglée.
J'ai montré (') qu'il existe une profonde analogie entre les systèmes de
corps solides et les systèmes de droites. Pour mettre en évidence celte ana-
logie, j'ai introduit la notion des corps solides réciproques ; deux positions A
et A' d'un corps solide sont dites réciproques lorsqu'on peut passer de la
première à la seconde ysaru/ie simple rotation. La notion de réciprocité per-
met de trouver quelles sont les séries linéaires de corps solides.
M. Raoul Bricard, reprenant par la méthode analytique le point de vue sjntluHique
auquel je m'étais placé pour étudier les systèmes de corps solides, est parvenu à défi-
nir toute position A d'un solide au moyen de 8 coordonnées homogènes : /, m, n, p,
À, fi, V, 0 satisfaisant toujours à la relation
//. + m IX -^ irj + p rj T^ o ( - ).
La réciprocité de deux positions A et A' s'exprime alors analyliquement par la condi-
tion
//.' + A/' + 7«f/' -+- jj.m' -h ii'j' -h vn' -h pp' -{- pp' =^ o.
On voit que les coordonnées bricardiennes d'un corps solide sont tout à fait analogues
aux coordonnées pluckériennes d'une droite et que les corps léciproques correspondent
aux droites qui se coupent en géométrie réglée. Les équations précédentes montrent
d'ailleurs que l'analogie entre les systèmes de corps solides et les systèmes de droites
est complète.
Ainsi, par exemple, la pentascrie linéaire, c'esl-à-dire le système linéaire le plus
général qu'on peut former avec yJ positions A d'un corps solide, se trouve représentée
par l'équation générale du premier degré
A / H- B «i + C /( + D /> + « X -t- 6 |jn- c V + <r/p =r o,
où A, B, (J, . . . , d sont des constantes, et cette équation est tout à fait semblable à
celle d'un complexe linéaire en géométrie réglée.
On pourrait imaginer d'autres systèmes de coordonnées pour définir la
position A d'un corps solide, mais on peut aussi se proposer d'établir une
correspondance synthétique directe entre les systèmes de corps solides et les
(') Voir mon exposé résumé de la Géométrie des Feuillets dans les Mémoires de la
Société de Physique de Genève, t. \XX\ 1, fasc. 2.
(•) \oir Nouvelles Annales de Mathématiques, janvier 1910.
C. R., 1910, I' Semestre. (T. 150, N» 24.) 2o8
l588 ACADÉMIE DES SCIENCES.
système de droites, c'esL-à-dire une correspondance indépendante de tout
système particulier de coordonnées; cette correspondance synthétique est
possible, non pas seulement au point de vue projectii", mais même au point
de vue des relations métriques. C'est ainsi que M. Bricard a déjà trouvé, par
exemple, que l'équation de la pentasérie linéaire la plus générale peut se
mettre sous la forme synthétique
/; lanir - =: k,
■?-
k étant une constante et h et 0 représentent respectivement la translation
et la rotation du mouvement hélicoïdal au moyen duquel on peut atteindre
toute position A appartenant à la pentasérie, à partir d'une position fixe A„
Tqui joue ici un rôle analogue à celui de Vaxe ventral dans un complexe
linéaire).
Le but de cette ÏSote est de compléter le parallélisme entre les systèmes
de droites et les systèmes de corps solides, en introduisant la notion des
corps solides opposés: je dirai que deux 'positions A et A' d'un corps solide
sont « opposées » lorsque la rotation du rnom'ement hélicoïdal permettant de
passer de k. à A' est égale à t:{\^ translation étant d'ailleurs quelconque).
Par exemple, la pentasérie linéaire présente deux cas spéciaux intéressants :
k = o et A' r= oc.
Dans le premier cas, la pentasérie se réduit à l'ensemble des positions A
réciproques d'une position fixe A„. Ces deux cas correspondent anx deux cas
spéciaux d'un complexe linéaire de droites:
h tang5 — k\
lorsque k = o, on a le complexe spécial des droites D rencontrant une droite
fixe D|, et lorsque /• = ce, on a le complexe spécial des droites D perpendicu-
laires à une droite fixe D„.
On voit donc que les corps solides opposés correspondent aur droites per-
pendiculaires en géométrie réglée. En effet, dans cette dernière géométrie,
les droites ne possédant pas de sens, il suffit donc d'une rotation de 180°
pour ramener une droite en coïncidence avec elle-même, tandis qu'il faut
une rotation de 36o" pour ramener un corps solide en coïncidence avec lui-
même. Un angle 0 en géométrie réglée correspond donc à un angle 2 0 pour
les systèmes de corps solides, en particulier l'angle - dans hi première géo-
métrie, correspond à l'angle t. dans la seconde. A tout système de droites
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. l58«,
flétîiii relativement à une droite fixe par une équation de la forme
correspondra un système de corps solides défini relativement à un corps
fixe, par l'équation
Telle est la raison pour laquelle, dans les formules de composition des
rotations, ce n'est pas l'angle, mais le demi-angle de rotation qui entre
toujours enjeu.
•En résumé, pour passer de la géométrie réglée à celle des systèmes de
corps solides, il suffit de remplacer :
1° Les droites qui se coupent par des corps solides réciproques;
2° Les droites parallèles par des corps solides parallèles ;
3" Les droites perpendiculaires par des corps solides opposés (ou plus
généralement l'angle 0 par 2O). On aura soin seulement de tenir compte des
modifications dues au fait que la position d'une droite ne dépend que de
4 paramètres, tandis que celle d'un corps solide dépend de 6 paramètres
arbitraires. Les systèmes de corps solides donnent aussi naissance à une
géométrie réelle à G dimensions; c'est la plus générale découverte jusqu'à
ce jour (et probablement la plus générale possible) dans notre espace
euclidien.
MÉCANIQUE ANALYTIQUE. — Sur la flexion. Note de M. J. Le Roux,
présentée par M. Emile Picard.
1. La distribution des flexions est étroitement liée à celle des torsions.
Dans un milieu à trois dimensions l'incurvation des fibres élémentaires
résulte de la rotation dérivée et du glissement normal. Dans ce qui suit, je
réserve le nom dejlexwn à l'iTicurvation par rotation. Ce sens restreint cor-
respond d'ailleurs à celui que l'on donne habituellement au mot flexion
dans les problèmes relatifs à la déformation des corps minces. La flexion
d'une fibre droite difl'ère donc de la courbure de la fibre déformée : elle est
seulement l'une des déformations élémentaires qui produisent cette cour-
bure. Nous sommes amenés néanmoins à introduire pour la flexion les
mêmes éléments géométriques que pour la courbure : plan de flexion,
centre, rayon, axe de flexion. De même que pour la courbure des lignes.
y.{\ —
^) + p(Y-r)+y(Z-
X — ^ Y — j A — z
1 +
a ^ y
R.; r; r;
iSpo ACADÉMIE DES SCIENCES.
la flexion d'une fibre élémentaire est entièrement déterminée par l'axe de
flexion correspondant.
Pour une fibre élémentaire issue d'un point M (a-, y, z) et ayant pour
cosinus directeurs a, j3, y, les équations de l'axe de flexion sont
(1.1 y.{\ — x) + i^{\ -Y) -+-y(Z- :;) = o,
(2)
R^, R^, R^ désignant, comme dans notre précédente Note, les composantes
de la rotation dérivée dans le sens de la fibre.
2. Deux flexions d'une même fibre élémentaire se composent en une
seule. L'axe de la flexion résultante s'obtient par une construction géomé-
trique remarquable. Considérons les deux axes de flexion et les parallèles
menées à ces axes par l'origine M de la fibre. Ces quatre droites forment un
parallélogramme situé dans le plan normal à la fibre. L'axe de la flexion
résultante est celle des diagonales du parallélogramme qui ne passe pas par
le point M. Nous sommes ainsi inonduits à un curieux mode d'association
de droites qui devrait sans doute se retrouver dans d'autres questions de
Géométrie; il correspond par polaires réciproques à l'addition géométrique
des vecteurs.
Le théorème de Meusnier se rattache à cette construction. On pourrait
l'énoncer en disant que la courbure d'une courbe tracée sur une surface est
la résultante de la flexion normale et de la flexion géodésique.
3. Flexion de torsion et flexion polaire. — En appliquant à la rotation
dérivée un procédé courant de la géométrie des vecteurs, on la décompose
en deux parties, l'une symétrique, l'autre dissymétrique. La première a
pour projections sur les axes, les demi-dérivées de la torsion par rapport
aux cosinus directeurs. Elle est perpendiculaire au plan diamétral conjugué
de la fibre dans l'indicatrice des torsions. Sa direction est donc, en général,
dilVérente de celle de la fibre; elle admet par conséquent une composante
normale à laquelle correspond une première flexion que j'appelle la flexion
de torsion.
IjCS composantes de la partie dissymétrique peuvent s'écrire
1
1 = Vî7 -'-'M'
'•■■i = 93« --'yr/:
'■'a^Oi.S —92 a;
eu posant
20,
_ ôpi dp,
'"ôy" 1J7'
_,)p, dp,
■'" dz d.r'
_ àp-i dp
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. ' iSgi
Je donne à l'ensemble des flexions correspondantes le nom de flexion
polaire du milieu considéré au point M.
4. La flexion polaire est déterminée par le vecteur
«D = {9,, 92, 03);
c'est la rotation de la rotation; mais le théorème suivant donne un mode de
représentation moins conventionnel :
Tous les axes de flexion polaire des fibres issues d'un même point M sont
situés dans le même plan P.
Je donne à ce plan P le nom àe plan principal de la flexion polaire. De
même que la flexion d'une fibre est définie par son axe, de même la flexion
polaire du milieu, au point M, est déterminée par le plan principal,
qui a pour équation
o, (X — x) H- a;.,(Y —y) + cp3(Z — s) -t- 1 = o.
Les autres éléments géométriques relatifs à la flexion polaire sont : i" l'axe
central, perpendiculaire abaissée du point M sur le plan principal; 1° le
pôle C, intersection du plan principal et de l'axe central; 3° le rayon prin-
cipal MC.
Deux ou plusieurs flexions polaires en un même point se composent en
une flexion polaire résultante. Les plans principaux se composent entre eux
comme les axes dans les flexions de fibres.
Dans la déformation élasticjue d'un milieu homogène et isotrope, sous
l'action de forces conservatives, il existe toujours un potentiel des flexions
polaires. S'il n'y a pas de forces de masses, l'axe central est, en chaque
point M, normal à la surface S, lieu des points d'égale dilatation cubique.
La flexion plane de la résistance des matériaux est la résultante d'une
torsion et d'une flexion polaire.
5. Flexion des éléments plans. — La flexion de l'ensemble des fibres élé-
mentaires de même origine et dirigées dans le même plan, donne lieu à des
propriétés géométriques intéressantes, tant dans chacune des flexions com-
posantes que dans la flexion totale. Par rapport au plan considéré, la flexion
de chacune des libres peut se décomposer en une flexion normale et une
flexion tangentielle (ou géodésique). La flexion normale moyenne (ana-
logue à la courbure moyenne) est toujours indépendante de la torsion. Le
centre de flexion normale moyenne se trouve donc dans le plan principal de la
flexion polaire.
iSpa ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour la (lexion tangentiello nous avons cette proposition remarquable :
Dans un plan quelconque, tous les centres de Jle.rion tanf;entielle des Jîhres
issues d'un même point sont en ligne droite.
(î. ,1e signale pour mémoire les lignes d' inflexion totale et les plans d'in-
flexion tangentielle ; ce sont respectivement les arêtes et les faces d'un même
trièdre analogue au Irièdre de Bertrand. Knfin, la congruence du second
ordre formée par les axes de flexion relatifs aux libres élémentaires issues
de la même origine, jouit également de certaines propriétés géométriques
liées aux éléments de la déformation par des relations simples.
MÉCANIQUE RATIONNELLE. — Sur le mouvement d'un fit dans l'espace.
Note de M. J. Arxoult, présentée par M. P. Appell.
L'étude du mouvement d'un 111 dans un plan fixe a été ramenée à celle
d'une équation aux dérivées partielles du sixième ordre par M. Resal ( ' ) et
à celle d'une équation du quatrième ordre par M. Appell (*). M. Routh(^)
qui l'a ramenée aussi à l'étude d'une seule équation mais moins simple a
donné une équation diftérentielle spéciale qui permet de calculer sous cer-
taines conditions la tension du fil soumis à des forces connues.
-M. Floquel (') a donné pour un tll dans l'espace une niélhode qui remplace Tétude
du mou\ement et de la tension par celle d'un système de neuf équations aux dérivées
partielles du premier ordre qui, dans le cas du mouvement plan, se réduisent aux
équations de M, Resal. 11 a en outre ramené les équations du mouvement en coordon-
nées quelconques à une forme canonique. Citons aussi les travaux de M. Léauté (■").
Nous allons indiquer une méthode qui conduit à ini S-ystème de deux
équations aux dérivées partielles du quatrième et cinquième oixlre : la ten-
sion sera en outre donnée explicitement par une équation simple.
(') Rksal, Traité de Mécani(iue générale, t. I.
(') P. A.PPF.LL, Sur le momement d'un fil dans un plan fixe {.-icta mathema-
tica, 12); Quelques remarques sur les équations du tnouvenienl d'une chaîne
parfaitement flexible (Annaes da Academia do Porto'., t. IV, 1909).
(M RouTH, Advanced rigid Dynamics, t. II.
(') Comptes rendus, 10 octobre 1892; i"' avril 1S89; 20 juin, 2 et 9 juillet. 22 oc-
tobre 1900.
(°) Comptes rendus, 10 no\embre 1879; Hullclin de la Société philoinalhique.
18 no\ embre 1879.
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. l5()3
M. de Monlcheuil, dans un Mémoire (') sur la séparation analytique d'un système
de rayons incidents et réfléchis, a obtenu des formules qui donnent les coordonnées
d'un point d'une courbe quelconque ainsi que l'arc en fonction rationnelle de deux
fonctions C et D d'un paramètre U et de leurs dérivées. Déplus il a montré comment
on pouvait déterminer ces deux fonctions pour une courbe donnée. Ces formules
sont ;
= '"~ " ( C" -4- I )')-+- ;/ C — C.
(') 'Y=^iV-^^(C"^D')-uC'+-c\
= «(C"+D') — C,
-D.
Considérons un fil libie dans l'espace, inextensible, soumis en chacun de
ses points à des forces quelconques; considérons la forme de ce fil à un
instant déterminé, la connaissance des deux fonctions C et D correspon-
dant à cette courlte nous donnera au moyen des formules (i) les coordonnées
d'un point quelconque de cette courbe et son arc; inversement si on con-
naissait la forme du fil, on pourrait en déduire C et D. 11 en sera ainsi à un
instant quelconque.
Si nous déterminons des fonctions C et D de m et / telles qu'à chaque
valeur de / nous ayons des fonctions C et D de u donnant la forme du fil à
ce même instant, le problème du mouvement du fil sera résolu à Faide de
ces deux fonctions.
Considérons les équations bien connues du mouvement d'un lil :
/' fP.i- , ,J-y <r'z.\ lYV
\ ()i- ' dt- ' Ot- ' ,)s
/ ,à-.r r,, à- y ,û- z- T ,,.
V or- "^ Ot- ' oi- j û '
«à- y r.,.0-y „ 0-z
où a, [3, y, a', ^', y', a", ^", y" désignent respectivement les cosinus direc-
teurs de la tangente, de la normale principale, de la binormale delà courbe
forme du fil au point de coordonnées cc:,y, z à l'instant /; les sens positifs
étant choisis sur ces directions respectivement suivant la tangente positive,
la normale principale dirigée vers le centre de courbure et la binormale
menée dans un sens tel que le trièdre formé par ces trois directions ait
(') Bulletin de la Société mathématique de Fiance, t. XXXI, 1908.
Ijq4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
même disposition que celui des coordonnées Ovyz-^ <!>, W, X désignant les
composantes suivant ces trois directions des forces appliquées au point xyz
rapportées à l'unité de masse, p étant le rayon de courbure de la forme du
iîl, mds la masse de l'élément, T la tension.
Après avoir exprimé toutes les quantités qui entrent dans ces équations
à Taide des fonctions C et D et des variables u et ï, nous obtenons pour
déterminer le mouvement le système
^ ' m On or- ^ ' V '-X '^t- I
'PC d'D'\ (;*G (C"'-i-D")D" /<^'>\-t>'- I - •
'\ O^C (C"'+D")D" /ÔDyl)"
^ ^ âl- ' dC J ' i)t- r>' \<}tj D'-J ino
-^ir^(C" + D"')--.^^(C" + r)') + ...^i)(-^ + ^j = — .
Dans ces équations les accents indiquent les dérivées partielles par rap-
port à u, et p a la valeur suivante :
D'-
v/( G'" + 2 D" )2 — 1_)'-' — 2 D' ( C'^' H- D"' )
Par un calcul simple, nous pouvons remplacer le système des équations
(i), (2), (3) par l'équation (3) à laquelle nous joindrons les deux sui-
vantes :
1)1 ()ll
(4)
[/àD\- ^^.d-G ... ...
^£Ç(e.rn.n'(^^^).r>'a.:
L'équation (3) qui est du quatrième ordre et l'équation (4) qui est du
cinquième nous donnent C etD. L'équation (j) donne la tension.
A tout système particulier d'intégrales correspond un mouvement pos-
SÉANCE DU l3 JUIN I910. 1590
sible du fil, à condition que la valeur de la tension fournie par l'équation ( 5)
soit positive.
Nous nous réservons de développer les applications de cette méthode
dans un mémoire étendu.
AÉRONAUTIQUE. — La poussée sur la surface porlanle des aéroplanes.
Note (' ) de M. Rodolphe Soreau, présentée par M. H. Deslandres.
En 1908, j'ai défini cette poussée par les expressions suivantes de ses
composantes, F perpendiculaire et H parallèle au déplacement général :
F=:KSV-a, H = KSV'-(/a^-Hi),
avec a = « -t- y, i étant l'inclinaison de la corde, y un angle fixe pour chaque
surface, et nul pour le plan. Je me propose de préciser la question par le
calcul.
^
..<<oÉ^
^À^..^___
|1j
'^
Dans l'ignorance où nous sommes des effets dès remous, force est de s'en
tenir à la masse d'air dont l'écoulement est régulier, et d'admettre que la
masse qui est le siège de mouvements tourbillonnaires a pour seul effet de
transmettre à la surface les pressions résultant de l'écoulement des molé-
cules suivant des trajectoires régulières, ou filets. Dès lors, si l'on connaît
la vitesse à la sortie de ces filets, le théorème des quantités de mouvement
donne F et H. La méthode comporte donc des réserves. Néanmoins, on
peut établir des expressions très satisfaisantes en interprétant, d'aussi près
(') Reçue dans la séance du 6 juin 1910.
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N» 24.)
209
logd ACADÉMIE DES SCIENCES.
i[ue possible, les phénomènes de récoulement régulier : lel csL l'objet de
cette Note.
Rankine ébauclia la première théorie de ce genre. Pour les inclinaisons utilisées en
aviation, M. Râteau apporta une contribution importante en dégageant, dans son
ensemble, le mode d'action de la nappe d'air qui s'écoule sur la face dorsale; ses
formules sont :
K est proportionnel à la hauteur L de la lame iluide qui va être inlluencée; o et£ sont
l'angle de déviation et la diminution relative de la vitesse en H.
J'obtiens des formules plus conformes aux résultats d'expériences en tra-
duisant ce Iriple fait : soient P le plan où commence la déviation des filets,
Q le plan parallèle mené par B; à mesure que les filets franchissent P à une
plus grande distance /de la ligne neutre Or, o et £ diminuent, pour s'éteindre
sur le filet /= L; de même, l'influence de la courbure sur o et i s'éteint sur le
filet L|, L, étant au plus égal à L. J'exprime ces faits à l'aide de coeffi-
-( - )" -( — ) " • >
cients rj = e ' , r^, = c "' , où a et a, sont tels cjue r) et rj, soient très
petits quand / = L ou L, .
On peut alors prendre
f r, (Il = f -n dl,
et l'on a la formule générale
fr,''n'(dl — alï\,
dans laquelle
1=/ e--'"c/z, i^,u/—i/ '■ — r<i, P,— ^-
Ceci posé, imaginons des lois suffisamment approchées pour o et i.
Les filets très voisins de la surface, guidés par elle, ont en 13 une dévia-
lion i-h'^, p étant l'angle en B de la face considérée avec sa corde. Mais,
pour les filets plus éloignés, l'influence de la courbure et la déviation vont
en s'éteignant : c'est ce qu'exprime la loi
d = ri(i -h rii^).
Quant à £, considérons les filets très voisins de la surface au delà de la zone
tourbillonnaire AC, dans la partie CB de forte déviation qui diminue
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. 1697
surtout la vitesse. Il est logique d'admellre que 2 est minimum Y)our le profil
de surface tel que CB ail une forme convenant à un filel d"air(analogue aux
formes de filets d'eau de Rankine et de M. Simonot). Soit ^„ la valeur de fl
pour ce profil; le plan mince donne p,, = 0 pour i = o, caries filets sont
alors parallèles au plan : d'où 3„ ^= /«comme première approximation, /étant
un certain coefficient. Pour tout autre profil ayant 8>|îlo) ' ^st de la
forme Sf,~h m^C^ — li)- sur les premiers fdets. Sur les fdets plus éloignés,
on obtient, en raisonnant comme pour 0 :
£=rr, [.v„ + ï.,;«(5 — /O'].
Cela étant, supposons une voilure mince où la surface ventrale et la sur-
face dorsale sont parallèles, avec même valeur de p pour les deux nappes
(les expressions finales seraient d'ailleurs de même forme si p avait une
valeur différente pour chaque face, ou si la section était lunulaire). Les
conqiosantes F', H' ( nappe inférieure) et F", H" ( nappe supérieure) ne dif-
fèrent alors que par a' et a", et Ton a pour la poussée totale
11 =
:KS\2(
[ ri- -+-
,a^
(■ +
■?o H- "'
,3^
K
=rA{a
■ + «"
il,
>. = l\
11-
/2
//iR,,,
U '.
= H,,
— 1
///(]
Ml-
V
liemarques. — 1° K est proportionnel à a' +«', quantité indépeiulanle de /et tle |3,
ce qui est conforme au\ expériences de M. Riabouchinsky et de M. Râteau. K ne dépend
donc que des dimensions de la surface et, en particulier, de son allongement. Avec les
théories antérieures, où K est proportionnel à L' -f- L", it est difficile d'imayiner que.
pour le plan tout au moins, K ne soit pas nul avec /.
2° De même, il est difficile d'imaginer, avec ces théories, qu'on n'ait pas 1"' > F',
puisque L' > L", comme le montrent notamment les spectres de M. Riabouchinsky.
Or les diagrammes de répartition des pressions de M. Eifiel donnent L' < L" au\
faibles inclinaisons, ce qui implique simplement a' < a".
'^° Pour les surfaces minces, F est proportionnel à ( -t- S dans la théorie Râteau, el,
dans la mienne, à « -(- >.j3, avec À < 1 . Or, l'expérience a donné à M. Râteau lui-
même i+ 4°3o' avec une plaque 011 ^3 ^ 10°, et j'ai trouvé i + 8° pour la plaque EifTel
ayant [5 = 17° 10'. En prenant dans mes formules n el p égaux à i , on a 7 = Ru =: o,5,
résultai cadrant assez bien avec les deux expériences précitées.
4° Les courbes expérimentales M :=_/"(/") de M. Riabouchinsky et de M. Râteau
donnent poitr /■ des val&urs diverses, généralement inférieures à l'a valeur o, 5 de la
théorie Râteau ; c'est ce que ma théorie permet d'obtenir.
à» Le point bas de ces couirbes se trouve sensililement sur l'axe /uro. en tout cas
1698 ACADÉMIE DES SCIENCES.
à une dislance positive de la droite 0^0. Avec la forme s^(i-\-bi proposée par
M. Râteau, où b>o, il en serait à la distance — b. Au contraire, ma formule de H
cadre bien avec les expériences, car p.j3, nul pour le plan, est toujours très faible, et
peut être nul pour les surfaces incurvées, en raison de la forme ix.
6° L'evpression 5„+).|j^ rend bien compte des résultats de M. Riabouchinskv.
' MAGNÉTISME. — Stabilité cF aimantation des poteries lacustres. Note
de M. Paul 3Iercasto.\, présentée par M. Lippmann.
La méthode imaginée par G. Folgheraiter pour déterminer le sens et la
grandeur de l'inclinaison magnétique terrestre au moyen des terres cuites
naturelles et artificielles, repose sur cette hypothèse essentielle que Taiman-
lation prise par Fargiie pendant sa cuisson n'a pas varié ensuite au cours
des âges. Folgheraiter en a donné la démonstration pour la céramique
grecque et étrusque; Bernard Brunhes et David l'ont fait également pour
certaines argiles cuites naturelles du (Cantal et du Puy-de-Dôme) Plateau
central français. Depuis longtemps, j'applique la méthode de Folgheraiter
aux poteries palaffittiques; ces poteries sont souvent insuffisamment et
irrégulièrement cuites; il m'a paru de tout temps nécessaire, vu ces con-
ditions défavorables, de contrôler, à leur endroit, la validité de l'hypothèse
fondamentale de leur stabilité magnétique.
Cette vérification, d'une technique très simple, est rendue malaisée par le manque
de matériel adéquat. Ce matériel consistera, en eflet, en pièces de céramique, d'ori-
gine certaine, trouvées à l'état de fragments éparpillés au voisinage les uns des autres,
et dont on puisse affirmer que le bris est bien contemporain de l'enfouissement et non
pas dû à la maladresse des fouilleurs.
Ces fragments sont étudiés un à un, au magnétomètre et leur distribution magné-
tique repérée exactement. Si l'aimantation prise à la cuisson est stable, les fragments
n'auront pas réagi magnétiquement les uns sur les autres d'une manière durable et le
champ terrestre n'aura pas non plus modifié leur aimantation. Chaque fragment aura
donc conservé la distribution magnétique correspondant à sa position dans le vase
reconstitué, et l'aimantation globale du vase sera encore telle qu'elle était à l'époque
lie sa fabrication.
Sinon le désordre de la distribution magnétique se révélera aussitôt.
.l'ai pu appliquer ce critère : 1° à un vase, recueilli en fragments nom-
breux par M. F. -A. Forel dans une tombe du Boiron de Morges; ce vase,
d'une pâte rouge assez dure et bien cuite, est du bel âge du bronze des
[lalaffittcs;
■2° A un vase du même âge, trouvé également brisé en plusieurs pièces
SÉANCE DU i3 JUIN 1910. iSgg
dans la station de Corcellettes (lac de Neuchàtel); ce vase a séjourné long-
temps dans l'eau, à l'état fragmentaii'c, dès l'époque de sa fabrication,
comme en témoigne l'aspect des cassures; il est d'une pâte plus tendre, mal
cuit et peu aimanté.
Pour l'un et l'autre vase, l'examen magnétoniétrique a indiqué une
distribution magnétique, tant des tessons que de la pièce reconstituée, en
tous points conforme à l'hypothèse de la stabilité complète de Taimentation.
La méthode de Folgheraiter est donc applicable à la céramique palaffit-
tique et, par extension, presque sûrement à la céramique, de fabrication
tout à fait analogue, d'autres âges préhistoriques.
Comme les vases antérieurement étudiés par moi, les deux vases ont
révélé qu'au bel âge du bronze l'inclinaison magnétique terrestre était
boréale et plutôt forte en Suisse.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur quelques sulfates doubles de thorium.
Note de M. Iîakke, présentée par M. H. Le Chatelier.
Sulfates doubles de iJiorium et de potassium. — On ne connaît d'une façon
certaine que le sel îIv-SO', Th(^^S()'')-, aH^O, obtenu pour la première fois
par Berzélius ( ' ), et qui a fait l'objet d'une étude cristallographique de
Wyrouboff (-). Berzélius a constaté que ce sel est complètement insoluble
dans une solution saturée à froid de sulfate de potassium.
Poursuivant les recherches entreprises sur les sels doubles formés par les
sulfates peu solubles avec les sulfates alcalins, j'ai étudié la solubilité du
sulfale de thorium dans des solutions de sulfate de potassium de concentra-
tion croissante. A la température ordinaire (lO"), on constate d'abord un
accroissement considérable de la solubilité du sulfate de thorium, puis une
diminution extrêmement rapide; enfin on arrive à une complète insolubilité.
^'oici les nombres obtenus, rapportés à 100 parties d'eau :
K=SU'. Tli(SO')^
0 , oou I , 890
0 , '1 24 I , 667
I ,Oo4 2, 193
1 , i."J2 3, 191
i,>.9.| 2,5i4
(') Annales de Chimie et de Physique, 1" série, t. XI^III, i83o, p. 5.
(-) Dulleliii de la Société minéralogique, l. XXIV, 1901, p. io5.
jgoQ ACADÉMIE DES SCIENCES.
K-SO'. Tli(SO')--
1,383. j.aaa
1,3 '18 1,706
1,378 1,63;
I ,487 o , 870
1 ,633 0,635
1,844 0,370
■î,ji3 0,138
3 , 092. Q , 070
4,0.10 0,027
4,83.5 o,oo3
Quoique assez peu nettement, on distingue plusieurs branches dans la
courbe obtenue en portant K-SO' en abscisse et Th( SO')' en ordonnée.
Ces diverses branches de courbe correspondent à trois sels doubles din(''-
rents :
1" ïli(S0')-.k^SO^.4H"-( ), tînes aiguilles entrelacées.
Trouvé. Calculé.
H^O to,85 10,73
ThO^ 39, .5 39,44
SO' 3.5,6 35,79
■>-" Th(SO*)*.aK'''SO'. 3H-O, petits cristaux triciiniques, perd son eau de cristal-
lisation au-dessous dc: loo".
3° ïh(S0')''.3 ,5K-S0*, cristaux beaucoup plus petits que les précédents, mais
paraissant de même forme. De très nombreuses analyses de ce sel ont été faites; elles
ont toujours donné :
TbO' 25,75
SO'' 42,00
F^a formule indiquée exige Tli(J^= 35. 5(); SO'^ 42,57.
La présence <reau de cristallisation n'a pu être, constatée, même en chauffant au
voisinage de la décomposition du sulfate de thorium. C'est ce sel qui se forme pour
une concentration en sulfate de potasse supérieure à 3,5 pour 100, et qui peut élre
considéré comme complètement insolujjle dans des solutions de K-SO' de concentra-
tion supérieure à 5 pour loo.
.\ 75°, j'ai retrouvé les mêmes sels, mais partiellement décomposés; le sulfate de
thorium en effet se transforme en sel basique à partir d'une température voisine de 55".
Seul le dernier sel double présente une décomposition très faible.
Sul/dle de thorium cl de sodium. — A la teuipérature ordinaire (16"), la
solui)ilitr du sulfate de ihoriuiu dans des. solulious de sulfate de sodium de
SÉANCE DU l3 JUIN I91O. ]6ôl
concentration croissante est la suivante :
Na-SO»
Tl){SO')=
dans
100 parties d'eau.
dans 100 parties d'eau,
' ,094
1,743
1,960
4,387
3,84
3,800
2,98
3,962
4,11
3,375
5,79
2 , i36
9,35
«,379
.2,24
1,169
i5,36
i,o48
Comme on le voit, la solubilité présente encore un maximum très pro-
noncé, mais on n'arrive plus à l'insolubilité complète. Un seul sulfate double
prend naissance dans ces conditions; c'est celui obtenu par Glève (') et qui
répond à la formule Th(SO')vNa- S0'.6H»0.
Sulfates de thorium et d' ammonium. — Les résultats les plus nets ont été
obtenus avec le sulfate d'ammonium. La solubilité du sulfate de thorium
est augmentée d'une façon considérable par la présence de (NH'')^SO''.
Voici les résultats obtenus à la température ordinaire (16") pour 100 par-
lies d'eau :
(NH')-SO'. Th(SO')=.
2,i3 3,36i
4 , 80 5 , 269
10,02 * 8,947
16, 56 i3,33o
28,00 10,359
35,20 91821
45,14 6,592
49, o5 5,750
52,88 4,583
69,74 1,653
Si l'on porte en abscisse (NH' )-S0* et en ordonnée Th(SO'' Y , la courbe
obtenue présente quatre branches :
1° La première correspond à Th(SO')- comme phase solide de o à 16, 5 pour 100
de(iMP)'SO';
(') Bulletin de la Société cliimique de Paris, t. XXI, 1874, p. ii5i
l6o2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
2" La deuxième, de iG,5 à 35,2 pour loo de (i\H')-SO', correspond au sulfate
double
Th(SO»)«.(NH*)2SO',4U^O,
qui avait été obtenu une seule fois par Rosenheim, Samter et Davidsolin ('), et qui
n'avait pu être reproduit par ces auteurs;
3° A la troisième branche de courbe, de 35,2 à 5i pour loo de (Nil')-SO*, cor-
respond le sulfate double
Th (S0')^ 2 ( i\H' )''S0''. 2 ir-0,
obtenu pour la première fois par Rosenheim, Samter et Davidsolin;
4° Enfin, à la dernière branche de courbe correspond le sulfate double
Th (S0> )S 3 ( Nil' )2 S0>, 3 HMI).
Ce sel a été obtenu en gros prismes monocliniques parfaitement transparents.
Trouvé. CiilciiK-.
Perte au rouge naissant [(NH*)'^SOS .iH'O] .... 3i ,34 ôi ,4J
so' 45,62 45,72
ThO^ 3o,47 ■iori^\
■ En résumé, lorsqu'à une solution de concentration croissante en sulfate
alcalin on ajoute du sulfate de thorium, on constate que ce sulfate se dis-
sout abondamment; au bout de quelques instants d'agitation, il se dépose,
dans certaines conditions de concentration, des sulfates doubles, au nombre
de trois pour le sulfate de potasse, un pour le sulfate de soude et trois pour
le sulfate d'ammoniaque.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur roxydation de l'amalgame d'aluminium.
Note de M. P. Roger- Jourdain, présentée parM. H. LeCliatelier.
Dans une Note précédente (-), concernant la teneur en eau de l'alumine
provenant de l'oxydation à l'air de l'amalgame d'aluminium, nous avions
déjà signalé la présence de gaz dans le corps obtenu. Ces gaz sont de
l'acide carbonique et de l'oxygène, qui ne sont pas simplement occlus dans
la matière, comme nous l'avions pensé d'abord, mais bien combinés à
l'alumine. Cette combinaison est assez stable à froid, elle ne se décompose
(') Zeitsclirifl fiir anorganische Chemie. t. XXW, 1903, p. 4''4-
('■') Comptes rendus, t. 150, p. Sgi, igio.
SÉANCE DU l3 JUIN I910. l6o3
que très incomplètement et avec une extrême lenteur dans le vide à la tem-
pérature ordinaire. La décomposition devient au contraire rapide à rio° et
instantanée à 160°.
Une preuve directe de l'existence d'une combinaison est que d'autres
gaz, l'acétylène par exemple, dont la condensation dans les corps poreux
est habituellement du même ordre que celle de l'acide carbonique, n'est
aucunement absorbé par cette matière. D'autre part, une fois qu'on a
extrait à chaud, dans le vide, les gaz combinés, la matière n'est plus apte à
les réabsorber à froid, comme cela a lieu dans les phénomènes d'occlusion.
L'alumine obtenue par oxydation à l'air ordinaire dégage à chaud dans
le vide un volume de gaz sensiblement constant d'une préparation à
l'autre : 27'"'', 8; 3o''"'',4; 28"'"°, 7; soit, en nombre rond, 3o°'"' pour is de
matière hydratée, c'est-à-dire 60'°'' pour i» d'alumine anhydre, puisque la
perte à la calcination, comme nous l'avons montré précédemment, est
voisine de 5o pour 100.
Ces gaz sont exclusivement composés d'un mélange d'acide carbonique et d'oxy-
gène. Dans une jjremière expérience, nous avions trouvé exactement le rapport de
3'°' de Go- pour i*"' de O', ce qui pouvait faire penser à l'existence d'un percar-
bonate; mais dans des expériences successives les résultats ont été très variables,
comme le montrent les compositions centésimales suivantes des mélanges gazeux
recueillis :
C0= 65,2 68,0 84,6 80,5
O^ 34,8 32,0 1 3 , 4 19)5
11 est plus probable que l'on a affaire à un mélange d'un carbonate d'alu-
mine et d'un peroxyde, indépendants l'un de l'autre. S'il en est ainsi on
doit pouvoir, en changeant la composition de l'atmosphère où se fait l'oxy-
dation, faire varier, dans de larges limites, les proportions relatives des
deux gaz combinés. Voici les résultats des trois expériences faites parallè-
lement dans l'air ordinaire, dans de l'air additionné d'acide carbonique,
dans de l'acide carbonique mêlé d'un peu d'air :
Volume total C0= O-
Atinosplière. pour le. pour 100. pour 100.
Air ordinaire 3o 76 25
Air chargé de GO- 5~ 85 i5
Acide carbonique 43 » »
L'air sec, l'oxygène sec et l'acide carbonique sec ne paraissent avoir
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 24.) 2IO
j6o4 académie des sciences.
aucune action sur ramalgauie d'aluminium. La présence de l'eau est indis-
pensable.
Celle-ci d'ailleurs, dans le vide et en l'absence d'oxjgène, oxyde facilement l'alu-
minium avec dégagement d'hydrogène : mais dans le cas de mélanges gazeux renfer-
mant de l'oxygène, la majeure partie de l'oxydation, peut-être la totalité, est produite
par l'absorption directe du gaz libre. Une cloche de 7' fut remplie d'oxygène et
maintenue saturée d'humidité par l'addition d'une certaine quantité d'eau liquide
placée dans une capsule; sous la même cloche, on maintint pendant .\S heures de
l'amalgame d'aluminium qui s'oxyda en donnant la couche pulvérulente habituelle
d'alumine. Au bout de ce temps la pression avait diminué dans la cloche de 7™ de
mercure; il y avait donc bien eu absorption d'oxygène, grâce à la présence de l'eau
qui exerce là une sorte d'action calalvtii[ue.
Cette alumine, carbonatée et oxygénée, se dissout dans les acides avec
effervescence. L'acide carbonique se dégage, mais la totalité de l'oxygène
passe à l'état d'eau oxygénée ('), dont le dosage par le permanganate de
potasse conduit aux mêmes teneurs en oxygène que la mesure directe du
volume de ce gaz dégagé par la chaleur.
CHIMIE INDUSTRIELLE. — Examen de liquides dégagés par lad ion de l'air
sur la houille, entre 120° et 200". Note de MM. P. M.4hler et E. Ch.4RO.\,
présentée par M. A. Haller.
L'étude de l'action de l'air sur la houille a fourni à l'un de nous
quelques observations qui ont fait l'objet d'une récente Communication ( - ).
Il a soumis des échantillons bien desséchés de houilles d'Anzin, de Cour-
rières, d'Azincourt et de Decazeville à l'action d'un courant d'air, sous
des températures croissant depuis la teiupérature ordinaire jusqu'à 200".
Il a constaté que cette action, dès une température relativement basse,
dégage de l'oxyde de carbone, du gaz carbonique et de l'eau.
Jusqu'à 100° environ, l'eau condensée ne présente pas de particularités.
Entre i25°et2oo'', le dégagement d'eau prend un accroissement considé-
rable. Il s'agit là, sans doute, d'eau de constitution provenant de la déshy-
( ') Depuis que nous avons fait ces recherches, M. Georges Friedel nous a signalé
que .M. Mayençon. professeur au lycée de Saint-Etienne, avait depuis longtemps déjà
remarqué les propriétés oxydantes de cette alumine, mais sans avoir fait aucune
publication à ce sujet.
(-) Comptes rendus, l. l.">(), i" seni. 1910, p. i.")2i.
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. l6o5
diatalion OU delà déshydrogénation de certains éléments du charbon,
puisque des faits reconnus montrent que l'opération étudiée est une véri-
lahle oxydation, à basse température.
Nous avons recueilli de ce liquide obtenu, pendant le chauffage au-des-
sus de 125", une quantité suffisante pour Texaminer.
Il est transparent, limpide, sans trace appréciable de produits insolubles. Son odeur
est celle que Ton perçoit près des grands amas de charbon : odeur qui semble due
aux corps dont nous parlons plus loin et à des traces de carbures volatils. Il est net-
tement acide, surtout quand la température de la houille a été élevée au-dessus
de iSc. Cette acidité dépend principalement de la présence de l'acide acétique et elle
peut devenir assez grande. Ainsi, dans un cas, le dosage de l'acidité totale a atteint
22 pour 100, avec la houille de la veine Mark d'Anzin; dans un autre cas, il a atteint
'40 pour 100, avec la houille de la veine Joséphine de Courrières : ces dosages pra-
tiqués sur des liquides provenant de houilles chauiTées à 200°.
L'acide acétique a été idontilié à l'aide des méthodes classiques. On a
pu aussi l'isoler sous forme d'acétate et le régénérer en nature. Il paraît
renfermer des traces d'acide formique. Nous n'avons pu constater la pré-
sence des homologues supérieurs. Il eût fallu, pour essayer un fractionne-
ment, beaucoup plus de litjueur acide que ne pouvait nous en donner notre
inslallatiou, à l'I^cole des Mines.
Dans la même solution aqueuse, nous avons décelé l'acétone, notamment
par la formation de l'iodoforme, en nous entourant de toutes les précau-
tions recommandées par les auteurs qui ont étudié cette réaction. Comme,
d'autre part, la formation de l'iodoforme peut prêter à interprétation
inexacte, nous avons précisé cette présence de l'acétone au moyen de la
réaction très sensible due à M. Denigès (' ). Les quantités d'acétone obser-
vées sont certainement inférieures à celles d'acide acétique.
L'action même prolongée du bisulfite de rosaniline ne nous a pas décelé
la présence d'aldéhydes.
Enfin nous avons cherché l'alcool méthylique et nous en avons démontré
l'existence, notamment, par la méthode de M. Denigès (-).
Nous poursuivons cette étude. Mais nous remarquons, dès à présent, que
les corps que nous avons mis en évidence sont justement les corps princi-
paux dégagés par la distillation du bois.
{') Bull. Soc. cit., 3= série, t. XXI, p. 2^1.
C^) Comptes rendus, t. 150, i""' sem. 1910, p. 882.
l6o6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le méthyl-1 élhanoyl-i cyclohexane.
Note de M. P.-J. Tarbouriecu, présentée par M. A. Haller.
Dans une Note antérieure ( ' ) j'ai indiqué que le cyclohexanol-a diméthvl-
carbinol-i iC^H'^OH — 'COH = (CH')- se déshydrate sous l'action de
certains acides en donnant simultanément naissance à un corps cétonique
de composition CH'^O. et un hydrocarbure qui diffère du précédent par
une molécule d'eau en moins et répond à la composition C"H'*.
La formation de la cétone ci-dessus, aux dépens du glycol hitertiaire
primitif, s'accompagne évidemment d'une transposition moléculaire dont il
était intéressant de déterminer le sens.
Dans le but d'établir la constitution de la cétone C'''H"'0 on a soumis
ce produit à l'oxydation par le permanganate de potasse en solution
alcaline.
Pour cela une molécule de cétone est versée dans une solution de permanganate
(2™°') à 3 pour 100, contenant i pour 100 de soude. Au bout de 24 heures, le perman-
ganate étant complètement décoloré, on entraîne à la vapeur la céloue qui n'a pas
réagi, et après avoir mis en liberté par HCI le produit d'oxydation on l'extrait à
l'étlier.
Le produit ainsi obtenu, distillé dans le vide, donne, eu proportions d'ailleurs
très inégales, deux portions : l'une passant à i^o^-iôo" sous 28'"™ et, en bien moindre
quantité, une deuxième portion passant vers 220° sous 25™'".
La première portion est constituée par un acide répondant à la composi-
tion CH'^O^ et qui, rectifiée, bout à 141° sous 20"""; sa constitution est
11 1- 1 ■. ■ A f I .^ou.o/CO-CO*H(i) ,
celle d un acide a-cetonique de lormule C H \ „„., , , ^ comme le
montrent les faits ci-dessous.
L'acide C" H"' O' donne une semicarbazone qui, après recristallisation
dans l'alcool étendu fond à 198°. Ce produit possède encore sa fonction
acide comme le montrent sa solubilité dans le carbonate de potasse et la
faculté qu'il a de donner des éthers.
En effet la semicarbazone de l'acide C'H'*0', en solution dans l'alcool méthjlique,
traitée par le sodium et le sulfate de mélhjle, donne un éther méthylique, peu solulde
dans l'étlier et la benzine et qui, après recristallisalion dans l'un ou l'autre de ces deux
dissolvants, fond à i58°.
(') Comptes rendus, t. C.\LI\, p, 604.
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. 1607
D'autre pari l'acide C M' ' ()', donne une oxime parfaitement cristallisée,
(jui se décompose, sans fondre, vers 160°. Ce dérivé cristallise particulière-
ment hies dans l'alcool niéthylique.
L'oxime ci-dessus possède la propriété des oximes d'acides a-céloniques,
de se décomposer sous l'action de la chaleur avec perte de CO^ et H-0. Il
en résulte la formation d'un nitrile de formule C'H"CAz. Cette cyanhj-
drine bout à 180" à la pression ordinaire.
Hydratée au moyen de la potasse à 3o pour 100 dans l'alcool méthylique,
elle donne un acide C'H'''CO^H qui bout à i36° sous 23™°^ et se prend
par refroidissement en cristaux fondant à 39".
Le chlorure de cet acide C'Il''COCl est un liquide d'odeur très désa-
gréable, bouillant à 85° sous 24""".
Traité par le gaz ammoniac sec dans l'étlier absolu, il donne une aniide
P. F. 66°).
La composition chimique et les constantes physiques de ces derniers
composés identifient l'acide C'H"CO-H avec l'acide méthyl-i-cyclo-
hexylcarbonique-i, C"H"\ ,,,..,,, , déjà obtenu par N.-D. Zelinski et
•' ' ' \CO''H(^i) J '
I. Goutta ( ') et permettent d'établir d'une façon définitive la structure de
la cétone initiale et de son principal produit d'oxydation.
Il résulte de ces faits que, pendant la déshydratation du glycolbitertiaire
primitif CH'^OH — COH = (CH')-, l'un des groupes méthyle émigré
sur le noyau hexahydrobenzénique et s'y fixe en position i, pour donner le
/CHHi)
méthvl-i éthanovl-i cyclohexane : C'''H'"s „^ „,t.,
•^ - - \C0 — Clr (i)
CHIMIE ORGANIQUE. — Noiweaux cas (V oxydabilité spontanée
avec phosphorescence . Note de M. Marcel Dei.kpi.ve, présentée
par M. A. Haller.
J'ai indiqué que onze composés sulfurés de trois familles différentes con-
tenant le groupement ^ = C (^ étaient phosporescents par oxydation
spontanée à l'air ( - ). La même propriété a été retrouvée dans les
(') Journ, Soc. pitys. chini. A'., t. XXXVIII, 1906, p. 477-i7<S, fasc. 3 (liiill. Soc.
chirn.^ l. H, 1908, p. 999).
(2) Comptes rendus, t. 150, 1910, p. 876.
l()o8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
deux éthers chlorosulfocarboniques CH''0.CS.C1 (cb. 107°- 108°) et
C-H'O.CS.Cl (éb. 127°- 128") ; Us fument et luisent fortement. 11 en est
de même du composé CH'O . CS . CH^ { éh. H^^-.Sq") obtenu avec CH'Mgl
et CHM3.CS.C1.
Par contre un grand nombre de composés possédant des groupements
différents, ou de l'hydrogène sur l'azote lié au carbone (comme dans
(]1I'0.CS.NH-), ou même possédant les groupements isomériques
/ /Q__
OiC^' ^-'\ c ne sont pas phosphorescents.
Fait remarquable, le chlorosulfure de carbone CSCI* est oxydable avec
une forte émission de lumière. Ces nuages opaques qu'il forme instantané-
ment à l'air et que l'on a toujours considérés comme résultant de sa décorti-
position par la vapeur d'eau (malgré que l'eau ne le décompose que
lentement) sont des jDroduits de combustion spontanée: ils sentent l'oxy-
chlorure de carbone et contiennent beaucoup d'acide sulfurique.
Toutes ces observations seront détaillées ailleurs ; à leur propos, je dois signaler
qu'un élève de M. O. Billeler, M. H. Berthoud, ,1 étudié en igoS Tautoxydation des
étliers sulfocarbamiques bisubstitués. Ce travail a fait l'objet d'une thèse, mais n'a pas
été publié dans les périodiques ; j'en ai eu connaissance par une lettre de M. U. Bil-
leter en date du 3 juin 1910. MM. O. Billeler et H. Bertlioud n'ont pas vu les phos-
phorescences qui accompagnent ces oxydations; ils ont également signalé des composés
contenant S — (] et non spontanément oxydables.
CHIMIE ORGANIQUE. - Remarque sur l'acidité des dérivés de l'éUter
o. valacé tique . Note de M. H. Gault, présentée par M. A. Haller.
L'éther oxalacétique et ses déiùvés jouissent de propriétés acides carac-
téristiques qui peuvent être mises en évidence par un certain nombre de
phénomènes chimiques cl physico-chimiques (').
.T'ai observé que, dans un grand nombre de cas, cette acidité est sufli-
sante pour permettre un titrage de ces éthers en présence de phénolphta-
léine, le titrage en présence d'' hélianthine ne donnant, au contraire, aucun
résultat. On peut baser sur cette observation, qui constitue une confirma-
tion de la formule énolique attribuée aux dérivés oxalacétiques (^), une
véritable méthode de détermination de poids moléculaires ou tout au moins
(') Drude, Berichle, t. \XX, p. 962; Bri'hl, J. pr., 2' série, t. L, p. i4o.
(') Dride et Briiil, toc, cit.: comp. Perki.n, Joiirn. clicni. Soc, t. LXI, p. 1S08.
SÉANCE DU l3 JUIN 19IO. 1609
un procédé de recherche du nombre des atomes d'hydrogène acides dans
ces composés.
Le titrage s'efi'ectue très facilement en milieu alcoolique ou acétonique
dilué, neutre; le titrage en retour présentant, dans certains cas où l'énoli-
sation semble progressive, de grands avantages sur le titrage direct. Enfin,
il est évidemment nécessaire d'opérer à basse température de façon à éviter
toute saponification.
Dans le cas de dérivés oxalacétiques renfermant à c(ké de fonctions éno-
liques une ou plusieurs fonctions acides vraies, deux titrages successifs, l'un
en présence de phénolphtaléine, l'autre en présence d'hélianthine, per-
mettent de se rendre compte du nombre et de la nature des atomes d'hy-
drogène acides contenus dans la molécule.
Mes essais ont porté successivement sur les éthers oxalacéti({ue, méthy
lènebisoxalacétique,éthylidènebisoxalacélique,propylidènebisoxalacétique,
œnanthylidènebisoxalacétique . oxalsuccinique , méthyloxalsuccinique ,
a-oxalglutarique, cYclopentanedione-2 . '^-dicarbonique-i . 4, a-mono\altri-
carballylique, cyclopentanedione-2 . 3-tricarbonique- i . 4. 5 et sur l'éther
acide cyclopentanedione-2 . 3-dicarbonique- 1 . 5.
J'ai réuni dans le Tableau suivant les résultats obtenus en les rapportant
aux poids moléculaires des différents éthers étudiés :
A. — l'Jtliers lenfennant un atome (Vliydrogène acide.
Poids moléculaire.
Calculé. Trouvé.
IClher oxalacétique 1S8 i83, 184
» oxalsuccinique 274 2<J8
» méthyloxalsuccinique 288 183, 180, 170
i> a-oxalglutarique 288 288
» a-oxaltricarballylique 360 264,269
B. — Éthers renfermanl deux atomes d' hydrogène acides.
l'éther méthylénebisoxalacétique anliyche 388 i()'i
» » hydraté 406 4oo
. » éthylidènebisoxalacétique hydraté 420 ^i\
» propylidènebisoxalacétique hydraté 434 4'î8
« œnanthylidènebisoxalacétique hydraté 477 473
1) cyclopenlanedione-2.3-dicarbonique-i .4. . . 242 238, 25o
11 cyclopentanedione-2. 3-tricarboiii<|ue-i . 4 .0. 3i4 3io
' (phénolpht.) ) ,
, ) (2 fonct. ac.) ) "^ ^ " "
» cyclopentanedione-2 .3-dicarbonique-i ..5. . . 2i4 < ,1 ■,■ ,/ ^ >
• ^ ' i [he/tanth.) |
( (1 fond, ac.) )
l6lO ACADEMIE DES SCIENCES.
De tous ces composés, l'éther méthyloxalsuccinique et l'éther monoxal-
tricarballylique, qui peuvent être tous deux considérés comme des déi-ivés
de l'éther oxalsuccinique, ont, seuls, donné des résultats anormaux et,
quelles que soient les conditions dans lesquelles je me sois placé, se sont
toujours montrés plus acides que leur constitution, rigoureusement établie
d'autre part, ne permet de le concevoir.
J'ai l'intention de poursuivre mes recherches sur ces dérivés et plus géné-
ralement sur tous les composés renfermant le complexe
— GO-CH(H) _C0 — GO,
en me plaçant au double point de vue chimique et physico-chimique.
BOTANIQUE. — Sur les excrétions des racines. Note de MM. Brocq-Rousseu
et Edmond Gai.\, présentée par M. Gaston Bonnier.
Il n'a jamais été démontré rigoureusement que les racines étaient capables
d'excrétions physiologiques. L'expérience classique de l'inlluence des
racines au contact d'une plaque de marbre est sans valeur à ce point de vue.
Nos expériences ont porté sur des fèves et des marrons d'Inde. Nous
avons recherché hors de la racine la présence de la peroxydiastase ([uc
nous savons exister en grande quantité dans les graines venant de germer.
La présence de cette diastase a été mise en évidence par la méthode clas-
sique : gaiac -+- H-()- ou gaiacol -+- H-O^. Toutes les précautions de stéri-
lisation des vases et des objets ont été prises pour éviter les causes d'erreur.
Nous avons abandonné la méthode des cultures pures parce qu'elle pré-
sente une cause d'erreur inévitable provenant de la condensation de la vapeur
d'eau dans les tubes de culture nécessairement bouchés, cette eau se trouvant
momentanément au contact d'autres organes que la racine.
Nous avons répété l'expérience de Uaciborsky qui avait constaté que le
liquide qui baigne des graines en germination contient de la peroxydiastase.
Puisque toutes les parties de la graine contiennent de la diastase et baignent
dans le liquide, cela ne prouve pas que les racines excrètent.
I. Des fèves en gerniinalion doiil la racine a 3<'"' à 6'"' de loni;ueur sonl lavées dans
de l'eau renouvelée. Ces lavages enlèvent toute trace de peroxydiastase adhérente à la
racine. Lors(]u'on s'est assuré du fait, on suspend une fève au-dessus d'un petit tube
de verre renfermant environ 3'^"'' d'eau. On y fait plonger la racine en veillant à ce
que le bord du tube ne touche pas les cotylédons. Après 6 à la heures, suivant les
variations individuelles, on peut constater, par une réaction colorée, que de la
peroxydiastase est sortie de la racine.
SÉANCE DU l3 JUIN I910. l6ri
Y a-t-il eu excrétion? On peut admettre que les résultats obtenus sont dus soit à
une exfoliation de la coiffe entraînant de la diastase dans le liquide, soit à des bles-
sures de la racine ou des poils radicaux, soit à un simple phénomène osmotique.
II. La fève mise en expérience est trempée jusqu'aux poils radicaux dans de la
paraffine très molle. La coille se trouve ainsi enrobée sans qu'aucun débris organique
puisse s'échapper. Le phénomène de sortie de la peroxydiaslase se produit comme
dans l'expérience précédente. L'exfoliation de la coiflfe, entraînant mécaniquement de
la diastase dans le liquide, n'intervient donc pas dans ce phénomène.
III. a. On prend une fève prête pour l'expérience et l'on plonge la racine dans l'eau.
Au bout de 10 minutes, comme on pouvait s'y attendre, le liquide n'indique pas la
présence de la diastase recherchée.
b. La même fève est plongée dans un tube contenant 3""' d'eau salée à o,5 pour 100.
Au bout de 2 à 5 minutes, la diastase existe dans l'eau salée.
c. La même fève, sortie de l'eau salée, est lavée dans de l'eau pour entraîner les
restes de sel et de diastase adhérents; on la replonge dans un tube contenant
de l'eau; au bout de 10 minutes, comme en a. on ne constate pas la présence de
diastase.
d. On remet la même plante dans un tube d'eau salée et l'on obtient à nouveau la
réaction, comme en b, en quelques minutes. Cette expérience montre bien qu'il n'y a
aucune blessure. S'il en existait une, la diastase s'écoulerait dans l'eau après la sortie
de la racine de l'eau salée. Elle montre aussi qu'il s'agit bien d'un phénomène osmo-
tique physiologique.
1\ . Cet échange existe dans la région des poils absorljants. En eifet, on peut
enrober dans la paraffine la partie inférieure et la partie supérieure de la racine en
laissant seulement à nu une partie des poils absorbants. Le phénomène osmotique se
produit.
Avec le marron d'Inde, l'osmose de la diastase dans l'eau ordinaire peut se produire
déjà au bout de 3 heures.
Conclusion. — 1° Par les poils absorbants de leurs racines, et pendant la
première péinode de leur existence, les plantes rejettent de la peroxydiaslase
dans le milieu extérieur.
2° L'hypothèse générale de l'excrétion osmotique par les poils absorbants
des racines est vériliée expérimentalement.
BOTANIQUE. — Sur la structure des branches courtes et âgées de quelques arbres .
Note de M. Jean Daniel, présentée par M. Gaston Bonnier.
Certains arbres portent trois catégories de branches : 1° des branches
longues à pousses annuelles allongées séparées par des traces gemmaires
c. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 24.) 211
1^12 ACADEMIE DES SCIENCES.
assez éloignées; 2° des branches courtes à pousses annuelles réduites sépa-
rées par des traces genimaires rapprochées et plus ou moins distinctes;
')" des branches mixtes formées par une succession irrégulière de pousses
longues et de pousses courtes.
Je me suis proposé d'étudier et de comparer la structure que présentent
ces diverses branches au même âge chez un certain nombre d'arbres (Hêtre,
Charme, Bouleau, Sorbier, Châtaignier, Erable, Frêne, Ginkgo, etc.).
Deux types généraux peuvent être distingués : celui du Hêtre et celui
du (Tinkgo.
1° Tyj)e du Uêlre. — Dans les branches longues du Hêtre le diamètre aug-
mente rapidement avec l'âge ; les branches courtes ont une forme presque
cylindrique et la différence de diamètre entre la base et le sommet est
très faible. Les pousses annuelles de cette dernière sont considérablement
réduites par rapport à celles de la branche longue; les traces gemmaires,
qui disparaissent rapidement dans la branche longue, sont visibles plus
longtemps dans la branche courte mais Unissent par disparaître au bout
d'un temps plus ou moins long.
On peut envisager les tissus au point de vue de leur structure et au point de vue de
la surface qu'ils occupent dans la coupe transversale. Dans la branche courte, le liège
est formé de cellules légèrement plus grandes et occupe relalivemenl plus d'espace;
le phelloderme et l'écorce sont formés d'un plus grand nombre d'assises de cellules
plus petites; leur surface est relativement plus grande dans la branche courte; le liber
et le tissu médullaire sont formés d'éléments semblal)ies dans les deux brandies; leur
importance est relativement plus grande dans la branche courte. Les dillérences qui
existent entre les tissus précédents sont moins importantes que celles qui evislenl
entre les tissus ligneux : dans la branche longue les couches ligneuses annuelles con-
centriques diminuent lentement d'épaisseur quand la branche vieillit; elles sont long-
temps visibles et permettent d'en déterminer l'âge. Dans la branche courte elles dimi-
nuent très rapidement d'épaisseur et, au bout de la septième ou de la huitième année
en\iron, la distinction entre le bois de printemps et le bois d'automne n'est plus pos-
sible, par suite de la disposition irrégulière et confuse des vaisseaux et des fibres.
A partir de ce moment il est impossible de déterminer son âge.
Dans les branches mixtes, les tissus peuvent être semblables à ceux de la branche
longue ou à ceux de la branche courte, ou présenter une structure intermédiaire; les
rapports qui existent entre leurs tissus ont une valeur comprise entre celles des
mêmes rapports dans les deux autres branches. Quand l'âge de la branche mixte
augmente, la netteté des couches ligneuses annuelles diminue, mais moins rapidement
i|ue dans la branche courte; il arrive aussi un moment où il est impossible de lixer
exactement son Age.
Les autres arbres qtie j'ai étudiés présentent des branches analogues à
SÉANCE DU l3 JUIN I910. lGl3
celles du Hêtre. Il y a entre elles des différences analogues à celles que je
viens de sigjnaler pour celui-ci, mais ces différences sont plus ou moins accen-
tuées, suivant l'espèce considérée.
2" Type du Ginkgo. — Dans le Ginkgo biloba, il existe également des
branches longues, des branches courtes et des branches mivtes. Les branches
longues sont amincies à l'extrémité terminale. Les branches courtes ont, au
contraire, un diamètre plus faible à la base qu'au sommet. L'augmentation
du diamètre au sommet est due au développement des tissus cortical et
médullaire. Ceux-ci occupent une grande surface au détriment du bois qui
est peu développé et ne présente pas de couches annuelles distinctes. Les
cicatrices gcmmaires de la branche courte se confondent avec les cicatrices
foliaires et il est impossible, par suite, de compter le nombre des pousses
annuelles. Il n'y a donc aucun moyen morphologique pour la détermination
de l'âge des branches courtes de cet ordre. J'ai constaté qu'il en est de
même dans les branches mixtes, ce qu'on pouvait prévoir d'après ce qui
précède.
De cette brève étude sur les arbres qui possèdent des branches longues,
des branches courtes et des branches mixtes, on peut tirer les conclusions
suivantes :
1° La branche courte se distingue de la branche longue par la réductif>n
du bois et la disparition de ses couches annuelles, par la diminution du
nombre des rayons médullaires et par l'augmentation des [)arenchymcs el
du tissu libérien ;
2° La branche mixte présente les mêmes caractères que la branche
courte, mais ses différences avec la branche longue sont moins accen-
tuées ;
3° Quand l'arbre a acquis sa taille maxima, il ne produit plus que des
branches courtes et des branches mixtes. Il résulte de là que les productions
ligneuses annuelles ne présentent plus de limites nettes à partir de ce uïo-
ment. Si l'on considère alors que par pincements, greffes ou alternances
climatologiques on peut obtenir dans la production annuelle plusieurs
couches ligneuses; que certains végétaux ne possèdent pas de couches an-
nuelles bien distinctes; que, dans les plantes où ces couches sont considérées
comme nettes, elles n'existent que pendant une durée limitée, on peut con-
clure qu'il est impossible de déduire d'une façon absolue l'âge d'une plante
d'après le nombre de ses couches ligneuses apparentes.
l6l4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Formation d'acroléine dans la maladie de
l'amertume des vins. Noie de M. E. Voisexet, présentée
par M. Armand Gautier.
De tous les corps de la Chimie organique, les aldéhydes sont ceux qui
possèdent le plus de réactions en raison de leurs affinités énergiques.
Les réactifs ordiiiairement employés pour les reconnaître sont souvent
communs à toutes ces substances : tels le nitrate d'argent ammoniacal, le
bisulfite de rosaniline. Mais il existe aussi des réactifs spéciaux permettant
d'identifier, quelquefois avec une extrême sensibilité, une aldéhyde déter-
minée. C'est ainsi que dans une élude antérieure ('), spécialement appliquée
à la formaldéhyde, j'ai fait connaître le mc\a.nge alhiimine-acide chlor/ivdrique
nilreiix, comme un réactif de coloration pour la majorité des aldéhydes,
en indiquant qu'il fournit avec l'acroléine une coloration bleu verdâtre.
Dans une précédente Note (^) j'ai donné la composition de ce réactif.
Dans le cas de l'acroléine, la teinte est verte pour les solutionsrelativement
riches (r^, -j-^, ■wi^)i bleu verdâtre pour les teneurs plus faibles, mais tou-
jours avec coloration verte dans les premiers instants; la sensibilité atteint
le millionième, mais alors la coloration n'est visible qu'au bout d'une demi-
heure, et seulement dans l'axe du tube. Aucune autre, parmi les nombreuses
aldéhydes soumises à cet essai, ne m'a donné cette réaction.
Dans une étude sur les principes aldéhydiques des vins à 1 aide du réactif
protéique-acide sur les premiers fractionnements de distillation, j'ai été
conduit à soumettre à cet essai un vin très amer; j'obtins ainsi dès le début
une coloration bleu verdâtre, semblable à celle que donnent les solutions
d'acroléine, tandis que les vins sans amertume, jeunes ou vieux, n'avaient
toujours donné qu'une coloration plus ou moins jaune due à l'éthanal.
Mode opératoire. — On acidulé loo'^"'' de vin de dix gouttes d'acide sulfiiiique
pur, pour libérer les aldéhydes combinées, et l'on introduit le liquide dans un ballon
de iSo^""' muni d'un tube de 3o'^'" entouré d'un réfrigérant; la distillation doit être
très lente ; on reçoit le distiliatum, dans une éprouvette graduée, par fractionnements
(.le 5''"' à chacun desquels on applique la réaction précédente.
Il restait à conlirmer par d'autres preuves l'existence ainsi soupçonnée de
(') Bull. Soc. clitin., l. XXXIII, igoô, p. 1198.
(-) Coin/ilcs rendus^ t. I.ÏO, 1910. p. 879.
SÉANCE DU l3 JUIN 19IO. l6l5
l'aldéhyde acrylique dans les vins amers. Après avoir concentré sous un
petit volume de distillatum les éléments les plus volatils du vin dont l'acroléine
doit faire partie en raison de son point d'ébuUition peu élevé, 52°, 5, j'ai pro-
cédé aux essais suivants :
Examen organoleptique. — Le liquide liédi émet des vapeurs irritant vivement les
muqueuses nasale et lacrymale.
Réactions colorées afec les phénols. — D'après MM. Barbet et Jandrier ('), et
M. Islrati (^), tous les phénols donnent des réactions colorées avec les aldéhydes en
présence d'acide sulfuiique pur; certaines sont considérées comme spécifiques de
l'acroléine : en particulier, celles fournies par le pyrogallol, la résorcine, le phénol et
la codéine.
Pour eMCUter ces réactions, on introduit dans un tul)e à essai une pincée du com-
posé phénolique ou l de centimètre cube d'une solution alcoolique du réactif saturée
il la température ordinaire (une seule goutte pour la codéine), puis 2""' d'une solu-
tion alcoolique de l'aldéhyde; après dissolution on fait pénétrer au fond du tabe
1""'' d'acide sulfurique pur; on observe la coloration qui se produit au plan de sépara-
lion des deu\ liquides.
En appliquant ces essais au distillatum du vin amer, j'ai obtenu avec le pjrogallol
un anneau orangé rouge avec superposition dun anneau violet lie de vin ; avec la ré-
sorcine un anneau rouge orangé surmonté d'un bel anneau bleu de lin, séparés par une
zone incolore; ces deux réactions sont identiques à celle que donne une solution d'acro-
léine au millième; le phénol m'a donné après dilution de la liqueur au demi, une belle
coloration héliotrope, comme avec une solution d'acroléine dont le titre ne dépasse
pas f liVû i enfin j'ai obtenu avec la codéine une coloration verte.
Action sur le permanganate de potasse. — Les aldéhydes décolorent facilement le
permanganate de potasse; l'acroléine, particulièrement instal)le, réduit avidement ce
réactif et cette activité est environ 0000 fois plus forte que celle de l'élhanal. En versant
dans une prise d'essai du distillatum précédent une solution de permanganate à os,2
par litre, j'ai pu décolorer instantanément un volume considérable de ce réactif.
Pour éviter l'action toujours nuisible des aldéhydes du vin, et estimant que l'acro-
léine ne pouvait provenir que de la glycéiine de ce liquide, j'ai cultivé le bacille de
l'amertume dans la solution suivante additionnée de glycérine pure à 10 pour looo, à
une température moyenne de 20° : sulfate d'ammoniaque, l\^,']o; phosphate de po-
tasse, oS,-5; sulfate de magnésie, 0*^,10; peptone Byla, los; eau, looos. Au bout de
3 semaines, le liquide soumis à la distillation donne un premier fractionnement 1res
irritant pour le nez et les yeuv. En opérant sur 5' de culture, j'ai obtenu par recti-
fications successives un fractionnement de loo'""', satisfaisant aux réactions précé-
(') Congrès de Chimie appliquée, t. I, 1896, p. 472-
(') Bulletin de la Société des Sciences de Bucarest, n" 2, 1898, p. i63.
l6r6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dénies, fournissant en particulier la coloralion verte avec le réactif protéique acide.
Ce liquide réduit immédiatement à chaud le nitrate d'argent ammoniacal et recolore
instantanément à froid le bisulfite de rosaniline.
Evjiérimentatwn physiologique. — L'acfoléine est très vénéneuse : à do«e
égale, son pouvoir toxique est bien plus élevé que celui du furfurol. A ce
sujet, j'ai efFeclué à quelques jours d'intervalle les deux essais suivants
sur un lapin du poids de 2'**',3oo.
J'reinier essai. — Injection directe dans le sang de lo""' d'alcool à So" résultant de
la distillation d'un \in sain d'amertume : le lapin ne meurt pas.
Deiuiièine essai. — Injection de 10'°'' d'alcool k 38" provenant de la rectification
d'un vin semblable au précédent comme origine et :ige, mais très amer : le lapin e?l
foudroyé.
La concordance de ces faits révèle donc très nettement l'existence de
l'acroléine dans les vins amers. Par addition d'une quantité connue de ce
corps à un vin sain, suivie d'une distillation d'après le mode opératoire
précédent, j'ai pu doser comparativement et par colorimélrie, à l'aide du
réactif protéique acide, les quantités de cette aldéhyde dans les trois vins
amers suivants, dont le premier a servi aux essais qui précèdent :
Acroléinc
par litre.
Vin de Béru (Yonne). Récolte 1898. Maladie presque terminée. ,
Vin amer comme du quinquina o, i5
Vin de Nuits-Sainl-Georges. Récolte i9o4- Maladie en cours.
Très amer o, 10
Vin de Savigny-les-Heaune. Récolte 1906. Maladie en cours.
Nettement amer o,o4
Cette formation d'acroléine dans les vins amers contirme la préférence
marquée des ferments de l'amertume pour la glycérine : il est super 11 u
d'ajouter que des cultures comparatives additionnées de tartre, glucose,
lévulose, inannite, ne m'ont donné aucune trace de cette aldéhyde.
Ce mode de production met à jour une nouvelle origine de racroléinc
dans les alcools et montre combien il est fâcheux de produire de l'alcool de
consommation avec des vins amers.
11 reste à savoir par quel mécanisme hiochiniique s'effectue celle de-
gradation de la glycérine en acroléine : c'est ce que j'espère pouvoir
expIi(|uor.
SÉANCE DU l3 JUIN 19IO. 1617
CHIMIE BIOLOGIQUE. — Sur le Jihrine- ferment . Note de M. C. Gessard,
présentée par M. E. Roux.
L'étude que j'ai faite antérieurement de la catalase du sang(') m'a
conduit à entreprendre des reclierches parallèles sur le fibrine-ferment. Le
rapprochement s'impose. Alexander Schmidt l'a fait déjà, au regard d^un
élément du sang que je vise à mon tour, sinon entre les deux principes,
dont il venait de découvrir l'un et dont l'autre était encore inconnu, du
moins entre les actions coagulante et catalytique, qui sont désormais respec-
tivement attribuées à l'une et l'autre diastases. J'ai comparé la catalase et le
fibrine-ferment au point de vue de leur faculté d'adhésion aux principes
solides nés dans le liquide sanguin de ses constituants ou de réactifs chi-
miques V introduits, et au point de vue de leur adaptation au procédé de
préparation que j'ai proposé à l'occasion de mes recherches sur la cata-
lase (-).
Le fibrine-ferment n'est pas adhérent à riiémoglobine cristallisée; par
suite, la solution de cette dernière est dépourvue de pouvoir coagulant.
Al. Schmidt l'a bien vu, mais il fait marcher de pair à cet égard le pouvoir
coagulant et le pouvoir catalytique, les donnant tous deux comme absents
au même titre de l'hémoglobine cristallisée, môme de premier jet (^ ). Avec
l'hémoglobine ci'istallisée préparée par le procédé de MM.. K. ^ ila et
M. Piettre ('), je constate bien, en effet, l'absence de fibrine-ferment dès la
première cristallisation. Plusieurs recristallisations sont, au contraire,
nécessaires pour supprimer toute trace de catalase. Quant à la fibrine du
sang, le fibrine-ferment y adhère aussi bien que la catalase. De cette uotion
découle la pratique déjà ancienne de dissoudre la fibrine pour obtenir une
liqueur coagulant le fibrinogène. Mais, à cet effet, il importe, par les raisons
que je donnerai dans un autre travail, d'employer la fibrine de battage.
C'est aussi bien cette fibrine que j'ai mise à contribution pour obtenir une
solution de fibrine-ferment, comme j'avais fait déjà pour la solution de
catalase, afin d'expérimenter l'adhésion de la diastase au phosphate de
chaux et son passage du phosphate dans le sérum.
(') Comptes rendus, t. GXLXIII, 1909. p. 1467.
(') Comptes rendus de la Société de Biologie^ t. LX\ I. 1909, p. 918.
(^) Pfliigers Archw, t. VI, 1872, p. 519-027.
(*) Bull. Soc. chim., l. XXXIII, 1906, p. 5o5.
l6l8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour cela, los de fibrine de hallage lavée jusqu'à parfaite blancheur ont été dissous
à la faveur de los de chlorure de sodium dans i' d'eau distillée. La solution filtrée a
été traité? par 20""'' d'une solution au dixième de chlorure de calcium, puis pai' 3o"^™'
de phosplinie disodique au dixième, ajoutés goutte à goutte et en agitant conlinuel-
lement.
Le pré<: Ité de phosphate de chaux a été lavé à l'eau distillée jusqu'à ce que l'eau
de lavage ip; coagulât plus en liqueur fibrinogène. Ce précipité est alors soumis aux
traitements successifs, à mêmes doses et de même durée, 3o''"'" pendant 3 jours, d'eau
plijsiologiqne à g, 2 pour 1000 et de sérum de cheval (préalablement chaufiTé i heure
à 60°). Les produits de macération, essayés en milieu fibrinogène, se montrent inaclifs
dans le premier cas, coagulants dans le cas du sérum.
Le sérum a donc repris le fibrine-ferment, comme il fait de la calalase, au
précipité de phosphate de chaux où la diastase a été entraînée, et, à l'égard
de ce mode d'extraction, le fibrine-ferment ne se distingue pas des autres
diastases que j'ai expérimentées.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Analyse biologique du phénomène de la géné-
ration chez Lineus ruber (Mull.) et Lineus lacteus (Rathke). Note
de M. MiEczYSi-Aw OxNER, présentée par M. Yves Delage.
Nous avons déjà eu l'occasion ( ' ) d'exposer, entre autres faits, un cas spé-
cialement important au point de vue théorique concernant la régénération
chez L. ruber.
« En faisant une coupe transversale eiUre les organes cérébraux et l'intestin stoma-
cal, on voit qu'abstraction faite des accidents d'expériences, toutes les lêtes régénèrent
parfaitement leurs parties postérieures avec tous les organes. ...»
Un peu plus lard nous avons publié (") l'examen histologique assez détaillé de ce cas
spécial, où, après l'ablation complète de l'intestin, celui-ci se régénère d'un organe
(rhynchocœlome) et de tissus de provenance onlogénétique toute différente. Tout
récemment Davydov (•'), en passant sous silence nos expériences (relatées ci-dessus),
prétend avoir découvert à son grand étonnement {loc. cit.. p. 649) le fait en question
chez les Némertes {L. lacteus).
{') M. OxNER, Sur deux modes différents de régénération chez Lineus ruber ( Miill.)
{Comptes rendus, mai 1909).
(') NusBAUM und OxNER, Beitrâge zur Kenntniss der Regenerationserscheinungen
bel den Nemertincn {liull. Ac. Se. Cracoi'ie, janvier 1910).
(') C.-N. Davydov, Restitution chez les Némertes et la question de la « pro3pecti\e
Polenz» des fcuillels\Bull. Ac.irnp. Se. de^Saint-Pétersbourg, mai 1910 (en russe)].
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. 1619
Puisque notre expérience se trouve ainsi confirmée par Davydov, je passe
de suite à la description et à l'analyse d'autres phénomènes de régénération
chez L. tacletis et qui n'ont pas été étudiés par Davydov.
1. Lorsqu'on découpe Iraiisversalemenl un fragment du corps d'un L. lacleus un peu
en avant de la liouclie (côté antérieur) et un peu avant la fin de l'intestin stomacal
(côté postérieur), on voit qu'au bout de 25 à 3o jours l'intestin moyen s'est reformé
complètement et à nouveau ; mais ni le cerveau, ni les organes cérébraux, ni la trompe
n'ont été régénérés même après 5 mois.
IL En procédant de la même façon qu'au n°I, mais avec cette seule diflerence qu'on
enlève en plus à l'intestin stomacal son orifice buccal, on obtient les mêmes résul-
tats que ceux indiqués au n" I, mais toutefois la bouche ne se régénère pas et l'intest'in
stomacal se ferme du côté antérieur en cul-de-sac.
Des faits identiques à ceux des cas I et II se produisent cliez L. ruber (') de la
forme h. [voir note (') de la page i6t8].
III. En faisant deux coujjes transversales, une immédiatement en arrière des or-
ganes cérébraux, l'autre immédiatement en avant du sommet de l'intestin stomacal,
on obtient un fragment de corps de L. lacteus qui ne contient aucun organe du svstème
nerveux central, ni aucune trace du tube digestif. Ce que contient ce fragment, c'est
(|uelques bribes de néphridies et un morceau de rh3'ncliocœ]ome sans trompe, le tout
entouré de tissu parencliymateux et de couches musculaires du corps.
Ce fragment de 2"""-3""" de long régénère cependant le tube digestif tout
entier : bouche, intestin stomacal, intestin moyen et anus. Le cerveau, les
organes cérébraux et la trompe ne se régénèrent pas.
Je m'abstiens de citer, dans cette courte Note, quelques autres cas de
régénération chez L. lacleus.
L'analyse des cas que je viens d'exposer montre :
A. Le mode de régénération du tube digestif (cas de L. ruber et de
L. lacleus et le cas cité au n° III) parle très nettement contre la théorie des
feuillets.
B. Les expériences n"* I, Il et III démontrent que la régénération d'or-
ganes très importants (intestin moyen, tube digestif tout entier) peut se
produire malgré l'absence complète du cerveau.
C. Les expériences n""* I, II et IIl nous font constater cjue la régénération
peut avoir lieu seulement sur les surfaces aborales du corps de L. ruber
(forme A) et L. lacleus.
D. L'expérience n" III démontre une polarité très nette dans le corps de
(') OxNEii, Etudes sur la régénération chez les iS'émerles : 1. La régénération
chez L. ruber {Annales de l'Inst. océan, de Monaco, t. 1, fasc. 8).
C. U., i,,io, I" Semestre. (T. 150, N° 24.) 212
l620 ACADÉMIE DES SCIENCES.
L. lacteus, carie lube digestif se régénère toujours à l'extrémité postérieure
(aborale) du fragment.
E. La théorie de la régénération de Weismann, basée sur les principes de
la sélection, de l'adaptation et de l'exposition aux mutilations dans la
nature, est infirmée par les expériences n"" I, 11 et III, car : i" les individus
normaux de L. lacteus et L. /•«/-'e/' pondent et se reproduisent très bien en
captivité ; 2° les fragments des mêmes animaux remplis de produits génitaux
ne pondent pas même au bout de 7 mois, et ces produits génitaux suc-
combent après 2-3 mois à la dégénérescence granulaire ; 3" les fragments
cités aux n"' f , II et III ne peuvent pas élaborer des produits génitaux dans
leur intérieur, même après n mois ; 4° le fragment privé de la bouche
(n° II) succombe aux phénomènes de réduction peu de temps après avoir
régénéré l'intestin moyen.
F. La théorie de Child, d'après laquelle le phénomène de la régénération
n'est que le résultat d'une série d'adaptations fonctionnelles (physiolo-
giques ) successives, doit être rejetée ici pour les raisons suivantes: i" L.
lacteus^ privé de la bouche (n° II), régénère quand même l'intestin moyen,
sans que celui-ci puisse entrer en fonction ; 2° L. riiber et L. lacteus dont le
tube digestif (n° 111) est enlevé en entier, commencent à le régénérer, avant
(ju'il puisse entrer en fonction, car la bouche et l'anus se forment beaucoup
plus tard. 11 est clair que la fonction de l'organe ne peut pas déclencher sa
régénération, puisque celle-ci commence avant celle-là.
G. L'examen histologique (') démontre enfin que les différentes formes
de la régénération (régénération typique, morphoUaxis, dédifférenciation,
diphagocytose, etc.) s'enchaînent tellement chez L. ruber et L. lacteus,
qu'il est impossible de les séparer nettement et de préciser leurs limites
chronologiquement et localement.
ANTHROPOLOGIE. — Découverte d'une grotte sépulcrale, probable me ni
néolithique, à Montouliers {Hérault). Note de MM. Lucien Maykt
cl Laurext Mal'rettk.
En février 1910, les travaux d'avancement d'une carrière ouverte à Mon-
touliers (Hérault, à la limite du département de l'Aude ) mirent à décou-
vert une excavation partiellement remplie de limon argileux et d'ossements
^') l'iavail sous presse, en collaboralioM avec le professeur Nusbauiii.
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. 1621
humains. Quelques-uns de ceux-ci furent dispersés par les ouvriers, mais,
très rapidement, M. Mondier, maire de Montouliers, averti, prit un arrêté
assurant la conservation du gisement. En même temps, il prévenait M. le
professeur Depéret, de l'Université de Lyon, et peu de temps après nous
nous rendions à Montouliers.
La carrière de Montouliers est située au lieu dit Fendeille, à mi-chemin
de Bize (Aude), sur remplacement d'un ravin escarpé creusé dans les cal-
caires de Rognac. C'est sur la pente regardant le Sud-Ouest que primitive-
ment s'ouvrait la grotte utilisée comme ossuaire.
Nous l'avons fouillée méthodiquement.
Elle comprenait une partie antérieure, sorte de couloir étroit et incliné, communi-
quant avec l'extérieur soit par une ouverture sur la paroi du ravin (aujourd'hui
détruite par l'exploitation), soit plutôt par une courte cheminée verticale dont nous
avons pu vérifier l'existence parce que partiellement conservée et qui se trouvait
fermée en haut, nous ont dit les ouvriers, par un gros bloc de rocher, et une partie
postérieure, sorte de chambre souterraine, à surface irrégulièrement ovale, avec voûte
en forme de dôme, élevée de i™,70 au-dessus du sol. Les parois de cette excavation
étaient sillonnées d'étroites fissures par lesquelles l'eau pénétrait au moment des pluies.
La longueur totale de la grotte était de 5", 60; sa plus grande hauteur (de la partie
la plus déclive au sommet de la cheminée d'accès) de 3"\85.
Les ossements avaient certainement été déposés dans la véritable chambre sépul-
crale naturelle formée par le fond de la grotte, mais les eaux d'infiltration les avaient
peu à peu entraînés dans le couloir d'accès en même temps qu'elles apportaient un
limon argileux, fin, rougeàtre qui englobait les ossements,' formant avec eux un
magma compact qui obstruait la partie antérieure de la grotte. Les ossements étaient
donc épars dans'la masse argileuse, presque tous brisés, mais dans un état de conser-
vation suffisant pour permettre de les dégager, non sans difficultés.
Si nous en jugeons par le nombre des crânes et des mandibules, celui des
corps représentés dans la grotte sépulcrale de Montouliers devait dépasser
le chiffre de trente, comprenant des adultes des deux sexes, des vieillards,
des adolescents, des enfants. Nous avons recueilli par fragments et recon-
stitué plus ou moins complètement i4 crânes et divers os longs. Dès les
premiers instants, nous avons été frappés de ce fait que si la tète osseuse et
les os des membres étaient abondamment représentés, les vertèbres, les
côtes, les os du bassin, se trouvaient réduits à de rares fragments, ce qui
tendrait à confirmer la notion que les ossuaires néolithiques recevaient des
ossements et non des cadavres, ceux-ci s'étant décharnés ailleurs.
Nous regardons comme une confirmation de ce qu'il ne s'agissait pas
ici d'un lieu de sépulture au vrai sens du mot, mais bien d'un ossuaire,
1622 ACADÉMIE DES SCIENCES.
l'absence complète de tout mobilier, de tout outillage. Le limon retiré en
même temps que les ossements a été examiné pelletée par pelletée sans que
nous ne puissions rien découvrir autre que quelques minuscules débris de
mâchefer, ayant probablement glissé dans la cheminée d'accès. Aucun silex
taillé, aucun objet en pierre polie ou en métal. Cette absence de débris
d'industrie humaine a été déjà constatée dans plusieurs autres ossuaires néo-
lithiques. Nous devons pourtant signaler quelques galets, en forme de
parallélépipèdes, assez volumineux, mêlés aux ossements et certainement
apportés intentionnellement, puisqu'ils proviennent de la Cesse, rivière
coulant à plusieurs kilomètres de là et à plus de 100'" en contre-bas.
La situation du gisement, dans une région où les peuplades préhisto-
riques étaient nombreuses, l'état des ossements, l'absence de divers élé-
ments du squelette démontrant qu'il s'agit d'une sorte de sépulture au
second degré, l'absence de mol)ilier funéraire, etc. plaident déjà pour un
ossuaire néolithique dans une grotte naturelle. De nouveaux arguments
sont apportés en faveur de cette opinion par l'étude des ossements recueillis,
étude que nous n'avons faite encore que très sommairement et qui sera pré-
cisée plus tard.
La plus grande partie des crânes recueillis forme un groupe dolichocé-
phale assez homogène avec indices craniométriques s'échelonnant de 72,3
à 70,6 (dix crânes); un seul crâne est brachycéphale, avec un indice de 85
et trois autres traduisent le métissage par des indices 76,9, 78,8 et 80, i .
Nous pouvons donc regarder la grotte de Montouliers comme utilisée au
moment où l'élément brachycéphale commençait à s'infiltrei^dans les popu-
lations dolichocéphales du midi de la France. Cet élément brachycéphale
immigré se retrouve dans plusieurs grottes sépulcrales de la I^ozère, du
Gard, de l'Hérault, etc., et surtout dans les dolmens de l'Aveyron, qui
présentent des sépultures plus récentes que les grottes sépulcrales natu-
relles.
Les dolichocéphales de Montouliers étaient sans doute les descendants
des races paléolithiques récentes que l'on commence à bien connaître. Par
quelques-uns de leurs caractères, leurs crânes font penser à l'Homme de
Chancelade, mais par la plupart d'entre eux ils semblent appartenir à la
race de Cro-Magnon.
Il n'est pas à discuter, dans cette courte Note, si les squelettes de ce
dernier gisement sont paléolithiques ou bien néolithiques, ni quelle est
l'ancienneté de la race qu'ils représentent (grottes de Grimaldi). Nous
remaniuerons simplement l'étroite parenté que présentent avec eux les
SÉANCE DU l'i JUIN 1910. 1^23
dolichocéphales dont nous avons retrouvé les restes à Montouliers : hauteur
de front, développement modéré des arcades sourcilières, faible hauteur et
grande largeur des orbites, face large et remarquablement basse, proémi-
nence du menton etc. d'une part; d'autre part un tibia très aplati et dont
la platycnémie est très accentuée etc. sont autant de caractères qui frappent
dès le premier coup d'œil et (pi'une étude plus attentive, des mensurations
précises, viennent contirmer et montrer communs aux hommes de Montou-
liers et à ceux de la race de (]ro-Magnon.
La taille de ces néolithiques de l'Hérault apparaît toutefois moins élevée
que celle donnée comme habituelle aux représentants de la race de Cro-
Magnon et ne dépasse guère i'", 65; elle est notablement supérieure à celle
du squelette de Chancelade cjui avait à peine i™, 5o. Sans atteindre son
intensité actuelle, le métissage était fréquent aux temps préhistoriques,
aussi conclurons-nous en disant que les néolitlmjues de Montouliers étaient
les descendants métissés des dolichocéphales paléolithiques avec prédominance
du type de Cro-Magnon et que, parmi eux, commençaient à s'inliltrer les
brachycéphales dont l'invasion dans nos régions est un des grands carac-
tères de l'époque néoIithi((ue.
MÉDECINE. — Posologie en radiographie médicale avec ou sans écran renfor-
çateur. Note de M. H. Guilleminot, présentée par M. Bouchard.
On n'emploie ordinairement ni unité, ni formule de pose pour l'exécution
des radiographies. Le lra\ail que je présente aujourd'hui a pour objet
d'arriver à une posologie précise.
Dans un cliché, il y a des parties claires peu impressionnées et des parties
sombres plus impressionnées. Le but à atteindre est d'avoir des détails dans
les deux. Or, ce qui fait les détails, c'est l'opposition entre la teinte donnée
par un élément silhouettique et l'élément voisin. Supposons, par exemple,
que dans un clair du cliché, derrière un os, un rayonnement de j unités M
donne ici une quantité émergente Q = 0^,079 et là, une quantité Q, ^o",o63;
ce qui fera le contraste entre les deux éléments silhouettiques, c'est la diffé-
rence des doses o^',o63 et o^.o^f). Or le rapport — j ou en général -^j
reste le même, si l'on fait varier la dose incidente; mais, suivant la valeur
absolue de Q, ce rapport constant sera plus ou moins bien utilisé : si elle
est trop faible, l'opposition n'apparaît pas, il y a insuffisance de pose; si elle
lti24 ACADÉMIE DES SCIENCES.
est trop forte, l'opposition disparaît, les noirs sont brûlés, il peut même se
produire inversion du contraste, phénomène étudié en particulier par
Chanoz.
11 s'agit donc de déterminer la dose incidente capaljle de faire utiliser au
mieux (pour une région donnée, un rayonnement donné, et une plaque
déterminée) im facteur de contraste ■— arbitraire et constant, pour avoir
une bonne opposition dans les clairs et dans les noirs. Le procédé que je
vais décrire, comporte deux manipulations.
I. Faire une échelle de contrastes sur le cliché. — J'ai clioisi arljitiaireraenl
-pr- =o,7())3 ou ^/o, I. On fait une éclielle avec tienle valeurs de <^l varianl de o",oi
à 10*', de manière à avoir la série Q r=: lo^', Qi= 7'', 943, (^2= G", 3 10. . . . , n,(i= 1^',
Qi,=o*',794, . . ., Q2o = o*', 10, Q3ii:=o",oi. Pour cela, on protège la plaque par des
feuilles de plomb à l'exception d'une bande rectangulaire de 9"^'" x 3'^'". Le tube est
placé à 70'^" au-dessus; à cette distance il donne une impression pratiquement uni-
forme dans toute la bande. Un disque de plomb de i5'"" de rayon tourne au-dessus de
la bande, et tout près d'elle, ayant l'un de ses rayons parallèle au grand axe de la
bande. Ce disque présente 10 anneaux concentriques de 8°"" de large. Le plus excen-
trique est réduit à 74°, o5; le reste est évidé; le deuxième à iSa^jS^; le troisième à
179°, 07, etc.; le dixième à 824°. La bande recevra ainsi l'irradiation pendant des
temps vaiiables sous chaque anneau. Si l'on prend la précaution de laisser i'^™ vide
au delà du premier anneau, ce centimètre recevra l'irradation totale, la zone suivante
360°— 74°,o5 , , .... , , ... ,,, ,
recevra — r^ ou 0,794 de cette irradiation totale, la troisième o.n^i. etc.; la
ouo
onzième o, 100. On fait trois bandes successives avec des doses totales de 10^', 1", o*',io.
On prend la silhouette du radiochromomètre de Hnnoist sur un autre point du cliché.
on développe, on fixe.
On regarde alors entre quelles limites les contrastes sont bons dans l'échelle obtenue.
Avec les plaques Jongla et pour du n° 8-9, les contrastes sont bons entre o*', i5 et 4",
très bons entre o*',3o et 3", passables jusqu'à o",o4o en bas et 10" en haut. Pour du
n" 5-6, ils sont bons entre o", 10 et 3" environ. Pour du n° 'i- entre O'*', 06 et 1'' |.
IL Mesurer la fraction de rayonnement transmise par les parties les plus trans-
parentes et les plus opaques de la région radiographiée. — La deuxième manipu-
lation consiste à déterminer quelle est la fraction de raj'onnemenl transmise par une
région, soit dans les clairs, soit dans les noirs. Rien de plus simple à l'aide du pro-
cédé nuorométrique : on détermine l'équivalence du tube à vide, puis derrière la
région; la règle à calculs qualitonK'trique de mon dispositif donne immédiatement la
fraction transmise. On réduit au besoin la plage étalon du lluoromètre de sa valeur
normale o",25 à o*', 10 ou o",02.5 en tournant le disque porte-filtres. On trouvera, par
exemple, pour un bras de 9™ d'épaisseur, une fraction transmise de o, i5 à 0,17
derrière les parties molles; o,o.5 derrière l'humérus (rayons n° 6). Or, pourvoir au
moins o",3o de rayonnement émergent dans les parties claires et au plus 3*' dans les
SÉANCE DU l"? JUIN 191O. l6l5
parties sombres, il faut une dose incidente comprise entre o*', 3o X =: (3" et
0,0)
3" X r= 1 8". C'est donc entre <i^' et 18*' de dose incidente nue nous devons opérer.
o, |() ' ^
et le mieux est de se tenir à égale dislance du maximum et du minimum vers 10" à i3".
On trouverait de même que, pour une région de i.V"' d'épaisseur, une dose de i")" à 20*'
est la dose optima; pour un thorax de 20™ : 20" dans la zone pulmonaire, 2.V' dans la
zone médiastinale et ainsi de suite.
Conclusion. — On se trouvera toujours dans les conditions de bons con-
trastes si l'on emploie une dose incidente de n" 6, égale à autant d'unités M
qu'il y a de centimètres-d'épaisseur. On augmentera un peu la dose pour les
régions oii le muscle domine (régions de la cuisse, du bras, etc.), ou en
général, pour les régions à grande ojiacité centimétrique moyenne. Il y a
longtemps que j'ai formulé cette règle empirique. En voici la raison, on
vient de le voir.
J'ai fait les mêmes expériences avec l'écran renforçateur de Gehler et les
plaques Jougla. Les zones de bons contrastes sont transposées vers les doses
faibles de l'échelle, de telle sorte que, pour du n° 9, elles s'étendent entre un
maximum et un minimum trente fois plus faibles que sans écran; pour du
n" 7-8, les doses sont vingt fois plus faibles; pour du n° 5-6, quinze fois;
pour du n° 4, dix fois. Ces résultats confirment à peu près ceux de iXogier
qui, le premier en France, employa ces écrans nouveaux. En résumé, étant
donnée la dureté des rayons filtrés par le corps, on peut évaluer à o", o3 ou
o'',o4 par centimètre d'épaisseur, la quantité incidente optima pour les
radiographies faites avec écran renforçateur.
CYTOLOGIE. — La valeur des anses pachylénes et le mécanisme de la réduction
chez Sabellaria spinulosa Leuck. Note (') de M. Ar.maxd Deuor.xe,
présentée par M. Yves Delage.
Dans mes Notes du 9 et du 3o mai dernier, j'ai attiiT l'atlenlion sur
le fait que la division longitudinale des chroinosomes est un phénomène
télophasique, et non point, comme on l'a cru jusqu'à ce jour, localisé à la
propliase ou à la métaphase.
La dernière télophase goniale, dans l'ovaire comme dans le testicule,
confirme cette règle chez Sabellaria.
(') Présentée dans la séance du 6 juin 1910.
1626 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Lorsqu'ils entrenl au dernier repos gonial, les 8 chromosomes subissent la division
lélophasique, en donnant 16 moitiés longitudinales filamenteuses, nettement indivi-
dualisées, qui persistent au sein du noyau pendant toute la durée du repos. Lorsque
la période quiescente touche à sa fin, on assiste à la reconcentration progressive des
moitiés longitudinales qui se réalise ainsi que je l'ai décrit dans la Note du 9 mai.
Mais dans le cas présent les filaments restent grêles plus longtemps parce que la
substance chromosomique a beaucoup diminué au cours des mitoses goniales succes-
sives. Comme pour celles-ci, dans le mouvement de reconcentration, les deux moitiés
longitudinales sœurs, encore grêles et moniliformes, se rapprochent Tune de l'autre
lentement. Plus le rapprochement s'accentue, et plus les filaments augmentent d'épais-
seur. Bientôt, le parallélisme est complet d'un bout à l'autre des moitiés longitudi-
nales sœurs. Une dernière contraction de la substance chromosomique amène chaque
couplé de moitiés sous la forme d'une anse chromosomique double, épaisse, parcourue
dans ie sens de la longueur par une mince fente qui représente la division longitudi-
nale télophasique. C'est Vanse ijachytène des auteurs, et le noyau du cyte de pre-
mier ordre en renferme 8, autant qu'il existe de chromosomes somatiques dans celte
espèce.
Jus(ju'à ce stade, le noyati du premier cyte s'est comporté exactement
comme tout noyau somatique 011 la mitose se prépare. Si celle-ci devait
avoir lieu, les anses chromosomiques épaisses se porteraient bientôt dans le
plan équatorial où elles seraient dissociées définitivement en leurs moiliés
longitudinales. Mais, pour une cause inhibitrice encore inconnue qui relève
de la maturation génitale, cette mitose ne s'achève pas. C'est en cela que
se manifeste pour la première fois la nature particulière du cyte de premier
ordre. A ce point de vue, mes résultats confirment l'idée, exprimée par
R. Hertwig, d'une division avortée à la prophase du premier cyte.
N'ayant pas reconnu l'existence de la division longitudinale, dès la der-
nière télophase goniale, les partisans de la théorie de la conjugaison lon-
gitudinale des chromo-somes (von Winiwarter, Schreiner, Grégoire, Jans-
sens, Vejdovsky, etc.) ont pris les moitiés longitudinales déjà formées pour
des chromosomes somatiques entiers. Comme elles persistent à travers la
durée du repos et qu'elles se rapprochent à la prophase du premier cycle,
par paires, jusqu'à la formation d'anses épaisses, ài\e& pachytènes, ils ont
pensé qu'il s'agissait là à^ une copulation parallèle de chromosunes homologues.
Va le résultat de cette copulation est la production de — anses épaisses aux
dépens de n anses grêles ou leptotènes. Or : i" la fente longitudinale ne cesse
pas d'être visible dans les anses pachytènes; 2" le nombre des anses pachy-
lènes est rigoureusement égal à celui des chromosomes somatiques. Si la
théorie de la copulation était exacte, il faudrait porter le nombre régulier
des chromosomes à iG chez Sabellaria, alors que le nombre réduit est 4,
SÉANCE DU l'i JUIN 1910. 1627
coiiiiue je le iiioiilici'ai |)liis loin; '^" le i'api)roclicin(Mit des iiioilics se tait
normalemeul à la propliasc soiuali(|ae, même jus(jii'à l'accolement.
En effet, dans les niiloses de ï Ascaris \iar exe«iple, les auses ne semblent
se cliver qu'à la niétapliase, alors que la division longitudinale véritable a
été réalisée à la télophase précédente, et a persisté à travers Tclal quiescent
du noyau; 4" dans un certain nomijre d'ovocytes de premier ordre, j'ai
constaté que la contraction habituelle qui conduit à la formation des anses
pachytènes ne se produit pas; les deux moitiés longitudinales, parallèles et
légèrement rapprochées, demeurent filamenteuses à travers l'évolution de
i'ovocyte.
La mitose n'a donc pas lieu et, dès lors, les chromosomes traversent une
phase d'attente connue sous le nom de période d'accroissement. Dans le
spermatocyte, elle est de courte durée. A son issue, les huit anses pachy-
tènes bipartites constituent de véritables diades, qui se groupent par paires
pour la formation d'anneaux ayant la valeur de tétrades. Voici conmient :
dans le champ antipolaire où les branches chromosomiques se terminent
incrément, les extrémités entaillées des deux anses arrivent au contact et se
soudent temporairement. Puis les anses elles-mêmes, dont la courbure sié-
geait dans le champ polaire du noyau, se rabattent peu à peu dans le même
plan, en s'opposant complètement. Quatre anneaux se forment ainsi qui
demeurent situés dans quatre plans parallèles, en attendant d'être dissociés
à la première mitose. La façon dont celle-ci se produit est très singulière ;
elle ramène chaque anneau à ses deux diades constituantes, et son rùle con-
siste simplement à porter quatre diades à chacun des deux spermatocytes
de deuxième ordre. Elle ne réalise aucune division chromosomique, ni longitu-
dinale, ni transversale. Mais si l'on considère que toute diade correspond à
un chromosome somatique, on doit reconnaître qu'elle a opéré la réduction
numérique, puisque, grâce à elle, les deux cellules résultantes ne contiennent
plus chacune que quatre diades, soit quatre chromosomes clivés. La seconde
mitose succède rapidement à la première. C'est une mitose ordinaire, elle
dissocie les diades en leurs deux moitiés et achève ainsi la division longitu-
dinale de la dernière télophase goniale. Chaque spermatide contient quatre
moitiés préparées par cette division extrêmement précoce.
Dans l'ovogenèse, l'apparence des phénomènes est bien plus compliquée,
à cause de l'accroissement considérable que subit I'ovocyte de premier ordre.
Mais on compte aussi autant d'anses pachytènes que de chromosomes soma-
tiques, et chaque anse pachytène constitue une diade qui est dissociée seule-
ment à la seconde mitose.
C. R., icjio, 1" Semestre, l'f. 150 i\» 24.) 2(3
1628 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Conclusions. — La théorie de la conjugaison latérale des chroniosonies re-
pose sur une interprétation défectueuse de la véritable division lonj'itudinale
dans le noyau des cytes de premier ordre, et sur une numération inexacte
des chromosomes chez les espèces étudiées.
Cette division s'opère à la dernière télophase goniale ; elle persiste à tra-
vers le repos gonial, puis à travers toute la prophase de la première mitose
maturative, même dans les anses pachytènes où les moitiés se rapprochent
étroitement, et elle ne s'achève qu'à la métaphase de la seconde mitose. La
première mitose ne l'intéresse pas et se réalise comme si elle n'existait pas.
En un mot, la division longitudinale, si précoce qu'elle soit, ne prépare que
les secondes mitoses de maturation ; elle reste suspendue pendant toute l'évo-
lution du cyte de premier ordre.
Le partage de cette cellule est obtenu grâce à un processus particulier,
étranger à la division longitudinale des chromosomes, qui agit de la façon
suivante : il détruit l'unité du noyau en le ramenant à deux groupements de
- chromosomes entiers et fissurés qui représentent des territoires nucléaires
diflérenls. Ces deux groupements s'opposent l'un à l'autre et s'éloignent
dans les cytes de deuxième ordre qui, au point de vue numérique, au moins,
sont symétriques des deux pronuclei de la fécondation.
GÉOLOGIE. — Sur les dépôts de tourbe littorale de l'ouest de la France.
Note de M. Jules Wkls<;h, présentée par M. Michel Lévy.
L A la Parée, ou plage, de Brétignolles (Vendée), j'ai constaté la pré-
sence d'une assise de tourbe couverte à marée haute; cette tourbe repose
sur des schistes cristallins qui se continuent de chaque côté de la plage, où
ils forment de petites falaises. La tourbe est recouverte par le sable de
l'estran qui se prolonge par de petites dunes entourant la plage et portant
quelques chalets. Souvent le sable ou les cailloux roulés, apportés par la
mer, cachent entièrement la tourbe; celle-ci se continue au Sud, au-dessus
du niveau des plus hautes mers; on la voit reposer ^ur une assise de sables
noircis, cailloux roulés et argile. Cette assise de sables et cailloux ne dép.TSse
guère I pied d'épaisseur; les cailloux roulés dépendent probablement du
terrain de transport des plateaux ; l'argile provient surtout de la décompo-
sition des schistes qui sont au-dessous.
Dans l'anse, la tourbe montre des troncs d'arbres couchés; elle est plus
sableuse à sa partie supérieure; l'épaisseur est de 40^™ environ. J'ai
SÉANCE DU l3 JUIN I910. l(i2g
liouvé flans cette tourbe des graines fossiles, dont j'ai pu obtenir la déter-
mination, grâce à l'obligeance de M. et M'"^ Clément Reid. Voici la liste :
Raniinculus aijualilis, R. sceleraltis. A'iiphar luteum, Cakile ma/ilima, Vitis vini-
fera, Prunus, Rubus fruticosui, Myriopliylluin spicalum, Ceralophyllum deiner-
suni, Biyonial , Hyilrncolyle vulgaris, Cornus sanguinea, Sambucus nigra, Sola-
num Diilcaniara, Lycopus europœus, Atriplex patula, Riiniex sp., Polygonum
//ydropiperl, Alisnia planlagn, Iris Pseudacorus, Polamogelon peclinatus, P. na-
lansl, Riippia roslellala, Zannichellia, Sparganiuin, Scirpus Tabernœnwntani,
Carex (3 espèces), Fougère, elc.
Voici les observations de M. Cl. Reid : « Ce dépôt peut être néolithique; mais les
])lantes sont insuffisantes pour délerminei* l'âge; c'est une flore de marais uiarilimes,
avec des graines de fruits charnus apportés par les oiseaux. Le climat était tempéré.
I>a seule espèce significative pour décider de l'âge est la vigne et je ne suis pas certain
de l'époque à laquelle on peut rapporter l'introduction de la vigne. Quoique la vigne
soil trouvée dans les habitations lacustres plus au Sud, et apparaît aussi dans le Plio-
cène de Tegelen (Limbourg), je ne pense pas qu'il y ait aucune autre indication mon-
trant sa présence aussi loin au Nord, dans les dépôts néolithiques. Elle fut introduite
par les Romains dans le sud de la Grande-Bretagne et n'est pas trouvée dans les dé-
pôts préromains. »
J'ajoute que Cakile maritima., qui vit dans le sable, et Ruppia rostellata
sont des plantes exclusivement maritimes.
Les débris d'insectes de cette tourbe ont été déterminés par M. Vacher
de Lapouge; ce sont Gyrinus sp., Remhidium sp., Donacia sp., un Curcu-
lionide, qui sont tous des insectes atpiatiques, et Carabui cancellatus cellicus,
(\\x\ est ubiquiste.
II. Plus au Nord, j'ai visité le gîte de tourbe de la plage Valenlin, au
Croisic (Loire-Inférieure); il se présente dans des conditions analogues,
reposant sur la granulite. Celte tourbe découvre à marée descendante ; elle
renferme beaucoup de sable quartzeux et de paillettes de mica blanc ; on y
aurait liouvé des silex moustériens ; la tourbe supporte une couche d'argile
gris bleuâtre avant le sable des dunes. Voici les graines déterminées :
Ranunciiliis arpiali/is. R. Flammula, l\ufjhar liiteuni, Riib/is /ruticosiis, Myrio-
phylluin spicalum, Sambucus nigra, Riimex. Ceralophyllum deniersum, Polamo-
gelon, Scirpus lacuslris, S. Tabernœmonlani. Il y a aussi des débris d'insectes.
Par ce gisement je me relie à la tourbe de Belle-Isle-en-Mer, étudiée par
MM. Gadeceau et Clément Reid.
III. Vers le Sud, j'ai examiné de nombreux affleurements, dans des
courses faites pour le Service de la Carte géologique de la France.
Sur la côte des Granges d Olonne, près la Gachère (Vendée), j'ai étudié
l63o ACADÉMIE DES SCIENCES.
le point signalé autrefois par Rivière ; il repose sur les calcaires jaunes de
la partie inférieure du Lias, qui sont eux-nicmcs supportés par les schistes
cristallins.
M. Ileid a pu déterminer :
lîanuiicnlas aqiiatilis, Nupliar liileum, MyriophyUuin spicatum, Hydrocotyle
vutgaris, Lycopus europceus, Potarriogelon, Scirpi/s Tabcrnœnionlani, Scirpus sp.,
Carex, etc.
IV. Dans l'île d'Oléron, la tourbe de Domino, plage des Cbardonnières,
se présente dans les mêmes conditions; elle repose sur les calcaires à
Ichthyosarcolites du Cénomanien et supporte les dunes de sable moderne;
j'y ai trouvé des Lymnées, qui sont des coquilles lacustres. Les graines
sont celles de :
Ranunculits aquatilis, R. sceleratus, Ihibua fnilicosiis. Polamogeton sp., Pota-
mogéton sp., Scirpus Tabernœmonlnni, Cladiiint marisciis.
Je n'ai pas eu le loisir de chercher des graines dans le gisement de Plai-
sance, que j'ai découvert sur la côte Nord-Est d'Oleron.
V. Sur la côte du Médoc, au nord et au sud de Montalivet, on voit
affleurer une assise de tourbe, qui repose sur l'argile du Gurp à Elephas
meridionalis ; au-dessus, il y a des sables agglutinés d'anciennes dunes et
des sables modernes. L'argile porte des troncs d'arbres encore enracinés.
Voici la liste des graines déterminées:
Hypericuni Helodes, Rubus fruticosus, Polamogeton sp., Juiicus sp., Cladium
mariscus, lleleocharis multicaulis^ Cavex sp. Les espèces sont peu nombreuses, car
la masse de cette tourbe n'est pas facile à traiter pour dégager les graines. Il y a aussi
des Insectes, Donacia, un Curculionide, etc.
Je suis disposé à admettre que la couche de tourbe sur argile se continue
tout le long de la côte des Landes de Gascogne, d'après des indications
recueillies à Lacanau, au Moulleau d'Arcachon et plus au Sud. Je n'ai pas
vu le gisement indiqué par Jacquot à Mouligna, au sud de Biarritz; mais
j'ai visité l'affleurement de la falaise de Bidart; il y a là du lignite qui me
parait dépendrcde la formation des Sables des Landes. Au sud de Guethary,
M. Stiegelmann m'a montré un affleurement de tourbe qui me parait de la
même série (pie ceux (jue j'ai envisagés au-dessus.
Conclusions. — i" Tous les gisements indiqués me paraissent être du
même âge. FjCs plantes, avec la seule exception de la vigne, sont des espèces
SÉANCE DU l3 JUIN 1910. lG3l
communes de la France et d'Angleterre. Il y a absence complète de toute
espèce caractéristique de France ou de régions plus au Sud.
2" A première vue, l'étude de ces gisements littoraux paraît fournir une
preuve incontestable d'un affaissement général de la côte considérée, affais-
sement qui serait le dernier grand mouvement du sol de l'ouest de la
France; mais cela ne me paraît pas absolument probant.
En effet il se forme actuellement des dépôts marécageux à peu de distance
de l'Océan, dans des bas-fonds d'altitude i et 2. Si l'érosion était active, k;
côte reculerait jusqu'à ces points et la marée haute les couvrirait. i
On peut dire que cette tourbe a pu se former à un moment où son empla-
cement était protégé à l'Ouest par des dunes ou un autre abri; c'est une
preuve, en tout cas, du recul de la côte par érosion depuis une époque ;
géologiquement récente.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Photographies des aurores boréales et nouvelle mél/iode
pour mesurer leur altitude. Note de M. Carl Stormer.
Comme on le sait, le problème consistant à prendre des photographies
réussies de l'aurore boréale présente de grandes difficultés, tant à cause de
la faible luminosité de l'aurore, qu'à cause de sa mobilité, qui nécessite une
pose de quelques secondes au plus. Aussi n'existe-t-il, autant que je sache,
qu'une seule photographie de courte pose (7 secondes) de l'aurore prise
par M. Brendel (') à Bosekop, le i"' février 1892.
L'année dernière, j'ai fait une série d'expériences pour trouver les objectifs et les
plaques les meilleurs possibles pour photographier les aurores boréales. J'ai fini par
choisir un objectif cinématographique de 23""" de diamètre avec une distance focale
de So™" et les plaques Lumière à étiquette violette.
Grâce à ce choix j'ai réussi à résoudre le problème en question. Pendant une expé-
dition à Bosekop en février et mars de celte année, j'ai pris au total 800 photogra-
phies d'aurore, parmi lesquelles la moitié environ étaient réussies. Le temps d'expo-
sition a varié entre une fraction de seconde et une vingtaine de secondes, selon
l'intensité et la vivacité de l'aurore.
Une fois ce problème résolu on a tout de suite une méthode excellente
pour inesurer l'altitude de l'aurore et sa situation dans l'espace. En effet
on n'aura qu'à photographier simultanément l'aurore de deux stations
(') Voir Mclaorologische Zeilsclirift, 1900.
l"ig. 1.
Fi?. 3.
lG34 ACADÉMIE DES SCIENCES.
relit'PS ]>ar U'-lrjilione et à comparer la situation de Faurore par rapport aii\
«■■toiles sur Tuiie el l'autre plaque; connaissant le temps et les constantes
o|)ti(pies de l'objectif, on aura alors toutes les données nécessaires pour
calculer l'altitude de l'aurore et sa situation, et cela avec-grande précision.
Les stations que nous avons choisies sont Altenkirke (longiliide 23°i5',5 à l'Est
•de Greenwicli, latitude GgoSy'Si") et Ovre AUenskole (\on^\\\xà.e, i'i°\%\[\\ lati-
tude 69°55'34") avec distance de.4''"i3 entre les deux.
Parmi les 6/j pliotograpliies réussies prises simultanément de ces stations nous
reproduisons ici les quatre suivantes (sans i-elouche) :
La figure i représente une aurore faible el tranquille en forme de plaque vibrante,
le I"'' mars 1910 à 8'' 28™ 46% temps de Greenwich Le temps est compté au début de la
pose qui a duré 20 secondes. Le calcul fait voir que l'altitude de l'aurore entre les
étoiles ot et [3 de la Grande Ourse était d'environ iGô""", avec une erreui- moindre
que 10'"".
La figure 2 est une reproduction agrandie de la photographie d'une draperie d'au-
rore vers les Pléiades, le 9 mars à 10'' 26"' 22^. Pose 3 secondes. Dislance aux environs
des Pléiades, 200''"'; altitude entre 5o'^"' et 60'"". La draperie fail un grand pli, ce qui
donne un renforcement de la lumière. La tache blanche à droite provient d'un défaut
dans la placjue.
La figure 3 représente un arc passant au zénith, le \[\ mars à 6''34"'22'. Pose
10 secondes. Hauteur aux environs de l'étoile [3 de la Grande Ourse, 190'"".
La figure 4 représente aussi un arc à la même date, à 8''32™5o^ Hauteur aux envi-
rons de l'étoile ^ de la Grande Ourse, 120'"°.
Nous sommes convaincu que l'application systématicjue de cette nou-
velle méthode pliotot^rapliique ne tardera pas à donner des résultats de la
plus faraude importance pour l'élude des aurores.
A '\ licun's l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à !\ heures et demie.
Ph. V. T.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 20 JUIN 1910.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMUIVICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur un jïlamenl extraordinaire. Note
de MM. H. Desi.andres, L. d'Azambu.ia et V. Burson.
Le II avril 1910, le Soleil a montré des phénomènes très curieux et
même extraordinaires, dont l'un a été décrit déjà dans une Note précédente
des Comptes rendus du 25 avril, p. 1007, et intitulée : Distribution des fila-
ments dans la couche supérieure de l'atmosphère. Nous présentons aujour-
d'hui un autre phénomène du même jour, au moins aussi intéressant, mais
d'un ordre difTérent.
Le 1 1 avril, le temps a été assez beau pendant toute la journée, et il a
été possible de faire de nombreuses épreuves avec les trois appareils enre-
gisteurs principaux qui relèvent l'atmosphère entière de l'astre. Ces appa-
reils sont:
I" Lu pelil speclrohéliograplie de faible dispersion, en service depuis 1898, qui dé-
cèle la chiomosjilière moyenne du calcium ; 9.° un grand speclroliéliograplie, de forte
dispersion, employé depuis 1908, qui donne l'image des couches supérieures de la
cliromosphère avec le calcium el l'hydrogène ; 3" un spectroeniegislreur des vitesses
radiales, datant de 1907, qui relève les vitesses radiales des mêmes vapeurs dans la
couche supérieure, el en même temps les largeurs el détails des raies correspondantes,
K el 11^, très variables, comme on sait, d'un point à l'autre de l'astre.
Les couches supérieures du calcium et de ["hydrogène ont montré do très
beaux filaments, dont le dessin a été inséré dans la Note précédemment
citée du 2 j avril dernier. On distingue en particulier une belle courbe po-
laire de niamenls, plus importante cpi'à l'ordinaire, qui a été rapprochée
des courbes similaires observées aux pcMes pendant les années précédentes.
C. 11., iç)i.,, 1" Semestre. ,T. 1.50, N- 25.) 2l4
,(;;^5 ACADÉMIE DES SCIENCES.
La case I do la n,t;ure ci-coi)lrc reproduit ce mciiie dessin, fait d'après les
épreuves de d'Azambuja avec le grand spectrohéliographe.
Or, au même moment, les épreuves du speclroenrcgistreur des vitesses
obtenues par Burson décèlent dans le quadrant Sud-Est un lilament
extraordinaire, qui, fait curieux, n'apparaît pas ou est à peine visible sur
les images du grand speclrohéliograplie. Ce Hlament nouveau est représenté
dans la case II de la figure.
Il a la particularité d'avoir des vitesses radiales considérables, ascen-
dantes dans la grande majorité des cas, et qui ont dépassé sur certains
points loo'^'" par seconde. Les filaments ont été déjà notés par Deslandres,
comme ayant, d'une manière générale, des vitesses radiales plus grandes
que les points ordinaires du disque; mais c'est la première fois que l'on
enregistre nettement à Meudon par la pholograpbie des vitesses radiales
aussi grandes.
La première épreuve des vitesses a été faite de 8''o2"' à 8''i5'"; et aussitôt
le pbénomène bien constaté, le directeur de l'Observatoire a demandé cpie
l'on fit des épreuves successives, aussi nombreuses que possible, avec une
seconde fente plus large et des sections plus rapprochées.
La seconde fente, dont la largeur ordinaire est de i'"™, a été agrandie à
2"""; mais l'agrandissement a été encore insuffisant, car la raie noire K.,,
fortement déplacée, était coupée par la joue de la fente, et la vitesse
de loo""" a été certainement dépassée ('). On a pu faire ainsi plusieurs
épreuves successives de vitesse ; on s'est arrêté à la treizième qui, vers midi
et demi, ne montrait plus aucun déplacement de vitesse radiale. Mais au
début, vers 8'', lorsque le phénomène a été constaté, le déplacement radial
était déjà notable; il a atteint son maximum vers io''i5'"et,à i i'''^o'", il était
nul ou insignifiant. La perturbation avait duré au moins 3 heures et demie.
I^es cases de III à VI reproduisent les déplacements des sections les plus
curieuses sur quatre des épreuves. La raie centrale K^ est représentée à sa
place ordinaire puu- une ligne avec hachures; et la raie déplacée est indi-
quée par de gros traits noirs irréguliers. Ce mode de représentation corres-
[)ond bien (Failleurs à la réalité; car, dans la plupart des sections, la raie
K3 a la position et rintci>silé qui lui sont babilMclles au centre delà raii- K,
(') l.e (ilatiiorU n'élaiil pas au centre du (ïis(|iie, le iléplacemenl conslati' peut tenir
non seuienienl à un ruouveincnl vertical do la vapeur, mais aussi à un mouvement
horizontal. On sait, il est vrai, ((ue, dans les filanienls, la vitesse d'ascension est tou-
jouis nolalde
Couche supérieure de l'citmosphére .sfiUiirv du ii (H-ril n
0 E
'^ Case III. a 8*'ir
Case IV 3 3*' 18" g
c/o/ef ïT
g Tase V_à lO'' 21"
rouge
Les cases I et II représcnlciil les lil.iments (sans les aligneniciils ) relevés sur leiji'euve des l'nriues
(cascl) el sur l'épreuve des vitesses (case II). Les autres cases reproduisent quelques sections
inléressantes relevées sur quatre épreuves successives des vitesses à remplacement du filament
exceptionnel AB. La raie K, est représentée à sa place normale au milieu par dos hachures, et la
raie K,, déplacée plus ou nmins, est indiquée par un Irait nuir Les composâmes brillantes K,
ne sont pas représentées.
l638 ACADÉMIE DES SCIENCES.
entre les deux coinposaiiles relalivemeiil brilla nies de K^; et il y a en plus,
surtout du côté violet, et à l'emplacement K,,, des raies noires, même très
noires, plus ou moins tordues et déplacées. Tout se passe comme si, la
couche K.| restant à peu près dans son état ordinaire, une grande masse de
gaz au-dessus, distincte de la première, s'élevait irrégulièrement à de
grandes vitesses.
On s'explique ainsi très bien que le fdamcnt, si frappant à première vue
sur l'épreuve des vitesses, soit à peine apparent dans l'épreuve du grand
spectrohéliographe. Lorsque la seconde fente de ce grand appareil isole
seulement la parlie centrale de la raie K.,, les raies un tant soit peu dé-
placées et les autres parties de la raie K lui échappent absolument (').
En fait, l'image du grand spectrohéliographe montre seulement un ali-
gnement qui prolonge vers le bord est le filament du centre et est, d'ail-
leurs, comme il arrive souvent, accompagnée au bord par une protubé-
rance (représentée sur le Soleil de la case II). De plus, au même moment,
le fdamenl en question se montrait encore assez net sur l'image de la couche
moyenne avec le petit spectrohéliographe dont la seconde fente isole une
partie plus grande de la raie K.
L'épreuve des vitesses permet d'expliquer aisément toutes ces diflercnces;
elle décèle tous les filaments de la case I, et en particulier le grand lilament
polaire qui, à ce moment, n'avait pas de vitesses radiales notables; mais,
pour les voir, il faut regarder avec soin l'épreuve. Par contre, le fdameat
nouveau du quadrant Sud-J*]st, aux grands mouvements ascendants, appa-
raît, à première vue, avec une intensité et une netteté singulières qui
annoncent bien sa grande importance. On vérifie une fois de plus ce fait,
reconnu à Meudon et signalé déjà plusieurs fois, que, dans la couche supé-
rieure, les perturbations se produisent sur des lignes souvent très longues
(filaments et alignements). Dans les couches plus basses et sur la surface,
au contraire, les perturbations sont concentrées sur les points plus ou
moins ronds qui sont les taches.
D'autre part, tous ces faits font loucher du doigt les points faibles du
spectrohéliographe, déjà signalés par Deslandres de 1891 à i8i)3. L'ap-
pareil, dont la seconde fente a une largeur constante, ne peut isoler com-
plètement une raie qui, par essence, est de largeur variable, et justement
(') Si la seconde feule du speclrohéliograplie avait isolé une autre partie de la
raie K, le phénomène aurait pu être signalé, sinon recouTiu exactement. Son inlerpré-
lalion précise exige le recours à l'épreuve des vitesses.
SÉANCE DU 20 JUI>' 1910. 1G39
il est en défaut, aux moments les plus intéressants, lorsijue la vapeur a des
mouvements notables. Le spectroenregistreur des vitesses le complète heu-
reusement et est au moins aussi utile.
La grande perturbation solaire du 1 1 avril n'a pas été accompagnée d'un
trouble des aimants terrestres, qui puisse lui être rapportée. Ces grandes
émissions de vapeur, qui donnent lieu à des particules condensées, et chas-
sées ensuite par la pression de radiation, ont été présentées comme une des
causes principales de l'action exercée par le Soleil sur le magnétisme ter-
restre. Mais, dans le cas présent, le filament à grands mouvements est trop
éloigné du centre pour que la Terre se trouve dans son rayon d'action.
Cependant ces phénomènes, en général de durée courte, ne sont pas pro-
bablement aussi rares qu'on le croit en général. Il faudrait seulement, pour
les déceler tous, un enregistrement continu des formes et des mouvements
des vapeurs solaires. Cet enregistrement continu, réclamé par Desiandres
depuis 1893, exige un grand effort, mais il est nécessaire pour la reconnais-
sance des liens précis qui unissent le Soleil à la Terre.
PHILOSOPHIE NATL'HELLE. — Sur les principes de la Mécanique el. sur leur
applicahililé à des phénomènes qui semhlenf mettre en défaut certains
d'entre eux. Note de M. J. Boussinesq.
L L'examen approfondi des phénomènes de mouvement, depuis trois
siècles, a tendu sans cesse à faire admettre les principes suivants, qui,
devenus les bases de la Mécanique, paraissent applicables à tout système de
points (ou éléments) matériels mis en présence les uns des autres et supposés
seuls dans l'espace :
i" L'accélération géométrique de chaque point est, à tout instant, fonc-
tion de la configuration da système, ou rattachée d'une manière déterminée
(en grandeur et en direction) à sa figure actuelle que définissent complè-
tement les distances réciproques de ses points; et elle se trouve, par consé-
quent, indépendante de leurs vitesses, c'est-à-dire de leur mouvement
actuel ;
1" A une même configuration peuvent, dans plusieurs systèmes supposés
très éloignés les uns des autres mais composés de points exactement pareils
chacun à chacun, correspondre, suivant les cas, toutes les vitesses imagi-
nables;
3° 11 existe, pour chaque point matériel, un certain coefficient constant,
ifi/îo ACADÉMIE DES SCIENCES.
appelé sa masse, mesure do sa valeur dynamique comparativement aux
autres points, tel, que le demi-produit, par cette masse, du carré de la vi-
tesse du point, exprime son énergie actuelle de mouvement, c'est-à-dire une
quantité dont la somme arithmèùqae pour tout le système, jointe à une cer-
taine fonction des diverse? distances mutuelles des points du système dite
son énergie potentielle, donne, pour le système entier, une quantité (énergie
l()t(tle) invariable d'un instant à l'autre.
Et il est même jus(|u'à présent très probable (sans qu'il soit néanmoins
nécessaire de l'admettre pour ce qui suit) que l'énergie potentielle est une
.somme pure et simple de termes, F(r), ne dépendant, chacun, que d'une
seule distance, d'une seule droite /• de jonction des points du système, termes
qui exprimeraient sa valeur si le système se réduisait au couple des deux
points reliés par la droite /■ correspondante. Par conséquent, si l'énergie
actuelle se décompose, comme il est évident, en autant de parties relative-
ment indépendantes que le système comprend de points, l'énergie poten-
tielle se décomposerait aussi en autant de termes distincts qu'il comprend
de couples de points ou de droites /• joignant ces couples, ou encore, de
rapports ( entre points) élémentaires, définis par ces droites mêmes.
II. Or, il résulte des trois principes précédents que \a. force motrice de
chaque point, produit de sa masse et de son accélération géométri(/ue actuelle
représenté, en grandeur et direction, par une droite émanée du point sui-
vant le sens de Taccélération, est la résultante (ou somme géométrique) de
droites tirées de ce point vers chacun des autres et égales respectivement
aux dérivées partielles, changées de signe, de l'énergie potentielle par rap-
port à la distance /■ des deux points ainsi considérés. Cette droite partielle
s'appelle l'action du point vers lequel on la tire sur le point d'où elle émane :
elle est évidemment égale et contraire à la réaction analogue de celui-ci sur
celui-là ; et l'ensemble de ces deux forces constitue V action mutuelle du
couple des deux points (fonction de leur seule distancer, quand l'énergie
potentielle totale se décompose en énergies partielles propres aux divers
couples) (').
m. Dans la nature, l'énorme complication des systèmes, où il arrive le
plus souvent qu'un grand nombre de points apparaissent peu, tout en ayant
(') On peut voir ces déduclions. précédées de l'exposé des |)iincipes iiièines, par
exemple, dans les trois piemières de mes Leçons synl/ic lit/ lies de Mécaititjiie générale
(Paris, Gauthiei-Villars; 1889).
SÉANCE DU 21) JUIN 1910. l64l
une intluence appréciable sur les pliéuoinèiies étudiés, csl cause (jue notre
attention doit, eu égard à la faiblesse de nos intelligences, se porter presque
exclusivement sur certains points y>/7'«ay;aH.i', plus intéressants ou, parfois
aussi, aptes à nous servir de repères pour tous les autres, et dont la situa-
tion, la vitesse, l'accélération, seront, dès lors, seules notées, seules mises
en vue. Il y aura donc lieu d'éliminer des calculs la multitude des autres
points, tout en tenant compte de leur action globale sur les points prin-
cipaux.
Et les problèmes résolubles seront justement ceux où cette action globale
admettra, en fonction des quantités relatives aux points principaux^ une
expression maniable, que des circonstances particulières à la question,
généralement révélées par l'expérience, rendront suffisamment approchée,
maïs qui, ne contenant plus les variables r dont elle dépend directement,
recevra de tout autres formes que sa forme naturelle et rigoureuse.
IV. Par exemple, dans le problème du mouvenienl, à travers l'almo-
sphère, d'un boulet lancé par une bouche à feu, l'action de la masse terrestre
sur le projectile sera réduite à une fonction de la distance du centre du
boulet au centre de la Terre, c'est-à-dire à une fonction de la situation du
centre du boulet, ou même à une constante; et, d'autre part, l'action des
couches d'air entourant le boulet, qui dépend de leur «Vie «a/ rapprochement
à sa surface en avant et en arrière, sera réduite à une fonction de la vitesse
de translation du boulet, pourvu que celle vitesse V varie avec assez de lenteur
pour permettre l'établissement à chaque instant, autour du boulet, d'un
régime sensiblement permanent d'écoulement de l'air contre sa surface,
régime dès lors fonction, si compliqué qu'il soit, de la variable unique qui
le caractérise, savoir la vitesse actuelle V d\i projectile.
Les équations de mouvement de celui-ci se formeront donc en condensant
dans deux forces, l'une constante, l'autre uniquement fonction de la
vitesse V, d'une part l'ensemble des actions de la masse terrestre sur lui,
d'autre paît celle des innombrables particules d'air, toujours renouvelées,
en contact avec le boulet : ce qui permet d'éliminer fictivement cette masse
et ces particules, ou de porter toute l'attention sur le mouvement même du
boulet.
Or l'expression approchée en V, ainsi obtenue pour la résistance de l'air,
semble une négation delà loi d'actions fonctions uniquement des distances /•.
Mais il n'en est rien cependant ; car elle n'a pris sa forme paradoxale qu'en
raison d'une élimination de vraies variables /• dont elle dépend, rendue
1(^/^-2 ACADÉMIE DES SCIENCES.
possible par la notion d'un certain régime d'écoulement du fluide autour du
boulet. Et cette notion n'est pas moins suggérée par rcxpéricnce que la loi
fondamentale des actions fonctions des distances r. Aussi, quoique notre
science imparfaite soit, jusqu'à présent, impuissante à la déduire de la loi
fondamentale, ou à saisir leurs rapports intimes, on ne peut, dès lors,
admettre aucune contradiction entre elles.
V. Ln autre exemple rcmanpiable de réduction, pour les formules
exprimant l'action globale d'une multitude presque infinie de points
matériels sur une multitude analogue d'autres, se présente chez les corps
(solides ou fluides) à l'èlal élaslique. On les dit à cet étal lorsque la couli-
guralion intime de leurs groupes muléculaires (ou agglomérations complexes
de molécules chimiques), de part cl d'autre de la surface séparant deux
portions contigues d'une particule matérielle, et en tant que celle confîgu-
ralion détermine Taclion (ou pression) d'une de ces portions sur l'autre,
n'y dépend que des situations relatives des centres de gravité des divers
groupes moléculaires, c'esl-à-dire de la configuration visible de la particule,
ou, par conséquent, des déformations perceptibles (toujours assez petites)
qu'elle a éprouvées à partir d'un certain état primitif donné, qui esl, chez
les solides el les liquides, l'étal naturel où resterait la particule, supposée
isolée cl tranquille (à pari son agitation calorifique interne).
En réalité, les situations de ces centres étant censées fixées, chaque groupe
de molécules, extrêmement complexe, comporte encore une infinité de rota-
tions el de déformations, entre les centres des groupes environnants qui ne
le circonscrivent que de bien loin. Mais c'est une notion suggérée encore par
l'expérience que, si les déformations visibles du corps se font assez lente-
ment., chaque groupe moléculaire aura eu sans cesse le temps de répartir ses
molécules d'une certaine manière, la plus stable possible, d'après l'espace
(pii lui est ainsi assigné entre ses voisins. Ce qu'a d'invisible la configuration
interne de la particule, et qui est presque tout., sera donc, en définitive, y'onf-
tion du peu qid est visible, savoir, des six déformations élémentaires d'en-
semble, bien connues (trois dilatations et trois glissements), définissant le
changement survenu, à parlir de l'étal primitif censé donné, dans la confi-
guration perceptible de la particule. Par suite, les pressions élastiques seront
cx[)rimables au moyen de celles-ci.
VI. C'est donc, là encore, la connaissance expérimentale d'une sorte de
régime se produisant sans cesse, qui rendra possible la théorie de l'élasticilé,
tandis ([ue l'altération plus ou moins profonde des groupes moléculaires,
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l643
avec ou sans échange de molécules entre eux, mais avec sauts d'un état
interne d'équilibre à un autre, etc., rendra intelligibles les déformations
persistantes ou les faits de plasticité .
VII. Et si les déformations visibles de la particule se font trop vite pour
que la configuration interne, qui règle les pressions, soit sans cesse la confi-
guration élastique (ou la plus stable) pour les situations relatives actuelles
des centres des groupes moléculaires, on conçoit que les écarts entre cette
configuration élastique idéale et la configuration /-éellese trouveront d'autant
plus grands, que la vitesse de production des déformations visibles sera plus
grande elle-même, donnant ainsi, dans les formules des pressions, outre leur
partie élastique, des termes correctifs, fonctions des «a? vitesses élémentaires
(perceptibles) de déformation de la particule. Ainsi s'expliquera la présence,
dans les corps, des frottements intérieurs (plus souvent appelés de nos jours
forces de viscosité), fonctions d'un état dynamique, de vitesses, qui intro-
duisent, dans les formules des pressions, des dérivées par rapport au temps
et semblent, comme dans le cas d'un projectile mû à travers l'air, en contra-
diction avec la loi fondamentale des actions fonctions des distances.
Mais cette contradiction apparente résulte, comme on voit, cette fois
encore, d'une élimination des vraies variables rendue possible par la notion
d'un certain régime tendant à s'établir, notion d' expérience encore venue
s'adjoindre à la loi fondamentale sans la nier, quoique nous soyons, au moins
jusqu'à ce jour, hors d'état de l'en déduire ou de pénétrer les rapports
intimes de ces deux faits capitaux (').
ÉLECTRICITÉ. — Noui'clle mesure de la cohésion diélectrique de l'argon (^).
Note de M. E. Bouty.
La détermination, même approchée, de la cohésion diélectrique de
largon soulève des difficultés qu'on ne rencontre guère avec les autres gaz
(') Ce n'est donc pas seulement dans les grandes questions de Philosophie morale ou
religieuse que nous devons faire ce que dit Bossuet, tenir forleinenl les deux bouts
de la chaîne et croire à sa continuité, malgré l'obscurité qui nous dérobe certains
chaînons intermédiaires : c'est aussi dans les questions fondamentales de nos sciences
physico-mathématiques. Les principes divers y trouvent leur unité, ou se joignent, à
des profondeurs où n'atteint généralement pas notre vision distincte.
("-) Comptes rendus, t. CXXXVIIt, p. 616.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N« 25.) 21 5
l(344 ACADÉMIE DES SCIENCES.
rares (liclium, néon), cependant si sensibles à la présence d'impureté^;. On
observe en effet, pour une valeur invariable de la pression et parfois sans
cause l)ien apparente, des variations progressives de la difTérence de poten-
tiel minimum susceptible de provoquer la décharge. Ces variations sont
tout à fait comparables à celles qui résulteraient, avec tout autre gaz, d'une
variation continue de la pression.
Première expérience — De l'argon, reconnu très pur à l'examen spectroscopique,
après avoir séjourné dans un serpentin refroidi par l'air liquide, passe dans l'appareil
de mesure, composé d'un ballon en relation avec un manomètre à mercure. La pres-
sion (34"'" de mercure) est demeurée invariable pendant toute la durée de l'expé-
rience (du 5 au 8 mai 1909). Voici les valeurs observées du champ critique y :
Premier jour 1267 i442 1886 i845
Deuxième jour '938 '99^ '97-i 2o85
Troisième jour 2022 2ti9 2062 2110
Quatrième jour 2096 2 1 44 » "
De la première à la dernière mesure, y a varié de -o pour 100 de sa valeur initiale.
Si l'on admet, pour la cohésion diélectrique de l'argon, le nombre 38, déterminé
dans la suite de celte Note, la variation constatée ici, à pression invariable, est celle
qui, dans une expérience normale, résulterait d'un accroissement de pression de 23™\
Deuxième expérience. — La disposition générale de l'appareil étant la même,
après avoir fait, à l'aide de la trompe à mercure, le vide le plus complet possible, on
ferme un robinet R interposé entre le ballon et le manomètre, et l'on plonge le ser-
pentin dans l'air liquide, pour absorber toute trace de vapeur de mercure. On ferme
un robinet R' interposé entre le ballon et le serpentin, on remplit ce serpentin d'argon
que l'on transvase, après uu quart d'heure de séjour dans l'air liquide, dans le ballon
désoimais séparé du ser|)enlin par la fermeture définitive du robinet R'. Les condi-
tions sont dès lors analogues à celles de l'expérience précédente, à cela près que
l'argon employé ici se trouvait un peu moins pur et qu'on avait éliminé toute trace de
v.ipeuis de rnercuro. Voici les valeurs de j'(i3-i7 mai igog) :
iSJg, 1845, i883, 1902, 1901, iS83, 1898, 1S93, 1919, 1872.
Ces nombres, assez irréguliers, ne présentent plus qu'une très légère tendance
systématique à l'augmentation.
Troisième expérience. — On remet à ce moment le ballon en communication avec
le manomètre, de telle sorte que la vapeur de mercure émise par le ménisque puisse se
diffuser lentement vers le ballon.
Une mesure de y est faite aussitôt a()rès l'ouverture du robinet R, et renouvelée
cha(|ue jour à la même heure du 17 au 2.5 mai. Les valeurs de v,
1818, 1770. 1763, 1716, 1716, 1692, 1679, i64o, i632.
SÉANCE DU 20 JUIN 19IO. l645
accusent celle fois une diminution systéniali(|ue qui, le neuvième jour, atteint
10,2 pour 100 de la valeur initiale, et ne peut être attribuée qu'à l'introduction de
vapeur de mercure dans le ballon.
Sans approfondir davantage pour le moment les causes des variations
que je viens de signaler, il y a lieu de se demander si elles opposent un
obstacle insurmontable à l'étude de la variation du chauip critique avec
la pression, c'est-à-dire à la détermination de la cohésion diélectrique.
Tel est l'objet essentiel de cette Note.
Rappelons que la cohésion diélectrique b peut être définie simplement
par la relation
dans laquelle y est le champ critique correspondant à la pression p, celle-ci
pouvant varier depuis quelques centimètres de mercure jusqu'à la plus
haute pression que permettent d'atteindre soit la masse de gaz dont on
dispose, soit la puissance do la batterie employée. La cohésion b est une
constante caractéristique du gaz, tandis que le coefficient a dépend à la
fois de la nature du gaz, de la nature et de l'état superficiel des parois du
ballon renfermant le gaz.
Avec la plupart des gaz, les variations de a, au cours d'une série de me-
sures (durant, en moyenne, plusieurs jours), sont insignifiantes, c'est-à-dire
que, quand on maintient la pression invariable, on n'observe jamais de varia-
tions de y de quelque importance.
Avec l'argon, et si l'on exclut le cas où le gaz vient d'être refroidi (1'" ex-
périence, I™ journée), les variations dej', pour une pression fixe, sont, en
somme, assez lentes pour qu'on doive espérer, en croisant les mesures re-
latives à des pressions alternativement hautes et basses, séparer les variations
de j attribuables à des variations de a de celles qui tiennent exclusivement
à la variations du terme bp. Partant d'une valeur arbitraire de p, pour la-
quelle on a mesuré j', on répète le plus tôt possible la mesure pour une pres-
sion/)', très différente, puis pour une pression p" voisine de p. De l'ensemble
des trois mesures on déduit les valeurs de a et de b. On recommence ensuite
entre d'autres limites de pression et l'on constate que les valeurs de b ainsi
calculées, d'un bout à l'autre de la série de mesures, ne présentent que de
petites différences dont le caractère est accidentel, tandis que la variation
de a, qui peut être grande, affecte une allure très nettement systéjmalique.
Il est donc possible d'obtenir une valeur assez approchée de la cohésion
diélectrique de l'argon.
l6/,6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Le Tableau ci-dessous donue les résultats de la meilleure expérience.
L'argon, extrait de Tair, avait été préparé avec un soin exlrêine par M. Lepape, sous
la direction de M. Moureu ('), au laboratoire de l'Ecole de pharmacie. Les mesures,
exécutées en présence de la vapeur de mercure, sans refroidissement préalable du
o^az ('), ont montré un accroissement systématique du coefficient a, évalué en moyenne
à dix unités de chaque mesure à la suivante. Les valeurs brutes de y sont données
dans la troisième colonne. Dans la quatrième figurent les mêmes valeurs corrigées de
la variation de a. Enfin la cinquième donne les valeurs de y calculées par la formule
linéaire y = SSg + 38/j.
\k-\Qjidn 1!)10.
y
Numéros Pression
d'ordre en cenlimélres
de la mesure. de mercure.
13 l5,ll
10 i6,o3
11 i6,o3
1 24,97
2 2^,97
\k 25, 6i
8 28,74
9 28,74
3 39,65
h 39,65
12 40,87
3 45,14
7 49'36
C ài ,73
La valeur initiale du coefficient a est 539; ^^ valeur finale, 639. Dans
l'expérience relative à l'argon récemment refroidi dans l'air liquide, la va-
leur initiale de a devait être sensiblement nulle ('), sa valeur finale attei-
gnant 800 à 900.
En ce qui concerne la cohésion diélectrique, la valeur 38, déduite de l'ex-
périence précédente, se confond presque avec le nombre 39 que j'avais dé-
duit, en 1904, d'expériences à pression relativement basse, avec de l'argon
(') Je prie MM. Moureu et Lepape d'agréer mes meilleurs reraercimenls pour l'aide
qu'ils m'ont fournie en préparant et purifiant, à diverses reprises, l'argon dont je me
suis servi.
(') Ce gaz était conservé depuis un an dans une éprouvelle, sur le mercure.
(') 38/7 =r 38 X 34 = 1292; valeur initiale de V, 1267.
Différence :
brut.
corrigé.
calcule.
cale. — corr
1273
ii63
Ill3
— 5o
1217
1 137
ii48
-t- 1 I
1233
1143
II 48
-f- 5
i48i
i48.
i488
+ 7
i494
i484
i488
-f- 8
1620
i5oo
l5l2
-\- 12
1688
1628
i63o
4- 2
i652
i582
i63o
+ 48
2096
2076
2o46
- 3o
2095
2o65
2o46
- '9
2219
2119
2092
— 27
2269
2229
2254
+ 20
2459
2409
24'4
+ 5
>2528
>2478
25o5
<-t- 27
SÉANCE DU 20 JUIN 19IO. 1647
préparé par M. Moissan ('). La cohésion de l'argon est donc sensiblement
double de celle de l'hélium ( i8,3), gaz qui précède immédiatement l'argon
dans la dernière classification de Mendeléeff.
PHYSIOLOGIE EXPÉRIMENTALE. — Élimination des déchel S azotés dans l acte
de la sécrétion rénale, chez le sujet en état d'inanition. Rapport de cette
élimination avec celle de l'eau, véhicule des excréta urinaires. Indépen-
dance réciproque des deux phénomènes. Note de MM. A. Chauveau
et feu CONTEJEAX.
Chez le sujet à l'inanition, la restauration alimentaire ne vient pas com-
pliquer l'observation des désintégrations dont la marche continue représente
le phénomène initial et fondamental du renouvellement incessant de la
matière animale vivante. L'état de jeûne s'impose donc dans l'étude expéri-
mentale de ce phénomène considéré en lui-même. Il s'impose également dans
tous les cas où il y a lieu de profiter de la simplicité que cet état imprime
aux conditions expérimentales, pour les recherches physiologiques de toute
nature qui ont à s'appuyer, comme point de départ, sur les faits observés
au cours des désintégrations courantes attachées à la fonction rénovatrice.
Un exemple du profit qu'on peut tirer de cette condition a été rappelé
dans la Note présentée par nous à la séance du 6 juin (-). C'est celui de la
contribution qui a été apportée, par l'expérience décrite dans cette Note, à
la démonstration de la non-participation des albuminoïdes en voie de désin-
tégration à la dépense énergétique liée à la production du travail muscu-
laire. Un sujet appartenant à l'espèce canine, en état d'inanition, passait
par des périodes alternatives de repos et de travail, pendant lesquelles on
(' ) Comptes rendus, t. GXXXV^III, p. 616. Il y a dans la formule (2) de celle Note
une faute d'impression. La formule correcle est
J rr 39 v'/) (/>-!- 35)
(voir Journal de Physique, 4° série, t. III, p. 600) qui, pour des pressions suffisam-
ment élevées, peut être réduite à la forme linéaire y ^694 -H Sgy?.
La discontinuité que j'avais cru remarquer alors, pour des pressions supérieures
à 16'=°' de mercure, était une conséquence des phénomènes perturbateurs signalés dans
ma Note actuelle. Cette discontinuité n'existe pas.
(') Contemporanéité de la formation et de l'élimination des déchets azotés chez
les sujets en état de jeûne. Note de M. A. Chauveau et feu Co'sjt.iï.n^ {Comptes rendus,
t. 150, p. 1478).
l6'|8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
recueillait son urine, dont on dt)sait ensuite l'azote total. D après la coin|3a-
raison des chillres obtenus dans cliacune de ces périodes, il était facile de
voir si l'intervention du travail accroît les décliets azotés dans l'urine; et l'on
pouvait s'assurer ainsi du rôle que les alburninoïdes de l'organisme peuvent
jouer comme source de potentiel capable d'alimenter l'activité du système
musculaire. Or la courbe de l'excrétion azotée est restée pendant les périodes
de travadce quelle était pendant les périodes de repos. 11 étail ainsi démontré
que l'énergie employée à la production du travail des muscles ne provient
pas directement du potentiel albumine.
Toutes les objections qu'on pouvait opposer à la légitimité de cette con-
clusion avaient été prévues et réfutées à l'avance. Ainsi, c'était une opinion
courante que V élimination des excréta azotés peut fort bien ne suivre que de
très loin leur formation. Quel fond faire alors sur une expérience, relati-
vement courte, où l'on serait nécessairement exposé à cliercber le surcroît
d'excreta azotés, dénonciateur de la participation des alburninoïdes à la
dépense énergétique excitée par la contraction musculaire à un moment où
ce surcroît n'aurait pas encore eu le temps d'apparaître dans Turine sé-
crétée? On a vu, par le récit de la laborieuse et très importante expérience
de la Note précitée, le cas qu'il convient de faire de celte objection. Destinée
à l'étude des influences extérieures ou intérieures qui peuvent modifier les
désintégrations préparatoires à la rénovation des albuminoïdes des éléments
de l'organisme, l'expérience établit d'une manière très précise et tout à fait
significative, la rapidité avec laquelle se forment et s' éliminent conjointement
les excréta azotés qui résultent de ces désintégrations. En donnant ainsi la
preuve de la qaasi-conlemporanéité de ces deux phénomènes, l'expérience de
contrôle avait affirmé à l'avance la confiance que mérite la signification
négative des faits observés dans notre étude de l'influence du travail muscu-
laire sur la désintégration des alburninoïdes de l'organisme. L'immobilité
qu'a présentée la courbe de l'excrétion azotée, dans cette étude expérimen-
tale, prend bien le caractère d'une démonstration positive de l'absence de
toute contribution des albuminoïdes à la dépense énergétique du travail
musculaire.
Mais ce n'est point là le seul bénéfice à retirer du document expérimental
qui a fait l'objet de la Communication précédente. Après en avoir obtenu la
démonstration de la promptitude avec laquelle la désintégration des albu-
minoïdes répond à ses causes excitatrices, dans l'état déjeune, il reste à en
extraire les enseignements annoncés dans le titre de la présente Note, sur
les rapports existant, dans la sécrétion rénale, entre l'élimination des excréta
azotés et celle de l'eau, leur véhicule.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l649
Jamais on ne s'est beaucoup préoccupé de la détermination exacte de ces
rapports. Sur la foi de simples apparences, on s'est habitué à admettre
vaguement que l'élimination des déchets azotés, produits de la désinté-
gration des albuminoides, est subordonnée à l'élimination du véhicule
aqueux de ces déchets (' ). Si cela était, ce serait la suspicion jetée en per-
manence sur l'exactitude des faits qui nous ont amenés à conclure à la quasi-
conlemporanéité de la formation et de Véliinination de ces déchets. Mais
cette suspicion ne trouvera même pas roccasion de se faire discuter.
Les faits nouveaux à produire dans cette seconde Note démontrent, en
efl'ct, que les oscillations des quantités d'eau et d'excreta azotés, qu'élimine
du sang la sécrétion rénale, ne sont pas nécessairement symétriques dans
leur marche croissante ou décroissante. Elles se sont montrées parfois tout
à fait discordantes et, dans les cas de concordance, les relations de grandeur
qui existaient entre elles n'étaient ni proches ni régulières : c'était la
démonstration de l'indépendance que les deux phénomènes gardent l'un vis-
à-vis de l'autre.
Voilà ce que nous avons à exposer maintenant, en nous appuyant sur les
faits consignés dans le Tableau ci-après, où la quantité d'urine recueillie
a été mise en regard de l'azote total que contient cette urine, dans chacune
des 27 périodes qui se sont succédé au cours de l'expérience.
(') Mon préparateur Contejean, ayant entendu émettre celte assertion, sans la
moindre réserve, à la Société de Biologie, me demanda d'y répondre, à la séance sui-
vante, en citant ijiièvement queiciues-uns des faits de notre expérience, faits que j'avais
déjà colligés, réunis en tableaux et synthétisés au moyen d'un graphique. Non seulement
je donnai à Contejean cette autorisation, mais je le chargeai de publier intégralement
tous les documents en question, en son nom propre. Je les croyais donc insérés dans
les Comptes rendus de la Société de Biologie, où je les fis rechercher il y a quelques
semaines. C'était au moment où le décès de Pfluger, me remettant en mémoire sa
campagne en faveur de la réhabilitation des albuminoides considérés comme source
essentielle du potentiel qui alimente en énergie les muscles qui travaillent, je désirais
contrôler quelques renseignements. A ma grande surprise, les communications que
Contejean devait faire à la Société de Biologie ne figuraient pas dans ses Comptes
rendus. Je ne puis m'expliquer pourquoi. En tout cas, les recherches auxquelles je
me livrai, dans les cahiers d'expériences et les papiers du laboratoire, me permirent
de retrouver tous les documents qui; j'avais confiés à Contejean. J'iii donc pu faire
une rédaction méthodique de l'expjrience. Elle est signée de mon nom et du sien.
J'essaie de payer ainsi la dette de reconnaissance que j'ai contractée envers la mémoire
d'un précieux collaborateur, qui n'a ménagé ni son temps ni sa peine pour se mettre
en état de m'assister utilement dans tous mes travaux de Physiologie générqle.
A. Cu.
l6:W ACADÉMIE UES SCIENCES.
Tableau comi'i.et des quantités d'urine et d'excreia azotés formées alx différents temts
DES TROIS séries DE NOTRE EXPÉRIENCE.
Urine sécrélée Azole total Intervenlions qui ont activé
dans des uréidcs la formation des déchets azotés
Succession des temps. chaque période. excrétés. et la sécrétion de l'urir.e.
I. De SI' à lo'' lo"" -(-) (— 2Î%
II. De lo'' à midi 7 —\ (-(- 27,4
m. De midi à 2'' 7 24,6
IV. De 2»' à 4I' 6 23,5
V. De 4'' à 6'' 6,5 27,8
VI (a). De 6'' soii- à 8'' malin. . . . 829 i58,2 (a) 400'^'"'' d'eau froide introduite dans
r'estomac, au début de celle pé-
riode.
I. De 81' à 10'' 19 24,5
Il {b). De 10'' à midi 198 -+\ i= 80,9 (b) Douclie froide de i5"' au début de
f 1 celle période. Tempér. rectale :
l j avant. 88", 8; après, 36°, 4.
m. De midi à 2'' 82 —) (=80,8
IV. De2''à4i' i5 28
V. De 4'' à ô*" 12 22,6
VI (rt). De 6'' soir à 8'' matin 860 i36,5 (n) 4oo™' d'eau froide introduite dans
l'estomac, au début de celle pé-
riode.
I. De 8'' à 10'' 6 20,7
II (t). De 10'' à midi i3o +1 I - 27 (c) Douche froide de iS™ au début de
[ ' celle période. Tempér. rectale :
l \ avant, 88°, 9; après, 36°, 5.
III. De midi à al' 32,5-]
IV (</). De ■.'.I' à 4I' 167 +/ ^— 3i,4 (^/) M. — Tempér. rect. : avant, 38",6;
après, 86°, 1 .
V. De4i'à6i' 35
VI. De 6'' à 8'- t3
\ II (a). De SI" à 10''.. 270 36,7 (") 400'^^"'' deau froide introduite dans
28
4
3i
4
82
4
39
I
36
.7
'estomac, au début de celle pé
iode.
\ 111. De i()i' à minuit 94 +/ \— 25,3
1\. De minuit à ■.>!' 16 — j )-t- 26,4
\. De 2I' à 4'' 16 +/ 1= 25,6
\1. l)eV'à6i' 12 — j i= 25,5
\ll. De 6'' ;i 8'' 10 =:) (-(- 26
Mil. De8i' à lo''... to r^l (—25,4
\1V. De 10'' il midi 7 — i j— 25,3
.\V. De midi à 2I' 7 =\ |-i-25,5
SÉANCE DU 20 JUIX 1910. l65l
Au premier coup d'œil jeté sur ce Tableau, il est facile de voir que
l'action exercée par les excitations de la rénovation de la matière n'a pas
seulement accru la valeur des excréta azotés. Cette action a provoqué de
plus un énorme accroissement de la quantité d'eau excrétée dans la succes-
sion des périodes de l'expérience. Mais ce dernier accroissement ne suit pas
une marche parallèle à celle de l'excrétion azotée. L'indépendance réciproque
des deux phénomènes se manifeste nettement quand on compare les chiffres
qui en expriment respectivement l'intensité au cours des différents temps
des trois séries d'expériences.
La comparaison, déjà facile avec le Tableau complet, le devient encore
plus avec le Tableau résumé ci-après, dans lequel les valeurs d'urine
évacuée et d'azote total fourni par les uréides qu'elle contient sont mises
en regard sur deux lignes superposées : la supérieure, consacrée à l'éva-
cuation urinaire; l'autre à l'évacuation des déchets azotés. Cette disposition
facilite d'autant mieux la constatation des différences qui existent dans l'in-
tensité des oscillations des deux ordres, que les chiffres inscrits ne repré-
sentent pas les quantités d'urine ou d'azote réellement obtenues, mais le
quotient de ces quantités réelles par la moindre d'entre elles, prise pour
unité dans chacune des deux catégories de valeurs comparées.
■'
" série.
III.
IV.
N"' d'ordre . .
I.
II.
V.
Evac. iir. .
1,66
'.'7
I , l"
1
1,08
Evac. az.. .
( , I 2
I ,3-2
i.'9
1,1:',
1,32
série.
III.
N -
d'ordre.
I.
II.
III. i\.
!■;>■
. ur. I
21,7
5,4 28
i':v
. az . 1
[ ,00
i,3o
1,37 1,5'
45 i5,6 2,7 2,7 2 '>'7 ')i7 1-2
1,77 1,22 1,27 1,2/i 1,23 1,26 1,23 \,22
Les enseignements que fournit ce nouveau Tableau sur les rapports de
l'évacuation des déchets azotés avec celle de leur véhicule aqueux s'y tra-
duisent d'une manière saisissante. L'énormité des oscillations de ce dernier
fait un bien instructif contraste avec la petitesse relative des oscillations des
déchets azotés. Ces derniers n'arrivent point avarier du simple au double ; leurs
oscilkilions se limitent étroitement entre i et i , 77. Mais celles de l'urine éva-
C. H., iç)!.), 1" Semestre. (T. 150, N» 25.) 2l(j
l652 ACADÉMIE DES SCIENCES.
cuée vont de i à 45 ! C'est au moment où l'action des interventions excitatrices
des dislocations rénovatrices bat son plein que ces extraordinaires dissem-
blances se manifestent. Elles sont déjà bien significatives comme indices de
l'indépendance réciproque des deux évacuations. Leur signification s'accen-
tue encore du fait de ce qui arrive quand cette action est complètement
épuisée. Alors les difTérences tendent à se produire en sens inverse, c'est-à-
dire au désavantage des oscillations de l'urine sécrétée. Devenues très petites
ces dernières se montrent plutôt inférieures à celles desuréidesque contient
ce liquide.
Tout importante que soil cette démonstration, elle n'atteint pourtant
pas la valeur de celle qui est fournie par les résultats discordants obtenus
dans quelques-unes des périodes de l'expérience : la marcbe de l'évacuation
azotée y est parfois croissante quand celle de l'évacuation aqueuse est décrois-
sante. Des accolades spéciales signalent, dans les Tableaux, les temps de
l'expérience où cette discordance s'est manifestée.
// est ainsi très solidement établi que le rein enlève simultanément au sang
les uréides et l'eau qui doivent en être éliminés, sans que ces deux actes soient
unis l'un à l'autre par le lien d'une solidarité quelconque.
Donc, chez- le sujet en état déjeune., les variations de quantité de l'urine
sécrétée, au cours d'une série de périodes expérimentales.! n'introduisent aucun
trouble dans la signification des excréta azotés entraînés avec l'urine. Ils
restent, dans tous les cas, les témoins fidèles de l'activité de la désintégration
des albuminoides des tissus et des humeurs de l'organisme animal, même dans
les expériences de courte durée.
PHYSIQUE. — Sur l'action mutuelle de deux cathodes dans le champ
magnétique. Note de M. Gouy.
1. J'ai mentionné déjà (') l'éclat que prennent les rayons magnélo-
catbodiques émis par deux cathodes dans une ampoule de Crookes, lorsqu'ils
sont amenés à superposition. Ces expériences, où j'ai utilisé une machine
électrostatique et une batterie de 2800 accumulateurs, ont mis en évidence
d'autres phénomènes qui se produisent lorsqu'il y a des lignes de force
magnélicjue qui vont d'une cathode à l'autre; c'est ce que j'appellerai, pour
ahréger, une position privilégiée.
(') (Jcmple.l rend lia, 7.?. féviier 1909.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l653
2. Il convient de donner à l'anode une très grande surface et d'employer
de faibles courants, pour éviter la chute de potentiel magnéto-anodique (').
Tant que le vide n'est pas élevé, le potentiel explosif hors du champ magné-
tique ne dépassant guère l\oo volts, l'effet du champ sur ce potentiel est
peu important; mais tout change quand le vide devient très élevé, avec des
champs de 1000 gauss et au-dessus.
Hors du champ, le potentiel explosif, comme on sait, croit rapidement
avec le vide; il atteint plusieurs milliers de volts pour des pressions de
quelques microns, puis des valeurs bien plus grandes jusqu'à o^^-i qui est à
peu près la limite de mes expériences (-).
L'action du champ, si l'on est très loin de la position privilégiée (à angle
droit, par exemple ), ne modifie que peu le potentiel explosif, sauf aux vides
extrêmes où elle l'augmente notablement. Si Ion fait tourner l'ampoule en
se rapprochant de la position privilégiée, ce potentiel s'abaisse, d'abord
lentement, puis très vite au voisinage de la position privilégiée, où il atteint
enfin une valeur peu supérieure à 4oo volts, qui augmente à peine avec le
degré de vide, et reste inférieure à 4^o volts avec les appareils munis de
cathodes sphériques ('). Une pile de 5oo volts suffit ainsi à donner du
courant jusqu'à la limite du vide (oi^,2) où il faudrait plus de 20000 volts
dans les conditions ordinaires. Avec des cathodes filiformes, il faut un peu
plus, environ 600 volts. Plus le champ est intense, plus est rapide la variation
du potentiel explosif au voisinage de la position privilégiée, mais, dans cette
position même, sa valeur ne varie guère entre 5oo et 2000 gauss (').
;}. Pour une expérience de démonstration, on peut employer une pile ou
une source électrostatique fournissant un ou deux milliers de volts, et faire
marcher la pompe Gaêde sans craindre l'excès de vide. En tournant l'am-
(') L'anode est un cylindre ouvert aux deux bouts, de 8'™ de diamètre, contenant
les deux cathodes dans son intérieur. Il est commode (mais non indispensable), de
réduire l'intensité à quelques micro-ampères, pour ne pas être gêné par les dégage-
ments gazeux et par l'échaulTement des cathodes.
{^) Avec un des appareils, par exemple, on avait loooo volts pour une pression
de 51^, et 20000 volts pour iH-. Ce sont les pressions mesurées à la jauge. Il faudrait y
ajouter la tension de vapeur du mercure (ot'-jS) et peut-être celle des vapeurs hydro-
carbonées provenant des joints rodés.
(^) Ce sont des boules de 5"°> ou de 9™™ de diamètre, éloignées de 3"^™ environ, et
portées par des fils garnis de tubes de verre.
(*) Avec i3o gauss, l'effet est un peu moindre, quoique encore très considérable;
le potentiel explosif en position privilégiée augmente avec le vide, jusqu'à atteindre
700 volts environ.
l654 ACADÉMIE DES SCIENCES.
poule dans le champ, on la voit s'allumer en arrivant à la position privi-
légiée, puis s'éteindre en dépassant celte position, en concordance avec les
indications du galvanomètre. On peut répéter Texpérience à circuit ouvert,
en reliant Fanode à la feuille dor d'un électromètre, le tout parlaitement
isolé. L'anode étant mise à la terre un instant, on voit la feuille d'or rester
ensuite immobile, puisse relever brusquement lorsqu'on arrive à la position
privilégiée, mesurant ainsi un potentiel différent de 5oo volts environ de
celui des cathodes.
4. Lorsque le courant passe en position privilégiée, les faisceaux magnéto-
cathodiques se superposant, on voit sïUumincr vivement l'espace inter-
calhodique. L'éclat de cette lumière est très grand, surtout avec quelques
milliampères, et ell'ace tout le reste quand l'expérience est bien disposée.
Il l'esté toutefois près de chacune des cathodes un espace obscur (' ), qui
est d'autant plus restreint, que l'ampoule est le siège d'oscillations élec-
triques plus intenses. Ainsi une étincelle dans le circuit diminue beaucoup
cet espace obscur, qui est d'ordinaire plus réduit avec une machine électro-
statique qu'avec une pile. Toutefois l'espace occupé par la lumière inter-
cathodique ne décroît jamais au delà d'une certaine limite (-).
Si l'une des cathodes est entièrement isolée, et joue ainsi le rôle de
cathode secondaire, elle produit de même de la lumière intercathodique,
mais l'espace obscur de son côté est nul ou fort petit. Il en est de même si
on la remplace par une baguette isolante, et il en est encore de même de la
paroi de verre de l'ampoule. Il en résulte que, pour observer les rayons
magnéto-calhodiques sans cette complication, il faut qu'ils se terminent
sur l'anode, et non sur la paroi de verre. Dans le premier cas, l'espace
obscur sur le rayon a sensiblement la même étendue que l'espace de Hit-
torfï", à vide égal, et va jusqu'à l'anode dès que le vide est un peu élevé.
Dans le second cas, il y a toujours près du verre une assez vive lumière de
nature intercathoditjue (■').
(') lielativemeiit obscur.
(^) Lorsque le courant passe, sans qu'on soit en posilion privilégiée, les faisceaux
magnéto-cathodiques des deux cathodes ne se renconlianl pas, se montrent alors
réunis par une sorte de pont lumineux, qui est un reste ou une variante de la lumière
inler-cathodique, et qui a d'ordinaire la forme d'un anneau.
(') En position privilégiée, la phosphorescence du verre produite par les rayons
magnéto-cathodiques est fort diminuée, comme je l'avais signalé (/oc. cit.). Ce fait
s'explique aujourd'liui bien simplement par la baisse de tension que nous a\ons con-
statée plus haut.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l655
5. La paroi de verre agissant comme cathode secondaire produit,
quoique à un moindre degré, les mêmes effets d'abaissement du potentiel
explosif qu'une cathode ordinaire. Ainsi une ampoule aune seule cathode
peut laisser passer le courant quand les lignes de force magnétique passant
par la cathode rencontrant le verre, et arrête ce courant quand ces lignes
rencontrent une anode. Une pareille ampoule s'allume ou s'éteint par rota-
tion dans le champ magnétique, suivant que l'un ou l'autre de ces deux cas
est réalisé.
En résumé, aruc rides élevés, lorsque des charges négatives sont reliées {ou
prés de l'être) par des lignes de force magnétique, elles produisent une action
de nature inconnue qui est mise en évidence par un abaissement extrême du
potentiel explosif , et par la production de la lumière inter-cathodique .
CORRESPONDAÎVCE.
M. le Ministre de l'Ixstructiox publique invite l'Académie à lui pré-
senter une liste de doux candidats à la chaire de Zoologie ( Reptiles et Poissons)
vacanle au Muséum d'Histoire naturelle par suite de l'admission à la retraite
de M. Vaillant.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et Zoologie.)
M. HouARD adresse un Rapport sur les travaux qu'il a exécutés à l'aide
de la subvention qui lui a été accordée sur le fonds Bonaparte en 1909.
MM. A. Bellot, Bodly de Lesdain, Hippolyte Coste, G. Guilbert,
deMartonxe, de Segoxsac adressent des reraercimenls pour les distinctions
que l'Académie a accordées à leurs travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, les Ouvrages suivants :
1° Caisse des recherches scientifiques. Année 1909. Rapport annuel,
par M. Paul Dislère.
2° Savants du jour : Emile Picard. Biographie, Bibliographie analytique
des écrits, par Ernest Le bon.
3° Recherches sur i ionisation produite par les rayons oc, par M. Marcel
Moulin. (Présenté par M. E. Bouty.)
l656 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — Sur la variation dans le mouvemenl de la Lune.
Note de M. IVicojlau, présentée par M. H. Poincaré.
Dans ses Researches in the Lunar Theory('), après avoir traité les inéga-
lités variationnelles de la Lune, Hill envisage le cas des satellites à
« lunaison» plus grande. Dans le calcul de leurs trajectoires cependant une
difficulté se présente et, dès que la valeur de m devient plus forte, il est
obligé de recourir aux quadratures mécaniques, (^ela tient à ce que, malgré
leur convergence rapide, les développements des coordonnées de sa Lune
idéale ne convergent que pour de très petites valeurs du paramètre m. En
utilisant le paramètre p que M. Poincaré a introduit dans sa Mécanique
céleste (t. II, 2*^ Partie, n° 327), j'ai trouvé des développements dont le
cercle de convergence est plus étendu. Je pars de ces équations qui pour
p = m donnent les équations différentielles du mouvement de Hill. Ayant
adopté les variables complexes u^cc-hyi, s^tr — /? et pris comme va-
riable indépendante l'argument de Delaunay t, j'applique à ces équations
les opérateurs
o = c-n; = — ' -T) avec ; := e",
■ aX ar
je les ramène à la forme des équations imaginaires et, en tenant compte de
la solution de llill
« =:\^rt,Ç^' + ', .S- =:V «__,._, Ç-'+' (I /| rr: o, I, 2, . . ., oc),
j'obtiens les équations bilinéaires auxquelles satisfont les coefficients a;
elles peuvent s'écrire sous la forme
avec £±y =1 ou 2 suivant que ±y — i — ii= o ou non, // z^i — J ^ o ]
les fonctions -r^'i -r^: -^ étant respectivement celles que Hill désigne par
1/' ''I' ~i 171' --^ 0)> avec p au lieu de m, et Ij = 8;-- i - 4/^ + p\
(') American Journal of Malliemalics, l. 1.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. 1607
Je définis ensuite les coefficients Uj sous la condition
Les équations précédentes donneront ainsi les inconnues toujours avec les
mêmes ordres d'erreur que les équations employées par Hill, mais avec une
approximation plus grande, car elles sontplus complètes ; il suffit d'ailleurs
de trois approximations successives pouravoir a±, avec une erreur de l'ordre
de m"'. Alors, à la première approximation, les coefficients «+, dont dépend
la variation satisfont aux équations suivantes :
/.
= 0 := 2 111^ -— a, «__
-il
/-.
= 0 =: 1111- ~- a, a..
(«„=■)
ai, —«_,-+- >>i'-r-
Or, aux environs de m = o, le théorème de Cauchy sur les fonctions impli-
cites est ici applicable; les développements de a.,-, définis par ces équations
seront donc convergentes depuis m = o jusqu'à la valeur critique de m la
plus petite. Pour toutes ces valeurs critiques, le déterminant fonctionnel
de/,, /l, par rapport à a,, a_, est nul; et cette circonstance a lieu lorsque
les deux solutions périodiques correspondant à a±, se confondent en une
seule, ou bien, en regardant a, et «_, comme les coordonnées courantes
d'un point du plan, lorsque les hyperboles y, =; o,y_, = o deviennent tan-
gentes. Je considère alors le discriminant F(X) de l'équation/, -+- X/., = o
qui définit les sécantes communes à ces deux coniques; j'exprime quÊ le
discriminant du hessien de F est nul, et, avec p =^ m, j'obtiens une équation
du 20'' degré en m; mais en regardant m et/j comme indépendants l'un de
l'autre, cette équation est de la forme
AlVP-l-BM -i-C = o.
où M = //z''(38 -f- 2Sp -+- gp') et A, B, C des polynômes entiers en p. Je
fais ensuite varier /> dans l'intervalle (o, i); je calcule de proche en proche
une série de valeurs du module | M|, j'en déduis les valeurs correspondantes
de |;« |, et puisque les valeurs acceptables pour la convergence sont celles
pour lesquelles on a
je trouve que la valeur critique de m tombe entre - et -• Une limite supé-
rieure encore acceptable esl m ^ ^r —- p.
l658 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ASTRONOMIE PHYSIQUE. — Sur i éclat du Soleil et la constante solaire.
Note de MM. Edmond Bauer et Marcel Moulin, présentée
par M. H. Deslandres.
I. La température du corps noir dont l'éclat serait (pour le rayonnement
total) le même que celui du Soleil et qui a été déterminée par M. Millocliau
au sommet du mont Blanc, conduit, comme l'a fait remarquer M. Deslandres,
à une constante solaire trop petite, si l'on adopte, pour la constante de la
loi de Stefan, la valeur déterminée par M. Kurlbaum, ou à une valeur
beaucoup trop grande de cette dernière constante si l'on adopte pour la
constante solaire la valeur expérimentale.
A priori, ce résultat peut sembler surprenant, étant donné que le téles-
cope Féry employé et les actinomèlres mesurent l'énergie du rayonnement
total du Soleil et que leurs indications sont liées par une relation purement
géométrique.
On a en effet, pour la constante solaire A,
A -.^ (7T' lang' -,
a étant la constante de la loi de Stefan et y le diamètre apparent du Soleil.
On peut remarquer que si les deux mesures sont faites au même instant,
cette relation est indépendante de l'absorption atmosphérique.
II. Nous avons pensé qu'on pourrait déterminer la constante a- en
pointant sur le Soleil le télescope Féry que nous avions étalonné sur un
corps noir à io64° (fusion de l'or) et en mesurant en même temps l'énergie
à l'aide d'un actinomètre absolu, tel que le pyrhéliomètre d'Angsti'ôm.
Cette méthode nous semblait devoir être particulièrement commode,
parce que l'énergie reçue par l'appareil absolu est assez grande pour qu'on
n'ait pas besoin d'un galvanomètre très sensible et que, le maximum de
l'énergie du spectre solaire étant dans le visible, on pouvait admettre (pie
le pouvoir absorbant des lames noircies était très voisin de l'unité (0,98,1,
d'après Angstrôm).
Nousavons pu disposer pendant quelque temps d'un appareil d'Angstrôm
que M. Deslandres avait bien voulu mettre à notre disposition et nous
l'avons pointé sur le Soleil en même temps (pie le télescope.
Bien que nous ayons ojjéré par jours de beau temps (à Paris), les indi-
cations des deux appareils subissaient des variations assez notables qui nous
ont empêchés d'obtenir la précision que nous aurions désirée. 11 aurait été
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l65g
indispensable, en efîel, pour pouvoir calculer l'éclat moyen du Soleil, de
mesurer cet éclat aux différents points de la surface solaire. Comme les
variations signalées ci-dessus ne nous ont pas permis d'effectuer cette
mesure, nous avons utilisé les courbes de variation de l'éclat solaire suivant
un diamètre, qui ont été obtenues par W.-E. Wilson, par Abbott et par
Véry. Une intégration simple nous a permis de connaître la correction à
faire subir à l'éclat mesuré au centre du disque pour avoir l'éclat moyen.
Celte correction est d'environ i5 pour 100.
Nous avons obtenu, en moyenne, pour le rapport de A à T' tang- ->
T correspondant à peu près à l'éclat du centre du Soleil :
4,9.10"'-; 5,1.10^'^ et 5,0. io~'^ (watts.cm--.sec'),
el, toute correction faite, la valeur de rj serait
5,7. io~'-.
Ce résultat est bien du même ordre, aux erreurs d'expériences près, que
les valeurs obtenues dans ces dernières années et qui oscillent entre
5,3 . io~'- et 5,5. lo^'^;
il faut d'ailleurs remarquer que la valeur que nous venons de déduire de nos
expériences est probablement un peu trop grande En effet, il nous était
difficile, à cause des variations, de mesurer l'éclat exactement au centre et
par suite la valeur de T introduite dans le calcul devait être un peu trop
petite.
Malgré les variations observées, le résultat obtenu est assez bon pour
qu'on puisse espérer déterminer, par celte méthode, la constante de la loi de
Stefan avec une bonne précision, si l'on se place dans des conditions conve-
nables. Nous espérons pouvoir reprendre ces mesures dans un Observatoire
de montagne où les conditions atmosphériques seront beaucoup plus satis-
faisantes qu'à Paris.
ASTRONOMIE. — Résumé des observations physiques faites sur la comète
de Halley. Note de M. J. Conas Solà, présentée par M. Bigourdan.
Ces observations se rapportent aux périodes de maxima de visibilité de la
comète le matin et le soir; toutes, soit télescopiques, soit photographiques,
ont élé faites avec l'équatorial double Mailhat de 38'"* d'ouverture de l'Ob-
servatoire Fabra.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 25.) 217
l66o ACADÉMIE DES SCIENCES.
LaHîOiM'ète ne commença à être perceptible ici, à l'œil nu, qu'à jjartir du
i5 a-wril.
La longueur visible de la cpieue dans les environs du périhélie a été de
5o millions de kilomètres.
Comme caractère constant, il faut citer la forme presque rectiligne de la
queue, aspect qui peut tenir en grande partie à la circonstance que la
Terre était relativement voisine du plan d;e la queue.
La comète a présenté des caractères dissemblables avant et après la con-
jonction inférieure avec le Soleil, sans que ceci veuille dire que celte con-
jonction ait inlluencé les changements d'aspect; ces changemenls ont eu.
sans doute pour origine, outre la variation de distance au Soleil, des phéno-
mènes d'ordre physique du noyau et de ses enveloppes.
Les caractères principaux avant la conjonction out été les suivants :
I" La queue fut généralement bifurq.uée. Pliolograpliiquement, elle était constituée
par de longs el nombreux filaments, sans apparence claire de (locons ni de grandes
déviations dans les fil'et-s. Ceci serait lé résultat, à mon avis, de la plus grande inten-
sité de la force répulsive' solaire; comme on sait, pendant celte période la comète
n'était pas très éloignée du périhélie. D'autre part, les deux parties de la queue ont été
bien souvent divergentes dans les clichés.
2° Le diamètre de la partie photographiquement la' plus brillante de la tète était
relativement petite. En la mesurant sur les clichés, je trouve, à partir du 4 miù, des
valeurs peu différentes de iiûoooi"". D'un autre côté, la tête a été presque toujours
environnée d'enveloppes étendues, très faibles et presque toujours excentrées par
rapport à l'axe de la queue. Cette dissymélrie est très frappante dans un cliché du
1 1 mai.
3° Le noyau a été assez brillant et son diamètre, d'ailleurs très difficile à mesurer
microniétriquemeut par suite de la difTusii^in des bords, pouvait avoir Sàoo'"" environ.
Caractères après la conjonction. — Le temps déplorable qu'on a eu ici
après cette conjonction m'a interdit toute bonne observation jusqu'au
3o mai.
1" La queue n'a pas été bifiu-quée. Le 3o mai, elle avait l'aspect d'une sorte de
pinceau de poils courts et très nombreux. A partir du Si mai, il apparaît, dans les
clichés, une aigrette qui se modifie de jour en jour, mais qui continue a être visible
jusqu'à la fin de la série de pholog^raphies.
2" La partie plus brillante de la tête a grossi extrêmement. En ell'et, elle a été, pen-
dant cette dernière période, de 160000'"" à peu près. Les faibles enveloppes extérieures
sont plus réduites qu'avant.
3° Le noyau est très petit. On dirait qu'il ne dépasse pas 1000'*'" de diamètre.
La grandeur maxima apparente de la tète a eu lieu, pour mes conditions
d'observation, le 21 mai, jour où j'ai pu voir la comète im instant, dans
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l6()I
une éclaircie. Sa gTandeur globale était quelque peu supérieure à la i'"
grandeur.
On peut admettre que, la comète s'éloignant du Soleil, la force répulsive
de celui-ci diminuait rapidement, d'où a pu résulter non seulement une
notable diminution de la longueur de la queue, mais aussi le gonflement de
la tète. Avec cette diminution de force répulsive, coïncide l'apparition des
aigrettes centrales, des llocons ou masses caudales et des déviations des
ti^ajectoires des filets, déviations qui feraient même croire à l'existence de
milieux très faiblement résistants dans l'espace. En comparant le cliché du
3i mai avec celui du 3o mai, il résulte que la vitesse moyenne de projec-
tion de ces matières, dans les deux premiers millions de kilomètres parcourus,
fut au moins de 23'"" par seconde.
J'ai signalé dans une Note antérieure (') la formation d'uue boulTée
petite et brillante avec un filament qui la reliait au noyau, le 3i mai. Dans
cette iXote, j'ai parlé aussi de l'aspect remarquable de la queue qui offrait, ce
jour-là, une grande projection à un million de kilomètres du noyau, aspect
complètement différent de celui du 3o mai. Enfin, j'ai signalé l'apparition
du noyau double le 2 juin, de même que l'apparition de plusieurs conden-
sations, en mouvement rapide, le 4 juin-
Il est question, dans toutes ces apparences, d'une série d'émanations
phosphorescentes qui semblent avoir commencé à se séparer du noyau le
3i mai, ce qui a coïncidé avec la formation de l'aigrette centrale déjà indi-
quée et le changement de la structure de la queue, jusqu'alors assez régu-
lière. La soirée d'observation la plus importante fut celle du 4 juin.
Pour ne rien préjuger sur la nature de ces projections ou bouffées, je les
appellerai globes.
Le globe le plus brillant avait un éclat total inférieur d'une magnitude et demie à
celui du noyau. Les autres étaient assez pâles, mais d'observation facile, sauf un,
indiqué comme douteux. Le 4 juin, je commençai l'observation à 8''4o'", el au bout
de i5 minutes, il était sensible, à vue d'œil, que ces globes se séparaient du noyau.
Une série de mesures microniétriques du globe le plus brillant, par rapport au noyau
principal, faite avec des fils de platine sur champ noir et par doubles distances, a donné :
Il m
8 45
t)
istaiice.
6 ','5
7 '"^
7 '7
O.Ç)
Il m
10. 5
jo. 20
10.35
Dislance.
Il", 8
8 5o
12,8
9-4o
12,4
(') ^'oir p. 1496 de ce \olur
l66'2 ACADEMIE DES SCIENCES.
L'angle de position resta sensiblement constant et égal a i23°23'. ce qui correspond à
la direction de la queue.
lîn combinant toutes les observations de dislance, on trouve 4") 28 par heure pour la
vitesse moyenne avec laquelle ce globe s'éloigna du noyau de 8''45'° à 10'' 35""; ce qui
donne, pour la vitesse linéaire transversale, Sa-'" par seconde.
Ce globe, en lui supposant la même vitesse et la même trajectoire radiale, aurait
été lancé par le noyau à 7''32™ du même jour.
Tous ces globes paraissent s évanouir à 25000*"'" environ du noyau; la
diffusion de celle matière dans l'espace pourrait donner lieu peut-être à la
formation d'aigrettes et de masses nuageuses de la queue.
J'ai eu plusieurs bonnes soirées depuis le 4 juin, mais, quoique il m'ait
semblé souvent voir des jets et de faibles nébulosités difformes près du
noyau, je n'ai pu apercevoir luende semblable àcecjue j'ai vu notamment le
4 juin. D'autre part, la clarté de la Lune a empêché de continuer Fétude
pholograpliique de la structure de la queue.
Quant au passage de la tête devant le Soleil, il n'a pas été observable : la
pluie a tombé presque constamment le 18 mai, et les appareils météorolo-
giques n'ont enregistré rien d'anormal.
ANALYSE MATHÉIVIATIQUE. — Sur rinlégratioTi des systèmes complets.
Note de M. E. Vessiot, présentée par M. Emile Picard.
l. Considérons un système complet rationnel donné
(S o — L;,J=-r-^ h >>./,/, J-,, '-J-yt- ,
'V,,+/. -— ' 'A//, \/, = i.2 </ J
/, = 1
et soit (L) le groupe ponctuel de l'espace (.r,, . . . , x„) qui laisse invariante
chaque solution de (S). Nous appellerons groupe caractéristique de (S) le
plus petit gi^oupe ponctuel du même espace qui contienne (L) et dont les
équations de définition soient rationnelles. Soit y ce groupe : il laisse inva-
riant le système (S). Remarquons (jue si (y) se réduit à (L), p intégrales
de (S), indépendantes, sontralionnelles; et (S) s'intègre rationnellement.
Si, dans les équations de définition de (y), on remplace les q fonctions
inconnues .i',_,_| , . • . , .i"„ par des constantes, il reste un système rationnel (cr)
défi-nissant lcs/> autres fonctions inconnues œ\, ... , x^,. Ce système (ct) est
automorphe, une de ses solutions est une solution principale de (S); et
le groupe associé à (ct) est l'une des formes du groupe de rationalité de (S).
SÉANCE DU 20 JUI\ 191 0. l(3t)3
Ce groupe de rationalité indique, du reste, comment les caractéristiques
de (S) s'échangent par les transformations de (y).
2. Si le groupe (y) est connu, la méthode d'intégration quis'ofl're d'elle-
même est la suivante. Soit (y,) un sous-groupe de (y), contenant (L): ses
équations de définition dépendent rationnellement de certaines fonctions
de x,, ..., as,,, qui satisfont à un système différentiel automorphe rationnel;
une solution quelconque de ce système auxiliaire fournit un sous-groupe
homologue de (yi), et qu'il n'y a aucun inconvénient à considérer comme
(y,) lui-même. Si l'on adjoint celte solution au domaine de la rationalité
primitif, on obtiendra donc une réduction du groupe caractéristique, qui
deviendra (y,) ou un de ses sous-groupes. On opérera de même sur le nou-
veau groupe caractéristique, et ainsi de suite, jusqu'à arriver à (L) lui-
même. A ce moment, l'intégration de (S) sera effectuée.
Dans cette méthode qu'on peut, du reste, préciser davantage, on déter-
mine une solution de chacun des systèmes auxiliaires introduits. Imaginons,
au contraire, qu'on les intègre complètement. On démontre que, d'une
manière générale, si l'adjonction simultanée de toutes les solutions d'un
système différentiel rationnel (définissant des fonctions des variables indé-
pendantes X,,..., x„) réduit le groupe (y), elle le réduit à un de ses sous-
groupes invariants.
Ce résultat essentiel conduit à prendre pour (y,) un sous-groupe inva-
riant maximum de (y), à opérer de même sur (y,), et ainsi de suite. Comme
on peut faire en sorte de n'opérer que sur des groupes transitifs, le passage
de (y) à (y,) dépend, si l'on veut, de l'intégration d'un système complet à
groupe de rationalité simple. Ce dernier problème est ainsi le problème
d'intégration fondamental de cette théorie,
3. Le groupe (y) est défini par certains invariants différentiels, qui
satisfont, en particulier, aux équations obtenues en égalant à zéro les trans-
formations infinitésimales L^/, convenablement prolongées. En théorie, la
détermination du groupe caractéristique d"un système (S) donné dépend
donc de la recherche des intégrales rationnelles de certains systèmes com-
plets i-ationnels. Observons que ces systèmes complets et ces intégrales ne
sont pas quelconques.
4. Pour la définition et la réduction du groupe caractéristique, on peut
substituer au groupe (L) un de ses sous-groupes (L') qui n'admette pas
d'autres invariants d'ordre zéro que ceux de(L); par exemple le groupe fini,
d'ordre q, qui est défini par les transformations infinitésimales L^f. C'est
ce que nous avions fait dans notre Note du 8 novembre 1909, pour le cas
l664 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fj =^ i- Le groupe caractéristique (y') ainsi obtenu est un sous-groupe de (y),
mais échange de la même manière les caractéristiques du système (S).
Ce point de vue est utile, par exemple, dans l'application de la théorie
aux systèmes d'é({uations différentielles ordinaires linéaires et, plus géné-
ralement, à ceux que nous avons nommés systèmes de Lie.
.>. L'emploi des groupes caractéristiques permet de discuter les diverses
théories formelles d'intégration ; en particulier, la théorie classique de Lie
pour l'intégration d'un système complet, quand on connaît des transforma-
tions infinitésimales qui laissent ce système invariant; et aussi les théories
plus générales que Lie a esquissées, pour le cas où l'on connaît des invariants
différentiels ou intégraux du groupe (L), ou des systèmes différentiels inva-
riants par ce groupe.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Quelques propriétés des fondions (le Green.
Note de M. Hadamakd, présentée par M. P. Appell.
Soit ^f. une fonction de Green, relative au problème de Dirichlet(')
(plan ou spatial) pour une équation du second ordre quelconque du type
elliplique, ou encore la fonction analogue relative soit au problème qui
régit l'équilibre des plaques élastiques encastrées, soit au problème spatial
de même énoncé.
Lorsqu'on déforme la frontière (sans changer les points A, B), la variation
infinitésimale de g est donnée par des formules que j'ai précédemment
calculées (-).
Ces formules subsistent même lorsque A est confondu avec 13, quoique
(au moins dans le cas du problème de Dirichlet) g devienne alors infini; car
g se compose d'une partie singulière (log-j ou -■, ou r- logr, ou /■, suivant
celui des problèmes précédemment énumérés auquel on a affaire) indépen-
dante du contour, et d'une partie réguhère qui fournit seule la variation
considérée.
( ') I^e problème liydvodynamique^ pour lequel les formules ont un aspect un ])eu
diffërenl, sera ici laissé de côté. Aotons cependant que Tinégalilé (2) y subsiste dès
que a + j3 > 0.
(-) Comptes rendus, 9 février 1908 et Mémoire sur le Problème d'Analyse relatif
à Véijuilibrc des plaques élastiques encastrées, Chap. I {Mémoires des Sai'ants
rtrangers. 1908).
SÉANCE DU 20 JUIN I910. lG65
Dans ces conditions, si la déformation est telle que le nouveau contour
enveloppe partout l'ancien sans lui être nulle part intérieur, cette variation
Cig\ relative à deux points confondus est donnée par une intégrale portant
sur un carré, de sorte qu'elle est essentiellement positive, soit
(>) ^>A>0.
Mais on peut aller plus loin.
Dérivons maintenant j,' tant par rapport aux coordonnées ic, y du
point A que par rapport aux coordonnées x' , y' du point B, en supposant
que la dérivation soit la même de part et d'autre, c'est-à-dire considérons
l'expression
Si nous calculons la variation de cette quantité pour une déformation d'u
contour (telle que l'ancien contour soit entièrement intérieur au nouveau)
et que nous confondions encore les points B avec A, la variation en question
sera, elle aussi, exprimée par une somme de carrés et, par conséquent, sera
toujours positive^ soit
autrement dit, en passant de déformations inOniment petites à des déforma-
tions finies cjui en sont la superposition, la quantité
' ày- dy'i- <).>•"' dy'!' 'a
est plus petite pour un contour enveloppé que pour un contour enveloppant,
quels que soient les exposants de différent iation a, 'p.
Cessons maintenant de supposer A et B confondus, et prenons d'autre
part une dérivée qui ne contienne pas de la même manière les coordonnées
de A et celles de B; pour simplifier l'écriture, bornons-nous à celles qui ne
comportent que des dérivations par rapport aux coordonnées de A. Nous ne
serons plus renseignés sur le signe de la variation d'une telle dérivée ; mais,
par contre, nous aurons une limite supérieui'e de la variation absolue de
cette variation par l'inégalité de M. Schwarz ( '), savoir
I ja-t-?/)-^ I // ,12x^28 „ A
^ I dy-'dy^\ \ \ (>.r'-<fh-?(;-r'«dj'P/A
(') I oir le Mémoire cité des Savants étrangers, p, 3o.
lG66 ACADÉMIE DES SCIENCES.
et cette inép;alité a encore lieu loraqu'on substitue à une déformation infiniment
petite une déformation finie, pourvu que l'un des contours soit complètement
intérieur à i autre.
A titre de vérification, on peut envisager une équation aux dérivées
partielles du second ordre qui, pour certains contours particuliers C,
admette des solutions fondamentales U (solutions nulles en tout point de C).
Le contour envisagé étant pris voisin de C, g'I sera sensiblement de la
forme pU^Ug (où p est un facteur numérique très grand), ce qui entraîne
visiblement les inégalités (i) et (3).
Dans le cas contraire, on peut par l'emploi de ces inégalités (en introdui-
sant des contours auxiliaires suffisamment grands ou suffisamment petits ),
avoir des limites supérieures et inférieures des quantités telles que (2') ou
telles que ^ °g (et non plus de leurs variations).
Ce dernier résultat peut s'obtenir, par des méthodes connues (théorème
de Harnack), pour l'équation de Laplace : mais ces méthodes sont particu-
lières à l'équation en question, tandis que les considérations qui précèdent
s'appliquent à des équations aux dérivées partielles très générales.
AÉRONAUTIQUE. — Sur la façon de parcourir en aéronef un itinéraire recti-
ligne avec une dépense minima de travail total. Note (') de M. Pavi.
Renard, présentée par M. H. Deslandres.
La vitesse absolue AB d'un aéronef (vitesse mesurée par rapport à la
terre) est la résultante de la vitesse du vent AC et de la vitesse propre iW
(vitesse de l'appareil en air calme).
Si Ton abaisse du point C (fig- 0 une perpendiculaire CD sur la direc-
(') l'résenlée dans la séance du i3 juin 1910.
SÉANCE DU 20 JUIN I910. 1667
tion AB, j'appelle les longueurs AD composante effective de la vitesse du
vent, et DB composante effective de la vitesse propre; j'appelle la lon-
gueur DC composante déviatricr de la vitesse du vent, et la longueur égale
ilûOO-
ttûoo. .
3/000.
seooo,
34-OOC.
SZOOO.
soooo
ZBOOO
zuoo.
zwoo.
ztooo
ioooo
moo
ISOtû
1*000 .
12000
moo
SOOOi
eooo.
4000.
zooo.
10 20 30 tO 50 SO 10 80 30 100
et de sens contraire CD composante reclificatrice de la vitesse propre; il
est évident que la vitesse absolue est égale à la somme algébrique des deux
composantes effectives.
Si CB, est la vitesse propre maxima (jue puisse prendre le navire aérien;
si d'autre part on connaît la grandeur AC, vitesse du vent, et BAC l'angle
de la direction du vent avec le chemin à parcourir, il sera possible à Faéro-
C. R., iijio, !" Semestre. (T. 150, N" 25.) 2l8
l668 ACADÉMIE DES SCIENCES.
nef de suivre la ligne droite AE avec des valeurs et des orientations diffé-
rentes de la vitesse propre. Ces valeurs auront pour minimum et pour
maximum CD égal en valeur absolue à la composante déviatrice du vent,
et CB| maximum de la vitesse possible en air calme. Cette vitesse devra
toujours être dirigée dans l'intérieur de l'angle DCB,, sa valeur étant tou-
jours égale à la distance du point C à l'intersection B de sa direction el de
celle du chemin à parcourir.
Le travail par unité de temps est une fonction de la vitesse propre CB,
cette fonction est variable pour chaque aéronef. Théoricpiement, si l'on
désigne par W la vitesse propre, le travail correspondant est, pour un
aérostat dirigeable, égal à [7.W^; pour un aéroplane, ce travail est donné
par une expression de la forme rr^ + aW\ Les figures 2 et 3 représentent
la forme de la courbe du travail horaire pour les dirigeables et pour les
aéroplanes.
20 30 tO 50 SO 10 80 30 100
La dépense totale de travail est égale au produit de la dépense horaire
parla durée du voyag-e. C'est ce produit qu'il s'agit de rendre minimum.
Mais cette durée est elle-même égale au quotient du chemin total à parcou-
rir par la vitesse absolue. Le chemin à parcourir étant une des données de
la question, il s'agit de rendre minimum le quotient du travail horaire i)ar
la vitesse absolue. La solution analytique du problème peut être assez com-
pliquée, mais on peut en donner une solution graphique, indiquée h'gure l\.
Traçons deux axes de coordonnées rectangulaires. Sur l'axe vertical, à
partir du point O, portons une longueur OC égale à la composante dévia-
trice du vent; à partir du point C menons une oblique qui coupe en B l'axe
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l{')6ç)
horizontal ; supposons que la longueur CB représente en grandeur et en di-
rection la vitesse propre. Par le point P ('-levons une ordonnée, sur laquelle
nous portons une longueur BM égale au travail horaire correspondant à la
vitesse propre CB. Le lieu des points M sera une certaine courbe LMA,
facile à construire d'après les figures 2 ou 3. L'ordonnée MB est en effet
égale à celle de la figure 2, par exemple, pour un point dont l'abscisse
serait égale à la longueur oblique CB de la figure 4. Si sur l'axe horizontal,
à partir du point O et en sens inverse, nous portons une longueur OA égale
à la composante effective du vent, comme OB est égale à la composante
effective de la vitesse propre, la longueur AB sera égale à la vitesse absolue.
MB
Nous cherchons le minimum de ^ôi pour l'obtenir; il suffira de mener du
point A une tangente AT à la courbe LMN ; si du point de contact T on
abaisse une perpendiculaire TP, elle aura une longueur proportionnelle au
travail horaire. En joignant CP, on aura en direction et en grandeur la
vitesse propre correspondant au minimum de dépense cherché, et AP .sera
égal à la vitesse absolue correspondante.
On peut préparer d'avance des abaques sur lesquels seraient tracées des
courbes correspondant, pour un aéronef donné, à différentes valeurs de la
composante déviatrice. Avec un semblable abaque et un double-décimètre,
on pourrait en quelques instants résoudre le pi^oblème.
1670 ACADÉMIE DES SCIENCES.
ÉLECTRICITÉ. — Une action à distance sur le cohéreur, produite par
les contacts métalliques. Note de M. B. Szii.ard, présentée
par M. Lippmann.
1. J'ai réussi à augmenter considérablement la sensibilité aux faibles
étincelles du cohéreur à limaille (Ag ou Ni) en le disposant de la manière
suivante :
Le dispositif classique du cohéreur (composé d'un circuit comprenant le
cohéreur et un relais sensible et d'un second circuit que le relais fermait et
lequel faisait fonctionner le frappeur) est placé sur un support bien isolé, et
le cohéreur est muni, à une de ses extrémités, d'une antenne d'une lon-
gueur de i'" environ. Au lieu de mettre l'autre extrémité du cohéreur à
terre, comme d'iiabitude, on la met en contact avec l'un des pôles du cou-
rant alternatif dont l'autre pôle est à terre.
Avec ce dispositif, on pouvait démontrer qu'en employant une simple lige
métallique pour antenne d'émetteur sur laquelle jaillissait une faible étincelle,
la dislance maximum d'action était de 2™'" lorsqu'on mettait le cohéreur à
terre comme d'habitude., et que cette distance maximum s'élevait à 1 200'"" lors-
qu'on employait le montage au-dessus décrit ( ' ).
En remplaçant de nouveau le pôle du courant alternatif par une prise de
terre, la distance maximum d'action retombe brusquement à la valeur
de 5'"'", et peu à peu elle s'abaisse à sa valeur initiale.
La longueur de la lige servant d'antenne était de i™. L'étincelle, dont la longueur était
de 1™°' à i'""',.^, provenait d'une petite tige en ambre frottée. (]omme distance maxi-
mum d'action, on a considéré une distance à laquelle l'acliou pouvailencoreprovoquer
la cohéralion de la limaille dans une mesure telle, que le déplacement de l'aiguille du
relais était suffisamment fort pour pouvoir fermer le second circuit. Pour obtenir les
valeurs de distances maxima, on a fait vingt expériences, dont ou a pris la valeur
moyenne.
Comme courant alternatif on se servait de celui du secteur de la ville, à 110 volts
et 42 périodes, ou bien du courant provenant d'un petit comniulaleur à fréquence
variable.
On s'est assuré que l'augmentation de sensibilité du cohéreur ne devait rien au
changement de capacité ou de self-induction du circuit du coiiéreur et non plus à
(') Fisch {Journ. de Pliys., 1904, p. 35o) a déjà observé que la modification de la
conductibilité produite par le courant alternatif est plus profonde à force électro-
motrice efficace égale à celle produite par le courant continu; observation qui n'a rien
de commun avec ce qui vient d'être décrit.
SÉANCE DU 20 JLIN I910. iGyi
l'augtnenlalion des nombres d'antennes, quoique cela pouirail lésuller de la communi-
cation du circuit récepteur avec les fils de l'éclairage.
II. Ce dispositif est capable de déceler qu'il se produit une action quel-
conque à distance, lorsqu'on établit un contact entre une pièce métallique
isolée et une autre pièce du même métal ou d'une autre espèce de métal.
On observe aisément ce phénomène en touchant avec un morceau de
métal tenu en main à une lige métallique (servant en même temps d'antenne
transmeltrice) fixée sur un support en ébonite placée à une distance de
5'^"-i5o^'" de l'antenne réceptrice.
Je me suis assuré que cette action ne provient ni des vibrations sonores,
ni de l'électricité de contact, ni des actions thermoélectriques, ni de la
charge provenant de l'électricité atmosphérique et ni des impulsions du
courant alternatif transmises à l'antenne émellrice parle corps de l'expéri-
mentateur ou par un conducteur quelconque.
j° La distance maximum d'action a des valeurs les plus élevées lorsque la longueur
de l'antenne réceptrice est à peu près identique à celle de l'antenne transmeltrice
isolée formée par la tige touchée, toutes choses égales d'ailleurs.
1° On trouve par tâtonnement des rapports favorables entre la capacité et self-
induction de système de réception et celles de systèmes de transmission.
3° On obtient aussi un facteur favorable lorsque la capacité du système du mêlai
eft'ecluant le contact émetteur d'ondes est très grande par rapport à celle de l'antenne
transmeltrice.
4° Le contact, lorsqu'il est établi sur l'extrémité supérieure de l'antenne émellrice,
est le plus actif.
5° La façon dont on établit le contact est de première importance; des contacls
aussi fins et à surface aussi limitée que possible sont nécessaires; les contacts, très
brusquement établis où les surfaces de contact sont écrasées et par conséquent grandes,
restent sans aucune action. C'est ce qu'on peut démontrer au moyen d'une bille d'acier
suspendue à un fil de cuivre très fin relié à terre et frappant fortement une masse
d'acier (à surface bien polie) reliée à l'antenne émellrice et, enfin, rebondissant.
6° Mais, si au contraire ces mouvements deviennent très légers el vont s'amoilis-
sant : l'action à distance se produit. L'action se produit aussi lorsqu'on louche avec
une lime d'acier à un fil métallique très fin soudé à l'antenne émellrice. On remarque
que les contacts très légers dits inicrophoiùques [identiques à ceux des coliéreurs)
agissent le mieux.
-° La dislance limite d'action est dififérente pour les métaux dill'érenls ('). Le contact
(') Kelterer a démontré (Journal de Physique. 1902. p. 089) que la nature des
électrodes, entre lesquelles l'étincelle jaillit, iullue considérablement sur l'action :
phénomène qui peut avoir quelque analogie avec le fait ci-dessus exposé.
l6'y2 ACADEMIE DES SCIENCES.
du fer avec le fer est plus actif que le contact laiton-laiton, et ce dernier est plus actif
que le contact aluminium.
8° Je n'ai pas réussi à donner naissance aux ondes avec des corps conducteurs non
métalliques (potasse, soude, acide sulfurique, sulfate de cuivre, oxyde de cuivre), pas
plus qu'avec des diélectriques (verre, ébonite, ambie).
9° Des lames métalliques absorbent entièrement ces ondes; des lames de verredela
même épaisseur, beaucoup moins.
10° On peut également donner naissance aux ondes, au moyen d'une espèce d'induc-
tion : on introduit l'antenne émettrice dans un tube à faible diamètre entouré de
quelques couches de fil fin isolé et ensuite on touche l'une des extrémités nues et libres
de la bobine par une pièce métallique. A la même distance, cette bobine seule, sans
antenne, reste sans action. On ne peut pas non plus avoir d'action en mettant l'une des
extrémités de la bobine à terre et en touchant l'antenne, quoique cette dernière soit
complètement isolée de la précédente.
Au lieti de la bobine, on peut employer aussi un tube en ébonite entouré
d'un tube métallique ; cependant ce dispositif est moins approprié aux expé-
riences ({ue le précédent.
En conclusion, nous pouvons établir que les métaux, lorsqu'on élahlit un con-
tact entre eux, donnent naissance à une action à distance sur le cohèreur en
présence du courant alternatif.
SPECTROSCOPIE. — Prolongement des spectres de bandes des gaz caihonés
dans le rouge extrême et i infra-rouge. iNote de M. F. Croze, présentée
par M. Lippmann.
Les différents spectres de bandes donnés par les gai: carbonés ont été
distribués en trois groupes. Le premier, appelé spectre de Swan, a été
attribué parfois aux hydrocarbures et pltis généralement au carbone lui-
même. Le second appartient aux composés oxygénés du carbone. Le troi-
sième exige, pour se produire, la présence simultanée du carbone et de
l'azote; c'est pourquoi on l'attribue généralement au cyanogène. Ces
specti^es dont la partie lumineuse a été observée au début même de l'analyse
spectrale ont été explorés dans l'ultraviolet, par Liveing et Dewar, Des-
landres, Eder et Valenta. J'ai pu photographier le prolongement de deux
d'entre eux dans le rouge extrême et la première région infra-rouge. Je me
contenterai dans cette Note de donner un bref résumé des résultats obtenus,
réservant pour un Mémoire plus étendu la discussion des problèmes qui se
posent au sujet de la |)roduction de ces spectres et un relevé plus précis des
longueurs d'onde.
SÉANCE DU 20 JUIN I9IO. l^'j'5
Le spectre de l'oxyde de carbone comprend, dans la région lumineuse, quatorze
bandes dégradées vers les courtes longueurs d'onde et dont les tètes sont distribuées
suivant la loi de Deslandres. Coblentz (1906) a montré que ce spectre se continue
jusque vers 6v- et présente des maxima d'ailleurs peu marqués entre 01^,7 et li^. En
procédant comme je l'ai indiqué pour l'azote, j'ai pu retrouver phisieurs bandes
de même structure que les bandes anciennes et dont les lêtes correspondant
aux longueurs d'onde
722,5, ■jL\-j,:>.. 792,5, 836,8, 881
occupent très approximativement la place qui leur est dévolue d'après la loi de distri-
bution.
On sait que le spectre altribHé au cyanogène comprend deux groupes de
bandes dont le premier, le plus connu, s'étend de X 4607 jusque dans
l'ultraviolet et a été retrouvé dans le spectre des comètes. Le second
groupe moins réfrangible s'étendait, d'après le relevé deThalen,entre A7102
et A 5245. Il est composé dans cette région de i3 bandes dégradées vers les
grandes longueurs d'onde et dont la distribution est très régulière.
Pour obtenir ce spectre je me suis servi d'un tube de Geissler contenant du cyanogène
il la pression de 2"°^ environ. Le gaz était d'ailleurs constamment renouvelé ; de cette
façon j'ai pu éviter presque complètement la superposition aux bandes assez faibles
du cyanogène des bandes de l'azote qui se produisaient très intenses dès que le cyano-
gène était décomposé par le passage du courant. En prolongeant les poses pendant
6 et 8 heures, j'ai pu phofograpliier plusieurs bandes, dont les têtes correspondant aux
longueurs d'onde
725,4 740,0 753,6 800,1 8f3,i
se rangent très facilement et avec uue approximation suffisante suivant la même loi
que les bandes anciennement connues. Plus loin, dans l'infra-rouge, le spectre se
prolonge par une bande continue très faible où il m'a été jusqu'à présent impossible
de distinguer une arête.
Le spectre de Swan comprend dans la région lumineuse cinq groupes de
bandes distribuées régulièrement entre X 6188,7 et A 43G5,oi et dégradées
vers les courtes longueurs d'onde. Récemment (1908), Bergmanna, par une
métbode pbosphorograpliique, obtenu dans l'arc au charbon toute une série
de bandes comprises entre A G4o'*'^ et X i!^,4oo, dont la structure rappelle
celle des bandes de Swan mais cjui sont dégradées vers les grandes lon-
gueurs d'onde. Je les ai obtenues également dans l'air et dans les tubes
à vide.
1674 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SPECTROSCOPIE. — Sur quelques propriétés éleclnques et spectroscopiques
de l'arc entre métaux. Note de MM. Cii. Fabry et H. Buisson, pré-
sentée par M. Lippmann.
Au cours d'études spectroscopiques entreprises depuis plusieurs années,
nous avons employé, d'une façon constante, l'arc entre tiges de fer. A pro-
pos de ces expériences, nous avons fait à son sujet un certain nombre
d'observations, dont quelques-unes ont déjà été l'objet de publications.
Nous nous proposons de décrire quelques faits nouveaux, susceptibles
d'étendre nos connaissances sur la théorie de l'arc.
Rappelons que l'arc entre électrodes métalliques émet non seulement les raies con-
nues sous le nom de raies d'arc, émises par la région centrale, mais encoi'e les raies
d'étincelle, localisées sur deux petits points, aux extrémités des électrodes, qui
servent en quelque sorte de racines aux deux llammes de l'arc. D'autre part, l'arc entre
tiges de fer peut exister sous deux régimes. Dans l'un (premier régime), qui, à la
pression atmosphérique, est le plus ordinaire et se produit toutes les fois que le cou-
rant dépasse 2 ou 3 ampères, les raies d'étincelle sont présentes aux deux pôles. Dans
l'autre (second régime), les raies d'étincelle disparaissent au pôle positif; la différence
de potentiel entre les électrodes est, dans ce cas, plus élevée, d'environ une dizaine de
volts. Le changement d'aspect porte uniquement sur l'anode; le rôle fondamental de
la cathode dans le phénomène d'arc s'affirme par l'invariabilité de son aspect dans les
deux régimes.
Un examen plus attentif du spectre émis par la région immédiatement
voisine de l'anode nous a montré que la disparition du spectre d'étincelle
du fer est accompagnée de l'apparition du spectre de bandes de l'azole. Il
y a passage brusque de l'un à l'autre régime, l'un des spectres se substi-
tuant instantanément et sans mélange à l'autre, à l'instant précis où le
voltmètre indicjue le changement de régime. Les différents groupes de
bandes sont émis diversement. Le plus important est le deuxième groupe,
qui forme une série de bandes dans le violet et l'ultiaviolet. Ces bandes ne
sont émises que par une très petite tache placée sur la goutte de fer fondu
de l'anode, là où étaient émises les raies d'étincelle. L'épaisseur de cette
couche d'émission n'atteint pas o""",i. Le troisième groupe, attribué non
à l'azote, mais à un de ses oxydes, et formé de bandes dans la région 2400,
est émis par des sortes de flammes qui parlent de l'anode et s'étendent dans
presque toute la longueur de l'arc. La bande de la vapeur d'eau (3oG2)
apparaît en même lemps avec un aspect analogue.
SÉANCE DU 20 JUIN 19IO. 1675
Nous avons étudié ces phénomènes à des pi'essions inférieures à la
pression atmosphérique, jusqu'à i""" environ. La production de l'arc sous
faible pression entre métaux peu volatils présente quelques difficultés ; on
obtient un régime bien stable à la condition qu'une goutte d'oxyde existe
sur l'électrode négative.
Dans l'air sous pression réduite, on retrouve les deux régimes, mais le second
s'obtient de plus en plus facilement, à mesure que la pression s'abaisse. On observe
les mêmes particularités speclroscopiques qu'à l'air libre. La région voisine de
l'anode qui, dans le deuxième régime, émet le second groupe de bandes de l'azote
devient de plus en plus étendue. Sous faible pression, celte région d'émission prend
des aspects remarquables. A la pression de i"""', elle forme sur l'anode une sphère
lumineuse, régulière et à contour nel. dont le diamètre atteint 2™"' à 3™™. Lorsque la
pression augmente quel(|ue peu, le diamètre de cette boule diminue, puis elle se
divise en plusieurs autres, de plus en plus nombreuses et de plus en plus petites, qui
se répartissent régulièrement en quinconces sur la surface de l'anode. Le phénomène
peut se continuer ainsi jusqu'à des pressions de plusieurs centimètres, donnant alors
une cinquantaine de petites boules parfaitement nettes et régulières, symétriquement
disposées sur l'anode. Ces diverses boules semblent exercer de fortes actions répul-
si\esles unes sur les autres; si l'une vient à disparaître, l'ensemble éprouve un
déplacement d'équilibre et se groupe d'une nouvelle manière. On est presque inévi-
tablement conduit à celte idée que chacune de ces sphères possède une charge élec-
lii(|ue. à laquelle sont dues leurs actions réciproques.
On peut, d'ailleurs, avoir un autre aspect des régions qui émettent le spectre de
l'azote : partant de la sphère lumineuse unique (pression de 1°"" par exemple), si l'on
écarte les électrodes, il arrive généralement un moment où la sphère lumineuse semble
se briser et est remplacée par une couche lumineuse uniforme sur l'anode, comme si
son contenu s'était subitement lépandu. La gaine ainsi formée a un contour flou, et se
mélange à la lumière verdàtre voisine, qui émet le spectre d'arc du fer. Ses dimensions,
tant en largeur qu'en épaisseur, diminuent lorsque la pression s'élève, pour arriver,
sous la pression atmosphérique, à la tache extrêmement petite dont on a parlé plus
liaut.
Les lurmos particularités s'observent avec d'autres métaux que le fer
(nickel, cuivre, laiton).
Le second groupe de bandes de l'azote émis par l'arc, soit à la pression
atmosphérique soit sous pression réduite, diffère par plusieurs points du
spectre émis par les tubes à azote raréfié rendus lumineux par la décharge
d'une bobine.
Prenons comme exemple la région 333o. On y trouve les têtes de bandes 3371,
3338, 33o9, 3282, 3267. Dans le spectre du tube, la première est la plus intense, mais
les autres sont encore bien visibles. Dans le spectre d'arc, quelle que soit la pression,
C, R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N" 25.) 219
1676 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les raies qui partent de la première tète sont tellement prédominantes, que les autres
sont à peine visibles. Une difTérence encore plus frappante entre les deux spectres
consiste en ce que la décroissance d'intensité des raies partant de la première tète est
beaucoup moins rapide dans le spectre de l'arc que dans celui du tube. Dans le cas de
l'are, cette suite de raies traverse le groupe entier des cinq bandes, et l'on peut, dans
chacune des séries qui compose la bande, compter environ 70 raies.
Knfin, les intensités relatives des diverses séries partant d'une même tète sont très
diflérentes dans les deu\ cas. Certaines séries qui, dans le cas du tube, sont très faibles
et à peine mesurables, sont très intenses dans le spectre de l'arc.
Les différences enli-e les deux spectres ne sont pas dues à la variation de
pression : les deux spectres de l'arc, l'un à la pression atmosphérique, l'autre
sous une pression de quelques millimètres, paraissent absolument identiques ;
c'est donc à la différence dans les conditions électriques qu'il faut attribuer
la variation du spectre entre l'arc et le tube.
Remarquons, en terminant, que l'arc électrique se dislingue des autres sous
forme de décharges par le rôle particulier de la cathode, qui, grâce à sa
température élevée, est le siège d'une abondante émission de charges élec-
triques négatives. Ce qui précède montre cependant que, dans la région
anodique, se produisent aussi des phénomènes particuliers. Il est probable
qu'au voisinage de l'anode sont engendi^és des ions positifs dont le bombar-
dement maintient la température élevée de la cathode. A cette particularité
de l'état électrique de cette région correspond une émission spéciale : raies
d'étincelles ou bandes de l'azote suivant que l'ionisation a lieu aux dépens
de la vapeur métallique ou du gaz ambiant.
OPTIQUE. — Inlerfèromèlre à faisceaux lumineuf superposés inverses
donnant en lumière blanche polarisée une frange centrale étroite à
teinte sensible et des franges colorées étroites à intervalles blancs.
Note (') de M. G. Sagn.*!:, présentée par i\l. G. Lippmann.
Jai combiné il y a 2 ans et éprouvé au cours de longues observations
une nouvelle méthode interférentielle capable de manifester une très petite
différence relative entre les vitesses de propagation de deux systèmes
d'ondes lumineuses de parcours inverses.
I. Dispositif. — Deux prismes triangulaires isoscèles P,, P^, {/isi- i),
taillés dans le même verre (n = i,5i4 pour la radiation A,^ = o^^. '"tG ) avec
(') Présentée dans la séance (lu i.i juin njiu.
SÉANCE DU 20 JUIN 19IO. 1677
des angles a identiques à quelques secondes près, sont rapprochés par leurs
faces /, /' et orientés parallèlement de manière à former un prisme rhombe.
La lame d'air //' comprise entre les faces parallèles adjacentes de verre
nu des deux prismes P,, P,, joue, avec avantage, le rôle de l'argenture
transparente du dispositif que j'ai antérieurement étudié (p. \'\oi de ce
Volume); au sortir du collimateur C, la lumière se divise sur la lame d'air
en vibrations transmises (amplitude relative T) et vibrations réfléchies
(amplitude R) qui se propagent en sens inverses le long d'un même circuit
triangulaire IMiMj {_fïg. i) ou pentagonal plan.
La lunette L reçoit à la fois les vibrations ï une seconde fois transmises
par la lame d'air (amplitude T-) et les vibrations R une seconde fois
réfléchies par la même lame (amplitude R^).
Un polariseur (non représenté sur la figure) définit une vibration de
Fresnel perpendiculaire au plan du circuit.
iCi^S ACADÉMIE DES SCIENCES.
II. PropritU'j générales. — Iléglé par la métliode déjà décrite, ce nouveau
dispositif permet d'obtenir des frangées, localisées ou non localisées (loc. cil).
Pour chaque radiation simple A, les formules classiques d'Airy définis-
sent les intensités relatives T^ et R- des deux faisceaux inverses du cir-
cuit TM,M^, ; ce sont les amplitudes des vibrations interférentes.
(^uand la vitesse ne dépend pas du sens de la propagation, le centre
d'interférence correspond rigoureusement à la différence de marche nulle.
Les vibrations interférentes ont en ce centre des phases rigoureusement op-
posées; l'amplitude d'une radiation A quelconque y présente la valeur
L„=i--iv=i^£^";i',
obtenue en posant
e désigne l'épaisseur normale de la lame d'air; i est l'incidence intérieure
sur les faces de cette lame; /• est l'angle d'incidence extérieure sur la
lame //' ( fiff. i); « désio-ne le coefficient de réllexion vitreuse ^^— ^^^ — ^•
En un point du champ d'interférence où la différence de marche des deux
faisceaux est â, l'intensité d'une radiation quelconque X a la valeur
obtenue en posant
l\=:sin7:y et B=;L„coS7:i-
L'intensité N- définit un phénomène à centre noir qui devient pur quand
Lu disparait, c'est-à-dire quand la valeur de (ps'inu) est égale à l'unité. Si
cette condition est réalisée pour une radiation jaune verdàtre, les interfé-
rences en lumière blanche présentent des teintes sensibles pures,
IIL Conditions particulières réalisées. — En même temps que la condi-
tion précédente, pour la radiation jaune verdàtre (A^ = oi^, 56) j'ai réalisé
les amplitudes T- et R- respectivement minimum et maximum. Les valeurs
de p et (sin«) sont alors égales à i.
Pour cela, je règle l'épaisseur de la lame d'air //' de manière que le fais-
ceau R du circuit présente, en lumière blanche, la teinte d'ordre K qui
correspond au maximum de la radiation A^ (teinte presque blanche pour
K = 2, jaune verdàtre pour K =3).
SÉANCE DU 20 lUIX 1910. 1G-9
Maintenant la condition de pureté des teintes sensibles s'écrit
as^^-sji — I ou r„r^34°26'.
J'ai réalisé cette valeur de r en donnant aux quatre angles a du double
prisme P, P^ une valeur un peu dillérente de /•„ et en faisant tomber la
lumière du collimateur sur une face latérale /P, du double prisme sous
une petite incidence voisine de n (/• — a), égale à V environ.
IV. Propriétés des franges observées. — En lumière monochromatique, les
franges sont noires et à centre noir pour le jaune verdàtre, sombres sans
être rigoureusement noires pour le rouge et le violet; leurs milieux corres-
pondent toujours exactement aux différences de marche o, X, i\, . . . , m'A,
grâce aux propriétés rigoureuses de la réflexion purement vitreuse.
J'emploie ordinairement l'appareil en lumière blanche (filament de
Nernst). J'observe alors des franges colorées et une frange centrale à teinte
sensible, séparées les unes des autres par des intervalles presque entièrement
blancs^ larges d'environ les j de l'inlerfrange à droite et à gauche de la
frange centrale, des | de l'interfrange en dehors de la première frange
colorée (observations faites pour un ordre K d'interférence dans la lame
d'air, égal à 3). Ces bandes blancbes résultent do l'influence de l'intensité
B- qui, nulle pour le jaune verdàtre, prend de l'importance dans le rouge
et le violet et superpose alors à la teinte verte ou jaune de Newton que don-
neraient seules les intensités N'-, une couleur sensiblement complémentaire.
La frange centrale étroite est particulièrement propre aux pointés.
Les lisérés de teinte sensible som.bre et pure qui occupent le milieu des
franges latérales d'ordre un sont encore d'un pointé assez précis et j'ai pu
mesurer leur intervalle à -^-^ près dans le cas de circuits de 3o'" de longueur.
PHYSIQUE. — Sur une méthode de mesure d'un champ magnétique en
grandeur, direction et sens. Note ( ' ) de M. Louis Dunoyer, présentée
par M. E. Gu^^ou.
Considérons deux aimants mobiles autour d'un axe vertical passant par
leurs milieux, placés dans un champ magnétique uniforme. Si leurs mo-
ments magnétiques sont égaux, la direction du champ bissecte l'angle des
(') Présentée dans la séance du 10 juin 1910.
[68o
ACADEMIE DES SCIENCES.
axes magnétiques, par raison de symétrie. L'angle a que chacun des axes
forme avec la direction du champ est alors donné par la formule
■ s / '
(-
('-
dans laquelle II représente l'intensité du champ, M le moment magnétique
commun aux deux aimants, 2 /leur distance polaire et h leur distance ver-
ticale. On obtient aisément cette équation, par exemple en exprimant que
l'énergie potentielle de l'ensemble est minima pour l'angle a correspondant
à l'équilibre. Cette formule correspond à des dispositifs pratiquement inté-
ressants quand —. est suffisamment petit et quand —. est suffisamment grand.
Le calcul numérique de la fonction 9 (a) qui figure au deuxième membre,
effectué pour différentes valeurs du quotient —.> montre que :
//-
i" Pour les petites valeurs de 7^ (de lo"' à 10 ' par exemple), la courbe
j = ç (a) présente au voisinage de a = 5o° un minimum très étalé ;
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. l()8l
2" Pour les valeurs de 7^ suffisamment grandes ( supérieures à 4 P<ii'
exemple), la courbe y ^ o (a) se rapproche très vite, quand j-p augmente,
d'une courbe sinusoïdale y = Acosa.
La ligure i reproduit, à des échelles variées, les différentes courbes obte-
nues pour yj, = o, lo""', io~-, 10"', I et 4. Examinons séparément les deux
cas précédents.
Premier cas. — Appareil de variations. — L'ordonnée y de la courbe
jy = !p (a) est proportionnelle à H ; on a
A cause du palier horizontal présenté par la courbe y = î'(5t) ({uand -^,
est suffisamment petit, une petite variation de H correspond à une grande
variation de a au voisinage de a. = 5o°. On peut aisément réaliser un appa-
reil à miroirs avec lequel i™™ de l'échelle placée à 2'" correspond à une
variation relative de champ égale à 2.10% le champ étant de l'ordre du
champ terresti'e. De plus, les indications de l'appareil, expérimenté avec
plein succès sous une forme sommaire, sont très rapides grâce à la légèreté
des équipages.
Deuxième cas. — Dygographe. — Les écarts relatifs du coefficient de
proportionnalité A à sa valeur moyenne de 0° à 90° sont moindres que 0,12
Il o II ■> /' o /' /
pour — = i; 0,01 i pour ^ =2; o,oo3 pour — = i ; 0,001 pour — = 4.
Le dygographe, construit pour l'usage maritime, et destiné à tracer des
dygogrammes, est construit de manière que —, soit voisin de 2 (' ).
La figure 2 montre l'ensemble de l'appareil. On fixe sur le couvercle
une feuille de papier ronde que dépassent les pointes de deux alidades
formant deux côtés d'un losange articulé dont un sommet est au centre. ( )n
peut amener chaque alidade au-dessus d'une aiguille de verre solidaire d'un
équipage et parallèle à son ave magnétique ; une glace placée au fond de la
(') Je crois devoir signaler que le dispositif, consistant en deux équipages magné-
tiques superposés et assez éloignés l'un de l'autre, a déjà été utilisé dans quelques
appareils, fort difTérenls d'ailleurs du dygographe (voir Biolixgmaier, Deiilsclic
Siidpolar Expédition 1901-1903, t. V, fasc. 1).
i682
ACADEMIE DES SCIENCES.
boite permet de faire cette visée sans parallaxe. Le sommet du losange
articulé opposé au centre porte un petit crayon inscripteur qui marque un
point sur la feuille de papier. Le vecteur ayant pour origine le centre et pour
extrémité ce point est évidemment équipollenl au champ magnétique. En
faisant faire au navire un tour d'horizon d'un mouvement continu, on trace
ainsi un dygogranimc elliptique, grâce auquel il est ensuite très rapide et
simple soit d'effectuer la compensation, soit de calculer le tableau des dévia-
tions.
Bien que les moments magnétiques des équipages soient faibles, leur
position d'équilibre est assurée avec précision par l'artifice suivant. Les
équipages sont solidaires de petits flotteurs en verre, munis d'une chape,
qui plongent dans du mercure. La poussée hydrostatique réduit la pression
de la chape sur le pivot, immergé dans le mercure, à i^ ou 2^. La sensibilité
d'un tel pi volage peut être rendue comparable à celle d'un fil de suspen-
sion (' ).
L'appareil a déjà permis de relever un grand nombre de dygogrammcs
sur plusieurs navires.
(') L'appareil a été coiislruil avec l)eaiicoup de diligence et de soin par l:i Société
des établissements Henry-Lepaute.
SÉANCE UU 20 JUIN 1910. l683
PHYSIQUE. — Sur la formation des dépôts cathodiques. IVote
de M. L. HouLLEvir.uE, présentée par M. E. Boulv.
J'ai montré, dans une Communication antérieure ('), que les éléments
des projections cathodiques présentaient de grandes analogies avec les gra-
nules négatifs des métaux colloïdaux; en se plaçant à ce point de vue, on
peut assimiler la métallisation des lames à la coagulation des colloïdes.
On sait que le dépôt cathodique peut se faire en toute région de la cloche
à vide, sauf au voisinage immédiat de la cathode; les parois qui peuvent se
métalliser sont donc celles qui possèdent une charge positive, permettant la
neutralisation électrique des gianules cathodiques. L'expérience suivante
montre plus nettement encore la nécessité de cette condition :
Deux petites lames d'aluminium, supportées par des tiges métalliques isolées, sont
placées, aussi sjmélriquement que possible, en face d'un disque argenté qui forme
cathode; l'anode est reliée au sol, et l'on maintient une difTéreiice de potentiel entre les
deux lames d'aluminium pendant la durée de l'opération ionoplastique. Dans ces con-
ditions, on observe régulièrement que le dépôt cathodique s'effectue exclusivement
sui- la lame positive; son épaisseur est maximum aux points où la densité électrique
positive est plus forte. L'expérience a été faite en permutant le sens des dififérences de
potentiel, de façon à éliminer les défauts de symétiie; elle a donné des résultats pai-
faitemenl nets, les deux lames étant reliées : 1° à la cathode et à l'anode de la bobine
d'induction; 2° aux deux bornes d'une canalisation de courant continue à 220 volts,
dont le milieu est au sol ; 3° aux deux bornes d'une canalisation de courant continu à
I 10 volts, dont le négatif est au sol.
Les rayons cathodiques, qui transportent des charges négatives, doivent
s'opposer à la formation des dépôts dans la région qu'ils traversent; on sait,
en eflét, qu'il ne se produit pas de dépôt dans l'espace sombre, intérieur à
lauréole négative, où ces rayons se propagent librement. J'ai déjà indiqué
aiilérieureinent (-)que, si l'on canalise les rayons cathodiques émanés de la
cathode projetante et si on les rejette sur le côté par un aimant, le dépôt est
moins abondant aux points d'aboutissement de ces rayons; mais voici une
autre vérification plus directe :
Une cloche à projections cathodiques perle latéralement un tube long et étroit,
incliné à 45° sur son axe et muni d'une cathode terminale, d'une anode latérale et d'un
diaphragme; ce dispositif permet d'envoyer sur le disque de verre, où se fait le dépôt,
(') Comptes rendus, t. loO, 1910, p. 1237.
(-) Comptes rendus, t. CXLVIll, 1909, p. 1020.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 25.) 2"20
l684 ACADÉMIE DES SCIENCES.
un pinceau bien défini de rayons cathodiques produits par une source indépendante.
Le vide étant réalisé, on produit le pinceau cathodique, qu'on dirige avec un aimant
de façon à obtenir une tache fluorescente au centre du disque; puis on procède, avec
lenteur, pour ne pas trop diminuer le vide, aux projections cathodiques; la cathode
projetante est recouverte de bismuth, métal qui se dépose avec une grande rapidité.
Dans ces conditions, on obtient, au bout de lo à i5 minutes, un dépôt très apparent,
sauf au centre du disque. L'expérience a été réalisée en produisant les rayons catho-
diques, soit avec une petite bobine indépendante de la grosse bobine qui sert aux
projections, soit avec une machine de Holtz à quatre plateaux.
Cette expérience donne lieu à une reniaïqiie importante : le clianip magné-
tique de la grosse bobine produit, à chaque interruption, une oscillation du
pinceau cathodique et Ton constate que la région non métallisée forme une
tache oblongue, ou plutôt deux taches voisines correspondant aux points
d'arrivée des rayons. L'existence d'une tache au point d'aboutissement des
rayons déviés montre que le dépôt de bismuth a refusé de s'eflectuer en ce
point, où les rayons cathodiijues n'existent pas au momentdela projection :
ces rayons ne peuvent donc agir (|u'en supprimant les charges positives à
leur point d'arrivée sur le disque de verre. Toutes les autres particularités
des rayons cathodiques, entre autres celles qui ont été signalées par Longden
et par M. Maurain, peuvent s'expliquer aussi aisément du point de vue que
j'ai indiqué; l'analogie entre les granules et les éléments des projections
cathodiques se trouve ainsi confirmée.
PHYSIQUE. — Sur quelques particularités de iarc au mercure dans le vide.
Note de M. A. Perot, présentée par M. P. Villard.
1° Répartition de la chute de potentiel dans iarc. — L'arc employé dans
ces recherches jaillit dans un ballon auquel sont soudés deux tubes conte-
nant le mercure qui forme les électrodes; deux fils de platine C et T) y
pénètrent au .voisinage des surfaces de l'anode A et de la cathode B; à
l'aide d'un électromètre Kelvin-Mascart, on détermine les différences de
potentiel (A, G), (C, D), (D, B), (A, B); pour un courant de 3 à 4 ampères
on trouve en moyenne :
(A, C)= 10'°"», (C, D)= ii^°"=, (D, B) = i'°", (A,B) = 22>""%
la longueur de l'arc entre les fils C et D étant environ 8"™.
D'autres mesures effectuées en plaçant simplement un fil de platine P à
SÉANCE DU 20 JUIN I910. l685
mi-distance entre l'anode A et la cathode B ont donné les résultats suivants
pour un courant de 3, 1 ampères :
Pression. (V. B). (A,P). (P. B). (A,P)-(P, B).
mm volli volls vous voUs
0,008 25 16 9 7
o,oi5 20,3 16,3 9 7,3
o, 138 3o,o 19 II 8
4,0 4o,3 26 1/4,3 11,7
5,5 48 3i 17 i/i
en observant que la pression indiquée, mesurée à la jauge ou au manomètre,
est certainement plus faible que celle qui existe dans l'arc.
De ces chiffres on déduit l'existence bien nette d'une chute de potentiel
à l'anode, dont la valeur croît avec la pression; le long de l'arc lui-même
existe une variation de potentiel de - — ^ = 1,87 v : cm, la chute catho-
dique étant très faible, si elle existe.
D'autres expériences, faites sur un arc à tube dont on pouvait faire varier
la longueur en inclinant le tube, ont donné une variation de potentiel le
long de l'arc de 1,2. v : cm, les conditions de fonctionnement étant d'ailleurs
différentes de celles qui ont été étudiées plus haut.
Antérieurement, MM. Lécher et Luggui ont étudié la différence de
potentiel P aux bornes de l'arc au mercure dans le vide, en fonction de la
longueur L. De leurs mesures on déduit
P volls =: I 4 , 2 -1- o , 69 L,
formule qui, eu égard aux circonstances différentes de la production de
l'arc dans leurs expériences et dans les miennes, n'est pas en désaccord
avec les nombres ci-dessus.
Je rappellerai enfin que M. Marsh vient de mettre en évidence l'exis-
tence d'une chute anodique dans les tubes de Geissier.
2" Exisience d'une surpression à l'anode. — Si l'on mesure la pression sur
Tanode, à l'aide d'un tube soudé en bas de celle-ci et aboutissant par sa partie
supérieure dans la chambre de condensation de l'arc, on constate une
surpression variable avec la densité de courant, qui tient bien au phéno-
mène électrique, car les variations de pression suivent instantanément celles
du courant; le ménisque à l'anode étant aplati, elle ne peut tenir à un effet
capillaire dont l'action serait inverse, une diminution de la constante capil-
laire correspondant à l'aplatissement du ménisque aurait pour résultat de
lG86 ACADÉMIE DKS SCIENCES.
relever le niveau de l'anode. J'ai trouvé, pour cette surpression, les valeurs
suivantes :
Seclion de l'iinode
■•-48
',58
Sui-
Sui--
Sur-
Courant.
;inni
pression.
»
Courant.
nmp
2,0...
p
lession.
1 "T3
Courant.
amp
pression
»
2,5. . .
1,7-^
2,5. . .
'.49
2,5...
0,89
3,0...
2,4o
3,0. ..
3^.5.. .
2.06
2,17
3 ,(1 . . .
1,16
^.o. .
?i . 1 0
4,0. . .
2,24
t . M . . .
i,eo
A la cathode, je n'ai pas observé de surpression stable; la surface de celle-ci
est continuellement agitée et les observations sont rendues de ce fait exlrè-
mement difficiles.
3° Relation entre la surpression et la cktile anodique — Il est naturel de
chercher à relier la surpression à la chute anodique; si l'on admet que les
supports des charges positives émanées de l'anode sont des atonies de
mercure ayant perdu un électron, analogues pour le mercure aux cor-
puscules a de riiélium, on est amené au.\ considérations suivantes :
Sous l'action d'une dififérence de potentiel de 10 volts, ces porteurs de charges
électriques prennent une vitesse qu'il est facile de calculer; en supposant qu'il
s'agisse de mercurosum, la masse /» de l'un d'eux est i .61 . io~-^ x 200 =1 3,2 . ro~--;
la charge 9 qu'il transporte est i,55.io~-" U.E.M.; le travail de la force électrique
lors d'une chute de potentiel P est V cj et. si aucun autre phénomène ne se produit, la
force vive acquise est égale à ce travail
\m^''-=V<
si P ^ 10 volts :
10' U. E. M., on a
P(/ ^ 1 ,55. 10'
i '^^ 3, I . 10'' cm-seï',
soit 3 , 1 kni-sec.
Si l'on admet que la chute de potentiel est partiellement employée à séparer un
électron d'un atome qui devient ainsi positil. la \itesse calculée serait égaie à
2,9. 10^ cm-sec.
D'autre part, l'anode doit subir une pression, tout conmie une fusée d'artilice. et la
quantité totale de mouvement fournie par seconde doit être égale à la force moyenne;
le courant étant, par exemple, 4 ampères, c'est-à-dire transportant o,4 U.E.M. par
seconde, le nombre des porteurs lancés par secondées! N r= 0.258. 10^°. et la quantité
(le mouvement fournie, égale à la l'oice sur l'anode, est, pour une vitesse de 3,i.io^,
i\ m V = o, 258 . 1 0-" ;< 3,2. 1 o"-- X 3, 1 . 1 o^ =; 2. 6 . i o^.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910 l()87
Si l'anode a i'"''.28 île senion, ceci correspond à i°"".5 de mercure. On ne jjeul pas
ne pas être frappé du l'ail que ce nombre est voisin de i""".8, surpression trouvée
expérimentalement pour le tube de i''°''.28 elle courant de 4 ampères. La mesure de
la chute anodiqne a d'ailleurs été faite sur un tube de 1""'', i3 de section.
La cilute anodique parait donc en connexion intime avec la surpression,
les porteurs électriques seraient lancés dans l'arc avec une vitesse voisine
de 3'''" à la seconde. Ces |Jorteurs seraient distincts de la masse des centres
lumineux, ainsi que le faisait pressentir l'action de la vapeur d'eau sur l'arc,
indiquée dans ma Note du 6 juin ; rencontrant dans la région de la décharge
les atomes uiercuriels, ils les rendraient lumineux en les ionisant vraisemhla-
idemiMit, suivant les idées de Campbell et leur communiqueraieat en tout
(.as la vitesse révélée expérimentaiement par les mesures spectroscopiques.
L'action de la chute de potentiel le long de l'arc serait alors d'entretenir le
mouvement de ces porteurs dont la vitesse moyenne doit peu varier, l'arc
aux points de vue spectroscopique et électrique paraissant identique à lui-
même sur toute sa longueur.
Je me propose de tenter des expériences analogues sur l'arc à anode
de fer.
CHIMIE PHYSIQUE. — Températures de cnslalliscuion des mélanges binaires.
Note de MM. E. Bai;d et L. Gav, présentée par M. ,\. Haller.
Dans une Note précédente (^'), l'un de nous a inonlré que la congélation
d'un mélange de liijuides normaux obéit approximati^ ement à la loi de
Kaoull :
même pour des solutions concentrées, à condition d'adopter, pour valeur
de/?, le poids de corps dissous dans un volume constant de solution ( 100""')
mesuré à la température de cristallisation.
Cette règle est purement expérimentale.
Nous avons donc ciierché à établir une relation moins empirique entre
l'abaissement du point de congélation et la composition des mélanges bi-
naires et s'appliquant à toutes les concentrations.
On sait qu'un liquide pur A cristallise quand sa tension de vapeur / est
(') E. Baud. Comptes reiviiis, 28 f(''\rier 1910.
l688 ACADÉMIE DES SCIENCES.
égale à la tension s des cristaux, c'est-à-dire que la température de congé-
lation T, est déterminée par le point de rencontre de la courbe de tension
de vapeur du liquide et de la courbe de tension de vapeur des cristaux.
Ces courbes nous sont données par l'équation de Clapeyron.
Si nous dissolvons, dans le liquide A, un autre corps B, la tension de vapeur par-
lielie /' due à A est abaissée et le point de rencontre de la nouvelle courbe de tension
avec celle correspondant aux cristaux détermine le nouveau point de congélation Tj,
en supposant que ce soit A seul qui cristallise.
Or, Linebarger ( '), Zawidzki (^), Dolezalek (^) ont montré que, dans le cas d'un
mélange de liquides normaux, ne réagissant pas l'un sur l'autre, la tension de vapeur
partielle de l'un des liquides était proportionnelle à sa concentration moléculaire dans
le mélange.
S'il y a j; molécules de A et i — .z: molécules de B et si nous appelons / la tension
de vapeur de A pur et /' la tension partielle <le A dans le mélange, on a
/'
Pour le liquide A pur, l'équation de Clapeyron donne
dLogl = - ^f/T
et pour le solide
./I^„c— _ _
clLogs— -^ TfqdT;
L et S sont les chaleurs latentes de vaporisation du liquide pur et du solide.
En retranchant membre à membre, il vient
^Loê-;==|^^T.
A la température de cristallisation du liquide pur, la difTérence S— L représente la
chaleur de fusion.
Posons
S — L = Q.
l'our intégrer l'équation différentielle ci-dessus, il faudrait savoir comment varie Q,
en fonction de la température.
Supposons comme première approximation que celle quantité soit constante et inté-
(' ) Linebarger, Journal of american cli. Soc, t. XVll, 1890, n" 8.
(2) Zawidzki, Zeilschrift fiir phys. Ch., t. XXXV, 1900, p. 129.
{■') DoLRZALEK, Zeilschiiflfiupliys. Ch.. I. LXIV, 1908, p. 727.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910.
grons enlie T, et T,
HO„-Ha=T(^-
I
A la température T,
.ç= / et Log- = 0;
à la température T,,
IG89
d'où
EQ \t
ÏÏT, T,
A< = — /closj^To.
^°-'"-UT, T,
L^ abaissement est proportionnel au logarithme de la concentration molécu-
laire du dissolvant et à la température absolue de cristallisation.
Pour une solution très étendue, l'équation précédente se confond avec
celle de Raoult.
Lorsque la concentration du corps dissous augmente, x tend vers zéro et
Logj: vers — 00, ce qui entraîne comme conséquence T^ = o. A mesure que
la concentration en corps dissous augmente, le point de congélation tend
vers le zéro absolu.
Nous avons vérifié celte équation pour les couples de liquides suivants :
C^H*CP-C«H«; C^H'Br^— CH»; CH^GH'— C^H'Br^ Éllier — C^H»Br-.
Voici les résultats obtenus avec le chlorure d'éthyiène et le benzène. Dans
ces mélanges, c'est toujours le benzène seul qui cristallise.
Composition du mélange
pour 1"°' totale.
C«H6(a;). C^H^CP.
mot mol
0,959 o,o4i
o,8i3 0,187
0,640 o,36o
0,627 0,373
o , 5 1 4 o , 486
0,423 0,577
0,309 0,691
Théorie o,233
Pour un mélange formé de o'°°',i3G5 de bromure d'éthyiène et de
Point
de
Valeur
congélation.
de K.
4- 2,75
o,a39
-f,5
0,233
— 22,0
0,232
22,5
0,238
— 32,3
0,234
-4i,8
0,239
-53,1
0,226
l6î)0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
o""'',8635 de toluène, la crislallisalion a lieu à 76°, ce qui fait un abaisse-
ment du point de congélation du bromure d'élhylène de 85°. La constante K
trouvée est 0,216, tandis que le calcul donne o,2i().
Puisque cette équation se vérifie, nous pouvons considérer comme justi-
fiée la supposition que nous avions faite de la constance de la diffé-
rence S — L.
Lorsque deux liquides obéiront à cette équation, nous pourrons en con-
clure qu'ils sont normaux et ne réagissent pas l'un sur l'autre et qu'ils
suivent, par conséquent, la règle de Linebarger ZaAvidzki.
CHIMIE GÉNÉHALE. — Synthrse pholochimique des hydrates de carbone aux
dépens des éléments de l' anhydride carbonique et de la vapeur d'eau, en
V absence de chlorophylle ; synthèse pholochimique des composés quaternaires.
Note (') de MM. Damel Iîerthelot et Hexry (îaudechox, présentée
par M. Emile Jungfleiscb.
Les combustions minérales ou organiques rejellenl dans l'atmosphère le
carbone brûlé sous forme d'un gaz de déchet, impropre à la vie animale,
l'anhydride carbonique. Ce carbone rentre dans la circulation organique,
grâce à l'assimilation chlorophyllienne des plantes vertes à la lumière :
fonction qui joue un rôle capital dans l'équilibre entre le règne minéral et
le règne organique, mais dont le mécanisme n'avait pu être reproduit jus-
qu'ici.
Nous sommes arrivés à réaliser successivement les réactions fondamen-
tales de l'assimilation chlorophyllienne, en l'absence de chlorophylle, à la
température ordinaire, sous la simple influence de la lumière très riche en
rayons chimiques émise par la lampe à vapeur de mercure.
Les réactions obtenues sont réversibles; mais les équilibres chimiques
étant, en général, très prononcés dans un sens, l'analyse gazeuse ne met en
évidence qu'un des côtés du phénomène : on manifeste l'autre en séparant
l'un des produits de la réaction, le plus souvent à l'état solide, par précipi-
tation ou par combinaison avec un autre corps.
C'est ainsi que nous avons facilement décomposé à froid des gaz variés :
H^S, AzH^ SO-, Az-0, AzO, HCl, ..., en présence du mercure.
En ce qui concerne la synthèse des hydrates de carbone par la lumière
( ' I l^i->'-entée il;iiis Ih séiiMce du i.Sjiiin iqi".
SÉANCE DU 20 JUIN 19IO. 1691
dans les parties vertes des végétaux, rappelons que M. Berthelot indiquait
le mécanisme suivant : « Par le fait de la respiration végétale (chlorophyl-
lienne), l'eau passe* à Tétat d'hydrogène et l'acide carbonique à l'état
d'oxyde de carbone; ces deux corps ainsi réduits agissent l'un sur l'autre à
l'état naissant et engendrent les composés naturels. D'après cela, l'oxyde de
carbone serait, dans la nature vivante, la source du carbone des jmatières
organicjues. Leur formation dans les végétaux par l'action de l'oxyde de
carbone sur l'hydrogène naissant, c'est-à-dire en vertu de l'action réci-
proque des éléments carbone, hydrogène et oxygène, mis en présence à
équivalents égaux (' )
CO-hH==CH'0,
représente un phénomène comparable à celui que nous avons réalisé dans
la décomposition par la chaleur du formiate de baryte qui met en pré-
sence ces mêmes éléments carbone, hydrogène et oxygène à équivalents
égaux ( = ) :
C'-H^BaO'=CO'Ba-i-CH-0. »
L'auteur indique ensuite comment, par condensations successives, ce
groupement CH'-O donne naissance aux hydrates de carbone : amidons et
sucres.
La suite des réactions précédentes est précisément celle que nous avons
réalisée par voie photochimique; et nos expériences tout en montrant que
la synthèse des hydrates de carbone est un phénomène physicochimique,
que la lumière peut produire en dehors des plantes, éclairent divers points
encore controversés du mécanisme de l'assimilation chlorophyllienne.
Faute de place, nous ne pouvons eu citer ici qu'un petit nombre.
1. Décomposition de l'anhydride carbo.mqie en oxyde de carbone et oxygène, et action
INVERSE. — 1° Synthèse de l'anhydride carbonique. — Mélange de
Après II heures et demie d'exposiiion, à i"^" de la lampe, il s'est formé o"^"', 48 C0-.
Le tube, dans cette expérience et dans les suivantes, était placé parallèlement à la
lampe verticale de 110 volts.
2° Décomposition de l'anhydride carbonique. — CO'- seul montre une faible
décomposition en CO et O^. On la manifeste aisément en plaçant CO^ en présence soit
du phosphore (soustrait à l'action directe des rayons) qui absorbe O' en laissant CO,
(') L'aldéhyde CH-O s'écrivait, en effet, CHO dans la notation en équivalents.
(^) M. Berthelot, Leçons sur les méthodes générales de synthèse, 1864, p. 181.
C. R., igio, I" Semestre. (T. lôO, N" 25.) 221
1692 ACADÉMIE DES SCIENCES.
soit de l'hydrogène qui se combine à ioxvde de carbone pour donner l'aldéhyde for-
mique el à l'oxygène pour donner l'eau. Le mélange i'^"'',:j4 CO- -H 2'^'"', 19 H-, après
II henres el demie d'exposition à i'^"',5 de la lampe, a donné .
l'^'.So CO-H- 2"'',o5 H'--i- o'-'"'\o5 C(J
et des goutlelelles d'eau el d'aldéh3de formique solidifié, sans trace d'acide.
Deux expériences analogues ont donné des nombres voisins; avec une action plus
prolongée (26 heures à i'^"')' '^ quantité d'aldéhyde el d'eau formée est plus grande.
II. Décomposition de la vapeur d'kau en o.\vgène et hydrogène, et action inverse.
— I" Synthèse de ta vapeur d'eau. — Se produit facilement (Co/n/:<<e5 tendus,
l. 150, p. 1828) au contact de l'oxygène avec l'hydrogène naissant dégagé de l'ammo-
niaque. Se réalise aussi avec les éléments libres, si l'action est suffisamment intense
et prolongée : un mélange, 2'^'°', 5.5 H--(- o*""', 4? O'^, après i3 heures et demie d'expo-
sition à i"'" de la lampe, était réduit à i'^"',6.'î, composé uniquement d'hydrogène; les
parois du tube étaient couvertes de gouttelettes d'eau.
2° Décomposition de la vapeur d'eau. — Se manifeste en présence de CO ; le giiz
final est composé de CO^. CO et H'; l'eau contient, après quelques heures d'exposi-
tion, une notable quantité d''aldéhyde formique. Se manifeste aussi en présence du
phosphore qui laisse II- libre el absorbe lentement tout l'oxygène.
III. Synthèse de l'aluéhyde formique par combinaiso.n de i.'oxyde de carbone et de
l'hydrogène, et action inverse. Foly.iiérisation ue l'aldéhyde. — 1° Synthèse de
l'aldéhyde formique. — Mélange 2'^'"', 02 GO -+- i'^"'\78 H-; après i3 heures et demie
à i'"",5 de la lampe, ce volume est réduit à i'^'"',65 composé de GO el II-. Le tube est
couvert de gouttelettes solidifiées d'aldéhyde formique polymérisé, précipitant par
l'azotate d'argent ammoniacal, sans trace d'acide.
Mélange i"^""', 76 GO -f- i'"'', 29H'^. Même exposition; volume final i<^"'',i8 composé
de GO et H^. Il y a eu formation d'aldéhj'de formique donnant un abondant précipité
blanc avec le réactif de Tollens (eau d'aniline) ; aucune réaction acide.
2" Décomposition de l'aldéhyde formique. — L'aldéhyde se décompose en oxyde
de carbone et hydrogène. Quand l'action est plus poussée et accompagnée d'échauflfe-
ment, il se produit en plus de l'anhvdiide carbonique el du méthane.
Un fragment d'aldéhyde solide tricondensé (Irioxymèlhylène) est mis en présence
de i"°°,5oÂz'. Après i3 heures et quart d'exposition à 2'="', 5 de la lampe, le volume
est devenu 2'^"'', 25 ; on y trouve outre l'azote initial GO, H' (il y a toujours un léger
déficit de CO par rapport à H^), et un peu de GO- et GII'.
Dans un autre essai, le Irioxymèlhylène en présence de i'"'',6olI- a été laissé
i3 heures et (|uart ào^'"'.5 de la lampe. Volume final: 5'^™', 37 composé de IF, CO,
CO' et CH'.
IV. Synthèse des co.«posés quaternaires ; formation de l'amide formique par com-
binaison DE l'oxyde de carbone et I)k l'ammoniaque. — Après la photosynthèse des
aldéhydes et des acides (composés ternaires) nous avons réalisé celle des amides
(composés quaternaires). Le plus simple, l'amide formique, HGOAzII- prend nais-
SÉANCE DU 20 JUIN I9I0. 1(393
sance par l'unioû à volumes égaux de CO et AzU'. Cette réaction vient à l'appui de
ridée exprimée plus haut sur le rôle de CO comme source du carbone végétal, et oiTre
un grand intérêt au point de vue de l'origine des matières albuminoïdes dans les
plantes, les procédés de synthèse ici employés paraissant analogues à ceu\ de la nature.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur (juekjues relations entre la constitution moléculaire
et l'odeur. Note de MM. G. Austerweil et G. Co«;iii\, préi^entée
par M. L. Maqiienrie.
On ne possède encore qu'un petit nombre de données vagues relativement
à rinfluence de la constitution chimique sur l'odeur. On sait, par exemple,
que les éthers-sels éthyliques ont une odeur inférieure à celle des élliers mé-
thyliques; il en est ainsi dans les éthers du [i-naphtol et dans ceux de l'acide
anthranilique. Semmier f ' ) a fait la remarque qu'un alcool est généralement
moins odorant que l'aldéhyde correspondante. Merling et Welde (^), en
complétant les recherches deTiemann, trouvèrent qu'aucune cétone ne sent
la violette si elle n'est pas cyclique et si elle ne possède pas, à proximité du
carbone portant la fonction cétonique, plusieurs groupes méthyliques.
On ne sait encore rien de précis sur la nature chimique des corps à odeur
de rose; en vue d'élucider cette question, nous avons cherché à modifier
régulièrement la molécule du citronellol, soit dans sa chaîne, soit dans sa
fonction terminale.
Le citronellol (éb. 1 17°-! 18° sous i-m™ ; a^ =; — -4" 20') est un des principaux consti-
tuants de l'essence de rose; très dilué, il en présente l'odeur. l,e i-niélliylcitronellol (^)
odre la même odeur, plus prononcée encore, nuancée à peu près comme celle de la rose
ihè.
Le i.i-diméthylcitronellol n'ayant p:is encore été obtenu, nous l'avons préparé en
oxydant le i-métliylcitronellol, et en M>umettant la cétone ainsi obtenue à la réaclion
de Grignard. Le dimétliylcitronellol bout à iiS^-iiô" sous 24""" : «!);= — ii"38'. A
forte dilution, il possède une odeur rosée et légèrement camphrée.
Le i-éthylcitronellol (éb. i25°-i3o° sous 22"""; oi-i,^^ — ii°26'), préparé par nous
de la même façon que le dérivé mélhylique, donne, soigneusement rectifié, une odeur
de rose thé plus nette encore.
Le I. i-diéthylcitronellol (éb. ii9°-i23° sous 20'"™; a[,=: — 13° 25') a été obtenu par
nous selon les mêmes procédés que le dérivé méthylique correspondant. 11 ressemble
au diméthylcitronellol, l'odeur rosée étant un peu plus prononcée.
(') Semmlhr, Die àtherischen (JE le, t. I, p. 249-200.
(^) Merling et Welde, Liebig's Annalen, t. CCCLXVI, 1909, p. 1 19.
(') Rlpe, Ber. d. chern. Ges., t. XLI, 1907, p. 2Si3.
1694 ACADÉMIE DES SCIEXCES.
Le rendement qu'on obtient avec les dérivés éthyliques est supérieur au
rendement des dérivés niéthyliques : jo pour 100 environ pour Téthylcitro-
nellol ; mais il est bien inférieur pour le diétbyicitroneliol.
Parmi les autres composés alcooliques, nous avons préparé le i-propylcilronellol
(éb. iiS^-iaa" sous •22"""), el le i-butylcilronellol (éb. io5°-io8° sous 16™") dans
lesquels, en même temps que la chaîne latérale s'allonge, l'odeur rosée s'affaiblit, sans
toutefois disparaître complètement; au contraire, l'adjonction d'un groupe cyclique
semble exalter l'odeur, ce que nous avons vérifié dans le i-phénylcitronellol, obtenu
selon les mêmes procédés avec un faible rendement (éb. i02°-io4" sous 12™"').
L'oxydation delà fonction alcoolique en fonction aldébydi(jue ou cétonique
modifie profondément l'odeur de ces corps.
Nous voyons donc l'odeur rosée accompagner la fonction alcoolique;
celle-ci peut être primaire, secondaire ou tertiaire, c'est-à-dire représentée
par le groupement — CH- — CRROH, où R peut être de l'iiydrogène, ou
un radical alkyle ou aryle.
En deuxième lieu, si l'on considère l'influence de la structure et de la
grandeur de la chaîne carbonée jointe'à ce groupement fonctionnel, on peut
remarquer que le diméthylhepténol ('), dans lequel ce groupement fonc-
tionnel est joint à 6"' de carbone, a une odeur agréable fruitée, mais non
rosée. Seinmler (-) a d'ailleurs déjà énoncé que l'odeur agréable n'apparaît
que s'il y a au moins 8"' de carbone dans la chaîne.
On sait de même que les alcools saturés, en chaîne de S^^ et de 9^' de
carbone, (alcools octylique et nonylique), n'ont pas d'odeur rosée; non
plus que le 3-méthylnonanol (") : C«H'' - CH - CH= — CH^OH, qui a
CH'
une odeur graisseuse; ni le 3. 7-diméthylnonanol (dihydrocitronellol) (*)
qui a une odeur agréable, mais difficile à qualifier.
Ces deux derniers exemples détiiontrent que les chaînes saturées de la
série grasse ayant une ou deux i"amificalions, placées identirfuement aux
ramifications du citronellol, ne suffisent pas pour provoquer l'odeur rosée.
La présence d'une doutile liaison semble absohiment nécessaire.
(') Sand et Singer, Ber. d. cheni. Ges., t. XXXV, p. 3i83. — Barbier, Bull. Soc.
chim.. t. XXI, p. 348.
(-) Skmmler, Loc. cit., t. 1. p. 389 et 5-o.
(') BouvEALXT et Blanc, Bull. Soc. chim., t. XXXI, p. 1208.
(') Haller et Martine, Comptes rendus, t. CXL, p. i3o3. — Bouveault et Blanc,
Loc. cil.
SÉANCE DU ao JUIN 1910. 1%^
L'introduction d'un noyau cyclique ne parait pas avoir d'influence; en
effet, nous avons trouvé que ni l'alcool phényléthylique, ni l'alcool phényl-
isopropyli({ue (éb. 2i9"-22i''), que nous avons préparé en soumettant
l'aldéhyde phénylacétique à la réaction de Grignard, ni même le cyclo-
citronellol, qui ne diffère du citronellol que par l'arrangement en chaîne
cyclique des mêmes atomes, groupés d'ailleurs comme dans le citronellol
ordinaire, ne présente aucune odeur rosée.
Nous nous proposons de voir si la présence d'une seule ramification dans
la chaîne possédant une double liaison suffit pour obtenir cette odeur, ainsi
que l'influence de la place qu'occupent les ramifications et les doubles liai-
sons dans la chaîne.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur faloïnose cristallisé; son idenlité avec l'ara-
binose-d. Note de M. E. Léger, présentée par M. Emile Jungfleisch.
Dans une Note récente ('), j'ai décrit la préparation de ce sucre à l'aide
de la barbaloïne.
Le procédé indi([ué a l'inconvénient d'exiger un temps considérable; de
plus, le sucre n'a pu être obtenu que sous forme de sirop, avec un rende-
ment ne dépassant pas 1 1 pour 100.
En cherchant à préparer l'aloémodine par la méthode d'CEsterle (-), je
fus amené à trouver un mode de préparation plus avantageux. Rappelons
que la méthode en question consiste à chauffer, à reflux, la barbaloïne avec
de l'alctiol à ((5" additionné de HCi. M. CEsterle seul, puis avec la collabo-
ration de M. Riat(' ), en pratiquant cette méthode, n'ont jamais pu obtenir
le sucre d'aloïne.
En faisant intervenir le temps, le résultat est tout autre. En etTet, une
opération pratiquée avec 25^ de barbaloïne me donna, après i mois, 2'-',5o
d'un dépôt renfermant i^, i5 d'émodine. La solution abandonnée pendant
4 mois fournit un nouveau dépôt pesant 2*>',_1o, contenant 2^,10 d'émo-
dine. Pendant le sixième mois le liquide se troubla à peine. La netteté
de cette formation de l'émodine me fit penser que le sucre devait prendre
naissance simultanément dans la même réaction.
(') Comptes rendus, t. 150, p. 983.
(-) Archiv der Pliarni., 1889, p. 81.
(') Schiveiz. Wochenscli. fiir Cheni. iind Pharm., 1. XLV'II, p. 71.
1696 ACADÉMIE DES SCIENCES.
En efï'el, des eaux mères de laloémodine je pus retirer, par un procédé
dont la description serait trop longue pour trouver place ici, mais qui sera
pul>lié au liulletin de la Société chimique, \^fio de sirop, ce qui porte le ren-
dement de 1 1 à 18, 4o pour 100.
Benzylphénylhydrazone de i'aloïnose. — Si l'on dissout, à chaud, )e sirop dans
l'alcool à 90° et qu'on ajoute à la solution un excès de benzvlphénylliydrazine dissoute
dans Talcool absolu, il se forme un précipité poisseux qui se redissoul au bain-marie.
En frottant les parois de la capsule, la cristallisation s'amorce et le lendemain il y a
prise du produit en une masse de cristaux. La benzylphénylhydrazone est purifiée par
cristallisation dans l'alcool méthylique ; celui-ci la dissout bien à chaud et la laisse
déposer par refroidissement en aiguilles ou lamelles allongées, brillantes, fort peu
solublesdans l'alcool, presque insolubles dans l'eau, fusibles à 1680,8-) 69°, 8 (corrigé).
Aloïnose cristallisé. — La benzylphénylhydrazone, chauffée à reflux avec de l'al-
cool à 40*^ et une petite quantité de fornialdéhyde, se décompose, à la manière habi-
tuelle, en hydrazone de l'aldéhyde formique, laquelle se dépose sous forme d'huile
louide, et en aloïnose. Après séparation de l'hydrazoïie formique au moyen de
Téther, la solution aqueuse est évaporée dans le vide; elle fournil un sirop qui, repris
par l'alcool absolu, donne une solution d'où le sucre cristallise spontanément en
petits prismes incolores, allongés, microscopiques.
Les cristaux, essorés à la trompe, sont lavés à l'alcool méthylique pur et séchés
sur SO*H-. Les eaux mares alcooliques, après concentration, donnent de nouveaux
cristaux par amorçage; 7»,5o d'hydrazone m'ont donné, en tout, 16,75 de sucre cris-
tallisé.
L'aloïnose cristallisée fond à i54°, 2-i56°, 2 (corrigé). Son pouvoir rotatoire
«[, = — ICI", 6 pour jo = 1 ,586 et t = 16°.
Ce sucre n'est pas un méthylpentose, comme je l'ai supposé jusqu'ici, mais bien
un peutose. Son analyse a donné, en effet, 0 = 89,27; H = 6,52. Calculé pour
C'^H"'0^ : C =: 4o,oo; H =: 6, 66. Un méthylpentose exigerait C = 43, 90.
L'aloïnose ne constitue pas, comme je le présumais, un sucre nouveau;
il est identique à un sucre déjà connu, larabinose-t/, dont il possède toutes
les propriétés; c'est ce qui ressort de l'examen du Tableau suivant :
Point de fusion
Pouvoir rotatoire
Point de fusion de la benzylphénylhydrazone.
Aloïnose.
A)
:-abinose-f/.
154", 2-1 55", 2
159°
— 101°, 6
— io5°
168". 8-169°. 8
i-o"
Traité par H Cl, l'orcine et l'élher, l'aloïnose cristallisé donne une colo-
ration, non pas verte comme le produit amorphe, mais d'un beau bleu,
comme les autres pentoses.
SÉANCli DU 20 JUIN Ii^io. 1^97
Dans la réaction d'OEsterle, poursuivie pendant 6 mois, l'aloémodiiie et
Tarabinose-t/ ne sont pas les seuls produits qui prennent naissance; si, en
effet, après avoir isolé le sucre du sirop à l'état d'hydrazone, on enlève
l'excès d'Iiydrazine par Téther, on obtient un nouveau sirop qui, avec
l'acétate de pliériylbydrazine ne donne que des traces d'osazone et qui est
à peine réducteur.
J'ai pensé que ce dernier sirop devait renfermer un corps voisin des
pentoses, car il donne la réaction de ces corps avec l'orcine et H Cl, aussi
énergiquement que le sirop primitif. Etant donnée la nature de la réaction
utilisée, j'ai de suite songé à la formation probable d'un glucoside étliy-
lique.
Si l'on chauffe avec SO*H-, à 2 pour 100, le sirop à peine réducteur, on
obtient, après enlèvement de SO'H-' par le carbonate de baryum, une solu-
tion qui, évaporée, donne un sirop très réducteur, pouvant fournir une
quantité importante de benzylphénylhydrazone.
Il résulte de ce qui précède que la barbaloïne est un glucoside de formule
C^H'^O", dédoublable en aloémodine et arabinose-c^, scion l'équation
C"H'»0'+ H^O = C''H"'0»-i-C^H"'0=,
On rencontre dans le règne végétal un certain nombre de glucosides
dédoublables avec formation de méthylpentoses mais jamais on n'avait
obtenu de pentoses dans le dédoublement des glucosides. D'autre part,
l'arabinose-rf, sucre synthétique, n'avait pas encore été rencontré dans la
nature.
L'isobarbaloine, traitée comme la barbaloïne par l'alcool et H Cl, fournit
aussi de l'arabinose-o', caractérisée par le point de fusion 1G8", 8-169", ^i ^^
sa benzylphénylhydrazone.
J'ai constaté antérieurement (') que la barbaloïne et Fisobarbaloïne,
traitées par Na^O^, donnent la même émodine. Actuellement, il est
démontré que les deux aloïnes se dédoublent avec production du même
sucre.
Il résulte de celte constatation que ces deux aloïnes diffèrent l'une de
l'autre par l'oxhydryle auquel se trouve attachée la molécule de sucre. En
un mot, la barbaloïne et l'isobarbaloine sont des isomères de position.
J'ai l'intention d'étendre ces recherches à la nataloïne, dans le but de
savoir à quel sucre elle se rattache.
(') Comptes tendus, t. GX\XI\', p. iiii.
1O98 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MINÉRALOGIE. — Nouvelle coiitribulion à l'élude des latérites. Note
de M. H. Arsaxdaux, présentée par M. A. Lacroix.
.J'ai montré antérieurement (') que les latérites que j'ai étudiées ren-
ferment, associée à des hydrates de fer et d'alumine, une proportion pré-
pondérante d'une matière silicatée alumineuse, que sa nature lamellaire et
sa composition chimicjue permettent d'assimiler à un mica; j'ai en outre
émis l'hypothèse suivante, découlant de la considération de dix-huit ana-
lyses de ces produits d'altération, de provenance africaine principalement
(Soudan, Guinée, Congo) : au début de la latéritisation, ces matières
micacées correspondent à des muscovites presque normales, puis elles
perdent progressivement leurs alcalis, en même temps qu'elles s'enri-
chissent en eau de constitution; finalement, elles aboutissent à des termes
à peine alcalins, entièrement comparables aux kaolins.
L'étude d'une série d'échantillons, recueillie par M. Viiliaume, dans la
région de Siguiri (Niger-Soudan), me permet d'apporter un argument
direct à l'appui de cette hypothèse, en même temps que certains faits
positifs concernant les relations de la matière micacée en question, avec
les hydrates qui l'accompagnent.
Les échantillons étudiés correspondent aux principaux stades de l'altéra-
tion latéritique envisagée dans sa forme la plus complète, et telle que je l'ai
déjà (^) décrite; ils proviennent de l'altération d'une même roche, un
microgranile laminé, vraisemblablement ( ').
J'ai eft'ectué, en collaboration avec M. Blot, l'analyse des échantillons en
question; les résultats obtenus sont consignés ci-après, ils sont calculés
abstraction faite du résidu quartzeux inattaqué au cours des opérations
analytiques ( ' ).
(') Comptes rendus^ 26 octobre 1909.
(-) Comptes rendus. 6 décembre 1909.
(^) 11 me semble peu admissible que la matière micacée puisse être attribuée à un
produit de dynamométaniorpliisme du feldspath de cette roche; en effet, la plupart
des analyses publiées dans ma Note du 26 octobre 1909 concernent des produits
d'altération de roches non sériciteuses; c'est, en particulier, le cas du microgranite
laminé de Sadiola, qui fournit une série de produits de latéritisation que j'ai étudiés
sur place, entièrement comparable à celle que j'envisage ici.
{') Pour la description détaillée des roches latéritiques et les méthodes analytiques,
je renvoie à mes Notes sur les bauxites et les latérites {Comptes rendus, 5 et 26 avril,
26 octobre et 6 décembre 1909).
SÉANCE DU 20 JUIN l()IO. 1699
Proportion des
hydrates. silicates alcalins.
a 0,8 99 1 2
b 2,0 98 ! o
c 5,5 94 > 5
d 12,2 87 , 8
e 32,9 67, I
Composition des hydrates.
H^O traces traces 1,9 6,6 i5,6
Fe^O' 99,0 95,0 93,5 77,3 60,9
Al^O^ traces 5,o 3,6 16,6 22,4
99 , o 100,0 ()(\ ,0 99 , 5 98 , 9
Composition des silicates alumineux alcalins.
H'0 7,6 8,9 11,4 12,5 16,6
SiO' 44,9 46,4 45,0 44,5 44,6
APO' 37,9 35,9 37,1 38,2 35,8
TiO- 1,0 0,7 1,3 1,5 0,9
CaO + MgO 1,1 1,3 1,0 0,9 0,9
K'0 6,9 4,3 3,3 1,5 0,5
Na^O 0.9 1,8 0,4 0.4 0,4
I 00 ,3 99 , 3 99 ,5 99 , 5 99 , 7
a eX. b roches latéritiques ayant conservé les caractères structurels de la
roche originelle, situées à une profondeur de plus de 18'" au-dessous des
latérites superficielles à faciès scoriacé (e).
c, rf, e, roches latéritiques dépourvues des caractères structurels de la
roche originelle; ces échantillons correspondent à des niveaux de plus en
plus rapproches de la surface (e); ils sont de plus en plus rubéfiés, l'indivi-
dualisation du fer y est, en outre, de plus en plus accentuée, de c à e.
Ces résultats conduisent aux conclusions suivantes pour le cas con-
sidéré :
1° L'élément silicate alumineux subit des transformations micacées con-
formément à l'hypothèse rappelée au début de cette Note;
2° Parallèlement à cette altération micacée, il s'en développe une autre,
progressive également, caractérisée par la production des hydrates de fer
et d'aluinine, la proportion de ce dernier, dans la roche d'altération, crois-
C. R., 1910, 1" Semestre. (T. 150, N° 25.) 222
lyoo ACADEMIE UES SCIENCES.
sant au fur et à mesure que le produit micacé qui accompagne cet élément,
se rapproche davantage de la kaolinite;
3° Ils permettent de juger, en outre, que les oxydes de fer et d'alu-
mine présentent des états d'hydratation croissant dans le même sens que
ci-dessus ('), tendant sans doute (analyse) vers les hydrates définis
2Fe"0', 3H^0 et APO% SH'^O, dont la présence dans les formations
latéritiques superficielles a déjà plusieurs fois été constatée, soit optique-
ment, sous forme de Jiinonite et d'hydrargillite, soit par voie analytique,
seulement.
Parmi les latérites étudiées dans ma première Note, celles constituant
des produits non remaniés fournissent des résultats susceptibles d'être
rapprochés de ceux consignés ici, en ce sens que, à ceux de ces produits
comprenant un silicate alumineux fortement alcalin, correspondent géné-
ralement de faibles teneurs en oxydes, d'aluminium en particulier, d'un
degré d'hydratation peu élevé, un résultat inverse s'observant dans le cas
contraire; aussi, autant qu'il est possible de généraliser quelques faits isolés
se rapportant à des phénomènes géologiques d'une ampleur extrêmement
considérable, suis-je porté à admettre, comme conclusion d'ensemble de
mes observations personnelles sur la question, que : La laléritisalion résulte
essentiellemenl d'une hydratation des feldspaths, aboutissant à un scindement
de l'alumine de ceux-ci en deux pordons, l'une à l'étal silicate^ l'autre à l'état
d'hydroxyde, les formes ultimes respectives de ces deux états correspondant à
la kiiolinile et à l'/iydrargillite.
Cette transformation peut être schématisée par les équations suivantes,
dans lesquelles les modifications progressives des éléments sont totalisées :
Feldspath + eau = muscovile -+- silice ■+- alcali,
Mu SCO vite -f- eau :^ kaolinite -+- alumine -i- silice -+- alcali.
Que ces conclusions soient ou non susceptibles d'être généralisées, il n'en
résulte pas moins des faits étudiés particulièrement dans cette Note, que
la latéritisation ne peut toujours être considérée comme un phénomène
relativement simple, caractérisé essentiellement par le passage de l'alumine
de l'état de silicate à l'état d'hydroxyde; s'il est incontestable que certains
hydrates d'alumine interti^opicaux sont d'origine latéritique, il est égale-
(•) Le fait est impossible à établir par un calcul rigoureux, l'absence d'hydrates
SOUS une forme cristallisée délerminable ne permettant pas de répartir convenablement,
entre les oxvdes Fe^O', APO', l'eau trouvée dans l'analyse.
SÉANCE DU 20 JUIN a^io 170I
ment certain qu'il existe des formations kaoliniques des mêmes régions
ayant une origine semblable; peut-être, toutefois, la kaolinite elle-même,
est-elle susceptible de se désintégrer par voie d'hydratation, fournissant
comme produit ultime de Talumine; cependant c'est là une pure hypothèse
à l'appui de laquelle je ne puis apporter d'argument positif.
BOTANIQUE. — L' éclairement optimum pour le développement des végétaux.
Note de M. Raoui. Combes, présentée par M. Gaston Bonnier.
Les recherches de Garreau, WolkofT, van Tieghem, Bousslngault, Millier, Priani-
scliiiikoff, Faminlziiie, Keinke, Kreusler, etc., ont mis en évidence l'influence exercée
par la lumière sur Tassimilalion chlorophyllienne, et certains de ces auteurs ont
montré que le phénomène chlorophyllien se produit avec son maximum d'intensité à
un éclairement voisin de celui de la lumière solaire directe; cet éclairement repré-
sentait donc l'optimum lumineux pour Tassimilation chlorophyllienne.
Weis, Pantanelli et Lubimenko ont fait voir que l'éclaireriient optimum pour l'assi-
milation chlorophyllienne n'est pas représenté par la même intensité lumineuse pour
toutes les espèces végélides.
Enfin, Lubimenko, en étudiant la formation de la chlorophylle, l'assimilation
chlorophyllienne et la production de substance sèche, chez de très jeunes plantes
cultivées à des intensités lumineuses plus ou moins fortes, a montré que, pour une
même espèce végétale, les éclairements optima sont diflTérenls suivant le phénomène
physiologique que l'on considère.
J'ai entrepris de déterminer, aux divers stades du développement des régé-
taux depuis la germination jusqu'à la formation des graines, les éclaire-
ments optima pour les différents phénomènes physiologiques. Les expé-
riences ont porté sur des espèces appartenant à plusieurs types biologiques :
plantes habituées à vivre à un éclairement très intense (5a/io/a Kali, Atnplex
crassifolia^ etc.); plantes adaptées à une lumière moyenne ( Triticum vulgare,
Mercurtalis annua, Raphanus sativus, Pisum sativum, etc.); plantes d'ombre
(Teucrium Scorodonia, etc.).
Les phénomènes étudiés ont été les suivants : production de substance
sèche, production de substance fraîche, assimilation chlorophyllienne, ger-
mination, développement de l'appareil végétatif, rapidité décroissance, lubé-
risation, floraison, formation des fruits, maturation des fruits, déterminisme
du sexe, faculté d'adaptation à des éclairements difFérents.
Les divers éclairements ont été obtenus en atténuant la lumière solaire au moyen
de toiles dont les fils étaient plus ou moins épais et les mailles plus ou moins larges.
La lumière était ainsi modifiée quantitativement mais non qualitativement; elle était
1702 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'autant plus atténuée que les fils des toiles étaient plus épais et les mailles moins
larges. Les plantes ont été cultivées sous cinq éclairements d'intensité croissante, et
les diverses déterminations ont été faites, sur les individus des cinq lots, aux différents
stades du développement.
Un dispositif particulier permettait de réaliser des conditions de température, d'état
liygromélrique de l'air et d'humidité du sol, identiques sous les cinq éclairements. Ce
dispositif, ainsi que la technique des expériences seront décrits d'autre part, en même
temps que seront exposés les résultats détaillés obtenus dans ces recherches.
Les conclusions les plus générales (|u'il est permis de tirer de l'ensemble des résul-
tats obtenus sont les suivantes :
Non seulement ro[)lirniini lumineux est différent, chez une mèaje plante,
suivant le phénomène physiologique que l'on considère, uiais encore,
l' éclairement optimum pour un phénomême déterminé.^ chez une plante donnée,
n^ est pas représenté par la même intensité lumineuse pendant toute la vie de la
plante ; cet optimum est digèrent suivant le stade du déwloppement que l'on
considère.
D'une manière générale, celle lumière optima est faible pendant les premiers
stades du développement et correspond à des éclairements de plus en plus forts
à mesure que la plante vieillit.
Par conséquent, si Ton considère un phénomène déterminé chez une
espèce végétale donnée, on ne peut caractériser physiologiqueinent cette
espèce par un seul optimum de lumière, correspondant au maximum d'inten-
sité de ce phénomène. Il est nécessaire, si l'on veut représenter l'influence
de la lumière sur ce phénomène, de figurer, pour cette espèce, la variation
des optima au cours du développement. C'est cette courbe de la variation
des optima qui est la caractéristique physiologique de l'espèce, au point de
vue du phénomène étudié. La figure obtenue en représentant graphique-
ment cette variation indique, par son aspect, le genre d'adaptation à la lu-
mière de l'espèce considérée.
L'ensemble des faits, mis en évidence dans mes recherches, conduit à la
conception suivante de l'action générale de la lumière sur le déveluppe-
ment des plantes:
Les fortes intensités lumineuses provoquent., chez les végétaux., /'accumula-
lion des composés nutritif s élaborés dans les parties vertes et favorisent par
conséquent la formation des organes de réserve (rhizomes, tubercules,
fruits, etc.); tandis que les éclairements faibles déterminent au contraire /'uti-
lisation des substances nutritives et accélèrent par conséquent la production des
organes de vie active (tiges herbacées, feuilles, etc.) .
SÉANCE DU 20 JUL\ 19IO. I -o3
PHARMACODYNAMIE. — Sur l'action cardio-vasculaire du café vert., comparée
à celle de doses correspondantes de caféine. Note (')de MM. V. Pachon
el Em. Perroï, présentée par M. Guignard.
Sous l'inlluence d'idées théoriques qui ont prévalu depuis une cinquan-
taine d'années en pharmacologie, on s'est préoccupé de retirer des plantes
médicinales des produits cristallisés, auxquels on a cru pouvoir rapporter,
d'une part, l'action spécifique du végétal et qu'on a considérés, d'autre
part, à la fois comme plus utiles et plus maniables.
Il se trouve que l'étude chimique des produits immédiats de la plante
fraîche et l'étude physiologique de ces produits sont d'accord pour démon-
trer (jue le problème pharmacologique a été posé sous une forme trop
schématique. La pharmacodynamie de la plante fraîche el la pharmacody-
nainie des produits cristallisés qu'on en peut retirer constituent, en fait, deux
choses différentes, dont chacune a d'ailleurs son intérêt pratique, mais ipii
doivent être distinguées.
Sur le terrain chimique, M. Goris a montré, en particulier pour la noix
de kola fraîche, que la caféine était associée à un groupe complexe dont il
a pu extraire un corps nouveau cristallisé, la kolatine, qui donne avec la
caféine un composé soluble dans l'eau et doué d'une action physiologique
spéciale. Des recherches en cours montrent qu'il en est vraisemblablement
de même pour bon nombre d'autres végétaux renfermant des alcaloïdes
ou des glucosides.
Au point de vue physiologique, l'étude de l'action cardio-vasculaire du
café vert, comparée à celle de doses correspondantes de caféine, est parti-
culièrement instructive et démonstrative à cet égard.
Nos essais ont été faits avec un extrait de café vert, préparé après des-
truction des diastases suivant la méthode préconisée par MM. Perrol et
Goris (- ). En partant de plantes fraîches, dont les enzymes avaient été tuées
par l'action de la vapeur d'alcool sous faible pression, ces auteurs ont obtenu
des extraits qu'ils ont dénommés extraits physiologiques et qui conservent
les propriétés de la plante fraîche. C'est une semblable préparation galénique
obtenue du café vert, qui fut le point de départ des observations que nous
allons rapporter.
(') i'résenlée dans la séance du i3 juin 1910.
(-) Acailénue de Médecine, séance du 21 j.uin 1909.
SÉANCE l)V 20 JUIN I910. 1705
Cet extrait, qui renfermait 4? 60 pour 100 de caféine, a servi à faire des
solutions à 10 pour 100 dans lesérumpiiysiologique(NaGl à 8, 5 pour 1000);
10"°' de la solution expérimentée, contenant i^ d'extrait, correspondaient
donc à 0,046 de caféine. Des doses correspondantes de caféine en solution
ont été injectées sous un même volume et dans les mêmes conditions expé-
rimentales, soit chez un animal (chien) neuf, soit chez le même animal,
après disparition de tout effet antérieur, et après s'être assuré qu'une
même dose répétée d'extrait de café continuait à exercer son action pre-
mière.
Les graphiques ci-contre (Jig. i et 2) représentent les résultats de l'expé-
rience dont nous donnons le protocole.
Expérience. — Chien cf, lo'^s. Injection intra-veineuse dans la veine lihiaie de i?
de cliloralose dissous dans 60"°'' d'eau salée tiède à 8, 5 pour 1000. Quand l'animal est en
pleine narcose, préparation de la carotide droite et du rein gauche. La pression arté-
rielle carotidienne est enregistrée avec le kygnaographe |de Ludwig. La pression arté-
rielle et le volume du rein s'inscrivanl normalement, on fait (à l'endroit indiqué sur
le tracé) une injection intra-veineuse de 5°""' de la solution à 10 pour 100 d'extrait phy-
siologique de café vert. Immédiatement on constate un léger ralentissement cardiaque
avec chute prof onde de la pression qui se relèi'e progressivement. Le volume du rein
baisse en même temps que la pression et, après ai-oir dépassé son ni^'eau primitif,
(réaction compensatrice fréquente après les variations volumétriques brusques d'or-
ganes) reprend progressivement, comme la pression, sa valeur normale. Un quart
d'heure après, alors que le régime cardio-vasculaire est redevenu entièrement normal
et régulier, l'injection d'une dose de o™6,o25 caféine en S"^™' (soit une dose de caféine
correspondant à celle contenue dans l'injection d'extrait) ne produit aucun eflet car-
dio-vasculaire appréciable. Le chien reçoit alors une injection intra-veineuse de 2"'«
de sulfate d'atropine : l'effet hypotenseur (accompagné de la diminution volumé-
trique du rein) de l'extrait de café se manifeste aux mêmes doses que chez l'animal
normal.
En résumé, l'extrait physiologique de café vert, contenant les principes
immédiats tels qu'ils se trouvent daiis la plante fraîche, exerce une action
cardio-vasculaire dépressive se manifestant par un léger ralentissement
cardiaque, une chute profonde de la pression carotidienne et du volume du
rein. L'eflfet hypotenseur se manifeste chez l'animal atropinisé comme chez
l'animal normal. L'action cardio-vasculaire dépressive, manifeste à des doses
d'extrait contenant 25™» de caféine, est sans nul doute une action spécifique
d'un groupement chimique particulier, car des doses correspondantes de ca-
féine pure ne produisent, dans les mêmes conditions expérimentales, aucune
action cardio-vasculaire apparente.
I
1706 ACADÉMIE DES SCIENCES.
BIOLOGIE GÉNÉRALE. — Influence du régime alimentaire sur l'intestin
chez les Oiseaux. Note (' ) de M. A. Magnaîv, présentée par M.Yves
Delage.
Afin de pas tomber dans l'erreur qui consiste à établir des rapports entre
des grandeurs d'ordre différent, j'ai comparé :
1° La longueur de l'intestin à la longueur du corps obtenue par la for-
mule l = \/p;
3° La surface de l'intestin à la surface du corps calculée par la for-
mule S ^ 7, 35 \/ p'.
Dans ces conditions la question de la taille se trouve éliminée.
J'ai étudié 4-5 oiseaux répartis en 160 espèces ; le régime les groupe de
la façon suivante :
Rapport Kappon
de la longueur de la surface
de riolestin de l'intestin
Poids total à la longueur à la surface
moyen. du corps. du corps.
s
Insectivores indigènes 82, 5o 6,22 2,00
Insectivores exotiques 22,10 6,26 2,10
Carnivores et insectivores 874,60 7 >9^ i , 5o
Omnivores (Corvidés) 214,70 QjO^ 2,90
Piscivores et insectivores 204,70 10, o5 2,20
Granivores et insectivores 89,60 10,66 3,5o
Carnivores 1882,40 I0i70 i ,5o
Frugivores i52,8o 11, 5o 3,3o
Piscivores 896,60 11,80 2,5o
Granivores 5o6 i2,4o 3, 20
Carnivores et piscivores (grands
Échassiers) 1702,80 ]5,8o 1,60
Omnivores (Palmipèdes) 2207,20 17- 'O 3
En examinant les chiffres de la première colonne on constate que les
Oiseaux possédant une alimentation animale ont la plus petite longueur
d'intestin et que les végétariens ou les omnivores présentent le plus grand
développement intestinal.
(') Présentée dans la séance du i3 juin ii)io.
SÉANCE DU 20 JUIN 1910. 1 707
Mais deux remarques s'imposent :
I" Les Oiseauv comme les grands Kchassiers qui sont carnivores el piscivores éciiap-
peiit à la règle ; ils ont beaucoup d'inleslin : •
2° Les granivores el les carnivores sonl assez voisins; la difl'érence que présente la
longueur de leur intestin est assez minime.
Ce paradoxe n'est qu'apparent : si Ton confronte les rapports de la sur-
face de l'intestin à la surface du corps, on voit les grands Kcliassiers reprendre
leur place parmi les carnivores, alors que les granivores s'en écartent,
puisque ces derniers, avec une longueur d'intestin sensiblement égale, ont
une surface d'absorption double.
MICROBIOLOGIE. — Sur le rirage du pigment de deux champignons.
Note de M. (». Srmbek, présentée par M. E. Roux.
Le virage des pigments des cbampignons a été déjà étudié par Coupin
et Friedel ('), Bessey (-) et Milburn (").
Nous avons isolé des orchidées malades des serres du jardin botanicpie
de Heidelberg deux champignons produisant des pigments variant leur
coloration suivant le milieu de culture. L'isolement des champignons a été
fait de la manière suivante : des morceaux des feuilles el des liges
d'orchidées ont été placés dans des boîtes de Pétri contenant de la gélose
(2 pour 100 gélose, 3 pour 100 glucose). Dans la flore fongique qui se
développa dans les boîtes, deux champignons ont montré une coloration
vive. On constatait macroscopiquement chez l'un de ces champignons une
coloration rouge, chez l'autre une coloration violette, lléensemencés en
séries dans des tubes avec le même milieu, ils ont presque toujours gardé
leur coloration, quelques cultures montraient seulement par endroil un
virage dont nous parlerons plus bas.
L'examen microscopique révèle que dans les mycéliums le pigment se
répartit de manières différentes: quelquefois la matière colorante diiîusant
dans tout le mycélium est de faible intensité, ou montre, au contraire, une
nuance vive; dans d'autres cas elle s'agglomère en granulations ou en bâton-
nets, fortement colorés.
(') Comptes rendus, t. CXXWIll, 1904. p. 111!^.
(^) Flora, t. XGIII, 1901, p. 3oi.
(') Centrablatt f. Bakter., 2» Partie, t. XIll, 1904. p. 129.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N" 25.) ^23
I^Ot^ ACADÉMIE DES SCIENCE^;.
La lùnne louge a été déteriniiié coinine l'iistiriiini ( Fiisispoiiiini I Heidclhi'ri;iaiiiiin
s/J. n. avec des roiiidies à .'i seples, la forme violette romme Cepltulosporimn sii/i'iessilt'
sp. Il . ( ' ).
/n vitro des m>iéliiims rouges de Fiisariu m placés dans une solution d'acide faible
devienneiil jaunes, des mj'céliums violets de Cephalosporiutn virent au rouge. Les
mycéliums des cultures sur amidon décrites plus bas se prêtent mieux à l'observation
de ces virages.
Si l'on ajoute avant l'ensemencement à des cultures des champignons en milieu
lic|uide (N0'Ko'',5; SO''Mg o>-', .^ ; asparàgitie .'jK; glucose 3oS; eau i') des solu-
^, - . / N ■■■
tioiis sléi'ilisées de KO II et de S<)'H-(^-K on airi\e à provoquer une coloration
bien déterminée dans des mycéliums; mais ces etl'els ne se produisent pas toujours
avec certitude.
Nous avons obleim des résultais plus inléfessants eu opéi'aul sur des
milieux solides et eu intfoduisant à la place d'acide ou d'alcali libres des
sels uiinéraux, pouvant fournir au cours des processus vitaux des champi-
gnons des produits acides ou alcalins.
On constitue un bon milieu en employant l'empois d'amidon. Il est avantageux,
afin d'obtenir une masse gélatineuse bien homogène, de déminéraliser partiellement
l'amidon (-). Le milieu nutritif était préparé de la manière suivante : à des solutions
contenant 0,5 pour loo de SO'' (l\'H'')- ou de NO''K, on ajoute lo pour loo d'amidon
déminéralisé. L'amidon se solubilise par chaufl'age au bain-marie, on répartit la
solution dans des boites de Pétri et, après stérilisation, on obtient par refroidissement
un milieu solide prêt pour l'ensemencement^
Le milieu au SO''(i\H')- donne avec le Fusariuin une culture de couleur jaune,
avec lé Cephalosporiiirn on observe une coloratitm rouge.
Les cultuies en milieu nitrate montrent une coloration rouge avec le Fusariuin et
violette avec le Crplialosporiuin.
Un résultat identique a été obtenu en rempla(;ant ramidou du milieu
nutritif par de la gélose glucosée.
l'our expli(|uer ces changements de coloration, on peut dire (pie le
chairipignon cultivé en présence deNO'K assimile l'azote niti'ique et met
en liberté des produits alcalins, on obtient alors des couleurs rouges et
violettes qui caractérisent l'action de l'alcali sur ces chauqjignons. Dans le
milieti contenant SO''(NlP)-, les champignons consomment l'azole aaiino-
(') Nous sommes très reconnaissant à M. Saccardo de Padoue qui a bien vimlii nous
déterminer les champignons, la diagnose de ces champignons sera donnée dar)s les
Notes niycologiques de M. Saccardo {Annales nncoloifici, juin 1910).
(-) \ oir Foi'AHi). Coinplcs reiiiluK, L CXLIV. p. joi et lalili.
SÉANCE l)\J 20 JUIN lylo. 1709
niacal et un radical acide peiil concourir aux virages jaune el rouge des
couleurs.
/// vivo on constate aisément le virage des pigments en ajoutant asepli-
(juenient aux cultures sur amidon des solutions d'acide ou d'alcali de
N N .
concentration, variant entre — et -;-• Le virage du violet au rouse et le
' 100 4o ^ '^
virage inverse se produisent bien, de même celui du rouge au jaune. Le
virage jaune rouge ne réussit qu'imparfaitement. L'élude de ces questions
présente encore des particularités qui restent à élucider.
CHIMIE BIOLOGIQUE. — L'analyse des matières proloplasini'iues. Note
de MM. A. Étard el A. Vh-a, présentée par M. E. Koux,
I. Les liqueurs d'hydrolyse des matières proloplasini(jues, obtenues sui-
vant une technicjue indiquée dans des ?Sotes antérieures, contiennent la
totalité des produits issus de la matière albuminoïdc. Cependant Ténoriuc
perte en eau que nous avons signalée ( plus de 25 pour 100 de la substance
sèche étudiée) montre que, quel que soit le futur rendement en produits
définis séparés, il sera très difficile d'en interpréter les l'ésultats.
Pour établir un procédé pratique, permettant de distinguer aisément les
principaux groupements moléculaires, il fallut rechercher des réactifs géné-
raux; c'est ainsi que dans une (Communication précédente (' ) nous avons
indiqué l'emploi du méthylate de baryum, (le réactif forme avec les
produits d'hydrolyse, préalablement solubilisés dans un excès d'alcool
méthylique pur, une combinaison insoluble entraînant les corps à fonction
acide prédominante, existant dans la liqueur.
Les produits d'hydrolyse peuvent donc se classifier en fractions distinctes;
en pi'emier, on remarque, suivant l'ordre des séparations, le groupe des
acides aminés (tyrosine, leucine, alanine, valine glycocoUe ) isolable aisé-
ment par cristallisation ou combinaison cuprique dans les milieux aqueux
déminéralisés et concentrés; vient ensuite le groupe obtenu au moyen du
méthylate de baryum dans les conditions ci-dessus rappelées, cette fraction
contient entre autres produits la majeure partie des di-acides aminés (acides
aspartique, glutamique) dont les condjinaisons barytiques sont aisées à
dissocier.
(') Co/»ples rendus, l, (^XI.VII. p. i3a3.
1710 ACAUI-Mlli DES SCIENCKS.
II. Nous pirsciUons inaintenant une suite de réaclions sappliqiianl au.v
li([U(Mirs ayant subi ces premiers Iraitenients ; les termes insolubles qui en
résullent constituent une nouvelle fraction caractéristique venant s'ajouter
à celles déjà citées.
Par suite du départ des corps à fonction neutre et acide, la liqueur alcoo-
lique contenant tous les produits de l'bydrolyse non encore séparés se
trouve enrichie en fonctions basiques. Une partie de ces groupements à
fonction basique prédominante peut être précipitée à l'aide d'acide sulfu-
ri([uc dissous dans l'alcool méthylique; les sulfates insolubles qui se forment,
se filtrent bien et la légère acidité des liquides clairs, due à un excès de
réactif, est neutralisée par la quantité nécessaire du méthylate de baryum.
Afin de parfaire la séparation des groupes basiques contenus encore dans
la ii([neur, nous ajoutons un second i-éactif acide : l'acide feirocyanhy-
dri(juc dissous dans l'alcool méthylique.
Ces réactifs, de faible poids moléculaire, offrent l'avantage de n'intro-
duire, dans les matériaux en étude, que de petites quantités de matières
minérales entièrement éliminables.
Le icaclif fenocjanhvclriqiie se piéj)aie au inomeiil de l'eniploi en faisant agir de
l'acide clilorliydriqiie étendu d'eau sur une quantité équinioléciilaire de ferrocjanun;
de jjolassinra; en ajoutant à la liqueur un excès d'éllier, on précipite le composé solide
blanc (') : l'-cCy^U*, 2(Ç^H^— O — G'II') qui, filtré rapidement sous vide puis lavé
à l'étlier, est dissous dans l'alcool méthylique à 99 pour 100.
L'acide ferrocyanliydriqne provoque dans les liquides alcooliques conlcnant des
produits basiques, un précipité cailleboté, blanc verdàlre, de ferrocyanures de bases;
mais un o\cès de réactif amène une dissolution partielle du précipité. Comme les sul-
fates de ferrocyanures de bases sont liyyroscopiques. ils doivent être dessécliés rapi-
dement dans le vide sur acide sulfurique.
l^our chasser l'acide ferrocyanliydriqne de ses combinaisons solubles ou insolubles
dans l'alcool métli\lique, il suffit de revenir en milieux aqueux et d'ajouter aux
liqueurs, cliauflees à l'ébullition, une quantité convenable de sulfate ferrique, il se
forme un précipité dense de ferrocyanure de fer et la solution filtrée est débarrassée
de l'excès de sulfate ferrique par addition d'eau de baryte.
III. La solution alcoolique eonlient après ces départs successifs les pro-
duits restés indifférents aux réactifs (baryti(pie, sulfuricjue, ferrocyanhy-
dri(pie). Ces produits sont considéral)lement simplifiés et remis en solution
aipieusc, déminéralisés puis concentrés, ils fournissent des cristaux d'acides
') A. IvrAHD et <i. liÉMUNT, Complet rendii/;, t. X'ilX, p. 973.
SEANCE DU 20 JUIN I<)10. 171I
aminés, sim[)les ou condenses qui, n'étant pas encore libérés, n'avaient pu
être obtenus au début du traitement.
Le fractionnement en groupes jouissant des propriétés communes s'est
toujours vérifié sur des matières albuminoïdes les plus diverses (tissus mus-
culaires, Ivératiniques, osséine, caséine, gliadine, glulénine, laitance et oeufs
de poissons).
Conclusions. — L'étude des matières albuminoïdes nécessite une exacte
connaissance de leurs produits d'hydrolyse, et la nature chimique de ces
produits ne doit pas empêcher les multiples traitements du travail de sépa-
ration, d'être considérés comme des opérations analytiques.
Les réactifs de groupe, utilisés en suivant ce principe, déterminent des
fractions caractéristiques pouvant servir à l'analyse comparée des matières
protoplasmiques.
HYDROLOGIE. — Les infiltrations sur le massif du Zaghouan {Tunisie).
Note de M. i\oEi-, présentée par M. ^^"allerant.
Le Zaghouan se compose, comme on sait, d'un massif de calcaires juras-
siques perméables en grand, colmaté sur le pourtour par une ceinture imper-
méable, néocomienne sur le flanc iNW, éocènc sur le flanc SE.
La résistance qu'offre à la pénétration des eaux la nappe captive du Juras-
sique avec laquelle ils sont en relation en profondeur maintient à l'intérieur
de ces calcaires une surface libre élevée (pii donne naissance à des sources
aux points bas de la ceinture.
Les deux principales de ces sources, Ain Ayed et la source de la Nymphée,
sont utilisées pour l'alimentation de Tunis. La connaissance des débits de la
première, servant aussi aux besoins locaux, manque de précision; mais la
seconde, envoyée en totalité dans la canalisation, m'a ofl'ert des détermina-
tions susceptibles d'être soumises au calcul.
Les formules dépuiscmentcalculées pour celle source d'après une méthode
analogue à celle de M. Boussinesq(' ) ont été quelques peu différentes pour
les trois années envisagées : 1907, i<jo8 et 1909. La ligne de faite de la
surface libre étant certainement plus haute que dans le premier cas de
(') BorssiNESQ. Comptes rendus, l. CXXWl, 1908, p. loii-iôij. el une siiile île
liiiil \oles à rinslilul fli\ns les amic-es 1903 el \<)<>\.
1-12 ACADEMIE UES SCIENCES.
.\l. IJoiissiiK'sq, j'ai posé, en appelaiil (^) le déhil en inèlies cubes par jotii' :
(i) <) T= Il i io^'^'+ II-, lo -'■' -h II, iir^^',
d'où résulle pour l'aire asyniplolc comprise entre la courbe, l'axe des / cl
l'ordonnée t ^:^ t.^^ la valeur :
(2) S, = — ( M, 10-*' H II., IO^-*'-H 77 W;, 10-^*' 1.
Les valeurs de a el les coefficienls oil'ranl p(jur (^) la somme la plus rapide
ont été :
Aiinces.
1907.,
(3) 1<)()8. .
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0,00178
8609
18S
—17
I - mai
S;',,,
.l'ai évalué l'infdtration entre deux points /, et t., situés chacun sur deux
courbes d'épuisement distinctes, comme difTércnce des deux aires asymptotes
S. et S', de ces courbes pour le point /,, augmentée de l'aire complémen-
taire comprise entre la courbe d'épuisement inférieure, l'ordomiée /^ el le
i;ra])bi(pie réel de débit entre les instants /, et l^_.
Deux causes d'inexactitude dont, je n'ai pu tenir com[)te interviennent
pins ou moins.
I )'iil)(ii il, le rcli(|iial d'une tianclie aiiiuielle d'infillralioii, par suile do la coiiiiiiu-
nicalion avec la nappe captive, est repoussé eu profondeur par l'inlillration de l'année
suivante; la courbe d'épuisement correspondante est donc surbaissée ou disparail
même les années suivantes, d'où erreur en plus surjes aires asymptotes. L'alimentation
de cette nappe captive étant cependant peu abondante, celte cause d'erreur n'est pas
très importante. Ensuite, si les périodes d'infiltration sont assez rapprochées pour
empiéter l'une sur l'autre, la vraie courbe d'é[)uisement peut n'être pas encore établie
en l'un de ces points. Si c'est au point initial /,, on compte entre /, el l, des infiltra-
tions de la période précédente, d'où erreur par CKCès ; si c'est au point /.> au contraire,
il y a erreur par défaut. Il peut donc en résulter parfois des valeurs trop fortes pour
les infiltrations de fin hiver au détriment de celles d'automne.
Pour les infiltrations du printemps i<)07, j'ai pris comme furmule d'éiuii-
sement la courbe (i) elle-même, pour celles de l'automne, une exponentielle
simple avec a = 0,00177 « coefficient de tarissement » (système décimal )
calculé pour cette période. Pour celles du printemps 1908, les coefficients
du 'l'ableau (3) fournissaient une branche asymptote trop rapide; comme
d'aulre part, l'épuisement avait été très considérable pendant l'été, j'ai
choisi luie exponentielle simple avec a = 0,0018 (reconnu comme supé-
SÉANCE DU 20 JUIN HjlU. l'Jl'i
l'ieiii' à celui de njoy). Pour i|)oi) enfin, j'ai considéré comme insuflîsanle
une exponentielle simple avec a = OjOot^H.
I']n parlant de ces données, j'ai obtenu les résultats suivants :
1907. Du 6 janvier à l'été (maxiimiin en iiiars) ■?. i^r)'i -00
SejJlenibie et commencemenl il'nctolïre 7000
Commencement de novembre a68i6
Vin novembre et décembre i48ooo
liKW. Janvier et commencement de février i6o3oo
Mars-avril ( maximum en avril ) 2 i 28 700
Septembre, commencement d'octobre 665o
Fin octobre-novembre 10/4960
Fin novembre, commencement de décembre 53 4oo
Fin décembre-janvier 1909 5o5 200
l!K)!(. Février à avril (maximum en avril) 1402410
Orages vers le 28 mai 1909 4-^9^o
Ce Tableau montre que toutes les pluies ont de l'influence sur cette
source, même les premières pluies d'orage de fin septembre; mais cette
influence est faible : elle se chifl're par quelques milliers de mètres cubes
seulement et ne produit dans le graphique d'épuisement qu'une déformation
momentanée. FA\e provient de l'existence au-dessus de la source du « cou-
loir de la .\ympliée » qui produit un maximum relatif de débit de 4 à (i jours
après chacjue averse, et de l'absence presque complète d'immus sur ces
calcaires cariés et décapés, qui leur donne une « perméabilité directe ». Le
coefficient d'infiltration est, de ce fait, malgré le climat, très considérable.
Le maximum a lieu à la suite des pluies de fin mars etavril, qui déterminent
une montée rapide due au second maximum annuel de pluie et parfois (1907)
à la fonte des neiges. Ce maximum est de courte durée et est suivi d'une
branche descendante établie rapidement et à « coefficient de tarissement »
considérable,
M. li.-l). lioEHi.ACK adresse un Essai sur le ro/ à roricx.
( Renvoi à la (Jloinmission d'.Xéronautitpic )
A } heures trois quarts, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à \ heures et demie.
G. D.
I^l/j ACADÉMIE DES SCIENCES.
BL'i.l.KTI.X IIIBMor.RAPIII<;UE.
Ouvrages heçus dans i.a séance du 6 juin 1910.
Minislère de l'Instruclion publique el des Beaux-Ails. Caisse des liecliercltes
scienlijiqties, année 1909 : Jiapport annuel adressé au Président de la Itépubliijuc
française, par M. Paul Dislere. Melun, Imprimerie adminislralive, 1910; 1 vol. in-S".
Pathologie el traitement du diabète sucré, (conférences faites au « Royal Collège
of Physicians of London », par F-W. Pavv. Paris, .1.-1!. Hailliére el lils, 1910; 1 vol.
in-8°. (Présenlé par M. Bouchard.)
Flore générale de r Indo-Chine, publiée sous la direelioii de M. H. Lecomtk; t. I,
fasc, o, p. 449-376, vignettes 43-60, planche XXII : Malvacées (fin), Slerculincées et
Tiliacées, par F. Gagnepain. Paris, Masson el C''', 1910; 1 vol. in-S". (Présenté par
M. Mangin.)
Le vol plané, par J. Breionnièhe. Paris, H. Diiiiod el E. Pinat, 1909; i fasc. in-8''.
Les erreurs de la Science, par Loijis-Ciiari,es-Fmii.e ^'lAL. Paris, chez l'auleur,
1908; I vol. in-8°.
Annual Report of Ihe board of regenls of the Smititsonian Institution, shoi\ing
the opérations, expenditures and condition of the Institution for the year ending
june 3o, 1908. Washington, Government piinting Office, 1909; 1 vol. in-S".
Yearbook of the United States Department of Agriculture, 1909. Washington,
1910; I vol. iii-8°.
Anales del Institulo medico nacional, conlinualio de El Esludio; t. \l, n" 1.
Mexico, 1910; 1 fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du u'î mai 1910.)
Note de MM. P. Villard el H. Abta/tatn, Sur Texislence de deuv poten-
tiels explosifs :
l'âge 1287, ligne j4, «" Heu de par voltages décroissants, lise: par voltages crois-
sants.
Note de MM. Briner et Wroczynski, Action chimique des pressions
élevées; compression du protoxyde d'azote et d'un mélange d'azote et
d'hydrogène; décomposition de l'oxyde de carhone par la pression :
Page iSaG, ligne 5, au lieu </'o\yde d'a/.ole. lire oxyde tie carbone.
ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 27 JULX lUlO.
PRÉSIDENCE DE M. Emile PICARD.
MEMOIRES ET COMMU.MCATIOrVS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
BOTANIQUE. — Classifîcaiion nouvelle du groupe des Inovulées.
Note de M. Pu. vax Tiegiiem.
On sait que, dans la fleur des Endoprothallées ou Phanérogames, les
carpelles qui composent le pistil forment le plus souvent d'abord leurs
macrodiodes, puis les prothalles femelles ({ui résultent de leur germi-
nation sur place, isolément sur ou dans autant de folioles différenciées
à cet effet, qu'on nomme des ovules; en un mot, le pistil y est ovulé. Il
en est ainsi chez toutes les Astigmatées et, parmi les Sligmatées, chez
toutes les Monocotyles, chez toutes les Liorhizes dicotylées et dans la très
grande majorité des Dicolylcs. Mais ce dernier groupe, le plus vaste de
tous, comprend aussi bon nombre de plantes où les carpelles, sans se
découper de folioles, produisent eux-mêmes et directement leurs macro-
diodes et leurs prothalles femelles; ces plantes n'ont donc pas d'ovules, le
pistil y esl inovulé. La classe des Dicotyles se partage, d'après ce caractère,
en deux sous-classes d'étendue très inégale : les Ovulées et les Inovulées. On
ne considère ici que le second groupe.
Au point de vue qui nous occupe, les choses s'y passent de deux manières.
Quelquefois le carpelle produit sa macrodiode et son prothalle femelle à
l'intérieur d'une protubérance non vasculaire de son écorce, revêtue par
l'épiderme, qui est une émergence; il y a donc un macrodiodange indivi-
dualisé, ce qu'on appelle ici un nucelle, comme chez les Ovulées; le pistil
inovulé y est nucellé. Mais le plus souvent, c'est dans la profondeur même de
son écorce, sans faire au dehors en ce point aucune saillie, que le carpelle
produit sa macrodiode et son prothalle femelle; il n'y a pas de macrodio-
dange individualisé, pas de nucelle; le pistil inovulé y est en même temps
innucellé. Il en résulte la subdivision, bien connue depuis 1 901, de la sous-
C. a., i.jio, I" Semestre. (T. 150, N" 26.) 224
1716 ACADÉMIE DES SCIENCES.
classe des Inovulées en deux ordres : les Inovulées innucellées ou Loran-
tlîinées et les Inovulées nucellées ou Anthobolinées.
Examinons successivement ces deux ordres, en commençant par le pre-
mier, qui est le plus inférieur et aussi de beaucoup le plus nombreux.
1. Loranthinées . — Le pistil s'y comporte de quatre manières différentes,
qui permettent d'en grouper les familles en quatre alliances.
Quelquefois il se réduit à un seul carpelle ouvert, qui produit directe-
ment dans l'épaisseur de sa base une seule macrodiode avec un seul pro-
thalle femelle : c'est l'alliance des Balanophorales.
Le plus souvent, il est formé de plusieurs carpelles ouverts, concrescents
bord à bord et circonscrivant une loge unique, au moins au début. Tantôt
la loge unique, demeurée telle mais de bonne heure oblitérée, ne relève pas
son fond, qui reste plat, et c'est sous l'épiderme de ce fond plat que se
trouvent situés les macrodiodes et les prolhalles femelles, dont la disposi-
tion dans le pistil, ce qu'on peut appeler, ici comme chez les Ovulées, la
placenlalion, peut être dite hasilaire. C'est l'alliance des Loranthales,
Tantôt le fond de la loge unique et qui demeure telle se relève en une
colonne qui la remplit complètement en demeurant libre tout autour. Elle
est formée par la concrescence d'autant de talons ligulaires qu'il y a de car-
pelles, et c'est elle qui renferme d'abord les macrodiodes, puis les prolhalles
femelles. La placentation du pistil peut y être dite centrale. C'est l'alliance
des Nuytsiales.
Tan'tôt enfin il y a encore, tout au début, une loge unique et une colonne
ligulaire libre; mais bientôt, en alternance avec les carpelles, la paroi
externe et la colonne se soudent avec concrescence, laissant entre elles
désormais, en superposition avec les carpelles, autant de logettes de Ijonne
heure oblitérées. C'est dans l'angle interne, plus ou moins saillant, de cha-
cune de ces logettes que se forme d'abord une macrodiode et plus lard un
prolhalle femelle. Les carpelles sont donc ici fermés et, dans le pistil puri-
loculaire ainsi constitué, la placentation peut être dite accile. C'est l'alliance
des Elylranthales.
Cette division de l'ordre des Loranthinées en quatre alliances, d'après la
structure du pistil, est résumée dans le Tableau suivant :
< polycarpelle j fermés. Piacenlalion axile Elytrnnthales.
\ et f
... .. . ,,, ^' 6. "^'" 5"="*^ l ouverts. Placentation . ... , ., 1
Pistil «naucell« 1 a carpelles j ( basiJaire. . Loraiilhale»-
monocarpelle à carpelle ouvert Balanophorales.
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1717
Comment chacune des quatre alliances ainsi définies se décompose-t-elle
en familles? C'est ce qui reste à examiner, en suivant la marche ascendante
de la complication du pistil.
L'alliance où le pistil est le plus simple, celle des Balanophoral'es, ne
comprend, comme on sait, que deux familles r les Balanophoracées , où la
fleur femelle est dépourvue de périanthe, avec un prothalle femelle recourbé
en U et basigame, et les Langsdorfiacées, où la fleur femelle a un périanthe
simple, concrescent au pistil jusqu'à la base du style, avec un prothalte
femelle droit et acrogame (').
Dans l'alliance des Loranthales, les fleurs sont parfois unisexuées et
monopérianthées. Si alors, dans la fleur mâle, les anthères sont concres-
centes aux sépales et pourvues d'un nombre plus ou moins grand et indé-
terminé de sacs poUiniques arrondis et poricides, c'est la famille des
Viscacées. Si les anthères sont libres et munies seulement de quatre sacs
polliniques s'ouvrant en long, c'est la famille des Erémolépùlacées . Le plus
souvent les fleurs sont hermaphrodites et dipérianthées, avec un calice
toujours gamosépale. Si alors la corolle est dialypétale, c'est la famille
des Lornnthacées, d'où l'alliance tire son nom. Si elle est gamopétale, c'est
la famille des Dendrophthoacées. Cette seconde alliance se trouve ainsi com-
posée de quatre familles.
Chez les Nuytsiales, tantôt les fleurs sont unisexuées et monopérianthées.
Si alors la fleur femelle est dépourvue de périanthe et si, dans la colonne
placentaire, les prothalles femelles sont terminaux, droits et acrogames,
c'est la famille des Hélosacées, qui diffère encore de toutes les autres par son
parasitisme sur racines et par l'absence de chlorophylle. Si la fleur femelle
possède un périanthe et si dans le placente central les prothalles femelles
sont latéraux, recourbés vers le hauletbasigames, c'estla familledes /iazoïi-
movskiacécs. Tantôt les fleurs sont bisexuées et dipérianthées avec calice
gamosépale et corolle dialypétale, c'est la famille des Nuylsiacées, d'où
l'alliance tire son nom. Cette troisième alliance comprend de la sorte trois
familles.
Chez les Elytranlhales, les fleurs sont parfois unisexuées et monopé-
rianthées; en même temps, le prothalle femelle né dans le saillant de l'angle
interne de chaque logette y descend d'abord, puis s'incurve en dehors
(') Ph. v\n TiEGHEM, Sur les liiovulées. V" Farlie : Ordre des Loranthinées.
Alliance des Balaiiophorales (Ann. des Sciences nat., 9'' série : liot., t. VI, 1907,
p. i4o).
1718 ACADÉMIE DES SCIENCES.
SOUS la logetle et remonte sur sa face opposée à la rencontre du tube poUi-
nique, de sorte qu'il y a basigamie : c'est la famille des Ginallacées . Le plus
souvent, les fleurs sont bisexuées et dipérianlhées; en même temps, le pro-
thalle femelle né à la base du saillant de l'angle interne de chaque logette
s'allonge vers le haut en demeurant inclus dans le saillant, de manière qu'il
y a encore basigamie. Si alors la corolle est dialypétale, lorsque le fruit est,
comme d'ordinaire, une baie, c'est la famille des Treitbainacëes ; lorsque le
fruit est, par exception, une drupe, c'est la famille des (kiindenclracèes. Si
la corolle est gamopétale, lorsque l'inflorescence est nue, comme d'ordi-
naire, c'est la famille des Elylrantliacées^ qui a donné son nom à l'alliance;
lorsque l'inflorescence est, par exception, enveloppée d'écaillés, c'est la
famille des' Lépidariacees, qui occupe le sommet de la série. Cette quatrième
alliance se trouve ainsi composée de cinq familles.
Le Tableau suivant résume la composition de l'ordre des Loranlhinées
en quatre alliances et quatorze familles :
axile. Fleurs
El,VTRANTHALIÏS.
bisexuées, dipérianlhées.
Corolle
gamopétale.
Inflorescence
enveloppée : Lépidariacees.
nue : Elytianthacées.
Drupe : Gaïadendracées.
Baie : Treiibaniacées.
U3 "^
rï
centrale. Fleurs
Z 0
Nuvtsiai.es.
l-H 3
ce c
"S Cl,
H .S
0.
Z -
a
< -
0
çC .2
— ■
basilaire. Fleurs
0 0.
§-
J
LORAMIIALES.
dialypétale.
unisexuées, monopérianlliées Ginallacées.
bisexuées, dipérianthées. Corolle dialypétale /\' 11 y Is lacées.
unisexuées, monopérianlliées. (
Prollialle femelle
bisexuées, dipérianlhées.
Corolle
unisexuées, monopérianlliées.
Anthères
monocarpelle, à carpelle ouvert. Prollialle femelle
Bai.anopborai.es.
droit el acrogame : Hélosacées.
courbe et basigame : Razoumovskiacées.
gamopétale : Dendrophthoacées.
dialypétale : Loranlliacées.
libres, lélralhèques : E rémolépidacées.
concrescenles, polythèques : Viscacées.
droit et acrogame . .
courbe el basigame.
Laiigsdorfiacées.
lialanoplioracées.
2. Antlwbolinées . — Défini, comme il a été dit plus haut, par la présence
d'un nucelle inséré directement sur le carpelle, sans interposition d'un
ovule, l'ordre des Anthobolinées se trouve pour le moment tijès réduit, ne
comprenant encore qu'une seule petite famille, celle des Anthobolacées. La
fleur y est bisexuée et monopérianlhée. Le pistil y est supère, formé de plu-
sieurs carpelles ouverts, dont un seul porte sur sa base un nucelle, dressé
dans la loge unique de l'ovaire.
SÉANCE DU 27 JUIN 19IO. 17IÇ)
En somme, la sous-classe des Inovulées comprend aujourd'hui quinze
familles, réparties très inégalement en deux ordres, les Loranthinées avec
quatorze familles, les Anthobolinées avec une seule.
5. Essais antérieurs de classijication des Inova/ées. — Depuis que Fexis-
tence en a été établie, le groupe des Inovulées a fait l'objet de plusieurs
essais de classification, qu'il paraît utile de rappeler ici pour en marquer Iqs
progrès.
D'abord, en 1897, présentant à l'Académie un court résumé de l'en-
semble de mes recherches sur les Endoprothallées ou Phanérogames qui,
étant dépourvues de graines, forment le groupe des Inséminées, j'ai
montré qu'il y en a de deux sortes. Les unes n'ont pas de graines
parce qu'elles n'ont pas d'ovules, ce sont les Inovulées ; les autres parce que
les ovules y sont transitoires, ce sont les Transovulées ('). Limitant alors
moins strictement qu'aujourd'hui la définition de l'ovule, je concédais ce
nom à la protubérance invasculaire et nue qui, chez les Anthobolacées, est
insérée directement sur la base du carpelle et qui n'est en réalité qu'un
simple nucelle; en conséquence, je rattachais ces plantes au groupe des
Transovulées. Dès lors, les Inovulées, étant toutes privées de nucelle, ne
formaient qu'un seul ordre. D'après l'organisation générale de la fieur, cet
ordre était alors partagé d'abord en deux alliances seulement, les Viscales,
à fleurs unisexuées et monopérianthées, et les Loranthales, à fleurs bisexuées
et dipérianthées; puis, chacune d'elles était divisée en cinq familles, d'après
le périanthe et d'après le pistil.
Peu de temps après, en 1898, conservant encore les Anthobolacées parmi
les Transovulées, on a subdivisé d'abord l'ordre des Inovulées en quatre
alliances d'après la conformation générale de la fleur et d'après le périanthe,
puis chacune d'elles en familles d'après le pistil; en même temps le nombre
des familles était élevé de dix à onze (■).
Plus tard, en 1901, après avoir reporté les Anthobolacées parmi les
Inovulées, il a fallu faire de ce groupe une sous-classe et y distinguer deux
ordres, les Inovulées innucellées, qui sont toutes les Inovulées de 1897, et
(') I'h. van TiKGHEM, Sur les Phanérogames sans graines formant le groupe des
Inséminées {Comptes rendus, l. CXXIV. 22 mars 1897, p. Sgo) et Sur les Insémi-
nées sans ovules formant la subdivision des Inovulées ou Loranthinées {Ibid.,
29 mars 1897, p. 655).
(^) Ph. van Tieghem, Éléments de liotanique, V" édition, t. II, 1898. p. 267 el suiv.
1720 ACADÉMIE DES SCIENCES.
les Inovulées nucellées, qui ont pour type les Anthobolacées ( '). En même
temps, dans le pistil à colonne lihre, on était conduit à considérer la colonne,
parce qu'elle est invasculaire, non plus comme un placente central, mais
comme résultant de la concrescence totale d'autant de nucelles basilaires
que le pistil a de carpelles et, dès lors, on devait ranger les familles où le
pistil possède une telle colonne à côté des Anthobolacées dans l'ordre des
Inovulées nucellées; il comprenait ainsi cinq familles, tandis que l'ordre
des Inovulées nucellées était réduit à sept. Ce nouvel arrangement a été
conservé d'abord en 1906 ( - ), puis en 1907 ('). Aujourd'hui, revenant, au
sujet de la colonne libre du pistil, à la manière de voir de 1897, la regardant
de nouveau, malgré l'absence de tout système vasculaire, comme placentaire
et non plus comme nucellaire, on replace, en conséquence, les familles qui
possèdent cette colonne dans l'ordre des Inovulées nucellées. En outre,
puisque les quatre alliances qui constituent aujourd'hui l'ordre des Lorau-
ihinées sont définies exclusivement, comme on l'a vu plus haut, par la
structure du pistil, les familles à placenlation centrale ainsi déplacées
doivent y former une alliance distincte, celle des iXuytsiales. Toutefois, si
l'on considère que, chez les Ginallacées, la colonne centrale n'est pas libre
tout autour, mais bien concrescente à la paroi externe en deux places
opposées, de manière à fermer les deux carpelles et à rendre l'ovaire bilo-
culaire avec placentation axile, on est conduit à classer désormais cette
famille, non plus dans l'alliance des INuytsiales, mais dans celle des Elytran-
thales, comme il a été fait plus haut.
Ensemble, par suite de l'addition de trois familles nouvelles, les Langs-
dorfiacées chez les Balanophorales, les Erémolépidacées chez les Loran-
thales et les Lépidariacées chez les Elytranthales, ces quatre alliances
comprennent maintenant quatorze familles. C'est, comme on voit, par une
série de retouches successives et de remaniements, que l'on est parvenu à
donner à la vaste et difficile sous-classe des Inovulées sa constitution
actuelle, qui paraît devoir être définitive, aussi longtemps du moins quede
nouveaux matériaux ne seront pas venus, du côté des Anthobolinées
notamment, en élargir le cadre.
(') IJ œuf des plantes comme base de leur classification {Ann. des Sciences /lat.,
8' série : Bol., t. XIV, 1901. p. 3/8).
(') Éléments de Botanique, 4° édilion, l. II. 1906, p. 343.
■(*) Sur les Inovulées {Ann. des Sciences naC, 9" série : Bol., t. M, 1907, p. i32).
SÉAKCE DU 27 JUIN 19IO. 1721
PHILOSOPHIE NATURELLE. — Si/r la conservcUion des masses vraies, dans
divers phénomènes, principalement lumineux, où apparaissent des masses
fictives variables. Note de M. J. Boussinesq.
I. Mais arrivons ( ' ) à une catégorie, non moins importante peut-être, de
phénomènes, où une évaluation approcliée de la partie la plus gênante des
actions en jeu revient à ■dccrolln; /ictivement la masse des poinls principaux-,
de ceux dont les coordonnées ligurent dans les calculs; en sorte que, si les
actions ainsi éliminées, ou les particules d'où elles émanent, passent
inaperçues, l'observation semblera indiquer, pour ces points principaux,
des masses plus fortes que les vraies, et variables suivant les cas.
lî. Le plus simple est le mouvement transversal, ou même longitudinal,
d'une corde élastique, autour de laquelle on aurait préalablement enroulé,
sans le tendre notablement, un fil très lourd, d'une masse comparable à la
sienne par unité de longueur de la corde. Alors la partie de cette masse
supplémentaire qui revêt un élément de longueur (ou tronçon) de la corde
élastique, prend sans cesse, durant le mouvement vibratoire, l'accélération
même de cet élément (à des écarts négligeables près); et, d'autre part, la
force qui la meut, produit de sa niasse par l'accélération dont il s'agit,
représente, à très peu près exclusivement (en raison de la non-tension du
lil), l'action du même élément sur elle, égale et contraire à la réaction qu'elle
exerce sur lui. Donc la présence du Cl enroulé ajoute aux forces mouvant
l'êlémenlde la corde une action égale et contraire au produit de la masse
du lil par son accélération (pareille à celle de l'élément même), expression
qui, changée de membi-e dans les équations du mouvement de la corde
élastique, accroîtra fictivement le terme force motrice de celle-ci dans le
rapport de la masse du fil à la sienne propre, ou reviendra à raisonner
comme si le fil n'existait pas, mais avait incorporé purement et simplement
sa masse à celle de la corde, sans en changer l'élasticité.
III. L'accroissement fictif de niasse se produit encore, mais moins sim-
plement, dans le problème des petites oscillations d'un pendule court, ou à
période très brève, au sein d'un fluide en repos, cas où s'évanouit presque,
eu égard à la petitesse excessive des vitesses, la partie de la résistance
dépendant de ces dernières, tandis que les accélérations y sont sensibles et
( ' I Voir le numéro précédent des Comptes rendus, p. lô-ig.
1722 ACADÉMIE DES SCIENCES.
produisent sur le pendule, par le rapide changement de l'étal de mouve-
ment du fluide voisin, une réaction (découverte par du Buat) qui leur est
sans cesse proportionnelle et de sens contraire. Seulement, les couches du
fluide ambiant ne prenant ici qu'une fraction du mouvement du pendule
décroissante avec leur proximité, tout se passe comme si la composante
tangentielle du poids apparent du pendule dans le fluide avait à mouvoir
avec le pendule même, el autant que lui, une proue et une poupe /luù/es doul
le volume total a un certain rapport à son propre volume {un demi, par
exemple, quand le pendule est sphérique), rapport d'ailleurs variable avec
la forme du pendule et aussi, quand le pendule n'est pas de révolution
autour de son axe vertical, avec la direction ou l'azimut des oscillations.
La masse du pendule ne s'accroît donc ici, fictivement, que d'une frac-
tion, déterminée dans chacjue cas et généralement inégale suivant les divers
sens, de celle du fluide qu'il ébranle par ses mouvements alternatifs (').
IV. Le précédent phénomène de résistance d'un fluide indéfini, à la
translation relative d'un solide immergé à son intérieur, reslerail évidem-
ment le même si^ c'était, au contraire, le fluide qui, autour du solide
d'abord en repos, oscillât d'un mouvement commun (sauf au voisinage du
solide ([ue le fluide doit contourner). Or ce phénomène, sous la nouvelle
forme ainsi considérée, ofl"re le précieux avantage de servir très exactement
de type à l'impulsion que l'éther impondérable, vibrant lumineusement,
dans un corps, par ondes de très grande longueur comparativement aux
intervalles moléculaires, exerce sur chaque molécule du corps, que tout
( ' ) J'ai ùludié liés complètement cet intéressant ptiénoméne, pour de petites Irans-
lalions quelconques ( pendulaires ou autres) d'un solide au sein d'un fluide indétini,
dans un Mémoire que contient le Tome II (p. 199 à 264) de mon Cours de Pliysii/tic
inatliéinalique de la Faculté des Sciences. Les frottements intérieurs du fluide ajou-
lenl, il est vrai, à cette partie de la résistance qui est proportionnelle à l'accélération,
un terme en raison directe de la racine carrée de la période d'oscillation; et ils intro-
duisent, en outre, une partie proportionnelle à la vitesse, comprenant elle-même un
terme inverse de la racine carrée de la période; mais ces termes et la deuxième partie
tout entière s'évanouissent, comparativement, quand la période devient assez brève.
Lorsque le mouvement, supposé toujours lent, du solide au sein du fluide, consiste
en une translation non périodi(iue, mais quelconque, la partie de la résistance due au
frottement intérieur dépend, d'une manière très curieuse, non seulement de la vitesse
actuelle, mais aussi de tous les changements, antérieurs, (|ui l'ont amenée peu à peu à
sa valeur présente, et dont l'influence ne s'atténue ([iiiuversement à la racine carrée
«le leur ancienneté. C'est ce que j'avais reconnu déjà vers le commencement de i885
{Com/>tes rendus, t. C, 6 avril iS85, p. 935).
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1723
fait supposer relativement très éloipjnée de ses voisines et assez bien assimi-
lable à un solide unique, noyé de la sorte au sein d'un fluide indéfini qu'ani-
merait un mouvement oscillatoire commun.
Même la partie de la résistance qui se trouve proportionnelle à la vitesse
explique, avec une étonnante précision, les circonstances que présente
l'absorption de la lumière par les cristauv translucides et par les métaux
opaques (' ).
Y. Mais, dans la plupart des corps, eu ég^ard à l'excessive brièveté des
périodes vibratoires, qui annihile le rôle des vitesses, la seule partie notable
de la résistance opposée par les molécules pondérables au mouvement
lumineux est, du moins à une première approximation, celle qu'on peut
supposer proportionnelle à l'accélération et sensiblement indépendante de
la période. (_)r, la poussière atomique qu'est rélher a si peu de densité, par
rapport aux corps et surtout par ra[)|)ort à leurs molécules, disséminées (.-à
ellà dans son intérieur, (jue ces molécules prennent, dans les phénomènes
lumineux, une fraction notable des quantités de mouvement sans, pour ainsi
dire, remuer; de sorte que l'accélération relative de l'ensemble de l'éther
ambiant par rapport à elles [)eut être confondue avec son accélération
absolue tout entière.
La perturbation du mouvement de l'élher, causée par chaque molécule
pondérable dans le voisinage immédiat de celle-ci, é(juivaut donc, sur
l'ensemble de celéther ambiant et, d'abord, quand la molécule est sphérique
ou isotrope^ a une réaction exprimée par le produit d'une masse proportion-
nelle au volume de la molécule et de l'accélération générale de cet éther
ambiant, réaction de sens d'ailleurs opposé à la même accélération. Et
lorsque, au contraire, la molécule est hélérotrope ou non sphérique, elle
admet toujours trois directions rectangulaires, suivant chacune desquelles
la réaction équivaut encore, à part le signe, au produit d'une masse propor-
tionnelle au volume de la molécule par l'accélération de même sens de
l'ensemble de l'éther, mais avec trois coefficients de proportionnalité diffé-
( ' ) Voir, par exemple, le Tome II ile m;i Théorie analytique de la chaleur, mise en
harmonie atec la Thermodynamir/iie et acec la théorie mécanique de la lumière
(p. 371 5 38o, !\Si à 493, .^^83 à 587, 600 :i 623) et, dans le Bulletin des Sciences
mathématiques (2" s,ér\e, l. XXIX, mai igoS), mon Mémoire Sur l'e.ristence d'un
ellipsoïde d'absorption dans tout cristal translucide, même sans plan de symétrie
ni axe principal., et sur la construction des rayons lumineux dans les milieux
opaques.
C. 11., ly.o, 1" Seineslrc. {T. 150, N° 26.) 225
1724 ACADÉMIE DES SCIENCES.
renls, vu la iiou-parilé de forme de la molécule par ra[)|)orl aux trois axes.
On peut donc raisonner comme si la perturbation locale due à la molécule
n'existait pas, mais que l'éther ambiant eût éprouvé, dans les trois équations
de mouvement relatives aux axes principaux considérés, trois accroissements
de masse bien définis.
VI. En superposant toutes les réactions analogues, exercées sur un
élément de volume d'éther par les molécules qui s'y trouvent immergées,
on forme des équations de mouvement pareilles à celles qui auraient régi
cet élher sans la présence des molécules pondérables, si, gardant en tous
sens l'élasticité de l'éther libre isotrope, il avait eu sa densité accrue,
suivant trois certains axes de symétrie de résistance relatifs à l'ensemble,
de trois petites fractions délenninées des densités partielles aflërentes à
chaque espèce de molécules du corps.
Ainsi s'explique naturellement l'hypothèse de Fresnel, attribuant à
l'éther de tout corps isotrope même élasticité qu'à l'éther libre, mais une
densité plus grande. Fresnel parait avoir parfois pressenti que cette suppo-
sition d'une densité plus grande revenait à tenir compte de la participation
de la matière pondérable au mouvement vibratoire, ou, ce qui revient au
même, de ses résistances à^inerlie^ alternativement positives et négatives.
Si ces pressentiments étaient devenus plus nets dans son esprit, il n'aurait
pas eu besoin de chercher d'autres bases, contradictoires à celles-là et
reconnues depuis longtemps inadmissibles, pour expliquer la biréfringence.
Cardes accroissements purement fictifs de masse pouvant être dillérenls,
dans les trois équations de mouvement, quand les molécules ont des formes
inégalement résistantes suivant les divers sens, il aurait admis pour l'éther
des cristaux trois densités distinctes : ce qui contiuisait justement aux véri-
tables et définitives équations de la biréfrigence, acceptées aujourd'hui par
tout le monde.
Mais, faute d'une vue assez précise de la nature fictive des densités parais-
sant manifestées ainsi par l'éther dans les divers corps, son bon sens n'a pu
(juc reculer devant l'absurdité d'attribuer plusieurs masses distinctes à une
seule et même matière.
VU. Le mouvement vibratoire lumineux dans les corps transparents
semble donc, quand on y oublie le rôle de la matière pondérable, mettre en
défaut, de plusieurs manières, le principe de la constance de la masse,
savoir, en y accroissant dans des rapports notables la densité apparente de
l'éther, et en l'accroissant inégalement, chez les cristaux biréfringents, pour
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. I']l5
les mouvements efîeclués suivant les divers axes dits ( à tort ) cV élasticité. Il est
vraisemblable même que cette densité apparente dépendrait en outre de la
vitesse actuelle de l'éther, si la petitesse supposée des déplacements ne per-
mettait pas de réduire les équations à la forme linéaire, par la suppression
des carrés et des produits de ces déplacements ou de leurs dérivées.
H me reste à parler d'un phénomène où, les vitesses à considérer deve-
nant énormes, les masses fictives qui se joignent à la masse vraie pour
exprimer des actions oubliées croissent, en effet, très vite avec la vitesse.
CHIMIE ORGANIQUE. — Action de la chaleur rouge sur la for/naldéhyde.
Note de M. Au.maxd Gautieh.
Ayant remarqué que lors de la réduction de l'oxyde de carlione par
l'hydrogène au rouge, il apparaît une trace de formaldéhydc ('), j'ai pensé
que ce corps pouvait disparaître peut-être en partie aux températures
élevées, en cédant son oxygène aux réducteurs et donner ainsi des polymères
de CH-.
J'ai donc fait passer directement de la vapeur de formol dans un lulie de
porcelaine porté à 800". Cette vapeur était obtenue en chauffant direc-
tement du trioxyméthylène sec et pur à i8o''-20o'' et entraînant la vapeur
de formol ainsi produite par un lent courant d'hydrogène. 12 grammes de
trioxyméthylène, chauffés dans un tube de verre sur une petite grille,
n'ont laissé qu'un résidu légèrement goudronneux insignifiant. Après
passage au rouge à travers le tube de porcelaine, les vapeurs étaient
condensées dans un flacon entouré de glace et de sel et les gaz recueillis.
Il ne s'est fait ainsi aucun hydrocarbure condensable; une partie du formol
passe sans se décomposer et se retransforme ensuite lentement en trioxy-
méthylène dont on n'a pu retirer aucun hydrocarbure par l'éther ou
l'alcool. On a recueilli 7 litres environ d'un gaz composé pour lou parties
de :
GO /i4,o3{^)
H 55,63
CH* 0,34
GO' traces (^)
(') Comptes rendus, I. 150, p. 1067 et iô68.
(-) On avait enlevé la totalité de GO par le Gu'-CI- d'abord, puis par passage
sur PO' à 100°.
(^) Il est intéressant de rappeler que MM. D. Berthelot et H. Gaudechon viennent
l'Jo.G ACADÉMIE UES SCIENCES.
En tenant compte de G3o""' d'hydrogène ayant servi à entraîner les
vapeurs de formol, le produit de sa décomposition au rouge est donc formé
pour loo volumes de
CO 48, 3ï
II 5o,55
CH' 0,37
il ne reste ni charbon ni goudron dans le tube de porcelaine; à peine, à
l'entrée, une coloration brune légère.
La décomposition du formol au rouge (Goo° à 700") se fait donc très
sensil)lement suivant l'é(|uation
CH^o~co+Il^
J'ai pensé que peut-être un réducteur plus énergique, et [)articulièrement
le fer qui joue un si grand rôle dans les phénomènes géologiques, pourrait
au rouge enlever l'oxygène au formol et donner ainsi naissance aux
pétrolènes d'après une réaction telle que la suivante :
3CHUJ -i- 3 Fe — 3 Fe O + G' H".
L'expérience n'a pas confirmé cette hypothèse : 1 ?>' de Irioxyméthylène
dépolymérisé à 180", dont on entraînait les vapeurs par un lent courant
d'hydrogène à travers un long faisceau serré de fds de clavecin portés à GSo",
ont donné seulement un mélange de CO et H- presque à volumes égaux
accompagnés de o,H pour 100 de méthane. Il ne se produit encore ici aucun
gaz absorbable par le brome, ni aucun hydiocaibure condensaltle à froid.
ELECTIOIVS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à l'élection d'un Associé
étranger, en remplacement de M. Alexandre Agassi:-, décédé.
de montrer que, par l'action des rayons ultraviolets et par la lampe à vapeur de
mercure, l'aldéhyde formiqiie se décompose également en owde de carbone' et hydro-
gène avec un peu de méthane et d'acide carbonique (Comptes rendus, t. 130, p. 109?.).
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 17^7
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 40,
Sir William Ranisay oldient .... 3^ sulTrages
M. llay Lankester » .... 3 »
Sir VVii.UAM Ramsay, ayant obtenu la majorité des suH'rages, est proclamé
élu. Son élection sera soumise à l'approbation de M. le Président de la
1 république.
MÉMOIRES LUS.
SISMOLOGIE. — Sur un fioi/i'eaii type de sismo^ra/i/ie
pour la composante verticale^ par M. R. Gamt/.ixe.
L'étude de la composante verticale des mouvements sismiques du sol est
de la plus baute importance pour la Sismologie moderne de précision. En
effet, en combinant cette composante avec les valeurs absolues des dépla-
cements borizonlaux du sol, mesurés au moyen de pendules appropriés, on
peut parvenir à déterminer l'angle d'émergence des rayons sismiques, et
par là contribuer à élucider la question du trajet des rayons sismiques à
l'intérieur du globe terrestre, c'est-à-dire jeter ainsi de la lumière sur la
distribution de ses différentes couches internes. Malheureusement jus(pi'à
présent il y a fort peu de stations sismiques munies de sismographes pour
l'étude de la composante verticale. Pour cette raison j'ai construit récem-
ment un nouvel appareil de ce genre, auquel j'ai apphqué les mêmes prin-
cipes qu'à mes pendules horizontaux, savoir l'apériodicité complète du
mouvement propre de l'appareil au moyen d'un fort amortissement magné-
tique et l'enregistrement galvanométrique : celui-ci comporte non seulement
une très haute sensibilité et renregistremcnt à distance, mais rend com-
plètement inutile tout appareil de compensation pour la température, vu
(pi'au moyen de la méthode galvanométrique on enregistre non les dépla-
cements de l'appareil sous rinducncedii mouvement du sol, mais les vitesses
correspondantes.
La ligure i représente un dessin schémati(pie et la ligure 2 une repro-
duction photographique de l'appareil en question.
Un double cadre OBIv, portant une masse cjlindiique M d'environ l'^'f, est mobile
autour d'un axe horizontal O, constitué par de petits ressorts plats en acier'. Le
levier OK est retenu dans une position horizontale au moyen d'un fort ressort spiral AB
en acier. Les deux points fixes A et O sont reliés au support de l'appareil AlJLF. Le
1728 ACADEMIE DES SCIENCES.
réglage ex.acl de l'appareil se fait au moyen d'un petit poids mobile non marqué sur la
Fig. I.
D -.A
figure. I est un petit cadre contenant les bobines d'induction pour l'enregistrement
Fie. 1.
galvanoniélrique el R une plaque en cuivre pour l'amorlissemenl magnétique. I el K
se trouvent entre les pôles de forts aimants peimanents.
SÉANCE DU 27 JUIN IC)IO 1729
Désignons par L la lonf^iieur du ressort (environ 37'^'", 5 ) et par V la force
de traction du ressort. P est d'environ 57'"^.
AP
Le rapport [3 = ^t- est une constante qui dépend des propriétés élastiques
du ressort.
Soient encore : T la période propre d'oscillation de l'appareil (sans amortissement),
£ une constante qui dépend de la valeur de l'amortissemenl, ^' l'accélération de la
pesanteui-, / la longueur réduite de l'aijpareil 1 1, c'esl-à-diie la longueui- d'un
pendule vertical malliématic|ue correspondant. En désignant les dislances OC et CB
par a et /;, par 9 la déviation angulaire du système de sa position d'équilibre, par A le
nioruent d'inertie du système par rapport à l'axe de rotation, par z le déplacement ver-
tical du sol et en appliquant les principes de la Mécanique, ou trouve facilement que
6 doit satisfaire à l'équation dillérentielle suivante :
(1) B'+i^O'-h n'-9 + j=o,
(9.) T= —
n
et
ru . (3 , ,C /«/ /i\
(3) ,-=_„.___^(^,___).
La foruuile (3) montre ([n'en fixant la partie inférieure du ressort AH au-dessous
du levier OK et en diminuant a, on peut facilement allonger la période propre de
l'appareil, ce qui oITre bien des avantages.
J'ai très facilement réalisé T := i3^.
Si l'on relie maintenant ce sismograjdie à un galvanomètre apériodique de période
propre (sans amorlisseruenl ) T, =^ — > on tr'ouve facilement, pour l'angle de déviation
"1
dir galvanomètre, cp, l'équation suivarrte :
(4) 9"-t- 2/(,(p'-t- rtj(p -t- />-5'=o,
où /. est le coefficient de transformation qiri détermine la sensibilité de l'appareil.
Supposons maintenant une onde sismique, dont la composante verticale ;, répon-
dant à l'équation
t
(5) = = =„, sin(2 7:^
vienne frapper notre sismogr'apire.
I7^0 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Désignons ])ar y ramplilude du point lumineux sur le cylindre enreglslrenr par
rapport à sa ))Osilion d'équilibre, et par A, la dislance du miroir du gahanonièlre à la
surface du cylindre tournant.
Posons encore
T T
T " " ~ ■
u=^, .,=^, /(")-(TT^y - ^='~(jy
On trouve que la courbe décrite par le galvanomètre, si le temps t n'est
pas trop ])etit, a exactement la même péinode T,, que l'onde sismiquc cor-
respondante, (^uant à l'amplitude maximum _y,„ du mouvement galvanomé-
tri(jue, elle est reliée à l'amplitude cherchée z,„ du mouvement du sol par
l'équation suivante :
(6)
■ni
X"
^(i + »;)(' + "')\/' — f^VC')^
("est la formule fondamentale qui permet de déterminer les valeurs
absolues du mouvement vertical du sol. Elle est identique à celle que j'ai
donnée antérieurement pour un pendule horizontal. Les différentes con-
stantes qui y entrent se laissent facilement déterminer par l'expérience. Si
l'appareil est placé à la limite de l'apériodicilé, ^.^ = o. Si, en outre, on
fait T = T, , ce qui est avantageux, on a
il) .„-_(. + .-).^.
L'agrandissement V = ^ dépend, comme dans tous les appareils sismi-
ques, de T^„ mais pour ce sismographe-ci A est parliculièremeut grand.
En effet on a
/, = 229, /rzzSjS-^ra.e, T=:l3\
i'ji prenant A, égal seulement à i'", ou trouve pour V les valeurs sui-
vantes :
■I-,. v.
'." 190
2,5 468
5,0 780
7,5 8i3
10,0 760
'2,5 649
K),o 53 1
17,5 425
20,0 340
SÉANCE DU 27 JUIX 1910. I7J1
( )u voit ainsi que ce sismographe comporte une très liante sensi-
bilité.
Pour vérifier rap])lication de la formule (6 ), jai placé ce sismographe
sur une plate-forme mobile qui pouvait osciller verticalement, et dont j'ai
mesuré assez exactement le déplacement vertical z„, au mo^'en d'un système
de leviers; -,„ était toujours égal à o""", 10 1 .
Or j'ai déduit aussi la valeur de z.,„ des courbes décrites par mon galva-
nomètre et j'ai trouvé pour différentes périodes T^, les valeurs suivantes :
-m [calculé
(|-i,,n-cs
T . In formule (li)].
2,72 • O , I Oî
3,o4 O, 102
3,61 0,101
3 , 66 0,101
5,82. . o, io4
6,24 o, io5
10,33 0,111
1 2, 85 0,110
1 3 , 86 0,101
i4,52 o, 107
( )n voit que l'accord entre les valeurs correspondantes de z,„ est très
satisfaisant. Les écarts n'ont jamais dépassé cjue quelques microns.
Il se présente un autre moyen de vérifier la théorie précédente. La for-
mule (3) donne la possibilité de déterminer la valeur du coefficient jî. On
trouve p = 33. 10' C. G. S.
Or ^ peut être déterminé directement en suspendant le ressort librement,
ajoutant graduellement des poids et en déterminant l'allongement corres-
pondant. On trouve alors [i = 3i2. 10* C. G. S.
La théorie de l'appareil fait encore prévoir qu'il y a toujours une diffé-
rence de phase entre le maximum du mouvement de la plate-forme et le
maximum de l'élongation du galvanomètre. Cette différence peut être cal-
culée et observée directement. L'écart entre ces deux valeurs n'a jamais
dépassé o%4-
L'ensemble de ces faits permet de supposer que ce genre de sismographe
pour la composante verticale peut rendre des services dans la sismométrie
de jirécision.
c. H., 19.0, 1" Semestre. (T. 150, N« 26.) 226
1732 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CORRESPONDANCE .
MM. Emile Brumpt, Wilmam-Wallacb Campbell adressent des
renierciraciUs pour les distinctions que T Académie a accordées à leurs
travaux.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
(correspondance, les Ouvrages suivants :
l" K0NINKLI.IK NEDERLANDSCH METEOROLOGFSCH InSTITUT. Ohsen'CUionS
océanographiques et météorologiques près du cap Guardafui.
2° Lectures on t/ie theory of elliptic functions^ hy H.vrris Hancock.
Volume 1. Analysis.
3° Die principien der Mechanik^ 1'' édition du Tome lll des OEuv/es de
Herz, éditée par M. Lenard.
ASTRONOMIE. — Sur l'éclat de la comète de Ealley et la composivon
de sa lumière. Note de M. Charles Xordmaxx, présentée par
M. Maurice Hamy.
Parmi, les mesures que j'ai réalisé'es sur le noyau de la comète de Halley,
au moyeu de mon photomètre stellaire hétérochrome adapté au petit équa-
torial coudé de TObservatoire, celles des 2^ avril, iS mai et 23 mai ont été
faites dans des conditions atmosphéri(jues particulièrement favorables.
Les principaux résultats de ces observations qui ont été rapportées à des
étoiles voisines de la comète et convenablement choisies, peuvent se résu-
mer ainsi :
SÉANCE DU 27 JUIN I910. I73o
1° L'éclat du noyau exprimé en grandeurs stellaires a été trouvé respec-
tivement éj^al à + (:),S3 le 23 avril, -1- 5,i4 le i5 mai, et 5,77 le 23 mai.
D'autre part l'éclat global de la tête, exprimé de la même façon, a été
respectivement aux trois dates précédentes estimé égal à -+- 3 (le 2.5 avril
par Pechiile), à -t- i (le i5 mai par Eddie) et à + 1,9 (le 23 mai par moi).
( )n en déduit facilement en appliquant la loi de Pogson, et en tenant
compte de ce que la dilTérence de grandeur slellaire de la tète et du noyau
était à ces trois dates égale à 3,84, <^ 3,83 et à ^4,1^, que le noyau ne
coiUrihuait que pour un trente-septième environ à la lumière totale émise
par la tête de la comète.
1" En partant de là et en utilisant les mesures faites par divers observa-
teurs (et notamment par MM. Luizet et (îuillaume), des diamètres appa-
rents respectifs du noyau et de la chevelure, on peut déterminer facilement
le rapport de leurs éclats moyens par unité de surface. On trouve ainsi que
vers le i5 mai Y éclat intrinsèque moyen du noyau était environ 19 fois plus
grand que celui de la partie loisible de son atmosphère.
3° On calcule habituellement l'éclat théorique des comètes en fonction
de leurs distances r au Soleil et A à la Terre en le supposant proportionnel à
-7-r-> ce qui s'est trouvé à peu près vérifié poar un certain nombre de
comètes antérieures. Si, en parlant de la valeur de l'éclat du novau telle
que je l'ai déterminée le 25 avril ( et en supposant à cette date la valeur
théorique égale à la valeur observée), on calcule ses valeurs théoriques pour
les dates de mes observations ultérieures, on trouve que les dilférences
« Observation — Calcul » exprimées en grandeursstellairesontpour valeurs :
le 20 avril 0,00; le i4 mai -t-0,59; le 23 mai -4- i,57- H s'ensuit que Vèclat
du noyau de la comète a, entre le 25 avril et le 28 mai., augmenté d'une quan-
tité beaucoup moins grande que ne le voulait la théorie habituelle.
'f Des mesures faites à travers les écrans colorés du photomètre le i5 et
le 23 mai, il résulte, toutes réductions faites, qu'à ces deux dates les valeurs
de log-jT (j'ai défini cette quantité dans mes Notes antérieures) correspon-
dant au noyau cométaire étaient — o,653 et — o,(J8o. Je rappelle que jai
trouvé pour le Soleil log-p = — 0,090 (température effective = 532o°) et
pour Aldébaran log-jr = — 0, 388 ( température effective = 35oo°), et que
l'erreur probable sur ces résultats est de l'ordre de ±0,020. Il s'ensuit
donc les conséquences suivantes : la répartition de l'énergie dans le spectre
1734 ACADÉMIE DES SCIENCES.
conlinu du noyau de la comcto de Halley est, aux erreurs d'expériences
près, très sensiblement la même que dans le spectre solaire. Cela tend à
prouver que la lumière du noyau est presque exclusivement sinon entièrement
de la lumière solaire réfléchie.
ASTRONOMIE. — Observations photographiques d'une petite planète.
Note de M. Jules Baillaud, présentée par M. B. Baillaud.
Nous avons pu obtenir de la petite planète découverte sur un cliché de la
Carte du ciel du 3 mars {Comptes rendus, t. 150, p. 672) 5 positions photo-
graphiques que nous donnons ci-dessous.
Si la recherclie photographic[ue d'une petite planète est souvent plus aisée
que la recherche visuelle, par contre les calculs de réduction auxquels elle
conduit sont iucomparablenient plus longs, et donnent à la métiiode photo-
graphique une infériorité notable sur Fautre. On peut très notablement
réduire ces calculs en prenant soin de donner aussi longtemps que possible
le même centre aux clichés successifs sur la planète. Il suffit alors de réduire
complètement un seul cliché du groupe; et des formules tout à fait simples
et immédiates permettent de calculer les coordonnées rectangulaires
qu'auraient les images de la planète si les clichés où elles se trouvent avaient
les mêmes éléments que le cliché réduit. Ayant ces coordonnées et les élé-
ments du cliché réduit, on calcule les coordonnées polaires par les méthodes
ordinaires. Si le centre commun des clichés du groupe est celui d'un des
clichés du Catalogue photographique, on n'a même plus d'éléments à
calculer, le Catalogue photographique les donne.
Soient A/> hi diflTérence des orietUalions du cliclié de ia })lanèle (I) el du cliché
réduit (II); A-r,, Aji les différences des coordonnées des images de la planète el
d'une étoile voisine sur le cliché I; Ix^. A/, les valeurs qu'auraient ces dilî'érences si
I avait les luémes éléments ({ue II; on a, en supposant que la difTérence des échelles
des deux clichés soit faible.
(<)
Aa-,= A,r,- AAAr,
A>-., = Av, + AAAr,
On prendra, pour déterminer l.i ,. une étoile avant à peu près même ordonnée que la
planète et, pour déterminer A/,, une étoile ayant à peu près même abscisse. \x^ el
Aj, étant alors très petits, il suffira de déterminer une valeur grossièrement appro-
chée de Afr.
SÉANCE DU 27 JUIN I910. 1735
Si la différence des échelles des deux clichés est trop grande ou mal connue, on
iûlerpolera les coordonnées de la planète entre celles de deux étoiles de comparaison.
Si Ax,. AjCj, Aji, Ay^ sont les différences des coordonnées des deux étoiles sur les
deux clichés, AJ,, Af,, At),, Ayij les différences de coordonnées d'une étoile et de la
planète, on a
A;j __ A;, — AAA-o, A-A)o _ Ari, + A6A^|
A.r., A.i'i — 10 A )', Ay, Aj, -\- \b Ao^,
On choisira, pour déterminer Ai^ et Aï)2i deux couples d'étoiles dillérents. l'un de
même ordonnée et l'autre de même abscisse que la planète.
Des 5 clichés que nous avons pu faire sur la planète, les 4 premiers ont
même centre; le second et le cinquième seuls ont été réduits complètement
avec sept étoiles de repère. Les positions tirées des autres clichés ont été
obtenues par l'application des formules (1) (clichés 2340 et 2346) ou (2)
(cliché 2344); de nombreuses vérifications nous ont indiqué que les deux
groupes de formules donnaient des résultats exacts, aux erreurs de mesure
près, mais à condition de ne pas prendre comme étoiles de comparaison
des étoiles trop faibles.
Le cliché 2349 a été réduit par M. G. Demetresco; une pose de ce cliché
avait été prise par M. L. Maneng.
Voici les coordonnées équaloriales déduites pour 1 900,0, qui doivent
remplacer et compléter les coordonnées provisoires publiées à la page G72
de ce Volume :
Numéro
Époi|ucs.
Ascension
du cliché.
(Tem
ps moyen de l'aiis ).
droite.
Déclinaison.
23i0....
1910.
Il III 9
Mars 3 9..50.53
Il m s
8.42.34,92
+ 17. 8 . 5o , 2
10. 18.49
8.42.34,09
-+-17. 8.55,3
10.46. 44
8.42.33,39
+ 17. 8.59,6
23'i2....
Mars 5 10.29.54
8.41.21 , o4
-i-17 . 17 . 6,6
1 0 . 5 1 . 5o
8.41.20,51
+ 17.17. 9,3
■2W, ....
Mars 7 9.55. 7
8.40.14,71
+ 17.24.44,4
I0.25. 2
8.40.14,08
+ 17.24.48,8
10.59.57
8.40. i3,45
+ 17.24.51 ,0
'2UG....
Mars 8 1 3 . 17 .36
8.39.38,96
+ 17.25.57.3
23V9....
Mars 16 10. 19.33
8.36.27,97
8.36.27,41
+ 17.54.13,0
+ 17.54. 17,6
17^6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
MÉCANIQUE. — Etude géométrique de la distribution des machines
à distributeurs séparés. Note de M. L. Letombe, présentée par
M. H. Léauté.
L'emploi de distributeurs séparés commandés mécaniquement se géné-
ralise de plus en plus, non seulement dans les machines à vapeur, mais
encore dans les machines thermiques, en général, les soufflantes et les
compresseurs.
Quelles que soient les dispositions adoptées, il s'agit toujours, dans ces
systèmes de distribution, de transmettre le mouvement alternatif d'un levier
mû par un excentrique ou une came à un ou plusieurs distributeurs, en
passant quelquefois par une série de leviers de renvois intermédiaires.
L'étude de tels modes de distribution avait paru jusqu'ici trop compliqué
pour pouvoir être abordé d'ans toute sa généralité ( ').
Mais tout dépend de la façon dont le problème est posé.
Si nous considérons, par exemple, le cas particulièrement compliqué
d'une machine Cor/iss, à quatre obturateurs commandés par un seul
excentrique, la Géométrie fournit le moyen d'arriver à une solution rigou-
reuse et complète du tracé de la distribution lorsqu'on se donne a priori
l'angle de calage et la course de l'excentrique, les angles d'oscillation et
l'orientation des leviers des obturateurs, la position du plateau intermé-
diaire de renvoi de mouvement et l'orientation des rayons de ce plateau
sur lesquels devront s^e trouver les tourillons de bielles de commande des
obturateurs.
Il ne reste plus, dans ces conditions, qu'à déterminer la longueur des
leviers et des bielles constituant le mécanisme de transmission de mouve-
ment.
Chaque obturateur décrit, dans son mouvement oscillatoire, deux angles
adjacents à double parcours dont un seul est utile, et dont l'autre n'est
(ju'un angle de recouvrement. L'excentrique, de son coté, donne au plaleau
intermédiaire un mouvement oscillatoire qui, pour cliacun des obturateurs,
détermine également deuxang^les adjacents à double parcours, ((ui doivent
correspondre exactement aux angles engendrés par le levier de l'obturateur
considéré.
I Comptes rendus, janviev 1888, Comiminioalion île M. H. 1-éauté.
SÉANCE DU «7 JUIN I910. l-j'i-j
Le problème à résoudre peul alors s'énoncer de la façon suivanle :
Etant données deux paires d'angles adjacents décrits par des leviers orientés
d'une façon quelconque dans un plan ^ déterminer la longueur de ces leviers et
la longueur de leur bielle d'accouplement, de façon quà la double amplitude
de l'un des leviers, corresponde exactement la double amplitude, fixée d'avance,
pour l'autre levier.
Supposons le problème résolu.
Appelons a et (3 les angles adjacents du plateau, y et d ceux de l'obturateur (').
Désignons par OD le levier de l'obturateur, et par PA le rayon du plateau faisant
office de levier.
Considérons les leviers OD et FA lorsqu'ils sont respectivement dirigés suivant les
côtés communs de leurs angles adjacents respectifs. Les positions extrêmes du levier OD
sont OG et OC ; celles du rayon FA, FH et PB. La longueur de la bielle d'accouple-
ment est DA.
Menons les bissectrices des angles oc, ^, y, 0. Ces l)isseclrices se coupent deux à deux
en des points Iv et Iv'.
En joignant le point K à G, D et II, A, et le point K' à D, C et A, B, on détermine
des triangles tels que KGH et KDA qui sont égaux.
En retranchant des angles en K et K' de ces triangles, une partie commune, on voit
que les angles 0K1> et FkA sont égaux entie eux et qu'il en est de même des angles
Dk'O et AIv'P.
Si donc il ne s'agissait ([ue de faire correspondre l'angle a à l'aûgle y, i! suffirait de
choisir, par exemple, OD arbitrairement et de construire les angles égaux OKD et
FKA pour trouver le point A permettant d'achever la construction du quadrilatère
articulé ODAF. Si l'on répèle les mêmes opérations pour les angles ô et p, on troiu era,
par l'intersection des droites KA et K'A, un point qui ne sera pas nécessairement
sur FA et en déplaçant le point D sur OD, le point A décrira un^ lieu géométrique
qui, par son intersection avec PA, donneia le point \ cheirché.
Remarquons que, quelle que soit la position du point; D sur 01), les angles DKA
et DK'A sont toujours respectivement égaux aux angles fixes OKP et OK'F.
Le lieu des points A est donc donné par rintersection de deux des côtés
de deux angles de valeur constante tournant autour de deux points fixes,
lorsque les deux autres côtés sont astreints à se couper suivant une droite.
On sait que, dans ces conditions, la rotation des angles donne naissance à
des faisceaux homographiques et que le lieu cherché est une « conique »,
dont on connaît trois points et les tangentes en deux de ces points. La courbe
se trouvant ainsi déterminée, il reste à trouver son interseclion avec FA.
(') Le lecteur est prié de faire la figure
1738 ACADÉMIE DES SCIENCES.
(".omiiic P lait partie du lieu, il y a toujours une solution el une seule. Les
propriétés de l'hexagone de Pascal pennellent alors de trouver le point
<l intersection A sans tracer la conique el en faisant usage simplement de la
règle et du compas.
Connaissant le point A, on en déduit la longueur PA et par la construc-
tion des angles égaux AKP et DKO, le point D qui fixe les longueurs du
levier OD et de la bielle DA. En répétant la construction pour chacun des
distributeurs, on achève le tracé de la distribution.
Remarquons que les hypothèses faites laissent au constructeur toute lati-
tude dans le choix des phases de la distribution (]u'il veut réaliser.
L'angle de calage de l'excentrique se déduit en effet de 1' « avance à
l'échappement » et du « degré de compression » adoptés. D'autre part, pour
déterminer le mouvement angulaire des obturateurs et l'emplacement du
plateau intermédiaire, il est toujours plus commode de ne se laisser guider
que par des considérations de construction.
La solution est donc générale.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Sur kl propagation (l'une discontinuité sur une
ligne télégraphique munie d'un transmetteur. Note de M. H. Larose.
présentée par M. Jordan.
Il y a intérêt à avoir, sous forme numériquement calculable, l'expression
du courant sur une ligne télégraphique indéfinie provenant de l'application
brusque au départ de la ligne, à partir de l'origine du temps, d'un pôle
d'une pile de force électromotrice constante, l'autre p<Me à la terre et la
pile reliée à la ligne par des appareils; la méthode d'intégration employée
par M. H. Poincaré pour traiter de la période variable avec récepteur
conduit simplement au but; je me propose de le montrer sur un exemple
qui rentre dans les conditions pi-atiques d'exploitation.
Le transmetteur comprend en série une résistance R, une capacité A~',
une self L; la ligne de résistance, capacité et self unitaires p, y. A, s'étend
de a- ^ -H o à + ce; le tout à l'état neutre avant ^ =; o.
Par symétrie, rien ne sera changé sur la ligne réelle si le pôle opposé de
la pile est supposé relié en .r = — o à l'image de la ligne réelle par l'inter-
médiaire d'appareils identiques, la force électromotrice étant doublée.
Nous devons supposer une rupture ou saut brusque d'amplitude ( — i , -f- i )
à la pile pour l'oscillation isochrone e'"', calculer l'amplitude de l'oscillation
SÉANCE DU 27 JUIN I9IO. 1789
isochrone de quantité d'électricité correspondante; d'où pour l'expression
du courant sur la ligne provenant de la rupture permanente (— i, + i) à la
pile à partir de / == o une intégrale définie dans le plan des n, fonction paire
de X, nulle pour /- <[ — et qui pour a- > o, / > - se ramène à
(')
-i-f^^^-ï)f,nf
avec, à un facteur numérique près,
^''■' -^^'^ ~ ./i.-./-)^«/c-.;^'CU.;^+.(.-.;)^ =2;;'«./"-
a, è, c proportionnels à R, A, L; l'intégrale étant prise dans le sens direct
sur un cercle de rayon très grand et les notations de ma Note précédente
( Vomptes rendus, p. i4i8) étant conservées, sauf qu'iciy = — '•
Le courant est donc proportionnel à
(3) . ^v„„-.,--«j„(/z); z=y/(^^y_^i-y.
J'appellerai f{j) la fonction génératrice du courant.
Le potentiel (fonction impaire de a;) aura pour fonction génératrice
Si L n'est pas nul, a^ est nul ; donc avec une self finie au départ, le poten-
tiel et le courant seront continus au front de l'onde.
La courbe du courant pour a; = X, X constant, temps en abscisse, par-
tira de zéro pour / = — avec un coefficient angulaire fini proportionnel
à e "■; la courbe du courant pour ^=T, T constant, x en abscisse, aura
une ordonnée nulle pour x =: vT — o, avec un coefficient angulaire fini
_ ï
proportionnel à — e ' .
Il y a rupture au front de l'onde pour les coefficients angulaires des
courbes X de courant, T de potentiel, T de courant et X de potentiel
(courant de déplacement), les fonctions génératrices correspondantes étant
respectivement
'^/(')- '~fn.r.. ^/./i.
c. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 26.) . 227
I^^O ACADÉMIE DES SCIENCES.
Au contraire avec L = o la rupture aura lieu pour le potentiel et le cou-
rant, comme en l'absence de transmetteur.
Je suppose dans ce qui suit L = o.
Si R est nul, A très grand, de même ordre que la force de la pile, on
retombe sur l'expression connue du courant correspondant à la communi-
cation au départ à l'origine du temps d'une cbarge instantanée; si A est
fini, la suite (3) a un nombre infini de termes.
Soit maintenant R fini, la suite (3) a un nombre infini de termes, sauf
dans deux cas particuliers remarquables pour l'un et l'autre desquels on a
j'appelle i/- résistance d'absorption.
I" Avec une résistance d'absorption, si la constante de temps de la résis-
tance et du condensateur en série est égal à t, le courant et le potentiel
seront respectivement proportionnels à
e ■'[J„(/Z) + 2Çr->Ji((Zj-t-;;^i-U,(/Z)];
pour la ([uanlité d'électricité qui aura traversé x de <» à /,
rt„=iO. f/|^ri, f7„ ^= 2 («--2).
2° Avec une résistance d'absorption et pas de condensateur (A =o), le
courant sera proportionnel à
r'[j„(r/.)-f-ç/-'.i,(/Z)i,
et l'on aura respectivement pour le potentiel et la quantité d'électricité
cr|>=:i, (7,= 3, «„ =r 4 («_2),
«„ ^r o, «„ =: 2 « — I («il).
RADlOACTi\ ITÉ. — Sur le poids atomique de réninnatioji du radium.
Note de M. A. Debierxe, présentée par M. G. Lippmann.
Des recbercbes assez nombreuses ont été effectuées dans le but de déter-
miner la grandeur moléculaire de l'émanation du radium ; mais les méthodes
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1741
qui ont été employées jusqu'à présent ne pouvaient pas conduire à fies
résultats très certains, et les nombres obtenus furent très différents les uns
des autres.
La méthode que j'ai utilisée est plus sûre; c'est une modilication de l'an-
cienne méthode de Bunsen pour la détermination de la densité des gaz,
basée sur la comparaison des ^atesses d'écoulement des différents gaz à
travers un petit trou percé dans une paroi mince. Dans la méthode de
Bunsen on détermine généralement les durées d'écoulement de volumes
égaux des différents gaz, à l'état pur, à la même température, et entre les
mêmes limites de pression ; il est alors inutile de connaître la loi de variation
de la vitesse d'écoulement du gaz pendant l'expérience. Il serait extrême-
ment difficile de procéder ainsi avec l'émanation du radium, et j'ai dû réa-
liser des conditions dans lesquelles l'écoulement du gaz s'effectue suivant
une loi bien déterminée qui n'est pas modifiée par la présence d'un gaz
étranger. Il a suffi pour cela d'opérer sur des gaz à très faible pression (en-
viron -pj-^ de millimètre de mercure), et de provoquer le passage du gaz d'un
réservoir où les pressions très faibles pouvaient être mesurées, à un autre
réservoir où la pression restait sensiblement nulle.
l-,'a|3pareil utilisé était constitué par deux récipients de verre séparés par une lame
de platine très mince (~jf de millimètre d'épaisseur), percée d'un très petit trou. Le
premier récipient avait 45*^'"' de ca[>acité et constituait une jauge de Mac Leod, per-
mettant de mesurer les faibles pressions avec une précision assez grande ; l'autre
réservoir était un gros ballon ayant un volume 4o fois plus grand que celui de la jauge.
La communication entre Jes deux récipients pouvait être complètement interceptée
par un robinet à large voie placé contre la lame de platine.
t)ifrérents gaz. purs ont été d'abord étudiés. Le gaz était introduit dans le réservoir
jauge et un vide complet était fait dans le grand réservoir. On déterminait la pression
du gaz avec la jauge, puis on étalilissait la communication entre les deux réservoirs;
une pompe Gœde fonctionnant continuellement maintenait le vide dans le grand
réservoir. Après un intervalle de temps déterminé, on interrompait la communication
et l'on mesurait la pression dans le petit réservoir. On rétablissait ensuite la commu-
nication pour laisser écouler une nouvelle quantité de gaz, et ainsi de suite. Dans ces
expériences, la loi de variation de la pression en fonction de la durée de l'écoulement
du gaz peut être représentée très exactement par une exponentielle simple/» =/^(ie~l'-',
la pression avant varié depuis o""", 2 jusqu'à o^^jOO'i de mercure, et la pression,
mesurée à la jauge, dans le grand réservoir, ayant été constamment inférieuie
à o""",oooo5 de mercure.
Le coefficient ;jl caractérise la vitesse d'écoulement du gaz; il a été déterminé jjour
différents gaz à la même température. Il est inversement proportionnel à la racine
orrée de la densité du gaz. Les coefficients obtenus dans une série d'expériences ont
été les suivants: O* — o, 29'? ; CO^ — 0,248; SO'^ — 0,207: argon — 0,2.59; ' étant
1742 ACADÉMIE DES SCIENCES.
niesiiré en minutes. Les poids moléculaires calculés en comparant les différents coeffi-
cients à celui de l'oxygène sont : GO- — 4,5 au lieu de 44, SO- — 63,8 au lieu de 64,06,
argon 4o,5 au lieu de 89,9.
On voit que, dans ces expériences, l'on peut comparer l'argon qui est monalomique
à l'oxygène qui est diatomique.
Celte méthode peut être très utile pour déterminer facilenienl la densité
d'un f^az, en employant une très petite quantité du gaz. Il suffit, en eflct,
de 1'"™' de gaz à la pression atmospliérique, pour faire une mesure dans des
conditions assez bonnes.
J'ai recherché ensuite si dans un mélange de deux gaz, chaque gaz s'écoule comme
s'il était seul, ou bien si le mélange se comporte comme un gaz pur de densité inter-
médiaire entre les densités des deu\ gaz. Dans le premier cas la loi de l'écoulement
doit être rejirésentée par l'équation
/j — /?„ [Ke-!^.'-i-(i — K)e-l^.'],
u, étant le coefficient du premier gaz et p-j celui du deuxième gaz; K étant la fraction
du premier' gaz contenu initialement dans le mélange. Dans le second cas on doit avoir
P = /'o ^ " ^' )
fx correspondant à un gaz pur ayant une densité égale à celle du mélange gazeux. J'ai
opéré sur un mélange formé de volumes égaux de O- et de SO' et j'ai pu constater un
bon accord avec la ])remière loi. Oji peut donc admettre qu'aux très basses pressions
et pour un écoulement qui n'est pas très rapide, chaque gaz passe à travers un petit
orifice comme s'il était seul.
Pour opérer avec l'émanatioii du radium, on élimine d'abord la plus
grande partie des gaz étrangers qui l'accompagnent et on l'introduit ensuite
dans le petit réservoir jauge. On laisse s'établir l'équilibre radioactif et l'on
mesure l'intensité du rayonnement pénétrant émis par ce réservoir à l'aide
d'un condensateur cylindrique qui l'entoure complètement. On établit eu-
suite la communication avec le grand réservoir pendant un temps déterminé,
puis on laisse s'établir l'équilibre radioactif et l'on mesure de nouveau le
rayonnement pénétrant du petit réservoir ; les mêmes opérations sont ensuite
répétées plusieurs fois. J'ai pu ainsi constater, en tenant compte de la des-
truction spontanée de l'émanation, que la loi d'écoulement de l'émanation
à travers le petit orifice est représentée aussi par une exponentielle simjiie.
La présence des gaz étrangers n'apporte aucune altération à celle loi ipii
s'est trouvée vérifiée avec une grande exactitude, la pression totale des gaz
ayant varié depuis o""", 002 jusqu'à o""",o3, et la proportion d'émanation
dans ces mélanges complexes ayant varié depuis o, ) pour 100 jusqu'à -20
SÉANCE DU 27 JUIN 19IO. 1743
pour 100 environ. Si Ton compare le coefficient a de rémanation à celui de
roxvyèiie ou de l'argon, on trouve pour le poids moléculaire de l'émanation
un nombre voisin de 220. Les écarts entre les difï'érentes mesures étant de
2 ou 3 pour 100. Si Ton admet que l'émanation est un gaz monatomique, ce
nombre représente en même temps son poids atomique. Il est en remar-
quable accord avec celui qui peut être déduit de la théorie des transforma-
tions radioactives. Le radium de poids atomique 22(),5, se transformant en
émanation avec émission d'une particule a, c'est-à-dire départ d'un atome
d'hélium de poids atomique '1, le poids atomique de l'émanation doit être
d'après cette théorie 222,0.
SPKCTROSCOPIE. — Sur la durée de rémission de raies spectrales
par les vapeurs lumineuses dans l'étincelle électrique. Noie
de M. G. -A. Hemsai.ecii, présentée par M. Lippmann.
On sait que, dans une étincelle éclatant entre électrodes métalliques, de
la vapeur lumineuse est projetée dans l'espace voisin et y perd au bout
d'un certain temps son pouvoir d'émettre des raies spectrales.
.Te me suis proposé de déterminer les durées relatives de ce pouvoir
d'émission des vapeurs pour les différentes raies qui constituent son
spectre.
La méthode employée était celle du courant, d'air, déjà décrite dans une
Note antérieure (' ); mais |)our la présente étude il était nécessaire de sup-
primer toutes les oscillations, sauf la première, de sorte que la vapeur
produite par celle-ci pouvait se refroidir d'une façon normale sans être
iniluencée par l'énergie des oscillations suivantes.
Les électrodes coiistiluées du métal à éludiei' sont fixées dans l'appareil à coiiianl
d'air (^) à la place des fils de platine. L'étincelle est produite par la décharge d'un
condensateur à plaques (capacité ma\. : 0,013. microfarad) à travers une bobine de
self-induction (o,oi25 lienry) dans laquelle on peut introduire un cylindre en tôle de
f^r pour la suppression des oscillations (^). Le condensateur est en dérivation sur le
secondaire d'un transformateur au légimede résonance et donne environ i5 étincelles
par seconde.
Un courant d'air de vitesse constante, diiigé'sur l'étincelle obtenue dans les condi-
tions énnmérées, met en évidence les dillérenles parties dont elle est constituée, à
(') IIkmsalech, Comptes rendus, t. CXLI, 1900, p. 1227.
( - ) Hkmsalech, Comptes rendus, t. CXL, 1900, p. iio3.
( ■') Hkmsalech, Comptes rendus, t. CXL, 1905, p. iSsa.
I
1744 ACADÉMIE DES SCIENCES.
savoir: la (lécharp:e initiale, la première oscillation et la traînée de vapenr métalliqne
produite par celle dernière. L'étincelle ainsi décomposée est projetée sur la fente d'un
spectrographe; on dispose l'appareil de telle façon que la direction du courant d'air
est parallèle à la fente el que cette dernière forme la bissectrice de la traînée de vapeur
métallique.
Sur les spectrogrammes obtenus de cette manière, la position de la décharge initiale
est indiquée par le spectre de lignes de l'air; ce spectre est généralement très mince
et il sert comme ligne de repère dans les mesures. En dessous de ce spectre, on en
aperçoit un autre plus large dû à la première oscillation et constitué par les bandes
négatives de l'azote.
Enfin on observe un troisième spectre dont toutes les raies prennent naissance jjrès
du spectre de la décharge initiale et forment une série de lignes plus ou moins longues :
ce sont les raies émises par la vapeur métallique; leurs longueurs correspondent à la
durée de luminosité de celle dernière.
La mesure des longueurs dos raies s'ellectue au moyen d'un réseau à
lignes parallèles etéquidistantes et qu'on applique sur les speclrogrammes.
Ce réseau est calibré à l'aide d'une photographie sur laquelle on a obtenu
les spectres de toutes les oscillations de l'étincelle et dont la fréquence a été
déterminée par la méthode de la pellicule mobile ( ' ).
L'application du réseau sur cette photographie permet d'évaluer les distances entre
les lignes parallèles en termes de micro-secondes. Comme il a été dit plus haut, le
spectre de la décharge initiale est pris comme ligne de repère pour les mesuies, c'est-
à-dire on suppose que l'émission des raies métalliques coïncide avec la ilécharge
initiale. Or sur les photographies obtenues sur pellicule mobile, on constate que la
vapeur métallique est projetée des électrodes environ lo micro-secondes après le trait
de feu. Mais pour le cas spécial de l'étincelle souftlée, il n'a pas été possible de mettre
en évidence une séparation certaine entre le point d'oiigine de la décharge initiale et
celui de la vapeur; aussi je n'ai pas tenu compte de cette correction dans mes me-
sures. L'erreur introduite par suite du défaut d'achromatisme des lentilles a pu être
évaluée expérimentalement et la correction appliquée aux nombres obtenus. Des er-
leurs ont pu être commises dans l'estimation du point exact de la lin d'une raie, parce
f[ue l'extinction se fait lentement, la raie devenant de plus en plus faible. Les résultats
peuvent, en outre, être influencés par le temps de pose el les variations de l'action
actinique des différentes régions du spectre.
A l'aide de cette méthode j'ai déterminé les durées relatives de près de
200 raies du spectre du fer. Pour la plupart des raies, ces durées setiiblent
être proportionnelles aux intensités, c'est-à-dire les raies les plus fortes
donnent généralement les durées les plus longues et lice versa; il y a cepen-
dant certaines raies pour lesquelles les durées sont plus grandes ou plus
( ') Hkmsalech, Conipli's rendus, t. CXWll, 1901, p. 917.
SÉANCE DU 27 JUIN I910. 1745
petites que leurs intensités font supposer. Le Tableau suivant contient les
durées relatives de quelques raies du fer pour différentes capacités. Toutes
les photographies ayant sei'vi aux mesures ont été obtenues avec le même
temps de pose, la même longueur d'étincelle (2""", S ) et la même vitesse de
courant d'air, de sorte que les nombres obtenus sont parfaitement compa-
l'ables entre eux.
Durées en micro-secondes.
Capacité
Longueurs d'onde Intensités (KOUl'i 0,Ulia IJ,U04G 0,012
{ Kayser et Runge). relatives. infd. mfd. mfd. mfd.
363 1,62 7 63 95 i3o i85
3647,99 7 63 97 iS; 186
3705,70 5 74 io5 145 198
3709.37 5 67 99 j39 1S9
8763,90 7 78 107 162 2û6
876.5,66 3 4o'? 59 95 i35
38o5,47 3 » 57 90 182
3820,56 10 go 180 i83 241
4oo5,38 8 7.5 106 i5o ig8
4045,90 10 102 i44 201 272
4o63,63 9 92 i34 188 245
4071,79.... g 89 iSi i84 236
4271,62 9 100 i3i 192 24l
4307,96. 9 94 i3i 190 243
4825, ga 9 94 i3i lyo 249
4888,70 10 J09 160 212 282
44o4;88 , 9 99 187 193 246
44'5,27 8 84 116 176 210
4422,67 2 » 61 c)9 i32
4871,84 8 5i 84 i"i2 106
4937,62 10 63 93 i3o 172
Comme on pouvait s'y attendre, la durée de toutes les raies est prolongée
avec l'augmentation de la capacité.
L'augmentation de la longueur de l'étincelle, ce qui équivaut à l'accrois-
sement de la dillérence de potentiel, a également pour effet de prolonger la
durée de toutes les raies ; ainsi la raie À 4o45,go donne pour des distances
explosives de i'"™, 5, 2™"', 5 et 3°'"', 5 des durées de 9/4, i44 et 160 micro-
secondes (capacité : o,oo23 mfd). Il résulte de ce qui précède que les
nombres que j'ai obtenus indiquent seulement l'ordre de grandeur des durées
des raies. Mais ces nombres considérés comme durées relatives des différentes
raies me semblent représenter des données plus précises à établir que les
intensités relatives de ces mêmes raies.
l'j/tô ACADÉMIE DES SCIENCES.
ACOUSTï' I . — Inscription photographique des vibrations d'un diapason.
Note <ii- V[M. Gabriel Sizes et G. Massol, présentée par M. J. Violle.
L'étud Sur la multiplicité des sons émis par les diapasons el pailicii-
lièremenl Sur les harmoniques graves ('), faite à l'aide d'un fd niclallif|iie,
jouant le rôle d'amplificateur de vibrations et pouvant s'appliquer à l'étude
de tous les corps vibrants affectés en même temps d'un mouvement d'ensemble
à peu près quelconque, pouvait faire l'objet de certaines restrictions. JNous
nous sommes proposé de démontrer que le fil métallique n'avait pas de
mouvements propres, susceptibles de modifier sensiblement les vibrations
des corps sonores.
A cet effet, sur le conseil de M. Yiolle, nous avons eu recours à la méthode
optique.
A rexlrémité de l'une des brandies du diapason //<o, déjà étudié, nous avons li\é un
petit miroir très léger, dont le poids était compensé à l'extrémité de l'autre branche;
un rayon lumineux (soleil ou lumière électrique), réfléchi par ce miroir, tombe sur un
objectif à grande ouverture. Une feuille de papier extra-sensible remplace le papier
enfermé sur le cylindre inscripleur, lequel se déplace devant l'objectif, à volonté, à
l'aide d'un dispositif très simple.
Nous avons fait vibrer le diapason de la même manière, au moyen d'un archet de
contre-basse. Mais, pour ne pas déplacer la mise au point du rayon lumineux dans
l'objectif, nous avons dû limiter les expériences aux précautions nécessaires.
Nous avons particulièrement étudié les vibrations /;«/-rt//e/pi' aux plans des
deux branches du diapason ; les vibrations perpendiculaires à ce plan et les
vibrations tournantes, obtenues en excitant l'angle d'une des brandies du
diapason.
Nous avons obtenu ainsi des résultats identiques à ceux obtenus au moyen
du fil métallique; nous avons cherché de préférence les grandes amplitudes
afin de démontrer qu'elles n'étaient pas dues à des mouvements propres du
fil.
Comme confirmation, nous avons adapté une parcelle de miroir à l'extré-
mité d'un fil, disposé comme il a été dit antérieurement, et nous avons
photographié ses vibrations; malgré la difficulté que nous avons eue de
(') Comptes rendus, t. CXLV, 1907, p. 872; t. CXLVI, 1908, p. aô; t. CXLVllI,
1909, p. i3i8.
SÉANCE DU 37 JUIN 19IO. 1 747
maintenir son extrémité libre dans l'axe de l'objectif, nous avons o))tenu
des courbes de grandes amplitudes qui confirment les résultats précédents.
Chaque nouvelle série d'expériences nous ayant donné quelques résultats
nouveaux, en sus des confirmations des résultats antérieurs, voici la série
d'harmoniques obtenue par cette nouvelle méthode expérimentale; dans
l'ordre adopté : i" noms des sons ; 2° nombres de vibrations; 3° ordre des
harmoniques et rapport à la fondamentale de l'échelle générale :
\ (A'-7)
"/-5
/"-.,
ut-:.
/ni
4
ni^
3 '»'!
3 ■''"'-3
Ut -2
«i_,
niiL^
.«^i i<'_i
, iO
1"
pi
2^
2"
1
4"
4''3
7
8>-
16'
78' =
7s' 3o'
1 ( . )
3
4
6
1
12
• 4
2t
24
48
56
84 90
\ ul.
1 ré^
si^
Sl'o
ul,
sol.
sol\
la^
M
Kl;
^^ 1
S2r
' 36'
56"
60"
64'-
192-
200'
214'
36o'
5r2''
56o' 1
' 96
) 108
.68
180
192
576
600
64 0
1080
i5o6
1680 ]
Malgré la présence de dix sons nouveaux dans ce Tableau, dont deux
inférieurs au son prédominant, mii,^ et «'_,, un seul s'est véritablement
inscrit pour la première fois, c'est /a^ ; tous les autres ne sont en réalité
(pie des octaves inférieures ou supérieures de sons déjà publiés. Ce diapa-
son «/„ nous a fourni jusqu'à ce jour un ensemble de 64 sons différents.
La simultanéité des deux sortes de vibrations transversales et des vibra-
lions tournantes est la cause de particularités curieuses qui feront l'objet
d'une prochaine Note.
PHYSIQUE. — Sur l'émission des gaz. Note de M. Edmo.xd Bauer,
présentée par M. J. Violle.
l . Dans son Rapport sur V Emission des gaz, présenté au Congrès de Phv-
sique de 1900 ( ' ), M. Pringsheim énonce la loi générale suivante : « Pour les
températures que jusqu'ici on a pu atteindre expérimentalement, aucun gaz
n'émet de lui-même un spectre de raies. Cela n'a lieu que sous l'action de
phénomènes particuliers (chimiques, électriques) (-). » L'émission d'un
spectre de raies n'est donc jamais un phénomène pitremenl thermique, mais
un effet de luminescence .
(') HiiixjSHEiii, Bap/jorls présentés au Congrès international de Physique (1900),
l. II. p. 100.
( ■) Loc. cit., p. 127.
C. R., 1910, I' Semestre. (T. 150, N" 26.) 228
V'..
1748 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Pour élablir celle loi, M. Piiiigslieiiii se fonde sur une expérience célèbre
dont voici les traits essentiels :
Un sel de sodium (carbonate) est placé dans un lube de porcelaine non vernie,
rempli d'hydrogène, chaufl'é au rouge. Les bouts sont refroidis et fermés par des glaces.
Les raies D apparaissent dans les spectres d'absorption et d'émission. « S'il s'agit d'un
raj'onnement calorifique proprement dit, l'aspect lumineux, dans le lube doit rester
invariable quand an interrompt brus(|ueniient la réduction (du sel jiar l'hYdrogène), car
la vapeur métallique doit émettre de la lumière... jusqu'à ce f|u'elle ait distillé vers
l'extrémité froide du lube à l'e.vlérieur du foui'.
X Si, au conlraire, le phénomène lumineux a pour cause les réactions chimiques
mêmes, il doit disparaître dès que la réaction chimique cesse....
» Une nacelle de nickel contenant le sel à léduire pouvait être déplacée à l'intérieur
du lube fermé au moyen d'un aimant extérieur; on pouvait ainsi l'introduire dans la
partie chautt'ée au rouge ou bien la faire passer à l'extrémité la plus froide du tube.
>i Ces expériences montrèrent que, dès qu'on retirait le sel de la partie portée au
rouge, l'absorption et l'émission du sodium (et du lithium), dans une atmosphère
d'hydrogène cessaient ('). )>
2. Mes recherches sur le rayonnement des llamnies ( - ) ont montré qu'aux
erreurs d'expérience près, la loi de Kirchhotl' est applicable (juantitative-
menl à l'émission de la raie D et des autres raies métalliques. La lumines-
cence n'a donc pas d''elï'et appréciable.
Il restait à trouver une explication des phénomènes observés par Print;-
sheim.
Guidé par les belles recherches de Wood sur la vapeur de sodium, j'ai
refait les expériences de Pringsheim, d'abord en me plaçant dans des con-
ditions aussi voisines que possible des siennes, puis en remplaçant le lube
en porcelaine de Berlin non vernie par un tube de fei'.
Toutes les expériences ont été faites vers 1000", dans l'hydrogène pur et sec. On
observait le spectre d'absorption, plus sensible que le spectre d'émission.
Les diirérences essentielles de mon dispositif et de celui du savant allemand sont les
suivantes :
1° Mon tube était chauflé dans un grand four électrique Heraeus de 60"" de long,
au lieu d'un fourneau à gaz.
2° Le fer formant écran magnétique, au lieu de me servir d'un aiiuanl, j ai déplacé
la nacelle contenanl le carbonate de sodium à l'aide de lils de nickel, glissant à frol-
lement doux dans de petits tubes de caoutchouc placés à l'extrémité froide du tube
chaullé et serrés par des pinces de Mohr.
(' ) Loc. cil., p. 12.). — Cf. I",. l'iiiNfisiiKiJi, ]\ ieiL Anit., t. \L\ , p. !\'ii, 1892.
(-) Comptes rendus, t. CVLVIl, 190S, p. 1097; t. GXLVIII, 1909, p. 908; Le
lliidiiim, 1909.
SÉANCE DU 27 JUIN I910. 1749
3. Dans le tube de porcelaine, j'ai retrouvé exactement les phénomènes
observés par Pringsheiin. Dès que la nacelle était ramenée vers la partie
froide du tube, les raies D disparaissaient dans le spectre d'absorption.
( lette disparition, cependant, n'était pas absolument instantanée; elle se
faisait dans un temps difficilement mesurable, mais de l'ordre d'une frac-
tion de seconde.
Dans le tube de fer, au contraire, rien n'était changé à l'aspect au spec-
Iroscope; lorsque la nacelle passait à l'extrémité froide du tube, les raies D
s'ell'acaient très lentement. I']lles étaient encore nettement visibles après
plus d'une heure. La disparition était plus rapide dans un courant d'hydro-
gène, mais n'était jamais absolument totale.
Les expériences suivantes sont plus probantes encore.
1" On introduit la nacelle dans une région du tube qui n'est chauffée qu'au
rouge sombre. Les raies D apparaissent, mais peu intenses. On fait-revenir
la nacelle à l'extrémité froide du tube, et en même temps on envoie un cou-
rant d'hydrogène qui ramène les vapeurs formées vers la région la plus
chaude. Au bout de quehjues instants l'intensité des raiesD augmente d'une
façon considérable.
2° Si l'on fait glisser dans la partie chaude du tube de fer une plaque de
porcelaine non vernie, l'intensité des raies D diminue bien plus rapidement.
11 semble donc que, dans l'expérience de Pringsheim, les raies du spectre
disparaissent, non pas lorsque les effets de réduction cessent, mais lorsque
la paroi de porcelaine a absorbé toute la vapeur de sodium présente dans le
tube. Le phénomène essentiel est donc une diffusion vers la paroi absorbante.
4. Il reste à démontrer que cette explication rend bien compte de la
rapidité avec laquelle les raies disparaissent. Au point de vue mathématique
le problème de la diffusion d'un gaz dans un tube cylindrique est identique
à celui de la conductibilité calorifique dans un cylindre solide, qui a été
résolu par Fourier ( ' ).
Pour exprimer que l'absorption par la paroi est complète, il suffit de sup-
poser que la conductibilité extérieure est infinie. Pour simplifier, on peut
admettre de plus qu'à l'origine du temps, la concentration de la vapeur de
sodium est uniforme dans tout le tube ; c'est d'ailleurs l'hypothèse la plus
défavorable. En première approximation, pour un temps assez long, et en
faisant sur lé temps une erreur par excès, on peut écrire pour le centre
(') FoL'RiER, OEmres, p. 332 et suiv.
17;>0 ACADEMIE DES SCIENCES,
du liibe :
G el Ço étant les concentrations au temps t et zéro; K étant le rayon du tube, k le
coefficient de difl'usion de la vapeur dans l'hydrogène, «o la première racine positive
de la fonction J„ de Bessel, dont la valeur est 2,40.5. R était égal à i'''",5.
Le coefficienl, de difTusion des différents gaz dans Tliydrogène est à o",
de 0,6 à o,'^ C. G. S. Il croit suivant une puissance de la température absolue
variable de 1,75 à 2.
¥a\ adoptant les valeurs les plus défavorables, on trouve
«
/li-S '-,'■■' cni-
K = 0,6 X — ^ =9
\ 27a / sec
C I
Si Ton fait ■—- = ' on trouve
< .,, 1 000
/ = 0,18 sec.
PHYSIQUE. — Sur les rayons du potassium. Note de M. E. He.vriot,
présentée par M. .1. Violle.
J'ai décrit précédemment quelques expériences mettant en évidence le
fait que le rayonnement d'un sel de potassium constitue une propriété nor-
male de ce composé. MM. Elster et Geitel ('), dans un travail récent, ont
confirmé ce premier point et ont montré que les fractionnements les plus
prolongés n'amènent aucune modilicalion dans le rayonnement d'un sel,
ainsi que nous l'indiquions, M. Vavon et moi, dans les Comptes rendus du
5 juillet 1909.
La question de savoir si le rayonnement est une propriété atomique a
été abordée successivement par M. (lampbell et Me Lennan qui sont arrivés
à des conclusions opposées.
Je me suis moi-même occupé de la question, el les résultais de mon étude
feront l'objet de cette Note.
La divergence entre les résultats de Campbell et de Me Lennan doit être vraisem-
blablement attribuée à une erreur de technique du second, el les expériences dont je
vais donner le résultat sont toutes en faveur de ce fait, que le rayonnement du potas-
sium est une propriété atomique.
(') Elster et Geitkl, Phrsikalischc Zeilschrift, t. Il, 1910, p. 2-5-28.0.
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. l'jSl
Je me suis assuré d'abord qu'il existe une proportionnalité assez exacte
entre l'activité d'un sel et sa teneur en métal. Voici quelques nombres
relatifs à des sels chimiquement purs du commerce :
Bappoil :
Tencui' lenetir
Sel. pfuii- 1011. \ctivilc. aclivilr'
SO*K^ ',4,91 37,8 118
RI '^Sj^S 21,0 ri2
KBr 02,87 27,8 C18
KCI .52,48 42,2 124
KF ()7,32 .54,0 123
CIO'K '-8,91 23, .5 MO
AzO'K 38,69 3o,6 126
Les légères variations du rapport viennent probablement d'une absorp-
tion différente des rayons par la matière rayonnante quand on passe d'un
sel à l'autre, et de ce fait que quelques-uns des corps étudiés sont assez
déliquescents. Néanmoins, la vérilication est assez concluante.
Lorsqu'un phénomène est atomique, son intensité est indépendante de la
température. Je me suis rendu compte, entre i4° et i/jo", que le rayonne-
ment qui nous occupe présente ce critérium d'atomicité.
De plus, quand on passe d'un sel à l'autre, le rayonnement garde la
même nature et la même puissance de pénétration. Voici quelques
nombres ( ') exprimant l'absorption par des feuilles d'étain, que je rappelle
ici pour mettre ce fait en évidence :
Poids d'écran par centimètre
caiTo o 0,0109 0,0222 0,0337 0,0074 0,0811 0,117
D . • i SO'K-... 1 0,75 0,60 0,4s o,36 0,26 o,i(>
Kavoiis iran'-inis ' >/ ; 71 > , ,
KCI 1 o,7.> 0,63 0,49 0,34 0,27
o, 13
J'ajouterai, à l'appui de cette manière de voir, qu'actuellement on ne
connaît pas de phénomène non atomique manifestant des électrons de
vitesses aussi considérables que ceux du phénomène qui nous occupe.
J'ai effectué, en outre, des expériences dont le résultat met en évidence
la spontanéité du rayonnement. Sur ce dernier point, le fait que quelques
expériences de MM. Elster et Geitel ont été effectuées dans les mines de
carnallite même est particulièrement concluant.
(') IIe>riot, Le Hadiiini, février 1910.
1732 ACADEMIE DES SCIENCES.
CHIMIE PHYSIQUE. — Action de l' hydrogène sur le chlorure de soufre et sur
h' chlorure de thionyle^ sous l'influence de l effluve électrique. Note de
MM. A. Besso.v el L. Fourxieu, présentée par M. Troosl.
Chlorure de soufre : S^Cl^ — Si l'on dirige à travers un appareil à
effluves, de Thydrogène entraînant des vapeurs de chlorure de soufre S'^Cl",
on voit apparaître bientôt sur les armatures un dépôt ayant l'apparence du
soufre; il présente l'inconvénient de former des plages autour desquelles
éclatent de petites étincelles, ce qui est une cause de rupture des appareils;
pour éviter cet inconvénient, on est amené à augmenter le déhil en S'-Cl-
qui, en se condensant, dissout le soufre mis en liberté.
Le lif|uide condensé est jaune clair et est formé exclusivement de chlorure S^CI-
lenanl du soufre en dissolution; la réduction de S^CI- par H est donc totale. La vola-
tilisation de S'Cl' se faisait dans un flacon de Durand chaude au bain de valvoline,
à i5o°, au début de l'expérience (S-CI^ bout vers i36"), à ijo" vers la fin; nous avons
constaté que ce llacon renfermait après l'expérience, prolongée pendant plusieurs
jours, un li(|uide épais, noir foncé, qui renfermait également du soufre en dissolution
dans S-CI'' (bien qu'on fut parti de S'Cl- bien pur).
Il résulte de là «jue riiydrogène avait décomposé le chlorure de soufre,
à i;>o*'-i7o" avec mise en liberté de soufre; ce fait, ainsi que celui que nous
avons observé dans le fractionnement de produits renfermant S" Cl% a attiré
notre attention sur la stabilité de S^(U- sous l'action de la chaleur. Ce corps
est considéré comme très stable (Dammer, t. I, p. ÔSp). Nous avons soumis
du chlorure de soufre, préalablement distillé sur du soufre, à une simple
distillation au bain de valvoline, et nous avons constaté que, dans ces
conditions, il passait à température fixe(-i- i37'^,5 corrigé sur 760'"'"); mais
si l'on emploie un appareil de fractionnement tel qu'un ballon deLadenburg
(ballon à long col, d'une vingtaine de centimètres de long, portant trois
renflements), la température du bain de valvoline devait être portée
à 178"- 180" pour permettre la distillation; le liquide distillé, au lieu d'être
jaune orangé, est rougeàtre et des fractionnements successifs donnent des
têtes de distillation dont le point d'ébullition s'al)aisse progressivement
jusqu'à atteindre -^6^"^ température d'ébullition du bichlorure S C!-; il y
a donc décomposition partielle à ces températures peu supérieures au point
d'ébullition, en S Cl" et S ; c'est un fait dont il faut tenir compte toutes les fois
qu'on a à fractionner un liquide pouvant renfermer du chlorure de sodium.
11 faut remarquer que cette décomposition : S-C^ll'- =^ S("l- + S, est déjà
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. lySS
sensible quand on distille S- CP à la pression atmosphérique, même en se
plaçant dans les conditions les plus favorables pour l'évacuation des vapeurs
et éviter la surchauffe (cornue à large col plongée dans un bain de valvoline,
écran protégeant la partie supérieure de la cornue contre le refroidissement).
Le chlorure déjà rectifié sur S distille en donnant un liquide orangé et un
léger résidu noirâtre renfermant du soufre ; ce même produit distillé sous
vide (iS""") commence à passer à la distillation vers 3o° en donnant un
liquide fortement coloré en rouge, renfermant une forte proportion de SC1-;
puis la température d'ébul'ition s'élève et se fixe à 59"-'6o° sous i S"""" en
donnant un distillât de couleur jaune d'or; à vrai dire, la composition du
produit distillé à la pression atmosphérique et de celui distillé sous le vide
est sensiblement la même. Nous noierons encore que la grande volatilité du
chlorure de soufre sous pression réduite rend son ébullition difficile, et il faut
chauffer énergiquemenl le bain de valvoline pour obtenir lébullition cfl'ec-
tive du chlorure de soufre, faule de quoi il distille activement par évapora-
tion, sans ébullition.
Chlorure de thionyle, S0C1-.
L'action réductrice énergique qu'exerce H vis-à-vis des chlorures sous
l'influence de l'eftluve électrique, avec, parfois, fornialion de corps peu
stables sous l'action de la chaleur (P-Ci'), pouvait faire espérer, qu'en
opérant sur SOCl^, on pourrait isoler le radical thionyle ou un de ses pro-
duits de condensation; cet espoir a été déçu, comme il l'a été lorsque l'un
de nous a autrefois tenté d'isoler ce radical, par un procédé purement chi-
mique (action de Hg sur SOBr- ) ( ' ).
Les vapeurs de S( )C1^ entraînées par un courant de H pur et sec dans les
appareils à eflluves en activité donnent aussitôt naissance sur les arma-
tures à un dépôt ayant l'apparence du soufre, qui contrarie le fonction-
nement normal des appareils; pour éviter cet inconvénient, on augmente
le débit de SOCl- dont l'excès dissout le dépôt formé. Le liquide jaune
clair condensé, débarrassé par distillation de l'excès de SO Cl-, laisse un
résidu noirâtre visqueux que la distillation sous vide sépare en S'Cl- et S.
Quant aux gaz issus de l'appareil à eflluves, énergiquement refroidis par
de la neige carbonique, ils abandonnent un liquide incolore qui n'est autre
que SO- liquéfié, et il se dégage H Cl; si l'on fait abstraction de la produc-
tion de S, la réaction peut se formuler :
iSO'C12+6H = S-^Cl^ -h 2 SO-^ -h 6 H Cl;
1 ') A. Besson, Comptes rendus, lu février 1896.
1754 ACADÉMIE DES SCIENCES.
d'tiulrc part, la production de S peut résulter d'une action secondaire de H
ou de SO- sur S^ Cl- ; nous avons déjà vu plus haut que H réduit S- Cl^ dans
les conditions indiquées, et que telle pouvait être l'origine du S, mais,
d'autre part, nous avons été amenés à examiner si SO- ne réagirait pas sur
S- Cl- sous l'action de l'effluve.
En entraînant les vapeurs de S- Cl' par un courant de SO- sec, nous avons
constaté le dépôt de soufre sur les armatures et le liquide recueilli, de cou-
leur jaune rougeâtre renfermé à côté de l'excès de chlorure de soufre, sur-
tout du chlorure de thionyle avec une petite quantité de chlorure de sulfu-
rjle; la réaction de S()- sur S- Cl" sous l'action des eflluves, peut donc se
formuler: 2SO- -+- d S- Cl- = SO- Cl- -1- 2SO Cl'' -l- S. Il s'ensuit que la
réaction avec eflluves de H sur SOCl*, donne naissance à SO-Cl-, S^CP,
SO", S et HCl (le chlorure de sulfuryle avait passé inaperçu dans la réac-
tion principale, dilué qu'il était dans un grand excès de SOCl'- non altéré, et
par suite, du voisinage des points d'ébullilion de ces deux corps : S()C1- à 78",
SO- Cl= à 70").
D'un autre côté, lors de l'enlraînement par S( )'■' de S-(>1- chauH'é pro-
gressivement de i5o° à 200° au bain de valvoline nous avons constaté une
décomposition de ce dernier corps, qui s'est traduite par la présence d'un
grand excès de soufre dans le résidu de la volatilisation; nous avons été
conduits à examiner la nature des produits volatils formés; à cet elTet, nous
avons répété l'opération en entraînant pendant une quinzaine de jours S-(U-
chauffé à i6o''-i70° par SO- et recueillant directement les produits dans un
mélange réfrigérant; le liquide rouge clair chauffé an bain-marie avec du
soufré au réfrigérant ascendant (transformation de SCI" en S" CY' ) devient
jaune clair et laisse passer en tète de distillation, exclusivement du chlorure
de sulfuryle; donc, sans le concours de reflluvc, SO" réagit lentement sur
S'Cl" chauffé à i6o°-i70° suivant l'équation SO- -;-S-Cl- = SO-Cl" -I- 2S,
et le rôle particulier de l'eflluve est de transformer la presque totalité de
SO"Cl"enSOCP.
CHIMIE PHYSIQUE. ~ Sur ks propriétés électriques des alliages
aluminium-argent . Note de M. Wiiold Bkomewski, présentée
par M. H. Le Çh atelier.
Les alliages aluminium-argent sont durs, peu altérables et ne présentent
pas la zone fragile propre à la plupart des alliages contenant des composés
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. lySS
définis. Il est donc étonnant que ces alliages n'aient suscité que peu de
recherches sur leur constitution et n'aient presque pas trouvé d'emplois
industriels.
J'ai étudié la constitution des alliages aluminium-argent en me basant
sur leurs propriétés électriques, comme je l'avais déjà fait pour les alliages
aluminium-cuivre ('), mais en utilisant cette fois en plus les propriétés
thermo-électriques. Les résultats sont exprimés dans les graphiques sui-
vants, formés en prenant pour abscisses le pourcentage des métaux
constituants en volume et pour ordonnées les propriétés électriques des
alliages correspondants.
La figure i se rapporte à la conduclivilé électrique ; la figure 2 au coefficient de tem-
pérature de la résistance électrique entre ©"et 100°; la figure 3 exprime dans sa partie
supérieure (a) le pouvoir thermo-électrique à 0° par rapport au plomb, dans sa partie
inférieure (b) la variation de ce pouvoir thernio-éleclrique avec la température; la
figure 4 donne la force électromotrice de dissolution dans du chlorure d'ammonium
par rapport à une électrode en charbon dépolarisée par du bioxyde de manganèse.
Dans les trois premières figures, la ligne continue se rapporte aux échantillons
recuits et la ligne en pointillé aux échantillons trempés. Dans la figure 4 'a ligne con-
tinue et la ligne en pointillé représentent respectivement la force électromotrice maxima
et la force électromotrice limite des échantillons recuits.
L'existence de deux composés définis Al-'Ag' et AlAg' devient manifeste
si nous appliquons aux courbes de conduclivilé et du coefficient de tempé-
rature les principes établis par M. H. Le Chatelier (i8g5) et complétés par
M. Guertler (1907), aux courl)es de la force électromotrice de dissolution
les principes indiqués par Laurie (1888) et aux courbes du pouvoir thermo-
électrique et de sa variation les principes que j'ai établis dans une publication
récente ( -).
M. Pelrenko (igoô) indique par la mélliode de fusibilité les composés AlAg- et
AlAg^. La divergence avec les résultats que j'obtiens s'explique aisément par la diffi-
culté qu'on éprouve à préciser par la méthode de fusibilité la position d'un composé
défini englobe entre des solutions solides, comme c'est le cas de AI' Ag^. Dilféremnient
interprétées, les données de M. Fetrenko ne contredisent pas les miennes.
M. Pouchine (1907) trouve en étudiant la force électromotrice de dissolution un
composé défini AlAg. L'alliage de cette composition montre au microscope une striic-
(') Comptes rendus, t. C\L1\, 190g, p. 853.
('-) Revue de Mélalltirgie, t. \1I, 1910, p. 34t.
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N» 36.) 229
1756 ACADÉMIE DES SCIENCES.
lure hétérogène et ne .peut pas être lui composé défini. Ce résultat erroné provient pro-
bablement de ce que M. Pouchine avait observé la force électromotrice limite qui,
comme le montre la ligne en pointillé de la ligure !\, descend avant le composé Al'-Ag'
à cause de l'épuisement de l'électrode et ne montre pas le composé AlAg'.
PauroeaUge de Ag eo poids
1 ' ] 1 1 1 1 1 i :
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Pourcentage de Ag en volume,
l'^ie. t. — Coiidiictivité.
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Pourcentage de Ag en volume.
1-ig. 3. — Pouvoir thermo-électriqne.
Pourcentage de Ag en poids
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l^ourccntage de Ag eu volume.
;. 2. — Coefûcienl de teinpiTuLure.
Pourcentage de Ag en poids
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Pourcentage de .-Vg en volume.
Kig. 'i. — K. e. m. de dissolution.
L'argent mélallique pur oblenu par la réduclion de son lohlomre par le
carbonate de sodium, raffiné ensuite par l'électrolyse et fondu dans le vide,
a donné pour le coefficient de température de la résistance électrique entre
o" et 100° :
a := 0,0041 0
SÉANCE DU 27 JUIN 19IO. I'j5y
MM. Ramerlingh Onnes et Clay (1907) avaient trouvé pour ce coeffi-
cient a = o,oo4i I. La valeur que je trouve se rapproche sensiblement de
celle (a = 0^00417) qui fixe la formule établie en admettant la proportion-
nalité entre la variation de la résistance électrique avec la température et la
variation simultanée de l'espace libre entre les molécules (')
r( = (2F + T)Tx const.,
où F est la température absolue de fusion, T la température absolue du
métal et /•, sa résistance électrique.
L'étude des propriétés électriques a l'avantage sur la méthode de fusi-
bilité de noas indiquer la structiure des alliag-es à la température ordinaire
et en permettant de distinguer plus nettement les composés définis entou-
rés de solutions solides. Elle présente des garanties suflisantes lorsque les
conclusions tirées de toutes les propriétés électriques sont concordantes et
confirmées par la métallographie.
CHIMIE MINÉRALE. — Sur les azolures et les oxydes extraits de Valumimujn
fé à l'air. Note de M. Koh.v-Abrest.
Je demande la permission de rappeler qne ma Note des Comptes rendus
(ri avril 1910),, criticpiée par M. Serpek dans les Comptes rendus du 6 juin
dernier (p. 1020), renferme en première ligne l'indication suivante :
J'ai indiqué en igoS quelques résultats obtenus en chauffant dans l'air la poudre
d'aluminium, j'ai depuis repris celle élude.
(Bibliographie : C. /?., juillet igoS, et Pioptchon, C. /?., i8g3.)
Au cours des recherches sur l'aluminium que je poursuis depuis plusieurs
années j'ai pu isoler des produits, azotures et oxydes, différents de ceux
actuellement connus.
Tels sont les résultats nouveaux que j'ai donnés dans ma Note.
M. Serpek affirme' que mes résultats sont connus depuis longtemps;
cependant il ajoute un peu plus loin qu'il n'a jamais obtenu les azotures
que j'ai signalés. Je n'ai qu'à prendre acte de cette déclaration.
(') J. C/iim. p/iys., t. IV, igo6, p. 285; t. V, igoj, p. 5- et 6oy.
1708 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CHIMIE MINÉRALE. — Extraction du germanium des hiendes.
[Note de MM. G. Lrbain, M. Blondel et Obiedoff, présentée
par M. A. Haller.
L'un de nous a montré précédemment que la présence du germanium
était fréquente dans les blendes. Comme cet élément n'a été signalé jus-
qu'ici que dans de rares minéraux : argyrodite, canfieldite, frankéite,
euxénile, samarskite, niobile, tantalite et gadolinite, et que, sauf dans
les trois premiers, sa présence parait être accidentelle, il était intéressant
d'édifier un mode de traitement des blendes en vue de l'extraction du
germanium.
Les minerais riches en argyrodite qui furent traités par Winckler en i88(i
(J.prakt. Chem. t. XXXVII, 1887) ne renfermaient que o,36 pour lood'ar-
gyrodite, ce qui correspond à une teneur en germanium de l'ordre de ;„j|„„.
(Quelque faible que soit cette proportion, il serait actuellement impossible
de refaire un traitement semblable faute de matière. Par contre, on peut se
procurer aisément des blendes germanifères et obtenir autant de germanium
qu'on le veut, à la condition de traiter de grandes quantités de minéraux
aussi connus. (Sur 64 échantillons de blendes de toutes provenances qui
ont été examinées, 38 renfermaient suffisamment de germanium pour que
l'on en puisse observer les raies principales par l'analyse spectrographique
directe.) Une blende assez riche en germanium, telle que la blende du
Mexique dont nous avons traité Sjo^^, en renferme une proportion de l'ordre
du cent-millième. Nous en avons pu extraire en effet environ 5^ de ger-
manium pur. Ce résultat montre que c'est aux blendes qu'il faudra s'adres-
ser désormais pour préparer des quantités suffisantes de germanium pour
pouvoir en faire une étude chimique étendue.
Nous nous bornerons à décrire ici, parmi les méthodes que nous avons
expérimentées, celles qui nous semblent les meilleures, tant au point de
vue des rendements qu'au point de vue économique qui ne peut être négligé
dès que les traitements tiennent moins des techniques du laboratoire que
de celles de l'usine.
La blende pulvérisée est attaquée par son poids d'acide sulfurique concentré.
L'attaque, vive au début, doit être poursuivie avec le concours de la chaleur. 11 se
dégage principalement de l'acide sulfureux. On cesse de chaulTer qu«»d Texcès d'acide
sulfurique a été éliminé.
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1769
La masse sèche esl ensuite i-eprise par l'eau. Le résidu insoluble renferme encore ilu
germanium et doit être attaqué de nouveau.
Les solutions aqueuses sont traitées peu à peu par une solution de sulfure de
sodium, jusqu'à ce que les liqueurs ne renferment plus de germanium. Des sulfures
ainsi obtenus, on peut éliminer la majeure partie du zinc en les traitant par décanta-
lion avec d'as dissolutions d'acide sulfurique dont la concentration ne doit pas être
inférieure à i5 pour 100. Au-dessous de celte teneur, et surtout dans l'eau pure, le
germanium passe des précipités dans les liqueurs.
Les sulfures germanifères réduits ainsi à un faible volume peuvent être calcinés.
Mais il est alors nécessaire d'opérer dans une atmosphère franchement oxvdanle, car
on sait que le sulfure de germanium est volatil. On peut également attaquer ces sul-
fures par l'acide nitrique, mais non par l'eau régale : la volatilité du chlorure de
germanium, déjà signalée par ^^"inckler, s'oppose à l'emploi de l'acide chlorhydritjue
dans tout traitement où la chaleur intervient. La solution nitrique, évaporée à sec,
laisse un résidu d'oxj'des et de nitrates germanifères. Dans l'un ou l'autre cas, une
attaque nouvelle pai' l'acide sulfurique permet de mettre eu solution la majeure partie
du germanium.
I^es dissolutions très acides sont ensuite traitées par Ihydrogéne sulfuré de manière
à éviter la précipitation du zinc et à gêner celle du cadmium. Tout le germanium se
retrouve dans le précipité. Ce nouveau sulfure est attaqué comme le précédent. En
général, la concentration en germanium est suffisante pour que l'on puisse effectuer
une dernière précipitation par l'hydrogène sulfuré, après avoir ajouté à la liqueur
froide la moitié de son volume d'acide chlorhydrique concentré. Le précipité de
sulfures contient alors la totalité du germanium et de l'arsenic avec une proportion
notable de molybdène.
Si la concentration en germanium était encore insuffisante, on pourrait précipiter
partiellement la liqueur par l'ammoniaque. Le germanium s'accumule dans les pre-
miers précipités. Ceux-ci pourraient eux-mêmes être dissous dans l'acide sulfurique;
et, après refroidissement, la liqueur, additionnée d'un excès d'ammoniaque et filtrée,
laisserait précipiter par l'ébullition le germanium à un très grand état de concentration.
Cette manière de procéder présente quelque avantage en présence de beaucoup de
cadmium et surtout de molybdène; mais l'arsenic accompagne le germanium dans tous
ces traitements.
Les sulfures précipités finalement en liqueur chlorhvdrique très acide sont alors
traités par l'ammoniaque sans excès. Les sulfures de germanium et d'arsenic, souillés
de molybdène, se dissolvent instantanément. La liqueur ammoniacale jaune est neutra-
lisée progressivement avec un acide de plus en plus dilué à mesure que la dissolution,
séparée des précipités, esl moins colorée. En opérant avec précaution, on peut préci-
piter de la sorte la totalité de l'arsenic et du molybdène à l'exclusion du germanium.
Ce mode opératoire diffère peu de celui de Winckler qui traitait les sulfures germani-
fères par les sulfures alcalins; mais il est préférable parce que le terme de la réaction
est plus net. Le germanium est ensuite intégralement précipité en liqueur très acide
par l'hydrogène sulfuré. Le sulfure de germanium que l'on obtient alors esl blanc et
parfaitement pur.
1760 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les ixiiévilablea résidus d'oxydes insolubles qui se forment à plusieurs reprises dans
ces traitements doivent être traités par les alcalis ou les carbonates alcalins, soit par
voie aqueuse, soit par voie ignée, pour en extraire le germanium qu'ils renferment. Les
liqueurs alcalines son* additioninées d'un excès de sulfure de sodium. Les solu-
tions filtrées des sulfosels sont ensuite traitées par les acides. Les sulfures germani-
fères qui se précipitent al<ars sont purifiés par le procédé à l'ammoniaque qui vient
d'être décrit.
Les quanlilés de gernianium qui échappent à ces traitemenls sont abso-
lumenl négligeables.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le caractère acide de l'éther oxalacélique.
Note de M. L.-J. Simon.
Dans une Note insérée dans l'un des derniers Comptes rendus de l'Académie,
M. Gault donne quelques renseignements sur l'acidité d'e l'éther oxalacé-
lique et de ses dérivés.
Au cours d'un travail sur l'éther oxalacélique entrepris et publié aveclacol-
laborationde M. Conduché(.47m.r/e C/iim. etde Phys.^ S'' série, t. XII, 1907),
nous avons déjà signalé la manière de se comporter de l'éther oxylaeétique
à cet égard.
Voici d'ailleurs le texte :
O'n sait que l'éther oxalacétique se comporte comme un acide faible; nous avons
vérifié qu'on peut le d'oser atcalimétriquement en présence de phtaleine du phénoL
os,j9g4 d'étlier oxalacétique neutralisent ainsi r9'^"'',3 de potasse (9 -^ 0,219), d'où
M=i89. Calculé M =i88(p. 24).
Certaines propriétés de l'éther oxalacétique se retrouvent dans ces dérivés : ils ont
un caractère nettement acide et peuvent être titrés alcalimétriquement en présence de
phénolphtaléine ; ils sont neutres au niétliylorange... (p. 9).
En outre j'ai signalé il y a quelques années (Comptes rendus, t. CXXXVIIf,
1904, p- i5o5) l'alléralion spontanée que subit l'éther oxalacélique et qui
s'accentue avec la durée. Il se forme en particulier une substance qui, avec
les alcahs ou les sels alcalins d'acides faibles, produit des phénomènes de colo-
ration. Cette coloration enlève au titrage alcalimélrique toute précision
lorsque l'éther oxalacétique n'a pas été fraîchement préparé ou distillé. ( )n
ne peut donc employer qu'avec réserve le titrage alcalimélrique de l'éther
oxalacétique en présence de phénolphtaléine pour apprécier le degré de son
altération.
SÉANCE IMJ 27 JUIN IQIO. Ï761
CHIMIE ORGANIQUE. — Sii?^ î' hydrogénation des composés acétylémques.
Note de M. Lespieau, présentée pai' M. A. HalJ«r.
Grâce aux recherches poursuivies de divers côtés pendant ces dernières
années, nombre de composés acétyléniques sont devenus sinon très faciles
à obtenir, du moins relativement abordables; aussi n'esl-il pas absurde de
chercher si certains d'entre eux ne pourraient pas servir à préparer les eorps
saturés correspondants, lorsqu'on ne connaît pour obtenir ces derniers que
des procédés assez pénibles.
L hydrog-énation des composés acétyléniques est habituellement peu
commode à réaliser par les méthodes anciennes (enq)loî de Famalgame de
sodium, du sodium et de l'alcool); elle se fait bien quand on a recom's à
l'action catalylique du nickel, dans le cas où l'on peut opérer à des tempé-
ratures auxquelles résiste le compsosé non salMré mis en œuvre, mais il
arrive souvent qu'il n'en est pas ainsi.
L'action catalytique du noir de platine de Low s'effectuant à froid, son
emploi permet au contraire l'hydrogénation des composés acétyléniques
les moins stables. On sait cjue l'emploi de ce noir a été indiqué par Wills-
tatter qui s'en est servi pour fixer de J'iaydrogène sur divers composés éllîy-
léniques. Il était presque certain a priori que la métJnode réussirait ■ég:a(le-
ment lorsqu'on .aurait affaire à des composés acétyléniqnj.es. Appliquée par
M. Vavon et nioi dans le cas de l'acide octadiine à\o\mie (Comptes rendus,
t. CVLYIII, p. i33i), elle nous a permis en effet d'arriver à l'acide subé-
rique, avec un rendement sensiblement qnantiiLatif.
Poursuivant ces recherches, j'ai vu (|u'ou arrivait encore à des ri'sultats
fort satisfaisants lorsqu'on avait affaire à des glycols mono- ou biaoétvlé-
niques. C'est ainsi que, parti du glycol
CTi'OH —iZ = €. — CH-^OH
découvert par Jotsilch, je suis arrivé au glycol tétraméthylénique
CH-OH - GIF^- C1I-— CliMJH.
De même, en prenant comme point de départ le glycol
Cn^OH ~c^C — C^C — CH^'OH
que j'ai décrit autrefois ( Comptes rendus^ i. CWIII, p. 1296 ), je suis airivé
à l'hexaméiChylèneglycol
CH^OII - CH^— CH^- Ctt^— CH'- CH'OH.
1762 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Les deux glycols saturés, dont il vient d'être question, ont été obtenus
pour la première fois à l'état de pureté par M. Hamonet; les mesures que
j'ai effectuées sur les produits auxquels je suis arrivé (points de fusion et
d'ébullition des deux glycols, points de fusion de leurs diphényluréthancs)
sont en complet accord avec les données de ce savant. Les voies que j'ai
suivies sont-elles moins longues et plus rémunératrices que celles indiquées
par M. Hamonet? N'ayant point pratiqué ces dernières, je ne saurais le
dire, mais je ferai remarquer que l'hydrogénation des glycols acétylénicjues
m'a donné d'excellents rendements.
Quant au mode opératoire, il est des plus simples : le glycol, dilué dans l'éllier ou
l'alcool, est additionné de noir de platine, puis agité dans une atmosphère d'hydro-
gène; quand le gaz cesse d'être absorbé, on évapore le solvant, il reste le glycol
saturé, cristallisé et fondant bien.
Le fait que le produit obtenu fond bien de prime abord pourrait laisser
croire à un rendement quantitatif. Cependant la mesure des volumes
d'hydrogène absorbés montre que l'hydrogénation dépasse un peu le but,
et en effet l'hexaméthylèneglycol n'est pas le seul corps formé dans la
réaction. Il est accompagné de petites quantités d'hexane et d'iiexanol.
On pouvait espérer que les fonctions alcools seraient protégées par leur
transformation en éthers-oxydes; il semble que le contraire ait lieu, ainsi
qu'il résulte de recherches faites sur les éthers diméthyliques du butine-
diol et do l'octa-diinediol. Ce dernier (qui fond à — 3° et que j'ai obtenu
par l'action de l'éther chloromélhylique sur le dérivé dimagnésien dubipro-
pargyle) fournit par son hydrogénation un mélange qui parait constitué par
un peu d'éther saturé, beaucoup d'oclane et beaucoup d'oxyde de méthyle
et d'octyle.
D'après ce que l'on sait relativement à d'antres cas, ces hydrogénations
supplémentaires pourraient sans doute être évitées en grande partie, si l'on
faisait usage d'un catalyseur déjà un peu épuisé.
CHliMlE ORGANIQUE. — Sur un nouveau menlhol terliaire ; passage du pinène
au menlhène. Note de M. A. Béhal, présentée par M. A. Haller.
MM. Haller et Martine {Comptes rendus, i*^'' sem. 1905, p. 1298) ont
observé qu'en hydrogénant le terpinéol par le nickel réduit et l'hydrogène,
on obtenait de l'hexahydrocymène.
SÉANCE DU 27 JUIN I9IO. 1 768
En me plaçant dans des conditions ditî'érentes j'ai obtenu, en me servant
des mêmes réactifs et du terpinéol, un alcool d'hydrogénation c{ui est un
menthol tertiaire.
En partant de terpinéol fusible à 3,)° actif ou non sur la lumière polarisée,
on obtient un corps qui, à l'état de pureté, présente les caractères suivants :
Son point d'ébuUilion est à 99°- 100° sous in'^'^ à 2o6°-2o8'' sous la pression ordi-
naire; sa densité à 20° est de 0,912. Il ne possède pas de pouvoir rotatoire, même en
partant de terpinéol actif, ce qui concorde avec l'absence du carbone asymétrique dans
sa formule ; son indice de réfraction est à 18°, pour la raie D, « :=; i ,46874; la réfraction
moléculaire calculée pour C"'H^''0 est de 47)'^3; on trouve ^'j ,6.
Au point de vue théorique, le terpinéol fusible à 35° peut donner par
hydrogénation naissance à deux isomères stéréochimiques, un cis et un
trans, comme le montre sa formule de constitution :
CtP CH*
C CH
GH\ JcHK GH = I IcfP
CH CH
COH GOH
/\ /\
CH' CH^ CH' CH'
le méthyle et le groupement isopropylique pouvant être en position cis ou
en position cis-trans.
Je me suis attaché à démontrer l'existence de ces deux alcools dans le
produit.
A cet effet j'ai combiné i58,6 de menthol avec n'-^g d'isocyanate de
phényle.
J'ai opéré en tube scellé et à froid.
Les cristaux sont broyés avec l'éther de pétrole et l'on essore. On fait alors cristal-
liser le produit solide dans l'alcool à 95°.
Il fond à 94°-95°. On caractérise dans le résidu de la diphénylurée par son point de
fusion.
L'alcool régénéré par saponification présente les caractères mentionnés plus liaul.
Il ne semble donc y avoir qu'un seul des alcools prévus théoriquement.
Traité par le sodium en liqueur benzénique il donne un dérivé sodé solubie dans le
benzène, fournissant par l'anhydride acétique un éther acétique (éb. io4° sous lô™"').
C. R., 1910, I" Semestre. (T. 150, N° 26.) 23o
1^64 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Traité par l'acide acétique en présence d'acide sulfurique, l'alcool se dissout d'abord,
puis en un temps plus ou moins long, environ 3o minutes, quand on dissout l'alcool
dans deux fois son poids d'acide acétique cristallisable, il se sépare une couclie incolore
qui, lavée à l'eau et avec un alcali, se présente comme formée essentiellement d'un
carbure, d'un menlhène, comme je vais l'établir; la majeure partie bout à lya^-iy^"
sous la pression ordinaire; sa densité à 21° est de 0,819; son indice de réfraction pour
la raie D à 21° est de 1,45862; la réfraction moléculaire trouvée est, d'après cela,
de 46,00; calculée, elle est de 45,63.
On a oxydé ce carbui-e par le permanganate de potassium en liqueur
aqueuse à i pour 100 à froid, on a opéré sur ioo« de carbure en agitant
mécaniquement, et Ton a pu isoler seulement de la propanone, de la para-
mélliylcyclohexanone et de l'acide p-méthyladipique.
De l'ensemble des produits d'oxydation on peut déduire que la constitu-
tion du menthène obtenu est la suivante :
Or, Wallach (Liehig's Ann., t. CCCLX, p. 72) a obtenu synlhétiquement
un carbure de cette formule en condensant rétberbromoisobulyrique avec
la ^-métliylcyclohexanone et en saponifiant et déshydratant le produit
obtenu.
Récemment, Auwers {B. d. deutschen cliem. Gcs., t. XLII, p. 4<^95)
a reproduit ce même carbure en partant de la pulégone. Les caractères
accordés par ces auteurs à leurs produits concordent sensiblement avec ceux
(jue j'ai indiqués.
L'action de l'acide oxalique sur le menthol tertiaire conduit à l'obtention
d'un carbure qui est, pour la majeure partie, identique au carbiu'e pré-
cédent.
11 possède un point d'ébullition situé plus bas, il passe surtout de 17(1" i\ 172°, sa
densité est plus faible ( D'"'^ = o, 817.5); son indice de réfraction est de 1,45932 à 20, 5
pour la raie D ; sa réfraction moléculaire trouvée est de 46, 1 ; calculée 45,63.
Le carbure sulfurique acétique aussi bien que le carbure oxalique s'iso-
mérisent plus ou moins complètement par le chauffage avec les réactifs
acides ou alcalins, et se transforment en menthène identique au menthène
provenant de la déshydratation du menthol ordinaire.
Il semble que c'est l'acide sulfurique à 5 pour 100 en volume à réhuUition
qui produit les meilleurs résultats, ^^'allach a déjà trouvé ce fait pour le
carbure qu'il avait obtenu avec la /;-mélhylcyclohexanone et Auwers l'a
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1 766
confirmé pour celui qu'il a préparé avec la pulégone. Wallach avec le
chlorure de nitrosyle et riiydrogénalion ultérieure a obtenu l'oxime de la
menthone, Auwers a répété l'expérience de Wallach sur le menthène de la
pulégone isomérisée.
J'ai caractérisé le menthène en le transformant en menthone par l'iode et
l'oxyde mercurique (Bougpult) et en décomposant ensuite l'iodhydrure
restant par le nitrate d'argent.
J'ai pu ainsi obtenir un liquide possédant toutes les propriétés de la
menthone, odeur, point d'ébuUition, mais ne donnant à froid avec le semi-
carbazide qu'une petite quantité de carbazone de la menthone.
L'oxydation au permanganate de potassium à froid faite suivant le procédé
Wagner fournit, à côté du carbure inaltéré, un mélange de corps solubles
dans l'eau qui sont sans odeur, possèdent une saveur extrêmement forte de
menthe et qui, par l'action de l'acide sulfurique à j pour 100 à l'ébullition,
fournissent entre autres produits de la menthone que j'ai pu caractériser par
son point d'ébuUition et le point de fusion de sa semicarbazone.
Ainsi se trouve réalisé le passage du piiiène au menthène : pinène, terpi-
néol, hydroterpinéol, menthène A j, menthène, menthone.
Je me propose de revenir sur les produits de l'oxydation du menthène et
sur l'action de l'acide sulfurique acétique sur ce carliure.
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur la condensation de fa p/iénylisoxazolone
avec l'éther mésoxalique. Note de M. André Meyeb, présentée par
M. E. Jungtleisch.
Dans une précédente Communication (') j'ai étudié, en collaboration
avec M. A. Wahl, les produits de condensation de la phénylisoxazolone
avec les aldéhydes aromatiques. Ces corps possèdent la constitution sui-
vante :
C«tP-C C = CI1 — K
Il >^'*^
N O
R représentant le radical aromatique. La même réaction a été étendue aux
A. \\ahl el André Meyer, Comptes rendus, t. CXLVI, p. 638.
I-GG ACADÉMIE UKS SCIENCES.
mélhoxypliénylisoxazolones ('). lùifin, M. ^\ ahl a décrit leurs produits de
condensation avec le chlorure d'isatine (' ).
La pliénylisoxazolone, donnant ainsi des réactions très variées, m'a paru
mériter une étude plus approfondie. J'ai d'abord essayé d'en réaliser la
condensation avec des corps cétoniques, tels que le benzile, ou les étliers
mésoxaliques, a-^-dicétoniques, etc., qui possèdent une aptitude marquée
à cette réaction. La présente Note a pour objet de faire connaître le produit
de la condensation avec l'éllier mésoxalique, c'est-à-dire le mésoxalale
d'élhyle-his-phénylisoxazolone et ses dérivés.
L'éthcr mésoxalique a été obtenu suivant un procédé quelque peu diffé-
rent de ceux indiqués jusqu'ici (''), et dont les détails seront publiés dans
un autre Recueil. Sa condensation s'elTectue dans de bonnes conditions en
versant i"'"',io de mésoxalate d'éthyle sur a"'"' de phénylisoxazolone, ce
qui produit un dégagement de chaleur notable. On ajoute de l'alcool à gS"
jusqu'à dissolution à chaud, et l'on achève la réaction par une ébullition
d'environ 3o minutes à 45 minutes. Par refroidissement, il se dépose un
composé incolore, qu'on purifie par des cristallisations dans l'alcool ou
la benzine bouillants. Le rendement est de 85-90 pour 100; il est abaissé
par l'addition d'agents de condensation, même de pipéridine, ou par la
prolongation de la durée de chauffe, par suite de la production de résines.
L'analyse assigne à ce produit la formule C^'^H-^O'N^; sa constitution
peut se représenter de la façon suivante :
C'II — C ^CH C HC G-C'll^
Il z'^^* Il ^*"\ Il
N O (GO OC H ')^ O N
Je le désignerai, selon l'usage, sous le nom de mésoxalate d'éthyle-bis-
p hénylisoxazolone .
Il cristallise de sa solution dans l'alcool dilué en gros cristaux octaédriques incolores,
fondant à 187° en se décomposant. Insoluble dans l'eau, le chloroforme, l'étiier, la
ligroïne froids ou chauds; il est soluble à rébullilion dans l'alcool, la benzine, l'éther
acétique, l'acide acétique. L'acide SO'H^ concentré le dissout; l'addition d'eau le pré-
(') Sii.BKRZWEiG, Thùse, Université de iXancy, mai 1910. |). 53.
C) A. Wahl. Comptes rendus, t. CXL\ III, p. 35-!.
(') SciisiiTT, Ann. de Ph. et de Ch., 8" série, t. XII, p. 407. — Cl'RTISS, Amer. ch. J.,
t. XXXIII. p. 6o3. — Voir aussi Boiveailt et Wahl, Comptes rendus, t. CXXVIII,
p. 1221.
SÉANCE DU 2^ JUIN rpio. 1767
cipite inaltéré. Les alcalis caustiques el carbonates le dissolvent à froid ; de la solution,
les acides minéraux le séparent inattaqué. L'action prolongée des alcalis caustiques
produit une altération profonde.
Sels métalliques. — Le inésoxalale d'éthyle-bis-phénylisoxazolone forme des
sels définis. Lorsqu'on le traite par la quantité calculée de CO'Na'^ ou d'éthylate de
sodium, on obtient une solution neutre à la phtaléine; par évaporation de la solution,
on obtient des cristaux hexagonaux, incolores, très solubles dans l'eau et l'alcool dilué.
Le dosage du l\a dans le sel desséché correspond à la formule G"H-"0''N^Na-.
Par double décomposition, ce sel forme des précipités blancs, insolubles, avec les
sels d'Ag, de Pb, de Zn, de Hg; FeCl' donne avec lui un précipité violacé. Les sels
alcalins et alcalinoterreux sont solubles dans l'eau.
Dérivé diéthylir/ue, C-''H^''0'N-. — H s'obtient par l'action de a""-"' de CH'I sur
le sel sodique précédent, préparé à l'aide de l'éthylate de sodium en solution dans
l'alcool absolu. Par addition d'eau, le produit de la réaction se dépose; il se présente,
ajirès purification, en fines aiguilles incolores, fondant à aco^-aoi» sans décomposition,
insolubles dans l'eau, les alcalis, solubles dans l'alcool, le benzène, le chloroforme.
Dérivé diacély lé, C-'ri''''0"'N'-. — Sa production a lieu par l'action de l'anhydride
acétique à 100°, soit après addition d'un peu de SO*H-, soit en solution benzénique
en présence de pyridine. Le corps obtenu est purifié par cristallisation dans l'alcool,
puis dans un mélange de benzine et d'alcool. Prismes incolores, fondant sans se
décomposer à 166", peu solubles à froid dans l'alcool, plus solubles dans l'acétone, le
chloroforme et Téther acétique, insolubles dans les alcalis.
Dérivé dibenzoyié, C"H^"0"'N-. — 11 se prépare par l'action du chlorure de
benzojle sur une solution benzénique additionnée de pyridine. On l'isole en cristaux
incolores, qu'on purifie par ébullilion avec l'alcool el qu'on fait cristalliser à plu-
sieurs reprises dans la benzine puis dans le chloroforme alcoolisé. Il fond [à 194° sans
décomposition. Peu soluble dans l'alcool, insoluble dans les alcalis, ce corps se dissout
assez bien dans l'élher acétique el l'acétone.
Benzolazophénylisoxazolone, C'^H"0-N^. — Lorsqu'on fait agir 2™"' de chlorure
de phényldiazonium sur une solution alcaline, maintenue à 0°, de 1™°' de mésojcalale
d'éthyle-bis-phényliso.razoloiie, on observe un vif dégagement gazeux, en même
temps qu'un corps jaune se précipite. Par des cristallisations dans l'alcool, puis dans
l'acide acétique, on obtient des aiguilles jaune clair, fusibles à lôS^-iôfi" en se décom-
posant. Ce produit esl identique avec la benzolazophénylisoxazolone, décrite par
Claisen et Zedel (').
Tous ces résullats s'accofdent coniplètemenl avec la constitution que
j'ai attribuée au mèsoxalate d' élhyle-his-phénylisoxazolon»' .
(') Claisen et Zedel, D. ch. Ges., t. XXIV, p. 1/42.
17O8 ACADÉMIE DES SCIENCES.
CRYPTOGAMIE. — Sur quelques Plasnwdiophoracées. Note de MM. Rexé
Maire et Adriex Tiso\, présentée par M. Guignard.
Le genre Tetramyxa Goebel est beaucoup moins connu que les autres
genres de la famille des Plasmadioplioracées, Plasmodiop/wt-a W or. et Soro-
sphœra Schrôt. Il comprend deux espèces : T. païasitica Goebel, parasite
des Ruppia et Zannichellia et le T. Trigtocliinis MolL, parasite des Tri-
giochin.
L'espèce type, T. parasitica Goeliel, jiaralt n'avoir pas été étudiée dej)uis
sa découverte par Goebel et Hisinger. Nous avons pu examiner de nom-
breuses tumeurs produites par ce parasite sur le Ruppia roslellala Kocli.
dans les eaux sauinâtres de la côte du Calvados. L'étude cytologicjue de cet
organisme nous a montré ses affinités étroites avec le Plasmodiophora
Brassicœ Wor. et le Sorosphœra Veronicœ Schrôt.
Le développement des tumeurs se fait |iar «livision d'une ou plusieurs cellules pri-
mitivement infectées. Ces cellules demeurent de petite taille et se divisent activement,
formant ainsi un massif considérable de cellules contenant le parasite. Autour de ce
véritable néoplasme, les cellules saines se multiplient, moins activement toutefois, et
se décolorent. Les cellules infectées restent de petite taille et leur noyau se déforme à
peine.
Le parasite présente d'abord une phase schizogonique qui se prolonge pendant
toute la durée de la formation de la tumeur. La schi/.ogonie s'opère ordinairemept au
moment de la division de la cellule-hôtesse. Il n'y a habituellement dans chaque
cellule infectée qu'un seul schizonte plasmodiforme ; quelquefois cependant il y en a
plusieurs fusionnés, au moins en apparence, en un plasmode.
Dans ce dernier cas, l'individualité des schizonles n'est reconnaissable que par le
manque de synchronisme des divisions nucléaires dans certaines parties de la masse
du plasmode.
Pendant la phase schizogonique, les noyau\ du Tetramyxa parasitica se divisent
suivant le mode particulier décrit par Navaschin, Prowazek et nous-mêmes chez les
Plasinodiopliora et Sorosphœra. Ces divisions sont intranucléaires et comportent une
mitose d'idiochromaline combinée avec une amitose de trophochromaline.
A la phase schizogonique succède une phase sporogonique.
Au début de cette seconde phase, les plasmodes deviennent pariétaux, puis la struc-
ture de leurs noyaux subit des modifications semblables à celles que nous a\ons
décrites dans le Sorosphœra : le gros karyosome du noyau des schizontes disparaît en
même temps que le protopiasma se charge de chromidies; puis le noyau acquiert un
réticulum chromatique très net et un petit nucléole. Les énergides composant les
plasmodes se séparent ; dans chacune des cellules nues ainsi formées, le noyau subit
deux divisions semblables à celles que l'on observe à la môme phase chez les Plasmo-
SÉANCE DU 27 JlIN 1910. 1769
diophora et Sorosphcera. 11 en résulte la formation de quatre cellules-filles qui
s'entourent chacune d'une membrane ; ces cellules constituent les spores et restent le
plus souvent unies en tétrade.
Pas plus ici que chez le Plasmodiophora Biassicœ et le Sorosphœra Veronicce,
nous n'avons pu trouver trace du processus d'autogamie décrit par Prowazek dans la
formation de la spore de Plas/nodiopfiora Brassicœ.
Molliai'd a décrit brièvement un Telramy-Ta Ttiglochinis qui produit des
tumeurs sur l'axe de l'inflorescence du Tri gloclàn palustre L. En recherchant
ce parasite sur le Trighchin maritimum L. dans les marais salés du littoral
du Calvados, nous avons trouvé des tuineurs de l'axe de l'inflorescence
correspondant assez bien à celles décrites par Molliard. Ces tumeurs con-
tiennent des cellules hypertrophiées, bourrées de schizontes plurinucléés
ou très souvent uninucléés, dans lesquels nous avons observé la mitose
végétative si caractéristique des Plasmodiophoracées. Il est donc extrême-
ment probable ({uc nous avons affaire au Telramyxa TriglocInnis\ toutefois
il est impossible de l'affirmer, car nous n'avons jamais pu observer de
spores. IVous avons suivi attentivement le développement du parasite en
1909 et en 1910, et nous avons constaté que les nombreux Trighchin atta-
qués se sont tous desséchés sans avoir porté aucune spore du parasite. Les
derniers stades du parasite que nous observions étaient des schizontes uni-
nucléés, arrondis ou en croissant, inais toujours nus, remplissant complè-
tement les cellules infestées. Dans les tumeurs desséchées, les cellules-
hùlesses sont vides. Cet extraordinaire arrêt de développement, qui se place
avant le début de la phase sporogonique, s'est produit régulièrement sur
des centaines de spécimens dans deux localités différentes (CourseuUes et
Sallcnelles). Nous avons reclierché si le parasite en question pouvait atta-
(pier d'autres parties de la plante, et nous l'avons retrouvé, exceptionnelle-
ment toutefois, sur les feuilles, où il forme de petites tumeurs. Dans ces
tumeurs foliaires, le parasite éveluc absolument comme dans les tumeurs de
l'inflorescence.
Il est difficile, en présence de ces faits, d'expliquer comment le parasite
du Trighchin maritinium peut se conserver d'une année à l'autre. Peut-être
les schizontes uninucléés sortent-ils de la tumeur avant la dessiccation
complète et vont-ils s'enkyster dans le sol? Nous n'avons pu, malgré de
nombreuses observations, trouver aucun indice de nature à appuyer cette
hypothèse. Aussi avons-nous jugé utile de signaler ce phénomène étrange,
afin de provoquer de nouvelles observations qui livreront sans doute la so-
lution du problème.
1770 ACADÉMIE DES SCIENCES.
Remarquons, pour terminer, que nos observations établissent la cons-
tance remarquable du mode de division nucléaire, pendant la phase schizo-
gonique, chez toutes les Plasmodiophoracées connues. Il en résuite que
l'étude cytologique permettra de reconnaître une Plasmodiophoracée dans
les tissus d'une plante nourricière, alors même qu'on aurait affaire à un pa-
rasite jeune, n'ayant pas encore produit de spores.
CRYPTOGAMIE. — Siu' la culture du Rœsleria de la lùgne. Note
de MM. P. ViALA et P. Pacottet, présentée par M. L. Guignard.
Le Rœsleria de la vigne {Vibrissea hypogœa) est un champignon qui vit
sur les racines, surtout à l'état de saprophyte; son mycélium, interne aux
tissus qu'il corrode et dissout, produit des fruits thécasporés (les seuls
connus) à la surface des organes envahis. Les asques, avec 5 à 8 acospores,
mélangées à des paraphyses, sont groupées en tète verdàtre, sur pied de
-mm ^ (juim jg haut. Nous avoHS isolé et cultivé le Rœsleria en milieux
liquides et solides; le champignon a donné des organes de reproduction très
particuliers, non encore signalés.
Sur milieux solides, le mycélium forme des trames très épaisses, d'un vert mala-
chite foncé, au sein desquelles apparaissent de nombreux conidiophores blancs ou
d'un blanc grisâtre, isolés ou tangents, de i™™ à 3""" de haut; ils sont tronconiques,
à tissu dense dans leur axe. Sur le pourtour et sur toute la hauteur, se détachent des
filaments llexueux qui donnent aux conidiophores un aspect pileux; certains filaments
restent plus petits et sont stériles, d'autres se renflent à leur soiiimet et séparent une
conidie. Ces conidies sont à peine teintées de vert, à membrane épaisse et mesurent
5roiii à 6""™ sur 4™™ à 5°"".
A la surface des liquides, se forment les mêmes lames mycéliennes d'un vert mala-
chite. Dans de profonds récipients, le Rœleria, cultivé ^immergé, produit, au sein du
liquide, des splières spongieuses qui atteignent leur complet développement au bout
d'un dizaine de mois. Ces sphères, fixées sur un pied aplati, mesurent de 3"" à 5™' de
diamètre sur i''" à S'™ d'épaisseur; elles sont mamelonnées, d'un vert malachite très
foncé à leur surface et ressemblent à des nostocs. Le centre des sphères nostocoïdes est
constitué par un mycélium fin, condensé, identique à celui des autres cultures ou des
racines rœslériées. Dans la zone externe, la seule colorée, la trame enchevêtrée de
fins mycéliums émet de nombreux tubes dont quelques-uns se renflent en boules
successives. Le nombre des dilatations est très variable; on en compte au moins 5 et
jusqu'à i5 et 20; on observe souvent 4, 7 ou 8 renflements. Une dilatation termine
assez souvent le tube, mais le fait n'est pas constant. Les renflements se limitent en
cellules sphériques superposées^ d'un vert malachite, qui se détachent en vraies spores
verdàtresde 4'^. ô!'- à ôl' de diamètre, à membrane épaisse, analogues aux sporidies. On
SÉANCE DU 27 JLIN 1910. 177Ï
ne trouve les chapelets de spores que dans l'écorce verl malachite de ces fruits aqua-
tiques, où ils sont serrés et plus ou moins enchevêtrés dans leur direction plutôt
radiale.
Comment interpréter la nature de ces productions si particulières en plein
milieu liquide, presque anaérobie, et obtenues dans ce milieu seulement?
On pourrait comparer ces fruits à des thèques monstrueuses de liœsleria;
mais l'étude cvtologique du développement ne permet pas l'assimilation.
Ces formations sont-elles des fruits composés de chlamydosporesse produi-
sant dans ce cas de façon très spéciale par rapport à ce qui a été constaté
pour d'autres champignons? Dans ceux-ci, les chlamydospores sont dissé-
minées irrégulièrement et jamais groupées en fructification régulière.
PHYSIOLOGIE. — Sur la fibrine du sang. Note de M. C. Gessard,
présentée par M. E. Roux.
On décrit souvent la fibrine avec certains attributs qui ne lui appar-
tiennent pas en propre.
C'est la faculté de décomposer l'eau oxjgénée d'une part, la solubilité dans les
solutions salines d'autre part, lesquelles sont dues respectivement à la catalase et aux
globules blancs que la fibrine a fixés. Ln effet plus anciennement connu du pouvoir
fixateur de ce corps porte sur le fibrine-ferment, par quoi s'ajoute aux propriétés ad-
ventices susdites la propriété de coaguler le fibrinogène, que possèdent les solutions
de fibrine.
Toutefois, ces trois propriétés ne se trouvent réunies que dans la fibrine
obtenue par battage du sang, du fait que celle-ci pr<?nd naissance dans un
milieu où l'action mécanique diffuse les principes porteurs de ces propriétés.
\u contraire, dans le plasma obtenu par centrifugation du sang au sortir
de la veine, la fibrine se forme à l'écart des éléments figurés du sang, qui
sont d'ailleurs soustraits dès Fabord aux violences capables de vider leur
contenu. En conséquence, j'ai vu que cette fibrine peut être introduite dans
Teau oxygénée sans la décomposer ('). M. II. Uulot a montré, d'autre
part, l'insolubilité de cette même fibrine dans les solutions salines (-). J'en
conserve, en effet, un fragment intact dans une solution de chlorure de so-
^') Comptes rendus, t. CXLNllI, 1909, p. 1467.
(-) Méni. Acad. Belg., t. LXllI, 1908. et Arch. internat, de PhYsiolo,^ie, t. I,
1904. p. là-!.
C. K., iç)io, I" Semestre. (T. 150, N» 26.) ^'3 I
1^72 ACADÉMIE DES SCIENCES.
dium au dixième, depuis le ro janvier. (Hiant à la propriété coagulante,
elle ne saurait faire question ici, la constatation en étant subordonnée à la
dissolution préalable de la fibrine; elle manque, en tout cas, dans l'eau salée
où cette fibrine a macéré ce long temps indissoute.
C.ette fibrine aux caractères négatifs se retrouve ailleurs que dans le plasma
de centrifugation. C'estdans le caillot, par exemple, dans le sang de cheval
(fespèce animale qui a servi à mes recherches) abandonné à la coagulation
spontanée, comme on fait journellement pour en obtenir le sérum. On dis-
tingue au-dessus de la couche jaune rougeàtre, dite couenne^ une membrane
mince, blanc grisâtre, résistante, élastique, qui se sépare assez aisément du
reste. L'examen microscopique, joint aux caractères précédents, révèle la
nature exclusivement fibrineuse de cette membrane.
Elle olTre d'emblée la texture que la fibrine de plasma n'acquiert qu'après que la
rétraction du caillot a vidé et tassé les mailles du réseau où le sérum est emprisonné,
et elle a par ailleurs, comme j'ai dit, les propriétés de celte dernière.
La couenne exprimée et bien lavée jusqu'à être réduite en filaments
fibrineux de parfaite blancheur, constitue un produit encore différent des
précédents. Cette dernière fibrine se dissout dans la solution de chlorure de
sodium au dixième aussi bien que la fibrine de battage, mais à l'inverse de
celle-ci, sa solution est sans action sur le lîbrinogène. Comme pouvoir cala-
lytique aussi, elle lui est notablement inférieure.
Ainsi, selon le mode opératoire, on obtient des fil)rines qui sont dilTé-
renciées dans certaines propriétés : propriétés, répétons-le, purement
d'emprunt, et qui sont, par suite, diversement appropriées aux buts que
l'on peut viser.
MÉDECINE. — Reproduclioii ex péri me ni aie du lyplais cxanlhemalujue chez
le Macaque par inoculation directe du virus luimain. Note de MM. Chaiu.es
NicoLi-E et E. Co.vsEiL, présentée par M. K. Uoux.
Dans une Note antérieure ( ' ), l'un de nous a montré que le t\ [ilius
exauthématique pouvait être reproduit par l'inoculation du sang de malade
au chimpanzé, puis avec le virus de cet animal chez le Macacus sinicus
(') C. NicOLi.K, Comptes rrriittis. i ;> juillet 1909. Cf. également notre Mémoire
d'ensemble sur le lyplins : Anmilrs de l'/ntiiliit l^axleur, avril 1910.
SÉANCE DU 27 JllN 1910. 177^
(bonnel chinois ). Deux passages avaient pu èlre réalisés ensuite de bonnet
à bonnet après lesquels le virus s'était allaibli au point de ne plus donner à
ce singe qu'un typhus abortif et non inoculable. D'antre part, les tentatives
d'inoculation directe du sang- humain aux macaques (un 31. sinicus, un
.1/. cynomolgus) avaient échoué et le virus du bonnet chinois s'était montré
inactif au premier et au second passage pour trois espèces voisines
{M. rhésus, M. cynomolgus et M. inuus).
Nous avons repris an printemps 1910 nos expériences sur le typhus.
Grâce à la libéralité de l'Institut Pasteur et à l'appui bienveillant que nous
avons rencontré auprès du Gouvernement tunisien, il nous a été possible de
poursuivre avec un matériel d'expériences et des ressources infiniment plus
larges nos recherches. Elles ont précisé dans leurs lignes essentielles^ nos
constatations antérieures, confirmées déjà par des travaux étrangers et nous
ont permis d'acquérir en outre d'intéressantes données nouvelles.
Nous ne parlerons dans cette Note que de la reproduction expérimentale
du typhus chez les macaques par inoculation directe du virus humain, c'est-
à-dire sans passage par le chimpanzé. Nous rapportons à cet effet huit expé-
riences dont six concernent le bonnet chinois, deux le M. rhésus.
Tous nos animaux ont été inoculés avec le sang de malades.
Nous ne donnons que quatre courbes montrant les divers types de typhus expéri-
mental du singe.
Rien à noter de bien spécial chez nos animaux. Le typhus a évolué silencieusement
dans les cas légers, mais il y a toujours eu faiblesse et amaigrissement dans la seconde
moitié de la période fébrile ou dans la convalescence. Nous n'avons jamais constaté
d'éruption; la plupart des singes ont eu les yeux injectés pendant la maladie et ont
présenté ultérieurement un peu de desquamation de la face.
Nous pouvons conclure de ces expériences qu'il est possible d'infecter
avec succès le Macacus sinicus et le Macacus rhésus directement avec le sang
des tvpliiques. l^e succès n'est pas certain, la meilleure méthode demeure
le passage par chimpanzé, mais l'infection de quelques-uns de nos animaux
a été en tout identique à la maladie humaine ; dans un cas même elle a déter-
miné la mort.
[^'intensité de la maladie est fonction de la quantité de sang injectée, de
la voie choisie par l'inoculation et plus encore de l'activité, très variable
suivant les cas, du virus humain.
<^es faits étaient utiles à publier sans attendre, car les auteurs américains
Anderson et Goldberger, Ricketts et Wilder qui ont repris nos expériences
de l'an dernier avec le virus exanthématique mexicain, ayant obtenu l'in-
I^n4 ACADÉMIE DES SCIENCES.
fecLion du M. rhésus par rinociilation direcle de sanj;- drtibriné de malade
dans le péritoine, ont déjà conclu prématurément de ces désaccordsapparents
de nos expériences antérieures avec les leurs, que le typhus du Mexique
{TabarMIo) est différent du tyfilius de l'ancien monde ( '). Or, à tous points
de vue, ces deux maladies sont identiques. L'ai;ent de transmission dans les
deux cas est le pou (sur ce point, Rickells et W ilder viennent encore de
confirmer nos expériences) atteint de typhus caractéristique à diverses
périodes de l'infection.
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Nous savons, et nous prouverons par une prochaine Note, que le sang est
virulent dans le typhus jusqu'à la fin de la période fébrile.
Mais à ce point près, les conditions de nos expériences n'ont pas été les
mêmes. Le virus provenait (sauf pour un sinicus et un r/iesus) de cas diffé-
rents ; les quantités inoculées ont varié et l'inoculation a été pratiquée tantôt
par voie sous-cutanée, tantôt par voie péritonéale. Ces diverses influences
( ' ) Le Macacus rhésus sur lequel expérimentenl les auteurs américains est un mau-
vais animal pour l'élude d'une infection qui ne se traduit souvent que par sa seule
réaction fébrile. Chez ce macaque, la température normale avoisine souvent 4o°; les
courbes thermiques du typhus expérimental sont donc chez, lui infiniment moins nettes
que chez le bonnet chinois qui présente une température plus basse.
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 177.5
se sonl traduiles par des résultais difTérents que mettent en évidence le
tableau résumé suivant et les courbes tbermiques qui l'accompagnent :
I. J^J. si/iiciis IG. Inoculé avec 0'°^'.-') de sani; du malade '.i sous la peau. Résultat
négatif.
II. M. sinictis la. Inoculé avec 1''"' de sang du malade 1 sous la peau. Typhus
abortif du id" au 20'' jmir.
III. M.sinicus 18. Inoculé avec o""',5o de sang du malade 14. sous la peau. Typhus
léger du 24^' au 26'' jour. Amaigrissement à la suite.
W . M. siniciis 23. Inoculé avec i"^"'' de sang du malade 6 dans la cavité péritonéale.
I \plnis léger du même type que le précédent, mais après 12 jours seulement d"in<u-
bation.
V. M. sinicus ^k. Inoculé avec 10""' de sang du cas 7 dans la cavité péritonéale.
Typhus grave du type humain de lo jours de durée après 1 3 jours d'incubation.
VI. M. sinicta 17. Inoculé avec o'^"'',66 de sang du cas C sous la peau. Typhus très
grave, après i3 jours d'incubation, se terminant par la mort au 5" jour. (L!n chimpanzé
témoin a contracté un typhus classique du type humain.)
VII. M. rhésus 2. Inoculé dans les mêmes conditions que le bonnet lo. Késultat
négatif.
VIII. M. rhésus V. inoculé avec 5'^'"' de sang du cas 19 dans la cavité péritonéale.
Après 12 jours d'incubation, typhus classique d'une durée de S jours environ.
MÉDECINE E.VPÉRlMENïALE. — Propriétés neutralisantes d'une
substance isolée du cerveau normal. Note de M. A. ^Iarie, pré-
sentée par \1. I']. Ixoux.
Nous avons déjà montré ('), dans la substance cérébrale des mamuii-
fères, la présence de propriétés actives contre l'action patbogène du virus
rabique. Elles existaient dans le suc obtenu en soumettant la masse encé-
phalique broyée à de très fortes pressions; on les retrouvait aussi dans des
produits entraînés par des précipités offrant les caractères ordinaires des
nucléoprotéines. *
Nous désirons revenir sur l'étude de ces composés, que nous sommes
parvenus, aujourd'liui, à isoler de la substance nerveuse.
On prépare, avec l'eau distillée, une émulsiou de matière cérébrale, qu'on additionne
d'une goutte d'acide acétique cristallisable pour chaque gramme de substance ner-
veuse. La masse est jetée sur un filtre, puis reprise par l'acide acétique, à raison
de o'^"', 10 par gramme de cerveau. Après centrifugalion, on précipite le liquide surna-
(') Comptes rendus, t. CXLIX, 19 juillet 1909, p. 284.
I'j'j6 ACADÉMIE DES SCIENCES.
geaiil par NaCl à 30 pour loo, et l'on isole enfin, par fillralion, la solution active,
qu'on pourra dialyser de mauièie à la débarrasser de l'excès d'acide acétique et des
substances salines.
Ses caractères chimiques sont ceux il' un acidalbuniinoïde (' ) : il est précipité de sa so-
lution par la dialyse et par neutralisation; le sulfate de magnésie à saturation le pré-
cipite totalement. La température de l'ébullition ne coagule pas cette substance dis-
soute. Enfin, en plus de ces réactions de précipitation, elle présente celles de coloration
communes à tous les allsuminoïdes (réaction de Millon, xantlioprotéique, du biurel).
Ses jiropric'Lés biolo!.;i([ues sont les suivantes:
Si l'on prépare un mélange d'une émulsion centésimale de virus rabique et de celte
solution albuminoïde, préalablement débarrassée de l'acide par dialyse ou par NaOIl,
on constate que le virus de la rage a perdu ses propriétés pathogènes; inoculé dans le
cerveau des animaux sensibles, un tel mélange se montre complètement inoflensil
pour eux. Nous avons traité la même émulsion virulente par du sérum normal addi-
tionné de quantités variables d'acélate de soude, ou encore par des solutions plus ou
moins concentrées de ce sel, et toujours le virus avait conservé, dans ces mélanges,
ses propriétés pathogènes.
[^a substance albuminoïde que nous avons isolée du cerveau est donc
bien douée par elle-même de propriétés antiraliiques.
(Celles-ci sont parfois assez prononcées: ainsi l'encéphale d'une femme
qui avait succombé à un érysipèle nous a fourni un extrait capable de neutra-
liser jusqu'à cinq fois son volume d'une émulsion virulente centésimale.
Dans notre première Communication sur cette question, nous avions noté
que l'ancien procédé ne permettait pas de mettre de telles propriétés en évi-
dence dans le cerveau de tous les mammifères, (^ette préparation nouvelle
nous a montré au contraire la réalité de ce pouvoir neutralisant dans l'encé-
phale des diverses espèces en usage dans les laboratoires, singe, chien, lapin,
cobaye.
De tels phénomènes nous paraissent intéressants à plusieurs points de vue.
Quelle que soit l'interprétalion qu'on en puisse donner, quelle que soit l'idée
que l'on se fasse de la signilication d'une telle substance, un fait demeure
ac(piis, c'est que de la matière nerveuse, le seul milieu de culture connu pour
le virus de la rage, on peut extraire, après la mort, une [)roduit capable de
le neutraliser. Il nous semble judicieux de tenir compte de la présence de
ce produit dans les essais de culture in vitro cp'on voudrait faire en partant
de la substance nerveuse virulente.
(') L'analyse n'y montre pas de phosphore.
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1777
Une autre constatation intéressante se dégagée de l'étude de ce composé
albuminoïde, c'est qu'il est thermostabile. On sait que les propriétés anti-
toxiques des sérums thérapeuti({ues cèdent à l'action des températures
élevées en raison des processus de coagulation qui interviennent alors.
La forme sous laquelle nous avons obtenu le produit actif en question lui
permet d'échapper à de senddables processus et il en résulte qu'on peut le
soumettre aux températures de 80" et 9,5° sans lui voir perdre ses propriétés
neutralisantes.
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Sur les produits de décomposition du chloroforme
dans l'organisme. Note de M. M.*urice Nicloox, présentée par
M. A. Dastre.
Dans une Note pi'écédeute ( ' ) j'ai démontré que chez le chien, pendant
l'anesthésie et la période de retour, la moitié environ du chloroforme lixé
par le sang et les tissus est décomposé dans l'organisme.
Les recherches ([ui suivent ont pour objet l'étude du mécanisme de cette
décomposition.
Des recherches anciennes, et notamment celles de Kast et de Vidal, ont
mis en évidence ce fait intéressant que l'élimination urinaire des chlorures
alcalins, chez des animaux soumis à un régime déchloruré ou à l'inanition,
augmente considérablement tout de suite après l'anesthésie. .]"ai refait des
expériences semblables et trouvé les mêmes résultats. On a signalé aussi
dans l'urine des combinaisons chlorées organiques, mais ces corps, tou-
jours en petite quantité vis-à-vis du chlore minéral, n'ont jamais été
isolés.
Va ainsi, le fait de la production de chlorures alcalins lors de l'anesthésie
chloroformique implique déjà, et de toute nécessité, une hydrolyse.
Deux réactions permettent, in vitro, de se rendre compte de l'hydrolyse
alcaline (-) du chloroforme, soit par la potasse, soit par la soude; la pre-
mière est la réaction classique de J.-B. Dumas
( 1 ) CH Ci' -4- ',K0 H = 3 IvCI -i- Il CO^v 4- a IPO,
(' ) Comptas rendus, même Tome, séance du 17 mai 1910, p. 1260.
C) La seule à considérer, étant donnée la réaction alcaline générale du milieu ort;
iiii|ue.
1778 ACADÉMIE DES SCIENCES.
la seconde esl la réaction très intéressante découverte par Desgrez ( ' )
(II) CHCP+ 3K0H = 3KCI + CO -H iHH).
Toutes deux, donnent naissance à la même quantité de chlorures, mais
dans la seconde, en lieu et place du formiate, on trouve les éléments de
l'acide formique : l'oxyde de carbone et l'eau. La première s'effectue à chaud
en milieu alcoolique^ la seconde a lieu à froid, ou à température peu élevée,
en milieu aqueux.
Les carbonates et les phosphates alcalins onl une action faible ou nulle.
(^eci posé, comme les deux réactions ci-dessus expliquent la formation de
chlorures alcalins, constatée expérimentalement ?V? iiivo, il reste à savoir si
celle-ci est accompagnée de formiate [réaction (I)] ou d'oxyde de carbone
[réaction (II)] ou des deux composés à la fois.
C'est ce que j'ai cherché à élucider.
Les conditions de milieu de la réaction (II) paraissent réalisées dans l'orga-
nisme, car nous avons montré il y a plus de dix ans, Desgrez et moi (-),
qu'au cours de l'anesthésie on voit apparaître l'oxyde de carbone, en quan-
tités minimes il est vrai, mais cependant parfaitement dosables, et tou-
jours d'un ordre de grandeur bien supérieur à celui des quantités trouvées
dans le sang normal : jusqu'à 5 fois plus.
J'ai entrepris dans un autre ordre d'idées deux séries d'expériences qui
confirment les résultats précédents en les complétant. I^n voici le résumé ( •' ).
1° Dccontposilion de petites quantités de chloroforme par des solutions faibles de
soude. — J'ai clioisi à dessein des quantités de chloroforme de l'ordre de grandeur
de celles contenues dans le sang : o,o4 et o,o5 pour 100, et je les al mises au contact
de solution de soude dont l'alcalinité était au plus égale à celle admise pour le sang.
Avec des solutions à 3s, 3 par litre, et à l'étuve à 38°, le chloroforme est décomposé dans
la proportion de 76,5 pour 100 en 24 heures, entièrement en 'j:i heures, suivant la
léaction (II); l'oxyde de carbone peut être enllammé à la partie supérieure du flacon.
Avec des solutions à is de NaOlI par litre, la décomposition est moins rapide, mais
cependant très notable : 54.1 poui- loo en 9.!\ heures, 71,3 poiii- 100 en f\S heures,
92 pour 100 en 8 jours.
2° Disparition partielle dit clilorofornie du sang in vitro avec formation siniul-
tanée d'oxyde de carbone. — On ajoute à du sang normal jjrélevé aseptiquement du
(') Comptes rendus, t. GXXV, 1897, p. 780.
(-) Comptes rendus, t. CXXVI. 1898. p. 708; Archives de Physiologie, 5" série,
l. X, 1898, p. 377-386.
(') Un Mémoire d'ensemijie paraîtra prochainement dans \ii Journal de Physio-
logie et de Pathologie générale.
SÉANCE DU 1-j JUIN 1910. I^^jj
chloroforme, ou bien on recueille aseptiqueraent du sang d'un animal (chien) anes-
thésié. On place les sangs à l'éluve à 38° et l'on prélève à certains intervalles des
échantillons pour y déterminer le chloroforme et l'oxyde de «arbone (dosé par l'acide
iodique) et les comparer aux quantités du début. Voici le résultat d'une de ces
expériences faite avec le sang de i'aneslhésie :
Cliloi-oforme CO
pour pour
loocm' desaog. loo'^'n' de sang.
Sang du début 48)6 0,28
Après 24 heures à 38" 45,8 o,3-
Après 48 heures à 38° 42,2 0,^9
Après 1 44 heures à 38° 4';7 0,84
Dans la dernière analyse (après i44 heures), les gaz ont été extraits de loS*^"' de
sang et l'oxyde de carbone a été caractérisé et dosé par une analyse eudiométrique.
Deux autres expériences m'ont fourni des résultats semblables. Dans le san" aci-
difié (acide lactique), la décomposition ne se produit pas.
Ainsi donc la seconde série d'expériences, qni U-ouve dans la première
lin appui évident, démonlie indubitahlement la production d'oxyde de car-
bone aux dépens du chloroforme contenu dans le sang.
Je n'ai pas perdu de vue la possibilité d'une décomposition du chloro-
forme avec production de formiates alcalins suivant la réaction (I), et j'ai
recherché ces corps dans l'urine, ijui est leur voie d'élimination, d'après les
recherches de Gréhant et Quinquaud. Kn employant la technique de ces
auteurs, j'ai pu me convaincre que cette élimination est infime. La part qui
revient à la réaction (I) dans la décomposition du chloroforme dans l'orga-
nisme est donc très faible, à moins que les formiates n'y soient décomposés
et brûlés au fur et à mesure de leur production.
Finalement, de l'ensemble de ces recherches, on peut tirer les conclusions
suivantes :
Le chloroforme est décomposé dans l'organisme en proportion notable :
la moitié environ.
Tout se passe comme si cette décomposition était due à une hydrolyse
alcaline; à côté des chlorures alcalins qui en résultent nécessairement, on
peut affirmer la production d'oxyde de carbone. Si les formiates se forment
en même temps, ce n'est vraisemblablement qu'en petites quantités.
Le sang, il y a tout lieu de le penser, est le siège de cette décomposition :
la production in rivo d'oxyde de carbone dans le sitng de l'animal anesthésic
(Desgrez et ÎNicloux), la diminution in rilro du chloroforme du sang chloro-
C. H., lyio, I" Semestre. (T. 150, N° 26.) 232
1780 ACADEMIE DES SCIENCES.
formé et la formation simultanée d'oxyde de carbone (') sont, on le conçoit
aisément, deux arguments très sérieux en faveur de cette manière de voir.
Le rôle éventuel du foie n'est pas encore étudié.
J'ajoute enfin qu'il est inadmissible de faire jouera l'oxyde de carbone
(dont la quantité dans le sang est toujours très petite, même au maxima de
l'anesthésie) un rôle toxique dans la pathogénie des accidents post-chloro-
formicjues (ictères graves) signalés depuis un certain temps par la clinique.
Faut-il en rechercher l'origine dans la diminution notable de l'alcalinité
générale de l'organisme, la soustraction rapide d'éléments minéraux indis-
pensables dont les recherches précédentes ont démontré la réalité et l'in-
tensité? C'est là une simple hypothèse cjue je me permets de signaler.
M. Bouchard, à l'occasion de la présentation faite par M. Dastre, rappelle
qull a eu l'occasion de constater, il y a longtemps déjà, des faits qui ont été
l'occasion de la démonstration par M. Desgrez de la production d'oxyde
de carbone dans le chloroforme en présence d'eau et de potasse. Il s'exprime
a in. si :
« Je cherchais à extraire les matières constitutives du corps des orga-
nismes inférieurs en les faisant macérer dans de l'eau alcalinisée par la
potasse. L'organisme sur lequel j'opérais était la levure de bière. Pour
empêcher tout acte vital de la levure et pour la mettre à l'abri des germes
de putréfaction j'ajoutai du chloroforme au magma de levure et d'eau
alcalinisée. Je laissai macérer. J'eus le désagrément de trouver le flacon
débouché, le bouchon à terre à quelque distance. Je rebouchai et surveillai.
J'assistai à une explosion: le bouchon fut chassé par des gaz dont je con-
statai rcfîervescence. Je bouchai de nouveau et quand je sentis que des gaz
accumulés tendaient à expulser le bouchon, j'approchai une allumette et je
constatai l'issue d'un gaz inflammable. J'eus l'idée qu'il s'était produit,
comme dans certaines fermentations anaérobies, de l'hydrogène ou de
l'hydrogène carboné. Je ne poursuivis pas la recherche et je la confiai au
D'' Desgrez qui était attaché à mon laboratoire. Il reconnut que le gaz en
question était de l'oxyde de carbone et que la levure n'intervenait en rien
dans la réaction, que ce dégagement se produit pourvu que du chloroforme
soit en présence d'eau et de potasse. »
(') Dans des roiulitioiis, on peut le dire, nellement défavorables; on sait, en tirel,
f[iie le sang, liors des vaisseaux, perd rapidement une grande partie de son alcalinité.
SÉANCE DU 27 JUIN I910. I781
ZOOLOGIE. — Recherches expérimentales sur les phases initiales de l'infection
d'une Ophiure (Amphiura squamata) par un Orthonectide (Rhopalura
opliiocoiiife). Note de MM. M. Caulleky et A. Lavallée, présentée par
M. Yves Delage.
Comme il arrive pour la plupart des parasites, les phases initiales du dé-
veloppement des Orthouectides, à l'intérieur de leurs hôtes, sont la partie
la moins connue et la plus difficile à étudier de leur cycle évolutif : elle
offre un intérêt spécial, à raison de la structure des Orthouectides, pendant
leur phase parasitaire. Nous avons essayé. Tété dernier, à la station zoolo-
gique de Wimereux, de réaliser systématiquement des infections expéri-
mentales cï Amphiura squamata, par rOrlhoneclide qu'elle héberge {Rhopa-
lura ophiocomœ, en vue d'élucider le mode de pénétration du parasite et les
processus de transformation de ses larves en plasmodes. Quoique nous
n'ayons pas encore pu résoudre ces problèmes d'une façon complète, nous
croyons utile de donner ici un résumé des résultats obtenus.
Nous avons précédemment (') retracé les diverses étapes du développe-
ment intra-maternel des œufs de Rhopalura ophiocomœ, jusquà la consti-
tution de larves ciliées, qui sont émises au dehors, dans l'eau de mer, 18 à
24 heures après la fécondation. Nos expériences ont consisté à produire ces
larves en grandes quantités dajis de petits cristaUisoirs et à y placer, pen-
dant des temps variables, déjeunes Amphiura. Les durées des expériences
ont été de 4, 8, 12, 18, 24, 36 heures, 2, 3, 4? •••, 10 jours. Les Ophiures
étaient ensuite fixées et coupées. Nous en avons ainsi examiné environ i5o.
Au cours de ces expériences, s'est présentée une simplification impor-
tante pour l'obtention des larves de l'Orthonectide. Nous avons constaté,
en effet, qu'en plaçant dans un petit récipient, une centaine d'Ophiures ré-
coltées à Wimereux, quelques-unes parmi celles-ci émettaient presque
toujours, spontanément par les fentes génitales, de nombreux Rhopalura
mâles et femelles, aptes à la fécondation. Chose curieuse, ces émissions se
sont toujours produites à la fin de l'après-midi, vers 5''. Il suffit alors
de décanter proprement l'eau renfermant les Orthonectides ainsi émis,
pour avoii" une culture qui, le lendemain, fournira les larves destinées à
l'infection des Ophiui'es.
1° Pénétration des larves dans l'Ophiure. — Un premiei- résultat se dégage de nos
(') Comptes rendus, t. CXLVl. p. 40, et Arcli. Zool. ea;p., 4° série, t. Vlll, p. 421»
1^82 ACADÉMIE DES SCIENCES.
expériences : rinfection des Ophiures a lieu par pénétration des larves de l'OrlIiojieclide
dans les fentes génitales. Dans les coupes d'assez nombreuses Amphiura sqiiamala,
ayant été en contact 4, 8 ou 12 heures avec les larves, nous avons trouvé de celles-ci,
soit à l'entrée des fentes, soit surtout à l'intérieur et principalement dans le fond. Plu-
sieurs Ophiures nous ont montré une quinzaine de larves et, dans deux cas, il y avait en
infection massive, par une centaine au moins. Ces deux derniers cas étaient relatifs à
des Ophiures incubant des embryons et les larves de Blwpalura avaient pénétré jus-
qu'au fond des poches incubatrices. Cela indique la possibilité d'une infection des
Ophiures avant leur éclosion. I^a pénétration de plusieurs larves dans le même hôte
explique très bien la présence simultanée des deux sexes du parasite dans la même
Amphiura, Celte contamination n'a pas eu lieu, à beaucoup près, dans tous les sujets
mis en expérience, mais il n'y a pas lieu de s'en étonner, la réussite dépendant de con-
ditions assez complexes et les Ophiures s'étant souvent soustraites à l'infection en sor-
tant de l'eau.
2° Formation des plasmodes a ko: dépens des larves. — C'est le point où nos recher-
ches laissent encore quelques lacunes. Nous avons cependant constaté, dans divers cas,
l'accolement intime de la larve de Rhopaltira à l'éplthélium des fentes génitales ou
des poches incubatrices et, dans deux cas, son incorporation nette dans l'épaisseur
même de cet épithélium. Mais nous n'avons pas encore de données précises sur les
changements qui s'opèrent dans les tissus mêmes de la larve.
Dans une Ophiure où avaient pénétré une quantité considérable de larves, ré|)ithé-
lium des fentes génitales renfermait un grand nombre de petits plasmodes d'Orthonec-
tides, oflTrant i à 4 noyaux qui s'individualisaient déjà en cellules, par adjonction de
cytoplasme différencié. C'est là évidemment le premier stade succédant à la larve et
c'est par la multiplication et la dissémination de ces plasmodes que l'infection s'étend.
Aux stades suivants, les plasmodes jeunes sont localisés principalement dans le
péritoine, d'abord et surtout au voisinage immédiat des glandes génitales, et le déve-
loppement de celles-ci est enrayé dès cet instant. Des cellules isolées ou de très petits
plasmodes se répandent, par mouvements très vraisemblablement amœboïdes, dans
divers endroits et jusque sur la paroi intestinale.
3° Différenciation des plasmodes : cellules germes, embryons et noyaux plasmo-
diques. — Les jeunes Ophiures provenant de nos expériences et que nous avons coupées
(au nombre de i5o environ) nous ont fourni une série assez jcomplète des stades de
l'évolution des plasmodes. Ils seront décrits dans un Mémoire détaillé. Il est clair
toutefois qu'une partie de ces plasmodes ne provenait pas de nos expériences mêmes,
mais d'infections naturelles à peu près contemporaines et qu'il est impossible de
discerner extérieurement, quand on constitue les lots d'expériences. Nous ne pouvons,
à cause de cela, fixer la chronologie des divers stades.
Les états jeunes montrent de petites cellules individualisées et proliférant sous forme
de morulas, au sein d'une substance fondamentale granuleuse qui va en se développant.
Il est à noter qu'on ne trouve pas de karyokinèses de ces éléments. Des cellules se
séparant une à une des morulas sont le point de départ de morulas nouvelles. ,\ un
certain moment, se différencient des embryons : dans les plasmodes mâles, aux dépens
de cellules isolées détachées de morulas et qui ont fortement grossi; dans les plasmodes
femelles, par transformation globale des morulas en embryons. Les cellules décrites
SÉANCE UU 27 JUIN IQIO. 1 788
ci-dessus sont des cellules germes, au même sens que chez les Dicvémides et il en
persiste toujours quelques-unes isolées dans les plasmodes âgés.
La substance fondamentale des plasmodes renferme en outre des formations chro-
matiques, décrites en même temps que les cellules germes par l'un de nous ('). Nous
nous sommes attachés à préciser l'origine, la structure et la destinée de ces noyaux
plasmodiques. Nous les avons vus se former simultanément, en grand nombre, dans les
stades jeunes de certains plasmodes, par un processus qui paraît une division multiple
de noyaux, de cellules germes. Il est ensuite assez difficile, en général, de les délimiter
dans la substance fondamentale. Nous regardons comme très probable qu'ils ne se
divisent plus, qu'ils ne peuvent pas reconstituer des cellules germes et que leur rôle
est strictement limité à la vie végétative du plasraode. Par leur état assez imparfait,
ils font même songer à un rapprochement avec ce que Ion appelle aujourd'hui des
chroinidies.
Tel est le résumé de nos constatations, que nous développerons dans un
Mémoire, après avoir encore tenté quelques expériences complémentaires.
PHYSIQUE DU GLOBE. — Tremblement (le terre du i\ juin 1910.
Note de M. Alfred Angot.
On remarque, depuis 1 mois environ, une grande agitation sismique.
En mai dernier, l'Observatoire du Parc Sainl-Maur a enregistré 20 trem-
blements de terre plus ou moins éloignés et, pendant \[\ jours distincts, on
a ressenti, en France même, des mouvements directement perceptibles sans
instruments.
En juin, parmi les nombreuses secousses enregistrées, deux ont présenté
au Parc Saint-Maur une intensité exceptionnelle, à cause du peu de distance
de leur foyer : ce sont celles du 16 juin (sud de l'Espagne) et du •il\ juin
(Algérie).
D'après un télégramme que m'a adressé M. Gonnessiat, on a ressenti à
Alger, le 24 juin, deux violentes secousses à i3''38'" et i3''4i'"; leur durée
a été respectivement de 14 et 11 secondes et leur direction JNE-SW; des
dégâts sont signalés dans les régions d'Aumale et de Blida.
Au Parc Saint-Maur, les premières secousses préliminaires commencent
à 1 3'' 39'" 22' (temps moyen de Paris) pour la composante Nord et à
i3''39™29* pour la composante Est; la phase maximum se présente de
(') Gaullery et Mesnil, Comptes rendus, t. CXXVIIl, p. 5i6, et Arc/i. Anat.
microsc, t. IV, p. 890-470.
it84 académie des sciences.
i3''/|4"' à i3'''i8™'7 le^ oscillations ont alors une période moyenne de
<) secondes; sur le tracé, la plus grande amplitude totale est de 68'""' pour
1 1 composante Nord et de 8()™'° pour la composante Est ; cette dernière
valeur correspond à un déplacement réel du sol supérieur à o'"'",4- Les
oscillations diminuent ensuite, mais elles persistent jusque vers i5''2o"'.
Les mi-mes mouvements ont été très bien enregistrés aussi à l'Observatoire de
Besançon. Les sismogrammes, que M. Lebeuf a bien voulu me communiquer, seront,
bien qu'obtenus avec un instrument moins puissant, très intéressants à comparer en
détail avec ceux du Parc Saint-Maur. Le début des secousses a eu lieu à i3''39'°io"
sur la composante Nord et à i3''39™7' ^"'" '* composante Est.
Les tremblements de terre du iG juin (Espagne) et du 24 juin (Algérie)
ont leur foyer à peu près à la même distance de Paris; ils ont donné, à
Saint-Maur, des sismogrammes dont l'apparence générale est très analogue
et dont l'amplitude maximum est presque identique (88"'" le 16 et Sô'^'^
le 24). Il est intéressant de rapprocher cette valeur de celle qu'on a observée
le 26 mai, lors du tremblement de terre de la Suisse. Bien que la distance
du foyer fût alors presque quatre fois moindre, l'amplitude totale du tracé
à Saint-Maur n'a pas dépassé i""" ; on a ainsi une première idée de l'intensité
relative de ces mouvements.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECRET.
Rapport de fa Commission chargée de proposer pour l'année 1910
la répartition des subventions du Fonds Bonaparte.
(Cette Commission, ([ui comprend le pinnce Roland Bonaparte comme
membre de droit, se compose cette année de MM. Emile Picard, président
de l'Académie; Darboux, Violle, Deslandres, Haller, Delage, Alfred Picard;
Pli. van Tieghem, rapporteur.)
La Commission nommée par l'Académie pour lui faire des propositions
de subvention, à attribuer sm- le fonds Bonaparte pour 1910, a eu à exa-
miner trente-quatre demandes se rapportant aux sujets les plus divers. A
son grand regret, elle n'a pu en retenir que onze. Encore était-il que le total
SÉANCE DU 27 JUIN I910. l'jbS
de ces onze demandes dépassait de beaucoup le chiffre de l'annuité dispo-
nible. Devant cette situation critique et pour éviter à plusieurs d'entre elles
une réduction qui eût été préjudiciable aux intérêts de la Science, le prince
Roland Bonaparte a eu la généreuse pensée d'ajouter, pour cette année,
une somme de oooo''' à son annuité, qui se trouve ainsi portée à Socoo''"".
\ otre rapporteur manquerait à un devoir et en même temps se priverait
d'un grand plaisir s'il ne commençait par adresser à notre Confrère, au nom
de l'Académie, un surcroît de remerciments pour ce surcroît de libéralité.
La Commission vous propose de répartir, comme il suit, cette somme de
Soooo'^'' entre les onze bénéficiaires.
1° 5ooo"' à M. Hartmann, lieutenant-colonel d'Artillerie en retraite,
lauréat de l'Institut.
L'étude expérimentale du développement et de la répartition des forces
élastiques dans les corps déformés par des efforts extérieurs, pour toutes
les valeurs de ces efforts, offre le plus grand intérêt pour la Science. En
particulier, un grand pas serait fait dans la connaissance des propriétés de
la matière si l'on arrivait à trouver, dans le jeu même des déformations, la
cause physique de la résistance croissante que les corps opposent aux actions
exercées sur eux. La théorie de l'élasticité, de son côté, gagnerait à ne pas
rester limitée aux premiers instants de l'application des forces extérieures
et à être étendue à toutes les phases de la déformation.
C'est à l'étude expérimentale de cette importante question que M. Hart-
mann consacre depuis dix ans tous ses efforts. L'Académie a récompensé,
en 1902, l'ensemble de ses premiers travaux, par le prix de Mécanique de la
fondation Montyon. La subvention actuelle lui permettra de compléter ses
premières recherches, qui n'ont été que qualitatives, par des expériences
([uantitatives. Exécutées suivant un programme détaillé, que les premiers
essais ont permis de tracer avec une grande précision, ces nouvelles expé-
riences comprendront l'étude successive : 1° des déformations permanentes
sans plissements; 2" des forces intérieures; 3° de la période élastique
et 4" des déformations permanentes accompagnées de plissements.
2° looo'^'' à M. Urbain, professeur de Chimie minérale à la Faculté des
Sciences de Paris.
Découvert par M. Winckler dans l'argyrodite de Freiberg en 1886, le
germanium est, comme on sait, un élément extrêmement rare et très inté-
ressant au point de vue chimique. Malheureusement le mince filon originel
in86 ACADÉMIE DES SCIENCES.
a été vite épuisé, sans qu'on en ait retrouvé d'autres jusqu'à présent, de
sorte que nos connaissances sur ce corps demeurent, depuis 24 ans, station-
naires et incomplètes.
M. Urbain a montré récemment que cet élément existe normalement
dans un grand nombre de blendes. Il a traité, depuis six mois, jusqu'à Soo''^
de blende germanifère et espère en obtenir plusieurs grammes de germa-
niuui, de manière à en pousser l'élude plus loin que n'a pu faire M. Winckler.
La subvention lui permettra de faire traiter industriellement, sur ses indi-
cations, plusieurs tonnes de minerai, de manière à obtenir, outre la quantité
de germanium nécessaire à ses propres travaux, l'indium et le gallium
qui y sont associés dans la blende et sur lesquels il dirigera les recherches
de plusieurs de ses élèves.
3° Sgoo*^'' à MM. Bauer, agrégé des Sciences physiques, et Moulin, chef
de travaux pratiques à TlOcole municipale de Physique et de Chimie.
MM. Bauer et Moulin ont entrepris des recherches expérimentales dans
le but de déterminer la constante de la loi de Stefan, dont la connaissance
précise a, comme on sait, une grande importance à la fois pour l'Astro-
nomie et pour la Physique. A cet effet, il leur faudra faire construire
quelques appareils spéciaux, en particulier un petit four électrique en pla-
tine ou mieux en iridium. D'autre part, ils projettent de reprendre l'étude
de la répartition de l'énergie dans le spectre, pour vérifier certaines for-
mules théoriques importantes qui relient le rayonnementaux théories molé-
culaires et ces recherches nécessiteront la construction d'un radiomèlre d'un
type nouveau. La subvention leur permettra do poursuivre leurs recherches
dans ces deux directions.
4° aSoG*^'' à M. Bi.AKiNGHEM, doctcur es sciences, chargé d'un cours de
Biologie agricole à la Faculté des Sciences de Paris.
A l'aide des subventions qui lui ont été allouées sur le fonds Bonaparte
en 1908 et 1909, M. Blaringhem a pu installer et poursuivre ses intéres-
santes recherches sur les variations héréditaires des races d'Orges, de Maïs,
de Pavots, de Nigelles et de CapscUcs, obtenues brusquement par voie de
mutation. La nouvelle subvention sera employée à continuer les premières
cultures ; à en entreprendre de nouvelles ayant pour objet la Courge, le Lin,
le Tabac, etc.; à préparer une collection complète de plantes étudiées
depuis quatre années, en vue du Congrès de Génétique qui doit se réunir à
Paris en septembre 191 1; enfin, à l'achat d'un microscope puissant et por-
SÉANCK DU 27 JUIN I910 I787
tatif permettant de faire sur place, en pleine campagne, les observations
délicates que nécessite ce genre d'études.
5° sioo'^'' à M. ]\icoi,Aiii)OT, docteur es sciences, capitaine d'artillerie,
chef du laboratoire de la Section technique de l'Artillerie, à Paris, pour lui
permettre de poursuivre les études qu'il a commencées sur le columbium
et le tantale/ Les minéraux qui renferment ces deux éléments sont, comme
on sait, très chers (de 80''' à i4o''' le kilogramme), et pour les attaquer il est
nécessaire d'employer l'acide fluorhydrique et de se servir d'appareils en
platine. Les réactifs et les instruments sont aussi fort coûteux.
6° 2000*^"' à M. Jules Baillaud, astronome-adjoint à l'Observatoire de
Paris, pour l'aider à achever ses recherches sur l'absorption atmosphéricjue
commencées en 1909 au sommet du Pic du Midi de Bigorre.
La subvention lui permettra de faire construire un photomètre spécial,
dont le plan a été décrit dans les Annexes aux procès-verbaux du Congrès
de la Carte du Ciel de 1909.
7° 2000'"' à M. Chevalier, docteur es sciences, lauréat de l'Institut, atta-
ché au Muséum d'Histoire naturelle, explorateur bien connu de l'Afrique
tropicale, qui poursuit méthodiquement, depuis dix ans, l'étude de la végé-
tation de nos colonies dans celte région. Commencé en novembre 1908,
continué en 1909, grâce à une première allocation sur le fonds Bonaparte,
son voyage actuel pourra, à la faveur de la nouvelle sul)vention, devenir
aussi utile à la Science que les précédents.
8" 2000'^' à M. Eberhardt, docteur es sciences, inspecteur de l'Agricul-
ture en Indo-Chine. Résidant depuis cinq ans en Indo-Chine, il s'est appliqué
à la recherche et à l'étude des végétaux économiques de notre grande
colonie, sur lesquels il a publié déjà bon nombre de Notes et de Mémoires d'un
grand intérêt. Fixé à Hué depuis deux ans, il y a installé un laboratoire qui
prend de jour en jour plus de développement et qui est appelé à rendre de
grands services à la Science et au pays. La subvention lui permettra, d'une
part de poursuivre et d'étendre ses travaux d'exploration, de l'autre de
compléter l'installation de son laboratoire.
9" 2000*'' à M. Gaillot, Correspondant de l'Académie des Sciences,
astronome honoraire de l'Observatoire de Paris, pour lui permettre de faire
exécuter les calculs nécessaires à la revision, qu'il a entreprise, des Tables
G. H., 1910. I" Semestre. (T. 150, N» 26.) '-^33
l'^SH ACADÉMIE DES SCIENCES.
de Jupiter dressées par Le Verrier. On sait qu'il a déjà fait le même travail
pour les Tables de Saturne, d'Uranus et de Neptune et qu'il y a obtenu,
pour ces planètes, une concordance très satisfaisante entre la théorie et les
observations. Il espère arriver au même résultat pour Jupiter et plus tard
pour les planètes intérieures.
io° 2000''' à M. NoRDMANN, doctcur es sciences, astronome-adjoint a
l'Observatoire de Paris, pour lui permettre de faire construire, sous sa
forme définitive et tel qu'il l'a décrit dans plusieurs Notes publiées aux
Comptes rendus^ son photomètre stellaire hétérochrome, instrument qui lu
a fourni déjà des résultats intéressants dans le domaine de la pyrométrie
stellaire.
11° 2000''' à M. QuiDOR, docteur es sciences, instituteur à Paris, pour
lui permettre de publier un Mémoire étendu sur la morphologie externe
des Copépodes parasites, recueillis à Roscoff de 1903 à 1909, accompagné
de planches stéréoscopiques reproduisant, par la phototypieet pour chaque
animal, les clichés obtenus par le microscope Quidor-Nachet.
La liste suivante résume ces onze subventions :
fr.
1. M. Hartmann 5 000
2. M. Urbain 5ooo
3. MM. Baieu et Moulin 3 000
k. M. Blaringhem. aSoo
5. M. IViCOLARDOT 2600
6. M. J. Baillaud 2000
7. M. Chevalier 2000
8. M. EnERHARDT 2 000
9. M. Gaillot 2000
10. M. NORDMANN 2 000
11. M. QuiDOR 2000
Total 3oooo
montant de l'annuité accrue, mise à la disposition de l'Académie pour 1910
par la généreuse initiative de notre Confrère.
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées par l'Académie.
La séance est levée à 6 heures.
Ph. V. T.
SÉANCE DU 27 JUIN 1910. 1789
BUM.KTIN BIBLIOGRAPHIQUE.
OUVIIAHHS «ECUS DANS LA SÉA^CE DU l3 JUIN 19IO.
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(Exlr. des Mémoires de la Société royale des Sciences de Liège, 3° série, l. I\. 1909.)
Bruxelles, Hayez, 1910; i fasc. in-8°. (Hommage de l'auteur.)
Carte générale des gisements de coquillages comestibles des côtes de France:
feuilles 18 et 19, dressées par M. JoUBl.v : ces deux feuilles comprennent toute la b^iie
du Mont-Saint-Michel, depuis la pointe du Grouin jusqu'à la latitude de Coutanc<'s.
Les îles Chausev ysont contenues. Paris, Erhard frères; 2 feuilles in-plano. (Préseiilé
par S. A. S. le Prince de Monaco.)
Hernie de Géographie, publiée sous la direction de M. Cii. Vélain; t. III. annéf 1909.
Paris, Ch. Delagrave; i vol. in-8°. (Présenté [)ar M. Appell.)
Le Botaniste, Directeur : M. P.-.\. Danceahd; i i" série, mai iQiu. Paris. J.-B. Bail-
lière; Londres, Dulau et C'°; Berlin, Friedlander et fds; 1 vol. in-8". (Présenlé par
M. Guignard.)
Notions fondamentales de Chimie organique, par (^h. Moirel; 3" édition, revue
el mise au courant des derniers travaux. Paris, Gaulhier-^ illars, 1910; 1 vol. in-8".-
(Présenté par M. .\rraand Gautier.)
Comité international de la Carte du Monde. Résolutions and Proceedings of the
International Map Committee assembled in London, noveuiber 1909, with diagrams,
plate and tables. Londres, Harrisson et fils, 1910; i fasc. in-4°. (Présenté par
M. Charles Lallemand.)
Die neuen chemischen Institute der hôniglichen technischea Hockschule zu Miin-
chen. Munich, C. Wolf el fils, 1909; 1 fasc. in-8°. (Hommage de la « K. technische
Hochschule zu Miinclien n.)
Comptes rendus des séances de la troisième réunion de la Commission permanente
de l'Association internationale de Sismologie, réunie à Zermatt du 3o noût au
1 septembre 1909, rédigés par le Secrétaire général R. de Kôvesligetiiy. Budapest,
Victor Hornyansky, 1910; i vol. in-4°.
Ouvrages reçus dans la séance du 20 juin 1910.
Ministère de Flnstruction publique el des Beaux-Arts. Caisse des fiecherclœs scien-
tifiques; année 1909 : Rapport annuel, par M. Paul Dislère. Melun. Imprimerie
administrative, 1910; 1 vol. in-8".
Sacants du Jour : F mile l'icard, biographie, bibliographie analytique des écrits,
1790 ACADEMIE DES SCIENCES.
par EaNEST Lebon. Paris, Gauthier-Villars, juin 1910; 1 fasc. in-8". (Présenté par
M. Darboux. Hommage de l'auteur.)
Icônes niycologicœ^ parBouniER; 6"^ série, livraison 29. Paris, Paul Kiincksieck,
1910; I fasc. 10-4°.
Recherches sur l'ionisation produite par les rayons <x, par M. Marcel Moulin.
Paris, Gaulhier-Villars, 1910; i fasc. in-S". (Présenté par M. Bouty.)
La Géographie physique du Berry d'après M. Antoine Vacher, par Emm. de Mar-
GERiE. (Extr. des Annales de Géographie, t. XVIll, 1909.) Paris, Armand Colin;
I fasc. in-8°.
La structure du Jura, par E.m.m. de Margerie. (Extr. des Actes de la Société helvé-
tique des Sciences naturelles, 92" session. Lausanne, 1909; l. I.) Bâle, Emile
Birkhœuser, 1909; i fasc. in-8°.
Théorie physicochiinique de la vie et générations spQntanées, par Stéphane Leduc.
Paris, A. Poinal, 1910; i voL in-8°.
The thrust-masses in the Western District of the Dolomites, by Maria-iM. Ogilvie
Gordon. (Transactions of the Edimburgh Geological Society; t. IX, spécial part.)
Edimbourg, Turnbulland Spears, 1910: i vol. in-8°.
The Institution of Mechanical Engineers : Proceedings, 1909; parts 3-i. List of
Menibers, 1*' march 1910 : Articles and by-latvs. Londres; 2 vol. in-8°.
The rat problem, the practical solution, by VVm. Rodier. Sydney, 1910; 1 fasc.
in-4°.
Oysler culture in Louisiana, by Wm. H. Gates. (Gulf ISiological Station: Bul.
n° )o.) Baton-Rouge, rgio; i fasc. in-8°.
ERRATA.
(Séance du 3o mai 1910.)
Noie de M. E. Routy, Cohésion diélectrique du néon et de ses mélanges.
Analyse quantitative fondée sur la mesure de la cohésion diélectrique :
Page I 383, ligne 11, au lieu de la me^ure du gaz mêlé au néon, lisez la natuie tlu
gaz mêlé au néon.
FIN DU ÏO.ME CENT-CINQUANÏIEME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
TABLES ALPHAHETIQUES
JViNVIEli — JUIN 1910.
TABLE DKS MATIEIîES DU TOME ioO
Académie. — État de l'Académie des
Sciences au i" janvier igio
— M. Ch. Bouchard, Président sortant,
fait connaître à l'Académie l'état
où se trouve l'impression des Re-
cueils qu'elle publie et les change-
ments survenus parmi les Membres
et les Correspondants pendant le
cours de l'année 1909
— Discours prononcé, en prenant place
au fauteuil de la Présidence, par
M. Emile Picard
— M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique adresse ampliation d'un Dé-
cret approuvant l'élection de Lord
Rayleigh comme Associé étranger. .
— M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique adresse ampliation du Dé-
cret approuvant l'élection de M Ilil-
torf comme Associé étranger
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie que le Tome CXLVIII
des Comptes rendus (i" semestre
1909) est en distribution au Secré-
tariat I
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
à l'Académie que le Tome LI des
C. \\.. 1910, I" Semestre. (T. 1.50.)
Mémoires de l'Académie des Sciences
est en distribution au Sccrélariat. . 1087
M. le Président annonce à l'Académie
qu'en raison des fêtes de la Pente-
côte, la séance du lundi iG mai est
renvoyée au mardi 17 1 1 55
Le Recteur et le Sénat de l'Université
de Leipzig adressent à l'Académie
une description des Instituts et
Séminaires de la Faculté de Philo-
sophie 3o I
S. A. S. le Prince Albert de Monaco
fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de la médaille frappée
à l'occasion de l'inauguration du
Musée océanographique do Monaco. l/Jo'J
M. le Ministre do l'Instruclion pu-
blique adresse ampliation du Décret
autorisant l'Académie à accepter le
legs fait à son profit par M. Claude-
Léon Demolombe 447
M. le Président donne lecture d'une
dépêche du Président de l'Académie
royale des Beaux-Arts de Florence,
témoignant sa sympathie pour la
Franco à la suite des inondations. . . 1 Vi
M. le Président donne lecture d'une
2 3/,
^3J
9?
1792
TABLE DES MATIERES.
Pages.
dépêche de M. Blaserna, Président
de l'Académie royale des Lincei,
transmettant ses profondes condolé—
léances pour le fléau qui a désolé une
grande partie de la France 363
— M. G. Darboux donne lecture d'une
lettre de la Société royale de Londres
relative à une souscription poiir les
victimes des inondations en France. 5^1
— M. le Président remercie, au nom
de l'Académie, ses Associés et Corres-
pondants anglais de leur générosité. 5^2
— M. le Ministre des Affaires étrangères
transmet le désir exprimé par l'Am-
bassadeur d'Angleterre de voir
l'Institut de France se faire repré-
senter au service funèbre célébré à la
mémoire de S. M. le Roi Edouard
VII 1221
— M. Armand Gautier est désigné pour
représenter l'Académie à cette
cérémonie I22I
Woir Association internationale des Aca-
démies, Bureau des Longitudes, Caisse
des recherches scientifiques. Candi-
datures, Commissioris, Congrès, Décès,
École polytechnique. Élections, Ex-
ploration, Fonds Bonaparte, Mont
Rose, Navigation, Muséum d Histoire
naturelle. Océanographie, Solennités
scientifiques.
Acides. — Transformation de quelques
alcools aromatiques en acides phos-
phineux par l'acide hypophospho-
reux ; par M. R. Fosse 1 78
— Action de l'acide hypoiodeux nais-
sant sur les acides non saturés.
Acide a-cyclogéranique; par M. J.
BougauU 397
— Sur l'acide a-cyclogéranique; par
M. J. Bougault 534
— Synthèses effectuées avec le cyanure
de benzyle; par MM. F. Bodroux et
F. Tahoury 53 1
— Catalyse des acides aromatiques;
par M. J.-B. Senderens 702
— Action du trichlorure de phosphore
sur le gaïacol ; par M. Pierre Dupuis. 622
— Sur l'hydrogénation partielle des
acides de la série stéarolique et sur
l'isomérie de leurs dérivés monoiod-
hydriques; par MM. .4. Arnaud et
5. Pasternak u 3o
— Sur deux nouveaux isomères delacide
Pages.
stéarolique; par MM. A. Arnaud et
S. Pasternak 1245
— Sur l'isomération de l'acide oléique
par déplacement de la double liaison ;
par MM. A. Arnaud et S. Pasternak. iSaS
— Sur l'acide hexahydrophénylglyco-
lique; par MM. Marcel Godchot et
Jules Frezouls 1248
Voir Aldéhydes, Célones, Chimie ana-
lytique. Chimie végétale, Ethers, Fer-
mentation, Photochimie.
Aciers. — Sur la cémentation des aciers
au silicium; par M. L. Grenet 921
Voir Chimie inorganique (C).
Acoustique. — Sur un nouvel inscripteur
du son: par Th. Rosset l5ll
— Inscription photographique des vibra-
tions d'un diapason ; par MM. Gabriel
Sizes et G. Classai 1746
Voir Élasticité, Phonographe, Voix.
Acoustique physiologique. — Con-
tribution à l'étude de l'audition et
de son développement par les vibra-
tions de la sirène à voyelles; par
M. Rangard 724
AÉRODYN.4MIQUE. — Sur l'autorotatioii ;
par M. A. Elevé 324
— Sur la résistance de l'air; par M. Carlo
Bourlet 382
Voir Aéroplane, Résistance de l'air.
AÉRONAUTIQUE. — Sur la façon de par-
courir en aéronef un itinéraire recti-
ligne avec une dépense minima de
travail total; par M. Paul Renard. . 1666
AÉROPLANE. — M. Carpentier présente
un stabilisateur automatique pour
aéroplane 829
— L'équilibre longitudinal et la cour-
bure des surfaces portantes des
aéroplanes; par M. René Arnoux. . , 854
— La poussée sur la surface portante
des aéroplanes: par JI. Rodolphe
Soreau iSgS
Voir Aérodynamique, Insectes.
Agronomie. — L'n effet du drainage;
par M. Biéler-Chatelan 884
— La lutte pour l'eau entre les orga-
nismes vivants et les milieux na-
turels; par M. A. Miinlz 1390
Air. — Ouverture d'un pli cacheté ren-
fermant une Note intitulée « Pro-
cédé de régénération de l'air vicié »,
par M. George- J. Jaubert 1374
Voir Résistance de l'air. Bactériologie,
TABLE DES MATIERES.
Pages.
Respiration, Microbiologie, Chimie
agricole, Comètes, Frottement, Houille.
Albuminoïdes. — L'analyse des matières
protoplasmiqucs; par MM. .1. Etard
et A. Villa 1709
Alcaloïdes. — Alcaloïde du Pseudo-
cinchona africana. Saponification
par les alcalis; par M. E. Fourneau . 976
Voir Chimie physiologique, Chimie
végétale, Cultures.
Alcools. — — Sur le méthylacétényl-
carbinol ; par M. Lespieau 1 1 3
— Condensation de l'alcool butylique
secondaire avec son dérivé sodé ; par
M. Marcel Guerbet i83
— Sur la constitution des alcools résul-
tant de la condensation des alcools
secondaires avec leurs dérivés sodés ;
par M. Marcel Guerbet 979
— Sur les isoméries de quelques "l'-glyools
acétyléniques; par M. G. Dupont.. . 1121
— Action des agents déshydratants sur
quelques ï-glycols; par M. M. Tiffe-
neau 1 181
— Méthode générale de préparation di-
recte des thiols par catalyse à partir
des alcools; par MM. Paul Sabalier
et A. Mailhe 1217
— Surledéhydrodicarvacrol;parMM. //.
Cousin et H. Hérisse;/ i333
— Sur une nouvelle synthèse de l'éry-
thrite naturelle et de l'érythrite
racémique; par M. //. Pariselle... l343
— Sur le passage de quelques alcools
hydroaromatiques aux phénols cor-
respondants; par^l. Léon Brunel.. . i5a8
— Oxydation des Y'g'ycols acétylé-
niques. Synthèse d'acides-alcools a;
par M. Georges Dupont i523
— Sur un nouveau menthol tertiaire ;
passage du pinène au menthène;
par M. A. Béhal 1 762
Voir Acides, Aldéhydes, Catalyse, Cé-
tones. Chimie analytique, Éthers,
Fermentations, Thiols.
Aldéhydes. — De la production de pe-
tites quantités d'aldéhyde formique
dans l'oxydation de l'alcool éthy-
lique par voie chimique, physique
ou biologique ; par M. E. Voisenet. . 4o
— Sur la désinfection par la combustion
incomplète de la paille; par M. .1.
Trillat 339
— Action de la chaleur rouge sur la
'793
l'ages.
formaldéhyde; par M. Armand
Gautier 1 725
— Sur l'aldéhyde dimère de l'aldéhyde
crotonique et l'acide correspondant;
par M. Marcel Delépine 394
— Errata relatifs à celte Communica-
tion 894
— Sur la constitution de l'aldéhyde di-
mère de l'aldéhyde crotonique; par
M. Marcel Delépine 535
— Sur l'aldéhyde x-bromocrotonique;
par M. P.-L. Viguier i43l
— Sur la stabilité des S-cétoaldéhydes;
par M. F. Couturier 7o5
Voir Chimie analytique, Eleclrochimie,
Vin.
Aliments. — Sur un nouveau composé
contenu dans les produits alimen-
taires; par M. A. Backe 54o
Voir Biologie végétale. Botanique, Chi-
mie analytique. Cultures, Lait, Océa-
nographie, Pain, Physiologie, Patho-
logie, Vin.
Alliages. — Sur les propriétés élec-
triques des alliages aluminium-
argent; par M. ^Vitold Bronicwski . . 1754
Voir Aciers, Force électromotrice.
Altitude. — Voir Cœur.
Amidon. — Sur la coagulation de la
matière amylacée par congélation;
par M. G. Malfitano et M"e A.
Moschkojj 710
Aminés. — Action de l'acide sulfurique
concentré sur quelques nitramines
aromatiques; par M. Frédéric Rever-
din 399
— Chloroplatinates et periodures de di-
et de triméthylamine; critique de
leur emploi pour la séparation de.
ces bases; par M. J. Bertheaume . . . . io63
— Condensation des anunes secondaires
avec l'éther Y-bromodiniéthylacé-
tique;pavUM. H. GaultelG.Thirode. II23
— Sur une nouvelle méthode de dosage
des trois méthylamines et de l'am-
moniaque mélangées; par M. J.
Bertheaume I25l
Amphibiens. — Sur la structure des pro-
tubérances épidermiques de certains
Amphibiens urodèles et sur leurs af-
finités morphologiques avec les poils;
par M. Louis Roule I2I
Anaphylaxie. — Propriétés du sérum
des lapins séro-anaphylactisés: par
1-JÇ)'\ TABLE DES
Pages .
M.A.Briot 638
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 822
Voir Médecine.
Analyse mathématique. — Sur une
application des transformations
birationnelles; par M. Ouivet io36
— Sur la convergence des relations de
récurrence; par M. S. Laites 1106
— Sur les propriétés des lignes canto-
riennes; par M. L. Zoretti i5o5
— M. Ilaion de la Goupillière fait hom-
mage à l'Académie d'un exemplaire
de son travail intitulé Sommation
de suites terminées 1673
Voir Ensembles, Equations différen-
tielles, fonctionnelles, intégrales,
Fonctions, Formes, Fractions con-
tinues. Groupes, Intégrale, Physique
mathématique, Séries, Théorie des
nombres.
AXATOMIIv
— Sur la structure et la signification de
la membrane qui enveloppe la sphère
vitélline de l'œuf des oiseaux; par
M. A. Lécaillon o.t\0
— Une fonction supplémentaire du pied
dans la race jaune; par M. Lanne-
longue 5o3
— Station bipède et muscles fessiers;
par M. J. Chaîne 55l
— M. Lannelon gue rappelle une Com-
munication de J. Regnauld sur le
pied des Ilindoux 58y
— Les dimensions du ciecum et la typhl-
ectasie; par M. R. Robinson 689
— Le ganglion d'Andersh chez le Phry-
nosome cornu; par M. H.-E. Sau-
vage 734
— La partie thoracique du grand sym-
pathique chez les Sauriens; par
M. H.-E. Sauvage 799
— La partie abdominale du grand sym-
phatiqvie chez les Sauriens ; par
M. E. Sauvage 1077
— Courbure lombaire et promontoire;
par M. J. Chaîne l449
Voir Cœur, Cytologie, Histologie,
Muscles.
Anatomie végétale. — Influence du
MATIERES.
Pages,
terrain sur les variations de l'appa-
reil sécréteur des Clusiacés; par
M. H. -Jacob de Cordemoy i535
— Sur la structure des branches courtes
et âgées de quelques arbres; par
M. Jean Daniel 1611
Anthropologie. — L'encéphale de
l'homme fossile de La Chapelle-aux-
Saints; par MM. Marcellin Boule et
R. Anthony l458
— Les grottes peintes du Soudan fran-
çais; par M. Fr. de Zeltner l46l
— Découverte d'une grotte sépulcrale,
probablement néolithique, à Mon-
touliers (Hérault); par MM. Lucien
Mayet et Laurent Maurette 1620
Voir Anatomie.
Arc. — Sur l'arc au mercure dans le vide ;
par A. Perot l5l5
— Sur quelques particularités de l'arc
au mercure dans le vide; par M. .1.
Perot 1684
Voir Speclroscopie, Ultraviolet.
Archéologie. — Sur la présence de ré-
sidus tartriques du vin dans un vase
antique; par M. Georges Déni gès. . . i33o
Ausonvalisation (d'). — Voir Circu-
lation.
Association internationale des Aca-
démies. — M. le Secrétaire perpétuel
signale une publication de l'Asso-
ciation internationale des Acadé-
mies 3oi
— M. P. Blaserna annonce à l'Académie
qu'en 1910 la réunion de l'Associa-
tion internationale des Académies
se tiendra à Rome, du 9 au 1 5 mai . . 668
— M. le Président de la Reale Accademia
dei Lincci invite l'Académie à lui
indiquer le nom de ses Membres délé-
gués à l'Assemblée générale de l'As-
sociation internationale des Acadé-
mies, à Rome, en mai 1910 896
— MM. Emile Picard, B. Baillaud, et
G. /)ar6ou.r sont désignés pour repré-
senter l'Académie 896
— M. le Président rend compte de la
dernière session de la Réunion inter-
nationale des Académies ï279
TABLE DES MATIERES.
ASTROiNO.MIl-:.
Voir Comètes, Étoiles, Lune, Observa-
toires, Planètes, Soleil, Spectroscopie,
Trigonométrie.
1793
Pages.
Aurore boréale. — L'aurore boréale.
Lois et théories héliodyiiamiques;
par M. de Kérillis 1296
— Photographies des. aurores boréales
et nouvelle méthode pour mesurer
leur altitude; par M. Cari Stormer. . l63l
BACTERIOLOGIE.
— Sur la symbiose du bacille butyrique
en culture avec d'autres microbes
anaérobies; par M. G. Seliber i545
— Sur l'accoutumance des bactéries aux
antiseptiques ; par M. Louis Masson. 189
— Les bases expérimentales de la vacci-
nation antityphique; par M. //.
Vincent 355
■ — Fièvre typhoïde expérimentale; par
M. Metchniko/1 755
— Sur la nature du parasite de la lym-
phangite épizootique; par MM. J.
Bridré et L. Nègre 998
■ — Sur la présence des germes virulents
dans l'atmosphère des salles d'hô-
pital; par MM. E. Lesné, R. Debré et
G. Simon looi
— Sur le traitement curatif du charbon
par la pyocyanase; par M. L. For-
lineau l454
Voir Médecine, Microbiologie, Patho-
logie, Syphilis, Tuberculose, Vaccin,
Vigne, Vin.
Balance. — M. J. Carpentier présente
une petite balance de précision, com-
binée et construite par M. Collot.... 74
— Frein pour balance en forme de fil à
plomb; par M. G. Lippmann i563
Balance de torsion. — Sur une erreur
systématique qui limite la précision
de l'expérience de Cavendish. Mé-
thode nouvelle pour l'étude de la
gravitation; par M. V. Crémieu . . . . 863
Batraciens. — Action physiologique
du mucus des Batraciens sur les
animaux eux-mêmes et sur les ser-
pents; cette action est la même que
celle du venin de la vipère; par
M™e Phisalix 4l5
Voir Cytologie, Immunité.
BIOLOGIE.
— Analyse biologique du phénomène de
la génération chez Lineus ruber
(Miill.) et Lineus lacteus (Rathke) ;
par M. Mieczyslaw Oxner 1618
Biologie végétale. — Etude sur la
biologie de la truffe mélanospore
(Tuber melanosporum Witt); par
M. G. Bayer 1 253
Voir Agroiiomie, Botanique, Mutations,
Parasites, Parthénogenèse, Psycho-
logie animale. Ultraviolet, Varia-
tions.
BOTAXlQUi:.
— Sur le mode de formation de la gomme
adragante; par M. L. Lutz 1184
— Sur les mycorhizes endotrophes de
quelques arbres fruitiers; par M. Vi-
tal Boulet 1 190
• — ■ Sur les Strychnos de l'Asie orientale;
par M. Paul Dop 1256
— La truffe peut-elle se replanter? par
M. Lecoq de Boisbaudran 1402
— Classification nouvelle du groupe
des Inovulées; par M. Pli. van
Tieghem 1715
Voir Agronomie, Anatomie végétale.
Biologie végétale. Champignons, Chi-
mie végétale. Congrès, Cultures, Cyto-
logie, Flore tropicale. Graines, Greffe,
Histoire des Sciences, Mutations,
Paléontologie, Pathologie, Variations,
Physiologie, Phytécologie, Racines.
Bulletin bibliographique. — 191, 25o,
293, 428, 570, 646, 820, 949, loo4i
1084, ii53, 1206, 1377, 1468, I7i4f
1789
Bureau des Longitudes. — M. le Mi-
I 79^
TABLE DES MATIERES.
nistre de r Instruction publique invile
l'Académie à lui présenter une liste
de deux candidats au poste de
Membre artiste, vacant au Bureau
des Longitudes par le décès de
M. Gautier 068, 822
Liste de candidats présentée à M. le
Ministre de l'Instruction publique
pour une place de Membre artiste
du Bureau des Longitudes vacante
par le décès de M. Gautier : 1° M. J.
Carpentier; 2° M. ,1. Jobin 1024
M. le Ministre de l'Instruction publi-
Pages.
que invite l'Académie à lui présenter
une liste de deux candidats au poste
de Membre du Bureau des Longi-
tudes, vacant par le décès de
M. Bouquet de la Grye 764
Liste de candidats présentée à M. le
Ministre de l'Instruction publique
pour un poste de Membre titulaire,
vacant dans la section d'Astronomie
du Bureau des Longitudes par le
décès de M. Bouquet de la Grye :
1° M. Andoyer; 2" M. Hanusse i025
c
Caisse des recherches scientifiques.
— M. le Ministre de l'Instruction
publique invite l'Académie à dé-
signer un de ses Membres qui rem-
placera, dans la Commission tech-
nique de la Caisse des recherches
scientifiques, M. Bornet, démis-
sionnaire 758
— M. Prillieux réunit l'imamité des
suffrages 758
Camphre. — Sur le camphre artificiel;
par M. E. Darmois gaS
Cancer. — Etude sur le cancer des
Souris. L'hérédité de la sensibi-
lité à la greffe cancéreuse; par
MM. L. Cuénol et L. Mercier i443
Voir Rayons X.
Candidatures. — MM. F.Arago, le colo-
nel Bourgeois, Ch. Lallemand, te
lieutenant-colonel Monteil prient
l'Académie de les compter au
nombre des candidats au siège
vacant, dans la Section de Géo-
graphie et Navigation, par le décès
de M. Bouquet de la Grye 262
— MM. Aljrcd Angol et de Fraysseix-
Bonnin prient l'Académie de les
comprendre comme candidats à la
place vacante, dans la Section de
Géographie et Navigation, par le
décès de M. Bouquet de la Grye 869
Capillarité. — Mouvements d'un
liquide dans un tube; par M. Men-
nerel g64
Carbures d'hydrogène. — Sur la ré-
duction des dérivés nitrosés de l'acé-
tyl- et du benzoylhydrazobenzène;
par M. Louis Nomblol 338
— Sur l'hydrogénation des composés
acétyléniques; par M. Lespieau. . . . 1761
— Hydrogénation de l'essence de térében-
thine; par M. G. Vaiion 1 127
— Sur une trinitro — p— anisidiiie; par
M. Fr. Revcrdin i433
— Sur certains dérivés de la choies térine;
par MM. L. Tchougaejf et W. Fomin. l435
Voir Acides, Alcools, Cycloltexune, Elec-
trochimie, Ëlhers, Mélanges doubles,
Pouvoir rotatoire. Thermochimie.
Catalyse. — Sur le mécanisme de déshy-
dratation des alcools par catalyse au
moyen de divers oxydes métalliques ;
par MM. Paul Sabalier et A. Mailhe. 823
Voir Acides, Célones, Engrais.
Cétones. — Alcoylation des cétones ali-
phatiques par l'intermédiaire de
l'amidure de sodium; par MM. A.
Haller et Ed. Bauer 582
— Alcoylation des cétones aliphatiques
par l'inlermédaire de l'amidure de
sodium. Dédoublement des hexa—
alcoylacétones; par MM. Haller et
Ed. Bauer 661
— Préparation et propriétés des ï-hydrin-
dones-,S-dialcoylées ou indanones-l-
dialcoylées-2.2; par MM. .1. Haller
et Ed. Bauer l472
— Action des dérivés organo-magnésiens
sur les trialcoylacétophénones; par
jfile Pauline Lucas lo58
— • Sur quelques trialcoyiacétonaphtones
et leur dédoublement par l'amidure
TABLE DES
de sodium; par M. V. Volmar
— Action des bromures d'ortho- et de
para-anisylmagnésium sur l'anthra-
quinone et la ^-méthylanthra-
quinone; par MM. A. Haller et A.
Comtesse
— Préparation catalytique des cétones
aromatiques; par M. J.-B. Sen—
' derens
— Cétones dérivées de l'acide benzoïque
et de l'acide phénylacétique; par
M. J.-B. Senderens
— Sur une nouvelle méthode de synthèse
des cétones non saturées: par M. G.
Darzens
— Condensation de la pinacoline avec
les éthers-sels; par M. F. Couturier..
— Action de l'oxyde d'argent sur l'éla-
térine; par M. .4. Berg
Voir Aldéhydes.
Chaleur. — Voir Conductibilité, Eva
poralion, Mélallisation, Vapeur.
Champignons. — Matériaux pour une
classification rationnelle des Fungi
imperfecti ; par M. P. Vuilleniin.. . .
— Sur la végétation de quelques moisis-
sures dans l'huile; par M. Henri
Coupin
— Sur le virage du pigment de deux
champignons; par M. G. Seliber. . . ,
— Sur quelques Plasmodiophoracées ;
par MM. René Maire et Adrien
Tison
— Sur un nouveau groupe de champi-
gnons pathogènes agents des Sporo-
trichoses; par M. Louis JMatruchot.
— L'Ambrosia du Tomicus dispar ; par
M. J. Benuyerie
Voir Spores.
Pages.
II74
1290
i336
707
928
1192
1707
1768
543
1071
CHIMIE AGRICOLE.
- L'entraînement du limon des terres
par les eaux de la Seine; par M. A.
Miinlz 267
- Dosage de la potasse assimilable dans
les sols; par M. Biéler-Chatelan 716
- Rôle des micas dans la terre arable ;
par M. Biéler-Chatelan 1 1 32
Voir Agronomie, Engrais.
MATIERES. i-jg-j
CHIMIE ANALYTIQUE.
Pages.
— Nouvelle méthode permettant de
déceler des traces d'alcools, par M.
E. de Stœcklin 43
— Recherche de traces de méthanal
en présence d'éthanal par la fuchsine
bisTdfatée; par M. G. Denigès 529
— Recherche de l'alcool méthylique en
général et spécialement en présence
de l'alcool éthylique ; par M. G. Deni-
gès 832
— Nouvelle méthode de dosage de
l'acide tartrique droit; par M. André
Kling 616
— Sur le dosage de l'acide tartrique dans
les matières premières naturelles;
par M. C. Beijs laSo
— Etude des échappées du beurre de
coco. Composition de l'essence de
coco; par M. A. Haller et A. Las-
sieur ioi3
— Sur l'essence de criste-marine; par
M. Marcel Delépine 1061
— Détermination de la provenance d'un
naphte ou de ses dérivés; par M. iV.
Cherchef/ski/ i338
Voir Aminés, Chimie agricole, Diélec-
triques, Hydrologie, Mélanges doubles,
Vin.
CHLMIE BIOLOGIQUE.
- Détermination des acides volatils
dans les produits de fermentation
dequelques microbes, d'après la mé-
thode de Duclaux; par M. G. Seliber.
- Sur la variabilité du pouvoir protéo-
lytique de la bactéridie charbon-
neuse ; par M. Jean Bielecki 1 548
- Action des vapeurs de tétrachlorure
de carbone sur les anhydrides et
oxydes; par M. Pierre Camboulives.
Voir Agronomie, Aldéhydes, Diasiascs,
Fermentation, Foie.
1267
175
CHl.MIE INOKIi.ANIQUK.
Action des vapeurs du tétrachlorure
de carbone sur quelques minéraux;
par M. Pierre Camboulives 221
179^ TABLE DES
Pages.
— De l'action réductrice des formiates
alcalins sur certains composés miné-
raux ; par M. \^ournasos 922
— Action do l'hydrogène sur l'oxyde
de carbone; formation d'eau et de
méthane. Action de l'eau, au rouge,
sur ce même oxyde. Applications
aux phénomènes volcaniques; par
M. Armand Gautier l564
— Ag. Sur les difficultés de la bibliogra-
graphie chimique; par M. A. Col-
son 1 69
Voir S, Alliages, Cétones, Electrochimie.
— AI. Action de la chaleur sur l'alu-
minium dans le vide; par M. E.
Kohn-Abresl 169
— Sur l'alumine provenant de l'oxy-
dation à l'air de l'almagame d'alu-
minium; par M. P.-Roger Jourdain. 891
— Sur les azotures et les oxydes extraits
de l'aluminium chauffé à l'air; par
M. E. Kohn-Abresl 918
— Sur les azotures et les oxydes extraits
de l'aluminium chauffé à l'air; par
M. J,-0. Serpek i Sao
— Sur les azotures extraits de l'alu-
minium chauffé à l'air; par M. E.
Kohn-Abresl 1757
— Sur l'oxydation de l'amalgame d'alu-
minium; par M. P.-Roger Jourdain. 1602
Voir Alliages.
— Ar. Voir Diéleclriques.
— Au. Voir Minéralogie.
— As. Sur une solution colloïdale d'ar-
senic métalloïdique pur; par M. Le-
coq 700
Voir Électrochimie, Organométalliques,
Toxiques, Vignes.
— B. Voir Electrochimie, Engrais, Vin.
— Ba. Voir Physiologie végétale.
— Br. Voir Ilg, Thermochimie.
— C. Sous-azoture de carbone C'N^; par
MM. Ch. Mourcu et J.-Ch. Bon-
grand 225
— Quelques remarques, au point de vue
géologique et chimique, relatives à
l'action que la chaleur exerce sur
l'o.xydc de carbone: par M. Ar-
maïul Gautier i383
Voir Fe, Aciers, Chimie physique.
Houille.
— Ca. Voir Chimie physiologique.
— Cl. Voir Aminés, Zn.
— ( o. Voir Force éleclromolricc.
MATIERES.
Pages.
— Cr. Voir Colloïdes.
— Cs. Voir Thermochimie.
— Cu. Voir Vigne.
— F. Voir Hydrolyse.
— Fe. Sur la cémentation du fer par le
carbone solide; par MM. G. Charpy
et S. Bonnerot 178
Voir Aciers.
— H. Sur la réaction de l'hydrogène
naissant à l'état sec; par M. A.-C.
Vournasos '. 4^4
Voir Chimie physique. Eau.
— Hg. Sur les dérivés bromes du dimer-
curammonium; par M. H. Gaude-
chon 467
— I. Voir Acides, Aminés.
— K. Voir Chimie agricole. Insectes,
Radioactivité.
— Mg. Voir Organométalliques.
— ■ Mn. Sur les mangani-manganates
alcalins; par M. V. Auger 47"
— N. Voir .1/, C, Hg, Aminés, Chimie
physique. Chimie végétale. Lait,
Photochimie.
— Ne. Voir Diélectriques.
— Ni. Sur deux nouveaux phosphures
de nickel ; par M. Pierre Jolihois. . . . 106
— O. Action de l'ozone sur l'oxyde de
carbone ; par M. P. Clausmann 1 332
Voir Zn, Combustion, Ktliers, Phospho-
rescence, Photochimie, Stérilisation.
— P. Sur un nouveau chlorure de phos-
phore; par MM. .1. Besson et L.
Fournier 102
Voir Ni, Acides, Cryoscopie, Diastases,
Minéralogie.
— Pb. Voir Vigne.
Pt. Sur la dissolution du platine par
l'acide sulfuriquc et sur les produits
do cette réaction: par M. Marcel
Delépinc lo4
Voir Aminen.
S. Séparation et purificalion dos
dithionates produits dans la décom-
position du sulfite d'argent ou de
ses sels doubles; par M. H. Bau-
bigny 4*^6
Sur la constitution des dithionates
et des sulfites; par M. H. Baubigny. 978
Sur la solubilité du sulfate d'ar-
gent dans les sulfates alcalins; par
M. Barre iSai
Voir Pi, Colloïdes, Electrochimie, Lait,
Phosphorescence.
TABLE DES MATIERES.
1799
- Sb. Voir Organométalliques.
- Si. Voir Aciers, Pouvoir rotatoire.
- Th. Sur quelques sulfates doubles
de thorium; par M. Barre iSgg
- Ur. Voir Phosphorescence.
- Zn. Sur les oxychlorures de zinc;
par M. Driot 1426
- W. Voir Pouvoir rotatoire.
Voir Catalyse, Combustion, Électro-
chimie, Géologie, Hydrologie, Ions,
Métaux rares. Radioactivité, Stérili-
sation, Terres rares.
CHIMIE OUGANIOnv
Voir .icides, Albuminoïdes, 'Alcaloïdes,
.■llcools, Aldéhydes, Aliments, Ami-
don, Aminés, Camphre, Carbures
d'hydrogène. Catalyse, Cétones, Chi-
mie analytique. Chimie biologique,
Chimie physiologique. Chimie végé-
tale. Chloroforme, Diastases, Jilectro-
chimie, Élhers, Fermentations, Géla-
tine, Hydrolyse, Magnétisme, Nitriles,
Odeur, Organométalliques, Photo-
chimie, Sang, Spectroscopie, Sucres,
Thermochimie, Thiols, Ultraviolet,
Vin.
CEILMIE PHYSIOLOGigUK.
- Formation, dans le foie, d'une sub-
stance anticoagulante sous l'in-
fluence d'un alcaloïde; parM. Doyon. 348
- Du rôle double du calcium dans la
coagulation du sang et de la
lymphe; par MM. //. Stassano et
A. Daumas 987
- Influepce des glajides génitales sur
la glycogénie; par M. F. Moignon. . 721
- Influence de la saignée sur la rési-
stance des animaux à l'urohypo-
tensine; par MM. J.-E. Abélous et
E. Bardier i439
- Propriétés neutralisantes d'une sub-
stance isolée du cerveau normal;
par M. .1. Marie 1776
Voir Chloroforme.
CIIIMI!' PHYSIQUE.
Pages.
— Action chimique des pressions
élevées; compression du protoxyde
d'azote et d'un mélange d'azote et
d'hydrogène; décomposition de
l'oxyde de carbone par la pression;
par MM. E. Briner et A. Wroczynski. 1 324
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1714
Voir Aciers. Chimie inorganique (S,
Th] , Cristallisation, Cryoscopie, Col-
loïdes, Gélatine, Magnétisme, Mé-
langes doubles. Phosphorescence,
Photoélectricité, Radioactivité, Terres
rares. Thermochimie.
C. K., 1910, I" Semestre (T. 150.)
CHIMIE VEGETALE.
- Sur la présence de la gentiopicrine
dans la Chlore perfoliée [Chlora
perfoliata L.) ; par MM. Em. Bour-
quelol et M. Bridel 1 14
- Sur le développement d'une plante
bulbeuse. Variations du poids de
la matière sèche; par M. G. André. . 545
- Sur le développement d'une plante
bulbeuse; variation des poids de
l'azote et des matières minérales;
par M. G. André 713
- Sur les étholides des Conifères. Acides
junipérique et sabinique; par
M. J. Bougault 874
- Variation de la teneur en spartéinc
du genêt à balais suivant l'époque
de la végétation; par M. J. Chevalier. 1068
- Du rôle de l'oxygène dans la forma-
tion et la destruction des pigments
rouges anthocyaniques chez les
végétaux; par M. Raoul Combes. ... 1186
- Sur le dégagement simultané d'oxy-
gène et d'anhydride carbonique au
cours de la disparition des pigments
anthocyaniques chez les végétaux;
par M. Raoul Combes l532
- Sur la migration des alcaloïdes dans
les greffes de Solanées sur Solanées;
par M. M. Javillier 1 36o
Voir Alcools, Chimie analytique. Sucres,
Vin.
235
i8oo
TABLE DES MATIERES
CHIRURGIE.
l'ages.
— Résection des veines afïluentes de la
crosse de la veine saphène interne ;
par M. R. Robinson i352
Chloroforme. — Décomposition du
chloroforme dans l'organisme;
par M. Maurice Nicloux 1260
— Sur les produits de décomposition
du chloroforme dans l'organisme;
par M. Maurice Nicloux 1777
— Remarques au sujet d'une Note de
M. Nicloux intitulée : « Sur les pro-
duits de décomposition du chlo-
roforme dans l'organisme »; par
M. Bouchard 1 780
Chronométrie. — Comparaison de
chronomètres ou de pendules à
distance par la méthode des coïnci-
dences au moyen de signaux radio-
télégraphiques; par MM. Claude,
Ferrie et Driencourt 3o6
Voir Télégraphie sans fil.
Cinématique. — Sur les courbes con-
juguées dans le déplacement relatif
le plus général de deux corps ; par M.
G. Kœnigs 22
Voir Rapport.
Circulation. — Sur les douleurs né-
vralgiques rebelles qu'on observe
chez les hypertendus; par MM. E.
Doumer et G. Lemoine 565
Voir Sang.
Cœur. — Le poids relatif du cœur et
l'effet des grandes altitudes. Etude
comparative sur deux espèces de
Lagopèdes habitantl'une les Hautes-
Alpes, l'autre les plaines de la
Laponie; par M. J. Strohl 1257
Colloïdes. — Sur la nature colloïdale des
acides chromopolysulturiques; par
M. Pablo Martinez Strong 1 172
\ oh Chimie inorganique {As).
Colorants. — Textiles et matières colo-
rantes insolubles; par M. Léo Vi-
gnon 472
— Pouvoir de diffusion de certaines ma-
tières colorantes artificielles; par
M. Léo Vignon 619
— Phénomènes de transport électrique
dans les solutions de certaines ma-
Piiges.
tières colorantes; par M. Léo Vi-
gnon 923
Voir Indigo, Magnétisme.
Combustion. — Sur les lois de la com-
bustion à marche convergente; par
M. Jean Meunier 781
Voir Dynamique des fluides, Ions.
Comètes. — Sur la théorie de Fonte-
nelle relative à la constitution des
comètes; par M. Wiljrid de Fon-
vielle 849
• — Influence des comètes sur l'atmo-
sphère terrestre d'après la théorie
cathodique; par M. H. Deslandres . . 1281
— Eléments de la comète Tempel 2;
par M. E. Maubani 201
Comète de H.\lley. — Sur la comète
de Halley ; par M. Giacobini qSS
— Sur les transformations de la comète
de Halley ; par M.' Ernest Esclangon. logS
— Deuxième série de recherches sur la
comète de Halley et son spectre à
l'Observatoire de Meudon; par
M. M.-A. Bernard et P. Idrac 1161
— Observations de la comète de
Halley, faites à l'Observatoire de
Marseille (équatorial d'Eichens de
o'",26 d'ouverture) ; par M. Coggia . 1 165
— M. Bigourdan présente de la part de
M. Iriiguez, des photographies de la
comète de Halley 1212
— Observations de la coniète de Halley ;
par M. E. Esclangon 1222
— Observations de la comète de Halley,
faites à l'Observatoire de Marseille,
au chercheur de comètes; par
M. Borrelly 1225
— M. Baillaud fait connaître les der-
niers renseignements reçus concer-
nant des « Observations de la co-
mète de Halley à l'Observatoire
Lick et à Johannesburg » laSS
— M. Bigourdan communique une dé-
pêche où M. Eginitis résume ses
observations faites à Athènes, sur
la comète de Hall«y ia85
— Sur le passage de la Terre dans la
comète de Halley; par M. Ch.
André lagS
— Observations de la comète de Halley
faites à l'Observatoire de Toulouse,
à l'équatorial Brunner-Henry de
o'",38 d'ouverture; par M. .1.
Blondel 1 299
TABLE DES MATIERES.
1801
Pat;es.
- Sur la eomposilioii de l'atmosphère
après le passage de la comète de
llalley ; par M. Georges Claude. ... i3i i
- Variations magnétiques et électriques
dans la nuit du 18 au 19 mai 19 10;
par M. Alfred Angot ' iSyi
- Observation de l'ionisation de l'air
en vase elos pendant le passage de-
là comète de Ilallcy; par M. J.-A.
Lehel i 372
- Observations des variomètrcs magné-
tiques de l'Observatoire de Four-
vière, à Lyon, pendant la nuit du
18 au 19 mai; par MM. C. Linib
et T. Nanly 1 373
- Phénomènes observés au Pic du Midi
du 18 au 19 mai (passage de la co-
mète d© Halley Sur le Soleil) : par
M. Emile Marchand 1 4o4
- Observations de la comète de Halley
faites à l'Observatoire de Sofia (Bul-
garie), le 18 mai 19 10; par M. A.
Popoff 1 406
- Observations de la comète de Halley,
faites à l'Observatoire d'Athènes;
par M. D. Eginilis i'io7
• Observations photographiques de la
comète de Halley à l'Observatoire
de Paris; par MM. Jules Baitliiiid et
G. Deinelresco 1 409
■ Sur les apparences de la comète de
Halley; par MM. Luizet et J. Guil-
laume 1492
Observations sur le passage de la
comète do Halley, à l'Observatoire
de l'Ebre (Espagne); par MM. P.
Cirera et Ubach l494
Sur la comète de Halley; par M. J.
Comas Solà l496
Sur la comète de Halley; par 51. Gia-
cobini 1496
Photographie de la comète de I talley ;
par M. Jean Mascdrt i497
Nouvelles observations concernant
les effets du passage de la Terre dans
la queue de la comète de Halley;
par M. Emile Marchand i5y5
Résumé des observations faites sur
la comète de Halley à l'Observatoire
de l'Ebre (Espagne); par MM. Ci-
rera et Pericas iSyô
Observations de la comète de Halley;
par M. D. Eginilis 1578
Changements survenus dans le novau
Pages,
de la comète do Halley; par MM. J.
Baillaud et .4. Doinot 1579
— Résumé des observations physiques
faites sur la comète do Halley; par
M. J. Comas Solà 1639
— Sur l'éclat de la comète do Halley et
la composition de sa lumière; par
M. Charles Nordmann 1732
Comète 1910 a. — Sur la comète de
Johannesburg; par M. Ch. André. . 193
— Observation de la comète Drake;
par M. E. Esclangon igg
— M. Bursaux signale l'apparition
d'une brillante comète à Mellaoui
(Tunisie), le 20 janvier 1910 200
— Observations faites à l'Observatoire
de Marseille, de la comète Drake
igio a; par M. H. Bourgel 200
— Premières observations de la comète
Drake à l'Observatoire de Mcudon;
par MM. H. Deslandres, A. Bernard
et L. d'Azambuja 253
— Observations de la comète 1910 a
faites à l'Observatoire de Paris
(équatorial de la Tour de l'Est
o™,38 d'ouverture) ; par M. Giaco-
bini 263
— Observations de la comète de Johan-
nesburg, 1910 a, faites à l'Observa-
toire de Besançon avec l'équatorial
coudé; par M. P. Chofardel 264
— Observations de la comète Innés
(1910 a), faites à l'Observatoire de
Lyon; par MM. Luizet et ./. Guil-
laume Soi
— Sur la comète 1910 a. Observations
faites à Nice; par MM. Javelle,
Charlois et Schaumasse 3o3
— Observations de la comète 1910 a,
faites à l'Observatoire de Marseille
au chercheur de comètes de o"\i()
d'ouverture libre; par M. Borrelbj . . 3o4
— Observations de la comète 1910 a,
faites à l'Observatoire de Marseille
(équatorial d'Eichens de 0™,26
d'ouverture) ; par M. Coggia 3o5
— Sur les transformations de la comète
igio a dite comète Innés; par M. Er-
nest Esclangon Sôg
— Sur la grande comète igio a; par
M. J. Comas Solà 372
— Observations de la comète 1910 a,
faites à l'Observatoire de Marseille
au chercheur de comètes de 0™,i6
i8o--
TABLE DES MATIERES.
d'ouverluie libre; par M. Borrellij . .
— Observations de la comète 1910 a,
faites à l'Observatoire de Marseille
(équatorial d'Eichens de o",26
d'ouverture) ; par M. Coggia
— Sur le spectre de la comète 19 10 a;
par MM. H. Deslandres et P. Idrac. .
Commissions. — Commission chargée
de juger les concours du Grand Prix
des Sciences mathématiques, prix
Francœur, prix Poncelet pour
l'année 1910 : MM. Jordan, Poincaré
Emile Picard, Appell, Painlevé,
Humhert, Maurice Levy, Darboux,
Boussinesq. Cette Commission est
également chargée de présenter une
question de prix Bordin, pour
l'année igiS
— Prix Montyon, Fourneyron :
MM. Maurice Levy, Boussinesq,
Deprez, Léauté, Sebert, Vieille,
Schlœsing, Haton de la Goupillière,
Poincaré
— Prix extraordinaire de la Marine,
Plumey : MM. Maurice Levy, Gran-
didier, Boussinesq, Deprez, Léauté.
Bassol, Guyou, Sebert, Hait, Berlin,
Vieille
— Prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
Janssen : MM. Wolf, Radau, Des-
landres, Bigourdan, Baillaud, Ilamy,
Darboux, Lijipmann, Poincaré
— Prix Tchihatchef, Gay, Binoux, Dela-
lande-Guérineau : MM. Grandidier,
Bassot, Guyou, Hatt, Berlin, Ph.
van Tieghem, Perrier, le prince
Roland Bonaparte. Cette Commis-
sion est également chargée de pré-
senter une question de prix Gay
pour l'année igiS
— Prix Hébert, Hughes, Kastner-
Boursault, Victor Raulin : MM. Lipp-
mann, Violle,Amagal, Gernez, Bouty,
Villard, Maurice Levy, Caillelel,
Poincaré
— Prix Jecker, Cahours, Montyon (Arts
insalubres) ,Alhumbert: MM. Troosl,
Gautier, Lemoine, Haller, Le Chate-
lier, Jungfleisch, Schlœsing, Carnot,
Maquenne
— Prix Desmazières, Montagne, De
Coincy, De la Fons-Mélicocq, Bor-
din (Sciences physiques) : MM. Bar-
net, Guignard, Bonnier, Prillieux,
âges.
45i
653
366
367
367
367
367
367
367
l'ages.
Zeiller, Mangin, Ph. van Tieghem,
Perrier, Chatin 368
Commission chargée de juger les con-
cours des pri.x Savigny, Thorc, pour
l'année 1910 : MM. Ranvier, Perrier,
Chatin, Delage, Bouvier, Ilenneguy,
Grandidier, Lannelongue, le prince
Roland Bonaparte 445
Prix Montyon, Barbier, Bréant, Go-
dard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgatc : MM. Bouchard,
Guyon, d'Arsonval, Lannelongue,
Laveran, Daslre, Chauveau, Perrier,
Roux, Labbé, Ilenneguy 445
Prix Montyon (Physiologie expéri-
mentale), Philipeaux, Lallemand,
Martin-Dantourette, Pourat :
MM. Chauveau, Bouchard, d'Ar-
sonval, Laveran, Dastre, Ilenneguy.
Cette Commission est également
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année 191 3 .. 445
Prix Montyon. (Statistique) : MM. de
Freycinel, Haton de la Goupillière,
Carnot, Rouché, Alfred Picard, le
prince Roland Bonaparte, Tannery.. 445
Prix Binoux. (Histoire des Sciences) :
MM. Darboux, Grandidier, Poincaré,
Emile Picard, Guyou, Bouvier, Tan-
nery 445
Médaille Arago, Médaille Lavoisier,
Médaille Berthclot : MM. Emile
Picard, Armand Gautier, Darboux,
Ph. van Tieghem 445
Pri.x Gegner, Lannelongue et Tré-
mont : MM. Emile Picard, Armand
Gautier, Darboux, Ph. van Tieghem,
Maurice Levy, Bornet 445
Prix Wilde : MM. Maurice Levy, Dar-
boux, Troosl, Poincaré, Emile Pi-
card, Lippmann, Violle 445
Prix Lonchampt : MM. Bouchard,
Guignard, Roux, Prillieux, Laveran,
Dastre, Mangin 446
Commission chargée de juger le con-
cours du prix Saintoyr pour
l'année 1910 : MM. Ph. van Tie-
ghem, Troosl, -irmand Gautier,
Guignard, Miintz, Roux, Maquenne. 5o7
Prix Caméré : MM. Léauté. Michel
Lévy, Humbert, Alfred Picard,
Vieille, Le Chalelier, Carpentier . , . . 5o7
Prix Jérôme Ponti : MM. Maurice
Levy, Darboux, Chauveau, Bornet,
TABLE DES MATIERES.
I 8o3
Poincaré, Penier, Bouvier 5o8
— Prix Iloullevigue : MM. Darboux,
Lippmann, Poincaré, Emile Picard,
Perrier, Violle, Deslandres 5o8
— Commission chargée de présenter une
question de prix Vaillant, pour
l'année igiS : MM. Jordan, Dar-
boux, Lippmann, Poincaré, Emile
Picard, Appell, Humberl 5o8
— Commission chargée de présenter
une question de Grand Prix des
Sciences physiques pour l'année
191 3: MM. TroosI, Bornet, Perrier,
Guignard, Michel Lévy, Bouvier,
Henneguy 5o8
— M. le prince Roland Bonaparte est
désigné pour faire partie de la
Commission de la Carte interna-
tionale de la Terre à î7TiM]îï¥li 3oo
— MM. Jordan, Darboux, Lippmann;
Ph. van Tieghem, Armand Gautier,
iîoux sont élus membres d'une Com-
mission qui devra proposer des
listes do candidats à deux places
d'Associés étrangers 444
— MM. Darboux, Lippmann, B. Bail-
laud, Ph. van Tieghem, Armand
Gautier, Edmond Perrier sont élus
membres de la Commission chargée
de présenter une liste de candidats à
une place d'Associé étranger va-
cante par le décès de M. Al.
Agassiz 1491
Conductibilité. — Sur un procédé de
mesure du coefficient de conducti-
bilité thermique des corps peu con-
ducteurs ; par M. Biquard 268
Congrès. — M. le Président du III^ Con-
grès international de Physiothérapie
invite l'Académie à se faire repré-
senter à ce Congrès, à Paris, en mars-
avril 1910 758
— L'Académie sera représentée par
MM. A. Gautier, Ëoux, MM. les
membres de la Section de Médecine et
Chirurgie et M. Labbé 768
— M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique invite l'Académie à lui dési-
gner ceux de ses Membres qui pour-
raient se rendre comme délégués
de son département au ///'' Congrès
international quinquennal de Bota-
nique, à Bruxelles, en mai 1910. . . . 764
— MM. Zeiller et Mangin sont désignés
pour représenter l'Académie au
III" Congrès international quin-
quennal de Botanique, en mai, à
Bruxelles
— M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique invite l'Académie à lui dési-
gner ceux de ses Membres qui pour-
raient se rendre, comme délégués
de son département, au Congrès
international d'Hygiène alimen-
taire, à Bruxelles, en octobre igio. .
— M. le Secrétaire général du XI^ Con-
grès géologique international invite
l'Académie à se faire représenter à
ce Congrès à Stockholm, en août. . .
— M. le Secrétaire de l'Institution of
Naval Architects invite l'Académie
à se faire représenter au Congrès in-
ternational des Ingénieurs des cons-
tructions navales et du Génie mari-
time, à Londres, le 5 juillet
— MM. L.-E. Berlin et le Prince Ro-
land Bonaparte sont désignés pour
représenter l'Académie
— M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique invite l'Académie à lui taire
connaître ceux de ses Membres qui
pourraient se rendre, comme délé-
gués de son Département, au
XI^ Congrès géologique interna-
tional à Stockholm
— M. le Ministre de- l'Instruction pu-
blique invite l'Académie à lui dési-
gner deux de ses Membres qui pour-
raient se rendre, comme délégués do
son Département, au 11^ Congrès
international du Froid
Courant alternatif. — M. J. Carpen-
tier présente à l'Académie un « fré-
quencemètre » réalisé sur les indi-
cations du commandant Ferrie ....
— Absorption d'énergie par le passage
d'un courant alternatif dans un gaz
à la pression atmosphérique; par
M. A. Chassy
Voir Physique physiologique.
764
849
1025
1094
i3o5
CRIST.\LL0GRAPH1E.
CRisTALLis-iTioN. — Cristallisation
spontanée du sucre; par M. G. Fou-
quet
280
1 Ho/,
TABLE DES MATIERES.
Poges.
- Températures de cristallisation des
mélanges binaires ; par MM. E. Baud
et L. Gai) 1 687
Voir Dissolulions. Pouvoir roiatoire.
Crustacés. — Sur les Crevettes du
genre Saron à mâles dimorphes; par
M. //. Coutière 1268
— Sur la protandrie chez les Lernœo-
podida> ; par M. .4. Quidor 1 46 4
Cryoscopie. — Sur la formule de l'acide
hypophosphorique; par M. E.
Cornée 108
— Cryoscopie en solutions concentrées;
par M. E. Baud 528
Cultures. — Sur les types sauvages de
la pomme de terre cultivée; par
M. Pierre BerthauU 47
— Influence de la culture sur la teneur
en alcaloïdes de quelques Solanées;
par M. J. Chevalier 344
— Sur l'exploitation agricole, dans les
Bouches-du-Rhône, d'une espèce de
Typha spontanée, non signalée en
l'.lfîCS.
France {T. aiiguslata) ; par M. J.-B.
Gèze 408
Voir Greffe, ^'igne.
Cycles mixtes. — Voir Célones, Indigo.
CvcLonEXANE. — Cyclohexanetriols et
dérivés ; par M. Léon Brunel 986
— Sur le méthyl-i-éthanoyl-i-cyclo-
hexane; par M. P.-J. Tarbouriech . . 1606
Cytologie. — Nouvelles observations
sur la cytologie des levures; par
M. Guilliermond 835
Voir Indigo, Magnétisme.
— La division longitudinale des chro-
mosomes dans les spermatogonies
de Sabellaria spinulosa Leuck; par
M. Armand Dehorne I igS
— Étude physico-chimique sur la struc-
ture de noyaux du type granuleux;
par M. E. Fauré-Fréiniet l355
— Le nombre des chromosomes chez
les Batraciens et chez les larves par-
thénogéné tiques de Grenouille; par
M. Armand Dehorne i45i
— La valeur des anses pachytènes et le
mécanisme de la réduction chez
Sabellaria spinulosa Leuck; par
M. Armand Dehorne l6l5
D
DÉCÈS. — M. Blaserna adresse d'Italie
une dépêche exprimant les regrets
qu'inspire aux membres de la con-
férence internationale des Poids et
Mesures la mort de M. Bouquet de
la Grye 24
— M. le Secrétaire perpétuel de la So-
ciedad c*enlifica Antonio Alzaie
adresse à l'Académie l'expression de
ses sentiments de profonde condo-
léance à l'occasion du décès de
M. Bouquet de la Grye 83 1
— M. lo Président annonce à l'Aca-
démie la mort de M. Alexandre
Agassiz, associé étranger 847
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
le décès de M. Julius Kiihn, Corres-
pondant pour la Section d'Economie
rurale 953
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
la mort de M. Edouard van Beneden,
Correspondant pour la Section d'A-
natomie et Zoologie 1094
— M. le Président annonce la mort de
M. Stanislas Cannizzaro, Correspon-
dant pour la Section de Chimie. . . . 1207
— M. le Président annonce la mort de
M. Robert Koch, Associé étranger,
et celle de Sir 11 iUiam Iluggins, Cor-
respondant po>U' la Section d'Astro-
nomie 1 379
Voir Académie.
DÉCHARGES. — Décharge des induc-
teurs. Capacité des électrodes; par
M. E. Caudrelier 6l5
— Sur la dimension des éléments maté-
riels projetés par les cathodes des
tubes à vide; par M. Houllevigue. . . ïi3y
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1 470
— Sur l'existence de deux potentiels ex-
plosifs; par MM. P. Villard et H.
Abraham 1286
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1714
— Sur l'action mutuelle de deux ca-
TABLE DES MATIERES.
l8o5
l'agos.
thodes dans le champ magnétique;
par M. Gouy i652
Voir Courant allernatif, Éleclrochimie,
Ëlincelle.
DiASTASEs. — Nouvelles observations
sur l'individualité de la cellase ; par
JIM. Gabriel Bertrand et M. Holderer. aSo
— Influence de la réaction du milieu sur
la fdtration de quelques diaslases du
malt; par M. Maurice Holderer. . . . 285
— De la fdtration des diastases; par
M. Maurice Holderer 790
— Action des phosphates alcalins biba-
siques sur la tyrosinase; par M. J.
^yoifi 477
— Sur la température mortelle des tyro-
sinases végétales; par MM. Gabriel
Bertrand et M. Rosenblalt 1 142
— Influence de la réaction du milieu sur
la formation des mélanines par oxy-
dation diastasique; par M. G. -4g»-
Ihon 1066
— Sur le dédoublement diastasique des
dérivés du lactose ; par MM. //. Bier-
ry et Albert Ranc l366
Voir Bactériologie, Fermentations,
Lait.
Diélectriques. — La cohésion diélec-
trique du néon; par M. E, Bouty.. . 149
— Cohésion diélectrique du néon et de
ses mélanges. Analyse quantitative
fondée sur la mesure de la cohésion
diélectrique; par M. E. Bouty i38o
Pa:;es.
1790
1643
l3l9
270
116
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
— Nouvelle mesure de la cohésion dié-
lectrique dans l'argon; par M. E.
Bouty
— Sur l'effet de la pénétration dans les
diélectriques; par M. Louis Malclès.
Diffusion. — Diffusion et théorie ciné-
tique des solutions; par JI. G. Tho-
vert
Voir Colorants.
Digestion. — Recherches sur la diges-
tion de l'inuline; par M. H. Bierry .
Dissolutions. — Observation d'une dis-
symétrie dans la vitesse de dissolu-
tion des cristaux de sucre suivant
leurs différentes faces; par M. Gas-
ton Gaillard 217
■ — Sur les pouvoirs réfringents spéci-
fiques ou les constantes optiques des
corps dissous dans des dissolutions
très étendues; par M. C. Cluhteveau .
Voir Cristallisation, Cryoscopie, Diffu-
sion, Optique.
Dynamique des fluides. — Impossi-
bilité de certaines ondes de choc et
combustion; par M. E. Jouguet. . . .
Voir Aérodynamique.
Dynamos. — Loi générale du rendement
relative à un générateur ou à un ré-
cepteur avec branche dérivée. Cas
des dynamos; par M. E. Haudié. . .
8G6
91
E
Eau. — Caractères différentiels des eaux
de sources d'origine superficielle ou
météorique, et des eau.x d'origine
centrale ou ignée; par M. Armand
Gautier 4 36
Voir Géologie, Hydrologie, Stérilisation.
Ecole Polytechnique. — M. le Ministre
de la Guerre invite l'Académie à
désigner l'un de ses Membres qui
remplacera au Conseil de perfection-
nement de l'École Polytechnique,
M. Bouquet de la Grye, décédé 368
— M. Léauté est désigné pour faire partie
du Conseil de perfectionnement de
l'École Polytechnique au titre de
représentant de l'Académie des
Sciences 444
Élasticité. — Essai des métaux par
l'étude de l'amortissement des mou-
vements vibratoires ; par M. O. Bou-
douard Gg6
— Phénomène de l'extinction du son
dans le ter; par M.Robin 780
— Sur la distribution des torsions dans
la déformation infinitésimale d'un
milieu continu; par M. J. Le Roux. i4l5
— Sur la flexion ; par M. J. Le Roux .... 1 589
— Sur une série de solutions des équa-
tions de l'élasticité de Lamé dans un
milieu homogène et isotrope; par
M. E. Barré i Sog
Elections. — M. le Ministre de l'Inté-
rieur invite l'Académie à désigner
l'un de ses Membres pour remplacer,
j8oG
TABLE DES MATIERES.
Pages,
dans le Conseil d'adniinistralion de
la fondation Carnegie, M. Bouquet
de la Grye, décédé 80
- M. G. Darboux sera désigné à M. le
Ministre de l'Intérieur, pour faire
partie de ce Conseil 80
- Sir Patrick Manson est élu Corres-
pondant de l'Académie pour la Sec-
tion de Médecine et Chirurgie 262
- M. Adolf von Baeijer est élu Associé
étranger 262
- M. van der Waals est élu Associé
étranger 3oo
- M. Richard Dedekind est élu Associé
étranger Sgo
- M. Lallemand est élu Membre de la
Section de Géographie et Naviga-
tion, en remplacement de M. Bou-
quet de la Grye, décédé 667
- M. Ilillorj est élu Associé étranger. . 668
- M. Albrecht est élu Correspondant
pour la Section de Géographie et
Navigation en remplacement de
M. Augustin Normand, décédé 758
- M. Jean Bosscha est élu Correspon-
dant pour la Section de Physique,
en remplacement de M. Crova 1161
- M. Blaserna est élu Correspondant
pour la Section de Physique en rem-
placement de Lord Rayleigh, élu
Associé étranger 1221
- M. Pérez est élu Correspondant pour
la Section d'Anatomie et Zoologie en
remplacement de M. Lortet, décédé. l4o3
- Sir William Ramsay est élu Associé
étranger, en remplacement de M.
Alexandre Agassiz, décédé 1726
Voir Académie.
ÉLECTRICITÉ.
— M. Carpentier présente un instrument
de mesure électrique 826
— Le thcrmophile électrique : tissus,
tapis, tricots chauffant par l'élec-
tricité; par M. Herrgolt 1233
Electricité ATiMospiiÉRiQUE. - Voir
Comète de Ilalley.
Électrochimie. — Recherches effec-
tuées au Laboratoire central d'Elec-
tricité sur l'équivalent électrochi-
l'ilgCS.
mique de l'argent; par MM. F. La-
porte et P. de la Gorcc 278
— Réduction des chlorures de bore et
d'arsenic par l'hydrogène sous l'in-
fluence de l'efïluve électrique; par
MM. A. Besson et L. Fournier 873
— Action de l'efïluve sur le chloroforme
et le tétrachlorure de carbone en pré-
sence de l'hydrogène, ainsi que sur
le chlorure de méthyle; par MM. A.
Besson et L. Fournier 1118
— Action de l'effluve surl'aldéhy de éthy-
lique en présence de l'hydrogène;
par MM. A. Besson et L. Fournier. 1238
— Action de l'hydrogène sur le chlorure
de soufre et sur le chlorure de thio-
nyle, sous l'influence de l'efïluve
électrique; par MM. ,1. Besson et
L. Fournier 1752
Voir Ions.
Électromètre. — Sur l'élimination
des couples directeurs électriques et
des effets dus à la dissymétrie, à
l'absence de réglage et aux forces
électromotrices de contact dans les
électromètres à quadrants ; par M. L.
Décombe l64
— Mesure de très hauts potentiels au
moyen d'électromètres sous pression ;
par MM. C.-E. Guye et .4. Tscher-
niavski 9H
Electron. — Sur la variation de l'iner-
tie de l'électron en fonction de la
vitesse dans les rayons cathodiques
et sur le principe de relativité; par
MM. C.-E. Guye et S. Ratnovski. . . 326
Voir Photoélectricité, Physique cos-
mique.
Électrolvtes. — Sur l'obtention par
dialyse électrique, d'un sérum extrê-
mement appauvri en électrolytos;
par MM. Ch. Dhéré et Gorgolewski. ggS
Voir Gélatine.
— Détecteur électrolytique très sensible
fonctionnant sans force électromo-
trice auxiliaire; par M. Paul Jégou. l307
— Mécanisme électrostatique de l'hé-
mipcrméabilité des tissus vivants
aux électrolytes; par M. Pierre
Girard i446
Électrotecunique. — Surintensités et
surtensions dues à la nianœuvre
des interrupteurs de tableau; par
M. André Léauté I lio
TABLE DES MATIÈRES.
Voir Alliages, Arc, Courant alternatif.
Colorants, Décharge, Diélectriques,
Dynanios, Force électromotrice. Gal-
vanomètre, Magnétooptique, Ondes
hertziennes. Physique mathématique.
Rayons cathodiques. Rayons X,
Vision.
Émission. — Sur l'émission des gaz ; par
M. Edmond Bauer 1747
Vori Etoiles, Rayonnement.
Engbais. — Emploi du bore comme
engrais catalytique; par M. H. Agu-
Ihon ". 288
Ensembles. — Sur les ensembles de
points; par M. Ludovic Zoreiti 162
— Sur la mesure des ensembles; par
!M. Armand Denjoy 596
- — Contribution à la géométrie des
courbes planes générales; par M. Si-
gismond Janiszewski 606
— Sur l'intégration, par la méthode
de M. Darboux, des équations aux
dérivées partielles du second ordre
de la forme
S = a[x, y,z]p,+ b(.r,y,z)q
+ c(x,y, z)\
par M. P.-E. Gau 1099
Equ.\tions aux différences finies. —
Sur la représentation des solutions
d'une équation aux différences finies
linéaire pour les grandes valeurs
de la variable; par M. Galbrun. . . . 206
Equations différentielles. — Le théo-
rème de M. W. Slekloff (théorème
généralisé de Jacobi) et les formules
généralisées de la transformation de
contact ; par M. C. Russyan 81
— £;Tata relatifs à cette Communication. 882
— Sur une application de la méthode
de Jacobi; par M. U. Cisotti 160
— Sur un théorème général d'existence
des fonctions fondamentales corres-
pondant à une équation différen-
tielle linéaire du second ordre; par
M. W. Stekloff 452
— Sur les équations différentielles dont
l'intégrale générale possède une cou-
pure essentielle mobile; par M. Jean
Chazy 456
— Sur les solutions asymptotiques des
équations différentielles; par M. E.
Cotton 5 II
C. li., i.jKi. r Semesirf. {T. l.'iC.)
1807
P.ISCS.
— ■ Conditions nécessaires et suffisantes
pour la possibilité du problème de
Dirichlet; par M. Serge Bernslein. . 5l4
— La méthode de Jacobi généralisée
d'intégration du système d'équations
différentielles partielles du premier
ordre ; par M. C. Russyan 1027
— Sur les changements canoniques de
variables; par M. //. Vergne io38
— Sur les équations différentielles dé-
duites de certains invariants des
formes linéaires ; par M. Jean Chazy. i io4
— Sur la recherche des intégrales
intermédiaires de l'équation
« = /(a;, 2/, 2, »-,?,?); par M. P. -£. Gau. i\io
— Sur la généralisation du théorème de
S. Lie ; par M. Saltykow 1 5o6
— Sur les applications du théorème de
S. Lie généralisé; par M. N. Salty-
kow ,585
— Sur l'intégration des systèmes com-
plets ; par M. E. Vessiol 1662
— Sur des intégrales irrégulières des
équations différentielles linéaires;
par M. Richard Birkeland 321
Équation de Fredholm. — Existence
de solutions singulières pour cer-
taines équations de Fredholm; par
Joseph Marty io3l
— Valeurs singulières d'une équation de
Fredholm; par M. Joseph Marty.. 1499
Équations fonctionnelles. — Sur cer-
tains systèmes d'équations fonction-
nelles et' l'approximation des fonc-
tions continues; par M. Frédéric
Riesz 6yi
— Sur l'équation fonctionnelle linéaire,
par M. .4. Blondel 957
Equations intégrales. — Une re-
marque sur les équations intégrales
de première espèce; par M. Johannes
Mollerup 3 1 3
— Un théorème général sur certaines
équations intégrales de troisième
espèce; par M. E. Picard 489
— Sur une équation intégrale; par
M. Joseph Marty 5i5
— Sur certaines équations intégrales
non linéaires; par M. G. Braiu. . . . 896
— Sur les équations intégrales non
linéaires; par M. Paul Lévy 899
Ér.os. — La parallaxe solaire déduite des
observations micrométriques d'Éros
faites en 1900-1901 ; par M. Arthur-
236
i8o8
TABLE DES MATIERES.
Pages.
R. Hinks . 953
Errata. — 252, 294. 362, 43o, 822, 894,
1006, 1084, 1378, 1470, 1714, 1790.
Ethers. — Oxydation du riciiioléate de
méthyle par l'ozone; par MM. A.
Haller et A. Brochet 496
— Sur les méthoxybenzoylacétates de
méthyle; par MM. .1. Wahl et C.
Silberzweig 538
- — Sur l'éther éthylique de l'allylcar-
binol; par M. Pariselle lo56
— Sur le produit de la mélhylation de
, l'éther dicétoapocamphorique de
M. G. Konippa ; par MM. J.-F.
Tliorpe et G. Blanc 1 1 26
— Sur les éthers chloranthraniliques et
sur leur condensation avec le nitro-
benzène; par M. P. Freundler 1 179
— Action des hydracides sur les éthers
glycidiques; par M. Georges Dar-
zens 1243
— Condensation de l'éther oxalique
avec l'éther tricarballylique ; par
M. //. Gaull i34i
— Remarque sur l'acidité des dérivés de
l'éther oxalacétique; par M. //.
Gault 1608
— Sur le caractère acide de l'éther oxal-
acétique; par M. L.-J. Simon 1760
— Sur la condensation de la phényl-
isoxazolone avec l'éther mésoxa-
liquc; par M. André Meyer 1765
Voir Amides, Célones.
Ëtinceli-e. — Sur la durée de l'émis-
sion de raies spectrales par les va-
peurs lumineuses dans l'étincelle
Pages,
électrique ; par M. G.-A.Hemsalech. 1743
Etoiles. — Carte photographique du
Ciel. Présentation des procès-ver-
baux du dernier Congrès; par
M. BaiUaud 256
— Sur les atmosphères absorbantes et
les éclats intrinsèques de quelques
étoiles ; par M. Charles Nordmann . . 669
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 894
Voir Photométrie stellaire, Spectroscopie
stellaire.
ÉvAPORATiON. — Sur les lois de l'évapo-
ration; par M. P. Vaillant 2i3
— Sur un cas particulier d'évaporation;
par M. P. Vaillant fjSg
— Sur une loi de Stefan relative à l'éva-
poration; par M. P. Vaillant io48
Exploration. — M. le Secrétaire per-
pétuel donne lecture d'un télé-
gramme de M. Jean Charcot relatif
à son Expédition au pôle Sud 368
— M. Jean Charcot adresse de Punta-
Arenas un résumé de son expédition
polaire 759
— Remarques à la suite de la Commu-
nication du Rapport de M. Charcot;
par M. .1. Lacroix 763
— M""^ Charcot adresse, de la part de
M. Jean Charcot, un exemplaire des
Cartes provisoires levées au cours
de l'Expédition du Pourquoi pas?. 953
— M. J. Charcot adresse à l'Académie
une copie des Rapports mensuels de
l'Etat-Major de la deuxième Expé-
dition antarctique française 1295
Fermentations. - — Influence de la con-
centration en saccharose sur l'action
paralysante de certains acides dans
la fermentation alcoolique ; par M. et
M™e M. Rosenhlat.l i363
— Sur le fibrine-ferment; par M. ('.
Gessard 1617
Voir Diastases, Pain, Présure, Sucres.
Flore tropicale. — Les ressources fo-
restières de la Côte d'Ivoire (ré-
sultats de la Mission scientifique de
l'Afrique occidentale) : bois, caout-
iliou<- et oléagineux: par M. -lui;.
Cliivnlier 4o3
— Les ressources forestières de la Côte
d'Ivoire (résultats de la Mission
scientifique de l'Afrique occiden-
tale) : excitants, gommes et résines,
divers; par M. Aug. Chevalier 623
Fluorescence. — Voir Hydrologie.
Foie. — Sécrétion normale d'une sub-
stance anticoagulante du foie; par
M. Doyon 792
Fonctions. — Sur la définition géné-
rale des fonctions aiuilytiques; par
M. Léon Lichtenstein 1 109
— Sur les conditions de maximum ou
de minimum d'une fonction analy-
TABLE DES MATIEUES.
Pages.
tique d'une inCnité de variables;
par M. J. Le Roux 202
— Sur les fonctions analytiques uni-
formes à singularités discontinues
non isolées ; par M. Arnaud Denjotj . 32
— Sur les singularités des fonctions ana-
lytiques uniformes; par M. D. Pom-
péiu 454
— Développements suivant certaines
solutions singulières; par M. Jo-
seph Marly 6o3
— Sur le développement procédant sui-
vant les polynômes hypergéomé-
triques; par M. yicolas Krylojl . ... 3i6
— Sur la représentation d'une fonction
arbitraire par une intégrale définie;
par M. Michel Plancherel 3l8
— Sur le développement d'une fonction
arbitraire en séries procédant sui-
vant certaines fonctions fondamen-
tales; par M. IV". Steklo/j 601
- — Sur la transformation des fonctions
abéliennes; par M. G. Cotty 458
— Sur les fonctionnelles continues; par
M. Maurice Fréchel I23i
Fonds Bonapabte. — MM. VioUe et
Alfred Picard sont élus naembres
de la Commission du Fonds Bona-
parte pour 1910 et 19U 590
— M. Houard adresse un Rapport sur
ses travaux exécutés à l'aide de la
subvention accordée sur le fonds
Bonaparte 1 655
1 Hot)
l'ages.
— Rapport de la Commission chargée de
proposer pour l'année 1910 la répav-
lion des subventions du Fonds Bo-
naparte; par M. Ph. t'ait Tieghem . . 1784
Force électromotbice. — Étude de
quelques alliages de cobalt d'après
leurs forces électromolrices; par
M. F. Ducelliez 98
Formes. — Sur les formes quadratiques
définies à une infinité de variables;
par M. J. Le Roiu' 88
— Les formes quadratiques positives et
le principe de Dirichlet; par M. J.
Le Roux 377
— Sur les minima des classes de formes
quadratiques linéaires el positives;
par M. G. Ilumberl 43l
Fractions continues. — Sur une
transformation des fractions con-
tinues arithmétiques; par M. .4.
Chatelei ' 769
— Sur la sommation de fractions con-
tinues arithmétiques; par M. .4.
Chatelei uoi
Frottement. — Rôle lubrifiant de l'air
dans le frottement des solides. Frot-
tement dans le vide; par M. F.
Charron 906
— Sur le frottement intérieur des mé-
taux aux basses températures ; par
MIL C.-E. Guye el //. Schapper 962
Fhoid. — • Voir Congrès.
Galvanomètre. — • Bobine symétrique
pour galvanomètre à cadre mobile;
par M. Ch. Féry 324
Gélatine. — Sur la préparation et sur
quelques propriétés physicochi-
miques de la gélatine déminéralisée;
par MM. Ch. Dhéré et Gorgolewski . .
Géodésie. — Sur les jonctions de la
chaîne méridienne de Savoie avec
la triangulation fondamentale ita-
lienne et suisse; par M. Paul Hel-
bronner
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
— Sur une erreur systématique de la
détermination du niveau moyen de
934
362
la mer, à l'aide du médimarémètre;
par M. Ch. Lallemand 205
Géographie. — La Carte internatio-
nale de la Terre à ri \> lu oui ?<*■■
M. Aljred Grandidier igS
— Errata relatifs à celle Communica-
tion 4 3o
GEOLOGIE.
— Sur le poids atomique moyen de
l'écorce silicatée terrestre; par
M. L. De Launay 1270
i8io
TABM' Dl'S MATIERES.
l'.igc-.
Sur le forage du puits artésien de
Maisons-Laffittc : par M. F. Péroux. Sg
La craie de Blois ; par M. Marins Fil-
liozat 1274
Un horizon fossilifère dans le Mus-
chelkalk de Bourbonnc-les-Bains
(Haute-Marne) ; par M. A. Doby . . . i553
Prolongement des minerais de fer
oolithique siluriens de la presqu'île
armoricaine sens le Bassin de Paris;
par M. L. Cayeur l34
Sur les mouvements préheroyniens du
Massif breton ; par M. F. Kerforne. . 484
Sur la formation du Marais poitevin
et la séparation des îles de Ré et
d'OIéron; par M. Jules Welsch. . . . 844
Sur les dépôts de tourbe littorale de
_ l'ouest de la France; par M. Jules
Welsch 1628
Architecture de la partie centrale des
monts du Forez; par M. Ph. Gtan-
geaud 804
Les formations archéennes, l'an-
cienne couverture et les plissements
des monts du Forez; par M. Ph.
Glnngeaud 942
Sur la présence du Cénomanien fos-
silifère dans les Alpes calcaires de
la Haute-Savoie: par M. Léon-W.
Collet 242
Le Nummulitique de la zone du
Flysch à l'est et au sud-est du Mer-
cantour. par M. Jean Boussac 67
Interprétation tectonique du Flysch
dit autochtone de la Suisse centrale
et orientale; par M. Jean Boussac. . Il48
Distribution des niveaux et des faciès
dans le Nummulitique dit autochtone
de la Suisse orientale; par M.
Jean Boussac 1272
Nummulitique helvétique et Num-
mulitique préalpin dans la Suisse
centrale ot orientale; par M. Jean
Boussac. 1 555
Sur la classification du Pliocène et
du Quaternaire dans l'Italie du Sud;
par M. Maurice Gignou.v 84i
Sur la présence de couches à Ellips-
actinia aux monts Vardussa et
sur la zone orientale du flysch
d' Étoile en Grèce; par MM. Consl.-
A. Ktenas et Ph. Négris 748
■ Sur des lambeaux de glace fossile en
Nouvelle-Zemble; par M. F. Rous-
Pages.
sanof 807
— Sur les terrains paléozoïquos de la
Nouvelle-Zemble; par M. V. Hous-
sanof I 55o
— Sur l'existence du Trias et du Méso-
jurassique aux environs de Djoulfa
(Transcaucasie méridionale) ; par
MM. P. et JV. Bonnet 746
— Les mouvements orogéniques dans le
Haut-Atlas marocain; par M. Louis
Gentil 1 275
— Les mouvements tertiaires dans le
Haut-Altas marocain; par M. Louis
Gentil i465
— ■ Sur la découverte du Trias marin de
Madagascar ; par M. Henri Douvillé. 260
Voir Chimie analytique, Chimie inor-
ganique (C), Congrès, Eau, Glaciers,
Hydrologie, Nappes de charriage.
Paléontologie, Volcan.
GÉOMÉTRIE. — Sur les corps solides
opposés ; par M. René de Saussure . . . l586
Voir Ensembles.
GÉOMÉTRIE INFINITÉSIMALE. SuT la
transformation de Ribaucour; par
M. A. Demoulin 25
— Sur les systèmes et les congruences K ;
par M. .4. Demoulin i56
— Sur les systèmes et les congruences K ;
par M. A. Demoulin 3lo
— Un problème sur les systèmes triples
orthogonaux ; par M. G. Tzitzéica . . 29
— Sur une nouvelle classe de surfaces;
par M. Tzitzéica 955
— • Sur une nouvelle classe de surfaces;
par M. Tzitzéica 1 227
— Sur les surfaces à courbure totale
constante qui correspondent à des
systèmes singuliers d'ordre quelcon-
que; par M. C. Guichard 76
— Sur un mode de génération des sys-
tèmes triple-orthogonaux à lignes
de courbure sphériques dans un
seul système; par JI?C. Guichard.. 1090
— Sur les surfaces algébriques repré-
sentables sur celle de Kummer;
par M. L. Remy 677
— Sur quelques nouvelles familles de
Lamé; par M. J. Haag 767
— Sur la représentation sphérique de
certaines familles de Lamé; par
M. J.Haag 852
— Sur certains systèmes triple-ortho-
gonaux; par M. J. Haag 1096
TABLE DES MATIERES.
1811
— Sur une classe particulière de sys-
tèmes triple-orthogonaux; par
M. Gaston Darboux ii55
— Sur l'emploi do nouvelles méthodes
de récurrence dans la théorie des
systèmes orlhogonaux; par M. Gas-
ton Darboux 1208
Glaciers. — Sur la théorie mécanique de
de l'érosion glaciaire; par M. E.
de Martonne 1 33
— Sur la genèse 'des formes glaciaires
alpines; par M. E. de Martonne . . . . a'tS
— Sur la théorie mécanique de l'érosion
glaciaire; par M. Smoluchowski . . . i368
Graines. — Sur les modes d'ouverture
des akènes et des noyaux, au mo-
ment de leur germination; par
M. Auguste Joxe 626
Gravitation. — \o\vBalance de torsion,
Pesanteur.
Greffe. — Sur la variation dans le
Pai;es.
grefl'age et l'hybridation asexucllo;
par M. Ed. Griffon 629
Voir Chimie végétale. Vigne.
Grêle. — Sur l'effet produit lors des
orages par les tirs grélifuges; par
M. Ch. André 1023
— Sur la lutte contre la grêle dans le
Beaujolais; par M. J. Violle 1087
— M. Georges Lemoine rappelle les
nombreuses expériences de tir
contre la grèlo qui ont été faites en
Italie 1090
Groupes. — Sur le groupe symétrique
et le groupe alterné; par M. de Sé-
guier 599
— Errata relatifs à cette Communi-
cation 822
— Sur les groupes commiitatifs de
quantités hypercomplexes; par
M. Léon Autonne l58l
H
Histoire des Sciences. — M. Bornet
fait hommage d'une « Collection de
dessins publiés ou inédits », par
Alfred Riocreux, et d'un Ouvrage
intitulé Recherches sur les zoospores
des Algues et les anthéridies des Cry-
ptogames.pav Gustave Thuret
Histologie. — Sur une nouvelle forma-
tion de la gaine myéline : le double
bracelet épineux de l'étranglement
annulaire ; par M. J, Nageolte
Voir Nerfs.
— Sur la structure des cellules ner-
veuses ganglionnaires de la moelle
amyéliniquo des Cyclostomes; par
M. .J. Mawas
— Sur la structure de la tectoria ; par
M. E. Vaslicar
— Sur certains filaments ayant proba-
blement la signification des mito-
chondries, dans la couche généra-
trice de l'épiderme; par MM. M.
Favre et Cl. Regaud
— Sur certaines enclaves protoplas-
miques de la cellule hépatique nor-
male du lapin; par M. L. Launoy. . .
Voir Anatomie, Cytologie.
Houille. — De l'action de l'air sur la
houille; par JM. P. Mahler
354
56o
Il 45
l52I
— Examen des liquides dégagés par
l'action do l'air sur la houille entre
125° et 200°; par MM. P. Mahler et
E. Charon l6o4
Hydrodynamique. — .Sur la manière
dont le potentiel des vitesses, dans
le problème des ondes par émersion,
dépend de l'état initial; par M. J.
Boussinesq 49'
— Intégration des équations des ondes
d'émersion, par la formule de Mac-
Laurin, en séries toujours conver-
gentes, pour un canal profond sans
extrémités et pour un bassin indé-
fini en tous sens; par M. J. Bous-
sinesq 5^7
— Propagation verticale, aux grandes
profondeurs, du mouvement des
ondes par émersion dans les cas d'un
canal ou d'un bassin horizontale-
ment indéfinis; par M. J. Boussi-
nesq 655
— Sur les ondes liquides; par M. Ifa-
damard G09
— Les ondes liquides; par M. Hada-
mard 77'-*
Hydrographie. — Sur l'évolution de
l'hydrographie quaternaire dans la
région de Constantine (Algérie) ;
l8l2
lAULE DES MATlElilCh^.
par M. L. Joteaud 1081
Voir Géodésie, Océunographie.
Hydrologie. — De la prédominance do
l'érosion sur la rive droite d'une
rivière en temps de crue ; par M. Jean
Brunîtes 567
— Sur les crues de la Seine en janvier-
février 1910; par MM. Nouailhac-
Pioch et Edmond Maillel 81 3
— Les infiltrations sur le niassiî du
Zaghouan (Tunisie) ; par M. Noël. . . 1711
— Sur la minéralisation et l'analyse
chimique de l'eau du puits artésien
de Maisons-LafTitte; par M. E.
Péroux 1 4'2
— Méthode prompte et sûre pour re-
connaître dans une eau minérale la
présence en bloc de métalloïdes et
de métaux; par M. F. Garrigou .... 1002
— Sur la présence d'éléments métalloï-
diques dans les eaux potables. Con-
séquences pratiques; par M. F. Gar-
rigou l374
— Nouvelles déterminations de la ra-
dioactivité des eaux therraiales de
Plombières ; par M. André Brochet . . 1 45
— Radioactivité de quelques sources
l'ages.
sauvages des Vosges; par M. André
Brochet 291
— Relation entre la radioactivité et
la richesse en extrait sec des eaux
thermales de Plombières ; par
M. André Brochet 423
— Recherches sur l'ionisation de la
source chaude des thermes d'IIam-
mam-Salahin, près de Biskra; par
M. Albert Nodon lo83
— De la recherche des substances fluo-
rescentes dans le contrôle de la sté-
rilisation des eaux; par M. F.
Diéncrl 487
— De la recherche des substances fluo-
rescentes dans quelques eaux mi-
nérales; par M. F. Diénert 891
— Etude expérimentale sur la spécifi-
cité d'action des sources de Vichy
employées en thérapeutique ther-
male ; par M. H. Sérégé Il35
Voir Eau, Géologie.
Hydrolyse. — Sur l'hydrolyse fluor-
hydrique de la cellulose; par
MM. J. Ville et W. Mestrezal 783
Hygiène. — Voir Aldéhydes, Aliments,
Eau, Électricité, Siérilisalivn.
I
Immunité. — Immunité naturelle des
Batraciens et des Serpents contre
le venin muqueu.x des premiers;
mécanisme de cette immunité; par
Mme ^]arie Phisalix 635
Indigo. — Sur la synthèse de l'in-
digo tétrachloré-5 . 7 . 5'. 7'; par
M. Oberreit 282
Inondation. — M. Edmond Perrier îait
connaître l'état du Muséum après
l'inondation de janvier 1910 aSg
Voir Académie. Chimie agricole. Hydro-
logie.
Insectes. — Sur l'emploi du cyanure de
potassium comme insecticide sou-
terrain; par M. Th. Mamelle 5o
— Sur les inclinaisons du voile de l'aile
de l'insecte pendant le vol; par
M. L. Bull 1 29
— Recherches sur le développement de
l'œuf du ver à soi© univoltin; par
MM. C. Vaney et .4. Conte 553
— Considérations générales sur les
tubes de Malpighi des larves do
Lépidoptères; par M. L. Bordas. . . . 737
Intégrale. — Sur l'intégrale de Stielljes
et sur les opérations fonctionnelles
linéaires; par M. Henri Lebesgue. . . 86
— Sur la définition de l'intégrale définie;
par M. Emile Borel 375
— Sur une condition générale d'iiité-
grabilité; par M. Emile Borel 5o8
Interférences. — Sur les interférences
de deux faisceaux superposés en
sens inverse le long d'un circuit
optique de grandes dimensions; par
M. G. Sagnac i3o2
— Interféromètre à faisceaux lumineux
superposés inverses donnant en
lumière blanche polarisée une frange
centrale étroite à teinte sensible et
des franges colorées éti'oites à inter-
valles blancs; par M. G. Sagnac. . . . 1676
Ions. — Action chimique et ionisation
par barbotage; par M. L. Bloch. . . . 694
— Ionisation par pulvérisation des
TABLE DES MATIERES.
l8l3
Pages,
liquides : par M. L. Blùch 967
Ionisation par barbotage el actions
chimiques: par MM. de Brositie et
Brizard 969
Sur l'ionisation des gaz par les ac-
tions de division mécanique des
liquides: corps actifs et inactifs:
Pages.
par M. de Broglie Ill5
- Electrisation de l'air par la flamme
d'oxyde de carbone et par les rayons
du radium; comparaison des mobi-
lités des ions présents; par M. Mau-
rice de Broglie J^l5
Voir Grêle, Photoélectricité.
Jupiter. — Sur l'aplatissement de lo,
premier satellite de .Tupiter: par
M. J. Comas Solâ 1224
Lait. — Sur la présence dans le lait de
vache d'une anaéroxydase et d'ime
catalase ; par M. J. Sarthou 119
— Contribution à l'étude des réactions
dues à l'état colloïdal du lait cru;
par MM. F. Bordas et Touplain .... 34 1
— Sur la présence accidentelle dans le "
lait de sulfocyanures et leur origine;
par MM. Stœcklin et Crochetelle . . . . i53o
Voir Présure.
Liquéfaction des gaz. — Voir Comètes.
Lune. — Sur la polarisation de la lu-
mière lunaire; par M. J.-J. Lan-
derer 1 164
— Sur la variation dans le mouvement
de la Lune; par M. Nicolau i656
M
MAGNÉTISMIi.
Sur un dispositif simple pour la me-
sure d'un champ magnétitpje: par
M. C. Chéneveau 1046
Sur un nouveau modèle de balance
pour la détermination des champs
magnétiques; par M. Pierre Sève. . . iSog
Sur une méthode de mesure d'un
champ magnétique en grandeur,
direction et sens; par M. Louis Du-
noyer 1 679
Mesure des susceptibilités magné-
tiques des corps solides; par M. P.
Pascal io54
Sur la précision dans la mesure des
susceptibilités magnétiques: par
M. C. Chéneveau l3l7
Sur la précision des méthodes de
mesure des susceptibilités magné-
tiques; par M. P. Pascal i5l4
L'intensité d'aimantation à satu-
ration aux très basses températures;
par MM. Pierre Weiss et Kamer-
lingh Onnes 686
— Sur les propriétés magnétiques du
manganèse, du vanadium et du
chrome; par MM. Pierre Weiss et
Kamerlingh Onnes 687
— Variation avec la température des
propriétés magnétiques du fer dans
les champs magnétiques faibles;
par M. Ch. Maurain 777
— Réaimantation spontanée du fer; par
M. H. OUivier io5i
— Remarques au sujet de la note do
M. H. Ollivier intitulée Réaimanla-
lion spont/mée du fer; par M. Bouty. lo54
— Analyse magnétique de quelques
groupements chromophoriques; par
M. Paul Pascal 1 1 67
Voit Décharges, Magnétooptique, Terres
rares.
Magnétisme terrestbe. — Sur la
valeur des éléments magnétiques à
l'Observatoire du Val-Joyeux au
i8i4
TABLE DES MATIERES.
Pages.
I^"' janvier 1910; par M. Alfred
Angot l38
— Sur la variation séculaire des élé-
ments magnétiques dans la région
de Paris; par M Alfred Angot 568
— Recherches sur le magnétisme ter-
restre; par M. Albert Nodon 761
— Stabilité d'aimantation des poteries
lacustres; par M. Paul Mercanlon. . iSgS
Voir Comète de Halleij, Physique cos-
mique.
Magnétooptique. — Sur les triplets
dissymétriques. Exemple d'une
dissymétrie de position proportion-
nelle au carré du champ magné-
tique; par M. A. Dufour 6l4
— Sur la biréfringence magnétique et
électrique des liquides aromatiques
et sur la théorie de l'orientation
moléculaire; par MM. .4. Cotlon et
H. Mouton 774
— Sur la "relation de Ilavelock entre la
biréfringence et l'indice de réfrac-
tion; par MM. A. Colton et H.
Mouton 857
Mars. — Nouveaux canaux de la pla-
nète Mars ; par M. Percival Loivell. . .
448
MATHÉMATIQUES.
Voir Analyse mathématique, Géométrie,
Nomographie, Trigonométrie.
Pas
des machines à distributeurs séparés;
par M. L. Letombe 1736
— Sur l'ébranlement des édifices; par
M. B. Galitzine 901
— • Sur la précision des appareils qui
servent à étudier l'ébranlement des
édifices; par M. B. Galitzine I04l
Voir Aérodynamique, Aéroplane, Ba-
lance, Balance de torsion, Dynamique
des fluides, Frottement, Sismographes.
MÉCANIQUE CÉLESTE. — M. Poincaré
fait hommage à l'Académie du
Tome III de ses Leçons de Méca-
nique céleste 667
MÉCANIQUE RATIONNELLE. SuT l'équa-
tion dilïérentielle du mouvement
d'un projectile sphérique pesant
dans l'air; par M. E. Ouivet 1229
— Sur le mouvement d'un fil dans
l'espace; par M. J. Arnoult laga
Voir Cinématique, Élasticité, Hydro-
dynamique, Pliilosophie naturelle.
.MKDECLNE.
Mf'CANlQUE.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — De la com-
pression d'air adiabatiquOj appliquée
à un véhicule mû par un moteur à
explosion pour remplacer les trans-
missions mécaniques; par M. Ca-
mille Hautier
— Sur le mode d'action des roues mo-
trices ; par M. A. Petot
— Etude géométrique de la distribution
960
— La paralysie infantile expérimentale ;
par MM. C. Levaditi et A'. Land-
steiner 55
— Recherches sur la paralysie infantile
expérimentale; par MM. C. Levaditi
et A'. Landsteiner i3l
— Moyen d'éviter les accidents anaphy-
lactiques; par M. ^l. Besredka i456
Voir Bactériologie, Chirurgie. Patho-
logie, Radiographie, Sérothérapie,
Vaccin, Voix,
MÉLANGES DOUBLES. — SuT une nouvclle
méthode d'analyse par les courbes
de miscibilité; application aux
essences de térébenthine; par M. E.
Louise 526
— Sur l'analyse de l'essence de térében-
thine par les courbes do miscibilité;
par M. M. Vèzes 698
Voir Cristallisation.
MÉMOIRES LUS. — Sur un nouveau type
de sismographe pour la composante
verticale; par M. B. Galitzine 1727
MÉTALLiSATioN. — Nouveau principe de
métallisation; par U. Schoop 1044
MÉTAUX RARES. — Extraction du srerma-
TABLE DES MATIERES.
Pages.
nium des blendes; par MM. G.
Urbain, M. Blondel et Obiedoff ....
1758
MÉTÉOROLOGIE.
- Sur une sorte d'arc-en-ciel blanc,
observé à Paris; par M. Louis
Besson
- Sur les anomalies de la répartition
de la pression atmosphérique aux
Etats-Unis ; par M. Henry Arctowski.
- Le P. E. Colin fait hommage d'un
Volume intitulé « Observatoire do
Madagascar. Observations météoro-
logiques faites à Tananarive » 83 1
\o\v Aurore boréale. Comète de Hnlleij,
Grêle, Magnétisme terrestre.
',26
753
MIC.liOHIOl.OGIli;.
- Influence des atmosphères viciées sur
la vitalité des microbes ; par MM. .4 .
Trillal et Sauton
Voir Baciériolo!>ie, Médecine, Patho-
logie, Ultraviolet.
MlNKliALOGII-:.
Sur la reproduction synthétique du
saphir par la méthode de fusion;
par M. A. Verneuil i85
M. A. Lacroix fait hommage de la
deuxième Partie du Tome III de
sa » Minéralogie do la France et de
ses colonies » 83o
Note sur un filon aurifère situé à
Beslé (Loire-Inférieure), par M. F.
Kerjorne 224
Sur la constitution minéralogiquc des
i8i5
Pages,
phosphorites françaises; par M. A.
Lacroix I2l3
- Sur le minéral à structure optique
enroulée constituant les phospho-
rites holocristallines du Quercy;
par M. A. Lacroix l388
- Sur le gisement des pechsteins asso-
ciés aux pyromérides dans l'Esterel ;
par M. Albert Michel-Lévy 75o
- Sur la monzonite de Fontaine-du-
Génia, près Cherchel (Algérie) et
sur les micromonzonites de la ré-
gion avoisinante; par MM. Pierre
Termier et Jacques de Lapparent. . . l484
- Nouvelle contribution à l'étude des
latérites; par M. H. Arsandaux . . . . 1698
Voir Chimie agricole. Chimie inorga-
nique, Nappes de charriage. Pétro-
graphie, Volcan.
Mollusques. — Sur une jeune Spirule;
par M. L. Joubin 4i4
Voir Océanographie.
Mont Rose. — M. A. Mosso rappelle
que la France peut disposer de
deux places d'études sur le sommet
du Mont Rose et dans les labora-
toires du Col d'Olen 1 192
Muscles. — Sur les homologues du
muscle du membre postérieur des
Reptiles; par M. Fougeral l54l
Voir Anatomie, Poissons.
Muséum d'Histoire naturelle. —
M. le Ministre de l'Instruction
publique invite l'Académie à lui
présenter une liste de deux can-
didats à la chaire de Zoologie (Rep-
tiles et Poissons) vacante au Mu-
séum d'Histoire naturelle par la
mise à la retraite de M. Vaillant. . . i655
Voir Inondation.
Mutations. — • Une nouvelle espèce de
Bourse-à-Pasteur : Capsella Vi-
guieri Blar., née par mutation; par
MM. L. Blaringhem cl Paul Viguier. 988
Voir Variations.
.Nappes de charriage. — Sur les gra-
nités écrasés (mylonites) des Gri-
sons, du Vorarlberg et de l'AUgau;
C. H., 1910, 1" Semestre. (T. IjO.)
par M. Wilfrid von Seidlilz
Voir Géologie.
Navigation. — M. le Président de la
■j')7
9 il
i8i6
TABLE DES MATIERES.
Ligue maritime française invite
l'Académie à se faire représenter à
l'Assemblée générale, en avril 1910
à la Sorbonne
— M. L.-E. Berlin est désigné pour
représenter l'Académie
Voir Congrès, Exploration, Télégraphie
sans fil.
Nerfs. — Étude microscopique, sur le
vif, de l'activité de la myéline au
COUTS de la dégénération T\allé-
rienne des nerfs ; par M. J. Nageotle.
849
Pages.
— Activité de la gaine de myéline dans
les nerfs en état de survie; par
M. J. Nageotte 73l
Voir Anatomie, Histologie.
NiTRiLES. — Synthèse de nitriles aro-
matiques ; par MM. F. Bodroux et
F. Tabounj 1241
NoMOGRAPHiE. — Sur la disjonction des
variables des équations noniogra-
phiques rationnelles d'ordre supé-
rieur; par M. Farid Boulad 379
o
Observatoires. — M. B. Baillaud pré-
sente, au nom de M. Cosserat, le
Tome VI des Annales de l'Obser-
vatoire de Toulouse 366
— M. Bassot présente à l'Académie le
Tome XII des Annales de l'Obser-
vatoire de yice i47'
Océanographie. — M. le Président
donne lecture d'une lettre du Prince
de Monaco invitant l'Académie à
se faire représenter à la cérémonie
d'inauguration du Musée océanogra-
phique de Monaco 4^!
— L'Académie décide qu'elle sera repré-
sentée à l'inauguration du Musée
océanographique de Monaco, par
son Bureau 43l
— M. le Président' rend compte des
fêtes de l'inauguration du Musée
océanographique de Monaco 848
— S. A. S. le Prince Albert de Monaco
fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de la médaille frappée
à l'occasion de l'inauguration du
Musée océanographique de Monaco. l4o3
— De la genèse des roches sous-marines
connues sous le nom de mottes : par
M. J. Thoulet 421
— Carte lithologique sous-marine de la
côte du Languedoc; par M. J.
Thoulel 640
— Sédiments marins d'origine éoUenne;
par M. J. Thoulet 947
— Sur la mesure de la couleur des vases
marines actuelles et anciennes; par
M. J. Thoulel 1375
— Sur le régime thermique de la Médi-
terranée littorale algérienne; par
M. J.-P. Bounhiol 1197
— Sur la douzième campagne scienti-
fique de la Princesse- Alice; par S.
A. S. le Prince Albert de Monaco. . . 1396
— Sur les travaux océanographiques du
Musée de Monaco; par S. A. S. le
Prince Albert de Monaco i397
— S. A. S. le Prince Albert de Monaco
présente une nouvelle feuille de la
« Carte des gisements de Mollusques
conaestibles de la France », dressée
par M. Joubin 1398
— • S. A. S. le Prince Albert de Monaco
présente à l'Académie les 18^ et 19^
feuilles de la « Carte générale des
gisements de coquillages comes-
tibles des côtes de France », dressées
par M. L. Joubin 1572
Voir Académie, Géodésie.
Odeuh. — Sur quelques relations entre
la constitution moléculaire et
l'odeur, par MM. G. Austerweil et
G. Cochin 1698
Oiseaux. — Anomalies et variations
spontanées chez des oiseaux do-
mestiques; par M. .4. Conte 187
— Sur un oiseau de la famille des Cou-
reurs, particulier aux hauts som-
mets des Andes péruviennes; par
par M. M.-Emm. Pozzi-Escot 888
— Influence du régime alimentaire sur
l'intestin chez les Oiseaux; par
M. A. Magnan 1 706
Ondes hertziennes. — Une action à
distance sur le cohéreur, produite
par les contacts métalliques; par
TABLE DES MATIERES.
M. B. Szilard 1670
Voir Télémécanique, Télégraphie sans
fil.
Optique. — Sur la relation de Pulfrich
entre la contraction du volume et le
pouvoir réfringent des mélanges
liquides; par M. Edm. van Aubel.. . 210
— Sur la mesure de l'indice de réfraction
des liquides au moyen du micros-
cope ; par M. L. Décombe 389
— Sur un nouveau rèflectomètre; par
M. Ch. Féry 691
— Sources lumineuses à surfaces ré-
duites employées normalement ou
obliquement. Sources lumineuses
en mouvement. Applications pra-
tiques; par M. Dussaud 904
Voir Arc, Dissolutions, Emission, In-
terférence, Magnélooptique, Météo-
rologie, Philosophie naturelle. Phos-
phorescence, Photoélectricité, Pouvoir
rotatoire. Rayonnement, Spectro-
scopie, Vision.
Optique physiologique. — Consé-
quences de l'hypothèse d'Young.
De la sensation du blanc binaire;
,8i7
I'Ht;es.
par M. A. Rosenstiehl 235
— Conséquence de la théorie d'Young.
De la construction chromatique
dans l'espace; par M. .1. Rosen-
stiehl 35o
Voir Pliolographie, Photométrie, Slé-
réoscopie.
Organométalliques. — Sur 1 émé-
tique d'aniline ; par M. P. Yvon .... 283
— Sur l'émétique d'arsenic et d'aniline;
par M. P. Yvon 834
— Action de l'acide sulfosalicylique
sur le phosphate trisodique; par
M. L. Barthe 4oi
— Action du chlorure de thionyle sur
les combinaisons organomagné-
siennes mixtes; par MM. V. Gri-
gnard et L. Zorn 1 177
Voir Cétones.
Orthonectides. — Recherches expéri-
mentales sur les phases initiales de
l'infection d'une Ophiure (Amphiura
squamata] par un Orthonectide [Rho-
palura ophiocomse) ; par MM. Caul—
lery et .1. Lavallée 1781
Pain. — Sur le rôle de la levure en bou-
langerie ; par M. L. Lindet 802
PALEONTOLOGIE.
Un nouvel exemple de phénomènes
de convergence chez des Ammoni-
tidés; sur les origines du groupe de
V Ammonites bicurvatus Mich. (sous-
genre Saynella Kil.) par M. W.
Kilian 1 5o
Remarques sur le siphon des Ammo-
nites et des Bélemnites; par M. F.
Granjean 11 5o
Sur les Nodules {Seplaria) à Ammo-
nites triasiques de Madagascar et
sur le développement des Ammonea;
par M. Fournier i56o
Sur quelques Vertébrés fossiles du
sud de la Tunisie; par M. Marcellin
Boule 812
— Sur les Rhinocéridés de l'Oligocène
d'Europe et leur filiation; par
M. Roman l558
Voir Anthropologie.
Paléontologie végétale. — Re-
cherches sur les Diatomées des tra-
vertins déposés par les eaux miné-
rales de Sainte-Marguerite (Puy-de-
Dôme) ; par M. Héribaud- Joseph . . .
— Les Algues calcaires du groupe Gir-
vanella et la formation des oolithes;
par M. L. Caycux
— Les caractéristiques de la trace fo-
liaire botryoptéridienne ; par MM.
C.-Eg. Bertrand et F. Cornaille .
— Sur quelques plantes wealdiennes du
Pérou ; par M. R. Zeiller I
Voir Géologie.
61
359
1019
Parasites. — Sur un nouveau spirille
du Cercopilhecus palas ; par MM. A.
Thiroux et W. Dufougeré i3a
i8i8
TABLE DES MATIERES.
Pages.
— Cnidosporidics des larves d'Ephé-
mères; par MM. L. Léger et Ed.
Hesse 4i l
— Sur l'adaptation des Nématodes pa-
rasites à la température des hôtes ;
par MM. L. Jammes et E. Martin. . 4i8
— Sur la nature du parasite de la lym-
phangite épizootique; par MM. L.
Nègre et J. Bridré 1265
— Le Plasmodiophora Brassica Voronin,
parasite du melon, du céleri et de
l'oseille-épinard ; par M. Ernest-
F.-L. Marchand i348
— Sur une méthode de traitement
contre la Cochylis et VEudemis; par
MM. J. Capus et J. Feytaud 1 35 1
y o\T Bactériologie, Champignons, Ortho-
nectides, Pathologie.
Parthénogenèse. — Sur l'existence et
les conditions de la parthénogenèse
chez Dinophilits ; par M. Paul de
Beauchamp 789
— L'embryogenèse complète provo-
quée chez les Amphibiens par pi-
qûre de l'oeuf vierge, larves parthé-
nogénésiques de Rana fusca; par
M. E. Bataillon 996
PATH0LOG11-.
— La fièvre de Malte en France; par
MM. Lagriffoul et Roger 800
\on Bactériologie, Chirurgie, Médecine.
Pathologie animale. — Etiologie de
la congestion intestinale du cheval;
par M. H. Carré 358
— Reproduction expérimentale du
bouton d'Orient chez le chien.
Origine canine possible do cette
infection; par MM. Charles Ni-
colle et L. Monceaux 889
— De l'influence du régime sur la pro-
duction de l'athérome spontané;
par M. Weinberg 940
Voir Cancer, Rayons X, Tuberculose,
Vaccin.
Pathologie végétale. — Quelques
observations sur le pied noir de la
Pomme de terre ; par M. Hegyi .... 347
Voir Parasites.
Pages.
Pesanteur. — Sur l'intensité de la pe-
santeur et ses anomalies à Bor-
deaux et dans la région; par M. E.
Esclangon iSg
Voir Balance de torsion.
Pétrographie. — Sur l'existence à la
Côte d'Ivoire d'une série pétrogra-
phique comparable à celle de la
charnockite; par M. A. Lacroix. ... 18
— - Sur les roches basiques de Saint-
Quay-Portrieux (Côtes-du-Nord), et
leurs rapports avec les filons de
pegmatite qui les traversent; par
M. Jacques de Lapparent 980
Voir Minéralogie.
Philosophie naturelle. — Sur des
principes de la Mécanique et sur
leur applicabilité à des phénomènes
qui semblent mettre en défaut cer-
tains d'entre eux; par M. J. Bous-
sinesq i639
— Sur la conservation de masses vraies,
dans divers phénomènes, principa-
lement lumineux, où apparaissent
des masses fictives variables;
par M. J. Boussinesq 1721
Phonographe. — Transformation en
courbes des tracés du phonographe;
par M. Lioret i44o
Phosphorescence. — Sur un nouveau
moyen de restituer aux sulfures
alcalino-terreux leurs propriétés
phosphorescentes ; par M. D. Cernez. 295
— Phosphorescence des sels d'uranyle
aux très basses températures; par
MM. Henri et Jean Becquerel et
H. Kamerlingh Onnes 647
— Sur quelques composés organiques
spontanément oxydables avec
phosphorescence; par M. Alarcel
Delépine 876
— ■ Nouveaux cas d'oxydabilité spon-
tanée avec phosphorescence; par
M. Marcel Delépine 1607
Photochimie. — Effets chimiques des
rayons ultraviolets sur les corps
gazeux. Actions oxydantes. Combus-
tion du cyanogène et de l'ammo-
niaque; synthèse de l'acide for-
mique; par MM. Daniel Berthelot et
Henri Gaudechon 1827
— Synthèse photochimique des hydrates
de carbone aux dépens des éléments
de l'anhydride carbonique et de la
TABLE DES MATIERES.
1819
Pages.
vapeur d'eau, en l'absence de chlo-
rophylle; synthèse photochimique
des composés quaternaires; par
MM. Daniel Berlhelol et Henry
Gaudechon 1 690
Voir Ultraviolet.
Photoélectricité. — Sur l'émission
de charges électriques par les mé-
taux alcalins; par M. Louis Du-
noyer 335
— Sur les courbes de saturation dans
l'efTet photoélectrique de Hertz;
par M. Eugène Bloch 1 1 1 3
Photographie. — • La photographie sté-
réoscopique en couleur et ses appli-
cations scientifiques; par MM. L.
Boutan et J. Feytaud 1424
Voir Radiographie.
Photométrie. — Sur le phénomène de
Purkinje; par M. Ch. Gallissol. . . . 594
Photométrie stellaire. — L'éclat
intrinsèque du ciel étoile; par
M. Ch. Fahry 272
PHYSIOLO(;iE.
— L'addition latente et ses rapports
avec le paramètre chronologique
de l'excitabilité; par M. et M'"'' L.
Lapicque 796
— Sur l'action cardio-vasculaire du
café vert, comparée à celle de doses
correspondantes de caféine; par
MM. V. Pachon et Em. Perrot. . . ; . 1708
— L'association des sensations chez les
animaux (la loi de récurrence) ; par
M. P. Hachet-Souplet 238
Physiologie expérimentale. — Con-
temporanéité de la formation et de
l'élimination des déchets azotés
chez les sujets en état de jeûne; par
MM. A. Chauveau et feu Conlejean. 1478
— Élimination des déchets azotés dans
l'acide de la sécrétion rénale, chez le
sujet en état d'inanition. Rapport de
cette élimination avec celle de l'eau,
véhicule des excréta urinaires.
Indépendance réciproque des deux
phénomènes; par MM. A. Chau-
veau et feu Conte Jean 1647
Voir Altitude, Anaphylaxie, Batraciens,
Champignons, Électrolytes, Foie, Im-
munité, Mont Rose, Nerfs, Patho-
logie, Respiration, Sang, Venin, Voix.
Physiologie végétale. — Sur l'absorp-
tion du baryum par les plantes; par
MM. H. Colin et J. de Rujz 1074
— L'éclairement optimum pour le dé-
veloppement des végétaux; par
M. Raoul Combes 1701
Voir Photochimie.
•IlVSIUUli.
Voir Acoustique, Aérodynamique,
Balance, Balance de torsion. Capil-
larité, Chronomélrie, Chaleur, Diffu-
sion, Élasticité, Electricité, Porosité,
Optique.
Physique cosmique. — Sur la déviabi-
lité magnétique des rayons corpus-
culaires provenant du Soleil; par
M. Kr. Birkeland 246
Voir Aurore boréale. Comète de Halley.
Physique du Globe. — Voir Pesan-
teur, Séismes, Sismologie, \'olcans.
Physique mathém.vtique. — Des fonc-
tions données par leur valeur sur
une partie de la frontière, et celle
de leur dérivée normale sur le reste
do la frontière. Développements
correspondants; par M. Marcel
Brillouin 461
— Questions de Physique mathéma-
tique comportant des conditions
différentes sur diverses parties d'une
même frontière; par M. Marcel
Brillouin 61 1
— Sur l'équation des télégraphistes ; par
M. H. Larose 680
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 894
— Sur deux suites de solutions de
l'équation des télégraphistes; par
M. H. Larose l4l8
— Sur la propagation d'une disconti-
nuité sur une ligne télégraphique
munie d'un transmetteur; par
M. H. Larose i738
— Quelques propriétés des fonctions de
Green; par M. Hadamard 1664
Voir Elasticité.
820
TABLE DES MATIERES.
Physique physiologique. — Effets
physiologiques produits par un
champ magnétique alternatif; par
M. Silvanus-P. Thompson 991
— Observations au sujet de la Note de
M. Silvanus-P. Thompson inti-
tulée : « Effets physiologiques pro-
duits par un champ magnétique
alternatif »; par M. .1. d'Arsonval. .
Voir Acoustique phijsiolo^ique. Congrès,
Optique physiologique, Radioactivité.
992
Phytécologie. — Sur la présence de
plantes alpines aux basses altitudes
dans le Valais central; par M. Léon
Marrel 1069
Planètes. — Observation d'une petite
planète à l'Observatoire de Paris;
par MM. Jules Baillaud, J. Cha-
telu et Giacohini 672
— Observations photographiques d'une
petite planète; par M. Jules Bail-
laud 1734
— Sur la nouvelle méthode de photo-
graphie planétaire employée à
l'Observatoire Lowell, à Flagstafî
(Arizona) ; par M. P. Lowell 1026
Voir Eros, Jupiter, Mars.
Plis cachetés. — Ouverture d'un pli
cacheté contenant une Note inti-
tulée « De l'emploi de la lumière
bleue artificielle pour le blanchi-
ment des dents »; par M. Pierre
Rosenthal i53
iges.
— Ouverture d'un pli cacheté renfer-
mant une Note intitulée « Procédé
de régénération de l'air vicié »; par
M. George-F. Jaubert l574
Poissons. — Sur les Poissons de la fa-
mille des Némichthyidés; par
M. Louis Roule 35a
— Sur le muscle tenseur de la choroïde
des Téléostéens; par M. E. Grynjeltl. 42O
Porosité. — Sur l'absorption des li-
quides par les substances poreuses;
par M. J .-H. Russenberger l']5
Pouvoir rotatoire. — Sur l'inégalité
de propriétés des deux formes, droite
et gauche, du silicotungstate de po-
tassium et, en général, des cristaux
doués du pouvoir rotatoire; par
M. H. Copaux 475
— Sur le pouvoir rotatoire du chlorhy-
drate de pinène; par M. Gustave
Vavon 142&
Présure. — La caséification du lait cru
par les présures du lait bouilli; par
M. C. Gerber 1202
— Comparaison entre le mode d'action
de certains sels retardateurs et des
protéines du lait coagulable par la
chaleur, sur la caséification par les
présures du lait bouilli; par M. C.
Gerber l357
Psychologie animale. — De l'emploi
du dressage comme moyen de re-
cherche psycliologique; par M. P.
Hachet-Souplet 735
— Sur quelques tropismes; par M. /îose. l543
Racines. — Sur les excrétions des ra-
cines; par MM. Brocq-Rousseu et
Edmond Gain 1610
Radioactivité. — Sur le parcours des
projections radioactives; par
M. Louis Werlenstein 86g
— Sur les mesures quantitatives de
l'émanation du radium; par MM. W.
Duane et A. Laborde 1421
— Sur le poids atomique de l'émana-
tion du radium; par M. A. De-
bierne 1740
— Sur le polonium; par M™* P. Curie
et M. A. Debicrne 386
— Sur la radioactivité des composés ha-
logènes et oxyhalogénés du tho-
rium; par MM. J. Chaudier et Ed.
Chauvenet 219
— Sur les rayons du potassium; par
M. E. Henriot 1750
— Sur la radioactivité persistante de
l'organisme résultant de l'injectioa
intra-veineuse d'un sel de radium
insoluble et sur ses applications; par
MM. //. Dominici, G. Petit et A.
Jaboin 726
Voir Hydrologie, Ions, Photoélectricité.
RADioGR.iPHiE. — Posologie en radio-
TABLE DES MATIERES.
1821
graphie médicale avec ou sans écran
renforçateur; par M. //. Guilk-
minot 1 623
Rapport. — Rapport sur le « Mémoire
SUT les courbes conjuguées dans le
mouvement relatif le plus général de
deux corps solides », présenté par
M. Gabriel Kœnigs dans la séance
du 3 janvier 1910; par M. Gasloii
Darhoux 4 4 1
Voir CinémcUique.
Rayonnement. — Sur la constante de
la loi de Stefan et le rayonnement
du platine; par MM. Edmond Bauer
et Marcel Moulin 167
Voir Émission, Soleil.
Rayons cathodiques. — Sur une nou-
velle circonstance de formation de
rayons cathodiques; par M. Louis
Dunoyer 970
— Sur la fonnation des dépôts cathodi-
ques; par M. L. Houllevigue i683
Voir Décharges, Electron.
Ray-ons X. — Sur le radiochroïsme des
corps organiques vis-à-vis des
rayons a, 3, 7 du radium et des
rayons X; par M. Guilleminot 332
— Immunisation, contre le cancer, de
la souris inoculée avec des tumeurs
modifiées par les rayons X; par
M. A. Contamin 1 28
l'iiges.
— Résorption des tumeurs e.xpériuien-
tales de la souris sous l'influence des
rayons X (étude histologique) ; par
M. A. Contamin i537
Voir Cancer.
Reptiles. — Voir Anatomie, Immunité.
Muscles, \'enin.
Résistance de l'air. — Sur imc modi-
fication de la résistance de l'air pro-
duite par des rugosités convenable-
ment disposées sur la surface d'un
corps; par M. A. Lafay i3l2
Respiration. — Etude expérimentale
des combustions intraorganiques
chez les animaux respirant de l'air
progressivement appauvri en oxy-
gène et des procédés de défense na-
turels de l'organisme contre l'anoxy-
hémie; par M. J. Tissot 719
— M. Carpentier présente à l'Académie
un « appareil respiratoire destiné
au sauvetage des hommes compo-
sant l'équipage d'un sous-maiiu
sinistré » 1(90
— - Remarques au sujet de la présenta-
tion, par M. Carpentier, d'un « appa-
reil respiratoire destiné au sauve-
tage des hommes composant l'équi-
page d'un sous-marin sinistré »; par
M. Bouchard I I9 1
Voir Air.
Sang. • — Étude médico-légale de la
réaction à la benzidine dans la
détermination des taches de sang;
par M. F. Bordas 562
— Du rôle de la paroi artérielle dans la
mesure de la pression artérielle en
clinique; par M. A. Moulier n38
— Sur la fibrine du sang; par M. C.
Gessard 1771
Voir Chimie physiologique. Circulation.
SÉisMES. — Rôle des dislocations les plus
récentes {post-tortoniennes) lors
du séisme du it juin 1909; par
M. J. Repelin 809
— Tremblement de terre du 22 jan-
vier 1910; par M. Alfred Angot. . . . 248
— Enregistrement d'un tremblement
de terre le 22 janvier 1910 à l'Obser-
vatoire du Puy-de-Dôme; par
M. Bernard Brunhes 249
— Tremblement de terre du 24 juin 1 9 1 o ;
par M. Alfred Angot 1783
— Sur la détermination de l'épicentrc
d'un tremblement de terre d'après
les données d'une seiile station sis-
mique; par B. Galitzine 642
— Sur la détermination de l'épicentrc
d'un tremblement de terre, d'après
les données d'une seule station sis-
micpie; par M. B. Galitzine 816
Séries. — Sur une paire de séries de
Fourier conjuguées; par M. Léo-
pold Fejér 5 1 8
— • Sur les sommes partielles de la série
de Fourier; par M. Léopold Fejér . . . . 1299
— Sur les séries de Dirichlet; par M. Mi-
1022
TABLE DES MATIERES.
Pages.
chel Fekete Io33
— Sur les séries de Taylor à coefficients
récurrents; par M. S. Lattes l4l3
— Sur la transformation des séries
asymptotiques en séries de poly-
nômes tayloriens convergentes; par
M. A. Buhl i583
SÉROTHÉRAPIE. • — Sérothérapie de la
fièvre typhoïde; résultats cliniques;
par MM. A. Rodel et Lagriffoul. ... 741
SÉRUMs. — Voir Anaphylaxie, Electro-
bjtes.
Sismologie. — Sisniograplie à colonne
liquide; par M. G. Lippinann 363
— Sur le harographe considéré comme
sismoscope enregistreur ; par M. de
Monlessus de Ballore 486
— Sur un nouveau type de sismographe
pour la composante verticale; par
M. B. Galilzine 1 727
Voir Mécanique appliquée. Mémoires
lus, Séismes.
Soleil. — Sur la répartition des raies
ultimes dans le spectre des diverses
régions du Soleil; par M. ^4. de Gra-
mont 37
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 4 3o
— Orage magnétique du aS septembre
1909 et phénomènes solaires con-
nexes. Vérification des théories pro-
posées; par M. H. Deslandres 65
— Distribution des filaments dans la
couche supérieure de l'atmosphère
solaire; par M. //. Deslandres 1007
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1 378
— Sur un filament extraordinaire; par
MM. //. Deslatidres, L. d'Azam-
buja et V. Burson i635
• — Sur l'éclat intrinsèque du Soleil; par
M. Charles Nordmann 448
— Remarques sur la Communication
précédente; par M. Charles Nord-
mann 83i
— Sur l'éclat du Soleil et la constante
solaire; par MM. Edmond Bauer et
Marcel Moulin i658
— Observations du Soleil faites pendant
le troisième trimestre de 1909; par
M. J. Guillaume 692
— Observations du Soleil faites à l'Ob-
servatoire de Lyon pendant le qua-
trième trimestre de 1909; par M. J.
Pages.
Guillaume ^65
Voir Physique cosmique.
Solennités scientifiques. — M. le
Recteur et le Sénat de l'Université
de Berlin invitent l'Académie à se
faire représenter aux fêtes jubilaires
de son premier centenaire en oc-
tobre 1910 198
— M. le Secrétaire de ï Aéro-Club de
France adresse une réplique de la
médaille offerte à M. Cailletel pour
son jubilé académique 3oi
— M. le Président de l'Œuvre du monu-
ment Horace Wells-Paul Berl invite
l'Académie à se faire représenter à
l'inauguration, le 27 mars à Paris . . 768
— M. Dastre est désigné pour représen-
ter l'Académie à cette cérémonie . . 768
Voir Académie.
Spectroscopie. — Prismes à faces
courbes applicables à la spectro-
scopie; par M. Ch. Féry 216
— ■ Sur le spectre de flamme à haute
température du fer; par MM. G.- A.
Hemsalech et G. de Watteville 329
— Prolongement du spectre de bandes
de l'azote dans le rouge extrême et
l 'infra-rouge; par M. F. Crozc 860
— Prolongement des spectres de bandes
des gaz carbonés dans le rouge
extrême et l 'infra-rouge; par M. F.
Crozc 1672
— Sur certaines conditions d'apparition
du spectre de bandes attribué au
cyanogène; par MM. .4. de Gra-
monl et Drecq 1235
— Sur la structure des raies spectrales;
par M. Georges Meslin i3l5
— Sur quelques propriétés électriques
et spectroscopiques de l'arc entre
métaux; par MM. Ch. Fabry et //.
Buisson 1 674
Voir Métaux rares. Soleil.
Spectroscopie stellaire. — Sur la ré-
partition des raies ultimes dans les
spectres slcllaires; par M. A. de
Gramont i54
— L'organisation de la spectroscopie
stellaire à l'Observatoire de Paris;
par M. Maurice Hamy 372
Voir Comètes.
Spores. — - Recherches expérimentales
sur la vie latente des spores des
Mucorinées et des Ascomycètes; par
TABLE DES MATIERES.
1823
Pages.
M. Paul Becquerel l437
Stéréoscopie. — Images changeantes
à deux et trois aspects sur plaque
autostéréoscopique; par M. E.
Eslanave gS
— Obtention simultanée du relief sté-
réoscopique et de l'aspect changeant
dans l'image photographique; par
M. E. Eslanave 683
Stérilisation. — Stérilisation des li-
quides par les radiations de très
courte longueur d'onde. Résultats
obtenus; par M. B illon-Da guerre . . . 479
— Sur la stérilisation de l'eau par
l'ultraviolet; par MM. Ed. Urbain,
Cl. Seal et .4. Feiges 548
— Stérilisation de grandes quantités
d'eau au moyen des rayons ultra-
violets ; par M. Gabriel Vallet 1076
— L'eau stérilisée par les rayons ultra-
violets contient-elle de l'eau oxy-
génée? Pouvoir stérilisant de l'eau
Pages,
oxygénée; par MM. Jules Courmont,
Th. Nogier et Rochaix l453
Voir Ultraviolet.
Sucres. — Sur la séparation du saccha-
rose et du lactose par le ferment
bulgare; par M. L. Margaillan 45
— Le vicianose, nouveau sucre réducteur
en C"; par MM. Gabriel Bertrand et
G. W eisweUler 180
— Sur l'isolement d'un sucre biose
dérivant de l'amygdaline; par
M. Jean Giaja 793
— Sur l'aloïnose ou sucre d'aloïnc; par
M. E. Léger 983
— • Sur l'aloïnose cristallisé; son identité
avec l'arabinose-d; par M. E. Léger . lôgS
Voir Cristallisation.
Syphilis. — Considérations générales
sur l'évolution du tréponème pâle
dans l'organisme humain; par
M. Hallopeau i354
TÉLÉMÉCANIQUE SANS FIL. — Sur les
résultats obtenus dans la torpillo
radioautomatique par un nouveau
télécommutateur et radiocombina-
teur; par M. G. Gabet 525
TÉLÉGRAPHIE. — Voir Plii/siqiie mathé-
matique.
TÉLÉGRAPHIE SANS FIL. Sur IcS si-
gnaux horaires destinés aux marins;
par M. H. Poincaré 1471
Voir Chronomètre, Eleclrolytes, Ondes,
Ondes hertziennes.
Terres rares. — Sur l'analyse magnéto-
chimique des terres rares; par M. G.
Urbain 913
Théorie des nombres. — Sur le der-
nier théorème de Fermât; par M. D.
Mirimanojl 2o4
— Sur le classement d'un système do
Tableaux équivalents entre eux;
par M. A. Chalelel l502
Thérapeutique. — Voir Hydrologie.
Thermochimie. — Détermination des
quantités de chaleur dégagées lors
do l'addition du brome à quelques
substances non saturées; par M. W,
C. U., K,io, 1" Semestre. (T. lôO.)
Louguininc gi5
— (!)haleur de fixation de l'acide brom-
hydriquo et de quelques composés
éthyléniques; paz MM. W. Lougui-
ninc et G. Dupont i34()
— Chaleur do formation du peroxyde
de cîcsium; par M. de Forcrand .... iSgg
TijiOLs. — Sur la formation et le dédou-
blement des thiols; synthèse des
sulfures neutres alcooliques: par
MM. Paul Sabatier et A. Mailhe ... 1 569
Toxique. — Toxicité de l'arsenic métal ■
loïdique; par M. Lecoq 887
Trigonométrie. — Nouvelles Tables tri-
gonomélriques fondamentales; par
I\L H. Andoyer Sg i
Trypanosomes. — Voir Ultraviolet.
Tuberculose. — Des propriétés physio-
logiques des extraits du bacille de
Koch condensés et sensibilisés; par
MM. //. Vallée et L. Guinard ll4o
— Bacilles de Koch. Milieux aux glycé-
rophosphates. Doses maxima de fer
et de manganèse; par M. G. Bau-
dran 1 200
l824
TABLE DES MATIERES.
u
Pages.
Ultraviolet. — Etude de l'action des
rayons ultraviolets sur les microbes ;
par M"^ P. Cernovodeanu et M. Vic-
tor Henri 52
— Comparaison des actions photochi-
miques et abiotiques des rayons
ultraviolets; par M"^ Cernovodeanu
et M. Victor Henri 549
— Action des rayons ultraviolets sur les
microorganismes et sur différentes
cellules. Etude microchimique; par
Ml'« Cernovodeanu et M. Victor
Henri 729
— Sur les effets chimiques et biologiques
des rayons ultraviolets ; par M. Mau-
rice Lombard 227
— Action des rayons ultraviolets sur le
vin en fermentation; par MM. Mau-
rain et Warcollier 343
— Pénétration et action bactéricide des
rayons ultraviolets par rapport à la
constitution chimique des milieux;
Pages,
par M. Gabriel ^^allet 63a
— Action des rayons ultraviolets sur les
trypanosomes ; par MM. H. Bordier
et R. Horaud 634
— Action des rayons ultraviolets sur les
trypanosomes; par MM. H. Bordier
et R. Horand 886
— Stérilisation de grandes quantités
d'eau par les rayons ultraviolets;
par MM. Victor Henri, André Hel-
bronner et Max de Recklinghausen . . 982
— Effets chimiques des rayons ultra-
violets sur les corps gazeux. Actions
de polymérisation; par MM. Daniel
Berlhelot et Henri Gaudechon 1169
— Effets oxydants des rayons ultra-
violets sur les corps gazeux. Peroxy-
dation des composés oxygénés de
l'azote et du soufre; par M. Daniel
Berlhelot et Henri Gaudechon l5l7
Voir Photochimie, Stérilisation.
V
Vaccin. — Sur l'immunisation active de
l'homme contre la fièvre typhoïde.
Nouveau vaccin antityphique; par
M. //. Vincent 482
V.\PEUR. — Sur la façon d'évaluer la
température de la vapeur sur-
chauffée ; par M. J.-B. Fournier. . . . 521
Variations. — Sur une forme nouvelle
de Nigelie, Nigella damascena poly-
cephala, obtenue après une mutila-
tion; par M. L. Blaringhem 4o6
— Sur une variété instable de Nigelie,
Nigella damascena cristala, obtenue
après une mutilation; par M. L.
Blaringhem 785
Voir Mutations. Oiseaux.
Venin. • — Etudes sur le venin de cobra
et le sérum antivenimeux; par
M"" Boleslawa Stawska iSSg
Voir Immunité, Batraciens.
Vers. — Enkystemeut de protection
d'une Némerle d'eau douce [Pros-
toma lumbricoïdeum Dugès) ; par
M. Paul Hallez 481
— Pontes d'été et pontes d'hiver d'une
Némerte d'eau douce {Prostoma
lum bricoïdeum Dugès) ; par M. Paul
Hallez 556
Voir Parasites.
Vigne. — Recherches sur l'influence
spécifique réciproque du sujet et du
greffon chez la vigne; par M. L.
Ravaz 712
— L'arséniate de plomb en viticulture;
par MM. L. Moreau et E. Vinet .... 787
— Sur un nouveau mode de traitement
contre le mildew, au moyen de
l'oxychlorure de cuivre; par M. E.
Chuard 839
— Sur la culture du Rcesleria de la
vigne; par MM. P. Viala et P. Pa-
collt't 1 770
Vin. — Sur la présence du bore dans
les vins d'Algérie; par M. Dugasl. . . 838
— Remarque à l'occasion d'une Note de
M. Dugast intitulée : « Sur la pré-
sence du bore dans les vins d'Al-
gérie »; par M. Bertainchand 894
TABLE DES MATIERES.
1825
Pages.
— Sur la recherche de l'hexaméthylène-
tétramine dans les moûts et les vins:
par M. E. Vaisenet 879
— Formation d'acroléine dans la ma-
ladie de l'amertume des vins; par
M. E. Voisenet i6l4
Voir Archéologie, Ullraviolet.
Vision. — Sur une solution du problème
de la vision à distance ; par M. H.-C.
Saint-René 446
Voix. — La photographie de la voix dans
la pratique médicale; par M. Mu-
rage 232
— Développement de l'énergie de la
voix; par M. Marage ngî
Volcans. — Sur l'éruption de l'Etna du
28 mars 1910; par M. .1. Ricco 1078
Voir Chimie inorganique, Eau.
ZOOLOGIE.
Voir Amphibiens, Anatomie, Batra-
ciens, Biologie, Crustacés, Cœur,
Inondation, Insectes, Mollusques,
Muséum d'Histoire naturelle, Océa-
nographie, Oiseauj:, Orthoneclides.
Parasites, Poissons, Psychologie
animale. Vers.
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ABÉLOUS (J.-E.) etBARDIER (E.).—
Influence de la saignée sur la résis-
tance des animaux à l'urohypoten-
sine l44o
ABRAHAM (H.) et VILLARD (P.). —
Sur l'existence de deux potentiels
explosifs 1 286
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1714
AGASSIZ (Alexandre). — Sa mort est
annoncée à l'Académie 847
AGULHON (H.). — Emploi du bore
comme engrais catalytique 288
— Influence de la réaction du milieu
sur la formation des mélanines par
oxydation diastasique 1066
ALBERT DE MONACO (S. A. S. le
prince) fait hommage à l'Académie
du n° 162 du 11 Bulletin de l'Institut
océanographique » 767
— Présente à l'Académie les 18^ et 19^
feuilles de la « Carte générale des
gisements de coquillages comes-
tibles des côtes de France », dressées
par M. L. Joubin 1572
ALBRECHT (C.-Th.) est élu Corres-
pondant pour la Section de Géogra-
phie et Navigation en remplacement
de M. Augustin Normand, décédé. 768
AMAGAT (E.-H.) est élu membre de
Commission chargée de juger les
Concours des prix Hébert, Hughes,
Kastner-Boursault, Victor Raulin
pour l'année 1910 367
ANDOYER (H.). — Nouvelles Tables
trigonométriques fondamentales. . . Sgi
— Est présenté en première ligne à M. le
Ministre de l'Instruction publique
pour une place de Membre titulaire
vacante dans la Section d'Astrono-
mie du Bureau des Longitudes. . . . 1025
ANDRE (Ch.). — Sur la comète de
Johannesburg 198
— Sur l'effet produit lors des orages
par les tirs grêlifuges I023
MM. - Pages.
— • Sur le passage de la Terre dans la
comète de Halley 1295
ANDRÉ (G.). — Sur le développement
d'une plante bulbeuse. Variations
du poids de la matière sèche 545
— Sur le développement d'une plante
bulbeuse. Variation des poids de
l'azote et des matières minérales. . . 718
ANGOT (Alfred). — Sur la valeur des
éléments naagnétiques à l'Observa-
toire du Val-Joyeux au i*"^ jan-
vier 1910 i38
— Tremblement de terre du 22 jan-
vier 1910 248
— Sur la variation séculaire des éléments
magnétiques dans la région de Paris. 568
— Variations magnétiques et électriques
dans la nuit du 18 au 19 mai 1910. . iSyi
— Tremblement de terre du 24 juin 1 910. 1788
— Prie l'Académie de le comprendre
au nombre des candidats à la place
vacante, dans la Section de Géogra-
phie et Navigation, par le décès de
M. Bouquet de la Gnje 369
— Est présenté en seconde ligne comme
candidat à la place vacante, dans
la Section de Géographie et Navi-
gation, par suite du décès de M. Bou-
quet de la Grije 645
ANTHONY (R.) et BOULE (Marcel-
lin). — L'encéphale de l'Homme
fossile de La Chapelle-aux-Saints. . l458
APPELE est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger les Concours
du Grand Prix des Sciences mathé-
matiques, du prix Francœur, du
prix Poncelet pour l'année 1910.. . . 366
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter une question :
de prix Bordin pour l'année 191 3. . 366
— De prix Vaillant pour l'année igiS. . 5o8
ARAGO (F.) prie l'Académie de le
compter au nombre des candidats
au siège vacant, dans la .Section de
Géographie et Navigation, par le
1828
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
décès de j\l. M. Bouquet de la Grye . 262
— Est présenté en seconde ligne comme
candidat à la place vacante, dans
la Section de Géographie et Naviga-
tion, par suite du décès de M. Bou-
quet de la Gri/e 646
ARCTOWSKI (Henryiv). — Sur les
anomalies de la répartition de la
pression atmosphérique aux Etats-
Unis 753
ARNAUD (A.) et POSTERNAK (S.). —
Sur l'hydrogénation partielle des
acides de la série stéarolique et sur
l'isomérie de leiirs dérivés mono-
iodhydriques I l3o
— Sur deux nouveaux isomères de
l'acide stéarolique 1245
— Sur l'isomération de l'acide oléique
par déplacement de la dotible liaison, i SaS
ARNOULT (J.). — Sur le mouvement
d'un fil dans l'espace i5g2
ARNOUX (René). — L'équilibre longi-
tudinal et la courbure des surfaces
portantes des aéroplanes 854
ARSANDAUX (H.). — Nouvelle contri-
bution à l'étude des latérites 1698
ARSONVAL (d'). — Observations au
sujet de la Note de M. Silvanus-P.
Thompson intitulée : » Effets phy-
MM. Pages.
Biologiques produits par un champ
magnétique alternatif » 992
— Est élu membre des Commissions
chargées do juger les Concours :
des prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, du baron Larrey, Bellion,
Mègc, Dugaste pour l'année 1910. . 445
— Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux, Lallemand,
Martin-Damourette, Pourat pour
l'année 1910 445
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année 191 3. . 445
AL'GER (V.). — Sur les mangani-man-
ganates alcalins 470
AUSTERWEIL (G.) et COCHIN (G.).—
Sur quelques relations entre la
constitution moléculaire et l'odeur. 1698
AUTONNE (Léon). — Sur les groupes
commutatits de quantités hyper-
complexes i58l
AZAMBUJA (L. d'), DESLANDRES
(H.) et BERNARD (A.). — Pre-
mières observations de la comète
Drake à l'Observatoire de Meudon. 253
AZAMBUJA (L. d'), DESLANDRES
(H.) et BURSOX (V.). — Sur un
filament extraordinaire i635
BACKE (A.). — Sur un nouveau com-
posé contenu dans les produits ali-
mentaires ■ 540
BAEYER (Adolf von) est élu Associé
étranger .'Ga
BAILLAUD (B.). — Carte photogra-
phique du Ciel. Présentation des
procès-verbaux du dernier Congrès. 256
— Présente, au nom de M. Cosserat, le
Tome VI des « Annales de l'Obser-
vatoire de Toulouse » 366
— Fait connaître les derniers renseigne-
ments reçus concernant des observa-
tions de la comète de lialley à l'Ob-
servatoire Lick et à Johannesburg. 1283
— Est élu Membre de la Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de
M. A. Agassiz 1491
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
Janssen pour l'année 1910 867
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à l'Assemblée générale de
V Association internationale des Aca-
démies, à Rome, en mai 1910 896
BAILLAUD (Jules). — Observations
photographiques d'une petite pla-
nète 1 734
BAILLAUD (J.) et BOINOT (A.). —
Changements survenus dans le
noyau de la comète de Halley l579
BAILLAUD (J.), CHATELU (J.) et
GIACOBINI. — Observation d'une
petite planète à l'Observatoire de
Paris 672
BAILLAUD (J.) et DEMETRESCO (G.).
— Observations photographiques
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
de la comète de Ilalley à l'Observa-
toire de Paris l4o9
BARBE (Albert) adresse un « Projet
de bulle de sauvetage pour équipage
de sous-marins » 644
BARDIER (E.) et ABÉLOUS (J.-E.). —
Influence de la saignée sur la résis-
tance des animaux à l'urohypoten-
sine 1 439
BARRE. — Sur la solubilité du sulfate
d'argent dans les sulfates alcalins. . l32i
— Sur quelques sulfates doubles de
thorium I Sgg
BARRÉ (E.). — Sur une série de solu-
tions des équations de l'élasticité
de Lamé dans un milieu homogène
et isotrope iSog
BARTHE (L.). — Action de l'acide
sulfosalicylique sur le phosphate
trisodique 4oi
BASSOT présente à l'Académie le
Tome XII des « Annales de l'Ob-
servatoire de Nice » l47l
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours du
Prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumay pour l'année 1910. 867
— Des prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1910 367
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année 191 3 867
BATAILLON (E.). — L'embryogenèse
complète provoquée chez les Amphi-
biens par piqûre de l'œuf vierge,
larves parthénogénésiques de Rana
fiisca 996
BAUBIGNY (IL). — Séparation et
purification des dithionates produits
dans la décomposition du sulfite
d'argent ou de ses sels doubles 466
— Sur la constitution des dithionates
et des sulfites 978
BAUD (E.). — Cryoscopie en solutions
concentrées 028
BAUD (E.) et GAY (L.). — Tempé-
ratures de cristallisation des mé-
langes binaires 1687
BAUDRAN (G.). — Bacilles de Koch.
Milieux aux glycérophosphates.
Doses maxima de fer et de manga-
nèse 1 200
BAUER (Edmond). — Sur l'émission
829
âges.
1747
MM. P
des gaz
BAUER (Ed.) et MOULIN (Marcel).
— Sur la constante de la loi de
Stefan et le rayonnement du pla-
tine 167
— Sur l'éclat du Soleil et la constante
solaire i658
BAUER (Edouard) et HALLER (A.).
— Alcoylation des cétones alii^ha-
tiqucs par l'intermédiaire de l'ami-
dure de sodium 582
— Alcoylation des cétones aliphatiques.
par l'intermédiaire de l'amidure de
sodium. Dédoublement des hexa-
alcoylacétones 661
— Préparation et propriétés des »■-
hydrindones-|3-dialcoylées ou inda-
nones-i-dialcoylées-2.2 1472
BEAUCIIAMP (Paul de). — Sur l'exis-
tence et les conditions de la parthé-
nogenèse chez Dinophilus 789
BEAUVERIE (J.j. — L'Ambrosia du
Toniicus dis par 1071
BECQUEREL (Henri), BECQUEREL
(Jean) et KAMERLINGH ONNES
(H.). — Phosphorescence des sels
d'uranyle aux très basses tempé-
ratures 647
BECQUEREL (Paul). — Recherches
expérimentales sur la vie latente
des spores des Mucorinées et des
Ascomycètes i !(37
BEHAL (A.). — Sur un nouveau men-
thol tertiaire; passage du pinène
au meuthène 1 762
BENEDEN (Edouard van). — Sa
mort est annoncée à l'Académie. . . 1094
BERG (A.). — Action de l'oxyde d'ar-
gent sur l'élatérinc 981
BERNARD (A.), DESLANDRES (H.)
et AZAMBUJA (L. d'). — Pre-
mières observations de la comète
Draice à l'Observatoire de Jleudon. 253
BERNARD (A.) et IDRAC (P.). —
Deuxième série de recherches sur
la comète de Ilalley et son spectre
à l'Observatoire de Meudon 1 161
BERNSTEIN (Serge). — Conditions
nécessaires et suffisantes pour la
possibilité du problème de Dirichlet. 5l4
BERTAINCHAND. — Remarque à
; l'occasion d'une Note de M. Dugast
sur la présence du bore dans les vins
d'Algérie 89 '1
i83o
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
BERTHAULT (Pierre). — Sur les
types sauvages de la Pomme de
terre cultivée 4?
BERTHEAUME (J.). — Chloroplati-
nates et periodures de di- et de
triméthylamine ; critique de leur
emploi pour la séparation de ces
bases io63
— Sur une nouvelle méthode de dosage
des trois mélhylamines et de l'am-
moniaque mélangées ïl5l
BERTHELOT (Daniel) et GAUDE-
CHON (Henri). — Effets chimiques
des rayons ultraviolets sur les
corps gazeux. Actions de polymé-
risation 1 1 69
— Effets chimiques des rayons ultra-
violets sur les corps gazeux. Actions
oxydantes. Combustion du cyano-
gène et de l'ammoniaque; synthèse
de l'acide formique 1827
— Effets oxydants des rayons ultra-
violets sur les corps gazeux. Peroxy-
dation des composés oxygénés de
l'azote et du soufre 1617
— Synthèse photochimique des hy-
drates de carbone aux dépens des
éléments de l'anhydride carbonique
et de la vapeur d'eau, en l'absence
de chlorophylle; synthèse photochi-
mique des composés quaternaires.. 1690
BERTIN (L.-E.) est désigné pour repré-
senter l'Académie à l'Assemblée
générale de la Ligue maritime fran-
çaise, en avril 1910, à la Sorbonne. . 849
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie au Congrès international des
Ingénieurs des constructions navales
et du Génie maritime, à Londres,
le 5 juillet 1910 8g6
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
Prix extraordinaire de la Marine et
du prix Plumey pour l'année 1910. 867
-^ Des prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1910 367
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année 1918 867
BERTRAND (C.-Ec.) et CORNAILLE
(F.). — Los caractéristiques de la
trace foliaire botryoptéridienne. . . . loig
BERTRAND (Gauhiel) et HOLDE-
MM. Pages.
RER (M.). — Nouvelles observa-
tions sur l'individualité de la cel-
lase 280
BERTRAND (Gabriel) et ROSEN-
BLATT (M.). — Sur la tempé-
rature mortelle des tyrosinases
végétales 1142
BERTRAND (Gabriel) et WEIS-
WEILLER (G.). — Le vieianose,
nouveau sucre réducteur en C" . . . 180
BESREDKA (A.). — Moyen d'éviter
les accidents anaphylactiques i456
BESSON (A.) et FOURNIER (L.). —
Sur un nouveau chlorure de phos-
phore 102
— Réduction des chlorures de bore et
d'arsenic par l'hydrogène sous l'in-
fluence de l'effluve électrique 872
— Action de l'effluve sur le chloro-
forme et le tétrachlorure de carbone
en présence de l'hydrogène, ainsi
que sur le chlorure de méthyle. ... il 18
— Action de l'effluve sur l'aldéhyde
éthylique en présence de l'hydro-
gène 1288
— Action de l'hydrogène sur le chlo-
rure de soufre et sur le chlorure do
thionyle, sous l'influence de l'ef-
fluve électrique 1762
BESSON (Louis). — Sur une sorte
d'arc-en-ciel blanc, observé à Paris • 4^6
BEYS (C). — Sur le dosage de l'acide
tartrique dans les matières pre-
mières naturelles 1230
BIELECKI (Jean). — Sur la variabilité
du pouvoir protéolytique de la
bactéridie charbonneuse l548
BIÉLER-CHATELAN. — Dosage do
la potasse assimilable dans les sols. 716
— Un effet du drainage 884
— Rôle des micas dans la terre arable. . 11 Sa
BIERRY (IL). — Recherches sur la
digestion de l'inuline Il6
BIERRY (H.) et RANG (Albert). —
Sur le dédoublement diastasiquc
des dérivés du lactose. l366
BIGOURDAN (G.) présente, de la part
de M. I /liguez, des photographies
de la comète de Halley 1212
— Communique une dépêche où M. Egi-
nitis résume des observations faites
à Athènes, sur la comète de Halley. 1285
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger IcsXoncours des
TABI-E DES AUTEURS.
i83l
MM. rases,
prix Pierre Guzmau, Lalande, Valz,
Janssen pour l'année 1910 367
BILLON-DAGUERRE. — Stérilisation
des liquides par les radiations de
très courte longueur d'onde. Résul-
tats obtenus 479
BIQUARD. — Sur un procédé de mesure
du coefficient de conductibilité
thermique des corps peu conduc-
teurs 268
BIRKELAND (Kr.). -- Sur la dévia-
bilité des rayons corpusculaires
provenant du Soleil 246
BIRKELAND (Richard). — Sur des
intégrales irrégulières des équations
différentielles linéaires 321
BLANC (G.) et THORPE (J.-F.). —
Sur le produit de la méthylation de
l'éther dicétoapocamphorique de
M. G. Komppa 1 1 26
BLARINGHEM (L.). — Sur une forme
nouvelle de Nigelle, Nigella dama-
scena pobjcephala, obtenue après
une mutilation 1106
— Sur une variété instable de Nigelle,
Nigella damascena cristata, obtenue
après une mutilation 785
BLARINGHEM (L.) et VIGUIER
(Paul). — Une nouvelle espèce
de Bourse-à-Pasteur : Capsella
Viguieri Blar., née par mutalion. . 988
BLASERNA (P). adresse d'Italie une
dépêche exprimant les regrets qu'in-
spire aux Membres de la Confé-
rence internationale des Poids et
Mesures la mort de M. Bouquet de
la Grye 24
— Annonce à l'Académie qu'en 1910
la réunion de l'Association inter-
nationale des Académies se tiendra
à Rome du 9 au l5 mai 668
— Est élu Correspondant pour la Sec-
tion de Physique, en remplacement
de Lord Rayleigh, élu Associé étran-
ger 1221
BLOCII (Eugène). — Sur les courbes
de saturation dans l'effet photo-
électrique de Hertz iii3
BLOCII (L.). — ■ Actions chimiques et
ionisation par barbotage 694
— Ionisation par pulvérisation des li-
quides 967
BLONDEL (A.). — Sur l'équation fonc-
tionnelle linéaire 957
c. n., 1910.
Semestre. (T. 150.)
MM. l':\-^e>.
— • Observations de la comète de Halley,
faites à l'Observatoire de Toulouse,
à l'équatorial Brunner- Henry de
o™,38 d'ouverture 1299
BLONDEL (M.), OBIEDOFF et UR-
BAIN (G.). — Extraction du ger-
manium des blendes 1768
BOERLAGE (G.-D.) adresse un « Essai
sur le vol à vortex » 1713
BODROUX (F.) et TABOURY (F.). —
Synthèses effectuées avec le cya-
nure de benzyle 53l
— Synthèse de nitriles aromatiques. . . 1241
BOINOT (A.) et BAILLAUD (J.). —
Changements survenus dans le
noyau de la comète de Halley i579
BONAPARTE (le Prince Roland)
est désigné pour faire partie de la
Commission de la Carte internatio-
nale de la Terre à i\,'„-„u'uo 3oo
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie au Congrès international des
Ingénieurs des constructions navales
et du Génie maritime à Londres,
le 5 juillet 1910 896
^ Est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1910 367
— Des prix Savigny, Thore pour l'an-
née 1910 445
— Du prix Montyon (Statistique) pour
l'année 1910 445
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année 191 3 367
BONGRAND (.J.-Ch.) et MOUREU
(Ch.). — Sous-azoture de carbone
C'N- 225
BONNAL (Georges) adresse un Mé-
moire intitulée « La réaction de
densité » 819
BONNET (P. et N.). — Sur l'existence
du Trias et du Mésojurassique aux
environs de Djoulta (Transcaucasie
méridionale) 746
BONNEROT (S.) et CIIARPY (G.). —
Sur la cémentation du fer par le
carbone solide 173
BONNIER est élu membre de la
Commission chargée de juger les
Concours des prix Desmazières,
Montagne, De Coincy, De la Fons-
239
i832
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
Mélicocq, Bordin ( Sciences phy-
siques) pour l'année 1910 368
BORDAS (F.). — Étude médico-légale
de la réaction à la benzidine dans
la détermination des taches de sang. 562
BORDAS (F.) et TOUPLAIN. — Con-
tribution à l'étude des réactions
dues à l'état colloïdal du lait cru. . . 34i
BORDAS (L.). — Considérations géné-
rales sur les tubes de Malpighi des
larves de Lépidoptères 787
BORDIER (H.) et HORAND (R.). —
Action des rayons ultraviolets sur
les trypanosomes 634
— Action des rayons ultraviolets sur
les trypanosomes 886
BOREL (Emile). — Sur la définition
de 1 intégrale définie 875
— Sur une condition générale d'intégra-
bilité 5o8
BORNET îait hommage à l'Académie
d'une « Collection de dessins publiés
ou inédits >', par Alfred Riocreux, et
d'un Ouvrage intitulé : « Recherches
sur les zoospores des Algues et les
anlhéridies des Cryptogames »,
par Gustave Thuret 22
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Desmazières, Montagne,
De Coincy, De la Fons- Mélicocq,
Bordin (Sciences physiques) pour
l'année 1910 368
— Des prix Gegner, Lannelongue et
Trémont pour l'année 1910 445
— Du prix Jérônie Ponti pour l'an-
née 1910 5o7
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
do Grand Prix des Sciences phy-
siques pour l'année igiS 5o8
BORRELLY. — Observations de la
comète 1910 a faites à l'Observa-
toire de Marseille au chercheur de
comètes de o"^,iG d'ouverture libre. 3o4
— Observations de la comète 19 10 a,
faites à l'Observatoire de Marseille
a\i chercheur de comètes de o™,i6
d'ouverture libre 874
— Observations de la comète de llalley,
faites à l'Observatoire de Marseille,
au chercheur de comètes 1225
BOSSCHA (Jean) est élu Correspondant
pour la Section de Physique, en
MAI. Pages.
remplacement de M. Crova 1161
BOUCHARD (Ch.), Président sortant,
îait connaître à l'Académie l'état
où se trouve l'impression des Re-
cueils qu'elle publie et les chan-
gements survenus parmi les Mem-
bres et les Correspondants pendant
le cours de l'anziée 1909 i3
— Remarques au sujet de la Commu-
nication de M. Ccupenlier sur un
« appareil respiratoire destiné au
sauvetage des hommes composant
l'équipage d'un sous-marin sinistré ». 1491
— Remarques au sujet de la présenta-
tion faite par M. Dastre de la Note
de M. Nicloux intitulée « Sur les
produits de décomposition du chlo-
roforme dans l'organisme » 1780
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Montyon, Barbier, Bréant
Godard, du baron Larrey, P.ellion,
Mège, Dusgate pour l'année 1910.. 445
— Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux, Lallemand,
Martin-Damourette, Pourat pour
l'année 1910 445
— Du prix Lonchampt pour l'année
1910 445
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année I9l3. . 445
BOUDOUARD (O.). — Essai des mé-
taux par l'étude de l'amortissement
des mouvements vibratoires 696
BOUGAULT (J.). — Action de l'acide
hypoiodeux naissant sur les acides
non saturés. Acide a-cyclogéraniquc. 897
— Sur l'acide x-cyclogéranique 534
— Sur les étholides des Conifères. Acides
junipérique et sabinique 874
BOULAD (I-'arid). — Sur la disjonction
des variables des équations nomo-
graphiques rationnelles d'ordre su-
périeur 379
BOULE (Mabcellin). — Sur quelques
Vertébrés fossiles du sud de la Tu-
nisie 812
BOULE (Marcellin) et ANTHONY
(R.). — L'encéphale de l'Homme
fossile de La Chapelle-aux-SainIs. . 1 158
BOULET (Vital). — Sur les mycorhizes
cndotrophes de quelques arbres frui-
tiers 1190
TABLE DES AL'TEL'IiS.
l833
BOUNIIIOL (J.-P.). — Sur le régime
thermique de la Méditerranée litto-
ral» algérieune 1 197
BOURGEOIS (le Colonel) prie l'Aca-
démie de le compter au nombre
des candidats au siège vacant, dans
la Section de Géographie et Navi-
gation, par le décès de M. Bouquet
de la Gnje 262
— Est présenté en seconde ligne comme
candidat à la place vacante, dans
la Section de Géographie et Navi-
gation, par suite du décès de M. Bou-
quet de la Clrije 646
BOURGET (II.). — Observations faites,
à l'Observatoire de Marseille, de la
comète Drake 1910 a 200
BOURLET (Carlo). — Sur la résistance
de l'air 382
BOURQUELOT (Km.) et BRIDEL (M.).
— Sur la présence de la gentiopi-
crine dans la Chlore perfoliée [Chlora
perjoUatn L.) 1 14
BOUSSAC (Jean). — Le Nummulitiquc
de la zone du Flysch à l'est et au
sud-est du Mercantour 57
— Interprétation tectonique du Flysch
dit autochtone de la Suisse centrale
et orientale 1 148
— Distribution des niveaux et des faciès
dans le Nummulitiquc dit autoch-
tone de la Suisse orientale 1 272
— Nummulitiquc helvétique et Num-
mulitiquc préalpin dans la Suisse
centrale et orientale i535
BOUSSINESQ (J.). — Sur la manière
dont le potentiel des vitesses, dans
le problème des ondes par émersion,
dépend de l'état initial '..... 491
— Intégration des équations des ondes
d'émersion. par la formule de Mac-
Làurin, en séries loujours conver-
gentes, pour un canal profond sans
extrémités et pour un bassin indé-
fini en tous sens 577
— Propagation verticale, aux grandes
profondeurs, du mouvement des
ondes par émersion dans les cas d'un
canal ou d'un bassin horizontale-
ment indéfinis 655
— Sur les principes de la Mécanique et
sur leur applicabilité à des phéno-
mènes ((ui semblent mettre en dé-
faut certains d'entre eux iG39 i
MM 1
— Sur la conservation des masses vraies
dans divers phénomènes, principale-
ment lumineux, où apparaissent
des masses fictives variables
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : Ju
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques, du prix Francoeur, du prix
Poncelet pour l'année iQto
— Des prix Montyon, Fourneyron pour
l'année 1910
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey pour l'année 1910.
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Bordin pour l'année rgi'î . .
BOUTAN (L.) et FEYTAUD (.1.). —
La photographie stéréoscopiquo en
couleur et ses applications scienti-
fiques
BOUTY (E.). — La cohésion diélec-
trique du néon
— Remarques au sujet d'une Note de
M. //. OUivier intitulée < Réaiman-
tation spontanée du fer »
— Cohésion diélectrique du néon et de
ses mélanges. Analyse quantitative
fondée sur la mesure de la cohésion
diélectrique
— Errata relatifs à cet te Communication.
— Nouvelle mesure de la cohésion dié-
lectrique dans l'argon
— • Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Hébert, Hughes, Kaslner-
Boursault, Victor Raulin pour l'an-
née 1910
BOUVIER. — Est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours : des prix Savigny, Thore pour
l'année 19 10
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour l'année 1910
— Du prix Jérôme Ponti pour l'an-
née 1910
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de Grand Prix des Sciences phy-
siques pour l'année 1913
BOYER (G.). — Étude sur la biologie
de la truffe mélanospore [Tuher
melanosporum Vitt)
BRATU (G.). — Sur certaines équations
intégrales non linéaires
366
367
367
366
1424
ii9
io54
i38o
1790
1643
367
445
445
5o7
5o8
1253
896
1 834 TABLE
MM. P
BRIDEL (M.) elBOURQUELOT (Em.).
— Sur la présence de la gentiopi-
crine dans la Chlore perfoliée (Chlora
per/oliata L.)
BRIDRÉ (J.) et NÈGRE (L.). — Sur
la nature du parasite de la lym-
phangite épizootique
— Sur la nature du parasite de la lym-
phangite épizootique
BRILLOUIN (Marcel). — Des fonc-
tions données par leur valeur sur
une partie de la frontière, et celle
de leur dérivée normale sur le reste
de la frontière. Développements cor-
respondants
— Questions de Physique mathématique
comportant des conditions diffé-
rentes sur diverses parties d'une
même frontière
BRINER (E.) et WROCZYNSKI (A.).
• — Errata relatifs à une Communi-
cation du 27 décembre 1909 inti-
tulée : « Réactions chimiques dans
les gaz soumis aux pressions très
élevées; décomposition de l'oxyde
d'azote; formation du chlorure
de nitrosyle »
— Action chimique des pressions éle-
vées; compression du protoxyde
d'azote et d'un mélange d'azote
et d'hydrogène; décomposition de
l'oxyde de carbone par la pression.
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
BRIOT (A.). — Propriétés du sérum
des lapins séro-anaphylactisés
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
BRIZARD et BROGLIE (de). — Ioni-
sation par barbotage et actions chi-
miques
BROCHET (André). — Nouvelles dé-
terminations de la radioactivité
des eaux thermales de Plombières.
— Radioactivité de quelques sources
sauvages des Vosges
-^ Relation entre la radioactivité et
la richesse en extrait sec des eaux
DES AUTEURS.
MM.
1265
461
294
l324
I7I4.
638
822
969
i45
291
thermales de Plombières
BROCHET (A.) et HALLER (A.). —
Oxydation du ricinoléato de mé-
thylc par l'ozone
BROCQ-ROUSSEU et GAIN (Edmond).
— Sur les excrétions des racines. . .
BROGLIE (Maurice de). — Sur l'io-
nisation des gaz par les actions de
division mécanique des liquides;
corps actifs et inactits
— Electrisation de l'air par la flamme
d'oxyde de carbone et par les rayons
du radium; comparaison des mobi-
lités des ions présents
BROGLIE (de) et BRIZARD. — Ioni-
sation par barbotage et actions
chimiques
BRONIEWSKI (Witold). — Sur les
propriétés électriques des alliages
aluminium-argent
BRUNEL (Léon). — Cyclohexanetriols
et dérivés . . . . ,
— Sur le passage de quelques alcools
hydroaromatiques aux phénols cor-
respondants
BRUNHES (Bernard). — Enregistre-
ment d'un tremblement de terre
du 22 janvier 1910 à l'Observatoire
du Puy-de-Dôme
BRUNHES (Jean). — De la prédomi-
nance de l'érosion sur la rive droite
d'une rivière en temps de crue
BUHL (A.). — Sur la transformation des
séries asymplotiques en séries de
polynômes tayloriens convergentes.
BUISSON (IL) et FABRY (Cu.). — Sur
quelques propriétés électriques et
spectroscopiques de l'arc entre
métaux
BULL (L.). — Sur les inclinaisons du
voile de l'aile de l'insecte pendant
le vol
BURSAUX signale l'apparition d'une
brillante comète à Metlaoui (Tuni-
sie), le 20 janvier 1910
BURSON (V.), DESLANDRES (H.)
et AZAMBUJA (L. d'). — Sur un
fdament extraordinaire
Pages.
423
496
1610
1425
969
1754
986
i528
249
567
i583
1674
129
200
i635
CAILLETET (Louis). — M. le Secré-
taire de l'Aéro-Club de France
adresse une réplique de la médaille
offerte à M. L. Cailletet pour son
Jubilé académique 3oi
Est élu membre de la Commission
TAl'.Ll' DES AUTELUS.
MM. I'.igcs.
chargée de juger les Concours des
prix Hébert, Hughes, Kastner-
Boursault, Victor Raulin pour l'an-
née 1910 367
CAMBOULIVES (Pierre). — Action
des vapeurs du tétrachlorure de
carbone sur les anhydrides et les
oxydes 17^
— Action des vapeurs de tétrachlorure
de carbone sur quelques minéraux . . 221
CANNIZZARO (Stanislas). — Sa mort
est annoncée à l'Académie 1207
CAPUS (J.) et FEYTAUD (J.j. — Sur
une méthode de traitement contre la
Cochylis et VEudemis i35i
CARNOT (Adolphe). — Est élu membre
des Commissions chargées de juger
les Concours : des prix Jecker,
Cahours, Montyon (Arts insalubres),
Alhumbert pour l'année 1910 867
— Du prix Montyon (Statistique) pour
l'année 1910 445
CARPENTIER (J.), présente à l'Aca-
démie un « fréquencemètre » réa-
lisé sur les indications du com-
mandant Ferrie 72
— Présente une petite balance de pré-
cision combinée et construite par
M. Collot 74
— Présente un instrument de mesure
électrique dû à M. L. Joly 826
— Présente un stabilisateur automa-
tique pour aéroplane construit par
M. Regnard 829
— Présente un appareil respiratoire
destiné au sauvetage des hommes
composant l'écjuipage d'un sous-
marin sinistré 149°
— Est présenté en première ligne à
M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique pour la place de Membre ar-
tiste du Bureau des Longitudes
vacante par le décès de M. Gautier. . 1024
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Caméré pour l'année 1910 5o7
CARRE (H.). — Etiologie de la conges-
tion intestinale du cheval 358
CAUDRELIER (E.). — Décharges des
inducteurs. Capacité des électrodes. 6l5
CAULLERY (M.) et LA VALLÉE (A.).
— Recherches expérimentales sur
les phases initiales de l'infection
d'une Ophiure (Amphiura squa-
i835
MM. l'.ii;es.
mata) par un Orlhoneclide [Hho-
palura opliiocoime) 1781
CAYEUX (L.). — Prolongement des
minerais de fer aolithique silui-iens
de la presqu'île armoricaine sous
le bassin de Paris 1 34
— Les Algues calcaires du groupe Gir-
vanella et la formation des oolithes . 359
CERNOVODEANU (M«"<= P.) et HENRI
(Victor). — Étude de l'action des
rayons ultraviolets sur les microbes. 32
— Comparaison des actions photochi-
miques et abiotiqiics des rayons
ultraviolets 549
— Action des rayons ultraviolets sur les
microorganismes et sur différentes
cellules. Étude microchimique.... 729
CHAINE (J.). — Station bipède et
muscles fessiers 55 1
— Courbure lombaire et promontoire. . l449
CHARCOT (Jean). — M. le Secrétaire
perpétuel donne lecture d'un télé-
gramme de M. Jean Charcol relatif à
son expédition au pôle Sud 368
— Adresse de Punta-Arenas un résumé
de son expédition polaire 759
— • Adresse à l'Académie une copie des
Rapports mensuels de l' État-Major
de la deuxième expédition antarc-
tique française 1295
CHARCOT (M">e) adresse, de la part
de M. Jean Charcol, un exemplaire
des Cartes provisoires levées au
cours de l'expédition du Pourquoi-
Pas? 953
CHARLOIS, JAVELLE et SCHAU-
MASSE. — Sur la comète 1910 a.
Observations faites à Nice 3o3
CHARPY" (G.) et BONNEROT (S.). —
Sur la cémentation du fer par le
carbone solide 1 73
CHARRON (F.). — Rôle lubrifiant de
l'air dans le frottement des solides.
Frottement dans le vide 906
CHASSY' (A.). — Absorption d'énergie
par le passage d'un courant alter-
natif dans un gaz à la pression at-
mosphérique i3o5
CHATELET (A.). — Sur une transfor-
mation des fractions continues
arithmétiques 769
— Sur la sommation de fractions con-
tinues arithmétiques I loi
— Sur le classement d'un système de
i836
TABLE DES AUTEURS.
MM. l'iises.
tableaux équivalents entre eux. . . . i5oa
CHATELU (J.), GIACOBINI et BAIL-
LAT'D (Jules). — Observation
d'une petite planète à l'Observa-
toire de Paris 67a
CHi^TIN (J.). — Est élu membre des
Commissions chargées de juger les
concours : des prix Desmazières,
Montagne, De Coincy, De la Fons-
Mélicocq, Bordin (Sciences phy-
siques) pour l'année 1910 368
— Des prix Savigny, Thore pour l'année
1910 445
CHAUDIER (J.) et CIIAUVENET
(Ed.). — Sur la radioactivité des
composés halogènes et oxyhalo-
génés du thorium 219
CHAUVEAU (A.). — Est élu membre
des Commissions chargées de juger
les concours : des prix Montyon,
Barbier, Bréant, Godard, du Ijaron
Larrey, Bellion, Mège, Dugaste pour
l'année 1910 ^i?
— Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux, Lallcmand,
Martin-Damourette, Pourat pour
l'année 1910 445
— Du prix Jérôme l'onli pour l'année
1910 5o7
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année I9i3. . 445
CHAUVEAU (A.) et CONTEJEAN (feu) .
— Contemporanèité de la formation
et de l'élimination des déchets
azotés chez les sujets en état de
jeûne 1478
— Elimination des déchets azotés dans
l'acte de la sécrétion rénale, chez le
sujet en état d'inanition. Rapport
de cette élimination avec celle de
l'eau, véhicule des excréta urinaires.
Indépendance réciproque des deux
phénomènes 1647
CHAUVENET (Ed.) et CHAUDIER
(J.). — Sur la radioactivité des com-
posés halogènes el oxyhalogénès du
thorium 219
CHAZY (Jean). — Sur les équations
différentielles dont l'intégrale géné-
rale possède une coupure essentielle
mobile 456
— Sur les équations différentielles dé-
duites de certains invariants des
MM. Pages,
formes linéaires i io4
CHÉNEVEAU (C). — Sur les pouvoirs
réfringents spécifiques ou les con-
stantes optiques des corps dissous
dans des dissolutions très étendues. 866
— Sur un dispositif simple pour la me-
sure d'un champ magnétique lo46
— Sur la précision dans la mesure des
susceptibilités magnétiques iSiy
CHERCHEFFSKY. — Détermination
de la provenance d'un naphte ou de
ses dérivés i338
CHEVALIER (Auc). — Les ressources
forestières de la Côte d'Ivoire (ré-
sultats de la Mission scientifique de
l'Afrique occidentale) : bois, caout-
chouc et oléagineux 4o3
— Les ressources forestières de la Côte
d'Ivoire (résultats de la Mission
scientifique de l'Afrique occiden-
tale) : excitants, gommes et résines,
divers 623
CHEVALIER (J.l. — Influence de la
cidture sur la teneur en alcaloïdes de
quelques Solanées 344
— Variation de la teneur en spartéine
du genêt à balais suivant l'époque
de la végétation 1068
CHOFARDET (P.). — Observations
de la comète Johannesburg, 1910 a,
faites à l'Observatoire de lîesançon
avec l'équatorial coudé 264
CHOUCHAK (D.) et POUCET (J.)
adressent une Note « Sur l'absorp-
tion de l'acide phosphorique par
les plantes » 427
CHUARD (E.). — Sur un nouveau mode
de traitement contre le mildew, au
moyen de l'o.xychlorure de cuivre.. 889
CIRERA. — Errata relatifs à une Com-
munication du 6 décembre 1909,
intitulée : « Sur la perturbation
magnétique du 25 septembre 1909 ». 294
CIRERA et PERICAS. — Résumé des
observations faites sur la comète de
Halley à l'Observatoire de l'Ebre
(Espagne) ; . . 1576
CIRERA (P.) et UBACII. — Observa-
tions sur le passage de la comète
de Halley, à l'Observatoire de l'Ebre
(Espagne) 1494
CISOTTI (U.). — Sur une application de
la méthode de Jacobi 160
CLAUDE (Georges). — Sur la compo-
TABLE DES
MM. Pages,
sition de ratmosphcrc après le pasr
sage de la comète de Halley 1 3 1 1
CLAUDE, FERRIE et DRIENCOURÏ.
— Comparaison de chronomètres
ou de pendules à distance par la mé-
thode des coiiicideuces au moyen
de signaux radiotélégraphiques .... 3o6
CLAUSMANiN (P.). — Action de l'ozone
sur l'oxyde de carbone l332
CLEMENTS (Hugh.) adresse une Note
intitulée : « The causation, perio-
dicity and distribution in latitude
of sun-spots » 293
COCHLX (G.) et AL'STERWEIL (G.).
— Sur quelques relations entre la
constitution moléculaire et lodeur. lôgS
COGGIA. — Observations de la comète
1910 a, faites à l'Observatoire de
Marseille (équatorial d'Eichens de
o™,26 d'ouverture) 3o5
— Observations de la comète 1910 a,
faites à l'Observatoire de Marseille
(équatorial d'Eichens de o™,26
d'ouverture) 45l
— Observations de la comète de lialley,
faites à l'Observatoire de Marseille
(équatorial d'Eichens de o™,26
d'ouverture) 1 165
COLIN (II.) et RUFZ (J. di:). — Sur
l'absorption du baryum par les
plantes 1074
COLIN (le P. E. ) fait hommage d'un
Volume intitulé : « Observatoire
de Madagascar. Observations mé-
téorologiques faites à Tananarive ». 83i
COLLET (LÉON-W.). — Sur la présence
du Cénomanien fossilifère dans les
Alpes calcaires de la Haute-Savoie. 242
COLSON (A.). — Sur les difficultés de
la bibliographie chimique 169
COMAS SOLÀ (J.). — Sur la grande co-
mète 1910 a 372
— Sur l'aplatissement de lo, premier
satellite de Jupiter 1224
— Sur la comète de Halley 1496
— Résumé des observations physiques
faites sur la comète de Halley... 1659
COMBES (Raoul). — Du rôle de l'oxy-
gène dans la formation et la destruc-
tion des pigments rouges anthocya-
niques chez les végétaux 1 186
— Sur le dégagement simultané d'oxy-
gène et d'anliydride carbonique au
cours de la disparition des pigments
AUTEURS. 1837
MM. Pages,
anthocyaniques chez les végétaux. . l532
— L'éclairement optimum pour le dé-
veloppement des végétaux 1701
COMTESSE (A.) et IIALLER (A.). —
Action des bromures d'ortho- et de
para-anisylmagnésium sur l'anthra-
quinonc et la |i-niéthylanthraqui-
none 1 290
CONTAMIN (A.). — Immunisation,
contre le cancer, de la souris ino-
culée avec des tumeurs modifiées
par les rayons X 128
— Résorption des tumeurs expérimen-
tales de la souris sous l'influence
des rayons X (étude histologique) . . l537
CONTE (A.). — Anomalies et variations
spontanées chez des animaux do-
mestiques 187
CONTE (A.) et VANEY (C). — Re-
cherches sur le développement de
l'œuf de ver à soie univoltin 553
CONTEJEAN (feu) et CHAUVEAU
(A.). — Contemporanéité de la for-
mation et du l'élimination des dé-
chets azotés chez les sujets en état
déjeune 1 47^
— Elimination des déchets azotés dans
1 acte de la sécrétion rénale, chez le
sujet en état d inanition. Rapport
de cette élimination avec celle de
l'eau, véhicule des excréta uri-
naires. Indépendance réciproque
des deux phénomènes l647
COPAUX (IL). — Sur l'inégalité de
propriétés des deux formes, droite et
gauche, du silicotungstate de po-
tassium et, en général, des cristaux
doués du pouvoir rotatoire 473
CORDEMOY (H.- Jacob de). — In- ,
flueuce du terrain sur les variations
de l'appareil sécréteur des Clu-
siacés 1 535
CORNAILLE (F.) et BERTRAND
(C.-Eg.). — Les caractéristiques
de la trace foliaire botryoptéri-
dienne 1019
CORNEC (E.). — Sur la formule de
l'acide hypophosphorique 108
COTTON (A.) et MOUTON (H.). —
Sur la biréfringence magnétique et
électrique des liquides aromatiques
et sur la théorie de l'orientation
moléculaire 774
— Sur la relation de Havolock entre
i8-i8
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
la Lirétringcnce et 1 indice de réfrac-
tion 857
COTTON (E.). — Sur les solutions
asymptotiques des équations dilTé-
rentielles 5n
COTTY (G.). ■ — Sur la transformation
des fonctions abéliennes 458
COUPIN (Henri). — Sur la végétation
de quelques moisissures dans l'huile. 1 192
COURMONT (Jules), XOGIER (Th.)
et ROCIIAIX. — L'eau stérilisée
par les rayons ultraviolets contient-
elle de l'eau oxygénée? Pouvoir
stérilisant de l'eau oxygénée i453
COUSIN (H.) et HÉRISSEY (H.). —
Sur le déhydrodicarvacrol i333
COUTIÈRE (IL). — Sur les crevettes du
genre Saroii à mâles dimorphes. . . . 1263
COUTURIER (F.). — Sur la stabilité
des [j-cétoaldéhydes 706
— Condensation de la pinacoline avec
MM. Pages.
les élliers-sols 928
CROCHETELLE et STŒCKLIN. —
Sur la présence accidentelle dans le
lait de sulfocyanures et leur origine. l53o
CROZE (F.). — Prolongement du spectre
de bandes de l'azote dans le rouge
extrême et l'infra-rouge 860
— Prolongement des spectres de bandes
des gaz carbonés dans le rouge
extrême et l'infra-rouge 167a
CREMIEU (V.). — Sur une erreur sys-
tématique qui limite la précision de
l'expérience de Cavendish. Mé-
thode nouvelle pour l'étude de la
gravitation 863
CUÉNOT (L.) et MERCIER (L.). —
Etude sur le cancer des Souris.
L'hérédité de la sensibilité à la
greffe cancéreuse l443
CURIE (Mme p.) et DEBIERNE (A.).
— Sur le polonium 386
D
DANIEL (Jean). — Sur la structure des
branches courtes et âgées de quel-
ques arbres i6n
DARBOUX (Gaston). — Rapport sur le
0 Mémoire sur les courbes conju-
guées dans le mouvement relatif
le plus général de deux corps so-
lides », présenté par M. Gabriel
Kœnigs dans la séance du 3 jan-
vier 1910 44l
— Sur une classe particulière de sys-
tèmes triple-orthogonaux 11 55
— Sur l'emploi de nouvelles méthodes
de récurrence dans la théorie des
systèmes orthogonaux 1208
— Fait hommage à l'Académie de la
traduction italienne de sa Confé-
rence « Sur le développement des
méthodes géométriques » 1007
— Est désigne à M. le Ministre de l'In-
térieur pour remplacer, dans le Con-
seil d'administration de la fondation
Carnegie, M. Bomiucl de la Orije,
décédé 80
— Est élu Membre d'une Commission
qui devra proposer des listes de
candidats à deux places d'Associés
étrangers 444
Est élu Membre de la Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de
M. Agassiz 1491
Donne lecture à l'Académie d'une
Lettre de la Société royale de Lon-
dres relative à une souscription pour
les victimes des inondations en
France 571
Est élu Membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
du Grand Prix des Sciences mathé-
matiques, prix Francœur, prix Pon-
celet pour l'année 1910 366
Des prix Pierre Guzman, Lalando,
Valz, Janssen pour l'année 1910. . . 367
Des prix Binoux( Histoire des Sciences)
pour l'année 1910 445
Des médailles Arago, Lavoisier, Ber-
thclot poiir l'année 1910 445
Des prix Gegnor, Lannelongue et
Trémontpour l'année 1910 445
Du prix Wilde pour l'année 1910. . . . 445
Du ))rix Jérôme Ponti pour l'année
1910 5o7
Du prix llouUevigue pour l'année
1910 5o8
TABLE DES AUTEURS.
l839
MM.
Paaes.
— Est élu Membre des Commissions
chargées de présenter une question :
de prix Bordin pour l'année 1918 . . 366
— De prix Vaillant pour l'année igiS.. 5o8
— M. le Secrétaire perpétuel donne lec-
ture d'un télégramme de M. Jean
Charcot relatif à son Expédition au
pôle Sud 368
— M. le Secrétaire perpétuel signale,
parmi les pièces imprimées de la
correspondance : divers Ouvrages
de MM. Franz Xaver Kugler, 25. —
Ernest Lebon, M. Lœwy et P. Pui-
seux, André Bellot, Louis Wickham
et Degrais, i53. — L. Marchis, La-
chaud, Jehan Charlie, André Brochet,
369. — Un Ouvrage relatif à la fon-
dation Andrew Carnegie et un
Traité de M. Chwolson, 5o8. — Di-
vers Ouvrages de M. Ernest Jovy et
de M. Carlos-E. Porter, et la copie
d'un manuscrit de Lebrun, 669. —
Divers Travaux de M. Henri Dehe-
rain, de M. J.-H. Eijkman, du Mu-
séum d'Histoire naturelle de Ge-
nève et « Les prix Nobel en 1907 »,
1026. — Divers Ouvrages de
MM. Rodolphe Guimaràes, G. Ron-
cagli, J. Lewkowitsch, D. Sidersky,
1161. — Le < Jubilé académique de
M^ L.-P. Cailletet », un Ouvrage
de M. Armand Billard, et le « Cen-
tenaire du Journal de Pharmacie et
de Chimie », 1296. — Divers Ou-
vrages de AL H. Lecomte et de M. F.-
W. Pavy, I '192. — Divers Ouvrages
de MM. Paul Dislère, Ernest Lebon,
Marcel Moulin, i655.
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à l'Assemblée générale de
V Association internationale des Aca-
démies, à Rome, en mai 1910 896
DARMOIS (E.). — Sur le camphre arti-
ficiel 925
DARZENS (G.). — Sur une nouvelle
méthode de synthèse des cétones
non saturées 707
— Action des hydracides sur les éthcrs
glycidiques 1243
DASTRE est désigné pour représenter
l'Académie à l'inauguration du mo-
nument Horace Wells-Paul Berl . . . 758
— Est élu Membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
C. K., 1910. 1" Semeilre. 'T. I.iO.)
MM. !■
prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgate, pour l'année 1910.
— - Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale!. Philipeaux, Lallemand,
Martin-Damourette, Poural, pour
l'année 1910
— Du prix Lonchampt pour l'année
1910 .. .
— Est élu Membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année I9i3. .
DAUMAS (A.) et STASSANO (H.). --
Du rôle double du calcium dans la
coagulation du sang et de la lymphe.
DEBIERXE (A.). — Sur le poids ato-
mique de l'émanation du radium. .
DEBIERXE (A.) et CURIÉ (M™» P.).
— Sur le polonium
DEBRÉ (R.), SIMON (G.) et LESN*
(E.). — Sur la présence des germes
virulents dans l'atmosphère des
salles d'hôpital
DÉCOMBE (L.). — Sur l'élimination
des couples directeurs électriques
et des effets dus à la dissymétrie, à
l'absence de réglage et au.x forces
électromotrices de contact dans les
électromèlres à quadrants
— Sur la mesure de l'indice de réfraction
des liquides au moyen du micro-
scope
DEDEKIXD (Richard) est élu Asso-
cié étranger
DEHORNE (Armand). — La division
longitudinale des chromosomes dans
les spermatogonies de Sabellaria
spinulosa Leuck
— Le nombre des chromosomes chez
les Batraciens et chez les larves par-
thénogénétiques de Grenouille....
— La valeur des anses pachytènes et
le mécanisme de la réduction chez
Sabellaria spinulosa Leuck
DELAGE est élu Membre de la Commis-
sion chargée de juger le Concours
des prix .Savigny, Thore pour
l'année 1910
DE LAUNAY (L.). — Sur le poids ato-
mique moyen de Tiicorce silicatéc
terrestre
DELÉPINE (Marcel). — Sur la dis-
solution du platine par l'acide sul-
furique et sur les produits de cette
i45
445
115
i:lo
J8<3
iG4
;89
■).)0
i84o
TABLE DES AUTEURS.
M M .
Pages.
io4
reaction
— Sur l'aldéhyde dimère de l'aldéhyde
crotonifiue et l'acide correspon-
dant 394
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 894
— Sur la constitution de l'aldéhyde di-
mère, de l'aldéhyde crotonique. . . . 535
— Sur quelques composés organiques
spontanément oxydables avec phos-
phorescence 876
— Sur l!essenoe de criste-marine loGi
— Nouveaux cas d'oxydabilité spon-
tanée" avec phosphorescence 1607
DEMETRESCO (G.) et BAILLAUD
(Jules). - — Observations photogra-
phiques de la comète de Halley à
l'Observatoire de Paris I^og
DEMOULIN (A.). — Sur la transforma-
tion de Ribaucour 25
— Sur les systèmes et les congruencesK. 1 56
— Sur les systèmes et les congruences K. 3io
DENIGÈS (G.). — Recherches des traces
de méthanal en présence d'éthanal
par la fuchsine bisulfatée 529
— Reclierche de l'alcool méthyliqvie en
général et spécialement en présence
de l'alcool éthylique 832
— Sur la présence de résidus tartriques
du vin dans un vase antique i33o
DEMJOY (Arnaud). — Sur les fonc-
tions analytiques uniformes à sin-
gularités discontinues non isolées . . 32
— Sur la mesure des ensembles 5g6
DEPREZ est éhi Membre des Commis-
sions chargées de juger les Concours :
des prix Montyon, Fourneyron
pour l'année igio 367
— Du Prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey pour l'année 1910. . 367
DESLANDRES (H.). — Orage magné-
tique du 25 septembre 1909, et phé-
nomènes solaires connexes. Vérifi-
cation des théories proposées 65
— Distribvition des filaments dans la
cofiche supérieure de l'atmosphère
solaire 1007
— Errata relatifs à cette Communica-
tion.. ." 1378
— Influence des comètes sur l'atmo-
sphère terrestre d'après la théorie
cathodique. '. 1281
— Est élu Membre des Commissions
chargées ite juger les Concours : des
MM. Peines,
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
Janssen pour l'année 1910 367
— Du prix HouUevigue pour l'année
1910 5o8
DESLANDRES (H.) et IDRAC (P.). —
Sur le spectre de la comète 1910 n . . 653
DESLANDRES (H.), AZAMBUJA
(L. d') et BURSON (V.). — Sur un
filament extraordinaire i635
DESLANDRES (IL), BERNARD (A.),
AZAMBUJA (L. d). — Premières
observations de la comète Drake à
l'Observatoire de Meudon 253
DIIÉRÉ (Ch.) etGORGOLEVVSKI (M.).
— Sur la préparation et sur quel-
ques propriétés physicochimiques
de la gélatine déminéralisée 934
— Sur l'obtention par dialyse électrique,
d'iin sérum extrêmement appauvri
en électrolytes. '. . . 993
DIENERT (F.). — De la recherche des
substances fluorescentes dans le
contrôle de la stérilisation des
eaux 487
— De la recherche des substances fluo-
rescentes dans quelques eaux miné-
rales 891
DOBY (A.). — Lin horizon fossilifère
dans le Muschelkalk de Bourbonne-
les-Bains (Haute-Marne) l553
DOMINICI (H.), PETIT (G.) et JA-
BOIN (A.). — Sur la radioactivité
persistante de l'organisme résultant
de l'injection intraveineuse d'un sel
de radium insoluble et sur ses appli-
cations 72G
DOP (Paul). — Sur les Strychnos de
l'Asie orientale 1256
DOUMER (E,) et LEMOINE (G.). —
Sur les doideurs névralgiques re-
belles qu'on observe chez les hyper-
tendus 565
DOUVILLK (Henri). — Sur la décou-
verte du Trias marin de Mada-
gascar 260
DOYON. — Formation dans le foie
d'une substance anticoagulante sous
l'influence d'un alcaloïde 348
— Sécrétion normale d'une substance
anticoagulante par le foie 792
DRECQ (M.) et GRAMONT (A. de). —
Sur certaines conditions d'appari-
tion du spectre de l)andes attribué
au cvanogèuc; ia35
TABLE DES AUTEURS.
18 ',1
MM. I'
DRIENCOURT, FERRIE el CLAUDE.
— Coniparaisou de chronomclres
ou de pendules à disljance par la
méthode des coïncidences au moyen
de signaux radio télégraphiques ....
DRIOT. — Sur les oxychlorures de zinc.
DUANE (W.) et LABORDE (A.). —
Sur les mesures quantitatives de
l'émanation du radium
DUCELLIEZ (F.). -- Élude de quelques
alliages de cobalt d après leurs
forces électromolrices
DUFOUGERÉ (W.) et TIIIROUX (A.).
— Sur un nouveau spirille du Cer-
copilhecus patas
DUFOUR (A.). — Sur les triplets dissy-
métriques. Exemple d'une dissy-
métrie de position proportionnelle
au carré du champ magnétique. . . .
DUGAST. — Sur la présence du bore
dans les vins d'Algérie
DUIIEM (P.) fait hommage à l'Aca-
démie de la deuxième édition de son
Ouvrage : « Thermodynamique et
3o6
1426
MM. V:,-c>-:
Chimie. Leçons élémentaires » 589
DUNOYER (Louis). — Sur l'émission
de charges électriques par les mé-
taux alcalins >j)
— Sur une nouvelle circonstance de
formation des rayons cathodiques. . 1)70
— .Sur une .méthode de mesure d'un
champ magnétique en grandeur, di-
rection et sens , i'579
DUPONT (G.). — Sur les isoméries de
quelqvies Y-glycols acétyléniques. . 1121
— Oxydation des "l'-glycols acétylé-
niques. Synthèse d'acides-alcools ï. i 323
DUPONT (G.) et LOUGULNLNE (W.).
— Chaleur de fixation de 1 acide
bromhydrique de quelques com-
posés éthyléniques 1 3 16
DUPUIS (Pierre). — Action du trichlo- "
rure de phosphore sur le gaiacol ._. . . G22
DUSSAUD. — Sources lumineuses à
surfaces réduites employées nor-
malement ou obliquement. Sources
lumineuses en mouvement. Applica-
tions pratiques '.)04
EGINITIS (D.). — Observations do la
comète de Halley, faites à l'Obser-
vatoire d'Athènes
— Observations de la comète de Halley.
ESCLANGON (E.). — Sur l'intensité
do la pesanteur et ses anomalies à
Bordeaux et dans la région
— Observation de la comète Drako. . . .
— Sur les transformations de la comète
1910 fl, dite comète Innés
— Sur les transformations de la comète
I 107
1578
139
199
369
de Halley
— Observations de la comète de Halley ..
ESTANAVE (E.). — Images chan-
geantes à deux et trois aspects sur
plaque autostéréoscopique
— Obtention simultanée du relief sté-
réoscopique et de l'aspect changeant
dans l'image photographique
ETARD (A.) et VILLA (A.). — - L'ana-
lyse des matières protoplasmiques . .
ETÉVÉ (A.). — Surl'autorotation... . .
1093
1-2 2 2
683
1709
:>2/(
FABRY (Ch.). — L'éclat intrinsèque du
ciel étoile 27-2
FABRY (Cn.) et BUISSON (H.). —
Sur quelques propriétés électriques
et spectroscopiques de lare entre
métaux 167/1
FAURÉ-FRÉMIET (E.). — Etude phy-
sicochimique sur la structure de
noyaux du type granuleux i355
FAVRE (M.) et REGAUD (Cl.). — Sur
certains filaments ayant probable-
ment la signification de mitochon-
dries, dans la couche génératrice de
lépiderme 56o
FEIGES (A.), URBAIN (Ed.) et SCAL
(Cl.). — Sur la stérilisation de l'eau
par l'ultraviolet 548
FEJER (Léopot.d). — Sur une paire de
séries de Fourier conjuguées 5i8
— Sur les sommes partielles de la série
de Fourier 1 299
FEKETE (Michel). — .Sur les séries de
li^fri
TABLlî DES AUTEURS.
MM. Pages.
Diiichlet lo33
^FERRIE, CLAUDE et DRIENCOURT.
— Comparaison de chronomètres ou
de pendules à distance par la mé-
lliodc des coïncidences au moyen de
signaux radiotélégraphiques 3o6
Fl'^RY (Ch.). — Prismes à faces courbes
applicables à la spectroscopie 216
— JBobine symétrique pour c;alvano-
mètre à cadre mobile 524
- — Sur un nouveau réflectomètre 691
FEYTAUD (J.) et BOUTAN (L.). — La
photograpbie stéréoscopique en cou-
leuret ses applications scicntiliques. 1424
FEYTAUD (J.) et CAPÛS (J.).— Sur
une méthode de traitement contre
la Cochylis Ktl' Eudemis l35i
FILLIOZAT (Marius). — La craie de
Blois 1274
FOMIN (W.) et TCHOUGAEFF (L.).
— Sur certains dérivés de la choles-
térine i435
FONTANEAU (E.) adresse un Mémoire
« Sur l'intégration générale des
équations de l'Hydrodynamique ». 427
FONVIELLE (Wilfrid de). — Sur la
théorie de Fontenelle relative à la
constitution dos comètes 849
FORCRAND (de). — Chaleur de forma-
tion du peroxyde de caesium 1 399
FORTINEAU (L.). — Sur le traitement
curatit du charbon par la pyocya-
nase i454
FOSSE (R.). — Transformation de
quelques alcools aromatiques en
acides phosphineux par l'acide
hypophosphoreux 178
FOUGERAT. — Sur les homologues du
muscle du membre postérieur des
Reptiles i54i
FOUQUET (G.). — Cristallisation spon-
tanée du sucre 280
MM. l'ages.
FOURNEAU (E.). — Alcaloïde du Pscu-
docincltona a/ricana. Saponification
par les alcalis 976
FOURNIER. — Sur les Nodules {Sep-
laria) à Ammonites triasiques de
Madagascar et sur le développement
des .1 mmonea 1 56o
FOURNIER (J.-B.). — Sur la façon
d'évaluer la température de la va-
peur surchauffée 521
FOURNIER (L.) et BESSON (A.). —
Sur un nouveau chlorure de phos-
phore 102
— Réduction des chlorures de bore et
d'arsenic par l'hydrogène sous l'in-
fluence de l'effluve électrique 872
— Action de l'effluve sur le chloroforme
et le tétrachlorure de carbone en
présence de l'hydrogène, ainsi que
sur le chlorure de méthyle 1118
— Action de l'effluve sur l'aldéhyde
éthylique en présence de l'hydro-
gène 1238
FRAYSSEIX-BONNIN (de) prie l'Aca-
démie de le comprendre au nombre
des candidats à la place vacante,
dans la section de Géographie et
Navigation, par le décès de M. Bou-
quet (le la Grye 369
FRÉCHET (Maurice). — Sur les fonc-
tionnelles continues ii'il
FREUNDLER (P.). — Sur les éthers
chloranthraniliques et sur leur con-
densation avec le nitrobenzènc. ... Il 79
FREYCINET (de) est élu Membre delà
Commission chargée de juger le
Concours du prix Montyon ( Sta-
tistique) 445
FREZOULS (Jules) et GODCHOT
(Marcel). — Sur l'acide hexahy-
drophénylglycolique 1248
G
GABET (G.). — Sur les résultats obtenus
dans la torpille radioautomatiquc
par un nouveau télécommutateur
et radiocorpibinaleur SsS
GAILLARD (Gaston). — Observation
d'une dissymétrie dans la vitesse de
^ dissolution des cristaux de sucre
suivant leurs différentes faces 217
GAIN (Edmond) et BROCQ-ROUSSEU.
— Sur les excrétions des racines. . . . 1610
GALBRUN. — Sur la représentation des
solutions d'une équation aux dif-
férences finies linéaires pour les
grandes valeurs de la variable 206
GALITZINE (B.). — Sur la détermina-
tion de l'êpicentre d'un tremble-
TABLE DES AUTEURS.
1843
MM. P.igi-.
ment de terre, d après les données
d'une seule station sismique 642
— Sur la détermination de l'épicentre
d'un tremblement de terre, d'après
les données d'une seule station sis-
mique 816
»— Sur l'ébranlement des édifices 901
- — Sur la précision des appareils qui ser-
vent à étudier l'ébranlement des
édifices io4i
— Sur un nouveau type de sismographe
pour la composante verticale 1727
GALLISSOT (Cit.). — Sur le phénomène
de Purkinje 594
GANDILLOT (Maurice) adresse un
« Mémoire sur l'audition » 645
— Adresse un complément à son « Mé-
moire sur l'audition » 734
— Adresse une « Contribution à l'étude
des tuyaux sonores étroits » r2o5
GARRIGOU (F.). — Méthode prompte
et sûre pour reconnaître dans une
eau minérale la présence en bloc de
métalloïdes et de métaux 1002 |
— Sur la présence d'éléments métallo'i- 1
diqucs et métalliques dans les eaux
potables. Conséquences pratiques. . i374
GAU (P.-E.). — Sur l'intégration, par
la méthode de M. Darboux, des
équations aux dérivées partielles
du second ordre de la forme
s=a(x,i/,z) p+ b {x, y,z)q+c {x, y, 2). 1099
— Sur la recherche des intégrales inter-
médiaires de l'équation
s = l(.v, 1/, z, p,q) I4l0
GAUDECHON (H.). — Sur les dérivés
bromes du dimercurammonium. . . 4^7
GAUDECHON (Henri) et BERTHE-
LOT (Daniel). — Elïets chimiques
des rayons ultraviolets sur les corps
gazeux. Actions de polymérisation. 11 69
— Effets chimiques des rayons violets
sur les corps gazeux. Actions oxy-
dantes. Combustion du cyanogène
et de l'ammoniaque: synthèse de
l'acide formique 1327
— Effets oxydants des rayons ultra-
violets sur les corps gazeux. Peroxy-
dation des composés oxygénés de
l'azote et du soufre 1617
— Synthèse photochimique des hy-
drates de carbone aux dépens des
éléments de l'anhydride carbonique
MM.
et de la vapeur d'eau, en l'absence
de chlorophylle; synthèse photo-
chimique des composés quaternaires. 1 690
GAULT (H.). — Condensation de l'éther
oxalique avec l'éther tricarbal-
lylique l34l
— Remarque sur l'acidité des dérivés
de l'éther oxalacétique 1608
GAULT (H.) et THIRODE (G.). —
Condensation des aminés secon-
daires avec l'éther -/-bromodimé-
thylacétylacé tique 1 1 23
GAUTIER (Armand). — ■ Caractères
différentiels des eaux de sources
d'origine superficielle ou météo-
rique, et des eaux d'origine cen-
trale ou ignée 436
— Quelques remarques, au point de vue
géologique et chimique, relatives à
l'action que la chaleur exerce sur
l'oxyde de carbone i383
— Action de l'hydrogène sur l'oxyde de
carbone; formation d'eau et de mé-
thane. Action de l'eau, au rouge, sur
ce même oxyde. Applications aux
phénomènes volcaniques 1 564
— Action de la chaleur rouge sur la for-
maldéhyde 1725
— Est élu membre d'une Commission
qui devra proposer des listes de can-
didats à deux places d'Associés
étrangers 444
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de
M. Agassiz i49l
— M. le Président annonce à l'Académie
qu'en raison des fêtes de la Pente-
côte, la séance du lundi l6 mai est
renvoyée au mardi 17 II 55
— M. le Président annonce la mort de
M. Stanislas Cannizzaro, Corres-
pondant pour la Section de Chimie. 1207
— • Est désigné pour représenter l'Aca-
démie au service funèbre célébré
à la Mémoire de S. M. le Roi
Edouard VII 1221
Est élu Membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Jecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), Alhumbert pour
l'année 19 10 367
Des Médailles Arago, Lavoisier, Ber-
IcS'i'l TABLE DES AUTEURS.
MM. l'aies.
thclot pour 1 année 1910 415
— Des prix Gegner, Lannelongue et
Trémont pourl'année 1910 145
— Du prix Sainlourpourl'année 1910. . 5o7
GAY (L.) et BAUD (E.). — Tempéra-
tures de cristallisalion des mélanges
binaires 1687
GENTIL (Louis). — Les mouvements
orogéniques dans le Haut-Atlas ma-
rocain 1275
— Les mouvements tertiaires dans le
Haut-Atlas marocain i465
GERBER (G.). — La caséification du
lait cru par les présures du lait
bouilli 1202
■ — Comparaison entre le mode d'action
de certains sels retardateurs et des
protéines du lait coagulable par la
chaleur sur la caséification par les
présures du lait bouilli l357
GERNEZ (D.). — Sur un moyen de res-
tituer aux sulfures alcalino-terreux
leurs propriétés phosphorescentes. . 295
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours : des
prix Hébert, Hughes, Kastner-
Boursault, Victor Raulin pour
l'année 1910 867
GESSARD (C.). — Sur le fibrine-fer-
meut 1617
— Sur la fibrine du sang 1771
GEZE (J.-B.). — • Sur l'exploitation agri-
cole, dans les Bouehes-du-Rhône,
d'une espèce de Typha spontanée,
non signalée en France { T. angus-
tata ) 408
GIACOBINL — Observations de la co-
mète 1910 (I, faites à l'Observatoire
de Paris (équatorial de la Tour de
l'Est, o"',38 d'ouverture) 263
— Sur la comète de Halley g55
— Sur la comète de Halley 1496
GIACOBINL BAILLAUD (Jules) et
CHATELU (J.). — Observation
d'une petite planète à l'Observatoire
de Paris 672
GIAJA (Jean). — Sur l'isolement d'un
sucre biose dérivant de l'amygda-
line , 793
GIGNOUX (Maurice). — Sur la classifi-
cation du Pliocène et du Quater-
naire dans l'Italie du Sud 841
GIRARD (Pierke). — Mécanisme élec-
trostatique de l'hémiperraéafcilité
MM. l'ages.
des tissus vivants aux électrolytes. . i446
GLANGEAUD (Ph.). — Architecture
de la partie centrale des monts du
Forez 804
— Les formations archéennes, l'an-
cienne couverture et les plissements
des monts du Forez 942
GODCHOT (Marcel) et FREZOULS
(Jules). — Sur l'acide hexahydro-
phényls'ly colique 1248
GORCE (l\ DE la) et LAPORTE (F.).
— Recherches elîectuées au Labo-
ratoire central d'Électricité sur
l'équivalent électrochimique de l'ar-
gent 278
GORGOLEWSKI (M.) et DIIÉRÉ (Cn.).
— Sur la préparation et sur quelques
propriétés physicochimiques de la
gélatine déminéralisée 984
— Sur l'obtention, par dialyse élec-
trique, d un sérum extrêmement
appauvri en électrolytes 998
GOUY. — Sur l'action mutuelle de deux
cathodes dans le champ magné-
tique i652
GRAMONT (A. de). — Sur la réparti-
tion des raies ultimes dans le spectre
des diverses régions du Soleil 37
— Ërrala relatifs à cette Communica-
tion 4 3o
— Sur la répartition des raies ultimes
dans les spectres stellaires l54
GRAMONT (A. de) et DRECQ (M.). —
Sur certaines conditions d'appari-
tion du spectre de bandes attribué
au cyanogène 1235
GRANDIDIER (Alfred). — La Carte
internationale de la Terre à iTûTô .rô- '9^
— Erialu relatifs à cette Communica-
tion 43o
— Est élu mcmlue des Commissions
chargées de juger les Concours :
du Prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey pour l année 1910. . 367
— Des prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau, pour l'année
1910 367
— Des prix Savigny, Thore pour l'année
1910 445
— Du prix Binoux ( Histoire des Sciences)
pour l'année 1910 445
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année I9l3 367
lABLE DES
MM. r'Hgcs.
GRANDJEAN (F,). — Remarques sur
le siphon des Ammonites et des Bé-
lemnites 1 1 5o
GREiV'ET (L.j. — Sur la cémentation
des aciers au silicium 9-*'
GRIFFON (Ed.). — Sur la variation
dans le greffage et l'hybridation
asexuelle 629
GRIGNARD (V.) et ZORN (L.|. —
Action du chlorure de thionyle
sur les combinaisons organomagné-
siennes mixtes 1 1 77
GRYNFELTT (E.). — Sur le muscle
tenseur de la choroïde des Téléos-
téens 4 20
GUERBET (Marcel). — Condensation
de l'alcool butylique secondaire
avec son dérivé sodé l83
— Sur la constitution des alcools ré-
sultant de la condensation des al-
cools secondaires avec leurs dérivés
sodés 979
GUICHARD (C). — Sur les surfaces à
courbure totale constante qui cor-
respondent à des systèmes singu-
liers d'ordre quelconque 76
— Sur un mode de génération des sys-
tèmes triple-orthogonaux à lignes
de courbure sphériques dans un seul
système 1090
GUIGNARD esl élu Membre des Com-
missions chargées de juger les
Concours : des prix Desmazières,-
Montagne, De Coincy, De la Fons-
Melicocq, Bordin (Sciences physi-
ques) pour l'année 1910 368
— Du prix Lonchampt pour l'année
1910 445
— Du prix Saintourpour l'année 1910. . 5o7
. — Est élu Membre de la Commission
chargée de présenter une question
de Grand Prix des Sciences phy-
siques pour l'année 191 3 5o8
GUILLAUME (J.). — Observations du
Soleil faites pendant le troisième
trimestre de 1909 692
— Observations du Soleil faites à l'Ob-
servatoire de Lyon pendant le qua-
trième trimestre de 1909 765
AUTEURS. 1845
MM. Pages.
GUILLAUME (J.) et LUIZEÏ. — Ob-
servations de la comète Innés
(1910 a), faites à l'Observatoire de
Lyon 3oi
— Sur les apparences de la comète de
Halley 1 492
GUILLEMINOT. — Sur le radio-
chroisme des corps organiques vis-
à-vis des rayons », [3, "f du radium
et des rayons X 332
— Posologie en radiographie médicale
avec ou sans écran renforçateur. . . lôaS
GUILLIERMOND. — Nouvelles obser-
vations sur la cytologie des levures. 835
GUINARD (L.) et' VALLÉE (11.). —
Des propriétés physiologiques des
extraits du bacille de Koch conden-
sés et sensibilisés 1 1 4o
GUYE (C.-E.) et RATNOVSKI (S.). —
Sur la variation de l'inertie de l'élec-
tron en fonction de la vitesse dans
les rayons cathodiques et sur le
principe de relativité 320
GUYE (C.-E.) et SCIIAPPER (II.). —
Sur le frottement intérieur des
métaux aux basses températures . 962
GUYE (C.-E.) et TSCHERNIAVSKI
(A.). — Mesure de très hauts poten-
tiels au moyen d'électromètres sous
pression 911
GUYON est élu membre de la Com-
mission chargée de juger les Con-
cours des prix Montyon, Barbier,
Bréant, Godard, du baron Larrey,
Bellion, Mège, Dusgate pour l'an-
née 1910 445
GUYOLÎ est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Con-
cours : du Prix extraordinaire do
la Marine, du prix Plumcy pour
l'année 1910 367
— Des prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1910 367
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour l'année 1910 445
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année igiS 367
H
IIAAG. — Errata relatifs à une Commu-
nication du 24 août 1908 intitulée
« Sur la viration de deux surfaces
réglées »
252
i84G
TABLE DES AUTEURS.
MM. P.ises.
— Sur quelques nouvelles familles de
Lamé 767
— Errala relatifs à cette Communica-
tion 1006
— Sur la représentation sphérique de
certaines familles de Lamé 852
— Sur certains systèmes triple-orthogo-
naux 1096
HACHET-SOUPLET (P.). — L'asso-
ciation des sensations chez les ani-
maux (la loi de récurrence) 238
— De l'emploi du dressage comme
moyen de recherche psychologique. 735
HADAMARD. — Sur les ondes liquides. 609
— Sur les ondes liquides 772
— Quelques propriétés des fonctions
de Green 1664
HALLER (A.) est élu membre de la
Commission chargée de juger les
Concours des prix Jecker, Cahours,
Montyon (Arts insahibres), Alhum-
bert pour l'année 19 10 36;
HALLER (A.) elBAUER (Edouard).—
Aleoylation des cétones aliphatiques
par l'intermédiaire de l'amidure de
sodium 582
— Aleoylation des célones aliphatiques
par l'intermédiaire de l'amidure de
sodium. Dédoublement des hexa-
alcoylacctones. . . . » O61
— Préparation et propriétés des 2-
hydrindones-i-dialcoylées ou inda-
nones-l-dialcoylées-2.2 I 172
HALLER (A.) et BROCHET (A.). —
Oxydation du ricinoléate de mé-
thyle par l'ozone 49^
HALLER (A.) et COMTESSE (A.). —
Action des bromures d'ortho- et de
para-anisylmagnésium sur l'an—
thraquinone et la [i-méthylanthra-
quinone 1 290
HALLER (A.) et LASSIEUR (A.). —
Etude des échappées du beurre de
coco. Composition de l'essence de
coco loi 3
HALLEZ (Paul).— Enkystement de
protection d'une Némerte d'eau
douce [Prostoma lumbricoideum
Diigès) 181
— Pontes d'été et pontes d'hiver d'une
Némerte d'eau douce {Prostoma
lumbricoideum Dugès ) 556
HALLOPEAU. — Considérations géné-
rales sur l'évolution du tréponème
MM. I'
pâle dans l'organisme humain
HAMY (Maurice). — L'organisation
de la spectroscopie stellaire à l'Ob-
servatoire de Paris
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
Janssen pour l'année igio
HANUSSE est présenté en seconde ligne
à M. le Ministre de l'Instruction
publique pour une place de Membre
titulaire, vacante dans la Section
d'Astronomie du Bureau des Lon-
gitudes
HATOiN DE LA GOUPILLIÈRE fait
hommage à l'Académie d'un exem-
plaire de son travail intitulé « Som-
mation de suites terminées »
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon, Foumeyron pour
l'année 1910
— Du prix Montyon (Statistique) pour
l'année 1910
HATT est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
Prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey pour l'année 1910.
— Des prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1910
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
du prix Gay pour l'année 191 3
HAUDIE (E.). — Loi générale du ren-
dement relative à un générateur ou
à im récepteur avec branche dérivée.
Cas des dynamos
HAUTIER (Camille). — De la com-
pression d'air adiabatique appliquée
à un véhicule niù par un moteur
à explosion pour remplacer les
transmissions mécaniques
IIECKEL (Edouard) fait hommage
à l'Académie du Tome VU des
' .\nnales du Musée colonial de Mar-
seille »
IIEGYI. — Ouehiues observations sur
le pied noir de la Pomme de terre.
HELBRONXER (André), RECKLING-
IIAUSElN (Max de) et HENRI
(Victor). — Stérilisation de grandes
quantités d'eau par les rayons
ultraviolets
âges.
i354
367
I025
1573
367
il 5
367
367
367
908
■>\1
9J2
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
HELBRONNER (Paul). — Sur les
jonctions de la chaîne méridienne
de Savoie avec la triangulation fon-
damentale italienne et suisse 208
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 362
HEMSALECH (G.-A.). — Sur la durée
de l'émission de raies spectrales par
les vapeurs lumineuses dans l'étin-
celle électrique 1743
HEMSALECH (G.-A.) et WATTE-
"V'ILLE (C. de). — Sur le spectre
de flamme à haute température
du fer 329
HE NN ECU Y est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours des prix : Savigny. Thore
pour l'année 1910 445
— Des prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgate pour l'année 1910. . . 445
— Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux,' Lallemand,
Martin-Damourette, Pourat pour
l'année 1910 445
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter une question :
de prix Pourat pour l'année 1910. 445
— De Grand Prix des Sciences phy-
siques pour l'année 191 3 5o8
HENRI (Victor) et CERNOVODEA-
NU (Ml'c P.). — Étude de l'action
des rayons ultraviolets sur les
microbes 52
— Comparaison des actions photoehi-
miques et abiotiques des rayons
ultraviolets 549
— Action des rayons ultraviolets sur
les microorganismes et sur diffé-
rentes cellules. Etude microchi-
mique 729
HENRI ( Victor ), HELBRONNER
(An'drk) et RECKLINGHAUSEN
(Max dk). — Stérilisation d(>
grandes quantités d'eau par les
rayons ultraviolets 932
IIENRIOT (E.). — Sur les rayons du
potassium i75o
IIÉRIBAUD-JOSEPH. — Recherches
sur les Diatomées des travertins
déposés par les eaux minérales de
Sainte-Marguerite (Puy-dc-Dùme). Gi
1847
Pages.
i333
1233
411
C. H., 191
Semestre. (ï. I.'.O.)
M, M.
HÉRISSEY (H.) et COUSIN (H.). —
Sur le déhydrodicarvacrol
HERRGOTT. — Le thermophile élec-
trique : tissus, tapis, tricots chauf-
fant par l'électricité
HESSE (Ed.) et LÉGER (L.). — Cnido-
sporidies des larves d'Éphémères. .
HINKS (Arthur-R.). — La parallaxe
solaire déduite des observations
micrométriques d'Éros faites en
1900-1901 953
HITTORF est élu Associé étranger 668
HOLDERER (Maurice). — Influence
de la réaction du milieu sur la fd-
tration de quelques diastases du
malt 285
— • De la fdtration des diastases 790
HOLDERER (M.) et BERTRAND
(Gabriel). — Nouvelles obser-
vations sur l'individualité de la
cellase 23o
HORAND (R.) et HORDIER (H.). —
Action des rayons ultraviolets sur
les trypanosomes 634
— Action des rayons ultraviolets sur
les trypanosomes 886
HOUARD adresse un Rapport sur ses
travaux exécutés à l'aide de la sub-
vention accordée sur le fonds Bona-
parte i655
HOULLEVIGUE. — Sur la dimension
des éléments matériels projetés par
les cathodes des tubes à vide 1287
— Errata relatifs à cette Communi-
cation 1470
— Sur la formation des dépôts catho-
diques i683
IIUGGINS (Sir William). — Sa mort
est annoncée à l'Académie 1^79
HUMBERT (G.). —Sur les minima des
classes de formes quadratiques bi-
naires et positives 43l
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques, du prix Fraiicœur, du pri.x
Poncelet pour l'année 1910 366
— Du prix Caméré pour l'année 1910. . . 5o7
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter une question :
de prix Bordin pour l'année 191 3. . . 36G
— De prix Vaillant pour l'année 1913.. J08
i848
TABLE DES AUTEURS.
I
MM. 1
IDRAC (P.) et BERNARD (A.). —
Deuxième série de recherches sur la
coini'lc de Halley et son spectre à
MM. Pages.
l'Observatoire de Meudon 1161
IDRAC (P.) et DESLANDRES (H.l. —
Sur le spectre de la comète 1910 a . . 653
J
JABOIN (A.), DOMINICI (H.) et PETIT
(G.). — Sur la radioactivité persis-
tante de l'organisme résultant de
l'injecliou intraveineuse d'un sel de
radium insoluble et sur ses appli-
cations 726
JAMMES (L.) et MARTIN (A.). — Sur
l'adaptation des Nématodes para-
sites à la température des hôtes .... l^l'è
JANISZEWSKI (Sigismond). — Con-
tribution à la géométrie des courbes
planes générales 606
JAUBERT (George-F.). — Ouverture
d'un pli cacheté renfermant une
Note intitulée : « Procédé de régé-
nération de l'air vicié » l574
JAVELLE, CHARLOIS et SCIIAU-
MASSE. — Sur la comète 1910 a.
Observations faites à Nice 3o3
JAVILLIER (M.). — Sur la migration
des alcaloïdes dans les greffes de So-
Janées sur Solanées l36o
JÉGOU (Paul). — Détecteur électro-
lytique très sensible fonctionnant
sans force électromotrice auxiliaire. 1807
JOBIN (A.) est présenté en seconde
ligne à M. le Ministre de l'Instruction
publique pour une place do Membre
artiste du Bureau des Longitudes,
vac^ante par le décès de M. Gautier. 1024
JOLEAl'D (L.). — Sur l'évolution de
l'hydrographie quaternaire dans la
région de Constantine (Algérie) 1081
JOLIBOIS (Piekre). — Sur deux nou-
veaux phosphures de nickel loô
JORDAN est élu Membre d'une Com-
mission qui devra proposer des listes
de candidats à deux places d'Asso-
ciés étrangers 444
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger les Concours du
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques; des prix Francœur, Poncelet
pour Tannée 1910 366
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter une question :
de prixBordin pour l'année 1913. . . 366
— De prix Vaillant pour l'année 191 3. 5o8
JOUBIN (L.). — Sur une jeune spirule.. 4i4
JOUGUET (E.). — Impossibilité de cer-
taines ondes de choc et combustion. 91
JOURDAIN (P.-Roger). — Sur l'alu-
mine provenant de 1 oxydation à
l'air de l'amalgame d'aluminium. . . 391
JOXE (Auguste). — Sur les modes d ou-
verture des akènes et des noyaux
au moment de leur germination. . . . 626
JUNGFLEISCIl. — Est élu membre de
de la Commission chargée de juger les
Concours des Prix Jecker, Cahours,
Montyon (Arts insalubres). Alhum-
bert pour l'année 1910 367
KAMERLINGH ONNES (H.), BEC-
QUEREL (Henri) et BECQUEREL
(Jean). — Phosphorescence des sels
d'uranyle aux très basses tempé-
ratures
KAMERLl.NGIl ONNES et WEISS
(Piehue). — L'intensité d'aimanta-
tion à saturation aux très basses
températures 086
— Sur les propriétés magnétiques du
manganèse, du vanadium et du
chrome 687
KERFORNE (F.). — Note sur un lilon
aurifère situé à Beslé (Loire-Infé-
férieurc) 224
— Sur les mouvements préhercyniens
TABLE DES
MM. l'ages,
du Massif breton 484
KÉRILLIS (de). — L'auTore boréale.
Lois et théories héliodjTiamiques.. 1296
KILIAN (\V.) fait hommage de divers
travaux relatifs à la géologie et à la
paléontologie du sud-ouest de la
Franc^ et des îles Sevmour et Snow-
Hill ." 80
— Ln nouvel exemple de phénomènes
de convergence chez les Ammoni-
tidés; sur les origines du groupe de
l'Ammanites bicurfatus Mich. (sous-
genre Saynella Kil. ) l5o
KLIA'G (André). — Nouvelle méthode
de dosage de l'acide tartriquc droit. 616
KOCH (Robert). — Sa mort est annon-
cée à l'Académie i379
KŒNIGS (G.). — Sur les courbes conju-
guées dans le déplacement relatif
AUTEURS. 1849
MM. Pages.
le plus général de deux corps 22
Voir Dcirbou-r.
KOH.VABREST (E.). — Action de la
chaleur sur l'aluminium dans le vide. 169
— Sur les azotures et les oxydes extraits
de 1 aluminium chaulfé à 1 air .... 918
— Sur les azotures et les oxydes extraits
de l'aluminium chauJIé à l'air 1757
KRYLOFF (NicoL.Ys). — Sur les déve-
loppements procédant suivant les
polynômes hypergéométriques 3l6
KTENAS (CoNST.-A.) et NÉGRIS (Ph.)
— Sur la présence des couches à
Ellipsaclinia aux monts Vardussa
et sur la zone orientale du flysch
d'Etolie en Grèce 748
KL'HN (JuLius). — Sa mort est annon-
cée'à l'Académie gSS
LABBÉ est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le Concours :
des prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, du baron Larrey, BeUion,
Mège, Dusgate pour l'année 1910. . . 445
LABORDE (A.) et DUANE (\V.). — Sur
les mesures quantitatives de l'éma-
nation du radium 1421
LACROIX (A.). — Sur l'existence à la
côte d'Ivoire d'une série pétrogra-
phique comparable à celle de la
charnockite 18
— Remarques à la suite de la communi-
cation du Rapport de M. Charcot
sur son expédition polaire. 768
— Fait hommage de la deuxième Partie
du Tome III de sa « Minéralogie de
la France et de ses colonies » 83o
— Sur la constitution minéralogique
des phosphorites françaises I2l3
— Sur le minéral à structure optique en-
roulée constituant les phosphorites
holocristalliries du Quercy i388
LAPA Y (A.). — Sur une modification de
la résistance de l'air produite par des
rugosités convenablement disposées
sur la surface d'un corps i3l2
LAGRIFFOUL et RODET (A.). —
Sérothérapie de la fièvre typhoïde;
résultats cliniques 74 1
LAGRIFFOUL et ROGER. — La lièvre
de Malte en France 800
LALLEM_AND (Ch.). — Sur une erreur
systématique de la détermination
du nivau moyen de la mer, à l'aide
du médimarémètre 265
— Prie l'Académie de le compter au
nombre des candidats au siège
vacant, dans la Section de Géogra-
phie et de Navigation, par le décès
de M. Bouquet de la Gri/e 262
— Est présenté en première ligne comme
candidat à la place vacante, dans la
Section de Géographie et Naviga-
tion, par suite du décès de M. Bou-
quet lie la Grye 645
— Est élu Membre de la Section de Géo-
graphie et Navigation en rempla-
cement de M. Bousquet de la Grye. . 667
LANDERER (J.-J.).— Sur la polarisa-
tion de la lumière luuaire I164
LANDSTEINER (K.) et LEVADITI
(C). — La paralysie infantile expé-
rimentale 55
— Recherches sur la paralysie infan-
tile expérimentale l3l
LANNELONGUE. — Une fonction sup-
plémentaire du pied dans la race
jaune 5o3
— Rappelle tme Communication de
i85o
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages,
de J. Regnaiild sur le pied des Hin-
doux 58g
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Savigny, Thore pour l'année
1910 445
— Des prix Montyon, Barbier, Bréant,
Godard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dugaste pour l'année 1910. . . 445
LAPICQUE (M. et M-n^ L.). — L'addi-
tion latente et ses rapports avec le
paramètre chronologique de l'exci-
tabilité 796
LAPORTE (F.) et GORGE (P. de la).
— Recherches effectuées au Labora-
toire central d'Electricité sur l'équi-
valent électrochimique de l'argent. 278
LAPPARENT (Jacques de). — Sur les
roches basiques de Saint-Quay-
Portrieux (Côtes-du-Nord) et leurs
rapports avec les fdons de pegmatite
qui les traversent 980
LAPPARENT (Jacques de) et TER-
MIER (Pierre). — Sur la manzo-
nite de Fontaine-du-Génie, près
Cherchel (Algérie) et sur les micro-
monzonites de la région avoisinante. l484
LAROSE (H.). — • Sur l'équation des
télégraphistes 680
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 894
— Sur deux suites de solutions de
l'équation des télégraphistes i4l8
— Sur la propagation d'une disconti-
nuité sur une ligne télégraphique
munie d'un transmetteur 1788
LASSIEUR (A.) et HALLER (A.). —
Etude des échappées du beurre de
coco. Composition de l'essence de
coco ioi3
LATTES (S.). — Sur la convergence des
relations de récurrence 1 106
— Sur les séries de Taylor à coefficients
récurrents l4l3
LAUNOY (L.). — Sur certaines enclaves
protoplasmiques de la cellule hépa-
tique normale du lapin Il 45
LA VALLÉE (A.) et CAULLERY (M.).
— Recherches expérimentales sur les
phases initiales de l'infection d'une
Ophiure [Amphiura squainala] par
un Orthonectide (Bhopalura ophio-
comse) 1 78 1
LAVERAN (A.) fait hommage à l'Aca-
démie du Tome II du « Bulletin de
la Société de pathologie exotique ».
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon, Barbier, Bréant, Go-
dard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgate pour l'année 1910.. .
— Des prix Montyon (Physiologie expé-
rimentale), Philipeaux, Lallemand,
Martin-Damourette, Pourat pour
l'année 1910
— Du prix Lonchampt pour l'année 1910.
— ■ Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Pourat pour l'année igiS. . .
LÉAUTÉ (André). — Surintensités et
surtensions dues à la manœuvre des
interrupteurs de tableau
LÉAUTÉ (H.) est désigné pour faire
partie du Conseil de perfectionne-
ment de l'École Polytechnique au
titre de représentant de l'Académie
des Sciences
— ^ Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon, Fourneyron pour
l'année 1910
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey, pour l'année 1910.
— Du prix Caméré pour l'année 1910. . .
LEBEL (J.-A.). — Observation de l'ioni-
sation de l'air on vase clos pendant
le passage de la comète de llalley. . .
LEBESGUE (Henri). — Sur l'intégrale
de Stieltjes et sur les opérations
fonctionnelles linéaires
LÉCAILLON (A.). — Sur la structure
et la signification de la membrane
qui enveloppe la sphère vitelline
de l'œuf des Oiseaux
LE CHATELIER est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours : des prix Jecker, Cahours,
Montyon (Arts insalubres), Alliuni-
bert pour l'année 1910
— Du prix Caméré pour l'année igio. . .
LECOCQ DE BOISBAI DRA.N. — La
truffe peut-elle se replanter?
LECOQ. — Sur une solution colloïdale
d'arsenic métalloïdique pur
— - Toxicité de l'arsenic métalloïdique. . .
LÉGER (E.). — Sur l'aloïnose ou sucre
d'aloïnc
— Sur l'aloïnose cristallisé; son identité
5o7
445
445
445
445
444
367
367
507
1872
240
367
5o7
1402
700
887
983
TABLE DES AUTEURS.
l85l
M\l. Pages,
avec l'arabinose-rf lôgS
LÉGER (L.) et HESSE (Ed.). — Cnido-
sporidies des larves d'Ephémères. . 4ll
LEMOLNE (G.) et DOUMER (E.). — Sur
les douleurs névralgiques rebelles
qu'on observe chez les hypertendus. 565
LEMOIiNE (Georges) rappelle, à propos
d'une communication de M. Vielle,
les nombreuses expériences de tir
contre la grêle qui ont été faites
en Italie 1090
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des prix
Jecker, Cahours, Montyon (Arts in-
salubres), Alhumbert, pour l'année
1910 367
LE ROUX (J.). — Sur les formes qua-
dratiques définies à une infinité de
variables 88
— Sur les conditions de maximum ou
de minimum d'une fonction analy-
tique d'une infinité de variables .... 202
— Les formes quadratiques positives et
le principe de Dirichlet 377
— Sur la distribution des torsions dans
la déformation infinitésimale d'un
milieu continu l4l5
— Sur la flexion l589
LESNÉ (E.), DEBRÉ (R.) et SIMON
(G.). — Sur la présence des germes
virulents dans l'atmosphère des
salles d'hôpital lOoi
LESPIEAU. — • Sur le méthylacétényl-
carbinol 1 1 3
— Sur l'hydrogénation des composés
acétyléniques 1761
LETOMBE (L.). — Étude géométrique
de la distribution des machines à
distributeurs séparés 1736
LEVADITI (C.) et LANDSTEINER
(K.). — La paralysie infantile expé-
rimentale 55
— Recherches sur la paralysie infan-
tile expérimentale i3l
LEVY (Maurice) est élu membre des
Commissions chargées de juger
les Concours : du Grand Prix
des Sciences mathématiques, prix
Francœur, prix Poncelet pour l'an-
née 1910 366
— Des prix Montyon, Fourneyron pour
l'année 1910 367
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey pour l'année 1 9 1 o . . 867
MM. Pages.
— Des prix Hébert, Hughes, Kastner-
Boursault, Victor Raulin pour l'an-
née igio 367
— Des prix Gegner, Lannelongue et Tré-
mont pour l'année 1910 445
— Du prix Wilde pour l'année 1910. .. . 445
— Du prix Jérôme Ponti pour l'année
1910 5o7
— ■ Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Bordin pour l'année 1910. . . 366
LÉVY (Michel) est élu membre de la
Commission chargée de juger le
Concours du prix Caméré pour l'an-
née 1910 5o7
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de Grand Prix des Sciences physi-
ques pour l'année 191 3 5o8
Voir Michel-Lévij.
LÉVY (Paul). — Sur les équations inté-
grales non linéaires 899
LICHTENSTEIN (Léon). — Sur la
définition générale des fonctions
analytiques U09
LIMB (C.) et NANTY (T.). — Observa-
tions des variomètres magnétiques
de l'Observatoire de Fourvière, à
Lyon, pendant la nuit du 18 au
19 mai 1373
LINDET (L.). — Sur le rôle de la levure
en boulangerie 802
LIORET. - — Transformation en courbes
des tracés du phonographe i44o
LIPPMANN (G.). — Sismographe k
colonne liquide 363
— Est élu membre d'une Commission
qui devra proposer des listes de
candidats à deux places d'Associés
étrangers 444
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de
M. Agassi: l49I
— Frein pour balance, en forme de fil
à plomb i563
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Pierre Guzman, Lalande, Valz,
Janssen, pour l'année 1910 367
— Des prix Hébert Hughes, Kastner-
Boursault, Victor Raulin pour l'an-
née igio 367
TABLE DES AUTEURS.
M\l. Tciges.
— Du prix \^'ilJe pour raniiée 1910. .. . 445
— Du prix Jloullevigue pour l'aunéo
igio 5o8
— Est élu membre de la Comnùssioii
chargée de présenter une question
de prix Vaillant pour l'année 19 10. . 5o8
LOMBARD (Mauhice). — Sur les effets
chimiques et biologiques des rayons
ultraviolets .... 227
LÛUGUININE (W.). — Détermination
des quantités de chaleur dégagées
lors de l'addition du brome à quel-
ques substances non saturées 91 5
LONGUININE (W.) et DUPONT (G.).—
Chaleur de fixation de l'acide-brom-
hydrique de quelques composés
étliyléniques 1 346
LOUISE (E.). — Sur une nouvelle mé-
\1M. Pages,
tliode d'analyse par les courbes de
miscibilité; application aux essences
de térébenthine 526
LOWELL (Percival). — Nouveaux
canaux de la planète Mars 448
— Sur la nouvelle méthode de photogra-
phie planétaire employée à l'Obser-
vatoire Lowell.à Flagstafï (Arizona). 1026
LUCAS (Mi'e Pauline). — Action des
dérivés orgauo-magnésieus sur les
trialcoylacétophénones Io58
LUIZETetGUILLAUME(J,). — Obser-
vations de la comète Innés (1910 a),
faites à l'Observatoire de Lyon 3oi
— Sur les apparences de la comète de
Halley l492
LUTZ (L.). — Sur le mode de formation
de la gomme adragante 1 184
M
MAGNAN (A.). — Influence du régime
alimentaire sur l'intestin chez les
Oiseaux 1 706
MAHLER (P.). — De l'action de l'air sur
la houille iSai
MAHLER (P.) et CHARON (E.). —
Examen des liquides dégagés par
l'action de l'air sur la houille entre
123° et 200" 1604
MAIGNON (F.). — Influence des glandes
génitales sur la glycogénie 721
MAILHE (A.) etSABATIER (Paijl).—
Sur le mécanisme de déshydratation
des alcools par catalyse au moyen
de divers oxydes métalliques 828
— Méthode générale de préparation di-
recte des thiols par catalyse à partir
des alcools 1217
— Sur la formation et le dédoublement
des thiols; synthèse des sulfures
neutres alcooliques 1 569
MAILLET (Edmond) et NOUAILHAC-
PIOCII. — Sur les crues de la Seine
en janvier-février igio 8l3
MAIRE (René) et TISON (Adrien). —
Sur quelques Plasmodiophoracées . . 1768
MALCLËS (Louis). — Sur l'effet de la
pénétration dans les diélectriques. . iSig
MALFITANO (G.) et MOSCIIKOFF
(M"e j^ )_ — . gur ja coagulation de
la malicrc amylacée par congéla-
tion 710
MAMELLE (Th.). — Sur l'emploi du
cyanure de potassiuni comme insec-
ticide souterrain 5o
MANCEAUX (L. ) et NICOLLE
(Chaules). — Reproduction expé-
rimentale du bouton d'Orient chez
le chien. Origine canine de cette
infection 889
MANGIN est élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Con-
cours : des prix Desmazières, Mon-
tagne, De Coincy, De la Fons-Méli-
cocq, Bordin (Sciences physiques),
pour l'année 1910 368
— ■ Du prix Lonchampt pour l'aunée
1910 445
— - Est désigné pour représenter l'Aca-
démie au III^ Congrès intema-
lioiial quinquennal de Botanique,
en mai 1910, à Bruxelles 848
MANSON (Sir Patrick) est élu Cor-
respondant de l'Académie pour la
Section de Médecine et Cliirurgie. . 262
MAQUENNE est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours : des prix Jecker, Cahours,
Monlyon (Arts insalubres), Alhum-
bert pour l'année 1910 867
— Du prix Saintour pour 1 année 1 910. . 5o7
MARAGE. — La photographie de la
voi.x dans la pratique médicale 232
— Développement de l'énergie de la
TABLE DES AUTEURS.
[853
MM. Pages.
voix 1 193
MARCHAND (Emile). — Phénomènes
observés au Pic du Midi du 18 au ig
mai (passage de la comète de Halley
sur le Soleil) i4o4
— Nouvelles observations concernant les
effets du passage de la Terre dans
la queue de la comète de Halley. . . . 1375
MARCHAND (Erisest-F.-L.). — Le
Plasniodiophora Brassicps Voronin.
parasite du melon, du céleri et de
l'oseille-épinard l348
MARGAILLAN (L.). — Sur la séparation
du saccharose et du lactose par le
ferment bulgare 45
MARIE (A.). — Propriétés neutralisantes
d'une substance isolée du cerveau
normal 1775
MARRET (Léon). — Sur la présence
de plantes alpines aux basses alti-
tudes dans le Valais central 1069
MARTIN (A.) et JAMES (L.). ^ Sur
l'adaptation des Nématodes para-
sites à la température des hôtes. ... 418
MARTONXE (E. de). — Sur la théorie
mécanique de l'érosion glaciaire .... 1 35
— Sur la genèse des formes glaciaires
alpines 243
MARTY (.Joseph). — Sur une équation
intégrale 5 1 5
— Développements suivant certaines
solutions singulières 6o3
— Existence de solutions singulières
pour certaines équations de Fred-
liolm Io3l
— Valeurs singulières d'une équation
de Fredholm '499
MASCART (.Jean). — Photographie
de la comète de Halley '497
MASSOL (P.) et SIZES (Gabriel).
— Inscription photographique des
vibrations d'un diapason I74*i
MASSON (Louis). — Sur l'accoutu-
niance des bactéries aux antisep-
tiques 189
MATRUCHOT (Louis). — Sur un nou-
veau groupe de champignons patho-
gènes, agents des sporotrichoses. . . 543
MAUBANT (E.). — Éléments de la co-
mète Tempel 201
MAURAIN (Ch). — Variation avec la
température des propriétés magné-
tiques du fer dans les champs ma-
gnétiques faibles 777
MM. 1^1 ges.
MAURAIN et WARCOLLIER. —
Action des rayons ultraviolets sur
le vin en fermentation 343
MAURETTE (Laurent) et MAYET
(Lucien). — Découverte d'une
grotte sépulcrale, probablement
néolithique, à Montouliers (Hérault). 1620
MAWAS (J.). — Sur la structure des
cellules nerveuses ganglionnaires
de la moelle amyèlinique des Cyclo-
stomes 126
MAYET (Lucien) et MAURETTE (Lau-
rent). — Découverte d'une grotte
sépulcrale, probablement néoli —
tbique, à Montouliers (Hérault).... 1620
MENNERET. — Mouvements d'un li-
quide dans un tube 964
MERCANTON (Paul). — Stabilité d'ai-
mantation des poteries lacustres.. . i5f)8
MERCIER (L.) et CUÉNOT (L.l. —
Étude sur le cancer des Souris. L'hé-
rédité de la sensibilité à la greffe
cancéreuse l443
MESLIN (Georges). — Sur la structure
des raies spectrales i3i5
MESTREZAT (\V.) et VILLE (J.). —
Sur l'hydrolyse fluorhydrique de la
cellulose 783
MEUNIER (Jean). — Sur les lois de la
combustion à marche convergente . 781
MEUSEL (Edward) adresse un Mé-
moire en langue allemande sur la
« Thermochimie » G45
METCHNIKOFF. — Fièvre typhoïde
expérimentale 755
MEYER (André). — Sur la condensation
de la phénylisoxazolone avec l'éther
mésoxalique 1 7G5
MICHEL-LÉVY (Albert). — Sur le
gisement des pcchsteins associés
aux pyromérides dans l'Esterel. . . . 75o
Voir Lévy ( Michel ) .
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRAN-
GÈRES (M. le) transmet le désir
exprimé par l'Ambassadeur d'Angle-
terre de voir l'Institut de France se
faire représenter au service funèbre
célébré à la mémoire de S. AI. lé Roi
Edouard VII 1221
MINISTRE DE LA GUERRE (M. le)
invite l'Académie à désigner l'un de
ses Membres, qui remplacera an Con-
seil de perfectionnement de l'École
Polytechnique, M. Bouquet de la
TABLE DES AUTEURS.
i854
MM. Pages.
Grye, décédé 368
MINISTRE DE L'INSTRUCTION
PUBLIQUE (M. le) adresse am-
pliation d'un Décret approuvant
l'élection de Lord Rayleigh comme
Associé étranger agS
— Adresse ampliation du Décret ap-
prouvant l'élection de JM. Adolphe
von Bayer comme Associé étranger. . 363
— Adresse ampliation du Décret auto-
risant l'Académie à accepter le legs
fait à son profit par M. Claude-Léon
Demolombe 447
— Adresse ampliation du Décret por-
tant approbation de l'élection que
l'Académie a faite de M. J.-D. fan
der Waals comme Associé étranger. . 489
— Invite l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats au poste de
Membre artiste, vacant au Bureau
des Longitudes par le décès de
M. Gautier 668
— Adresse ampliation du Décret por-
tant approbation de l'élection de
M. Richard Dedekind comme Associé
étranger 755
— Adresse ampliation du Décret por-
tant approbation de l'élection de
M. Charles [.allemand comme
Membre de la Section de Géogra-
phie et Navigation 755
— Invite l'Académie à désigner un de
ses Membres qui remplacera, dans
la Commission technique de la
Caisse des recherches scientifiques,
M. Bornet, démissionnaire 708
— Invite l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats au poste de
Membre du Bureau des Longitudes,
vacant par le décès de M. Bouquet de
la Gri/e 764
— Invite l'Académie à lui désigner ceux
de ses Membres qui pourraient se
rendre comme délégués de son Dé-
partement au ///'■ Congri's interna-
tional quinquennal de Botanique,
à Bruxelles, en mai 1910 76}
— Invite l'Académie à lui désigner ceux
de ses Membres qui pourraient se
rendre, comme délégués de son
Département, avi Congrès interna-
tional d'Hygiène alimentaire, à Bru-
xelles, en octobre 1910 764
— Adresse ampliation du Décret approu-
MM. Pages,
vant l'élection de M. Hittorf comme
Associé étranger 828
— Invite l'Académie à lui faire con-
naître ceux de ses Membres qui
pourraient se rendre, comme délé-
gués de son Département, au XI''
Congrès géologique international, à
Stockholm I025
— Invite l'Académie à lui désigner
deu.\ de ses Membres qui pourraient
se rendre, comme délégués de son
Département, au //'' Congrès inter-
national du Froid 1094
— Invite l'Académie à lui présenter une
liste de deux candidats à la chaire
de Zoologie (Reptiles et Poissons)
vacante, au Muséum d'Histoire
naturelle, par la mise à la retraite
de M. Vaillant i655
MINISTRE DE L'INTÉRIEUR (M. le)
invite l'Académie à désigner l'un de
ses Membres pour remplacer, dans
le Conseil d'administration de la
fondation Carnegie, M. Bouquet de
la Grye, décédé 80
MIRIMANOFF (D.). — Sur le dernier
théorème de Fermât 2o4
MOLLERUP (JonANNEs). — Une re-
marque sur les équations intégrales
de première espèce 3l3
MONACO (S. A. S. LE Prince Al-
bert de). — Sur la douzième cam-
pagne scientifique de la Princesse-
Alice 1396
— Sur les travaux océanographiques
du Musée de Monaco 1 397
— Présente une nouvelle feuille de la
« Carte des gisements de Mollusques
comestibles des côtes de France »,
dressée par M. Joubin iSgS
— - Fait hommage à l'Académie d'un
exemplaire de la médaille frappée à
l'occasion de l'inauguration du Mu-
sée océanographique do Monaco.. . . i4o3
MONTESSUS DE BALLORE (de). —
Sur le barographe considéré comme
sismoscope enregistreur 586
MOREAU (L.) et Vi:<ET (E.). — L'ar-
séniate de plomb en viticulture. . . . 787
MOSCHKOFF (M"« A.) et MALFI-
TANO (G.). • — Sur la coagulation de
la matière amylacée par congéla-
tion 71»
MOSSO (A.) rappelle que la France peut
TABLE DES AUTEURS.
l855
MM. Pages,
disposer de deux places d'études
sur le sommet du Mont Rose et dans
les laboratoires du Col d'Olen i492
MONTEIL (Le lieutenant-colonel)
prie l'Académie de le compter au
nombre des candidats au siège va-
cant, dans la Section de Géographie
et Navigation, par le décès de
M. Bouquet de la Grye 262
MOULIN (Marcel) et BAUER (Ed-
mond). — Sur la constante de la loi
de Stefan et le rayonnement du
platine 167
— Sur l'éclat du Soleil et la constante
solaire 1 658
MOUREU (Ch.) et BONGRAND
(J.-Ch.). — Sous-azoture de car-
bone C- N* 225
MOUTIER (A.). — Du rôle de la paroi
\IM. Pages,
artérielle dans la mesure de la pres-
sion artérielle en clinique 1 1 38
MOUTON (H.) et COTTON (A.).
— Sur la biréfringence magnétique et
électrique des liquides aromatiques
et sur la théorie de l'orientation
moléculaire 774
— Sur la relation de Havelock entre la
biréfringence et l'indice de réfrac-
tion 857
MUNTZ (A.). — L'entraînement du
limon des terres par les eaux de la
Seine 257
— - La lutte pour l'eau entre les orga-
nismes vivants et les milieux natu-
rels 1 390
^ Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours du prix
Saintour pour l'année 1910 5o7
NAGEOTTE (J.). — Sur une nouvelle
formation de la gaine de myéline :
le double bracelet épineux de l'étran-
glement annulaire 123
— Etude microscopique, sur le vif, de
l'activité de la myéline au cours
de la dégénération wallérienne des
nerfs 557
— Activité de la gaine de myéline dans
les nerfs en état de survie 73 1
NANTY (T.) et LFMB (C). — Observa-
tions des variomètres magnétiques
de l'Observatoire de Fourvière, à
Lyon, pendant la nuit du 18 au
19 mai 1373
NÈGRE (L.) et BRIDRÉ (J.). — Sur la
nature du parasite de la lymphan-
gite épizootique 998
— Sur la nature du parasite de la lym-
phangite épizootique 1265
NÉGRIS (Ph.) et KTENAS (Const.-A.).
— Sur la présence de couches à
Ellipsactinia aux monts Vardussa
et sur la zone orientale du flysch
d'Italie en Grèce 748
NICLOUX (Maubice). — Décomposi-
tion du chloroforme dans l'orga-
nisme 1 260
— Sur les produits de décomposition
du chloroforme dans l'organisme. . . 1777
G. K., 1910, I" Semestre. (T. 150.)
NICOLAU. — Sur la variation dans le
mouvement de la Lune l656
NICOLLE (Charles) et MANCEAUX
(L.). — • Reproduction expérimen-
tale du bouton d'Orient chez le chien.
Origine canine possible de cette
infection 889
NODON (Albert). — Recherches sur le
magnétisme terrestre 75 1
— Recherches sur l'ionisation de la
source chaude des thermes d'Ham-
man-Salahin, près de Biskra io83
— Adresse une Note intitulée « L'ori-
gine planétaire des perturbations
solaires » 249
— Adresse des « Observations astro-
physiques et météorologiques au
Sahara » 1278
NOËL. — Les infiltrations sur le massif
du Zaghouan (Tunisie) 171 1
NOGIER (Th.), ROCHAIX et COUR-
MONT (Jules). — L'eau stérilisée
parles rayons ultraviolets contient-
elle de l'eau oxygénée? Pouvoir sté-
rilisant de l'eau oxygénée i4Vj
NOMBLOT (Louis). — Sur la réduction
des dérivés nitrosés de l'acétyl- et
du benzoylhydrazobenzène JJ^■
NORDMANN (Charles). — Sur l'éclat
intrinsèque du Soleil 18
242
^
rSSfi
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
— Remarques au sujet de la Communi-
cation précédente 83 1
• — Sur les atmosphères absorbantes
et les éclats intrinsèques de quelques
étoiles 669
— Errata relatifs à cette Communica-
MM.
Pages
— Sur l'éclat de la comète de Halley
et la composition de la lumière. . . . 1782
NOUAILHAC-PIOCH et MAILLET
(Edmond). — Sur les crues de la
Seine en janvier-février 1910 8l3
o
OBERREIT. - Sur la synthèse de l'in-
digo tétrachloré-5 . 7-5' . 7 282
OBIEDOFF, URBAIN (G.) et BLON-
DEL(M.). — Extraction des blendes. 1758
OLLIVIER (H.). — Réaimantation
spontanée du fer lo5l
OUIVET. — Sur une application des
transformations birationnelles io36
— Sur l'équation différentielle du mou-
vement d'un projectile sphérique
pesant dans l'air 1 229
OXNER (MiEczYSLAw). — Analyse bio-
logique du phénomène de la géné-
ration chez Lineus ruber (Mùll.) et
Lineus lacteus (Rathke) 1618
PACHON (V.) et PERROT (Em.). —
Sur l'action cardio-vasculaire du
café vert, comparée à ccUe'de doses
correspondantes de caféine I703
l'ACOTTET (P.) et VIALA (P.). — Sur
la culture du Rœsleria de la vigne . . 1770
PAINLEVÉ (P.) est élu Membre de la
Commission chargée de juger le Con-
cours du Grand Prix des Sciences
mathématiques, des prix Francœur,
Poncelet pour l'année 1910 366
• — Est élu Membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Bordin pour l'année 191 3. . 366
PARISELLE. — Sur l'éther éthylique
de l'allylcarbinol 10S6
— Sur ime nouvelle synthèse de l'éry-
thrite naturelle et de l'érythrite
racémique 1 343
PASCAL (Paul). — Mesure des suscep-
tibilités magnétiques des corps
solides lo54
— Analyse magnétique de quelques
groupements chromophoriques 1 167
— Sur la précision des méthodes de
mesure des susceptibilités magné-
tiques i5i4
FEREZ' est élu Correspondant pour la
Section d'Anatomie et Zoologie, en
tomplacomont de M. Lorlet, décédé. . . i4o3
PERICAS cl CIRERA. — Résumé des
observations faites sur la comète de
Ilalley à l'Observatoire de l'Ebre
(Espagne) ' : 1576
PEROT (A.). -— Sur l'arc au mercure
dans le vide 1 5 1 5
. — Sur quelques particularités de l'arc
au mercure dans le vide 168 J
PÊROUX (F.). — Sur le forage du puits
artésien de Maisons-Laflûtte Sg
— Sur la minéralisation et l'analyse chi-
mique de l'eau du puits artésien de
Maisons-LafBtte 142
PERRIER (Edmond) fait connaître
l'état du Muséum après l'inonda-
tion :>.5g
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de
M. Agassiz , 1491
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les concours : des
prix Tchiatchef, Gay, Binoux, Dela-
lande-Guérineau pour l'année 1910. 367
— Des prix Desmazières, Montagne,
De Coincy, De la Fons-Mélicocq,
Bordin (Sciences physiques) pour
l'année 1910 368
— Des prix Savigny, Thore pour l'an-
née 1910 445
— Des prix Montyon, Barbier, Bréant,
TABLE DES
MM. Pages.
Godard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgate pour l'année igJO. . . 445
— Du prix Jérôme Ponti pour l'année
1910 5o7
— Du prix Houllevigue pour l'année
1910.. 5o8
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter une question :
de prix Gay pour l'année iQlS. . . . 867
— De Grand Prix des Sciences mathé-
matiques pour l'année 191 3 5o8
PERROT (Em.) et PACHUN (V.). —
Sur l'action cardio-vasculaire du
café vert, comparée à celle de doses
correspondantes de caféine 1708
PETOT (A.). — Sur le mode d'action des
roues motrices 960
PETIT (G.), JABOIN (A.) et DOMI-
NICI (H.). — Sur la radioactivité
persistante de l'organisme résultant
lie l'injection intraveineuse d'un sel
de radium insoluble et sur ses appU
cations
PHISALIX (M"'»).— Action physiolo-
gique du mucus des Batracien? «Kr
ces animaux eux-iui'p
Serpents; riUto "
que celle du • _.
— Immunité natn'-'^"^ ""* lidtraci.jus
et des Se>'-n>ent» contre le vcuii.
muqueu- -^ "^^ '" ' " ''t'
decettr^'inm 1,3
PICARD (,f A.LfBL
Cù,
Co
tistû_î" ■ jicjur l'annét Ij "-*■■
— Du pfcx Camcré pour l'année lyto .
— Est élu membre do la Commission du
Fonds Bonaparte pour 1910 «t igî i . 390
PICARD (Emile). — Discours prononcé
en prenant place au fauteuil de la
Présidence 16
— 1 Fn théorème général sur certaines
équations intégrales de troisième
espèce 489
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à l'Assemblée générale de
l'Association internationale des Aca-
démies, à Rome, en mai 1910 896
— M. le Président rend compte de la
dernière session de la Réunion inter-
nationale des Académies 1279
— M. le Président donne lecture d'une
dépêche du Président de l'Acadé-
AUTEURS. 1857
MM. Pages.
mie royale des Beaux-Arts de Flo-
rence, témoignant sa sympathie
pour la France à la suite des inon-
dations 253
— M. le Président donne lecture d'une
dépêche de M. Blaserna, Président
de l'Académie royale des Lincei,
transmettant ses profondes condo-
léances pour le fléau qui a désolé
une grande partie de la France . . . 363
— M. le Président remercie, au nom de
l'Académie, ses Associés et Corres-
pondants anglais de leur générosité
envers les victimes des inondations. 672
— M. le Président donne lecture d'une
lettre du Prince de Monaco invitant
l'Académie à se faire représenter à
la cérémonie d'inauguration du
Musée océanographique de Monaco. 43 1
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie à cette inauguration 43 1
M. le Président rend compte des fêtes
de l'inauguration du Musée océa-
nographique de, Monaco 848
— M. \eM-,'^itdent annonce à l'Académie
la mort de ;\I. Al. Agaisiz 847
' le Président aimoncr la mort do
M. llobcrt Koch, Associé étranger, et
j celle de Sir William Iluggins, Cor-
responda'nt pour la Section d'Astro-
uomie 1 379
"■' le Président annonce à l'Académie
u'en raison des fêtes de Pâques la
séance 'lu lundi 28 mars est remise
au ma'^di 29 755
i^st élu inembre des Commissions
:( irgées de juger les Concours :
!ii Grand Prix des Sciences mathé-
.laatiques, des prix Francœur, Pon-
celet pour l'ar2:^i? 1910 366
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour l'année 1910 44 J
— ■ Des médailles Arago, Lavoisier, Ber-
thelot pour l'année 1910 445
— Des prix Gegner, Lannelongue et Tré-
mont pour l'année 19 10 445
— Du prix Wilde pour l'année 1910. . . . 445
— Du prix Houllevigue pour l'année
1910 5o8
— Est élu membre des Commissions
chargées de présenter une question
de prix Bordin pour l'année 1913... 366
— De prix Vaillant pour l'année 191 3.. 5o8
PICARD DU CHAMBON (R.) adresse
i858
TABLE DES AUTEURS.
MM.
un « Mémoire sur l'électricité dans
les végétaux »
PLANCHEREL (Michel). — Sur la re-
présentation d'une fonction arbi-
traire par une intégrale définie
M. LE PRÉSIDENT DE LA LIGUE
MARITIME FRANÇAISE invite
l'Académie à se faire représenter à
l'Assemblée générale, en avril 1910,
à la Sorbonne
M. LE PRÉSIDENT DE LA REALE
ACCADEMIA DEI LINCEI invite
l'Académie à lui indiquer le nom
de ses Membres délégués à l'Assem-
blée générale de l'Association inter-
nationale des Académies, à Rome
en mai 1910
M. LE PRÉSIDENT DE L'ŒUVRE DU
MONUMENT HORACE WELLS-
PAUL BERT invite l'Académie à
se faire représenter à l'inauguration,
le 27 mars à Paris
M. i.E PRÉSIDENT DU Ille CONGRÈS.
1 NTER N'A ru.n'Ai:. -V^E r-H YSIO-
THÉT^APi. ; •■■■■ ! ...:.o, „;,. ., ...
faire rej:.
Paris, er
PR ILLIEUX
Commis-:
des recherches si ientirKiuis
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Desmazières, Montagne, Do
Coincy, De la Fons-Mélicocq, Bor-
din (Sciences physiques) pour l'an-
née l'jlO
— Du^ prix LonchavDpt. pçuf l'annti
19»" •••
POINCARE (H.) faithomraage.
demie du T^rj.-, \\\ de ses « Lui.un^
de Mécanique »
— Fait hommage à l'Académie d'un
Volume intitulé « Savants et Écri-
vains »
— Sur les signaux horaires destinés aux
marins
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : du
Pages.
819
3i8
896
758
MM.
Grand Prix des Sciences mathéma-
tiques, des prix Francœur, Poncelet
pour l'année 1910
— Des prix Montyon, Fourneyron pour
l'année 1910
— Des prix Pierre Guzman, Lalande,
Valz, Janssen pour l'année 1910. . .
— Des prix Hébert, Hughes, Kastner-
Boursault,VictorRauIin pour l'année
1910
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour l'année 1910
— Du prix Wilde pour l'année 1910. . . .
— Du prix Jérôme Ponti pour l'année
1910
— Du prix Houllevigue pour l'année
1910
— Est élu membre des Cortimissions
chargées de présenter une question
de prix Bordin pour l'année IQlS..
— De prix Vaillant pour l'année igiS. .
POMPÉIU (D.). — Sur les singularités
des fonctions analytiques uniformes.
POPOFF (K.). — Obaervationfi de la
comète de Ilalley faites à l'Observa-
■uv-o ^a Sofia (Bulgarie), le 18 mai
■>ao ■.
•■ISTERNAK (?.) e'{ ARNAUD (A.).
- Siu- l'hydrogénation i „.,rtielle des
acides de w série stéaroliqîï ..g g{ g^p
l'isomérie de leurs dérivés moV rjoiod.
hydriques '
— Sur deux nouveaux isonirro^ '"^^^ j.g.
cille stéaroliqiief" -
— Sur I '«""1'^'"' ,ion-^. ,: l'acide oléique
ment de la double liai-
667
II 60
1471
jPOUGl:;! (J.) at CHOUCHAK (D.)
adressent une Nota « Sur l'absorp-
tion de l'acide phosphorique par les
plantes »
POZZI-ESCOT (Emm.) adresse une
Note sur un « Oiseau particulier aux
Andes péruviennes »
— Sur un Oiseau de la famille des Cou-
reurs, particulier aux hauts som-
mets des Andes péruviennes
Pases.
366
367
367
367
445
5o7
5o8
360
5o8
140G
u3o
1245
iSaS
427
819
()
QUIDOR (A.). — ■ Sur la protandrie chez les Lernseopodidee l464
TABLE DES AUTEURS.
1859
R
MM. Pages.
RADAU est élu membre de la Commis-
sion chargée de juger le Concours
des prix Pierre Guzman, Lalande,
Valz, Janssen pour l'année 1910. . . 867
RAMSAY (Sir William) est élu Associé
étranger, en remplacement de M.
Alexandre Agassiz, décédé 1726
RANG (Albert) et BIERRY (II.). —
Sur le dédoublement diastasique
des dérivés du lactose i366
RANGARD. — Contribution à l'étude
de l'audition et de son dévelope-
ment par les vibrations de la sirène
à voyelles 724
RANVIER. — Est élu membre de la
Commission chargée de juger le
Concours des prix Savigny, Thore
pour l'année 1910 445
RATNOVSKI (S.)etGUYE (C.-E.).—
Sur la variation de l'inertie de l'élec-
tron en fonction de la vitesse dans
les rayons cathodiques sur le prin-
cipe de relativité 320
RAWAZ (L.). — Recherches sur l'in-
fluence spécifique réciproque du
sujet et du greffon chez la Vigne. . . 712
RAYLEIGH (Lord) est élu Associé
étranger, en remplacement de
M. Simon Newcomb 198
RECKLINGHAUSEN (Max de), HEN-
RI (Victor) et HELBRONNER
(André). — Stérilisation de grandes
quantités d'eau par les rayons ultra-
violets 982
RECTEUR et le SÉNAT DE L'UNI-
VERSITÉ DE BERLIN (Le) in- ,
vitent l'Académie à se faire repré-
senter aux fêtes jubilaires, du pre-
mier centenaire de l'Université en
octobre igio ig8
RECTEUR et le SÉNAT DE L'UNI-
VERSITÉ DE LEIPZIG (M. le)
adressent à l'Académie une des-
cription des Instituts et Séminaires
de la Faculté de Philosophie Soi
REGAUD (Cl.) et FAVRE (M.). — Sur
certains filaments ayant probable-
ment la signification de mitochon-
dries, dans la couche génératrice de
l'épiderme 56o
MM. Pages.
REM Y (L.) . — Sur les surfaces algébriques
représentables sur celle de Kummer. 677
RENARD (Paul). — Sur la façon de
parcourir en aéronef un itinéraire
rectiligne avec une dépense minima
de travail total 1 66G
REPELIN (J.). — Rôle des dislocations
les plus récentes (post-tortoniennes)
lors du séisme du n juin 1909 809
REVERDIN (Frédéric). — Action de
l'acide sulfurique concentré sur
quelques nitramines aromatiques. 899
— Sur une trinitro-p-anisidine l433
RICCO (A.). — Sur l'éruption de l'Etna
du 28 mars 1910 107S
RIESZ (Frédéric). — Sur certains sys-
tèmes d'équations fonctionnelles
et l'approximation des fonctions
continues G74
ROBIN. — Phénomène del'extinction du
son dans le fer 780
ROBINSON (R.). — Les dimensions du
cœcum et la typhlectasie 689
— Résection des veines aft'luentes de la
crosse de la veine saphène interne . . 1 352
ROCHAIX, COURMONT (Jules) et
NOGIER (Th.). — L'eau stérilisée
par les rayons ultraviolets contient-
elle de l'eau oxygénée? Pouvoir
stérilisant de l'eau oxygénée i453
RODET (A.) et LAGRIFFOUL. —
Sérothérapie de la fièvre typhoïde;
résultats cliniques 74 1
ROGER et LAGRIFFOUL. — La fièvre
de Malte en France 800
ROGER-JOURDAIN (P). — Sur l'oxy-
dation de l'amalgame d'alumi-
nium 1 602
ROMAN. — Surles Rhinocéridés de l'Oli-
gocène d'Europe et leur filiation. . . i558
ROSE. — Sur quelques tropisraes i543
ROSENBLATT (M.) et BERTRAND
(Gabriel). — Sur la température
mortelle des tyrosinases végétales. . 1 142
ROSENBLATT (M. et M»"» M.). — In-
fluence de la concentration en sac-
charose sur l'action paralysante
de certains acides dans la fermen-
tation alcoolique i363
ROSENSTIEHL (A.). — Conséquences
i86o
TABLE DES" AUTEURS.
MM.
Pai'e';
de l'hypothèse d'Young. De la sen-
sation du blanc binaire 235
— Conséquence de la théorie d'Young.
De la construction chromatique
dans l'espace 35o
ROSENTHAL (Pierre). — Ouverture
d'un pli cacheté contenant une Note
intitulée : « De l'emploi de la lumière
bleue artificielle pour le blanchi-
ment des dents » 1 53
ROSSET (Th.). — Sur un nouvel ins-
cripteur du son 1 5l l
ROUCHE est élu membre de la Com-
mission chargée de juger le Concours
flu prix Montyon (Statistique) pour
l'année 1910 /l/i5
ROULE (Louis). — Sur la structure
des protubérances épidermiques de
certains Amphibiens urodèles et
leurs affinités morphologiques avec
les poils 1)1
- — Sur les Poissons de la famille des
Némichthyidés 357
ROUSSANOF (V.). — Sur des lambeaux
de glace fossile en Nouvelle-Zemble. 807
— Sur les terrains paléozoïques de la
Nouvelle-Zemble i55o
ROUX est élu membre d'une Commission
MM. Pa^es.
qui devra proposer des listes de can-
didats à deux places d'Associés étran-
gers
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours : des
prix Montyon, Barbier, Bréant, Go-
dard, du baron Larrey, Bellion,
Mège, Dusgate pour l'année 1910. .
— Du prix Lonchampt pour l'année 1910.
— Du prix Saintour pour l'année 1910. . .
RUFZ (J. de) et COLIN (H.). — Sur
l'absorption du baryum par les
plantes 1174
RUSSENBERGER (J.-H.). — Sur
l'absorption des liquides par les
substances poreuses
RUSSYAN (C.). — Le théorème de M.W.
Stekioff (théorème généralisé de Ja-
cobi) et sur les formules généra-
lisées de la transformation de con-
tact
elalifs
cette Coinmiini-
lirrata
cation
T^a méthode «le .lacobi généralisée
d'intégration du système d'équations
différentielles partielles <lu premier
ordre
444
445
445
5o7
75
81
S
SABATIER (Paul) et MAILHE (A.). —
Sur le mécanisme de déshydratation
des alcoools par catalyse au moyen
de divers oxydes métalliques 823
— Méthode générale de préparation di-
recte des thiols par catalyse à partir
des alcools 1 2 1 7
— Sur la formation et le dédoublement
des ihiols; synthèse des sulfures
neutres alcooliques i Sôg
SAGNAC (G.). — Sur les interférences
de deux faisceaux superposés en sens
inverses le long d'un circuit optique
de grandes dimensions i302
— Interféromètre à faisceaux lumineux
superposés inverses donnant en
lumière blanche polarisée une frange
centrale étroite à teinte sensible
et des franges colorées étroites à
intervalles blancs 1 676
SAINT-RENÉ (H.-C). — Sur une solu-
tion du problème de la vision à dis-
tance 446
SALTYKOW. — - Sur la généralisation
du théorème de S. Lie 1 5oG
— Sur les applications du théorème de
S. Lie généralisé i585
SARTHOU (J.). — Sur la présence dans
le lait de vache d'une anaéroxydase
et d'une catalase 119
SAUSSURE (René de). —Sur les corps
solides opposés i586
SAUTON et TRILLAT (A.). — In-
fluence des atmosphères viciées sur
la vitalité des microbes 743
SAUVAGE (II.-E.). — Le ganglion
d'Andershchezle Phi-ynosome cornu. 734
— La partie thoracique du grand sym-
phatique chez les Sauriens 799
— La partie abdominale du grand sym-
pathique chez les Sauriens 1077
SCAL (Cl.), urbain (Ed.) et FEIGES
TABLE DES AUTEURS.
1861
(A.) — Sur la stérilisation de l'eau
par l'ultraviolet
SCHAFFER (H.), et GUYE (C.-E.). —
Sur le frottement intérieur des mé-
taux aux basses températures
SCIIAUMASSE, JAVELLE et CHAR-
LOIS. — Sur la comète 1910 a.
Observations faites à Nice
SCHLŒSING. — Est élu membre des
Commissions chargées de juger les
Concours ; des prix Montyon, Four-
neyron pour l'année 1910
- — Des prix Jecker, Cahours, Montyon
(Arts insalubres), AIhumbert pour
l'année 1910
SCHOOP (U.). — Nouveau principe
de métallisation
SEBERT. — Est élu membre des Com-
missions chargées de juger les
Concours : des prix Montyon, Four-
neyron pour l'année igio
— Du prix extraordinaire de la Marine,
du prix Plumey pour l'année 1910. .
SECRÉTAIRE de l'AÉRO-CLUB DE
FRANCE (M. le) adresse une
réplique de la médaille olïertc à
M. CaiUelH pour son Jubilé aca-
démique
SECRÉTAIRE de l'INSTITUTION OF
NAVAL ARCIllTECTS (M. le)
invite l'Aïadémin à se faire repré-
senter au Congrrs international des
Itisiénieurx des rnnstnutions niwalcs
et au Génie wnrilimc à Londres, lo
5 juillet 19 U)
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL V)\] XP'
CONGRÈS GÉOLOGIQUE IN-
TERNATIONAL (M. lk) invite
l'Académie à se faire représentera ce
Congrès réuni à Stockholm, en août.
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE LA
SOCIEDAD CIENTIFICA ANTO-
NIO ALZATE (M. le) adresse à
l'Académie l'expression de ses sen-
timents de protonde condoléance à
l'occasion du décès de M. Bouquet de
de la Grye
SÉE (Alexandre) adresse um; Note
intitulée : << Formules de la poussée
des hélices propulsives n
SÉGUIER (de) — Sur le groupe symé-
trique et le groupe alterné
— Errata relatifs à cette Communication.
SEIDLITZ (WiLFRiD von). — Sur les
Pages.
548
9O2
3o3
367
367
lo'i'l
367
367
89<-.
819
83 1
839,
MM. Pages,
granités écrasés (raylonites) des Gri-
sons du Vorarlberg et de l'AUgau. . . 944
SELIBER (G.). — Détermination des
acides volatils dans les produits de
fermentation de quelques microbes
d'après la méthode de Duclaux .... l'iii'j
— Sur la symbiose du bacille butyrique
en culture avec d'autres microbes
anaérobies 1 54 5
— • Sur le virage du pigment de deux
champignons 1 707
SENCIER (Gaston). — Remarque à
propos de la publication, dans les
Mémoires de V Académie, du projet
de dirigeable du général Meusnier. l2o5
SENDERENS (J.-B.). — Préparation
catalytique des cétones aroma-
tiques III
— Catalyse des acides aromatiques. . . . 702
— Cétones dérivées de l'acide benzoïque
et de l'acide phénylacétique l336
SÉRÉGÉ (H.). — • Étude expérimentale
sur la spécificité d'action des sources
de Vichy employées en thérapeu-
tique thermale 1 1 35
SERPEK (J.-O.). — ■ Sur les azotures
et les oxydes extraits de l'aluminium
chaull'é à l'air I 5'20
SERRANT (Emile) adresse une Note
concernant « Certains corps explo-
sifs » 1 205
SÈVE (Piehre). — Sur un nouveau
modèle do balance pour la détermi-
nation des champs magnétiques. . . i>i)9
SILBERZWEIG (C.) et WAHL (A.). —
Sur les niétlioxyheuzoylacétates de
méthylc 538
SIMON (G.), LESNÉ (E.) et DEBRÉ
(R.l. — Sur la présence des germes
virulents dans l'atmosphère des
salles d'hôpital looi
SIMON (L.-J.). — Sur le caractère acide
de l'éthcr oxalacétiquc 17G0
SIZES (Gabriel) et MASSOL (G.). —
Inscription photographique des vi-
brations d'un diapason 17 '|G
SMOLUCllOWSKI. — Sur la théorie
mécanique de l'érosion glaciaire.. . . IjOS
SOREAU (Rodolphe) adresse une Note
intitulée : « La poussée sur la sur-
face portante des aéroplanes » 1278
— La poussée sur la surface portante
des aéroplanes 1 593
STASSANO (H.) et DAUMAS (A.). —
i862
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
Dvi rôle double du calcium dans la
coagulation du sang et de la lymphe. 987
STAWSKA(M"«Boleslawa). — Études
sur le venin de cobra et le sérum
antivenimeux iSSg
STEKLOFF (W.). — Sur un théorème
général d'existence des fonctions
fondamentales correspondant à une
équation différentielle linéaire du
second ordre 4^2
— Sur le développement d'une fonction
arbitraire en séries procédant sui-
vant certaines fonctions fondamen-
tales 601
STŒCKLfN (E. de). — Nouvelle mé-
thode permettant de déceler des
traces d'alcools 43
STŒCKLIN et CROCHETELLE. —
MM. Pages.
Sur la présence accidentelle dans le
lait de sulfocyanures et leur origine. l53o
STORMER (Carl). — Photographies
des aurores boréales et nouvelle
méthode pour mesurer leur altitude. 1 63 1
STROHL (J.). — Le poids relatif du
cœur et l'effet des grandes altitudes.
Étude comparative sur deux espèces
de Lagopèdes habitant l'une les
Hautes-Alpes, l'autre les plaines de
Laponie 1257
STRONG (Pablo-Martinez). — Sur
la nature colloïdale des acides chro-
mopolysulf uriques 1 1 72
SZILARD (B.). — Un action à distance
sur le cohéreur, produite par les con-
tacts métalliques 1670
TABOURY (F.) et BODROUX (F.).
— Synthèses effectuées avec le cya-
nure de benzyle 53 1
— Synthèse de nitrilcs aromatiques... 124'
TA>{NERYcst élu membre des Commis-
sions chargées de juger les Concours:
du prix Montyon (Statistique) pour
l'année ujio 445
— Du prix Binoux (Histoire des Sciences)
pour l'année 1910 445
TARBOURIECIl (P.-J.). — Sur le
méthyl-l-éthaiioyl-l-cyclohexanc. . 1G06
TARRY (Haroi.d) adresse une Note
intitulée : « Les grands mouvements
do l'atmosphère et la production des
inondations » aSo
TAVANI (J.) adresse un Mémoire : « Sur
la théorie des séries à termes positifs
et des fonctions entières » 819
TCHOUGAEFF (L.) et FOMIN (W.). —
Sur certains dérivés de la choles-
térine 1 435
TERMIER (Pierre) fait hommage à
l'Académie d'une brochure intitulée :
Il Deux conférences de Géologie al-
pine » 58ij
TERMIER (Pierre) et LAPPARENT
(.Jacques de). — Sur la monzonitu
de Fontaine-dii-Génie, près Cherchel
(Algérie) et les micromonzonites de
la région a voisinante l484
THIRODE (G.) et GAULT (H.). —
Condensation des aminés secon-
daires avec l'éther "/"hromodimé-
thylacétylacétique Il 23
THIROUX (A.) et DUFOUGERÉ (W.).
— Sur un nouveau spirille du
Cercopithecus patas 1 32
THOMPSON (Silvanus P.). — Eflets
physiologiques produits par un
champ magnétique alternatif 991
THORPE (J.-F.) et BLANC (G.). —
Sur le produit de la luéthylation do
l'éther dicétoapocamphorique de
M. G. Komppa 11 26
THOULET (J.). — De la genèse des
roches sous-marines connues sous le
nom de malles 421
— Carte lithologique sous-marine de la
côte du Languedoc 64o
— Sédiments marins d'origine éolienne. 947
— Sur la mesure de la couleur des vases
marines actuelles et anciennes l375
THOVERT (G.). — Diffusion et théorie
cinétique des solutions 270
TIFFENEAU (M.). — Action des agents
déshydratants sur quelques ï-gly-
cols 1181
TISON (Adrien) et MAIRE (René). —
Sur quelques Plasmodiophoracées. 1768
TISSOT (J.). — Étude expérimentale
des combustions intraorganiques
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
chez les animaux respirant de l'air
progressivemsnt appauvri eu oxy-
gène et des procédés do défense
naturels de l'organisme contre
l'anoxyhémie 719
TOUPLAIN et BORDAS (F.). — Con-
tribution à l'étude des réactions
dues à l'état colloïdal du lait cru. . 34l
TRANIÉ (H.) adresse un « Traité tech-
nique et pratique des irrigations ». . 191
TRILLAT (A.). — Sur la désinfection
par la combustion incomplète de
la paille SSg
TRILLAT (A.) et SAUTON. — Influence
des atmosphères viciées sur la vi-
talité des microbes 748
MM. I
TROOST est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours des prix Jecker, Cahours,
Montyon (Arts insalubres), Alhum-
bert pour l'année 1910
— Du prix Wilde pour l'année 1910. . .
— - Du prix Saintour pour l'année 1910.
TSCHERNIAVSKI (A.) et GUYE
(C.-E.). — Mesure de très hauts
poteatiels au moyen d'éleotromètres
sous pression
TZITZÉICA (G.). — Un problème sur
les systèmes triples orthogonaux..
— - Sur une nouvelle classe de surfaces. .
— Sur une nouvelle classe de surfaoes.
[863
367
445
5o7
9"
29
955
1227
u
UBACH et CIRERA (P.). — Obser-
vations sur le passage de la comète
de Halley, à l'Observatoire de l'Ebre
(Espagne) l494
URBAIN (Ed.), SCAL (Cl.) et FEIGE3 ^
(A.). — Sur la stérilisation de l'eau
par l'ultraviolet 548
URBAIN (G.). — Sur l'analyse magnéto-
chimique des terres rares 918
URBAIN (G.), BLONDEL (M.) et
OBIEDDFF. — Extraction du
germanium des blenies 1758
V
VAILLANT (P.). — Sur les lois de l'éva-
poratioa 2l3
— Sur un cas particulier d'évaporation. 689
— Sur une loi de Stefau relative à l'éva-
poration I048
VALLÉE (H.) et GUINARD (L.). —
Des propriétés physiologiques des
extraits du bacille de Koch conden-
sés et sensibilisés I i4o
VALLET (Gabriel). — Pénétration et
action bactéricide des rayons ultra-
violets par rapport .i la constitution
chimique des milieux 632
— Stérilisation de grandes quantités
d'eau au moyen des rayons ultra-
violets 1076
VAN AUBEL(Edm.).]— Sur la produc-
tion d'ozoue sous l'influence de la
lumière ultraviolette 96
— Sur la relation de Pulfrich entre la
contraction du volume et le pouvoir
réfringent des mélanges liquides. . . 210
VAN DER WAALS est élu Associé
étranger 3oo
C. R., i;)i'i, I" Semestre. (T. \'M.)
VANEY (C.) et CONTE (A.). — Re-
cherches sur le développement de
l'œuf de Ver à soie univoltin 553
VAN TIEGHEM (Ph.). — Classification
nouvelle du groupe des Inovulées. 1715
— M. le Secrétaire perpétuel annonce à
l'Académie que le Tome LI des Mé-
moires de V Académie des Sciences
est en distribution au Secrétariat. 1087
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
à l'Académie que le Tome CXLVIII
des Comptes rendus {i" semestre
1909) est en distribution au Secréta-
riat 1087
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
le décès de M. Julius Kiihn, Cor-
respondant pour la Section d'Éco-
nomie rurale 953
— M. le Secrétaire perpétuel annonce
la mort de M. Edouard van Beneden,
Correspondant pour la Section
d'Anatomie et Zoologie 1094
— Rapport de la Commission chargée
de proposer pour l'année 1910 la
I 86 I
TABLE DES AUtKURS.
MM. P
répartition des subventions du
Fonds Bonaparte
— Est élu membre d'une Commission
qui devra proposer des listes de
candidats à deux places d'Associés
étrangers
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une liste de
candidats à une place d'Associé
étranger vacante par le décès de
M. Agassiz
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Tchihatchef, Gay, Binoux,
Delalande-Guérineau pour l'année
1910
— Des prix Desmazières, Montagne,
De Coincy, De la Fons-Mélicocq,
Bordin (Sciences physiques) pour
l'année 1910
— Des niédailles Arago, Lavoisier, Ber-
thelot pour l'année 1910
— Des prix Gegner, Lannelongue et
Trémont pour l'année 1910
— Du prix Saintour pour l'année 1910.
— Est élu membre de la Commission
chargée de présenter une question
de prix Gay pour l'année igiS. . . .
— M. le Secrétaire perpétuel signale,
parmi les pièces imprimées de la
Correspondance : un « Souvenir
d'excursion en Roumanie » et
divers travaux de MM. A. Angot,
Arthur de Claparède, E.-G. Paris, 80.
— Divers Ouvrages de MM. Charles
Hiquier, Friedrich Fredde, E.
Perroncito, et une brochure inti-
tulée : (i Onoranze al Pro/. Luigi
Cremona », 199. — Une publication
de l'Association internationale des
Académies relative à la réunion du
3 juin 1909, 3oi. — Divers Ouvrages
de MM. O.-D. Chwolson et Ch. Ber-
trand, 448. — Le Tome XXXVIII
des <i Travaux du Conseil supérieur
d'Hygiène publique de France »
et un Ouvrage de M. C. Pérez, Sgo.
— Divers Ouvrages de MM. Edmond
Kayser, G.-D. Hinrichs, Albert
Petot, et un Rapport en italien,
relatif au tremblement de terre
de 1908, 764. — Divers travaux
de M. Elie de Cyon, du Service
géographique de l'Armée et de l'Ob-
1784
444
1491
367
368
445
445
5o7
367
MM. Pages.
servatoire royal de Belgique, 849. —
Le Tome XX des « Opère de Gali-
leo Galilei », divers travaux de
M. A. Lcbeuj et de M. Albert Oran-
ger, 953. — Le « Quatrième Congrès
international d'Aéronautique, Nan
cy. Procès-verbaux, Rapports et
Mémoires »; divers Ouvrages de
M. H. Leconte, de M. Emile Haug,
de M. le Général Berthaut, logS. —
Les Comptes rendus des séances
de la troisième réunion de la Com-
mission permanente de l'Associa-
tion internationale de Sismologie »,
par M. R. de Kovesligethy, 1222. — •
Plusieurs brochures relatives au
« Congrès mondial des Associations
internationales sous le patronage
du Gouvernement belge »; divers
Ouvrages de MM. Joubin, Tilho,
M. Landeroin et J. Tilho, Ph. Eber-
hardt et M. Dubard, 1404. — Di-
verses publications du Ministère
du Travail, de MM. P.-A. Dan-
geard, Ch. Moureu et Ch. Vélain,
de l'École technique supérieure de
Munich, du Comité de la Carte in-
ternationale, l574- — Divers tra-
vaux de MM. van der Stok, Harris
Hancock et Lenard lySa
VASTICAR (E.). — Sur la structure
de la tectoria 354
VAVON (G.). — Hydrogénation de
l'essence de térébenthine 1 127
— Sur le pouvoir rotatoire du chlorhy-
drate de pinène 1428
VERGNE (H.). — Sur les changements
canoniques de variables io38
VERNEUIL (A.). — Sur la reproduc-
tion synthétique du saphir par la
méthode de fusion i85
VESSIOT (E.). — Sur l'intégration des
systèmes complets 1662
VÈZES (M.). — Sur l'analyse de l'es-
sence de térébenthine par les courbes
de miscibilité 698
VIALA (P.) et PACOTTET (P.). —
Sur la culture du Rœsleria de la
vigne 1 770
VIEILLE est élu membre des Com-
missions chargées de juger les Con-
cours : des prix Montyon, Fourney-
ron pour l'année 1910 367
— Du prix extraordinaire de la Marine,
TABLIi: Dl S AUTKUHS
MM. Pages,
du prix Plumey, pour l'année 1910. 867
— Du prix Caméré pour l'année 1910. 5oy
VIGNON (Léo). — Textiles et matières
colorantes insolubles 472
— Pouvoir de diffusion de certaines
matières colorantes artificielles. . . . 619
— Phénomènes de transport électrique
dans les solutions de certaines ma-
tières colorantes Q^-^
VIGUIER (P.-L.). — Sur l'aldéhyde
a-bromocrotonique l43l
VIGUIER (Paul) et BLARINGHEM
(L.j. — Une nouvelle espèce de
Bourse-à-Pasteur, Capsella Viguieri
Blar., née par mutation 9^^
VILLA (A.) et ETARD (A.). — L'ana-
lyse des matières protoplasmiques. 1709
VILLARD est élu membre de la Com-
mission chargée de juger le Con-
cours des prix Hébert, Hughes,
Kastner-Boursault, Victor Raulin
pour l'année 1910 867
VILLARD (P.) et ABRAHAM (H.). —
Sur l'existence de deux potentiels
explosifs 1286
— Errata relatifs à cette Communica-
tion 1714
VILLE (J.) et MESTREZAT (W.). —
Sur l'hydrolyse fluorhydrique de
la cellulose 788
VINCENT (H.). — Les bases expéri-
mentales de la vaccination anti-
typhique 355
— Sur l'immunisation active de l'homme
contre la fièvre typhoïde. Nouveau
vaccin antityphique 482
VINET (E.) et MOREAU (L.). — L'ar-
i«65
MM. Pages.
séniate de plomb en viticulture. . . . 787
VIOLLE (J.). — Sur la lutte contre la
grêle dans le Beaujolais 1087
— Est élu membre des Commissions
chargées de juger les Concours :
des prix Hébert, Hughes, Kastner-
Boursault, Victor Raulin pour l'an-
née 1910 367
— Du prix Wilde pour l'année 1910. . . 445
— Du prix Houllevigue pour l'année
1910 5o8
— Est élu Membre de la Commission
du Fonds Bonaparte pour 1910 et
191 1 590
VOISENET (E.). — De la production
de petites quantités d'aldéhyde
formique dans l'oxydation de l'al-
cool éthylique par voie chimique,
physique ou biologique 4o
— Sur la recherche de l'hexaméthylène-
tétramine dans les moûts et les
vins 879
— Formation d'acroléine dans la mala-
die de l'amertume des vins i6i4
VOLMAR (V.). — Sur quelques trial-
coylacétonaphtones et leur dédou-
blement par l'amidure de sodium. Il 74
VOURNASOS (A.-C). — Sur la réac-
tion de l'hydrogène naissant à l'état
sec 464
— De l'action réductrice des formiates
alcalins sur certains composés mi-
néraux 922
VUILLEMIN (P.). — Matériaux pour
une classification rationnelle des
Fungi imperfecti 882
W
WAHL (A.) et SILBERZWEIG (C). —
Sur les méthoxybenzoylacétates de
méthyle 538
WARCOLLIER et MAURAIN. —
Action des rayons ultraviolets sur
le vin en fermentation 343
WATTEVILLE (C. de) et HEMSA-
LECH (G.-A.j. — Sur le spectre
de flamme à haute température
du fer 329
WEINBERG. — De l'influence du ré-
gime sur la production de l'athé-
rome spontané 940
WEISS (Pierre) et KjVMERLINGH
ON NES. — L'intensité d'aiman-
tation à saturation aux très basses
températures 686
— Sur les propriétés magnétiques du
manganèse, du vanadium et du
chrome 687
WEISWEILLER (G.) et BERTRAND
(Gabriel). — La vicianose, nou-
veau sucre réducteur en C" 180
WELSCH (Jules). — Sur la formation
l866 lAliLH Dl'S AUTEUKS
MM. l'iiges.
du Marais poitevin et la séparation
des îles de Ré et d'Oléron 844
— Sur les dépôts de tourbe littorale
de l'ouest de la France 1628
WERTENSTEIN (Louis). — Sur le
parcours des projections radioac-
tives 869
WOLF (Charles) est élu membre do
la Commission chargée de juger le
Concours des prix Pierre Guzman,
Lalande, Valz, Janssen, pour l'an-
MM.
née 1910
WOLFF (J.). — Action des phosphates
alcalins bibasiques sur la tyrosinase.
WROCZYNSKI (A.) et BRINER (E.).
— Action chimique des pressions
élevées; compression du protoxyde
d'azote et d'un mélange d'azote
et d'hydrogène; décomposition de
l'oxyde de carbone par la pression.
— Errata relatifs à cette Communica-
tion
Pages.
367
i3a4
1714
YVON (P.). — Sur l'émétique d'aniline. 283 | — Sur l'émétique d'arsenic et d'aniline. 834
ZEILLER (R.) fait hommage à l'Aca-
démie d'une « Notice sur M. P.
Fliche, sa vie et ses travaux » 193
— Sur quelques plantes wealdiennes du
Pérou 1488
— Est désigné pour représenter l'Aca-
démie au 3^ Congrès international
quinquennal de Botanique, en mai
191 o, à Bruxelles 848
— Est élu membre de la Commission
chargée de juger le Concours des
prix Desmazières, Montagne, De
Coincy, De la Fons-Mélicocq, Bor-
din (Sciences physiques) pour l'an-
née 1910 368
ZELTNER (Fn. de). — Les grottes
peintes du Soudan français 1461
ZORETTI (Ludovic). — Sur les en-
sembles de points 162
— Sur les propriétés des lignes canto-
riennes 1 5o5
ZORN (L.) et GRIGNARD (V.). —
Action du chlorure de thionyle
sur les combinaisons organomagné-
siennes mixtes '177
OAUTHlEn-VlLLARS.IMPRIMEUB-LrBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE I.' ACADÉMIE DES SCIENCE».
^6042 Paris. — Quai des Grantis-Auguslins, 55.
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